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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Gautrin): On va ouvrir la
quatorzième séance de la commission des affaires sociales pour
l'étude de la Loi sur tes services de santé et les services
sociaux.
Est-ce que, Mme la secrétaire, il y a des remplacements? Je
rappellerai que cette commission est pour étudier l'avant-projet de loi
sur les services de santé et les services sociaux. Est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président, Mme Boucher
Bacon (Bourget) sera remplacée par M. Doyon (Louis-Hébert), M.
Joly (Fabre) par M. Maltais (Saguenay), M. Paradis (Matapédia) par M.
Charbonneau (Saint-Jean) et Mme Vermette (Marie-Victorin) par Mme Caron
(Terrebonne). C'est tout.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Vous avez reçu
l'ordre du jour qui, à 10 heures, commence par le Conseil de la
santé et des services sociaux de Lanaudière et des Laurentides.
Je pense que je vous donne la parole, messieurs. Vous avez vingt minutes pour
faire la présentation de votre mémoire.
Conseil de la santé et des services sociaux de
Lanaudière et des Laurentides
M. St-Onge (Florian): M. le Président, M. le ministre, M.
le porte-parole de l'Opposition, mesdames et messieurs les membres de cette
commission, avant de débuter, j'aimerais vous présenter les
membres qui représentent notre conseil d'administration. À ma
gauche, celui qui a été élu par les cégeps de nos
deux régions, M. Georges Gagnon et, à ma droite, notre directeur
général, M. Michel Léger. Votre humble serviteur, Florian
St-Onge, président.
En guise de préambule, permettez-nous de souligner que nous avons
hâte, comme vous, M. le ministre, de passer à l'action. Nous avons
hâte, avec nos autres partenaires, de surmonter les obstacles qui
réduisent l'accessibilité aux services et qui freinent les
efforts de concerta-' tion et de complémentarité dans le
réseau d'établissements, les obstacles qui contribuent à
la démotivation et à la dévalorisation du personnel. Nous
avons hâte d'échanger des propos avec vous, non plus sur
l'opportunité ou sur la pertinence de modifier le système, mais
sur le comment. Comment décentraliser et garder le contrôle?
Comment garantir et équilibrer la double imputabilité de la
Régie? Comment accroître et maintenir la participation soutenue de
la population? Comment atteindre graduellement l'équité entre les
régions et les sous-réglons? Comment répartir les
rôles et les pouvoirs entre les différents paliers: le national,
le régional et le local? Comment intégrer, mais aussi
rationaliser, les services et les établissements? Comment rendre
l'autonomie aux établissements et conserver celle des organismes
communautaires? Enfin, comment s'assurer du respect et de la protection des
droits des bénéficiaires?
Sans prétendre avoir trouvé tous les moyens d'assurer une
bonne réforme, nous vous proposons certaines recommandations,
encadrées dans onze thèmes différents.
Au préalable, nous attirons votre attention sur un premier
thème qui, selon nous, est un prérequis à la
transformation ou à l'ajustement du fonctionnement de tout ce
réseau complexe. C'est celui d'une politique de santé et de
bien-être. Il est urgent, M. le ministre, de doter le Québec d'une
politique nationale de santé et de bien-être. Nous n'avons pas
besoin d'attendre l'adoption de la loi, en décembre prochain,
peut-être - pour commencer un travail majeur qui conditionnera le
succès même de la réforme que vous vous apprêtez
à réécrire.
Il nous apparaît essentiel, comme vous l'avez dit à juste
titre dans votre discours d'ouverture, de modifier la dynamique du
système dans le sens d'objectifs, de résultats à atteindre
en matière de santé et de bien-être au sein de notre
collectivité, plutôt que de le laisser centré exclusivement
sur la production de services.
Ce changement de perspective doit être fait avec vigueur, mais
surtout avec détermination. Sinon, l'escalade du développement
des services, voire la surproduction et la surconsommation demeureront au coeur
de nos débats pour les dix prochaines années, avec les impasses
de financement que cela comporte.
Pour nous, l'élaboration d'une politique de santé et de
bien-être permet de recentrer tous les acteurs sur leur raison
d'être: la diminution des problèmes de santé et des
problèmes sociaux. À cet égard, la prévention, la
promotion de la santé dans son sens large, le renforcement de
l'autonomie des personnes, des réseaux naturels et des
communautés nous apparaissent des axes majeurs d'intervention à
développer.
Par ailleurs, la santé et le bien-être n'étant pas
l'apanage exclusif de notre réseau, l'élaboration et
l'implantation d'une telle politique doit se concevoir dans une approche
multisectorielle, tant au niveau gouvernemental qu'aux plans régional et
local, où le réseau de la santé et des services sociaux
doit exercer un rôle moteur
majeur. si un tel changement de cap est urgent, il ne faudrait cependant
pas que, par un souci d'efficacité apparent, on confie cette tâche
à un groupe de spécialistes ou d'experts qui, en serre chaude,
pourraient, bien sûr, en quelques mois, élaborer une politique de
santé et de bien-être tout à fait pertinente pour le
québec.
En effet, cette proposition de substituer aux objectifs de services des
objectifs de réduction des problèmes de santé des
problèmes sociaux implique pour tous un changement majeur d'attitude et
d'habitudes. Il est donc particulièrement important d'adopter une
stratégie d'élaboration de cette politique nationale comportant
une pédagogie propre à faciliter autant le changement d'attitude
que l'implantation ultérieure de la politique.
Ainsi, une démarche participative assez large et
structurée paraît s'imposer pour qu'un bon nombre de participants
adhèrent et s'appro-prient ces nouveaux objectifs. En fin, je sais que
ceux qui, irrémédiablement, ne pensent que production de services
auront tendance à qualifier cette politique de santé et de
bien-être de politique inflationniste. Il faudra alors que le message
soit clair. Une telle orientation n'a pas pour finalité d'augmenter le
financement du réseau, mais de réallouer les budgets vers des
priorités d'action qui donnent des résultats en améliorant
la santé et le bien-être de la collectivité. En boutade, on
pourrait rappeler à ces producteurs de services
invétérés que la compa- gnie Maytag a
préféré investir graduellement dans la qualité de
vie de ses machines et qu'en conséquence, les réparateurs Maytag
n'ont plus a gérer des listes d'attente ni l'engorgement de leurs
services.
Abordons le deuxième thème. Deux régions sanitaires
pour nous, Lanaudière et Laurentides. Tout comme vous, M. le ministre,
nous sommes des régionalistes convaincus et de longue date. D'ailleurs,
vous en avez eu des preuves comme ex-ministre du Transport. Nous avons fait
partie des promoteurs de ce que les observateurs décrivent comme une
affirmation graduelle de l'identité régionale. Cette
identité régionale, comme vous le savez peut être encore
mieux que nous, ne se bâtit pas à partir de l'organisation
sociosanitaire. Au contraire, l'organisation sociosanitaire doit
épouser, s'adapter, et ainsi contribuer au développement
socio-économique d'une région. Tant vous, M. le ministre, que le
porte-parole de l'Opposition, avez été amenés à
constater et à consacrer l'existence réelle de deux dynamiques
régionales distinctes, celle des Lanaudois et celles des Laurentidiens.
La régionalisation et la décentralisation qui s'annoncent doivent
nécessairement susciter la participation de la population et la
concertation intersectorielle. Il est donc impératif que la régie
régionale ait une identité régionale claire. Aussi nous
croyons, M. le ministre, qu'il faut décider aujourd'hui de créer
demain deux régies distinctes: une régie dans Lanaudière
et une régie dans les Laurentides. Nous avons constaté, avec
envie, que des moyens concrets avaient été octroyés dans
Laval et dernièrement dans Chaudière-Appalaches, où, selon
nous, avec peut-être un manque d'objectivité que vous nous
pardonnerez, le sentiment régionaliste est de plus récente date
que dans les Laurentides ou dans Lanaudière, notamment. Le
troisième thème.
M. Côté (Charlesbourg): II y aurait dû y avoir
autant d'objectivité auparavant pour la MRC des Moulins.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. St-Onge (Florian):... la participation de la population. Nos
années d'expérience en matière de gestion de programmes de
santé et de ser-vices sociaux, ainsi qu'en organisation de la
distribution de services, nous ont permis de voir à quel point il
était fondamental d'associer la population à la définition
des besoins, des orientations, des priorités de services et à
leur évaluation, d'associer également, la population à
l'administration des services, ainsi qu'à leur réorganisation.
C'est pour ces raisons, entre autres, qu'il y a déjà dix ans,
nous avons ouvert au public notre conseil d'administration, que nous
procédons régulièrement en audiences publiques avant
l'adoption de nos plans régionaux d'orga-nisation de services et que
nous organisons des assemblées publiques sur divers sujets Importants
pour une communauté ou une autre. Et cette initiative, nous en sommes
fiers. Mais H y a plus. La participation élargie des
représentants de la population et, notamment, d'élus municipaux
à des instances telles que le collège électoral et lus
consolls d'administration, tant de la régie régionale que des
établissements, nous semble être garante de la
légitimité, de la représentativité et de
l'imputabilité qu'exige le type de décentralisation que nous nous
apprêtons à vivre.
Comme quatrième thème, nous avons l'équité.
Le conseil régional juge essentiel que la loi soit plus ferme afin de
s'assurer d'une plus grande équité dans la distribution des
ressources humaines, matérielles et financières.
L'accessibilité aux services doit être équitable, peu
importe la région d'appartenance Les régions des Laurentides et
de Lanaudière accusent, dans plusieurs secteurs, une pauvreté
relative limitant l'accessibilité aux services. Les pouvoirs et les
devoirs du ministre dans ce domaine doivent donc être renforcés,
afin de s'orienter vers une distribution plus juste entre les régions.
Paral-lèlement, les pouvoirs de la régie devraient être
élargis, lui permettant une meilleure redistribution des budgets en
fonction des besoins intra-régionaux. Les ajustements devraient
être effectués non seulement lors de nouveaux
budgets de développement, mais également lors de la
reconduction des budgets réguliers, grâce à des
mécanismes de péréquation décrits dans les
orientations. De plus, le ministre devrait octroyer à chaque
région des enveloppes budgétaires globales, par programme.
L'enveloppe budgétaire de chaque région devrait tenir compte de
la taille et des caractéristiques de la population, sans présumer
du lieu où les personnes vont consommer les services. Enfin, le conseil
régional trouve essentiel de régionaliser l'enveloppe
budgétaire de la Régie de l'assurance-maladie du Québec
afin d'assurer une meilleure répartition des médecins entre les
régions et les sous-régions; et ceci, tant dans nos institutions
qu'en pratique privée. Nous devrions commencer dès demain par le
volet psychiatrie, puisque l'ensemble des conseils régionaux vous
déposeront, dans la présente année, leurs plans
régionaux d'organisation de services en santé mentale.
Comme cinquième thème, nous prenons le partage des
responsabilités. La décentralisation du système de
santé et de services sociaux semble désormais faire consensus au
Québec. Le conseil régional s'en réjouit et souhaiterait
retrouver dans la loi de réelles assises pour un meilleur partage des
responsabilités entre le ministère, la régie
régionale et les établissements. Le conseil régional
réaffirme sa position quant au rôle du ministère comme
gestionnaire du régime au niveau national. Ce dernier devrait
déterminer les orientations, les politiques, la répartition
interrégionale, exercer le contrôle des enveloppes
régionales et évaluer les résultats régionaux. La
régie régionale, quant à elle, devrait posséder les
leviers d'un maître d'oeuvre du développement et de la gestion du
réseau au niveau régional.
Plusieurs ajustements sont nécessaires à la loi, afin de
ne pas entretenir de chevauchement concernant les rôles et les
responsabilités de chacun. Ceci apparaît particulièrement
important en ce qui concerne l'allocation, la réallocation et le
contrôle budgétaire. D'autre part, le conseil régional,
malgré les contraintes du cadre législatif actuel,
considère que la budgétisation par programme, sur une base
triennale, demeure un outil puissant pour améliorer la gestion de la
distribution des services. Cet élément concourt de plus à
accroître la responsabilisation du réseau et assure une meilleure
planification, puis un meilleur contrôle des coûts.
Comme sixième thème, conseil régional versus les
départements de santé communautaire. Nous croyons que c'est une
"bicéphalie". Le conseil régional estime que l'avant-projet de
loi entretient une duplication, voire une confusion des rôles entre les
départements de santé communautaire et la régie
régionale. Un luxe que l'on ne peut pas se permettre dans un contexte
économique difficile. Le contexte, en effet, nous indique qu'il faut
regrouper nos énergies pour procéder a une meilleure analyse des
besoins, des problématiques sociosanitaires, afin de bien
déterminer les objectifs de santé, les résultats à
atteindre, et d'élaborer les programmes pour améliorer la
santé et le bien-être de la population.
Aussi, le conseil régional recommande de rationaliser la double
structure proposée et de créer cependant, au sein de la
régie, une direction de la santé communautaire, pour conserver la
spécificité de la programmation en prévention et en
promotion de la santé, de la programmation en santé et
sécurité au travail ainsi que le spécifique des fonctions
en matière de santé publique.
Notre septième thème sera l'intégration des
services et des conseils d'administration unifiés. Le conseil
régional souscrit entièrement à la nécessité
d'une plus grande intégration des services. Une meilleure concertation
au niveau local favoriserait l'accessibilité, la continuité et la
qualité des services. De plus, le contexte économique nous impose
collectivement un souci constant de rationalisation de l'administration des
services. L'avant-projet de loi propose une panacée universelle; les
conseils d'administration unifiés. Par ce truchement, on cherche
à atteindre deux objectifs d'un coup: l'intégration des services
et la rationalisation administrative. L'analyse des avantages et des limites
d'une telle solution amène le conseil régional à
recommander, en ce qui a trait à l'intégration des servi-vices,
de miser plutôt sur des outils puissants, tels que les plans de services
individualisés, les plans régionaux d'organisation de services,
les mécanismes régionaux d'accès, l'allocation
budgétaire régionale par programme.
Par ailleurs, en ce qui concerne la rationalisation, nous vous
recommandons, M. le ministre, que la régie régionale soit
mandatée pour élaborer, en concertation avec les
établissements, un plan régional d'intégration et de
rationalisation des services et de l'administration des établissements,
selon les objectifs et les paramètres déterminés par le
ministre. Ce plan devrait être soumis, pour approbation par le ministre,
dans un échéancier maximum de deux ans.
Huitième thème: les fonctions et les pouvoirs des
établissements. Le mouvement de décentralisation du
ministère à la régie régionale doit
également se poursuivre vers les établissements. En ce sens, s'il
est important de fixer les mandats des établissements
conformément aux plans régionaux de services, il est tout aussi
important de leur laisser le choix des moyens. Ces choix ne seront possibles
que par l'épuration de la kyrielle de règlements qui les
paralysent présentement. La nouvelle loi et ses futurs règlements
devront donc bannir tous les formulaires, les rapports et les mesures de
contrôle non pertinents à l'évaluation des
résultats.
En effet, à l'heure actuelle, à défaut d'avoir
fixé des objectifs permettant de faire l'évaluation des
résultats, ce contrôle est essen-
tièdement axé sur les processus. En outre, dans une
perspective incitative à la performance et à la
créativité, la loi devra comporter des articles
spécifiques conférant aux établissements la
propriété exclusive de leurs déficits et de leurs
surplus.
Par ailleurs, la gestion des ressources humaines occupe une place de
choix, tant dans le rapport Rochon que dans les orientations. Quant à
l'avant-projet de loi, il évacue presque toute cette dimension. Notre
mémoire vous invite donc, M. le ministre, à renforcer le projet
de loi en ce qui a trait aux responsabilités de chaque instance face au
développement des ressources humaines eu égard à la
nouvelle répartition des rôles de chacun, à la
nécessité d'élaborer une politique de mobilité du
personnel, au devoir des établissements d'adopter un plan de
participation du personnel adapté à la nature et à la
taille de leur organisation. Et voilà pour le huitième
thème.
Le neuvième: les ressources intermédiaires de type
familial et privé. Le conseil régional se réjouit de
constater votre ouverture, M. le ministre, face au développement d'une
gamme plus vaste et plus appropriée de ressources pour offrir des
supports complémentaires aux services de maintien dans le milieu naturel
et à ceux offerts dans un cadre institutionnel et par ailleurs,
permettant de soulager l'engorgement actuel de certaines catégories
d'établissement. Le conseil régional est cependant soucieux de
s'assurer que la loi prévoie de façon plus explicite le
rôle de coordination de la régie dans le développement de
tels services ainsi que leurs liens avec les mécanismes régionaux
d'accès aux services. À cet effet, notre mémoire souligne
un certain nombre d'éléments concrets devant favoriser
l'articulation de cette mesure avec celle déjà existante.
Dixième thème: les organismes communautaires. Le conseil
régional reconnaît la large contribution des organismes
communautaires dans la distribution de services visant à
l'amélioration de la santé et du bien-être de nos
communautés. Il reconnaît également leur apport original
dans la diversification et l'élargissement de la gamme d'interventions
auprès de la collectivité. Nous souscrivons aux articles visant
à consolider le partenariat qui s'instaure entre le réseau public
et les organismes communautaires tout en respectant leur mode particulier
d'organisation et de fonctionnement ainsi que leur autonomie. Nous soulignons
aussi que la régie devrait être habilitée à
subventionner ces organismes sur une base triennale.
Enfin, onzième et dernier thème: la protection des droits
des usagers. Le conseil régional réaffirme l'importance de
renforcer au sein de la régie régionale la fonction de protection
des droits des usagers. Cet élément de lavant-projet de loi
devrait impliquer davantage les établissements publics et privés
ainsi que les organismes communautaires dans ce processus. De plus, des
ajustements législatifs seraient nécessaires pour favoriser une
harmonisation des diverses instances responsables de la protection des
bénéficiaires de services.
En terminant, M. le Président, j'aimerais remercier les membres
de cette commission parlementaire de nous avoir permis d'exprimer certains de
nos points de vue sur cette Importante réforme qui, nous
l'espérons, entrera en vigueur dès la prochaine année.
Nous sommes disposés à répondre à vos
questions.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. St-Onge pour la
qualité de votre présentation. Je vais reconnaître
maintenant le ministre de la Santé et des Services sociaux, qui a
certainement quelques questions à vous poser sur votre
mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): Merci M. le
Président. Ce mémoire... D'abord, je suis très heureux de
voir unis les deux V à cette présentation.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour ça?
M. Chevrette: Avez-vous remarqué que ce sont eux qui
demandent de les désunir?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas la
première fois qu'ils le demandent d'ailleurs; Us n'ont pas toujours
été entendus.
M. Chevrette: Non, non, c'est vrai.
M. St-Onge (Florian): Mais nous espérons cette fois-ci que
nous le serons.
M. Chevrette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): M. St-Onge, ça a
d'abord commencé par la reconnaissance des trois L"...
M. St-Onge (Florian): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...et je pense qu'il y a un
certain nombre de choses qui devront aller de soi par la suite.
Évidemment, j'ai bien compris, je l'ai vécu aussi, l'esprit
régional, à commencer par la première rencontre que j'ai
eue dans le territoire. J'ai commencé à prendre conscience de
cette identité régionale, soit par une division par le nord d'est
en ouest, soit par la frontière nord-sud. J'ai fraîches à
la mémoire toutes ces rencontres.
Mais revenons au mémoire, parce qu'on dit
reconnaissance. Je vous l'ai dit et je le répète, il y a
seize régions au Québec et les seize régions
méritent d'avoir une reconnaissance au niveau du ministère par
une régie propre à chacune des régions du Québec.
C'est ce que je défendrai. Donc, ça règle le
problème des 3 V, non pas seulement des deux, mais des 3 T.
À la page 7, pour prendre votre résumé parce que le
mémoire est beaucoup plus substantiel, beaucoup plus explicatif, au
deuxième paragraphe, vous nous pariez de l'expérience de
l'ouverture au public de vos séances. Quel est le taux de participation
du public? Ce sont vos "churns", vos amis? Est-ce plus large que ça?
M. St-Onge (Florian): Je vous en prie, M. le ministre. Non. En
fait, remarquez bien que les structures qui existent dans la région ont
au moins l'occasion de connaître que nous aurons telle session, telle
journée, à tel endroit, de connaître l'ordre du jour et, si
les gens veulent venir nous rencontrer, s'opposer à nos orientations,
ils ont tout le loisir de venir nous le dire. Alors, je pense que, d'une
façon régulière, nous avons à presque chaque
réunion des gens représentant des organismes. Certains soirs, ils
viennent plus nombreux. Nous en avons eu jusqu'à 300 ou 400, mais ce
n'est pas l'ordinaire. Je pense qu'ils ont tous la possibilité de venir;
tout dépend justement de ce qu'ils peuvent voir à l'ordre du
jour. Je peux vous dire que c'est très fréquent et il y a
même des sessions qui ont été organisées sur des
termes précis. Cela nous permettait justement à nous-mêmes
d'aller les consulter, de les inviter à venir nous le dire.
M. Côté (Charlesbourg): Et la conclusion que vous
avez est une conclusion positive. (10 h 30)
M. St-Onge (Florian): Elle est très positive.
M. Côté (Charlesbourg): Et ça devrait
continuer de manière très institutionnalisée ou selon la
bonne volonté de chacune des régies éventuelles?
M. St-Onge (Florian): Écoutez, personnellement je
souhaiterais que tout le monde agisse de cette façon. Nous le voyons
fréquemment dans le domaine municipal et dans le domaine scolaire. Je ne
vois pas pourquoi on ne ferait pas participer les organismes et les gens qui
veulent influencer au niveau régional les décisions concernant et
la santé et les services sociaux. Je ne vois pas pourquoi on ne le
ferait pas partout.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on reste au niveau
des souhaits ou va-t-on plus loin avec une obligation?
M. St-Onge (Florian): Moi, je pense qu'il faudrait aller plus
loin. Personnellement, je pense qu'il faudrait aller plus loin et obliger. On
le voit dans le domaine scolaire et je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas
dans le domaine de la santé.
M. Léger (Michel): C'est vraiment une question de principe
à mon point de vue. Je pense qu'on gère des sommes fondamentales
et très très importantes. Tous les gestes qui sont posés
dans les plans régionaux de réorganisation de services touchent
absolument la population et, à mon point de vue, dans le type, quand on
veut une décentralisation telle qu'on la voit émerger dans le
discours actuel, je pense qu'on ne peut pas se permettre de faire ça
à huis clos. Je pense que les enjeux sont trop fondamentaux pour que ce
ne soit pas fait et débattu de façon publique et avec la
possibilité, comme dans notre conseil d'administration, d'avoir des
points spécifiques à l'assemblée où les gens
viennent à certains moments exprimer leur point de vue, ce qu'ils
n'auraient pas pu exprimer par les mécanismes habituels de coordination
ou de concertation. À ce moment-là, toujours au moment de la
prise de décision, il y aurait la possibilité pour un groupe ou
par un autre qui pour x raisons n'aurait pas pu ou n'aurait pas voulu
s'inscrire dans les mécanismes habituels de travail, de pouvoir venir
donner son point de vue au conseil d'administration avant la prise de
décision.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ça
tourne autour de l'imputabilité aussi. Ça donne...
M. Léger: C'est très clair pour moi.
M. Côté (Charlesbourg): Dans un autre paragraphe de
votre document de présentation, vous évoquez la participation
d'un certain nombre de personnes. Vous dites que 50 % des sièges
seraient réservés au monde municipal. Ça va avoir l'air un
peu...
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est un tiers.
Ça a l'air un peu à rebours comme question, mais pourquoi tant
d'importance au monde municipal?
M. St-Onge (Florian): En fait, on a fait allusion à cette
imputabilité. Si nous regardons l'ensemble de notre système, nous
avons actuellement deux instances, deux groupes qui peuvent être
considérés comme des gens imputables devant la population. Ce
sont les élus du domaine scolaire et les élus du domaine
municipal. Nous croyons que ces gens connaissent leur milieu, parce qu'ils sont
plus près de la population. Si on leur assure des sièges à
un tel conseil, alors nous sommes assurés qu'ils seront plus près
de l'identification des besoins et pourront répondre de leur mandat.
M. Côté (Charlesbourg): Ça me fait
toujours
un petit peu peur, surtout lorsqu'on y va avec des pourcentages aussi
importants. Parce que 50 %, ce n'est pas loin du contrôle, avec un peu
d'habileté. Ce n'est pas parce que j'en ai peur, je n'ai pas peur de
ça...
Une question additionnelle. Si les gens qui sont élus au suffrage
universel comme commissaires d'école, si les maires qui sont élus
au suffrage universel ont de l'imputabilité, à ce
moment-là, pourquoi pas les députés qui, eux aussi,
connaissent leur région?
M. St-Onge (Ftorian): Vous serez les bienvenus.
M. Côté (Charlesbourg): Dans les 50 %, par
contre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je sais qu'on
travaille beaucoup à trouver les meilleures formules possible pour
l'imputabilité et pour faire en sorte que ce soit une structure qui
véritablement soit souhaitée par la base et administrée
par la base aussi. L'imputabilité est extrêmement importante. Ce
sont des questions sur lesquelles M faut réfléchir.
M. St-Onge (Florian): Je pense que cela rejoint votre
première question aussi un peu. On ne peut pas demander de
décentraliser, d'avoir des pouvoirs et ne pas assurer une certaine
transparence de notre administration. Si on le fait par une majorité de
représentants qui sont élus par la population, je pense qu'on
assure les deux, et la transparence et l'imputabilité.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vite parce que,
évidemment, il y a des points très très importants que je
veux toucher. À la page 8 de votre résumé, au dernier
paragraphe, vous évoquez le fait qu'on de vrait octoyer à chaque
région des enveloppes budgétaires globales par programme. Le
principe est bon, mais est-ce qu'il n'y a pas des risques? Par exemple, qu'on
se retrouve dans chacune des régions du Québec avec des services
ultraspéciatisés? À ce moment-là, je pense qu'on
aurait des problèmes. Est-ce qu'il n'y a pas un risque de ce
côté-là?
M. St-Onge (Florian): Comme on va entrer dans la gestion
proprement dite des services, je vais laisser le directeur
général répondre à cette question.
M. Léger: Le risque est toujours là. Je pense qu'on
peut trouver des moyens pour le contourner, mais ce n'est pas de
l'intérêt dans le but de maximiser les ressources Je pense que,
pour des régions» qui peuvent être, à un moment
donné, collées sur Québec ou collées sur
Montréal, le principe est très clair. Pour des soins
ultraspécialisés, le mode de regroupement, l'économie
d'échelle et autres font en sorte qu'on a intérêt à
aller chercher nos services à Montréal.
Quand on parie ici d'une enveloppe régionale globale, je pense
qu'il faut lire la fin de la phrase. C'est une enveloppe régionale
globale, peu importe où les services sont distribués. Je pense
que c'est vraiment comme ça qu'il faut le comprendre.
Il est bien évident qu'une région comme Laurentides ou
Lanaudière ou même Trois-Riviè-res ou autre n'aurait
absolument aucun intérêt à développer un service de
transplantation cardia-que ou n'importe quoi. Mais ce qui est important, pour
les gens en fonction du choix qu'ils ont d'aller dans une autre région
ou en fonction de l'obligation d'aller pour certains services
ultraspécialisés dans les métropoles et les centres
universitaires. C'est qu'on ait la possibilité d'avoir un
contrôle.
Je pourrais vous dire, M. le ministre, par exemple, que tous les jours,
nous utlisons à Montréal 650 lits, pas en
ultraspécialisation, je parie en spécialisation. Il est bien
évident que ce serait être fou braque que de penser qu'on va
rapatrier ça du jour au lendemain. Mais, peut-êtro, graduellement,
dans la perspective de contrats d'un, de deux ou de trois ans avec
Montréal ou autre, on pourrait faire de la réallocation entre les
régions et réaliser l'équité avec le ministre dans
le cadre de sa responsabilité de faire l'équité entre les
régions.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais plus loin dans ma
question, parce que le risque est toujours là. Je comprends que
l'enveloppe de base, on n'a pas intérêt à l'affecter
à de l'ultra-spécialisation au niveau d'une région, alors
qu'on peut avoir le service à Montréal et qu'il s'agira, si
jamais on a le budget "décentralisé" de la RAMQ, de payer pour
les services de certains hôpitaux plus spécialisés à
Montréal. Mais si une établissement le décide? On
connaît la force du médecin superspécialiste. S'il
décidait de s'implanter dans un établissement et d'aller voir cet
établissement pour lui dire: Moi, je suis intéressé
à m'implanter chez vous, mais pour telle spécialité, quel
levier auriez-vous à ce moment-là pour être capable
d'empêcher ça, si ça va au détriment des services
qui pourraient être obtenus par contrat ailleurs?
M. Léger: Ce sont les leviers qu'on demande, M. le
ministre, dans le sens où pour l'instant vous êtes aussi mal pris
que nous, à ma connaissance.
M. Côté (Charlesbourg): Mais comme on veut corriger
la situation, quel levier faut-il vous donner pour être capable de
régler ça?
M. Léger: Je pense qu'il faut considérer, si
un établissement allait se payer un scanner d'une façon ou
d'une autre, à ce moment-là, que le ministre, mais surtout dans
ce cas-là maintenant que les régies aient la possibilité
de dire: Votre scanner, vous allez le garder où vous voulez, et Ds ne
pourraient absolument en aucune façon le mettre en fonction. Il faut
qu'on ait absolument les pouvoirs là-dessus.
Maintenant, il va falloir qu'on travaille ensemble pour voir comment
opérationnaliser cela On n'a pas la formule miracle ce matin, M. le
ministre. L'avez-vous trouvée?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, il va falloir s'en
parler, parce que j'ai ce problème et ce n'est pas si facile que
ça.
M. Léger: L'avez-vous trouvée? On ne l'a pas encore
pour l'instant. Mais ce qu'il faut, c'est qu'il faut qu'on l'aie.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que je relie
ça à un autre petit bout que j'ai vu ailleurs, lorsque vous
parlez de plans régionaux de services dans votre résumé.
Mais dans votre mémoire, si j'ai bien compris, vous faites un lien avec
le permis d'établissement.
M. Léger: Absolument, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que ce n'est pas
là la poignée qu'il faut avoir, le permis
d'établissement?
M. Léger: C'est clair.
M. Côté (Charlesbourg): Bon.
M. Léger: C'est pour ça que je dis à la
limite, si quelqu'un par le biais d'un moyen quelconque, d'une tractation avec
des grandes compagnies réussit à avoir des équipements,
c'est ce que je peux vous dire, qu'il faut qu'on aie des poignées pour
qu'il ne puisse pas l'avoir ou qu'il le fasse fonctionner je ne sais pas
comment. Il va falloir que la grande compagnie qui a payé
l'équipement soit responsable de toute l'opération aussi, mais
elle n'y arrivera pas. Donc, dans ce sens-là, à partir du moment
où on fait l'allocation par le biais de nos plans régionaux
d'organisation de services de tous les éléments de
fonctionnement, je me dis qu'on aie également des leviers sur l'aspect
des permis des établissements reliés à ces plans
d'organisation de services. Puis, là-dessus, vous aurez a priori
l'approbation des plans et vous aurez a posteriori le contrôle sur le
résultat, et ce résultat tant au niveau de l'impact sur la
population qu'au niveau budgétaire.
Je me dis que là-dessus on a de bonnes poignées, mais il
faut qu'on puisse jouer au niveau des permis. Vous avez raison, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Page 9, vous dites
budget "décentralisé" de la RAMQ et commençons donc par un
premier exemple, la psychiatrie. Pourquoi? Pourquoi celui-là en
particulier?
M. Léger: Bien, je pourrai...
M. Côté (Charlesbourg): Je me doute un peu de la
réponse, mais...
M. Léger: ...je pourrai vous dire, M. le ministre, quand
on est obligé de recourir à des demandes spéciales
accordées par votre ministère pour pouvoir recruter des
psychiatres et aller les chercher outre-Atlantique pour pratiquer à
l'hôpital Le Gardeur, collé sur Montréal, qu'il y a besoin,
à un moment donné, d'entrer de façon vigoureuse dans une
régionalisation de l'enveloppe de la RAMQ. Ça n'a pas de bon sens
que d'être obligé de demander des dérogations à
votre ministère pour pouvoir aller chercher des psychiatres
outre-Atlantique pour Le Gardeur, collé sur Montréal. "No way".
C'est ce que vous vouliez entendre?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, je voulais surtout que
ce soit enregistré pour te bénéfice...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...pour le
bénéfice des auditeurs. Est-ce que, dans la mesure où on
irait vers ça - ça veut dire que la région aurait son
enveloppe - s'il n'y a pas de psychiatres qui malgré tout ça
veulent aller travailler dans les régions éloignées, -
vous savez Laurentides-Lanaudière par rapport à
Montréal...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...est-ce que vous pensez
que cet argent-là pourrait éventuellement être
utilisé dans le même domaine, mais pour d'autres
spécialistes?
M. Léger: Là-dessus, M. le ministre, je pense qu'il
faut faire attention. Il y a des spécialités où il n'y a
pas possibilité de substitution. Dans certaines
spécialités de base, on ne peut pas substituer. Quand on touche
à l'aspect de la psychiatrie et à la santé mentale, vous
êtes dans un champ où, effectivement, on peut faire des
substitutions. Je dois de façon très claire déclarer mon
intérêt là-dedans, puisque je fais partie d'une corporation
qui s'appelle la Corporation des psychologues...
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'avez plus le droit de
parole, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léger: Mais donc, en essayant d'objectiver les choses,
je pense qu'il y a des gens qui sont formés, que ce soit des
travailleurs sociaux, des infirmières ou des psychologues, et qui ont
une formation excellente en matière d'intervention. Les psychiatres,
d'ailleurs, y réfèrent beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Vous abordez la duplication,
à la page 10 de votre mémoire. Je trouve ça tout à
fait extraordinaire, puisque, effectivement, on en a parlé hier. On a
parlé de duplication, des départements de santé
communautaire et je vous trouve bien silencieux par rapport aux CSS. Est-ce que
ça va de la nature même de vos origines?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. St-Onge (Florian): Non seulement vous connaissez bien vos
dossiers, mais vous connaissez bien vos gens aussi.
M. Côté (Charlesbourg): J'essaie d'apprendre.
M. Léger: m. le ministre, il y a des années, avant
que vous soyez au pouvoir, l'établissement que je dirigeais, le centre
de services sociaux laurentides-lanaudière, avait conjointement et en
concertation avec les clsc de la région, fait un plan accepté en
région d'un cadre de partage beaucoup plus large que celui qu'on a
réussi à faire au niveau du québec. à cette
époque-là, j'avais demandé - vous pourrez retrouver
ça dans les archives du ministère - au ministère que le
centre de services sociaux concentre complètement sa mission sur
l'aspect de la protection de la jeunesse avec la loi sur les jeunes
contrevenants et que l'ensemble des autres services soit réparti au
niveau des clsc et pour certains services, peut-être, compte tenu
maintenant des plans régionaux de service, peut-être avec les
hôpitaux ou des choses comme ça. il y a des raffinements à
faire à ce niveau-là.
A l'heure actuelle, quand on évoque la possibilité
même de regroupement d'établissements et le mandat, si vous nous
le confiez, d'une meilleure intégration des services, je pense que l'on
pourrait très bien vous déposer, M. le ministre, un projet qui
aurait pour effet d'avoir un nouvel établissement qui pourrait
être composé des aspects protection de la jeunesse - loi des
jeunes contrevenants - mais également centres d'accueil de
réadaptation pour jeunes mésadaptés socio-affectifs sur
une base régionale, l'ensemble des autres services étant
réparti dans les CLSC notamment et autres. Et pour nous, il ne s'agit
pas d'un deuxième ou d'un troisième cadre de partage, il s'agit
d'une rationalisation importante des services, avec un impact local beaucoup
plus grand.
Le Président (M. Gautrin): Une dernière
question.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on me signale qu'il me
reste deux minutes. Ma collègue de Groulx avait des questions, je vais
lui laisser... Restez ici, parce qu'il y a des organismes communautaires
tantôt qui viennent et je vais leur poser, à eux, la question que
j'aurais voulu vous poser. Mais ça va être moins gênant pour
eux de répondre.
M. Léger: Soyez certain, M. le ministre, qu'on est
d'accord avec ce qu'ils vont vous dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léger: Ils sont venus défendre ça
à notre...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'ils sont
attachés ou pas au...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léger: Ah du tout, M. le ministre! Croyez quits ne sont
pas attachés. Quand vous les connaîtrez, vous verrez qui ils sont.
(10 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): On va leur poser la
question.
M. Léger: Ils sont venus défendre ça au
conseil d'administration public plusieurs fois.
M. St-Onge (Florian): C'est ça, la participation, dont on
parlait.
M. Côté (Charlesbourg): Avant de passer la parole
à ma collègue, les plaintes, c'est un sujet qui a
été discuté depuis hier, en particulier, avec toute une
cascade d'interventions, y compris avec le Protecteur du ritoyen. Il y a des
problèmes assez importants là. On y reviendra, mais je vais
laisser la parole à Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Alors, je voulais vous... Au nom du caucus des
députés...
Le Président (M. Gautrin): Je vais reconnaître
maintenant Mme la députée de Groulx. J'imagine qu'il y a
consentement unanime pour lui donner la parole.
M. Chevrette: Je vais dire oui.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
Des voix: Ha. ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Alors, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Je voulais, au nom du caucus des Laurentides,
vous souhaiter la bienvenue, messieurs, ainsi qu'aux autres groupes qui se
présenteront aujourd'hui.
Moi, dans votre... D'abord, M. le ministre, je voulais vous dire combien
les députés des Laurentides, on est fiers de notre région.
Je pense que vous le savez déjà.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Bleau: C'est une des plus dynamiques du Québec. On lui
reconnaît cet avantage, mais en même temps c'est celle qui se
développe, au point de vue de la population, le plus rapidement. Les
outils mis à notre disposition, surtout en sous-régions, ne sont
pas toujours à égalité avec l'augmentation de la
population. Alors, il faudrait peut-être, de ce
côté-là, chercher ce qui nous manque chez nous.
M. Côté (Charlesbourg): Ça prend des
ponts.
Mme Bleau: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Ça prend des
ponts.
Mme Bleau: Bien là, moi, je ne parle pas de ponts.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon! Des voix: Ha,
ha, ha!
Mme Bleau: Je ne parie pas de ponts, ce matin, mais de la
Protection de la jeunesse. Hélas! notre région, c'est
peut-être la région c'i il y a le plus de cas devant la Protection
de la jeunesse et c'est peut-être la région où il y a le
moins d'argent. Alors, il faudrait peut-être y voir et je pense que c'est
assez urgent de le faire.
Il y a, dans votre mémoire, quelque chose de particulier qui m'a
intéressée moi et qu'on ne retrouve pas souvent dans les autres
mémoires. Ce sont les ressources privées pour les personnes en
perte d'autonomie. Je pense, M. le ministre, que dans les cas de comté
chez moi, 25 % au moins, ce sont des cas de personnes en perte d'autonomie qui
attendent une place en foyer. Maintenant, j'ai, par contre, des foyers
privés où il y aurait de la place, mais les gens n'ont pas
l'argent pour aller dans ce genre d'établissement, entre autres, un
établissement municipal à Rosemère, qui pourrait
accommoder certainement beaucoup de ces cas qui sont sur les listes d'attente,
des personnes en perte d'autonomie. Quand vous faites état de ce
dossier, est-ce que vous pensez, entre autres, à une subvention aux
bénéficiaires afin de permettre au CRSSS de leur trouver une
place dans des établissements privés?
M. Léger: La position du conseil d'administration est
claire là-dessus. Je pense qu'on est une région qui a toujours
désiré travailler de façon très claire autant avec
le privé qu'avec lé public et on a une déclaration de
principe de pied d'égalité. On a travaillé beaucoup avec
le privé dans notre région. Donc, on est très très
ouvert face aux portes qui ont été ouvertes, et dans les
orientations et dans l'avant-projet de loi, pour qu'il y ait la
possibilité d'accréditer des places dans des ressources
privées, qu'elles soient complètement privées ou
privées autofinancées avec le per minima. La chose qu'on demande,
qu'elle soit claire dans le projet de loi de M. Côté, c'est que
les régies aient un contrôle sur l'agrément et,
également, qu'on n'aille pas en instaurer n'importe où dans des
régions ou des sous-régions qui seraient déjà en
surplus de ressources.
Donc, il faut absolument qu'on ait les poignées pour pouvoir
mieux répartir ces ressources-là. Mais oui, on est d'accord pour
faire en sorte de ne pas investir beaucoup d'argent dans du béton en
termes de développement, mais d'utiliser ces ressources-là qui
peuvent être des ressources souples, flexibles et qui favorisent aussi la
continuité des services, dans le sens où il y a des gens qui sont
déjà en place dont les services seraient requis dans un centre
d'accueil de soins de longue durée ou autre et donc, dans ce
sens-là, de temps en temps, la personne pourrait demeurer là avec
l'aspect de l'accréditation de places particulières. Alors, que
l'allocation soit faite aux personnes ou selon une autre mécanique, je
pense que, là, on entre dans la tuyauterie et ce n'est pas le moment de
le faire, mais sur le principe on est entièrement d'accord et on
supporte cette orientation-là.
Mme Bleau: Je vous remercie. Je pense que c'est peut-être
un moyen intéressant qu'on aurait de diminuer les listes d'attente en
places d'hébergement. Je vous remercie. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Malheureusement, le temps
imparti au parti ministériel est écoulé. Je vais
reconnaître maintenant le leader parlementaire de l'Opposition,
porte-parole en matière de santé et de services sociaux et
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, qui, comme par hasard, vient de l'autre "L",
M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): C'est ça.
M. Chevrette: Et tout ce qui a été dit sur le
premier, en parlant de Laurentides, on pourrait dire bis, avec un papier
carbone pour Lanaudière. C'est évident que je suis heureux de
voir qu'un député ministériel admette que les ressources
au niveau de notre région sanitaire, si
on peut l'appeler ainsi, sont en manque C'est la deuxième
région au Québec la plus démunie au niveau des ressources
après la Montérégie. Malgré les efforts de
correction qu'il y a eu depuis sept, huit ou dix ans, on n'a pas encore atteint
le niveau national. Je pense qu'il faudra y arriver. Je suis heureux,
personnellement, du fait que vous abordiez ce qui n'a pas été
abordé de front par la commission Rochon, à savoir les correctifs
aux enveloppes régionales. On aurait beau décentraliser la
situation actuelle, on ne corrigerait rien pour notre région
sociosanitaire. Je pense qu'il faut, au départ, et vous l'avez bien dit,
même dans votre résumé, corriger au niveau même des
transferts et non pas lorsqu'on crée un programme, absolument pas. Je
pense que ce serait perpétuer les inégalités, les
inéquités. J'avais entendu ça à
Saint-Jérôme, lorsque la commission Rochon nous a
rencontrés; je retrouve ces passages dans le mémoire et j'en suis
fort heureux.
Je suis aussi agréablement surpris par l'aspect que vous avez
traité, la prévention et la promotion. Il ne faut pas être
longtemps au ministère de la Santé pour se rendre compte que
l'aspect curatif a tellement pris le dessus que tout l'aspect prévention
et promotion en est étouffé. Personnellement, je pense qu'un
CRSSS ou une structure qui se fait le promoteur de ces deux dimensions, c'est
la voie de l'avenir. Le curatif, si on persiste à investir dans le
curatif, massivement, sans se soucier du préventif, on s'en va purement
et simplement la tête contre un mur de béton. Si on ne change pas
les habitudes de consommation, on ne corrigera absolument jamais rien.
Donc, cette partie-là étant faite, mes fleurs étant
lancées, je vais aller un petit peu savoir ce que vous pensez de
certains secteurs de la vie actuelle au niveau de ce ministère. Tout
d'abord, je voudrais savoir, vous avez répondu au ministre, il y a
quelques minutes, le D. G., M. Jetté a répondu... M.
Léger, excusez, a répondu au ministre que les CSS, sans donner le
nom... C'était à toutes fins pratiques la disparition des CSS,
puisque vous dites que le tout devrait être centralisé au niveau
des CLSC et que les CSS à toutes fins pratiques ne garderaient que
l'application de la loi sur les jeunes contrevenants. Est-ce que j'ai bien
compris?
M. Léger: Vous savez, M. le ministre, vous me connaissez
déjà depuis un certain temps...
M. Chevrette: Je vous remercie de reconnaître que je suis
de coeur encore ministre.
M. Léger: L'ex-ministre. M. Chevrette: L'ex-futur.
M. Léger: On ne parle pas...
M. Côté (Charlesbourg): Je passe dans le
présent.
M. Chevrette: Profitez-en, parce que c'est à la
baisse.
M. Léger: Pour le conseil régional, ce qui est
important, ce ne sont pas les étiquettes, le nom des
établissements ou autre chose, mais les programmes d'intervention. Ce
qui nous importe beaucoup, c'est l'aspect des services aux jeunes en grande
difficulté, notamment en matière de protection de la jeunesse et
de jeunes contrevenants. Dans ce sens, je pense qu'il y aurait, en
matière d'intervention au programme, et c'est tellement important,
sûrement intérêt de façon très claire à
regrouper l'ensemble de nos énergies que l'on retrouve au centre de
services sociaux à l'heure actuelle et aux centres d'accueil de
réadaptation. Nos centres d'accueil de réadaptation se sont
transformés beaucoup depuis bien des années et sont maintenant
aussi sur le terrain, dans les communautés. Ils ont
développé des services externes très intéressants,
fort complémentaires et qui seraient sûrement beaucoup plus
intéressants, s'ils étaient chapeautés de la même
façon. Dans ce sens-là, je ne parle pas de la suppression ni des
centres d'accueil de réadaptation pour mésadaptés
socio-affectifs, ni des CSS. C'est beaucoup plus de regrouper l'ensemble des
énergies pour développer des services auprès des jeunes,
de façon très concertée, sur la base d'une
région.
Une fois qu'on a dit ça, il y a bien d'autres services.
Dites-vous bien que les services auprès des personnes
âgées, les CLSC occupent bien ce champ-là et, si on pense
que les services auprès des jeunes doivent être faits à un
niveau plus régional, on pense qu'au niveau des personnes
âgées ça doit être fait de façon très
très locale. Dans ce sens-là, je peux vous dire que moi, je ne
vois plus de péché à l'orthodoxie qu'on avait autrefois de
faire en sorte que les CLSC puissent gérer l'ensemble des services, y
compris les familles d'accueil ou autres pour les personnes âgées,
sur une base tout à fait locale et tout à fait en harmonie avec
les autres programmes qu'on retrouve de maintien à domicile, de centres
de jour, etc., vraiment, dans une perspective de maintien dans la
communauté.
M. Chevrette: Je vous arrête pour vous poser une question
Vous avez mentionné dans votre réponse au ministre qu'il ne
s'agit pas là d'un deuxième cadre de partage. Ça a
sonné à mon oreille. Je me rappelle le premier. À ce
moment-là, est-ce que vous feriez relever tout le département de
la protection de la Jeunesse et toute la dimension administration juridique du
ministère de la Justice et non du ministère de la Santé et
des Services sociaux? Parce que si vous ne voulez pas un autre cadre de
partage, c'est parce qu'il y a quelque chose. C'est un
transfert de juridiction. Je ne suis pas nono encore, j'ai compris
ça.
M. Léger: M. Chevrette, quand je dis pas un
deuxième cadre de partage, c'est que le premier cadre de partage qu'on a
pu faire, on a tracé des lignes à certain moment donné, de
façon normative, sans aller directement sur le terrain. Moi, ce que je
vous dis, c'est de faire un cadre de partage clairement en fonction des
clientèles et non pas selon tout l'ajustement qu'on avait de tenter de
consolider des CLSC, de ne pas les consolider, de faire des rapports de force.
Ce ne sont pas des rapports de forces qu'il y a là. C'est de se centrer
sur des programmes de clientèles. C'est pour ça que je dis que je
veux effacer la vieille image qu'on a essayé de faire. C'était
une belle tentative autrefois, mais là, je voudrais qu'on me fasse de
façon claire et pure cela en fonction des clientèles. C'est pour
ça que je voulais le dissocier de cet aspect péjoratif du premier
cadre de partage.
M. Chevrette: Donc, vous ne parlez pas exclusivement de l'aspect
juridique?
M. Léger: Non. Et là-dessus, je peux vous dire
qu'on s'est battu, au Québec, pour faire en sorte qu'il y ait une
intégration des services de santé et des services sociaux. On
s'est battu également dans le cadre de tous les débats sur la Loi
sur la protection de la jeunesse pour faire en sorte que les services sociaux
et l'approche sociale restent là. Et je me dis, pour moi, que ce serait
un recul que de revenir à penser que la protection de la jeunesse puisse
retourner là où elle était autrefois, au ministère
de la Justice.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous que la région
Laurentides-Lanaudière soit la seule région au Québec
à avoir eu des ponctions majeures au niveau de la protection de la
jeunesse? Il y a eu des coupures d'effectifs. À moins qu'on m'ait menti,
il y a eu quatre, au moins, il y a eu coupure de quatre postes. Il y a eu
également un gel... Il y avait un déficit
appréhendé de quelques millions. J'ai eu toute la documentation
dont vous... Vous me faites signe que non, mais j'ai eu toute la documentation
du CSS. SI vous voulez que je vous la sorte, je vais aller la chercher et je
vais vous la donner. Ce que je veux savoir, c'est comment vous expliquez qu'au
niveau de ce secteur aussi névralgique, où la population est une
population vulnérable, puisque ce sont des enfants, il y ait une liste
d'attente d'au-delà de 300, au moment où je vous parie. Est-ce
parce qu'elle a été dégraissée, et ce,
artificiellement, vous le savez aussi? Je voudrais vous demander comment vous
expliquez ça.
M. Léger: Je pense que ce qu'il faut établir de
façon claire, c'est qu'au niveau du CSS il n'y a pas eu de coupure
budgétaire. Il y a eu, au contraire, des ajouts budgétaires
importants. La seule chose qu'il y a, c'est que souvent il y a eu des ajouts
budgétaires dans certains éléments qui étaient
d'ordre non récurrent. Donc, dans ce sens-là, à un certain
moment donné, ces enveloppes non récurrentes, on a
été obligés de les discontinuer. Et il y a certaines
personnes qui ont pu vous l'interpréter comme étant des coupures
de postes. Mais c'était clair. Il y a eu de l'argent récurrent
d'ajouté au CSS, plus de l'argent non récurrent. Et cet argent
non récurrent, quand c'était fini, il fallait mettre fin à
des contrats. Donc, il y a eu comme des mises à pied. C'était
pour des opérations blitz sur des listes d'attente. Et on a
réussi à faire diminuer quand même la liste de la
protection de la jeunesse, de 800 qu'elle était à quelque
400.
M. Chevrette: Les temps sont de combien présentement? Le
plus élevé, dans la région de
Laurentides-Lanaudière?
M. Léger: Je ne pourrais pas vous répondre
là-dessus.
M. Chevrette: Est-il exact qu'il y en a encore d'un an sur la
liste?
M. Léger: Non, pour l'instant... M. Chevrette:
Combien?
M. Léger: II y a une équipe, de façon
claire, qui "screene" absolument tous les jours, plusieurs fois par jour, tous
les signalements et je peux vous dire que l'épuration est très
claire. La liste d'attente est de 400 encore, mais là-dedans il n'y a
pas de gens qui traînent depuis un an. Ce n'est plus possible.
M. Chevrette: Vous me dites donc qu'il n'y a plus de signalement
d'un an? Vous affirmez ça?
M. Léger: Écoutez, je peux me référer
derrière, si vous voulez.
M. Chevrette: J'aimerais mieux que vous vous
référiez.
M. Falardeau (François): D'après moi, il n'y en a
pas actuellement de plus de trois mois d'accumulés...
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, il faudrait vous
identifier pour le...
M. Léger: C'est M. François Falardeau, qui est
coordonnateur, entre autres du programme Jeunesse en difficulté, dans la
région des Laurentides et de Lanaudière. (11 heures)
M. Chevrette: Donc, il n'y a pas de signa-
lement en haut de six mois? Je vous remercie. Il y en a qui vont devoir
rajuster leurs informations, même publiques. Je vous le dis, il y en a de
six mois à Sherbrooke et ils sont moins mal pris. Il y en a 211 sur leur
liste comparativement à 400 dans Laurentides-Lanaudière. Donc, il
faudrait que les informations, au moins au niveau du réseau, qui sont
rendues publiques soient exactes.
M. Léger: Je m'engage à vous le donner de
façon publique, M. Chevrette.
M. Chevrette: D'accord. L'autre point sur lequel je veux vous
parler, c'est sur les personnes âgées dans le milieu Les listes
d'attente en centre d'accueil sont de combien?
M. Léger: Les listes d'attente en centre d'accueil peuvent
varier de façon très importante, si on so situe dans le sud de
Lanaudlère, le sud des Laurentides ou quand on est dans le nord des
Laurentides ou de Lanaudière. Je peux vous indiquer que, dans le nord
des Laurentides, par exemple, les listes d'attente ou la durée
d'attente, parce que c'est peut-être une mesure plus intéressante,
la durée d'attente peut être de 3 à 4 semaines. Par contre,
quand on est dans le sud de Lanaudière ou dans le sud des Laurentides,
la durée d'attente peut aller jusqu'à un an et demi.
M. Chevrette: Un an?
M. Léger: Un an, un an et demi, oui.
M. Chevrette: Parlons de l'enveloppe de la RAMQ, de la
décentralisation, je trouve ça intéressant. Il y a un
problème que je voudrais analyser avec vous, parce qu'on l'a vécu
dans la partie des Basses-Laurentides à Laval en ce qui regarde les
accouchements. Étant donné qu'on parle de régies
autonomes, de trois régies autonomes et de la décentralisation
des enveloppes, ça veut donc dire, si on décentralise les
enveloppes, qu'à moins de contrats de services, il va falloir que les
personnes puisent les services dans leur propre région. On est
conscients de ça. Comment voyez-vous ça dans une région
comme Laurentides, Basses-Laurentides et Laval, compte tenu du fait que, dans
des Moulins par exemple, en particulier la MRC des Moulins, il n'y a pas de
centre hospitalier? Donc, comment voyez-vous la décentralisation des
enveloppes de la RAMQ? Ce n'est pas parce que je suis contre, mais je vous pose
la question. On a un problème majeur à ce niveau-là et
comment pourrait-on à partir de l'enveloppe... Est-ce que c'est par des
ententes de service ou par quel moyen...
M. Léger: C'est ça.
M. Chevrette:... réussirait-on à avoir des
services, que les gens puissent véritablement avoir un service de
qualité, tout en ayant l'enveloppe à l'intérieur de leur
propre structure régionale?
M. Léger: Je pense qu'il faut voir d'abord les choses en
progression: à court terme, à moyen terme et à long terme.
Présentement, dans la région, il faut se dire qu'on est
codé, pour certains aspects, à Montréal. Dans ce
sens-là, on ne peut pas viser de façon claire à avoir dans
la région Laurentides ou dans la région Lanaudière une
rétention à 100 % de l'ensemble des services. On vise
présentement un taux de rétention à peu près de 65
%. Ce qui voudrait dire, dans une régionalisation de l'enveloppe qu'on
aurait des services sous contrat à Montréal pour le reste. C'est
un peu les 650 à 700 lits dont je vous pariais tout à l'heure.
Donc, dans ce sens-là, on dit que ces services-là, au lieu
d'être magasinés quotidiennement par les médecins, les DSP
ou autres, au lieu d'aller frapper à toutes les portes et de se faire
"pitcher", etc... On aurait avec ces principes-là la possibilité
de voir avec la régie de Montréal, de lui dire: Est-ce qu'on ne
pourrait pas dédier un certain nombre de lits, que ce soit à la
Cité de la santé ou à Maisonneuve-Rosemont ou ailleurs,
pour offrir des services aux citoyens et citoyennes des régions
périphériques de Laval et de Montréal? Ce qui ne pourrait
pas dire, par exemple, que graduellement, au bout de deux ou de trois ans, on
ne renégocierait pas les ententes avec Montréal pour faire en
sorte que, en gynéco-obstétrique par exemple, alors que la
région à l'heure actuelle, dites-vous-le bien, est l'une des
régions où le taux de natalité est le plus
élevé de la province, les services de
gynéco-obstétrique dans notre région n'arrivent pas
à 30 % seulement. Ça veut dire qui y a 70 % d'exode. Ça
pourrait faire partie des priorités de rapatriement dans la
région pour développer et "grever" les hôpitaux de Le
Gardeur et de Saint-Eustache notamment, de services de
gynéco-obstétrique modernes. Alors, c'est ça la
stratégie.
M. Chevrette: Si je vous pose la question, M. Léger, c'est
que, précisément, I ne faudrait pas, à moyen terme - je
comprends qu'à court terme, on n'a pas d'alternative - mais il ne
faudrait que des contrats de court terme soft des incitatifs pour ne rien
changer dans la région. C'est exactement pourquoi je vous posais la
question.
M. Léger: M. Chevrette, quand on a la poignée sur
l'argent, ça aide après à faire ta
réallocation.
M. Chevrette: Avec des révisions statutaires aux deux ou
trois ans, moi, je partage votre avis que ça pourrait inciter, à
ce moment-là, le
corps médical à se déplacer, à sortir de
Montréal pour aller dans des services ultramodernes qu'on pourrait avoir
dans nos propres milieux, d'autant plus que j'ai la forte impression
que, à très brève échéance, il va falloir
décider d'ajout de lits, en particulier même pour les soins de
courte durée, dans la région du sud. Comme vous disiez
tantôt, les lacunes dans le sud sont énormes par rapport au
découpage régional.
M. Léger: On a un sommet socio-économique
bientôt, M. Chevrette.
M. Chevrette: Oui, et on a un hôpital de 217 000 000 $ en
demande ou à peu près.
M. Côté (Charlesbourg): Seulement
Lanau-dière, 400 000 000 $.
M. Chevrette: Ou à peu près? 400 000 000 $?
Le Président (M. Gautrin): Ça va, avez-vous
terminé votre question?
M. Chevrette: Non, je voudrais demander à ma
collègue s'il elle a une couple de questions, parce qu'elle est de la
région.
Le Président (M. Gautrin): Parce que je vais
reconnaître la députée de...
M. Chevrette: Elle est sur les deux "L", Laurentides et
Lanaudière.
Le Président (M. Gautrin): ...Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Effectivement, me
retrouvant dans le comté de Terrebonne, je me retrouve avec des
municipalités qui font partie de Lanaudière et des
municipalités qui font partie des Laurentides. Donc, bien sûr,
j'endosserai les bonnes paroles de la députée de Qroulx et du
député de Joliette, porte-parole officiel. Si on regarde
effectivement la réalité du sud de Lanaudière et du sud
des Laurentides, puisque c'est exactement le coeur de mon comté... Qu'on
pense aux maisons de jeunes; qu'on pense aux centres d'hébergement pour
femmes violentées - qu'on regarde quand même une liste d'attente
de 400 au niveau de la DPJ; qu'on regarde les attentes du côté des
longues durées, qui sont effectivement - parce que j'ai
vérifié la semaine dernière - de un an et demi; qu'on
regarde notre problème au niveau de la psychiatrie, où nos gens
se retrouvent encore à se promener de Saint-Jérôme à
Joliette et à faire la navette entre les deux parce qu'ils ne
reçoivent pas de services; qu'on pense aux besoins de l'hôpital:
il est réel que le sud de Lanaudière et des Laurentides se
retrouve complètement défavorisé.
La décentralisation, telle que vous la voyez... Est-ce que
ça vous apparaît la réponse concrète à ces
besoins-là? Croyez-vous que par cette décentralisation, vous
pourrez donner les services, dans tous les dossiers que j'ai
énumu-rés, pour les gens du sud de Lanaudière et du sud
des Laurentides?
M. St-Onge (Florian): Si vous me permettez, Mme la
députée, il y a deux choses. Il y a d'abord
l'équité. Il faut commencer par l'équité. On
souligne que les deux régions les plus défavorisées, ce
sont la Montérégie et les Laurentides-Lanaudière. Si le
ministre commence d'abord par établir l'équité entre les
régions, ça veut dire que normalement, étant donné
que nous avons du retard à reprendre, on aurait des possibilités
et des moyens de répondre aux besoins. Et par la suite, quand on touche
à la décentralisation - et je ne vous cache pas que
personnellement, je le souligne au ministre aujourd'hui - ma crainte... Sur le
principe, nous sommes d'accord. Nous voulons, nous préconisons la
décentralisation; mais j'espère que les moyens vont venir avec.
Et si on assure d'abord l'équité et qu'après ça on
nous donne les pouvoirs et les moyens, à votre question je dis: Oui.
Mme Caron: C'est exactement ce que je souhaitais vous entendre
dire.
M. St-Onge (Florian): C'est fait.
Mme Caron: Côté organismes communautaires. On sait
que, compte tenu de ces besoins immenses du côté financier,
auxquels nous avons très peu de réponses présentement, les
organismes communautaires jouent un rôle essentiel dans nos
régions. Comment voyez-vous concrètement leur rôle,
après la décentralisation?
M. Léger: Au niveau des organismes communautaires, je
pense que la région, de façon claire, a déjà
émis ses principes. On a ouvert l'ensemble de nos mécanismes de
travail aux organismes communautaires, et on veut faciliter, de façon
claire, un partenariat dans un respect d'autonomie de chacun... La
complémentarité des actions... Compte tenu de la diversité
des interventions que l'ensemble de ces groupes-là peuvent faire, on
pense qu'on a un partenariat énorme à faire. Présentement,
je peux vous dire qu'on travaille, de façon claire, à
développer les moyens de budget. Au niveau des organismes
communautaires, d'ailleurs, on avait fait des gestes importants
déjà dans le cas de l'alourdissement des clientèles... Une
enveloppe et un programme budgétaire important où le conseil
d'administration du conseil régional, j'allais dire, de la régie,
avait octroyé un montant de 150 000 $ dans une perspective de rattrapage
au niveau des organismes communautaires. Ce bout-là, le ministère
n'a pas osé aller le toucher. On avait mis un autre bout, qui
était de faire un
pas vers le maintien à domicile. Ce bout-là, on nous l'a
corrigé au central. Mais pour les organismes communautaires, on n'a pas
osé nous le corriger. Donc, c'est pour vous dire qu'il y a une
volonté claire de la région de s'aligner vers le rattrapage au
niveau des organismes communautaires. Maintenant, on n'a pas tous les leviers
pour le faire. J'espère que la décentralisation des programmes
d'organismes communautaires vont faire en sorte que, non seulement on va avoir
les leviers pour faire les répartitions en partenariat avec les
organismes communautaires... Et comme le disait, M. St-Onge, je pense que,
notamment au niveau des organismes communautaires, il va falloir faire du
travail d'équité. Parce que si vous vous souvenez, Jean Rochon
lui-même, au sortir d'une tournée dans la région, avait
fait une conférence de presse en disant qu'il ne croyait pas à
quel point la région des Laurentides et la région de
Lanaudière étaient sous-équipées en subventions
pour les organismes communautaires. Je pense que, s'il y a un programme au
niveau de l'ensemble de tous les programmes qui sont les plus
sous-développés dans la région, ce sont les organismes
communautaires.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Léger: II faut rassurer; il y a aussi des programmes
sur lesquels on est au-dessus de la moyenne. Donc, il faut rendre justice
à l'ensemble de la répartition budgétaire.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
leader.
M. Chevrette: Je vous remercie beaucoup. On aura d'autres
questions à vous poser, mais, comme d'habitude, le
téléphone existe et la région n'est pas si grande que
ça. On est capables de se voir.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): merci beaucoup. c'est un
excellent mémoire, avec des pistes très intéressantes, et
tous les messages sont enregistrés.
Le Président (M. Gautrin): Au nom de la commission, Je
tiens à vous remercier
Je vais maintenant appeler le groupe suivant. Le Projet Genèse,
Mme Herscovitch et Mme McCaughey.
On va attendre un peu que le calme revienne.
Mme la directrice, vous avez trente minutes à votre disposition.
Vous pouvez en prendre à peu près une dizaine pour faire votre
présentation. Le parti ministériel et l'Opposition auront chacun
une dizaine de minutes pour vous poser des questions. Donc, Mme Herscovitch -
je m'excuse si j'ai mal prononcé votre nom - vous avez la parole.
Projet Genèse
Mme Herscovitch (Alice): Merci. J'aimerais quand même,
avant de commencer, présenter, à ma gauche, Dominique McCaughey
et, à ma droite, John Nicholl, qui est membre du conseï
d'administration du Projet Genèse.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
Mme Herscovitch: Bonjour. Nous désirons, en premier lieu,
vous remercier de l'audition que vous avez accordée au Projet
Genèse, pour que nous puissions élaborer notre position face
à l'avant-projet de loi présenté par M. le ministre
Marc-Yvan Côté. Nous nous inquiétons par rapport à
trois aspects de cet avant-projet de loi: la participation des citoyens, la
question du DSC Sainte-Justine et la non-reconnaissance de la contribution des
organismes communautaires au système de services sociaux et de
santé.
Pour nous, la participation des usagers et de la population est
essentielle au développement et au maintien d'un système de
services sociaux et de santé qui répond réellement aux
besoins de la population. L'avant-projet de loi nous propose de réduire
cette participation, en créant des conseils d'administration
centralisés pour plusieurs établissements. Ceci aurait l'effet de
rendre beaucoup plus complexe le rôle de ces conseils, étant
donné les différents mandats des établissements qu'elle
aura à gérer. Les établissements s'éloigneront
davantage de la population, des organismes privés et communautaires
offrant des services et même des préoccupations de la population
telles qu'elles sont ressenties par les employés de différents
établissements. Ces conseils d'administration seront incapables de
prendre des décisions saines et adaptées aux besoins des usagers.
Ils ne pourront qu'automatiquement accepter ce qui leur est
présenté.
Nous croyons fermement que la participation des citoyens au sein des
conseils d'administration des établissements doit être
augmentée et non réduite, il faut maintenir un conseil
d'administration par établissement, élu à tous les deux
ans et non à tous les trois ans, avec au moins le même nombre de
représentants élus par la population que dans le moment. Nous
sommes d'accord que ces représentants devraient être élus
par toute la population plutôt que par les usagers seulement Nous
trouvons essentiel que les représentants d'organismes
bénévoles et de groupes socio-économiques - on pourrait
les appeler sociocommunautaires, pour rendre les choses plus claires - soient
maintenus. Nous trouvons aussi qu'il devrait y avoir des liens
resserrés... Trouver des moyens pour avoir des liens resserrés,
entre les élections, entre les collèges électoraux et
les
représentants qui sont élus. (11 h 15)
Pour ce qui est du Département de santé Communautaire
Saint-Justine, nous croyons que ce DSC doit être maintenu, étant
donné son expertise dans le domaine de la périnatalité et
de la santé infantile, mais surtout étant donné l'appui
qu'H donne aux organismes communautaires par son travail de recherche et sa
collaboration face aux problèmes sociocommunautaires que nous
vivons.
Dominique va maintenant nous parler un peu du rôle des organismes
communautaires.
Mme McCaughey (Dominique): Depuis plusieurs années, l'Etat
fait des démarches de désinstitutionnalisation qui ont un
énorme impact sur les organismes communautaires et sur leurs services.
Nous sommes appelés à jouer un rôle qui, auparavant,
relevait des établissements. Nous sommes devenus un intermédiaire
entre le réseau de la santé et des services sociaux et la
clientèle. Le problème est accru à Côte-des-Neiges,
car nous sommes dotés d'un grand nombre d'hôpitaux ayant des
services psychiatriques.
Par exemple, la communauté de Côte-des-Neiges est
composée de 20 % de personnes âgées, plus de 45 % de
personnes qui viennent de... Plus de 45 communautés culturelles
nouvellement arrivées au Québec, et la pauvreté ne cesse
d'augmenter. Par exemple, 53 % des personnes seules et 50 % des familles ayant
des enfants vivent en dessous du seuil de la pauvreté, dans notre
quartier.
Les entraves à l'accessibilité pour ces clientèles
sont donc d'autant plus grandes que pour la population moyenne, car ces
clientèles ont des problèmes d'ordre linguistique, culturel,
socio-économique; et la forte concentration de personnes
âgées ne fait que compliquer la situation. Étant
donné ce contexte, les services offerts par les organismes
communautaires, tel que le Projet Genèse, deviennent d'autant plus
importants. À Genèse, nous desservons toute cette
communauté. John.
M. Nicholl (John): II vous faut peut-être une mise en
scène. Nous sommes un organisme composé à 95 % de
bénévoles. Deux de nos permanents sont à ma gauche. Moi,
pour ma part, je suis bénévole. Nous avons un ancien magasin de
chaussures qui compte deux chambres, dont une chambre plus ou moins grande puis
une chambre très petite, en arrière. Nous avons une vitrine qui
donne sur la rue Victoria, à Montréal. Nous sommes là
depuis quinze ans. Nous avons, d'un côté, un magasin de
vidéos latino-américains; de l'autre côté, une
buanderie Lavomatic. Nous avons en face une boucherie kascher, un
casse-croûte grec. Donc, ça vous situe un peu.
Dans la plupart des cas, nos services se rendent à nos
bénéficiaires, à nos membres, sur-le-champ.
C'est-à-dire que les gens viennent au magasin; ils peuvent voir qui est
là, parce qu'ils regardent par la vitrine. Ils rentrent, ils
reçoivent les services. Pour eux, c'est vraiment le centre du
bénéfice, des bénéfices que notre organisme peut
leur procurer.
Nos assemblées annuelles sont tenues effectivement dans la grande
salle; parfois, avec difficulté. Nos assemblées du conseil
d'administration sont tenues en arrière dans la petite salle; encore,
parfois, avec difficulté.
Le magasin, nos deux chambres sont la racine tangible de notre
implication dans la communauté. Il s'agit d'une preuve manifeste que
nous sommes là, que nous sommes là à long terme. Les gens
nous connaissent. Ils voient sur l'avant du magasin Projet Genèse,
Project Genesis. C'est de cette façon-là que Projet Genèse
a pu bâtir un organisme qui compte 95 % de sa participation sous forme de
bénévolat. On ne parle pas d'un organisme qui est coûteux;
on parle d'un organisme qui ne coûte quasiment rien.
Nous avons actuellement 65 bénévoles affectés
à des tâches spécifiques. En plus, nous avons
littéralement des centaines de bénévoles qui oeuvrent dans
les projets des dossiers d'action communautaire. Si on parle, à titre
d'exemple, du programme de consultation légale... Je suis moi-même
avocat. Le bénévolat que je fais, c'est que chaque jeudi soir, je
suis là, dans le magasin, en avant, et on reçoit n'importe qui
qui va choisir de venir nous consulter.
Nous avons seulement, à l'égard de la clinique
légale, environ 1250 heures légales par année
consacrées aux conseils que nous donnons aux
bénéficiaires. Si nous faisons le calcul - c'est peut-être
plus facile de le faire avec des services légaux qu'avec d'autres - il
s'agit de presque 100 000 $ de temps, ce qu'on appelle temps chargeable, dans
le domaine. 100 000 $ gratuitement, qui est dévoué aux besoins de
la population, de la communauté. En plus, nous avons une clinique chaque
printemps pour les gens qui ont des problèmes avec leur
déclaration d'impôt. Il s'agit d'une limite, quand même, de
13 000 $ pour le contribuable, avant qu'il puisse nous consulter. Nous avons
environ 60 heures de temps... Des comptables agréés qui donnent
encore leur temps gratuitement, pour conseiller les gens qui vont venir au
magasin pour se faire aider - souvent parce qu'ils ne comprennent pas du tout
la formule - avec leur déclaration d'impôt. Nous avons
actuellement huit dossiers d'action communautaire, dont en particulier les
sans-abri. Nous avons reçu - vous l'avez peut-être lu
récemment - la permission d'agir en tant qu'adresse postale pour les
sans-abri à l'égard des chèques de bien-être social;
ce qui était extrêmement important pour ces gens-là, parce
qu'autrement, ils ne pouvaient pas recevoir le bien-être.
Nous avons un programme de rapprochement communautaire, ce qui veut dire
que nous avons
encore des bénévoles qui vont de porte à porte, qui
cognent sur les portes, qui posent des questions, demandent aux gens s'ils ont
besoins d'aide quelconque, se familiarisent avec la communauté. C'est de
même que nous sommes enracinés dans la communauté.
Nous avons un organisme qui s'appelle Multi-caf, qui donne deux cents
paniers de nourriture par semaine aux gens qui en ont besoin dans la
communauté. En plus, il sert 3000. je m'excuse, 13 000 repas par
année aux gens qui en ont besoin. Également, Multi-caf a des
activités et cours pour ceux qui sont isolés et qui ont besoin de
sortir de chez eux de temps à autre.
Alors si on parle de tout ça, ce portrait-là, notre petit
magasin, nos deux chambres... On parle quand même d'un organisme qui
sert, qui donne des services, de l'aide, à plus de 11 000 citoyens par
année. Tout ça, à 95 %, du bénévolat.
Maintenant, c'est peut-être choquant, mais je vais demander à
Alice de vous dire ce que ça coûte, ça, ces 11 000
citoyens-là, au gouvernement du Québec.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous pourriez quand
même être relativement bref...
Mme Herscovitch: Oui, je vais le faire.
Le Président (M. Gautrin): Parce que votre temps est en
train de courir très vite, et je ne voudrais pas vous couper la
parole.
Mme Herscovitch: O. K. Ça va être assez bref, quand
même. J'aimerais ajouter que ce n'est pas 11 000... C'est 11 000 services
aux clients individuels, mais en plus de ça les 13 000 repas. En plus de
ça, tous les gens impliqués dans les dossier d'action
communautaire. En fait, nos services coûtent actuellement 22 500 $ au
gouvernement du Québec; c'est ça, la subvention qu'on
reçoit du gouvernement du Québec.
Le Président (M. Gautrin): 22 500 $.
Mme Herscovitch: Et de plus, nous vous permettons
d'épargner beaucoup d'argent en offrant des services d'information, de
formation professionnelle sur les droits sociaux aux CSS de notre coin, aux
CLSC, aux CH, aux centres d'accueil. On accepte les références de
ces établissements pour tous nos services. On travaille de concert avec
ces établissements sur plusieurs dossiers communautaires, et pour aider
des cas individuels pris dans la bureaucratie gouvernementale. Et on est
souvent appelés par des gens qui travaillent à l'intérieur
du réseau. On vous permet aussi d'épargner au niveau de la
Régie du logement, la Régie des rentes du Québec, Revenu
Québec par notre clinique d'impôt et par les programmes Logirente,
le ministère de la Sécurité du revenu, l'aide juridi- que,
le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Alors tout ça, finalement, tous ces services, coûtent actuellement
22 500 $ au gouvernement. Ce que nous espérons, c'est que la loi, quand
elle sera présentée, tiendra compte de la réalité
des services offerts quotidiennement par les organismes communautaires, dans un
vrai sens de partenariat.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie
réellement du portrait de votre organisme que vous avez eu la
gentillesse de nous faire. Je vais demander maintenant au ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux
de vous poser quelques questions.
M. Sirros: Merci, M. le Président. Étant
donné qu'on a peu de temps, j'aimerais peut-être centrer ça
sur ce que je considère être l'essentiel, un peu, de toute la
dynamique entre les groupes communautaires, les services qu'ils donnent et les
services du ministère ou de l'État, si vous voulez. On a - je
pense que je peux l'affirmer très candidement - fait un effort
très réel et très sérieux pour effectivement
reconnaître le travail que font les organismes communautaires. Et c'est
un peu frustrant d'entendre plusieurs groupes communautaires qui viennent et
qui disent: Vous ne le faites pas, vous ne reconnaissez pas un financement
stable, vous ne... Bon, vous saisissez un peu ce à quoi je veux en
venir.
Par contre, il faut, je pense, reconnaître qu'en abordant une
approche par programme, au niveau des services qui seront dispensés aux
différentes clientèles dans les différentes
régions... En taillant une place pour les organismes communautaires, il
ne faut quand même pas se rendre au point où, simplement parce
qu'il y a quelque chose qui s'appelle organisme communautaire, il y a
automatiquement une reconnaissance et un financement, de par ce fait
même. Il faudrait quand même élaborer, à
l'intérieur de certains objectifs, quel est le rôle de tout le
monde et, donc, élaborer un partenariat dans ce sens-là. C'est
pour ça qu'on se disait, étant donné qu'on va
décentraliser, que cette dynamique pourra mieux se jouer sur le pian
local plutôt que d'être décidée par Québec:
Est-ce que c'est Projet Genèse qui devrait avoir telle chose ou telle
chose? Il me semble qu'on est beaucoup plus loin à Québec qu'on
peut l'être dans la région pour, entre les groupes communautaires,
les établissements, les intervenants du milieu, qu'on identifie à
l'intérieur d'un programme bien spécifique le rôle de
chacun.
Vous venez de donner un exemple de ce que vous faites et il y a beaucoup
de choses que vous faites qui, chacune prise individuellement, sont
extrêmement valables. Il n'y a personne qui mettrait ça en doute,
je ne le pense pas. Mais, par contre, il faudrait quand même se situer.
Par exemple, les conseils légaux que vous donniez
tout à l'heure, est-ce que c'est quelque chose qui
relèverait du ministère de la Santé et des Services
sociaux ou plutôt de la Justice ou de l'éducation? Donc, c'est
pour ça que je vous dis: Si on va travailler avec des programmes, sur
une base décentralisée - avec une reconnaissance de quel est
l'apport et le rôle des organismes communautaires - est-ce qu'on ne peut
pas se passer de cet échange qui fait la bataille sur la reconnaissance
automatique, parce qu'on est un organisme communautaire, et avoir la
possibilité de développer assez de confiance comme partenariat
pour que sur le plan local, au niveau des régions, à
l'intérieur des programmes, chacun puisse trouver un peu le rôle
positif qu'il aura à jouer?
Mme Herscovrtch: Je crois qu'on ne demande pas une reconnaissance
automatique parce qu'on s'appelle organisme communautaire. Je crois qu'on
demande une reconnaissance du travail réel fait par certains organismes
communautaires selon des programmes, comme vous le dites. Mais je ne suis pas
convaincue que la décentralisation par elle-même va apporter cette
reconnaissance, parce qu'à moins que d'autres enveloppes
budgétaires soient approuvées pour les organismes
communautaires... On peut décentraliser le budget et revenir avec les
mômes divisions parce que, vraiment, il n'y en a pas assez. Je ne veux
pas mettre le Projet Genèse contre une maison d'ac-cueï pour femmes
battues, ou... Je ne veux pas jouer ce jeu-là et je ne veux pas le
mettre non plus contre ce qui est fait par les établissements publics;
mais je crois qu'une juste reconnaissance demande aussi des budgets.
M. Sirros: Est-ce que je peux vous poser la question... Est-ce
que vous jugez qu'il y a, peut-être, une possible duplication des
services, ou un dédoublement en quelque sorte, entre, par exemple, ce
que font certains CLSC et ce que font certains organismes communautaires?
Mme Herscovrtch: II peut y avoir une duplication entre ce que
font certains et ce que font certains autres. Je pense qu'il y a surtout une
complémentarité. Les services qu'on offre ne sont pas offerts par
le CLSC dans notre coin. Il n'offre pas des services de conseils, d'information
et de références. Il n'offre pas une clinique juridique. Il offre
des services d'actions communautaires limités et nous, finalement, on
travaille avec eux sur des dossiers communautaires. Alors je crois que souvent,
ce qui se passe dans les milieux, ce n'est pas nécessairement une
concurrence, une duplication, mais c'est plutôt un effort de travailler
ensemble; mais de reconnaître aussi les points forts de chacun. On est
très accessibles à la population. Je ne suis pas certaine que les
communautés culturelles iraient directement au CLSC pour un service.
Elles viennent chez nous. On va chez eux. C'est différent.
M. Sinros: J'ai l'air de remettre ça en question. Au
contraire, je pense que ce qu'on dit au niveau du ministère, c'est qu'il
faut qu'on adapte nos institutions pour qu'effectivement on crée les
liens et les ponts, pour pouvoir créer les liens entre les
communautés culturelles en particulier et les établissements du
réseau; afin qu'éventuellement, dans un processus d'implantation
des gens au Québec, finalement, il y ait ces liens qui soient
naturels.
M. Chevrette: Mais justement, c'est... (11 h 30)
M. Sirros: Ce n'est pas ça qui est remis en question,
mais... Je pense que la véritable question c'est: est-ce que... Quel est
le lieu où on va faire ce partage des responsabilités? Les
organismes communautaires et les regroupements, beaucoup plus, disent: Nous, on
veut garder ça avec le ministère. On a l'impression - moi, je
l'ai, en tout cas - que c'est parce que les gens estiment qu'ils ont plus de
poigne politique, en quelque sorte, avec le ministère plutôt
qu'autour d'une table, dans une régie, où on va parler de
programmes et de services. Est-ce que j'ai raison ou est-ce que j'ai tort?
Mme Herscovrtch: Je crois que ça dépend beaucoup de
la représentativité de la régie régionale et des
budgets qui seront alloués à la régie régionale
pour le faire. Et je crois que c'est ça la vraie question. Ce n'est pas
où sont prises les décisions qui va changer nécessairement
l'adaptation aux besoins de la communauté. Ça va être des
liens à créer avec la régie régionale. Je n'ai rien
contre.
M. Sirros: Une dernière intervention de ma part à
ce moment-là, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): II vous reste peu de temps,
actuellement.
M. Sinros: Est-ce que, à ce moment-là... Je suis
d'accord avec vous, il faudrait définir comment ça va se prendre,
ces décisions. Et, est-ce qu'à ce moment-là, on ne
pourrait pas vous inciter à nous faire des recommandations et des
propositions dans ce sens. Dans le sens de: Qu'est-ce que ça va prendre
comme mécanisme de coopération et de participation sur le plan
régional, pour d'une part assurer la complémentarité, et
assurer, d'autre part, la concertation entre les établissements et le
communautaire et la participation au niveau de la régie? Pour qu'on
puisse arrêter de discuter sur quel est le lieu, etc., et commencer
à regarder sur le plan concret, ce qu'on peut faire pour les
bénéficiaires? Si on peut vous inciter à faire ça,
je le ferais...
Mme Herscovitch: C'est certainement possible.
M. Sirros: On demeure disponibles à recevoir vos
commentaires.
Mme Herscovitch: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Je vais reconnaître
maintenant Mme la députée de Terrebon-ne, qui a certainement
quelques questions à vous poser.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
je pense que vous avez très bien défini le rôle
extrêmement actif que vous jouez dans notre société. C'est
extrêmement bien exprimé dans votre mémoire. Je dois vous
avouer que je comprends très bien ce dont vous nous parlez, puisque si
on regarde le côté conseil, information, références
etc., ça ressemble étrangement au travail qu'on se doit de faire
dans un bureau de député.
Mme Herscovitch:... les députés, aussi.
Mme Caron: Ça ressemble vraiment beaucoup. Sauf pour les
13 000 repas, ça se ressemble beaucoup. Vous nous avez exprimé
dos besoins Vous réussissez, avec 95 % de bénévoles, avec
une subvention de 22 500 $, à rejoindre beaucoup de citoyens. Les
besoins réels que vous avez, vous les chiffrez à combien? Est-ce
que c'est surtout une garantie d'une base triennale dont vous avez besoin?
Mme Herscovitch: Je crois que le Projet Genèse, par
exemple, ne dépend pas seulement du financement du gouvernement du
Québec; sans ça, on ne serait pas là. On fait des
campagnes d'auto-financement; on est financés en partie par des services
communautaires juifs, bien qu'on desserve toute la communauté. On fait
aussi des demandes au gouvernemenet fédéral et on va continuer
à le faire. Mais je peux vous dire que pour l'année prochaine, on
a un déficit prévu de 24 500 $ et que si... Et je crois que
finalement, la plupart des services qu'on offre relèvent du
ministère des Services sociaux et de la Santé. On pourrait parler
d'un petit budget possible du ministère de la Justice, mais la grande
majorité de nos services relèvent de ce ministère. Il me
semble que le minimum que le ministère pourrait accorder à un
organisme comme le nôtre... Ce serait à peu près 50 000$
que ça prendrait pour combler ce déficit, pour faire fonctionner
les services, aussi. Pour avoir une stabilité de fonctionnement. Vous
parlez d'un budget triennal. Chaque année, on fait nos demandes de
subvention; on n'a pas encore nos réponses. L'année
financière finit le 31 mars. On ne sait pas ce qu'on a reçu du
ministère de la Santé et des Services sociaux par rapport au
soutien aux organismes communautaires: on va le savoir au mois de juillet. On
ne sait pas ce qu'on va recevoir du conseil régional par rapport au
programme de maintien dans la communauté: on va le savoir au mois de
juin. On vit dans l'incertitude. On est chanceux, on peut faire une certaine
campagne d'autofinancement. Mais quand même, c'est très difficile
de continuer à fonctionner d'année en année, sans cette
certitude financière, sans savoir si on va avoir à
congédier des employés, par exemple, ou à fermer notre
petit magasin, qui nous coûte quand même 1200 $ par mois. Ce sont
des choses.
M. Nicholl: On a déjà parlé de la question
de savoir si le fait même d'être communauté ou organisme
communautaire nous donnait le droit d'être reconnus comme tel et de
recevoir de l'argent. Ce n'est nullement ce qu'on prétend. Ce que nous
prétendons, c'est qu'il s'agit d'une de rendement. Au niveau rendement,
quand on parle de la proportion, disons, entre les permanents et les
bénévoles, au niveau du nombre de citoyens rejoints par nos
services... Le rendement, ça on peut vous l'offrir. Mais ce rendement,
évidemment... Ça prend quand même certains permanents, puis
ça prend nos deux petites chambres. Voilà le problème.
Mme Herscovitch: Je voudrais juste ajouter une chose. Quand je
parle, disons, de 50 000 $, je ne parle pas de payer des salaires
nécessairement raisonnables aux membres du personnel, non plus. C'est
certain qu'un jour ça serait quelque chose qu'on aimerait faire. Mais on
ne rêve pas de ça. On rêve de survivre, de maintenir nos
services où ils sont maintenant.
Mme Caron: Et surtout de ne plus vivre l'insécurité
que vous vivez finalement.
Mme Herscovitch: Absolument.
Mme Caron: Vous semblez manifester plusieurs inquiétudes
par rapport à la décentrli-sation. Pouvez-vous nous les cerner
rapidement?
Mme Herscovitch: Je ne dirais pas qu'elles sont par rapport
à la décentralisation. Je pense que nos questions portent surtout
sur ce qu'on volt comme une centralisation des pouvoirs. En centralisant les
conseils d'administration des établissements publics, nous ne voyons pas
comment un citoyen ordinaire ou un usager d'un service pourra participer d'une
façon efficace à un conseil d'administration. Nous trouvons que
ces conseils d'administration seront très éloignés de la
population, très éloignés aussi des membres du personnel
qui ont quelque chose à dire peut-être sur la façon dont
sont vécus les services par les usagers. Nous avons très peur que
ces conseils d'administration deviennent simplement des places où,
automatiquement, toute décision
proposée par le directeur général ou par quelqu'un,
finalement, passe. Parce que, comment est-ce qu'on peut, par exemple,
gérer trois hôpitaux en môme temps qu'un CLSC et en
même temps qu'un centre d'accueil? C'est sur ce point-là qu'on a
pris position.
Mme Caron: Une dernière question. Dans votre
mémoire vous parlez brièvement du département de
santé communautaire de Sainte-Justine. J'aimerais que vous nous
éclairiez un petit peu plus sur ce dossier-là.
Mme McCaughey: Oui, surtout le DSC de Saint-Justine... Je
voudrais dire que dans les organismes communautaires, nous, on a très
peu de permanents, on a très peu de matériel et de ressources
à notre disposition. Et le DSC, surtout par ses études
démographiques et d'épidémiologie, et de
prénataltté, joue un rôle très important. Surtout
dans Côte-des-Neiges où, comme je le disais avant, il y a 45
communautés culturelles différentes, où 50 % de la
population vit en dessous du seuil de la pauvreté, des études de
ce genre aident. Je crois que ça aide à signaler au gouvernement
les dangers et les besoins de services. Ça nous aide, nous aussi, quand
on fait nos demandes de subventions, etc. Ça aide dans les campagnes de
médias de dire carrément: Ces 50 % sont en dessous du seuil de la
pauvreté. Ce montant de 50 %, ça on l'a eu par le DSC de
Sainte-Justine, par les études qu'ils font, les recherches qu'ils font.
Aussi le DSC a commencé à s'impliquer au niveau de la
communauté. On a une table de concertation de la pauvreté dans le
quartier. Le DSC est membre de cette table-là. Il nous apporte
énormément de renseignements sur les questions de nutrition, de
la faim dans les écoles, etc. Alors, il joue un rôle
essentiel.
Mme Caron: Merci.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services
sociaux.
M. Sirros: Tout simplement pour remercier les gens. Je pense que,
effectivement, je demeure confiant qu'on va pouvoir trouver des façons
de s'entendre sur le rôle que chacun peut jouer. Et je vous invite, comme
je vous le disais, à soumettre ou à continuer la réflexion
par rapport au "comment", en tenant pour acquis que, d'une part, la question
des conseils d'administration unifiés a été mise de
côté. Donc, il faut effectivement qu'on reçoive de votre
part d'autres suggestions, non seulement des craintes.
Le Président (M. Gautrin): Madame.
Mme Herscovitch: J'aimerais juste ajouter si je le peux...
Le Président (M. Gautrin): Oui.
Mme Herscovitch: ...qu'on a des documents sur le Projet
Genèse ici. S'il y a des gens qui voulaient les avoir, on va les mettre
sur la table.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Vous voulez
déposer un nouveau document, si je comprends bien?
Mme Herscovitch: Ce sont plusieurs documents d'information. Si
les gens veulent les avoir.
Le Président (M. Gautrin): Très bien. Alors on peut
les recevoir ici au nom de la commission. Je voudrais vous remercier pour nous
avoir fait partager votre expérience et avoir éclairé la
commission dans le travail qu'elle fait.
J'inviterais maintenant le prochain groupe qui est la
Fédération des organismes familiaux de Lanaudière à
bien vouloir se présenter. Mme Forest, je vous inviterais à
présenter les gens qui vous accompagnent. On a une demi-heure à
consacrer à votre témoignage. Si vous pouvez synthétiser.
Vous avez à peu près une dizaine de minutes pour présenter
votre mémoire et dix minutes seront imparties à chacune des
parties pour vous poser des questions. Mais il serait peut-être bon que
vous présentiez les personnes qui vous accompagnent pour le
bénéfice de l'enregistrement, s'il vous plaît.
Fédération des organismes familiaux de
Lanaudière
Mme Forest (Clarisse): Bonjour, monsieur. Bonjour, mesdames et
messieurs. Je vous présente les membres de la Fédération
qui ont aidé à préparer le mémoire. Il y en a qui
sont restés en arrière: Edith Du Sablon, Carmen Beauparlant,
Jacinthe Laporte, Pauline Dansereau. Au nom de toutes les familles membres de
la Fédération, nous vous remercions de nous permettre de venir
vous faire part de ce que pensent les familles membres de notre organisme.
La Fédération des organismes familiaux de
Lanaudière existe depuis 20 ans. Elle s'est toujours vouée
à la promotion et à la défense des intérêts
des familles de notre région. Nous vous présentons nos
réflexions sur l'avant-projet de loi sur la santé et les services
sociaux. La Fédération regroupe huit organismes familiaux
travaillant avec conviction auprès des familles lanaudoises. Que ce soit
par la transmission adaptée d'informations qui, autrement, seraient
inaccessibles, par un travail d'éducation ou encore par des services
d'entraide et de soutien, les organismes familiaux jouent un rôle
indispensable dans notre région.
Notre intervention s'appuie sur le principe que la famille est la
première responsable de la santé et du bien-être de ses
membres. La famille,
c'est un milieu de naissance, un milieu de vie, un milieu
sécurisant pour ses membres, un milieu de socialisation des personnes,
un milieu préoccupé par l'éducation et la santé de
ses membres, un milieu de transmission de la culture.
L'État possède le pouvoir d'intervenir dans toutes les
sphères d'activité et milieux où vivent parents et
enfants. Il doit donc favoriser dans tous ces milieux un meilleur soutien
collectif à la famille.
La Fédération des organismes familiaux se rattache
à la grande famille des organismes communautaires. À ce titre,
nous partageons certains traits nous définissant. Les organismes
familiaux membres de la Fédération sont issus de la
communauté et non des programmes gouvernementaux. Nous ne vouions pas
être récupérés par le réseau des
établissements. Nous voulons conserver précieusement notre
autonomie. Le financement ne doit pas nous conduire à adopter certains
types d'interventions II n'y aura pas de reconnaissance du travail des
organismes familiaux tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas reconnu cette
autonomie d'action.
Le document d'orientation affirmait les limites du réseau des
établissements et l'importance du communautaire. L'avant-projet de loi
semble vouloir intégrer les organismes communautaires à ce
réseau sans tenir compte de leurs différences spécifiques.
Si, par le passé, les organismes familiaux ont joué un rôle
intéressant, c'est justement parce qu'ils sont différents du
réseau.
Autre point important, les organismes familiaux n'interviennent pas dans
l'ensemble des situations de vie rencontrées par les familles.
L'approche des organismes familiaux est plus globale et prête
difficilement à des définitions restrictives en ce qui concerne
les champs d'intervention.
Nous espérons que ces quelques remarques de même que les
commentaires et les recommandations qui suivent, seront
considérés par M. le ministre à leur juste valeur.
Définition d'un organisme communautaire, article 229.
M. Laporte (Jacinthe): "Un organisme communautaire est un
organisme sans but lucratif constitué en vertu de ta troisième
partie de la Loi sur les compagnies, qui oeuvre dans le domaine de la
santé et des services sociaux et dont le conseil d'administration est
composé majoritairement d'usagers de l'organisme ou de membres de la
communauté. " Cette définition n'est pas fausse, mais
incomplète. Il y manque une notion fondamentale pour les organismes
familiaux de la Fédération des organismes familiaux de
Lanaudière, c'est-à-dire l'autonomie de ses orientations et de
ses interventions. À l'Intérieur du document d'orientation on
retrouvait un élément de plus que dans lavant-projet de loi. (11
h 45)
On disait des organismes communautaires qu'ils étaient des
groupes engagés dans leur milieu, qui définissent librement leurs
orientations, leurs politiques et leurs approches. Pourquoi avoir retiré
cet élément de la définition? "Définir librement"
doit être possible dans les faits. Donc, le financement ne doit pas venir
orienter nos politiques, nos interventions. Doit-on le rappeler, nous ne
faisons pas partie du réseau des établissements et ne voulons pas
en faire partie. Nous voulons être reconnus pour ce que nous sommes. Nous
demandons que soit rajouté à l'article 229 que les organismes
communautaires sont autonomes et définissent librement leurs
orientations, leurs politiques et leurs approches.
Financement des organismes communautaires, article 230: "Une
régie régionale peut, suivant les critères
d'admissibilité et d'attribution qu'elle détermine
conformément aux règles budgétaires applicables,
subventionner un organisme communautaire dans l'un ou l'autre des cas suivants:
si ces activités sont reliées même indirectement au domaine
de la santé et des services sociaux et visent notamment la prestation de
services d'aide et de support aux personnes de la région, si elles
exercent, au niveau régional, des activités de promotion, de
sensibilisation et de défense des droits et des intérêts
des usagers de ses services ou des bénéficiaires de services de
santé ou de services sociaux de la région. "
Sur quelles bases seront élaborées les critères
d'admissibilité et d'attribution pour subventionner les organismes
communautaires? Ce vide constitue un enjeu important. La moitié des
membres de la régie seront des représentants des
établissements. On craint qu'à travers les règlements de
financement s'exécute un choix d'organismes à financer et que ce
choix s'oriente vers les organismes intervenant dans les secteurs très
rapprochés de ceux des réseaux, ce qui laisserait peu de place
aux organismes familiaux. Le soutien financier serait-il accordé en
fonction des besoins en service, au détriment des activités de
prévention? Les organismes familiaux ont réussi à faire
quelques gains en termes de reconnaissance de leur travail et de leur
financement. Est-ce que tout cela est remis en question? Il semble bien que
oui, puisqu'il n'y a pas d'enveloppes protégées pour les
organismes familiaux. La régie aura donc le pouvoir de modifier ces
quelques acquis. Va-t-on perdre les maigres subventions obtenues? Nous
demandons que notre financement ne dépende pas de la régie
régionale. D'autre part, nous proposons la création d'enveloppes
protégées pour les organismes communautaires. Les acquis actuels
au niveau du financement doivent être respectés, lors de la
création de ces enveloppes.
Mme Forest: Le non-financement des regroupements d'organismes:
Article 231: "Un
regroupement d'organismes communautaires n'est pas admissible à
une subvention. Toutefois, les membres qui contribuent à son financement
demeurent admissibles "
Les organismes familiaux ont développé une forme riche et
variée d'association. On retrouve plusieurs regroupements au niveau
régional et quelques regroupements provinciaux. Chaque type de
regroupement joue un rôle particulier. La famille étant une
réalité multiple, il est normal que les regroupements
d'organismes familiaux prennent plusieurs formes. Les regroupements
d'organismes familiaux ont joué un rôle majeur dans le
développement du mouvement familial. Selon l'article 231, ce seront
dorénavant les organismes locaux qui financeront leurs regroupements.
Cette proposition est totalement irréaliste lorsqu'on connaît le
sous-financement chronique des organismes familiaux. Le ministre de la
Santé et des Services sociaux connaît cette réalité.
Comment, alors, peut-il imaginer que les organismes locaux pourront financer
leurs regroupements? À moins que le ministère de la Santé
et des Services sociaux s'apprâte à augmenter de façon
significative les subventions aux organismes locaux. Nous nous permettons d'en
douter. Par cet article de loi, on suppose que les regroupements ne sont pas
représentatifs actuellement, que ce sera plus démocratique si ce
sont les organismes locaux qui font vivre leurs regroupements. Ce qu'on oublie
à travers ce raisonnement, c'est que ce sont les organismes familiaux
locaux qui ont créé ces structures démocratiques. De quel
droit le gouvernement questionne-t-il leur légitimité? À
moins que la logique du ministère de la Santé et des Services
sociaux soit que les regroupements ne sont pas importants? Là encore, on
fait fausse route. C'est grâce aux regroupements que les organismes
familiaux se sont consolidés et sont devenus des interlocuteurs de
différents paliers du gouvernement. Pourquoi remettre tout cela en
question? Nous demandons que le travail des différents regroupements
d'organismes familiaux, tant au milieu régional que provincial, soit
reconnu et financé de façon adéquate par le
ministère de la Santé et des Services sociaux.
En conclusion, vous avez constaté que nous sommes contre
l'avant-projet de loi sur la santé et les services sociaux. Selon nous,
pour être acceptable, ce dernier doit subir des transformations en
profondeur. Le financement par programme et les pouvoirs accordés
à la régie sur les organismes communautaires sont les obstacles
majeurs à un partenariat véritable. De même, la composition
de la régie régionale est plus que questionnaire. Par contre,
comme point positif, il faut souligner le fait d'avoir préservé
la gratuité de l'universalité des soins de santé et de
services sociaux. Également, mentionnons le principe de
reconnaître dans le texte de loi le travail des organismes communautaires
et la proposition de financer ce travail sur une base triennale.
Nous pensons que le ministère de la Santé et des Services
sociaux doit s'associer aux organismes familiaux et aux autres organismes
communautaires pour que, conjointement, nous définissions dans quel
cadre nous pourrions oeuvrer. Si on nous considère vraiment comme des
partenaires égaux et si on respecte notre autonomie, nous arriverons
sûrement à un terrain d'entente. D'ici là, nous demandons
au ministère de la Santé et des Services sociaux de maintenir et
d'améliorer sa politique de financement aux organismes communautaires.
Merci de nous avoir invités et écoutés.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, madame. On a
un peu dépassé le temps, mais je pense que c'était
important compte tenu de la qualité de votre présentation.
Je vais demander au ministre s'il a quelques questions et d'être
un peu bref, parce que le temps est en train de s'écouler assez
vite.
M. Côté (Charlesbourg): Tout d'abord, je voudrais
remercier les dames qui nous ont présenté leur mémoire.
Évidemment, ce n'est pas un discours nouveau, compte tenu du fait qu'on
en est maintenant à, à peu près, cent mémoires
entendus en commission. Je pense que les lignes de fond sont à peu
près les mêmes que celles défendues par d'autres organismes
communautaires, que ce soit au niveau local ou des regroupements qui vous ont
précédées à cette table et qui revendiquent
exactement la même chose: un financement sur le plan des regroupements et
une autonomie.
J'aurais deux questions, M. le Président; peut-être
trois.
Le Président (M. Gautrin): Ça ne sera pas trop
long?
M. Côté (Charlesbourg): L'autonomie a deux niveaux
différents, et je pense que les orientations étaient très
claires. Les groupes communautaires ont leur autonomie; ils doivent la
conserver quant au choix de ce qu'ils veulent offrir comme services. On sait
que c'est beaucoup de bénévolat. Donc cette autonomie, il n'est
pas question d'y toucher. Je pense que ça m'apparaît
extrêmement important de la laisser telle qu'elle est, où les gens
devront et pourront choisir ce qu'ils veulent offrir comme services, comme
complément de services à un regroupement ou à une
collectivité.
Évidemment, il faudra aussi reconnaître l'autonomie du
dispensateur des fonds à reconnaître effectivement s'il doit ou
non financer tel ou tel service. Pour nous, à ce moment-ci, au niveau du
MSSS, notre souhait et notre volonté, c'est bien sûr de supporter
des organismes communautaires tout en respectant leur autonomie, mais qui vont
dans la mission - on a dit directe et indirecte - au niveau du
ministère.
Est-ce que vous n'admettez pas que les deux doivent avoir l'autonomie?
Vous autres, la liberté de choix des interventions que vous voulez
faire; la liberté aussi, que ce soit la régie régionale -
et j'y reviendrai tantôt - ou le ministère, celle de subventionner
ou de ne pas subventionner.
Mme Forest: Je reconnais qu'il peut y avoir deux autonomies.
Sûrement ce qu'on peut offrir, ce qu'on peut donner au niveau des
services. Mais l'autre autonomie est peut-être plus dure à
accepter.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Forest: Si tu n'as pas d'argent pour faire vivre l'organisme
communautaire, quand même tu aurais 50 000 bénévoles ou
500... Ça veut dire qu'on va vivre comment, on va travailler comment?
Nous, on n'en a pas tellement. On vient à bout de vivre parce qu'on a
des bénévoles; on est tous des bénévoles, on
travaille comme ça. Mais, si on n'en avait pas un petit peu, au moins
pour avoir un local pour se rencontrer... C'est avec ça...
M. Côté (Charlesbourg): Non. De votre point de vue,
je vous comprends très bien. Je comprends très bien votre point
de vue; d'ailleurs, vous avez l'honnêteté et la franchise de le
dire. Je pense que c'est tout à votre honneur.
Évidemment, la mission du MSSS, elle est aussi assez claire.
Quoique très vaste, elle est aussi assez claire. Et les sommes d'argent,
bien sûr, qu'on nous donne doivent être dépensées
dans cette mission-là. Comme vous l'avez si bien dit dans le texte, je
pense que si on continue de se parler, on va finir par s'entendre et trouver
surtout un terrain d'entente. C'est ce que je souhaite.
La deuxième question concerne davantage les regroupements, le
financement des regroupements. Encore là, même message. Pour moi,
vous avez un bon système téléphonique, les organismes
communautaires, ou des bons moyens de communication. Nous, ce qu'on avait dit,
c'est que si l'existence du niveau local est reconnue, le regroupement doit
être l'émanation de la volonté de la base, donc, du pouvoir
local des organismes sur le plan local. Ce serait à eux, en le
reconnaissant, de donner les subventions. Pas parce que le ministère
garderait ce qu'il donne au regroupement provincial: il serait redonné
au niveau local, le niveau local lui-même finançant les
regroupements.
Et il y a beaucoup de résistance de la part des regroupements. Je
n'ai pas entendu beaucoup de paliers locaux venir défendre l'inverse,
jusqu'à aujourd'hui. Donc, ce que vous dites dans votre texte: C'est
nous, les regroupements, qui avons fondé des cellules un peu partout et
ça, c'est la plus belle preuve de démocratie. Donc, continuez de
maintenir notre reconnaissance; puis, s'il vous plaît, ne nous envoyez
pas au niveau régional, parce qu'on risque de se faire bouffer dans pas
grand temps.
Évidemment, ce sont deux conceptions différentes qu'il va
falloir réexaminer, parce que le point de vue est assez bien
ancré au niveau des regroupements. On dit, aux
fédérations: On devrait dépendre, nous, du provincial.
Évidemment, il va falloir l'examiner de manière très
claire, parce que notre idée de la base n'était pas mauvaise, je
pense. Mais c'est difficile.
Mme Forest: Bien, peut-être que l'idée qui, venant
de la base... Si la base était très bien financée. Parce
que, dans les organismes communautaires, le financement est très pauvre.
Tu ne peux presque pas financer un organisme...
M. Côté (Charlesbourg): Mais prenons un exemple. Je
ne veux pas vous piéger, là, parce que je... Si le budget actuel,
un budget transféré à un niveau local était de 25
000 $, et que ce qui est versé au niveau provincial... Disons que c'est
5000 $ pour la partie locale. On prend le budget de 20 000 $, disons. On ajoute
5000 $ au financement local et on le met à l'intérieur en disant:
Vous avez maintenant... Cette partie-là, c'est clair. Elle est
identifiée. C'est la fonction regroupement. Vous avez
l'opportunité ou le choix de le donner à votre regroupement
provincial. Est-ce que vous pensez qu'il y a beaucoup d'organismes sur le plan
local qui transférerait cette somme-là pour le niveau provincial?
Regroupement... Aussi direct.. Maintenant, je l'ai! Qu'ils s'arrangent, eux
autres! Ils m'ont mis au monde, mais je ne reconnais plus la paternité
puis... Les 5000 $, je les ai à moi et je vais m'en occuper.
Mme Forest: C'est sûr qu'il va falloir que le regroupement
fasse la preuve que...
M. Côté (Charlesbourg): Qu'il est utile.
Mme Forest: C'est vraiment important d'être
regroupé. S'ils ont l'argent. Je ne sais pas, là. Peut-être
que ceux qui ont 2000 $ par armée, un organisme communautaire, puis que
le gouvernement donne 2000 $ pour le regroupement, ouf! Ils vont trouver
ça dur. Mais je pense qu'il va falloir vraiment que les regroupements
fassent la preuve que c'est vraiment important.
M. Côté (Charlesbourg): Avez-vous peur de ça,
vous?
Mme Forest: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous avez peur de
ça, comme regroupement, de faire la preuve que vous êtes utiles au
niveau local, et que vous devez continuer d'exister?
Mme Forest: Pas du tout, parce que j'ai fait la relance cette
année... Je pense que non.
M. Côté (Charlesbourg): Dernière question.
Vous craignez, si j'ai bien compris, que ce soient les régies
régionales qui puissent faire la distribution des sommes,
éventuellement. Qu'est-ce qui vous fait craindre les régies
régionales à ce niveau-là? Est-ce que vous avez peur
d'être littéralement engouffrés par les pouvoirs sur le
plan régional, que ça serve davantage à leurs visions
à eux qu'à remplir vos besoins à vous? Et qu'est-ce qui
fait que le pouvoir central à Québec serait plus
compréhensif vis-à-vis de vos problèmes spécifiques
au niveau d'une région qu'un pouvoir régional qui lui,
normalement, devrait avoir une plus grande compréhension? (12
heures)
Mme Forest: Peut-être que nous autres, au niveau
régional... Au Québec, on est habitués. Ça fait
longtemps qu'on travaille avec... Au niveau du ministère du
Québec. Au niveau régional, c'est que, des fois, on peut laisser
tomber certaines choses aussi importantes - je parle de la famille, chez nous,
à la Fédération - pour prioriser d'autres qui auraient, en
tout cas... J'ai peur, moi. Comme s'ils avaient des amis, et que ce serait plus
important qu'ils travailleraient au niveau d'un organisme. Et ils
préféreraient ceux-là à la place de nous
autres.
M. Côté (Charlesbourg): Là, ce que vous
êtes en train de me dire, c'est que vous avez bien plus confiance aux
gens du ministère qui font les décisions qu'aux gens des
régions.
Mme Forest: Bien, pour le moment. Je n'ai pas pris l'autre; je ne
le sais pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Vu que le temps est
écoulé, je vais reconnaître maintenant le leader de
l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, je voudrais demander à Mme Forest si...
Combien d'associations vous regroupez, dans la fédération de
Lanaudière?
Mme Forest: Pour nous, à la fédération, huit
organismes.
M. Chevrette: Huit organismes.
Mme Forest: Qui représentent à peu près 4000
à 5000 familles.
M. Chevrette: Qui a un bugdet de combien, la
fédération a un budget de combien?
Mme Forest: C'est 5000 $.
M. Chevrette: Et vos associations ont des budgets de quel ordre,
ou à peu près?
Mme Forest: Oh my! Là, c'est une bonne question, parce que
je ne l'ai jamais demandé à chaque organisme. Donc, il y en a
peut-être qui ont 4000 $. Il y en a qui ont des auto-financements. Il y
en a d'autres qui ne sont pas subventionnés non plus par le
ministère de la Santé et des Services sociaux; la plupart ne sont
pas subventionnés par le...
M. Chevrette: Vous dites dans votre conclusion, à la...
À peu près ceci: Le financement par programme et les pouvoirs
accordés à la régie sur les organismes communautaires sont
les obstacles majeurs pour un partenariat véritable. J'ai essayé
de m'imaginer ce que vous vouliez dire; je vais essayer de vous faire dire ce
que vous voulez dire, parce que ça peut s'interpréter de deux ou
trois façons.
La gestion par programme - je vais y aller par des questions - en quoi
ça pourrait vous empêcher de vous épanouir dans les
milieux?
Mme Forest: Je ne comprends pas, M. Chevrette.
M. Chevrette: Vous dites que c'est un obstacle majeur, un des
obstacles majeurs à un partenariat véritable... Travailler avec
un partenaire... En quoi une gestion par programme pourrait vous empêcher
de travailler en partenariat?
Mme Forest: Je ne pense pas que ce serait le programme qui
empêcherait de travailler en partenariat. C'est surtout que les
organismes communautaires seraient plutôt un contre cinq... En tout cas
je le vois comme ça. Un contre cinq: un organisme communautaire contre
cinq autres qui font partie des CLSC, des CSS, quelque chose comme
ça.
M. Chevrette: Peut-être que dans le fond, là, vous
n'avez pas utilisé cette expression parce que vous avez peur. Vous vous
sentez petit par rapport à la santé, par exemple. Est-ce que ce
n'est pas ça? Est-ce que vous n'avez pas peur qu'au niveau de la
région, les gros médecins, les gros lobbies puissants viennent
gober toute la part du gâteau dans une décentralisation et qu'il
ne vous reste pas grand-chose? Est-ce que ce n'est pas ça que vous
vouliez extérioriser, manifester?
Mme Forest: Peut-être que ce n'est pas de cette
manière-là qu'on le voyait. Je pense que c'est important que
notre autonomie à nous autres... En tout cas, pour nous autres,
l'autonomie c'est très important. Ce qu'on fait, l'évaluation, on
n'en a pas parlé - on en a parlé dans le mémoire - mais je
pense qu'on a déjà sorti
tout un beau programme, qu'on travaille beaucoup au niveau de ça.
Puis, je ne sais pas... En tout cas, moi, je ne pense pas que les
médecins ou les grosses choses viennent... C'est surtout de la
manière que ça va se faire, je pense, que ça va
s'appliquer. C'est sûr que, quand on ne sait pas de quelle manière
que ça va s'appliquer dans le temps, ou après, les
règlements qui vont aller avec ça, aussi... C'est assez difficile
de nous dire: Bien, oui, on est d'accord. On ne sait pas comment ça va
se présenter. Peut-être qu'en...
M. Chevrette: Si on vous disait, par exemple. Si le ministre
décidait de transférer des enveloppes sur le plan
régional, mais qu'il disait clairement: II y a tant de milliers de
dollars qui doivent nécessairement être consacrés au
communautaire; c'est au milieu, cependant, à répartir.
D'ailleurs, on a écouté le CRSSS avant, qui dit que sur le plan
du communautaire dans Lanaudière il y a un manque à gagner et de
réajustement d'enveloppe. Donc, plus d'argent dans le correctif de
l'enveloppe. À partir de là, est-ce que votre crainte serait la
même si vous saviez que le ministre transfère, au niveau de la
région, des milliers de dollars qui doivent être
nécessairement dépensés au niveau du communautaire? Est-ce
que là, votre crainte serait moins grande, ou si vous continueriez
à exiger d'être subventionnés par le niveau
gouvernemental?
Mme Forest: Notre crainte serait peut-être moins grande...
Quand ce sera écrit et qu'on aura vu comment ça va se
présenter, je pense que notre crainte va être moins grande; si
elle est encore grande, ' on va encore vous le dire, je pense, parce que c'est
important, quand on va arriver. Mais là, pour le moment, en tout cas, ma
crainte est là. Je pense que déjà, au niveau de
Lanaudière, on a deux... On est Laurenti-des-Lanaudière. Quand on
reçoit pour Laurentides et Lanaudière, c'est qui là? Si
Laurentides dit: Bien, moi, je suis pas mal plus fort. Déjà,
Lanaudière, on est plus petit à côté d'eux autres et
on aurait peut-être plus besoin, parce que tous les gros bureaux sont
à Saint-Jérôme, quelque chose comme ça. Ça
fait que, quand tu arrives à Lanaudière, tu n'es plus rien.
Ça fait que... C'est quoi là? Nous autres, on a comme deux...
C'est assez difficile.
M. Chevrette: Bien là, on va avoir chacun un "L". Donc,
chacun une enveloppe.
Mme Forest: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: On va pouvoir voler.
Mme Forest: Vous me le promettez, M. Chevrette?
M. Chevrette: Deux "L". Mme Forest: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Moi, je voudrais... Je ne voudrais pas prolonger le
temps, je sais qu'on n'a pas... Le message est très clair. Les
résolutions sont très claires dans votre mémoire. Je
voudrais vous féliciter, en tant que bénévole, du travail
que vous faites et soyez assurés qu'on tiendra compte des remarques.
Lorsque le ministre déposera son projet, si jamais ça ne vous
satisfait pas, n'hésitez pas, vous ferez comme d'habitude, vous nous
passerez les messages et on les défendra. Je vous remercie beaucoup.
Mme Forest: Merci, messieurs.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): C'était Mme la
députée de... Non. Alors, je vous remercie, madame, au nom de la
commission, de l'apport que vous avez fait. C'était extrêmement
intéressant.
Je vais maintenant demander au Comité de travail des organismes
communautaires Lauren-tides-Lanaudière de bien vouloir s'approcher. M.
Bisaillon.
Bonjour. Est-ce que vous auriez la gentillesse de bien vouloir vous
identifier et identifier les personnes qui vous accompagnent? Vous avez...
Grosso modo, pour votre témoignage, on vous a réservé 30
minutes. Si vous pouvez en prendre 10 pour la présentation de votre
mémoire, il y aura encore 10 minutes qui seront accordées au
parti ministériel et 10 minutes à l'Opposition pour pouvoir vous
questionner.
Comité de travail des organismes communautaires
Laurentides-Lanaudière
M. Bisaillon (Serge): Oui. D'abord, j'aimerais présenter,
à ma gauche, M. Jean-Guy Frigon, de l'Office des personnes
handicapées de Lanaudière; Mme Jacinthe Larouche, qui
représente Les Amis de Lamater; à ma droite, Daniel Filion, qui
représente Le Périscope, hébergement communautaire jeunes
adultes; et moi, Serge Bisaillon, de la Maison des jeunes des
Basses-Laurentides.
Nous croyons en la nécessité de modifier les structures et
les façons de faire actuelles en santé et en services sociaux. De
plus, nous croyons en la nécessité d'une plus grande autonomie de
l'action communautaire et bénévole. Nous sommes aussi conscients,
à titre d'organisme communautaire, des difficultés, de plus en
plus grandes du système actuel à demeurer accessible et à
offrir une continuité de services tout en contrôlant ses
coûts. Considérant ce fait, nous croyons impensable que le
législateur puisse concevoir une réponse à la demande en
santé et
en mieux-être social que de façon institutionnelle, soit
exclusivement à partir du point de vue des
établissements.
Pour les organismes communautaires oeuvrant dans les régions des
Laurentides et de Lanaudière, il est souhaitable que notre
système de santé et des services sociaux soit
évalué, qu'il puisse répondre de plus en plus aux besoins
véritables de la population et que les diverses décisions en
matière de santé et de mieux-être social soient prises
près de l'action et des populations à desservir. De plus, nous
croyons que les organismes communautaires doivent être
considérés comme de véritables partenaires. D'abord, en
les finançant à partir de mécanismes clairs et avec un
financement récurrent qui laisseraient transparaître, par leurs
modalités, la volonté du législateur de les
reconnaître comme étant des alternatives nouvelles en
matière de santé et de mieux-être social.
Les organismes commaunautaires oeuvrant sur le territoire des
régions des Laurentides et de Lanaudière sont d'accord, du moins
en principe, pour associer au système de santé et des services
sociaux actuels leur action et leur activité; et ce, dans la perspective
d'un partenariat véritable.
Cette adhésion à ce principe de partenariat ne sera
toutefois complète que dans la mesure où ce système
dépassera la standardisation comme mécanisme d'intégration
des différentes façons de faire en santé et en
mieux-être social. Le législateur oublie trop souvent que les
organismes communautaires répondent à des besoins de plus en plus
diversifiés, de plus en plus éclatés, qui ne peuvent
être combles par le réseau institutionnel. C'est d'ailleurs
où se définit les premiers jalons de leur
légitimité.
La transformation des valeurs de notre société, où
l'espérance de vie en santé physique et mentale et
l'amélioration des conditions de vie du milieu sont devenues des
objectifs privilégiés par la population, ont supplanté les
objectifs de notre système actuel, centrés sur le "garder en vie
le plus longtemps". Cet objectif, qui, certes, a permis d'accroître la
longévité des Québécois et des
Québécoises, se réalise au prix d'une technologie de plus
en plus coûteuse. Qui plus est, la spécialisation des
tâches, la pression des groupes aux intérêts divergents,
sans compter les tiraillements interétablissements, engendrent de
nombreux conflits où l'arbitrage politique fait loi. Notre
système est pris en otage, comme le soulignaient les commissaires de la
commission Rochon.
Nous aimerions rappeler que l'apport le plus important du communautaire
se matérialise par les pressions démocratiques des acteurs, des
représentants de la population en localité et des gens qui
reçoivent nos services. Ces pressions contribuent quotidiennement
à jeter les bases d'un nouveau système en santé et
mieux-être social, qui n'a plus le choix que de s'ouvrir à sa
réalité environnementale.
Plus les organismes communautaires conserveront leur autonomie, plus
elles paraîtront comme le moteur d'un vaste réseau de santé
et de mieux-être social, davantage centré sur les besoins que sur
les services. Donc, plus démocratique.
Nous considérons important que le ministre de la Santé et
des Services sociaux puisse concevoir la réponse aux besoins en
matière de santé et de mieux-être social par-delà
les populations ciblées et en dehors des standards imposés.
Nous croyons qu'il est temps que le ministère considère
une intervention avant que ne soit détériorée la situation
sociosanitaire des individus. Nous vous rappellerons que c'est là un des
champs d'intervention privilégiés par les organismes
communautaires.
Afin que vous puissiez bien saisir notre appréciation de
l'avant-projet de loi, nous résumerons les cinq grands thèmes que
nous avons abordés dans notre mémoire. Jean-Guy.
M. Frigon (Jean-Guy): Les cinq thèmes que nous allons
aborder vont être: l'évaluation des services, la programmation en
santé et le mieux-être social, le financement des organismes
communautaires, la régionalisation et la représentativité
des organismes communautaires sur les structures du système.
Pour ce qui en est de l'évaluation des services de santé
et de mieux-être social, les organismes communautaires expriment leur
accord au principe proposé sur l'évaluation dans l'avant-projet
de loi. La fonction d'évaluer doit revenir à la régie
régionale, en s'associant aux dispensateurs de services. Une
mécanique d'évaluation pour les établissements et une
autre pour les organismes communautaires qui serviront à
l'évaluation et la recherche; voir les articles 242 et 244 de
l'avant-projet de loi. Voir aussi le degré de satisfaction pour les
bénéficiaires des services, organismes communautaires, qui
doivent être comme un indicateur.
Nous émettons des recommandations à l'effet que l'article
243 soit davantage explicite et qu'il reconnaisse à la régie le
droit de demander de l'information sur des organismes communautaires à
des fins d'évaluation et de recherche.
Pour la programmation en santé et mieux-être social.
Reconnaissance des finalités, des missions et affinités des
organismes communautaires par le législateur pour le financement par
programme. Subventionner aussi l'infrastructure administrative et qu'on voit
aussi dans la page 7 et 8 de notre mémoire. Les quatre
définitions s'appliquent très souvent à l'absence de cette
infrastructure administrative, ne contribuent qu'à la
précarité du mouvement communautaire. Le ministre doit s'ouvrir,
au secteur de répit et de dépannage, à toutes les
alternatives qui permet-
tent aux individus de se responsabiliser et qui contribuent à
réduire la prise en charge par l'État. (12 h 15)
Le financement des organismes. La régie a le devoir de financer
les organismes communautaires pour leurs activités en regard de leur
mission et dans la mesure où leurs finalités sont reliées
directement ou indirectement au domaine de la santé et du
mieux-être social.
De plus, en ce qui concerne l'hébergement des mineurs et des
majeurs, nous croyons que l'avant-projet de loi demeure flou sur les
responsabilités qui incombent aux centres de services sociaux.
À l'article 231, nous recommandons que les regroupements et les
associations d'organismes communautaires soient subventionnés par le
ministère, s'ils représentent des organismes au niveau
provincial, et par la régie, si c'est au niveau régional.
À l'article 157, quand on parle de prêter du personnel
financé par les établissements, il faut préciser la nature
de ce financement, soit un soutien technique et/ou professionnel.
Aux articles 232, 233, 244, 251, 252 et 254, le financement devrait
être fait à 100 % par la régie et le ministère.
C'est un accord de principe. La régie régionale aura-t-elle
suffisamment de latitude pour définir les règles du jeu en
matière de financement des organismes communautaires, selon l'article
231?
La régionalisation. La régionalisation des Laurentides et
de Lanaudière devrait être précédée par un
rattrapage au plan budgétaire. L'instance régionale devrait aussi
détenir les moyens et les responsabilités conceptuelles de
planification, pour le moins à moyen et à court termes, et avoir
la responsabilité d'évaluer et d'allouer les ressources aux
organismes communautaires et aux établissements en région.
Deux instances régionales: Laurentides, Lanaudière. En ce
qui concerne la reconnaissance régionale, il émerge des
volontés des populations de se regrouper par réalités et
affinités régionales. La régionalisation, c'est non
seulement un mouvement irréversible de la reconnaissance de son
identité et de son appartenance à une unité territoriale
et culturelle, mais c'est aussi une attraction innée et stimulante
poussant une communauté à s'affirmer et à définir
les modes de prise en charge de son développement.
La représentativité. Nous recommandons que la
représentation au collège électoral soit répartie
comme suit: un tiers des membres provenant des CA des établissements, un
tiers des organismes communautaires et un tiers venant des élus
municipaux, de l'éducation et du milieu socio-économique, pour
favoriser une prise en main par la population et la participation de la
population. Les organismes communautaires doivent découvrir ensemble les
moyens de se faire représenter.
Pour le conseil d'administration de la régie, même formule
que pour le collège électoral: un tiers des membres provenant des
consols d'administration des établissements, un tiers des organismes
communautaires et un tiers des élus minicipaux, de l'éducation et
du milieu socio-économique.
Vous verrez, M. le Président, que c'est une synthèse qu'on
a faite du document vu que le temps nous manquait. C'est pour ça qu'on
n'a pas pu le lire au complet. Je laisserai la conclusion à M.
Bisaillon, maintenant.
M. Bisaillon: À l'heure où notre système de
santé et de mieux-être social est remis en cause, nous avons
proposé que notre système de santé et de services sociaux
investisse davantage dans le mieux-être social et dans la santé.
Nous souhaitons que le législateur ne se contente plus de concevoir son
action en santé et services sociaux qu'une fois que la situation
sociosanitaire des individus se soit détériorée.
Notre système se doit de dépasser cette vision
centrée sur la prise en charge des Individus et de viser à
découvrir, avec les communautés et leurs organismes, les moyens
pouvant permettre aux individus d'assumer leurs responsabilités en
matière de santé et de mieux-être social.
Certes, ce sont là quelques enjeux qui démontrent
l'importance d'intégrer l'action des différents acteurs issus du
réseau et des organismes communautaires à partir de
mécanismes soucieux de jeter les jalons d'une relation d'égal
à égal entre le réseau actuel et les organismes issus des
communautés. Pour ce faire, nous sommes conscients de vous proposer le
renoncement au monopole des établissements et à la
prédominance de leur point de vue. Mais nous croyons que cette vision
est gage de la découverte de façons nouvelles de concevoir tout
le champ de la santé et du mieux-être social et peut-être
surtout qu'elle contient l'assurance que notre système sociosanitaire
sera mieux adapté aux besoins de la société
québécoise, à l'aube du deuxième
millénaire.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. Bisaillon. Merci, M.
Frigon. Et je vais demander au ministre de la Santé et des Services
sociaux s'il a quelques questions à vous poser. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Merci pour votre mémoire. Évidemment, lorsqu'on
parie du milieu que vous représentez, on a toujours à peu
près les mêmes questions. Si on a la chance d'être dans la
salle pendant que d'autres groupes passent, on a une bonne idée des
questions qui vont venir.
Je reviens avec ma question d'autonomie parce que, pour moi, elle est
importante. Le ministère a une mission qui est très vaste,
l'en
conviens, et doit, avec les sommes d'argent qui lui sont imparties,
définitivement oeuvrer dans le champ qui est le sien. On a entendu
tantôt des gens qui sont venus nous dire: Parfait, on est un organisme
communautaire et on dispense des services sur le plan légal. Je pense
que ça doit répondre à un besoin, si jamais ils donnaient
1000 ou 1100 heures de conseils légaux gratuitement. Ça
répond à un besoin, mais ce n'est pas nécessairement un
besoin qui est relié au domaine de la santé ou au
ministère. Est-ce que, dans cette autonomie... parce qu'il y a des
distinctions très nettes, je l'ai dit et je la refais: un organisme
communautaire qui reçoit 5000$ ou 10 000 $, môme jusqu'à 15
000 $ ou 20 000 $, je trouve ça fort un peu qu'on aille lui dire quoi
faire, surtout compte tenu du fait que lui-même va chercher de
l'autofinancement. Mais on n'est pas uniquement dans ce domalne-là. Il y
a des subventions de 50 000 $, de 70 000 $, de 100 000 $ et, pour certains
groupes, de 200 000 $. Là, il me paraît y avoir deux classes, deux
catégories très claires. Oublions celles qui sont en bas,
très peu financées, il n'y en a pas beaucoup, mais, pour le
reste, est-ce qu'il n'y a pas, sur le principe de l'autonomie... Bien sûr
que sur le plan de l'autonomie, les groupes communautaires peuvent faire ce
qu'ils veulent, aller oeuvrer dans les domaines qu'ils veulent, mais est-ce
qu'il n'y a pas aussi, pour nous ou, éventuellement, à la
régie, le principe aussi de son autonomie à reconnaître du
financement ou à ne pas reconnaître du financement? De telle Sorte
qu'on devra y arriver éventuellement par des programmes, donc des
subventions par programme en fonction bien sûr des besoins, parce qu'on
parle de complémentarité par rapport au réseau, on dit que
ça coûte beaucoup moins cher par des organismes communautaires que
par les établissements du réseau et c'est vrai, c'est
prouvé, mais est-ce que, dans ces conditions, on ne doit pas avoir aussi
certaines balises et est-ce que ça ne doit pas entrer à
l'intérieur d'un cadre? Donc, l'autonomie des deux bords.
M. Bisaillon: Moi, je pense, M. le ministre, qu'au niveau de
l'autonomie comme telle la légitimité, je dirais, d'un organisme
d'être subventionné ou pas doit appartenir beaucoup plus aux
populations, aux localités, à l'incidence des services que ces
organismes-là ont dans leur communauté. Et, pour mol, un
fonctionnaire du ministère n'est pas en mesure d'évaluer cette
réalité-là. C'est pour ça que, pour moi, ce qui est
important, c'est de voir des gens qui sont près de la
réalité, de ma localité, qui mesurent bien l'impact des
services que je rends à la population et que, de là, on me
permette ou on définisse et me reconnaisse la légitimité
d'être subventionné.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, est-ce que le transfert
à la région ne va pas dans ce sens-là?
M. Bisaillon: Pour moi, oui, tout à fait, et pour le
comité, d'ailleurs, qui a travaillé là-dessus. Vous avez
remarqué dans notre mémoire qu'on a un point de vue très
favorable au niveau de la régionalisation.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Bisaillon: Une chose, par contre, qui m'apparaft très
importante, et ça relie votre question au niveau de la
problématique du programme, c'est qu'il est impensable, pour moi, de ne
reconnaître que l'aspect des activités des organismes
communautaires, sans reconnaître leur mission et leur finalité.
Parce que si les organismes communautaires n'ont pas une infrastructure
administrative assez solide pour leur permettre de préparer des projets,
d'organiser des projets, d'aller les présenter à la régie,
les mettre sur pied, à partir de ce moment-là, ce ne sont pas eux
qui vont voir à piloter ces projets-là.
M. Côté (Charlesbourg): En principe - on se l'est
fait dire par des groupes communautaires - il y a des initiatives qui,
aujourd'hui, ont été récupérées par le
réseau...
M. Bisaillon: Tout à fait.
M. Côté (Charlesbourg): ...à grands frais,
mais qui étaient celles du communautaire. Ça, c'est un message
qui a été très bien passé. Je pense que c'est une
distinction importante que vous faites et qui m'apparaft importante. Mais cet
élément-là étant exprimé, ce point de
vue-là, dans la mesure où il est pris en considération,
à ce moment-là, le palier régional est plus apte à
faire le travail, je pense, que le niveau central.
M. Bisaillon: Moi, je pense... Je vais vous donner un exemple, M.
le ministre. Si le fonctionnaire du service de soutien aux organismes
communautaires - je n'ai rien contre - prend une décision, il sera
imputable devant qui? Alors que si le directeur de la planification du conseil
régional ou le directeur général du CRSSS prend une
décision qui ne fasse pas l'affaire des gens, au niveau de leur
localité, ces gens-là ont des noms, ils sont connus au niveau de
la région et on peut, à ce moment-là, les rendre
imputables et exercer des pressions sur eux. Un fonctionnaire du
ministère au niveau du service de soutien aux organismes communautaires,
il va décider à partir d'une réalité
administrative, mais à partir d'une incompréhension, je dirais,
de ce qui se passe véritablement et de l'impact réel du service
qui est rendu à la population.
M. Côté (Charlesbourg): Si on continue dans la
même logique, soit que la base est toujours meilleure - moi, je suis
pleinement et entière-
ment d'accord avec ça - lorsqu'on fait l'analyse de l'opposition
qu'il y a au niveau des regroupements ou des fédérations,
être subventionné par la base, je pense qu'il y a un
problème. On en a parlé un petit peu tantôt avec le groupe
précédent. Mais est ce que vous ne croyez pas que les
regroupements seraient plus légitimes si eux-mêmes étaient
reconnus par la base, donc par un financement venant de la base au lieu de
venir du ministère?
M. Bisaillon: C'est un petit peu comme si, avec un budget qui
n'est déjà pas important, vous nous demandiez de vous faire
confiance à savoir qu'on va geler une partie de notre budget qui devrait
nous être remboursé par la suite. C'est un peu là le
problème. Si, à partir de ce moment-là, on doit
déjà amputer notre budget d'une contribution à un
regroupement, sans que ce ne soit remboursé, c'est un potlt peu,
à partir de ce moment-là, comme si on venait de l'amputer encore
davantage.
M. Côté (Charlesbourg): là, je comprends.
quand on discute, il n'y a pas de solution miracle. tantôt, elle est
venue comme ça celle-là et je l'ai proposée à ceux
qui vous ont précédés. si, dans le budget, vous recevez,
comme organisme, 20 000 $ aujourd'hui et s'il y a une enveloppe pour les
fédérations ou les regroupements au niveau de tout le
québec, qui ne tenait pas compte de la vôtre, qui est
décentralisée et qu'on dit à votre organisme sur le plan
local vous avez 20 000 $ pour votre base et on ajoute 2000 $ ou 5000 $
spécifiques en disant: vous pouvez utiliser pour la partie du
regroupement ou de la fédération, c'est dédié
à ça, ça n'ampute pas le vôtre parce qu'il est connu
et il est le même ou indexé, mais là, il y a un transfert
d'argent qui dit: c'est maintenant votre liberté à vous, sur le
plan local, de reconnaître si vous avez effectivement bosoin d'une
fédération ou d'un regroupement et, par le fait même aussi,
d'être capable de dire: oui, je le reconnais parce qu'il me rend les
services que je veux, ou: je ne suis pas sûr, mais je vais lui parler
dans le nez et je vais lui dire ce que j'attends de lui avant de lui donner mon
argent, est-ce que ce n'est pas un peu plus légitime ça?
M. Bisaillon: D'abord, ça dépend beaucoup du
degré, je dirais, de centralisation du système. La notion de
regroupement et ce dont on parte dans la mémoire, c'est qu'on pense
qu'il faut que ça continue d'être subventionné mais
dépendam- ment de la façon dont les budgets aux organismes
communautaires vont être alloués. S'ils continuent à se
faire par Québec, je pense qu'effectivement ça prend des
regroupements qui sont très forts. Si, par contre, on s'en va au niveau
des régions, je pense que là on va peut-être davantage se
retrouver avec des regroupements régionaux. Et à partir de ce
moment-là, je pense que déjà, actuellement, dans certains
regroupements, h y a une forme de légitimité qui est
présente, même si la subvention vient de québec. mais ce
qui est important pour moi, c'est: où vont être
véritablement les enjeux? où seront-ils alloués ces fameux
budgets? pour moi, c'est ça la question la plus importante avant de se
dire: devrait-on avoir un regroupement ou le subventionner ou non?
M. Côté (Charlesbourg): Une dernière petite
question, étant donné que le temps nous manque. J'ai
été un petit peu, non pas nécessairement
étonné, mais au moins ç'a piqué macuriosité, dans votre mémoire, à la page 8... Je ne
sais pas si vous l'avez là?
M. Bisaillon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre mémoire
à la page 8, pour le financement des organismes communautaires, il est
dit, dans le deuxième paragraphe, à la deuxième phrase:
"De plus, en ce qui concerne l'hébergement des mineurs, nous croyons que
l'avant-projet de loi demeure flou sur les responsabilités qui incombent
au centre de services sociaux, tout comme sur la responsabilité des
parents des mineurs hébergés au sein de ces ressources
d'hébergement. " J'aimerais avoir un petit plus de précision
parce que je ne comprends pas là.
M. Filion (Daniel): Moi. je travaille dans une maison
d'hébergement pour majeurs et mineurs. Comme organisme communautaire,
c'est un choix qui s'est fait, à Saint-Eustache, d'héberger des
majeurs et des mineurs. Actuellement, le gouvernement est en train de
créer un cadre de financement à ce niveau-là. Je ne sais
pas où ça en est rendu exactement. Il y a peut-être un
statu quo jusqu'à je ne sais quand. Puis, on sent de la pression,
à un moment donné, autant au niveau d'un aspect légal
où on se fait dire qu'on est en situation d'illégalité en
hébergeant des majeurs et des mineurs qui viennent de la rue. Comme
réponse aux besoins de la communauté, on se sent dans une
position inconfortable dans le sens qu'un jeune qui vient frapper à la
porte chez nous, qu'il ait 16 ans, 18 ans ou 20 ans, pour nous, c'est une
réponse à un besoin que d'héberger ce jeune-là.
Là, on sent les pressions du gouvernement qui dit: Héberger des
majeurs et des mineurs, ce n'est pas correct. On ne sait pas exactement
pourquoi parce qu'au niveau légal ce n'est pas évident. Alors
là, on est une position très inconfortable parce que ce n'est pas
clarifié au ministère et on a à vivre avec ça par
rapport à notre communauté. C'est un aspect du
problème.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends très
bien votre point de vue. Maintenant, c'est encore plus compliqué que
ça: sur le plan légal, I y a
de quoi et, sur le plan philosophique, II peut y avoir autre chose
aussi. Cependant, il est bien évident que, si vous avez une maison en
Gaspésie et que vous commencez à en avoir une pour les mineurs et
une pour les majeurs, il va manquer de monde tantôt. Évidemment,
peut-être qu'une culotte identique ne fait pas pareil partout. Quand tu
es dans un milieu très urbanisé, s'il y a cette
distinction-là, je pense que c'est viable sur le plan physique.
Évidemment, il faut quand même faire attention. Il y a des bons
côtés et il y a des mauvais côtés, alors il faut
être extrêmement prudents de ce côté-là.
Le Président (M. Gautrin): Je vais reconnaître
maintenant le leader de l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, je
voudrais faire un commentaire avant d'en arriver à mes questions. C'est
la première fois que j'ai l'occasion de me prononcer un peu, en tant que
député de l'Opposition, comme critique sur l'aspect communautaire
comme tel. J'ai été absent pendant quelques séances, donc
ça explique pourquoi je ne l'ai pas fait.
Je suis heureux de voir que vous revendiquez l'autonomie du
communautaire. Un système ou un État qui veut avoir mainmise sur
le communautaire, ça veut dire qu'il se refuse à tout
éclairage nouveau puis à toute évolution. C'est souvent du
milieu communautaire que vient révolution et qu'on réussit
à faire du politique des gens un peu plus sensibles à certains
aspects de notre société, parce que le communautaire vient
précisément de besoins qui se créent naturellement dans
notre collectivité et des gens se réunissent pour, à un
moment donné, dire: Comment répond-on à ça? Et je
trouve ça extrêmement important qu'on arrête, parce que je
dis bien que, depuis quelques années, on a tenté de faire des
sous-contractants du réseau des affaires sociales et de la santé
avec les gens du communautaire. J'étais même personnellement
offusqué de voir qu'on avait offert quasiment des sous-contrats quand on
a voulu appliquer la loi 160 avec le communautaire. C'était, à
mon point de vue, placer des individus en opposition dans une
société et dérouter les gens par rapport à
l'objectif fondamental qu'ils se sont donnes. Et parce que tu cours
après les subventions continuellement et qu'on te fait des offres pour
réaliser tel aspect, bien souvent, le communautaire, par rapport
à l'objectif qu'il avait comme association, se voit dévié
de son orientation première et ne joue plus le rôle pour lequel ce
même groupe est né, ce même groupe s'est donné une
existence juridique ou non.
Je reconnais avec le ministre - je partage un bout de son
évaluation - que lorsqu'on est rendus à des 200 000 $ ou 300 000
$, on a une responsabilité d'autant plus que les régions ne sont
pas imputables actuellement. Mais, pour des sommes minimes, pour des sommes...
Quand je dis minimes, pour moi, quand je regarde qu'un délinquant, par
exemple - je m'adresserai peut-être à monsieur - nous coûte
70 000 $ en centre d'accueil et qu'on refuse des subventions de 5000 $ à
une maison de jeunes qui pourrait peut-être éviter que trois
jeunes se ramassent dans le pavillon des délinquants, je vous avoue
qu'on fait de très mauvais calculs quant au coût social. Quand on
fait l'évaluation de ça, ça fait passablement dur,
merci.
Donc, revendiquer votre autonomie, je serais des vôtres.
Revendiquer qu'on vous reconnaisse et qu'on prescrive des modes
d'accréditation ou de reconnaissance pour fins de subventions, c'est
possible que la région décide que ce n'est pas un besoin dans
telle branche. D'accord. Mais ceux qui ont fait leurs preuves, qu'on les
reconnaisse, qu'on les accrédite et, après ça, qu'on
programme sur deux ou trois ans et qu'on permette vraiment au communautaire de
jouer son rôle. Si on les laisse tirer après la cent, comme ils le
font présentement, le dynamisme est consacré à la
recherche de subventions et de financement au lieu d'être consacré
à l'objectif fondamental pour lequel ce même communautaire est
né.
Quant à moi, je pense qu'il va falloir faire le débat de
société là-dessus et accepter, comme État -
ça dépasse largement un gouvernement, je pense que c'est un
débat de société, ça - que le communautaire ait un
rôle fondamental à jouer dans notre société puisque,
s'il naît, c'est précisément parce que, bien souvent,
l'État, comme tel, n'a pas su répondre à tel ou tel
besoin.
Ou bien il y a des milieux spécifiques, à part ça,
qui doivent se donner... Le ministre disait tantôt - c'est vrai - qu'un
même complet ne fait pas à tout le monde. C'est absolument vrai.
Par exemple, en Estrie, ils viennent de décider que l'alcoolisme et la
toxicomanie, c'est une priorité, momentanément. Donc, ils mettent
plus d'énergie et plus de ressources là-dessus. C'est possible
qu'un milieu fasse ça.
Et, moi, je pense que le fait de régionaliser... Je suis content
de voir que vous n'êtes pas butés sur la régionalisation.
Au contraire, vous avez un rôle à jouer. Mais avec des enveloppes
protégées pour le communautaire ou l'arbitrage se fera dans le
milieu quant au partage de cette enveloppe régionale, en autant que ce
ne soit pas gobé par tout un secteur santé, je pense qu'on pourra
continuer à avoir une vie communautaire intéressante. Et, moi, je
partage passablement votre point de vue là-dessus.
J'aurais une question, cependant, à vous poser qui est la
suivante: Comment voyez-vous cette régie... Vous parlez de tiers, tiers,
tiers, si j'ai bien compris: le tiers d'élus municipaux, le tiers du
monde des établissements, le tiers du communautaire. La grosse question,
ia question probablement la plus difficile que le ministre a à
trancher, c'est - parce que les études étaient
commencées, je me souviens, en 1984 et en 1985 - l'imputabilité,
la fameuse imputabilité.
On parie de ça. Remarquez bien que nos citoyens doivent se
demander de quoi on parie, en règle générale. Mais il va
falloir qu'on leur en parie et, surtout, qu'on leur fasse comprendre ce que
ça veut dire. On n'a pas le droit de dépenser un sou si on n'est
pas redevables devant cette collectivité. Vous pariez des élus
municipaux: ils sont déjà redevables en vertu d'un mandat qu'ils
reçoivent.
Les gens des établissements ne sont pas nécessairement des
élus. J'ai déjà vu des CRSSS composés de directeurs
des établissements. Je ne suis pas sûr que c'était la
formule la plus correcte. Ils se partageaient entre eux autres un gâteau
puis: Bonjour, le communautaire et bonjour d'autre monde. Ils ne le diront pas,
mais les CRSSS l'admettent dans leur for intérieur. On ne leur fait pas
dire pour ne pas les gêner, mais Hs savent bien qu'il faut que ça
change, ça aussi, au niveau des régies.
Cela dit, pourquoi en êtes-vous arrivés à la
conclusion de dire: un tiers, un tiers, un tiers plutôt que de nous
suggérer une formule où il y aurait des gens qui seraient
redevables et imputables devant la population régionale? J'aimerais que
vous m'expliquiez, parce que je n'arrive pas... Le CRSSS a dit 50 %,
tantôt, du monde municipal. Ils m'ont fait sursauter. Je me suis dit: ces
gens doivent être chums avec les maires, eux autres. Ça n'a pas
d'allure. 50 % de maires ou de représentants du monde municipal,
ça m'effraie, moi, c'est trop!
Le tiers, je commence un peu plus à sourire, mais je ne suis pas
sûr que 20 % ne seraient pas assez pour venir à bout d'accrocher
d'autres catégories de personnes, ou s'il n'y a pas six groupes, dans
notre collectivité régionale, ou sept qui auraient
intérêt à se retrouver dans cette régie-là.
Alors, pourquoi le tiers?
M. Bisaillon: Notre but au niveau de cette proposition, c'est
justement d'éviter qu'il y ait un groupe, et particulièrement le
groupe des établissements, qui soit à la fois juge et partie,
advenant le cas qu'il y ait une sorte d'allocation de ressource en
régie. Ça, je pense que c'est le but premier de ça. Quant
à diviser en termes de tiers, je pense que c'est un peu comme le
Sénat américain versus son président. C'est de voir
à ce que tout ce beau monde, à un moment donné, finisse
par déboucher vers des consensus et qu'ils puissent contrecarrer
l'action exclusive de chacun. C'est-à-dire que, dans le tiers qui
était prévu au niveau des municipalités, mais aussi
pouvant provenir des milieux de l'éducation et des différents
autres milieux socio-économiques, c'était de voir à ce
qu'il y ait une sorte de provenance qui soit très diverse à
ça, pour ne pas qu'il y ait un point de vue qui soit majoritaire et qui
voit, je dirais, à fausser tout le débat.
M. Chevrette: Mais vous n'êtes pas butés puis je
n'ai pas compris que le CRSSS l'était non plus tantôt, parce
qu'ils ont même dit qu'à un moment donné les
députés qui sont élus au suffrage universel pourraient en
faire partie. Alors, je ne voudrais pas donner l'impression non plus que le
CRSSS semblait buté sur 50 %. Je trouvais ça fort, 50 % du monde
municipal, mot, personnellement. Mais je vous donne des exemples. Si on
arrivait, par exemple, à dire: Du monde des établissements, 20 %,
c'est assez; du monde du palier municipal, 20 %, c'est assez; les
députés d'office qui ont une imputabilité qui... Bien
souvent, des députés - il n'y a pas de cachette - disent: C'est
le Conseil des ministres qui mène et, nous, on a plus ou moins de
rôle de décision à jouer. Alors, ça ferait partie
d'un nouveau mandat pour les députés. Est-ce que vous seriez
rébarbatifs à ça?
M. Bisaillon: Personnellement, pas du tout. Moi, je pense que
plus la structure régionale va être imputable devant la
population, mieux ce sera. Je pense qu'on a trop connu un système qui
était orienté en fonction des services et qui était
victime des tiraillements, alors que les véritables besoins
étaient sans réponse. Je pense que tout ce qui pourrait
contribuer à redonner une sorte de légitimité à
l'instance régionale, à la rendre imputable face à la
population, pour moi, ce serait une chose qui serait excellente. Je pense que
c'est même la voie de l'avenir.
M. Chevrette: En tout cas, je pense que vous avez un rôle
à jouer aussi dans l'explication de cette fameuse imputabilité,
parce que nos citoyens... Je vous avoue que, depuis le début de la
commission, la question m'a été posée plusieurs fois. Pour
nous autres, c'est un mot qu'on utilise quotidiennement, mais, pour le commun
des mortels, il se demande bien dans quel bateau on veut les embarquer. C'est
purement et simplement le fait qu'on veut avoir des gens qui soient vraiment
représentatifs et redevables devant une population. Et ça, je
pensé que, dans notre jargon politique, on utilise beaucoup trop souvent
de sigtes, en particulier, je pense au ministère de la Santé et
des Services sociaux. Je peux être cinq minutes à vous parier de
sigles et quelqu'un qui n'est pas Initié n'aura absolument pas compris
ce qu'on aura dit. Parler avec les "S", on s'enfarge dans les "S" et vous savez
comment ça marche. Donc j'ose...
Une voix: Les SS.
M. Chevrette: Ah! Sorel a ses SS, les Simard de Sorel. Blague
à part, je voudrais vous demander, en tout cas dans votre milieu, parce
que c'est peut-être vous qui êtes en contact le plus
fréquemment avec le monde ordinaire,
comme on se plaît à le dire, de jouer un rôle
important là-dessus, sur cette imputabilité, de démontrer
que l'objectif d'une réforme ce n'est pas d'aller chercher des fioles
pour quelques-uns qui veulent être nommés, c'est d'avoir des gens
qui sont voulus par une base et pour représenter vraiment la
collectivité.
Mol, je vous félicite pour votre mémoire.
M. Bisaillon: Merci.
M. Chevrette: Et je vous dis de ne pas lâcher et tenez-nous
au courant de vos démarches. Le petit poids qu'on peut avoir, on le
mettra derrière.
M. Bisaillon: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je vais faire...
M. Filion: Est-ce que je peux réagir?
Le Président (M. Gautrin): Mais brièvement, parce
que le temps est écoulé.
M. Filion: L'éducation à l'imputabilité, je
pense que, comme organisme communautaire, on commence déjà, en
tout cas, à travailler ça, dans la région. Il y a 250
organismes communautaires dans la région Laurentides-Lanaudière
et l'imputabilité commence par la prise de postes, actuellement, sur les
organes du conseil régional, au niveau de la consultation. Il y a
actuellement entre 60 et 70 postes réservés aux organismes
communautaires au conseil régional, sur le comité de partage,
etc. L'imputabilité commence là aussi, à, aujourd'hui,
prendre les places là, en expliquant aux gens pourquoi c'est important
qu'ils les prennent.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. Filion. M.
le ministre, voulez-vous conclure?
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Je dois
souligner, en tout cas à ma grande satisfaction, que vous êtes
l'un des premiers groupes communautaires à avoir manifeste de
l'ouverture à ce que l'arbitrage se passe au niveau régional et
je tenais à le souligner. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je tiens à vous
remercier pour la qualité de votre présentation. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 40)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Gautrin): Nous allons commencer. Le
ministre d'ailleurs a lu votre mémoire. Il va être présent
ici pour vous ques- tionner. Il suggère, pour qu'on ne prenne pas trop
de retard sur le calendrier, qu'on commence déjà votre
présentation. Et, éventuellement, il doit être
présent d'un instant à l'autre et pourra être en mesure de
poser des questions. Donc, ce que je suggère, c'est qu'on vous donne la
parole et qu'on écoute le Conseil régional de la santé et
des services sociaux de la Côte-Nord, région 09. Je vous donne la
parole. Le ministre devrait arriver d'un instant à l'autre, dans une
minute ou deux. Monsieur, vous avez la parole.
Conseil régional de la santé et des
services sociaux de la Côte-Nord, région 09
M. Caron (Pierre): alors, m. le président, m. le
porte-parole de l'opposition, membres de cette commission, avant de
procéder à la présentation de mon allocution, j'aimerais
vous présenter les personnes qui m'accompagnent.
Le Président (M. Gautrin): S'il vous plaît, oui.
M. Caron: Alors, à ma droite, M. Claude Boisjoli,
directeur général du CRSSS, région 09 et, à ma
gauche, le Dr François Desbiens, directeur de la santé
communautaire au Conseil régional ou, si vous préférez,
chef du département de santé communautaire.
Alors, en ma qualité de président du conseil
d'administration du Conseil régional de la santé et des services
sociaux de la Côte-Nord, je vous exposerai au cours des prochaines
minutes la position de notre organisme face aux orientations gouvernementales
et à l'avant-projet de loi sur les services de santé *»t
les services sociaux. L'objet de cette présentation est de faire
ressortir certains points essentiels de notre mémoire. Nous traiterons
donc de l'organisation des structures des services en région, ce qui
nous conduira à discuter de la proposition des conseils d'administration
unifiés contenue dans l'avant-projet de loi. Nous aborderons, par la
suite, la question de la régionalisation, le dossier des effectifs
médicaux, le développement des ressources humaines, et nous
terminerons en rappelant la nécessité pour notre secteur de se
doter d'une véritable politique de santé et de bien-être
articulée autour d'objectifs précis à atteindre. Le Dr
François Desbiens vous entretiendra ensuite de l'organisation de la
santé communautaire sur le territoire de la Côte-Nord.
Notre volonté, en tant qu'organisme régional de
santé et de services sociaux, est de promouvoir la mise en place d'un
réseau de services centré sur les besoins de la population, d'un
système qui mise sur la capacité naturelle des gens à se
prendre en charge et, en conséquence, d'un système où la
prise de décisions se situe près de l'action, tout en favorisant
l'émergence de solutions adaptées aux spécificités
du milieu.
Parler de services adaptés aux particularités de notre
région, c'est avoir d'abord à l'esprit un territoire long de 1350
kilomètres de littoral qui, à l'est, s'ouvre sur le
détroit de Belle-lsle, nous amène au nord près du 55e
parallèle et se referme à l'ouest vers la rivière
Saguenay. C'est savoir que la population de ce vaste territoire compte un peu
plus de 100 000 habitants dont la moitié réside à
l'extérieur des agglomérations de Sept-Îles, Port-Cartier
et Baie-Comeau. C'est reconnaître le caractère particulier de la
région par la présence de deux nations autochtones
représentant 5 % de la population, les Naskapis et les Montagnais, et
d'une communauté anglophone. C'est composer avec l'éloignement et
l'isolement physique de plusieurs communautés, dont l'accès n'est
rendu possible que par la voie des airs ou de la mer.
Ces caractéristiques, vous le devinez, ont un impact
considérable sur le mode d'organisation des services dans notre
région et plaident régulièrement en faveur d'une gestion
décentralisée et de l'amélioration de
l'équité inter et intrarégionale.
Par le passé, nous avons dû, à maintes reprises,
défendre l'exception et faire reconnaître auprès des
autorités gouvernementales nos particularités afin de mettre en
place des services adaptés. C'est pourquoi nous comptons aujourd'hui sur
un réseau de 16 établissements de santé et de services
sociaux, dont plus de la moitié sont multivocationnels. Pensons ici
à nos centres de santé qui ont une vocation de CLSC et de centre
hospitalier et dont certains remplissent la mission de centre d'accueil et
d'hébergement. Une étude évaluative, conduite en 1989 sous
la direction du professeur Clermont Bégin de l'Université Laval,
a d'ailleurs démontré la fonctionnalité de ces
établissements. Pourtant, après 10 ans d'expérience, le
cadre de financement des centres de santé pose toujours problème,
dans la mesure où les programmes budgétaires sont reliés
aux catégories d'établissements et que les règles
applicables aux uns ne sont pas nécessairement transférables aux
autres.
Parier de services adaptés, c'est aussi faire
référence au Centre des ressources institutionnelles de la
Côte-Nord qui regroupe deux composantes de réadaptation pour la
clientèle des mésadaptés socio-affectifs et des
déficients intellectuels. C'est aussi se référer au centre
d'accueil M. A. Labrie qui opère des services d'accueil et
d'hébergement, ainsi que des services de réadaptation en
alcoolisme et toxicomanie. Enfin, le rattachement, en 1982, du DSC au conseil
régional aura permis le développement d'activités
complémentaires au niveau régional, tout en favorisant une plus
grande adéquation entre la connaissance de l'état de santé
de la population et l'élaboration de programmes régionaux. Ce
rattachement aura enfin permis d'éviter une duplication des
mécanismes de coordination dans la région, le tout pour le plus
grand bénéfice de la population.
Dans le prolongement de cette vision, nous sommes d'avis que la
recherche d'une meilleure intégration des services ne passe pas
nécessairement par l'unification des conseils d'administration des
établissements du réseau, tel que le propose l'avant-projet de
loi. Nous sommes d'avis que le rapprochement et la
complémentarité des services devraient être profitables
pour eaux qui oeuvrent dans ce sens et croyons que cette volonté devrait
trouver son aboutissement à travers des formules diversifiées,
que ce soit par le regroupement d'établissements, de services,
d'ententes interétablissements, d'échanges de services. C'est
à travers une conception souple de l'organisation que l'on pourra
asseoir véritablement le cadre d'une gestion et d'une allocation des
ressources, articulé autour d'instruments tels que l'approche par
programme et les plans régionaux d'organisation de services.
D'ailleurs, il nous apparaît impérieux que la mission des
établissements soit liée aux plans régionaux
d'organisation de services de manière à favoriser l'intervention
dans une conception de services plutôt qu'à travers l'approche
d'établissements.
Développer l'esprit d' "entrepreneurship", susciter de nouvelles
manières de faire, introduire davantage de dynamisme dans le
système, le rendre plus efficace et plus efficient, voilà autant
d'objectifs qui peuvent être atteints en procédant à une
véritable décentralisation en faveur des régions. Ce ne
sont ni la compétence ni la volonté ni le leadership qui font
actuellement défaut, mais bien l'absence de moyens et de leviers. Il
faut mettre sur pied un système décentralisé qui fait
appel au sens des responsabilités plutôt qu'à des
comportements protectionnistes qui, comme l'a déjà
souligné M. le ministre, font que le système se retrouve
aujourd'hui prisonnier des innombrables groupes d'intérêt.
Le palier régional doit donc être renforcé afin
qu'il puisse agir en tant que maître d'oeuvre des services de
santé et des services sociaux sur son territoire. Le nouveau texte de
loi devrait en conséquence attribuer à l'instance
régionale des mandats clairs et cohérents - par exemple, la
responsabilité en matière d'organisation et de gestion du
réseau régional - mandats devant être assortis de pouvoirs
concomitants, par exemple, les pouvoirs de planification, d'allocation,
d'évaluation.
L'instance régionale doit avoir suffisamment de latitude pour
qu'elle puisse susciter le développement d'initiatives à
l'intérieur d'un cadre souple, ce qui suppose que le législateur
évite les solutions mur à mur. Un telle instance devra être
représentative de son milieu et être imputable de ses gestes et
décisions. Dans ce contexte, 3 nous apparaît important que la
composition du collège régional, en plus de posséder la
qualité multisec-torieile, puisse s'organiser selon le principe de
la
représentativité territoriale.
Pour la Côte-Nord, nous proposons que la base de cette
représentativité soit le territoire de la MRC. Ceci
permettra d'assurer une représentation sous-régionale
équitable tant au sein du collège régional qu'au sein du
conseil d'administration de la régie régionale. Notre
collège régional pourrait donc être composé de 70
membres, pour une moitié constituée de représentants des
municipalités selon le territoire de la MRC. À raison de
cinq représentants par MRC, on obtient 30 représentants
délégués par les maires de la MRC, auxquels il faut
ajouter cinq autres délégués provenant des groupes
autochtones, soit quatre représentants du Conseil Atikamekw-Montagnais
et un des Naskapis, pour un total de 35 délégués. Pour
l'autre moitié, constituée des partenaires suivants: 14 membres
des conseils d'administration des établissements du réseau,
élus parmi eux; 14 membres élus par les organismes communautaires
désignés par la régie régionale; sept personnes
élues par les organismes suivants: les groupes socio-économiques
désignés par la régie comme étant les plus
représentatifs, le milieu scolaire et les autres groupes
intéressés au domaine de la santé et des services
sociaux.
Enfin, nous proposons que la composition du conseil d'administration de
la régie, constitué pour la Côte-Nord de 17 membres,
procède selon le principe de la représentation prévue au
sein du collège régional. Aux 14 membres élus, selon le
critère de la représentativité régionale,
s'ajoutent deux personnes nommées par le ministre. Le 17e siège
est occupé d'office par le directeur ou la directrice
générale de la régie régionale. Le président
ou la présidente du conseil d'administration est élu par les
membres du conseil. Le directeur ou la directrice générale de la
régie n'est pas eligible à la présidence du conseil
d'administration de la régie régionale.
En modifiant ainsi les dispositions de l'article 260, nous voulons
asseoir le principe d'une véritable décentralisation des pouvoirs
en faveur des régions. De fait, la régie, par le concours de son
collège régional, sera imputable à la population,
notamment au chapitre de l'équité intrarégionale, de la
qualité des services offerts sur son territoire et du choix des
priorités régionales.
À l'endroit du ministère, l'instance régionale sera
redevable de sa gestion plus particulièrement en ce qui concerne les
obligations reliées aux ressources matérielles et à
l'allocation budgétaire de même qu'au respect des orientations
ministérielles.
L'accès universel à des services de soins de
qualité représente le fondement de notre régime de
santé. Pourtant, la population de la Côte-Nord, en particulier les
citoyens et citoyennes des localités isolées, n'a pas toujours
accès de façon continue aux services de santé de base. La
pénurie chronique de médecins omnipraticiens et
spécialistes en région en est la cause principale. Nous
reconnaissons volontiers les efforts importants consentis par le gouvernement
afin de favoriser la venue de médecins en région. Pourtant, force
nous est de constater que notre situation ne s'est pas améliorée
au cours des dernières années. Les efforts déployés
en vue de recruter des médecins, y compris l'application de mesures
incitatives, permettent à peine de maintenir en place les services de
base dispensés par les omnipraticiens. Le problème est tout aussi
important du côté des médecins spécialistes. Au
total, la situation en 1990 laisse entrevoir un manque à gagner de 24
omnipraticiens et de 26 spécialistes par rapport au plan approuvé
par le ministère en 1988. Un système qui ne réussit pas
à solutionner la pénurie de médecins vécue en
région éloignée, voire même dans certaines
régions situées en périphérie des grands centres
devient intolérable.
En conséquence, nous croyons qu'une mesure aussi importante que
la régionalisation des budgets de la Régie de l'assurance-maladie
doit être mise de l'avant.
Par ailleurs, les ressources humaines constituent sans contredit, la
valeur première de nos organisations. La motivation et l'expertise
qu'elles possèdent ainsi que les actions qu'elles mènent
quotidiennement déterminent en grande partie la qualité et
l'accessibilité des services offerts à la population.
Au-delà d'une gestion participative et ouverte et d'une accentuation du
perfectionnement souhaité dans le document d'orientations
gouvernementales, il faut se rappeler que le virage qui nous est aujourd'hui
proposé appelle de nouvelles manières de faire, et, à ce
titre, le personnel de nos organisations s'en trouvera directement
affecté. Qu'on pense, à titre illustratif, aux plans de services
individualisés ou à la notion de plan régional
d'organisation de services, il devient évident que des efforts
concernant la formation et le perfectionnement devront être consentis
afin que le personnel du réseau puisse s'approprier ces nouveaux
instruments d'intervention et de gestion.
En respect avec l'article 123 de l'avant-projet de loi prévoyant
que tout établissement est tenu de préparer annuellement un plan
d'action pour le développement du personnel, le texte de loi devrait
reconnaître a la future instance régionale la
responsabilité de planifier et de coordonner, en concertation avec les
établissements de son territoire, le développement des ressources
humaines. Pour ce faire, il nous apparaît essentiel que soient
régionalisés les budgets actuels consentis à la formation
et au perfectionnement du personnel du réseau.
Le principe de la mobilité des cadres introduit par l'article 95
de l'avant-projet de loi n'est pas sans nous préoccuper. L'idée
soutenue par cette proposition veut que la mobilité permette d'innover
tout en favorisant le dynamisme dans nos organisations. Sans rejeter le
principe de la mobilité contenu dans ce texte de loi, nous nous
interrogeons sur la nécessité de ce changement
systématique. Nous croyons que toute proposition visant la
mobilité des cadres devrait être contenue dans une politique
gouvernementale de développement des ressources humaines
prévoyant notamment la formation, le perfectionnement et la
sécurité professionnelle et financière. Cette politique
dont la portée devrait s'étendre à l'ensemble du secteur
parapublic devrait, en outre, favoriser la mobilité inter et
intrarégionale et être assortie de mesures incitatives pour
favoriser la venue de gestionnaires dans les régions dites
éloignées.
En conclusion, nous voulons rappeler qu'il est indispensable que le
Québec se dote d'une véritable politique de santé et de
bien-être, avec des objectifs précis et mesurables de
réduction de problèmes prioritaires de santé et de
bien-être affectant la population du Québec, de même que les
moyens d'action que l'on compte privilégier. comme il nous a
été donné d'entendre depuis le début des travaux de
cette commission, il est essentiel de modifier la dynamique du système
dans le sens d'objectifs à atteindre. dans un contexte de ralentissement
économique, de compression de dépenses et de réduction du
déficit budgétaire, le québec doit faire des choix
éclairés et l'élaboration d'une telle politique le lui
permettra. plus encore, celle-ci apparaît comme un élément
préalable et essentiel à une allocation rationnelle des
ressources que le gouvernement accorde à notre secteur
d'activité.
Enfin, l'élaboration de cette politique devra se faire en
collaboration avec les régions du Québec et susciter la
mobilisation et la participation des personnes et instances
intéressées.
Alors, en second lieu, je cède la parole au Dr Desbiens, qui vous
parlera du CLSC.
M. Desbiens (François): M. le Président, M. le
ministre, M. le porte-parole de l'Opposition, membres de cette commission, je
veux vous transmettre l'opinion du Département de santé
communautaire sur le fonctionnement actuel de la santé communautaire sur
la Côte-Nord et sur l'organisation future désirée.
Comme vous le savez, un DSC a pour objectif fondamental
d'améliorer la santé et le bien-être de la population par
des actions concernant la promotion de la santé, la prévention et
la protection. Ces actions sont menées principalement en mobilisant les
partenaires et les communautés au niveau régional et local. Des
expertises en planification, programmation, évaluation, connaissance,
surveillance et recherche supportent ces actions. En janvier 1983, le centre
hospitalier régional de Baie-Comeau, le CRSSS de la Côte-Nord et
le chef du DSC de l'époque convenaient par entente que le DSC serait
rattaché au CRSSS. Je veux aujourd'hui vous confirmer mon
appréciation positive, celle du réseau des établissements,
de même que celle de mes collègues du CRSSS face à cette
expérience.
Ce rattachement a permis l'actualisation des mandats du DSC: faciliter
la collaboration entre le DSC et le CRSSS lorsque nécessaire et
éviter toute duplication improductive. De plus, 0 a assuré une
participation active du DSC aux décisions et activités du
réseau de services de santé et services sociaux de la
Côte-Nord et permis de faire partager par le CRSSS les objectifs
spécifiques et particuliers de la santé communautaire. Il a aussi
permis l'expression de l'autonomie professionnelle nécessaire à
la réalisation de nos mandats, tout en rendant nos actions imputables au
conseil d'administration du CRSSS.
En dernier lieu, et non le moindre, ce rattachement procure au DSC une
position privilégiée afin d'influencer à la hausse les
activités du réseau dans le domaine de la promotion de la
santé et de la prévention. Comme vous pouvez le constater par la
teneur de mes propos, l'expérience est jugée rentable et viable
et la réforme qui s'annonce devrait, selon nous, maintenir et confirmer
définitivement ce rattachement. Le rattachement du DSC au CRSSS n'a pas
eu comme impact de le restreindre au rôle exclusif de planificateur ou de
programmeur et ne doit pas, surtout, avoir cet effet. Si cela était le
cas, le DSC aurait rapidement perdu son expertise spécifique en
promotion de la santé, prévention et protection, dont l'ensemble
du réseau de la Côte-Nord aurait souffert.
Le DSC doit conserver des responsabilités d'intervention
auprès de la population en général, des communautés
particulières, des divers organismes multisectoriels, des entreprises et
des établissements du réseau. Il ne doit pas se substituer, sauf
en de rares exceptions en santé publique, aux établissements et
autres professionnels en pratique privée dans l'intervention directe
auprès des individus.
Le DSC appuie les intentions du ministre de créer un
véritable palier régional de décisions. Cette
décentralisation sera stimulante pour le réseau de la
santé et des services sociaux. Nous considérons que la
Côte-Nord est prête à relever ce défi et le DSC offre
son entière collaboration. Dans ce contexte, nous suggérons ta
création d'une direction régionale de la santé
communautaire imputable directement au consei d'administration de la future
instance régionale. Cette direction régionale regrouperait
l'ensemble des mandats confiés au chef du DSC et ce dernier en
assurerait la gestion. Cette modalité intègre les actions de la
santé communautaire au réseau de services, tout en lui assurant
l'autonomie professionnelle requise. Cette modalité de rattachement est
d'ailleurs retenue dans d'autres provinces canadiennes, où le Public
Health Official, l'équivalent du chef de DSC au Québec, est
imputable directement au conseil municipal ou aux autorités
du comté. (15 h 30)
Nous croyons que les mandats de santé communautaire
doivent être confiés directement au chef du DSC, comme le
prévoit la loi actuelle. Cette façon de procéder confirme
le caractère professionnel des activités de santé
communautaire et oblige le chef du DSC à émettre des avis et
recommandations basés exclusivement sur la préoccupation
première d'améliorer et de protéger la santé et le
bien-être de la population.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que je peux vous
interrompre? Je pense qu'il y a consensus des deux partis pour vous laisser
finir, mais votre temps était écoulé. J'imagine que vous
êtes d'accord pour laisser continuer.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Gautrin): C'est simplement purement
technique, mon intervention.
M. Desbiens: Merci beaucoup. Cette neutralité
professionnelle lui assure la marge de manoeuvre et la
crédibilité requises à ses activités de
représentation.
En ce qui concerne spécifiquement la protection de la
santé publique, compte tenu de la nécessité d'une
coordination provinciale forte et des responsabilités du ministre
à cet effet, nous partageons l'orientation de l'avant-projet de loi qui
fait relever le chef du DSC directement du ministère.
De plus, le DSC de la Côte-Nord considère indispensable le
regroupement des organismes provinciaux oeuvrant étroitement avec les
DSC au sein d'une instance provinciale de santé communautaire.
L'efficacité et l'efficience de nos actions en seraient grandement
améliorées. Ce centre d'excellence et d'expertise aurait pour
mandat de supporter professionnellement, et non pas en hiérarchie
directe, les directions régionales de santé communautaire dans
leurs actions et de mener, en concertation avec les régions,
auprès de la population du Québec, les actions de promotion de la
santé, prévention et protection, requises pour l'atteinte de
certains objectifs de santé et de bien-être.
Il pourrait se constituer des organismes suivants: le Conseil des
affaires sociales, le Laboratoire de santé publique du Québec, le
Centre de toxicologie du Québec, le Fichier des tumeurs, l'Enquête
santé Québec, le Registre de la population, le Centre de
coordination sur le sida et les comités provinciaux déjà
existants du réseau des départements de santé
communautaire. Cette instance relèverait du ministre de la Santé
et des Services sociaux et aurait le statut d'une régie ou d'un office.
Elle ne nécessiterait pas l'ajout de nouvelles sommes d'argent car elle
regrouperait des organismes déjà existants et leur budget.
La création de cette instance permettra au ministre de prendre la
place qui lui revient en santé communautaire et en protection de la
santé publique, d'assurer le leadership requis et de structurer le
niveau provincial de façon à faciliter la prise de
décision et l'intervention afin de faire face adéquatement
à toutes les situations menaçant la santé publique tels
les BPC, le plomb, les maladies transmises sexuellement, les maladies
cardio-vasculaires et le sida.
En conclusion, M. le Président, le gouvernement doit
procéder, au cours du prochain mois, à des ajustements au
réseau de la santé et des services sociaux. Nous disons bien "des
ajustements", car nous considérons qu'en ce qui concerne la santé
communautaire, notre réseau québécois fait l'objet de
beaucoup d'attention, voire de l'envie de la part d'observateurs
extérieurs. Voilà une situation de fait qui nous amène
à croire que des modifications fondamentales ne sont pas requises.
Pour la Côte-Nord, ces ajustements consistent premièrement,
dans le maintien du rattachement de la direction de santé communautaire
à l'instance régionale; deuxièmement, le maintien des
mandats légaux actuels confiés directement au chef du DSC;
troisièmement, l'imputabilité du chef du DSC au conseil
d'administration de l'instance régionale; quatrièmement, le
maintien de la responsabilité du DSC d'intervenir auprès de la
population en général, des communautés
particulières, des divers organismes multisec-toriels, des entreprises
et des établissements du réseau; cinquièmement, le
regroupement des organismes provinciaux de santé communautaire au sein
d'une même instance rattachée au ministre. Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. Desbiens.
Maintenant, je vais passer la parole au ministre de la Santé et des
Services sociaux qui, certainement, a des questions à vous poser sur
votre mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux souhaiter la plus cordiale des bienvenues aux gens de
la Côte-Nord. C'est presque un pays à lui-même, toute cette
étendue. S'il y a un endroit où on doit parler de régions,
c'est bien sur la Côte-Nord avec tout le territoire très
spécifique, sa composition aussi du côté humain, et je
pense que la composition de votre collège électoral et de votre
conseil d'administration reflète bien la problématique même
de la Côte-Nord. Il est particulier, il attire l'attention et vous avez,
je pense, réussi, à ce niveau-là, à faire un pas en
avant sur l'imputabilité, ouvrant la base. Étant,
évidemment, plus nombreux au collège électoral que ce
qu'avait proposé le ministère à l'époque, je pense
que vous réussissez un tour de force d'aller dans des clientèles.
Peut-être un peu trop audacieux à
mon goût sur la représentativité municipale, pas que
je ne la considère pas, mais 50 %, si j'ai bien compris, sur le plan de
la représentation viendraient du monde municipal ou
désignée par elle. C'est quand même beaucoup. C'est
beaucoup, mais le principe mémp que vous évoquez des
représentants multisectoriels, prenant soin de tenir compte du
phénomène de la composition même de la population sur la
Côte-Nord, je trouve ça excellent. C'est très attrayant
comme formule. C'est très certainement une piste qu'on va explorer.
Vous avez une autre particularité, celle du DSC avec le CRSSS,
semble-t-il, en parfaite harmonie puisque vous siégez à la
même table et que vous revendiquez de continuer dans ce sens-la. On me
dit même que si on vous proposait, demain matin, d'être
détachés du CRSSS, la réponse serait non...
Une voix: Effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): ..alors que les 30 autres au
Québec viennent nous dire qu'on ne doit pas être rattachés
au CRSSS Qu'est-ce qui fait que c'est si spécial que ça, que
cette amitié dure et qu'elle veuille continuer aussi? Qu'est-ce qui fait
que les autres ne comprennent pas que ça va bien chez vous et qu'ils
pourraient faire la même chose?
M. Desbiens: Partons pour chez nous, laissons faire ce que les
autres peuvent penser. Les gens de la Côte-Nord, en 1982, l'analyse qui
avait été faite, c'est qu'il était inutile d'avoir des
mécanismes de coordination régionale autant pour le DSC que pour
le CRSSS pour couvrir le même territoire et souvent les mêmes
interlocuteurs. Donc, il avait été convenu de rationaliser en ce
qui concerne les mécanismes de coordination et, en plus, il avait aussi
été décidé de partager l'expertise, à
l'époque, qu'on appelait de planification et de programmation, qu'on
retrouvait au DSC et au CRSSS, et aussi les ressources de recherche,
surveillance et connaissance de l'état de santé. Donc, à
ce moment-là, il y avait eu une analyse, je crois, juste, de rapprocher
les deux et de voir, je pense, avec le temps, si le rattachement allait se
montrer efficace. En 1990, on vient vous voir puis, comme chef de DSC, je peux
vous dire que ce rattachement ne m'a pas empêché, ni moi, ni mon
prédécesseur, de mener les mandats légaux qui nous
étaient donnés - qui se trouve en arrière, oui - que
l'environnement a été propice à la réalisation de
ces mandats légaux et que même, ça a été un
avantage pour nous dans la capacité d'influence que nous avons sur les
décisions que l'instance régionale prend. Mes collègues
des autres régions pourront vous dire qu'ils sont relativement
éloignés de leur instance régionale et quo leur
capacité d'Influence est plutôt faible.
M. Côté (Charlesbourg): Compte tenu de ce qui s'est
passé à Baie-Comeau, ça me tenterait de vous en passer une
petite vite et dire: Ça va mieux avec le CRSSS que ça allait avec
l'Environnement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Je n'y avais pas...
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'êtes pas
obligé...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'êtes pas
obligé de vous prononcer là-dessus.
Dans le deuxième paragraphe de votre présentation,
permettez-moi d'insister parce que ça me parait important, vous dites:
"Un DSC a pour objectif fondamental d'améliorer la santé et le
bien-être de la population par des actions concernant la promotion de la
santé, la prévention et la protection." Et vous poursuivez,
dernière ligne, en disant: "Des expertises en planification,
programmation, évaluation, connaissance, surveillance et recherche
supportent ces actions." Les champs particulièrement reconnus au niveau
des DSC, santé environnementale, maladies infectieuses, santé au
travail et d'autres, mais lorsqu'on parle, en particulier, de promotion de la
santé et de prévention, il y a d'autres acteurs sur le terrain.
Je pense, notamment, aux CLSC. Est-ce qu'il n'y a pas danger de duplication ou
si, dans votre cas, il n'y en a pas, expliquez-nous comment ça
procède?
M. Desbiens: On va décrire comment on procède.
Disons que les CLSC et les centres de santé sur le territoire de la
Côte-Nord sont nos partenaires privilégiés, que ce soit
pour l'application des programmes de promotion de la santé, de
prévention ou de protection. À cet effet, l'ensemble de nos
ressources d'immunisation ou d'enquête épidémiologique ont
été transférées dans les CLSC et le travail
terrain, le service direct à l'individu se donne par les CLSC et les
centres de santé.
En ce qui concerne la santé au travail, nous avons le même
arrangement, compte tenu de la distance importante entre les localités.
Les équipes-programmes sont dans les CLSC et les centres de santé
et nous avons une équipe d'expertise qui les supporte et qui
détermine les orientations régionales.
En ce qui concerne la promotion de la santé, c'est un domaine, je
dirais, un peu plus flou, dans la mesure où les stratégies
à mener sont aussi importantes d'être menées au niveau
régional qu'au niveau local. À cet effet, je pourrais vous
rappeler l'expérience que vous avez eue comme ministre des Transports
avec les DSC, pour les sites dangereux. Le DSC de la Côte-
Nord s'est impliqué dans le dossier, a identifié, sur la
138, 21 sites, a parcouru la 138 avec des services ambulanciers, les agents de
la Sûreté du Québec, tes responsables d'urgence des
établissements pour Identifier à quel endroit il y avait des
sites. Après ça, on a rencontré le directeur
régional du ministère des Transports. Ce sont toutes des
activités de représentation dans une optique de promotion de la
santé, faire en sorte que l'environnement soit plus propice et non
néfaste à la santé. Pour nous, ce sont des actions qu'on
veut continuer de mener, en collaboration avec des partenaires, mais on ne veut
surtout pas mener des interventions que je dirais cliniques, des interventions
directes à l'individu, par exemple, mettre un stéthoscope sur un
poumon, tâter un ventre, regarder une fracture ou piquer quelqu'un pour
le vacciner. On considère que ces activités de service direct
à l'Individu doivent être menées par les praticiens des
établissements, mais que les interventions auprès des
partenaires, auprès des autres milieux économiques, au niveau
régional, auprès des villes et villages, pour villes et villages
en santé, peuvent être menées par le DSC, sont bien
menées depuis les cinq ou six dernières années. De les
enlever de ce champ d'intervention serait de diminuer l'efficacité des
actions du DSC de la Côte-Nord et de mes collègues dans la
province.
M. Côté (Charlesbourg): Mon groupe tactique
d'intervention m'a renseigné sur vos origines, Chicoutimi.
M. Oesbiens: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je viens juste de
m'informer, j'avais quelqu'un tout à côté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je me disais: Brillant de
même, ce n'est pas possible, ça doit venir de la ville!
Des voix: Ha, ha, ha!
. M. Côté (Charlesbourg): Et la question que je veux
lui poser: Pensez-vous possible ce partage-là dans des milieux urbanises
ou dits urbanisés comme Montréal ou comme Québec? Est-ce
que c'est possible, ce genre d'intervention?
M. Desbiens: Nous, on pense que ce rattachement est probablement
exportable à l'extérieur du Saguenay, notre frontière. On
pense, par contre, qu'H y aurait probablement des adaptations locales a faire.
La région de la Côte-Nord est probablement très vaste, mais
elle est très peu peuplée; étant très peu
peuplée, ça ne nous demande pas d'avoir des points de services,
compte tenu du fait qu'on utilise les établissements du réseau
pour donner les services qu'on veut donner à la population. Je peux
imaginer que pour une région comme Montréal ou Québec, on
ne peut pas regrouper tous les intervenants en santé communautaire dans
un édifice de quatre étages, en plein centre-ville de
Montréal, et espérer desservir adéquatement les
intervenants anglophones du West Island, les gens de la Petite Bourgogne, les
gens de l'est de la ville. Il faudra penser à des aménagements
pour couvrir le territoire. Donc, on croit que c'est exportable. Il faudrait
des arrangements et des modifications selon les caractéristiques
locales, mais notre expérience me démontre que nos mandats
peuvent être respectés à l'intérieur d'une instance
régionale telle que le CRSSS et telle que la future régie.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas parce qu'on ne
pourrait pas continuer, parce que c'est très intéressant, mais
compte tenu du temps, je veux quand même aborder une question qui
m'apparaît fondamentale, que vous avez soulevée dans votre
document, qui est celle du dispensateur de services, spécialiste ou
omni. (15 h 45)
Avec toute la problématique, malgré tous les efforts qui
ont été faits, on se retrouve dans une situation où,
disons-le clairement, si on n'avait pas les médecins étrangers,
on aurait encore plus de problèmes au niveau des régions. Parce
que c'est ça le constat qu'on doit se dire aujourd'hui: malgré
les efforts faits par des mesures coercitives de rémunération
différenciée, malgré des postes attachés dans des
plans d'effectifs, ce que vous nous avez dit tantôt, ce n'est pas joli:
26 spécialistes si j'ai compris et 24 omnipraticiens sur un besoin de
combien?
M. Boisjoli (Claude): Ça consistait à 90... M.
Côté (Charlesbourg): ...90...
M. Boisjoli: ...pour les omnis et 51 pour les
spécialistes.
M. Côté (Charlesbourg): donc, ce que je comprends,
c'est qu'on a 25 spécialistes et il en manque 26. on suffit à
peine à avoir 50 % de nos besoins. au niveau des omnis, c'est quand
même assez appréciable aussi, c'est 30 % de manque...
M. Boisjoli: Oui ou près de.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que ça,
ça tient compte des omnis qui sont en . cabinet privé? Ce n'est
pas sûr, hein?
M. Boisjoli: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que... On n'a pas trop
trop de contrôle sur eux.
M. Boisjoli: Pas entièrement, mais il y en a...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Desbiens: Sur la Côte-Nord, sur les 87 médecins
en place présentement, on n'en a que onze qui ont une pratique à
l'extérieur des établissements, des médecins qui sont
plutôt d'âge avancé, qui ont décidé de
pratiquer en cabinet privé exclusivement; il n'y en a que onze.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, c'est une
problématique particulière ou, si je comprends le sens de votre
mémoire, les budgets de la RAMQ décentralisés feraient en
sorte que, évidemment, comme ils gagnent leur vie, ils seraient bien
obligés d'aller où il y a de l'argent. C'est ça
là.
M. Caron: Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est la
dernière trouvaille et elle n'est pas si mauvaise que ça, il
s'agit de voir jusqu'où on peut aller avec elle. Je trouve ça pas
pire.
Une voix:... et mettre de l'argent là-dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez une région
tout à fait particulière, je veux terminer avec ça, parce
qu'on me signale déjà qu'on manque de temps. Côte-Nord,
c'est tout à fait particulier, en termes de la Basse-Côte-Nord, la
Moyenne-Côte-Nord, le Nord, Baie-Comeau, le nouveau Baie-Comeau,
Sept-Îles avec tout ce que ça comporte comme problématique.
Comment est-ce que chaque sous-région réussit à tirer
avantage, ses avantages, et faire triompher son point de vue ou son coin de
terre? Pour les avoir faites, la Basse et la Moyenne-Côte-Nord et
m'être payé un voyage durant la dernière campagne
électorale presque en monomoteur - sauf que ça n'a rien
donné, vous savez comme on rentre fort - quels sont les pouvoirs
qu'auraient besoin ces sous-régions? Il n'y a pas de MRC là; il y
en a, mais pas partout. Quels sont les pouvoirs qu'on pourrait donner, par
exemple, à la Basse-Côte-Nord, à la Moyenne-Côte Nord
pour bien s'assurer qu'elles ne soient pas les parents pauvres de votre
région? Parce qu'il y a aussi ce risque-là. Ça, ça
m'apparaît extrêmement important aussi d'y penser aujourd'hui parce
que, si on décentralise un pouvoir, il n'y a rien de plus centralisateur
qu'un pouvoir décentralisé. Et ça aussi c'est dangereux.
Donc, qu'est-ce qu'il faut donner comme pouvoirs pour y arriver?
M. Boisjoli: Je crois que, dans notre mémoire, il y a des
indications là-dessus. Le premier, vous l'avez soulevé à
juste titre, qui est la représentation territoriale au niveau du conseil
d'administration de la future régie et l'autre élément qui
m apparaît fort important, c'est: l'allocation des ressources
intrarégionales devra se faire sur une base territoriale et non pas sur
une base d'établissement. Comme vous l'avez constaté si vous avez
fait le tour en monomoteur, H y a plusieurs secteurs de la Côte-Nord qui
n'ont qu'un seul établissement, à toutes fins pratiques...
M. Côté (Charlesbourg):... en canot aussi parce
que...
M. Boisjoli:... en canot aussi, oui? Ah oui, vous avez
trouvé...
M. Côté (Charlesbourg): II reste encore des places
où il y a du poisson et...
M. Boisjoli: Donc, vous êtes allé à
l'île un peu.
M. Côté (Charlesbourg): Ah non, non, pas à
l'île, pas à l'île
M. Boisjoli: Non, pas à l'île?
M. Côté (Charlesbourg): Pas à l'île sur
la rivière Saint-Jean.
M. Boisjoli: Ah bon, excellent! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisjoli: II y a des secteurs de ta côte qui, à
toutes fins pratiques, n'ont qu'un seul établissement qui dessert tout
l'ensemble du territoire qui est multivocationnnel. D'autres, je dirais des
milieux plus urbains, peuvent avoir plusieurs établissements dans le
même territoire. Si on procède sur une base territoriale, en plus
de respecter une équité entre ces territoire-là, ça
nous assure aussi d'une espèce de cohésion ou de concertation
entre les différents établissements d'un territoire qui devront
se concerter, parce que ce qui sera accordé à un ne le sera pas
nécessairement à l'autre et il y aura des priorités
à choisir.
Le Président (M. Gautrin): Je vais reconnaître
maintenant le leader de l'Opposition et député de Joliette,
porte-parole en matière de santé, de sécurité et de
services sociaux.
M. Chevrette: Merci. Je vais m'adresser tout d'abord au chef du
DSC. Je voudrais gratter un peu plus le fait que vous teniez à cet
attachement au CRSSS. Je voudrais savoir en quoi la qualité de vos
services serait diminuée si vous étiez rattachés au
CLSC.
M. Desbiens: Le chef du DSC serait dans un CLSC.
M. Chevrette: S'il y avait un Département de santé
communautaire ou si la vocation qui est dévolue au Département de
santé communautaire était assumée par les CLSC, qu'est-ce
que ça changerait à la qualité des services?
M. Desbiens: Déjà les CLSC agissent en promotion de
la santé. Déjà, ils agissent en prévention...
M. Chevrette: C'est ça.
M. Desbiens: ...face à des clientèles.
M. Chevrette: Si j'ai compris, vous vous gardiez juste un petit
volet.
M. Desbiens: Déjà je pourrais vous dire qu'ils
n'agissent pas dans le volet "surveillance et connaissance de l'état de
santé". Le travail-terrain qu'ils font en protection de santé
publique c'est un travail-terrain et toute l'expertise et le support viennent
de la région.
M. Chevrette: Si ça relevait... Si ces budgets-là
de la région étaient attribués à chacun des CLSC
ça changerait quoi?
M. Desbiens: Moi, je pense qu'il faut un niveau régional
d'expertise pour supporter l'action locale. Si vous tranférez toutes mes
ressources du DSC de la Côte-Nord, qui en passant sont 24 - on n'est pas
beaucoup, on est seulement 24 au DSC - si vous transférez tout ça
dans les CLSC, 24, 8 CLSC, ça veut dire un point quelque par CLSC,
ça ne leur donnera pas beaucoup plus de marge de manoeuvre et vous
enlevez tout le niveau d'expertise régionale qu'on développe pour
les supporter et vous forcez la régie qui, je pourrais dire, ou le CRSSS
actuel qui n'a pas nécessairement le budget et l'expertise en place pour
faire toutes les interventions de promotion avec les partenaires sur les
trau-matismes routiers, sur les MCV et ces choses-là à prendre
à même son budget plutôt que de coordonner les services pour
faire cette tâche qui doit être faite au niveau régional.
Les CLSC n'ont pas de niveau régional. C'est le CRSSS qui est leur
pendant au niveau régional. Mais toute l'expertise dont ils ont besoin
pour supporter leurs actions, leur vient du niveau régional.
M. Chevrette: Vous allez plus loin que ça. Vous demandez
que ça relève même du ministre.
M. Desbiens: Ah pour la protection de santé publique?
M. Chevrette: Oui. C'est une responsabilité ultime mais si
tu décentralises, tu t'en vas vers une véritable
décentralisation, tu coupes le cordon ombilical avec le ministre. Tu lui
gardes l'autorité d'imposer parce qu'il a l'ultime responsabilité
mais tu décentralises ou tu ne décentralises pas. Je veux dire,
tu ne peux pas te garder des morceaux. Il me semble que... Il n'y a pas une
région en plus... Entre vous et moi, il y a des régions -
peut-être qu'il y a la vôtre, c'est vrai à cause de
l'étendue qui peut être regardée d'une façon
différente - mais il y a même des territoires de CLSC. L'objectif
de la réforme Castonguay en 1970, quand ces gens ont commencé
à gratter comment réaliser la réforme, ils ont
instauré des CLSC précisément pour rapprocher toute
l'activité santé et l'activité services sociaux des
populations. Si bien qu'on peut se retrouver par exemple dans Limoilou, ici,
avec un problème de santé qui est nellement différent de
la ville de Sillery, qui est à l'intérieur d'une même ville
qui s'appelle Québec. Donc, comment peut-on affirmer que -
peut-être que votre région peut avoir une situation
particulière - même dans une région comme Québec, il
y aurait avantage à ce que le CLSC, par exemple, de Limoilou qui vit
dans un quartier très pauvre s'occupe précisément de la
santé communautaire de son territoire?
M. Desbiens: Mais j'espère que par ma position, vous ne
pensez pas que je veuille exclure les CLSC du champ d'intervention
communautaire.
M. Chevrette: Non, non, je comprends que vous ne l'excluez
pas.
M. Desbiens: Du tout là, ce sont des partenaires
privilégiés et ceux qui veulent sortir les CLSC d'une
intervention communautaire, je crois, font erreur. Les CLSC doivent continuer
d'intervenir auprès des communautés, non pas seulement des
individus. Ils ont un rôle majeur là-dedans, sauf qu'au niveau
régional, qui fait l'intervention au niveau du ministère de
l'Éducation, du ministère de l'Environnement, du ministère
des Transports? M. le maire de la ville de Baie-Comeau qui
téléphone au chef du DSC et qui demande: J'ai des BPC dans des
containers sur le quai. Est-ce dangereux pour la santé de mes citoyens
cette chose-là? Cette expertise aussi pointue sur... J'ai eu le
problème au mois d'août. Ça a été facile. Ce
n'est pas dangereux. Prenez-les, M. le maire. Donc...
M. Chevrette: II ne faut pas les faire brûler c'est
tout.
M. Desbiens: C'est ça. Mais c'est qui au niveau
régional? Je pense que M. Boisjoli n'a sûrement pas l'expertise
pour répondre à ces questions-là, ni dans son personnel
qui est spécifiquement CRSSS. Il faut quelqu'un au
niveau régional qui développe l'expertise et qui utilise
les partenaires régionaux et locaux pour donner des services au niveau
des citoyens, des individus mais qui fait les représentations au niveau
des organismes, des entreprises. Un autre exemple...
M. Chevrette: Pourquoi le lien avec le ministre?
M. Desbiens: Le lien avec le ministre, c'est que le ministre
avait souhaité, dans sa réforme, que compte tenu de ses
responsabilités, je dirais, personnelles sur sa tête face aux
épidémies majeures qui pourraient frapper le Québec, il
lui fallait des poteaux, qu'il se sentait tellement interpellé qu'il
avait un mandat sur sa tête et qu'il relevait directement de lui. Avec
l'épidémie de rougeoie qu'on a vécue l'an passé, on
sait que, à ce moment-là, l'intervention ne doit pas être
diminuée ou influencée par des considérations
économiques ou politiques. Il faut vacciner le monde. Il faut
protéger les gens et on pense que la volonté du ministre d'avoir,
à ce moment-là, des intervenants régionaux qui se sentent
interpellés localement sur leur tête et en ligne directe, permet
une action rapide nécessaire. Donc c'est pour cet objectif-là
qu'on considère qu'on pourrait relever directement du ministre.
M. Chevrette: mais si vous relevez du ministre, comme vous le
dites dans votre réponse, comment pouvez-vous parler
d'imputabilité d'abord devant le conseil régional dans votre
mémoire?
M. Desbiens: Ah! Seulement pour la protection de la santé
publique. Seulement en ce qui concerne les interventions à mener dans le
cadre d'une maladie à intervention obligatoire ou d'une
épidémie majeure qui frapperait la Côte-Nord. Même
mon "boss" du CRSSS, je ne suis pas certain qu'il veuille s'embarquer
là-dedans. Je n'en suis pas certain du tout. Donc, là-dessus,
juste sur ce point-là, on relèverait... Mais toutes les autres
facettes de nos interventions...
M. Chevrette: Donc, une imputabilité divisée; en ce
qui regarde la santé publique dans un cas, par exemple,
d'épidémie, vous relevez du ministre et, dans votre gestion
quotidienne, votre imputabilité relèverait du CRSSS.
M. Desbiens: Ah! Totalement. Et la coordination de mes
activités face à l'ensemble des activités du
réseau, CLSC, CSS, centres hospitaliers, devrait être
gérée par le directeur de la Régie à ce
moment-là. Alors il faut s'intégrer dans le réseau
régional et cesser d'être un peu en marge par la position qu'on
occupe à l'heure actuelle.
M. Chevrette: Et si un CLSC voulait mener une opération
particulière dans son CLSC, lui qui s'occupe de promotion, de
prévention et qu'il voudrait faire faire une expertise, comment doit-il
procéder puisque ce sont des structures distinctes du CRSSS et qu'il a
une entière autonomie? Comment pourrait-il réaliser la
chaîne complète de la préoccupation totale et
entière de la santé communautaire?
M. Desbiens: Le ministère s'est entendu avec la
Conférence des CRSSS sur une façon d'allouer des budgets qu'on
pourrait appeler les pians de services. Semble-t-il que... J'ai même
collaboré à son élaboration. Les plans de services
prévoient de décrire les services à offrir à une
clientèle, en tenant compte d'objectifs, et de donner les ressources
budgétaires. S'il y a des préoccupations locales, elles
pourraient être remplies par un pian de services régional qui
donne des ressources à chacun des CLSC pour s'occuper de leurs
préoccupations particulières, et un mandat de coordination ou de
support professionnel peut être donné, à ce
moment-là, au département de santé communautaire pour
aider le CLSC à mener son action. La Régie devrait avoir les
pouvoirs à ce moment-là d'allouer des budgets
spécifiquement à cet effet-là.
M. Chevrette: Dans la question au président ou au D. G.,
je ne le sais pas, qu'est-ce qui vous a amenés à proposer 50 % de
représentativité du monde municipal au lieu de répartir
ça entre les différentes forces vives du milieu? Par exemple,
s'il y a sept groupes, cent divisés par sept, ça fait tant de
pourcentage de représentativité au conseil de la Régie.
Quels sont les arguments clés ou les arguments qui vous ont fait pencher
en faveur d'une représentativité du monde municipal de 50 % qui
se sent déjà surchargé dans ses
responsabilités?
M. Boisjoli: Je répondrai assez simplement à
ça. Je pense qu'il y en a une première qui est une formule
alternative au suffrage universel.
M. Chevrette: Vous cherchiez un moyen de rendre des gars ou des
femmes imputables déjà devant l'électorat.
M. Boisjoli: À défaut de suffrage universel, on a
cherché une formule alternative qui permettrait une véritable
décentralisation.
M. Chevrette: Je vais vous poser des questions
hypothétiques, mais qui pourraient devenir réalité selon
ce que le ministre prend comme orientation. Pourquoi ne pas profiter,par exemple, d'une élection municipale précisément
pour faire élire des gens au suffrage universel en même temps
qu'un conseil municipal? ils deviennent imputables devant la population parce
qu'ils ont été élus par le même electoral que le
monde
municipal pour que ce soit plus représentatif que ce l'est
présentement de par les nominations, et vous avez un collège
imputable quand môme.
M. Boisjoli: Je vous dirai que tout ce qui peut rendre la
régie régionale légitime, on y est favorable.
M. Chevrette: Donc ce n'est pas incompatible. Vous avez...
M. Boisjoli: Ce n'est pas incompatible.
M. Chevrette: C'est parce que je ne sais pas s'il y a eu
concertation entre les CRSSS, mais ça fait deux CRSSS collés
aujourd'hui qui nous parlent de 50 % du monde municipal.
M. Boisjoli: Ça arrive qu'on se parle, oui. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est une grande amélioration, merci!
Des voix: Ha, ha, ha! (16 heures)
M. Chevrette: Blague à part, donc c'est une idée
que vous lancez pour répondre aux besoins de l'imputabtlité, mais
ce n'est pas exhaustif. Si on trouvait des moyens, je ne sais pas, en
même temps qu'une élection scolaire, qu'une élection
municipale ou en même temps qu'une élection nationale, je ne sais
pas, qu'on trouve le moyen d'inscrire à des listes des
représentants qui pourraient être imputables devant une
population, vous n'êtes pas fermés à ça.
M. Boisjoli: C'est-à-dire qu'il faudra trouver une formule
qui permette à des citoyens ou à des représentants des
citoyens d'être, je dirais, presque majoritaires au conseil
d'administration de la régie et ne pas retrouver au conseil
d'administration de la régie divers groupes d'intérêt qui
sont contenus dans le réseau, puis qu'on se retrouve encore avec un peu
une dynamique... Comme on a tous les intérêts qui sont
intéressés dans la cause en place, on prend la décision la
moins difficile possible.
M. Chevrette: Mais, vous comprendrez qu'on a des commissaires
d'école élus avec 10 % de la population. Si on avait un bonhomme
qui viendrait du social ou du communautaire élu par 35 % lors d'une
élection municipale, c'est aussi représentatif qu'un commissaire
à 10 %. Moi, là-dessus, je ne veux pas entreprendre une
discussion: élection pour élection, que ce soit un commissaire,
que ce soit un échevin ou que ce soit quelqu'un qui est élu pour
une régie lors d'un événement qui attire du vote, vous me
permettrez de peut-être avoir du monde qui voudrait faire partie d'une
régie parce qu'ils sont intéressés, plutôt que de
faire partie d'une régie parce qu'ils ont un statut de conseiller ou de
maire. J'aime mieux avoir du monde intéressé, qui a fait des
démarches auprès d'un certain élec-torat pour se faire
élire en fonction d'une régie à laquelle il est
intéressé de siéger, plutôt que d'avoir, de facto,
un bonhomme qui est du monde municipal puis qui se fait placer sur la
régie. Entre vous et moi, on en a vu des gens qui ont été
placés.
En tout cas, je voulais voir si vous étiez dogmatique un peu ou
si c'était purement et simplement une idée de...
M. Boisjoli: Non, non. Donnez-nous une formule qui permette une
représentation des citoyens, de la réalité des diverses
populations de notre région, qui représente les territoires de
notre région, parce que tu ne peux pas être
légitimé, à Baie-Comeau, de prendre une décision si
les gens d'un secteur de la côte ne sont pas présents, parce qu'il
n'y a personne qui défend leurs intérêts. Donc, il faut
qu'ils soient là. Puis que ça permette une véritable
décentralisation, puis on est acheteurs.
M. Chevrette: Je vous remercie aussi de votre mémoire. Il
y a quand même des aspects particuliers à votre région qui
souffriraient peut-être qu'on fasse des cas d'exception. Je ne serais pas
fervent d'une camisole qui "fitte" à tout le monde.
M. Boisjoli: On est tout à fait d'accord avec le mur
à mur. Comme quelqu'un de célèbre l'a dit: Souvent, les
bonnes idées viennent des petites régions.
M. Chevrette: Ça, j'en ai toujours été
convaincu.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, voulez-vous
conclure?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux remercier de
manière particulière les gens de la Côte-Nord. On sait que
ce sont des gens qui sont habitués à monter, comme les
Gàspésiens d'ailleurs. On sait que c'est toujours plus facile de
monter que ceux qui sont en haut de descendre. Il paraît ça. C'est
une question de mentalité pour ceux qui sont en haut.
Merci beaucoup pour votre présentation et, en particulier, pour
l'expérience du Département de santé communautaire.
Même si on me dit que c'est un accident de parcours que le DSC soit
rattaché au CRSSS, l'accident de parcours, c'est un heureux accident de
parcours, à mon sens à moi, parce que ça donne des
résultats très intéressants que d'autres devraient imiter
quand on est dans une période de rationalisation et de
réallocation de ressources.
M. Chevrette: II y en a deux, M. le ministre. Je pense que c'est
Rouyn-Noranda.
M. Côté (Charlesbourg):
Abitibi-Témiscamin-gue et probablement que le prochain ce sera
Lanaudière, compte tenu de l'intérêt du
député de Joliette.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je rencontre le DSC mardi matin, je vous dirai
ça mercredi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Messieurs, au nom de la
commission, je tiens à vous remercier de vous être
déplacés et de votre présentation..
J'appellerai maintenant le Regroupement régional des CLSC et
centres de santé de la Côte-Nord. Si vous voulez bien vous
avancer.
Vous pouvez vous avancer, s'il vous plaît.
Oui. Il y a de la place pour tout le monde je pense. Vous voulez
déposer un document?
M. Lessard (Lucien): Oui, c'est parce que, M. le
Président, on nous a informés que la reproduction de nos
documents n'était pas très très bonne, alors nous avons
fait refaire nos documents, et on voudrait les déposer à la
commission parlementaire.
Le Président (M. Gautrin): Avec plaisir. Est-ce qu'on
pourrait redistribuer les documents? Alors. M. Vignola, si vous pouvez
commencer, présentez les gens qui vous accompagnent.
Regroupement des CLSC et centres de santé de la
Côte-Nord, région 09
M. Vignola (Jacques): Oui, à ma droite, M. Claude Roy,
directeur général du Centre de santé de Tadoussac.
À ma gauche, M. Marcel Lortie, directeur général du CLSC
de Fermont. À mon extrême gauche, M. Lucien Lessard,
président de la table des directeurs généraux de la
Côte-Nord, et aussi directeur général du CLSC de
Forest-ville. Mon nom, c'est Jacques Vignola, je suis un usager, je suis
président du CLSC de Fermont et aussi président du regroupement
Côte-Nord.
Les objectifs du système de santé et de services sociaux.
La commission Rochon, après d'autres, rappelait qu'il n'est pas
suffisant d'améliorer les services de santé et les services
sociaux pour accroître le niveau de santé et de bien-être de
la population. Nous sommes donc heureux de constater que lavant-projet
précise d'abord les objectifs fondamentaux du système de
santé et les objectifs à atteindre. Que voulons-nous? Continuer
de rendre le monde de plus en plus malade et dépendant ou favoriser la
capacité des gens à se prendre en charge et à se maintenir
en santé? Car notre système de santé, M. le
Président, est d'abord basé sur la maladie et personne ne semble
s'en scandaliser. Depuis à peine deux ans, plus de 500 000 000 $ ont
été engouffrés en vue de régler l'engorgement des
urgences dans les hôpitaux, et les urgences continuent d'être de
plus en plus engorgées, et les médecins continuent d'inviter les
journalistes à filmer les civières dans les corridors
d'hôpitaux. La fonction crée l'organe, disait le père de
l'évolutionnisme, Darwin. La médecine crée la maladie.
Nous souscrivons donc, M. le Président, aux objectifs de
santé de l'avant-projet de loi puisqu'ils permettront de polariser les
efforts du personnel du réseau de la santé et de lui donner une
vision beaucoup plus nette des résultats à atteindre. Nous
recommandons que les articles 2 et 234 du projet de loi et tout autre article
de concordance soient modifiés afin d'y ajouter les objectifs suivants:
prioriser la prévention de la maladie et, à cette fin, assurer
l'équilibre entre le préventif et le curatif, entre les services
de santé et les services sociaux; prendre les mesures nécessaires
pour accroître la capacité des gens à se prendre en main et
à les rendre plus responsables de leur santé et de leur
bien-être.
Le rôle des établissements et de leurs centres. À la
lecture des chapitres traitant de l'organisation des établissements,
nous arrivons à la conclusion qu'il peut y avoir dédoublement de
mission. Comment alors savoir qui fait quoi? Vous êtes totalement
persuadés de faire bien fonctionner le réseau de la santé
et des services sociaux en distinguant d'un côté les
établissements et leur mission, et de l'autre, les exécutants.
D'un côté, ceux qui pensent, et de l'autre ceux qui vissent. Et
pourtant, l'expérience a démontré que ce qui n'est pas
net, clair et précis laisse place aux luttes de pouvoir, aux
attributions que chaque établissement veut bien se donner pour mission
afin de s'assurer une place au soleil, de se raisonner sur son existence
même et de se croire investi de toutes les missions.
Des exemples frappants à ce niveau nous sautent aux yeux. Comment
se fait-i qu'il y ait des centres d'accueil, d'hébergement qui sont
distributeurs de soins à domicile, sans parler des centres de
réadaptation aux personnes handicapées physiques? Comment se
fait-il que des CLSC, dans leur action communautaire, s'approprient des
tâches relevant des organismes communautaires à caractère
social ou économique? Comment se fait-il que des hôpitaux
régionaux développent des spécialités pour
répondre aux besoins d'une collectivité réduite dans nos
régions périphériques? Comment se fait-il que nos CSS
s'investissent de missions de réadaptation, de cliniciens, et j'en
passe?
Nous proposons que l'article 24 de l'avant-projet de loi soit
remplacé par le libellé suivant: "On entend par
établissement une corporation qui est expressément
autorisée par son acte cons-
tltutif à offrir les services d'un centre appartenant
à l'une ou l'autre des catégories suivantes: établissement
à vocation unique, établissement multfvocatlonnel. Et ce, selon
les lettres de mission qui leur seront confiées par la régie
régionale de leur territoire. Ces lettres de mission pourraient les
investir d'un rôle de centre local de services communautaires, centre
hospitalier, centre d'hébergement et de soins de longue durée,
centre de réadaptation, cabinets privés de professionnels, centre
de services sociaux et centre de santé.
Le centre local de services communautaires et centres de santé.
Nous souscrivons, M. le Président, au mémoire de la
Fédération des CLSC qui vous a été
présenté hier.
Le centre des services sociaux. A la lumière de l'article 29 de
l'avant-projet de loi, nous nous inquiétons sur les rôles qui leur
sont attribués par définition. N'y a-t-il pas duplication de
mission? Et je reprends le libellé: "...en mettant à leur
disposition des services de prévention (rôle attribué aux
CLSC) d'urgence sociale, de consultation et de traitement psychosocial
(rôle encore attribué aux CLSC) de réadaptation (rôle
attribué au Centre de réadaptation) et d'adaptation, d'adoption,
de médiation ou de placement".
La pratique actuelle dans une région aussi vaste que la
nôtre exige une complémentarité entre les
établissements CLSC, centres de santé et le CSS-Côte-Nord.
Cette complémentarité fait en sorte que les intervenants CSS
oeuvrent dans certains établissements ou sont situés à
proximité. Il est fréquent que nous soyons dans l'obligation
d'effectuer des évaluations pour le CSS, quelquefois de répondre
aux urgences sociales, compte tenu de notre accessibilité, 24 heures sur
24, et de notre proximité de la clientèle nécessitant une
intervention rapide.
Nous recommandons que le ministre réévalue la pertinence
de maintenir l'établissement CSS de notre région, tel que
défini dans l'article 29.
Les conseils d'administration des établissements publics. Sur ce
point, M. le Président, laissons aux régies régionales la
responsabilité de tenir compte des particularités
régionales, ce qui éviterait les politiques mur à mur.
L'organisation des ressources humaines: Le directeur
général. À ce sujet, nous avons pris connaissance du
mémoire de l'Association des directeurs régionaux et nous
l'appuyons.
Le Département de santé communautaire des centres
hospitaliers. Le Département de santé communautaire de la
Côte-Nord, tout comme ceux des autres régions, a
développé, dans le passé, plusieurs programmes
communautaires mais il s'est, depuis quelques années, retiré de
ce champ d'activités, maintenant que tout le territoire est couvert par
les CLSC et les centres de santé. Ces établissements locaux
actualisent maintenant tous les programmes sociaux communautaires mis en place
et interviennent directement et quotidiennement dans le domaine de la
prévention et de la promotion de la santé. Ainsi, nous ne
souhaiterions pas de dédoublement à ce chapitre et croyons que le
rôle de DSC en soit un de support à la programmation et à
l'évaluation des services du plan régional.
Nous recommandons que l'arrangement systématique entre le DSC de
la Côte-Nord et le CRSSS-09 soit, non seulement maintenu, mais
confirmé; que le chef du Département de santé
communautaire relève directement du directeur général de
la nouvelle régie régionale de la Côte-Nord; que ce
département devienne une Direction de santé communautaire; que le
DSC soit intégré à la régie régionale et que
son rôle soit un support aux établissements dans la planification
de programmes, y compris la santé au travail, la surveillance et
contrôle des maladies infectieuses, la santé environnementale, la
coordination des actions requises en matière de santé publique
avec le ministère et les autres établissements du réseau,
la surveillance de l'état de santé de la population
régionale, les interventions en situation d'urgence et tout autre mandat
spécifique confié par le CRSSS ou le MSSS dans le cadre de ses
responsabilités.
Les plans d'effectifs médicaux. Par ailleurs, comment expliquer,
dans un système où les médecins sont payés par
l'État, que les régions périphériques continuent de
manquer de médecins? Même dans les grands centres, les CLSC vivent
des problèmes sérieux de recrutement. Nous croyons, M. le
Président, qu'il est temps que l'État réaffirme son
leadership dans le secteur de la santé et des services sociaux, qu'il
révise ses politiques et ses orientations, particulièrement en ce
qui concerne les mesures de répartition des effectifs médicaux,
les critères d'admission aux facultés de médecine, les
modes de rémunération des médecins, l'ouverture de
cliniques privées et l'exclusivité de la pratique
médicale.
Nous recommandons que l'article 289 de la loi soit modifié afin
de donner au ministre le pouvoir d'établir les modes de
rémunération des professionnels de la santé qui
travaillent en établissement public, de favoriser l'émergence
d'approches alternatives à la médecine traditionnelle. Que
l'alinéa 3 de l'article 289 soit aussi modifié en ajoutant
après "région" les mots suivants: "en tenant compte des plans
régionaux d'effectifs médicaux prévus à l'article
246".
Nous croyons aussi que la régionalisation des budgets de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec serait un autre moyen de
mieux répartir les effectifs médicaux sur le territoire. Que
l'article 24 soit modifié pour y inclure le cabinet privé de
professionnels et les centres de santé parmi les établissements
reconnus. Qu'un article puisse prévoir ce qu'on entend par "centres de
santé". Que l'article 26 soit modifié en concordance avec
l'article 24 et qu'on ajoute, après les mots "à leur compte" les
mots suivants: "et dont les honoraires sont payés par la
Régie
de l'assurance-maladie du Québec". Que l'article 291 soit
modifié pour inclure les centres de santé et les cabinets
privés de professionnels et modifier l'article 292 en
conséquence.
Pour les ressources financières, il est temps d'évoquer ce
qui a fait si longtemps défaut au ministère: les indicateurs de
performance, les tableaux de bord. Naturellement, il ne s'agit pas d'assujettir
les établissements à la logique du profit et de vouloir, à
toute force, les faire ressembler à l'entreprise privée. Mais une
organisation, quelle qu'elle soit, doit fournir les services qui la justifie
à un coût supportable par ceux qui la financent, faute de quoi
elle perd, non seulement toute légitimité économique, mais
surtout toute légitimité morale. (16 h 15)
Nous proposons qu'un modèle d'indicateur de performance soit mis
sur pied en tenant compte de la complexité d'un établissement par
rapport à un autre, des disparités régionales, de
l'isolement et du confinement de certains établissements, de
l'étendue de leur territoire, de leur bassin do population, etc Quo le
budget global de fonctionnement do chaque établissement soit un budget
fermé. S'il y a surplus, l'établissement le conserve à
titre d'avoir propre. S'il y a déficit, rétablissement doit en
subir les conséquences.
Pour ce qui est des régies régionales, M. le
Président, sur ce point...
Le Président (M. Gautrin): Vous avez épuisé
votre temps, mais j'imagine qu'il y a consensus pour que vous puissiez
terminer.
M. Vignola: 30 secondes.
Le Président (M. Gautrin): Bon.
M. Vignoia: ...nous sommes entièrement favorables à
une décentralisation des responsabilités du ministère en
autant qu'elles seront investies de pouvoirs décisionnels et pourront
tenir compte des besoins réels de notre population.
En conclusion, nous vous remercions, M. le Président, ainsi que
tous les membres de la commission de m'avoir permis de vous faire des
représentations. Au nom des usagers, je demande aux distingués
membres de la commission de faire en sorte qu'à la fin des travaux, une
signalisation claire et précise nous permette de se retrouver dans le
labyrinthe des services de santé, et nous vous assurons d'ailleurs notre
entière coopération future. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie, M. Vignola.
Je passe la parole au ministre de la Santé et des Services sociaux qui a
des questions à vous poser.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Comme on a des gens qui sont sur le terrain quotidiennement,
vous me permettrez de vous poser des questions d'ordre très pratique
parce que je pense qu'il y a des éléments très bons dans
le mémoire, là, qui parlent de votre vécu et qui, avec une
très bonne franchise, vont au coeur des problèmes. C'est un bon
questionnement.
Demain matin, si vous étiez ministre de la Santé et des
Services sociaux et que vous ayez à prioriser des actions pour
différents établissements ou catégories
d'établissements, prenons, par exemple, les CLSC, vous diriez: Quelle
est la priorité numéro un d'aujourd'hui et de demain pour un
CLSC? La première, la deuxième, la troisième. Quelle
serait la première des priorités dans votre milieu? Parce
qu'évidemment, je ne vous demanderai pas si c'est Montréal,
là, mais dans votre milieu, quelle est la première
priorité qu'on dort indiquer aux CLSC comme toute première
priorité, ainsi de suite, des champs d'intervention? Évidemment,
ça a des limites parce que sur le plan budgétaire il faut que
ça arrête un moment donné là, mais la
première priorité?
M. Lortie (Marcel): Je vais répondre à la question,
M. le ministre. C'est qu'à l'heure actuelle, au niveau des CLSC et des
centres de santé, on est huit CLSC et centres de santé qui
formons le Regroupement. Sur les huit, l'accessibilité est ouverte 24
heures sur 24 pour six de ces établissements-là de la
Côte-Nord. Donc, si vous nous demandez qu'est-ce qui serait à
prioriser, je pense que c'est l'accessibilité et la porte
d'entrée au niveau de tous les services de santé et les services
sociaux, que ça soit donné au niveau des CLSC,
c'est-à-dire que les CLSC, compte tenu qu'on est dans notre milieu, on
connaît notre monde et c'est surtout du petit monde, c'est-à-dire
des petits bassins de population. Alors, c'est facile de connaître la
problématique des différentes communautés dont on fait
partie, entre autres les communautés autochtones qui vivent dans nos
milieux. Alors, je pense que ce sont les deux premiers éléments
importants au niveau de la région comme telle.
M. Côté (Charlesbourg): Vous dites: six sur huit
ouverts 24 sur 24. Quels sont les deux qui ne sont pas ouverts 24 sur 24?
M. Lortie: Ce sont les deux établissements qui sont dans
les deux grandes villes.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Lessard (Lucien): Qui sont Baie-Comeau et
Sept-îles.
M. Côté (Charlesbourg): ...et Sept-îles, qui
ont des centres hospitaliers où les gens peuvent aller.
M. Lessard (Lucien): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. C'est bien beau
ça, 24 heures sur 24, là. Ils sont quand même
localisés dans des localités: Forestville, Fermont, j'imagine, et
d'autres. Comment est-ce que vous vous organisez pour que
l'accessibilité soit aussi grande dans les petits villages? Parce qu'il
y a toute une série de petits villages tout le long, qui doivent
nécessairement avoir une certaine accessibilité, parce que, 24
sur 24, c'est là où est localisé le siège social du
CLSC. Alors, comment est-ce que ça se fait en pratique? Parce
qu'effectivement, je ne dis pas nécessairement en ville pour tous les
CLSC, mais ce qui est intéressant, c'est que, dans certaines
régions, le CLSC peut être le point de repère, la porte
d'entrée très claire et très nette pour un certain nombre
de problèmes, et c'est la seule place où tu peux te rabattre,
finalement, pour être capable d'avoir un service. Mais ça,
ça veut dire que c'est concentré à une place. Quoi?
À 40 milles, 50 milles, 60 milles, 70 milles de là, il reste
qu'il y a des villages. Comment fait-on pour que cette
accessibilité-là soit aussi pour ces gens-là?
M. Roy (Claude): Disons que c'est aussi la distance des endroits
des établissements spécialisés, c'est à 100 milles,
150 milles ou 200 milles, donc il faut nécessairement que, dans des
secteurs donnés, il y ait une accessibilité de 24 heures pour les
soins de santé. Et, de plus en plus, ce qui est à souhaiter,
c'est des services psychosociaux, également, davantage accessibles que
ce qu'ils sont actuellement.
Évidemment, si on a des points de services dans un secteur
donné, on ne peut pas non plus ouvrir des points d'urgence 24 heures par
jour, parce que, là, ce serait irrationnel. Dans chacun des secteurs,
généralement, des MRC, il y a un milieu central où il y a
des urgences 24 heures.
Le Président (M. Gautrin): M. Lessard veut ajouter quelque
chose.
M. Lessard (Lucien): Je veux ajouter, en fait, que l'ensemble des
CLSC ont des points de services dans les municipalités, ce qui veut dire
qu'il y a une décentralisation des services. De plus, aussi, c'est que
notre personnel va, à un moment donné, dans les
différentes municipalités, que ce soit pour les vaccinations,
etc. Donc, on a un ensemble de services. Les soins à domicile, par
exemple, l'aide à domicile, c'est donné dans chacun des milieux.
Alors, dans ce sens-là, on a une décentralisation complète
de nos services, excepté l'urgence où là ça nous
demande de l'équipement plus lourd, et, dans des circonstances, eh bien,
c'est au niveau central que se donnent des services d'urgence.
Le Président (M. Gautrin): M. Lortie.
M. Lortie: À tire d'exemple, je vais prendre la
Basse-Côte-Nord que vous avez visitée. Il y a 13 ou 14 villages.
C'est une région, dans le langage qu'on emploie maintenant, de
confinement et d'isolement. Alors, ces régions-là, quand
même, ont chacune leur dispensaire et elles ont des services qui sont
accessibles sur une base de 24 sur 24. La même chose pour Schefferville
versus Fermont. Alors, il y a d'autres modalités au niveau des points de
services ou dispensaires.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Ce que je comprends
dans le cas des 14 villages sur la Basse-Côte, ce sont des services
infirmiers.
M. Lortie: C'est-à-dire qu'il y a des services infirmiers,
mais plus des services psychosociaux. Il y a des itineraries qui se font
régulièrement; à partir du centre, il y a des
itinérances qui se font au niveau des services psychosociaux, de tous
les autres types de services. Parce que je pense que l'approche des CLSC, comme
on l'appelle souvent, c'est une approche globale, donc l'intervention de
l'infirmière, souvent, elle est confrontée à d'autres
types de problématiques que juste les soins infirmiers.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Juste, parce que je
sais que...
Le Président (M. Gautrin): Une dernière question,
rapide, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est très
rapide, oui merci. C'est parce que ce qui m'intéresse, on a dit que le
CLSC pourrait devenir la porte d'entrée et on a même dit que
ça pourrait soulager les urgences. En tout cas, la démonstration
n'est pas nécessairement faite, et c'est ça que je veux tenter de
fouiller un peu avec vous autres qui représentez une région
particulière.
Lorsque vous parlez que vous êtes ouverts 24 heures sur 24, est-ce
qu'il y a des médecins disponibles 24 heures sur 24?
M. Lessard (Lucien): Oui.
M. Lortie: Oui, dans chacun des établissements et compte
tenu aussi que la loi désigne des établissements, au niveau
d'avoir de la garde sur place ou de la garde en disponibilité, un ou
l'autre. Chez nous, on a deux types de garde qui sont en fonction et il y a de
la garde sur place, donc une disponibilité de médecin à
une distance d'environ cinq à dix minutes, 24 heures sur 24, 365 jours
par année. Et tous les établissements, sauf les deux
établissements mentionnés...
M. Côté (Charlesbourg): O.K., oui.
M. Lortie:... les six, ont le même type de
fonctionnement.
M. Côté (Charlesbourg): Et vous n'avez pas de
difficulté à recruter des médecins? Dans ces
cas-là, est-ce qu'ils sont à l'acte ou à salaire?
M. Lortie: Je vais laisser répondre mon confrère,
M. Lessard.
M. Lessard (Lucien): Bien, M. le Président, pour
répondre au ministre, c'est certain que nous avons beaucoup de
difficultés encore à recruter des médecins pour nos
régions. Et je pense que tant qu'on laissera la liberté absolue
au médecin d'aller s'établir là où il veut, on aura
toujours des problèmes; et tant qu'on aura un système de
médecin à l'acte... Le médecin est la seule profession, je
pense, au Québec qui peut créer sa propre clientèle et il
a la liberté absolue d'aller s'installer, même de racheter sa
bourse lorsqu'il pratique la médecine. Vous savez, 10 000 $ quand vous
êtes étudiant, c'est gros, mais 10 000 $ quand vous êtes
devenu médecin, ce n'est pas long que vous vous dirigez à la
banque et qu'on vous le prête très très bien et vous
rachetez votre bourse. Alors, on a quand même des problèmes de
recrutement de médecins. Maintenant, nos médecins sont
payés à salaires, mais nos médecins se comparent, parce
que chez nous, en particulier à certains endroits, à Forestville,
par exemple, on a une clinique privée à côté de
notre CLSC. C'est certain que nos médecins se comparent. Nos
médecins comparent la vie en clinique privée vis-à-vis de
la vie en établissement. Nos médecins en clinique privée
ne donnent aucun service à notre établissement, et même
dans des moments où ça a été extrêmement
difficile, où, on pensait être obligés de fermer l'urgence
du fait qu'on avait un ou deux médecins, il était difficile
d'obtenir des services de nos médecins en clinique privée. Alors,
la vie pour ces gens-là est beaucoup plus facile quand ils sont à
côté d'un établissement comme le nôtre. C'est dans ce
sens-là qu'on vous dit, M. le ministre, dans notre mémoire, que
les cliniques privées à l'avenir devraient être
contrôlées et éviter les dédoublements, parce que le
dédoublements de services, c'est là qu'ils sont, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous connaissant très
bien pour être entré au Parlement en même temps que vous ou
à peu près en 1973...
M. Lessard (Lucien): C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Connaissant..
M. Lessard (Lucien): En 1970.
M. Côté (Charlesbourg): Connaissant votre
volonté à vouloir défendre votre milieu, ce qui a toujours
été un trait de caractère personnel, avez-vous pris le
temps de faire l'analyse de ce que voient les médecins en clinique
privée à côté du CLSC et de ce que voient les
médecins dans le CLSC, en termes de clientèle, par rapport
à ce que ça coûte?
M. Lessard (Lucien): M. le ministre, nous devons - justement je
pense qu'on a vérifié ça auprès des médecins
en clinique privée - vous dire que nous avons à peu près
les mêmes dossiers en clinique privée qu'au CLSC. Ce qui arrivait
aussi, comme nous n'avions pas de médecins en permanence à cause
des difficultés de recrutement, les gens ne prenaient pas de chance, ils
avaient deux dossiers, un en clinique privée et un au CLSC.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est de la
duplication.
M. Lessard (Lucien): Mais encore là, M. le ministre,
même là, les gens ne prennent pas de chances, ils se couvrent en
allant voir les deux médecins...
M. Côté (Charlesbourg): O. K.
M. Lessard (Lucien):.. pour vérifier si nos
médecins sont bons ou...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais malgré
tout ça, je pense qu'ï y a possibBité d'être capable
de faire un exemple, savoir finalement... Parce que, règle
générale, les CLSC sont venus nous dire: II y a 7 % des
omniprati-ciens qui pratiquent en CLSC au Québec et Ils voient 7 % des
cas. Donc, faisant la démonstration que. sur le plan salarial,
même s'ils sont à salaire, tu vois plus de monde, et eux
prétendaient hier lorsqu'on les a entendus que c'était fait de
manière plus humanitaire que c'était fait dans une clinique
privée. Évidemment, c'est une affirmation que la FMOQ va dire
demain matin que ça n'a pas de bon sens. Je comprends les deux points de
vue, mais pour ça, il faut que ça s'appelle des exemples
précis. C'est pour ça que je vous demandais si vous aviez
été un petit peu plus loin là-dedans. Je comprends
là, vous venez de me dire un parfait exemple de duplication, des deux
bords.
M. Lessard (Lucien): Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): Et probablement que s'ils
n'aiment pas la face du médecin quand ris vont au CLSC ou en clinique
privée, ils vont se valider dans l'autre, la journée
suivante.
M. Lessard (Lucien): Maintenant, il faut dire aussi que chez
nous, étant donné que nous avons un équipement plus
complexe et plus lourd qu'en clinique privée, eh bien, ce que les
méde-
cins en clinique privée font, c'est qu'ils regardent bien souvent
le malade, établissent un diagnostic et, s'ils ont besoin de quelque
chose de plus lourd, même un pansement, par exemple, eh bien, ils le
retournent en établissement. Ça, ça nous crée de
drôles de problèmes chez nous parce que, on l'a dit il y a quelque
temps, comment voulez-vous que je contrôle mes prix, mon laboratoire,
comment voulez-vous qu'on contrôle, par exemple, la radiologie, quand 40
% de mes coûts de laboratoire ou de radiologie viennent de deux
médecins en clinique privée?
Le Président (M. Gautrin): Excusez. M. Vignola veut
ajouter un complément d'information.
M. Vignola: Ce que j'aimerais ajouter, M. Côté, sur
sa question, c'est que voilà à peu près un mois
j'étais - c'est une expérience vécue - dans la
région de Montréal; j'ai fait une infection dans un oeil, on
m'amène dans une clinique privée, c'est plein de monde. J'ai dit
là, il y a trop de monde ici, ça ne passera pas assez vite. On
m'amène dans une autre clinique privée, là. II y a moins
de monde, je passe. Le médecin m'osculte, il me dit: Je n'ai pas la
machine qu'il faut, mais il dit: Va voir mon chum à l'hôpital
à côté et, lui, il va te passer, il a la machine pour.
Pendant ce temps-là, ça a fait clic, clic sur la "castonguette".
J'arrive à l'autre, ça a fait encore clic, clic, pour me faire
dire: Bien, il n'y a pas grand-chose. Je vais te donner un petit pansement, et
bonjour chez vous. Tant que les cliniques privées n'auront pas les
équipements nécessaires que nous supportons dans nos
établissements, il va y en avoir de la double facturation.
Le Président (M. Gautrin): Compte tenu du temps, je vais
reconnaître le député de Joliette, leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais continuer un peu sur ça, parce
que c'est l'un des problèmes majeurs et peut-être que le fait de
consulter précisément sur des structures, on est portés
à vous demander des réactions par rapport à des
structures, mais les vrais problèmes ne sont pas touchés.
Financement du réseau et la duplication dans le réseau, c'est
peut-être là les gros enjeux et le débat de
société devrait peut-être se faire là-dessus
précisément. Que dites-vous - je ne sais pas si c'est la
Fédération des CLSC qui en a parié, hier, je ne me
souviens pas - de l'accréditation des cliniques privées? Sous
réserve, là, je ne me souviens pas, on a assez passé de
groupes que j'ignore lequel en a parlé. Mais êtes-vous d'accord
avec cette formule qui a été préconisée de
l'accréditation des cliniques privées par le ministère?
(16 h 30)
M. Lessard (Lucien): Oui, M. le Président,
entièrement pour éviter des dédoublements. Si le
ministère constate qu'il investit des ressources considérables
à tel endroit, pourquoi permettre l'ouverture d'une clinique
privée? Alors, je pense que la Fédération a fait la
même proposition. L'Association des directeurs généraux a
fait la même proposition et, dans notre mémoire, nous faisons la
même proposition. À savoir qu'aucune clinique privée ne
puisse s'ouvrir sans avoir l'autorisation de l'État.
M. Chevrette: Est-ce que vous croyez qu'on devrait, étant
donné que, chez vous, si j'ai bien compris, votre établissement
est à toutes fins pratiques une urgence hospitalière, ou en tout
cas de soins aigus ou de première ligne à donner à des
citoyens mal pris, est-ce que vous considérez qu'on devrait forcer - et
là je pèse mes mots, mais je veux qu'ils veuillent dire ce qu'ils
veulent dire là, Je veux que vous compreniez bien - les médecins
d'une région à partager le boulot de l'urgence?
M. Lessard (Lucien): M. le Président, comme minimum au
moins. S'ils ont 120 %, comme minimum au moins on devrait leur demander d'aider
des établissements et de travailler en établissement. Je pense
que c'est un minimum puisqu'ils ont les mêmes avantages que les
médecins qui pratiquent en établissement, à savoir 115 %
du prix normal. Alors, on devrait au moins leur demander de participer.
D'ailleurs, il y avait déjà, dans un ancien programme, un projet
qui disait qu'un médecin qui était à l'intérieur de
50 kilomètres, pour obtenir les 115 %, devait être au moins membre
du Conseil des médecins et dentistes de l'établissement.
Le Président (M. Gautrin): M. Vignola, vous voulez faire
un complément.
M. Vignola: En plus, quand on parle des médecins,
l'exemple qu'on peut voir dans certaines régions, même c'est
arrivé dans notre région, des médecins qui vont chercher
leur formation dans les centres de santé ou hospitaliers. Et un coup que
leur clientèle est faite, ils s'en vont installer une clinique
privée en face de l'hôpital ou en face du centre de
santé.
M. Chevrette: Oui, mais j'ai vu plus le contraire. J'ai vu
beaucoup de médecins, moi, dire à leurs clients: Viens me voir,
je suis de garde à l'urgence, parce que tu n'as pas de secrétaire
à payer dans ce temps-là, tu n'as pas d'éclairage, tu n'as
pas de chauffage. J'ai vu l'inverse par exemple. Je ne ferai pas une
règle générale.
M. Vignola: Non, non c'est exact. C'est que, ils font ça,
ils retournent, ils laissent le CLSC et ils s'en vont s'établir à
un moment donné en établissement, mais quand il y a des
problèmes
qui sont importants, ils retournent au CLSC.
M. Chevrette: Avez-vous pu évaluer, parce que ça a
de l'importance en maudit pour une région... On doit comptabiliser
à la RAMQ, je suppose comment il se dépense sur la
Côte-Nord? Il serait peut-être intéressant de voir comment
des médecins en clinique privée sur la Côte-Nord ont pu
aller soutirer, non pas soutirer malhonnêtement, ce n'est pas ça
que je veux dire, mais ont pu avoir l'argent - il faut peser ses mots ici aussi
- ont pu aller chercher des sommes assez importantes et comment le secteur
public que vous représentez a pu avoir, pour voir comment les deux
ensemble ça totalise d'argent et comment si les efforts étaient
plus coordonnés ou agencés ça pourrait améliorer la
qualité des services? Je pense que ce serait des données qui
seraient peut-être intéressantes d'aller chercher pour la
Côte-Nord en tout cas. Ça m'apparaîl être un
problème majeur chez vous.
La question des conseils unifiés et du D.G., vous l'aviez dans
votre mémoire, mais vous n'en avez pas soufflé un mot dans votre
exposé. Étant donné que j'ai lu votre mémoire
avant, je voudrais vous poser de petites questions sur ce que vous n'avez pas
dit.
M. Lessard (Lucien): C'est parce qu'on avait juste dix minutes,
M. le Président.
M. Chevrette: Je le sais. Je ne vous ai pas prêté
aucune intention, M. Lessard, vous me connaissez. Les D.G. quelle est la raison
fondamentale pour dire: Banissez donc ça de votre avant-projet de
loi?
M. Lessard (Lucien): Huit ans?
M. Chevrette: C'est ça que vous demandez, l'abolition pure
et simple de l'article, si j'ai bien lu votre mémoire.
M. Lessard (Lucien): Je vous répondrais la même
argumentation, M. le Président. Je vous répondrais de la
même façon qu'on le fait pour un ministre ou un
député. S'il est bon, s'il est efficace, la population va le
réélire; si le directeur général n'est pas bon, le
conseil d'administration le congédiera. Je ne pense pas qu'on doive
limiter à huit ans le mandat.
M. Chevrette: C'est vrai que toute comparaison cloche, M.
Lessard. Vous savez très bien qu'il y en a à cause de la vague,
ce n'est pas une question de bonté.
M. Lessard (Lucien): Pardon? Au moins après cinq ans, il y
a des mesures de sécurité qui sont plus fortes que les
nôtres.
M. Chevrette: D'accord. En fait, vous vous incrivez dans la ligne
de l'Association des D.G. du Québec.
M. Lessard (Lucien): C'est ça, l'Association des
directeurs généraux, même du Conseil du patronat,
monsieur.
M. Chevrette: Oui, c'est vrai, j'ai remarqué ça.
C'est la première fois, d'ailleurs, que je vous voyais en accord avec
eux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: L'autre question concerne les conseils
unifiés, c'est ma dernière question. Vous dites carrément,
et je pense que votre situation est claire, j'aimerais savoir, par exemple,
comment vous voyez la nouvelle composition de ces conseils-là. Est-ce
que vous suggérez des modifications par rapport à la structure
actuelle des conseils ou si c'est tout simplement le statu quo que vous voulez
conserver?
M. Vignola: Sur les conseils unifiés, on n'a pas
élaboré dans ce dont je viens de parler... On aurait pu en parler
un peu dans notre résumé de tout à l'heure. La tendance
qui a l'air à se développer en ce qui concerne les conseils
unifiés ne semble plus être une priorité comme telle, c'est
pour ça qu'on n'a pas...
M. Chevrette: Du moins, le ministre a bien dit que ça ne
tenait plus.
M. Vignola: Oui, mais disons que, si on écoute d'un bord
et de l'autre, c'est qu'on pensait, nous autres, que les conseis
d'administration actuels sont assez responsables, je crois, pour pouvoir
opérer et je ne pense pas, en tout cas, que ce soit le temps de dire: Le
conseil unifié va régler nos affaires. Ça peut
peut-être juste changer le mal de place... ne pas regarder le fond du
baril.
M. Chevrette: Oui, mais ma question est plus précise que
ça. Je sais que vous êtes contre les conseils unifiés, mais
ce que je veux savoir, c'est: Souhaitez-vous des modifications à la
composition des conseils actuels? Il y en a qui se plaignent, par exemple,
qu'il y a trop de cadres, trop de personnel, trop de professionnels. C'est
ça que je veux savoir.
M. Lortie: On pourrait y répondre jusqu'à un
certain point. Dans les discussions qu'on a eues sur la Côte-Nord, parce
que le mémoire a été présenté, avec les huit
présidents, les directeurs généraux et d'autres usagers
des établissements, ce qui se dégageait, c'était de garder
la formule actuelle de vos conseils d'administration unifiés, de garder
cette même formule-là et de l'incorporer dans un conseil
d'administration.
M. Chevrette: Je comprends.
M. Lortie: Parce que, souvent, vous voulez avoir plus d'usagers.
Vous voulez que les usagers s'impliquent beaucoup plus et le moyen de le faire,
c'est d'avoir beaucoup plus de conseils d'administration composés
d'usagers. Si, moi, en tant que directeur général d'un
établissement, je veux faire partie d'un conseil d'administration, je
passerai quelque part comme usager au suffrage universel et, à partir de
là, je représenterai l'usager.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
leader.
M. Chevrette: Je vous remercie. J'en aurais d'autres sur les CSS,
mais je pense que votre message est très clair.
M. Lortie: Je les aurais aimées.
M. Chevrette: Je l'ai bien lu, par exemple. Merci beaucoup de
vous être déplacés.
Le Président (M. Gautrin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): Je tiens à vous
remercier, au nom de la commission, de votre présentation.
On va appeler maintenant... Voulez-vous suspendre quelques minutes?
Une voix: Non.
Le Président (M. Gautrin): On continue. Oui, je sais, je
continue. Que le comité des organismes sociaux de Laval veuille bien se
présenter. Vous avez l'insigne honneur d'être le 90e groupe que
nous recevons. C'est M. Mont-marquette qui fait la présentation?
Une voix: Non, c'est M. Gariépy.
Le Président (M. Gautrin): M. Alain Gariépy. Alors,
M. Gariépy, est-ce que vous pourriez présenter les gens qui vous
accompagnent, s'il vous plaît?
M. Gariépy (Alain): Oui. S'il vous plaît!
Le Président (M. Gautrin): Vous avez à peu
près une demi-heure, partagée en dix minutes pour votre
présentation, dix minutes pour les questions du parti ministériel
et dix minutes pour l'Opposition.
Comité des organismes sociaux de Laval M. Gariépy:
Ça va. Alors, M. le Président,
M. le ministre, M le chef de l'Opposition, membres de la commission
parlementaire, je voudrais vous dire, dans un premier temps, qu'on est heureux
d'être ici aujourd'hui. On a une vision positive de la venue de la
régie régionale dans notre région et on est
intéressés aussi, on trouve intéressant,
c'est-à-dire...
Le Président (M. Gautrin): Je m'excuse, M. Gariépy.
Est-ce que vous auriez la gentillesse de présenter les gens qui vous
accompagnent?
M. Gariépy: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Simplement pour les fins
d'enregistrement, s'il vous plaît.
M. Gariépy: Parfait. À partir de ma gauche, Sylvain
Montmarquette, du Bureau d'aide et d'assistance familiale; Jean Fallon, de
Mesures alternatives jeunesse; Raymonde Lévesque, du Centre des femmes
de Laval; et Monique Durette, de la Maison le Prélude. Alain
Gariépy, Action et intervention jeunesse.
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Vous pouvez
continuer.
M. Gariépy: Donc, on est cinq représentants du
Comité des organismes sociaux de Laval Notre intérêt,
finalement, c'est de pouvoir discuter de la situation du communautaire et plus
particulièrement de travailler au niveau des approches, des programmes,
de la participation de la population et aussi du financement des regroupements
provinciaux. J'aimerais laisser la parole, dans un premier temps, à Mme
Durette.
Mme Durette (Monique): Bonjour. À l'heure des grands
changements dans les services de santé et les services sociaux, le
Comité des organismes sociaux de Laval s'est d'abord penché sur
la définition et la place des organismes communautaires dans
l'avant-projet de loi proposé. Nous avons été fort
étonnés de ne pas retrouver à l'article 229, dans la
définition d'un organisme communautaire, l'une des
caractéristiques qui, selon nous, est la plus importante, soit la libre
définition de nos orientations, de nos politiques et de nos approches.
La réinsertion de ce critère s'avère essentielle parce
qu'il constitue le critère distinctif des organismes communautaires par
rapport aux ressources intermédiaires et aux ressources du
réseau.
Le fait de recevoir ces mandats de sa base, assemblée
générale ou collectif, et de rendre des comptes à sa base,
c'est d'autant plus important que tout le fonctionnement et le financement du
système des services sociaux et de santé se feront sur la base de
programmes établis au ministère, à Québec, et
appliqués par les régies régionales Les organismes
communautaires doivent continuer de décider de leurs orienta-
tions et de leurs activités via leurs instances
démocratiques et non en s'inscrivant dans des programmes
décidés dans un ministère. L'efficacité que le
gouvernement reconnaît à nos groupes vient justement de leur
enracinement dans une communauté et de leur proximité avec leur
base démocratique.
Dans un deuxième temps, nous nous sommes penchés sur
l'approche proposée par le ministère, un avant-projet de loi qui
lance tout le système de services sur une cible, la personne, dont il
doit améliorer la capacité d'accomplir les rôles qu'elle
entend assumer et ce, sans qu'il soit par ailleurs question d'agir sur les
facteurs qui exercent actuellement une influence considérable sur ces
choix de rôles. Pour tout dire, il nous semble confondre l'idée
d'un système centré sur la personne avec celle de solution
centrée sur la personne. Ainsi, l'objectif de mission du système
glisse du renforcement de l'autonomie de la personne vers le renforcement
exclusif de la responsabilité de la personne.
Cette manière de voir et d'agir comporte deux pièges. Si
l'individu n'est pas situé dans un contexte socio-économique
précis et que l'intervention sociale ou médicale ne tient pas
compte de ce contexte, il y aura risque important de rendre la personne seule
responsable de son problème. L'élimination des causes
sociétales des problèmes sociaux et de santé viendra de
l'action concertée des individus et non seulement des changements dits
personnels. Le ministère doit donc aussi soutenir les
collectivités qui décident de s'organiser par l'action
sociale.
Nous avons aussi identifié un deuxième piège.
L'État confie à la famille et à la communauté la
lourde responsabilité d'aider toutes tes personnes qui ont des
problèmes sociaux ou de santé. Nous croyons fort que cela
conduise à l'instauration d'une solidarité obligatoire dont les
femmes feront encore les frais. Nous considérons que tous les individus,
hommes et femmes, ont la capacité de choisir les personnes-ressources
qu'ils et qu'elles désirent avoir lorsqu'ils et elles vivent un
problème.
Enfin, l'obligation de premier recours à la famille
représente, à nos yeux, une nouvelle forme de privatisation des
services. Cette conception repose sur le travail gratuit et caché des
femmes. De plus, l'État pourrait créer l'illusion, dans la
population, d'une réduction des problèmes sociaux et de
santé simplement parce qu'on verrait moins de personnes en
difficulté dans les urgences ou les salles d'attente de médecins
ou de psychologues.
Là-dessus, je donne la parole à M. Gariépy qui vous
entretiendra plus spécifiquement de l'impact des programmes sur le
communautaire.
M. Gariépy: pour comprendre l'impact des programmes, il
faut observer la situation du communautaire en général. le
ministère, à ce niveau, semble reconnaître la
précarité de la situation que vit le communautaire. Ainsi, bien
qu'il soulève les difficultés existantes, on remarque qu'on est
tous en train, présentement, de chercher de nouvelles alternatives pour
améliorer la situation. Il faut comprendre que les programmes, pour nous
autres, représentent notre financement, donc, à travers
ça, les services offerts.
À ce niveau, il y a deux positions qui sont
présentées. Dans un premier temps, on remarque que le
ministère laisse le choix aux différents organismes de se
définir. Il ne désire pas tracer le cadre des activités du
communautaire, mais il oriente les subventions en fonction des
problématiques, ce qui amène les organismes à se
définir en fonction des services qu'ils offrent. Deuxièmement,
c'est que le communautaire a la possibilité de travailler dans
différents secteurs d'activité, mais il doit alors faire autant
de demandes de subventions que le nombre de problématiques qu'il touche.
Ces deux dimensions-là, pour nous autres, amènent deux
problèmes distincts. Le premier, c'est qu'il devient alors difficile de
travailler en fonction de la globalité de la personne et, en plus, en ne
subventionnant pas assez l'infrastructure, les organismes communautaires se
trouvent trop souvent dans la position où ils sont payés pour se
mettre en quête de trouver du nouvel argent. (16 h 45)
Concernant le financement, le ministère explique que le
communautaire doit profiter du soutien de la communauté, mais
parallèlement, on soulève des difficultés, soit: les
conditions socio-économiques sont telles qu'elles découragent
tout appel à la générosité; le recours au secteur
privé est aléatoire; et le financement public montre des signes
d'essoufflement. Dans ces circonstances, on se questionne beaucoup sur les
démarches que l'on devrait prendre pour pouvoir profiter du soutien de
la communauté.
Autre point important concernant les mesures de financement s'adressant
à l'instance régionale, cette situation peut devenir très
inquiétante pour les organismes communautaires. Le point majeur de cette
difficulté vient du fait que les subventions sont remises en fonction
des problématiques et qu'à ce niveau-là, il y a une
compétition qui peut devenir périlleuse pour les organismes
communautaires face aux établisse-ments publics. Cette dimension
s'explique parce que les établissements du réseau de la
santé et des services sociaux et le communautaire travaillent souvent en
fonction des problématiques et la difficulté devient
évidente quand nous observons la composition du collège
électoral et du conseil d'administration de la régie
régionale. Dans les deux cas. plus de 50 % des représentants sont
membres des C. A. d'établissements publics. Le communautaire se trouve
alors sous-représenté dans les processus décisionnels.
Cette situation est déplorable et nuit aux chances du communautaire de
se développer.
II faut penser à un mode de financement qui respecte la
réalité du communautaire et qui soit orienté en fonction
de son infrastructure pour le rendre tout à fait efficace. Si on
désire parler de véritable partenariat, il faut que les
règles soient les mêmes pour tout le monde. Pour que les
dispensataires des services soient partenaires à part entière, il
doit y avoir nécessairement une distribution équitable des
pouvoirs.
Un dernier point qui nous touche beaucoup concerne l'évaluation.
Le problème exposé face à la distribution des pouvoirs se
retrouve aussi quand il est question d'évaluation. Les instances
régionales ont pour mandat d'évaluer la qualité des
services offerts. On trouve donc, encore là, 50 % des
représentants d'établissements publics qui auront la
responsabilité d'évaluer les services du communautaire. Les
évaluations doivent se faire par les utilisateurs des services, par les
personnes qui, quotidiennemnt, sont confrontées aux
réalités de l'action communautaire.
J'aimerais maintenant laisser la parole à Raymonde
Lévesque.
Mme Lévesque (Raymonde): Dans lavant-projet de loi sur la
Santé et les Services sociaux, le ministère propose une structure
contrôlée exclusivement par les citoyens et les citoyennes d'un
milieu donné et ce, à tous les paliers: C.A. de régies
régionales, collèges régionaux, C.A. unifiés. Nous
constatons qu'il y a donc une volonté ministérielle de
démocratiser le réseau des services sociaux et de la
santé. Déjà, avec la commission Castonguay-Nepveu, on
retrouvait cette idée que la population devait avoir son mot à
dire dans l'organisation des services de santé et des services sociaux,
et une réforme a accordé ce droit aux citoyens et aux usagers par
une présence minoritaire de ceux-ci sur les conseils d'administration
des établissements. Évidemment, nous ne pouvons que souscrire
à cet objectif puisque, dans la plupart des organismes communautaires,
les conseils d'administration sont composés majoritairement d'usagers
et/ou de participants. La crainte que nous avons face à la
participation, c'est qu'encore une fois, il risque d'y avoir illusion d'une
démocratie.
Beaucoup de critiques ont été émises sur l'actuel
mode de participation des citoyens aux C.A. d'établissements. Par
exemple, le peu de voix dont disposaient ceux-ci, le fait que les autres
membres des C.A. étaient souvent des cadres d'établissement, la
difficulté de comprendre, pour ces gens, une information hautement
technocratique, tous ces facteurs ont rendu leur participation quelque peu
illusoire. Or, le mode d'élection des C.A. unifiés, comme celui
des C.A. de régies régionales, fait largement appel à la
cooptation et aux nominations. En fait, la population n'élit qu'une
minorité de personnes sur les C.A. d'établissements et ne
participe aucunement à l'élection de la régie
régionale.
Nous nous interrogeons, à savoir: Serait-ce donc que l'on veut
réserver l'honneur d'élire ou d'être élu...
Le Président (M. Gautrin): Madame, est-ce que vous en avez
pour encore longtemps, dans votre intervention?
Mme Lévesque: Si je pouvais avoir quatre minutes.
Le Président (M. Gautrin): Nous sommes d'accord, les deux
partis, pour donner une partie de votre temps?
M. Chevrette: Certainement. Mme Lévesque: Je vous
remercie.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je vous laisse
continuer.
Mme Lévesque: Merci, M. le Président. Alors, comme
je le disais, nous nous interrogeons, à savoir si on veut
réserver l'honneur d'élire ou d'être élu,
nommé ou coopté à une minorité
éclairée de citoyens ou de citoyennes.
De plus, l'absence totale des dispensateurs et dispensatrices des
services, c'est-à-dire les travailleurs et les travailleuses des
organismes communautaires et publics, nous pose également un
problème. Leur apport est riche et précieux sur un C.A.
puisqu'ils sont en contact quotidien avec la population et c'est ce que nous
vivons d'ailleurs dans nos organismes. Au fil des ans, les organismes
communautaires ont fait preuve de leur volonté de se concerter, entre
eux d'abord, mais également avec les établissements du
réseau. Ainsi, c'est sans peine que nous adhérons à
l'idée d'un partenariat présentée dans le document
d'orientations où l'on parle d'un nouveau partenariat plus respectueux
de la nature de la contribution respective des partenaires, un partenariat qui
s'établit à travers la poursuite d'objectifs communs et l'action
concertée.
De par cette insistance nouvelle sur l'importance du partenariat et en
lien avec le concept du système centré sur la personne, le
ministère accorde enfin une reconnaissance officielle aux organismes
communautaires lorsqu'il mentionne, dans le document d'orientations, que les
organismes communautaires contribuent largement à l'amélioration
de la santé et du bien-être de la population. Nous nous
réjouissons évidemment de cette admission par l'État de
nos compétences et du fait qu'il ait besoin du travail de nos organismes
pour s'attaquer aux problèmes sanitaires et sociaux de la population
québécoise. Dans cette perspective, il est dommage que cette
reconnaissance ne soit accompagnée d'aucune garantie d'un financement
adéquat et équitable pour nos organismes.
Je reviens quelques secondes sur ce que
Mme Durette disait à propos de l'article 229 qui définit
un organisme communautaire. Il y a une partie importante qui se retrouvait dans
la documentation d'orientations et qui n'est pas dans l'avant-projet de loi et
qui disait que les organismes communautaires sont des groupes engagés
dans leur milieu, qui définissent librement leurs orientations, leurs
politiques et leurs approches. Cet élément-là, il est
primordial puisque nous recevons nos mandats de notre base, c'est-à-dire
de nos assemblées générales. Ce sont les usagers qui nous
parlent de leurs besoins et, à partir de ces besoins, on élabore
des programmes et des stratégies d'intervention. Je crois que c'est
aussi ce qui fait notre originalité et notre force, cette
proximité de la population. Si on se retrouve à être
diminués dans cet aspect-là, je crois que nous allons perdre de
l'efficacité que le ministère, justement, nous reconnaît.
Et j'irais même jusqu'à dire que c'est de nous faire ressembler
à des mini-institutions.
Pour terminer, le dernier problème que j'aborde est celui du
financement des regroupements provinciaux. Il est clair, il est explicite, dans
l'article 231, que le ministère ne prévoit aucun financement de
ces regroupements. Il y a une contradiction ici entre le discours
ministériel et les moyens retenus. D'une part, malgré la
décentralisation de certaines responsabilités vers les
régions, le ministère se garde le pouvoir d'élaborer une
politique de santé et des programmes-cadres à partir desquels les
services sociaux et de santé devront s'articuler.
De plus, il reconnaît l'importance des organismes communautaires
et leur donne un statut de partenaires associés. Mais, d'autre part, le
ministère refuse de tenir pour acquis la légitimité des
associations ou regroupements que se sont donnés ces partenaires. Le
MSSS sait pourtant fort bien que ce sont les organismes locaux qui ont
décidé de se donner un instrument de représentation
provinciale et non l'inverse. Il sait aussi que ces associations ou
regroupements sont extrêmement utiles puisqu'ils jouent aussi un facteur
de critique sociale qui les amène à faire valoir les besoins et
les intérêts de leur clientèle par rapport aux politiques
gouvernementales.
II faut encourager le travail des regroupements et non l'inverse. Il
faut, de plus, prévoir des lieux de discussions entre ceux-ci et le
ministère. Après tout, le gouvernement du Québec rencontre
régulièrement les associations provinciales représentant
des groupes d'intérêt comme les centrales syndicales, par exemple,
les corporations, les associations d'établissements. Les regroupements
d'organismes communautaires représentent aussi, en toute
légitimité, ces groupes d'intérêt que sont les
organismes communautaires. Il est donc important qu'ils soient entendus et
financés par le ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Je termine en vous remerciant pour votre écoute.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. Je vais
passer la parole, maintenant, et reconnaître le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Est-ce que je me trompe ou si j'ai raison, lorsque je crois
percevoir dans votre intervention qu'il y a une différence entre
ça et lavant-projet de loi; et que si on retrouvait dans l'avant-projet
de loi ce qu'il y a là-dedans, il y aurait déjà un bon
bout de chemin de fait et l'illusion pourrait devenir
réalité?
M. Gariépy: II y a, dans les propositions qu'il y avait
dans les orientations, le document, des explications qu'on cherche
effectivement, des fois, dans les articles de lavant-projet de loi.
M. Côté (Charlesbourg): En particulier, au niveau de
l'article 229.
Mme Durette: Et de l'article 231 aussi, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): On va les passer un par un,
là. L'article 229... Parce que sur l'article 229, moi... Quand je
questionne les légistes chez nous, on me dit: Bon, bien, c'est
sous-entendu. Mais, dans mon livre à moi, si ce n'est pas assez clair
à ce niveau-là et qu'effectivement on veut que ce soit clair, on
va le mettre dedans. Donc, on va régler l'article 229. Ça va
être libellé de façon à... Ça ne sera pas...
Ça va probablement être un autre article quand le projet de loi
arrivera, mais il y aura...
M. Chevrette: Vous faites mieux d'être prudent sur la
numérotation, à ce stade-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Il y aura des
concordances; mais sur le sens, à tout le moins, il y aura à
l'intérieur les corrections qu'il faut pour être fidèle aux
orientations qui ont été déposées.
Quant à l'article 231, ça, c'est un débat. Je n'en
fais pas... Je ne fais pas un bout aussi rapide. Parce que c'est bien beau de
parler d'illusion de démocratie, de dire que les regroupements sont la
volonté de la base, qu'ils ont été créés
parce que la base en a exprimé le besoin... Je vous revire ça.
Moi, je vous dis: Si, effectivement, c'est ça. il ne faut pas avoir peur
de retourner voir sa base et d'être à nouveau reconnu par sa base.
Si on disait: "Reconnu par sa base à partir des mêmes budgets",
là, vous auriez raison de vous inquiéter. Parce que.
effectivement, si un organisme sur le plan local a un budget de 20 000 $ et
qu'on lui dise: Amène tes 20 000 $ indexés, tu vas prendre ce
qu'il faut pour être capable de financer ton regroupe-
ment, il va vous dire: hé! on vous a créé à
l'époque mais vous êtes devenu bien embarrassant; nos 20 000 $, on
les garde pour nous autres. mais si on était dans une situation
où, effectivement, on disait à la base, donc à
l'unité locale: tu as tes 20 000 $ plus 2000 $ ou 5000 $ qui, eux, sont
la partie désignée et qui serviraient au regroupement; mais tu
peux les donner ou ne pas les donner. à ce moment-là, est-ce
qu'on ne servirait pas la démocratie, que la base elle-même verse
à son regroupement, sur le plan optionnel, l'argent pour
reconnaître l'utilité de son regroupement? là, à ce
moment-là, ce n'est pas de l'illusion de démocratie,
d'après moi. c'est de la démocratie directe.
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Fallon (Jean): Sur le plan philosophique, idéologique,
je crois que vous avez entièrement raison. Sauf qu'un regroupement
provincial représente des régions et représente des
tendances d'intervention. Si on regarde, par exemple, un regroupement de
maisons de jeunes, à travers le Québec, qui serait financé
à partir de la base, ça voudrait dire que les grandes
régions, comme par exemple Montréal qui a une trentaine de
maisons de jeunes, Québec qui a une quinzaine de maisons de jeunes,
auraient le monopole du pouvoir au sein du regroupement. Pour ça, oui,
l'idéologie de continuer à financer à la base... Oui, je
pense qu'on est entièrement d'accord avec ça; sauf que ce sera
encore le danger de centraliser le pouvoir dans les grosses régions.
À Laval, on serait probablement avantagé. On aurait quand
même une couple de membres, si on regarde seulement au niveau des maisons
de jeunes. Sauf qu'il y a plusieurs régions qui regroupent une maison de
jeunes pour un grand territoire, qui auraient un vote dans la balance de la
démocratie. Pour ça, je pense que c'est important d'avoir un
financement centralisé pour, justement, faire respecter la
démocratie, et non que ce soit les mieux nantis qui aient encore le
pouvoir.
Mme Lévesque: Si vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Oui, madame (17 heures)
Mme Lévesque: J'aimerais ajouter un point qui est... Je
trouve que, bon, ce que vous apportez est intéressant. Mais ça
risque, à mon avis, de mettre les regroupements provinciaux dans une
situation précaire et, je dirais, de dépendance. En ce sens, si
je prends, par exemple, les centres de femmes du Québec, qui ont des
difficultés énormes de subvention... On vient même,
dernièrement, avec le nouveau budget fédéral, de se faire
couper les subven- tions de soutien du Secrétariat d'État.
À ce rythme-là, il meurt environ cinq centres de femmes
par année. Alors, de 80, nous sommes passés maintenant
à environ 70. Ceci pour dire, si je prends l'exemple des centres de
femmes, que si les centres continuent à mourir par manque de
financement, qui financera le regroupement provincial? Il n'aura plus les fonds
nécessaires pour faire son mandat, pour répondre à son
mandat. Alors, c'est le risque qui est important.
M. Côté (Charlesbourg): Une dernière
question. Je sais que mon temps est déjà écoulé...
Une dernière question sur le plan... À peu près tous les
groupes communautaires craignent - les premiers que j'ai vus, c'est
aujourd'hui: Lauren-tides-Lanaudière, qui craignaient moins - une
décentralisation de l'enveloppe au niveau d'une région,
malgré le fait qu'on garantisse que cette enveloppe-là sera
dédiée, réservée aux groupes communautaires.
Est-ce que - dans la mesure où on arrive avec une régie
régionale pour Laval - vous avez une crainte comme celle-là, au
niveau de Laval?
M. Montmarquette (Sylvain): J'aimerais peut-être
répondre à cette question en disant simplement que les personnes
qui vont décider de l'attribution des fonds ne seront pas
nécessairement des personnes au courant des besoins, si on veut, de la
communauté. Dans ce sens-là, on craint effectivement de voir le
financement attribué à des groupes privilégiés.
Vous me dites que ça peut être garanti. D'accord; sauf que
garanti, sous quels critères? C'est alors qu'on pense qu'on a une
participation importante à apporter.
M. Côté (Charlesbourg): Mais êtes-vous en
train de me dire que vous avez une meilleure garantie quand c'est le
ministère... Qu'il connaît mieux vos besoins quand c'est le
ministère à Québec qui le fait, que si c'était des
gens de Laval, sur le plan régional, qui le feraient?
M. Montmarquette: Non. Je ne vais pas en contradiction avec
ça, bien sûr.
Le Président (M. Gautrin): M. Gapiépy.
M. Gariépy: Oui. À Laval, ce qui est clair, c'est
qu'il y a des efforts importants de concertation qui durent depuis plusieurs
années. Dans ce sens-là, ça peut être garant de
l'avenir; il y a une certaine confiance qui peut s'installer. C'est
évident, par exemple, que la position des organismes communautaires doit
être renforcée dans le pouvoir qu'ils ont, de prendre des
décisions sur leur propre avenir. C'est important que ce soit comme
ça à Laval, comme partout ailleurs; parce que, sinon, on prend
part aux différentes discussions et aux orientations, mais on n'a
pas
nécessairement assez de représentants pour pouvoir prendre
des décisions.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Gautrin): Je vais reconnaître,
maintenant, le leader de l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais faire une boutade, tout d'abord,
à madame qui représente les centres de femmes. Les coupures du
fédéral, c'est sans doute la preuve du fédéralisme
rentable.
Mais cela étant dit, je voudrais...
Le Président (M. Gautrin): C'était une boutade.
M. Chevrette: Oui, mais elle a été bien
comprise.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Elle est très
rentable, politiquement, évidemment.
M. Chevrette: Je ne sais pas. Il y en a qui ont compris sur le
tard et qui commencent à trouver que ça a de l'allure.
Le Président (M. Gautrin): Pas du tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Bon! Cela dit...
M. Côté (Charlesbourg): Ça dépend
toujours par qui c'est mené.
M. Chevrette: Ah, seigneur! J'ai enseigné: il y en avait
qui comprenaient vite; d'autres, ça prenait du temps.
Cela dit, madame ou monsieur, la question que je veux vous poser... J'en
ai une seule; après ça, j'aurai un commentaire...
Une voix: Vaut mieux être plus lent que trop vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II y a plus de plaisir
à avoir.
M. Chevrette: Selon comment on se place, M. le ministre.
Le Président (M. Gautrin): M. le leader
M. Chevrette: En santé, il ne faut pas être lent. Il
faut se réveiller vite...
Le Président (M. Gautrin): M. le leader...
M. Chevrette: Sinon, ça se détériore
rapidement.
Cela dit, la question est la suivante. Vous semblez être inquiets.
Je ne comprends pas vos inquiétudes, malgré les réponses
que vous venez de donner au ministre... Quand, sur le plan local, on joue le
jeu de la concertation, H est fort possible que le milieu décide de
prioriser le traitement contre la violence, par exemple; puis, qu'il puisse
favoriser l'alcoolisme, qui est devenu un fléau, et la toxicomanie. Par
exemple, dans Laval ça pourrait être deux priorités. On
pourrait se retrouver avec des enveloppes majorées à ces deux
niveaux-là, sans pour autant, cependant, en arriver à
éliminer les structures qui sont reconnues dans le milieu et qui
oeuvrent dans le milieu depuis x temps.
Je ne sais pas si vous étiez ici ce matin quand j'ai
exposé ma perception de ce que c'était le communautaire. Mais
à mon point de vue, si on accrédite les structures qui vont bien,
qui ont déjà fait leurs preuves dans leur milieu... Il n'est pas
question de les éliminer. Je ne pense pas que le milieu les
élimine. Moi, ma perception.. Je ne penserais pas que le milieu les
élimine. Mais il est évident qu'il y a une preuve à faire
si on veut rapprocher le centre de décision. C'est au milieu à
faire la preuve de ses besoins les plus essentiels, après. Je pense que
vous avez... C'est peut-être une crainte de départ qui est
fondée sur le fait que vous tenez pour acquis que la structure actuelle
pourrait vous placer... Faites l'analyse dans un contexte où on change
la structure des régies et où le communautaire a une place de
choix à la table de décision, avec le monde municipal et avec
d'autres mondes. Est-ce que vos appréhensions seraient les mêmes
ou si vous... Est-ce que vous maintenez les mêmes appréhensions,
ou si vous croyez que le dynamisme du milieu peut jouer, à ce
moment-là?
Le Président (M. Gautrin): Mme Lévesque, M.
Fallon.
Une voix: Oui.
Mme Lévesque: Peut-être juste glisser encore...
Le Président (M. Gautrin): Alors Mme Lévesque
d'abord, M. Fallon ensuite.
Mme Lévesque: Encore faudrait-il savoir ce que c'est
qu'une preuve. Qu'est-ce qu'on attend d'une preuve? On sait que les preuves du
communautaire sont différentes des preuves du réseau. Et
ça, c'est une nuance qui est très importante.
M. Chevrette: Exactement.
Mme Lévesque: Est-ce que c'est en termes
de clientèles desservies, si on prend, par exemple, la
toxicomanie? Est-ce qu'une preuve de notre efficacité, c'est la
cessation complète de toute consommation?
M. Chevrette: Ah non. Ah non.
Mme Lévesque: Je ne crois pas, mais il y a des
barèmes qui sont diférents pour le milieu plus institutionnel et
pour le communautaire.
M. Chevrette: Mais je pense, Madame, qu'on peut vous rassurer
tout de suite là-dessus. Si on avait des membres d'un conseil
d'administration qui penseraient ça, ce seraient des cons Parce qu'on
sait très bien que notre milieu, s'il n'y a pas de ressources
alternatives... Après qu'on a désintoxiqué notre gars, la
seule porte qui est ouverte assurée, c'est la taverne.
Là-dessus, je ne pensé pas que les gens soient encore
bornés, soient à un palier aussi bas que ça. Je pense
qu'il y a une évolution. C'est bien sûr que, moi aussi, j'ai
hâte de voir ce que le ministre va proposer comme structure, mais si -
là, je vous repose la question; je sais qu'il va essayer de
répondre...
Mme Lévesque: Peut-être que M. Fallon...
M. Chevrette: Si le milieu, si la régie reflète les
forces du milieu... En plus, j'ajoute un élément pour vous
rassurer davantage. Si le ministre dit en plus - j'espère qu'il va le
dire: Les enveloppes du communautaire sont protégées. Ça
veut dire que la Santé ne peut pas aller gober dedans. Il l'a dit ce
matin, donc c'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): II l'a dit en votre
absence:
M. Chevrette: en tout cas, de toute façon, ça fait
deux fois, tant mieux! jamais deux sans trois: vous le répéterez
après. si c'est ça, vous n'êtes pas plus
sécurisés?
M. Fallon: Moi, je...
Le Président (M. Gautrin): M. Fallon veut parler depuis
longtemps, on va le laisser parler.
M. Fallon: Je crois que, pour faire les preuves, effectivement,
si on est capables de rassembler le milieu pour se.... Se rassembler autour
d'un même besoin et faire la preuve qu'il y a tel besoin à telle
place et que ce serait important d'envoyer les ressources là, je pense
qu'il n'y aurait pas de crainte de la part du communautaire. Sauf que, pour
faire ces preuves-là, il faut avoir les infrastructures, il faut qu'il y
ait déjà des organismes qui existent. Il faut qu'ils puissent
être en mesure de développer des mécanismes
d'études; donc, il faut qu'il y ait plus de ressources. Je ne parle pas
en termes monétaires; mais qu'il y ait quand même plus de
ressources, plus de personnel, plus de temps pour pouvoir se pencher sur ces
nouveaux besoins et ainsi, faire la preuve. Qu'est-ce qui n'est pas souvent en
place comme réalité dans les organismes communautaires?
Il y a aussi autre chose. Je crois que les organismes communautaires
vont arrêter d'être inquiets à partir du moment où la
participation... Où les collèges régionaux et les conseils
d'administration seront remplis de tous les acteurs du système de
santé et services sociaux. Ça veut dire les établissements
et les organismes communautaires.
Pour ça... Tous les acteurs, on parle des usagers. C'est quand
même eux autres les plus grands spécialistes de leurs besoins,
O.K.? Il ne faudrait pas confiner les usagers uniquement dans un rôle de
plainte. On parle de comité des plaintes; je pense que les usagers ont
aussi leur mot à dire. Les organismes communautaires sont,
d'après moi, depuis 20 ans, les grands spécialistes de la place
aux usagers, parce qu'ils font partie de leur assemblée
générale, ils font partie de leurCA.
Il y a aussi les bailleurs de fonds: je crois que c'est la population.
Il y a les élus qui représentent la population; ils doivent
être là. Il y a aussi les personnes qui ont une expertise pour
dispenser les services, c'est-à-dire les travailleurs communautaires et
les travailleurs du réseau. Je crois que, à partir du projet de
loi, ils sont déjà exclus d'emblée: ils sont
rémunérés. Et il y a aussi les établissements, les
dirigeants d'établissements qui ont, eux, l'expertise au niveau de la
gestion, l'expertise au niveau de la méthodologie, qui ont le temps de
le faire.
Je pense qu'à partir du moment où on va regrouper tous ces
éléments-là à l'intérieur d'une instance
régionale, on va être moins craintifs. Et, aussi, ça veut
dire qu'on va parler d'un partenariat. Je crois que j'ai lu dans le journal
dernièrement: Fédéralisme, peut-être, mais pas
à genoux. Le partenariat, c'est la même chose: partenariat
égalitaire, où les organismes communautaires vont avoir leur mot
à dire dans l'élaboration des critères.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le leader, en
conclusion.
M. Chevrette: Oui, je voudrais conclure en vous disant merci pour
votre mémoire et vous rappeler que, dans le document d'orientation, il
n'y a pas seulement le fait qu'on reconnaisse le rôle
prépondérant que joue le communautaire. Il y a aussi le
financement triennal, qui faisait partie du document d'orientation et qu'on
pourrait retrouver aussi dans le projet définitif. Je vous souhaite
bonne chance.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre,
en conclusion.
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui! La conclusion est
très simple. On s'est au moins entendus sur l'article 229.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II reste encore des
différends sur l'article 231, mais on évolue, par rapport au
début de la commission.
Quant au budget triennal, ça m'apparaît être une
orientation qui était là et qui ne se traduit pas
nécessairement dans un projet de loi; l'important étant la
récurrence pour trois ' ans et non pas la récurrence totale
définitive. Un plan triennal, ça me paraît souhaitable dans
les circonstances actuelles. Ce sera bénéfique pour tout le
monde, y compris pour le bénéficiaire qui tirera profit de cette
situation, compte tenu de la continuité des services qui pourront
être offerts. Merci.
M. Chevrette: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): Mesdames et messieurs, je tiens
à vous remercier pour votre présentation.
Je demanderai maintenant à la Table de concertation de la
santé et des services sociaux de Laval de bien vouloir se
présenter. Mme Moulin, est-ce vous qui faites la
présentation?
Mme Moulin (Marie-Christine): Oui.
Le Président (M. Gautrin): Est ce que vous auriez
l'amabilité de présenter les gens qui vous accompagnent?
Mme Moulin: Si vous me laissez quelques minutes, M. le
Président, je vais commencer.
Le Président (M. Gautrin): Ah! bien sûr!
Table de concertation de la santé et des
services sociaux de Laval
Mme Moulin: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM.
les députés, membres de la commission, je commencerai donc par
présenter les personnes qui m'accompagnent et qui sont toutes membres de
l'exécutif de la Table de concertation. À l'extrême gauche,
Manon Caron, qui est représentante des organismes communautaires;
immédiatement ici à ma gauche, M. Richard Lessard, qui est le
directeur du DSC de la Cité de la santé; à l'extrême
droite, Henri Bradet, qui est le représentant des établissements
publics CLSC; à ma droite encore, M. Yvon Jean, coordonnateur de la
Table, et moi même, Marie-Christine Moulin. Je suis représentante
à ce même exécutif, des établissements privés
conventionnés, aussi bien centres d'accueil que centres de soins de
longue durée.
Au nom de tous les membres de la Table, je tiens d'abord à vous
remercier de nous avoir offert l'opportunité de vous présenter
ici nos suggestions et commentaires sur l'avant-projet de loi sur les services
de santé et services sociaux. J'aimerais vous remercier
particulièrement de nous avoir accordé une heure, comme vous
l'avez fait pour les CRSSS qui nous ont précédés.
M. Chevrette: C'est une reconnaissance qui date de 1984.
Mme Moulin: Vous êtes au courant, je crois.
Je présenterais la Table de concertation brièvement pour
ceux qui ne la connaissent pas. Notre Table de concertation est
déjà vieille de plus de dix ans. Elle regroupe une trentaine de
membres qui sont, d'une part, des représentants des
établissements publics et privés conventionnés de Laval
et, dans une optique multisec-torielle, cette Table regroupe également
des représentants d'organismes hors réseau qui sont de
différents types. Nous avons, par exemple, des représentants de
la ville de Laval, de la chambre de commerce, du cégep, donc du secteur
scolaire, des organismes communautaires et bénévoles, des groupes
allophones et anglophones, des médecins en pratique privée. Cette
table, comme vous le mentionnez, est reconnue et financée par le
ministère depuis 1983.
Un mot sur Laval, en introduction, pour ceux qui la connaissent moins
bien. Je pense que M. le ministre la connaît déjà
très bien. C'est une ville, une He, une région, une région
dynamique...
M. Chevrette: Une MRC.
Une voix: Une MRC. (17 h 15)
Mme Moulin: Une MRC; donc 300 000 habitants environ de population
actuellement. On prévoit arriver à environ 330 000 en 2001.
Actuellement, elle est encore rattachée à la région 06,
pour ce qui est des secteurs de la santé et des services sociaux. C'est
une région administrative, la région administrative 13, depuis
décembre 1987. En termes de population, Laval est la deuxième
ville du Québec et la huitième région administrative du
Québec. Quelques caractéristiques, du point de vue de la langue:
80,5 % de la population de Laval est francophone; 10,7 % est allophone et la
minorité est anglophone, avec 8,8 % seulement. Un peu paradoxalement, la
population actuellement à Laval est plutôt jeune,
c'est-à-dire qu'on a environ 28 % de moins de 20 ans. Mais c'est une
ville où le vieillissement commence à se faire sentir. On
pourrait même préciser que ce vieillissement est
accéléré, de méthode un peu artificielle, à
cause de la présence sur notre territoire d'un grand nombre de
résidences pour
personnes âgées qui drainent donc des personnes
âgées d'autres régions. Avec pour effet que l'augmentation
du nombre de personnes âgées à Laval, d'après les
derniers chiffres qui nous sont fournis, se fait deux fois plus rapidement que
dans la moyenne des régions du Québec. Donc, un problème
de vieillissement qui va certainement se poser de façon cruciale dans
les prochaines années.
Tout le monde reconnaît que les caractéristiques de la
population de Laval sont très différentes de celles de
Montréal. Sans vouloir les détailler, les besoins de la
population lavai-loise, eux aussi, sont différents de ceux de
Montréal. Comme vous le savez, dans le CRSSS dont on dépend,
l'évaluation des besoins et l'analyse des besoins comme partout, se font
de façon régionale. Il est bien certain que, dans une telle
optique, les besoins spécifiques de Laval ne sont pas toujours pris en
considération. Je dirais que c'est peut-être un petit peu ce qui
explique le dynamisme de la Table et le fait que cette Table se soit mise en
place, il y a dix ans donc, et qu'on a une forte participation du milieu. Parce
que c'est venu régler, vraiment, des problèmes qui étaient
patents et qui touchaient tous les organismes lavallois. D'un autre
côté, évidemment, par un facteur historique, une grande
partie des ressources qui desservent la population lavalloise sont à
Montréal.
Une fois faite cette introduction, je voudrais aborder plus
spécifiquement l'avant projet de loi. Je vais vous faire une
introduction générale. Je passerai ensuite la parole à
Yvon pour y aller plus dans les détails. D'entrée, je voudrais
simplement préciser que nous sommes en accord sur le fond des
orientations, en particulier sur la place centrale que l'on devrait redonner
à la personne au centre du système de santé. Je pense que
M. le ministre le rappelait à l'ouverture de cette commission, le
réseau est devenu un peu un producteur de services. Je pense qu'il est
peut-être temps de remettre un petit peu en question cette façon
de faire. Nous pensons, nous, que nous devons réorienter
définitivement, globalement notre action en fonction d'objectifs de
santé et de bien-être à atteindre, lesquels objectifs
doivent toujours viser, évidemment, au bien-être du client, qui
est le bénéficiaire.
Donc, politique axée sur des objectifs à atteindre.
Ça nous paraît vraiment un élément essentiel. C'est
un autre point d'accord. D'ailleurs, à Laval, on doit dire que, depuis
1986, les objectifs de santé qui avaient été mis de
l'avant par le DSC de la Cité de la santé ont été
entérinés par la Table de concertation. Nous nous sommes entendus
pour faire de ces objectifs plus que des objectifs simplement du DSC, mais des
objectifs au niveau sous-régional, puisque nous étions encore
à ce moment-là une sous-région.
Autre élément important sur lequel nous sommes
évidemment en accord, c'est la régionalisation et la
décentralisation. Ça nous semble - et je pense que,
d'après ce qu'on vient d'entendre, on n'est pas les seuls à le
penser - être la clé de voûte des modifications que le
ministère se propose de faire à l'intérieur du
réseau. Pour nous, une régie régionale devrait être
une instance légère, souple, à dimension humaine, et qui
ne soit pas une instance auto-suffisante, c'est-à-dire une instance
ouverte sur le milieu, sur les organismes du réseau et hors
réseau. Nous pensons que cette formule d'une instance
légère et ouverte est la plus à même de stimuler une
réelle implication de la population, des partenaires, des collaborateurs
avec lesquels nous nous proposons de travailler.
Autre principe sur lequel nous sommes en accord: le principe
d'accessibilité universelle et gratuite; bien qu'il faille
peut-être en discuter, parce qu'il y a peut-être des
modalités à réviser de ce côté-là.
Également, nous préconisons une participation de la
population en tant qu'acteurs, véritablement, à
l'intérieur du réseau, en particulier dans la gestion du
réseau. Enfin, nous comptons sur un partenariat développé
avec les organismes hors réseau.
Je laisserais M. Yvon Jean résumer brièvement les
principales recommandations du mémoire. On peut dire, un petit peu, que
nos recommandations se résument sous une idée
générale de responsabiliser les divers paliers de notre
système afin, d'une part, d'améliorer la santé et le
bien-être de la population et, d'autre part, éventuellement,
d'avoir un impact positif et souhaité sur les coûts du
système de santé.
M. Jean (Yvon): M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. les députés, il y a un mot, dans le fond, sur lequel on
aimerait insister, qui ramasserait un petit peu nos différentes
recommandations; c'est la question de responsabilisation. Mais comme c'est un
vendredi après-midi, 17 h 20, on va essayer de ramasser ça pour
vous donner la chance, dans le fond, de poser peut-être des questions sur
le document qu'on a déposé.
On parle de responsabilisation, premièrement, au niveau de la
population, des partenaires du réseau, des établissements et,
finalement, des régions. Responsabiliser la population, pour nous
autres, ça veut dire ceci. Ça veut dire, dans un premier temps,
de permettre aux citoyens d'être impliqués au niveau des instances
décisionnelles: on parie ici des conseils d'administration des
établissements et on parle aussi, à ce moment-là, des
instances de la régie régionale. On n'exclut pas, en partant, les
employés et les professionnels du réseau. On pense que ce sont
ces gens-là, qui ont l'expertise, qui devraient être
présents à ces instances, à titre de citoyens. On pense,
en plus de ça, disons, qu'on devrait quand même mettre des
balises; c'est-à-dire que,
premièrement, il faudrait voir un certain nombre maximum
d'employés et de professionnels du réseau qui pourraient
siéger, et deuxièmement, il faudrait s'assurer qu'une personne ne
siège pas au conseil d'administration où il travaille. Je pense
que ce seraient des éléments de base.
Un autre élément concernant la responsabilisation de la
population. Ça veut dire lui donner l'information adéquate: on
parle actuellement de la carte à puce, disons, pour être capables
de suivre Je pense qu'on reviendra sur cet élément. Ou parle
d'uno consultation qui soit réaliste, je pense qu'on parle depuis 20 ans
de la participation de la population. Je pense qu'il faut être
réaliste par rapport à ça aussi: ce n'est pas M. ou Mme
Tout-le-Monde qui peut siéger demain matin à un conseil
d'administration. Je pense que c'est l'endroit, à un conseil
d'administration, où les gens ont à gérer. À ce
moment-là, donc, ça supposerait aussi que ces gens-là
aient une certaine base, pour pouvoir jouer ce rôle-là. On pense,
ensuite de ça, être impliqués, au point de vue de la
population, sur la question des traitements reçus; je pense que c'est
peut-être l'endroit le plus important où la population pourrait
avoir à jouer un rôle. On parle aussi en termes de
responsabilisation du citoyen. À ce moment-là, qu'on ne parle pas
simplement de droit, mais aussi de devoir du citoyen; et ça,
actuellement, ce serait peut-être nouveau. Dans un système qui
coûte de plus en plus cher, lorsqu'on rencontre les gens et qu'on dit que
le système est gratuit, il y a quelque chose d'un peu loufoque dans
ça. C'est-à-dire qu'il faudrait que les gens soient conscients
que les services qu'ils reçoivent coûtent quelque chose à
quelqu'un quelque part.
Un autre élément, c'est toute la question en termes de
responsabilisation, c'est le sacro-saint... Ce qu'on appelle le libre choix.
À la question du libre choix, il ne faut jamais oublier que le libre
choix de quelqu'un peut aussi s'opposer au libre choix de l'autre. Ici,
à Laval, on a eu un très beau cas avec la question des
accouchements: il y a des gens qui ont eu le libre choix d'accoucher qui
empêchaient le libre choix d'autres d'aller se faire opérer.
Alors, lorsqu'on parle de libre choix, il faudra peut-être le resituer
par rapport à un ensemble, et pas simplement sur un
élément individuel.
Lorsqu'on parle de responsabilisation, on pourrait aussi parler des
partenaires du réseau. Rapidement, je pense que c'est irréaliste
de penser que la santé, de concevoir que la santé relève
uniquement du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Lorsqu'on sait très bien que les déterminants de la santé
sont plus que des facteurs biologiques, que des habitudes de vie. que
l'organisation des services; que ce sont des questions d'environnement
biophysique. des questions psycho sociales; que la santé devient
réellement l'affaire de toute la société. Alors, ce n'est
pas simplement au réseau à faire face à ça; c'est
beaucoup plus global que cet élément-là.
Parmi les partenaires responsables, on pense que le communautaire est le
parent très pauvre de notre système. On pense, à ce
moment-là, qu'il faut y apporter une attention très
particulière. Au niveau de la régie régionale, à
Laval, on a déjà commencé à penser à
certains éléments pour, justement, faciliter cette
intégration du communautaire, pour qu'il joue un rôle réel
sans se faire récupérer par le réseau. Alors, on pourrait
peut-être développer. Si vous avez des questions sur ça,
nous avons même peut-être quelques réponses; possiblement,
ai-je dit.
Concernant les organismes communautaires, je pense qu'il faudrait
trouver un modèle qui soit plus adapté à la
réalité.
Au niveau des établissements, on pense que la
décentralisation ne doit pas s'arrêter aux sous-régions,
ça doit aller, à ce moment-là, jusqu'aux
établissements. Pour donner un exemple, c'est qu'au lieu de gérer
par des directives et des règlements de plus en plus ténus, de
plus en plus fins, qui essaient de tout compartimenter et de tout régler
au niveau du terrain disons que le ministère aurait peut-être
avantage à fixer des objectifs, au niveau des régions, et
à laisser aux régions le choix des moyens pour répondre
à ça.
De la même façon, au niveau des établissements, on
regardait... Il y avait un élément, dans l'avant-projet de loi,
pas lavant-projet de loi, mais le document pour améliorer la
santé, où on disait, à ce moment-là, comment
contrer la démotivation du personnel, comment développer la
créativité et l'innovation. On ne pense pas que ce soit en
multipliant les structures au niveau provincial, en faisant du mur
à-mur, qu'on va améliorer quelque chose. Peut-être, si le
ministère, via les régies, fixait des objectifs à
atteindre de ce côté-là, et qu'il laissait au niveau de
chacune des administrations le soin de trouver les moyens, possiblement, on
trouverait des formules, peut-être différentes, et qui
aboutiraient peut-être à trouver une réponse au
problème qui est soulevé.
Du côté des régions, la responsabilisation, si on
veut justement arriver à quelque chose dans ça, j'ai l'impression
que les régions devraient être réellement imputables. Et on
se demande pourquoi on n'irait pas réellement au bout de la question,
à savoir pourquoi ne pas passer par le suffrage universel? SI on se
rappelle, du côté de la commission Rochon, ce qu'on a fait, on l'a
nommé, on l'a enlevé et on y est revenu avec des collèges
électoraux. Pourquoi, à ce moment-là, ne pas aborder de
plein front cette question-là et là, on aboutirait
véritablement à une imputabilité? De ce
CÔté-là, disons que, tantôt on parlait de la question
des 50 % sur les collèges électoraux, à Laval, on aurait
un problème parce qu'il y a une municipalité. Alors, 50 % de
représentants des municipalités au collège
électoral, disons, ça poserait certains petits problèmes
assez particuliers.
Maintenant, disons, toujours au niveau de la responsabilisation des
régies, on pense que le ministère pourrait fonctionner, à
ce moment-là, en partant d'objectifs, passer des contrats avec las
régies, se servir, à ce moment-là, de la politique de
santé, les objectifs de santé dont on parie, se servir des plans
d'organisation de services et se servir des programmes. Je pense qu'à
l'intérieur de ça on a tout ce qu'il faut pour être
capables d'établir des contrats précis, mais, à ce
moment-là, qui vont laisser de la couleur locale sur chacun des
territoires.
Pour qu'une véritable régionalisation se mette en place,
il est essentiel que l'ensemble des ressources publiques et privées,
financées par le MSSS et la RAMQ, soit intégré à la
planification, à la programmation, à la coordination et à
l'évaluation des régies régionales. Si on met, disons,
ensemble deux systèmes parallèles, ça va être
extrêmement difficile de gérer quelque chose dans ça et de
trouver des résultats concrets. On pense que ça devrait... Si on
joue le jeu, qu'on aille au bout et qu'on demande aux régies, à
ce moment-là, de défendre cette chose-là et de rendre des
comptes aussi. Parce que Timputabilité, ça veut dire aussi rendre
des comptes de ce qui est demandé.
Pour terminer, simplement un mot, c'est que la responsabilisation de la
population, des partenaires des établissements et des régions
suppose des modifications majeures aux façons de faire actuelles et
suppose aussi une redéfinition des rôles entre les principaux
acteurs oeuvrant dans le réseau. C'est, à notre avis, le tournant
à prendre si nous voulons replacer la personne au centre du
système. Je vous remercie.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. Jean.
Mme Moulin: Je vais terminer peut-être...
Le Président (M. Gautrin):Mme Moulin
Mme Moulin: Si vous me le permettez. Le Président (M.
Gautrin): Bien sûr.
Mme Moulin: Évidemment, je pense que les décisions
que le gouvernement va prendre dans les prochains mois seront tout à
fait déterminantes pour la population du Québec. Le contexte des
services de santé et des services sociaux s'annonce difficile et nous
sommes convaincus qu'une des clés maîtresses qui nous permettent
d'amorcer les changements nécessaires tient vraiment dans la plus grande
responsabilisation des différents paliers.
J'ai essayé de résumer dans quelques phrases à quoi
ça pourrait ressembler: une population informée et consciente de
ses responsabilités en tant qu'utilisatrice du réseau, mais
également en tant qu'actrice; des partenaires, des collaborateurs
impliqués dans une concertation, mais toujours respectueux de leur
spécificité - je pense, en particulier, au communautaire - des
établissements disposant d'une marge de manoeuvre stimulante à
l'intérieur d'un cadre, malgré tout, bien défini; des
régies régionales investies des pouvoirs nécessaires
à une planification juste et efficace et redevables des résultats
devant le ministère et, éventuellement, devant la population, si
tel était le cas; enfin, un gouvernement central disposé à
fixer des orientations claires mais, encore une fois, respectueux du choix des
régions, dans les moyens que ces régions vont décider
d'adopter. Voilà peut-être ce qu'on aimerait voir émerger.
(17 h 30)
Si on revient à la population lavalloise, en particulier, on
espère, évidemment, que 1990 verra la mise en place d'une
régie régionale à Laval. On aimerait mettre en place une
formule novatrice. À ce titre, l'exécutif de la Table, dont cinq
des neuf membres sont présents ici, a été
désigné par la Table de concertation comme le comité
provisoire de mise en place de cette régie. Si le ministère est
disposé à aller jusque-là, nous sommes prêts et
intéressés à une expérience de
décentralisation plus poussée. Nous nous portons candidats pour
un projet-pilote qui pourrait être une régie régionale avec
une décentralisation qui pourrait aller jusqu'au niveau politique.
M. le Président, M. le ministre, messieurs et mesdames, nous vous
remercions. Nous avons délibérément choisi de faire une
présentation courte et nous sommes maintenant à la disposition
des membres de la commission pour répondre aux questions. Merci de votre
attention.
Le Président (M. Gautrin): Vous êtes entrés
à l'intérieur du temps et je vous en remercie. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Évidemment, je pense qu'on aura de la
difficulté en 1990, plutôt 1991 j'ai l'impression, quoique
l'idée ne soit pas mauvaise sur le plan géographique compte tenu
de Laval, une île. Le danger, effectivement, est d'avoir deux
systèmes qui fonctionnent en même temps. Ça a, quand
même, ces dangers-là.
Je ne sais pas si vous étiez ici en début
d'après-midi, mais on a entendu les gens de la Côte-Nord avec une
expérience de département de santé communautaire...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Mon GTI m'a informé
que je pouvais poser la question, compte tenu des participants à la
Table. Il y a eu ceux de l'Abitibi aussi. Est-ce qu'il y aurait
possibilité qu'une organisation comme celle qu'il y a sur la
Côte-Nord puisse être imitée dans une régie
régionale à Laval?
Mme Moulin: Bon, je pense qu'on s'attendait un petit peu à
cette question là. Actuellement, comme vous le savez, le DSC de la
Cité de la santé est rattaché au seul hôpital de
Laval, encore, qui est la Cité de la santé et, jusqu'à
nouvel ordre, ce rattachement ne pose aucun problème. Une chose sur
laquelle on s'entend tous, ce sont les fonctions importantes, je pense, que
remplit le DSC et je pense qu'advenant la présence d'une régie
régionale à Laval ces fonctions demeureront celles du DSC. Le
problème du rattachement du DSC à l'une ou à l'autre des
instances est peut-être un problème qui n'exige pas une
réponse - j'aurais tendance à utiliser un terme que j'ai entendu
- une solution mur-à-mur et peut-être qu'un modèle qui
fonctionne dans une région ne justifie pas forcément que le
même modèle soit appliqué ailleurs, mais je pense que je
pourrais peut-être laisser le soin à M. Lessard, puisqu'il est
avec nous, de répondre.
Le Président (M. Gautrin): M Lessard.
M. Lessard (Richard): Merci. M. le ministre, je vous remercie de
votre question. Je pense que, lorsqu'on compare ce qui s'est passé
à Baie-Comeau et ce qui s'est passé à Rouyn-Noranda, on a
deux beaux exemples là, à partir desquels on peut essayer de
tirer des conclusions. Le type de, appelons-le, fusion ou de concertation qui a
eu lieu est complètement différent. Sur la Côte-Nord, on a
vu le chef du département de santé communautaire avec toute son
équipe s'intégrer au conseil régional, mais demeurer
responsable de l'ensemble de son équipe et de l'ensemble de son budget.
Alors que ce qu'on a vu arriver à Rouyn-Noranda, c'est le chef du DSC,
son équipe a éclaté, la partie connaissance et
surveillance est allée avec la recherche au CRSSS, la partie
programmation est allée à la direction, planification,
programmation du CRSSS et le chef ne s'est ramassé qu'avec le dossier
des maladies infectieuses et de santé au travail.
Quand on compare, en bout de ligne, après plusieurs années
- j'ai regardé de très près les différentes
alternatives et les résultats - la promotion de la santé est
disparue du CRSSS de la Côte-Nord. Les maladies infectieuses ont
diminué. Je reviens La promotion de la santé est disparue du
CRSSS d'Abitibi-Témiscamingue. Les maladies infectieuses ont
diminué de beaucoup. Il y a eu une certaine implication en
planification, programmation, mais elle a été minime. Alors
qu'effectivement je partage le jugement fait par mon collègue de la
Côte-Nord, qui a parlé avant nous, sur la Côte-Nord les
conditions ont été complètement différentes et le
succès est égal à celui qu'il vous a
présenté ce matin.
Je pense qu'il y a des conditions minimales qui doivent permettre
à un département de santé communautaire d'opérer.
Je pense que le lien entre le mandat tel qu'il est actuellement, qui est le
mandat traditionnel de santé publique non seulement en Amérique
du Nord, mais également en Europe, c'est quelque chose auquel le
ministère est très peu sensible; il connaît très peu
ce qu'est la santé publique, pour toutes sortes de raisons. Mais nous,
on est convaincus que l'ensemble du mandat, qui est connaissance, surveillance,
prévention, promotion et protection de la santé, et même la
partie évaluation des programmes mis en place, qu'est-ce que ça
donne? Est-ce que ça améliore la santé, oui ou non? On
pense que ça, ça doit rester intégralement la
responsabilité du chef de santé communautaire comme personne qui
doit être, imputable de cet ensemble de fonctions-là comme
responsable de la santé publique, au niveau régional, dans le
contexte dont on parte aujourd'hui.
Maintenant, est-ce que ça doit être
régionalisé? Est ce que ça doit être mis au niveau
d'une région? Je pense que si le ministre prend la décision de ne
pas créer des directions régionales du ministère, mais
bien des régies régionales et que les conditions sont
respectées, je pense qu'il y a un changement qu'il est possible
d'envisager.
M. Côté (Charlesbourg): J'irais plus loin dans mon
questionnement. Le département de santé communautaire, tel qu'il
existe actuellement, rattaché au centre hospitalier versus CLSC à
Laval même, y a-t-il duplication de services?
M. Lessard (Richard): Non, y n'y a pas duplication de services,
ce ne sont pas les mêmes mandats et ce n'est pas la même job qui se
fait. Je pense qu'il faut être clair là-dessus Prenez, par
exemple, la question des maladies infectieuses. Ça prend un minimum
d'expertises regroupées à un seul endroit pour être capable
d'opérer. On ne peut pas s'attendre à avoir des médecins
spécialistes en santé communautaire et en maladies infectieuses
dans chacun des CLSC, c'est ridicule. Sauf que le travail doit se faire aux
deux niveaux: les CLSC en ont du travail de prévention à faire,
comme les médecins omni-praticiens qui, quand ils rencontrent leurs
patients, posent des actes, des diagnostics et des traitements, ils font
même une partie de la prévention, et on le souhaite. Sauf que la
coordination et la responsabilité de l'action régionale ou de
l'action au niveau d'un département de santé communautaire, elles
ne peuvent pas être éparpillées partout, ça prend
une masse minimale.
L'autre chose que ça prend au niveau d'un département de
santé communautaire, c'est un niveau "populationnel" assez important
pour certaines actions. Pour certaines actions, le niveau du CLSC, c'est le
niveau approprié, mais pour d'autres actions, c'est le niveau
régional ou le niveau provincial qui est approprié. Ce n'est
pas le même genre d'expertise que ça prend et ce n'est pas
le même genre de travail qui se fait à chacun des niveaux.
Si on prend, par exemple, le programme de santé du coeur, qui est
une priorité de santé à Laval depuis plusieurs
années, bien, tout le monde intervient là-dedans: les
omnipraticiens, les CLSC, le DSC, l'hôpital; tout le monde a un
rôle à jouer, mais l'orchestration se fait au niveau du
département de santé communautaire. Quand il y a des actions
médiatiques, à Laval, à mener, ce ne sont pas les CLSC qui
les mènent, c'est le DSC qui les mène parce qu'il est responsable
pour Laval. Les CLSC, dans leur sous territoire, en font de ces
actions-là, mais ce ne sont pas lus mômes, ce n'est pas le
même niveau et ce n'est pas le même type d'action.
Alors, je pense qu'il faut éviter la confusion et il faut surtout
éviter de l'entretenir parce qu'elle n'existe pas, dans les faits, cette
confusion-là...
M. Côté (Charlesbourg): À Laval M. Lessard
(Richard):... DSC...
M. Côté (Charlesbourg): À Laval.
M. Lessard (Richard): Je pense qu'elle n'existe nulle part
ailleurs, M. le ministre.
Le Président (M. Gautrin): M. Bradet va ajouter quelque
chose.
M. Bradet (Henri): Oui. Je crois que la collaboration avec le DSC
et les CLSC est très étroite. Il y a eu, par exemple,
l'opération des objectifs santé à Laval, qui a
été menée ensemble. Il y a beaucoup de projets en commun.
La venue d'une régie, évidemment, dans le portrait peut,
peut-être, changer un peu les choses dans une petite région comme
la nôtre, où il peut y avoir une certaine confusion des
rôles, à un moment donné, au niveau de la planification, au
niveau des actions à mener. Ça, c'est une question un peu
politique à décider, à quelle instance ça devrait
être rattaché. Mais je pense que l'expertise d'un DSC est
essentielle au niveau régional, en autant que cette expertise se limite
à de la planification, a de la concertation et que les CLSC
interviennent beaucoup plus directement, aient le mandat d'intervenir sur le
terrain, puisque ce sont eux qui se sont vu confier cette mission
d'intervention et que le DSC n'a pas ce rôle d'intervenir. Il a un
rôle plutôt conseil, plutôt d'expertise.
Le Président (M. Gautrin): M. Jean voulait apporter un
complément d'information.
M. Jean: Oui. Juste sur cette question là. J'ai
l'impression, comme on le disait tantôt, ça se peut qu'au niveau
de la province, si on s'en va vers la décentralisation, que les formules
ne soient pas nécessairement identiques. Peut-être que le danger,
c'est d'encore chercher - on parlait du cas des CSS ou du DSC - on peut encore
chercher des formules uniques. Peut-être, à ce moment là...
Donc, quand on regarde la différence, par exemple, qui existe entre la
Côte-Nord et un territoire très homogène, très
ramassé, à Laval, j'ai l'impression que si, par exemple, le
ministre demandait à Laval, dans un délai quand même assez
court: Comment vous vous branche/ par rapport à ça? Ce serait
quoi la meilleure formule? Compte tenu, à ce moment-là, des
besoins de la population et de l'organisation des services qui existent, ce
serait quoi la meilleure formule pour le territoire? Nous pourrions vous
présenter quelque chos!, à ce moment-là, de fort
intéressant, qui ne sera peut-être pas identique, par exemple,
à ce qu'un autre va présenter.
M. Côté (Charlesbourg): Pour changer, M. le
Président, parce que c'est peut-être la première fois ou la
première occasion qu'on a d'aborder le le suffrage universel, parce que
vous êtes les premiers à en parler ou à revenir sur le
suffrage universel, au moment où le taux de participation dans les
élections scolaires n'est pas très élevé au
municipal, ce n'est pas élevé partout non plus - est ce que vous
ne craignez pas qu'une expérience do suffrage universel dans le cas des
régies régionales serait vouée à un demi
succès ou un quart de succès sur le plan de la participation?
M. Jean: Pour la question de la participation, je pense que le
principe de fond, c'est d'offrir à des citoyens la possibilité de
se prononcer sur des orientations. On pourrait très bien voir, par
exemple, au niveau d'un territoire comme Laval, des partis qui se
développent à ce moment là, par exemple, des groupes qui
pourraient développer davantage de dimension; ils voudront
peut-être plus intervenir au niveau prévention, d'autres peuvent
vouloir intervenir à d'autres niveaux. Je pense qu'à la limite,
si des gens, par exemple, que ce soit 20 % ou 25 %.... Je pense que c'est un
choix du citoyen. La pos- sibilité lui est donnée de venir se
prononcer, et je pense que c'est ça qui est important.
L'imputabilité, dans le fond, dans le cas des municipalités, s'il
y a eu 25 %, 30 % ou 40 % de gens qui sont allés voter, je pense que,
dans notre régime actuel, les gens ont le choix de le faire et ont le
choix aussi de refuser. Et on se tient, à ce moment-là, avec ceux
qui manifestent leur choix d'aller jusqu'au bout.
M. Lessard (Richard): Si vous me permettez, il y a une autre
dimension importante à ça..
Le Président (M. Gautrin): M. Lessard.
M. Lessard (Richard):... c'est qu'il faut que le pouvoir de
décision de la région soit important pour que la population
veuille bien se déplacer pour le faire. Si on a l'impression que, sur
plusieurs questions, les gens peuvent boycotter la région et aller
régler leurs choses au ministère, je pense qu'on n'encouragera
pas une participation efficace. Ce sont peut-être des choses qu'on voit
dans d'autres secteurs, pas les affaires sociales, mais d'autres secteurs, qui
découragent un peu. Dans le fond, les gens disent: Ce n'est pas grave,
c'est le ministère qui règle tout à la fia
Le Président (M. Gautrin): M. Jean... M. Jean: Je
pense qu'on...
Le Président (M. Gautrin): pour un supplément
d'information.
M. Jean: donne simplement la question d'exemple de commissions
scolaires. II faut regarder exactement la possibilité qu'ont les
commissions scolaires aussi d'agir et de présenter, à ce
moment-là, des modifications majeures. Je pense que c'est un choix. J'ai
l'impression, comme dit Richard, que si, par exemple, les gens
s'aperçoivent qu'il y a réellement des choix importants et qui
auront des répercussions sur leurs vues à eux autres et sur leurs
personnes âgées etc., les gens vont se déplacer pour aller
voter.
M. Côté (Charlesbourg): Dans des circonstances comme
celle là, Laval pourrait être un terrain d'expérimentation
assez exceptionnel compte tenu du fait que l'élection municipale
pourrait se passer en même temps que le suffrage universel à la
santé, on ne voterait qu'une fois. Ce n'est pas évident partout
au niveau des régions du Québec, parce que des élections
municipales ne sont pas toujours en même temps.
En tout cas, je pense qu'il faut continuer de flirter avec l'idée
pour tenter de la développer. Mais on irait au-delà de ce que
j'ai entendu, pas seulement sur les questions de fond, mais aussi sur lus gens
qui feraient partie de la régie, c'est ce que j'ai compris. C'est
ça?
Le Président (M. Gautrin): Allez-y, monsieur, vous avez
encore deux minutes, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Une dernière. Vous
soulevez l'obligation du bénéficiaire, les devoirs et obligations
du bénéficiaire. Ça aussi, on en parle, on en parle, on en
parle, mais évidemment, vous voyez ça campé à
l'intérieur d'un projet de loi, les obligations du
bénéficiaire? A tout le moins, un principe.
Mme Moulin: Oui, je pense que ça pourrait peut-être
aller... D'abord, ce serait un principe qui devrait être inscrit quelque
part. On en a longuement discuté à la Table. On parle beaucoup de
droits du bénéficiaire à obtenir tel et tel service et on
pense que ce droit devrait s'assortir de certains devoirs qui semblent aller de
soi, mais qu'il serait peut-être bon d'inscrire quelque part. On peut
même imaginer des modes plus ou moins coercitifs qui obligeraient le
bénéficiaire à respecter ses devoirs comme, par exemple,
de s'adresser à la bonne ressource pour requérir un service ou ne
pas aller à l'urgence à 2 heures du matin pour un panaris qui
dure déjà depuis deux ou trois jours.
M. Côté (Charlesbourg): Qu'est-ce qu'on lui fait
à celui-là?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Moulin: Sans lui couper le doigt, on pourrait imaginer - je
ne le sais pas. c'est une idée qui me vient comme ça - que
certains services seraient gratuits dans les CLSC mais que, si le patient
désire absolument se faire traiter à 2 heures du matin pour
quelque chose qui est bénin, il aurait peut-être quelque chose
à payer. On pourrait imaginer quelque chose comme ça.
Le Président (M. Gautrin): M. Jean, un complément
de réponse.
M. Jean: Je pense que ce qui est important dans ça, c'est
qu'on parle souvent dans notre société des droits du monde, et
quand on aborde la question des devoirs, j'ai l'impression qu'il va falloir
avoir une implication de ce côté-là parce que, si on veut
agir sur les coûts du système, vous avez l'offre et la demande.
D'un côté, du côté de l'offre, à ce
moment-là, on sait très bien, par exemple, que les
médecins jouent un rôle assez important dans ça et j'ai
l'impression que, si on veut changer des choses, il va falloir réagir,
entre autres, là.
Sur la question de la demande, I faudra peut-être aussi au niveau
des gens, des personnes, dans le fond, les responsabiliser par rapport à
leur santé et peut-être leur faire prendre conscience, à un
moment donné, que c'est peut-être eux les premiers qui ont
justement quelque chose à dire par rapport à leur propre
santé. Alors, comment cela peut-il se dire? Bonne chance! Ha, ha, ha!
Mais la question reste là.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, dans l'esprit d'un
partage de nos responsabilités maintenant ou dans les régies
futures, je vous invite à voir comment ça peut s'articuler parce
que ça pourra devenir votre responsabilité.
M. Jean: Alors, nous commençons à y
penser immédiatement, M. le ministre. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
Je veux vous remercier. Je suis obligé de quitter pour un
téléphone. Je vous remercie de votre présentation et je
vous souhaite le plus de bien possible au cours de l'année 1991.
(17h45)
Mme Moulin: 1991.
M. Jean: Merci. Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): M. In porte-porte de
l'Opposition et député de Joliette.
M. Chevrette: Je voudrais commencer par un petit commentaire.
Ça allait bien. Je n'avais aucune divergence de vues et j'en ai une
à partir des propos de madame...
Mme Moulin: Moulin.
M. Chevrette: Je ne pense pas que ce soit par des mesures
punitives ou d'imposition - je vous donne mon opinion bien personnelle - qu'on
va changer les mentalités. C'est beaucoup plus en responsabilisant les
gens qui peuvent les acheminer ailleurs, par exemple, ce qu'on appelait
très vulgairement les agents de trafic. Je vous donne un exemple.
Quelqu'un qui arrive dans une urgence, effectivement, vous savez, un petit peu
de peroxyde et un diachylon auraient suffi. Peut-être que s'il y avait eu
quelqu'un qui lui avait dit: Tu viens à l'urgence; t'aurais
peut-être dû aller dans ton CLSC, aller dans une clinique, etc..
C'est peut-être plus valable que de penser à un ticket
modérateur. J'ai une horreur des tickets modérateurs parce que je
pense que ça ne corrige rien et ça pénalise des
clientèles qui, malheureusement, sont toujours les plus
défavorisées et ce sont elles qui consomment le plus de soins.
Donc, c'est un commentaire. Je suis sûr, d'ailleurs, que vous vouliez'
vous en servir sous forme de boutade. Je vais essayer de vous aider.
L'autre commentaire, peut-être qu'il peut se transformer en
question, c'est à madame du communautaire dont je n'ai pas entendu le
timbre de voix et je vais vous en donner l'occasion, madame.
Le Président (M. Gautrin): Mme Caron.
M. Chevrette: Vous avez entendu ce que vos
prédécesseurs ont dit. Je voudrais vous demander si, vous qui
faites partie de la Table de concertation de Laval, vous partagez les craintes
du groupe qui vous a précédés.
Mme Caron (Manon): Je partage tout à fait les craintes du
groupe qui nous a précédés et je pense que les craintes
des gens, de mes collègues que j'ai eu la chance de rencontrer tout
à l'heure, ne sont pas tant sur l'effet de la décentralisation ou
de la régionalisation, mais sur les. modalités de financement des
organismes communautaires. Là dessus, je partage tout à fait
leurs craintes, notamment sur l'approche programme qu'on tente d'implanter pour
financer les organismes communautaires. Je pense que c'est une approche qui
donne un petit peu un sens utilisateur des ressources communautaires. Je pense
que, traditionnellement, les ressources, communautaires ont été
là pour dépister des nouveaux besoins, pour mettre en place des
approches novatrices, pour répondre à des besoins auxquels des
gens ont décidé de répondre, auxquels la communauté
a décidé de répondre. Je pense, par exemple, à la
violence conjugale. Le communautaire s'est occupé de la violence
conjugale bien avant que le réseau des affaires sociales s'en
occupe.
M. Chevrette: Exact.
Mme Caron (Manon): Le sida, c'est un petit peu la même
chose. Les clientèles sidatiques ont été prises en
considération par les ressources communautaires avant que le
réseau s'en occupe.
Je pense que ce rôle de chien de garde du communautaire, en
quelque sorte, c'est un rôle qui est important à conserver. Et
à Laval, au niveau de la Table de concertation, on s'est souvent
penchés sur la question du financement des organismes communautaires,
notamment au niveau de l'approche programme. Et on s'est dit, entre autres, que
ce n'est pas la décentralisation qui était le problème au
niveau de la réforme, ce sont les méthodes d'allocation des
budgets au niveau des organismes communautaires. Et on verrait très
bien, par exemple, un pourcentage du budget réservé aux
organismes communautaires qui pourrait être octroyé à
partir d'un comité indépendant du réseau des affaires
sociales. Ça pourrait être un comité
bénévole, un comité de citoyens où il y a des
méthodes à explorer à ce niveau-là, mais ce ne
serait pas octroyé directement par les représentants du
réseau des affaires sociales. Ce qui empêcherait...
M. Chevrette: Est-ce que vous me permettez de vous poser une
question?
Mme Caron (Manon): Oui.
M. Chevrette: Pour peut-être plus cerner... Vous dites que
vous avez peur de l'approche programme. Est-ce à dire... Je n'ai pas
entendu, moi, je n'y étais pas On m'a dit que M. Lamar-che l'avait
expliqué, à un moment donné, ce qu'il entendait par
approche programme. Mais si le volet communautaire en soi constitue un
programme global et une enveloppe protégée à partir duquel
les arbitrages, quant aux besoins du milieu, pourraient se faire quant au
partage de
ce programme communautaire global, est-ce que vos craintes
tomberaient?
Mme Caron (Manon): C'est bien sûr que c'est
différent quand on parle de l'approche programme à ce
niveau-là, de dire: II y a un programme réservé aux
organismes communautaires. Ça dépend, encore une fois, qui dans
la structure de la régie régionale va décider, par
exemple, d'allouer ces budgets et selon quels critères on va
décider d'allouer ces budgets-là. Si les critères
demeurent des critères en fonction des priorités du réseau
des affaires sociales, par exemple, on a un vide à ce niveau-là
qu'on veut combler, on veut acheter des services dans le communautaire, le
problème reste le même.
Je pense qu'il peut y avoir un financement du communautaire qui peut
être octroyé au niveau des programmes. Il pourrait très
bien y avoir des organismes, par exemple, qui, dans le cadre d'un programme,
décident de demander au niveau d'une table de concertation un certain
budget, de concert avec les établissements, pour compléter la
gamme de services offerts par le réseau. Mais ça n'empêche
pas qu'il pourrait y avoir une enveloppe protégée au niveau du
communautaire de la région, dont les modalités d'allocation
pourraient différer des modalités ou des priorités du
réseau dans la région.
M. Chevrette: Je vais me permettre un petit commentaire à
ce que vous venez de dire. Moi-même, j'aurais des réticences
à un programme qui donne des subventions à des groupes
communautaires. Je vous donne mon opinion personnelle. Parce que c'est la
façon très habile de récupérer des groupes
communautaires et quasi une façon indirecte d'en faire des
sous-contractants. Pensez-y 30 secondes parce qu'il y a un moyen danger
là. A mon point de vue... En tout cas, moi, j'ai rencontré un
nombre quasi incalculable de groupes communautaires et il y en a plusieurs qui
se sont réveillés un an après... Parce que c'était
plus facile maintenant, ils ne couraient plus après le financement. Il y
avait un organisme du réseau ou un programme du réseau qui les
subventionnait et ils n'étaient plus autonomes au niveau de la
façon de penser et de décider parce que c'était devenu,
à toutes fins pratiques, par la force des choses, un sous-contractant du
réseau. Moi, là-dessus, c'est juste une mise en garde que je veux
faire. Je ne pense pas que vous alliez jusque-là.
Mme Caron (Manon): Non, je veux juste...
M. Chevrette: Mais c'est tellement facile de
récupérer les groupes après et, dans notre
société... Moi, je m'excuse, mais je diverge d'opinion, et je
m'en fouterais, même si c'était quelqu'un de mon parti, je vous le
dis carrément, parce que moi, je prétends qu'une
société évolue en autant que son communautaire
évolue. Actuellement, on est un groupe sclérosé, et on ne
fonctionne pas, pas une maudite minute. L'homme ou la femme politique qui a
peur de se faire pousser dans le dos par le communautaire et cherche à
le récupérer par des programmes, ça, c'est un peureux,
c'est un pissou, en bon québécois.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Caron (Manon): Là-dessus, moi, je pense qu'on se
rejoint tout à fait et c'est pour ça que c'est essentiel que le
financement des structures du communautaire ne soit pas fait sur la base des
programmes. C'est pour ça que je vous disais que j'achète tout
à fait ce qui a été mentionné par mes
collègues tout à l'heure, parce que c'est justement là
qu'on tombe dans le danger que les organismes communautaires ne soient plus
aiguillonnés sur les besoins de la communauté, mais sur les
enveloppes qui vont sortir au niveau des tables et des priorités du
réseau. Et c'est pour ça qu'à Laval on insiste sur le fait
qu'il pourrait y avoir une enveloppe protégée et un comité
d'allocations, formule qu'on pourra expérimenter ou dont on pourra
discuter avec les organismes communautaires, pour voir de quelle façon
on pourrait avoir des modalités d'allocations au niveau du
communautaire.
M. Chevrette: Merci.
Mme Caron (Manon): Mais ça n'empêche pas la
concertation.
M. Chevrette: Dr Lessard, vous êtes à
l'intérieur de l'hôpital présentement.
M. Lessard (Richard): Bien oui. Ha, ha!
M. Chevrette: Je suis Laval avec un oeil très attentif
depuis 1984. J'ai lu avec beaucoup d'attention les documents ou les
procès-verbaux du conseil d'administration de votre hôpital ainsi
que de votre conseil des médecins, dentistes et pharmaciens. Sur le plan
des redressements, à l'hôpital de la Cité de la
santé de Laval, on sait qu'avec 286 000 âmes, un seul centre
hospitalier, les redressements qu'on vous demande sont faramineux. Est-ce que
ça se tasse, cette histoire-là...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette:... ou si vous êtes encore sur le qui-vive et
que vous n'avez pas... C'est effrayant, couper dans les...
M. Lessard (Richard): Dans les services aux femmes enceintes.
Une voix: Oui.
M. Chevrette:... services. aux femmes enceintes, entre autres, et
il y a bien plus que ça; on a coupé à l'urgence,
coupé un peu partout. Est-ce que c'est toujours la même
situation?
M. Lessard (Richard); Bon, il y a des
développements...
M. Chevrette: Je vous demanderais d'être indiscret un petit
peu, là.
M. Lessard (Richard): D'être indiscret un petit peu, O.
K.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Lessard (Richard): Je pense qu'il y a des annonces publiques
qui ont été faites qui sont intéressantes, qui
démontrent que les besoins sont criants et qu'ils sont là.
L'hôpital a déposé un plan de développement au
ministère pour lequel on n'a pas encore eu de réponse officielle.
C'est sûr qu'il y a des parties mineures du déficit sur lesquelles
l'hôpital peut avoir un certain rôle à jouer dans sa
gestion, mais il y a des services sur lesquels l'hôpital n'a pas ou a
peu, en fin de compte, de façon de le contrôler, et là on
parlait de l'urgence, en particulier, puis de l'obstétrique.
M. Chevrette: En laboratoire?
M. Lessard (Richard): Laboratoire, c'est fonction de la demande
directe qui vient des omnipraticiens.
M. Chevrette: Oui.
M. Lessard (Richard): De telle sorte que c'est difficile et
l'hôpital a essayé de trouver c(es solutions avec le conseil des
médecins et dentistes, genre sectorisation, régionalisation, mais
on n'a pas eu d'aide de ta loi dans ce sens là. Ça fait
qu'effectivement il reste une partie du déficit qui est importante, pour
laquelle on ne sait pas ce qui va arriver. Il n'y a pas eu de décision,
en tout cas, officielle, que je sache, de ce qui va arriver du déficit,
autour de 900 000 $, de l'année qui se termine le 31 mars, ce
mois-ci.
Le Président (M. Gautrin): M. Jean, va donner une
réponse supplémentaire.
M. Jean: Réponse supplémentaire, additionnelle,
c'est qu'actuellement, dans le fond, en termes de nombre de lits, à
Laval, on a quelque chose comme 1, 5 lit par 1000 habitants. La norme
provinciale est de trois lits. Actuellement, c'est parce qu'il y aussi des
lits, à ce moment-là, de
CHCD, en réadaptation.
Actuellement, je veux dire, il y a, un bel hôpital qui est en
train de déménager, iI n'est pas encore parti, puis il n'est pas
encore arrivé. On sait qu'il va partir, mais on ne sait pas où il
va aller On parle, à ce moment-là, de l'Hôtel-Dieu de
Montréal.
M. Chevrette: Montréal Nord tire dessus, vous savez
ça.
M. Jean: Je sais que plusieurs sont intéressés par
la chose. Ha, ha, ha!
M. Chevrette: s'il avait des roulettes, je pense qu'il se
promènerait en tous sens. ha, ha, ha!:
Des voix:: Ha, ha, ha!
M. Lessard (Richard): J'ai l'impression que, quand même, il
faut régler un type de problèmes comme ça parce que, dans
le fond, à la base, c'est qu'il y a un manque de ressources flagrant en
termes de lits au CHCD, à Laval, et ça, actuellement, si on parle
d'équité interrégionale, j'ai l'impression qu'à un
moment donné le test de l'Hôtel-Dieu de Montréal va
être extrêmement intéressant pour voir, à ce moment
là, si la question d'équité va s'appliquer ou non. Parce
que les hôpitaux qui déménagent, entre nous autres,
ça se voit à peu près une fois par siècle. Alors,
lui, je vais le regarder passer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je pense que vous allez être plusieurs
à le regarder passer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ceci dit, moi, je voudrais vous remercier Je suis
heureux de voir que, sans être un CRSSS officiel, vous vous comportez
comme un CRSSS officieux. Donc, je vous félicite et je vous encourage
à continuer. Vous allez voir l'aboutissement de vos rêves dans
quelques mois, j'en suis sûr. En tout cas, il y a des gens qui se sont
mouillés et, s'ils ne sont pas conséquents, ils vont se faire
parler.
Le Président (M. Gautrin): Pour conclure, au nom du
ministre, Mme la députée de Saint-Henri.
Mme Loiselle: Au nom du ministre et de mes collègues,
membres de cette commission, j'aimerais vous remercier pour votre excellente
présentation et vous souhaiter un bon retour dans la belle ville de
Laval. Merci.
Des voix: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Alors, ta commission est
ajournée au 14 mars, à 10 heures, pour la poursuite de ses
travaux, 14 mars, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 58)