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(Dix heures huit minutes)
La Présidente (Mme Marois): J'invite les membres à
prendre leur siège, on va reprendre nos travaux. Je vous rappelle que
nous avons un mandat de consultation générale et d'auditions dans
le cadre de l'étude de l'avant-projet de loi, Loi modifiant la Loi sur
les normes du travail et d'autres dispositions législatives.
Nous entendrons aujourd'hui six groupes. J'inviterais dès
maintenant les représentantes du Conseil d'intervention pour
l'accès des femmes au travail à venir prendre place devant nous,
de telle sorte que nous puissions entendre leur point de vue. Est-ce qu'il y a
des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: oui, mme la présidente. m. atkinson
(notre-dame-de-grâce) sera remplacé par m. holden (westmount) et
m. chevrette (joliette) par mme harel (hochelaga-maisonneuve).
La Présidente (Mme Marois): Merci. J'aimerais
prévenir aussi les membres de la commission de même que nos
invités que la députée de Hochelaga-Maisonneuve, comme
elle préside la commission de l'éducation, puisque ce matin la
commission de l'éducation a aussi un mandat, va être un petit peu
en retard à nos travaux, mais elle devrait être présente de
la même façon, je crois, que le ministre de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle devra
s'absenter pour une participation au Conseil des ministres. Il nous laisse
entre bonnes mains, comme il me l'a mentionné, avec sa collègue,
la ministre déléguée à la Condition féminine
et à la Famille, qui sera avec nous pendant cette séance de
travail.
Alors, je vous inviterais à vous présenter et à
nous présenter votre mémoire en une vingtaine de minutes. Par la
suite, il y aura un échange avec les membres de la commission sous forme
de questions, de discussions, de commentaires. Bienvenue.
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes
au travail
Mme Robert (Andrée): Merci, Mme la Présidente. Je
me présente, Andrée Robert, je suis présidente du Conseil
d'intervention pour l'accès des femmes au travail. Je suis
accompagnée de Mme Lyse Leduc, qui est directrice du Conseil
d'intervention.
Il nous fait plaisir de pouvoir contribuer aux réflexions et
discussions publiques concer- nant les conditions minimales de travail. Nous
avons choisi de nous prononcer ici sur des sujets qui touchent plus
particulièrement les femmes et d'émettre des recommandations
susceptibles d'apporter les changements nécessaires à la pleine
intégration de la femme dans l'organisation du travail.
Concilier la vie professionnelle et la vie familiale n'est pas chose
facile actuellement. C'est pourtant une réalité à laquelle
peu de femmes échappent. Cependant, le marché du travail ne tient
pas compte de cette réalité. Au chapitre des congés
parentaux, par exemple, le Canada se classe avant-dernier, devant les
États-Unis, parmi les pays industrialisés.
En fait, des lacunes importantes existent à tous les niveaux dans
la présente Loi sur les normes du travail et, au moment où le
déficit démographique devient notre principal défi, les
conditions minimales de travail devraient refléter cette
réalité.
L'avant-projet de loi modifiant la Loi sur les normes du travail
démontre l'intention du gouvernement du Québec de pallier les
dispositions de la loi incompatibles avec les responsabilités
parentales. Il suggère des pistes intéressantes et comporte sans
conteste des améliorations, mais ne peut solutionner tous les
problèmes identifiés.
Le CIAFT désire donc attirer l'attention du législateur
sur des thèmes sans lesquels toute politique visant à
l'amélioration des conditions de travail serait incomplète. On va
y aller par thème.
Alors, en ce qui concerne le congé annuel, les dispositions
actuelles de la Loi sur les normes du travail sont nettement insuffisantes et
désavantageuses pour l'ensemble des travailleurs et travailleuses du
Québec. L'avant-projet de loi prévoit qu'une salariée qui
justifie entre un an et cinq ans de service continu chez le même
employeur a droit à un congé annuel payé d'une
durée minimale de deux semaines.
Même améliorée, cette norme est invalidée par
révolution actuelle du marché du travail. La
précarité grandissante des emplois, l'augmentation constante du
recours à la sous-traitance, l'instabilité économique,
l'implantation de nouvelles technologies font que peu de travailleurs et
travailleuses justifient ou justifieront les cinq ans et plus de service
continu leur permettant d'avoir droit à plus de deux semaines de
congé annuel. D'ailleurs, selon une étude du MMSR, 50 % de la
main-d'oeuvre ne demeure pas cinq ans en emploi chez le même
employeur.
Comment les travailleurs et travailleuses peuvent-ils exercer leurs
obligations familiales et
conserver une qualité de vie minimale quand on exige d'eux 50
semaines de travail dans un bureau, un restaurant ou une usine pour avoir droit
à deux semaines de congé annuel payé? Donc, nous avons
à la page 6 les recommandations en vertu des responsabilités
parentales et des congés annuels, dont la principale est que le
salarié qui justifie une année de service continu chez le
même employeur ait droit à un congé annuel d'une
durée minimum de trois semaines, dont deux semaines continues.
Au niveau des congés pour responsabilités familiales, le
CIAFT constate avec satisfaction que l'avant-projet de loi sur les normes du
travail reconnaît aux parents salariés le droit de s'absenter
lorsque leur présence est requise auprès de leurs enfants ou de
leurs parents. Cependant, dans la grande majorité des cas, ce sont les
femmes qui prennent un congé. Cette réalité s'explique par
le fait qu'elles supportent encore largement le poids des obligations
familiales.
L'écart salarial est un autre facteur explicatif de pourquoi ce
sont les femmes qui prennent ce congé. Il est donc nécessaire de
reconnaître le droit de s'absenter du travail pour prodiguer des soins
aux enfants, mais aussi la nécessité que ce droit s'exerce sans
pénalité financière. Nous savons toutes et tous que, dans
la grande majorité des cas, c'est à la femme que reviendra la
responsabilité des soins si ce congé n'est pas
rémunéré. De plus, à l'heure où l'on parle
de désinstitutionnalisation et de vieillissement de la population, notre
société doit aussi se pencher sur les responsabilités qui
incombent à chacun de nous, face à nos propres parents. Il
importe donc de planifier des jours de congé afin que nous puissions
prendre soin de nos familles respectives. Ainsi, nous recommandons que les
travailleurs et travailleuses aient droit à cinq jours de congé
payés par année pour obligations familiales.
Les congés de maladie. On remarque encore que l'avant-projet de
loi ne prévoit pas de congés de maladie pour les travailleurs et
travailleuses. Pourtant, il arrive à chacun de devoir s'absenter
à cause d'une maladie pour une période plus ou moins longue. La
perte de revenus et le risque de congédiement que cette absence
entraînent sont tout à fait inacceptables. Il est donc
impératif que le législateur prenne les mesures qui s'imposent
afin de corriger cette situation. Nous recommandons que la Loi sur les nonnes
du travail accorde au travailleur et à la travailleuse une
demi-journée payée par mois qu'il ou elle peut utiliser en
congé de maladie, pour un total de six jours cumulatifs pendant
l'année et que l'employeur réinstalle le ou la salariée
dans son poste régulier à la suite d'un congé de maladie,
en lui accordant les avantages dont il ou elle aurait pu
bénéficier si il ou elle était restée au
travail.
Le congé de maternité. En matière de congé
de maternité, on ne peut plus accepter qu'une femme subisse une perte
des revenus lorsqu'elle accouche. Les versements d'allocation
chômage-maternité ne couvrent que 15 des 18 semaines et sont
souvent les seules allocations remplaçant le salaire de la mère.
Enfin, une baisse de niveau de vie de la famille survient après la
naissance d'un enfant. Et ça, on vous a donné des statistiques
vous démontrant, vous illustrant les baisses de revenus.
Considérant que la maternité devrait être reconnue
socialement comme une fonction essentielle, compte tenu du faible taux de
natalité au Québec mettant en situation précaire l'avenir
de notre société et que les Québécoises ne
devraient pas être économiquement ou socialement
désavantagées du fait qu'elles portent et mettent des enfants au
monde, nous recommandons que la période continue et maximale du
congé de maternité soit de 20 semaines et qu'il soit
rémunéré à 95 % du salaire sans délai de
carence, c'est-à-dire qu'il y aurait une caisse complémentaire
aux allocations d'assurance-chômage.
Le congé de paternité. Dans la perspective d'une politique
familiale, il est essentiel de prévoir des mesures destinées
à permettre aux pères de jouer pleinement leur rôle.
Actuellement, l'avant-projet de loi sur les normes du travail accorde, au
moment de la naissance ou de l'adoption d'un enfant, un droit d'absence de deux
jours avec solde et de trois jours sans solde aux pères et aux parents
adoptifs Cette période est nécessaire pour permettre au
père d'assister sa conjointe au moment de la naissance.
Compte tenu du fait que les trois jours de congé accordés
dans le cadre de la révision de la Loi sur les normes du travail ne sont
pas payés, on peut supposer que seulement un infime pourcentage des
pères s'en prévaudront. En effet, on ne peut pas mettre de
côté le fait que la Loi sur les normes du travail s'adresse
d'abord à une population à faible revenu.
Considérant que l'accès à un congé de
paternité plus long est un pas vers l'élimination de la
ségrégation des rôles, nous recommandons que les
salariés puissent bénéficier d'un congé de
paternité, sans réduction de salaire, d'une durée de cinq
jours ouvrables, ce congé pouvant s'appliquer à la naissance ou
à l'adoption de l'enfant.
Le congé parental. Il est important de permettre aux travailleurs
et travailleuses de se prévaloir d'un congé prolongé
à la suite d'une naissance ou pour s'occuper d'un enfant à temps
plein si il ou elle le désire. Ce congé permettrait aussi de
s'adapter aux changements qu'impose la naissance ou l'adoption d'un enfant. Le
gouvernement doit prendre les mesures qui s'imposent pour favoriser une
meilleure conciliation des tâches professionnelles et parentales et,
donc, en arriver à ce que parents et enfants ne soient plus les victimes
des conditions de travail mal
adaptées à une politique familiale efficace.
Nous recommandons que tout salarié ait droit à un
congé parental, à la suite du congé de maternité,
d'une durée maximale et continue de 32 semaines: 15 semaines
rétribuées à 95 % du salaire et 17 semaines à 60 %,
après lesquelles l'employeur devra réinstaller le ou la
salariée dans son poste régulier en lui accordant les avantages
dont il ou elle aurait pu bénéficier si il ou elle était
restée au travail. Nous insistons sur le fait que le congé
parental se doit d'être rémunéré car le ou la
salariée pouvant bénéficier d'une telle mesure dans le
cadre de la Loi sur les normes minimales du travail ne pourrait en jouir
autrement, compte tenu de sa capacité financière. nous ne pouvons
passer outre le salaire minimum lorsqu'on parle de hausser le taux de
natalité, car 64 % des travailleurs au salaire minimum sont des femmes.
considérant que les femmes apportent actuellement une contribution
considérable à la production des biens et services dans notre
société, qu'elles travaillent pour assurer leur
sécurité, leur survie et leur épanouissement, que le
travail entraîne des dépenses de l'ordre des frais de garderie,
transport, repas, habillement, nous croyons qu'une des premières mesures
à apporter pour favoriser une politique familiale est d'ajuster le
salaire minimum en vigueur actuellement.
Le salaire minimum est resté au même taux de 1981 à
1986 et cela, malgré un taux élevé de variation de
l'indice des prix à la consommation durant cette même
période. Les augmentations récentes sont bien loin de combler
l'écart qui s'est creusé entre l'augmentation du coût de la
vie et le revenu réel des gens rémunérés au salaire
minimum. Dans les faits, une partie de la population n'a cessé de
s'appauvrir depuis des années et dans le langage commun, tous les gens
s'entendent pour dire qu'un enfant, ça coûte cher.
Vivre au salaire minimum entraîne stress, conflits et diminution
de la qualité de vie des familles et des individus qui la composent. Une
politique familiale efficace et réaliste doit reposer sur l'idée
d'un soutien économique et d'une amélioration des conditions de
vie des plus pauvres.
De plus, on ne peut ignorer le fait que la pauvreté égale
souvent maladie, dans l'équation des conditions de vie des plus
démunis. Pour ces raisons, nous recommandons que le salaire minimum soit
augmenté selon le taux de variation de l'indice des prix à la
consommation depuis 1981 et ajusté annuellement, selon le même
critère.
La durée du travail. On fixe la semaine normale de travail
à 44 heures. Dans les faits, tout le monde croit que la semaine normale
est de 40 heures. Cette norme est donc désuète et largement
dépassée. De plus, le fait que la foi ne stipule pas de nombre
maximum d'heures quoti- diennes de travail entraîne de nombreux abus.
Dès le début du XXe siècle, les travailleurs ont
obtenu la reconnaissance légale des journées de travail normales
de neuf heures et, peu de temps après, de huit heures. Le Québec
est déjà en retard, par comparaison à plusieurs pays
industrialisés. On vous donne le nombre maximal d'heures
travaillées dans les autres pays, on peut faire une très grande
comparaison avec le Québec. Ainsi, on recommande, du moins, que la
durée de la semaine normale actuellement fixée à 44 heures
soit réduite à 40 heures.
Pour le temps supplémentaire, on sait que le temps
supplémentaire est devenu une obligation, la personne refusant de faire
du temps supplémentaire peut être congédiée dans
certains secteurs. Donc, nous demandons d'accorder le droit à tout
salarié de refuser d'accomplir du temps supplémentaire, sans
risque de représailles, tel le congédiement. Il est plus
difficile pour les femmes, principalement pour les femmes monoparentales, de
pouvoir faire du temps supplémentaire. Donc, ce sont des personnes
à risque à ce niveau.
Le travail à temps partiel. Je sais que vous n'avez pas fait de
recommandations là-dessus, mais, pour nous, c'est important de voir avec
quel esprit on considère le temps partiel. La croissance rapide des
emplois à temps partiel est l'un des bouleversements qu'a connus le
marché du travail au cours des dernières années. Les
femmes sont fortement majoritaires au sein de la main-d'oeuvre à temps
partiel et cette représentation s'accentue légèrement.
Pour les travailleuses, le temps partiel offre certains avantages, dont une
meilleure conciliation des obligations familiales et professionnelles.
Toutefois, cette formule comporte aussi des inconvénients. Dans la
plupart des cas, le travail à temps partiel offre un revenu moindre que
le travail à temps complet, alors que les dépenses sont
similaires. L'accès aux avantages sociaux et à des régimes
de pension est souvent limité. Le travail à temps partiel se
caractérise aussi par des horaires irréguliers, des heures de
travail brisées et l'absence de garanties quant au nombre minimal
d'heures de travail. Évidemment, les possibilités de
perfectionnement, de promotion ou de choix d'un emploi à temps plein
sont généralement absentes.
La présence d'enfants et l'âge de ces derniers influencent
la propension des femmes à exercer un emploi à temps partiel.
Pourtant, ce motif est de moins en moins invoqué. La pénurie
d'emplois à temps plein est une raison qui revient de plus en plus
souvent. Ainsi, plusieurs femmes occupent un emploi à temps partiel,
faute de pouvoir travailler à temps plein.
Le CIAFT, en raison de son objectif de privilégier l'autonomie
financière des femmes, a toujours favorisé le travail à
temps plein. De meilleures conditions de travail permettant la gestion du temps
favoriseraient l'accès des
femmes à des postes à temps plein parce qu'elles
tiendraient compte des responsabilités familiales que les travailleurs
et travailleuses doivent assumer. Le CIAFT reconnaît la situation de fait
qui existe, à savoir que les emplois à temps partiel ont connu un
développement sans précédent dans les dix dernières
années. Toutefois, le travail à temps partiel ne doit pas
être considéré comme la solution de l'avenir ni comme un
moyen à privilégier dans l'organisation du travail.
Nous recommandons, concernant le temps partiel, que l'employeur soit
obligé de verser un salaire horaire égal à celui
versé à un salarié à temps complet effectuant un
travail équivalent et que la notion de travail équivalent soit
définie comme étant un travail de même valeur globale, si
on considère les habiletés requises pour l'accomplissement du
travail, les responsabilités, les efforts, les conditions de travail et
le nombre d'heures travaillées dans une semaine; que le salarié
à temps partiel puisse accéder proportionnellement aux
mêmes avantages sociaux que les employés à temps complet;
que l'employeur soit tenu d'offrir prioritairement à un travailleur ou
à une travailleuse à temps partiel un poste à temps
complet, en considérant l'ancienneté; qu'il soit interdit pour un
employeur de faire disparaître, de quelque façon que ce soit, un
poste à temps complet, dans le but de créer des postes à
temps partiel, mais le fait que des employés demandent à partager
un même poste dans une perspective de plein emploi ne vise pas cette
interdiction; que le gouvernement oblige tout employeur à offrir un
temps plein dans le cas où il peut offrir deux postes à temps
partiel et qu'il n'ouvre que des postes à temps partiel que lorsqu'il
n'a pu combler le temps plein.
La reconnaissance de l'ancienneté. Dans le cas où un
employeur procède à des licenciements, la Loi sur les normes du
travail ne prévoit pas l'obligation pour l'employeur de tenir compte de
l'ancienneté et de la répartition numérique d'hommes et de
femmes en emploi. De plus en plus de femmes travaillent par
nécessité et non par désir d'apporter un revenu d'appoint
à la famille. Elles sont souvent les dernières engagées,
puisque leur avènement sur le marché du travail est encore
relativement récent. Elles ont ainsi moins d'ancienneté que leurs
homologues masculins. Lors d'un licenciement, on assiste à une
discrimination systémique qui ne tient compte que du seul facteur
d'ancienneté des employés.
Une mesure de redressement s'impose et nous recommandons que soit
incluse, dans la Loi sur les normes du travail, l'obligation pour l'employeur
qui procède à un licenciement de tenir compte de
l'ancienneté de ses employés et de maintenir la
répartition numérique proportionnelle d'hommes et de femmes
à son emploi, en considérant les secteurs d'activité
affectés dans l'entreprise, la répartition numérique
proportionnelle primant l'ancienneté, à condition de non-
équivalence, au niveau de l'ancienneté, des hommes et des femmes
affectés par le licenciement. Je pense que je vais...
La Présidente (Mme Marois): II vous reste encore quelques
minutes, mais, si les membres de la commission y consentent, vous pouvez
prendre le temps nécessaire pour passer à travers les autres
thèmes que vous vouliez aborder.
Mme Robert: Les autres étaient pour nous moins...
L'essentiel est passé à l'intérieur de ce que je viens de
dire. Nous sommes quand même heureuses de constater que l'avant-projet de
loi apporte une amélioration importante face à
l'accessibilité des recours en réintroduisant la mesure visant
à défrayer les services gratuits. On a parlé aussi dans
les autres normes... Ce dont on s'aperçoit, c'est que les gens sont
très peu informés des nonnes du travail, donc on recommande que
l'employeur fournisse à tous les salariés les documents
d'information relatifs aux normes du travail reçues de la
commission.
En fin de compte, pour conclure, nous considérons l'avant-projet
de loi du gouvernement comme le point de départ d'une vaste consultation
à la suite de laquelle des modifications seront apportées au
projet initial, afin qu'il réponde enfin aux besoins des travailleuses.
Il en va de leurs besoins et de leurs choix comme de leur autonomie. En ce
sens, les recommandations formulées par le CIAFT sont des ajustements
nécessaires à la juste valorisation du rôle de la femme
dans l'économie et la société. Le CIAFT
réitère donc ses positions en faveur d'une application globale de
la Loi sur les normes du travail. Celle-ci doit donc s'appliquer aussi aux
bénéficiaires de l'aide sociale participant à tous les
programmes d'employabilité.
En terminant, nous désirons mentionner notre enthousiasme face
à l'amendement suggéré à la Loi sur les normes du
travail concernant le travail domestique. L'intention d'accorder la protection
à ces employées nous semble essentielle quant à
l'universalité de la loi et de son caractère fondamental. Nous
remercions les commissaires et Mme la Présidente d'avoir bien voulu
entendre ce mémoire.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. J'inviterais maintenant la ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille à échanger des idées avec vous, poser des
questions. (10 h 30)
Mme Trépanier: Merci, Mme la Présidente. Bienvenue
mesdames. Au tout départ, je dois vous dire qu'en vous saluant tout
à l'heure j'ai constaté votre inquiétude et votre
déception, peut-être, à la suite des annonces
fédérales hier. Je dois vous dire que je les partage et que
j'espère que vos appréhensions ne sont pas fondées et
qu'on aura de bonnes nouvelles quant
au financement des groupes de femmes. C'est très
inquiétant et je partage ça avec vous ce matin.
Votre organisme, sa réputation n'est plus à faire. Vous
êtes actifs depuis 1984, si je ne m'abuse. Vous avez une action
très orientée vers le travail des femmes et je suis convaincue
que la commission pourra profiter de vos expériences. Mme la
Présidente, vous disiez, il y a quelques minutes: Vous auriez dû
ou je constate que vous n'avez pas fait de propositions sur le travail à
temps partiel. Si vous relisez les commentaires du ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle il y a quelques mois à ce sujet, il voulait justement
que les organismes fassent des propositions, parce que c'est un dossier
extrêmement vaste et complexe et nous voulions profiter de cette
commission pour recueillir vos impressions et, surtout, vos suggestions pour
que vous nous aidiez à trouver des solutions intéressantes pour
ce vaste champ du temps partiel et qui concerne très majoritairement -
peut-être pas majoritairement, mais de façon très
importante - les femmes.
Je pense que c'est dans votre document qu'on disait que 43 % des
travailleurs à temps partiel sont des femmes. Alors, vous avez fait des
suggestions intéressantes et je vais commencer par le temps partiel.
Vous suggérez dans votre mémoire, à la page 18, d'accorder
aux personnes à temps partiel les droits et les avantages sociaux, les
mêmes avantages que les gens à temps plein, au prorata des heures
travaillées. Le problème de la proportionnalité des
avantages sociaux, c'est qu'avec tes protections non liées au revenu il
y aurait possiblement un désavantage, parce que les travailleurs
à temps partiel ne pourraient pas être couverts de la même
façon. Est-ce qu'il y aurait une autre façon de moduler pour que
les travailleurs à temps partiel n'aient pas à défrayer
plus pour avoir les mêmes avantages parce que si c'est au prorata des
heures travaillées, par exemple, si on considère les avantages
comme les soins dentaires et tout ça, ils pourraient être
défavorisés. À certains endroits, certaines entreprises
offrent maintenant, aujourd'hui, un autre aménagement qui permet aux
travailleurs à temps partiel de profiter des mêmes avantages. Ne
craignez-vous pas ce problème-là?
La Présidente (Mme Marois): Mme Leduc ou Mme Robert, peu
importe.
Mme Leduc (Lyse): C'est que, quand on demande qu'ils puissent
participer, j'imagine... Je ne sais pas si je comprends bien votre question,
Mme Trépanier, c'est que leur participation serait aussi... On doit
considérer dans le fait - et je sais que l'assurance dentaire, c'est ce
qui coûte le plus cher - qu'ils participeraient aussi, que leurs
cotisations ne seraient pas les mêmes que pour les travailleurs à
temps plein et possiblement qu'il y aurait une possibilité aussi...
Mme Trépanier: Mais pour avoir droit à la
même protection...
Mme Leduc: Exactement à la même, il faudrait qu'ils
participent.
Mme Trépanier: II faudrait qu'ils défraient
plus.
Mme Leduc: Oui.
Mme Trépanier: Et vous êtes d'accord avec
ça.
Mme Leduc: C'est toujours sur une base assez volontaire, si les
travailleurs le désirent.
Mme Trépanier: O.K.
Mme Leduc: Mais je pense que, dans toutes les études qui
ont été faites, normalement, quand on pose la question aux
travailleurs, ce qui les intéresse particulièrement, c'est
l'assurance-maladie. Ils sont peut-être prêts à laisser
tomber les assurances dentaires et autres choses qui leur reviendraient plus
cher. Alors, je pense qu'il y aurait des aménagements à faire et
aller voir vis-à-vis des personnes qui sont à temps partiel ce
qui les intéresse vraiment et ce sur quoi elles sont prêtes
à cotiser. À ce moment-là, peut-être que les
avantages qui coûtent très cher, on pourrait les laisser tomber
et, au moins, avoir le régime de retraite, le régime
d'assurance-maladie et certains autres avantages sociaux.
Mme Trépanier: Et l'assurance salaire, entre autres.
Mme Leduc: Et l'assurance salaire, entre autres, au prorata de
leur salaire. Alors, je pense qu'on pourrait, qu'il y aurait moyen, en allant
vraiment vérifier auprès des personnes, d'avoir des
aménagements qui satisferaient les travailleuses et travailleurs et les
employeurs.
Mme Trépanier: Est-ce que c'est unanime, cette position,
dans vos groupes? Il nous semble que ce soit un sujet assez complexe, mais
controversé aussi dans la population. On a de la difficulté
à avoir des consensus là-dessus.
Mme Leduc: Quand vous parlez de nos groupes, est-ce que vous
parlez des groupes de femmes ou du CIAFT?
Mme Trépanier: Le CIAFT, oui.
Mme Leduc: D'accord.
Mme Robert: C'est une position qui est
unanime, effectivement.
Mme Trépanier: Pour les membres du CIAFT.
Mme Leduc: Là, je ne m'avancerai pas pour les autres
groupes de femmes. Je pense que c'est à elles...
Mme Trépanier: Je sais que vous vous côtoyez
beaucoup, que vous partagez des positions sur d'autres dossiers, alors c'est
pour ça que je me permets de vous demander ça en ce qui concerne
le temps partiel. Je dois vous dire que la très grande majorité
des groupes n'a pas exprimé de position sur le travail à temps
partiel, c'est pour ça que je vous demande si vous avez fait des
consultations chez vos collègues.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Robert.
Mme Robert: Ce qu'il est important aussi de souligner, c'est
qu'on demande ça pour le temps partiel mais, en même temps, c'est
toute la philosophie qui est derrière ça et, pour nous, c'est de
ne pas développer le temps partiel. C'est principalement ça.
Une voix: Oui, oui.
Mme Robert: On est prêts à donner des choses pour
les travailleuses à temps partiel parce que c'est un
phénomène qui existe, et on ne peut le nier, mais ce qu'on
demande prirv cipalement, c'est de ne pas favoriser par des lois ou par toutes
sortes de choses le temps partiel.
Mme Trépanier: J'y arrivais avec ma deuxième
question. Vous dites dans votre mémoire: Nous sommes contre la
transformation des postes à temps plein en temps partiel. Vous dites
presque, vous dites carrément que si, par exemple, l'employé est
d'accord pour garder... Expliquez-moi donc votre problématique. Vous
dites: On est contre la transformation d'un poste à temps plein à
du temps partiel sauf si les employés sont volontaires, s'ils sont
d'accord pour le faire. Alors, vous donnez à l'employé le choix,
dans le fond.
Mme Leduc: C'est toute la différence entre le temps
partagé et le temps partiel.
Mme Trépanier: Là, vous parlez de temps partiel
ici.
Mme Leduc: Oui. Là, on parle de temps partiel. On dit: Nos
positions sur le temps partiel ne vont pas jusqu'à dire: On rejette le
temps partagé. Ce n'est pas pareil, le temps partagé. Ce sont des
employés qui décident de partager un poste. Ce n'est pas la
même chose qu'un employeur qui n'offre que des emplois à temps
partiel, parce qu'on sait qu'il y a des avantages pour les employeurs et pour
les employés, d'une certaine façon, au temps partiel. Il y a un
accroissement de la productivité des employés à temps
partiel. Il y a une baisse de l'absentéisme pour les employés
à temps partiel. Alors, ce sont des avantages pour les employeurs. Les
mêmes avantages se retrouvent avec le temps partagé,
évidemment. Mais, à ce moment-là, pour nous, le temps
partagé émane d'une volonté des travailleurs ou
travailleuses, à ce moment-là. Et si elles le désirent,
bon, bien, allons-y, laissons le temps partagé. Et le temps
partagé s'adresse beaucoup aux travailleurs et travailleuses qui ont des
conditions de travail intéressantes. On parle ici de travailleuses au
salaire minimum. Le travail à temps partiel s'adresse plutôt
à des travailleurs et travailleuses qui ont moins de revenus. Alors,
c'est pour ça que pour nous, le temps partagé, on se dit: On ne
va pas rejeter le temps partagé si des hommes ou des femmes... Dans le
fond, ce qu'on souhaiterait, c'est que ça se partage également
entre les hommes et les femmes, ceux qui décident de choisir cette
formule-là. Pourquoi met-on vraiment la pédale douce sur le temps
partiel? Parce que 71 % des femmes sont à temps partiel.
Là-dessus, il y en a 35 % qui disent qu'elles occupent un emploi
à temps partiel parce qu'on ne leur offre pas d'emploi à temps
plein.
Mme Trépanier: Quel est le pourcentage?
Mme Leduc: Un pourcentage de 71,3 % en 1987.
Mme Trépanier: Ce sont des femmes.
Mme Leduc: Ce sont des femmes, des travailleuses.
Mme Trépanier: Et 35 % parce qu'elles n'ont pas la
possibilité d'avoir un poste à temps plein.
Mme Leduc: Et 35 % n'ont pas la possiblité d'avoir un
emploi à temps plein. Et les autres qui disent préférer le
temps partiel, c'est à cause de leurs responsabilités familiales.
Alors, à ce moment-là, on ne changera jamais les
mentalités et on ne défera pas la ségrégation des
rôles si on considère que le temps partiel, oui, c'est bien et,
à ce moment-là, ça permet aux messieurs de garder leur
emploi à temps plein et aux femmes de continuer d'assumer les
responsabilités familiales tout en apportant un revenu à la
famille parce que, de plus en plus, quand il n'y a qu'un seul revenu, tu tombes
dans les ménages pauvres. C'est pour ça que nous, on souhaite que
le temps partiel réponde à un certain besoin. Les
mentalités ne sont pas pour changer le lendemain. Les
responsabilités familiales partagées également entre les
hommes et les femmes, ce
n'est pas pour demain. Alors, c'est pour ça qu'on ne dit pas
actuellement: Aucun temps partiel. Mais, pour nous, on ne veut pas que ce soit
considéré comme une solution au problème des
responsabilités parentales. On veut vraiment que ça soit
partagé.
Mme Trépanier: Ça, c'est clair. Mais il reste tout
de même qu'il y a 40 % des femmes qui ne peuvent se permettre autre chose
que du travail à temps partiel de par le temps qu'elles ont à
consacrer. Je pense que c'est important aussi d'y songer. Ça, c'est une
chose. Vous...
La Présidente (Mme Marois): Je crois que Mme Robert
voulait ajouter quelque chose.
Mme Robert: Oui. C'est par rapport aux gens... Quand on parle de
35 % qui désireraient avoir un temps plein et quand on compare la source
de revenu des gens à 35 % et des gens qui sont contents d'avoir un temps
plein, habituellement, les gens qui sont dans l'autre proportion que des 35 %
ont des revenus plus élevés également qui leur permettent
d'avoir une certaine autonomie financière. Dans le sens que faire du
temps partiel, quand le revenu annuel est de 40 000 $, bon, bien, tu te
retrouves avec un revenu de 25 000 $, c'est intéressant. Mais pour des
femmes à faible revenu, un temps partiel, habituellement, elles n'en
veulent pas. Ça leur coûte cher. Et aussi, il faut regarder par
rapport aux responsabilités familiales. Les femmes qui travaillent
à temps partiel, on les retrouve beaucoup dans les services,
c'est-à-dire dans les caisses, dans le secteur de la vente, dans le
secteur de la restauration, et je vais vous dire qu'elles travaillent
habituellement au moment où les enfants sont à la maison, et non
pas quand les conjoints sont au foyer ou pourraient s'en occuper. Donc,
ça ne règle pas la responsabilité familiale, au contraire,
ça la complique.
Mme Trépanier: Je ne sais pas si vous avez des chiffres
là-dessus, mais la proportion de femmes chefs de famille monoparentale
qui travaillent à temps partiel doit être énorme,
aussi.
Mme Leduc: On n'a pas de chiffres sur les familles
monoparentales, mais je penserais que non, parce qu'elles, elles doivent
pourvoir aux besoins de la famille. Si elles ont un emploi à temps
partiel, elles ne peuvent pas le faire. Elles ne peuvent vraiment pas le faire,
les femmes chefs de famille monoparentale. Un emploi à temps partiel,
ça ne leur permet pas de faire vivre leur famille. Et on sait ce que
c'est, les pensions alimentaires, il y en a pendant un petit bout de temps,
mais elles ne peuvent pas se fier là-dessus.
Mme Trépanier: Mais faut-il qu'elles le trouvent, l'emploi
à temps plein. Mme Leduc: Oui, c'est ça. Mme
Trépanier: C'est ça.
Mme Leduc: Un autre chiffre qui donne un peu l'idée aussi,
c'est que dans le fond, si on regarde... Il y a des hommes et des femmes qui
travaillent à temps partiel, mais les hommes qui travaillent à
temps partiel, c'est dans la catégorie des 15-24 ans - alors, on voit
que ce sont des étudiants, ce sont des gens qui préparent une
autre carrière - tandis que c'est entre 25 et 44 ans, la grosse
proportion des femmes qui travaillent à temps partiel. Donc, on voit
tout de suite, finalement, ce que ça illustre de la
ségrégation des rôles dans notre société. Et
c'est ce qui explique un peu notre position, parce que nous, ce n'est pas notre
but, comme organisme, de perpétuer ça.
Mme Trépanier: Une proposition qui vous démarque
des autres groupes concerne le licenciement. Vous parlez de
proportionnalité hommes-femmes dans le licenciement. Est-ce que vous
avez vérifié cette proposition avec la Charte des droits? Est-ce
qu'il n'y aurait pas un problème, là? Vous dites de garder la
proportion d'une entreprise hommes-femmes dans les licenciements. Alors, si
vous avez quatre hommes et deux femmes dans une entreprise et que vous faites
deux licenciements, ça fonctionne comment votre affaire, là? Vous
ne parlez pas d'ancienneté. Vous dites: II faudrait que la proportion
hommes-femmes joue autant que l'ancienneté.
Mme Robert: On parle quand même d'ancienneté,
là. Il ne faut pas...
Mme Trépanier: Oui, quand même, mais...
Mme Robert: Mais c'est un peu ce qui pourrait...
Mme Trépanier:... quelle priorité vient la
première?
Mme Robert: O. K. C'est un peu comme l'obligation contractuelle,
en fin de compte. Ce qu'on demanderait, c'est que les employeurs soient
obligés de respecter cette proportion-là, puisqu'on sait que dans
les licenciements ce sont les femmes qui vont être mises à pied
les premières, parce que ce sont les femmes qui sont entrées les
dernières. C'est aussi logique que ça. Je veux dire, la
proposition est là, on n'a pas encore regardé toutes les
sous-propositions qui pourraient aller avec, mais nous, ce qu'on pense, comme
les programmes d'accès à l'égalité, comme
l'obligation contractuelle, c'est qu'il serait temps qu'on en parle
également au niveau des licenciements et que ça fasse partie des
mesures favori-
sees par le gouvernement, dans sa propre entreprise et au niveau des
entreprises privées.
Mme Trépanier: D'accord. Il ne me reste à peu
près plus de temps. J'aurais aimé vous poser des questions sur
les congés parentaux. Vous appuyez le regroupement.
Mme Robert: Oui.
Mme Trépanier: Mais vous avez une position un peu
différente qui est, je dirais, améliorée, par rapport
à la position des regroupements. J'y reviendrai avec l'autre groupe. Je
pense que Mme Leduc participe à l'autre discussion, alors nous y
reviendrons. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, merci, Mme la Présidente. Alors,
permettez-moi de saluer Mme Robert et Mme Leduc et de leur dire tout le bien
que je pense du CIAFT depuis toutes ces années où vous
répandez votre expertise dans tous les milieux, puisque, finalement, le
CIAFT est l'expression de la volonté d'intervenantes de
différents milieux, et pour avoir eu l'occasion de participer à
votre congrès l'automne passé et d'avoir
bénéficié aussi de toute l'information qui circulait. Vous
allez m'excuser - Mme la Présidente l'avait fait déjà - de
mon retard à vous rejoindre, n'ayant pas le don d'ubiquité et
étant retenue en commission parlementaire de l'éducation. (10 h
45)
D'abord, je voudrais vous interroger sur les mesures protectionnistes,
c'est-à-dire qu'il y a une sorte de débat qui se poursuit, dans
le fond, durant cette commission qui peut se résumer ou se simplifier
peut-être trop de la manière suivante: Faut-il introduire des
mesures? Pensons, par exemple, à ce qui est dans l'avant-projet de loi
quant au droit de refus de faire du temps supplémentaire, qui est
accordé simplement au salarié qui a des responsabilités
familiales et qui peut être tempéré par la directive de
l'employeur, douze heures à l'avance, d'en faire. Mais ça, c'est
vraiment une mesure protectionniste parce que ça veut dire qu'elle n'est
réservée qu'à un salarié qui a des
responsabilités familiales.
Là, comme souvent les droits n'existent que sur le papier parce
que les conditions d'exercice ne sont pas facilement réalisables, il y a
plein d'intervenants qui nous disent: Oui, mais tout ça ne nous
mènera à rien parce que le salarié va-t-il devoir garantir
que c'est bien son enfant et non pas l'enfant de sa conjointe, etc.? Et, pour
toutes ces raisons, il vaut mieux des mesures où on pense famille sur
l'ensemble du marché du travail, c'est-à-dire avec une
réduction des heures de travail et, à ce moment-là, une
répartition des responsabilités familiales qui ne sont pas
qu'à l'égard des jeunes enfants mais qui peuvent être aussi
à l'égard de leurs parents, etc. Alors, vous, je pense que vous
êtes plus tentées de proposer, justement, cette réduction
des heures normales de travail.
Là, la question que je vais vous poser, c'est la suivante. Vous
dites: Une journée normale de huit heures. Mais vous savez qu'une
journée normale, ça veut dire qu'après cette
journée-là commence à être payé le temps
supplémentaire. Ça ne veut pas dire qu'il commence à
être possible de refuser d'en faire. Ça, c'est une autre notion:
la journée maximale.
Par exemple, en Ontario, il n'y a pas de journée normale. Il y a
juste une semaine normale, mais il y a une journée maximale de huit
heures. En Ontario, au moment où on se parle, un travailleur ou une
travailleuse peut refuser de faire du temps supplémentaire après
huit heures, mais il est payé en temps supplémentaire juste
après quarante-quatre heures. Qu'est-ce que c'est votre point de vue
là-dessus? Parce que, dans le Code canadien, c'est l'inverse. Il n'y a
pas de journée maximale, mais il y a une journée normale de huit
heures, mais le travailleur ou la travailleuse est toujours tenu de faire le
temps supplémentaire qu'on lui demande mais il est toujours payé
temps double après huit heures. Selon le Code canadien, il vaut mieux
agir comme ça parce que ça amène les employeurs, puisque
ça les oblige, chaque jour, à payer du temps
supplémentaire après huit heures, à embaucher plutôt
que de payer du temps supplémentaire. Qu'est-ce que vous en pensez?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Robert ou Mme
Leduc.
Mme Leduc: Si je prends la première question, sur le temps
supplémentaire, je pense que nous, notre position s'adresse à
tous les travailleurs et à toutes les travailleuses. C'est qu'on demande
le droit de pouvoir refuser de faire du temps supplémentaire. Ça
va un peu dans l'optique... C'est sûr que ce sont les parents mais, comme
vous le disiez tantôt, de juste "proportionnaliser" mais comment,
à ce moment-là... Est-ce qu'un employeur va commencer à
faire de la discrimination et dire: J'aime mieux embaucher une
célibataire... parce qu'un parent ou une parente va pouvoir me refuser
de faire du temps supplémentaire? Alors, c'est en ce sens-là
qu'on l'applique à tous. C'est sûr que, dans les faits, ce sont
peut-être plus souvent les parents qui vont devoir refuser, non pas
nécessairement vouloir refuser mais devoir refuser, pour leurs
obligations, le temps supplémentaire mais, pour nous, c'est notre
position là-dessus. C'est sûr, en tout cas, dans l'esprit de notre
proposition, je pense que ce qu'on veut, c'est qu'après huit heures le
temps supplémentaire soit payé. C'est ça. C'est...
Mme Harel: Et non pas qu'il puisse être refusé.
Mme Leduc: On veut qu'il soit refusé mais, s'il est
accepté, il faut qu'il soit payé, après huit heures. On
demande qu'il puisse être refusé.
Mme Harel: Oui, alors ça, c'est la journée
maximale.
Mme Leduc: C'est ça. Mme Harel: C'est
ça.
Mme Leduc: Oui, qu'il puisse être refusé et, s'il
est accepté, à ce moment-là, qu'il soit payé
après huit heures et non pas après la semaine - nous autres, on
demande quarante heures, là - mais non pas après le cumul. Ce qui
veut dire que - je pense qu'on l'explique - quelqu'un pourrait travailler douze
heures une journée sans être payé en temps
supplémentaire si, après ça, il y a une journée
où il ne rentre pas. Alors, je pense que c'est l'esprit de notre
proposition.
Mme Harel: Que la journée maximale coïncide avec la
journée normale.
Mme Leduc: C'est ça.
Mme Harel: C'est ça. J'ai juste une réserve sur la
proportion numérique, du fait, justement, qu'elle peut introduire une
mesure protectionniste et que l'employeur peut considérer qu'embaucher
des femmes, c'est compliqué parce que, ultime-ment, ça met toutes
sortes de complications. Alors, je ne sais pas, j'aimerais qu'on s'en reparle,
si vous avez un point de vue là-dessus. C'est surtout que, dans votre
mémoire, à la page 21, vous vous dites très heureuses de
constater que I avant-projet apporte une amélioration importante, parce
que vous considérez que ça réintroduit la mesure visant
à défrayer les services gratuits d'avocat aux plaignants et
plaignantes. Là-dessus, je trouve que vous êtes pas mal
euphoriques par rapport à la réalité, parce que la loi
actuelle...
Des voix:...
Mme Harel: Vous êtes d'accord?
Mme Leduc: On s'en était rendu compte, hier soir, en
lisant la proposition bien à fond...
Mme Harel: O.K. Bon, alors je n'insiste pas.
Mme Leduc: Là, j'ai mis un gros point d'interrogation
à côté du paragraphe.
Mme Robert: On ne savait pas si c'était vraiment gratuit,
au niveau des services d'avocat.
Mme Harel: il n'y a pas juste ça. C'est blanc bonnet,
bonnet blanc. Vous prenez la loi qui dit que la Commission peut intervenir - la
loi actuelle - et vous prenez l'avant-projet de loi qui dit: "La Commission
peut représenter..."
Mme Leduc: C'est ça...
Mme Harel: Dans un cas comme dans l'autre, ça ne change
rien vraiment.
Mme Leduc: On avait lu qu'à ce moment-là on
revenait... Notre première interprétation, c'est qu'on revenait
à la position de 1982.
Mme Harel: D'accord.
Mme Leduc: En fouillant ça, j'ai dit: Ce n'est pas
ça du tout.
Mme Robert: Notre enthousiasme est moins grand.
Mme Harel: Je savais que vous étiez de bonnes
élèves... Le problème reste entier. Vous le posez bien,
avec le taux d'annulation des plaintes à 69 %, le problème reste
entier: des gens, des femmes en particulier, des hommes, de toutes ces
personnes qui sont congédiées et qui n'ont pas les moyens de
faire valoir les droits que la loi leur reconnaît.
Une dernière question, avant que ma collègue des
Chutes-de-la-Chaudière vous interroge. Vous recommandez, dans le fond,
un an pour obtenir le recours de congédiement sans cause juste et
suffisante, un an pour les vacances. Considérez-vous que ce serait
intéressant qu'on s'entende pour uniformiser, d'une certaine
façon, l'accès à tous ces droits de la loi et que
quelqu'un n'ait même pas besoin d'aller voir le CIAFT pour
vérifier si c'est trois ans, trois mois, un an, cinq ans, que ce soit un
an; qu'après un an de service continu chez un employeur, toute cette
protection de base soit offerte?
Mme Robert: Oui, je pense que ça va avec nos propositions,
d'ailleurs. C'est à peu près ça qu'on demande partout, un
an de service continu, étant donné que c'est presque impossible,
avec le marché actuel, d'être cinq ans chez le même
employeur.
Mme Leduc: C'est ça. Comme on l'a mentionné dans la
présentation, les chiffres eux-mêmes du ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle disent qu'il n'y a qu'à peu près la moitié
de la main-d'oeuvre, au Québec, qui parvient à atteindre cinq ans
de travail continu chez le même employeur. C'est très limitatif,
à ce moment-là, si on dit que c'est cinq ans. C'est pour
ça que nous ramenons ça à un an et on
serait d'accord si on uniformisait à peu près, dans
l'ensemble des recours.
Mme Harel: Je ne pensais pas surtout vous interroger, ce matin,
sur toute la question des congés de maternité ou parentaux parce
que, dans l'avant-midi, il y aura le Regroupement, il y aura l'Intersyndicale
avec lesquels on pourra développer toute cette proposition qui est
sensiblement la même, je pense, pour vous que pour elles.
Mme Robert: II y a peut-être une différence.
Mme Harel: La différence des 52 semaines. Peut-être
que vous voulez en parler?
Mme Robert: C'est important pour nous et il faut peut-être
le souligner, que le congé ne se prolonge pas au-delà d'un an.
Pourquoi? Je suis une travailleuse aussi, je travaille avec des femmes qui
retournent sur le marché du travail. On s'aperçoit de
l'obsolescence qui se produit après un an d'absence du marché du
travail. C'est-à-dire que les gens perdent confiance en eux. Ils ont
plus de difficultés à réintégrer. Ce sur quoi on
serait d'accord, c'est de le prolonger s'il y avait, disons, une femme qui
désirait rentrer à temps partiel, et faire plus de temps partiel.
Nous, c'est un maximum d'un an, si on ne veut pas recommencer. Pour nous, notre
objectif, c'est vraiment l'autonomie financière des femmes et
l'intégration des femmes sur le marché du travail. Donc,
donnons-lui la possibilité d'y retourner.
Mme Harel: J'ai bien remarqué que vous insistiez pour que
la Loi sur les normes s'applique à l'ensemble des programmes
d'em-ployabilité mis en place. C'est compte tenu de l'expertise que vous
avez, j'imagine, dans ce domaine.
Mme Robert: Oui.
Mme Harel: J'inviterais peut-être...
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous plaît.
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente. Dans
votre mémoire, j'ai remarqué qu'il y a beaucoup de suggestions,
si on veut, qui reviennent par rapport à d'autres groupes qu'on a
entendus hier, beaucoup de choses qui touchent les femmes aussi par rapport au
travail à temps partiel. D'ailleurs, le Conseil du statut de la femme
avait aussi fait des suggestions à cet égard. J'espère que
le ministre en tiendra compte. Sur les dossiers de femmes, en particulier, je
trouve qu'il y a beaucoup de bonnes suggestions.
Il y a une chose aussi qui m'intéresse beaucoup, c'est
l'équité salariale. Dans ces termes, à travers votre
mémoire, je n'ai rien trouvé. Je n'ai rien vu comme tel,
équité salariale mise à part. Je ne sais pas si c'est
à ça que vous faisiez allusion lorsque, à un moment
donné, par rapport au temps partiel, vous emmenez en plus une
définition de la notion du travail équivalent. Est-ce que
c'était pour vous une façon d'établir un genre de principe
sur l'ensemble du dossier de l'équité salariale? Parce que vous
mettez aussi les critères d'évaluation des emplois, et tout
ça. Est-ce que c'est dans ce but-là que...
Mme Leduc: Bien, c'est-à-dire qu'actuellement le CIAFT ne
s'est pas encore prononcé publiquement sur l'équité
salariale. On est en processus d'évaluation et d'étude pour
savoir quelle sera notre position. Alors, c'est pour ça qu'ici on n'en
parle pas et qu'on ne trouvait pas de place à le mettre. De toute
façon, même s'il y avait eu de la place, on n'a pas de position
officielle. Alors, comme groupe, nous sommes en train de l'élaborer et
de la faire accepter, et elle viendra en temps et lieu. C'est dans ce
sens-là qu'on n'a pas du tout abordé ce sujet-là, sauf,
évidemment, parce qu'on parlait de travail équivalent et que
ça nous semblait difficile de passer à côté.
Mme Robert: Mais la position du CIAFT va tout de même
sortir bientôt puisque c'est un sujet qui est à
l'étude.
Mme Carrier-Perreault: Alors, disons qu'il y a des groupes avec
lesquels on a parlé hier et qui nous ont dit: Bon, ce serait
peut-être intéressant de mettre ça dans la loi, d'ajouter
le principe dans la loi. Par contre, ce serait peut-être plus
intéressant si la loi était pro-active dans le sens que,
plutôt qu'un système de plainte... Mais comme vous n'avez pas
encore pris position on attend votre position.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, Mme la
députée? Merci. Est-ce qu'il y a d'autres questions qu'on
souhaiterait soulever? Oui, M. le député? Non, ça va?
Alors, nous vous remercions pour l'intéressante représentation.
Je relisais les données qui sont contenues au mémoire. C'est
toujours intéressant aussi, je pense, pour les parlementaires qui ont
à se pencher aussi sur d'autres thèmes, d'autres sujets de
débat, d'avoir parfois en tête des explications et des
éléments d'information comme ceux que vous nous apportez et qui
concernent la place des femmes dans notre société. Ça va?
Alors, merci de votre contribution aux travaux de cette commission.
Mme Robert: Merci beaucoup.
Regroupement pour des congés de
maternité et parentaux
La Présidente (Mme Marois): J'inviterais maintenant les
personnes représentant le Regroupement pour des congés de
maternité et parentaux à bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît. Alors, bonjour et bienvenue à la commission. J'aimerais que
le porte-parole se présente - parce que vous représentez
différents groupes - et présente les personnes qui
l'accompagnent. Vous avez 20 minutes pour présenter te mémoire,
après quoi nous passerons aux échanges de vues ensemble.
Mme Thibault (Charlotte): Mme la Présidente, mon nom est
Charlotte Thibault. Je suis secrétaire provinciale de la
Fédération des femmes du Québec et porte-parole officiel
de la Fédération. Mme Hébert et moi-même allons lire
des extraits du mémoire.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Thibault: À ma gauche, à l'extrême
gauche, Mme Leduc, que vous avez déjà rencontrée
précédemment, et Mme Sylvie Boulanger, première
vice-présidente de la Fédération des infirmières et
infirmiers du Québec, et Mme Danielle Hébert, responsable du
dossier de la condition féminine à la CSN.
Rappelons que le Regroupement pour des congés de maternité
et parentaux payés s'est formé au printemps 1989, à la
suite d'un appel lancé par le comité de la condition
féminine de la CSN. Je vous rappellerai la liste des groupes et des
organismes signataires du mémoire qui vous est soumis. Donc, Action
travail des femmes, Au Bas de l'échelle, la Centrale de l'enseignement
du Québec, les Cercles de fermières du Québec, le
Collectif des femmes immigrantes, le Comité des femmes du syndicat des
professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec - ici, il y
a une petite erreur dans le texte - c'est la Confédération des
syndicats nationaux et non pas seulement le Comité de condition
féminine, la Confédération des organismes familiaux du
Québec, COFAQ, le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes
au travail, la Fédération des agricultrices du Québec, la
Fédération des femmes du Québec, la
Fédération des infirmières et infirmiers du Québec,
Naissance-Renaissance, L'R des centres de femme et le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec. Au bas mot, ces groupes
représentent plus de 600 000 personnes au Québec.
Rappelons que plusieurs des groupes précités sont aussi
membres du Fonds de défense des non-syndiqués et que certains
groupes présentent aussi, à titre individuel, des
mémoires. C'est la raison pour laquelle nous n'interviendrons pas sur
l'ensemble de la Loi sur les normes minimales, mais uniquement sur la question
des congés de maternité. Je vais demander à Mme
Hébert de nous lire l'essentiel de nos demandes. (11 heures)
Mme Hébert (Danielle): Bonjour.
La Présidente (Mme Marois): Bonjour.
Mme Hébert: Alors, effectivement, les propositions que
l'on vous soumet ce matin ont été préparées par le
Regroupement et, vraiment, le sujet de notre... je dirais, du fait qu'on se
soit réunis ensemble, c'a été les congés de
maternité. Notre analyse s'est évidemment basée sur toute
la composition actuelle du marché du travail. Tous les groupes membres
du Regroupement, en fait, sont profondément convaincus que la situation
va toujours être la même, à savoir que les femmes vont
demeurer sur le marché du travail.
Alors, je vais lire les propositions à partir de la page 7 du
mémoire qui vous est soumis ce matin. Parce que les pages
précédentes, je le souligne, sont en fait des critiques et de la
réforme de l'assurance-chômage et de la situation actuelle.
En lisant l'avant-projet de loi et le document de présentation
qui l'accompagne, on peut attendre les changements suivants au chapitre des
congés parentaux. Alors, l'abolition de l'exigence de 20 semaines
d'emploi préalables qui donne droit au congé de maternité
sans solde; l'augmentation de deux à cinq jours du droit d'absence lors
de la naissance ou de l'adoption, dont les deux premiers jours payés par
l'employeur; la possibilité pour la mère suite à
l'accouchement, pour le père suite à la naissance et pour les
parents adoptifs, de prendre un congé sans solde pour une période
pouvant atteindre 34 semaines; cinq jours par année de congé sans
solde pour demeurer auprès d'un enfant mineur; le droit pour une
personne ayant des responsabilités parentales, de refuser de faire du
temps supplémentaire si elle n'a pas été avisée au
moins douze heures à l'avance, sauf dans des circonstances
exceptionnelles.
D'autres propositions effectivement, telles que les trois semaines de
vacances annuelles après cinq ans d'ancienneté au lieu des dix
ans actuellement prévus seraient aussi appréciables pour les
parents, même si cela n'est pas suffisant.
Au niveau de l'applicaton des droits et des recours, l'avant-projet de
loi propose d'indiquer clairement que la période ou la
présomption de congédiement illégal s'étend sur au
moins 20 semaines après le retour au travail, suite aux congés
liés aux responsabilités parentales. De plus, les travailleuses
et travailleurs pourraient se faire représenter gratuitement devant la
Commission des normes du travail suite à un congédiement.
Si ces propositions de modifications nous apparaissent
intéressantes, elles ne sont pas
suffisantes. Pour nous, la question fondamentale reste celle du
remplacement de revenu durant les congés parentaux et il est plus que
temps que le gouvernement du Québec s'engage fermement dans cette voie.
Une majorité de Québécoises et de Québécois
identifient les congés de maternité et parentaux payés
comme une mesure devenue nécessaire. Particulièrement depuis le
dépôt des recommandations du comité consultatif sur la
politique familiale en avril 1986, on nous a menés d'une promesse
à l'autre sur cette question.
Par les années passées, une percée importante a
été effectuée par la négociation, dans les
conventions collectives, de dispositions relatives aux droits parentaux. Dans
cette vague, les employés des secteurs public et parapublic ont obtenu
un congé de maternité de 20 semaines, payé à 93 %
du salaire, durant lesquelles l'employeur comble la différence entre le
salaire et le montant des prestations d'assurance-chômage. Par ailleurs,
dans d'autres secteurs, les employeurs se sont contentés de s'aligner
sur la loi sans aller plus loin. Si l'on ajoute à cela qu'une
majorité de travailleuses ne sont pas syndiquées, nous sommes
loin d'un régime de congés parentaux payés pour l'ensemble
des travailleuses et travailleurs du Québec. Au Regroupement, nous
croyons que ces congés représentent une condition minimale
à l'égalité des femmes sur le marché du travail et
à une prise en charge plus collective de la responsabilité des
enfants.
Les lois et programmes actuels comportent de nombreuses lacunes. Le
nombre de congés liés aux responsabilités parentales est
nettement insuffisant et la formule de remplacement de revenu durant ces
congés vient confirmer la non-reconnaissance sociale de l'importance de
mettre des enfants au monde.
Au Regroupement donc, les principes et préoccupations suivants
nous ont guidés dans notre recherche des améliorations. Alors, la
reconnaissance pour les travailleuses et travailleurs qui désirent avoir
des enfants, de leur droit au travail dans de bonnes conditions; le
remplacement intégral du revenu lors de la prise d'un congé de
maternité ou d'autres congés liés aux
responsabilités parentales par la constitution d'une caisse
québécoise des congés parentaux, et l'amélioration
sensible des conditions d'accès à de tels congés.
Nous ne nous sommes pas attardés à étudier des
solutions telles que l'amélioration des régimes
d'assurance-invalidité offerts par l'employeur. Même s'il est
souhaitable d'étendre le champ d'application - et, en passant, dans les
négociations de conventions collectives, on tente toujours de le faire -
de la garantie de ces régimes afin que les congés, suite à
la naissance d'un enfant, y soient reconnus, trop peu de travailleuses et de
travailleurs bénéficient de ces régimes d'assurance.
D'autre part, l'élargissement du régime
d'assurance-chômage afin que les congés de maternité et
parentaux soient entièrement payés, ne nous apparaît pas
non plus la solution. Elle serait beaucoup trop longue à appliquer et
nous croyons que le Québec a un rôle important à jouer et
qu'il doit reconnaître l'importance sociale de mettre des enfants au
monde.
Donc, la constitution d'une caisse québécoise des
congés parentaux. Ici, nous avons considéré les sources
actuelles de financement des congés parentaux, à savoir le
régime fédéral d'assurance-chômage et la prestation
complémentaire de 240 $ offerte aux femmes qui sont admissibles au
chômage, afin de compenser partiellement la perte de revenu durant la
période de carence. Pour le moment, nous avons opté pour un
régime complémentaire de revenu durant les congés
liés à l'exercice des responsabilités parentales. Pour le
Regroupement, il est plus que temps que le gouvernement du Québec
finance lui-même aussi les congés parentaux.
Par ailleurs, si le gouvernement du Québec veut
récupérer les prestations d'assurance-chômage actuellement
versées pour les congés de maternité et d'adoption ainsi
que la nouvelle prestation que le gouvernement fédéral se propose
d'instituer, nous ne nous opposons pas à une telle méthode. Nous
ne voulons tout simplement pas que la constitution d'une caisse
québécoise des droits parentaux dépende uniquement de la
ferveur des négociations entre le Québec et le gouvernement
fédéral. Nous pouvons agir chez nous dès maintenant.
Nous croyons alors qu'il faut maintenir le modèle d'une assurance
sociale où les prestations sont reliées aux gains
antérieurs. La caisse québécoise de congés
parentaux serait donc financée de façon tripartite,
employé-employeurs-gouvernement et servirait à payer les
prestations durant les congés lors de la naissance et à d'autres
moments de la vie des enfants.
Le niveau des prestations accordées serait égal à
95 % du salaire antérieur. Afin d'assurer un niveau de revenu
raisonnable, le salaire maximum assurable serait égal à 150 % du
salaire maximum assurable par le régime actuel
d'assurance-chômage. Pour être admissible à ce programme,
dix semaines de travail assurables durant l'année
précédente seraient exigées.
Le Regroupement est d'avis que le gouvernement fédéral
doit continuer d'assumer sa part au régime d'assurance-chômage
afin d'assurer un programme minimum à travers tout le pays. En effet,
les deux paliers de gouvernement doivent contribuer au financement des
congés parentaux, afin d'affirmer leur soutien aux familles et aux
enfants.
Le gouvernement du Québec assumerait 25 % du coût d'un
régime québécois complémentaire. Le partage se
ferait alors selon les proportions de la caisse d'assurance-chômage au
cours de la décennie 70: salariés, 31, 3 %, employeurs, 43, 7
%
et gouvernements, 25 %.
Dans le document. "Quelques notes pour aider à évaluer un
régime québécois des congés parentaux" que vous
avez eu en main, les coûts de ce régime sont évalués
pour trois options différentes et pour l'ensemble des congés
payés à même celui-ci.
La mise sur pied de la caisse québécoise des congés
parentaux permettrait de donner des prestations à une population plus
large que celle qui reçoit actuellement des prestations
d'assurance-chômage, puisque les conditions d'admissibilité sont
plus généreuses.
Quel que soit l'organisme qui se verrait confier le mandat d'administrer
cette caisse, nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de créer
un nouvel organisme, afin d'éviter les dédales administratifs que
cela pourrait comporter. alors notre première revendication, le
congé de maternité accessible à toutes les travailleuses,
d'une durée de 20 semaines payées à 95 %. en passant,
à la page précédente, on dit que les calculs ont
été faits pour trois hypothèses, trois options, en fait.
et celle qui est retenue par le regroupement, c'est la deuxième option,
à savoir 20 semaines de congé de maternité et 15 semaines
de congé pour soins d'enfants. en fait, ce sont les revendications qu'on
explique plus loin.
Un certain nombre de travailleuses québécoises
bénéficient actuellement d'un congé de 20 semaines et cela
nous apparaît tout à fait adéquat. Il permet aux
travailleuses enceintes de donner naissance à leur enfant et de se
rétablir. Nous sommes d'accord avec la proposition contenue dans
l'avant-projet de loi québécois modifiant la Loi sur les normes
du travail, à l'effet d'abolir l'exigence de 20 semaines d'emploi
préalable pour avoir droit au congé de maternité sans
solde. De plus, la travailleuse qui a 10 semaines assurables à la caisse
des congés parentaux a droit aux prestations complémentaires et
cela, sans délai de carence.
Le congé payé pour soins d'enfants. Ce congé
s'adresse autant aux parents biologiques qu'aux parents adoptifs et leur
permettrait de rester un certain temps auprès de l'enfant. Cette
proposition correspond à l'ajout de semaines de prestations parentales
dans le projet de réforme de l'assurance-chômage. Cette
réforme vient en fait confirmer la nécessité de recevoir
un revenu lors du congé parental. Nous proposons donc un congé
parental de 15 semaines payées pour soins d'enfants accessible au
père ou à la mère qui a amassé 10 semaines d'emploi
assurables a la caisse des congés parentaux. Ce congé pourrait
être pris dans l'année suivant la naissance de l'enfant.
Le Regroupement adhère à l'idée qu'il faille
favoriser entre la mère et le père le partage des
responsabilités face aux enfants entre les deux parents. Dans un sens,
qu'une partie de ce congé de 15 semaines soit octroyé à la
mère et l'autre au père et que l'indemnité ne soit pas
trans- férable à l'autre conjoint nous apparaît une
idée fort intéressante. D'ailleurs, lorsque l'on étudie
les différents régimes existants dans d'autres pays, on voit que
l'adoption de ce type de congé est la meilleure façon de
favoriser le partage des responsabilités entre les conjoints. De plus,
il nous assure que la mère ne sera pas trop longtemps absente du milieu
de travail afin de lui en permettre la réinsertion.
Le congé pour adoption. Alors, le nombre de ces congés
pour adoption est actuellement très faible. Il ne faut pas cependant
négliger ces cas de parents qui veulent adopter un enfant. Bien souvent,
les services sociaux exigent que l'un des parents reste à la maison
durant six mois puisqu'il s'agit d'adoption d'enfants plus vieux ayant eu leur
lot de problèmes. Nous proposons donc un congé pour adoption de
neuf semaines payées. Ainsi, jumelé au congé pour soins
d'enfants, cela permettrait aux prestataires de se rapprocher des exigences des
services sociaux.
Les congés payés pour visites médicales durant la
grossesse. Les femmes enceintes doivent normalement faire des visites
médicales de contrôle au cours de la grossesse. Pourtant la
majorité des travailleuses ne peuvent s'absenter de leur travail pour
ces visites prénatales. Il faudrait prévoir cinq jours de
congé payés pour ces visites médicales, jours de
congé pouvant être pris en demi-journées.
Les congés payés pour responsabilités parentales.
Une plus grande flexibilité au niveau des horaires de travail
favoriserait un partage des responsabilités entre les femmes et les
hommes. De plus, l'ajout de congés pour responsabilités
parentales, c'est-à-dire de congés spéciaux, permettrait
aux parents de s'absenter du travail pour prendre soin de leurs enfants en cas
de maladie ou afin de les conduire chez les spécialistes de la
santé par exemple.
Actuellement, les personnes utilisent leurs propres congés de
maladie, lorsqu'elles en ont, pour prendre soin de leurs enfants. Dans la
très grande majorité des cas, ce sont les femmes qui prennent un
congé car leur revenu est plus bas.
Il va de soi que le Regroupement appuie les demandes des travailleuses
et travailleurs qui ne bénéficient pas de congés de
maladie pour que ce droit fondamental aux congés de maladie, sans perte
de salaire, devienne une norme minimale au Québec. Nous proposons, de
plus, cinq jours de congés payés pour responsabilités
parentales lorsque la présence d'un des parents est absolument requise
auprès d'un enfant.
Les congés pour responsabilités familiales. Dans la
perspective d'une préoccupation collective pour la qualité de vie
des enfants et d'un soutien aux responsabilités parentales, il est
essentiel que l'on tienne compte des besoins et obligations des parents
travailleuses et travailleurs.
Nous proposons cinq jours par année de
congés sans solde afin de permettre à une personne de
s'absenter lorsque sa conjointe ou son conjoint avec enfant (s) est malade, de
même que dans les cas de personnes s'occupant de leurs parents.
Les congés de paternité. Il y a dix ans, les secteurs
public et parapublic obtenaient un congé de paternité de cinq
jours. La prise de ce congé a favorisé le rapprochement des
pères et de leurs enfants et ceux qui en ont
bénéficié estiment que ce congé demeure une
condition nécessaire et doit être étendu à tous les
travailleurs. Lors de la naissance d'un enfant, nous demandons dix jours de
congé au père, dont cinq seraient
rémunérés.
Les congés parentaux sans solde. Il arrive que les travailleuses,
pour tout un ensemble de raisons, ne peuvent ou trouvent extrêmement
difficile de retourner au travail après un congé de
maternité. Présentement, si elles se trouvent dans cette
situation, leur seul choix serait de démissionner de leur emploi. Dans
certains cas, le père ou la même voudrait tout simplement rester
auprès de son enfant dans les premiers mois du développement.
Les congés sans solde suite à l'accouchement doivent
être permis. Par ailleurs, il faut être conscient que les
mères ou les pères prennent ces congés lorsqu'elles ou ils
en ont la capacité financière. Nous demandons un congé
sans solde d'une durée maximale de deux ans pour la mère ou le
père, en prolongation du congé de maternité, du
congé pour soins d'enfants ou du congé pour adoption.
La protection des travailleuses et des travailleurs. Voici les droits
que le Regroupement souhaite voir reconnus aux salariés lors de leur
retour au travail. Les salariés doivent être assurés, suite
à tout congé lié aux responsabilités parentales,
d'être réinstallés à leur poste ou à un poste
équivalent, avec les avantages qui s'y rattachent. Ces congés
comprennent notamment le cumul des congés de maladie, des vacances, de
l'ancienneté et de l'expérience.
De plus, nous croyons que la Loi sur les normes du travail doit garantir
une période de protection de l'emploi après un congé de
maternité ou un congé parental afin d'éviter que certains
employeurs contournent l'esprit de la loi.
Nous demandons que la protection de la travailleuse enceinte contre le
congédiement ou la mutation d'emploi, telle que prévue dans les
normes minimales, soit maintenue pour une période de six mois
après la fin du congé de maternité ou du congé
parental sans solde et que cette période de protection soit aussi
accordée au père qui revient au travail après un
congé parental. (11 h 15)
Alors, le retrait préventif de la travailleuse enceinte, c'est
court, mais je ne le lirai pas. Évidemment, on est très
conscientes que ça ne fait pas partie de la Loi sur les normes
minimales, mais on tenait à souligner, en fait, qu'il y a encore
d'énormes problèmes d'application quant au retrait
préventif de la travailleuse enceinte et qu'on doit faire en sorte,
effectivement, que la loi, telle qu'écrite, s'applique. Et si on l'a
souligné, en fait, c'est aussi que, lorsqu'on parle de congé ou,
enfin, de toute condition entourant la reproduction sur le marché du
travail, il y aurait intérêt éventuellement à ce que
les différentes législations, règlements ou lois sur ces
questions soient regroupés et qu'on ait, effectivement, une politique de
la maternité et de la paternité qui soient beaucoup plus
cohérentes que ce n'est le cas en ce moment.
Alors, dans l'ensemble, c'est ça. Je tiens à souligner,
peut-être en guise de conclusion, qu'il y a, évidemment, plusieurs
congés qui sont demandés par le Regroupement en ce moment. Que ce
qui nous apparaît important et essentiel, ce sont les congés
directement liés à la naissance de l'enfant, à savoir les
congés de maternité et de soins d'enfants, et que ces
congés nous apparaissent de plus en plus urgents à obtenir et
particulièrement dans la situation que l'on vit au Québec en ce
moment.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme Hébert, de
cette présentation. J'inviterais maintenant la ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille à échanger certains propos avec vous.
Mme Trépanier: Merci, madame. Votre intervention
était attendue. Plusieurs organismes qui se sont présentés
ici ont appuyé votre position sur les congés parentaux. Le
gouvernement, par les propositions qu'il met de l'avant dans l'avant-projet de
loi, a montré, je pense, son intérêt, et surtout son
intention de favoriser, de permettre aux femmes, aux parents de fonder une
famille et d'exercer efficacement leurs responsabilités familiales. Les
régimes de remplacement de revenu ne font pas l'objet de cette
consultation et ne font pas l'objet surtout de cet avant-projet de loi, mais
peuvent faire l'objet de cette consultation parce que, comme vous l'avez si
bien mentionné, ils vont de soi et ils vont de pair. Il est naturel que
nous profitions de cette commission pour avoir vos positions sur de telles
propositions. Vous avez sûrement entendu parlé, vous avez
sûrement pris connaissance de la position du Conseil du statut de la
femme. j'aimerais qu'on revienne sur votre proposition de congé
parental, de congé de maternité parental et peut-être
essayer de faire un parallèle avec celle du conseil du statut de la
femme pour voir quels sont les consensus, ce qui se dégage. vous en avez
parié un petit peu dans votre présentation, vous êtes
d'accord avec une position de l'avant-projet pour les 20 semaines continues.
ça, c'est acquis, c'est important,
effectivement. Votre position, votre projet, c'est une prestation de
maternité, plus 20 semaines à 95 % du salaire brut, c'est
ça, plus une prestation parentale suivant le congé de
maternité de 15 semaines à 95 % du salaire brut. Vous dites: Une
partie à la mère ou au père, non transférable.
Peut-être que je vais revenir tout de suite là-dessus parce que
tout le monde n'est pas d'accord avec la non-transférabilité des
congés. Vous, vous dites: Sensibilisons les pères. Obligeons-les
à se responsabiliser. Il y aurait peut-être une position
mitoyenne. Par exemple, si je prends la position de la Suède où
on permet une transférabilité, mais en obligeant quand même
le père à une certaine portion du congé. Je ne sais pas si
vous êtes flexibles sur cette position ou si... Est-ce que vous avez
comme motif la motivation du père, la sensibilisation des deux parents,
d'une part? Mais y a-t-il aussi motivation pour la mère à
retourner au travail, la possibilité de la mère de
réintégrer le marché du travail de façon plus
facile? Est-ce que c'est un de vos objectifs également ou si...
Mme Hébert: Effectivement, pour nous, dans la mesure
où le congé de maternité, alors, celui-là qui suit
la période de l'accouchement, en fait, soit suffisamment long. Nous, on
parle de 20 semaines. Bon, le Conseil du statut parle de...
Mme Trépanier: 18.
Mme Hébert: ...18 semaines. En fait, nous parlons de 20
semaines. Dans la mesure où ce congé-là... Il nous
apparaît que 20 semaines, 18 semaines enfin, c'est à peu
près la même chose, c'est un nombre de semaines minimal pour que
la mère puisse, effectivement, se reposer. Parce qu'il y a une question
de repos physique pour la mère.
Maintenant, les congés pour soins d'enfants, et
évidemment, c'est une chose qu'on a regardée de plus en plus et
que même, en fait, les modifications à l'assurance-chômage
proposent, donc, c'est quelque chose qui est de plus en plus dans les airs, il
nous apparaît que s'il y a une partie de ces congés pour soins
d'enfants qui ne sont pas transférables, en fait, oui, ça peut
être un moyen, effectivement, de sensibiliser les pères. On ne
parle pas, nous, dans notre proposition, d'un nombre de semaines égal.
Bon, le Conseil du statut, par exemple, parle de six semaines à la
mère et six semaines au père, non transférables. On n'a
pas été jusque dans ce détail-là, mais il nous
apparaît qu'effectivement un nombre de semaines, et dans ce cas-là
plus restreint, pourrait ne pas être transférable et serait une
motivation intéressante. Parce qu'il ne resterait que... Bon, admettons
qu'il y ait là-dessus, huit semaines à la mère, c'est une
hypothèse, eh bien, 20 semaines plus 8 c'est 28 semaines qu'elle
pourrait prendre. Donc, c'est une période qui nous apparaît assez
intéressante, assez longue, et qui, en même temps, donne et permet
la possibilité au père de le faire. Et, en Suède,
d'ailleurs, ce congé-là a déjà été
transférable, et en fait c'est à l'expérience qu'on en a
fait maintenant un congé non transférable, parce que les hommes
ne le prenaient pas. Évidemment, les pressions qu'ils subissent dans les
lieux de travail sont souvent le motif et, évidemment, comme je
travaille avec des syndicats où il n'y a que des hommes ou presque, je
sais aussi que ce genre de pressions existe énormément
encore.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Thibault.
Mme Thibault: Je voudrais juste ajouter aussi que ce qu'il y a
d'intéressant dans le fait que les pères commencent à
prendre un congé, et qu'il ne puisse pas être transférable
à la mère, c'est qu'on dit toujours que quand on engage une jeune
femme, on a un risque de congé de maternité potentiel. Et c'est
vraiment un désin-citattf à engager une jeume femme. Bon, bien il
y aura un risque de congé de paternité, si vous voulez, ou
parental potentiel pour tous les jeunes hommes qu'on engage et qui veulent
avoir des enfants. Et je pense que ça va être positif pour les
jeunes femmes.
Mme Trépanier: Et aussi, en fait, on veut qu'il y ait un
soutien familial à la maison, mais pour permettre aussi à la
mère de réintégrer le marché du travail, parce que
je suis sensible aux propos du CIAFT, tout à l'heure, qui disait que, si
une personne est absente - homme ou femme - trop longtemps du marché du
travail, c'est difficile d'y revenir. Et pour l'employeur, c'est un incitatif
à ne pas embaucher des femmes. Là, je porte des jugements, mais
je suis convaincue que ça doit entrer en ligne de compte
également. Pour continuer votre proposition, en plus, je pense, plus les
15 semaines, vous ajoutez 9 semaines possibles à des parents adoptifs.
Là, vous allez m'expliquer ça. Pourquoi vous ajoutez 9 semaines
aux 15 semaines? C'est ça, hein?
Mme Hébert: II faut d'abord dire que les congés
pour adoption, vous le savez, sont très peu nombreux, ça, c'est
un fait, c'est de plus en plus difficile l'adoption, ou bien d'enfants du
Québec ou d'enfants d'ailleurs.
Mme Trépanier: Mais on parle de principe, là.
Mme Hébert: Mais ce qui nous a amenés à...
Oui...
Mme Trépanier: Je pense que le nombre n'est pas
important.
Mme Hébert: ...ce qui nous a amenés à
regarder ça, ce sont deux raisons, en fait, deux
raisons principales, dont une est mentionnée dans le
mémoire, à savoir que très souvent les services sociaux
vont exiger une longue période. Mais l'autre raison, c'est que, avec la
modification qu'il va y avoir à la Loi sur l'assurance-chômage,
les parents adoptifs avaient droit, jusqu'à maintenant en fait, à
15 semaines de congé pour adoption. Il y a donc une légère
diminution dans leur cas, et comme ce sont des cas extrêmement peu
nombreux et que, d'autre part, on peut interpréter et dire que ces
gens-là, en fait, font de gros efforts dans les circonstances actuelles
pour aider, je dirais, à l'augmentation de la famille, dans ce
sens-là, on a pris cette voie-là. Maintenant, il est
évident que si le congé tel qu'on le demande, à savoir de
20 semaines plus 15, il y a quand même 15 semaines qui pourraient
être prises par la mère, c'est déjà un congé
fort intéressant dans le cas d'adoption. Mais il ne faut pas oublier une
chose, c'est qu'avec les modifications de l'assurance-chômage, ces
parents-là vont y perdre un petit peu.
La Présidente (Mme Marois): Vont perdre un peu?
Mme Hébert: Ils perdent un peu, ces parents-là,
avec les modifications à l'assurance-chômage.
Mme Trépanier: Les parents adoptifs perdent...
Mme Hébert: Oui, cinq semaines.
Mme Trépanier: Vous avez fait allusion à des
exigences dans votre mémoire. Là, parliez-vous de
provinciales?
Mme Hébert: Oui.
Mme Trépanier: Expliquez-moi donc ça. Vous dites
qu'il y a des exigences de Santé et Services sociaux?
Mme Hébert: Oui, pour l'adoption.
Mme Trépanier: Sur la disponibilité des
parents?
Mme Hébert: Exactement. Par des enfants d'ici,
effectivement; des enfants qui sont adoptés et qui ont vécu dans
des foyers d'accueil, ont des problèmes psychologiques...
La Présidente (Mme Marois): C'est souvent pour les enfants
plus vieux, en fait.
Mme Hébert: Oui, ce sont des enfants plus vieux.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
Mme Hébert: Mais comme les enfants très
jeunes...
Mme Trépanier: Là, vous me dites que lorsqu'il y a
adoption, on est plus exigeant sur la disponibilité...
Mme Hébert: Oui.
Mme Trépanier: ...des parents. Je dois vous dire que
ça nous a frappés parce que c'est revenu dans quelques
mémoires. Je me suis informée et, à notre connaissance, il
n'y a pas d'exigences formelles quant aux disponibilités de parents
adoptifs. Moi, je considère que ça fait une discrimination entre
les parents biologiques et les parents adoptifs dans votre projet.
Mme Thibault: II faut vous dire que cette demande nous est venue
de gens qui ont été en adoption et qui, clairement, se sont fait
demander par les travailleurs sociaux une disponibilité de six mois.
Donc, c'est pour ça.
Mme Trépanier: Je m'excuse. Est-ce que c'était dans
le cas d'adoption d'enfants.
Mme Thibault: Plus âgés.
Mme Trépanier: ...qui présentaient des
problèmes spécifiques, des problèmes psychologiques?
Mme Thibault: Oui. C'est-à-dire que tout enfant qui est
quand même d'un certain âge peut presque être
évalué comme ça.
Mme Trépanier: II y a déjà...
La Présidente (Mme Marois): Une période
d'adaptation.
Mme Trépanier: C'est ça, d'adaptation de... Mais il
n'y a pas d'exigences formelles. C'est que, j'imagine...
Mme Hébert: Pas pour toutes les adoptions, mais comme la
plupart des adoptions se font d'enfants plus vieux qui ont eu des
problèmes, maintenant, ou bien c'est l'adoption internationale. En ce
moment, c'est ça. Donc, quand il s'agit d'enfants
québécois plus vieux ayant eu des problèmes, les Services
sociaux, effectivement, ont des exigences par rapport aux parents qui les
adoptent. Il y a, d'ailleurs, un cas de congédiement, en Ontario, d'une
femme qui, effectivement, a voulu répondre aux exigences et a perdu son
emploi. Je pourrais vous retrouver la...
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Ce ne sont
pas, en fait, des exigences formelles, mais...
Mme Hébert: Non, ce n'est pas écrit dans...
La Présidente (Mme Marois): ...c'est dans le plan de
travail établi avec la personne qui adopte...
Mme Thibault: C'est ça.
Mme Hébert: Et là, on s'entend sur un certain temps
à consacrer. .
Mme Trépanier: Vous considérez que c'est un nombre
assez important pour justifier un congé comme ça, statutaire,
défini dans un programme. Vous considérez que les 15 semaines ne
sont pas suffisantes.
Mme Hébert: Bien moi, je vous dirais que je le prendrais
à l'inverse exactement, c'est-à-dire qu'ils sont tellement peu
nombreux ces cas-là...
Mme Trépanier: Pourquoi ne pas les régler?
Mme Hébert: ...pourquoi ne pas leur donner des conditions
particulières? Je pense que dans le contexte actuel... Effectivement, on
ne met pas le focus dans notre mémoire là-dessus, mais
peut-être que dans le contexte actuel, ce sont des gens qui font de gros
efforts pour...
Mme Trépanier: O.K.
Mme Thibault: Et pourquoi ne pas harmoniser les demandes de deux,
dans le fond, les demandes d'un ministère et ce qu'un autre
ministère pourrait apporter. C'est un peu ça, là.
Mme Trépanier: Je constate qu'avec le CIAFT, vous avez un
point de dissension, je devrais dire, concernant les prolongations de
congé sans solde. Vous, vous favorisez, vous donnez la
possibilité de deux ans de congé sans solde suite à un
congé de maternité. Donc, ça veut dire trois ans,
ça, là, avec une année. Est-ce que vous n'êtes pas
sensibles aux arguments de Mme Leduc du CIAFT?
Mme Hébert: Écoutez, il y a un bémol
très clair dans notre texte là-dessus, vous savez.
L'expérience, on l'a, d'ailleurs, avec les conventions collectives. Il y
a très peu de gens qui prennent un congé sans solde de deux ans
pour la simple et bonne raison qu'il faut des sous pour le faire. Par ailleurs,
c'est intéressant que ce droit-là existe. Mais dans les faits, ce
sont les autres conditions qui sont davantage importantes, à savoir les
différents congés payés. Par ailleurs, on se dit, bon, que
la possibilité existe, c'est intéressant, mais on sait
très bien que dans les faits...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme
Leduc, vous vouliez ajouter...
Mme Leduc: Oui, ceci est une coalition. Alors, c'est
évident que dans les coalitions, il y a des positions qui sont communes
et c'est pour ça qu'on présente d'autres... Notre objectif, qui
est l'autonomie financière des femmes et l'intégration des femmes
au marché du travail, nous fait mettre un bémol là-dessus,
mais si on regarde la liste des gens qui sont ici, eux, il y en a certains pour
qui le soutien à la famille est plus important que l'autonomie
financière des femmes. Alors, c'est ce qui explique un peu la
différence dans nos positions et c'est pour ça qu'on tenait
à maintenir notre position, compte tenu des objectifs spécifiques
qu'on a à faire. (11 h 30)
Mme Trépanier: Oui. Et comme Mme Thibault nous disait que
la possibilité que les femmes puissent prendre ce congé-là
est très faible, je trouve ça un peu inquiétant d'avoir
cette disposition-là dans un programme comme désincitation
à l'embauche. Moi, j'ai toujours cette préoccupation de la
désincitation à l'embauche parce qu'on n'a pas encore
gagné ce combat-là. Quand on sait que dans les faits, ça
sera utilisé très peu, je suis toujours inquiète d'une
telle disposition.
Mme Thibault: Mon inquiétude, par contre, c'est toujours
les cas de femmes, par exemple, avec des enfants ayant un handicap physique,
qui sont dans l'obligation, pendant un an ou deux, de se retrouver à la
maison, qui se voient congédiées. Il faut trouver une solution
pour ce type de personnes-là. Évidemment, c'est l'exception au
Québec. On sait très bien que la majorité des enfants
n'ont pas ce genre de problème. La majorité des couples n'ont pas
les moyens d'avoir une personne qui, pendant deux ou trois ans, va rester
à la maison sans solde. Je suis d'accord que ça peut être
vu comme un désincitatif, d'une certaine façon.
Mme Trépanier: Suite à ça, est-ce que vous
considérez que, pour le retour des congés parentaux, l'emploi
devrait être aussi protégé? Vous pariez de protection suite
à un congé de maternité et vous êtes...
Mme Hébert: Oui, aussi.
Mme Trépanier: Oui? Alors, même avec un congé
sans solde de deux ans...
Mme Hébert: Oui.
Mme Trépanier: ...c'est un poste protégé.
C'est gros, hein!
Mme Hébert: C'est-à-dire, vous savez que dans la
réalité il faut s'entendre très clairement sur ces
questions. Si on se fie à l'expérience
concrète, oui, il faut que l'emploi soit protégé,
parce que, autrement, il ne le sera jamais. Maintenant, on sait très
bien que sur une période relativement longue, il y a des choses qui se
modifient, dans le milieu de travail. L'organisation du travail peut changer,
etc. Évidemment, il faut se conformer à cela. Ce que ça
veut dire, c'est que la femme qui retournera, ne perdra pas les conditions
qu'elle avait, ne sera pas rétrogradée, ne perdra pas son
salaire, etc. C'est cela que ça veut dire.
Mme Trépanier: Un poste équivalent, et non pas
reprendre son poste.
Mme Hébert: Après le sans solde.
Mme Trépanier: Je veux avoir votre opinion. J'aurais
dû vous poser la question plus tôt, ça m'a
échappé. Qu'est-ce que vous pensez de la proposition
d'universalité de prestations du Conseil du statut de la femme?
Mme Hébert: A savoir, des prestations qui pourraient
aller...
Mme Trépanier: Qui pourraient aller aux femmes au foyer
aussi.
Mme Hébert:... aux femmes au foyer. Bon. Très,
très honnêtement, sur cette question-là, le regroupement
n'en a pas parlé, tout simplement pour des raisons concrètes,
pratiques, de temps, etc. Maintenant, par ailleurs, le Conseil du statut,
lorsqu'il a fait une tournée de consultations, évidemment en a
parlé à plusieurs groupes. En fait, même si la discussion
n'a pas été faite en profondeur chez nous, il est clair qu'on
pourrait très bien regarder une proposition comme celle-là. En
passant, et c'est personnel, ce que je vous dirai, les primes qui sont
données à la naissance, si on veut parler effectivement de
prestations qui seraient universelles, pourraient très bien, je crois,
être transformées, justement, pour des primes qui seraient
universelles. Parce que, évidemment, les primes à la naissance -
et je pense à la mère qui a trois jeunes enfants - c'est
peut-être elle qui va rester au foyer pendant quelques années avec
ses trois jeunes enfants. Évidemment, à ce moment-là, on
pourrait parler d'un partage différent de cet argent-là, parce
qu'il est là l'argent, il existe.
Mme Trépanier: C'est la proposition du Conseil,
d'ailleurs. C'est une partie du financement.
Mme Hébert: Une partie du financement.
Mme Trépanier: Je vous remercie, madame.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Merci,
Mme la ministre. Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Je salue avec plaisir
Mme Hébert, Mme Thibault, Mme Boulanger et à nouveau Mme Leduc.
Mme Hébert, c'est avec plaisir que je vais poursuivre cet échange
que nous avons déjà eu l'occasion d'entreprendre.
D'abord, vous dites, à la page 9 de votre mémoire:
Québec a un rôle important à jouer. En fait, ce que vous
dites, ce matin, c'est qu'il faut agir dès maintenant. Ce que je retiens
de votre mémoire, c'est un peu la différence qu'un journaliste me
demandait hier, par rapport à celui du Conseil du statut. Ils ont
parfois un peu de difficultés à se retrouver dans tous ces
mémoires. Essentiellement, vous, vous dites: Agissez dès
maintenant, n'attendez pas le résultat ultime de négociations qui
- et là, ce n'est pas dit, mais, j'imagine, compte tenu de ce qui se
passe avec Meech - pourraient durer très très longtemps, et ne
rien donner du tout. Est-ce que je résume bien?
Mme Hébert: Exactement. Cette question aussi nous a
été posée. Est-ce que vous êtes contre le
rapatriement des sommes de l'assurance-chômage? Ce n'est pas
l'idée. L'idée, c'est qu'on ne veut pas que la constitution d'une
caisse au Québec soit tributaire de négociations qui seraient
périlleuses et longues et qu'on fasse de ce débat un débat
constitutionnel, alors qu'il est profondément un débat qui
concerne les femmes et leurs conditions de travail.
La Présidente (Mme Marois): Vous ne voulez pas que ce soit
un prétexte, si je comprends bien.
Mme Hébert: Voilà! Exactement.
Mme Harel: C'est donc, d'une certaine façon, très
intéressant, parce que vous dites que déjà, dans le
secteur public, le gouvernement, comme employeur comble la différence
entre le salaire versé et le montant des prestations
d'assurance-chômage en tant qu'employeur, alors, en tant que
législateur il pourrait instaurer - c'est bien ça, en fait, votre
point de vue - une...
Mme Hébert: Exactement.
Mme Harel:... caisse de congés parentaux
québécois qui procéderait de la même
façon.
Mme Hébert: Oui.
Mme Harel: En lisant votre mémoire, je passais quelques
commentaires à mes compagnes en disant que si les hommes accouchaient,
ça fait bien longtemps qu'il y aurait des congés
payés...
Une voix: Absolument.
Mme Harel: ...parce que c'est évident que les mères
québécoises, et c'est le Conseil du statut qui rappelait que, en
matière de remplacement de revenu, toutes les autres législations
mettent sur un même pied d'égalité, c'est-à-dire
à 90 % du salaire assurable, les bénéficiaires de tous les
autres régimes québécois d'assurance sociale, que ce soit
les travailleuses en retrait préventif, les bénéficiaires
victimes d'accident de travail, les victimes d'actes criminels, d'accidents de
la route, etc., et qu'en définitive il n'y avait que les mères
québécoises en emploi qui étaient traitées
différemment. Et là, on revient à la situation des autres
provinces - moi, je me sens femme de ménage dans les normes minimales,
et j'espère qu'on va faire du ménage en matière de
rattrappage - parce que les autres législations, juste nos voisins
d'à côté, finalement, sont depuis pas mal d'années
rafraîchies par rapport aux bouleversements du marché du travail,
compte tenu de l'entrée massive des femmes, mais compte tenu surtout des
changements structuraux et technologiques et de l'entrée massive des
femmes, on l'a vu en matière d'équité salariale en
Ontario, ou à l'égard des indemnités
généreuses lors des fermetures. Mais l'ensemble des autres
provinces finalement n'a pas d'autres législations que celle de
l'assurance-chômage, hein, à peu de choses près,
là.
Mme Hébert: Oui.
Mme Harel: Et c'est comme si elles s'en contentaient. C'est un
peu la question que je voulais vous poser. Vous dites, dans votre
mémoire: L'élargissement du régime
d'assurance-chômage, afin que les congés de maternité et
parentaux soient entièrement payés, ne nous apparaît pas
non plus la solution - elle serait beaucoup trop longue à appliquer - et
nous croyons que Québec a un rôle important à jouer et
qu'il doit reconnaître l'importance sociale de mettre des enfants au
monde. Ça me semble être comme le point de départ de toute
votre proposition. Je voudrais simplement savoir si, à votre
connaissance, il y aurait d'autres législations en matière de
remplacement de revenu dans d'autres provinces parce que, à notre
connaissance, il n'y en a pas. C'est bien le cas?
Mme Hébert: H n'y en a pas, mais je répondrais
à ça que le taux de natalité du Québec est
joyeusement plus bas en ce moment que celui des autres provinces et je pense
aussi que le gouvernement semble être alarmé par cette situation.
Donc, on croit que c'est très important de remettre ce
débat-là à l'ordre du jour. Je dis "remettre", parce que
ça fait au-delà de 15 ans, maintenant, qu'on en discute.
Je ne sais pas si vous vous souvenez de la série d'articles qu'il
y avait eu dans La Presse par un journaliste, M. Falardeau, sur la
natalité, la dénatalité, et tout. Il y avait effectivement
un sondage de fait auprès de la population québécoise qui
identifiait le congé de maternité payé comme l'un des
éléments essentiels d'une politique permettant de concilier
travail professionnel et maternité. Moi, j'avais fait les comparaisons
à ce moment-là avec les chiffres, en fait, de dix ans auparavant,
et dix ans auparavant, les Québécois et Québécoises
n'identifiaient pas le congé de maternité comme étant
quelque chose d'essentiel, en tout cas pas une majorité de
Québécois et de Québécoises. C'était donc
aussi un bon miroir de notre société québécoise
qui, sur cette question, évolue et voit les choses de façon
différente. Alors, je pense que, non, c'est vrai que les autres
provinces n'ont pas ce genre de législation mais qu'on est quand
même... Moi, je pense qu'ici, au Québec, on est rendu à
attaquer ce problème-là de fond, d'une part, parce qu'on en parle
depuis plusieurs années, et d'autre part, parce que notre situation en
matière de natalité est différente de celle des autres
provinces.
Mme Harel: Je suis contente que vous nous le rappeliez parce
qu'il y a deux phénomènes qui sont complètement
différents, et c'est peut-être parce qu'on est une
société distincte quelque part, c'est que l'entrée massive
des mères d'enfants de moins de trois ans est absolument
phénoménale sur le marché du travail. Vous le rappelez
dans votre mémoire, à la fin du siècle, c'est presque 90 %
des mères de jeunes enfants au Québec qui sont sur le
marché du travail, et ce n'est pas du tout la même progression en
Ontario ou dans les provinces canadiennes. L'autre phénomène,
c'est que le taux de natalité est autour de 2 % dans les provinces de
l'Ouest, de 1,7 % ou 1,8 % en Ontario, et que le taux de 1,4 % au
Québec, 1,45 %, 1,5 %. Évidemment, on considère que ce
sont surtout les naissances qui ont été reportées qui ont
pu hausser ce pourcentage l'an passé, mais, chose certaine, c'est loin
encore quand même du taux qui a l'air, dans les autres provinces, de les
satisfaire. Bon, alors on revient à votre proposition, puis j'aimerais
l'examiner par rapport à l'annexe que vous avez déposée,
qu'on n'a pas jusqu'à maintenant examinée.
À la page 7, vous nous parlez du mode de répartition entre
les travailleurs, employeurs et le Québec. Il y a une question qui m'est
venue. En fait, j'ai numéroté les pages... oui elles sont
numérotées. En fait, vous voyez, il y a comme une sorte de
paradoxe, par exemple, maintenant. Vous dites que le gouvernement
fédéral devrait continuer d'assumer sa part du régime
d'assurance-chômage, mais il ne le fera plus et il a annoncé qu'il
ne le fera pas, et avec le budget Wilson hier, on est maintenant certains qu'il
ne le fera pas. Donc, il se retire complètement du
financement et, d'autre part, vous-mêmes nous dites, en tout
début de votre mémoire, que le groupe d'étude sur la garde
des enfants a estimé que te gouvernement fédéral
économisera environ 23 % des coûts totaux des congés
parentaux, compte tenu de tous les mécanismes de
récupération que vous nous expliquez très très
bien, à savoir que le coût d'une extension des congés
parentaux, non seulement amène des emplois à être
occupés par des personnes qui pouvaient être en chômage ou
sur le bien-être social, mais amène finalement deux sortes de
cotisations à l'impôt: la cotisation de la personne qui est en
congé et la cotisation de celle qui la remplace, etc. C'est très
bien indiqué. Et, si on se fie à vos chiffres, le gouvernement
fédéral va économiser. Il ne paiera plus un sou, puis
c'est le gouvernement québécois qui, lui, va combler, parce que,
dans le fond, on reviendrait à ça: le gouvernement
québécois va combler la différence et tout ça va
avoir comme effet que le gouvernement fédéral va
économiser au bout de la ligne, parce que cet
élargissement-là va lui faire réaliser des
économies. C'est ça qu'il faut comprendre.
Mme Hébert: Non. Alors, tous les calculs qui sont faits
effectivement à partir de la page 7, le sont pour un régime
complémentaire, donc pour la partie qui n'est pas à ce moment-ci
payée par l'assurance-chômage.
Mme Harel: Mme Hébert, je comprends, mais je veux suivre
votre raisonnement. Ce régime complémentaire va avoir comme
impact l'élargissement des congés parentaux. C'est bien le cas?
Et cet élargissement des congés parentaux, vous nous dites
ailleurs, au tout début, que ça a un effet d'économie sur
le gouvernement fédéral. C'est le cas aussi.
Mme Hébert: C'est le cas aussi.
Mme Harel: Alors l'un s'additionne avec l'autre et ils ne se
contredisent pas.
Mme Hébert: Alors là, il y a plusieurs
possibilités. Dans ce cas-ci, si le gouvernement fédéral
ne contribue plus comme il le fait actuellement, c'est ou bien les cotisations
des travailleurs et travailleuses et des employeurs au niveau de
l'assurance-chômage qui vont augmenter, ce qui va se produire
effectivement au bout d'un certain nombre d'années, peut-être pas
la première...
Mme Harel: C'est une augmentation assez substantielle de 15 %,
hein?
Mme Hébert: Oui, c'est ça. ...ou bien,
effectivement, on parlera au Québec d'une proportion plus grande pour le
gouvernement québécois. Alors ça, c'est un calcul qu'on
n'a pas fait effectivement, mais il y a ces deux possibilités. Ou bien
ce sont les travailleurs et travailleuses qui en paieront plus, ou bien c'est
le gouvernement. Nous, on croit qu'actuellement le pourcentage ou la partie de
ce que les travailleurs et travailleuses paient, parce que, comme vous le
voyez, on a fait des calculs à partir des pourcentages qui sont
versés à l'assurance-chômage, c'est certainement le maximum
où ces gens-là, en termes de cotisations pour le Québec,
pourraient aller. Alors évidemment, si on fait le décompte
ensuite, cela voudrait dire que la cotisation du gouvernement
québécois, elle, devrait être augmentée
sensiblement.
Mme Harel: Et vous comprenez que ce sont des vases communicants.
Plus elle est augmentée, plus ça élargit les congés
parentaux, puis plus, à l'autre bout de la ligne, le gouvernement
fédéral en profite par une réduction finalement ou par une
augmentation de ses revenus fiscaux, compte tenu du nombre de personnes plus
importantes qui sont sur le marché du travail. Je veux juste qu'on le
sache, qu'on se le dise aussi, parce que ce n'est pas indifférent dans
le fond tout cela, au fait que le Québec aura sans doute, pour les deux
prochaines années, à assumer en plus 700 000 000 $ de manque
à gagner en matière de services sociaux, de soins de santé
et d'éducation postsecondaire. (11 h 45)
À la page 10, vous nous évaluez le coût total annuel
d'un régime complémentaire québécois de
congés à la naissance.
Et je regarde à la toute fin de la page 10, l'hypothèse
moyenne pour 42 695 bébés admissibles. En fait, c'est là
aucune augmentation par rapport au nombre de femmes qui, chaque année,
ont droit aux congés de l'assurance-chômage. C'était
à peu près 43 000, l'année dernière. Ça veut
dire que les travailleuses autonomes, l'ensemble de celles qui n'ont pas leurs
20 semaines continues chez le même employeur, on ne les a pas
calculées, il faut les ajouter aussi.
Mme Hébert: C'est ça, il faut les ajouter
Mme Harel: On se comprend. À ce moment-là, pour 29
semaines, ça revient à peu près à 250 000 000 $.
C'est bien ça?
Mme Hébert: Oui.
Mme Harel: Pour 35 semaines, à 350 000 000 $ puis 41
semaines à 464 000 000 $. C'est ça. Et quand on regarde à
la dernière page, à la page 15, le coût total pour
l'ensemble des propositions, c'est 421 000 000 $. Ça, ce sont 421 000
000 $, sans récupérer d'Ottawa?
Mme Hébert: C'est ça
Mme Harel: Et puis, à ce moment-là, vous
considérez que ce serait un taux de cotisation qui serait de quel
ordre pour le travailleur et l'employeur.
Mme Hébert: Vous avez ça à la page 11 du
document où on parle effectivement des taux de cotisation qui, par
rapport à ce que les travailleurs, travailleuses et employeurs paient
actuellement, seraient légèrement augmentés. Alors, pour
les salariés, on parle d'une augmentation de 0,14 $ par 100 $; pour les
employeurs, de 0,19 $, etc. Alors, les taux de cotisation... On parle toujours,
nous, de la deuxième hypothèse, celle calculée sur 35
semaines. Alors, là, c'est 0,20 $ d'augmentation.
Mme Harel: Et, à ce moment-là, vous n'avez pas
considéré - je l'ai bien compris dans la réponse que vous
avez faite à Mme la ministre - l'introduction des prestations
universelles qui, pour vous, continuent à être versées, les
prestations universelles à la naissance d'un premier, les primes de 4500
$ pour le troisième. Ça, ça continue d'être
versé en surplus.
Mme Hébert: C'est-à-dire que dans les calculs que
nous avons faits, cet argent-là n'a pas été
additionné. Puis ça représente plus, en fait, que les 240
$ qui sont actuellement versés. Maintenant, dans la perspective
où ces prestations seraient universelles et qu'on parle d'y ajouter ces
montants, c'est quelque chose qui est tout à fait regardable pour nous.
Évidemment, le problème que ça pose, et je le
soulève maintenant... Le régime dont on parle dans nos documents,
c'est un régime contributoire. Donc, il faudrait définir un
certain nombre de règles, évidemment, pour des femmes ou, enfin,
des personnes qui ne contribueraient pas de la même façon.
Il y a toute la question du régime contributoire où on
doit avoir, pour avoir droit aux prestations, un certain nombre de semaines de
contribution. Alors, ça, c'est le problème.
Mme Harel: c'est très intéressant, en tout cas.
vous nous donnez vraiment des études de coûts qui vont être
très utiles. mais, à la page 4...
Mme Hébert: Oui.
Mme Harel: ...vous savez, le point e, atteinte à
l'universalité du programme, ça m'a terriblement
inquiétée, dans le fond, à relire ce paragraphe-là
pour me rappeler que, oui, dorénavant, il allait y avoir un
remboursement.
Mme Hébert: Oui.
Mme Harel: Jusqu'à 30 % des prestations de
maternité de l'assurance-chômage pour une salariée dont le
revenu excède 44 000 $. Là, le problème est moins grave,
parce qu'il n'y en a pas beaucoup qui excèdent 44 000 $. Mais vous nous
rappelez que, compte tenu de la désindexa-tion et des régimes
d'impôt et compte tenu du manque d'argent qui a l'air tellement
énorme du gouvernement fédéral, la tentation peut
être très, très grande d'aller, chaque année,
gruger, de façon à éventuellement écarter toute la
classe moyenne du programme.
Alors, il y aurait un programme, finalement, qui n'est pas accessible,
en aucune façon, aux femmes pauvres, parce qu'il y a quand même un
enfant sur six, au Québec, qui accouche d'une femme assistée
sociale, qui n'a pas d'autre chose que sa prestation. D'autre part, les femmes
qui obtiennent une certaine équité salariale et qui
réussissent à améliorer leur niveau de
rémunération vont se retrouver victimes de ces coupures au niveau
des programmes de congés de maternité. On ne penserait pas couper
de programmes, par exemple, d'assurance automobile ou d'accidents du travail,
etc., alors je me demande si on n'aurait pas intérêt, le plus
tôt possible, à le rapatrier, ce champ-là.
Mme Hébert: Ha, ha, ha! Avant qu'on nous l'enlève
complètement.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Parce que, d'une certaine façon, si c'est vrai,
ce que vous nous dites, si ça s'avère exact, c'est qu'à un
moment donné ça ne voudra plus rien dire pour bien des
salariées.
Mme Hébert: D'autant plus, d'ailleurs, que le gouvernement
fédéral - et ça, c'est un peu indécent, en tout cas
en ce qui me concerne - a vendu, entre guillemets, ces modifications à
l'assurance-chômage en disant qu'il y aura maintenant de meilleurs
congés de maternité et soins d'enfants; c'est vrai. Maintenant,
effectivement, il y a ce dont on parle là, l'érosion des
programmes, mais, de plus, les conditions d'admissibilité au
chômage qui vont être rendues de plus en plus difficiles. Elles
vont s'appliquer aussi aux femmes qui vont venir d'avoir des enfants. Alors
là, il y a comme un problème aussi.
Maintenant, oui, peut-être que vous avez raison qu'il faut aller
vite dans le rapatriement, mais en même temps - et je le
répète - pour nous, ça ne doit pas devenir une condition
à ce qu'on commence à discuter vraiment de ce que c'est, au
Québec, une caisse de congés de maternité.
Mme Harel: D'accord. Est-ce qu'il y a un peu de temps pour
Cécile?
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Marie-Victorin, s'il vous plaît.
Mme Vermette: En fait, moi, je veux revenir sur ce qui concerne
les congés d'adoption, pour être responsable du dossier de
l'adoption. Si j'ai bien compris, ce que vous faites ressortir, c'est qu'il n'y
a pas... De toute façon, même la Charte canadienne reconnaît
qu'il peut y avoir, dans certains cas, une discrimination, en fait, en autant
que c'est jugé raisonnable dans une société
démocratique, et ce qu'il faut ressortir, c'est non pas basé sur
la discrimination entre un parent biologique et un parent adoptant, mais en
fonction des besoins de l'enfant. C'est bien ça, en fait...
Mme Hébert: Oui.
Mme Vermette: ...ce que vous avez fait ressortir, d'une part? Et,
d'autre part, il faudrait tenir compte aussi que, dans le cas d'une adoption,
il n'y a pas tous les problèmes de l'accouchement ou de la grossesse
comme telle, mais c'est d'un autre ordre. C'est d'accomplir des
démarches pour arriver à une adoption. C'est ça. Ma
question est à savoir, maintenant: Est-ce que vous avez des statistiques
qui démontrent combien de femmes - parce qu'on parle du quart des
congédiements et surtout des congés de maladie - ont eu des
congédiements à la suite d'un congé de maladie? Avez-vous
des statistiques là-dessus?
Mme Hébert: Non
Mme Vermette: En tout cas, ça peut être
déguisé, mais vous n'avez rien là-dessus... Est-ce que
d'après vous autres ça pourrait être une des raisons aussi
de congédiement face à une grossesse? Est-ce que ça
pourrait devenir une problématique à ce niveau-là?
Mme Hébert: C'est pour ça, vous savez, qu'une
caisse de congés de maternité, c'est tout à fait
important. Même moi, à la rigueur, les congés payés
par les employeurs, je dirais que, dans le cadre d'une législation qu'on
veut modifier en ce moment, ça pose des problèmes très
graves parce que là, effectivement, les effets pervers de ce genre de
politique peuvent avoir un effet direct sur les femmes Quand on parte d'une
caisse où tout le monde cotise, bien là, on se place de
façon différente, c'est-à-dire que si tous les employeurs,
qu'ils embauchent ou non des femmes, doivent cotiser dans cette caisse, bien,
ça a un effet moins difficile sur les femmes. On sait que,
effectivement, il y a souvent eu ce genre d'effets pervers et c'est ça
qu'on veut éviter dans une mesure qui s'applique de la même
façon à tout le monde.
Mme Vermette: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Thibault.
Mme Thibault: Je voulais faire une intervention sur deux ou trois
aspects. Entre autres, je sais que le CIAFT est intervenu aussi pour dire qu'il
faut avoir de la documentation sur la loi sur les normes. Il en faut,
évidemment, sur les congés de maternité. J'aimerais
souligner qu'il faudrait que cette documentation-là existe en plusieurs
langues parce que, parmi les travailleuses non syndiquées, il y a
énormément de femmes de communautés culturelles et ce
serait important qu'elles puissent comprendre qu'elles ont droit à des
congés de maternité et qu'elles ont accès à un
certain nombre de choses. Il y a ça que je voudrais souligner.
Mme Harel: Que l'on fasse de l'information sur le programme qui
existe à l'assurance-chômage.
Mme Hébert: La loi sur les normes... Mme Harel: La
loi sur les normes, O.K.
Mme Thibault: Moi, c'est sur le programme québécois
comme tel. Je m'occupe principalement du programme québécois. Je
trouve ça important que les femmes immigrantes soient bien au courant de
ce qui existe au Québec comme tel. Hier, au Téléjournal,
on nous pariait d'un rythme pour l'adoption du projet de loi, ce qui nous
faisait passer à 1991 pour l'application du projet de loi. Je voulais
vérifier si c'était exact que ce serait seulement à partir
de 1991 que la loi sur les normes et les congés de maternité
seront appliqués. En même temps, je voulais vérifier:
Est-ce que, au moment de l'adoption des règlements, il y aura
possibilité d'être entendu et de commenter particulièrement
l'aspect des congés de maternité et parentaux?
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Mme Thibault, on m'informe que la Loi sur
les nonnes du travail est publiée présentement en cinq langues:
anglais, français et trois autres...
Une voix: J'imagine, l'italien.
Mme Trépanier: ...ainsi que la documentation à la
loi. Je pense qu'on s'entend sur plusieurs points ici. C'est rare, mais c'est
le cas. Les conditions financières des gouvernements sont
extrêmement difficiles. Les besoins des familles sont énormes, ils
sont criants et les femmes réclament des droits à la
maternité et aux responsabilités parentales. Donc, notre
responsabilité, elle est énorme dans ce sens-là. Je pense
qu'on s'entend sur certains principes. Il va falloir se serrer les coudes,
s'unir, aller de l'avant et trouver des solutions parce que c'est le
Québec qui en dépend, je pense. Merci pour
votre précieuse contribution à ces travaux et soyez
assurées qu'on tiendra compte de tous vos commentaires.
La Présidente (Mme Marois): Je pense que vous étiez
occupée parce qu'on vous donnait de l'information. Je pense que Mme
Thibault a soulevé une question. Je ne sais pas si...
Mme Thibault: Oui. Hier au Téléjournal, on nous
disait que la loi s'appliquerait, donc aussi la question des congés de
maternité parentaux, à partir de 1991. On nous décrivait
un échéancier législatif, au Téléjournal. Je
veux vérifier si cela est exact. Et, dans un deuxième temps,
comme je vous l'avais déjà mentionné, Mme
Trépanier, lorsqu'on s'était rencontrées, je trouverais
intéressant que, lors de l'élaboration du règlement, et
tout ça, les groupes puissent être consultés, qu'on puisse
être entendus pour s'assurer, évidemment, que le règlement
soit conforme.
Mme Trépanier: Oui. Si vous me permette/. Comme la loi
relève de mon collègue, je vais m'informer auprès des gens
de son...
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Je pense qu'hier, en commission parlementaire, le
ministre a parlé d'un éventuel projet de loi en mai, mais que,
sans doute, il devrait le reporter à l'automne. Alors, un projet de loi
à l'automne, éventuellement, ça veut dire son adoption
à Noël.
Une voix: Et les règlements après. Mme Harel:
Alors, on parle...
La Présidente (Mme Marois): C'est même tôt,
enfin, 1991.
Mme Trépanier: On me confirme qu'effectivement ce sera en
janvier 1991 et la réglementation suivra.
Mme Thibault: Alors, on vous spécifie qu'on aimerait
être entendus à ce moment-là.
Une voix: Sur la réglementation. Mme Thibault: Sur
la réglementation.
Mme Harel: Sur le projet de loi aussi. N'oubliez pas que le
projet de loi...
Mme Thibault: Éventuellement aussi.
Mme Harel: ...peut ne pas ressembler à l'avant-projet de
loi. Espérons-le.
La Présidente (Mme Marois): II y a M. le
député de Fabre qui voulait soulever une petite question.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente. Moi, je suis
drôlement heureux, en fait, d'être présent et
d'écouter ce que tout le monde a un petit peu à dire.
J'étais d'autant plus heureux d'entendre la suggestion que vous avez
mise de l'avant, à savoir le régime contributoire, mais avec
trois partenaires. Dans le fond, je pense que, si on veut s'orienter vers un
certain succès ou, du moins, enlever des réticences à un
tel régime, il faut nécessairement que chacun réalise que
c'est la responsabilité d'une société que de penser,
justement, à avoir un taux de natalité qui peut augmenter et
favoriser ainsi l'avenir de chacun. Moi, j'aimerais, sans choquer quiconque,
peut-être revenir avec Mme Leduc, mais sur le mémoire
antérieur où j'aurais peut-être voulu poser deux petites
questions parce que...
Mme Leduc: Si ce sont les règles. Des voix: Ha, ha,
hal
M. Joly: Ça peut être acceptable parce que...
La Présidente (Mme Marois): Ce n'est peut-être pas
selon les règles, mais, comme on a un fonctionnement souple, on va
accepter.
M. Joly: Mais, quand on regarde aussi les organismes qui se
présentent devant nous ce matin, ils sont à peu près tous
un peu interreliés.
Mme Harel: II reste les règles.
M. Joly: Ils sont tous un peu interreliés et, souvent, les
mêmes choses reviennent. D'ailleurs, Mme Thibault a ouvert une
parenthèse tantôt lorsqu'on a parlé justement d'une des
suggestions du Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au
travail, qui était l'obligation de l'employeur de remettre à son
personnel tout document d'information reçu de la CNT sur les normes.
Est-ce que vous vouliez laisser supposer que, souvent, l'employeur ne le fait
pas ou ne le fait pas assez ou est-ce que vous auriez peut-être aussi
envisagé des moyens tels que peut-être l'inclure à
l'intérieur du chèque d'allocations familiales? On sait que le
chèque d'allocations familiales est dirigé vers la femme. Alors,
est-ce qu'à ce moment-là - surtout j'entends - c'est un peu ce
que vous aviez en tête ou est-ce que c'est tout à fait
différent de ce que, moi, j'avance?
Mme Leduc: Bon. Si on parle du chèque d'allocations
familiales, ce n'est pas vraiment ça.
M. Joly: Mais comme moyen. Je veux dire comme moyen de
communication.
Mme Leduc: Non, mais ça ne serait pas vraiment
celui-là parce qu'au moment où il est mis dans le chèque
d'allocations familiales il faut que la travailleuse ou le travailleur, selon
le cas, soit au courant de ses droits, au moment où il peut les exercer.
Alors, introduire cette information-là, pour une femme qui est à
la maison et qui n'a pas entrepris sa démarche d'intégration au
marché du travail, elle va peut-être la regarder. Comme vous le
savez, il y a beaucoup de paperasse que tout le monde reçoit, ça
ne nous concerne pas directement, on n'en prend pas connaissance. Alors, pour
nous, c'est vraiment au moment soit de l'embauche ou à assez court
terme, au moment où l'employeur embauche une personne, qu'il lui
remette, à ce moment-là, quels sont ses droits, parce que c'est
là que ça va l'intéresser, à ce moment-là,
qu'il y ait obligation et qu'il y ait une certaine vérification pour que
ce soit connu. Parce que les personnes ont des droits et, des fois, elles ne le
savent même pas. Alors, c'est en ce sens-là: pour qu'elles
puissent vraiment jouir des privilèges ou des droits que la loi sur les
normes leur donne, parce qu'un employeur peut très bien ne pas donner un
congé férié, la personne ne sait même pas qu'elle a
droit à son congé, etc. Il faut être informé pour
pouvoir savoir si on respecte nos droits. Alors, c'est en ce sens-là, et
c'est plus au moment, sur les lieux du travail qu'on verrait cette
information-là donnée, parce que ça va accrocher, à
ce moment-là.
M. Joly: Au niveau de l'embauche? Mme Leduc: Oui... M.
Joly: Oui.
Mme Leduc: ...ou dans les premières semaines d'emploi,
oui.
Mme Thibault: Moi, je voudrais vous spécifier que, comme
fédération, on appuie le mémoire du CIAFT et de
l'organisme Au Bas de l'échelle; vous allez recevoir une lettre en
conséquence. C'est très bien, l'idée des allocations
familiales, sauf que ça va être utile au niveau du congé de
maternité pour un deuxième bébé, parce que la femme
qui reçoit des allocations familiales, normalement, elle aurait dû
déjà, possiblement, avoir un congé de
maternité.
M. Joly: C'est parce que...
Mme Thibault: Donc, au niveau de l'information, c'est
peut-être mieux que comme travailleuse arrivant à l'emploi.
M. Joly: Ce que j'envisageais, ce que je pensais, c'est toujours
aussi une question de contrôler les coûts. Si on a
déjà l'enveloppe, ça ne nous coûte pas plus cher, si
vous voulez, autre que le coût de production et le coût de
manutention mais, partant de là, mais on est certains que ça se
rend, on est certains que ça va entrer dans la maison. Alors, partant de
là, je pense que la femme aussi qui est au travail, qui reçoit le
chèque, voit - parce que vous allez peut-être me dire que ce ne
sont pas toutes les femmes qui ont des enfants - mais c'est un moyen de
confirmer davantage. Je n'ai rien contre l'idée qu'on puisse
l'émettre à l'embauche, mais s'il y a lieu d'aller avec ce que
Mme Thibault suggérait, je pense que ce ne serait peut-être pas
méchant.
Mme Leduc: C'est ça. Mais vous avez justement
souligné une des lacunes. C'est que les femmes qui ne reçoivent
pas d'allocations familiales...
M. Joly: C'est ça. Oui, oui.
Mme Leduc: ...ne seront pas au courant. Alors...
M. Joly: Je comprends.
Mme Leduc: ...c'est sûr que pour les congés de
maternité, c'est intéressant, ça va rejoindre les
personnes mais, pour tous les autres travailleurs et travailleuses... parce que
là, on a mis beaucoup le focus sur les congés, mais la loi sur
les normes s'adresse à l'ensemble des travailleurs et travailleuses, il
ne faut pas l'oublier.
M. Joly: C'est ça. Oui, j'abonde dans le même sens.
J'aimerais que vous élaboriez sur la demande que vous faisiez, en
disant: Permettre de s'absenter trois jours consécutifs pour maladie
sans devoir fournir un certificat médical. Est-ce que c'était
dans un souci d'économiser de l'argent au gouvernement? Parce qu'on sait
que le certificat médical qui n'est pas toujours nécessaire, dans
biens des cas, et qui coûte nécessairement à l'État,
et l'État, c'est la population, c'est le payeur de taxes et le payeur
d'impôt, alors est-ce que c'était dans ce but-là, mais
additionné aussi, disons, d'un autre but que vous aviez?
Mme Leduc: Bien, c'est-à-dire que ça peut
être un but de souci d'économie, parce que c'est sûr qu'on
peut avoir besoin de s'absenter sans nécessairement avoir une maladie
grave et devoir consulter. Alors, on se dit que, souvent, trois jours, c'est
admis comme ça, on a une grippe, on est sur le dos, ce n'est pas
nécessaire, nécessairement, de consulter un médecin pour
avoir un certificat. Alors, c'était en ce sens-là:
économiser l'argent de l'État et aussi les énergies des
gens qui sont malades. Si tu as une absence
courte et que tu dois en plus de ça, tu es supposé te
reposer, aller faire la file d'attente... Parce qu'on sait que c'est dans les
cliniques d'urgence, trois jours, sans ça tu n'as pas de rendez-vous
chez le médecin, là, à brève
échéance, alors tu dois passer une demi-journée de ton
congé de maladie, tu ne récupères pas beaucoup. Alors,
c'était en ce sens-là, en se disant: Bien, trois jours... si
c'est plus de trois jours, oui, il faut un certificat mais, trois jours,
ça pourrait être sur justification verbale de l'employé
lui-même.
M. Joly: Alors, je vous remercie beaucoup et, excusez-moi encore
une fois, disons, d'avoir peut-être pris un autre chemin pour en arriver
aux questions que j'avais à poser. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
intéressante contribution aux travaux de la commission.
J'inviterais maintenant les personnes représentant
l'Intersyndicale des femmes à prendre place. On va suspendre une
minute.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
(Reprise à 12 h 7)
Intersyndicale des femmes
La Présidente (Mme Marois): À l'ordre, s'il vous
plaît! Si les membres de la commission veulent bien reprendre leur
siège, nous allons reprendre nos audiences.
Je vais souhaiter la bienvenue aux représentantes de
l'Intersyndicale des femmes. J'aimerais que la porte-parole se présente
et nous présente les personnes qui l'accompagnent. Vous avez 20 minutes
pour présenter votre mémoire et, par la suite, le temps qui
restera nous permettra d'échanger certains points de vue avec vous, de
poser des questions, comme vous avez pu le constater avec les groupes qui vous
ont précédées. Bienvenue à la commission.
Mme Gosselin (Danielle Maude): Merci. Je suis Danielle Maude
Gosselin, du Syndicat des fonctionnaires. Je vais agir comme porte-parole. Les
personnes qui m'accompagnent sont des représentantes des autres
syndicats composant l'Intersyndicale des femmes. Alors, à mon
extrême droite, Ghyslaine Fleury, de la CEQ; à ma droite, Sylvie
Bélanger, du Syndicat des professionnelles et professionnels du
gouvernement du Québec; à mon extrême gauche,
Michèle Bourget, de la CEQ...
Une voix: CSD.
Mme Gosselin: CSD, excusez-moi. Ça part mal.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gosselin: Et à ma gauche, Sylvie Boulanger, de la
Fédération des infirmières et infirmiers du
Québec.
La Présidente (Mme Marois): Vous avez remarqué
là, il y a une madame qui s'appelle Sylvie Bélanger et une autre
qui s'appelle Sylvie Boulanger. Bienvenue.
mme gosselin: je vais essayer de faire la présentation
dans 20 minutes; cependant, je vais essayer de couper des choses. ce n'est pas
toujours facile.
La Présidente (Mme Marois): Comme vous l'avez vu avec
d'autres groupes, Mme la ministre et Mme la députée, je veux
dire...
Mme Gosselin: Oui, d'accord.
La Présidente (Mme Marois): Oui, c'est ça. On peut
prendre un petit peu plus de temps. C'est parce qu'on doit terminer...
Mme Gosselin: Oui.
La Présidente (Mme Marois): ...nos travaux à 13
heures.
Mme Gosselin: À13 heures, d'accord.
La Présidente (Mme Marois): Souvent, les gens ont des
engagements. Alors, ça donne un petit peu moins de temps pour
l'échange, mais prenez quand même bien le temps de nous
présenter votre point de vue.
Mme Gosselin: D'accord. Alors, on veut vous dire que c'est, avant
tout, au nom des conditions de vie des travailleuses québécoises
que nous avons choisi, l'Intersyndicale des femmes qui regroupe environ 200 000
femmes travailleuses au Québec, d'intervenir sur les modifications
à la Loi sur les normes du travail, car on estime que ce sont les droits
de toutes les travailleuses qui nous préoccupent car, syndiquées,
nous avons acquis, grâce à de longues luttes, des droits mieux
garantis que nous considérons essentiels, non seulement pour
nous-mêmes mais pour l'ensemble des travailleuses et des travailleurs du
Québec. De ce fait, et parce que l'intention clairement exprimée
du législateur va dans le même sens, nous avons choisi d'analyser
la Loi sur les normes du travail ainsi que les modifications proposées
en regard d'un impératif, la conciliation des responsabilités
familiales et des responsabilités professionnelles.
Bien que le gouvernement ait pris la peine de préciser que cette
législation n'est pas le lieu d'élaboration d'un programme de
remplacement du revenu du travail pendant les congés de mater-
ntté, nous avons choisi de présenter ici nos exigences
à ce chapitre pour deux principales raisons. Soit que depuis au moins
dix ans on n'a eu aucune opportunité de discussion sérieuse
à ce chapitre qui a été offerte aux
Québécoises. Il n'y a eu ni commission parlementaire, ni livre
blanc ni énoncé de politique. Nous croyons donc opportun de
soulever cet aspect essentiel, d'autant que, selon les modalités qui
pourraient être élaborées, les normes pourraient
nécessairement devoir en tenir compte.
D'autre part, il nous apparaît fallacieux de dissocier la
discussion sur les modifications à la Loi sur les normes de celle
concernant un programme de remplacement du revenu, puisque nous parlons ici des
travailleuses et des travailleurs les moins protégés, les moins
payés, ayant le moins de sécurité d'emploi, etc. Comment
peut-on sérieusement penser que des congés sans traitement sont
une solution pour ces personnes nombreuses maintenues dans la trappe de la
pauvreté par des salaires trop bas?
Notre intervention portera donc plus spécifiquement sur trois
aspects des normes du travail qui influencent directement la qualité de
vie familiale, soit les revenus et la stabilité d'emploi,
l'aménagement du temps de travail et les droits parentaux
spécifiques.
Notre proposition quant à un programme de remplacement du revenu
sera intégrée au troisième thème afin
d'établir une concordance complète entre les modifications
nécessaires à la Loi sur les normes et ce nouveau programme.
Notre mémoire n'aurait pas été complet sans
quelques remarques sur certains sujets touchant plus spécifiquement les
femmes: le travail à temps partiel, le travail de gardiennage d'enfants,
le harcèlement sexuel et l'équité salariale.
Nous sommes, bien sûr, conscientes de l'importance d'autres
modifications proposées et c'est pourquoi nous tenons à
préciser que nous partageons les revendications de nos organisations
respectives sur ces aspects que nous n'aborderons pas ici.
Dans un premier temps, les revenus et la stabilité d'emploi. Nous
estimons que, dans le cadre d'une politique familiale globale, il est essentiel
que les gens aient un revenu décent pour pouvoir assumer la charge des
enfants. En ce sens-là, on vous parle d'abord de la stabilité
d'emploi. C'est sûr qu'aucune société ne peut garantir
à tous ses citoyens et citoyennes la stabilité totale d'emploi,
mais nous estimons que l'écart reste grand entre cet extrême et
celui que nous connaissons aujourd'hui, où un employeur peut, pendant
cinq ans, congédier une personne sans cause juste et suffisante et sans
que cette dernière ait de recours, si ce n'est dans le cas de
congédiements illégaux. Dans le cadre d'un marché du
travail déjà en lui-même très instable, où la
précarisation de la main-d'oeuvre atteint des proportions de 50 %,
où les passages du travail au chômage, à l'aide sociale
sont nombreux et fréquents, rien ne justifie un pareil laxisme, d'autant
plus que les secteurs fortement féminisés sont souvent aussi ceux
qui connaissent les plus forts taux de roulement de personnel.
La norme du Code canadien du travail, qui est de douze mois, nous
paraît déjà plus acceptable, d'autant plus qu'elle trouve
aisément des justifications qui font paraître le délai que
nous connaissons au Québec disproportionné et sans fondement. En
effet, une période de douze mois paraît un délai
raisonnable de mise à l'essai ou de probation dans à peu
près tous les types d'emploi. Là-dessus, je vous ferai
grâce des exemples. Effectivement, est-ce que ça prend cinq ans
pour évaluer quelqu'un qui lave la vaisselle?
On dit: Même, lorsque le travail est plus complexe, une
année est généralement considérée comme une
période d'essai suffisante, qu'il s'agisse, par exemple, d'un travail de
comptabilité, d'informatique, de niveau technique ou même
professionnel. Il est donc impératif de modifier cette norme. En
conséquence, nous recommandons la modification de l'article 124 de la
Loi sur les normes du travail de manière à ce que les recours
à l'encontre d'un congédiement sans cause juste et suffisante
soient applicables après un an de calendrier passé au service de
l'employeur.
Le revenu. Nous estimons, selon le même type d'argumentation, que
la législation devrait garantir, pour une semaine normale de travail, un
salaire qui ne soit jamais en deçà de ce que la
société admet comme seuil minimal. Selon le gouvernement
lui-même, les objectifs de la loi sont de définir des droits de
base et de sauvegarder une certaine qualité de vie pour les
travailleuses et les travailleurs. À l'heure actuelle, le salaire
minimum se situe loin en dessous du seuil de pauvreté calculé par
Statistique Canada pour une personne seule et 70 % des travailleurs au salaire
minimum sont des travailleuses.
Nous estimons que, déjà en 1987, le salaire minimum aurait
dû être de 5,55 $ l'heure pour correspondre au seuil de
pauvreté de Statistique Canada, dans le cadre d'une semaine normale de
travail. En 1989, il devrait se situer, avec les augmentations, plus aux
alentours de 6,10 $.
Quand on prend les normes de seuil de pauvreté, celles de
Statistique Canada sont les plus faibles. Quand vous prenez celles du
Sénat canadien, c'est plus élevé. Alors, on estime que
c'est vraiment le minimum.
Nous recommandons donc que l'article 40 de la Loi sur les normes du
travail soit modifiée de manière à fixer
immédiatement le salaire minimum au moins au seuil de pauvreté
calculé par Statistique Canada, pour un nombre usuel d'heures de
travail, et à y intégrer un mécanisme d'indexation au
coût de la vie, automatique et
annuel, lui permettant ainsi de suivre la progression de la richesse
collective. La pratique d'un salaire minimum différent et
inférieur pour le travail à pourboire devrait de plus être
interdite.
L'aménagement du temps de travail. On vous dit que, comme les
deux faces d'une même médaille, le temps et l'argent sont
indissociables et constituent les deux pôles entre lesquels les parents
québécois doivent trouver un juste équilibre pour garantir
la qualité de leur vie familiale: assez d'argent pour assurer les
besoins de la famille et assez de temps pour la connaître et
répondre aussi aux besoins affectifs.
Avec l'appauvrissement que connaissent actuellement les familles
québécoises et canadiennes depuis une dizaine d'années, il
devient de plus en plus illusoire de croire à la flexibilité de
l'aménagement du temps de travail pour tenir compte de la vie
privée. Comment choisir de travailler un peu moins pour avoir un peu
plus de temps, lorsque le revenu ne permet déjà pas de joindre
les deux bouts? Ce ne sont pas des choix individuels de réduction
volontaire du temps de travail qui apporteront une réponse satisfaisante
à la nécessité de concilier les responsabilités
familiales et professionnelles. La société dans son ensemble doit
effectuer le choix d'un meilleur équilibre et se donner les
règles qui permettront de le réaliser.
La durée du travail. Deux aspects de la Loi sur les normes de
travail devraient, selon nous, être sérieusement modifiés,
soit la durée de la semaine de travail et les règles
régissant la gestion du temps supplémentaire. La durée de
la semaine prévue actuellement dans la loi dépasse ce que l'on
retrouve dans la majorité des autres législations canadiennes et
n'a plus aucun rapport avec la réalité de l'organisation
réelle du travail, puisque la moyenne des heures hebdomadaires de
travail se situait, incluant le surtemps, d'ailleurs, en 1989, à moins
de 38 heures par semaine. Que penser de la vie familiale avec des horaires de
44 heures, quand la journée de travail est de neuf heures, plus le temps
de transport, plus le temps d'aller chercher les enfants à la garderie,
etc. ? C'est quelque chose qui n'est absolument pas vivable. Sans compter tout
le transfert de services quand on parle du bénévolat de plus en
plus demandé aux parents dans les garderies, dans les services
scolaires; ce sont des horaires qui sont beaucoup trop longs et qui doivent
être revus. En ce sens-là, nous recommandons que l'article 52 de
la loi soit modifié pour prévoir une semaine
régulière de travail de 40 heures et un maximum quotidien de 8
heures.
Nous estimons aussi que les règles qui régissent la
gestion du temps supplémentaire dans le cadre de la loi sur les normes
doivent, pour leur part, être complètement renversées, de
manière que l'utilisation du travail à temps
supplémentaire devienne une exception volontaire et limitée
plutôt qu'une condition normale de travail. Les modifications
proposées à l'article 51. 1 visent à permettre à
une travailleuse ou à un travailleur ayant des obligations familiales de
refuser de faire du temps supplémentaire s'il n'en a pas
été avisé au moins douze heures à l'avance
ressemblent, d'après nous, plus à une formule de style
qu'à autre chose. En effet, un délai de douze heures ne peut
garantir une possibilité acceptable d'organisation dans beaucoup de
contextes familiaux et ne permet donc pas de protéger
adéquatement la santé et la sécurité des enfants.
Ce n'est pas que nous contestions les délais prévus, c'est
l'obligation du temps supplémentaire elle-même que nous remettons
en question. Dans une société qui se dit préoccupée
du chômage, du partage du travail et où le développement
des nouvelles technologie réduit de plus en plus la quantité de
travail humain nécessaire à la production des biens et services,
le temps supplémentaire ne devrait pas servir à encourager la
paresse des gestionnaires, mais plutôt être un outil de dernier
recours pour les employeurs. Nous estimons que la loi devrait être
modifiée de la façon suivante. Que l'article 51 soit
modifié et prévoie que le temps supplémentaire soit
volontaire. Les exceptions devraient se limiter à des cas de force
majeure pouvant mettre en cause la santé et la sécurité,
en accord avec les normes et les lois en vigueur; à des cas de bris
d'équipement importants pouvant entraîner des pertes
sérieuses et identifiables pour l'employeur.
Dans le même sens, la possibilité de compensation du temps
de travail en temps supplémentaire instituée par l'article 55 ne
devrait pas dépendre de l'accord de l'employeur, mais devrait être
un droit, d'autant plus qu'elle vise à permettre aux parents un meilleur
aménagement de leur temps. Dans la mesure où l'employée,
lorsqu'elle accepte de faire du temps supplémentaire, répond aux
besoins de l'employeur au détriment de ses propres besoins en temps, la
compensation devrait être effectuée en donnant priorité aux
besoins de l'employée et non à ceux de l'employeur. La
possibilité de compenser en temps répond effectivement à
un besoin puisque, là où elle existe, le personnel s'en
prévaut très majoritairement. Dans le syndicat dont je fais
partie où le salaire moyen est très en deçà du
salaire industriel moyen, 80 % des personnes se prévalent des
congés en temps et non pas en argent. Nous recommandons donc un
renforcement de l'article 55 qui pourrait se lire comme suit: Tout temps
supplémentaire effectué peut être compensé en temps
plutôt qu'en argent lorsqu'un ou une employé-e en fait la demande
explicite. La compensation s'effectue selon le choix de l'employé
après avis raisonnable à l'employeur. Là-dessus,
d'ailleurs, dans l'addenda que nous avons déposé ce matin, nous
parlons d'une fiche technique qui devrait être utilisée, de
façon à permettre le remboursement, parce que si le remboursement
n'est pas fait en argent, dans les semaines qui suivent, on craint que,
dans
certaines petites entreprises où il n'y a pas de
comptabilité informatisée ou globale, ça ne se fasse pas.
Alors, que la commission émette des formulaires types qui permettent aux
personnes d'obtenir un remboursement plus tard, s'il est justifié comme
tel.
Le temps hors travail. Alors, là-dessus, si la gestion du temps
de travail est un élément essentiel pour améliorer la
conciliation des responsabilités familiales et professionnelles,
l'augmentation du temps hors travail est fondamentale. Deux aspects de la loi
sur les normes doivent être sérieusement améliorés,
selon nous, pour répondre aux besoins des parents
québécois: les jours fériés et chômés
de même que les vacances. Ni la loi elle-même, ni les compensations
envisagées, ne prévoient la rémunération ou la
compensation des jours fériés et chômés lorsqu'ils
interviennent en dehors des jours ouvrables. Cependant, les enfants, lorsqu'on
en a, obtiennent ces congés qui demandent aux parents des trésors
d'ingéniosité puisque, de façon générale,
les garderies et les services de garde parascolaires bénéficient
aussi de ces congés. Alors, on estime que la famille
québécoise bénéficierait certainement beaucoup plus
d'un congé qu'elle peut partager que du casse-tête dont elle est
actuellement l'héritière lorsqu'un jour férié ou
chômé intervient en dehors des jours ouvrables. D'ailleurs, la
majorité des législations canadiennes contiennent une telle
rémunération de compensation et nous recommandons que la Loi sur
les normes du travail prévoie que les jours fériés et
chômés soient reportés ou compenses, même lorsqu'ils
interviennent en dehors des jours ouvrables. pour ce qui est des vacances
annuelles, la proposition gouvernementale nous apparaît non seulement
timide, mais surtout vieillotte en cette dernière décennie du xxe
siècle. alors que la population française bénéficie
de vacances annuelles de quatre semaines depuis 1936 et de cinq semaines depuis
1982, notre gouvernement nous propose un maigre trois semaines après
cinq ans de service continu. nous estimons que le besoin de repos et de
vacances n'a rien à voir avec les années de service chez
l'employeur; c'est plus un ensemble global qui permet aux personnes de se
ressourcer et de se reprendre avant de reprendre l'année de travail. on
estime que c'est plutôt une mesure sociale de repos qu'une mesure qui
devrait être mise en parallèle avec le temps travaillé pour
un employeur. nous croyons impératif que le nombre de semaines de
vacances annuelles soit immédiatement porté à quatre pour
tous et toutes après un an de service et qu'au moins deux de ces
semaines puissent être prises consécutivement.
Je vais vous faire grâce de l'aménagement du temps de
travail pour la famille, mais aussi pour la société. Nous en
avons parlé souvent, des réductions globales du temps de travail;
je pense que c'est un sujet qui est très connu en termes de
développement par les organisations syndicales.
Je vais en venir aux droits parentaux. Choisir, comme
société, de donner une priorité aux besoins des familles
implique que nous partagions avec ces dernières les
responsabilités et les coûts qu'impliquent les enfants qu'elles
ont ou qu'elles auront. Dans le contexte actuel, non seulement les parents
assument-ils seuls les coûts engendrés par la venue d'enfants,
mais ils doivent de plus subir des pertes de revenu parfois importantes lorsque
les responsabilités familiales les obligent à s'absenter du
travail. Aucune protection de leur revenu et, pire encore, aucune protection de
leur emploi dans bien des cas ne permet aux parents d'affronter leurs
obligations familiales sans en être pénalisés.
Bien que la Loi sur les normes du travail contienne une amorce de
protection quant aux absences du travail liées aux obligations
parentales, ni les quelques congés sans traitement déjà
acquis, ni les modifications envisagées ne répondent
adéquatement aux besoins des familles québécoises. Il faut
garder à l'esprit que la majorité des familles s'est appauvrie au
cours des dix dernières années, malgré le fait que les
deux conjoints soient très souvent sur le marché du travail.
D'ailleurs, dans beaucoup de familles, le second revenu permet de se maintenir
tout juste hors de la trappe de la pauvreté. Bien des données le
démontrent, si le deuxième revenu n'était pas là,
le nombre de familles pauvres augmenterait de 50 %.
On ne peut donc en aucune manière considérer qu'une perte
de revenus, à des moments où généralement les
dépenses augmentent, soit une solution acceptable. C'est ce que nous
propose le gouvernement avec les congés sans traitement Les femmes qui
doivent s'absenter du travail pour mettre un enfant au monde, ou les parents
qui le font pour assumer d'autres types de responsabilités parentales,
produisent dans ces moments un travail d'une valeur sociale. À nous de
choisir si nous considérons ce travail-là assez important pour
l'assumer collectivement. C'est donc à travers des modifications
importantes à la Loi sur les normes du travail qu'il faut agir pour
protéger des droits, mais ceux-ci ne seront véritablement
respectés quant à leur accessibilité que dans la mesure
où nous prendrons aussi nos responsabilités comme
société par la mise sur pied d'un programme de remplacement du
revenu.
Les recommandations énoncées dans les pages qui suivent
représentent pour nous une hypothèse réaliste pour une
première intervention sérieuse dans le domaine de la conciliation
des responsabilités familiales et professionnelles. Il ne s'agit
assurément pas d'une solution idéale et nous tenons à
souligner que nous sommes parfaitement en accord avec les revendications
d'autres organisations qui s'orientent vers des périodes de
congés parentaux plus longues. Nous avons cependant choisi de fonder nos
recomman-
dations sur une situation déjà réalisée,
celle des secteurs public et parapublic et de la compléter, le cas
échéant.
Pour ces raisons, nous tenons à souligner notre ralliement
à la proposition gouvernementale concernant la protection des
travailleuses au retour du congé de maternité. Cinq mois nous
paraissent acceptables dans un premier temps, bien qu'il soit souhaitable
d'élargir cette protection à tous les parents qui se
prévalent de congés parentaux.
Des modifications à la Loi sur les normes du travail. Cinq
éléments doivent être considérés dans la
législation pour garantir aux travailleuses et aux travailleurs le droit
de concilier leurs responsabilités familiales et professionnelles: le
congé de maternité proprement dit, le congé de
paternité, le congé parental et des congés pour
responsabilités parentales, des congés pour visites de
santé pendant la grossesse. Pour ce qui est du droit au congé de
maternité, nul doute qu'un consensus se soit établi à cet
égard dans la société québécoise. La Loi sur
les normes du travail, quant à elle, doit prévoir une
période précise de congé de maternité,
séparée des autres types de congé parentaux, de
manière à garantir aux femmes une période de repos et de
récupération avant et après l'accouchement, qui ne puisse
être confondue avec l'ensemble des absences pour responsabilités
parentales. De plus, le congé parental sans traitement devrait, selon
nous, pouvoir être accessible pour une durée maximale de deux ans,
excluant les congés de paternité ou de maternité, ce qui
respecte l'intention gouvernementale de réduire l'écart entre les
normes et les conventions négociées. D'ailleurs, selon
l'argumentation même du gouvernement, un congé sans traitement
d'un an a un impact financier, somme toute, minime sur les employeurs,
lié à peu près strictement aux inconvénients du
remplacement. Or cet inconvénient varie peu, si toutefois il varie, peu
importe la durée du congé, et il permet l'accès au travail
à des personnes sans emploi.
Nous proposons donc que l'article 81. 3 soit modifié pour
prévoir... Et, là, je vais vous demander de vous
référer à l'addenda, parce que, suite à des
discussions que nous avons eues après le dépôt du
mémoire, on l'a modifié un petit peu. Malheureusement, il n'a pas
été paginé. Alors, je vais vous demander d'aller... C'est
à la quatrième page de l'addenda, où on veut modifier le
texte de la façon suivante: Nous proposons que l'article 81. 3 soit
modifié pour prévoir un congé de maternité de 20
semaines, un congé parental sans traitement d'une durée maximale
de deux ans qui peut être pris à la suite du congé de
paternité, du congé de maternité, ou dans le cas d'une
adoption.
De plus, pour les mêmes raisons, le premier paragraphe de la page
23 qu'on va voir plus loin va être modifié pour respecter
l'équilibre des droits entre les parents naturels et les parents
adoptifs en disant que, enfin, le programme de remplacement de revenu
remplacerait directement le salaire complet d'un des parents adoptifs ou
naturels pour les dix premières semaines du congé sans
traitement. On va le voir plus loin.
C'est parce que, là, on a eu des problèmes, comme beaucoup
de groupes, avec le congé pour adoption. C'est toujours le même
problème qu'on rencontre. C'est que les services sociaux exigent - je ne
sais pas le nombre - six mois dans la majorité des cas et ça peut
être un motif pour ne pas avoir d'enfants adoptés si les parents
ne sont pas prêts à prendre six mois de congé.
Alors, pour ça, on proposerait - vous l'avez à la page
suivante - que les exigences des services sociaux en cette matière
puissent donner accès au remplacement de revenu pour toute la
période de disponibilité exigée, dans la mesure seulement
où ces exigences sont justifiées auprès des responsables
du programme de remplacement du revenu par les services sociaux
eux-mêmes, ce qui permettrait un congé un peu variable. Si c'est
quelques semaines, ça va, mais si c'est plus longtemps, ça
pourrait être plus longtemps.
Alors, si je reviens au mémoire, nous disons que les
modifications proposées à l'égard du congé de
paternité nous semblent aussi à parfaire. Qu'il s'agisse d'une
naissance ou d'une adoption, cinq jours ne sont certes pas un luxe en regard de
l'adaptation importante qu'exige l'arrivée d'un enfant dans une famille.
Or, ce congé, même s'il comprend une possibilité totale de
cinq jours, restera, à toutes fins pratiques, de deux jours dans
beaucoup de cas, car il faut bien prendre conscience que la Loi sur les normes
du travail s'applique à des travailleuses et à des travailleurs
dont le salaire, comme les conditions de travail, est souvent minimal.
Étant donné le niveau de revenu familial, peu de gens
auront donc les moyens de prendre trois jours sans traitement, d'autant plus
que l'arrivée d'un enfant représente généralement
une augmentation importante des dépenses de la famille. Nous proposons
la modification de l'article 81. 1 qui traite du congé de
paternité pour prévoir cinq jours d'absence
rémunérés pour la naissance ou l'adoption d'un enfant,
à partir du début du processus de l'accouchement jusqu'à
quinze jours après l'arrivée de l'enfant à la maison.
Les congés pour responsabilités parentales sans traitement
introduits par l'ajout de l'article 81. 2 nous semblent, eux aussi, bien
timides. S'ils représentent une innovation dans le contexte
nord-américain, ils sont nettement en deçà des conditions
que connaissent les familles suédoises, norvégiennes ou
françaises qui bénéficient, à cet égard, de
congés payés et plus nombreux.
L'argument du gouvernement selon lequel s'ils étaient
payés, ils représenteraient, à toutes fins pratiques, des
congés de cinq jours de plus par année à assumer par les
employeurs tient
plus ou moins, parce que tous les travailleurs et toutes les
travailleuses ne sont pas parents et des justifications de plus pourraient
être exigées pour ce type de congés.
Les congés sans traitement ont aussi un effet pervers en regard
d'un autre objectif, celui de la redéfinition des rôles dans la
famille. Comme les femmes gagnent encore moins de 70 % du salaire des hommes,
dans la majorité des couples, c'est le salaire de l'homme qui est le
plus élevé, donc, ce seront nécessairement les femmes qui
prendront ces congés-là.
Nous estimons aussi que cinq jours ne sont pas nécessairement
suffisants dépendant des besoins particuliers. Nous proposons donc la
modification de l'article 81.2 de manière à prévoir cinq
jours d'absence rémunérés, lorsque justifié, pour
responsabilités parentales, ainsi qu'une possibilité de cinq
jours complémentaires sans traitement sur justification.
Nous estimons aussi utile d'ajouter une nouvelle norme qui est celle de
congés pour visites de santé pendant la grossesse. Ce que nous
prévoyons, ce sont quatre jours rémunérés pour
visites de santé pendant la grossesse qui peuvent être pris en
jour ou en demi-jour. Il faut savoir que la plupart des examens et des visites
de spécialistes se font nécessairement pendant les heures de
travail et que les contrôles nécessités par
l'hôpital, que ce soit une amniocentèse ou une échographie.
se font habituellement entre 8 heures et 16 heures. Alors, on doit aussi
protéger la santé des futures mères et de leurs
bébés. C'est donc important de les prévoir. (12 h 30)
Maintenant, le programme de remplacement de revenu. Considérant
que les parents, lorsqu'ils décident d'avoir des enfants, assument de
nombreux frais supplémentaires qui réduisent
considérablement leur qualité de vie; considérant que
l'augmentation du taux de natalité au Québec est un enjeu
fondamental pour tous les partenaires sociaux et économiques et que la
responsabilité des mesures nécessaires à la
réalisation de cet objectif doit être partagée; que
l'ensemble des coûts du programme que nous proposons existent
déjà actuellement sous diverses formes - coûts de
l'absentéisme pour les employeurs, contributions à
l'assurance-chômage, pertes de revenus pour les parents, mesures
gouvernementales partielles - et que les parents en assument la plus grande
part; qu'il s'agit donc pour la société d'une redistribution de
coûts et non d'une augmentation, nous proposons la création d'un
programme de remplacement du revenu pour obligations parentales dont le
financement serait assuré conjointement par les travailleuses et les
travailleurs, les employeurs et l'État.
La répartition que nous proposons serait la suivante: 50 % pour
les employeurs, 25 % pour les travailleuses et les travailleurs et 25 % pour le
gouvernement. Ce programme couvrirait toutes les travailleuses sur le
territoire québécois, y compris celles travaillant sous
juridiction fédérale. Il remplacerait directement le salaire
complet de la mère pour la durée du congé de
maternité de 20 semaines prévu dans la Loi sur les normes du
travail. Il rembourserait de plus aux employeurs, une fois par an, le
coût des congés pour responsabilités parentales, des
visites de santé pendant la grossesse et des congés de
paternité. Il remplacerait aussi directement le salaire d'un parent
adoptif ou biologique pendant les dix premières semaines du congé
sans traitement prévu à l'article 81.3 de la Loi sur les normes
du travail. Je vous réfère à l'addenda pour les petites
modifications que nous avons introduites au texte. Ce programme complet de
remplacement du revenu commande le rapatriement au niveau provincial de cet
aspect du programme d'assurance-chômage fédéral et des
sommes qui y sont rattachées.
Nous considérons plus opportun de créer un programme
social général plutôt que de remettre l'entière
responsabilité du paiement de ces congés aux employeurs. Nous
connaissons pertinemment les effets pervers désastreux pouvant
découler d'une responsabilité individuelle des employeurs; les
femmes paieraient ce droit de leur accès à des emplois.
La responsabilité que nous croyons cependant fermement que les
employeurs doivent assumer se retrouve dans la répartition des frais du
programme, soit 50 %, comme c'est actuellement le cas dans les secteurs public
et parapu-blic québécois. Le paiement d'une part de 25 % par les
travailleuses et les travailleurs remplit lui aussi un objectif de
redistribution des responsabilités, puisqu'il permettra que les
travailleuses et les travailleurs sans enfant paient tout autant que les
parents.
Il faut aussi remarquer que le coût d'un tel programme ne
représente pas une augmentation nette des budgets de l'État
québécois, loin de là, sa part n'étant que de 25 %
du total. Comme employeur, il paie d'ailleurs déjà sa part du
congé de maternité de près de 30 % des travailleuses, si
l'on considère que les secteurs public et parapublic représentent
environ 30 % de la main-d'oeuvre féminine.
Nous sommes parfaitement conscientes du coût que représente
notre proposition, soit près de 500 000 000 $ selon diverses
estimations, mais nous croyons qu'une société qui dit faire de la
natalité un objectif prioritaire doit se donner des moyens efficaces, et
la société québécoise a les moyens de se donner cet
outil dont l'efficacité a déjà été
démontrée ailleurs, notamment chez nos cousins français
qui ont réussi à maintenir leur taux de natalité à
un niveau viable. Ces sommes doivent d'ailleurs être vues comme un
investissement dans notre avenir, étant donné le coût
élevé des problèmes qui découlent
déjà de la dénatalité et qui augmenteront si rien
n'est fait.
Ce programme pourrait aussi permettre une intervention plus
cohérente dans le domaine de la famille en concentrant l'ensemble des
programmes financiers de soutien à la famille.
Conscientes des aléas du rapatriement du programme
fédéral, nous pensons cependant qu'un tel programme complet de
remplacement du revenu pour responsabilités parentales pourrait
être mis en place d'ici cinq ans, à moins que le 23 juin, il n'y
ait des changements...
Une voix: Majeurs, cela pourrait être fait plus
rapidement.
Mme Gosselin: ...qu'ils fassent quelque chose... Cela pourrait
aller plus vite. Des mesures transitoires sont donc nécessaires pour
assurer les Québécoises et les Québécois d'une
meilleure conciliation de leurs responsabilités familiales et
professionnelles dans cet intervalle. Nous proposons donc, dans un premier
temps, que le montant de 240 $ fourni aux mères
québécoises pour compenser les deux semaines d'attente de
l'assurance-chômage soit augmenté à 488 $, ce qui,
représente l'équivalent du salaire minimum pour deux
périodes hebdomadaires de 40 heures, selon le taux du salaire minimum
correspondant au seuil de la pauvreté proposé dans ce
mémoire.
Nous proposons, enfin, que le programme soit immédiatement
amorcé et que les employeurs québécois soient tenus de
verser progressivement au fonds collectif des sommes permettant de compenser
une partie de la proportion de 35 % du salaire non payée par
l'assurance-chômage pour le congé de maternité. Cette
participation progressive pourrait s'effectuer à raison de 10 % par an,
jusqu'à atteindre la part prévue des employeurs de 50 % la
dernière année.
Derniers aspects, les aspects spécifiques du travail des femmes.
Alors, nous avons voulu intervenir sur d'autres points. Nous disons, dans le
cas du harcèlement sexuel, que bien que la Charte des droits de la
personne prohibe explicitement le harcèlement sexuel comme, d'ailleurs,
la discrimination en général, les recours prévus sont
parfois difficiles. Nous croyons opportun de faire en sorte que la Loi sur les
normes du travail prévoie des recours dans les cas de harcèlement
ou de discrimination, de manière que les droits des individus soient
mieux protégés.
Nous proposons donc d'inclure à la législation une
définition du harcèlement sexuel en milieu de travail qui
pourrait être celle qui a été retenue dans le Code canadien
du travail, ainsi que la responsabilité explicite de l'employeur
d'assurer un milieu de travail exempt de harcèlement sexuel. Nous
proposons de plus qu'une démission dans un contexte de
harcèlement sexuel ou de discrimination soit présumée
être un congédiement illégal pour les fins des recours
prévus à la loi.
Le travail à temps partiel. Alors, là-dessus, le
gouvernement mentionnait dans la présentation de i'avant-projet de loi
son ouverture quant à des propositions qui pourraient concerner
l'amélioration des conditions de travail à temps partiel. Nous
tenons à souligner que certaines des propositions soumises à
d'autres chapitres, comme la réduction des heures de travail, par
exemple, pourraient avoir un impact bénéfique à travers un
meilleur partage du travail. Nous ne pouvons cependant discuter de l'ensemble
de cette problématique dans le cadre de ce mémoire.
Le travail de gardiennage d'enfants. Nous pensons que la décision
de resserrer les définitions de la loi de manière à
éviter une exclusion systématique des domestiques lorsqu'il y a
en partie garde d'enfants est une heureuse initiative. Il faut cependant
constater comme société l'aberration de la situation actuelle: II
est normal de bénéficier du salaire minimum pour laver les
planchers, mais pas pour garder des enfants. Cependant, on est conscientes que
souvent, c'est une nécessité qui amène les femmes à
ça. Ce sont des femmes à faible revenu qui doivent exploiter
d'autres femmes à faible revenu pour s'en sortir. On a
déjà fait part l'année dernière, lors d'un
mémoire sur les services de garde, des nécessités de
développer plus de services de garde dans ce sens-là et de
nouvelles formes qui pourraient aussi être subventionnées par
l'État.
Pour ce qui est de l'équité salariale, on sait
pertinemment que le principe est garanti par la Charte des droits du
Québec, mais que cette protection s'avère passablement inefficace
puisque le fardeau de la preuve repose sur le dos des salariés et non
sur celui de l'employeur. Nous savons aussi qu'il serait inutile de faire
inscrire encore une fois un principe dans une loi qui n'aurait pas de dents
pour le faire respecter. Nous ne demandons pas d'inscrire le principe de
l'équité salariale dans la Loi sur les normes du travail, mais
nous profitons de l'occasion pour souligner au législateur que le
Québec est loin d'être à l'avant-garde dans ce domaine pour
ne pas dire qu'il est maintenant un peu arriéré. Il est difficile
de croire en la bonne foi d'un gouvernement qui ne connaît que
l'immobilisme en ce qui concerne le droit à l'égalité de
ses concitoyennes. Une loi pro active sur l'équité salariale nous
semble à l'heure actuelle indispensable pour que les travailleuses
québécoises puissent bénéficier, comme leurs
consoeurs d'autres provinces canadiennes, d'un juste salaire.
En conclusion, nous connaissons d'emblée les principaux arguments
qui seront utilisés à rencontre de nos recommandations:
coûts pour l'État, augmentation des coûts de main-d'oeuvre,
impact sur la compétitivité des entreprises, etc. Non seulement
les connaissons-nous, mais nous savons aussi que ces arguments soulèvent
beaucoup plus de questions qu'ils n'apportent de solutions, lis sont depuis
plusieurs années le sauf-conduit de l'inaction et l'excuse idéale
pour ne rien faire.
Il nous faut mettre ces coûts en perspec-
ttve, les comparer, évaluer sérieusement
l'équilibre de la balance entre les coûts de l'action et ceux de
l'inaction. Les coûts d'une intervention efficace pour relever le taux de
la natalité sont-ils vraiment si élevés en regard des
bénéfices? Les coûts du partage du travail sont-ils plus
importants que ceux du chômage chronique que connaît le
Québec? Et surtout, les coûts à court terme ne sont-ils
pas, somme toute, beaucoup moins élevés que les coûts
à long terme de la dénatalité?
Les coûts pour l'État de 25 % du programme de remplacement
du revenu pour responsabilités familiales représentent des sommes
annuelles d'au plus 100 000 000 $ ou 150 000 000 $. De tels montants ne
paraissent pourtant pas excessifs quand il s'agit de les donner en subventions
aux entreprises pour la recherche ou pour l'emploi. Dans de telles
circonstances, nos gouvernements croient que la dépense vaut bien
l'objectif poursuivi de santé économique et de création
d'emplois. L'objectif poursuivi ici est tout aussi fondamental. Il s'agit non
seulement de la santé de l'économie, mais de la santé de
la société québécoise et de sa survie. Pour les
entreprises, l'investissement représente quelques centaines de millions
de dollars, c'est un fait. Mais combien leur coûtera à moyen et
à long terme la baisse de la natalité, la baisse de la
consommation, l'augmentation du chômage, l'augmentation des coûts
de santé, le ralentissement de la construction, etc.? D'ailleurs,
l'effet d'une telle augmentation des coûts de main-d'oeuvre doit
être questionné sérieusement. Les pays, que ce soit la
Suède ou la France, qui ont déjà fait leur choix d'assumer
leur part dans le renouvellement de leur population ne semblent pas s'en porter
plus mal. Leurs entreprises demeurent compétitives sur la scène
internationale et leur économie semble en aussi bonne santé sinon
meilleure que celle du Québec.
Il ne suffit pas de dire: Faites des enfants, le pays en a besoin. Les
femmes et les parents en général n'acceptent plus d'être
les seuls à s'appauvrir, les seuls à courir et les seuls à
renoncer à des projets. Toutes les composantes de la
société doivent prendre leurs responsabilités, y compris
les entreprises qui bénéficieront, elles aussi, d'une hausse du
taux de natalité. Et on concluait en vous donnant certains chiffres qui
ont été indiqués dans le documentaire "Disparaître":
à revenu inférieur, les Français ont un meilleur niveau de
vie que les familles québécoises, compte tenu des mesures.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. Il nous restera une vingtaine de minutes pour
échanger certains propos. Une dizaine de minutes, Mme la ministre, et,
de ce côté-ci, la même chose.
Mme Trépanier: Merci, Mme la Présidente. Bienvenue.
Vous avez fait un survol de tous les points. Votre mémoire est
très bien présenté. Mes collègues ont
manifesté l'intérêt de vous poser plusieurs questions.
Alors, je reviendrai uniquement sur un point que vous avez été
les seules à soulever de tous les groupes qui présentent des
mémoires. C'est au sujet du harcèlement sexuel, de la
discrimination. Vous savez que dans la Charte des droits, c'est là qu'on
définit le harcèlement. Vous trouvez intéressant et
nécessaire qu'on l'insère également dans la Loi sur les
normes du travail. Quels avantages y voyez-vous? Pour mettre plus de
précision, pour avoir... Vous partez de recours plus faciles.
Mme Gosselin: C'est pour tenter d'avoir des recours plus faciles
et aussi pour préciser que nous voulons un milieu de travail exempt de
harcèlement sexuel. La charte est une loi générale,
globale, qui fonctionne sur plaintes individuelles si on est victime de
harcèlement, mais il n'y a aucune loi québécoise qui
garantit aux travailleuses quelque chose qui est plus large et plus englobant,
qui spécifierait vraiment les termes du harcèlement sexuel. Parce
que les femmes qui en sont victimes, d'abord, les recours à la
commission des droits, il faut savoir que ça prend facilement deux
à trois ans, une plainte de harcèlement sexuel, avant que
ça ne débouche sur quelque chose; c'est plus décourageant
qu'autre chose, et les femmes le supportent. Mais il n'y a rien, nulle part,
qui dit que c'est de la responsabilité de l'employeur d'assumer un
milieu de travail exempt de harcèlement sexuel. Et ça, on pense
que c'est essentiel.
Mme Trépanier: Merci, madame.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
Fabre, s'il vous plaît.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente. Je suis très
heureux que Mme la ministre puisse nous consentir quelques minutes, surtout
quand on sent qu'il y a eu, quand même, un travail de préparation
assez sérieux. Mais je dois aussi dire qu'on retrouve dans votre
mémoire des choses qu'on a déjà, peut-être,
entendues de certains autres organismes, tel que, je pense, le Regroupement
pour des congés de maternité et parentaux, et tout ça.
Mais j'aimerais quand même revenir, moi, à votre
première demande, qui se situe encore... Et il y en a plusieurs qui
reviennent avec ça, fixer le salaire minimum au seuil de la
pauvreté. Quoique dans votre présentation, Mme Gosselin, je ne
peux pas dire qu'il y avait de l'agressivité, mais il semblait y avoir
des convictions profondes sur ce que vous étiez pour avoir comme
réponse, à savoir que vous disiez que vous connaissiez
d'emblée, en fait, tout ce qu'on pourrait invoquer. Mais je pense qu'on
se doit de regarder une situation telle que celle qu'on présente
aujourd'hui, toujours dans sa globalité,
parce que si on la sort et qu'on l'analyse juste sur une base
très personnelle, et bien c'est sûr que tout ça, je pense,
ça a du bon sens. Mais il faut quand même considérer que si
on veut donner un salaire minimum qui est toujours, aussi, en regard avec ce
qui se fait ailleurs, parce que si, à l'intérieur du Canada, on
s'isole et qu'on ne devient plus compétiteurs, bien, à ce
moment-là, c'est bien certain qu'on va produire, mais notre produit va
demeurer sur la tablette, Alors partant de là, ça crée un
problème à l'inverse. Et de ça, je pense que vous
êtes conscients et conscientes. Alors c'est pour ça que je me dois
quand même de vous souligner qu'entre 1981 et 1986, le salaire minimum
est demeuré le même. En 1986, on l'a augmenté de 8 %; en
1987, de 5 %; en 1988, de 4 %, et en 1989 de 6 %. Avec la proposition que vous
faites, vous suggérez qu'on l'augmente encore de 13 % actuellement.
Alors, je pense qu'on s'est, je n'aime pas le mot, "gearé", mais qu'on
s'est ajusté un peu sur ce que l'Ontario fait, et que tout le monde
s'accorde à dire que l'Ontario, c'est notre compétiteur naturel.
Alors si vous nous demandez d'augmenter de 13 % et de tomber à 5,65 $,
quelles sont les conséquences que vous entrevoyez?
Mme Gosselin: D'abord, il faut savoir si le salaire minimum
s'applique vraiment tant que ça dans l'industrie. Je ne vous dis pas que
ça n'existe pas dans certaines petites PME, mais on le retrouve beaucoup
plus dans le domaine des services, où c'est principalement nous, en
termes de Québécoises et de Québécois, en termes de
restauration et tout ça... Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas une
question de tourisme aussi qui entre en ligne de compte, mais ce n'est pas tant
dans l'industrie et dans la production qu'on retrouve les gens au salaire
minimum, comme tel.
Il y a aussi le fait que c'est désincitatif. Quand vous
êtes à un salaire qui ne respecte même pas le seuil minimal
de la pauvreté, vous avez beaucoup plus de gens qui, plutôt que
d'aller travailler, vont choisir, en tout cas, peut-être de se cultiver
un peu par eux-mêmes ou de demeurer chez eux et de ne pas avoir de charge
de travail. Surtout quand vous pensez aux gens qui ont de jeunes enfants. Pour
chaque dollar gagné, quand vous quittez l'aide sociale pour entrer au
salaire minimum, il y a 0,80 $ qui restent à l'État comme tel
dans différents programmes et différentes mesures. On serait,
à la limite, prêts à accepter que cet
étalement-là puisse se faire sur trois ans. Parce qu'on sait que,
peut-être, d'une année à l'autre, ça peut changer.
Mais ce qu'on voudrait à ce moment-là, et ça c'est notre
contre-proposition, c'est qu'au 1er janvier 1991 ce soit ajusté à
10 % du seuil minimum de pauvreté, au 1er janvier 1992, 5 % et, au 1er
janvier 1993, rejoindre le seuil de pauvreté. C'est sûr que ce
n'est pas parce qu'il y a eu des retards pendant certaines années que
ces gens-là ont à assumer seuls maintenant ce fardeau-là.
On vous rappelle que ce sont des femmes à 70 %, que ce sont des
travailleuses qui sont au salaire minimum et quand on vous demande aussi une
proposition d'équité salariale, c'est intimement lié
à cela.
M. Joly: Je suis conscient, madame, des points que vous apportez
et je pense que nous en sommes tous conscients, d'ailleurs. C'est ce qui fait
que l'échange, comme ça, peut nous permettre d'avoir,
peut-être, des points de vue élargis et c'est ce qui fait que,
suite à ces commissions parlementaires, vous voyez des projets de loi
qui ne sont peut-être pas tout à fait dessinés comme chacun
de vous aimeriez les voir, mais il faut toujours quand même respecter un
peu l'ensemble des points dont je vous faisais mention et qu'il faut prendre en
considération.
Dans votre mémoire aussi, vous parlez de rendre le temps
supplémentaire volontaire, mais avec une petite parenthèse qui
dit: Sauf exception. Vous faites allusion à quoi quand vous parlez
d'exception? (12 h 45)
Mme Gosselin: On veut parler des cas de force majeure qui
mettraient en cause la santé et sécurité s'il y a un ou
des bris d'équipement. Il peut arriver, effectivement, qu'il y ait un
bris d'équipement dans une entreprise, quelque chose, où il faut,
effectivement, protéger immédiatement les biens de l'entreprise
contre une détérioration plus grande et ça peut être
pour la santé. C'est sûr qu'à ce moment-là,
l'employeur n'a pas le temps de se retourner et de demander; il faut
fonctionner. Mais dans les cas normaux, si on pense, par exemple, beaucoup
où ça s'utilise dans les commerces et des choses comme ça,
ça peut, normalement, se prévoir et je suis persuadée
qu'il y a des gens qui vont y aller de façon volontaire. Pensez juste
quand il y a eu le projet d'ouverture des commerces, avant que l'Ontario
remette ça aux municipalités, on disait: On va demander aux gens,
sous forme volontaire, de travailler les fins de semaine. Il semblait qu'il y
en avait. On en trouve des personnes pour ça, habituellement. Mais c'est
de ne pas forcer les gens qui ont des charges familiales de devoir en faire,
mais en tenant compte, cependant, des problèmes majeurs qui pourraient
survenir.
M. Joly: Est-ce que vous verriez dans les exceptions, en fait,
parce qu'il faut toujours penser à l'employeur qui a quand même de
la difficulté à administrer ces formules-là... Il y a un
quart de travail qui en remplace un autre et il y a un employé qui ne se
présente pas. Est-ce qu'à ce moment-là vous verriez
ça un peu comme étant un état majeur où ça
pourrait justifier un employeur de demander et d'insister pour avoir du temps
supplémentaire pour une heure ou pour deux heures?
Mme Gosselin: Ça dépend du quart de travail et du
type d'emploi. Quand on vous dit de protéger la santé et la
sécurité des individus, c'est plus en regard de ça qu'on
le voit, mais, habituellement, quand il y a une demande pour faire du temps
supplémentaire, et je peux vous répondre plus
particulièrement pour la connaissance que j'ai de ma propre organisation
syndicale, c'est extrêmement rare que l'employeur ne trouve pas des gens
qui sont volontaires parce qu'ils veulent se ramasser soit de l'argent ou du
temps pour prolonger leurs vacances ou prolonger d'autres types de
congé. À toutes fins pratiques, c'est rare que vous ne trouviez
pas de personnes pour le faire.
M. Joly: Où avez-vous pris, en fait, la règle pour
en arriver à dire: Accordez quatre semaines de vacances après un
an de service? Quatre semaines de vacances après un an de service; et
les quatre semaines et un an. Est-ce que vous vous inspirez de ce qui se passe
dans d'autres pays ou de ce qui se passe ailleurs?
Mme Gosselin: La loi française est comme ça depuis
1936. Ça a été ajouté à cinq semaines en
1982, ça fait huit ans. C'est ce qui se vit actuellement dans les
secteurs public et parapu-blic. Nous estimons que c'est un minimum pour
être capable de se reposer et de se ressourcer, parce que travailler 50
semaines - on vous a dit qu'on présentait ça principalement en
regard des gens qui ont des enfants - et avoir uniquement deux semaines de
congé, je pense que ce n'est même pas productif pour l'employeur
à moyen terme, parce que vous avez des gens épuisés et
vous allez les payer par absentéisme, possiblement pour d'autres
congés et d'autres types de mesures.
M. Joly: Remarquez bien que je ne trouve pas ça
démesuré. C'est parce que je regardais General Motors qui disait:
Exiger six mois de travail pour avoir droit à une indemnité de
vacances. Partant de là, je pense...
mme gosselin: en fait, c'est sur le même principe, c'est au
prorata du temps travaillé. si la personne a travaillé six mois,
c'est deux semaines.
Une voix: Mais, en France, les cinq semaines, c'est après
combien d'années de service?
La Présidente (Mme Marois): Je pense que M. le
député... Oui, madame.
Mme Gosselin: Un an Une voix: Un an?
M. Marcil: C'est pour tout le monde. Quand tu vas en vacances en
août, tu te ramasses sur les plages...
La Présidente (Mme Marois): M le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Joly: Je n'avais pas terminé, Mme la Présidente.
Il me restait une petite sous-question.
La Présidente (Mme Marois): Ça ne me fait rien.
J'aimerais que vous vous entendiez avec votre collègue. D'accord?
M. Joly: On va s'entendre. La dernière question: Imposer
immédiatement et progressivement une cotisation aux employeurs
concernant le programme de remplacement du revenu pour obligation parentale.
Imposer aux employeurs. Vous semblez différer d'opinions - en tout cas,
la manière dont vous le présentez - avec l'organisme qui vous
précédait, à savoir qu'on favorisait un partenariat
à trois: l'employé, l'employeur et l'État. J'aimerais que
vous élaboriez deux petites minutes.
Mme Gosselin: Pour les motifs suivants, on vous a proposé
un partenariat aussi qui est de 50 % par les employeurs, 25 % par l'État
et 25 % par les travailleurs et travailleuses. Pour ce qui est des travailleurs
et des travailleuses, ils le paient déjà en partie par le
Régime d'assurance-chômage; c'est en attendant. Comme je vous dis,
c'est une mesure transitoire au programme. Pour ce qui est de l'État, il
le paye déjà par le complément, ce qu'il verse aux
travailleuses des secteurs public et parapublic, travailleuses principalement
et à certains travailleurs pour les congés de paternité.
Pour le reste, c'est pour permettre de mettre en place une caisse pour pouvoir
assumer le paiement de ces congés sur une période X.
M. Joly: Vous voyez l'administration confiée à
l'employeur entièrement et...
Mme Gosselin: Non, c'est une caisse d'État, ce qu'on vous
suggère. En ce sens, l'employeur, pour ne pas être pris à
payer - c'est vrai que c'est fastidieux, tous les jours, une journée ici
et là, le congé de paternité - transmettrait à
l'organisme d'administration une facture à la fin de l'année pour
ce qui est des congés de pater nité et des congés pour
responsabilités parentales. Dans le cas du congé de
maternité, cependant, qui est de 20 semaines, c'est l'organisme qui
prend la relève tout de suite.
M. Joly: Merci.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Très rapidement, parce que je ne
voudrais pas prendre du temps de madame. Dans tous les mémoires
qu'on a vus jusqu'à maintenant, la plupart des propositions se
ressemblent en général, sauf qu'il y a des points particuliers.
Vous avez parlé du harcèlement sexuel, je pense, qui est un
élément important. Il y a un autre point sur lequel la plupart
des mémoires oublient ou n'ont pas tellement développé,
c'est le temps partiel. Je sais qu'au niveau de la réforme de
l'avant-projet de loi, s'il y a un élément qui est un peu absent
de l'avant-projet de loi, probablement parce qu'on attend des suggestions ou
des recommandations, c'est l'organisation du temps partiel. Vous dites que
ça semble être bien difficile d'en parler. Y a-t-il une
raison?
Mme Gosselin: Pas vraiment. C'est que, cette fois-ci, on a
axé notre mémoire sur d'autres choses parce qu'on a
déjà présenté des mémoires sur la
réduction du temps de travail et sur le temps partiel. Notamment, au
niveau du temps partiel, notre position est de se dire qu'il faut arrêter
de parler, entre autres, pour les avantages sociaux de prorata, au niveau des
avantages sociaux, qu'il faut revoir d'autres politiques pour assurer à
l'ensemble - ça, nous l'avons déjà d'ailleurs
développé dans d'autres mémoires... Cette fois-ci, comme
c'était beaucoup les droits parentaux, on l'a axé
là-dessus, mais notre position, quant à nous, c'est de revoir les
principes de prorata. Il faudrait peut-être fouiller plus la question,
l'étudier plus dans le cadre d'un projet de loi pour faire des
propositions en ce sens: Comment ça pourrait s'appliquer au niveau des
avantages sociaux et de la sécurité d'emploi. Entre autres, quand
on vous parle d'un an de calendrier pour congédiement sans cause juste
et raisonnable, c'est justement pour prévoir les conditions des
travailleuses et des travailleurs à temps partiel, où on ne veut
pas que ce soit le temps accumulé, parce que quelqu'un qui travaille
deux jours semaines, ça va prendre deux ans et demi. C'est pour
ça qu'on a parlé de calendrier, entre autres.
M. Marcil: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
député. Mme la députée de
Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Mme Gosselin et vous
qui l'accompagnez, je veux d'abord vous dire mon admiration pour
l'Intersyndicale des hommes. J'espère toujours... Des femmes.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: C'est un gros lapsus.
Une voix: Ça n'existe pas.
Mme Harel: Justement, j'allais vous dire, ce qui est
intéressant, c'est que ce soient des femmes qui aient réussi
à transcender leur organisation syndicale pour réaliser
l'Intersyndicale des femmes et qu'il faut en espérer certainement autant
pour qu'un jour il y ait une intersyndicale des organisations syndicales
elles-mêmes.
Vous savez, Mme Gosselin, en vous voyant ce matin, je vous ai dit:
Alors, le quatrième s'en vient parce que, l'an dernier, lors des travaux
de la commission parlementaire sur les services de garde, vous aviez mis
à la disposition des membres de la commission votre expertise sur les
services de garde, compte tenu de vos trois enfants, et, là, vous mettez
à notre disposition votre expertise en matière de congés
de maternité et parentaux.
D'abord, le travail à temps partiel. Ne vous en faites pas parce
qu'il y a un mémoire extrêmement fouillé là-dessus,
celui du CIAFT - et on l'a reçu ce matin - et le Conseil du statut de la
femme avait déjà, hier, assez abondamment parié de cette
question. Sur la question du harcèlement sexuel, la CEQ en a
également beaucoup parlé hier et M. Johnston a, notamment, fait
valoir la nécessité d'introduire, dans la loi sur les normes, les
dispositions concernant également les motifs interdits de discrimination
dans la Charte des droits de même que la question du harcèlement,
pour des raisons d'applicabilité, puisque la charte, finalement, ne
donne pas un recours devant le commissaire du travail et ne donne pas un
recours devant la Commission des normes, et qu'il est peut-être
souhaitable qu'il y ait de tels recours, ce qui, de toute façon permet
à la Commission des droits de vaquer à d'autres tâches
aussi prioritaires dans d'autres milieux, mais que le milieu du travail ne peut
pas se soustraire, finalement, à ses responsabilités dans ces
domaines.
Je vous remercie pour l'annexe 2 dans laquelle vous publiez la
disposition du Code canadien du travail concernant le harcèlement
sexuel. Ça peut certainement être utile pour la suite de nos
travaux. Je veux vous demander si vous en faites une règle
générale parce que, dans votre mémoire, vous dites,
à un moment donné: Les congés sans traitement ont un effet
pervers parce qu'ils ne redéfinissent pas les rôles dans la
société, compte tenu du fait que les femmes ont toujours un
revenu inférieur, à 70 %, à celui des hommes sur le
marché du travail et que les congés sans traitement, bien, ce
sont les femmes qui les prennent. Est-ce que pour vous, c'est une question de
fond qu'il vous semble devoir mettre de côté, les congés
sans traitement?
Mme Gosselin: Non, il faut distinguer. On a parlé dans ce
cas-là pour les congés courts, les congés pour les soins
aux enfants, par exemple, et le congé de paternité qu'on voudrait
aussi qui soit payé, parce qu'autement on sait que les gens
ne le prendront pas. On demande, cependant, l'application de deux heures
de congé sans traitement suite au congé de maternité ou au
congé de paternité. Bien sûr, comme vous l'a dit Mme
Hébert qui nous a précédées tout à l'heure,
on sait très bien, par l'interprétation de nos conventions
collectives, que ce n'est pas tout le monde qui utilise ces
congés-là, mais dans certains cas, surtout en cas de naissances
rapprochées, pour certaines personnes c'est un besoin qui est
nécessaire. En ce sens-là, là-dessus on estime qu'on doit
quand même prévoir pour certains cas et pour certains
aménagements une possibilité d'un congé sans traitement
pouvant aller jusqu'à deux ans suite à la naissance.
Nous sommes cependant plus ou moins d'accord avec la proposition du
Conseil du statut de la femme à l'effet de réserver absolument un
congé au père pour les motifs suivants. Sur le plan du principe
pour le partage des rôles, oui, mais on n'a pas encore refait le
marché du travail au Québec et les hommes gagnent encore plus
souvent et ce qu'on risque, c'est que les hommes ne le prennent tout simplement
pas, comme en Suède d'ailleurs et comme dans d'autres endroits.
Mme Harel: Vous avez des textes là-dessus sur
l'expérience de la Suède. Ça nous
intéresserait.
Mme Gosselin: J'aurais peut-être quelques petites choses
qu'on pourrait vous faire parvenir là-dessus.
Mme Harel:... communiquer peut-être à la
commission.
La Présidente (Mme Marois): peut-être, madame, vous
pourriez les déposer à la commmis- sion et on se chargerait,
nous, de les faire parvenir aux collègues.
Mme Gosselin: Oui, on va s'en occuper. Ce qu'on risque, c'est
qu'il n'y ait qu'une partie, en fait, que ce ne soit que les femmes. Il y a
aussi la question qu'on ne peut forcer des gens dépendants de leur
travail. Notre milieu n'est pas encore changé. Les hommes se retrouvent
beaucoup plus dans des emplois de type compétitivité, dans les
banques, dans des entreprises comme ça, où il va être
très difficile par la pression ou le travail à commissions de
pouvoir, dans les faits, prendre ce congé-là. Il y a quelques
femmes... Je vais vous donner mon exemple: avec mon quatrième qui s'en
vient, soit dit en passant, si je n'avais pas eu de congé de
maternité payé, je ne me serais pas rendue là, je n'aurais
pas pu l'assumer. J'ai un travail dans une organisation syndicale; je ne peux
pas en prendre de congé sans solde; je ne peux pas m'absenter longtemps.
C'est mon conjoint qui va devoir le faire. Mais s'il y avait un congé
nécessairement pour moi, je ne pourrais pas le prendre plus. C'est un
cas individuel. Habituellement, ce sont les hommes qui le vivent, mais ce sont
des choses dont il faut tenir compte.
Mme Harel: Ah, vous pensez que ça devrait être
interchangeable homme-femme?
Mme Gosselin: Interchangeable homme-femme.
Mme Harel: Ah, ce n'est pas bête, ça.
Mme Gosselin: Je ne vous dis pas que ce ne sera pas
principalement les femmes, mais, si on a une belle politique
d'équité salariale, si on a une loi proactive et que les femmes
arrivent au même revenu, puis insèrent après les programmes
d'accès à l'égalité les mêmes emplois, je
suis bien prête à revoir ça dans cinq ans pour qu'il y ait
un partage plus grand. C'est simplement pour tenir compte des
caractéristiques actuelles du marché du travail.
Mme Harel: C'est intéressant parce que Mme Marois, qui est
rentrée une semaine après son accouchement, aurait
peut-être pu suggérer...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Très certainement.
Mme Harel:... son conjoint.
La Présidente (Mme Marois): D'abord, en politique, ce
n'est pas nécessairement très facile, non plus, de laisser. Ha,
ha, ha!
Mme Harel: C'est en général les femmes qui en
réclament des congés de maternité qui peuvent le moins les
prendre pour elles-mêmes, étant donné les emplois qu'elles
occupent, qui en réclament pour les autres.
Mme Gosselin: Oui.
Mme Harel: Vous avez certainement, en tout cas, été
le groupe qui nous avez soumis le mémoire le plus fouillé sur le
temps supplémentaire. Sur cet aspect-là, vous dites et je dois
bien comprendre que vous proposez une journée maximale...
Mme Gosselin: Maximale de huit heures.
Mme Harel: Oui, ce n'est pas la journée normale. On se
comprend. C'est bien ça? On sait ce que les mots veulent dire.
Mme Gosselin: Oui.
Mme Harel: C'est-à-dire qu'il a droit de refuser de faire
du temps supplémentaire, mais le temps supplémentaire est
payé après la semaine normale de 40 heures.
Mme Gosselin: De 40 heures et après les huit heures.
Mme Harel: Après les huit heures? Mme Gosselin:
Aussi.
Mme Harel: Donc, pour vous, la journée maximale, ça
coïncide avec la journée normale.
Mme Gosselin: La journée normale.
Mme Harel: Bon. Puis, vous nous proposez que, dans la loi, il y
ait... Ça, c'est vraiment un renversement, je pense. Étant
donné que vous êtes dans une intersyndicale, vous connaissez,
évidemment, le sens de ces dispositions législatives. Il y a un
renversement où, finalement, c'est l'employeur qui, dans un recours, va
devoir démontrer que, oui, c'était un cas de force majeure et
que, oui, il y avait des bris d'équipement.
Mme Gosselin: Tout à fait.
Mme Harel: C'est ça. Alors, vous souhaitez que, dans la
loi, il y ait maintenant des dispositions qui déterminent les
exceptions...
Mme Gosselin: C'est ça.
Mme Harel: ...avec les conséquences que ça pourra
avoir. Par exemple, dans l'actuelle négociation avec les employés
d'entretien de la STCUM, l'enjeu, c'est le temps supplémentaire,
n'est-ce pas?
Mme Gosselin: En bonne partie, oui.
Mme Harel: En bonne partie, dit-on, parce que le ministre des
Transports, hier, a parlé d'une loi spéciale et je me demandais
ce matin: Est-ce qu'ils peuvent faire une loi spéciale pour obliger les
travailleurs à faire du temps supplémentaire? Parce que tout ce
qu'ils ne font pas, c'est le temps supplémentaire.
Mme Gosselin: C'est un peu comme le conflit des
infirmières. Quand on est rendu dans un système où le
système ne fonctionne pas de façon normale, entre guillemets,
sans surtemps, je pense qu'il faut se poser des questions sur l'organisation
globale du système, sérieusement.
Mme Harel: Oui, parce qu'on nous dit que, chaque jour, il y a 300
autobus qui sont mis de côté, non utilisés. Mais si c'est
régulier, comment se fait-il qu'ils font du temps supplémen-
taire pour les mettre en circulation? Alors, on verra de toute façon.
Mais le temps supplémentaire, c'est l'enjeu, d'une certaine
façon. Il y en a d'autres, le congé de maladie et bien d'autres
choses. Mais ce sera certainement un enjeu d'actualité, parce qu'il y a
beaucoup de conflits de travail qui, maintenant, se font sur la question du
temps supplémentaire. Est-ce que j'ai du temps
supplémentaire?
La Présidente (Mme Marois): Vous avez encore une minute,
Mme la députée.
Mme Harel: Une minute seulement. Bien. Alors, tout simplement
pour vous remercier et vous dire combien les travaux que vous soumettez,
l'Intersyndicale des femmes, sont fouillés et combien c'est une
contribution importante pour la commission.
Mme Gosselin: On vous remercie. On va vous déposer,
d'ailleurs, quelques feuillets tout de suite sur les ajouts
supplémentaires.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci de votre
présentation et de votre contribution à la commission. Nous
suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 11)
La Présidente (Mme Marois): La commission des affaires
sociales va reprendre ses travaux. Nous entendrons trois groupes cet
après-midi. J'inviterais les personnes représentant le premier
groupe à venir prendre place à l'avant, s'il vous plaît,
soit la Confédération des organismes familiaux du
Québec.
Je vais demander à la présidente, d'une part, de se
présenter aux membres de la commission et de présenter les
personnes qui l'accompagnent. Par la suite, vous aurez une vingtaine de minutes
pour présenter votre mémoire et cette présentation sera
suivie par un échange et des questions de la part des membres de la
commission. Bienvenue.
Confédération des organismes familiaux
du Québec
Mme Godbout-Perreault (Pierrette): Bonjour, Mme la
Présidente, Mmes et MM. les députés. Je suis
accompagnée, pour cette commission parlementaire, de Diane Germain, qui
est secrétaire générale de fa COFAQ, et de Pierre
Brassard, qui est un agent de recherche.
J'avais l'occasion, la semaine dernière, devant cette commission,
de venir défendre un mémoire que la COFAQ avait
présenté, où on demandait qu'on reconnaisse les organismes
familiaux, que l'on finance leurs structures, que
l'on tienne compte davantage de la famille dans les projets de loi,
qu'on parle de prévention. Alors, aujourd'hui, nous venons faire une des
actions pour lesquelles nous demandons qu'on finance nos structures.
Je vous demanderais aussi, s'il était possible - parce que nous
avons pensé de vous offrir une présentation un peu plus dynamique
- que, lorsque Mme Germain et M. Brassard interviendront, ils puissent
intervenir simultanément. Est-ce que ça serait possible?
La Présidente (Mme Marois): C'est tout à fait
possible, madame.
Mme Godbout-Perreault: Très bien. Alors, je
précise, pour ceux qui ne le sauraient pas, que la COFAQ regroupe des
fédérations provinciales et régionales d'organismes
familiaux, des associations locales et régionales de familles qui sont
implantées dans tout le Québec.
La COFAQ est née en 1971 du désir des organismes familiaux
de se doter d'une structure démocratique de représentation qui
puisse être le porte-parole des familles. C'est donc au nom des familles
que nous venons vous parler de ce projet de loi et nous avons aussi permis aux
familles et aux organismes de travailler ensemble à l'élaboration
d'un projet de société que nous nommons politique familiale
globale.
Les principes de cette politique familiale globale dont nous faisons la
promotion sont: la reconnaissance du rôle social de la famille, la
reconnaissance des parents comme premiers responsables des enfants, la
reconnaissance de l'enfant comme personne unique à part entière,
la reconnaissance de l'égalité des adultes parents à
l'intérieur de la famille et le respect des choix libres des personnes
quant à leur mode de vie familiale. Et puisque les familles sont une
composante essentielle de la société, les enfants, un
enrichissement collectif indéniable, l'État doit être le
maître d'oeuvre de cette politique familiale et la collectivité,
s'engager à tenir compte des familles.
Parler du monde du travail pour la COFAQ, ce n'est pas un début.
Dès 1980, parce que nous avons publié notre manifeste "Pour la
défense de la nouvelle famille", nous demandions à l'État
de reconnaître l'acte social d'avoir un enfant en accordant à la
famille des droits fondamentaux dans tous les aspects de sa
réalité En 1984, nous avions un congrès dont un des
ateliers avait comme thème "Famille et travail". En 1985, les membres
des organismes ont souligné l'importance des responsabilités
parentales dans la commission de consultation sur la politique familiale et, en
1987, notre assemblée générale a entériné un
document qui s'intitulait "Le monde du travail et les responsabilités
parentales". Au cours de 1989, il y a eu plusieurs activités. Nous avons
joint le regroupement pour l«s congés do maternité et les
congés parentaux. Nous avons aussi publié un document qui portait
le nom: "Pour que les parents puissent mieux concilier monde du travail et
responsabilités parentales". Nous avons rencontré le Conseil du
statut de la femme dans le cadre de sa tournée de consultation et nous
avons écrit un mémoire, formé un comité qui a
écrit un mémoire, que nous déposons devant vous
aujourd'hui. Maintenant, il y a aussi eu entre-temps l'avant-projet de loi, qui
a été rendu public en juin dernier, et la publication du document
"Familles en tête", qui parle aussi du travail.
Premièrement, l'énoncé de politique parle aussi du
champ d'application de la politique familiale. On dit que, dans le domaine du
travail, on doit viser à faciliter la conciliation des rôles de
parents et de travailleurs et de travailleuses. Donc, c'est à ce titre
que nous venons faire part au gouvernement de la position des familles quant
aux congés parentaux et familiaux. C'est donc par rapport à ce
volet du projet de loi que nous interviendrons quant aux positions que nous
vous demandons d'ajouter pour tenir compte vraiment, dans notre
société, de la place que devraient occuper les familles et tenir
compte du rôle que doivent tenter d'assumer les parents quand ils sont
aussi sur le marché du travail. C'est Mme Germain et M. Brassard qui
vous les présenteront.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Germain (Diane): Est-ce que l'autre micro pourrait être
allumé simultanément?
La Présidente
(Mme Marois): ça fonctionne,
vous n'avez pas à vous en préoccuper, dès que vous
commencez à intervenir les micros prennent bien vos voix.
Mme Germain: D'accord. Donc, pour introduire très
brièvement la dimension travail et famille, peut-être que
plusieurs d'entre vous avez des enfants, en tout cas, c'est mon cas. Donc, nul
besoin d'insister sur la dimension de la dose de stress importante qu'injecte
le travail dans la vie familiale. Nul besoin de s'attarder non plus sur la
rigidité des horaires, des normes, des conditions de travail,
coinçant littéralement les parents entre leurs
responsabilités familiales et professionnelles. Nul besoin,
également, de mentionner que beaucoup d'onfants sont laissés pour
compte et plus ou moins soignés lorsqu'ils ne sont pas assez malades, ou
lorsqu'ils sont assez grands pour se passer de papa et maman à la
maison. Autant de conditions, la liste est longue, quand on
énumère les conséquences du monde du travail sur la
famille.
La Présidente (Mme Marois): Si vous voyez les membres de
la commission s'interroger mutuollomonl. c'est quo chacun so (iomundo combien
d'enfants... Ha, ha, ha!
Mme Germain: Combien d'enfants...
La Présidente (mme
marois): non, combien d'enfants
ils ont, là. c'est vous qui avez suscité ce questionnement. alors
les gens disent: bien moi cinq, moi trois, moi quatre.
Mme Germain: Ah! bien, tiens! C'est intéressant de se le
dire.
Mme Trépanier: La moyenne est pas mal.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha! La moyenne est
assez élevée, je pense.
Mme Germain: Oui? Donc chacun de nous avons une expérience
personnelle et ça tombe dans un terrain sensible que cette dimension
travail versus famille. Effectivement, c'est un lien quotidien que les gens ont
à vivre entre le travail et la famille. C'est pourquoi, étant
donné que c'est une dimension prioritaire, entre autres, la politique
familiale, nous considérons que l'État québécois
doit être maître d'oeuvre d'une politique de congés
parentaux.
Dans un premier temps, nous voulons mettre en lumière que les
mesures et programmes existant actuellement sont morcelés entre deux
paliers de gouvernement: le gouvernement fédéral et le
gouvernement provincial. En plus, au niveau du gouvernement provincial, il y a
un morcellement à l'intérieur même du gouvernement
provincial entre les différents niveaux, que ce soit le versement de
l'allocation pour palier la carence lors du congé de maternité,
que ce soit au niveau du retrait préventif qui est géré
par la CSST, en fait, toutes sortes de mesures qui font que ça alimente
un certain éparpillement et que ça ne donne aucune base pour
démontrer une volonté réelle de mettre sur pied une
politique de congés parentaux. Et cet éparpillement engendre
également la fragmentation des moments de vie d'une famille, et non pas
le respect de son développement.
Donc, on déplore, entre autres, au niveau de l'avant-projet de
loi... On aimerait qu'il y ait une section de l'avant-projet de loi qui parle
directement de la dimension parentale et qui mette des mesures qui concernent
plus spécifiquement le lien parent-enfant parce qu'on sait très
bien que c'est cette dimension, entre autres choses, qui amène
énormément d'absences au travail, que c'est cette dimension qui
gruge le temps et l'énergie et appeler cela juste un domaine familial
fait qu'on met tout dans le même sac et ça n'incite pas
l'État à prendre des engagements concrets à l'égard
du lien parent-enfant versus le monde du travail.
Entre autres choses, nous considérons que la pierre angulaire de
cette préoccupation pour le lien parent-enfant se retrouve au niveau du
volet maternité. Non pas que nous disions que la famille repose
uniquement sur les épaules des femmes, non, mais nous disons que la
pierre angulaire de l'élaboration d'une véritable politique de
congés parentaux se situerait, dans un premier temps, dans la
récupération du volet maternité au niveau de
l'assurance-chômage pour que ce puisse être... Et il y a d'autres
groupes qui ont défendu également cette position-là avant
nous, mais nous voulons la resouligner parce que, en tant que famille, nous
considérons que si le volet maternité n'est pas
intégré dans un même régime, ça n'incite pas,
encore une fois, l'État à un engagement clair et consistant
à l'égard des familles.
C'est dans ce sens que nous recommandons donc, dans la foulée du
Conseil du statut de la femme, dans la foulée, également, du
Regroupement pour des congés de maternité et parentaux que vous
avez entendu ce matin, que soit créé un régime
intégré d'assurance parentale.
M. Brassard va vous faire la lecture plus spécifique de nos
recommandations qui concernent cette fin de chapitre.
M. Brassard (Pierre): D'accord. En ce qui concerne la
création d'un régime d'assurance parentale au Québec, nos
recommandations sont les suivantes. Nous recommandons que l'État
québécois devienne le maître d'oeuvre d'une politique
intégrée et cohérente de congés parentaux. Pour ce
faire, évidemment, nous recommandons aussi que le gouvernement rapatrie
le volet maternité et, éventuellement, le volet parental avec la
réforme de la Loi sur l'assurance-chômage du gouvernement
fédéral et, de plus, que le gouvernement injecte les fonds
récupérés dans l'infrastructure de contribution tripartite
que nous demandons, c'est-à-dire dans le financement du régime
éventuel, que les fonds de l'assurance-chômage participent au
financement et que le gouvernement mette en place tous les mécanismes
pour que l'ensemble des travailleurs et travailleuses de toutes
catégories ainsi que leurs employeurs et l'État puissent
contribuer adéquatement au financement dudit régime.
De plus, que la Commission des normes du travail, responsable de
l'application de la Loi sur les normes du travail, se voit confier un mandat
élargi, aussi, de promotion et de défense des droits des
travailleurs, en rapport aux congés parentaux. Évidemment,
ça dépasse aussi les congés parentaux mais, nous, on
recommande là-dessus précisément. Nous recommandons aussi
que la Régie des rentes participe à la gestion du programme,
c'est-à-dire au prélèvement des cotisations et au paiement
des prestations aux travailleurs salariés et travailleuses, que la Loi
sur les normes du travail soit amendée pour que les articles traitant
des droits parentaux s'appliquent au plus grand nombre possible de travailleurs
et travailleuses. On sait qu'actuellement il y a des limitations... Il y a des
catégories de travailleurs qui ne sont pas touchés par la Loi
sur les normes du travail, donc nous désirons que son champ
d'application soit élargi. En fait, c'est ça au niveau de cette
partie de nos recommandations. Si tu veux continuer.
Mme Germain: Plus précisément, en ce qui concerne
les congés parentaux dont vous avez entendu parler par d'autres groupes,
je veux simplement vous présenter la problématique sous un angle
qui est typiquement familial, parce que nous parlons vraiment au nom des
familles. En ce qui nous concerne, au niveau des congés parentaux, ce
qui justifie largement, au plan social, l'existence d'une telle mesure dans un
régime intégré d'assurance parentale, c'est la situation
sociale actuelle des familles où elles se retrouvent ni plus ni moins
que dans un étau, en ce sens que si on regarde les
responsabilités accrues qui retombent sur les épaules des parents
et des adultes productifs actuels et même à venir, étant
donné le vieillissement de la population et le fait que la population
productive va diminuer, les jeunes restent de plus en plus longtemps à
la maison. Il n'est pas rare, également, étant donné la
désinstitutionnalisation, que les aînés deviennent à
la charge des familles. En plus, comme société, comme
État, on préconise davantage la natalité. Alors, on voit
un petit peu les pressions accrues qui sont sur le dos des familles. Une
famille, des adultes n'ont pas le choix de gagner leur vie. C'est une
nécessité; donc, on doit aller travailler. Quand on
considère, d'une part, ce poids accru et, d'autre part, la
nécessité d'aller travailler, on se trouve obligés de
donner un support adéquat aux familles dans ce contexte, si on ne veut
pas que les gens, en travaillant, y laissent leur peau.
Pour nous, c'est: un plus un égale deux. En ce sens, les
congés de maternité demeurent une mesure absolument
nécessaire et on préconise que ce soient 20 semaines plutôt
que 18 semaines et d'autres groupes l'ont demandé également.
Également, dans la foulée du Conseil du statut de la
femme, on demande qu'il y ait une mesure universelle d'ajoutée en ce qui
concerne une allocation pour toutes les femmes qui donnent naissance à
un enfant au Québec. Je pense qu'hier le Conseil du statut de la femme a
dû vous en parler et nous nous joignons à cette même demande
et, pour nous, le principe auquel nous adhérons ici est un principe
d'égalité entre toutes les femmes qui donnent naissance à
un enfant et c'est un principe fondamental en ce qui concerne le respect du
choix des modes de vie.
Également, en ce qui concerne le congé de maternité
qui se verrait inclus dans le régime d'assurance parentale, nous
demandons, dans la foulée d'autres organismes pour travailleurs, comme
entre autres les syndicats et le Regroupement pour des congés de
maternité et parentaux dont nous faisions partie, que ce soient 10
semaines de contribution et d'emploi continu et non pas 20 semaines qui
puissent permettre à la travailleuse, entre autres, d'avoir droit aux
prestations du régime d'assurance parentale.
En ce qui a trait à la dimension d'universalité du
congé de maternité, là, nous ne parlerions plus de
prestations, mais bien d'allocations, puisque c'est donné à
toutes les femmes qui accouchent. Alors, en ce qui concerne cette dimension du
congé de maternité, M. Brassard va vous faire le
résumé des recommandations.
M. Brassard (Pierre): O. K. La COFAQ recommande donc, pour les
congés de maternité, que la Loi sur les normes du travail soit
amendée pour que le congé de maternité soit porté
à 20 semaines sans perte de revenus et accessible à toutes les
travailleuses; que 10 semaines consécutives d'emploi effectuées
dans l'année précédant la naissance et assurables à
l'éventuel régime d'assurance parentale soient requises comme
condition d'admissibilité de la travailleuse aux prestations de
maternité; ensuite, que le congé de maternité en tant que
formule universelle qui s'adresse à toutes les femmes, travailleuses ou
non, soit d'une dimension incluse au régime d'assurance parentale; que
les allocations de maternité liées à l'universalité
du congé de maternité soient versées à toutes les
femmes, travailleuses ou non, sans égard à leurs revenus; qu'une
partie des fonds actuellement alloués par le gouvernement du
Québec aux primes à ta naissance servent à financer la
nouvelle allocation de maternité.
Mme Germain: O. K. Maintenant, toujours dans le volet des
congés parentaux, il y a la dimension du retrait préventif, c'est
inclus dans notre mémoire, mais comme on a peu de temps, on n'insistera
pas davantage là-dessus. On va insister davantage sur les congés
pour soins d'enfants, mesure dont vous avez probablement entendu parler
également par le Regroupement pour des congés de maternité
et parentaux et également le Conseil du statut de la femme.
En ce qui nous concerne, en tant que représentants des voix des
familles, nous voudrions faire valoir que cette mesure est extrêmement
importante, en ce sens qu'elle permet une égalité des conjoints,
parce que cette mesure est accessible tant au père qu'à la
mère. Je n'insisterai pas sur l'explication de cette mesure, parce que
je pense que vous en avez déjà entendu parler, mais nous
recommandons que ce soit 16 semaines qui soient des semaines de congé
pour soins d'enfants. D'accord? Et qu'il soit accessible au père et
à la mère, mais moitié-moitié, c'est-à-dire
c'est le principe de non-transférabilité dont le Conseil du
statut de la femme vous a probablement fait mention. (15 h 30)
Pour nous, c'est une mesure novatrice et qui est très
intéressante parce que c'est une mesure incitative pour les pères
et c'est une
mesure aussi qui promeut l'égalité entre les conjoints au
niveau des responsabilités parentales. C'est une mesure qui permet aussi
d'établir que le milieu du travail soutienne réellement
rétablissement de bases stables entre un parent et son enfant.
Dans ce sens, avec les 16 semaines que nous recommandons, le père
pourrait prendre 8 semaines et la mère 8 semaines, mais si l'un ou
l'autre ne les prend pas, elles ne peuvent pas être
récupérées par l'un ou l'autre.
Alors, la recommandation se résume comme suit...
M. Brassard (Pierre): O. K. En ce qui concerne les congés
pour soins d'enfants, la COFAQ recommande que toute travailleuse ayant
effectué des cotisations au régime d'assurance parentale pendant
10 semaines consécutives d'emploi ait droit à 8 semaines de
prestations pour soins d'enfants à la suite de son congé de
maternité et aussi que tout travailleur ayant cotisé au
régime d'assurance parentale pendant 10 semaines consécutives ait
droit aussi à 8 semaines de prestations pour soins d'enfants; que les
semaines et les prestations réservées à l'un ou à
l'autre parent soient non transférables entre eux; que les semaines et
les prestations puissent être touchées à taux réduit
si l'employé a été autorisé à prendre son
congé parental sous la forme d'une journée ou d'une semaine de
travail aménagée.
Mme Germain: Nous aborderions maintenant le volet des
congés d'adoption et nous aimerions insister ici parce qu'on croit qu'on
est un des seuls organismes a requérir la recommandation suivante: Nous
avons lu différentes positions, avis et mémoires et nous avons
remarqué que... Enfin, il y en a très peu qui prennent en
considération la dimension du nombre de semaines requises par les
centres de services sociaux, à savoir, en ce moment, 24 semaines de
présence continue d'un des deux parents auprès de l'enfant au
moment de l'adoption, ce qui fait que la demande qu'on fait à la
présente commission et le volet qu'on aimerait voir inclure dans le
nouveau projet de loi sur les normes du travail, c'est qu'on ne sait pas si
ça demeurera toujours 24 semaines. Ça, ça peut changer, je
crois, avec les services sociaux, mais qu'il y ait une dimension où la
loi tienne compte de ce qui est demandé à un parent au niveau des
services sociaux et ce qu'on lui donne comme possibilité d'absence et
que ce soit, encore là, une absence avec prestations possibles, que
ça soit inclus dans le régime d'assurance parentale, mais qu'il y
ait un souci de jonction entre les exigences des services sociaux et les
possibilités qu'on donne à un salarié ou à une
salariée vis-à-vis de ses conditions de travail.
Alors, notre recommandation est la suivante...
M. Brassard (Pierre): Pour le congé d'adoption, il est
recommandé par la COFAQ: que la Loi sur les normes du travail soit
amendée afin que soit reconnu le congé pour adoption d'enfant
(s), accompagné d'un mécanisme d'ajustement de ce congé en
conformité avec les exigences des centres de services sociaux; que ce
congé s'applique pour l'adoption d'enfant(s) de moins de six ans
également accessible au père ou à la mère; de plus,
que tout travailleur ou travailleuse qui a accompli au moins 10 semaines
d'emploi assurables au régime d'assurance parentale dans l'année
précédant l'adoption d'un enfant soit éligible à
des prestations, sans perte de revenus et ce, pour la totalité du
congé d'adoption.
Mme Germain: II est à noter que, pour nous, cette
dimension de 24 semaines de congé d'adoption est distincte du
congé pour soins d'enfants. Ça, c'est distinct du congé
pour soins d'enfants parce que, sinon, ça fait un nombre de semaines
énorme qui surpasse le nombre de semaines auquel une personne pourrait
avoir droit, parce qu'elle donne naissance à un enfant. Notre souci est
vraiment un souci d'équation entre les services sociaux puis la loi,
puis qu'un individu ne se retrouve pas pénalisé parce qu'il
adopte et non parce qu'il donne naissance. Voilà.
Maintenant, c'est le volet des visites médicales pendant la
grossesse. La logique est très simple. C'est qu'en fait une travailleuse
qui est enceinte puisse se prémunir de dispositions lui permettant de
s'absenter pour... Nous, notre recommandation, c'est 5 jours ou 10
demi-journées. La logique de ça, c'est qu'une travailleuse
enceinte n'ait pas nécessairement à prendre dans sa banque de
journées de maladie pour s'absenter, parce qu'il faut qu'elle aille voir
son médecin, inévitablement, ou parce qu'elle a un malaise et, en
ce sens, amputer sa propre santé quand elle sera vraiment malade.
Donc, vraiment, ce sont des mesures distinctes. Et tout ça va
dans le sens d'un État québécois qui supporte
réellement les parents dans leur choix de donner naissance à un
enfant. Donc, notre recommandation est la suivante...
M. Brassard (Pierre): Que soient accordés 5 jours de
congé payés ou 10 demi-journées pour les examens de
contrôle et les traitements médicaux reliés à la
grossesse.
Mme Germain: Volet congé de paternité. En ce qui
nous concerne, nous demandons que l'actuel congé de paternité
soit porté à 5 jours rémunérés et 5 jours
non rémunérés, lors de la naissance ou de l'adoption d'un
enfant. Et la logique de ça, c'est que si, comme État
québécois, on supporte la natalité, on veut plus
d'enfants, on veut plus de familles nombreuses, eh bien, on peut penser
qu'à la suite de la naissance d'un troisième enfant, par exemple,
il y
en a deux autres avant qui sont là et qui demandent des soins.
Donc, il serait pertinent qu'un père puisse être là pendant
5 jours, ne serait-ce que pour supporter la mère dans ses relevailles et
prendre soin des deux autres qui sont présents. Il s'agit d'être
cohérents avec les souhaits qu'on a comme société
québécoise. Notre recommandation est donc la suivante...
M. Brassard (Pierre): Concernant le congé de
paternité, la COFAQ recommande: que la Loi sur les normes du travail
soit amendée pour que soit assuré un congé de
paternité de 5 jours rémunérés et 5 jours non
rémunérés, lors de la naissance ou de l'adoption d'un
enfant.
Mme Germain: Maintenant, le volet congés parentaux sans
solde. En tant qu'organisme familial, évidemment, nous plaidons en
fonction du temps possible et auquel un travailleur ou une travailleuse peut
postuler s'il fait le choix de rester plus longtemps avec son enfant. Donc, ce
serait une mesure, au niveau des congés parentaux sans solde,
également accessible au père ou à la mère, mais,
pour nous, on demande que ce soient 2 ans de congés parentaux sans
solde. Notre rationnel est évidemment pour que les gens qui
décident de le faire puissent se prémunir d'assises stables dans
leurs relations éducatives. Notre recommandation est donc la
suivante...
M. Brassard (Pierre): En ce qui concerne les congés
parentaux sans solde, la COFAQ recommande: que la Loi sur les normes du travail
soit amendée de telle sorte que les parents travailleurs et
travailleuses puissent se prévaloir d'un congé parental de 2 ans
sans solde, selon les modalités suivantes: que ce congé puisse
être pris à la suite du congé de maternité, par la
mère ou le père, ou les deux en le partageant; ensuite, qu'au
terme du congé, la réintégration à l'emploi ou son
équivalent soit assurée.
Mme Germain: Une dernière disposition au chapitre des
congés parentaux, il s'agit des congés pour
responsabilités familiales. On inclut dans ça non seulement la
dimension du deuil qui demande inévitablement une absence quand il y a
de la mortalité, mais on inclut une dimension élargie des
responsabilités familiales en ce sens. Il y a beaucoup de dispositions
qui supportent les parents dans la naissance ou l'adoption d'un enfant la
première année, à la suite de la naissance d'un enfant, ou
la deuxième année, mais les responsabilités familiales ne
s'arrêtent pas là. Des fois, on peut avoir un enfant qui est
hospitalisé. Parfois aussi, ce sont les soins aux personnes
aînées où, dans l'optique de notre société,
ça devient de plus en plus fréquent. En ce sens, les
responsabilités familiales sont beaucoup plus englobantes que les seuls
moments de deuil ou les deux premières années qui suivent la
naissance d'un enfant. Alors, c'est cette optique qui nous amène
à requérir que ce soient 5 jours de congé sans solde dont
un travailleur ou une travailleuse puisse se prémunir pour effectuer ses
responsabilités familiales.
Pour les autres volets, je vois qu'on a pas mal fini notre temps
d'intervention.
La Présidente (Mme Marois): Oui, vous avez un petit peu
dépassé même. Je vous laissais filer parce que je me
disais: II reste un ou deux points, si vous pouviez les ramasser en quelques
minutes.
Mme Germain: Pour le reste, ce sont les mesures de protection
nécessaires en ce qui concerne la réintégration au travail
à la suite d'un congé parental de longue durée ou
même un congé de maternité. Ça, le Regroupement et
le Conseil du statut de la femme vous en ont parlé et on s'inscrit dans
la foulée de leurs demandes.
J'aimerais peut-être conclure, finalement... Pour les autres
dimensions, il y a aussi d'autres organismes qui les mettent de l'avant.
J'aimerais conclure - c'est plus là-dessus que je mettrais les deux
petites dernières minutes - que je demande à la présente
commission, et je me demande: Est-ce que ce sont toujours les familles, dans le
fond, qui doivent se contorsionner dans leur vie quotidienne pour s'ajuster aux
vicissitudes du monde du travail? Est-ce que, par le biais d'une
législation, par le biais de la réelle volonté
politique... Quels sont les engagements que le gouvernement est en mesure de
prendre pour soutenir réellement cette faisabilité de travailler
et d'être en même temps parent? Et, en ce sens, je vous
réfère au plan d'action "Familles en tête", où il y
a la phrase suivante qui est fort éloquente et qui dit: "II faut en
arriver à ce que les parents et les enfants ne soient plus les victimes
de conditions de travail qui, faites sur mesure pour des personnes qui n'ont
aucune responsabilité parentale, sont mal adaptées à la
situation de ceux et celles qui assument de telles responsabilités." Je
demande donc dans quel sens pourraient aller les engagements du gouvernement de
manière à soutenir réellement les travailleurs et les
travailleuses qui sont aussi parents.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. J'inviterais maintenant le ministre de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle
à échanger avec vous.
M. Bourbeau: Avec votre permission, Mme la Présidente, on
va laisser ma collègue...
La Présidente (Mme Marois): Certainement.
M. Bourbeau: ...la ministre déléguée
à la Condition féminine et à la Famille, le plaisir de
poser des questions à nos invités.
La Présidente (Mme Marois): Dix minutes.
Mme Trépanier: Bienvenue aux gens de la COFAQ, un
regroupement extrêmement important au niveau des familles. Vous
êtes partout sur le territoire québécois. Vous
représentez beaucoup de familles et c'est important d'avoir votre
position, votre point de vue sur les normes minimales.
Vous nous avez parlé de la politique familiale. Le plan d'action,
un volet important concerne les normes minimales du travail. Nous faisons une
priorité, cette année, de ce volet-là. C'est le cadre
donnant les droits aux uns et aux autres. Il est évident que c'est une
première étape dans l'esprit de plusieurs pour arriver plus tard
à une prise en charge plus grande par l'État.
Vous avez abordé vraiment les congés parentaux. Vous en
avez fait le point principal et l'unique point de votre présentation.
Vous faites vôtres la position du Conseil du statut de la femme et celle
du Regroupement. Vous nous l'avez dit à quelques reprises. Mais il y a
quand même des divergences. Il y a quand même des
différences entre les deux positions. L'esprit est le même. Vous
parlez de congés parentaux rémunérés. Ça,
c'est important. Je pense que c'est ça, l'esprit de ce que vous voulez
avancer.
Il y a certains petits points que je voudrais éclaircir avec
vous, avant les congés parentaux, concernant les normes en
général. Il y a un point. Vous avez parlé de champ
d'application que vous vouliez voir élargir. Vous n'avez pas
été beaucoup plus loin que ça. La COFAQ travaille au
niveau des familles, donc des familles qui se servent très souvent de
gardiennes à la maison. Quand vous parlez d'élargissement des
normes du travail, est-ce que vous incluez aussi les gardiennes d'enfants?
Comment voyez-vous ça? Nous, on voit des problèmes. On a de la
difficulté à trouver des solutions dans ce champ d'action
là et on compte sur cette consultation pour nous aider à trouver
des solutions pertinentes. Est-ce que vous jugez bon d'inclure tout le monde
dans la loi des normes, les domestiques et les gardiennes d'enfants?
Faites-vous des différences? Faites-vous des exclusions? Comment
voyez-vous ça?
Mme Godbout-Perreault: Si on est en lien avec les demandes qu'on
fait, c'est que toutes les femmes soient éligibles au régime
d'assurance parentale. Donc, si elles sont éligibles, ça veut
dire qu'elles ont droit de cotiser.
Mme Trépanier: Là, vous dites qu'elles ont droit
à l'assurance parentale...
Mme Godbout-Perreault: Oui.
Mme Trépanier: ...et à
l'assurance-matemi-té.
Mme Godbout-Perreault: Oui.
Mme Trépanier: Là, je fais abstraction de ça
et je parle des normes minimales du travail. Vous avez dit que vous
étiez en accord avec un élargissement des normes minimales du
travail. Est-ce que vous pensez que des gardiennes d'enfants devraient
être incluses? Le projet des normes minimales veut inclure les
domestiques excluant les gens qui gardent les enfants, qui font de la garde
exclusive d'enfants.
La Présidente (Mme Marois): Mme Germain ou M.
Brassard.
Mme Germain: M. Brassard va répondre. La
Présidente (Mme Marois): M. Brassard.
M. Brassard (Pierre): O.K. En fait, dans notre optique, Mme la
ministre, c'est qu'on s'était penchés surtout au niveau des
congés parentaux comme tels...
Mme Trépanier: Vous n'avez pas du tout
discuté...
M. Brassard (Pierre): ...et, en fait, on a repris un peu ce que
d'autres organismes, comme le CSF, avançaient dans leurs
recommandations...
Mme Trépanier: O.K.
M. Brassard (Pierre): ...comme de quoi il était important
que la loi des normes du travail s'adresse au plus grand nombre de travailleurs
possible, y incluant certaines catégories, si on prend les femmes dans
les entreprises agricoles, les travailleuses domestiques, mais il faut dire
qu'on ne s'est pas penchés sur la question des gardiennes dans le
détail... (15 h 45)
Mme Trépanier: Spécifiquement.
M. Brassard (pierre): ...spécifiquement, parce que notre
optique était d'amener une position sur les congés parentaux, si
vous voulez.
Mme Trépanier: O.K. Parfait! Parce que je l'avais vu dans
votre mémoire, vous avez repris certaines positions du Conseil. En ce
qui concerne la position du Conseil, qui parle et qui veut instaurer
l'universalité, une prestation universelle chez toutes les mères,
est-ce que vous êtes d'accord avec cette position-là ou si vous
voyez plutôt un régime comme celui du Regroupement qui parle moins
de prestations universelles pour toutes les femmes qui ont un enfant,
même les femmes à la maison? Est-ce que vous pariez des
travailleuses, vous autres, ou si vous pariez de tout le monde?
Mme Germain: Non, on parie vraiment, on souscrit vraiment
à la...
Mme Trépanier: À la position du Conseil.
Mme Germain:... dimension d'universalité. Pour nous, c'est
extrêmement important parce que, dans notre société, et
surtout lorsqu'on parle des normes minimales du travail, on parle de
productivité économique. Alors, il y a un danger qui est celui
d'oublier les femmes qui font un autre choix, qui font le choix - certaines les
appellent les travailleuses au foyer, là, je veux dire qu'elles ne
travaillent pas à l'extérieur - de travailer à
l'intérieur. Elles font un autre choix et elles ont le droit
d'être reconnues socialement. Et je crois que cette mesure
d'universalité nous semble très intéressante parce qu'elle
établit un dénominateur commun entre les femmes qui donnent
naissance à un enfant. C'est une question de valorisation du rôle
de la mère.
Mme Trépanier: C'est une reconnaissance de la
maternité, dans le fond.
Mme Germain: C'est une reconnaissance de la maternité, et
il y a un mécanisme de jonction que le Conseil du statut de la femme a
prévu au niveau des dimensions de prestations au régime
d'assurance parentale, en ce sens que cette dimension des allocations
universelles, pour ce qui est des travailleuses, pour ce qui est des femmes qui
sont travailleuses et qui recevraient l'allocation universelle, cette
allocation universelle ne vient pas se juxtaposer aux prestations du
régime d'assurance parentale, mais est calculée jusqu'à ce
qu'il n'y ait aucune perte de revenus à la fin. Donc, ça ne vient
pas comme une somme qui est donnée à tout le monde et,
après ça, que les travailleuses reçoivent. C'est
calculé, il y a un calcul qui est fait. Ce n'est pas une simple
juxtaposition.
Mme Trépanier: Vous avez, au début de votre
exposé, parié abondamment de responsabilisation des deux parents
dans la famille quand vous avez abordé la
"non-transférabilité" des droits des parents. Je trouve ça
important aussi. Vous êtes d'avis qu'on devrait accorder, que le
gouvernement devrait accorder des congés de longue durée, devrait
permettre des congés de longue durée sans solde, qui iraient
jusqu'à 2 ans, si j'ai bien lu. Vous pariez de réinsertion sur le
marché du travail. Je considère qu'après 2 ans,
effectivement, ça prend une réinsertion. Moi, donc,
personnellement, je ne suis pas tout à fait d'accord parce que je
considère que c'est très long, 2 ans. Vous pariez de
réinsertion sur le marché du travail pour la femme. Mais,
à ce moment-là, si on a un congé parental qui peut
être... Quand vous pariez de congé parental sans solde, c'est le
père où la mère. Pourquoi faites- vous une
spécification pour la réinsertion de la femme sur le
marché du travail. Elle pourrait être aussi importante pour
l'homme, si ce sont des congés de longue durée comme
celui-là? Vous ne voyez pas un danger à ça?
Mme Godbout-Perreault: Nous étions simplement en accord
avec ce qui se vit actuellement. C'est bien sûr que je pense qu'il
faudrait aussi des mesures pour les hommes, si les hommes se décident
à prendre des congés sans solde de 2 ans. Mais je n'ai pas
l'impression que c'est, actuellement, ce qui va se faire. Tant que les hommes
auront un salaire beaucoup plus élevé que les femmes, ce seront
davantage les femmes qui prendront les congés sans solde, parce que les
couples doivent compter. Et quand on compte et qu'on a un choix à faire,
on prend celui qui coûte le moins cher. Donc, ça pourrait
être des mesures pour réintégrer les deux sur le
marché du travail, mais quand les salaires seront égaux, je
pense.
Mme Trépanier: Donc, vous pensez que les hommes ne les
prendront pas, les congés sans solde. Ils gagnent trop cher.
Mme Godbout-Perreault: Actuellement.
Mme Trépanier: C'est un collègue qui me souffle
ça.
Mme Germain: II y a une volonté. On sait aussi que le
changement passe par les mentalités. Si l'État prend
réellement ça en charge et qu'il y a un changement, qu'il y a,
par exemple, au niveau des congés pour soins d'enfants, une
possibilité pour le père de prendre sa part de congés,
tout ça peut inciter, éventuellement, une modification du profil
social, là. Mais, c'est vrai, ne serait-ce qu'au niveau
mathématique du nombre de semaines, si on prend le congé pour
soins d'enfants auquel une femme pourrait postuler, qui serait de 8 semaines,
plus son congé de maternité, en soi, mathématiquement,
ça lui fait déjà plus de semaines d'absence qu'un homme du
marché du travail. Déjà, à ce moment-là,
alors...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, je crois,
voudrait vous poser une question.
M. Bourbeau: Oui, juste une question parce que le temps est
pratiquement écoulé.
La Présidente (Mme Marois): II vous reste une minute, M.
le ministre.
M. Bourbeau: Dans votre mémoire, vous demandez de
préciser les circonstances exceptionnelles qui permettraient à un
employeur d'exiger de faire du temps supplémentaire, même s'il n'a
pas donné le préavis de douze heures, à
la page 25 de votre mémoire. Est-ce que les précisions que
nous avons apportées dans lavant-projet de loi vous apparaissent
satisfaisantes ou non? Je vous rappelle que dans le projet de loi on dit que
malgré que le préavis de douze heures n'a pas été
donné, un employeur peut exiger d'un salarié qu'il travaille des
heures supplémentaires "si, en raison d'un événement
imprévisible, l'absence de ce salarié met en danger la
santé et la sécurité d'une personne", ou encore "si des
travaux urgents doivent être effectués sur des équipements
ou des installations, mais uniquement dans la mesure où ils sont
nécessaires, pour éviter une perturbation importante des
activités de son établissement". Est-ce que ces
précisions-là vous semblent suffisantes ou si vous souhaitez
qu'on aille un peu plus loin dans l'élaboration de ces
précisions?
Mme Germain: Je ne vais malheureusement pas vous parler dans un
langage technique. Je vais vous répondre comme au nom des familles qui
seraient prises dans un dilemme comme ça. J'aimerais que - et c'est
peut-être un point qui serait un débat plus au niveau de la
Commission des normes du travail qu'un point législatif comme tel -
soient pris en considération, oui, les aspects urgence et danger de
l'entreprise à laquelle le travailleur ou la travailleuse appartient,
mais que soient pris aussi en considération les aspects urgence et
danger de l'enfant que le parent a à sa charge à ce
moment-là et que la dimension d'obligation soit assortie d'une dimension
de communication. Il peut y avoir une urgence aussi au niveau de la famille qui
empêche le travailleur, malgré sa bonne volonté. Alors, je
ne peux pas répondre complètement à votre question.
M. Bourbeau: Ce n'est pas facile d'y répondre non plus, je
dois dire.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? M. Bourbeau:
Oui.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le ministre.
Une voix: Est-ce qu'il me reste du temps?
La Présidente (Mme Marois): Non, pas du tout,
malheureusement. Peut-être à la fin. Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
Mme Harel: Oui. Alors, merci, Mme la Présidente.
Permettez-moi de saluer les porte-parole de la COFAQ, particulièrement
Mme Godbout-Perreault, qui est déjà venue à quelques
reprises devant les membres de la commission parlementaire, Mme Germain et M.
Brassard
Alors, vous nous rappelez, avec raison, les heurts constants entre les
contraintes du travail et les responsabilités familiales et vous posez,
dès le départ, le danger de continuer à éparpiller
les programmes de prestations comme c'est le cas présentement. Je prends
bien note que vous recommandez la mise en place d'un régime d'assurance
parentale. C'est le nom que vous lui donnez; c'est intéressant et on y
reviendra sur l'aspect assurance, justement, parce que le mot "assurance"
signifie contribution, contributoire. Un régime d'assurance, c'est un
régime contributoire. Vous nous dites que ce régime d'assurance
parentale suppose "la récupération des fonds provenant des
congés de maternité de l'assurance-chômage et des primes
à la naissance actuellement octroyées par le gouvernement
à la suite des deux premiers enfants" et vous considérez que cela
assurerait une base suffisante. Bon!
J'avais hâte que vous veniez en commission parce que, lorsque le
Conseil du statut a rendu publique sa proposition, je me suis demandé:
Qu'est-ce qu'en pense la COFAQ, surtout à l'égard du
troisième enfant et à l'égard de la
récupération des primes à la naissance sous une forme
universelle d'allocation de maternité? Ce que je veux savoir de vous,
c'est ceci. D'abord, des régimes d'assurance sociale, ce sont des
régimes contributoires. À la page 13, vous dites: Toutes les
femmes qui accouchent devraient avoir droit au congé de
maternité; leur éligibilité devrait être la
même. Est-ce qu'il faut comprendre que vous proposez que toutes les
femmes contribuent ou bien que seules les... Enfin, ce régime
d'assurance, parce que je veux vous le rappeler là, si on dit bien ce
que ça veut dire, ça protège des risques de perte du
revenu, hein, des régimes d'assurance? Et ce sont des risques de perte
du revenu soit à cause de la vieillesse, de la maladie, d'un accident de
la mort, hein, des régimes d'assurance, ou de la maternité, parce
que c'est un risque aussi et qu'il y a une perte de revenus possible.
Ça, c'est différent des régimes universels; ce sont des
régimes contributoires.
Je suis très favorable à la proposition du Conseil, mais
la proposition du Conseil n'est pas la même pour toutes les femmes que
pour celles qui ont contribué. Pour celles qui ont contribué,
elle rembourse 90 %. Pour toutes les autres, elle leur assure une allocation
égale de 100 $ par semaine pendant 18 semaines, non imposable. La grande
question, c'est: Sera-t-elle aussi non déductible des autres revenus
sociaux? Est-ce que ce serait équitable, socialement, qu'une femme qui
est la conjointe, dans une famille où le revenu familial est de 70 000 $
- ça arrive - puisse... Sans que ce soit imposable, oui, je suis
d'accord, dans la mesure où une femme bénéficiaire de
l'aide sociale va aussi pouvoir toucher ce montant d'argent, sans que chaque
dollar versé lui soit déduit de la presta-
tion de 450 $, selon son statut - mettons de 513 $ - qu'elle
reçoit. La première chose que je veux savoir de vous:
Êtes-vous d'accord avec la proposition du Conseil du statut qui, dans le
fond, établit quand même une catégorie différente
d'allocation pour celles qui ont contribué avec un remboursement
à 90 % et pour les autres, avec une allocation, si vous voulez,
universelle mais moindre? Ou si ce que vous proposez, c'est
l'éligibilité pareille de toutes les femmes? On se comprend?
La Présidente (Mme Marois): Mme Germain, ou Mme la
présidente, peu importe.
Mme Godbout-Perreault: Je vais partir du principe qu'on
reconnaisse qu'une femme qui met au monde un enfant ait droit à
l'allocation universelle. Pour cette partie, pour nous, il n'est pas question
de contribution. C'est la reconnaissance de la naissance...
Mme Harel: Qu'est-ce que c'est, l'allocation universelle, pour
vous?
Mme Godbout-Perreault: C'est la somme dont on a parlé, un
mécanisme qui calculerait à partir d'une fois et demie le salaire
moyen canadien.
Mme Harel: 90 %?
Mme Godbout-Perreault: Non L'allocation universelle, c'est une
somme qui est identique pour toutes les femmes qui mettent un enfant au
monde.
Mme Harel: Je vous pose une question tout de suite, Mme
Godbout-Perreault, parce que c'est une question qui me préoccupe trop
pour que je ne la pose pas. Vous me dites, à ce moment-là: Toutes
les femmes devraient avoir la même allocation universelle, qu'elles aient
contribué ou non. Si je comprends bien, il faut qu'elle soit non
imposable pour que, validement, ça puisse reconnaître l'apport
social de la naissance. C'est le cas? Imposable ou non imposable?
Mme Godbout-Perreault: Je dois dire que, dans le document, nous
ne nous sommes pas prononcés. Honnêtement, ce n'est pas
écrit.
Mme Harel: Mais vous y avez réfléchi?
Mme Godbout-Perreault: Ce qui arrive actuellement, c'est que nous
avons toujours parlé d'une caisse maternité. Lorsqu'on nous a
parlé d'une allocation universelle, cela correspondait, pour nous,
à l'idée que l'on avait de caisse maternité. Donc, une
allocation universelle, si l'on veut qu'elle reconnaisse que les femmes ont mis
des enfants au monde, il se peut qu'il soit préférable qu'elle ne
soit pas imposable. Mais, actuellement, nous ne nous sommes pas
prononcés.
Mme Harel: cette allocation universelle - je veux bien comprendre
- elle est la même pour toutes ou on en ajoute un peu plus pour celles
qui ont contribué?
Mme Godbout-Perreault: La contribution, c'est autre chose.
Mme Germain: C'est la mécanique du Conseil du statut de la
femme, c'est-à-dire que.
Mme Harel: Vous, est-ce que vous approuvez la proposition du
Conseil qui donne une allocation différente durant les 18
premières semaines, différente pour celles qui ont
contribué que pour celles qui n'ont pas contribué? Est-ce que
vous approuvez?
Mme Germain: Ce n'est pas la même chose Je ne sais pas si
on a fait la même lecture, mais moi, ce que j'ai compris de la
proposition du Conseil - et j'ai vérifié par
téléphone - c'est que l'allocation est la même, sauf que,
dans le cas où ça s'applique à une travailleuse, ça
s'insère à même les prestations du régime
d'assurance parentale et ça devient calculé dans la somme globale
qui lui permet d'avoir jusqu'à 90 % du revenu.
Mme Harel: Ce que n'a jamais l'autre personne qui n'a pas
contribué.
Mme Germain: L'autre personne va avoir simplement... le Conseil
dit 100 $.
Mme Harel: Oui. Tandis que la travailleuse va avoir 90 % de son
revenu assurable.
Mme Germain: Oui, mais incluant l'allocation et les...
Mme Harel: Oui, je veux bien croire, mais elles n'ont pas le
même montant. Je ne sais pas si on peut s'entendre là-dessus,
c'est bien important. Parce que, voyez-vous, quelque part, il faut une certaine
équité sociale. Oui, pour reconnaître la part importante de
la femme au moment de la naissance, je suis favorable à une allocation
universelle. Mais de là à penser qu'il faut que ce soit la
même pour tout le monde, je me dis que, quelque part, ça peut
devenir extrêmement inéquitable socialement. Ça peut
permettre, par exemple - et ce ne serait pas absurde - qu'une femme puisse en
profiter pour aller - tant mieux pour elle - vivre convenablement sa grossesse
dans sa résidence secondaire pendant qu'une ouvrière va
reconduire ses deux jeunes enfants en garderie pour contribuer, entre autres,
à l'ensemble des autres prestations sociales. Je ne veux pas dire par
là qu'il ne faut
pas reconnaître la nécessité d'une allocation au
moment de la maternité, mais il faut la situer dans un régime de
sécurité sociale qui fasse que ça ne devienne pas
inéquitable. (16 heures)
Mme Germain: Effectivement, il y a peut-être encore un
travail à faire au niveau de la jonction de cette mesure
d'universalité avec l'ensemble des programmes sociaux. Il est vrai que
des organismes comme le Conseil du statut de la femme, qui sont mieux
équipés que nous - vous savez, on est un organisme
communautaire...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Germain:... et on n'a pas des ressources à tout casser
en termes...
Mme Harel: Non.
Mme Germain: C'est vrai, vous posez une très bonne
question. Et je pense que si on est favorables à cette mesure-là,
c'est peut-être encore embryonnaire en ce qui a trait à tous les
mécanismes de jonction pour qu'il y ait effectivement une
équité.
Mme Harel: Mme Germain, en tout cas, moi, je m'intéresse
à ce qui se passe à la COFAQ et j'avais hâte d'avoir votre
point de vue aussi. Je suis toujours soucieuse de ce que vous publiez,
ça m'intéresse et tout, mais je ne voudrais pas qu'on en arrive
à laisser comme une sorte de complaisance sur des propositions qui nous
conduise à la déception après l'engagement qui n'a pas
été rempli de donner la Régie des rentes aux femmes au
foyer. Parce que la rente est un régime contributoire, c'est un
régime d'assurances puis on avait dit, pas nous, mais eux ont dit: C'est
facile puis on va le donner à toutes les femmes au foyer. Ça fait
cinq ans de ça puis là, depuis ce temps-là, ils ont dit:
Non, c'est trop compliqué. Alors, qu'on ne commence pas à faire
accroire des affaires au monde si vraiment ce n'est pas ça qu'on a
l'intention d'appliquer.
Mme Germain: Bien, on pourra continuer à se
téléphoner après...
Mme Harel: Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Godbout-Perreault: Pour nous aussi, il y a une
différence entre l'allocation et la prestation. La prestation, c'est ce
qui vient à la suite d'une contribution et l'allocation, c'est ce qui
est accordé à toutes les femmes.
Mme Harel: D'accord, excellent! Dans votre mémoire,
à la page 27, il y a des choses bien intéressantes: il y a
l'idée de l'aménagement des horaires de travail. Je pense que
vous êtes les premiers, à ma connaissance, à nous parler de
l'aménagement des horaires de travail et puis vous proposez des
recommandations pour faciliter, finalement, cet aménagement des
horaires. Ça m'a rappelé qu'il y a un programme
d'aménagement d'horaires de travail au ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, qui était expérimental, il y a quelques
années, et qui est devenu exceptionnel, et on aura l'occasion à
une commission parlementaire - ça en est gênant, en tout cas - de
voir à quel point ce programme d'aménagement des horaires de
travail est devenu rien du tout. Pourtant, si je comprends bien, vous en faites
un aspect important d'une politique de réconciliation du travail et de
la famille, si je dois comprendre.
Mme Germain: Oui, dans l'optique où, pour nous, c'est
clair, avec notre profil social actuel, que les rôles ne sont plus aussi
clivés entre l'extérieur et l'intérieur. Ça, c'est
irrévocable, ça ne changera pas et, même si on a plus
d'enfants, je ne pense pas que les femmes veuillent moins se réimpliquer
dans le monde du travail. Donc, on n'a plus ce clivage-là. Alors,
effectivement, il faut donner plus de liberté de choix et de
créativité aux gens dans l'aménagement de leur temps de
travail, tout ça dans le but de réduire le presto de la vie
familiale.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: En tout cas, vous revenez de façon très
claire avec le congé de grossesse pour visite médicale. Puis, il
faut toujours se rappeler que, même enceinte, une femme peut être
malade, avoir une maladie courante comme une grippe, et qu'elle peut
épuiser, si tant est qu'elle en ait, des congés accumulés.
C'est assez rare parce que, dans le secteur privé, il y a 70 % des
non-syndiqués qui n'ont ni banque de congés, ni garantie de
retour à l'emploi après une maladie et, évidemment,
à ce moment-là, ça peut être... Et ça, ce
serait payé par la caisse, si j'ai bien compris. Ces congés, ce
n'est pas l'employeur qui les assume à lui seul?
Mme Germain: Nous, ce qu'on recommande, ce sont des congés
sans solde.
Mme Harel: Pendant la grossesse?
Mme Germain: Des congés pour visite... Excusez-moi,
peut-être que je dis n'importe quoi, là...
Mme Harel: Non, non, non. Cinq jours pour visite médicale
pendant la grossesse et cinq jours de paternité.
Mme Germain: Oui, mais cinq jours de visite
médicale, ce n'est pas payé par...
Mme Harel: Ça, c'est avec solde?
M. Brassard (Pierre): En fait, les cinq jours de congé
pour visite médicale pendant la grossesse sont sans solde. En fait, on
veut qu'ils soient inscrits dans la Loi sur les normes du travail comme...
Mme Germain: Un droit d'absence. Mme Harel: Un droit
d'absence.
M. Brassard (Pierre):... un droit d'absence de cinq jours.
Mme Harel: Ah! d'accord!
Mme Germain: Un droit d'absence.
Mme Harel: Puis les congés de paternité, ça
c'est un droit avec solde?
Mme Germain: Avec solde: cinq jours avec solde; cinq jours sans
solde.
M. Brassard (Pierre): C'est ça, dix jours. Mme Harel:
Ah oui! C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Votre temps est
malheureusement écoulé.
M. Joly: Est-ce qu'il reste une petite minute?
La Présidente (Mme Marois): Oui, avec l'assentiment de mes
collègues il n'y a pas de problème, allez-y, M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, Mme la Présidente. En fait, je voudrais
revenir un peu sur le même volet que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneu-ve - c'est ça, le nouveau comté - a
touché, qui est la formation du fonds pour créer cette assurance
parentale. En fait, on rapatrie l'assurance-chômage. Voyez-vous,
ça me chicote encore un peu, c'est quand on parle de l'abolition des
primes de naissance. Ce qu'on retrouve ici, ce sont surtout des mouvements qui
viennent défendre la femme qui travaille. La femme qui ne travaille pas,
la femme qui demeure à la maison parce que c'est son choix, c'est un
libre choix, on n'a pas vu beaucoup de mouvements qui viennent la
défendre. En plus de ça, on a tendance à vouloir lui
enlever ce qu'il y a déjà d'acquis, mais en disant: On va
remanier la formule, puis on va tout mouler ça ensemble et on va
redistribuer ça en se servant de deux mots: un qui devient de
l'allocation et l'autre de la prestation.
L'allocation pour trois enfants veut dire: le premier, 1000 $; le
deuxième, 1000 $; le troisième, 4500 $. On en arrive à
6500 $ de primes, comme vous avez établi dans votre mémoire, pour
la femme qui a nécessairement trois enfants, qu'elle travaille à
l'extérieur ou qu'elle décide de demeurer chez elle. Pardon?
Mme Harel: C'est sur trois ans, là.
M. Joly: Non, non, actuellement, le système actuel. Bien
oui, bien sûr. Mais si c'étaient des triplets, on paierait,
partant de là.
Mme Harel: Oui, mais même la prime pour le troisième
est sur trois ans.
M. Joly: Oui, oui, mais même à ça, l'argent
est là quand même. L'acquis est là. Ce qu'on veut faire,
c'est qu'on veut donner 100 $ par semaine, multiplié pendant 18
semaines, trois fois pour avoir la même logique, trois enfants. Vous
arrivez à 5400 $ versus 6500 $. Celle qui nécessairement a
décidé qu'elle travaillait, vous la rendez admissible en lui
chargeant une contribution de 10 semaines, dans le fond, qui est le minimum.
Avec ce qu'on a établi ce matin comme étant les taux, ce qu'ils
ont été rechercher, à 0, 14 $ le cent dollars, on prend un
salaire hypothétique de 300 $, on arrive avec 0, 42 $ de cotisation par
semaine, pendant 10 semaines. Ce qui veut dire que 4, 20 $ de cotisation en
arriverait à qualifier la dame qui travaille d'une façon bien
différente de celle qui ne travaille pas. Alors, je me demande si,
à ce moment-là, les mouvements sont ici pour défendre
toutes les femmes ou une partie des femmes. Alors, c'est un peu ça qui
me chicote.
Mme Godbout-Perreault: Moi, je vais vous dire. Quand on parle de
l'allocation universelle, c'est parce que comme principe à la COFAQ,
pour nous, le premier enfant est aussi important que le troisième ou le
quatrième. Donc, actuellement au Québec, le premier vaut moins
cher, le deuxième un peu plus, et le troisième et les autres
valent plus, parce qu'on donne une allocation de naissance qui augmente chaque
fois. Ce qu'on a aussi voulu dire, c'est que quel que soit le rang de l'enfant,
pour nous, il est important et on a pensé que cette allocation
universelle pourrait reconnaître que chaque fois qu'on met un enfant au
monde, c'est important.
Maintenant, quand vous faites des calculs de 0, 42 $, des choses comme
ça, moi, je ne peux pas vous suivre sur ce plan-là. Ce que je
peux seulement vous dire, c'est que si on trouve un moyen de reconnaître
que des femmes qui décident de s'occuper d'un enfant, on en tient
compte... Les autres aussi s'en occupent, mais celles qui font le choix de
demeurer avec l'enfant et de ne pas être sur le marché du travail,
qu'on cherche un moyen de reconnaître ce geste-là. Je pense que
quand on dit qu'on
veut qu'on reconnaisse les choix de mode de vie, dans ce sens-là,
on. le fait.
M. Joly: En essayant de respecter le principe que vous
défendez, on crée quand même une forme d'injustice sur des
acquis qui ont déjà été consentis. Alors, c'est
là que j'ai de la difficulté à embarquer. Merci,
madame.
La Présidente (Mme Marois): Merci.
Mme Harel: Mme la Présidente, je ne voudrais pas qu'on
laisse nos invités sur la conclusion...
La Présidente (Mme Marois): Alors, une intervention de
part et d'autre.
Mme Harel: Ce n'est pas du tout mon opinion. Alors, je ne la
partage pas du tout. Ou bien on la discute là, ou bien on dit que...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'on s'entend qu'il y
ait une intervention de la part de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et une intervention de votre part, Mme la ministre ou M.
le ministre, peu importe?
Mme Trépanier: Je voudrais intervenir mais je voudrais que
le ministre conclue, par exemple.
M. Bourbeau: On va laisser la parole à madame.
Mme Trépanier: Et puis on va revenir.
La Présidente (Mme Marois): Madame et madame ici,
d'accord, chacune une intervention.
Mme Harel: Je vais simplement conclure avec votre mémoire,
celui de la COFAQ, à la page 27, qui dit ceci: "La véritable
question qui se pose est d'adapter l'ancienne optique et organisation du
travail fondée sur l'homme pourvoyeur et la femme responsable,
domestique-éducatrice. En cette fin de siècle, il est clair que
les rôles entre hommes et femmes ne sont plus clivés selon la
délimitation intérieure et extérieure du foyer. Hommes et
femmes sont désormais aussi participants l'un que l'autre à
l'activité socio-économique."
C'est dans vos mots, cette illustration d'une réalité que
l'on vient nous témoigner depuis le début de nos travaux,
à la fin du siècle, 90 % des mères de jeunes enfants
seront sur le marché du travail et l'État, la
société qui ne cherche pas à concilier cette
réalité va se réveiller avec un taux de
dénatalité comme celui qui nous inquiète maintenant.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous voulez avoir
une réaction, Mme Germain?
Mme Germain: Oui, tout à fait dans votre sens, pas
seulement de dénatalité, mais le stress qu'impose la
non-considération de la vie familiale. Si le monde du travail ne tient
pas suffisamment compte du quotidien familial et du stress que ça
impose, non seulement on va se ramasser avec une dénatalité, mais
avec d'autres conséquences: qu'on pense à la violence, qu'on
pense aux ruptures, qu'on pense à tout ça. Des gens qui ne sont
pas capables de se donner le temps parce qu'ils travaillent trop, parce qu'ils
ont des conditions rigides, le temps d'être ensemble, le temps
d'être avec leurs enfants, c'est ça qui crée un
environnement social où les familles sont
défavorisées.
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre?
Mme Trépanier: Deux petits points, Mme la
Présidente. Quand vous dites que le premier enfant vaut autant que le
troisième, j'en suis, sauf que le principe sur lequel le gouvernement
s'est appuyé est le suivant, c'est que les familles plus nombreuses, les
families de trois enfants et plus, statistiquement, ont des besoins financiers
plus importants, d'une part. D'autre part, je ne suis pas ici pour
défendre l'avis du Conseil du statut de la femme, mais j'ai posé
la même question que Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et les 100 $ sont une allocation de reconnaissance
à la maternité, donc pour tout le monde, et le deuxième,
90 %, c'est un remplacement de revenu, alors pour les personnes qui avaient un
revenu sur le marché du travail. Je ne pense pas que les deux principes
viennent en contradiction. C'est le principe sur lequel se fonde, se base le
Conseil du statut de la femme. Je voulais apporter cette
spécification.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Est-ce que vous
vouliez ajouter quelque chose, Mme la présidente?
Mme Godbout-Perreault: Non, je voulais seulement vous remercier
et vous dire que, dans le projet de loi, il y avait eu un départ pour
penser aux familles. J'espère que vous irez beaucoup plus loin et
tiendrez compte de nos demandes.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Oui, M. le
ministre?
M. Bourbeau: Simplement pour remercier les membres de la
Confédération des organismes familiaux du Québec pour un
mémoire très bien présenté, très bien
fabriqué aussi et qui va certainement provoquer une réflexion
importante au sein de l'appareil gouvernemental. Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre contribution
aux travaux de la commission.
J'inviterais maintenant les personnes représentant la
Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 18)
La Présidente (Mme Marois): Si les députés
veulent reprendre leur place, les députés et ministres, on va
reprendre nos travaux aussi.
M. Bourbeau: C'est la fin de la récréation.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça, c'est la fin
de la récréation. Il faut dire que c'est la deuxième
journée et la cinquième séance. Oui, le gouvernement est
presque en famille. On vous souhaite la bienvenue à la commission des
affaires sociales. Vous connaissez nos règles, mais je vous les rappelle
rapidement: une vingtaine de minutes pour présenter votre mémoire
et, par la suite, il y a des échanges avec les membres de la commission,
le temps étant réparti également de chaque
côté de la table. Merci et bienvenue. Évidemment, la
personne qui va présenter le mémoire se présente et
présente les personnes qui l'accompagnent.
Commission-Jeunesse du Parti libéral du
Québec
M. Bissonnette (Michel): Bonjour, je suis Michel Bissonnette, je
suis président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du
Québec. Pour la présentation de notre mémoire,
aujourd'hui, je suis accompagné de Benoit Savard, qui est conseiller
jeune à l'exécutif du parti, et également de Mario Dumont,
qui est coordon-nateur aux affaires politiques pour la Commission-Jeunesse du
parti.
Avant de procéder techniquement à la présentation
de notre mémoire, nous tenions à pouvoir vous spécifier
pourquoi la Loi sur les normes du travail revêtait une importance
capitale pour nous. Le gouvernement a décidé, dans son
avant-projet de loi, d'actualiser la seule loi qui assure un minimum pour
l'ensemble des travailleurs québécois et on croyait que
c'était important, en tant que groupe jeune de pouvoir faire part au
gouvernement de certaines préoccupations qu'on a quant à
l'avant-projet de loi, autant sur certains points qui sont présents dans
l'avant-projet de loi, que sur d'autres points que nous aimerions retrouver
dans l'avant-projet de loi.
En tant que Commission-Jeunesse, il est bien évident qu'on est un
groupe politique partisan formé des membres du Parti libéral du
Québec âgés de moins de 25 ans. Au cours des
dernières années, on a toujours eu comme souci d'aller
au-delà d'une activité partisane. Bien sûr, on fait des
activités au sein de nos structures, sauf qu'il est important, pour
nous, de pouvoir déborder de cela et d'aller un peu vers
l'extérieur pour pouvoir influencer davantage l'action gouvernementale.
Donc, c'est certain qu'on a toujours trouvé, dans le Parti
libéral du Québec, un lieu privilégié pour faire
avancer nos idées. D'ailleurs, bon nombre de propositions
présentes dans notre mémoire ont été votées
démocrati quement dans nos structures. Nous voyons, par contre, dans
cette commission parlementaire, un moyen pour faire part au gouvernement de nos
aspirations plus techniques par rapport à cet avant-projet de loi. Il
est malheureux, je crois, qu'on soit le seul groupe jeune à pouvoir
participer à cette commission parlementaire, parce que bon nombre de
points dans cet l'avant-projet de loi touchent particulièrement les
jeunes. Sans avoir la prétention d'être représentatifs de
l'ensemble des jeunes du Québec, on croit néanmoins que nos
structures font qu'on peut représenter bon nombre de jeunes et que nos
commentaires peuvent défendre, à ce moment-là, leurs
intérêts.
Donc, notre mémoire se divise en trois grandes parties:
premièrement, Benoit Savard vous présentera nos commentaires
quant à l'ensemble de la politique familiale présente dans
l'avant-projet de loi; deuxièmement, Mario Dumont vous présentera
nos préoccupations quant à certains aspects bien
spécifiques de la loi - nous avons, entre autres, l'exemption des
colonies de vacances à but lucratif de la Loi sur les normes du travail
et également le droit de recours en cas de congédiement - et,
finalement, je présenterai tout le volet temps partiel qu'on aimerait
voir présent dans la loi, de façon à pouvoir assurer une
équité de traitement à cette clientèle ou à
ce type de travailleur. Donc, je passe la parole à Benoit Savard.
M. Savard (Benoit): Merci. Politique familiale versus le travail.
Lorsqu'on a rédigé notre mémoire, on a tenu compte de deux
objectifs principaux, objectifs qui, à notre avis, sous-tendent
l'avant-projet, qui doivent être inclus, bien sûr, dans le projet.
C'est que, dans un premier temps, il faut faciliter la conciliation des
responsabilités parentales et de la vie au travail et, dans un
deuxième temps, amener une plus grande flexibilité du travail
à l'égard non seulement des mères, mais également
des pères de famille. Alors, plutôt que de reprendre une à
une les propositions de l'avant-projet de loi avec lesquelles nous sommes
d'accord, je profiterai du temps qui m'est offert pour plutôt parler des
deux réserves que nous avons à l'égard, justement, de
certaines propositions de l'avant-projet de loi, c'est-à-dire, dans un
premier temps, le congé de naissance de courte durée et, dans un
deuxième temps, le refus de faire du temps supplémentaire lorsque
le préavis de douze heures n'est pas respecté. En ce qui concerne
les autres propositions, bien sûr, on ne les endosse pas en blanc. On les
endosse dans la mesure où
on trouve que c'est un bon pas vers l'avant de la part du gouvernement.
Sauf que, justement, le gouvernement, face à ces propositions, ne
devrait pas reculer, mais endosser et adopter ce que nous trouvons
légitime.
Alors, le premier point, c'est-à-dire le congé de
naissance de courte durée. Ce que l'avant-projet de loi soumet, ce sont
deux jours rémunérés et trois jours sans solde. Ce que la
Commission-Jeunesse demande, c'est qu'il y ait cinq jours totalement
rémunérés. Pourquoi cinq jours
rémunérés? À notre avis, c'est pour que les parents
puissent bénéficier ensemble d'une période minimale d'une
semaine suivant la naissance, sans être pénalisés de
façon financière. Qu'est-ce qui nous a amenés à
cette conclusion-là? C'est que, premièrement, il faut voir
l'importance de la présence du père et de la mère, du
couple, auprès de l'enfant, tout particulièrement lors de la
première semaine, également l'impact minime que cela peut avoir
sur la masse salariale des entreprises et, bien sûr, que les effets
positifs pour les familles dépasseront largement, à notre avis,
les possibles effets négatifs sur les entreprises. Il faut
également se référer à l'esprit qui guide cette
partie importante de l'avant-projet, c'est-à-dire combattre le
problème de dénatalité au Québec et, bien
sûr, le tout en instaurant un contexte d'emploi favorable à la vie
familiale. Il faut également se dire que la dénatalité est
un problème de société et qu'il y va de la
responsabilité collective pour résoudre ce problème, alors
une part des entreprises, du gouvernement et également des
employés.
Le deuxième point était le droit de refuser d'effectuer
des heures supplémentaires. Ce qu'il y a dans l'avant-projet de loi,
c'est que l'employé a le droit de refuser, si l'employeur ne l'a pas
prévenu douze heures d'avance. Ce que la Commission-Jeunesse dit, c'est
que c'est insuffisant, 12 heures. Un préavis raisonnable, à notre
sens, permettant à des parents de planifier leur temps en fonction de
leurs enfants devrait être d'au moins 24 heures et j'expliquerai
pourquoi. Dans un deuxième temps, ce que la Commission-Jeunesse demande,
c'est que, justement, ce droit devrait appartenir à toute personne
salariée, ce que je vais vous expliquer également.
Préavis de 24 heures plutôt que 12 heures, pourquoi? Parce
qu'on considère, comme je l'ai dit, que c'est insuffisant et on voit
là-dedans un problème d'application, c'est-à-dire que,
normalement, le temps supplémentaire se fait en fin de journée.
Alors, de façon réaliste, il est assez difficile de concevoir que
l'employeur pourrait appeler son employé à 5 heures du matin pour
lui dire qu'il va faire du temps supplémentaire à 5 heures du
soir. Alors qu'avec 24 heures, ce que nous trouvons tout à fait
raisonnable, ça donnerait amplement le temps à la famille de
s'adapter à la situation du lendemain, c'est-à-dire qu'on aurait
vraiment un avertissement la journée d'avant. Nous croyons que c'est
dans l'esprit d'une bonne gestion d'entreprise et que c'est possible de le
faire. Maintenant, les réserves que l'avant-projet de loi soumet
à l'égard de certains cas particuliers sont des cas, à
notre avis, très compréhensibles.
Pourquoi veut-on l'appliquer à tous les salariés? Dans un
premier temps, même s'il n'a pas de responsabilité parentale, on
considère qu'un travailleur a le droit d'organiser son temps en fonction
de ses activités. Ces 24 heures-là pourraient le lui permettre.
Deuxièmement, et surtout - et c'est en fonction de cet argument que nous
nous sommes basés - c'est pour éviter que les employeurs ne
soient tentés, justement, de discriminer les parents dans l'embauche de
leur personnel, sous prétexte que cette nouvelle restriction en ferait
des employés moins disponibles. En fait, ce qu'on ne veut pas, c'est
qu'il se crée deux classes de travailleurs laissant en sorte qu'on
aurait des travailleurs qui ont des responsabilités parentales et qui
seraient implicitement moins disponibles, puisqu'on devrait leur donner cet
avis, et, d'un autre côté, des travailleurs qui, eux, ne seraient
pas parents et qui seraient implicitement, pour les employeurs, plus
disponibles. Alors, c'est ce qu'on craint et c'est la raison pour laquelle on
préférerait que cette mesure s'applique à tous les
salariés.
Donc, de façon générale, la Commission-Jeunesse
accueille avec satisfaction les mesures contenues dans l'avant-projet de loi,
en ce qui concerne la flexibilité du travail vis-à-vis de ceux et
celles qui ont à assumer la tâche de parents. Cependant, il est
important de rappeler que le Québec, malgré une
légère augmentation l'an dernier, a encore l'un des indices de
natalité les plus bas au monde et que le gouvernement a le devoir de
valoriser et de faciliter le fait d'avoir des enfants au Québec. La Loi
sur les normes du travail peut être un levier pour agir dans ce sens.
C'étaient les deux principales réserves que nous avions
à soulever en ce qui concerne les congés parentaux, le contexte
familial versus le travail. Maintenant, je vais passer la parole à Mario
Dumont qui, lui, va vous parler de différents aspects de la loi sur
lesquels nous avons soulevé quelques réserves
également.
M. Dumont (Mario): Oui, alors, les points que je vais soulever,
je ne pense pas qu'on puisse les coiffer d'un grand thème. Ce sont des
points particuliers sur lesquels on a quand même des réserves
qu'on considère comme importantes.
Le premier point, c'est le droit de recours à rencontre d'un
congédiement sans cause juste et suffisante. On sait que,
présentement, la loi demande qu'on ait cinq ans de service continu pour
avoir ce droit de recours. Maintenant, l'avant-projet de loi apporte une
certaine amélioration en disant: Même si on a des contrats
à durée limitée qui se succèdent, on a quand
même une période de service continu. Ce
que la Commission-Jeunesse demande, c'est que cette période de
cinq ans soit réduite à deux ans. Pour nous, deux ans seraient un
maximum, compte tenu que - et là on a une petite statistique - en 1984,
il y avait les deux tiers des personnes non syndiquées, qui sont les
principales intéressées par la Loi sur les normes du travail, qui
avaient moins de cinq ans d'ancien neté, donc seulement un tiers des
personnes principalement visées auraient pu avoir ce droit de
recours-là. Donc, si on veut une main-d'oeuvre flexible pour
l'économie québécoise, il serait important d'adapter notre
Loi sur les normes du travail en réduisant le nombre d'années de
service continu nécessaires pour avoir un droit de recours à
rencontre d'un congédiement sans cause juste et suffisante.
L'autre point qu'on désire soulever, ce n'est pas une
revendication comme telle, c'est que, bon, il y a des procédures,
plusieurs procédures, qui ont été facilitées dans
l'avant-projet de loi modifiant les normes du travail et, ça, on est
entièrement d'accord avec ça. Là, je parle de la
représentation par la Commission de certains travailleurs pour qu'ils
puissent faire valoir leurs droits, je parle de service de médiation
dans les cas de congédiement, je parie aussi du droit de recours pour
congédiement sans cause juste et suffisante, qui a déjà
été élargi et que, nous autres, on veut encore
élargir. On considère que cet ensemble de mesures-là, qui
me paraissent, en tout cas, très très positives pour que les
travailleurs puissent faire valoir leurs droits, va certainement faire
augmenter le nombre de plaintes et également nécessiter davantage
de ressources humaines. Et je vais soulever peut-être un exemple: dans
les départements de protection de la jeunesse, on a élargi les
normes pour faciliter les recours, sauf qu'on n'a pas investi les ressources
humaines nécessaires et qu'on se retrouve avec, bon, des attentes, en
termes d'années, qui sont beaucoup trop longues et qui contraignent
beaucoup les bénéficiaires de ces services-là. Donc, on
espère qu'à la Commission des normes du travail et avec la Loi
sur les normes du travail les ressources humaines nécessaires seront
consenties pour qu'on ne se retrouve pas dans ce même genre de
situations.
Autre demande, au niveau des vacances annuelles. L'avant-projet de loi
diminue de dix ans à cinq ans le nombre d'années de service
continu nécessaire pour le droit à trois semaines de vacances
annuelles. Alors, la Commission-Jeunesse est évidemment d'accord avec
cette proposition mais, pour dix ans de service continu, la Commission-Jeunesse
propose une quatrième semaine de vacances annuelles. D'ailleurs,
ça se fait déjà ailleurs au Canada, en Saskatchewan, une
province avec laquelle le Québec peut, je pense, être très
avantageusement comparé sur le plan économique. En même
temps, ce serait une évolution dans le même sens que le secteur
syndiqué. Quand on considérait que la mesure proposée dans
l'avant-projet de loi initialement représentait, pour les coûts
totaux de production de l'ensemble des entreprises, 0,0 % arrondi à la
première décimale, je pense que l'impact d'une telle mesure sur
les finances des entreprises serait minime. (16 h 30)
L'autre point qui est un point très, très important, c'est
celui des organismes à but non lucratif. On a deux réserves
là-dessus et la première, qui est certainement une des plus
importantes, c'est la proposition du ministre d'exempter les colonies de
vacances à but lucratif de certaines dispositions de la loi. On sait que
les colonies de vacances à but non lucratif sont déjà
exemptées de certaines dispositions de la loi et c'est un principe que
la Commission-Jeunesse peut accepter, compte tenu que les organismes à
but non lucratif ont une vocation communautaire et ont le service de la
communauté comme objectif, sauf que les colonies de vacances à
but lucratif ont, comme toute autre entreprise, comme but ultime le profit de
l'entrepreneur ou des entrepreneurs qui les exploitent. Dans ce sens-là,
on ne pense pas que le.. Les arguments, d'ailleurs, qui sont soulevés
par l'Association des camps du Québec pour demander cette
exemption-là, ce sont la concurrence avec l'Ontario et la concurrence
avec certains États américains. Bon, quand on y pense comme il
faut, dans bien des secteurs, entre autres le secteur manufacturier, la
concurrence se fait assez serrée avec l'extérieur et il n'est
quand même pas question de ne pas soumettre les travailleurs à ces
dispositions-là simplement pour minimiser la concurrence. Donc, nous
demandons tout simplement le retrait de cette proposition-là.
Autre point que nous désirons soulever, et je pense que ça
tient du fait qu'on est le seul groupe de jeunes aujourd'hui à venir
présenter nos points en commission, c'est que, dans cette
exemption-là pour les organismes à but non lucratif - bon, on
accepte le principe que les organismes à but non lucratif, étant
donné les arguments de service à la communauté, puissent
être exemptés de la loi - ce qu'on n'accepte pas, c'est que ce
soit seulement dans le cas des étudiants que cette exemption-là
soit accordée. Là, on se dit: Si le principe est de permettre aux
gens qui travaillent dans le milieu communautaire, pour les organismes sans but
lucratif, de ne pas être soumis à certaines dispositions de la
loi, on ne voit pas pourquoi ce seraient seulement les étudiants qui
devraient faire ce service-là à la communauté. Donc, ce
qu'on propose, c'est que le mot "étudiant" soit remplacé par un
terme plus large qui sort "salarié" ou "travailleur", mais un terme qui
englobe l'ensemble des travailleurs.
Le dernier point - ce sera très court -c'est seulement pour
saluer l'abolition du pouvoir de règlement qui était dans la loi
et qui permettait au gouvernement de fixer un salaire mini-
mum différent en fonction de l'âge. Déjà, en
1986, le gouvernement libéral avait ajusté le salaire minimum
pour les moins de 18 ans et pour les plus de 18 ans. Maintenant, le pouvoir de
règlement très discriminatoire qu'il y avait va être
abrogé et nous accueillons cela très favorablement.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bissonnette: Finalement, la troisième section de notre
mémoire, qui a trait au temps partiel. On ne vous apprendra rien en vous
disant que le nombre de travailleurs à temps partiel augmente
d'année en année. En 1975, la proportion des travailleurs
à temps partiel représentait 7,2 %; en 1987, c'était 13,5
% et encore cette année, elle subit une augmentation. Durant la
même période de temps, la proportion de travailleurs a temps
partiel voulant ou préférant travailler à temps plein est
passée de 17 % à 34 %. Donc, on se retrouve aujourd'hui avec des
travailleurs à temps partiel qui ne le sont pas nécessairement
par choix, mais plus par obligation parce que ce sont les seuls emplois qui
leur sont offerts et, également, qui reconnaissent une
précarité d'emploi par rapport à bon nombre de
travailleurs à temps plein. Par contre, il faut quand même garder
en considération que certains de ces travailleurs-là le sont par
choix, mais ce n'est pas l'ensemble de ceux-ci. Donc, on retrouve dans cette
catégorie de travailleurs majoritairement des femmes et des jeunes. En
1987, parmi les jeunes de moins de 25 ans, le nombre de travailleurs
représentait 20 % de l'ensemble des travailleurs au Québec. Par
contre, il représentait 40 % des travailleurs à temps partiel, ce
qui démontre à quel point les jeunes sont fortement
concentrés dans les emplois à temps partiel.
Je pense qu'il est important de pouvoir reconnaître ce type
d'emploi là dans la mesure où le travail à temps partiel
répond à un besoin du marché du travail, qui est le besoin
d'une main-d'oeuvre plus souple, plus flexible. Jusqu'à une certaine
limite, le travail à temps partiel peut répondre à ce
besoin. Par contre, dans l'état actuel des choses, bon nombre de
travailleurs à temps partiel connaissent une précarité
d'emploi par rapport au temps plein. Ce qui est essentiel pour la
Commission-Jeunesse, c'est que, si les employeurs ont recours à du
travail à temps partiel pour pouvoir répondre à un besoin
de main-d'oeuvre, c'est louable. Par contre, s'ils reconnaissent dans le temps
partiel un moyen de pouvoir économiser parce qu'il y a moins de normes
qui les régissent par rapport aux travailleurs à temps plein, on
pense qu'à ce moment-là ce sont des mesures qui favorisent la
précarité de l'emploi et qu'elles ne vont plus dans le sens
même de la Loi sur les normes du travail qui est d'assurer un minimum
pour l'ensemble des travailleurs au Québec.
Donc, la Loi sur les normes du travail, c'est la seule loi qui permette
cette protection-là à l'ensemble des travailleurs. On sait que 75
% des travailleurs à temps partiel sont non syndiqués et c'est
uniquement par la Loi sur les normes du travail qu'on peut leur assurer une
certaine protection. Pour nous, c'est essentiel que dans l'avant-projet de loi
qui va modifier la loi - d'ailleurs, ça fait un bon nombre
d'années qu'elle ne l'a pas été - on puisse prendre en
compte cette réalité-là et on puisse assurer
l'équité de traitement aux travailleurs à temps partiel.
Donc, ces mesures-là permettraient à la fois de protéger
les travailleurs et à la fois également de pouvoir limiter
l'augmentation de la précarité de l'emploi chez les travailleurs
au Québec.
Donc, ce qu'on demande au gouvernement par l'équité de
traitement, ça se résume en deux grands volets:
premièrement, l'équité salariale et, deuxièmement,
l'équité quant aux avantages sociaux. Il y a également un
point qu'on développera un peu qui s'appelle l'équité par
rapport à l'ancienneté. Donc, différents rapports ont
déjà spécifié, quant à la
rémunération... Certains citent que 20 % des travailleurs
à temps partiel sont discriminés par rapport à ceux
à temps plein, d'autres rapports, c'est 30 %. Ce qu'on demande au
gouvernement, c'est de pouvoir inclure dans son avant-projet de loi,
premièrement, un chapitre spécialement pour ceux à temps
partiel et, au niveau de l'équité salariale, que les employeurs
doivent respecter la même échelle salariale pour l'ensemble de
leurs employés, peu importe leur statut. Donc, on arrête de
retrouver une échelle salariale pour le temps plein et une
échelle salariale pour le temps partiel, quand on trouve dans ces deux
catégories de travailleurs des gens qui font exactement le même
ouvrage. À ce moment-là, ça encourage l'employeur à
avoir davantage d'employés à temps partiel et ce n'est plus pour
répondre à un besoin de main-d'oeuvre souple et flexible, mais
c'est pour répondre à un besoin d'économie, parce que
cette catégorie de travailleurs n'est pas protégée dans la
Loi sur les normes du travail.
Également, au niveau des avantages sociaux, il y a cinq points
importants: par rapport aux jours fériés, par rapport aux
vacances annuelles, aux régimes de pension, aux régimes
d'assurances et aux autres congés, également au niveau de
l'ancienneté, où on retrouve dans l'ensemble de ces points une
inéquité entre le temps partiel et le temps plein.
Je vais commencer rapidement, pour chacun des points, parce que je pense
qu'ils sont bien clairs dans le mémoire, mais je ne voudrais pas prendre
beaucoup de temps pour les expliquer pour pouvoir avoir plus de temps pour la
période de questions.
Par rapport aux jours fériés, présentement la loi
sur les normes permet difficilement aux employés à temps partiel
de pouvoir bénéficier
des jours fériés. Nous pensons qu'il serait important de
pouvoir leur accorder une indemnité proportionnelle, c'est-à-dire
que dans bon nombre de cas les temps partiel n'ont pas droit à un
remboursement des jours fériés alors que les temps plein, eux, y
ont droit. Si on pouvait calculer au cours des quatre dernières semaines
une moyenne quotidienne du nombre d'heures travaillées, il y aurait
moyen, à ce moment-là, que les jours fériés
puissent être remboursés également aux temps partiel.
Par rapport aux vacances annuelles, un phénomène qu'on
retrouve dans certains cas, c'est que l'employeur qui a un employé
à temps partiel qui travaille trois jours par semaine . calcule que son
employé n'a pas besoin de semaines de vacances dans la mesure où
il a déjà deux jours par semaine où il ne travaille pas.
Je pense qu'on n'a pas besoin de répéter que, si l'employé
est à temps partiel, c'est bien souvent parce que les deux autres
journées de la semaine il fait quelque chose d'autre. Je pense que c'est
important de pouvoir avoir droit à des congés. Ce qu'on demande,
c'est que l'employé puisse avoir droit à ses 4 % de vacances
annuelles en termes de congés payés et non pas juste en termes de
paiement ou rémunération compensatoire.
Au niveau du régime de pension, la loi 116 qui a
été amendée dernièrement a fait un grand pas
permettant à l'ensemble des travailleurs à temps partiel qui
travaillent plus de 700 heures par année, donc en moyenne 14 heures par
semaine, de pouvoir participer au régime de pension. Par contre, selon
Statistique Canada, en 1984, 43 % de l'ensemble des travailleurs à temps
partiel travaillent moins de 700 heures par semaine, donc ne peuvent pas
bénéficier de l'amélioration qui a été faite
à la loi 116. Ce qui est important pour nous, c'est que, pour l'ensemble
de ces employés-là qui ne peuvent pas bénéficier de
la loi 116, parce qu'ils ne travaillent pas 700 heures par année, la
part que l'employeur aurait fournie au régime de pension leur soit
remise en indemnité salariale ou en compensation salariale. À ce
moment-là, ça représenterait pour l'ensemble des
employeurs, peu importe le type d'employé, le statut de
l'employé, un même déboursé à faire et,
à ce moment-là, on aurait des employés à temps
partiel répondant à un besoin de main-d'oeuvre et non pas pour
encourager la précarité.
Au niveau du régime d'assurance, on est conscients que le concept
d'universalité, de façon générale, pour les
employés à temps partiel est fort difficile d'application parce
que bon nombre des employés à temps partiel n'ont pas la
possibilité de participer au régime d'assurance-vie, au
régime d'assurance-invalidité, d'assurance pour soins dentaires,
et je passe les autres.
Comme solution pour établir l'équité entre les deux
types d'emploi en ce qui a trait aux régimes d'assurances, on note que,
dans la Loi sur les normes du travail, deux alternatives sont offertes aux
employés. Donc, premièrement, permettre à l'employé
à temps partiel de participer aux régimes d'assurances avec les
mêmes cotisations qu'un employé à temps plein, si c'est son
désir. Même si ses cotisations vont être plus
élevées par rapport à son salaire hebdomadaire, si lui,
par choix, décide de participer aux régimes d'assurances, je
pense que ce serait un droit qu'il devrait avoir et qu'il n'a pas
présentement. Deuxièmement, pour les employés à
temps partiel qui considèrent que cette cotisation représente un
pourcentage trop élevé par rapport à leur salaire, qu'on
puisse leur permettre de participer aux régimes d'assurances, mais
suivant un taux de cotisation moindre, c'est-à-dire un taux qui soit
ajusté à leur revenu hebdomadaire. Il est évident
qu'à ce moment-là l'indemnisation ou les compensations des
assurances seraient moindres parce que la cotisation de l'employé serait
moindre, mais, par contre, ça permettrait quand même à
l'employé d'avoir droit à certains privilèges que les
employés à temps plein ont et qu'eux n'ont pas.
Quant aux autres congés, dans l'avant-projet de loi,
déjà le ministre a aboli l'exigence de 20 semaines de service
continu pour avoir droit au congé de maternité, ce qui marque un
grand pas pour les employées à temps partiel, parce que, sur ce
volet-ci, elles deviennent maintenant au même statut que les
employées à temps plein.
Quant à l'ancienneté, l'action que la Commission-Jeunesse
réclame est l'instauration d'une règle de prorata,
c'est-à-dire que l'ancienneté doit être
comptabilisée sur une même liste pour les temps partiel que pour
les réguliers. Évidemment, il va de soi que les temps plein
accumulent l'ancienneté plus vite que les temps partiel peuvent le
faire, mais, par contre, ce qui est important, c'est qu'on puisse retrouver une
équité dans ces deux types d'emploi. Donc, un employé
à temps partiel, suivant ce principe, deviendrait au même statut
qu'un employé régulier et sa période d'heures
accumulées lui permettrait de pouvoir calculer lui aussi son
ancienneté. Ce qu'on soulève dans ce volet, c'est que bon nombre
de temps partiel, lorsqu'ils accèdent à un statut de temps plein,
perdent l'ensemble de l'ancienneté qu'ils ont pu accumuler à
temps partiel parce que l'entreprise calcule deux échelles
d'ancienneté. Donc, la personne va faire 5 ans comme employée
à temps partiel, mais, quand elle accède à un statut comme
employée à temps plein, si c'est le cas, elle retombe à
l'ancienneté zéro parce que l'entreprise avait calculé
ça. Donc, pour bon nombre d'employeurs, quand ça devient trop
dispendieux d'avoir à offrir des avantages marginaux, ils
transfèrent les gens à un statut de temps plein et repartent leur
ancienneté à zéro. Le principe qu'on développe,
c'est qu'il devrait y avoir une seule échelle d'ancienneté
et,
peu importe dans quelle catégorie d'employés on se
retrouve, que notre ancienneté puisse être cumulée.
Pour résumer l'ensemble, ce dont on parle, c'est d'une
égalité de traitement et l'étude sur
l'égalité salariale et l'octroi des avantages sociaux aux
personnes travaillant à temps partiel, qui a été
publiée par le ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, définissait l'égalité de
traitement ainsi: II y a égalité de traitement lorsque le
coût horaire pour couvrir le salaire, la cotisation au régime de
pension, la rémunération des jours chômés, la
cotisation aux régimes de protection du revenu, est identique. À
cette liste, nous ajoutons les cotisations au régime d'assurances et
tout avantage social monnayé. Donc, ce qui est important pour nous - et
je le répète, parce que c'est un point fondamental - la seule loi
qui peut protéger les travailleurs à temps partiel, quand on sait
que 75 % d'entre eux sont non syndiqués, c'est la Loi sur les normes du
travail, et c'est important que dans cet avant-projet de loi on puisse ajouter
un chapitre pour les protéger. Que le temps partiel réponde
à un besoin du marché du travail, je pense qu'il va falloir
s'adapter aux défis qui s'en viennent pour les années à
venir, mais il ne faudrait vraiment pas que les emplois à temps partiel
augmentent d'année en année uniquement parce que ça
coûte moins cher aux employeurs d'avoir ce type d'employé, et
qu'à ce moment-là on crée deux types de travailleurs au
sein même de l'entreprise. Je pense qu'en ne faisant pas un chapitre
spécial dans l'avant-projet de loi, on n'est pas conscients de l'impact
que ça peut créer au sein des entreprises et des
conséquences que ça peut avoir à long terme.
C'étaient, grosso modo, nos positions que Benoit vous a
spécifiées et nos commentaires quant aux congés parentaux.
Un point important pour nous, ce sont les colonies de vacances à but
lucratif. Si on ouvre la porte à ce dossier-là, à ce
moment-là, on vient d'ouvrir la porte à l'ensemble des
entreprises qui se considèrent en concurrence avec l'Ontario ou
l'État de New York. On enlèverait la Loi sur les normes du
travail et je pense que l'objectif de la Loi sur les normes du travail est .
d'assurer un minimum pour tous les Québécois. Si on commence
à exempter davantage d'entreprises de ce minimum, c'est dire qu'on
préfère encourager le profit des entreprises plutôt que le
bien-être des travailleurs qui sont à l'intérieur et, bien
sûr, pouvoir voir également le temps partiel inscrit dans
l'avant-projet de loi.
La Présidente (Mme Marois): merci de votre
intéressante présentation. j'inviterais le ministre, la ministre,
leurs collègues à poser des questions et à échanger
chacun pendant dix minutes. d'accord?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, vous comprendrez que c'est
avec un plaisir...
La Présidente (Mme Marois): Je n'en doute pas. Ça
m'étonnerait, d'ailleurs, que ce soit le contraire. Ha, ha, ha! (16 h
45)
M. Bourbeau: ...certain que j'accueille notre jeunesse, le seul
groupe de jeunes qui se présente devant la commission. Il y a beaucoup
de choses qu'on pourrait dire. D'abord, je tiens à vous féliciter
pour le sérieux du travail accompli. Pour parler un peu du temps
partiel, pour tenter d'amener un peu d'éclairage sur cette
problématique, on doit dire que la loi, telle qu'elle existe
présentement, s'applique autant aux travailleurs à temps partiel
qu'aux travailleurs à temps plein en ce que sens que les travailleurs
à temps partiel ont droit à une protection, par exemple, au
salaire minimum, aux 4 % de vacances, à tout ce qui est minimum. Mais
c'est quand on veut excéder le minimum que, là, il peut y avoir
une discrimination. Par exemple, dans le régime actuel, un employeur
pourrait payer, pour une même tâche, 8 $ l'heure pour une
caissière à temps plein, puis payer le salaire minimum pour une
caissière à temps partiel ou un caissier. C'est là que le
bât blesse un peu, un peu beaucoup, je dois le reconnaître, et on a
dit dans les documents que, justement, on sollicite l'avis des intervenants
afin d'éventuellement introduire dans la loi des articles à ce
sujet-là.
Il y a un sujet que j'aimerais porter à votre attention, c'est la
question de l'ancienneté. Vous proposez de comptabiliser
l'ancienneté en fonction du nombre de jours travaillés au lieu du
service continu, ce qui est la pratique actuelle, aux fins, notamment, des
vacances et des recours. Or, dans la loi actuelle, de la façon qu'on la
comprend, les personnes qui travaillent à temps partiel... Par exemple,
vous travaillez à temps partiel pendant cinq ans, vous avez, à
toutes fins pratiques, vos cinq années de service continu. Donc, la loi
actuelle est plus avantageuse que ce que vous proposez en ce sens que, si on ne
compte que le nombre de jours travaillés, le prorata, on pourrait aller
à dix ans peut-être avant d'avoir droit aux recours. Alors, la loi
actuelle semble donc concéder plus de droits que ce que vous proposez.
Je ne sais pas si vous interprétez ça comme ça aussi.
M. Bissonnette: Si vous me permettez de répondre. Sur ce
point de l'ancienneté, ce qui est essentiel pour nous, c'est que dans
bon nombre de cas, quand l'employé passe du statut à temps
partiel au statut à temps plein, il perd l'ensemble de
l'ancienneté qu'il a pu avoir parce que l'employeur calcule sur deux
échelles d'ancienneté: donc, une échelle
d'ancienneté pour les temps plein et une échelle
d'ancienneté pour les temps partiel. Si l'échelle
d'ancienneté était la même pour les deux types de
travailleurs, à ce moment-là, peu importe quand l'employeur
à
temps partiel passera au statut de travailleur à temps plein, il
ne perdra pas l'ensemble de l'ancienneté qu'il a pu accumuler.
C'était le point qu'on voulait soulever dans ce volet-là.
M. Bourbeau: Alors, là, je tente de savoir de mes experts
en arrière comment ça fonctionne. On me dit qu'évidemment,
s'il y a des conventions collectives, ça peut être
différent, mais d'après la loi générale... La loi
générale s'applique à tout le monde. Il faudrait
peut-être qu'on précise ça un peu. Mais, de toute
façon, sur ce point précis, peut-être que ça
vaudrait la peine qu'on en discute, que vous en discutiez ou qu'on en discute
ensemble pour voir s'il n'y a pas une injustice, même une
illégalité peut-être.
Les congés de courte durée. Là, vous proposez cinq
jours rémunérés, congés à la naissance,
alors que, dans la loi actuelle, il n'y a aucun jour
rémunéré et deux jours sans solde. Nous faisons, je pense,
un pas en avant important en disant: Le statu quo, c'est deux jours sans solde;
on propose deux jours avec solde et trois jours sans solde. Vous, vous voulez
faire une marche encore plus grande, cinq jours rémunérés.
Évidemment, ce serait l'idéal, bien sûr, quoiqu'on pense
que la marche pourrait être un peu haute en ce sens qu'on serait
certainement la seule province à proposer un système comme
celui-là. Ce que j'en sais, c'est qu'actuellement il n'y a aucune
province canadienne qui ne propose aucun jour rémunéré. Il
n'y aurait que le Nouveau-Brunswick qui a un congé parental de sept
jours consécutifs sans solde, disons une semaine sans solde. Il pourrait
peut-être y avoir un danger là-dedans. Si on est la seule province
qui le fait ou, enfin, s'il n'y en a pas d'autres qui le font, et qu'on prend
une telle avance, est-ce que vous ne pensez pas que ça pourrait inciter
un employeur à discriminer à l'encontre d'une jeune femme, par
exemple, en âge de procréer en disant: Si c'est pour me
coûter une semaine à chaque naissance, peut-être qu'on
serait portés...
Mme Harel: C'est son mari.
M. Bourbeau: Oui, je m'excuse, je m'excuse.
Mme Harel: C'est son conjoint, pas le mari.
M. Bourbeau: Vous avez bien raison. On serait portés
à engager des...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Des femmes, des gens qui ne sont pas de jeunes
couples, autrement dit, qui n'ont pas de jeunes femmes en âge de
procréer.
Mme Harel: On peut être un vieil homme et procréer
quand même.
M. Bourbeau: Oui, effectivement.
Mme Trépanier: Alors, on va être encore
privilégiées.
M. Bourbeau: Alors, je reviens. On serait portés, disons,
dans l'embauche, à privilégier des gens, hommes ou femmes, enfin,
disons, qui ne seraient pas le conjoint d'une personne qui pourrait se situer
dans cette situation-là. Enfin, je vous laisse ça comme question,
je ne sais pas ce que vous en pensez.
M. Savard: Vous disiez que la marche était haute un peu et
qu'on ne retrouvait pas ça dans les autres provinces. C'est
peut-être justement parce qu'on est une société distincte
qu'on ne le retrouve pas ailleurs, dans un premier temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: D'autre part, sérieusement...
M. Bourbeau: Une réponse un peu facile, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: On parle de la compétitivité des
entreprises aussi.
Une voix: Un à zéro. Des voix: Ha, ha,
ha!
Une voix: Ça ne vous enlève pas de moyens, M. le
ministre.
M. Savard: Non, sérieusement...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On pensait que c'était sérieux.
M. Savard: J'étais sérieux, mais maintenant pour
passer à autre chose de moins sérieux, donc. Cinq jours,
peut-être que la marche est un peu haute, mais, comme on l'a
argumenté tout à l'heure, on croit que ça n'aurait pas un
effet à ce point dommageable pour la masse salariale des entreprises. Il
faut regarder ce qu'on peut apporter de positif dans cette mesure. Si on
considère, par exemple, que la femme, lors de l'accouchement, va
peut-être passer deux ou trois jours à l'hôpital, alors,
cette semaine, justement, de congé pourrait servir d'espèce
d'adaptation, dans le cas tout particulièrement d'un premier enfant et
même dans le cas d'un enfant supplémentaire. Lors de ces
premières journées, lors de ces deux journées
payées, rémunérées, on croit que c'est insuffisant.
Trois jours non rémunérés, ça pénalise,
d'une certaine façon, financièrement le couple. Nous, ce qu'on
demande, c'est que le
couple ne soit pas pénalisé, à tout le moins durant
une semaine, de façon financière et qu'il puisse
bénéficier de cette période pour, justement, s'adapter
à la situation nouvelle qui vient de se créer.
M. Bourbeau: Écoutez, moi, je ne suis pas du tout
opposé à ça. Vos arguments sont très valables. Il
s'agira de peser ça avec le marché, disons, pour voir ce qui est
possible. Il y a la question des droits de recours après deux ans
plutôt qu'après cinq ans. Je dois dire que vos arguments sont
assez convaincants. Vous proposez deux ans, je crois. Est-ce que c'est deux
ans?
Une voix: Oui.
M. Bourbeau: Pourquoi deux plutôt qu'un, plutôt que
trois? Est-ce que "deux", c'est la conclusion d'une étude exhaustive ou
si c'est...
Une voix: Nos actuaires.
M. Dumont: La Commission-Jeunesse n'a pas dans ses budgets la
possibilité d'engager des actuaires. Non, c'est un...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dumont: Si on regarde les statistiques, et je pense qu'on a un
tableau à la page 10 qui donne une certaine idée de ça, si
on regarde les pourcentages entre un et cinq ans, c'est la colonne la plus
haute, ce qui fait qu'on pense qu'en ramenant à deux ans la ligne de
démarcation, on pourrait inclure un nombre important de travailleurs
là-dedans. Maintenant, pour ce qui est de la ramener à un an, on
ne militera certainement pas pour s'y opposer. On pensait qu'un an, pour faire
la part des choses, peut-être que pour l'entrepreneur, un an, c'est une
période qui lui... En tout cas, il est peut-être encore dans une
période de vérification de son employé. Donc, c'est en ce
sens qu'on a fixé deux ans comme étant une limite, mais c'est
surtout en fonction du tableau de la page 10 qui nous montrait qu'une grande
proportion de travailleurs allaient être inclus maintenant, qui allaient
pouvoir bénéficier d'un tel droit de recours.
M. Bourbeau: C'est sûrement une proposition qui est
très intéressante, je dois dire, et sur laquelle on va se pencher
attentivement. C'est un des points, je pense, où il y aura lieu de
pousser la réflexion au cours des prochaines semaines avant d'accoucher
d'un projet de loi définitif. Mais je retiens la recommandation au sujet
du droit à des recours après une période moins longue que
cinq ans.
On pourrait peut-être passer aux colonies de vacances, si vous
voulez. Là, évidemment, pourquoi est-ce qu'on arrive avec cette
propo- sition? C'est un peu parce que, dans la loi actuelle, on fait
déjà une exception pour les colonies de vacances à but non
lucratif, pour les étudiants, entre autres, et qu'on a eu des
représentations, bien sûr, des colonies de vacances à but
lucratif qui prétendent que ça fait une compétition un peu
difficile, même déloyale, et que ça les met dans une
position... Bon. On n'a pas tellement l'intention de privilégier
l'entreprise privée à ce point qu'on va aller chercher les
colonies de vacances plutôt que d'autres entreprises, mais il reste quand
même que c'est un type d'entreprises un peu particulier qui ne doit pas
être si lucratif que ça, même si on peut appeler ça
lucratif à l'occasion. Ça joue un rôle important dans la
société, les colonies de vacances. Il y a la compétition,
bien sûr, avec les colonies de vacances dans les autres provinces ou dans
les États limitrophes.
Alors, c'est la raison pour laquelle on s'est rendu aux arguments de
ceux qui nous ont fait valoir que c'était un peu injuste que de traiter
différemment les colonies de vacances à but lucratif. Mais le
point sur les étudiants, ça, je dois dire que c'est un peu plus
difficile de dire pourquoi on discrimine, chez ces travailleurs-là par
rapport aux étudiants plutôt qu'à ceux qui ne le sont pas.
Je dois dire, quant à moi, que la loi actuelle a été faite
comme ça, puis on a simplement étendu la loi aux colonies de
vacances à but lucratif. On va regarder attentivement les raisons
profondes, on va retourner dans l'histoire, qui ont fait qu'on a "zoomé"
sur les étudiants et non pas sur les autres. Probablement qu'on pourrait
soit l'étendre à tous les employés ou, enfin, avoir un
traitement plus équitable.
M. Dumont: Pour ce qui est des colonies de vacances, si je peux y
revenir, c'est que j'insiste sur la distinction entre les objectifs des deux
sortes d'entreprises. C'est-à-dire que si j'accepte de travailler 75
heures/semaine à 2 $ l'heure pour une entreprise à but non
lucratif, c'est que la marge qu'il y a entre ce que j'accepte de faire et ce
que les normes minimales du travail pourraient m'assurer, si j'y étais
soumis, je le fais comme un service à la communauté, alors que si
je travaille pour un organisme à but lucratif ce travail
supplémentaire, entre guillemets, c'est du "cheap labour", ça
veut dire que je le fais pour participer aux profits de l'entrepreneur en
question, et c'est là que nous autres, on en a.
M. Bourbeau: oui, je comprends. disons que l'exemple est odieux
un peu, là, 75 heures à 2 $ l'heure. je serais plutôt
porté à penser que c'est...
Une voix: Un million d'heures, un million de piastres.
M. Bourbeau: Oui. Enfin, j'aimerais bien
penser que ce n'est pas à 2 $ l'heure, que c'est plutôt le
nombre d'heures par rapport... J'espère que le salaire est au moins le
salaire minimum. Mais c'est un point de vue qui se défend, c'est un
point de vue qui se défend. On va réfléchir à
ça profondément.
M. Bissonnette: Sur l'argument des camps de vacances du
Québec comme quoi la concurrence, par rapport à l'État de
New York ou à la province de l'Ontario, est grande, on accède
très peu à cet argument-là. Je crois que si les familles
québécoises envoient leurs enfants dans des camps, justement,
ontariens ou américains, c'est beaucoup plus une question de leur
permettre d'apprendre une langue seconde qu'une question de coût moindre
parce que, ce qu'ils ont à débourser pour aller conduire leur
enfant là-bas et pour autre chose, je ne crois pas que ce soit vraiment
sur la base, par rapport au prix que peut coûter une semaine de vacances.
On veut réitérer aussi ce qui est important pour nous. Quand, en
tant que travailleur, je décide de travailler pour le camp Centraide qui
permet, pour les enfants qui sont atteints de paralysie ou pour les enfants
à faible revenu, d'avoir deux semaines de vacances, moi aussi, en tant
qu'individu, je fais un service à la communauté, comme le camp
à but non lucratif le fait. Sauf que pour un camp à but lucratif,
sur la seule raison de la concurrence, si on ouvre la porte à ça,
sur ce cas-ci, si on lui ouvre la porte, c'est qu'on ouvre la porte à
bon nombre de cas par après. Et je pense que ça peut être
dangereux, parce que la Loi sur les normes du travail, dans la mesure où
c'est un minimum, je ne vois pas en quoi ça peut tant affecter
l'employeur que ça.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci.
M. Bourbeau: C'est un argument qui a pas mal de poids, je dois
dire.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve, s'il vous plaît.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis
contente de vous rencontrer, M. Bissonnette - je vous ai entendu à la
radio sur le lac Meech, puis je trouvais ça bien intéressant - M.
Savard et M. Dumont...
M. Bourbeau: On est dans les colonies de vacances, là; ce
n'est pas le lac Meech.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): On peut discuter aussi du lac
Meech.
Mme Harel: Est-ce qu'il y en a un de vous trois qui est parent?
M. Savard: Moi.
Mme Harel: Ah! il me semblait, M. Savard, que vous en parliez en
connaissance de cause, de ces jours...
M. Savard: C'était mon argument ultime.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: Je le gardais en réserve.
Mme Harel: Alors, je vais vous poser une question. J'ai bien des
questions à vous poser. Je considère que la contribution que vous
faites à notre commission sur tout l'aspect temps partiel est vraiment
très très très importante, mais d'abord, une question
à vous, M. Savard. Est-ce que vous pensez que les jeunes chefs de
famille de moins de 35 ans qui, on le sait, ont les revenus qui ont le moins
augmenté, pour ne pas dire qu'ils ont été stationnaires ou
ils ont diminué en termes de pouvoir d'achat relatif, ont les moyens de
se prévaloir d'un congé de longue durée sans solde?
M. Savard: Je ne veux pas faire de mon cas un cas particulier,
mais je ne serais pas capable de me prévaloir d'un congé sans
solde de ce nombre de semaines.
Mme Harel: D'accord. Merci.
M. Savard: C'est...
Mme Harel: Merci, merci, c'est tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: J'ai trop d'autres questions.
M. Savard: Non, non, je veux quand même...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: Allez-y.
M. Savard: Non, je veux quand même poursuivre.
Mme Harel: Non, non, je vous donne la parole. Allez-y.
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, M. Savard. (17
heures)
M. Savard: De façon très honnête, il est
effectivement possible que beaucoup de jeunes couples ne soient pas en mesure,
justement, de se payer ce congé sans solde de plusieurs semaines.
Toutefois, chose qu'il n'y avait pas avant,
c'est que ce n'était pas à la disposition des
travailleurs, des jeunes travailleurs comme des travailleurs seniors, pour ne
pas dire des travailleurs âgés. Sauf que maintenant, c'est
à la disponibilité de ces gens-là. Il y a
possibilité maintenant, quitte à faire certains sacrifices. Moi,
je serais peut-être prêt à le faire durant un certain nombre
de semaines, non pas 34 semaines dans mon cas, c'est évident, sauf que
peut-être quelques semaines, je le ferais. Alors, là, la porte est
ouverte. Il s'agit de concilier tout ça ensemble: la carrière,
les enfants, le contexte familial, le contexte du couple. Je crois que...
Mme Harel: Est-ce que vous considérez que les exigences de
conciliation sont les mêmes pour vous que pour votre conjointe?
M. Savard: Dans un couple, en tout cas... Je ne veux pas qu'on
fasse de mon cas un cas type, mais je veux dire que les questions de couple se
règlent entre couple, à mon avis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Savard: Vous riez, mais ce n'est pas toujours évident.
Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: On est entre nous.
La Présidente (Mme Marois): Personne ne nous écoute
dans...
M. Savard: Non, je crois que justement, je veux dire... La
possibilité est offerte aux deux. Maintenant, ce sera une question
très personnelle et très individuelle en ce qui concerne ces
personnes concernées. Ce sera aux personnes concernées de
décider selon leur cas, je veux dire. Si mon épouse ou si
l'épouse de quelqu'un décide, elle, de demeurer à la
maison, c'est son choix. C'est à la lumière de ces
faits-là que le couple va décider.
Mme Harel: Évidemment, c'est un choix qui n'est possible
qu'à la lumière d'une rémunération ou d'un manque
à gagner qui ne soit pas trop important. Comme on sait que
déjà les travailleuses font 70 % du revenu d'un travailleur,
donc, déjà, pour un congé de maternité de longue
durée sans solde, il y a toujours la possibilité de versement de
l'assurance-chômage mais encore faut-il avoir eu 20 semaines de service
continu chez le même employeur. Il y a 50 % des Québécoises
qui ont accouché l'an passé et qui n'ont pas touché une
seule prestation. Et on pense qu'un bon nombre de celles-là, finalement,
travaillent soit comme travailleuses autonomes ou à des emplois qui ne
permettent pas, notamment à temps partiel, d'accumuler, même si
elles ont droit à l'assurance-chômage, un revenu qui, d'une
quelconque façon, leur permette de laisser le marché du travail.
De toute façon, on a entendu beaucoup d'intervenants toute la
journée. Je pense que, sans exception ou presque, on a passé une
journée complète sur cette question-là et, comment vous
dire, c'est un consensus extrêmement large qu'il ne faut pas que ce soit
une coquille législative vide, les dispositions sans solde. Puis, il
faut donc qu'il y ait toutes sortes de formules qui soient proposées
pour qu'il y ait une rémunération ou, en tout cas, pour qu'il y
ait une compensation du manque à gagner, comme c'est le cas si on a un
accident de travail ou un accident d'automobile ou, enfin, toutes les autres
prestations de notre régime de sécurité sociale.
Pardon, excusez-moi. Il y a une chose que je veux absolument savoir de
vous. Vous avez parlé des exclusions, avec raison. Vous avez bien
illustré qu'il ne devait pas y en avoir, notamment en matière,
comment dit-on, de vacances, de colonies de vacances. J'avais pensé que
vous nous parleriez aussi de l'élimination de la discrimination
salariale à l'égard des jeunes, particulièrement dans les
clauses grands-pères. Vous avez déjà fait valoir votre
point de vue, il n'y a pas très longtemps, à l'égard des
conventions collectives. Mais, finalement, c'est une pratique qui n'est pas
interdite dans la Loi sur les normes du travail et qui ne l'est pas dans
i'avant-projet non plus. Des groupes sont venus devant la commission
recommander qu'à la suite d'une sorte de période de normalisation
il y ait un certain délai de transition, mais que toutes les
dispositions qui établissent des conditions inférieures pour les
nouvelles personnes salariées soient réputées
illégales après un certain temps à la suite de l'adoption
de la loi. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bissonnette: Je pense que ce qui a trait aux clauses
grands-pères, c'est un dossier qui nous touche à coeur qu'on a
discuté dans le cadre du congrès jeunes de notre parti, en 1987,
et maintenant qu'on a un engagement électoral ferme qui a eu lieu
pendant la dernière campagne électorale. Sauf que, quand il y a
une clause grand-père ou une clause orphelin, peu importe le
libellé qu'on veut bien lui donner, c'est quand il y a bel et bien une
convention collective de signée. À ce moment-là, on fait
nos pressions beaucoup plus pour avoir des amendements au Code du travail que
sur la loi des normes minimales du travail.
Mme Harel: Paraît-il que c'est une pratique... L'organisme
Au Bas de l'échelle qui reçoit un assez grand nombre... Enfin, il
ne reçoit pratiquement que des bas salariés et il semble, en tout
cas, nous indiquer qu'il y a des rémunérations inférieures
qui sont souvent faites aux nouveaux employés. Ils ne sont pas
nécessairement jeunes, mais ils sont nouveaux et ils ont tendance
à être jeunes. C'est une pratique qui vaut aussi pour les
non-syndiqués.
M. Bissonnette: Quand on parte, autant pour les emplois à
temps partiel que pour les emplois à temps plein, d'avoir une seule et
même échelle salariale, peu importe, quand c'est un emploi
comparable, je pense que si on apportait cette modification-là pour les
emplois à temps partiel, automatiquement, on réglerait le
problème par la clause grand-père.
Mme Harel: Non, parce que la clause grand-père...
C'est-à-dire qu'offrir des conditions inférieures peut aussi se
pratiquer dans des emplois à temps complet.
M. Bissonnette: Oui, absolument, mais si on peut inclure que,
pour un emploi égal, le salaire soit égal, donc pour un emploi
comparable, le salaire soit égal, à ce moment-là, oui, on
protège le temps partiel et, à ce moment-là, on
protégerait également les employés à temps plein
qui vont avoir la même définition de tâches. Donc, on va
faire d'une pierre deux coups, et je suis certain que le ministre va donner
suite à cette demande fort pertinente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Par ailleurs.
Mme Harel: D'accord. Vous avez peut-être omis, je ne sais
pas si vous y avez réfléchi, de parler de cette autre exclusion
des personnes assistées sociales qui participent à certains
programmes gouvernementaux, de développement de l'employabilité,
et qui sont exclues de l'application de la loi. Est-ce que vous y avez
réfléchi?
M. Bissonnette: C'est un domaine qu'on n'a pas abordé du
tout dans le mémoire, et je dois vous avouer qu'il nous manque de
l'information pour pouvoir commenter sur ce point technique
présentement.
Mme Harel: Parce que plusieurs intervenants finalement, notamment
la FTQ, la CEQ, ont recommandé que les participants à des
programmes de développement de l'employabilité soient aussi
assujettis pour ne pas qu'il y ait deux catégories, finalement, de
personnes dans notre société: celles qui n'ont aucun droit et
celles à qui on en reconnaît quelques-uns.
D'autre part, je pense que c'est M. Dumont, vous avez dit que
c'était très très positif, les dispositions dans
l'avant-projet de loi concernant les recours. Vous avez parlé, entre
autres, de la médiation. Vous avez parlé aussi de la
représentation possible par la Commission. Et puis, ça vous
semblait extrêmement nouveau, mais peut-être ignoriez-vous que
déjà la Commission avait le pouvoir de représenter et que,
fondamentalement, entre l'avant-projet de loi et la loi actuelle, le pouvoir
reste le même. Il n'y a pas plus d'obligation de le faire. Il y a juste
un pouvoir que la Commission peut, à son libre arbitre, là,
occuper ou non. Et d'autre part, la médiation, ça a
été un sujet très très controversé, parce
que beaucoup d'intervenants disent: C'est une protection de base minimale et
ça n'a pas à être négocié. La Commission des
droits, la Commission des normes, plutôt, n'a pas à faire de la
médiation. Le salaire minimum, il se paie, on n'a pas à
négocier ou à faire de la médiation. Et il en va de
même pour les congédiements illégaux, etc., et qui
recommandent que la Commission ne soit pas dans un rôle de
neutralité, mais qu'au contraire la Commission, activement, ait à
appliquer cette protection de base minimale. Alors, j'aimerais ça
peut-être vous entendre là-dessus.
M. Dumont: Ah! bien, je ne pense pas que la Commission soit dans
un rôle de neutralité dans la situation actuelle où on dit
que la Commission va représenter des travailleurs pour faire valoir leur
cause.
Mme Harel: Peut, peut représenter. On le dit, c'est dans
la loi actuelle aussi.
M. Dumont: O.K. Maintenant, si je ne me trompe pas, c'est que
cette disposition-là était dans la loi actuelle, sauf que pour
des... Bon, ça avait été contesté juridiquement, il
y avait eu des problèmes de cet ordre-là, et là, bon, on
veut confirmer ce pouvoir-là à la Commission. Ce que, nous, on
disait en demandant que les ressources humaines nécessaires soient
consenties, ça va dans le même sens que ce que vous avancez.
C'est-à-dire que la Commission peut ou doit, mais présentement la
Commission peut, si les ressources humaines nécessaires y sont
consenties. Il me paraît évident que la Commission non seulement
va pouvoir, mais va aller de l'avant et puis va, avec les ressources humaines
nécessaires, appliquer ces ressources humaines là à cette
tâche-là.
Mme Harel: Je ne sais pas si vous, vous avez eu des garanties
d'amélioration, en termes d'augmentation du personnel, mais la grande
crainte des intervenants qui connaissent tout ce domaine-là, c'est qu'il
y ait engorgement, parce qu'il n'y a pas de garantie qu'il y aurait pour autant
une augmentation du personnel.
M. Dumont: Oui.
Mme Harel: Donc, vous sembliez tellement contents, j'ai
pensé que vous saviez peut-être des choses que, moi,
j'ignorais.
M. Dumont: Bien, on n'a pas de garanties. Si on avait des
garanties, on n'aurait pas inclus cette inquiétude-là dans notre
mémoire, mais on espère que d'ici peu, en réponse à
notre demande
d'affecter les ressources humaines nécessaires, le ministre nous
donnera les garanties qu'ils vont pallier ces inquiétudes-là.
Mme Harel: Ah! vous êtes très très habiles!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: L'autre aspect, c'est peut-être toute la
question des délais. Bon, vous proposez des modifications: par exemple,
deux ans pour avoir droit au recours de congédiement sans cause juste et
suffisante plutôt que les cinq ans actuels; vous faites valoir que,
finalement, au-delà de 65 %, je crois, des employés non
syndiqués ne complètent pas les cinq ans de service continu. Et,
finalement, si on souhaite s'ajuster aux législations des voisins
d'à-côté, par exemple, la législation ontarienne -
non, c'est le Code canadien plutôt - on prévoit, même sur le
territoire québécois, pour les travailleurs assujettis aux
entreprises de juridiction fédérale, un an de service continu.
C'est un an de service continu pour à peu près tout, si vous me
le permettez: un an de service continu pour les vacances, un an de service
continu pour les recours, un an de service continu de façon que
l'application d'une telle loi, parce qu'elle peut valoir... On dit que le tiers
des bas salariés ont des conditions de travail inférieures aux
normes et les droits qu'on peut adopter peuvent ne jamais être
appliqués parce qu'il peut y avoir un risque de représailles et
la personne va mettre dans la balance la peur qu'elle a de les faire appliquer
en regard des avantages ou des inconvénients que ça va
représenter et c'est peut-être intéressant.
On me fait valoir que, par exemple, toutes les conventions collectives
prévoient que c'est six mois à un an - ça ne varie pas
plus que ça - la période où on n'a pas droit à des
procédures de grief. Est-ce qu'il n'y aurait pas intérêt -
comme on s'interroge à la commission, je pense bien que le ministre
aussi doit s'interroger, je l'espère - à ce qu'il n'y ait pas
toutes sortes de délais différents pour que la personne soit
obligée quasiment d'aller voir un avocat ou un spécialiste des
normes pour savoir après combien de délais j'ai droit à un
congé; une vacance, c'est après combien de temps, un recours,
etc., de façon qu'un an, ça devienne le délai normal
après lequel on a ou pas droit à certains avantages? Qu'est-ce
que vous en pensez?
M. Bissonnette: Quand je vois, Mme Harel, que vous comparez avec
d'autres exemples d'autres provinces canadiennes, je me dis: II doit y avoir un
intérêt quelconque. Moi, je pense que la raison pour laquelle on a
fixé deux ans, c'était justement pour ne pas faire la marche trop
haute, donc, passer de cinq ans à deux ans, sauf que dans la mesure
où l'ancienneté d'un an serait présente dans d'autres
mesures, contre la vertu, on n'en aurait certainement pas. Donc, je pense que
oui, dans la mesure où un employeur qui a un employé,
après trois mois, ordinairement, ou six mois, il va déjà
savoir si, oui ou non, il est intéressé à le garder ou non
ou s'il est compétent ou non. La différence de deux ans à
un an, on pourrait très bien, là, être d'emblée avec
une proposition pour un an. Là-dessus, on peut s'entendre.
Mme Harel: Ça, là-dessus, on pourrait
s'entendre.
M. Bissonnette: C'est ça.
Mme Harel: Alors, je veux vous remercier pour votre contribution.
Ça a été bien intéressant.
M. Bissonnette: Merci.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, ça
va?
M. Bourbeau: Oui, ça va très bien. Vous me
permettrez, Mme la Présidente, de remercier et de féliciter nos
amis, les jeunes du Parti libéral du Québec, pour une
contribution extrêmement positive. Je peux vous assurer que plusieurs des
choses dont vous avez parlé, on va en rediscuter intensément
entre nous dans les prochaines semaines.
M. Bissonnette: Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci de nous avoir
apporté aussi votre expérience de personnes plus jeunes, sans
doute, sur le marché du travail. Ça a été
très apprécié. Merci. Et de parents, aussi.
J'inviterais maintenant les personnes représentant le Conseil
québécois du commerce de détail à bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît.
On va suspendre pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 13)
(Reprise à 17 h 18)
La Présidente (Mme Marois): C'est ça, vous vous
présentez, vous vous identifiez auprès des gens de la commission
et vous présentez les personnes qui vous accompagnent. Vous avez ensuite
une vingtaine de minutes pour présenter votre point de vue. Par la suite
on procédera à des échanges de propos avec vous.
Conseil québécois du commerce de
détail
M. Lafleur (Gaston): Merci, Mme la Présidente. Mon nom est
Gaston Lafleur. Je suis
président et directeur général du Conseil
québécois du commerce de détail. Les personnes qui
m'accompagnent aujourd'hui, à ma gauche immédiate, Mme Ginette
Bazzocchi, à ma gauche éloignée, M. Normand Gascon et,
à ma droite, M. Michel Fournier.
Dans un premier temps, j'aimerais remercier les membres de la commission
de nous donner l'occasion d'exprimer le point de vue du Conseil
québécois du commerce de détail sur la question relative
aux normes du travail. Le Conseil québécois du commerce de
détail est un mécanisme à but non lucratif qui regroupe
l'ensemble du secteur du commerce de détail au Québec, le secteur
du commerce de détail qui, en termes économiques, regroupe
environ 325 000 salariés qui représentent une masse salariale
supérieure à 4 500 000 000 $ au Québec et qui
représente, en termes d'établissements commerciaux, environ 67
000 établissements commerciaux.
Nous avons indiqué dans notre mémoire que nous avions eu
l'occasion d'étudier le mémoire du CPQ, le Conseil du patronat du
Québec. Nous savons que le CPQ sera là demain matin. Afin de
répondre aux exigences de temps auxquelles la commission doit faire
face, nous nous limiterons uniquement aux aspects que nous avons
soulevés, article par article, dans notre mémoire.
La manière dont nous avons l'intention de procéder serait
la suivante. M. Fournier, à ma droite, va traiter de l'aspect du
préavis de douze heures de temps supplémentaire et aussi de la
question du paiement en temps supplémentaire en temps. M. Gascon va nous
parler de l'aspect du congé annuel et il va aussi traiter de l'article
811 concernant le congé de naissance et d'adoption et le
congé du statut parental, les cinq jours de congé de statut
parental. Mme Bazzocchi va entretenir la commission sur l'aspect du
congé parental de longue durée, l'article 81.3 et M. Gascon nous
parlera, en dernier lieu, de la présomption créée par
l'article 45 ainsi que la recommandation relative à la fête
nationale.
En ce qui me concerne, j'aimerais immédiatement situer la
commission sur un aspect qui concerne la question du temps partiel. Pour les
gens de la commission, comme vous le savez, le Conseil québécois,
à ce moment-ci, n'a pas fait d'étude et ne se prononce pas sur la
question du temps partiel, mais a indiqué au ministre son intention de
collaborer avec lui dans une démarche qui devrait approfondir ce dossier
extrêmement complexe. Par conséquent, je demanderai aux gens de la
commission, si possible, de ne pas nous questionner sur l'aspect du temps
partiel. Sur ce, je vais céder la parole à M. Fournier.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Lafleur: En passant, excusez-moi, pour vous identifiez un peu
les secteurs d'activité économique dont on parle...
La Présidente (Mme Marois): Oui
M. Lafleur: ...M. Fournier représente une entreprise, un
magasin à rayons important au Québec et au Canada, Mme Bazzocchi
représente le secteur des pharmacies détaillantes et M. Gascon
représente le secteur de la distribution et du détail
alimentaire. Nous n'avons couvert qu'une légère partie,
étant donné le nombre de chaises restreint.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha!
M. Gascon (Normand): Je vais céder la parole à mon
collègue.
La Présidente (Mme Marois): En autant que votre point de
vue peut être bien présenté, ça va.
M. Fournier (Michel): Bonjour tout le monde.
La Présidente (Mme Marois): Bonjour.
M. Fournier: Au départ, j'aimerais faire le point sur le
fait qu'on a quand même un certain consensus au niveau de l'approche
prise par le Conseil québécois. Donc, si on examine l'article 14
sur le temps supplémentaire et les cas d'urgence, il y a, à prime
abord, deux facettes importantes à souligner dans cet article. D'une
part, il y a le délai de douze heures, qui serait exigible de
l'employeur pour pouvoir exiger de son employé de faire du surtemps. Il
faut quand même concevoir que, dans le secteur privé, la notion de
surtemps est une notion d'urgence, une notion qui n'est pas planifiée
à l'avance. Donc, d'exiger de l'employeur de fournir douze heures
à l'avance un avis à ce parent-là devient une situation
hors de contrôle. Il faut quand même, dans plusieurs cas, concevoir
le fait que, lorsqu'il y a enfants, il y a aussi parents, au pluriel, et que
l'employé n'est pas nécessairement, disons, le seul responsable
de l'enfant, dans plusieurs cas. Il reste aussi que, à
l'intérieur de l'entreprise, l'aspect pratico-pratique créerait,
par rapport à la situation actuelle, un déséquilibre,
d'une part, sur la base de savoir qui est parent et qui ne l'est pas, au point
de vue de l'attribution du temps et du surtemps. Donc, la notion actuelle
d'équilibre est établie par l'ancienneté. Au
départ, la majorité des conventions collectives et du secteur du
travail en général va permettre et offrir le temps
supplémentaire, d'une part, sur une base volontaire, du plus ancien au
plus jeune et, d'autre part, sur une base imposée du plus jeune au plus
ancien, pour finalement arriver à un nombre de ressources humaines
nécessaire à l'activité du travail ou à accomplir
l'urgence. Donc, on créerait, par une imposition des douze
heures et par une tenue du fait que l'employé est parent ou pas,
un déséquilibre sur la notion de qui est parent et qui ne l'est
pas, et cette notion va aussi à rencontre de l'ancienneté, qui
est fondamentale dans le principe des relations de travail, et elle donnerait
un préjugé favorable, si on veut, aux plus jeunes par rapport aux
plus âgés. Par exemple, le plus jeune pourrait donc se sauver,
disons, du surtemps, et ce serait l'employé qui est peut-être plus
âgé en service et en âge qui devrait se le farcir, comme on
dit en bon canadien. Donc, c'est notre point de vue sur l'article 14 concernant
le temps supplémentaire.
J'aimerais aussi enchaîner sur l'article 16, qui résume
l'aspect du paiement même du surtemps, où on apporte une nouvelle
notion, qui est le remplacement du paiement par un temps équivalent au
surtemps fait, temps pour temps et demi. C'est une notion qui est quand
même relativement nouvelle dans le principe des relations de travail et
nous, sans nous opposer au fait de rémunérer l'employé en
temps plutôt qu'en argent, pensons que la majorité des gens qui
préfèrent le temps, c'est pour éviter de payer de
l'impôt. Parce que, comme ils le disent, il leur reste plus d'argent sur
le surtemps qu'ils font, ils préfèrent justement prendre du temps
en termes de temps pour temps et non pas temps pour temps et demi. Donc, notre
position serait, si vous voulez, d'amener cette notion de possibilité de
remplacer par le temps, qu'au moins que ça se fasse sur une base
minimale de temps pour temps. Si l'employeur veut bien donner, disons, du temps
et demi, bien alors, à ce moment-là, laissons les choses
évoluer d'une façon naturelle. Merci beaucoup.
M. Gascon: En ce qui a trait à l'augmentation de la
durée des congés annuels, la position du Conseil
québécois en est une où l'on accepte, d'une certaine
façon, l'augmentation de la durée du congé annuel mais
avec une progressivité plus lente que celle proposée dans le
projet de loi. Comme vous pouvez le voir à notre mémoire, ce que
l'on propose, c'est trois semaines après neuf ans à
l'entrée en vigueur de la loi et trois semaines après huit ans,
un an après l'entrée en vigueur de la loi. Essentiellement, dans
le commerce de détail, on a affaire à de petits
commerçants lorsqu'on parle d'une moyenne et on se retrouve dans la
situation où la majorité des gens sont couverts par la Loi sur
les normes du travail. Il y a un impact économique ainsi qu'un impact de
remplacement compte tenu du faible nombre d'employés qui travaillent
dans ces commerces de façon générale. Ce qu'on
suggère, c'est une progressivité beaucoup plus lente.
Au niveau de l'article 81.1, article qui prévoit la
possibilité pour tout salarié de s'absenter du travail pendant
cinq journées à l'occasion de la naissance ou de l'adoption d'un
enfant, les deux premières journées d'absence étant
rémunérées, la position du Conseil
québécois: Nous sommes en accord avec le nombre de jours qui
peuvent être accordés à l'occasion de la naissance ou de
l'adoption mais nous préférons que cette notion soit de
congé sans solde. Nous considérons que c'est un coût social
et le coût devrait être partagé par l'ensemble de la
population. Ce qu'on indique au mémoire: Nous considérons
qu'aucun de ces jours ne devrait être rémunéré.
Étant donné que cette disposition s'attache essentiellement et en
pratique au père de l'enfant, nous ne pouvons voir le justificatif pour
lequel l'employeur devrait rémunérer le père à
l'occasion de cette absence. D'autre part, nous considérons qu'il est
important, comme le mentionne le Conseil du patronat du Québec dans son
mémoire, que le législateur stipule clairement que les cinq
journées de congé mentionnées à l'article 81.1
concernent une norme de base et non pas un ajout aux caisses ou aux banques de
journées utilisables existantes.
D'autre part, l'article 81.1 au deuxième alinéa, nous
porte à croire que le législateur a l'intention d'accorder
l'exercice de ce congé à un salarié qui ne cohabiterait
pas avec la mère d'un enfant qui vient de naître, lorsqu'on parle
du retour au domicile de l'enfant du père ou de la mère.
Étant donné que l'objectif du législateur en
édictant cette disposition est d'aider la mère de l'enfant et
l'enfant lui-même à l'occasion de sa naissance et son
intégration à son domicile familial, il nous apparaît
essentiel d'insister sur la nécessité de la cohabitation du
père et de la mère de l'enfant qui vient de naître. En
effet, tel que formulé actuellement, l'article permettrait à un
père qui ne cohabite pas avec une mère de prendre cinq jours de
congé du simple fait de la naissance de l'enfant dont il est le
père, sans qu'il y ait cohabitation. Ceci nous apparaît
inacceptable et pour le moins contraire aux intentions du législateur.
Par conséquent, il y aurait lieu que le législateur s'attarde non
seulement à l'occasion donnant lieu au congé, mais aussi
s'assure, par une condition préalable de cohabitation, que l'exercice du
congé remplira l'effet recherché face à la mère,
à l'enfant et au père lui-même. (17 h 30)
En ce qui a trait à l'article 81.2, disposition qui permettrait
au salarié de s'absenter de son travail pendant cinq journées par
année, sans salaire, pour remplir des obligations reliées
à la garde, à la santé ou à l'éducation de
son enfant mineur, ce congé pouvant être fractionné en
journées ou en demi-journées, le Conseil québécois
est d'accord avec le principe que, dans certaines circonstances, le
salarié peut se voir dans l'obligation de s'absenter de son travail
dû à des circonstances imprévisibles ou hors de son
contrôle dans le but de remplir des obligations qui sont reliées
à la garde, à la santé ou à l'éducation de
son enfant mineur. De telles
circonstances, qui peuvent survenir occasionnellement en milieu de
travail, font l'objet d'ententes mutuelles entre l'employeur et
l'employé.
Le législateur croit maintenant qu'il est nécessaire de
légiférer sur cette question et d'en faire une norme du travail.
Nous constatons cependant que l'article, tel que rédigé, se
trouve tout simplement à ajouter cinq jours de congé sans solde
au père et à la mère d'un enfant dont ils ont
l'autorité parentale. En fait, cet article consacre un congé de
cinq jours par année à ceux qui ont l'état de père
ou de mère. L'article 647 du nouveau Code civil prévoit que les
pères et mères ont, à l'égard de leurs enfants, le
droit et le devoir de garde, de surveillance et d'éducation. Ce droit et
ce devoir sont constants et perpétuels et ce, jusqu'à la
majorité de l'enfant.
Nous soumettons cependant que l'article 81. 2 a sa raison d'être,
non pas dans le cadre de son exercice normal des obligations que comporte
l'autorité parentale, mais plutôt dans les cas où ces
obligations ne peuvent être exécutées en dehors des heures
normales de travail. Par conséquent, nous croyons que l'article 81. 2
devrait être rédigé de telle sorte que l'absence au travail
du salarié pour remplir ses obligations reliées à
l'autorité parentale doit être justifiée dans les cas
d'urgence ou les cas exceptionnels.
Il nous apparaît essentiel que l'employé ne puisse
s'absenter que lorsque l'exécution de son obligation ne peut être
faite en dehors des heures normales de travail et que, d'autre part,
l'exécution de l'obligation reliée à l'exercice de
l'autorité parentale ait été de nature imprévisible
et due à des circonstances hors du contrôle du salarié au
moment où il doit s'absenter. Nous croyons que l'imprévisible et
l'absence de contrôle du salarié sont nécessaires à
l'exercice du droit d'absence prévu à l'article 81. 2 sinon les
employeurs s'exposent à l'usage abusif et inconsidéré
d'une absence que l'on veut diriger pour les fins de l'exécution de
l'obligation reliée à l'autorité parentale.
D'autre part, nous considérons qu'une absence au travail de trois
journées par année représente un nombre de jours
suffisants, considérant qu'en aucun endroit en Amérique du Nord
une telle disposition n'existe en ce moment. D'autre part, le Conseil
québécois s'oppose à ce qu'un tel congé puisse
être fractionné en demi-journées. Le salarié qui
s'absente moins d'une journée sera rémunéré pour
les heures travaillées, cependant la période d'absence
équivaudra à l'utilisation d'une journée
complète.
En dernier lieu, nous considérons que les dispositions de
l'article 81. 2 ne devraient pas s'appliquer à un salarié qui
bénéficie, en vertu d'une convention ou d'un décret, d'une
banque de congés occasionnels ou de maladie.
Mme Bazzocchi (Ginette): Avec l'article 813, j'aimerais commencer
en vous disant que, concernant cet article, on est d'accord avec la suggestion
du CPQ. Donc cet article prévoit la possibilité pour un
salarié de s'absenter de son travail sans salaire pour cause de
maternité, de paternité ou d'adoption suivant les conditions et
modalités à être fixées par le règlement, la
durée de l'absence ne devant cependant pas excéder un an.
En premier lieu, nous considérons que les conditions et les
modalités d'exercice ne devraient pas être fixées par le
mécanisme réglementaire, pas plus que la durée de
l'absence. Nous croyons, d'autre part, qu'il y aura lieu d'intégrer
à la Loi sur les normes du travail la réglementation actuelle
relative aux congés de maternité.
En effet, les matières qui y sont traitées comportent des
conséquences sociales et économiques importantes pour l'ensemble
de la population. Par conséquent, ces matières devraient
être traitées et décidées par l'organe
législatif plutôt qu'être déléguées au
pouvoir exécutif par voie de la réglementation.
Nous croyons qu'il est essentiel de conserver des conditions
d'admissibilité à l'exercice d'un tel congé. Le
congé parental devant donc être assorti d'une condition
préalable à l'effet que le salarié doit avoir accompli 20
semaines d'emploi normal précédant la date du début du
congé et être à l'emploi de l'employeur le jour
précédant le préavis de congé.
D'autre part, le congé parental relié à la
naissance ou à l'adoption d'un enfant devra être exercé par
l'un ou l'autre du père ou de la mère ou partagé entre le
père et la mère de façon qui leur convient, sous
réserve que la mère ait la priorité de choix. Pour la
mère, ce congé parental doit s'exercer immédiatement
après l'expiration de ce congé de maternité. Au moins 30
jours francs avant son départ, le salarié doit donner par
écrit à l'employeur un avis indiquant son intention de se
prévaloir de son congé parental en lui indiquant la date de
départ et la date prévue de son retour au travail. La
durée totale de son congé parental ne peut excéder douze
semaines consécutives. L'ensemble des congés reliés
à la naissance ou au congé parental ne peut excéder 30
semaines.
La sécurité d'emploi sera assurée pendant
l'exercice du congé parental. À la fin du congé parental,
l'employeur pourra réinstaller le salarié dans son poste
régulier ou à un poste équivalent en lui accordant les
avantages dont il aurait bénéficié s'il était
resté au travail. Je laisse la parole à Normand.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Gascon: En ce qui a trait à l'article 45, il ajoute
à l'article 123. 2 à la loi, lequel a pour objet de prolonger la
présomption visée au premier alinéa de l'article 123 pour
une période de 20 semaines après le retour au travail du
salarié à la suite d'un congé parental visé
par l'article 81.3. Le Conseil québécois appuie la prise de
position du Conseil du patronat du Québec sur cet article.
D'autre part, cette présomption jointe à l'absence de
conditions d'admissibilité, 20 semaines d'emploi continu,
précédant l'exercice du congé parental prévu
à l'article 81.3, pourrait présenter des situations où
l'employeur pourrait ne plus bénéficier de la période de
probation - normalement trois mois, si on calcule au niveau de l'entreprise en
général - pour évaluer l'employé. Si le
législateur entend donc édicter cette nouvelle présomption
à laquelle nous nous opposons d'ailleurs, il devient obligatoire et
nécessaire de fixer des conditions d'admissibilité à
l'exercice du congé parental en établissant comme
prérequis que tout salarié doit avoir accompli 20 semaines
d'emploi continu et normal pour un même employeur, tel que formulé
dans nos recommandations sur l'article 81.3.
On n'est pas contre la présomption comme telle, ce qu'on dit,
à ce moment-là, c'est qu'il faut prévoir des conditions
d'admissibilité, parce qu'on pourrait se retrouver dans un contexte, par
exemple, où un père, récemment embauché, ait
droit... évidemment, on ne lui demandera pas nécessairement s'il
est futur père d'un enfant ou d'un enfant à naître, et se
retrouver dans un contexte où il partirait en congé de
paternité au sens de la loi. Évidemment, on ne connaît pas
nécessairement toutes les modalités, puisque ce qu'on mentionnait
tout à l'heure c'est que ça devrait être dans la loi, mais
on parle de réglementation, et se retrouver avec une présomption,
par la suite, où on se retrouverait dans des circonstances lorsque,
à son retour au travail, on n'aurait pas de moyen ou de
possibilité d'évaluer son emploi, puisque sa période de
probation pourrait se retrouver, à ce moment-là, expirée,
et, compte tenu du fait qu'il y a une présomption, évidemment,
créer un contentieux qui n'est pas nécessairement
nécessaire dans ces circonstances-là.
Le Conseil québécois, en ce qui a trait à la
fête nationale, réitère son appui à la
recommandation du Conseil du patronat du Québec dans son mémoire
de janvier 1990 et croit qu'il y aurait des avantages importants
d'efficacité et de commodité, autant pour les détaillants
et leurs salariés, à ce que le 24 juin et le 1er juillet
deviennent des congés mobiles, comme la fête du travail
chômée le 1er lundi de septembre. Nous encourageons le
législateur à étudier le plus tôt possible cette
alternative.
Une voix: Juste un commentaire, Mme la Présidente.
M. Fournier: II serait important, quand même, j'aimerais
aussi souligner, en ajout à notre mémoire, en fonction des
avantages ou de la protection de la mère lors de son absence pour un
congé de maternité où on apporte la notion de
réinstaller le salarié dans son poste ou à un poste
équivalent, ce qui n'existe pas présentement, disons, au niveau
de la Loi sur les normes du travail, et qui est une notion qui est unique au
Québec. Partout au pays les notions de réintégration et de
protection du congé de la mère vont dans une
réintégration dans un poste équivalent. Donc, la notion du
même poste n'existe pas et ça crée, dans le cas où
c'est un poste unique, quand même certaines difficultés au niveau
de l'employeur. Donc, ça devrait être élargi
légèrement et incorporer cette notion d'équivalence.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Lafleur.
M. Lafleur: À titre de conclusion, comme vous le voyez,
les commentaires particuliers que nous amenons sont à l'effet que les
détaillants sont certainement prêts à supporter une
politique qui se veut plus ouverte au niveau de la natalité au
Québec et favoriser les parents à pouvoir avoir une ambiance ou
un milieu de travail qui leur permette d'exercer leurs droits. Cependant, le
Conseil québécois croit que le coût financier ne doit pas
nécessairement être supporté par les détaillants
comme tels parce que déjà, eux, font leur part de support en
accordant le congé, en supportant des frais administratifs, etc., et
que, dans le fond, les mesures qui s'appliquent aux compensations
financières devraient être des mesures sociales et, donc,
être absorbées par l'ensemble de nous tous et non pas seulement
l'employeur et le travailleur et la travailleuse, mais l'ensemble de la
population. Alors, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. C'est intéressant, je pense, les ouvertures que
vous faites. M. le ministre.
M. Bourbeau: Merci, Mme la Présidente. Alors, l'avis du
temps supplémentaire, vous vous objectez à ce qu'on
légifère pour imposer l'obligation de donner un préavis de
douze heures. Bon. Alors, je comprends très bien votre point de vue.
C'est évident que, pour une entreprise, ça serait
préférable de ne pas avoir cette enfarge-là. Mais si on se
place du point de vue du parent qui a aussi des problèmes qui surgissent
à l'occasion, par exemple, de jeunes enfants à la garderie quand
on a des habitudes d'aller chercher un enfant, comment réagissez-vous
par rapport à ça, la mère qui se fait dire: Bon, il faut
rester, alors que l'enfant est sur le trottoir à la garderie? Avez-vous
une suggestion? Moi, je n'ai pas d'objection à amender la loi et changer
le système. Par contre, si vous aviez une suggestion à nous faire
qui pourrait atteindre les mêmes objectifs sans vous imposer les
mêmes contraintes, j'aimerais l'entendre.
La Présidente (Mme Marois): II y a une autre chose que
j'ajouterais, si vous me le permettez, M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, ça va.
La Présidente (Mme Marois): vous disiez tout à
l'heure: bon, souvent il y a deux parents qui sont impliqués. mais on
sait qu'avec les nouvelles familles, il y a beaucoup de situations où il
n'y a qu'un parent aussi.
M. Bourbeau: Ma question n'est pas dans le but de vous
piéger mais je me dis que si ce qu'on propose...
La Présidente (Mme Marois): C'est ça
M. Bourbeau: ...n'est pas acceptable, est-ce qu'il y aurait
quelque chose que vous pourriez suggérer?
La Présidente (Mme Marois): C'est quoi, l'alternative?
M. Bourbeau: Ou qu'on pourrait peut-être
étudier?
M. Lafleur: Écoutez, je ne voudrais pas ici entrer dans le
débat qui aura certainement lieu demain matin avec mon collègue,
M. Dufour. Nous ici, tout ce qu'on voulait identifier, c'est de dire: Bien,
écoutez, nous, on appuie la position du CPQ. Comme je vous le dis, je ne
veux pas entrer dans la position du CPQ, mais ayant son rapport ici, bon, un
des aspects qui semblent importants, c'est que lorsque l'on parle de temps
supplémentaire en termes de durée, on parle en moyenne de 0,9
heures supplémentaires par demande suivant ce que le Conseil du patronat
établit. Alors, je pense qu'il faut le regarder dans une perspective
aussi de situation. Vous avez d'autres industries que nous ne
représentons pas ici mais on pourrait, par contre, parler de l'industrie
de l'automobile, la question des chaînes de montage et des situations qui
dépassent le cadre du commerce de détail mais qui vous seront
certainement exposées demain matin. La suggestion, nous, en principe, on
considère que déjà actuellement dans les relations entre
les détaillants et leurs employés, nous n'avons pas, selon nous
de situations qui justifient, vous savez, l'imposition d'une norme. Nous
croyons, nous, actuellement, que les détaillants qui ont des situations
où, justement la mère a des difficultés, on prend
l'exemple de la garderie qui ferme à cinq heures, bon bien,
évidemment, écoutez, selon nous, s'il y a des détaillants
qui ne comprennent pas cette situation-là, et qui vont laisser l'enfant
dehors, bien, évidemment, ça pose un problème. Mais la
question que l'on doit considérer, nous, de notre côté,
c'est: Est-ce que le préavis constitue une fin de non-recevoir, surtout
dans le contexte où l'on regarde le principe d'ancienneté qui est
appliqué, qu'on soit syndiqué ou pas. On sait que chez nous, la
syndicalisation est peut-être un peu moins prononcée qu'ailleurs,
mais il y a quand même une reconnaissance implicite du principe de
l'ancienneté. Et une mère de famille qui malheureusement a un
enfant de 20 ans, aujourd'hui, va devoir, si j'applique la disposition, laisser
son droit d'ancienneté, après 20 ans de travail dans une
entreprise, à une personne plus jeune, du fait qu'elle a la
qualité de père ou de mère. Vous voyez? À moins
qu'un préavis supérieur à 12 heures lui soit donné.
Et comme l'a expliqué mon collègue ici, souvent, il s'agit de
situation d'urgence. Donc déjà la période de 12 heures,
comme telle, est disproportionnée. C'est-à-dire qu'il y a
vraiment une disproportion. (17 h 45)
M. Bourbeau: La situation d'urgence, elle existe aussi pour
l'enfant qui attend après sa mère et qui... Il faut comprendre
que ça vaut des deux côtés, là. D'ailleurs, c'est
ça le débat qui a lieu présentement, tenter de concilier
les impératifs parentaux avec les lois du commerce ou des affaires, du
marché.
M. Gascon: On peut peut-être le regarder aussi dans une
autre perspective. Évidemment, on parle de temps supplémentaire,
là. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'au niveau d'une gestion, c'est
difficile. C'est sûr que ce serait facile si on pouvait avoir des
solutions. Le projet de loi en a proposé certaines, mais il faut
regarder aussi que dans le commerce du détail, en matière
d'heures normales, on se retrouve avec des jeudis soirs, et des vendredis
soirs, et souvent, ces gens-là doivent travailler. Évidemment, on
se trouve dans une situation où la garderie doit fonctionner, ces
gens-là travaillent, ou bien ils ne travailleraient pas dans le commerce
de détail. On parle d'ouvrir les possibilités. Il faut
peut-être essayer de prévoir d'autres solutions que
nécessairement celle-là, dans les circonstances. Le
préavis de 12 heures, là, on ne le sait pas toujours dans des
conditions d'imprévisibilité, mais, dans la notion d'heures
d'affaires, ces gens-là, j'imagine qu'ils ont quand même
trouvé une façon de fonctionner dans le système
actuel.
M. Bourbeau: Le problème ne se pose pas quand on parle de
travail régulier. Là, vous parlez du jeudi soir, du vendredi
soir; on planifie ça d'avance, et quand quelqu'un travaille le jeudi
soir, il s'organise. D'ailleurs, la plupart du temps, les personnes qui
travaillent sont capables de s'organiser. Puisqu'elles travaillent c'est
qu'elles ont des façons de s'occuper de leur enfant, des gens qui
s'occupent de leur enfant. Le problème, c'est quand ça arrive
sans préavis, à une heure d'avis ou deux heures d'avis. C'est
là que ça cause des problèmes. Mais, étant
donné que certains d'entre vous...
La Présidente (Mme Marois): Mais il y a des
réactions, je pense, attendez un peu.
Une voix: Mais, vous demandez 12 heures... M. Bourbeau:
Pardon?
La Présidente (Mme Marois): Vous êtes trois à
vouloir réagir.
M. Bourbeau: Écoutez, je vais poser une question qui va
vous amener à répondre.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bourbeau: On vous a présenté tantôt, vous,
monsieur, vous êtes avec une chaîne de magasins assez importante,
madame de pharmacies assez importantes, bon. J'imagine que vos chaînes de
magasins doivent avoir des succursales en Ontario, je présume. Alors
dans ces conditions-là, comment vos salariés vivent-ils avec la
situation qui prévaut en Ontario où on peut refuser de faire du
temps supplémentaire après huit heures de travail? Vous devez le
vivre le problème en Ontario, comment vous en tirez-vous?
M. Fournier: On peut y répondre très simplement,
disons, en tout cas, chez nous, c'est parce que, d'une part, ce n'est pas un
problème. Alors, pourquoi créer un encadrement restrictif quand
ce n'est pas un problème. Selon les contacts que j'ai dans l'industrie
dans laquelle je suis, on semble, par ce projet de loi ou par cet
ajout-là, disons, faire un monstre d'une chose qui n'existe pas. Parce
qu'en général, la structure qui est déjà
établie dans les relations de travail qui se font n'amplifie pas cette
chose-là, mais je suis certain, par exemple, en tant qu'employeur, que,
si j'ai une remorque qui a été retardée par une
tempête de neige, qui est pleine de fruits et de légumes, à
la porte de mon magasin, c'est une urgence. Mais ça, je ne l'ai pas
planifié douze heures à l'avance. C'est ça, cette
contrainte-là, qu'on semble complètement ignorer, l'aspect
pratico-pratique des faits de la vie. On dit: O.K., la maternité, la
paternité ou la parentalité, disons, c'est un fait de la vie,
mais il y a aussi, là, les petits détails qui sont
drôlement importants dans une notion de rentabilité de
l'employeur.
M. Bourbeau: Oui, mais le problème est le même en
Ontario. En Ontario...
M. Fournier: Non, mais...
M. Bourbeau: ...quand la remorque arrive, c'est la même
chose.
M. Fournier: ...comme on dit, c'est que, dans l'industrie, on ne
voit pas, du moins je n'ai jamais entendu parler d'un conflit de travail qui
tournait autour de la disponibilité face à du surtemps.
M. Bourbeau: Mais, nous, on en a entendu parler puisqu'on l'a mis
dans la loi. Si on le met dans la loi, c'est qu'il y a des cas. Peut-être
que ça ne s'applique pas chez vous. À ce moment-là, tant
mieux, il n'y aura pas de problème. Mais vous dites: Ça n'arrive
pas, donc pourquoi le mettre dans la loi? Moi, je vous retourne la question:
Puisque ça ne vous dérange pas, pourquoi vous objecteriez-vous
à ce qu'on le mette, puisque dans d'autres cas ça arrive?
M. Fournier: Parce que ça crée des contraintes
additionnelles qui ne sont pas nécessaires.
M. Bourbeau: Oui, mais en Ontario? Pourquoi est-ce qu'en Ontario
on...
M. Fournier: Ça ne veut pas dire qu'on est d'accord avec
l'Ontario, par exemple, là.
M. Bourbeau: Mais non. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Mais pourquoi nos parents, ici, seraient
traités d'une façon plus sévère ou plus dure que
les parents ontariens à qui on a permis de refuser de faire du temps
supplémentaire après huit heures? Puisqu'on veut, justement,
favoriser la natalité, il me semble que ça serait le temps, au
moins, d'essayer de faire aussi bien que l'Ontario. Il y a bien des domaines
où on ne réussit pas parce qu'on n'a pas les moyens, mais,
là, on pourrait peut-être essayer de le faire. Enfin, je vous pose
la question. Je vous lance la...
M. Fournier: Ouf!
La Présidente (Mme Marois): Moi, j'aimerais que vous
élaboriez aussi - et je pense que c'est intéressant - sur le fait
que vous dites: On n'en a pas de problème. Alors, comment
procédez-vous? Comment cela se passe-t-il?
Mme Bazzocchi: Premièrement, nous autres,
côté pharmaceutique, quand on embauche un employé, on lui
dit qu'il y aura sûrement des heures supplémentaires, qu'on ne
travaille pas de 9 heures à 17 heures, que ce sont des heures flexibles
et l'employé accepte, à l'embauche, de travailler les samedis et
les dimanches et qu'il n'y ait pas d'heures spécifiques. On parle de
temps plein et on parle de temps partiel. On a plus de 75 % de nos
employés dans nos pharmacies, nous autres, qui travaillent à
temps partiel. Donc, ça fait partie d'un contrat de travail quand on les
engage. Le surtemps, je
veux dire, ça peut arriver qu'une employée ne rentre pas
un matin parce qu'elle est malade ou qu'elle doit arriver à 17 heures
l'après-midi pour remplacer le chiffre de 18 heures et qu'elle n'arrive
pas. Donc, on demande à l'employé qui travaille de 9 heures
à 17 heures, si c'est possible, de travailler jusqu'à 21 heures
pour la remplacer. S'il ne peut pas, on appelle, parce qu'on a toujours des
gens à temps partiel. Donc, on a toujours une solution à ce
problème-là. Mais, dans notre cas, à l'embauche,
directement, on leur dit: On a des heures flexibles, ce n'est pas du lundi au
vendredi, c'est un commerce de détail et on travaille sept jours par
semaine. Donc, pour nous autres, c'est un temps supplémentaire qui
devient une logique dans un sens.
La Présidente (Mme Marois): II nous reste peu de temps. Je
vais me permettre de vous poser une question et ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve reprendra par la suite.
À la page 5 de votre mémoire, en parlant de l'article
81.1, vous dites: "...la possibilité, pour tout salarié, de
s'absenter du travail pendant cinq journées à l'occasion de la
naissance ou de l'adoption d'un enfant, les deux premières
journées d'absence étant rémunérées", et
vous revenez plus bas en disant que vous avez des objections à cela.
Parmi les propositions des groupes qui sont venus devant nous, une des
propositions est à l'effet de constituer une caisse de congés
parentaux et de congés de maternité, etc., qui permettrait de
remplacer le salaire, lorsque la personne est en congé de
maternité, selon des règles à définir qui
pourraient être celles que vous proposez ou celles que d'autres groupes
proposent. Ce n'est pas sur ça que j'en ai. Ils proposent aussi que les
congés, qui seraient rémunérés dans le cas
d'adoption ou de prise de congés pour soins d'enfants, quelques jours
par année, soient payés à même cette caisse,
à laquelle contribueraient évidemment les employeurs, les
travailleurs, les travailleuses et le gouvernement, ce qui ferait en sorte
qu'on désalourdirait le fardeau pour une toute petite entreprise qui a
justement, peut-être, quelques employés et, de la même
façon d'ailleurs, pour la grande entreprise qui, elle, en a beaucoup et
à qui ça coûte énormément. Donc, on
répartirait un peu le fardeau. Dans une perspective comme
celle-là, est-ce que vous seriez d'accord pour que ces congés
puissent être rémunérés et donc remboursés
par la caisse?
M. Lafleur: Je vous dirais, Mme la Présidente, que, si
cette caisse est formée des sommes disponibles aux fins
d'assurance-chômage, la réponse est que le Conseil
québécois ne serait pas en accord avec ça, parce que la
caisse d'assurance-chômage doit servir essentiellement à titre
d'assurance pour les travailleurs qui, à cause de circonstances
économiques ou autres, se trouvent sans emploi. L'utilisation des fonds,
à toutes autres fins que celle-ci, ne rencontre pas les objectifs du
Conseil. Si on parie d'une caisse qui vient du fonds consolidé du revenu
ou qui provient d'un impôt qui s'applique à l'ensemble des
citoyens et qui devient l'application d'une mesure sociale que l'on fait
supporter par l'ensemble de la population, à ce moment-là, je
vous dirais que c'est une chose qui est concevable. Mais, si on fait porter le
fardeau financier d'une caisse comme ça à l'employeur et aux
salariés, je dois vous dire... Dans d'autres situations, par exemple la
formation professionnelle, le ministre est certainement au courant de
ça, mais les syndicats et le patronat s'entendent pour dire que les
sommes qui sont versées à l'assurance-chômage ne doivent
pas être utilisées à d'autres fins. C'est le caveat que
j'avais à dire. Mais si c'est autre chose, une autre caisse-La
Présidente (Mme Marois): M. Fournier veut intervenir, mais,
peut-être, juste avant qu'il n'intervienne, dans les propositions qui
sont devant nous - évidemment, ce sera au gouvernement, sûrement,
à faire un certain choix, à décider de son orientation
à cet égard - certaines proposent de prendre la partie qui
actuellement concerne les congés de maternité et qui est à
l'assurance-chômage, de l'extraire - parce qu'elle est payée
actuellement, qu'on le veuille ou non, c'est couvert par la caisse
d'assurance-chômage - d'extraire cette partie-là et de
créer, à partir de ces sommes, une nouvelle caisse à
laquelle on ajouterait évidemment des contributions, selon les
hypothèses qui sont devant nous. Mais on enlèverait du
régime d'assurance-chômage actuel tout l'aspect de couverture
relié à la parentalité ou à la maternité.
Oui, et il y a ma collègue qui...
M. Fournier: J'aimerais juste... Une petite notion rapide,
là, c'est que lorsqu'on parie de donner des congés, disons, les
fameux cinq jours ou deux jours payés, on pense qu'il y a une notion qui
se perd dans tout ça, c'est que, à peu près dans 85 % des
cas, cet employé absent doit être remplacé par une autre
personne. Donc, en termes de coût, ce qu'on demande, c'est du temps
double, c'est de payer deux fois. Pour nous, d'accorder le temps et de
protéger les bénéfices et l'emploi de cet employé,
c'est déjà quelque chose, mais qu'on nous demande en plus de
ça de le payer en double, en termes de profit, là, on est moins
d'accord.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Je suis contente de
vous saluer. Vous savez, chaque fois que j'ai à me demander en quoi on
est une société distincte, je ne pense pas à M it sou ou
à
Big Mac, ça va vous étonner, mais je pense à vous.
Ça va vous surprendre - et on en avait déjà parlé
à une réunion - parce que, contrairement à toute
l'Amérique du Nord, le commerce au détail représente
justement - puis vous nous le rappelez, là - 70 % des activités
économiques reliées au commerce au Québec, tandis que
c'est l'inverse, finalement, dans le reste de l'Amérique du Nord
où c'est la grande surface ou la chaîne qui représente,
finalement, ce même pourcentage. Alors, cela dit, c'est très
intéressant, parce qu'en vous entendant je me disais: Jusqu'à
quel moment utilise ton la comparaison avec l'Ontario quand il y a un avantage?
Par exemple, dans votre mémoire, vous l'utilisez pour essayer de
réduire la semaine de vacances, après un certain nombre
d'années de service, parce que, là, il y a un avantage à
tirer, mais vous n'utilisez plus la comparaison avec l'Ontario quand il y
aurait un inconvénient. Par exemple, la journée maximale de huit
heures, en Ontario, permet à tout salarié de refuser de faire du
temps supplémentaire. D'une certaine façon, la comparaison
devrait sans doute être utilisée de façon plus uniforme. Si
on veut être concurrentiel, on n'accepte pas simplement de l'être
quand il y a un avantage à tirer, mais aussi quand il y a un ajustement
et un rattrapage à faire, en fait, parce qu'il y a eu un retard. En
Ontario... Parce que moi je partage votre point de vue que c'est
irréaliste l'idée de l'octroyer seulement à un
salarié qui a des responsabilités familiales, avec toutes les
familles reconstituées... Alors, quand perd-on ses
responsabilités, quand en acquiert-on? Et puis, est-ce que les deux,
dans deux entreprises différentes, pourraient faire valoir des
responsabilités pour prendre un congé en même temps, pour
se donner du bon temps? Imaginez-vous, ce sont des mesures protectionnistes,
ça, qui se veulent généreuses mais qui, à mon point
de vue, vont avoir exactement l'effet contraire de ce qui est recherché.
Parce qu'à la longue, ces mesures-là sont perverses comme celles
qu'on avait introduites pour protéger les femmes dans la
législation du travail. Alors, je me demande d'abord si vous seriez
favorable à ce qu'une telle mesure soit élargie à
l'ensemble des salariés et que. comme en Ontario, il y ait une
journée maximale de huit heures? Je ne dis pas "journée normale",
je dis "maximale", on se comprend. La semaine normale, c'est celle
au-delà de laquelle on fait du temps supplémentaire. Mais c'est
une journée au-delà de laquelle on peut refuser d'en faire, la
journée maximale.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Gascon.
M. Gascon: dans un contexte, par exemple, dans le domaine du
détail, si on prend, je veux dire... je suis plus porté au niveau
de l'alimentation, où ce qu'on appelle des quarts de travail qui sont de
dix heures, à savoir de 9 heures du matin à 9 heures du soir...
Compte tenu de tout ça, je ne suis peut-être pas assez familier
avec la loi ontarienne, est-ce que ça vient empêcher cette
notion-là? On parle d'heures supplémentaires, mais on parle
d'heures normales dans notre jargon à nous. Quelqu'un qui fait un quart
complet de dix heures est finalement douze heures au travail, parce qu'il a une
heure de dîner et une heure de souper, mais qui finalement est là
de 9 heures du matin à 9 heures du soir, c'est considéré
comme des heures normales pour lui.
Mme Harel: En Ontario, la semaine maximum - on s'entend bien sur
les notions - est de quarante-huit heures, mais la journée maximum est
de huit heures. Donc, ça peut, théoriquement, donner
l'équivalent de six jours de huit heures, au-delà de quoi il n'y
a pas de temps supplémentaire. C'est ça, la situation en
Ontario.
M. Gascon: Parce que si on regarde chez nous dans la...
La Présidente (Mme Marois): II peut y en avoir sur
demande?
Mme Harel: C'est le droit de refus.
La Présidente (Mme Marois): Le droit de refus.
M. Gascon: C'est volontaire.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
Mme Harel: C'est ça, c'est-à-dire la journée
ou la semaine maximale, c'est pour commencer à calculer le droit de
refus.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
M. Fournier: Si on regarde dans certains secteurs, à la
demande des employés, ils ont des horaires à temps plein sur
trois jours, où ce sont des "shifts" de douze heures et demie par jour
durant trois jours et, après ça, bonjour. Ça fait
qu'à ce moment-là, dans une notion de même, ça
deviendrait peut-être difficilement conciliable avec la demande aussi des
employés.
La Présidente (Mme Marois): Quand vous pariez
d'expériences comme celles-là, c'est-à-dire de
réalités comme celles-là, est-ce dans le cas où il
y a des conventions collectives ou si c'est aussi dans le cas des gens couverts
tout simplement par la loi des normes?
M. Fournier: Ce sont des gens couverts par la loi des normes.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Harel: J'ai été surprise que le ministre ne
fasse pas valoir que dans son avant-projet de loi il n'arrive pas à
trois semaines de vacances après cinq ans, immédiatement.
À l'article 21 on prévoit que ça se fasse dans une
certaine transition, c'est-à-dire que c'est après sept ans
d'abord et, un an après, c'est après six ans et deux ans
après l'adoption de la loi, c'est après cinq ans. C'est
actuellement deux ans et il y a quand même une autre
réalité, c'est qu'au Québec s'applique le Code canadien
qui assujettit quand même un certain nombre de travailleurs qui sont dans
des entreprises de juridiction fédérale et voyez, c'est
déjà trois semaines après six ans. En Alberta, c'est
après cinq ans; en Colombie-Britannique, après cinq ans. Au
Manitoba c'est après quatre ans. En Saskatchewan, c'est après un
an. Vous nous citiez le cas de l'Ontario, mais c'est finalement une exception
parce que, autant dans les autres provinces que dans le Code canadien, c'est
finalement des semaines de vacances après un délai beaucoup plus
court qu'en Ontario.
M. Fournier: J'aurais quelque chose... La Présidente
(Mme Marois): Oui.
M. Fournier: ...c'est que, comme vous l'avez mentionné
tantôt, le Québec, par la structure, disons particulière,
de son commerce au détail a une plus grande probation en termes de
petits employeurs à deux, trois employés par rapport aux grandes
chaînes, même si je représente une grande chaîne.
Donc, pour eux, le fardeau... Et dans ces petites entreprises-là, il y a
du long terme. Il y a des employés de plusieurs années de
service. Pour eux, ça devient un fardeau économique excessif.
Surtout de passer d'une notion "drastique" de dix à cinq,
définitivement, ça aura un impact négatif majeur. Je vois
mal le petit dépanneur du coin pouvoir facilement absorber cet ajout de
coûts.
La Présidente (Mme Marois): Ça va?
Mme Harel: Je vous remercie beaucoup. J'ai trouvé qu'il y
avait une certaine ouverture... une ouverture certaine. Je ne ferai pas la
comparaison avec d'autres... Ha, ha, ha! Mais on sent chez vous quand
même un intérêt. Vous ne nous l'avez pas indiqué,
mais la main-d'oeuvre féminine doit être élevée,
j'imagine. Elle doit être de 80 %?
M. Fournier: Chez nous, 58 %.
La Présidente (Mme Marois): 58 %?
M. Lafleur: À certains endroits, ça peut friser
au-delà de 60 %.
Mme Bazzocchi: Oui, plus de 60 %. Nous autres, on a beaucoup de
femmes. On parle de vente.
Mme Harel: Je vous remercie pour votre contribution.
La Présidente (Mme Marois): Merci beau- , coup. Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: J'aimerais simplement remercier les
représentants du Conseil québécois du commerce de
détail. Je sais que vous aviez rencontré des fonctionnaires du
ministère, spécifiquement M. Réal Bouchard et M.
René Rheault, le 7 novembre dernier, et vous avez eu la gentillesse de
les remercier. Je sais que vous avez apprécié cette séance
d'information. De notre côté, nous avons apprécié
aussi votre mémoire et nous allons l'étudier attentivement.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre contribution
aux travaux de la commission.
Une voix: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Nos travaux sont
ajournés à demain, 10 heures, et c'est le député de
Fabre et vice-président de la commission qui prendra la
relève.
(Fin de la séance à 18 h 5)