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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour tout le monde. Bienvenue
à cette commission. La commission est réunie, afin de
procéder à une consultation générale et à
des auditions publiques dans le cadre de l'étude de l'avant projet de
loi, qui est la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Marois
(Taillon) sera remplacée par Mme Blackburn (Chicoutimi).
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup. Aujourd'hui, nous
entendrons le Conseil régional de la santé et des services
sociaux de L'Outaouais, le Regroupement des organismes communautaires en
santé mentale de l'Outaouais, la Résidence de l'île, le
centre hospitalier Pierre-Janet, la Centrale de l'enseignement du
Québec, l'Université Laval, le Comité mixte pour
l'établissement d'une instance régionale de la santé et
des services sociaux dans la région 11,
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Centraide Montréal, le
Réseau d'action pour une santé intégrale et, finalement,
l'Alliance des professionnels en pratiques alternatives de santé du
Québec.
Je demanderais au premier groupe, les représentants du Conseil
régional de la santé et des services sociaux de l'Outaouais, de
bien vouloir s'avancer et prendre place, s'il vous plaît.
Bonjour mesdames, bonjour messieurs. Je vous rappelle brièvement
les règles du jeu, si on peut me permettre l'expression. C'est que vous
avez une vingtaine de minutes pour nous présenter votre mémoire
et, par après, les membres des deux formations se réservent le
privilège de vous poser quelques questions. J'apprécierais si la
personne responsable du groupe pouvait se présenter et aussi les gens
qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Conseil régional de la santé et des
services sociaux de l'Outaouais
M. Guindon (Bernard): Bonjour, M. le Président. Mon nom
est Bernard Guindon. Je suis premier vice-président du conseil
d'administration du Conseil régional des services de la santé et
des services sociaux de l'Outaouais. Je suis membre élu par le
collège électoral des maires de l'Outaouais. J'excuse M.
André Dupont qui ne peut être présent aujourd'hui avec
nous. J'aime- rais, préalablement à mon allocation, vous
présenter les personnes représentant le Conseil régional
et les établissements de la région. D'abord, M. Lucien Beaumont,
qui est deuxième vice président du conseil d'administration, Mme
Géraldine Hutton, qui est directrice générale du Conseil
régional, Mme Sylvie Maltais, qui est représentante des
présidentes et présidents des conseils d'administration des
établissements de l'Outaouais, M. Marc Sénéchal,
représentant des directrices générales et directeurs
généraux des établissements de l'Outaouais.
Il me fait plaisir aujourd'hui de vous exposer la position et les
commentaires du CRSSS de l'Outaouais et de l'ensemble des établissements
de la région de l'Outaouais. D'ailleurs, dans les prochaines heures,
vous aurez l'occasion d'entendre parler de l'Outaouais et de ses
réflexions.
La région de l'Outaouais comprend principalement une
concentration urbaine, régions de Hull, Gatineau, Aylmer, et les MRC de
Pontiac, Haute-Gatineau et Papineau dans l'Ouest du Québec. On y
retrouve beaucoup de lacs magnifiques, dont un a un nom assez particulier,
c'est Meech, mais on n'a pas l'intention, ce matin, d'aborder les
particularités de ce lac.
Dans notre région, on retrouve 37 établissements de
santé et de services sociaux, 250 organismes bénévoles,
pour desservir une population de près de 260 000 personnes. Dans la
présente allocution, le Conseil régional désire mettre
l'accent sur l'un des objectifs visés par lavant-projet de loi et les
orientations gouvernementales qui le précédaient, soit le
principe de la régionalisation ou décentralisation vers les
régions.
Pour nous, la régionalisation équivaut à la
sous-régionalisation. En effet, le Conseil régional de
l'Outaouais et les établissements de la région vivent
déjà, depuis quelques années, le principe de la
régionalisation et de la sous-régionalisation. Quelques exemples
démontrent cette réalité. La planification des services en
santé mentale dans la région de l'Outaouais, la Conférence
des directeurs généraux et le Regroupement des présidents
et présidentes, le projet de rapatriement des clientèles
outaouaises qui consomment des services de santé en Ontario, les tables
sous-régionales. Dans l'Outaouais, on se concerte, on se parle et
ça marche.
Quelques mots sur la planification en santé mentale. Dans ses
orientations en matière de santé et de bien-être au
Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux
préconise que les services soient centrés d'abord sur la
personne, sur la communauté, et soient offerts
selon un partenariat élargi où l'on retrouve les
établissements et les organismes du milieu qui se concertent dans
l'action. Le Conseil régional de la santé et des services sociaux
de l'Outaouais a démontré, par le biais de l'organisation des
services en santé mentale sur son territoire, qu'il était
possible d'actualiser ses orientations quand une région obtient la marge
de manoeuvre nécessaire et quand elle s'appuie sur une approche
communautaire sous-régionalisée et lorsqu'elle préconise
l'intégration des services à partir d'une concertation
multisectorielle.
Dans le cadre de la planification en santé mentale, des contrats
de services entre le conseil régional, les établissements et les
organismes communautaires ont été conclus soit pour le
financement ou le contrôle des services, soit pour la prestation de
services dans un territoire donné ou relativement à un service
quelconque. Depuis le début de l'actualisation de cette planification,
le conseil régional procède à l'évaluation annuelle
globale de l'implantation des services en santé mentale prévus
dans la planification. Une copie de chaque évaluation est transmise au
ministère.
Abordons maintenant la question du râpa triement des
résidents de l'Outaouais qui vont se faire soigner en Ontario. Selon les
termes mômes du gouvernement du Québec, régionaliser le
réseau de la santé et des services sociaux, c'est permettre au
palier régional d'agir comme véritable maître d'oeuvre du
développement et de la gestion de services de santé et des
services sociaux de sa région. Le Conseil régional de la
santé et des services sociaux de l'Outaouais, par son projet de
rapatriement des résidents de l'Outaouais qui vont se faire soigner en
Ontario, a démontré que cette régionalisation était
non seulement avantageuse, mais rentable, tant pour la région que pour
le gouvernement du Québec. Ce projet permettait de compléter le
développement des services dans la région de l'Outaouais,
d'augmenter l'utilisation des ressources en place et de faire réaliser
des économies nettes substantielles au gouvernement du
Québec.
En termes budgétaires, le CRSSS de l'Outaouais proposait donc au
gouvernement du Québec des économies brutes de l'ordre de 35 000
000 $ par année, en deux phases. Les économies nettes,
c'est-à-dire après tous les investissements inscrits à la
phase 1, en tenant compte également du budget de fonctionnement du
centre hospitalier de Gatineau ouvert en 1983, s'établissent, pour le
gouvernement du Québec, à plus de 8 700 000 $, en 1987-1988 et en
1988-1989. Et pour la phase 2, les prévisions sont des économies
nettes de 12 000 000 $ par année, jusqu'en 1993.
De plus, le CRSSS de l'Outaouais a négocié avec le
gouvernement de l'Ontario, de concert avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux du Québec et la RAMQ, des ententes
visant au remboursement des frais médicaux reçus par des
Québécois en Ontario. Le CRSSS de l'Outaouais, avec tous ses
partenaires régionaux, a prouvé que la régionalisation
favorise l'optimalisation des ressources disponibles et fait réaliser
des économies énormes tout en permettant une meilleure
distribution des ressources.
Les deux exemples que je viens de décrire brièvement ne
visent qu'à démontrer aux membres de la commission que la
régionalisation et la sous-régionalisation sont fonctionnelles et
efficaces dans l'Outaouais.
À la suite de la publication de l'avant-projet de loi en juin
1989, le Conseil régional s'est penché sur les dispositions qui y
sont contenues et, principalement, sur la structure d'organisation
proposée pour les établissements et les régies
régionales. Le mémoire soumis contient les détails
relatifs à la mise sur pied d'un comité de travail
régional, à la préparation de réactions et de
recommandations, à la tenue d'un colloque régional et à la
tournée de consultation qui s'ensuivit.
Dans le mémoire que nous avons déposé auprès
de la commission, nous avons tenté de vous démontrer que le
Conseil régional, avec ses partenaires de la région de
l'Outaouais, a déjà adopté en 1984 des mécanismes
de consultation et de coordination qui constituent, certes, la base essentielle
au principe de régionalisation et de sous-régionalisation. C'est
principalement en raison de ce mode de fonctionnement sous-régional que
l'on identifie comme la sous-régionalisation que le CRSSS de l'Outaouais
a soumis une proposition reprenant son modèle régional de
fonctionnement et prévoyant plus de pouvoirs et fonctions aux instances
sous-régionales pour que celles-ci remplissent leur rôle
adéquatement.
En terminant, le CRSSS de l'Outaouais tient à remercier la
commission d'avoir accepté de l'entendre ce matin pour qu'il puisse
exposer ses réalisations et sa vision sur la régionalisation et
la sous-régionalisation. Nous sommes maintenant disponibles pour les
questions. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien, M.
le président. Je vais maintenant reconnaître le ministre de la
Santé et des Services sociaux, M. Côté. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très heureux de recevoir les gens de l'Outaouais qui
vivent certaines expériences particulières qu'on ne retrouve pas
dans d'autres régions du Québec. Je pense que c'est
peut-être l'occasion, ce matin, de tenter d'aller un petit peu plus loin
que nous ne l'avons fait avec d'autres CRSSS, compte tenu de la nature
môme de votre organisation et de vos structures, là-bas, en
particulier au niveau des sous-régions par rapport à la grosse
région, et, deuxièmement, quant à vos expériences
de gérer une enveloppe pour les médecins, puisqu'on a
discuté beaucoup
en commission parlementaire de transférer l'enveloppe de la RAMQ,
pas la transférer comme la régionaliser, à tout le
moins, pour permettre de régler un certain problème de
pénurie de médecins.
Il y a dans votre mémoire d'autres points qui sont
soulevés et qui sont aussi communs à ce que d'autres CRSSS ont pu
soulevé, que ce soit: conseil d'administration, manière de
nomination. Si on a le temps, on les abordera, mais je préfère
qu'on mette un petit peu plus de temps dans les expériences qui vous
sont propres et qui pourraient éclairer la commission ou le gouvernement
quant aux choix définitifs que nous aurons à prendre.
Commençons par les sous-régions. Je l'ai dit à
plusieurs reprises, je ne changerai pas d'idée demain matin même
si je reste à Québec depuis quelques années. Les
années les plus marquantes de ta vie, c'est probablement les
premières années et je les ai passées en région, en
Gaspésie, avec un phénomène où, en 1965, ie
gouvernement a décidé de créer des régions au
niveau du Québec et de désigner des capitales régionales.
Les grandes perdantes de cette décentralisation-là ont
été les sous-régions à l'intérieur d'une
région, alors que les grandes gagnantes on été les
capitales régionales.
Il y a certaines appréhensions aujourd'hui face à un
réaménagement de nos structures, en décentralisant et en
donnant du pouvoir, un pouvoir beaucoup plus important aux régions - on
va le faire, on va trouver le moyen de le faire - ce qui cause quand même
certaines inquiétudes. Est-ce qu'on part d'un pouvoir qui est à
Québec? Est-ce qu'on remet le pouvoir entre les mains d'une capitale
régionale où à peu près tout va se passer là
et que, finalement, les sous-régions des régions vont être
les parents pauvres de cette... On sait que, si vous voulez
décentraliser un fonctionnaire, vous direz à un fonctionnaire de
Québec: Demain matin, on te paie un beau billet, on te paie ton
déménagement et tu vas aller dans une région, il va tomber
malade. Bonne chance! Deuxièmement, il va dire: Oui, je suis prêt
à déménager, mais pour autant que j'aille dans la
capitale. Prenons l'exemple du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Il va dire:
Si vous m'envoyez à Rimouski, il n'y a pas de problème, si vous
m'envoyez à Gaspé, envoyez-moi donc en Afrique, ça va
être bien mieux. Et on l'a vécu dans le domaine de la
décentralisation des pêches, sous le gouvernement
précédent, où ça a été un
problème extrêmement important.
Pourquoi c'est différent chez vous? Parce que, me dit-on, il y a
effectivement une concertation plus efficace avec les sous-régions et
Dieu sait que vous avez un territoire qui est assez vaste aussi et assez
diversifié. J'aimerais vous entendre davantage là-dessus. Comment
est-ce qu'on pourrait, dans la définition du fonctionnement ou des
structures des régies régionales, s'assurer que,
véritablement, les sous-régions aient leur mot à dire dans
les décisions qui se prendront et dans les revendications pour qu'on
puisse faire équitablement ce partage des ressources qui seront
transférées éventuellement au niveau des
régies?
M. Guindon: Avant de donner la parole à Mme Hutton, je
voudrais souligner effectivement l'importance de la sous-régionalisation
dans un phénomène de régionalisation. Centraliser à
un endroit qui est Québec ou recentraliser à un autre endroit qui
pourrait être, dans notre région, Hull, c'est de la
centralisation. Évidemment, on est un petit peu moins long. Je demeure
dans une sous-région, la vallée de la Lièvre et
Petite-Nation, je veux souligner l'importance de la nécessité de
la sous-régionalisation dans notre région. Mme Hutton peut nous
présenter les mécanismes et le vécu et les
éléments importants de ce phénomène.
Mme Hutton (Géraldine): Je vais peut-être expliquer
un petit peu le dossier au niveau du plan de services en santé mentale.
Lorsque nous avons reçu un montant d'argent, en ce qui concerne les 4
300 000 $ pour la première phase d'actualisation de la santé
mentale, nous avons fait une répartition par sous-région à
ce moment-là. DÛ au fait que nous avons fait la planification,
naturellement, les règles du jeu étaient très claires,
autant au niveau des régions centrales que des régions
périphériques. Nous avons fait une allocation à ce
moment-là par population, également au niveau des questions qui
peuvent toucher les distances. On avait une pondération qui touchait la
distance et également une pondération au niveau des
inégalités en ce qui concerne certaines des sous-régions.
Par après, chacune des sous-régions a fait des suggestions sur la
manière d'organiser des services à l'intérieur de ces
sous-régions et, à la suite de ça, nous avons donné
vie à un comité régional et l'acceptation d'avancer au
niveau de la mise en marche de ces services. De plus, au niveau de certaines
sous-régions, nous avons même décentralisé des
budgets, c'est-à-dire un montant d'argent en fiducie dans un
établissement et naturellement, en consultation avec les autres
établissements, les services ont été mis en marche. C'est
un exemple.
Si vous parlez également des effectifs médicaux - je sais
que ça vous intéresse beaucoup - dans notre région, quand
nous avons fait les démarches en ce qui concerne le dossier du
rapatriement et également au niveau de notre région, il y a un
problème d'effectif qui existait au niveau de certaines de nos
sous-régions. À ce moment-là, il y a deux de nos
sous-régions qui avaient des mesures incitatives plus grandes que les
autres sous-régions en ce qui concerne les effectifs médicaux.
Ça, ce sont deux exemples qu'on peut vous donner comme ça.
M. Côté (Charlesbourg): II y a le
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est est venu présenter son mémoire et
je pense que ça a été un des éléments forts
de la commission jusqu'à maintenant, quant à l'articulation de
l'organisation d'une régie régionale éventuelle et quant
à la relation entre les différents territoires de CLSC ou de MRC
par rapport à leur importance et à la définition de leurs
besoins, s'articulant tantôt autour d'un centre hospitalier ou d'un CLSC
complémentaire à un centre d'accueil et d'hébergement, et
d'une série d'autres mesures. Ils nous ont proposé, pour chacune
des sous-régions, qu'il y ait un comité de créé
dans la loi, qui réunirait obligatoirement le D.G. et le
président du conseil d'administration de l'établissement - que ce
soit un centre d'accueil et d'hébergement, un centre hospitalier, un
CLSC ou d'autres services - qui, eux, feraient une planification au niveau de
leur sous-région et, par la suite, donc, deviendraient imputables
à leur sous-région sur le plan des choix qu'ils feraient. Par la
suite, la réunion de l'ensemble des sous-régions ferait en sorte
qu'on ait une meilleure articulation et que chacun puisse effectivement occuper
la place qu'il doit occuper à l'intérieur de la grande
région. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de vous pencher sur
cet élément-là, mais il réapparaissait
intéressant. Je ne sais pas si ce serait viable dans une région
comme la vôtre. (10 h 30)
M. Sénéchal (Marc): Si Saguenay-Lac-Saint-Jean a
utilisé ce modèle-là, peut-être qu'il l'a pris chez
nous. C'est essentiellement le modèle que nous proposons. Les tables
sous-régionales dans l'Outaouais existent déjà depuis 1983
à peu près, et ce sont les directeurs généraux qui,
depuis 1983, se rencontrent et se concertent par sous-région, de telle
sorte qu'une fois que les plans en santé mentale où d'autres
plans issus du conseil régional sont envoyés dans ces
sous-régions il y a là une concertation, où la table des
directeurs généraux avec leurs conseils d'administration
individuels, comme actuellement, décident des priorités de la
sous-région.
Ce qu'on propose, c'est d'aller un peu plus loin pour donner
véritablement un pouvoir à ces tables de concertation où
seraient réunis, bien sûr, avec le directeur général
au niveau opérationnel... Mais on voulait ajouter un pouvoir politique
par le biais du président du conseil d'administration de tous les
établissements réunis en sous-régions. Avec le directeur
général, le président du conseil d'administration
deviendrait un peu plus politique. C'est ce groupe-là, par les mandats
que nous voulons donner à ce groupe-là, qui aurait un pouvoir
décisionnel sur l'organisation des services et les priorités de
la sous-région. Et c'est, je pense, comme vous l'avez dit, l'ensemble de
ce mécanisme de concertation qui aurait une certaine rolatlon avec la
régie, ou on est probablement plus sur que lus réalités
sous- régionales auraient, au niveau de la régie, une
reconnaissance. C'est-à-dire que la régie pourrait faire les
plans régionaux; ça, c'est bien sûr. Mais la régie
pourrait laisser ce pouvoir-là de décision d'organisation des
sous-régions.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends de
votre proposition, c'est que ce n'est pas uniquement au niveau des
recommandations, mais c'est aussi un pouvoir décisionnel. Donc, on
crée un autre palier décisionnel. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Sénéchal: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ça ne vous fait pas
peur? Parce que les gens se plaignent qu'il y en a trop de paliers.
M. Sénéchal: Non, on ne pense pas parce que c'est
voulu, en tout cas, par tous les établissements de la région,
parmi lesquels on compte aussi les organismes communautaires ou les organismes
bénévoles. On ne croit pas, nous... Actuellement, les tables
sous-régionales ont un pouvoir de recommandation et sont bien
perçues par le conseil régional. Mais il s'agit là d'une
décision d'organisation des services.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, H y a,
évidemment... Ce que j'ai compris de votre intervention tantôt,
c'est que Saguenay-Lac-Saint-Jean, ils ont pris votre idée, mais ils ne
l'ont pas prise jusqu'au bout. Le fait de la rendre plus décisionnelle,
c'est probablement le moyen que vous avez de nous exprimer que vous êtes
rendus encore plus loin qu'eux autres. Il y a une particularité au
niveau de l'Outaouais, qui est aussi intéressante par rapport à
certaines décisions que nous aurons à prendre. On sait que sur le
territoire de l'île de Montréal il y a plusieurs
phénomènes dont on doit tenir compte: le phénomène
linguistique, le phénomène religieux, le phénomène
de langues et ça devient bien compliqué, à un moment
donné, de prendre des décisions uniformes pour tout le
Québec. Si je ne m'abuse, vous avez, dans l'Outaouais, 12 % à 15
% d'anglophones?
M. Guindon: Environ. Mme Hutton: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): 12 % à 15 %
d'anglophones. comment est-ce que les services à la communauté
anglophone se traitent chez vous? c'est peut-être plus évident
dans le cas de pontiac parce qu'il y a une concentration plus importante
d'anglophones, mais dans le reste?
Mme Hutton: Pour ces aspects-là, H y a également
dans la vallée do la Gatineau, une
concentration assez accrue et des services assez bien organisés
au niveau de cette population. Donc, il y a une grande partie d'anglophones
également. Quant au reste, dans plusieurs établissements, en ce
qui concerne les services spécialisés et les médecins qui
travaillent à l'intérieur des établissements et des CLSC,
il existe des services très actifs et positifs pour la population
anglophone. C'est certain que nous avons un problème, je dirais,
plutôt opposé, celui du rapatriement en ce qui concerne les
francophones qui vont aller se faire soigner à Ottawa parce qu'il n'y a
pas toujours des services bilingues à Ottawa.
Donc, je pense qu'à ce moment-ci, au niveau de la
communauté anglophone, il y a beaucoup de services. Je peux vous dire,
moi aussi, que depuis quelques années j'ai visité certains de nos
centres hospitaliers avec une partie de ma famille, et que les services aux
anglophones y sont assez adéquats.
M. Côté (Charlesbourg): Ma question ne visait pas
nécessairement les services à la communauté, mais
davantage l'intégration des préoccupations anglophones à
l'intérieur des structures et, en particulier, dans les
sous-régions ou dans la grande région de l'Outaouais.
Mme Hutton: O.K. Dans les sous-régions, c'est certain
qu'au niveau de l'implication des anglophones au sein des conseils
d'administration dans le comté de Pontiac, dans la vallée de la
Gatineau et également au niveau de la vallée de La Lièvre,
il y a des personnes issues de la communauté anglophone qui
siègent aux conseils d'administration. Ce n'est pas tout à fait
vrai pour les établissements dits régionaux. Il y en a certains
qui se présentent effectivement ou qui sont nommés au niveau
socio-économique également.
M. Côté (Charlesbourg): Abordons la question de la
gérance de l'enveloppe que vous avez au niveau des effectifs
médicaux. Un des points qui a évolué très
rapidement depuis un an et demi, c'est définitivement la volonté
très largement exprimée que les enveloppes de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec soient régionalisées, en
pensant qu'en les régionalisant on va régler un problème
extrêmement important de médecins en région. Donc, on va
dire: L'argent est là. Si tu veux faire 100 000 $ ou 150 000 $ et plus,
tu vas devoir aller travailler en région, parce que ton "pot", au niveau
de l'île de Montréal ou au niveau de la région de
Québec, à un moment donné, s'il est divisé par un
plus grand nombre, il va être plus petit. Donc, tu n'auras pas le choix
éventuellement.
Tous les efforts qui ont été faits jusqu'à
maintenant de prendre des mesures incitatives ou coercitives, ça a
donné des résultats, mais définitivement pas ce qu'on
attendait. Et il s'agit de voir les plans d'effectifs régionaux pour
s'apercevoir s'il y a des surplus à Montréal et à
Québec et qu'on est en situation presque désespérante dans
certaines régions et pas tout à fait en équilibre dans
d'autres.
J'aimerais ça entendre parler de votre expérience de
gérer une enveloppe pour les effectifs médicaux - parce que vous
êtes, je pense, la seule région au niveau du Québec
à vivre cette expérience-là - savoir ce que ça
donne et, d'après vous, quels seraient les résultats d'une
enveloppe de ia RAMQ régionalisée. On ne va pas jusqu'à
dire que c'est la régie régionale qui va gérer l'enveloppe
de la RAMQ, mais on dit davantage au niveau de la RAMQ: II y a 16
régions au niveau du Québec, il y a 16 budgets qui font le grand
budget et pas de transférabilité entre les régions, parce
que ce serait facile à ce moment-là de tomber dans le même
panneau où on est aujourd'hui.
Mme Hutton: Effectivement, au niveau de l'Outaouais,
naturellement, ça peut être beaucoup plus facile, parce
qu'à ce moment-ci le budget de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, en 1988-1989, était de l'ordre de 50 000 000 $ pour la
région de l'Outaouais. Donc, 37 500 000 $ pour les médecins dans
l'Outaouais, 12 000 000 $ pour payer des médecins en Ontario. De plus,
au niveau du Conseil régional, nous avons un budget de 2 000 000 $ pour
payer la différence de tarification. Donc, on ajoute 2 000 000 $
à 52 000 000 $ à ce moment-ci.
C'est certain que si on parle de la régionalisation au niveau du
budget de la Régie, personnellement, je trouve que nous avons eu des
aspects très positifs. On a 50 nouveaux médecins qui sont
arrivés depuis trois ou quatre ans. Et, en plus de ça, j'aimerais
vous dire que si vous me laissez avoir les 12 000 000 $ en Ontario, nous allons
également faire des économies d'échelle et je peux vous
expliquer exactement ce qui se passe avec le budget de 2 000 000 $ à ce
moment-ci.
Nous avons mis en marche un petit système de contrôle - je
dis un petit système de contrôle - et, lorsque les médecins
décident, soit les omnipraticiens ou les spécialistes de
l'Outaouais, de transférer des cas en Ontario parce que nous n'avons pas
de services disponibles dans l'Outaouais, il y a un numéro de
référence qui est décrété, à ce
moment-là, et le client part avec son numéro et sa carte
d'assurance-maladie, naturellement, en Ontario.
Le budget de 2 000 000 $. Depuis un an et demi, on a le budget à
ce moment-ci, et je peux vous dire que les 2 000 000 $, l'année
dernière, dû au fait que... Je pense qu'on peut dire qu'on a eu
une petite "délinquance" au niveau du Conseil du trésor. On avait
eu une acceptation par le Conseil du trésor, à savoir que si on
ne dépensait pas totalement les 2 000 000 $, et si on était
capables de sauver, par exemple,
500 000 $, on serait capables de donner cet argent-là à
nos médecins dans notre région, comme un boni pour avoir
pratiqué leur profession dans notre région et pour faire le
ressour-cement. Je peux vous dire que ça fonctionne assez bien,
merci!
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que ce sont des
mesures de performance. C'est un signal au réseau, à savoir que,
quand on parle de performance, à ce moment-là, on est capables de
performer et quand on parle de dépenser, on est capables de
dépenser. C'est ça que ça veut dire, en termes clairs.
Mme Hutton: Effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes en train de
nous dire que le corps médical a compris ça.
Mme Hutton: Le corps médical embarque complètement
là-dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'ils sont plus
raisonnables chez vous qu'ailleurs?
Mme Hutton: Je ne le sais pas. Les deux associations
médicales suivent le dossier de très près. Je pense que
ça crée également une meilleure consultation entre les
différents corps médicaux à l'intérieur de notre
région.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, le
temps qui vous était imparti, malheureusement, est terminé.
Est-ce qu'on peut passer...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je trouve plate,
c'est que quand c'est intéressant, le président nous coupe
toujours.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): Mais je suis convaincu, pour
avoir entendu les questions de mon collègue de Joliette, que ça
pourra continuer dans la même veine, sur les mêmes pistes.
Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M. le ministre, je
m'excuse du rôle ingrat que j'ai à assumer, mais je dois
maintenant reconnaître le critique de l'Opposition officielle, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Vous apprenez assez
vite, si ça peut vous flatter dans votre rôle Ingrat.
Ma question va s'adresser à Mme Hutton. La dernière fois
que vous êtes passée devant nous, je vous avais
félicitée pour la façon sans détour avec laquelle
vous répondiez aux ques- tions. Vous devez vous rappeler, vous
étiez avec la Conférence des CRSSS. Je vais vous demander la
même chose ce matin. J'ai trois ou quatre questions à vous
poser.
Mes premiers propos, étant donné que vous êtes dans
une région frontalière, vont aller sur le rapatriement des sommes
qui sont dépensées par le ministère de la Santé et
des Services sociaux dans la province voisine. Les informations du
ministère sont à l'effet qu'il se dépense au-delà
de quelque 60 000 000 $ en remboursement dans les institutions de santé
en Ontario, alors que, pour des sommes moindres, si on avait l'allure et le bon
sens de s'équiper au Québec, on pourrait donner des services aux
Québécois à moindre coût et chez nous. Est-ce vrai?
Si oui, combien? Qu'est-ce que vous êtes prêts à faire comme
CRSSS là-dessus? Quelles sont vos démarches auprès du
MSSS? Êtes-vous prêts à assumer ces responsabilités
totales et entières, et qu'est-ce qu'on vous répond au
ministère?
Mme Hutton: Pour commencer, nous sommes très prêts,
pas juste le conseil régional, mais toute la région de
l'Outaouais. Je peux vous dire, comme on l'a indiqué au niveau des
médecins, à savoir qu'ils embarquent dans le dossier, dû au
fait que les ententes ont été négociées sur une
base régionale, si on parle des établissements de notre
réseau et si on parle des politiciens, également. Je parle des
politiciens locaux et provinciaux. Au niveau de ce dossier, effectivement,
c'est 64 000 000 $ au niveau de l'Ontario. Quelle est la différence?
Oui, nous pouvons faire, à moindre coût, dans l'Outaouais, parce
que nous payons, selon des ententes négociées,
intergouvernementales, entre l'Ontario et le Québec, le coût,
presque le double per diem au niveau des hôpitaux. La moyenne, c'est 707
$ par jour que ça coûte à un client qui est soigné
en Ontario et, chez nous, c'est 385 $. C'est certain qu'au niveau de...
M. Chevrette: Dans des centres hospitaliers comparables.
Mme Hutton: Dans des centres hospitaliers assez comparables, oui.
Je parle des moyennes. Je peux vous donner la totalité.
M. Chevrette: Pour des soins de courte durée, madame?
Mme Hutton: Des soins de courte durée.
M. Chevrette: Dans ce cas-là, je vais vous arrêter
tout de suite pour clarifier ce point-là.
Mme Hutton: Oui. (10 h 45)
M. Chevrette: Pour des soins de longue durée, est-ce que
les per diem sont du simple au double aussi?
Mme Hutton: C'est plus que ça. C'est quatre fois plus
parce qu'au niveau des soins de longue durée, c'est à peu
près 125 $ par jour, dans la région, chez nous, et en Ontario il
n'y a pas de soins de longue durée pour nos clients; ils ne sont pas
décrétés "longue durée".
M. Chevrette: 707 $.
Mme Hutton: Aussi longtemps qu'ils sont dans les hôpitaux,
en Ontario, ils sont considérés comme de courte durée et
on paie le prix intergouvernemental, à ce moment-là.
M. Chevrette: 707 $ par jour. Mme Hutton: Oui. M.
Chevrette: Alouette!
Mme Hutton: Donc, nous sommes prêts, effectivement, avec le
ministère. De toute façon, au niveau de la phase 1, le dossier
est presque terminé. Nous avons eu la collaboration du ministère
et également celle du Conseil du trésor en ce qui concerne la
situation. Nous avons présenté une deuxième phase
répartie sur trois ans pour continuer la situation. Nous pouvons
continuer à mettre plus de services à l'intérieur de notre
région avec, naturellement, une économie au niveau des
dépenses de la Régie de l'assurance-maladie. Au niveau du
ministère, je pense que nous avons eu la capacité de très
bien collaborer avec eux. Au niveau de l'imputabilité, si on parle de
ça, si on peut continuer les discussions et le suivi de ces dossiers de
la même manière qu'on l'avait fait au niveau du ministère,
soit l'assistance de la région de la part du ministère et
également des décisions au niveau du Conseil du trésor, je
pense que nous pouvons continuer.
M. Chevrette: La phase 1 s'est avérée très
rentable.
Mme Hutton: La phase 1 a été rentable pour 8 300
000 $.
M. Chevrette: Bon! La phase 2... Mme Hutton: Oui.
M. Chevrette: ...les médecins disaient, au mois de
novembre - ce n'est pas si loin que ça. l'inaction du québec
démotive les médecins. j'ai ça en toutes lettres. est-ce
que l'inaction de québec est passée à l'action,
depuis?
Mme Hutton: Au niveau des médecins, c'est certain que nous
sommes présentement en attente d'une deuxième phase. C'est une
roue qui tourne très vite. C'est certain qu'au niveau du taux
d'occupation de nos centres hospitaliers, à ce moment-ci, c'est assez
accru. Il y a certaines listes d'attente qui se sont développées
comme telles. Donc, on attend également, rapidement, des
décisions au niveau de la deuxième phase.
M. Chevrette: C'est marqué dans l'Information
professionnelle, L'Actualité médicale, du 22 novembre 1989:
"Pourquoi le Québec prend-il tant de temps à investir dans
quelque chose d'aussi rentable?" On fait référence au Dr
André Gagnon. "On vient de perdre six mois, ce qui représente 18
000 000 $ que Québec doit verser à l'Ontario plutôt
qu'à sa propre économie." À ce moment-là,
c'étaient six mois, au mois de novembre - décembre, janvier,
février, mars - ça va se ramasser au niveau d'un an, donc,
presque 36 000 000 $. Est-ce qu'on vous a donné les motifs pour lesquels
ça a retardé?
Mme Hutton: Au niveau de ces aspects-là, c'est certain,
autant pour vous que pour M. Côté, qu'il y a eu une période
d'élections où certaines éléments comme le dossier
du rapatriement n'ont pas été suivis. En ces matières,
effectivement, je pense qu'il faut prouver que nous faisons des
économies comme telles et, avant que les écritures ne se fassent
officiellement au niveau du Conseil du trésor, ça peut prendre un
peu de temps.
M. Chevrette: Donc, si je résume, il pourrait y avoir une
économie de l'ordre d'à peu près 10 000 000 $, si le
Québec dotait en équipements, en construction et en
immobilisations... S'il dotait l'Outaouais québécois des
structures nécessaires, on sauverait 10 000 000 $ par année pour
desservir chez nous l'ensemble des citoyens de l'Outaouais
québécois.
Mme Hutton: Oui
M. Chevrette: Donc, c'est une question de volonté
politique.
M. Côté (Charlesbourg): De tous les temps. Si vous
aviez fait la première phase sous votre régime, on aurait pu
faire la deuxième.
M. Chevrette: On n'était pas dans une période de
prospérité économique. Vous vous êtes targués
d'avoir les remèdes à tous les maux...
M. Côté (Charlesbourg): Non. mais c'était
payant...
M. Chevrette: ...et, une fois au pouvoir, c'est toujours la faute
du PQ.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais...
M. Chevrette: Vous devez avoir hâte de gouverner un petit
peu, vous autres.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Côté (Charlesbourg):... ce n'est pas ça.
Si c'est payant aujourd'hui, c'était payant dans le temps aussi.
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Si votre principe de base,
c'est payant, donc, c'était payant.
M. Chevrette: Mais pour votre information, j'avais
commencé personnellement à négocier avec le ministre de la
Santé, là-bas, pour le passage graduel. Le sort a voulu que
ça change de bord. Il s'est présenté une équipe qui
avait les remèdes à tous les maux et qui s'assoit sur son steak
après qu'elle a les remèdes et ne fait rien.
M. Côté (Charlesbourg): Non, la phase 1 est
complétée.
M. Chevrette: La phase 1 est complétée et
très rentable, ça fait un an, et la phase 2 ne marche pas.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça Mais quant
aux médecins qui se prononcent, là..
M. Chevrette: Ah! ils ont le droit de parole! M.
Côté (Charlesbourg): Oui M. Chevrette: II faut
respecter ça.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, ils ont le droit
de parole, mais vous comme moi, vous savez que...
M. Chevrette: Et voyez-vous, je ne vous ai pas
dérangé 30 secondes dans votre questionnaire et vous êtes
en train d'empiéter sur mon temps.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez par faitement
raison.
M. Chevrette: Merci, monsieur. En résumé, je
conclus donc qu'avec une phase 2 qui serait intéressante on pourrait en
arriver à avoir au Québec, sur notre propre territoire, une
rentabilité sur le plan de la santé et des services sociaux
plutôt que de voir notre monde traverser la rivière, aller
chercher ça et payer le gros prix. Et, en particulier, pour une
population très vulnérable parce que je croyais que
c'était... Je savais que c'était du simple au double pour ce qui
est de la courte durée, mais je ne croyais pas que nos patients,
cependant, qui occupent des lits en Ontario et qui pourraient être
hospitalisés, ici, dans des CHLD, coûtent quatre fois plus et
même plus que quatre fois. Parce qu'à 125 $ par jour, quatre fois,
ça ferait 650 $; donc, c'est plus que quatre fois le prix. C'est quasi
une urgence nationale que de penser à faire quelque chose dans ce
secteur-là.
Mme Hutton: Oui. Dans le dossier du rapatriement, phase 2, nous
avons proposé la transformation de 60 lits dans les centres
d'accueil et d'hébergement en lits de soins prolongés, selon les
orientations ministérielles qui existent à ce moment-ci. C'est
certain que ça va aider beaucoup à rapatrier les
clientèles qui sont à Ottawa, en ce qui concerne les
clientèles à plus long terme.
M. Chevrette: Le 22 février 1990, vous parliez des
difficultés que vous avez avec les personnes âgées du
milieu. Je lis un paragraphe d'un... Je pense que c'est un communiqué de
presse. Ça a l'air de ça. La source: Jean-Maurice Lafond,
conseiller en communications; donc, c'est un communiqué de presse. Vous
dites au deuxième paragraphe de la page 1: "On trouve en effet une gamme
de ressources de santé et de services sociaux qui vont du maintien
à domicile jusqu'à l'hébergement et aux soins de longue
durée en centre d'accueil. Mais l'ensemble de ces ressources n'arrive
plus à suffire à la demande d'admission en soins de longue
durée en CH et aux besoins de soins et d'assistance en CA. " Vous vivez
ce problème-là en fonction de la clientèle qui est chez
vous. Mais si on ajoutait à ça la clientèle qui n'est pas
chez vous, qui est en Ontario, le problème serait-il encore pire? Ou,
est-ce que vous affirmez ça en tenant compte à la fois de la
clientèle qui va à l'extérieur du Québec et de
celle qui est chez vous?
Mme Hutton: C'est pour toute la clientèle qui est chez
nous, incluant ceux qui sont à l'extérieur du Québec
à ce moment-ci. Je pense que le phénomène, M. Chevrette,
est un phénomène qui est le même partout au niveau du
vieillissement de la population et, certainement, au niveau de... Le fait que
les conseils régionaux, depuis quelques années, via le
contrôle des admissions au niveau des centres d'accueil et
d'hébergement et également au niveau des centres hospitaliers de
longue durée... Les clientèles qu'on admet dans ces
établissements ne sont plus les clientèles qu'on avait admises
dans les années soixante-dix ou même de bonne heure en
quatre-vingt. C'est certain que nous n'avons pas eu la chance, et c'est un
petit peu ça qu'il faut rattraper... Je pense qu'avec les orientations
gouvernementales et, plus particulièrement au niveau de M.
Côté, en indiquant que les personnes âgées sont une
de ses priorités, nous allons probablement avoir la chance de
faire le rattrapage nécessaire. C'est...
M. Chevrette: L'urgence serait aux lits de soins de longue
durée, si je comprends bien...
Mme Hutton: Oui.
M. Chevrette:... à la fois pour sortir des centres
d'accueildes personnes qui commandent des soins à des coûts
astronomiques, là.
Mme Hutton: Au niveau de notre région, c'est certain que
nous pourrons proposer prochainement au ministère des solutions face
à ça. Il y en a pour notre région... Nous avons assez de
lits. C'est une question de transformation de certains lits qui sont des lits
pour les centres d'accueil et les personnes hébergées en soins
prolongés. Ça veut dire des budgets aux établissements
pour qu'ils puissent donner des services, certains équipements et
également certaines rénovations à l'intérieur de
ces établissements pour qu'on puisse donner des services accrus et
éviter que ces clients, effectivement, restent dans des centres
hospitaliers ou, lorsqu'ils sont plus malades ou qu'ils ont besoin de plus de
services, que ça ne soit pas nécessaire de les transférer
dans des centres hospitaliers comme tels.
M. Chevrette: Mais, actuellement, si vous aviez à
définir le nombre de lits de soins de longue durée qui devraient
répondre à vos besoins, ce serait combien?
Mme Hutton: Présentement, nous avons à peu
près 450 lits de soins de longue durée. Pour notre région,
on peut estimer - et je n'ai pas les informations précises - à
peu près 600 lits. Présentement, il y a à peu près
1100 lits de centres d'accueil et d'hébergement et on parle de faire
progressivement des transferts vers des lits de soins prolongés.
M. Chevrette: Mais si vous transformiez des lits de CA en soins
de longue durée, vous auriez un manque à gagner au niveau des CA.
L'enchaînement va se faire automatiquement.
Mme Hutton: À ce moment-là, vous savez, M.
Chevrette, depuis que nous avons commencé nos systèmes
régionaux d'admission, les personnes âgées
préfèrent rester à domicile ou ailleurs que dans un centre
d'accueil et d'hébergement, à ce moment-ci. C'est certain qu'avec
les services intensifs de maintien à domicile que nous avons mis sur
pied dans notre région et, également, les services de maintien
à domicile au niveau des CLSC, ainsi que certains services d'achats, un
petit peu comme on le fait avec l'Office des personnes handicapées du
Québec, l'achat de services, les personnes sont beaucoup plus
prêtes à rester à domicile qu'à entrer dans un
centre d'accueil et d'hébergement.
M. Chevrette: J'aurais une question... Je vous l'aurais
posée si vous aviez... J'aurais préféré que vous
veniez après, mais dans l'ordre, ce matin, il y a un groupe qui ya
passer tantôt, qui s'appelle la résidence de l'île, qui
présehte un mémoire dont l'objectif est de travailler en
partenariat avec le milieu; c'est une ressource du milieu. est-ce que vous avez
été appelés à vous pencher sur ce dossier?
Mme Hutton: Oui, depuis six mois, dans la région de Hull,
nous travaillons avec certains établissements dans notre région
et l'industrie privée - ça comprend la Résidence de
l'île - afin de voir à des solutions à des problèmes
spécifiques de certaines clientèles qui sont à
l'intérieur de cette résidence. C'est une résidence
presque autonome, mais il y a certains bénéficiaires qui ont
besoin de plus de services, de soins, que ce que la résidence, à
ce moment-ci, peut donner. Il y a deux façons de regarder ça.
C'est, soit par une allocation directe à des bénéficiaires
pour qu'ils puissent acheter des services ou leur donner un support en
particulier au niveau des résidences comme telles.
Au niveau de la région, c'est un petit peu la même chose
que nous avons eu dans d'autres dossiers en ce qui concerne la planification en
santé mentale et, également, d'autres ressources pour lesquelles
on a essaye de faire des projets pilotes, entre autres, Maison Morin et
Plouffe. Ce dossier est une maison de convalescence et nous avons
essayé, en collaboration avec un organisme sans but lucratif, de faire
un projet pilote qui, présentement, est en marche depuis trois ans. Si
on avance plus loin, c'est certain qu'on peut parler d'un partenariat entre le
privé et le public. Mais il y a aussi du "give-and-take"
là-dedans; donc il faut qu'il y en ait, je ne dis pas au niveau de cette
résidence en particulier, mais des résidences en
général. Si on travaille avec elles, il faut effectivement
qu'elles soient prêtes à accepter certaines règles du jeu
au niveau de la région et, également, au niveau du gouvernement,
si on parle d'argent, au niveau des bénéficiaires.
M. Chevrette: Advenant que cette ressource disparaisse du milieu,
est-ce que ça créerait un problème au CRSSS? Si ça
se transforme en une autre vocation, est-ce que ça créerait un
problème pour le CRSSS?
Mme Hutton: Au niveau de la petite région de Hull,
certains de ces clients seraient probablement admis en centre d'accueil et
d'hébergement parce que, dans cette résidence comme dans
d'autres... De toute façon, dans la région, nous avons d'autres
résidences similaires. Plusieurs de ces clients sont seuls, souvent des
femmes qui n'ont pas de support au niveau des aidants naturels, soit au niveau
des familles. Donc, c'est certain qu'on parle de placement en centre d'accueil
à ce moment-ci.
M. Chevrette: Moi, je voudrais vous remercier de la clarté
de vos réponses. Je ne vous ai pas questionnée sur la
régionalisation parce que je savais qu'on le prenait pour acquis chez
vous en particulier, et dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans l'Estrie,
où il y a une volonté plus ferme du milieu et des preuves de
concertation dans le milieu sur le plan régional. (11 heures)
II y a peut-être une dernière question. Le ministre vous
disait tantôt: Vous n'avez pas peur d'un palier additionnel de
décision? Mon point de vue dans une décentralisation, ce n'est
pas d'ajouter un palier, c'est de changer l'autorité de place. C'est
très différent dans une approche de décentralisation. Tu
ne multiplies pas les paliers de décision, tu ne fais que
déplacer les centres de décision. Et, à mon point de vue,
à ce moment-là, un milieu qui veut le faire, c'est fantastique.
Ne lâchez pas et battez-vous pour la deuxième phase, ça
urge!
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): M le ministre,
est-ce que vous voulez conclure?
M. Côté (Charlesbourg): Définitivement, M. le
Président. Évidemment, je m'excuse auprès du
député de Joliette d'être intervenu parce que, moi, mes
questions avaient porté sur la réforme. J'aurais pu en faire
porter sur la phase 2 parce que, effectivement, on a eu des rencontres. Je me
souviens avec quel brio vous nous avez présenté, en compagnie du
caucus des députés de l'Outaouais, le bilan de la première
et de l'espérance de la deuxième. Évidemment, on aurait pu
en discuter ce matin en long et en large. J'espère que, pour nous tous,
ce sont des choses qui viendront très prochainement parce qu'il y a
effectivement des économies pour le gouvernement du Québec, mais
ce n'est pas ça qui est important, c'est davantage que les gens de
l'Outaouais puissent être desservis sur leur propre territoire par des
services auxquels ils ont droit.
Merci de votre présentation et continuez d'être des
innovateurs sur le plan des solutions. C'est très rafraîchissant
quand ça vient des régions, c'a peut-être davantage de
chances que ça colle à la réalité. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien,
messieurs et mesdames les représentants. Oui, Mme Hutton.
Mme Hutton: Est-ce que je peux faire une intervention
particulière?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Une demi minute?
Mme Hutton: Est-ce que je peux faire une intervention
particulière?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Oui, oui, allez.
Mme Hutton: Une demi-minute. Quand on parle de
décentralisation de la Régie à la suite de certains
dossiers que nous avons eus au niveau de la régionalisation, je voulais
juste vous dire, M. Côté et M. Chevrette également,
peut-être si on parle de vos orientations et aussi au niveau de
lavant-projet de loi, que j'aimerais, si c'était possible, et
peut-être qu'il n'y a pas un autre groupe qui a parlé de ça
avant, que vous regardiez également la possibilité de plus de
décentralisation de la Corporation d'hébergement du
Québec, premièrement. Deuxièmement, regarder la situation
en ce qui concerne les résistances que nous avons au niveau de certaines
réglementations en ce qui concerne les constructions et les
rénovations fonctionnelles, etc. Présentement, les conseils
régionaux ont, pour le réseau hospitalier, un maximum de 1 000
000 $ que nous pouvons accorder au niveau de la région en ce qui
concerne les rénovations et 250 000 $ pour le réseau social. Les
mêmes montants existent depuis quinze ans. Peut-être qu'il
serait bon, lorsque vous ferez...
M. Côté (Charlesbourg): Que ce soit au moins
actualisé.
Mme Hutton: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Au moins
actualisé.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Très bien.
Alors, nous vous remercions, mesdames et messieurs du Conseil régional
de la santé et des services sociaux de l'Outaouais, de la
présenta tion de votre mémoire. Nous invitons maintenant le
Regroupement des organismes communautaires en santé mentale de
l'Outaouais à prendre place.
Regroupement des organismes communautaires en
santé mentale de l'Outaouais
Alors, mesdames, messieurs, M. le président ou Mme la
présidente, voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît, et
présenter les membres que vous représentez?
M. Tolszczuk (Benoit): Oui, bonjour M. le Président. Mon
nom est Benoit Tolszczuk. Je suis président du conseil d'administration
du Centre d'aide 24/7 qui est un centre d'intervention en situation de
crise.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce que vous
voulez nous présenter les membres qui vous accompagnent, s'il vous
plaît?
M. Tolszczuk: Oui. Mme Monique Cormier-
Gagnon qui représente les parents, Mme Johanne Mercure, qui est
présidente de ROCSMO, et M. Brian Leclerc, directeur du Centre d'aide
24/7.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Avant que vous ne débutiez la présentation de votre
mémoire, je voudrais vous rappeler que vous avez 30 minutes: 10 minutes
pour présenter votre mémoire et chacun des partis, de
l'Opposition et ministériel, aura 10 minutes.
M. Tolszczuk: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Ça va.
M. Tolszczuk: Nous aimerions d'abord remercier la commission de
nous avoir invités dans le cadre de ses travaux afin que nous puissions
exprimer notre point de vue. Veuillez, s'il vous plaît, accepter ces
remerciements comme venant de l'ensemble des organismes communautaires que nous
représentons ici ce matin.
Le 18 janvier dernier, le Regroupement des organismes communautaires en
santé mentale de l'Outaouais vous faisait parvenir ses propositions
à la suite de l'avant-projet de loi sur les services de santé et
les services sociaux. À cette occasion, les propositions du Regroupement
s'articulaient autour de cinq axes: la reconnaissance de la pratique
communautaire dans ce qu'elle est et dans ce qu'elle fait; le partenariat
interservices dans le respect des acquis de chacun et un esprit de
collaboration réciproque; une évaluation des niveaux
d'implantation des services avec critères établis au
préalable; un financement plus adéquat lorsque cela est
nécessaire et, finalement, une division de travail par territoire,
région et programme pour une meilleure efficacité.
L'articulation de nos demandes et de nos recommandations tablait alors
sur l'expérience outaouaise telle que vécue dans la foulée
de l'implantation des services en santé mentale. Nous voulons ce matin,
avec vous, poursuivre et préciser notre réflexion en analysant ou
en approfondissant certains aspects mentionnés dans notre mémoire
ou d'autres que nous avons cru bon de souligner ici.
Six points retiennent plus particulièrement notre attention:
l'organisation par programme; les programmes communs et mécanismes
conjoints avec les autres ressources du réseau; la collaboration avec
les établissements; notre redeva-bilité; notre
imputabilité ou "amputabilité", et la promotion et la
défense des droits. Force nous est et vous sera de constater que les
réflexions que nous vous soumettons ce matin sont teintées d'un
optimisme et d'un positivisme quelquefois évidents. Il ne faudrait pas
cependant juger cet état de fait comme de la naïveté, mais
bien plutôt comme l'aboutissement mûri d'une expé- rience
vécue et intégrée depuis plusieurs années, mais
toujours en questionnement et en devenir.
L'Outaouais, en santé mentale, par le leadership du CRSSS, a,
depuis quelques années déjà, pris le parti pris du
partenariat et c'est dans cette foulée que nous assumons que
s'inscrivent notre action et notre intervention. Dans cette optique plus large,
l'organisation par programme a favorisé pour nous une connaissance
directe de nos partenaires et des services existants, ce qui a permis
d'éviter les dédoublements des services et de cibler les lacunes
existantes. Cet exercice n'a été possible que par une
volonté commune de se concerter entre organismes communautaires et
établissements du réseau, chacun ayant à cerner,
définir et concentrer son action vers sa spécificité. Ce
travail a résulté, en définitive, à une meilleure
accessibilité dos services contres sur les besoins des personnes par la
responsabilisation de tous dans une démarche de
complémentarité et de continuité qui a obligé la
concertation en suscitant une redéfinition de l'action en termes de
qualité et de quantité.
En ce qui concerne l'actualisation de programmes ou de mécanismes
communs avec les autres ressources du réseau, cette démarche a
été plus ardue et s'est déroulée en quatre temps.
À la suite de la planification régionale des services en
santé mentale, une période marquée par la peur, le
déséquilibre des structures, l'insécurité,
l'incertitude, la lutte des pouvoirs et le manque de reconnaissance des
compétences s'est fait jour entre les organismes communautaires et les
établissements, chacun voulant protéger ses acquis, son champ de
compétence, réel ou imaginaire, et son territoire. Cette
période mouvementée a été suivie par une
période de retrait où s'est effectuée la consolidation des
structures à la suite de remises en question ainsi qu'une affirmation
commune des compétences et une acceptation de celles-ci. C'est alors que
le dépôt de la politique en santé mentale est venu
renforcer la démarche entreprise et consolider la reconnaissance des
acquis individuels et collectifs.
À la suite de cette démarche, les programmes et
mécanismes conjoints s'articulent aujourd'hui autour de protocoles
d'entente fermes avec certains partenaires du réseau, la mise sur pied
de comités de coordination administratifs et bientôt cliniques, la
libre circulation de l'information vers tous et la même information, et
le partage des connaissances, expertises et expériences par le biais de
formation et de colloques dans la philosophie de la planification
régionale.
Pour ce qui est de la collaboration avec les établissements, il
est essentiel ici de préciser que c'est à l'instigation du CRSSS,
toujours dans la foulée de la planification régionale,
aidé de partenaires d'établissements sympathiques, que s'est
établi initialement un processus de collaboration. Cette collaboration
s'est faite d'une
manière prudente et progressive et se poursuit toujours, soutenue
par une volonté commune axée vers la reconnaissance des
organismes communautaires comme partenaire égal. Concrètement,
aujourd'hui, cette collaboration se manifeste par une
représentativité des organismes communautaires à la table
des directeurs généraux d'établissements et le soutien du
CRSSS par son leadership au niveau de la formation et de l'évaluation
des services.
Ce leadership du CRSSS promeut les dialogues vrais et la transparence
dans l'action pour une meilleure communication centrée sur un
système ouvert et véridique. Il convient ici de repréciser
que toute cette démarche n'a été rendue possible que par
le leadership et la congruence dans l'action et la politique du CRSSS
vis-à-vis de son orientation de fond et ses objectifs à long
terme. Ce processus est actualisé en tenant compte de la volonté
de rendre la communauté outaouaise principale actrice dans la prise en
charge de sa santé Au travers toute notre action, nous rendons compte de
celle-ci à tous les partenaires par le biais de l'évaluation
annuelle.
Nous poser la question de notre pertinence dans le réseau, de
notre pertinence d'exister ou, en d'autres termes, de notre
"amputabilité", c'est d'abord nous poser la question de notre
spécificité: Pourquoi sommes-nous importants? Nous le sommes
parce que nous sommes petits, flexibles, souples et compétents. Nous
répondons aux besoins spécifiques des personnes dans leur
individualité, dans un rapport d'égal à égal et
dans une approche humaniste et valorisante. Nous sommes efficaces dans l'action
directe, finalement, de par notre taille, notre proximité, notre
originalité, notre accessibilité, notre globalité dans
l'approche de la personne en besoin.
Nous sommes différents et nécessaires parce que nous
servons une cause et non l'inverse. Ce qui nous distingue, c'est aussi ce qui
nous rapproche des gens que nous desservons. Souvent, nos employés
bénévoles directeurs sont ceux-là mêmes qui, un
jour, ont eu recours à des services similaires. Ce qui nous
caractérise et nous spécifie, c'est de se reconnaître
individuellement et collectivement, interdépendants dans une même
cause: celle de la personne humaine en besoin.
En terminant, je voudrais souligner que, comme regroupement des
organismes communautaires, nous faisons individuellement et collectivement la
défense et la promotion des droits, d'abord dans nos milieux respectifs,
puis par des mécanismes que nous nous sommes donnés comme ROCSMO.
Merci beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M le
Président. Je n'étais pas capable de vous suivre dans votre
texte, dans votre mémoire, mais ça n'en demeurait pas moins
très intéressant sur la description des phases par lesquelles
vous êtes passés. Ma réaction a été de me
dire: Eux autres sont passés à travers alors que ce que j'ai
compris de tous ceux qui sont venus du communautaire, il en reste un paquet
à passer à travers. Ce que j'ai compris de votre message, c'est
que chez vous c'est possible, et vous en êtes, et vous n'en avez pas
peur, des partenaires à part entière. Mais, pour être
partenaires, il faut être complémentaires.
En tout cas, c'est ce qui me frappe de votre présentation par
rapport à tout ce qu'on a entendu jusqu'à maintenant du
communautaire ou à peu près, c'est que vous n'avez pas peur,
vous, d'être absorbés par le CRSSS ou par les
établissements. Ce que j'ai compris de votre expérience, puis
dites-moi si je me trompe, c'est que ça se fait en parfaite harmonie
avec les établissements au niveau du milieu et avec le CRSSS aussi et
que c'est une expérience qui est quand même profitable. Est ce que
j'ai bien compris? (11 h 15)
M. Tolszczuk: Oui. Disons que je pourrais demander à
quelqu'un d'autre de préciser, mais ce que nous avons fait ici, c'est un
court texte reprenant globalement des années de travail. Dire que tout a
été facile et que ça s'est fait dans un climat de bonne
entente et de cordialité, ce serait tiré par les cheveux un peu.
Disons que c'est par un processus de consensus où chacun, à un
moment donné, a dû faire des concessions, qu'on en est
arrivé aujourd'hui à un fonctionnement agréable où
le CRSSS a été maître-d'oeuvre à plusieurs reprises.
Donc, ce serait un préambule à la réponse.
M. Côté (Charlesbourg): Mais vous nous avez quand
même dit, au départ, que vous n'étiez pas naïfs puis
que c'était un message optimiste. Vous avez pris soin de le dire au
départ.
M. Tolszczuk: Oui, absolument.
M. Leclerc (Brian): En fait, la démarche, c'est sûr
qu'on a rencontré des difficultés en cours de route avec certains
partenaires, certains acteurs du réseau. Au point de départ, II y
a eu une question de bonne volonté de la part des organismes
communautaires de vouloir s'impliquer dans la démarche et puis la
reconnaissance de la planification des services en santé mentale, on
reconnaissait déjà là, à partir de cette
planification, la participation des organismes communautaires.
Alors, cette participation-là a amené à ce que les
organismes communautaires soient partie prenante aux mécanismes de
décision concernant les priorités d'action. Alors, ça, c'a
commencé par l'invitation des organismes communautaires à faire
partie du comité de santé mentale de chacune des
sous-régions. À partir de cette
première concertation-là, on a pu réussir à
commencer à se parler entre établissements et organismes
communautaires.
AU point de départ, il y a eu, comme on vient de le mentionner,
des difficultés concernant à qui appartient le terrain. C'est mon
mandat, c'est ton mandat, etc. Mais, en cours de route, ii y a eu... La
planification et la politique en santé mentale ont forcé les
mentalités à vouloir passer vers l'action, donc, forcer les
établissements, dans une certaine mesure, à vouloir inclure une
ressource essentielle de la collectivité: les organismes
communautaires.
Alors, en termes d'action concrète, le Regroupement des
organismes communautaires, pour être sage dans sa démarche au sein
de cette planification-là, s'est dit: II faut qu'on se regroupe en
organisme communautaire et puis qu'on soit solidaires pour être en mesure
de systématiser l'information véhiculée dans le
réseau. Donc, on pouvait avoir la même information. Donc, à
ce moment-là, au niveau des tables, on pouvait dire notre opinion,
opinion qui était partagée, mais qui a amené une certaine
progression dans sa participation au sein de plusieurs comités. J'ai
parlé tantôt du comité de santé mentale. On peut
parler aussi de comités avec le centre hospitalier Pierre-Janet,
où on travaille en étroite collaboration avec les praticiens et
les services de support psychiatrique à la communauté, les
comités avec le Centre des services sociaux de l'Outaouais où on
travaille en étroite collaboration également avec le CHPJ,
à savoir qui fait quoi en fonction des mandats qui ont été
déterminés.
Donc, il y a eu cette volonté-là de la part des
établissements, et puis certains alliés qui reconnaissaient la
pertinence de ces organismes communautaires là, les alliés
provenant des établissements. A ce moment-là, ça a
facilité cette démarche-là. Et puis quand on parle
d'alliés, on parle d'alliés au niveau du CRSSS, puis on parle
d'alliés au niveau des établissements, puis on parle
d'alliés au niveau du public, de la communauté
elle-même.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si je comprends, vous
avez passé des phases extrêmement difficiles de questionnement,
à savoir où est le champ de l'un et de l'autre, comme vous l'avez
si bien décrit tantôt, et de conflits de personnalités,
j'imagine aussi, mais c'est véritablement la politique de santé
mentale qui a rassemblé tout le monde, parce qu'il y avait une
politique.
M. Leclerc (Brian): La politique est venue par la suite. Disons
que la planification régionale des services en santé mentale de
l'Outaouais a nourri la politique.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, ce que je comprends,
c'est que ce n'est pas juste dans ce que j'ai entendu tantôt que vous
avez été les précurseurs, mais aussi en santé
mentale au niveau de l'outaouais. c'est ça que vous me dites.
M. Leclerc (Brian): J'ai mal compris, là. Une
voix:
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends, mais ça
me paraît un élément très important parce qu'on n'a
pu le faire avec personne, jusqu'à maintenant. Le faire avec vous
autres, qui avez traversé des périodes difficiles, et de savoir
véritablement où est l'étincelle qui manque pour bien
s'assurer que le communautaire puisse garder son autonomie... Parce que ce
qu'on a entendu jusqu'à maintenant c'est: Le communautaire tient
à son autonomie et ça, c'est sacré.
M. Leclerc (Brian): Ce n'est pas en termes d'autonomie, mais
beaucoup plus en termes d'identification des ressources essentielles dans une
collectivité. L'autonomie comme telle, on n'y tient pas, pas comme les
établissements vont y tenir, en ce sens que la planification, à
l'intérieur de sa première phase d'implantation des services et
dans sa deuxième phase, présentement, on se rend compte, on peut
observer une interdépendance. Donc, les acteurs en place, au
début, avaient l'attitude d'agir en vase clos, donc indépendants
du restant. Avec la planification, c'a permis d'agir de façon
interdépendante. Donc, nous avons besoin de cet
établissement-là et de cet organisme communautaire là pour
pouvoir se concerter dans l'action qui nous concerne, qui est la personne qui
vit ces difficultés-là ou qui est dans le besoin.
M. Côté (Charlesbourg): Et vice versa. M. Leclerc
(Brian): Et vice versa.
M. Côté (Charlesbourg): C'est intéressant.
C'est très intéressant parce qu'on n'a pas réussi,
jusqu'à maintenant, avec les groupes communautaires, à avoir ce
lien-là. On est cantonné dans un discours où les groupes
communautaires nous disent: Nous devons avoir l'autonomie, ce qui signifie que
nous devons déterminer nous-mêmes ce que nous faisons, alors que
le gouvernement dit: Oui, on va le mettre dans la loi de manière plus
claire que ça ne l'était dans l'avant-projet de loi. Et on
disait: Vous devez aussi reconnaître au gouvernement son autonomie de
subventionner ou de supporter sur le plan financier ou pas. Donc, ce sont deux
obligations. Comment fait-on pour les harmoniser? J'ai l'impression que vous
nous donnez un exemple intéressant et qu'il faudra peut-être aller
voir encore plus avant pour être capables de solutionner ce qui reste
à solutionner au niveau du communautaire.
Une dernière petite question... Oui?
M. Tolszczuk: II faut dire aussi qu'il y a un travail au niveau
de chaque organisme en soi pour acquérir son autonomie et
spécifier son identité. C'est une chose de vouloir être
reconnu dans un réseau qui est plus large, qui comporte des
établissements, mais c'est un autre travail aussi de se connaître
dans le quotidien en ce qui nous spécifie et où on peut apporter
notre pierre. Au niveau de la complémentarité dont vous parliez
tout à l'heure, dans laquelle on s'insère, c'est important de
dire aussi que ça s'est effectué dans les démarches
quotidiennes, avec ce que ça comporte de stratégies, de
stratèges, de pourparlers, pour éventuellement arriver quelque
part en étant soutenus, si on veut, sans nécessairement que la
majorité l'ait décidé. Mais une fois là, il faut
prouver ensuite. Il y a un travail qui va s'effectuer des deux bords, il y a
une acceptation, mais il y a aussi un autre côté.
Le Président (M. Joly): Merci. M le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): On a fouillé
seulement un point, mais il était suffisamment intéressant,
compte tenu de toutes les discussions qu'on a eues jusqu'à maintenant.
Dites-vous que c'est un témoignage marquant sur le plan de
l'expérience par rapport à ce qu'on devra faire.
Le Président (M. Joly): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Moi aussi, je serai bref, parce que je vous ai
entendu lors de la discussion sur le rapport Harnois, et votre fonctionnement
avait été gratté encore plus au niveau de votre
implication dans le milieu comme tel.
Ce que je remarque, c'est que la clé de cette concertation, c'est
que le milieu reconnaisse le communautaire comme tel. Si tu veux rayonner
véritablement, si tu veux avoir un rôle important et si tu veux
fonctionner en partenariat, il faut que le réseau t'accepte. Et je pense
que, dans le milieu, le réseau l'accepte. C'est peut-être
ça qui vous permet, justement, cette concertation régionale. Il
n'y a pas beaucoup de régions, au Québec - j'ai vu ça dans
deux régions d'une façon plus évidente - où le
communautaire, véritablement, est accepté comme partenaire. Dans
d'autres endroits, il y a effectivement des craintes et c'est ce qui explique,
à mon point de vue, qu'il y ait beaucoup de groupes communautaires qui
ont peur du puissant lobby, par exemple, de la santé curative et qui
demandent au ministre, au Parlement: De grâce, protégez nos
enveloppes parce qu'on n'aura rien et qu'on ne pourra pas fonctionner.
Je pense que la reconnaissance devra se faire, à mon point de
vue, dans les faits, par une accréditation quelconque On ne peut pas -
là-dessus, j'étais d'accord avec le ministre depuis le
début - reconnaître n'importe quel organisme qui, du jour au
lendemain, se crée et, par divergence - ça peut être un
petit schisme à l'intérieur d'une de vos structures -
voilà un autre organisme parti et qui se plaint qu'il n'est pas
subventionné. Je pense qu'il y en a qui ont fait des preuves. Il s'agit
de les confirmer dans leur statut, d'avoir des politiques de financement
adéquates basées sur des critères bien précis. A ce
moment-là, c'est une façon de reconnaître officiellement le
rôle du communautaire tout en gardant leur autonomie. Moi, j'ai cru
tantôt que je ne vous comprenais pas, mais ce que vous avez
ajouté, c'a clarifié - vous m'avez volé ma question - en
ce sens que tu peux être très autonome dans ta structure, dans ta
façon de faire, dans ce que tu as à faire et vouloir travailler
en partenariat et en complémentarité avec d'autres structures
très autonomes. Et c'est peut-être ce qui a manqué dans le
passé, le fait qu'il y en ait qui s'imaginent, parce qu'ils voulaient
conserver leur propre autonomie, qu'il ne fallait pas qu'ils parlent à
d'autres de peur de perdre une partie de leur autonomie, ce qui est fou comme
un balai. Moi, j'analyse ça à l'inverse: c'est souvent parce que
tu es convaincu de ton autonomie, dans ta façon d'agir et de penser, que
tu peux facilement travailler en complémentarité. Les peuples
font ça comme démarche, ordinairement; c'est après
ça qu'ils parlent le plus aux autres, quand ils sont maîtres de
toutes leurs décisions. Donc, je ne vois pas ça comme une
contradiction et vous me l'avez démontré.
Il y a une seule question que je veux vous poser, par exemple.
Étant donné qu'on s'en va sur le plan régional, que vous
avez une expérience, mais que, dorénavant, on va mettre beaucoup
de ressources financières au niveau de la région, il va se faire
des arbitrages. Est-ce qu'au niveau de la représentativité aux
conseils des régies vous auriez quelques remarques? Il se peut... On ne
sait pas encore quel type de régie, quel pourcentage de
représentativité sera octroyé, par exemple, aux
décideurs du monde municipal, aux professionnels ou aux
différentes catégories de personnels, mais comment voyez-vous
ça, la représentativité? Parce que la régie, si on
s'en va vers une véritable décentralisation, aura des pouvoirs de
décision sur comment on partage les ressources entre le curatif, le
préventif et le communautaire. Ça va être un
véritable rôle de décision; au lieu de se prendre à
Québec, ça se prend en région. Comment voyez-vous votre
rôle, c'est-à-dire votre proportionnalité de
représentativité si vous permettez ça, le
communautaire?
M. Leclerc (Brian): Dans cette démarche-là, au
niveau de l'organisation des structures et des services régionaux, nous
appuyons la démarche de la proposition du CRSSS qui vous a
été soumise,
tout simplement parce que le CRSSS nous a inclus dans cette
démarche-là en venant chercher nos opinions, à savoir
comment, nous autres, on voyait ça, à l'intérieur d'un
colloque qui a été organisé dernièrement par le
CRSSS, qui invitait non seulement les établissements, mais
également tous les organismes communautaires qui étaient
concernés. Ce colloque-là a permis de constater qu'il y avait une
volonté de la part des établissements que les organismes
communautaires prennent part à tous les niveaux d'influence en ce qui
concerne les décisions. Donc, c'est sûr que les organismes
communautaires ont fait des recommandations en fonction du fait qu'on veut
avoir une participation qui soit proportionnelle par rapport à
l'ensemble des comités et ça, jusqu'à l'instance
régionale où on retrouve une représentation d'un organisme
communautaire. Alors, si on veut adopter, mettre en application une approche
communautaire véritable, il est nécessaire, à ce
moment-là, de reconnaître la participation d'un ensemble
d'acteurs, dont les organismes communautaires. Et quand je parle d'un ensemble
d'acteurs, ce ne sont pas seulement les organismes communautaires et les
établissements, mais également les autres secteurs
d'activité. Donc, on nous a entendus, on a tenu compte de ces
recommandations-là qui ont été soumises par le
communautaire et puis on les a retrouvées dans ce que le CRSSS vous a
déposé au niveau de son mémoire. Alors, à tous les
niveaux de décision, à tous les paliers de décision, on
retrouve la présenco d'organismes communautaires dans cette
structure-là. (11 h 30)
M. Tolszczuk: Est-ce que je peux faire aussi du pouce un peu sur
votre question parce que j'ai cru comprendre que vous avie^, à quelques
reprises, effleuré la notion du financement. Alors, moi, j'aimerais
apporter aussi un petit développement. Je trouve ça important
qu'on tienne compte, dans l'attribution de l'argent, du développement
des organismes communautaires dans l'orientation qu'ils prennent. Il se peut
qu'une année les orientations choisies et définies ne demandent
pas un financement absolument hors de proportion et qu'une autre année,
ça soit la même chose. J'ai l'impression parfois qu'on situe un
organisme communautaire, qu'on lui donne une enveloppe budgétaire, qu'on
est capable de lui donner un supplément d'année en année
pour tenir compte du coût de la vie, mais qu'à partir du moment
où l'organisme prend un développement, parce que le
développement est appelé par la communauté, là on
demeure toujours avec la même structure financière, mais qu'on
n'est pas capable de voir que c'est simplement un développement normal
qui amène des besoins nouveaux.
M. Chevrette: Rochon propose des choses intéressantes
là-dessus. Il parle de politiques de financement révisables
à tous les deux ou trois ans, si ma mémoire est fidèle, ou
quelque chose du genre. Je pense que c'est aux trois ans. Vous vouliez ajouter
quelque chose, Mme Mercure?
Mme Mercure (Johanne): Oui.
M. Chevrette: Vous avez un très beau nom, Mme Mercure.
Mme Mercure: Je voulais revenir sur la régie
régionale. Ce qu'on proposait dans le mémoire, c'est
qu'étant donné qu'il y a une population où il y a des
femmes, où il y a des personnes âgées, où il y a des
gens qui ont des problèmes de santé mentale, on pense qu'au
niveau de la régie régionale il devrait y avoir des gens qui
devraient pouvoir représenter toutes ces personnes-là. Qu'ils
viennent soit des organismes communautaires ou des établissements,
ça n'a pas d'importance; ce qui est important, c'est que les gens qui
offrent des services puissent représenter ces personnes.
M. Chevrette: Je voudrais vous remercier et vous inciter à
continuer votre bon travail dans l'Outaouais québécois.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, j'aimerais vous
remercier. Je n'ai pas eu l'occasion, comme mon collègue de Joliette,
d'être un membre attentif do tout ce qui a pu so diro pour le rapport
Harnois. En tout cas, à tout le moins, c'était, aujourd'hui,
très intéressant et soyez sûrs que je me servirai
très certainement de ce que vous nous avez dit pour influencer d'autres
groupes communautaires. Merci beaucoup.
Mme Mercure: Merci.
Le Président (M. Joly): Au nom des membres de cette
commission, merci beaucoup. Je vais maintenant demander aux
représentants de la Résidence de l'île de bien vouloir
s'avancer, s'il vous plait.
Bonjour et bienvenue à cette commission. Vous connaissez la
procédure. Vous avez une dizaine de minutes pour présenter votre
mémoire de la façon la plus succincte possible et, par
après, le temps qu'il nous reste est dévolu aux formations, afin
de vous poser des questions. Alors, que la personne responsable veuille bien
s'identifier et aussi nous présenter les gens qui l'accompagnent, s'il
vous plaît.
Résidence de l'île
M. Daigle (Yves): M. le Président, M. le ministre,
messieurs et mesdames de la commission, je me présente, Yves Daigle, je
suis président général de GroupAction et gestionnaire de
la Résidence de l'île à Hull qui est une
pionnière en matière de résidence privée
destinée aux personnes âgées autonomes de Hull et de la
région de l'Outaouais. Je tiens à remercier les membres de la
commission qui nous permettent aujourd'hui de faire la démonstration que
le partenariat privé, public et communautaire est chez nous plus qu'un
voeu, mais une réalité.
Ma compagne va faire la présentation et répondre à
vos questions. Je suis accompagné de Johanne Blais, Gisèle
Parisien, consultante en gestion de développement, André Lacroix,
qui est consultant, et Hélène Daigle, qui est la directrice
générale de la Résidence de l'île. Pour faire notre
présentation, je cède maintenant la parole à Johanne
Blais.
Mme Blais (Johanne): Bonjour. La Résidence n'a pas
l'intention ici de vous parler de ce que devraient être les structures
d'organisation régionales. On laisse ça aux spécialistes.
Par contre, le constat qu'on peut faire au niveau de l'entreprise
privée, c'est qu'en Outaouais le partenariat établissements,
organismes communautaires, entreprises privées est déjà en
action et que, si l'on en mesure les acquis, principalement par le biais du
dossier santé mentale, au niveau du plan de rapatriement de la
clientèle québécoise qui consomme des services de
santé en Ontario, on doit admettre que le modèle dont s'est
doté l'Outaouais en est un qui répond aux besoins de sa
clientèle
Le gouvernement se doit donc de reconnaître l'importance pour les
régions d'acquérir de nouveau leur pouvoir décisionnel et
leurs budgets afin de leur permettre d'actualiser une concerta tion et une
collaboration qui assureront une utilisation rationnelle et une
répartition équitable des ressources, qui tiennent compte de la
complémentarité des services offerts par les
établissements, les organismes et les entreprises privées.
Les membres de la commission ont déjà en main la copie du
mémoire où, évidemment, la Résidence fait
état de toutes ses orientations philosophiques concernant le
vieillissement. Ce qu'on veut rappeler, c'est que, dans les Orientations,
Pour améliorer la santé et le bien-être au Québec,
le ministère écrivait que ces derniers n'ont pas la seule
responsabilité du système de services et que la plupart des
secteurs de la vie collective sont aussi concernés Le ministère
indiquait que la coopération multisectorielle doit s'exercer au niveau
gouvernemental, régional, local autant dans l'organisation des services
que dans l'intervention. Il ajoutait que le réseau public serait donc
appelé à collaborer avec ses partenaires des secteurs public,
privé et communautaire et que l'importance de la contribution des autres
secteurs dépendra notamment de la volonté du système de
services d'examiner avec eux les mesures à prendre.
Aujourd'hui, la Résidence de l'île vient vous confirmer son
intention de s'associur au gouvernement du Québec et au Conseil
régional de la santé et des services sociaux de l'Outaouais pour
relever le défi de ce nouveau partenariat. La Résidence de
l'île est présente et prête. Nous croyons que c'est en
développant une relation permanente, novatrice et efficiente avec le
ministère et le Conseil régional, tout en préservant un
environnement qui transpire l'autonomie, le bien-être et la santé,
que les programmes et les services de la Résidence de l'île
pourront être orientés vers le maintien, l'amélioration et
même la récupération de l'autonomie des personnes qui
viendront y vivre en permanence en leur offrant les soutiens et les ressources
humaines et environnementales nécessaires au respect de leur goût,
de leurs habitudes ainsi qu'à l'amélioration de leur
qualité de vie.
La Résidence de l'île estime que ce nouvel environnement
santé autonomie contribuera à éliminer les
problèmes de déracinement, d'isolement, de solitude, de
marginalisation et de comportement associé à la maladie qui
accompagne trop souvent le vieillissement des personnes.
Nous voudrions que l'adoption d'une nouvelle Loi sur les services de
santé et les services sociaux contribue principalement à bonifier
la qualité et à élargir l'éventail des services
offerts aux personnes âgées. C'est dans cette optique que la
Résidence de l'île est heureuse de s'associer au Conseil
régional de la santé et des services sociaux de l'Outaouais pour
répéter, en matière de services intégrés
à être offerts aux personnes préretraitées et
retraitées de l'Outaouais, l'éclatant succès
politico-administratif réalisé depuis 1986 en matière de
rapatriement des clientèles outaouaises concernant des services de
santé en Ontario, en matière de services en santé mentale
et en matière de services de convalescence
Comme nous avons le privilège et le plaisir d'avoir un
échange direct avec les législateurs et les législatrices
qui adoptent ou amendent les lois qui régissent le quotidien de la
population du Québec et même si les observations sommaires qui
suivent ne relèvent pas directement de l'actuelle ou future Loi sur les
services de santé et les services sociaux, nous voudrions en profiter
pour vous inviter à considérer quelques préoccupations
connexes susceptibles d'avoir une influence déterminante sur les
services que les secteurs privés et communautaires veulent offrir aux
personnes âgées.
Nous voudrions vous inciter à considérer que la
Société d'habitation du Québec puisse compter sur des
ressources supplémentaires qui lui permettraient d'encourager les
Offices municipaux d'habitation à développer un plus grand nombre
de programmes de supplément au loyer destinés aux personnes
âgées désireuses de devenir locataires d'une
résidence du style de la nôtre.
Nous croyons que vous devriez aussi, par le
biais de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, prévoir
un encadrement législatif qui encourage les corporations municipales
à assouplir les réglementations locales relatives à
l'urbanisme et au zonage, afin de leur permettre de répondre
spécifiquement aux besoins des personnes âgées et/ou des
entreprises privées voulant offrir une gamme intrégrée de
services de logement, de services de santé et de services sociaux
à ces personnes âgées.
Pour conclure cet aparté, nous voudrions inciter
l'Assemblée nationale à réviser le cadre législatif
par lequel la Régie du logement est amenée à prendre des
décisions relatives aux édifices destinés au logement des
personnes âgées.
En conclusion, pionnière et leader des résidences pour
personnes âgées autonomes de Hull et de la région de
l'Outaouais, la Résidence de l'île tient à vous
répéter qu'elle souhaite que l'adoption d'une nouvelle loi sur
les services de santé et services sociaux favorise l'émergence
d'un nouveau partenariat privé communautaire public en matière de
services à rendre aux personnes âgées. En offrant au
gouvernement du Québec et au Conseil régional de la santé
et des services sociaux de l'Outaouais de nous associer à eux pour
améliorer la qualité de vie des personnes âgées,
nous vous proposons de recourir aux résidences privées comme la
nôtre pour y développer un environnement de vieillissement global
fait de logements adéquats, de santé, d'autonomie et de vie en
investissant avec nous et avec vous dans la dignité de nos personnes
âgées.
Somme toute, nous espérons que notre intervention devant vous
aura établi sans l'ombre d'un doute que nous favorisons l'adoption d'une
nouvelle loi et le développement de nouvelles attitudes qui puissent
inciter le secteur privé à jouxter ses ressources à celles
des divers gouvernements pour lutter contre les quatre "i" qui menacent les
personnes âgées: l'isolement, l'insécurité,
l'inactivité et l'inutilité.
En terminant, la Résidence de l'île tient à
remercier la commission d'avoir accepté de l'entendre ce matin pour
qu'elle puisse exposer ses préoccupations concernant les personnes
âgées. Nous serions maintenant heureux de pouvoir répondre
aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Lorsque j'ai vu la liste des gens qui avaient
été invités à témoigner devant nous et que
j'ai vu Résidence de l'île, ça m'a rappelé certaines
lettres que j'ai écrites il n'y a pas tellement longtemps. Je me suis
dit, dans un premier temps: Ils sont chanceux d'être entendus, compte
tenu du cas très spécifique de la Résidence de
l'île. Mais je pense que c'est peut-être une occasion très
importante d'avoir l'opinion du privé face à la situation du
vieillissement et aux moyens de faire face à nos défis de
l'avenir.
Quant à moi, je ne suis pas une personne qui, automatiquement, a
un préjugé défavorable à l'entreprise
privée. Je suis de- ceux qui croient que l'entreprise privée a sa
place et possiblement, parce que je fais la nuance, dans le domaine du
vieillissement de la population, pour être capable de donner des
services. Il y a un moratoire, depuis un certain nombre d'années, sur le
nombre de permis à émettre - un an - au niveau du privé
autofinancé, puisqu'il y a, me dit-on, une soixante de permis pour
à peu près 4500 à 5000 places au niveau du privé,
ce qui est quand même assez important.
Lorsqu'on fait des campagnes électorales et qu'on se
promène un peu partout, il y a toutes sortes de niveaux du privé
sur le plan des services à dispenser aux personnes âgées et
qui, à l'occasion, sont aussi des personnes vulnérables.
Donc, ma volonté à moi, ce matin, ce n'est pas de
régler le cas de la Résidence de l'île, parce que
ça, je pense ça peut se régler sous d'autres formes dans
la mesure où on en discutera, mais peut-être davantage d'aborder
la place que doit occuper le privé dans ce champ-là qui est
extrêmement important. Qu'est-ce que le privé peut offrir de plus
que le public, évidemment, lorsqu'on s'adresse à des
clientèles qui sont en perte d'autonomie? On a vu, hier soir, et on a
entendu des privés conventionnés et le député de
Joliette a pris position de manière très claire quant à la
capacité de réaliser beaucoup plus rapidement des choses avec un
encadrement moindre, mais avec les mêmes bénéfices aux
bénéficiaires Qu'est-ce que le privé autofinancé
peut faire de plus dans cette situation-là, peut-être à
partir de votre expérience?
Mme Blais: J'aimerais, premièrement, replacer la
situation. Vous faites référence au dossier même de la
Résidence de l'île. La Résidence de l'île ne s'est
pas présentée en commission pour parler du dossier de la
Résidence de l'île, mais bien pour parler de l'apport de
l'entreprise privée à une nouvelle forme de partenariat. Par
contre, permettez-moi de vous spécifier qu'il n'a jamais
été dans l'intention de la Résidence de l'Ile de faire une
demande de permis d'accréditation pour devenir un centre d'accueil. (11
h 45)
Ce dont on veut vous parler ce matin, c'est de services à rendre
aux personnes âgées, de la possibilité pour ces
personnes-là de recevoir les services auxquels elles ont droit à
l'intérieur de résidences privées. C'est ce dont on veut
vous parler ce matin et, à ce titre, ce qu'on vous dit, c'est que, ce
faisant, on permet aux gens de
conserver leur lieu d'habitation, de ne pas avoir à subir le
placement en centre d'accueil quand, des fois, ce n'est pas toujours
nécessaire, mais que c'est la seule ressource disponible à cause
de l'isolement, de la solitude ou de l'absence d'un milieu naturel.
Ce qu'on propose, ce qu'on dit, c'est que les résidences
privées pourraient devenir, dans les régions, des partenaires
actifs à la conservation de la santé, à
l'amélioration de la santé des personnes âgées et,
dans certains cas, à la "réacquisition" de la santé. C'est
ce dont on veut parler ce matin. Par contre, comme on est aussi une entreprise
privée, ce qu'on peut vous dire, c'est que la démonstration est
simple aussi à faire. Les gens qui restent en résidence
privée et qui bénéficient des services dont ils ont besoin
coûtent moins cher à l'État que ceux qu'on est
obligé d'admettre en centre d'accueil.
M. Côté (Charlesbourg): Définitivement.
Mme Blais: Donc, ce qu'on propose, c'est une solution pour
améliorer la qualité des services et pour compléter les
éventails de services auxquels les personnes âgées ont
droit, à un coût moindre.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que vous nous dites,
c'est qu'il y a de la place, actuellement, pour que l'entreprise privée
puisse s'occuper de l'hébergement - et la personne paierait son
hébergement - et qu'il faudrait considérer ces lieux-là
comme la résidence privée d'une per sonne qui serait chez elle et
qui recevrait, par l'entremise des SIMAD, un service à domicile pour la
maintenir à domicile.
Mme Blais: C'est ça. Si vous soulevez le problème
des SIMAD, les Services intensifs de maintien à domicile, on
connaît la difficulté d'accessibilité à l'argent des
SIMAD parce qu'H faut avoir été hospitalisé, etc. Ce qu'on
dit, c'est qu'il y a peut-être un moyen de simplifier, de répondre
aux besoins et que ça coûte moins cher.
M. Côté (Charlesbourg): évidemment, les simad
ont été implantés pour désengorger les
hôpitaux, dans un premier temps, donc pour des cas beaucoup plus
lourds.
Mme Blais: On parle de régionalisation aussi de services.
On parle aussi des moyens que la région va se donner pour exercer ce
contrôle-là et les résidences privées, de
l'île ou autres, ne prétendent pas passer à
côté de cette forme de contrôle, d'évaluation et de
contrainte.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que la cheville
ouvrière ou l'endroit par lequel devraient passer ces évaluations
vous parait toujours être le CLSC?
Mme Blais: Ha, ha, ha! Bon, comme on l'a dit tantôt, on ne
veut pas faire de débat au niveau des structures régionales. Pour
le moment, dans l'expérience vécue au niveau de la
Résidence, la réponse qu'on donnerait ne serait pas
nécessairement par le CLSC, mais les mécanismes sont à
être établis au niveau de chaque région et de chaque
sous-région. Je crois que l'Outaouais s'est dotée, entre autres
avec le pian de services en santé mentale, d'une bonne structure et que,
pour l'Outaouais, ce serait peut-être idéal de faire exactement la
même chose.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, au moment où on
se parle, la responsabilité la plus évidente, quant au
vieillissement de la population, est assumée par le CLSC et,
tantôt, par les CSS quant aux familles d'accueil. Ce qu'on a dit depuis
le début, c'est que le vieillissement était une de nos
priorités - en tout cas, quant à nous, et je ne pense pas que ce
sort différent pour l'Opposition - la jeunesse, et que le CLSC devait
être la porte d'entrée du réseau. C'est pour ça que
je fouille, parce que ce sont des choses qui sont à peu près,
quant à moi, immuables, quant à l'endroit ou
l'établissement qui devra répondre à ces besoins et
être le meilleur juge parce qu'il est lui-même déjà
dans des sous-régions ou il représente des sous-régions.
Ça réapparaissait évident que le CSLC deviendrait toujours
l'endroit de référence et peut-être là où on
doit mettre encore plus d'efforts sur le plan du vieillissement.
Mais ce que vous nous dites, c'est que le privé est prêt
à créer des conditions d'hébergement très
acceptables à des coûts que les personnes âgées
peuvent se payer, parce que ce ne sont pas toutes les personnes
âgées qui sont capables de payer des montants assez importants. Il
y a des succès, il y a des échecs assez retentissants aussi, dans
ce domaine-là, par le privé. On en a ici à Cap-Rouge, un
dossier que vous connaissez très bien, parce que c'est hors de prix pour
les personnes âgées et ça, à ce moment-là, on
risque de faire deux catégories de citoyens: ceux qui ont le moyen et
ceux qui n'ont pas le moyen.
Donc, ce que vous nous dites comme message, c'est que le privé
est prêt à en faire un bon bout, à partir du moment
où II y aura certains réajustements qui peuvent impliquer aussi
le monde municipal quant à certaines facilités d'accès au
permis, mais que le gouvernement devrait mettre davantage l'emphase sur les
services à domicile et ne pas exclure que ça puisse se donner
dans des établissements comme le vôtre, compte tenu de la perte de
fonctionnalité des personnes âgées qui habiteraient dans
ces endroits-là, mais que la partie clinique relève du
gouvernement.
Mme Blais: Et voilà qu'on replace les choses: à
chacun sa part du marché. Que le privé
s'occupe des immobilisations, c'est sa vocation. Pourquoi le
gouvernement continuerait-il à Investir des sommes
disproportionnées quand l'entreprise privée, c'est sa vocation
d'investir dans l'immobilier?
M. Côté (Charlesbourg): Jusqu'à combien
d'heures de soins par jour le gouvernement peut-il, dans des projets comme les
vôtres ou similaires, par rapport à l'entreprise privée,
doit-il s'engager? Parce qu'on sait qu'il y a, au fil des années, une
plus grande perte d'autonomie. On sait que le privé - je vous l'ai dit
tantôt que j'étais un de ceux qui étaient favorables
au privé - vient occuper le champ de ceux qui ont de l'argent et de ceux
qui sont autonomes et, peut-être, laisse au public le soin de ceux qui
sont moins autonomes. À partir du moment où on les prend et on
les accepte dans des établissements privés, ceux qui n'ont pas de
perte d'autonomie et qui deviennent en perte d'autonomie au fur et à
mesure que ça progresse, évidemment, s'il n'y a pas de support de
l'État, c'est moins intéressant pour le privé Je pense
qu'il faut quand même se dire ça, ce matin, aussi. Ça me
paraît être une évidence.
Jusqu'où le gouvernement doit-il aller dans la reconnaissance de
ce partenariat-là, en termes d'heures de soins par patient par jour au
niveau du privé?
Mme Blais: M. le ministre, vous me parlez d'heures de soins par
patient? Je vous parle de personnes qui restent dans des résidences. Je
vous parie de services. Moi, je ne peux pas et personne ici ne peut vous parler
d'heures de soins par jour. On ne parle pas de centres d'accueil. On ne parle
pas d'hôpitaux. Je vous parle d'une résidence de personnes
âgées qui ont besoin de services adaptés. Dans la mesure
où la part du gouvernement va leur permettre de mieux conserver leur
santé, de garder leur autonomie le plus longtemps possible, de leur
permettre de se sentir encore valorisées...
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez là, je
pense qu'il y a quelque chose qui ne marche pas quelque part. C'est de
l'incompréhension de ma part ou de votre part, mais de
l'incompréhension quelque part, parce que si le privé ne veut
prendre que le crémage, que les personnes qui sont autonomes et
parfaitement autonomes, évidemment, il peut le faire sans l'aide de
l'État, pour ça, il n'y a pas de problème. Mais, si le
privé vient nous demander comme gouvernement d'ajouter des services pour
être capable de maintenir dans des centres privés des personnes,
à ce moment-là, on fait appel à des fonctions cliniques.
Et lorsqu'on parle des fonctions cliniques, ce n'est pas d'aujourd'hui que cela
est inventé, d'être capable d'évaluer ce dont le patient a
besoin. Si le privé ne s'en préoccupe pas, ça me
préoccupe pour la simple et bonne raison qu'il y a quelqu'un,
tantôt, qui va devoir s'en préoccuper.
Lorsqu'on parie de services aux bénéficiaires, au niveau
du privé, c'est le bénéficiaire auquel on doit d'abord
davantage s'adresser. Et quand on s'adresse davantage aux
bénéficiaires: ils vont aujourd'hui entrer dans le privé
à 65 ans autonomes, dans deux ans, dans trois ans, ils vont
nécessiter une heure de soins par jour. L'année suivante,
ça va être deux heures de soins par jour. Si le privé ne
s'en occupe pas, c'est nous autres qui allons être pris avec et, à
ce moment-là, on va parler de déracinement des personnes, sans
avoir tenu compte d'un phénomène sous-régional de besoins,
et le privé, lui, disparaîtra dans le champ et le gouvernement
restera pris avec les problèmes. C'est ça qu'il faut tenter
d'éviter.
Mme Blais: Je pense que ce qu'on dit, nous, ce n'est pas dire
qu'on ne s'en préoccupe pas. Pas du tout. Au contraire. Si on ne s'en
préoccupait pas, on ne serait pas ici ce matin. Les résidences
n'auraient qu'à dire: Voici notre vocation. À partir du moment
où les gens exigent des soins spécialisés et qu'ils ne
peuvent pas se les payer, bon, ils peuvent s'en aller ailleurs. Ce qu'on dit,
c'est qu'il y a toujours la possibilité d'établir un partenariat.
Ce qu'on dit, c'est le mandat du gouvernement de répondre à ces
besoins-là. Ce qu'on dit, c'est comment on va donner les meilleurs
services à un meilleur coût justement en évitant le
phénomène de déracinement dont on pariait
tantôt.
Les heures de soins, c'est évalué, comme vous l'avez dit,
par... Il y a déjà des structures d'évaluation Ce n'est
pas au public non plus de les réinventer, mais d'utiliser celles qui
existent déjà et de dire: Voici, après tant d'heures de
soins par jour, ce sont des personnes qui ont besoin de services de longue
durée ou de centres d'accueil. Donc, c'est là... Oui, le
gouvernement les a mises, les règles du jeu. C'est pour ça que
nous, on vous dit: Ce n'est pas à nous à les changer, ces
règles du jeu. On est prêts à fonctionner avec. Ce que
l'entreprise privée doit faire, c'est de permettre aux personnes d'avoir
accès à ces services-là et d'avoir une réponse
adéquate à leurs besoins.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Moi, ce sont des perceptions, puis des
commentaires, puis j'aurai une question, parce que ce n'est pas unique à
la région de l'Outaouais, les maisons où on donne de très
bons services aux personnes âgées autonomes. Ça arrive dans
quelques milieux. Moi, j'en ai une d'envergure à peu près
similaire à la vôtre. Le dilemme est le suivant: si on veut
charger un prix raisonnable à des clients qui rentrent d'une
façon autonome dans ces maisons, on sait qu'une
personnne âgée, sa santé peut se
détériorer assez rapidement merci. Elle rentre très
autonome dans une maison et, trois mois après, elle a besoin justement
de 20 minutes par jour de soins infirmiers, par exemple. Le mois d'ensuite,
c'est peut-être passé de la demi-heure à une heure.
Donc, à mon point de vue, un des malaises profonds dans notre
société actuellement, c'est que l'individu ne peut plus se payer
ça. Les CLSC refusent d'aller donner des services dans les
résidences. Ils n'acceptent que d'aller dans les maisons privées,
de sorte que tu te retrouves avec une personne en résidence qui n'a pas
de services de qualité puis, si c'est offert par le propriétaire
de la résidence, il faudrait qu'il lui charge 1000 $ au lieu de 700 $
par mois, par exemple.
Donc, tu as un dilemme. C'est que la personne âgée qui a
besoin de services ne peut pas les avoir de la structure publique. Le CLSC
refuse d'y aller. Et puis le propriétaire dit: Je peux te les donner,
mais si je te les donne, ça va être tant par mois. Là, la
personne n'a plus le choix. Elle s'en va sur une liste d'attente du public pour
faire une évaluation.
C'est ce que j'avais compris, moi, du dossier... Ça ressemblait,
en tout cas, à quelqu'un de chez nous. Si c'est ça, il y a un
problème, c'est un problème, une responsabilité publique
et non pas une responsabilité privée, parce quo |e pense que
faire de l'hébergement et do l'hôtellerie, ce n'est pas se
substituer au centre d'accueil. C'est de permettre purement et simplement de
garder le plus longuement possible la personne autonome.
Il n'y a pas d'hérésie dans l'affirmation d'une telle
chose. Au contraire, je trouve ça sain. C'est pour ça que j'ai
questionné Mme Hutton tantôt, parce que je savais que vous veniez
après. Mais quel serait... Dans l'idée où vous changez
d'orientation complètement, combien de personnes - je m'adresse à
Mme la directrice - sur 108 qui sont présentement en hébergement
ont besoin de soins quotidiens et qui seraient à peu près
placées dans une situation où ce seraient des gens qui seraient
en centre d'accueil à deux, trois ou quatre par chambre, je ne sais
pas...
Mme Daigle (Hélène): Moi, je dirais qu'il y a
à peu près 45 personnes, si je vais vite, qui nécessitent
des soins, de l'aide, à tous les jours, puis que si on allait vers une
vocation de personnes autonomes et strictement autonomes où on
n'offrirait plus les services de santé, c'est officiel que j'en ai 45
qu'il faudrait que j'envoie dans le réseau demain matin.
M. Chevrette: 45 personnes. Si vous envoyez 45 personnes sur 108
dans le réseau, 45 personnes à 30 000 $, 1 200 000 $. Votre
projet est de quel ordre?
Mme Daigle: Mon projet est de l'ordre d'à peu près
entre 250 000 $ et 300 000 $ pour l'année. (12 heures)
M. Chevrette: Ce sont des choix sociaux. Je comprends que la
responsabilité demeure publique, mais je suis toujours très
sensible au problème suivant. Si on ne veut pas que les centres
d'accueil privés... Ce n'est pas un centre d'accueil, je trouve
importante la distinction que vous nous faites, parce qu'il ne faut pas se
ramasser avec des centres d'accueil clandestins et privés. A ce
moment-là, vous proposez, à toutes fins pratiques, au
gouvernement, un projet-pilote, mais jusqu'où? C'est là une de
mes questions. Mme Hutton dit: Oui, ça pourrait être une ressource
importante; cependant, il faudrait qu'en retour... C'est du "give-and-take",
comme disent les Anglais. Vous ne pouvez pas espérer recevoir une somme
d'argent pour donner des soins à la place d'un CLSC sans offrir des
possibilités additionnelles pour le milieu. Quelles sont les
possibilités additionnelles ou complémentaires que vous pourriez
offrir au milieu? Et là, ma question s'adresse à celui ou celle
d'entre vous qui peut répondre. Ce projet-pilote pourrait aller
jusqu'où? Est-ce que c'est seulement dans le fait d'assurer des services
aux personnes qui, normalement, seraient dispensés, en tout cas, sur une
base temporaire, par un CLSC, mais ça le serait sous la supervision d'un
CRSSS ou je ne sais quoi? Est ce qu'il y aurait des services additionnels
à la communauté, puisque vous parlez de partenariat de
l'entreprise privée?
Mme Blais: Évidemment, on parle de partenariat, et
ça peut s'actualiser. Ce que je voulais vous dire, quand on parle de
besoins de personnes, c'est, entre autres, qu'au niveau de la Résidence
de l'île il y a dix heures-semaine par personne de services
personnalisés qui sont déjà donnés. Si on parle de
projet-pilote et qu'on parle de financement, on parie pour tout ce qui
dépasse dix heures-semaine. Donc, l'entreprise privée, les
personnes assument déjà une grande part.
Au niveau du partenariat et de la gamme de services que la
Résidence pourrait offrir à la communauté, je pense que la
directrice générale est très bien placée pour en
parler.
Mme Daigle: On a des locaux disponibles qu'on pourrait fournir au
CLSC dans le but d'entreposer des équipements, matériaux, ces
choses-là. On a des espaces de loisirs et de services qu'on pourrait
rendre disponibles, aussi, à la communauté. Ça pourrait
être des lits de dépannage, par exemple, dans le cas de personnes
âgées qui seraient en transition, ou quelque chose comme
ça. Je pense qu'il y a une gamme de services qu'on pourrait
s'échanger comme ça.
M. Chevrette: Actuellement, avez-vous des
professionnels...
Mme Daigle: si on a des...
M. Chevrette: ...qui assurent des soins aux personnes
âgées à l'intérieur?
Mme Daigle: Oui. On a des infirmières, on a des
infirmières auxiliaires, on a des préposés,
présentement, qui sont là 24 heures sur 24 pour assurer les
services.
M. Chevrette: Et vous n'êtes qu'une résidence.
Mme Daigle: On est une résidence privée. Ce qui
arrive, c'est qu'il faut bien comprendre que la moyenne d'âge est de
78,8, et quand les gens sont entrés, évidemment, ils n'avalent
pas tous été des candidats idéaux, si on peut dire, pour
une résidence de personnes âgées autonomes. Quand on est
arrivé sur les lieux, évidemment, cette
clientèle-là , était déjà établie.
Alors, il fallait aussi l'assumer. Donc, c'est pour ça qu'à la
Résidence de l'île, on offre dix heures de services par semaine
à chaque personne, mais c'est ce qui dépasse ça qui
devient très lourd pour nous.
M. Chevrette: Je formule un voeu, qui est le suivant: si on
n'accepte pas que des foyers deviennent clandestins... Par la force des choses,
vous allez devenir clandestin, si le CLSC... On a une responsabilité. Je
sais que ce n'est pas facile à régler dans la conjoncture
économique qu'on peut avoir, mais si on n'offre pas de places en public,
si on ne bâtit pas de places pour les personnes âgées, si on
ne va pas vers les conventionnés et si on ne tolère pas le
privé, on va se ramasser où?
Quelle est votre alternative quand une personne ne peut plus avoir de
soins chez vous? Allez-vous la "domper" à l'urgence?
Mme Daigle: C'est ça, définitivement, la personne
est envoyée à l'urgence. À partir de là, il y a une
évaluation qui est faite de la part du centre de services sociaux, et
elle est référée dans le réseau, automatiquement,
elle devient une candidate possible, sur une liste d'attente, pour un centre
d'accueil.
M. Chevrette: Dans votre région, si je comprends bien..
J'avais un communiqué de presse tantôt, je lisais ça
à Mme Hutton: L'ensemble de ces ressources n'arrive même plus
à suffire à la demande d'admission en soins de longue
durée. Les centres d'accueil débordent, les soins de longue
durée débordent, il en manque, et on se retrouve avec des
résidences sans permis, en 1978. Donc, 45 personnes pourraient
être admises en centre d'accueil et on n'a pas les ressources du
milieu.
Une voix: Oui.
M. Chevrette: Ça va être beau tantôt! Donc, je
m'aperçois que, oui, ça va prendre quelque chose pour
répondre aux besoins des personnes âgées, c'est clair.
Est-ce que vous êtes au courant - oui, je les ai eus, c'est correct - des
chiffres sur le vieillissement de la population dans l'Outaouais. Je les ai
lus: 26 000, en l'an 2000, de plus de 65 ans. Donc, il va y avoir des besoins
criants, urgents et extrêmement lourds dans votre milieu.
Sur une base expérimentale, est-ce que vous accepteriez la
supervision totale du CRSSS et même d'un CLSC qui pourrait être
mandaté?
Mme Daigle: Officiel!
M. Chevrette: Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le leader de
l'Opposition. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense qu'après avoir entendu ce que j'ai entendu il y a quand
même, en conclusion - je le ferai en conclusion - des choses à
dire, aussi. Ce n'est pas d'aujourd'hui qu'existe un bilan lits qui
était très imparfait et qui, au mois d'avril, sera un bilan qui
peut difficilement être contestable, par région et par
sous-région. Évidemment, ça va être le canevas du
ministère. Ce que j'ai maintenant, un bilan théorique, nous dit
que, dans cette sous-région, on est en surplus, même en l'an 2001.
Donc, comme gouvernement, on va devoir se poser la question demain matin:
Où est-ce qu'on donne les priorités? Est-ce que c'est dans des
sous-régions qui ont des problèmes et qui sont en carence ou si
c'est dans des sous-régions qui sont en surplus? Est-ce qu'on va drainer
les sous-régions pour concentrer dans des régions plus capitales?
Ça aussi, fondamentalement, ce sont des questions qu'il faut se poser.
Et quand on parle de déracinement de personnes, les sous-régions
sont peut-être davantage des endroits où les gens doivent vivre
dans leur milieu que de centraliser dans une sous-région qui est
déjà au-dessus de...
Donc, ce sont des chiffres dont on avait un bilan théorique.
C'est là-dessus que les réponses ont été faites
jusqu'à maintenant. Au mois d'avril, on aura un bilan très clair,
en courte durée et en longue durée, pour être capable de
faire face au virage qu'on doit faire de bonne manière, dans des
endroits où on est en carence. Et d'après moi, s'il y a des
projets-pilotes, ils devront être davantage dans des régions, dans
des sous-régions qui sont en carence et non pas dans des
sous-régions qui sont en surplus. C'est là qu'est la
problématique extrêmement importante.
M. Chevrette: Le ministre peut bien dire ça,
mais le jour où on a laissé instaurer dans des milieux -
et ce n'est pas seulement Hull-Outaouais - des immenses maisons
d'hébergement et qu'il y a un vieillissement, quand ça passe...
Ça a commencé en 1965, 1966, 1967 et tu en arrives, à 68,
70, 80 ans, et ça fait dix, douze ans que ces personnes-là vivent
dans un milieu, mais qu'elles n'ont plus la ressource parce que les CLSC... Il
va falloir que ce soit un tout à envisager. Si les CLSC refusent d'aller
dans les maisons donner les soins, et si la personne n'a pas les moyens
d'assumer la facture que lui charge le propriétaire... Et même si
c'était prouvé noir sur blanc qu'il change quatre trente-sous
pour un dollar, il va falloir qu'on fasse pour ces personnes-là... Parce
qu'elles seraient abandonnées par le CLSC; elles auraient les services
professionnels où? Moi, ça m'inquiète. Et ce n'est pas
seulement dans Hull-Outaouais. On a des maisons...
Le Président (M. Joly): M le leader, j'apprécierais
beaucoup...
M. Chevrette: Bien, vous allez apprécier, s'il vous
plaît, vous allez permettre les deux choses égales. Merci
Le Président (M. Joly): C'est le même temps, M. le
leader. Vous avez eu exactement le même temps.
M. Chevrette: Je réponds tout simplement à
l'argumentation que le ministre a annoncée. Je dis carrément que,
partout où on va vivre ces problèmes concrets, si c'est la
personne avant toute chose qu'on marque dans les projets de loi, dans les
documents d'orientation qu'on fait circuler partout, il va falloir s'occuper de
la personne avant toute chose.
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr!
M. Chevrette: Et ces personnes-là, ce sont des personnes
âgées de 78 ans, imaginez-vous, et qui requièrent des
soins. Moi, personnellement, je pense qu'il va falloir qu'on coordonne les
actions à partir, à la fois des CLSC, à partir de ces
maisons-là. Et si on ne peut pas avoir les ressources fondamentales au
niveau du milieu, il va falloir qu'on pense à des projets-pilotes pour
permettre à ces gens-là de recevoir une qualité de soins
minimale au moins. C'est juste ça que je dis.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis d'accord avec le
député de Joliette qu'il n'y a peut-être pas eu toute la
surveillance qu'il fallait au niveau du privé. Mais le privé est
très grand, il a besoin de bien, bien du monde pour être capable
de partir des projets et d'aller chercher des personnes âgées et,
quand il est mal pris, de venir demander au gouvernement de le dépren-
dre.
Au niveau de la personne avant toute chose, oui; intégrer, oui
et, évidemment, les expériences, on va les limiter un peu.
M. Chevrette: Mais la personne avant toute chose, M. le
ministre... Il faut connaître ce que c'est, une personne
âgée. Une personne âgée peut être très
en forme à 68 ans, au moment où elle pénètre dans
une maison d'hébergement et, six mois après, elle est prise d'un
cancer - bon Dieu! - dans l'espace de trois mois. Vous irez voir dans les
centres d'accueil, M. le ministre. Dans l'espace de trois mois, ce qui
était très bon est devenu extrêmement malade. Il y a des
personnes qui étaient très lucides qui deviennent
séniles.
M. Côté (Charlesbourg): II y a 25 % de rotation par
année.
M. Chevrette: A partir de là, je vous dis...
Le Président (M. Joly): J'apprécie toutes ces
belles statistiques, mais je me dois de trancher car, malheureusement, c'est
toujours trop court quand c'est intéressant et important. Alors... Je
remercie aussi, au nom des gens de cette commission, les représentants
de la Résidence de l'île. Merci beaucoup pour votre participation.
Vous vouliez ajouter le mot de la fin, Mme...
Mme Blais: Oui...
Le Président (M. Joly):... parce que je n'aimerais pas que
vous partiez comme ça...
Mme Blais: Moi non plus.
Le Président (M. Joly):.. parce que ça me ferait de
la peine de voir quelqu'un...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Brièvement, Mme...
Mme Blais: Je comprends et j'approuve les préoccupations
du ministre. Pour ramener les choses très simplement, regardons les
coûts, ce que ça coûte pour maintenir une personne en
résidence privée, ce que ça coûte pour maintenir une
personne en centre d'accueil avec une qualité de services qui pourrait
peut-être mieux être en mesure de répondre aux vrais besoins
des personnes.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Mesdames,
messieurs, merci beaucoup.
Centre hospitalier Pierre-Janet
Je vais maintenant demander aux représen-
tants du centre hospitalier Pierre-Janet de bien vouloir prendre place,
s'il vous plaît. Bonjour messieurs, bienvenue à cette commission.
Vous avez une dizaine de minutes pour nous présenter votre
mémoire et, par après, nécessairement on va essayer de
vous poser les bonnes questions. Je présume, M. D'Amour?
M. D'Amour (Marcel): C'est ça.
Le Président (M. Joly): C'est ça. Et M. Roger
Paquet. C'est bien ça?
M. Paquet (Roger): C'est ça.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, que la personne
responsable veuille bien nous présenter son mémoire.
M. D'Amour: M. le Président, comme mes
prédécesseurs, mon collègue et moi désirons vous
remercier de l'opportunité qui nous est fournie de commenter le
mémoire que nous vous avons fait parvenir. Mon rôle, en tant que
président du conseil d'administration, sera uniquement de faire un
préambule. L'aspect un peu plus élaboré et technique, mon
D.G. le fera par la suite.
Pour vous situer très rapidement, Pierre-Janet est un centre
hospitalier régional situé à Hull. J'allais vous
décrire la région, mais les gens du CRSSS l'ont fait. Alors,
notre région étant la même, vous savez de quoi il
s'agit.
En 1989, Pierre-Janet a dispensé des services à environ
2000 personnes dans nos divers programmes, soit des services extérieurs,
des cliniques internes ou en hospitalisation. Pierre-Janet a 114 lits et nous
avons deux résidences qui, entre parenthèses, messieurs,
fonctionnent admirablement bien.
La raison de notre présence ici, c'est que nous pensons que nous
avons une expérience à partager avec vous qui pourrait être
utile, car depuis plusieurs années, le conseil d'administration de
Pierre-Janet a eu une seule préoccupation qui était le
bénéficiaire. Toutes nos délibérations et nos
décisions sont orientées en vue d'un seul et unique but, soit
d'améliorer la qualité de santé, la qualité de
services, dis-je, à nos bénéficiaires.
M. le ministre, vous avez mentionné tantôt... Vous posiez
la question, à savoir quelle était l'étincelle qui faisait
que, dans la région, il semblait y avoir peut-être une plus grande
collaboration. Je pense que - pour moi, en tout cas, peut-être que je me
trompe ^ la réponse est justement dans cet aspect du
bénéficiaire. Je pense que tant et aussi longtemps que tous les
partenaires parleront d'améliorer la qualité des services aux
bénéficiaires, à ce moment-là, il deviendra, par la
force des choses, nécessaire qu'il y ait une plus grande collaboration.
Je pense qu'il faut arrêter, tous et chacun, de parler de lutte de
pouvoir, de budget ou de besoin de per- sonnel. Autant le personnel de nos
institutions - c'est vrai à Pierre-Janet - est essentiel, tant le
personnel syndiqué que nos cadres, autant ni l'un ni l'autre
n'existerait sans la présence des bénéficiaires. Le
conseil d'administration, chez nous, a mis l'emphase sur l'intégration
et la coordination des services. Nous avons expérimenté tout
récemment une nouvelle réorganisation qui vous sera
expliquée plus en détail par notre directeur
général, basée sur les programmes. À date, nous
pouvons dire, messieurs, que nos programmes se sont avérés
profitables. D'ailleurs, si vous avez écouté les gens qui nous
ont précédés, tous, je pense, vous ont dit que le
programme de santé mentale avait fait des progrès énormes
dans notre région.
Nous croyons que la formule qui vous sera présentée plus
en détail pourrait être applicable à l'ensemble du
réseau, mais ceci, à trois conditions. La première, c'est
de permettre aux régions de faire des choix en fonction des besoins de
la population; la deuxième, c'est que nous travaillions en
système et non plus isolément, et, troisièmement, que nous
associions tous les partenaires du secteur dans un même objectif. (12 h
15)
Si tous les établissements sont tenus responsables de relever ce
défi, nous pensons que l'objectif que tout le monde recherche - et je
suis certain que le ministère, en particulier - soit celui
d'améliorer la qualité des services, sera atteint. Je cède
maintenant la parole à notre directeur général, Roger
Paquet, qui est bien connu de votre ministère puisque, comme vous le
savez, il est président du Comité provincial de la santé
mentale et il a siégé à la commission Harnois et à
plusieurs autres. En définitive, M. le ministre, nous vous le
prêtons souvent. C'est avec plaisir que je lui cède la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Et encore
dernièrement.
Le Président (M. Joly): M. Paquet.
M. Paquet: Rapidement et dans le prolongement de ce qui s'est dit
ce matin, nos propos vont s'inspirer fondamentalement de l'expérience en
santé mentale, qui est une expérience régionale, mais
aussi provinciale par la démarche d'élaboration de la
politique.
Si on est sérieux pour dire que les personnes doivent être
au centre de nos préoccupations et si on est sérieux pour dire
que le pouvoir doit se rapprocher d'elles parce qu'elles sont
concernées, il est évident, pour nous, que la
régionalisation s'impose. Elle est non seulement souhaitable, elle est
obligatoire; elle est une condition absolument essentielle dans la recherche
des objectifs qu'on s'est fixés. L'intégration et la coordination
des services, pour nous, c'est un problème majeur dans le
système, auquel il faut
s'attaquer globalement.
Le projet de loi propose une façon qui était de s'inspirer
d'un regroupement territorial. C'est une façon qui nous apparaît
intéressante, mais nous, on pense qu'il y en a d'autres et on pense que
celle d'un aménagement en programmes est peut-être plus riche et
plus prometteuse de résultat par rapport à ces objectifs
là.
Essentiellement, un programme, pour nous, c'est un ensemble
d'activités, un ensemble d'interventions qui s'adressent à une
clientèle spécifique. Dans un programme, on poursuit toujours
deux objectifs. Il y en a un qui est de desservir les personnes,
c'est-à-dire de leur donner les services dont elles ont besoin; l'autre,
c'est d'aider la population à maintenir et à développer sa
santé et son bien-être. Dans tous les programmes, on se doit de
mettre des efforts à ces deux niveaux.
Dans la dispensation des services aux personnes, il est bien
évident que le partenariat s'actualise principalement à
l'intérieur du réseau de la santé et des services sociaux,
donc entre les établissements et les organismes communau taires
principalement. Lorsqu'on parle du développement de la santé des
populations, c'est un partenariat qui s'articule entre les grands secteurs de
l'activité gouvernementale et c'est l'une des choses que l'on
déplore qui n'apparaîl pas dans le projet de loi, qui
n'apparaît pas surtout au niveau de la mise en relation des grands
secteurs d'activité et des grandes politiques gouvernementales, parce
qu'elles ont énormément d'influence sur la santé et le
bien-être des populations, spécialement lorsqu'on parle
d'éducation, de travail et qu'on parle entre autres de politique de
revenus.
Maintenant, si on veut plus spécifiquement progresser au niveau
de la coordination des services, on recommande dans un premier temps que
l'ensemble des activités du ministère soit aménagé
en programmes, le programme santé mentale étant un exemple
d'illustration de ce que ça pourrait être. Que le ministère
précise par la suite dans chaque programme, dans le cadre d'une
politique ministérielle, ses orientations et ses objectifs. Au fur et
à mesure qu'on bâtira les politiques de chaque programme, on se
rapprochera de l'objectif ultime qui est la politique de santé et de
bien-être pour le Québec. On peut faire tout en même temps,
on peut le faire en séquences, c'est la capacité et les
ressources dont on dispose qui peuvent nous indiquer le rythme à suivre
pour l'élaboration des politiques sectorielles.
Une fois les politiques sectorielles élaborées, il est
bien évident que les régions doivent, à leur tour,
s'attaquer à la planification régionale et faire en sorte
qu'elles prévoient T'opéra-tionalisation" de la politique
ministérielle dans le programme au sein de leur région Ça,
c'est fondamental pour faire on sorte que l'équité dont on a
parlé ce matin soit absolument assurée entre les régions
et les sous-régions. Si le ministère est en mesure d'assumer une
équité entre les régions, il est aussi en mesure
d'indiquer et d'imposer aux régions des normes d'équité
à respecter entre les sous-régions de sa région.
Ça, ça me semble être la planification régionale qui
peut nous en donner les garanties.
Il deviendrait dès lors fort intéressant d'avoir cet
aménagement en programmes pour s'attaquer à une question qu'on a
complètement oubliée depuis plusieurs années dans le
réseau. C'est toute la question de l'évaluation des services qui
est absolument négligée. À partir du moment où un
programme a des objectifs connus, identifiés, on est en mesure de
s'adresser à l'évaluation. C'est bien sûr, pour nous, le
canal à suivre en ce qui concerne la décentralisation pour faire
en sorte qu'il n'y ait pas qu'une simple décentralisation
administrative, mais qu'il y ait aussi une décentralisation des
responsabilités. le dernier point que j'aimerais aborder et qui,
à la lumière de l'expérience de l'outaouais, est
fondamental, c'est qu'une fois qu'on a décentralisé il faut
être très clair sur les obligations de coordination
imposées à une région. pour nous, il y a bien sûr
des questions de volonté là-dedans, mais il y a des conditions de
réussite et des conditions de succès qu'on connaît
déjà et qu'il faudrait absolument respecter pour nous, la
participation essentielle et obligatoire des personnes concernées dans
les mécanismes de coordination est un élément fondamental.
tant et aussi longtemps qu'on n'assoira pas avec les gestionnaires, qu'ils
soient du réseau public ou du réseau communautaire, les personnes
qui vivent ou qui ont vécu les problèmes auxquels on fait face,
on restera relativement administratifs et théoriques dans nos modes de
coordination. la présence des personnes concernées et des proches
est à ce point importante que c'est l'élément de garantie
dont on a besoin pour faire en sorte que la coordination devienne réelle
pour les personnes. j'arrête là-dessus je pense que notre temps
est déjà largement expiré
Le Président (M. Joly): Merci, M. Paquet et M D'Amour M.
le ministre de la Santé et des Services sociaux, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Très brièvement, je voudrais dire à M.
le président du conseil d'administration qu'effectivement on emprunte
souvent Ses compétences pour les mettre au profit de l'ensemble du
Québec, donc des bénéficiaires. J'imagine que c'est tout
à votre honneur de voir que vos gens rayonnent un peu partout à
travers le Québec, et c'est le cas de M. Paquet.
M. D'Amour: Nous devons nous féliciter de notre choix.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est
très, très clair. Évidemment, je suis pressé parce
que je m'en vais travailler à un dossier auquel vous avez
travaillé il n'y a pas tellement longtemps.
C'est une expérience qui est intéressante. Plusieurs
groupes sont passés ici pour nous dire: Objectif de résultat,
politique de santé, c'est extrêmement important. Mais avec des
objectifs de résultat, je pense qu'on peut améliorer bien des
choses, et là, on fait abstraction de qui est le D.G. qui mène,
quel établissement a telle ou telle responsabilité.
Vous nous dites que la politique de santé, ça peut
être fait tout en même temps ou graduellement. Tout en même
temps, j'aurais peur, je vous le dis très honnêtement. Si on en
arrivait au large consensus de 20 objectifs qui seraient les
éléments essentiels de la politique de santé, ça me
ferait peur un petit peu. Évidemment, on a eu l'expérience de la
politique en santé mentale qui va relativement bien, qui peut nous
servir de test, mais j'aime particulièrement votre approche au niveau
des programmes. On l'a fait en santé mentale, mais comment est-ce qu'on
le fait dans le reste? C'est davantage sur le plan pratique; demain matin, on
peut bien décider, nous autres, au central, que c'est ça, et
donner les lignes en disant: Bon, parfait, demain matin, c'est le
vieillissement, le surlendemain, c'est la jeunesse. Comment est-ce qu'on fait
pour articuler tout ça, pour être capables, effectivement, d'en
arriver à ces objectifs-là?
M. Paquet: Pour répondre à votre question, M. le
ministre, il faut entrer dans toute une série de considérations
techniques, et je pense que ce n'est pas la place et qu'on n'a pas le temps
pour ça. Mais, partons de choses simples que les gens vont comprendre.
Il y a dans notre population trois grands, secteurs naturellement
découpés que les gens comprennent les jeunes, les adultes et les
personnes âgées. Fondamentalement, ces trois grands secteurs de
population là ont besoin du même niveau et du même type de
services. Ce qui varie d'une population à l'autre, c'est
l'intensité ou la forme des services qu'on leur donne. Tout le monde a
besoin des services de santé physique, que ce soit une personne
âgée ou un enfant.
À partir de chaque grand groupe de population, on peut
bâtir des programmes. Si on maintient une logique qui est toujours la
même, c'est-à-dire les personnes concernées en populations
spécifiques, à l'intérieur de chacun des grands groupes,
ça, M. le ministre, je pense qu'avec quelques mois de travail d'une
équipe au ministère et de gens dans le réseau on peut
très rapidement régler ce problème-là et donner un
encadrement simple que les gens vont comprendre et qui fera en sorte qu'on ne
se promènera plus d'un programme qui se réfère à la
structure de rétablissement, comme un programme de longue durée,
à un autre qui se réfère à la fonction qu'on fait,
comme la planification, à un autre qui se réfère au genre
de personnes à qui on s'adresse, comme les personnes âgées,
et c'est ça qui fait qu'actuellement on ne se comprend pas. Mais
ça a beaucoup d'implications, la notion de programme, à
l'intérieur même du ministère. Si on travaille par
programme, on ne peut plus travailler en planification d'un bord, en
évaluation de l'autre et en liaison de l'autre. On travaille ensemble
autour d'un objectif, qui est la population qu'on dessert. Ce sont des
changements assez importants.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, plus on avance,
plus on se questionne, plus on dit qu'on va aller dans telle direction, plus on
se rend compte qu'il y a des changements majeurs à faire au niveau du
ministère. Alors, ça va commencer par là aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas se faire
d'illusion. Si on pense qu'au ministère il n'y aura pas un
brasse-camarades, il va y en avoir tout un. Juste une petite anecdote. C'est
qu'on a déjà eu des demandes de régions pour avoir du
personnel du ministère. Ce qu'ils nous disent, c'est qu'on n'en aura
plus besoin. Donc...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ceci mis de
côté et ce qui est très intéressant parce que,
effectivement, c'est très profond comme changement, je veux aborder
juste la régie régionale qui va devenir le pouvoir central de la
région. Il va y avoir un pouvoir très centralisé ou il va
y avoir un pouvoir décentralisé là-bas aussi Si on est
pour centraliser en région ce qu'on décentralise de
Québec, on aura fait un bout de chemin. On va avoir fait 300
kilomètres, 400 kilomètres, rapproché un peu plus, mais
ça ne veut pas dire qu'on aura pour autant réglé nos
problèmes, parce que les vices du central vont vite se retrouver dans la
capitale.
Qu'est-ce que c'est qu'il faut éviter? Parce que, des solutions,
tout le monde en a. Qu'est-ce que c'est qu'il ne faut pas faire pour qu'on
réussisse?
M. Paquet: II ne faut surtout pas se limiter à donner du
pouvoir. La pire erreur qu'on pourrait faire, ce serait de donner du pouvoir
aux régions seulement. Il faut rendre les régions imputables des
services à dispenser. Ce n'est pas du tout la même logique. Et
c'est ça, la grande différence entre être autonome et
responsable et être insouciant et impérialiste. C'est aussi
opposé
que ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paquet: Si on est sérieux dans la
décentralisation, il faut que les régions s'engagent à des
quantités et à des qualités de services à dispenser
à leur population. Je vais vous donner un exemple concret, M. le
ministre. Nous, on a comme un objectif qu'on travaille depuis quatre ans dans
le système, c'est de faire en sorte que toute personne qui a besoin
d'une intervention d'urgence en santé mentale l'obtienne dans un
délai de 24 heures.
On est partis, il y a quatre ans, de situations où les gens
attendaient 23 jours. On est à une journée et demie ou deux
jours, aujourd'hui. Puis dans un an, on va sûrement être à
24 heures. Mais on se sent imputables de ça. Ça n'a rien à
voir avec le pouvoir. Ça regarde les responsabilités qu'on assume
et c'est de ça qu'il faut être fiers. Et si on veut que le monde
fasse ça, puis si on veut que les régions fassent ça, il
faut leur coller au derrière un Instrument d'évaluation. C'est le
seul que ça prend.
M. Côté (Charlesbourg): Une évaluation qui,
elle, serait la responsabilité du central.
M. Paquet: Je ne pense pas que l'évaluation soit la
responsabilité du central. Pour moi, la responsabilité du central
est d'exiger l'évaluation, non pas de faire l'évaluation. Les
gens doivent, dans les régions, mettre leur propre mécanisme. Il
ne devrait pas y avoir un crédit de développement octroyé
sans que cette garantie-là, cette règle du jeu soit inscrite dans
le système avant de commencer. Si on regarde l'expérience de
l'Outaouais en santé mentale pour ce qui est de l'évaluation,
quand le rapport d'évaluation qui touche 38 organismes et
établissements sort et qu'on a le portrait de tout le monde, c'est
passablement intéressant, mais c'est aussi passablement
responsabilisant.
M. Côté (Charlesbourg): Je m'informais si on avait
votre principe d'évaluation au niveau de l'Outaouais, ça
m'intéresse. Si on fouille plus avant, ça m'intéresse.
Le Président (M. Joly): Brièvement. Je vous laisse
aller, M. le ministre, c'est très intéressant.
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, j'ai toujours
pensé que le ministère aurait une responsabilité de
planification de politique de santé avec des objectifs qu'H transmettait
aux régions qui, elles-mêmes, faisaient leur propre planification
au niveau de chacune des régions et, bien sûr,
l'évaluation, mais que la centrale avait aussi une responsabilité
d'évaluation sur l'ensemble. Parce que s'il y a une politique de
santé qui est provinciale, il doit aussi néces- sairement y avoir
une évaluation provinciale, mais une évaluation à partir
des évaluations que feront les 16 réglons. Donc, un certain
contrôle quant aux objectifs qu'on s'est fixés et l'atteinte de
ces objectifs-là.
L'imputabilité. Vous nous évoquez une nuance dans
l'imputabilité, c'est d'arriver aux objectifs qu'on se fixe. Est-ce
qu'on peut aller encore plus loin dans l'imputabilité?
M. Paquet: Je pense que, si on se rendait là, on aurait
déjà fait un grand bout de chemin. Peut-être
qu'après on va apprendre comment aller plus loin. Si vous me posez la
question aujourd'hui, honnêtement, je ne suis pas en mesure de vous
répondre de façon sérieuse là-dessus. On fait
à peine commencer à se sentir responsables d'un système de
santé et de bien-être à offrir à une population. Le
jour où on aura maîtrisé ça, je pense qu'on pourra
aller plus loin, mais je ne pourrais pas vous dire comment.
M. Côté (Charlesbourg): On va avoir à
répondre à des questions tantôt quand on va arriver avec le
projet sur le plan de l'imputabilité aussi financière.
Évidemment, ce sont des questions qui sont très importantes. Il y
a des propositions qui ont été faites de recevoir les
régies régionales en commission parlementaire, ce qui n'est pas
bête du tout, pour les questionner sur l'atteinte des objectifs.
Ça en est une forme d'évaluation et d'imputabilité, mais
on verra, en cours de route, là où on peut aller.
M. Paquet: On se sent un peu comme ça en ce qui concerne
l'Outaouais aujourd'hui, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Le ministre a posé des questions; j'en aurai
une seule, compte tenu de l'heure. En santé mentale, avec un centre
spécialisé en psychiatrie, comment voyez-vous la
décentralisation des enveloppes de la RAMQ? Ce ne sont pas toutes les
régions qui ont un budget faramineux en santé mentale. Il y a
môme des régions où tout service en psychiatrie est
inexistant ou à peu près. Est-ce que vous avez pensé que
la santé mentale devrait relever du national ou du régional? Je
ne dis pas du provincial, je dis du national. Depuis hier soir, j'ai le
goût de dire deux fois "national".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paquet: Je pense que la santé mentale doit relever de
plusieurs niveaux, y compris le national, comme vous dites, pour certaines
choses et le provincial, pour d'autres. Si on regarde ta
possibilité de régionaliser les enveloppes de la ramq,
c'est, pour moi, non pas une question administrative mais une question
d'équité à l'égard d'une population. si on
régionalise ces fonds-là, je pense qu'on va être en mesure
de faire en sorte que les spécialistes se déplacent là
où est une partie de leurs intérêts.
M. Chevrette: Êtes-vous médecin?
M. Paquet: Non, je ne suis pas médecin. Ça va
permettre aussi...
M. Chevrette: Dites-vous ça devant vos
médecins?
M. Paquet: Je dis ça devant mes médecins et avec
les médecins qui travaillent chez nous.
M. Chevrette: allez-vous le dire aux médecins de
montréal? aux psychiatres de montréal, par exemple, auriez-vous
le goût de leur dire?
M. Paquet: J'aurais le goût de le dire à tous les
médecins qui travaillent dans des régions où, au moins, la
quantité de spécialistes est le double de ce qu'il y a dans les
autres régions du Québec.
M. Chevrette: Donc, en psychiatrie, vous auriez certainement deux
places à faire: Québec et Montréal.
M. Paquet: C'est ça. La tournée serait assez
brève: Québec et Montréal, je pense.
M. Chevrette: C'est ça. Vous n'auriez pas trop de
difficultés.
M. Paquet: L'autre chose qui est intéressante avec la
régionalisation des budgets de la RAMQ, c'est si on permet que l'argent
qui n'est pas utilisé par des spécialistes puisse être
octroyé pour développer d'autres formes de services qui vont
venir compenser. Je pense que l'idéal qu'il y a à atteindre,
c'est d'avoir un équilibre entre les grands types de spécialistes
dont on a besoin pour travailler au niveau des services d'une population.
M. Chevrette: Je vous remercié. J'aurais aimé que
d'autres sous-centres ou d'autres régions viennent au niveau de la
santé mentale également. C'est une lacune ou une carence au
niveau de notre commission. Vous êtes, je pense, le seul centre ou il y
en aura peut-être un autre en santé mentale qui viendra, mais on a
plutôt la version ou la vision des grands centres urbains et des gros
problèmes en psychiatrie. C'est comme si le stress n'existait pas
ailleurs. C'est comme si, en région... C'est vrai qu'on est plus sains
qu'ailleurs, je le reconnais, mais il m'ap- paraît, par exemple, qu'on
doit, qu'on a l'obligation - et c'est ça que je trouve
intéressant dans votre mémoire - on a l'obligation de donner une
qualité de services. Parce qu'on est égaUx devant les
impôts, on doit être égaux devant les services. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le leader de
l'Opposition officielle. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que c'est le dernier groupe de l'Outaouais. Ce que je veux dire en
conclusion de la matinée, c'est qu'on a eu une participation de
l'Outaouais tout à fait exceptionnelle sur le plan de la qualité,
sur le plan de la diversité des expériences aussi. Je pense que
je tenais à le souligner parce que chacune des régions a eu,
à peu près jusqu'à maintenant, l'opportunité de
venir et l'Outaouais, quant à moi, se démarque quant à la
variété et la qualité des présentations. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci. Au nom des membres de cette
commission, moi aussi, je vous remercie.
Une voix: C'est comme les députés...
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons suspendre nos
travaux jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
(Reprise à 15 h 58)
Le Président (M. Joly): Bonjour, bienvenue à cette
commission. Nous allons maintenant reprendre nos travaux. Je demanderais aux
gens représentant la Centrale de l'enseignement du Québec de bien
vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Bonjour, vous nous excuserez du léger retard; avec la Chambre,
c'est comme ça que ça fonctionne. Mme Pagé,
j'apprécierais beaucoup si vous pouviez nous présenter les gens
qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
Centrale de l'enseignement du Québec
Mme Pagé (Lorraine): Sûrement, M. le
Président. Je suis accompagnée, en commençant à
l'extrême gauche, mon extrême gauche, par Mme Michèle
Savard, directrice du programme à la CEQ qui traite des questions
professionnelles; Mme Béatrice Chiasson, ressource-conseil à la
Centrale et l'une des corédactrices du mémoire qui va vous
être présenté. À ma droite, M. Laurier Caron,
également ressource-conseil à la Centrale et l'autre
rédacteur du mémoire que nous allons vous présenter
aujourd'hui.
Le Président (M. Joly): Brièvement, je vous
explique un peu: une vingtaine de minutes ou
moins - je dis bien "ou moins" - parce qu'on est en retard - et puis,
nécessairement les membres des deux formations se réservent le
privilège de vous poser des questions. Allez, Mme Pagé.
Mme Pagé: Je ne ferai pas une lecture du mémoire,
d'une part, parce qu'en vingt minutes, ce serait impossible et, d'autre part,
parce que vous l'avez reçu à l'avance...
Le Président (M. Joly): C'est ça
Mme Pagé: Donc, je vais faire une présentation qui
se détache un peu de l'écriture et qui met en évidence
certains éléments. Les deux considérations que je
désire aborder dans ce temps de présentation concernent la
privatisation et le financement de notre réseau public.
Tout d'abord, sur la privatisation, je sais bien qu'on a voulu se faire
rassurants, au cours des dernières semaines, et nous dire que
c'était là un phénomène tout à fait
marginal. Mais nous croyons, quant à nous, qu'il est important de
prendre la parole sur cet aspect parce qu'un certain nombre de situations ou
d'événements, qui ont pu survenir au cours des dernières
semaines ou des derniers mois, sont fort éloquents et, ma foi, peu
rassurants.
Il faut se souvenir, tout d'abord, que, dès 1985, le rapport
Gobeil avait mis de l'avant un certain nombre d'orientations qui pouvaient
être vues comme des pistes ouvrant la porte à la privatisation. Il
y avait, entre autres, dans ce rapport, une formule s'inspirant des HMO
américains qui ont connu des suites avec le projet des OSIS. En avril
1989, les orientations de la ministre Lavoie-Roux allaient un peu dans la
même suite: il y avait des suggestions de nouvelles sources de
financement, par exemple. Et ces deux éléments nous montrent bien
que, depuis plusieurs années déjà, on jongle avec des
possibilités de privatisation.
Il faut aussi constater que, déjà, certaines mesures ou
certains services ont commencé à se privatiser: qu'on pense, par
exemple, à la physiothérapie, qu'on pense à la
désassurance de certains médicaments, voilà aussi des
faits que nous devons constater et qui doivent nous amener à être
vigilants sur la question de la privatisation. Il faut aussi se rappeler la
mise en scène qui a précédé immédiatement
l'ouverture de la commission parlementaire, mise en scène consistant
dans les déclarations de l'Association des hôpitaux du
Québec qui suggérait des modes de financement qui sont des
approches de privatisation; la présentation de M. Castonguay, devant la
commission parlementaire, qui réclamait un régime à double
vitesse II y a également certains articles, dans le projet de loi, qui
ouvrent la porte à la privatisation. Ils étaient cités
dans le mémoire, à la page 5. Je fais référence,
plus précisément, aux articles 12, 27, 28, 29, 40, 148, 152 et
173, et je suis assurée que, pendant la période de questions,
nous pourrons revenir plus longuement sur ces questions.
Il y a des rappels que nous voulons faire sur la question de la
privatisation. Tout d'abord, notre système de santé est un
système mixte, où se côtoient déjà des
formules privées avec des formules publiques. Il y a beaucoup
d'intervenants, dans le milieu, qui se comportent un peu comme des
entrepreneurs privés. C'est le cas des médecins qui ont les
attitudes d'entrepreneurs privés. C'est aussi, faut-il le rappeler, un
système qui subit une grande influence des industries pharmaceutiques ou
des entreprises de production de services ou des entreprises plus
versées dans les nouvelles technologies, par exemple.
Quand on parle de privatisation, ce sont des impacts qu'il faut mesurer.
Le premier de ces impacts, c'est, à notre avis, la naissance d'une
médecine à deux vitesses, l'une pour les riches, l'autre pour les
pauvres. Un deuxième impact, également, c'est que, quand on a un
régime qui repose davantage sur les services privés, nous avons
un système où les prix sont moins contrôlés et qui,
finalement, finit par coûter plus cher. Et vous avez, à cet
égard-là, deux exemples qui sont cités dans le
mémoire: à la page 6, quand on parie des services en physiatrie,
où on se rend compte que ces coûts, qui étaient
facturés au maximum à 16,50 $ par la RAMQ avant juillet, sont
maintenant des coûts qui peuvent aller jusqu'à 30 $ la
séance. Donc, quand on a un régime privé, on assiste
à un moins bon contrôle des prix. L'exemple de la situation
américaine, qui est rapporté en page 8, est aussi fort
éloquent à cet égard. On voit que les dépenses en
santé se sont grandement accrues aux États-Unis, ont connu une
croissance plus élevée que notre système au
Québec.
Le troisième impact d'un régime de privatisation, c'est
que ça affecte davantage les personnes pauvres. Toutes les études
récentes confirment pourtant qu'il y a des inégalités, des
disparités sociales qui sont encore permanentes dans notre
société. Nous avons ces indications à la page 7 du
mémoire, où nous citons une étude faite par Mme Ginette
Paquette qui montre que c'est dans les groupes économiquement
défavorisés que l'espérance de vie est toujours moindre et
l'espérance de vie en santé est encore plus courte.
Un quatrième impact qu'il est important de mettre en
évidence également, c'est que c'est un système qui laisse,
finalement, fort peu de place à la prévention parce que les
intérêts des groupes en présence sont bien plus à la
consommation qu'à la diminution de consommation de services. On sait
pourtant que la prévention est un des éléments essentiels
dans rétablissement d'une politique globale de santé et de
services sociaux. Je voudrais d'ailleurs vous signaler que nous avons
constaté, depuis déjà quelques
années, une diminution dans les services de prévention.
J'insisterai plus particulièrement sur les services de prévention
en milieu scolaire où les hygiénistes dentaires, par exemple,
sont presque complètement disparues et les services alimentaires en
milieu scolaire sont, également, fort peu développés.
Je voudrais donc conclure sur la question de la privatisation en
rappelant qu'une réduction des investissements publics dans les services
de santé amènera nécessairement, à notre avis, une
augmentation et une amplification des problèmes de santé et des
problèmes sociaux. Nous croyons donc qu'il y a une nette
supériorité des systèmes publics de santé et vous
avez, à cet effet-là, en pages 8 et 9 de notre mémoire,
des citations que je vous invite à relire avec beaucoup d'attention.
Le deuxième élément, c'est sur le financement de
nos services publics. On a beaucoup dit que la part des dépenses du
gouvernement affectées aux services de santé était trop
élevée. Je voudrais rappeler que l'évolution des
coûts n'a pas été débridée. Au contraire,
quand on enlève l'inflation, on va s'apercevoir qu'on est au même
niveau qu'il y a 20 ans. La proportion des dépenses du service de
santé par rapport à notre PIB est tout à fait dans la
moyenne des pays industrialisés et, malgré tout, nous avons un
système qui est plus performant mais surtout qui a permis une meilleure
égalité sociale que d'autres régimes; je pensé plus
particulièrement au régime américain où 40 000 000
de personnes sont exclues des services de santé. Nous croyons que les
deux problèmes majeurs dans le financement des services de santé
sont d'un tout autre ordre d'idées. Le premier problème, c'est
que depuis - et là, dans les deux cas, je vais parler des années
1977 à 1988 - dans cette séquence de temps, nous avons
constaté un désengagement du gouvernement fédéral
dans les services de santé. Sa part est passée de 44,7 % à
39,7 %, c'est un premier problème de notre financement. Il faudrait que
le gouvernement québécois soit plus dur à l'égard
du gouvernement fédéral sur cette question. Le deuxième
élément, c'est l'augmentation des dépenses privées
dans le financement de notre service de santé: dans la même
période de temps, nous sommes passés d'une proportion de 16,8 %
à 23 %. Et nous pensons que ce sont les deux problèmes majeurs
dans notre financement. Nous croyons qu'il est impensable de maintenir à
7 % du PIB le niveau de financement de notre service public. Nous croyons qu'il
faut l'accroître mais nous croyons qu'il y a moyen, en l'accroissant
légèrement, de quand même améliorer son rendement,
et je donne quelques suggestions: il faudrait agir davantage sur les
déterminants de la santé: conditions de travail, conditions de
vie, lutte à la pauvreté, à l'appauvrissement; il faudrait
vraiment donner plus de place aux médecines alternatives qui sont
souvent aussi efficaces et moins dispendieuses, et là, c'est toute la
médicalisation des soins de santé qui est en cause;
troisièmement, il faudrait vraiment questionner la
rémunération à l'acte des médecins, qui
s'approprient une part fort Importante du budget de la santé; il
faudrait également assurer le contrôle sur la diffusion des
nouvelles technologies, parce que les entreprises sont bien plus
intéressées à vendre leurs nouveaux appareils qu'à
se préoccuper de la nécessité de ces nouveaux appareils,
et nous sommes, de toute façon, en avance par rapport aux autres
provinces canadiennes et aux Etats-Unis, par exemple, sur les greffes
d'organes; enfin, il faudrait développer des services
intégrés pour les personnes âgées. En maintenant ou
en développant des services à domicile, particulièrement
avec des ressources de CLSC, on éviterait, dans certains cas, les
institutionnalisations qui coûtent plus cher. En assurant un soutien
matériel à des personnes âgées pour le logement, par
exemple, on pourrait aussi éviter de l'institutionnalisation. Enfin,
nous croyons que dans les services d'hébergement, parce qu'il y a quand
même des personnes âgées qui ont besoin
d'hébergement, eh bien, souvent, en coupant dans les ressources, on a
plutôt favorisé la médicalisation ou la médication
excessive qui a amené une hausse de la consommation de
médicaments mais, finalement, ces personnes âgées sont
souvent en situation de camisole de force chimique par l'abus de
médicaments. Et nous croyons même qu'il faudrait considérer
la mise en place d'un système public d'assurance-médicaments
parce que, à notre avis, ça permettrait un meilleur
contrôle des prix et ça permettrait donc au gouvernement de ne pas
payer des médicaments au prix des lois du marché où les
entreprises phamaceutiques sont bien plus soucieuses de leur part de profits
que d'un coût juste pour les médicaments consommés. Pour la
suite de la présentation, nous irons davantage sur les articles du
projet de loi sur lesquels nous voulons insister, et c'est M. Caron qui va
compléter la présentation pour les quelques minutes qui
restent.
M. Caron (Laurier): D'abord, sur les objectifs du système
de santé et de services sociaux, on constate une certaine dilution dans
l'avant-projet de loi, et cela nous inquiète. On ne retrouve pas le sens
qui était dans l'article 3, dans les pouvoirs du ministre, où on
dit, par exemple, dans l'article 3, que le ministre a le pouvoir, avec la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, d'améliorer la
capacité physique, psychique et sociale des personnes d'agir dans leur
milieu et d'intervenir sur les déterminants de la santé, et que
toute personne a accès aux services d'une façon continue pendant
toute sa vie. On ne retrouve pas ça dans les objectifs actuels, et cela
nous inquiète au plus haut point. Au niveau des droits à
l'égard des services de santé et des services sociaux, on doit
dire là-dessus que la disparition de l'article 5 de la loi actuelle nous
inquiète beaucoup.
Celui-ci stipulait que les services de santé et les services
sociaux doivent être accordés sans distinction ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la
religion, la langue, l'ascendance nationale... etc. Cela nous inquiète.
Dans le chapitre sur la confidentialité, on trouve curieux qu'on n'ait
pas fait mention des nouveaux projets qui ont été lancés
ces derniers temps, entre autres, celui de la carte à puce, le projet de
la carte à puce. Il devra y avoir des mécanismes très
sérieux pour protéger la confidentialité, advenant
l'implantation de ce projet. Puis, là-dessus, on réclame aussi
qu'il y ait un débat public spécifique sur ce projet qui nous
questionne à plusieurs niveaux, parce qu'il soulève des
problèmes d'éthique, de confidentialité, des
problèmes de transmission de l'information, etc. Il faudrait qu'il y ait
un débat spécifique là-dessus.
Au niveau du rôle des établissements, on a constaté
qu'il pourrait y avoir un certain délestage des services, à la
lecture des articles 27, 28, 29 sur le rôle des établissements.
CLSC, CSS et CH. Quand on dit, par exemple, qu'un établissement peut
transférer ou peut, un instant... Les établissements seront
incités à diriger les personnes qui requièrent des
services pour elles-mêmes ou pour leur famille vers les centres, les
organismes communautaires ou les personnes les plus aptes à leur venir
en aide. Nous, on croit qu'il peut y avoir un délestage des services,
surtout quand les établissements sont pris avec des budgets qui sont
Insuffisants, comme c'est souvent le cas. Au sujet des rôles des
établissements, on constate aussi que les CLSC n'ont pas toute
l'importance qu'on pourrait leur accorder. On trouve qu'il est important
aujourd'hui de redonner aux CLSC toute la place qui leur avait
été conférée dans le passé et puis leur
accorder les moyens pour qu'ils puissent rendre les services de
premières lignes et les services de prévention que la population
attend. Les rendre plus accessibles aussi au niveau des heures d'ouverture, au
niveau des soins à domicile, et ça nous semble des volets
importants à développer.
On a constaté aussi, par l'article 30, qu'il y aurait une fusion
des centres d'accueil d'hébergement et des centres hospitaliers de soins
de longue durée. Nous sommes plutôt critiques face à cette
fusion parce qu'on craint finalement que ça entraîne la
disparition des centres d'accueil d'hébergement et que toutes les
personnes âgées qui ont besoin de ces services, ne puissent pas
avoir d'autres services, sinon dans le privé.
Au niveau du statut des établissements, on réalise qu'il y
aurait un élargissement possible des établissements
privés, puis un plus grand soutien aussi accordé aux
établissements privés. On retrouve ça à la page 28
de notre mémoire lorsque, par exemple, on dit dans le... Que le ministre
pourrait, s'il estime que l'Intérêt public et les besoins d'une
région le justifient, conclure avec un établissement privé
une convention pour rémunérer les services de santé et les
services sociaux qu'il dispense conformément à la convention,
etc. Alors, dans l'ensemble du projet, on retrouve ces encouragements
très forts aux établissements privés. Cela nous
inquiète au plus haut point, surtout quand on constate que, ces
dernières années, les centres privés autofinancés,
les résidences privées, les résidences clandestines se
sont développés très rapidement avec la levée du
moratoire sur ces établissements, qui n'a jamais été fait
d'une façon officielle mais qui a quand même été
réalisé. Quand on constate aussi que les centres publics ont
stagné, le nombre de places dans les centres publics a stagné
fortement, ces dernières années, c'est ce qui nous
inquiète, parce qu'il y a de la demande. Il y a 8000 personnes qui
attendent présentement pour avoir une place dans un centre public. Cela
devra être considéré, il nous semble, à un premier
niveau. (16 h 15)
Au sujet des conseils d'administration des établissements
publics, nous sommes plutôt défavorables à ce qui est
apporté concernant les conseils d'administration unifiés et aussi
concernant l'éviction, finalement, des personnes travaillant dans les
établissements avec l'article 57, par exemple, qui dit que toute
personne travaillant dans les établissements ne pourrait pas participer
aux conseils d'administration. Cela nous semble inacceptable car ces personnes
connaissent mieux que quiconque les problèmes du système de
services de santé et de services sociaux. Il nous semble que les
travailleuses et les travailleurs de ces établissements doivent avoir un
lieu pour s'exprimer sur l'organisation du travail, sur les grandes
orientations des établissements et que ce soit un lieu
décisionnel aussi, pas seulement des lieux consultatifs comme ce qui est
proposé. On constate qu'H y aurait plus de pouvoirs au niveau des
conseils consultatifs du personnel clinique, mais on réalise aussi que
ces conseils auront seulement un statut consultatif. Il en est de même
pour les conseils consultatifs à la direction générale.
Et...
Le Président (M. Joly): excusez, m. caron, il vous reste
une petite minute.
M. Caron: Une petite minute. Nous ne croyons pas
nécessaire la mise en place des comités d'établissements,
comité de directeurs généraux d'établissements. Il
nous semble que c'est leur accorder un trop grand pouvoir et qu'il y a d'autres
façons d'établir des mécanismes de coordination que de
mettre en place ces comités d'établissements.
En ce qui a trait, maintenant - on va passer un peu plus vite, on
reviendra dans la discussion aux régies régionales - à la
régionalisation qui est proposée. On constate, à
première vue, que ces orientations favoriseraient une certaine
déconcentration administrative au profit
de nouvelles structures régionales, mais nous estimons qu'il
serait inopportun d'instaurer ces régies régionales tout en
maintenant le gel du niveau de financement des services de santé et des
services sociaux. Ainsi, on obligerait les établissements et les
organismes communautaires d'une môme région à se partager
des budgets insuffisants et à se chicaner entre eux. Le gouvernement
semble avoir comme objectif de décentraliser les tensions, les
tiraillements et les arbitrages pour masquer le désengagement de
l'État actuel quant au financement et à la coordination des
services de santé.
Si la décentralisation de la gestion signifie la
décentralisation de la décroissance et des arbitrages financiers,
nous croyons qu'il ne faut pas aller dans ce sens. Si, par contre, c'est autre
chose, il faudrait nous le dire. Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Caron. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Ça fait tellement longtemps qu'on siège,
qu'à l'occasion, on a l'impression de radoter en disant un certain
nombre de choses. Mais je comprends les gens qui se présentent devant
nous. Eux, ils sont là pour la première fois et nous livrent leur
message, et je pense que c'est là, l'exercice, finalement, d'une
commission parlementaire comme celle-là. Parce qu'il y a des
thèmes que vous abordez: privatisation, désengagement de
l'État et, par rapport au contenu du mémoire, je trouve que vous
avez eu une présentation plus douce. Évidemment, c'est
peut-être le temps qui vous manquait, mais, le mémoire
étant celui qui reste et qui est là, je vais tenter d'aborder
avec vous, dans un échange, les thèmes principaux de votre
présentation, laissant de côté les interrogations que vous
pouvez avoir sur le libellé des articles, puisqu'on pourra se
référer au mémoire, le temps venu, quant à nous,
soit pour renforcer des choses qui apparaissent plus faibles, à ce
niveau-là, au niveau du libellé des articles de loi.
Je le répète, privatisation, je pense que le
système public a trop donné en termes de résultats
positifs, malgré les problèmes que nous avons, pour remettre en
cause le caractère public du système. Peu importe ce qu'ont pu
dire, à l'époque, le rapport Gobeil, l'expression de l'opinion de
M. Castonguay, qui est venu ici, qui a déjà été
ministre, et, ça nous apparaissait intéressant, qui a
déjà été d'abord à la tête d'un
comité, ministre, et qui est retourné dans le secteur
privé, donc, une vaste expérience qui pouvait nous conseiller sur
un certain nombre de choses, le gouvernement n'est pas obligé de le
prendre. C'est à lui de faire son lit sur des orientations très
précises. Il n'est donc pas question de privatiser, d'embarquer dans une
ère de privatisation au niveau du régime. On l'a
déjà eu privé à l'époque, et,
évidemment, c'était assez inégal comme résultat au
bout de la ligne. Il faut donc faire en sorte que les citoyens soient
égaux devant l'accessibilité aux services de santé et
qu'on en fasse peut-être davantage vis-à-vis de ceux qui ont des
difficultés sur le plan économique et qui ont des
conséquences directes vis-à-vis de la santé.
Vous avez raison de dire que ça prend une politique de
santé, et c'est la politique de santé qui va faire foi de la
réforme. Et, évidemment, vouloir faire la réforme et avoir
une politique de santé, ça ne va pas en opposition, ça
doit y aller par la force des choses où nous sommes, conjointement vers
un objectif qui est celui d'avoir une politique de santé où la
réforme d'un certain nombre de structures va permettre d'arriver aux
objectifs qu'on se donne dans la politique de santé et qui sera
définitivement un régime public. C'est pour ça que
privatisation, désengagement de l'État, ce sont des termes assez
forts dans votre mémoire, et ce n'est pas particulier à la CEQ.
Je pense que chacune des centrales syndicales qui est venue nous a mis en garde
contre les risques, et je pense que ces points-là sont très
très bien faits. Mais je vais plus loin, moi, parce que privatisation
des soins cliniques, c'est impensable. Je pense que ça m'apparaît
très clair. Est-ce qu'il n'y a pas certains secteurs où,
effectivement, il pourrait y avoir un bénéfice à le faire?
J'ai toujours donné les mêmes exemples, je vous les redonne
à vous. Sur le plan des services de cafétéria, sur le plan
des services de buanderie, s'il y en avait un certain nombre de
privatisés demain, ce qui donnerait un secteur témoin par rapport
aux coûts, en termes de contrôle, pourquoi ce serait mauvais?
D'abord, ça ne touche pas aux bénéficiaires, parce que,
inévitablement, la cafétéria va fournir à manger
aux gens qui sont bénéficiaires, qui sont dans les
établissements. Que le linge soit lavé par le privé ou par
le public, je ne pense pas, au bout de la ligne, que ça puisse affecter
le bénéficiaire, et il y a peut-être, effectivement,
certaines économies à faire là. Ce n'est pas là
qu'on va réussir à refinancer le système, j'en conviens -
on en parlera tantôt, parce que c'est le deuxième... - mais est-ce
qu'il n'y a pas des secteurs où il pourrait y avoir certaines tentatives
sans que ça soit étendu à l'ensemble du réseau?
Le Président (M. Joly): Allez, Mme Pagé ou M.
Caron.
Mme Pagé: Parfait, je ne pensais pas que M. le ministre
avait déjà terminé sa...
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui! J'ai
déjà été trop long.
Mme Pagé: Oui?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous
entendre aussi.
Mme Pagé: Je voudrais tout d'abord vous dire, M. le
ministre, avant de permettre à d'autres personnes de se joindre à
moi dans la réponse, que, quand on est en commission parlementaire comme
ministre, c'est un peu la même chose que quand on enseigne. On a souvent
l'impression de répéter la même chose, mais pour celui ou
celle qui reçoit l'explication pour la première fois...
M. Côté (Charlesbourg): J'ai déjà
été dans l'enseignement aussi.
Mme Pagé: C'est ça. Vous vous souvenez de
ça. C'est pour ça que je fais allusion à ça. Je
veux vous dire tout d'abord que je suis bien aise de vous entendre dire que
vous ne prévoyez pas ou que vous n'êtes pas d'accord avec de
grands éléments de privatisation. Mais vous comprendrez notre
prudence, parce qu'il y a quand même des faits qui, au cours des derniers
mois, nous ont montré, à notre avis, qu'il y avait une forme de
privatisation sur la pointe des pieds qui se faisait. C'est l'exemple que j'ai
donné pour la physiothérapie. On pourra détailler
davantage si vous le voulez, mais il reste que, maintenant, si on n'a pas 65
ans, si on n'a pas d'assurance, si on n'est pas couvert par l'assurance-auto ou
si on n'a pas eu d'accident de travail, finalement, le recours qu'on a, avec
certains hôpitaux qui ne dispensent pas de soins de
physiothérapie, c'est finalement d'aller dans le privé. Donc,
c'est une forme de privatisation sur la pointe des pieds. Ça, ça
n'a peut-être pas fait l'objet d'une politique de santé, mais
c'est ce qu'on constate et ce qui nous inquiète.
Deuxièmement, il y a tellement de personnes dans notre
société qui se sont faites les chantres des avantages de la
privatisation que ça en prend tout autant, sinon plus, pour rappeler les
impacts négatifs de la privatisation. Vous citez deux exemples sur des
formes de privatisation. Je veux insister sur un de ces éléments.
Vous pariez des services d'alimentation. Je peux vous dire que dans d'autres
réseaux, prenons le réseau scolaire, on a très rapidement
constaté que, quand il fallait que les entreprises privées qui
dispensaient des services d'alimentation le fassent selon des politiques saines
d'alimentation, leurs intérêts étaient pas mal moins
affirmés pour aller dispenser ces services, parce que bien nourrir, bien
souvent, laisse moins de marge de profit pour les personnes qui dispensent ces
services d'alimentation. Je ne suis pas certaine que, si on veut avoir une
approche saine dans l'alimentation qu'on fait dans notre réseau de
santé, ou qu'on devrait faire dans notre réseau de santé,
qu'il y ait véritablement une piste d'avenir de ce côté.
Voici pour une première réaction. Soit Laurier ou Béatrice
pour compléter.
Mme Chiaason (Béatrice): Pour renchérir sur les
cafétérias, effectivement, on a vu dans le système
scolaire que les cafétérias qui ont une gestion publique peuvent
s'offrir des services de diététistes et peuvent offrir des
services partiellement subventionnés pour donner, par exemple, sur
l'île de Montréal, des services alimentaires de santé
à des prix corrects pour les parents. Malheureusement, ce n'est qu'au
secondaire. Au primaire, on n'a pas encore ça. On a fait
déjà des comparaisons avec des commissions scolaires où
les services étaient donnés par des traiteurs privés. La
qualité est nettement différente et les conditions de travail de
ceux qui y travaillent sont aussi nettement différentes. Alors, les
traiteurs font leurs profits quelque part. C'est sur la qualité et la
quantité de nourriture et sur le salaire de ceux qui dispensent le
service.
Pour ce qui est des buanderies, je pense que le secteur public est
parfaitement capable de faire des regroupements de services qui
entraîneront les économies qu'il faut, avec des conditions de
travail décentes pour ceux qui y travaillent Le secteur privé
peut économiser sur le salaire des travailleurs qui y sont; c'est la
seule place qui lui reste. Et il n'y a pas beaucoup d'espoir que des
innovations, dans le secteur de la buanderie, viennent du secteur privé,
si ce n'est pas payant, même si c'était utile, par exemple, pour
des questions d'hygiène, comme on l'a vu dans certains endroits du
secteur public qui ont fait de très grandes Innovations
récemment.
Pour ce qui est de la physiothérapie, M. le ministre, vous avez
eu l'air de trouver que, finalement, ce n'est pas tellement important.
M. Côté (Charlesbourg): Non...
Mme Chiasson: C'est parce que ça n'a pas l'air
d'être beaucoup... À votre mimique, ça n'avait pas l'air
de..
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, ne me prêtez
pas d'intention...
Mme Chiasson:... bien, à votre mimique, disons.
M. Côté (Charlesbourg):... à ma mimique. Je
pourrais peut-être vous le clarifier très net. Ce n'est pas de la
privatisation
Mme Chiasson: De la privatisation des coûts. De la
privatisation des coûts dans la mesure où, dans les cliniques
privées de physiatrie, depuis le 1er juin de l'année
dernière, il y a une certaine partie des gens qui peuvent avoir besoin
de ces services et qui sont obligée de payer. Et le prix, comme par
hasard, s'est élargi de 16 $ à 30 $, comme le soulignait... La
RAMQ remboursait au maximum 16, 50 $ pour une séance; maintenant, dans
l'île de Montréal, ça va de 16, 50 $ à... C'est du
double, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mais si...
Mm» Chiasson: En plus - juste pour finir - on vient de lire
dans les journaux que les même services qui étaient encore
financés dans les bureaux d'omnipraticiens ne seront plus
financés non plus. Alors, il n'y a que les hôpitaux qui vont
continuer à offrir ces services, et ce n'est pas évident qu'ils
ne sont pas déjà débordés, les hôpitaux.
Alors, là, il y a un problème d'accessibilité.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Il y a une chose qui
est certaine, c'est que, lorsqu'on parte de services de santé universels
à travers le Québec, on peut, à l'occasion - et je pense
que c'est sain de le faire - questionner certains services qui sont
dispensés, qui sont assurés. Si on ne peut pas faire ça,
on n'en sortira jamais. L'exemple des médicaments - parce que Mme
Pagé en a fait état tantôt - c'est moi qui l'ai
abordé ici. On a un système de médicaments qui, pour les
personnes bénéficiant de l'aide sociale et les personnes
âgées, est rendu, cette année, à 450 000 000 $, et,
dans trois ans, il sera tout près de 700 000 000 $. Les pharmaciens
eux-mêmes et des spécialistes nous disent que certains
médicaments ont des effets thérapeutiques pour une période
X, 14 jours, 21 jours - les pharmaciens sont venus nous le dire - puis il y a
des gens qui consomment à l'année et on paie à
l'année. Donc, il y a un questionnement qu'il faut faire
là-dessus. (16 h 30)
Vous avez parlé de l'habileté des compagnies
pharmaceutiques, Dieu sait qu'elles en ont, de l'habileté à faire
inscrire et à faire reconnaître un certain nombre de
médicaments, à les introduire par des centres hospitaliers; les
gens sont venus nous le dire. Ça, ce sont des coûts très,
très importants, qu'on ne peut pas allouer à d'autres, parce que
la capacité financière, elle est là, sur le plan du
financement. Quand on compare ce que le Québec fait par rapport à
d'autres, la moyenne canadienne, par rapport à l'Ontario, il fait
déjà beaucoup: les 7 % dont vous parliez tantôt. J'ai
toujours dit qu'il fallait d'abord tenter de trouver, à
l'intérieur du système, des sommes qu'on pourrait
réallouer, effectivement, avant de penser pouvoir injecter des sommes
supplémentaires. Il y a des messages que vous avez passés au
niveau du fédéral, des engagements du fédéral, qui
sont très, très bien compris, pour un fédéraliste,
c'est sûr. C'était bien placé. Qu'il se questionne lui
aussi, évidemment, par les temps qui courent. Mais il y a des messages
qui sont très clairs et, là-dessus, je pense que effectivement il
y a des choses à faire.
On me signale qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. Si je n'aborde
pas avec la CEQ une question qui, pour moi, est fondamentale: la formation, je
pense que j'aurai manqué une partie de mon devoir. La principale
crainte, les principales inquiétudes des régions du
Québec, c'est d'être capables d'avoir des gens pour être en
mesure de dispenser des services dans chacune des régions du
Québec, et le problème est plus particulier au niveau des
médecins. Globalement, on s'est rendu compte hier, en interrogeant des
représentants des soins infirmiers, qu'il y avait un problème
assez important, par exemple, dans la dispensation de la formation au niveau
des soins infirmiers; d'un lien entre l'institution qui forme et l'institution
qui peut accueillir pour des stages. À votre connaissance, est-ce qu'il
y a d'autres domaines, au niveau des professionnels, où ce genre de
situation se produit? Et, sur le plan de la formation, est-ce qu'on forme le
bon monde par rapport à nos besoins? Ça, je pense que c'est une
question... Si on ne la pose pas à la CEQ, on risque de passer à
côté de notre commission parlementaire.
Mme Pagé: Dans votre question, il y a deux
éléments. D'abord, vous posez celle du lien entre les
institutions de formation et les lieux de travail, et l'autre question, c'est,
finalement, les profils de formation, c'est-à-dire est-ce qu'il y a des
besoins ou des formations qui sont inadéquates ou des personnes qui sont
formées alors que nous aurions besoin d'autres types de personnes. Je
vais m'attarder particulièrement sur ia première et je laisserai
Laurier et Béatrice compléter.
La situation que vous décrivez à propos du lien qu'il y a
entre les institutions de formation et les institutions de travail, c'est un
constat que l'on peut faire dans tous les profils de formation professionnelle,
c'est-à-dire que l'on parte de formation professionnelle dans
l'entreprise privée et dans des secteurs d'activité qui sont plus
liés à l'entreprise privée, ou que l'on parle de formation
professionnelle pour aller dispenser des services dans le réseau public,
il y a, du plus loin que je me souvienne, des difficultés à
établir des liens étroits entre les établissements de
formation et les lieux de travail. Ça rend très difficile la
préparation et la tenue des stages, et, souvent, le stage en milieu de
travail devient une façon de faire faire un travail à rabais
plutôt qu'une véritable période de formation où les
personnes qui dispensent la formation, dans l'établissement de
formation, sont mises à contribution dans la supervision et
l'accompagnement des personnes qui vont faire ce stage. Je crois qu'il y a
là des enseignements qu'il faut tirer dans la planification de notre
maln-d'oeuvre et, je dirais même, dans la reconnaissance de cette
main-d'oeuvre. Quand on est dans un réseau de santé, on est
finalement dans un réseau de services dont la première
performance repose sur l'implication, l'engagement, la compétence, la
motivation du personnel qui y travaille, et c'est vrai même pour les
personnes
que l'on forme, de réussir à leur faire faire, par des
stages adéquats, cette insertion dans le milieu de travail, il y a
également, à ce moment-là, l'expertise qu'il faut mettre
en interaction entre tes besoins, l'évolution qui se constate dans les
établissements de santé et \a formation qui se donne dans les
établissements. malheureusement, dans ce secteur-là comme dans
d'autres secteurs professionnels, ce sont les mêmes lacunes que nous
constatons depuis fort longtemps et sur lesquelles nous pensons qu'if faudrait
agir le plus rapidement possible et de la façon fa plus concertée
possible également
Sur les autres aspects, Béatrice ou Laurier?
M. Caron: Nous croyons qu'il devrait y avoir une meilleure
coordination entre le ministère de la Santé et des Services
sociaux et le MEQ. il y a une évidence à ce niveau-là,
mais il me semble qu'il y a des écarts qui sont encore maintenus et
c'est déplorable.
Nous allons prendre l'exemple du personnel en soins infirmiers. On
pourrait aussi parler d'autres catégories de personnel, parce qu'il y en
a d'autres dans le secteur de la santé. À la CEQ, on a entrepris
une série de recherches, d'ailleurs, sur tes différentes
catégories de personnel et le travail qu'elles font, et on constate que
toutes et tous ont un rôle important à jouer dan» le
réseau de la santé et des services sociaux. Si on prend la
situation du personnel en soins infirmiers, on s'aperçoit, en
générai, que c'est difficile; il y a une division du travail
très hiérarchisée, il y a peu de travail on équipe,
les gens se chicanent parfois pour les actes posés et tout ça.
Vous connaissez cette situation. Nous croyons qu'N devrait y avoir une
révision en profondeur de ce système de délégation
des actes et une réflexion aussi en profondeur sur le travail
muttidisciplinaire et le travail en équipe dans les
établissements de santé. Nous avons actuellement le personnel
dans nos établissements pour fare le travail, avec des
compétences. Il suffit de redéfinir un but commun et une nouvelle
organisation du travail qui le permette; c'est ce qui manque aujourd'hui dans
nos établissements. L'organisation du travail est faite en fonction de
la hiérarchie, du maintien de la hiérarchie et des pouvoirs
établis.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Coté (Charlesbourg): C'est un peu ce que vous
évoquez, dans votre mémoire, sur le plan de ['organisation du
travail C'est pour ça qu'en parlant de la formation, c'est quand
même... la revotarisation de la ressource humaine et de... C'est pour
ça que je voulais l'aborder avec vous autres; ça m'apparaissait
important.
Le Président (M. Joly): Très brièvement,
s'il vous plaît, madame.
Mme Chiasson: Oui, j'allais dire comme Laurier pour la question
de la délégation des actes versus la formation, il y a comme un
hiatus, la multiplication des corporations. Lorsque la commission Rochon s'est
penchée là-dessus, elle a fait des recommandations qui
mériteraient d'être réexaminées, parce que la
multiplication des corporations et des associations... et il y a certaines
corporations, on ne sait pas si elles jouent le rôle d'associations ou de
corporations... il y a un... je n'utiliserai pas le mot.
Mais je voudrais revenir sur la question des médicaments. Vous
avez souligné l'augmentation des prix des médicaments, et je
pense qu'il y a une cause à cette augmentation, qui est souvent
occultée et qui est pourtant très Importante. Vous vous rappelez
sans doute la loi fédérale qui a rétabli tes brevets pour
une durée de dix ans et que, dans l'année qui a suivi, le
coût des médicaments a grimpé. Dans les rapports qui ont
été rendus publics par la RAAMQ, cet aspect, qui contribuait
à l'augmentation des coûts des médicaments, se retrouvait
malheureusement à la fin des articles; les titres étaient
toujours que c'était les vieux et les assistés sociaux qui
faisaient grimper les prix des médicaments. Mais quand on scrutait
attentivement, on découvrait que l'augmentation était nettement
liée à la nouvelle augmentation de la durée des brevets
avec tout ce que... Je ne pense pas que ce soit nécessaire que
j'élabore longtemps là-dessus.
Le Président (M. Joly): Non. Merci, madame.
M. Côté (Charlesbourg): Je prends des notes sur les
choses qui m'intéressent, à l'occasion, pour fouiller. Moi, je
trouve que c'est une bonne indication, pas parce qu'elle m'avait
échappé mais, à tout le moins, comme vous le dites,
même pour un ministre, c'est bon de se le faire répéter. le
président (m. joly): je vais maintenant reconnaître m. le
député de rouyn-noranda-té- miscamingue et aussi critique
pour sa formation en affaires sociales.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Une excellente
présentation qui, effectivement, un modèle souvent
répété dans l'enseignement, répète la
leçon et prie le maître de ne pas oublier un certain nombre de
règles fondamentales qui sont établies au début de
l'année, au début de la classe. Ça me semble important que
vous nous rappeliez l'importance de l'accessibilité, de la
gratuité, du caractère public, lorsque vous soulignez par exemple
qu'il y a différentes façons d'aller vers la privatisation.
Vous citez l'article 27 comme exemple qu'il pourrait ouvrir une porte et,
à prime abord, on dit qu'il n'y a rien qui indique qu'il y a de la
privatisation là, mais, effectivement, le CLSC est une
installation, n'est pas une installation
publique. Je pense que c'est très important que vous puissiez
nous le rappeler à cet égard.
Moi, Je m'attacherai plutôt à une partie de votre
mémoire, à la page 6, en ce qui concerne les effectifs
médicaux. Vous nous rappelez, là aussi, un certain nombre de
réalités très précises quant aux coûts de la
main-d'oeuvre médicale dans le système actuel et à
l'entière liberté en quelque sorte que les professionnels de la
pratique médicale ont en termes de clientèle, de lieux de
pratique et de niveaux de revenus. Certains ont suggéré, devant
cette commission, que nous puissions, par exemple, décentraliser ou
régionaliser les budgets de la RAMQ comme moyen, comme poignée,
si vous voulez, pour faire en sorte qu'il y ait une espèce
d'équité au niveau des effectifs médicaux en particulier,
dans les régions du Québec.
Est-ce que vous pensez qu'il serait acceptable, au Québec, que
nous puissions assujettir la pratique médicale à l'obtention d'un
permis, d'un permis de pratique, qui nous permettrait de faire respecter, avec
des moyens très forts, en fait, toute la question des plans d'effectifs
médicaux, qui sont, à toutes fins utiles, jamais comblés
dans les réglons périphériques, en particulier?
Mme Pagé: Vous avez raison de mettre en évidence la
part Importante des médecins dans les dépenses de notre
système de santé. M. le ministre disait tantôt que, avant
de penser à accroître le financement, il fallait se pencher sur
l'utilisation des sommes que nous mettons déjà dans notre
régime. Je pense que, quand on constate que 13 543 personnes se sont
partagé 1 500 000 000 $, il y a certainement quelques questions qu'il
faut se poser. Quand on constate, en plus, qu'il y a eu l'accroissement, entre
1986 et 1988, d'un quart de milliard à ce chapitre-là, il y a
certainement encore des questions à se poser. Et quand, en plus, on
constate que, dans certaines régions, il y a un sous-équipement
flagrant de ressources médicales, il y a là un troisième
ordre de questionnement.
Mais, quand on l'aborde, on se rend rapidement compte que c'est toute la
question des corporations professionnelles qu'on aborde. Corporations
professionnelles qui ont un droit d'entrée, finalement, sur la
catégorie de professionnels, qui ont des pouvoirs très
étendus et qui ont souvent, en môme temps que beaucoup de
pouvoirs, une conscience sociale pas mal plus faible que ce qu'on peut
constater, par exemple, des centrales syndicales.
Dans des services publics, je pense que l'État doit jouer son
rôle à cet égard-là, en termes de répartition
des services, d'accès réel aux services. Présentement,
dans les régions éloignées, il faut constater que c'est la
misère noire à bien des paliers et une lacune importante en
termes de services dispensés. Est-ce que la formule la plus
adéquate, c'est le permis de pratiquer pour pouvoir s'assurer une
représenta- tion dans toutes les régions? Je ne suis pas
prête à vous dire que c'est la formule ou la seule formule qui
puisse être regardée, mais il y a certainement lieu de faire un
débat pas mal plus approfondi sur toute la situation des médecins
dans notre réseau de santé. Malheureusement, ce n'est pas une
question qui est abordée facilement, quand on fait le débat sur
notre service de santé. Je ne sais pas si Laurier ou Béatrice
veulent compléter.
Mme Chiasson: Un mot pour rappeler que, dans le cas. de la
physiothérapie - j'ai l'air de toujours cogner le même clou - ce
sont les physiatres qui avaient abusé. À une cinquantaine, ils
avaient fait 1 000 000 $ et quelque chose, je ne sais pas, en pas longtemps, en
tout cas; et 1 000 000 $, ce n'est pas assez. Les chiffres m'échappent.
Quand je dépasse 1 000 000 $, j'ai toujours l'impression que c'est
tellement énorme que je n'ose plus mettre de zéro. Ils avaient
vraiment abusé. On se retourne de bord et on fait payer les
bénéficiaires. Puis eux autres, ils continuent à faire
autant d'argent. Alors... et les physiatres sont tous concentrés
là où il y a des bénéficiaires potentiels. S'il y a
moyen d'en envoyer à salaire en régions éloignées,
moi, je ne serais pas fâchée pour les gens de là-bas.
M. Caron: II faut questionner, je crois, le type de
médecine libérale qui se pratique au Québec. Les
médecins peuvent choisir leur lieu de pratique, leur niveau de revenus;
ils peuvent tout choisir, finalement. Notre système n'est pas
suffisamment coercitif. il y a d'autres pays, notamment la Norvège, la
Finlande, la Suède, où les médecins sont mieux
répartis - il y a une meilleure répartition des médecins
dans les pays - où les modes de rémunération sont
contrôlés et où ça fonctionne très bien. Le
ministère a commandé, l'an dernier, une étude sur ces
pays, sur le système de santé dans ces pays. On trouve curieux
qu'on n'ait pas davantage mis en pratique certains éléments qui
se vivent dans ces pays.
M. Trudel, vous avez bien raison de rappeler qu'il y a différents
moyens, différentes façons de privatiser. On ne croit pas
être paranoïaques en disant qu'il y a un fort mouvement de
privatisation, tant dans l'avant-projet de loi que dans ce qui se passe
actuellement dans le système de santé. Que ce soit au niveau des
services d'hébergement pour les personnes âgées, que ce
soit au niveau des soins à domicile, que ce soit au niveau des
établissements, des hôpitaux même, il y a des pans entiers
de privatisation qu'on est en train de mettre en place. Il faudrait freiner ce
mouvement radicalement, sinon on va perdre beaucoup. C'est la population qui va
perdre et c'est le système qui va être délabré dans
quelques années. (16 h 45)
Mme Savard (Michèle): J'aimerais ajouter
quelque chose. Il faudrait peut-être questionner l'espèce
de monopole qu'exerce la Corporation des médecins. On l'a vu dans le
débat sur la pratique des sages-femmes; on le voit aussi dans le
contrôle qu'ils tentent d'exercer sur certaines médecines
alternatives. Et, justement, dans l'étude que M. Caron soulignait tout
à l'heure, qui a été faite par le ministère, on
constate que, dans les pays où il n'existe pas ce monopole et où
les autres professionnels de la santé peuvent exercer avec plus de
liberté, ont plus de place dans la pratique de la médecine, on
peut beaucoup plus facilement contrôler les coûts tout en assurant
une qualité de services assez remarquable. Alors, vous connaissez
sûrement votre étude. Je vous demanderais d'aller en relire
certains passages; ça m'a surpris qu'on y fasse si peu
référence dans le projet actuel.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous savez, ça me
tenterait de vous dire - parce que l'occasion est trop bonne, là,
évidemment - que, tant du côté des corporations, des
fédérations que des syndicats, quand on veut changer des choses,
des droits acquis, c'est pas mal difficile, hein, il faut négocier.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Pagé: Oui, mais disons que...
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, hal
Mme Pagé:... dernièrement, dans les
négociations dans le secteur public, vous ne vous êtes pas trop
trop empêché de toucher à des droits acquis, alors, si
c'était au tour des médecins, ma foi...
M. Côté (Charlesbourg):... encore avec la CEQ.
Mme Pagé:... je ne protesterais pas.
Le Président (M. Joly): J'apprécierais si on
pouvait revenir...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais je ne veux
pas que vous preniez ma réponse comme en étant une qui n'a rien
à faire. Au contraire, je suis l'un de ceux qui pensent qu'il y a de
quoi à faire.
Le Président (M. Joly): m. le député.
M. Trudel: Alors, si les échanges au niveau des
corporations, au niveau des centrales syndicales sont très efficaces, au
niveau des corporations professionnelles, ils ont l'air aussi efficaces, mais
le ministre résistera-t-il aussi à ces pressions qui s'organisent
et qui se font de plus en plus pressantes au niveau des corporations
médicales, effectivement? Et c'est une grosse question pour le ministre,
effectivement, même s'il nous a bien dit qu'il n'est pas un peureux:
Est-ce qu'on pourra passer, une fois pour toutes, à travers et
réviser le cadre de pratique professionnelle de la médecine?
J'aimerais bien, compte tenu du temps qui reste, vous interroger
également sur toute la question de la prévention que vous ne
trouvez pas suffisamment présente dans notre système de
santé et aussi des services sociaux, bien sûr. Je comprends bien
que vous avez évalué, vous avez regardé, vous avez
observé et vous en venez à la conclusion qu'au niveau des CLSC,
en particulier, on n'exerce pas le plein champ nécessaire que nous
devrions exercer en termes de prévention et qu'il faudrait y ajouter des
ressources. Est-ce que vous pensez que le CLSC doit véritablement
devenir le pivot de tout le système de santé et de services
sociaux au Québec?
Mme Pagé: Sinon le pivot, à tout le moins le
réseau de première ligne, parce que nous croyons que c'est
à la fois une approche Intégrée, une approche qui ne
favorise pas la médicalisation de la santé, une approche qui
permet d'avoir une vision globale de la réalité des personnes et
qui laisse beaucoup de place à la prévention. Et, quand on
regarde ce qui a pu se développer dans d'autres pays,
particulièrement dans les pays Scandinaves - et je voudrais le
répéter pour presque faire suite à ce que M. le ministre
disait en ouverture - sur la nécessité d'avoir une politique
globale de la santé et des services sociaux... Nous devons aujourd'hui
débattre d'un projet de loi, mais quelle est la politique globale de la
santé? Quels sont les objectifs de cette politique globale de la
santé qui devraient trouver leur articulation dans le projet de loi?
Nous ne les connaissons pas, mais nous voulons réaffirmer, quant
à nous, qu'il serait nécessaire d'avoir une politique globale et
que cette politique devrait faire une part importante à une approche
globale de la santé, c'est-à-dire, donc, aborder les questions de
lutte contre la pauvreté, de conditions de vie, de conditions de
logement, et aussi faire une large place à la prévention. Et, la
prévention, il y a à la fois les CLSC, qui sont un réseau
de première ligne, où on peut en faire, et les
établissements scolaires, où on peut en faire. Et il faut
constater que dans le milieu scolaire, nous avons retiré des services de
prévention. Il n'y a presque plus d'hygiénistes dentaires qui
viennent dans les écoles. Les infirmières en milieu scolaire sont
une race en voie d'extinction. Les services d'alimentation dans les commissions
scolaires qui éduquent à la prévention par une saine
alimentation sont également presque inexistants. Nous croyons qu'il y
aurait là des effets non seulement d'amélioration de la
santé de la population, mais, par le fait même, une incidence
sur
l'accroissement des dépenses dans les services de santé et
dans les services sociaux. Nous croyons que les établissements sont
là, le réseau est là. Il s'agirait de le consolider, de
lui donner les moyens d'agir et nous obtiendrions par le fait même toutes
sortes d'effets secondaires qui seraient très bénéfiques.
L'un des premiers qui vient à l'idée, c'est le
désengorgement des urgences où, tout de suite, il y aurait un
effet qui se ferait sentir très rapidement par cela. Alors, nous croyons
que le réseau des CLSC doit être le réseau de
première ligne, une porte d'entrée à utiliser davantage et
qu'il y a là une approche qui serait intéressante à
développer.
M. Trudel: Une toute petite dernière.
Le Président (M. Joly): Une toute petite
dernière.
M. Trudel: Parlant des CLSC, des services complets de
première ligne, à la page 26, vous nous soulignez
également des problèmes au niveau des CSS, centres de services
sociaux. Vous dites qu'on n'est pas capables, on a des ressources insuffisantes
pour répondre à la demande. Est-ce que vous pensez que nous
pourrions peut-être avoir un problème de structures et que si nous
voulons vraiment faire du CLSC la porte d'entrée de services de
première ligne, il nous faudrait peut-être réviser cette
multiplication de structures qui amène souvent duplication de services,
pas pour faire en sorte qu'il y ait moins de ressources aux services, mais
qu'elles soient mieux intégrées et mieux placées pour
rendre les services de première ligne? Est-ce que vous avez vu un
problème là? Est-ce que vous pensez qu'on a un problème de
multiplication de structures?
Mme Pagé: Sur cette question, c'est M. Caron qui va vous
fournir la réponse.
M. Caron: Ce n'est pas tellement un problème de
multiplication comme un problème d'intégration et de
complémentarité entre les établissements. C'est, il nous
semble, le problème le plus important. Que les intervenants et les
établissements puissent se rencontrer et travailler ensemble,
développer des projets ensemble, répondre aux besoins de la
population, finalement. Il y a un réseau qui existe, qui a fait ses
preuves. Il y a des problèmes dans ce réseau, il y a des lacunes,
mais en y injectant les budgets nécessaires et en fournissant l'appui
nécessaire, on croit que ce réseau peut très bien
répondre aux besoins actuels de la population. On ne croit pas qu'il
faille, cependant, ajouter d'autres catégories d'établissements
comme le projet des OSIS, par exemple. Consolidons ce que nous avons
actuellement et donnons les moyens à ce qui existe et je crois que les
gens y trouveront satisfaction. Mais le problème est plus un
problème d'intégration et de jonction entre les
différentes catégories d'établissements.
M. Trudel: Merci de votre participation à cette
commission. Oh, pardon.
Le Président (M. Joly): Madame, vous vouliez ajouter
quelque chose?
Mme Chiasson: J'ajouterai que le rapport Brunet sur les CLSC, il
y a quelques années, a eu tendance à renforcer davantage le
rôle médical des CLSC par rapport à sa vocation
communautaire qui, elle, n'a jamais vraiment eu la possibilité de se
développer. Alors, c'est sûr que n'ayant pas la jonction avec le
social et n'ayant pas développé le communautaire, il y a un
problème là, effectivement. Ce n'est pas forcément
dans...
Le Président (M. Joly): Merci, madame. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la première
fois que j'entends ça: le communautaire. Vous voyez quoi, comme
fonctions communautaires dans les CLSC?
Mme Chiasson: Le sigle CLSC, ça veut bien dire centres
locaux de services communautaires.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ça se
change un sigle. Le "c" veut dire "communautaire", ça je le savais. Mais
c'est quoi, la fonction communautaire que le CLSC devrait faire?
Mme Chiasson: C'est le développement de services dans la
communauté; il en existe. Par exemple, faire se rencontrer des femmes
qui ont des problèmes de gardiennage, des problèmes
d'accès aux études, des problèmes d'accès au
travail et les faire s'organiser pour se donner des services. Il y a bien des
femmes que ça empêche d'être malade, mon cher monsieur.
C'est un exemple parce que la question est... Mais il y a d'autres dimensions
de l'aspect communautaire.
M. Côté (Charlesbourg): Je préférerais
de beaucoup qu'on change le "c" par un "p" pour prévention et qu'on dise
qu'au niveau du CLSC, une des fonctions fondamentales, c'est la
prévention. À ce moment-là, je pense qu'on serait
peut-être plus dans la ligne d'une politique de santé où,
effectivement, il y a une grande convergence... Je suis très proche de
ce que vous dites. Quand on parle d'une politique de santé, c'est vrai.
Oui, c'est vrai, ça en prend une parce que c'est ça qui va
être la base de tout notre système. Quand vous parlez de maintien
des personnes dans leur milieu naturel, ça aussi c'est vrai. Et
l'État a à y gagner, les bénéficiaires, en premier
lieu. La prévention, vous dites qu'on ne
met pas assez d'accent sur la prévention et c'est
vrai. Le système, 5 500 000 000 $, va dans le curatif. Ça, c'est
clair, au niveau des courtes durées, mais il faut davantage aller sur la
prévention. Je ne suis pas sûr que la fonction communautaire des
CLSC... moi, Je suis personnellement prêt à m'engager à
nouveau dans cette voie-là. Mais prévention, si vous me pariez de
prévention au niveau des CLSC et de mieux éviter les
dédoublements au niveau des départements de santé
communautaire, de CSS par rapport aux CLSC, pour que les champs soient
très clairs, je pense qu'on va avoir fait un bon bout de chemin, et
c'est le bénéficiaire qui, au bout de la ligne, va en profiter,
mais je préférerais prévention que communautaire.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Mais vous n'êtes pas
obligé de partager mon point de vue.
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Pagé: On pourrait faire un débat juste
là-dessus.
Le Président (M. Joly): Non, mais moi, je vous
arrête...
Mme Pagé: Je voudrais simplement, M. le ministre, que vous
ne fassiez pas une équation...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse!
Mme Pagé: Courte, courte, courte.
Le Président (M. Joly): Oui. mais c'est toujours
ça, là, puis je donne la latitude.
M. Côté (Charlesbourg): Envoyez donc, envoyez donc.
J'ai couru après.
Mme Pagé: Je vous promets que ça va être
très court.
Le Président (M. Joly): C'est une promesse.
Mme Pagé: Simplement dire à M. le ministre qu'il ne
doit pas faire une équation entre le fait que prévention
n'égale pas communautaire. Parfois, la fonction communautaire a une
fonction de prévention.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme Pagé. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Mais dans tous les cas, le
communautaire n'a pas une fonction de prévention...
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg):... mais peut-être une
fonction d'animation. (17 heures)
Le Président (M. Joly): Au nom des membres de cette
commission, il me fait plaisir de vous remercier.
Je demanderais maintenant aux gens représentant
l'Université Laval de bien vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Bonjour, madame et messieurs, bienvenue à cette commission. Vous voyez
qu'on est déjà en retard de façon assez prononcée
sur notre cédule. Vous avez une dizaine de minutes pour nous donner
peut-être le résumé de votre mémoire et, par
après, laisser le loisir aux membres de cette commission de vous
questionner. Que la personne responsable veuille bien s'Identifier et
identifier les personnes qui l'accompagnent s'il vous plaît.
Université Laval
M. Méthot (Jean-Claude): Merci, M. le Président. Je
vous présente les personnes qui m'accompagnent: à ma gauche
immédiate, Dr Pierre Potvin, doyen de la Faculté de
médecine; à l'extrême gauche, M. Michel Dumas, directeur du
bureau de la recherche, à l'Université Laval évidemment;
et, à ma droite, Mme Une Grisé, coordormatrice des services de
santé. Mon nom est Jean-Claude Méthot, je suis vice-recteur aux
études et responsable aussi du secteur des soins de la santé.
M. le Président, M. le ministre, membres de la
commission, il m'est très agréable de me retrouver autour de
cette table plutôt qu'autour d'une table de négociation. Je
voudrais remercier les membres de la commission de nous donner l'occasion de
vous présenter verbalement notre mémoire. Comme vous le
souhaitez, M. le Président, ma présentation devrait être
relativement courte et divisée en deux parties: premièrement, je
vais vous parler brièvement de l'Université Laval, très
rapidement; ensuite, je vous parlerai des principaux points du
mémoire.
Très souvent, je me plais à mentionner
ouvertement que l'Université Laval est un milieu de formation. On y
forme actuellement 36 000 étudiants au trimestre d'hiver 1990 par des
activités d'enseignement et des activités de recherche. Au 1er
cycle, nous offrons 186 programmes de formation différents; au niveau
des 2e et 3e cycles, 192 programmes différents.
Par les activités de recherche, nous essayons de
former des chercheurs dont la société a besoin, évidemment
Nous avons un grand nombre d'activités, vous vous en doutez très
bien, et ces activités, on pourrait les diviser en deux parties:
activités théoriques et activités pratiques. La plupart de
nos activités théoriques se déroulent sur le campus de
l'Université Laval sous forme de cours; nous avons aussi certains, cours
ou programmes qui sont offerts en région par l'opération qu'on
appelle "Laval hors cam-
pus", Au sujet des activités pratiques, nous en avons un certain
nombre sur le campus également mais auftsi en région, en
particulier dans les centres hospitaliers.
Tout ceci pour vous dire que notre objectif, à
l'université, est évidemment d'offrir une formation de
qualité. Nous essayons donc d'avoir un bon contrôle sur les
différentes activités dont j'ai parlé, en particulier sur
tes activités pratiques qui ont lieu sur le campus et à
l'extérieur. Je vais parler, dans ma présentation, très
souvent, de l'influence que l'université souhaite avoir dans le milieu
hospitalier en particulier, et ceci, dans le but d'offrir la meilleure
formation possible à nos étudiants, à nos
étudiantes. Dans le domaine des sciences de la santé, je vous
souligne que nous offrons un grand nombre de programmes. Ces programmes servent
à former des médecins, des dentistes, des pharmaciens, des
infirmières, des ergothérapeutes, des physiothéra-peutes,
des diététistes, des travailleurs sociaux et des psychologues.
Quelques exemples de formation pratique, je vous mentionne que des gens de
sciences et génie, de foresterie ont des stages de formation pratique
dans l'industrie, financés par l'industrie. Même situation en
agriculture, en alimentation et en foresterie. Et dans le domaine de la
médecine, évidemment, nous offrons une formation pratique
à nos étudiants dans les secteurs ou dans le réseau de la
science de la santé.
J'aborde maintenant la deuxième partie de la présentation,
c'est-à-dire le mémoire de l'université. Ici, j'essaierai
d'être très bref en vous commentant certains points les plus
importants. Je dirais, au point de départ, que l'Université Laval
est d'accord avec l'ensemble des orientations présentées par le
gouvernement, il y a quelques temps. Les différents commentaires sur le
mémoire que nous avons présenté sont les suivants.
Premièrement, sur les désignations de centres hospitaliers
universitaires et Instituts universitaires, nous sommes d'accord avec ces
mentions, ces désignations. Nous croyons qu'elles sont de nature
à renforcer les liens entre l'université et les
établissements et, aussi, de nature à favoriser également
la formation clinique et de recherche. Alors, nous sommes très heureux,
évidemment, de ces désignations dans une bonne mesure. Les liens
qui existent entre l'université et le réseau se traduisent
généralement par des contrats d'affiliation, nous en avons
actuellement six, tous récents, et aussi par des lettres d'entente, nous
en avons à peu près 300 au total, et ceci, évidemment,
pour l'ensemble des disciplines. Je vous souligne que nos contrats
d'affiliation touchent toutes les disciplines que j'ai mentionnées tout
à l'heure. Nous souhaiterions que, dans le projet de loi, on tienne
compte aussi des autres disciplines comme, par exemple, à l'article 34,
il est fait mention des mots suivants: "enseignement médical". Nous
souhaiterions que ces termes dans cet article en particulier, peut-être
dans quelques autres aussi, soient remplacés par les mots suivants:
"formation des professionnels oeuvrant dans le domaine de la santé ou
des services sociaux" de telle sorte que ce soit un peu plus large au point de
vue formation. J'ai mentionné tout à l'heure les contrats
d'affiliation, les lettres d'entente. À ce sujet, dans le cas des
contrats d'affiliation, nous souhaiterions qu'ils soient approuvés ou
autorisés par le ministre tandis que, dans le cas des lettres d'entente,
nous souhaiterions que ces lettres soient tout simplement
déposées à la régie régionale et non pas
sous le contrôle direct du ministre, ce serait une procédure
peut-être trop lourde. Nous souhaitons aussi que pour les contrats
d'affiliation et les lettres d'entente, ces négociations soient
amorcées à l'initiative de l'université.
J'ai parié tout à l'heure de l'influence de
l'université dans le réseau. Nous souhaiterions que cette
influence se traduise de la façon suivante: sur les conseils
d'administration des hôpitaux ou des centres hospitaliers, nous
souhaiterions qu'une personne soit nommée de la part de
l'université directement sur ces conseils d'administration. À
l'article 51, on parte... un représentant du milieu universitaire. Nous
souhaiterions que cette personne soit nommée directement par
l'université qui a une affiliation avec l'hôpital. En ce qui a
trait aux membres du conseil d'administration, nous croyons que l'avant-projet
est limitatif quand on mentionne qu'on devrait exclure les personnes recevant
une rémunération de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Nous souhaiterions que le conseil d'administration puisse
inclure les membres de l'université qui occupent un poste universitaire
à demi-temps ou plus. Autre influence que nous aimerions avoir dans le
milieu ou dans le réseau, c'est au sujet des nominations. Alors, on
parle ici de nomination de directeur de département de clinique, de
services professionnels, nomination des médecins, des dentistes, des
pharmaciens et nous souhaiterions que, dans ces cas, l'université soit
consultée. Même situation pour la régie régionale,
sur le conseil d'administration, nous souhaiterions qu'il y ait un
représentant de l'université dans le but d'influencer la
formation qui s'offre dans ces milieux.
Un autre point du mémoire concerne la détermination du
nombre de postes en spécialités médicales. Nous
souhaiterions que cette détermination soit faite à la suite d'une
consultation avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de
la Science, les universités ayant une faculté de médecine,
la Corporation professionnelle des médecins du Québec et les
régies régionales. Sous cet aspect aussi, détermination,
il semble bien que l'avant-projet manque un peu de souplesse, notamment par la
conversion automatique de certains postes au détriment des
universités et, on croit aussi, directement du ministre.
En ce qui a trait aux départements de santé
communautaire ou. en fait, aux centres d'excellence, nous souhaiterions
que ces centres soient mis sur pied à la suite d'une concertation avec
les universités ou une université en particulier et que, dans ta
création de ces centres d'excellence, il y ait une approche
pluridisciplinaire.
En ce qui touche à la recherche en santé et la recherche
sociale, nous approuvons entièrement ce qui apparaît dans le
projet d'orientation.
Le Président (M. Joly): En conclusion, s'il vous
plaît, monsieur...
M. Méthot: II m'en reste pour quinze secondes.
Le Président (M. Joly): Merci.
M. Méthot: En conclusion, j'ai parlé beaucoup, dans
ma présentation, d'influence, tout ceci pour faire en sorte
évidemment que la qualité de l'enseignement et des
activités de recherche qui se poursuivent dans le réseau soit en
conformité avec nos objectifs dans le but d'offrir à nos
étudiants, à nos étudiantes la meilleure formation
possible mais, par ricochet ou dans un but ultime, si vous voulez, de faire en
sorte que ces gens-là offrent à toute la population, aux
bénéficiaires, les meilleurs soins possible. Voici, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense que c'est presque un privilège que de
recevoir une institution aussi prestigieuse que l'Université Laval, chef
de file de tout l'Est du Québec et même au niveau du
Québec, pour un député de la région de
Québec, bien sûr, on ne se le dit pas nous autres mêmes, on
a assez de misère à vanter les Nordiques de ce temps-là,
on va au moins vanter ceux qui performent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est intéressant de
vous avoir, ce matin. Ce que je comprends, c'est que vous souscrivez aux
orientations qu'il y a dans le projet d'orientation quant aux CHU et quant aux
instituts, à tout le moins en termes de désignation et, par le
fait même aussi, des critères qu'on a évoqués avec
les recteurs, avec les doyens de facultés de médecine. Donc, on
ne reprendra pas ça à ce moment-ci.
Quel est votre bilan comme Université Laval, le bilan que vous
faites de votre association avec les centres hospitaliers de la région
de Québec?
M. Méthot: Je laisserais peut-être le soin ici au Dr
Potvin de répondre à cette question, lui qui est directement
Impliqué dans ce dossier, évidemment.
M. Côté (Charlesbourg): Et je vous avertis tout de
suite là, je vais vous poser une question que je vous ai posée
dans une rencontre privée, après. Donc, je vous donne un
préavis.
M. Potvin (Pierre): Si on regarde le réseau hospitalier
avec lequel nous faisons affaires, Je mets de côté tout de suite
le centre hospitalier Robert-Giffard qui est un établissement, un
institut à vocation unique, il y a six hôpitaux avec lesquels nous
avons un contrat d'affiliation. Et dès le début de mon mandat, en
1966, j'avais mentionné, j'avais mis dans mon plan d'action la
nécessité de concentrer dans un nombre plus limité
d'établissements les activités d'enseignement. Le problème
est que l'on a effectivement besoin des six hôpitaux mais on n'en a pas
besoin pour toute la gamme des activités d'enseignement. Nous avons
commencé à concentrer la formation dans certains domaines. Par
exemple, on ne fait pas appel aux six hôpitaux pour les stages en
chirurgie pour les étudiants en médecine Le problème est
de faire une concentration qui soit rationnelle, qui tienne compte d'un certain
nombre de principes pédagogiques et il se trouve que, par exemple, les
meilleurs endroits de formation en médecine et en chirurgie ne sont pas
dans les mêmes hôpitaux, et on a un problème pratique de
prévoir comment on va faire cette transition. Mais l'opération
est très amorcée, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ce que je comprends,
c'est qu'on a intérêt, du point de vue formation, à
concentrer.
M. Potvin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Là, j'arrive avec ma
question. J'ai eu l'opportunité d'aller dans un plus petit hôpital
de la région de Québec qui a déjà
bénéficié de reconnaissance sur le plan de médecine
familiale. On ne le nommera pas, ça ne donnerait pas grand-chose, je
pense que vous le reconnaissez, et maintenant c'est plus concentré dans
un autre plus grand hôpital de la région de Québec.
L'argumentation qui m'a été servie, moi qui suis néophyte,
je trouvais que ça avait un petit peu de sens, je vous la pose parce que
ça m'apparait extrêmement important. Eux prétendaient, en
ayant moins ou l'ayant dans le petit hôpital, que le médecin en
formation était plus directement près de l'action que dans un
grand hôpital où il va être le deuxième, le
troisième ou peut-être même le quatrième violon du
médecin principal et que, par conséquent, à la fin du
stage, le niveau de préparation à l'Intervention immédiate
auprès d'un patient était beaucoup mieux. Il était plus
préparé, celui qui venait du
petit hôpital, comme directement dans l'action, avec le
médecin concerné, que dans un grand hôpital où il va
jouer le troisième ou le quatrième violon. Est-ce que cela a du
bon sens?
M. Potvin: Pas complètement. D'abord, la formation en
médecine familiale elle-même se fait dans un environnement qui est
bien déterminé, bien encadré. Qu'il se trouve dans un
grand hôpital ou dans un plus petit, la structure d'enseignement est la
même, le programme est le même. Le danger que vous mentionnez
existe, si on n'est pas assez vigilant pour faire en sorte que le
médecin, le résident en médecine familiale soit
exposé à un programme et à des stages conformes à
son orientation. Ça, c'est une difficulté de nature, je dirais,
pédagogique pour laquelle il faut être vigilant. Mais, dans le
programme de médecine familiale, quelqu'un dans ses 24 mois de formation
en fait six à l'unité de médecine familiale et il en fait
18 dans d'autres stages, en médecine, en chirurgie, en psychiatrie, en
obstétrique, en pédiatrie, etc. Il est sûr que les stages,
pour les résidents en médecine familiale, ne doivent pas
être les mêmes que pour les résidents dans des programmes de
spécialisation. Et c'est là qu'il faut être vigilant.
À ce moment-là, le résident en médecine familiale
n'est pas deuxième ou troisième violon, il est là en
fonction des objectifs précis du programme.
M. Côté (Charlesbourg): Et il est tout aussi
prêt à réagir lorsqu'il sort. Vous ne me direz pas qu'ils
ne sont pas bien préparés quand ils sortent de chez vous,
après ce que je vous ai dit tantôt sur l'excellence.
Évidemment, mais, ayant été sur le terrain et c'est
l'opinion d'un médecin qui m'a été véhiculée
au moment où j'y suis allé, ça m'Interpellait. Je trouvais
en tout cas que ça avait peut-être un petit peu de bon sens, si tu
es troisième ou quatrième violon, mais vous me dites que ce n'est
pas le cas. C'est que, par la rotation des stages, on finit par en sortir tout
aussi prêt à passer à l'action que si c'était dans
un petit hôpital.
M. Potvin: Je crois. D'autant plus que, même durant leur
période de formation, les résidents en médecine familiale
doivent aller aussi en région et être exposés à la
pratique générale en région, sous supervision.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. À la page 5 de
votre mémoire, dernier paragraphe, dans l'avant-dernière phrase,
vous dites: "Chaque année, et malgré les effets
bénéfiques pour un établissement de la présence de
stagiaires, nous éprouvons des difficultés à trouver des
places de stages pour former adéquatement nos étudiants".
Évidemment, ça se relie à ce que vous avez
évoqué au niveau de l'article 34 en termes de changement, que ce
ne soit pas uniquement au niveau de médecine. Hier soir, on avait des
représentants - jusqu'au 13 mars, ai-je compris - des
représentants de l'Université Laval responsables de
l'enseignement en soins infirmiers. Ce que j'ai compris, c'est qu'elles nous
ont dit qu'elles éprouvaient énormément de
difficulté à trouver des endroits pour être capables de
faire faire les stages. C'est quoi? Qu'est-ce qui fait que vous avez de la
difficulté à trouver ces endroits? Si c'est vrai pour les soins
infirmiers, j'imagine que c'est vrai pour les autres. Et qu'est-ce que
ça changerait que de le mettre dans la loi, mettre au même titre
que les médecins? Est-ce que ça changerait ça ou si c'est
autre chose?
M. Méthot: Je pense que Mme Grisé peut commenter ce
point.
Mme Grisé (Line): Merci. La formation professionnelle,
ça se fait, bien sûr, toujours dans un milieu professionnel et on
a besoin d'avoir des établissements où on puisse faire faire des
stages et où les étudiants aient accès à la
clientèle. On est un petit peu en compétition dans certaines
disciplines, notamment en sciences infirmières, avec ce qui se passe
avec les cégeps. Les cégeps mettent beaucoup plus d'argent pour
l'encadrement et la supervision des stagiaires dans les milieux hospitaliers
que ne peut en mettre l'université. Ce sont des modèles de
financement différents et ce sont des modèles de supervision
différents.
A vrai dire, dans le réseau des universités, on a
commencé à avoir de la difficulté, lorsqu'une directive du
ministère de la Santé et des Services sociaux a demandé
aux établissements de facturer l'université pour les coûts
directs de la présence des stagiaires dans leur milieu. Ça ne se
faisait pas avant. C'est le cadre de partage, là, MAS-MEQ, le fameux
transfert MAS-MEQ, qui a couvert la médecine et qui en même temps
s'est répercuté sur d'autres disciplines. (17 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): On m'a conté
ça, j'en apprends, moi, tous les jours en commission parlementaire, je
trouve ça intéressant. Ça, ce sont nos 9 000 000 $, qui
sont devenus 14 000 000 $, qui ont été transférés
au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science...
Mme Grisé: Ce...
M. Côté (Charlesbourg): ...et qui doivent servir
à la formation. Mais est-ce que, dans ces cas-là, les
universités ajoutent leur propre argent au-delà de ces
sommes-là? C'est ça qui est important, comme question, sinon, si
vous travaillez uniquement avec notre argent, je comprends que vous ayez des
difficultés, mais si vous en mettez un petit peu, ça doit
probable-
ment améliorer votre sort d'autant.
Mme Grisé: Les montants du transfert couvraient
principalement l'enseignement en médecine et en médecine
dentaire. Il n'y avait pas de financement spécifique pour les autres
disciplines. L'Université Laval met cette année 1 200 000 $ pour
les stages dans le réseau de la santé et des services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Et ça, à autre
que médecins et dentistes?
Mme Grisé: C'est bien ça.
M. Côté (Charlesbourg): 1 200 000 $. Et ça
prendrait quoi? Finalement, je comprends que c'est une question d'argent. C'est
probablement une question d'encadrement au moment où on est en
institution et les institutions qui les reçoivent disent: Bien, on n'a
pas d'argent, on a déjà des budgets assez restreints et vous nous
imposez une charge d'encadrement qui coûte assez cher. Est-ce que c'est
uniquement ça?
Mme Grisé: C'est principalement ça dans certains
secteurs spécifiques, notamment du côté des sciences
infirmières. Par exemple, les modèles de supervision. Les stages
ne durent quand môme que 15 semaines dans un programme de formation et,
à partir du moment où une infirmière doit être
libérée à plein temps pour superviser trois stagiaires,
c'est bien sûr qu'on arrive à des coûts qui sont
supérieurs à la capacité. Dans d'autres disciplines, on
arrive à organiser l'encadrement avec des ratios un peu
différents, ce qui fait que les montants mis par l'université,
sur la base d'un per diem, peuvent être satisfaisants, mais on n'y arrive
pas parce que c'est le mode d'encadrement.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais intervenir
auprès de M. Ryan, parce que, moi, j'ai l'impression que c'est davantage
de chez lui que ça doit venir, sur le plan de l'argent, que du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce sont des
questions dont j'aurai à discuter avec lui très
prochainement.
Je veux me permettre une dernière petite question, parce qu'on me
signale que mon temps est presque terminé et, si c'est terminé,
je ne pourrai pas la poser.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous l'évoquez dans
votre mémoire, et vous n'êtes pas les seuls du monde universitaire
à souhaiter la participation aux conseils d'administration, que ce soit
d'établissements, que ce soit de régies régionales, qu'il
y ait cette participation. Compte tenu de l'interrelation de l'enseignement et
des établissements, l'inverse pourrait-il être vrai?
M. Méthot: C'est une bonne question. Évidemment, il
faudrait que je réponde ici au nom du recteur.
Je pense que vous savez que nous avons un projet de conseil
d'administration à l'Université Laval aussi, qui n'est pas encore
en place, mais il est possible d'avoir au conseil d'administration de
l'université, J'imagine, un jour ou l'autre, des représentants du
milieu. Ce n'est sûrement pas impossible.
M. Côté (Charlesbourg): Non pas seulement du milieu.
Là, on est dans des fonctions plus spécifiques, parce que ce que
vous visez par votre présence aux conseils d'administration, c'est qu'on
tienne davantage compte de votre rôle de formateur et ça,
ça me paraît important comme message. Alors, à l'inverse,
est-ce que le réseau, lui, pourrait espérer avoir en retour au
conseil d'administration de l'université des représentants qui,
eux aussi, pourraient influencer l'université quant aux fonctions
spécifiques du réseau?
M. Méthot: Très bonne question. Le Dr Potvln va
compléter la réponse.
M. Potvln: Je ne voudrais pas répondre pour le recteur en
ce qui concerne le conseil de l'université, mais je voudrais dire que
l'université ne s'est pas tenue à l'écart ou n'a pas tenu
à l'écart les personnes... Par exemple, il y a une table de
concertation où sont regroupés les directeurs
généraux des hôpitaux affiliés et
l'université, mais on a demandé aussi au directeur
général du CRSSS d'être présent.
M. Côté (Charlesbourg): Mais si J'applique votre
logique, ce serait peut-être suffisant pour nos établissements
aussi et ne pas avoir nécessairement quelqu'un au conseil
d'administration.
M. Potvln: Mais H y est de plein droit, le directeur
général.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! D'accord..
M. Potvln: Moi, j'étais pour ajouter: On l'a
impliqué autrement. Il a fait partie du comité de consultation
pour la nomination du doyen. Vous voyez qu'on n'a pas peur de l'impliquer dans
le fonctionnement universitaire.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci. M le ministre. Maintenant,
je reconnais Mme la députée de Marle-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Alors, votre mémoire
est très intéressant, d'autant plus que vous avez un
apport assez important au sujet de la forma- ' tion et que, actuellement, on
essaie d'apporter, en tout cas, un changement au niveau des mentalités
en ce qui concerne les comportements en pratique médicale dans notre
société québécoise. Comme on n'a pas encore de
politique en matière de santé, mais plutôt un avant-projet
qui touche plus aux structures, ma question est à l'effet de la
formation.
Il faut de plus en plus mettre l'accent sur la prévention.
Très souvent, on soulève le fait que nos universitaires ne sont
pas nécessairement, ou que les gens qui sortent des différentes
facultés, notamment des facultés qui donnent des soins de
santé - on fait bien la différence entre formation
médicale et soins de santé - ne sont pas nécessairement
dirigés vers la prévention et ne reçoivent pas
suffisamment de cours en fonction de la prévention. Vous n'en faites pas
du tout mention ici dans votre mémoire, mais est-ce que vous y croyez,
parce que actuellement, vous demandez beaucoup de représentation
à plusieurs CAE justement, alors que cette
réallté-ià devrait prendre forme au niveau de la formation
des gens chez vous, dans vos universités?
Le Président (M. Joly): Dr Potvin.
M. Potvin: L'enseignement de la prévention, c'est
difficile parce que c'est un enseignement d'attitudes et non pas de
connaissances. Il est beaucoup plus difficile d'enseigner des attitudes ou des
comportements que des connaissances, ça va de soi. Et c'est beaucoup
plus les modèles qu'on peut présenter aux étudiants qui
ont des chances de modifier leur façon d'agir. Il y a des
éléments... Il n'y a donc pas encore d'identifiés des
éléments, je dirais, pédagogiques ou de cours
intitulés Prévention, mais cette préoccupation est
présente. En ce qui concerne la médecine, dans le programme de
médecine même, il y a un stage de médecine sociale et
préventive où tous les étudiants, de façon
obligatoire, sont exposés aux différents aspects de la
prévention. On retrouve ça aussi dans les autres programmes des
sciences de la santé. Ce n'est pas uniquement en médecine.
Mme Vermette: Justement, on dit que l'accent est là de
plus en plus. Il faut travailler au niveau des comportements et il y a de
nouvelles orientations, notamment il y a différentes... Mais il y a
très peu d'heures sur différents besoins de maintenant qui sont
de plus en plus Importants dans notre société, notamment au
niveau de la formation médicale. En ce qui concerne la toxicomanie, qui
s'en vient de plus en plus un fléau, on nous dit qu'il y a en fait
très peu de gens qui sont formés pour remédier de plus en
plus à ce problème qui est très fort, et que ce soit
à tous les niveaux... Ça pourrait être aussi le nursing qui
pourrait avoir un rôle très important. Que ce soit au niveau de
l'approche gériatrique, que ce soit en médecine du travail, en
ergonomie, en fait, ce sont des besoins d'une nouvelle société
et, justement, la formation colle très peu aux nouveaux besoins de notre
société. Là, j'imagine que vous devez avoir un rôle
très important et qu'il devra y avoir au moins - vous vous êtes
penchés là-dessus -quelque chose pour faire prévaloir,
notamment - je comprends que ça ne s'enseigne pas comme tel la
prévention - mais tout de même de développer au niveau de
vos universitaires une pensée ou un réflexe de prévention
dans tous ces domaines qui sont de plus en plus importants.
D'autre part, vous demandez - parce que ça me le rappelle -
d'avoir des centres d'excellence avec les départements de santé
communautaire. Vous demandez là-dessus que le milieu universitaire, de
plus en plus, en tout cas au niveau de la recherche, participe un petit peu
plus à tout ce qui se passe au niveau des départements de
santé communautaire. Est-ce qu'il n'y a aucun lien qui existe à
l'heure actuelle avec les départements?
M. Potvin: Oh non, non. Il y en a beaucoup.
Mme Vermette: II y en a?
M. Potvin: Pour la formation des étudiants, pour des
travaux de recherche, il y a plusieurs personnes qui ont des engagements
à temps partiel dans un DSC et à temps partiel à
l'université, principalement au département de médecine
sociale et préventive. Il y a une interaction très suivie.
Mme Vermette: Alors, ce que vous demandez actuellement, c'est que
les centres communautaires relèvent des universités plutôt
que de relever des systèmes de santé et des services sociaux?
Mme Grisé: J'aurais une intervention là-dessus. Ce
n'est pas l'objet de ce commentaire dans le mémoire. C'est qu'à
partir du moment où on veut désigner certains départements
de santé communautaire comme des centres d'excellence, compte tenu aussi
des sujets spécifiques qu'auront à aborder ces
départements de santé communautaire et des relations
déjà très nombreuses qui existent entre les
universités et les départements de santé communautaire,
notamment en matière de recherche et de développement, justement,
de la contribution au développement de certaines expertises dans les
départements de santé communautaire et de l'aspect multi et
interdisciplinaire, on souhaite être associés, garder cette
association-là et la développer pour les éventuels DSC qui
deviendraient des centres
d'excellence. Il y a déjà énormément de
collaboration. Il y a plusieurs de nos professeurs qui sont à la fois
membres de l'université et membres de certains DSC.
Mme Vermette: Vous voulez maintenir vos liens
privilégiés et même les développer.
Mme Grisé: Et même les développer.
Mme Vermette: D'accord. Alors, vous demandez aussi beaucoup plus
de représentations aux CA, à plusieurs et à
différents niveaux. En fait, je sais que vous êtes
déjà aux conseils d'administration des CSS, je veux dire des
centres régionaux. Maintenant vous demandez, je pense bien,
là-dedans d'être davantage à plusieurs instances. En tout
cas, ça commence au niveau de l'institution, si j'ai bien compris, votre
représentation, jusqu'aux différents niveaux de paliers
après. Est-ce que c'est ça que vous faites comme mention?
M. Méthot: Non, principalement aux conseils
d'administration, définitivement, mais pas tellement à d'autres
niveaux.
M. Potvin: Non, c'est dans les structures qui sont en relation
avec les activités universitaires d'enseignement et de recherche.
Mme Vermette: C'est uniquement dans les hôpitaux
universitaires que vous voulez participer au niveau des conseils
d'administration, indépendamment des régies régionales. Ce
serait en plus?
M. Potvin: Oui
Mme Vermette: Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup de votre
participation. Je n'enlève rien à ce que j'ai dit au
début. On le pense et on en est très fier. Continuez votre
excellent travail.
M. Méthot: Merci de nous avoir reçus.
Le Président (M. Joly): Madame, messieurs, merci d'avoir
été présents. Je demanderais maintenant aux gens
représentant le Comité mixte pour l'établissement d'une
instance régionale de la santé et des services sociaux dans la
région 11 (Gaspésie - Îles-de-la-Madeleine) de bien vouloir
s'avancer, s'il vous plaît.
Alors bonjour. Bienvenue à cette commission.
J'apprécierais si la personne responsable du groupe pouvait s'identifier
et nous identifier aussi les gens qui l'accompagnent. J'ai seulement ici deux
noms sur la liste de l'enregistrement officiel.
Comité mixte pour l'établissement
d'une
instance régionale de la santé et
des
services sociaux dans la région 11
(Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine)
M. Poirier (Jean-Guy): Alors à mon extrême gauche,
M. Robert Bélanger, président du centre hospitalier de
Gaspé, du conseil d'administration. À ma gauche immédiate,
M. Arthur Bélanger, directeur général du centre d'accueil
de la Baie à New-Carlisle, et à ma droite un autre M. Arthur
Bélanger, celui-ci est une personne-ressource qui a travaillé
à la rédaction du mémoire. Mon nom est Jean-Guy Poirier.
Aujourd'hui je suis ici comme président du Comité mixte pour la
mise en place d'une instance régionale dans la région
Gaspésie - les îles.
Le Président (M. Joly): Vous connaissez la
procédure. On vous donne une dizaine de minutes pour nous faire un
résumé, disons, de votre mémoire, et par après, eh
bien, les deux formations se réservent le privilège de vous poser
quelques questions.
M. Poirier: Merci, M. le Préskient, M. le ministre. Dix
minutes vont être amplement suffisantes et j'ai deux bonnes raisons. La
première, j'ai une extinction de voix, comme par hasard c'est
arrivé hier soir, et M. le ministre connaît très bien notre
région ainsi que M. Beaudin qui siège ici à la table.
Alors, le présent mémoire revendique
l'établissement d'une instance régionale de la santé et
des services sociaux dans la nouvelle région administrative de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, la région 11. Cette
revendication s'appuie sur les arguments suivants: Le principe de la
décentralisation pour fins d'efficacité administrative a
déjà été reconnu de façon assez
évidente par le gouvernement du Québec. De nouvelles
régions administratives, dont une en Gaspésie -
Îles-de-la-Madeleine ont été
décrétées, suite aux revendications des populations
concernées. La commission d'enquête sur les services de
santé et les services sociaux, la commission Rochon, a soulevé
l'importance d'un pouvoir réel décentralisé à des
instances régionales qui collent à la population. Les
orientations ministérielles déposées en avril 1989 par la
ministre de la Santé et des Services sociaux favorisent l'attribution de
pouvoirs étendus aux instances régionales qui devraient
éventuellement équiper toutes les régions administratives
du Québec. Le gigantisme du territoire, présentement couvert par
l'actuel CSS-01, peut être la source d'importants problèmes,
particulièrement pour notre partie du territoire. Par
conséquent, nous demandons que soit respectée la division
naturelle de celle-ci en deux entités distinctes, pour
représenter respectivement les partes ouest et est du territoire
dans le domaine très important des services sociaux et de la san-
té.
(17 h 30)
La présente démarche fait suite au projet qui fut
présenté en 1988 dans le cadre de la conférence
socio-économique de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine. Elle fut amorcée au printemps de 1989 alors
que les directeurs généraux des établissements de la
santé et des services sociaux de la région décidaient,
lors d'un colloque tenu à cet effet, de mandater un comité de
travail qui aurait pour tâche de monter le dossier de revendications et
de préparer un colloque pour sanctionner ce dossier et lui donner une
assise publique. Nous demandons donc aux autorités gouvernementales
d'implanter dans notre nouvelle région administrative une instance
régionale, éventuellement une régie, dans le domaine de la
santé et des services sociaux et nous voulons par cette intervention
exposer les motifs qui, à notre avis, Justifient et nécessitent
une action dans le sens où nous le demandons, et cela dans les meilleurs
délais.
Il nous apparaît nécessaire de noter aussi la distinction
importante qu'il faut faire entre la population de la région 11 et celle
de la région 01 quant à ses origines. Vous avez à
l'intérieur du mémoire des tableaux qui justifient ce paragraphe.
Cet aspect statistique de la population distingue bien notre région du
reste de la région 01 et il dégage l'existence d'une
complexité administrative qu'on ne retrouve pas dans l'autre partie du
territoire dont la population est beaucoup plus homogène. De plus, des
conditions économiques distinctes ont façonné une
population différente de celle de l'autre portion du territoire de la
région 01 qui a pris conscience qu'elle peut prendre en main et
maîtriser certains leviers de son développement économique
et de son mieux-être.
La situation du CSSS après le redécoupage des
régions. Il nous apparaît opportun de noter Ici quelques
éléments du contexte régional qui sont fondamentalement
changés depuis l'adoption des décrets 1153-85 et 2513-85
créant deux nouvelles régions, soit celle de la Gaspésie
et des Îles-de-la-Madeleine et celle du Bas-Saint-Laurent. Ainsi, la
région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine regroupe
six MRC alors que la région du Bas-Saint-Laurent en englobe huit. La
création de la région administrative du Bas-Saint-Laurent
amène dans le secteur de la santé et des services sociaux quatre
nouvelles MRC à savoir Les Basques, Rivière-du-Loup,
Témiscouata et Kamouraska. Ces dernières étaient, avant
les décrets 1153-85 et 2513-85, rattachées à la
région administrative de Québec, région 03. On y retrouve
23 établissements pour un budget global d'opération d'environ 57
000 000 $ en 1986. Le nouveau découpage territorial signifie pour le
CSSS-01 un territoire qui s'étend de Sainte-Anne-de-la-Pocatière
aux Îles-de-la-Madeleine sur une longueur de plus de 600
kilomètres. Cela représente 62 établissements et accapare
282 000 000 $ du budget du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Ces éléments sont, à notre avis, assez
significatifs pour qu'on pense qu'il ne soit pas vraiment réaliste qu'un
seul conseil régional puisse administrer ces deux régions dont
l'étendue du territoire représente presque la moitié du
territoire habité du Québec. Les difficultés de
communication dues à ce facteur sont de nature, selon nous, à
noyer les réels besoins de la population de notre région dans le
grand ensemble ainsi constitué. Nous croyons qu'en ce qui concerne la
Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine l'idée de
décentralisation telle que préconisée ne pourra être
vraiment efficace ici que si une nouvelle instance régionale
Identifiée à la région 11 est mise sur pied.
En conclusion, notre démarche de revendication d'une instance
régionale dans le domaine de la santé et des services sociaux
s'appuie sur différents arguments. Le principe de la
décentralisation, pour fins d'efficacité administrative, a
déjà été reconnu de façon assez
évidente par le gouvernement du Québec. De nouvelles
régions administratives, dont une en Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine, ont été
décrétées suite aux revendications des populations
concernées. La commission d'enquête sur les services de
santé et les services sociaux, la commission Rochon, a soulevé
l'importance d'un pouvoir réel décentralisé à des
Instances régionales qui collent à la population. Les
orientations ministérielles déposées en avril 1989 par la
ministre de la Santé et des Services sociaux favorisent l'attribution de
pouvoirs étendus aux instances régionales qui devraient
éventuellement équiper toutes les réglons administratives
du Québec.
En terminant, M. le ministre, nous pensons que, suite à la mise
en place de notre nouvelle région, les Gaspésiens ont toujours
été fiers de vouloir s'administrer eux-mêmes et je pense
que c'est beaucoup plus efficace que les services soient gérés
chez nous qu'ils soient gérés par des instances qui ne sont pas
de chez nous. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Poirier. M. le ministre
de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Mon président me disait tantôt: Ce sont des gens
qui viennent de loin, il faut leur réserver tout le temps qu'il faut
pour être capables de s'exprimer. Comme mon président vient de
Laval, c'est un gars qui est respectueux des gens des régions. Je lui ai
dit: Je les connais très bien pour avoir vécu là-bas, pour
avoir échangé avec eux à plusieurs reprises et pour
connaître moi-même la distinction fondamentale entre la
Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, parce qu'il y en a une. Elle est
très claire. Comme
j'ai été celui qui, en décembre 1987, a fait
reconnaître des régions distinctes,
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, je me verrais très mal,
comme ministre de la Santé et des Services sociaux, en train de
recommander au gouvernement du Québec autre chose que de doter les seize
régions du Québec d'instances propres à chacune de ces
seize régions-là.
Ce que je peux vous dire, je n'aurai probablement pas besoin de vous
poser de questions, c'est que quant à moi, comme ministre, mon lit est
déjà fait. Je ferai donc la recommandation au gouvernement de
reconnaître une entité distincte et propre à chacune des
seize régions du Québec. Je ne peux pas aujourd'hui m'engager au
nom du gouvernement. Je m'engage au nom du ministre, qui a la
responsabilité de la réforme, à faire cette recommandation
au niveau du gouvernement et à faire en sorte que je puisse faire tout
ce qui est humainement possible, quant à l'exploitation des petits
talents que le bon Dieu m'a donnés, pour être capable de
convaincre le gouvernement que c'est une nécessité, que ça
doit être ça.
Donc, oui, ça a du bon sens, votre demande, du point de vue du
ministre de la Santé et des Services sociaux et il va travailler dans ce
sens. Il va recommander cela au gouvernement et, si jamais il avait besoin de
support pour le convaincre, je traînerai très près de moi
le mémoire et j'en ferai la distribution à mes collègues
du Conseil des ministres qui devront appuyer cette propositon.
M. Poirier: Avant que mes confrères prennent la parole, M.
le ministre, je suis très heureux de la réponse que vous me
donnez. Et, à moins que M. le ministre ne change sa façon de
travailler après qu'on va s'être quittés, je suis
très optimiste.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Poirier. Est-ce que vous
avez quelque chose à ajouter? Je pense qu'avec une bonne nouvelle comme
ça, j'imagine que vous n'êtes pas venus ici pour rien. Est-ce que
Mme la députée de Marie-Victorin a des choses à
ajouter?
Mme Vermette: En fait, si je comprends bien, c'est le temps de
sortir les fleurs et les trompettes, mais je pense qu'on est tous d'accord avec
vos recommandations à l'effet que vous avez besoin, vous autres aussi,
d'avoir cette reconnaissance pour votre région et d'autant plus de voir
à votre propre gestion et à l'organisation, surtout au niveau des
systèmes de santé et socio-sanitaires aussi. Je pense que c'est
très important. Effectivement, c'est très légitime ce que
vous demandez à l'heure actuelle. J'en conviens avec le ministre et je
trouve ça tout à fait bien de voir que le ministre est d'accord.
Je pense qu'on est tout le temps d'accord pour... Tout le monde est vertueux,
nous sommes tous pour la vertu. Maintenant, c'est toujours de savoir comment
nous allons pratiquer la vertu qui est important et de voir la
concrétisation, en fait, de tous ces gestes.
J'ose espérer que, quant à vous, pour votre région,
ça sera dans les plus brefs délais. Que ça ne sera pas au
terme d'une autre période indéterminée.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. Je pense qu'il y a un des monsieurs Bélanger qui
avait quelque chose à ajouter.
M. Bélanger (Arthur, d. g. ): Rapidement, je voudrais,
à mon tour, remercier le ministre. Même si une excellente
réponse est déjà donnée, je voulais insister sur la
grandeur du territoire, bien sûr - on n'insiste jamais assez - et
également sur le fait qu'avec un CRSSS en Gaspésie on peut
présumer que des Gaspésiens et des Gaspésiennes fort bien
formés éprouveront beaucoup de plaisir à travailler pour
la population via ce CRSSS. Par ce fait, on n'assistera pas aux exodes
que nous déplorons si souvent vers les grandes villes. Je donne
l'exemple de médecins, sans vouloir entrer dans leur vie mais les faits
sont là, qui ont beaucoup de difficulté à troquer la Place
Laurier et la Place des Arts contre l'air pur de la Gaspésie.
En terminant, comme vous le dites vous-même, M. Côté,
avec beaucoup d'humilité, avec les petits talents dont le Seigneur vous
a gratifié, j'émets le voeu que la décision qui est
déjà prise prendra effet dans les plus brefs
délais.
M. Côté (Charlesbourg): Je me souviens du Sommet de
la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. On parlait de
Gaspésiens et de Gaspésiennes, mais on parlait aussi de
Madelinots.
M. Bélanger (Arthur, d. g. ): Je vous remercie de me
rappeler à l'ordre. Vous avez bien fait Je l'ajoute parce que...
M. Côté (Charlesbourg): J'ai bien pris ma
leçon, hein?
M. Bélanger (Arthur, d. g. ): Vous avez bien compris.
Alors, J'ajoute les Madelinots, bien sûr, c'est un lapsus.
Le Président (M. Joly): L'autre M. Bélanger, si
vous avez quelque chose à dire, je ne voudrais pas que vous partiez sans
avoir dit ce que vous aviez à dire.
M. Bélanger (Arthur, personne-ressource):
Alors, je m'adresse aussi à M. le ministre. Au nom de mes
confrères qui l'ont bien dit et aussi au nom des Gaspésiens et
Madelinots, je pense qu'on peut rendre hommage au réglonallste que nous
avons comme ministre. Il y a une autre remarque que je voudrais ajouter au
dossier.
Pour nous, on considère qu'il serait Important que ça: se
fasse assez vite, parce que c'est sûr, au niveau des structures
administratives, que la structure actuelle a tendance à s'enrichir pour
desservir l'ensemble de la population. Je crois que, à un moment
donné, ça devient un handicap pour décentraliser. C'est le
point que je voulais ajouter, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
que vous voulez qu'on fasse, pour la Gaspésie et les
Îles-de-la-Madeleine, ce qu'on a fait pour la région
Chaudière-Appalaches. Est-ce que c'est ce que vous voulez?
M. Bélanger (Arthur, personne-ressource): Je ne suis pas
au courant pour Chaudière-Appalaches.
M. Côté (Charlesbourg): Non? O. K.
M. Bélanger (Arthur, d. g. ): Ça serait une
excellente suggestion, M. le ministre, avec le budget y attaché.
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûrl Evidemment,
on se parle toujours de piastres et de cennes. Il faut que le reste suive, cela
m'apparaît très évident. Si vous êtes aussi
raisonnables que les gens de Chaudière-Appalaches quant à leur
demande financière pour commencer à démarrer un exercice,
je ne suis pas nécessairement contre, en autant que - et là,
ça s'adresse au préfet - vous laissiez au ministre le soin de
dire où ça va s'installer.
Le Président (M. Joly): M. Poirier, est-ce que vous avez
des choses à dire?
M. Poirier: M. le ministre, soyez assuré que vous avez
toute ma collaboration. J'ajouterai qu'on est encore dans un litige,
écoutez. Alors, on va "briffer" ça.
M. Bélanger (Arthur, d. g. ): M. le ministre, moi, je
laisse le site au préfet, mais je me permets de vous dire, au nom de mes
confrères de la santé et des services sociaux de la
Gaspésie, que les mêmes conditions que vous avez bien voulu
accorder aux Appalaches, pour leur permettre de travailler à
l'implantation d'une instance régionale, nous satisferaient
amplement.
Le Président (M. Joly): Merci. Moi, je viens de me faire
confirmer, encore une fois, qu'avoir un esprit régionaliste, c'est avoir
un esprit de justice.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Définitivement, M. le
Président. Je le pense et que ça vienne d'un gars de la grande
ville, je trouve ça extraor- dinaire comme affirmation. C'est la
reconnaissance que, effectivement, l'équité peut, à
l'occasion, s'appliquer aux régions.
Mme Vermette: C'est peut-être parce que vous n'étiez
pas au Sommet de la Montérégie. C'est peut-être pour
ça qu'on a eu des problèmes.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être. Alors,
évidemment, on reprendra contact pour la mécanique de
reconnaissance. Évidemment, ça doit se faire un peu comme
ça s'est fait pour Chaudière-Appalaches avec le CRSSS de la
région de Québec, en parfaite collaboration et harmonie avec le
CRSSS du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine. Bon voyage de retour.
Le Président (M. Joly): Alors, au nom des membres de cette
commission, je vous remercie d'avoir été présents.
M. Poirier: Je vous remercie aussi et je vous félicite
d'être capables de garder le sourire après tant de jours et avoir
écouté tant d'histoires. Je vous félicite.
Le Président (M. Joly): Au plaisir. Merci. Je demanderais
maintenant aux gens représentant Centraide Montréal de bien
vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Bonjour, messieurs, et bienvenue à cette commission. Vous savez
que vous avez une dizaine de minutes ou à peu près pour
présenter votre mémoire et, par après, les deux formations
se réservent le privilège de vous poser quelques questions.
J'apprécierais si la personne responsable du groupe pouvait s'identifier
et aussi nous présenter les gens qui l'accompagnent.
M. Lessard (Jean): Je vous remercie, M. le Président. Je
m'appelle Jean Lessard et je suis le P. -D. G. de Centraide Montréal. A
ma droite, Michel Giroux, directeur général adjoint et directeur
des services à la communauté; et, à ma gauche, Jean-Guy
Bissonnette, directeur de la recherche sociale. (17 h 45)
Le Président (M. Joly): Vous avez le temps qu'il vous
faut, M. Lessard.
Centraide Montréal
M. Lessard: Je vous remercie beaucoup, M. le Président, M.
le ministre. Nous vous avons fait parvenir un document dans lequel il y a un
certain nombre de questions et de recommandations. J'aimerais attirer votre
attention sur certains points, à la fois sur ceux qui sont dans le
document et sur certains qui ne sont pas dans le document. L'une des questions
importantes qui est posée par le projet de loi est l'identification
même des organismes bénévoles et communautaires.
nous sommes satisfaits que le ministre, dans lavant-projet de loi, reconnaisse
l'existence des organismes bénévoles et communautaires et veuille
les financer. je pense qu'il s'agit là d'une décision importante.
cependant, dans les articles 228 à 233, il y a une tentative de vouloir
définir d'une façon trop rigide les organismes
bénévoles et communautaires. parler des usagers ou parler du
milieu, il y a un certain nombre d'organismes qui n'entrent pas dans ces
définitions. peut-être qu'il serait souhaitable que l'ensemble de
ces articles soit remplacé par un seul qui dirait que le ministre peut
financer un organisme bénévole et communautaire ou que le
ministre ou un établissement régional peut financer un organisme
bénévole et communautaire, et tout simplement le faire de cette
façon.
Au-delà de ça, il y a une question qui nous apparaît
fort importante, c'est celle de la régionalisation. Nous avons compris
à partir de certaines déclarations que l'on s'en va vers la
régionalisation, mais la régionalisation pose une autre question
qui est celle de la décentralisation. Est-ce que l'on veut parler de
décentralisation à la fois des politiques et de l'application des
politiques? Ou est-ce qu'on pense que les politiques doivent être
centralisées à Québec et l'application des politiques
décentralisée au niveau des régions? Il y a là une
question à laquelle on ne répond pas, à notre avis et je
pense que, si on répond à cette question, on pose en même
temps le problème de la péréquation des ressources entre
les diverses régions. Je pense qu'à cet égard, il faut
souligner que le monde bénévole et communautaire est quelque peu
différent des autres programmes et services ou des autres secteurs
d'activité qui sont financés par le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je me réfère d'une
façon toute particulière à un certain nombre de choses, de
facteurs, qui prennent une importance de plus en plus grande au fur et à
mesure que l'on part de la province pour se retrouver au centre de
Montréal.
Sans vouloir, évidemment, caricaturer, je pense que les
sans-abri, on les retrouve à peu près tous à
Montréal, quelques-uns à Québec maintenant, enfin... Quand
on pense aux personnes âgées, nous avons, toutes proportions
gardées, plus de personnes âgées dans la région
métropolitaine de Montréal. Si on pense au nombre de chefs de
famille monoparentale, c'est-à-dire aux femmes chefs de famille
monoparentale, plus on s'approche du centre-ville de Montréal, plus ce
nombre est significatif et important. Si on regarde le taux de divorce, le taux
de divorce est du double à Montréal par rapport à
l'ensemble de la province. Je pourrais évidemment vous
énumérer toute une série de facteurs, mais je pense que
l'un des éléments les plus importants, au niveau de la
répartition des ressources, c'est d'être capable de tenir compte
d'une région qui est tout à fait particulière par rapport
aux autres.
Le problème de la régionalisation
accompagnée d'une décentralisation qui, je pense, devrait
être beaucoup plus décentralisée, c'est-à-dire
à la fois les politiques et les ressources, l'application des politiques
et les ressources, je pense qu'à ce moment-là le problème
de la péréquation devient un problème fort important. Il
est vrai qu'au niveau des régions, en principe, les gens sont plus
près des besoins, sont capables de les évaluer et de trouver les
réponses les plus appropriées. Mais, de la façon dont le
projet de loi est préparé, cette question n'a pas de
réponse. M. le ministre, nous aimerions qu'il y ait réponse
à cette question.
Par ailleurs, nous avons indiqué, et c'est dans le document d'une
façon tout à fait précise, que nous avons à
Centraide Montréal une expertise toute particulière dans le
financement des organismes bénévoles et communautaires et nous
avons dit que nous étions prêts à discuter avec les
instances appropriées de l'ensemble des politiques et des
modalités d'application de ces politiques.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Lessard. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Je pense que
la réputation de Centraide au niveau des organismes communautaires et
bénévoles n'est plus à faire. Elle est très
largement connue. Il s'agit d'être député pour recevoir
à l'occasion des organismes ou des groupes qui sont supportés par
Centraide et pour s'apercevoir du rayonnement qu'il peut avoir et de la
complémentarité qu'il peut avoir avec un réseau, le
réseau de la santé. Effectivement, la régionalisation va
signifier beaucoup de pouvoirs au niveau de la région, beaucoup de
devoirs aussi au niveau de la région. L'un des problèmes du
système d'aujourd'hui, c'est que les CRSSS ont certains pouvoirs, mais
que tous les établissements, tous les intervenants peuvent passer
par-dessus le CRSSS et venir faire leur revendication à Québec
auprès des hautes Instances, y incluant le ministre quand on parle de
hautes instances. J'ai dit y incluant, parce qu'il n'est pas tout seul. Il y en
a d'autres dans les hautes instances qui peuvent aussi être
sollicités. L'idée est d'arrêter ces pèlerinages et
de faire en sorte qu'l puisse y avoir le plus de décisions possible au
niveau de la région, donc, de la régie régionale. Le
ministère ne s'évacue pas lui-même du champ. Le
ministère va demeurer le responsable de la politique de santé
avec les objectifs à atteindre sur le plan national et, par
conséquent aussi sur le plan régional, laissant à chacune
des régions, une fois le budget transféré en tenant compte
d'un per capita, bien sûr, laissant aux régies régionales
le soin de planifier, d'organiser, de dispenser les services.
Le problème spécifique du communautaire a
été abordé, puisqu'à peu près tous les
groupes communautaires nous ont demandé ou nous exprimaient leur crainte
quant à un budget de subvention aux organismes communautaires et
bénévoles qui serait entre les mains d'une régie
régionale et qui pourrait être englouti dans le reste, compte tenu
du rapport de forces que pourraient avoir les bénévoles et les
organismes communautaires dans une région ou qu'ils pourraient
très rapidement disparaître sous le poids des CHU au niveau de la
région de Montréal avec tout ce que ça comporte comme
problèmes. Donc, ce que nous avons dit en cours de commission, c'est que
nous allions, dans la mesure où on le faisait, protéger le budget
dédié aux organismes communautaires de telle sorte que, si on
devait transférer demain matin pour la région de Montréal
20 000 000 $, disons que ce sont 20 000 000 $, pour les organismes
communautaires, on va les transférer, mais en s'assurant que les 20 000
000 $ sont en totalité donnés aux organismes communautaires. Et
c'est un peu la mécanique dans laquelle on voulait fonctionner. Ce que
je comprends, c'est que vous allez plus loin, vous. Vous nous dites
péréquation, compte tenu du plus grand nombre par rapport aux
ratios au niveau du Québec, du plus grand nombre, bon,
d'itinérants ou d'un vieillissement plus important au niveau de
l'île de Montréal, de personnes âgées donc, des
problèmes un peu plus importants à solutionner. C'était
dans cet esprit-là. Je ne sais pas si ça répond à
votre interrogation ou si vous voulez en savoir davantage. Je peux tenter de
vous répondre.
M. Lessard: Non, je pense, M. le ministre, que c'était une
de nos interrogations fort importantes et ce n'est peut-être pas par
hasard que Centraide dans la région de Montréal ramasse 21 000
000 $ et quelque chose et que les 16 autres Centraide du Québec
ramassent 10 000 000 $. Cela ne traduit pas uniquement un effort de
levée de fonds, il traduit aussi des besoins qui sont beaucoup plus
significatifs au Fur et à mesure qu'on arrive au centre de la
métropole. Non seulement des problèmes qui sont plus importants,
plus significatifs, mais aussi certains problèmes qui y apparaissent
presque uniquement. Je ne veux pas dire que l'arrivée des
communautés culturelles nouvelles est un problème en soi, mais
cependant ça représente un défi tout particulier pour une
région comme Montréal puisque 95 % des nouvelles
communautés culturelles s'y retrouvent. Bon, évidemment, les
sans-abri sont une clientèle toute particulière, je pense. Pas
besoin de faire de dessin sur cette question.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, c'est un
principe d'équité, et ça m'apparaît très
Important. On l'entend beaucoup au niveau des régions dans d'autres
domaines. Il faut, bien sûr, qu'au niveau des organismes communautaires,
compte tenu de la nature même des bénévoles, compte tenu de
la nature même de la composante au niveau de l'île de
Montréal, qu'il y ait équité. Vous pariez de
péréquation, moi je parle d'équité, mais ça
peut signifier à peu près la même chose à ce
niveau-là, compte tenu qu'il y aura à la base un per capita, mais
qu'il faut bien sûr s'assurer qu'il n'y ait pas d'inéquité
lorsqu'on fait un per capita qu'il doit nécessairement y avoir... On
doit tenir compte des clientèles aussi et du phénomène.
Définitivement, ce sera tenu en compte.
Je poserais peut-être une question additionnelle. Est-ce que
ça vous fait peur, vous, que cette enveloppe soit
décentralisée et remise entre les mains d'une régie
régionale, par exemple, pour l'île de Montréal? Est-ce que
ça vous fait peur?
M. Lessard: Ça nous pose certaines questions. Si on
transfère uniquement des sommes avec un processus bureaucratique
semblable, de Québec vers chacune des régions, je pense que,
là, on pourrait quelque peu s'interroger. Et c'est pour cette raison
qu'on propose qu'il y ait un nouveau mécanisme qui ne soit pas un des
mécanismes technocratiques ou bureaucratiques normaux, qui puisse
être développé au niveau de chacune des régions,
mais davantage dans des régions comme celle de Montréal. Et
à cet égard, vous avez déjà répondu à
une question, l'enveloppe serait séparée. Nous, on croit que
ça prend des mécanismes beaucoup plus souples et ça prend
aussi des gens qui viennent de la communauté, pas uniquement des
fonctionnaires. Et le papier, dans le cas des organismes
bénévoles et communautaires, est probablement l'un des derniers
éléments les plus importants. Ce n'est pas parce qu'un organisme
a rempli d'une façon parfaite un document qu'on peut lui donner de
l'argent. Nous-mêmes, on va voir sur place ce que les organismes font
réellement et souvent il y a des organismes qui ont beaucoup de
difficulté à s'exprimer par écrit, à faire de beaux
papiers, mais pourtant ils ont des programmes qui sont absolument remarquables
et qui rendent service à la population. Et c'est pour ça qu'on a
développé des mécanismes. Alors, nous avons en permanence
une quinzaine de comités de bénévoles, aidés
uniquement de quelques personnes à plein temps et ce sont ces
comités de bénévoles qui font les analyses, qui font les
évaluations, qui font les recommandations quant à l'allocation
des fonds à faire aux organismes. Et ça, ça se fait d'une
façon régulière à chaque année. Et c'est un
processus qui fonctionne passablement bien; on a déjà pas mal
d'années d'expérience dans l'utilisation de ce processus et je
pense qu'il nous permet aussi, fort bien, d'année en année, de
tenir compte des besoins qui changent et de tenir compte des priorités
qui doivent changer dans l'allocation des fonds.
Pour vous donner un exemple, en 1980, nous financions quelque 140
organismes. Au cours de la dernière décennie, nous en avons perdu
à peu près une quarantaine pour des raisons diverses, mais dans
bien des cas, soit parce que les clientèles n'étaient plus
là ou parce que les programmes n'étaient plus efficaces, et on en
a ajouté une centaine. Maintenant, on est rendus à 205 organismes
dans la grande région de Montréal. Alors, au fond, je crois qu'on
a fait la démonstration de l'efficacité de ce processus.
M. Côté (Charlesbourg): Un des problèmes sur
lequel on a échangé avec les groupes communautaires.. Eux
disaient: On veut notre autonomie. Pour des organismes communautaires, c'est
très important. On ne veut pas être récupérés
par le réseau - ça aussi je suis d'accord avec ça. Moi, je
leur disais qu'il y avait aussi, dans ces conditions-là, l'autonomie du
ministère à financer. Donc, c'était... Si vous avez
l'autonomie de décider ce que vous voulez faire, il y a aussi
l'autonomie du ministère de financer ou de ne pas financer. Est-ce que
vous croyez que l'idée du ministère de financer des organismes
communautaires qui sont en complémentarité avec la mission
même du ministère est une idée qui est trop
contraignante?
M. Lessard: Je pense qu'il y a là, M. le ministre,
à la fois ce que j'appellerais une nécessité et un
problème.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Le
problème est dans la nécessité. (18 heures)
M. Lessard: Vous me permettrez ces deux expressions. Il y a une
nécessité parce qu'il faut dire que ça prend des fonds
pour faire fonctionner des organismes bénévoles et
communautaires, mais, en même temps, il y a un problème. Il y a un
problème qui est significatif. L'État, lorsqu'il intervient, a
toujours tendance à vouloir, entre guillemets, normaliser. C'est un
terme qui est bien connu. Mais L'État est aussi, en même temps,
fort, gros et important et, par rapport aux organismes bénévoles
et communautaires, il y a là un danger qui est fort important parce que.
si l'on veut utiliser les mêmes processus que ceux que l'État
utilise pour les organismes bénévoles et communautaires, je pense
qu'on risque, dans plusieurs cas, de leur créer des problèmes
plutôt que de les aider.
L'une des choses qu'on a dites dans notre mémoire et qui nous
apparaît extrêmement importantes, c'est qu'il faut qu'il y ait
plusieurs sources de financement. Il ne faudrait pas que l'État soit la
première et la plus importante source de financement. Il est important
que l'État finance les organismes parce que ça prend des fonds,
selon des modalités qui devraient être trouvées, des
modalités différentes. Et je comprends très bien le
problème de l'"accouon- tability" ou de l'Imputabilité de
l'État. Dans une vie antérieure, j'ai été du
côté des fonctionnaires, je pense que vous le savez. Cependant je
pense aussi qu'il est Important de souligner que les sommes dont on parle dans
le monde bénévole et communautaire ne sont pas aussi importantes
que les sommes qui vont dans le secteur de la santé et des services
sociaux.
Par conséquent, je pense que l'on pourrait prendre un peu plus de
risques Nous, on en prend chaque année, avec des projets de
démonstration, en acceptant de nouveaux organismes sous forme de
probation et on ne peut pas dire que le taux de réussite est de 100 %.
Les organismes bénévoles et communautaires viennent du milieu,
avec des bénévoles; la bonne volonté est toujours
là, mais quelquefois, la réalisation nécessite un suivi.
Mais si l'on veut que se développe un secteur bénévole et
communautaire qui soit responsable, qui soit vraiment mature et autonome, je
pense qu'il faut lui laisser un peu de corde. Il faut lui laisser de
l'initiative, de l'imagination et lui laisser faire les choses comme on le fait
dans d'autres secteurs sur le plan économique: faire des investissements
pour permettre à ce secteur de se développer et, dans certains
cas, évidemment, assumer que pour certains Investissements, le rendement
va être moins significatif, moins élevé que dans d'autres
cas. La prochaine décennie va être une décennie
extrêmement importante pour le monde bénévole et
communautaire. La façon dont l'État va décider de
travailler avec le monde bénévole et communautaire va
décider, en même temps, de l'avenir de ce secteur.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si je vous saisis
bien, moins de paperasse, moins de contraintes, mais il peut quand même y
avoir une certaine complémentarité.
M. Lessard: Certainement.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je pense que bon nombre de questions ont
été posées, à savoir, bon, justement, comment on
peut arriver à financer tous ces groupes tout en leur gardant
l'autonomie et la possibilité d'avoir aussi de la
créativité dans leurs organismes respectifs. Je pense que
ça, c'est très Important puisque, justement, si ces organismes
ont pignon sur rue. c'est parce qu'on ne peut pas donner ces services-là
à l'Intérieur du réseau de la santé et des services
publics. Donc, il faut leur garder une forme de flexibilité pour
répondre, justement, à des besoins qui échappent à
notre réseau de santé. Est-ce que, de la façon dont vous
procédez à l'heure actuelle, vous validez, en fait, vos grilles
d'éva-
luatlon et vous les révisez assez périodiquement pour
savoir que, bon, à un moment donné, il faut prendre telle
approche plutôt que telle autre dans la façon de donner des
subventions aux différents groupes bénévoles et
communautaires?
M. Lessard: II y a deux choses que j'aimerais souligner.
Premièrement, nous procédons d'une façon continue à
l'analyse et à l'évaluation des besoins dans la
communauté. Nous essayons même d'en faire une prévision.
Nous analysons les tendances, nous avons un mécanisme qui s'appelle un
comité d'analyse des tendances sociales, nous avons un directeur de la
recherche sociale dont la préoccupation est de s'interroger. Nous avons,
chaque année, des révisions dans nos processus d'allocation des
fonds, la détermination des secteurs d'intervention où il est
important de mettre plus de ressources et nous agissons de cette façon,
année après année, d'une façon très
systématique. C'est la raison pour laquelle je mentionnais, tout
à l'heure, que nous sommes passés de 140 à moins 40, puis,
à plus 100, et ce n'est pas uniquement le nombre d'organismes, c'est
aussi les programmes et les services qui sont dispensés par les
organismes. J'utilise l'expression "programmes et services", mais je devrais
utiliser une autre expression, parce que ce n'est pas tout à fait
approprié. Le monde bénévole et communautaire ne donne pas
des services que l'État devrait donner ou que l'État ne donne
pas. Les types d'intervention dans le monde bénévole et
communautaire sont fort différents; Ils ne viennent pas des services qui
doivent être accessibles à tous, dans toutes les régions;
ils viennent de la communauté, du milieu, qui décide de trouver
des réponses à ses propres problèmes. C'est une dimension
qui est tout à fait différente. Au fond, dans une intervention
précédente on a parlé quelque peu de la prévention.
Lorsqu'on travaille dans des milieux, dans des quartiers, dans des
"communities", c'est à ce nlveau-ià qu'on peut le mieux
travailler au niveau de la prévention. Lorsqu'on pense, par exemple,
à des organismes comme les Grands frères et les Grandes soeurs,
le fait qu'il puisse y avoir quelqu'un, un adulte qui représente, en
quelque sorte, un parent par rapport à un enfant, fait que l'enfant est
capable de se développer d'une façon beaucoup plus normale et on
risque de ne pas le retrouver dans la rue, le lendemain matin, et dans d'autres
situations plus difficiles. Au fond, la force du monde bénévole
et communautaire va être garante de notre avenir. Il est absolument
essentiel pour l'État de donner des services avec une
universalité et une accessibilité qui soient tout à fait
appropriées. Mais en même temps, II faut laisser à la
société le soin de s'organiser de façon à se
prendre en charge, à devenir responsable. C'est ça, le monde
bénévole et communautaire; c'est ça son avenir et c'est ce
dont on parie aujourd'hui.
Mme Vermette: Quand vous parlez de se prendre en main, de se
responsabiliser, est-ce que vous privilégiez d'autres formules que celle
de l'intervention de l'État? Est-ce que Centraide ne pourrait pas
devenir le pôle d'attraction pour l'ensemble des groupes
bénévoles et communautaires qui pourraient être la courroie
de transmission?
M. Lessard: Je dirais que les organismes que l'on appelle des
Centraide, leur mission est justement d'assurer le développement du
secteur bénévole et communautaire. Je ne suis pas sûr de la
réponse que nous donnerions si nous étions capables de ramasser
75 000 000 $ dans la région de Montréal. Je pense que M. le
ministre m'a compris.
Mme Vermette: En fait, il y a un problème qui va arriver
tôt ou tard. Plus la demande sera forte, plus il y aura d'organismes qui
vont faire appel à vos dons, à vos subventions. Vous allez, de
plus en plus, devoir mettre beaucoup plus de structures et de contrôles,
parce que, à un moment donné, justement, étant
limités au niveau de l'assiette, vous allez être obligés de
monter, comme le ministère qui a monté sa grille
d'évaluation. Oui?
M. Giroux (Michel): Si vous me le permettez, c'est évident
que nous recevons le même discours que vous recevez de la part des
organismes communautaires. Ils veulent garder leur autonomie. Ils veulent bien
être financés par nous, mais ils ne veulent pas qu'on fasse trop
de contrôles. Malgré tout ils acceptent - je pense qu'ils sont
d'accord avec ça - qu'on ait des mécanismes d'évaluation.
Ils acceptent de présenter des rapports d'activité. Ils acceptent
de présenter leurs rapports et leurs états financiers. Donc, ils
acceptent et ils comprennent qu'on ne peut pas, nous, donner de l'argent
n'importe comment, de n'importe quelle façon. Ce qu'ils nous demandent,
c'est, de notre côté, d'accepter d'avoir des grilles
d'évaluation qui soient souples, qui ne soient pas les mêmes pour
tout le monde, pour tous les types d'intervention. C'est pour ça que
dans notre mémoire on a une phrase qui dit ceci: La difficulté
pour l'État de financer le secteur communautaire... Parce que
l'État est différent du secteur communautaire, l'État
fonctionne avec des principes d'universalité, d'accessibilité, de
gratuité, de grands principes, et le communautaire, par
définition, il est très diversifié. Il évolue
constamment, il est très différent d'un groupe à l'autre.
Ça prend donc des mécanismes très souples pour les
rencontrer. C'est un peu le message qu'on voulait donner. On pense qu'il est
très important que les organismes communautaires aient diverses sources
de financement. Ça leur permet d'avoir une certaine autonomie, et
même par rapport à nous. Par ailleurs, on dit à
l'État: II faut que vous par-
ticipiez au financement des groupes communautaires. Maintenant, il va
falloir que vous développiez, dans ce financement-là, des
mécanismes un peu différents de ceux que vous pouvez utiliser, et
des mécanismes d'évaluation et de structure d'évaluation
différents de ceux que vous pouvez utiliser pour financer les
établissements du réseau. On est dans deux ordres
différents et c'est un peu, je pense, la crainte des organismes
communautaires.
Mme Vermette: Je vous remercie.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Ce que je
comprends, c'est qu'on va se référer au mémoire qui peut
nous enseigner un certain nombre de choses sur le comment faire. C'est
tiré de l'expérience que vous avez vécue et je pense que
nul autre que CENTRAIDE ne pouvait mieux nous inspirer à ce
niveau-là. Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci. Au nom des membres de cette
commission, merci d'avoir comparu.
M. Lessard: Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons maintenant
suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 11)
(Reprise à 20 h 25)
Le Président (M. Joly): Nous allons reprendre nos travaux.
J'apprécierais que les gens qui représentent le Réseau
d'action pour une santé intégrale s'avancent, s'il vous
plaît. Bonsoir, bienvenue à cette commission. On s'excuse du
retard; nous avons eu un contretemps incontrôlable. Je vous explique un
peu la procédure. Vous avez une vingtaine de minutes pour nous faire
part de votre mémoire. Par après, les deux formations se
réservent le privilège de vous poser quelques questions.
J'apprécierais que la personne responsable s'identifie et aussi nous
présente les gens qui l'accompagnent, s'il vous plaît.
Réseau d'action pour une santé
intégrale
Mme Joanette (Michelle): Bonsoir. Mon nom est Michelle Joanette.
Je suis acupuncteur dûment enregistré à la Corporation
professionnelle des médecins. Je suis impliquée dans le
Réseau d'action pour la santé intégrale depuis un an, dans
le comité administratif. Je suis, ce soir, accompagnée de M. le
président, Claude Guilbeault, massothérapeute depuis six ans -
auparavant, il était bibllothéconome - et de Mme la
vice-présidente, Lucette Lecierc, psychologue.
Le Réseau d'action pour une santé intégrale qu'on
nomme en abrégé RAPSi est un organisme sans but lucratif. Nous
oeuvrons en tant que bénévoles à l'intérieur. Notre
Intérêt, c'est notre philosophie, c'est-à-dire promouvoir
la santé intégrale et favoriser des échanges entre
professionnels de médecine alternative et de médecine
conventionnelle. Le Réseau d'action pour la santé
Intégrale est né d'un besoin provenant d'une
diététicienne, du nom de Louise Lambert-Lagacé, qui
sentait le besoin de favoriser un pont avec ce nouveau champ qu'on appelle "les
médecines douces". Nous sommes environ 200 membres, praticiens et
utilisateurs, qui regroupent des chiropraticiens, médecins, dentistes,
chirurgiens, cardiologues, physiothérapeutes, psychologues, ainsi que
des acupuncteurs, ostéopathes, massothérapeutes.
Le mémoire que nous vous avons présenté a
été rédigé principalement par Me Paul Martel qui,
malheureusement, ne pouvait être avec nous ce soir. Donc, sans plus
tarder, je passe la parole à M. le président.
M. Guilbeault (Claude): bonsoir. à la lecture de
l'avant-projet de loi, notre réseau constate qu'il n'y a presque pas de
place, sinon pas de place du tout pour les médecines douces. dans les
textes on ne fait aucunement mention de l'approche "médecine douce",
bien qu'on fasse mention de toutes les autres approches qui se pratiquent
déjà dans le réseau hospitalier, de même que dans
les clsc. on semble oublier très facilement qu'il y a plus de 7000
personnes qui pratiquent au québec, qu'il y a plus de 30 % de notre
population qui consultent ces gens-là. on se rend compte qu'avec le
temps, de plus en plus les thérapeutes travaillent et il y a de plus en
plus de gens qui les consultent. en plus, h faut dire que c'est un mouvement
international. on en retrouve partout. ce n'est pas propre au québec,
bien qu'au québec ça se développe de façon
très rapide, mais on les retrouve dans à peu près tous les
pays.
II y a eu une pétition, il n'y a pas longtemps et une plate-forme
signée par au-delà de 20 organismes qui regroupaient plusieurs
centaines de milliers de personnes qui demandaient au ministre de la
Santé des choses très précises. Je vais laisser à
ma collègue, Mme Leclerc, le soin de dire ce qui a été
demandé par plusieurs centaines de milliers de personnes.
Le Président (M. Joly): Mme Lecierc.
Mme Lecierc (Lucette): Nous avons demandé que les
médecines douces soient reconnues à cause de toutes les
conséquences entraînées par leur situation illégale.
Nous trouvons qu'il y a
des effets néfastes à cette situation. Par exemple, il y a
un manque d'homogénéité dans la formation des gens qui
pratiquent ces médecines: (es gens vont se former, soit à
l'étranger, ou bien ils sont formés ici, mais il n'y a aucun
contrôle de leur formation ni de leur pratique, à cause de
l'absence de réglementation. Par le fait même, il y a un manque
d'information auprès du public. Comment les gens peuvent-ils s'y
retrouver lorsqu'ils souhaitent consulter quelqu'un qui pratique une de ces
approches si le débat n'est pas ouvert, si la situation n'est pas
claire, si les gens ne savent pas à quelle porte frapper? Actuellement,
II y aurait une quarantaine d'approches différentes qui se pratiquent.
Comment M. Tout-le-Monde peut-il se retrouver là-dedans?
Il y a aussi différentes écoles. Je pense que l'exemple le
plus récent, c'est l'acupuncture. Il y a actuellement 600 acupuncteurs
au Québec qui pratiquent, dont 300 sont officiellement reconnus et
acceptés, tandis que les 300 autres n'ont pas accepté de se
soumettre aux règles qu'on leur proposait. Cela suscite une situation
délicate pour M. Tout-le-Monde qui cherche à s'y
reconnaître. Un autre élément, ce sont les gens qui
travaillent dans l'Illégalité, créent une situation dans
laquelle ils travaillent dans la peur et Je me demande souvent s'ils font un
rapport d'impôt. Je pense que l'État se prive d'un revenu en
laissant durer cette situation-là. Aussi, une autre chose qui nous
inquiète, c'est le fait que la recherche ne puisse pas se faire parce
que les ressources ne sont pas accessibles pour ces gens-là. Ça
nous prive de connaître les effets réels et de les
démontrer, s'ils existent, comme semble le croire la population qui
utilise ces ressources. Parce que, près de 30 % de la population,
ça fait quand même 2 000 000 de personnes au Québec qui
semblent vouloir utiliser ces choses-là.
Alors, nous du RAPSI, ce qu'on propose, c'est de régulariser
cette situation et c'est ce que la plate-forme demandait, de faire une place
significative aux médecines douces et à la philosophie d'une
approche globale de la personne. Comme psychologue, quand une personne arrive
dans mon bureau, étant donné que j'ai cette approche globale de
la personne, je lui pose des questions, à savoir ce qu'elle fait pour sa
santé physique et je trouve aberrant que la moitié des personnes
me répondent qu'elles consultent quelqu'un d'une approche alternative
tout en consultant leur médecin. Elles vont chez le médecin pour
des tests, des examens, des analyses et le médecin prescrit ce qu'il
doit prescrire à la personne, mais ensuite, celle-ci se retourne, va
consulter quelqu'un d'autre, ne prend pas ce que le médecin lui prescrit
et retourne quand même, quelque temps après, faire faire d'autres
vérifications auprès du médecin. Notre
préoccupation et la mienne personnellement - c'est pour ça que je
suis ici parce que je n'ai aucune approche à défendre comme
telle, je n'en pratique aucune - mais ma préoccupation, c'est de savoir
comment la personne est protégée, comment elle peut savoir qui
consulter, et surtout, le médecin, comment est-ce qu'il... Parce qu'il
ne le sait jamais, semble-t-il. Les gens me disent qu'ils n'en parlent pas, ils
ne disent pas au médecin ce qu'ils font; ils retournent simplement pour
faire faire des examens de contrôle. Alors nous, ce qu'on voit
là-dedans, c'est que, de plus en plus, les gens se sentent responsables
de leur santé, de choisir leur thérapeute, mais il y a
actuellement au Québec une situation où on ne reconnaît pas
cette responsabilité de l'être adulte. Alors, on veut que cette
situation-là change et nous avons 25 organismes derrière nous qui
nous supportent pour que la pratique de ces choses-là soit reconnue,
qu'elle cesse d'être interdite, en quelque sorte; qu'on cesse de faire
comme si cette pratique n'existait pas ou de faire la chasse aux
sorcières, et que l'enseignement de ces choses-là soit
officialisé. Et en prenant cette position-là, nous sommes
d'accord avec Mme Thérèse Lavoie-Roux lorsqu'elle recommandait
dans son document intitulé "Orientations pour améliorer la
santé et le bien-être au Québec", de tenir un débat
public par l'entremise de la commission parlementaire des Affaires sociales sur
la reconnaissance des médecines douces, les mécanismes
nécessaires à la protection du public et la place des nouveaux
praticiens dans le système de santé et des services sociaux. Nous
sommes d'accord avec elle et c'est pourquoi nous souhaitons que dans le projet
de loi qui se prépare, dans tout le travail que vous faites que soient
réintroduits, au paragraphe 2° de l'article 2, les mots "la gamme
complète des services" et les mots "y compris la prévention". Ils
étaient là dans le rapport de Mme Lavoie-Roux et ils n'y sont
plus. On voudrait que ces termes-là soient réintroduits et on
voudrait que la loi réserve au ministre ou au gouvernement le pouvoir
d'imposer aux établissements l'inclusion de l'une ou l'autre des
médecines douces comme services de santé additionnels, la mise
sur pied de projets pilotes d'expérimentation et d'intégration de
ces médecines, puis, l'admission, pour les fins susmentionnées,
de thérapeutes alternatifs avec droit de pratique. En
résumé.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Est-ce que vous
avez quelque chose d'autre à rajouter? Merci. M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Une chose qui est certaine, vous l'avez dit, il y a de plus
en plus de gens qui sentent le besoin ou qui se sentent secures de recourir
à des médecines alternatives ou à des médecines
douces. Qu'on veuille l'admettre au niveau de certaines professions ou non,
ça devient l'évidence même. Même principe que pour
les sages-femmes. On a eu une commission parlementaire sur les sages-femmes,
à l'automne;
2000 accouchements par année se font par des sages-femmes et
c'est comme si, pour certains, ça n'existait pas. On a donc
décidé qu'on allait de l'avant et qu'on déposera
très prochainement à l'Assemblée nationale le projet de
loi qui va enclencher le processus des expériences pilotes.
C'est vrai aussi pour les médecines douces, ou médecines
alternatives, ou thérapies alternatives. On peut peut-être tenter
de trouver les mots les plus doux possible pour que ça ne heurte pas un
certain nombre de personnes, mais il y a une pratique qui est assez importante,
qui est aussi, à la fois, dans certains cas, clandestine, dans le sens
que les gens ne veulent pas être poursuivis selon des règles qui,
d'après moi, dépendent bien plus du passé que d'une
situation réelle d'aujourd'hui ou de l'avenir.
C'est vrai aussi que, d'autre part, on ne peut pas reconnaître
n'importe quoi, pratiqué par n'importe qui, puis, surtout, n'Importe
comment. Cela étant dit, quant à moi, j'ai dit clairement,
à plusieurs reprises, que Mme Lavoie-Roux s'était engagée
à tenir une commission parlementaire, un débat ouvert, quoiqu'il
pourrait éventuellement être limité; je pense qu'on n'a pas
besoin d'entendre 263 mémoires comme on le fait aujourd'hui dans le
cadre de cette commission-ci, sinon on n'en sortira jamais. Un débat
public, ça ne veut pas nécessairement dire un débat
illimité, accessible à tout le monde, mais ça peut
être un débat public, sur invitation, de gens qui ont des choses
à nous dire relativement à ces pratiques alternatives, surtout en
fonction, aussi, de la prévention. C'est un des thèmes que vous
développez dans votre mémoire, auquel je souscris.
On va la tenir, la commission parlementaire. Le mandat n'est pas
défini.
Une voix: Quand?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, là, j'attendais
qu'on termine celle-là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg):... parce que, depuis le 23
janvier que nous sommes ici, on en est à quoi, 130 mémoires, je
pense, d'entendus jusqu'à maintenant; on a encore quelque 50
mémoires à entendre d'ici Pâques. La commission est donc
mobilisée jusqu'à Pâques et, nécessairement, il faut
qu'il s'enclenche des choses à la suite de cette commission-là.
Je la souhaite à l'automne, sinon au début de 1991, au plus tard.
Mais ce ne sera pas une commission où n'Importe qui va venir nous dire
n'importe quoi sur n'importe quel sujet, parce qu'on n'en sortira jamais.
D'après moi, si on veut que ce soit utile, ça devrait porter sur
ceux qu'on reconnaît - parce que c'est ça qui va arriver - comment
on le fait et quelle sorte d'encadrement il faut apporter pour offrir à
la population toute la sécurité néces- saire, pour qu'il
n'y ait pas des charlatans un peu partout qui exploitent le public. Parce qu'on
s'est toujours bien compris: ce n'est pas du fait que le gouvernement pourrait
reconnaître, effectivement, cette pratique que ça va être
une pratique assurée. Il y a une différence fondamentale entre
reconnaître et dire que ça va être assuré, donc
payé par la RAMQ. Donc, cette commission, d'après moi et c'est
pour ça que je vous invite à m'en parler, parce que ça va
être l'essence des prochaines démarches, est-ce que je me trompe
en disant qu'elle devrait porter sur ce qu'on reconnaît - quel champ on
reconnaît - et qu'on parle d'encadrement, qu'on parle aussi de formation?
Il y a probablement bien des choses à ajouter dans une commission comme
celle-là, mais, si on ne veut pas se perdre et arriver à des
conclusions, ça m'apparaît être un cadre raisonnable.
Mme Leclerc: Est-ce que c'est une question?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, aussi, en même
temps.
M. Guilbeault: Pour répondre à votre question, M.
le ministre, je pense que tous les gens qui sont en médecine douce -
disons qu'on va l'appeler "médecine douce", sinon ça va
être difficile, il y a un paquet de noms mais je suis d'accord avec vous
qu'il faudrait qu'on change ce nom-là - je pense qu'en médecine
douce H y a des groupes qui font vraiment un genre de médecine douce et
d'autres qui sont beaucoup plus au niveau de la prévention. Je pense
que, comme masseur, je suis beaucoup plus au niveau de la prévention,
puis quelqu'un qui est ostéopathe, ou qui est homéopathe, ou qui
est acupuncteur peut aider une personne qui est malade aussi. Bon. Il faudra
voir qu'est-ce qu'on fait avec ça.
Je pense que tous les gens qui sont honnêtes et qui pratiquent
à temps complet sont d'accord avec vous pour dire qu'il est Important
que l'on reconnaisse d'abord que c'est au Québec, un, qu'on en a; deux,
qu'on essaie de voir qui est-ce qui pratique. Je suis d'accord avec vous qu'il
y a au-delà de 40 pratiques et, au fur et a mesure que les choses se
développent, on arrive à 60 puis à... Ça va
être comme ça pendant longtemps. En même temps, on voudrait
aussi penser que, dans la commission parlementaire qui sera faite, qu'on ouvre
une porte à des bonnes thérapies qui pourraient venir, dont on ne
connaît même pas le nom encore, il ne faudrait pas qu'on dise:
Nous, on reconnaît de A à M, puis, après M, c'est fini.
Donc, on voudrait aussi penser et on a proposé, lors de la commission
Rochon, un genre de troisième voie, si vous voulez, entre laissez faire
tous les gens comme Us veulent ou bien les encadrer dans des corporations
très strictes - et on sait que ça
devient très lourd; on a proposé un office, le môme
office qu'il y a en Californie. C'est un office souple, mais qui travaille avec
plein de fédérations, plein de gens qui sont déjà
dans le domaine. Donc, essayez de voir comment on pourrait créer un
organisme souple, mais qui encadre et qui réglemente très
clairement les gens qui travaillent. Je pense que les gens qui pratiquent et
qui sont sérieux sont d'accord avec ça. On n'a jamais
pensé que, du jour au lendemain, le gouvernement pourrait dire:
Dès que vous avez un chapeau de médecine douce, vous lisez deux
ou trois livres, puis ça, ça va. Je pense que les gens qui
pratiquent ont une formation et je vous invite aussi, lors des commissions
parlementaires, à aller voir quelle formation les gens se donnent. Il y
a, malheureusement, dans notre province, des gens qui emploient trop le mot
charlatan. Charlatan, c'est quoi? Ça veut presque rien dire et on
commence à faire peur au monde. Charlatan, pour mol, c'est quelqu'un qui
promet plein de choses, qui n'a pas une formation adéquate et qui fait
mal à une personne qui le consulte. Peut-être qu'on pourrait
retrouver, dans les corporations telles qu'on les connaît, des gens qui
sont aussi charlatans; il ne faudrait pas aller trop loin.
Alors, quel organisme pourrait-on se donner? Ça, on est d'accord
pour vous appuyer, pour vous aider à 100 %. Un organisme souple, pour
très longtemps, qui accepte ce qui est là, mais qui ouvre la
porte à ce qui pourrait venir. Il y a deux ou trois ans, ou il y a vingt
ans, II y a des techniques qu'on emploie maintenant qu'on ne connaissait
même pas au Québec. S'il avait fallu, voilà dix ans, qu'on
dise: Nous, au niveau du système de santé, on ne reconnaît
qu'A, B, C, D, on pourrait manquer peut-être de très, très
bons outils, et ça ne donnerait pas le goût à des gens du
Québec d'aller se former soit au Japon ou en Californie. Donc, voir une
dynamique souple. Je pense que l'office que l'on proposait pourrait être
un très bon point de départ Je ne dis pas qu'on a la
réponse à tout, mais je pense que c'est une voie possible. (20 h
45)
Mme Leclerc: Bien, c'est que si on se donnait la tâche de
faire des corporations... en tout cas, de notre point de vue, au RAPSI,
lorsqu'on réfléchit, qu'on discute et qu'on analyse ce
problème-là, on se dit que, si chacune de ces approches doit
passer par tout le processus d'une incorporation, ce qui peut prendre dix ans -
dans le cas des acupuncteurs, ça a pris quinze ans, qu'on se souvienne
des chiroprati-ctens... S'il y a une quarantaine de pratiques, on voit comme
une impossibilité de s'en sortir. On se dit que, en Californie, on n'est
pas obligés de copier ce qu'ils ont fait, mais on pourrait s'en
inspirer, et avoir un office qui, lui, se donnerait des règles du jeu,
justement pour vérifier cette formation-là et vérifier la
pratique aussi. Lorsqu'il y a une corporation, elle est là pour
protéger le public et les membres. Les gens qui pratiquent ces
approches, qui les pratiquent sérieusement, j'entends sont d'accord pour
ça, en général. Eux non plus ne veulent pas que se
glissent à l'intérieur des personnes qui sont moins
sérieuses. Je donnerais un exemple: en massothéraple, certaines
personnes ont 300 heures de formation, d'autres en ont 1000. Chez les
acupuncteurs, c'est la même chose: certains ont une
accréditation... je ne sais pas comment ils l'appellent, mats
après 300 heures de formation, d'autres parlent de 4000 heures. Alors,
ces différences-là, il faudrait un peu les connaître,
d'abord, les régulariser, ensuite, et on se demande comment l'Office des
corporations pourrait y arriver. C'est comme si les choses allaient trop vite.
C'est pourquoi on a pensé de proposer un office avec des règles
du jeu.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, on
propose un parapluie, parce qu'on est dans une situation où c'est devenu
très difficile de passer à travers tout le système pour
avoir une corporation. Ce n'est quand même pas normal que ça
prenne dix ou quinze ans pour y arriver. Je suis absolument convaincu que si
ça prenait moins de temps, ce n'est probablement pas le parapluie qui
serait proposé, mais une identité propre pour chacun.
Évidemment, ça ce sont des questions qui peuvent être
abordées dans cette commission-là, très largement, en
souhaitant que mon collègue qui est responsable des corporations puisse
être présent pour fouiller plus à fond cet
aspect-là. Je vous réitère qu'il va y avoir la commission
parlementaire, définitivement, et qu'une action devrait normalement
suivre après la commission parlementaire.
Dans votre présentation, vous dites avoir 200 membres:
médecins, infirmières, diététistes,
chiropraticiens. Pour mon information personnelle, combien y a-t-il de
médecins sur les 200? Je n'ai pas besoin d'un chiffre précis.
L'idée n'est pas d'avoir...
Mme Leclerc: Une douzaine.
M. Côté (Charlesbourg): Une douzaine. Et ce sont des
médecins qui proviennent de quels milieux de pratique?
M. Guilbeault: D'à peu près tous les milieux.
Mme Leclerc: Général.
M. Guilbeault: Oui, d'à peu près tous les
milieux.
Mme Joanette: Ou des spécialités?
M. Côté (Charlesbourg): Toutes les
spécialités?
Mme Joanette: Ou des spécialités.
Mme Leclerc: Oui. Cardiologues...
M. Guilbeautt: Des gens qui sont dans tes CLSC aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Et ce sont des gens qui se
sentent à l'aise chez vous? Ils partent librement de médecines
douces, alternatives...
Mme Joanette: ii faut faire attention. dans le réseau
d'action pour une santé intégrale, les gens appuient ou ont comme
priorité une approche globale de leurs patients, si on parie de
praticiens. c'est donc une priorité, c'est personnel,
c'est-à-dire que quand on a un patient, on considère comme
prioritaire son bien-être à la fois physique, émotif et
mental. donc, si c'est un cardiologue, un généraliste, ces
gens-là, qui veulent bien apprendre - à chaque mois, on a des
conférences - ils s'ouvrent à ces dimensions-là, donc ils
sont à l'écoute de leurs patients, pas juste au niveau bobos ou
verrues. c'est pourquoi... il y a une théorie d'ensemble autour.
Mme Leclerc: je pense que ces médecins sont venus au rapsi
parce qu'ils constataient la limite de leur discipline, qui est une approche
biochimique, si je peux dire, et ils sont très heureux d'entendre des
personnes qui ont une approche psychologique de la personne ou une approche, je
dirais électro-magnétique - je ne sais pas si les acupuncteurs
seraient d'accord avec moi pour que je parle comme ça - mais une
approche énergétique. alors, ces médecins-là sont
contents de voir que. là où leur médecine ne leur suffit
pas... ils sont contents de savoir à qui ils peuvent les
référer et c'est ce qu'ils font. c'est ce qu'on fait entre nous.
parce que, au départ, moi, quand je vois une personne dans une approche
globale, et que je ne sais pas à qui... c'est difficile au
départ. je pense que rapsi m'a beaucoup aidée là-dedans,
à identifier des personnes, a reconnaître la formation qu'elles se
sont donné, à évaluer la qualité de la formation,
et de la personne et de la pratique. j'y suis arrivée en les
fréquentant. je pense que c'est ce partage-là, cette
collaboration-là qui rendrait service à la population du
québec parce que, dans le moment, il y a 2 000 000 de personnes - c'est
quelque chose - qui sont un petit peu sur le qui-vive. parce qu'en 1988 ou
1987, il y a un amendement à la loi sur les corporations qui a
été passé - c'est m. ryan qui était là
à ce moment-là - qui rendait hors la loi, je le dis comme
ça, toutes les personnes qui pratiquaient autre chose que la
médecine légale, toutes les personnes qui recommandaient à
quelqu'un d'utiliser une approche alternative. donc, moi, comme psychologue, si
je dis à quelqu'un: pour dormir, tu pourrais prendre autre chose que des
pilules, tu pourrais prendre une marche ou tu pourrais voir un acupuncteur ou
un massothéra- peute, ou tu pourrais faire du yoga, quand Je dis
ça, je deviens hors la loi. Et ça rendait hors la loi toutes les
personnes qui louent un local aux gens qui pratiquent ces approches-là,
leur secrétaire, tout le personnel de soutien qui est autour. C'est
aberrant.
M. Guilbeault: Et pour aller, peut-être... Mme Leclerc:
Et c'est récent ça.
M. Côté (Charlesbourg): 1987 ou 1988, c'est
récent pas mal.
Mme Leclerc: C'est en juillet.
M. Côté (Charlesbourg): Oui
Mme Leclerc: Je m'en souviens...
M. Guilbeautt: Et peut-être pour vous donner...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas un bon mois,
ça.
Mme Leclerc: Tout le monde était en vacances.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, ce n'est pas un bon
mois. Mais...
Des voix: Ha. ha. ha!
M. Côté (Charlesbourg): Comment? Oui.
M. Guilbeautt: Et peut-être pour vous donner un exemple
très précis de ce qu'on...
Une voix: Aimes-tu mieux septembre?
M. Guilbeault: Peut-être pour vous donner un exemple
précis de ce qu'on entend par le travail d'un médecin là,
qui travaille avec des gens qui sont en médecine douce, on va prendre un
exemple très précis. On a un citent qui s'adresse à un
médecin de CLSC qui va le voir pour un mai x. Le médecin,
après l'avoir regardé, lui dit: Bon, écoute, ce qu'on peut
faire, on peut travailler avec des produits chimiques, pilules ou autres. Si
ça te tente, on va traveler avec ça. On peut travailler avec des
remèdes homéopathiques, on peut travailler avec des massages et
on peut travailler avec un psychologue. Qu'est-ce que tu choisis? La personne
dit: Bon, bien, je ne le sais pas; qu'est-ce que tu veux dire au juste? Et au
lieu d'aller rencontrer trois clients, c'est un médecin qui va s'asseoir
avec cette personne-là, qui va lui expliquer ce que chaque sentier ou
chaque chose pourrait faire. À partir du moment où le client ou
la cliente va dire: Bien, j'aurais le goût de travailler avec le massage,
I va y avoir une concertation entre le masseur et la
personne qui est médecin. Ça veut donc dire que le
médecin et le masseur, en plus de travailler sur ta personne, vont
prendre plusieurs minutes de leur temps par semaine pour s'appeler parce que,
là, II y a un travail de concertation. Alors, il y a beaucoup de
médecins, il n'y en a pas 10 000 là, mais il y a de plus en plus
de médecins et il y a un groupe de médecins de médecine
holistique qui travaillemnt dans ce sens-là. Voilà!
Le Président (M. Joly): Merci. Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Marie-VIctorin.
Mme Vermette: Oui. C'est très intéressant. Vous
parlez, en fait, de complémentarité avec le monde médical,
parce que ce sont deux approches complémentaires. Par contre, au niveau
des structures, comment est-ce applicable, cet échange-là? Au
niveau d'une reconnaissance, vous demandez beaucoup de souplesse à
l'intérieur des structures, mais au niveau, finalement, de cette
reconnaissance, ça demande beaucoup de consultation de la part des deux
parties en présence ou, en tout cas, des diverses parties en
présence. Avez-vous envisagé un mode de fonctionnement dans les
centres hospitaliers ou au niveau des consultations des bureaux? À quel
niveau, à ce moment-là, ça devrait-il se faire?
M. Gullbeault: Disons que la première demande, celle qui
est la plus large et la plus facile, c'est d'abord, que les gens qui pratiquent
en privé soient reconnus par une loi avec un permis et qu'ils pratiquent
sans être obligés de vivre toutes les poursuites assez stupides
que l'on vit maintenant. Ça, c'est le point un. Ensuite, que le citoyen
qui a le goût de se faire traiter par des gens et qui a le goût de
payer puisse le faire sans être passible, lui aussi, de poursuites. Que
le thérapeute, psychologue, médecin ou autre, qui a le goût
d'aller référer un de ses patients à ces gens-là
puisse le faire. Ça c'est la première partie. La deuxième
partie, qui sera un petit peu plus tard, c'est comment ces pratiques
s'intègrent au niveau hospitalier, dans les CLSC. Je pense, et je suis
d'accord avec vous, qu'il faudra que l'on s'asseye ensemble et qu'on essaie de
voir comment tout ça marche. Parce qu'il faut non pas voir comment le
CLSC a envie de travailler dans tout ça, c'est un point, mais il faut
aussi savoir, si sa clientèle a le goût de travailler avec un
massothérapeute, ostéopathe, homéopathe, acupuncteur. Si
le besoin est là... Parce que, dans l'avant-projet de loi, on
reconnaît les besoins que la population a. Il faudra s'asseoir et essayer
de voir dans la structure que l'on a, comment est-ce que l'on intègre
les gens qui pratiquent.
Mme Leclerc: La solution pourrait varier d'une région
à l'autre. Les gens qui sont sur les lieux pourraient trouver, eux, une
façon de le faire qui leur convient, qui ne conviendrait pas
nécessairement à une autre région ou à un milieu
hospitalier ou à un CLSC ou à Chibougamau ou à
Montréal.
Mme Vermette: II nous semblait plus facile dans les
régions éloignées d'appliquer de telles pratiques
médicales, ou des médecines alternatives, ou des médecines
douces, parce qu'il y a un manque d'effectifs médicaux. Mais là
où il y a un problème, où c'est plus difficile d'avoir des
échanges, c'est là où il y a un fort contingentement de
médecins, spécialistes, omnipraticiens où le monopole est
très clairement établi.
Mme Leclerc: Dites-moi qui on protège à ce moment
là? Est-ce qu'on protège la population ou la corporation?
Mme Vermette: Non, mais en fait c'est un constat...
Mme Leclerc: La profession.
Mme Vermette: C'est un constat quand vous me parlez de
fonctionner par région. On dit souvent Montréal, la capitale du
Québec au niveau métropole, n'est pas la locomotive. C'est
difficile de changer des comportements. À ce moment-là est-ce que
votre intention est davantage de faire en sorte qu'au niveau de la corporation
des médecins et dentistes, au niveau de Montréal, on entame des
échanges?
Mme Leclerc: Je crois qu'il y a suffisamment de médecins
intéressés actuellement - il y en a une douzaine dans notre
association - mais il y a un très grand nombre de médecins qui
s'adonnent eux-mêmes aux approches alternatives, que ce soit
l'ostéopathie, l'homéopathie, et j'en connais qui ne sont pas
membres de notre regroupement. Je pense que eux les trouveraient les solutions,
là où ils sont, eux, avec les gens qu'ils connaissent
déjà, qui ne sont pas médecins et qui pratiquent. Nous
avons confiance que ces gens-là trouveraient des solutions et en
proposeraient, à partir du moment où ils auraient la
liberté de le faire. Ce qui n'est pas le cas.
Mme Vermette: Est-ce que vous croyez que votre forme de pratique
médicale pourrait servir grandement au niveau des patients en phase
terminale? Est-ce que vous pourriez être d'une aide précieuse
à ce niveau-là?
Mme Leclerc: Absolument.
Mme Vermette: Vous pourriez être intégrés
dans une équipe médicale, dans les centres hospitaliers ou autres
centres.
Mme Leclerc: Quels qu'ils soient, absolu-
ment.
Mme Vermette: Quels qu'ils soient. Actuellement vous n'avez pas
de reconnaissance?
M. Guilbeault: du tout. il ne faut pas oublier, on insiste
beaucoup, que notre travail se fait principalement en prévention. un
citoyen ou une citoyenne qui veut se prendre en main, qui veut prévenir,
qui veut faire attention - on parle au niveau de promotion de sa santé -
je pense qu'une dynamique très importante de notre métier, c'est
de travailler au niveau de la prévention. par la suite, oui. il y a une
concertation possible avec le domaine médical. mais je pense qu'il y a
tout un créneau qui n'est pas touché. c'est ce qu'on voulait dire
au ministre. on souhaitait vraiment que, dans son avant-projet de loi, on fasse
une place importante à la prévention et à la promotion, de
garder notre population en santé le plus longtemps possible. si on fait
de la prévention, on risque qu'à 40 ans, à 50 et 60 ans,
on ait de moins en moins de gens gravement malades. les coûts qu'on
aurait dans 30 ans avec des millions de personnes malades seraient moindres.
c'est pour ça qu'on doit commencer le plus vite possible au niveau de la
prévention. ça, pour nous autres, c'est très important.
c'est le message.
Mme Vermette: Je vous remercie. Je voudrais juste ajouter que je
trouve ça dommage, comme vous, qu'au moment où on s'apprête
à changer un peu les structures, à améliorer la
qualité de notre sytème de santé, on tient peu compte de
ces solutions qui sont les solutions de l'avenir, à mon avis, et que les
démarches qu'il faut faire à une commission parlementaire a
posteriori pour prendre connaissance des préoccupations, d'une part, des
concernés qui produisent ces soins de santé et, d'autre part, au
niveau de la population... Parce que si on établit qu'il y a
déjà 30 % de la population qui sont habitués, ont le
réflexe de vous consulter, je pense que dans peu de temps il y en aura
davantage. Il faudra réellement repenser notre système de
santé en fonction de cette demande-là plutôt qu'en fonction
d'une demande qui nous semble de plus en plus désuète. Je vous
remercie. (21 heures)
Le Président (M. Joly): Merci Mme la
députée. Je vais maintenant reconnaître Mme la
député de Bourget.
Mme Boucher Bacon: Ma question s'adresse à Mme Claudette
Guilbeault. J'aimerais savoir si vous avez déjà lu les
études de Mme Fontaine, Jeannine Fontaine ou enfin si le groupe ou les
tenants de votre groupe...
Mme Leclerc: Personnellement, j'ai lu deux livres de Jeannine
Fontaine.
Mme Boucher Bacon: D'accord. Et puis, est-ce que vous rejoignez
un petit peu ses idées dans le sens que, elle, elle était
chirurgienne...
Mme Leclerc: Oui.
Mme Boucher Bacon: Elle était cardiologue, je crois.
Mme Leclerc: Oui.
Mme Boucher Bacon: Et pute, finalement, elle s'est lancée
vers la médecine douce parce qu'elle reconnaissait... Disons que les
médecines traditionnelles avaient de la difficulté à
soigner certaines maladies bien spécifiques.
Mme Leclerc: C'est ça.
Mme Boucher Bacon: Alors, dans votre réseau d'action,
quelles sont les autres personnes qui exercent certaines médecines
douces, quelles sont les étapes?
Mme Leclerc: Vous vouiez dire les disciplines?
Mme Boucher Bacon: Les disciplines, oui, c'est ce que je
cherchais.
Mme Leclerc: J'ai ici acupuncture, aquamassage,
argilothérapie, auriculothérapie, autoguérison,
cardiologie, non ce n'est pas alternatif, catharsis, kirologie, digitopuncture,
drainage lymphatique, énergie, alors là, c'est très
spécial, feldenkais, focusing, ces deux dernières sont
plutôt des approches en psychologie, gymnastique holistique,
herboristerie, homéopathie, héridologie,
kinésithérapie et j'en ai encore autant à vous nommer.
Mme Boucher Bacon: Est-ce qu'il y en a plusieurs qui sont
médecins de médecine tradionnelle et qui sont passés dans
votre réseau?
Mme Leclerc: Actuellement, nous avons une douzaine, mais votre
question est intéressante parce que certaines personnes adhèrent
à notre association puis... Elles se sont retrouvées pour deux
ans ou trois ans puis comme nous existons depuis huit ans, c'est
intéressant... En tout cas, vous me posez la question mais je ne sais
pas la réponse combien de médecins sont venus voir, combien de
médecins se sont intéressés à l'approche
holistique.
Mme Boucher Bacon: II y a plusieurs infirmières aussi
comme les drainages ou...
Mme Leclerc: Un très grand nombre, très grand
nombre d'Infirmières, peut-être môme que ce sont les plus
nombreuses.
Le Président (M. Joly): M. Gullbeault.
M. Gullbeault: Oui, je pense, madame, que vous savez que, de plus
en plus, il y a des gens qui travaillent avec, comme vous dites, les corps
subtils, à peu près tous les gens qui sont en polarité,
massage, on travaille... Moi en tout cas, je travaille avec ça. De plus
en plus, on parle de massage énergétique. Les gens qui sont en
acupuncture travaille aussi avec ça et c'est justement faire une
publicité ou dire aux gens que ce n'est pas flaillé ça,
c'est très concret et on peut les sentir. Sauf que très souvent,
les gens qui pratiquent et ce n'est pas des gens qui ont lu deux ou trois
livres, se sont des gens qui ont fait toute une formation. On se rend compte
qu'à en parler, on passe un peu pour fou. Et pour moi, en tout cas, pour
être passé du domaine universitaire à ce... Comme en ce
domaine-là et en ayant fait ça depuis six ans, je peux vous dire
que je m'asseois très souvent sur ma maîtrise pour dire aux gens,
je peux sentir des corps subtils mais j'ai une maîtrise, je ne suis pas
flaillé. Mais si je venais du fond de ma cour, il y aurait des chances
qu'on me prenne pour un gars bizarre. Mais c'est pourtant quelque chose de
très concret.
Le Président (M. Joly): Merci.
Mme Leclerc: Être capable de dire j'ai une formation
universitaire, scientique et je pratique cette approche.
Le Président (M. Joly): Un petit mot, s'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, excusez, il y a
plusieurs choses qui se passent en même temps. Vous remercier de votre
présentation et en espérant qu'il y aura suffisamment d'ouverture
d'esprit, lorsqu'on tiendra la commission parlementaire, et qu'on pense
davantage aux bénéficiaires, et si on pense davantage aux
bénéficiaires, je pense qu'on trouvera une solution
équitable pour tout le monde et bénéfique aux
bénéficiaires. Merci.
Mme Leclerc: Merci.
Le Président (M. Joly): Au nom des membres de cette
commission, je tiens à vous remercier aussi personnellement. Alors je
vais demander aux gens qui représentent l'Alliance des professionnels en
pratiques alternatives de santé du Québec de bien vouloir prendre
place s'il vous plaît.
Bonsoir Madame, bonsoir Monsieur. Bienvenue à cette commission,
vous savez comment ça fonctionne, j'ai vu que étiez très
attentifs tantôt. Donc, vous avez une vingtaine de minutes pour nous
présenter votre mémoire de la façon la plus succincte
possible et, par après, les membres de cette commission se
réservent le plaisir de vous poser quelques questions. Mme
Lévesque, j'imagine, et M. Letendre. C'est ça?
Mme Lévesque (Jacinthe): C'est bien ça.
Le Président (M. Joly): Alors, que la personne responsable
prenne la parole.
Alliance des professionnels en pratiques alternatives
de santé du Québec
Mme Lévesque: Merci beaucoup. M. le Président, M.
le ministre et tous les députés ici présents ce soir,
c'est vraiment une occasion pour nous de partager notre perception de la
réforme de santé qui s'annonce et de venir un petit peu,
peut-être, partager toute notre perception qu'on peut avoir du
réseau de la santé, mais à travers les pratiques
alternatives. Je pense que vous avez reçu une annexe à notre
document qui est probablement en train de circuler. Pour les besoins de la
cause, en première partie, nous allons peut-être repasser les
articles qui considèrent plus le volet administratif, les volets
administratifs de la Loi sur les services de santé et, après,
nous reviendrons plus à la partie des objectifs fondamentaux du
système de santé.
Dans notre document de base, que nous avons déposé, nous
allons juste brièvement repasser l'article 95, à partir de
l'article 95 jusqu'à la fin, vous expliquer un petit peu comment nous
les percevons, à la lumière de notre expertise en santé
communautaire et aussi à la lumière de notre expertise dans les
pratiques alternatives. L'article 95 du mémoire, en tout et partout, est
peut-être, à notre sens, un peu surprenant: que le directeur
général d'un établissement ne soit nommé que pour
deux mandats uniquement. Ça, nous pensons que cette particularité
peut, peut-être, enlever la motivation chez les gens. Comme vous voyez,
dans notre réflexion, sans trop s'attarder, nous, on pense qu'une
personne qui est compétente et qui a développe une expertise dans
le domaine de la santé aurait tout intérêt à rester
dans le réseau de la santé, en autant qu'on est capable de
mesurer si elle est compétente ou si elle peut apporter quelque chose.
Parce que le fait de ne garder les gens que deux mandats, je pense, va enlever
beaucoup de motivation au niveau de la participation des gens. Je pense qu'on
explique quand même notre position.
L'article 99 qui dit que le conseil d'administration d'un
établissement public ne peut destituer un directeur
général ou réduire son traitement que par une
résolution adoptée par le vote d'au moins les deux tiers de ses
membres, nous pensons que, dans une situation où les gens du
ministère, nommés par le ministère, évaluent que la
compétence de la personne n'est pas un indice favorable au
réseau, je pense que, direc-
tement après deux ans, on pourrait destituer le directeur
général d'un établissement, en ayant dos critères
de compétence
L'article 102, aussi, qui dit que le directeur des services
professionnels d'un centre hospitalier doit être un médecin, nous
pensons - et je pense que c'est très clair - que ce poste pourrait
facilement être pris par quelqu'un qui a une formation en gestion, II
peut être médecin mais pas nécessairement exclusivement un
médecin, et même que, peut-être, idéalement, il
faudrait que la personne qui a autorité sur les groupes de
professionnels ne le soit pas, justement, pour éviter certains conflits
d'Intérêts qu'il peut y avoir au niveau de la gestion du
personnel. Aussi, une chose qui n'est pas dites mais qu'onremarque, par
tradition, dans le milieu hospitalier, c'est que le poste de directeur des
services professionnels est souvent donné comme récompense
à un médecin qui a oeuvré soit pour l'hôpital ou qui
a pu oeuvrer dans la région. Je pense que cette nuance-là, pour
nous, c'était important de la préciser.
On revient à la partie plus spécifique, si on veut, aux
objectifs fondamentaux. On est très conscients que vous allez être
des personnages décideurs, des gens qui allez Influencer le tournant de
la santé qui s'en vient et que votre bonne compréhension du
réseau alternatif, je pense, va être importante parce que vous
allez être les porte-parole et les gens qui allez poser des gestes
concrets pour vraiment prendre un virage qui s'annonce très positif.
Évidemment, dans les articles de base, le premier critère,
le premier point, si on veut, le premier article qui dit que le système
des services de santé a pour but l'amélioration de la
capacité physique, psychique et sociale des personnes. Je pense que
à ce niveau-là, lespratiques alternatives ont
démontré qu'elles ont un rôle à jouer. Elles ont un
rôle préventif. Et c'est sur cet aspect-là,
particulièrement, qu'on aimerait développer davantage. C'est que,
jusqu'à date, les budgets de la santé ont souvent
été accordés au niveau curatif A cette étape ci, |e
pense que c'est important de comprendre que lespratiques alternatives,
ce qui peut facilement les distinguer du réseau curatif traditionnel,
c'est qu'on ne travaille pas nécessairement sur les mêmes plans.
Je pense que le groupe précédent l'a aussi souligné, c'est
que la médecine occidentale travaille sur un plan physique,
physiologique et cellulaire, alors que le réseau alternatif travaille
sur le plan énergétique. Ça, c'est important de le
souligner, parce que nos actions se positionnent sur deux plans
différents mais qui sont très complémentaires. Dans ce
sens, les alternatives sont, pour la plupart, des approches préventives,
parce qu'elles travaillent presque exclusivement au niveau
énergétique. Ce qui veut dire, dans le concret, que, avant
qu'apparaisse un problème physique ou physiologique qui va
nécessiter des soins médicaux, iI y aura toujours un
dérèglement énergétique qu'on peut corriger avant
et éviter qu'il y ait. finalement, des services de santé
très complexes. C'est peut-être ce qui déroute, finalement,
le plus dans les pratiques alternatives, c'est que nos moyens d'intervention
sont simples, peu coûteux et souvent efficaces. Il y a une
simplicité dans nos outils parce qu'on travaille avec des choses ou des
approches qui sont souvent millénaires et qui ont des outils très
très simples au niveau de l'exécution.
Dans la pochette qu'on vous a présentée, vous allez voir
en annexe que l'Organisation mondiale de la santé a fait un
relevé de toutes les pratiques alternatives. Il y a de quoi faire un jeu
asez intéressant. Je pense qu'il y a 104 pratiques Quand on dit
"relevé", ça n'a rien à voir avec l'efficacité ou
non, ce n'est pas vérifié en termes de... C'est vraiment
l'analyse systématique de toutes les pratiques alternatives qui sont
pratiquées dans le monde entier, et c'est l'Organisation mondiale de la
santé qui en a fait le relevé.
Pour vous dire qu'on est loin de représenter toutes les
approches. Par contre, comme il faut commencer avec ce qu'on vit au
Québec, parce qu'on est au Québec, nous, on s'est quand
même arrêtés à sept pratiques, parce que les sept
pratiques, quand même, avaient des critères qui étaient
suffisants pour être reconnues comme groupes professionnels.
Je pense que le principal article de l'avant-projet de loi qui peut, en
tout cas, nous intégrer et nous donner une place au niveau du
réseau de la santé, c'est l'article 6 qui dit: "Avant de
consentir à des soins médicaux ou autres, toute personne ou son
représentant a le droit d'être informé sur son état
de santé, de connaître les différentes options qui
s'offrent à elle ainsi que les risques et les conséquences
généralement associés à chacune de ces options. " A
ce niveau, je pense que les pratiques alternatives de santé peuvent
facilement s'intégrer comme une option, que le client a le droit de
connaître et que le client a le droit de choisir, dans la mesure de sa
connaissance, dans la mesure de son choix. Évidemment, si c'est vrai
pour un personnage qui est rendu à nécessiter des soins
médicaux, Je pense que c'est aussi vrai dans la période de
prévention où un personnage ou un être peut aller chercher
des services de santé aussi en alternative.
Je pense que ça résume, en quelques mots, notre position.
On sent qu'on a quand même un rôle à jouer au niveau du
système de santé. Ce qui est peut-être le plus
déroutant dans les alternatives, je pense que la commission Rochon l'a
très bien souligné, c'est que même avec tous les outils
qu'on a. on n'a même pas réussi à identifier
complètement le réseau; il y a une partie du réseau qui
est identifiée, mais il y a une partie qui reste souterraine, parce
qu'il y a tellement de répression qu'on ne peut pas aller
chercher les gens ça, c'est important à souligner. Aussi,
au niveau des alternatives, on sent qu'il y a quand même beaucoup de
différents niveaux d'intervention et différents niveaux de
formation. Alors, pour nous, c'est important de mentionner qu'on pense que
l'importance de cerner et de vraiment s'assurer que les gens qui les pratiquent
ont une compétence qui va vraiment assurer la protection du public. Ce
sont les deux précautions qu'on apporte vraiment: d'identifier le
réseau et de s'assurer que les gens qui les pratiquent ont une
réelle compétence.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. M. le
ministère de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Évidemment, ce n'est pas la première fois qu'on
se rencontre dans ce genre d'exercice. À quelques variantes près,
je pense qu'on a globalement à peu près la même
intervention, le même fond, la même volonté de, c'est bien
sûr. Je serais étonné, demain matin, que quelqu'un puisse
nous dire, parmi ceux qui contestent l'existence de la pratique de la
médecine alternative, combien d'eux ou de leurs proches
fréquentent ou font appel aux médecines alternatives? Ça
serait peut-être intéressant de le savoir parce que,
effectivement, j'ai connaissance d'un certain nombre de personnes qui y vont et
sont très très apparentées à ce qui est
traditionnel. Traditionnel ne voulant pas dire que ce n'est pas bon. (21 h
15)
Une chose qui est certaine, c'est que... Je veux le
répéter pour être bien sûr qu'on se comprenne bien.
Dans mon livre à moi - je peux me tromper - mais il n'y a personne,
aujourd'hui, encore mieux que le médecin qui est qualifié pour
faire des diagnostics, compte tenu de sa formation, de ses
spécialités. Ça demeure un rouage extrêmement, et
ça devra demeurer, un rouage extrêmement important de notre
système. De là à laisser le champ complètement
occupé et exclusivement occupé par les médecins,
évidemment, c'est une situation qu'on doit questionner parce que, dans
la pratique même - je ne sais pas s'il y a des chiffres - mais il y a
beaucoup de personnes qui, d'une manière ou d'une autre, vont vers les
médecines douces et les médecines alternatives.
Quand on a reçu les pharmaciens de centres hospitaliers, ils sont
venus nous dire qu'il y avait une consommation abusive de médicaments,
qu'il y avait un certain nombre de dépenses assez importantes de
médicaments coûteux utilisés dans les hôpitaux. Il y
avait aussi une phrase sur la consommation de médicaments, qui disait
à peu près ceci: -ce n'est pas cité au texte, c'est
seulement l'idée qu'il faut retenir - qu'il fallait faire attention
parce qu'ils ne se prononçaient pas contre les médecines
alternatives ou médecines douces, mais nous mettaient en garde contre le
fait que, dans les médecines douces, les aliments naturels, II y avait
aussi une consommation qui pouvait être nocive pour la santé des
individus. Est-ce que vous partagez ce point de vue-là?
Mme Lévesque: Oui et non. Je prends la première
partie de votre intervention, quand vous parlez de diagnostics. Je trouve
très important de faire la nuance suivante. C'est que quand le corps
médical se dit les meilleurs professionnels pour faire un diagnostic, il
faut bien entendre que c'est un diagnostic qui se fait sur le plan cellulaire,
sur le plan physiologique. C'est-à-dire que la médecine va aller
à la plus petite unité physique de la cellule pour scruter et
voir s'il y a une malformation et vraiment porter un diagnostic à partir
de la physiologie. Quand nous, on parie de diagnostic en pratique alternative,
on parle d'un diagnostic énergétique. Et c'est tout à fait
sur un autre plan et ça ne se mesure pas avec les appareils
sophistiqués que la médecine a dans les centres hospitaliers.
Alors, pour le même mot, qu'on utilise souvent, dans notre jargon - parce
que, de part et d'autre, on a un jargon qui est hermétique - on
s'accroche souvent sur la sémantique du diagnostic. Quand vous dites que
les médecins sont les meilleurs, vous avez raison: sur le plan
cellulaire, ce sont les meilleurs. Quand nous, on parle de diagnostic, je pense
que nous sommes les meilleurs pour faire un diagnostic sur le plan
énergétique. Et à quelque part, il y a sûrement un
point de rencontre où on pourrait travailler de façon
complémentaire, mais cette complémentarité-là
semble être difficile. Évidemment, je parie avec mes lunettes
d'acupuncteur, parce que je suis le problème de l'acupuncture, mon
collègue aussi. Mais quand on a vu comment le dossier de l'acupuncture a
été récupéré, c'est très
évident - non seulement évident, mais M. Roy le dit
lui-même - et si c'est bon, ils vont récupérer cette
pratique-la. Et c'est là que nous, on accroche, parce qu'on pense que
l'autonomie de la pratique devrait être préservée.
Ça, c'est le premier point que j'aimerais mentionner.
Le deuxième, vous avez probablement raison... Il y a plein de
gens qui se disent... peu importe le nom... qui prennent des cours ici par
là, soit par des compagnies qui vendent des produits naturels, et qui,
tout d'un coup, se mettent à vendre des produits naturels. Finalement,
il y a vraiment une question abusive qui se passe à ce niveau-là.
Ça, j'en conviens, sauf que j'ai rarement vu des gens devenir malades
parce qu'ils avaient trop pris de produits naturels. Mais j'ai vu beaucoup de
gens prendre des médicaments et en être malades. À la
limite, c'est sûr que la consommation est... Il n'y a pas tant de gens
non plus parce que, écoutez, les gens sont quand même
éduqués, il y a une éducation populaire qui s'est faite,
et je pense de laisser planer qu'il y a beaucoup de charlatanisme, je pense que
ça revient encore à, un peu... Parce
que ça semble du charlatanisme quand on dit qu'il y en a
trop.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, ce n'est pas ce
qui a été dit Je ne voudrais pas que ce soit
interprété comme tel. Quand même, les pharmaciens ont une
responsabilité, c'était une prestation très
intéressante et très courageuse que des pharmaciens et des
pharmaciennes de centres hospitaliers viennent nous dire qu'il y a des
consommations abusives dans leur propre domaine, avec ceux avec qui ils
travaillent, donc en plein curatif. Ils viennent nous dire, leur
expérience en témoigne et évidemment, tout le monde a
partagé cette idée-là, consommation de médicaments,
il y en a une série de personnes qui sont empoisonnées, et ils
sont même venus nous dire que, si je ne m'abuse, c'était 20 %?
Une voix: 10 %.
M. Côté (Charlesbourg): 10 % des lits qui
étaient occupés étaient dus directement à la
consommation de médicaments. Donc, ce n'est pas une petite affirmation,
c'est une affirmation qui était à l'époque très
responsable, contestée par certaines personnes mais, à tout le
moins, ils ont eu le courage de venir le faire. Ils nous ont dit en même
temps, et je me demande même s'ils n'avaient pas une tendance favorable
à la reconnaissance de pratiques alternatives, ils nous ont quand
même dit: Faites attention, parce que dans la consommation de produits
naturels, il y a aussi effectivement des dangers pour la santé des
individus. C'est pour ça que je voulais vous poser la question, parce
que je sais que depuis déjà un certain temps, vous
défendez les pratiques alternatives. Ça réapparaissait
important de vous poser la question, pour notre propre information et pour en
être conscients, aussi.
Mme Lévesque: Est-ce que je peux aller un petit peu plus
loin dans la réponse, parce qu'il remonte quelque chose qu'il faut que
je souligne? C'est que, à tort ou à raison, j'ai excessivement
peur de ce genre d'affirmation, parce que si on suit le profil des professions
médicales, je pense très bien, et on en discute avec les
pharmaciens, on les voit régulièrement, eux aussi ont
intérêt à récupérer, notamment
l'homéopathie, ils sont en train de le faire. Les pharmaciens ont fait
beaucoup de démarches pour empêcher la vente libre des produits
naturels sur la tablette pour que ça devienne un produit qui devra
passer par le compendium des produits pharmaceutiques. Alors quand ils disent
ça, je ne sais pas, à tort ou à raison, s'ils ont raison,
puis ils ont probablement raison à quelque part, mais à
l'intérieur, il y a une peur qui monte, et pour moi, j'interprète
ça comme un vouloir d'être récupéré.
M. Côté (Charlesbourg): II faut se com prendre, ce
ne sont pas des pharmaciens qui exploitent leur pharmacie, ce sont des
pharmaciens qui sont des salariés et qui travaillent dans des
hôpitaux, dans des centres hospitaliers. Il y a une différence
très nette entre ça.
M. Letendre (Daniel): Moi je pense que aussitôt qu'on va
parier de consommation, il y a consommation et il y a surconsommation. C'est
certain qu'on pourrait affirmer que tout ce qui va être surconsommation
peut porter certains risques. Le chocolat, ça peut être bon pour
la santé mais si on en mange deux livres, on risque d'être malade.
Les produits naturels, c'est la même chose. Je pense que, utilisés
dans une mesure juste et raisonnable, tout comme la médication
allopathique qui peut être utilisée dans une mesure juste et
raisonnable... C'est certain que le déraisonnable, que ce soit du
raisonnable en médecine allopathique, du médicament de
prescription, que ce soit le déraisonnable dans la médication
naturelle peut comporter un certain risque. À ce moment-là,
est-ce que le danger, peut-être, n'est pas totalement comparable, parce
qu'une personne qui va faire une intoxication avec des barbituriques, ça
peut être différent de quelqu'un qui va consommer peut-être
trop de vitamines C ou trop de tisanes. Mais si on fait un profil, pour en
revenir au niveau du patient qui consulte, lorsque vous avez parler de
diagnostic, les médecins, c'est vrai, au niveau de leur diagnostic, la
médecine allopathique, au niveau du diagnostic, c'est très bon,
c'est très valable. D'ailleurs, je suis de formation de biologiste
médicale, on m'a formé à faire du diagnostic, aussi. Sauf
que si on saisit pour une catégorie de patients, souvent les gens... une
personne qui a un problème, lorsqu'elle consulte, elle veut être
rassurée et elle veut être soulagée.
La loi du marché fait que le patient va consulter,
premièrement, son médecin, son médecin de famille - je ne
sais pas si la notin de médecin de famille existe encore dans les grands
centres, mais moi je viens de la campagne et ça existe encore, la notion
de médecin de famille - va consulter son médecin de famille, le
médecin de famille va l'examiner, 1 va faire passer des tests, etc.
Souvent, il va rassurer le patient en disant: Vous avez ou n'avez pas telle
maladie. Il va le rassurer par son diagnostic. Souvent, c'est un diagnostic qui
va plutôt confirmer que la personne n'a pas telle maladie, dans le
tableau des maladies connues. Parfois, dans bien des cas, ça ne soulage
pas le patient, parce qu'on a beau dire: Tu n'as pas de problèmes, on
n'a pas trouvé un diagnostic. On peut dire. Tu n'as pas de cancer, tu
n'as pas d'ulcère, ton coeur est bon, mais souvent, on sait très
bien que la personne va présenter un malaise quj ne sera pas
soulagé. Donc U va lui rester peut-être d'engourdir son
problème ou d'aller consulter aillours. Souvent, si on fait un portrait
type de la clientèle, au niveau des alternatives, ce sont des gens qui
ont été voir les médecines
officielles et souvent qui ont consulté un médecin de
médecine générale, qui ont consulté des
médecins de spécialité et qui n'ont pas trouvé de
solution à leur problème. Ensuite ils vont aller consulter de
l'autre côté de la clôture. Ils vont aller voir les
alternatives, pour trouver un soulagement à leur problème. Mais,
ces gens-là, la plupart du temps arrivent avec un diagnostic que
j'appelle un diagnostic négatif. C'est qu'on leur dit: Vous n'avez pas
telle ou telle maladie, mais on ne sait pas ce que vous avez. Donc, c'est un
problème qui se situe ailleurs.
Souvent, dans le profil des patients qui vont consulter au niveau des
alternatives, ce sont justement des gens qui ont été
investigués par la médecine officielle. Souvent, il faut bien
comprendre que, au niveau des alternatives, on n'est pas des
anti-médecine. Souvent, bon nombre de praticiens de médecine
alternative ont des formations médicales, ont des formations
paramédicales qui connaissent l'autre côté de la
clôture. On n'est pas des anti-médecine. On est justement contre
les abus. On est pour l'ouverture. On est pour la liberté de choix. Si
la personne veut choisir une médication allopathique, si une personne
veut choisir la médication de son médecin, on n'a rien contre
ça. Si la personne veut aller voir au niveau des alternatives pour
trouver une solution à son problème, nous on pense qu'elle a le
droit. Mais elle a le droit aussi d'avoir accès à des
thérapeutes de qualité. La conjoncture fait qu'au niveau des
alternatives, c'est en dehors de la ligne officielle, c'est en dehors de ce qui
est permis, c'est en dehors des réseaux, c'est "underground". Il n'y a
pas de contrôle, quoiqu'on n'entend rarement parler de "malpractice" au
niveau des pratiques alternatives.
Il demeure tout de même, si on veut faire une réforme au
niveau de la santé, et si on veut vraiment s'en aller vers le niveau
préventif... On peut dire que depuis plusieurs années, le
réseau de santé a été axé sur le curatif,
c'est-à-dire qu'on éteint le feu une fois que le feu est
pogné et on recoud une fois que c'est brisé ou on change le
morceau. Mais si on veut s'en aller vers le préventif... Parce que c'est
beau, on ne pourra pas tous se promener avec un beau coeur Jarvick et la
quincaillerie qui va avec et des hanches en silicone. La santé c'est un
capital, c'est une notion qu'il faut inculquer au jeune âge. Il faut
inculquer ça aux enfants, une saine alimentation. La santé se
retrouve, premièrement, dans les habitudes de vie. Si on a un
problème de santé, on a toujours le choix de la médecine
officielle qui fait ce qu'elle peut et qui, souvent, va donner de bons
résultats. Mais pourquoi ne pas permettre aussi aux gens d'avoir le
choix à une autre façon de voir l'être humain? Ça
c'est très important.
Le Président (M. Marcil): Merci M. Leten-dre. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je vous ai
laissé aller parce que ça vous donne la chance de vous exprimer,
et ce n'est pas souvent qu'on a la chance, surtout à micro ouvert,
enregistré, d'exprimer notre point de vue de manière aussi
claire, selon votre vision.
Je veux quand même revenir pour ne pas qu'on se perde, parce qu'il
y a deux questions auxquelles je voudrais m'attaquer. Vous proposez la
formation d'un comité - je voulais employer tantôt avec ceux qui
précédaient - parapluie. Je me souviens qu'effectivement vous
nous en aviez parlé au mois de décembre lorsqu'on s'est
rencontré sur la commission parlementaire des sages-femmes. J'aimerais
en entendre davantage. Qui serait responsable de cette corporation parapluie?
Qui serait maître de jeu? Qui ferait partie de cette... Je pense qu'il y
a beaucoup de questionnement à ce niveau-là parce que dans la
mesure où, effectivement, on reconnaît et on règle le
problème, on ne peut pas reconnaître les 104 qu'il y a là.
Bon! En tout cas, il y en a, j'en vois là, et moi, ça me fait
sauter en l'air en les voyant. Imaginez-vous! et je ne suis pas médecin.
Il y aurait des combats à mener de manière très
évidente pour être capables de les reconnaître. Donc, il y
aura fondamentalement, si on y va, des choix à faire. Est-ce que ce
serait le rôle de la corporation parapluie ou... J'aimerais vous entendre
là-dessus. (21 h 30)
Mme Lévesque: II faut dire qu'on a choisi le titre
corporation parce qu'on vit dans un modèle corporatif. Si on avait un
modèle plus fonctionnel, on serait heureux de prendre un autre
modèle et je pense qu'à ce niveau-là, il va falloir se
pencher sur les modèles qu'on vit à l'étranger. Il y a des
pays au monde qui ont pu intégrer les pratiques alternatives de
façon autonome, je pense que c'est ça le point le plus important,
et où les deux pratiques vivent de façon très harmonieuse
ensemble. Mais ici au Québec, on a un modèle qui s'appelle
corporation, alors pour éviter la duplication qui n'est pas du tout
réaliste de créer une corporation pour le nombre de pratiques, on
a dit: Bon, on va en faire une. Cette corporation aurait la
particularité qu'elle garderait l'autonomie de chacune des pratiques,
c'est-à-dire qu'au niveau de la formation, au niveau de l'encadrement
professionnel, au niveau de l'application du code de déontologie,
chacune des pratiques serait évaluée par les pères. En
d'autres mots, la section acupuncture de ce volet parapluie serait
exclusivement fait par des acupuncteurs et chacun garderait l'autonomie de sa
pratique. L'avantage d'être regroupés, c'est qu'à
l'intérieur de chacune de nos pratiques, il y a des gestes qu'on fait de
façon commune. Exemple, la massothérapie. La massothérapie
est un geste qu'on utilise dans beaucoup de nos pratiques, la
massothérapie comme choix, comme moyen préventif. Il y a aussi
l'ostéopathie qui utilise la
massothérapie, il y a aussi l'orthothérapie, il y a les
acupuncteurs, il peut même y avoir les sages-femmes.
Alors, afin d'éviter tout le problème de définition
d'actes professionnels, on s'est dit que si on mettait une structure commune et
qu'on définisait les actes à l'intérieur de cette
structure-là, tous les gens qui ont la compétence de le faire,
pourraient le faire. En d'autres mots, les massothérapeutes qui seraient
dans la structure de la corporation professionnelle parapluie et qui pratiquent
leur massothérapie, ne pourraient pas nécessairement
empêcher un ostéopathe de faire de la massothérapie parce
qu'à l'intérieur de toutes ces structures-là, il y a des
actes qui seraient définis et qui appartiendraient aux individus, mais
pas en fonction de leur titre, en fonction de leur réelle
compétence. Si quelqu'un a une compétence pour faire
l'homéopathie et qu'il est capable de démontrer qu'il a la
compétence, bien il peut aussi être sage femme. Parce qu'on
réalise que dans nos pratiques, il y a des champs de pratiques qui se
chevauchent énormément et quand on essaie de réglementer
par champs exclusifs, ça devient excessivement complexe et ça
pose un problème à l'Office des professions.
M. Côté (Charlesbourg): Comment est-ce qu'on fait
pour en choisir X parmis les 104...
Mme Lévesque: Nous, c'est très clair la
façon, on a choisi les sept pratiques parce que l'Office des professions
a cinq critères pour être reconnu comme professionnel. Alors, on a
regardé ce qui existe au Québec, on a regardé ce qui est
utilisé et ces sept pratiques-là sont les pratiques les plus
utilisées, les plus courantes.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ça exclurait
les autres?
Mme Lévesque: Les quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Ça exclurait les
autres.
Mme Lévesque: Pas nécessairement. On a une
huitième catégorie qui est ouverte mais comme on ne peut pas
s'attaquer à tout pour le moment...
M. Côté (Charlesbourg): Elle est parapluie elle
aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Lévesque: Elle est en dessous, elle est en dessous.
Quand la corporation parapluie sera là, on verra à... Parce qu'il
y a plein de bonnes pratiques aussi mais il faut dire que les sept pratiques
qui sont là, plus particulièrement je dirais l'homéopathie
et l'acupuncture, sont des pratiques qui ont leurs moyens diagnostiques
particuliers C'est pour ça que c'est important de vraiment les encadrer.
Mais II y a plein... il y a une notion, évidemment on n'a pas le temps
de les définir ici mais, en tout cas, j'ai proposé à
l'Office des professions de le faire, de prendre le temps de l'expliquer. Il y
a une notion de soins médicaux et il y a une notion de soins de
santé et il y a plein de services. Par exemple, on peut penser aux bains
flottants, à l'algothérapie. Ce n'est pas nécessairement
des choses qu'on fait quand on est malade, ce sont des choses qu'on fait pour
prendre soin de son corps et souvent de façon préventive et
ça ne demanderait pas nécessairement les mêmes
prérequis que si on demande à quelqu'un, par exempte, de faire un
diagnostic homéopathique. Et c'est là que le rôle de la
corporation parapluie pourra définir qu'une personne avec telle
formation, tel prototype ou tel profil de formation et qui a
démontré de réelles compétences, pourra tout
simplement faire le geste, sans avoir nécessairement le chapeau exclusif
d'une pratique ou de l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): Ça inclut...
Le Préskient (M. Marcil): Votre dernière minute, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Dans la mesure - on
aura l'occasion d'en discuter plus longuement en commission parlementaire, bien
sûr, parce que ça portera uniquement là-dessus - où
il y aurait reconnaissance d'un certain nombre des exigences quant à la
formation, des exigences quant à l'éthique; ça voudrait
dire, dans ces conditions-là, que tout ce qui se ferait en dehors de
ça devrait être interdit.
Mme Lévesque: pas du tout. je pense qu'il faut se laisser
une porte ouverte et je pense qu'on devra avoir une structure permanente
où, s'il y a une pratique qui est utilisée, que la personne a la
compétence pour le faire et qu'on est capable d'assurer la protection du
public, on ne peut pas se permettre de se fermer. parce qu'il y a de nouvelles
approches qui vont arriver, au fur et à mesure que ça
évolue. on vit dans une société universelle, hein, et on
communique avec le monde. on ne peut pas dire qu'il y a juste ça, mais,
pour tout de suite, il y a ça. on va s'entendre sur ça. parce que
c'est vraiment une question de principe. quand on viendra faire
l'accréditation, je pense que ce ne sera pas plus dur d'en
accréditer 25 que d'en faire sept. c'est le même principe.
M. Côté (Charlesbourg): C'est sûr que c'est le
même principe, en tout cas, on n'est pas rendu là encore, on va
évoluer, on va avoir notre commission parlementaire et on aura
très certainement l'occasion de rechanger. Je termine
avec une petite question sur une de vos recommandations: un D.G., deux
mandats. Vous dites: Deux mandats, on ne devrait pas l'Inclure dans le projet
de loi. Je reprends l'exemple classique. Si on a cru important, au niveau des
États-Unis, qui sont la première puissance mondiale, de dire au
président des États-Unis: Après deux termes, donne donc la
chance à quelqu'un d'autre de venir profiter de l'expérience,
pourquoi ce ne serait pas bon pour un centre hospitalier ou un
établissement au niveau du Québec?
Mme Lévesque: Un premier ministre ou un président a
un rôle de prestige et une visibilité qu'un directeur
général n'a pas nécessairement.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous dire rien
qu'une affaire, dans certaines conditions, je changerais bien mon poste
à moi comme ministre avec le D.G. d'un CHU, par exemple, avec la
visibilité que ça donne et avec tout ce que tu peux mener. J'ai
l'impression, à l'occasion, qu'il a pas mal plus de pouvoirs que je peux
en avoir. En tout cas, moi, ça me chatouille parce que, à partir
du moment où tu as donné huit ans de ton plein régime dans
un milieu comme celui-là, je pense que ça fait du bien qu'on ait
d'autres visages, avec des pratiques plus modernes. Et huit ans à la
môme place, il y a un certain nombre de choses qui s'enracinent autour,
qui ne sont pas nécessairement souhaitables. Par contre, si on devait en
arriver avec cette formule-là, il faut, bien sûr, s'assurer, si on
veut être capable d'attirer les bons candidats, qu'il ne soit pas exclu
de pouvoir aller dans un autre centre, qu'il y ait une mobilité de la
main-d'oeuvre et non pas une exclusion. À ce moment-là, je pense
que c'est la sécurité qu'il faut...
Mme Lévesque: Oui. Là, on s'entend, parce que c'est
quand même important. C'est juste pour dire que si quelqu'un est
Inefficace, ce n'est pas nécessaire de le garder huit ans en place.
C'est juste ça, dans le fond, la question, parce que... Il faudrait
avoir une mesure pour mesurer l'efficacité d'un directeur
générai parce que, dans le moment, c'est le mandat tout
simplement.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup Mme
Lévesque: Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je vais reconnaître Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: effectivement, je constate que vous avez tout
à fait raison en ce qui concerne l'évaluation d'un directeur
général. môme si c'est le conseil d'administration, c'est
son autorité de faire l'évaluation. très peu le font
à l'heure actuelle et ils ont même peur de le faire
généralement. alors, je pense que ça aussi, ce serait
à regarder au niveau, en tout cas, de nos conseils d'administration, les
habiliter, en tout cas, à leur donner des grilles d'évaluation en
ce qui concerne leur D.G.. Je pense que ce serait tout à fait
important.
En ce qui vous concerne, tantôt j'écoutais M. le ministre
qui disait que: Oui, effectivement, les médecins auront toujours leur
place, bien sûr. Mais, en fait, j'aimerais vous dire qu'ils n'ont pas la
science infuse parce qu'ils portent le nom de docteur et, d'autre part, on a
tous écouté le Dr Spock et on a tous fait des erreurs en tant que
parents. Pourtant il était supposé avoir la vérité,
alors qu'on s'est aperçu qu'il y avait plusieurs vérités
en matière d'éducation.
Cela dit, peut-être qu'au niveau aussi des médecines
douces, effectivement, il pourrait y avoir d'autres formes des médecines
alternatives, d'autres formes.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne suis pas un
spécialiste de la cuisine, mais je vois ma femme cuisiner puis, bien des
fois, elle prend une recette de Serge Bruyère puis elle ne
réussit pas de la même manière et ça ne
dépend pas de Serge Bruyère.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Pas nécessairement, sauf que je suis
convaincue que votre femme ne parle pas au nom de l'ensemble de...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas dit que ma femme
ne faisait pas bien à manger, là. Regardez-moi le gabarit et
ça va tout vous dire.
Des voix: Ha, ha, hal
Mme Vermette: Cela dit, en tout cas, je considère que, de
toute façon, il y a plusieurs femmes à la maison qui ont
plusieurs recettes, effectivement, mais pour autant ne se gavent pas toutes de
leur titre de chef cordon bleu non plus. Tout ça pour dire que c'est
important. Surtout quand on regarde l'évolution dans le domaine de la
santé au niveau de la demande de la population, mais aussi devant un
certain constat d'échec de la médecine traditionnelle dans
certaines situations, je pense que de plus en plus vous serez appelés
à jouer un rôle important, surtout que les problèmes de
notre société font en sorte que ce sont des problèmes de
stress qui occasionnent beaucoup d'autres maux, qui engendrent beaucoup
d'autres maux. Donc, c'est très important, toutes ces différentes
approches qui favorisent un peu la prévention, bien sûr, mais
aussi la détente et qui permettent aux personnes de rester en contact
avec elles-mêmes, parce que c'est peut-être la seule façon
de solutionner bien des problèmes et d'amoindrir, en tout cas, leur
état de santé qui se détériore.
On parlait de prévention. On a toujours constaté que la
prévention, c'est assez difficile à mesurer, parce qu'on le fait
toujours sur une longue période, mais on ne le fait pas à petite
échelle. Ça, ce serait peut-être intéressant,
lorsqu'on parle de prévention, de se donner des objectifs à court
terme, mesurables et qui pourraient être révisés au fur et
à mesure. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec
ça...
Mme Lévesque: Oui.
Mme Vermette:... mais actuellement j'ai toujours l'impression,
quand on parle de prévention, qu'il faut que ça soit
mesurable.
Mme Lévesque: C'est que nous, quand on apporte la notion
de prévention, je pense que l'indicateur le plus fiable de notre
intervention, c'est la paix intérieure. Et si les gens sont bien, Us
sont bien dans leur peau, ils rayonnent la santé, ça
paraît. Ça, je pense qu'il y a une mesure évidente,
à ce moment-là, quand les gens partent puis qu'ils sont bien.
Ça se ressent de l'intérieur. C'est sûr que ça ne se
mesure pas toujours avec des indices ou des indicateurs de mortalité ou
de morbidité, mais il y a d'autres mesures. Quand on tombe dans des
choses aussi... Parce qu'on est vraiment dans le monde du subtil, quand on
parle d'énergie. Je pense qu'il n'y a pas de meilleur indicateur que la
perception que le patient peut avoir de sa santé et de son état.
Ça, c'est le meilleur indicateur.
Mme Vermette: Malheureusement, on parle toujours quand on a des
problèmes. C'est rare qu'on entend parler des gens qui se sentent bien,
qui se sentent heureux, de toute façon. Ce que j'aimerais aussi savoir
de votre part, c'est que vous mentionnez... Est-ce que vous avez
déjà eu affaire avec des directeurs de services professionnels
ou, en tout cas, c'est dans l'éventualité où vous auriez
une reconnaissance au niveau des milieux hospitaliers? Vous mentionnez, en tout
cas, vous faites une suggestion à l'effet qu'U serait souhaitable que
les directeurs des services professionnels ne soient pas nécessairement
des médecins, parce que ça pourrait impliquer certaines formes de
conflits avec les autres professionnels. Est-ce que vous en faites vraiment une
affirmation ou si c'est simplement un souhait?
Mme Lévesque: Oui. Ça peut être un
médecin comme ça peut ne pas l'être. Ça ne devrait
pas être une obligation, parce que chaque cadre professionnel a quand
même... Le nursing a sa direction, les médecins pourraient aussi
avoir une façon d'être représentés, et la personne
qui chapeauterait finalement, tout le volet professionnel, pourrait très
bien être un gestionnaire qui n'a pas nécessairement de conflit
d'Intérêts avec aucun des professlonels qui sont la. Parce que le
rôle du directeur des services professionnels est un rôle
très important au niveau d'un centre hospitalier. Mais ça, ce
n'est pas tellement par rapport à notre intégration, c'est plus
par rapport à notre expérience, notre vécu, comme
professionnels qui ont oeuvré dans le domaine hospitalier avant
d'arriver au réseau alternatif. C'était plutôt dans ce
sens-là qu'on faisait la recommandation.
Mme Vermette: Je sais que souvent certains hôpitaux, en
tout cas, quand ils n'ont pas un DSP qui est un médecin... Très
souvent, c'est difficile d'avoir un DSP. Le Conseil des médecins et
dentistes ne veut pas fonctionner avec le DSP parce qu'il n'est pas
nécessairement un médecin. Ça, c'est une lacune, en tout
cas, qui est relevée dans certains endroits, malheureusement.
En ce qui concerne la reconnaisance, vous avez parlé aussi des
différentes... Il en existe sept puis il faudrait rester avec l'esprit
ouvert, parce que plus on va avancer, plus I y aura différentes formes
qui pourront commencer à être pratiquées au Québec,
en fait. Quel est cet attrait, en fait, actuellement, pour se développer
autant de pratiques? Est-ce que. dans les différents pays et à
différents endroits, actuellement, il y a autant de médecines
alternatives douces qui se pratiquent que des médecines traditionnelles?
Et comment ces médecines-là peuvent-elles cohabiter, en fait?
Est-ce qu'il y a eu des événements heureux, à certains
endroits, ou si c'est toujours le même problème que l'on vit,
à savoir le pouvoir médical versus le pouvoir des autres
médecines alternatives?
Mme Lévesque: En tout cas, pour nous, c'est clair que la
collaboration... On est vraiment des collègues, on travaille dans une
même mission de santé et on se voit beaucoup plus comme des
confrères. C'est vraiment le principe du centre d'achats. C'est la loi
du libre marché. C'est un peu comme les restaurants: H y en a une
multitude, H y en a différentes sortes et, finalement, les gens sont
capables de se parler. C'est une saine compétition. Parce que quand
c'est du domaine privé, évidemment, là, c'est un peu
différent du domaine public, mais I y a une compétition naturelle
qui s'installe et c'est vraiment une saine compétition qui
n'empêche pas les gens de se parler, au contraire, c'est même
souhaitable pour que les gens puissent arriver. C'est vraiment une question de
liberté de choix. Les gens peuvent avoir des affinités avec
certaines pratiques plutôt que d'autres. C'est vraiment cette
liberté de choix-là qu'il faut respecter. Pour un même
problème de santé, les gens ont différentes alternatives.
C'est comme quand on choisit un vêtement, finalement, on a le choix entre
différentes boutiques. C'est un peu le même... c'est la
liberté de choix à sa plus simple expression.
Mme Vermette: Mais, à cause de cette liberté de
choix, à l'heure actuelle, il y a beaucoup beaucoup de gens, en fait...
Mol, je rencontre plein de gens qui me semblent tous être doués
pour la pratique d'une forme de médecine, pas une médecine
alternative comme telle, mais une médecine douce comme telle. Il y a
plein de gens qui vous vendent toutes sortes de produits naturels, de
médecine naturelle, qui vous disent: Si tu prends ça de telle
façon, et tu prends une autre affaire, tu vas te sentir beaucoup mieux.
Il y en a plein, maintenant, il y a toutes sottes de produits, a droite et
à gauche, qu'on trouve, il y a toutes sortes de formes d'approches
aussi, qu'on cultive, sans savoir vraiment si les personnes qui nous abordent
ont une connaissance approfondie, mais qui ont de bonnes intentions pour
vraiment permettre à la personne d'être bien dans sa peau et
être en équilibre avec elle-même, mais qui n'ont vraiment
aucune connaissance du fonctionnement biologique, physiologique ou
psychologique de la personne.
Mme Lévesque: C'est très vrai ce que vous ressortez
parce que, pour nous, le domaine... Parce que nous, on a des naturopathes, et
c'est très important pour nous, on a des critères, et les gens
naturopathes, chez nous, ont tant d'années de formation. Mais c'est
probablement le domaine où il y a le plus d'effervescence parce que les
compagnies qui vendent des produits naturels forment des gens et les
prérequis ne sont pas nécessairement les mêmes que les
écoles sérieuses de formation. Mais, comme il n'y a pas de
système qui contrôle, c'est là que l'abus arrive et
l'explosion se fait. Ça pousse comme des champignons et on n'a pas le
contrôle. Cest là que c'est dommage.
Mme Vermette: C'est pour ça que vous demandez une
reconnaissance...
Mme Lévesque: Le plus vite.
Mme Vermette: ...comme votre comité parapluie qui pourrait
tout de même avoir ces effets-là au niveau du contrôle.
Mme Lévesque: Du contrôle et de la formation. C'est
très important.
M. Letendre: Ce que l'on dit, par souci de produits de
consommation, c'est la même chose que la médecine allopathique. Il
y a tout de même des compagnies derrière ça qui mettent de
la pression pour que ça se vende aussi. Donc, c'est la loi du
marché. Il y a des chevaliers de l'industrie dans ça, aussi.
C'est certain qu'au niveau des alternatives étant reconnues avec un
critère d'exercice X, probablement que ça va diminuer. Est-ce que
ça va disparaître, ce phénomène-là? Dieu le
sait, mais ça va sûrement diminuer. C'est certain qu'il y a des
compagnies qui vont fabriquer des produits, des suppléments
alimentaires... Il y a même des médecins qui favorisent les
suppléments alimentaires à tour de bras. Il faut dire aussi que
les compagnies qui fabriquent ces produits-là exercent un marketing, une
mise en marché, et il faut que ça se vende. Mais, il faut bien
distinguer entre les gens qui vont faire de l'automédication et les gens
qui vont aller consulter un professionnel.
Mme Vermette: Moi, je vous remercie de votre présentation.
Ce que je voulais dire c'est que je trouve un petit peu dommage qu'on aura une
commission parlementaire après celle-ci pour vérifier comment va
se situer la pratique des médecines alternatives dans notre
système, alors que le fondement même est à savoir quelle
place vous pourrez occuper dans ce système de santé et quelle
reconnaissance vous aurez dans le système de santé, puisque tout
le monde reconnaît que vous aurez à jouer un rôle de plus en
plus prépondérant dans notre système de santé, et
que c'est important qu'on vous donne un statut le plus tôt possible pour
empêcher, justement, toute forme d'aberration qu'il peut y avoir dans le
système, à l'heure actuelle. J'ose espérer que ça
va se faire et que, en tout cas, si c'est après, qu'on en tiendra compte
au moment de faire la politique et que ça sera aussi une reconnaissance
importante qu'on vous donnera, à ce moment-là, qui permettra
justement à l'ensemble de la population du Québec d'avoir le
choix dans ses approches de soins de santé, tant au niveau
préventif que curatif.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, Mme la
députée de Marie-Victorin. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Moi aussi, je veux vous
remercier. C'est la deuxième fois. Il y aura une troisième fois.
On dit: Jamais deux sans trois. Ça l'air vrai dans ce cas-là. On
va voir ce qu'on peut faire avant dans la réforme globale puisqu'on est
interpelé et, quand on est interpelé, il faut donner un certain
nombre de réponses. Il y a une partie de la table qui est mise, on ne
peut pas dire qu'elle est totalement mise, pour rester avec mes recettes...
Mais, évidemment, je suis un de ceux qui sont ouverts à
écouter un certain nombre de choses et on verra ce que ça donne.
Quant à moi, je ne suis pas très très pessimiste, je suis
un optimiste de nature et si on veut faire une réforme, on va en faire
une. Donc, on verra en cours de route. Je pense que vous aurez certainement
réussi, par vos deux présences en commission parlementaire,
à faire progresser le débat. Et que le gouvernement
lui-même ait déjà accepté par l'entremise de Mme
Lavoie-Roux, de tenir une commission parlementaire sur les médecines
douces ou alternatives, c'est déjà un pas assez important
malgré qu'il n'y a pas grand monde qui mange avec ça
encore, là Mais éventuellement, ça pourra faire des choses
intéressantes. En terminant, mon collègue de droite me dit:
N'oublie pas de dire que je suis un humble pharmacien.
Mme Lévesque: Je te savais parce que vous aviez fait des
interventions, puis...
De» voix: Ha, ha, ha!
Mme Lévesque:... vous êtes un pharmacien
spécial, vous l'avez dit aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Merci beaucoup.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Mme Lévesque, M. Letendre, merci beaucoup de vous être
présentés à cet exercice. Nous allons ajourner nos travaux
au mardi 27 mars, à 10 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 52)