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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Messier): Avant de débuter,
j'aimerais souhaiter un bon anniversaire à M. le ministre Marc-Yvan
Côté, qui fête ses 32 ans ou ses 33 ans, ce matin. En plein
ça? Partait!
M. Côté (Charlesbourg): 33 ans, c'est l'âge du
Christ, il paraît, alors...
Une voix:... ?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
Une voix: Sa vie publique commence
Le Président (M. Messier): Sa vie publique commence.
J'aimerais rappeler le mandat de la commission: La commission est réunie
afin de procéder à une consultation générale et
tenir des auditions publiques dans le cadre de l'étude de l'avant-projet
de loi, Loi sur les services de santé et les services sociaux. Est-ce
que nous avons des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce) sera remplacé par M. Holden (Westmount).
Le Président (M. Messier): Enchanté, M. Holden,
député de Westmount. Je voudrais vous lire l'ordre du jour. On va
débuter, ce matin, avec quelque dix minutes de retard, avec
l'hôpital Sainte-Justine. Par la suite, nous recevrons l'Institut
conjoint hospitalier de Montréal, l'hôpital Reine Elizabeth, le
centre hospitalier Reddy Memorial, le centre hospitalier Catherine Booth de
l'Armée du Salut. Suspension à 12 h 30. Nous allons reprendre nos
travaux à 15 h 30 avec Alliance Québec, suivie du Groupe de
travail sur les services de santé et les services sociaux en langue
anglaise pour la région 06A, le centre hospitalier Grace Dart, le centre
des services sociaux Ville-Marie. Suspension à 18 heures.
Reprise des travaux à 20 heures avec le Comité de
coordination des établissements publics juifs-Services communautaires
juifs de Montréal, le YMCA de Montréal, pour terminer la
journée avec l'Institut canadien-polonais du bien-être inc..
Hôpital Sainte-Justine les gens de l'hôpital
sainte-justine, vous êtes assis. vous avez dix minutes pour faire votre
intervention. par la suite, il va y avoir échange de 20 minutes avec
l'opposition offi- cielle, avec le ministre ou les autres membres de la
commission parlementaire et avec M. le député de Westmount. Je
demanderais au porte-parole de l'hôpital Sainte-Justine de s'identifier
et d'identifier aussi les autres intervenants.
Mme Lacoste (Justine): Mon nom est Justine Lacoste.
Le Président (M. Messier): Juste un petit instant, s'il
vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Compte tenu de la nature de
certains mémoires, je pense qu'on peut s'entendre. Ça peut
être plus de dix minutes. Évidemment, ça nous donne moins
de temps pour vous interroger, mais nous savons déjà que, pour
plusieurs, c'est plus important de présenter le plus adéquatement
possible leur projet que d'être questionnés, sachant qu'on pourra
toujours se voir ultérieurement pour des questions. Donc une certaine
souplesse là-dessus, en autant que ça ne dépasse pas la
demi-heure globalement. Je ne sais pas si mon collègue...
Le Président (M. Messier): II y a consentement mutuel. On
y va. Madame, si vous voulez bien vous identifier et identifier les membres qui
vous accompagnent.
Mme Lacoste: Mon nom est Justine Lacoste. Je suis
présidente du conseil d'administration de l'hôpital SainteJustine.
J'aimerais vous présenter Mme Pauline Turpin, directeur des services
ambulatoires; Mme Jocelyne Carie, directeur des services hospitaliers; M.
Richard l'Écuyer, directeur général; M. Pierre Duplessis,
directeur de la santé communautaire et le Dr Jacques Letarte, directeur
des services professionnels.
Le Président (M. Messier): Merci.
Mme Lacoste: J'aimerais, d'abord, vous mentionner qu'on a mis
devant vous, une petite brochure. On est très heureux de
présenter, cette semaine, la Semaine de l'enfant à
l'hôpital. Alors, comme vous pouvez le voir, on arbore un petit macaron,
et c'est l'occasion d'avoir à Sainte-Justine de nombreuses
présentations pour le personnel, les parents et d'impliquer les patients
dans plusieurs célébrations.
J'aimerais commencer par vous présenter Sainte-Justine.
Sainte-Justine a été fondé comme une oeuvre, pas
essentiellement comme un centre hospitalier, mais un objectif de santé
pour les enfants du Québec. C'est ma grand-tante qui a fondé
Sainte-Justine, en 1907, avec un groupe de
bénévoles, des bonnes dames impliquées, et qui ont
fait de Sainte-Justine une institution qui est un leader en soins
pédiatriques au Canada.
Sainte-Justine occupe, depuis 1957, les locaux situés sur
Côte-Sainte-Catherine. Alors, déjà on commence à
voir qu'on est en 1990 et qu'on a peut-être un problème de
vétusté. Sainte-Justine a toujours été un
hôpital d'avant-garde, une institution où les
bénévoles se sont beaucoup impliqués. À ma
grand-tante a succédé ma mère à la
présidence de l'hôpital Sainte-Justine, qui a fondé la
Fondation Justine Lacos-te-Beaubien, qui est une des premières
fondations hospitalières pour la levée de fonds pour la
recherche. Sainte-Justine est non seulement à la fine pointe des
services ultraspécialisés à ses patients, mais une
institution dynamique du point de vue financier, du point de vue
efficacité, du point de vue administratif.
J'aimerais souligner que Sainte-Justine a toujours été
très près de sa clientèle, de la famille. On est
très impliqués dans l'humanisation des soins. Au moment
où, en 1957, l'hôpital a été construit, les patients
étaient très isolés. Actuellement, on est à
installer des chambres pour que les parents cohabitent avec leurs enfants
durant le séjour de ceux-ci à l'hôpital. On travaille
énormément avec les associations qui sont impliquées au
niveau de la jeunesse, de l'enfance, et on essaie de collaborer et d'assurer
une certaine cohérence dans les services sociaux qui sont donnés
à l'enfance.
Fondé pour aider à diminuer le taux de mortalité
infantile, qui était très élevé en 1907, maintenant
Sainte-Justine est très impliqué dans des transplantations, dans
des greffes. On est ici pour demander de placer en priorité, au
Québec, l'enfance et l'adolescence et que des fonds soient
approuvés à cet effet. Je pense que le plus beau cadeau qu'on
puisse faire à des onfants, c'est une enfance heureuse. Alors,
j'aimerais demander à M. l'Écuyer de vous présenter un peu
plus notre mémoire.
M. l'Écuyer (Richard): Alors, comme vous le disait Mme
Lacoste, nous voulons vous parler de l'enfance et de l'adolescence. Pourquoi?
Parce que si on regarde les deux dernières décennies, on se rend
compte que c'est peut être le groupe qui, jusqu'à un certain
point, a été oublié dans notre société. Les
problèmes économiques qu'on a vécus au cours des
années quatre-vingt, entre autres, ont fait en sorte que ceux qu'on a
vite compris qu'il fallait laisser de côté, c'étaient nos
adolescents qui arrivaient sur le marché du travail. Vous vous souvenez?
Le plus haut taux de chômage, c'était chez les jeunes Et tous les
adultes ont vite compris qu'il fallait conserver leurs postes; donc,
ceux-là, on pouvait les mettre de côté.
Tous les problèmes sociaux qu'on a eu à vivre aussi, les
changements de valeurs, que ce soient les familles monoparentales, les
divorcés et toute la kyrielle de problèmes sociaux ont fait en
sorte que, jusqu'à un certain point, encore là, nos jeunes ont
été oubliés.
On s'en rend compte. Regardez le nombre d'étudiants qui ne
réussissent jamais à finir leur université ou leur
cégep. 75 % des jeunes de 15-19 ans qui décèdent, c'est
par accident ou par suicide. Imaginez-vous! 8000 grossesses chez l'adolescente
et de ça, la plupart avorteront; 1,2 % des enfants sont retirés
à leurs parents parce que les parents ne sont pas capables d'en assumer
la garde, d'assumer leur éducation. Je pourrais vous donner toutes
sortes de statistiques qui nous démontrent que ces situations-là
ne sont pas des situations héréditaires, mais des situations
corrigeâmes Si on est rendus à ce point là, c'est
peut-être parce que, au bout de la ligne, c'a été pris pour
acquis que les enfants sont là et, en fin de compte, on a d'autres
choses à régler et il n'y a personne, de toute façon, qui
parie pour les enfants. Vous savez, ce groupe-là, c'est le seul groupe
dans la société qui ne peut pas se représenter. Les
adultes, le troisième âge - et on pourrait nommer tous les autres
groupes - font presssion. Le groupe des enfants, à partir du moment
où il est capable de se représenter, fait partie d'un autre
groupe; il fait partie du groupe des adultes.
Donc, c'est pour ça qu'on a voulu aujourd'hui venir vous
entretenir de ce volet-là, de l'importance de reconnaître comme
étant une priorité permanente l'enfance et l'adolescence. Non
seulement, il n'y a personne qui les défend, mais plus que ça,
beaucoup d'adultes voient ça négativement: Nos jeunes sont des
bons à rien. Nos jeunes sont des gens qui passent leur temps à
prendre de la drogue. Nos jeunes sont des paresseux Et on pourrait trouver
toutes sortes de qualificatifs, ce qui fait que, contrairement aux autres
problèmes sociaux, ceux-là, habituellement, sont vus
négativement Ce sont des bons à rien Alors, c'est doublement
important du fait qu'ils ne pourront jamais se défendre, ces enfants et
ces adolescents-là, que personne ne viendra parler pour eux autres, et
quand ils en parleront, ils seront rendus dans un autre groupe. C'est important
que cette priorité-là, au Québec, ait ses lettres de
noblesse, et qu'on ne se situe pas, comme on l'a été dans les 20
dernières années, dans un dossier où on réagit. On
pense que si c'était une priorité permanente reconnue, bien, on
serait plus proactifs.
Donc, ce à quoi on s'attend du ministère,
évidemment, après avoir fait ce diagnostic que j'ai voulu
très très bref, mais qui est un peu plus élaboré
dans notre mémoire, ce à quoi on s'attend, c'est que dans ses
lois, ses règlements, ses priorités, ses programmes, le
ministère, de toute évidence, fasse ressortir ces
priorités-là, reconnaisse que ce volet-là est un volet
aussi important que les autres volets, même si personne n'en parle,
personne ne représente ce groupe-là, de l'intérieur. Donc,
tout cet apport
du ministère, toute cette visibilité que le gouver nement
pourrait donner comme priorité per manente, évidemment ça
donnerait une énergie incroyable à un centre comme le
nôtre, de telle sorte que l'expertise qu'on a, que ce soit dans la
recherche, dans l'enseignement - on est, vous savez, au niveau du sida chez la
mère et l'enfant, le chef de file canadien - que ce soit toute
l'expertise qu'on a eue dans nos dossiers famille-enfant-jeunesse, la politique
sur la périnatal ité qui a été
élaborée l'an passé, on a été au coeur
deçà-Évidemment, cette priorité-là dynamise
le milieu de la santé, dynamise l'hôpital Sainte-Justine, et lui
donne le goût d'alier plus loin. Et le plus loin, bien ce qui serait
nouveau pour nous autres, pour ne pas récolter les dernières
décades, mais être proactifs, ce serait ce qu'on a un petit peu
élaboré dans notre mémoire, la création de la
Cité internationale des enfants. Qu'est-ce que ça vient faire, la
Cité internationale des enfants? C'est une grande cité, qui aura,
comme dans une cité, un maire, des échevins ou des conseillers,
selon les nouvelles nomenclatures, qui regroupera du monde à travers la
planète. Il y aura des représentants à cette
cité-là des gens de toutes les nationalités, de toutes les
ethnies. De plus, cette cité-là aura comme mission de nous
maintenir, parce que le gouvernement aura retenu comme priorité
permanente de nous maintenir en haleine et de nous alimenter continuellement
sur la dimension, la problématique, ce que vivent les enfants dans notre
société, continuellement, au lieu de rétro-agir,
continuellement, au cours des années. Que ce soit par les recherches qui
seront faites par l'entremise de cette cité-là, que ce soit par
la vulgarisation qui sera faite par l'entremise de cette cité-là,
que ce soit par la sensibilisation à de meilleures habitudes de vie qui
sera faite par l'entremise de cette cité-là, continuellement, on
aura présents à la connaissance de la population, des
gouvernements, la dimension des enfants, le volet enfance-adolescence.
Pendant les deux dernières décennies personne
n'était de mauvaise foi, mais qui avait la mission de maintenir en
haleine toute la problématique sociale des enfants? Cette
cité-là aurait comme mission, justement, la promotion, la
prévention, la sensibilisation à toute la dimension de l'enfance
et de l'adolescence. Nous pensons qu'avec une démarche comme
celle-là, une cité internationale, nous n'aurons pas à
réagir à des problématiques, mais nous irons plutôt
vers une proaction, nous irons plutôt vers un mieux-être pour nos
enfants parce que, continuellement, nous serons conscients, nous serons au
courant, nous serons éveillés à la problématique
des enfants et des adolescents.
C'est un projet d'envergure, un projet qui vise à aménager
avec la ville de Montréal, une partie de la montagne où il y
aurait une dimension enfantine, donc les signaux, les écriteaux, de
telle sorte quo le touriste pourrait venir visiter le territoire de la ville
des enfants. Le maire serait un enfant mais, évidemment, le parent
serait là; les conseillers seraient des enfants mais, évidemment,
les parents seraient là, de telle sorte qu'on associera dans ce grand
projet-là, non pas financé à même les fonds du
gouvernement, mais financé par d'autres sources, on associera l'ensemble
de la population et on sera continuellement mis en état d'éveil,
d'écoute pour ne pas oublier le volet des enfants et des
adolescents.
Vous savez, il y a eu une étude qui a été faite par
Santé et Bien-être Canada qui a fait ressortir que ce que la
population attend le plus comme première priorité, c'est la lutte
contre les accidents et la deuxième priorité, la santé de
nos enfants. Alors, déjà, la population trouve majeure cette
préoccupation-là et ça s'inscrit justement dans ce
filon-là.
Merci de m'avoir écouté. Nous sommes avec les
représentants de l'hôpital qui, eux, connaissent les dossiers
beaucoup plus que le directeur général. Alors, s'il y a des
questions, ils se feront un plaisir d'y répondre dans le moindre
détail.
Le Président (M. Messier): Merci, M. l'Écuyer.
Merci, Mme Lacoste Je vais laisser les membres de la commission s'exprimer.
Peut-être que le ministre aurait des interventions à faire.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense que c'est un honneur pour la commission, ce matin,
que de recevoir l'hôpital Sainte-Justine. Moi, qui suis issu d'un milieu
qui n'a pas toujours été favorisé, la Gaspésie, je
pourrais vous nommer assez facilement des gens qui, dans ma parenté
propre, ont eu affaire à l'hôpital Sainte-Justine parce que
c'était, au niveau du Québec, l'endroit de
référence par excellence pour les enfants qui avaient des
maladies. Je pense que c'est tout à l'honneur de Sainte-Justine d'avoir
conservé au fil des années, cette réputation d'excellence
avec, à l'occasion, peut-être des moyens limités,
étant riche parmi le réseau, mais pauvre sur le plan financier
pour être capable de réaliser tout ce qu'un hôpital comme le
vôtre, dynamique et d'avant-garde peut pouvoir projeter dans l'avenir.
Et, évidemment, il n'y a pas une famille au Québec qui n'a pas
une histoire propre rattachée à la qualité des soins
qu'elle peut recevoir à l'hôpital Sainte-Justice. Je pense que
c'est tout à votre honneur de continuer cette tradition-là et de
voir en avant, bien plus en avant que ce que le ministre peut voir. C'est comme
ça qu'on réussit à faire triompher des causes.
C'est très injuste de ne prendre qu'une demi heure, je pense,
pour faire le tour d'un dossier qui, comme celui-là, apparaît
presque comme une montagne, puisque vous avez pris cet exemple. Mais, à
la lecture du mémoire, il y a
des points de force que vous ressortez et vous me permettrez d'insister
davantage sur ces éléments-là parce qu'on est en pleine
réflexion sur un système et, je pense, en mutation assez
importante d'un système qui a besoin do réajustement. On l'a dit,
je lo répète, le vieillissement, et l'enfance et la jeunesse
devront être les deux premières priorités du gouvernement
dans les changements qui s'annoncent.
Il y a quatre thèmes, si je comprends bien, qui ressortent de
votre présentation et de votre mémoire. D'abord, susciter le
changement qui est une ligne de force, favoriser la participation et la
réussite, parce que, évidemment la réussite de la
participation, parce que ça peut être une participation passive.
On peut se gargariser, demain matin, d'avoir des gens qui participent mais, au
bout de la ligne, ils vont participer - point, c'est fini - de corps et non pas
d'esprit, ou les structures ne leur permettent pas effectivement d'aller plus
loin dans cette participation. Vous parlez d'organiser la
complémentarité. Évidemment, vous terminez avec un
thème pour accrocher votre département de santé
communautaire en parlant de prévention et de promotion de la
santé. Ce sont quatre thèmes très importants. Je vais
laisser "réussir la participation" parce qu'on l'a abordé
largement avec d'autres groupes, mais je veux aborder avec vous "susciter le
changement" et "complémentarité" qui réapparaissent deux
éléments extrêmement importants à ce moment-ci. Vous
dites "susciter le changement." On fait ça comment, susciter le
changement? Parce que ce n'est pas nouveau. Il y a toujours eu cet
intérêt de changer des choses, donc de susciter le changement.
Comment est-ce qu'on fait ça? Et comment est-ce que le projet de
cité internationale des enfants pourrait susciter ce changement?
M. l'Écuyer: Je pense, M. le ministre, que
l'arrivée d'une dimension qui va continuellement sensibiliser la
population, déjà, ça suscite un changement majeur parce
que vraiment reconnaître, officialiser que, au niveau provincial, il y a
une cité qui va nous faire vivre la dimension de l'enfant, j'ai
l'impression que, déjà, c'est un changement majeur. Je
demanderais à Pierre qui a été un peu le concepteur du
projet de nous en dire un peu plus long sur le changement. (10 h 30)
M. Duplessis (Pierre): M. le ministre, dans ce sens-là, je
pense que nous en sommes rendus au point où nous concevons que la
santé ne se fait plus seulement d'une façon professionnelle,
c'est-à-dire de quelqu'un à quelqu'un d'autre, donc
unidirectionnelle. Et, en ce sens-là, Sainte-Justine a vécu
plusieurs expériences intéressantes d'associer les parents
à part entière dans ce changement dans le processus de
guérison. Les parents sont associés au point de vue du
traitement. Les enfants même, si on prend, par exemple, les enfants qui
sont atteints de cancer, participent étroitement à leur
guérison, voient où ils en sont au niveau de leur maladie et
collaborent au traitement. C'était assez révolutionnaire - il
faut se placer dans une perspective d'il y a 15 ou 20 ans - d'associer les
patients, les parents à part entière dans le traitement. Et, en
ce sens-là, oui, susciter le changement vient par et avec les
bénéficiaires eux mêmes et vient aussi en changeant les
mentalités. Je pense que c'est ça qui est extrêmement
important, tant au niveau des bénéficiaires que des
professionnels.
On voit la vitalité extraordinaire des fondations au niveau des
centres hospitaliers et l'association du milieu privé à cette
cause de la santé. Aussi, au niveau du changement, on s'aperçoit
que, dans le domaine de la santé, si je dépasse un tout petit peu
le milieu strictement clinique et hospitalier, il y a de nouveaux partenaires,
par exemple, dans le domaine de l'éducation ou chez les jeunes, si on
veut leur faire prendre de bonnes habitudes de vie, si on veut introduire des
dimensions de prévention, et, encore là, on a besoin d'autres
appuis. On a besoin, par exemple, de la Régie de l'assurance automobile
du Québec pour passer des messages préventifs On a besoin du
milieu de l'éducation pour passer aussi des messages préventifs.
En ce sens-là, il y a un nouveau partenariat qui est à
créer et, donc, il faut voir les opportunités qui viennent de
l'environnement et les mettre à profit. Dans ce sens-là aussi, au
niveau de la cité de l'enfant et des jeunes, comme on vous l'expliquait
tantôt, il s'agit de donner un point de référence, un point
de visibilité qui permet une espèce de creuset à de
nouvelles Idées pour venir au monde, un point de rendez-vous où H
y aurait en quelque sorte une ebullition et où on essaierait de faire
naître de nouvelles idées, d'aller explorer des filons et des
courants nouveaux. C'est dans ce sens-là qu'on peut être proactif
vis-à-vis du changement, je pense.
Le Président (M. Messier): Merci, Dr Duplessis. M.
l'Écuyer.
M. l'Écuyer: Peut-être seulement un exemple. Il y a
beaucoup de connaissances qui sont actuellement entre les mains des chercheurs
bien documentés, mais que la population en général ne
connaît pas. Sainte-Justine reçoit des bébés de
petit poids de 400 ou 500 grammes et réussit à en sauver un bon
nombre. Idéalement, ce serait de ne pas recevoir des bébés
de petit poids; donc on ne serait pas obligés d'en sauver. Alors, on
sait que dans tel secteur, tel secteur, tel secteur de la ville, il y a eu de
ces naissances là d'une façon importante La cité
internationale vulgarisera ces informations-là, verra à faire en
sorte que des changements soient apportés dans ces milieux-là
pour que, petit à petit, disparaissent.. Donc, cela fera connaître
l'état de la situation, puis les gestes qui seront posés.
Actuellement, ces connaissances-là ne
sortent peut-être pas suffisamment et n'ont pas de reconnaissance
sociale et, en fin de compte, personne n'y pense. Donc, ça en est, un
nouveau volet: la cité va nous mettre en haleine, va nous sensibiliser,
va continuellement maintenir cette priorité-là par les
équipes de recherche qui y seront, par les équipes qui
participeront à l'enseignement. Vous savez que dans cette
cité-là il y aura un premier étage où, par toutes
sortes de moyens techniques, on découvrira de bonnes habitudes de vie,
on découvrira de saines habitudes alimentaires. Alors, les enfants, par
les touristes, par les cités, viendront. Ce qui va se passer cette
année... Il y en a une activité dans toute la ville de
Montréal, là, organisée par un office du tourisme
où les gens viennent passer une journée et on leur fait un faux
plâtre et on leur fait ci et on leur fait ça. Cette
maison-là accueillera des visiteurs tout au cours de l'été
qui, tout en découvrant de nouvelles technologies, découvriront
de nouveaux concepts d'habitudes de vie, d'alimentation, des choses comme
ça
M. Côté (Charlesbourg): Plus je vous écoute
me donner des exemples, plus ça me rappelle une autre commission
parlementaire que j'ai tenue sur les sages-femmes où on parlait de
bébés de petit poids. Est-ce que cette cité serait
suffisamment ouverte pour y accueillir des sages femmes? Ha, ha, ha!
M. l'Écuyer: Ce n'est pas une cité de services.
M. Côté (Charlesbourg): ha, ha, ha! je trouvais
l'occasion trop belle, je ne pouvais pas la laisser passer. le temps presse,
une dernière question.
Le Président (M. Messier): M. le ministre
M. Côté (Charlesbourg): Dans le texte on retrouve:
Organiser la complémentarité en système. On y retrouve
multidisciplinarité interétablissements;
complémentarité interdirections et interservices; DSC, à
la fois une direction et un département clinique;
intersectorialité de chaque établissement avec son milieu. En
tout cas, on met beaucoup d'insistance sur la complémentarité. Ma
question est bien simple. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on parle de
complémentarité et qu'on arrive avec cette volonté
là. Pourquoi, aujourd'hui, ça ne fonctionne pas? Pourquoi?
Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui on ne soit pas capable d'arriver à
ça? Après 20 ans d'un système plus que public, pourquoi
n'arrive-t-on pas à ça? Qu'est-ce qu'il faut faire pour y
arriver?
M. l'Écuyer: Écoutez, M. le ministre, je pense que
ce serait intéressant de vous raconter peut-être ce qu'on a fait
au niveau de la com- plémentarité et vous démontrer
où on est rendus, malgré que le chemin ne soit pas tout parcouru.
On n'a qu'à penser avec tout le réseau des CLSC. Sainte-Justine,
chaque année, organise une rencontre avec tout son réseau de CLSC
du Québec pour faire le point, voir jusqu'à quel point, dans
chaque région - parce qu'on transfère nos enfants un peu partout
- ça peut s'orchestrer; ça en est, de la
complémentarité. Sainte Justine a aussi développé
toutes sortes de programmes avec d'autres hôpitaux, avec l'Hôpital
de Montréal pour enfants. Peut-être que Jacques pourrait nous
parler un petit peu de quelques dossiers de complémentarité qui
ont été élaborés.
Le Président (M. Messier): M. Letarte.
M. Letarte (Jacques): M. le ministre, effectivement, votre
remarque est tout à fait vraie, à savoir qu'il y a un certain
manque, ou un désir plus grand de collaboration. Mais j'aimerais vous
apporter quelques exemples de travaux de collaboration qui ont
été faits entre l'Hôpital de Montréal pour enfants
et l'hôpital Sainte-Justine, au cours des dernières années,
et qui vont en grandissant actuellement. Il y a peu de gens qui savent que, par
exemple, en maladies rénales, les deux institutions échangent de
façon importante, à tel point que - et je pense que c'est un
exemple assez unique - entre deux hôpitaux de réseaux
universitaires différents, on a le même chef de service. Le chef
de service de chirurgie urologique est le même et l'équipe
médicale est la même dans les deux institutions et les enfants de
chacune des institutions sont hospitalisés, opérés dans
chacune des institutions, mais par la même équipe médicale.
Je pense que c'est un point important au point de vue des échanges. Les
échanges aussi au point de vue des médecins
spécialisés en chirurgie pour le programme de transplantation
hépatique, par exemple. Actuellement, également, en cardiologie,
les cardiologues de l'Hôpital de Montréal pour enfants viennent
faire leurs cathétérismes à l'hôpital
Sainte-Justine. Donc, leurs enfants sont transférés chez nous
pendant la période de temps où on est en train de restructurer
les laboratoires d'angiologie. Donc, il y a de ce côté
énormément de collaboration.
L'autre point qui est important et qui va sûrement vous
intéresser, parce que ça touche aussi la néonatalogie:
Effectivement, il y a un réseau qui s'est installé grâce
à la collaboration de ces deux centres hospitaliers, où on a
même un centre de redistribution des enfants nouveau-nés qui
demandent à être transférés dans l'un ou l'autre de
ces deux centres hospitaliers, puisque ce sont les seuls qui font de la
chirurgie néonatale Si un des hôpitaux voit ses lits pris ou s'il
y a un manque de disponibilité de l'équipement, il y a
immédiatement collaboration et échange avec l'autre hôpital
qui peut recevoir l'enfant. Nos soins intensifs fonctionnent exactement de
la
même façon, avec un contrat de services entre les deux qui
est déposé au niveau du CRSS, qui nous permet, par exemple, de
recevoir un enfant chez nous qui est très malade, qui vient d'une autre
institution qui ne peut pas le recevoir et de le retransférer par la
suite Donc, il y a énormément d'échanges. Au point de vue
de la recherche, on en a aussi J'aimerais peut être souligner cet
échange important, fructueux pour tout le monde que sont les campagnes
de levée de fonds iI y a deux téléthons actuellement qui
sont en cours au Québec pour les enfants, dont un est directement pour
la recherche, le Téléthon des étoiles et l'autre, Enfant
soleil, dont, d'ailleurs, fait partie le CHUL, pour le secteur
pédiatrique Donc, effectivement, ça existe déjà II
y a plus de collaboration entre nos deux centres hospitaliers
pédiatriques, à mon sens, qu'il n'y en a entre aucun autre centre
hospitalier de type adulte. On en a même avec l'hôpital Saint-Luc;
on en a avec l'Institut de cardiologie sur des thématiques bien
précises.
Le Président (M. Messier): Merci.
M. Côté (Charlesbourg): Vous nous faites la
démonstration que c'est possible.
M. l'Écuyer: Absolument. Et j'irais Vous m'ouvrez la
porte, M. le ministre.
Le Président (M. Messier): Brièvement, M.
l'Écuyer
M. l'Écuyer: Oui
Le Président (M. Messier): Brièvement, on vous
laisse répondre mais après ça, on va passer la
parole...
M. l'Écuyer: J'irais jusqu'à dire que si le message
que vous nous envoyez, c'est: Complémentarité à tout prix,
financement pour en faire un succès, imaginez-vous où on irait!
Parce qu'on le fait, à même nos fonds, ne l'oubliez pas.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Merci Je vais passer la parole
à M. Rémy Trudel, député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et porte parole de l'Opposition officielle
en matière de services sociaux, d'action communautaire et do politique
familiale.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux, rapidement
aussi - parce que le temps file assez rapidement - joindre ma voix à
celle du ministre pour décrire tout le plaisir qu'on a à vous
accueillir, du côté de l'Opposition, ce matin On a tous un peu
l'impression qu'au Québec, de quelque région que l'on soit, une
partie de la fierté québécoise est composée de
cette institu- tion, de l'hôpital Sainte-Justine. Qui, effectivement,
dans les nombreuses familles des régions du Québec n'a pas eu un
jour ou l'autre à traiter, à échanger avec l'hôpital
Sainte-Justine? Que je sache, je n'ai jamais entendu de mauvais mot sur votre
institution Pour ma part, comme parent, j'ai été appelé,
personnellement, à traiter avec votre institution, et je dois dire que
les services que nous y avons reçus pour nos enfants ont
été tout à fait extraordinaires: un accueil et une
façon de faire les choses qui, il faut le reconnaître, placent
l'enfant, l'adolescent au centre de vos préoccupations. Et
là-dessus, il y a comme une leçon aussi peut être pour
d'autres établissements au sein du réseau de placer le
bénéficiaire, l'usager, l'usagère au centre de leurs
préoccupations.
Et de vous entendre décrire aussi - en tout cas, moi ça me
touche particulièrement - la façon dont on ne traite peut
être pas notre jeunesse, nos enfants au Québec, c'est aussi une
profonde réalité que nous avons à rencontrer chaque jour
Je disais à mon voisin, en vous entendant décrire la situation,
par exemple, des adolescents en termes de maladies et d'accidents... Il y a
deux causes de décès: les accidents, particulièrement les
accidents d'automobile - je reviendrai là-dessus - et le suicide. Hier
matin, 18 ans, Rouyn-Noranda, suicide à 50 pas de la maison, sans aucune
raison apparente, mais on sait tous qu'il y a une raison profonde à cela
et il faut refaire cet examen de conscience, collectivement Une institution
comme la vôtre nous apporte un peu, beaucoup de consolation sur le
travail à réaliser, sur les formules à découvrir
pour bien réaliser notre travail.
Je reviendrai, quant à moi, sur certaines dimensions pratiques de
la complémentarité ou la façon de faire les choses pour
améliorer le système. En particulier, à la page 19, sur la
composition des conseils d'administration. Comme institution
spécialisée, on comprend votre préoccupation. Vous nous
dites: Quant aux personnes qui seront appelées à siéger au
conseil d'administration, nous voudrions que, par voie législative ou
réglementaire, on ait des exigences que doit rencontrer toute personne
qui veut occuper un poste au sein du conseil d'administration. La question est
bien simple. Ça me semble toujours difficile qu'on puisse, au niveau de
l'État, encadrer au niveau de la loi, la compétence. Tout en
comprenant très bien le souci qui vous anime, est ce que vous ne pensez
pas qu'avec un assez bon et vigoureux programme de support à la
formation pour les personnes, les parents, pour les gens qui sont
appelés à siéger au conseil d'administration, on pourrait
arriver au même but, c'est-à-dire la compétence? Parce que,
souvent, dans un conseil, on le sait, ça prend un an à
découvrir les sigles, ça prend un an et demi, deux ans à
découvrir le système. Est-ce que la formation ne pourrait pas
être le mécanisme qui nous ferait atteindre le même but
plutôt que la voie coercitive?
Le Président (M. Messier): Mme Lacoste.
Mme Lacoste: je pense que votre préoccu-pation est
partagée par sainte-justine, en ce sens que, oui, on veut au conseil
d'administration avoir des gens impliqués. oui, on veut avoir des
parents, des gens qui sont près de l'institution et qui ont une grande
préoccupation de l'enfance et de la jeunesse. d'autre part, quand on
parle de gens qualifiés, on veut souligner que sainte-justine, c'est une
grande institution c'est-à-dire que sainte-justine compte environ 4000
employés. le budget de dépenses annuel de sainte-justine est de
104 000 000 $ plus les autres montants qui transitent à travers
sainte-justine par la recherche, les fonds d'équipement, la fondation.
quand on parle de gens compétents, on veut des gens qui aient la
possibilité de comprendre la dimension provinciale de sainte-justine.
sainte-justine, c'est une oeuvre qui, comme le disait le ministre, touche les
patients de la gaspésie, touche les patients à travers le
québec. sainte-justine a un rôle canadien de leader en
pédiatrie. alors, ce qu'on veut, c'est principalement des gens
intéresses, mais on veut aussi des gens qui soient capables de
comprendre la réalité organisationnolle de sainte justine afin
d'en faire une organisation efficace et toujours à la fine pointe du
changement. alors, c'est peut être difficile de rendre ça dans une
législation ou une réglementation, mais c'est le but de notre
préoccupation.
M. l'Écuyer: En d'autres mots, on voudrait qu'il y ait des
textes qui disent à peu près ça: Les meilleurs dirigent
les hôpitaux. Ce sont les meilleurs qui doivent venir, on a tellement de
problèmes. Au cours des prochaines années, il faut que les
meilleurs viennent, trouver un texte qui dirait ça (10 h 45)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est particulièrement difficile au plan
législatif, vous allez le reconnaître, de décrire ce qui
serait la compétence démocratique, d'être à un
conseil d'administration Je pense qu'on partage tous votre souci,
effectivement, votre très large mission québécoise; ce
n'est pas un mince rôle d'être au conseil d'administration. Pour
avoir dirigé une institution publique, l'université, où,
aussi, des membres du public étaient appelés à
siéger, je dirais que plusieurs fois, la loi du gros bon sens du
citoyen, de la citoyenne ordinaire ne nuit pas non plus au système,
même si on n'en connaît pas le fin raffinement de l'organisation,
la fine organisation. C'est une grande institution que vous avez. Je pense que,
par la formation, par le support aux membres qui sont nommés au conseil
d'administration, on pourrait arriver aussi à cet objectif-là,
mais, en tout cas, on partage l'objectif.
Je veux revenir aussi sur votre idée, votre projet, la
cité de l'enfant. Est-ce qu'il y a des coûts qui ont
été évalués pour la réalisation de cette
idée qui me semble tellement attirante, tellement merveilleuse?
M. l'Écuyer:c'est pour ça qu'on était fiers.
on avait hâte que le ministre nous invite. à toutes les fois qu'on
le rencontre, il nous dit toujours qu'on coûte trop cher.
M. Trudel: Puis maintenant.
M. l'Écuyer: Cette fois-ci, c'est un projet qui ne
coûtera rien du tout au ministre. C'est un projet qui va se faire avec
les gens de l'entreprise privée, qui va se faire avec la ville de
Montréal, qui va se faire avec les organisations des différentes
ethnies, des différentes ambassades, de telle sorte qu'on aura des gens
qui vont représenter tous ces milieux-là et à même
toutes sortes de budgets, que ce soit de l'Organisation mondiale de la
santé, des firmes de fondations qui se préoccupent de volets
internationaux de cette nature, on financera notre projet. C'est un projet qui
ne coûtera rien dans les fonds de l'hôpital Sainte-Justine.
L'hôpital Sainte Justine a des fonds, c'est pour soigner des enfants, ce
volet, ce sera un volet qui s'autofinancera et c'est la beauté du
dossier.
Actuellement, nous sommes en discussion avec SIMPA, la ville de
Montréal. La toile de fond c'est de reloger dans le "Hunt Club" cette
cité internationale II y a des dossiers qui sont sur la table, en
discussion. Et c'est pour ça, quand je vous parlais du territoire, il y
a cette partie de la montagne qui pourrait être extrêmement
intéressante et qui pourrait permettre, à ce moment là,
d'être une ville dans la ville. Si vous pensez, tout ce volet-là,
c'est le volet de la jeunesse, actuellement. L'Université de
Montréal est partout dans ce morceau de la montagne. On fait partie des
différents pavillons de l'Université de Montréal et, dans
ce contexte-là, ce sera même avantageux de, physiquement,
transformer l'apparence du territoire. Donc, c'est un projet qui ne se fera pas
à même les fonds du ministère de la Santé et des
Services sociaux mais plutôt à partir d'autres financements.
Donnons des exemples. Tout ce qui sera fait pour découvrir les
habitudes alimentaires, il y a plusieurs firmes de technologie qui seraient
contentes de mettre leur équipement en apparence pour que, quand le
touriste vient, il puisse le découvrir Elles financeraient ce
projet-là. Il y a mille et une sources possibles.
M. Trudel: C'est une idée créatrice, c'est une
idée qui me semble merveilleuse. Il y a quelque chose de fascinant dans
ce projet-là. Je ne peux pas m'empêcher d'aller dans un
détail, si vous n'êtes pas rendus là, il n'y a pas de
difficultés. Est-ce que, dans cette cité, il y aurait un
volet qui serait réservé pour l'accueil des enfants et des
familles surtout. Vous savez le problème des nombreuses familles des
régions du Québec qui... Je l'ai vécu personnellement, je
vous le disais. On doit aller chez vous et passer deux, ou trois, ou quatre
jours, et ça devient une charge monumentale sur le plan financier pour
des familles à revenus modestes. Est ce qu'il est prévu des
volets d'accueil, d'hébergement, là-dedans?
M. l'Écuyer: Actuellement, voyez vous, nous avons le
Manoir MacDonald qui loge les familles. Quand il manque de place au Manoir
MacDonald, nous avons une liste de chambres disponibles pour ceux qui ont de la
difficulté. Cette cité-là ne logera pas des gens, sauf
qu'elle permettra l'information afin que les parents, qui n'ont pas une
réponse, recevront une réponse, à quel endroit je peux
aller. Ce service-là, par exemple, actuellement, par la
conseillère à la clientèle, nous l'offrons, mais ces
services seront transférés dans cette cité
internationale.
Le Président (M. Messier): j'aimerais vous remercier, m.
l'écuyer, on manque de temps; peut-être quelques mots, m le
député de..., ça va? m. le ministre.
M. Trudel: Merci beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, beaucoup.
Évidemment, l'idée est lancée. Elle était connue
dans vos murs, elle est lancée publiquement. J'imagine qu'il y a
beaucoup de chemin de fait. Bonne chance, surtout que ça me
réjouit que vous ayez compris mon message qu'il fallait
développer sans nous en demander.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je trouve ça
extraordinaire. Merci et bonne chance.
Le Président (M. Messier): Au nom de la commission je vous
remercie, et je demanderais à l'Institut conjoint hospitalier de
Montréal de joindre les gens, auparavant, qui étaient les gens de
l'hôpital Sainte-Justine, à venir s'asseoir en face de nous.
M. l'Écuyer: Merci bien.
Le Président (M. Messier): Bonne fin de
journée.
Je vais rappeler aux gens de la commission, les membres de la
commission, que l'allocution qui va être prononcée, par l'Institut
conjoint hospitalier de Montréal, ils vont en recevoir les textes,
43MA
Je vous souhaite la bienvenue à cette commission parlementaire.
Je demanderais au porte-parole du groupe de s'identifier et d'identifier les
autres membres qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Institut conjoint hospitalier de
Montréal
M. Paterson (Alex): Bonjour. Mon nom est Alex Paterson, je suis
un membre du conseil d'administration de l'hôpital neurologique de
Montréal, et porte-parole ce matin pour l'Institut conjoint hospitalier
de Montréal À mon extrême gauche, M Craig Gauthier,
directeur exécutif de l'Institut. M Philip Aspinall, président du
Royal Victoria, M Gérald (Gerry) Wareham, président de l'Institut
et membre du conseil d'administration de l'hôpital Douglas et
anciennement du conseil d'administration de l'hôpital St. Mary's,
à ma droite le Dr Nicolas Steinmetz, de l'Hôpital pour enfants de
Montréal, et le Dr Allan Mann, psychiatre en chef de l'Hôpital
général de Montréal
On veut souligner quelques sujets, mais on a dix minutes. Je n'essaie
pas de trancher toutes les questions qu'on a discutées dans notre
mémoire L'Institut, M. le ministre, regroupe à peu près 22
centres, y inclus 10 centres hospitaliers, affiliés à
l'Université McGill. Je veux souligner aussi que nous appuyons les
mémoires déjà présentés par l'hôpital
St. Mary's et puis l'autre qui va être présenté par
l'hôpital Reine-Élizabeth Ce sont des institutions importantes
dans le réseau de McGill. Les raisons pour lesquelles nous pensons
qu'ils doivent être inclus dans la liste des hôpitaux
universitaires vont être élaborées dans le mémoire
et la présentation de Reine-Élizabeth.
Deux questions fondamentales qu'on veut discuter: premièrement
c'est les corporations propriétaires. Je sais bien que vous avez
reçu plusieurs mémoires jusqu'à date sur le sujet, mais je
veux décrire, juste pour les hôpitaux de McGill, pourquoi ils sont
importants. Les racines des hôpitaux du réseau McGill se trouvent
dans les corporations propriétaires Et vous avez entendu ce matin,
déjà, Mme Lacoste parier de sa tante, de sa mère. Je peux
dire que mon arrière-arrière-arrière-grand-père
était l'un des fondateurs du Royal Victoria. M Holden va dire la
même chose pour l'Hôpital général. Nous avons tous
des racines comme ça dans les hôpitaux et dans les corporations.
Les corporations fondatrices ont construit et possèdent, comme vous le
savez, ces hôpitaux, de même que les propriétés sur
lesquelles ils ont été érigés. Depuis 1972 les
corporations n'administrent plus les hôpitaux et elles demeurent
autonomes et ont le droit de tenir des réunions de leurs membres et
d'élire un conseil d'administration. Elles ont le droit de
décider qui seront leurs membres.
Bien que plusieurs des corporations ne se réunissent pas de
façon très active autrement que pour élire leurs
représentants au sein du conseil d'administration, elles conservent le
droit
de le faire. La communauté locale a des liens historiques avec
ces hôpitaux par l'entremise des corporations. Des centaines de membres
de corporations à travers le réseau McGill oeuvrent comme
bénévoles et mettent ainsi à la disposition du
réseau leur temps, leur talent et lour exper-tise. Ils ont un sentiment
d'appartenance à l'égard de ces hôpitaux parce qu'ils sont
membres de la corporation et je dois souligner que ça, c'est partout
dans le système. Je ne dis pas que c'est juste dans un hôpital,
juste dans l'autre, c'est partout dans le système. On a des membres de
la corporation, des représentants de la corporation qui travaillent
à tous les niveaux Quand la réforme Castonguay a
été mise de l'avant, on a eu quatre membres du conseil
d'administration de la corporation. Après un certain nombre
d'années, on est arrivé à trois. Maintenant,
l'avant-projet de loi parle de deux. Ces membres du conseil fournissent aux
institutions, comme je l'ai dit, une expertise mais non seulement comme des
expressions II y a des expressions, certainement, en dedans, mais
également à titre d'architectes, d'ingénieurs, de
comptables, d'avocats, d'hommes d'affaires et ils président une
série de comités portant sur les finances, la construction, les
ressources humaines, etc. Ils apportent encore un énorme actif aux
hôpitaux.
Pour les raisons dont nous avons fait état dans notre
mémoire, nous sommes d'avis que le rôle des corporations a
été sévèrement réduit par les dispositions
de l'avant-projet de loi et je parle particulièrement d'avril 1974 parce
qu'il y a toutes sortes de jeux dans le reste qui est assez technique, mais
1974, je pense, que c'est le noeud du problème. Je vous ai dit que notre
conseil d'administration d'établissements détermine par
règlements les conditions d'admission des membres de
l'établissement, les droits et obligations ainsi que les critères
ou conditions relatives à la démission, la suspension,
l'exclusion. Comme ça, ça donne, au centre, le droit de
décider les règlements, si vous voulez, des corporations. Comme
ça, ça enlève totalement le droit de la corporation de
faire l'administration de la corporation et c'est là qu'on tourne
tranquillement, lentement peut-être, mais on tourne le but de la
corporation et on met la corporation dans les mains du centre, totalement.
Priver les corporations du droit de déterminer son "membership"
équivaut à exproprier les actifs de la corporation sans
compensation, ce qu'on a discuté pendant un an et demi, en 1972 1973,
et, enfin, on a décidé de laisser les corporations comme il le
faut.
Notre recommandation, et je pense que c'est à peu près la
recommandation partout dans la province, c'est de laisser au moins trois
membres de la corporation et le représentant de l'université. La
suggestion pour mettre quelqu'un à une nomination... une recommandation
de la fondation a une certaine réticence pour des raisons d'impôt
et d'autres choses.
Sur le rôle des fondations, depuis la réforme, tous les
établissements membres de l'Institut se sont prévalus des
dispositions introduites à cette époque pour favoriser la
création des fondations Par l'entremise de ces fondations, le secteur
privé a contribué généreusement à
l'amélioration des services de santé par l'achat
d'équipement de même qu'au développement de l'enseignement
et de la recherche. Les fondations ont également permis d'impliquer un
nombre important de bénévoles dans des tâches
effectuées au nom des hôpitaux. Encore, il y a des centaines
d'exemples et les représentants avec moi pourront vous donner toutes
sortes d'exemples, l'équipement pour les unités, les soins
attentifs, les CAT scanners, les moniteurs néonataux, et ce n'est pas
juste ça. Il y a des petites choses II y a des familles qui arrivent,
après le traitement d'un membre de la famille, et qui veulent donner
quelque chose. Elles veulent donner quelque chose tout de suite et elles
peuvent le faire, mais si on doit avoir une approbation préalable, si on
doit attendre l'approbation du ministre ou du conseil régional qui peut
prendre, comme vous le savez, un an, deux ans, même dix ans dans quelques
circonstances, qui va donner de l'équipement, des petites choses? Je ne
parle pas des grosses affaires, mais quotidiennement des gens arrivent avec. La
semaine dernière, c'était des chaises, "reclining chairs", pour
un certain genre de patients. Un autre veut donner "just a stand to put the I.
V. equipment", alors des petites choses comme ça On bloque tout
ça On bloque tout ça si on demande une approbation avant, chaque
fois qu'on veut faire une démarche comme ça. Pour nous autres,
ça bloque le secteur privé des intéressés dans le
travail des hôpitaux. (11 heures)
II y a une autre chose, M. le ministre. On fait des campagnes partout
dans la province, partout dans notre pays, pour de l'argent. Des campagnes de
financement passent toutes les semaines et on doit avoir la même chance
que les autres pour chercher de l'argent. Si on a des handicaps comme
ça, on ne va jamais passer notre message. Nous et nos donateurs aussi,
d'ailleurs, acceptons l'obligation qui est faite d'obtenir l'approbation du
gouvernement au moment de l'utilisation des fonds requis, lorsque celle ci
entraîne des dépenses de fonctionnement pour l'hôpital.
Ça, on comprend. Mais l'obligation que le gouvernement s'implique avant
que le don soit accepté, sera contre-productive et préjudiciable
à la qualité et au volume de services de santé disponibles
au Québec.
Je dois signaler aussi que ce ne sont pas juste les hôpitaux de
Montréal maintenant. C'est un pou partout. Ma belle-mère a
passé des jours à l'hôpital à La Malbaie. Il y a dix
ans c'était impossible de faire des donations d'équipement.
Aujourd'hui il y a la fondation. Aujourd'hui il y
a une campagne de financement. À Brome Missisquoi, même
chose dans les Cantons de l'Est, il y a les hôpitaux maintenant qui ont
une chance de récolter de l'argent. Ce n'est pas juste dans les gros
hôpitaux de Montréal.
Dernièrement, les conseils d'administration des centres
hospitaliers publics constituent évidemment un élément
clé pour nos établissements membres puisqu'ils leur assurent la
marge de manoeuvre nécessaire au niveau de la gestion. Compte tenu du
rôle de ces conseils, nous ne pouvons être d'accord avec la
composition, telle que suggérée à l'article 51 de
l'avant-projet de loi. On fait le détail de nos recommandations mais on
fait ce qu'on a dit, étant donné que la juridiction respective du
ministre et la régie régionale disposent de tous les pouvoirs
nécessaires pour exercer une influence sur l'orientation, les programmes
et les services des centres hospitaliers. Nous estimons que le ministre et la
régie régionale devraient désigner un nombre minoritaire
de membres. Parmi les sept membres initiaux du conseil, on devrait en retrouver
au moins trois provenant de la corporation fondatrice, un de
l'université, un nommé par le ministre et deux par la
régie régionale. Parmi les quatre membres qui seraient
nommés par la suite par les sept premiers membres, on devrait retrouver
au moins un représentant du conseil des médecins, dentistes et
pharmaciens.
Et je soulève encore une question que je sais débattue
depuis plusieurs semaines ici. Il nous apparaît, en effet, absolument
essentiel que le corps médical, qui possède la meilleure
connaissance des besoins de la clientèle, de l'évolution des
pratiques et des technologies, de même que des conditions cliniques
touchant le traitement des patients, puisse participer directement et à
part entière au débat et aux prises de décisions au sein
du conseil d'administration, particulièrement dans ces centres
hospitaliers aussi spécialisés que le sont nos
établissements membres.
Dans un même ordre d'idées, nous estimons que le directeur
général, de par son expertise et ses responsabilités au
niveau de la gestion interne, devrait également siéger à
part entière au sein du conseil Comme un membre de la corporation d'un
hôpital et des fondations des autres, je ne peux pas comprendre comment
on peut avoir une réunion du conseil sans les gens qui sont responsables
jour après jour, dans l'hôpital. Si on a des discussions avec dos
gens intéressés, des gens même avec l'expérience,
mais sans les gens qui doivent aller après et faire le travail,
ça va être un manque, au moins un manque de communications Et on a
toujours un problème de communications, dans ces instttu tions, les
universités, les hôpitaux, les autres. Si on essayait d'avoir un
conseil d'administration avec toutes les responsabilités, tous les
pouvoirs dans la législation et qu'on mette en dehors les
médecins, les directeurs généraux, je pense que ça
va être franchement une affaire de fous. je ne suis pas le premier pour
présenter ces vues sur cette question et on doit le
répéter, je pense, parce que pour nous autres c'est important.
merci, messieurs.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. le
président, M. Wareham. Je laisse la parole au ministre responsable.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. Paterson.
messieurs, Je pourrais facilement reprendre les propos d'introduction pour
Sainte-Justine et vous les adresser aussi à vous. Comme je suis issu
d'un milieu unilingue francophone, vous aurez compris que la famille chez nous
allait davantage à Sainte-Justine que dans vos hôpitaux. Pas parce
qu'il n'y avait pas fa même qualité et la même
compétence au niveau de vos hôpitaux. Vous représentez, je
pense, à mon point de vue, très bien ce que pense votre
communauté et vos établissements dans les différents
points que vous avez abordés ce matin, qui ont effectivement fait
l'objet de discussions en commission parlementaire puisqu'on en est maintenant
à tout près de 130 mémoires entendus et qu'il nous en
reste quelques-uns. Mais je pense qu'il est toujours bon de frapper sur le clou
de façon à ce qu'il entre bien ou, à tout le moins, pour
qu'il soit bien compris sur le plan des choses.
Fondamentalement, tout ce que vous m'avez dit depuis le début, je
n'ai pas de problème avec ça. Sur le pian des
réajustements... Comment?
M. Paterson: On peut retirer. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas de
problème avec la corporation. On l'a dit, en particulier, au moment
où les communautés religieuses sont venues faire de
représentations. J'ai dit que nous allions faire des
réajustements qui s'imposaient dans la loi et, évidemment, si
ça va pour les communautés religieuses, ça va aussi pour
les autres corporations qui sont plus présentes dans le milieu
anglophone, évidemment de par toute l'histoire. Lorsque vous avez
tantôt, en début, remonté dans l'histoire toute la
filière parentale, évidemment, c'est toute l'histoire du milieu
anglophone et d'une présence très forte et supportée par
la communauté. Si c'est vrai pour les corporations, c'est aussi vrai
pour les fondations, parce que vous nous avez montré comment faire. S'il
y en a maintenant davantage dans le monde francophone, c'est qu'on a suivi
l'exemple, la voie que vous nous avez tracée et, globalement, au niveau
des fondations, je n'ai pas de problèmes particuliers avec ce que vous
nous avez évoqué, sauf au moment où vous m'avez
parlé de l'exemple de BMP. Évidemment, si on prend l'exemple
particulier d'un scanner à BMP payé par une fondation, on ne
parle pas de petit,
en autant qu'on fasse la distinction très nette entre les petites
choses et les choses importantes, ça m'apparaît... On est en
parfaite harmonie sur le pian de la pensée. Je vais tenter d'imager mon
propos.
Si, demain matin, une fondation avait les moyens d'acheter, par exemple,
une résonance magnétique ou un scanner et disait: On a l'argent
pour le payer, vous allez nous payer les frais d'opération, de
fonctionnement. Évidemment, ça va prendre notre autorisation. On
peut dire oui ou on peut dire non. Donc, on a cette
possibilité-là. Mais ce sont quand même des
équipements qui sont extrêmement lourds. Donc, il faut se parler
là-dessus et il faut qu'il y ait nécessairement les approbations
du ministère compte tenu des effets que ça peut avoir.
Sur les autres exemples que vous nous avez fournis. En tout cas, s'il
reste encore des problèmes, je pense qu'on va tenter de les
éliminer et de les éclaircir de manière très
précise pour des petites choses et non pas à prendre six mois, un
an, dix ans, qui n'ont, règle générale, pas du tout
à être approuvées par le ministère, surtout lorsque
les fondations les paient.
Quant au conseil d'administration, je pense que, sur le plan des
fondations, il n'y a pas d'inquiétude. Je sais que plusieurs ont
soulevé le fait que, par l'unification des conseils d'administration, il
y avait un danger pour les fondations parce que le sentiment d'appartenance
fait la vitalité de la fondation et sa capacité d'aller chercher
des sommes d'argent. Comme les conseils d'administration unifiés sont
disparus... Pas encore, semble-t-il que c'est uniquement dans la loi, lorsque
ça sera inscrit qu'on pourra croire le ministre, une chose est certaine
lorsque le projet de loi sera déposé, les conseils
d'administration unifiés ne seront plus là. Ça ne veut pas
dire qu'il n'y aura pas des initiatives venant du milieu pour tenter de
s'unifier, mais ce sera leur volonté et non pas une volonté
imposée. Donc, à ce moment-là, il n'y a plus
d'épée de Damociès suspendue au-dessus de la tête
des fondations et ça règle, quant à moi, le
problème.
Quant aux conseils d'administration eux-mêmes, il y a
peut-être quelques petites divergences d'opinions sur sa composition, en
particulier sur la participation des professionnels de la santé au
niveau du conseil d'administration. Oui, c'est vrai qu'il n'y a personne de
mieux placé qu'un médecin pour être capable de donner la
fine information et la bonne information sur le plan clinique. C'est vrai que
le directeur général est un personnage extrêmement
important sur un conseil d'administration. Là, où nous en sommes
aujourd'hui... Je dois vous dire que la commission a évolué. Au
début, on disait, c'est non, ils seront exclus, compte tenu des conflits
d'intérêts potentiels. La commission a évolué
beaucoup en ce sens qu'on doit trouver un moyen de faire participer au conseil
d'administration les profes- sionnels de la santé et le directeur
général. Ça parait maintenant une réalité de
tous les jours à laquelle on doit s'attaquer et refaire une place
à l'intérieur de notre projet de loi à ces professionnels.
Mais est-ce que ce serait des professionnels de rétablissement ou des
professionnels du réseau? La question n'est pas tranchée et je
vous pose la question parce qu'on me dit déjà que j'ai fini
après mon... Comme je répondais à vos questions et
à vos interrogations, croyez-vous qu'il est absolument nécessaire
que ce soit le professionnel de l'établissement même qui soit
membre du conseil d'administration ou s'il n'y avait pas quelqu'un de
l'extérieur qui ferait les mêmes fonctions, pourrait faire
exactement le même service sans être nécessairement en
conflit d'intérêts.
Le Président (M. Messier): Très brièvement,
M. Paterson, M. Wareham. Je ne me trompe pas?
M. Wareham (G.J): M. Steinmetz.
M. Steinmetz (Nicolas): M. le ministre, comme on dit des fois,
question de culture locale, culture de réseau université mais
surtout les hôpitaux tertiaires et les hôpitaux universitaires ont
une mission souvent particulière. Prenons par exemple, si vous
êtes l'Institut neurologique de Montréal où il y a des
problèmes assez particuliers, qu'un neurologiste ou un neuro chirurgien
pourra vraiment donner des conseils valables, soit qu'il vienne peut-être
d'un autre réseau universitaire et ça peut poser d'autres
problèmes. C'est la même chose pour les hôpitaux
pédiatriques. À Montréal, il y en a seulement deux. Il va
falloir que le médecin de l'un soit sur le conseil d'administration de
l'autre, où il pourra y avoir des problèmes intéressants.
Vous pouvez leur passer des possibilités à cet égard.
Alors, c'est bien de l'avoir au moins du même réseau où on
travaille ensemble que d'un autre où il pourrait y avoir des
difficultés.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie beaucoup, M.
Steinmetz.
Je demanderais au représentant de l'Opposition officielle - je
coupe le ministre - le député de Rouyn
Noranda-Témiscamingue...
M. Trudel: Merci, M. le Président. C'est avec aussi
beaucoup de fierté que nous vous recevons ce matin parce que nous savons
bien la contribution historique des institutions et en particulier des
institutions qui sont regroupées au sein de votre institut, la
contribution au Québec et au développement scientifique sur
l'aspect médical en particulier de l'ensemble de ces institutions. Qui
n'a pas à la tête cette espèce d'image et cette
reconnaissance que nous devons avoir envers le Dr Penfield par exemple qui nous
a un peu tous placés sur la carte scientifique
mondiale au plan neurologique et quelle fierté de voir que tout
cela a pu se faire à l'intérieur de notre système et que,
comme tous les grands développements scientifiques, il a fallu bien
sûr se battre avec les grands conseils subvention naires, avec les
institutions, avec les gouvernements pour avoir les fonds nécessaires de
façon à conduire à bien ces recherches-là Mais pour
avoir oeuvré un peu dans ce milieu-là, je pense qu'on sait tous
que c'est aussi partie inhérente à la recherche scientifique et
au développement, cette espèce de bataille pour les subventions
et pour l'évolution. Il y a peu de pays, il y a peu de groupements qui y
échappent.
Je reviendrai quelques instants sur vos opinions sur l'organisation
administrative projetée ou que l'on retrouve dans l'avant-projet de loi
qui sera complètement réécrit tel que le ministre l'a
affirmé depuis un bon nombre d'occasions maintenant, en particulier sur
les régies régionales. J'aimerais vous entendre sur une remarque
que vous nous faites à la page 30 de votre mémoire sur le
collège électoral qui serait éventuellement mis sur pied
pour voir à la composition des conseils d'administration des futures
régies régionales. Vous exigez en quelque sorte qu'il y ait des
modifications assez profondes du collège électoral parce que,
bien au contraire, de la façon qu'il est composé, il en
résultera une trop grande politisation du système (11 h 15)
J'aimerais que vous nous expliquiez un peu plus ce que vous voulez dire
par "ça politiserait le système", parce que les membres qui vont
composer ce collège électoral sont des participants au
système, en quelque sorte, sont des personnes, des groupes ou des
organismes qui sont de la communauté. J'aimerais bien ça que vous
nous définissiez c'est quoi la politisation du système que vous
craignez à l'intérieur du collège électoral qui
serait mis sur pied.
M. Paterson: Je vais demander à M. Gauthier de
répondre.
M. Gauthier (Craig): Ce qu'on voulait surtout souligner, en
faisant allusion au collège électoral, c'était sa grande
taille, de la même façon que ça a été
souligné par d'autres intervenants, tel d'ailleurs le Conseil
régional de la région de Montréal, en disant qu'ils ne
croyaient pas qu'un organisme de cette taille puisse effectuer un travail
valable et qu'on devrait peut-être s'en remettre aux différents
collèges électoraux qui existent actuellement. Notre intervention
allait dans cette direction.
Le Président (M. Messier): Merci, M. Gauthier.
M. Trudel: Vous voulez dire quoi par "les collèges
électoraux existant actuellement"? Il n'y en a pas.
M. Gauthier: Par exemple, sur le Conseil régional actuel,
il y a deux représentants des hôpitaux. Les deux
représentants sont élus par les 74 hôpitaux de la
région de Montréal. Chaque hôpital passe une
résolution désignant deux représentants. Ceux qui
recueillent le plus de votes sont... C'est la même chose pour les
représentants des maires, par exemple. Il y a des collèges
électoraux sectoriels, avec des règlements appropriés.
Jusqu'à présent, ça avait fonctionné.
M. Trudel: Très bien, merci. Une dernière question,
compte tenu du temps. Le dernier paragraphe de votre présentation, avant
votre conclusion, me laisse à tout le moins un peu perplexe "Bien que
certaines dispositions de l'avant projet de loi viennent préserver les
garanties quant à l'accès aux services en anglais, introduites
par la loi 142, l'intégrité même des établissements
dont l'accès est garanti est minée par certaines dispositions de
cet avant-projet de loi, et particulièrement celles qui ont trait au
conseil d'administration, au collège électoral et à la
régie régionale." Vous pensez vraiment que les dispositions
inscrites actuellement à l'avant-projet de loi menacent
l'intégrité des institutions, des établissements?
M. Paterson: Je pense qu'on a parlé de l'avant-projet de
loi avant que le ministre ait fait ses remarques au sujet du changement dans la
politique pour les "umbrella boards".
M. Gauthier: On faisait allusion à la fois aux
corporations propriétaires qui perdaient leur intégrité et
qui, pour nous, sont des institutions fondamentales, et aussi, comme Me
Paterson vient de le mentionner, aux conseils unifiés qui venaient faire
perdre leur identité aux institutions en place actuellement.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M Gauthier.
M. Trudel: Très bien, merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Je vais passer la parole au
député de Westmount, M. Holden.
M. Holden: Merci, M. le Président.
Sometimes, the staff on the commission refers to the day. On the agenda
today, it is Paterson Day because Mr. Paterson seems to appear But being one of
my constituents, I think, Mr. Paterson should, as many times as he can, get
down here to give us the benefit of his wisdom.
I was wondering if perhaps Dr Mann from another point of view, might...
The Minister said
that when it was a question of a small matter like a reclining chair or
something relatively minor, there would be no problem about talking to the
Ministry in advance. You would take the gift and have no problem. But for
instance, from the point of view of the psychiatric division, in the area of
gifts and foundations, would there be a problem with having to go to the
Ministry to get permission before being allowed to accept a donation? Could you
give us some examples?
M. Mann (Allan): En réponse à la question de M.
Holden, I would say that our Department is just like any other. So, what I say
does not apply solely to gifts to departments of psychiatry, but it is
something that may come to medecine or to surgery for something else. Someone
is happy that his son or his daughter has been well treated and wants to buy
something to help the patients in the hospital It might come to, say, 1000 $.
It might be a television set, it might be some chairs, it might be to repaint
the place. I would find it very difficult, at the present time, and under the
current regulations, to get permission from "le conseil régional" to do
that, to accept that and have that done. I do not know how I would do it. It
might take months, and many of these small donations are made on the spur of
the moment and one has to take them at the time they are made. . It does not
happen as frequently as one would like. One would like to see this happening
every day. But it does happen in a big hospital like ours or a series of big
institutions like ours. It must happen to someone almost everyday, that on a
small scale, something like this is offered. And I can only see a tremendous
amount of paper work and a tremendous amount of bureaucratic waste of time in
asking permission to receive this small gift or this medium sized gift, or this
machine. It is not going to increase the operating cost of the hospital at all.
And I see no difficulty in going on with the present system and, as long as the
running costs of the hospital are not raised by this donation or this gift, we
can go ahead and use it.
M. Paterson: I think, Mr. Holden, that the most spectacular
example is the considerable amount of money that is received by will. Who is
going to make out a will leaving specific donations to a hospital if they do
not know five years, ten years, wherever down the pipe if it is going to be
acceptable.
Non, je pense qu'il y a un vrai problème It is not the trigger
money, ce qu'on a toujours appelé le "trigger money", quand on donne
quelque chose et que tout de suite il y a une dépense pour le
gouvernement. Ça, tout le monde est d'accord. On doit avoir un
système d'approbation pour ça. Mais ce sont les autres
choses.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie beaucoup, M.
Paterson. Quelques mots juste pour remercier. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. J'imagine
qu'on aurait pu parler de beaucoup d'autres choses sur le plan de la
réforme. On aura très certainement l'occasion de se revoir et
d'en reparler. J'espère que certaines de vos craintes ou
appréhensions sont maintenant chose du passé. De toute
façon, sur les principaux points, on s'organisera pour que le projet de
loi lui-même fasse très clairement en sorte que ce soit du
passé, qu'on respecte les fondations, les corporations. Je pense qu'on y
parviendra. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le ministre. Merci
beaucoup. Au nom de la commission, je vous remercie énormément de
votre allocution et je demanderais aux représentants de l'hôpital
Reine Elizabeth de se joindre à nous. Merci.
Le groupe est déjà formé. J'ai l'ingrate
tâche d'être le gardien du temps. On est déjà en
retard. Je demanderais à la directrice générale de
l'hôpital Reine Elizabeth de s'identifier et de présenter les
autres membres qui le composent.
Mme Garcia (Christiane): D'accord, est-ce que vous
m'entendez?
Le Président (M. Messier): Oui. On vous écoute, Mme
Garcia.
Hôpital Reine Élizabeth
Mme Garcia: Je m'appelle Christiane Garcia et je suis la
directrice générale de l'hôpital Reine Elizabeth. Je dois
dire que je n'ai aucun lien parental avec l'hôpital.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Garcia: Ce matin, je semble être un peu la seule. Mais
j'ai une bonne expérience dans le secteur de la santé, ayant eu
un frère qui a passé deux années dans un hôpital, en
tant qu'enfant. Je suis infirmière. Je suis directrice de
l'hôpital, alors je crois que j'ai un bon vécu là au niveau
des hôpitaux. J'aimerais prendre quelques minutes pour présenter
les gens qui sont ici avec moi aujourd'hui. Il y a M. Jean Lapostolle, membre
de notre conseil d'administration à l'hôpital Reine Elizabeth. Je
crois que vous connaissez M. Alex Paterson. Il est membre de notre Fondation,
la Fondation de l'hôpital Reine Elizabeth. À ma gauche, j'ai le Dr
Deirdre Gillies, qui est la chef du département d'anes-thésie et
aussi la présidente du Conseil des médecins, des dentistes et des
pharmaciens. À mon extrême gauche, j'ai le Dr Smith qui est le
chef du département de médecine générale de
l'hôpital Reine Elizabeth; dans cène fonction, il est aussi
responsable du service de l'urgence et des cliniques externes de
l'hôpital.
Le Président (M. Messier): Vous ave/ dix minutes, s'il
vous plaît, et le ministre et l'Opposition officielle vont
réagir.
Mme Garcia: D'accord.
Le Président (M. Messier): Merci.
Mme Garcia: Merci Bonjour à tous En quelques minutes,
j'aimerais tenter de résumer les points saillants de notre
mémoire afin de convaincre les membres de la commission parlementaire et
le ministère de la Santé et des Services sociaux de l'importance
de maintenir le statut universitaire de l'hôpital Reine Elizabeth Je
pense que c'est important de vous expliquer ce que nous entendons par statut
universitaire. Le statut universitaire, pour nous, implique que l'hôpital
Reine Elizabeth remplit les quatre fonctions d'un centre universitaire telles
que décrites dans le document "Orientations" qui nous a
été présenté. Cela veut dire que l'hôpital
fait de l'enseignement, offre des services spécialisés, fait
l'évaluation de nouveaux équipements et entreprend aussi des
projets de recherche Mais de façon plus précise, l'hôpital
Reine Elizabeth joue un rôle critique dans la formation
d'étudiants en médecine, de résidents en médecine
familiale et de résidents spécialisés qui deviendront les
médecins omnipraticiens et spécialistes des communautés
urbaines, rurales et des régions éloignées parce que
vraiment, ce que nous faisons à l'hôpital Reine Elizabeth, c'est
la formation de ces gens pour ces fonctions.
Trois facteurs clés font de l'hôpital Reine Elizabeth un
milieu idéal pour former ces médecins omnipraticiens et
spécialistes. Ces trois facteurs sont la structure de ses services, la
qualité de ses ressources humaines et la clientèle qu'il
dessert.
En termes de structure de ses services, le milieu d'apprentissage de
l'hôpital Reine Elizabeth permet l'intégration des services
à l'interne. Ce qu'on veut dire par ça, c'est qu'il y a vraiment
une intégration qui existe, une façon un peu unique de
gérer les services entre les unités de soins, les services des
cliniques externes, les services spécialisés et notre urgence.
Ceci facilite les communications et les échanges professionnels entre
les généralistes et les spécialistes. Donc, pour nous, la
structure permet de bien évaluer un cas lorsqu'un patient se
présente dans un de nos services. Il permet aussi de
référer rapidement un patient d'un milieu à un autre parce
que les médecins ont cette chance de pouvoir échanger rapidement
On peut facilement référer un patient à nos services
spécialisés. Cela réduit aussi les coûts d'examen,
parce que le dossier du patient le suit lorsqu'il passe d'un médecin
à un autre. Alors, nous n'avons pas à répéter
souvent les examens pour le patient Finalement, il permet aussi un travail
d'équipe multidisciplinaire.
Un autre point positif du milieu d'apprentissage de l'hôpital
Reine Elizabeth, c'est l'esprit de complémentarité qui existe
à l'intérieur des services internes et externes. L'hôpital
Reine Elizabeth a fait par le passé et fait toujours maintenant beaucoup
d'efforts pour essayer de développer des liens avec les ressources qui
existent dans notre communauté. Nous parlons ici dos CLSC, des centres
de réadaptation, des centres d'accueil, des centres de soins de longue
durée. Nous essayons de développer un système qui va
offrir des services complémentaires et, donc, qui va pouvoir offrir une
qualité de services appropriés au besoin de la clientèle.
Le point que nous considérons peut-être un peu plus important,
c'est vraiment de pouvoir permettre une continuité dans les soins, un
suivi. On essaie de ne pas laisser le patient tant qu'il ne sera pas pris en
charge par un autre groupe d'individus ou une autre organisation.
Finalement, en termes de structure des services, la structure de
l'hôpital offre aux étudiants et aux résidents la
possibilité de mettre en pratique leurs connaissances sous la
supervision de médecins qui sont déjà
spécialisés ou de médecins omnipraticiens qui font partie
de l'hôpital. Je pense qu'il y a une chose qui est assez spéciale
dans notre hôpital. C'est qu'on a beaucoup de médecins
généralistes qui passent énormément de temps
à l'hôpital, qui font beaucoup d'enseignement avec nos
résidents, et ça, c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas
souvent dans un hôpital communautaire parce que le médecin vient,
voit son patient et retourne à son bureau, tandis qu'avec nous, ces
médecins-là participent vraiment à l'enseignement d'une
façon très active. (11 h 30)
En termes de ressources humaines, l'hôpital Reine Elizabeth
possède déjà une équipe multidisciplinaire,
composée de généralistes et de spécialistes
à la fine pointe des connaissances théoriques et de la pratique,
car nos médecins pratiquent en milieu clinique, c'est certain, mais
aussi ils se tiennent beaucoup à date au niveau des théories,
parce qu'ils font de l'enseignement à l'Université McGill. Ils
participent au comité de planification des programmes de
l'Université McGill et ils participent aussi activement au niveau de la
recherche.
En plus, la philosophie de soins de l'hôpital Reine Elizabeth
tient compte de l'approche holistique, donc une prise en charge globale ou
totale de la personne dans son ensemble. Cette approche offre des services qui
tiennent compte de l'importance de la prévention et du suivi dans les
soins.
Finalement, le troisième point clé est que l'hôpital
Reine Elizabeth offre un milieu idéal,
parce qu'il possède une clientèle variée, et
ça, je pense qu'en termes d'hôpital communautaire on a cette
chance de pouvoir être situés dans un endroit où il y a
vraiment une région spécifique. En plus d'offrir des services
à d'autres régions éloignées, nous avons vraiment
une communauté. Le type de la clientèle offre dos groupes ethnl
ques variés, des pathologies variées qui représentent
vraiment ce qu'on retrouverait dans un milieu communautaire, une
variété d'âges, et nous devons souligner ici que nous avons
aussi une des populations les plus âgées de la région 6A.
Aussi, nous avons des statuts familiaux très variés: Alors le
type de clientèle, ainsi que les maladies qu'elle représente,
reflète celle que les médecins omnipraticiens et les
médecins spécialistes auront à rencontrer dans leur
fonction de tous les jours lorsqu'ils auront leur pratique éventuelle.
Les médecins résidents apprennent donc à prescrire les
examens diagnostiques et les traitements pour ces clientèles qui
tiennent compte des ressources disponibles dans les centres communautaires,
sans mettre l'accent sur les maladies rares et les traitements complexes que
l'on retrouve plus fréquemment dans les centres qui offrent des services
de troisième ligne.
Enfin, il est important de noter que, historiquement, l'hôpital
Reine Elizabeth a démontré qu'au cours des années il a
joué un rôle crucial dans le développement de la
médecine sur les plans national et international. Nous avons fait une
liste, dans notre rapport, des choses pour lesquelles nous avons
été les premiers. Je peux peut-être en
énumérer quelques-unes. En 1933, l'hôpital Reine Elizabeth
a été le premier à utiliser le cyclopropane en
anesthésie. En 1943, nous avons eu la première salle de
réveil postopératoire installée au Canada. En 1950, la
première démonstration au Canada de l'utilisation de la
télévision pour l'enseignement de la médecine. En 1961,
première unité de soins intensifs disponible dans un
hôpital général canadien. En 1961, première
école d'infirmières auxiliaires dans un hôpital anglais de
Montréal. En 1974, premier (avec trois autres hôpitaux de
Montréal) a être impliqué dans un projet pilote
d'unité de médecine familiale. Et finalement, en 1980,
première clinique de médecine sportive à Montréal.
Alors je crois qu'il y a quand même beaucoup de choses que nous avons
faites qui démontrent vraiment qu'on est capables de maintenir ce genre
de statut.
En conclusion, l'hôpital Reine Elizabeth est un hôpital
communautaire qui sert de modèle idéal pour former les futurs
médecins omniprati- ! ciens et spécialistes. Il possède un
lien actuel très fort avec l'Université McGill et un person- i
nel qualifié pour faire de l'enseignement, de la recherche et
l'évaluation de nouveaux équipements. Historiquement,
l'hôpital Reine Elizabeth s'est tenu à la fine pointe des
découvertes, car il a innové plusieurs services, y compris
l'anes- thésie, et tous les autres services que j'ai
énumérés tout à l'heure.
Le système de santé doit former des médecins
capables d'oeuvrer dans des milieux urbains, ruraux et dans les régions
éloignées. Le système doit donc posséder des
milieux d'apprentissage qui reflètent le milieu dans lequel ces
médecins auront à opérer. L'hôpital Reine Elizabeth
offre un tel milieu, et un milieu de qualité avec un lien direct et
actif avec l'université. Il doit pouvoir maintenir ces liens, afin
d'offrir ses services de qualité et former les médecins et autres
professionnels de l'avenir.
La perte de son statut universitaire serait un facteur
déterminant qui inciterait les spécialistes à quitter
l'hôpital Reine Elizabeth. Ceci changerait la composition de
l'équipe médicale et détruirait le caractère unique
de ce centre. La qualité de la formation des médecins
généralistes, axée vers des soins communautaires dans des
centres urbains et dans les régions rurales et éloignées,
serait donc mise en péril, selon nous.
Nous sommes ouverts aux questions.
Le Président (M. Messier): merci, mme garcia. sur ces
premières... que vous avez énumérées tout à
l'heure, je passe la parole au ministre de la santé.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Évidemment, c'est une question extrêmement importante pour votre
institution, votre établissement, que vous soulevez ce matin. Vous nous
faites la démonstration - je devrais dire, vous tentez de nous faire la
démonstration, mais vous nous faites la démonstration -
qu'à votre point de vue vous répondez aux quatre critères,
soit des soins spécialisés et ultraspécialisés,
recherche, enseignement et évaluation de technologies, qui sont dans le
document d'orientation et qui doivent être les quatre conditions de base
pour permettre de reconnaître un centre hospitalier universitaire ou un
institut.
Avant même la réforme, on est dans une situation où
nous avons 45 centres hospitaliers universitaires et instituts à travers
le Québec, dont 30 dans la région métropolitaine de
Montréal. Ce que propose la réforme, si on fait exception des
trois centres de réadaptation spécialisés qui seraient
reconnus ultérieurement, c'est de ramener tout ça à 26. Si
je vous posais la question... et je vous la pose, je ne résiste pas
à la tentation. Est-ce que vous croyez qu'il doit y avoir
rationalisation au niveau des CHU et des instituts? Ce serait ma
première question parce qu'à partir du moment où c'est
oui, comment est-ce qu'on le fait? Si c'est non, on n'est pas loin d'en
ajouter. Donc, on va avoir des problèmes tantôt. Mais est-ce que
vous croyez...
M. Chevrette: ...nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Oui
M. Chevrette: Oui, mais pas nous
M. Côté (Charlesbourg): Oui Est ce que vous croyez
qu'il y a une nécessité d'une rationalisation au niveau des CHU
et des instituts?
Mme Garcia: Je peux peut-être répondre à
cette question. Au niveau de la rationalisation des instituts, je crois que ce
qui est important, c'est de vraiment s'assurer que le milieu d'enseignement est
approprié aux résultats Ce que nous essayons de démontrer
ici, nous, c'est qu'en termes de formation de médecins en
médecine familiale et aussi de médecins spécialisés
Nous ne parlons pas ici de médecins ultraspécialisés dans
le sens que nous ne faisons pas d'opération à coeur ouvert, nous
ne faisons pas de neurochirurgie, nous n'avons pas de centre de trauma à
l'hôpital Reine Elizabeth. Alors, je pense qu'au niveau de la
rationalisation ce n'est peut-être pas le mot "rationalisation", mais
c'est peut-être vraiment de revoir quel est le meilleur endroit pour
former les gens selon les différents besoins. Je crois que, si on essaie
de former des médecins de médecine familiale ou des
médecins qui auront à faire des chirurgies de base comme les
appen-dicectomies ou d'autres choses que nous retrouvons dans des milieux
communautaires, des médecins qui auront à rencontrer ce genre de
pathologie, le milieu communautaire est un milieu idéal pour faire
l'enseignement de ce genre de choses là. Alors, au niveau de la
rationalisation, vous, vous parlez de nombre d'hôpitaux. Je pense que
c'est peut-être essayer de voir un petit peu au niveau des services.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'était la
deuxième question...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): parce qu'à partir du
moment où vous alliez me répondre... Pas parce que ça se
voulait un piège. Rationalisation quant au nombre, je ne me fais pas
d'illusion sur les budgets qu'on va pouvoir récupérer demain
matin, si on décide qu'un établissement n'est plus un centre
hospitalier universitaire. Je ne suis pas sûr qu'on va recevoir des
millions de dollars par la poste le lendemain matin. Ce n'est pas
évident, en tout cas, et ce n'est pas nécessairement l'objectif
non plus. Mais il y a quatre fonctions fondamentales que le document
d'orientation évoquait: formation, recherche, dispensation de soins
spécialisés et ultraspécialisés et
évaluation des technologies médicales.
Ce n'est pas un reproche que je vous fais, mais vous ne semblez pas
vouloir vous prononcer sur le nombre. En a-t-on trop ou pas assez? mais vous
abordez, par le fait même, la rationalisation ii doit y avoir une
rationalisation des centres hospitaliers universitaires, à tout le moins
dans leur champ de compétence. on est, au momont où on se parte,
beaucoup éparpillé un peu partout et |o ne suis pas sûr
qu'on serve bien la communauté.
Donc, ce que je comprends du message, ce matin, c'est que vous devriez
être maintenus, compte tenu du caractère même communautaire
et sur le plan familial, en particulier... qui sont vos principales forces,
comme champ de formation de ceux qui, demain matin, dispensent des soins. Est
ce que je comprends bien votre message?
Mme Garcia: Je pense qu'il y a plus que ça, parce qu'il y
a tout notre lien avec l'université qui existe déjà. Je
pense que ce ne serait peut-être pas mauvais qu'un de nos médecins
réponde aussi à cet aspect là. On a parié de
l'aspect communautaire qui est vraiment le fait que nous avons une certaine
appartenance à une communauté, mais il y a aussi tout l'aspect
universitaire que j'ai mentionné qui semble être perdu dans ce que
vous dites.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas...
Mme Garcia: Mais ce ne serait peut-être pas mauvais qu'un
de nos médecins réponde à cette question.
Le Président (M. Messier): Brièvement, s'il vous
plaît. Dr Smith?
M. Smith (Donald): Oui. Ce qui est intéressant, chez nous,
c'est la situation très idéale d'avoir le milieu - je
répète un peu - mais le milieu qui est propice à former
ces médecins omnipraticiens dont on a vraiment besoin et la
qualité des enseignants qu'ils ont dans les spécialités.
Alors ça, c'est pour répéter. Pour nous, dans notre
département, ce n'est pas la question qu'ils ont des modèles
très différents des modèles dans d'autres hôpitaux.
Par ça je veux dire que nos médecins ont les rôles
modèles des médecins qui sont en charge dans toutes ces parties
de l'hôpital. C'est très différent de seulement être
affilié avec un hôpital et de montrer ce rôle qui est
très important dans la formation des médecins omnipraticiens. On
sait bien que, dans les grands hôpitaux à soins tertiaires, il y a
certainement de la très bonne formation. Mais pour la population et pour
les médecins qui travaillent comme omnipraticiens, H y a tellement une
différence comme modèle que la personne qui va terminer ses
études dans un des grands hôpitaux ou chez nous, ça va
être vraiment très différent. Alors ceux qui vont le faire,
ça va être exactement ce que la personne qui pratique va faire.
S'il fait son entraînement dans un très grand hôpital, ce
qu'H va faire ne
va pas être du tout ce qu'il va faire dans la pratique dans les
CLSC de régions éloignées, dans les bureaux, dans les
hôpitaux. Alors, pour nous, c'est vraiment un milieu très
différent des autres milieux. C'est aussi une reconnaissance de la
corporation et du Collège canadien de médecine familiale; tout ce
qu'on a augmenté, c'est un petit programme de médecine familiale,
qui arrivera à 43 résidents l'année prochaine.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, Dr Smith.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me permettez, je
m'arrêterai tantôt.
Le Président (M. Messier): J'ai de la misère-
M. Côté (Charlesbourg): Oui, juste... Non, parce que
ça m'apparaît...
Le Président (M. Messier): Vous me donnez de la
misère.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je le sais. Ça
m'apparaît très important et c'est pour ça que je veux
poser la deuxième question. Est-ce que vous diriez que les
médecins qui seraient formés chez vous, un hôpital de 252
lits, en médecine familiale, risquent d'être mieux
préparés face aux défis de demain, lorsqu'ils seront seuls
sur le terrain pour être capables d'intervenir, que dans de gros centres
hospitaliers universitaires où le contact est moins direct? Vous
êtes à nous dire qu'il y a plus davantages, pour un médecin
de médecine familiale, à être formé chez vous parce
qu'il sera davantage prêt que d'être le troisième adjoint du
médecin qui enseigne.
M. Smith: Certainement. En plus que les spécialistes qui
enseignent dans notre hôpital sont vraiment de très bons
spécialistes qui enseignent aussi à Royal Victoria et d'autres
hôpitaux, ils ont les "input" des gens qui sont vraiment dans la
première ligne de... mais appliqués dans un environnement qui est
vraiment de première ligne.
Le Président (M. Messier): Merci, Dr Smith. Je vais passer
la parole au député de Joliette, porte-parole officiel en
matière de santé. (11 h 45)
M. Chevrette: Voici, je n'aurai pas de question mais je vais
avoir un commentaire. Pas de question, parce que je pense que c'est une
plaidoirie qui conduit à une décision administrative, parce que
la loi ne précisera pas tel hôpital, tel hôpital. Je suppose
qu'elle va fixer des balises.
Mais je voudrais vous dire une chose, c'est que je souhaite très
sincèrement qu'on garde des petits centres de formation, parce que, sur
le plan de l'humanisation de l'acte, je suis convaincu que c'est là
qu'on développe des sensibilités beaucoup plus grandes.
L'anonymat n'existe pas dans les petits centres hospitaliers. La
complémentarité vient rapidement, les équipes
multidisciplinaires sont facilement créées. Je souhaite
très sincèrement que le ministre, dans son effort de
rationalisation, n'oublie pas l'importance des centres comme le vôtre. Je
ne crois pas, personnellement, dans certaines spécialités en
particulier, qu'on puisse aller exclusivement, dans de gros centres, avec la
surspécialisation. Je pense, par exemple... Je sais qu'on n'ira pas vers
la reconnaissance d'une spécialité en gériatrie, je ne le
pense pas, mais je pense au niveau de médecine familiale, je pense au
niveau de certaines spécialités qui demandent un contact humain.
On dit que toute la réforme est axée sur la personne avant toute
chose, alors j'espère qu'on va garder ça comme objectif
fondamental avant de prendre des décisions. Ce n'est pas parce que les
"lobbies" sont puissants que c'est nécessairement très
intéressant. Les petits "lobbies" efficaces sont aussi bons. Merci.
Bonne chance.
Le Président (M. Messier): Merci.
M. Paterson: Est-ce que je peux faire juste un commentaire?
Le Président (M. Messier): Oui, M. Paterson.
M. Paterson: Je pense qu'il est important de savoir que beaucoup
de résidents font des rotations il peut y avoir un certain "training" au
Reine Elizabeth et un autre au Royal Vie General. Ils sont, par instinct,
toujours juste un. Mais il aura appris quelque chose do différent au
Reine Elizabeth. C'est ça qui va manquer si vous enlevez ça.
M. Chevrette: Ça lui permet d'être bon au Royal
Vie.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris...
M. Paterson: Qu'est-ce que vous avez dit?
M. Chevrette: J'ai dit: Peut-être que c'est le droit de
passage chez vous qui lui permet d'être bon au Royal Vie.
M. Paterson: II va être bon aux deux. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Chevrette: II y a un proverbe qui dit: "Qui trop embrasse mal
étreint. " Je vous conseille de rester à une table. Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Messier): M. le député
de
Westmount.
M. Holden: M. le Président, je suis, pour une rare fois,
entièrement d'accord avec le leader de l'Opposition officielle et
député de Joliette.
M. Chevrette: Si vous m'écoutiez plus souvent, vous seriez
toujours d'accord.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Holden: D'autant plus, M. le Président, que, justement,
l'hôpital Reine Elizabeth est dans mon comté et que c'est mon
hôpital. J'y ai passé plusieurs semaines très
agréables...
M. Chevrette: Vous avez l'air bien portant.
M. Holden: ...quand - oui - j'étais moins bien portant que
je ne le suis actuellement. Mais le ministre a soulevé une question que,
peut-être, dans le contexte du Reine Elizabeth, j'aimerais expliquer un
peu. Vous avez dit qu'il y a des instituts qui sont éparpillés un
peu partout. Mais au Reine Elizabeth, M. le ministre et M. le Président,
dans le contexte de cet endroit et de cette situation-là, dans la ville
de Montréal ou la ville de Westmount à Montréal, ce n'est
pas tellement éparpillé. Dans le contexte de Montréal,
c'est très près l'un de l'autre. Alors, le transfert de gens, le
transfert de résidents et la situation de voir un tout avec McGill et le
Reine Elizabeth n'est pas du tout difficile, surtout quand on habite le
district et quand on appuie si fortement la demande. Je n'ai pas de question,
mais c'est mon commentaire, comme celui du leader de l'Opposition
officielle...
Le Président (M. Messier): Merci, M le
député de Westmount. Quelques mots, M. le ministre, pour terminer
ces allocutions.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Je n'ai pas
voulu isoler la formation, mais c'est la deuxième fois que des gens
viennent nous signifier que quelqu'un qui fait un stage de formation en
médecine familiale dans un hôpital de plus petite taille en sort
mieux préparé pour faire face à l'action, parce qu'il est
directement dans l'action au moment où il apprend, alors que, dans un
grand centre, il est un petit peu plus loin de l'action. Je comprends qu'on
veuille faire la tournée de l'éventail des grands
établissements, mais ce que je retiens - et on va tenter de fouiller
ça davantage au cours des prochaines semaines - à ce moment-ci,
comme l'une des hypothèses intéressantes, c'est que les gens qui
sont formés dans de plus petits CHU, en médecine familiale,
risquent davantage d'être prêts à faire face à
l'action que lorsqu'ils sortent de grands CHU. En tout cas, ça me
paraît un point très important qui a été fait ce
matin publique- ment et ça interpelle donc les grands CHU ou ceux qui
pensent que c'est uniquement dans des hôpitaux de 500 lits qu'on devrait
concentrer des CHU ou des instituts. Merci.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M le ministre.
M. le député de Joliette, ça va?
M. Chevrette: Oui, ça va. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Parfait, je vous remercie au
nom de la commission de vous être déplacés et d'être
venus exposer votre mémoire. Je demanderais au centre hospitalier Reddy
Memorial de venir en avant, s'il vous plait.
Bonjour. M. Paterson, va faire la matinée avec nous. Bonjour, M.
Paterson. C'est possiblement M. Hendy qui va présenter les gens qui sont
avec lui pour le Reddy Memorial.
M. Hendy (George R.): C'est bien ça. Est-ce que j'attends
le retour de M. Chevrette ou... Je pense qu'il a demandé un "time out"
de 30 secondes.
Le Président (M. Messier): faites les présentations
et, avant d'entrer dans le vif du sujet... vous avez dix minutes et,
après ça, il va y avoir échange avec les gens. alors, vous
pouvez faire la présentation de vos gens et, après ça, on
va attendre, m. le député de joliette pour commencer
l'allocution.
Centre hospitalier Reddy Memorial
M. Hendy: Merci. Alors, M. le Président, M. le ministre,
M. le sous-ministre, membres de la commission, je vous remercie de nous avoir
invités à présenter verbalement nos réflexions sur
l'avant projet de loi, contenues dans le mémoire que nous vous avons
déjà transmis.
Permettez-moi de me présenter ainsi que ceux qui m'accompagnent.
Je suis George Hendy, président du centre hospitalier; à mon
extrême droite, M. George Holland, directeur de la corporation de
l'hôpital Reddy Memorial; Me Alex Paterson, qui n'a pas besoin
d'introduction et qui est gouverneur de la fondation du Reddy Memorial
Hospital, et, à ma gauche, M. Réjean Plante, directeur
général du centre hospitalier.
Il a semblé important aux citoyens de la communauté
desservis par le Reddy, par le biais des membres de la corporation, de la
fondation et du conseil d'administration du centre, de présenter
individuellement leurs commentaires particuliers même si, par l'entremise
de regroupements dont nous faisons partie, tel l'Institut conjoint hospitalier
de Montréal et le Regroupement des petits et moyens hôpitaux,
plusieurs de nos préoccupations seront communiquées à la
commission.
Pour ceux et celles qui ne le connaissent
pas, j'aimerais débuter en mentionnant que le centre hospitalier
Reddy Memorial, fondé en 1870, sous le nom de Woman's Hospital, est
devenu l'hôpital Reddy Memorial en 1951. C'est un hôpital
spécialisé pour soins de courte durée affilié
à l'Université McGill et doté de 241 lits dont 77 pour
soins de longue durée. Il est situé au sud-ouest de l'île
de Montréal, à la périphérie du centre-ville entre
le Forum et le Montreal Children's Hospital. Au cours de l'exercice financier
1988-1989, 82 254 visites aux services ambulatoires ont été
enregistrées par nos bénéficiaires, tandis que quelque
4300 patients ont été admis.
La majorité de la population desservie, soit 84 %, demeure sur
ITle de Montréal et, de ces 84 %, 34 % résident dans le
sud-ouest, 18 % au centre-ville et 10 % dans l'est de l'île. L'origine
linguistique des bénéficiaires est également
divisée ainsi: un tiers francophone, un tiers anglophone et un tiers
allophone.
La communauté particulière desservie par le Reddy
apprécie les services plus personnalisés d'un
établissement de taille moyenne Lorsque la vocation de l'hôpital
était en péril, en 1982, la communauté a eu l'occasion de
démontrer son appui. L'incertitude entourant la mission d'hôpital
pour soins de courte durée s'est prolongée au-delà de cinq
ans. Au cours de cette période, la population a transmis des milliers de
lettres et des pétitions aux instances politiques confirmant le
rôle essentiel du Reddy dans sa communauté. Elle a elle-même
participé à une démonstration, soit à une marche de
plus de deux milles dans les rues de Montréal pour protester contre un
changement de vocation. Il est donc évident que les services
dispensés par le Reddy sont essentiels à sa
communauté.
Par sa participation à la corporation propriétaire,
à la fondation et au conseil d'administration du centre, cette
population contribue à une gestion saine et efficace de
l'établissement. Tel que mentionné dans notre mémoire, la
performance financière du Reddy est clairement démontrée
par le fait que le coût par jour-patient et le coût par visite sont
les. plus bas de tous les hôpitaux de soins de courte durée de la
province ayant entre 200 et 300 lits, ceci d'après les informations
financières obtenues de l'Association des hôpitaux du
Québec pour les années fiscales 1986 à 1988. La
qualité des soins prodigués, qui semble certainement
répondre aux exigences des bénéficiaires, rencontre aussi
les normes canadiennes des établissements de santé. Ceci est
confirmé régulièrement depuis plus de 30 ans par le
Conseil canadien d'agrément des établissements de
santé.
M. le Président, dans le mémoire que nous vous avons
présenté, nous avons identifié les raisons justifiant les
modifications a l'avant projet de loi, mais, compte tenu du temps qui nous est
disponible, nous nous abstiendrons de les énumérer. Par contre,
voici quelques commen- taires. Les membres de la communauté oeuvrant
bénévolement au Reddy, soit régulièrement dans le
centre hospitalier, soit comme membres et/ou directeurs de la corporation
propriétaire et de la fondation ou comme membres du conseil
d'administration du centre, le font pour apporter leur contribution à
leur communauté et parce qu'ils considèrent que le Reddy joue un
rôle important dans le système de la santé et des services
sociaux.
La corporation propriétaire, formée en 1951 et
composée de gens de la communauté, a administré
entièrement les affaires de l'hôpital jusqu'en 1972, soit
l'année de la création du conseil d'administration du Centre,
pour ensuite continuer à gérer ses biens immobiliers en
collaboration avec le centre hospitalier. Par exemple, M. le Président,
en 1982, pour créer une unité de 24 lits centralisés pour
soins prolongés, la fondation et la corporation finançaient
entièrement les coûts de rénovation totalisant 400 000 $.
Plus récemment, en 1986, la corporation propriétaire
subventionnait majoritairement le projet biénergie du centre
hospitalier, ce qui nous épargne, annuellement, des sommes d'argent
considérables. L'investissement de plus de 500 000 $ permettait de
réduire les coûts d'énergie, augmentant ainsi
l'efficacité du centre.
Il faut aussi mentionner qu'au cours des années la fondation et
la corporation ont permis l'acquisition et le remplacement d'un grand nombre
d'équipements spécialisés, et ceci, avec les autorisations
nécessaires du conseil régional et du ministère. Vous
réaliserez certainement le rôle essentiel des membres de la
communauté au fonctionnement du Reddy. Tel que mentionné dans
notre mémoire, nous sommes d'avis que certains aspects de l'avant-projet
de loi apporteraient un changement radical et néfaste aux services
dispensés par le Reddy. Heureusement, avec les propos du ministre
aujourd'hui et précédemment, nous sommes rassurés et
consolés de voir que certains de ces changements ne seront pas
effectués tels que présentés dans l'avant-projet.
Nous confirmons notre appui au gouvernement envers l'amélioration
du réseau de la santé et des services sociaux. Compte tenu que le
système québécois est l'un des meilleurs et des plus
généreux au monde, il ne s'agit pas de tout reconstruire, mais
plutôt de lui apporter les améliorations qui s'avèrent
nécessaires. Nous croyons, M. le Président, que la
société québécoise doit identifier ce qu'elle peut
se payer et que les objectifs globaux de santé doivent être
établis, incluant le préventif et le curatif. Le citoyen habitant
Montréal, Québec, Gaspé ou tout autre endroit au
Québec n'a t il pas le droit à la môme qualité de
services? Si oui, pourquoi ne pas élaborer un programme obligatoire
d'agrément des établissements de santé, utilisant celui du
Conseil canadien d'agrément ou ayant un
organisme québécois mandaté pour
l'évaluation. Un tel processus assurerait le niveau de qualité
des soins désiré par notre société M Plante
m'informe que, dans la province de Québec, il y a environ 25 % seulement
des hôpitaux qui sont assujettis à cette vérification par
le Conseil canadien d'agrément.
Du côté financier, il nous semble pour le moins surprenant
qu'aucun moyen n'existe pour mesurer l'efficacité et l'efficience des
établissements du réseau. La performance de ces derniers est
plutôt comparée à leur résultat de l'année
antérieure. Nous croyons qu'avant de prétendre que plus ou moins
de crédits sont nécessaires au fonctionnement du réseau de
santé et des services sociaux, il faudrait évaluer la performance
du système tout en le reliant au niveau de la qualité de soins
désirée par notre société.
En terminant, nous désirons ajouter deux souhaits.
Premièrement, que le ministère et la régie
régionale proposée assurent que les services dispensés
à toutes les communautés culturelles d'expression
française, anglaise ou autres rencontrent leurs besoins.
Deuxièmement, nous considérons importante la problématique
relative au manque continuel d'infirmières et d'infirmiers pour
répondre aux besoins de notre centre hospitalier. Nous espérons
que la commission saura apporter les recommandations susceptibles
d'améliorer cette situation qui semble toucher tout le Québec. M.
le ministre, nous reconnaissons que vous avez une tâche difficile et nous
n'envions pas votre position, mais nous sommes certains que vous allez prendre
en compte toutes les différentes considérations qui ont
été exprimées dans cette commission parlementaire et qu'en
fin de compte ce que vous allez décider de faire sera de changer pour
améliorer le système, plutôt que de changer uniquement pour
adopter un nouveau système d'opération
M. le Président, M. le ministre et membres de la commission, ceci
représente les réflexions des gens du Reddy Nous osons
espérer qu'elles vous seront utiles. Au nom de mes collègues et
en mon nom personnel, je vous remercie de nous avoir permis, aujourd'hui, de
vous faire cette brève présentation.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. M. Hendy. Je
passe la parole au ministre responsable. (12 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M le
Président. Évidemment, vous évoque/ certains points qui
ont déjà été évoqués, sur le plan du
conseil d'administration, de la corporation, de la fondation. Je pense qu'on
n'a pas besoin d'y revenir, compte tenu du fait qu'on a déjà
donné certaines couleurs et que les autres viendront
éventuellement, parce qu'il reste du travail à faire sur le plan
de tenter do prendre los bonnes décisions avec l'éclairage de la
commission. Je me permettrai peut-être d'aborder deux points de vue,
puisque vous avez évoqué le préventif et le curatif.
On fait ça comment, demain matin? Compte tenu du fait qu'il y a 5
500 000 000 $ dans les centres hospitaliers sur le budget du ministère,
on peut supposer que, demain matin, si on met l'accent sur la prévention
au lieu du curatif, on devra donc réallouer certaines ressources
financières qui viennent de ces établissements-là dans le
préventif au lieu du curatif. Alors, si vous étiez ministre,
demain matin - puisque vous avez beaucoup de sympathie pour le poste que
j'occupe et les décisions que j'ai à prendre - comment feriez
vous ce changement-là et pensez-vous qu'il y a possibilité de
réallouer certaines sommes, dévolues aux centres hospitaliers
maintenant pour du curatif, dans le préventif?
M. Hendy: N'étant pas en votre position
privilégiée, M. le ministre, de connaître tous les
chiffres, il est difficile pour moi de répondre
précisément quant à la réallocation des sommes
d'argent dont votre ministère dispose. Je comprends que c'est un
problème difficile, mais il me semble, d'après les connaissances
profanes que j'ai en lisant les journaux, qu'on a un grand chemin à
faire en essayant de convaincre nos citoyens d'avoir un mode de vie qui va
éliminer ou réduire, autant que possible, la
nécessité, plus tard dans leur vie, d'être
hospitalisés. C'est une question de diète et de bien d'autres
choses quant au mode de vie que les gens mènent. Si j'étais
ministre, je m'entourerais de spécialistes qui connaissent la
matière pour qu'ils me préparent un rapport sur un programme qui
pourrait être suivi, non seulement pour éduquer les gens, mais
aussi pour peut-être faire un certain suivi, afin de s'assurer que les
gens sont conscients de la nécessité d'avoir un train de vie qui
va minimiser, autant que possible, les soins hospitaliers.
Je permettrais à M. Réjean Plante de répondre en
supposant que lui aussi, un jour, serait ministre.
M. Plante (Réjean): Loin de moi cette pensée. M. le
ministre, je suis d'accord avec vous que c'est certainement une "task" qui est
excessivement difficile. Je crois que les gens du Reddy, ce qu'on essaie
d'exprimer c'est qu'il faut qu'il y ait un choix de société. Dans
le passé, on se concentrait sur le curatif et, aujourd'hui, après
plusieurs années, on s'aperçoit qu'il y a du travail à
faire au point de vue préventif. Donc, il y a un choix de
société de déterminer, premièrement, une enveloppe
globale de santé relative à, disons, l'économie, pour
ensuite déterminer le pourcentage à allouer au préventif
et au curatif.
Avant de déterminer une somme d'argent X qui pourrait être
supposément transférée et être utilisée pour
le préventif, il faudrait peut-être, tel qu'on l'a
mentionné, évaluer plus en profondeur l'efficacité du
système qui existe présente-
ment. Disons qu'on a eu l'occasion, lors de plusieurs rencontres avec M.
Gagnon, de discuter de l'évaluation de la performance des centres
hospitaliers. Je pense que la société québécoise a
un petit bout de chemin à faire dans ce sens-là. Bon. Si on peut
arriver avec des méthodes qui soient basées sur des statistiques
relatives, on pourrait, à ce moment-là, être plus en mesure
de dire: O.K. parfait, on évalue la performance. Dans certains cas, la
performance existe, dans d'autres cas, elle peut être
améliorée. Au point de vue global, on espère qu'il y ait,
au bout de la ligne, un certain montant qui pourrait être
transféré pour être utilisé par des ressources pour
le préventif.
M. Côté (Charlesbourg): Une dernière
question, avant que je sois interpellé par la présidence pour me
dire de me taire. Vous avez parlé du manque d'infirmières. C'est
vrai. Moi, j'irais plus loin que ça. Je vous dirais, pour toutes sortes
de raisons: démobilisation du personnel. On l'a dit au début, en
tout cas, moi, je l'ai dit: On est un peu prisonnier de plusieurs groupes
d'intérêt - bon, on l'a dit - soit les médecins et bien
d'autre monde, y compris les syndicats aussi. On gère davantage - on le
dit de plus en plus - des conventions collectives dans les hôpitaux. Je
le comprends parce qu'on en est rendus là aujourd'hui. On a reçu,
la semaine dernière, la CSN qui a montré une ouverture
très intéressante. Quant à elle, un des moyens de
remobiliser les gens pour travailler à l'intérieur des
établissements, c'est d'impliquer encore davantage, dans la vie de tous
les jours, les établissements. Moi, je leur ai parlé de la
mobilité du personnel qui réglerait probablement une partie des
problèmes parce que ce n'est pas que blanc ou noir. Qu'est-ce que vous
faites dans un hôpital comme le vôtre pour sensibiliser les
travailleurs - et là, j'aurais pu le demander à quelqu'un
d'autre, mais c'est ce matin que ça arrive - pour faire en sorte que les
employés chez vous, syndiqués ou pas, se sentent
véritablement des gens à part entière de votre
institution? Est-ce que vous faites des choses spéciales? Les
informez-vous des projets de votre centre hospitalier, des décisions qui
sont prises? Comment tout ça est-il véhiculé à
l'intérieur de l'établissement pour être capable de
rejoindre les travailleurs qui, effectivement, sont une force aussi de
l'établissement?
M. Hendy: Je peux vous dire, M. le ministre, qu'au Reddy les
relations entre l'employeur et le syndicat sont très très bien.
On a rarement des griefs ou des problèmes. Du tout. Ça se
règle à l'amiable avec le syndicat.
Je permettrais à M. Plante, qui est là depuis bien plus
longtemps que moi, d'expliquer pourquoi et comment cette situation-là
existe.
Le Président (M. Messier): Vous allez faire ça
brièvement, M. Plante?
M. Plante: Oui. Disons que c'est une question qui prendrait un
peu de temps, mais je vais me concentrer sur les choses qu'on essaie de faire
qui, évidemment, ne représentent pas d'argent ou très peu
d'argent parce qu'on n'en a pas. Premièrement, au comité
santé et sécurité, disons, qui a été
formé en 1983, la participation est égale, disons, entre union,
syndicat et employeur. On travaille ensemble pour essayer d'éliminer,
d'améliorer la situation du travail. Je crois que c'est un comité
qui fonctionne très bien, qui a amené des suggestions qui ne
représentent pas de grosses sommes d'argent, mais qui ont
remonté, si on peut dire, le moral des troupes.
Deuxièmement, récemment, on a formé un
comité qui a créé une politique, qui a été
approuvée au niveau du comité de régie, de contrôle
du harcèlement sexuel qui, disons, est un problème qui est
vécu un peu partout ces jours-ci, malheureusement. C'est quelque chose
qui a été véhiculé par les syndicats et c'est
quelque chose qu'on a transmis à l'institution. La réponse est
excessivement positive et on espère contrôler, possiblement, un
problème qui pourrait empirer au fil des années. C'est une autre
chose, un autre exemple qui ne coûte presque rien, mais qui, par contre,
est bien vu et bien accepté au niveau des employés.
Le dernier point que je vais amener brièvement, M. le
Président, concerne le fait que les fonds alloués pour
l'éducation des employés sont minimums. Par contre, il y a
quelques années, on a créé un comité
d'éducation à qui, tous les ans, le conseil d'administration
alloue une somme, une grosse somme de 10 000 $. Il faut se rappeler qu'on a 700
employés chez nous. Bon. C'est sur un budget de 22 000 000 $. Donc, on
dépense 10 000 $ et on inclut les employés et certains
administrateurs pour être au comité et distribuer ce
montant-là également parmi les syndiqués, les non
syndiqués, les employés cliniques, les employés non
cliniques et ainsi de suite. C'est une autre chose peut-être minime, mais
qui aide au moral des troupes. Donc, je vais arrêter mes commentaires,
mais ce sont des exemples de programmes qu'on a chez nous.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. Plante. Je
laisse la parole au député de Joliette, porte-parole
officiel.
M. Chevrette: Au 131e groupe...
Le Président (M. Messier): Vous nous jouez un tour, M. le
député.
M. Chevrette: ..vous comprendrez qu'il y a beaucoup d'arguments
qui...
Le Président (M. Messier): C'est le 48e
mémoire, mais...
M. Chevrette: ..se ressemblent, en particulier, sur les
regroupements, la fusion des conseils, etc. On sent très bien qu'il y a
une toile de fond unique de la part des autorités et des centres
hospitaliers, c'est clair.
Donc, je vais vous poser une seule question. C'est à partir de la
décentralisation. Vous êtes sur IHe de Montréal et vous
avez affirmé dans votre mémoire que, où que nous soyons au
Québec, nous avons droit à des services de qualité
identique. J'ai écouté votre porte-parole dire ça
tantôt.
Une voix: De qualité.
M. Chevrette: De qualité identique. Est-ce que vous
êtes en accord avec la décentralisation de l'enveloppe de la
RAMQ?
M. Plante: c'est une question qu'on a débattue longtemps
malheureusement, dans l'avant-projet de loi ou dans les orientations qui ont
été présentées originalement, lorsqu'on parle de
financement par programme, c'est très général, ce n'est
pas spécifique et on ne sait pas exactement ce que ça
représente. les gens du reddy, ce qu'ils considèrent important,
c'est que ce qui est alloué pour un type de programmes, que ce soit, par
exemple, en orthopédie... si un centre hospitalier
spécialisé fait des procédures orthopédiques,
est-ce que, disons, pour un nombre équivalent de procédures et de
type de procédures, un montant ou une enveloppe peut être
déterminée? si oui, à ce moment-là, ça
devient la responsabilité du centre hospitalier de le gérer
à travers, disons, si on peut dire, un budget global, mais par
programme. si c'est équivalent, si c'est basé sur des
statistiques logiques et que ces statistiques et cette méthode-là
sont attribuées à tous les centres hospitaliers comme tels, je
pense que oui, il n'y aura pas de problème dans ce sens-là. mais
il nous manque de l'information à savoir comment appliquer la
budgétisation par programme. je pense que c'est la meilleure
méthode qu'on peut avoir en principe, si le système est
attribué sur des statistiques égales pour tout le monde.
M. Chevrette: Oui, si on décentralise l'enveloppe de la
RAMQ, il est évident qu'il y aura certains critères. On ne peut
pas béatement ou bêtement attribuer des sommes sans avoir des
critères, c'est évident. Je prends un exemple dans le milieu
forestier, par exemple: pour quelqu'un qui se trouve près de la
forêt, il y a là des types d'accidents répétitifs
qu'on ne retrouve par nécessairement en usine ou, je ne sais pas, dans
une salle de couture, par exemple, c'est évident. Dans un milieu
où ce sont plutôt des services et non pas la grosse industrie
lourde, ce n'est pas le même type d'accidents, effectivement. Ce ne sera
sûrement pas facile, mais, au départ, si on reconnaît, par
exempte, qu'à partir du type d'actes le plus fréquent, à
partir d'objectifs précis, il y a des sommes appropriées, on
pourra en tenir compte et non pas continuellement permettre à des gens
d'y avoir accès, mais via le transport ambulancier. Je prends
l'hémodialyse: dans certains milieux, ça coûte plus cher
d'avoir du transport pour l'hémodialyse que de donner
l'hémodiaiyse à un centre hospitalier. Chez nous, à
Joliette, on a eu l'hémodialyse il y a à peine cinq ans et
ça fait longtemps que c'est payé. Ça s'est payé
dès la première année, ce type d'équipement, parce
que si on compte ce qu'il en coûtait aux citoyens et ce qu'il en
coûtait au centre hospitalier pour les envoyer à Montréal
trois fois par semaine durant quatre heures, souvent par service ambulancier,
c'était astronomique comme somme à payer. Et ça, je pense
que vous avez raison de dire qu'il n'y a pas dautomaticité, en ce sens
que ce n'est pas bêtement tant par tête, mais qu'il y a le
critère d'éloignement et tout ça. Comme principe,
cependant, vous ne vous objectez pas à ce qu'il y ait une
équité dans la distribution
M. Plante: Non, si je peux ajouter, disons que,
définitivement, c'est parce qu'on est craintifs un peu Dans le
système, présentement, on marche peut être dans l'autre
sens. On dit: Vous avez un budget et que vous fassiez, disons, 100 000
interventions ou 50 000, vous avez votre budget, au lieu de dire: Bon, si vous
faites 50 000 interventions, vous avez tel budget et, si vous en faites 100
000, vous avez tel budget À ce moment là, c'est plus
équitable, O.K.? Si le système qu'on propose, par programme, est
équitable, je ne crois pas qu'il y ait personne... Tous les gens du
Reddy qui sont impliqués depuis nombre d'années, qui
représentent la communauté des trois types qu'on a
présentés, je ne crois pas qu'il va y avoir aucune plainte dans
ce sens-là.
M. Chevrette: D'accord. Merci.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M le
député de Joliette. Pour le bénéfice du
député de Joliette, le Reddy Memorial était le 132e groupe
à se présenter devant la commission.
M. Chevrette: On n'était pas trop loin.
Le Président (M. Messier): M. le ministre, quelques
mots.
M. Hendy: Ça peut sembler comme 141.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Rendu à 132, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous
remercier, vous dire merci pour la présentation concernant votre
centre hospitalier, de vous être prêté de bon gré
à jouer au ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Hendy: Merci.
M. Côté (Charlesbourg): ...pour prendre certaines
décisions et de nous fournir certaines informations qui doivent
être utiles. merci beaucoup.
M. Hendy: Merci.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. Vous allez
faire des jaloux, mais merci beaucoup.
On demanderait aux représentants du centre hospitalier Catherine
Booth de l'Armée du salut de se présenter devant la commission,
s'il vous plaît. (12 h 15)
Bonjour. Au nom de la commission, je vous souhaite la bienvenue, ici,
à Québec. Je ne sais pas qui va prendre la parole. Je lui
demanderais d'identifier ses gens avec lui. Vous avez une dizaine de minutes
pour faire votre intervention et, après ça, il va y avoir
échange avec les deux formations politiques.
Centre hospitalier Catherine Booth de l'Armée
du salut
M. Miller (Lou): M. le Président, M. le ministre, MM. et
Mmes les commissaires, mon nom est Lou Miller. Je suis le vice-président
du conseil d'administration du centre hospitalier Catherine Booth. J'aimerais
présenter le groupe qui représente le centre hospitalier:
à ma gauche, c'est la capitaine Joanne Davison, directrice
générale; la colonelle Grace Dockeray, chef de la direction des
services de santé de l'Armée du salut, représentante de la
corporation au conseil d'administration; le capitaine Dave McCann, membre de la
corporation et Dr Louise Chevalier, présidente du Conseil des
médecins, dentistes et pharmaciens et membre du conseil
d'administration. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Colonel, on vous
écoute.
M. McCann (Dave): Merci. C'est moi le premier porte-parole. Je
veux, tout d'abord, répéter des choses que vous avez
déjà entendues, mais dans le désir de, peut-être,
souligner un peu le caractère unique de notre corporation
propriétaire, comme c'est une corporation très active et bien
engagée, bien impliquée dans la vie des centres hospitaliers. Le
ministère se doit d'être félicité pour l'approche
dynamique adoptée par le département pour continuer
d'améliorer les services offerts à sa population. Il est encoura-
geant de constater que le ministère, dans ses orientations pour
améliorer la santé et le bien-être au Québec,
propose d'établir des buts précis et des objectifs mesurables et
de les évaluer de façon régulière. Nous sommes
heureux, de notre part, de continuer notre association avec vous afin d'offrir
une gamme continue de services de la plus haute qualité, accessibles
à ceux et à celles qui en ont besoin.
Le centre hospitalier Catherine Booth est un institut de soins de courte
durée de 84 lits, spécialisé dans la réadaptation
physique. Nous traitons, dans le cours d'une année, environ 600
bénéficiaires dont la majorité ont 75 ans et plus et dont
le séjour moyen est de 46 jours. Les bénéficiaires
retournent à leur domicile après avoir reçu leur
congé. La corporation propriétaire représente
l'Armée du salut qui, jusqu'en 1973, dirigeait, dans ce bâtiment,
un hôpital de maternité. Même après le changement de
vocation du centre, l'Armée du salut reste toujours impliquée
dans le développement et la gestion des présents programmes.
À la section II, article 74 de la loi suggérée, la
loi donnerait au conseil d'administration du centre hospitalier
l'autorité de déterminer les conditions d'admission des membres
et les droits et les obligations de la corporation. Si cette loi entrait en
vigueur, le gouvernement pourrait effectivement exproprier les biens
immobiliers de l'Armée du salut sans avoir à en assumer les
coûts. L'Armée du salut n'aurait même pas la certitude que
les représentants de la corporation seraient des membres de
l'Armée du salut. Notre souci n'est pas uniquement de protéger
nos investissements. Nous sommes consentants à utiliser nos biens pour
répondre aux besoins de la population du Québec. Cependant, nous
tenons à conserver le contrôle sur la façon dont ces biens
sont utilisés et nous devons au moins conserver l'option de retirer nos
avoirs si nous n'approuvons pas la façon dont on en dispose.
Dans le dernier paragraphe de l'article 50 de cet avant-projet de loi,
seulement trois personnes représentant les corporations
propriétaires peuvent être élues au conseil
d'administration unifié du territoire d'un CLSC. Dans notre cas, comme
cinq des six institutions ont leur propre corporation propriétaire, il
est bien possible que notre corporation ne soit même pas
représentée.
L'Armée du salut offre une multitude de services à la
population et désire être partenaire à part entière
dans la distribution des services de santé. Nous ne sommes pas
intéressés à simplement fournir des fonds et être
tenus à distance des décisions qui nous concernent.
Quelles seraient les conséquences si l'Armée du salut se
retirait du centre hospitalier Catherine Booth? Il y aurait vraiment, pour la
communauté, une perte des services humanitaires, une perte de
stabilité parce que l'Armée du salut
est engagée depuis 100 ans à offrir à la
communauté des services de santé et de services sociaux. Nous
sommes engagés à continuer à long terme. Il y aurait aussi
la perte des biens immobiliers, perte d'appui financier. Parce que, en effet,
nous fournissons les fonds afin d'assurer certains services essentiels qui ne
sont pas couverts par le ministère, tels que: services de médecin
de garde, gestion de la qualité, programme récréatif,
programme de développement des ressources humaines.
Nous avons aussi dans notre centre une approche holistique. L'accent est
mis sur la nécessité de traiter les bénéficiaires
de façon holistique. L'Armée du salut veille au bien-être
physique, social et spirituel de la population du Québec depuis 100
ans.
Il y a aussi un service de consultation. L'Armée du salut a un
réseau d'hôpitaux et de centres hospitaliers. À travers le
Canada, il y a dix hôpitaux de l'Armée du salut et il y a toute
cette expertise qui est disponible.
Il y a aussi l'intégration des services de santé et des
services sociaux Le ministère désire donner priorité
à l'intégration et à la complémentarité des
services de santé et des services sociaux. L'Armée du salut a
déjà établi un vaste réseau de services sociaux
à Montréal, dont cinq dans le district Notre-Dame-de-Grâce,
et le directeur général de l'hôpital est membre du conseil
de coordination qui s'assure de la continuité des services offerts
à la population.
En résumé, l'Armée du salut non seulement appuie
vos priorités dans ces différents domaines mais a
déjà prouvé son leadership en ayant mis ces services en
place depuis plusieurs années et en continuant de les développer
afin d'offrir des services de la meilleure qualité à la
population qu'elle dessert.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, capitaine
McCann. Dr Chevalier, vous désirez prendre la parole?
Mme Chevalier (Louise): Oui, je voudrais parler surtout du
conseil d'administration distinct et, pour les membres du conseil qui nous
écoutent attentivement, nous sommes le 133e groupe, alors on va essayer
de...
Le Président (M. Messier): Vous suivez bien les
débats, madame.
Mme Chevalier: ...ne pas taxer votre patience. La section 50 de
la loi proposée trace les structures d'un nouveau conseil
d'administration qui serait responsable pour tous les établissements
dans le territoire d'un CLSC. Nous appuyons l'objectif d'avoir des services
coordonnés et facilement accessibles aux bénéficiaires,
sans duplication de services II n'est pas nécessaire que les
institutions attachées à un CLSC aient un conseil unifié
pour qu'il y ait collaboration. En ce qui nous concerne, nous collaborons
étroitement, présentement, avec cinq des six institutions
localisées dans notre territoire. Donc, nous référons les
cas de placement et de soins à domicile au CLSC et nous recevons d'eux
des références pour les cas d nébergement d'appoint. Nous
référons au centre Constance Lethbridge les
bénéficiaires qui doivent être suivis en réadap-tion
après leur congé. Quant au centre hospitalier Julius Richardson,
avec ce centre, qui a une vocation similaire à la nôtre, nous
travaillons au développement de nos services. Par exemple, nous avons
mis sur pied un programme d'informatisation des services pharmaceutiques
adaptés à leurs besoins et nous leur fournissons des services de
radiologie et étudions d'autres projets d'intérêt
commun.
Nous travaillons étroitement avec l'hôpital Reine
Elizabeth, avec ce centre, en acceptant les bénéficiaires qui
nous sont référés pour réadaptation et nous
partageons les services de médecins spécialisés.
À ce point, j'aimerais simplement rappeler que nous servons une
population de 65 ans et plus qui a besoin de services orthopédiques,
etc. Même si nous oeuvrons en collaboration étroite avec les
autres établissements de santé situés dans notre
localité pour assurer une continuité dans les services, il serait
utile de formaliser nos relations du travail par l'entremise d'un conseil de
directeurs généraux et d'un membre de chaque conseil
d'administration. Si notre institution ne possédait pas son propre
conseil d'administration, elle perdrait en peu de temps son identité
dans la communauté. Cette perte d'identité réduirait
l'ardeur des bénévoles et l'appui des organismes communautaires
tels que l'Armée du salut.
Nos bénévoles au centre hospitalier Catherine Booth
participent à la réadaptation des bénéficiaires par
des visites régulières, par l'aide apportée dans les
différents services, par la gestion d'un casse-croûte et d'une
boutique de cadeaux et par des dons considérables de fonds
nécessaires à l'achat d'équipement médical. Sans la
présence et la générosité des
bénévoles, notre budget devrait être augmenté d'une
façon significative. Certains membres du conseil ont mentionné
qu'il leur serait difficile de consacrer suffisamment de temps à se
familiariser avec les rouages de six différentes institutions et
d'être prêts à répondre promptement aux demandes de
disponibilité de plusieurs hôpitaux. Les membres du conseil ont
exprimé leur agrément à travailler pour un seul
hôpital et voir se concrétiser le résultat de leurs
efforts. Il serait, en effet, difficile et frustrant de siéger à
un conseil pour six institutions et ne pas se sentir directement
impliqués dans aucune d'elles. Notre centre hospitalier a besoin d'un
conseil d'administration composé de membres qui soient prêts
à se familiariser avec les ramifications des centres de
réadaptation et les besoins de notre population,
prêts à être responsables des centres offerts
à la population et prêts à répondre promptement
à ses besoins. Un conseil d'administration distinct qui assume ses
responsabilités vis-a-vis de cet hôpital ne peut qu'ajouter au
leadership dynamique qui nous est nécessaire, ce qui serait difficile si
ses membres sont préoccupés par les problèmes de cinq
autres institutions. Nous recommandons donc qu'un hôpital
spécialisé soit administré par son propre conseil.
Le conseil d'administration a besoin de membres possédant des
compétences professionnelles. L'article 57, paragraphe 2, souligne
qu'aucun membre du conseil ne peut être fonctionnaire du ministère
de la Santé et des Services sociaux ou de tout autre organisme
dispensant des services reliés au domaine de la santé et des
services sociaux. Comme le ministre a parlé, lorsque vous
écoutiez le Reddy Memorial, je pense, que ce point-ci serait
corrigé, je pense que je vais passer brièvement. Alors, nous
recommandons donc qu'il y ait, parmi les membres du conseil d'administration,
un représentant des médecins, un représentant du personnel
clinique et le directeur général.
Le mandat du directeur général devrait être
déterminé par le conseil d'administration. L'article 95 du projet
de loi ne permet pas à un directeur général de remplir
plus de deux mandats de quatre ans. Nous comprenons que ceci permette
d'accroître les possibilités d'avancement du personnel cadre, mais
la nature arbitraire de ce règlement aura sûrement un effet
négatif sur la qualité des gestionnaires dans notre province. Il
semble vraisemblable que le personnel hautement qualifié se retirera des
services de santé et/ou déménagera dans une autre province
au lieu de faire face à ce genre d'insécurité. Les petits
hôpitaux seront, de ce fait, désavantagés car leur
directeur général profitera de chaque occasion pour se faire
nommer dans une institution de plus grande importance, de crainte qu'il n'y ait
pas de poste qui réponde à ses aspirations à la fin d'un
second mandat. Nous recommandons donc que le mandat du directeur
général soit déterminé par le conseil.
L'organisation des ressources médicales. Une des priorités
de votre document sur les nouvelles orientations est la distribution uniforme
des ressources médicales à travers la province. Nous
désirons souligner qu'il existe aussi un besoin pressant de personnel
médical dans les petits hôpitaux spécialisés des
grandes villes. Les médecins devraient être encouragés de
façon tangible à oeuvrer dans ces centres. Nous recommandons donc
qu'on encourage de façon tangible les médecins à
travailler dans les petits établissements spécialisés des
grandes villes.
En résumé, nous sommes reconnaissants de l'occasion que
vous nous avez offerte, grâce à ce forum, de vous faire part de
nos préoccupations et nous vous remercions, messieurs et mesdames, de
votre attention.
Le Président (M. Messier): Dr Chevalier, merci. Capitaine
McCann, je m'excuse, tout à l'heure je vous ai appelé "colonel",
mais ça ne devrait pas tarder.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Merci.
Mme Chevalier: II lui manque juste une...
Le Président (M. Messier): Je demande le consentement de
l'Assemblée parce qu'on dépasse 12 h 30 et ça prend le
consentement. Ça va? O. K. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Évidemment, je suis très heureux que l'on ait l'occasion de
recevoir probablement un modèle exemplaire de bénévolat.
Je suis toujours très impressionné, en particulier durant la
période des fêtes où on se promène dans les centres
d'achat pour acheter des cadeaux pour nos enfants ou pour nos parents et
où on vous retrouve présents un peu partout à solliciter
la générosité des gens, et Dieu sait que ce n'est pas
toujours facile de le faire dans les conditions dans lesquelles vous le faites.
Je tenais à vous le dire parce que c'est la première fois, la
première occasion que j'ai de le faire. Je pense que vous êtes
l'exemple. Un exemple parfait, ça n'existe pas. Vous frisez passablement
la perfection sur le plan du dévouement à ce niveau-là.
Votre témoignage quant à la participation au conseil
d'administration est assez éloquent sur les risques d'avoir des conseils
d'administration unifiés non souhaités, d'un certain
désintéressement de la part de ceux qui font du
bénévolat et qui, par le fait même, seraient beaucoup moins
intéressés à offrir une certaine humanisation, une
certaine qualité dans l'humanisation des soins, et ça, ça
m'apparaît très important. Donc, beaucoup de points que vous
abordez qui ont déjà eu réponse ou qui sont en voie de
recevoir des réponses, je ne veux pas m'attarder là-dessus. Une
seule question: D. G., directeur général, deux mandats, ça
fait peur à bien des gens, semble-t-il. Évidemment, l'aspect
particulier est celui de l'insécurité. Donc, si quelqu'un n'a pas
la garantie qu'il peut avoir une certaine sécurité quant à
son emploi, il pourrait regarder ailleurs sur le plan du travail. L'idée
à la base était que... Bon, le président des
États-Unis, on lui dit, au bout de deux termes: Bon, un changement,
ça fait du bien. Et ce n'est pas institutionnalisé, au
Québec, pour les hommes politiques mais la moyenne est à peu
près sept ans, donc à peu près deux mandats. Et on dit:
Bon, bien, ça fait du bien de changer de personne. Ça
amène des idées nouvelles, une nouvelle dynamique. Est-ce que
vous ne croyez pas à cette formule de deux mandats qui amènerait
davantage de... peut-être un petit peu plus de dynamique dans le
système, dans la
mesure, bien sûr, où il y aurait des mesures de
stabilité d'emploi, de garantie d'emploi de telle sorte que les gens
puissent effectivement être repêchés pour d'autres
hôpitaux ou d'autres établissements à travers le
Québec, leur garantissant ainsi une sécurité d'emploi?
Est-ce que vous ne voyez pas certains avantages à ce
niveau-là?
Mme Davison (Joanne): Ça ne marche pas vraiment dans notre
système. On a fait de notre mieux pour être engagés dans
l'administration Mais si vous voulez tourner l'affaire, je ne suis pas
prête à aller au Royal Victoria parce que je veux travailler pour
l'Armée du salut. Comme ça, ça ne marche pas pour nous.
Mais, en général, je pense que, pour les autres que je connais,
c'est beaucoup moins "sécure". Il peut y avoir un dynamisme sans avoir
des règles qui disent: Après tel et tel jour, il faut changer On
peut avoir des initiatives de dynamisme d'autres façons, je pense.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous avez
d'autres façons à nous suggérer?
Mme Davison: Non, je n'ai pas de réponse. Des voix:
Ha, ha, ha!
Mme Chevalier: M. le ministre, pour répondre à
votre question, peut-être que ça n'y répond pas. Les gens
qui s'engagent dans l'administration en font une profession de leur vie. Si
vous voulez devenir premier ministre... président des États-Unis,
ce n'est pas une fonction de votre vie. Si vous allez dans la politique, ce
n'est pas une fonction totale de votre vie. Mais ceux qui prennent
l'administration pour être avec les hôpitaux, ils le font dans leur
vingtaine pour faire ça toute leur vie. Peut-être que s'il y avait
un système de repêchage, ça aiderait
énormément. Mais qui voudrait être repêché et
partir du Royal Vie et s'en aller à Amos ou quelque chose comme
ça? C'est ce qui est difficile, pour moi, à comprendre.
M. Côté (Charlesbourg): O. K.
Mme Chevalier: Quoique ce n'est pas mon problème.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, je comprends. Sauf
qu'on sait que dans l'entreprise privée, par exemple, non pas parce
qu'on veut gérer le système de santé comme dans
l'entreprise privée, on sent l'obligation d'apporter du changement, une
nouvelle dynamique.
Mme Chevalier: Je suis parfaitement d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): II me semble qu'il y a
quelque chose à faire à ce niveau-là, non pas parce qu'on
est insatisfaits de ce qui se passe maintenant mais dans le but de tenter
d'améliorer tout ça. Je comprends certaines réserves. Il y
a des causes qui nous tiennent à coeur plus que d'autres et pour
lesquelles on s'engage, et je les comprends très bien. Il y a des cas
beaucoup plus spécifiques. Je comprends votre point de vue. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le ministre. M. le
député de Joliette et porte-parole officiel...
M. Chevrette: Je considère que votre cas, c'est vraiment
un cas exceptionnel. J'en ai déjà parlé C'est plus que
linguistique. C'est une mission, à toutes fins pratiques. Donc, à
partir de ce tait-là, essayer de mettre un complet - c'est le cas de
vous le dire, vous avez un complet - le complet ne peut pas faire à tout
le monde, c'est évident, et je pense que la mission bien
spécifique de réadaptation, ça en fait un hôpital ou
un centre hospitalier spécialisé, avec un genre de vocation, un
genre de mission. Moi, je serais extrêmement sensible à
considérer un centre comme le vôtre comme n'allant pas
nécessairement dans le moule traditionnel, dans le moule standard de
tout le monde, je pense que j'achète ça. Et, comme membre de
l'Opposition ou membre de l'Assemblée nationale, je ne serais pas
offusqué qu'on considère le type de centre, comme celui que vous
êtes, comme faisant partie d'une mission à être
perpétuée ou continuée sans se modeler. Je pense que c'est
acquis, d'ailleurs, pour les conseils d'administration. C'est
déjà acquis qu'il n'y aura pas de fusion parce que... C'est
dénoncé même par ceux qui n'ont pas de mission aussi
spécifique que la vôtre. Donc, à plus forte raison, je
pense qu'on n'adopterait pas un complet qui ne vous va pas.
Je voudrais vous remercier de l'apport que vous apportez à la
commission, en espérant que vous obtiendrez satisfaction. En ce qui nous
concerne, on va retenir vos volontés. Et, continuez, ne lâchez
pas, votre modèle n'est pas courant et votre engagement est de plus en
plus rare. Je veux dire qu'un engagement comme le vôtre est de plus en
plus rare dans notre société. Donc... Merci.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Joliette. M. le ministre, pour terminer.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, je suis en parfaite
harmonie avec l'ex-ministre de la Santé, leader de l'Opposition
maintenant, quant au constat qu'il vient de faire sur votre engagement, qui est
tout à fait remarquable. Et si ça peut en influencer d'autres et
faire en sorte qu'il y en ait d'autres qui voient du même angle
l'humanisation des soins à donner à la population, je pense que
vous aurez fait déjà beaucoup. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Sur ces bonnes paroles qui
devraient se refléter possiblement à la période de
questions, cet après-midi...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): ...je suspends les travaux
jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
(Reprisée 15 h 29)
Le Président (M. Messier): Bienvenue. M. le ministre,
êtes-vous disposé? M. le représentant officiel. Vous ne
l'êtes pas?
M. Chevrette: On n'est pas disposés, mais c'est le
devoir.
Le Président (M. Messier): J'aimerais souligner la
présence d'une vingtaine de hauts fonctionnaires du
fédéral qui sont en période d'immersion française.
On vous souhaite la bienvenue dans cette salle. Je vais rappeler le mandat de
la commission parlementaire qui est réunie afin de procéder
à une consultation générale et tenir des audiences
publiques dans le cadre de l'étude de l'avant-projet de loi sur les
services de santé et les services sociaux.
Nous débutons cet après-midi à 15 h 30. On tient le
temps.
Nous accueillons maintenant Alliance Québec et je demanderais aux
intervenants d'Alliance Québec de s'identifier et de présenter
les gens qui accompagnent possiblement M. Keaton, qui est le président.
Enchanté, M. Keaton. On est très attentifs à vos
propos.
Alliance Québec
M. Keaton (Robert): Bonjour, M. le Président. Merci.
Ça marche. Donc, merci de m'avoir donné la possibilité de
vous présenter aujourd'hui ce mémoire. Au nom d'Alliance
Québec, j'aimerais vous faire part de nos réflexions au sujet de
la réorganisation du système de santé et des services
sociaux du Québec actuellement envisagée par la commission des
affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Messier): M Keaton, pouvez-vous
identifier les personnes qui sont avec vous?
M. Keaton: Ça s'en vient dans mon texte.
Le Président (M. Messier): Ah! Parfait!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Keaton: L'avant-projet de loi dont vous êtes saisis aura
une grande incidence sur les prestations des services de santé et de
services sociaux qui seront faits aux citoyens et citoyennes du Québec.
Il y a des répercussions particulières sur les membres de la
minorité anglophone du Québec. Gail Campbell, à mon
extrême gauche, Elizabeth Kater, à ma droite, les
copré-sidentes du comité provincial d'Alliance Québec
assurent les services de santé et les services sociaux, d'une part, et
Sara Saber, la directrice de notre programme des services de santé et
des services sociaux se sont jointes à moi aujourd'hui au nom d'Alliance
Québec.
Alliance Québec s'intéresse beaucoup aux services de
santé et services sociaux depuis sa fondation en 1982. À titre
d'organisme provincial, nous nous intéressons non seulement à la
métropole montréalaise où résident la plupart des
membres de la communauté anglophone du Québec, mais aussi aux
résidents de langue anglaise des régions où les citoyens
anglophones ne représentent qu'une petite minorité de la
population. Dans les régions comme le Saguenay, l'Abitibi, le
Témiscamingue, Trois-Rivières et Gaspé, notre
communauté ne représente qu'une faible proportion de la
population totale.
Les citoyens anglophones de ces régions n'ont pas facilement
accès à des établissements traditionnels de langue
anglaise où ils pourraient aller plus facilement s'ils habitaient dans
la métropole montréalaise. De plus, ils sont
désavantagés comparativement à leurs homologues
anglophones de la région montréalaise par l'accès en
général réduit aux services spécialisés.
C'est un problème avec lequel tous les Québécois et toutes
les Québécoises, soit de langue anglaise ou de langue
française, qui habitent dans des régions semi-urbaines ou
isolées doivent composer.
Alliance Québec a accueilli avec satisfaction le rapport de la
commission Rochon, car elle s'est engagée à améliorer
l'accès aux services de santé et aux services sociaux en langue
anglaise pour tous les Québécois qui désirent de tels
services. La commission a, en effet, recommandé que le gouvernement
adopte, quant au système de services de santé, et de services
sociaux, des orientations qui favoriseraient "une approche intersectorielle
tant aux niveaux local, régional que provincial" et "la participation
des citoyens dans les instances décisionnelles, les instances
consultatives, et les instances de concertation du système".
Alliance Québec believes firmly that Quebec's society will
benefit from a health and social service system which is centered on the client
- Justement, c'est ça l'importance de cette présentation, c'est
que toutes ces questions soient axées sur le client. Ce n'est pas une
question de la langue dans le sens politique dans l'ensemble du Québec,
mais axé sur la langue des clients - which involves the consumers of
services and the management of the institutions
they use and which encourages a collaborative approach between
institutions. Now, within this framework, the important measures brought
forward by Bill 142 serve as an example of the enrichment which
interestablishment coordination and community input can bring to the health and
social services delivery system of the province. Bill 142 has required of the
regional councils of Québec that they direct their attention
specifically to the needs of their English-speaking clients, that they evaluate
the entire range of ressources available, not only within the region, but
outside the region as well, and that they devise a plan of access which will
allow English-speaking consumers to know where they may expect access to health
and social services in English. The law has not specifically required that the
regional councils devise these plans with the consultation of their local
English-speaking community. But, where this collaboralion has taken place, the
quality of the plan and the level of satisfaction of the local community, it
has been markedly and demonstrably enhanced. And while not entirely without
frustrations, the process by which law 142 has been implemented at the regional
level has, we believe, been a source of greater mutual understanding, not only
for the community but for the regional councils as well. For these reasons, we
welcome an orientation for the entire system which will encourage citizen
participation at all levels of the social affairs network.
In addition to Alliance Quebec's obligation to speak for the
English-speaking citizens of Quebec's main land, we have a fundamental concern
for and commitment to the integrity and autonomy of the institutions which were
founded by our community. Seventy-nine of these institutions exist today
designated under 142 although many are threatened by the province of changing
demographics and financial limitations. It was our commitment to these
institutions which let us to react so vociferously to the provisions of the
draft bill which contemplate the elimination of the independant boards of
directors of the individual institutions and for the replacement with unified
boards of directors. It is our belief that any measure which reduces the
ability of clients to involve themselves in the management of the institutions
they use is contrary to the principles announciated by the Rochon report, by
the orientations of April 1989 and by the draft bill itself. The institutions
founded by the English-speaking communities of Québec have historical
links with their founding communities which are vital, current and essential to
the basic characters. Alliance Québec opposed and will continue to
oppose any measure which reduces the ability of these institutions to benefit
from the input of their clients since such measures are inconsistent with the
goals of the law itself. We therefore welcome the resolution passed at the
meeting of the Conseil général of the Parti
québé... Parti libéral du Québec, pas encore le
Parti québécois, mais le Parti libéral du
Québec...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Keaton:... in favour in February 1990... community in the
government to specifically...
Une voix:...
M. Keaton: Bien, non, on le souhaite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Keaton:. to specifically consider the particular needs of
these institutions in any reform and we are pleased that the Minister of Health
and Social Services, Mr. Côté, has agreed to wltlxlraw the
portions of the law which have eliminated the boards of individual
institutions. We will also like to particularly aknowledge the important work
of Christos Sirros, ministre délégué à la
Santé et aux Services sociaux, who has actively pursued his mandate to
ensure the participation of Québec English community and its
institutions in the formulation of those portions of the legislation which are
concerned.
Après avoir énoncé les grands principes de notre
position, passons maintenant aux points de l'avant-projet de loi qui nous
intéressent particulièrement. Je souligne aussi maintenant que
nos propositions sont un peu moins précises que celles faites par
d'autres groupes intéressés par les services en langue anglaise
comme le Groupe de travail 06A sur la santé et les services sociaux qui
présentera son mémoire immédiatement après le
nôtre. Pour des raisons de convenance, nous avons l'intention
d'énoncer maintenant les principes généraux qu'il faut,
à notre avis, respecter si l'on veut que la nouvelle loi réponde
aux besoins des citoyens du Québec, notamment de ceux dont la langue
d'usage est l'anglais II se peut que nous n'utilisions pas toute l'heure qui
nous a été accordée et nous demandons respectueusement que
l'on donne aux représentants du Groupe de travail 06A le temps dont
l'Alliance Québec ne se sera pas servi, pour leur permettre de bien
faire des recommandations précises sur la nouvelle loi.
De nombreuses années se sont écoulées depuis que le
gouvernement s'est engagé à évaluer et à
réviser la loi actuelle sur les services de santé et les services
sociaux. Pendant ces années, beaucoup de temps et d'énergie ont
été consacrés à faire en sorte que la nouvelle loi
tienne compte des idées et des besoins des divers secteurs du
système. Nous voyons donc d'un bon oeil le désir du gouvernement
de prendre des mesures pour que les diverses modifications recommandées
par les intervenants soient mises en oeuvre. Néanmoins, le ministre de
la Santé et des Services sociaux, ayant déjà
déclaré que
d'Importantes partlos du projet do loi actuelle ment en cours d'examen
seraient retranchées, noua mène à l'inquiétude sur
la fin imminente des consultations. Nous craignons, en effet, qu'une nouvelle
loi ne soit présentée à l'Assemblée nationale sans
que le public ne soit consulté. Nous vous faisons part de cette crainte
car nous ne pouvons prédire avec précision par quoi le ministre
remplacera les parties de l'actuel avant-projet de loi qui visent à
assurer la coordination entre les établissements. Les mesures qu'il a
l'intention de remplacer auraient été désastreuses pour le
réseau d'établissements anglais et donc pour l'accès des
Québécois anglophones à des services dans leur langue.
Bien qu'encouragés par les liaisons améliorées entre le
ministre, les établissements et la communauté, nous ne pouvons
agréer en toute bonne foi que des consultations futures ne soient
requises.
Envisager le problème du mandat de l'organisation et de la
gestion des établissements à l'échelle du territoire a
forcément un effet discriminatoire disporportionné sur les
groupes minoritaires. Ce modèle territorial peut être
discriminatoire envers les minorités en restreignant l'accès
à des établissements de leur choix ou en restreignant
l'accès des établissements à la participation et au
soutien de leurs usagers. Cette réalité est exacerbée par
un contexte démographique de plus en plus mobile et fluide. Dans le
Québec d'aujourd'hui et de demain, la population sera de plus en plus
diverse et mobile. En conséquence, le gouvernement rendra un mauvais
service aux Québécois et à leurs établissements
s'il adopte un mode de gestion de ses services sociaux fondé de
façon trop rigide sur la petite structure territoriale. Pourquoi
l'approche territoriale est-elle si préjudiciable aux clients qui
appartiennent aux minorités? Parce que les membres des groupes
minoritaires recourent plus que les membres de groupes majoritaires aux
établissements pour d'autres raisons que la proximinité par
rapport à leur résidence. En somme, le CLSC local peut ne pas
être le meilleur endroit où un membre d'une minorité puisse
obtenir des services, sauf si ce CLSC a du personnel capable de traiter avec
les membres de la minorité en question. Certains CLSC de Montréal
font de la publicité pour les postes qui exigent une connaissance des
langues non officielles, comme le grec, l'italien et d'autres. Toutefois, que
se passe-t-il lorsqu'une personne d'origine grecque ou italienne, incapable,
notamment dans les moments de crise, de s'exprimer adéquatement en
français, quitte le territoire de ces CLSC pour s'intaller dans un
autre? Est il normal que le système soit rigide au point
d'empêcher ce client d'avoir accès à un service
approprié pour lui au point de vue liguistique et culturel simplement
parce qu'il n'habite pas dans une zone géographique
déterminée, et cela, pour faciliter le financement de nos
établissements? Ainsi, le modèle territorial ne respecte pas le
principe do gestion du système axé sur la clientèle II
faut donc rejeter ce modèle.
Les répercussions d'un modèle territorial sur les
établissements chargés de servir les minorités sont
particulièrement graves. Le modèle suppose une population locale
homogène dont tous les membres sont également disposés
à participer au processus décisionnel de leur
établissement. L'expérience des établissements
fondés par la communauté d'expression anglaise,
désignés à l'article 173 de la loi actuelle sur les
services de santé et les services sociaux, auquel l'article 355 de
l'avant projet de loi fait allusion, révèle que ces
établissements ont traditionnellement bénéficié
d'une assez forte participation de leurs usagers à leur administration
et d'un grand soutien de bénévoles.
La communauté veut participer au bien-être de ses
établissements et elle estime qu'elle en est responsable. Elle
s'identifie aux établissements qu'elle utilise de façon
traditionnelle. La participation de ces usagers, au niveau du conseil
d'administration, est, comme le rapport Rochon le souligne à juste
titre, essentielle au maintien des services axés sur les besoins de la
communauté. (15 h 45)
The essential principle of a flexible approach to territorial bounds is
inherent in the amendments to the Health and Social Services Act affected by
Bill 142. The very approach of identifying and indicating which specific
institutions are able to make their services available in English implies that
English-speaking clients must have recourse to institutions other than those
closest to them in order for the right to service in English to have any
meaning. These amendments even specifically foresee the necessity for
interregional transferts of clients in order for access to English language
services to be made available.
Alliance Québec therefore believes that clients must have the
unrestricted right to choose the institution from which they receive health and
social services.
En effet, juste comme une parenthèse, la décision
récente de la Cour supérieure du Québec, je pense, par
rapport à l'hôpital de Laval, la Cité de la santé de
Laval, a souligné cet aspect de la loi 65, en fait la loi
générale du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
It is for this reason in part that we are so opposed to articles 43 and
44 of the present draft bill. Not only these measures deprive the institutions
of the historical links with their founding communities but they would tie the
management of the institution to a geographic environment which has absolutely
no relationship to the patterns of actual client use, and which is therefore
antithetical to the goal of a client centered system. It is a strong belief for
Alliance Québec that the membership of the board of directors of an
independent institution must be reflective of the actual users of the
institution. This would allow each institution to benefit from the
important links that exist between the institution and segments of the
community. This requirement precludes any linking of the institution board
membership to a territorial criterion.
Les conseils d'administration des établissements jouent un
rôle important dans la vie de tout établissement du réseau
des services sociaux du Québec. C'est au niveau du conseil
d'administration que de nombreuses décisions critiques sont prises en ce
qui a trait à la répartition des ressources au plan à long
terme, au recrutement de personnel cadre et à la personnalité
institutionnelle de l'établissement. Le rôle du conseil
d'administration est encore plus important dans le cas de ces
établissements qui sont affiliés historiquement aux
communautés anglophones du Québec et en tant que ancien
président pendant quelques années du Centre de services sociaux
Ville-Marie, membre du conseil d'administration pendant 7 ou 8 ans, alors j'ai
bien appris cette importance des liens entre la communauté et
l'institution. Le droit qu'une minorité a de diriger et de gérer
ses établissements est essentiel pour qu'elle se sente à l'aise
dans son milieu. Les francophones hors Québec citent souvent l'absence
de tels établissements comme étant un obstacle majeur à
leur lutte pour préserver leur identité et leurs traditions dans
les autres provinces du Canada. Et je viens d'arriver d'Ottawa avec une
conférence avec l'ACFO et justement on a soulevé ces questions
pour les francophones dans l'Ontario aussi.
La communauté anglophone du Québec s'intéresse donc
au plus haut point à toutes les mesures qui pourraient menacer les
institutions qu'elle a fondées, qu'elle continue à utiliser et
qu'elle soutient financièrement aussi. À cet égard donc,
tout conseil d'administration constitue un lien essentiel entre la
collectivité des clients et rétablissement qu'il administre. Les
établissements désignés par décret en vertu de
l'article 173 de la loi actuelle, ont une responsabilité
particulière enchâssée dans la loi qui doit les conduire
à servir les minorités anglophones du Québec. La
composition du conseil d'administration doit être le reflet des usagers
de l'établissement et des racines historiques si l'on veut
préserver ce lien et donc le caractère de
l'établissement.
It is important that the English-speaking community of Québec not
be treated as homogeneous, ce qui est souvent le cas. Rather specific and
profond bonds exist between certain institutions and the group which founded
them. The nature of these links is as obvious as the name of some institutions.
The English catholic community of Quebec founded St. Mary's hospital and Father
Dowd and St. Margaret's homes Their community continues to play a rolo in the
institutions which is critical to the quality of cares received by the clients
of those institu- tions.
Centre d'accueil Saint-Patrick, The St. Patrick, a facility for
English-speaking youth in difficulty, began as the St. Patrick Orphanage Asylum
in 1848. Similarly Centre d'accueil Youth Horizons began in 1820 as the
Protestant Orphans' Asylum. Well, all of the institutions now carry a mandate
to serve the entire English-speaking population of Québec. It would be a
mistake to think that the historical origins of the institutions do not
continue to play an important role in their operation and management. I am sure
you appreciate that, because they have come before you, here.
For article 173, designated institutions as for any institution with an
historical link to a particular ethnic, religious or linguistic community,
owning corporations - ça veut dire les corporations propriétaires
- represent an essential link between the institution and its community. Owning
corporations must, therefore, be given a significant voice on the Institutional
boards of those institutions where a relationship with an owning corporation
exists.
On a dit que les articles 43 et 44 avaient pour but de mettre fin
à la "personnalité juridique distincte du conseil
d'administration autonome qui n'a pas toujours permis d'atteindre le
degré d'intégration souhaité* C'est cité du
document d'orientations, page 100. Certes, le ministre a indiqué
clairement que les articles 43 et 44 seraient supprimés lors de la
nouvelle rédaction du projet, mais on ne sait pas exactement quelles
seront les mesures prises pour que les établissements mobilisent les
énergies en fonction d'objectifs communs. Il nous semble que la
décentralisation au niveau des conseils régionaux qu'on appuie
fortement - encore une fois, en tant qu'ancien président,
j'apprécie bien les objectifs de ces changements - nous garantit que les
établissements collaboreront mieux pour améliorer les services
aux clients. En particulier, si on augmente les attributions des conseils
régionaux en matière de répartition des budgets et des
programmes, on incitera ces établissements à mieux planifier
ensemble leurs actions, de façon qu'il y ait le moins possible des
services rendus à deux reprises. Il y a maints exemples de
ça.
Dans ce contexte, nous pensons que l'on pourrait faciliter la
collaboration volontaire entre les établissements par un système
- c'est un nouveau mot pour moi - d'imbrication des conseils - j'ai appris cela
aujourd'hui - comme celui qui sera indiqué dans le mémoire
présenté par le Groupe de travail 06A plus tard.
Le réseau des services en langue anglaise donne
déjà un excellent exemple de ce genre de collaboration volontaire
entre les établissements. En effet, le comité de planification du
réseau jeunesse, qui est un sous-comité du Groupe de travail 06A
sur les services de santé et les services sociaux prêtés en
langue anglaise, a
beaucoup travaillé, depuis un certain temps, à une
planification entre les établissements qui a faK appel à la
participation active de groupes communautaires, d'établissements et
d'administrations municipales.
Nous rejetons l'idée bizarre selon laquelle le système ne
peut bénéficier de la participation dans les conseils
d'administration des citoyens du Québec qui passent toute leur vie
professionnelle à travailler au sein du système. Si nous
admettons qu'il est nécessaire d'accroître la participation des
clients dans les conseils d'administration, nous rejetons l'idée
sous-jacente à l'avant-projet de loi selon laquelle ceux qui sont
rémunérés par le ministère de la Santé et
des Services sociaux, par les conseils régionaux ou par les
établissements ne sont pas en quelque sorte des citoyens à part
entière.
Nous proposons donc que la seule restriction à imposer à
ceux qui travaillent dans le système soit de leur interdire d'être
membre du conseil d'administration de l'établissement dans lequel ils
travaillent, à l'exception, naturellement, du directeur
général de cet établissement qui doit en faire partie.
Cela permettrait de libérer les conseils d'administration des manoeuvres
exercées parfois par le personnel des établissements et par les
groupes d'intérêt, tout en permettant au système de
recourir à la compétence importante de membres de professions qui
exercent dans ces établissements.
Enfin, afin d'assurer la représentation adéquate des
groupes clients minoritaires sur le conseils d'administration, nous
recommandons que le ministre se prévale de son autorité de nommer
un ou deux membres socioculturels pour chaque conseil.
The director general of an institution plays an essential role in the
life of the institution he or she manages. This role is all the more critical
for those institutions affiliated with minority communities, since these
directors general must also play a role in preserving the cultural identity of
the institution through his or her management of the day-to-day affairs of the
facility.
Alliance Québec therefore rejects the limitations of two
four-year terms for any director general of a given establishment and believes
that the matter of the tenure of a director general should be left to the
discretion of the Board of Directors of an establishment as a normal part of
their mandate to oversee the functioning of the institution.
Il est probable que l'un des principaux effets de la nouvelle
législation sera de donner aux régies régionales de
nouveaux pouvoirs importants en matière d'allocation des budgets. Le
ministère serait chargé de fixer des priorités dans le
cadre de programmes et de veiller au respect de ces priorités au niveau
régional. La régie régionale déciderait comment
répartir les crédits des programmes de façon à
assurer des prestations efficaces de services compte tenu des priorités
fixées Ce système aurait des répercussions importantes sur
les prestations de services en langue anglaise au Québec.
Sur les 13 régions administratives qui existent, 6 ont une
population d'anglophones relativement petite. Ce sont les régions 01,
02, 03, 04, 08 et 09. Deux des 79 établissements anglophones
désignés se trouvent dans ces régions: Jeffery Haie, en
région 03, CS Basse-Côte-Nord, en région 09. C'est dans ces
six régions que l'accès aux services de base en anglais garantis
par les programmes d'accès initiaux en vertu de la loi 142 risque
d'être le plus incomplet.
Les limites relatives à la disponibilité des services en
langue anglaise découlent en grande partie de la disponibilité
généralement réduite des services accordés à
tous les résidents de ces régions. Nous supposons que l'une des
raisons pour la décentralisation du système au niveau
régional consiste à permettre aux régies régionales
de répartir efficacement leur budget basé sur la connaissance
approfondie des besoins locaux.
For the English-speaking communities of the six regions, making their
presence and needs known at the level of the regional councils has
traditionally been very difficult. The measures put in place by Bill 142 and
reiterated in Article 241 of the current draft Bill have done much to ease that
difficulty.
Another significant step in this regard was made when the regional
councils hired coordinators to oversee the implementation of access plans. Five
of the regions have relatively larger English populations. 75 % of Quebec's 800
000 anglophones - and we use the figure by language of use - live in regions
06A, B and C. In the East end of Montréal alone, more than 60 000 people
identify English as their language of home use. But even in these regions,
anglophones have experienced difficulty in impacting upon the regional
councils. And again, despite dramatic improvement in the community's ability to
interact with the regional councils, the reality for a minority group is that a
continuous concerted effort must be made if its needs are to be made known.
Il serait important d'offrir une protection aux communautés dans
le contexte d'un pouvoir régional élargi en matière
budgétaire. Il faudrait modifier l'article 241 pour qu'il ait
désormais le libellé suivant: "Une régie régionale
doit élaborer, en collaboration avec les établissements et les
représentants des personnes visées à l'article 13, de
concert avec d'autres régies régionales, le' cas
échéant, un programme d'accès à des services de
santé et des services sociaux en langue anglaise pour les personnes
visées..." Cela confirmerait une situation qui existe dans de nombreuses
régions. Ces sous-comités de conseils régionaux sont
formés de représentants des
établissements indiqués et désignés de la
communauté anglophone et des représentants du conseil
régional. Les sous comités sont chargés de dresser des
programmes d'accès régionaux et de les mettre en oeuvre.
La création de pareils organismes consultatifs contribuerait
beaucoup à faire en sorte que le processus d'allocation
budgétaire tienne compte des besoins de la minorité linguistique.
Si des dispositions budgétaires appropriées no sont pas prises,
la loi 142 signifiera seulement que le gouvernement n'aura fait que confirmer
légalement que les services disponibles dans les nombreuses
régions sont inadéquats. (16 heures)
On ne sait pas exactement comment la nouvelle structure
budgétaire permettra de faire une planification interrégionale.
Pour le réseau d'établissements anglais, les clients de
l'extérieur de la région représentent une charge
financière importante. Malgré l'exigence qui figure dans la loi
142 selon laquelle les conseils régionaux doivent collaborer entre eux
si cela est nécessaire pour permettre l'accès à des
services en langue anglaise, pareille collaboration n'a jamais eu lieu,
à notre connaissance. Par ailleurs, nous n'avons aucune preuve que ce
genre de collaboration ait existé dans aucun décret du cabinet
pris en vertu de la loi 142
II nous semble évident que la décentralisation augmentera
le besoin de planification interrégionale. Nous demandons donc au
ministre d'envisager les mesures qui devront figurer dans la nouvelle loi pour
faciliter cette planification.
In the context of a greatly expanded role for the regional authority,
the composition of the Board of the Directors of the regional authority becomes
extremely important. It is essential that this Board be reflective of the
ethnic and linguistic composition of the region, and the Minister should
therefore be empowered to assure this. We do not believe that the complicated
formula for regional board nomination contained in Tavant-projet de loi" will
necessarily assure this. Rather, we feel that the electoral college model adds
an unnecessary layer between the regional authority and the clients. Alliance
Québec fully supports the position of the 06A task force in regard to
the composition of the boards of the regional authority and asks that they be
allowed to elaborate later on this position.
The Ministry of Health and Social Services has played an important and
crucial role in the implementation of Law 142 through its leadership in the
regions. If this leadership is lost, it is possible that some mandated services
will simply not be provided or maintained, and that incomplete access plans
will not be completed. It is therefore essential that the Government retain its
responsibility to approve the access plans as stipulated in Article 241 of the
draft
BUI.
Alliance Québec estime que seul un système qui fournit des
soins adéquats pour tous les Québécois et
Québécoises peut permettre de répondre aux besoins des
Québécois anglophones en matière de services de
santé et de services sociaux. Un système reposant sur le principe
de base qu'il faut s'attacher aux besoins du client doit tenir compte des
caractéristiques culturelles, ethniques et linguistiques de sa
clientèle. Nous pensons que, si l'on respecte les principes d'une
approche souple au problème du territoire, d'un rapport au niveau du
conseil d'administration entre les établissements, les
communautés dont ils font historiquement partie et les clients qu'ils
servent, réellement, et d'une voix aux minorités à
l'échelon de la régie régionale, on aura réuni les
conditions nécessaires pour répondre à ces besoins.
Messieurs et mesdames, je vous remercie de votre attention et de votre
temps. Merci.
Le Président (M. Messier): Merci, M. Keaton. Vous avez
quelque peu empiété sur la période d'échanges, mais
on va raccourcir cette période. Auparavant, j'ai une demande du
député deDArcy-McGee, M. Libman.
M. Libman: Pour intervenir, je demande le consentement...
Le Président (M. Messier): Non...
M. Libman: ..pour remplacer le député de Westmount
à cette commission.
Le Président (M. Messier): Ça prend la règle
d'unanimité.
Une voix: II n'y a pas de problème. M. Chevrette:
Écoutez, sûrement!
Le Président (M. Messier): Sûrement? Parfait. J'ai
la même proposition qui vient du député de Nelligan.
Consentement? Parfait.
M. Chevrette: Lui, c'est moins sûr.
Le Président (M. Messier): Moins sûr? Est-ce
que...
M. Chevrette: Non, non, c'est correct, ce sont des farces.
Le Président (M. Messier): II y a règle
d'unanimité? O.K., parfait. On vous remercie de votre collaboration. M.
le ministre.
M. Chevrette: Ce sont des farces, c'est lui que je voulais
dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. À n'en point douter, le témoignage d'Alliance
Québec revêt une importance capitale dans le processus de
réforme du système de santé et de services sociaux,
d'abord parce qu'il représente l'ensemble des anglophones sur tout le
territoire du Québec. Vous avez évoqué certaines
régions du Québec et ça me rappelait les MRC de
Bonaventure, de Côte-de-Gaspé, où il y a une
présence d'anglophones, un peu, dans ces territoires, l'Estrie aussi. Je
voudrais davantage m'attarder à l'île de Montréal, la
grosse région qui est extrêmement importante, très
compliquée aussi, beaucoup plus compliquée que le reste du
Québec, sur le plan d'une structure décentralisée au
niveau de la santé et des services sociaux. Phénomène
linguistique, phénomène religieux, phénomène
territorial aussi.
Si j'ai bien compris le message très important que vous nous
fartes, vous nous dites: II faudrait que dans la loi, à quelque part, on
trouve des moyens de bien identifier les responsabilités de chacun sans
référence territoriale. Je pense que c'est un message qui est
assez important. À ce moment-là, on fait probablement allusion
directement à l'expérience vécue au niveau du CSS, le
centre de services sociaux, qui, lui, a une certaine référence
territoriale et qui fait l'objet de tirage de poignets entre le
ministère et les CSS de l'île de Montréal depuis un certain
temps.
Donc, on aurait une régie régionale pour l'ensemble de
l'île, le CRSSS. Sans porter un jugement de valeur sur le CRSSS actuel,
à Montréal, qu'est-ce qu'il faudrait donner de plus, comme
pouvoirs, à la régie régionale? Quelle serait
l'organisation qui devrait dépendre du CRSSS à Montréal
pour qu'on puisse respecter les phénomènes linguistique,
religieux et territorial? À la lumière de ce qu'on a vécu
comme système actuel, qu'est-ce qu'il faut faire pour...
M. Keaton: Effectivement, pour respecter surtout les
caractéristiques ethniques, linguistiques, culturelles de ceux qui
habitent à l'intérieur d'un territoire désigné, il
faut d'abord s'assurer que sur le conseil d'administration de la région
il y ait des représentants des différents groupes culturels. Dans
quelle proportion? Ça dépend de la démographie de la
région. Mais, sûrement, assurer la représentativité
de ces caractéristiques du territoire.
En ce qui concerne le territoire comme tel d'une région, c'est
vrai que l'île, c'est très commode, parce que ça
définit une géographie du territoire. Mais je peux ajouter peut
être une note personnelle sur cette question parce que j'ai passé
par cette question, il y a longtemps. Lorsqu'il y a eu - je ne me souviens plus
de l'année - la création des MRC, des municipalités
régionales de comté, il y avait eu une discussion sur la
possibilité d'organiser les régions administratives pour les
services de santé et les services sociaux pour qu'elles correspondent
à ces MRC. Dans un certain sens, même à Toronto, il y a le
métro qui est une structure municipale mais qui a
énormément de pouvoirs dans les affaires de santé et de
services sociaux. Je ne dis pas que c'est le modèle qu'on devrait
adopter au Québec, mais c'est certainement quelque chose à
prendre en considération. Quand on parle des conseils d'administration
de ces régions, on peut peut-être penser à une certaine
représentativité des élus des municipalités. Quand
on crée un conseil d'administration, ce ne sont pas les élus dans
le sens des grands élus, comme les conseils municipaux et les
députés. Ce serait peut-être une bonne idée pour,
encore une fois, permettre - comment dit-on? - cette
représentativité, mais aussi...
M. Côté (Charlesbourg): Imputabilité.
M. Keaton: . oui, d'avoir des conseillers élus à ce
niveau-là. On peut peut-être suivre les municipalités
rurales aussi, valoriser un petit peu les MRC qui sont tombées, dans un
certain sens, depuis quelques années, en termes de valeurs, augmenter,
essayer de coordonner, parce que ces élus ont une bonne idée de
ce que sont les besoins de la population. C'est une suggestion, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre esprit, est-ce
que les centres de services sociaux seraient dépendants de la structure
régionale? Si oui, à ce moment-là, puisque ce ne serait
plus un territoire de référence géographique mais
davantage un critère linguistique pour l'attribution des budgets, qu'est
ce que ça changerait par rapport à la situation
d'aujourd'hui?
M. Keaton: Oh là! D'abord, c'est une question assez
précise qui touche les institutions, les CSS. Je ne sais pas si le
Centre de services sociaux Ville-Marie a comparu déjà?
M. Côté (Charlesbourg): Ce soir ou en fin
d'après-midi.
M. Keaton: Je ne veux pas vraiment m'en-gager parce que c'est un
domaine plus spécialisé. Mais, franchement, je pense que, quand
même, il devrait y avoir ce qui existe déjà dans la loi 65,
soit le principe de la liberté de choix. C'est ça le principe, au
fond. Et ça veut dire que, même les institutions anglophones,
comme le CSS Ville-Marie, doivent avoir la capacité d'offrir, aux
francophones, des services en français pour permettre ce libre choix. Il
y a le libre choix entre régions aussi. Je ne sais pas, M. le ministre,
si ça répond à votre question, mais il faut dire
que...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est parce que
ça me paraît très très important, compte
tenu que, si on n'a pas un critère de référence
territorial, il faudra avoir un critère de référence
linguistique.
M. Keaton: Sûrement, oui
M. Côté (Charlesbourg): À ce
moment-là, c'est ça qui va établir le budget pour chacune
des institutions, à tout le moins au niveau des CSS, compte tenu du
nombre de personnes, puisque ça pourra, éventuellement,
être un per capita, pour être capable de l'établir. C'est
d'ailleurs ça qui est au centre des échanges avec le
ministère depuis de nombreuses années.
Donc, si je comprends, dans le reste du Québec, les territoires
de MRC sont des territoires de référence par rapport à
l'ensemble de la région.
M. Keaton: Oui
M. Côté (Charlesbourg): Donc, il y a des
sous-régions. Au-delà des territoires municipaux, vous y avez
fait référence tantôt, dans quelle structure
sous-régionale vous sentiriez vous à l'aise au niveau de l'He de
Montréal? Est-ce qu'il y a des regroupements de municipalités,
est-ce qu'on devrait diviser l'île de Montréal par territoires,
pour que vous puissiez vous sentir représentés?
M. Keaton: D'abord, c'est la première fois que j'entends
parler de sous-structures Mais je ne peux pas dire qu'Alliance Québec
s'est penchée sur cette question. Par contre, si vous me parlez du point
de vue de l'expérience, c'est une autre affaire. Franchement,
étant quelqu'un qui est impliqué dans la politique municipale
depuis longtemps, il y a une certaine tendance vers la décentralisation
des structures et on peut dire qu'on favoriserait certainement un regroupement
des municipalités autour de modèles qui valoriseraient les
municipalités, en autant que les principes soient vraiment
respectés, les principes que ces instances reflètent les
caractéristiques de la population, que ces instances offrent les
services dans la langue, etc. En tout cas, M. le ministre, c'est ce que je peux
répondre de mieux.
Le Président (M. Messier): Merci, M. Keaton. Il y a le
ministre délégué à la Santé qui aimerait
intervenir.
M. Sirros: Moi, j'aurais une couple de questions à vous
poser sur le plan de l'accessibilité vis-à-vis de la loi 142. Si
je comprends bien votre mémoire, ce que vous dites, finalement, c'est
qu'indépendamment des changements qui peuvent avoir lieu à la
suite dune restructuration, une réorganisation du système ce qui
est important, c'est de pouvoir s'assurer, pour Alliance Québec et pour
la population d'expression anglaise, qu'il y aura toujours, dans le nouveau
projet de loi, les mêmes dispositions, que le gouvernement
entérinera des plans d'accès pour chaque région par
rapport à des services en langue anglaise.
M. Keaton: Oui
M. Sirros: ça, ça vous sécurise, en quelque
sorte, par rapport aux changements qui peuvent avoir lieu,
indépendamment des rôles de chacun, dans une éventuelle
réforme.
M. Keaton: tant au niveau régional qu'au niveau local des
institutions, aux deux niveaux. qu'il y ait aussi de la
représentativité au niveau régional.
Mme Saber (Sara): Peut-être que je peux répondre un
peu. Je crois que c'est un principe de base qu'une communauté
minoritaire doit avoir recours au gouvernement. C'est toujours un principe que,
pour nous, il faut respecter. Selon mon expérience, c'est très
important pour nous d'avoir la participation et le leadership du gouvernement
dans le processus de l'approbation des plans d'accès dans la loi 142.
Donc, dans le modèle où on envisage une décentralisation
au niveau régional, nous avons une certaine peur qu'avec les nouvelles
responsabilités qui seront accordées aux régies
régionales on puisse perdre le leadership du gouvernement en ce qui
concerne les programmes d'accès. Alors, c'est tout. (16 h 15)
M. Sirros: Vous acceptez ce qu'il y avait dans lavant-projet de
loi qui maintenait...
M. Keaton: Exact. C'est ça.
Mme Saber: Oui, avec...
M. Sirros: ...les mêmes dispositions qu'avant,
c'est-à-dire que le gouvernement approuve.
Mme Saber: la seule exception qu'on suggère, l'addition du
mandat spécifique, pour la consultation, avec les communautés
locales. Comme vous le savez...
M. Sirros: Vous voulez avoir, à l'intérieur de
ça, l'inclusion de la communauté dans la formulation des plans
d'accès, c'est-à-dire que vous voulez que ce qui se fait dans les
faits soit légalisé en quelque sorte.
Mme Saber: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Messier): Merci. M. le ministre
délégué. Je vais passer la parole...
M. Sirros: M. le Président, j'aurais une dernière
question, il s'agit d'une clarification plus qu'autre chose. Quand vous
parliez, tout à l'heure, de territorialité, est-ce que vous
parliez
au nom de tous les établissements, incluant les CLSC, par
exemple? Est-ce que vous iriez aussi loin que de dire que même les CLSC
ne devraient pas avoir de mandat territorial ou est-ce que vous vous
référiez surtout aux CSS et aux centres d'accueil,
peut-être? Juste une clarification, à savoir si ça
englobait tous les établissements où s'il y avait des...
M. Keaton: Oui, c'est une bonne question mais on ne s'est pas
vraiment penchés sur cet aspect, au niveau des CLSC, parce qu'à
date la controverse était toujours au niveau des CSS et des
hôpitaux. Est-ce que ça s'applique au niveau des CLSC? Tout ce que
je veux dire, c'est que, si on adopte le modèle de territorialité
pour les CLSC, il faut s'assurer que ces CLSC aient la capacité, surtout
dans certaines régions où il y a une minorité anglophone,
d'offrir un certain minimum de services, selon un plan d'accès, en
anglais. Donc, on peut envisager un modèle territorial pour les
CLSC.
Mais il faut aussi que j'ajoute - et certainement que le Centre de
services sociaux Ville-Marie va le dire aussi - que quand... En tout cas, je
laisse ça au CSS Ville-Marie.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. Keaton. M.
le député de Joliette brûle d'impatience de vous poser des
questions; en même temps, il est le porte-parole officiel en
matière de santé.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je suis surpris de
votre position et je vais vous expliquer pourquoi. Je prends un territoire de
CLSC qui couvrirait, en particulier, une très forte majorité
d'italophones. Pourquoi, par exemple, plutôt que de se battre sur des
notions linguistiques, ne se battrait-on pas plutôt pour
l'intégration, au niveau du personnel, des représentants des
communautés sur le territoire? On pourrait ainsi avoir, sur un
territoire, sur une délimitation territoriale, autant dans un CLSC que
dans un CSS... À mon point de vue, je ne vois pas pourquoi vous avez une
position sur le CSS et une position différente sur le CLSC. Pourquoi ne
se bat-on pas plutôt pour l'intégration des différents
groupes de travailleurs afin de pouvoir répondre à la
communauté que dessert le territoire?
M. Keaton: D'abord, quand on parle des CSS, le seul CSS
anglophone, c'est le CSS Ville-Marie. Vous savez, M. le député
Chevrette, que le CSS Ville-Marie a été un amalgame de quatre
institutions anglophones déjà existantes dans le passé,
qui étaient là depuis longtemps, donc avec des racines dans la
communauté anglophone.
M. Chevrette: Je suis très au courant. Je me rappelle du
cadre de partage...
M. Keaton: C'est juste pour le rappeler aux autres membres qui ne
sont peut-être pas aussi au courant que vous, parce qu'ils viennent
d'autres régions et qu'ils ne savent pas d'où vient le Centre de
services sociaux Ville-Marie.
M. Chevrette: Non, mais ne croyez-vous pas que, pour une
économie d'échelle, M. Keaton, c'est un non sens d'attribuer
à une structure, sur le plan linguistique, un territoire
illimité? C'est un non sens de dire. On va confier un territoire
illimité, sur le plan linguistique, alors que, sur ce même
territoire, vous touchez majoritairement... MM, par exemple, est obligé
d'aller dans certaines municipalités du territoire de VM et l'inverse:
VM vient jouer sur le territoire de MM. Plutôt que de dire et de
créer, de par la loi, une obligation qui est rattachée à
la personne... Vous le dites bien vous-même: L'individu a le droit de
recevoir les services dans sa langue. À partir de là, pourquoi la
notion de territorialité prend elle autant d'importance si l'individu,
lui, a les services dans sa langue?
Mme Saber: Mais, M. Chevrette, il y a beaucoup d'anglophones au
Québec qui n'auront pas accès aux services dans leur langue,
s'ils sont limités au territoire de l'établissement, au
territoire de la région. S'ils sont limités par des limites
géographiques, ils n'y auront pas accès. C'est le fait...
M. Chevrette: Oui. Êtes-vous d'accord qu'il y a beaucoup
d'italophones qui n'ont pas accès à des services de santé,
qu'il y a des Portugais qui n'ont pas accès à des services de
santé...
Mme Saber: Non, je ne suis pas d'accord avec ça.
M. Chevrette: ...qu'il y a beaucoup de grands parents, en
particulier, les plus âgés, dans certaines communautés
allophones, qui n'ont pas accès même aux services de
première ligne parce que, précisément, on n'a pas, au
niveau des CLSC par exemple, les ressources humaines en place pour
écouter la personne et la traiter dans sa propre langue? Est-ce que vous
ne croyez pas que c'est là une clé plus intelligente que celle de
se battre pour des notions de territorialité?
M. Keaton: Sauf que, M. Chevrette, vous savez bien qu'en ce qui
concerne ceux qu'on appelle souvent les allophones leur langue seconde est
toujours, soit la langue française, et de plus en plus la langue
française, ou la langue anglaise, parce que ce sont les deux langues
officielles du Canada. Alors, idéalement... Même aux
États-Unis, il y a énormément de flexibilité dans
les centres de services sociaux et dans les hôpitaux. Il y a des gens
capables de parler trois ou quatre langues pour offrir aux Portugais...
Vous savez, surtout pour quelqu'un en besoin de soins, en situation
critique, qu'on offre, au moins la possibilité d'avoir quelqu'un sur
place pour offrir les services en grec, en italien, en portugais et en chinois.
Ça serait idéal pour chaque institution, surtout dans une
société comme la nôtre, maintenant, qui est de plus en plus
mobile, qui compte de plus en plus sur l'immigration, même dans les
régions en dehors de Montréal. On voit qu'il y a de plus en plus
de minorités vietnamiennes, cambodgiennes à Québec,
Sherbrooke ou ailleurs. Ce serait idéal que les différents CLSC
et hôpitaux aient le personnel capable de servir dans la langue
principale de ces gens-là, mais, pour la plupart des gens, la langue
seconde est soit le français ou l'anglais Donc, il me semble que les
institutions anglophones, dans la mesure où elles sont capables d'offrir
les services en français, vont couvrir ces gens-là, mais il faut
respecter qu'il existe une communauté anglophone au Québec, pas
simplement des individus de lanque anglaise, mais une communauté avec
des institutions historiques. Je sais bien qu'il y en a qui n'acceptent pas
cela Ils ne sont pas tannés des anglophones, ils sont tannés de
l'existence d'une communauté anglophone, mais c'est une
réalité, ça existe Alors, il faut que la loi tienne compte
de ces réalités
M. Chevrette: Mais est ce qu'on devrait assister.. Si je suivais
votre raisonnement de A à Z, M. Keaton, on aurait deux systèmes
parallèles, puisque la communauté anglophone, elle, est
éparpillée à la grandeur du Québec; il y en a
à Sherbrooke, il y en a en Gaspésie. Moi, à mon point de
vue, quand le ministre annonce qu'il fait une réforme en santé et
en services sociaux et qu'il dit: La santé, ce n'est pas une question de
faire le débat linguistique, c'est une question de répondre
à la personne avant toute chose, c'est ça qui est l'objectif
fondamental de la réforme, la personne. Donc, la personne, quand elle
arrive à l'hôpital gravement malade, ce qui est important, c'est
qu'elle puisse se faire comprendre et se faire traiter. Si je suis dans le
coma, moi, je ne vous demanderai pas si je suis au Royal Vie ou à
Maisonneuve-Rosemont. Je vais chercher une compétence pour me traiter
instantanément, enfin je suppose que c'est ce que vont faire ceux qui
vont m'accompagner.
Ne craignez-vous pas qu'une approche précisément comme
celle que vous discutez contribue davantage à créer, à
l'intérieur d'un système qui n'a pas les moyens financiers de se
le payer, des superstructures sur une base linguistique, plutôt que des
budgets qui répondent véritablement aux besoins des personnes?
Parce qu'un système de santé là, ce n'est pas une
structure politique, c'est une structure de soins qui répond à
des besoins. Et des besoins. Qu'il soit italophone, espagnol, portugais,
anglophone ou francophone, quand il arrive pour se faire traiter, parce qu'il
est malade, sur un territoire, créons lui le droit de se faire
répondre en fonction des deux communautés principales,
française ou anglaise. Je veux bien croire que, dans un hôpital,
on ne peut pas avoir 40 interprètes pour les 40 communautés, mais
qu'on lui permette, au moins, dans une des deux langues, d'avoir le service. Ne
croyez-vous pas que c'est là une façon plus rationnelle, plus
intelligente, sur le plan administratif, de gérer un secteur où
les besoins sont illimités, mais où les ressources
financières sont très limitées?
M. Keaton: Quand j'étais président du centre de
services sociaux, on était pris avec ce débat territorial et je
pensais peut-être au même modèle. Mais ce que j'ai appris,
c'est que le modèle rationnel, juste un système avec la
capacité d'offrir les services en anglais et en français, ce
n'est pas vraiment.. Prenons, par exemple, lu Centre de services sociaux
Ville-Mario. Depuis qu'il existe, il y a un certain nombre de clients Alors, si
c'était français ou anglais, il existerait quand même et le
coût serait le même.
M. Chevrette: Ça, je suis moins sûr.
M. Keaton: Bien...
M. Chevrette: Allez-y, j'y reviendrai après.
M. Keaton: Ce que je veux dire, c'est que c'est comme si un autre
centre de services existait et un autre conseil d'administration. C'est comme
si, pour la rationalisation, on devait avoir juste un centre de services
sociaux pour tout le Québec, avec un conseil d'administration. Ce serait
vraiment rationnel, mais ça ne répondrait pas aux besoins des
communautés ni des clients.
Mais, rationnellement, ce serait idéal pour les fonctionnaires au
Québec, afin de calculer les choses.
M. Chevrette: Vous avez dit tantôt que vous n'étiez
pas trop compétent pour répondre au nom de VM et vous êtes
en train de le faire, en disant que VM, quand il vient à
Montréal-Est, il vient répondre à un client dans
Montréal-Est, mais que son siège social est dans l'ouest, alors
que MM est peut-être à côté, là. Est-ce que ce
ne serait pas plus intelligent pour les groupes que MM ait la capacité
de répondre à l'individu qui parie anglais pour recevoir les
services, plutôt que d'envoyer quelqu'un à l'autre bout de l,
île pour venir desservir quelqu'un dans l'est? Vous ne trouvez pas
ça rationnel?
M. Keaton: Je penso que c'est.. Quelle est l'expression en
français, là? Le cheval avant le char, le char avant le...
M. Chevrette: Ah oui! Le boeuf avant la charrue ou la charrue
avant les boeufs. Ce n'est pas grave, ça!
M. Keaton: Mais tout ce que je sais, c'est que ce que MM a fait
avec VM, c'est qu'il a adopté un système de sous-contrat qui
était assez bon: dans les cas où MM ne pouvait pas offrir les
services aux anglophones dans l'est, alors H comptait sur VM et inversement, et
vice versa.
M. Chevrette: Sur un même territoire.
M. Keaton: Oui, l'important, si je peux dire, monsieur... Oui,
c'est sur le même territoire. Il y a une certaine fluidité.
L'important, c'est qu'il n'y ait pas... surtout dans les hôpitaux, parce
que c'est plus coûteux dans les centres de services sociaux en ce qui
concerne l'équipement. Un équipement qui coûte 100 000 $
ici, c'est la même chose dans l'hôpital à côté.
Mais c'est la coordination, la collaboration et la rationalisation, au niveau
des institutions, qui sont importantes, il me semble.
M. Chevrette: La coordination entre les institutions.
M. Keaton: Entre les institutions dans le parapluie de la
régie régionale. Si j'étais à la régie
régionale, je mettrais certainement sur pied des commissions de travail
entre les différents programmes, comme des programmes pour la jeunesse,
pour du PR en santé, des comités - pas des commissions, des
comités - pour la coordination de l'équipement et des
ressources.
M. Chevrette: M. le Président, je regrette qu'on n'ait pas
plus de temps, parce qu'il y a un bon débat à faire.
M. Keaton: Oui.
M. Chevrette: Autant je suis d'accord, par exemple, pour qu'on ne
place pas une personne de 80 ans, francophone, qui n'a jamais entendu parler
anglais de sa vie dans un centre d'accueil anglophone - je trouve ça
stupide à mort - puis l'inverse est aussi vrai, ce n'est pas plus
intelligent d'un bord ou de l'autre...
M. Keaton: Oui, on est d'accord avec ça.
M. Chevrette: ...je reconnais ça, moi, autant j'ai eu de
la difficulté - puis j'en ai encore - à me faire à
l'idée qu'une politique de santé qui est axée sur la
personne repose sur des structures pour rendre les services. Ça,
ça m'a toujours agacé. Et c'est là qu'on perpétue,
à mon point de vue, comme société, les divergences, ie
manque de complémentarité, parce qu'on ne s'imagine pas que la
complémentarité peut exister sur un territoire, dès qu'il
y a un problème de régime linguistique. Et, à mon point de
vue, avec les communautés allophones qui sont de plus en plus grandes
sur lUe de Montréal et dans certains secteurs de CLSC... Je pense qu'au
Parc-Extension, si ma mémoire est fidèle, on parle douze langues
dans le CLSC, précisément pour rendre des services à la
communauté locale.
Une voix: II y a un bon D.G. (16 h 30)
M. Chevrette: C'est sans doute pour ça, mais, à mon
point de vue, c'est un bel exemple d'un endroit où on est capable de
répondre à la personne et c'est là-dessus, moi, que j'ai
de la difficulté à comprendre pourquoi on se bat sur des
structures à partir d'une base linguistique.
M. Keaton: Mais on peut employer le même raisonnement pour
les commissions scolaires. Pourquoi avoir toutes ces commissions scolaires?
Mais ce qui a été établi maintenant, je pense, dans la
réalité, c'est qu'une communauté, pour son existence -
j'apportais cet argument, ce matin, à Ottawa, pour l'ACFO et je vais
faire ça en Alberta et ailleurs pour les autres comités
francophones - a besoin de ses institutions pour contrôler ses
institutions parce que les francophones, en éducation, ne font pas les
choses tout à fait comme les anglophones. On peut dire la même
chose dans les institutions hospitalières et dans les centres de
services sociaux. Pour que la communauté continue à exister, il y
a un certain minimum d'institutions nécessaires comme
l'éducation, les hôpitaux, les centres de services sociaux et on
est capable, à Québec, parce qu'on a fait la preuve qu'on en a la
capacité, d'avoir ces deux systèmes ensemble. Ce qu'on cherche,
maintenant, comme administrateurs, comme responsables, c'est comment rendre
plus efficace, "more bank for the buck", le système des affaires
sociales, que j'appelle toujours le ministère du mille-feuille.
M. Chevrette: Avec pas beaucoup de crémage.
M. Keaton: C'est incroyable, mais comment rationaliser le
système sans enlever les institutions nécessaires pour la
communauté existante?
Le Président (M. Messier): Merci, M. Keaton. Je vais
passer la parole - votre temps est terminé, M. le député
de Joliette, je m'excuse - à M. Libman, député de
D'Arcy-McGee...
M. Libman: Juste une petite question.
Le Président (M. Messier): ...pour une courte question
avec une courte réponse.
M. Libman: J'aimerais que vous puissiez élaborer sur votre
position quant à l'article dans lavant-projet de loi actuel sur les
exceptions. Si ma mémoire est bonne, c'est l'article 47 qui concerne les
exceptions, dans la loi actuelle.
M. Keaton: Elle est la spécialiste.
M. Libman: Quelle est votre position là-dessus, si vous
vouliez élaborer?
Mme Saber: C'est l'article 47. M. Keaton: C'est l'article
47? Mme Saber: Les exceptions sur. M. Libman: Article 47 Mme
Saber: Article 37?
M. Sirros: Je me demande si le député ne se
réfère pas aux exceptions pour les conseils d'administration
unifiés.
M. Libman: Oui, oui.
M. Sirros: Mais les conseils d'administration ont
été... En tout cas.
Le Président (M. Messier): Avez-vous compris la question,
madame?
Mme Saber: Vous parlez, M. Libman, de...
M. Keaton: II ne s'applique plus, maintenant, parce que c'est
retiré.
M. Libman: Je voulais juste connaître votre opinion
là-dessus...
M. Keaton: On en est contents, on en est très
contents.
M. Libman:... parce que nous ne le savons pas vraiment, nous
allons voir s'ils vont complètement retirer ce concept.
M. Keaton: J'ai l'impression, maintenant, que tout le monde est
content sur cette question.
M. Libman: Alors, juste pour qu'on puisse savoir, pour le futur,
parce qu'il pourrait peut-être y avoir une structure similaire.
Mme Saber: Sur la question des exceptions aux conseils
d'administration unifiés - et si nous comprenons, ils n'existeraient
plus maintenant - c'est juste que nous avons un problème avec
l'unification des établissements qui sont désignés
à l'article 173. Les CLSC ne sont pas désignés dans cet
article parce qu'il y a une différence de mandat. Alors ça,
c'était une des bases de nos préoccupations envers les conseils
d'administration unifiés. Cependant, nous comprenons, maintenant, que
ces parties de la loi vont être retraitées et...
M. Libman: Nous l'espérons, oui.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie beaucoup, Mme
Saber. Est-ce qu'il y a consentement pour que le député de
Nelligan pose une question? Ça va.
M. Chevrette: Certainement.
M. Williams: Non, ça va être long, je vais attendre
pour les autres.
M. Chevrette: Non, non. Nous autres, on n'est pas regardants.
Vous ne le serez pas quand on vous le demandera, c'est tout.
M. Williams: Mais c'est quelques clarifications que j'aurais
voulu mentionner.
M. Chevrette: Vas y!
M. Williams: Est-ce que nous avons le temps?
Le Président (M. Messier): On va prendre quelques
minutes.
M. Chevrette: Tu es mieux de commencer parce que, si tu ne
commences pas, tu ne l'auras pas.
M. Williams: Nous avons commencé le débet il y a
déjà quelques années, mais je pense que, jusqu'à
date, je n'ai jamais entendu que la communauté d'expression anglaise ait
demandé un CLSC anglophone. Je pense que c'est bien clair et que c'est
important de clarifier ça. Deuxièmement, je suis très
heureux que M. Chevrette ait souligné qu'il est ouvert à
l'accessibilité linguistique partout au Québec, pas juste
où on en a besoin. Je pense que nous avons eu un débat sur la
question de la sous-territorialité, mais, excusez-moi, je voudrais
retourner à cette question parce que, jusqu'à date, j'ai
entendu... Le plus grand danger, encore une fois, pour les
établissements anglophones, sur la question de la qualité des
services primordiaux de base, c'est la question de la
sous-territorialité, d'un changement de bassin de population.
Ma question c'est: Si nous acceptons le fait que nous avons besoin des
établissements d'hébergement, comme les centres d'accueil les CSS
qui sont rattachés aux centres d'accueil, si nous avons besoin
d'établissements comme ça avec un bassin de population
linguistique, comment rattache2-vous ce système territorial d'un CLSC
avec ce système linguistique pour les autres établissements?
Avez-vous quelques remarques
sur ça?
Le Président (M. Messier): Rapidement, M. Keaton, plus
rapidement que le député, s'il vous plaît.
Mme Saber: Vous soulevez une question très
intéressante. C'est vrai qu'avec les CSS et les centres d'accueil il y a
une base territoriale. C'est vrai aussi qu'il y a une base linguistique
à Montréal et c'est vrai, comme vous le savez, que les centres
d'accueil anglophones de Montréal desservent une population à
l'extérieur du territoire de Montréal, à cause de leur
capacité de donner les services dans un milieu de vie,
spécifiquement pour les enfants, de langue anglaise, ce qui est
très important.
Pour les CLSC, c'est surtout une question de flexibilité. C'est
juste d'avoir accès à d'autres CLSC que celui où on
habite. C'est la seule chose qu'on dit. On ne dit pas qu'il ne faut pas avoir
quelques structures pour avoir la possibilité de gérer les
ressources. On dit seulement que les membres d'une minorité linguistique
doivent avoir recours à d'autres établissements, sans limites
géographiques.
M. Keaton: Je pense que le même principe devrait
s'appliquer aux francophones en majorité aussi, si possible. On ne veut
pas encourager tout le monde à circuler dans tous les CLSC, mais il
s'agit, quand même, de garder une certaine liberté de choix.
M. Williams: Merci pour cette réponse. Je pense que nous
allons bientôt continuer cette discussion avec quelques autres
groupes.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup Je voudrais vous
remercier, au nom de la commission, de votre présence el de votre
témoignage cet après-midi.
Je demanderais au Groupe de travail sur les services de santé et
les services sociaux en langue anglaise pour la région 06A de s'avancer
en avant, s'il vous plaît.
Je voudrais aviser les membres de la commission qu'il y a un nouveau
document qui circule présentement, le 133MA, qui concerne le Groupe de
travail 06A.
Messieurs, mesdames, je vous souhaite un bon après-midi. Vous
avez une dizaine de minutes pour intervenir sur le mémoire que vous
voulez déposer devant la commission et, après ça, il va y
avoir en échange.
M. McGilly, je vous demanderais de présenter votre groupe
à la commission, s'il vous plaît.
Groupe de travail 06A sur les services de santé
et les services sociaux
M. McGilly (Frank): O. K. À ma gauche, Mme Aides Lee, qui,
dans notre task force". représente des organismes communautaires et des
clientèles; M. Michael Udy, qui est directeur général du
centre d'accueil Mont Saint-Patrick; M. Howard Martin, qui est directeur
général du centre d'accueil Youth Horizons, et moi-même, je
travaille à l'école de service social de l'Université
McGill, je préside le "task force" English Language for Social
Services...
Je vais élaborer un peu, dans notre mémoire, sur la
composition du "task force". Donc, je vais me lancer immédiatement. M.
le Président, au moment où le gouvernement s'adonne à la
révision de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux du Québec, nous vous remercions, au nom du Groupe de travail de
la région 06A, de nous avoir invités à vous
présenter les questions qui nous préoccupent.
Lorsque nous avons soumis notre mémoire au mois de janvier de
cette année, la commission étudiait une proposition
concrète conçue pour remplacer la loi actuelle. Depuis ce temps,
le gouvernement a retiré son projet de loi en faisant savoir qu'il en
présenterait un autre au cours de l'année. Étant
donné cette modification du contexte, nous n'avons pas l'intention de
consacrer notre exposé oral à la présentation de notre
mémoire original. Les commissaires en ont reçu une copie et nous
serons heureux de répondre aux questions sur son contenu lors de la
période réservée à cette fin. Afin de contribuer
à l'élaboration de la nouvelle loi, nous préférons
aujourd'hui vous faire connaître certaines de nos préoccupations
et de nos propositions touchant le réseau des services de santé
et des services sociaux du Québec. Nous développerons ces sujets
au cours des semaines à venir avec le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux,
M. Sirros, répondant ainsi à l'invitation qu'il a lancée
au groupe do travail de I'aldor a assurer, selon son mandat, la présence
des points de vue et des soucis de la communauté d'expression anglaise
dans le processus de rédaction de la nouvelle loi.
Le groupe de travail est composé de huit établissements
publics, d'une association d'établissements publics, c'est-à-dire
le Joint Hospital Institute qui regroupe les hôpitaux liés
à l'Université McGill, et de quatre organismes communautaires, et
tous nos membres desservent une population majoritairement d'expression
anglophone. Tous ces intervenants contribuent à répondre aux
besoins des Montréalais d'expression anglaise, et de certains
résidents d'expression anglaise d'autres régions, en
matière de services de santé et de services sociaux. En plus
d'éprouver un intérêt particulier pour la question des
services accessibles aux personnes d'expression anglaise, nous nous
préoccupons de questions touchant la nature des services offerts
à l'ensemble des Québécois.
De l'avis du Groupe de travail, la révision de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux doit tenir compte des
quatre
éléments suivants: les fonctions du ministère, les
fonctions du conseil régional, la composition des conseils
régionaux et des conseils d'administration des établissements et,
quatrièmement, la question d'accès de la part des
anglophones.
Primo, les fonctions du ministère de la Santé et des
Services sociaux. En premier lieu, nous croyons que l'objectif
énoncé par Mme Lavoie-Roux, alors qu'elle était ministre,
soit la formulation d'une politique de la santé et du bien-être
pour la population du Québec, doit être maintenu et qu'il faut le
réaliser au moment de refondre la loi. Il ne paraît pas
très logique de modifier le système avant d'avoir défini
les objectifs globaux.
Une fois cette tâche accomplie, le ministre doit garder le mandat
d'évaluer les besoins de la population et de décider des
programmes qui lui seront offerts. À ce mandat est associée
l'obligation de déterminer les priorités des programmes et les
crédits qui leur seront affectés.
Nous pensons que les objectifs concrets exprimés dans le domaine
de la santé par le document "Orientations" constituaient une excellente
amorce d'orientation des ressources dans le secteur en question et
préparaient fort bien le terrain à l'évaluation des
programmes. À notre avis, le gouvernement devrait s'attaquer à la
tâche difficile d'énoncer, dans le secteur du bien-être
social, des objectifs tout aussi concrets et précis. De tels objectifs
devraient orienter les ressources du système vers la satisfaction des
besoins de la population en matière de nourriture, de logement et de
sécurité dans le sens large. Nous sommes tout à fait
conscients des difficultés qu'implique une telle approche, mais nous
n'en sommes pas moins convaincus de l'importance des enjeux. Il s'agit, en
effet, de s'en prendre aux conditions mêmes qui minent le bien-être
social des Québécois au lieu de se contenter éternellement
de réagir à leurs conséquences. Une telle approche
exigerait une collaboration étroite avec d'autres ministères,
bien sûr. (16 h 45)
Si le ministère veut répartir les enveloppes
budgétaires régionales en fonction des programmes, comme nous
croyons comprendre qu'il en a l'intention, il doit être en mesure de
tenir compte des caractéristiques de chaque région: nombre et
densité de la population, traits géographiques, degré
d'urbanisation, facteurs de vulnérabilité médicale et
psychosociale, facteurs d'ethnicité, de culture et de langue. Pour
établir les priorités, le ministère doit avoir la
possibilité non seulement de tenir compte des priorités
régionales, mais aussi de fixer les priorités pour l'ensemble de
la population.
En ce qui a trait à l'évaluation de la qualité et
de l'efficacité des programmes, le ministère devrait entreprendre
ses activités à l'échelle provinciale et préciser
les rôles du conseil régional et de l'établissement ou de
l'organisme particulier. Afin de permettre la réalisation de tous ces
objectifs, la loi devrait préciser que le ministère a
l'obligation de consulter les régions lors de l'élaboration des
programmes et des priorités avant de prendre des décisions en
matière d'allocation des crédits. Elle devrait également
définir les rôles de chacun en matière d'évaluation
des programmes.
Deuxièmement, le rôle du conseil régional. Nous
proposons qu'afin d'obtenir des enveloppes budgétaires pour leurs
programmes, les conseHs régionaux soient obligés d'adapter un
plan de services régional correspondant à chacun des programmes
définis par le ministère. Les plans de services régionaux,
semblables en cela aux initiatives actuelles, par exemple dans le domaine de la
santé mentale, dans notre région, préciseraient de quelle
façon on atteindra, dans la région, les objectifs des programmes.
Les plans devront tenir compte des besoins de la population et de sa
diversité culturelle. Entre autres, le plan nommerait les
établissements et les organismes communautaires dont on escompterait la
participation, répartirait l'enveloppe budgétaire pour le plan ou
le programme concerné et préciserait les modalités qui
assujettiraient les établissements et les organismes communautaires
à un processus de consultation, de planification, de coordination et
d'évaluation.
Notre modèle veut mettre en relief le rôle des organismes
communautaires. Nous croyons qu'en faisant d'eux des intervenants à part
entière à la table régionale on parviendra à mieux
définir leur rôle au sein du réseau et à mieux
assurer la présence des réalités de la communauté.
Nous proposons que le plan de services régional ceme les groupes de
population qu'il compte desservir et qu'il définisse au moins un des
critères d'admission ou d'admissibilité, par exemple, les
établissements et les organismes communautaires responsables des
services aux groupes en question. De cette façon, nous croyons que
certaines initiatives de notre communauté, par exemple, la table de
concertation du réseau jeunesse, et la 'planning table for
English-speaking elder", la table de concertation pour les aînés
de langue anglaise, pourraient trouver leur place au sein des structures de
gestion officielle du réseau. Ces deux tables sont parrainées par
notre "task force".
Les participants au plan de services régional auraient la
responsabilité de plans de services pour tous les
bénéficiaires du programme ou du plan par le truchement de
mécanismes mis au point dans la région Les établissements
individuels seraient chargés des plans d'intervention auprès des
bénéficiaires et de l'évaluation des services fournis.
Pour assurer la réalisation de ces objectifs, la loi obligerait le
conseil régional à présenter ses plans de services
régionaux à l'approbation du ministère. Cette approbation,
une fois accordée, aurait l'effet d'un règlement en vertu de la
loi. Un tel processus
pourrait être effectué à tous les trois ans au lieu
d'annuellement, en tenant compte de l'ampleur des décisions à
prendre et des conséquences de ces décisions. Lorsqu'un plan de
services régional prévoit que certains des besoins de la
population devront être satisfaits dans une autre région, le
conseil régional doit conclure les ententes de services
nécessaires avec la région en question et pour quelques-uns de
nos organismes membre, c'est une question d'importance capitale. Lorsqu'une
région prévoit desservir la population d'une autre région,
cela doit apparaître dans le pian de services régional et le
ministère doit en tenir compte en octroyant des fonds à la
région.
Troisièmement, la composition du conseil régional et des
conseils des établissements individuels. Nous sommes favorables à
l'idée d'insérer dans la loi une disposition
générale obligeant à la fois les conseils régionaux
et les conseils d'administration des établissements à
refléter la composition socioculturelle de la population desservie. Nous
entendons par cela qu'il faut représenter tant les intérêts
de la majorité francophone que ceux des groupes minoritaires. À
cette fin, nous proposons que le ministre garde le pouvoir de nommer un ou deux
membres des conseils régionaux et des conseils des
établissements. Ces nominations auraient pour but de compléter la
composition d'un conseil de façon à tenir compte des
réalités socioculturelles de la communauté telles que le
ministre les perçoit.
À l'échelon du conseil régional, nous ne sommes pas
favorables à l'idée d'un collège électoral dans la
région, d'une assemblée de district au plan sous-régional
ou de tout autre mention du genre, car nous croyons qu'on créerait ainsi
une bureaucratie inutile et qu'on éloignerait davantage le réseau
de la population au lieu de l'en rapprocher. Nous proposons la création
d'un conseil d'entre 20 et 25 membres, provenant de trois bassins: les
conseillers des municipalités de la région, les
établissements, les organismes communautaires et les personnes choisies
par le ministre selon des critères socioculturels. La
représentation des établissements et des organismes
communautaires pourrait être répartie selon les programmes et/ou
les clientèles.
À l'échelon du personnel, nous recommandons que la loi
oblige les conseils régionaux à adopter des politiques
d'embauché grâce auxquelles ils seraient assurés de
refléter la diversité culturelle de la région. À
l'échelon des établissements, nous appuyons l'idée que le
directeur général doit être le seul membre du personnel qui
fasse partie du conseil. Les employés du réseau pourraient
participer comme membres de conseils autres que les leurs. Ajoutons que le
conseil devrait garder la responsabilité de fixer la durée, en
bloc de quatre ans, du mandat du directeur général.
Pour renforcer la représentation du personnel au sein du
processus de gestion, on pourrait créer des comités de
consultation du personnel comme on le proposait dans l'avant-projet
précédent. À notre avis, cependant, ces comités
devraient faire rapport à la direction de l'établissement et non
au conseil. La composition du conseil devrait refléter les groupes
suivants: les communautés socioculturelles desservies par
l'établissement, la clientèle de l'établissement, la
corporation propriétaire et la fondation de soutien, s'il en est une,
les professions présentées au sein de l'établissement, les
établissements d'études supérieures associés
à l'établissement, les membres des conseils des autres
établissements et organismes communautaires qui participent au plan de
services régional. Finalement, les personnes nommées par le
ministre en fonction de critères socioculturels.
Quatrièmement, garantir l'accès des anglophones aux
services. Nous insistons fermement sur le fait que toute nouvelle loi doit
maintenir les garanties intégrées à la loi existante. De
façon plus précise, nous dirons que la loi doit toujours
reconnaître les éléments suivants: le droit des anglophones
d'avoir accès aux services en anglais, le pouvoir du gouvernement de
désigner les établissements qui doivent rendre disponibles en
anglais tous les services qu'ils offrent dans une région, l'obligation
du conseil régional, après avoir consulté la
collectivité anglophone de la région, disposition qui ne fait pas
actuellement partie de la loi mais qui s'est révélée
judicieuse, et des établissements de présenter au ministre un
programme d'accès, nommant les établissements qui offriront une
partie de leurs services en anglais, le rôle du gouvernement en
matière d'approbation des programmes d'accès et
d'évaluation de leur implantation.
En résumé, nous favorisons la clarification des objectifs
du réseau des services sociaux et des services de santé, la
décentralisation des pouvoirs au profit des régions qui
soumettront un plan original à l'approbation du ministère, une
plus grande participation des organismes communautaires aux plans
régionaux, la constitution de conseils qui soient le reflet des
populations desservies, et le maintien des garanties actuellement offertes aux
anglophones au chapitre des services.
Nous vous remercions de nous avoir accordé votre attention et la
possibilité de contribuer au développement du bien-être des
Québécois. Nous serons maintenant heureux de répondre
à vos questions sur notre mémoire original et sur l'ajout que
nous venons de présenter.
Le Président (M. Messier): Merci, M. McGilly. Compte tenu
du temps qu'il nous reste, je vais accorder peut-être une question au
ministre délégué et une question au représentant de
l'Opposition officielle seulement.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Peut-être avant
ma question, je voudrais tout simplement remercier les membres du Groupe de
travail pour le temps et la réflexion qu'ils ont mis dans le
mémoire. Il ressort clairement que vous avez fouillé pas mal sur
le plan du fonctionnement d'un éventuel système
décentralisé. Je pense qu'effectivement il y a plusieurs
suggestions qui mériteront d'être examinées plus à
fond, et je suis certain qu'on va les étudier avec beaucoup
d'attention.
Étant donné qu'il n'y a qu'une question que la
présidence me permet, si je comprends bien, ce qui est important,
finalement, c'est qu'à l'intérieur du fonctionnement d'une
régie, d'une région, même au niveau de la régie et
des établissements, l'ensemble du système puisse refléter
les besoins socioculturels et linguistiques, finalement, par rapport aux
services de santé et services sociaux. Donc, vous visez à ce
qu'on assure, au niveau de la représentativité sur le conseil de
la régie et sur les conseils des établissements, la population
desservie par rétablissement et la régie ainsi que la
clientèle. Vous abolissez pourtant le collège électoral au
niveau de la régie, en vous fiant sur quel mécanisme, finalement?
Un choix par le ministère? Et, si c'est le cas, est-ce que vous ne
recréez pas le lien direct entre les établissements et le
ministère que, finalement, une région devrait assumer de
façon plus autonome?
M. McGilly: Le choix du ministère en cas de
nécessité, si on trouve, par exemple, qu'une minorité
importante est exclue par hasard d'un certain conseil, c'est un processus
d'urgence. Le mécanisme pour la constitution des conseils
d'administrants des établissements, nous avons expliqué les
"constituencies", les groupes qui doivent être représentés
sur un conseil, les groupes qui ont le droit d'y être
représentés...
M. Sirros: Pour préciser, juste pour préciser, je
voulais poser la question sur.. Vous suggérez un conseil d'entre 20 et
25 membres provenant de trois bassins. Mais vous ne précisez pas comment
les gens seraient choisis. Est-ce que les établissements entre eux, par
élection, choisiraient un certain nombre, les groupes communautaires
entre eux, par élection, un certain nombre, le ministre ou le
ministère désigne un certain autre nombre? Et, si c'est le cas,
est-ce que ce n'est pas là la même chose que le collège
électoral qu'on avait constitué en disant: il y a des
représentants des établissements qui choisissent un certain
nombre de personnes, il y a des représentants des organismes... (17
heures)
M. McGilly: Sauf que, en parlant, par exemple, des conseillers
municipaux, comme bassin, comme source, on a là les gens qui ont
déjà une responsabilité, une imputabilitô
réglée et bien entendue, bien comprise par tout le monde. Par
contre, tous les projets de collège électoral pour les
établissements risquent de créer tout un autre palier de
représentation sans ce caractère de familiarité, sans ce
caractère de responsabilité très bien compris, qu'ont, par
exemple, les conseillers municipaux. Et pour continuer dans le même sens,
les autres bassins que nos venons de suggérer ont, par leur implication
dans le domaine, les organismes communautaires, par exemple, et le personnel,
etc., ont déjà une responsabilité implicite par le fait
même qu'ils ont déjà à y travailler, qu'ils ont
certains liens avec la population et avec le service dont on parle. Donc, c'est
plutôt ça: au lieu de créer tout un autre entonnoir de
représentation, on veut se fier plus à ce qui existe
déjà.
Le Président (M. Messier): merci beaucoup, m. le ministre
délégué. je vais passer la parole au représentant
de l'opposition officielle, m. le député de joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je
trouve que c'est un mémoire passablement fouillé, passablement
travaillé. Je trouve ça intéressant. Il y a beaucoup de
remarques qui sont très pertinentes, en particulier sur les modes de
décentralisation. On ne peut pas décentraliser les
iniquités actuelles. Si jamais on décentralisait, on devra
décentraliser à partir de critères précis et,
à la page 2 de votre mémoire, vous donnez certains
critères dont il faut tenir compte, en bas, vers l'avant-dernier
paragraphe. Je trouve ça intéressant de voir que ça peut
être des critères sur lesquels on devra se baser pour faire une
décentralisation qui tienne compte du portrait réel et non pas
bébêtement décentraliser les institutions. On donne tant,
présentement, aux institutions du milieu, on transfère tant. Je
pense qu'il faut préalablement avoir des critères et une analyse
pour ne pas qu'on se retrouve avec une décentralisation des
iniquités actuelles. Ça, je trouve ça intéressant.
Il y aurait une seule question que je voudrais vous poser, c'est sur la
formation en santé et en services sociaux. On sait que c'est un secteur
- comme professeur d'université, vous allez être sensible sans
doute à ça - le secteur de l'éducation est assez... on
n'est jamais assez bien traité, mais 1 % de la masse monétaire ou
de la masse salariale est consacré à la formation et, dans le
réseau de la santé, malheureusement, ce sont des sommes minimes.
À cause de situations, on n'a pas pu corriger, jusqu'à
maintenant, ce déséquilibre au niveau de la formation. Pourtant,
Dieu merci! on sait jusqu'à quel point il y a un besoin de formation
à l'intérieur du domaine de la santé et des services
sociaux avec l'évolution du type de famille, par exemple: famille
éclatée, famille monoparentale. On sait qu'au niveau social I y a
très peu de recherche sur le plan social qui se
fait. On a vu le Conseil québécois de la recherche sociale
et très peu de recherche dans ce secteur-fà Comme professeur
d'université, comment voyez-vous ça, vous, la formation? Quelle
est votre évaluation, dans le domaine de la santé et des services
sociaux?
M. McGilly: À cette question, je ne peux pas
présumer de parler comme président du "task force".
M. Chevrette: Non, mais j'ai supposé que vous aviez
d'excellentes idées personnelles.
M. McGilly: C'est évident, je crois, que la formation dans
les professions de la santé a été biaisée
sérieusement dans les domaines médicaux et, jusqu'ici, pas du
tout suffisamment dans les domaines qu'on caractérise comme
paramédicaux. Je présume que c'est assez bien compris. Comme
professeur à une école de service social, je suis très
content d'entendre quelqu'un parier d'une insuffisance de ressources
dévouées à la formation dans de tels domaines,
évidemment. Qu'est-ce qu'on peut dire? Il faut - et je parle, je
répète personnellement maintenant, mes collègues
peut-être pourront avoir d'autres idées - nous essayons de faire
l'équilibre entre la formation intellectuelle libérale, qui
assure à l'intervenant une vue sur la vie qui est assez large, assez
sensible aux effets de la culture, la civilisation où nous vivons, et
une formation spécialisée pour traiter des questions que vous
soulevez, comme l'éclatement de la famille et l'explosion des
problèmes comme l'inceste, comme l'abus des enfants, ces
problèmes... Ce n'est pas possible de croire que ces problèmes
n'existent que depuis les cinq ans dans lesquels nous y sommes sensibles.
Voilà le problème de la formation pour les services sociaux. On
veut avoir à la fois une personne avec un esprit libéré et
une personne avec une technique élaborée pour traiter les
problèmes. Je ne veux pas du tout répondre en cinq minutes, deux
minutes, à une question qui nous préoccupe de jour en jour, dans
notre boîte, à McGill, et dans les autres universités ot
les autres cégeps. C'est une question peut être de revaloriser un
peu nos idées sociales sur les professions et les métiers qui
valent le plus. Mais, avant de refaire les idées de la
société dans ce sens-là, c'est difficile de faire plus que
de faire le mieux qu'on puisse faire et de relever les idées comme
ça.
Le Président (M. Messier): En terminant, M. McGilly.
M. McGilly: Par exemple, pour pousser un peu la question, dans
tous les organismes membres de notre "task force", nous avons des liens assez
étroits entre les institutions de formation et les institutions de
services. C'est un domaine où il faut pousser plus pour assurer que la
formation ne devienne pas déséquilibrée dans un sens
intellectuel ou, l'autre sens, technique. Dans ce sens-là, nous avons un
intérêt professionnel dans la question de la formation. C'est
difficile.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. Je voudrais me
faire le porte-parole de la commission pour vous remercier chaleureusement de
votre présentation, ça vient de part et d'autre, et demander au
centre hospitalier Grace Dart de s'avancer vers nous. Merci beaucoup, M.
McGilly et votre groupe.
Bonjour, messieurs. Pendant que vous vous préparez... Vous avez
à peu près une dizaine de minutes pour faire votre intervention
et, après ça, il va y avoir échange. C'est possiblement M.
Kelly qui va être le président du groupe, qui va annoncer les
membres qui l'accompagnent.
Centre hospitalier Grace Dart
M. Campbell (David): C'est moi, David Campbell, comme conseiller
juridique, qui vais le présenter avec M. Kelly, président du
centre hospitalier Grace Dart; à gauche, Tony van de Ven, directeur
général du centre hospitalier Grace Dart.
Le Président (M. Messier): Merci, maître.
M. Campbell: J'ai ici des rapports annuels, les derniers que
peut-être j'aimerais vous donner.
Le Président (M. Messier): il y a quelqu'un qui va se
déplacer vers vous, monsieur...
M. Campbell: O.K., merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): ...Me Campbell. Pendant que les
documents se distribuent, je vous invite à commencer votre
allocution.
M. Campbell: Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais
vous donner, en commençant, un peu l'historique du centre hospitalier
Grace Dart C'est un hôpital qui a été fondé
originale ment par un nommé Henry J. Dart, à Montréal-Est,
dans les années 1890. Il a commencé par louer deux petites
maisons pour traiter des malades et indigents près de sa pharmacie.
Ça a été nommé pour sa fille, Grace, qui est
décédée en 1898. En 1907, l'hôpital a acheté
l'ancienne résidence de Sir Francis Hincks à la pointe de
Saint-Antoine et de la rue Dominion, à Montréal, pour le montant,
si je me rappelle bien, de 17 000 $. L'hôpital a été
incorporé en 1900 sous une loi spéciale du Québec et,
ensuite, jusqu'en 1932, dans laquelle année ils ont construit une
nouvelle bâtisse située à 6085, rue Sherbrooke est,
où le présent centre hospitalier est situé maintenant.
Entre 1932 et 1965, l'orientation du centre hospitalier, c'était pour le
traitement des patients qui souffraient de tuberculose. En 1965,
c'est devenu un centre d'hébergement et de soins de longue
durée. Donc, ceci est son orientation aujourd'hui.
C'est un centre de 101 lits où il y a 120 employés
à temps plein, avec des coûts d'opération excédant 6
000 000 $ par année. La chose que j'aimerais vous mentionner dans le
rapport annuel et que j'ai marquée avec un collant, les statistiques
comparatives, si on voit, sur le côté à droite, en bas,
groupe ethnique des résidents, ça, ce n'est pas le pourcentage
mais le nombre de lits dans l'institution. Vous avez, comme langue maternelle,
français, 21; de langue anglaise, 24; et autres, 56 Ça, ça
veut dire que la majorité est ce qu'on appelle, entre guillemets, la
communauté ethnique. Ce ne sont pas surtout des résidents qui
parlent.. Ils ne parlent ni français ni anglais. Parce que si vous
regardez sur le côté gauche, le groupe d'âge des
résidents, nous avons 43 % qui sont en haut de 75 ans. Ça,
ça veut dire qu'il y a des gens dans l'hôpital qui sont des
immigrants de la première génération et de plus en plus la
tendance, pour le centre hospitalier Grace Dart, c'est de desservir la
communauté ethnique et d'améliorer la qualité de vie dans
l'hôpital. Par exemple, nous avons des Japonais qui sont dans
l'hôpital et c'est nécessaire, au point de vue culturel, etc.,
pour la nourriture, par exemple... Nous faisons toutes sortes d'efforts, et
ça, c'est pour vous donner un exemple des choses que nous faisons. Le
Grace Dart, c'est situé dans la région 6A, Maisonneuve-Rosemont,
mais, pour des fins d'administration, nous sommes associés avec le DSC
Montreal General Hospital (17 h 15)
Pour nous autres, en regardant lavant-projet de loi, nous pensons que
nous avons un rôle qui est assez unique et traditionnel dans l'est de
Montréal. Originalement, on a desservi la population anglophone de la
région montréalaise et aussi le reste de la province avec une
fondation et un comité de bénévoles qui sont vraiment
impliqués dans le centre hospitalier.
Pour nous autres, on a trois ou quatre critiques sur l'avant projet. La
première, c'est évidemment l'article 43 pour
l'établissement, ce que j'appelle, d'un supraconseil d'administration
pour un territoire de CLSC. Pour nous autres, comme centre hospitalier, nous
serons regroupés avec quatre autres institutions dont nous n'avons pas
beaucoup en commun.
La deuxième critique que nous avons, c'est concernant la
composition du conseil d'administration en vertu de l'article 49. En lisant
l'avant-projet, nous croyons qu'il y a une mince opportunité pour
représentation communautaire. On dit qu'il y a trop d'interventions
gouvernementales où les nominations seraient faites directement par le
gouvernement. Nous trouvons que maintenant - parce que nous avons les
cliniciens qui sont sur le conseil, nous avons les médecins
évidemment et tout ça - en vertu de l'avant-projet, on perdrait
tout ça, leur 'input", comme je dis.
Une autre critique que nous avons, c'est concernant le rôle du
directeur général sur le conseil d'administration. C'est qu'en
vertu de l'article 65 le rôle du directeur général est
assez limité. Par exemple, dans notre cas, il y aura quatre directeurs
généraux. Et, si on regarde l'article 65, un seul directeur
général aura le mandat d'agir comme secrétaire pour un
mandat d'un an. Ça, c'est que, théoriquement, un directeur
général d'un centre hospitalier n'a pas le droit d'assister par
droit à une assemblée et qu'il est là par invitation
seulement. Ça, ça veut dire que théoriquement,
d'après nous autres, une décision pourrait être prise
concernant l'établissement particulier sans le "input" ou la
présence d'un directeur général. Et pour nous autres,
ça, c'est vraiment une brisure du lien entre eux, le "decision making"
et le corps impliqué.
Une autre critique que nous avons, c'est concernant les limites
proposées au mandat du directeur général: deux termes de
quatre ans chacun. Pour nous autres, ça montre une certaine
rigidité et un manque de flexibilité. Évidemment, il y a
des exceptions où un directeur général, une personne, fait
le travail très bien. Pourquoi ne pas le laisser au conseil
d'administration ou avec peut-être l'approbation d'une régie
régionale d'approuver une prolongation de ça?
Dernièrement, nous avons pensé que l'établissement
d'un comité consultatif au directeur général, ce n'est pas
assez précisé dans l'avant-projet de loi Par exemple, maintenant,
nous avons les médecins, les représentants des médecins
Nous avons les représentants syndicaux. Nous avons les
représentants de toutes les personnes qui travaillent au sein de
l'hôpital, qui sont représentées et qui jouent un
rôle administratif sur le conseil d'administration. Avec le nouvel
avant-projet, ça, ça disparaît et je crois que ce serait un
palliatif d'établir un comité consultatif. Je ne sais pas si,
vraiment, il aurait un rôle positif, dans l'avant-projet. Merci beaucoup
et nous sommes prêts à répondre à toutes vos
questions.
Le Président (M. Messier): Merci, Me Campbell. Et
maintenant, je laisse la parole au ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux.
M. Sirros: Je veux tout simplement accueillir les
représentants de l'hôpital Grace Dart. Je comprends que votre
mémoire a été écrit avant les clarifications qui
ont été apportées quant à ce que vous appelez ie
supra-coreefl d'administration. Mais, en dépit de ça, moi,
j'aurais une question et je sais que la députée de Bourget
voudrait aussi vous questionner, étant donné que vous êtes
dans son comté. Étant donné qu'on ne parte plus de conseil
d'administration unifié, moi, la question que j'aurais par rapport
à un établis-
sèment comme le vôtre, c'est qu'on a eu plusieurs groupes
qui nous ont suggéré de maintenir le fait qiid les membres...
Bon, les établissements Ont leur conseil d'administration mais, dans la
composition du conseil d'administration, on exclurait, selon quelques
recommandations qu'on a eues, les membres du personnel de
l'établissement, même le directeur général. Je
comprends que vous parlez du lien qui serait rompu entre l'exécutif et
l'administratif avec le directeur général. Mais laissons le
directeur général de côté, pour l'instant. Est-ce
que, par rapport au reste du personnel... Comment réagissez-vous
à cette suggestion qui est faite d'exclure les membres du personnel de
l'établissement du conseil d'administration mais de permettre
l'inclusion sur le conseil d'autres professionnels travaillant dans d'autres
établissements?
M. Campbell: Peut-être je peux me permet tre de
référer au directeur général, à son
expérience avec le personnel qui travaille maintenant sur le conseil
d'administration.
M. van de Ven (A.H.): Maintenant, je représente... Je suis
très heureux avec la situation au point de vue de la composition du
conseil d'administration. Pourquoi? Parce que ça donne une
opportunité au conseil complet de trouver de temps en temps une solution
au point de vue des problèmes, pas seulement dans l'hôpital au
point de vue de la qualité des soins, mais au point de vue de certains
problèmes qui arrivent avec les employés. Par exemple, si nous
avons vraiment un représentant des employés qui ont une
opportunité de donner un "input", ce n'est pas seulement une
opportunité pour nous d'augmenter la qualité des soins ou la
qualité de la vie, etc., etc., ou les finances parce que ça,
c'est leur rôle, mais aussi, s'il y a une bonne connection entre
l'employé non professionnel, l'employé professionnel, le conseil
des médecins, etc., etc., ça donne une ouverture pour une
relation intime ou presque intime pour améliorer la situation au point
de vue des problèmes avec les employés.
Je me souviens, M. le ministre, que j'ai parlé avec vous une
fois, trois ans passés ou quatre ans passés, et je vous ai
indiqué que je n'étais pas heureux avec la situation
immédiatement après avoir changé de loi, mais maintenant,
avec l'expérience, je pense que c'est une bonne idée et vraiment
démocratique.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. J'aimerais
peut-être... Mme la députée de Bour-get, ça me fait
le plus grand des plaisirs de vous entendre à cette commission.
Mme Boucher Bacon: Je vous remercie, M. lé
Président, de me céder la parole, d'autant plus que M. van de Ven
a célébré son 35e anniversaire au sein de la Fondation
Grace Dart dont le ministre a souligné cet événement.
Aussi, je suis...
M. Côté (Charlesbourg): ...au moins quatre fois huit
termes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Boucher Bacon: C'est ça ma question. Je peux
reconnaître qu'à l'intérieur de mon comté, vraiment,
la qualité des soins de votre institution est vraiment
supérieure. Le personnel, toutes les fois que j'ai eu à la
visiter, était très heureux de travailler chez vous et le
bénévolat est sans doute à son meilleur.
Maintenant, je sais qu'à l'intérieur, comme M. le ministre
vient de le dire, à l'intérieur du projet de loi, on stipule que
le D.G. du conseil d'administration devrait siéger seulement pour quatre
ans. Quelle serait...
M. Chevrette: Deux mandats.
Mme Boucher Bacon: Huit ans excusez-moi.
M. Chevrette: Deux fois quatre.
Mme Boucher Bacon: Deux termes de quatre ans. Alors, quelle
serait votre position si vous aviez à conseiller...
M. Chevrette: Pourriez-vous enlever 10 mandats?
Mme Boucher Bacon: ...ou, du moins, comment vivez-vous ça?
Parce que je crois que vous avez un malaise face à cette
situation-là.
M. Kelly (Desmond J.): Mais le malaise, c'est un avant-projet de
loi qui dit que... directeur général, deux termes de quatre ans.
On dit: Si un homme a 42 ans, il a son mandat de deux fois quatre, il a 50 ans.
Où va-t-il, après ça?
Une voix: Dans un autre établissement.
M. Kelly: Je vous pose la question, ça c'est nos....
M. Côté (Charlesbourg): Ça pourrait
être dans un autre endroit du réseau, mais avec
sécurité d'emploi.
M. Kelly: Ah! Mais tandis ...
Le Président (M. Messier): Est-ce que ça
répond aux interrogations?
M. Chevrette: Si ça répond aux interrogations, moi,
je veux embarquer justement là-dessus.
Le Président (M. Messier): Bien, M. le
député de Joliette, on vous laisse la parole.
M. Chevrette: Parce que moi, je pense que le jour où le
D.G.... Si on faisait ça dans la législation, on a un
problème majeur. C'est qu'on veut décentraliser, et on
centraliserait l'affectation des D.G. Ce serait faire indirectement ce qu'on ne
veut pas faire directement. En d'autres mots, comment le ministre pourrait-il,
au niveau national, avoir un contrôle de sécurité d'emploi
sur l'affectation de ses D.G. et dire que les institutions ont une autonomie de
gestion? Moi, je ne vois pas ça. Deuxièmement, il y a des hommes
et des femmes qui sont très compétents pendant 15, 16 ou 17 ans,
20 ans. Il y en a de 35 ans. Ça m'apparaît, moi... Cette partie du
projet de loi est très discutable et il faudrait regarder si ça
ne détruit pas l'esprit de la réforme où on veut
responsabiliser les régies et la région. Si le ministre limitait
ça à la région, encore, pour qu'il y ait une
réaffectation au niveau des régions pour qu'on développe
des complémentarités, je dirais que c'est moins pire, en tout
cas, que d'avoir une centralisation de Québec sur la
sécurité d'emploi des D.G Moi, en tout cas, à prime abord,
c'est ce que... c'est une réaction qui est discutable, mais on verra
dans le projet de loi qu'est-ce que ce sera.
Ma question est la suivante: Iriez-vous jusqu'à la
décentralisation de l'enveloppe de la RAMQ, de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec? Vous allez me dire que je suis tenace.
Quasiment à chaque centre hospitalier, je la pose, parce que je trouve
qu'on n'a pas encore de ligne directrice qui se dégage des groupes qui
ont circulé devant nous, à date. On ne se sent pas, en tout cas,
sur un terrain solide, solide. Moi-même, j'évolue selon les
commentaires d'un groupe à un autre. J'y vois des difficultés
monstres, par exemple, dans les CHU, et je pense que le ministre est d'accord
avec moi pour cette partie-là, comment on va tenir compte de ça.
Le groupe qui vous a précédés, le Groupe de travail qui
fixe des critères, ce que je trouve intéressant, en tout cas,
à regarder, vous autres, est-ce que vous iriez jusqu'à... Ma
question pourrait peut-être s'adresser à celui qui a 35 ans de
faits dans un établissement: Seriez vous d'accord avec la
décentralisation des enveloppes de la RAMQ, de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, au niveau de chacune des
régions?
Le Président (M. Messier): Qui a 35 ans?
M. van de Ven: Je n'ai pas suivi exactement.
Le Président (M. Messier): M. van de Ven
M. van de Ven: Je n'ai pas suivi ça exactement. Le partage
d'enveloppes pour la Régie de l'assurance. ?
M. Chevrette: Maladie. Actuellement, on paie les actes
médicaux à partir de la Régie pour l'ensemble des
professionnels du système. Dorénavant, si on disait:
Montréal, en vertu de tel critère, a le droit à... je ne
sais pas, moi, 400 000 000 $ sur 2 000 000 000 $; Chicoutimi, à 50 000
000 $ sur 2 000 000 000 $, etc., est-ce que vous seriez d'accord avec une telle
approche?
M. van de Ven: Je ne suis pas sûr que je vous ai compris,
mais je préfère, au point de vue d'actes médicaux,
l'emploi des médecins et autres professionnels par les hôpitaux
individuels. C'est ça que vous m'avez demandé? (17 h 30)
M. Chevrette: Alors, ils pourraient être engagés...
je crois qu'ils pourraient être engagés par les centres
hospitaliers, mais il y aurait une somme maximale au niveau de chacune des
régions. En d'autres mots, actuellement, la Régie paie ses
professionnels selon la facturation qu'elle reçoit et il y a des maxima
ou des quotas trimestriels, mais là ça pourrait être
à même un quota par région. Avez-vous peur de ça?
Êtes-vous d'accord avec ça? Ça pourrait être autre
chose aussi.
M. van de Ven: Je pense qu'il y a certains partages qu'on doit
faire, pas seulement à ça mais... un exemple, le conseil
régional. Votre point, moi ou nous, en général, sommes en
faveur de faire ça. Je pense que, parce qu'il y a un département
de santé et services sociaux, beaucoup de travail et beaucoup de
responsabilités doivent rester dans le conseil de région.
M. Chevrette: Je vous remercie.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup. M. le ministre,
est-ce que vous voulez réagir?
M. Côté (Charlesbourg): Non, ça va. C'est une
question qui était extrêmement importante, pas
nécessairement décentralisation de l'enveloppe mais affectation
de l'enveloppe à des fins régionales. Ça parait assez
important. On me dit même que vous êtes l'illustration que les
termes de deux fois quatre ans, pour un directeur général, ce
n'est pas nécessairement bon. Donc, il y a des messages qui se passent,
qui sont entendus; on verra, par la suite, ce que ça donne. Je vous
remercie de vous être présentés, de nous avoir
présenté votre point de vue et M. Sirros assurera le suivi quant
à la structure que nous accepterons au niveau de I De de
Montréal. Il y aura donc des rencontres additionnelles avec chacun
d'entre vous. Merci bien.
Une voix: Merci beaucoup.
M. Chevrette: Bon neuvième et bon dixième mandat,
M. van de Venl
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): On vous souhaite une bonne fin
de journée et on vous remercie beaucoup.
M. van de Ven: Je n'oublierai jamais le jour où on s'est
connu!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): J'inviterais, sur ces paroles,
le Centre de services sociaux Ville-Marie à venir nous retrouver. Merci
beaucoup, messieurs.
Bonjour, messieurs; bonjour, madame. On a environ une trentaine de
minutes, une dizaine de minutes pour vous exprimer sur l'avant-projet de loi.
Possiblement, c'est M. Goldbloom qui va nous présenter son groupe.
Excusez-moi... On me dit que vous êtes le fils du père.
Salutations.
Centre de services sociaux Ville-Marie
M. Goldbloom (Michael): M. le Président. M, le ministre,
membres de la commission, je suis Michael Goldbloom, président du CSS
Ville-Marie. Je suis accompagné, aujourd'hui, de notre directeur
général, John Walker, et notre directrice adjointe, Mme Miriam
Green. Vous avez déjà notre mémoire. Vous venez tout juste
de recevoir un document que nous avons préparé pour les
discussions de cet après-midi. Ça fait cinq minutes que j'ai
décidé de vous libérer de la lecture à haute voix
de ce document. Dans le peu de temps que nous avons aujourd'hui, nous avons
décidé que ce serait mieux d'essayer d'échanger autant que
possible avec vous.
Je vous signale toutefois que mon arrivée dans le secteur des
affaires sociales est assez récente, mais mes deux collègues y
travaillent depuis longtemps. Donc, je vais leur laisser la majorité du
temps de parole. Cela étant dit, je vais faire un très,
très court survol du document que nous venons tout juste de
distribuer.
Premièrement, il nous semble qu'un des objectifs principaux de la
réforme est la question de coordination, de collaboration et de
complémentarité. Ville-Marie essaie d'atteindre ces objectifs
déjà, évidemment, à l'intérieur de
l'association des CSS et avec tous les processus qui existent avec le conseil
régional.
Je voudrais aussi porter à votre attention que nous participons
déjà, à l'intérieur de la communauté
d'expression anglaise, au Groupe de travail de la région 06A qui a
témoigné devant vous cet après-midi, qu'il y a une table
de concertation pour la jeunesse, comprenant douze membres, et un
sous-comité pour les personnes âgées, dont neuf
différents établissements et membres y participent. Donc, il y a
déjà un effort de coordination qui existe à
l'intérieur des institutions de langue anglaise. Nous avons,
évidemment, des rapports contractuels avec 25 centres hospitaliers, avec
10 commissions scolaires et 17 centres d'accueil. Donc, comme je l'ai dit, les
objectifs de coordination et de collaboration entre les établissements,
nous les poursuivrons. Nous sommes évidemment ouverts à des
améliorations dans ce domaine.
Sur la question des conseils d'administration, nous nous joignons
évidemment à ceux qui nous ont précédés pour
féliciter le ministre de retirer la proposition en ce qui concerne les
conseils d'administration unifiés. Cela étant dit, nous voulons
vous signaler que l'expérience de Ville-Marie, en ce qui concerne les
employés membres du conseil d'administration, a été
très positive jusqu'ici. La loi aurait pu le permettre et nous voulons
simplement souligner que l'expérience de Ville-Marie d'avoir ses
professionnels membres du conseil d'administration s'est avérée
jusqu'ici une participation importante pour nous.
En ce qui concerne la question de la planification régionale et
sous-régionale, c'est peut-être la question qui nous
préoccupe le plus, surtout après la discussion que nous avons
entendue plus tôt cet après-midi. C'est la question de la
planification au niveau sous-régional qui nous cause des
problèmes, et je vais essayer de vous dresser un portrait dans un
domaine du problème. Prenons le dossier du secteur de santé
mentale. Si, à Montréal, il y a une sous-régionalisation
disant qu'il y aura, disons, six ou huit différentes tables de
concertation dans ce domaine, ça va obliger Ville-Marie, le seul CSS de
langue anglaise, d'être présent à chacune de ces huit
tables, parce que nous avons des gens d'expression anglaise à travers la
ville de Montréal. Donc, nous serons obligés de participer
à chacune de ces huit tables de concertation dans ce domaine et ce n'est
pas possible pour nous. Nous n'avons pas assez de ressources pour y être
présents. Deuxièmement, pour plusieurs de ces tables, il n'y a
pas une masse critique d'anglophones qui les préoccupent. Donc, si on
essaie d'organiser ça d'une façon sous-régionale, il y a
deux problèmes, le problème pour le CSS qui ne peut pas
être présent partout et, dans plusieurs de ces sous
régions, il n'y a pas une masse critique d'anglophones qui ont besoin
des services.
À la page 6 du document que nous avons distribué, on parle
de la participation des clients, de la communauté et du personnel. Je
veux simplement vous souligner que Ville-Marie, par sa tradition, a toujours
insisté sur la participation des clients et des représentants de
la communauté. En ce qui concerne notre conseil d'administration, ce que
j'ai vécu maintenant depuis trois mois, nos conseils d'administration
sont ouverts. À la dernière réunion du conseil, il y avait
au-delà de 150 personnes de la communauté présentes durant
toutes les délibérations du conseil. Encore, c'est quelque chose
que nous croyons une bonne façon pour un CSS de procé-
der et nous appuyons la proposition que les réunions des conseils
soient ouvertes.
Très vite, je veux simplement vous indiquer que nous sommes
heureux de voir que les mandats des centres des services sociaux, tels qu'ils
existent, sont confirmés. Nous sommes très
intéressés et nous appuyons l'intérêt que le
ministère démontre sur les questions de contrôle de
qualité. C'est un domaine que nous croyons que la loi devrait
prévoir et nous serons prêts à collaborer avec le
ministère là-dessus.
Finalement, nous voulons simplement souligner notre support pour la
notion de liberté de choix dans le choix des établissements pour
les clientèles. Nous croyons que c'est un élément
essentiel et à la base de notre législation dans le domaine de la
santé et des services sociaux. Là-dessus, M. le Président,
je termine, et nous sommes ouverts à votre question.
Le Président (M. Messier): Merci pour votre esprit de
synthèse et je laisserais la parole au ministre responsable.
M. Côté (Charlesbourg): Merci de votre
présentation. M. le Président, j'irai directement à une
question qui parle du mandat des CSS et, puisque vous faites allusion à
la partie adulte, puisque deux dossiers très importants, jeunesse et
adulte... Effectivement, il y a des réflexions afin de savoir si, par
exemple, les familles d'accueil pour adultes hébergés ne
devraient pas éventuellement relever des CLSC au lieu des CSS, laissant
aux centres de services sociaux le mandat au niveau de la jeunesse. Est-ce que
vous ne trouvez pas plus normal que les familles d'accueil puissent être
rattachées aux CLSC, pour les adultes hébergés, au lieu
des CSS? Ma question est définitivement directe - évidemment,
vous me connaissez - ça ne donne rien de tourner autour du pot. Puisque
ça traîne dans le décor, aussi bien l'attaquer de front
avec vous autres.
M. Walker (John): Je peux répondre à ça, M.
le ministre. Nous sommes convaincus que le mandat d'héberger les
personnes adultes, âgées, doit rester avec le CSS, parce qu'on a
vécu déjà des années d'expérience
là-dessus et nous sommes dans une position très forte pour
superviser ou contrôler la qualité, soit des clients dans les
ressources comme ça ou dans le recrutement. Je pense que les CSS ont un
mandat régional d'avoir un exercice de contrôle uniforme au niveau
régional. Je pense que le système de santé et des services
sociaux va perdre quelque chose s'il n'y a pas un contrôle et si le
territoire est laissé à développer ses ressources tout
seul, c'est-à-dire, autour des CLSC. Il me semble que nous avons assez
d'expérience là dessus depuis des années et cette
expérience est précieuse dans le domaine des familles
d'accueil.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous ne trouvez
pas que, dans toute la panoplie des services qu'on offre pour personnes
âgées, il n'y a pas une brisure, à un moment donné,
dans les services de maintien à domicile et les CLSC? Évidemment,
c'est là qu'on doit évaluer le niveau d'autonomie ou de perte
d'autonomie d'une personne adulte hébergée, mais ça,
ça relève du CLSC. Et là, il y a une brisure où
l'on dit: Bon, parfait, famille d'accueil. La référence en
famille d'accueil et la supervision de la famille d'accueil relèvent des
CSS et, par la suite, on revient aux pavillons, centres d'accueil
d'hébergement privés autofinancés ou publics et centre de
longue durée. Comment est-ce qu'on fait pour faire ce lien,
extrêmement important, ce continuum de services au niveau de la personne?
Est-ce qu'on prend le maintien à domicile puis on donne ça aux
CSS?
Mme Green (Miriam): Si je peux peut-être ajouter quelques
mots à ce que M. Walker a dit. D'abord, je pense, M. le ministre, qu'on
vit actuellement dans une situation où chaque établissement a un
mandat spécifique et puis déjà, si vous parlez de
continuum de services, si on veut aller au plus logique de votre pensée,
on peut dire: Bon, on donne à un établissement toutes les
responsabilités pour la santé et les services sociaux. Alors,
ça, c'est au niveau du principe. ( 17 h 45)
Pour les familles d'accueil pour adultes et personnes
âgées, ce sont des services assez spécialisés et
puis, si on donne ça aux CLSC, je craindrais que, question même de
masse critique, on perde quelque chose là-dedans. Par exemple, des
familles d'accueil pour des personnes, des adultes handicapés
intellectuels sévères - je parle de la population entière
- est-ce qu'on aura dans une zone de CLSC suffisamment de personnes pour,
disons, développer un» expertise dans ce CLSC. dans ce domaine
là, superviser ces gens là dans ces familles d'accueil là.
Puis, si on va plus loin et qu'on pense aux personnes handicapées
intellectuelles anglophones, là, on tombe vraiment dans les gros
problèmes, parce qu'il se peut que, comme dans une zone de CLSC, il y
ait peut-être deux ou trois familles, puis développer des familles
d'accueil pour ces gens-là avec l'expertise des employés,
ça n'a plus de bon sens.
C'est surtout dans ce domaine-là. C'est vraiment quelque chose de
très spécialisé où les besoins sont plutôt au
niveau régional et c'est très difficile de... Je ne vois pas non
plus pourquoi et comment ça pourrait être divisé au niveau
d'un territoire de CLSC, parce que si, nous, on a, je ne sais pas, 150
personnes handicapées intellectuelles à travers la région
de Montréal, do se limiter à développer des familles
d'accueil - c'est déjà difficile d'en trouver, des familles
d'accueil - à trouver ces gens-là dans
une petite région particulière, je pense que ça
deviendrait vraiment impossible.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, c'est une
question qui est intéressante et elle n'a pas fini de faire couler de
l'encre, parce qu'elle va se débattre sur la place publique.
L'opportunité que j'avais était trop belle, c'était trop
beau pour ne pas vous poser la question, il ne reste pas beaucoup de temps. Je
sais que mon ami Christos avait une question à vous poser, mais on y
reviendra, définitivement.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Laurier et ministre délégué.
M. Sirros: Moi, c'était pour reprendre un peu ce que vous
avez dit au niveau de la sous-régionalisation. On a entamé un
débat tout à l'heure avec un autre groupe, et on n'a pas pu aller
très loin. Je voudrais vous demander comment, vous, vous voyez
fonctionner... dans le sens que Montréal est la région où
il y a trois CSS. Il y a un genre de situation hybride actuellement où
on fonctionne et par territoire et par entente interrégionale. Ce quo
vous proposez au niveau de la budgétisation, entre autres, ce serait
quoi?
M. Goldbloom: Premièrement, il nous semble clair que dans
ce domaine, surtout le domaine des services sociaux, la langue est l'outil avec
lequel on rend les services. Ça étant dit, il nous semble... Et
c'est pour ça que j'ai mentionné, dans mes remarques, les
différentes tables de concertation qui existent déjà
à l'intérieur des institutions de langue anglaise pour la
jeunesse ou pour les personnes âgées. Ce que nous croyons, c'est
qu'il y a un rôle, que ce soit pour le CRSSS ou la nouvelle régie,
de préparer un plan de services pour toute la région de
Montréal.
Mais nous croyons que ça devrait être possible dans chacun
des différents domaines que des institutions, disons, de langue anglaise
travaillent ensemble pour proposer des plans de services au conseil
régional. Donc, que le CSS Ville-Marie rende ses services aux personnes
d'expression anglaise à travers l'île de Montréal, mais,
dans chacun des domaines particuliers, que ce soit la jeunesse ou les personnes
âgées, suivant les objectifs établis par le
ministère, nous serons obligés de faire une sorte de coordination
pour établir nos priorités et les communiquer au conseil
régional qui va, par la suite, préparer un plan final pour
proposition au ministère.
M. Sirros: II y a donc aussi un lien avec les plans
d'accessibilité de la loi 142...
M. Goldbloom: Évidemment.
M. Sirros:.. qui, eux, agissent un peu comme une description des
balises par rapport aux services accessibles en langue anglaise. Et je posais
la question cet après-midi, dans le sens que vous mentionnez ici par la
discussion que vous avez eue tout à l'heure par rapport au mandat, par
exemple, les familles d'accueil, etc. Est-ce que, dans ce sens-là aussi,
les plans d'accessibilité présentent pour vous une garantie quant
aux services qui sont disponibles et qui seront disponibles en langue anglaise
à la communauté, indépendamment d'où se trouve le
service? Si on prend la famille d'accueil, par exemple, si ça sort des
CSS et que ça va dans les CLSC, si on le retrouve dans le plan
d'accès, à ce moment-là, le service est assuré par
rapport à l'accessibilité linguistique.
Mme Green: Est-ce que je peux juste commenter?
Une voix: Oui.
Mme Green: Si je vous comprends bien, M. Sirros, il me semble
que, oui, il y a une garantie - puis on en est très contents - dans les
plans d'accessibilité Mais je pense que ce qu'on est en train de
souligner, c'est qu'il faut aussi qu'il y ait une structure de collaboration et
des liens entre ces établissements-là pour que vraiment ça
fonctionne pour la clientèle desservie.
M. Sirros: O. K.
Le Président (M. Messier): Merci, beaucoup, M. le ministre
délégué. Je laisse la parole au porte-parole officiel de
l'Opposition.
M. Chevrette: Merci. Je ne pensais pas que je vous
inquiétais, M. Goldbloom. Ceci dit, je reviens quand même avec les
questions que j'ai posées tantôt parce que je pense que s'il y a
une structure qui est contestée par les structures mêmes du
réseau, c'est le CSS, comme structure. Sans qu'on les questionne, il y a
des CRSSS qui ont écrit, dans leur mémoire.. Vous avez sans doute
lu la littérature de certains CRSSS qui, à toutes fins pratiques,
allaient plus loin, même, que ce que le ministre vous a posé comme
question tantôt. Le ministre vous pariait de la répartion possible
entre le volet "protection de la jeunesse" versus "placement familles
d'accueil", mais il y a certains CRSSS qui confiaient aux CLSC à peu
près toute la responsabilité actuellement dévolue aux CSS.
Vous avez sans doute lu ça au niveau des mémoires qui ont
été distribués. Je voudrais vous demander si la
communauté ne serait pas mieux desservie avec une structure unique, mais
avec l'obligation de servir dans la langue de l'individu quand il s'agit de la
communauté anglophone. Quant aux allophones, c'est bien sûr selon
la langue qu'ils patient ou qu'ils
maîtrisent, soit le français ou l'anglais.
M. G old bloom: Ma réponse est non. Je pense que vous ne
serez pas étonné par ma réponse. Je crois fermement qu'il
est essentiel, pour n'importe laquelle communauté, d'avoir un lien
direct avec ses institutions. Un aspect de l'histoire du Québec, depuis
20 à 30 ans, c'est l'effort de la majorité d'assurer le
contrôle de ses institutions. Le grand défi devant les
minorités de langue française en dehors du Québec a
été d'obtenir le contrôle de leurs institutions La
décision récente dans le domaine de l'éducation de la Cour
suprême, je pense que tous les Québécois l'ont accueillie
d'une façon très positive parce que nous comprenons l'importance,
pour une communauté, d'avoir le contrôle de ses
établissements. Donc, je pense que c'est la même chose qui existe
pour la minorité d'expression anglaise sur l'île de
Montréal, c'est d'avoir le contrôle de ses institutions et la
seule façon de l'avoir, c'est de maintenir le système tel qu'il
existe maintenant. C'est une façon, premièrement, d'assurer une
qualité de services en langue anglaise et, deuxièmement, de
permettre aux membres de la communauté de participer à ces
institutions publiques et à apporter leur contribution à la
société québécoise.
M. Chevrette: En quoi une structure du type CSS qui assure un
traitement individuel à la personne peut-elle avoir, comment dirais-je,
cette importance capitale au niveau des services sociaux, contrairement, par
exemple, aux institutions hospitalières où on peut avoir des
vocations reconnues, des passés? Il y en a même que c'est plus sur
une base de religion que sur une base linguistique et on l'a reconnu On a vu,
même, cet après-midi, l'Armée du salut venir ici avec une
vocation bien spécifique. Mais ne trouvez vous pas que c'est du
dédoublement de ressources financières d'avoir deux structures
qui visent la personne d'abord?
M. Goldbloom: Non, je ne crois pas. Évidemment, tout le
monde a besoin des services II n'y a pas deux établissements ou deux
structures pour rendre le service au même groupe de personnes. Donc,
c'est une façon...
M. Chevrette: Pourquoi voulez vous décentraliser, Dr
Goldbloom? Pas docteur, excusez-moi.
M. Goldbloom: Docteur.. Ma grand-mère a toujours voulu que
je sois médecin, mais...
M. Chevrette: Votre père aussi, sans doute.
M. Goldbloom: Oui. Le premier en trois générations
qui ne l'est pas.
M. Chevrette: C'est un lapsus, parce que j'ai été
habitué de même La première fois que je suis entré
en Chambre, c'est à votre père que j'ai fait face. Comment voulez
décentraliser et établir des budgets pour des gens sur
l'île de Montréal? Prenons l'île de Montréal, on a
deux CSS. À supposer que le ministre décide - trois CSS,
excusez-moi - de décentraliser...
Une voix:...
M. Goldbloom: Je pense que les gens en arrière de
moi...
M. Chevrette: II y a des gens en arrière de vous qui ont
déjà eu une réponse favorable du ministre qui a
précédé. D'accord? Ce que je veux vous dire, c'est:
Comment voulez-vous décentraliser les sommes d'argent - c'est la
question que je vous pose - pour que ce soit équitable si on n'y va pas
par un per capita? Et si on y allait par un per capita. Et si on y allait par
un per capita, ce serait catastrophique dans votre cas, à moins que je
ne m'abuse, à moins que je ne comprenne plus ou que ça ait
tellement changé. Si vous étiez budgétisé de la
même façon que MM, vous ne seriez pas capables de donner des
services. Est-ce que je me trompe?
M. Goldbloom: Je pense que vous vous trompez.
M. Chevrette: Je me trompe?
M. Goldbloom: Je crois bien. Je n'ai pas eu l'occasion
d'étudier toutes ces choses autant en détail que vous, mais ce
que je peux vous signaler, M. le député, c'est qu'à la
dernière réunion du conseil d'administration de Ville-Marie j'ai
eu la triste tâche de couper presque 900 000 000 $, 900 000 $, pardon,
900 000 $...
M. Chevrette: Oui. J'étais pour dire: ne gobez pas le
ministère. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Goldbloom: Oui, O.K., 900 000 $ dans notre budget, ce qui a eu
comme impact qu'on a été obligés de retirer certains
services des hôpitaux à longue durée, de retirer des
services qui ont été donnés depuis des
générations aux personnes incarcérées. Ville-Marie
vit le problème que vivent toutes les institutions, celui de vivre avec
pas assez d'argent. Donc, je ne pense pas que vous ayez raison. Nous avons le
défi de gérer les fonds publics qui nous sont accordés et
je n'ai pas peur de participer, avec le ministère, à un processus
pour examiner les différentes façons de subventionner les CSS
à Montréal.
M. Chevrette: A mon point de vue, la question que le ministre
vous a posée, vous l'avez esquivée. J'aimerais vous la reposer
sous un angle différent. Vous êtes quasi aussi habile
que votre père. La question, je vous la repose de la façon
suivante. Si les CLSC sont plus près du monde, parce qu'il y a un
découpage territorial, bien identifié, c'est tout proche des
populations, est-ce que vous ne croyez pas, en ce qui regarde... parce qu'on
veut toujours... on est axé sur la personne, on veut la garder dans son
milieu le plus naturel, le plus immédiat possible, comment pouvez-vous
rivaliser - je dis rivaliser mais pas dans le sens péjoratif - rivaliser
avec un CSS, un CLSC, dis-je, qui, lui, veut garder la personne le plus
près de son propre milieu naturel alors que vous autres, vous vous
battez pour une territorialité beaucoup plus vaste, beaucoup plus
grande?
M. Goldbloom: Allez-y, monsieur.
M. Walker: Je peux répondre à ça, M. le
député. Je n'ai pas dit que ce n'est pas possible d'avoir des
familles d'accueil sur tout le territoire d'un CLSC, j'ai dit, tantôt,
qu'il me semble que c'est un service très spécialisé qui
relève du mandat du CSS. Il y a une expertise là-dedans. Une
chose qui est très importante, c'est un aspect de "quality control",
l'assurance d'un contrôle des services, par l'entremise de standards
appliqués aux régions par notre service professionnel. Je pense
qu'on peut atteindre la complémentarité avec le CLSC, avec des
lignes étroites, parce qu'on travaille maintenant avec les CLSC
très étroitement, avec le maintien à domicile, surtout sur
d'autres programmes aussi, famille-enfance. Mais je pense que, si le
ministère décide de transférer le mandat dans un programme
régional spécialisé au CLSC, ça rend confus le
mandat du CLSC, qui est supposé donner des services courants, dans mon
optique et selon l'optique du ministère. Les services de placement,
d'hébergement, ce sont des services à long terme avec des
personnes très lourdes.
Le Président (M. Messier): Un mot de remerciement, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, je m'excuse, on n'a pas le temps, une
demi-heure c'est trop court. Mille mercis.
Le Président (M. Messier): M. le ministre
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous remercier et
regretter que nous n'ayons pas plus de temps pour discuter du sous-financement.
Je pense qu'on aurait des échanges assez intéressants
là-dessus, à la fois au niveau des CSS et aussi des centres
hospitaliers ou de certains établissements. Je ne partage pas ce
point de vue mais, évidemment, ça prendrait des échanges
pour être capables d'en arriver à un consensus, et je vous
comprends. Donc, c'est un dossier qui est ouvert et qui fera l'objet,
certainement, d'échanges additionnels dans les semaines et les mois qui
viennent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Au nom de là commission
je vous remercie, et des salutations toutes particulières à votre
père. Nous suspendons les travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 5)
Le Président (M. Messier): J'aimerais souhaiter la
bienvenue au Comité de coordination des établissements publics
juifs, Services communautaires juifs de Montréal. Nous allons
débuter nos travaux. M. Sirros, le ministre
délégué, va, après votre échange... On a
prévu quoi? une demi-heure; ça veut dire peut-être 10
minutes d'intervention et, après ça, il va y avoir échange
autant pour le parti ministériel...
M. Sirros: Je pense qu'il y a un arrangement pour aller
jusqu'à 40, 45 minutes.
Une voix: Un arrangement pour une prolongation de 15 minutes.
Le Président (M. Messier): Suspension des travaux pour
quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 6)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Messier): C'est 15 minutes d'intervention
et, après ça, il va y avoir échange pour le temps qui sera
alloué pour le restant. Je demanderais possiblement à la
présidente, Mme Sigman, de présenter les gens qui sont avec elle
et de commencer.
Comité de coordination des
établissements
publics juifs - Services communautaires
juifs de Montréal
Mme Sigman (Maxine): Bon, merci. Je suis Maxine Sigman,
présidente des Services communautaires juifs de Montréal,
l'organe représentatif des organisations de la communauté juive
de Montréal J'ai avec moi, aujourd'hui, un groupe représentant
les dirigeants bénévoles et professionnels de notre
communauté. Je vous les présente: Avrum Orenstein, membre du
conseil des fiduciaires des Services communautaires juifs de Montréal et
porte-parole officiel pour le Comité de coordination des
établissements publics juifs; Jacques Hendlisz, directeur
général de l'Hôpital juif de réadaptation et
président du Regroupement des établissements publics juifs;
Léon Ouaknine, directeur général du Centre des services
sociaux juifs à la famille, ainsi que de
l'institut Baron de Hirsch des Services juifs, le président,
Alain Benitah, la présidente Bella Kaplan; Raphael Assor, directeur des
relations gouvernementales des Services communautaires juifs de
Montréal; John Fishel, directeur général des Services
communautaires juifs de Montréal; Jacques Shore et Jack Jedwab
représentant le Congrès juif canadien, région du
Québec; Mel Simak, directeur général du Centre hospitalier
juif de l'Espérance; Archie Deskin, directeur général de
l'Hôpital général juif de Montréal.
Les Services communautaires juifs de Montréal consistent en une
fédération de 18 organisations constituantes, qui offre un
éventail de services dans les domaines de la santé, de
l'éducation, des services sociaux et des loisirs à environ 95 000
membres de notre communauté juive de Montréal. Au cours des 73
ans de notre existence, nous avons élaboré une approche
coordonnée en vue de repondre aux besoins de tous les membres de notre
communauté par la distribution de services de soins de haute
qualité.
Notre communauté est d'une grande diversite. Conscients de cette
diversité, nous avons conçu nos établissements
communautaires d'après le concept du pluralisme Nous partageons une
religion commune, le judaïsme. Au point de vue linguistique, nous incluons
des francophones, des anglophones et des allophones. Certains parmi nous sont
nés en Europe et d'autres en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient.
Beaucoup parmi nous sont établis au Québec depuis plusieurs
générations. En ce qui concerne la démographie, nous avons
des responsabilités à assumer pour une proportion
extrêmement élevée de personnes âgées
relativement à d'autres collectivités au sein de la province de
Québec. 20 % de notre population est au seuil de la pauvreté.
Chaque année, nos organisations communautaires mobilisent des
dizaines de milliers de volontaires parmi nos résidents juifs, qui
participent bénévolement aux activités
d'élaboration de politiques, de planification et de distribution de
services, ainsi qu'aux levées de fonds en vue de compléter les
ressources provenant du gouvernement.
Les Services communautaires juifs, de Montréal ont
développé un mécanisme de planification hautement
sophistiqué afin de déceler les besoins et les lacunes pouvant
surgir dans les services. Ces efforts sont coordonnés avec d'autres
organismes tels que Centraide, le DSC Sainte-Justine et le conseil
régional.
Le Comité de coordination des établissements publics
juifs, qui regroupe tous les établissements juifs, est un important
élément dans ce processus. Il comprend également des
représentants-clés de notre réseau communautaire.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de nous présenter devant
cette commission ce soir, afin de partager nos idées avec vous. Nous
avons un mémoire supplémentaire que nous avons distribué
Je donne maintenant la parole à M. Avrum Orenstein qui s'adressera
à vous au nom de la communauté juive et du Comité de
coordination des établissements publics juifs.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme Sigman.
M. Orenstein (Avrum): Je pense que c'est important d'expliquer un
peu plus le mode de fonctionnement de notre communauté, l'interaction
des établissements publics avec les établissements
communautaires, y compris les centres de loisirs. Nous avons réussi
à capitaliser le dynamisme communautaire dans nos établissements
pour le bénéfice des clients de nos établissements. Je
voudrais indiquer tout de suite que, quand je parle de clients de nos
établissements, cela ne se limite pas uniquement à la
communauté juive. Au CSSJF, par exemple, environ 30 % à 35 % des
clients sont non juifs et, peut être peut-on me corriger, 25 % de nos
travailleurs ne sont pas juifs L'Hôpital général juif, le
Centre hospitalier juif de l'Espérance et les autres
établissements servent une communauté multiethnique Nous sommes
un leader dans le domaine de l'accès culturel.
Nous réalisons effectivement que l'avant-projet de loi fut
rédigé en vue de régler des problèmes réels
et d'actualité Je dois dire au début que nous acceptons les
principes énoncés aux articles 2 et 3 de l'avant-projet de loi.
Nous acceptons sans hésitation la nécessité d'examiner et
de réexaminer les structures et les modes de livraison de services. Nous
appuyons les tentatives en vue d'améliorer la santé des
Québécois et nous reconnaissons que la solution n'est pas
nécessairement d'ajouter des millions de dollars additionnels Le
principe de responsabilité fiscale et l'utilisation rationnelle des
ressources sont facilement acceptables à la communauté juive qui
exige cette même responsabilité fiscale de ses
établissements. Mais nous suggérons qu'il arrive parfois
qu'à vouloir trop embrasser on en arrive à des situations non
désirables.
Vu que nous sommes limités par le temps, nous utiliserons les
quelques minutes qui nous sont accordées pour expliquer notre
réseau d'établissements, auquel les établissements publics
sont intégrés, et pour donner quelques commentaires sur
lavant-projet de loi, que nous vous suggérons afin qu'il soit
amendé. Nos commentaires seront limitatifs et toucheront, pour la
plupart, à des amendements suggérés qui affecteront notre
communauté.
Avant de parler de notre communauté, à la page 6 de ce que
nous avons distribué, nous avons ajouté une annexe avec la liste
des établissements du réseau juif. Je me permets de demander
à ce comité de simplement voir la liste qui prévoit
l'Association de l'âge d'or, l'Association des centres communautaires
juifs, l'Associa-
tion des écoles juives, le Baron de Hirsch. Il y a là
environ 20 ou 25 différents organismes communautaires.
Pour la communauté juive, les établissements tels
que l'Hôpital général juif, l'hôpital Maïmonide,
le Centre de réhabilitation juif font partie intégrante de notre
communauté Ces mêmes établissements forment une partie du
réseau juif. La destruction de notre réseau aura pour effet de
désorganiser notre communauté et d'en affecter une partie
importante Une telle destruction sera désavantageuse pour tout le
système de services de santé.
Notre communauté appuie nos établissements. Nous avons une
participation locale, une autonomie de gestion, des services requis par les
bénéficiaires et le tout dans le cadre des politiques du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Le moyen de
persévérer dans l'engagement de la communauté, nous
l'avons par le biais des corporations qui maintiennent les
établissements, les fondations et les sociétés
bénévoles de notre réseau. Au soin do notre
communauté, les corporations ne sont pas seulement des
propriétaires d'immeubles ou des vestiges d'une époque
révolue Elles sont elles-mêmes des associations
bénévoles ayant plus de 40 000 contribuables et
bénévoles. Ces services appuient la recherche médicale,
lancent des projets-pilotes et rendent de multiples services, y compris les
campagnes pour collecter de l'argent en vue de la construction des
installations adéquates.
Il y a une coordination étroite entre les établissements
publics et ceux de la communauté juive pour suppléer ou
complementer les services rendus, par exemple, l'institut Baron de Hirsch, dont
le président est ici ce soir, qui aide au placement et au soutien des
personnes âgées dans des centres privés d'accueil, ou
offrir des services sociaux dans les écoles juives, ou offrir des
services sociaux à des famillles ou à l'individu. Il y a les
services de soutien à des personnes âgées, qui aident
à la coordination et fournissent également de l'aide aux
personnes âgées pour leur permettre de vivre décemment et
d'une manière autonome dans leur propre domicile. Il y a aussi des
centres de l'âge d'or qui prévoient des activités pour les
personnes âgées, les résidences Caldwell qui fournissent
l'hébergement à loyer modique pour les personnes
âgées, des synagogues formant des groupes pour venir en aide aux
personnes âgées et un conseil pour les personnes
âgées, auquel Maxine Sigman a fait référence, afin
d'aider à la coordination des services et afin d'identifier les lacunes
dans cos services et d'y remédier.
En ce qui concerne les enfants et les vieux, nous avons le camp B'nai
Brith pour les vacances d'été, un centre de loisirs tel que le Y,
un centre de vocation, d'orientation et de formation, une bibliothèque
organisant des programmes spéciaux. Nous avons des programmes inter-
générations pour les personnes âgées et les enfants
Nous avons des services pour les immigrants et, face à une
réalité malheureuse, un cimetière et l'enterrement gratuit
des indigents, ainsi que l'entretien des tombes. Pour appuyer un tel
système, comme je l'ai déjà mentionné, nous
utilisons plus de 40 000 contribuables et bénévoles.
Il va sans dire que ce réseau est des plus enracinés dans
la communauté. Ce réseau forme une partie du réseau
québécois. Il y a une intégration et une coordination avec
le reste du système québécois, tout en assurant un respect
total pour l'accès aux communautés culturelles dans un milieu
montréalais et québécois. Nous pouvons fournir des
services dans les langues multiples au (CSSJF, par exemple, 14 langues). Nous
participons, avec le DSC et d'autres organismes, à assurer le service
à la clientèle. Nous répondons aux besoins de nos clients
sans égard à leur origine ethnique. Récemment, nous avons
été impliqués dans un projet du CSS de la Baie James et du
CSS de Laurentides-Lanaudière. J'ajouterai ici, entre
parenthèses, que les services sociaux offerts par le CSS juif à
l'ensemble de la communauté sont prodigués à un coût
moindre que la moyenne provinciale.
Au niveau des priorités, nous sommes d'avis que nos
priorités sont les mêmes que celles du gouvernement, à
savoir les personnes âgées et la jeunesse.
Au sujet de l'avant-projet de loi, les conseils d'administration
unifiés, nous sommes au courant qu'apparemment c'était
retiré. Mais notre suggestion reste toujours ouverte aux discussions
parce que nous suggérons plutôt des regroupements volontaires du
genre de ceux de la communauté juive, tel que le JPECC, que je
représente ce soir. C'est un regroupement volontaire dont chaque
établissement a des représentants et qui assure une coordination,
et un but commun.
En ce qui concerne les nominations aux conseils d'administration, nous
réitérons notre position que chaque corporation
propriétaire ait le droit de nommer à son conseil
d'administration trois membres. Pour capitaliser le dynamisme communautaire,
ces personnes doivent avoir une entrée absolument directe dans la
gestion de l'établissement. C'est un élément-clé
absolument essentiel pour sauvegarder la participation communautaire
Au sujet de la régie régionale, nous devons avouer que
nous sommes un peu inquiets. Nous sommes favorables à une
véritable décentralisation, mais seulement dans la mesure
où elle s'accompagne d'une imputabilité, d'un droit d'appel, d'un
respect pour l'accès culturel et des poids et contrepoids, ce qu'on
appelle en anglais "chocks and bounces", qui est plutôt le mot.
L'impulabilité doit se faire à trois niveaux: vis-à vis du
ministre, vis-à-vis de la population et vis-à-vis des
communautés. Une procédure de révision et d'appel au
ministre doit être prévue.
La régie doit être représentative de la population
pluraliste qu'elle va servir Les communautés socioculturelles doivent
avoir une législation leur assurant un traitement égal et un
respect pour l'intégrité de leurs établissements et
communautés. À la fin, il faudra que ce soit le
bénéficiaire qui en profite.
Nous comprenons le défi de cette commission. Nous demandons une
compréhension de notre communauté et de notre réseau
fonctionnel et efficace. Nous demandons que l'intégrité de notre
réseau ne soit pas altérée par des changements et nous
offrons l'aide complète de notre communauté et ses ressources
humaines à cette commission et au ministre dans le but de trouver une
solution. En effet, ce que nous demandons, c'est le respect des articles ? et 3
de lavant-projet de loi avec lesquels nous sommas d'accord Merci, M. le
Président
Le Président (M. Messier): Merci, Me Orenstein. Je
demanderais au ministre délégué de vous poser quelques
questions.
M. Sirros: Merci, M. le Président. J'aimerais tout d'abord
accueillir les gens qui sont ici, du regroupement des établissements du
réseau juif. On doit dire que c'est assez impressionnant de voir
l'ensemble de l'intégration qui se fait entre les établissements
publics et les établissements communautaires soutenus par la
communauté, ainsi que le soutien qui est offert aux
établissements publics par la communauté.
Je cherchais, à travers votre mémoire, à voir sur
quoi je pourrais vous questionner dans le sens des inquiétudes que vous
auriez pu avoir. Je vois que vous n'exprimez pas tellement d'inquiétudes
comme telles, à partir du moment où le conseil unifié a
été abandonné.
J'aimerais revenir un peu sur toute la question de
l'accessibilité culturelle Vous mentionnez, à la page 5, que "les
communautés so cioculturelles doivent avoir une législation leur
assurant un traitement égal et un respect pour
l'intégrité, etc." J'aimerais vous entendre un peu
élaborer sur ça. Est-ce que vous voyez une législation
spécifique par rapport à l'accessibilité pour les
communautés culturelles, au delà de ce qui existe
déjà? Est-ce que vous voyez quelque chose de semblable,
vis-à vis des communautés culturelles, à ce qui existe
pour la population d'expression anglaise, dans le sens que les régies
régionales pourraient préparer des plans d'accessibilité
pour les communautés culturelles? Comment vous l'envisagez?
M. Orenstein: Je vais demander à M. Hendlisz, qui est le
président du comité, direc teur général, de
répondre et je vais ajouter, si possible
M. Hendlisz (Jacques): Nous voyons notre rôle en livrant
des services de santé et des services sociaux. Nous faisons partie de
cette distribution qui est faite partout au Québec. Ce que nous voulons,
c'est avoir aussi l'autre mandat de faire attention aux soins sociaux aussi
bien que les soins médicaux pour notre communauté juive. On est
un peu éparpillé. Bien qu'on soit plus ou moins centralisé
a Montréal, il y a des institutions à Laval, il y a des
institutions dans l'est de Montréal. Je ne veux pas dire que nous avons
un peu peur, mais ce que nous craignons un peu, c'est que nous soyons
divisés par des divisions qui seraient faites administra-tivement. Et
c'est de ça que nous avons un peu la crainte.
M. Sirros: Vous parlez vous aussi de toute la question de la
territorialité. J'imagine, à ce moment là, suivant votre
logique, qu'une division territoriale no serait pas quoique chose que vous
souhnitorio/. que ce soit au niveau d'un CSS ou d'une..., à moins que je
ne me trompe.
M. Oreinstein: Est-ce que M. Ouaknine peut répondre
à ça?
M. Ouaknine (Léon): Merci. Tout d'abord, avant de
commencer, je voudrais souhaiter bon anniversaire au ministre; j'ai appris que
c'était son anniversaire aujourd'hui. Ha, ha, ha!
Je voudrais souligner que, au niveau des responsabilités
territoriales, en ce qui concerne les CSS, notre position peut peut-être
vous surprendre, mais nous, nous acceptons une responsabilité
territoriale contrairement à ce qui a été
précisé durant la journée par d'autres organismes. Nous
désirons une responsabilité territoriale, c'est-à-dire la
responsabilité de répondre aux besoins de tous les gens qui
vivent sur un territoire donné, mais en maintenant une mission
socioculturelle, une expertise. Par exemple, s'il y a des gens qui veulent
venir chercher ces services pour des raisons d'ordre socioculturel, ils doivent
toujours avoir la possibilité de le faire. Mais la notion de
responsabilité territoriale, à mon sens, elle est vraiment
très importante, parce qu'il faut qu'il y ait une coordination entre
tous les établissements du réseau dans un territoire
donné. C'est très difficile de fonctionner sans qu'il y ait une
certaine logique à ce niveau-là. Donc, c'est la position,
vraiment, au niveau du CSS juif à la famille, là-dessus.
M. Sirros: Si je vous comprends bien, finalement, ce que vous
dites, c'est: On veut les deux. Nous voulons et une responsabilité
territoriale, tout au moins le CSS juif, à la famille, et un mandat
socioculturel. Donc...
M. Ouaknine: En fait, oui. Je vais vous donner un exemple. Ce
qu'il faut, c'est permettre aux usagers.. Parce que c'est vraiment le
bénéficiaire qui doit être l'ultime déterminant.
Il
faut que les usagers puissent avoir le choix d'aller là où
ils se sentent le plus à l'aise et, dans une région comme
Montréal, il n'y a pas de question de transport, tout est facilement
accessible. Donc, il faut qu'il y ait une responsabilité territoriale
pour la question de la coordination des ressources, mais au niveau
socioculturel...
M. Sirros: C'est là que je ne vous suis pas. Pourquoi,
dans ce cas-ci, ça prend une responsabilité territoriale pour la
coordination des ressources quand, probablement, plusieurs de vos
établissements se trouveront à l'extérieur d'un territoire
donné, de toute façon?
M. Ouaknine: Non, il y a deux choses. Je parlais ici au niveau de
la dispensation des services sociaux et je n'abordais pas la dimension
globalement, pour l'ensemble des institutions Au niveau des services sociaux,
par exemple, il est important qu'il y ait des liens étroits qui soient
établis entre les CLSC du territoire C'est très important
ça, parce que le travail doit être fait en commun. Les usagers
sont vraiment notre raison d'être Ce n'est pas juste un
établissement qui travaille avec un usager; c'est le CSS, c'est le CLSC,
c'est le centre d'accueil. Donc, au niveau de la planification, il faut qu'il y
ait cette unité. On l'a accepté, on a identifié cette
position depuis longtemps. Nous sommes tout à fait prêts à
l'assumer. En même temps, par respect pour le droit de l'usager de
choisir l'établissement, on dit que notre mission socioculturelle
s'actualise dans le respect de ce choix de l'usager.
M. Sirros: Pourriez-vous peut être élaborer un peu
plus aussi sur la coordination ou la collaboration qui peut se faire entre les
établissements comme tels qui sont associés ensemble?
Au-delà de toutes les autres divisions qui peuvent exister à
l'intérieur de l'organisation du réseau, vous avez
développé entre vous, semble-t-il, une liaison
particulière autour de la notion de l'accessibilité
socioculturelle vis-à-vis de la population juive et, si je comprends
bien ce que vous dites ici, vous dites finalement: Le nouveau projet de loi ou
la nouvelle réforme devrait venir en quelque sorte consacrer cette
possibilité dans la loi. Est-ce que je me trompe? Sinon, comment le
voyez-vous?
M. Ouaknine: je pense que c'est assez précis. ce que nous
avons demandé dans notre mémoire, c'est un peu différent
de la question d'avoir des services pour les anglophones. nous demandons aussi
le respect pour les établissements; vu que les établissements
font partie du réseau, qu'il y ait un mariage entre les services
communautaires et les établissements.
Ce que nous avons fait, nous allons essayer un peu de l'expliquer;
ça va prendre peut-être des heures, mais on va essayer dans deux
ou trois mots Comme nous avons beaucoup de bénévoles dans la
communauté et qu'effective-mont chacun de ces organismes communautaires
est lié par la voie de ces mêmes membres à des
hôpitaux, à des centres de services sociaux, il y a cette
interchangeabilité des personnes et une "dedication" de ces personnes
à un centre particulier. Entre les centres, entre les
communautés, entre les services communautaires, nous avons deux
organisations. L'une, les services communautaires juifs, dont Mme Sigman est la
présidente, fait la coordination de l'ensemble. Nous avons chaque fois
des comités pour des spécialités, par exemple, un
comité pour les affaires culturelles, pour voir ce qui se passe dans la
communauté au niveau culturel, pour voir les organisations culturelles
faire des choses qui ne sont pas répétitives et que les
réseaux vont utiliser. Même chose au nivoau des centres de
services sociaux, les hôpitaux, ceux qui sont dans les affaires
sociales.
Au niveau des affaires sociales, vous avez un comité de
coordination. L'idée de ce comité est d'avoir une coordination
des services, d'éviter une duplication dans les services,
d'éviter d'avoir trois ou quatre établissements qui offrent le
même service quand on peut le faire ensemble avec les autres. Nous avons
eu dans le passé, par exemple, un centre d'évaluation. Avec
ça, par exemple, il y a peut-être des personnes qui sont
prêtées à ce centre d'évaluation par trois ou quatre
établissements II fait le travail pour les trois ou quatre ensemble et,
avec ça, il fournit des renseignements aux trois ou quatre et cela
évite d'avoir un centre d'évaluation dans trois
établissements. Avec ça, nous étions capables de fournir
des services aux bénéficiaires au lieu d'avoir de
l'administration additionnelle. C'est là que nous avons dit, quand nous
avons lu l'avant-projet de loi, qu'effectivement ce qui était
recherché dans l'avant-projet de loi, c'est ce que nous avions
déjà dans notre communauté. Le problème, c'est que,
quand nous avons lu les énoncés de principe et après les
modalités pour les mettre en application, nous avons dit: Maintenant,
nous sommes inquiets.
Les principes, nous les acceptons et nous sommes convaincus que ce que
le ministère veut avoir, c'est précisément ce que nous
avons déjà, mais malheureusement... (20 h 30)
M. Sirros: Mais vous, vous dites: Pas de conseil unifié
sur une base territoriale, mais permettez-nous de développer nos
structures de coordination sur une base socioculturelle, finalement.
M. Orenstein: Le socioculturel, pour nous autres, c'est
important, mais ce que nous suggérons, c'est un comité de
coordination plutôt volontaire. Parce que, pour notre communauté,
nous avons trouvé, nous le pensons, la formule.
Avec ça, nous disons: Pour la balance de la communauté,
c'est trop grand d'avoir un conseil unifié. Ce qui est nécessaire
peut-être, c'est d'avoir de petits réseaux...
M. Sirros: Un mécanisme de coordination.
M. Orenstein: ...plus ou moins comme le nôtre, avec des
personnes qui sont "dedicated" à un établissement et qui
connaissent le secteur. Nous ne parlons pas des professionnels; nous parlons
des bénévoles qui travaillent dans le secteur depuis des
années et qui deviennent, après, des membres du conseil
d'administration. Ce sont des fonctionnaires, des bénévoles
professionnels.
Le Président (M. Messier): M. le ministre responsable.
M. Côté (Charlesbourg): II y a une partie de la
question que je voulais vous poser à laquelle vous avez répondu
quant à la complémentarité et ça m'apparaît
très, très bien répondu. J'en poserai peut-être une
qui se raccroche à la première. Compte tenu du fait que vous avez
effectivement une structure parapluie, avec une panoplie de services
dispensés aux bénéficiaires, qui coûtent moins cher
que la moyenne provinciale, j'ai compris que, si ça coûte moins
cher, c'est parco qu'il y a beaucoup de bénévolat
M. Orenstein: Et de coordination.
M. Côté (Charlesbourg): Et de coordination, donc
l'élimination de doubles structures Mais ça nécessite des
niveaux d'arbitrage quant aux décisions à prendre. J'imagine
qu'il ne doit pas y avoir unanimité de pensée ou une même
vision. Là, on fait appel à de la planification et à un
processus décisionnel qui doit être assez important. Lorsqu'on
pari" éventuellement de régie régionale, c'est un peu
à ce genre de structure qu'on fait appel, avec toute une panoplie de
services, d'intérêts divergents qui devront tantôt
être assis ensemble et faire des choix Comment se fait l'arbitrage,
à part serrer un poignet de temps en temps?
M. Orenstein: Dans notre communauté?
M. Côté (Charlesbourg): Oui
M. Orenstein: Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu
d'arbitrage. Nous avons de grandes décisions. Nous avons commencé
avec l'idée qu'ici tout le monde a le même but, effectivement, de
servir les bénéficiaires et d'éviter la duplication des
services. Effectivement, c'était réglable Jusqu'à
maintenant, nous avons réussi, avec un peu de pression ici et là,
mais nous avons réussi. C'est fort possible qu'un système
d'arbitrage soit nécessaire dans l'avenir.
Jusqu'à maintenant, comme je l'ai dit, notre comité de
services communautaires juifs est là depuis 73 ans. En
conséquence, c'est faisable.
M. Côté (Charlesbourg): Je trouve ça
intéressant Je prends une clientèle spécifique,
vieillissement de la population J ai appris dans mes rencontres avec vos
représentants que nous étions dans une situation où,
effectivement, vous devancez un peu l'ensemble du Québec sur le plan du
vieillissement de la population.
M. Orenstein: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un dossier quand
même extrêmement important, avec aussi à peu près les
mêmes services offerts pour les personnes âgées, que ce soit
des familles d'accueil, que ce soit des centres d'accueil d'hébergement,
ainsi de suite, le maintien à domicile aussi. Moi, j'ai toujours
pensé qu'il devait y avoir un fil conducteur du maintien à
domicile jusqu'à l'hébergement en centres hospitaliers de longue
durée. Ce n'est pas nécessairement le cas dans le réseau
francophone public, au niveau du Québec. Est-ce que chez vous il y a un
fil conducteur et qui décide de quoi? Est-ce que c'est le CSS qui a la
responsabilité du foyer où la personne est en perte d'autonomie,
en passant par la famille d'accueil, par le centre d'accueil
d'hébergement privé conventionné? Est-ce que cost sous la
responsabilité d'un seul chapeau ou s'il y a une responsabilité
partagée?
M. Orenstein: C'est la responsabilité du centre de
services sociaux juifs à la famille, avec l'aide d'autres organismes
communautaires que nous avons mis en fonction il y a deux ans, je pense, et
c'est les services juifs de soutien aux aînés de Montréal.
Ce qui a été fait, nous avons décidé, comme il y a
beaucoup d'organisations: le centre de services sociaux, les centres de
l'âge d'or, les établissements comme les hôpitaux, y inclus
leurs salles d'urgence, que nous avions besoin d'un service central qui va
faire des choses différentes. Premièrement, il va
représenter le bénéficiaire vis à-vis de tous ces
types d'établissements, dans le cas de refus de services, dans le cas
où une personne pense qu'elle doit être admise à
l'hôpital, mais a été refusée. Il a ce
rôle-là. De plus, il a le rôle d'essayer de coordonner ces
services, de voir dans... Nous l'avons mentionné avec Caldwell, il y a
des appartements à loyer modique et peut-être, il y a aussi besoin
de services. En conséquence, nous avons ajouté des services.
Léon veut ajouter des choses, je lui cède la parole.
M. Ouaknine: C'est ce qui se passe, M. le ministre Par exemple,
comme vous le savez, H y a 24 % de la population, dans la communauté
juive, qui a 65 ans et plus et, au CSS, par exemple, nous avons
travaillé, l'an dernier, avec
à peu près 8 000 personnes âgées, ce qui est
énorme, à peu près 50 % de notre clientèle Tout le
système, pour tout ce qui touche au système public, est
essentiellement coordonné par le CSS juif à la famille, mais en
collaboration étroite avec un organisme communautaire qui a
été mis en place par rapport à tous les services
complémentaires au système public.
Pour vous donner un exemple, l'État "sauve", actuellement,
beaucoup d'argent parce que, s'il fallait qu'il réponde aux besoins des
gens de la communauté tel qu'il est mandaté pour le faire
légalement, il n'y aurait pas assez de ressources. La moyenne de nos
gens en familles d'accueil est de 84 ans. Ailleurs, c'est beaucoup moindre.
Normalement, elles devraient être dans des centres d'accueil ou dans des
hôpitaux et les ressources ne sont pas là. Donc, ces services
communautaires viennent assurer une aide complémentaire et c'est la
coordination entre ces deux instances qui assure ca Malgré tout,
ça va jusqu'à un certain point et il est impossible,
évidemment, d'assumer totalement ce qu'impliquera à long terme le
phénomène grandissant du vieillissement.
Le Président (M. Messier): merci. sur ces propos fort
rassurants, je vais passer la parole au député de joliette et
porte-parole officiel en matière de santé.
M. Chevrette: Je vous remercie, M. le Président. Tout
d'abord, vous me permettrez de souligner la grande solidarité de votre
communauté; je pense que personne n'en doute au Québec. C'est
peut-être un exemple de solidarité au point de vue
communauté qu'on ne retrouve malheureusement pas dans toutes les
communautés. Vous méritez sans doute notre admiration aussi en ce
sens que c'est peut-être ce qui fait que, quand un ministre a à
décider des choses, il est ébranlé avant de se brancher,
et quel qu'il soit, de quelque formation politique qu'il soit. Je pense que,
quand on voit qu'on fait plus avec les ressources que ce que l'État
s'est fixé même comme objectif on est obligé de le
reconnaître et on dit: Chapeau! Ça fait que, de ce
côté-là, je voudrais vous féliciter, en tant que
membre de cette Assemblée nationale, pour cet exemple de
solidarité collective que vous manifestez.
Deuxième chose que je veux dire, je suis heureux que vous n'ayez
pas une approche de confrontation. C'est plutôt une approche, je dirais,
socioculturelle mais ouverte. Et c'est là-dessus que je voudrais vous
entendre un peu. Ce n'est pas exclusivement des bénéficiaires de
votre communauté et vous avez quel pourcentage de la communauté
montréalaise, ici, parmi les bénéficiaires que vous
recevez, que vous traite/?
M. Orenstein: O.K. Ça dépend de l'établis
sèment. Au CSSJF, nous avons 35 % des bénéfi ciaires; au
Jewish General, c'est plus élevé, ça peut aller entre 50 %
et 65 %. Dans un centre pour les personnes âgées, tel que
l'Hôpital Maïmonide, c'est presque zéro. Là, je dois
dire que c'est plutôt socio-culturel. Dans les autres
établissements, ça varie en proportion, mais la moyenne doit
être entre 20 % et 30 %, sauf pour le Jewish General où elle est
plus élevée. À l'Hôpital général juif,
c'est bien plus élevé.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez senti de la réticence
de la part de la communauté francophone qui va dans vos institutions ou
si vous sentez qu'il y a une grande facilité d'approche? Est ce que vous
sentez quelque réticence que ce soit?
M. Orenstein: Est-ce que je peux répondre? Sur ça,
je peux dire: Absolument pas. L'exemple que je donnerais assez vite sera
l'Hôpital Mont-Sinaï qui se trouve dans Laurentides
Lanaudière Et là, nous avons eu l'appui de nos salariés,
qui, pour la plupart, ne sont pas juifs, et des bénéficiaires,
qui, aussi, pour la plupart ne sont pas juifs. Ils se sont identifiés
à l'établissement. Je travaille avec eux et maintenant, je dois
dire qu'ils sont une partie intégrante de ces mêmes
établissements. Je ne pense pas que nous ayons des réticences.
L'Hôpital général juif est situé non loin
d'Outremont et, en conséquence, une partie de ses clients ne sont pas
juifs; ce sont des résidents d'Outremont. Mais, jusqu'à
maintenant, nous avons senti l'appui de presque tous les
bénéficiaires et des salariés de ces
établissements.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez dû conclure des ententes
de services ou des sous-contrats avec d'autres CSS de Montréal ou si
vous avez toujours réussi à vous en tirer sans sous-contrat avec
VM.
M. Ouaknine: En ce qui concerne VM, on a des contrats de services
avec les autres CSS, mais il y a un problème actuellement. Nous, on a
affirmé qu'on est prêts à assumer une responsabilité
territoriale complète, tout en maintenant cette mission, mais le CSS
même a complètement changé d'orientation et veut maintenant
nous confiner dans un mandat purement socioculturel. Je dois dire que ça
me paraît, à moi personnellement, inacceptable pour les raisons
suivantes. Ça fait 12 ans, au CSS, qu'on fait des efforts inouïs
pour s'adapter à la réalité québécoise.
Comme vous le savez, 35 % de notre clientèle en montant est non juive,
30 % de notre personnel est non juif, plus de 50 % de notre clientèle en
protection de la jeunesse est non juive. On a amené tout notre personnel
à être bilingue. On utilise 14 langues et, essentiellement, la
position stratégique de l'autre CSS dit: On va confiner le CSS juif,
à la famille à une réalité purement
socioculturelle. C'est vraiment gommer d'un coup plus de 12 ans d'adaptation et
de support à
l'évolution qu'il y a eu au Québec. Nous sommes
engagés. Nous assumons notre responsabilité de façon
très sérieuse et, au contraire, nous voulons nous ouvrir. On a
des rapports très intéressants avec tous les autres
établissements et on collabore beaucoup avec eux. Donc, je pense qu'il
faut qu'on tienne compte de cette réalité d'une institution qui
est socioculturelle, mais qui assume pleinement une responsabilité
publique et qui veut continuer à l'assumer.
Nous avons évidemment des contrats de services avec tout le
monde. Nous assumons beaucoup plus que notre part, parce que nous avons
assumé les services à toute une population non juive grandissante
dans le territoire que nous desservons, qui est le DSC Sainte Justine, sans
qu'il y ait transfert de ressources de la part des autres CSS qui
étaient normalement budgétés pour ces services.
M. Chevrette: La décentralisation telle que prévue
dans l'avant-projet vous fait-elle peur pour Montréal?
M. Hendlisz: Ça nous inquiète un peu, cette
décentralisation, parce qu'on n'est pas sûrs des mécanismes
d'imputabilité. Vous, comme ministre, êtes imputable au public.
Nous, comme centre, nous sommes imputables au public aussi. Mais ces
régies qui sont vraiment bureaucratiques, au fond c'est peut être
la nature de la bureaucratie, sont un peu vraiment protégées de
cette imputabilité et nous avons un peu peur de ce manque
d'imputabilité.
M. Chevrette: Au niveau de la décentralisation potentielle
ou possible, y compris des enveloppes de la Régie de l'assurance maladie
du Québec, est-ce que ça vous effraie?
M. Hendlisz: Disons qu'étant tous vraiment
centralisés à Montréal, ça pourrait sûrement
avoir des effets importants et majeurs sur nous, particulièrement quand
on parle des redressements qui pourraient se faire interrégionalement.
Comme nous l'avons écrit dans notre projet, nous comprenons ces
disparités interrégionales, mais nous sommes aussi très
intéressés aux disparités intrarégionales qui
existent déjà. Bien qu'on ne puisse pas être contre les
disparités qui existent interrégionalement, il faut comprendre
que Montréal, c'est différent C'est un centre urbain De la
même façon, on accuse toujours Montréal de consommer la
majorité des ressources. Je peux vous dire qu'en Ethiopie, à
Addis-Ababa, il s'en consomme plus que dans les territoires. C'est un
phénomène urbain. Alors, oui, ça pourrait avoir des effets
sur nous. (20 h 45)
M. Chevrette: Je suis content que, au moins, vous le disiez parce
que, depuis le début, tout le monde semble pour la vertu quand on le
questionne. Je ne suis pas sûr que tout le monde ait analysé les
répercussions possibles. Je suis content de voir qu'il y en a un qui est
réaliste. Je vous félicite de ce côté-là,
parce que je suis certain qu'il y en a qui ne l'ont pas vu. Il va falloir,
c'est clair, avoir des contrats de services. On ne pourra pas abolir du jour au
lendemain les centres ultraspécialisés. Il va falloir que
quelqu'un, si on décentralise les enveloppes, paie pour des contrats de
services pour faire traiter son monde, s'il a l'enveloppe budgétaire.
Ça, je ne suis pas sûr que c'est capté au complet. En tout
cas, il y en aura au moins un qui sera réaliste Je vous
félicite.
Une dernière question Est-ce que j'ai droit à une
dernière?
Le Président (M. Messier): Très rapidement,
oui.
M. Chevrette: Ma dernière question, c'est au niveau du
fonctionnement possible ou éventuel, de l'abolition éventuelle
d'une des vocations. Le ministre y a fait allusion cet après-midi avec,
je crois, VM, en ce qui regarde la santé, le secteur familles d'accueil.
Quel serait l'impact pour une communauté comme la vôtre qui a plus
qu'une dimension linguistique, qui a une dimension socioculturelle?
M. Ouaknine: Tout d'abord, je pense que la responsabilité
des familles d'accueil doit rester aux CSS, parce que c'est une
responsabilité d'ordre régional II faut un minimum de ressources
II faut une masse critique de ressources. Il n'y a rien d'illogique à ce
que ce soit les CLSC, mais on ne peut pas concevoir cela sur des unités
territoriales aussi petites; sinon, les CLSC vont recréer
eux-mêmes un mécanisme régional.
Pour ce qui nous concerne, si on abolissait cette dimension ou si on
l'éliminait, ce serait absolument dramatique, parce qu'on place
énormément de gens directement dans des familles d'accueil
Ça exige énormément d'efforts. Je ne pense pas qu'aucun
autre établissement pourrait placer le type de clientèles qu'on
place, qui sont des clientèles lourdes, qui ne devraient pas normalement
être en famille d'accueil, pour une bonne partie des nôtres. Mais,
comme il n'y a nulle part où les placer, on les place là-dedans
et on assure un support énorme à la famille d'accueil pour
qu'elle puisse maintenir ces gens-là là - bas Si, par exemple, on
nous enlevait cette responsabilité, si quelqu'un d'autre l'assumait
très bien, tant mieux, mais je ne suis pas sûr du tout que
quelqu'un soit instrumenté pour l'assumer de façon
appropriée.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup
M. Chevrette: Je voudrais continuer, mais je n'ai plus le
droit... Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): M. le ministre,
les mots de remerciement d'usage.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup Je pense que
c'est une bonne contribution Vous nous démontrez des modèles
existants qui peuvent être utilisés dans l'ensemble du
Québec Quant à l'enveloppe de la RAMQ décentralisée
évidemment, on aura compris qu'il y a per capita beaucoup plus de
médecins à Montréal qu'il n'y en a dans les régions
du Québec et que ça aussi, c'est un problème très
important auquel il faut s'attaquer. Les médecins, en règle
générale, ont compris qu'ils pouvaient travailler là
où il y a de l'argent. Finalement, au lieu de faire voyager le
bénéficiaire, on va peut-être faire voyager le
médecin. Ça serait une bonne affaire quand on met le
bénéficiaire au centre de nos préoccupations. Je comprends
qu'il y a quelques écueils qu'il faut tenter d'éviter avec une
décision comme celle-là. Merci.
Le Président (M. Messier): Merci. Au nom de la commission,
je vous remercie. J'inviterai le YMCA de Montréal à se
présenter devant la commission parlementaire.
Bonsoir, mesdames, Mme Fournier, Mme Laursen. Vous avez un
prénom, Mme Laursen, qui sonne bien pour le ministre responsable -
malheureusement, il vient juste de partir - le prénom de Sheila. Vous
n'avez pas compris? C'est une "inside joke". Parce que le ministre responsable
appuie la candidature de Mme Sheila Copps, c'est pour ça que je disais
que votre prénom sonnait très bien aux oreilles du ministre
responsable.
Vous avez...
Une voix: Ah! qu'il est flatteur!
Le Président (M. Messier): Le président a une
présence d'esprit ce soir! Vous avez une dizaine de minutes pour
présenter votre mémoire et après ça, il va y avoir
échange des deux côtés.
YMCA de Montréal
Mme Fournier (Lucie): Merci. Premièrement, je vais
présenter Mme Sheila Laursen. Elle est responsable du centre
communautaire du YMCA de Montréal, dans l'ouest de l'île. C'est un
centre qui offre des services à la jeunesse en difficulté et qui
offre des programmes de prévention du crime pour impliquer les citoyens
dans le domaine de la prévention du crime. Je voudrais mentionner que ce
qu'il y a de particulier avec ce centre-là c'est que c'est une des
seules régions qui implique les municipalités dans le processus
de planification et de décision, et dans un processus aussi
d'implication financière Mmo Laursen est aussi impliquée dans sa
communauté en tant que présidente du CLSC Lac Saint-Louis.
Je suis Lucie Fournier. Je suis responsable du département des
initiatives communautaires de justice du YMCA de Montréal. C'est un
département qui s'occupe de la jeunesse en difficulté, des
contrevenants adultes en réinsertation sociale et des programmes de
prévention du crime auprès des citoyens. Par mon poste, je
siège également à la Commission administrative de la
mésadapta-tion sociale au conseil régional à
Montréal et à un comité qui évalue des projets de
concertation entre des organismes communautaires et le réseau
public.
Je vais maintenant vous présenter un peu le YMCA de
Montréal. C'est un organisme qui a été créé
à Montréal en 1851 et qui, depuis ce temps, c'est sa
préoccupation, sa mission sociale, a toujours travaillé à
améliorer la qualité de vie des citoyens de notre
communauté. Présentement, le YMCA de Montréal oeuvre
auprès de la population la plus démunie de Montréal par le
biais de quatre grands secteurs: le développement économique,
l'aménagement urbain, les minorités ethniques et les initiatives
communautaires de justice, que je vous ai décrites tout à l'heure
qui s'occupent de prévention du crime.
Au cours des années, le YMCA de Montréal a mis sur pied
plusieurs projets conjointement avec le réseau public, et ce, afin de
répondre aux problèmes sociaux qui touchent les
communautés dans lesquelles il travaille.
Je peux vous dire que présentement on a des projets de
concertation intéressants avec le réseau public Je pense à
un projet de concertation avec la DPJ du CSS Ville-Marie, où on
travaille avec les adolescents sous la protection de la jeunesse dans un milieu
communautaire. On a également un centre jeunesse sur l'avenue du Parc et
on travaille très étroitement avec le CSS du Montréal
métropolitain, avec les citoyens de la communauté, avec le CLSC
de la communauté et les marchands de la communauté, et ce, tous
dans un concept de prévention de la délinquance. Il y a un sujet
particulier qui touche cet endroit-là et c'est la prévention de
la drogue. Je peux vous dire aussi qu'on a plusieurs projets de
prévention de la délinquance qu'on fait aussi conjointement,
tantôt avec un CSS services aux jeunes contrevenants et tantôt avec
les municipalités.
Alors, notre approche veut favoriser l'implication des citoyens afin de
les responsabiliser face aux problèmes sociaux de leur
communauté. De la même façon, on amène les
participants - ce sont les gens qui reçoivent les services: on ne les
appelle pas des usagers ni des clients, mais des participants - à se
prendre en charge, et ce, tant pour les jeunes que pour les adultes avec qui on
travaille.
On croit que les organismes communautaires ont un rôle important
à jouer dans la dispensation des services sociaux Les organismes
communautaires ont un lien direct avec les citoyens, c'est à-dire que
les citoyens sont impliqués directement dans le processus de
décision de
l'organisme et dans la dispensation des services.
Nous avons été encouragés quand nous avons eu les
orientations du ministère, qui reconnaît un rôle important
aux organismes communautaires et qui montre un désir d'impliquer
davantage les organismes communautaires dans le processus de décisions
et dans la dispensation des services sociaux. C'est en tenant compte de ces
orientations que nous aimerions partager nos commentaires à
l'égard du projet de loi. Je vais vous amener à la page 7 du
document qu'on vous a envoyé et qui présente nos trois
recommandations. Elles reflètent un peu les inquiétudes que nous
avions par rapport au projet de loi premièrement, on croit très
important que les organismes communautaires de concert avec le ministère
prennent part au processus visant à déterminer les
critères d'admissibilité et d'attribution, ainsi que les
règles budgétaires applicables, et ce, afin d'assurer une
autonomie et une flexibilité des modalités d'attribution des
subventions, deux aspects vitaux à la nature même des organismes
communautaires J'espère que, durant les questions, je pourrai
élaborer un peu sur notre expérience face aux critères
d'admissibilité et de financement qui existent présentement
Deuxièmement, le YMCA de Montréal est en désaccord
avec la clause 281 qui stipule qu'une personne ne peut être membre d'un
collège régional si elle reçoit une
rémunération de "tout autre organisme dispensant des services
reliés au domaine de la santé et des services sociaux". Les
critères d'admissibilité au collège régional
devraient permettre aux employés oeuvrant au sein des services de la
santé et des services sociaux d'y siéger même si
l'organisme en question reçoit une quelconque rémunération
du ministère, pourvu que ce dernier ne représente pas la seule
source de financement de l'organisme en question. Je peux vous donner comme
exemple l'organisme pour lequel je travaille, le YMCA de Montréal, qui
reçoit des subventions du ministère, mais c'est une minime partie
de son financement, de son budget finalement. Les intervenants ont
développé une expertise assez, en tout cas, avantageuse au niveau
de la concertation et ces gens-là, souvent, ne sont pas
rémunérés directement par le ministère. Donc ils
auraient un rôle assez important à jouer. Alors, ce serait dommage
qu'il ne puissent pas participer.
Troisièmement, le YMCA de Montréal s'oppose à la
création de conseils d'administration limités à certains
territoires. Les conseils d'administration d'établissements individuels
doivent demeurer intacts, et ce, afin d'assurer la participation des citoyens
et citoyennes sur une base directe, pertinente et malléable. La
collaboration interinstitutionnelle devrait être assurée par
l'entremise d'un mandat accordé aux directeurs des
établissements, ainsi qu'à un ou deux représentants
communautaires provenant de leur conseil, afin qu'ils siègent à
la table régionale de concertation en vue d'assurer le partage et la
complémentarité des ressources. Donc, même si on n'appuie
pas les conseils d'administration par territoire, il est évident qu'on
appuie l'idée des tables régionales. On a de l'expérience
avec ces tables-là et ça a toujours été avantageux.
Merci.
Le Président (M. Messier): On vous remercie, Mme Fournier.
Ce fut court, mais très précis Je vais demander au ministre
délégué d'intervenir. Allez-y.
M. Sirros: M. le Président, j'aurais le goût de
commencer en vous demandant: Quand est-ce que le YMCA va ouvrir une succursale
à Parc-Extension tel que souhaité par le Y, le
député de Laurier et tous les intervenants du coin, sauf,
semble-t-il, par la ville de Montréal? On va la convaincre.
Mme Fournier: En tout cas, c'est qu'on en a eu une. On fait des
choses très intéressantes sur l'avenue du Parc. C'est que les
gens ont souvent une idée du YMCA qui est traditionnelle, dans le sens
d'une bâtisse où on a de l'éducation physique, mais je sais
que vous êtes au courant de l'ouvrage qui se fait là-bas.
M. Sirros: Oui. Non, moi, je voulais prendre votre suggestion et
vous demander d'élaborer, effectivement, sur votre expérience. II
me semble que ce qu'il y a de particulier avec le Y, ici ce soir, c'est que
c'est un groupe communautaire en quelque sorte, même si c'est, d'un autre
côté, un établissement à but non lucratif
privé avec une longue tradition et une histoire. Finalement, c'est
beaucoup plus, dans mon esprit, un groupe communautaire qui travaille souvent
dans des secteurs qui touchent le domaine social surtout, en particulier avec
les jeunes. Donc, quand on lit dans l'avant-projet de loi qu'on veut associer
aussi les groupes communautaires et leur donner une place importante surtout
dans un contexte de décentralisation avec une approche par programmes,
vous vous dites que vous avez déjà eu une certaine
expérience et que vous souhaitez avoir l'occasion d'élaborer
là-dessus. Alors je vous prierais d'élaborer, effectivement.
Mme Fournier: Présentement, il y a une tendance, ou un
vouloir, à inclure les organismes communautaires dans la dispensation
des services. Ce qui se passe, c'est que les organismes communautaires par
nature sont très divers et le ministère a tendance à faire
des cases où il peut bien évaluer un organisme communautaire.
Cette case-là est souvent rigide et empêche l'organisme
communautaire de se développer et de répondre aux besoins qui se
présentent dans sa communauté d une façon qui peut
être changeable et flexible (21 heures)
Je pense aussi que les décisions qui sont prises ne le sont pas
dans une optique où l'on comprend l'intervention communautaire et je
pense que c'est important que les organismes communautaires puissent participer
à ce processus-là. On est, d'ailleurs, heureux de savoir qu'il va
y avoir la régionalisation. Notre expérience nous montre que
c'est plus facile d'établir des liens avec les gens qui sont dans votre
communauté. C'est plus facile de demander à ces gens-là de
venir visiter ce qui se passe dans le communautaire et de comprendre un peu
plus ce que le communautaire fait au niveau des services sociaux.
M. Sirros: Merci.
Le Président (M. Messier): Nous avons le
député de Nelligan qui aimerait vous poser quelques
questions.
M. Williams: Oui. Le YMCA de Montréal est bien connu et
bien impliqué dans la communauté. Il est aussi bien connu pour
son action communautaire, mais je voudrais avoir une clarification sur les deux
dernières recommandations. Il me semble que le YMCA de Montréal
dit qu'il accepte le collège régional, les conseils
d'administration des établissements publics, mais qu'il veut avoir le
statu quo pour les conseils d'administration. Il ne veut pas avoir de
changement. Ma question: Est-ce que j'ai mal interprété vos
interventions? Et, si je les ai mal interprétées, est-ce que vous
avez pensé à d'autres façons pour améliorer la
participation des groupes communautaires au niveau des conseils
d'administration dans le secteur public?
Mme Fournier: O. K. Je vais demander à Sheila de
répondre.
Mme Laursen (Sheila): Plus que le statu quo. Je pense que c'est
très important d'impliquer les citoyens dans les conseils
d'administration des établissements dans notre communauté. Je
pense qu'il y a une méthode présentement où il y a des
personnes représentant les groupes socio-économiques, aussi les
groupes volontaires, les établissements eux-mêmes et
différentes sortes de personnes qui peuvent représenter la
communauté. Je pense que c'est important d'avoir cette
représentation à chaque établissement pour s'assurer que
le conseil de cet établissement ait un lien direct avec les besoins de
la communauté locale.
Pour le collège régional, je pense que c'est une bonne
méthode de désigner différents critères pour
différentes personnes, mais cette phrase particulière qui
empêche une personne qui travaille pour un organisme communautaire qui
reçoit quelque montant d'argent du ministère, je pense que
ça c'est très "short-sighted", je ne sais pas exactement le mot.
Mais ça, c'est punitif et négatif pour la communauté en
vue d'avoir la bonne représentation aux collèges
régionaux.
Le Président (M. Messier): Si vous me promettez
d'être très court, M. le député; sinon, le temps est
déjà passé.
M. Williams: Merci. Very quickly. Would you suggest any other
ways of increasing community participation on the boards through municipal
wraps or are you, in fact, wanting more community organization on boards? How
would you address that question of if regional boards do not respond to the
issue of community accountability, what would be the YMCA of Montreal's
suggestions to improve that?
Mme Laursen: The model that I have seen that seems to work very
well, I think, is the model that is in use in the mental health sector where it
is a sort of... I guess the "comité tripartite", sort of the model one
third, one third, one third; one third community at large, one third, you know,
community, sort of group representation, and one third establishment. I think
that that provides a balance to a board as long as it is... I guess the one I
am a little bit less enthusiastic about is the community at large where you
have to ensure that the people that are coming on have an understanding of the
"réseau" and of the particular needs of the institution that they are
coming on to serve. But I do think it provides that balanced representation
which can certainly work well when it comes together as a directing "conseil"
for the establishment. And I think that kind of thing should be encouraged. I
am not sure that the method we have now, where there are recommendations put
forward and, then, selections made of nominations, is the best.
I would like to see something that is more open for the community to
participate in, such as the kind of user elections, although I think they
should be broadened. To give an example, I think you know, I am most directly
implicated - that the users of a CLSC are not just the people that have come to
use the services, but the people in the territory that that CLSC serves,
whether or not they have had the occasion of using the particular services to
that date. I think they have an interest in what that CLSC does and how it
reaches out to its community and they should be involved in the decision making
of who represents them on that board.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme Laursen. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue et porte-parole
officiel.
M. Trudel: Merci beaucoup. Bienvenue aux gens du Y de
Montréal. Effectivement, on gagne à connaître votre
organisme. On a souvent une
image stéréotypée d'une boîte qui ne fait que
des activités de conditionnement physique. C'est beaucoup plus que cela,
pour l'avoir utilisé, peut-être moins à Montréal et
plus dans la région d'Ottawa, pendant un certain nombre d'années
Est-ce que vous pourriez m'indiquer quel est l'ordre de grandeur du budget
annuel, bon an mal an, de votre organisme à Montréal?
Mme Fournier: Le département du développement
communautaire a un budget d'environ 3 000 000 $ pour travailler dans ses quatre
secteurs d'intervention. Il comprend différents partenaires, incluant,
comme un des partenaires, le ministère, et les quatro secteurs
d'intervention que je vous ai mentionnes tout à l'heure.
M. Trudel: Là dessus, vous dites que vous êtes
subventionné pour un certain nombre de.. En fait, ce sont quasiment des
commandites de programmes que vous avez du ministère de la Santé
et des Services sociaux, jeunes contrevenants. C'est pour combien d'argent,
ça9 Combien d'argent recevez-vous du ministère, en
termes de subvention, à titre d'organisme communautaire?
Mme Fournier: 200 000 $, y compris les organismes orienteurs. On
a trois organismes orienteurs qui sont subventionnés entièrement
par le ministère Les programmes ou on reçoit - en tout cas,
à notre opinion - une somme beaucoup trop minime, ce sont les programmes
pour la jeunesse en difficulté. Ce sont les programmes qui nous
permettent d'innover et de développer des nouvelles façons de
travailler avec la jeunesse en difficulté. C'est dans ces
programmes-là qu'on rencontre des problèmes au niveau de la
façon dont le ministère évalue l'intervention du
communautaire et, aussi, dans le respect des différents partenaires
réseau versus communautaire, au niveau de la jeunesse en
difficulté.
M. Trudel: J'ai bien compris que vous ne recevez qu'à peu
près 200 000 $ ou 300 000 $, peu importe l'ordre de grandeur, sur 3 000
000 $ pour vos activités. Le restant du financement, il vient de vos
usagers?
Mme Fournier: Non. Dans le montant que je vous ai donné,
on a deux maisons de transition où on a des adultes contrevenants en
réinsertion sociale. Donc, on a 64 ex-détenus qui sont en
résidence au YMCA de Montréal, sur la rue Stanley, et c'est un
contrat assez large avec le ministère de la Sécurité
publique On reçoit aussi des subventions de Centraide et on fait de la
levée de fonds aussi qui aide à appuyer nos efforts au niveau
communautaire
M. Trudel: Est ce que vous consacrez une grande somme...
Mme Fournier: Et les municipalités. Mon Dieu, merci,
Sheila! Ça, c'est très important.
M. Trudel: Laquelle?
Mme Fournier: Les municipalités.
M. Trudel: La ville de Montréal?
Mme Fournier: II y a huit municipalités de l'ouest de
l'île qui aident à financer nos programmes pour la jeunesse en
difficulté et il y a aussi la ville de Montréal qui contribue
à des programmes de prévention du crime. Alors, il y a beaucoup
de partenaires.
M. Trudel: Au niveau de l'aide aux organismes communautaires, je
pense que vous nous rappelez avec une écriture simple, mais combien
claire, toute la question du financement des organismes communautaires, tout ce
que ça peut poser comme problème et ce que ça veut dire
comme difficulté, en nous disant que le fait de laisser le soin à
des bureaucrates de déterminer l'admissibilité à une telle
subvention produira inévitablement des interprétations rigides et
inflexibles des critères. Des bureaucrates, ça se retrouve
à tous les niveaux, même en région. Comment pensez-vous
qu'on pourrait... Parce que vous nous avez dit tantôt, dans une
réponse au ministre délégué, que vous étiez
heureux de la régionalisation, et on ne l'a pas entendu souvent,
l'expression que vous avez employée ici, en disant: On aime mieux parler
à des gens qu'on connaît, c'est plus facile, ils peuvent nous
connaître plus facilement. Je dois vous dire que c'est une
interprétation que nous avions au départ et qu'on a eu un peu de
difficulté avec cette interprétation-là. C'est l'une des
premières fois que ça nous est affirmé comme cela. Mais
comment on va arriver, même à travers la régionalisation,
à ne pas répéter l'expérience de la
rigidité, de l'inflexibilité? Dans ces lieux, qui sont
appelés pour l'instant dans l'avant-projet de loi des régies
régionales, comment le communautaire, ce que vous faites, ne se ferait
pas happer par le rouleau compresseur du curatif et de la santé dans ces
régies régionales?
Mme Fournier: C'est notre avis que, si les régies
régionales et le ministère veulent impliquer le communautaire
pour ses forces et son expertise, ils vont lui donner une place au niveau de la
régie, c'est à-dire que, traditionnellement, on embauche des gens
qui ont une expertise au niveau du réseau public. Il faudrait regarder
si on va faire de la coordination au niveau des organismes communautaires ou si
on va, soit au niveau du personnel ou au niveau des comités, impliquer
fortement les organismes communautaires À la Commission administrative
de la mésadaptation sociale, on a présentement deux
représentants du communautaire sur peut-être 15
ou 20 membres qui sont du réseau public. Déjà
là, si on travaille en comité après ça, les deux
représentants des organismes communautaires ne peuvent pas être
sur tous les comités. Il n'y a pas assez de
représentativité. Et, étant membre de certains de ces
comités-là, c'est très important d'amener la
réalité communautaire, parce que les gens du réseau public
ne vivent pas la réalité quotidienne du communautaire, c'est
très difficile pour eux autres de comprendre c'est quoi, cette
réalité-là. Ce serait une des choses.
La deuxième des choses, c'est que ça fait du bien, des
fois, de sortir de son bureau puis d'aller visiter ce qui se passe dans le
milieu. C'est une chose qu'on fait très rarement et puis, chaque fois
que c'est fait, il y a toujours, bon, une grosse surprise dans la
qualité des services qui peuvent se passer au niveau de la
communauté. Mais je pense aussi qu'on peut observer c'est quoi qu'il
vit, le communautaire, il n'est pas riche, puis il en fait beaucoup avec ses
minimes ressources, puis je pense que ça fait du bien d'aller le visiter
de temps en temps.
Puis, la dernière chose, ce serait de continuer d'encourager la
concertation Au conseil régional, à Montréal, on a mis sur
pied une fiducie pour encourager les projets de concertation. Les organismes
communautaires et publics sont forcés de travailler en concertation, et
je dis bien le mot "forcés" parce que, présentement, c'est ce que
ça prend. C'est difficile, - c'est deux réseaux qui ont toujours
travaillé différemment, qui ne partent pas nécessairement
des mêmes philosophies d'intervention. C'est deux réseaux qui
s'affrontent et se confrontent pour savoir comment on devrait offrir un tel
service. Même si c'est difficile, c'est important qu'on continue à
encourager la concertation, parce qu'on débouche quand même sur
des pistes intéressantes.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, Mme Foumier.
Peut-être des remerciements, M. le ministre
délégué.
M. Sirros: Également, je voudrais remercier les gens du Y
et, peut-être en terminant, comme j'ai ouvert avec le souhait que le
projet du Y se réalise en termes d'implantation à la gare
Jean-Talon, je ne peux que le souhaiter davantage.
Mme Fournier: Merci.
M. Trudel: Merci beaucoup, et le ministre
délégué va en parler à son ministre pour qu'il
augmente la subvention pour permettre de le réaliser.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Sirros: C'est à la ville qu'il faut parler. (21 h
15)
Le Président (M. Messier): Au nom de la commission, on
vous remercie beaucoup de votre présentation
J'inviterais l'Institut canadien-polonais du bien être à
venir nous rencontrer. Bonsoir, mesdames et messieurs. J'inviterais M. Rawicz,
président du Congrès canadien-polonais, à présenter
le groupe. Je voudrais peut-être juste faire mention que les
députés vont être appelés pour un vote dans quelques
minutes. On va commencer la présentation, on va suspendre les travaux et
on va revenir par la suite après le vote s'il y a un vote, ce soir, mais
il devrait y en avoir un. Merci. On va entendre les cloches, ça va
sonner et tout va branler.
M. Rawicz (Georges): Dans quelques minutes?
Le Président (M. Messier): Possiblement. On l'a
prévu vers 21 h 45, mais on ne sait jamais.
Institut canadien-polonais du bien-être
inc.
M. Rawicz: D'accord Alors, permettez-moi de me présenter.
Je m'appelle Georges Rawicz, je suis président du Congrès
canadien-polonais. C'est un organisme qui, aux yeux de la loi, est le seul
autorisé à représenter la communauté polonaise au
Québec Nous représentons également 40 organisations au
Québec et 35 000 Québécois d'origine polonaise.
Je suis venu, ce soir, avec Mme Anna Brychey, directrice
générale de l'Institut canadien-polonais du bien-être, qui
va vous présenter notre mémoire; Mme Maria Motyka, membre du
conseil d'administration de l'Institut canadien-polonais du bien-être,
ainsi que M. Ireneusz Poplawski, rédacteur de La Voix
polonaise.
Comme je l'ai dit, le Congrès canadien-polonais a
été fondé en 1944, et nous représentons
officiellement la communauté polonaise et les Québécois
d'origine polonaise. Alors, je vais céder tout de suite la parole
à Mme Brychey qui va vous présenter notre mémoire.
Mme Brychey (Anna): Merci.
Le Président (M. Messier): Madame.
Mme Brychey: Au nom de l'Institut canadien polonais du
bien-être, j'ai l'honneur de vous présenter nos réflexions
sur l'avant-projet de loi. L'Institut canadien-polonais est un centre d'accueil
d'hébergement pour les personnes âgées d'origine polonaise.
Même si notre centre est situé sur la rue Bélanger à
Montréal, dans le quartier Rosemont, il a un caractère
suprarégio-nal accueillant les Polonais non seulement du district de
Maisonneuve-Rosemont, mais aussi de tous les secteurs de Montréal, ainsi
que d'autres régions de la province.
La plupart de nos 126 résidents ne parlent ni français ni
anglais. Ils ont dû quitter la
Pologne à cause des circonstances tragiques des doux cjuorros
mondiales Arrivas au Canada a l'âge adulte, ils ont travaillé dur
toute leur vie à des tâches physiques et n'ont pas eu le temps ni
les moyens d'apprendre suffisamment la langue du pays. A la fin de leurs jours,
ils retournent à leurs racines et se sentent rassurés de pouvoir
terminer leurs jours dans un milieu adapté à leurs habitudes,
moeurs et coutumes.
Notre Institut prépare dos mets polonais et suit des traditions
polonaises Grâce aux efforts et à l'enthousiasme de notre service
d'auxiliaires bénévoles, des soirées et des
activités culturelles polonaises sont organisées pour nos
résidents. Tous nos 80 employés parlent polonais, c'est
à-dire l'administration, les médecins, les infirmières, la
pharmacienne, ainsi que les employés de soutien et de maintenance. Nos
résidents peuvent vraiment trouver une satisfaction de tous leurs
besoins dans leur langue maternelle, mais, surtout, ils peuvent exprimer leurs
désirs et doléances en polonais.
Ces mêmes personnes, si elles étaient
hébergées dans un autre centre d'accueil, se trouveraient
désemparées, inquiètes et isolées au point de vue
social. La solitude de leur vieillesse deviendrait insupportable. Pour un
vieillard qui tombe malade, le fait de ne pas connaître la langue est
trop souvent une source d'inquiétude. Cela pose également des
problèmes pour l'établissement où elle est
hébergée quand le personnel ne peut pas comprendre les besoins de
cette personne, donc y répondre adéquatement, malgré ses
meilleures intentions.
Il arrive trop souvent que les Polonais qui dépassent le maximum
d'heures de soins comme critère d'admission pour notre centre d'accueil
doivent être placés dans des hôpitaux de soins
prolongés, au grand désespoir de la personne âgée,
au désespoir de sa famille et au chagrin de nous tous dans la
communauté polonaise. Pour cette raison, nous apprécions
l'intention du gouvernement de regrouper les centres d'accueil et les centres
hospitaliers de soins prolongés dans une même catégorie
d'établissements, des centres d'hébergement . et de soins de
longue durée, surtout si cela nous permettait d'admettre à
l'Institut les Polonais en grande perte d'autonomie qui ne sont pas admissibles
présentement. Nous apprécions également l'intention du
gouvernement qui vise à favoriser l'accessibilité à des
services sociaux dans leur langue pour les différentes
communautés culturelles du Québec Nous avons cependant de
sérieuses réserves quant à l'adoption de l'article 43 et
à la cons titution d'un conseil d'administration pour l'ensemble des
établissements à l'intérieur d'un CLSC donné. Le
conseil d'administration actuel de notre centre se compose de membres de la
communauté polonaise et des associations polonaises, fondateurs de notre
Institut. Notre centre a été fondé par l'effort commun de
la communauté polonaise et il faudrait que l'Institut maintienne son
propre conseil d'administration afin do n«> |>as exclure la
communauté polonaise de son administration
Afin de mieux comprendre ce caractère particulier de notre
établissement, j'aimerais présenter un bref aperçu
historique de notre Institut. L'Institut a été fondé par
six associations polonaises en 1944. D'un début modeste, l'Institut a
acquis une ferme à Knowtton dans les Cantons de l'Est et a
commencé à transformer une vieille maison en foyer d'accueil de
16 lits pour les personnes âgées. Étant consciente des
besoins croissants et toujours soucieuse d'améliorer la qualité
de vie de ces personnes âgées, la communauté polonaise a
décidé de construire un nouveau centre d'accueil à
Montréal. Le projet a été financé en grande partie
par les associations propriétaires de l'Institut, qui ont
été secondées dans leurs efforts par la population
polonaise du Québec qui a fourni l'apport financier nécessaire
pour réaliser ce projet. Mais l'implication communautaire ne se limitait
pas aux contributions financières. Notre centre ne vit pas en marge de
la communauté. Au contraire, la communauté est bien
impliquée dans les activités de notre centre. Par exemple, nos
séances d'information annuelles ont toujours une grande audience
où les gens de la communauté viennent écouter les rapports
de notre conseN d'administration sur le fonctionnement de notre centre. Notre
conseil d'administration est très proche de notre clientèle. Il
s'identifie fortement aux traditions auxquelles nos résidents sont
particulièrement attachés Par exemple, le souper traditionnel du
réveillon de Noël et le petit déjeuner du dimanche de
Pâques sont célébrés en grande famille avec nos
résidents et nos membres du conseil d'administration.
On se demande donc si un conseil d'administration général
serait capable de voir aux besoins humains, culturels, ethniques et religieux
de nos résidents de façon plus efficace que notre conseil
d'administration actuel. On se demande si un conseil d'administration
général pourrait continuer à promouvoir la même
ambiance culturelle et ethnique qui existe aujourd'hui. Avec tout notre
respect, mesdames et messieurs, nous ne le croyons pas. Nous croyons qu'il
serait irréaliste de demander à un conseil d'administration
général, en charge de l'administration de nombreux
établissements, de pouvoir administrer chaque centre d'une façon
efficace tout en jouant consciencieusement son rôle. Dans le cas de
l'Institut, nous doutons fort qu'un conseil d'administration
général n'ayant rien en commun avec la culture polonaise puisse
continuer à prodiguer le même environnement culturel et ethnique
dont bénéficient nos résidents présentement.
La communauté polonaise est fière de notre Institut et
elle a à coeur son avenir. La communauté polonaise s'est
impliquée de près dans la création de l'Institut. En lui
enlevant son conseil, l'Institut en souffrira et notre corn-
munauté se verra priver d'une institution qui lui est
chère. Pour ces raisons, nous prions donc les membres de la commission
de tenir compte dans tout projet qui vise à modifier la Loi sur les
services de santé et les services sociaux des besoins de la
communauté polonaise et de permettre à l'Institut de continuer
son oeuvre et de remplir le mandat qui nous a été confié
en 1944 par les fondateurs. Nous remercions la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale de nous avoir invités et de nous avoir
donné la possibilité de vous présenter notre
mémoire. Merci beaucoup.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme Anna. Je n'oserais
pas mentionner votre nom de famille.
Une voix: C'est comme tous les autres.
Le Président (M. Messier): Je laisserais le ministre
délégué vous poser quelques questions et, après
ça, ça va être l'Opposition officielle
M. Sirros: Merci, M. le Président. Peut-être, au
départ, j'aimerais réitérer le fait qu'effectivement la
grande crainte que vous avez par rapport au conseil d'administration
unifié, le conseil général comme vous l'appelez, a
été écartée, et il est clair qu'il n'y aura pas de
conseil d'administration unifié. Donc, beaucoup d'arguments de votre
mémoire étaient bâtis en fonction de ça. Par
exemple, la nécessité d'assurer que, comme il ne va pas y avoir
un conseil d'administration, assurons-nous, au moins, qu'il va y avoir un
directeur général qui va comprendre la culture. Mais, pour vous
rassurer d'abord, le conseil d'administration propre à
l'établissement va rester.
Une question d'information au préalable, puis j'aimerais
réitérer un certain nombre de choses. Est-ce que votre Institut
est un établissement public ou privé conventionné?
Mme Brychey: C'est public.
M. Sirros: C'est public?
Mme Brychey: Oui.
M. Sirros: C'est à 100 % financé par...
Mme Brychey: Par le gouvernement.
M. Sirros: ...le gouvernement. Mais ça a été
pris par le réseau public en 1971?
Mme Brychey: En 1966.
M. Sirros:1966.
Mme Brychey: On s'est bâti en 1966, mais ça a
été pris en 1971. Oui, c'est ça.
M. Sirros: En 1971, O.K. Parce que moi, j'aimerais peut
être plus profiter de l'occasion de vous avoir ici pour dire que je
trouve qu'effectivement l'exemple que vous avez d'un centre polonais pour des
personnes âgées est typique du besoin qu'on retrouve dans
plusieurs communautés culturelles arrivées au point où
sont les bénéficiaires dans votre centre. Et, à ma
connaissance, il y a le centre polonais, il y en a un pour la communauté
italienne, il y en aussi un au niveau de la communauté chinoise. Mais ce
sont des centres qui se sont développés un peu par hasard, ici et
là, et qui ont été mis de lavant par les
communautés concernées au départ et incorporés dans
le réseau à un moment donné, surtout au moment de la
réorganisation du réseau en 1971-1972. Et il me semble qu'on est
arrivé au point - c'est sur quoi nous travaillons, et, personnellement,
j'insiste beaucoup sur ça - où ce serait le temps d'organiser
notre réseau en fonction de ces besoins, surtout en ce qui concerne les
besoins des personnes en perte d'autonomie, des personnes âgées
qui ont besoin d'hébergement à long terme pour faciliter
l'émergence de ce genre de centre adapté socioculturellement,
parce qu'il me semble qu'il n'y a rien de plus difficile que d'envisager la
dernière partie de la vie dans un contexte où on ne comprend rien
de la culture, de la langue ou de la nourriture.
Et s'il y a d'autres communautés à qui ça peut
bénéficier, je pense que nous regarderons très
attentivement toute cette question de l'accessibilité à des
services très adaptés, surtout pour les personnes en perte
d'autonomie et les personnes âgées issues des communautés
culturelles. Alors, je voulais profiter de votre présence ici pour
souligner la nécessité qu'on facilite l'émergence de tels
genres de centres, plutôt que de les reconnaître seulement quand
ils sont là devant nous, et profiter de l'occasion pour vous dire que
c'est sur quoi on travaille.
Et, avec ça, j'entends les cloches qui sonnent, M. le
Président. C'était ce à quoi vous vous
référiez tout à l'heure.
Le Président (M. Messier): C'est bien ça. Il
faudrait peut-être... Là, on en a au moins pour 15 à 20
minutes, le temps de se présenter en haut, d'aller voter et de
redescendre.
M. Sirros: Moi, je n'ai pas de question. Pour être bien
honnête et bien franc, je n'ai pas de question, parce qu'il me semble que
votre préoccupation principale était celle des conseils
d'administration unifiés. Alors, ça étant
réglé, quant à moi, je n'aurai pas de question, si ce
n'était que souligner le bon travail que vous faites.
Le Président (M. Messier): Le député a un
commentaire à faire?
M. Trudel: C'est dans la mesure où il n'y avait que deux
réclamations et où j'allais dire, vous arrivez un peu trop tard,
mais vous arrivez à la bonne heure quand même. Le ministre avait
déjà compris, puisque ça lui a été dit 150
fois. Il aurait peut-être été bon d'ailleurs qu'on vous
soumette d'autres dimensions pour que le ministre comprenne ça plus
rapidement la dessus. Mais c'est réglé. Enfin, le ministre a dit
qu'il n'y aura pas de conseil d'administration unifie iI y avait quelque chose
comme on dehors de la réalité là dessus. Et c'est la
même chose au niveau de votre représentation quant au mandat du
directeur général.
Le ministre - je ne veux pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit - a
cependant mentionné qu'il allait réfléchir
précisément sur les mandats, la limite des mandats. Et on
comprend. Le ministre délégué vient d'expliquer
l'importance de cette relation entre la culture et la façon dont on
prend soin de nos aînés, par exemple. C'est dans ce
contexte-là que, pour un certain nombre d'institutions, ça
n'avait peut-être pas de bon sens qu'une règle
générale vienne dire: Pas plus qu'un double mandat, compte tenu
de l'expérience et de l'expertise que vous avez dans ce domaine.
N'eût été cette cloche, j'aurais aimé
commencer par dire que vous avez compris quel comté je
représente, le comté de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, pour
vous souligner que, dans ce comté, à Rouyn Noranda, il y a une
communauté de Slaves, une communauté polonaise extrêmement
active, extrêmement bien intégrée à la
communauté, à la société nordique de la
région d'Abitibi-Témiscamingue. Et je retrouvais ce soir cette
vitalité que vous avez dans votre représentation, dans ce
sentiment d'appartenance et, en même temps, d'intégration à
la société québécoise. Et notre patrimoine commun,
ne serait-ce qu'en termes de choix aussi, nous amène à partager
beaucoup de choses. Dans ce sens-là, on ne peut qu'être
très encouragés par des mouvements comme votre communauté,
dans la société québécoise. Et nul doute que les
deux réclamations fondamentales que vous portez ce soir à
l'attention du ministère et du ministre devraient recevoir une
réponse positive. Et nous espérons même qu'eu égard
à beaucoup d'autres dimensions, quand le ministre déposera le
projet de loi, suite à ces audiences, on aura au moins deux ou trois
jours de commission parlementaire pour entendre des choses
intéressantes, comme ce soir.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda -Témiscamingue. On voudrait vous
remercier sincèrement de votre présentation. Malheureusement,
nous, on va ajourner à demain, 28 mars 1990, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, à 10 heures Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 35)