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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Joly): La commission des affaires
sociales se réunit dans le cadre d'une consultation
générale et d'auditions publiques pour l'étude de
l'avant-projet de loi, Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Je demanderais ce matin qu'on accepte l'ordre du jour qui va nous
permettre d'entendre aujourd'hui Le Conseil régional de la santé
et des services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Le Conseil régional
de la santé et des services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue,
l'Assemblée régionale des conseils des médecins, dentistes
et pharmaciens de l'Abitibi-Témiscamingue, la Table de concertation
régionale des organismes communautaires et alternatifs en santé
mentale de l'Abitibi-Témiscamingue et le Regroupement des associations
de personnes handicapées de l'Abitibi-Témiscamingue. Ensuite, la
Maison du soleil levant de Rouyn-Noranda, la Corporation de
développement communautaire des Bois-Francs inc., le Conseil de la
santé et des services sociaux de la Montérégie et,
finalement, la Société montérégienne de
développement.
Est-ce qu'il y a des remplacements, Mme la secrétaire?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce) sera remplacé par M. Holden (Westmount) et
M. Chevrette (Joliette), par Mme Blackburn (Chicoutimi).
Conseil régional de la santé et des
services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Je vois que
déjà les gens qui composent le Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean se sont
avancés. J'apprécierais que la personne responsable du groupe se
présente et qu'elle nous présente aussi les gens qui
l'accompagnent, s'il vous plaît.
M. Pedneault (André): Merci, M. le Président. Je
suis André Pedneault, président du Conseil régional du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. M'accompagnent, ce matin, M. Louis-Philippe Thibault,
directeur général, et M. Daniel Larou-che, qui est le responsable
de la recherche et du développement au département de la
planification du Conseil régional.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Pedneault. Vous
connaissez sans doute la règle de procédure. C'est que vous avez
une vingtaine de minutes pour présenter votre mémoire et, par
après, les membres de la commission, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, se
réservent le privilège de vous questionner et de souhaiter les
bonnes réponses. Merci. Allez, M. Pedneault.
M. Pedneault: M. le Président, avant de commencer, je
voudrais mentionner que la présentation qu'on va faire ce matin est une
position du Conseil régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean et non une
position qui allie ou qui regroupe tous les organismes et les
établissements de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors
c'est une position du Conseil régional. C'est une précision que
je voulais apporter avant de commencer.
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les
députés, le CRSSS - 02 considère que cette commission
parlementaire est l'étape ultime d'un long processus d'étude et
de consultations qui se traduira en décisions qui détermineront,
dans les prochaines décennies, soit l'édification d'un
système de santé ou de bien-être équitable pour
l'ensemble des collectivités occupant l'espace québécois,
soit le maintien d'un système de soins constamment confronté au
défi onéreux de pallier aux problèmes sociaux et de
santé engendrés à d'autres niveaux de la vie
collective.
Notre Conseil régional croit que le réseau est à la
croisée de ces deux avenues et que les choix collectifs qui seront faits
dans les prochains mois seront, à tous égards, lourds de sens,
quels qu'ils soient.
Partant de cette conviction, le Conseil régional axe sa
prestation sur quelques éléments essentiels qui favoriseront
l'atteinte de résultats tangibles par rapport à l'objectif
fondamental du système, qui est de maintenir et d'améliorer la
santé et le bien-être de la société
québécoise.
Les éléments essentiels de la présentation, d'abord
la nécessité d'appuyer le système sur les unités
sociales de base que sont les régions. Ceci implique la
responsabilité et l'imputabilité à l'échelle
régionale, la participation de la population par des mécanismes
de représentation efficace.
Notre présentation s'attache, dans un deuxième temps, aux
mécanismes principaux à privilégier pour ajuster l'action
des composantes et des groupes qui constituent le système. Dans cet
ordre de préoccupations, on doit, en particulier, souligner le
rôle intégrateur que peut jouer le plan régional
d'organisation des services.
Le mémoire déposé par le conseil auprès de
la commission s'appuie sur dix-sept années d'expérience dans la
gestion du réseau de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. On y
présen-
te de façon intégrée la philosophie d'action et de
gestion que propose le CRSSS pour faire face aux problématiques
actuelles et pour répondre aux impératifs majeurs des prochaines
décennies.
En fonction du temps qui nous est imparti, nous reprendrons, à
l'intention de la commission, les éléments centraux du
mémoire. Les commissaires pourront trouver dans le mémoire une
présentation détaillée du modèle proposé par
le Conseil régional.
Quelques rappels importants. Avant d'aborder notre démonstration,
il importe d'affirmer que le Conseil régional endosse totalement
l'idée d'un système axé sur dus objectifs
spécifiques visant la production de résultats au plan de
l'amélioration de la santé et du bien-être de l'ensemble
des collectivités.
Le Conseil croit très fortement que le système doit
maintenir son universalité de même que le caractère public
de son organisation et de son financement. Le Conseil croit, de plus, que
l'efficacité du réseau dépendra, en particulier, de la
qualité des mécanismes assurant l'imputabilité
réelle de chaque palier du système. Il faut enfin souligner que
nous partageons entièrement l'idée que le réseau doit
impérativement sortir de la spirale indécente des
intérêts professionnels et organisationnels pour s'articuler
résolument aux besoins et au développement des
collectivités.
À propos de la réalité régionale. On peut
penser que le parti pris régional de notre prestation correspond bien
à l'intérêt naturel de notre organisme. Les fondements de
notre enlignement sont beaucoup plus profonds, croyons-nous. Pour le Conseil,
les régions sont des entités sociales cohérentes et
organisées. Elles sont marquées par un fort sentiment
d'identité qui facilite l'action commune autour d'enjeux collectifs. En
fait, c'est à cette échelle que s'organise le
développement social et économique. C'est donc à cette
échelle qu'on doit oeuvrer au maintien de la capacité
d'adaptation des groupes et des personnes, élément fondamental de
la dynamique de la santé et du bien-être. Ce constat devient
encore plus vrai à mesure qu'on s'approche de la réalité
de la sous-région, du district, de la municipalité. Le
système doit tenir compte de cette réalité de base.
Bien d'autres arguments peuvent venir étayer la pertinence du
parti pris régional. On doit rappeler que le réseau public
d'établissements dont dispose notre région a, pour la
majorité de ses composantes, été mis en place par la
population régionale elle-même entre 1910 et 1960. L'engagement
progressif de l'État au cours des dernières décennies a
certes favorisé le développement du réseau, mais on oublie
trop facilement à quel point les régions ont contribué
à la mise en place et au fonctionnement de leurs institutions
hospitalières et autres.
Nous croyons, d'ailleurs, avec conviction que la région est plus
que jamais capable de prendre en charge le développement et l'orga-
nisation d'un réseau régional adapté aux besoins de la
collectivité jeannoise et saguenéenne. Cette affirmation n'a rien
d'étonnant pour qui sait mesurer dans le temps long l'implication de la
région dans l'édification de son réseau. Cette
volonté de prise en charge intervient pourtant dans un contexte social
et sanitaire inquiétant non seulement pour notre région, mais
pour un ensemble de régions dites de ressources. Le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme l'Abitibi-Témis-camingue, le
Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie ou la Côte-Nord, est
confronté à des problèmes socio-économiques majeurs
qui ont des répercussions sur la santé et le bien être de
la population. sans qu'il soit question d'en traiter ici en profondeur, il y a
lieu de souligner certains de ces phénomènes. au plan
démographique, notre région, comme plusieurs autres, vit une
immigration systématique des personnes en âge de se reproduire. ce
phénomène particulièrement marqué par les
localités où la disponibilité d'emploi devient
réduite grève sérieusement la capacité naturelle de
remplacement, ce qui va entraîner la chute drastique de la
natalité, l'affaiblissement des réseaux naturels de support,
l'accélération d'un processus de désintégration des
communautés dont on perçoit déjà les risques, les
signes, notamment par la chute des clientèles scolaires.
L'ensemble de ces phénomènes, s'ils ne sont pas
contrés, ont des retombées en cascades extrêmement
préoccupantes par rapport au développement des régions et
à leur état général de santé et de
bien-être. Notons, à titre d'exemple, la croissance effarante du
taux de suicides chez les jeunes - ce taux a triplé dans la
région - le vieillissement accéléré de la
population, l'affaiblissement des réseaux naturels d'aide aux personnes
dépendantes. Cette vision n'est pas alarmiste Elle est alarmante et
mérite une attention prioritaire dans un contexte de prise en charge,
par les régions, de responsabilités plus considérables en
regard de la santé et du bien-être de la population.
Ces considérations laissent deviner que le système de
santé joue un rôle palliatif par rapport à des
problèmes dont les racines puisent dans l'inégalité
sociale. Il faut de plus constater que le modèle actuel de
développement du Québec favorise la concentration des ressources
au centre, au détriment des régions dites de ressources. La
société québécoise doit revenir à un
développement plus fortement articulé sur la croissance de
l'ensemble des régions. L'impact du financement lié au secteur de
la santé et des services sociaux constitue, dans cette perspective, un
levier extrêmement important d'un redéploiement des forces de
stabilisation sociale et économique des régions
affectées.
Le Conseil régional croit donc que les régions peuvent
jouer un rôle moteur dans l'optique de l'amélioration de la
santé et du bien-être, dans la mesure où seront mis en
place
des mécanismes assurant une imputabilité accrue de chaque
niveau du système, une participation réelle de la population dans
l'encadrement du système et une plus grande équité dans
l'allocation interrégionale et intrarégionale.
Finalement, une autosuffisance réelle des régions
impliquant, d'une part, la disponibilité, en région, des
infrastructures humaines et matérielles pertinentes aux services
généraux, spécialisés et
ultraspécialisés à dispenser et, d'autre part, par la mise
en place de centres d'expertise, de moyens de formation universitaire et autres
assurant le développement de la qualité des interventions
régionales.
Parlons d'imputabilité maintenant. C'est au premier chef à
partir de la notion d'imputabilité que doivent être revus les
pratiques et les modes d'organisation du réseau. Nous nous attarderons
donc à cette notion pour ensuite nous pencher sur deux instruments
fondamentaux de principes d'"opérationalisation" d'une
imputabilité véritable, soit les plans régionaux
d'organisation de services et les mécanismes de participation de la
population.
L'imputablité est donc une notion déterminante dans le
cadre d'une réforme où le ministère entend faire de
l'instance régionale le véritable maître d'oeuvre du
développement et de la gestion du service de santé et des
services sociaux. La notion d'imputabilité suppose d'abord qu'on
s'inscrive dans un schéma clair d'autorité. Elle fait en sorte
qu'on réponde à des actes auprès de l'autorité dont
on relève; qu'on dispose d'un mandat de pouvoirs
délégués et de moyens spécifiques congruents au
mandat.
L'imputabilité implique donc, pour chaque palier du
système, les paramètres suivants: la définition d'un
mandat cohérent et clair; la délégation concomitante de
l'ensemble des pouvoirs nécessaires à l'accomplissement du
mandat: pouvoir de planification, d'allocation, réallocation,
évaluation; l'attribution de moyens financiers et autres permettant
l'exercice des pouvoirs délégués; des mécanismes de
reddition de comptes auprès de l'autorité, relativement à
l'accomplissement du mandat - ici on pense, entre autres, à la
comparution devant le collège électoral ou une commission
parlementaire, ainsi de suite. En départageant plus clairement les
responsabilités respectives, l'imputabilité aide à
clarifier les interfaces ou articulations qu'il faut prévoir entre les
différents paliers du système.
Dans cette optique, on peut résumer ainsi le partage. Le
ministère répond de son champ de responsabilités
auprès de la population québécoise. Il répond,
auprès des instances régionales, des moyens qu'il accorde dans le
cadre d'ententes, de contrats spécifiques touchant l'organisation
régionale des services. L'instance régionale, quant à
elle, rend compte de l'organisation et de la gestion régionale des
services auprès du ministère et auprès de la population de
sa région.
L'instance octroie, sur une base contractuelle, des moyens permettant de
réaliser les programmes aux divers dispensateurs de services. Et, enfin,
les dispensateurs de services répondent de la réalisation des
programmes qui leur sont confiés par contrat auprès de l'instance
régionale et auprès de la clientèle cible de ces
programmes. Chaque palier est donc redevable de ses activités en amont
et en aval. De même, un lien contractuel spécifique doit assortir
toute délégation de pouvoirs et de moyens.
Dans le contexte d'imputabilité décrit ici, il revient au
ministère, en fonction des objectifs prioritaires de santé et de
bien-être, d'établir le partage interprogrammes,
c'est-à-dire personnes âgées, santé mentale et ainsi
de suite.
Sur la base de règles de location interrégionales assises
sur quelques indicateurs valides, les crédits par programme sont
alloués aux régions dans le cadre des plans régionaux
d'organisation de services libres, ce qu'on appelle, nous, les PROS. Il revient
à la région de procéder à partir du PROS aux gestes
d'allocation et de réallocation permettant de réaliser les
diverses composantes du programme.
Le processus d'évaluation permet de mesurer
périodiquement, aux divers paliers du système, l'impact des
gestes d'allocation posés. Pour le CRSSS, la pertinence de la
reconnaissance d'un palier régional nanti de responsabilités
claires et imputable de ses actes ne fait pas de doute. Cette transformation ne
peut s'effectuer qu'à condition de définir avec rigueur les
responsabilités relevant de chaque niveau, mais aussi à condition
d'utiliser un outil commun de travail: le plan régional d'organisation
de services.
Les plans régionaux d'organisation de services. Dans l'optique du
Conseil régional, le vocable "plan régional d'organisation de
services" ne se réduit pas à l'étape initiale de
planification qui précède l'organisation et la gestion des
services. Le point est un concept qui intègre tout le processus allant
de la planification jusqu'à l'évaluation, incluant les
étapes de programmation, d'implantation, de gestion et de
contrôle.
Il implique également l'existence de véritables contrats
entre l'instance régionale et le ministère bailleur, de
même qu'entre l'instance et les dispensateurs de services. Sous cet
angle, le PROS n'est plus un cadre de planification, mais plutôt un mode
d'articulation fonctionnel de l'ensemble des instances du réseau dans un
contexte d'imputabilité.
Le plan d'organisation peut être un instrument très
puissant de gestion du réseau, dans la mesure où l'ensemble des
partenaires en font l'instrument fondamental d'articulation des interventions.
En toute logique, le plan régional d'organisation de services doit
devenir pour le ministère, les instances régionales et les
dispensateurs l'instrument central de développement des
stratégies d'action, de définition des programmes,
d'allocation et de réalloation d'évaluation des programmes
et du réseau.
Nous avons un schéma à la page 14. C'est pour illustrer,
finalement, ce qu'on vient de dire. Par ailleurs, le plan régional
d'organisation de services permet d'intégrer, dans leur logique
fonctionnelle, la majorité des mandats confiés à
l'instance régionale, soit la programmation des services, l'allocation
des budgets, la coordination et la concertation du réseau
régional, le contrôle budgétaire et l'évaluation des
programmes.
La recherche. Dans le contexte des plans régionaux d'organisation
de services, l'instance régionale a une responsabilité
particulière en regard de la priorisation des besoins et de
l'évaluation des interventions. Il importe, à cet égard,
de revoir les moyens pertinents à ces deux fonctions majeures. Il
importe que l'instance régionale dispose de moyens adéquats pour
qualifier et quantifier avec précision, dans leur contexte
sociogéographique, les problématiques spécifiques.
Le choix des priorités et des stratégies d'intervention
est fortement tributaire de la qualité des instruments de mesure des
phénomènes. Dans cette optique, le Conseil régional mise
sur une approche où la recherche et les systèmes d'information
jouent un rôle clé, eu égard au démarrage des PROS
et à l'évaluation continue des interventions.
Puisqu'il est du mandat de l'instance régionale de définir
les priorités en matière de santé et de services sociaux
et de répondre de la performance du réseau régional,
celle-ci doit coordonner l'effort de surveillance de l'état de
santé et de bien-être, de même que d'identification des
problèmes sociaux et sanitaires. Pour ce faire, il est pertinent de
mettre en commun le potentiel régional existant en créant un
service régional de recherche rattaché au CRSSS et mettant
à contribution les effectifs actuels des DSC. Agissant dans leurs
milieux respectifs d'implantation, Saguenay et Lac-Saint-Jean, sur une base
déconcentrée, les effectifs du service seront appelés
d'abord à travailler autour d'une programmation de recherche
unifiée et à offrir des services communs au réseau
régional. L'harmonisation de la programmation et des équipements,
informatique, documentation et autres, la coordination des systèmes
d'information, l'accueil de chercheurs stagiaires ou invités, la
synergie du travail en équipe élargie sont des retombées
positives que peut favoriser la mise en place d'un service
régionalisé de recherche.
Les autres mandats actuels des DSC. Quant aux autres mandats
actuellement dévolus aux DSC, celui d'élaboration et
d'évaluation des programmes de prévention et de promotion
pourrait être intégré à la fonction PROS de
l'instance régionale. Le mandat d'exécution serait confié
aux dispensateurs de services, dans le cadre d'ententes assortissant les plans
régionaux d'organisation de services. Relativement au mandat de
santé publique, compte tenu de sa nature et des exigences liées
notamment aux situations d'urgence, il serait judicieux de nommer un directeur
régional responsable de la santé publique. Cette personne
pourrait éventuellement être rattachée directement à
l'instance régionale.
Les systèmes d'information. Le Conseil régional croit que
l'organisation des systèmes d'information constitue une pièce
maltresse de l'opération régionalisation. Les systèmes
d'information permettront de reconstituer et d'inscrire dans un processus
dynamique les paramètres essentiels de fonctionnement du réseau.
Ils se situent potentiellement en amont et en aval de la plupart des actions de
recherche, de planification-programmation, de gestion et d'évaluation.
Il faut donc réussir à intégrer les banques de
données existantes ou en développement à un modèle
de système d'information étroitement associé aux fonctions
du réseau. À cet égard, la situation requiert que le
ministère définisse, de concert avec les instances
régionales, une véritable politique.
Le Président (M. Joly): M. Pedneault, il nous reste deux
minutes.
M. Pedneault: Disons que c'est en matière de
développement...
Le Président (M. Joly): On peut peut-être
déborder un peu, prendre ça sur le temps des deux formations.
M. Côté (Charlesbourg): En autant qu'on a l'avis
qu'on a du temps, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Joly): Merci. Allez, M Pedneault.
M. Pedneauft: En matière de développement et
d'articulation des systèmes d'information, d'accès aux banques de
données centrales, d'organisation des réseaux informatiques
régionaux sur la base des PROS.
Alors, les mécanismes de participation de la population,
maintenant. Les éléments qui précèdent sont,
à notre avis, cruciaux. Toute leur pertinence repose néanmoins
sur un impératif fondamental: il faut réussir à donner
à la population un rôle déterminant dans l'évolution
du réseau. Dans cette optique, le Conseil régional propose un
modèle original d'organisation dont le caractère
intégré et la simplicité s'allient au fort niveau
d'imputabilité qu'il implique, tant pour les établissements que
pour l'instance régionale. Ce modèle repose sur la base des
assemblées issues de chaque territoire de CLSC. C'est de ces
assemblées qu'émane le collège électoral
La formule proposée par le Conseil régional
permet le maintien intégral des assises des
établissements. Elle modifie totalement la dynamique des conseils
d'administration pour l'adapter aux impératifs de gestion
décloisonnée, davantage redevable à la population à
desservir. Cette approche veut préserver les acquis tout en recadrant le
fonctionnement des établissements dans l'axe des orientations. Nous
avons également à la page qui suit un schéma de ce qu'on
est en train de traiter. Nous avons les huit territoires de CLSC, quatre au
Saguenay, quatre au Lac-Saint-Jean.
L'assemblée de district. Au sens de cette proposition sera
constituée, pour chacun des huit territoires de CLSC de la
région, une assemblée de district. Cette assemblée a trois
attributions principales: d'abord, nommer une partie des membres des conseils
d'administration d'établissements; ensuite, déléguer des
représentants, au nombre de six, au collège électoral de
l'instance régionale (ceux-ci doivent être membres de
l'assemblée); enfin, agir à titre consultatif en matière
de besoins socio-sanitaires de la population.
L'assemblée est composée de 50 % des représentants
désignés par les municipalités de district. L'autre
moitié provient en parts égales des établissements, des
organismes communautaires et du multisectoriel.
De façon particulière, les assemblées de district
désignent les représentants du conseil d'administration de
l'ensemble des établissements de leur territoire. Dans le cas
d'établissements à vocation sous-régionale ou
régionale, c'est l'ensemble des assemblées de district
concernées qui procèdent à la nomination des membres des
C.A. Ce modèle matriciel de gestion et de nomination assure un lien
d'imputabilité et de représentativité correspondant au
secteur géographique d'activité de chaque
établissement.
L'avant-projet de loi proposait la mise sur pied d'un conseil
d'administration unifié par territoire de CLSC. Le but des conseils
d'administration unifiés était de favoriser la concertation et la
mise en commun des ressources. Le maintien de corporations greffées
à sa structure centrale pourrait, selon nous, entraîner des
désavantages supérieurs aux effets positifs escomptés. Le
mécanisme d'assemblée de district, l'utilisation des PROS et
l'accroissement des pouvoirs de l'instance régionale devraient
entraîner les retombées escomptées au chapitre de la
concertation et de la coordination des ressources.
Le conseil d'administration d'un établissement est composé
d'au plus sept membres désignés par l'assemblée de
district ou le regroupement pertinent à l'assemblée, d'au moins
deux membres désignés par le conseil d'administration de
l'instance, c'est-à-dire le conseil régional, d'un membre
coopté à partir d'une liste de noms recommandés par le
comité de bénéficiaires, de trois membres cooptés
sur recommandation de la corporation, lorsqu'il y a lieu.
L'instance régionale, maintenant. C'est à dessein que le
mémoire du CRSS évite d'utiliser le terme "régie".
Celui-ci ne réfère pas à la forme de
décentralisation souhaitée par le conseil régional.
L'imputabilité de l'instance auprès d'un collège
régional, de même que l'importance et la nécessité
d'une véritable régionalisation sont des éléments
qui font en sorte qu'on doive utiliser un concept autre que celui de
régie.
Pour le Conseil régional, l'imputabilité est
l'élément central de la réforme. Les dispositions de
l'avant-projet de loi devraient être vues en profondeur pour rendre
opérante l'imputabilité, en clarifiant les différents
éléments qui la traduisent. Parmi les mesures à revoir, la
responsabilité, à la fois administrative, financière et
politique, qui échoit au président-directeur
général, telle que définie dans l'avant-projet de loi,
place potentiellement ce dernier en porte-à-faux par rapport aux
instances ministérielles, MSSS et Conseil du trésor, et à
l'instance régionale, collège électoral et conseil
d'administration.
Pour éviter toute confusion de rôles, il faut dissocier les
deux fonctions, à notre avis: un directeur général
relevant directement du conseil d'administration de l'instance régionale
et responsable de l'administration de celle-ci et un président
responsable des relations avec les instances politiques, nommé par le
collège électoral; celui-ci devrait disposer d'une
rémunération facilitant la réalisation de ses
fonctions.
Le conseil d'administration. Le Conseil régional fait sien le
souci ministériel d'assurer une plus grande participation et une plus
forte représentation de la population. Au premier chef, l'instance
régionale devrait refléter ce souci. Le Conseil régional
suggère, par conséquent, de renforcer la participation de
représentants de la population au sein de son conseil d'administration.
Le conseil devrait être composé de 20 personnes: 16 de ses membres
sont désignés par le collège électoral; 8 de ces 16
membres-là doivent être des représentants
désignés par des élus municipaux, ils proviennent de
chacun des huit territoires de CLSC de la région; les 8 autres membres
représentent les établissements, les organismes communautaires et
des partenaires multisectoriels dans l'ordre 3-3-2. Les 2 autres membres sont
désignés par le ministre, et le directeur général
et le président sont désignés, respectivement, par le
conseil d'administration et par le collège électoral. Le mandat
des membres est de trois ans. Le tiers des membres est remplacé
annuellement, pour assurer la continuité du fonctionnement du conseil.
(10 h 30)
En guise de conclusion, pour conclure de façon imagée ce
mémoire, l'ensemble des éléments qui viennent d'être
présentés constitue un arbre. Prenant racine dans la population,
le réseau régional doit développer ses ramifications
sur le tronc de l'imputabilité. Deux branches maîtresses
émanent de ce tronc: d'une part, les mécanismes de
représentation de la population; d'autre part, les plans
régionaux d'organisation de services. Chacune de ces branches
maîtresses se subdivise, à son tour, en deux: les
mécanismes de participation en assemblée de district et en
collège régional; les PROS, en service régional de
recherche et en système d'information. Sur cette structure repose
l'ensemble des ramifications de ce portefeuille. L'image peut paraître
amusante, mais elle n'en traduit pas moins une vision d'ensemble de fondements
qui, selon le Conseil régional de la santé et des services
sociaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean, sont nécessaires pour amorcer le
virage vers un véritable système de santé et de
bien-être.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'ajouterai, en
terminant, que l'économie générale du modèle que
nous venons de vous exposer constitue, à notre point de vue, une
invitation à redonner à nos populations locales une plus grande
maîtrise des institutions de santé et de services sociaux,
qu'elles ont, pour la plupart, elles-mêmes mises en place depuis le
début du siècle. N'est-ce pas là la meilleure façon
d'harmoniser les services du réseau aux besoins propres de chaque
collectivité et de redonner à celle-ci la maîtrise d'une
part importante de son développement social et économique?
Le Président (M. Joly): Merci, M. Pedneault. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je voudrais d'abord féliciter les gens du royaume de
s'être dépassés ou de nous avoir livré ce qu'ils
sont vraiment. Je pense que c'est un très très bon
mémoire. On parle, depuis le début, de régie
régionale, mais possiblement que ce ne sera pas le nom "régie
régionale". On cherche un moyen de trouver une structure qui va nous
permettre de donner des pouvoirs à un organisme régional qui va
faire le travail, disant que les régions sont beaucoup mieux
placées que le pouvoir central pour décider des choses chez
elles. J'ai toujours cru, je continue d'y croire, et votre mémoire a le
mérite, finalement, d'en entraîner d'autres. Je ne sais pas qui a
entraîné qui, mais de ceux qui passent aujourd'hui, il y a une
certaine similitude dans les volontés puis dans les propositions. C'est
signe qu'il y a une recherche de la vérité au niveau des
régions qui est assez exceptionnelle et ça va au-delà de
ce qu'on avait souhaité jusqu'à maintenant - ce qu'on a vu
jusqu'à maintenant, en tout cas. Et vous vous êtes attaqués
définitivement à l'os de l'imputabilité. On en a
parlé et il y a des pistes intéressantes dans ce que vous
proposez, sur le plan de l'imputabilité vis-à-vis de la
population et vis-à-vis aussi du pouvoir central, puisque c'est toujours
là que ça se passera, de toute manière, au niveau de
l'imputabilité.
Vous évoquez à l'intérieur du document les plans
régionaux d'organisation et de services. C'est clair que c'est
intéressant. J'aimerais peut-être, dans un premier temps, vous
entendre. Chez vous, en santé mentale, de quelle manière
ça fonctionne? Est-ce que vous vous êtes inspirés de ce qui
se passe en santé mentale pour nous faire une proposition comme celle de
ce matin?
M. Pedneault: Oui, effectivement. Je laisserais peut-être
M. Thibault expliquer notre position là-dessus.
M. Thibault (Louis-Philippe): Le modèle théorique,
si on peut dire, qui est présenté ce matin dans les
mémoires est le modèle qui a servi de base à la
démarche que nous suivons actuellement pour l'élaboration du plan
de service en santé mentale. Naturellement qu'ici le concept est
présenté, je dirais, dans ses très grandes fonctions et
particulièrement les fonctions qui mettent en relation les trois
acteurs, soit le ministère, la régie et les dispensateurs de
services. L'élaboration du plan va à un degré de
raffinement beaucoup plus précis et plus détaillé, mais le
résultat s'inscrit dans cette démarche globale. En termes de plan
de services, ce qu'on peut vous dire présentement, pour nous, c'est
qu'on a terminé l'identification des besoins et la quantification des
besoins. Nous avons élaboré un concept organisateur de services
qui est en consultation présentement, qui a été
distribué à 300 organismes de la région, sur lequel nous
avons reçu 52 mémoires, 52 réponses et pour lesquels nous
avons entendu, sous une forme de commission, à peu près 26
organismes. La décision doit être rendue prochainement sur
l'acceptation de ce concept-là et on a commencé
déjà, en parallèle, à traduire le concept en
modèle administratif au terme duquel il y aura des contrats ou des
ententes à faire avec les établissements, après quoi on
viendra s'asseoir avec le ministère pour établir notre contrat
entre le ministère et le Conseil régional sur le plan à
mettre effectivement en place, avec le financement et les
échéances. Le schéma qui vous est présenté,
dans le fond, illustre ce cheminement-là global, c'est-à-dire que
le ministère, de par la flèche, si on va à la page 14, en
haut, établit des politiques: santé et bien-être, par
exemple, des politiques dans le domaine de la santé mentale, la
politique des personnes âgées. L'instance régionale
reçoit un mandat d'élaborer un plan régional
d'organisation de services. On procède selon les étapes que je
viens de décrire, au terme desquelles nous soumettons un contrat au
ministère. On négocie le contrat, en même temps on met en
place l'évaluation du PROS en régions, et, sous l'appellation
"évaluation", on peut déjà noter que c'est un
mécanisme important d'imputabilité vis-à-vis du
ministère. Par la suite, une fois que
l'instance régionale a convenu de son contrat avec le
ministère, on retourne en région et on contracte avec les
différents dispensateurs de services, autant les établissements
que les organismes communautaires. Et, à chaque contrat qu'on
établit, on fixe pour chacun des paramètres d'évaluation;
de là un nouveau lien d'imputabilité des établissements et
des organismes vis-à-vis de l'instance régionale. Et tout
ça se fait dans une dynamique où on est au service de la
population et où il faut répondre à ces besoins. C'est
sommairement, là...
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez devancé ma
deuxième question, parce que j'arrivais avec l'histoire du contrat, pour
une meilleure définition du contrat. C'est neuf. Évidemment, on
pousse plus loin l'imputabilité par le mécanisme contrat. Vous
n'aurez pas de difficulté... En tout cas, vous allez en négocier
un avec le ministère; vous n'aurez pas de problème à en
négocier un, je ne le pense pas, et chaque régie
régionale, ou CRSSS ou instance régionale va en signer un avec le
ministère. Par la suite, vous signerez un contrat avec les dispensateurs
de services, que ce soit un centre hospitalier ou un organisme communautaire,
et ainsi de suite. Qu'est-ce qui arrive avec ceux qui n'en signent pas? Parce
que vous allez faire des choix et, évidemment, ce qu'on veut, c'est que
la région fasse ses propres choix, à partir de son plan
d'organisation qu'elle aura déterminé. Il arrive quoi avec ceux
qui ne signent pas de contrat? Ou allez-vous en signer avec tout le monde?
M. Thibault: Ha, ha, ha! Bonne question! Non, je pense qu'au
départ le plan que l'on propose identifie une gamme de services à
dispenser. L'approche qu'on voudrait développer... La santé
mentale est une première; quand on rencontrera ce genre de
difficulté-là, probablement qu'il faudra s'y pencher, et on va
probablement la rencontrer. Mais l'approche, je dirais, qui sous-tend cette
démarche-là, c'est de dire aux gens: Nous, on veut financer,
à travers le plan de services, des services. On ne veut pas financer des
établissements puis on ne veut pas financer des organismes.
Donc le plan prévoit, par exemple, des services en matière
de prévention, en matière de promotion, en matière de
services de base, en matière de services spécialisés, si
je prends l'exemple du plan de services en santé mentale, et on va
inviter les établissements et les organismes à nous soumettre des
propositions. D'ailleurs, selon la consultation qu'on a menée à
date uniquement au niveau du concept, déjà les
établissements et les organismes se positionnent dans ce
modèle-là en disant: Nous, on voudrait faire tel genre de
services. On va leur dire: Faites-nous une proposition. Dites-nous le genre de
services que vous voulez donner à l'intérieur de ça et on
va regarder le financement qu'on peut vous octroyer. Puis, on va passer le
contrat en disant: On vous donne tant de financement; vous donnez tel type de
services, on passe une entente de trois ans pendant laquelle on fait une
évaluation. Naturellement, quant aux organismes ou aux
établissements qui pourraient ne pas vouloir s'inscrire
là-dedans, j'ai comme l'impression qu'effectivement il y a là un
débat important parce que ça peut remettre en cause leur propre
financement pour les services qu'ils dispensent déjà, s'ils ne
contractent pas avec la régie pour coordonner leurs services à
ceux de l'ensemble.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Pedneault: si vous me le permettez, il y a également
l'assemblée de district qui est composée de personnes qui
attendent des services.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais y arriver
tantôt.
M. Pedneault: Je pense que ces gens-là peuvent faire
pression là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): On va y arriver
tantôt. Je la trouve intéressante et je veux qu'on tente de la
développer. Ce que je comprends, c'est que vous signez un contrat par
programme avec le ministère; même principe, pour retourner
à la base, au niveau des dispensateurs qu'ils doivent appliquer sur des
sommes disponibles à partir des plans établis qui vont jouer avec
le plan d'organisation ou le plan régional que vous aurez fait, en
respectant, bien sûr, l'ensemble du territoire puis la dispensation des
services sur l'ensemble du territoire. Donc, c'est le même genre de
contrat que vous avez avec le ministère, mais chacun est obligé
de venir justifier sa proposition et ça vous oblige aussi à faire
des choix. C'est vous autres qui aurez la responsabilité, à ce
moment-là, de faire des choix. Qu'est-ce que ça vous prend comme
pouvoir additionnel pour être capable de faire ces choix? Si ce n'est pas
facile, chez nous, pour seize régions au Québec, ça ne
sera pas plus facile dans chacun de vos milieux, sur le plan régional;
c'est peut-être plus facile parce que vous connaissez mieux la
région; la pression va être là et là, vous
deviendrez un arbitre et vous allez arbitrer sur le plan régional. Ce ne
sera pas plus facile pour vous autres non plus. Qu'est-ce qui nous garantit,
à part l'assemblée de district ou le collège
électoral, que les sous-régions, parce qu'il y en a dans chacune
des régions, ne seront pas noyées? Ça a toujours
été ma grande préoccupation à ce moment-ci, les
sous-régions à l'intérieur des régions. J'ai
toujours pris l'exemple de Rimouski. Je ne prendrai pas celui de Chicoutimi.
Quand Rimouski va venir, je prendrai celui de Chicoutimi.
La principale complainte des gens du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie, ou en particulier de la Gaspésie, c'est qu'ils sont
complètement avalés par Rimouski, donc pouvoir central. On a pris
un pouvoir de Québec et on l'a envoyé à Rimouski; Rimouski
ramasse tout et les miettes vont ailleurs. C'est ça l'opinion que les
gens ont là-bas. Alors, qu'est-ce que vous avez comme mécanisme
pour garantir que les sous-régions à l'intérieur de la
région ne seront pas les parents pauvres?
M. Thibault: D'abord, dans l'exemple de Rimouski, on se retrouve
drôlement. Dans ce sens, je ne suis pas sûr que... C'est un premier
élément. M. le ministre, je remarque quand même... En tout
cas, je vois dans vos préoccupations deux ordres de questions. La
première, ce sont les prérequis dont nous avons besoin comme
régie régionale pour actualiser véritablement le
modèle que l'on propose. Je pense qu'il y en a un d'abord qui est
très fondamental, c'est que le PROS devienne le concept commun
d'organisation et de partage des responsabilités et des pouvoirs. Je
pense qu'il appartiendra au ministère de le reconnaître. Si le
ministère ne reconnaît pas le PROS dans le modèle que l'on
dépose comme étant le concept intégrateur des fonctions et
la base de partage des responsabilités et des pouvoirs, on va toujours
travailler dans de l'à-peu-près et chacun y mettra la
définition qu'il voudra des missions de chacun. Dans ce sens, ça
prend un concept clair, simple, dans lequel tout le monde est capable de se
retrouver et, soit dit en passant, c'est, à notre point de vue aussi, la
base d'un mécanisme, c'est le début d'une imputabilité;
quand on sait de quoi on est responsable, on peut en être imputable.
Au chapitre des prérequis, j'en ai deux autres. Je
n'élabore pas, je les mentionne. Ça prend une capacité
réelle, en région, d'allouer l'argent qui va être mis
à la disposition de la région, une capacité de
réallocation, et ça prend aussi, à l'intérieur de
la loi, une certaine souplesse dans la définition des missions des
dispensateurs de services.
Je reviens à votre question spécifique, maintenant,
concernant les sous-régions.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Thibault: Peut-être que M. Pedneault veut
répondre?
M. Pedneault: Non, non. Continue.
M. Thibault: Oui. Alors, au niveau des sous-régions, je
pense que, effectivement, il y a des aspects structurels qui vont venir faire
en sorte que les sous-régions ne seront pas laissées pour compte.
D'abord, quand vous regardez ce que l'on propose au niveau des
mécanismes, la régie régionale n'est pas d'abord une
instance qui reçoit un mandat du ministère, comme vous voyez.
C'est d'abord le collectif des territoires de la région qui se regroupe
dans un collège électoral et qui nomme un conseil qui,
lui-même, a des racines dans chacune des sous-régions, dans chacun
des territoires.
Donc, au plan de la dynamique structurelle, il y a là une
dynamique qui va faire en sorte que, je pense, on ne pourra pas faire autrement
que de respecter chaque bout de territoire qu'il y a dans la région.
L'autre élément, c'est naturellement la fonction qui
pourrait être impartie à la régie régionale
d'allouer les enveloppes en région. Nous vivons actuellement une
expérience dans le secteur des personnes âgées et on pense
qu'à partir d'une enveloppe régionale qui nous serait
identifiée pour personnes âgées, avant même de se
demander si c'est du maintien à domicile qu'il faut développer,
ou si c'est de l'alourdissement qu'il faut supporter, ou si c'est un centre de
jour qu'il faut ouvrir, il importe, dans un premier temps, que, dans chaque
district de CLSC, il y ait un acte de planification pour identifier ses propres
priorités. Le rôle du conseil régional consiste ensuite
à arbitrer le partage de l'enveloppe régionale entre les
districts et, par la suite, le district répondra à ses
priorités en fonction des différentes composantes des services
aux personnes âgées. Donc, je le donne à l'aide d'un
exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Hé que ça
passe vite!
J'en viens à... Ce que j'ai compris, c'est qu'à toutes
fins pratiques, pour bien se comprendre, les DSC, ça disparaît,
pas la mission.
M. Thibault: Comme structure, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Comme structure.
M. Thibault: Mais, comme mandat, ça demeure.
M. Côté (Charlesbourg): Comme mandat, ça
disparaît. Les CSS?
M. Thibault: Bonne question. C'est une question qu'on
attendait.
Les CSS, M. le ministre... Je peux vous dire qu'il y a deux
éléments. Lorsque nous avons étudié le texte
d'orientations dans lequel le ministère proposait une espèce de
rationalisation des services à travers les conseils d'administration
unifiés, autant on a reconnu rapidement les limites des conseils
d'administration unifiés par district de CLSC, autant on n'a pas, en
tout cas chez nous, remis fondamentalement en cause la nécessité
de regrouper les services-jeunesse.
Dans cette optique, je vous dirais qu'aujourd'hui avec le modèle
que l'on propose, si vous voulez avoir une réponse adaptée
à notre
région 02 - parce que je ne prétends pas répondre
pour l'ensemble de la province parce que, dans les différentes
régions, il n'est peut-être pas obligatoire que les CSS soient
situés de la même façon partout - en tout cas, en ce qui
concerne la région 02, on vous inviterait peut-être à nous
passer une commande d'élaboration d'un PROS et ce n'est qu'à
l'intérieur d'une démarche structurée, telle qu'on la
propose (identification de besoins, conception d'un modèle qui rejoint
les objectifs qu'on vise, articulation de mandat, contrats) qu'on pourrait
apporter des réponses à ces éléments. Mais
aujourd'hui on pourrait discourir et argumenter longtemps sur les
possibilités de rattachement, mais là-dessus j'aime autant... (10
h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Compte tenu de l'objectif de
confier à une structure régionale - c'est plus facile pour vous
autres de dire: Amenez-nous-en, on est prêts à en prendre, il n'y
a pas de problème. Évidemment, ce sont ceux qui sont
absorbés qui sont peut-être moins heureux. Mais, à partir
du moment où vous posez le diagnostic au niveau des départements
de santé communautaire, que la mission peut devenir une mission
régionale en respectant certains territoires, au niveau des CSS, j'ai de
la difficulté à comprendre que vous n'en arriviez pas à la
même conclusion, pour la simple et bonne raison que si on veut
effectivement transférer les budgets sur le plan régional
à une régie ou à un organisme régional qui a la
responsabilité de la santé et du bien-être au niveau de sa
région, on ne pourra pas se retrouver demain matin avec des structures
où il y a trois leaders dans la structure.
Si les régions veulent prendre en main et décider, elles
vont toutes décider. Il n'y en aura pas un petit bout qui va
décider par quelqu'un d'autre et un grand bout par eux autres. C'est
pour ça que le questionnement doit se faire là aussi sinon, on va
se retrouver avec une structure, deux sortes de structures. Je ne pense pas
qu'on risque de rendre service à la population. Il y a des missions qui
sont là et l'articulation sur le plan régional, si c'est
ça - quand j'ai parlé de mode de cause, de centralisation
à un moment donné, et d'aller plus loin - il va falloir aller
plus loin et se questionner là-dessus. C'est pour ça que dans le
mémoire, quand j'ai vu DSC, tout de suite mon questionnement est venu au
niveau des CSS et c'est Mme la députée de Chicoutimi, hier soir,
qui posait la question quant à elle sur les CSS, quant à la
possibilité que ça puisse, bon, peut-être pas dit comme
tel, disparaître, mais, a tout le moins, que les fonctions puissent
être aux CLSC et des fonctions ailleurs.
En tout cas, ce sont des questions qu'il faut se poser et ça
m'apparaît important de le faire, mais je comprends le sens de la
revendication au niveau des départements de santé communautaire
quant à la vocation recherche, quant à toute la vocation des DSC,
ça m'apparaît intéressant. Oui.
Le Président (M. Joly): Rigueur, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): Rigueur, s'il vous
plaît. Une dernière. Je vous aurais parlé des
bénéficiaires parce que je ne les trouve pas trop présents
dans votre répartition de conseil d'administration. Quand je dis que
ça m'a frappé tantôt, en faisant la nomenclature, j'ai dit:
Tout le monde se vante et se targue de travailler pour les
bénéficiaires, mais quand on regarde la structure des conseils
d'administration, il y a peut-être une petite faiblesse là qu'il
faudrait regarder. Un maire, ça peut être un
bénéficiaire, mais c'est d'abord un maire. Des
représentants des établissements, c'est d'abord des
représentants des établissements. Tout le monde fait ça au
bénéfice des bénéficiaires, et il me semble qu'il y
a peut-être quelque chose à faire là.
La dernière: Votre assemblée de district, j'aimerais voir
quel est son pouvoir comme assemblée de district parce que, dans notre
réflexion à nous aussi, on s'est dit: II n'y aura pas de conseil
d'administration unifié, mais il faut trouver un moyen pour que des gens
travaillent unifiés. Vous autres, vous proposez, à ce que je
comprends, une assemblée de district. C'est quoi ses pouvoirs et son
mandat et ça s'articule comment par rapport à la régie
régionale, puis par rapport à l'établissement
lui-même?
M. Thibault: M. le Président, est-ce qu'on
répond?
Le Président (M. Joly): Oui. Assez brièvement.
M. Thibault: Brièvement.
Le Président (M. Joly): J'imagine que vous allez
être capable de faire ça de façon concise.
M. Thibault: Je vais essayer rapidement. Pourquoi DSC, pourquoi
pas CSS? Je dirais que dans le modèle que l'on propose, il nous
apparaissait cohérent que les fonctions du DSC soient exercées
dans le cadre de l'exercice du mandat de la régie. Il y a un lien
très fort. Alors que dans le cas du CSS, on parle plus d'un distributeur
de services. Mais je ne dis pas qu'il ne faut pas faire une réflexion en
termes de rationalisation pour autant et les questionnements que vous apportez
nous semblent pertinents. Concernant les bénéficiaires, s'ils
sont absents du mémoire...
M. Côté (Charlesbourg): Pour bien se comprendre, il
ne faudrait surtout pas que la régie devienne un dispensateur de
services.
M. Thibault: Non.
M. Côté (Charlesbourg): On se comprend bien.
M. Thibault: Ça, on s'entend très très
bien.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf que sur le plan de la
planification...
M. Thibault: On est tout à fait d'accord avec vous
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Thibault: Du côté des
bénéficiaires, s'ils ne sont pas beaucoup présents dans le
mémoire, ils le sont dans nos préoccupations quand même
parce que pour nous, dans la régie régionale, tous les
rôles qui sont confiés à la régie en regard du
fonctionnement des comités de bénéficiaires, c'est des
acquis qu'on n'a pas repris dans le mémoire. Comme on le disait, on a
bâti notre mémoire pour centrer sur des choses qui nous
paraissaient importantes pour réorienter notre système. Mais pour
nous, effectivement, les comités de bénéficiaires, on
pense que les conseils régionaux ont un rôle à renforcer de
ce côté-là. Ils sont présents, peut-être
timidement, direz-vous, et ça fera probablement partie des
éléments à bonifier. Pour nous, ils sont présents
au chapitre de chaque conseil d'administration où il y a un siège
qui leur est réservé Peut-être que ce n'est pas
suffisant.
Le Président (M. Joly): Oui, ça va?
M. Pedneault: II y a également le processus
d'évaluation qui tient compte beaucoup des
bénéficiaires.
M. Thibault: Et enfin, la dernière question,
c'était le rôle de l'assemblée de district, son arrimage.
Je me permets, M. le ministre, de vous référer à la page
19 et, essentiellement, le comité de l'assemblée de district,
chaque assemblée de district, on voit un peu sur une forme
schématique les rôles qu'elle assume. Les fonctions sont
identifiées au centre. Premièrement, on dit d'abord:
L'assemblée de district désigne les membres des C.A. des
établissements de son territoire et, en accord avec les autres
assemblées de district, nomme une partie des membres des conseils
d'administration des établissements qui ont une vocation
multiterritoires sous-régionale ou régionale. Donc ça,
c'est un premier rôle. On peut dire, par analogie, que l'assemblée
de district devient un peu l'équivalent de l'assemblée des
actionnaires à l'égard des administrateurs de la corporation,
mais là ici il s'adonne qu'il y a plusieurs corporations.
Deuxièmement, l'assemblée de district désigne aussi
les membres du collège électoral. Donc, on voit tout de suite que
le collège électoral, le résultat net, c'est qu'il va
être composé à parts égales de gens de chacun des
districts. Donc, six personnes originant de huit districts - le collège
électoral va donc être composé de 48 personnes - et
traduisant la configuration de l'assemblée de district,
c'est-à-dire qu'on va se retrouver avec un collège
électoral: 50 % d'élus et l'autre 50 % tiers-tiers-tiers:
établissements, organismes communautaires et multisectoriels.
Enfin, et un rôle non négligeable qu'il faut mettre
beaucoup en lumière, c'est que l'assemblée de district va
constituer, autant pour les établissements que pour la régie, un
lieu privilégié de consultations pour savoir de temps à
autre quels sont les besoins de la population, quelles sont ses
priorités ou quel est son point de vue sur telle ou telle chose qui
concerne le domaine sociosanrtaire. Alors, il y a vraiment trois rôles:
désignation...
M. Côté (Charlesbourg): II y a un petit
problème, et on le creusera ultérieurement avec vous autres. Il
m'apparaH y avoir un petit problème. Je vous pose une seule question: Si
un conseil d'administration prend une décision qui est contraire
à ce que l'assemblée de district peut décider, il arrive
quoi?
M. Thibault: Le seul mécanisme qu'on a actuellement - et
peut-être que ça fera partie effectivement des choses à
bonifier - c'est qu'au moins une fois annuellement les membres des conseils
d'administration devront faire rapport au comité de l'assemblée
de district qui aura un droit de regard sur la gestion des
établissements, via son pouvoir de nomination des membres. S'il
intervient effectivement des situations conflictuelles entre les
établissements, par la force des choses, ça va finir par aboutir
à l'assemblée de district au moins une fois par année.
C'est un élément sur lequel on pourrait travailler davantage si
vous le souhaitez, parce que là on a mis l'Idée
générale d'avant. Il y a de la place pour beaucoup
d'amélioration, on en convient.
M. Côté (Charlesbourg): Compte tenu des
débats que ça a données en cours de campagne
électorale et puisqu'on a la visite du député de
Lac-Saint-Jean, ça me tenterait de vous dire en finissant: Comment
feriez-vous pour régler le problème de deux "scanners" entre Aima
et Roberval?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Thibault: Est-ce qu'on est obligés de répondre,
M. le ministre?
M. Pedneault: Parce que nous autres, on avait répondu
à ça.
Le Président (M. Joly): Ça va, M le
ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): Merci. Je vais maintenant
reconnaître le porte-parole de l'Opposition pour le dossier des services
sociaux, M. Trudel, député de
Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux remercier aussi
le CRSSS de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui nous apporte ici
une des premières visions rafraîchissantes de ce que nous devrions
avoir comme réforme et comme organisation des services de santé
et des services sociaux au Québec, à partir d'une vision
régionale. Je pense que le ministre a bien raison là-dessus,
c'est intéressant, c'est un bon mémoire que vous nous soumettez
là. Preuve est encore une fois faite que ce ne sont pas
nécessairement les grandes régions qui ont les grandes
idées, et surtout les bonnes; les petites régions peuvent avoir
de très bonnes idées et de grandes idées.
Je serai bref puisque je laisserai la plupart du temps dévolu
à l'Opposition à la députée de Chicoutimi, qui a
des questions plus précises. Je voudrais faire une remarque pour
réaffirmer avec vous que c'est la première fois ici qu'on a
très clairement établi que toute la réforme devrait
d'abord être - et je dirais peu importe la mécanique qui va
accompagner tout cela - basée au niveau de la réalité
géographique et de la réalité des populations sur le
territoire de CLSC, ou encore le territoire de la MRC, puisque ça se
confond très souvent. Le ministre a déjà eu l'occasion de
dire depuis le début de la commission, bien sûr, qu'il va avoir
à réécrire tout ça, puisqu'il a été
affirmé ici aussi qu'un des grands éléments de cet
avant-projet de loi, c'étaient les conseils d'administration
unifiés, qu'il n'en est plus question aujourd'hui et que ça ne
pouvait fonctionner. Il faut donc ici répéter très
fermement au ministre et à l'équipe qui l'accompagne, au niveau
de la présentation d'un projet de loi, que l'unité centrale,
l'unité de base sur laquelle doit s'articuler toute la
réalité de la réorganisation des services de santé
et des services sociaux au Québec, que ce soit la réalité
géographique de CLSC, la région d'appartenance de la MRC, pour
que tout cela puisse correspondre aux véritables besoins et à
l'état des populations qui y habitent.
Une question. Vous nous avez beaucoup parlé de l'organisation des
services, de l'organisation quant aux types d'établissements sur un
territoire de CLSC, de l'organisation de l'instance régionale. Mais il y
a aussi, à la page 5, une affirmation que l'on a particulièrement
vécue, particulièrement observée ici, en commission
parlementaire. Vous dites: Enfin, il faut souligner que nous partageons
entièrement l'idée que le réseau doit
impérativement sortir de la spirale indécente des
intérêts professionnels et corporatistes, professionnels et
organisationnels pour s'articuler résolument aux besoins et au
développement des collectivités.
Comment allez-vous faire ça? Comment les régies, comment
l'instance que vous nous avez décrite, comment les assemblées de
district vont-elles permettre de sortir de cette spirale indécente des
intérêts professionnels et organisationnels qui, actuellement,
sont peut-être aussi l'autre grand problème de l'évolution
et, possiblement, du développement de notre réseau de
santé et des services sociaux, y compris au niveau du contrôle des
coûts, tel que l'a souvent souligné ici le ministre et tel que
nous l'avons rappelé et que de nombreux organismes nous l'ont
rappelé ici? Comment allez-vous faire ça? Quelles sont les
poignées que vous allez avoir pour sortir de cette spirale?
M. Pedneault: Nous, on a mis de l'avant beaucoup dans le
mémoire le concept du plan d'organisation de services, qui est
centré beaucoup sur les fonctions et les services, les contrats, ce qui,
à notre avis, atténue beaucoup la composante
établissements puis les intérêts qui peuvent être
provinciaux dans ce domaine-là. Également, quand on a
élaboré toute la proposition de répartition de la
représentation régionale, on pense aussi que les personnes qui
vont composer et les conseils d'administration des différents organismes
et les conseils d'administration de la régie et de l'assemblée
générale de district, tous ces gens-là vont être des
demandeurs en termes de services à la population régionale.
On ne pense pas régler tous les problèmes d'un coup avec
ça, mais je pense que c'est un début de changement des
mentalités, puis on espère beaucoup qu'on puisse inverser les
choses.
M. Thibault: En complément de réponse, je vous
dirais bien que quand on va dans le refile-ment de ce qu'implique un plan
régional d'organisation de services, la démarche, elle part d'un
objectif de santé qui peut être déterminé au plan
national. La première étape de cet objectif, lorsqu'elle arrive
en région, c'est d'aller mesurer très concrètement le
niveau de besoins de la population à l'égard de cet objectif de
santé. Or, si on veut sortir effectivement le réseau et le
remettre à l'heure des besoins, il est impératif que la
région soit capable de bien mesurer son niveau de besoins, de bien le
quantifier, de bien le situer dans l'espace. Et c'est à partir de
là que le plan commence à s'articuler, que le modèle
s'articule. Donc, le modèle s'articule à partir du besoin. Il se
traduit par la suite dans une traduction administrative des
établissements et, ce faisant, on recentre notre système de
distribution sur les besoins de la population. Et le chien de garde de tout
ça, en termes de gestion, c'est que constituant une assemblée
de
district - et peut-être faudra-t-il lui donner un rôle plus
Important que celui qu'on lui donne, voyant votre niveau de
préoccupation - on peut effectivement s'assurer que la population
reprend la gouverne de ses services par l'assemblée de district. (11
heures)
M. Trudel: Une toute petite sous-question parce que je regarde,
par exemple, l'article 246 de l'avant-projet de loi actuel qui
répète qu'il y aura, comme ça existe actuellement, au
niveau de la régie, la responsabilité de fabriquer ou de
préparer un plan régional des effectifs médicaux et
dentaires des établissements de la région. On a ça
actuellement. Est-ce que vous avez les instruments pour faire respecter ces
plans d'effectifs et, si vous ne les avez pas, comment les aurez-vous pour
compléter ou pour contrôler la réalisation des plans
régionaux d'organisation des services, tel que vous le proposez, qui,
par ailleurs, je le dis, est une excellente idée quant à moi?
Quels sont les pouvoirs dont vous allez avoir besoin? Si on n'est pas capable
de le faire actuellement au niveau du contrôle des effectifs
médicaux, comment faire ça? L'avez-vous, actuellement, le
contrôle de cela?
M. Thibault: Nous, ce qu'on dit là-dessus, c'est qu'il
faut, en même temps qu'on met des plans d'avant comme ça, se
donner des mécanismes de contrôle, effectivement.
Là-dessus, le ministère et les conseils régionaux ont
convenu de mettre en place un système qu'on dit de monitoring ou de
suivi. Je pense qu'il y a des choses qui restent à venir
là-dessus. Maintenant, il y a quand même des améliorations
par rapport à la situation passée, et on est conscients qu'il y a
un renforcissement à donner à ces mécanismes-là. Et
à l'intérieur des PROS, pour nous, c'est une étape fort
importante. Lorsqu'on parle du contrat, on parle aussi du contrôle et de
l'évaluation; donc, ça nous centre effectivement, ça nous
oblige à nous poser la question lorsqu'on arrive là et à
nous assurer qu'on se donne les moyens de réaliser les objectifs qu'on
se donne.
M. Trudel: Merci.
Le Président (M. Joly): Merci. Je vais maintenant
reconnaître la députée de Chicoutimi, Mme Blackburn.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Comme le ministre,
je reconnais que c'est un excellent mémoire, mais je dois dire aussi
qu'on n'en attendait pas moins. J'ai apprécié un certain nombre
de choses, mais particulièrement le rappel que vous faites avec justesse
de la contribution des régions à l'édification des
services et des établissements actuellement disponibles un peu partout
sur le territoire du Québec. Lorsqu'on s'est assurés que toutes
les régions auraient accès à des services de
qualité, parce qu'il y avait une certaine iniquité dans le
partage des ressources, ça ne voulait pas dire que les régions
étaient restées sans rien faire jusqu'à ce
moment-là. Notre région était particulièrement bien
équipée, et les établissements étaient
gérés de chez nous, d'où la capacité des
régions de se prendre en main. Je pense que c'est important ce
rappel-là. Au fur et a mesure de nos échanges, je pense qu'il
faut se rappeler cette réalité historique du Québec.
Vous faites un certain nombre de propositions intéressantes, que
je partage entièrement, sur la décentralisation la plus large
possible. Tout à l'heure, le ministre demandait: Comment allez-vous
arbitrer au moment où un établissement ne voudra pas signer de
contrat avec vous? La base de réflexion ou d'établissement des
priorités, il y en a deux, à mon avis: le bilan socio-sanitaire
de la région, avec les priorités qu'on établit sur cette
base, mais également l'établissement clair et précis des
objectifs de santé nationale. Ça, il faut que ce soit
établi et, à notre connaissance, ça ne l'est pas.
La structure que vous proposez est intéressante. Pour avoir
échangé un peu, à l'occasion, avec quelques maires, ils
disaient: Écoutez, on n'a pas été élus pour
gérer le système de santé. Je parie des maires, je parie
des élus municipaux. Ils avaient une certaine réticence à
se voir associés à la gestion d'un réseau, pour lequel ils
devraient répondre de la qualité de la gestion. On pourrait, par
exemple, faire battre un maire dans une petite municipalité parce que,
tout à coup, son établissement n'a pas signé le contrat
avec vous. Alors, vous voyez comment il va être imputable sans avoir de
prise là-dessus.
J'ai deux questions. Je sais qu'il y a des maires qui siègent au
CRSSS chez nous. Vous avez eu leur avis, j'imagine, avant de venir ici, et je
présume qu'il était favorable; mais est-ce qu'on a
envisagé deux choses: La première, de vraiment s'assurer que les
élus soient majoritaires, réellement majoritaires - là,
c'est 50 %, c'est fragile comme majorité - et est-ce qu'on a
envisagé la possibilité que les membres de cette régie
soient élus au suffrage universel? On pourrait, par exemple, imaginer
une façon de faire: ces personnes pourraient être élues en
même temps qu'on fait l'élection du maire et des échevins.
Bon, il y a un poste par MRC, je ne sais pas trop comment ça pourrait
fonctionner, il faudrait redessiner le modèle, mais est-ce qu'on a
envisagé cette possibilité du suffrage universel? Parce que, qui
dit imputabilité dit la possibilité de faire porter sur quelqu'un
la responsabilité morale ou matérielle d'une infraction, mais en
même temps la sanction de quelque chose qui est bon. Alors, pour moi,
l'imputabilité, ça devrait pouvoir aller aussi loin que
ça.
M. Pedneault: Je vous dirais, Mme Blackburn, que la question du
suffrage universel dans les orientations du gouvernement, ça nous
apparaissait comme une question réglée, et on avait
opté pour le collège électoral, de sorte que, nous, on n'a
pas débattu de cette question-là, on a pris ça comme
étant quelque chose de réglé. Mais je peux vous dire que
l'idée que vous émettez m'apparaît intéressante.
Ça mériterait peut-être d'être approfondi, comment
ça pourrait s'articuler, tout ça. Je pense que c'est une
idée qui est nouvelle pour nous autres.
Mme Blackburn: D'accord. Sur une autre question, un peu dans le
prolongement de celle qui a été posée par mon
collègue d'Abitibi-Témiscamingue...
Une voix: Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Mme Blackburn: ...de Rouyn-Noranda-Témiscamingue; c'est
aussi une grande région. Vous dites qu'il faudrait sortir de cette
spirale des intérêts professionnels et corporatistes ou
institutionnels, si je me rappelle. Pourtant, dans votre mémoire,
à la page 3.11, vous dites: "La participation des personnes au conseil
d'administration. De façon spécifique, l'exclusion du personnel
d'établissements des instances du réseau, tels les conseils
d'administration, est une mesure potentiellement discriminatoire au plan des
droits des individus." Comment pouvez-vous avoir la garantie qu'on ne glissera
pas à nouveau du côté des intérêts
corporatistes et professionnels, si on maintient une forte présence du
personnel aux conseils d'administration?
M. Pedneault: En fait, il faut toujours avoir à l'esprit
qu'il y a un mécanisme de nomination qui est très
différent. C'est que la personne passe, soit par l'assemblée de
district, soit par le collège électoral, de sorte que les comptes
qu'elle a à rendre et la perspective dans laquelle elle doit envisager
son rôle au niveau du conseil d'administration sont complètement
différents que si elle était nommée par son association
professionnelle ou par l'établissement où elle travaille. Dans
notre mémoire, on mentionne aussi que la personne qui serait
nommée comme ça, qui travaillerait dans un établissement,
ne pourrait pas être membre du conseil d'administration de son propre
établissement. C'est une précaution qu'on voulait voir
insérée.
Mme Blackburn: Vous avez beaucoup insisté sur la
nécessité de mettre en place des mesures assurant
l'équité dans le partage des ressources, évidemment, dans
les services offerts dans les régions. Je pense à une chose,
actuellement, sur laquelle il ne semble pas qu'on ait beaucoup de prise, sauf
que j'ai vu quelques pistes, et c'est le partage des médecins
spécialistes dans les régions. Parce que le rappel que vous
faites par rapport à la contribution des régions dans
l'édification du réseau de santé... Il faut se rappeler
qu'à l'époque l'hôpital de Chicoutimi avait un statut
d'hôpital universitaire, ce qui avait contribué, on se le
rappelle, à l'implantation chez nous de plusieurs spécialistes,
ce qui nous a permis, finalement, d'offrir une gamme de services quasi
complète. Vous vous en allez, là-dessus, sur la pointe des pieds.
Vous ne parlez pas vraiment d'un statut d'hôpital universitaire. Mais
vous n'abordez absolument pas toute la question de la régionalisation de
l'enveloppe de la RAMQ, qui était considérée par le
rapport Rochon comme étant une mesure majeure, une disposition
indispensable à l'équilibre du partage des ressources en
matière de santé au Québec. C'est quoi, votre avis
là-dessus?
M. Pedneault: Moi, je peux dire qu'on se range du
côté de la position de la Conférence des CRSSS en ce qui
concerne la décentralisation de la RAMQ. Ça, c'est notre position
de base. Mais on n'a pas cru bon...
Mme Blackburn: Je n'ai pas bien compris.
M. Pedneault: Je dis que le Conseil régional se range
derrière la position de la Conférence des CRSSS du Québec.
Sa position de base sur la décentralisation de la RAMQ, c'est
celle-là. Alors, on n'a pas cru bon de revenir là-dessus.
Mme Blackburn: D'accord.
M. Pedneault: C'est important qu'on le précise. Pour ce
qui est de l'autre aspect de la question, ce sont les spécialités
médicales, dites-vous?
M. Thibault: Non, c'est le statut d'hôpital universitaire.
Je pense que, là-dessus, il est très important de mentionner
qu'on n'a pas voulu s'enfermer dans le vocable qu'on retrouve dans les
orientations lorsqu'on parle de centre hospitalier universitaire ou d'institut
universitaire parce qu'on craignait, en s'enfermant dans ces
concepts-là, qui sont très définis dans les orientations
et sur lesquels il y a des critères très discriminants pour les
reconnaître, qu'on nous dise qu'on ne rencontre pas totalement tel
critère et qu'on nous disqualifie. Je pense qu'on a plutôt pris
l'approche de dire: Regardons la réalité telle qu'elle est
aujourd'hui, qu'on reconnaisse à l'hôpital régional un
statut universitaire ou non dans les faits, il se fait de l'enseignement
universitaire et, dans une perspective d'autosuffisance de nos services en
région, dans une perspective aussi d'attraction des spécialistes,
des médecins et des ressources dont on a besoin, dans une perspective de
rétention, dans une perspective de croissance de ces ressources, il faut
renforcer la vocation d'enseignement universitaire reconnue actuellement par
l'Université de Sherbrooke, par exemple, à l'hôpital
régional. Dans ce sens-là, notre mémoire fait largement
écho à cette préoccupa-
tion-là, et on va aussi loin que de dire qu'il faut y
reconnaître le financement conséquent.
Mme Blackburn: Élargir les champs de recherche.
M. Thibault: Oui, aussi.
Mme Blackburn: Vous, dans votre mémoire,
évidemment, vous n'abordez pas toute la question de la privatisation,
sinon pour vous interroger sur les rapports qui existeraient entre le Conseil
régional et les établissements privés de santé.
Est-ce que je dois comprendre que votre position, lorsque vous parlez de
gestion de tout le réseau de santé et de bien-être dans une
région, c'est que vous devriez aussi avoir l'entière
responsabilité des établissements privés?
M. Pedneault: Je vais laisser M. Thibault répondre
à ça.
M. Thibault: Dans l'exposé de ce matin, on ne revient pas
sur cette dimension-là, mais, dans le mémoire, on en parle. Ce
que l'on dit, c'est que c'est un élément important du
système de santé dans plusieurs régions. Chez nous, ce
n'est pas une réalité, dans la région 02, qui est
très omniprésente, on a peu de ces
établissements-là qu'on appelle "prives conventionnés".
Mais il nous apparaît tout aussi impératif que les services
dispensés par ces établissements-là, qui reçoivent
un financement public, soient coordonnés à l'intérieur du
réseau régional. Là-dessus, on s'inscrit un petit peu
à l'encontre des orientations qui tentaient de conserver un lien
parallèle entre ces établissements et le ministère dans sa
gestion, alors qu'on pense qu'il faut intégrer, de plus en plus, tous
nos services en région.
Mme Blackburn: Bien. Une question très brève, c'est
davantage... Ça n'appelle pas grand développement. Pour faciliter
la gestion du programme régional de l'organisation des soins de
santé et de services sociaux, vous parlez de l'accès aux banques
de données. Chaque fois qu'on me parle de cette espèce
d'accès aux banques de données, je dois dire que je pense
toujours à "Big Brother", avec tous les problèmes que ça
pose, c'est-à-dire la confidentialité, le respect... Ça,
je dois dire que je suis toujours un peu mal à l'aise chaque fois qu'on
veut avoir accès de plus en plus aux banques de données.
M. Thibault: Question fort pertinente.
Mme Blackburn: Vous allez me dire qu'on protège ça,
mais on sait comment...
Une voix: M. Larouche pourrait peut-être...
M. Larouche: Ce que le Conseil régional soutient à
cet effet, c'est qu'effectivement, il y a eu au ministère, comme dans
les régions, un foisonnement de développement de systèmes.
Cependant, dans une perspective de régionalisation, il est clair que des
arrimages très concrets devront être faits entre ce foisonnement
de systèmes, les systèmes en développement, les
systèmes déjà existants et les impératifs de
gestion. Ce qu'on pense, c'est qu'il devrait y avoir, de façon
concertée entre le ministère et les conseils régionaux,
une politique en cette matière. Cette politique devrait tenir compte de
la nécessité de simplifier. Un système d'information,
à la base, c'est un élément d'intégration de
différentes informations, dans un processus dynamique. Or,
l'éclatement actuel des systèmes d'information ne nous assure pas
qu'on arrivera à avoir de l'information, dès la décision,
suffisamment simplifiée. Ce que le Conseil régional demande,
c'est qu'il y ait vraiment une attention prioritaire qui soit accordée
à cette nécessité d'intégration. Les
systèmes sont abondants, ceux qui sont en développement sont
également très nombreux. On pense qu'il faut concerter davantage
ce développement-là. Je ne sais pas si je réponds bien
à votre question.
Le Président (M. Joly): Excusez-moi, quoique très
intéressant, je me dois de mettre fin à cet échange..
Mme Blackburn: Dans le décloisonnement, il y a un danger,
on y reviendra tantôt.
Le Président (M. Joly): ...compte tenu des règles
et du temps qui nous est imparti. Alors, je pense que, M. le ministre, vous
auriez quelque chose à rajouter.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ça va.
Le Président (M. Joly): Fini? M. Pedneault: Merci
beaucoup. M. Trudel: Merci de la contribution.
Le Président (M. Joly): Alors, au nom des membres de cette
commission, messieurs, je vous remercie beaucoup de votre présentation
très enrichissante. Je demanderais maintenant aux membres du Conseil
régional de la santé et des services sociaux de
l'Abitibi-Témiscamingue de bien vouloir s'avancer, s'il vous
plaît, et de prendre place. S'il vous plaît, assez rapidement, nous
sommes déjà pressés par le temps. Alors,
j'apprécierais beaucoup si la personne responsable pouvait s'identifier
et identifier les gens qui l'accompagnent. S'il vous plaît, M. Barrette,
je présume. (11 h 15)
Conseil régional de la santé et des
services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue
M. Barrette (Gilbert): Oui. J'ai, à ma droite, M.
François Dumulon, directeur général du Conseil
régional et M. Jacques-A. Noël, membre du comité
exécutif du Conseil régional.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Barrette. Vous savez que
déjà on a pris connaissance du mémoire. Alors, à
vous, sans doute, de nous exprimer ça, disons dans vos mots, dans la
période la plus concise possible, une vingtaine de minutes, si possible,
parce que si on déborde, après ça, ça enlève
un petit peu de temps pour la période de questions. Alors, c'est un peu
pourquoi je vous demande de faire diligence.
M. Barrette: On va faire notre gros possible.
Le Président (M. Joly): Parfait! Merci, M. Barrette.
M. Barrette: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM.
les députés et membres de cette commission, c'est avec
énormément de plaisir et aussi d'agrément que nous sommes
venus. Nous vous remercions d'avoir accepté de nous recevoir aujourd'hui
pour vous faire connaître notre point de vue sur l'avant-projet de loi
sur les services de santé et services sociaux.
Compte tenu de sa position stratégique dans le réseau
régional des services sociosanitaires, le Conseil régional de la
santé et des services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue a
déjà pris position sur un bon nombre de réformes que le
projet de loi propose. Il est notamment proposé des correctifs ou des
ajustements quant aux rôles et mandats des principaux acteurs du
système, quant aux modes d'allocation des ressources mieux
ajustés aux besoins de la population, quant à la
répartition géographique des ressources professionnelles, quant
au regroupement des fonctions de recherche, de programmation et
d'évaluation au palier régional, quant à la participation
accrue des citoyens à l'administration des services sociosanitaires et
quant à un mode de coordination des services adaptés aux
réalités régionales et locales.
Par ailleurs, les recommandations du Conseil régional de la
santé et des services sociaux de l'Abitibi-Témiscamingue se sont
toujours appuyées sur un principe fondamental qui consiste à
doter la région sociosanitaire d'un réseau de services bien
davantage que d'un réseau d'établissements. Nous croyons que ce
réseau de services doit considérer la santé dans sa
globalité, c'est-à-dire tenir compte des trois composantes
à l'origine du concept de santé globale physique, psychologique
et sociale. D'autre part, un réseau de services intégré
doit favoriser la complémentarité des interventions entre les
acteurs et assurer l'ac- cessibilité, la continuité et la
qualité des services. Pour remplir ces conditions, nous postulons que
les décisions doivent se prendre le plus près possible du client.
C'est sur ces assises que nous avons toujours prôné la
régionalisation des services de santé et des services sociaux.
C'est, à notre avis, une condition minimale afin que la gestion du
réseau se fasse en fonction des véritables besoins de la
clientèle et plus globalement de la population que nous desservons.
Maintenant, j'aimerais vous tracer un portrait rapide de l'aspect
géographique de l'Abitibi-Témiscamingue et, pour mieux vous
aider, vous avez en annexe une carte décrivant cette région.
C'est une des plus belles, avec la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Pour vous donner une idée sur le plan routier - je ne dis pas que les
routes ne sont pas belles - en termes de distance...
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes bien
délicat pour moi, merci.
M. Barrette: Si on prend du nord au sud, ce qui veut dire de
Témiscamingue à aller à Mata-garni, ça
représente environ 525 kilomètres. De l'est à l'ouest, de
La Sarre ou de Rouyn-Noran-da, qui est à peu près à la
même distance, vers Lebel-sur-Quévillon, ça
représente environ 250 kilomètres. C'est pour vous donner une
idée des distances que nous avons à franchir à l'occasion
pour visiter nos établissements.
La région de l'Abitibi-Témiscamingue est située
à près de 1000 kilomètres de la capitale provinciale
où se trouve le ministère de la Santé et des Services
sociaux. Elle est une des moins peuplées de toutes les régions
sociosanitaires. Elle compte, excluant le territoire de la Baie James,
près de 155 000 habitants qui sont répartis sur un territoire de
116 000 kilomètres carrés. Cette population est répartie
dans 119 municipalités qui sont regroupées dans cinq
municipalités régionales de comté. Les cinq principaux
centres sont: Amos, Rouyn-Noranda, La Sarre, Ville-Marie et Val-d'Or. En
concordance avec la répartition géographique de la population, le
réseau régional des établissements de santé et de
services sociaux est fortement déconcentré puisqu'on compte 27
établissements dont 3 sont situés en haut du 49e
parallèle, soit le centre hospitalier de la Grande Rivière et les
centres de santé Lebel-sur-Quévillon et Isle-Dieu de
Matagami.
De petite et moyenne taille, la majorité d'entre eux sont
situés dans les cinq centres principaux. Ce mode d'organisation favorise
une accessibilité géographique aux services de base tout en
posant un certain nombre de contraintes quant à la coordination,
à la complémentarité et à la rentabilité des
services. En effet, malgré les particularités régionales,
le réseau des services sociosanitaires en Abitibi-Témiscamingue
doit respecter le mode standard d'organisation retenu
par l'ensemble du Québec, soit le partage des
responsabilités entre des établissements de vocation
différente et bénéficiant d'une autonomie de gestion.
Dans un contexte de croissance et de développement, ce mode
d'organisation a favorisé une expansion rapide des services de base et
ce, sans problème particulier de financement. Ces conditions de
croissance et de développement n'existant plus, on constate maintenant
les limites de ce modèle et d'un mode d'allocation des budgets
basé davantage sur les activités et les ressources des
établissements que sur les demandes de services de la clientèle
et les besoins de la population. La persistance des iniquités
interrégionales, l'incapacité d'adapter notre réseau
à l'émergence de nouveaux besoins et les problèmes
persistants de financement du réseau des services sociosanitaires
exigent une réévaluation en profondeur des modes de gestion
actuels du réseau de services. À cet effet, nous
considérons qu'à maints égards, l'avant-projet de loi tel
que présenté répond à nos préoccupations.
Vous nous permettrez cependant, à l'occasion de cette commission
parlementaire, de vous proposer certains aménagements qui, nous
l'espérons, sauront bonifier le projet de loi et le rendre plus conforme
à notre réalité régionale.
Maintenant, j'aimerais vous faire part de la position concernant les
rôles et mandats du Conseil régional de santé. La mise en
oeuvre partielle des recommandations de la commission Castonguay-Nepveu en
termes de régionalisation pose plusieurs problèmes de
coordination entre le ministère, les conseils régionaux et les
établissements. Malgré le discours officiel, il n'y a pas de
véritable décentralisation du système
québécois de la santé et des services sociaux. On assiste
plutôt à un dédoublement coûteux de juridictions
entre les différents partenaires qui, plus souvent qu'autrement,
reprennent les mêmes études pour arriver aux mêmes
conclusions. J'amènerais comme exemple concret l'agrandissement d'un
centre hospitalier dans notre région pour lequel on a
procédé en trois étapes. Premièrement, les
architectes et les ingénieurs de la région ont fait une
évaluation et des plans et devis. Ça a été
présenté au ministère, le ministère est venu dans
la région pour faire des vérifications. Par la suite, on est
passé à une firme privée pour rebrasser tous les plans et
devis et les besoins exprimés par le centre hospitalier, et, ensuite,
cette firme privée en est arrivée à peu près
à la même conclusion que celle que la région avait
déjà proposée au tout début, et tout ça dans
un délai de cinq ans. Donc, c'est un exemple d'études
multipliées pour arriver à des conclusions semblables.
Il nous apparaît opportun, à l'occasion de cette commission
parlementaire, de départager les juridictions des différents
intervenants et, en particulier, celles du ministère et des conseils
régionaux. Je vais peut-être vous surprendre avec l'affirmation
suivante, mais c'est pour vous dire jusqu'à quel point nous sommes
sérieux et nous le prenons au sérieux. Dans cette perspective, on
peut envisager, à la limite, une réduction importante des
effectifs du ministère ou encore l'élimination des conseils
régionaux. Compte tenu de la persistance des iniquités
régionales et du manque d'adaptation des services aux besoins de la
population, il serait souhaitable, de notre point de vue, de préciser
les rôles de ces partenaires.
Maintenant, concernant le ministère, le Conseil régional
reconnaît d'emblée la responsabilité ultime du ministre et
de son ministère en matière de santé et de services
sociaux. C'est le ministre qui doit énoncer les grandes orientations,
les politiques et les programmes prioritaires à implanter dans les
régions sociosanitaires. Le ministère doit exercer les fonctions
de planification et d'évaluation et s'assurer qu'il y ait
équité dans l'allocation des ressources interrégionales.
En ce qui a trait à l'organisation des services, cette fonction devrait
être assumée par le réseau régional qui est beaucoup
plus près de la clientèle.
En ce qui concerne la régie régionale,
l'ambiguïté des rôles et mandats des conseils
régionaux est un problème qui perdure depuis longtemps. Quoique
l'avant-projet précise plusieurs mandats, nous considérons que
celui-ci ne traduit pas suffisamment clairement l'énoncé fait
dans le document d'orientation. Il est mentionné que l'instance
régionale devrait, et je cite, "agir comme véritable maître
d'oeuvre en matière de santé et de services sociaux sur son
territoire." Fin de la citation.
Il est fondamental, à notre point de vue, que la population
identifie très clairement la régie comme étant son
interlocuteur et le responsable de la coordination d'un réseau de
services intégré. Si nous voulons que la régie
régionale agisse comme un véritable maître d'oeuvre en
matière de santé et de services sociaux, il est essentiel que le
législateur lui donne les outils pour remplir ce mandat. De façon
générale, l'instance régionale doit pouvoir effectuer les
travaux de recherche pertinents, définir les objectifs de santé
et de bien-être à atteindre, concevoir, coordonner et implanter
des plans régionaux de services, allouer les ressources
financières correspondantes ainsi que procéder à
l'évaluation des programmes Vous pouvez consulter le document original
aux pages 6 et 7, où vous aurez plus de détails encore sur ce
rôle. À ce chapitre, nous croyons essentielle la
régionalisation des budgets de santé et de services sociaux en
Abitibi-Témiscamingue. La maîtrise d'oeuvre suppose que l'instance
régionale ait le pouvoir d'allouer et d'affecter les ressources
budgétaires intrarégionales.
Concernant les budgets, nous recommandons la régionalisation des
budgets de la Régie de l'assurance-maladie du Québec. À
l'instar de
l'Assemblée régionale des conseils des médecins,
des dentistes et des pharmaciens de l'Abitibi-Témiscamingue, nous
considérons essentiel ce levier afin d'attirer et de conserver les
médecins en région. Cette recommandation du Conseil
régional n'est pas nouvelle et nous la réitérons
aujourd'hui.
Concernant la notion du président-directeur
général, très rapidement, nous sommes en désaccord
avec cette formule. La combinaison de l'imputabilité administrative,
financière et politique dans un contexte de réforme pourrait,
à notre avis, freiner le changement davantage que l'encourager.
Maintenant, concernant la santé communautaire, une
expérience que nous vivons depuis 1984, le Conseil régional
Abitibi-Témiscamingue vit une intégration du Département
de santé communautaire. Vous pouvez avoir plus de précisions
à l'annexe II du document. À ce titre, il se considère en
bonne position pour donner un avis sur la place et le rattachement qu'un
département de santé communautaire devrait avoir. J'attirerais
votre attention maintenant sur le fart que le Département de
santé communautaire Abitibi-Témiscamingue couvre exactement le
même territoire que le Conseil régional
Abitibi-Témiscamingue, en termes de territoire géographique.
L'expérience qui a connu des moments difficiles au début
démontre aujourd'hui la pertinence du choix que la région avait
fait en 1984. Mentionnons, à titre d'exemple, la production d'un bilan
de santé régional, la possibilité d'identifier des
objectifs de santé, l'efficacité pour produire des plans
régionaux de services et le développement d'une expertise pour
évaluer l'efficacité et l'efficience des programmes. Notre
diagnostic à cet effet est positif. En conséquence, nous
recommandons que le Département de santé communautaire de
l'Abitlbi-Témlscamln-gue soit officiellement reconnu comme faisant
partie de la future instance régionale; qu'à ce titre, il y ait
création d'une direction de la santé communautaire responsable de
la prévention et de la promotion de la santé, de la protection de
la santé publique et de la santé et sécurité du
travail.
Maintenant, quelques mots sur l'organisation des conseils
d'administration unifiés. Déjà, en 1981, le Conseil
régional Abitibi-Témiscamingue a proposé aux
établissements et au ministère un modèle sectoriel de
coordination et d'intégration des services à la clientèle.
Cette approche vise l'implantation d'un véritable réseau de
services intégré et une plus grande responsabilisation des
établissements. En décembre 1986, nous avons
récidivé en présentant au ministère un projet
pilote de décentralisation et de rationalisation des services
sociosanitaires en Abitibi-Témiscamingue. En boutade, je pourrais dire,
M. le ministre, que vous avez été inspiré par nos
documents de 1986 et de 1981, mais on ne vous en tient pas rigueur. (11 h
30)
Notre option n'a pas été retenue du point de vue des
conseils d'administration, mais elle s'est actualisée par le
réseau d'établissements. Il s'est constitué dans chaque
MRC une table de concertation sectorielle regroupant les directeurs
généraux de chacun des établissements. Quoique
l'expérience ait donné des résultats intéressants,
le modèle n'a pu atteindre sa pleine maturité. Afin d'atteindre
nos objectifs d'implanter un véritable réseau de services
intégré, de rationaliser les opérations, d'éviter
la duplication et surtout d'empêcher l'absence de prise en charge d'un
client en raison du cloisonnement corporatiste des établissements, nous
considérons que la formule des conseils d'administration unifiés
est porteuse d'avenir, mais prématurée.
Forts de notre expérience, nous sommes convaincus que
l'implantation d'un véritable réseau de services
intégré présuppose le décloisonnement des conseils
d'administration d'établissements. Par ailleurs, l'option des conseils
unifiés devrait tenir compte de notre actuel découpage
géographique qui compte cinq sous-régions. Ces
sous-régions correspondent aux municipalités régionales de
comté. De plus, les établissements à vocation
régionale, autres que les centres de services sociaux et les centres
d'accueil pour mésadaptés socio-affectifs devraient avoir une
visibilité régionale. Compte tenu de leur mandat régional,
leur intégration dans un conseil unifié sous-régional
pourrait rendre difficile le déploiement de leurs activités.
À ce chapitre, nous vous proposons d'inscrire dans la loi que
pour l'option des conseils unifiés, vous mandatiez l'instance
régionale de déposer au ministère un modèle
d'organisation des conseils d'administration de son territoire sociosanitaire,
lequel pourra être confirmé légalement par voie de
règlement. Ce rapport devrait être déposé 24 mois
après la promulgation de la loi. Cette façon de faire aurait pour
avantage de présenter un modèle d'organisation qui
émanerait de la région et qui serait le fruit de la
concertation.
Maintenant, la composition du collège électoral de la
régie. Nous sommes d'avis que la participation de la population doit
demeurer une valeur fondamentale dans la gestion de notre système de
santé et de services sociaux. À ce titre, nous favorisons un
rapprochement avec le monde municipal, plus précisément avec les
MRC. Le collège électoral devrait être constitué
d'une première moitié de représentants provenant des MRC,
l'autre moitié étant composée d'un tiers des membres
provenant des conseils d'administration des établissements, d'un autre
tiers, de membres des organismes communautaires accrédités par la
régie, et d'un autre tiers de personnes provenant des milieux
socio-économiques désignés par la régie comme
étant représentatifs.
Les membres du collège électoral seraient
élus pour trois ans et les vacances seraient comblées par
les organisations auxquelles appartenaient les titulaires de ces postes. Le
collège électoral régional aurait pour mandat
d'élire les membres du conseil d'administration de la régie,
d'entériner les priorités, d'approuver le plan d'action triennal
et le rapport annuel d'activités.
Composition du conseil d'administration de la régie. Afin
d'être cohérent avec notre approche, nous suggérons que le
conseil d'administration de la régie régionale soit
composé de six membres des MRC, deux membres élus par les
conseils d'administration d'établissements, deux membres provenant
d'organismes socio-économiques, ainsi que de deux membres provenant
d'organismes communautaires. Quant au diecteur général, il est
membre d'office du conseil d'administration, mais sans droit de vote. Il assume
les fonctions de secrétaire du conseil d'administration.
En conclusion, le Conseil régional Abitibi-Témiscamingue
adhère à la philosophie qui vise à centrer le
système sur la personne. Conséquem-ment, il s'inscrit dans la
nécessité de procéder à une réforme du
réseau de la santé et des services sociaux. Il considère
impératif de repréciser les rôles et mandats des instances
et d'éliminer la duplication qui existe actuellement. Pour le Conseil
régional de la santé Abitibi-Témiscamin-gue, la prochaine
réforme devrait permettre l'implantation d'un véritable
réseau de services intégré. À ce titre, le
renforcement des mécanismes de participation et le rapprochement du
niveau de prise de décision sont, à notre point de vue, des
conditions essentielles à l'atteinte de cet objectif.
Maintenant, nous avons un certain nombre de recommandations.
Première recommandation: Considérant l'ambiguïté et
la duplication qui existent actuellement entre les instances,
particulièrement entre les conseils régionaux et le
ministère, le Conseil régional Abitibi-Témiscamin-gue
recommande de départager très clairement les rôles et
mandats de ceux-ci. Deuxième recommandation: Considérant les
mandats de l'instance régionale, notamment en ce qui concerne
l'organisation et la mise en oeuvre dans sa région de programmes de
santé ou de services sociaux, le Conseil régional
Abitibi-Témiscamin-gue recommande, d'une part, la régionalisation
de l'ensemble des budgets dédiés à la santé et aux
services sociaux. D'autre part, il considère essentielle l'unification
des fonctions de recherche, de programmation, d'allocation budgétaire,
d'évaluation au sein de l'instance régionale.
Troisième recommandation: Considérant notre
difficulté historique d'attirer et de conserver des médecins dans
la région, considérant aussi notre incapacité à
rencontrer nos plans d'effectifs médicaux depuis 1984 et ce,
malgré un train de mesures incitatives important, nous recommandons la
régionalisation des budgets de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
Quatrième recommandation: Considérant l'extrême
difficulté pour une seule et même personne d'assurer a la fois
l'imputabilité administrative, financière et politique, nous
recommandons le statu quo en ce qui a trait au poste de directeur
général et de l'instance régionale.
Cinquième recommandation: Considérant notre
expérience d'intégration du département de santé
communautaire depuis janvier 1984, nous recommandons le rattachement du
département de santé communautaire à l'instance
régionale et à la création d'une direction de la
santé com munautalre qui assumerait les responsabilités de
prévention et de promotion de la santé, de protection de la
santé publique et de la santé et sécurité au
travail.
Sixième recommandation. Considérant que l'option des
conseils unifiés est conforme à nos orientations
régionales, nous recommandons que l'unification des conseils
d'administration soit inscrite dans la loi et que le ministère mandate
l'instance régionale de lui déposer, 24 mois après la
promulgation de la loi, un modèle d'organisation des conseils
d'administration oeuvrant sur son territoire, lequel pourrait être
confirmé légalement par voie de règlement.
Septième et dernière recommandation: Considérant
l'importance d'élargir à la population l'administration du
réseau de santé et de services sociaux et d'effectuer un
rapprochement avec le monde municipal, nous recommandons que le collège
électoral et le conseil d'administration de l'instance régionale
soient composés d'une première moitié de membres provenant
du monde municipal et que l'autre moitié provienne des conseils
d'administration d'établissements oeuvrant sur le territoire des
organismes communautaires accrédités et des organismes
socio-économiques désignés par la régie.
Avant de terminer, j'aimerais attirer votre attention sur un certain
nombre de mémoires qui n'ont pu être présentés, et
on le comprend, soit, entre autres, le mémoire de la municipalité
régionale de comté. Nous avons ici dans la salle un préfet
de municipalité régionale de comté et aussi
vice-président du conseil d'administration qui est M. Paul-Arthur
Dicquey. Aussi, on aimerait attirer votre attention sur le mémoire
présenté par l'Université du Québec, aussi le
mémoire présenté par les groupes de prévention du
suicide ainsi que l'Association des centres d'accueil
Abitibi-Témiscamingue. Ceci termine notre opinion, principalement sur le
mémoire, et on vous remercie beaucoup de votre attention.
Le Président (M. Joly): Merci, M. Barrette. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. Barrette. J'ai
remarqué que vous avez été un observateur très
attentif depuis hier à nos délibérations, possiblement
pour vous mettre dans le bain et
être capable d'apprécier ce qui se passe et de subir un
petit test de questions.
Vous avez fait une pause à un certain moment donné. Je
l'ai paginé à 11, parce que ]e n'ai pas de page. À la page
11, vous avez dit: Peut-être que, ouais... Évidemment, quand tu
vas à la pêche, puis que tu envoies la ligne à l'eau, tu as
une bonne chance d'avoir un poisson. Si tu ne mets pas de ligne, il n'y en a
pas. Je vais relire un petit bout du paragraphe: ...si, dans cette perspective,
on peut envisager à la limite une réduction importante des
effectifs du ministère ou l'élimination des conseils
régionaux. Évidemment, vous êtes conséquents, parce
que je pensais trouver là, dans la première recommandation, une
recommandation formelle: la disparation du ministère ou la disparition
des conseils régionaux.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, c'est
clair qu'il y a de la duplication. Ce qui m'a frappé en arrivant au
ministère - je pensais prendre un ministère Immense - c'est qu'il
y a tout au plus 1092 fonctionnaires au ministère. Ils travaillent en
maudit parce qu'on en entend parler, alors qu'il y en a 250 000 dans le
réseau. Bon! Évidemment, à 1100 personnes, je ne suis pas
sûr que la duplication est nécessairement au ministère. Je
suis très ouvert à écouter où elle peut être.
D'ailleurs, un petit fait assez intéressant: il y a un CSS qui a
trouvé le moyen, lui, de nous écrire avant les fêtes, puis
de nous demander telle personne ou telle personne dans le ministère,
parce qu'il avait déjà commencé à appliquer la
décentralisation. Évidemment, ça se faisait au
détriment du ministère, parce qu'on prenait des gens au
ministère central, à Québec, puis on les envoyait dans les
régions. C'est du personnel de qualité, mais 1100 sur 250 000
personnes, je ne suis pas sûr que c'est là qu'il y a la
duplication totale, mais je comprends ce que vous dites, surtout en
l'illustrant de l'exemple du centre hospitalier. Et c'est ça que vous
vouliez dire: II y a ce cas-là et il y en a d'autres aussi.
Là, je vais en arriver à ma vraie question, parce que vous
avez intégré le département de santé communautaire
au niveau du CRSSS. J'aimerais savoir ce que ça donne comme
résultat et surtout insister sur le départage de l'administratif
par rapport à la dispensation de services.
Une voix: Santé au travail.
M. Côté (Charlesbourg): Par exemple, santé au
travail. J'aimerais savoir comment ça fonctionne et quels sont les
résultats, parce que si la régie régionale devient un
dispensateur de services, on va lui souhaiter bonne chance, à moins que
vous n'ayez réussi à faire la démons- tration qu'elle
devrait en donner.
M. Barrette: En fait, comme on l'a mentionné, lorsque
ça a été fait en 1984, c'est bien clair que ça n'a
pas été facile parce que c'était un mariage, on pourrait
dire, de deux cultures qu'on devait fondre en une seule ou, en tout cas, c'est
ce qui était visé. L'objectif principal, quand on l'a
analysé avec le centre hospitalier Rouyn-Noranda, parce que c'est
là qu'il était rattaché comme département de
santé communautaire, l'argument principal était que d'abord on
couvrait le même territoire géographique. Donc, souvent,
peut-être dans la même journée, les deux organismes
étaient dans le même coin pour faire des études qui
pouvaient se croiser. Donc, c'était pour éviter la duplication
des recherches, la duplication des données à cueillir pour les
besoins du conseil régional et aussi les besoins du département
de santé communautaire. Le fondant à l'intérieur du
conseil régional, bien ça a évité cette duplication
et je peux vous dire que maintenant, en 1990, ils font partie intégrale
et si vous leur demandiez de retourner dans un centre hospitalier, vous auriez
une réponse assez rapide, je pense. Je pourrais demander peut-être
au directeur général de compléter.
M. Dumulon (François): II y a quand même un
élément important aussi qu'il faut mentionner là-dedans.
C'est que nous, avant qu'on fasse l'opération de marier ces deux
groupes, il y avait tout l'élément de dispensation de services
directs à la clientèle qui était déjà
transmis au CLSC entre autres. Alors, à ce moment-là, il ne
fallait pas, comme conseil régional, qu'on ait des services directs
à rendre à la population. Donc, qu'est-ce que c'est qui,
finalement, a été transféré ou
intégré à la structure régionale? Ce sont
uniquement les éléments de planification, de programmation, de
protection de la santé publique. Ce sont ces éléments qui
ont été intégrés à la composante
régionale et non pas, bien sur, tout l'élément de
dispensation de services. Je pense, par exemple, à l'immunisation qui
est déjà rendue dans les CLSC pour tout le secteur scolaire,
c'est déjà là. Alors, ça a permis quand même
finalement l'intégration du département de santé
communautaire au conseil régional Abitibi-Témiscamingue.
Ça a permis de dégager quand même certaines sommes parce
que, finalement, en regroupant ces deux forces qui étaient à
l'origine, peut-être, de 20 ou 25 employés chacun, sur le
même territoire, dans la même ville, ça a permis de
dégager une certaine marge de manoeuvre pour permettre de
réallouer certaines activités dans des établissements
propres.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
comprends, c'est que la dispensation de services, c'est rendu dans le
CLSC...
M. Dumulon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...alors que vous avez
gardé la fonction recherche et administrative. De là, vous
êtes capables de faire la démonstration d'économies assez
appréciables qui peuvent être réallouées à
d'autres choses.
M. Dumulon: II y a des économies, mais il y a aussi une
meilleure force sur le plan de la mission de la santé communautaire en
Abitibi-Témiscamingue. Finalement, cette mission est beaucoup plus
visible compte tenu du fait qu'elle est attachée à un organisme
régional à comparer, par exemple, où elle était
auparavant dans un centre hospitalier. C'est cette visibilité, quand
même, qui est bien apparente, mais aussi qui permet de dégager un
bon nombre de fonds pour pouvoir permettre des activités autres et
pouvoir, occasionnellement, accepter les mandats peut-être un petit peu
plus facilement parce qu'on a cette marge de manoeuvre pour travailler. Par
exemple, on revient à l'expérience qu'on vit actuellement. On
nous a demandé, la semaine dernière, de proposer un plan de
services au niveau de la santé au travail, un plan de services
régional. Alors, nous, on est bien à l'aise parce que, le
lendemain matin, moi, j'ai passé tout de suite la commande à la
coordonnatrice de la santé au travail pour dire: Bien, il faut
préparer un plan. Alors, je n'ai pas eu de consultations à faire
avec le ou les départements de santé communautaire dans ma
région parce qu'elle était chez nous et on devrait être en
mesure de déposer ce premier plan de services au niveau de la
santé au travail très rapidement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est intéressant.
C'est très intéressant.
M. Dumulon: Mais on a quand même aussi des
difficultés, bien sûr, au niveau du recrutement d'un chef de
santé communautaire. Je veux dire que depuis deux ans, on a des
difficultés compte tenu du fait qu'au niveau de ces spécialistes,
il n'y en a pas un nombre important, il y en a seulement 126 au Québec.
Deuxièmement, on a des problèmes de rétention et de
recrutement de main-d'oeuvre médicale, bien sûr. Aussi, c'est un
concept nouveau pour la province, c'est-à-dire qu'on est, nous et la
Côte-Nord, les seuls qui avons un département de santé
communautaire rattaché au conseil régional. Donc, il y a une
certaine réticence sur ce plan au niveau du recrutement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un club et le club se
parle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Qui va contrôler les
budgets des établissements dans votre structure? (11 h 45)
M. Barrette: En termes de...
M. Côté (Charlesbourg): Contrôle
budgétaire. On alloue, ou vous signez un contrat de la même
manière que propose le Saguenay-Lac-Saint-Jean, parce qu'on retrouve une
parenté proche sur plusieurs éléments; je ne suis pas
contre ça du tout. Mais qui va contrôler le budget, dans votre
proposition des établissements? Parce qu'il va falloir que ça se
fasse, hein?
M. Barrette: En principe, il va certainement y avoir des
programmes de déterminés, des programmes qui veulent dire
allocation de ressources et aussi, en partie, objectif de santé et de
services sociaux à distribuer dans une région pour un
établissement en particulier. Nécessairement, ces gens-là
devront répondre des sommes distribuées, des sommes
consacrées à partir de ce que le Conseil régional ou la
régie - peu importe comment on l'appellera - aura
déterminé après consensus, comme sommes nécessaires
à la réalisation de ces activités-là. En fait,
c'est l'imputabilité que vous nous demandez ou que vous demandez aux
régies qu'on veut retransférer, c'est bien sûr, aux
établissements qui auront à répondre des sommes qui leur
sont allouées.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vite parce que je me
fais toujours signaler que je suis au bout de mon temps, mais pas de mes
peines. On parle de décentraliser l'enveloppe de la RAMQ; c'est une
idée attrayante. Dans la situation actuelle, c'est clair, il n'y a pas
de médecins en région parce qu'on oblige le
bénéficiaire à aller où est le médecin. Si
on prend l'argent puis on l'envoie dans les régions, on va dire: Le
bénéficiaire, il est là, peut-être que le
médecin va y aller. En tout cas, sur le plan de la logique, ça
paraît pas pire, suffisamment attrayant pour qu'on le regarde. Mais je
vous pose la question suivante. Évidemment, si l'enveloppe de la RAMQ
est distribuée par région, ça va se faire per capita.
À partir du moment où ça se fait per capita, si un
individu de Rouyn-Noranda a besoin de soins ultraspécialisés qui
ne sont pas dispensés au niveau de la région de Rouyn, à
ce moment-là, il s'en va à Montréal. Ça signifie
que le paiement des actes et des services rendus à Montréal sera
défrayé par l'enveloppe régionale.
M. Barrette: Ça pourrait être une modalité.
C'est bien clair qu'on...
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'en est une grosse,
hein?
M. Barrette: Oui, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: C'est sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Blackburn: Ça risque de ne pas régler le
problème. Je m'excuse de réagir.
M. Côté (Charlesbourg): Ça risque de ne pas
régler le problème?
Mme Blackburn: Oui. Parce que les médecins, étant
payés par les régions, vont rester à Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, pas
nécessairement.
Mme Blackburn: Pour les superspécialités,
là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est ça. Il
faut...
Mme Blackburn: O. K. Ça va.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que,
évidemment, t'auras pas toutes les superspécialités dans
toutes les régions du Québec, je ne pense pas. En tout cas, il va
falloir qu'il continue à y avoir, au niveau du Québec, des
locomotives. Et ça, ça nous apparaît extrêmement
important. À partir de ça, bien, elles ne seront pas
nécessairement toutes dans les régions du Québec.
Mme Blackburn: Oui. Ça va.
M. Barrette: Là-dessus, M. le ministre, il est bien clair
que la surspécialisation demeurera toujours dans les grands centres, on
est bien conscients de ça. Mais on a fait un relevé très
rapide. Il y a 455 médecins qui viennent en région comme volants
ou itinérants. Ce n'est pas de la surspécialisation,
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, ils vont où est
l'argent.
M. Barrette: Oui, monsieur. On ne vous le fait pas dire.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, je me dois de vous
arrêter pour reconnaître le porte-parole de l'Opposition dans le
dossier des services sociaux, le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, M. Trudel.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je voudrais souhaiter
la bienvenue aux gens de la belle grande région de
l'Abitibi-Témiscamingue qui nous apportent aussi ce matin de très
bonnes idées, des grandes idées qui viennent souvent des petites
régions, comme on disait tantôt aux gens de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui nous amènent donc cette espèce de
regard rafraîchissant sur une plus grande équité au niveau
de la distribution, de la réalisation des services de santé et de
services sociaux au Québec, en particulier pour les régions. Mais
c'est également vrai pour les quartiers en régions urbaines, ce
que vous nous affirmez aujourd'hui. C'est particulièrement
intéressant que, vous aussi, vous nous illustriez que la
réalité orga-nisationnelle de base, avec des mécanismes
à raffiner, des mécanismes à trouver pour les
différents ajustements, ça demeure le territoire d'appartenance,
le territoire de CLSC, le territoire de MRC, parce qu'il y a là une
espèce de réalité concrète qu'on peut toucher. Et
il suffit d'y aller au niveau des mécanismes afférents corrects
pour réaliser les différentes missions dans une grande
région comme l'Abitibi-Témiscamingue ou une région en
milieu urbain, quand on parle toujours des territoires de CLSC.
Une petite question pour aborder, d'abord, la question de la
régie ou de l'instance régionale. Vous nous situez très
bien qu'au moins au niveau du collège électoral il devrait y
avoir une représentation majoritaire, enfin 50 % des élus
municipaux. Est-ce que vous avez envisagé ou est-ce qu'il vous
semblerait normal, par ailleurs... Vous avez compris la question de ma
collègue de Chicoutimi, il y a quelques instants, aux gens de sa
région. Souvent, les élus municipaux vont dire: Bien, on a
déjà des mandats très lourds et on n'a pas
été mandatés pour administrer le système de
santé et de services sociaux. Est-ce que, pour vous autres, ça
vous apparaît raisonnable que le ministre doive envisager - je ne dis pas
"puisse" mais "doive" - l'élection au suffrage universel d'une
majorité des membres de l'instance qui serait chargée de
gérer, ne l'oublions jamais, dans l'ensemble du Québec, le tiers
du budget de l'État? C'est 10 000 000 000 $ et au-delà, ce n'est
pas des "pinottes"! Est-ce que ça vous apparaît réaliste et
possible?
M. Barrette: Est-ce que la question est concernant le suffrage
universel?
M. Trudel: Oui.
M. Barrette: On en a jasé un brin; je dis "un brin" parce
que, lorsque les orientations ont proposé ce type de propositions et
quand on voit ce qui se passe dans le domaine scolaire en termes
d'intérêt des gens à participer, ce bout-là nous
inquiète un brin. Par contre, il faudrait... Tout dépend comment
serait formulé ou comment le bulletin de vote serait dessiné ou
tracé. Je pense qu'il faudrait absolument conserver des groupes, par
exemple, des espèces de collèges électoraux: deux
propositions, par exemple, au communautaire, deux propositions au
socio-économique, des propositions pour les municipalités, parce
qu'on risque de se retrouver, par exemple, avec des groupes plus cernés
et peut-être moins représentatifs en termes de
globalité
de régions et aussi de secteurs. C'est le bout qui pourrait nous
inquiéter, quoique ce soit quand même intéressant comme
formule. On sait qu'aux États-Unis, quand ils vont au vote, ils ont
peut-être, je ne sais pas moi, dix ou quinze points à voter.
M. Trudel: Si certains États ou districts
américains se permettent d'élire leur shérif, pourquoi
n'élirions-nous pas des personnes chargées d'administrer le
tiers, encore une fois, du budget de l'État? Il y a certainement
là, je pense, quelque chose à creuser comme idée au niveau
de la démocratisation et de la réalisation. Et aussi,
là-dessus, on est aussi préoccupés que le ministre, il y a
toujours la question de l'imputabilité. Le ministre a à
répondre devant l'Assemblée nationale du tiers du budget de
l'État et s'il confie, éventuellement, à seize
régions ces 10 000 000 000 $, il faut que les mécanismes
d'Imputabilité soient bien définis pour assurer la balance du
système là-dessus.
Parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, M. Barrette et les gens du CRSSS,
je vais aller sur un autre volet très important, c'est celui de votre
troisième recommandation sur les effectifs médicaux. Le ministre
vous a déjà posé une question sur la
régionalisation des budgets de la RAMQ; j'aimerais reprendre un petit
peu là où vous avez laissé, M. Barrette. Comme partout au
Québec, en vertu de la loi actuelle et de l'article 246 de
l'avant-projet de loi, vous avez à préparer un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires des
établissements. Est-ce qu'il y a un déficit important de
professionnels de la santé dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, avec la panoplie d'incitatifs qu'il y a
actuellement?
M. Barrette: La réponse est oui, mais pour vous donner des
chiffres précis, je vais demander au directeur général de
compléter. La réponse est oui.
M. Dumulon: En fait, notre plan d'effectifs médicaux pour
la région - d'ailleurs, il se termine bientôt parce qu'on doit
entreprendre une nouvelle démarche pour les trois prochaines
années - prévoit, chez nous, 325 spécialistes et
omnipraticiens. Au moment où on se parle, on en a 205 en région.
Mais ce qui est quand même un peu à remarquer, c'est que, depuis
quatre ans, on avait une évolution intéressante, compte tenu des
quatorze mesures de recrutement et de rétention que le gouvernement
avait mises en place. C'a été bénéfique, on a quand
même passé de 75 médecins à 205, c'est quand
même une marge intéressante. Mais, depuis un an, quand même,
les effectifs nouveaux sont de un médecin de plus dans notre
région. Donc, l'effet des mesures, par exemple... il y a certaines
mesures qui se terminent pour certains médecins, qui avaient des primes,
par exemple, de 25 000 $ durant quatre ans; ces primes-là se terminent
cette année et il y a plusieurs départs compte tenu de ça,
parce que les mesures ne se continuent pas.
Ça, c'est de un, et l'autre élément qu'on a aussi,
auquel on fait face c'est que, de plus en plus, il y a des médecins
spécialistes, au nombre de 455 cette année, qui viennent
desservir la région de façon vraiment partielle, à la
journée, à la semaine, aux trois jours. Alors, ce sont des
problèmes comme ça qu'on a. L'autre élément qu'on
peut ajouter aussi c'est sur le plan de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec Les informations qu'on a actuellement, d'après le
rapport annuel de la Régie qu'on vient d'avoir, c'est que, par exemple,
à la réponse un peu de M. Côté, tout à
l'heure, on pourrait, nous, comme région, acheter au moins, si on allait
uniquement sur le per capita de la Régie pour notre région de
l'Abitibi-Témiscamingue, pour 4 000 000 $ en services à
Montréal ou ailleurs, compte tenu de la population, bien sûr, mais
aussi du per capita provincial versus le per capita régional. Il faut
dire aussi que, dans l'ensemble du Québec, il y a 10,6 actes
médicaux qui sont consommés par individu, en moyenne, bien
sûr, et que, dans la région de l'Abitibi-Témiscamingue, on
est à 6,4. Donc, on consomme beaucoup moins de services que dans
l'ensemble du Québec.
M. Trudel: Ou il s'en consomme trop ailleurs.
M. Dumulon: Peut-être.
M. Trudel: C'est peut-être aussi une réalité
à examiner lorqu'on aura à voir les chiffres de la RAMQ, parce
que le ministre s'est engagé, je pense, à faire comparaître
la RAMQ ici au niveau des questions, enfin, à en discuter, à en
parler. On a hâte de voir la réponse là-dessus. On posera
des questions très intéressantes, parce que vous nous mentionnez
un autre chiffre ici qui me semble tout à fait effarant. Il y a un
déficit, quelque chose comme 120 spécialistes au niveau des plans
d'effectifs, et il y en a 450...
M. Dumulon: 455.
M. Trudel: ...qui se promènent en avion et, si je ne me
trompe pas, vous payez tous les frais de ça, le déplacement y
compris les points des compagnies pour obtenir des vacances, là, mais
vous payez tous les déplacements de ces personnes-là et ces
personnes-là sont payées au tarif, au niveau de la Régie,
d'une pratique régionale, c'est-à-dire au-delà du 70
%.
M. Dumulon: À 120 %. Par exemple, un spécialiste
c'est 120 % s'il vient faire un acte médical dans
l'Abiblti-Témiscamingue. La Régie de l'assurance-maladie du
Québec lui paie ses transports, l'établissement qui accueille ce
spécialiste-là lui défraie ses frais de subsistance
et il retourne à Montréal avec..
M. Trudel: Ça m'apparaît inimaginable et je vous
avoue que, pour avoir eu... Évidemment, il n'y a pas de grand secret
là-dedans parce que vous savez bien que les gens se parlent en
région. Je vous avoue, M. le ministre, que, lorsque j'ai
rencontré le CRSSS après l'élection et que je me suis fait
donner ce chiffre-là, j'en ai été purement
scandalisé parce que, d'abord, je rencontrais souvent sur les avions,
évidemment, de ce monde-là, qui nous rend bien service au niveau
des actes, bien sûr. Mais il va falloir chiffrer, il va falloir chiffrer
ce que cela veut dire et ce que ça coûte versus d'autres
mécanismes, y compris scruter, M. le ministre, par exemple, des contrats
que sont obligées de passer des institutions hospitalières pour
avoir des services de radiologistes et, là-dessus, il y a une
espèce de monopolisation de contrôle qu'il va falloir creuser. Par
ailleurs, d'affirmer ça ici et de vous demander de regarder cela, je
sais que ça met en péril, que c'est délicat pour une
institution qui est obligée de faire cela parce que vous leur donnez les
services. Elle est obligée de se plier à certaines pratiques
professionnelles ou de corporations professionnelles qui, si elles sont
dénoncées trop fermement, vont l'empêcher de rendre les
services à la population. Alors, là-dessus, il va falloir un
jour... Écoutez, M. le ministre, il y a des gens qui m'ont
demandé, et qui ne sont pas ici ce matin, si, lorsqu'on vient devant une
commission parlementaire, on avait l'immunité, si on avait
l'immunité parlementaire lorsqu'on allait devant une commission. On sait
que le rapport, bon, à l'Assemblée nationale, a été
déposé, c'est une autre question, mais c'est pour vous faire
ressortir toute la délicatesse. Et là-dessus, je pense qu'il va
falloir regarder très attentivement les coûts qui sont
impliqués au niveau de la répartition des ressources.
Ça fait cinq minutes, j'ai une petite question. Je m'excuse, je
pense que le ministre va convenir qu'on peut terminer sur une question
là-dessus.
Le Président (M. Joly): M. le député, je me
dois malheureusement, quoique d'un très grand intérêt...
Est-ce qu'on peut déborder, MM. les membres de l'Opposition...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, moi,
je permets de déborder, c'est une question tellement vitale, et surtout
qu'elle a été abordée par l'Opposition, je trouve
ça bien.
Le Président (M. Joly): Alors, on vous laisse aller, M. le
député.
M. Côté (Charlesbourg): Ça prouve que le
ministre n'est pas tout seul dans sa chaloupe. (12 heures)
Le Président (M. Joly): Alors, ensemble nous ramerons.
M. Trudel: Très bien. Ce ne sera pas très long. Il
y a une idée ici qui a été amenée par l'Association
des directeurs généraux des institutions de services de
santé et de services sociaux au Québec, l'idée de
l'émission d'un permis ministériel pour la pratique
médicale au Québec. Vous savez ce qu'on veut dire par là.
Qu'est-ce que vous pensez de cette idée du permis d'établissement
pour la pratique médicale?
M. Barrette: Ça fait partie de nos réflexions et,
plus que ça, des suggestions qu'on fait souvent en aparté. Tant
et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de contingentement, soit par
établissement ou de région, on va toujours avoir ce
problème. Juste une parenthèse sur la radiologie que vous avez
mentionnée tantôt; dans la région, 1 100 000 $ sont
donnés en radiologistes et on en a un seul qui est permanent. Les
autres, c'est de la "volance".
M. Trudel: Avez-vous compris ça, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris, c'est
qu'ils ont été intimement mêlés à la bataille
des... à l'implantation des "scans". C'est importé de Saint-Luc,
ça, hein?
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Tout à fait.
Le Président (M. Joly): Est-ce qu'on comprend des choses
ou on confirme des choses?
M. Trudel: On confirme des choses.
Le Président (M. Joly): Je me dois, malgré tout
l'intérêt que ça peut...
M. Trudel: Une toute petite dernière, M. le ministre?
Le Président (M. Joly): On dit toujours une petite
dernière et on dépasse.
Mme Blackburn: Non, je la poserai à un autre. Ce qui me
préoccupe, c'est que ce qui est battu en...
Le Président (M. Joly): Mais vous voulez poser
indirectement votre question.
Mme Blackburn: ...brèche par rapport à la
décentralisation et à la régionalisation ici, ce sont les
organismes communautaires qui ne vous font pas confiance. Il faudrait
qu'à un moment donné, on revienne là-dessus pour
m'expliquer comment ça se fait et comment on va corriger ça.
M. Trudel: On va revenir avec...
Mme Blackburn: Je ne sais pas si le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): J'avais exactement ça
dans ma liste de questions que je me suis posées pour les deux mais,
comme il y a tellement de sujets intéressants...
Le Président (M. Joly): Bon Alors
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas parce que
celui-là n'est pas intéressant.
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, en termes
clairs, ce qu'on comprend en commission parlementaire, c'est que les CRSSS ont
un problème de crédibilité vis-à-vis des organismes
communautaires. C'est assez important, très très important et
c'est vrai. Alors, c'est à eux à venir nous le dire et en grand
nombre.
Mme Blackburn:
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ça
a l'air que votre contrôle est pas mal "rough" aussi sur les autres.
M. Barrette: C'est peut-être ce que, à l'occasion,
les régions reçoivent du ministère qu'on est obligé
de transposer sur certains.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témlscamingue.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Bien là, vous
m'inquiétez. Vous m'inquiétez.
M. Barrette: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Oup! On reprend Est-ce qu'on
reprend le débat?
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan... Vous
m'inquiétez parce que, si c'est ça, ça va être beau
tantôt quand vous allez avoir les pleins pouvoirs.
M. Barrette: Non. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a certains
petits budgets que nous avons comme responsabilisation. En fait, c'est la
responsabilité qu'on a de retransmettre...
Le Président (M. Joly): Le libre choix.
M. Barrette: ...ces fonds vis-à-vis des projets qui nous
sont présentés.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Mais on ne parle pas de
ceux-là. On parle des 57 000 000 $ qui sont répartis au central
actuellement, les organismes communautaires. On a dit: Tant qu'à envoyer
aux régions, on va tout envoyer. Pourquoi est-ce qu'on garderait au
central l'attribution de ces sommes-là, alors qu'on dit qu'il faut qu'il
y ait complémentarité...
Une voix: Imagine-toi s'ils contrôlent ça en
plus.
M. Côté (Charlesbourg): et qu'on évite les
duplications. Quand on leur dit ça, oup! Ils disent: Non. On a peur. Ils
nous font peur, et on ne veut pas dépendre d'eux autres, on veut
dépendre du ministre. Il n'est pas bon, mais il est encore meilleur que
le CRSSS.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Barrette: Sur ce sujet-là, il y aurait certainement des
échanges à y avoir.
Le Président (M. Joly): Là, je pense que vous
comprenez ce que je veux dire quand on parlo de rigueur
M. Trudel: Oui, je comprends que
Le Président (M. Joly): Je pense que, comme mot de la fin,
vous avez le droit de remercier les gens.
M. Trudel: Je vais remercier les gens de
l'Abitibi-Témiscamingue en faisant une remarque en même temps, M.
le Président. En disant: Oui, tout à fait, M. le ministre, mais,
comme les CRSSS - et ce n'est pas pour les défendre parce que le
problème, il va falloir qu'on trouve le fond de la situation
là-dessus - comme ils ont toujours été condamnés un
peu à distribuer la pauvreté, en termes de communautaire, il
s'est développé historiquement une crainte, mais, oui, tout
à fait très grande et très large vis-à-vis des
CRSSS parce qu'ils n'avaient que des miettes à distribuer. Mais
ça n'enlève pas la réponse; je suis tout à fait
d'accord avec vous, ça n'enlève pas l'obligation...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas ça, le
problème fondamental.
Le Président (M. Joly): Alors, là, on comprend que
c'est une suite à finir, quoi.
M. Côté (Charlesbourg): M le Président, non,
non, non. Ce n'est pas ça, le problème fondamental. Le
problème fondamental que les organismes communautaires sont venus nous
dire, ils sont venus nous dire: Autonomie. Est-ce clair?
M. Trudel: Ah oui!
M. Côté (Charlesbourg): Et c'est ce que nous
demandent les CRSSS aussi ou les régies régionales. Alors, ce
qu'ils nous disent: On veut avoir l'autonomie; autrement dit, donnez-nous de
l'argent et fichez-nous la paix, alors qu'il doit y avoir quand même
complémentarité dans le système. C'est clair que ce sont
des bouleversements assez importants, mais 57 000 000 $, demain matin, si on
vous disait: On vous en donne une couple de millions, vous sauriez quoi faire
avec. Oui? Alors, il faut qu'ils soient au moins complémentaires, et je
comprends ça. Mais ils ont peur de vous autres. Ils ont encore plus peur
de vous autres que de nous autres. Quelle consolation pour nous!
M. Trudel: Ce n'est pas peu dire. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Trudel: Merci aux gens de l'Abitibi-Témiscamingue de
nous avoir présenté ces idées-là. On va reprendre
sur le communautaire avec le groupe qui vient après, les pharmaciens et
dentistes.
Le Président (M. Joly): Merci. Au nom des membres de cette
commission, je tiens à vous remercier très
sincèrement.
Une voix: C'est nous qui vous remercions.
Le Président (M. Joly): C'est très
intéressant, quoiqu'il y aurait eu encore beaucoup à dire.
Je demanderais maintenant aux gens représentant
l'Assemblée régionale des Conseils des médecins, dentistes
et pharmaciens de l'Abitibi-Témiscamingue de bien vouloir s'avancer et
prendre place.
J'apprécierais beaucoup si la personne responsable pouvait
s'identifier et aussi identifier la personne qui l'accompagne, s'il vous
plaît.
Assemblée régionale des CMDP de
l'Abitibi-Témiscamingue
M. Houde (jean): j'ai avec moi m. germain legault, qui est membre
du conseil d'administration de l'assemblée régionale des cmdp de
l'abitibi-témiscamingue. mon nom est jean houde. je suis le
président de l'assemblée régionale.
Le Président (M. Joly): Vous avez une dizaine de minutes
pour présenter votre mémoire. Par après, on cherche
à impartir le temps de façon égale entre les deux
formations.
M. Houde (Jean): Merci. L'Assemblée régionale
considère comme un privilège de pouvoir participer à cette
réflexion collective que nous avons sur nos services de santé et
nos services sociaux. Nous remercions la commission de nous permettre d'y
contribuer.
Il n'est peut-être pas inutile de présenter
l'Assemblée régionale des CMDP. Notre regroupement s'est
formé parce qu'on a réalisé que, malgré tous les
efforts qui étaient faits dans notre région d'organiser des
services médicaux, il y avait quand même, malgré cela,
plusieurs lacunes dans les collaborations entre les établissements, dans
la planification et l'organisation de ces services. Le réseau
d'établissements était quand même assez cloisonné
et, souvent, les établissements se développaient un peu par
opportunisme en fonction de son développement propre. Quand il y avait
des grands projets de développement pour la région, ça
résultait souvent en des débats qui n'en terminaient pas et,
pendant ce temps-là, la population n'avait pas les services tant que les
débats sur la répartition et l'attribution de ces organisations
n'étaient pas faits.
On s'est dit: les CMDP ont la responsabilité de conseiller sur
l'organisation des services, comment s'assurer que les services
médicaux, dentaires et pharmaceutiques sont distribués de
façon adéquate, de conseiller sur l'organisation technique et
scientifique; on s'est dit: on peut contribuer à une meilleure
organisation, une planification ou une organisation des services
médicaux, dentaires et pharmaceutiques dans notre région.
L'Assemblée régionale des CMDP a donc été
formée. Notre mandat est, bien sûr, d'assister les membres,
c'est-à-dire tous les CMDP de l'Abitibi-Témiscamingue qui sont
membres de notre groupement et, bien sûr, d'être
représentants auprès de tous les organismes et de toutes les
instances régionales, d'être le représentant non partisan
de l'ensemble des CMDP de la région.
Pour ce qui est du mémoire... Je ne vais pas relire le
mémoire. Je pense que vous l'avez tous lu et vous l'avez tous
trouvé très intéressant. Simplement, je vais
émettre une opinion générale sur l'ensemble de
l'avant-projet de loi. Lorsque le ministère a présenté le
projet de réforme, on parlait, à ce moment-là, d'objectifs
de santé bien précis, on parlait d'organisation des services
médicaux, on parlait aussi d'enseignement, on parlait de formation des
ressources dans le réseau. Ça nous apparaissait, à nous,
comme des choses très importantes. L'avant-projet de loi, selon nous, ne
permet pas, à plusieurs égards sur lesquels nous revenons dans
notre mémoire, d'atteindre ces objectifs. On pense qu'il y a d'autres
façons d'utiliser les ressources qu'il y a actuellement dans la province
pour donner de meilleurs services de santé et services sociaux à
la population.
Je ne reviendrai pas sur l'ensemble du mémoire. J'aimerais
simplement, pendant le reste du temps qui m'est imparti, insister sur deux
points particuliers qui sont importants pour notre
regroupement.
D'abord, le concept d'un conseil régional de CMDP. On ne peut
plus donner des services médicaux, dentaires et pharmaceutiques, c'est
devenu quelque chose de complexe, de très coûteux, qui demande
nécessairement une collaboration des établissements entre eux,
une meilleure collaboration aussi des équipes médicales. Il
n'existe pas actuellement de façon de consulter les CMDP de façon
formelle, parce que c'est aux CMDP que revient, dans l'actuelle loi et dans
l'avant-projet de loi, de conseiller sur la meilleure façon de donner
des services médicaux, l'organisation technique et scientifique, de
s'assurer que les services sont distribués de façon
adéquate à la population, et ça, ça n'existe pas
actuellement.
Notre regroupement s'est formé volontairement parce qu'on pensait
que ça pouvait contribuer positivement à donner de meilleurs
services. C'est pour cela qu'on croit que, dans une nouvelle façon de
concevoir et d'organiser des services de santé et des services sociaux
dans la province, on devrait reconnaître un conseil régional des
CMDP qui agirait, en quelque sorte, auprès de l'instance
régionale et qui aurait les mêmes responsabilités que les
CMDP ont actuellement dans leurs établissements.
Deuxièmement, un autre point qui nous apparaît très
important et on est revenu assez souvent là-dessus, ce matin, c'est au
chapitre de la distribution géographique des effectifs médicaux,
dentaires et pahrmaceutiques. On pense que c'est effectivement très
important. Pour nous, les mesures qui seraient les plus susceptibles
d'améliorer cette situation-là, ce sont d'abord et avant tout des
mesures incitatives, des mesures de recrutement, particulièrement en ce
qui concerne la formation médicale en région, une formation
organisée, une formation bien structurée. Si. au cours de leur
formation, on permettait aux médecins en formation de faire une partie
de leur enseignement, une partie de leur formation dans la région, c'est
peut-être l'outil le plus puissant, le plus intéressant et le plus
efficace par lequel on pourrait attirer des médecins à pratiquer
en région.
Il y a dans notre région, actuellement, des expériences
très très positives à cet effet-là. Il y a des
unités d'enseignement en médecine familiale, des unités de
médecine familiale qui sont affiliées à des
universités, qui donnent de l'enseignement à des
résidents, à des médecins qui se préparent à
faire de la médecine familiale. Ces unités-là ont
été, malgré toutes les autres mesures incitatives qu'on
connaît, l'outil le plus efficace de recrutement. Un très grand
nombre de médecins qui sont venus se former en région, faire une
partie de leur formation en région, on a réussi à les
garder dans la région et ils pratiquent maintenant dans la
région. On pense qu'il devrait y avoir plus d'élargissement de ce
concept de formation dans les régions, entre autres la formation de
spécialistes; non seulement en médecine familiale et en
médecine générale, mais également aux
spécialistes. On pense que c'est la meilleure façon par laquelle
on pourrait recruter des effectifs.
Finalement, ce qu'on voudrait dire aussi, c'est que, quelle que soit la
formule qui soit adoptée pour repenser notre système de
santé et de services sociaux, ce qui va être important, ça
va être de laisser aux régions la latitude d'adapter ce
système-là aux réalités des régions. Aucune
région n'est semblable et on pense qu'il devrait y avoir suffisamment de
latitude pour permettre aux régions d'adapter toutes ces mesures qu'on
entend prendre.
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, s'il vous plaît, docteur. Est-ce que vous avez
terminé?
M. Houde (Jean): Voilà, ça conclut... Le
Président (M. Joly): Oui? Merci.
M. Houde (Jean): ...ce qu'on voulait dire sur ce
mémoire.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, très heureux de
vous recevoir. Compte tenu de la conversation qu'on a eue avant, ça
prépare le terrain un peu. Évidemment, ce n'est pas tous les
jours nécessairement qu'on a l'occasion d'avoir des médecins qui
pratiquent en région. Je vous poserais une question très simple,
au départ: Qu'est-ce qui vous a amené à aller pratiquer en
Abitibi-Témis camingue?
M. Houde (Jean): L'intérêt de la pratique
médicale. Personnellement, je suis allé pratiquer en
région avant les mesures incitatives. La région me permettait et
permet à plusieurs médecins de pratiquer la médecine pour
laquelle ils ont été formés, souvent Un peu le goût
de l'aventure aussi, c'est-à-dire le goût de relever des
défis intéressants. Aussi, ça permet souvent d'instituer
des projets nouveaux. Souvent il n'y a pas de structures qui sont vieilles, qui
sont difficiles à bouger. On peut contribuer, puis on a vraiment
l'impression de donner des services et que ces services-là sont
appréciés et valables.
M. Côté (Charlesbourg): Et, finalement, l'avantage
d'une région - je suis originaire d'une région, moi aussi - c'est
que tu peux faire des choses, alors que, dans les grands centres, tu fais les
choses que les autres veulent te faire faire.
M. Houde (Jean): C'est plus facile, en tout cas, en
région. (12 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Lorsque vous évoquez
ça, qu'est-ce qui fait que, fondamentalement, on a de la
difficulté à susciter l'intérêt de ceux qui
terminent, de les attirer en région? On s'est parlé tantôt
de mesures incitatives, et Dieu sait que ça coûte 3 $, 3,50 $.
Qu'est-ce qui fait qu'au niveau des universités, quand on les forme, il
y a moins d'intérêt à aller dans les régions? Est-ce
l'attrait de la ville? La qualité de la vie globale en ville? Qu'est-ce
qui fait qu'on a ce problème-là que, même avec des
incitatifs, on ne réussit pas à les attirer?
M. Houde (Jean): C'est plus la méconnaissance des
régions. La formation médicale est une formation qui est
très longue et qui se fait dans les grands centres. Les médecins
qui terminent leur formation ont souvent dix ans et plus d'université,
puis, au cours de cette formation-là, ils n'ont pas eu
l'opportunité d'aller voir ce que c'était, la pratique en
région, parce qu'ils n'ont jamais mis les pieds dans la région.
C'est pour cette raison qu'on insiste tellement sur l'importance de la
formation organisée. Les gens ne connaissent pas ce que c'est que la
pratique en région et, bien souvent, ont une image négative, au
cours de leur formation, des régions, parce que là où on
pratique la médecine dans les grands centres, souvent on a un regard un
peu condescendant sur la pratique qui se fait en périphérie,
à tort, c'est évident. Les gens qui viennent pratiquer en
région sont souvent surpris de la qualité des services qu'on
donne, bien souvent avec des moyens moindres. C'est surtout, à mon sens,
la méconnaissance de la région et une formation qui est
très longue, au cours de laquelle les médecins n'ont pas
l'opportunité d'aller voir ce que c'est, la pratique en
région.
Souvent, en plus, ils ne sont pas préparés à la
réalité régionale. Ils sont préparés
à pratiquer la médecine ultraspécialisée des grands
centres. Ça ne correspond pas à la réalité des
régions et ça demande une adaptation importante et certaine
lorsqu'on part de l'hôpital du Sacré-Coeur, par exemple, et qu'on
s'en va pratiquer au Centre hospitalier de Val-d'Or. Ce n'est pas la même
réalité; on ne pratique pas la médecine de la même
façon, avec les mêmes moyens. Ce n'est pas le même contact
avec les personnes à qui on donne des services. Tout ça, ce sont
des facteurs importants.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je suis originaire de
Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie. On a eu pendant longtemps un
chirurgien. On s'est battus pour en avoir un deuxième. Le principal
obstacle, c'était le chirurgien qui était en place, parce qu'il
n'y avait supposément pas de volume pour le deuxième. Est-ce
qu'il n'y a pas un peu de ça aussi, lorsqu'on tombe dans des
spécialités comme celles-là? Ça m'a toujours
frappé; pas parce qu'il n'était pas bon, il était
extraordinaire. Évidemment, tout le monde voulait se faire opérer
par lui. S'il y en avait eu un petit nouveau, il aurait eu de la misère
à avoir un peu de clientèle, parce que le petit nouveau, tu n'es
pas toujours sûr qu'il est aussi bon que l'autre.
C'est mon vécu à moi au niveau d'une région. Est-ce
qu'il n'y a pas aussi un peu de ça? D'autre part, est-ce qu'il n'y a pas
aussi un peu un manque au niveau des CHU, au niveau des facultés, quant
à obliger ceux qui sont en année terminale de médecine,
avec tout ce que ça comporte dans les dix années, de faire une
rotation d'expérience d'une année en région ou d'affilier
une centre hospitalier régional à un centre universitaire, pour
lui permettre de faire, à la fois en milieu urbain, comme à
Montréal ou à Québec et, par la suite, une année
peut-être ou six mois de pratique au niveau d'une région pour
être capable d'en apprécier la qualité de vie. Est-ce que
ce n'est pas une possibilité ça, l'autre étant aussi,
peut-être, de privilégier des candidatures qui viennent des
régions? Je ne sais pas si vous êtes originaire de l'Abitibi.
M. Houde (Jean): Je suis originaire d'une région, mais
d'une autre région.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon! C'est
peut-être pour ça que vous appréciez les autres
régions aussi.
M. Houde (Jean): Sans doute.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un problème
assez important.
M. Houde (Jean): Non seulement en finissant, mais en cours de
formation; on pense que la meilleure façon d'attirer des médecins
en région, c'est de leur montrer ce qu'est la pratique dans les
régions. Les expériences dans notre région, comme je le
disais tout à l'heure, sont extrêmement positives à cet
effet. On a un taux de rétention des médecins qui sont venus
faire une formation bien structurée, une formation encadrée avec
une évaluation, une formation de calibre universitaire... On a des
résultats très très positifs à cet effet.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais laisser cette
partie-là parce que c'est une problématique et on y reviendra, je
trouve ça intéressant. Vous proposez presque la création
de l'équivalent d'un CRSSS ou du CMDP en région, si j'ai bien
saisi.
M. Houde (Jean): Non. C'est-à-dire que ce qu'on propose
c'est l'équivalent d'un CMDP pour un établissement
vis-à-vis de l'instance régionale. Dans un établissement,
présentement, le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens
est responsable, envers l'établissement, du contrôle et de
l'évaluation de l'acte, de la compétence des médecins mais
aussi de l'organisation des ser-
vices, de s'assurer que les services sont distribués de
façon adéquate à la population et de l'organisation
technique et scientifique. C'est un rôle qui nous incombe de par la loi
actuelle et même de par l'avant-projet de loi. Ce qu'on propose, c'est
que la région ait le même outil, qu'il y ait un Conseil des
médecins, dentistes et pharmaciens qui ait envers l'instance
régionale la même responsabilité de conseiller la
région sur la meilleure façon de distribuer les services
médicaux de façon adéquate, sur l'organisation technique
et scientifique de la région et de s'assurer qu'il y ait une couverture
permanente des services en région.
Vous faisiez mention d'un chirurgien qui est seul, qui est un peu pris
avec la pratique qu'il a depuis longtemps. Un conseil régional des
médecins, dentistes et pharmaciens aurait aussi le devoir de conseiller
à la région que les équipes médicales des
différents centres coordonnent leurs activités et supportent les
centres qui ont moins d'effectifs, où il y a un seul chirurgien, par
exemple, que ces différents établissements dont certains sont
plus gros, ont plus d'effectifs, aient aussi la responsabilité de donner
un support aux établissements - là, je parle de services
médicaux, je parle de chirurgie, de médecine interne,
d'obstétrique-gynécologie, de néonatologie - qu'il y ait
une cohésion, une collaboration entre les établissements de
façon que le médecin qui est seul dans un petit
établissement ne se sente pas isolé, qu'il ne soit pas seul,
qu'il ait des collègues avec qui discuter, qu'il ne se sente pas
menacé, à un moment donné, parce qu'il se sent un peu
dépassé. C'est à ce niveau que notre contribution, je
pense, serait intéressante. On pourrait encourager les équipes
médicales à une meilleure cohésion et à
s'entraider.
Le Président (M. Joly): Merci. Très
brièvement, je vais reconnaître le député de Verdun
qui avait une question.
M. Gautrin: Brièvement, vous avez, dans votre
exposé, parlé de la formation médicale en région
comme étant un moyen de maintenir les médecins en région.
Il est clair que ça se fait et que c'est faisable facilement pour les
unités de médecine familiale. Vous avez étendu votre
analyse en disant que ça serait bon de faire ça aussi pour la
formation des spécialités. D'autres personnes,
particulièrement des doyens de la faculté de médecine,
sont venues nous dire qu'il était important, dans la formation des
spécialistes, que ça se fasse d'une manière
intégrée, où toutes les spécialités seraient
présentes à l'intérieur d'un même hôpital.
Est-ce que vous voyez donc des hôpitaux universitaires complets en
région? Comment voyez-vous la formation des spécialistes en
région?
M. Houde (Jean): On ne souhaite pas rapatrier l'ensemble de la
formation spécialisée, mais ce que l'on croit, c'est qu'un
médecin en formation de spécialité devrait avoir
l'opportunité, sinon l'obligation de faire des stages d'une certaine
importance en région, que ces stages-là soient bien
encadrés, que les unités d'enseignement en région soient
supportées par les universités et qu'elles aient les moyens de
donner une formation adéquate. Il ne s'agit pas de former l'ensemble ou
que l'ensemble de sa formation soit faite en région, parce que ce n'est
pas souhaitable.
Le Président (M. Joly): Merci. Je vais maintenant
reconnaître le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Trudel.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux remercier,
encore une fois, de cette excellente présentation l'Assemblée
régionale des conseils des médecins, dentistes et pharmaciens de
l'Abitibi-Témiscamingue, le Dr Houde et le Dr Legault. Encore une fois,
il nous est présenté ici, par des gens qui ont des pratiques
régionales, d'excellentes suggestions. On dit souvent à la blague
ici, un peu - j'espère que c'est sérieux - que, quand le ministre
sort son petit carnet vert, c'est parce qu'il va revenir là-dessus.
Alors, il a noté tantôt dans son petit carnet vert et on
espère qu'il va donner toutes les suites à cela. Remarquez qu'il
a pris beaucoup de notes, le ministre, dans son petit carnet vert. Il aura donc
un travail assez important puisqu'on l'avait dit au départ, il faut
reprendre ce projet de loi-là.
Mais il y a d'excellentes suggestions que vous nous amenez ici, en
particulier, la reconnaissance ou l'inscription dans la loi de,
peut-être, la nécessité - vous nous avez bien
expliqué les motifs de cela - des conseils régionaux des
médecins, dentistes et pharmaciens pour être capable d'avoir aussi
ce pendant au niveau de l'organisme régional, si tant est que nous
allions vers la véritable régionalisation des services au niveau
de la santé et des services sociaux.
Je reviendrai cependant - parce que le temps est très court - sur
la question de la pratique médicale en région et sur cette
question de la formation médicale, de l'importance de la formation au
niveau de la distribution des effectifs médicaux. Vous avez
illustré ça par quelques propos au ministre et au
député de Verdun auquel vous venez de répondre. Est-ce que
vous avez déjà examiné ou regardé que le
début de la formation, la première année de formation en
médecine... Je vais la qualifier un peu grossièrement de
formation en biologie, formation fondamentalement au niveau de la physiologie.
Est-ce que cette première partie de la formation des médecins,
c'est utopique de penser qu'elle pourrait se faire, par exemple, dans les
universités régionales, complétée par d'autres
éléments du type de ce que vous venez
de répondre au député de Verdun, au niveau des
stages, au niveau de certaines parties de la... Est-ce que le début de
la formation pourrait se réaliser aussi en région, à
travers, bien sûr, ce à quoi le ministre faisait allusion
tantôt, le système des places réservées pour les
régions, parce que, ce que vous nous dites, c'est: Quand on y
goûte, on y reste?
M. Legault (Germain): Je ne sais pas jusqu'à quel point...
C'est sûrement, peut-être, quelque chose qui pourrait être
expérimenté. Par contre, il y a quand même un certain
esprit d'équipe et de solidarité qui se développe au long
des études médicales, je pense. Et le fait, peut-être, de
couper une année ou deux années de cette solidarité de
tous les étudiants d'une même faculté, ça pourrait
peut-être amener certaines répercussions. Ce serait
peut-être quelque chose qui pourrait être tenté, mais...
M. Houde (Jean): Toute mesure qui permet d'assurer une formation
médicale de qualité et, en même temps, de goûter aux
régions, comme vous le disiez, serait certainement une mesure positive.
Le principal écueil, comme je le mentionnais tout à l'heure,
c'est la méconnaissance des régions.
M. Trudel: Très bien. Je veux aussi inves-tiguer un peu
plus sur des dimensions que nous avons examinées tantôt avec le
CRSSS. Vous qui avez choisi de pratiquer en région
périphérique, et pour le savoir, il faut le
répéter, avec une intégration qui est tout à fait
sensationnelle au niveau des jeunes médecins qui décident de s'y
établir et d'y rester, par ailleurs, vous avez donc à vivre, au
niveau de votre pratique, avec un phénomène grossissant, un
phénomène qui nous apparaît énorme du nombre de
volets qui viennent intervenir, en termes de suppléance, en quelque
sorte. C'est quoi, l'influence sur votre pratique médicale, ces gestes
et cette façon de faire les choses, c'est-à-dire la
présence massive au niveau des spécialités, du volet qui
vient du Dr Valise - comme on avait le professeur Valise, à
l'université - qui vient lundi, mardi et qui se pousse? Qu'est-ce que
ça veut dire pour les médecins qui ont choisi de pratiquer en
région? N'ayez pas peur de vous servir de votre exemple à vous,
qu'est-ce que ça veut signifier au niveau de votre pratique
médicale? (12 h 30)
M. Houde (Jean): Au niveau de la pratique médicale et au
niveau des personnes qui bénéficient de ces services-là,
c'est bien sûr une continuité de soins qui n'est pas suffisante.
Évidemment, lorsqu'un médecin vient deux jours en région,
voit X patients, c'est plus difficile de faire un suivi; c'est plus difficile
aussi pour son médecin de suivre ce patient en collaboration ou avec
l'expertise de spécialistes qui viennent.
La "volance" a quand même permis... La "volance", c'a
été jusqu'à présent un moindre mal,
c'est-à-dire que c'a quand même permis de donner des services
qu'autrement on n'aurait pas pu donner. Cependant, de là à
l'institutionnaliser comme c'est le cas, bien souvent, c'est une autre chose.
L'approche qu'on veut avoir dans ce dossier-là, ce n'est pas tellement
de combattre la "volance" mais de favoriser la permanence, je pense que c'est
ça qui est important et ce de deux façons: d'abord, en recrutant
- on partait d'enseignement tout à l'heure, ça, c'est important -
et aussi en organisant les services pour qu'il y ait une meilleure
cohésion.
Ce qu'on propose à notre région, c'est que les
établissements doivent d'abord aller chercher les services des
médecins permanents et compléter par la suite - parce que c'est
souvent nécessaire dans un contexte de pénurie - avec des
médecins itinérants. Si les établissements sont
cloisonnés, qu'il n'y a pas de cohésion, dans une région
où il n'y a pas tel spécialiste, par exemple, les
établissements font affaire avec un spécialiste. Viennent
s'établir dans l'hôpital d'à côté deux
spécialistes, on continue à demander des services au volant en ne
demandant pas aux permanents de donner ces services-là et en
compromettant leur pratique, ce qui est un mal, on pense. En visant une
meilleure collaboration, que les établissements aient le devoir aussi de
donner des services, mais que les autres établissements aient aussi le
devoir d'aller chercher, dans la mesure du possible, les services à
l'intérieur de la région.
Le Président (M. Joly): J'ai un rôle assez ingrat.
Je me dois de...
M. Trudel: Alors, ce sera, en remerciant, une observation, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Très brièvement, je
sais que... D'habitude, c'est le commencement d'autre chose.
M. Trudel: Le ministre va certainement juste remercier aussi,
mais peut-être en faisant quelques observations, mais sur cette
dernière réponse, en vous remerciant de nous avoir apporté
ce regard sur la pratique en région, j'aimerais bien que le ministre
note que cette pratique des volants a de l'influence aussi très grande
sur la pratique de ceux et celles qui choisissent d'aller oeuvrer en
région. On parlait tantôt d'images négatives de la pratique
en région, grosso modo, dans les facultés, dans la formation, il
y a aussi les pratiques de certains spécialistes ou de certaines
spécialisations qui font en sorte que tout ça rentre dans le
système et ça contribue à être un autre facteur de
rejet ou de non-attraction et ça ne permet pas de s'en aller vers la
permanence et on a deux systèmes de médecine, deux
systèmes de soins médicaux: un pour les centres urbains, un pour
les régions
périphériques. Ça, c'est toujours inacceptable.
Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
M. le ministre, vous avez un petit trente secondes, si vous voulez.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup et en
espérant qu'il y en ait beaucoup d'autres comme vous qui prendront le
pari des régions. Je pense qu'il y a beaucoup à tirer des
régions. On va tenter de trouver des moyens pour inciter, d'abord, et
contraindre, par la suite, s'il le faut. Merci.
Le Président (M. Joly): Dr Houde, M. Legault, merci
beaucoup au nom des membres de cette commission.
Je vais maintenant inviter les représentants de la Table de
concertation régionale des organismes communautaires et alternatifs en
santé mentale de l'Abitibi-Témiscamingue et Regroupement des
associations de personnes handicapées de l'Abitibi-Témiscamingue,
s'il vous plaît. Alors, j'apprécierais si la personne responsable
pouvait s'identifier et identifier les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Table de concertation régionale des
organismes
communautaires et alternatifs en
santé mentale et Regroupement des
associations de personnes handicapées
de l'Abitibi-Témiscamingue
M. Michaud (Bernard): M. le Président, M le ministre,
membres de la commission parlementaire, il me fait plaisir d'être ici
aujourd'hui pour donner quand même un aperçu, une perception des
organismes communautaires dans le vécu et qu'est-ce qu'on peut voir dans
cet avant-projet de loi.
Mon nom est Bernard Michaud, j'ai déjà, quand même,
travaillé pendant quelques années au niveau du Regroupement des
Associations de personnes handicapées de l'Abitibi-Témiscamingue,
je suis maintenant à titre de membre bénévole. Pour
m'accompagner, Mme Anne-Marie Desmarais, qui est à ma gauche, au niveau
des associations de personnes handicapées de la base, et Mme Nicole
Gallant, de la Table de concertation régionale des organismes
communautaires en santé mentale.
Le Président (M. Joly): Alors, je vous explique
brièvement. Vous avez une dizaine de minutes pour présenter votre
mémoire et, par la suite, les membres de la commission vous posent des
questions.
M. Michaud: d'accord. on va présenter quand même, de
façon très synthèse, qu'est-ce qu'on a apporté au
niveau de notre mémoire, pour garder quand même un peu plus de
temps pour les échanges de propos. En fait, si on regarde les objectifs
fondamentaux de la santé et des services sociaux, on trouvait quand
même important que la notion d'adaptation et de
réintégration soit incluse dans l'avant-projet de loi. De
même, de tenir compte de l'âge, du mode d'apparition de la
déficience, de la catégorie de déficience, du degré
de limitation, du caractère des régions, quand même, qui
sont en périphérie, et aussi du revenu comme tel.
Dans la réalisation de la mission, lorsqu'on parle de
participation des organismos communautaires, on considère important que
Ig champ d'activité et la composition des conseils d'administration de
ces organismes communautaires puissent avoir un degré de
légitimité là-dessus. Au niveau de l'organisation des
établissements, en termes d'information, lorsqu'on parle de changements
au niveau du plan d'intervention et de participation de la personne, on
considère important que la personne soit informée, ou son
représentant comme tel.
Dans la composition des conseils d'administration, on est favorables
à la régionalisation. Par contre, on considère important
autant qu'on pense, qu'on garantisse aux personnes âgées d'avoir
une place et d'être présentes là, d'avoir le même
processus à l'égard des personnes handicapées ou de
parents comme tels. Évidemment, on pense à certaines
convocations, que ça doit être spécifié au niveau
public avec des délais raisonnables.
Lorsqu'on parle d'organismes communautaires, lorsqu'on parle de
représentation au niveau des personnes sur ces conseils
d'administration-là, on avait quand même un questionnement
à savoir si, l'organisme communautaire étant subventionné
et oeuvrant directement dans le champ de la santé et des services
sociaux, on excluait ces personnes-là et ces permanences-là. De
même, on voyait d'un bon oeil la participation des organismes
communautaires en participation au comité des
bénéficiaires dans les établissements. On voit aussi, et
on revient là-dessus, de garantir la composition majoritaire des
associations de personnes handicapées et de regarder aussi comme
principal champ d'activité le domaine comme tel.
Lorsqu'on parle, enfin, au niveau des regroupement d'associations comme
telles et qu'on voit qu'on exclut un peu les regroupements qui sont des outils
en parlant que les regroupements devraient peut-être se financer
autrement ou ailleurs, je pense que c'est peut-être une des graves
erreurs. C'est un outil, c'est un moyen et lorsqu'on connaît les
capacités de financement et de la façon dont les capacités
sont, ça devient très difficile que les membres qui ont
déjà un manque à se financer puissent se financer encore
un outil de travail.
En fait, pour dire un peu de tout ça, lorsqu'on va paler de
partenariat, je pense que si le gouvernement a une volonté, c'est
dans
l'actualisation qu'on va retrouver ça. En fait, si on parle de
partenariat de complémentarité, il va falloir une reconnaissance
fraîche et aussi qu'on implique les budgets qui soient
conséquents.
Le Président (M. Joly): Oui, terminé? Merci. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci beaucoup. Je vais vous
poser la question très claire, très nette qu'on se devait de
poser au CRSSS dès ce matin et, évidemment, qu'on n'a pas
posée. Il y a un fil conducteur dans tous les groupes communautaires qui
se présentent devant la commission. Nous, on veut... Disons qu'on n'a
pas réussi parfaitement, dans les objectifs, dans l'énoncé
de politique, dans le cas du texte législatif, à dire: On
transfère les pouvoirs à une régie régionale ou peu
importe, à une structure régionale. Lorsqu'on arrive avec les
groupes communautaires, ils disent: Oui à la structure régionale,
mais ne pas nous soumettre à la structure régionale. Il faut
qu'on continue de dépendre du ministère quant à
l'attribution des subventions aux organismes communautaires.
Ne me parlez pas de l'Abitibi-Témiscamin-gue. Ce serait
peut-être bien gênant pour M. Barrette ou ce serait glorifiant pour
lui. On ne sait jamais les réponses. Mais qu'est-ce qui,
fondamentalement, fait en sorte qu'on ne pourrait pas décentraliser pour
que, effectivement, on en arrive à l'objectif visé, une
complémentarité?
M. Michaud: Lorsqu'on va parler de ce point de vue-là,
c'est dans l'actualisation. Je pense que, que ce soit le CRSSS ou que ce soit
le ministère, l'important, c'est la garantie des budgets, c'est de se
garantir les budgets et les critères là-dessus. Qu'on fasse
affaire avec le ministère ou qu'on fasse affaire avec le CRSSS, je pense
que ce n'est pas plus épeurant d'un côté ou de l'autre,
sauf qu'il faut les garantir, ces budgets-là, aux organismes
communautaires.
Mme Desmarais (Anne-Marie): Moi, je représente les groupes
communautaires, les groupes de la base, M. le ministre, et je ne crois pas que
l'agressivité... Peut-être que les groupes communautaires
s'identifient toujours derrière une agressivité parce qu'on doit
toujours partir de choses non concrètes, puis on se protège comme
ça. Mais peut-être que la définition, on l'a mal
donnée. Comme Bernard vient de le dire, ce qu'on veut protéger,
c'est qu'on ait un revenu décent qui soit protégé à
la base; que nos pairs, qui sont le ministère, disent: On a tant
d'argent qui va dans le réseau pour vous autres, qu'il y ait des
enveloppes précises. Je pense que, pour nous, c'est souhaitable. Je ne
pense pas qu'on soit allergiques... Même si on aime transiger
peut-être avec le ministère, ça ne veut pas dire qu'on ne
veut pas que le réseau... Moi, je vois le réseau comme un
être complémentaire s'il administre nos budgets. On va grandir
ensemble. Nos besoins, il va les connaître mieux, et tout ça.
Je ne crois pas qu'il y ait d'allergie là-dessus, mais les
budgets qui arrivent ne sont pas définis. Vous ne voyez pas d'enveloppe
qui est définie pour les groupes communautaires, sauf peut-être
avec la santé mentale; puis les budgets sont minimes. C'est
peut-être les miettes qu'on a déjà au ministère
qu'on voudrait protéger, puis peut-être en venir à ce que
ça devienne sensiblement vivable puis qu'on sache aussi que ça
peut être continu. Si on fait un travail bénévole dans le
milieu, on hypothèque des loyers, on hypothèque des
téléphones. Nous autres aussi, on fait des priorités et
tout ça, et si on vit aux six mois ou aux trois mois, comment peut-on
protéger nos choses? On ne sait pas où on va. C'est
peut-être ça que les gens veulent dire.
M. Côté (Charlesbourg): fi faut bien se comprendre.
On prend cette décision-là demain matin. L'enveloppe qui est au
ministère actuellement, qui est de 57 000 000 $ puis qui va, j'imagine,
définitivement croître au fil des prochaines années - tout
le monde le souhaite - on la prend au complet puis on la transfère dans
les régions, au CRSSS ou à la régie régionale, dans
un budget protégé, organismes communautaires. Disons que
ça se traduirait, dans le cas de l'Abitibi-Témiscamingue -
hypothétiquement, parce que je lance des chiffres en l'air - par 3 500
000 $. Disons que c'est ça. Comment? Oui, c'était...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Disons que c'est 3 500 000
$. Donc l'enveloppe globale, elle, est protégée pour des
organismes communautaires lorsqu'elle est transférée à la
région. On ne va pas plus loin que ça. C'est la région qui
ferait son arbitrage quant au budget à être alloué en
fonction des priorités que la région pourrait établir et,
en termes de complémentarité, c'est comme ça que ça
devrait se passer. On se comprend bien?
Mme Desmarais: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
comprends, c'est qu'à partir du moment où on protège
l'enveloppe pour des organismes communautaires transférés au
niveau d'une région, ça ne vous fait pas peur, mais en autant que
l'enveloppe ne soit pas... (12 h 45)
Mme Desmarais: On n'a pas peur. Je ne crois pas que les groupes
communautaires non plus... parce que disons que je peux représenter les
personnes handicapées ici, je travaille beaucoup avec les autres
organismes de base. La crainte, c'est toujours ça, c'est que les
budgets,
on ne les aura pas - est-ce qu'on va les avoir? - ça va
être dans une autre enveloppe ou, quand on ne les aura pas
utilisés à temps, quand on va arriver pour les utiliser, ils ne
seront plus là.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Mais on se comprend
bien, le fait de transférer le montant au niveau de la région ne
garantit pas pour autant que chacun des organismes communautaires va recevoir
un budget. L'arbitrage va se faire au niveau de la région. Tu ne peux
pas transférer en même temps 3 500 000 $ et dire: Voici la liste
qui va avec, que tu es obligé de protéger, sinon ça ne
donne rien. Oui?
M. Michaud: Je pense que la tarte est quand même là.
Je pense qu'il y a quand même une répartition qui se fait,
à l'heure actuelle. Je veux dire qu'il va quand même y avoir une
répartition peut-être qui serait différente ou sensiblement
la même au niveau des régions. Par contre, ce qui est important et
que l'on souligne dans notre mémoire, c'est que les organismes
admissibles qu'on verrait à ces enveloppes, à ces budgets, qu'on
mette un certain critère, à savoir la composition majoritaire des
usagers ou des personnes pour éviter certains problèmes comme
ceux qu'on a peut-être vécus dans le passé,
c'est-à-dire avec des compositions, avec peut-être des personnes
venant du réseau pour essayer de récupérer certains
budgets pour développer et offrir d'autres services. C'est là
qu'on trouve très important de protéger l'autonomie. De la
même façon qu'on a une approche en disant, au niveau des conseils
d'administration, de ne pas amener tout le personnel des établissements
sur ces conseils d'administration. Je pense qu'au niveau du communautaire,
lorsqu'on veut allouer les budgets, il faut s'assurer que les personnes les
aient en main aussi.
Le Président (M. Joly): II vous reste quelques minutes, M.
le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si c'est la
recommandation 10, mais j'ai un point qui m'a été soulevé
ici. Vous demandez, d'être représentés, que les organismes
communautaires soient représentés sur les comités de
bénéficiaires. Vous dites: C'est pour une meilleure
efficacité, échange d'informations, support technique. Vous voyez
votre participation comment sur ces comités de
bénéficiaires, numériquement parlant? Est-ce qu'il n'y a
pas un danger de les noyer?
M. Michaud: Non. Je pense que ce n'est pas un danger.
Peut-être, pour faire le lien, on pourrait aller avec quelque chose de
plus pratique avec Nicole.
Mme Gallant (Nicole): Disons que si on regarde au niveau de la
santé mentale, bien souvent, les comités de
bénéficiaires sont justement préposés au niveau des
centres hospitaliers. Donc, c'est la clientèle psychiatrique, entre
autres, qui forme le comité de bénéficiaires. Donc, on
deviendrait une personne-ressource pour autant qu'il y a un organisme qui
oeuvre en santé mentale dans le secteur; on pourrait aider, à
partir des besoins réels du bénéficiaire, à la
répartition de cet argent. Donc, on serait, à titre de
conseiller, de supporteur aussi, dans la démarche pour que les
bénéficiaires puissent ensuite enclencher le processus et jouer
leur rôle à l'intérieur de ce comité.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, pourquoi pas le
médecin?
M. Michaud: On peut partager le degré d'influence.
M. Côté (Charlesbourg): Du médecin? Partager
le degré d'influence du médecin?
M. Michaud: Un certain degré. Je veux dire que c'est aussi
une question d'individu lorsqu'on regardait au niveau des
établissements, des conseils d'administration. Ce ne sont pas tous les
établissements. On peut rencontrer certaines difficultés,
à certains moments donnés. Lorsqu'on veut parler de partenariat,
de complémentarité, d'approche, de philosophie, je pense que
c'est important, à tous les niveaux, qu'on puisse apporter des
éléments et on peut faire un tout avec ça et
fonctionner.
M. Côté (Charlesbourg): Vous croyez que, pour leur
donner le coup de main que vous évoquez, il faut que vous soyez sur le
conseil d'administration des bénéficiaires.
Mme Desmarais: À titre de personnes-ressources.
M. Côté (Charlesbourg): Je me tais parce que ce
n'est pas ce que j'avais perçu. Personnes-ressources... Un conseil
d'administration ne se prive pas de personnes-ressources, mais ce sont des gens
qui, en règle générale, ne votent pas. Ce sont des
personnes-ressources. C'est comme ça que vous l'aviez proposé. Je
n'avais pas vu la distinction. Il ne faut pas se priver de
personnes-ressources. On est dans une situation où on en manque. le
président (m. joly): merci, m le ministre. je vais
maintenant reconnaître m le député de
rouyn-noranda-témiscamingue, m. trudel.
M. Trudel: Merci, M. le Président. J'aurai seulement une
question au niveau, en particulier, des regroupements ou des organismes
oeuvrant auprès des personnes handicapées. Mon
collègue
le député de La Prairie aura des questions parce que nous
avons eu l'occasion de recevoir, devant cette commission-ci, le
président de l'OPHQ, et il y a un certain nombre de questions qui sont
restées sans réponse. Très certainement que mon
collègue voudrait le traiter.
Compte tenu de l'importance du mouvement communautaire dans la
région de l'Abitibi-Témis-camingue auprès de certaines
clientèles - nous, qui sommes en région, on le voit tous les
jours, l'espèce de suppléance, de responsabilité - on est
obligé d'avoir des organismes communautaires et c'est pourquoi il faut
insister au niveau de la reconnaissance au niveau de leur financement.
Relations avec CLSC en générai. Est-ce que les relations
avec les CLSC sont bonnes et sont suffisantes? Est-ce qu'il y a une
complémentarité qui vous apparaît suffisante ou si, par
ailleurs, il n'y a pas, parfois, plus de suppléance que de
complémentarité qui est réalisée, par exemple, par
rapport à vos responsabilités? Parlez-m'en une minute.
Après ça, mon collègue de La Prairie, M. le
Président, adressera quelques questions. S'il vous plaît.
Mme Desmarais: Je pense qu'on fait plus de suppléance que
de complémentarité parce qu'on n'a pas... Ils ne suffisent pas
à donner tous les services et on ne peut pas avoir des échanges
et faire le travail ensemble, ce qu'on souhaiterait. Donc, du partenariat,
c'est assez difficile s'ils n'arrivent pas à nous... Nos services sont
pas mal individuels.
M. Trudel: Je fais juste noter qu'il faudra recreuser cette
question des relations CLSC et partenariat mouvements communautaires.
Mme Desmarais: Les relations sont mauvaises. Chacun est
débordé. Alors, la jonction ne se fait pas facilement.
Le Président (M. Joly): Merci. Est-ce que vous voulez
ajouter quelque chose, M. Michaud?
M. Michaud: Peut-être pour compléter un peu. Je
pense que c'est très important de voir le contexte économique. Je
veux dire, on ne se fera pas de cachette. On connaît le fardeau de la
dette aussi. On voit aussi les années à venir et on voit aussi
les capacités que le réseau va avoir à donner de services.
Je pense que ce n'est pas d'hier qu'on voit quand même, au niveau de
l'État, un désengagement, mais aussi une approche via le
partenariat, la complémentarité. Je pense que dans un contexte
comme ça, c'est là qu'on commence à regarder une certaine
légère friction, peut-être, qu'il peut y avoir en termes de
partage des rôles. Qui fait quoi et de quelle façon tout ça
peut s'orchestrer? Je pense que c'est important, si on veut donner un
changement ou une approche à la société, que dans la
façon dont les organismes communautaires peuvent jouer leur rôle
et compte tenu de tout ce contexte économique-là, il sera
important aussi de leur donner les outils qui seront nécessaires pour
qu'ils puissent jouer leur rôle.
Le Président (M. Joly): Merci. Compte tenu du fait que le
député de La Prairie n'est pas membre de cette commission,
j'aurais besoin de l'autorisation des membres de la commission afin qu'il
puisse intervenir.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Joly): Merci. Consentement obtenu. M. le
député.
M. Lazure: Merci, M. le Président, merci, collègues
de la commission. Je pense qu'on peut difficilement être en
désaccord avec l'ensemble du mémoire du Regroupement des
associations de personnes handicapées et de la Table de concertation des
organismes communautaires. De ce côté-ci de la table, en tout cas,
nous disons oui à ces recommandations, particulièrement à
celle qui apparaît à la page 21 et qui concerne le financement. Je
pense que l'article de l'avant-projet de loi, l'article 231, qui semble exclure
nommément les regroupements d'organismes communautaires qui ne sont pas
admissibles aux subventions, a besoin d'être aboli ou modifié de
façon importante.
J'ai quelques questions à poser, surtout au Regroupement.
Continuons sur le financement: Dans le moment, si je comprends bien, votre
regroupement reçoit un financement de l'Office. Si oui, de combien?
M. Michaud: De 32 000 $ à 34 000 $.
M. Lazure: Est-ce que ça a varié depuis quelques
années?
M. Michaud: Disons qu'en 1981 on était à 25 000 $,
en 1982, à 30 000 $ et, en 1989, à 34 000 $.
M. Lazure: Ça n'a pas varié beaucoup. Dans les
séances d'hier, nous avons entendu la COPHAN,
Confédération des organismes, que vous connaissez sûrement.
La question que je veux vous poser est: Quels sont vos liens avec la COPHAN,
d'une part, ou avec la coalition des regroupements d'associations
régionales et avec l'Office, d'autre part? C'est une question à
trois volets, si vous voulez.
M. Michaud: Avec la COPHAN, les relations, il y a quand
même tout le mouvement associatif, il y a quand même les
échanges qui sont présents, sauf que, lorsqu'on voit une
coalition des regroupements d'associations de personnes handicapées
naître au Québec, c'est un mouvement à deux têtes, au
Québec, pour les personnes
handicapées et il y a une très grande divergence et
ça, c'est sur une question fondamentale, sur une question de transfert
des programmes, donc des services directs qui sont offerts à l'heure
actuelle par l'Office des personnes handicapées et qu'on
transfère dans les ministères.
La coalition s'oppose à ces transferts-là, à
l'heure actuelle, de la façon que c'est fait. Aussi, on dit que c'est
sûr qu'il y a dix ans, lorsqu'on parlait de la part égale, on
avait un contexte économique qui était différent
d'aujourd'hui. On pouvait dire oui à un transfert de programmes avec le
ministère. Aujourd'hui, on nous parle de transferts. Est-ce qu'on nous
garantit que ces transferts vont être aussi avantageux pour les personnes
et est-ce qu'on ne perdra pas des acquis? On est en train de noyer... C'est une
crainte et je pense que la crainte se manifeste au niveau des personnes
handicapées. Je pense que sur les transferts qui ont été
effectués, que ce soit au niveau du maintien à domicile, des
frais de déplacement dans une région en périphérie
comme l'Abitibi-Témiscamingue, on voit déjà des effets
lorsque le CRSSS dit: II nous reste tant de budgets pour les services et on va
devoir intervenir au niveau des associations en termes de services directs,
dont la paralysie cérébrale et autres. On commence à vivre
des problèmes et ça fait dur.
M. Lazure: Si je comprends bien, depuis le transfert, en octobre
ou environ octobre, sur le sujet que vous évoquez, le transfert de
bénéficiaires en région pour fins de réadaptation,
que ce budget qui, maintenant, doit être administré par le conseil
régional, vous semblez dire qu'il n'y a pas de satisfaction de la part
de votre clientèle depuis ce transfert?
M. Michaud: Je pense que c'est une question de services directs.
Lorsqu'on arrive avec des listes d'attente, quand même, qui commencent
à augmenter de plus en plus et que les délais d'attente sont
assez longs, je pense que c'est la réaction qui se produit. Lorsqu'on
arrivait, on disait: On prévoyait dans un an ou 18 mois, on va commencer
à avoir des problèmes, compte tenu de l'enveloppe
budgétaire qui était prévue. On pouvait le dire, nous
autres, on le voyait sur papier. Par contre, la réaction se produit
à l'instant où la personne, le bénéficiaire ou le
parent n'a plus de services, qu'on frappe aux portes, on passe encore d'une
porte à l'autre, on est encore dans la même situation que dans les
années passées pour obtenir des services.
M. Lazure: Dans le fond, c'est un problème assez
sérieux ce transfert de programmes de l'OPHQ à différents
ministères, notamment le ministère de la Santé et des
Services sociaux. Je l'ai évoqué un peu, hier, mais nous avons la
conviction, de ce côté-ci, que ces transferts ont
été faits de façon prématurée.
Le Président (M. Joly): Je m'excuse, M. le
député de La Prairie. Je ne pense pas que le sujet que vous
abordez soit pertinent au pourquoi de la commission. Si on doit, disons,
s'étendre sur des sujets tout à fait différents, on ne
peut pas faire avancer le projet de loi. Alors, partant de là, vous avez
droit à des opinions très personnelles, ça je vous le
concède, mais je ne pense pas qu'on puisse revenir à la charge
chaque fois, tant et aussi longtemps que votre point se doit d'être
approuvé.
M. Lazure: Mais, M. le Président, je vous rappelle que
j'ai soulevé la question demandant au porte-parole quels étaient
leurs liens avec l'Office des personnes handicapées, leur financement.
Ils reçoivent du financement parce que la question de financement
apparaît dans l'avant-projet de loi, l'article 231...
Le Président (M. Joly): On est rendus sur les transferts
de programmes. Je ne pense pas que ce soit pertinent.
M. Lazure: Mais, c'est le porte-parole...
Le Président (M. Joly): Reformulez votre question et je
pourrai peut-être la reconnaître, mais la façon dont vous le
faites là, je pense que vous êtes hors d'ordre.
M. Lazure: M. le Président, je poserais une autre question
au porte-parole. Est-ce qu'il croit que le ministère de la Santé
et des Services sociaux est suffisamment sensibilisé au programme grave
que vous évoquez de certains bénéficiaires qui tombent
entre deux chaises depuis le transfert de certains programmes? Est-ce qu'il
croit que le ministère de la Santé et des Services sociaux est
suffisamment sensibilisé à cette question?
M. Michaud: En fait de croyance par rapport au ministère,
c'est peut-être assez dur. Je les laisserais peut-être
répondre un peu, là-dessus. Sauf que, pour nous, ce qui est
important, c'est, au niveau des personnes et au niveau des services, de voir le
nombre de personnes qui sont en attente et de voir aussi dans le projet de loi,
lorsqu'on va parler d'organismes communautaires, de soutien et de partenariat,
d'aide... Que ce soit au niveau du REPI ou que ce soit d'autres services qu'on
va offrir à la communauté, lorsqu'on va parler du partenariat, je
pense que c'est clair qu'il faut que les organismes communautaires puissent
jouer leur rôle. Et je pense que dans une mesure, dans une organisation,
il faut voir aussi le partage des budgets.
Le Président (M. Joly): Merci. Je crois que nous avons
épuisé notre temps. Alors, M. Mi-
chaud, Mme Desmarais, Mme Gallant, merci beaucoup de vous être
présentés devant cette commission. Au nom de cette commission, je
vous remercie sincèrement.
Alors, nous allons maintenant suspendre nos travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 7)
La Présidente (Mme Marois): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales va reprendre ses travaux et nous
allons entendre, dans un premier temps, un représentant, je crois le
directeur général, M. Lavoie, de la Maison du Soleil levant de
Rouyn-Noranda. On prendra environ trente minutes pour échanger avec
vous, vous avez une dizaine de minutes pour présenter votre
mémoire et, de part et d'autre, on partage le temps pour des questions
ou des commentaires. Alors, on vous entend.
Maison du Soleil levant de Rouyn-Noranda
M. Lavoie (Gaston): Merci. La Maison du Soleil levant, c'est une
maison d'hébergement pour alcooliques, toxicomanes et sans-abri. La
toxicomanie touche un grand nombre d'individus dans notre
société. Je suis persuadé que chacun d'entre nous,
aujourd'hui... Si on regardait dans notre entourage, je suis persuadé
qu'on connaît quelqu'un qui est aux prises avec une consommation abusive
d'alcool, de drogues ou de médicaments. C'est peut-être un
père ou une mère, un frère, une soeur, un de nos
grands-parents, un conjoint ou une conjointe et même un de nos enfants,
parce que la toxicomanie touche toutes les clientèles, les enfants, les
adolescents, les jeunes adultes, les adultes, les personnes âgées,
les hommes, les femmes, les bénéficiaires d'aide sociale, les
chômeurs, les travailleurs à petit salaire, les ouvriers, les
cadres, les dirigeants d'entreprises et même des députés et
des ministres.
On ne peut passer sous silence, non plus, les coûts
médicaux qu'entraîne l'abus d'alcool, de drogues et de
médicaments. Qu'on pense, entre autres, aux effets de l'alcool sur les
maladies du coeur et du foie. Que penser des impacts sociaux, maintenant, de la
toxicomanie? On parle de l'importance de l'alcool, les mortalités, les
blessures graves et l'invalidité en ce qui concerné la conduite
avec facultés affaiblies. Que l'on pense également à
l'incidence de la toxicomanie sur des problématiques telles que le
suicide, le sida, les mauvais traitements infligés aux enfants, la
violence familiale, l'itinérance et la criminalité. Donc, la
toxicomanie, c'est une problématique qui est majeure dans notre
société, qui fait mal à beaucoup d'individus. Qu'est-ce
que le gouvernement fait pour aider ces personnes, comparativement à
l'impact créé par cette problématique? Très
peu!
On ne peut passer sous silence les grenailles données aux
organismes communautaires traitant de cette problématique. Par exemple,
la Maison du Soleil levant a, comme budget annuel pour héberger plus de
200 personnes par année, l'équivalent du salaire d'un haut
fonctionnaire de votre ministère. Sur les 70 000 $ qui nous sont
nécessaires, annuellement, pour survivre - survivre voudrait dire
vivoter - seulement 13 000 $ proviennent du ministère de la Santé
et des Services sociaux, pour un énorme pourcentage de 18,6 %. Tout ceci
a pour conséquence que le tiers de mon travail comme directeur
général de la Maison du Soleil levant, ne va pas pour aider les
alcooliques ou les toxicomanes qui arrivent chez nous, le tiers de mon temps,
c'est pour aller chercher des fonds pour nous permettre de survivre.
Il y a deux façons de tuer le communautaire et le
bénévolat: le sous-financement et la surréglementation.
Concernant l'avant-projet de loi et le financement des organismes
communautaires, il est pour nous inadmissible que les sommes allouées
aux organismes communautaires soient dans la même assiette que les
budgets alloués aux établissements du réseau.
La régionalisation représente quand même un objectif
louable de démocratisation, mais pas dans la modalité
proposée. Nous avons l'impression que le ministère veut se
débarrasser d'une patate chaude en l'envoyant aux régions et
qu'il dit aux régions: Battez-vous pour vous diviser ce
montant-là. Imaginez le grenouillage et la politicaillerie qu'il
pourrait y avoir! Ce sont les organismes communautaires qui en sortiraient
perdants. Et je ne suis pas sûr qu'il y en a qui vont en sortir vivants.
Moi, j'ai autre chose à faire, d'autres priorités que de faire de
la politicaillerie, des "games" de pouvoir et du lobbying. Ce que l'on vous
demande, M. le ministre, c'est un budget protégé pour les
organismes communautaires, régionalisé et indépendant de
toute structure régionale. Ce budget régionalisé serait
administré par un comité majoritairement composé de
personnes élues par les organismes communautaires qui auraient la
responsabilité de l'allocation des fonds. Par ailleurs, si les montants
octroyés ne sont pas sensiblement bonifiés, on n'aura rien
changé. On aura passé la patate chaude de Québec aux
régions.
Nous recommandons également que tous les regroupements
régionaux et provinciaux d'organismes communautaires soient
financés adéquatement. La reconnaissance des organismes
communautaires passe par la reconnaissance du travail utile et indispensable
effectué par nos organismes. Si vous reconnaissez que nous sommes
importants et que nous faisons du
travail, il va falloir le prouver en nous finançant selon nos
besoins; sinon la reconnaissance des organismes communautaires ne demeurera que
de beaux mots, de belles intentions sans contenu et vides de sens.
Une autre façon de tuer le communautaire, c'est la
prolifération des mesures de contrôle et la
surréglementation. Qu'un organisme qui nous donne de l'argent veuille
savoir ce qu'on a fait avec, je suis bien d'accord, mais qu'un ministère
nous donne de l'argent à condition qu'on fasse tel ou tel travail ou
qu'on offre tel ou tel service, là, je débarque. On s'oppose au
financement par programme car cela multiplierait nos tâches
administratives. Ça voudrait dire qu'on serait dans l'obligation de
faire une demande de subvention pour la formation, la prévention, la
réadaptation, la réinsertion sociale pour les alcooliques et les
toxicomanes et une autre pour les sans-abri. Cinq demandes de subventions, M.
le ministre, ça veut également dire cinq rapports
d'activité financière. Ça, c'est en plus des demandes de
subventions au gouvernement fédéral, à Centraide, à
la Fondation Jean-Lapoin-te qui demandent eux aussi des rapports financiers,
des rapports d'activité. Ça, c'est sans compter tout le
financement qu'on est obligé de faire en allant chercher des fonds par
des bingos, des brunches, des tirages. Ce n'est plus un directeur de la Maison
du Soleil levant, à la Maison du Soleil levant, on n'a plus besoin d'un
directeur, mais d'un attaché d'administration et d'une
secrétaire. Nous voulons un financement global qui financerait
l'ensemble de nos activités et non pas un budget morcelé comme
proposé dans l'avant-projet de loi.
Une des conséquences de la surréglementation, c'est
l'ingérence. Par exemple, nous, qui sommes une maison
d'hébergement, nous nous opposons au fait que le ministère nous
dicte le nombre de personnes qu'on peut héberger et la durée
moyenne de leur séjour. Nous considérons cela comme de
l'ingérence découlant d'une réglementation. Notre
autonomie, c'est ce a quoi nous tenons le plus. On ne veut pas qu'un CH ou
qu'un CLSC ou qu'un CRSSS ou un ministère vienne nous dire quoi faire et
comment le faire. La spécificité des organismes communautaires
repose sur notre autonomie d'action et de pensée. C'est pourquoi nous
sommes les ressources alternatives et cela, le ministère doit le
respecter et même l'encourager particulièrement en nous octroyant
des budgets décents.
Le mot aujourd'hui à la mode, c'est le partenariat. On est bien
d'accord à être partenaires, mais faut-il en avoir les moyens. On
est bien d'accord à collaborer avec le réseau, avec les
établissements, mais donnez-nous les moyens de collaborer. Il faut
passer de la parole aux actes maintenant en subventionnant décemment les
organismes communautaires, en reconnaissant leurs approches alternatives et en
évitant une surréglementation.
On peut essayer de tuer le communautaire, mais il y a une chose qu'on ne
réussira jamais à détruire, c'est le dynamisme, la
générosité, le dévouement et le coeur des personnes
qui tiennent à leur organisme. Des miliers de bénévoles
donnent des milliers d'heures de travail par semaine. Il faut reconnaître
leur travail et le soutenir convenablement. Même les employés des
organismes communautaires font du bénévolat dans leur milieu de
travail. Sur les milliers d'employés de votre ministère, combien
d'entre eux font du bénévolat pour leur établissement?
En terminant, laissez-moi vous remercier de votre attention et j'ose
espérer et croire, encore une fois, que des hommes politiques et des
femmes politiques ont à coeur d'aider les gens de la base qui se sont
eux-mêmes pris en charge. Ils n'ont pas attendu le réseau. Ils se
sont pris en charge afin de devenir des citoyens et des citoyennes dignes,
libres et responsables.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. Lavoie. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): On a, évidemment, un
certain nombre de mémoires qui traitent du communautaire mais,
évidemment, je pense que le communautaire s'est organisé pour
être bien représenté à la commission parlementaire.
Ce n'est pas moi qui vais les en blâmer. Ça fait partie d'un
système où l'ouverture de la commission permet au communautaire
de venir s'exprimer et d'exprimer son point de vue.
De tous les mémoires déposés venant de groupes
communautaires, je ne pense pas me tromper en disant que vous êtes celui
qui est le plus corporatiste. Ça se comparerait aux
médecins...
M. Lavoie: Ah, oui?
M. Côté (Charlesbourg): Oui... en termes de
défense acharnée de votre vision, et ça tranche.
Évidemment, vous n'y allez pas avec le dos de la cuiller et c'est votre
liberté de penser qu'au ministère de la Santé et des
Services sociaux, où il y a 1100 fonctionnaires, tout le monde ne fait
que ses heures. Mais ce n'est pas connaître le ministère.
Peut-être que j'aurais pensé la même chose que vous au mois
de septembre, l'année passée, mais, depuis que je suis au
ministère, j'y trouve un paquet de bon monde désireux de
régler un certain nombre de problèmes. Les documents qui sont
discutés sur la place publique aujourd'hui, ça vient d'eux aussi
et en très large partie. Ça aussi, ce n'est pas rien que faire du
travail pour être rémunéré parce que tu peux
toujours être payé pour faire ta job, mais il faut que tu en
fasses plus, et les fonctionnaires chez nous, pour la majorité, en font
davantage, en font plus que ce pour lequel ils sont payés. Je ne trouve
pas ça très habile de comparer le
bénévolat des gens du ministère; Ils sont
très engagés. D'ailleurs, on les retrouve, les gens du
ministère, dans du communautaire partout parce qu'eux aussi interpellent
le programme de subvention aux organismes communautaires. Ils sont un peu
partout dans le réseau et ils interpellent. Évidemment, ils font
leur part aussi.
J'en suis. J'en suis jusqu'à un bout. Oui aux organismes
communautaires. Oui au support aux organismes communautaires. Oui, c'est une
alternative valable et, oui, on doit les traiter comme partenaires. Mais
l'impression que j'ai à l'occasion, et c'est un peu l'impression que
vous me laissez par votre message, c'est: Donnez-nous de l'argent le plus
possible, sacrez-nous la paix sur le plan de l'administration et laissez-nous
faire ce qu'on veut avec.
M. Lavoie: Non.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, quand je
regarde toutes les conditions que vous y mettez, à un moment
donné, il va falloir finir par se parler un petit peu. Il n'y aura pas
trois réseaux. Il y en a un et j'ai compris que, dans certains cas, il y
a des gens, des éléments du communautaire, qui ont parti des
projets extrêmement intéressants et qui se sont fait absorber par
des CRSSS, qui se sont fait absorber par des centres hospitaliers. J'ai compris
ça aussi. Je suis capable de faire la distinction parce qu'ils ont
l'appétit, eux autres aussi, à l'occasion.
M. Lavoie: C'est pour ça qu'on est un peu réticents
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, mais on va revenir
à ça.
M. Lavoie: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que je
vous pose la question. Est-ce ce que vous voulez? Passez-nous le plus d'argent
possible, montez ça à 1 %, 80 000 000 $, 100 000 000 $,
envoyez-nous ça dans notre cour puis, autant que possible, ne nous
achalez pas après. On va peut-être vous envoyer un petit rapport
à la fin de l'année mais, autant que possible, ne le
vérifiez pas et on va faire ce qu'on veut avec. Je m'excuse, mais je ne
marche pas dans cet... Ça prend au moins un minimum.
C'est clair que quand on parle d'un budget de 13 000 $, s'il faut que tu
remplisses des papiers et que ça te coûte 3000 $ pour remplir des
papiers pour être capable de répondre à ça, moi, je
débarque, ça c'est vrai. Mais, il y en a dans le communautaire
que ce n'est pas 13 000 $ qu'ils reçoivent. Il y en a que c'est devenu
de l'institutionnel. Alors, on va faire une distinction un de ces bons jours
dans ce qui est devenu institutionnel dans le communautaire et ce qui est
véritablement le communautaire et on va peut-être exiger davantage
de ce qui est devenu institutionnel par rapport à ceux qui sont du
véritable communautaire, du bénévolat. 13 000 $, on
appelle ça du bénévolat.
Si vous me dites dans le cas des 13 000 $, sacrez-moi la paix avec vos
rapports, on va vous faire une demande par année, je suis prêt
à faire un bon bout mais, quand on va parier de montants plus
substantiels, on va se parier. Il va y avoir complémentarité. Il
n'y aura pas duplication parce que, tout ce qu'on entend depuis le
début, c'est qu'il y a duplication dans le système. Il y en a
partout. Il y en a chez nous, au ministère, il y en a dans le
réseau partout. Alors, c'est un peu ça qu'on va tenter
d'épurer pour effectivement être capables de faire encore plus
qu'on n'en a fait.
Le budget de soutien aux organismes communautaires en 1979-1980
était de 8 000 000 $. Il est rendu à 57 000 000 $ pour
l'année dont on parle. Il y a quand même des progrès assez
importants qui ont été faits de ce côté. S'il y
avait 100 000 000 $ demain matin, je suis convaincu, dans le communautaire,
avec certaines balises, ils seraient bien placés et ils
coûteraient pas mal moins cher et rapporteraient davantage que de le
mettre dans un hôpital. Je suis sûr de ça.
M. Lavoie: Moi aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ne venez pas me dire:
Donnez-moi de l'argent et foutez-moi la paix. Ça ne marchera pas avec
moi. Si c'est ça que vous voulez, dites-le-moi tout de suite et on va
couper la conversation et on va dire: Moi, ça ne marche pas. Si...
M. Lavoie: non. ce n'est pas nécessairement ça
qu'on veut, sauf qu'au moins subventionnez-nous décemment. ce que je
veux vous rappeler aussi...
M. Côté (Charlesbourg): C'est quoi,
décemment? C'est bien beau, ça. C'est quoi décemment?
M. Lavoie: Bien là, à 70 000 $ par année, on
vivote. On se maintient. Il y a une personne employée, il y a à
peu près un intervenant et demi pour 200 personnes par année.
Notre budget rentable qui pourrait vraiment offrir un service qui aurait de
l'allure, c'est 150 000 $ par année. Je suis capable d'aller en chercher
50 000 $ par année. Il n'y a pas de problème. Je l'ai fait.
Ça fait quatre ans que je le fais et je vais le refaire encore. Mais je
ne peux pas aller en chercher 75 000 $, M. le ministre, écoutez donc.
Ça n'a pas d'allure. Dans un petit milieu comme Rouyn-Noranda, c'est
quatre fois moins que Québec, c'est 35 000 $. Même quatre
fois...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Je
sais.
Tantôt, vous nous avez dit: toxicomanie plus des
Itinérants.
M. Lavoie: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'a... À moins
que je ne connaisse pas la réalité... et c'est possible...
M. Lavoie: Oui, c'est possible.
M. Côté (Charlesbourg): Cela est très
possible; d'ailleurs, c'est peut-être même certain, si ça
peut vous rassurer. Mais quand vous nous avez parlé d'itinérants
à Rouyn-Noranda, j'aimerais ça connaître l'ampleur du
phénomène des itinérants à Rouyn-Noranda.
M. Lavoie: Je ne vous ai pas parlé d'itiné-rance.
J'ai parlé des sans-abri.
M. Côté (Charlesbourg): Sans-abri.
M. Lavoie: O. K. Ce sont des sans-abri situationnels,
c'est-à-dire qui sont en situation temporaire de sans-abri. Ce sont des
gens qui ont eu un problème soit avec le bien-être social ou avec
le chômage. Bon, par exemple, ton chômage n'est pas entré et
il faut que tu paies ton loyer, sauf que le propriétaire n'attend pas.
O. K. ? Donc, il est dans la rue. Ce sont des sansabris situationnels, ils sont
dans une situation entre deux abris, qui lui appartiennent.
M. Côté (Charlesbourg): Qu'est-ce que vous donnez
comme services en toxicomanie que des ressources institutionnelles sur le
milieu ne donnent pas?
M. Lavoie: D'abord, l'hébergement entre la période
de sevrage et la référence en centre de désintoxication.
Aussi, les services de réinsertion sociale avec des services beaucoup
plus... Parce qu'ils ne peuvent quand même pas rester six mois en
désintox, en maison de réhabilitation. Nous, on l'aide justement,
cette personne-là, à la sortie du centre de réadaptation
à poursuivre son cheminement jusqu'à une réinsertion
sociale. On va l'aider à se trouver un emploi, à
réintégrer la société, en fait.
M. Côté (Charlesbourg): Et vous voyez 200 personnes
par année. Vous avez combien de lits?
M. Lavoie: 20.
M. Côté (Charlesbourg): 20 lits. Parce qu'il existe
de ce genre de communautaire dans la région de Lanaudière, par
exemple. Ils ont 8 lits, lis ont eu des ententes avec le centre hospitalier ou
le centre hospitalier paie aussi du service avec l'organisme communautaire qui
est respon- sable au niveau de Lanaudière. Est-ce qu'il y a ce genre
d'entente?
M. Lavoie: Ce qu'ils voulaient nous envoyer, ce sont des gens qui
avaient des problèmes de santé mentale. On n'est pas
équipés pour arriver avec des gens qui ont des problèmes
psychiatriques. C'est impossible. Tu sais, j'ai des bénévoles qui
ont vécu souvent le problème de l'alcoolisme-toxicomanie et qui
veulent s'en sortir, qui s'en sont sortis et qui veulent en aider d'autres.
Mais quand ils arrivent devant quelqu'un qui est psychiatrisé ou un
ex-psychiatrisé, ils sont un petit peu démunis. Tu sais, c'est un
peu dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Je saisis mieux maintenant
votre organisme. Je le fais en comparaison avec une autre région parce
que ça me paraît être de même qualité de
services. Vous avez décidé de prendre le taureau par les cornes
parce que vous nous dites: Si vous transférez au niveau régional
l'attribution, on va faire face à du grenouillage et à de la
politicaillerie. Évidemment, on va aux "toasts" pas mal, comme on disait
chez nous à l'occasion quand ça commençait à
brasser un petit peu.
M. Lavoie: Peut-être.
M. Côté (Charlesbourg): Tous les groupes
communautaires se sont passé le mot en disant: La structure
régionale qui est en place actuellement - le message est clair - on n'y
a pas confiance. Il y a une dame, ce matin, qui était aussi de votre
région, à qui j'ai posé la question: Si le budget est
protégé, parce que la crainte semble être... Si vous passez
ça au CRSSS, ça va se perdre dans autre chose et ils vont envoyer
ça dans d'autres priorités. Mais à partir du moment
où ce budget-là est protégé au niveau de la
région, est-ce que la région n'est pas plus à même
de faire l'attribution de ces subventions-là qu'une structure
additionnelle que vous proposez? Et en quoi votre structure à vous
autres, proposée pour les organismes communautaires sur le plan
régional, serait moins "politicailleuse" et moins "grenouillante" que
celle du CRSSS?
M. Lavoie: Sauf que le grenouillage n'est pas
nécessairement à ce niveau-là. Ce qu'on veut, c'est que le
budget des organismes communautaires soit protégé, qu'il ne soit
pas dans la même assiette que le... Ça, on est d'accord
là-dessus? O. K. Ce qui serait une proposition intéressante,
c'est que dans le comité d'attribution des fonds, qui pourrait
être régional, qu'on ait notre place, quelque part,
là-dedans. Que ce ne soient pas nécessairement des fonctionnaires
du CRSSS, ou peu importe le réseau, qui décident: Bon, bien, tel
organisme a droit à tant et tel organisme a droit à d'autres. Tu
sais, je veux dire, il faut...
M. Côté (Charlesbourg): Qu'est-ce que c'est... Oui,
je termine là-dessus. Ce que je comprends, c'est qu'on s'en va vers
l'enveloppe fermée. C'est acceptable parce qu'on serait mieux desservi
sur le plan régional que par le ministère. Je suis
complètement convaincu de ça, moi. Et ce que vous dites: II faut
avoir notre place dans le milieu décisionnel, que ce ne soit pas
uniquement les fonctionnaires.
M. Lavoie: C'est ça. C'est beau le consultatif, mais on
est capables de prendre des décisions aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le collège
électoral, le communautaire a 25 % des places. Ça commence
à...
M. Lavoie: Oui, mais le budget n'est pas
protégé.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je parle dans une
situation où on protège le budget. Le message est clair.
M. Lavoie: Oui. O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Si on protège pour
certains autres domaines, secteurs, on peut le faire pour celui-là
aussi. Ça règle une partie du problème.
M. Lavoie: O.K. Oui. Et ça réglera une partie de
mon problème, en tout cas.
La Présidente (Mme Marois): Merci. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, s'il vous
plaît.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. Je vais être un
peu moins sévère que le ministre, au départ.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous comprends. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous constatez que c'est tout de l'autre
côté. Le ministre, il y va aux 'toasts" aussi quelquefois sur le
communautaire. D'abord, il faut vous remercier de cette présentation
et... Bon, bien, ça permet peut-être une latitude mieux
campée, M. le ministre, de vraiment aller au fond des choses. Le
ministre vient de nous dire, et c'est le premier organisme auquel il le dit,
sur le budget protégé - le ministre va sortir son petit calepin
vert: Jusqu'à maintenant... Le ministre, là-dessus, a toujours
posé la question...
M. Côté (Charlesbourg): Le vert, vous connaissez
ça, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est la première fois, donc, que l'on
constate, à la suite de l'intervention des groupes communautaires et
peut-être grâce à votre intervention vigoureuse, M. Lavoie -
et on vous connaît bien dans le milieu aussi pour ce type d'intervention
vigoureuse auprès des clientèles également, auprès
de ceux et celles qui sont souvent entre deux chaises et qui ne trouvent pas
d'endroit où aller, en termes de suivi - et c'est souvent, c'est
toujours, je dirais, le grand apport du communautaire, en comparaison des
coûts du système que l'on retrouve ailleurs, pour s'occuper de
tels problèmes, souvent dans le réseau de la santé et des
services sociaux. Profitons-en. Je ne reviendrai pas, donc, sur la question des
enveloppes protégées, sur la question de l'importance du
communautaire, le ministre est allé à fond là-dessus et
nous avons tous bien pris bonne note de l'affirmation du ministre au niveau du
communautaire.
Maintenant, travaillons, à mon avis, sur l'autonomie. Si vous
aviez à dire au ministre: Dans la rédaction de votre projet de
loi, nous, quand on dit qu'on veut fonctionner de façon autonome,
ça voudrait dire quoi, en pratique? Qu'est-ce que ça veut dire,
travailler de façon autonome? Est-ce que ça va du: Donnez-nous
l'argent et on ne veut plus rien savoir après? Ou jusqu'à l'autre
bout du continuum, disons, où on veut être vérifiés
tous les matins sur la dépense d'argent? Qu'est-ce que cela veut dire
pour le mouvement communautaire, l'autonomie au niveau du fonctionnement?
Êtes-vous capable de nous donner un peu des éléments de
définition pour aider ceux et celles qui se seront attablés pour
définir ce volet-là de la loi? (15 h 30)
M. Lavoie: Pour nous, c'est d'abord et avant tout le respect de
nos approches alternatives. En tout cas, je vais parler pour moi. Je ne
parlerai pas pour le communautaire au complet, je vais parler pour notre
organisme. On ne veut pas devenir un réseau parallèle. Ce qu'on
veut, c'est continuer ce qu'on a commencé, et de la façon qu'on
l'a commencé, et que le gouvernement, le CRSSS, le CH et tout le "kit"
ne viennent pas nous dire comment le faire parce que je pense qu'on a
adopté une approche qui est intéressante et qui est
complémentaire, mais qui est différente. Et on ne peut pas, non
plus, être évalués, dans le communautaire, comme on l'est
au niveau des réseaux. L'efficience et la rentabilité, ce ne sont
pas les mêmes critères pantoute; elles ne sont pas en termes de
nombre, pas en termes de quantité, elles sont en termes de
qualité. Si je peux au moins aider une personne à s'en sortir
dans une année, je pense qu'on a déjà fait quelque chose.
Donc, c'est la reconnaissance de nos approches et faire attention à des
mesures d'évaluation qui pourraient
être trop énormes pour ce qu'on est capables de faire.
Est-ce que ça répond?
M. Trudel: Quant à moi, en tout cas, on se rapproche de
certains éléments de la réponse qu'il faut trouver. Il va,
bien sûr, falloir être plus complet que ça si on veut
inscrire quelque part dans une réglementation ce que c'est, l'autonomie
des groupes communautaires. Mais je note et vous me direz si j'ai bien traduit.
Au niveau des méthodes, des approches, la façon de faire les
choses, c'est d'abord ça, l'autonomie, et ce n'est pas celle de ne pas
rendre de comptes au niveau de ce qu'on appelle généralement
l'imputabilité financière. On vous donne du fric, vous êtes
prêts à dire ce que vous avez fait avec, sauf qu'au niveau des
méthodes d'intervention, des méthodes de relation avec ce que
vous faites, ce que vous réalisez auprès des usagers, c'est
d'abord ça, l'approche, la définition opérationnelle de
l'autonomie. C'est juste?
M. Lavoie: Exact.
M. Trudel: On change radicalement de situation lorsqu'on dit:
L'autonomie, ça veut dire: Donnez-nous du fric et on ne veut rien
savoir. Et là, ce n'est pas du tout de cela que vous nous parlez...
M. Lavoie: Parce qu'il y a des gens qui nous donnent des sous, il
y a d'autres personnes que le ministère qui nous donnent des sous et on
leur fait des rapports. Donc, je ne vois pas pourquoi, si le ministère
nous donne des sous, on ne lui ferait pas des rapports. Sauf que quinze par
année, je trouverais ça trop.
M. Trudel: Très bien. Je pense qu'on franchit un petit
bout là-dessus.
La Présidente (Mme Marois): Le même rapport pourrait
servir à tout le monde, si je comprends bien.
M. Lavoie: Pardon?
La Présidente (Mme Marois): Le même rapport pourrait
servir à tout le monde.
M. Lavoie: Oui, à peu près.
La Présidente (Mme Marois): Qui investit, qui met de
l'argent dans le projet?
M. Lavoie: Oui, effectivement.
M. Trudel: Puisque vous êtes franc et vigoureux et que vous
n'y allez pas avec le dos de la cuillère, touchons la question des
regroupements. Pourquoi le ministère devrait-il financer les
regroupements, sous-entendu - et allons-y carrément - le
ministère finance des groupes qui donnent des services; bien sûr,
sous-entendu, un regroupement, il ne donne pas de services, donc pas de
financement? À l'inverse, pourquoi devrait-on financer un regroupement
communautaire? En quoi ça va-t-il améliorer, augmenter, bonifier
l'action du communautaire?
M. Lavoie: Moi, je trouverais ça extraordinaire s'il y
avait un regroupement dans lequel je pourrais me retrouver et pourrais me
ressourcer. Je suis tout seul dans ma région, à Rouyn-Noranda, en
Abitibi-Témiscamingue; je suis tout seul. Je n'ai pas regroupé.
J'aimerais ça en maudit si j'avais un regroupement, si je pouvais
appeler quelqu'un d'une autre maison à quelque part et lui dire:
Qu'est-ce que tu fais avec un cas de même? Ou bien qui peut m'apporter
une formation, une expertise ou une expérience qu'il a
déjà vécue et qui peut aussi défendre nos
intérêts en tant que groupe collectif, en tant que groupe, O. K. ?
Parce qu'on a, par exemple, dans les maisons d'hébergement, un
vécu qui, jusqu'à un certain point, risque d'être similaire
un peu partout au Québec; donc, on peut se regrouper ensemble pour
justement revendiquer, non pas revendiquer pour le "fun", pour revendiquer,
mais revendiquer des choses pour justement améliorer la qualité
des services de chaque organisme qui est membre du regroupement. Ça,
c'est une défense des droits, en tout cas...
M. Trudel: Très bien. Je pense que ça ajoute. Vous
dites: Financer le regroupement, parce que nous aussi, comme dans d'autres
organismes, d'autres organisations, et prenons celle de la santé et des
services sociaux, la pauvreté de nos moyens nous amène à
dire que, souvent, on aurait besoin, par exemple, de ressourcement, on aurait
besoin d'intensifier au niveau du rechargement pour mieux réaliser notre
action auprès des clientèles et c'est pour ça qu'il faut
un minimum là-dessus. Il faudrait aussi, je pense, se poser la question.
Il faudrait se poser la question: Mais comment l'Association des hôpitaux
du Québec est-elle financée? Est-ce que les institutions
participent au financement de l'Association? Et on le sait que c'est à
partir d'une institution, sauf que les moyens de base pour se financer une
association nationale, au niveau des hôpitaux, sont tellement
démesurés, je pense qu'il va falloir prendre en
considération le financement des regroupements, mais à partir de
critères, bien sûr, qu'il faudra établir et dire pourquoi.
Là-dessus, je pense que votre réponse est très
éclairante.
Une dernière question, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: Mme la Présidente, le ministre, à juste
titre, est très préoccupé par la répartition des
ressources et des services ou de la
dispensation des services non seulement en région, mais en
sous-région. Ce à quoi vous faites allusion lorsqu'on discute de
la façon de répartir l'enveloppe pour les éléments
du communautaire à l'intérieur d'un organisme régional,
vous n'avez pas l'impression qu'on pourrait encore pas mal mieux s'y retrouver
si tout ça se réveillait à un endroit plus proche des
bénéficiaires qui s'appelle le territoire de CLSC ou le
territoire de MRC? Je note en passant que vous nous dites dans votre
mémoire qu'au niveau des organismes, des institutions, CLSC, CRSSS,
etc., la collaboration est très bonne. À cet
égard-là, est-ce qu'on ne serait pas mieux, encore une fois, de
retrouver l'enveloppe du communautaire et les mécanismes de distribution
plus proches de la clientèle? Et le plus proche qu'on pourrait
peut-être retrouver en termes de complémentarité, c'est sur
le territoire des CLSC. Question posée autrement: Auriez-vous moins de
troubles et moins de peurs si cette enveloppe-là était, par
exemple - je dis bien par exemple -dans un CLSC au lieu d'un organisme
régional?
M. Lavoie: Si on est là, puis si on a une place puis si
vraiment on n'est pas juste consultatifs là-dedans, on va prendre votre
opinion, si on veut. Mais qu'on soit également là lors de la
prise de décision, à ce moment-là, soit par CLSC ou
régional. Mais sûrement, parce que je n'ai pas
réfléchi plus longtemps à ça. Mais en tout cas, ce
que je peux dire, c'est: Si on est là, si ce sont les travailleurs
sociaux du CLSC qui décident: Bon, bien là, on va donner
ça aux organismes communautaires, je pense que ça ne fait pas mon
affaire, à ce moment-là.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci.
M. Trudel: Merci de vos interventions, de la vigueur de vos
interventions. Ça sera très certainement utile.
La Présidente (Mme Marois): Merci de votre
présentation. J'inviterais maintenant les représentants et les
représentantes de la Corporation de développement communautaire
des Bois-Francs à venir prendre place. Pendant que les personnes
s'approchent de la table, j'aimerais leur demander - je crois que c'est M.
Beaudry qui est président, c'est ça - de présenter les
personnes et vous rappeler qu'en dix minutes vous devez nous présenter
votre point de vue et, par la suite, on vous questionnera ou on
échangera avec vous.
Corporation de développement communautaire des
Bois-Francs
M. Beaudry (André): Parfait. Merci bien. Ça va pour
la voix?
La Présidente (Mme Marois): Ça va très
bien.
M. Beaudry: Merci. Alors, Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les commissaires, je me présente: André
Beaudry, président de la Corporation de développement
communautaire des Bois-Francs, et je suis actuellement accompagné de Mme
Marie-Hélène Méthé et de M. Claude Lapointe,
respectivement vice-présidente et agent de développement de la
Corporation.
La Corporation est un regroupement intersectoriel sous-régional
d'une quarantaine d'entreprises coopératives et communautaires.
Celles-ci sont intéressées à promouvoir leurs
intérêts économiques et sociaux et à participer au
développement de la collectivité. Elles constituent des solutions
collectives à des besoins collectifs axés sur des valeurs telles
que la démocratie, l'autonomie, la prise en charge, la collectivisation
des ressources et la justice sociale. Elles regroupent dans les Bois-Francs
tout près de 10 000 membres bénévoles, comptent plus de
500 membres bénévoles sur les conseils d'administration et
génèrent environ 260 emplois permanents. Notre action a
déjà, d'ailleurs, été considérée
comme trop sociale pour le ministère de l'Industrie et du Commerce et
trop économique pour le ministère de la Santé et des
Services sociaux. Ici, nous désirons attirer votre attention sur
certains points de notre mémoire lequel est le fruit du travail
concerté d'une douzaine de nos membres.
La Corporation décrit l'intervention communautaire comme
fondement de l'action de ces organisations. Elle expose d'ailleurs en pages 26
et 27 de notre mémoire les caractéristiques de cette intervention
qu'elle identifie comme alternative à l'intervention sociale et elle en
exige une reconnaissance formelle dans la loi. Elle démontre que
l'existence même des organisations communautaires découle de
l'intervention communautaire et non pas l'inverse, que leur champ
d'activité déborde souvent les paramètres d'un seul
ministère ou territoire et que leurs structures organisationnelles sont
plus variées que la simple compagnie sans but lucratif.
La Corporation fait état des situations suivantes. Notamment,
dans l'application des articles 230, 238, 240, 243, 244, 289 et 316, les
organisations communautaires n'ont présentement ni les structures ni la
cohésion requises pour jouer adéquatement le rôle
demandé comme partenaires à parts égales et à part
entière. Donc, un moratoire d'au moins un an serait nécessaire
afin de permettre le développement organisationnel requis pour assurer
les concertations provinciale, régionale et sous-régionale, tant
au niveau sectoriel qu'intersectoriel, ceci accompagné des ressources
financières adéquates à tous les niveaux. De plus, la
reconnaissance de leur structure actuelle de regroupement décrite
ci-haut et leur financement deviennent en conséquence
impératifs. Les organisations communautaires doivent être
présentes là où leurs intérêts sont en cause.
Le ministère doit alors mettre sur pied, tant au niveau provincial que
régional, des lieux de dialogue et de négociation avec le
communautaire dans l'élaboration des critères
d'admissibilité et d'attribution de subventions ainsi que dans
l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques et des programmes de
services et de santé requis pour répondre aux besoins de la
population et ce, accompagnés, bien sûr, des ressources
adéquates.
De plus, pour cette même raison en lien avec l'article 49, un
siège doit leur être réservé au conseil
d'administration des établissements sur chaque territoire des CLSC. Le
nombre de membres du conseil d'administration de la régie
régionale provenant des organisations communautaires doit être
augmenté de quatre sur quinze. On sait, dans le projet de loi, que
l'article 278 confère au communautaire une participation de 25 % au
collège régional alors que l'article 260 n'en confère que
13 % au conseil d'administration. De plus, les personnes à l'emploi des
organisations communautaires doivent pouvoir être éligibles pour
remplir ces mandats. Cette dernière constatation est valide pour les
articles 57, 262 et 281. Les organisations communautaires ne font pas partie
intégrante du réseau public et tiennent à leur autonomie
malgré la complémentarité de leur intervention et des
services qui en découlent. Il doit donc y avoir entente préalable
dans l'application des articles 9, 238 et 243 entre les établissements
et la régie et les organisations communautaires avant l'identification
de la participation de ces dernières dans un dossier quelconque ainsi
qu'au niveau des exigences bureaucratiques requises. On doit aussi, en tout
temps, tenir compte des ressources humaines, financières et
matérielles disponibles dans les organisations communautaires.
Je cède maintenant la parole à M. Claude Lapointe.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Lapointe.
M. Lapointe (Claude): Mme la Présidente, la Corporation
touche aussi aux questions suivantes dans son mémoire. En lien avec
l'article 27, elle demande au gouvernement d'affirmer son intention de
maintenir les services d'action communautaire déjà disponibles
dans plusieurs CLSC et d'identifier, le cas échéant, les
organismes publics ou communautaires qui auront à jouer ce rôle.
(15 h 45)
Dans le cas de l'article 260, elle recommande que le directeur
général de la régie régionale soit nommé par
le conseil d'administration selon les modalités présentement en
vigueur dans les établissements du réseau et que la personne
titulaire du poste de présidence soit élue parmi les membres du
conseil d'administration.
Concrètement, l'article 229 devrait se lire comme suit: "Un
organisme communautaire au sens de l'application de la présente loi est
un organisme sans but lucratif, constitué en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies, ou une
coopérative, constituée en vertu de la Loi sur les
coopératives, qui oeuvre dans le domaine de la santé et des
services sociaux". Ceci aurait pour effet d'éviter, par exemple, aux
ACEF d'être exclues.
Nous demandons le retrait complet de l'article 231 qui vient exclure
tout financement direct pour les regroupements d'organismes communautaires.
Ceux-ci, qu'ils soient sectoriels ou intersectoriels, ont été
légitimement mis sur pied par leurs membres et sont essentiels comme
interlocuteurs dans les divers lieux de dialogue et de négociation que
nous revendiquons et qui seront nécessaires à l'application des
articles 230, 238, 240, 243, 244, 289 et 316.
L'opérationalisation équitable et efficace de l'article
244, quant à lui, requiert une réponse favorable à la fois
aux demandes que nous formulons dans notre mémoire ainsi qu'aux
conditions qui y sont énoncées II va de soi que la régie
ne coordonne que les activités qu'elle finance.
À l'article 230 concernant les subventions, il importe de
spécifier, au premier alinéa, "si certaines de ces
activités" et d'éliminer, au deuxième alinéa, la
référence géographique régionale.
Je cède maintenant la parole à Mme
Marie-Hélène Méthé.
La Présidente (Mme Marois): On fera ça d'une
façon succincte, s'il vous plaît...
Mme Méthé (Marie-Hélène): Oui.
La Présidente (Mme Marois): puisque nous avons
déjà un peu dépassé le temps.
Mme Méthé: C'est pratiquement terminé.
La démonstration du bien-fondé des positions de la
Corporation est faite par des exemples puisés de sa pratique souvent
appuyés par des notions théoriques. Elles sont aussi conformes
aux revendications historiques du mouvement communautaire
réitérées lors de la journée du 30 octobre dernier,
la Coalition des organismes communautaires du Québec qui revendiquait
une politique concrète leur assurant une reconnaissance, le respect de
leur autonomie, un financement adéquat et la reconnaissance de la
légitimité de leur structure ou regroupement.
Nous terminerons, Mme la Présidente, avec le message de la fin de
notre mémoire qui s'adresse à tous les ministères du
gouvernement: Tenez compte de nos préoccupations, donnez
suite à nos recommandations, partagez votre pouvoir et
reconnaissez, une fois pour toutes, la légitimité de
l'intervention qui nous est propre et des organisations et des regroupements
qui en découlent, et nous jouerons pleinement et honnêtement le
rôle qui nous incombe dans un esprit de sincère collaboration et
ce, dans le but de construire une société plus juste où
chaque personne aura accès à y participer volontairement,
à parts égales et à part entière, et où la
qualité de vie sera protégée pour la jouissance de toutes
les générations à venir.
La Présidente (Mme Marois): Merci, madame. Merci de votre
présentation. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci bien. Depuis le
début de la réforme et en particulier des auditions de la
commission parlementaire, on a tenté de placer au centre de nos
préoccupations le bénéficiaire, celui qui a besoin de
services dans le réseau ou hors réseau par l'action communautaire
ou l'action bénévole. J'ai un petit peu de difficultés
avec votre premier paragraphe vis-à-vis du bénéficiaire,
d'abord, au centre de nos préoccupations. Je relis votre premier
paragraphe et je vous demanderais peut-être de me l'expliquer,
vis-à-vis du bénéficiaire. Vous dites: "La Corporation de
développement communautaire des Bois-Francs est un regroupement
intersectoriel sous-régional d'entreprises coopératives et
communautaires intéressées à promouvoir leurs
intérêts économiques et sociaux et à participer au
développement de la collectivité". Leurs intérêts
économiques. Expliquez-moi "leurs intérêts
économiques".
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Lapointe.
M. Lapointe: M. le ministre, vous connaissez relativement bien
l'action de la Corporation de développement communautaire par le biais
de la conférence socio-économique de la région 04. On a
toujours, dans l'ensemble de nos démarches, maintenu l'idée qu'il
était important de ne pas dissocier l'impact économique et
l'impact social de l'action des organismes. Ceci peut se vérifier, entre
autres, sur le volet, sur votre préoccupation à savoir que
l'ensemble des démarches sont centrées sur les
bénéficiaires. L'action sociale menée par l'ensemble des
organismes communautaires a un impact économique énorme. Cet
impact économique énorme se retrouve tant par le biais de la
réduction des coûts sociaux liés à l'intervention
des organismes communautaires. C'est aussi un volet, et vous vous souvenez de
la terminologie qu'on a utilisée lors du sommet et qu'on utilise
à nouveau, où on parle d'entreprises communautaires et non
uniquement d'organismes communautaires puisque le volet entrepreneurial n'est
pas à exclure. Il y a des emplois là-dedans, il y a un impact
économique par l'intervention au niveau de la réduction des
coûts sociaux. Ça génère aussi des actifs, ça
génère des activités d'implication dans la
collectivité. Donc, il y a un mariage économique et social qui
est présent dans notre action.
M. Côté (Charlesbourg): À votre connaissance,
est-ce que ça existe dans d'autres régions, structurés
comme vous l'êtes?
M. Lapointe: Directement de la façon dont nous le sommes,
pas nécessairement, sauf qu'on a été la première
corporation de développement communautaire à voir le jour en
1984, à la suite de la conférence économique de 1983.
Il y a les corporations de développement économique et
communautaire du Montréal métropolitain - on pense à
Pointe-Saint-Charles, Hochelaga-Maisonneuve, Centre-Sud - qui, eux, sont
peut-être davantage axés sur le volet création d'emplois
économiques, mais qui n'excluent pas un volet social. Alors que nous,
l'équilibre serait peut-être... On tend à aller vers le
meilleur équilibre possible. On sait qu'il existe aussi une corporation
de développement communautaire, qui nous ressemble un peu, à
Drummondville. La région de Richelieu vient de s'en doter d'une ainsi
que, tout récemment, Longueuil.
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais deux autres
questions, Mme la Présidente. Vous avez très certainement
assisté à la conversation que nous avons eue avec le
présentateur du mémoire précédent où on
craint énormément que de transférer à
l'autorité régionale, peu importe qui elle est, le budget de
reconnaissance des organismes communautaires ce soit confondu et que ce soit
distribué ailleurs. Est-ce que vous avez, chez vous, la même
crainte? Je continue ma question en vous disant: Dans la mesure où votre
crainte est éliminée par le fait qu'on pourrait avoir un budget
protégé, est-ce qu'il n'y a pas aussi des risques à avoir
un budget protégé? Je m'explique. Lorsqu'on protège un
budget, certains pourront dire que c'est un plancher, d'autres pourront dire
que c'est un plafond. Si on transférait les 57 000 000 $ demain matin
dans toutes les régions du Québec pour dire: C'est le budget qui
est protégé, il est peut-être possible que des gens disent:
Parfait, c'est le plafond. Vous autres, intervenants, le milieu communautaire,
vous dites: Bien non, c'est le plancher et puisez dans le reste pour être
capables de reconnaître l'action communautaire et bénévole
en en prenant davantage. Donc, c'est un couteau à double tranchant.
Évidemment, si le milieu communautaire est prêt à vivre
avec ce risque, parce qu'il existe, du plancher-plafond, à ce moment, on
envisagera ce qu'on peut faire sur le plan du transfert et de garantir le
budget.
M. Lapointe: C'est évident qu'on a aussi certaines
craintes face à la régionalisation. On peut avoir des craintes
que ça puisse devenir une centralisation régionale. Cependant,
évidemment, l'hypothèse d'une enveloppe protégée
avec une certaine marge de manoeuvre plancher-plafond, encore là, dans
une perspective de partenariat d'égal à égal et à
part entière, on imagine que l'équilibre se trouverait quelque
part entre le plafond et le plancher.
M. Côté (Charlesbourg): Au premier étage ou
au deuxième.
M. Lapointe: Là où les gens se situent
habituellement. Je pense que, de ce côté-là, ce serait
évidemment souhaitable dans une certaine mesure. Cependant, il faut
tenir compte que la façon dont on procède dans le communautaire,
ce n'est pas à partir de programmes-cadres, mais à partir de
l'identification des besoins sur le terrain afin de pouvoir réagir le
plus rapidement possible dans le milieu.
Donc, une enveloppe protégée devrait aussi être
jumelée à une espèce de fonds de crise ou d'urgence qui
permette aux organismes terrains de se virer rapidement de bord dans le milieu.
On peut penser à un élément très simple, la
question de la propagation du sida, ses effets énormes, et j'imagine que
les actuaires du ministère doivent certainement être inquiets. Il
y a un phénomène très particulier qui se passe, c'est que
normalement les personnes atteintes sont, à titre d'exemple,
généralement dans de grands centres urbains, mais il y a un
mouvement de retour vers les régions qui s'effectue parce que les
milieux urbains sans support de réseau naturel, ça devient
extrêmement pénible pour ces gens-là d'y rester. Nous
autres on voit arriver ces cas-là en région chez nous. Le retour
vers les régions. Et quand il n'y a pas de ressources adaptées
pour y faire face, il faut être en mesure d'y répondre.
Évidemment, M. le ministre, je pense, c'est un exemple pour
montrer la situation où, effectivement, les besoins peuvent être
modifiés. C'est pourquoi un peu partout, dans l'ensemble du
mémoire, on vous demande des lieux de dialogue et de négociation
afin, justement, d'essayer de préciser ce que pourrait être un
équilibre sain.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si je comprends la
structure, la structure régionale ne vous fait quand même pas peur
pour autant qu'il puisse y avoir un dialogue, et pour ne pas vous mettre mal
à l'aise, comme vous êtes dans une région où le
dialogue semble assez ouvert, est-ce que vous pensez que chez vous, à
partir des balises faites dans le document actuel, est-ce que dans votre
région ça peut être vivable en pensant que 25 % du
collège électoral sera occupé par des gens du
communautaire?
M. Lapointe: Bon, en tout cas, là-dessus je pense qu'il y
a 25 % au collège. Plus on se rapproche du milieu décisionnel, on
tombe à 13 % au conseil d'administration de la régie.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, vous n'avez
peut-être pas été informés, mais c'est un
rééquilibrage qui va se faire parce que ce n'est pas normal que
la représentation du collège électoral ne se retrouve pas
au conseil d'administration.
M. Lapointe: Donc, une de nos recommandations a été
largement entendue. Il faut dire que concrètement, sur le terrain, on a
eu des problèmes comme d'autres organismes ont pu en vivre ailleurs,
dans d'autres régions, avec le Conseil régional de la
santé et des services sociaux. On a aussi eu notre lot de
problèmes. On a justement passé à travers toutes les
étapes de la conférence socio-économique avec les gens du
CRSSS. Lors de leur assemblée générale où on
discutait justement de toute la question de la régionalisation, on a
omis d'inviter l'organisme qui occupait le siège des organismes
communautaires au Conseil régional de concertation et d'action de la
région 04.
Donc, on a quand même une certaine méfiance et on est aussi
très conscients du poids de l'ensemble du secteur de la santé et
de l'organisation qu'ils ont pu se donner plus facilement que nous autres dans
la communauté.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
La Présidente (Mme Marois): M. Lapointe, merci. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue, s'il vous
plaît.
M. Trudel: Merci aussi de cette présentation. Si je ne
m'abuse, c'est la première fois que nous avons des
représentations d'un regroupement de développement et ça,
c'est annoté dans la présentation que vous nous faites et dans
l'orientation de votre organisme. On a reçu des regroupements
d'organismes communautaires chargés de fournir certains services dans
certaines régions pour certaines clientèles, mais une corporation
de développement communautaire, c'est-à-dire que vous êtes
à l'origine, donc, de cette espèce de champignonnière du
mouvement communautaire dans votre région. La description que vous nous
donnez à la fin de votre document est absolument très
impressionnante sur ce que vous êtes dans votre milieu et de l'importance
que peut prendre le mouvement communautaire dans une région et de ce que
vous pouvez réaliser, de ce qu'on peut développer à partir
de l'approche du communautaire.
Tout comme le ministre, vous avez entendu le dialogue d'échange
que nous avons eu avec le groupe précédent. Je vais y aller tout
de suite avec cette question-là. L'autonomie des groupes
communautaires pour intervenir, quand on aurait à fixer ça
dans un texte législatif, ou dans une réglementation, à
quoi faut-il faire référence lorsqu'on parle de l'autonomie des
groupes du communautaire qui interviennent dans le domaine de la santé
et des services sociaux? C'est quoi les grands points de repère dont
nous devons tenir compte lorsqu'on parle de l'autonomie?
La Présidente (Mme Marois): M. Lapointe. (16 heures)
M. Lapointe: Oui, l'autonomie se traduit chez nous principalement
par la reconnaissance et le respect de l'intervention communautaire dans ce
qu'elle est. C'est une intervention qui se vit du bas vers le haut et non pas
du haut vers le bas. Un programme-cadre, à notre sens, c'est la
planification du haut vers le bas. Et l'intervention communautaire comme telle
veut se coller directement au milieu à partir des besoins qui y sont
identifiés dans le vécu quotidien. Donc, à ce
niveau-là, on ne se sent pas nécessairement à l'aise dans
des programmes-cadres, des clientèles cibles qui sont
déterminées loin de l'action. Donc, ça, c'est un
élément qui nous inquiète, et c'est pour ça qu'on
recommande une reconnaissance formelle de l'intervention communautaire.
On a saisi quelques éléments tantôt, aussi,
relativement aux propos que le ministre tenait à l'effet: Bon,
envoyez-nous l'argent et on n'a pas de compte à vous rendre. M. le
ministre, vous nous connaissez depuis un certain nombre d'années. Les
gens du communautaire sont des personnes responsables sauf que, comme on vous
le dit, tenez compte de nos ressources humaines, matérielles et
financières. On parlait de la possibilité d'utilisation de
rapport d'activité ou de rapport d'étape, on peut le faire. Mais
si la grille qui nous est imposée pour produire ce rapport-là est
différente de celle des autres sources de financement, si on se ramasse
avec six ou sept rapports différents à produire, là,
ça devient un peu plus compliqué et il faut tenir compte des
ressources humaines, matérielles et financières dont on dispose.
Mais on n'a jamais eu peur de rendre des comptes de ce
côté-là.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Trudel: Très bien, parce que ça
s'éclair-cit beaucoup, les réponses que l'on a. Il n'y a personne
qui refuse de rendre des comptes sur le financier au niveau du communautaire.
C'est au niveau de l'approche mieux saisie et mieux définie par l'Etat,
par la responsabilité ministérielle au niveau de cette approche
particulière pour faire les choses. Il n'y a personne qui nous a dit
encore, jusqu'à maintenant, qu'il ne voulait pas rendre de compte au
niveau des montants d'argent, très concrètement, qui vous
seraient dévolus, qui seraient dévolus au mouvement communautaire
pour réaliser selon son approche, ses méthodes, ses façons
de faire, des objectifs compatibles avec les grands objectifs de santé
et de services sociaux qu'on se serait donnés au Québec. Je pense
qu'il faut que le message soit reçu très clairement.
Toujours au niveau du financement des organismes, peut-être une
petite observation. Il était évoqué une possibilité
d'une enveloppe protégée. Le ministre est allé beaucoup
plus loin que cela. Il semble que c'est un acquis devant cette commission,
maintenant, qu'il y aura des enveloppes protégées pour le
mouvement communautaire et ça nous semble, de ce côté-ci,
tout à fait un minimum comme condition pour que l'on puisse
véritablement parler de décentralisation lorsqu'il s'agit de
communautaire, mais c'est aussi vrai pour les autres secteurs dans le domaine
de la santé et des services sociaux tout en disant que, s'il y a une
enveloppe protégée, il y a donc un plancher qui est fixé.
Quant à moi, je ne souhaiterais pas qu'il y ait un plancher et un
plafond. Qu'il y ait un plancher protégé pour le communautaire,
mais le plafond peut toujours être élevé suivant les
priorités, la priorisation et l'importance que l'on souhaite donner dans
une région ou une autre. Si le mouvement communautaire est beaucoup plus
vivace, beaucoup plus important et fait un travail qui est beaucoup plus
significatif de par sa composition et la dynamique particulière d'une
région, pourquoi une régie ou l'instance régionale ne
choisirait-elle pas d'élever le plafond suivant les discussions que vous
auriez? Vous réclamez là-dessus, essentiellement: On veut avoir
notre droit au chapitre dans la discussion tant au niveau de la fixation de
l'entre-deux, si vous voulez, que des services qu'on peut rendre et du partage
qu'il y aurait éventuellement au niveau de l'enveloppe du communautaire.
C'est bien cela? On s'entend là-dessus? Très bien. Moi, je le
répétais pour être bien sûr qu'on ne s'en aille pas
vers une... en fixant une espèce de plancher-plafond qui serait tout
à fait contraire à toute idée de décentralisation
véritable.
Dernière question. Vous réclamez un moratoire d'un an sur
tout ce qui concerne le communautaire dans le projet de réforme. Vous
nous avez expliqué vos motifs. Le ministre dit: Je veux procéder.
Je veux y aller. Ça fait assez longtemps. Avez-vous des suggestions
à faire au ministre pour éviter que le train ne passe et que vous
ne soyez pas là? Vous lui servez cette argumentation, mais avez-vous des
moyens de rechange pour le ministre lorsqu'il aura à rouvrir son petit
calepin et, avec son monde au ministère, à rédiger
à nouveau ce projet qui n'était pas le sien, à
rédiger son projet de loi qu'il présentera à
l'Assemblée nationale? Il faut que vous donniez, je pense, quelques
indications là-dessus parce que vous risquez que la parade passe, que le
train passe et vous ne serez pas dedans. Et on sait que, quand c'est
fixé dans un
texte législatif, ça dure longtemps. Avez-vous des avenues
à suggérer?
M. Lapointe: En tout cas, sur la question du train qui passe, un
train vide, on a vu que ça ne passait pas longtemps, avec VIA.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lapointe: Donc, de côté-là, quand
même, je pense que l'ensemble des organismes communautaires serait
prêt, rapidement, à s'asseoir - on vient le faire ici pour le
souligner - en milieu de dialogue soutenu pour qu'on puisse justement s'assurer
qu'il y ait du monde dans le train. Le train peut passer; reste à savoir
s'il va y avoir du monde dedans. Nous autres, on se rend compte aussi qu'il y a
plein de gens des établissements de l'ensemble du réseau qui sont
tout aussi préoccupés et qui ont envie de dialoguer et
d'échanger des idées sur la portée de cette importante
loi-là. On a les mêmes préoccupations. Je pense que, sans
éterniser les débats, il faudrait absolument regarder les
modalités auxquelles on pourrait s'accrocher, un peu, tout le monde.
Évidemment, je pense, en tout cas, on ne peut pas prétendre que
tout le monde a réponse à toutes les questions, une
possibilité d'en régler un certain nombre... Nous autres, dans le
communautaire, on se dit: Lorsqu'il y a un problème, on cherche une
solution collective. On pourrait, collectivement, s'asseoir et regarder ce que
c'est et procéder assez rapidement en tenant compte de nos ressources
matérielles, humaines et financières.
M. Trudel: Très bien. Merci beaucoup. Je vais en profiter,
en même temps, pour vous remercier de votre présentation. Le
ministre ajoutera peut-être ce volet communautaire à son approche
pour rédiger son projet de loi. Peut-être.
La Présidente (Mme Marois): On vous remercie de votre
présentation. M. le ministre, ça va?
M. Côté (Charlesbourg): Merci bien
La Présidente (Mme Marois): Merci
J'inviterais maintenant des personnes repré sentant le Conseil de
la santé et des services sociaux de la Montérégie à
bien vouloir prendre place, s'il vous plaît. J'ai une longue liste ici.
Il y a de la place pour tout le monde, si vous êtes tous là. Je
demanderais à M. Beaudoin - bonjour, M. Beaudoin, bienvenue à la
commission! - de présenter les personnes qui l'accompagnent. Vous avez
environ une vingtaine de minutes pour présenter votre mémoire et,
par la suite, une vingtaine de minutes d'un côté, une vingtaine de
minutes de l'autre pour échanger des idées avec vous et poser des
questions D'accord? Alors, vous nous présentez d'abord les gens qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
Conseil de la santé et des services sociaux de
la Montérégie
M. Beaudoin (Jean-Claude): Mme la Présidente, M. le
ministre, Mmes et MM. les députes, pour vous présenter la
position du Conseil de la santé et des services sociaux de la
Montérégie, je suis accompagné des membres du
comité administratif, soit M. Hubert Gagnier, Mme Fernande Mallette, M.
Louis-Philippe Foucault, M. Hubert Gauthier et des porte-parole de deux autres
groupes qui ont soumis des mémoires, soit M. Claude-Yves De Repentigny,
au nom de nos instances participatives et MM. Gilles Vallée et Jean
Curzi du milieu socio-économique, au nom des membres des conseils
d'administration d'établissements.
Nous avons modifié notre présentation et la leur pour
pouvoir vous la livrer dans les 20 minutes. Cependant, Mme la
Présidente, je vous demanderais la permission de conclure par une
observaiton, une fois que mes collègues auront terminé leur
présentation.
La Présidente (Mme Marois): Certainement.
M. Beaudoin: c'est à titre de président du conseil
d'administration que je vous livre le message du conseil régional. mais
permettez-moi d'insister sur le fait que c'est en tant que citoyen
impliqué dans son milieu et provenant du milieu municipal que je
travaille bénévolement au sein de cette organisation. c'est parce
que j'ai à coeur le bien-être physique et moral de mes concitoyens
que j'ai consacré de mon temps et de mes énergies à tenter
de trouver, avec les autres membres collègues du conseil
d'administration, des solutions qui amélioreraient la prestation des
services de santé et des services sociaux, au québec. c'est
d'ailleurs dans un esprit d'ouverture que nous avons réfléchi
à ce que la réforme du système devrait apporter comme
changements. la préoccupation qui anime notre démarche demeure
l'amélioration de la santé et du bien-être de la population
par l'amélioration du système. cette façon d'aborder les
choses ne nous a donc pas amenés à vous présenter la liste
des besoins de ressources pour la montérégie. le fait que la
distribution des services dans notre région n'ait pas suivi la
croissance de la population a créé une iniquité bien
connue de tout le monde actuellement.
Non, plutôt que de vous énumérer notre liste
d'épicerie, nous vous offrons notre vision d'un système
renouvelé. Selon nous, c'est fort simple. Un système
renouvelé ou, si vous voulez, rafraîchi devrait être
centré sur des objectifs de santé et de bien-être:
appartenir à la population d'une région, être
consolidé et concerté, être équitable dans la
distribution des ressources Ce
ont là les quatre principes directeurs que nous avons
développés à l'intérieur du mémoire
déposé à la commission et dont vous avez reçu
copie.
Permettez-moi de vous expliquer brièvement ce que nous entendons
par cela. Premièrement, parlons de l'importance d'avoir un
système centré sur des objectifs de santé et de
bien-être. Nous considérons que de tels objectifs sont importants
pour la population elle-même et pour le réseau parce que, de cette
façon, tout le monde a le même focus sur ce qui nous entoure.
Quand je dis tout le monde, je pense ici à chaque individu, à
chaque milieu, que ce soit le milieu industriel, le milieu scolaire ou le
milieu municipal. Je pense à chaque organisation, qu'elle soit
communautaire ou institutionnelle. Je pense au gouvernement et à ses
différents ministères.
À notre avis, il est devenu primordial que tous les gens prennent
en main leur santé et leur bien-être. Il faut désormais que
le monde cesse de confier entièrement ces problèmes aux autres,
que ce soit aux professionnels de la santé et des services sociaux,
voire même au gouvernement. Nous croyons, à cet égard,
qu'il faut faire en sorte que la population d'un territoire fasse siens les
objectifs qui seront mis de l'avant. C'est l'élément de base qui
va faire que le système appartient à la population. Pour cela,
l'instance régionale doit jouer un rôle majeur de partenaire avec
l'État en vue non seulement d'identifier des objectifs pour son
territoire, mais aussi de s'assurer de l'adhésion de la population
à ces objectifs. Tout en contribuant à l'élaboration des
politiques provinciales, cette approche lui permettra de prévoir une
organisation régionale de services mieux adaptés. En somme, dans
un contexte économique qui répond de plus en plus difficilement
à tous les besoins de la population, les objectifs de santé et de
bien-être représentent un outil par lequel l'État et tous
les acteurs du système pourront prioriser les actions à prendre.
Ces choix n'étant plus faits de façon arbitraire, ils permettront
une distribution de services plus équitable.
Notre deuxième message, c'est que dans cette logique de
responsabilisation individuelle et collective, le système se doit
d'appartenir à la population d'une région. Pour cela, nous
proposons que l'instance régionale devienne la référence
privilégiée de son territoire. Pour amener le monde à
être partie prenante du système, il faut qu'il puisse s'impliquer
dans les décisions. Il ne faut plus que tous et chacun fassent leurs
pèlerinages pour revendiquer un service ou une ressource, tantôt
au provincial, tantôt au régional. Cela divise les forces,
appauvrit l'organisation des services et entraîne inévitablement
des tensions et des iniquités à l'intérieur même des
régions. Au contraire, quand l'instance régionale est imputable,
face au ministère pour les questions budgétaires et face à
la population pour l'organisation des services, tous les partenaires locaux
deviennent associés aux changements envisagés. L'esprit de
concertation et de complémentarité prend le dessus sur les luttes
de pouvoir. L'arbitrage se faisant en région, par les personnes
impliquées, les choix seront plus facilement acceptés.
Par ailleurs, un moyen que nous préconisons pour impliquer
davantage les sous-régions au processus de prise de décisions est
de leur laisser une place plus importante en nombre au collège
électoral et au conseil d'administration de l'instance régionale.
Les élus municipaux nous apparaissent, en ce sens, les plus aptes
à représenter la population locale et sous-régionale. Leur
imputabilité déjà acquise face aux citoyens et citoyennes
devient une façon de renforcer celle de l'instance régionale.
Cette imputabilité pourra s'assumer, entre autres, par une comparution
annuelle devant la commission parlementaire des affaires sociales ou encore par
des rencontres régulières entre son conseil d'administration et
le ministre responsable. (16 h 15)
Quant aux responsabilités régionales, elles devront
être définies très clairement et sans équivoque. Ce
que nous envisageons, c'est que les responsabilités, notamment de
planification, d'organisation de services, d'allocation de ressources et
d'évaluation, puissent s'exercer sans interférence ou
court-circuit.
En matière de santé publique et communautaire, les DSC
sont responsables, entre autres, d'identifier les besoins de santé et de
bien-être de la population, de surveiller son état de santé
et d'assumer des fonctions de promotion et de prévention qui sont des
étapes de la planification régionale. Nous recommandons à
cet effet que toutes les fonctions rattachées à une
démarche globale de planification régionale relèvent de
l'instance régionale.
Par conséquent, les DSC devraient être rattachés
à cette instance par la création d'une direction de la
santé publique et communautaire, ce qui a pour effet de les rendre
imputables et de protéger ces fonctions. Ces clarifications de
responsabilités nous permettront de jouer un véritable rôle
d'arbitre en faveur des citoyens et citoyennes de la région.
Déjà, le réseau montéré-gien a
démontré qu'il peut accomplir de belles choses quand plusieurs
intervenants d'une sous-région s'asseoient à la même table
et trouvent ensemble des solutions pour améliorer les services. Mon
collègue, Claude-Yves De Repentigny, développera ce sujet.
Abordons maintenant l'hypothèse d'un système
consolidé et concerté qui constitue, selon nous,
l'élément directeur qui sous-tend les volontés de
changement contenues dans l'avant-projet de loi. À notre avis, les
conseils d'administration unifiés par territoire de CLSC et de CSSS ne
sont pas la seule façon de rapprocher les partenaires. Chaque
région et ses sous-régions présentent des
caractéristiques qui leur sont propres et les structures mises en place
devraient rester
fidèles aux couleurs des sous-régions. Cela consoliderait
les liens déjà en place et en favoriserait d'autres qui ont
peut-être plus de mal à s'établir. À certains
endroits, les conseils d'administration unifiés pourraient fonctionner.
Nous proposons aussi que d'autres modèles établis suivant de
grandes balises nationales soient préparés pour chaque
région en fonction des besoins de sa population.
Enfin, un système renouvelé devrait être
équitable dans la distribution des ressources. Si l'on veut que chaque
citoyen, peu importe d'où il vient, soit vraiment au centre des
préoccupations du système, seule une distribution des ressources
équitables et par enveloppe régionale assurera, à notre
avis, la mise en place d'une véritable politique de santé et de
bien-être axée sur la personne. La prévention y tiendra
alors une place qu'elle n'a jamais eue jusqu'à maintenant.
Nous reconnaissons que, pour une distribution équitable des
ressources, des efforts ont déjà été consentis. Je
pense ici à des dossiers tels que la santé mentale, l'alcoolisme
et la toxicomanie. Il reste cependant encore des étapes à
franchir pour atteindre une véritable équité, surtout au
niveau des centres hospitaliers. À cet égard, d'ailleurs, M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux s'est déjà
montré très sensible. Quand il est question
d'équité entre les régions, nous pensons aussi à
une équité au niveau de la répartition des institutions de
recherche et d'enseignement partout sur le territoire du Québec. Par
exemple, en Montéré-gie, on pourrait tenir compte de l'expertise
acquise dans le domaine de la réadaptation par l'Institut Nazareth et
Louis-Braille en lui accordant le statut d'institut universitaire. Même
chose pour l'hôpital Charles-LeMoyne qui aurait avantage à
devenir, dans notre région, un établissement de santé
affilié à une université, tel que nous l'avons
déjà indiqué à M. le ministre. Tout en ayant ce
statut, qu'il soit bien clair que ces établissements seront toujours
partie intégrante du système régional de dispensation des
services.
En conclusion, Mme la Présidente, ce que nous proposons forme un
tout, une chaîne où chaque maillon tient une place indispensable.
Sans politique de santé et de bien-être centrée sur la
personne, il est difficile de penser rendre l'individu et la
collectivité responsables de leur santé et de leur
bien-être. Sans objectif de résultat aux couleurs d'une
région, il est difficile d'imaginer une responsabilisation des individus
et des partenaires du réseau. Sans imputabilité de l'instance
régionale, il est difficile d'espérer une concertation et une
complémentarité Sans rapprochement de la population au centre des
décisions, il est difficile d'amener la population ou la
société à faire des choix. Sans une équité
interrégionale et intraréflionale, il est difficile do croire
à uno véritable politique de santé et de bien-être
centrée sur la personne. Et on peut reprendre ici le raisonnement du
début.
Avant d'échanger avec vous sur le contenu de notre
présentation et de notre mémoire, permettez-moi de vous assurer
que le Conseil de la santé et des services sociaux de la
Montérégie poursuivra ses efforts pour offrir à la
population de son territoire les meilleurs services de santé et les
meilleurs services sociaux possible. Cela a toujours été notre
objectif principal et nous avons grand espoir que la réforme du
système nous outillera davantage pour réaliser notre mission.
Merci.
La Présidente (Mme Marois): Merci
M. Vallée (Gilles): Mme la Présidente, je me
présente devant vous au nom d'un groupe de personnes venant de milieux
bien différents. Ces bénévoles ont en commun de
s'impliquer dans les conseils d'administration des établissements de
santé et de services sociaux.
Chaque membre du groupe pourrait vous présenter son message de
façon bien différente, mais tous et toutes s'entendent sur le
fond. Je viens d'une région rurale et bilingue. Comme président
d'un conseil d'administration d'un centre hospitalier de courte durée de
22 places, j'ai initié et piloté un rapprochement administratif
avec le CLSC de la même ville situé à quelque 500 pieds de
notre centre. Le résultat du rapprochement a été de
dégager plus de 200 000 $ en économie administrative qui ont
permis d'ajouter des services à la population comme, par exemple, la
physiothérapie, de l'ergothérapie et des services à
domicile. Aujourd'hui, ce centre est transformé en un centre de longue
durée de 60 lits. Ces changements que j'ai pilotés avec mon
conseil m'ont bien fait connaître, comme peu de personnes, les rouages du
ministère et du conseil régional et, aussi, les réactions
du milieu et des autres établissements. Ça me permet de vous dire
plusieurs choses: premièrement, pour changer le réseau et la
façon de travailler, il faut penser "santé" et "population" et
non pas "établissements"; deuxièmement, pour régler des
situations comme celles que j'ai entreprises, il faut être patient, un
peu têtu et, surtout, convaincu de l'intérêt de la
population qui mérite d'être défendu; troisièmement,
surtout, il faut être très mobile pour venir à
Québec expliquer, réexpliquer au ministère ce qui a
été entendu avec le conseil régional parce que
Québec est seul à pouvoir approuver les projets où
rétablissement et le conseil régional sont d'accord. Vous avez
sûrement compris que mon réseau n'est pas celui des grands centres
ni des hôpitaux universitaires. Je vous parle de services en CLSC, de
soins en centre d'accueil, de soins en longue durée, d'un traitement en
centre hospitalier de petite taille en milieu rural Quelques-uns des principaux
problèmes dos citoyens et citoyennes de mon milieu ne sont pas
compliqués. Premièrement, les établissements
travaillent à l'intérieur de limites qu'eux-mêmes se
donnent sans s'entendre avec les établissements qui les entourent.
Deuxièmement, il n'y a pas de liens entre les établissements.
Quoi faire pour améliorer cette situation, Mme la Présidente?
Voici quelques suggestions. Premièrement, parce que le dialogue entre
les conseils d'administration n'est pas facile et qu'une concertation prend
beaucoup de temps pour produire des résultats concrets, donnez-nous un
arbitre qui connaît notre milieu, qui est accessible et qui est en mesure
de nous amener à travailler ensemble parce qu'il faut beaucoup de
patience pour expliquer son objectif au ministère, surtout lorsque le
projet touche plusieurs directions, beaucoup de patience pour faire comprendre
que les services du CLSC, les services en centre d'accueil, les soins de longue
durée ne sont pas affectés par un partage de direction
générale et de services administratifs. Donnez plus de
liberté d'action et de pouvoir aux conseils d'administration des
établissements lorsque le milieu, l'établissement et le conseil
régional sont d'accord. Troisièmement, parce qu'il est
décourageant de ne pas savoir qui décide exactement et
d'être obliges de s'adresser à deux organismes à tour de
rôle pour, en quelque sorte, faire leur concertation, définissez
donc clairement le rôle de chaque niveau dans le réseau: Celui du
ministère, du conseil régional et de l'établissement. Vous
comprendrez que le dialogue avec le ministère et le conseil
régional est bien trop compliqué. Avec le ministère,
surtout si on a affaire à plusieurs directions, on rencontre le
problème de concertation du ministère lui-même.
Étant donné qu'aucune direction au ministère ne regarde
l'ensemble du problème ou du projet, on perd la trace des responsables
et c'est impossible de suivre les discussions et de voir venir la
décision. Avec le conseil régional, c'est moins compliqué
parce qu'il est plus proche et moins gros comme organisation. Son personnel
connaît notre milieu parce qu'il y est venu. Notre personnel
connaît ' aussi le conseil parce qu'il participe aux différents
comités et tables de concertation.
Voici, Mme la Présidente, quelques suggestions que je vous
dépose au nom d'un groupe de bénévoles dans les conseils
d'administration. Je vous remercie beaucoup de votre attention.
M. De Repentigny (Claude-Yves): Mme la Présidente,
pardon?
La Présidente (Mme Marois): M. De Repentigny, c'est
ça?
M. De Repentigny: Mme la Présidente, je voudrais me faire
le porte-parole de présidents d'instances participatives de notre
conseil régional pour vous situer une problématique et une
proposition d'amélioration. Je pense que c'est l'expérience
quotidienne, quand on veut se parler dans le blanc des yeux, du morcellement du
réseau en autant d'établissements isolés de tailles et de
missions différentes. en apparence, c'est un morcellement qui peut
être dû aux structures, mais c'est surtout que rien ou presque ne
pousse à la coordination des établissements entre eux, sinon des
choix spontanés de directeurs généraux. ça se passe
de plus en plus en montérégie. cependant, cette concertation
épisodique ne suffit plus. les ressources sont rares et la pression de
la population sur ces ressources est forte. l'équité devient le
maître mot. la concertation en question est fragile parce qu'elle peut
être contournée par quiconque y voit un risque de perdre ou une
occasion d'obtenir plus autrement en faisant des pèlerinages, par
exemple. une concertation qui est fragile parce que non contraignante, on s'en
détache si on s'aperçoit qu'on risque d'y perdre. on peut, par
exemple, promouvoir directement un projet au ministère au
détriment d'une entente collective dans une sous-région.
Mme la Présidente, dans le sud-ouest, nous avons vécu une
telle concertation positive, dans le coin de M. Marcil, notre
député, entre autres. La fermeture du foyer de Beauharnois, il y
a quelques années, 45 lits qu'on a fermés et on s'est entendus
pour répartir ces 750 000 $, plus ou moins, en services à
domicile au CLSC, en centres de jour auprès de deux centres d'accueil,
des pavillons et, aussi, une répartition d'ergothérapie. La
même population, même un peu plus élargie, en a profite. On
pourrait faire une suggestion à la commission, Mme la Présidente,
pour réduire les effets de cet isolement. On ne pense pas en termes de
supprimer nécessairement des structures. De toute façon, dans
notre sous-région, depuis 1982 où il y avait à peu
près quinze établissements, en 1988, il en restait huit
intégrés ou avec des contrats de services, et ça,
ça a été fait par des consensus locaux avec l'aide du
conseil régional. Donc, les questions de rationalisation peuvent
être laissées aisément au local et au régional.
La suggestion serait de mettre en place un mécanisme de
coordination plus musclé pour consolider au niveau sous-régional
la pratique des concertations qui a donné des résultats quand
elle a été utilisée. Notre conseil régional
s'occupe de concertation, mais son pouvoir est moral pour rallier le monde,
pouvoir de recommandation souvent au ministère et, là-dedans, il
doit souvent s'ajuster, j'imagine, à certaines décisions du
ministère arrachées par des établissements. Il faut
renforcer son autonomie, sa capacité là-dessus, alors le
processus de concertation sera moins fragile et il pourrait travailler en vue
d'objectifs d'économie et de rationalisation. Le rôle du conseil
régional au niveau de la sous-région pour ranimer cette
concertation et faire de l'arbitrage deviendrait synergique avec la
connaissance et les informations dont les établissements disposent sur
leurs ressources, les ressources du voisin et les capacités du
milieu.
Ça donnerait des décisions plus serrées et plus
économiques. Comment réaliser cet objectif, Mme la
Présidente? Outiller le conseil régional pour qu'il puisse amener
les établissements et les organismes du milieu à travailler
ensemble au niveau des contenus et des règles du jeu, et les stimuler
à donner une réponse concertée aux problèmes d'une
sous-région dans un délai précis.
Il faudrait aussi donner au conseil régional une capacité
d'arbitrage qui trouverait son exercice en sous-région, un arbitrage qui
pourrait aussi aider à relativiser les tailles différentes des
établissements. Le conseil régional serait le mieux placé,
s'il n'était pas un dispensateur de services, pour exercer cette
fonction d'arbitrage. Mais est-ce que c'est faisable? Je pense que les
établissements et les organisations seraient prêts à
accepter le conseil régional dans ce rôle, peut-être
pas de gaieté de coeur dans un premier temps, sauf qu'ils ont
déjà l'habitude d'évoluer en sous-région et dans
les instances participatives régionales, même si c'est
épisodique. Il faut que ça devienne impératif,
obligatoire, sans échappatoire. Cette responsabilité va cependant
de pair avec une définition précise assez étanche des
rôles des instances centrales, le ministère, le conseil
régional et les instances locales. Le tout ferait que la concertation en
sous-région serait prise au sérieux, ni remise en question, ni
contournée.
En conclusion, Mme la Présidente, nous disons: Laissez au
ministère les grands objectifs, l'orientation, l'évaluation du
système; aux régions, la planification, l'organisation des
services, l'arbitrage, si nécessaire; au niveau local,
l'opé-rationnalisation de la dispensation des services, avec toute la
marge de manoeuvre possible et l'imputabilité génératrice
de créativité, tout comme le privé. Nous aurions alors, si
ces responsabilités sont bien définies, un système de
santé et de services sociaux certainement plus efficace. Merci, Mme la
Présidente. (16 h 30)
La Présidente (Mme Marois): Merci Je crois que vous
vouliez réintervenir, brièvement, bien sûr, M.
Beaudoin?
M. Beaudoin: Oui, Mme la Présidente, c'est un
élément que vous ne retrouverez pas dans notre mémoire,
mais nous en avons déjà discuté, à l'occasion, avec
Mme Lavoie-Roux, à l'époque. Il s'agit d'une mesure de protection
pour les membres de conseils d'administration bénévoles qui ont
leur emploi à l'extérieur du réseau, dont j'en suis.
Il existe déjà, dans la Loi sur les cités et
villes, une mesure qui protège un conseiller municipal contre tout
recours ou contre toute sanction de la part de son employeur, s'il s'absente du
travail pour exécuter ses fonctions de bénévole,
évidemment, et qu'il le fait sans rémunération. À
ce moment, je crois qu'il y aurait avantage, pour le réseau de la
santé aussi, à étendre une protection semblable aux
membres bénévoles de ces conseils d'administration, d'autant plus
qu'une telle mesure n'aurait aucune incidence financière pour qui que ce
soit, autre que pour le bénévole évidemment.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci de votre
commentaire. Je vais inviter, maintenant, M. le ministre de la Santé et
des Services sociaux à vous poser des questions, à
échanger avec vous
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Ce matin, la
région 02 du Saguenay-Lac-Saint-Jean nous présentait sa vision
à elle d'un pouvoir régional musclé. Pour reprendre une
expression que j'ai entendue tantôt, ça prend un pouvoir
régional plus musclé - je suis d'accord avec ça - pour
être capable d'éviter qu'on fasse le pèlerinage à
Québec et qu'on passe par-dessus l'instance régionale.
Eux prônaient un plan régional d'organisation de soins
où il y aurait un lien contractuel entre l'autorité
régionale et le ministère. Donc, si j'ai bien compris, la
région élabore un plan régional d'organisation de soins
pour l'ensemble de sa région, incluant ses sous-régions, signe le
contrat avec le ministère et il y a automatiquement transfert des sommes
d'argent qui vont avec ce plan régional.
Ce que j'ai compris aussi que ça veut dire c'est que, dans la
mesure où ce n'est pas prévu dans le plan, à ce moment, il
y a une nouvelle négociation avec le ministère pour l'ajout, dans
la mesure où il y a ajout, de part et d'autre, compte tenu de ce que le
plan provincial pourra sortir éventuellement.
Est-ce que cette présentation ou cette forme d'organisation qui a
été présentée ce matin vous apparaît
suffisamment musclée pour éviter que des sous-régions
s'entre-déchirent pour se passer au scanner?
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que M Beaudoin, M.
Gauthier.. Qui veut..
M. Vallée: Je vais commencer à répondre.
Ça semblerait très musclé, peut-être même trop
musclé. On a fait valoir, dans notre mémoire, la
nécessité d'établir des objectifs de santé, des
objectifs de bien-être pour la population et d'être capables, en
région, de répondre d'une façon modulaire, selon la
région, à la satisfaction de ces besoins qui sont, j'imagine,
changeants, qui évoluent dans le temps aussi selon la conjoncture
économique, la conjoncture sociale pour toutes sortes de raisons. Alors,
un contrat a le désavantage d'être drôlement contraignant.
Peut-être qu'il enlèverait une partie de la finesse, de
l'excellence de la lame au travail qu'une région pourrait faire au
moment où elle doit réagir à des situations au moment
où elles se présentent. M. Gauthier?
M. Gauthier (Hubert): Mme la Présidente, je pense que
c'est un peu le modèle qu'on vit, sans peut-être la signature du
contrat, au niveau de la santé mentale. Je pense qu'à
l'intérieur de ça, si c'est ce qu'on nous décrit en
ajoutant en quelque sorte une discussion contractuelle, je pense que,
même en incluant les propos du président, on a les marges de
manoeuvre, quand c'est bien campé et que les gens connaissent les
règles du jeu, pour pouvoir gérer, entre guillemets, de
façon musclée, parce que ça suit un pian qui a
été établi avec les gens dans le milieu, parce que ce plan
est reconnu par l'État et financé par l'État et
qu'à ce moment-là, on prend l'enveloppe et on se vire de bord
vers nos partenaires et il y a aussi là une relation contractuelle,
également, je pense, à poursuivre en se disant: Si elle se fait
du haut vers le milieu, la région avec ses organisations, si elle fait
un plan de services, elle doit voir à ce que ce plan de services soit
respecté. Il y a en quelque sorte, là aussi, une relation
contractuelle à compléter avec eux pour qu'on puisse mesurer
quelques années plus tard les résultats de ce qu'on a voulu
faire.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, on l'a
toujours dit, c'est une question d'imputabilité. Ce qui est
intéressant dans la notion de ce qui a été
présenté ce matin, c'est qu'il y a donc un lien contractuel de la
région vis-à-vis du pouvoir central qui, lui, est imputable
devant l'Assemblée nationale en termes de crédits, et ça
va aussi du niveau régional vers l'établissement, donc, vers le
dispensateur de services, et ça peut se faire effectivement par
programmes. Donc, il y a le lien contractuel aussi de la région et,
à ce moment-là, l'imputabilité suit.
Ce que les gens nous présentaient ce matin, c'est qu'il y avait
une double imputabilité vis-à-vis du pouvoir central, mais aussi
vis-à-vis du collège électoral ou du district. On avait
parlé, nous, de conseils d'administration unifiés, c'est un peu
ça que ça visait. Ce qu'on propose ce matin, c'est qu'on garde
les entités de conseil d'administration, mais qu'on ait un forum qui
s'appelle regroupement au niveau d'un district, qui s'appelle district de CLSC,
territoire de référence de CLSC ou de MRC, et à ce
moment-là, ça garantit que la sous-région... Et Dieu sait
que la Montérégie est une vaste région qui n'est pas
très très homogène, c'est-à-dire qu'elle est
complémentaire à ce que j'ai compris, mais il y a des
différences quand même fondamentales au niveau de cette
région qui permettraient à des territoires ou à des
districts d'avoir aussi leur poignée sous le pouvoir régional
pour être capable de tirer leur épingle du jeu pour leurs
bénéficiaires.
Jusqu'à maintenant, tout ce que j'ai entendu de cette proposition
est très attrayant. Il s'agit maintenant de pousser plus loin pour
savoir comment est-ce qu'elle va s'appliquer. Mais, il reste à savoir
si, au niveau de ceux qui ont à vivre le quotidien, pas toujours dans
des conditions faciles - j'ai fait presque une farce tantôt - ça
vous donnerait des outils, ou le muscle nécessaire pour être
capable d'éviter toutes ces dépenses folles de pèlerinages
à Québec.
M. Beaudoin: De toute évidence, à l'écoute
de vos observations, ça correspond généralement aux
éléments que vous avez retrouvés dans notre
mémoire, j'en suis certain. Peut-être pas en utilisant les
mêmes mots, mais c'était un peu dans le sens que j'étais
intervenu au départ. Dans notre esprit, pour nous, le fameux plan de
services, c'est aussi fort qu'un contrat. Ça c'est très clair et
ce qu'on revendique comme région, au ministère, ce qu'on
revendique du national, c'est évident qu'il faut renvoyer l'ascenseur
aux régions. Ça fait partie de la même revendication. Il
faut être conséquent dans ce qu'on dit. Quand on revendique des
pouvoirs régionaux, des capacités d'agir régionales, il
faut aussi être capable de donner ces mêmes capacités d'agir
aux sous-régions et les arguments qu'on emploie sont les mêmes,
qu'ils proviennent des sous-régions ou des conseils
régionaux.
M. Côté (Charlesbourg): Ça me tenterait de
faire une comparaison avec les transports, au niveau du transport en commun:
c'est peut-être Berri-De Montigny, les régions. Pour être
capable de réaffecter et de réallouer en direction des
sous-régions, ou des programmes aussi, ou dépendamment des
besoins.
M. Beaudoin: Ce n'est pas facile.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce n'est
pas facile pour le pouvoir central...
M. Beaudoin: Ce n'est pas facile.
M. Côté (Charlesbourg): ...et nous autres, on
prétend que ça va être bien plus facile pour le pouvoir
régional qui, lui, a une meilleure connaissance de ce qui se passe dans
sa région et probablement plus de capacité d'arbitrer, de mieux
arbitrer aussi. Je pense que ça, ça m'ap-paraît
important.
M. Beaudoin: C'est ce que nous pensons.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
La Présidente (Mme Marois): M. Gauthier.
M. Gauthier: Je pense que, quand on parle d'arbitrage, il faut
souligner le fait que notre façon d'envisager le travail à faire,
c'est par l'implication du monde dans les décisions. Je pense qu'il ne
s'agit pas d'arbitrer avec un marteau et de dire: Ça va là,
ça va là. Mais je
pense que c'est d'obliger le monde à s'asseoir ensemble et les
aider à cheminer. On a fait l'expérience de ça à
plusieurs reprises et ça a marché. C'est vrai qu'il y a toujours
des déviants, M. le ministre, mais ça, on va devoir, vous comme
nous, poser des gestes appropriés dans ces circonstances-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): II y a dos messages, quoi
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, d'ailleurs,
on les passe depuis un certain temps et la fin approche.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Aux pages 9 et 10 de votre
mémoire, vous évoquez la composition de l'instance
régionale. Ça m'a frappé pour la première fois; je
vous avoue très candidement que c'est la première fois que
ça me frappe. Vous dites: Les élus municipaux nous apparaissent
en ce sens les plus aptes à représenter la population locale et
sous-régionale. Bon. Vous avez raison. Je vois des maires dans la salle
en arrière. Puis je vous pose la question et ce n'est pas un
piège: Qu'est-ce qu'on fait de nos députés, peu importe
leur appartenance politique?
M. Beaudoin: Les députés? M. Côté
(Charlesbourg): Oui
M. Beaudoin: Ils représentent la population, eux
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ça va
être les commis-voyageurs entre la région et le parlement ou si
ça peut être des gens qui peuvent éventuellement avoir leur
place dans les instances régionales?
M. Beaudoin: II n'y aura pas d'objection à les retrouver
à n'importe quelle table de concertation. Eux aussi ont cette
qualité d'imputabilité qu'on a trouvée chez les
conseillers municipaux. Ils sont habitués à parler au monde,
à recevoir des réclamations, des revendications, à les
digérer, à les reformuler, souvent à informer les gens
aussi. Ce sont ces gens-là qu'on voit, nous, par représentation
qui a l'air indirecte, ici au départ, mais une représentation
quand même réelle de pouvoir décider en formant un grand
collège électoral en quelque sorte pour l'ensemble de la
population. Toutes les voix c'est assez vaste comme collège. C'est assez
vaste comme représentation aussi. Ce n'est pas aussi vaste que la
population, mais c'est quand même assez vaste et c'est évident que
toutes les qualités devraient s'y retrouver. On n'a pas mentionné
là-dedans, vous l'avez sûrement remarqué aussi, tous les
gens qui pourraient s'y retrouver. On a fixé, à notre avis
à nous, les grands secteurs. C'est évident que dans cette
qualité de conseillers municipaux ou de maires, il pourrait
évidemment y avoir aussi tout autre élu.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je posais la
question... Elle m'est venue parce que vous avez parlé de la
légitimité des élus sur le plan municipal. C'est la
première fois que J'accroche on me disant: Bon, bien, peut-être
que la deputation aussi a cette légitimité-là et, comme il
y a moins de choses qui vont se passer chez nous, et qu'eux aussi connaissent
un peu les besoins de leur milieu, il y a peut-être une place à
leur faire quelque part ou qu'ils la gagnent. En tout cas, ça, c'est une
autre affaire.
Page 13, dernier paragraphe: "À certains endroits, les conseils
d'administration unifiés pourraient fonctionner." Bon. Il est clair
qu'on ne l'imposera pas, mais c'est clair que dans certains endroits ou
certaines sphères, des conseils d'administration unifiés peuvent
exister. Par exemple, je vous pose la question, c'est ma réflexion, je
vous invite à la commenter: Au niveau des territoires des CSSS, en
particulier au niveau de la jeunesse en difficulté, est-ce qu'il n'y a
pas une rentabilité pour le bénéficiaire à ce qu'il
puisse y avoir une certaine unification?
M. Beaudoin: M. Gauthier, vous aviez préparé une
réponse à ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, oui.
M. Gauthier: Pas à celle-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gauthier: Je pense effectivement quand on pensait aux
exemples, quand on a dit que ça pourrait fonctionner dans certains
endroits, il faut tout de suite vous dire que dans la
Monté-régie, et vous la connaissez un petit peu, on dit toujours:
II y a dix, douze pays en Montérégie. Et il y a des endroits
où il y a deux, trois, quatre institutions qui sont vraiment
campées dans un territoire donné. Je pourrais parler de Sorel,
par exemple, où il y a quatre, cinq, six institutions. C'est imaginable
de penser à un kit, si vous voulez, qui dispense des services à
une population d'un territoire donné. Et il y a ailleurs en
région À votre question au niveau jeunesse, je pense qu'on
pourrait répondre oui à cette question, effectivement, de
connecter ensemble, si c'est ça que suggèrent vos propos, les
centres d'accueil de réadaptation dans notre région... Et
là, je ne parierai pas des autres régions. On va parier de la
nôtre parce qu'on a trois centres d'accueil pour mésadaptés
socio-
affectifs pour jeunes. Il y a un CSSS aussi qui donne des services
à la jeunesse, il est imaginable, je pense, à ce niveau-là
de pouvoir regrouper ces responsabilités-là sous un chapeau.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre, une
dernière question.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, bien, je vais
être obligé de choisir.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je trouvais bien
intéressante l'idée des DSC, mais je ne retiendrai pas
celle-là; ça va être les CHU. Évidemment, vous
n'avez pas de problèmes chez vous, dans votre région, vous n'en
avez pas ou à peu près pas. Bon. Alors, ce que j'ai compris des
CHU, c'est qu'eux, ils veulent être indépendants de la structure
régionale et vous, vous nous dites: Ça n'a pas de bon sens.
Faites-nous la démonstration qu'effectivement, ça n'a pas de bon
sens, en tenant compte aussi du phénomène qu'un CHU, c'est un peu
particulier, sinon, il n'y a pas de CHU. (16 h 45)
M. Beaudoin: Sur le plan de la logique, comme on le voit,
à partir du conseil d'administration, toutes les interventions qui sont
reliées à la santé et au bien-être d'une population
sur un territoire donné, puisqu'on a fait la démonstration qu'on
croyait qu'il était important d'avoir une instance régionale,
doivent être coordonnées ensemble, être
complémentaires, doivent toutes dépendre d'une même
volonté, une volonté d'action locale, si vous voulez, par
concertation, mais elles doivent fonctionner ensemble. Dans une telle logique,
il ne peut pas y avoir un établissement aussi important qu'un CHU qui
échapperait à cette rationnelle, pour la simple et bonne raison
qu'à ce moment-là il y aurait des grands bouts qui s'en iraient
tout seuls, d'une façon désordonnée. Peut-être que
vous voulez...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais aller un petit peu
plus loin dans ma question parce que je les ai rencontrés, et eux nous
disent, en prenant l'exemple d'un CHU qui est localisé à
Montréal, qu'ils débordent les limites d'une région
géographique, qu'ils donnent des services à une communauté
beaucoup plus grande que celle d'une région qui pourrait être
l'île de Montréal, par exemple, mais que leurs services
débordent en Montérégie et débordent dans
Lanaudière et les Laurentides et que, de les confiner à une
région, ce ne serait pas rendre service aux
bénéficiaires.
M. Gauthier: je dirais d'abord, m. le ministre, que si notre
clientèle va dans ces institutions, ce n'est pas parce que ce sont des
institutions universitaires, forcément. c'est parce qu'il y a une
nécessaire accessibilité qui doit être rendue à
notre population. C'est particulier, un CHU, oui, mais aussi il devrait
être centré sur la dispensation des services à la
population. Je vais vous donner quelques exemples des relations qu'on peut
avoir avec des hôpitaux de Montréal. Justement, pour les cas
compliqués, en cardiologie, par exemple, le retour du
bénéficiaire ne se fait pas sur la lune, il se fait chez nous,
dans d'autres institutions. Je vais faire la connection, tantôt, à
savoir pourquoi ils doivent être gérés le plus proche du
monde possible. Je pense que les bénéficiaires reviennent
toujours chez nous et qu'ils passent par nos institutions. C'est vrai à
Montréal et, quand ils reviennent, c'est vrai chez nous. À
l'heure actuelle, notre point de vue par rapport à Montréal,
c'est que je dois pouvoir, comme CRSSS de la Montérégie, avoir
des liens avec le CRSSS voisin pour être capable de faire des ententes
pour avoir des parcs de ressources qui desservent notre clientèle. Je
pense qu'il faut raisonner plus dans cette optique-là que d'argumenter
qu'on traite notre population d'une façon extraordinaire et qu'on n'a
plus rien à faire avec cette population une fois qu'elle est rendue
là. Je pense que c'est faux de prétendre ça. Elle revient
chez nous et, plus on avance dans les discussions d'autonomie de services dans
un territoire... D'abord, il faut vous dire qu'on tente de faire en sorte que,
par le redéploiement de ressources, on va ramener chez nous des
services; ça, c'est un point de vue. Et par ailleurs, je pense que les
services à offrir à la population de la Montérégie
doivent se retrouver bien campés et bien identifiés dans ces
institutions-là parce que, de toute façon, on doit assumer les
responsabilités quand il y a retour. Je pense qu'elles se situent
davantage là, les préoccupations, pour nous, que de dire: Ils
vont échapper, ou à la région 6-A, ou à nous
autres, parce qu'à ce moment-là, ces
bénéficiaires-là ne retournent pas dans leur milieu. Je
pense qu'il faut avoir cette approche-là du bénéficiaire
qui se fait traiter quelque part et qui finit par revenir dans son milieu.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, M. le ministre?
Merci. Mme la députée de Chicoutimi, s'il vous plaît.
Mme Blackburn: Merci, Mme la Présidente. Je vais
être brève puisqu'il y a plusieurs représentants ici de la
Montérégie. D'abord, en ce qui a trait à la place des
députés, je dois dire que je n'y avais pas vraiment
réfléchi, mais, effectivement, je suis obligée de dire
que, si dans un bureau de comté, vous n'aviez plus les histoires de la
DPJ, des familles d'accueil, des centres d'accueil, des listes d'attente...
M. Côté (Charlesbourg):... Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: ...c'est ça, effectivement, on ne
réglerait plus grand-chose. Malheureusement, je ne pense pas que ce soit
le meilleur de notre action et de notre activité. En ce qui a trait
à l'arbitrage, le ministre est revenu... Plusieurs organismes qui se
sont présentés ici ont dit: Écoutez, si on veut vraiment
faire quelque chose dans les régions, il faut absolument que ce soit
clair que l'arbitrage se fait dans les régions. Je pense que
là-dessus, le ministre semble ouvert et ça me réjouit.
Parce que le problème, pour les régions, ça va venir quand
on pourra passer par-dessus la tête de la région pour faire
régler un problème. On l'a réalisé, nous, avec les
scanners, pour revenir à l'exemple du ministre. Le CRSSS avait
décidé que le scanner allait à un hôpital qui
s'appelait Aima, sauf que les gens de Roberval ont décidé qu'ils
en voulaient un, eux aussi. L'ingérence politique a fait en sorte que
c'est devenu un dossier tellement explosif qu'il y a eu deux scanners, mais ils
vont être financés en 1993 - pas financés, mais pour le
fonctionnement. Alors, vous savez, c'est un peu... Ça illustre le
problème que pose, au moment d'une décision, l'arbitrage qui est
fait en dehors de la région. Je sais que M. Vallée, tout à
l'heure, est revenu avec cette idée, qu'il faut que les arbitrages se
fassent dans les régions. Je dirais que c'est l'avantage, ça ne
pourra se faire qu'à cette condition.
A la page 9 de votre mémoire, celui que vous nous avez
adressé, vous dites: Les fonctions majeures de l'instance
régionale. Dans un esprit de décentralisation, l'instance
régionale doit prioritairement se voir confier la responsabilité
de définir les grands objectifs de services sur son territoire et cela
à partir d'une politique de santé et de bien-être national.
Dlriez-vous, comme moi je pense, que toute cette modification dans le
réseau de la santé et des services sociaux il y a un
préalable, c'est l'adoption d'une politique nationale de la santé
et du bien-être et que ce n'est pas ça qu'on est en train de
faire?
M. Beaudoin: Vous avez sûrement retrouvé ça
dans notre mémoire, qu'on réfère tout le temps... La
première des obligations, la première chose, c'est toujours la
politique de santé et de bien-être sur laquelle nous pensons qu'on
va être capable d'arrimer toutes les autres décisions. Quand on
saura où on veut aller comme population au point de vue de la
santé, on sera capable de prendre des décisions et aussi, ce qui
est très difficile, de faire des choix en fonction des choses qu'on va
constater en cours de route. On n'aura pas les moyens ni les ressources pour
tout faire, il va falloir qu'il se fasse des choix. On pense que plus ils vont
se faire proche de ceux qui auront à subir les conséquences des
choix, plus ces choix-là seront acceptés par la population.
Mme Blackburn: Écoutez, j'aurais beaucoup d'autres
questions, je laisse, Mme la Présidente, la parole...
La Présidente (Mme Marois): D'accord, oui, parce que j'ai
beaucoup de collègues qui, effectivement, veulent...
Mme Blackburn: ...à mes collègues.
La Présidente (Mme Marois): ...soulever des questions. Mme
la députée de Marie-Victorin, s'il vous plaît.
Mme Vermette: Bien. Alors, j'aurais une question en ce qui
concerne, en fait, la représentation des groupes communautaires,
où la plupart, en fait, considèrent qu'on privilégie la
décentralisation et qu'eux, en fait, cette décentralisation leur
fait peur. Ils aimeraient davantage appartenir directement, en fait, avec le
ministère, plutôt que d'être représentés au
niveau des régies.
Est-ce que vous vous êtes penchés sur la question, à
savoir pourquoi justement une telle attitude de la part des groupes
communautaires, d'autant plus que dans la région, dans la
Monté-régie, on sait très bien que vous avez une
participation très très forte des groupes communautaires?
M. Beaudoin: Effectivement, M Gauthier va vous exposer notre
position sur ce sujet.
M. Gauthier: Je pense que, effectivement, en
Montérégie, quand j'écoute les commentaires depuis deux
jours, on est un peu étonnés d'entendre ça. Mais en
même temps, je pense qu'on peut comprendre certaines réactions.
D'abord, je pense que, pour avoir écouté quelques
réactions, il faut faire des distinctions entre des groupes
bénévoles, des groupes communautaires, des associations de
défense, des ressources alternatives. Souvent, c'est tout mis dans le
même paquet, ces choses-là.
Il y a un billet clairement favorable des régions envers les
ressources communautaires alternatives, on n'a qu'à regarder nos
mémoires pour indiquer la place qu'on leur fait sur le conseil
d'administration. Ce qu'on dit et ce qui peut être peut effrayer quand on
ne nous connaît pas, ce qu'on dit, c'est que quand on finance un
organisme communautaire, il faut qu'il soit bien situé en termes de
responsabilités dans le cadre d'un plan de services. Ça,
ça ne veut pas dire qu'ils perdent leur autonomie, les
établissements non plus; ça veut dire que leur place est bien
campée. Même leur mode de dispensation de services, si ça
atteint les résultats, bien, tant mieux. Et notre billet aussi va aussi
loin que de dire: Oui, très souvent ça coûte moins cher
qu'en institution et ils font une sacrée bonne job. Je pense que
ça, il faut que ce
soit absolument clair. Que les organismes bénévoles
veuillent faire n'importe quoi avec l'argent qu'ils tirent d'ailleurs,
ça, je pense qu'on n'a rien à dire là-dessus. Je pense que
ça aussi, il faut distinguer entre l'argent étatique, l'argent de
l'État et l'argent qu'ils vont chercher auprès de n'importe quel
autre groupe.
Je compléterais en vous disant que le problème qu'on voit,
nous, c'est qu'il faut de l'apprivoisement entre ceux qui ne nous connaissent
pas, parce qu'ils n'ont pas travaillé avec nous, parce que notre
expérience, c'est qu'avec les 100 groupes de maintien à domicile,
bénévoles, c'est eux autres qui nous font les recommandations sur
l'enveloppe d'à peu près 1 000 000 $ par année. Il n'y a
jamais rien qui retrousse et ça se fait entre eux autres. Je vous dirais
que, des fois, ils sont plus sévères entre eux autres qu'on le
serait, nous, envers eux. Je pense que c'est bon, c'est excellent que ça
puisse se faire comme ça. Quand ils réussissent à
participer, à se faire des règles du jeu, à ce
moment-là, ils viennent qu'à s'apprivoiser et je pense qu'ils
viendraient vous dire aujourd'hui, ceux qui sont sur le terrain, pas
nécessairement les représentants nationaux, ceux qui sont sur le
terrain travaillent bien.
Je pourrais prendre l'exemple de la santé mentale, où les
organismes communautaires sont dans le débat au comité
tripartite. Ce n'est pas facile, il y a un extrême, des institutions, des
professionnels, à l'autre extrême, des comités de
défense de droits, mais le débat se fait par eux, en leur
présence, et ils y participent. Et je pense que quand ils se rendent
compte qu'ils sont en mesure d'influencer les règles du jeu, ils
viennent qu'à comprendre que ça a un avantage de venir travailler
sur le régional. Moi, je ne suis pas étonné de voir qu'ils
sont inquiets. Ils ne connaissent pas. Et, dans la mesure où ils vont
connaître, ils vont nous aimer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: C'est à espérer!
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente. Je salue les amis de
la Montérégie et mon conseiller municipal légitime, M.
Beaudoin. J'ai eu le plaisir de travailler avec un certain nombre de personnes
qui nous présentent le mémoire aujourd'hui. Je veux m'accrocher
à une question en particulier, celle de la représentation. J'ai
bien . aimé les commentaires de M. De Repentigny sur la concertation.
Pour qu'elle se fasse, il faut pratiquement qu'il y ait des mécanismes
qui l'oblige, la concertation. Et ça, ça me paraît bien
évident. On a vu l'exemple en Montérégie des deux
hôpitaux, Charles-LeMoyne et Pierre-Boucher, qui ont pris des
années à vraiment se concerter et passer des ententes où
ils deviennent complémentaires. Alors moi, je suis un tenant de la
concertation obligatoire.
Vous faites des suggestions sur la représentation au conseil
d'administration de l'instance régionale et elles sont associées
à la représentation du collège électoral. Partant
du fait que vous semblez mettre l'accent sur l'aspect légitime des
élus, je vous pose la question: pourquoi ne pas aller carrément -
pour l'instance régionale en tout cas - vers un conseil d'administration
d'une instance régionale qui serait élu au suffrage universel et
direct? Quitte à diviser le territoire de l'instance régionale en
districts comme dans une municipalité on divise souvent en districts
pour fins d'élection. Mais pourquoi ne pas aller un pas plus loin
toujours dans cette logique de l'imputabilité et de la
légitimité? Et moi pour un, je ne vois pas tellement
l'utilité d'avoir ce collège électoral. Est-ce qu'on parle
de collège électoral quand il s'agit de l'administration
municipale? Non. Est-ce qu'on parle de collège électoral quand il
s'agit de commissions scolaires? Non. Pourquoi on viendrait inclure ce concept
de collège électoral quand il s'agit de services de santé
et de services sociaux?
M. Beaudoin: II nous apparaît, après
réflexion, que la création d'un autre niveau de gouvernement
à ce point-ci n'est pas nécessaire puisqu'on peut atteindre le
même objectif par une représentation indirecte en partant des
grands électeurs, si vous voulez, initiés, qualifiés,
ayant des qualités d'imputabilité, des qualités de
légitimité, en se puisant directement auprès de la
population.
Dans les consultations qu'on a faites dans le passé - là
je vous parle d'expérience comme conseiller municipal que ça fait
longtemps qu'il a le nez dans l'affaire - les gens ne veulent pas d'un autre
niveau de gouvernement, surtout pas ceux qui sont déjà en place,
j'entends, au niveau des conseils municipaux. On a vu le débat des
municipalités régionales de comté, on n'a toujours pas
abouti avec d'autres choses qu'une formule hybride où on fonctionne
encore par délégation de responsabilités sur le maire qui,
à ce moment-là, décide au nom de sa ville des choses qui,
une fois retournées à son conseil, ça ne passe pas
toujours comme du beurre dans la poêle. Or, il n'est pas tout à
fait nécessaire d'en arriver là.
Nous pensons qu'une structure basée comme dans les
recommandations qui sont faites... Et on ne s'enfargera pas dans les chiffres
à savoir si ça devrait être 40 %, 50 %, 60 %, on a
utilisé un chiffre qui nous semble convenable. Avec des
représentants élus. Tout à l'heure on est prêt
à accueillir dans ce groupe-là n'importe quel autre élu.
Et des gens qui représentent les établissements, qui
représentent les conseils d'administration des établissements,
qui représentent les groupes communautaires aussi, ces gens-là
sont
suffisamment qualifiés pour juger de la dispensation des services
de santé dans leur région.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Lazure: Mme la Présidente, pour que ma question soit
bien comprise. Dans mon esprit, il ne s'agissait pas d'un autre gouvernement.
Je comprends que si vous présentez l'hypothèse que je vous
soumets à la population en l'identifiant à un autre niveau de
gouvernement, à ce moment-là je comprends leur résistance.
Mais moi, je ne parle pas d'un nouveau niveau de gouvernement. Je parle d'une
façon plus démocratique, plus légitime de placer à
la tête d'un réseau de santé et de services sociaux des
personnes qui vont administrer cet ensemble de services. Je ne parle pas de
nouveau...
La Présidente (Mme Marois): Pour bien comprendre la
question...
M. Lazure: ...gouvernement. C'est ça qui est ma question
là. Mais à la limite, si, comprenant bien ma question dans ce
sens-là, vous n'êtes pas tout à fait d'accord, à ce
moment-là, je vous retourne la deuxième question. Pourquoi
à ce moment-là, ne pas prendre 100 % de vos personnes qui sont
déjà élues? Déjà ça serait mieux que
de prendre rien que 50 %. Ils l'ont, leur légitimité; s'ils sont
déjà élus.
M. Beaudoin: En ce qui me concerne, de mon expérience
personnelle et de toutes les discussions qu'on a eues, la création d'un
collège électoral ou si vous voulez, le suffrage universel
plutôt pour composer et prendre des décisions en région
n'est pas une solution qui nous apparaît valable, qui m'apparaît
valable à moi non plus parce que sans la qualifier d'un nouveau niveau
de gouvernement, si on veut limiter la portée des mots, le simple fait
d'avoir des élections, de devoir embarquer le monde à
participer... Vous savez qu'on a déjà des gros problèmes
au niveau des élections avec le nombre de personnes qui votent dans ces
élections-là. Ce qu'on recherche au départ, c'est d'avoir
sur ces conseils-là des gens qui proviennent de chacune des parties de
notre territoire. Les élus municipaux nous semblent accomplir cet
objectif-là. Qu'ils proviennent de chacune des disciplines, de chacune
des fonctions dont nous devons traiter dans un conseil régional, nos
instances, nos institutions nous semblent accomplir cet objectif,
répondre à cet objectif. Et, à ce moment-là aussi,
d'avoir une participation du milieu dans un désir d'aider son voisin,
vous savez, cette charité qu'on retrouve, qui a changé de nom
mais qui est devenue du bénévolat qui s'exerce dans toutes les
régions et qu'on peut aussi se servir pour prendre des meilleures
décisions en matière de santé, il nous semble que toutes
ces personnes s'asseyant ensemble autour d'une table ont la
représentativité nécessaire pour gérer ce
dossier-là. Et ce ne serait pas mieux si c'étaient tous des
élus municipaux, si c'étaient tous des communautaires, si
c'étaient tous des représentants en institution. Ce qui est
important, c'est d'avoir un équilibre.
La Présidente (Mme Marois): Jeanne, oui Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Pour essayer un peu de clarifier notre
pensée là-dessus, ce qu'on se demandait, si on veut vraiment
parler d'im-putabilités, elles vont dans les deux directions: Un contrat
avec le gouvernement, la régie avec les établissements et de
concert en partant d'une concertation du milieu. Mais qui parle
imputabi-lité doit dire que vos représentants, ils sont 50 %
mettons sur 20, vous avez dix élus municipaux qui se verront
jugés tantôt, à l'occasion d'une élection, sur des
décisions auxquelles ils ont participé et pour lesquelles ils
n'ont pas été précisément élus. Et moi,
l'imputabilité, en tout cas, comme députée, ça va
aussi loin que ça.
Alors, l'idée qu'on avançait pouvait être la
suivante et ça se gérait, parce qu'on le voit dans d'autres pays:
au moment où vous faites vos élections municipales, il y a un
certain nombre de candidats qui posent leur candidature pour siéger
également comme élu municipal à cette structure de la
régie des districts, et ensuite de la régie régionale. Et
à ce moment, ils sont effectivement mandatés par la population et
ils ont des comptes à rendre à la population. En ce
sens-là, vous voyez comment joue l'imputabilité et ça se
fait en même temps que l'élection municipale et avec des bulletins
différents. Mais ça, vous le savez, il y a toutes sortes de
modalités, je ne voudrais pas entrer dans les modalités. Mais le
fond de l'idée c'était de dire...
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée..
Mme Blackburn: ...il faudrait qu'ils soient majoritaires et il
faudrait qu'ils soient élus au suffrage universel
précisément pour faire cette fonction de gérer, c'est le
quart du budget du Québec. C'est quelque chose, hein?
M. Beaudoin: Je comprends très bien la proposition,
l'élaboration que vous en faites, sauf que pour nous ce n'est pas la
solution Nous pensons que la proposition que nous faisons quant à cette
composition est plus adéquate. Si vous voulez parler
d'imputabilité, elle se fait dans les deux sens aussi vis-à-vis
de ce conseil, cette instance régionale, son collège
électoral qui est composé quand même d'un certain nombre de
personnes ayant des qualités et ayant aussi des connaissances. Il
élit son conseil d'administration,
il établit les priorités régionales et aussi
entraîne la participation de tous les intervenants via les structures de
participation régionale des instances participatives. Il y a une
espèce de tout qui se complète très bien sans aller
jusqu'à cette étape.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Une très
brève question, M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, très, très brève parce
que je sais qu'il ne reste plus grand temps. Elle est très
régionale et elle concerne notre région, la
Montérégie. Vous parlez beaucoup à l'intérieur de
ça de l'importance des DSC, qu'on parle d'im-putabilité, ' de
responsabilité ou de clarification des fonctions.
La Présidente (Mme Marois): Écoutez, on a de la
difficulté à vous entendre un petit peu ici.
M. Paré: Je m'excuse.
M. Côté (Charlesbourg): ...de passer dans un
scanner.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: On va s'en reparler tantôt, de
celui-là. Le sujet que je traite là, ce ne sera pas le scanner.
Le scanner, on va s'en reparler tantôt. Je reviens à une question
très régionale qui nous concerne tous sur la
Montérégie. On parte dans le mémoire que vous avez
déposé des DSC, de l'importance, l'imputabilité, on parle
de responsabilité, on parle de clarification des fonctions. Il y a un
autre secteur qui est traité largement aussi, c'est
l'équité régionale. Dans la vision que vous vous faites de
l'avenir par rapport à ce qui a été véhiculé
comme problème pour toute la région de la
Montérégie, devant l'étendue du territoire qu'on
connaît, l'importance de la population et aussi, il en a
été question tantôt, la diversité des
sous-régions, à votre avis, notre région requiert combien
de DSC?
M. Beaudoin: Vous trouverez la réponse dans notre
mémoire. C'est une fonction généralement, quand il s'agit
de planification, qui dépend de l'instance régionale, donc, une.
Quand il s'agit de dispensation de services, c'est un autre modèle qui
doit se retrouver dans les institutions, dans le réseau
déjà établi avec autant de points de service que
nécessaire.
M. Gauthier: Vous me permettrez, Mme la Présidente-
La Présidente (Mme Marois): Rapidement, M. Gauthier.
M. Gauthier: ...de compléter en vous indiquant que nous
n'avons pas abordé cette ques- tion-là en termes de pignons
à établir sur des coins de rues, mais plutôt en termes
d'une fonction. D'ailleurs, ce ne sont pas des établissements, les DSC,
ce sont des fonctions sur la tête d'individus qui logent à l'heure
actuelle à l'intérieur des hôpitaux. On dit,
premièrement, que leur imputabilité doit être vers
l'instance régionale qui a une responsabilité régionale.
Deuxièmement, son organisation, ses équipes, à notre avis,
doivent être déployées sur le territoire et probablement
d'une façon qui est différente de celle qu'on connaît
même aujourd'hui, parce que vous savez que le DSC de Saint-Hyacinthe
dessert trois de nos petits pays dans la Montérégie, dont Granby,
Sorel et Saint-Hyacinthe. On ne parlera pas de trois DSC, mais on peut imaginer
le redéploiement des équipes de santé publique, de
santé communautaire sur le territoire en fonction des
réalités qu'on vit dans une région. Je pense qu'il faut
arrêter de parler d'un DSC ou de douze DSC, mais parler d'une fonction
qui doit être redéployée sur un territoire correspondant
à la réalité de ce territoire-là.
La Présidente (Mme Marois): Ça va?
M. Paré: Oui. Très rapidement.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Paré: Vous savez que, de toute façon, au niveau
législatif, l'État va devoir se brancher quand même en
fonction d'entités. Ce que je retiens, c'est qu'au moins on va exiger de
l'équité.
M. Beaudoin: Ah! Ça, bien sûr.
La Présidente (Mme Marois): Nous vous remercions de
l'intéressante présentation que vous avez faite devant nous.
J'inviterais maintenant la Société
montéré-gienne de développement à prendre place et
nous allons suspendre pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 8)
(Reprise à 17 h 10)
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous le permettez,
j'inviterais les députés à reprendre leur siège et
j'inviterais les représentants de la Société
montérégienne de développement représentée,
je crois, par M. Bâchant. C'est bien cela?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Alors, vous allez nous
présenter les personnes qui vous accompagnent. Vous avez environ dix
minutes pour nous présenter votre mémoire. On a un peu de
concurrence, mais ça va se tasser. Je vous
inviterais à nous présenter votre mémoire en une
dizaine de minutes et, de part et d'autre, on partagera avec vous des questions
et des commentaires.
Société morrtérégienne de
développement
M. Bâchant (Claude): Très bien. Mme la
Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les membres de la commission, je
me présente. Mon nom est Claude Bâchant, de la
Société montéré-gienne de développement.
J'ai avec moi ici le maire de Qranby, à ma gauche immédiatement,
M. Mario Girard, ainsi que le maire de Châteauguay, Jean-Bosco Bourcier,
et Pierre Ragault qui est l'adjoint à la directrice
générale à la SMD.
Je dois d'abord insister sur le fait que la SMD n'est pas un organisme
spécialisé dans le domaine de la santé et des services
sociaux. Nous sommes l'organisme de concertation et de développement
régional responsable, entre autres, du suivi du Sommet économique
de la Montérégie tenu en 1987. Cependant, nous sommes, en tant
que deuxième région en importance au Québec, très
préoccupés par l'organisation et la desserte des soins de
santé en Montérégie, cette dernière n'atteignant
que 60 % de la moyenne québécoise, selon les chiffres de notre
conseil régional en santé et services sociaux. C'est donc sur le
développement en région de soins de santé et sur la
gestion décentralisée du système que nous avons
appuyé l'argumentation de notre mémoire.
Plusieurs facteurs se situant au niveau de l'offre et de la demande de
services auront un impact considérable au cours des prochaines
années en Montérégie. Ainsi, la croissance
démographique de la Montérégie absorbera, de 1988 à
1993, 73 % de l'ensemble de l'augmentation de la population du Québec.
Cet état de fait est en grande partie dû au
phénomène sociologique de l'étalement urbain qui est
maintenant un fait accompli dans la grande région de Montréal. Ce
choix social, bien que répondant à des aspirations réelles
et légitimes des familles concernées, engendre cependant des
situations où des réajustements sont nécessaires dans
plusieurs domaines et, particulièrement, en ce qui a trait à la
santé et aux services sociaux.
Ce phénomène a, au cours des 20 dernières
années, déséquilibré les points de desserte des
services par rapport aux mouvements de populations. Ce déplacement a
produit une très forte augmentation des populations dans des secteurs
jadis ruraux et semi-ruraux qui, somme toute, s'est effectuée
très rapidement et qui n'a pu être accompagnée par la venue
synchrone de services essentiels. Ce boom démographique explique, selon
nous, le retard de la Montérégie en matière de
santé et de services sociaux, puisqu'il y a toujours un temps de latence
entre les migrations de populations et la venue des services correspondants. De
plus, la Montérégie veut s'affranchir du syndrome de la
satellisation de Montréal qui a toujours justifié le
sous-financement de notre région.
Le SMD ne peut donc qu'être d'accord avec la création
d'instances régionales dont les grandes fonctions seraient non seulement
de gérer le système de santé, mais aussi d'établir
des objectifs santé spécifiques aux caractéristiques
propres des régions. D'ailleurs, la création d'instances
régionales s'inscrit à l'intérieur de la politique
gouvernementale de développement des régions dont la
décentralisation des services gouvernementaux et la modulation de ses
programmes sont les lignes directrices. Je crois, M. le ministre, que vous
êtes bien au courant de cette nouvelle politique adoptée en 1988
par le ministre de l'époque, responsable du développement
régional, qui est votre homonyme, d'ailleurs, je pense.
Les instances régionales sont un préalable à la
formulation d'objectifs régionaux et de priorisation des services de
santé. Ces instances, via leur collège électoral, pourront
ainsi mieux intégrer les forces vives de la région et
atténuer considérablement le clivage d'une planification
centralisée et d'une desserte en région.
À cet effet, il est fortement suggéré de promouvoir
l'accessibilité des élus municipaux aux conseils d'administration
des instances régionales. Il est, selon nous, très important que
ces instances intègrent les élus puisque ceux-ci sont
déjà près des citoyens usagers du système de
santé. Leur présence au collège électoral aura
comme conséquence indirecte de sensibiliser davantage les élus au
domaine de la santé et décloisonnera ce domaine pour le mettre en
relation avec d'autres aspects de la vie urbaine qui sont importants pour le
mieux-être des usagers. De plus, les élus ont une expertise en
gestion d'entreprises publiques qui ne pourra qu'améliorer la gestion et
la qualité de desserte des soins aux usagers.
Finalement, c'est le concept d'imputabilité qui doit
prévaloir dans le domaine de la gestion des fonds publics et les
municipalités sont, de fait, imputables de leurs gestes auprès
des citoyens. La SMD suggère donc que la moitié du collège
électoral de l'instance régionale soit composée
d'élus issus du milieu municipal. Pour l'autre moitié, la SMD
suggère que des représentants des établissements de
santé, des organismes communautaires et des représentants des
autres secteurs d'activité composent équitablement le
collège électoral sur une base de un tiers, un tiers, un
tiers.
Un des points majeurs de la réforme proposée est la
régionalisation et la gestion des budgets affectés au
système. Nous croyons que l'affectation des budgets en région
permettra de mieux atteindre les objectifs régionaux de santé.
Les gens de la région connaissent mieux, selon nous, ses besoins, ses
forces et ses faiblesses et la gestion en région des budgets optimisera
leurs retombées en termes de qualité de desserte. La
ligne de communication, quant à la gestion du système et
à la planification régionale auprès des institutions,
devra, de plus, être de la compétence de l'instance
régionale de façon à ne créer aucune confusion. Le
ministère pourra alors assumer pleinement son rôle au niveau de la
planification et de la définition des grandes orientations nationales,
mais aussi quant à la distribution équitable des ressources entre
les régions et à la coordination interrégionale.
En terminant, les conclusions et recommandations contenues dans notre
mémoire sont d'appuyer la création d'instances régionales
dont les principaux mandats seraient de planifier et de gérer le
système de santé en région. Les instances
régionales verront à la définition d'objectifs
régionaux de santé et de services sociaux qui pourraient ainsi
mieux s'intégrer à la réalité de la
Montérégie. Les collèges électoraux devront inclure
une représentation accrue des usagers principalement via une
participation importante des élus municipaux à la gestion du
système. Les instances régionales seront de meilleurs
représentants auprès du ministère relativement au dossier
du redéploiement interrégional des ressources,
particulièrement dans le cas de la Montérégie qui a subi
des retards considérables suite, entre autres, au
phénomène de l'étalement urbain des 20 dernières
années. Merci de votre attention.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. Bâchant. Vous
êtes resté dans le temps qui vous était imparti. M. le
ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Mme la
Présidente. Je pense que tout le monde, on se comprend bien, est
d'accord pour un pouvoir décentralisé avec des pouvoirs. Je pense
qu'il n'y a pas de problème là-dessus, on s'entend bien. Vous
proposez une répartition des sièges au collège
électoral qui est différente de ce qu'on a proposé et
entendu jusqu'à maintenant, qui revendique 50 % des sièges du
collège électoral pour le monde municipal. C'est gros un peu.
Est-ce 50 % pour en avoir moins, un objectif moindre, ou si c'est 50 %
très ferme? C'est la première question que ça me pose. Je
vais leur en donner 51 % et on va leur envoyer les pouvoirs de taxation avec.
À 50 %, ce n'est pas loin du contrôle total. C'est la
première question que ça me pose. Je trouve qu'il ne reste pas
grand place pour les bénéficiaires et les autres parce que les
représentants des établissements vont devoir se retrouver, eux
aussi, à l'intérieur du collège électoral. S'ils ne
se retrouvent pas là-dedans, c'est un pouvoir qui va être
très vite contesté. Donc, au niveau du collège
électoral, justifiez-moi pourquoi on donnerait au monde municipal 50
%.
M. Bâchant: Bien, grosso modo, 50 %, c'est que nous, on
appuie notre théorie, d'abord, sur l'imputabilité. C'est
évident, quant à nous, que le reste des 50 %, on veut le
répartir un tiers, un tiers, un tiers et, là, naturellement, on
va inclure les usagers. Mais il nous semble qu'un des problèmes actuels
du réseau, c'est un peu l'esprit clocher par clocher qui prévaut,
ce qui fait en sorte que deux institutions à un coin de rue de
différence ne se parleront pas entre elles et elles ne sont pas
redevables non plus sauf devant le ministre actuellement. Alors, si on
était capables d'avoir une mécanique qui ferait en sorte que les
représentants municipaux, qui sont déjà imputables devant
leur électorat... Et, là-dessus, je fais le lien avec ce qu'on a
soulevé tantôt avec le groupe qui nous a
précédés. Je pense que ça devrait entrer maintenant
un peu à l'intérieur de leurs fonctions qu'il y aura un aspect
santé et services sociaux qui sera dévolu à ces
élus-là. Là-dessus, ils sont redevables, parce qu'ils vont
devoir revenir devant leur électorat à des périodes
prédéterminées, et c'est là que,
dépendam-ment des sous-régions, dépendamment des maires
qui seront élus, la population, quant à moi, aura une prise
directement en termes d'imputabilité. Si ça n'a pas
fonctionné, il n'y aura pas d'échappatoire possible. Ils vont
dire au maire: C'est bien de valeur, mais tu n'as pas défendu nos
dossiers, notre région est sous-financée; alors, en tant
qu'imputabilité, nous, on n'a pas l'intention, peut-être, de te
réélire. Alors, je pense que, parce qu'on instaure un nouveau
régime, ça devrait maintenant, à l'avenir, devenir une des
traditions au niveau des élections municipales d'inclure un volet
santé et services sociaux dans la plate-forme électorale et c'est
ce qui fait en sorte que nous, on pense qu'il devrait y avoir primauté
au niveau des élus municipaux.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, moi, je suis un
de ceux qui ont constaté que les maires participant au sommet, à
la table et au processus de décision, ça avait été
une bonne chose. Auparavant, ils étaient exclus ou pas reconnus comme
tels. Je pense que ça a apporté beaucoup d'intérêt.
On ne peut pas penser, demain matin, être capables de planifier les
besoins d'une région en excluant les maires, en faisant abstraction du
pouvoir municipal qui est un pouvoir extrêmement important et qui a, lui
aussi, une bonne connaissance du milieu.
Là-dessus, moi, je n'ai pas de problème. Là
où je suis un petit peu en réserve, c'est sur les 50 %. Les 50 %
m'apparaissent vraiment très importants comme demande et risquent un peu
de débalancer, d'après moi. Il faut qu'on soit dans une situation
où tout le monde se retrouve, mais qu'il n'y ait personne dans une
situation dominante pour que cette concertation-là puisse se faire. J'ai
vu M. le maire de Granby qui...
La Présidente (Mme Marois): Oui, allez-y.
M. Girard (Mario): Si vous me permettez de
répondre, M. le ministre, il y a un risque pour les maires de
représenter 50 % du conseil d'administration de la future régie.
Il y a un risque aussi à ne pas en faire partie. Je ne reprendrai pas
l'argumentation sur l'imputabilité et sur la possibilité des
maires d'être vraiment représentatifs et de prendre les bonnes
décisions, sauf que, dans notre mémoire, on dit qu'on appuie les
instances régionales dont les principaux mandats seraient de planifier
et de gérer le système de santé en région. Je pense
que, sur cet aspect des choses, les maires et les municipalités ont une
expertise particulière et ont une connaissance des besoins particuliers
aussi qui en feraient, au niveau de la planification et au niveau de la
gérance, des gens tout à fait corrects.
Si vous associez ça maintenant à la proposition que vous
avez faite tantôt de convenir de contrats au niveau régional, je
pense que nous avons là la possibilité de rendre plus effectif
encore ce genre de relation avec le ministère, dans sa
décentralisation, et de rendre aussi à chacune des régions
et à chacune des municipalités le service qu'elles sont en droit
d'obtenir via les instances de dispensation des services de santé et des
services sociaux. Mais le risque politique pour les maires d'être
majoritaires, c'est qu'ils risquent aussi d'avoir la facture
éventuellement et vous savez la subtilité de nos gouvernements
pour passer ça facilement - la subtilité, oui, j'ai bien dit -
pour refiler aux municipalités un certain nombre de
responsabilités sans que ce soit nécessairement accompagné
des compensations nécessaires. Mais on sait que ce risque, on le court,
mais je pense que la meilleure façon, c'est d'être à
l'avant-scène et être à l'avant-scène, c'est
probablement être à la régie régionale.
M. Côté (Charlesbourg): Vous savez, M. le maire, que
c'est vrai qu'il y a des politiciens à Ottawa, c'est vrai qu'il y en a
à Québec, mais il y en a un paquet dans le monde municipal aussi,
des habiles, à part ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas oublier
ça. Je pense qu'on se le rend bien, à l'occasion. Comment se
ferait, dans ces conditions-là, le choix du monde municipal qui
participerait au collège électoral? Il se ferait par le monde
municipal? Et comment est-ce que vous allez garantir que chacune des
sous-régions sera bien représentée? Parce qu'il n'y a pas
tellement tellement longtemps il y avait un petit problème qui
n'était pas tout à fait réglé au niveau des MRC,
sur les municipalités un petit peu plus importantes, moins importantes.
Dites-moi, là, comment voyez-vous ça. On applique ça
demain matin et on voit M. le maire Doré, à Montréal
Comment est-ce qu'on le situe dans notre régie régionale sur 111e
de Montréal?
M. Girard: Je parlerais plus de la régie régionale
en Montérégie. Je vous dirais que, chez nous, la
caractéristique...
La Présidente (Mme Marois): Vous ne voulez pas solutionner
les problèmes du ministre, si je comprends bien.
M. Girard: Non, non, mais..
M. Côté (Charlesbourg): Alors, c'est eux autres qui
m'en créent avec les 50 %, là.
M. Girard: ...je peux lui faire une suggestion. Notre
Montérégie comporte cinq sous-régions; je pense que, dans
les cinq sous-régions, on devrait avoir une représentation
équitable. Ça pourrait être la représentation d'une
personne par MRC, comme ça pourrait être une personne par
sous-région ou peut-être le moyen terme, deux personnes par
sous-région, ce qui voudrait dire, dans notre cas, dix
représentants des municipalités sur un conseil d'administration
de vingt et une personnes, sachant que le directeur général sera
probablement élu par les vingt autres personnes. Je pense qu'on
arriverait avec un conseil d'administration qui serait bon, à mon avis,
et quant à la représentation du collège électoral,
235 personnes ou à peu près éliraient ces
personnes-là au niveau de chacune des sous-régions, chacune des
sous-régions constituant un collège électoral distinct,
bien sûr, à mon avis.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Parfait. On me souffle
un exemple, je le trouve bon, bien bon. Vous me parlez de cinq
sous-régions, parlez-moi donc de la vôtre. Qu'est-ce que ça
comprend?
M. Girard: Ça comprend la sous-région des
Appalaches, la MRC d'Acton, la MRC de La Haute-Yamaska et la MRC de
Brome-Missisquoi.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Comment allez-vous
faire pour choisir celui qui va représenter Brome-Missisquoi ou Granby?
Parce que ça va jouer...
M. Girard: Si on fait un collège électoral, il y a
30 et quelques municipalités concernées, alors il se ferait une
élection parmi les 33.
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous allez me
dire que je suis toujours accroché sur mon scanner, mais,
évidemment, si ça ne se décide pas à Québec,
ça va se décider en région.
M. Girard: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, on voit le genre de
problème aussi que ça va comporter sur le plan de la
décision. Peut-être que, comme dans certaines situations, le monde
municipal
sera heureux de passer la "puck" à d'autres, parce que ça
leur arrive à eux aussi.
M. Girard: On a déjà fait notre
représentation concernant le scanner, si vous voulez qu'on en parle,
mais vous n'avez pas de problème dans notre sous-région, M. le
ministre, parce qu'il y a trois MRC, mais il n'y a que deux MRC dans lesquelles
il y a des hôpitaux qui demandent un scanner. Alors!
Une voix: II y en a juste deux.
M. Côté (Charlesbourg): Mais c'est un
problème qui est réel, parce que, évidemment...
M. Girard: Oui, oui, je le comprends.
M. Côté (Charlesbourg): ...quand on parle d'un plan
régional d'organisation de services, ça comporte des choix.
Forcément, ce n'est pas parce que le pouvoir est
décentralisé qu'il n'y a plus de choix à faire. Il y aura
des choix assez importants à faire à ce niveau-là. Il faut
donc que le collège électoral ait suffisamment de
crédibilité aussi pour ne pas que ce soient des chicanes
éternelles et les perpétuer. Ça, ça
m'apparaît aussi extrêmement important.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Bâchant, vous
voulez intervenir?
M. Bâchant: Juste un petit bout, parce qu'il y a
peut-être un fait que j'ai oublié d'ajouter dans votre
première question et je fais le lien avec ce que vous soulevez
là. Si on regarde la composition actuelle de notre organisme, on a 18
socio-économiques - d'ailleurs, vous êtes cosignataire de
l'entente, vous aussi - et on a 18 municipaux. Alors, déjà
là, en concertation, on fonctionne presque à 50-50 en termes de
municipalités; d'où l'importance de la présence si forte
des municipalités. Peut-être, M. Bourcier, vous voudriez ajouter
aussi...
M. Bourcier (Jean-Bosco): En plus, au niveau municipal,
maintenant, par rapport au domaine de la santé, on nous demande de plus
en plus de donner de nouveaux services; toutes sortes d'organismes viennent
nous voir pour avoir, soit un local ou une espèce de subvention
d'appoint pour leurs besoins personnels. Donc, déjà là, on
est embarqués, des fois malgré nous autres, dans le domaine de la
santé. Et, maintenant, nos services récréatifs ne sont
plus des services récréatifs, ce sont des services
récréatifs et communautaires. Je ne sais pas ce qui est
arrivé à certains CLSC; ils disent qu'ils n'ont plus d'argent,
qu'ils ont moins d'argent qu'ils en avaient. Donc, cette
responsabilité...
M. Côté (Charlesbourg): Et pourtant on en donne
plus.
M. Bourcier: Alors, on aura peut-être aussi, nous, à
se mettre le nez dans le domaine de la santé. Avant qu'il y ait un
hôpital à Château-guay, moi, le domaine de la santé,
je savais qu'il ne fallait pas être malade pour aller à
l'hôpital parce qu'on avait peur de ça. Mais, maintenant qu'on y
est, je pense qu'on a un rôle à jouer. Quant à la
mécanique, quant à la représentativité, je crois
qu'on est habitués maintenant à le faire au niveau de la
régie des eaux, des déchets domestiques, des usines
d'épuration, du transport en commun. On est habitués, les
élus municipaux sont sollicités de plus en plus et ce ne sont pas
des jobs que tout le monde court. On travaille peut-être trois ou quatre
soirs par semaine-La Présidente (Mme Marois): C'est comme les
nôtres.
M. Côté (Charlesbourg): Des jobs de maire, j'ai
toujours dit que c'est comme les députés.
M. Bourcier: ...pour siéger sur les organismes
régionaux.
M. Côté (Charlesbourg): Ah oui, c'est correct. (17 h
30)
M. Bourcier: Alors, on est sollicités, on est
habitués, et, qui plus est, les élus municipaux ont plus de
possibilités, à cause des nouveaux challenges qu'on doit
surmonter, de se rencontrer qu'un organisme communautaire dans son coin qui n'a
peut-être pas la chance de rencontrer un autre représentant d'un
organisme communautaire à Sorel par rapport à Vaudreuil. Sauf que
moi, le maire de Sorel, je vais le rencontrer plus souvent et le maire de
Vaudreuil, je vais le rencontrer aussi plus souvent, parce qu'on a des
responsabilités qui font qu'on se rencontre. Et c'est dans ce
sens-là qu'on doit être présents. Parce que, de plus en
plus, que vous le vouliez ou non, le milieu municipal va avoir de nouvelles
responsabilités en matière de taxation et en matière de
services, et on inclut dans ceux-là la santé et les services
communautaires.
M. Côté (Charlesbourg): Que vous le vouliez ou
non?
M. Bourcier: Qu'on le veuille ou non. M. Côté
(Charlesbourg): Ah oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Ha, ha, ha! Ça va, M.
le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Merci, Jean-Marie. Des
voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, s'il vous plaît.
M. Trudel: Merci, Mme la Présidente. On va continuer dans
la même veine parce qu'on sent très bien qu'il faut aller jusqu'au
fond de la question et que le monde municipal, c'est intéressant
à noter, vous le répétez, veut être de la partie. Le
monde municipal veut être de la partie de la distribution, de
l'organisation des prestations de services en matière de santé et
de services sociaux au Québec. Est-ce que c'est juste de dire que,
quand, dans votre représentation, vous réclamez 50 % du
collège électoral de la future régie, vous voulez
signifier là que le monde municipal, responsable direct devant la
population, soit majoritairement impliqué dans l'administration et la
distribution, en quelque sorte, des services de santé et des services
sociaux? C'est bien ça?
Des voix: Oui.
M. Trudel: A cet égard, il semble bien que
l'économie générale de la composition d'un conseil
d'administration d'une régie régionale avec de véritables
pouvoirs, c'est une espèce de trappe à ours dans laquelle on est
enfermés, où, là, il y a une espèce de partie de
bras de fer qui est commencée entre qui aura le plus de
représentants, qui aura le contrôle, qui aura la chance de
contrôler tout ça. Le monde communautaire vient nous dire depuis
un long moment: Bien, voyez-vous, nous autres, on est à telle proportion
dans le collège et on voudrait bien telle proportion au conseil
d'administration, et le ministre souscrivait à ça tantôt.
Le monde municipal, là, vient nous dire: Nous autres, il nous faut 50 %
et plus. Est-ce qu'on ne peut pas constater qu'au lieu de procéder par
catégorisation dans la formation de ceux et celles qui vont administrer
les seize parties du tiers du budget de l'État, les 10 000 000 000 $,
nous serions beaucoup mieux d'aller vers le suffrage universel? C'est ça
que vous nous dites, qu'on devrait aller vers le suffrage universel et qu'on
soit directement imputables devant la population, puisque, je le rappelle, nous
administrons, dans cette question-là, le tiers du budget de
l'État? Ce ne sont pas des pinottes, le tiers du budget de l'État
Êtes-vous complètement en désaccord avec cela, cette
idée d'aller au suffrage universel pour répondre du tiers du
budget de l'État à vos populations, à nos populations,
à la population en général?
M. Bourcier: Moi, je serais contre. La Présidente (Mme
Marois): Oui?
M. Bourcier: Je serais contre parce qu'on le voit au niveau
scolaire, on n'a pas tellement de succès au suffrage universel. La
commission scolaire chez nous, 17 commissaires; quand ça a voté
à 12 % des voteurs... On a de la difficulté et il y a
sûrement de l'éducation à faire là- dessus, mais je
ne veux pas embarquer là-dedans. Sauf que là on parle
d'administrer des sommes d'argent sur des programmes déjà
définis par ceux qui en ont la responsabilité: les professionnels
de la santé et les autres. On va devoir aussi administrer des sommes
d'argent très importantes et c'est à ce niveau-là, je
crois, qu'il faut qu'on soit là parce que, tantôt, si on n'y est
pas, on va avoir comme effet de devoir administrer l'argent qui manque et
où est-ce qu'on va aller le prendre? Dans les poches des citoyens.
Je ne dis pas que le bénévole, le citoyen qui veut
s'impliquer n'a pas sa place, sauf que son imputabilité, sa
responsabilité sociale dans son milieu par rapport au fait que
l'hôpital va avoir un déficit, n'aura pas de déficit ou
aura un surplus... Il sera peut-être moins enclin à dire non. Je
prends un exemple: la semaine dernière, je lisais un article dans le
journal chez nous qui disait que l'hôpital s'en va vers l'autofinance
ment. On fait tirer une maison Parallèlement, il y avait un organisme,
qui faisait un événement régional, qui voulait faire tirer
la même maison. On n'était pas là, nous autres; on l'a su
par le biais, mais, si on avait eu un représentant au conseil
d'administration de l'hôpital ou de la fondation de l'hôpital, on
aurait dit: Écoute, pourquoi est-ce qu'on ne se met pas ensemble ou
pourquoi est-ce que tu n'attends pas pour faire autre chose? C'est dans ce
sens-là. Mais les gens qui étaient assis autour de la table du
conseil d'administration de la fondation n'avaient pas cette
préoccupation des besoins locaux. Pour eux, c'était le besoin de
leur fondation, de leur hôpital pour aller payer leur scanner, même
si on avait déjà payé 250 000 $ des taxes des citoyens
C'est tout ça, c'est toute cette dimension-là.
Le suffrage universel nous amènerait peut-être à
oublier, justement, les besoins fondamentaux de la municipalité et les
effets que cela a au retour sur la taxation. Ils ne sont pas redevables de la
taxation; ils ne sont pas redevables de ces problèmes-là.
La Présidente (Mme Marois): J'ai lïmpres sion que
ça suscite beaucoup de réactions II y a M Girard et ensuite M
Bâchant qui veulent intervenir.
M. Girard: Oui. Pour répondre à M. le
député, je dirais que le fait de revendiquer 50 % ou un peu plus,
donc d'avoir la majorité au conseil d'administration, ça
s'inscrit, dans le cas des villes, par exemple, dans une sorte de
responsabilité qu'elles assument déjà en partie, parce que
nous sommes déjà au niveau de la salubrité, nous
intervenons au niveau de la qualité des eaux, enfin dans un certain
nombre de secteurs qui touchent directement la santé publique. Quant
à la question d'avoir un conseil d'administration qui ne soit pas
totalement élu au suffrage universel, que ce ne soient que des
élus, vous avez, au niveau de la planification de
services semblables, besoin d'une expertise particulière qui
pourrait s'exprimer de façon très très concrète au
niveau d'un conseil d'administration; d'où la nécessaire
représentation à ce conseil d'administration des institutions,
des établissements et, bien sûr, des
bénéficiaires.
Conséquemment, sur la question de l'universalité, je pense
qu'il est peut-être trop tôt encore pour penser à un
système semblable chez nous, attendu que les responsabilités ne
sont pas totalement celles des villes du côté de
l'éducation et du côté de la santé et des services
sociaux. Alors, n'étant pas de leur responsabilité, je pense que
ça ne peut pas s'inclure actuellement dans les responsabilités
totales des villes et, conséquemment, qu'on arrive avec un
système semblable. Je sais que ça existe dans d'autres pays, des
systèmes semblables. On peut peut-être y arriver progressivement
et peut-être que ce qu'on vous propose est une façon d'y arriver
progressivement.
M. Trudel: Vous savez que sur le progressif... Après, je
passerai la parole au député de La Prairie.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Est-ce que, M.
Bâchant, vous voulez ajouter quelque chose, une phrase ou deux?
M. Bâchant: Juste un complément. C'est que,
effectivement, ce que nous avons fait, c'est le pari de la
décentralisation. Si on s'en va immédiatement, parce que votre
effort et vos demandes sont louables... Par contre, donnez-moi un suffrage
universel, demain matin, avec une régie régionale, je pense qu'on
peut se faire prendre en otage par certains groupes de pression. Moi, le
premier, je serais pas mal tenté de "paqueter" les élections dans
mon coin et je vous gage que je serais capable de le faire.
Il me semble que, là-dessus, ça passe par un certain
étapisme. On dit qu'on a déjà des gens au niveau municipal
qui sont aptes à gérer des budgets. Vous avez raison aussi quand
vous dites que c'est le tiers du budget de la province de Québec. Alors,
je pense qu'on n'a pas encore une tradition suffisamment démocratique
ici pour dire aux gens: Voilà un budget en Montérégie de 1
000 000 000 $, vous allez gérer ça, vous autres. Pour nous, le
défi, c'est que ça fonctionne, la décentralisation.
J'accepterais votre suggestion dans une espèce d'étapisme. Mais,
pour l'instant, il faudrait qu'on s'accroche à la vision qu'on a des
gestionnaires déjà là, qui ont une expertise. Et, en plus,
au niveau régional, on a déjà dans notre vécu de
SMD la preuve que ça fonctionne, même si on n'a pas une grande vie
jusqu'à maintenant. Mais ça fonctionne à 50 %. C'est pour
ça qu'on a adopté cette formule comme la formule gagnante.
M. Trudel: Sur l'étapisme, on est moins portés
qu'on ne l'était. On a fait nos choix. Par ailleurs, sur le plan,
beaucoup plus sérieux, de l'exemple que vous donniez au niveau des
commissions scolaires, il faut peut-être se dire qu'il y a
peut-être pas mal moins de monde qui est intéressé aux
commissions scolaires et aux élections parce qu'il ne gère rien.
Il ne gère absolument rien, hein? C'est 0,25 $, d'abord, le maximum sur
la taxation. D'autre part, on sait comment ça fonctionne dans le
système d'éducation et la fonction de commission scolaire n'a pas
cette valorisation. Là-dessus, je vous donne raison: il faut absolument
que tout cela soit précédé d'une véritable
décentralisation. Sans cela, on se réveillera avec le même
phénomène.
La Présidente (Mme Marois): M. le député de
La Prairie, s'il vous plaît. Vous aurez l'occasion, de toute
façon, s'il y a lieu, de faire une réaction. Je vous demanderais
d'être un peu resserré dans vos interventions.
M. Lazure: Oui, Mme la Présidente. Merci. Je comprends la
réaction du ministre par rapport à la demande de 50 %, mais je
suis content aussi d'entendre ses commentaires sur l'efficacité et les
effets positifs de la présence des maires aux différentes tables
de concertation. Je partage son appréciation.
Je pense qu'une des sources de malentendu, c'est le fameux
collège électoral. Le gros inconvénient de cette formule
du collège électoral qui est introduite dans l'avant-projet de
loi, c'est que ça porte à des discussions sans fin sur qui va
être représenté au collège électoral et dans
quelle proportion. Je pense que c'est un bourbier. Moi, je pense qu'on devrait
carrément envisager la possibilité de laisser de
côté le collège électoral et de procéder
à la nomination d'un conseil d'administration au conseil régional
qui, lui, pourrait être formé majoritairement, quant à moi,
des élus de la région: 51 % ou plus.
Et aussi longtemps qu'on garde la formule du collège
électoral, on va assister à cette espèce de
souque-à-la-corde; chaque groupement va vouloir une
représentation plus élevée. Mais est-ce que la
Société de la Montérégie serait prête
à envisager que, le collège électoral étant mis de
côté, à ce moment-là, les élus municipaux,
par un mécanisme à déterminer, formeraient la
majorité des conseils d'administration des instances régionales
et que le reste des représentants soit majoritairement des usagers,
selon des formalités à établir aussi?
M. Bourcier: Ils seraient nommés par le ministre?
M. Lazure: Non, non, pas par le ministre. Au suffrage
universel.
M. Bourcier: Les élus seraient nommés au suffrage
universel?
M. Lazure: Vous avez compris que mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et moi-même, nous privilégions
le suffrage universel parce que, dans le cas des commissaires scolaires, c'est
vrai que, dans certains cas, c'est 10 %, 15 % seulement, mais, quand
même, c'est mieux que 0 %. Ils sont imputables à cette
population-là et la partie de taxation qu'ils administrent est minime
par rapport à la partie subvention directe du gouvernement
québécois, comme ce serait le cas pour les services de
santé et les services sociaux. Mais, dans l'hypothèse où
vous n'êtes pas prêts à aller au suffrage universel pour
élire des représentants à l'instance régionale,
est-ce que vous envisageriez qu'il y ait une combinaison d'élus
municipaux qui formeraient plus que 50 % du conseil de l'instance
régionale avec un certain nombre d'autres personnes élues par un
autre mécanisme à déterminer?
M. Bourcier: Mais, les élus municipaux, comment
seraient-ils amenés à siéger?
M. Lazure: Vous pourriez le faire comme quelqu'un l'expliquait
tantôt.
M. Bourcier: Ah, les municipalités, là? M.
Lazure: Oui, par municipalité.
M. Bâchant: C'est 50 % d'élus municipaux et le reste
des 50 % au suffrage universel que vous nous proposez.
M. Lazure: Oui. Pourquoi pas?
M. Bâchant: Je pense qu'effectivement, vous l'avez dit
vous-même, c'est un peu un bourbier. Mais, à partir du moment
où on décentralise, il y a tellement de mécaniques
à mettre sur la table que c'est assez complexe. Nous, on a
favorisé, si vous regardez, les municipalités et je pense que les
gens semblent positifs là-dessus, peu importe le pourcentage.
Maintenant, on favorisait aussi des établissements,
c'est-à-dire qu'il y a déjà des gens qui sont sur des
conseils d'administration qui sont usagers aussi de services de santé et
de services sociaux. Il y a les usagers sur des conseils d'administration
où on pense qu'on devrait leur garantir un tiers des derniers 50 %
plutôt que le suffrage universel. L'autre tiers, ce sont les groupes
communautaires, puis je pense que quelqu'un l'a soulevé tantôt,
ils sont venus vous dire qu'ils n'avaient pas suffisamment de pouvoirs. Nous,
on est d'accord avec ça. Je pense que ce sont des gens qui se qualifient
par leur activisme. Ce sont des gens très actifs dans le milieu. Ils se
qualifient également par la complémentarité au
réseau actuel qui ne suffit pas à la tâche. Alors, pour
nous, c'était important de leur dire: On vous en consacre un tiers des
derniers 50 % et l'autre tiers, on aimerait se le réserver pour des
organismes socio-économiques qui ont une certaine expertise, puis qui
ont un vécu de concertation.
Alors, je suis obligé, quant à moi, personnellement, M.
Lazure, de vous dire que, pour ce qui est du suffrage universel, je
n'abonderais pas encore, même pour les derniers 50 %. Je le verrais plus
dans un esprit, je ne dirai pas d'étapisme parce que ça choque,
mais je vais dire de continuité. Éventuellement, quand les
régies telles qu'on les suggère auront fait leurs preuves, on
pourra envisager une étape supplémentaire qui pourra être
les derniers 50 % que vous dites. Mais, je pense que, si on était
capables de se rejoindre sur les premiers 50 % de municipaux, nous, ça
nous satisferait beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): II y a consentement pour
une... Oui, vous voulez intervenir^
M. Bourcier: Oui. La base de la concertation, ce sont les
organismes. Tous ceux qui siégeraient au conseil d'administration au
suffrage universel ne seraient pas nécessairement redevables à un
organisme ou à une institution. Ça pourrait être n'importe
qui. Donc, ça pourrait être une contrainte a la concertation des
organismes comme tels, parce qu'il n'y aurait peut-être pas de motivateur
qui dirait: Bien, écoute, il faut que cet organisme-là se
concerte avec l'autre dans la même sphère d'activité au
niveau santé. Il y aurait peut-être cette contrainte-là qui
ferait que le suffrage universel serait peut-être moins efficace.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Chicoutimi, vraiment très, très brièvement. On a
dépassé le temps.
Mme Blackburn: Très brièvement, Mme la
Présidente, ce serait simplement une remarque, même pas une
question parce qu'on n'aurait pas le temps et le débat risquerait
d'être long. C'est le commentaire que vous faisiez sur la
démocratie au Québec en disant qu'on ne peut pas tout de suite
s'en aller là-dedans parce que ça serait "paqueté", puis
on ne sait pas qui se ramasserait là. Je dois vous dire qu'entendre
ça de la part des élus, ça me déçoit encore
bien plus parce que le Québec a des traditions de démocratie.
M. Bourcier: Oh! On a un bon représentant, là!
M. Bâchant: Je ne suis pas élu. Je ne suis pas un
maire. Je vais assumer la responsabilité, par exemple.
M. Lazure: II n'est pas élu Celui qui a dit ça
n'est pas élu.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: Non? Ah bien...
M. Lazure: Mais il a dit qu'il pouvait "paqueter" une
assemblée, par exemple.
Mme Blackburn: "Paqueter" une assemblée, je me dis: Vous
savez, des élections, c'est plus ou moins quand vous avez réussi
à convaincre un peu plus de monde que les autres que vous étiez
le meilleur. Alors, la démocratie au Québec, ça a une
longue tradition. Il me semble que vous traitez ça un petit peu à
la légère. Ça a été ça, ma
réaction, exclusivement. Et quand vous comparez ça aux
écoles, il faudrait savoir que les écoles,
particulièrement avec les projets de loi 106 et 107, ont
été littéralement vidées de tout pouvoir. La seule
façon d'intéresser les gens à un processus
électoral universel, c'est de leur donner de réels pouvoirs. Je
pense que c'est un peu ça qu'on essayait de voir ensemble. Mais je me
sentirais mal...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Très
brièvement,
Mme Blackburn:... de laisser passer ça sans réagir
là-dessus.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Merci, Mme la
députée. Très brièvement, bien sûr, je vais
vous donner...
M. Bachant: Je m'excuse si j'ai choqué Mme la
députée. Je voulais simplement caricaturer pour que vous ayez
vraiment l'idée de ce que c'est. Alors, je m'excuse si j'ai...
Mme Blackburn: Ha, ha, ha! C'est encore pire.
M. Bachant:... fait une entorse à la
démocratie.
La Présidente (Mme Marois): Mais ce n'étaient pas
des propos...
M. Bachant: Ce n'était pas mon intention.
La Présidente (Mme Marois): tenus par les maires, si j'ai
bien compris.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Ça nous a fait plaisir
de vous recevoir. Merci.
Nous ajournons nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 h 47)