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(Dix heures dix-neuf minutes)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît!
On s'excuse, mais il est déjà 10 h 20 et on n'a qu'une
journée pour étudier tout ce qui reste des crédits des
Affaires sociales. Alors, c'est quand même assez limité. La
commission des affaires sociales se réunit pour poursuivre
l'étude des crédits du ministère des Affaires sociales. Il
y a un remplacement.
La Secrétaire: Oui, M. Bordeleau (Abitibi-Est) est
remplacé par M. Beaumier (Nicolet).
Affaires sociales
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bonjour, M. Beaumier. Je
proposerais que nous terminions ce matin de 10 heures à 11 h 30 - et
finalement cela va être de 10 h 25 à 11 h 30 - les programmes 5 et
6 du ministère des Affaires sociales et que de 11 h 30 à 12 h 30
nous étudiions les éléments 3, 4 et 5 du Conseil
exécutif; pour être plus simple, c'est toute la question des
personnes handicapées. Nous prendrions une heure, de 11 h 30 à 12
h 30 et en après-midi et en soirée nous poursuivrions
l'étude des programmes 3, 7, 8 et 9 du ministère des Affaires
sociales.
Oui, M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la Présidente, sauf erreur, on avait
convenu au début de l'étude des crédits de consacrer la
première journée, qui était mardi de la semaine
dernière, plus spécifiquement au secteur social. On avait
également convenu de consacrer la journée d'aujourd'hui au
secteur hospitalier. J'ai constaté avec tout le monde qu'on n'avait pas
terminé tout l'aspect du secteur social et c'est normal, avec le nombre
d'heures qui nous est alloué, qu'on n'ait pas pu passer à travers
tout cela. Je crains qu'on ne puisse pas passer à travers tout notre
programme de la façon qu'on aimerait le faire. Mais, est-ce qu'on ne
devrait pas s'en tenir à notre formule initiale et aller
immédiatement au secteur de la santé comme tel et, si le temps le
permet en fin de journée, revenir à l'autre? On pourrait se
retrouver dans une situation où il resterait très peu de temps
pour tout le domaine de la santé. Je pensais que c'était pour
cela que la division du temps avait été faite au
début.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi, je suis évidemment sensible
à cela parce que je sens bien la limite du temps et je ne voudrais pas
qu'on en prenne encore trop pour discuter. Les programmes 5 et 6 du
ministère des Affaires sociales, c'est ce qui touche tous les centres
d'accueil. Est-ce qu'on prend le risque de se retrouver avec rien, de manquer
de temps en fin de journée? Je ne sais pas qui a déterminé
les heures pour l'étude des crédits, mais c'était, de
toute évidence, trop court pour le ministère des Affaires
sociales. Il n'y a aucun doute dans mon esprit. Alors, là, on est
obligé de faire des prodiges pour essayer de passer à travers
cela dans le temps qui nous est alloué.
J'aimerais entendre ce que les autres ont à dire avant que je
réagisse. Je ne sais pas s'il y a d'autres membres qui veulent...
M. Boucher: Mme la Présidente, je suis de votre avis. Le
programme 5 m'apparaît aussi important que celui que le
député de Brome-Missisquoi veut traiter. Il s'agit de
répartir le temps. Je pense que chacun aura le temps de poser ses
questions pour les principaux programmes qu'on va étudier, mais, dans
l'ensemble, il faudrait quand même porter autant d'attention au programme
5 qu'aux autres programmes.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, alors, si on se
disait quand même qu'on va essayer de raccourcir les questions dans les
programmes 5 et 6, si possiblement on pouvait aborder dès ce matin
l'autre partie qui sont les hôpitaux, le faire; mais, cela
m'apparaît être un gros morceau, compte tenu des problèmes
qu'il y a dans les centres d'accueil. On risque de ne pas avoir de temps en fin
de journée. Alors...
M. Paradis: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est un peu comme
Salomon, trancher entre un qui suggère qu'on passe immédiatement
à l'autre et l'autre...
M. Paradis: II est certain qu'on va manquer de temps pour quelque
chose.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Paradis: Je peux me rendre à l'argument de mon
collègue d'en face qui me dit que le programme 5 est aussi important que
le programme 3, mais je ferai remarquer que si, en fin de journée, on
n'a pas passé à travers le programme 3, on aura oublié
à peu près la moitié de nos crédits, parce
qu'à ce programme il y a 3 430 000 000 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mais je pense qu'on va
arriver au programme 3 cet après-midi quand même. Il n'y a quand
même pas de risque qu'on ne touche pas du tout au programme 3.
M. Paradis: C'est toujours risqué, la procédure
parlementaire.
M. Boucher: Tu poseras des questions pour 3 000 000 000 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors...
M. Laurin: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, M. le ministre.
M. Laurin: Avant de commencer, M. le sous-ministre voudrait
répondre aux deux dernières questions auxquelles on n'avait pas
pu répondre...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, d'accord.
M. Laurin: ...et que nous avait posées le
député de Brome-Missisquoi.
M. Deschênes (Jean-Claude): Mme la Présidente, je
voudrais déposer auprès de la commission le curriculum vitae de
Mme Dominique Fournier qui a servi comme personne-ressource pour la formation
au ministère de répondantes à la condition féminine
qui pour nous est une activité importante. Le curriculum vitae explicite
de dix pages de Mme Fournier est ici, attestant de sa qualité pour ce
faire. Alors, je le déposerai tantôt.
Quant à l'autre question posée et qui avait eu une
réponse partielle séance tenante la semaine dernière,
c'est la question des traducteurs. Comme précision additionnelle
à apporter, lorsque le service de traduction du ministère des
Communications ne peut pas répondre à une demande, l'on fait
référence à une liste de traducteurs agréés
au ministère des Communications auxquels nous faisons appel. Le vendredi
17 en après-midi et le samedi 18, il y a eu sept traducteurs ou
traductrices qui ont été appelés par notre service qui les
requérait d'urgence, en fait dans un travail de nuit, de dimanche
à lundi matin, et cinq ont refusé avant que deux acceptent. J'ai
les noms des personnes mais, effectivement, ce sont les sixième et
septième personnes qui ont accepté et qui sont venues faire le
travail au ministère.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Nous abordons maintenant
l'étude du programme 5 et de ses différents
éléments. M. le député de Brome-Missisquoi.
Services des centres d'accueil d'hébergement et
des CHSP
M. Paradis: Au niveau des centres d'accueil d'hébergement
et des centres hospitaliers de soins de longue durée, on passe d'un
budget de 839 000 000 $ à un budget de 898 000 000 $. Je vais tenter de
formuler ma question le plus brièvement possible, mais en la
plaçant dans son contexte.
On se rend de plus en plus compte que, dans les centres hospitaliers de
courte durée, des lits sont occupés par des personnes qui
deviennent des cas de plus en plus lourds et qui se transforment en personnes
à qui on applique des soins prolongés, finalement. Après
avoir inventorié la situation, M. le ministre, est-ce que vous pensez
qu'une augmentation aussi minime du budget à ce point permettra de
dégager des lits suffisants en centres d'accueil d'hébergement et
dans les centres hospitaliers de soins de longue durée pour permettre de
dégager les hôpitaux de soins aigus?
M. Laurin: Dans votre question, vous mettez ensemble les centres
d'accueil d'hébergement et les centres hospitaliers de soins
prolongés. Je pense que, dans les crédits, ils ne sont pas
ensemble. Donc, je pense qu'il y a là une distinction à
faire.
En fait, nous avons actuellement 472 établissements qu'on peut
appeler centres d'accueil d'hébergement pour un grand total, au 29
février - parce que c'est une année bissextile, 1984 - de 36 766
places. Je rappelle que depuis sept ans nous avons construit plus de 7000
places d'hébergement. En effet, ce n'est pas d'aujourd'hui qu'on
constate le vieillissement progressif de la population et la
nécessité qu'il y a de procurer à cette population
vieillissante des facilités d'accueil et des facilités de soins,
des facilités d'hébergement accrues.
On a dû effectuer un très gros rattrapage au cours des sept
dernières années, ce dont témoigne bien cette augmentation
de 7000 places. Quand on pense qu'une place coûte à peu
près 18 000 $ par année, en multipliant 7000 places par 18 000 $,
vous voyez l'effort budgétaire extraordinaire que le gouvernement a
dû consentir, non seulement pour construire ces
centres d'accueil dont chacun coûte environ 2 000 000 $ mais
également pour les faire fonctionner et ceci malgré la
période de compression, de contraintes budgétaires que nous avons
connue au cours des quatre dernières années.
Cela veut dire qu'il y a une moyenne de construction d'à peu
près 1000 places d'hébergement par année et il ne prend
guère de temps avant que les budgets de fonctionnement se substituent
aux budgets de construction. C'est là un très gros effort. Est-ce
que c'est suffisant? Est-ce qu'il faudrait construire d'autres centres
d'accueil d'hébergement? On pourrait le penser et la question du
député de Brome-Missisquoi nous y ramène puisque,
effectivement, on se rend compte que dans beaucoup de centres hospitaliers de
courte durée un certain nombre de lits, et parfois beaucoup plus que
moins, sont occupés par des patients de longue durée. C'est vrai
à peu près pour toutes les régions.
Je ne crois pas personnellement que la solution soit simplement de
multiplier les centres d'accueil d'hébergement ou les centres
hospitaliers de longue durée. Je pense qu'il va falloir penser à
d'autres formules pour régler les multiples problèmes avec
lesquels nous sommes confrontés. D'abord, l'augmentation du
vieillissement de la population, l'augmentation de la prévalence des
maladies au fur et à mesure que les personnes vieillissent. On sait que
la vieillesse, sans être une maladie, expose à des maladies
beaucoup plus fréquentes et plus répétées, plus
complexes, plus graves.
Je ne crois pas cependant que la solution soit simplement d'augmenter le
nombre de places en centres d'accueil d'hébergement ou en centres
hospitaliers de longue durée. Je pense qu'il faut se tourner vers
d'autres solutions et ces solutions, on les applique depuis cinq ou six
ans.
Par exemple, je rappelle au député de Brome-Missisquoi
qu'en 1975, pour entrer dans un centre d'accueil, il suffisait de demander un
certificat de santé. La conclusion est donc qu'il fallait être en
santé pour entrer dans un centre d'accueil. La politique est maintenant
complètement changée. Les centres d'accueil sont maintenant
réservés à des personnes âgées en perte
d'autonomie prononcée, ce qu'on appelle les A-3 ou les A-4. Il y a
même des centres d'accueil qui ne reçoivent que des patients A-4,
c'est-à-dire que le centre d'accueil d'hébergement est un
établissement de bout de ligne. La politique est maintenant de tout
faire en sorte pour maintenir la personne âgée le plus longtemps
possible dans son milieu naturel. C'est plus facile à dire qu'à
faire. Pour le faire, il faut mettre ensemble toute une gamme de mesures. Par
exemple, maintenir à domicile le plus grand nombre de personnes
âgées possible.
Comment? En fournissant à ces personnes âgées qui
continuent à demeurer dans des loyers ordinaires soit des services
familiaux ou des services ménagers, par exemple, aide au grand
ménage, aide à la réparation, aide à l'entretien,
aide à l'alimentation aussi: repas chauds le plus souvent possible.
Il faut aussi procurer à ces personnes âgées dans
leur logement des services médicaux, ou sociaux, ou sociomédicaux
les plus nombreux possible, que ce soit des services de pansements, des
services de nursing, des services médicaux également, afin de
leur procurer sur place ce que, autrement, ils vont être obligés
d'aller demander aux centres d'accueil ou aux hôpitaux et même, ce
qui va les obliger, en raison de l'insécurité propre à cet
âge, à demander des places dans des centres d'hébergement.
Donc, des services à domicile beaucoup mieux pourvus qu'auparavant.
Nous sommes avancés dans cette direction puisqu'en 1984-1985 nous
dépenserons 84 000 000 $ pour les services à domicile, ce qui est
une augmentation de près de 300% par rapport à ce que nous
dépensions il y a six ans ou sept ans. C'est donc là une
première formule.
La deuxième formule, c'est de permettre la construction de loyers
modiques pour les personnes âgées, en fournissant à ces
personnes âgées dans les HLM des services identiques à ceux
que je viens de décrire mais aussi peut-être une surveillance, une
assistance, sous forme de famille d'accueil qu'on pourrait intégrer dans
les appartements à loyer modique ou encore des appartements
supervisés, ou encore des familles d'accueil, toutes des ressources
alternatives qui coûtent moins cher mais qui répondent aux besoins
de ces personnes âgées de rester le plus longtemps possible dans
le milieu naturel afin de garder leurs racines sociales, leurs racines
communautaires, de continuer à être insérées dans
leur milieu naturel avec toute la satisfaction que cela procure. C'est
là une deuxième série de mesures.
Une troisième série de mesures, c'est de faire en sorte
que les soins hospitaliers de courte durée puissent, au besoin, procurer
aux personnes âgées les services plus spécialisés
dont ils ont besoin. Cela demande un service de transport, parfois, pour aider
ces personnes âgées à se rendre à l'hôpital.
Cela demande aussi probablement - nous avons commencé à le faire
cette année -l'instauration dans plusieurs centres hospitaliers de
courte durée d'unités gériatriques actives,
c'est-à-dire où on admet les personnes âgées,
où on les traite immédiatement. Bien souvent on prend pour des
syndromes chroniques susceptibles d'un hébergement continu des
symptômes qui peuvent être facilement réduits ou
résolus par une action médicale ou sociale
immédiate appropriée. Le rendement de nos quelques
unités gériatriques montre que c'est une direction
extrêmement valable et que nous devrons augmenter dans les années
à venir.
Une autre solution est d'instaurer dans nos centres d'accueil et dans
nos centres hospitaliers également ce qu'on appelle des centres de jour
qui s'occupent d'activités préventives et d'activités
thérapeutiques. On donne des conseils, par exemple, aux personnes
âgées sur leur alimentation et sur le logement. On leur donne de
la physiothérapie, des exercices. On fait de l'animation pour les
loisirs. On fait le lien avec les organismes communautaires de plus en plus
nombreux qui s'occupent des personnes âgées, qu'il s'agisse des
clubs d'âge d'or ou de tous les autres organismes. En somme, on
privilégie le maintien dans la communauté par une
amélioration de la qualité de la vie que peut procurer un centre
de jour assez facilement. Actuellement, nous avons 76 centres de jour au
Québec. On les multiplie d'année en année et je pense
qu'il faudra continuer dans cette direction.
Il faut aussi que nos centres d'accueil puissent recevoir la
clientèle appropriée. On ne peut y arriver que par de meilleurs
mécanismes d'admission. Vous savez qu'il y a à peine quelques
années chaque centre d'accueil avait sa politique d'admission et souvent
les critères étaient flous et vagues. Les admissions
étaient censées être planifiées et
coordonnées par les centres de services sociaux mais, une fois le
travail fait, il était à recommencer parce que chaque centre
d'accueil avait aussi sa politique d'admission. Il y avait une anarchie, un
empirisme qui se traduisait par ou bien de l'arbitraire ou un mauvais rendement
au sens administratif du terme. Nous avons donc révisé du tout au
tout les mécanismes d'admission, avec l'aide des CRSSS d'ailleurs, dans
plusieurs régions du Québec. Nous avons mis en place des
comités sous-régionaux d'admission où sont
représentés les CSS, les centres d'accueil d'hébergement,
les centres d'accueil de longue durée et les centres d'accueil de courte
durée. Toutes les demandes sont examinées par ce
sous-comité régional d'admission. On essaie de tenir compte de la
situation globale du patient, de tous ses besoins, de la possibilité
qu'il y a de le maintenir en milieu naturel en lui offrant les services que je
viens de mentionner: soins à domicile, service alimentaire, centre de
jour et ainsi de suite.
En somme, on peut maintenant dire que les demandes sont
évaluées d'une façon beaucoup plus rigoureuse, beaucoup
plus scientifique et beaucoup plus humaine qu'auparavant. On maintient dans
leur milieu naturel beaucoup plus de patients qui, auparavant, étaient
accueillis en centres d'hébergement. Ceux qu'on accueille dans les
unités gériatriques, dans les centres d'accueil ou dans les CHSP
le sont d'une façon décidée par ces sous-comités
régionaux d'admission. En somme, le centre d'accueil ne peut plus aller
à l'encontre des décisions prises par ce sous-comité. On
peut être sûr maintenant que les admissions se font d'une
façon beaucoup plus appropriée.
Nous pensons qu'en mettant ensemble cette gamme de procédures, de
mécanismes, de moyens, d'outils, de mesures, d'établissements, on
peut arriver à ne pas augmenter plus que de raison le nombre de places
en centres d'accueil ou en centres hospitaliers de soins prolongés.
Lorsque cette philosophie sera incarnée davantage dans les faits
cette année, l'an prochain, dans deux ou trois ans, on se rendra compte
que, d'une part, il n'est pas nécessaire d'augmenter aussi rapidement
qu'on l'a fait jusqu'ici le nombre de places; deuxièmement, qu'il sera
possible d'orienter vers les centres d'accueil et les CHSP un bon nombre de ces
patients qui actuellement occupent les lits de courte durée. De cette
façon indirecte, on va augmenter la capacité d'accueil des
centres hospitaliers de courte durée pour les maladies qui sont vraiment
justifiables d'être traitées dans les centres hospitaliers de
courte durée. Il est difficile d'aborder un problème comme celui
que soulève le député de Brome-Missisquoi d'une
façon isolée. Je pense qu'à toutes les fois qu'on touche
à ce problème, que ce soit celui des urgences, que ce soit celui
de l'occupation des lits de courte durée par les soins prolongés,
on est obligé de remettre en question tout le dispositif, toute la
philosophie des soins, toutes les orientations et les objectifs qu'un
système de santé et de services sociaux peut se donner.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le ministre, on était conscient de tous les
programmes que vous nous avez énumérés. On peut même
vous dire que ce programme s'applique à une clientèle nouvelle,
une clientèle que, avant de faire entrer dans un centre d'accueil ou un
centre hospitalier de soins prolongés, on tente le plus possible de
conserver à domicile, etc. et on est d'accord avec une telle
orientation. Mais il y a des problèmes pratiques qui se posent au moment
où on se parle et je tente de trouver dans les crédits que vous
tentez de défendre - mais, comme on l'a dit, ils ne sont pas vos
crédits -quelle solution pratique vous avez pour le moment pour le
centre hospitalier dont un trop fort pourcentage de lits - comme vous l'avez
vous-même mentionné - sont occupés par des patients qui
deviennent des patients de soins prolongés. Quelle solution pratique sur
le plan budgétaire on a pour les centres
d'accueil qui, peut-être en 1975, ont permis à des cas plus
légers de s'installer en centres d'accueil mais qui, aujourd'hui,
reçoivent comme vous le mentionnez des A-4 et des A-5? La
clientèle de 1975 avec le vieillissement est alourdie. La
clientèle des A-4 et des A-5 est une clientèle qui est beaucoup
plus lourde. Lorsqu'on parle d'une clientèle beaucoup plus lourde on
s'attend que cela coûte plus cher en ressources de toutes sortes, cela
coûte plus cher en crédits, finalement. On ne retrouve justement
pas, ni au niveau des centres d'accueil et d'hébergement, ni dans les
centres hospitaliers, ces crédits. Est-ce que le ministère que
vous dirigez a des statistiques sur les coûts d'utilisation ou
d'occupation d'un lit en centre hospitalier de courte durée par les
personnes de soins prolongés, versus une occupation d'un lit dans un
centre d'accueil d'hébergement ou un centre hospitalier de soins
prolongés? Est-ce qu'il n'y aurait pas des économies à
réaliser à cet endroit? Malgré tous les programmes que
vous nous avez récités, est-ce que, dans nos centres d'accueil,
dans nos centres hospitaliers de soins prolongés, on a
créé de la place justement dans la roue que vous avez
décrite pour libérer nos centres hospitaliers de courte
durée, pour permettre aux urgences de mieux fonctionner et pour
permettre également à des gens qui attendent des interventions
chirurgicales de toutes natures sur les listes électives de ne pas
attendre un an ou un an et demi, deux ans dans certains cas, avant d'être
appelés? Est-ce qu'il y a quelque chose dans ces crédits qui
prévoit tout cela? Ce dont vous nous parlez, c'est d'une orientation
future du ministère, l'implantation de centres de jour, etc. C'est bien,
cela, mais là, on a fait face à un problème qui est criant
et dont sont victimes plusieurs personnes dans la population. Est-ce qu'on ne
pourrait pas réaliser des économies sur le plan budgétaire
en libérant nos lits de courte durée qui coûtent
très cher par jour, versus un lit de soins prolongés? Est-ce que
vous avez anticipé quelque part, posé une action, si minime soit
elle, dans ce domaine? Où retrouve-t-on cette action, si vous avez
l'intention de la poser, dans les crédits qu'on a devant nous?
L'exploitation des centres d'accueil et d'hébergement: 357 000 000 $
l'an passé, 378 000 000 $ cette année, une augmentation de 20 000
000 $. Les cas s'alourdissent, cela prend toute l'augmentation. Les centres
hospitaliers de soins de longue durée: 406 000 000 $, 439 000 000 $: 30
000 000 $ d'augmentation. Est-ce qu'il y a quelque chose dans cela pour
régler ce problème? C'est ce que je veux savoir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Un instant, M. le
ministre.
M. Laurin: II ne s'agit pas du tout... Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avant de vous
céder la parole, j'aimerais rappeler que la façon dont nous
devons calculer le temps, compte tenu des limites de temps que nous avons,
c'est le temps des questions et des réponses qui est attribué
à chaque député. On est déjà rendu dans le
cas présent à 19 minutes; peut-être pouvez-vous essayer que
la réponse soit brève. Merci.
M. Laurin: II ne s'agit pas d'une politique que nous allons
appliquer à l'avenir puisque j'ai déjà dit qu'on a
augmenté de 7000 places au cours des sept dernières années
la capacité des centres d'accueil, qu'on a augmenté à 84
000 000 $ les soins à domicile. Ce sont des mesures qu'on applique
actuellement. Mais, pour répondre d'une façon plus
spécifique à la question du député de
Brome-Missisquoi, oui, il y a déjà des choses qui sont faites.
D'abord, il y a un bon nombre de nos centres d'accueil qui contiennent
maintenant ce qu'on appelle les unités spécifiques où nous
acceptons des patients qui, auparavant, se seraient retrouvés dans des
hôpitaux généraux de courte durée, où l'on
accepte, par exemple, des pathologies très sévères, des
syndromes cérébro-organiques. Je ne connais pas le nombre de
places, mais cette année il doit sûrement y en avoir une centaine
de nouveaux cas que nous avons admis. (10 h 45)
En plus, dans les crédits de développement, vous voyez un
budget additionnel de 13 500 000 $ annualisé à 27 000 000 $ -
l'an prochain, ce sera 27 000 000 $ - pour l'alourdissement des
clientèles, qui tient compte justement du fait que, dans nos centres
d'accueil, on accepte maintenant des patients dont la perte d'autonomie confine
à l'invalidité. Et les crédits pour ces unités
spécifiques, comme pour l'alourdissement des clientèles, comme
pour , quelques unités de psychogériatrie, sont très
importants. Par ailleurs, les chiffres que vous avez mentionnés montrent
quand même qu'il y a eu un effort sérieux. S'il y a eu une
augmentation de 30 000 000 $ dans les budgets de CHLD et de 20 000 000 $ dans
les budgets de centres d'accueil, 50 000 000 $, c'est un effort
considérable; quand on le traduit par nombre de patients, par
alourdissement de cas de patients, ce sont des sommes considérables. Si
l'on met ensemble toutes ces sommes, les crédits additionnels, avec
l'augmentation normale du budget, je pense que cela témoigne justement
de la nouvelle direction que nous prenons. Mais M. Deschênes semble avoir
quelque chose à ajouter, Mme la Présidente.
M. Deschênes: Je pense qu'en termes
de statistiques il y a lieu de rappeler que, concernant l'augmentation
des lits sur la période à laquelle on faisait
référence, des lits d'hébergement, j'entends, de 1976
à 1984 il y a eu une augmentation des lits de 38,7% alors que la
population, durant cette période, s'est accrue de 27%. C'est donc un
gain net en termes de situation de disponibilité de lits pour les
personnes âgées. Ce qui est caractéristique, comme le
disait le ministre plus tôt, c'est que l'avenir est axé sur une
politique beaucoup plus diversifiée qui comprend encore, d'ailleurs, des
ouvertures de lits. À ce sujet, je voudrais mentionner qu'en 1984-1985
il y a en cours de réalisation, surtout dans la région
métropolitaine, quelque 800 places qui vont s'ajouter au réseau
de lits d'hébergement et, si l'on prolonge jusqu'en 1986-1987, il y a
1200 lits qui sont en construction actuellement aux fins d'hébergement,
plus de 80% situés dans la région métropolitaine où
il y a une plus grande concentration de personnes âgées. Je pense
que ce sont les données avec lesquelles on travaille et c'est un
volet.
Il serait intéressant de souligner à la commission
qu'à Montréal nous considérons qu'il y a un gain possible
de quelque 500 places en améliorant le taux d'occupation, en particulier
dans les centres hospitaliers de soins prolongés qui pourraient gagner
quelque 3% ou 4% d'occupation et cela représente 500 places. Ceci peut
se faire par une meilleure coordination des admissions ou des demandes
d'admission en hébergement et soins prolongés. On a vécu
l'expérience dans la région de Québec avec le
système qu'on a appelé PECA, dans la région 03; l'effet,
c'est qu'en quelque deux ans, la liste d'attente des personnes pour
hébergement dans la région de Québec est passée de
1200 à moins de 300 personnes. Et la durée d'attente des gens
pour être hébergés est passée de deux ou trois ans
à six mois et demi maintenant, avec un système plus
intégré au niveau régional. Nous nous attendons que
Montréal arrive à des résultats semblables. On a mis en
place, on est en train de roder des mécanismes semblables.
J'ajouterais que la situation par rapport à 1979... Si l'on
regarde les cinq dernières années, il y avait en 1979 dans les
hôpitaux de courte durée 760 lits de soins prolongés ou
d'hébergement au-dessus des permis de courte durée. Actuellement,
en 1984, c'est 259 lits. La situation s'est donc aussi améliorée
dans les hôpitaux de courte durée à Montréal sur
cette question. Nous pensons d'ailleurs l'améliorer davantage avec, non
seulement une meilleure utilisation des places disponibles, non seulement les
constructions en cours qui vont se terminer mais aussi la rationalisation des
vocations sur le territoire de Montréal métropolitain, nous
rendant compte que l'engorgement des hôpitaux de courte durée est
particulièrement marqué dans les hôpitaux en
périphérie, d'où le projet de rationaliser Sainte-Jeanne
d'Arc et Reddy Memorial pour une vocation de soins prolongés; et, comme
vous le savez, ce dossier est sub judice devant la cour.
En fait, voilà des efforts d'une part et, d'autre part,
déjà des résultats, sans compter des choses en marche qui,
à mon avis, vont donner des résultats fort
intéressants.
Quant aux crédits au-delà de ce que le ministre a fait
état quant à l'alourdissement - dans notre jargon un peu
technocratique, on l'appelle l'alourdissement de la clientèle -il y a
les activités concrètes de développement dont 10 000 000 $
en services à domicile qui sont justement pour accélérer
et faciliter soit le fait d'éviter l'institutionnalisation ou celui de
favoriser la sortie de l'institution. Dans les deux cas, c'est aussi une
façon de faire le lien entre le développement des services
à domicile et l'hébergement, ce qui m'apparaît une relation
évidente, puisque nous sommes de plus en plus convaincus qu'il y a deux
piliers de notre politique à cet égard: d'une part, axer l'avenir
sur le maintien au maximum dans le milieu naturel de vie, deuxièmement,
favoriser par toutes les méthodes possibles la coordination et
l'intégration des ressources pour tirer plus d'effets de ces
ressources.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Merci, Mme la Présidente. Simplement un
commentaire et en même temps une question. Il existe actuellement dans
certaines régions - évidemment, je prends ma région comme
exemple - des CHSP qui ont, à l'intérieur, des lits de centres
d'accueil, des lits d'hébergement. Compte tenu du vieillissement de la
clientèle, compte tenu des CH, des centres d'accueil pour des gens qui
deviennent chroniques et qui ne peuvent pas obtenir de lits pour chroniques
dans ces centres d'accueil, est-ce qu'il y aurait possibilité de songer
que les lits de centres d'accueil qui sont dans les CHSP actuellement puissent
être transformés le plus rapidement possible en lits de CHSP? Je
prends comme exemple des hôpitaux comme Saint-Joseph de
Rivière-du-Loup qui est un CHSP à l'intérieur duquel on a
encore de 25 à 30 lits de centres d'accueil et qui font que les centres
d'accueil qui ont des malades chroniques ne peuvent pas obtenir de lits pour
envoyer cette clientèle dans les CHSP.
Il m'apparaît qu'en transformant ces lits en lits de CHSP on
aurait un coût moindre étant donné que déjà
il y a des lits qui sont payés au barème des CA dans les CHSP et
qui pourraient être transformés facilement en lits de CHSP tout
simplement, ce qui permettrait de "désalourdir" un peu la
clientèle des CA actuellement qui, même s'ils
reçoivent des A-4... Imaginez-vous que de A-4 à chroniques, il
n'y a pas une grosse marge! Ils sont pris avec cette clientèle et en
même temps cela dégagerait les hôpitaux
généraux de certains surplus de lits qui dépassent leurs
permis et cela permettrait de répartir la clientèle
également dans un territoire donné. Je le vois sur le plan
régional comme un problème qui actuellement serait facile
à régler si on mettait un peu de temps pour le faire.
D'autre part, le développement des familles d'accueil par les CSS
pour amener des gens à s'intéresser à construire
même des établissements qui permettent d'accueillir au moins neuf
personnes, étant donné qu'elles doivent demeurer famille
d'accueil, je pense que cette initiative devrait être encouragée
plus qu'elle l'a été dans le passé par les CSS pour
permettre de dégager un certain nombre de personnes qui sont à
domicile actuellement et qui attendent des lits d'hébergement tout
simplement parce qu'elles n'ont pas, dans les régions
éloignées, des facilités qu'on retrouve dans les villes,
dans les agglomérations urbaines. Tout cela pour dire qu'il y aurait
peut-être certains ajustements à faire qui permettraient, dans nos
régions, de pouvoir faciliter l'accès des personnes
âgées soit à des lits d'hébergement, soit encore
à des lits de soins prolongés.
J'ignore encore si les normes qui existaient au ministère il y a
quelques années, à savoir que les régions qui ont
dépassé 6 lits par 100 personnes âgées, ne peuvent
pas bénéficier de l'implantation d'un centre d'accueil... Il
faudrait peut-être regarder aussi la configuration de certaines
régions comme celle de Québec, où en région
périphérique, par exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, à
Rivière-du-Loup, la carence de lits n'est pas évaluée au
niveau de la sous-région mais au niveau de la région de
Québec, alors qu'on sait que la concentration des centres d'accueil a
surtout été faite dans la Beauce et dans le région de
Québec. Dans la région du Bas-Saint-Laurent, on doit maintenir un
certain nombre de lits étant donné qu'on a dépassé
le nombre de 6 lits par 100 personnes âgées pour la région
de Québec.
Je demanderais au ministre s'il y a une possibilité de corriger
cette adéquation par rapport à d'autres régions et si la
politique de 6 lits par 100 personnes âgées demeurera toujours,
même si on regarde les besoins à l'échelle d'une
région.
M. Laurin: Comme votre question l'indique, la ligne de
démarcation entre les centres d'accueil d'hébergement tels que
nous les concevons maintenant, c'est-à-dire devant accueillir des
personnes âgées en perte d'autonomie de plus en plus grande, d'une
part, et les centres hospitaliers de soins prolongés d'autre part, est
de plus en plus mince, d'abord parce que, encore une fois, on alourdit les
clientèles par des centres d'accueil. Deuxièmement, on
crée dans les centres d'accueil des unités spécifiques qui
accueillent des personnes, pas toujours âgées, d'ailleurs, qui
sont affectées de syndromes très graves, lesquels amènent
une invalidité quasi permanente. Nous acceptons donc ces personnes de
plus en plus dans les centres d'accueil. Auparavant, elles allaient dans des
centres d'accueil à soins prolongés.
Dans les CHSP, c'est une clientèle qui a encore certaines
caractéristiques particulières, mais il y a de plus en plus de
chevauchement entre les caractéristiques des clientèles. C'est
d'ailleurs pour cette raison qu'on considère, nous au ministère,
les centres d'accueil d'hébergement et les CHLD - centres hospitaliers
de longue durée - dans le même programme. Il y a vraiment des
vases communicants entre ces deux types d'établissement de plus en plus
nombreux, de plus en plus marqués.
Ceci amène comme conséquence que les CRSSS, aussi bien que
le ministère, devront maintenant établir leur planification et
leur programmation en tenant compte de cette évolution qui fait que les
centres d'accueil d'hébergement vont ressembler de plus en plus à
des centres hospitaliers de longue durée.
Il faudra aussi que les CRSSS tiennent de plus en plus compte, c'est
d'ailleurs pour cela qu'ils sont là, des caractéristiques non
seulement régionales mais sous-régionales. Dans presque toutes
les régions, on voit que l'histoire, la tradition et l'évolution
ont fait en sorte que certains coins ont été plus
développés que d'autres. Il faudra, par souci de justice à
l'endroit des populations, rétablir un meilleur équilibre, une
meilleure équité intrarégionale entre les programmes,
entre les secteurs. C'est là un des mandats que nous donnons au
ministère, aux CRSSS, pour qu'ils procèdent à cette
planification et cette programmation qui collent davantage aux
réalités de chacun des secteurs géographiques
sous-régionaux et même "sous-sous-régionaux".
C'est là aussi une politique dont les CRSSS sont bien conscients
et, même si les résultats ne sont pas encore bien évidents,
la politique ayant été mise en vigueur il y a deux ans, de plus
en plus on assiste à des rééquilibrages, des
rétablissements d'équités dont tiennent compte aussi bien
nos budgets d'immobilisation pour la construction, pour l'agrandissement que
ceux pour la fourniture de services de ressources plus légères,
comme celles des services à domicile.
En ce qui concerne votre sous-région, je
préférerais demander à Mme Vaillant d'ajouter des
renseignements qui répondront au caractère plus spécifique
de votre
question, ou à M. Deschênes.
M. Deschênes: Justement, dans la question spécifique
concernant Rivière-du-Loup, il y a un taux de réponse à
l'hébergement. Il y a 6,64 places par 100 personnes âgées
dans la région. Si on prend l'ensemble, centre d'accueil
d'hébergement et centre hospitalier de soins de longue durée, il
y en a 11,85. Voilà une réponse technique mais qui est loin
d'être satisfaisante pour le député, je pense.
M. Boucher: II s'agit de la région de Québec au
complet. (11 heures)
M. Deschênes: Non, le DSC de Rivière-du-Loup. Je
voudrais vous donner quelques informations sur la façon dont on
définit les normes et dire où nous en sommes sur cette question,
car la norme de 6% est, pour nous, sous un moratoire. Nous nous sommes rendu
compte d'abord que cette norme ne s'applique pas par régions, les
régions étant des ensembles beaucoup trop grands, mais par zones
de DSC. On ne peut pas facilement considérer qu'un lit disponible
à Québec soit vraiment disponible pour quelqu'un qui demeurerait
dans la région de l'amiante ou dans la Beauce, par exemple.
Alors, nous avons intégré plus de souplesse et nous avons
32 sous-régions, en quelque sorte, les zones de DSC, plutôt qu'une
base régionale. Ce n'est donc pas non plus 6%. Cette norme est en
révision, car la prévision démographique nous fait voir le
besoin d'hébergement, particulièrement chez les personnes de 75
ans et plus; c'est là qu'on voit véritablement l'utilisation
statistique des institutions. Il y a une forte différence entre 65 ans
et 75 ans et nous distinguons maintenant... Des travaux se termineront
là-dessus d'ici à quelques semaines et nous devrions avoir un
certain consensus au niveau administratif, pour avoir assoupli en quelque sorte
la définition de la norme sur la base du territoire et
considérant l'âge, parce que l'âge est un facteur
très important à l'égard de l'institution. Nous constatons
que la courbe démographique change puisque, parmi les 65 ans et plus, la
tranche des plus de 75 ans devient plus importante statistiquement. Donc, il
nous faut prendre cette prévision en considération.
En termes de souplesse, c'est la raison même pour laquelle nous
avons intégré, dans un même programme, le programme dont on
discute maintenant, les centres d'accueil et d'hébergement et les
centres hospitaliers de soins de longue durée. À la suite
d'études sur les bénéficiaires, sur le type de soins ou
l'état de santé des bénéficiaires dans les centres
d'accueil et d'hébergement et de soins prolongés, nous nous
sommes rendu compte que, bien qu'il n'y ait pas une similitude, pour une partie
assez importante de la population hébergée il y a similitude, et
nous avons intégré dans un même programme
budgétaire, bien que dans deux éléments distincts,
l'hébergement et les soins prolongés pour avoir une souplesse
d'adaptation au fur et à mesure entre ces deux types de population et
ces deux types d'établissements.
Autrement, vous le savez, le vote des crédits est une chose assez
hermétique d'un programme à l'autre et nous sommes obligés
d'apporter des ajustements une fois par année, si possible, et si nous
sommes prêts à temps. Pour les fins de souplesse, nous avons aussi
- je parlais d'intégration tantôt - même au niveau
structurel, je dirais, du gouvernement, une structure budgétaire
intégrée pour faciliter les études comparatives entre ces
deux sous-réseaux de l'hébergement et des soins
prolongés.
Je voudrais ajouter qu'au-delà des crédits cette approche
est soutenue; par exemple, nous avons constaté ce que le
député décrivait tantôt ou ce que l'on appelle
l'alourdissement des clientèles. On se souviendra qu'à la
commission parlementaire il y avait un consensus général sur le
besoin de mieux structurer l'activité médicale et pharmaceutique
à l'intérieur des centres d'accueil et d'hébergement. Dans
les projets de règlement, il y a eu, à ce moment, un consensus
disant que, oui, il fallait mieux organiser cette pratique à
l'intérieur des centres d'accueil et d'hébergement, les
clientèles se ressemblant.
Au-delà des crédits, dans les normes d'organisation, le
ministère voit à l'adaptation, en quelque sorte, du réseau
des établissements et de sa réglementation, pour tenir compte des
changements de ce type. J'ajouterais en outre que, dans le cas des centres
d'accueil et d'hébergement et des centres hospitaliers de soins de
longue durée, un accord de principe est intervenu avec la
Fédération des médecins omnipraticiens, en août
dernier, pour reconnaître que la rémunération à
l'acte était inappropriée dans ces types d'établissement.
En conséquence, il y a un projet sur lequel nous sommes à la
veille de commencer un travail concret; il y a une entente à finaliser -
il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué mais, dans
une trentaine de centres d'accueil et d'hébergement et de centres
hospitaliers de soins de longue durée, conjointement le ministère
et la Fédération des médecins omnipraticiens s'entendent
pour modifier le mode de rémunération afin qu'il soit sur un mode
de vacation et pour intégrer, à ce moment, l'activité
médicale et médico-institutionnelle de la part du médecin,
de sorte qu'elle soit reconnue et qu'il n'y ait pas une contradiction entre,
d'une part, une attention, une certaine lenteur et une délicatesse qu'il
faut avoir à l'égard de ces populations et, d'autre part,
une espèce d'impératif économique sous-jacent
à la structure de rémunération à l'acte.
C'est aussi un mode d'adaptation particulier qui n'est plus de la
réglementation ou des crédits, mais qui illustre l'adaptation
progressive du réseau à ces besoins changeants de la
population.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'aimerais demander au
ministre où il en est dans son plan d'adaptation physique des CA qui
doivent maintenant prendre charge de clientèles plus lourdes. Est-ce que
vous avez un plan de développement pour l'année 1984-1985?
Pourrait-il être déposé? Est-ce qu'on pourrait nous
indiquer non seulement les noms des centres d'accueil, mais aussi les
régions?
M. Laurin: Je demanderais à M. Deschênes de
répondre à cette question.
M. Deschênes: Les crédits disponibles pour
l'hébergement sont de 13 500 000 $ cette année, mais la
décision doit se prendre en ayant à l'esprit que c'est 27 000 000
$ sur une base annualisée. Nous avons eu des consultations avec les
conseils régionaux. Nous sommes présentement en consultation sur
l'utilisation et la répartition de ces enveloppes entre les
différents établissements. Nous n'avons pas une liste
fermée préétablie. Nous avons des indications sur certains
besoins plus accrus à des endroits qu'à d'autres. Nous sommes
à finaliser la répartition de cette somme avec les conseils
régionaux.
J'ajouterais aussi un problème qui complique la
répartition. Nous n'avons pas partout un vocabulaire standardisé
à cet égard. Il y a donc des établissements qui
n'utilisent pas tout à fait la nomenclature des A-3, A-4, de sorte que,
si on veut comparer... Pour une piastre, c'est une piastre, il n'y a pas de
confusion, tout le monde sait de quoi il s'agit, mais à quoi cela
sert-il? Il faut évaluer la clientèle et le mode
d'évaluation des bénéficiaires, il y a des milieux qui ne
l'acceptent pas intégralement parce qu'ils avaient des systèmes
locaux. Cette transformation qui se fait progressivement n'est pas faite
partout. Dans la répartition des sommes d'argent disponibles, nous avons
des problèmes de raffinement, de compréhension. Là-dessus,
les conseils régionaux nous donnent un fier coup de main puisque eux
connaissent mieux les variantes locales.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que le
sous-ministre pourrait nous dire si les 13 000 000 $ annualisés à
27 000 000 $ doivent s'appliquer à des transformations physiques ou
à l'ajout de personnel et de quelle façon se fait la
distribution?
M. Deschênes: II n'y a pas de distribution. C'est
essentiellement pour un budget de fonctionnement, c'est-à-dire, non pas
pour des immobilisations, ce qui est une tout autre chose, mais bien pour du
fonctionnement. Donc, des dépenses salariales ou des dépenses non
salariales parce qu'il y a des choses qu'il faut acheter à l'occasion.
C'est donc du fonctionnement et non de l'immobilisation.
M. Laurin: Cela devrait procurer de l'emploi à 1000 ou
1500 personnes additionnelles dans ces centres d'accueil.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce que j'aimerais
savoir... Il s'agissait là d'un programme extrêmement grave, soit
le sous-équipement, si je puis dire, au plan du personnel dans les
centres d'accueil, lesquels, comparativement aux hôpitaux de soins
prolongés, étaient très pauvres. Et cela, non seulement au
plan de personnel infirmier, mais aussi au plan d'autres ressources en
personnel.
Évidemment, 27 000 000 $ annuellement, cela semble être
beaucoup. J'aurais aimé savoir concrètement... On parle aussi de
1000 personnes ajoutées. Si vous avez 600 centres d'accueil... Combien
en avez-vous, de centres d'accueil d'hébergement pour les personnes
âgées? Si après vous faites la division, c'était de
20% de carence en soins infirmiers dont on parlait dans les centres
d'accueil.
M. Laurin: M. Deschênes. Mme Vaillant.
Mme Vaillant (Jeanne d'Arc): Disons que, dans un premier temps,
il y a toute la question des 13 500 000 $ qui sont pour l'alourdissement de la
clientèle et qui vont créer de 1000 à 1500 postes qui
seront distribués dans les centres d'accueil. On a au total 472 centres
d'accueil d'hébergement, dont 303 qui sont des centres d'accueil
d'hébergement publics qui détaillent en privé,
autofinancés, conventionnés et le reste.
Donc, la répartition des 13 000 000 $ ou des 27 000 000 $
annualisés est effectivement pour augmenter le niveau de soins dans
chacun des centres d'accueil d'hébergement où il y a des manques,
si vous voulez, compte tenu de l'alourdissement des clientèles.
Il y a ce volet mais il y a aussi et, cela, c'est du personnel et des
services, une augmentation en termes de services. Il y a aussi un autre volet
que comporte votre question, c'est toute la question des immobilisations. La
construction des centres d'accueil de 1975 répondait à un autre
type de clientèle que celle qu'on retrouve actuellement. Des
détails aussi simples que passer une civière...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ne donnez pas de
détail. Pourriez-vous répondre directement parce qu'on a
tellement peu de temps?
Mme Vaillant: D'accord. Donc, on a pour 1984-1985 - et j'ai ici
le détail - des projets d'immobilisation qui tiennent compte de cela. On
va essayer au niveau des rénovations fonctionnelles de la
vétusté d'adapter les locaux ou les immeubles que nous avons
actuellement et de faire en sorte que les centres d'accueil
d'hébergement physiquement soient rénovés, compte
tenu...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avez-vous un plan pour
l'ensemble des centres d'accueil qui devront éventuellement être
rénovés et subir des transformations physiques pour
répondre aux besoins de la clientèle?
Mme Vaillant: On a un plan triennal. J'ai quelque chose pour
1984-1985.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous pourrez nous le
remettre.
Mme Vaillant: II y a un plan directeur national.
M. Deschênes: Je pense que, pour l'année 1984-1985,
c'est une liste fermée.
Effectivement, c'est le dossier d'immobilisation...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est la première
question que j'avais posée tout à l'heure.
M. Deschênes: II y a une liste fermée pour
1984-1985. D'autre part, nous avons désormais une approche en
matière d'immobilisation qui est aussi intégrée; on va
intégrer à la fois sécurité, vétusté,
rénovations fonctionnelles et certaines augmentations de capacité
là où c'est requis à la fois au plan social et pour la
santé. Nous sommes à finaliser le programme triennal à
partir de l'input des conseils régionaux qui sont impliqués, il
faudra s'en souvenir, dans les immobilisations, puisqu'ils en décident,
puisqu'ils en financent. Alors, il y a un plan directeur national des
immobilisations qui jouera sur trois ans et qui est en instance d'être
finalisé au sein du ministère. C'est, à ce moment, pour
une période de trois ans postérieure à 1984-1985. Donc,
c'est 1985-1988.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce qu'on peut vous
demander de déposer la liste fermée pour 1984-1985?
M. Deschênes: Oui, c'est une liste qui peut être
déposée. Elle est arrêtée.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, merci. Je vous ferai
remarquer - c'est évidemment une amélioration par rapport
à l'an dernier - que, quand on divise vos 472 centres d'accueil par X
millions, les 13 ou 27 selon qu'on le considère sur une
demi-année ou sur une année, cela représente 57 000 $ par
centre d'accueil. Évidemment, ce ne seront pas nécessairement
tous les centres d'accueil qui recevront 57 000 $, j'imagine, mais c'est quand
même un début. Je pense qu'on est encore loin des
représentations qui ont été faites. Une question plus
précise: J'aimerais demander ce qu'on fait dans les centres d'accueil -
c'est une question que j'ai posée l'an dernier, cela rejoint une
préoccupation que le ministre doit avoir au sujet d'une autre grande
institution présentement - sur la qualité de vie dans les centres
d'accueil. C'est très inégal d'un centre d'accueil à
l'autre. Évidemment, tout le monde est un peu soulagé quand on
veut placer quelqu'un en centre d'accueil et que, finalement, on le place. Le
problème est résolu momentanément. Je pense
qu'au-delà de cela il y a des préoccupations qui doivent
rejoindre la qualité de vie des gens qui sont à
l'intérieur des centres d'accueil. Le sous-ministre a parlé tout
à l'heure de certaines mesures qui sont prises du point de vue de
l'utilisation des médicaments. Il semble qu'on aurait des règles
un peu plus fermes pour empêcher l'abus des médicaments. Je suis
sûre que le ministre a fait le tour d'un grand nombre de centres
d'accueil et que, dans un grand nombre d'entre eux, les gens sont totalement
inoccupés, ils se bercent à longueur de journée. Je pense
que ce n'est pas une façon, de dire aux gens: Bercez-vous jusqu'à
ce temps que vous mouriez.
Je ne veux pas dramatiser et je ne veux pas revenir dans trop de
détails. On l'a soulevé l'an dernier. Je voudrais savoir quelles
sont les mesures qui depuis l'an dernier ont été prises justement
pour stimuler la vie des gens et même pour permettre qu'ils ne soient pas
toujours dans les centres d'accueil jusqu'à la fin de leurs jours et
qu'ils puissent retourner dans la communauté, pour permettre un peu une
mobilité de ces populations. D'ailleurs, il y a certains efforts qui
sont faits du côté même des hôpitaux de soins
prolongés pour permettre une certaine mobilité sur un nombre
restreint - cela, je le comprends bien - de personnes qui sont
hébergées. Cela m'apparaît une question fondamentale. On
peut se dire: Tout le monde a sa place, tout le monde a son casier, si jamais
on y arrive, mais au-delà de cela, comment vit-on dans son casier?
Comment vit-on dans la place où on nous a mis? Cela m'apparaît
extrêmement important d'autant plus qu'il y a augmentation de notre
population vieillissante.
(11 h 15)
Qualité de vie dans les centres
d'accueil
M. Laurin: L'effort s'est poursuivi sur plusieurs plans. Prenons,
par exemple, les services pharmaceutiques. On sait qu'auparavant les
médicaments étaient distribués un peu à la
va-comme-je-te-pousse, cela variait d'un centre à l'autre. Dans certains
cas, il y avait surmédicalisation; dans certains cas, il y avait
sous-médicalisation, parce que le système n'existait pas. Des
études ont été faites au ministère et la conclusion
en était que dans les centres d'accueil chaque pensionnaire avait besoin
d'un service de 0,5 heure-pharmacie par patient. À partir de cette norme
on a développé les études appropriées et surtout on
est passé au stade des réalisations concrètes. On peut
dire maintenant que 66% de nos centres d'accueil ont des services
pharmaceutiques rigoureusement et scientifiquement organisés avec des
services professionnels appropriés, avec une surveillance
adéquate de la dispensation de médicaments. Ceci, couplé
avec l'effort que nous faisons pour la médicalisation appropriée
des centres d'accueil, va sûrement amener une gestion beaucoup plus
rigoureuse et beaucoup mieux surveillée de l'aspect pharmaceutique et de
l'aspect médical ou de la vie en centre d'accueil et c'est important
pour l'amélioration de la qualité de la vie.
Un effort identique a été fait sur le plan de
l'alimentation à la suite d'un sondage fait par le Comité
provincial des malades. Les conclusions de ce comité étaient
assez apocalyptiques. Par exemple, on disait que le moment de l'alimentation
était un moment de tristesse pour les pensionnaires et on sait à
quel point l'alimentation joue un rôle important pour la qualité
de la vie des bénéficiaires. De gros efforts ont également
été faits dans ce sens-là sur le plan des études,
sur le plan de la sensibilisation du personnel, sur le plan de la formation de
diététiciens, sur le plan de l'organisation des services
alimentaires. Je pense que M. Deschênes pourra donner des renseignements
supplémentaires. Je pense qu'il y a une grosse amélioration
déjà, à ce point de vue là, mais il ne faut pas
s'en satisfaire, il faut continuer dans le même sens.
Il y a aussi eu une grosse amélioration sur le plan de
l'utilisation des heures libres. Par exemple, un nombre de plus en plus grand
de centres d'accueil se sont dotés de directeur de services de loisirs
ou de directeur ou directrice - souvent ce sont des femmes - d'animation
communautaire où on a essayé d'organiser les heures libres des
pensionnaires de mille et une façons, en faisant appel à toutes
les ressources que l'imagination et la créativité peuvent
suggérer. Ceci, autant de la part du personnel des centres d'accueil que
des associations de bénévoles qui jouent un rôle
extrêmement important à cet égard et sur le plan de la
créativité, de l'initiative et, aussi, sur le plan de
l'assistance aux efforts du centre d'accueil.
Nous avons vu au cours de l'année qui vient des initiatives
extrêmement intéressantes que le prix Persillier-Lachapelle est
venu couronner.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est toujours le
meilleur, celui-là. Bravo pour lui!
M. Laurin: Mais on peut dire que, d'une façon
générale, un nombre de plus en plus élevé de
centres d'accueil se sont dotés de cette direction des services
communautaires, d'animation communautaire. En plus, j'ai mentionné tout
à l'heure...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Combien de centres
d'accueil se seraient dotés d'un tel service, M. le ministre?
M. Laurin: Peut-être que Mme Vaillant ou M. Deschênes
pourra répondre, mais je sais que la tendance est à la hausse.
Dans les nouveaux centres d'accueil que je suis allé inaugurer, par
exemple, ces services communautaires sont très bien organisés et
ont été l'objet de préoccupations dès la
construction afin que les locaux appropriés soient mis à la
disposition des bénéficiaires.
J'ai mentionné également les centres de jour qui jouent un
rôle très important dans cette animation communautaire, dans le
fait aussi qu'ils peuvent faire en sorte que la population âgée
des environs apprend à considérer...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Combien se sont ouverts
cette année?
M. Laurin: II y a actuellement 76 centres de jour dans nos
centres d'accueil.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, mais
comparativement... Il y avait eu une politique, à un moment
donné, qu'avec chaque nouveau centre d'accueil s'ouvrait un centre de
jour. Il y a eu un moratoire pour des raisons budgétaires. Ce moratoire
est-il levé et est-ce qu'on a réalisé les centres de jour
dans les centres d'accueil où il devait y en avoir un?
M. Laurin: Oui, le nombre de centres de jour a continué
d'augmenter cette année. On pourra vous donner le chiffre exact.
Donc, je peux dire également que, sur le plan de
l'amélioration de la qualité de la vie en ce qui concerne les
loisirs, l'utilisation des heures libres, la gamme d'activités, les
sorties de malades, les sorties de bénéficiaires, soit avec du
personnel du
centre d'accueil ou avec les bénévoles, là aussi il
y a eu une grande amélioration. On peut dire aussi qu'un certain nombre
de centres d'accueil se sont dotés de services de dépannage pour
aider les familles qui gardent à domicile un certain nombre de personnes
âgées pour les aider à mieux supporter les contraintes que
nécessite le maintien de ces personnes âgées à
domicile. Cela aussi, c'est un progrès que nous avons constaté
cette année.
Évidemment, je ne dis pas que nous avons atteint les objectifs.
Des efforts accrus devront être faits au cours des prochaines
années, mais la direction est prise et je ne doute pas qu'avec toutes
les ressources actuellement mises en oeuvre on assiste à une
amélioration qui va continuer d'augmenter, de s'intensifier au cours des
prochaines années. Pour répondre à vos questions plus
spécifiques, je demanderais soit à M. Deschênes ou à
Mme Vaillant de compléter.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je voudrais simplement
dire qu'en 1982 il y avait 70 centres de jour dont 29 ont été
implantés entre 1981 et 1982. Si je comprends bien, vous en avez ouvert
six cette année puisque vous parlez de 76, si je vous ai bien
entendu.
M. Deschênes: Je pense qu'il faudrait considérer
aussi le développement des unités de gériatrie dont on n'a
pas parlé ici, mais qui se situe davantage dans l'hôpital de
courte durée, même si c'est pour soins prolongés.
Comme complément de réponse à ce que le ministre
dit, je voudrais mentionner que, dans le programme de travail
déposé auprès du ministre délégué aux
Relations avec les citoyens, nous avons les objectifs pour le ministère
comme organisation et, en ce qui a trait au réseau, c'est effectivement
le secteur de l'hébergement et des soins prolongés que nous avons
privilégié quant à quelques actions.
Parmi les actions envisagées dans ce domaine, il y a la mise en
place et l'amélioration du fonctionnement des comités de
bénéficiaires. Il y a des comités conjoints avec les
conseils régionaux pour faire le point sur les comités de
bénéficiaires, leur implantation, leur fonctionnement, pour voir
s'ils sont efficaces. C'est par un amendement législatif de la loi 27 en
décembre 1981 qu'un certain nombre de fonctions ont été
clarifiées pour le comité des bénéficiaires. Nous
avons sans doute des degrés de réalisation variés selon
les lieux. Il existe quelque 300 comités de bénéficiaires
dans le réseau et, avec les conseils régionaux et ces
comités, nous sommes à voir à l'amélioration du
fonctionnement de ces comités. Je pense que tabler, en quelque sorte,
sur les énergies des gens qui résident dans ces centres, c'est
sans doute une orientation privilégiée.
En outre, nous favorisons dans ces centres des actions visant une
meilleure individualisation du milieu de vie. Ceci touche, par exemple,
à l'horaire du repas, l'horaire de la journée, la modalité
du choix de repas. Ce sont des domaines de vie concrète sur lesquels,
avec chacun des conseils régionaux et les comités des
bénéficiaires, nous examinons ce que l'on peut
améliorer.
Quant au développement des centres de jour, effectivement il y a
eu, lors de la construction, des prévisions pour avoir des centres de
jour dans chacun des centres d'accueil d'hébergement, peut-être
à quelques exceptions près, mais je parle des centres d'accueil
construits au cours des dernières années.
Quant au développement et à l'utilisation de ces centres
de jour, il y a eu à un moment donné un temps d'arrêt afin
de voir de quelle façon on doit définir les rôles et aussi
la complémentarité à assurer entre un centre de jour
situé en centre d'accueil d'hébergement ou un hôpital de
jour et quelle est la différence entre un hôpital de jour et un
centre de jour dans un centre d'accueil d'hébergement dont la
clientèle est lourde, quel est le rôle possible, aussi, du CLSC
qui organise des activités de groupe sur son territoire.
On ne pouvait pas continuer aveuglément le développement
des centres de jour d'hébergement sans considérer ce qu'on devait
aussi développer qui était compatible ou comparable du
côté hospitalier. C'est ce qui a expliqué un temps de
réflexion, d'examen et de discussion qui n'est pas complètement
terminé. Nous avons cheminé certains centres de jour qui
apparaissaient plus évidents dans des milieux où il y en avait
moins, mais ce dossier, effectivement, n'est pas tout à fait clair aux
yeux de tous. Nous n'avons pas de consensus actuellement, ni dans le
réseau ni dans l'ensemble de l'organisation, pour définir une
fois pour toutes: Oui, on y va sans arrêt ou on modifie le rythme ou le
type de centre de jour* dans les centres d'accueil d'hébergement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Très
brièvement, pourriez-vous me dire combien de centres d'accueil se sont
donné des directeurs de programmes de loisirs et combien de centres
d'accueil ont maintenant un service de physiothérapie à la
disposition... J'aimerais avoir seulement des chiffres, s'il vous
plaît.
Mme Vaillant: On va faire faire un relevé dans le
détail et on pourra vous déposer cela cet après-midi ou
vous l'envoyer. Je n'ai pas le détail à ce moment-
ci. Il n'y a pas de relevé.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la Présidente, très
brièvement. On va être appelé à adopter les
crédits et les éléments de crédits. Si j'avais
à voter sur les discours qui ont été prononcés, je
serais porté à voter en faveur. Mais, quand je regarde les
chiffres, on nous parle d'accroissement, de services, etc. Pour les frais
d'exploitation des centres d'accueil d'hébergement, on a une
augmentation, face au budget de l'an passé, de 5,8%; dans les frais
d'exploitation des centres hospitaliers de soins de longue durée, une
augmentation de 8,3%; service de la dette, 8,5%, c'est là qu'on a la
plus grosse augmentation; loyers, équipement et rénovations, on a
une belle diminution de 8,8%. Si on fait l'ensemble du budget des
crédits à voter sur ce programme 5, on a une augmentation de
6,4%. Comment pouvez-vous concilier tous vos beaux discours avec les chiffres
sur lesquels vous nous demandez, comme parlementaires, de voter? Il y a quelque
chose moi, lorsqu'on me parle qu'on va rénover, qu'on va faire de belles
choses: et que je voie loyers, équipement et rénovations, 16 000
000 $ l'an passé, 14 000 000 $ cette année, une diminution de
8,8%, j'aime le discours, mais je ne retrouve pas le chiffre. Avez-vous
trouvé des formules magiques?
M. Laurin: J'ai quand même donné des chiffres tout
à l'heure qui témoignaient d'une augmentation et le
député lui-même les citait: 20 000 000 $ pour les centres
d'accueil, 30 000 000 $ pour les CHSP. Nous avons aussi ajouté les 13
500 000 $ additionnels pour l'alourdissement des clientèles,
annualisés à 27 000 000 $. Tout cela, ce sont des chiffres quand
même très importants.
Deuxièmement, il y a une meilleure utilisation des ressources,
une meilleure organisation qui, même si elle peut parfois se traduire par
des économies sur le strict plan budgétaire, se traduisent par
une amélioration sur le plan des services. Quant aux questions
additionnelles du député sur le service de la dette, sur le
loyer, je demanderais à M. Deschênes de répondre à
cela.
M. Deschênes: On pourrait ajouter tantôt
peut-être un commentaire addtionnel sur le loyer et la dette en
particulier; je voudrais signaler que 6,4%, c'est l'augmentation des
crédits que vous voyez. Ceci se compare à une augmentation
prévue de la masse salariale de 4,3%. C'est donc un écart. C'est
véritablement du développement, parce que la prévision
pour la masse salariale est de 4,3%. C'est la grosse masse des crédits.
C'est cela qu'il faut considérer davantage.
Le discours déborde effectivement le programme 5, mais c'est
manifestement nécessaire parce qu'on ne cloisonne pas ce programme.
Lorsqu'on parle de services à domicile, lorsqu'on parle de CAH et de
CHSP combinés, on ne peut pas cloisonner. Je conviens qu'à
certains on est obligé d'intégrer et d'expliquer l'ensemble des
politiques poursuivies, mais c'est une caractéristique, je dirais, du
réseau tel qu'il évolue maintenant. Je ne pense pas que le
discours déborde les crédits au-delà de ce qui est
nécessaire pour expliquer les éléments
d'intégration que l'on poursuit.
M. Paradis: C'est parce qu'on se retrouve sur le terrain, sur le
plan pratique, en situation pénible. M. le député de
Rivière-du-Loup faisait part de manque d'espace dans sa région.
Je pourrais vous parler de la région d'où je viens comme
député. On peut parler à l'ensemble des
députés et là, on s'aperçoit que, pour
répondre à une situation urgente, on a le discours mais on n'a
pas les chiffres. À moins que, comme le disait le ministre, vous n'ayez
trouvé un moyen incroyable et, là, il faudrait que vous nous le
disiez. On pourrait vous féliciter de rendre de meilleurs services avec
des ressources diminuées. Là, on pourrait vraiment vous
féliciter. Mais, je regarde juste à l'élément
loyers, équipement et rénovations, il y a une diminution de 8,8%.
Est-ce qu'on va vraiment progresser en diminuant dans ce domaine?
Je regarde dans le Service de la dette, il est rendu à 65 000 000
$, quelle est la dette au total? Est-ce que cela va augmenter à chaque
année?
M. Laurin: M. Lamonde.
M. Lamonde (Jacques): Par rapport aux éléments
"Loyers, équipement et rénovations" et "Service de la dette", si
vous allez à la page 73, de même qu'à la page 71 des
documents qu'on vous a remis, vous allez constater que pour
l'élément Loyers, équipement et rénovations qui
baisse d'environ 8%, l'explication vient du fait que les sommes qui
étaient antérieurement consacrées à
l'élément Achats, construction et rénovations pour des
coûts variant entre 250 000 $ et 1 000 000 $ qui étaient avant
dans cet élément de programme ont été
transférées dans un autre élément de programme qui
est celui que vous retrouvez à la page 71. Et la baisse à la page
73, à l'élément Loyers, équipement et
rénovation est de 2 000 000 $ à ce titre et explique très
largement la baisse dont vous venez de parler. À l'inverse, si vous
allez à la. page
71 du même document, vous allez avoir une hausse dans cet
élément de 2 000 000 $ sur 3 800 000 $, ce qui est une hausse
absolument extraordinaire avec une ventilation des projets entre 250 000 $ et 1
000 000 $ qui est largement supérieure aux 2 000 000 $ de la page
précédente qui avaient été
transférés. Il faut donc les regarder les deux ensemble et non
pas séparément.
(11 h 30)
M. Laurin: En somme, ce sont les CRSSS qui auraient des
responsabilités qu'ils n'avaient pas auparavant. Est-ce que c'est
l'explication?
M. Lamonde: Non, c'est tout simplement un
réaménagement budgétaire des crédits pour mettre
ensemble des choses qui vont davantage ensemble.
M. Paradis: C'est là-dessus qu'on va voter. Est-ce que je
comprends bien - je ne vous en voudrai pas si vous me dites non -que la
diminution de 8,8% à loyers, équipement et rénovations
n'est pas une diminution dans les faits mais qu'on retrouve ce chiffre, qui est
à l'élément 4, dans le service de la dette? On finance
autrement: Au lieu de financer en déboursant, on finance des services de
dette.
M. Lamonde: Non, on va financer quand même en
crédits directs en déboursant, sauf qu'on a l'activité
pour les travaux entre 250 000 $ et 1 000 000 $: au lieu de les ranger et de
les classer dans l'élément 3, on les classe maintenant dans un
autre élément. Il s'agit de travaux de construction qu'on mettait
dans du loyer et de l'équipement. Cela nous apparaît plus logique
de mettre ces travaux dans une activité qui est celle du Service de la
dette: ce sont là des activités de construction, de travaux et
non pas des activités de location ou d'équipement. C'est la
distinction qu'on introduit cette année et c'est ce qui fait que, dans
un cas, cela baisse de 2 000 000 $. La baisse de 2 000 000 $ est
supérieure à la baisse totale de l'élément de
programme qui est de 1 428 000 $. En contrepartie, à la page 71, dans
cette activité qui comprenait 2 000 000 $ de crédits en
1983-1984, il y en a pour 4 180 000 $ en 1984-1985; donc, elle a plus que
doublé.
M. Paradis: 7 000 000 $.
M. Lamonde: Oui, sauf que vous avez le CH Côte-des-Neiges
qui est là.
M. Paradis: Pour 3 000 000 $, qui est un centre hospitalier.
M. Lamonde: C'est cela. Si vous réduisez cela fait 4 180
000 $ au lieu de 2 000 000 $. Le comparatif est 2 000 000 $ par rapport
à 4 180 000 $. Donc, cette activité a plus que doublé.
M. Deschênes: D'autre part, pour les loyers, voici une
information plus détaillée: ils étaient de 780 000 $ en
1983-1984 et ils croissent en 1984-1985 à 977 000 $. C'est un
accroissement de quelque 196 000 $, disons une augmentation à
l'élément loyers de quelque 25%.
M. Lamonde: Pour compléter, si vous mettez les deux
éléments ensemble, vous obtenez une croissance et non pas une
décroissance. Dans un cas, cela décroît de 1 400 000 $ et,
dans l'autre cas, cela croît de 2 200 000 $.
M. Paradis: Pour bien comprendre le fonctionnement parce que vous
avez fait le choix comptable de le placer sous l'élément Service
de la dette, le Service de la dette de 65 379 700 $, c'est une dette totale de
combien?
M. Lamonde: Je ne pense pas avoir la statistique avec moi, mais
cela peut être fourni.
M. Paradis: D'accord. Vos amortissements, ces dettes-là
sont financées sur combien d'années? Quinze ans?
M. Lamonde: Cela dépend des émissions d'obligations
qui ont été faites. Si vous regardez à la page 69 du
document, je ne sais pas si cela va répondre à votre question, il
y a là une série d'explications qui vous disent que, par exemple,
le stock des émissions d'obligations au 31 mars 1983 était de 47
934 000 $. Il y a eu des émissions de vendues depuis le 3 avril de 1 500
000 $, pour un nouveau total de 49 500 000 $. Il y a des émissions
à vendre. Il y a des crédits qui sont accordés en fonction
d'un taux d'intérêt de 11,8% et d'un remboursement de capital de
3,3% par année.
M. Paradis: Sauf que, cette année, ils sont à
12,1%.
M. Lamonde: Pardon?
M. Paradis: Pour les crédits de 1984-1985, on voit qu'ils
sont à 12,1%. Non?
M. Lamonde: Oui, taux d'intérêt de 12,1%. Vous avez
toute une série d'explications - je peux vous les sortir les unes
après les autres - où on parle des anciennes émissions
d'obligations qu'on avait avec les refinancements dessus, les taux, les modes
de remboursement de capital, etc., les nouvelles émissions
prévues en vertu des
travaux réalisés. On fait une prévision
là-dessus, d'émissions d'obligations avec un taux
d'intérêt, remboursement de capital et intérêt
à des séquences... Je pense que c'est semestriel, mais c'est
peut-être trimestriel, l'hypothèse.
M. Paradis: On retrouve des détails à la page 69
comme telle, mais cela n'enlève pas ma question originale. On a un
Service de la dette pour lequel on va débourser, si on vote ces
crédits, 65 000 000 $ cette année. La dette totale pour ce
programme est de combien?
M. Lamonde: Je garde la question.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Shefford.
Centres de jour
M. Paré: Oui, Mme la Présidente. Je ne sais pas si
c'est une question ou un commentaire, mais cela revient à ce dont on
vous parlait tantôt. Au niveau de l'implantation des centres de jour dans
les centres d'accueil, je suis d'accord que tout ce qui est
complémentaire ou qui pourrait être substitué à la
construction de centres d'accueil de façon démesurée. On a
dit qu'il y en avait maintenant 76, qu'il y en avait 70 l'an passé;
c'est une augmentation de 6. C'est au niveau de cette augmentation, c'est pour
cela que je vous dis que je ne sais pas si c'est sous forme de question ou de
commentaire. J'ai rencontré les gens du CRSSS de ma région qui
avaient pris décision lors de leur conseil d'administration de la fin de
janvier 1984, donc, tout dernièrement, qu'à même leur
budget régional, ce qu'on appelle la récupération des
institutions, ils étaient pour mettre sur pied - et effectivement je
crois que c'est en phase d'implantation - treize centres d'accueil dans la
Montérégie. Quand vous parlez de 76, est-ce que ce sont
effectivement 76 centres de jour bien structurés, bien montés et
reconnus par le ministère? Est-ce l'ensemble des centres de jour? Est-ce
qu'il pourrait y en avoir plus que cela qui ont été mis sur pied
soit sur une base embryonnaire, si on veut, dans d'autres centres d'accueil?
Est-ce qu'il y en aurait plus que cela? Je sais que dans ma région, en
tout cas, il y en aurait treize qui sont en train de se monter,
c'est-à-dire que chaque municipalité importante de la
Montérégie devrait avoir son centre de jour qui ne sera
peut-être pas un centre de jour complet sur une base reconnue, mais qui
commencerait à se structurer, à donner des services essentiels.
Je me dis: Si le CRSSS dans ma région est en train d'en structurer
treize, peut-être que dans d'autres régions d'autres CRSSS sont
aussi en train de faire un cheminement semblable. Est-ce que le nombre 76,
c'est ce qu'on a présentement et qu'on en monte d'autres? Ou,
pourrait-il y en avoir plus que 76 à l'heure actuelle, mais qui ont
été créés à même les budgets
régionaux?
M. Laurin: II pourrait sûrement y en avoir plus que 76. Ce
ne sont pas seulement des centres d'accueil récemment construits qui
peuvent se doter d'un centre de jour. Je connais par exemple dans mon
comté un centre d'accueil qui a un certain âge, le centre
Pierre-Joseph -Triest qui, en louant un local situé non loin de
là, a ouvert un centre de jour qui dessert une partie importante de la
population. D'autre part, il y a les problèmes dont parlait le
sous-ministre, qu'il nous faut régler de la façon la plus
adéquate possible. Je pense bien qu'une fois ces problèmes
réglés il va y avoir un nouvel élan pour la mise à
la disposition de la communauté d'un nombre plus important de centres de
jour. Il y a aussi une troisième politique. Le CRSSS à
l'intérieur de l'enveloppe dont il dispose peut lui aussi faire de la
péréquation ou faire des réallocations de ressources, soit
par les pouvoirs dont il dispose ou par les sommes dont il dispose à la
lumière des études qu'il fait des besoins qu'il identifie. On
assiste effectivement dans certaines régions à une
réallocation de ressources en fonction des besoins que le CRSSS estime
prioritaires. Il se peut très bien que la création d'un centre de
jour soit considérée par la population d'une région
desservie par un CRSSS comme prioritaire et à ce moment il y aura une
réallocation de ressources. Effectivement, c'est ce qui se passe dans
certains endroits. On peut même assister à une réallocation
de ressources à l'intérieur d'un budget d'établissement
avec la politique du budget global. Il y a certains centres d'accueil qui font
des économies à certains postes et ces économies sont
canalisées par le conseil d'administration du centre d'accueil vers
l'ouverture d'un centre de jour qu'autrement il aurait été
impossible de financer. Je sais, par exemple, que certains centres d'accueil
ont pu ouvrir des centres de jour par cette réallocation interne de
fonds grâce aux économies ou à la gestion rigoureuse qu'ils
ont pu faire. Mais, pour répondre d'une façon plus
spécifique à votre question, je demanderai à Mme Vaillant
de compléter.
Mme Vaillant: D'accord. Les 76 centres de jour auxquels M. le
ministre faisait référence, ce sont 76 centres de jour
structurés, avec des locaux, des programmes développés en
santé, en alimentation, en soins personnels, en stimulation physique et
avec un volet communautaire.
Les treize dont vous parlez dans la région de la
Montérégie, c'est à même la marge de manoeuvre qui a
été octroyée au CRSSS l'an dernier. Ce sont des
programmes
externes qui se font en collaboration avec les CLSC. Donc, les personnes
âgées sont à domicile, il y a des services externes, que
cela touche, par exemple, de l'information sur l'alimentation ou que ce soient
des infirmières qui vont à domicile pour les injections,
pansements et autres. C'est vraiment nouveau et intéressant. C'est la
jonction entre un centre d'accueil d'hébergement et un CLSC et ce sont
des programmes de services externes qui peuvent comporter à certains
endroits des programmes d'ergo et de physio. Cela touche la nutrition, les
soins personnels et cela peut toucher l'alimentation aussi. Cela peut
s'organiser par territoires de CLSC où les CLSC touchent les personnes
âgées via leur programme de service à domicile et où
les centres d'accueil d'hébergement ont également à
l'égard des personnes âgées une expertise. C'est la
jonction des deux. C'est nouveau et c'est fort intéressant. C'est
axé sur les besoins de la clientèle comme tels.
M. Paré: J'ai seulement une courte question pour
compléter. On dit que c'est différent mais c'est quand
même... On l'appelle chez nous centre de jour aussi. Est-ce qu'on peut
dire que c'est le début de l'implantation d'un centre de jour comme
tel?
Mme Vaillant: Ce pourrait être le cas. Il va falloir
regarder avec le conseil régional si un centre de jour est un lieu qui
permet un regroupement de personnes âgées. À ce
moment-là, il faudra voir avec le conseil régional, là
où ce sera requis, la possibilité d'aménager les locaux.
Mais, indépendamment du fait qu'il faille des centres de jour, je pense
que c'est nécessaire dans la communauté qu'il y ait des services
externes aussi. Donc, je réponds à votre question à
moitié parce que, compte tenu de l'état de la situation, je ne
peux pas aller plus loin.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'ai deux petites
questions courtes. Je voudrais savoir si le rapport d'enquête sur la
maison Sainte-Clothilde est terminé et quelles en sont les conclusions.
Si vous me le permettez, je voudrais dire pour ceux qui ne sont pas au courant
que la maison Sainte-Clothilde est un centre d'accueil et de
réadaptation dans le comté d'Arthabaska. Une enquête
policière a finalement été entreprise en novembre dernier
à la suite des pressions de l'Opposition afin de déceler des
irrégularités qui auraient été commises par le
directeur général et le directeur des services administratifs.
Selon nos rapports, l'enquête est terminée. Mais ce que je
voudrais signaler en passant, c'est que cette enquête est intervenue et
cela m'apparaît être une situation vraiment anormale. À la
suite d'un rapport anonyme qui nous a été envoyé - et
généralement les gens ne donnent pas suite aux rapports anonymes
-compte tenu du sérieux du rapport, on a communiqué avec le
ministère des Affaires sociales qui, finalement, a donné une
suite. Mais, je voudrais faire remarquer que je trouve quand même
inquiétant que - on ne sait pas le rapport de l'enquête - dans le
cas où il y aurait vraiment des fautes commises, les employés
d'une institution par peur de représailles doivent se cacher
derrière l'anonymat pour pouvoir faire valoir leur point de vue.
Peut-être qu'il n'y a rien et je signale en passant que le
ministère des Affaires sociales est allé de l'avant. Alors, ce
n'est pas le ministère des Affaires sociales, mais cela
décèle dans le réseau un esprit qui, j'espère,
n'est pas généralisé mais qui est quand même
inquiétant. Quand on voit aussi tout le temps que cela a pris pour que -
on y reviendra probablement après-midi - le rapport sur l'hôpital
Louis-Hippolyte-Lafontaine sorte dans le public, on peut se demander si c'est
normal que les gens soient si peu à l'aise dans le réseau que les
choses ne sortent pas plus rapidement ou encore qu'on doive recourir à
l'anonymat. Je voulais simplement donner cela parce que c'est une
inquiétude supplémentaire. Alors, Mme Vaillant. (11 h 45)
Mme Vaillant: Les faits que vous rapportez sont exacts. C'est
à la suite de cinq lettres anonymes. Comme vous l'avez mentionné,
le ministère a demandé en septembre 1984 une enquête
policière sur les actes qui ont été reprochés.
L'enquête a pris fin en décembre 1983. Je n'ai pas encore les
résultats officiels. La question: Est-ce que le Procureur
général du Québec va porter des accusations? C'est
actuellement entre les mains du Procureur général. Je n'ai donc
pas, par-devers moi, actuellement le résultat de ces enquêtes mais
je puis vous dire que nous suivons de très près ce dossier.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce qui indique que, si
c'est rendu auprès du Procureur général, c'est une
indication que tout ne tournait pas rond, pour dire le moins.
Mme Vaillant: C'est cela. Il peut y avoir des accusations
portées. Nous attendons actuellement les résultats de
l'enquête policière.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
Mme Vaillant: C'est le Procureur général
actuellement qui, seul, peut porter des accusations.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dans le cas
d'Anne-Leseigneur, est-ce exact que le directeur général est
parti et que d'autres
membres... Comment s'est solutionné le problème
d'Anne-Leseigneur finalement?
Mme Vaillant: Anne Leseigneur dont on a parlé en
commission...
M. Deschênes: Excusez-moi, Mme la Présidente. Je ne
voudrais pas que, dans le cas de Sainte-Clothilde, parce qu'il y a une
enquête policière dont on ne sait pas les conclusions... Une
enquête policière est une enquête policière et le
procureur, c'est le procureur. Je connais le journal des Débats et je ne
voudrais pas que les gens lisent que c'est un petit peu comme s'il y avait une
confirmation de notre part.
Je voudrais seulement dire que le type de choses qui ont
été évoquées nous a fait faire cette
procédure particulière de procéder, la police plutôt
qu'un commissaire-enquêteur ou des choses proprement de fonctionnement de
réseau. Quant à nous, on ne peut rien conclure, ni pour, ni
contre, si ce n'est le rapport que nous n'avons pas et qui est chez le
procureur. Je veux seulement être sûr qu'au journal des
Débats...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous n'avez pas vu le
rapport.
Mme Vaillant: Non.
M. Deschênes: C'est cela. C'est chez le procureur. Je
voulais clarifier cela.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord.
M. Deschênes: C'est un type d'enquête qui n'est pas
fait en vertu du chapitre 48, donc sous notre responsabilité directement
ministérielle.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci de la
rectification, M. le sous-ministre.
M. Deschênes: II n'y a pas que nous qui lisons le journal
des Débats, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: Et les sourires ne sont pas
enregistrés.
Mme Vaillant: Dans le dossier d'Anne-Leseigneur, cet
établissement a été mis en tutelle. Actuellement, le
directeur général qui était en poste a remis sa
démission et le concours pour la sélection d'un nouveau directeur
général doit s'ouvrir bientôt. C'est là où
nous en sommes. J'ai le rapport détaillé du tuteur. Il y a eu des
correctifs qui ont été apportés dans cet
établissement, que ce soient les conditions sanitaires, que ce soient
les services médicaux, que ce soit au niveau du personnel. Il y a un
certain nombre de mesures qui ont été apportées. Ce que je
connais du rapport d'étape du tuteur actuellement, c'est que le climat
s'est assaini dans cet établissement. Si vous voulez plus de
détails, je peux aller plus en détail...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Qu'est-ce qui est
arrivé au conseil d'administration? Est-ce que la tutelle est
levée et que le conseil d'administration a repris ses
responsabilités?
Mme Vaillant: Actuellement, cet établissement est encore
en tutelle et cela se termine le 9 mai.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le 9 mai.
Mme Vaillant: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce exact que le
président ou la présidente du conseil d'administration ait aussi
démissionné?
Mme Vaillant: La présidente du conseil d'administration a
effectivement démissionné.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce le seul membre qui
a démissionné?
Mme Vaillant: À ma connaissance, oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Dernière
question. Qu'est-ce qui arrive à la construction du centre d'accueil
pour les jeunes sur la rive sud?
Mme Vaillant: Foyer Savoie.
M. Deschênes: Mme la Présidente, nous sommes, depuis
quelques minutes, entrés dans le programme suivant: Celui de la
réadaptation. On n'a aucune objection...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah bien! On avait dit les
programmes 5 et 6 parce qu'on...
M. Deschênes: Seulement pour clarifier peut-être le
vote de la commission.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Parfait.
M. Deschênes: Je veux seulement attirer votre
attention.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Alors, est-ce
qu'on peut répondre à la question?
Mme Vaillant: Concernant l'acquisition du foyer Savoie, les
propriétaires de la
corporation ont été rencontrés dernièrement.
Je les ai rencontrés. On va acquérir l'immeuble et actuellement
tout est accepté. Le conseil d'administration accepte de nous vendre et
le contrat est en voie de rédaction pour l'acquisition, ce qui fait
qu'on pourrait procéder en cours d'année à des
rénovations fonctionnelles qu'il faut faire pour aménager
là une trentaine de places pour les jeunes sur la rive sud.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, ils vont attendre
une année de plus. Est-ce que le programme 5 est adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Oui.
Services des centres de réadaptation
M. Deschênes: Mme la Présidente, compte tenu de
votre commentaire...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: ...l'option choisie du Foyer Savoie est une
option qui d'une part est plus rapide qu'une construction et aussi plus
économique. Je veux juste mentionner que, si l'on en parle l'an
prochain, j'espère qu'on sera assez avancé pour pouvoir faire
rapport de bonnes réalisations...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: ...mais c'est la raison de cette option.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pourquoi je l'ai
soulevée, c'est qu'on sait que, et peut-être que ce fut
corrigé, dans le passé il y a eu des enfants qui ont dû
être hébergés un peu partout dans des endroits où
normalement ils n'auraient pas dû se retrouver. C'est pour cela que je
pense important de suivre le dossier de près, dans la mesure où
cela peut être utile.
Le programme 5 est adopté. M. le député de
Brome-Missisquoi, une autre question sur le programme 6?
M. Paradis: Le programme 5 est adopté sur division. Quant
au programme 6, à la suite des questions que vous avez posées
l'an passé, des cas avaient été rendus publics où
des enfants avaient été hébergés, comme vous le
mentionniez, dans des endroits où normalement ils ne devaient pas
l'être. Est-ce que la situation a été corrigée pour
l'année en cours en ce qui concerne entre autres la région de la
rive sud ou est-ce qu'on a continué à les héberger dans
des endroits où ils ne devraient pas l'être?
Mme Vaillant: Concernant tout le dossier de la
mésadaptation sociale pour la rive sud, le problème va être
réglé avec la rénovation fonctionnelle du Foyer Savoie.
Actuellement, il y a des ententes interrégionales et il y a des enfants
qui, effectivement, sont de la rive sud qui doivent être
hébergés dans des centres d'accueil de réadaptation dans
la région Laurentides-Lanaudière, par exemple, ou à
Québec, dans certains cas.
M. Paradis: Dans le surplus des ententes interrégionales,
est-ce qu'il y a des enfants qui ont vécu au cours de l'année
qu'on vient de terminer, des placements dans des endroits où l'on ne
devrait pas normalement les placer? C'est cela, ma question.
Mme Vaillant: Pas à ma connaissance. M. Paradis:
Pas à votre connaissance. Mme Vaillant: Non.
M. Paradis: Maintenant, quant au Service de la dette, au niveau
du programme 6, Services des centres de réadaptation, on a une
augmentation de près du double du service de la dette. Est-ce que ce
sont des explications analogues à celles qui ont été
fournies plus tôt parce qu'on a également une diminution au niveau
de Loyers, équipement et rénovations?
Mme Vaillant: C'est effectivement le même mécanisme
par lequel il y a un transfert de 2 605 000 $ qui a été fait
à l'élément 2.
En ce qui touche toute la question des loyers pour la
réadaptation, les crédits de l'an dernier étaient de 5 700
000 $ et cette année, dans nos crédits 1984-1985, on retrouve 6
859 000 $, ce qui fait que, au titre de la location d'espaces, il y a une
augmentation dans le secteur de la réadaptation de 1 086 900 $.
M. Paradis: Je vais poser la même question que j'ai
posée plus tôt, concernant le Service de la dette. Le Service de
la dette de ce programme sert à financer une dette totale de
combien?
M. Deschênes: On répondra de la même
façon. On vous transmettra l'information dès qu'on l'aura
recueillie adéquatement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): On vous remercie. Le
programme 6 est-il adopté?
M. Paradis: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux):
Adopté sur division. M. le ministre des Affaires sociales, on
aura le plaisir de vous revoir cet après-midi. Je vais inviter le
ministre responsable des Relations avec les citoyens pour que la commission
étudie au programme 7 du Conseil exécutif les
éléments 3, 4 et 5 touchant les personnes handicapées.
M. Deschênes: Mme la Présidente, pour être
certain, est-ce que le programme pour la réadaptation est fini? Je pose
la question à cause des fonctionnaires.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, les programmes 5 et
6 sont finis.
M. Deschênes: Donc, nous passons au programme 3, si j'ai
bien compris?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: Merci.
Relations avec les citoyens
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît!
II me fait plaisir de saluer le ministre délégué
aux Relations avec les citoyens et responsable de l'Office des personnes
handicapées du Québec, et Mme la présidente de l'Office
des personnes handicapées du Québec. Je pense que nous avons,
finalement, une période très courte. On devait commencer à
11 h 30 et il est midi. Peut-être pourrons-nous poursuivre un peu
au-delà de 12 h 30, mais difficilement. Est-ce que M. le ministre a
quelques remarques à faire?
Office des personnes handicapées du
Québec
M. Lazure: Oui. Merci, Mme la Présidente. À part
Mme Robillard, la présidente de l'office, j'ai à ma gauche mon
directeur de cabinet, M. Gérald Kamp. Je m'excuse, il y a eu un
imbroglio. Nous avions communiqué ce matin et on nous avait dit que nous
passions à midi seulement. C'est pour cela que nous n'étions pas
ici à 11 h 30.
Je veux brièvement rappeler que l'événement
principal depuis quelques mois, au cours de l'année financière
qui vient de se terminer, a été la diffusion dans le public d'une
proposition de politique d'ensemble préparée par l'Office des
personnes handicapées, à la suite d'un mandat qui avait
été donné par le Conseil des ministres il y a environ deux
ans.
Cette proposition de politique d'ensemble a été
préparée, non par l'office seul, évidemment, mais avec la
participation de plusieurs associations de personnes handicapées, au
plan local, au plan régional et au plan national. On estime qu'environ
3000 personnes handicapées ont participé à la
préparation de cette proposition d'une politique d'ensemble.
Le Conseil des ministres, après en avoir pris connaissance, en a
autorisé la publication, la diffusion. Cela a été rendu
public par le premier ministre, moi-même et Mme Robillard, il y a
quelques mois. Et nous avons pris l'engagement, au Conseil des ministres, de
convoquer avec l'office un colloque en décembre 1984 au cours duquel
l'ensemble des ministères qui sont touchés par la politique
d'ensemble proposée feraient connaître aux personnes
handicapées et au public le calendrier des réalisations des
différentes recommandations.
Il y a 240 recommandations dans cette proposition de politique
d'ensemble. C'est évidemment un document qui, s'il était
réalisé, voudrait dire, à toutes fins utiles, la situation
presque idéale pour la personne handicapée, physiquement ou
mentalement. Ce sont des objectifs qu'il faudra atteindre le plus rapidement
possible. Je ferai remarquer que les 240 recommandations ne s'adressent pas
seulement au gouvernement, mais aussi aux municipalités, aux commissions
scolaires, à l'entreprise privée, enfin, à toute la
société. (12 heures)
La deuxième chose à noter: au cours de l'année
fiscale qui vient de commencer, plus précisément à partir
de juillet 1984, c'est la date limite à laquelle les entreprises qui ont
50 employés et plus doivent présenter à l'Office des
personnes handicapées un plan d'embauche prévu dans la loi. C'est
l'article 63 de la loi 9. Nous recevons depuis plusieurs mois des plans
d'embauche de différentes entreprises. Cela va relativement bien
quoiqu'il y a encore un bon nombre... Sur les 10 000 entreprises il y en a
environ 7500 ou tout près de 8000 qui n'ont pas encore soumis leur plan
d'embauche et qui doivent le soumettre incessamment. Nous n'avons pas mis trop
de pression parce qu'il ne fallait pas qu'il y ait une avalanche en même
temps à l'office. À partir de juillet 1984, l'office
répond par un oui au plan initial proposé ou par des
contre-propositions, ce qui veut dire que dès l'automne 1984 un certain
nombre d'entreprises, celles qui ont été les premières
à proposer leur plan d'embauche, auront eu la réponse officielle
de l'office et procéderont - nous l'espérons -à l'embauche
d'un plus grand nombre de personnes handicapées. Mme la
Présidente, je m'arrête ici et on essaiera, Mme Robillard et moi,
de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Mme la Présidente, lorsqu'on examine le budget
du ministère au
cours de l'an passé, on s'aperçoit qu'il y a des
crédits supplémentaires pour un montant de 1 300 000 $ qui ont
été affectés à la direction et à
l'administration. Qu'est-ce qui explique cette augmentation de crédits
supplémentaires pour 1983-1984 à ce poste?
M. Lazure: Mme la Présidente, je ne comprends pas trop
bien la question. Le budget supplémentaire de 1 300 000 $ a
été affecté à l'aide matérielle,
c'est-à-dire que la loi prévoit que l'office peut dispenser un
plan de service à un individu lorsque les programmes gouvernementaux
prévus dans les différents ministères ne prévoient
pas satisfaire tel ou tel besoin. Dans ce temps-là l'individu peut se
présenter à l'office, se présenter soit en région
par l'agent de développement de l'office qui est dans chaque
région ou directement à Drummondville au siège social.
Dans le cadre des plans de service personnel, il y a une composante qui
s'appelle l'aide matérielle. Les 1 300 000 $ dont vous parlez, M. le
député de Brome-Missisquoi, c'est plutôt à l'aide
matérielle qu'au chapitre des salaires.
M. Paradis: Vous aviez compris la question.
M. Lazure: Oui.
M. Paradis: Quand vous dites plutôt, est-ce que vous avez
des proportions? Sur les 1 300 000 $, est-ce qu'on peut dire strictement que
300 000 $ ont été affectés à des salaires?
M. Lazure: Entièrement. M. Paradis:
Entièrement.
M. Lazure: Entièrement de l'aide matérielle.
M. Paradis: Très bien.
M. Lazure: C'était plutôt dans le sens qu'à
la place d'être affecté à des salaires, cela a
été affecté à l'aide matérielle.
C'était demandé pour l'aide matérielle et cela a
été affecté à cela.
M. Paradis: D'accord, très bien. Au niveau des centres de
travail adapté, au 31 mars 1983 il y en avait 38 dans la province qui
incluaient - selon les chiffres dont on dispose - 1355 places. En 1984, quelle
a été l'évolution de ce dossier?
M. Lazure: Je vais laisser Mme Robillard répondre plus
précisément à votre question.
Mme Robillard (Laurette): Si vous regardez le budget, il n'y a
pas eu d'augmentation de ce budget ni de places. Il y a eu certaines
corporations qui se sont formées, mais avec des budgets toujours dans la
même enveloppe de places.
M. Paradis: Donc, cela est resté stable. Mme Robillard:
Oui.
M. Paradis: D'accord. Est-ce que vous prévoyez dans les
plans d'action futurs orienter vos politiques dans le développement de
ces centres de travail adapté ou est-ce que vous prévoyez le
maintenir au niveau où il est actuellement?
M. Lazure: Non, nous prévoyons augmenter au cours de
l'année 1984-1985. Nous avons actuellement une demande auprès du
Conseil du trésor et du Conseil des ministres qui, si elle était
accordée, nous permettrait d'ouvrir deux centres de travail additionnels
et de créer des emplois dans quelques autres centres de travail
existants. Parce qu'on peut créer des emplois pour les personnes
handicapées parfois en créant un nouveau CTA, centre de travail
adapté, ou, parfois, en agrandissant ou en ouvrant plus de places
à un CTA qui existe.
M. Paradis: Les deux demandes additionnelles sont dans quelles
régions, proviennent de quelles régions ou seraient
implantées dans quelles régions?
M. Lazure: La décision n'est pas encore prise. Nous avons
un certain nombre de régions. Je soupçonne qu'il y a une demande
qui vient de la région de Brome-Missisquoi, peut-être. Il y a des
projets dans la région, effectivement, mais nous avons des projets dans
cinq ou six régions. Peut-être que Mme la présidente peut
identifier les régions, mais nous n'avons pas encore fixé de
choix. Nous ne savons pas encore si nous aurons des crédits pour des CTA
additionnels. Mais, quelles sont les régions?
Mme Robillard: Malheureusement, je ne peux pas le dire de
mémoire. Les projets que nous avons, nous les soutenons quand nous
pouvons, dans certains cas, par des contrats d'intégration
professionnelle où les travailleurs sont subventionnés par
l'office. Cela peut permettre la naissance d'un projet de centre de travail
adapté. Mais, des fois, cela prend un certain temps à "maturer".
C'est au moment où l'on pense avoir des crédits qu'on va vraiment
faire une analyse pour la viabilité de ces centres de travail
adapté. Bien sûr qu'un des sous-objectifs, c'est d'avoir une
répartition régionale, mais il faut aussi que le projet soit
viable.
M. Paradis: Quant au plan d'embauche des handicapés par
les entreprises: les
entreprises de 50 employés ou plus, elles ont jusqu'au 1er
juillet 1984 pour déposer leur plan d'embauche. Au 6 avril 1984, il n'y
en avait que 1800 sur une possibilité de 10 000. Quels moyens
comptez-vous utiliser à l'office pour que l'ensemble des entreprises
déposent leur plan d'embauche?
M. Lazure: Avant de laisser Mme Robillard vous expliquer cela
davantage, je veux rappeler que nous avons fait des efforts
considérables et que nous avons eu une grande collaboration de la part
des organismes patronaux, notamment le Conseil du patronat, avec lequel nous
avons organisé des sessions d'information dans toutes les régions
du Québec. On a multiplié ces sessions d'information. Encore une
fois, je ne pense pas qu'il faille s'inquiéter outre mesure, même
s'il y a encore un bon nombre de plans qui ne sont pas rentrés. C'est
une chose qui est complètement nouvelle, d'une part; d'autre part, il ne
faut pas se cacher que, avec les effectifs que nous avons actuellement à
l'office, nous ne serions pas en mesure de faire face à une avalanche;
si les 7000 ou 8000 qui restent arrivaient d'un coup, je pense que cela ne nous
avancerait pas plus, mais je vais demander à Mme Robillard de
compléter.
Mme Robillard: II y aura des annonces officielles de faites sous
peu, qui sont des rappels genre avis officiel du gouvernement et il y a aussi
des séances d'information qui se poursuivent. Dans la région de
Montréal, les employeurs ont moins bien répondu qu'ailleurs - je
pense que c'est typique de la région de Montréal - aux
séances d'information que nos professionnels donnent sur le plan
d'embauche et sur la manière de le réaliser.
La plupart des grands employeurs avec lesquels on est en contact sont -
par exemple, Provigo, les caisses populaires, certaines brasseries - dans le
moment en pleine élaboration; ils sont en contact avec nous pour donner
des conseils.
Alors, s'il y avait des délais - il y a des délais
prévus qui ont une incidence légale - je pense que ce serait
surtout preuve du souci que la majorité des employeurs mettent à
préparer le plan d'embauche et ils sont en interaction avec nos
professionnels, à ce moment-là.
M. Paradis: Est-ce que vous avez un plan d'action pour
l'année en cours, pour continuer cette collaboration que vous avez
amorcée? Entre autres, le ministre mentionnait les grands organismes
patronaux, dont le Conseil du patronat. Est-ce que vous continuez à
talonner un organisme de la sorte, ou la chambre de commerce, quel que soit
l'organisme patronal, de façon que cela vienne en collaboration
davantage avec les gens qui les représentent dans le milieu?
Mme Robillard: Je vous rappelle, pour commencer, que le patronat
est représenté au conseil d'administration de l'office, comme le
syndicat, d'ailleurs. Et où on a été peut-être plus
faibles, c'est dans notre information à donner aux centrales syndicales,
en particulier; il y a un projet qui se poursuit dans le moment et qui est fait
avec les deux partenaires à notre conseil d'administration, soit le
représentant du patronat et le représentant du syndicat.
L'office - je pense qu'il faudrait que vous lisiez à parts
égales - de par son mandat et de par la composition du conseil
d'administration, travaille vraiment par consensus et avec les partenaires
impliqués. Ces partenaires c'est aussi l'Union des municipalités
ou la Fédération des commissions scolaires.
M. Paradis: Je pense que la question cette fois-ci n'a pas
été saisie. Est-ce que vous avez un plan d'action pour
l'année qui s'en vient?
Mme Robillard: Pour le plan d'embauche.
M. Paradis: Pour susciter une plus grande collaboration, que ce
soit le monde patronal - je veux insister sur cet intervenant parce que le
ministre avait insisté - ou le monde syndical. Au cours de
l'année, est-ce que vous avez des objectifs à respecter, avec des
horaires de rencontres? Vous avez des chiffres, vous êtes à peu
près à 1800. C'est vrai qu'on ne pourra pas atteindre 10 000, je
le concède comme tel. Est-ce que vous avez des objectifs de fixés
pour une évolution pour l'année en cours?
Mme Robillard: L'objectif principal, c'est le déroulement
du programme du plan d'embauche, d'atteindre les objectifs. Cela seront
probablement plutôt 8000 plans qui seront reçus parce qu'il y a
des entreprises qui choisissent d'avoir un seul plan pour plusieurs
établissements. Il y a un jeu dans ce nombre. Et, d'y associer les
syndicats autant que possible. Cela se fait avec un comité et une
interaction constante. Ce n'est pas un calendrier où on va dire: Un
jour, on va rencontrer Ghislain Dufour et l'autre jour, Pierre Goyette.
M. Paradis: Ce que je comprends de votre réponse, c'est
que vous avez un objectif à long terme...
Mme Robillard: Oui.
M. Paradis: ...qui est global, mais que vous ne vous êtes
pas fixé pour l'année en cours des objectifs qu'on pourrait
appeler à
court terme ou à moyen terme.
Mme Robillard: II y a des objectifs comptabilisables,
quantifiables, de traiter dans un an le nombre de plans d'embauche qui nous
seront revenus et qui nécessiteront toujours une interaction avec les
employeurs et, dans bien des cas, avec les associations de salariés.
M. Lazure: Une des priorités qu'on avait établie,
c'était de commencer par les plus grandes entreprises. L'analyse des
plans d'embauche et le rythme auquel on les a reçus, cela suit cela
aussi jusqu'à un certain point. C'est surtout les grandes entreprises
pour qui cela a été plus facile de présenter leur plan
d'embauche. Elles ont du personnel de bureau, des services de personnel qui
déjà étaient assez sensibilisés à cela.
Nous, dans le traitement des plans d'embauche, à l'office, nous allons
donner priorité aux grandes entreprises pour qu'elles démarrent
au plus vite. C'est pour cela d'ailleurs que, lorsque Mme la présidente
mentionne Provigo, c'est une des nombreuses grandes entreprises qui ont soumis
un très bon plan d'embauche et qui sont en train de le mettre en vigueur
actuellement. Nous avons aussi déjà donné priorité
au secteur public. Nous avons depuis trois ans stimulé l'embauche de
personnes handicapées dans les différents ministères si
bien que, dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental, actuellement nous
dépassons un peu plus que 3% du nombre total de postes dans le public
qui sont occupés par des personnes handicapées. Nous allons,
encore une fois, mettre l'accent sur cette collaboration qui est prévue
dans l'article 63 de la loi. L'article 63, qui traite du plan d'embauche, dit
que l'employeur doit, le cas échéant, consulter la partie
syndicale, l'association d'employés.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Je vais procéder à une dernière
question non pas parce que je n'en aurais pas d'autres, mais à cause du
temps qui nous limite pour que l'ensemble des membres de la commission puissent
avoir la chance de poser au moins une question. Dans le cas des services
à domicile pour les personnes handicapées, c'est un dossier qui a
attiré l'attention de l'ensemble de la population au cours des
dernières semaines, des derniers temps, on a parlé d'un budget de
1 800 000 $ pour la province, le budget réclamé était de 1
800 000 $ pour la région de Montréal strictement. Celui qui vous
a précédé à cette table, le Dr Laurin, a
parlé de la nécessité ou de l'orientation du
ministère des Affaires sociales d'accentuer et d'accélérer
les politiques de maintien à domicile. Il y a deux questions: Est-ce que
cela constitue une priorité pour l'office de maintenir ces gens à
domicile le plus possible? Est-ce que les budgets qui y sont consacrés
vont être augmentés? Est-ce que ces budgets vont être, non
pas aléatoires chaque année, mais assurés chaque
année pour les organismes qui s'occupent ou qui oeuvrent dans ce
domaine? (12 h 15)
M. Lazure: La réponse est oui. C'est une priorité.
Même si l'essentiel des frais encourus pour les soins à domicile
aux personnes handicapées et aux personnes âgées est
défrayé par le ministère des Affaires sociales, il n'en
reste pas moins que notre office, à même le budget d'environ 2 000
000 $ qui est consacré au plan de services personnels, a
dépensé en 1983-1984 au-delà de 400 000 $ pour l'aide
à domicile - 428 000 $ plus précisément - pour l'aide et
les soins à domicile aux personnes handicapées qui
n'étaient pas atteintes par les services du ministère des
Affaires sociales. Encore une fois, nous, on vient en dernier recours, à
la fin. S'il n'y a personne qui le donne, on essaie de le donner. Donc, c'est
une priorité: 428 000 $ sur à peu près 2 000 000 $, c'est
un pourcentage important pour l'aide à domicile. Nous avons, le ministre
des Affaires sociales et moi, plaidé la cause de l'aide à
domicile pour les personnes handicapées au Comité des
priorités il y a quelques mois. C'est ainsi qu'on a obtenu ce montant
additionnel de 1 800 000 $ qui pourrait facilement être
dépensé seulement dans la région de Montréal, c'est
sûr. Mais l'ensemble du Québec va profiter de ces 1 800 000 $. Mme
Robillard, voulez-vous compléter?
M. Paradis: Est-ce que... Si vous me permettez une question
additionnelle...
M. Lazure: Oui.
M. Paradis: Est-ce que vous avez plaidé pour 1 800 000 $
ou est-ce que vous avez plaidé pour les besoins?
M. Lazure: On a plaidé pour plus que cela, M. le
député de Brome-Missisquoi, mais dans l'arbitrage qui s'est fait,
c'est la somme qui a été dévolue. Mais on a plaidé
pour plus que cela, évidemment.
M. Paradis: Ce que vous me dites, c'est que les ministres
impliqués dans ce secteur sont conscients des besoins additionnels?
M. Lazure: Absolument. Mme Robillard?
Mme Robillard: Je veux simplement ajouter que le budget d'aide
matérielle de l'office pourra continuer à soutenir des personnes
qui ne reçoivent pas de services dans le moment et qui,
généralement, sont
des personnes qui font l'objet d'un programme, d'un plan de
désinstitu-tionnalisation, qui reçoivent des services lourds et
dispendieux dans des centres d'acceuil et qui peuvent revenir dans un milieu
naturel avec cette intervention. Cela veut donc dire qu'il y aura d'autres
personnes qui seront touchées par le biais de notre plan.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Sur ce point
précis, avant de passer la parole... C'est parce que c'est à la
suite de sa question... Le ministre ne se souvient-il pas... Je lui avais
posé une question à ce sujet lors de l'étude des
crédits l'an dernier. Vous m'aviez alors affirmé - et c'est dans
le journal des Débats - qu'aucun cas lourd ne serait en manque de
service à domicile au 1er juillet et qu'il n'y avait à ce
moment-là que 81 cas, alors qu'il semble y en avoir davantage qui n'ont
pas été servis durant l'année. Pourtant, vous m'affirmiez
que tous les cas étaient servis dans la région de
Montréal.
M. Lazure: II s'agissait des cas identifiés. Mme Robillard
a participé à des discussions de façon plus
détaillée sur ces cas. Je ne parlais pas de tous les cas
possibles dans la région de Montréal. Je parlais... Il y avait
une liste de cas pour lesquels des groupements de personnes handicapées
de la région de Montréal réclamaient des services à
domicile de façon très ponctuelle.
Mme Robillard: II n'y a pas eu d'interruption.
M. Lazure: Allez-y donc.
Mme Robillard: II n'y a eu aucune interruption de service.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, mais est-ce que tous
les cas qui avaient des besoins étaient servis?
Mme Robillard: Dans la région de Montréal, au cours
de cette année, oui. Il y a encore des demandes, mais ce sont des
personnes qui...
M. Lazure: Ajoutées.
Mme Robillard: ...qui se seraient ajoutées, qui sont en
institution dans le moment et qui veulent retourner... Elles ne sont pas en
manque de service. Elles ne sont pas toutes seules dans un logement avec
personne pour s'en occuper.
M. Lazure: Encore une fois, les regroupements de personnes
handicapées avaient, dans la région de Montréal,
identifié des personnes gravement handicapées qui étaient
en logement, qui étaient à la maison, qui avaient un besoin
immédiat de service.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Lazure: Mon engagement a été de dire: On va voir
à ce que... Et le ministre des Affaires sociales était d'accord
à ce moment-là. On a combiné nos efforts au
ministère et à l'office et on a satisfait les besoins de ces
quelque 80 - je ne me souviens pas du nombre exact, je ne l'ai pas devant moi -
personnes qui étaient identifiées. Par la suite, se sont
ajoutés d'autres noms sur cette liste de personnes
handicapées...
La Présidente (Mme Lavoiex-Roux): Combien en avez-vous
présentement sur cette liste?
Mme Robillard: II y a des listes d'attente à
Montréal qui sont traitées par un comité
d'admissibilité où siègent les personnes
handicapées elles-mêmes avec le conseil régional.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous en avez combien sur
cette liste?
Mme Robillard: Sur cette liste d'attente, à
Montréal, on pense qu'il y aurait plus d'une centaine de personnes qui
pourraient sortir des institutions. Mais ce ne sont pas des gens qui sont dans
des logements sans service.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, il me semble y
avoir... Je ne pourrai vraiment pas trancher parce que je n'ai pas les
donnés, mais je vous demanderais de vérifier. Selon les
informations que nous avons eues du groupe qui a fait une contestation il y a
environ trois semaines, il considérait qu'actuellement il y avait 125
personnes handicapées lourdement, demeurant chez elles et qui
étaient sur une liste d'attente et ne recevaient aucune aide à
domicile, et qu'en plus 25 autres personnes étaient en institution en
attendant qu'on puisse leur offrir des services à domicile. Ce sont des
chiffres que cette association nous a donnés. C'est la coalition, qui
est sans doute représentée au sein de votre comité
d'admissibilité, mais j'aimerais bien qu'on ait les chiffres exacts
parce que, d'un côté comme de l'autre, cela ne semble pas
être clair.
Mme Robillard: Au moment où ce groupe a rencontré
M. Laurin au 6161, rue Saint-Denis, M. Laurin lui a bien dit qu'il n'y aurait
aucune interruption de services. Les personnes à domicile, moi,
j'étais là...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, mais les
représentations que mon collègue de Brome-Missisquoi et
moi-même vous faisons sont dans ce sens: Quand allez-vous répondre
aux besoins des personnes qui sont à domicile et qui, d'après les
données que nous avons, seraient en attente de services? S'il n'y a pas
d'interruption pour les 81 cas et même si vous en avez ajouté 20
dans la centaine qui en reçoivent, c'est parfait, mais nous vous parlons
des personnes qui seraient en attente et qui sont à domicile sans
compter les quelque 25 qui seraient en institution.
M. Lazure: Mme la Présidente, je vais
répéter ce que je vous avais dit l'an passé, et on a
rempli cet engagement l'an passé. Si, au moment où on se parle,
aujourd'hui, il y a des personnes gravement handicapées qui sont
à domicile et qui manquent d'aide, qui n'ont pas de soins, nous
aimerions bien connaître leur identité et leur adresse. Nous
allons faire en sorte qu'elles obtiennent ces soins-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Parfait! On vous fera
parvenir cela. M. le député de Rivière-du-Loup.
M. Boucher: Merci, Mme la Présidente. Étant
donné que le député de Brome-Missisquoi a
déjà posé la question sur les centres de travail
adapté, j'aurais eu envie d'appuyer sa demande d'augmenter ces centres
de travail adapté. Je peux dire au ministre que je l'appuierai dans ses
demandes au Conseil du trésor pour augmenter les budgets dans ce
sens-là, parce que je considère que ces centres de travail
adapté, particulièrement dans les régions qui en sont
complètement dépourvues, sont une suite logique des centres de
réadaptation qui existent pour les handicapés. Je pense que, dans
les régions comme la mienne, qui en sont dépourvues actuellement,
quoi qu'il y ait un embryon de centre de travail adapté actuellement,
qui a pu être financé en partie par l'OPDQ, on pourra l'an
prochain trouver une réponse favorable au niveau des crédits.
Je poserais plutôt une question concernant le fameux
problème des barrières architecturales dans les édifices
publics. J'aimerais que le ministre fasse un peu le point sur ce qui a
été fait et sur ce qui est censé se faire, parce qu'on
constate encore, même au niveau des services gouvernementaux dans
certains bureaux du gouvernement qui sont nouvellement loués, que l'on
n'a pas respecté ces barrières architecturales pour
l'accès aux handicapés. Je ne sais pas si, au niveau du
ministère, on envisage des politiques assez radicales pour obliger les
ministères, lors de la location de ces bureaux, à prévoir
l'accès requis pour les handicapés. Certains bureaux sont
situés au deuxième étage de certains édifices
où il n'y a même pas d'ascenseur, et l'accès aux
handicapés n'y est pas possible, en fait. Je demanderais au ministre de
faire le point sur cette question et de voir quelle évolution il y a eue
depuis la loi 9.
M. Lazure: J'ai eu l'occasion d'intervenir en particulier depuis
un an et demi, grâce à mes nouvelles fonctions de ministre
délégué aux Relations avec les citoyens, car ma principale
tâche est d'essayer d'améliorer la qualité des services
gouvernementaux. J'ai eu l'occasion de visiter toutes les régions du
Québec et de visiter plusieurs bureaux gouvernementaux. C'est vrai qu'au
moment où on se parle, il y a trop de bureaux gouvernementaux qui sont
dans des endroits inaccessibles aux personnes handicapées.
J'ouvre une parenthèse pour vous dire, Mme la Présidente,
ainsi qu'aux membres de la commission, collègues et
députés des deux côtés de l'Assemblée, que
les députés ne donnent malheureusement pas l'exemple. Les
députés ne donnent vraiment pas l'exemple, je le
répète. Plus de 50% des bureaux des députés ne sont
pas accessibles aux personnes handicapées. On a fait le décompte
récemment et je vais envoyer à tous les députés des
deux côtés de l'Assemblée un rappel là-dessus. Je
referme la parenthèse.
Pour revenir aux bureaux gouvernementaux, évidemment, s'il s'agit
d'une construction nouvelle, que ce soit un bâtiment
possédé par le gouvernement ou loué d'une entreprise
privée dans les bâtiments nouveaux, il n'y a pas de
problème. On y retrouve l'accessibilité requise.
Quand il s'agit de bâtiments plus âgés, j'ai
demandé par écrit au ministre responsable des Travaux publics
à l'époque et de la nouvelle société
immobilière maintenant de faire en sorte qu'à l'occasion d'un
nouveau bail ou d'un renouvellement de bail, nous négociions avec le
propriétaire des aménagements. Cela s'est fait dans plusieurs
cas, mais pas partout. Je vais faire un rappel à la nouvelle
société parce que, de toute évidence, il y a des cas
où, apparemment, le ministère des Travaux publics ou le
ministère-client ne s'est pas soucié du tout de
l'accessibilité des lieux et n'a même pas essayé de
négocier avec le propriétaire. Je pars de la conviction si on
fait un essai véritable de négociation, la plupart des
propriétaires seront moralement obligés de procéder aux
aménagements.
Une dernière remarque. Il reste que l'article 69 de la loi 9
assurant l'exercice des droits des personnes handicapées est le seul
article qui, à toutes fins utiles, n'est pas tout à fait encore
en vigueur, parce que les règlements qui doivent accompagner cet article
ne sont pas encore publiés. Mon collègue, M. Tardif, au
ministère de
l'Habitation et de la Protection du consommateur, m'assure
qu'incessamment nous aurons un projet de règlement au Conseil des
ministres.
Si ce projet est retardé, c'est pour plusieurs raisons. Faire
l'évaluation du coût de l'aménagement pour rendre
accessibles tous les anciens bâtiments pour tout le Québec, c'est
une tâche considérable. C'est d'un coût considérable
aussi. Probablement que l'estimation la plus juste serait autour de 200 000 000
$ ou un peu plus pour rendre accessibles aux handicapés tous les
bâtiments existants.
C'est bien clair qu'il va falloir avoir un règlement où
l'accessibilité des bâtiments sera aménagée sur
plusieurs années, cinq ans, six ans, sept ans, un peu comme les
ministères font. La plupart de nos grands ministères
dépensent depuis trois ou quatre ans 1 000 000 $ à 2 000 000 $
par année pour rendre leurs bâtiments accessibles, le
ministère des Affaires sociales aussi bien que le ministère de
l'Éducation. Il faudra que les entreprises privées fassent la
même chose.
En terminant, sur l'autre volet de la question, les centres de travail
adapté, effectivement, dans le comté de Rivière-du-Loup,
il y a un projet intéressant qui nous a été soumis comme
dans d'autres régions du Québec. Je ferai remarquer à la
commission qu'en attendant d'avoir des crédits pour créer un
nouveau centre de travail adapté, l'office accorde des crédits
par le biais des contrats d'intégration professionnelle.
Le contrat d'intégration professionnelle - cela se passe surtout
dans de petites et moyennes entreprises - permet de défrayer
jusqu'à 85% du salaire pour une période de six mois et c'est
renouvelable. Je vous ferai remarquer qu'au budget, dans les crédits,
nous avons obtenu une somme additionnelle au cours de 1983-1984. Nous partions
avec un budget de 1 200 000 $ et nous avons eu un budget supplémentaire
de tout près de 900 000 000 $ pour... 890 000 $. Pardon! Je prends mes
désirs pour des réalités parfois. ...890 000 $ à ce
chapitre pour les contrats d'intégration professionnelle.
Peut-être que certains membres ne sont pas familiers. C'est une
formule qui fonctionne très bien. Une petite entreprise en région
se dit prête à embaucher une personne handicapée qui,
souvent à ce moment, vit de l'aide sociale, une personne
handicapée physiquement ou mentalement. Le bureau de
Travail-Québec dans la région, de concert avec la
représentante ou le représentant de l'Office des personnes
handicapées, identifie une personne handicapée qui serait apte
à remplir ce travail. Il y a un contrat tripartite qui est signé
entre l'entreprise, l'office et Travail-Québec. De par ce contrat,
encore une fois, l'office donne jusqu'à 85% du salaire pour une
période de six mois renouvelable. On a eu au cours de l'année
passée au-delà de 700 contrats d'intégration
professionnelle de la sorte et 50% de ces personnes sont retenues par
l'employeur une fois que le contrat est terminé. Elles sont retenues
entièrement aux frais de l'employeur, une fois que la subvention est
terminée. (12 h 30)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre. Je
voudrais demander le consentement aux membres de la commission pour que nous
poursuivions quelques minutes, étant donné qu'il est 12 h 30.
Est-ce que les gens sont d'accord?
M. Paradis: J'avais un engagement au caucus. Il faut absolument
que j'y sois, mais je n'ai pas d'objection à ce que, s'il y a d'autres
questions, elles soient posées.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est qu'on devait aussi
tenir une petite séance de travail de quatre ou cinq minutes
après.
M. Paradis: Tout ce que je voulais dire...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que vous nous
donnez les consentements pour ce que nous déciderons à la
séance de travail?
M. Paradis: Je vous donne les consentements, Mme la
Présidente, pour ce que vous déciderez et, si vous appelez le
vote, par anticipation, je dirai qu'il va être adopté sur division
parce que, avec une diminution de 4,7% au budget pour les personnes
handicapées, si l'on prend les trois éléments - il y en a
qui semblent faire des... Je parle d'une diminution de 4,7% en termes
réels si vous considérez que l'inflation prévue est de
5,3%. Les trois éléments qu'on analyse sont: Services aux adultes
en travail adapté, Soutien aux organismes de promotion et Direction et
administration; on nous demande d'adopter des crédits ici parce qu'il y
en a d'autres dans ce programme qui ont été adoptés
ailleurs pour 26 025 000 $ et l'an passé ils étaient de 25 856
800 $. En termes réels, on a une diminution de 4,7%. Je ne peux pas
soutenir...
M. Lazure: Mme la Présidente, il faut tenir compte des
budgets supplémentaires que nous allons chercher à chaque
année, même dans les années difficiles que nous avons
traversées. Le gouvernement délibérément, non
seulement durant les périodes de restrictions budgétaires n'a pas
réduit les budgets de l'Office des personnes handicapées ainsi
que de l'Office des services de garde, mais a continué d'augmenter les
budgets de ces deux offices depuis quelques années et nous avons
l'intention de continuer à les augmenter.
M. Paradis: M. le ministre, vous nous demandez de voter sur une
réduction réelle. C'est ce sur quoi l'on est invité
à voter. Nous vous souhaitons bonne chance et nous vous donnerons tout
notre appui pour aller chercher des montants additionnels pour que ce ne soit
pas une diminution, mais les chiffres sur lesquels on aura à se
prononcer par voie de vote, c'est une diminution réelle. Ce sont les
faits durs de la vie.
M. Lazure: Encore une fois, simplement pour faire la mise au
point, pour que ce soit clair, si l'on compare les estimations
budgétaires d'une année à l'autre, à ce moment la
remarque ne s'applique pas, mais si l'on compare l'estimation budgétaire
de 1984-1985, telle qu'on la voit, vous avez raison, dans les crédits,
elle est inférieure au montant réellement dépensé
en 1983-1984. Je pense que le député a raison sur ce point. Je
peux simplement répéter que ce fut le cas pratiquement à
chaque année depuis trois ou quatre ans et que, malgré cela, on
réussissait toujours, lors des budgets supplémentaires, des
crédits suplémentaires, à aller chercher des montants
significatifs, ce qui fait que d'année en année on a toujours
dépensé réellement plus que l'année
précédente parce que, justement, il y a beaucoup de besoins du
côté des personnes handicapées.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le ministre, j'aurais
une question à vous poser. C'est au sujet des responsabilités que
doit assumer le ministère de l'Éducation ou le ministère
des Affaires sociales eu égard à la scolarisation d'enfants
handicapés qui n'ont pas de ressources dans leur milieu et qui doivent
fréquenter ailleurs. J'ai l'impression qu'il y a seulement trois
ministres qui en sont responsables et c'est peut-être pour cela que -
enfin, ce ne sont peut-être pas les ministres, mais en tout cas - cela ne
tourne pas rond.
Je vais vous donner un exemple précis d'un enfant de la
région de Hull. J'imagine que vous avez dû en entendre parler,
c'est un exemple que je prends au hasard: un enfant doit aller à
Longueuil à l'institut Braille et on refuse de défrayer les
coûts de sa pension pour fréquenter l'institut Braille. Il s'agit
véritablement d'un enfant handicapé qui n'a pas de ressources
dans son milieu. Toutes nos lois, nos chartes, etc. prévoient que les
enfants handicapés ont les mêmes droits à
l'éducation que les autres. C'est toujours entre deux... Le
ministère de l'Éducation l'étudie, le ministère des
Affaires sociales l'étudie et le résultat net, c'est qu'on
demande aux parents de défrayer les frais. Quelle est la politique?
M. Lazure: Effectivement, jusqu'ici la politique a
été un peu laissée au bon vouloir des commissions
scolaires régionales et des centres de services sociaux. Nous avons
soulevé cette question lors de la commission parlementaire sur le projet
de loi 40. Nous avons eu l'engagement du ministre de l'Éducation - Mme
la présidente de l'office me fait remarquer que les pourparlers
continuent entre elle et un des sous-ministres à l'Éducation -
qu'il y aura une politique en noir sur blanc bien précise qui va
s'appliquer à l'ensemble du Québec. Le cas que vous soulevez est
réel mais je pourrais vous en soulever d'autres où les
régions, par la commission scolaire régionale et le centre de
services sociaux, défraient le coût de la pension de l'enfant qui
s'en vient à Longueuil à l'institut Louis-Braille. Ce n'est pas
normal que certaines régions le défraient et que d'autres
régions ne le défraient pas. Il va y avoir une politique dans le
sens que le CSS, le centre de services sociaux, et la commission scolaire
régionale, à notre avis et de l'avis aussi du ministre de
l'Éducation, devraient assumer ce coût lorsque la région ne
peut pas offrir le service dans la région.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je veux bien qu'il y ait
une politique. Sans vouloir être malicieuse, on sait des fois que les
politiques, cela prend toujours un certain temps. Entre-temps, l'enfant doit
aller à l'institut Braille. Qui doit assumer les coûts de pension
de cet enfant dans une famille d'accueil?
M. Lazure: Ce cas-ci que vous soulevez...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce n'est nullement
dû à un problème socio-économique de la famille ou
sociofamilial. Elle est placée là parce qu'elle est
handicapée.
M. Lazure: J'aimerais bien prendre connaissance du cas
particulier que vous soulevez.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Immédiatement.
M. Lazure: D'accord, je vais en prendre connaissance et je
m'engage à en discuter à la fois avec le ministre de
l'Éducation et le ministre des Affaires sociales.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Parfait. J'aurais juste
quelques questions à vous poser sur les cas de déficience
mentale. Est-ce que le développement des ressources pour ces enfants est
à la mesure de ce qui est offert à d'autres types de handicaps?
Traditionnellement, les familles ont toujours assumé beaucoup de
responsabilités. Je pense qu'on souhaite qu'elles continuent de le
faire. Vous avez reçu une copie de la lettre qui m'avait
été envoyée. J'en ai d'autres
également, touchant la déficience mentale, où ces
gens ont l'impression d'être traités en parents pauvres.
Évidemment, ce n'est pas toujours un handicap aussi visible que dans
d'autres situations. Il reste que l'intégration de ces personnes demeure
un problème considérable. Les ressources à la famille ne
sont pas très grandes. Cette personne me parlait du service de gardienne
à domicile, service de dépannage à l'extérieur
lorsque les parents veulent quitter pour quelques jours. Le fait, par exemple,
que c'est beaucoup plus difficile pour eux d'avoir accès à un
loyer à prix modique parce que les loyers ou les appartements
adaptés ne leur sont pas accessibles. Vous retrouvez des
déficients mentaux légers qui vont avoir un emploi de 80 $ ou 85
$ par semaine qui devrait les rendre admissibles à ce type de loyer et
on ne le donne pas. Je pense qu'il y a une série de problèmes
rattachés au problème de la déficience mentale, à
l'intégration dans le milieu qui ne semble pas être une
priorité. Il ne faut pas oublier qu'ils constituent la majorité
de nos personnes handicapées. J'oublie les chiffres puisque je les ai
déjà eus en tête.
M. Lazure: Si vous le voulez, je vais partager la réponse
avec Mme la présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord.
M. Lazure: Depuis 1977 ou 1978, à l'époque
où l'on présentait le projet de loi, je me suis toujours
efforcé - je l'ai dit encore tantôt - de rappeler aux gens qu'il
s'agit d'une loi pour les personnes handicapées physiquement et/ou
mentalement. On est souvent porté à l'oublier. Le handicap
physique saute aux yeux la plupart du temps, alors que la déficience
mentale, l'insuffisance intellectuelle mentale n'est pas apparente. C'est
sûr qu'ils sont plus négligés.
Maintenant, dans le cas des postes de travail, j'ai une donnée en
tête très précise sur les 1300 personnes handicapées
qui sont dans les 38 ou 39 centres de travail adapté. Au dernier
décompte, il y en a exactement 65% qui sont des personnes
handicapées mentalement. Alors, dans ce genre de service, on ne peut pas
dire qu'elles sont désavantagées. Pour ce qui est de
l'intégration dans les logements, je vais laisser Mme Robillard
répondre.
Mme Robillard: II y a beaucoup de demandes de la part de
représentants des personnes déficientes mentales pour avoir le
même accès dans les HLM que les personnes âgées ou
les personnes handicapées physiques. Je pense qu'il y a d'autres
programmes qui peuvent répondre à leurs besoins, qui sont des
suppléments au logement, qui ne sont pas nécessairement, à
ce moment-là, des logements dans les HLM, qui sont un supplément
de revenu.
Ce à quoi il faudrait penser, c'est qu'il faut développer
des appartements surveillés, pour les jeunes adultes qui doivent laisser
leur famille, et où il y a des services de support, des services
sociaux. Il y a des projets comme cela dans quelques régions du
Québec.
La lettre à laquelle vous faites référence, c'est
bien sûr que la personne en question faisait un excellent tour d'horizon
des difficultés vécues. Je pense qu'elle se faisait aussi le
porte-parole d'un groupement. On pourrait faire le même tour d'horizon
pour des personnes avec d'autres sortes de déficiences, de handicaps, en
particulier pour la santé mentale. La loi sur les personnes
handicapées a prévu que les jeunes déficients mentaux,
surtout, puissent rester à l'école de 18 à 21 ans. Et ce
qu'on n'a pas suffisamment développé, on s'y active mais on n'est
pas les seuls acteurs, ce sont des programmes d'apprentissage pour la
période de scolarisation prolongée. On a beaucoup cherché
à influencer le ministère des Affaires sociales là-dessus,
sur des services d'apprentissage aux habitudes de travail, qui seraient plus
valables, de meilleurs investissements que ce qui existe dans le moment.
Il y a eu un comité que M. Lazure avait demandé à
M. Johnson sur cette question, qui a fait un grand bout de chemin pour proposer
de meilleurs programmes. Pour le dépannage pour les enfants dont les
parents, bien sûr, ont besoin de prendre des vacances comme les autres
parents, il y a plusieurs centres d'accueil, l'Association des centres
d'accueil, qui, pour toutes sortes de clientèles, cherchent à
avoir des lits de dépannage - des lits, ce ne sont pas les bons mots,
parce que le gardiennage est autre chose; mais ils cherchent à pouvoir
développer ces services.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, c'est nettement
insuffisant et là je n'en fais reproche à personne, mais il y a
aussi une question de ressources.
Je voudrais revenir sur - parce que le temps court, il nous reste trois
minutes - le supplément au logement. Dans le moment, à moins que
vous ne connaissiez une autre ressource que je ne connaisse pas ou que l'office
des handicapés ait ce type de programme, le seul supplément au
logement que je connaisse, c'est celui pour les personnes de 65 ans et plus,
que le gouvernement dit vouloir peut-être abaisser à 60 et 55. Je
n'en connais pas d'autre, à moins que vous ne m'en indiquiez un.
Mme Robillard: Les personnes handicapées y ont droit
également.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Et, est-ce que les
personnes déficientes mentales l'auraient?
Mme Robillard: Je ne pourrais pas vous le dire. Les cas que je
connais, on s'est servi de ce programme pour désinstitution-naliser des
personnes lourdement handicapées...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux); Mais, dans le cas...
Mme Robillard: ...dont certains...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...des déficiences
mentales, vous ne le savez pas.
Mme Robillard: Non. C'est parce qu'il y a, des fois, des
multihandicaps, sauf que le jeune déficient mental peut vivre dans un
appartement avec les ressources de la communauté, s'il y a des services
sociaux pour le maintenir et s'il a un emploi dans un centre de travail
adapté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce qu'il y a, c'est que,
souvent, ces jeunes vont rentrer sur le marché du travail, vont toujours
rester à un salaire très bas, souvent même pas le salaire
minimum, parce que souvent il s'agit d'emplois un peu marginaux. Et, dans le
cas dont nous parlons toutes les deux, il gagne 85 $ par semaine. Qu'il veuille
prendre un peu plus d'autonomie - et je suis sûre qu'il n'est pas le
seul, j'en connais d'autres - qu'il puisse vivre seul, c'est très
difficile avec un salaire de 85 $ par semaine.
Dans ce sens-là, si on veut vraiment parler de
réintégration... En tout cas, vous n'avez pas les réponses
aujourd'hui, mais il faudrait peut-être y penser. (12 h 45)
M. Lazure: Bien, je ne veux pas qu'il y ait de malentendu; 85 $,
ce n'est pas le salaire dans un centre de travail adapté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, non, non.
M. Lazure: D'accord. Parce que, dans le centre de travail
adapté, c'est le salaire minimum ou plus qui est en vigueur.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Lazure: Pour revenir à la question du logement. Dans le
moment, il y a une entente qui permet à deux centres d'accueil
importants, le centre Lucie-Bruneau à Montréal et le centre
François-Charon à Québec, de fournir une aide
financière supplémentaire pour le logement aux personnes
handicapées physiquement. On dit physiquement parce qu'il s'agit de
frais qui sont associés à l'aménagement, à
l'accessibilité. Si une personne handicapée mentalement a aussi
un handicap physique, ce qui arrive quand même assez souvent, il est bien
sûr que, à ce moment-là, la personne handicapée
mentalement avec un handicap physique en plus, est admissible à ce
supplément de logement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mais quand on parle de
déficience mentale...
M. Lazure: Sans handicap physique.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...sans handicap physique
- je ne sais pas si on peut parler de simple ou de pur, mais...
M. Lazure: Cette personne-là ne serait pas admissible
parce qu'il n'y a pas de problème d'accessibilité,
d'aménagement des lieux, à ce moment-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En tout cas, je pense que
c'est peut-être une chose à laquelle on peut penser. Ma
dernière question, c'est le problème de transport des enfants.
Et, comme c'est arrivé à Drummondville, vous avez sans doute
entendu parler, des difficultés que les enfants ont eues pour le
transport scolaire, des enfants handicapés, avec handicaps
multiples.
Est-ce que ces questions sont réglées?
Mme Robillard: Est-ce que vous faites référence au
service de réadaptation, où ils devaient aller à
l'hôpital Cooke à Trois-Rivières, à partir de
Drummondville? Parce que ce que l'on a pu réussir à obtenir,
c'est de leur donner des services à Drummondville même.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, non,
c'étaient des enfants qui allaient... Un groupe de parents de
Drummondville mesurent la difficulté de l'intégration scolaire
des handicapés. Alors...
Mme Robillard: Ah oui! Alors, ce n'était pas vraiment une
question de transport, à ce moment-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non.
Mme Robillard: C'était une question de la commission
scolaire qui n'assumait pas ses responsabilités et qui...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Qu'il y ait des
difficultés pour le transport de ces enfants-là.
Mme Robillard: Mais il y a six enfants qui n'avaient jamais
reçu de service, qui ont commencé l'école au mois de
septembre. Notre agent de développement y a mis
beaucoup d'investissement et beaucoup de travail, avec la commission
scolaire et les parents.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Je vous
remercie. Apparemment, le programme 7 n'a jamais encore été
adopté parce que vous avez discuté de 1 et 2 ailleurs et on
discute de 3, 4 et 5.
M. Lazure: Et le 7.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, le programme 7
avec tous ses éléments est-il adopté?
Une voix: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, on vous remercie.
Pour les quelques membres qui restent, il nous reste trois minutes.
M. Lazure: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci.
M. Lazure: Merci, MM. les membres de la commission.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, nous ajournons les
travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 48)
(Reprise de la séance à 15 h 17) Affaires sociales
(suite)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit pour continuer
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires sociales.
Sont membres de la commission: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Blouin (Rousseau),
M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Champagne
(Saint-Jacques), M. Gravel (Limoilou); M. Lavigne (Beauharnois) remplacé
par M. Beaumier (Nicolet); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), M. Leduc (Fabre), M.
Martel (Richelieu), M. Middlemiss (Pontiac), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Paré (Shefford), M. Rochefort (Gouin), M. Sirros (Laurier).
Cet après-midi et ce soir, nous avons convenu d'étudier
les programmes 3, 7, 8 et 9. M. le ministre, nous commençons par le
programme 3. Avez-vous des remarques?
Service des centres hospitaliers de courte
durée et psychiatriques
M. Laurin: Non, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
Déficit des centres hospitaliers
M. Paradis: J'aurais beaucoup de remarques, Mme la
Présidente, mais, de façon à accélérer le
débat, j'aimerais qu'on procède immédiatement à une
série de questions. De façon à faciliter les
réponses de la part du ministre, je le préviens que j'ai
puisé plusieurs questions dans un document qui vous a été
expédié le 10 courant par l'Association des hôpitaux du
Québec et qui a fait l'objet d'une conférence de presse. D'un
côté, on a les chiffres du ministère; de l'autre
côté, on a les chiffres de l'Association des hôpitaux du
Québec. Ce que je recherche dans les questions que je vais poser au
ministre, c'est de tenter de découvrir quels sont les vrais chiffres.
D'un côté, on prétend que la situation est tolérable
et, de l'autre côté, on prétend qu'elle est absolument
intolérable. Si le ministre a en main le document en question, je vais
lui donner le temps de le retrouver.
M. Laurin: Vous voulez dire la position de l'Association des
hôpitaux face aux compressions budgétaires?
M. Paradis: Oui, à la page 13, M. le ministre. Dans la
liste des contraintes, on commence par la première contrainte que
dénonce l'Association des hôpitaux. L'Association des
hôpitaux nous dit que, pour atteindre l'équilibre
budgétaire, les centres hospitaliers devront d'abord résorber
leur déficit de 1983-1984 qui se chiffrera aux alentours de 35 000 000
$. Selon les données dont vous disposez, est-ce que cette
évaluation du déficit de 1983-1984 vous paraît juste?
M. Laurin: M. Deschênes.
M. Deschênes: Oui. Il s'agit effectivement de l'ordre de
grandeur du déficit anticipé, d'après les derniers
rapports trimestriels que nous avons reçus.
M. Paradis: Est-ce que l'affirmation de l'association voulant
que, pour atteindre l'équilibre budgétaire, les centres
hospitaliers devront d'abord résorber leur déficit de
1983-1984... Est-ce là la politique du ministère?
M. Deschênes: C'est la responsabilité de chaque
établissement de maintenir l'équilibre budgétaire. Dans
cette question, on ne peut pas répondre sur 35 000 000 $ parce qu'il
faut examiner dans chaque établissement hospitalier quelles sont les
causes qui ont pu
intervenir sur ce déficit.
Alors, disons qu'il y aura une approche, un examen de chacun des cas
afin de voir quelle est la cause, quelle est l'ampleur, qu'est-ce qui peut
être fait. Cet examen budgétaire de chacun des
établissements est d'ailleurs prévu comme un des
éléments dont on va discuter lors de la rencontre qui avait
été prévue pour le 19 avril avec les conseils
régionaux. On veut avoir les informations qu'ils peuvent avoir sur la
cause de certains déficits.
Certains établissements ont détérioré leurs
performances au cours de la dernière année, d'autres se sont
maintenus, d'autres ont continué à progresser. Il faut tenir
compte de cet historique de l'année en cours et des causes qui peuvent
intervenir. Ce n'est donc pas une réponse comme s'il y avait un
déficit de 35 000 000 $ dans une place, mais un certain nombre
d'endroits à examiner. Est-ce qu'il y en a 20 ou 40 à examiner?
Comme je le mentionnais tantôt, il reste que la moitié des
déficits se situent dans sept ou huit centres hospitaliers comme tels.
Il est certain ^ue ces sept ou huit en particulier vont faire l'objet d'un
examen précis pour voir si leurs performances ou leur
productivité s'est accrue ou non. Il y aura des positions à
prendre dans chacun des établissements.
M. Paradis: Je veux bien comprendre la position du
ministère. Vous allez procéder à l'identification des
centres hospitaliers qui sont responsables en partie de ces 35 000 000 $ de
déficit. Vous allez analyser les causes de ces déficits. Dans le
cas où les causes seraient les services à la clientèle...
Si on opère un hôpital, on ne peut fermer les portes même si
le budget est dépasse'; il faut continuer à rendre le service
à la population. Dans ces cas, est-ce que ces institutions
hospitalières vont quand même avoir à éponger leur
déficit de l'année antérieure?
M. Deschênes: L'examen que l'on va faire va comporter le
volet de l'achalandage ou de la clientèle. Encore là, il faut
préciser, s'il y a augmentation de la clientèle, quelle est la
raison de cette augmentation. Est-ce vraiment de l'urgence ou, par exemple,
est-ce que c'est le conseil d'administration qui a admis huit médecins
de plus dans un domaine et quelles étaient les possibilités de
décision ou de contrôle qu'un conseil pouvait appliquer dans ce
domaine? Disons qu'il faut distinguer. Oui, il y aura un examen de
l'achalandage ou de l'effet de clientèle. Deuxièmement, il faudra
non seulement enregistrer un effet de clientèle, mais évaluer les
causes de l'effet de clientèle.
M. Paradis: D'accord. La question finale sur ce point: une fois
ce dossier bien identifié, les institutions, les causes, etc., il y a
des déboursés à effectuer. Il y a 35 000 000 $, qui est un
déficit. Les hôpitaux vont avoir à l'éponger. Est-ce
que vous avez prévu les cas où il s'agirait de services à
la clientèle qu'ils ne pouvaient éviter? Est-ce que vous avez
prévu des crédits additionnels pour ces cas ou est-ce que les 35
000 000 $ font partie des crédits totaux qu'on a à adopter?
M. Deschênes: Les 35 000 000 $ ne font pas partie des
crédits totaux puisqu'il s'agit d'un déficit. C'est là le
problème.
M. Paradis: Oui, mais les crédits totaux seront
affectés au paiement du déficit.
M. Deschênes: Mais il n'y a pas une somme ou un montant
forfaitaire mis en réserve quelque part pour éponger 30 000 000 $
ou 20 000 000 $ du déficit des centres hospitaliers. De toute
façon, il faut valider les centres hospitaliers. Il faut donc avoir les
états financiers dont un certain examen a été fait. Il
s'agit ici de prévisions basées sur trois rapports trimestriels
et c'est au cours de l'année 1984-1985, donc, par exemple, au cours de
l'été - je dirais au mois de juin dans certains cas, cela
dépend de la vitesse d'entrée des états financiers - qu'il
faut valider ces états et, si nous avons des problèmes
d'achalandage importants - je ne parlerai pas de chaque variation qui est due
à des causes qui échappent au contrôle du conseil
d'administration et à ses décisions -c'est au cours de
l'année que nous examinons avec cet établissement ce que nous
pouvons faire et, au besoin, requérir des crédits.
M. Paradis: On parle de 35 000 000 $ pour 1983-1984. À
titre d'information, à combien se chiffre le déficit
accumulé au total?
M. Deschênes: Excusez-moi, j'ai eu une distraction.
M. Paradis: On parle de 35 000 000 $ de déficit pour
l'année 1983-1984. Le déficit accumulé, s'il y en avait,
dans le cas...
M. Deschênes: Oui, je demanderais à M. Lamonde, qui
a peut-être les derniers renseignements là-dessus, puisque c'est
un dossier qui évolue constamment...
M. Lamonde: La prévision du déficit de 1983-1984
inclut les déficits antérieurs qui n'ont pas déjà
fait l'objet d'une décision gouvernementale de remboursement. Donc, par
exemple, les déficits de 1982-1983 qui n'ont pas été
résorbés par les établissements en 1983-1984 et qui ont
continué d'exister
font partie de la prévision des déficits à la fin
de l'exercice 1983-1984. Donc, le déficit de 1983-1984 n'est pas le
déficit opérationnel de l'année, c'est un chiffre
cumulatif.
M. Paradis: Est-ce que dans vos calculs vous avez prévu un
déficit d'opération pour l'année qu'on vient de
commencer?
M. Lamonde: On ne prévoit pas de déficit
d'opération. On prévoit que les établissements vont
revenir à l'équilibre budgétaire.
M. Paradis: Vous ne prévoyez aucun déficit.
M. Lamonde: C'est-à-dire qu'on prévoit, avec
l'allocation des ressources qui est faite, que les établissements vont
devoir faire des plans de compressions pour revenir à l'équilibre
budgétaire. Dans la mesure où ils le font, on va être en
équilibre budgétaire à la fin de l'exercice 1984-1985.
Dans la mesure où ils ne le font pas, parce qu'ils ne sont pas capables
de le faire ou parce qu'ils ne veulent pas le faire, on ne sera pas en
équilibre budgétaire à la fin de l'exercice.
M. Deschênes: Je voudrais ajouter un commentaire.
M. Paradis: Est-ce que sur le plan des compressions
budgétaires vous avez reçu à ce jour, au ministère,
de l'Association des hôpitaux une collaboration dans ce dossier de
façon que les compressions qui ont été appliquées
dans les années antérieures soient respectées et que les
hôpitaux ne dépassent pas leurs contraintes
budgétaires?
M. Lamonde: La question s'adresse à moi?
M. Paradis: Au ministre, tout le temps.
M. Deschênes: Je voudrais compléter ici.
L'Association des hôpitaux regroupe l'ensemble des centres hospitaliers.
Elle fait donc valoir les points de vue des centres hospitaliers sur un
ensemble de problèmes, que ce soient des éléments
législatifs ou des situations de fait. De façon
générale, l'association, comme les autres associations
d'établissements, se rencontre dans le cadre d'un comité conjoint
- dans ce cas, il s'agit d'un comité qui est coprésidé, en
quelque sorte, par Guy Rivard, sous-ministre adjoint aux programmes de
santé et représentant de l'AHQ. Ces rencontres se font
périodiquement ou à l'occasion de certains problèmes
particuliers. Il y a toujours des rencontres et nous travaillons toujours en
collaboration avec les établissements. Dans des questions comme
celles-là, nous ne négocions pas les budgets des hôpitaux
avec les associations, vous me comprendrez. On part de crédits
établis par le gouvernement et votés à l'Assemblée
nationale pour répondre aux besoins de notre réseau. C'est donc
pour nous davantage une association qui regroupe les intérêts de
l'association, lorsqu'on discute avec elle, qu'un endroit où on
définit les budgets. Je dirais d'ailleurs que l'association...
M. Paradis: C'est strictement une question de comportement, sur
le plan du comportement dans les années antérieures, parce que ce
n'est pas la première année de compressions budgétaires.
Est-ce que l'association a été une association qui a
collaboré aux compressions qui pouvaient s'effectuer?
M. Deschênes: Oui. J'ajouterais d'ailleurs que
l'Association des hôpitaux était très consciente, et elle
l'a déjà rappelé - je crois que c'est en décembre
ou janvier - elle comprenait que neuf centres hospitaliers sont responsables
d'au-delà de 50% du déficit prévisible, et même
davantage. On peut préciser aujourd'hui, quand on regarde les derniers
rapports trimestriels, qu'il y a trois ou quatre centres hospitaliers qui
représentent quelque chose entre 30% et 40% du déficit. Il y a
une certaine concentration. Il est important de tenir compte de cela.
Là-dessus, l'Association des hôpitaux disait -je dis
décembre, mais je n'ai pas la date précise - dans un document
position qu'elle a fait sur les budgets, et je cite un extrait de sa position:
que, dans le cadre d'une politique d'incitatifs, le ministère prenne des
mesures énergiques à l'endroit des établissements qui ne
respectent pas de façon chronique - nuance, c'est là qu'il faut
voir les causes - l'équilibre budgétaire et pénalisent de
la sorte l'ensemble du réseau. (15 h 30)
Oui, il y a une collaboration, il y a une compréhension de ce qui
a été fait historiquement en situant toutefois les rôles
comme distincts. Effectivement, il ne s'agit pas d'une table de
négociation, mais d'un lieu où on cherche le consensus, où
on s'informe mutuellement. C'est le type de rapports que nous avons avec les
associations d'établissements.
M. Paradis: On part donc avec 35 000 000 $ de déficit dont
on va analyser les causes, identifier la provenance, etc. Au paragraphe 2:
"À cette somme s'ajoutera une révision à la baisse de la
base budgétaire d'environ 15 000 000 $ à titre d'ajustement du
taux d'accroissement des dépenses non salariales qui, au dire du
ministère, auraient été surestimées en 1983-1984.
Nous doutons fort pour notre part que les centres hospitaliers aient ainsi
bénéficié en 1983-1984 d'un taux supérieur à
l'évolution
observée des prix et des fournitures. Il s'agit plutôt
d'une contrainte déguisée. En tout état de cause, il nous
apparaît troublant que ce soit l'agent payeur qui calcule lui-même
les taux prévisibles d'inflation dans les prix des fournitures, et nous
réitérons ici notre recommandation à l'effet que ces taux
soient déterminés par un organisme indépendant." Y a-t-il
à ce chapitre 15 000 000 $ de compressions qui sont
appliquées?
M. Deschênes: Je pense que cette question des compressions
de 15 000 000 $, on l'a abordée la première journée. Je
veux bien qu'on y revienne avec plus de précisions. C'est de 116 200 000
$ dont il s'agit pour le secteur des centres hospitaliers. Il s'agit d'une
correction d'une mauvaise prévision faite pour 1983-1984. M. Lamonde
pourra compléter en donnant des chiffres précis. Il y a deux
éléments dans ce que vous mentionnez. On peut discuter de la
nature de ces 16 200 000 $. Discutons-en. Il y a un autre
élément: Qui peut établir une telle prévision? S'il
est troublant, en quelque sorte, que ce lit l'agent payeur, comme le dit
l'association, qui calcule lui-même les taux prévisibles, moi, je
trouverais fort troublant que l'État ne fasse pas de tels travaux pour
préciser... Que ce soit pour les masses salariales ou pour les
dépenses, c'est normal que l'État fasse ce travail. Vous avez lu
la citation au complet. On peut s'étonner ici qu'on se
réfère à un organisme - sans doute une nouvelle structure
à mettre sur pied, dira-t-on - un organisme central qui ferait des
prévisions statistiques. Nous faisons le travail annuellement, une mise
à jour constante de ces indices qu'on appelle, par exemple, l'indice des
prix hospitaliers, c'est-à-dire le panier de provisions des
dépenses non salariales. Il varie, évidemment, un peu
différemment de l'indice des prix à la consommation de tout
citoyen. Nous suivons très régulièrement l'indice des prix
de cet élément. Je crois que c'est normal que l'État le
fasse.
M. Paradis: D'accord. À ce moment-là, ce que vous
faites cette année, c'est que vous reprenez le calcul en soustrayant 15
000 000 $.
M. Deschênes: Oui. Je voudrais...
M. Paradis: Vous dites: On a commis une erreur l'an passé.
Donc, on recommence notre calcul, mais l'application pratique au niveau des
crédits, c'est qu'il y a 15 000 000 $ de moins.
M. Deschênes: Je dirais qu'il y a eu une prévision,
disons, de 15 000 000 $, aux fins de notre discussion - discutons de 15 000 000
$ - il y a eu une prévision de 15 000 000 $, mais en
réalité elle n'a pas été de cette envergure. La
logique budgétaire rigoureuse signifierait que les 15 000 000 $ ou 16
000 000 $, au cours de l'année 1983-1984, devraient être
retirés. Il s'agissait d'argent pour des dépenses non salariales.
Il y a donc eu, en 1983-1984, 15 000 000 $ de surbudgétisation dans les
centres hospitaliers. La première décision, c'est qu'ils ont
été laissés dans le système du centre hospitalier
au cours de 1983-1984. La deuxième décision: Qu'est-ce qu'on fait
en 1984-1985? S'ils sont surbudgétisés, on les reprend en disant:
D'accord, pour 1983-1984, il y a eu mauvaise prévision, ou la
conjoncture économique a fait que cela a coûté moins cher;
on les laisse dans le système en 1983-1984. Il y a des problèmes
à régler, des équilibres difficiles. D'accord, on les
laisse là. Mais, en 1984-1985, on ne les mettra pas dans la base pour
indexer une fausse prévision. Appeler cela une contrainte, il faut se
comprendre. En réalité, c'est - et là, je vais caricaturer
autant - un cadeau en 1983-1984; disons une erreur, entre nous, si on veut
trouver l'intermédiaire.
M. Lamonde: Je voudrais ajouter un complément
d'information, s'il vous plaît! Si on lit, à la page 13, à
l'article en question, l'AHQ nous dit: "Nous doutons fort pour notre part que
les centres hospitaliers aient ainsi bénéficié en
1983-1984 d'un taux supérieur à l'évolution
observée des prix des fournitures. Il s'agit plutôt d'une
contrainte déguisée." Ce que je comprends de cela, c'est que si
la réalité a été, contrairement à ce qu'en
pense l'AHQ, celle que, nous, on pense, il ne s'agirait pas d'une contrainte.
Là-dessus, on peut démontrer n'importe quand à l'AHQ que
le taux de budgétisation qu'il y a eu a été de 6,63% et
que la réalité a été de 4,15%, ce qui donne 16 000
000 $, en fait, dans le réseau.
Deuxième élément d'information: je voudrais dire
que, l'an dernier, l'AHQ a aussi fait des commentaires sur la
budgétisation dans un document de mai 1983, page 9. On parlait du taux
global d'accroissement. On nous disait: Les taux d'accroissement des
dépenses accordées aux différentes catégories
d'établissements semblent conformes aux prévisions quant à
l'augmentation des prix des fournitures et quant au rétablissement des
échelles salariales au 1er avril 1983. Seul le temps pourra
effectivement confirmer ou infirmer ces prévisions et nous tenons pour
acquis que le MAS procédera aux ajustements budgétaires requis si
la réalité s'avère différente.
M. Paradis: Point 3... J'ai 35 000 000 $ de déficit, j'ai
15 000 000 $ ou 16 000 000 $, appellons-les cadeau, erreur de calcul, comme on
voudra, mais c'était dans le budget de fonctionnement de l'année
dernière et cela ne s'y retrouve plus
cette année.
La Présidente (Mme LavoiR-Roux):
Surbudgétisation.
M. Paradis: Surbudgétisation, comme le dit Mme la
Présidente. On ne le retrouve plus. On est rendu, en commençant
notre année, avec les deux points, à un minimum de 40 000 000 $.
À cela s'ajoute une contrainte générale de 7 500 000 $ et
une contrainte spécifique de 5 000 000 $ que les établissements
devront résorber à même la masse salariale des cadres.
Cette dernière décision de sortir une partie des compressions
budgétaires d'une obligation d'utiliser une baisse du taux d'encadrement
comme un des moyens de les absorber, nous croyons, comme nous l'avons
déjà exprimé formellement dans une lettre adressée
au sous-ministre adjoint à la santé, qu'il s'agit "d'une
intervention inacceptable..." Je pense que tout le monde a pris connaissance de
la lettre.
Est-ce que ces 7 500 000 $ et ces 5 000 000 $ - cela fait 12 500 000 $
-sont des chiffres réels qu'on soustrait, encore une fois, cette
année?
M. Laurin: En fait, c'est 17 000 000 $ pour l'ensemble des deux
réseaux. Là, je pense que l'AHQ parle des compressions qui visent
expressément le secteur hospitalier: donc, 7 500 000 $ de compressions
générales pour l'augmentation de la productivité et une
contrainte spécifique de 5 000 000 $ pour la réduction du taux
d'encadrement.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire la première journée de
la défense des crédits, il s'agit d'une compression que le
gouvernement a imposée à la suite de discussions qui ont
été longues, pénibles, en un sens, mais qui étaient
basées sur l'analyse des performances de tous les établissements
du réseau. Ces performances nous ont révélé que,
malgré les succès qui avaient été
enregistrés au cours des trois ou quatre dernières années,
particulièrement au chapitre de l'augmentation de la
productivité, il y avait encore lieu d'accélérer,
d'intensifier, d'améliorer les efforts à ce chapitre avec le
résultat que les économies que l'on peut faire à ce
chapitre permettent au gouvernement de consacrer une plus grande part des
crédits accordés à la mission sociale pour les services
à la clientèle. Ce n'est donc pas simplement par caprice ou par
fantaisie que nous en sommes arrivés à ces sommes qui sont quand
même minimes si on les compare au budget global du ministère qui
dépasse les 5 700 000 000 $, mais qui permettent quand même
d'améliorer le rendement du système.
Comme on l'a signalé le premier jour, ces 5 000 000 $, au fond,
n'affecteront pas les services des hôpitaux puisque c'est un
déplacement comptable d'un poste à un autre et que le placement
des cadres est sujet aussi à certaines règles de stabilité
d'emploi, ce qui permet de dire que le budget de services des centres
hospitaliers ne sera pas affecté.
En ce qui concerne le deuxième ou le premier, dans ce que dit
l'AHQ, c'est-à-dire les 7 500 000 $, c'est bien évident que cela
va affecter les budgets des hôpitaux, mais, encore une fois, c'est en
fonction des performances passées de certains hôpitaux. Ce sera
d'ailleurs discuté également à la réunion du 19
avril que le sous-ministre aura avec les CRSSS et on va étudier cela de
beaucoup plus près: comment ces 7 500 000 $ pourraient se
répartir à la lumière des analyses de performance
déjà faites au cours des années antérieures envers
chacune des régions et chacun des établissements. C'est le cadre
général des compressions proprement dites que le gouvernement a
cru bon d'instaurer encore une fois cette année. Nous croyons que c'est
faisable et que cela n'affectera pas la qualité des services.
Quant aux détails plus approfondis que nous pourrions vous
fournir, M. Deschênes et M. Lamonde pourraient compléter, je
crois.
M. Paradis: Pour autant que j'aie une vérification de la
mathématique avancée par l'AHQ, on pourra en tirer les
conclusions qu'on voudra d'un côté comme de l'autre, mais il faut
au moins s'entendre sur la base et voir si on parle des mêmes chiffres
avant de...
M. Laurin: Oui, les chiffres sont exacts.
M. Paradis: Les chiffres sont exacts jusqu'à maintenant.
À l'élément...
M. Deschênes: Sauf que, lorsqu'on parle de compressions
ici, ce n'est pas 12 500 000 $, parce qu'il y en a un qui est
autofinancé, celui des cadres. Il ne faudra pas totaliser 5 000 000 $
à la fin, parce qu'on fait le total des cinq ou six paragraphes. Il y a
ici deux éléments. Celui qui concerne la compression des cadres,
à cause du mode de financement pour les cadres mis en stabilité
d'emploi, les établissements sont remboursés. Il ne faudrait donc
pas totaliser cet élément à la liste que vous
préparez.
M. Paradis: Ce que vous me dites, c'est que les 5 000 000 $ sont
remboursés finalement et que les 7 500 000 $ ne le sont pas?
M. Deschênes: C'est exact.
M. Paradis: D'accord. À ce moment-là, on va enlever
5 000 000 $. On est rendu à...
M. Laurin: Ces 7 500 000 $ seront examinés à
nouveau lors de la réunion du 19 avril.
M. Paradis: Oui, j'ai compris cela de vos explications, la
première journée des crédits. À
l'élément 4, on dit: "De plus, le gouvernement s'attend à
ce que les centres hospitaliers commencent également à
rembourser, cette année, une partie de leur déficit brut
d'exploitation au 31 mars 1983, soit environ 3 500 000 $." J'ai de la
misère à concilier cela - je veux vous prévenir tout de
suite, afin que vous puissiez m'éclairer -avec le fait que vous m'avez
dit tantôt que les 35 000 000 $, c'était le déficit absolu,
cumulatif à ce jour. Là, on me parle d'un déficit brut
d'exploitation au 31 mars 1983 qu'on rembourse d'environ 3 500 000 $ cette
année.
M. Lamonde: D'abord, la deuxième partie de la question:
concilier cela avec ce qui a été dit avant. Je suis sûr que
vous allez comprendre que, lorsque l'exercice 1982-1983 se termine par un
déficit dans un établissement qui n'a pas été
payé, l'établissement a une dette; il doit donc payer cette
dette. L'autre affaire, c'est que, s'il a maintenant une dette ou un
déficit, le niveau d'activités ou le niveau de dépenses
qu'il a maintenu dans l'établissement était supérieur au
budget qui lui était alloué. L'année suivante, le niveau
supérieur d'activités qu'il avait, il faut qu'il vienne, pour
rentrer à l'intérieur de son budget ou des crédits, le
diminuer. Donc, le surcroît d'activités ou de dépenses
qu'il avait en 1982-1983 se répercute dans l'exercice 1983-1984 et fait
partie du déficit cumulé de 1983-1984.
Par contre, à la fin de l'exercice 1982-1983, vous savez fort
bien que l'année financière de cet établissement est
fermée et qu'il avait une dette cette année-là. Pour la
rembourser, il faut qu'il fasse une compression non récurente cette
fois-là. Il ne s'agit que de payer une dette et, une fois qu'elle est
payée, il reprend son rythme de croisière. C'est la conciliation
entre les deux.
Pourquoi 3 500 000 $? C'est qu'en 1982-1983 il y a eu un déficit
santé de l'ordre de 32 000 000 $. On se souviendra que, jusqu'à
1981-1982 inclusivement, le gouvernement avait décidé d'assumer
les déficits du réseau des affaires sociales. Pour 1982-1983,
l'entente qui avait été convenue, c'est que le gouvernement
financerait la partie des déficits qui était associable à
de la sous-budgétisation des établissements. Ce calcul ayant
été fait indiquait et indique qu'il y a environ 11 000 000 $ ou
12 000 000 $ de sousbudgétisation en 1982-1983, ce qui signifie que,
pour les établissements du réseau des CH, sur les 32 000 000 $,
le gouvernement a décidé d'assumer 11 000 000 $ ou 12 000 000 $
et que l'autre partie, les 21 000 000 $, est à la charge des
établissements. (15 h 45)
La politique de remboursement qu'on s'est donnée, c'est une
période maximale de cinq ans, capital et intérêts. Les
établissements doivent rembourser leur déficit, qui est dû
à de l'improductivité, en fait, sur une période maximale
de cinq ans. Étant donné - je ne sais pas comment on le dit en
français - l'"overlapping" des années...
M. Laurin: Chevauchement.
M. Lamonde: ...le chevauchement c'est cela - les états
financiers de l'exercice 1982-1983, les établissements ne sont pas tenus
et ils ne peuvent pas, effectivement, en pratique, nous les fournir avant la
fin de juin, ce qui signifie que l'exercice financier 1983-1984 est
commencé lorsqu'on a le résultat financier de 1982-1983. Donc,
c'est sur une période de cinq ans, le remboursement, mais en sautant la
première année. Donc, en 1983-1984, on ne leur a pas
demandé de commencer à rembourser leur dette parce qu'il fallait
la préciser.
M. Paradis: Cette année, ils vont y affecter à peu
près 3 500 000 $.
M. Lamonde: Alors, une vingtaine de millions de dollars,
divisé par cinq, cela fait à peu près le montant dont on
parle.
M. Paradis: L'élément 5, à la page suivante:
"Enfin, il y a lieu de faire état ici de plusieurs contentieux quant
à certains revenus et dépenses - les exemples qu'on donne:
cafétéria, transport des malades, soutien à
l'enseignement, orthèses et prothèses, et ainsi de suite - qui
viennent grever encore plus les budgets des centres hospitaliers." Combien
est-ce que cela représente, ces manques à gagner, d'après
votre expérience? J'imagine qu'on prévoit des revenus de
cafétérias et, à la fin de l'année, on compile pour
savoir combien cela a donné par rapport aux dépenses. Est-ce que
c'est à ce niveau-là qu'il y aurait eu des erreurs?
M. Lamonde: Je vais répondre. En ce qui concerne la
cafétéria, c'est à la suite du décret de
l'année dernière où il était mentionné que
le prix des repas pour les employés des établissements subissait
une croissance. Partant de là, on a fait une prévision des
revenus de cafétérias, qui ne s'est pas avérée
exacte, effectivement, en 1983-1984. Ce que je peux dire, c'est que, pour
1984-1985, nous avons réajusté les budgets ou nous allons
réajuster les budgets des CH, quand on va les sortir, pour tenir compte
de cet écart entre la connaissance
qu'on a de la réalité - parce que l'exercice n'est
toujours pas, pour nous, terminé, on n'a pas les données
officielles - et ce qu'on avait antérieurement. Donc, pour nous, le
dossier des cafétérias devrait être réglé
avec l'ajustement qui va être fait incessamment.
M. Paradis: Transport des malades.
M. Lamonde: Bon, pour le transport des malades, je peux donner un
élément de réponse, d'autres aussi. Il y a
différents éléments qui touchent à la fois les
personnes âgées et le transport interétablissements. En ce
qui concerne les personnes âgées, il s'agit d'un programme qui a
été implanté spécifiquement, qu'on devait financer
spécifiquement. Le transport interétablissements était une
réalité différente, c'est-à-dire qu'il faisait
partie du budget global de l'établissement. Ce sont des décisions
internes entre les établissements selon lesquelles où on prend
des patients qu'on envoie en consultations à l'extérieur, et
ainsi de suite. Vous comprenez tout de suite qu'il y a une partie de la carence
financière indiquée par l'AHQ qui est certainement attribuable au
transport interétablissements et qui est donc de la
responsabilité de ces établissements qui ont des budgets globaux.
Une autre partie est, possiblement, la responsabilité du
ministère des Affaires sociales, ce sont les personnes
âgées. Nous sommes à faire le débat autour de toute
cette question. C'est bien évident que, s'il y a une
responsabilité de notre part, on va se corriger, mais je ne pense pas
que l'on prenne à notre charge la responsabilité des CH.
En ce qui concerne le soutien à l'enseignement, il y a aussi en
cette matière des discussions avec le ministère de
l'Éducation, à la suite des informations qui nous ont
été fournies par les établissements, de même que par
l'AHQ, sur le dossier. Nous sommes à discuter, avec le ministère
de l'Éducation, le règlement de cette question.
Orthèses et prothèses. Il y a aussi, à la suite des
informations fournies par les établissements et l'AHQ, des études
à l'interne pour vérifier l'information fournie par les
établissements quant à une possible insuffisance
financière en cette matière. Il faut quand même faire
attention à quelque chose. L'AHQ nous fait le reproche d'ouvrir le
budget global pour faire une compression sur les cadres. Ici, on ne se
gêne pas pour ouvrir le budget global pour demander des sommes d'argent
additionnelles sur certains points particuliers. Il y a une espèce de
langage un peu différent, suivant qu'on a des besoins additionnels ou
qu'on veut éviter des coupures.
M. Paradis: Un autre élément, et celui-là
n'est pas contenu dans le document que le ministre a en main, mais est-ce que,
dans l'accroissement de la masse salariale que vous avez prévue au
niveau budgétaire, vous avez tenu compte de tous les
éléments, les avantages sociaux et les déductions à
la source? Pouvez-vous assurer cette commission qu'il n'y a pas un manque
à gagner pour les établissements à ce niveau?
M. Lamonde: Je dois dire que, si les établissements ont pu
vous faire ce commentaire, c'est sans doute un peu à cause de nous qui
avons identifié ce problème. On pourrait s'accuser de ne pas
connaître tout ce qui se passe dans le gouvernement, mais il y a des
choses qui sont arrivées, par ailleurs, dont nous n'étions pas au
courant et dont on n'a pas tenu compte dans l'allocation des ressources. On va
vérifier ce qui s'est passé pour les avantages sociaux, par
exemple, la CSST, qui est un cas mentionné. Si, effectivement, il y . a
eu insuffisance, on corrigera la situation ou, du moins, on argumentera
très fort auprès du Conseil du trésor pour que les
établissements n'aient pas à subir ce coût. On
présume, on n'a pas encore fait d'études, mais les premiers
signaux qu'on a sont qu'il pourrait y avoir un manque au titre des contibutions
d'employeurs à la CSST, par exemple.
M. Paradis: Est-ce que vous avez des évaluations?
M. Lamonde: Aucune.
M. Paradis: L'association conclut en disant qu'il serait
illusoire de penser que les centres hospitaliers pourront encore une fois
résorber un montant aussi important de ressources, soit 65 000 000 $ -
à la suite des explications qui ont été données, on
peut parler de 60 000 000 $ ou 65 000 000 $, une soixantaine de millions de
dollars - et qui s'ajoute aux contraintes des années
précédentes de l'ordre de 420 000 000 $ sans affecter
l'accessibilité et la qualité des services à la
clientèle. J'aime bien lire ce passage en parallèle avec un
extrait de discours du ministre des Affaires sociales, qui est reproduit
à la page 7 du document où on dit: "C'est sans doute en dressant
un tel bilan que le ministre des Affaires sociales lui-même -
c'était votre prédécesseur, M. le ministre -
déclarait, devant les administrateurs hospitaliers au mois d'octobre
dernier, et nous le citons: L'imposition de nouvelles contraintes
budgétaires généralisées ne saurait être
envisagée sans compromettre la qualité du système de
santé du Québec. En d'autres occasions, le ministre s'est
même engagé formellement à ne plus imposer de nouvelles
compressions budgétaires au réseau hospitalier."
Est-ce que vous partagez l'avis de votre prédécesseur,
à savoir qu'après 420 000 000 $ de contraintes on peut en
appliquer d'autres, mais qu'en en appliquant d'autres on affecte les services
aux usagers?
M. Laurin: Je dirais d'abord que des 65 000 000 $ que cite l'AHQ
il faut défalquer les 16 200 000 $ de surbudgétisation qui est
due à une mauvaise prévision de l'augmentation du taux
d'inflation...
M. Paradis: II y a eu des surplus l'an passé?
M. Laurin: Oui. C'est laissé aux hôpitaux pour
l'année 1983-1984, ces 16 200 000 $. Tout ce que nous faisons, c'est que
nous ne les remettons pas dans les bases, mais en réalité c'est
16 200 000 $ de plus que ce qui aurait dû être payé aux
hôpitaux, si on avait payé à la semaine ou au mois. Donc,
ces 16 200 000 $ constituent une surbudgétisation au lieu d'une
sous-budgétisation.
M. Paradis: J'ai compris cela, mais est-ce que les hôpitaux
les ont utilisés pour rendre des services aux
bénéficiaires?
M. Laurin: Je le présume.
M. Paradis: Mais ils ne les auront pas cette année.
M. Laurin: C'est-à-dire que les 16 200 000 $ ne seront pas
inclus dans la base historique sur laquelle on calcule l'accroissement des
budgets pour l'année 1984-1985. C'est bien différent. En plus, il
faut défalquer les 5 000 000 $ qui ne coûteront rien aux
hôpitaux puisque ces 5 000 000 $ sont payés par le
ministère. Cela fait déjà 21 200 000 $.
Quant aux 35 000 000 $ qui représentent le déficit
accumulé au cours des trois dernières années, comme je
vous le dis, il reste à faire un examen. On verra ce qui peut être
dû dans ces déficits aux effets de clientèles, à une
sous-budgétisation possible et, comme on l'a fait pour l'année
1982-1983 où le ministère des Affaires sociales a versé 11
000 000 $ après avoir constaté qu'il y avait
sous-budgétisation, on peut penser que l'examen auquel nous
procéderons le 19 avril peut amener des éléments nouveaux
que nous considérerons d'une façon appropriée. Il est
aussi possible que le chiffre de 35 000 000 $ en sorte différent de ce
qu'il est à l'heure actuelle.
En ce qui concerne les 420 000 000 $ de compressions faites au cours des
dernières années, je pense qu'il serait difficile de remettre en
question tout ce qui a été décidé au cours des
années antérieures et, comme le sous-ministre le disait tout
à l'heure, nous avons reçu de l'Association des hôpitaux du
Québec une grande collaboration dans l'application de ces compressions.
Dans les visites que je fais dans les hôpitaux, on me dit que ces
compressions ont été acceptées par le milieu, que le
milieu s'est rendu compte qu'effectivement il y avait des économies
à faire, des augmentations de productivité qui étaient
possibles et qu'avec l'iniatiative, l'imagination, la créativité
dont le milieu a fait preuve, au cours des trois dernières
années, nous avons pu procéder à ces économies,
à ces compressions sans affecter - du moins, d'une façon sensible
-la qualité des services et que même, dans plusieurs cas, cela
s'est soldé par de grandes améliorations.
Je vais vous donner un exemple. Je visitais le centre Charles-Lemoyne en
fin de semaine et l'on me disait qu'il y a deux ans les demandes de
prélèvements pour des malades traités, soit en cabinet
privé, soit en CLSC, se faisaient au CLSC et que le CLSC les
transmettait au centre Charles-LeMoyne, ce qui fait que tous les matins il y
avait une rangée de 300 à 400 personnes qui attendaient afin que
les prélèvements soient faits, que les analyses de laboratoire
soient effectuées. À cause des compresssions, on s'est dit qu'il
fallait trouver une meilleure méthode que celle-là et la
méthode qui a finalement été trouvée, en
collaboration avec le CLSC, le CH et avec de l'expertise qui venait du CRSSS, a
été d'appliquer une nouvelle politique en vertu de laquelle, par
exemple, toutes les demandes de prélèvements se font au CLSC.
C'est le CLSC qui fait maintenant les prélèvements et ceux-ci
sont envoyés, par camion, automobile, au centre Charles-LeMoyne qui,
avec le système très perfectionné d'analyse de laboratoire
qu'il a, avec la validation aussi qu'il peut effectuer, en très peu de
temps, effectue les analyses et les renvoie au CLSC, qui peut les renvoyer
aussi au cabinet privé des médecins. Ceci est beaucoup plus
efficace et cela a éliminé des files de 300 patients tous les
matins au centre Charles-LeMoyne. L'hôpital fonctionne mieux, cela
coûte moins cher et les résultats sont meilleurs qu'auparavant sur
le plan de la fiabilité. Je vous donne cela simplement comme un exemple
de cette collaboration que les centres hospitaliers, qui font partie de
l'association des hôpitaux, ont apporté aux compressions.
Donc, les 420 000 000 $ que l'on ramène ici à notre
attention ont été effectuées en toute connaissance de
cause, en collaboration avec les centres hospitaliers, et des commentaires
élogieux de la part des centres hospitaliers et la collaboration des
CRSSS. Je me demande pourquoi on ramène cela dans cette
déclaration-là.
Une voix: Si vous permettez, M. le député...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...
M. Paradis: Je pense, M. le ministre, que le message est le
suivant, si j'ai bien compris le texte d'une association et d'autres
intervenants qui, par le passé, ont fait montre de collaboration dans
l'application de compressions budgétaires. Ils vous disent: Nous avons
fait montre de compréhension, nous sommes allés au bout de notre
rouleau. Si nous en subissons d'autres cette année, ce seront les
services essentiels qui seront affectés comme tels, et c'est cela, moi,
comme parlementaire, qui m'inquiète. Quand des associations qui ont
montré toute leur collaboration dans l'application des compressions au
cours des dernières années nous disent: Là, nous avons
atteint le seuil, nous ne sommes plus capables d'aller plus loin, M. le
ministre... Ces gens raisonnables nous disent cela et le ministre, votre
prédécesseur, fait une déclaration dans le même
sens, au mois d'octobre dernier, devant l'Association des hôpitaux et
l'on se retrouve ici, en commission parlementaire, et puis là nous en
avons des compressions budgétaires et l'on sait que cela affectera les
services. Cela commence à exploser un peu partout. Vous le savez, le
dossier dont vous avez hérité, vous avez eu des conflits un peu
partout dans les hôpitaux, vous êtes allé le plus rapidement
possible. J'ai caricaturé votre rôle en disant que vous jouez au
pompier. Vous êtes allé éteindre des feux. C'est la limite
qui a été atteinte, c'est le symptôme que nous sommes
allés à la limite des compressions budgétaires. Cette
année, on nous arrive à peu près avec 60 000 000 $. Quels
services enlèvera-t-on? Comment ces hôpitaux fonctionneront-ils?
(16 heures)
M. Laurin: Encore une fois, ce n'est pas 60 000 000 $; quand on
fait les défalcations nécessaires, c'est beaucoup moins que
cela.
M. Paradis: II y a 60 000 000 $ de moins. On peut
qualifier...
M. Laurin: Deuxièmement, il faudrait, comme je l'ai dit au
premier jour de la défense des crédits, citer au complet la
déclaration de mon prédécesseur. Il y avait une condition,
que personne ne rappelle, mais qui était bien réelle: sujet
à l'atteinte de l'équilibre budgétaire par tous les
hôpitaux. Cette partie-là, on la laisse tomber, mais elle est
très importante également. Elle est très importante et
elle est réelle. En plus, je dirais que non seulement nous avons
augmenté la productivité de 420 000 000 $...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mais, M. le
ministre...
M. Laurin: ...sans toucher à l'accessibilité et
à la qualité des services, mais, en plus, on a remboursé
des déficits des hôpitaux pour une somme de 300 000 000 $.
M. Paradis: Les gens sont allés à la limite et ce
qu'il y avait à sauter comme problèmes d'urgence ont sauté
au cours des derniers mois et des dernières semaines. On va
peut-être en avoir quelques autres, malheureusement, qui vont venir, mais
ces gens-là vous disent: On est à la limite. Votre
prédécesseur disait: On ne peut plus appliquer de compressions.
Qu'on dise qu'il y a des hôpitaux qui n'ont pas atteint
l'équilibre budgétaire... Tantôt, vos sous-ministres nous
ont dit: II s'agit de trois ou quatre cas qui représentent 40%. On ne
peut pas généraliser comme vous le faites présentement. On
a ces chiffres devant nous. On vote des crédits et ce qu'on vote dans
ces crédits, le résultat net va faire en sorte que les
hôpitaux du Québec vont avoir dans leur budget de fonctionnement
quelque 60 000 000 $ de moins que l'an passé. C'est la situation
actuelle. On peut la qualifier comme on veut; vous pouvez la maquiller, je peux
la démaquiller, on n'en finira pas. Le problème de fond,
c'est...
M. Laurin: Mme la Présidente, ce ne seront pas 250 ou 260
centres hospitaliers qui seront affectés par l'opération
redressement budgétaire pour atteindre à l'équilibre
budgétaire, comme le sous-ministre l'a dit.
M. Paradis: D'accord.
M. Laurin: C'est une dizaine de centres hospitaliers qui sont
responsables d'à peu près 50% des sommes en cause, et, si on va
plus loin, c'est trois ou quatre qui sont responsables de 40% des sommes en
cause. Il est bien évident que ce ne sont pas tous les centres
hospitaliers qui auront à fournir l'effort requis pour le redressement
budgétaire.
Quant aux compressions proprement dites, il n'y en a que pour 7 000 000
$. Il ne faut pas mettre dans le même sac ce qui a été
surévaluation d'une dépense qui n'a pas été faite,
ce qui est effort insuffisant pour atteindre à l'équilibre
budgétaire, ce qui est paiement d'un déficit d'exploitation
encouru, selon les explications que M. Lamonde vous livre, d'une part. Cela
peut aller dans la même veine, mais les compressions de l'autre
côté ne toucheront que 7 000 000 $ et ce ne sont que ces seules
compressions qui ont pour but d'augmenter la productivité en rapport
avec des analyses qui ont été faites et que l'on croit possible:
7 000 000 $ sur
un total de 5 670 000 000 $. Donc, il s'agit de ramener ces compressions
à de très justes proportions, et cela n'a pas le caractère
catastrophique que l'on se plaît à souligner.
M. Paradis; D'accord. Où les hôpitaux vont-ils
prendre alors les autres 53 000 000 $ qui, sur le plan des chiffres, sont
là?
M. Laurin: Je pense que les hôpitaux et les centres
d'accueil qui ont atteint l'équilibre budgétaire au cours de
l'année précédente ou au cours des années
précédentes pourraient répondre à votre question
beaucoup mieux que je ne saurais le faire. La très grande
majorité l'a fait, et il y a même des centres d'accueil ou des
centres hospitaliers qui ont maintenant un surplus cette année et qui
pourront affecter leur surplus au développement, à la
rénovation ou à la mise sur pied de nouveaux services. Donc, la
preuve est que c'est possible de le faire, puisque tant de centres d'accueil et
d'hôpitaux y sont parvenus. Certains n'y sont pas parvenus. On pourrait
engager une longue discussion sur les causes possibles. Une des causes
possibles - M. Lamonde le disait tout à l'heure - c'est peut-être
la sous-budgétisation. Nous allons examiner cela hôpital par
hôpital, centre hospitalier par centre hospitalier, lors de la
réunion que nous aurons avec les CRSSS, et nous effectuerons les
ajustements nécessaires, de même que pour la fourniture de
services de cafétérias, de soutien à l'enseignement, de
transport interétablissements ou de transport de personnes
âgées. La réunion du 19 a pour but de clarifier toutes ces
choses, de procéder aux ajustements nécessaires qui devront
survenir par la suite. Mais, encore une fois, les compressions
véritables ne s'élèveront cette année qu'à 7
000 000 $ sur un budget de 5 670 000 000 $. Je ne conçois pas qu'on
jette les hauts cris en face d'une compression additionnelle aussi minime que
celle-là et qui n'est imposée qu'à la suite d'analyses qui
nous ont montré qu'il y avait encore moyen d'augmenter ou la
rentabilité, ou la productivité de certains établissements
dont la liste sera établie, par ailleurs, à la suite de
discussions et d'ententes qui auront lieu au cours des prochaines semaines.
M. Paradis: Mais ce que je ne comprends pas - et c'est là
un autre détail -vous me dites que vous avez établi les
éléments qui vous permettent de dire qu'il y a des compressions
qui sont peut-être applicables ailleurs dans d'autres domaines, mais vous
n'avez pas les causes des déficits des hôpitaux qui ont
dépassé leur budget. Je ne comprends pas de quelle façon
vous administrez.
M. Laurin: C'est-à-dire que nous en avons une très
bonne idée parce que nous avons quand même trois rapports
trimestriels et nos agents de liaison suivent très
régulièrement la situation de chacun des centres hospitaliers. Ce
que M. Lamonde vous disait tout à l'heure, c'est que nous ne pouvons pas
avoir une discussion globale et définitive avant d'avoir en main les
rapports des quatre trimestres afin d'avoir des chiffres définitifs.
C'est sur cette base que la discussion du 19 avril aura lieu entre les CRSSS et
le ministère.
M. Paradis: D'accord. Je comprends donc de cette réponse
que vous n'êtes pas plus en mesure de le faire pour les hôpitaux
qui sont en déficit que vous n'êtes en mesure de dire que, dans
d'autres hôpitaux, il y a place pour ces compressions.
M. Laurin: Non. Nous le savons très bien, au contraire.
Comme je vous le disais, nous avons de très bonnes idées, mais,
pour discuter sérieusement, je pense qu'on est mieux d'attendre que le
budget de l'année soit terminé. Soyez sûr que lors de ces
discussions il n'y aura pas que des représentants des hôpitaux ou
des CRSSS qui auront des positions à apporter. Nous aurons
également nos propres positions à apporter. Il y aura des
échanges probablement vigoureux qui auront lieu. Nous essaierons
d'arriver à la vérité des chiffres aussi bien qu'à
la vérité des établissements.
M. Paradis: Mme la Présidente, j'aurais d'autres questions
à poser au ministre surtout concernant les immobilisations comme
telles.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous aurez la chance de
revenir.
M. Paradis: Mais, étant donné qu'on est au niveau
de l'opération, je pourrai revenir et on suivra attentivement l'effet
des compressions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): J'aimerais demander au
ministre ce qu'il adviendra des surplus. Est-ce que c'est en totalité
que les surplus resteront aux établissements?
M. Laurin: Mon prédécesseur a annoncé une
politique avant de quitter, politique qu'on pourrait appeler de budget global
ou d'autonomie des établissements en ce qui concerne leur budget. Je
pense que je pourrais demander à M. Deschênes de la
préciser, d'abord, quant à sa nature et surtout quant à
ses effets et quant à ses limites.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avant que M.
Deschênes ne réponde, on sait
que le printemps dernier il y avait certains conseils régionaux
qui avaient tenté de se prévaloir d'une marge de manoeuvre
additionnelle en allant chercher dans les surplus des hôpitaux. Est-ce
que ceci a été corrigé ou si cela s'est passé comme
cela? Je voudrais aussi que vous incluiez cela dans votre réponse, si
possible.
M. Deschênes: Je pense que le dernier élément
que vous évoquez est peut-être dans la région
métropolitaine...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: ...c'est-à-dire à
Montréal...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je ne sais pas si cela a
eu lieu ailleurs.
M. Deschênes: ...et plus précisément dans le
cas de l'utilisation des ressources aux fins de la santé mentale. J'ai
reçu un certain nombre de lettres récemment à ce sujet. Il
fut fort difficile d'arriver à un certain consensus sur le
dégagement du surplus et sur l'allocation de ces ressources de sorte que
j'ai effectivement demandé au service à l'intérieur...
Nous aurons bientôt des rencontres sur ce qui précisément a
fonctionné ou non à cet égard, à Montréal,
en 1983-1984 et comment on se comporte à nouveau en 1984-1985. Je pense
qu'il y a eu des problèmes particuliers dans l'utilisation des surplus
de quelques établissements psychiatriques dans la région
métropolitaine. C'est un dossier qui n'est pas terminé, pour
lequel il y a des discussions à venir.
Quant à la politique d'utilisation des surplus, je pense qu'il
faut parler d'une politique intégrant déficit et surplus.
L'idée était de mettre l'accent à l'intérieur des
centres hospitaliers comme des autres établissements non seulement sur
le contrôle des dépenses, mais sur une incitation aux
établissements à atteindre l'équilibre budgétaire
et faire en sorte qu'ainsi ceux qui l'atteignent et qui même engendrent
un surplus soient récompensés et l'utilisent localement, de
même qu'une tranche, quelque 20% au niveau régional.
Il s'agit d'une politique selon laquelle on voulait se dégager
d'une approche purement historique qui examine uniquement les dépenses
et les déficits pour y intégrer en quelque sorte une approche
plus globale incitant les établissements à avoir une
administration qui, localement, puisse oeuvrer vers des surplus pour les
utiliser localement et non pour les récupérer à quelque
fin centrale que ce soit. Je demanderais à M. Jacques Lamonde
d'expliquer les grandes avenues...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: ...le pour et le contre de chacun des
éléments, surplus et déficit.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je ne veux pas de grands
détails techniques. Ce qui intéresse les
établissements...
M. Deschênes: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...c'est de savoir s'ils
ont un surplus, s'ils n'ont pas été surbudgétisés,
à condition que vous ne recommenciez pas l'opération chaque
année parce qu'ils n'auront jamais raison. Une fois que
l'opération a été faite, qu'ils ont atteint
l'équilibre budgétaire, qu'ils ont un surplus, est-ce qu'ils
doivent comprendre que ce surplus ne sera pas touché, à condition
que la base budgétaire ait été celle reconnue par le
ministère depuis un certain temps comme étant une base
budgétaire raisonnable? Toute la grande technique, je vais vous la
laisser, M. Lamonde.
M. Lamonde: Bon.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce qui intéresse
les établissements, c'est de savoir ce qui arrive à leur
surplus.
M. Lamonde: Deux éléments à la
réponse: le premier, c'est que la politique actuelle pour le surplus qui
est égal au premier pour cent de leur budget total, on ne fait
même pas de vérification pour savoir s'il s'agit d'un effort de
leur part ou si c'est de la surbudgétisation de notre part. On le leur
donne, ce qui est un avantage par rapport à l'ancienne politique
où il y avait un calcul de productivité, si on veut, sur le
premier sou de surplus.
Le deuxième élément, c'est qu'on a toujours dit, en
rapport avec cette politique - l'antérieure et la présente - que
c'est un processus partiel d'allocation des ressources qui se situe en fin
d'année, qui vient faire un règlement de fin d'année sur
une année. Il est partiel en ce sens que l'État ne peut s'engager
à ne pas mettre d'argent additionnel pour du développement dans
des établissements autre que celui qui proviendrait de la politique des
surplus et ne peut s'engager non plus à ne pas passer des contraintes
dans un réseau au-delà de ça. L'ensemble des finances
publiques peut, à un moment donné, entraîner le fait qu'il
y ait des compressions partout. Ce qu'on dit, c'est que cette politique
s'applique en rythme de croisière normal. Il faut la lire, la comprendre
par rapport à la situation antérieure. Elle est un gain par
rapport à la situation antérieure. Elle n'est pas le
Pérou, c'est bien évident, et elle ne peut l'être.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce que je veux bien
comprendre, M. Lamonde,
et je vais vous donner un exemple concret: je connais un centre
hospitalier de longue durée qui a enregistré un surplus,
peut-être pour la deuxième année. Il a décidé
de l'affecter à un centre de jour parce qu'il n'y en a pas dans, je ne
sais pas, c'est à Montréal, peut-être pas des centaines de
kilomètres, mais, enfin, dans un rayon important quand même. Il ne
demande pas un sou de plus au gouvernement pour la création de ce centre
de jour. Il dit: Avec l'assentiment du CRSSS, on va le faire à
même nos surplus.
Est-ce que, en essayant de comprendre votre réponse, le
ministère ou le gouvernement décidant que, non, il faudrait
peut-être l'affecter davantage aux ressources alternatives - pour donner
un exemple - on ira récupérer une partie de ce surplus, mettant
en danger la possibilité même du fonctionnement de ce centre de
jour?
M. Lamonde: D'abord, l'utilisation qui est faite par
l'établissement pose un problème en ce sens que, lorsqu'il
investit ce surplus dans un centre de jour, il s'agit là d'une
activité récurrente. S'il ne peut pas garantir le surplus
à chacune des années, il va avoir le problème de financer
cette activité.
Peut-être que dans le cas précis dont vous parlez il n'aura
pas de problème à le faire sauf qu'un surplus, ce qu'il faut
comprendre, c'est le surplus d'un exercice, et l'argent, ce
bénéfice, est produit une fois. Il doit donc avoir une
utilisation non récurrente, une utilisation d'une fois. S'il est
reproduit une seconde fois... Ce qu'il faut éviter, c'est d'utiliser le
surplus d'une année à des activités récurrentes sur
toutes les années. On fait 100 000 $ de surplus une année; on
l'utilise à une activité récurrente qui coûte 100
000 $ par année et, les cinq années qui suivent, si on ne fait
plus le surplus de 100 000 $, on se retrouve avec un déficit de
financement de 100 000 $ pour l'activité qu'on a partie. Il y a donc
là un problème à la base. (16 h 15)
Deuxièmement, effectivement, il existe au ministère des
Affaires sociales des politiques et il y en a une qui vise à la
désinstitutionnalisation, les ressources légères, les
ressources alternatives, et on a déjà dit au réseau que,
tout cela, on ne le mettrait pas en place uniquement avec de l'argent neuf,
mais qu'on le mettrait en place avec des réallocations de ressources.
Donc, je ne le sais pas dans le cas précis que je ne connais pas et dont
vous parlez, mais il est possible et probable que de l'argent soit pris dans
des institutions présentement pour le réallouer vers des
ressources alternatives. Est-ce que cela affectera l'établissement dont
vous parlez? Je ne le sais pas. Mais l'établissement en question comme
l'ensemble des autres établissements savent déjà qu'il
s'agit là d'une orientation du ministère, qui est
déjà commencée et qui va se poursuivre.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mais, en bout de piste,
concrètement, cela veut dire qu'aucune institution ne peut être
certaine ou assurée...
M. Lamonde: Pas de garantie.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II n'y a pas de garantie
qu'elle puisse conserver, même à partir des bases
budgétaires admises, son surplus.
Une voix: Excusez, excusez.
M. Lamonde: Elle peut l'avoir pour l'année en cours.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La totalité de son
surplus.
M. Lamonde: Elle peut l'avoir pour l'année en cours. Sa
récurrence n'est pas garantie.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Lamonde: Elle peut l'avoir pour l'année en cours.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, M.
Deschênes.
M. Deschênes: II y a une considération qu'il faut
ajouter à cela. L'utilisation d'un surplus, à supposer même
qu'il soit récurrent, il ne peut pas être utilisé par un
établissement seul sans considération d'un ensemble de
règles du jeu ou de politiques qui sont en vigueur, soit sur l'ensemble
du Québec ou dans une région. Par exemple, est-ce que, s'il se
dégageait un surplus et qu'il était récurrent de 200 000 $
dans un centre hospitalier, ce centre hospitalier pourrait, annuellement ou
progressivement, acheter un équipement qui irait à l'encontre,
par exemple, d'une planification régionale en matière
d'équipement spécialisé? Il va falloir qu'il discute avec
du monde. On n'est plus dans une situation où chaque
établissement, en quelque sorte, est atomisé et décide
seul. Il y a des types d'utilisation où il n'y a pas de problème.
Lorsqu'il s'agit d'utiliser un surplus récurrent pour accroître la
performance locale de l'établissement, il n'y a aucun problème.
Mais, lorsqu'il s'agit de créer des développements de services
nouveaux, on peut aller à l'encontre d'orientations qui sont en
discussion, ou qui sont même décidées au niveau
régional. Alors, je voudrais juste mettre de l'avant une
différence entre l'utiliser afin de continuer d'accroître la
performance locale
ou de faire des développements de services. Dans ce dernier cas,
il y a d'autres préoccupations et d'autres règles du jeu qui
interviennent...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon.
M. Deschênes: ...mais au niveau régional, à
ce moment-là.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dans le cas des
récupérations qui auraient pu être faites par le Conseil
régional de Montréal, 6b et 6a, je pense, ou 6c, s'il y a des
correctifs à apporter, ils seront apportés; c'est ce que je crois
comprendre d'après les premières informations que vous avez
données.
M. Deschênes: Vous avez très bien compris. S'il y a
des correctifs à apporter, ils vont être apportés.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon. Maintenant...
M. Deschênes: C'est pour cela qu'on m'a demandé de
mieux comprendre le dossier. Il y a plusieurs intervenants. Il y a des
perceptions différentes. Il y a même contradiction entre certains
points de vue. Alors, dans ce temps-là, il y a une seule façon,
c'est de clarifier le dossier, qui dit quoi, et on fera la synthèse au
bout du compte.
Déficit à l'hôpital
Notre-Dame
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Puisqu'on parle de
déficits d'hôpitaux, je voudrais apporter le cas de
l'hôpital Notre-Dame. Je sais - je pense qu'on peut même dire
historiquement - que depuis le début, certainement, des plans de
redressement budgétaire, l'hôpital Notre-Dame, en dépit, je
pense, de coupures assez importantes à certaines périodes
données, s'est toujours retrouvé en déficit et avec des
déficits assez élevés. Est-ce qu'on pourrait nous donner
un tableau des efforts de redressement budgétaire qui ont
été faits par l'hôpital Notre-Dame depuis le début
de la politique de redressement budgétaire, successivement, année
après année, dans un premier temps, pour savoir quels sont les
efforts qui ont été faits? Quelles sont les considérations
que le ministre fera quant à d'autres coupures de services possibles
dans un hôpital comme Notre-Dame avec lequel, je le sais, le ministre est
familier, qui sert un bassin de population quand même assez
dépourvu, qui a une vocation d'hôpital universitaire, qui se
trouve dans le même bassin, jusqu'à un certain point, que
l'hôpital Saint-Luc, qui, souvent, à tort ou à raison, on
l'a dit, a été favorisé bien davantage par le
ministère que d'autres hôpitaux? Mais ce qui me préoccupe,
c'est quelles sont les intentions du ministre quant au type de coupures ou au
type de restrictions de services qu'il entend imposer à l'hôpital
Notre-Dame et la consultation qu'il va tenir là-dessus.
M. Laurin: Des redressements ont été
effectués par l'hôpital Notre-Dame pour atteindre
l'équilibre budgétaire au cours des dernières
années. Je n'ai pas à la mémoire...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que l'on pourrait
nous les donner ces chiffres-là?
M. Laurin: Oui, nous allons en faire la liste et on pourra vous
les faire parvenir. Tout ce que je sais, en tout cas, c'est que mon
prédécesseur a trouvé que ces efforts de redressement
étaient insuffisants et que, par exemple, le déficit prévu
pour 1983-1984 dépassait les 7 000 000 $, ce qui en fait le champion, au
fond, non seulement pour l'agglomération métropolitaine, mais
pour tous les hôpitaux du Québec. Il fallait savoir pourquoi ce
déficit était aussi élevé, car, même si
l'hôpital Notre-Dame a une situation particulière au sein des
hôpitaux de Montréal, en vertu de son âge, de ses
traditions, de son excellence dans plusieurs domaines, du rôle important
qu'il joue comme hôpital d'enseignement, il reste qu'il partage l'une ou
l'autre de ces caractéristiques avec d'autres hôpitaux analogues
comme, par exemple, certains autres hôpitaux d'enseignement comme
Sainte-Justine, Saint-Luc, Sacré-Coeur ou Maisonneuve. Il partage la
réputation de centres de recherche où il se fait de la
très bonne recherche d'une façon considérable avec aussi
d'autres hôpitaux où la recherche est en progression constante
depuis quelques années, où, en tant qu'hôpital du bas de la
ville qui dessert une population de plus en plus vieillissante et pauvre, il
partage cette vocation, par exemple, avec l'hôpital Saint-Luc.
Donc, l'ensemble des caractéristiques de l'hôpital
Notre-Dame font que c'est un hôpital unique, mais, sur beaucoup de
points, il y a d'autres hôpitaux qui partagent l'une ou l'autre de ces
caractéristiques, ce qui permet, incidemment, de comparer la
productivité ou le rendement de l'hôpital Notre-Dame, à
l'un ou l'autre de ces chapitres, avec les performances analogues que l'on peut
observer dans d'autres hôpitaux; pour l'enseignement, par exemple, on
peut le comparer à l'Hôtel-Dieu ou à l'hôpital
Maisonneuve-Rosemont; pour le service à des clientèles
vieillissantes et pauvres, on peut le comparer à l'hôpital
Saint-Luc, et ainsi de suite.
La conclusion, c'était que le déficit de 1983-1984
envisagé de 7 000 000 $ dépassait
à un point tel le déficit des autres hôpitaux
comparables qu'il fallait véritablement faire un effort d'analyse pour
étudier les causes de ce déficit et voir à la mise en
place de correctifs devant aboutir à un équilibre
budgétaire. D'autant plus que s'y ajoutait un facteur, c'est que le
déficit accumulé de l'hôpital Notre-Dame atteignait
également un sommet assez important.
Mon prédécesseur a demandé donc à
l'administration de l'hôpital Notre-Dame d'effectuer un plan de
redressement en vue d'atteindre l'équilibre budgétaire. Les
discussions ont été longues, n'ont pas abouti à des
consensus et, en conséquence, mon prédécesseur a
jugé bon de faire appel à une expertise extérieure, la
firme Piché, Charron et Associés, qu'il a chargée
d'étudier, à titre d'observateurs externes, impartiaux, la
situation. Cette analyse a été faite, remise au ministère,
mais elle n'a pas conclu le débat. Elle l'a relancé, pour ainsi
dire, dans certaines directions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pourrait-on avoir copie
de ce rapport-là?
M. Laurin: C'est un rapport qui a été fait pour le
ministre; je ne saurais répondre aujourd'hui à votre question. Ce
rapport a été communiqué au conseil d'administration de
l'hôpital Notre-Dame qui en a fait une analyse. Le ministère aussi
en a fait une analyse. Je ne peux dire que les conclusions des deux analyses se
recoupaient toujours ou aboutissaient à des consensus, mais, quoi qu'il
en soit, à la suite de ces analyses conjointes et non toujours
identiques, le ministre a pris une décision qu'il a communiquée
au conseil d'administration à qui il demandait un effort additionnel
pour l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 1984-1985. Devant
cette prise de position très ferme de mon prédécesseur, le
conseil d'administration s'est réuni et a fait parvenir au
ministère sa décision, qui était la suivante: dans un
premier temps, le conseil d'administration s'engageait à atteindre
l'équilibre budgétaire en 1984-1985; deuxièmement, le
conseil d'administration soumettait au ministère des Affaires sociales
un plan d'accroissement de la productivité des services se totalisant
par des économies de 4 300 000 $. Il disait au ministère qu'il
continuait son travail et qu'il lui présenterait, d'ici le 30 avril, le
deuxième volet de son plan de redressement qui, lui, porterait sur la
rationalisation des ressources. Le ministère a toujours dit à
l'hôpital Notre-Dame qu'il attendrait qu'on lui présente les deux
volets du plan de redressement budgétaire avant non seulement de
l'examiner, mais de prendre position sur ce plan de redressement
budgétaire. C'est donc dire que nous n'avons pas encore reçu la
deuxième partie du plan de redressement.
Cette deuxième partie du plan de redressement est menée
par l'hôpital Notre-Dame en collaboration avec une autre firme
privée; je pense que c'est la firme Drouin et Paquin. Je rencontrais
récemment le président du conseil d'administration qui m'a dit
que l'étude est bien en train, que c'est une étude très
sérieuse qui implique le conseil des médecins et dentistes de
l'hôpital, tous les cadres, ainsi que tous les membres des divers
comités qui ont été formés à cet effet, et
qu'il pourra tenir le rendez-vous, il pourra envoyer au ministère les
deux volets à la fin du mois d'avril.
Ce n'est que par inadvertance ou par une sorte d'indiscrétion que
certains éléments de ce deuxième volet du plan de
redressement ont été communiqués au public, en particulier
l'hypothèse de la fermeture du service d'obstétrique de
l'hôpital Notre-Dame. Ce n'est là, et le président du
conseil me l'a bien confirmé, ce n'est là qu'une des
hypothèses qui est envisagée. Le lancement public de cette
hypothèse a peut-être eu un certain mérite. C'est qu'il a
amené plusieurs groupes à réagir, plusieurs groupes dont
les avis, en l'occurrence, sont très pertinents comme, par exemple, la
faculté de médecine de l'Université de Montréal qui
craignait de perdre non seulement un excellent centre d'enseignement, qui a des
caractéristiques très particulières, comme, par exemple,
un excellent centre de grossesses à risques élevés qui est
en train de faire sa réputation à l'échelle internationale
depuis quelques années, mais aussi un centre de néonatalogie qui
lui aussi est en train de se bâtir une très haute
réputation d'excellence. Ceci a permis à la faculté de
médecine de l'Université de Montréal de demander au
conseil d'administration de bien réfléchir avant de proposer une
solution comme celle-là qui enlèverait à la faculté
de médecine un lieu de haute excellence pour la préparation d'une
relève aussi bien médicale que dans le champ de
l'obstétrique et de la gynécologie. Cela a permis aussi à
certains autres groupes de faire valoir les interrelations qui pouvaient
exister entre le département d'obstétrique et de
gynécologie, et d'autres centres de l'hôpital comme le
département d'anesthésie, le département d'oncologie, le
département de recherches en général.
Le conseil d'administration, à l'aide de ces réactions
qu'a suscitées ce lancement prématuré d'une
hypothèse, est en train de réfléchir davantage à
cette hypothèse et de la comparer à d'autres hypothèses.
Mais, encore une fois, ce n'est qu'à la fin d'avril que j'aurai en main
les deux volets du plan de redressement. (16 h 30)
Quant à la première partie du plan de redressement qui
comporte des compressions ou des économies de 4 300 000 $ et qui nous a
déjà été communiquée, nous sommes
sûrement en train de l'examiner pour voir si les solutions qui
nous sont suggérées sont les meilleures ou les plus
appropriées, ou si nous ne pourrions pas suggérer d'autres
solutions. Il est possible que nous ayons des modifications, le moment venu,
à proposer au conseil d'administration de l'hôpital Notre-Dame,
mais nous ne voulons pas entreprendre cette étude morceau par morceau.
Nous préférons un examen complet, global, qui aura lieu
dès que le rapport final et complet nous sera parvenu à la fin
d'avril.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre.
J'aurais deux toutes petites questions à poser. Pourriez-vous, lorsque
vous nous remettrez la liste des compressions budgétaires ou des
coupures budgétaires, selon les années, de la façon dont
celles-ci auront été appliquées, nous dire aussi le nombre
de postes qui ont été coupés, qui n'ont simplement pas
été remplis, nous faire connaître la diminution du nombre
de postes à temps partiel ou à temps plein au niveau des cadres
et du personnel syndiqué. Pourrions-nous avoir ces
chiffres-là?
M. Laurin: Avant que le conseil d'administration ne nous
présente la première partie de son plan de redressement. Est-ce
que je comprends bien?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. M. Laurin:
Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est-à-dire en
même temps que vous nous donnerez le...
M. Laurin: D'accord.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense que cela, c'est
avant toute la remise en question.
M. Laurin: Incidemment, je devrais ajouter que l'hôpital
Notre-Dame n'a pas attendu que son plan de redressement soit accepté par
le ministère des Affaires sociales pour procéder lui-même
à des améliorations et à des modifications. Par exemple,
j'ai appris qu'au cours des trois derniers mois l'hôpital Notre-Dame a
réaménagé complètement le fonctionnement de ses
salles d'urgence. Il a pu ainsi réduire d'une façon très
substantielle le nombre de civières qui devaient traîner dans les
corridors et il a accru énormément le rendement de son urgence en
ce qui concerne la longueur de la période d'observation des malades
admis à l'urgence qui arrivaient en ambulance de plusieurs heures, pour
ne pas dire de quelques jours dans certains cas. Les patients sont maintenant
admis d'une façon prioritaire dans les divers services de
l'hôpital quelques heures à peine après avoir
été admis à l'urgence, tout ceci en raison d'un
réaménagement interne: la nomination de responsables à
l'urgence, une nouvelle politique d'admission, un changement quant à
l'admission des cas électifs par rapport aux cas prioritaires.
Déjà, je pense qu'on peut constater de grands progrès, ce
qui veut dire que des progrès étaient possibles sans que le
budget de l'hôpital soit obéré.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. C'était
simplement concernant ces informations supplémentaires. Ma
deuxième question: Est-ce que les syndicats ont reçu copie de
cette première étude qui a été faite, pas la
dernière, celle de la firme Drouin et Paquin? Voici ma
préoccupation: on sait que l'hôpital Notre-Dame a toujours
été un endroit où les relations de travail ont
été tendues. Elles sont peut-être meilleures. En tout cas,
on en entend moins parler depuis deux ou trois ans, mais on sait que cela a
été difficile dans les années antérieures. Je pense
que tout plan de redressement pris dans son sens le plus large de
réaménagement devrait autant que possible impliquer les
syndicats, particulièrement dans un établissement comme
Notre-Dame. C'est pour cela que je voudrais savoir dans quelle mesure les
représentants syndicaux, les syndicats, les employés de
l'hôpital, participent, en fin de compte, à cette
opération.
M. Laurin: Évidemment, la responsabilité de
l'élaboration d'un plan de redressement est confiée, de par la
loi, au conseil d'administration, mais il est tout à fait
légitime de penser que le conseil d'administration, dans
l'élaboration de ce plan de redressement, consulte abondamment aussi
bien le conseil des médecins et dentistes que les divers comités
de l'hôpital ou que les associations qui ont des membres au sein de
l'hôpital. C'est d'ailleurs ce que m'a transmis comme message le
président du conseil d'administration.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie et je
suis heureuse de voir que les décisions ne sont pas encore prises quant
à, par exemple, le transfert de l'unité d'obstétrique dans
un autre hôpital, et que toutes ces questions feront l'objet de
décisions ultérieures, lorsque vous aurez les deux rapports. Je
vous remercie. M. le député de Brome-Missisquoi. Il semble qu'on
va s'échanger le droit de parole.
Sécurité et vétusté des
hôpitaux
M. Paradis: J'aurais une question à poser concernant les
budgets
d'immobilisation, M. le ministre. J'ai eu l'occasion, à la fin de
l'année dernière et au début de cette année, de
visiter d'une façon assez discrète certains centres hospitaliers
de la province. Les gens qu'on y rencontre nous laissent voir qu'il vivent des
situations pour le moins pénibles sur le plan des immobilisations. J'ai
vu dans des hôpitaux un manque d'équipement de
sécurité. Pour vous donner un exemple, M. le ministre, ici
même, dans la salle où nous siégons, il y a à peine
un an, il n'y avait pas de gicleurs. Pour répondre aux normes du Code du
bâtiment, en rénovant, le président a fait installer des
gicleurs. Les escaliers de coin n'étaient pas trop sécuritaires,
on a réaménagé l'Assemblée nationale du
Québec.
Lorsqu'on fait le tour de certains hôpitaux, et même de
certains grands hôpitaux de la province, on se demande si nos
hôpitaux répondent, sur le plan de la sécurité, aux
normes que l'on a dans le Code du bâtiment. Je n'ai pas d'expertise
là-dessus, je n'ai pas de rapport d'experts, je n'ai rien de tout cela,
mais, tout en visitant, je me pose la question. Vous devez avoir ça au
ministère, dans les dossiers? Est-ce que l'ensemble des hôpitaux
du Québec répondent aux normes du Code du bâtiment? Est-ce
qu'il s'agit d'immobilisations qui sont sécuritaires? C'est d'autant
plus important de se poser la question. Je ne sais pas, si un incendie
s'était déclaré au parlement... Il n'y a personne en
civière ici, mais, dans les hôpitaux, les personnes sont
alitées, plus difficiles à déplacer. Quelle est vraiment
notre situation au Québec sur le plan de la sécurité dans
les hôpitaux?
M. Laurin: Disons d'abord que, sur le plan des immobilisations,
malgré la période difficile, malgré la crise
économique que nous avons vécue au cours des dernières
années, il a fallu quand même continuer à faire des
immobilisations. Je faisais état ce matin de la construction de 7000
places d'hébergement. Je pense que notre société n'avait
pas le choix: étant donné que la population vieillissante
s'accroît, il faut véritablement augmenter les places
d'hébergement. En raison même de la situation qui prévaut
dans une grande agglomération métropolitaine comme
Montréal où, dans le passé, tous les hôpitaux
se concentraient dans la partie sud de Montréal, il fallait
sûrement doter la partie périphérique de l'île
d'établissements hospitaliers appropriés. Au cours des
dernières années, il a fallu agrandir des hôpitaux comme
l'hôpital Fleury, l'hôpital Saint-Michel, l'hôpital
Sacré-Coeur,
Maisonneuve-Rosemont. On se rend compte que la situation n'est quand
même pas réglée. Les urgences sont encore engorgées,
la population se ramasse à Montréal. La rive sud continue
d'envoyer ses patients à
Montréal, la rive nord aussi. Plusieurs autres coins du
Québec envoient leurs patients dans les hôpitaux
ultra-spécialisés de Québec ou de Montréal. Il faut
faire face à des problèmes évolutifs sans cesse
croissants. Il a donc fallu, là aussi, procéder à des
immobilisations considérables. Je pense, par exemple, à cette
série d'hôpitaux périphériques que nous sommes en
train de construire en dehors de Montréal: Repentigny,
Châteauguay, Pierre-Boucher, Charles-LeMoyne.
M. Paradis: Je comprends cela, M. le ministre, et je pense que
les hôpitaux que l'on a construits dans les récentes années
répondent aux normes de sécurité. Ils sont contruits en
vertu d'un code du bâtiment qui...
M. Laurin: C'est pour vous dire que, malgré la crise que
nous avons vécue, il a fallu continuer à dépenser beaucoup
d'argent en immobilisations. Cependant, on a dû faire des choix. Je pense
que ce qui a le plus souffert au cours des quatre ou cinq dernières
années, ce sont les crédits qu'il aurait fallu affecter à
l'entretien, à la réparation, à la rénovation
d'hôpitaux construits, par exemple, il y a quinze ou vingt ans. Nous
sommes parfaitement conscients que nous n'avons pas consacré au cours
des dernières années les crédits adéquats qu'il
aurait fallu consacrer à ce chapitre.
Cette année, à l'intérieur du plan de relance du
gouvernement, nous avons pris une décision importante, celle
d'accélérer les investissements pour les centres d'accueil, mais
aussi pour les centres hospitaliers. Cette année, nous allons consacrer
180 000 000 $ au chapitre des immobilisations pour tous les postes
prévus dans un plan d'immobilisation, qu'il s'agisse de constructions
nouvelles, d'agrandissement, d'entretien, de réparations ou de
rénovations. Un des grands postes qui sera couvert, ce sera
précisément celui du poste sécurité et
vétusté. On peut me corriger, mais je pense qu'en 1984-1985 nous
pourrons consacrer à ce seul chapitre de la sécurité et de
la vétusté - c'est-à-dire augmentation de la
sécurité, réparations, rénovations - nous pourrons
consacrer 37 000 000 $. Nous sommes en train de faire la répartition de
ces crédits au titre de la sécurité et de la
vétusté pour le Québec. De cela aussi nous devons discuter
avec les centres régionaux de services sociaux, mais je peux vous dire
que notre proposition actuelle serait de rénover 36 centres
hospitaliers, ceux qui en ont le plus besoin au chapitre de la
sécurité et de la vétusté.
M. Paradis: D'accord. Dans le mémoire que l'Association
des hôpitaux vous a soumis,
à la page 17, on retrouve l'énoncé suivant: "Dans
le cadre de son programme de relance économique, le gouvernement a
également annoncé qu'il augmenterait les budgets d'immobilisation
du réseau des affaires sociales de 40 000 000 $ - ce sont
peut-être les 37 000 000 $ dont vous parliez - afin de permettre la
réalisation de projets de vétusté et de
sécurité. Bien qu'appréciable, ce montant ne
représente toutefois que le cinquième de ce qui serait
nécessaire pour permettre au réseau hospitalier de rattraper
l'important retard accumulé dans ce domaine. Par ailleurs, un tel budget
de rattrapage ne règle en rien le problème constant de maintien
et de renouvellement des immobilisations du réseau sur une base annuelle
et récurrente. En considérant que les budgets d'immobilisation
annuels sont de l'ordre de 70 000 000 $ et que les centres hospitaliers
consacrent en plus environ 30 000 000 $ de leur budget d'exploitation pour
effectuer des réparations majeures urgentes, il manque encore
près de 125 000 000 $ par année pour assurer le maintien et le
renouvellement adéquat des immeubles et équipements du
réseau que nous avons évalués à 225 000 000 $ par
année." Est-ce possible qu'on soit aussi en retard?
M. Laurin: Je vous ai parlé du contexte
général à l'intérieur duquel il fallait se mouvoir
au chapitre des immobilisations en raison des besoins prioritaires croissants
de certaines clientèles, ce qui nous a amenés à faire les
choix dont je parlais tout à l'heure. Cette année, quand
même, comme je le disais, nous allons consacrer 37 000 000 $ au seul
chapitre de la sécurité et de la vétusté.
Évidemment, si la capacité de payer de notre
société était plus grande, si les revenus étaient
plus élevés, je n'aurais pas de plus grand plaisir que de
rénover tout ce qui doit l'être, aussi bien en centres
hospitaliers qu'en centres d'accueil. Malheureusement, nous n'avons pas,
même si nous intensifions nos investissements, nous n'avons pas en tant
que société actuellement les sommes nécessaires pour
procéder immédiatement à tout ce qui devrait être
fait. Il faudra donc étaler sur un certain nombre d'années nos
projets à cet égard.
Par ailleurs, je pense que la façon dont l'Association des
hôpitaux formule ses remarques ne correspond pas tout à fait
à l'expérience que nous avons de ces projets, nous, au
ministère. À cet égard, j'aimerais demander à M.
Deschênes de faire des commentaires.
M. Deschênes: Je pense d'abord qu'il ne faut pas prendre
comme un chiffre magique ou comme un dogme absolu le fait qu'il faille 225 000
000 $. Il y a toutes sortes de méthodes d'évaluation dans ce
domaine, mais le montant de 225 000 000 $ ne doit pas être pris comme un
absolu, comme la cible automatique. Nous avons reçu il y a quelques mois
- en décembre ou en janvier - un document de l'AHQ sur le financement
des immobilisations et nous nous sommes penchés notamment sur cette
question qui est rappelée ici. Il y a certainement un débat
à faire - un premier débat - quant aux 225 000 000 $ qu'il
faudrait pour maintenir le parc immobilier des centres hospitaliers. On va
certainement avoir une rencontre avec l'AHQ pour discuter avec elle des
méthodes possibles et des suites à donner à cette
question. (16 h 45)
Deuxièmement, il faut rappeler que, dans les budgets des centres
hospitaliers... J'ai les dernières données de 1982-1983; voyant
cela ce matin, j'ai demandé le renseignement. Pour 1982-1983, dans le
budget des centres hospitaliers, il y a, pour l'entretien des installations
matérielles, un budget de 127 000 000 $. Le ramener à 1984-1985
ferait peut-être quelque chose comme 135 000 000 $ ou 140 000 000 $.
Dans ce budget où on parle d'entretien des installations, il y a
de l'entretien pur et simple et même ce qu'on appelle l'entretien
préventif. Nous savons très bien à l'usage et il y en a
quelques-uns ici dans la salle qui ont assez vécu dans le réseau
pour savoir que cette dénomination d'entretien des installations
matérielles peut aussi bien servir à des réparations
majeures et que cette source de financement existe en parallèle avec
celle dont on vient de parler, la sécurité et la
vétusté.
Il y a donc une somme d'argent à l'intérieur du budget
hospitalier qui s'appelle entretien des installations et dont l'usage local est
parfois de l'entretien et je dirais même du développement,
c'est-à-dire que, lorsque vous avez des peintres, des menuisiers, des
électriciens, il arrive, n'est-ce pas, que certains centres hospitaliers
décident d'agrandir, de modifier des murs, etc., de sorte que
l'entretien des installations est une chose floue. Il y a là
matière à discussion aussi quant à l'usage de cette partie
du budget hospitalier qui est dans le budget global de chacun des
établissements.
Autre élément. Pour le financement des immobilisations des
équipements, il existe un partage des suppléments des revenus de
chambres pour les chambres privées et semi-privées. C'est
destiné aux fins d'immobilisations et d'équipements.
L'utilisation au prorata, selon les régions, varie. Nous ne disons pas
non plus qu'il y a là un Pérou, qu'il y a tout ce qu'il faut,
mais je veux seulement rappeler que 225 000 000 $, ce n'est pas une
vérité absolue.
Deuxièmement, on parle de 28 000 000 $ en 1983-1984 et de
38 000 000 $ à la sécurité et à la
vétusté en 1984-1985. Voilà un premier
élément de réponse. Le ministre dit: Nous savons que ce
n'est pas fini. Il faut donc ajouter à cela la discussion que l'on
pourrait avoir sur l'utilisation du budget d'entretien des installations
matérielles d'un ordre de grandeur de 140 000 000 $ plus l'utilisation
des suppléments des revenus de chambres qui sert... On me dit que dans
une région métropolitaine, par exemple, Montréal, c'est
peut-être 50%-50% immobilisations et équipements. Il faut donc
considérer tous ces modes de financement additionnels.
En outre, il y a deux ans, afin d'alléger le problème du
financement des équipements et des immobilisations, le ministère
a obtenu que le financement des nouveaux équipements, lorsqu'il y a
construction, ne soit pas financé, ce qui était le cas autrefois,
à même des revenus de chambres privées et
semi-privées, ces sources-là, mais financé en même
temps que l'émission d'obligations de la construction, de sorte que
Pierre-Boucher, Repentigny, ces grandes constructions, les équipements
qu'il y a là-dedans n'ont pas drainé, en quelque sorte, les fonds
régionaux ou locaux servant aux fins d'immobilisation.
Vous voyez donc qu'il y a plusieurs bémols à mettre
à cette note en mettant en doute, d'ailleurs, le chiffre absolu et en
disant: II y a toutes sortes d'autres modes de financement qui coexistent
à ce que le ministre a décrit comme fonds nouveaux,
étiquetés, pour 1984-1985, 38 000 000 $ à la
sécurité et à la vétusté.
L'équilibre total est à faire et je pense que sur ce
dossier nous allons avoir, dans un des comités conjoints, MAS-AHQ,
certainement une discussion pour valider les chiffres, essayer d'approfondir
davantage, mais en tenant pour acquis que, nous non plus, nous ne pensons pas
qu'on vient de dire le dernier mot. Dans ce domaine du maintien du parc
immobilier, il y a sans doute encore des efforts à faire.
M. Paradis: Je suis prêt à mettre tous les
bémols qu'il faut y mettre, mais, lorsque - et vous pouvez le faire
n'importe quelle journée - vous vous présentez dans ces centres
hospitaliers qui ont été bâtis il y a déjà
plusieurs années et que vous constatez les lacunes sur le plan de la
sécurité, même en tenant pour acquis les contraintes dont
le ministre a parlé tantôt, je pense qu'il s'agit d'une question
de priorité. Les gens qui sont là sont démunis. Ce sont
des gens malades. En cas de conflagration... Ma question est bien simple. Je
pense qu'on est tous d'accord pour dire qu'il y a un manque à ce niveau,
qu'il y a du rattrapage à faire. Le rattrapage de 40 000 000 $ va
laisser quoi comme problème à solutionner et pendant combien de
temps encore ces personnes vivront-elles dans ces établissements qui
manquent d'une sécurité minimale, surtout lorsqu'on parle de gens
alités? Je suis prêt à suivre le ministre disant qu'il y a
des contraintes budgétaires, mais je fais un pas de plus. Je dis: II y a
des questions de priorité au niveau gouvernemental. Je pourrais faire
une liste de dépenses. Je ne la ferai pas à cette commission-ci,
mais il y a des crédits étudiés ailleurs
également.
Qu'est-ce qui arrive? Est-ce que vous pensez qu'à la fin de
l'année, avec 40 000 000 $, on sera capable de revenir aux
crédits l'an prochain et de dire: Bon, ce problème n'existe plus,
les gens sont en sécurité dans nos établissements publics
qui s'appellent les hôpitaux, les centres hospitaliers? Ou bien est-ce
qu'on va revenir encore et dire: Nos 40 000 000 $ ont nettement
été insuffisants. Les gens ont passé une année dans
telle situation et ils auront à en passer d'autres.
M. Laurin: Le domaine des affaires sociales est un domaine
où les priorités apparaissent particulièrement nombreuses
et il est très difficile d'établir au mérite quelles sont
les priorités les plus prioritaires. Par exemple, est-ce qu'il faut
doter les quartiers nouveaux des hôpitaux ou des écoles dont on a
besoin, quand la population, par transhumance, s'en va dans certains quartiers
nouveaux? Est-ce qu'il faut combler les besoins des édifices
déjà bâtis depuis 30 ou 40 ans de la façon la plus
adéquate possible? Est-ce qu'il faut désinstitution-naliser en y
mettant toutes les ressources nécessaires par l'adjonction de ressources
alternatives de soins à domicile? C'est un problème de conscience
qui n'est pas facile à résoudre. Je vous rappelle ici que
l'instauration, la construction d'un centre hospitalier nouveau coûte les
yeux de la tête. Je pense, par exemple, à Pierre-Boucher - 362
lits, je pense. Quand il sera complété, on va atteindre, comme
prix de construction, 60 000 000 $. On fait le même effort pour
Valleyfield actuellement, le même effort pour Saint-Jérôme,
le même effort pour Charles-Lemoyne, sur la rive sud, qui a dû
augmenter, Le Gardeur qui est rendu à 250 lits. Ça coûte
les yeux de la tête. Pour Gatineau, c'est la même chose.
C'est donc un grave problème de conscience qu'on doit se poser
quand arrive le moment de faire des choix au début de l'année
pour savoir où des fonds, qui sont par ailleurs en diminution, doivent
être affectés de préférence. Nous tentons le mieux
possible d'affecter ces crédits d'immobilisations, là où
les besoins nous paraissent les plus urgents. Par exemple, en disant ce mot
urgent, je pense au centre de coordination des urgences de Montréal.
C'est une somme considérable qu'on a dû y apporter. Je pense qu'en
tout ce centre de coordination nous coûte 28 000 000 $.
Évidemment, il y a une partie de cela qui, auparavant,
était dépensée par des centres hospitaliers, pas toujours
de la façon la plus logique, la plus cohérente, la plus rentable,
mais il reste que la mise sur pied de ce CCUS nous coûte 28 000 000 $. Je
suis satisfait des résultats, mais il reste qu'il a fallu prendre ces 28
000 000 $ quelque part. Satisfait relativement parce que nous n'avons pas
réglé définitivement le problème et je peux
même vous annoncer, M. le député, que, loin d'être
satisfait de la solution qui a été apportée, je me
prépare à demander au ministère une étude
d'évaluation, qui ira plus loin encore dans l'étude des divers
facteurs responsables de l'engorgement des urgences dans la grande
agglomération métropolitaine, et je n'aurai de cesse que le
problème soit réglé le plus complètement et le plus
rapidement possible.
Il reste cependant que la fixation des priorités est très
difficile à faire. Nous consacrons cette année 38 000 000 $ pour
l'amélioration au titre de la sécurité et de la
vétusté de 36 centres hospitaliers. Point n'est besoin de vous
dire que nous avons déjà notre liste pour l'an prochain. Nous
avons commencé par ceux qui étaient dans un besoin
particulièrement urgent et nous continuerons l'an prochain. Je suis
d'accord avec vous pour dire que ce besoin est également prioritaire. La
santé et la sécurité des employés, autant que
celles des patients, sont en jeu et il importe de suivre la situation de
très près. C'est d'ailleurs ce que nous faisons.
M. Paradis: Ma dernière question sur ce sujet est la
suivante: Est-ce que vous avez des rapports sur l'ensemble des centres
hospitaliers ou sur des centres hospitaliers individuellement quant à
l'aspect sécuritaire? Si vous avez ces rapports, est-ce que vous
pourriez les déposer à la commission?
M. Deschênes: Excusez-moi. J'étais en train de
vérifier une donnée. J'ai manqué une partie de la
question.
M. Paradis: La question est bien simple: Quant aux centres
hospitaliers, quant à l'aspect sécurité et
vétusté, est-ce que vous avez des rapports au ministère
sur les différents centres hospitaliers? Si vous les avez, est-ce que
vous pourriez les déposer à la commission?
M. Deschênes: La façon dont on bâtit le
dossier, en quelque sorte, de la sécurité et de la
vétusté, c'est que nous partons des conseils régionaux qui
reçoivent une copie des avis qui sont transmis aux
établissements. Alors, localement, au conseil régional et au
ministère, nous avons les avis de sécurité, et c'est ce
qui établit, justement, les priorités d'action. Cette liste peut
être transmise à la commission.
M. Paradis: En identifiant, si possible, les 36 priorités
qui sont retenues.
M. Deschênes: Ce qui a été identifié
comme les 36 CH vont faire partie de la transmission du document.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Sur le même sujet,
est-ce que vous pourriez nous dire... Il y a environ trois ans, on nous disait
qu'il y avait environ 10% des centres d'accueil et d'hébergement pour
personnes âgées qui n'étaient pas sécuritaires. Je
n'en nommerai pas, mais je pense à un qui est en reconstruction à
Montréal. J'aime autant ne pas les nommer publiquement. Mais ce que je
voulais savoir, c'est si ces 10% ont été éliminés
et si, maintenant, les centres d'accueil et d'hébergement sont
sécuritaires.
M. Deschênes: II faut rappeler que, dans le cas des centres
d'accueil et d'hébergement, 72% des centres d'accueil et
d'hébergement ont un certificat de conformité aux normes de
sécurité de la Direction de l'inspection du bâtiment, au
ministère de l'Habitation et de la Protection du consommateur. Dans le
cas des centres hospitaliers, pour situer l'ensemble de la perspective, 76,6%
des centres hospitaliers ont un certificat de conformité. C'est donc
concentré, en quelque sorte, dans les deux cas, dans quelque chose comme
25% des établissements.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cette année, vos
efforts de rajeunissement vont-ils porter à la fois sur les uns et sur
les autres?
M. Deschênes: Sur les uns et sur les autres. Dans la liste
qui peut être transmise à la commission il y a des centres
hospitaliers de courte durée, de soins prolongés, des centres
d'accueil et d'hébergement; la liste donne les priorités pour
chacune des catégories. Alors, ce sera la même liste. Elle sera
transmise, in extenso, à la. commission.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon. Évidemment,
quand on m'avait donné le pourcentage de 10% il y a quelques
années, c'est qu'on ne devait pas partir des mêmes critères
parce que là vous êtes rendus, grosso modo, à 25%. Alors,
c'était, probablement des endroits qui étaient vraiment moins
sécuritaires. En tout cas, on attendra le rapport. M. le
député de Trois-Rivières.
M. Vaugeois: Disons que je n'étais pas certain
d'intervenir, m'absentant momentanément d'une autre commission à
côté, mais,
puisque le ministre a indiqué qu'il y avait plusieurs
priorités et qu'il fallait faire un choix parmi les priorités,
cela m'a fait plaisir de l'entendre tenir de semblables propos. Je veux bien
croire que les éléments de sécurité
qu'évoquait le député de Brome sont importants, mais il y
a des choses qui servent parfois et des choses qui ne serviront jamais, comme
les portes paniques. Il y a des choses qui servent tous les jours dans les
hôpitaux. Je sais que votre prédécesseur a
déjà reconnu l'urgence d'intervenir, à l'hôpital
Saint-Joseph de Trois-Rivières, sur le bloc opératoire. Je sais
que c'est encore, chez vos fonctionnaires, un dossier prioritaire. Je ne
voulais que l'évoquer à titre d'exemple pour rejoindre vos
propres remarques de tout à l'heure. Il y a des choix à faire et,
dans tout ce qui est prioritaire, il y a des éléments qui ont un
caractère encore plus urgent, parce qu'un bloc opératoire, cela
sert tous les jours ou presque. Il vient un moment où, si on ne fait pas
attention, cela comporte des dangers plus certains que des
éléments de sécurité qui conviennent à tous
les édifices publics. Je rappellerai seulement à cet égard
que le ministère a déjà indiqué publiquement qu'il
y avait deux blocs opératoires au Québec où il fallait
rapidement intervenir, celui de l'Enfant-Jésus et celui du centre
hospitalier Saint-Joseph à Trois-Rivières. Je sais que le
ministère a bien réagi dans le cas de l'Enfant-Jésus, et
je sais qu'il attend probablement qu'on règle nos petits
problèmes à Trois-Rivières...
M. Deschênes: Le sourire du député, Mme la
Présidente, m'incite à laisser les bonnes nouvelles plutôt
au ministre.
M. Laurin: Oui, effectivement, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est bien de venir avant
que le ministre l'annonce!
M. Vaugeois: Bien, si c'est une annonce, par exemple, on
arrête tout! On vous écoute.
M. Deschênes: Non, non, on va prendre le temps.
M. Laurin: Effectivement, cette initiative, qui nous a
été suggérée et que nous avons examinée, a
reçu le placet de l'ancien ministre et du nouveau ministre. Elle sera
donc incluse dans la liste des rénovations pour l'année qui
vient. (17 heures)
M. Vaugeois: Pour l'année 1984-1985.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que le
député de Trois-Rivières a des préoccupations au
niveau de sa région maintenant?
M. Vaugeois: Oui, je ne porte presque pas à terre, mais je
vais essayer de me ressaisir, Mme la Présidente. Cela me donne presque
l'envie d'être malade.
L'autre question a une portée régionale et je demanderais,
d'ailleurs, l'assistance de mon collègue de Nicolet; cela concerne les
centres d'accueil de la région. Si vous me permettez de revenir en
arrière...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est une coalition.
Budgets de fonctionnement des autres centres
d'hébergement
M. Vaugeois: La question est simple certainement pour les experts
qui sont devant nous. Les gens des centres d'accueil de notre région
nous ont fait valoir, chiffres éloquents à l'appui, que par
différents jeux mathématiques leur régime de subventions
était assez différent, par exemple, de ce que l'on trouve dans la
région de Montréal. Je crois que c'est un problème qui
vous est assez familier, mais qui fait que la charge du personnel de la plupart
des centres d'accueil assez âgés de notre région, parce que
ceux qui viennent d'ouvrir, comme le centre d'accueil Denoncourt à
Trois-Rivières serait sur une norme nouvelle et là le ratio est
bon... Lorsque nous sommes en face d'un centre d'accueil qui a un certain
âge, comme le centre d'accueil Joseph-Denis et quelques autres, la charge
est extrêmement lourde. Je dois vous dire que, lorsque les directeurs de
centres d'accueil sont venus nous voir avec cela, nous les avons obligés
à être très clairs, nous les avons mis dans la situation
où ils ont eu à expliquer clairement leurs chiffres, car a priori
nous leur donnions tort. Quant à moi, j'ai été
obligé de me rendre à l'évidence que leurs chiffres
étaient fondés et, d'ailleurs, maintenant, nous assistons
à des difficultés dans les relations avec le personnel de ces
institutions qui connaît aussi ces données.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le cas de Louiseville
l'an dernier.
M. Vaugeois: Oui, je parle aussi pour le député de
Maskinongé, s'il faut le dire, mais ce n'était pas la
priorité. C'est régional. Cela va bien dans notre région:
nous avons 7 comtés sur 8 qui sont du bon côté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah, cela!
M. Vaugeois: Est-ce que les gens du ministère pourraient
nous dire s'ils ont déjà une évaluation, car ils ont
déjà ce mémoire entre les mains? Serait-il
prématuré de leur
demander une réaction?
M. Deschênes: Vous permettez, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, je vous en prie.
M. Deschênes: Je pense que nous avons souligné,
lorsque nous avons discuté du programme d'hébergement, le
développement des budgets de fonctionnement pour le secteur des centres
d'accueil d'hébergement. C'est donc une augmentation des crédits,
sur une base annuelle, disons, l'an prochain, au total, de 27 000 000 $ que
nous avons à répartir entre les établissements. Nous
sommes actuellement en discussion avec l'ensemble des conseils régionaux
pour voir comment répartir avec le maximum d'équité cette
somme-là et nous tenons compte à la fois du type de
bénéficiaires qui peuvent être dans un établissement
et de la quantité de ressources qui sont dans cet établissement.
Nous sommes à répartir cette enveloppe de 13 500 000 $ cette
année, mais à un rythme annuel de 27 000 000 $ pour l'ensemble
des centres d'accueil d'hébergement, tenant compte et de
l'évaluation des bénéficiaires, et des ressources en
place. Ce travail est en cours, et nous visons à ce que le 1er juillet
les budgets, disons, la répartition de cette enveloppe soit
finalisée et transmise aux établissements concernés. C'est
effectivement un travail de réallocation et d'équité qui
est en cours et qui vise à corriger certains éléments que
vous....
M. Vaugeois: Mme la Présidente, seulement pour toucher
à un exemple de ce que révèlent les tableaux qui nous ont
été montrés, et le ministre pourra demander à son
adjoint parlementaire de prendre le temps d'examiner tout cela, car ces
dossiers sont entre nos mains maintenant et à votre disposition. Lorsque
le centre d'accueil existe depuis 10 ou 15 ans, les soins sont quand même
assez bons au point que les gens en profitent et vieillissent dans le centre
d'accueil. Ils vieillissent avec le centre d'accueil, de telle façon que
la proportion de cas lourds, de A4 et de A3, devient plus grande dans les
centres d'accueil qui ont un certain âge que dans les centres d'accueil
qui viennent d'ouvrir où la ventilation est plus
générale.
Vous avez l'air de tiquer à ce que je dis. Je vous ferai
confiance quelle que soit votre réponse, même si cela contredisait
ce que je dis. Nous avions des chiffres sous les yeux qui nous montraient une
nette différence entre la proportion de cas lourds et très lourds
dans les vieux centres d'accueil de notre région par rapport à
ceux qui venaient d'ouvrir. Est-ce que c'est aussi votre souvenir, M. le
député de Nicolet?
M. Beaumier: Non seulement c'est mon souvenir, Mme la
Présidente, si vous me le permettez, mais cela a déjà
été communiqué, à la suite de la rencontre que nous
avons eue avec des gens de la région, cela a déjà
été communiqué à des adjoints du ministre et le
dossier est en train d'être étudié.
M. Deschênes: On a évoqué aussi, M. le
député, ce matin, la difficulté de l'évaluation de
la lourdeur des bénéficiaires. Il y a quelques querelles qui
circulent à cet égard. Quand on parle de A3 et A4, il y a des
ajustements qui ont dû être faits à certains endroits et
à ces occasions nous constatons que l'application des grilles
d'évaluation varie d'une place à l'autre. Il ne s'agit pas de
savoir qui a tort ou qui a raison, mais, à partir du moment où on
utilise ou interprète une grille différemment, on va constater
des résultats différents.
Si j'ai eu une certaine réaction lorsque vous avez fait
état des anciens centres d'accueil par rapport aux nouveaux, c'est
qu'effectivement les admissions dans les nouveaux centres d'accueil sont
totalement -il peut y avoir exception dans un cas ou deux, je l'ignore; sur
quelque 430 centres d'accueil il peut y avoir des exceptions - des A3 et des
A4.
Dans les centres d'accueil bâtis il y a dix, douze ou quatorze
ans, il y avait des gens qui y entraient en bonne santé. Et il y a des
édifices qui ne sont pas conformes non plus à la nouvelle
vocation de gens plus mal en point, de sorte qu'il subsiste dans plusieurs
centres d'accueil d'hébergement construits il y a longtemps des patients
qui sont relativement en bon état.
Je suis un peu étonné parce que, dans les nouveaux centres
d'accueil, de façon vraiment très marquée, ce sont des A3
et des A4. Je m'excuse du jargon, mais c'est celui qu'on utilise. Les A3 et A4
sont les seules personnes qui peuvent entrer dans les centres d'accueil
d'hébergement alors qu'il y a plus de degrés d'autonomie dans les
autres. Encore faudrait-il s'entendre sur les interprétations des
évaluations partout, parce que si ceci est fait avec des
différences importantes à la base, vous comprendrez qu'on peut
avoir le meilleur raisonnement logique, mais la prémisse étant
différente on n'a pas la même conclusion.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela va.
M. Deschênes: C'est pour cela d'ailleurs, à cause de
toutes ces nuances, que nous sommes prudents et mettons dans le coup les
conseils régionaux qui connaissent beaucoup plus les variantes locales
et les besoins locaux. C'est avec eux que l'on
travaille cette question de répartir les enveloppes nouvelles
pour être sûr qu'on se trompe le moins possible, à tout le
moins.
M. Vaugeois: Je vous remercie, M. le sous-ministre, de ces
remarques. Je comprends quand même que la question est entre bonnes
mains.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela fait longtemps que
c'est entre bonnes mains. Espérons que cela va...
M. Vaugeois: Je comprends aussi que lorsqu'on est dans un
même centre d'accueil depuis dix ou douze ans, qu'on est rentré
à 70 ans en bonne santé, à 92 ans on commence à se
rapprocher du A3 ou du A4. Fréquentant des centres d'accueil, parce que
j'y ai des gens de ma famille, j'y vais régulièrement - j'ai
renoncé à aller y chercher des votes depuis un certain temps -je
suis obligé d'admettre que la charge du personnel qu'il y a là
est considérable.
Bien que je sois d'accord avec l'ensemble de vos remarques, y compris
sur les critères d'admission qui sont maintenant appliqués par
rapport à ceux qui étaient appliqués autrefois - il suffit
d'être député pour vérifier cela, pour se rendre
compte à quel point cela peut être difficile maintenant de
répondre à tous les critères d'admission -il n'en reste
pas moins qu'il semble y avoir chez nous un problème à cet
égard. Je voulais profiter de l'étude des crédits pour le
soulever publiquement puisqu'il est posé publiquement dans notre
région.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Merci, M. le
député. Je ferai simplement remarquer aux membres de la
commission qu'il est 17 h 10. On est toujours au programme 3. On a encore les
programme 6, 7, 8 et 9 à terminer avant 22 heures ce soir. Je vais poser
quelques questions. J'aimerais seulement des chiffres. Si vous ne les avez pas,
vous me les apporterez, à condition qu'éventuellement vous nous
les envoyiez.
J'aimerais savoir, dans la région montréalaise, combien de
lits de courte durée ont été ajoutés depuis 1976.
On me répond toujours: Écoutez, on a ajouté Le Gardeur, on
a ajouté Pierre-Boucher, on a ajouté Laval, etc. Mais on sait
fort bien que durant cette même période les - je pense qu'elles
n'aimeraient plus se faire appeler ainsi - banlieues, par rapport à
Montréal, les deux grandes banlieues de la rive sud et de la rive nord,
se sont tellement peuplées que déjà leurs propres
hôpitaux sont pleins et que les hôpitaux spécialisés
demeurent, si je ne me trompe, sur l'île de Montréal. Si bien
qu'on se retrouve toujours avec le problème de l'engorgement parce qu'il
n'y a peut-être pas de lits de courte durée qui ont
été ajoutés alors qu'une étude avait
démontré, il y a maintenant trois ans, quatre ans, qu'il y avait
un manque de lits de courte durée de l'ordre de 1600 à 1800.
Alors simplement le chiffre. Est-ce qu'il y en a eu d'ajoutés? Est-ce
que vous avez l'intention d'en ajouter, mise à part la
possibilité de transformation ou de changement de vocation des deux
hôpitaux qui sont sub judice dans le moment?
M. Deschênes: Nous transmettrons ces renseignements, Mme la
Présidente, avec des explications. Je voudrais seulement vous faire part
du fait que les hôpitaux de courte durée de Montréal
avaient justement, lorsque de telles études ont été faites
il y a environ une dizaine d'années ou peut-être plus
récemment, un achalandage provenant des autres régions de l'ordre
de 20%. Cela a été face à ce constat que la
décision a été prise de construire des hôpitaux en
périphérie de la région 6A pour éviter le
déplacement. Un lit sur cinq, ou une journée sur cinq
était occupée par des patients provenant, notamment, de la
Montérégie, la rive sud, région 6C, plus le secteur de
Repentigny. C'est pour cela que les additions de lits ne se sont pas faites au
centre-ville, mais plutôt en fonction de la provenance des patients.
C'est évident que l'effort principal a été fait de cette
façon pour se rapprocher du lieu de résidence des citoyens.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Mais, au plan pratique
les résultats sont qu'on est... Le problème serait certainement
pire à Montréal qu'il ne l'est maintenant si les hôpitaux
en périphérie n'avaient pas été ajoutés.
M. Deschênes: II le serait considérablement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Par contre, le
problème demeure encore dans la région de Montréal
elle-même, c'est-à-dire sur l'île de Montréal
elle-même.
M. Deschênes: On transmettra les chiffres que vous nous
demandez.
Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord'. Je voudrais
maintenant aborder la question des hôpitaux psychiatriques. Je pense que
je vais écrire un petit livre de tout ce que j'ai dit sur la psychiatrie
depuis sept ans, ici, à l'étude des crédits. Il n'y a rien
de nouveau, mais, au moins, ce n'est pas une préoccupation nouvelle.
Je voudrais faire porter mes questions, pour débuter, sur
Louis-Hippolyte-Lafontaine. Je veux mettre de côté le rapport des
infirmières. Cela fait l'objet d'une étude et on verra si c'est
fondé ou pas. Est-ce qu'on
pourra avoir le document qui avait été produit en 1978? Je
ne sais pas s'il avait été produit conjointement, mais
certainement que le MAS en avait eu copie et le CRSSS également. On
était d'accord, à ce moment-là, pour que les pavillons
Louis-Riel et Dominique-Bédard soient reconvertis en entrepôts ou
pour des services administratifs à cause de leur grande
vétusté. On prévoyait, à la suite des incendies, la
relocalisation d'environ 1000 patients chroniques et malades mentaux. Ces ailes
contenaient des salles de 40 patients et ne présentaient pas de
conditions d'hygiène acceptables. Le CRSSS et le MAS appuyaient ce
document. Cet après-midi, le ministre m'a répondu en Chambre:
"Écoutez, on a quand même fait des investissements - je pense que
vous avez dit de 10 000 000 $, mais enfin je le dis sous toute réserve -
nous continuerons d'en faire." J'aimerais qu'on me dise, depuis ce rapport de
1978, combien d'argent a été consacré au
réaménagement de Louis-Hippolyte-Lafontaine.
M. Deschênes: Je vous transmettrai les données, je
ne pourrais y répondre séance tenante.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Maintenant, est-ce qu'on
peut obtenir ce rapport dans lequel il y avait des recommandations
précises sur des modifications apportées à
Louis-Hippolyte-Lafontaine?
M. Deschênes: Ce rapport est assez public. Je ne vois
aucune difficulté. Il est au conseil régional. Je suis sûr
que tous les journalistes et que tous les hôpitaux l'ont.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah non, non! Ce n'est pas
celui de...
M. Deschênes: Vous dites de 1978.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Celui de 1978, pas celui
des infirmières, celui de...
M. Deschênes: Celui des infirmières, de toute
façon, je ne pourrais pas, cela appartient à l'ordre des
infirmières.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: Mais pour celui de 1978, je dis qu'il n'y a
aucun problème. On va vous le transmettre...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que...
M. Deschênes: ...en même temps que la liste de ce qui
a pu être fait depuis 1978 en matière d'aménagement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. En 1980, est-ce
qu'on peut confirmer ou infirmer ceci? Comme rien n'avait été
fait eu égard aux recommandations qui étaient contenues dans ce
rapport, on a réitéré le besoin de condamner ces ailes
auxquelles je faisais allusion tout à l'heure. Je pense que le
ministère, une fois de plus, reconnaissait que sur une période de
trois ans le nombre de patients devait passer de 2379 à 1500. On
pourrait peut-être me dire exactement, peut-être pas aujourd'hui,
mais cette année, le nombre de patients qui y sont hospitalisés.
En 1983...
M. Deschênes: 2222. (17 h 15)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon, c'est cela. Ils
devaient descendre à 1500 c'est-à-dire 700 ou 800 de moins.
À l'heure actuelle, l'hôpital a pris sur lui, selon les...
M. Deschênes: Quand vous dites qu'ils devaient descendre
à 1500, sur quoi vous basez-vous?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Sur ce rapport de 1978
dans lequel on le recommandait.
M. Deschênes: D'accord.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que c'est
inexact?
M. Deschênes: Non, de mémoire... J'essaie de me
rappeler, quand vous dites 1978-1979. Je sais que ce rapport a circulé.
Il y a eu, je crois, des travaux, au niveau régional, postérieurs
à 1978, où le chiffre de 1500 a été mis en cause
quant à sa faisabilité parce que ramener ça à 1500,
c'est une chose, mais il va falloir ouvrir et construire. Est-ce qu'on pouvait
les envoyer, soit en ressources alternatives ou légères, soit
dans d'autres établissements ou dans d'autres hôpitaux
généraux, par exemple, ayant des départements de
psychiatrie? Je sais qu'il y a eu des débats suite à ce rapport
et à une donnée comme celle que vous évoquez: 1500. Je
pense que la meilleure façon de répondre sera non seulement de
vous envoyer la liste des travaux qui ont pu être faits depuis 1978, le
rapport de 1978, mais aussi, peut-être, celle des démarches qui
ont suivi ce rapport parce que je pense...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord.
M. Deschênes: ...qu'il y a eu des discussions, notamment au
niveau régional. On va faire, en quelque sorte, l'historique factuel qui
a été vécu au niveau de Montréal suite à ce
rapport.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon! Ce sera très
intéressant de le lire. Ce que j'essaie de comprendre, c'est dans quelle
mesure les retards qui ont été apportés à certains
réaménagements de Louis-Hippolyte-Lafontaine ont pu aussi
être la cause des problèmes auxquels le personnel fait face
aujourd'hui.
Peut-on me dire s'il y a certaines réalisations qui ont
été commencées? Le ministre parlait de quelques millions -
enfin, mon chiffre est sous réserve - qui avaient été
dépensés à Louis-Hippolyte-Lafontaine. Peut-on nous en
donner la nature?
M. Laurin: C'est lors des incendies. Je pense que l'on pourra
vous donner des chiffres plus exacts...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce n'était pas
dans le sens...
M. Laurin: ...quant aux rénovations et quant au coût
des rénovations suite aux incendies...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce qu'on pourrait
nous indiquer s'il y a vraiment des salles qui ont été
fermées, remplacées par d'autres plus modernes? Quels sont les
efforts de modernisation qu'on a faits depuis 1978 à
Louis-Hippolyte-Lafontaine?
M. Laurin: D'accord.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Cela étant dit,
j'ai deux questions précises. Comment seront affectés les 3 000
000 $ qui sont prévus pour les ressources alternatives en santé
mentale?
Deuxième question: Qu'advient-il des plans futurs - je suis
sûre que cela intéresse le ministre - du Pavillon
Albert-Prévost? J'allais l'appeler le sanatorium.
M. Laurin: Sur le premier point, je sais que, l'an dernier, le
ministère avait procédé à une sorte de ponction en
vue de mettre de côté un certain nombre de ressources pour ce
qu'on appelle des nouveaux services aptes à désinstitutionnaliser
des patients. Je pense que c'est la somme de 2 000 000 $ qui avait
été mise de côté à cet égard mais,
malheureusement, on m'a appris que les sommes n'avaient pas été
dépensées, ou, du moins, pas totalement parce que, en raison de
tous les agents qui doivent intervenir pour la mise sur pied de ces services,
la "dispensation" de ces services, on n'a pu en arriver à des
décisions finales. Mais peut-être que M. Deschênes pourrait
dire ce qui s'est passé et ce que nous entendons faire pour
l'année qui vient.
M. Deschênes: Tout le développement en santé
mentale, ce qu'on a appelé ressources alternatives, fait l'objet de
consultations quant à sa répartition avec les conseils
régionaux. Ce n'est pas terminé.
Dans le cas de Montréal, nous voulons tenir compte, justement, de
ce qui a été véhiculé au cours de l'année
dernière. Je faisais référence à cela, ce matin.
Dans le cas de Montréal, il y a des versions différentes.
À Montréal, à plus forte raison, l'utilisation de ce qui a
été défalqué, plus les ressources nouvelles
prévues au niveau des développements - 2 000 000 $ de ressources
nouvelles ou additionnelles dans les crédits 1984-1985 pour la
santé mentale -la répartition de cela est à venir et la
consultation est en cours avec les conseils régionaux.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-il exact que, selon
ce que dit le ministre, ce qui avait été prévu
l'année dernière n'a pas été dépensé
ou enfin...
M. Deschênes: C'est exact, certainement pas totalement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est quand même
assez extraordinaire parce que les besoins sont là.
M. Deschênes: Vous savez, quand il s'agit d'une
défalcation, il y a des consensus à chercher entre les
établissements d'où cela vient et ceux où ça va,
plus le conseil régional. La définition même de ce type de
ressources n'est pas une chose facile: ressources alternatives, familles
d'accueil versus pavillons, versus foyers, versus...
M. Laurin: ...foyers de transition.
M. Deschênes: ...appartements supervisés. Il y en a
à peu près 19 catégories. À Montréal, cela
prend toujours plus de temps parce que, là ou ailleurs, il peut y avoir
huit intervenants. Vous savez, à Montréal, il y en a 40,
habituellement, autour de la table et cela prend plus de temps.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. Alors, je vais vous
demander si vous l'avez fait en province, où il y a moins
d'intervenants.
M. Deschênes: L'an passé, nous n'avons pas fait de
défalcation comme nous en avons fait à Montréal. C'est
pour cela que je distingue les 2 000 000 $, le total pour l'ensemble du
Québec, qui est du nouvel argent de développement pour cette
année. On est en consultation avec les conseils régionaux. Quant
à 1983-1984, le problème est à Montréal.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À Montréal.
Bon. Voulez-vous me dire si l'argent qui avait été prévu
pour l'établissement d'un deuxième centre de prévention du
suicide, à Montréal, a été dépensé?
Le ministre de l'époque, quand je lui avais posé la question,
justement sur les ressources en santé mentale, avait fait état de
l'argent qu'on mettait dans la région de Montréal pour la
création du centre de prévention du suicide. Est-ce que c'est sur
pied?
M. Laurin: Ce qui a été donné a
été donné à la région de Québec
surtout, pour le centre qui existe à l'heure actuelle. Une somme a aussi
été donnée, si ma mémoire est bonne, en Abitibi. Je
pense que ce sont les deux seuls endroits qui ont
bénéficié de subventions, à l'heure actuelle.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. Si vous relisez les
communiqués de presse du ministère, cela m'étonnerait
beaucoup qu'on ne parle pas de cet argent qui devait aller...
M. Laurin: À Montréal, il y a de petites sommes qui
ont été dépensées aussi.
M. Deschênes: Des petites sommes, quelque 26 000 $...
M. Laurin: 26 000 $, oui.
M. Deschênes: ...je pense, ont été
octroyées à Action-Suicide...
M. Laurin: Oui.
M. Deschênes: ...je ne suis pas sûr du nom, ou
Suicide-Action...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. M.
Deschênes: ...tout récemment.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que vous
prévoyez agir d'une façon un peu plus vigoureuse dans ce domaine,
cette année?
M. Laurin: En tout cas, c'est un domaine qui m'intéresse
particulièrement. J'ai lu l'avis du Comité de la santé
mentale à cet égard. Je me promets de non seulement le relire,
mais de voir quelles actions les plus rentables pourraient être
menées à cet égard.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Le Pavillon
Albert-Prévost, maintenant, s'il vous plaît.
M. Laurin: Pardon?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Sur le Pavillon
Albert-Prévost, vous ne m'avez pas répondu.
M. Laurin: Je n'ai pas de nouvelle sur ce sujet particulier, qui
devrait pourtant m'intéresser, étant donné mes
états de service antérieur. Je ne connais pas l'état de la
situation, à l'heure actuelle.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Bon. Alors, de toute
façon, il n'y a pas de décision de prise.
M. Laurin: Pardon?
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La décision n'est
pas prise.
M. Laurin: Non. La décision n'est pas prise.
M. Deschênes: Et on attend aussi un avis du conseil
régional à ce sujet.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui. Une dernière
question sur la psychiatrie, même si on pourrait prendre beaucoup plus
longtemps. On sait qu'il y a une pénurie de psychiatres et on pourrait
peut-être, à ce moment-là, si on veut, l'étendre aux
anesthésistes, et à d'autres disciplines. Vous avez...
M. Laurin: II y en a trop en politique!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...en votre possession
les deux rapports qui ont été préparés par
l'Université de Montréal, par le département de
psychiatrie de la faculté de médecine de l'Université de
Montréal. Je n'en lirai pas les extraits dans lesquels on dit qu'on
manque de psychiatres partout au Québec, qu'on manque de ressources
psychiatriques. Je pense que c'est loin d'être la première
année que ceci est signalé. On la signale, entre autres, dans le
dernier rapport qui a été produit, qui date du mois de janvier
1984, que même les dispositions que vous aviez prévues pour
augmenter le contingentement des internes et des résidents en
psychiatrie n'ont pu se matérialiser parce que la décison a
été prise trop tardivement.
On vous demande de prolonger la période, qui avait
été prévue jusqu'en 1985-1986, jusqu'en 1989-1990. Il
reste que cela demeure un besoin extrêmement important. Je voudrais
connaître les intentions du ministre là-dessus. L'an prochain,
sans vouloir être malicieuse, on va revenir pour la nième fois,
avec cette même question.
M. Laurin: Une décision avait quand même
été prise. Le gouvernement, à la suite de
représentations conjointes qui lui avaient été faites par
le ministère de l'Éducation et
le ministère des Affaires sociales, avait décidé de
fixer à 1760 le nombre d'internes et résidents admis aux divers
stages. Ces 1760 résidents avaient été jugés comme
insuffisants, vu les besoins, par un certain nombre de groupes qui nous avaient
fait valoir des recommandations différentes. Par exemple, il
était dit qu'il fallait augmenter d'au moins 60 le nombre requis pour
faire face à divers besoins, dont, par exemple, les médecins qui
se spécialisaient en médecine familiale, qui avaient besoin d'un
prolongement de formation ou qui se dirigeaient vers certaines
spécialités. Cela avait donc été revu au Conseil
des ministres et la décision avait été prise d'augmenter,
effectivement, de 40 le nombre de postes d'internes résidents pour
l'année 1983-1984, portant donc ce nombre à 1800, mais à
une condition, soit que les facultés de médecine accueillent
comme candidats tous ceux qui se présenteraient pour des stages de
résidence en anesthésie et en psychiatrie. Effectivement, je
pense que la décision a été prise assez tardivement, et
ceux qui voulaient se présenter en psychiatrie avaient pris une autre
orientation. Un petit nombre seulement ont pu être acceptés.
Cette décision prévaut pour l'année 1984-1985 et on
me dit à ce moment-là que l'on pourra faire droit à des
demandes assez nombreuses provenant de résidents qui voulaient faire un
stage en psychiatrie et qui visaient la spécialité.
Cependant les discussions ont continué à d'autres
égards. Plusieurs groupes sont intervenus et nous ont fait valoir que le
nombre de postes était quand même inférieur à la
demande estimée, pour un certain nombre de spécialités
où par exemple, les spécialistes actuels vieillissaient
d'année en année, et qu'il fallait quand même envisager la
relève.
Il y avait aussi le problème des étudiants, des
médecins étrangers qui voulaient avoir un certain nombre de
postes. Il y avait aussi le nombre de postes hors normes. Par exemple, certains
étudiants américains qui choisissent les hôpitaux canadiens
pour venir faire des stages de spécialité et qui, par leur
présence, ne mettent pas en danger le ratio population-médecins
qui a été fixé par le gouvernement du Québec.
Il y a donc un certain nombre de représentations qui nous ont
été faites. Ces représentations sont actuellement à
l'étude. Il y a eu des rencontres au niveau du ministère de
l'Éducation, entre le ministère et la Conférence des
recteurs et aussi des doyens des facultés de médecine, à
l'intérieur du comité conjoint MAS-MEQ. Il y a eu aussi des
rencontres entre les sous-ministres des Affaires sociales et de
l'Éducation. Toutes ces représentations ont été
revues. Un projet a été envoyé au
Conseil du trésor qui doit l'examiner, lui aussi, sous l'angle
qui lui est particulier. Finalement, nous nous trouvons actuellement au moment
où nous sommes probablement en mesure de faire une représentation
au gouvernement, et cette représentation, encore une fois, sera faite
conjointement par le ministère de l'Éducation et le
ministère des Affaires sociales.
Il semble qu'il faille quand même garder l'objectif, qui
était le nôtre, de limiter dans toute la mesure du possible le
nombre de postes d'internes et de résidents. Nous essayons, quand
même, de faire droit à certaines des représentations qui
nous ont été faites, en particulier, en ce qui concerne
l'admission dans les spécialités en demande, comme
l'anesthésie, la psychiatrie, l'orthopédie aussi, semble-t-il.
Nous sommes en train de terminer l'avis que nous ferons parvenir, assez
rapidement, au gouvernement à cet égard.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dernière question.
Est-ce que dans cet avis ou, enfin, dans ces représentations que vous
ferez au Conseil du Trésor le problème des médecins
étrangers sera touché d'une certaine façon?
M. Laurin: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, vous entrevoyez
possiblement d'ouvrir un peu, du moins pour ceux qui sont ici. (17 h 30)
M. Laurin: Là aussi, nous avons reçu plusieurs
représentations. À l'aide de ces représentations, nous
avons avancé un peu plus dans l'étude des divers
éléments qu'il nous faut considérer. Nous ne sommes pas
complètement maîtres de la situation en ce sens qu'il y a les
jurys de sélection mis sur pied par les facultés de
médecine pour le choix des médecins étrangers qu'on peut
juger aptes à entreprendre un stage d'internat. Ces jurys de
sélection ont leurs propres critères. Certaines critiques ont
été émises à l'endroit de ces critères. Nous
sommes en train d'examiner ces critiques. Il y a aussi la position du
Collège des médecins qui . voudrait que nous admettions d'un seul
coup, en une seule année, la moitié des effectifs, soit 75
médecins étrangers de façon que d'ici deux ans, ce
contentieux soit éliminé, si on peut s'exprimer ainsi.
Il y a donc plusieurs facteurs à considérer, dont certains
chevauchent entre le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Éducation. Nous allons aussi vite que possible
à cet égard et nous espérons trouver la solution la plus
humaine en même temps que la plus conforme aux politiques de
planification des effectifs que nous continuons de poursuivre.
Le Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je ne veux pas, M. le
ministre, sur ce point en particulier, entrer dans tout le dossier des
médecins étrangers parce que j'en aurais pour la
soirée.
Il n'y a que deux points que j'aimerais vous faire remarquer, et je n'ai
pas de raison de douter de ces informations. C'est qu'à l'heure
actuelle, un certain nombre de médecins ayant effectué leurs
études à l'étranger sont admis à l'internat
rotatoire sans pour autant, d'une part avoir obtenu un visa d'émigration
des autorités canadiennes et, d'autre part, sans avoir même
été soumis à l'examen d'évaluation. Ce qui fait
dire à d'autres, à tort ou à raison - on serait
porté à penser que c'est sans doute à raison - qu'il y
aurait un certain favoritisme qui jouerait. Évidemment, on peut toujours
vous énumérer une foule de critères, je les ai lus dans la
revue Actualité. Il y en a qui m'ont convaincue, mais tout cela a une
mesure de subjectivisme, je le reconnais.
Il m'apparaît que c'est surtout cet aspect qui devra être
examiné de plus près par votre ministère. Je comprends que
cela relève de la compétence des écoles de
médecine...
M. Laurin: Et aussi des corporations professionnelles pour
certains aspects.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...pour certains aspects.
Ce qu'on doit surtout poursuivre, je pense que c'est la politique au
Québec de dire que, face aux étrangers, il peut y avoir des
raisons objectives, mais si, par hasard, on fait jouer du favoritisme, cela
devrait être corrigé. Je vous remercie, M. le ministre.
M. Laurin: Je sais qu'il y a eu un certain nombre de
médecins étrangers qui ont été admis, non pas
à titre de médecins mais à titre de
réfugiés. Lorsqu'ils étaient admis au Québec ou au
Canada, on leur disait que ceci ne constituait pas une promesse de la part du
gouvernement, un engagement de la part du gouvernement à leur faire
continuer leurs études ou à faire en sorte qu'ils puissent
exercer leur profession au Québec ou au Canada.
La même chose s'applique pour d'autres qui sont arrivés ici
à titre de "parrainés" ou de "marraines", c'est-à-dire
qu'ils avaient déjà ici un membre de leur famille et ils
choisissaient de venir s'installer au Québec ou au Canada en vertu des
pressions et des demandes faites par leur entourage.
Là aussi, le même avertissement leur était fait
à l'entrée au Québec ou au Canada. Nous vous admettons
à titre de parrainés, mais ceci ne veut pas dire que
l'État du Québec s'engage à faire en sorte que vous
exerciez votre profession de médecin ici. Il reste qu'une fois admis
au
Québec ou au Canada, ces personnes, très
légitimement, aspirent à exercer une profession qu'elles ont
choisie dans leur pays, qu'elles aimaient, qui pourrait rendre service à
la population. Les raisons sont très bonnes.
Il y a là d'autres exigences. Il y a celles que pose la
corporation des médecins, qui doivent être acceptées par
les candidats. Il y aussi la politique de planification des effectifs du
Québec qui doit être respectée, au moins dans ses grandes
lignes, pour l'essentiel. Il y aussi la compétence des
universités qui sont responsables, de par une délégation
des corporations professionnelles, du choix des résidents en même
temps que des programmes d'étude.
Il y a donc beaucoup d'intervenants en l'occurrence, sans parler des
médecins étrangers eux-mêmes qui se sont maintenant mis
ensemble et font valoir leurs arguments, dont certains m'apparaissent assez
légitimes. Ce sont donc tous ces aspects que nous sommes en train
d'examiner actuellement. J'espère bien pouvoir présenter au
Conseil des ministres, avec mon collègue de l'Éducation, des
recommandations qui respecteront ces divers impératifs et qui les
réconcilieront dans toute la mesure du possible.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre. M.
le député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Très rapidement, Mme la Présidente.
Tantôt on a parlé de vétusté au niveau de
l'immobilisation, des immeubles. Précisément, en faisant les
visites dont j'ai fait état tantôt dans différents centres
hospitaliers, j'ai entendu des remarques du personnel qui y oeuvre indiquant
que l'équipement serait également vétuste. On dit - je le
dis sans chiffres à l'appui - pour ne citer qu'un exemple, que
l'équipement de radiologie aurait une moyenne d'âge de 20 ans au
Québec, etc. Quelle est vraiment la situation au Québec quant
à l'équipement médical dont disposent nos centres
hospitaliers?
M. Deschênes: Le remplacement des équipements, comme
le financement des réparations majeures auxquelles je faisais
référence tantôt, est de la responsabilité des
conseils régionaux. Je ne saurais dire actuellement. Il se peut qu'il
existe au niveau de la direction de la construction, une évaluation plus
précise, mais je ne saurais dire personnellement, actuellement, le
degré de vétusté ou le besoin de remplacement des
équipements de radiologie.
Il y a sans doute des variantes importantes entre les régions ou
à l'intérieur des régions. Ce problème du
remplacement et du financement pourrait aussi être assimilé
à la discussion à laquelle je faisais
référence tantôt avec l'association, mais
personnellement, actuellement, je ne dispose pas de renseignements qui soient
éclairants sur la question.
M. Paradis: Dans le réseau, vous mentionnez que vous
soupçonnez ces données d'exister au niveau des conseils
régionaux ou en région. Est-ce que, au niveau du
ministère, vous pourriez corriger de telles données pour que,
comme parlementaires, lorsque arrive le temps d'adopter des crédits,
parce que cela a une implication budgétaire si on est en phase
perpétuelle de renouvellement et qu'on a un stock moyen de tant
d'années qui correspond à des normes, on ne soit pas en retard?
Mais si, effectivement, les renseignements, les bribes de renseignements qu'on
peut recueillir des gens qui oeuvrent dans le système se
révélaient véridiques, là aussi on accuserait un
retard énorme.
M. Deschênes: II y a eu un inventaire avec, donc, des
éléments de jugement sur les équipements. L'ensemble des
conseils régionaux a fait et maintient à jour la liste ou
l'inventaire des équipements utilisés. Il y a la région
métropolitaine, c'est-à-dire Montréal, dont le conseil
régional n'a pas terminé cette étude.
Pour l'ensemble du Québec, il y a donc un dossier qui n'est
peut-être pas intégré mais qui est fait par chacune des
régions. Il s'agit maintenant de les intégrer. Montréal
manquant, on attendait au ministère que Montréal soit
complété pour faire un examen de l'ensemble de la situation.
Alors, c'est un inventaire en cours.
M. Paradis: Comme il y a onze CRSSS, pour utiliser les
sigles...
M. Deschênes: Oui. Oui.
M. Paradis: ...et qu'il y en a qui n'ont pas
complété le dossier, est-ce que vous pourriez déposer
à la commission le résultat des dix qui l'ont
complété? Celui de Montréal, parce que c'est quand
même le plus important sur le plan budgétaire, est-ce que vous
pourriez le déposer aussitôt que vous l'obtiendrez?
M. Deschênes: Je pense qu'on peut déposer ceux qui
existent et dès que Montréal sera complété on le
transmettra aussi auprès de la commission.
Compressions budgétaires dans les
hôpitaux
M. Paradis: Dans une dernière intervention, j'aimerais
demander au ministre, s'il veut bien, de prendre le mémoire de l'AHQ
à la page 18.
Une voix: Page 17? M. Paradis: Page 18. M. Laurin: Page
18.
M. Paradis: On peut y lire et c'est souligné: "En
conséquence, l'AHQ demande au gouvernement de respecter ses promesses et
de revoir ses choix budgétaires pour l'année 1984-1985 de
façon à pouvoir: "1° procéder à l'ajustement
des budgets des centres hospitaliers déficitaires dans la mesure
où leur déficit résulte d'une sous-budgétisation
chronique et/ou d'effets de clientèle. "2° annuler les compressions
budgétaires qu'il s'apprête à imposer aux centres
hospitaliers sous les diverses formes que nous avons
énumérées."
Puis, à la page 19, en haut: "Entre-temps, il faut bien
réaliser que les centres hospitaliers se verront obligés de
maintenir le volume et la qualité des services courants à la
clientèle même si cela devait éventuellement
entraîner des dépassements budgétaires."
Est-ce que le ministre s'est entretenu soit avec l'AHQ, soit avec les
conseils d'administration des divers centres hospitaliers et peut aujourd'hui
nous traduire ce que veut dire cette conclusion soulignée? Je peux y
lire des choses, le ministre peut y lire d'autres choses. Est-ce qu'il y a eu
des tentatives de communication entre le ministère et les centres
hospitaliers sur une base individuelle ou l'AHQ? Au mieux, j'y vois une menace
voilée. On dit: On maintient le service à la population et les
déficits seront là, si je traduis ce que je comprends de ce
texte. Quelles approches avez-vous effectuées de façon à
concilier les points de vue?
M. Laurin: Nous avons reçu ce document au même
moment que vous l'avez reçu.
M. Paradis: Je l'ai reçu vendredi. Une voix:
Vendredi après-midi.
M. Laurin: Vendredi après-midi. Il ne fait pas suite
à une rencontre que le ministère aurait eue avec l'Association
des hôpitaux du Québec.
Depuis mon entrée en fonction, j'ai rencontré pour une
durée d'à peu près 20 minutes le président de
l'Association des hôpitaux du Québec. C'était plutôt
une prise de contact. Nous avons échangé des remarques on ne peut
plus générales sur l'état du réseau. Nous avons
plutôt convenu de nous rencontrer à quelques reprises au cours des
mois qui viennent pour aller dans le détail des choses. Je ne peux donc
dire
que cela a été en quoi que ce soit une négociation
ou même un échange fonctionnel.
M. Paradis: Je comprends bien aussi, M. le ministre, que ce n'est
pas l'AHQ qui va faire un déficit, etc. Ce sont les différents
centres hospitaliers pris sur une base individuelle. C'est pour cela que j'ai
posé cette sous-question également.
M. Laurin: Comme j'ai eu l'occasion de vous le dire lors de
l'ouverture de cette discussion sur les crédits, j'ai cependant
rencontré les centres régionaux de services sociaux et de
santé et nous avons, cette fois, discuté longuement de ce que
l'on peut appeler des compressions budgétaires. Lors de l'ouverture des
crédits, j'ai répété ce que je leur avais dit. Ma
position n'a pas changé depuis et elle est la même en ce qui
concerne cette demande de l'Association des hôpitaux.
En ce qui concerne les véritables compressions
budgétaires, qui, pour moi, sont de 7 000 000 $ et qui ont
été décidées par le gouvernement, il n'est pas
question de changer ma position à cet égard.
M. Paradis: Ni pour les autres.
M. Laurin: Ni pour les autres. Donc, ces compressions
budgétaires de 7 000 000 $ sur un budget total de 5 670 000 000 $ vont
demeurer. Il restera cependant à analyser, aussi bien avec les
établissements qu'avec les CRSSS, la façon dont cette compression
de 7 000 000 $ pourra être répartie sur une base régionale,
sur une base de programmes. Je pense bien que ceci n'altère en rien la
décision de maintenir cette compression de 7 000 000 $ au niveau
où elle existe à l'heure actuelle.
Quant à ce que l'AHQ appelle des compressions et que nous
appelons surbudgétisation ou surévaluation du taux d'inflation,
pour moi ce ne sont pas des compressions. Donc, cela n'entre pas dans la
demande que me fait l'Association des hôpitaux du Québec.
Cependant, quand l'Association des hôpitaux du Québec me
demande de procéder à l'ajustement des centres hospitaliers dans
la mesure où leur déficit résulte d'une
sous-budgétisation chronique et-ou d'effets de clientèle, je suis
prêt à m'asseoir avec eux et à considérer ce que
parler veut dire et à étudier, sur une base
détaillée et sur une base d'établissement, des chiffres
qui traduisent aussi bien les effets de clientèle que les allocations
budgétaires.
Je ne dis pas que nous ne serions pas prêts, à la suite de
cette discussion, à procéder à des ajustements, soit
à la hausse, soit à la baisse, conformément à ce
qu'on a fait dans les années antérieures.
Quant à ce que vous interprétez comme une menace...
M. Paradis: Oui. Voilée. (17 h 45)
M. Laurin: ...je l'interprète plutôt comme une
expression vigoureuse d'opinion. C'est en ce sens que je la comprends. Si je
l'interprétais comme une menace, je serais porté à y
répondre par une autre menace, ce que je ne veux pas faire du tout; le
ministère et le ministre ne sont pas là pour faire des menaces,
ils sont là pour servir la population dans toute la mesure du possible
et le mieux possible. Donc, cette expression vigoureuse d'opinion, je l'accepte
telle qu'elle s'exprime et nous y réagirons de la manière la plus
appropriée lors des rencontres que nous aurons avec les
représentants des établissements.
M. Paradis: Si j'ai attiré l'attention du ministre sur
cette manifestation vigoureuse d'opinion ou de menace voilée, c'est que
l'année financière est déjà commencée en ce
qui concerne les centres hospitaliers. On a beau prétendre que ce sont 7
000 000 $ de compressions, il demeure que, comparativement à l'an
passé, il y a 60 000 000 $ de moins. On commence à parler de
chiffres qui deviennent importants et à chaque jour on gruge dans ce
budget. Est-ce que le ministre a l'intention de s'occuper du dossier en toute
priorité et de proposer des solutions qui assureraient le maintien des
services? Ce qui me semble être l'élément où on ne
s'entend pas d'un côté comme de l'autre, c'est que le ministre dit
que c'est 7 000 000 $, que cela ne coupera pas les services aux usagers, etc.,
alors que des gens qui oeuvrent à tous les jours dans le milieu
près des patients nous disent que ce n'est pas 7 000 000 $, si on
compare à l'année passée, c'est plus de 60 000 000 $ et
ça va couper des services aux usagers. Est-ce que le ministre a
l'intention d'appliquer sa politique quand même et de voir à
l'effet?
M. Laurin: Ce sujet est sûrement très important.
C'est le sujet principal qui fait l'objet de toutes mes complaisances,
actuellement, et de mon intérêt. Comme j'ai eu l'occasion de le
dire, des rencontres sont prévues au cours des prochains jours, des
prochaines semaines. Nous avons sûrement l'intention de battre le fer
pendant qu'il est chaud. Cependant, notre intention est de faire parvenir aux
hôpitaux leurs budgets finaux le plus tôt possible pour fins de
bonne gestion administrative. J'espère bien que nous en arriverons
à un consensus dans les plus brefs délais. Si cela ne devait pas
s'avérer, il est toujours possible, étant donné qu'un
très petit nombre de centres hospitaliers sont concernés, de
faire parvenir à la très grande majorité des centres
hospitaliers leurs budgets définitifs et de faire parvenir à
ceux
pour lesquels les discussions doivent se prolonger des budgets
provisoires - comme on vote des douzièmes provisoires à
l'Assemblée nationale - ce qui permettra aux centres hospitaliers de
maintenir leurs opérations courantes tout en laissant en suspens
certains points qui méritent plus ample examen.
M. Paradis: Sauf le point 1, pour qu'on se comprenne bien, qui
concernait les 35 000 000 $ où cela pourrait s'appliquer, une fois qu'on
les aurait identifiés, à un petit nombre et, même dans ce
petit nombre, un plus petit nombre prend le plus gros pourcentage... Au point
4, on peut également - j'imagine qu'on l'a déjà fait
-identifier ceux qui avaient des déficits bruts d'exploitation au 31
mars 1983. Les autres points s'appliquent à l'ensemble des centres
hospitaliers.
M. Laurin: Non, même pour cette compression réelle
de 7 500 000 $, là aussi il y a des modulations selon les centres
hospitaliers qui ressortiront lors des discussions que nous aurons. Encore une
fois, la somme est quand même minime, 7 500 000 $, sur le budget total
des hôpitaux. Je pense qu'il est difficile de dire plus que cela à
l'heure actuelle...
M. Paradis: Prenons l'exemple des 15 000 000 $, qu'on les appelle
de la surévaluation, etc., mais qui ne seront pas là l'an
prochain. J'imagine...
M. Laurin: Cela c'est une décision ferme qui...
M. Paradis: J'imagine que c'est l'ensemble des hôpitaux
qui...
M. Laurin: Oui, celle-là, oui.
M. Paradis: ...ont utilisé ces 15 000 000 $ pour rendre
des services.
M. Laurin: Celle-là touche l'ensemble des hôpitaux,
bien sûr, puisqu'il s'agit de répartir par hôpital un taux
d'inflation qui s'est avéré inférieur à ce qui
avait été prévu. C'est évident que ça
s'applique à tout le monde.
M. Paradis: Mais, à l'élément 5, il est
question de cafétérias...
M. Laurin: Nous avons décidé...
M. Paradis: ...de transport de malades, de...
M. Laurin: ...de ne pas enlever ce qui avait été
donné en trop, mais simplement de ne pas faire en sorte que les bases
budgétaires, pour 1984-1985, soient gonflées de cette somme
surévaluée, de cette somme additionnelle.
M. Paradis: Je pense que le différend survient d'une
prétention des hôpitaux qui disent: On a eu absolument besoin de
ces sommes pour rendre les services qu'on a rendus l'an passé. Si vous
nous la retirez, cette année, on ne pourra pas rendre ces mêmes
services, on va en rendre pour 15 000 000 $ de moins. Je pense que c'est cela
le différend.
M. Laurin: Mais, encore une fois, ce n'est pas cela...
M. Paradis: Vous pouvez choisir de ne pas...
M. Laurin: ...que nous retirons.
M. Paradis: Non, non. Mais vous pouvez choisir de la baptiser
compression ou autrement.
M. Laurin: Oui.
M. Paradis: Mais cette somme ne sera plus là.
M. Laurin: Ah non! Il faut être précis dans les
termes.
M. Paradis: Oui, mais on arrive toujours aux mêmes
chiffres, qu'on utilise le vocabulaire qu'on voudra.
M. Laurin: Oui. Mais on peut faire dire aux chiffres et aux
statistiques ce qu'on veut, quand on n'est pas précis dans les
termes.
M. Paradis: On peut peut-être faire dire aux chiffres et
aux statistiques ce que l'on veut lorsqu'il y a un manque de précision
dans les termes. Mais, lorsqu'il s'agit de chiffres qui sont là pour
être utilisés pour rendre des services...
M. Laurin: Oui.
M. Paradis: ...à la population, lorsqu'on a
compressé au maximum et qu'on soustrait, on soustrait dans les
services.
M. Laurin: Oui, effectivement, c'est la raison pour laquelle ces
rencontres que nous aurons seront sûrement fructueuses.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors, est-ce que le
programme 3 est adopté?
M. Paradis: Sur division. Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Adopté. Alors,
nous passons au programme 7, Coordination de la recherche. M. le
député de Brome-Missisquoi, à moins que le ministre ait
quelques explications à donner.
Coordination de la recherche
Fonds de la recherche en santé du
Québec
M. Paradis: Au niveau du Fonds de la recherche en santé du
Québec, qui est l'élément 1, on avait, l'an passé,
des crédits de 19 244 000 $; cette année, on se retrouve avec des
crédits de 19 758 000 $. Où va cet argent, exactement? Quels sont
les critères d'attribution des sommes impliquées dans les 19 000
000 $?
M. Deschênes: II s'agit de crédits qui sont
véritablement, je dirais, gérés par le Fonds de la
recherche en santé du Québec, le FRSQ, comme on l'appelle
couramment. Il y a principalement deux types d'utilisation. Il y a les
subventions à ces centres de recherche, qui sont situés dans des
centres hospitaliers - il y en a une vingtaine - de l'Institut de recherche
clinique, à Montréal, en passant par le Centre de recherche de
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont ou celui de l'Hôtel-Dieu de
Québec. C'est donc des centres de recherche dûment
organisés, qui sont des parties constituantes de centres
hospitaliers.
Une autre partie de ces subventions est octroyée à des
individus, à des boursiers-chercheurs qui présentent des projets
de recherche avec protocole qui sont évalués par des
comités d'experts anonymes et secrets, donc inconnus des candidats. Et
le conseil d'administration, ou son exécutif, du FRSQ décide
d'attribuer ou non une subvention de recherche à tel groupe de
chercheurs ou tel chercheur. Dans ce deuxième groupe qui est
constitué d'individus, il y a plusieurs sous-groupes selon des types de
recherche, selon des thématiques ou encore selon qu'il s'agit de jeunes
chercheurs ou de chercheurs expérimentés et déjà
bien en place.
Alors, ce sont véritablement des crédits dont la gestion
n'est pas vraiment de la responsabilité ou du contrôle
immédiat du ministère, mais du Fonds de la recherche en
santé du Québec, qui est un des trois fonds qui ont
été constitués par la loi sur la science et la
technologie. Il y a eu la FCAC, le Fonds de la recherche en santé du
Québec et je crois que le troisième concerne l'agriculture.
Alors, nous avions, antérieurement, un Conseil de la recherche en
santé du Québec, qu'on appelait le CRSQ; par cette loi, il est
devenu le FRSQ, qui est une corporation automone. Des crédits sont
virés au FRSQ pour subventions de recherche et soutien aux centres de
recherche qu'il agrée.
M. Paradis: Est-ce que pour l'an passé vous pourriez
déposer à la commission une ventilation de cette somme de 19 244
500 $ avec le nom des organismes ou des individus récipiendaires ainsi
que la thématique qu'ils ont développée à partir
de...
M. Deschênes: II n'y a aucune difficulté à
transmettre aux membres de la commission la liste des centres de recherche et
le montant des subventions à chacun des centres de recherche. Nous
demanderons aussi au FRSQ de transmettre la liste des individus. Vous allez
comprendre que c'est une liste qui est plus fastidieuse, il y a des bourses de
différents niveaux. Il y a peut-être 300 personnes qui sont
subventionnées. Je ne sais pas si, face à ce commentaire, le
député demande le même renseignement. Cela prendra plus de
temps pour ce deuxième volet.
M. Paradis: Cela prendra peut-être un peu plus de temps,
mais nous en avons quand même pour 20 000 000 $. Ce qui est
intéressant, cela peut donner aux parlementaires...
M. Deschênes: Les thématiques.
M. Paradis: ...non seulement la connaissance de la personne qui
en a bénéficié, mais également le sujet
développé et voir quelle utilisation on en fait au
ministère.
M. Deschênes: J'ai moi-même eu l'occasion dans les
dernières années de...
M. Paradis: ...de bénéficier...
M. Deschênes: ...voir les listes des projets de recherche.
Non, pas d'en bénéficier, les listes des projets de recherche.
Les thématiques seront peut-être enfouies en quelque sorte sous
des thèmes de recherche qui sont extrêmement sophistiqués,
l'avenir de la mitochondrie du rein gauche, comme dirait le ministre, chez les
personnes âgées de tel âge à tel âge et
travaillant en telle industrie. C'est la thématique dans ce
sens-là. Il appartiendra à chacun de comprendre s'il s'agit de
santé au travail ou de recherches d'un autre type.
Donc, je retiens que nous faisons parvenir rapidement, cela peut se
faire rapidement, la liste des subventions pour les centres de recherche. Quant
aux subventions aux chercheurs, comme il s'agit des crédits 1984-1985,
cela peut prendre beaucoup de temps car il faut qu'ils soient octroyés.
À moins que le sens de la question soit pour dire: En 1983-1984,
qu'est-ce qui a été
subventionné? Nous avons un problème là,
M. Paradis: Ce qui a été subventionné l'an
passé. On arrête à l'année...
M. Deschênes: La liste fermée 1983-1984, les centres
et les individus. Parfaitement.
M. Paradis: Parce que j'imagine que vos listes sont
préparées comme cela et que cela devient beaucoup plus
facile.
M. Deschênes: Parfaitement. Cela sera fait.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pourriez-vous me dire
comment se fait la coordination avec le ministère de la Science et de la
Technologie? Vous relevez, jusqu'à certain point, aussi des
priorités établies par le ministère...
M. Laurin: Je ne me rappelle pas les articles précis de la
loi, mais il reste que même la nouvelle loi prévoit que le Fonds
de la recherche en santé du Québec relève du
ministère des Affaires sociales. C'est au ministre que le directeur du
fonds doit faire rapport. C'est avec lui qu'il doit transiger.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dans
l'établissement des priorités, est-ce qu'il y a une coordination
avec le ministère de la Science et de la Technologie?
M. Laurin: Je ne saurais vous le dire, il faudrait que je
retourne à la loi.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Apparemment, nous avons
fonctionné comme nous fonctionnions l'an dernier, il semblerait.
M. Deschênes: Non, nous essayons par des comités
interministériels de coordonner les efforts entre la FCAC, le fonds de
recherche, et le FRSQ. Lorsqu'il y a harmonie, consensus, nous
présentons, par exemple, au ministre des projets de directives que nous
n'avons pas encore mis en vigueur, car la loi est nouvelle.
Il y aura des projets de directives qui seront envoyés de la part
du ministre au FRSQ, mais nous sommes en discussion avec les autres fonds pour
harmoniser un peu le type de directives que nous ferons.
J'irai plus loin que cela, il y a aussi de la coordination dans le
champ, même au niveau de... Quand nous arrivons dans le domaine des
sciences humaines, par exemple, il peut y avoir des dimensions de santé
axées sur des dimensions de sciences humaines. Il y a différents
mécanismes de coordination, y compris des rencontres entre les
présidents de fonds, des rencontres de fonctionnaires, etc.
J'ai, attachée à mon cabinet, une direction de
l'évaluation. Le Dr Pierre Bergeron, qui est directeur de
l'évaluation, a une mini-équipe de deux personnes, dans cette
direction, pour assurer la coordination entre la recherche en santé et
la recherche sociale, d'une part, et aussi les liaisons avec les organismes
centraux et les autres fonds, justement dans un souci de coordination.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je vous remercie. Le
programme 7 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 20)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission des
affaires sociales poursuit l'étude des crédits des Affaires
sociales. Nous sommes rendus au programme 8. Si le ministre n'a pas de
remarques on peut passer immédiatement aux questions. Je céderai
la parole au député de Brome-Missisquoi.
Coordination régionale et nationale
Urgences-santé
M. Paradis: Merci, Mme la Présidente. Au niveau du
programme 8, Coordination régionale et nationale, élément
1, Concertation et coordination faites par les conseils régionaux en
1983-1984, 34 350 000 $; en 1984-1985, 37 024 000 $. Est-ce que le ministre
peut nous indiquer quelle somme est allouée à la centrale des
urgences dont vous avez parlé cet après-midi, à
Montréal?
M. Laurin: Cet après-midi j'ai parlé d'une somme de
28 000 000 $, alors qu'aux crédits apparaît seulement la somme de
9 000 000 $. Je pense qu'il y a une explication à donner. Le
fonctionnement du centre administratif en tant que tel coûte 9 000 000 $
mais si on ajoute à cela les frais d'ambulance, ce que coûtent les
139 médecins qui se promènent constamment dans la ville de
Montréal, avec les actes qu'ils posent, cela atteint à peu
près la somme de 28 000 000 $.
En ce qui concerne le fonctionnement propre du Centre de coordination
des urgences-santé, c'est 9 000 000 $ pour 1984-1985 comparativement
à quelque 7 000 000 $ pour l'année 1983-1984. C'est inclus dans
le budget de coordination
régionale et nationale.
M. Paradis: Est-ce que ces 9 000 000 $ sont affectés
strictement au personnel d'administration et au personnel de triage des
appels?
M. Laurin: Oui, c'est affecté au personnel qui oeuvre au
sein de la centrale administrative. Par exemple, les infirmières qui
répondent aux appels, les médecins qui répondent aux
appels, les coordinateurs, le directeur médical, le directeur
administratif également. En somme, les équipements, les
appareils, les trousses d'urgence, etc.
M. Paradis: Comment expliquer que ce service qui a
démarré fin 1981 début 1982, pratiquement parlant,
l'année de calendrier à laquelle je fais référence,
est passé d'un budget d'administration de 6 000 000 $ à 8 000 000
$ et à 9 000 000 $ en l'espace de trois ans sur le plan de
l'administration? Qu'est-ce qui explique cela?
M. Laurin: Je pense que ce sont les nécessités
mêmes du service qui ont amené cette augmentation assez rapide des
dépenses, qu'il s'agisse du personnel, etc. Il fallait
véritablement pouvoir répondre d'une façon rapide aux
appels de la population. Je pense qu'on peut dire qu'avec le budget que nous
avons maintenant nous sommes en mesure de répondre aux appels de quelque
citoyen que ce soit sur l'île de Montréal avec un délai de
quatre minutes.
S'il s'agit de services à rendre sur les lieux de l'accident,
s'il s'agit vraiment d'un accident, on peut dire que les médecins sont
situés à des endroits stratégiques de façon qu'ils
puissent, eux aussi, en moins de cinq minutes, se trouver sur les lieux de
l'accident. Évidemment, cela demande une organisation assez
sophistiquée - à partir de la planification, de la programmation
en passant par le personnel qui s'occupe de répondre aux appels, les
coordonnateurs ou les appels aux ambulances - qui a demandé des
approximations successives avant d'atteindre le degré d'excellence que
nous avons maintenant atteint. Cela ne veut pas dire que tous les
problèmes sont réglés mais je pense que les
réponses administratives que nous avons apportées l'ont
été en réponse aux besoins qui nous ont été
signalés, soit par les citoyens, soit par les médecins qui
étaient obligés de se retrouver aux lieux des urgences sur
lesquels on leur demandait d'aller, ou aux demandes des ambulanciers qui sont
impliqués dans le processus.
M. Paradis: La question...
M. Deschênes: M. le député, disons que la
première année était évidemment une année
partielle. Il s'est ajouté progressivement des choses en cours de route.
Ainsi, il y a eu une extension - je ne peux dire à quel mois exactement
- pour couvrir la ville de Laval. Je pense que c'est arrivé au cours de
1982-1983. Au début, on ne devait pas couvrir la ville de Laval.
En outre, commençant en 1983-1984 mais concrétisé
pleinement en 1984-1985, il a fallu prendre la relève de la police de
Montréal ou de la communauté urbaine. Il y a, sur trois ans,
d'une part, un démarrage et un rodage à faire et, en même
temps, une extension territoriale vers Laval qui chevauche sur deux
années; et aussi, plus récemment, chevauchant aussi sur deux
années - mais je ne sais combien de mois pour chaque service -
s'introduit la relève de la police de la communauté urbaine dont
on voyait dans le journal The Gazette, ce matin, qu'il ne restait qu'une seule
ambulance, je crois.
Ce sont ces phénomènes qui s'ajoutent au rodage
effectivement décrit par le Dr Laurin, rodage et développement au
cours de cette même période, mais toujours partiels quant à
chacune des années.
M. Paradis: Est-ce que vous avez des statistiques sur les appels
enregistrés auxquels on a répondu à chaque jour et le
nombre d'ambulances qui se déplacent?
M. Laurin: Oui, nous pourrions vous fournir ça. Un
relevé systématique est fait qu'on pourra vous fournir de
même que tous les détournements d'ambulances, les heures, le
nombre d'heures où les détournements sont nécessaires. On
pourra vous fournir tous ces renseignements.
M. Paradis: On avait soulevé la question à
l'Assemblée nationale, avant les fêtes, sur les griefs à la
suite des problèmes que les médecins avaient portés
à la connaissance du public. Votre prédécesseur, le
ministre Johnson, avait répondu à une partie des revendications
sur les moniteurs-défibrillateurs; aujourd'hui, les médecins ont
ce qu'ils désiraient avoir au niveau de l'équipement.
Je me souviens qu'au niveau du système des communications les
médecins réclamaient des walkies-talkies et que le ministre
s'était engagé - je n'ai pas la transcription ici devant moi -
à les équiper. Est-ce que vous savez si cela a été
fait, si cet engagement a été tenu?
M. Laurin: Je sais qu'à la réception des demandes
ou griefs des médecins un comité spécial de travail avait
été formé regroupant des membres du corps médical
du CRSSS et que ce comité a siégé à plusieurs
reprises, qu'il a fait des recommandations au CRSSS ou au Centre de
coordination des urgences-santé. La plupart de ces recommandations
ont été acceptées. Cela s'est soldé
d'ailleurs par une amélioration considérable du service. C'est,
par exemple, à la suite des travaux de ce comité que nous avons
institué un service central de pharmacie où toutes les trousses
sont fournies aux médecins, sont régulièrement
révisées, où les trousses sont d'ailleurs, non seulement
révisées à chaque rotation que font les médecins,
mais également sont élargies de façon à couvrir
tous les produits, tous les appareils dont peuvent avoir le médecins
selon les urgences. Nous avons aussi réglé le problème des
moniteurs-défibrillateurs, de façon que chaque médecin en
soit maintenant pourvu lorsqu'il est en service. (20 h 30)
D'autres problèmes ont aussi été examinés
comme les problèmes qui peuvent se poser entre les infirmières
qui répondent au téléphone et les médecins qui
peuvent être appelés à prendre le relais lorsque le cas est
plus complexe, et aussi les médecins qui sont sur place. Toute une
série de problèmes de cette nature ont été
réglés à la satisfaction du corps médical, à
la satisfaction de la FMOQ qui faisait aussi partie, par un ou deux de ses
délégués, de ce comité de travail. Ce
comité, d'ailleurs, continue de siéger. Il y a d'autres
problèmes de perfectionnement qui sont sans cesse soulevés par ce
comité; le CRSSS essaie d'y donner suite le plus rapidement
possible.
Subventions
M. Paradis: Au niveau de l'élément 2, Subventions
à d'autres organismes, il y a un montant de 24 257 400 $. Quel type
d'organisme subventionne-t-on à partir de ce montant?
M. Laurin: M. Deschênes.
M. Deschênes: Disons que vous avez à la page 98 le
détail où vous voyez qu'il y a des bourses d'étude et de
perfectionnement pour 739 000 $, il y a des subventions d'appoint aux
compagnies d'ambulances, des subventions de zone qu'on appelle, il y surtout la
subvention à la Société canadienne de la Croix-Rouge qui
est de 19 287 000 $, plus quelques autres subventions, de 624 000 $ et de 300
000 $.
Ce sont essentiellement des organismes qui oeuvrent dans le domaine de
la coordination, plus quelques éléments. Le gros du montant, 19
000 000 $ sur 24 000 000 $, est pour la Société canadienne de la
Croix-Rouge, service de la transfusion, et le reste.
M. Paradis: À l'élément 3, Subventions aux
associations d'établissements du réseau des affaires sociales, il
y a 5 124 300 $. À quoi cela sert-il exactement?
M. Deschênes: Cela sert à subventionner des
mémoires comme ceux qu'on a eu l'occasion de lire aujourd'hui!
Disons que, pour prendre cela sur un ton plus sérieux, les
subventions sont versées aux associations qui regroupent les
établissements, donc l'Association des hôpitaux du Québec,
l'Association des centres d'accueil, la Fédération des CLSC,
l'Association des CSS et l'Association des centres hospitaliers et des centres
d'accueil privés, l'ACHAP. Ces associations regroupant les types
d'établissements au plan provincial sont subventionnées pour
différentes activités dont les plus connues ont trait au domaine
des relations de travail.
Disons que l'activité des associations dans ce domaine,
puisqu'elles regroupent les employeurs, est très importante, en plus des
activités que font couramment les associations regroupant les
catégories, à savoir étude de la législation et de
la réglementation, représentations à différentes
instances, et le reste.
M. Paradis: Lorsque vous subventionnez des organismes pour la
préparation de mémoires ou autres, est-ce que se sont des
subventions qui sont totalement discrétionnaires ou...
M. Deschênes: Ils font cela à l'intérieur de
leur budget global, M. le député.
C'est discrétionnaire dans le sens qu'il y a un dossier
historique là-dessus, c'est une subvention, et on l'indexe, cette
année, par exemple, au même taux que les établissements
qu'ils représentent.
M. Paradis: Et cela va aux mêmes organismes,
traditionnellement, d'année en année?
M. Deschênes: Oui.
M. Paradis: Avec des montants établis qui se suivent.
M. Deschênes: Des montants indexés selon le taux
d'indexation de la catégorie d'établissements qu'ils
regroupent.
M. Paradis: Si je posais la question, c'était
évidemment dans le but de m'assurer que, s'il y a de ces associations
qui, à un moment donné, décident d'aller sur la place
publique et de dire qu'elles ne sont pas satisfaites, vous ne puissiez pas
jouer du couteau, si on peut dire.
M. Deschênes: Ils sont tellement visibles dans les
crédits que n'importe qui peut poser des questions et, par ailleurs, je
pense qu'ils sont assez grands pour faire valoir leur point de vue.
M. Paradis: Je parlais strictement en fonction des pressions que
pourrait exercer le ministère s'il décidait d'en exercer dans des
cas où des gens seraient...
M. Deschênes: Non, jamais. Dans ce domaine, M. le
député, nous sommes plus habitués à recevoir des
pressions qu'à en faire.
M. Paradis: De plus en plus, d'ailleurs. Cela va.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): S'il n'y a pas d'autres
questions, le programme est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Programme 9. Je sais que
le député d'Abitibi-Est a des questions.
Statut des infirmières auxiliaires
M. Bordeleau: Oui, merci, Mme la Présidente. C'est au
programme 9, à l'élément 6: Relations du travail. Il y a
des gens avec qui j'ai déjà eu des communications
là-dessus. Cela concerne un problème de personnel,
c'est-à-dire le remplacement graduel des postes de puéricultrices
et d'infirmières auxiliaires par des postes d'infirmières
licenciées. J'imagine que le problème n'est pas le même
dans les grands centres ou dans les grands hôpitaux mais, dans les
hôpitaux de région comme la mienne, c'est un problème assez
considérable dans le sens qu'avec l'application graduelle et
grandissante des décrets sur les actes délégués on
assiste au remplacement de postes d'auxiliaires en particulier par des postes
d'infirmières. Cela pose un problème sérieux dans le sens
qu'on a encore beaucoup de postes d'infirmières auxiliaires et
même de puéricultrices - malgré qu'il y en ait moins - mais
cela touche plus particulièrement les infirmières auxiliaires. On
vide littéralement des postes, on ferme des postes. On pourra toujours
me répondre qu'elles ont une sécurité d'emploi, qu'elles
peuvent aller ailleurs mais, pour une infirmière auxiliaire qui a
travaillé pendant des années au soin des malades et qui se
retrouve comme préposée à la buanderie ou à la
cuisine, je vous assure que ce n'est pas nécessairement ce qu'il y a de
plus revalorisant. On en vient à chercher des solutions.
Je sais que, chez nous, le CRSSS de l'Abitibi-Témiscamingue
cherche des solutions avec les centres hospitaliers, sauf qu'on se bute
toujours à un autre problème, on finit toujours par dire qu'il
faudrait recycler ces gens. Je pense aussi qu'il serait important de les
recycler. On sait que dans les régions périphériques on
manque d'infirmières licenciées, qu'on est obligé de les
faire venir de l'extérieur, des grandes régions et, souvent,
elles ne veulent pas venir. On se ramasse avec des infirmières
auxiliaires qui ont fait le travail pendant des années et, un moment
donné, on leur dit: On vous envoie dans des postes d'un autre ordre,
c'est-à-dire dans des secteurs où il n'y pas de soins directement
reliés aux patients.
Quand on commence à parler de recyclage, ce dont on parle chez
nous actuellement, entre les CRSSS et - j'imagine aussi - les gens du
ministère des Affaires sociales à Québec, au service des
relations du travail, on se bute à des problèmes, on se lance la
balle d'un intervenant à l'autre. Certains prétendant que c'est
l'Ordre des infirmières qui n'accepte pas le recyclage comme tel;
d'autres prétendent que ce sont les syndicats. Je veux demander au
ministre, sans nécessairement trouver un coupable, où cela bloque
vraiment. Chez nous, la commission de la formation professionnelle est
prête à donner des cours, le cégep est prêt à
en donner, l'hôpital est prêt à libérer des gens.
Tout le monde est plein de bonne volonté, mais on ne réussit pas
à réaliser cela.
J'aimerais savoir s'il y a un refus complet de l'Ordre des
infirmières ou d'autres organismes - je n'essaie d'accuser personne. Si
on peut mettre la main sur le bobo... Le ministre a un certain pouvoir
coercitif pour faire débloquer des choses plus rapidement dans des cas
comme cela.
M. Laurin: M. Deschênes.
M. Deschênes: Je pense que vous soulevez tout le
problème de la structuration des... Je voudrais qu'on s'assure qu'il ne
s'agit pas d'une activité au programme 9, mais plutôt dans
d'autres programmes du réseau. Ce qui est décrit ici concerne le
réseau; le programme 9, c'est la gestion du ministère
uniquement.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Excusez-moi, M. le
sous-ministre. Vous faites bien de faire la mise au point, mais d'autres
députés vont probablement glisser de la même façon
parce que certaines questions n'ont pas pu être posées ailleurs,
et on va les raccrocher aux services sociaux, relations du travail et autres.
D'accord?
M. Deschênes: D'accord. Cette question de l'activité
présente des infirmières auxiliaires en milieu hospitalier fait
référence à tout le problème de la
délégation des actes. La délégation des actes est
un débat de fort long terme qui est né dans le réseau au
milieu des années soixante, à savoir: que peut faire une
infirmière, que peut faire une auxiliaire? Finalement, via les
corporations professionnelles, dans les lois des corporations
professionnelles, il y a, notamment dans la Loi médicale, un pouvoir de
délégation d'actes aux infirmières. Il y a eu - on se
souviendra d'une commission parlementaire importante à ce sujet il y a
peut-être trois ou quatre ans maintenant -un règlement...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avec un ex-ministre du
gouvernement.
M. Deschênes: ...le Dr Lazure...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Non, M. Morin.
M. Deschênes: Oui, mais disons que le responsable de
l'Office des professions, aux Affaires sociales, c'était le Dr Lazure.
Lorsque cette réglementation des actes a été
adoptée par le gouvernement, cela a précisé et
établi des règles du jeu concernant la délégation
d'actes médicaux aux infirmières, mais aussi la
délégation d'actes infirmiers aux infirmières auxiliaires.
Nous assistons aujourd'hui, bien sûr, à un débat entre
corporations professionnelles, mais aussi, au niveau des différents
établissements, sur ce que peut faire localement, parce que la
réglementation a référé au mandat et au pouvoir
d'un conseil d'administration local quels sont les actes qui peuvent être
posés dans un hôpital, par exemple, par une infirmière
plutôt que par une infirmière auxiliaire.
Je voudrais continuer un peu plus loin. Tout récemment, j'avais
l'occasion de recevoir de la correspondance de la Corporation des
infirmières auxiliaires, qui se plaignait que le ministère
"tolérait", entre guillemets, peut-être, que des actes
d'infirmières auxiliaires soient posés par des auxiliaires
familiales à domicile. Vous voyez, tout le long de la chaîne,
entre médecins, infirmières, infirmières auxiliaires et
plus récemment avec la Corporation des infirmières auxiliaires,
on fait des reproches sur les actes dont la Corporation des infirmières
a accepté la délégation aux auxiliaires familiales. C'est
un vaste débat au sein du monde professionnel et je pense qu'on ne peut
pas dissocier la question de cette toile de fond un peu querelleuse entre
certaines des corporations.
En outre, localement, la direction des soins infirmiers dans un
hôpital est confiée à des infirmières
licenciées, membres de l'Ordre des infirmières. Nous avons eu des
plaintes, à certains endroits, d'infirmières auxiliaires qui, en
quelque sorte, ne trouvaient pas leur place au sein de l'hôpital puisque
l'hôpital, par son organisation des soins infirmiers,
préférait l'infirmière polyvalente à
l'infirmière auxiliaire, qui ne peut pas poser certains actes,
particulièrement si elle se retrouve seule le soir ou la nuit.
À cause de la délégation des actes localement, il y
a aussi des ajustements qui se sont faits parce que, certains actes ne pouvant
être posés par des infirmières auxiliaires la nuit, il
fallait des infirmières alors qu'il pouvait y avoir, de tradition dans
un hôpital, des infirmières auxiliaires la nuit. La
réglementation a donc connu des difficultés d'application dans
plusieurs milieux et, dans certains endroits, des querelles sont nées de
cette question.
Je dois rappeler que la réglementation elle-même, sans
compter l'économie générale de notre réglementation
au ministère à l'égard des établissements, donne le
mandat aux corporations locales, au conseil d'administration, de prendre des
décisions à cet effet. C'est le conseil d'administration qui
décide de son organisation et du degré de
délégation à la suite de recommandations du Conseil des
médecins et dentistes ou d'autres instances. C'est le conseil
d'administration car il s'agit ici de décisions locales; c'est
localement, effectivement, que se prennent toutes ces décisions. La
position du ministère est de respecter au maximum ces questions.
Les infirmières auxiliaires peuvent se trouver, dans un milieu
particulier, sans emploi; on peut en trouver dix, quinze ou vingt, dans une
ville, qui n'ont pas d'emploi parce qu'un hôpital restructure
progressivement ses soins infirmiers en donnant une priorité absolue aux
infirmières plutôt qu'aux auxiliaires. Il y a, greffée au
problème de délégation, greffée au problème
de décision locale, toute la question du marché du travail.
Là-dessus, il pourra y avoir tous les programmes de recyclage que
l'on voudra, cela n'assure personne d'un poste, en quelque sorte. Je voudrais
seulement confirmer la difficulté que soulève le
député. Nous n'avons pas l'assurance que tout se règle
dans l'harmonie sur ce plan-là mais ce sont effectivement les instances
locales qui agissent davantage. (20 h 45)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Abitibi-Est.
M. Bordeleau: Cela me donne une espèce de grand tour
d'horizon du problème, M. le sous-ministre, mais cela ne règle
pas mon problème pour autant. Je me demande ce qu'on va faire chez nous
avec ce personnel de plus en plus. On va toucher à d'autres domaines.
Peut-être même que ce serait plus important d'amener ce
problème devant la Condition féminine parce qu'il y a des gens
qui travaillent quelque part et on s'apprête à les mettre dehors,
très poliment quand même, à les remplacer, de toute
façon, par des gens qui n'existent même pas.
Dans nos régions, entre autres, on n'a pas en trop
d'infirmières licenciées.
Cela va plus loin que cela. Dans d'autres ministères on continue
de donner des cours d'infirmières auxiliaires alors qu'il n'y a plus
aucun poste qui s'ouvre. On en ferme même et on va les fermer très
rapidement. Il me semble qu'au moins pour celles qui ont déjà des
postes ou même qui sont en attente, parce qu'il y en a qui n'ont pas
nécessairement de poste mais qui travaillent à temps partiel et
souvent cela fait l'affaire d'un certain nombre de femmes de travailler
à temps partiel pour en remplacer d'autres en congé...
Je n'ai pas de solution non plus mais il me semble qu'on devrait au
moins permettre à ces personnes qu'on a utilisées depuis des
années... Il y en a qui ont 20 ou 25 ans de services dans les
hôpitaux et on leur dit un bon jour: Tu ne fais plus l'affaire à
cause des actes délégués. J'avoue que cela s'explique
mal.
Du côté du recyclage, est-ce qu'il n'y a pas moyen, sur
quelques années, par exemple, de prendre les gens qui sont disponibles
pour travailler ou qui ont des postes et les recycler au niveau du
cégep? Il me semble qu'il y a là des choses possibles.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Avant que le
sous-ministre ne réponde, je voudrais ajouter ceci, dans la même
veine. Je pense que le sous-ministre se rappellera que cela fait plusieurs fois
que je soulève ce problème-là ici. Je l'ai soulevé
au moment de l'étude du projet de règlement de la loi 27, entre
autres aux crédits de l'an dernier. Si ma mémoire est bonne, l'an
dernier le ministre nous avait dit qu'il y avait, à l'intérieur
du ministère des Affaires sociales, un comité qui se penchait sur
ce problème du déplacement massif des infirmières
auxiliaires à l'intérieur des hôpitaux.
Votre toile de fond est exacte, j'en suis très consciente, la
question de la délégation des actes. Il reste qu'il y a eu des
coupures de personnel. Vous avez parlé de restructuration
d'établissements et ceux qui écopent à ce
moment-là, dans le fond, ce sont les plus faibles, peut-être pas
les moins utiles, par exemple.
Quand vous nous avez fait votre pyramide qui part des médecins et
qui descend jusqu'aux auxiliaires familiales, ceux qui, finalement,
écopent en bout de ligne, c'est toujours ceux qui sont en bas de la
pyramide.
Il y a 18 000 infirmières auxiliaires. Je me dis qu'on ne peut
pas demander à 18 000 personnes - il ne s'agit peut-être pas des
18 000 en l'occurrence, je vous le concéderai - ou à un
très grand nombre d'entre elles d'être ballottées dans
d'autres postes parce que des priorités sont établies de telle
sorte que ce sont toujours les infirmières auxiliaires qui
écopent. Je pense qu'il y a une question de justice qui dépasse
toutes les questions techniques de délégation d'actes.
Je voudrais savoir où en est rendu ce comité qui se
penchait sur ce problème et qui devait nous faire rapport de ses
recommandations.
M. Deschênes: Je ne peux pas le savoir et je ne peux pas
vous dire actuellement où en est rendu ce comité. On se
souviendra qu'il y avait eu un gel de la question des actes pour un an dans le
cadre des négociations. Je peux faire le point et éventuellement
envoyer une correspondance à la présidente de la commission sur
le fonctionnement et où en est ce comité.
Quant au cas plus spécifique, on me signale que c'est
peut-être un problème particulier au centre hospitalier de
Val-d'Or...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez la même
chose à Rimouski, à Saint-Hyacinthe, à Saint-Luc, dans un
grand nombre d'établissements.
M. Bordeleau: Vous allez avoir la même chose dans quelques
mois aux centres hospitaliers de Rouyn-Noranda, d'Amos, de Ville-Marie, de La
Sarre. Il y a certains cas qui sont pilotes.
M. Deschênes: II y a sans doute des cas où cela est
plus avancé. Je voudrais juste faire un rappel à la
responsabilisation que l'on donne au conseil d'administration sur cette
question. C'est sûr qu'un ministère pourrait bien arriver et dire:
II va y avoir un mode d'organisation du nursing, un tiers d'infirmières
auxiliaires et deux tiers d'infirmières. Je suis sûr que si on
agissait de cette façon-là on dirait: De quoi le ministère
vient-il se mêler? L'association des établissements X, Y, Z
viendrait dire: Vous brisez notre autonomie locale.
Comme disent les Anglais: "You cannot eat your cake and have it." Il y a
des conséquences malignes à certaines choses qui ont des
avantages. Je crois me souvenir d'un cas, celui d'un nouvel hôpital,
l'hôpital Pierre-Boucher, qui avait un plan. C'est neuf, c'est parfait.
Il ne voulait embaucher que des infirmières. Nous sommes entrés
en contact avec cet établissement pour essayer de convaincre les
dirigeants que ce n'est peut-être pas la meilleure solution, qu'il y a
une espèce d'équilibre à tenir sur l'ensemble du milieu
professionnel. Ils ont accepté de structurer leur organisation de soins
infirmiers avec un pourcentage - je le donne de mémoire - d'environ 20%
d'infirmières auxiliaires. Mais la décision, fondamentalement,
appartient au conseil d'administration de chaque établissement. On ne
peut gérer à distance 800 établissements
ou 222 hôpitaux dans des détails comme ceux de
l'organisation du personnel de telle catégorie. Il y a des clauses qui
interviennent. Il y a des mécanismes de sécurité d'emploi.
Ce sont les forces en présence.
M. Paradis: Une simple précision dans le même sens.
Quels sont les membres du fameux comité?
M. Deschênes: Quel comité? Le comité
auquel...
M. Paradis: Le comité qui est penché...
M. Deschênes: II faudrait que je fasse le point sur ce
comité.
M. Paradis: Est-ce qu'il existe?
M. Deschênes: Je vous avoue que j'ai oublié
exactement quel était ce comité. Je voudrais simplement vous
rappeler qu'il y en a environ 200 au ministère. Je ne suis pas
très au fait de celui-là.
M. Paradis: D'accord.
M. Deschênes: Mais, comme je l'ai dit, la seule
façon, c'est de transmettre l'information par correspondance en faisant
le point avec des gens des relations du travail qui, malheureusement, ne sont
pas présents ici ce soir.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député d'Abiti-Est.
M. Bordeleau: Je voulais simplement vous dire, M. le
sous-ministre, que je suis d'accord avec l'autonomie locale, mais quand on sait
qu'une décision d'abolir huit postes dans un hôpital passe au
conseil d'administration en l'espace de cinq minutes, simplement sur
présentation d'un document de la directrice des soins infirmiers de
l'institution, je ne suis pas certain qu'ils ont évalué toutes
les conséquences d'un tel geste.
Je voulais simplement avoir une confirmation. Vous dites que c'est
vraiment l'autonomie locale. Les décisions sont prises par le conseil
d'administration de l'hôpital en question. N'y a-t-il pas quand
même, s'il y a un déplacement ou une abolition de poste, une
permission à obtenir du ministère?
M. Deschênes: Lorsqu'il y a des mises à pied...
M. Bordeleau: Des mises à pied.
M. Deschênes: ...il y a une autorisation du
ministère, parce qu'entre en jeu à ce moment-là le
mécanisme de sécurité d'emploi et de placement, le Service
de placement des Affaires sociales. C'est dans ce contexte, lorsqu'il y a une
mise à pied.
M. Bordeleau: Une dernière question, Mme la
Présidente. Je reviens toujours à mon recyclage, parce que je
n'ai pas eu les réponses auxquelles je m'attendais. Est-ce qu'on
pourrait au moins avoir - je ne sais pas - l'appui du ministère, du
service des relations du travail pour fouiller cela au maximum, pour voir s'il
n'y a pas moyen de recycler les personnes qui voudraient bien l'être et
qui sont prêtes à retourner aux études pour devenir des
infirmières licenciées?
M. Deschênes: II y a, dans cette notion de recyclage issue
des conventions collectives ou décrets, quelques millions, je dirais, de
mémoire, 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ qui servent aux fins de recyclage et
qui sont utilisés pour ces fins. Est-ce suffisant? C'est à
débattre. De quelle façon est-ce utilisé? C'est aussi
à débattre. Mais il y a déjà un programme et des
fonds pour fins de recyclage qui sont de l'ordre de plusieurs millions de
dollars.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pour faire suite à
la question du député d'Abitibi-Est. Je pense qu'on a - qu'est-ce
que c'est? - un homme en deux personnes, en la personne de l'ex-ministre de
l'Éducation, qui sait fort bien que les cours d'infirmières
continuent de se donner dans les écoles. On va se retrouver avec un
nombre de plus en plus grand d'infirmières auxiliaires en
disponibilité. Je ne sais pas quel chapeau vous pouvez mettre, M. le
ministre. Peut-être les deux. Comment envisagez-vous cela?
M. Laurin: II y a des études qui sont faites au
ministère de l'Éducation, surtout en rapport avec les nouveaux
programmes de formation professionnelle au niveau des cégeps, qui vont
sûrement aboutir à des contingentements au niveau du nombre
d'élèves admises ou admis aux cours de techniques
infirmières. On peut même penser qu'il y aura des contingentements
au niveau des établissements. Actuellement, ce sont tous les
établissements qui dispensent les cours de techniques infirmières
et il est bien possible que, dans l'élaboration de la carte des
enseignements professionnels à laquelle travaille actuellement le
ministère de l'Éducation, on aboutisse à de pareils
contingentements. Je pense que les décisions vont se prendre au cours de
l'année 1984. C'est sûr qu'on ne peut pas laisser perdurer une
situation où on condamne quasiment ceux qui sont admis aux études
à un chômage chronique qui peut se prolonger durant quelques
années. Il y a un gros travail qui est fait à ce moment-ci sur
l'information
qu'on dispense aux clientèles potentielles des cégeps et
également sur les contingentements ou les nombres optima à
être admis dans tel ou tel programme.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Si jamais on relocalise
le comité dans le ministère, est-ce que le ministre peut
s'engager, ou du moins accepter d'examiner cette question dans le contexte
où le député d'Abitibi-Est l'a posée et qui a
été posée à plusieurs reprises?
M. Laurin: J'ai pris effectivement bonne note de la question
posée par les deux députés qui ont évoqué le
problème. Je considère que c'est un problème
sérieux, pertinent et qu'il va falloir qu'on examine cela de plus
près à l'intérieur, évidemment, de cet
enchevêtrement de pouvoirs auxquels tiennent jalousement les corporations
professionnelles, mais en fonction quand même de l'intérêt
public et aussi à la lumière de ce que prévoit la
convention collective ou les décrets qui en tiennent lieu.
M. Deschênes: Je voudrais à cet effet donner des
précisions. J'ai ici les données. Pour 1984-1985, issue des
conventions collectives, il y a une somme de 5 500 000 $ pour fins de
perfectionnement et de recyclage. Les décrets prévoient que, sur
une période de trois ans, il y a une somme de 16 500 000 $.
Évidemment, ce sont des fonds disponibles qui servent aux fins de
perfectionnement et de recyclage sous plusieurs formes. Ce n'est pas,
évidemment, une garantie, lorsqu'il y a recyclage, d'emplois. Il y a les
règles du marché. Prenons la plus belle hypothèse, une
infirmière auxiliaire devenue infirmière. Lorsqu'elle devient
infirmière, elle est soumise, évidemment, aux lois du
marché comme les autres personnes dans cette société.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Un autre point que je
voudrais faire valoir, à moins que cela n'ait été
modifié. Les exigences d'admission pour le recyclage en sciences
infirmières à l'endroit des auxiliaires infirmières,
à moins que cela n'ait été modifié au cours de
l'année dernière, étaient très
élevées dans le sens qu'on leur accordait - je le dis sous toute
réserve - un crédit de six mois et qu'il fallait qu'elles fassent
deux ans et demi. Je trouve cela tout à fait... Quelqu'un qui a
travaillé durant 25 ans à titre d'auxiliaire infirmière -
même 10 ans -et qu'on l'oblige à refaire pratiquement tout un
cours d'infirmière, je trouve que vous découragez les gens de se
recycler. Cela aussi il faut que ce soit examiné.
M. Laurin: C'est vrai ce que vous dites. C'est un
élément de dissuasion qui équivaut à de
l'obstruction. C'est bien évident.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense que cela a
peut-être été modifié. Je ne sais pas si quelqu'un
de vos services peut le dire, mais...
M. Laurin: Nous allons vérifier, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Deschênes: Ce sont des comités
patronaux-syndicaux qui agissent, mais nous allons certainement vérifier
des questions comme celles de critères qui pourraient, à la
limite, être de la discrimination négative.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): M. le
député de Brome-Missisquoi.
Direction et gestion
M. Paradis: M. le ministre, à l'élément 1 du
programme, Direction supérieure, le budget 1983-1984 était de 3
733 300 $. Celui de 1984-1985 est de 4 588 000 $, soit une augmentation de 23%.
Dans une période de compressions budgétaires, dans une
période où vous demandez aux établissements de
réduire leur niveau d'encadrement, etc., comment expliquer une telle
augmentation à la Direction supérieure?
M. Deschênes: M. Jean Taillon, qui est sous-ministre
adjoint à l'administration et aux systèmes d'information, s'est
joint à moi.
II pourra vous donner des éléments d'explication.
M. Taillon (Jean): Cela s'explique essentiellement par le fait
que le ministère s'est vu transférer une facture de 892 000 $
pour les frais de transport par avion. C'étaient des frais payés
auparavant par le ministère des Transports. C'était
centralisé; cela a été décentralisé. Chez
nous, cela signifie une facture de 892 000 $. C'est essentiellement comme cela
que cela s'est fait.
M. Paradis: Au niveau de...
M. Taillon: Et c'est pour le transport d'urgence des malades,
essentiellement. (21 heures)
M. Paradis: L'avion du gouvernement qui sert au transport des
patients en région qui ont besoin de...
Conseil des affaires sociales et de la famille
Au niveau de l'élément 8, Conseil des affaires sociales et
de la famille, il y a une augmentation de 26,3% en pleine période de
compression. Qu'est-ce qui explique cela? Quel est le motif?
M. Taillon: Ce sont deux postes ajoutés.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Puisqu'il y a
création de deux postes, est-ce qu'on a confié de nouveaux
mandats au Conseil des affaires sociales et de la famille?
M. Deschênes: Il y a constamment de nouveaux mandats au
Conseil des affaires sociales et de la famille. Madeleine Blanchet, la
présidente, qui est ici, pourra venir à la table pour fournir
plus d'explications. Les mandats du Conseil des affaires sociales et de la
famille évoluent avec la conjoncture. Ce sont des postes pour permettre
au conseil de mieux remplir sa mission. À l'intérieur de
l'enveloppe générale du ministère, nous avons
décidé d'allouer deux postes additionnels au conseil pour lui
permettre de faire face aux mandats qui lui sont confiés et sur lesquels
il travaille.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pense que
malheureusement on n'aura pas beaucoup de temps pour poser des questions
à Mme Blanchet mais je voudrais quand même profiter de l'occasion
pour féliciter le conseil des quatre études qu'il a faites sur
l'état des services de santé. Je les ai trouvées
extrêmement intéressantes; ce n'est pas souvent qu'on fait des
compliments, alors il me fait plaisir de le faire. Je ne sais pas si mes
collègues en ont pris connaissance mais...
Est-ce qu'il y a des questions adressées à Mme Blanchet de
la part de quelqu'un?
M. Laurin: En réponse à la question qui a
été posée, est-ce que de nouveaux mandats ont
été...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, d'accord.
M. Laurin: ...confiés au Conseil des affaires sociales? Je
pense que Mme Blanchet...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, d'accord.
M. Laurin: ...pourrait expliquer la nature de ces nouveaux
mandats.
Mme Blanchet (Madeleine): Mme la Présidente, M. le
député de Brome-Missisquoi, à la suite de ces quatre
volumes sur le bilan d'état de santé, le ministre des Affaires
sociales, à l'époque M. Johnson et maintenant M. Laurin, nous a
confié un mandat très large qui comprend, d'une part,
d'étudier les conséquences économiques de la maladie au
Québec.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Excusez-moi...
Mme Blanchet: D'étudier les conséquences
économiques de la maladie au Québec.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah! D'accord.
Mme Blanchet: Nous avons dû recruter un
économètre. À la suite de l'étude des coûts
directs, on s'est dit qu'il serait intéressant de voir quelles sont les
pertes de productivité pour notre société
engendrées par la maladie. Nous avons mis en marche une étude de
ce genre-là. Également, considérant l'intérêt
que présentait le bilan d'état de santé, on nous a
demandé de préciser quelles pourraient être les
orientations en santé au cours des dix prochaines années. Je
pense que c'est peut-être un programme un peu ambitieux. On a dû
renforcer l'équipe de recherche du conseil.
Je dois signaler cependant que le conseil n'a pas, comme les autres
conseils du gouvernement, de budget de recherche. Nous devons, si nous voulons
en faire, augmenter nos effectifs. Nous n'avons aucun budget
spécifiquement alloué à la recherche. Nous avons un budget
extrêmement modeste qui est même inférieur à 750 000
$ et qui est fait pour 87% de salaires d'employés de la fonction
publique qui, de toute façon, seraient payés s'ils étaient
ailleurs. Notre rôle est de les utiliser à bon escient dans le
cadre des mandats que nous donne le ministre des Affaires sociales.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci beaucoup,
madame.
M. le député de Brome-Missisquoi.
Relations du travail
M. Paradis: Pas à Mme Blanchet malheureusement, mais
j'aurais deux autres questions au ministre. La première à
l'élément 6, Relations du travail. L'an dernier, lors de
l'étude des crédits, votre prédécesseur disait, et
je le cite: "Dans l'année qui vient, ce problème de relations du
travail fera l'objet d'une forme de décision gouvernementale ou à
l'égard du contenu ou à l'égard de quelque chose dans le
genre de ce qui est suggéré par Urgence-médiation en
termes d'études ou autrement."
À l'approche des nouvelles négociations collectives qui
auront lieu l'an prochain, où en sont les réflexions du
ministère sur la question des relations du travail?
M. Laurin: Effectivement, un comité
interministériel a été formé qui regroupe le
ministère de la Fonction publique, le ministère de
l'Éducation, le ministère des Affaires sociales, le Conseil du
trésor, les représentants du bureau du premier ministre. Ce
comité a tenu quelques réunions depuis Noël et il continue
à se réunir.
Certaines approches ont été faites auprès de
plusieurs centrales syndicales, afin de les saisir des principes, des postulats
qui présidaient à notre réflexion. Tout
généraux qu'ils soient, ces postulats et principes pouvaient
engendrer des discussions qui, à leur tour, pouvaient déboucher
sur des propositions concrètes, soit de modifications au régime
de négociation, soit aux lois en vigueur. Nous avons attendu la
réponse des centrales syndicales à cet égard. Un certain
nombre nous ont fait connaître leur opinion. Par exemple, on peut dire
que, jusqu'ici, les grandes centrales se sont montrées assez
réticentes à l'endroit de ces propositions. Par contre, un bon
nombre de syndicats indépendants, par hasard ou autrement, qui font
partie du réseau des affaires sociales nous ont manifesté, au
contraire, leur intérêt. Plusieurs de ces syndicats ont
manifesté leur intention de participer à des réflexions
conjointes avec ce comité et avec des sous-comités, par exemple,
celui des affaires sociales, pour poursuivre davantage la réflexion
à cet égard. C'est un signe très positif que, pour ma
part, j'ai salué avec beaucoup d'intérêt. J'ai bien
l'intention de relancer ces organismes pour la suite du monde, afin
qu'effectivement ces discussions puissent avoir lieu.
Pour le moment, nous en sommes encore à essayer au comité
interministériel de préparer à la suite des
réponses des grandes centrales syndicales une autre série de
propositions que nous pourrions soumettre dans les prochaines semaines à
l'ensemble des centrales syndicales.
J'ai bon espoir, en tout cas d'après les réactions
privées que nous avons vues, qu'il serait possible à courte
échéance de renouer sinon les négociations du moins les
discussions quant au prochain régime de négociation qui pourrait
prévaloir lors de la prochaine ronde. Nous en sommes là
actuellement.
M. Paradis: Brièvement, lorsque vous parlez des postulats
et des principes qui sous-tendent votre action, pourriez-vous nous les
énumérer brièvement?
M. Laurin: Je ne me rappelle pas toutes les propositions, tous
les principes que nous avons soumis aux centrales syndicales, mais je peux
faire état de quelques-uns. Par exemple, nous avons émis le
souhait que certaines discussions sur les paramètres qu'on
considère toujours comme très importants échappent
à la discussion partisane ou conflictuelle. Par exemple, pour les
paramètres de rémunération, nous avons émis
l'idée qu'il serait peut-être souhaitable que, d'abord, cette
partie de prénégociation ou de prédiscussion commence plus
tôt et, deuxièmement, soit établie par une sorte de
comité impartial auquel pourraient participer des représentants
des centrales syndicales. Nous avons aussi émis le principe qu'il serait
intéressant d'établir un mécanisme qui s'approcherait du
mécanisme de négociation permanente.
Nous avons aussi émis le principe qu'après cette phase de
centralisation des négociations que nous avons connue depuis 20 ans au
Québec, et qui pouvait peut-être s'avérer nécessaire
en raison de la trop grande disparité des régimes qui existaient
depuis 20 ans, nous arrivions probablement près du moment où, une
certaine uniformité étant établie sur les
paramètres essentiels, il devenait peut-être possible et
souhaitable maintenant d'envisager un régime de négociation qui
soit davantage décentralisé. Voilà trois principes que
nous avons soumis aux centrales syndicales.
Dans leur réponse, les centrales syndicales nous ont fait valoir
que, tout en témoignant d'un vif intérêt pour ces
principes, elles voulaient cependant, en contrepartie, si jamais les
discussions commençaient, introduire également de nouveaux
éléments de discussion dont, par exemple, la réouverture
des décrets pour les deux années ou l'année et demie qui
reste à écouler. Ce qui a amené, bien sûr, une
réponse du gouvernement quant aux difficultés que pourrait poser
la réouverture des décrets, sans que, cependant, le gouvernement
bloque complètement la porte à pareille proposition. Les
discussions ont continué, aussi bien officieuses qu'officielles, et
c'est ce qui me faisait dire tout à l'heure que les perspectives me
paraissent quand même assez positives, d'une part, parce qu'un certain
nombre d'organismes syndicaux sont prêts, d'ores et déjà,
à engager le dialogue avec nous, particulièrement dans le
réseau des affaires sociales, et, d'autre part, parce que les grandes
centrales syndicales, de par les contacts officieux que nous avons eus avec
elles, se montrent davantage disposées à discuter dans le cadre
des perspectives que nous leur avons ouvertes.
Encore une fois, ce comité interministériel de
négociations continue de se réunir. Je peux même vous dire
que j'assisterai à une réunion demain matin, à 8 heures,
et, comme le disent les francophones, "it is a going concern", nous continuons
à avancer systématiquement dans cette direction. J'espère
bien, pour ma part, qu'on pourra bientôt jeter les bases d'un nouveau
régime de négociation avec les organismes syndicaux du
Québec, aussi bien ceux de la fonction publique que du réseau
de
l'éducation, que du réseau des affaires sociales.
Communications
M. Paradis: Merci. Maintenant, une dernière question.
À la page 5-11 des crédits, dans la ventilation des
crédits, à la super-catégorie Fonctionnement - Autres
dépenses, catégorie 3, Communications, on retrouve, pour
1983-1984, 2 600 000 $; pour 1984-1985, 3 200 000 $, soit une augmentation de
500 000 $ dans les communications. Qu'est-ce que vous prévoyez?
M. Deschênes: Pouvez-vous me dire à quelle page,
s'il vous plaît?
M. Paradis: Page 5-11.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Page 5-11, la partie du
bas, dans la ventilation des crédits, dans le livre des
crédits.
M. Laurin: Je demanderai à M. Deschênes ou à
M. Taillon de répondre, mais je peux vous donner une réponse
encapsulante: c'est sûrement pour le bon motif.
Des voix: Ah! Ah Ah!
M. Paradis: Et, maintenant, il y a quelqu'un qui va nous donner
les motifs.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Des mauvais, ils n'en
parleront pas.
M. Taillon: J'ai de la difficulté à retracer les
chiffres que vous indiquez.
M. Paradis: Je peux peut-être vous les indiquer.
M. Laurin: Dans mon ancien métier, la recherche des motifs
s'est toujours avérée très ardue et très
longue.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II ne faudrait pas que
vous transfériez cela dans l'administration de votre ministère.
(21 h 15)
M. Taillon: La seule chose importante, ce sont les avions.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pardon?
M. Taillon: C'est le transport aérien dont je vous parlais
tantôt. Par ailleurs, les dépenses de communications au
ministère sont à la baisse et non à la hausse. Le budget
en communications au ministère des
Affaires sociales baisse. Quand on parle de catégories de
dépenses, c'est la sorte de dépenses. Donc, les dépenses
de transport par avion, ce sont des dépenses de communications.
M. Deschênes: Regardez les autres, Fournitures, Loyers,
etc. La décentralisation du coût du service aérien a
été intégrée à un élément
préexistant qui s'appelle Communications. Tous les autres sont
forcément exclusifs, il n'y a pas de service aérien.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Où était-il
l'an dernier?
M. Deschênes: Au ministère des Transports.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ah!
M. Paradis: J'ai du mal à accepter cette réponse
parce que, si je les ventile élément par élément,
les communications, au niveau de la direction supérieure, c'est 997 000
$; au niveau de l'évaluation des programmes, 15 000 $; au niveau de
l'administration et des systèmes d'information, 1 345 000 $...
M. Deschênes: Excusez, on vous a perdu. Sur quelle ligne
étiez-vous quand vous citiez les chiffres?
M. Paradis: Je suis à la page 5-10 au niveau de
l'élément Communications; sur la même ligne, à
partir de chacun des éléments de programme on a une ventilation
et il n'y a pas de service aérien là-dedans.
M. Deschênes: Je ne comprends pas le transfert que vous
faites entre ce qui est à la page 10 et ce qui est à la page 11.
Bien sûr, vous n'avez pas le service aérien, il n'est
étiqueté nulle part.
M. Taillon: Les éléments, ce sont des groupes
administratifs, essentiellement.
M. Paradis: Oui, c'est cela. Direction supérieure en
communications - c'est l'élément 1 - c'est 997 000 $.
Évaluation des programmes au niveau des communications, c'est 15 000 $.
L'élément 3, Administration et systèmes d'information, 1
345 000 $. L'élément 4, Programmes de santé, 350 000 $. Si
vous les additionnez tous vous arrivez au total et il n'y a pas de service
aérien.
M. Deschênes: Dans la colonne 3, Administration et
systèmes d'information, il y a là-dedans 1 345 000 $ de
communications.
M. Paradis: C'est cela.
M. Deschênes: Ce que l'on dit, c'est que la facture
décentralisée du ministère des Transports pour le service
aérien est intégrée à l'appellation
Communications.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que cela
apparaît dans votre livre détaillé de crédits que
vous nous avez donné?
M. Boucher: Transport aérien, 892 000 $, reprographie 420
000 $, cela fait 1 312 000 $.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): À la page 93.
M. Paradis: Tantôt, le transport aérien vous l'avez
donné à l'augmentation du budget de la direction
supérieure. Il ne peut pas servir à deux places.
M. Deschênes: On est en train de s'assurer où ceux
qui ont écrit les crédits ont mis la facture
décentralisée des communications. On hésite entre les
éléments 1 et 3. Donnez-nous une minute.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): D'accord. Est-ce qu'on
peut poser une autre question au ministre pendant ce temps-là?
M. Deschênes: Cela dépend s'il faut que
j'écoute aussi. Posez la question pendant que j'essaie de
débrouiller le service aérien.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je pensais que vos
adjoints débrouilleraient cela.
Je pense que c'était la dernière question de mon
collègue de Brome-Missisquoi. Il ne semble pas y en avoir du
côté ministériel. Si on me permet une licence, j'ai dit
qu'on essaierait d'introduire dans le programme 9, Direction et gestion, des
questions qui avaient peut-être été laissées de
côté. En fait, je pensais que je pourrais poser ma question au
moment de l'étude des crédits de la Régie de
l'assurance-maladie, mais je réalise que cela ne va pas là.
La question des frais modérateurs dans les maisons de
convalescence, on va l'accrocher à l'élément 4, Programmes
de santé, ou à l'élément 5, Programmes de services
sociaux, si vous voulez.
M. Deschênes: La santé c'est surtout...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez trouvé
votre réponse?
M. Deschênes: Ohl oui, je l'ai trouvée depuis
longtemps. J'attendais que vous ayez fini cette question.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Allez-y et je vais
continuer ensuite.
M. Deschênes: À l'élément 1, Direction
supérieure, il y avait, en 1983-1984, une somme de 119 000 $ et il y a,
en 1984-1985, 997 000 $. C'est donc à l'élément 1 que la
catégorie Communications a été accrue par le transfert au
ministère de la facture du service aérien. Est-ce que cela va?
C'est l'élément 1 et non l'élément 3.
M. Paradis: D'accord.
Frais modérateurs en centres de
convalescence
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Pour revenir au
problème des frais modérateurs, je ne sais pas si on peut les
appeler des frais modérateurs, mais il s'agit de la facturation dans les
centres de convalescence. Lors de la discussion de la loi C-3 - je ne veux pas
revenir sur le fond de la loi C-3 - votre prédécesseur, M. le
ministre, avait, je pense, admis que, dans le cas des patients qui allaient
dans des maisons de convalescence et non pas dans des centres
d'hébergement d'une façon chronique, on ne devrait pas leur
exiger des frais modérateurs parce qu'ils allaient là souvent
pour compléter une période de réhabilitation plutôt
que de la compléter à l'hôpital, ce qui entraînait
des coûts moins élevés. Au moment de l'étude de la
réglementation de la loi 27, il avait été prévu
que, désormais, les maisons de convalescence relèveraient de la
catégorie des hôpitaux de courte durée pour autant que le
séjour y était de moins de 70 jours, si ma mémoire est
bonne. Cette réglementation n'a pas été adoptée, si
bien qu'on continue d'exiger des patients des frais. Les hôpitaux que
cela touche sont les suivants: le Catherine Booth Hospital, le Julius
Richardson, l'Hôpital des convalescents de Montréal,
l'hôpital Villa Médica, l'hôpital Marie-Clarac et
l'Hôpital juif pour convalescents. Étant donné que ces
gens-là sont vraiment à compléter une phase de
réhabilitation qui est reliée à leur condition physique,
je me demandais ce qui arriverait. Est-ce qu'on continue, dans le moment,
d'exiger des frais à ces personnes? Est-ce que le ministre pense
qu'à ce moment-là on ne peut pas associer cela à une forme
de frais modérateurs, si on veut l'appeler ainsi, dans le cas de ces
patients? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'on agisse, même sous forme
de directive, si on doit changer cela assez rapidement? C'est la
première chose.
Je voudrais aussi relever un autre cas qui m'apparaît un cas
où on a facturé indûment à un patient des frais
d'hospitalisation, à l'hôpital Villa Médica. Il s'agit d'un
cas de cancer, un patient qui vient de l'Abitibi, si je ne m'abuse, qui est
hospitalisé à l'Hôtel-Dieu. On l'envoie à
Villa Médica pendant 20 jours et, chaque jour, il vient à
l'Hôtel-Dieu pour des traitements au cobalt. Je pense que c'est le cas de
quelqu'un qui est en traitement actif. En tout cas, je voudrais que vous
m'éclairiez sur les définitions que vous donnez à
traitement actif ou pas, chronique ou pas. Ce patient retourne en Abitibi, chez
lui, pendant deux mois, est hospitalisé une journée et
décède. Par la suite, la famille reçoit un compte de Villa
Médica d'environ 500 $. Il y avait déjà des frais
importants à payer pour les déplacements vers Montréal.
Dans le fond, ce que l'Hôtel-Dieu a sans doute voulu faire, c'est de ne
pas retenir un lit pour une personne qui pouvait aller de Villa Médica
à l'Hôtel-Dieu, qui sont presque voisins, de toute façon.
Je pense qu'on a là un exemple de frais médicaux facturés
qui ne devraient pas l'être.
C'est sur tout ce problème que j'aimerais avoir l'opinion du
ministre.
M. Laurin: Vous me rappelez l'engagement qu'a pris mon
prédécesseur lors de l'étude du projet de
réglementation. Je suis prêt à reprendre à mon
compte l'engagement de mon prédécesseur, parce qu'il me semble
fondé sur l'esprit de nos lois et sur l'équité.
Évidemment, je n'ai pas encore proposé au Conseil des ministres
le projet final de réglementation élaboré par mon
prédécesseur. On me comprendra, il fallait que j'aie le temps de
l'examiner pour mon propre compte. Mais la présentation de ce projet de
règlement ne saurait tarder et j'entends bien m'y mettre dans les jours
qui viennent. En attendant, évidemment, je ne sais pas s'il est possible
de déroger à la pratique actuelle. Je ne saurais vous donner un
avis juridique à cet égard. Mais, en ce qui concerne l'avenir, je
peux vous dire que je reprends à mon compte l'engagement de mon
prédécesseur et que cette modification figurera dans le projet de
réglementation que je présenterai bientôt au Conseil des
ministres.
Quant au cas particulier que vous me soumettez, nous allons
sûrement l'examiner afin de le régler en fonction de
l'équité dont je viens de faire état.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous êtes
prêt à l'examiner...
M. Laurin: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...en fonction de... Je
pense que cette personne aurait pu rester à l'Hôtel-Dieu, recevoir
ses traitements gratuitement... D'ailleurs, elle a eu ses traitements
gratuitement, mais elle aurait dû être hospitalisée
gratuitement. C'est simplement, j'imagine, pour des raisons de bon
fonctionnement qu'on l'a mise dans la maison voisine. Cela m'apparaît un
peu surprenant que cette personne... Je transmettrai le cas à votre
ministère. Je vous remercie. S'il n'y a pas d'autres questions, est-ce
que le programme 9 est adopté?
Une voix: Adopté.
RAMQ Hausse du budget
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Nous pourrions maintenant
entendre la Régie de l'assurance-maladie.
Bonjour, M. le Président, Dr Mockle. J'aurais une première
question à vous poser. On note que la hausse du budget de la
régie est de 11,5% et se trouve concentrée dans le programme de
services médicaux où on observe une variation de 15,5%.
Pourriez-vous nous dire si cette hausse est principalement due aux ententes
récemment signées avec les fédérations
médicales?
M. Mockle (Auguste): Mme la Présidente, lorsque nous
évaluons le coût des programmes, nous procédons à
une étude actuarielle et nous tenons compte, évidemment, de
l'historique, du vécu. Nous tenons compte aussi de certains
paramètres qui peuvent influencer l'évolution du coût des
programmes. Parmi ces paramètres, il y en a qui sont assez importants
comme le nombre de dispensateurs. Chaque année, il arrive un nombre
assez important de nouveaux médecins sur le marché du travail,
pour ne m'en tenir qu'aux services médicaux. Également, le nombre
de services par dispensateur, le nombre de personnes, ce qu'on appelle le taux
de participation, le nombre de services par personne admissible. On a aussi des
modifications à apporter aux tarifs et on sait que dans les services
médicaux on a appliqué des barèmes de 5,6% et 5,3%. C'est
reconduit jusqu'au 31 mai 1985. Et vous avez ce qu'on appelle les fluctuations
de la pratique professionnelle. Tout ceci, réparti au niveau des
omnipraticiens et des spécialistes, fait qu'on a une augmentation qui
s'explique par ce que je viens d'indiquer. À ceci s'ajoutent
également - vous avez parlé des services médicaux dans
leur entité - d'autres programmes qu'on administre et qui sont inclus
dans les services médicaux comme la rémunération des
médecins à salaire-vacation et aussi les services de diagnostics
thérapeutiques auxquels on applique les mêmes paramètres.
(21 h 30)
D'année en année, on fait ce qu'on appelle un historique
à l'égard des écarts observés l'année
précédente. Cela nous permet, à la lumière des
paramètres qu'on
utilise et des données actuarielles, de faire la prévision
que je vous ai indiquée.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En fait, les ententes
auxquelles le gouvernement est parvenu avec les fédérations
impliquent une augmentation variant de 4% à 5%.
M. Mockle: C'est-à-dire 5,6% la première
année et 5,3% la deuxième année.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): 5,3%.
M. Mockle: Jusqu'au 31 mai 1985.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La différence
serait due à la variation dans la demande...
M. Mockle: Les universités produisent 600 nouveaux
médecins par année. Déjà vous avez là 600
nouveaux qui arrivent sur le marché du travail; c'est un facteur
important de variation. Vous avez aussi ce qu'on appelle le taux de
participation. Lorsqu'on regarde les sommes versées aux médecins,
y compris les nouveaux venus sur le marché du travail... Ces
médecins-là se taillent une clientèle à partir de
la clientèle existante mais également de nouveaux clients. Par
conséquent, vous avez donc un taux de participation qui augmente.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Étant donné
les honoraires qui sont versés aux médecins, est-ce que vous
êtes capable à ce moment-ci d'évaluer - je ne parlerai pas
de bénéfices - la diminution des coûts de l'entrée
des nouveaux médecins qui sont restés en région urbaine ou
qui ne sont pas allés dans les zones désignées pour la
pratique de la médecine? Est-ce que vous avez des chiffres
là-dessus?
M. Mockle: Ce qu'on appelle la rémunération
différentielle.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Mockle: ...différence selon évidemment la
terminologie utilisée. Nous sommes à produire des statistiques
dans le cadre de notre année financière qui s'est terminée
le 31 mars. Nous sommes en train de compiler actuellement les statistiques - je
ne les ai pas - pour voir quel est l'impact des médecins
spécialistes qui ont été payés à 120%, les
omnipraticiens à 115% dans ce qu'on appelle les zones
désignées par décret et également les
médecins qui sont restés dans des zones où la
rémunération a été établie à 70% du
tarif régulier. Je n'ai pas ces données-là; on est
actuellement à les compiler.
Médecins en région
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que c'est vous ou
le ministère qui aurait les chiffres quant au nombre de médecins
qui sont allés en régions périphériques cette
année comparativement à ceux qui y allaient les années
antérieures, c'est-à-dire avant l'adoption de la loi 27?
M. Mockle: Oui, le ministère les a. M.
Deschênes.
M. Deschênes: Oui, je vais les sortir.
M. Mockle: Nous fournissons au ministère, de façon
périodique, les données parce qu'il est responsable de la
planification, de la répartition des effectifs médicaux sur le
territoire. On lui remet les données pertinentes.
M. Laurin: On peut dire, Mme la Présidente, que depuis
l'instauration de ces programmes, le taux de présence des omnipraticiens
et des spécialistes dans les régions désignées
atteint ce qu'il était en 1978. Nous avons rattrapé
l'écart croissant qui s'était creusé depuis 1978 entre la
participation, la présence de ces médecins en région par
rapport au taux de participation dans les régions urbaines. C'est
déjà, je pense, un très bon résultat, même
s'il nous a fallu payer 5 000 000 $ pour y arriver. Cela indique que nos
mesures ont été fructueuses mais cela indique aussi qu'il faudra
penser à autre chose parce que cela n'est pas encore assez fructueux. Il
va falloir penser à d'autres modèles ou à d'autres mesures
parce que ce n'est pas encore suffisant pour arriver à ce que j'appelle
l'équité régionale dans toutes les régions du
Québec du nombre nécessaire d'omnipraticiens et de
spécialistes. Je vous donne les statistiques en gros. Je pense que M.
Rivard pourrait vous donner les chiffres plus détaillés à
cet égard.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que, Dr Mockle,
vous pourriez me dire si d'après vous, dans une estimation qui est
à ce moment-ci, je le réalise, grossière, la
rémunération non versée à ceux qui sont
restés en régions urbaines compense largement la
rémunération supplémentaire qui a été
versée à ceux qui sont en régions
éloignées?
M. Mockle: Ce phénomène de compensation, je ne suis
pas capable de vous le quantifier aujourd'hui parce qu'on est en train de
compiler les données pour les fins de notre rapport annuel. Mais il y a
évidemment une compensation parce que si vous payez 30% de moins et
qu'ailleurs vous payez 15% et 20% de plus, par conséquent, vous avez
là un équilibre. Ce qui arrive c'est
que...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Vous avez plus qu'un
équilibre.
M. Mockle: Ce n'est pas totalement équilibré parce
que vous n'avez pas nécessairement ce qu'on appelle une équation
parfaite. D'accord? Par ailleurs je dois ajouter, si vous le permettez, M. le
ministre, qu'à ceci s'ajoute une influence des quatre mesures
incitatives qui sont prévues aux ententes comme les frais de
ressourcement, les frais de sortie, les primes d'éloignement et les
déménagements. Il ne faut pas oublier que, depuis l'instauration
- et cela fait un an et demi - de ces mesures au 31 mars 1983, nous avons eu
1615 demandes, pour 1 790 000 $, pour ces différentes initiatives qui
viennent se greffer à la rémunération différente du
115% et du 120% dont je viens de vous parler.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Alors on aura le portrait
général seulement l'an prochain ou quand...
M. Mockle: Dans notre rapport annuel.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Dans votre rapport
annuel.
M. Mockle: Qui sera déposé à
l'Assemblée nationale au mois de juin.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui.
M. Laurin: On en a déjà une bonne idée.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Oui, d'accord.
M. Rivard (Guy): Si on regarde d'abord, Mme la Présidente,
ce qui s'est passé du côté des omnipraticiens, je pense
qu'on assiste en régions éloignées, à une
arrivée, intéressante de médecins omnipraticiens. On
pense, malgré qu'il ne s'agisse pas d'une norme, qu'un chiffre d'un
omnipraticien pour environ 1400 habitants c'est un chiffre qui correspond
à une réalité adéquate en termes de fourniture de
services médicaux dans quelque région que ce soit. Si on regarde
les chiffres que nous connaissons pour 1982 pour les quatre régions
dites éloignées ou excentriques, 01, 08, 09 et 10, on
s'aperçoit que les ratios médecin-population avoisinent ce
chiffre magique de un pour 1400. Je n'ai pas besoin de les citer, mais ils sont
disponibles.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Et dans le cas des
médecins spécialistes?
M. Rivard: Dans le cas des médecins spécialistes,
il faut vous dire que les mesures que nous avons à notre disposition
pour amener les médecins à s'installer en régions
éloignées, et surtout pour y demeurer, c'est un ensemble de
mesures. Il y a la rémunération différente, il y a aussi
tout le système des boursiers; entre 1978 et 1984, nous avons eu un
total de 150 boursiers pour la province de Québec. C'est un ensemble de
mesures auxquelles on pense. J'aimerais insister sur le fait que, pour que les
médecins restent en régions éloignées, il n'y a pas
seulement ces mesures auxquelles il faut penser. Il faut penser à la
façon dont les citoyens, par exemple, en
Abitibi-Témis-camingue...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je m'excuse, M. Rivard,
de vous interrompre, mais le temps est assez court. Ce sont des discussions
qu'on a eues au moment de la discussion de la loi 27; il y avait le rapport
Landry, si ma mémoire est bonne, dans ce temps-là. Le nombre, au
point de vue des spécialistes, qu'est-ce que c'est le
résultat?
M. Rivard: Nous n'avons pas pour les spécialistes le
même degré de succès. Ce que nous pouvons constater en
1983, c'est un arrêt du recrutement de médecins
spécialistes dans les régions dites universitaires de Sherbrooke,
Québec et Montréal. Parce qu'on ne parle pas d'un nombre de
médecins aussi grand, cela ne se traduit pas par un ajout
considérable de médecins en régions
éloignées.
Départ de médecins
spécialistes
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que vous avez des
chiffres sur le nombre de spécialistes qui ont quitté le
Québec? Par exemple, je me suis fait dire que Cartierville avait perdu
un ou deux excellents orthopédistes, par exemple. Est-ce qu'on peut me
dire l'exode - exode, cela semble impliquer que c'est massif - le nombre de
départs des médecins spécialistes du Québec?
M. Rivard: Nous n'avons pas, à ma connaissance, Mme la
Présidente, de chiffre récent. Lorsque nous avons regardé
ce problème, il y a quelques mois, nous nous sommes aperçus, en
comparant le Québec avec les autres provinces du Canada quant à
l'émigration des médecins québécois exprimée
sous forme de rapport - tel nombre de médecins partant du Québec
par rapport au nombre total de médecins du Québec - que le
chiffre du Québec n'était jamais supérieur au chiffre de
l'Ontario, qui est une province avec laquelle on peut se comparer en termes de
population médicale et du nombre d'habitants; et le chiffre
n'était pas supérieur non plus à la moyenne canadienne.
Nous n'avons pas l'évidence, au ministère,
qu'il y ait, actuellement, une émigration massive de
médecins, pris d'une façon globale.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): En tout cas, ce n'est pas
un phénomène qui, à votre point de vue, nécessite
une étude un peu plus poussée. Parce qu'il reste que, quand
même, quand vous avez d'excellents spécialistes qui partent...
Tout à l'heure, le ministre indiquait que, du côté de
l'orthopédie, il y aurait peut-être une certaine carence.
Peut-être que c'est mauvais aussi dans les autres provinces. Je n'ai
aucune idée. Je sais que les États-Unis attirent beaucoup de
monde compte tenu de la rémunération et ainsi de suite. Est-ce
que c'est un problème qui vous semble si bénin que, à ce
moment-ci, on peut laisser continuer le phénomène sans s'en
inquiéter?
M. Deschênes: Une spécialité comme celle de
l'orthopédie - le ministre y a fait référence tantôt
- est une spécialité sur laquelle on nous a fait, au cours des
derniers mois, des représentations exprimant qu'il y a des signes qu'on
s'en va vers une pénurie importante d'orthopédistes. Alors, les
symptômes de cette nature-là viennent autant de quelques
départs, qui sont ceux de gens connus dans leur milieu et qui font un
certain bruit, habituellement, que de discussions que l'on a sur une base
courante entre les groupes représentatifs des médecins, que ce
soit la Fédération des médecins spécialistes ou la
Corporation des médecins. Nous intégrons, en quelque sorte, ces
signaux qui nous donnent comme une vue impressionniste au départ mais,
à un moment donné, il faut faire des comparaisons et des
analyses: c'était combien autrefois, est-ce que le rythme s'accentue ou
non, comment cela se compare, quelles sont les causes? Nous ne sommes pas
insensibles à ces signaux. Et, dans le cas de l'orthopédie,
effectivement, nous avons eu des manifestations de ce type. C'est une
spécialité qu'on examine avec plus d'attention, au même
sens qu'on le sait déjà plus amplement dans le cas de la
psychiatrie et de l'anesthésie puisque, déjà, c'est une
pénurie qu'on avait constatée au préalable.
Régime de soins dentaires
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Maintenant, j'aimerais
parler au président de la régie de deux cas particuliers, le cas
de la pharmacie - je pourrais peut-être laisser cela à notre
collègue de Richelieu - et le cas des soins dentaires.
Il y a eu des modifications au régime dans les deux cas. Quelles
sont les économies qui ont pu être réalisées? Enfin,
dans quelle mesure ceci a-t-il causé une régression des
dépenses de l'assurance-maladie dans ces deux domaines-là? Ma
deuxième question, j'aimerais la poser au ministre. À la suite de
la déclaration du premier ministre il y a à peine quelques jours,
je pense - en tout cas, je l'ai vue dans les journaux - qu'on n'avait pas
abandonné l'idée de fournir les soins dentaires gratuits
jusqu'à 18 ans, est-ce que déjà, après avoir
coupé dans les services dentaires, parce qu'on trouvait que cela
coûtait trop cher, on s'apprête à viser encore l'objectif de
couvrir les enfants jusqu'à 18 ans?
M. Deschênes: La déclaration du premier ministre,
pour l'avoir vue aussi dans le journal, est que le programme de soins dentaires
pour les enfants n'est pas abandonné. Quand la conjoncture
économique nous le permettra, nous entendons poursuivre le
développement du programme vers les 18 ans. Je pense que c'est ce que
j'ai lu et ce que j'ai compris de la déclaration. Alors, disons que le
programme est dans cet esprit. Nous n'avons pas, dans les crédits
1984-1985, une extension nouvelle à cet effet. Mais c'est relié
à l'ensemble des équilibres et de la conjoncture
économique, dans le discours dont j'ai aussi pris connaissance dans les
médias. (21 h 45)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): C'est ce que n'importe
quel homme ou femme politique pourrait dire. C'est cela que ça veut
dire.
M. Deschênes: Mais je pense que M. Lévesque est
effectivement un homme politique, Mme la Présidente. Il prend en
considération l'ensemble des évolutions possibles...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Ce que je voulais dire,
c'est que ce n'est pas une...
M. Deschênes: Si ce programme-là a l'air
intéressant, on va le poursuivre tant qu'on peut.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): ...intention ferme du
gouvernement dans un avenir immédiat. C'est une bonne intention au fur
et à mesure que la conjoncture économique le permet,
c'est-à-dire qu'on peut donner autant qu'on possède.
M. Laurin: C'est là mon interprétation.
M. Deschênes: Pour répondre à la question que
vous souleviez tantôt...
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La première?
M. Deschênes: ...dans le cas des soins dentaires, la
rationalisation que nous avions
en quelque sorte préconisée a entraîné - je
pense que M. Mockle cherche peut-être des précisions - une
économie de l'ordre de 30 000 000 $. Il y aura peut-être plus de
précisions parce qu'on semble avoir trouvé.
M. Mockle: Si je regarde l'évolution du coût des
programmes au dernier rapport trimestriel au 31 décembre 1983, par
rapport aux prévisions établies dans le budget 1983-1984, mes
données sont les suivantes au 31 décembre 1983: dans le cas des
services dentaires pour les enfants, j'avais déjà 16 400 000 $ en
moins de ce que je prévoyais payer. Il ne faut pas oublier qu'il y a
quand même un phénomène de déplacement.
Dans le cas des BAS, des bénéficiaires d'aide sociale, par
exemple, on aurait dû également avoir une économie par
rapport aux prévisions. Mais, compte tenu de l'augmentation de la
clientèle au niveau de l'aide sociale, le moins s'est transformé
en plus, si bien que ce qu'on pensait payer en moins s'est traduit par un plus
de 6 600 000 $, uniquement pour les soins dentaires au niveau des
bénéficiaires d'aide sociale.
Côté des médicaments, j'observe un
phénomène à peu près semblable.
Côté des personnes âgées, avec
évidemment les modifications apportées à la liste des
médicaments, j'ai payé tout près de 11 000 000 $ en moins
de ce que je prévoyais payer au 31 décembre 1983.
Par ailleurs, dans le cas des bénéficiaires d'aide
sociale, on a le même phénomène qu'au niveau des services
dentaires par le fait que la population a augmenté au niveau des
bénéficiaires d'aide sociale. Forcément le moins que je
prévoyais payer s'est traduit par un plus.
J'arrive, dans le cas des médicaments, avec un plus de 1 100 000
$ par rapport aux prévisions.
Par conséquent, il y a un phénomène qui vient
contrecarrer l'effet des mesures prises pour diminuer les coûts. Ce
phénomène, c'est l'action économique qui a amené un
nombre accru de bénéficiaires d'aide sociale.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Du côté des
soins dentaires, il y a eu une modification au programme, dans le sens
où l'accent était davantage mis sur la prévention dans les
milieux scolaires par l'intermédiaire d'hygiénistes dentaires. Il
y avait un plan de développement qui prévoyait - le sous-ministre
pourra me corriger - après deux ans, 150 ou 200 hygiénistes
dentaires. Il se peut que mes chiffres soient erronés. Est-ce que
l'objectif qui avait été fixé était atteint? Est-ce
qu'il est trop tôt pour avoir une évaluation de ce programme?
M. Deschênes: Nous avons, Mme la Présidente,
effectivement eu des crédits et des subventions en 1981-1982 et
1982-1983 pour des hygiénistes dentaires dans les CLSC et les DSC -
là où il n'y en avait pas - de l'ordre de 4 500 000 $. Nous avons
actuellement, au 31 décembre 1983, 200 hygiénistes dentaires
à temps complet et 30 à temps partiel dans le réseau.
Effectivement, nous avons complété le programme qui était
prévu à ce moment-là. La clientèle, on s'en
souviendra, sont les enfants de 0 à douze ans - tout le secteur primaire
au complet - c'est-à-dire un peu plus de 1 000 000 d'enfants: donc,
effectivement, 200 hygiénistes à temps complet dans le
réseau.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II est encore trop
tôt pour évaluer...
M. Deschênes: Non, nous avons - je pense que c'est
très important - une étude épidémiologique
très vaste et complexe sur l'état de santé dentaire des
enfants et nous avons, je crois, terminé la cueillette, en quelque sorte
l'examen des bouches des enfants. Je pense qu'il y avait un
échantillonnage de 26 000 enfants sur l'ensemble du territoire. Cette
évaluation a été faite avec la collaboration des
départements de santé communautaire. On analyse actuellement les
données qui ont été enregistrées et nous pourrons
tirer des conclusions plus scientifiques et professionnelles au cours des
prochains mois.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que vous aurez pu
tenir compte, à ce moment-là, de la nouvelle variable qui est
celle des modifications au programme des services dentaires? Il y a
déjà eu des études; l'an dernier on y a fait
référence, il y a avait eu un long article dans Carrefour,
où l'on indiquait l'état de la santé dentaire. Quand j'ai
vu le premier ministre y faire référence, je me suis
demandé ce que cela apporterait de nouveau par rapport aux
études.
M. Deschênes: Lorsque l'on fait des études qui se
répartissent sur plusieurs années, c'est toujours complexe et
difficile de tirer une conclusion absolument valide, puisqu'il intervient en
cours de route plusieurs variables. C'est le genre de questions que les
professionnels qui se penchent sur cette enquête ont dû
prévoir au moment où ils ont développé la
méthodologie de travail. Quel sera le degré de validité
des conclusions? Sans doute, cela tiendra compte de plusieurs facteurs.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci.
"Désassurance" de certains services
M. Paradis: La question très précise, M. le
ministre, du remboursement des traitements pour varices. Je ne sais pas si vous
avez été inondé de courrier, comme nous l'avons
été, de la part de tous les intervenants et même de femmes
qui, individuellement, sont prises avec le problème depuis que le
ministère ne rembourse plus les traitements en clinique privée.
Quelles sont vos intentions dans ce dossier?
M. Laurin: M. Deschênes.
M. Deschênes: C'est un projet de "désassurance", il
n'y a pas de décision prise par le gouvernement là-dessus. Il y a
eu une prépublication qui vise à obtenir des points de vue de
différents groupes et personnes qui interviennent dans ce domaine.
Nous avons effectivement reçu des avis, dont certains sont
contradictoires. Nous sommes à compléter, je dirais, notre avis
à l'intérieur du ministère pour suggérer au
gouvernement de maintenir la "désassurance", enfin de donner suite au
projet ou non. Nous sommes à compléter cette décision. Ce
qui a été publié c'est une prépublication pour
obtention d'avis.
M. Paradis: Si vous en êtes à
compléter...
M. Deschênes: C'est le 26 octobre.
M. Paradis: ...votre avis, quelles en sont les
prémisses?
M. Deschênes: Les prémisses sont celles qui
étaient sous-jacentes lorsque le projet a été
publié. C'était une prépublication. L'idée est de
"désassurer" en quelque sorte ce qui est considéré comme
de la médecine esthétique.
La définition de ce qu'est la médecine esthétique
est une chose qui porte à beaucoup de discussions parmi les
professionnels. Grosso modo, je peux dire, par exemple, que la pensée
des médecins spécialistes n'est pas la même
là-dessus que celle des médecins omnipraticiens. Il y a aussi des
considérations qui nous viennent de groupes représentant les
milieux de la condition féminine. Ce sont les considérations que
l'on a à l'esprit actuellement pour voir si l'on arrive à quelque
chose de bien fondé par rapport au problème de santé.
Est-ce que nous allons rendre cette décision très prochainement?
On a terminé, je dirais, la cueillette ou l'obtention des avis. Je ne
voudrais pas préjuger de la décision gouvernementale à cet
effet et je préfère que cette question soit
réexaminée plus tard. La décision est à venir par
le gouvernement.
M. Paradis: Les échos que j'ai eus étaient que le
ministère cherchait à contrer certains abus qui auraient pu se
produire. Entre "désassurer" et contrer certains abus, ne croyez-vous
pas qu'il...
M. Deschênes: Effectivement, il y a des abus, des pratiques
que l'on qualifie d'industrielles dans quelques milieux. La
"désassurance" dont il s'agit comporte la possibilité de services
en milieu hospitalier lorsqu'il y a des raisons médicales. Ce n'est pas
une "désassurance". C'est une "désassurance" en cabinet
privé mais avec des possibilités, lorsque les raisons
médicales le justifient et selon des définitions de type
professionnel, que ça demeure assuré en milieu hospitalier, au
même sens qu'historiquement a été
"désassurée", par exemple, la thermographie en cabinet
privé mais elle est demeurée en milieu hospitalier parce qu'il y
avait des abus importants en cabinet privé. Même parmi les
omnipraticiens je complète - qui pratiquent dans ce domaine, même
parmi les médecins qui pratiquent, il y a deux représentations:
la Fédération des médecins omnipraticiens a fait des
représentations contre la "désassurance", alors que des
omnipraticiens qui représentent un débit important en termes de
quantité de services ont dit qu'ils étaient d'accord avec la
"désassurance". Vous voyez qu'il y a des désaccords au sein
même de la profession médicale, et il y a des
considérations dans chaque cas que nous sommes à examiner.
M. Paradis: Prenons comme prémisse que vous visez à
donner le service aux gens qui en ont besoin - on va changer la prémisse
des médecins et on va se retrouver à la place de l'usager. Vous
parlez de conserver l'assurabilité en milieu hospitalier, mais vous
savez les délais que cela entraîne et ainsi de suite en milieu
hospitalier.
On a dit qu'il y a eu des abus. Si vous avez des cas d'abus, est-ce
qu'il n'y a pas d'autres moyens pour contrôler les abus que de bannir
complètement le service ailleurs qu'en milieu hospitalier?
M. Deschênes: Théoriquement, on peut peut-être
avoir d'autres moyens.
M. Paradis: Non, je parle de la pratique. La
théorie...
M. Deschênes: Justement, en pratique, cela ne tient pas. Je
veux dire que, lorsqu'un service est assuré, il est assuré par le
professionnel qui le rend. Il n'y a pas, que je sache, de moyen. Il pourrait y
avoir une entente, par exemple, avec la Fédération des
médecins omnipraticiens pour définir autrement et limiter les
abus. Mais cela fait quatre ans qu'on discute de cela, au niveau
d'ententes. Il n'y a pas d'entente alors que, avec la FMSQ, il y a eu
une définition qui a circonscrit ce qu'on peut appeler, en tout cas, les
abus. Certains disent que cela n'en est pas mais certains disent oui.
Alors, avec la FMSQ, il y a eu une entente et cela s'est
réglé par convention. Tandis que, dans le cas de la
Fédération des médecins omnipraticiens, cela fait quatre
ans qu'il y a eu des discussions là-dessus et cela ne fonctionnait
pas.
M. Paradis: Le remboursement en règle n'a jamais
été permis, qu'on me dit, pour les cas d'esthétique,
d'après la réglementation en vigueur. C'était permis
strictement...
M. Deschênes: Lorsque c'est médicalement requis.
M. Paradis: Lorsque c'est médicalement requis.
M. Deschênes: Oui.
M. Paradis: Exactement.
M. Deschênes: C'est là qu'il y a une
différence entre la théorie et la pratique. Nonobstant un tel
texte, la pratique courante comportait largement de la pratique professionnelle
axée sur l'esthétique. Alors, il faudrait faire des cas et aller
en cour, poursuivre les patients ou les professionnels pour abus. Ce n'est pas
très pratique. Ce que vous dites est vrai et fondé. Un texte dit
cela, il faut que ce soit médicalement requis. Donner suite à
cela est une chose extrêmement difficile. Je ne sais pas
l'expérience concrète de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec. Par exemple, ils pourraient contester la validité d'un
acte dispensé comme cela. Mais, quand on regarde l'expérience
concrète de contestation dans ce domaine-là, cela ne semble pas
une solution; si elle est intéressante théoriquement, en pratique
elle ne fonctionne jamais efficacement.
Peut-être que M. Mockle veut nuancer ou compléter.
M. Paradis: J'aimerais avoir l'avis de la régie
là-dessus...
M. Deschênes: C'est cela, exact.
M. Paradis: ...parce que, si on commence à le faire dans
ce cas-là, bientôt on pourra être tenté de...
M. Deschênes: Cela existe dans d'autres cas. Je le
mentionnais tantôt, la thermographie; il y a des actes qui ont
été "désassurés" en cabinet en demeurant
assurés en milieu hospitalier, justement pour répondre aux
besoins médicalement requis.
M. Paradis: Oui, mais est-ce que vous avez des expériences
de négociation, comme le cas qui a été mentionné
avec la FMSQ, ou si vous pouvez en arriver à des ententes qui permettent
aux gens qui en ont médicalement besoin d'avoir le service le plus
rapidement possible, que ce soit en centre hospitalier ou en clinique
privée? Si vous avez des expériences heureuses dans ce
sens-là, pourquoi ne pas choisir cette voie-là plutôt que
de tenter d'étouffer le système, autrement dit, en plaçant
les gens en centres hospitaliers sur les listes d'attente et ainsi de suite,
avec l'engorgement qu'on a déjà là?
M. Mockle: Avez-vous posé la question? M. Paradis:
Oui.
M. Mockle: M. Deschênes vous a expliqué,
évidemment, le rôle, l'intervention et la perception du
ministère face à ce problème. Parce que cela relève
d'eux et non pas de nous. Nous sommes, dans ce cas-là, un agent payeur.
Par conséquent, nous devons appliquer ce qui est prévu aux
dispositions des ententes. La chose que l'on fait, évidemment, c'est
qu'on s'assure que ce qui est donné correspond aux dispositions de la
loi. Or, la loi nous donne comme rôle de vérifier ce qu'on appelle
"le médicalement requis". Alors, nous avons donc, dans ce cas,
utilisé des profils pour voir s'il n'y a pas abus, par exemple,
d'utilisation des injections sclérosantes parmi certains professionnels
de la santé, certains médecins, qu'ils soient spécialistes
ou omnipraticiens.
Évidemment, lorsqu'on décèle, à partir de
paramètres, en faisant ce qu'on appelle des profils comparatifs de
groupes, que, dans certains cas, cela nous semble abusif, nous n'avons pas ce
qu'on appelle la décision suprême; on réfère le tout
à un comité de révision qui est formé de pairs,
soit des spécialistes pour les spécialistes et d'omnipraticiens
pour les omnipraticiens. Ils analysent le dossier, font comparaître le
médecin, font venir des experts; c'est arrivé dans le
passé, d'ailleurs. Ils nous font une recommandation, soit que nous
avions raison de soupçonner que c'était non médicalement
requis ou que nous n'avions pas raison.
En général, on peut dire que, dans 100% des cas, lorsque
le comité de révision nous fait une recommandation allant dans le
sens de notre avis, on y donne suite. Alors, c'est la seule intervention que
nous, à la régie, pouvons avoir à cet
égard-là. Mais, par ailleurs, à partir des données
statistiques, il peut arriver que le recours à ce type de service, quant
à la relation qu'il peut y avoir pour ces coûts par rapport au
reste, soit inacceptable pour la société. Évidemment, le
ministère intervient à ce niveau.
C'est ce que M. Deschênes a essayé de vous expliquer et de
clarifier.
(22 heures)
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II faudrait le
consentement pour pouvoir continuer au-delà de 22 heures.
Peut-être un quart d'heure.
M. Bordeleau: Consentement.
Reconnaissance des chiropraticiens
M. Paradis: J'aurais une autre question à adresser au
président de la régie ou au ministre. Est-ce qu'on prévoit
une reconnaissance à courte échéance des chiropraticiens
par la CSST et la Régie de l'assurance automobile?
On a beaucoup de cas à nos bureaux de comté de gens qui
suivent des traitements et qui doivent les défrayer.
M. Laurin: C'est un dossier assez vieux et qui n'a guère
progressé au sens d'une prise de décision positive.
M. Paradis: Quand il n'y a pas de décision positive, c'est
une décision négative.
M. Laurin: C'est en suspens.
M. Deschênes: Cela ne dit pas de la part de qui. Parce
qu'il y a un mandat de négociations qui est sur la table des chiros
depuis fort longtemps et qui ne semble pas faire leur affaire; depuis environ
un an et demi à deux ans.
Il y a eu un mandat, il y a eu un dépôt et il n'y a pas eu
de réponse.
M. Paradis: II n'y a pas eu de réponse.
M. Deschênes: C'est-à-dire il n'y a pas
d'acceptation du mandat mais les chiros n'ont pas l'air de courir après
un règlement, et je ne sais trop pourquoi.
M. Paradis: Est-ce que le rôle du ministère,
à ce moment-là, est d'ignorer le dossier ou de tenter pour les
usagers d'obtenir un règlement?
M. Deschênes: Le rôle du ministère est de
négocier avec un mandat et des gens qui sont en face pour
négocier. Il faudrait rafraîchir le dossier pour savoir ce qu'il
en est. Je sais cependant que cette négociation entamée n'a pas
encore eu d'effets concrets. Pour nous, c'est un dossier de négociation
encore ouvert.
M. Paradis: Ce que je perçois des réponses du
ministre et du sous-ministre, c'est que vous n'avez pas l'air pressé ou
enthousiasmé pour poursuivre ce dossier. C'est un peu le sentiment qui
se dégage. Vous me direz si je fais erreur.
Il y a des gens qui sont référés chez le chiro par
la CSST et la Régie de l'assurance automobile; ce sont des
accidentés. Je ne peux pas me satisfaire d'une réponse où
on dit: On a fait une offre aux chiros, je ne connais pas l'offre, je n'ai
aucune notion des modalités, etc. On dit que, parce qu'on a fait une
offre aux chiros et qu'on n'a pas eu de réponse ou qu'on a eu une
réponse négative, on considère le dossier clos.
C'est à peu près ce que je déduis de...
M. Deschênes: Non, la conclusion n'est pas que le dossier
est clos. C'est une négociation qui n'avance pas. Il n'est pas clos, ce
n'est pas pareil.
M. Paradis: Quelles sont les démarches que le
ministère a effectuées pour faire avancer le dossier?
M. Deschênes: II faudrait que je demande aux
négociateurs de préciser cela. Je ne pourrais pas dire,
évidemment, que c'est un dossier très actif mais je sais
qu'à un moment donné j'ai demandé l'état du
dossier; on a tenté d'avoir une rencontre à ce moment mais je ne
crois pas qu'il y ait eu des suites.
Je pourrais préciser, au niveau des relations du travail, les
gestes qui on pu être posés de part ou d'autre. Je ne saurais le
dire maintenant.
M. Paradis: J'aimerais avoir des précisions. Cela va, Mme
la Présidente.
M. Deschênes: On fera le point.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Un collègue me
faisait remarquer qu'il s'agit d'un dossier qui chemine.
Une dernière question. Qu'arrive-t-il du programme AMEO? On a vu
dans les journaux que la 3e phase du projet AMEO pour les personnes
handicapées visuelles serait implantée. Est-ce que c'est exact,
ou pas?
M. Laurin: Nous sommes à réviser tout ce programme
et je sais que l'évaluation, celle-là, progresse rapidement. Le
ministère devrait me faire des propositions dans un avenir
rapproché.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Est-ce que cela sera pour
l'année 1984-1985?
M. Laurin: Oui.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): S'il n'y a pas d'autres
questions, je vais proposer l'adoption du programme 1 de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Est-ce que c'est adopté?
M. Paradis: Sur division.
Une voix: Trop de coupures.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Je propose
également l'adoption de l'ensemble des crédits budgétaires
du ministère des Affaires sociales pour l'année financière
1984-1985. Adopté?
M. Paradis: Sur division. Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): La commission ajourne ses
travaux sine die.
M. Laurin: Je voudrais, Mme la Présidente, vous remercier
pour votre présidence diligente et même affectueuse.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Laurin: Je veux remercier également les membres de la
commission pour l'esprit positif et constructif qui a présidé
à nos échanges.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): II faudrait
également remercier tous les fonctionnaires qui vous ont
accompagné et qui sont toujours très patients, disponibles et
prêts à nous fournir toutes les informations. J'aimerais faire un
souhait en terminant. Au cours de ces travaux, à plusieurs reprises,
nous avons demandé de l'information ou des données
précises. Je sais que ce n'est pas par mauvaise volonté mais,
quand les crédits sont terminés, j'ai l'impression que chacun
retourne chez soi, relaxe et que, souvent, l'information demandée ne
parvient pas. S'il y avait possibilité que, dans un délai
raisonnable, ces informations puissent nous parvenir.
M. Deschênes: Soyez-en assurée, madame.
La Présidente (Mme Lavoie-Roux): Merci, M. le ministre, et
à la prochaine.
(Fin de la séance à 22 h 6)