Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 25 septembre 2024
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Vol. 47 N° 29
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 63, Loi modifiant la Loi sur les mines et d’autres dispositions
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11 h (version non révisée)
(Onze heures quinze minutes)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
bonjour, mesdames, messieurs. Nous allons débuter les travaux. Alors, ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Je vous souhaite
à tous la bienvenue et je vous... demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Alors, la commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 63, Loi modifiant la Loi sur les mines et autres dispositions. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Bernard (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac); M. Bussière (Gatineau) est remplacé par Mme Blais
(Abitibi-Ouest); M. Montigny (René-Lévesque) est remplacé par M. Dufour
(Abitibi-Est); Mme Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par Mme Dufour
(Mille-Îles).
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci. Alors, ce matin nous allons entendre les organismes suivants :
coalition Québec meilleure mine et la Société pour la nature et les parcs,
Québec. Alors, bienvenue à vous, et je vous... vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, et par la suite il va y avoir une période d'échange avec les
députés, les membres de la commission. Alors, la parole est à vous.
M. Turgeon (Rodrigue) : Merci,
Mme la Présidente. Mme la ministre des Ressources naturelles, députée de
Rimouski, et les élus de tous les partis représentés à l'Assemblée nationale
ainsi que les membres de vos équipes...
M. Turgeon (Rodrigue) : ...bonjour.
Merci de nous recevoir. Je m'appelle Rodrigue Turgeon. Je suis le
co-porte-parole de la Coalition Québec meilleure mine, également co-responsable
du programme national chez Mining Watch Canada.
M. Cloutier-Brassard (Émile) : Et
je m'appelle Émile Cloutier-Brassard. Je suis membre du comité de coordination
de la Coalition Québec meilleure mine, également responsable des dossiers
miniers chez Eau Secours.
Mme Bordeleau (Frédérique) : Bonjour.
Moi, c'est Frédérique Bordeleau. Je suis également membre du comité de
coordination de la Coliation Québec meilleure mine.
M. Turgeon (Rodrigue) : Alors,
fondée en 2008, la Coalition Québec meilleure mine regroupe aujourd'hui une
quarantaine d'organismes qui représentent collectivement plus de 250 000
personnes de toutes les régions du Québec. Notre mission est de rendre le
Québec sobre en métaux et minéraux et d'en faire une province qui priorise la
protection de l'environnement et le respect des communautés locales dans toute
la chaîne de production et d'utilisation de ces matières. La coalition regroupe
des organismes citoyens, environnementaux, des syndicats, des universitaires,
des associations de médecins. Nous avons participé à une quinzaine
d'évaluations environnementales, dont 11 enquêtes du BAPE au Québec. Depuis
2014, QMM, notre acronyme, est membre actif du Comité consultatif de la
ministre des Mines.
En ce qui a trait au sujet d'aujourd'hui,
la Coalition a réalisé une analyse article par article du projet de loi n° 63.
Nous vous présentons maintenant les grandes lignes de cette analyse. D'emblée,
nous saluons l'initiative de la commission qui est lancée à plusieurs groupes
de la société civile pour venir discuter démocratiquement d'enjeux aussi
névralgiques. Ceci dit, notre analyse nous amène à conclure que ce projet de
loi est insuffisant au regard des revendications fortes de la société civile
qui a, ces dernières années, demandé une réforme de fond sur l'encadrement
social et environnemental des activités minières. Vous vous en rappelez comme
nous, ces dernières années, la population a grandement pris conscience de
l'ampleur de l'ampleur du boom de titre minier, ayant cours depuis 2020, et a
surtout commencé à réaliser les implications, tant en termes d'impact sur le
territoire, que de contraintes à la gestion du territoire, qu'aurait
l'implantation d'activités minières dans toutes les régions de la province.
C'est essentiellement ce qui a mené de nombreuses oppositions face à
l'industrie minière, qu'on a observées un peu partout sur le territoire, et pas
juste dans le sud du Québec.
Ces mobilisations citoyennes ont envoyé un
message fort aux gouvernements de la province. La société civile revendique une
réforme en profondeur du régime minier au Québec. Cette demande claire a mené
la tenue de consultations nationales sur l'encadrement minier au printemps
2023. Ces consultations portaient, rappelons-le, sur quatre thèmes, dont la protection
de l'environnement. La coalition a participé à ces consultations et a soumis un
mémoire exhaustif, dressant notamment une liste de 60 recommandations, dont 50
propositions de modifications législatives et réglementaires. Puis vint le
rapport de ces consultations nationales déposé par le ministère en octobre
2023. Ce rapport était tout aussi clair que les mobilisations citoyennes, la
société civile, donc, pas juste la Coalition Québec meilleure mine, demande une
réforme en profondeur du cadre législatif minier de la province, et ce,
principalement en matière d'administration du territoire, de protection de
l'environnement, de respect des populations locales et de leur volonté, ce qui
doit se traduire par un respect de l'acceptabilité sociale, supposant la fin de
la préséance minière.
Déposé au printemps dernier, le projet de
loi est arrivé avec l'objectif de répondre à ces appels à l'action, et nous
sommes là aujourd'hui pour les rappeler, parce que force est de constater qu'il
ne répond pas, malheureusement, dans sa forme actuelle, ce projet de loi, aux
demandes de la société civile ni aux demandes de la coalition qui abonde dans
le même sens. En effet, notre analyse nous a permis de constater que seules
cinq de nos 50 recommandations de modifications législatives sont partiellement
présentes dans le projet de loi. Néanmoins, prenant acte de certaines mesures
législatives intéressantes et de la rare opportunité que nous avons de faire
progresser l'encadrement minier au Québec, la Coalition Québec meilleure mine
se positionne en faveur de l'adoption du projet de loi modifiant la Loi sur les
mines et d'autres dispositions, à la condition d'y inclure des amendements qui
couvrent nos six priorités.
• (11 h 20) •
M. Cloutier-Brassard (Émile) : En
effet, avant le dépôt du projet de loi, nous avons dressé une liste de six
priorités qui, d'une part, s'efforcent de représenter l'intérêt des membres de
la coalition et plus largement de la société civile, et qui, d'autre part, ont
guidé notre analyse du projet de loi. Premier constat décevant, ces priorités
sont toutes absentes du projet de loi. Je vous les résume. Nous espérions voir
des dispositions qui permettent d'obtenir le consentement des populations
locales avant l'émission des droits miniers, de mettre fin à la préséance des
droits miniers sur la protection de l'eau, de l'environnement, des aires
protégées et des populations, d'instaurer un mécanisme efficace de retrait des
claims miniers incompatibles avec les usages du territoire où ces titres pourraient
se trouver actuellement, d'imposer une obligation légale de restaurer les sites
miniers abandonnés dans un délai de 10 ans, de mettre fin à l'autorégulation du
secteur minier et d'obliger les compagnies minières à retourner les déchets
miniers que leurs opérations génèrent dans les fosses et autres...
M. Cloutier-Brassard (Émile) : ...excavations
nées de leurs activités. Je réitère donc ici que nous espérons voir des
amendements intégrés au projet de loi qui permettraient, à terme, d'y retrouver
ces six priorités.
Nous vous reviendrons ultérieurement avec
toute une liste de propositions d'amendement. Mais, pour les besoins
d'aujourd'hui, on voulait déjà vous en soumettre trois qui nous apparaissent
faciles à adopter qui peuvent faire une immense différence au regard de ces
priorités, soit : une modification de l'article 232.3 de la Loi sur les
mines pour contraindre les minières à remblayer leurs fosses,
l'assujettissement de tout projet minier à un BAPE, donc pas juste les nouveaux
projets, mais aussi les projets d'augmentation de la production et de la taille
d'un site minier et l'abolition de l'article 246 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
M. Turgeon (Rodrigue) : Les
enjeux sociétaux, climatiques et environnementaux avec lesquels l'humanité
compose sont critiques. Pour tenter d'y répondre, du moins en partie, le
gouvernement du Québec s'est doté d'objectifs pour améliorer la situation.
Parmi ceux-ci, notons la décarbonation de l'économie du Québec, le respect des
objectifs internationaux en matière de création d'aires protégées, dont
l'atteinte d'une protection de 30 % du territoire d'ici 2030, la sobriété
énergétique, zéro perte nette de milieux humides et hydriques depuis 2017, une
réduction de 20 % de la consommation d'eau du Québec, et ajoutons le
souhait tout à fait louable, et nous le saluons, du gouvernement de rendre le
développement de tout projet minier conditionnel à l'atteinte de
l'acceptabilité sociale.
Ce sont ces objectifs que les mesures
inscrites dans le projet de loi devraient nous permettre d'atteindre.
Présentement, ce n'est pas encore le cas. Étant au début de l'étude du projet
de loi, nous estimons qu'il est encore temps pour le législateur d'agir pour
corriger le tir et de s'assurer que les modifications au cadre législatif
actuel répondent réellement aux grands enjeux de notre époque et de demain. Ces
améliorations doivent être présentées et débattues avant l'adoption du projet
de loi en amendant le projet de loi, en incorporant des dispositions qui visent
d'autres lois, incluant le régime de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Oui, ça implique une concertation avec le
ministre de l'Environnement, et tant mieux, parce qu'en ce moment nous avons
appris que le ministre de l'Environnement avance également une réforme sur
l'encadrement minier, mais sans informer le public, en incluant notamment
l'Association minière au courant de l'été, mais pas nous. En effet, hier nous
avons eu la confirmation de la part du cabinet du ministre de l'Environnement
que — ouvrez les guillemets : «Le processus de mise à jour de la
directive 019 sur l'industrie minière est maintenant complété, et que la
directive sera bientôt mise en ligne — fermez les guillemets.» On
nous offre de nous rencontrer pour nous présenter les modifications qui sont
déjà adoptées, et, puisqu'il s'agit d'une directive et non d'un règlement, et
encore moins d'une loi, apparemment que c'est normal de fonctionner comme ça.
En l'absence de règlement afférent à la
Loi sur la qualité de l'environnement ou de mesures législatives
environnementales fortes qui sont dédiées exclusivement à l'encadrement des
activités minières, la directive 019 demeure le principal instrument
normatif de référence pour ce secteur. La dernière réforme datait de 2012, la prochaine
réforme pourrait attendre encore 12 ans. Alors, on se pose la
question : Comment ça se fait que nous ne soyons pas assis en ce moment
dans cette salle à échanger sur ces nouvelles normes environnementales, qui ont
été adoptées à huis clos cet été en consultant notamment les lobbies miniers,
alors qu'un projet de loi sur les mines est ici à l'étude précisément à cause
qu'une consultation nationale sur l'encadrement environnemental du secteur
minier s'est tenue l'an dernier?
M. Cloutier-Brassard (Émile) : Ajoutons
en terminant qu'il y a deux semaines, RECYC-QUÉBEC publiait un imposant rapport
produit en collaboration avec l'organisme Circle Economy qui concluait que
l'économie québécoise outrepasse dangereusement la capacité de support des
écosystèmes. Ramenées à l'échelle de la province, les limites planétaires sont
dépassées. On consomme trop, incluant les métaux et les minéraux. Le projet de
loi sur les mines doit tenir compte de ces signaux d'alarme et doter le Québec
d'outils ramenant le régime minier actuel à un modèle d'exploitation qui, à
terme, nous permettrait de nous engager dans une décroissance minérale en ce
qui a trait à notre consommation et au gaspillage de ces matériaux et qui,
surtout, permettrait de soutenir plus durablement l'économie des régions en
vertu d'une réelle planification à long terme de l'exploitation de nos
ressources.
M. Turgeon (Rodrigue) : Donc,
voilà. Nous vous rappelons notre position. Prenant acte des mesures
législatives intéressantes et de la rare opportunité que nous avons de faire
progresser l'encadrement minier au Québec, nous nous positionnons en faveur de
l'adoption du projet de loi modifiant la Loi sur les mines, à condition d'y
inclure des amendements qui couvrent nos six priorités.
Et donc je vous remercie pour votre
écoute, pour la considération que vous apportez à notre réflexion, à notre
mémoire et à nos recommandations.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Alors, nous allons procéder à la période d'échange. Alors, Mme la
ministre, vous avez une période de 16 min 30 s
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci à Québec meilleure mine, la coalition, d'être
représentée aujourd'hui, présenter des idées puis d'avoir participé également
aux consultations qu'on avait menées avant le dépôt du projet de loi, là. Vous
avez contribué dans le fond à ce qu'on a déposé, très certainement, ainsi que
les autres groupes qui ont participé. Donc, je vous en remercie. Merci d'être
là aujourd'hui.
Vous avez, dans votre préambule, mentionné
que l'un de vos objectifs...
Mme Blanchette Vézina :
...c'est oui de ce que le Québec puisse contribuer dans la décarbonation. Vous
êtes bien conscient des besoins de décarbonation puis on a déjà eu l'occasion,
là, d'en parler, mais on a tous nos téléphones cellulaires. Les besoins en
minéraux, ils sont réels, ils sont existants. Et quand l'approvisionnement
vient d'ailleurs, que du Québec ou des pays, disons, qui n'ont pas les mêmes
normes que les nôtres, on encourage certains, certaines pratiques, puis la
consommation de biens qui viennent avec des pratiques qui sont qui sont souvent
discutables, alors qu'au Québec, on a des normes qui sont élevées, standards
élevés. J'essaie de comprendre votre position en termes de positionnement par
rapport aux besoins réels de la population, à notre volonté de décarboner,
d'utiliser nos minéraux selon des normes élevées qui sont exploitées selon des
normes élevées. Mais votre volonté aussi de cesser l'exploitation dans
certaines régions, en enlevant notamment l'article 246 de la LAU qui remettrait
entre les mains des municipalités le régime minier. Ça fait que j'essaie de
comprendre comment on pourrait y arriver avec vos positions réalisables.
M. Turgeon (Rodrigue) : Je
vous remercie pour votre question. Ça nous permet d'approfondir cet élément qui
est au cœur de nos positions historiquement, la coalition depuis 16 ans. Et
c'est tout à fait pertinent d'orienter la discussion sur l'utilisation et les
besoins des minéraux. Et c'est ce qu'on constate, en fait, il faut que les
ressources minérales du Québec servent à quelque chose et c'est cette
utilité-là qu'on questionne pour plusieurs minéraux et. Et un exemple très
simple, là, c'est parce que si on veut orienter la discussion sur les
utilisations qui sont d'ordre technologique ou nécessaires pour la transition
énergétique, bien oui, on peut parler de certains minéraux dont recèle le
territoire québécois, mais il faut également parler des autres minéraux qui
n'ont pas cette utilité-là et qui continuent annuellement d'occuper une grande
part de la production minérale du Québec. Et vous l'aurez compris, là, on parle
de l'or. L'or qui constitue en ce moment 40 % des titres d'exploration
minière et qui, dans une proportion similaire, représente les livraisons
minérales, la production minérale. L'or, à toutes fins pratiques, n'a aucune
utilité ou très peu dans les appareils que vous avez mentionnés, les
cellulaires, et encore moins, là, dans tout le secteur de la transition énergétique.
Donc, comment se fait-il, ça, c'est notre question qu'on n'inclut pas dans le
projet de loi des mesures qui visent à vraiment nous concentrer sur les
ressources minérales nécessaires, utiles et pas simplement critiques et
stratégiques au point de vue économique, mais vraiment dans la lutte pour
effectivement la crise climatique. On a jamais nié, là, que pour ce faire, nous
aurons besoin de minéraux. Au contraire, on le reconnaît, mais on ne peut pas
avancer des réformes minières qui excluent une analyse objective de
l'utilisation réelle des métaux du Québec. Et c'est ce qu'on invite le
législateur à faire.
• (11 h 30) •
M. Cloutier-Brassard (Émile) : J'ajouterais,
si vous me permettez, que, pour s'assurer que les minéraux extraits soient
pertinents à nos objectifs de décarbonation et de transition, il va
nécessairement falloir intégrer des mesures de suivi, finalement, de
l'utilisation des minéraux qui sont extraits, on en sent une certaine volonté
dans le projet de loi, avec toutes les mesures qui ont trait à la
transformation au Québec de ces minéraux-là, ce qui est déjà un bon premier
pas. Mais on n'assure pas pour autant ni un suivi ni une traçabilité de ces
minéraux-là pour s'assurer qu'ils viennent nourrir des projets de société
cohérents avec les objectifs. Et par projet de société cohérent, j'entends par
exemple tout ce qui a trait à l'établissement d'un transport en commun ou actif
efficace dans les différentes régions. Actuellement, à Montréal, on n'a pas
trop à se plaindre, mais hors de Montréal, c'est un problème criant et ça
engendre une situation où on s'appuie presqu'exclusivement sur l'auto solo et
sur cette culture, finalement, de la voiture solo qui est extrêmement gourmande
en minéraux, tant critiques et stratégiques, qu'en minéraux plus traditionnels.
Et c'est le type de situation qui, si ce n'est pas adressé de concert avec
l'ensemble des ministères et avec l'ensemble de la société civile qui pourrait
nécessiter à la limite une évaluation environnementale stratégique, un projet omnibus,
n'importe quoi d'aussi ambitieux que ça, qui probablement qui serait le cadre
du seul projet de loi sur la loi sur les mines. C'est clair et net que cette
exploitation un peu non concertée, non planifiée des minéraux pour une finalité
qui est imposée par un marché dont on n'a pas les rênes, finalement ne nous
permettra pas d'atteindre...
11 h 30 (version non révisée)
M. Cloutier-Brassard (Émile) : ...nos
objectifs ou, en tout cas, ça permettra peut-être d'atteindre certains
objectifs climatiques, mais certainement pas en termes de tout ce qui a trait
au fait de freiner la crise de la biodiversité, de la destruction des
écosystèmes en général. Donc, voilà.
Mme Blanchette Vézina : Oui,
je pense qu'en parlant de destruction, on a... je trouve un peu le terme fort,
là, bien franchement, dans le sens où on fait les choses, et je pense que le
régime minier actuel est reconnu d'ailleurs à l'international comme un des
plus... des plus stricts. Puis on a ajouté en plus, et je pense que vous
êtes... Je vous entendais parler du BAPE, là, on a ajouté l'exigence du BAPE
pour les projets miniers qui va venir renforcir encore plus, un, l'acceptabilité
sociale, la transparence, mais aussi la volonté de s'assurer de faire des
projets miniers qui sont le plus cohérent avec le... l'environnement dans
lequel il va s'intégrer.
J'aimerais vous entendre sur ce que...
Comment vous pourriez... on pourrait, si on suivait votre logique, là, intégrer
ou restreindre l'activité d'exploration et d'exploitation de mines d'or, par
exemple? Dans un contexte où on est dans une économie qui est ouverte, on a
besoin également dans une stabilité... dans une stabilité mondiale, d'avoir de
l'or, et on a cette chance-là d'avoir ces opportunités. J'essaie de comprendre
l'approche différenciée que vous proposez en termes d'application de régimes
qui permettraient de s'inscrire dans un contexte de mondialisation puis de
contexte de marché ouvert, là. J'ai de la misère à comprendre votre position,
là.
M. Turgeon (Rodrigue) : Mais
c'est... ce sont des discussions qui sont essentielles à avoir, puis on l'ouvre
aujourd'hui, là, en commission, puis on espère qu'on pourra continuer à les
avoir. On n'aura peut-être pas toutes les réponses sur les modifications en
termes d'amendements, mais, si on peut y aller sur la question des principes, c'est
qu'en fait le secteur minier effectivement détruit les écosystèmes. Le terme
est... Je veux dire, quand on parle d'entreposer des déchets miniers dans des
lacs à perpétuité, le lac, on ne peut plus dire qu'il va retrouver sa vocation
initiale, là. Il a été sacrifié pour entreposer des déchets miniers. Ça, ça se
fait dans plusieurs régions au Québec, mais c'est pour ça qu'on emploie ce
terme-là.
Et pour revenir à la question de l'or, on
est conscients que certaines régions dépendent lourdement de ce secteur-là au
niveau de l'économie. Ce qui est prôné par la coalition, ce n'est pas du tout,
là, de fermer toutes les mines d'or de l'Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec,
là. Ça, vous n'aurez... vous ne trouverez jamais aucune citation à ce sujet-là,
ni dans nos communications ni dans aucun média. Ce n'est pas ce qu'on est venu
ici, à Québec, pour vous dire. On vient tous les deux de l'Abitibi, Émile et
moi, et on... moi, j'habite encore, là. On connaît l'importance que ça, là, ce
secteur là, pour plusieurs milliers de travailleurs, et la discussion qu'on
veut amener, c'est de dire : Si on veut positionner le Québec comme s'appuyant
sur sa filière minérale pour jouer un rôle dans la transition énergétique, on
ne peut pas juste parler, d'un côté, de l'attrait de minéraux à venir,
potentiels, il faut également faire l'objectif... l'analyse objective de la
situation actuelle et de reconnaître que ce n'est pas vrai que l'ensemble du
secteur minier contribue positivement à la lutte contre les changements
climatiques. Et donc, si on veut aller dans une direction qui a une utilité,
pour revenir à votre précédente question, quelle est l'utilisation des métaux,
bien effectivement, il faut qu'on amorce un plan de transition pour vraiment se
concentrer sur certains métaux au détriment de d'autres. Et nous c'est... c'est
dans cette transition-là, on ne dit pas que ça va se faire en une journée, ce n'est
pas de ça du tout. On a proposé certaines mesures dans nos recommandations en
2023, vous les avez lues, et on sera ravis, là, de revenir avec d'autres pour
vraiment qu'on discute de cette opérationnalisation-là du changement de la
vocation réelle de l'industrie minière. Parce que si on ne fait pas ça, on ne
peut pas parler de transition minérale, on va parler d'addition minérale parce
qu'on va conserver des secteurs qui n'ont, somme toute, très peu d'utilité et
on va en ajouter d'autres. Donc, le portrait global va s'intensifier de la
présence minière au Québec. Eh oui, eh oui, c'est possible de... En complément,
c'est possible de tourner le dos à certains minéraux. Le Québec l'a déjà fait.
Il est un leader en Amérique du Nord et même à travers le monde pour avoir
fermé la porte à l'uranium. L'amiante, tu sais, on sait qu'on est capable de le
faire. Mais ce que l'on prône, ce n'est pas de dire : On cesse l'exploration
et l'exploitation des ressources aurifères. Non, ça serait... ça serait
vraiment une... un...
M. Turgeon (Rodrigue) : ...un
changement de garde trop difficile à opérer pour le Québec, tant en termes
économiques que sociaux, là, pour les... Mais il faut qu'on commence à en
parler, parce que l'empreinte climatique de notre secteur aurifère est
importante, là.
Mme Blanchette Vézina : On a
entendu...puis là on parle de l'Abitibi, mais on a entendu plusieurs acteurs...
puis je ne sais pas si vous avez eu l'occasion, là, d'écouter la journée de
consultations d'hier, mais plusieurs mentionnaient, notamment des gens du
secteur de l'Abitibi, là, qu'on devrait peut-être avoir un régime qui est
différencié par région, pour laisser des régions avec... où il y a une activité
économique déjà active là, disons, en mines, dans le secteur minier, leur
laisser plus d'ouverture ou de... d'avoir un régime qui serait plus permissif
dans certaines régions. Qu'est-ce que vous pensez de cette différenciation?
M. Turgeon (Rodrigue) : Bien,
je crois que vous l'avez déjà un peu introduite avec cet article, qui permet,
en fait, de conserver les exploitations... en fait, pardon, les...
l'exploration minière sur certains terrains privés qui ont fait l'objet de
travaux d'exploration depuis 1988. Et ça, bien, on comprend, là, que, si on
regarde le... contextuellement, au Québec, ça vise principalement l'Abitibi,
là. Et donc on voit que c'est déjà introduit, d'une certaine manière, dans le
projet de loi. On comprend l'intention derrière ça. On était ensemble, réunis,
devant la Chambre de commerce de Val-d'Or il y a quelques semaines à peine, on
a très bien entendu les réactions de la part des élus de la région, qui étaient
présents à ce moment-là.
Cependant, nous, ce qu'on maintient, c'est
que la mine sur le citoyen, là... sur les terres privées n'a pas moins
d'impact, que ce soit un Abitibien, ou une personne de l'Estrie, ou de
l'Outaouais, là. C'est... c'est... c'est... je pense que les gens de Malartic
s'en souviennent. Dans... À la coalition Québec meilleure mine, ça a été notre
premier dossier, là, soutenir les gens qui ont... qui ont... qui ont fait les
frais de ce développement-là minier urbain, et donc on va toujours se
positionner en soutien des gens qui sont affectés par l'industrie minière en
terres privées, peu importe les régions. Mais, après, si la volonté, c'est
d'offrir plus de liberté démocratique au niveau local, absolument que c'est ce
qu'on soutient, là, tu sais, on... mais il faut que ça se fasse dans le
respect, également, des propriétaires, des citoyens, des nations autochtones...
Nous, c'est vers ça qu'on se dirige avec nos propositions d'amendements, puis
on voit que le projet de loi, c'est sa volonté de s'inscrire dans cette
direction-là. On veut simplement... puis c'est notre position, là, on veut
encourager le gouvernement à aller le plus loin, là, possible dans cette
voie-là.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Vous avez mentionné, dans votre préambule, là, que vous souhaiteriez que les
communautés aient plus de latitude avant l'octroi des claims, là. Puis, je
pense, aussi, dans votre mémoire, vous parliez des communautés autochtones,
notamment. On a introduit des dispositions, notamment, là, pour permettre
d'avoir des ententes avec les Premières Nations, les TIAM, les terres privées.
Tu sais, j'essaie de voir quels... Ce n'est pas suffisant pour vous, ce...
M. Turgeon (Rodrigue) : C'est...
ce sont des avancées, on les note dans notre... dans notre mémoire. Simplement
pour rassurer tout le monde qu'effectivement il y a des éléments intéressants,
on l'a mentionné également, et on encourage le législateur à adopter les
mesures qu'on a identifiées comme étant intéressantes, là, et à les consolider.
Et ce qui est... ce qui est vraiment
l'élément complémentaire qu'on souhaiterait voir inclus, puis on l'a nommé
parmi nos six priorités, c'est un mécanisme efficace de retrait des claims,
puisque, dans sa forme actuelle, la Loi sur les mines, on constate qu'il y
aurait lieu de bonifier ce mécanisme-là, puisque les mesures que vous avez
introduites, tant en termes de... de mesures antispéculatives, de TIAM, de
permettre des ententes entre des communautés et la couronne concernant certains
territoires, là, à rendre... finalement, à soustraire, là, à l'activité
minière, on constate que ce sont des mesures qui s'appliquent sur les
territoires qui n'ont pas déjà fait l'objet de... d'octroi de titres miniers,
et donc nous, c'est ce qu'on... c'est ce qu'on mentionne.
• (11 h 40) •
On l'a dit... en réponse à votre question,
on soutient ces actions-là. On estime, cependant, que la situation, à l'échelle
de la province, est déjà assez enflammée. Il faudrait qu'on puisse résorber les
zones où il y a eu des titres miniers qui ont été octroyés et qui n'auraient
peut-être... qui ne l'auraient pas été si la consultation avait été faite avant
de les émettre.
Mme Blanchette Vézina : Une
minute? Mon collègue d'Abitibi-Est aurait aimé poser une question, là.
Peut-être, en une minute, je...
M. Dufour : Une minute?
Mme Blanchette Vézina : Oui.
M. Dufour : ...mais on a la
chance d'avoir M. Cloutier-Brassard avec nous, là, qui a quand même un bac en
génie géologique et puis qui travaille pour Eau Secours. Rapidement, au
niveau... Je...
M. Dufour : ...je croyais que
votre présentation était peut-être un peu plus axée sur les ressources
hydriques par exemple, là. Et, chez nous, on a le SESAT, et le SESAT, pour eux,
les TIAM seraient suffisants pour être un outil à utiliser par les municipalités.
J'aurais aimé vous entendre là-dessus, vite fait.
M. Cloutier-Brassard (Émile) : Oui,
bien, sur la question de la ressource hydrique, il aurait fallu inviter Eau
Secours directement pour en entendre davantage parler. Mais ça me fait très
plaisir de répondre à votre question qui est excellente, par ailleurs. On
rejoint les positions de SESAT dans le fait que les TIAM sont un outil efficace
de protection du territoire. Par contre, l'expérience des dernières années nous
a montré que leur applicabilité n'est pas aussi grande que l'on espérerait dans
la mesure où il y a eu énormément de demandes de TIAM, dans les dernières
années, qui n'ont juste pas été retenues finalement. Puis elles sont
directement en opposition avec, comme Rodrigue vient de le dire, les
territoires qui sont déjà sous titre minier. Donc, il va éventuellement falloir
prévoir des mécanismes efficaces de retrait des titres miniers pour...
La Présidente (Mme Poulet) : ...mais
c'est tout le temps qu'on a pour la banquette gouvernementale. Mais je vous
invite à continuer avec le temps de l'opposition officielle. Alors, vous pouvez
poursuivre.
M. Cloutier-Brassard (Émile) : Très
gentil. Je fais ça très rapidement, mais c'est ça, il va falloir arrimer ça,
évidemment, avec des mécanismes de retrait des titres miniers, lorsque les
municipalités ou les MRC manifestent un désir de mettre un territoire sous
TIAM. Et il va, effectivement, falloir aussi élargir la portée de ces
outils-là, parce que, pour l'instant, on parle, notamment, pour l'eau potable,
de zones avec un potentiel en eau potable, mais ce potentiel-là n'est pas
défini clairement. Donc, il faudrait éventuellement le catégoriser davantage
avec l'idée des catégories aquifères ou ce type, finalement, de terme qui est
déjà intégré dans la législation, mais qui n'est pas utilisé par la loi... ou
invoqué par la Loi sur les mines actuellement.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
M. le député de Pontiac, la parole est à vous. Il reste 11 minutes et 35
secondes.
M. Fortin :Très bien. Merci, Mme la Présidente. Bonjour à vous trois.
Merci, merci d'être avec nous aujourd'hui. Juste pour peut-être poursuivre dans
cette lancée-là, M. Cloutier-Brassard, les représentants des regroupements
municipaux sont venus nous voir hier, essentiellement, et certains d'entre eux
ont parlé de, disons, la préséance du schéma d'aménagement sur quoi que ce
soit, notamment pour des questions liées à l'eau potable, une définition
peut-être un peu plus flexible que... de certaines parties du territoire.
Est-ce que c'est quelque chose qui, selon vous, ferait du sens de permettre aux
municipalités, aux gens qui sont quotidiennement impliqués dans la gestion de
leur territoire, d'avoir cette préséance-là?
M. Cloutier-Brassard (Émile) : Tout
à fait. Je n'ai malheureusement pas pu capter l'entièreté des discussions hier,
mais ce que j'ai entendu de la Fédération québécoise des municipalités allait
tout à fait dans le sens de ce qu'on revendique ici. Ce que ce qui a été
discuté est effectivement qu'il faudrait, dans un premier temps, retirer la
préséance au titre minier pour accorder cette préséance-là aux schémas
d'aménagement qui sont effectivement... qui témoignent de la volonté des
populations les plus directement touchées par ces projets-là de protéger
certaines zones. Et une fois que ces zones-là auront été protégées, puis on
pense ici, évidemment, aux zones de biodiversité sensible, aux zones où de
l'eau potable peut être prélevée, bon, certains milieux comme ça qui auraient
été identifiés au préalable, c'est effectivement à ces milieux-là que la
préséance devrait être accordée pour, ensuite, discuter collectivement des
zones qui devraient être exploitées. Donc, oui, tout à fait, on les rejoint
dans ces positions-là.
M. Fortin :Tantôt, vous avez eu une discussion avec l'équipe
gouvernementale sur la priorisation des projets, notamment, les minéraux
stratégiques versus les projets aurifères, et j'ai compris qu'une grande partie
de votre préoccupation envers certains projets, peut-être futurs, peut-être
potentiels, est liée avec les déchets miniers, qui est une de vos six
recommandations, six grandes... recommandations. Alors, versus ce qui est fait,
en ce moment, avec les déchets miniers au Québec, qu'est-ce que vous aimeriez
voir de façon très spécifique?
M. Turgeon (Rodrigue) : C'est
une bonne question. Ça va me faire plaisir de céder la parole à mon collègue
qui pourra compléter, là. Mais ce qu'on observe, c'est que, par sa nature même
de ressources non renouvelables, les minéraux, leur concentration va en
diminuant. Autrement dit, historiquement, les gisements qui étaient les plus
concentrés, ceux qu'on a réussi à explorer, il y a de cela plusieurs décennies,
voire plus d'un siècle dans certains endroits, on s'est concentré à exploiter
les zones les plus concentrées. Et qu'est-ce qu'on veut dire quand on parle de
concentration? Mais, en fait, c'est le minerai comparativement aux déchets. Et
là, si on continue dans la même logique actuelle de croissance du...
M. Turgeon (Rodrigue) : ...c'est
ce qui soutient notre économie capitaliste. Là, on doit migrer vers davantage
de production de minerais. D'année en année, ça nous amène dans un scénario où
on migre également vers des... la gestion de déchets miniers en de plus en plus
grandes quantités, et c'est ce qui nous préoccupe. C'est que, si on vise à
accroître la présence de l'industrie minière et l'exploitation de l'industrie
minière sans assurer un suivi, là, très serré de l'utilisation qu'on en fait,
on craint qu'effectivement on soit débordés, là, par la gestion des déchets
miniers.
Et juste pour donner un ratio, là, en...
d'ordre général, là, dans le secteur aurifère, les ratios sont de l'ordre de 1
pour 1 million. On parle souvent de... un gisement qui a un gramme d'or pour...
un gramme par tonne. Bien, ce que ça veut dire, c'est... un gramme, sur une
tonne, c'est une tonne de minerai pour 1 million de tonnes de déchets, et...
c'est ça, c'est... ça génère des volumes considérables. Les gens qui sont allés
en Abitibi, sur la 117, l'ont très bien constaté, là, à Malartic. On est... Je
veux dire, on l'a vu, là, d'année en année... bien, je dirais même, de mois en
mois, l'accumulation des déchets. C'est vers ça qu'on se dirige. Donc, d'où
l'importance de bien choisir nos... nos gisements, mais aussi d'assurer un
traitement plus efficace des déchets miniers. Ça, ça se fait par des mesures
environnementales.
M. Fortin :Vous l'avez mentionné tantôt, puis je pense que ça a
peut-être pris certains... certains cours, la Directive 019, là, du ministère
de l'Environnement. Là, je comprends que vous n'avez pas été consultés, que
vous savez que l'industrie minière a été partie prenante des consultations
autour de ça. Qu'est-ce qui vous inquiète? Qu'est-ce que... qu'est-ce que vous
entrevoyez, là, qui pourrait être problématique?
M. Turgeon (Rodrigue) : La
Directive 019, c'est un document fort, en matière normative, pour encadrer le
secteur minier. L'industrie répète souvent que le cadre... puis le gouvernement
également, que le Québec est une des juridictions, dans le monde, où il y a le
plus de règlements et de lois applicables. C'est fort possible que ce soit le
cas, là, on ne le nie pas. Mais quand on regarde, concrètement, l'encadrement
environnemental des opérations, c'est vraiment la Directive 019 qui, pour
plusieurs matières, pour plusieurs sujets, est le document de référence. Ce
document là, comme il s'agit d'une directive, et non d'un règlement, et non
d'une loi, vous le savez mieux que moi, ne fait pas l'objet de consultations comme
ce à quoi on assiste aujourd'hui. Et nous, à la coalition Québec meilleure
mine, historiquement, on a participé à des consultations visant les précédentes
révisions. Et là, bien, c'est pour ça que nous, on comprend qu'on prend un peu
tout le monde de court avec ça.
Mais c'est parce qu'on a eu la
confirmation hier, de la part du cabinet de la... du ministre de
l'Environnement, qu'effectivement la directive avait été complétée, et qu'elle
est sur le point d'être publiée. Ça fait des semaines qu'on le sait... en fait,
qu'on a pris cette révision-là, mais, moi, j'attendais d'avoir la confirmation
du cabinet, à savoir : Est-ce qu'il est trop tard pour qu'on puisse
participer? Parce qu'on a demandé au cabinet : Écoutez, on a appris,
pendant les audiences du BAPE à Rouyn-Noranda sur un projet minier, que la
directive avait été révisée. Moi, j'ai écrit au cabinet, je disais :
Est-ce qu'on peut être consultés, participer? Et on a appris hier, avant notre
arrivée, aujourd'hui, ce matin, que c'était complété, donc... d'où notre
consternation. On dit : Bien, on espérait arriver ce matin, discuter de
normes environnementales, et on apprend que c'est déjà chose faite.
M. Fortin :Avec le consentement, on peut tout faire, Mme la
Présidente. Alors, je n'hésiterai pas à demander le consentement si la ministre
peut se prononcer là-dessus, parce que j'ai cru la voir surprise, elle aussi,
de votre propos un peu plus tôt. Est- ce qu'elle a été consultée? Est-ce que...
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme Poulet) : Est-ce
qu'il y a consentement pour que Mme la ministre réponde? Oui, consentement.
Mme Blanchette Vézina : Oui,
je peux répondre à la question, mais, tu sais, en termes de directives internes
de l'environnement, ça relève de mon collègue de l'Environnement. Il y a
probablement eu des consultations. On est en train de vérifier, mais c'est de
manière administrative, là, probablement, parce que, comme vous avez vu...
Une voix : ...
Mme Blanchette Vézina : Bien,
je ne dis pas... peut-être, probablement que mon équipe a été consultée. Est ce
que c'est... d'un point de vue politique? La réponse, c'est non. Mais, ceci
étant, c'est le genre de directives où on ajuste régulièrement en fonction de
différentes réalités, là. Voilà.
M. Fortin :J'apprécie, j'apprécie l'ouverture de tout le monde, Mme la
Présidente. Nous, ce qu'on voit, c'est que la dernière révision de la
directive, elle revient quand même à un certain temps, plusieurs années, 2012,
si je ne me trompe pas. Alors, je ne suis pas sûr que ça revient régulièrement.
Puis, si, effectivement, la ministre n'a pas été consultée elle-même,
nonobstant les groupes qui effectivement auraient quelque chose à dire, nous
aussi, on lève le drapeau, là, comme vous dites. Ça va pour moi, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Parfait.
Merci. Alors, je cède maintenant la parole à la députée de Verdun...
La Présidente (Mme Poulet) : ...pardon,
oui, allez. Alors, il vous reste encore 3 min 33 s, désolée.
Mme Dufour : Excellent. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci à vous trois pour la présentation et le
mémoire, je dois dire, franchement, très, très, très exhaustif dans le cas.
Merci infiniment. Moi, je voudrais peut-être vous parler... puis je dois vous
dire que la question de la directive 019, c'est quelque chose que,
personnellement, à titre de porte-parole de l'opposition officielle en
environnement, je vais aller m'informer davantage parce que ça nous a
effectivement surpris. Pour ce qui est des... Vous avez parlé dans votre
mémoire de l'effet potentiel boomerang de certaines mesures que vous considérez
qui étaient quand même une avancée, notamment le fait qu'il y aurait peut-être
la possibilité que des citoyens ne puissent plus claimer leurs propres terrains.
Donc, ça, c'était une façon de se protéger. Donc, est-ce qu'il y aurait comme
une... Est-ce que vous suggérez peut-être de soit créer un claim distinct? Je
sais que la SNAP, qu'on va rencontrer tout de suite après, nous avait déjà
suggéré les claims nature, mais, dans ce cas-ci, on parle de claimer son propre
terrain. Est-ce que... Est-ce que ça devrait comme faire partie... qu'il y ait
une exemption? Si on veut claimer son propre terrain, est-ce qu'on devrait être
exemptés, peut-être, de coûts? Parce qu'il y en a qui nous suggèrent
d'augmenter les coûts, mais là, ça deviendrait rébarbatif pour quelqu'un qui
voudrait claimer son propre terrain. Donc, est-ce que vous avez des suggestions
pour faciliter ça, la protection de son propre terrain?
M. Turgeon (Rodrigue) : Si on
considère que pour ce qui est des terres privées, le projet de loi est déjà
très bétonné à ce sujet-là. Donc, ça, ça nous rassure. C'est plus au sujet des
terres publiques également des périmètres d'urbanisation à une certaine limite.
S'il y a des amendements qui arrivent tels que, tel que demandé par
l'industrie, on a entendu dire mais, mais non, nous, on considère que l'effet
boomerang derrière cette mesure-là, qui vise à enrayer la spéculation, ce n'est
pas tant de resserrer les mesures de protection des terres privées ou des
mesures anti-spéculatives, ça, on le souligne, que ce sont des éléments
intéressants. Le problème, c'est de priver les citoyens d'une possibilité
d'activement participer à des moyens efficaces. Donc on souhaite voir des
moyens qui seraient inclus effectivement dans le projet de loi pour rapidement
s'assurer qu'on protège les territoires. Et de là à dire qu'on aurait un autre
système de claim, on laissera nos collègues de la SNAP se prononcer, leur
exposé va abondamment discuter de la question. Mais chose certaine, il faut
qu'on ait des mécanismes qui... consultatifs, efficaces, qui, oui, respectent
les droits des propriétaires mais également les droits des premiers peuples. Le
fait que n'importe qui puisse bloquer un territoire à des fins personnelles ou
industrielles, ça ne va pas dans le sens d'une réconciliation avec les premiers
peuples, nécessairement. Et c'est pourquoi il faut qu'on ait des mécanismes
consultatifs qui tiennent compte des droits de tous et en premier lieu les
premiers peuples.
Mme Dufour : Oui, il reste
juste 20 secondes, mais de mémoire, vous disiez que c'était béton pour les
terres privées mais nous disiez que finalement ce n'était pas tant que ça non
plus en pourcentage, là, dans votre mémoire.
M. Turgeon (Rodrigue) : Ça,
effectivement, les terres privées représentent une infime fraction de
l'ensemble de notre grande province, là. C'est pour ça que, nous, on constate
que ce sont des avancées intéressantes sur ces terrains-là, mais la majorité
des activités minières se déroule en terres publiques au Québec.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup. Alors, on poursuit les échanges avec la députée de Verdun pour
une période de 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci. Je remercie
la coalition. Comme je n'ai pas beaucoup de temps, je vais vous poser une
question plus générale. Vous parlez dans votre mémoire, entre autres, du
principe du free mining, connu comme le libre accès aux ressources, surtout à
l'exploration minière. Et je voulais vous entendre, il y en a deux priorités
qui me semblent, qui pourraient venir encadrer ou, d'une façon ou d'une autre,
le free mining. Vous avez parlé de l'article 246 dans la Loi
d'aménagement, l'urbanisme et également donner un pouvoir à la ministre pour le
retrait des claims. Donc, je me sens vous entendre un peu plus sur comment
faire en sorte qu'on protège les territoires tout en donnant plus de pouvoir
aux municipalités à travers ces deux mesures que vous avez exposées?
M. Turgeon (Rodrigue) : Je
vais rapidement... Émile, je te laisse la parole. On a bien senti dans les
échanges tenus à l'Assemblée nationale dans les derniers mois, qu'il y a une
certaine frilosité de la part du gouvernement et de la ministre qu'on peut
comprendre à retirer des droits aux compagnies minières et ça a été de
nombreuses fois répété, là, au salon bleu, là, pas besoin de s'étendre sur le
sujet. Cependant, on considère qu'il y a des mesures intéressantes dans le
projet de loi qui pourraient être employées également sur les terres publiques
qui voudraient faire l'objet de travaux...
M. Turgeon (Rodrigue) : ...
de conservation. Je donne un exemple très rapide. Les mesures qui visent les
terres privées, ce n'est pas de dire : On retire les claims au lendemain
de l'adoption ou de l'entrée en vigueur de la loi; c'est de dire : On gèle
les activités d'exploration, et lors de la fin de la période de validité des
claims, s'il n'y a pas eu de travaux sur les terrains privés, ceux-ci ne seront
pas renouvelés. Nous, on suggérerait que ce même... cette même idée puisse
s'appliquer sur des zones désignées comme étant à protéger.
Autrement dit, là, on est dans un appel
d'aires protégées, en ce moment, lancé par le ministre de l'Environnement.
Pourquoi ne répétons-nous pas ce mécanisme-là lorsqu'on aura désigné des aires
intéressantes à protéger? On gèle les travaux d'exploration et, au moment de
l'échéance de la période de validité des claims, deux ou trois ans, les claims
qui n'auront pas fait l'objet de travaux dans ces territoires-là ne seront pas
renouvelés. Donc, c'est une manière efficace de ne pas exproprier, mais de
protéger à l'écoulement de deux trois ans, ce qui nous semble raisonnable.
Mme Zaga Mendez : À cet
égard, j'ai déjà entendu certains explorateurs nous dire qu'il faudrait garder
les claims actifs dans des zones qui sont en train de planifier la protection
ou qui sont déjà protégées. Est-ce que vous croyez que des claims devraient
être actifs si on vise à protéger le territoire? Est-ce qu'une exploration,
exploitation minière est compatible avec l'objectif de 30 % de protection
de la biodiversité?
M. Turgeon (Rodrigue) : On va
peut être vous surprendre, mais nous étant Abitibiens, là, on... comme on
comprend bien que c'est possible de mener des activités d'exploration minière
sous le sol, à une certaine profondeur, sans impacter les milieux naturels qui
se trouvent à la surface. Donc, à notre avis, là, a priori, il n'y a pas
nécessairement d'incompatibilité, disons, à supposer que l'entreposage des
déchets miniers puis l'accès aux sites miniers ne se fassent pas en plein cœur
d'une aire protégée. Mais... mais effectivement, il y aurait lieu d'envisager
la possibilité de le faire. Il y a d'ailleurs une aire protégée à notre
connaissance, au Québec, qui a des claims miniers à l'intérieur de son emprise,
c'est la réserve aquatique de biodiversité de la Haute-Harricana. Donc, ça a
été réfléchi de cette manière-là, et pourquoi pas explorer ces avenues? On est
très ouverts. Là, on constate que, dans certaines régions, il y a... la
présence minière est importante, mais il faut quand même protéger les milieux
d'intérêt à la surface.
Mme Zaga Mendez : Et à cet
égard, c'est quand qu'on... où est-ce qu'on met la limite dans la protection du
territoire? Parce que j'entends... il y a certains exemples, il y a des
demandes claires de retrait des claims, on pourrait en nommer quelques-uns,
mais dans les autres dans lesquelles c'est compatible, rapidement.
M. Turgeon (Rodrigue) : Bien,
ça doit aboutir après une consultation, là. Le territoire, il y a... on peut
faire, oui, des... des...
La Présidente (Mme Poulet) : Je
suis désolée, c'est tout le temps que nous avons. Je m'excuse de vous
interrompre, c'est la partie difficile de présider, de couper les
conversations. Alors, c'est tout le temps que nous avons. Je vous remercie
beaucoup pour votre contribution à nos travaux. Je suspends les travaux
quelques instants afin de permettre au prochain groupe de se préparer.
(Suspension de la séance à 11 h 59
)
12 h (version non révisée)
(Reprise à 12 h 02
)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on poursuit nos travaux avec la Société pour la nature et les parcs, Québec.
Alors, bienvenue! Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour
votre exposé, et par la suite, ça va être une période d'échange. Alors,
allez-y, on vous écoute.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Mme
la ministre, Mme la Présidente et les autres membres de la commission, bonjour.
Je me présente, Marie- Pierre Beauvais, directrice, Aires protégées, sud du
Québec à la Société pour la nature et les parcs, aussi appelée SNAP-Québec.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de mon collègue, Me Jean-Philippe Lemay.
La SNAP-Québec est un organisme à but non lucratif
dédié à la protection de la nature et à la création d'art protégée à travers
tout le Québec. Notre démarche repose sur la collaboration et la recherche de
solutions avec les peuples autochtones, les gouvernements, les acteurs de
l'industrie et les communautés locales. Notre équipe accompagne des dizaines de
proposeurs d'aires protégées dans leurs démarches, notamment dans le cadre de
l'appel à projets d'aires protégées du gouvernement du Québec et à travers
l'initiative Plein aire rendue possible grâce à un financement du gouvernement.
Enfin, nous sommes membres de la Coalition Québec Meilleure Mine depuis sa
création et faisons partie de l'Assemblée des partenaires de la Société du Plan
Nord, l'instance-conseil du gouvernement en matière de développement nordique.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bonjour.
En 2022, le Québec s'est engagé à protéger 30 % de ses milieux terrestres
et marins d'ici 2030. La cible est ambitieuse, mais on ne prend pas de zéro. Le
ministère de l'Environnement a donné le coup d'envoi à cette course à relais
avec l'appel à projets d'aires protégées en territoire public qui se termine le
15 octobre prochain.
Alors, que les démarches s'accélèrent pour
identifier et protéger les territoires d'intérêts, nous sommes inquiets que le
régime minier, lui, ne suive pas le rythme. Par exemple, en mai 2023, la
SNAP-Québec présentait 32 exemples de projets d'aires protégées bloqués en
raison de la présence de claims miniers. Ce chiffre est voué à augmenter avec
l'appel à projets et les efforts du gouvernement Québec pour valoriser les
minéraux critiques et stratégiques. Il faut rappeler que la transition
énergétique ne doit pas être mise en concurrence avec la conservation de la
biodiversité. Les crises du climat et de la biodiversité sont interreliées et appellent
toutes les deux à la protection de la nature.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n° 63 permet des gains intéressants pour l'acceptabilité
sociale des activités minières, par exemple, en limitant la désignation de
nouveaux claims miniers en terres privées. Cependant, les terres publiques sont
les grandes oubliées de cette réforme proposée, malgré qu'elles aient potentiel
le plus important pour l'atteinte des cibles de conservation. Les
recommandations ciblées que nous vous proposons aujourd'hui permettraient de
corriger le tir.
Nous remercions la commission de nous
avoir invités à contribuer à sa réflexion et nous énonçons d'entrée de jeu
notre support pour une réforme de la Loi sur les mines très attendue.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Notre
première recommandation est simple, le ministère des Ressources naturelles et
des Forêts doit intégrer les cibles de conservation dans sa mission. Ces sites
sont un engagement du gouvernement du Québec nécessitant un effort concerté et
cohérent de l'ensemble des ministères.
Or contrairement au ministère de
l'Environnement et au ministère des Affaires municipales, le MRNF n'a pas le
mandat explicite de contribuer à l'atteinte des cibles de conservation.
Pourtant, il est particulièrement impliqué dans cette course à relais à titre
de gestionnaire du territoire public, de l'aménagement forestier et des
activités minières. Nous recommandons d'ajouter des cibles... l'atteinte des
cibles de conservation à sa mission et de prévoir un mécanisme de reddition de
comptes permettant une plus grande transparence dans l'action gouvernementale.
Ensuite, cette cohérence gouvernementale
devrait se traduire par une planification concertée du territoire public en y
intégrant les activités minières plutôt qu'en leur donnant préséance sur les
autres usages. Nous recommandons ainsi l'abandon de l'article 246 de la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Nous recommandons, en complément,
l'approche des claims nature, c'est-à-dire de réserver des territoires à la
conservation à la façon du «click and claim» pour les activités minières.
Concrètement, nous...
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : ...proposons
de faire du plan d'affectation du territoire public un outil dynamique,
peut-être à la façon d'une carte interactive, permettant au ministère
d'identifier rapidement les claims nature, suivant leur potentiel de contribuer
à la cible de 30 %, sous la forme de territoires propices à la désignation
de mesures de conservation. Une fois les claims nature délimités, les activités
minières et forestières seraient encadrées de façon à prévenir toute
dégradation, le temps de faire les vérifications nécessaires.
Rappelons enfin qu'en vertu des nouvelles
orientations gouvernementales en aménagement du territoire, ou OGAT, dont une des
cibles nationales est justement l'atteinte du 30 %, les MRC ont maintenant
le mandat d'identifier des territoires d'intérêt pour la conservation. Leur
expertise pourrait donc être mise à profit pour l'identification de claims
nature.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Dans
le cadre du régime minier, l'obstacle principal à la désignation de nouvelles
aires protégées est la présence de claims miniers sur les territoires
d'intérêt. Même lorsqu'il y a un consensus régional autour d'un projet de
conservation, il suffit d'un claim pour le bloquer. Nous le constatons
régulièrement sur le terrain avec l'explosion du nombre de titres miniers
partout au Québec. Interpelés par les porteurs de projets, souvent des
municipalités de petite taille ou des groupes citoyens bénévoles, les
fonctionnaires du ministère de l'Environnement et du ministère des Ressources
naturelles se renvoient la balle.
La SNAP-Québec recommande d'agir en trois
étapes : d'abord, permettre le retrait des claims miniers dans les
territoires d'intérêt; deuxièmement, y limiter leur renouvellement; et
finalement, y prévenir la désignation de nouveaux claims.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi
ne prévoit aucun mécanisme pour retirer les claims miniers qui bloquent les
projets d'aires protégées. Il mise plutôt sur un encadrement plus serré du
renouvellement et de la désignation de claims. Nous saluons ces avancées, mais
nous levons un drapeau rouge pour l'atteinte des cibles de conservation d'ici
2030.
Le projet de loi propose notamment de
limiter la possibilité de renouveler un claim sans effectuer les travaux
d'exploration requis. On vise ainsi les titulaires de claims spéculatifs qui
bloquent le territoire sans avoir l'intention d'y faire d'activités minières.
Cependant, il est difficile d'évaluer l'impact sur le terrain de telles
dispositions puisque le renouvellement prend plusieurs années et qu'inciter à
davantage de travaux d'exploration pose un risque pour l'environnement et les
collectivités. Pour cette raison, nous rappelons le besoin d'un mécanisme de
retrait des claims miniers les plus problématiques. Pour les claims qui
demeurent, nous proposons de bonifier les dispositions proposées. Concrètement,
le renouvellement des claims miniers dans les territoires d'intérêt ou claims
nature serait conditionnel à un avis favorable du ministère de l'Environnement.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Pour
freiner l'explosion des claims miniers, la solution la plus efficace est bien
sûr d'agir de manière préventive pour limiter leur désignation. Nous saluons à
nouveau les efforts faits en ce sens pour limiter les claims spéculatifs. Une
modernisation de la loi ne doit pas faire l'économie d'une réflexion sur le
modèle de libre accès aux ressources ou «free mining». Nous accueillons donc
favorablement les dispositions du projet de loi visant à prévenir la
désignation de claims miniers sur terres privées ou dans les périmètres
urbains, avec exception. Nous demandons toutefois d'appliquer cette même
logique aux territoires d'intérêt pour la conservation. Comme mentionné, ces
claims entravent l'atteinte de la cible de 30 %. Et, qui plus est, il est
contre-productif pour une industrie d'investir temps et argent dans un secteur
voué à être protégé et à être mis en valeur pour la collectivité. Une stratégie
préventive visant l'identification rapide des territoires à protéger offre à
l'industrie la prévisibilité nécessaire pour développer les projets miniers aux
bons endroits et des projets qui répondent réellement à nos besoins.
Nous revenons ainsi à notre deuxième
recommandation, soit l'approche des claims nature. Pour rappel, il s'agit de
rendre possible pour les ministères et les MRC l'identification simple et
rapide des territoires d'intérêt pour la conservation et d'y suspendre les
activités forestières et minières, le temps d'évaluer le dossier.
M. Lemay (Jean-Philippe) : La
Loi sur les mines, dont les fondements datent de plus d'un siècle, ne reflète
pas les aspirations et les obligations contemporaines du Québec envers les
peuples autochtones. D'abord, nous voulons souligner que les recommandations
que nous mettons de l'avant dans notre mémoire ne sont pas un point de vue
autochtone et nous encourageons le gouvernement à poursuivre le dialogue avec
les nations, communautés et organisations autochtones.
• (12 h 10) •
Au fil de nos collaborations avec de
nombreuses communautés, nations et organisations autochtones dans le cadre de
projets d'aires protégées, nous avons constaté l'impact du régime minier sur
leurs activités traditionnelles et sur leur capacité à protéger et aménager
leur territoire ancestral. Le projet de loi fait un pas en avant en prévoyant
la négociation d'ententes pour réserver à l'État ou soustraire à l'activité
minière des pans du territoire. Nous recommandons d'aller plus loin en permettant
le retrait des claims miniers présents dans ces territoires faisant l'objet
d'une entente. Pour les secteurs qui ne sont pas visés par entente, le projet
de loi propose très peu pour assurer le respect des droits autochtones.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Finalement,
dans sa forme actuelle, le projet de loi prévoit que seuls certains travaux
d'exploration établis par règlement mèneront à une obligation de réaménager et
restaurer les milieux naturels. Or, nous sommes d'avis que le règlement existant
met la barre trop basse. Nous recommandons ainsi d'étendre l'obligation de
faire approuver un plan de restauration et de réaménagement à l'ensemble des
travaux d'exploration pour deux raisons : d'abord, permettre une
évaluation au cas par cas des dommages sur l'environnement; et deux, garantir
financièrement leur restauration. Nous proposons aussi de prévoir une...
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : ...garantie
financière au moment même de la désignation d'un claim minier. Cette
recommandation s'inscrit en droite ligne avec l'esprit du projet de loi, en
limitant les claims spéculatifs, mais assure, en plus, des fonds pour la
restauration.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Merci
beaucoup pour votre écoute. Si vous aviez un message à retenir de notre
présentation, ça pourrait être que le régime minier est devenu un obstacle aux
efforts de conservation du Québec, et notre mémoire propose des solutions
concrètes pour débloquer des dizaines de projets partout au Québec. Nous sommes
heureux de répondre à vos questions.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Alors, on va débuter la période d'échange avec la banquette
gouvernementale. Mme la ministre, la parole est à vous.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci à SNAP d'être présents aujourd'hui. C'est un plaisir de voir. Merci de
contribuer aussi à notre volonté, oui, comme gouvernement, de conserver, de
mettre des mesures de protection pour 30 % du territoire d'ici 2030. Je
sais que vous travaillez en étroite collaboration avec mon collègue, également,
dans le dossier des territoires à protéger. Puis sachez que, moi-même, je
collabore étroitement avec mon collègue, parce qu'on a cette volonté réelle,
gouvernementale, de protéger 30 % du territoire. Peut-être revenir sur ce
que vous avez mentionné en termes de PATP, de zonage. J'aimerais comprendre,
parce qu'on a déjà des territoires incompatibles à l'activité minière, qui
peuvent atteindre le même objectif. En quoi ça serait une meilleure solution,
le PATP, plutôt que - excusez l'acronyme, là - mais le plan d'affection du
territoire public versus les territoires incompatibles à l'activité minière? Il
me semble, l'objectif est le même, l'atteinte est là.
M. Lemay (Jean-Philippe) : L'objectif
peut être le même. Ce qu'on entend, sur le terrain, avec nos partenaires
municipaux, c'est qu'il y a quand même une certaine difficulté à faire accepter
certains des TIAM. Ensuite, un TIAM, ça ne vise que les activités minières.
Vous comprendrez qu'ici on a une certaine ambition pour les activités forestières
aussi. Il y a des chances que, dans quelques semaines, quelques mois, on se
retrouve, tout le monde, ici pour parler du régime forestier. Donc, l'idée,
c'est d'avoir une planification globale de l'aménagement du territoire qui
inclut les mines, qui inclut les autres objectifs de développement des
municipalités. Il y a aussi l'aspect que le TIAM ne permet pas de retirer un
claim minier.
Et, à travers les récentes OGAT, nous, on
fait des commentaires avec le MAMH. On a été consulté et on a encore certaines
inquiétudes sur les critères qui vont être utilisés pour accepter un TIAM,
notamment l'obligation qu'il y ait une mesure de conservation déjà en place sur
le terrain. Donc, pour nous, le plan d'affectation est plus global. Ça permet
aux différents ministères de contribuer, avec les MRC, à identifier les
territoires propices à une zone de désignation, ce qu'un TIAM ne permet pas de
faire.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Peut-être
également, en complément, le plan d'affectation du territoire public, le PATP,
à l'heure actuelle, c'est un document qui est un peu statique, qui est mis à
jour aux cinq ans. Nous, ce qu'on propose de faire, c'est d'en faire, vraiment,
un outil qui est interactif en temps réel, qu'on peut utiliser pour vraiment
mettre à jour les informations de façon continue. Et ça permettrait aussi un
meilleur dialogue entre les MRC, les municipalités et les différents ministères
de voir, sur une même carte, les différents projets, autant d'aires protégées,
de territoires miniers, etc.
Donc, on le voyait comme un outil qui
pourrait devenir un outil vraiment de dialogue, comme, vraiment, une carte
interactive. Puis on voulait reprendre un peu l'image du «click and claim» des
activités minières, mais, finalement, c'est une carte qu'on peut déployer et
aller cliquer. Donc, l'idée, ça serait de reprendre un peu la même... la même
approche qui est facile, simple, mais d'ouvrir un outil qui est plus,
finalement, collaboratif entre les ministères puis entre... avec les MRC
également.
Mme Blanchette Vézina : Je
vais nous amener un peu plus loin. Disons qu'on suivait cette idée, ça voudrait
dire qu'on pourrait révoquer des droits, puis c'est un peu ce que vous demandez
aussi. En fait, ce que vous demandez, dans votre mémoire, c'est d'ajouter un pouvoir.
Le pouvoir existe déjà... l'environnement. Donc, justification pourquoi on ne
l'a pas ajouté dans la Loi sur les mines, c'est qu'il existe déjà avec... dans
le fond, il est accordé déjà au ministre de l'Environnement. Ça fait que, si je
suis votre logique, on accorderait des droits à des entreprises, à des gens et,
ensuite, on pourrait les enlever à n'importe quel moment.
M. Lemay (Jean-Philippe) : C'est-à-dire,
on a eu plusieurs discussions avec votre cabinet sur le pouvoir de retirer des
claims miniers. Sur le terrain, l'enjeu, c'est que le ministère de
l'Environnement renvoie la balle au ministère des Ressources naturelles. Alors,
nous, notre objectif, c'est vraiment de trouver une solution concrète qui
permet de débloquer les dizaines de projets d'aires protégées qui, en ce
moment, sont bloqués par la présence de claims miniers. Et pour ce qui est de
retirer un droit, bien, dans certains territoires qui sont identifiés comme
étant nécessaires à l'ambition de protéger 30 %, bien oui, effectivement,
nous, on est assez clairs là-dessus, le ministère devrait avoir le pouvoir de
retirer ce droit-là qui a été octroyé avec une indemnité qui serait prévue dans
la loi, comme l'Assemblée nationale a la souveraineté de le faire, assurément,
et comme il a été fait pour les hydrocarbures.
Dans ce cas-ci, on ne nous demande pas de
mettre fin aux activités d'hydrocarbures, mais, dans certains territoires où
c'est clair qu'il ne peut pas y avoir d'activités minières, bien, ne laissons
pas les claims miniers rester...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...des
années bloquer les autres utilisations du territoire. Soyons proactifs et
retirons ces claims-là.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : J'ajouterais
également que je pense que vous en avez entendu parler. Hier, en fait, donc
dans le coin de Saint-Mathieu-du-Parc, il y a un territoire qui a été soustrait
pourtant à l'activité minière, puis il y a quand même des claims qui ont été
ajoutés. Donc, l'idée d'avoir un PATP qui est interactif, qui est toujours mis
à jour constamment, ça aurait permis peut-être de bloquer le fait que la
personne qui aurait souhaité aller mettre un claim n'aurait pas pu puisque
normalement ça aurait été bloqué par le fait que c'est un territoire qui est
suspendu pour l'activité minière. Donc, l'idée c'est vraiment de trouver...
comme disait mon collègue, de trouver une façon de faire en sorte que les
ministères peuvent collaborer plus rapidement, peuvent réagir plus rapidement.
Et comme, comme le disait mon collègue, à l'heure actuelle, nous, on
accompagne, là, des projets d'aires protégées.
Et c'est une réalité, donc les gens d'un
côté, du ministère, l'Environnement, nous renvoient au ministère des Ressources
naturelles et des Forêts qui nous renvoie au ministère de l'Environnement.
Donc, on arrive à un cul-de-sac, un statu quo, ce qui fait que les territoires
sont gelés. Les gens ont... Il y a beaucoup d'incertitude, on ne sait pas si on
peut développer des projets parce qu'il y a des claims miniers. Il y a beaucoup
de municipalités qui souhaitent créer des aires protégées pour leur
développement régional pour aller plus vers le récréotouristime d'accès à la
nature. Mais là, c'est extrêmement... c'est plein d'incertitudes parce qu'il y
a des claims miniers, et on n'a pas le... on ne ressent pas, ni du côté du
ministre de l'Environnement ni du côté du ministère des Ressources naturelles
et des Forêts, qu'on va pouvoir lever les claims avant leur renouvellement.
Donc...
Mme Blanchette Vézina : Mais
je... il y a quelques minutes, on recevait Québec meilleure mine, là, et vous
avez mentionné que vous faisiez partie de la Coalition Québec meilleure mine
qui nous mentionnait que protection du territoire peut se faire avec
exploration, exploitation minière. C'était de leurs commentaires. Là, je vous
cite... je vous cite ce qu'ils nous ont mentionné. Donc, c'est certain que les
deux peuvent être compatibles. C'est même Québec meilleure mine nous l'a dit.
Je me demande si vous dites qu'il faudrait retirer des droits rapidement avec
compensation financière. Comment on peut arriver à déployer un projet minier si
les entreprises qui investissent, mettent des sommes, cherchent à lever des
fonds parce que c'est plusieurs milliards, un projet minier, ça prend plusieurs
années avant, puis plusieurs années, c'est des dizaines d'années, comment on
pourrait continuer de faire de l'exploration, de l'exploitation minière dans un
contexte où les droits pourraient être retirés aussi facilement qu'en claquant
des doigts ou en cliquant en ligne?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Je
pense que peut être, peut être quelques éléments de précision. En fait déjà
l'appel à projet du gouvernement du Québec qui a été lancé et qui se termine au
15 octobre va nous permettre énormément de territoires d'intérêt pour la conservation,
que ça vienne autant de groupes citoyens que de municipalités, voire même de
MRC. Donc, il y a des MRC qui vont déposer des projets d'aires protégées. Donc,
déjà, on va avoir un bassin éventuellement de territoires d'intérêt pour la
conservation. Nous, ce qu'on propose, c'est rapidement de les mettre sur une
carte et d'interdire pour les claims... pour les claims qui pourraient être des
nouveaux claims, en fait d'interdire la désignation de nouveaux claims, et pour
les claims existants, de suspendre l'exploration et l'exploitation le temps
d'asseoir toutes les parties prenantes autour de la table et d'assurer qu'il y
en a acceptabilité sociale.
Pour ce qui est des travaux d'exploration,
ça dépend lesquels. Mais, à l'heure actuelle, il y a des. Il y a des
hélicoptères qui circulent au-dessus des communautés. Les gens sont très
inquiets, ne savent pas pourquoi. Il peut y avoir aussi de la coupe d'arbres,
de la création de chemins. Donc, les travaux d'exploration ont quand même un
impact. Ça peut déranger la faune également. Donc, nous, ce qu'on dit, ce n'est
pas de retirer le claim en claquant des doigts, mais simplement de s'assurer
qu'on a le temps de réfléchir avant que le territoire soit dégradé puis
s'assurer qu'on protège adéquatement les territoires d'intérêt pour la
conservation qui, dans plusieurs cas, ont été identifiés déjà par les MRC, les
municipalités. Donc, on sait où il n'y a pas nécessairement d'acceptabilité
sociale pour des projets d'exploration, donc on peut se poser qu'il n'y en aura
pas non plus pour des projets d'exploitation minière.
• (12 h 20) •
Mme Blanchette Vézina : Je
vais nous amener ailleurs, là, parce que... merci de vos commentaires, là. Mais
vous avez aussi parlé, là, d'accélérer les efforts pour diminuer notre
consommation, augmenter le recyclage des minéraux. J'aimerais vous entendre,
parce qu'il y a des dispositions qui sont prévues, là, dans le projet de loi
qui vont permettre d'améliorer le recyclage, notamment la possibilité, là, de
caractériser maintenant les résidus miniers, les haldes à stériles notamment.
Il y a également les possibilités de développer des mines urbaines. J'aimerais
vous entendre, là, sur ces éléments-là que vous proposez, notamment dans votre
mémoire.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui.
Bien, effectivement, pour ce qui est des résidus miniers, je pense qu'on est...
on est assez ouverts à aller chercher le maximum de ce qui est déjà extrait.
C'est la logique pour nous. Il faut que ce soit fait dans un cadre
environnemental très rigoureux évidemment, parce qu'il y a des inquiétudes
dépendamment des minéraux qui sont... qui est exploités.
Je pense que nous, notre ambition dans le
mémoire, c'est de faire asseoir, dans la Loi sur les mines, une réflexion un
peu plus large de qu'est-ce que l'économie circulaire qui ne serait pas
seulement, disons, de bonifier le développement économique au Québec des
minéraux, mais plutôt de voir comment on peut...
M. Lemay (Jean-Philippe) : ...on
peut réduire à la source la demande en exploitation pour les nouveaux minéraux,
sachant qu'il y a une stratégie pour aller chercher des matériaux critiques
pour faire la transition énergétique. Donc, ce qu'on met de l'avant, c'est que
le... disons, la Loi sur les mines prenne en compte un effort accéléré pour
réduire la consommation à la base, pour augmenter la réutilisation et le
recyclage, dans un espoir où la demande pour les nouveaux... nouveaux minerais
devrait diminuer. Et c'est... notre réflexion, c'est un peu ça, comment on fait
atterrir ça dans la Loi sur les mines, qui est une loi qui, à la base, cherche
le développement minier, là, tu sais.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Je
pense également que... On salue tous les efforts qui mettent de l'avant
l'économie circulaire, mais, nous, je pense que notre enjeu se situe surtout
au... en amont, donc éviter de perdre des territoires qui sont riches en
biodiversité ou qui ont une valeur bioculturelle pour les communautés
autochtones. Et donc, pour nous, un bon... les... on devrait, finalement,
développer l'industrie minière en mettant les bons projets aux bons endroits,
des bons projets, c'est-à-dire des projets qui répondent réellement... à une
demande réelle et des projets qui vont vraiment contribuer à la transition
énergétique, et s'assurer que c'est des projets qui sont nécessaires. Donc, on
ne peut pas, par exemple, répondre à la demande avec des minéraux qui sont déjà
en circulation ou des matériaux qui sont déjà en circulation avec des projets
miniers déjà existants. Donc, que la création de nouvelles mines, finalement,
ça soit un objectif de dernier recours. Et aux bons endroits, bien, je pense
qu'on l'a... on l'a amplement dit : là où on est sûr qu'on n'est pas dans
un territoire d'intérêt pour la conservation et où l'acceptabilité sociale est
déjà démontrée.
Mme Blanchette Vézina : Puis,
en termes d'acceptabilité sociale, comment vous pensez qu'on devrait agir pour
l'atteindre, considérant qu'on a des besoins en minéraux? Puis j'entends que
vous souhaitez que la société réduise sa consommation de minéraux. Bien que ce
soit une intention qui est louable, tu sais... En tout cas. Sobriété
énergétique, on y croit, mais est-ce qu'on va aller restreindre, à travers la
Loi sur les mines, la consommation des minéraux? Je vous pose la question, je
serais surprise. Mais j'aimerais... j'aimerais vous entendre, parce que,
sincèrement, tu sais, j'essaie de comprendre comment on pourrait vraiment avoir
un marché qui permet de développer des minéraux... des mines où il y a des
minéraux critiques et stratégiques, par exemple qui servent à notre transition
énergétique, dans un contexte aussi instable que ce que vous proposez.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Bien,
je pense qu'on a une vision différente. C'est-à-dire, pour nous, on... au
contraire, on met fin à une incertitude en ce moment dans l'industrie minière,
qui ne sait pas sur quel territoire elle s'en va, elle ne sait pas quelle va
être la réception des collectivités où elle s'en va. Je pense qu'on le voit de
plus en plus, la protection de la biodiversité est une composante essentielle
de l'acceptabilité sociale. Il y a des projets qui ne passent pas entre autres
parce que les gens sont attachés à ce territoire-là qui leur appartient.
Nous, ce qu'on met de l'avant, en fait,
c'est une... disons, une plus grande certitude pour l'industrie, c'est-à-dire,
une fois qu'on a identifié et qu'on a protégé les territoires qu'on veut et
qu'on doit identifier, et c'est l'objectif du gouvernement du Québec, à ce
moment-là ça donne une plus grande certitude à l'industrie. Ils savent qu'ils
s'en vont dans un territoire où les contestations seraient peut-être moindres,
où il n'y aura pas de poursuites judiciaires, où les risques pour la
biodiversité sont moindres, tu sais.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Oui,
en complément, effectivement, je pense que l'objectif, pour nous, c'est surtout
de mettre de l'avant, comme on le mentionnait tout à l'heure, la préséance, à
l'heure actuelle, des... de... du régime minier sur les autres usages. Il
faudrait... En fait, notre vision, c'est de basculer vers un régime où,
effectivement, c'est plutôt les territoires qui sont propices à l'exploitation
minière qui sont mis de l'avant plutôt que l'inverse, c'est-à-dire d'y aller à
la pièce, de dire : Ah! on voudrait explorer dans ce coin-là, puis là, à
chaque fois, c'est une... un conflit d'usage entre les volontés des
collectivités. Donc, migrer plutôt vers un régime où on sait où on peut aller
faire des projets d'exploration, des projets d'exploitation minière, parce
qu'on a d'abord préservé les milieux fragiles.
On a parlé de biodiversité, on a parlé peu
de qualité de l'eau. Il y a énormément d'inquiétude du côté, par exemple, des
municipalités, des MRC, des associations de lacs par rapport aux eaux
souterraines, par rapport à la qualité de l'eau des lacs. Il y a des forages,
des fois, exploratoires qui se font près des lacs sans nécessairement qu'on
connaisse... qu'on ait documenté d'abord le milieu naturel. Et ça, c'est un
enjeu également au niveau du régime forestier. Souvent, on ne sait pas
exactement ce qu'on perd en termes de milieu naturel.
Donc, nous, ce qu'on... en fait, ce qu'on
propose, c'est plutôt d'inverser la tendance et de favoriser une plus grande
prévisibilité pour les compagnies en identifiant dès maintenant les territoires
fragiles qui devraient être protégés. Et comme ça, les compagnies minières
savent où elles peuvent aller exploiter les minéraux critiques et stratégiques,
par exemple.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
je pense, vous l'avez nommé, là, mon collègue, on est en... puis je dis «mon
collègue», mais c'est le gouvernement, on est en appel de projets pour des
aires protégées. C'est qu'on a une volonté de protéger les milieux sensibles.
Ceci étant, tu sais, on a aussi des mesures dans le projet de loi, puis je
pense que vous l'avez souligné, là, qui vont permettre d'avoir une meilleure
prévisibilité. On a les territoires incompatibles à l'activité minière. On a
les ententes possibles avec les Premières...
Mme Blanchette Vézina :
...attention également. Je pense qu'en tout cas sur ce bout-là, j'ai
l'impression qu'on répond à certaines de vos, à certains de vos objectifs. Peut-être
pas avec les moyens que vous souhaitez qu'on adopte, mais qui permettent de
continuer d'exploiter, d'avoir des mines qui sont, qui sont en activité, là,
puis qui s'ouvrent pour nos besoins de décarbonation notamment.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) :
Je pense que l'enjeu va être surtout dans le temps de réponse aussi des
différents et des différents ministères pour la protection du territoire. Donc
là, on est avec l'appel à projets, on est sur un horizon de trois ans. Mais
c'est sûr qu'il y a beaucoup de communautés qui vont peut-être potentiellement
identifier des territoires d'intérêt pour la conservation aussi en réponse à
des enjeux miniers, en réponse à des enjeux forestiers. Donc, ça va voir, il va
falloir aussi arriver avec des, finalement, des outils rapidement pour venir
protéger ces territoires-là. Et c'est ça, hein, pour nous aussi, un des angles
morts du projet de loi, c'est les claims miniers existants. Donc, donc, c'est
pour ça aussi qu'on appelait à une meilleure collaboration, je sais que vous
travaillez de pair avec le ministère de l'Environnement, mais sur ce dossier-là
des claims miniers, il y a encore beaucoup d'incertitudes pour les territoires
d'intérêt qui vont avoir été identifiés dans le cadre de l'appel à projets et
qui comportent déjà des claims miniers. Donc, et là, il va falloir voir à
quelle... à quelle vitesse on fait les mesures que vous proposez dans le projet
de loi pour limiter les claims miniers spéculatifs, à quelle... à quelle
vitesse ça va permettre de lever ces obstacles-là qui sont bien présents déjà à
l'heure actuelle. Je pense qu'on est un peu dans une course contre la montre en
ce moment puis c'est un peu ça, on cherche à trouver des approches qui sont
plus rapides et qui permettent une meilleure collaboration entre tous les
différents acteurs. Et je pense que ni la SNAP, ni nos partenaires municipaux
et autres sont contre la transition énergétique. On sait qu'on doit y arriver,
mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de la conservation de la
biodiversité parce que nos milieux naturels c'est aussi notre meilleur allié
pour lutter et s'adapter aux changements climatiques. C'est la solution qui
coûte la moins cher, qui est la plus efficace. Donc, on devrait en priorité
préserver le 30 %, ce qui finalement, ce qui est notre principal outil de
lutte contre les changements climatiques et ensuite se diriger vers une
transition énergétique concertée.
La Présidente (Mme Poulet) :
Merci beaucoup. Alors, on va poursuivre les échanges avec le député de Pontiac.
M. Fortin :
Merci. Merci à vous deux d'être, d'être présents. Je comprends qu'une grande
partie de vos préoccupations là est en lien avec la l'impossibilité de protéger
certains, certains territoires parce qu'il y a des clans miniers qui sont qui sont
en place en ce moment, notamment en vue de l'appel d'offres qui se termine, qui
se termine bientôt. Est-ce qu'un claim minier doit nécessairement empêcher la
mise en place d'une aire protégée? Le fait qu'il y ait un claim minier, là,
puis je comprends que vous demandez un mécanisme de retrait pour ces claims
miniers là, mais le fait qu'il y ait un claim minier, est- ce que ça, ça
devrait pouvoir bloquer ou est-ce que le gouvernement devrait quand même
pouvoir juste accepter des zones d'aires protégées même s'il y a un claim
minier dessus?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) :
Mais vas-y...
M. Lemay (Jean-Philippe) :
Non, mais tu pourrais certainement compléter ma phrase, mais en pratique oui,
en pratique ça bloque le projet. Donc le ministre de l'Environnement ne va pas
de l'avant s'il y a un claim minier dans un projet, même s'il y a un consensus
régional. Même si c'est clair qu'il n'y aura pas d'activité minière sur ce
terrain-là. Donc, il faut trouver une façon de retirer ce claim minier là. En
ce moment, le mécanisme qui est mis de l'avant, c'est l'abandon du claim par le
titulaire. Donc, il faut négocier avec le titulaire pour qu'il abandonne son
claim. Dans certains cas, ça fonctionne parce que c'est quelqu'un du village
qui a mis un claim pour une raison des fois louable, des fois pas louables,
d'autres fois c'est une multinationale avec qui on a aucun contact et à ce
moment-là, qu'est-ce qu'on fait et ce qu'on entend, c'est que le ministère
vraiment nous dit : on ne peut pas retirer ce claim-là et le ministère des
Ressources naturelles nous dit : On n'a pas les moyens légaux de le faire.
Donc, pour nous, le projet de loi, si tout le monde s'entend qu'on ne peut pas
le faire, bon bien, mettons-le dans le projet de loi, puis réglons le problème.
• (12 h 30) •
M. Fortin :
Pouvez-vous juste répéter avant de passer, si tout le monde s'entend, que...
M. Lemay (Jean-Philippe) :
Qu'on ne peut pas le retirer en ce moment avec les outils existants.
M. Fortin :
O.K..
Mme Beauvais (Marie-Pierre) :
À l'heure actuelle, par exemple, dans le dossier de la ZEC des ANSES notamment,
c'est un projet d'aire protégée qu'on a porté conjointement avec la direction
de la ZEC. C'est une ZEC en Gaspésie. Donc, c'est un projet plein air donc qui
a été rendu possible par un financement du ministère de l'Environnement. Donc,
on a accompagné la direction de la ZEC, mais également la municipalité de
Chandler qui était dans le projet, des groupes citoyens, donc plusieurs,
plusieurs acteurs régionaux. Il y a eu une grosse mobilisation déjà pour faire
stopper les coupes forestières qui étaient prévues. Donc, on a identifié un
territoire d'intérêt qui est à peu près le tiers de la zec pour une aire
protégée. Et il y a un secteur de hauts plateaux où on retrouve des forêts
anciennes, des cédrières anciennes qui n'ont probablement jamais été bûchées et
des unes, en fait, des milieux humides qui contribuent à maintenir la qualité
de l'eau d'une rivière à saumons. Et donc, entre le moment où on a désigné...
Bien, en fait, où on a identifié sur une carte ce territoire-là et où on a
entamé les...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : ...démarches
avec le ministère de l'Environnement, il y a un détenteur de claims qui est
allé mettre des claims, donc, dans le territoire, justement, de hauts plateaux
et y compris dans la rivière à Saumon également. Donc, pour l'instant, le
territoire, en fait, il va être... il a été annoncé comme éventuellement... qui
sera éventuellement mis en réserve pour devenir une aire protégée, mais on a
amputé le secteur qui est claimé actuellement, donc le secteur de hauts
plateaux avec des cédrières anciennes, avec des forêts, avec des espèces en
situation précaire et bien sûr la rivière à Saumon, qui est aussi la source d'eau
potable de Chandler. Et c'est un exemple où on a demandé à la fois au ministre
de l'Environnement qu'est-ce qu'on doit faire, nous.
Nous, on était prêt à mobiliser les bons
acteurs, aller cogner aux bonnes portes en accompagnant nos partenaires. Il
faut comprendre souvent que c'est des gens qui font ça. Créer des aires
protégées pour une zec, ce n'est pas la mission première. La mission première,
c'est de mettre en valeur les ressources fauniques, le récréotourisme. Donc,
nous, on était prêt à faire les démarches, à les accompagner. Donc, on s'est
adressé au ministère de l'Environnement qui nous a dit : Ce n'est pas de
notre ressort. On s'est adressé au ministère des Ressources naturelles et des
Forêts qui nous a dit : Le ministère de l'Environnement a les moyens d'agir.
Donc, on se retrouve à l'heure actuelle avec un territoire qui est claimé...
bien, une aire protégée amputée par la la section qui est claimée et qui est la
section à plus haute valeur écologique, là, dans le projet d'aires protégées. C'est
spécifiquement pour ce secteur-là qu'on avait démarré le projet d'aires
protégées. Et ça, c'est un exemple parmi d'autres. C'est pour ça qu'à notre
avis, à l'heure actuelle, les claims miniers existants freinent l'atteinte du
30 %.
M. Fortin :Bien, moi, j'ai... puis peut-être que j'ai tort, mais j'ai
cru comprendre du groupe précédent, là, qui était effectivement Québec Meilleure
MINE, qu'il y en a une en quelque part, une réserve aquatique biologique, je
pense qu'on a nommé là haute Harricana, là, où il y a des claims miniers.
Alors, pourquoi est-ce que, dans ce cas là, si on accepte une réserve
biologique où il y a des claims miniers, pourquoi on n'accepterait pas des
nouveaux projets qui ont déjà un claim? Parce que leur compréhension de la
chose ou ce qu'ils nous ont expliqué, c'est que, dans certains cas, peut-être
que ce n'est pas toujours le cas, mais qu'il peut y avoir des mines
souterraines qui peuvent très bien cohabiter avec un milieu protégé en surface.
Mme Blanchette Vézina : Je
souhaiterais faire un appel au règlement, là, parce qu'il s'est dit choses qui
portent la commission... qui mettent la commission en erreur, là. En fait,
effectivement qu'il y a des projets d'aires protégées, et il y a des aires
protégées où il y a encore des droits d'exploration minière. Donc, ce que vous
avez mentionné est faux. Et les projets... Dans le fond, les projets peuvent
aller de l'avant quand même, on en a certains, Saint-Mathieu-du-Parc, les
claims existent, là. Pour moi, il est...
La Présidente (Mme Poulet) : J'aimerais
juste qu'on... Je comprends le point du règlement, mais on voudrait juste, oui,
recentrer les discussions, s'il vous plaît, pour... sur les faits. Alors, il
semblerait qu'il y a des choses... des propos qui sont inexacts ici.
M. Fortin :Moi, je ne m'en allais pas là, là, mais si la ministre veut
aller là, sentez-vous bien libre d'y répondre, là. Mais moi, je veux juste
comprendre votre point de vue. C'est à dire, est-ce que le fait qu'un claim
minier devrait automatiquement, pour le ministère de l'Environnement, dire :
Non, je n'accepte pas cette aire protégée là parce qu'il y a un claim minier
dessus?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : En
fait, non. En fait, nous, ce qu'on voudrait, c'est que le projet d'aires
protégées aille de l'avant et que le claim soit retiré.
M. Fortin :Mais ça, je vous entends, là, mais aujourd'hui, le
ministère de l'Environnement dit : Non, il n'y en aura pas parce qu'il y a
un claim minier. Est-ce que...
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Non,
il n'y en aura pas, mais il va souvent désigner l'aire protégée autour des
claims miniers existants.
M. Fortin :Je vous donne l'occasion de répondre à la ministre.
Mme Blanchette Vézina : ...la
spécification, je pense qu'il est important de le faire. Parfois, on garde le claim,
il y a certains... Ce que mon collègue mentionnait, c'est qu'il y a certaines
aires protégées sur lesquelles il y a toujours des droits, puis il y a
différentes mesures de protection également, là, qui peuvent être possibles,
là. Donc, peut-être nuancer la réponse.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Dans
le dossier de la zec des Anses, ce que j'ai mentionné, c'est que le projet d'aires
protégées tel qu'il a été présenté au ministère de l'Environnement, donc si on
va, par exemple sur SIGÉOM, qui est la carte interactive pour voir les droits
miniers en temps réel, on voit que le projet d'aires protégées, dans le fond, s'arrête
là où il y a des claims existants. C'est pour ça que je parlais d'un projet d'aires
protégées amputé et non pas d'un projet qui n'est pas allé de l'avant. Mais ce
que je voulais dire, c'est que... et peut-être que j'ai manqué de clarté, mais
ce que je voulais dire, c'est qu'on voit le projet d'aires protégées, mais le
secteur claimé est exclu du projet d'aires protégées, alors que c'était un
secteur qui était pourtant dans la demande. C'est ce que j'ai voulu mentionner.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Peut
être ajouter... C'est des discussions qu'on a avec les fonctionnaires des
différents ministères sur le terrain puis c'est un peu pour ça qu'on parle de
cohérence gouvernementale. C'est-à-dire que ce message là, si le message du
gouvernement, c'est : On peut aller de l'avant avec un projet d'aires
protégées quand il y a des claims, merveilleux. Ce message-là, on ne l'entend
pas du tout sur le terrain en ce moment, c'est l'inverse.
M. Fortin :Parfait. Ça va pour moi.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui,
allez-y, vous avez la parole.
Mme Dufour : Merci, Mme la Présidente.
Merci à vous deux pour la présentation...
Mme Dufour : ...présentation,
puis je vais renchérir sur une expérience précédente que j'ai vécue moi-même
lorsque j'étais élu municipal à Laval, territoire assez urbanisé, à comparer de
territoires que vous mentionnez, et on travaillait sur un projet d'aires
protégées, on était taxé, là, qu'il manquait d'aires protégées à Laval, et les
territoires qu'on avait identifiés, qui étaient... qui avaient beaucoup de
potentiel et qui étaient, en fait, une aire floristique, était clamée, et on
nous a dit que ça ne pouvait pas aller de l'avant tant qu'ils étaient claimés.
Donc, ça, ce n'est pas il y a une éternité, là, c'est il y a quelques années à
peine. Donc, moi, je l'ai vécu. Et c'est à la... au moment que ces claims-là
sont venus à échéance qu'enfin le projet a pu aller de l'avant. Ceci dit, mon
expérience aussi m'a démontré que c'était extrêmement long et fastidieux créer une
aire protégée, et j'aimerais peut-être que vous en parliez davantage, là, tu
sais, en comparaison, d'aller chercher un claim, combien de temps ça prend?
C'est quoi les étapes pour créer une aire protégée?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Bien,
je dirais qu'à l'heure actuelle puis... donc, à l'heure actuelle, ça prend
entre cinq et 10 ans pour créer une aire protégée. Évidemment que le
gouvernement... quand même, il faut saluer l'initiative de l'appel à projets
d'aires protégées en territoire public qui a été lancé par le gouvernement du
Québec. Donc, effectivement, on sent que le gouvernement veut accélérer la
cadence au niveau de la création d'aires protégées. Ce qu'on salue, bien sûr,
puis, en plus, on est partie prenante. Mais donc, c'est sûr qu'en comparaison,
le click and claim, c'est une question de minutes. Il y a des gens à l'étranger
aussi qui peuvent clamer sur le site Internet. Donc, c'est sûr que c'est très
rapide. Évidemment que la mise en place d'une aire protégée, c'est une
discussion entre plusieurs acteurs, c'est une planification territoriale, donc
on comprend que ce ne sera pas une question de secondes non plus. Mais nous, ce
qu'on propose, c'est ça, c'est des mécanismes pour accélérer la collaboration
entre les ministères. Mon collègue l'a dit, donc, nous, on s'adresse autant au
ministre de l'Environnement qu'au ministère des Ressources naturelles et des
Forêts. Et la collaboration, on s'en doute, il y a de la collaboration, mais il
faudrait renforcer les liens, s'assurer que les réponses sont plus rapides pour
venir protéger les territoires, pour éviter justement qu'on perde énormément de
temps. Et surtout, peut-être un élément que je voudrais rajouter, à l'heure
actuelle, on est, comme disait mon collègue, on est dans une course à relais,
et les compagnies en sont bien conscientes, donc elles font énormément de
pression à l'heure actuelle sur les élus régionaux, municipaux, c'est des
choses qu'on entend, parce qu'elles veulent se dépêcher à exploiter les
ressources naturelles avant l'atteinte du 30 %. Donc, nous, notre souci,
c'est de préserver le plus rapidement possible les territoires qu'on doit
protéger, les territoires sensibles, avant qu'il y ait une dégradation par
l'exploration ou l'exploitation minière.
Mme Dufour : Au lieu d'une
soustraction complète, est-ce qu'un moratoire c'est quelque chose qui pourrait
être envisagé, un genre de moratoire, le temps que les discussions se
terminent? C'est à dire que du moment que ça devient comme public, la vision de
la MRC et de tous les groupes, un peu comme des fois un schéma d'aménagement
ou, en fait, un nouveau plan d'urbanisme, un genre d'effet du gel, est ce que
ça, ça pourrait être un outil envisageable, que pendant cette période-là, il
n'y a pas de claim possible au lieu de le soustraire ad vitam aeternam, là?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Bien,
c'est... En fait, c'est essentiellement ce qu'on propose avec l'approche des
claims nature. Donc, l'idée, c'est... bon, on ne l'a pas appelé moratoire.
L'idée étant simplement de proposer une voie rapide pour la création d'aires
protégées. Donc, que les ministères, les MRC puissent identifier rapidement les
territoires d'intérêt pour la conservation. Et qu'une fois ces territoires là
identifiés, délimités, qu'on... d'une certaine façon qu'il y ait un moratoire,
c'est-à-dire une période de gel pour éviter la perte des milieux naturels
d'intérêt et pour laisser le temps aux ministères, aux différents ministères,
de faire les vérifications nécessaires. Donc, ultimement, à terme, évidemment,
on espère une désignation, mais peut-être que certains territoires seront jugés
trop critiques pour, par exemple, les minéraux, donc on souhaiterait les
exploiter, mais, au moins, on aura pris le temps en bonne et due forme de...
finalement, de comprendre ce qu'on perd, comme je disais tout à l'heure, et de
s'assurer que tout le monde a les mêmes informations au lieu d'être à la course
et d'être dans des conflits d'usage à l'heure actuelle entre... et des bras de
fer un peu partout à travers le Québec.
• (12 h 40) •
Mme Dufour : Merci. Merci
beaucoup. Il me reste juste... Bien, je ne sais pas si vous aviez quelque chose
à ajouter.
M. Lemay (Jean-Philippe) : Non,
mais je vais juste dire, en fait, c'est l'objectif d'avoir un document qui est
dynamique avec le plan d'affectation, c'est que s'il y a des territoires que
finalement on n'a pas besoin d'aller protéger ou pour une raison X, on veut
aller faire de l'exploitation, bien, à ce moment-là, ça se bouge, c'est
dynamique, ce n'est pas... ça ne se veut pas être un moratoire, disons, à vie
sur certains territoires. On veut se donner le temps d'identifier les
territoires à protéger et de le faire comme il faut.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
merci, on va poursuivre les discussions avec la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme
la Présidente. Merci aux membres de la SNAP pour votre présentation. Peut-être,
pour compléter la discussion sur les claims dans les zones qui sont...
Mme Zaga Mendez : ...qui
veulent être des aires... on veut faire des aires protégées, il y a quelque
chose que vous avez dit qui m'avait marquée, c'est qu'il y a des zones dans
lesquelles il y a déjà des annonces qui sont faites par le ministère du
Tourisme, par le ministère de l'Environnement. Est-ce que vous sentez qu'un
critère pour le retrait des claims, ce serait soit l'engagement d'un autre
ministère ou un autre organisme, que ce soit... Je l'ai vu au niveau du
Tourisme, au niveau... bon, Forêts, Faune et Parcs avant, mais maintenant avec
le ministère de l'Environnement. Sentez-vous que ça peut... un critère de base
pour permettre par la suite soit un retrait de claim ou l'ajout de cette
zone-là dans l'aire protégée, malgré des claims qui pourraient arriver à
échéance?
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Bien,
c'est certain qu'à l'heure actuelle, vu la quantité de claims qu'il y a sur le
territoire du Québec puis l'appel à projets dont on parlait... Comme je le
mentionnais, on accompagne des dizaines de porteurs de projets, on a plus de
200 projets sous notre radar d'aires protégées à travers le Québec, et c'est
certain que parmi ces projets-là il y a des gens qui avaient des projets de
sentiers récréotouristiques déjà existants ou des développements, des projets
de mise en valeur, des projets de camping, de refuge, etc., donc... accès à la
nature. Donc, c'est sûr que dans certains cas ils ont déjà eu du financement
de... d'autres ministères et dans d'autres cas ils seraient alors à en
demander.
Donc, c'est sûr que les aires protégées,
pour nous, c'est un outil de mise en valeur du territoire public. Pour nous, ce
n'est pas une cloche de verre, c'est un moyen justement de mettre en valeur le
territoire au bénéfice du plus grand nombre. Donc, à notre avis, à partir du
moment où il y a des MRC, des municipalités qui souhaitent des aires protégées,
qu'il y a une acceptabilité sociale qui peut se mesurer par des séances
d'information avec la population, etc., et qu'il y a déjà une vision, un
objectif de... d'accessibilité à la nature pour la population, évidemment que
pour nous c'est les territoires qui devraient être protégés en priorité.
Mme Zaga Mendez : Merci. Vous
avez très bien expliqué un peu les exemples de comment ceux-ci bloquent dans
les traces pour créer les... les contours des aires protégées.
Tout à l'heure, vous parlez aussi de
l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Mais comment abolir
cet article... article, donc un autre outil justement pour mieux planifier la
protection d'autres usages du territoire face à l'exploration et l'exploitation
minière?
M. Lemay (Jean-Philippe) : Oui.
Actuellement, en fait, une fois que 246 est abrogé, la question, c'est :
Qu'est-ce qui vient après? Donc, ce seraient les schémas d'aménagement, ce
seraient les MRC. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on devrait y aller avec une
planification dans laquelle les activités minières sont une activité parmi tant
d'autres. Pour certaines municipalités, ça va faire du sens d'aller faire de
l'activité minière. Pour d'autres, comme vous l'avez entendu hier, leur
développement économique, ça passe par des aires protégées. Donc, dans ce
cas-là, évidemment qu'en ce moment ils sont limités à cause de l'article 246.
L'idée, c'est de passer d'une préseance minière à une planification générale de
l'aménagement du territoire.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Puis, rapidement, sur les... la zone tampon... Parce qu'il y a aussi eu des
claims autour de nos parcs nationaux. Bien sûr, un claim n'est pas égal à une
mine qui va ouvrir à côté du parc Mont-Tremblant, mais vous proposez des zones
tampons autour de nos parcs nationaux. Je voulais vous entendre un peu
là-dessus.
Mme Beauvais (Marie-Pierre) : Oui.
En fait, le... l'idée des... de la zone tampon, c'est : Il faut considérer
les aires protégées comme, évidemment, là, un des principaux outils pour
protéger la biodiversité. Mais une aire protégée, c'est bien; deux aires
protégées connectées, c'est encore mieux. Imaginez-vous un... une plante ou un
animal qui est dans une aire protégée, qui doit traverser l'aire protégée pour
se rendre à un autre site d'alimentation ou une migration et qui doit être
confronté à des coupes forestières ou à des claims... à des mines, par exemple.
Donc, l'idée, c'est de venir agrandir les aires protégées, limiter le dérangement
de la faune, de la flore à l'intérieur des périmètres des aires protégées et
agrandir un petit peu pour, encore une fois, venir... venir finalement agrandir
le territoire pour le bénéfice de la faune et la flore, favoriser la
connectivité écologique aussi entre les aires protégées, et il y a une notion
aussi de protection paysagère.
Donc, vous l'avez mentionné, il y a une
mine près du parc national du Mont-Tremblant. Donc, évidemment, on est dans un
cas de figure où une aire protégée a été...
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux
exceptionnellement jusqu'à 15 h 50.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 51)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
bonjour, mesdames messieurs, nous allons reprendre nos travaux. La Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
reprend ses travaux, et je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Alors, nous poursuivons les consultations
particulières...
La Présidente (Mme Poulet) : ...et
auditions publiques sur le projet de loi n° 63, Loi modifiant la Loi sur
les mines et d'autres dispositions. Alors, cet après-midi, nous entendrons le
Conseil patronal de l'environnement du Québec, le Pr Michel Jébrak et la
Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l'activité minière.
Alors, cet après-midi, le premier groupe
va être un format hybride, alors tant en présentiel qu'en vidéo-conférence.
Alors, je vous souhaite la bienvenue à tous les deux. Je vous rappelle que vous
avez 10 minutes pour votre exposé, par la suite on va procéder à une
période d'échange. Alors, allez-y, on vous écoute.
Mme Lauzon (Hélène) : Bonjour,
Mme la Présidente. Bonjour, Mme la ministre et Mmes et MM. les parlementaires.
Mon nom est Hélène Laurence, je suis la P.D.G. du Conseil patronal de
l'environnement du Québec et je suis accompagnée aujourd'hui de Me Dominique
Amyot-Bilodeau, qui est un associé du cabinet MacCarthy, mais également membre
de notre organisation, le CPEQ. Je remercie de nous inviter. Aujourd'hui, je
commence avec quelques messages parlementaires, mon collègue prend ensuite la
pôle, et puis nous pourrons répondre à vos questions.
Alors, on commence en vous disant, le
projet de loi, bien qu'il cherche à éviter, à limiter les impacts des activités
minières sur les communautés locales puis à permettre la priorisation et la
conciliation des usages, la protection du territoire, oui, on appuie ses
objectifs, mais les mécanismes choisis pour atteindre les objectifs nous
semblent problématiques. Alors, dans un premier temps, les nouveaux pouvoirs discrétionnaires
conférés à la ministre à l'égard des titulaires de droits miniers, certains
sont sans aucune balise claire, ce qui nous préoccupe beaucoup. Il y a un
important dédoublement, à plusieurs endroits, du dédoublement administratif et
même à certains... dans certains cas contradictoires par rapport au processus
d'autorisation qui est déjà prévu à la Loi sur la qualité de l'environnement,
qui est déjà très complexe, notamment pour les projets assujettis à la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts.
On a aussi une préoccupation par rapport
au régime de responsabilité sans faute, qui s'écarte du régime que l'on
retrouve dans le Code civil du Québec. Mme la ministre, vous êtes bien
familière avec. Alors, ce régime-là, sans égard à la forme, écarte, sans
justification, selon nous, le régime général de responsabilité qui est prévu au
code puis qui expose les entreprises minières à des poursuites civiles, même
lorsqu'elles respectent les conditions ou les obligations prévues à leur
autorisation environnementale. Ce qu'on voit aussi dans le projet de loi, c'est
un élargissement considérable de la portée de la Loi sur les mines puis ça
pourrait potentiellement imposer de nouvelles obligations pour des activités
qui ne relèvent pas de l'exploitation d'une mine, par exemple des cimenteries,
des alumineries, des fonderies. Or, ces activités-là sont déjà lourdement
réglementées par l'entremise de la Loi sur la qualité de l'environnement. On ne
pense pas que c'est nécessaire d'en rajouter. Puis, avec la possibilité
d'imposer des restrictions lors de la conclusion d'un bail minier, qui
constitue un dédoublement, selon nous, aussi du régime d'autorisation
environnementale, bien, il s'agit d'une nouvelle couche qu'on vient ajouter à
des obligations déjà imposantes. Puis c'est contraire, selon nous, à la
Politique gouvernementale sur l'allègement réglementaire et administratif et au
plan d'action gouvernemental en allègement réglementaire. Et là je cède la
parole à mon collègue pour continuer nos messages.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Merci
beaucoup, Hélène. Mme la Présidente, Mme la ministre, chers membres de la
commission... points additionnels qui seraient peut-être pertinents, selon
nous, de venir vous communiquer aujourd'hui. Premièrement, évidemment, un des
objectifs importants du projet de loi vise à favoriser, encourager l'économie
circulaire, ce qui est un objectif tout à fait légitime à notre... dans notre
perspective. Cela dit, certaines des mesures vont plus loin que simplement
favoriser l'économie circulaire et permettre, notamment, et je réfère à
l'article 234.1, permettre au ministre ou à la ministre de venir imposer,
de venir forcer l'exploitation des résidus miniers qui sont présents sur
certains sites, et ce, sans un encadrement législatif précis, à la discrétion
de la ministre, et à n'importe quel moment dans l'opération d'un site, même
après la construction d'un site minier. Évidemment, le fait d'imposer
l'exploitation de résidus miniers, une mine en exploitation peut soulever des
problématiques importantes, des contraintes opérationnelles, des
investissements qui sont requis. Et, selon nous, ce type de mesures là devrait
être limité et, en fait, être prévu à... ou être limité et réservé au
gouvernement du Québec dans le cadre du processus d'évaluation d'impacts et du
décret qui peut être émis en amont d'un projet et non pas à la discrétion du
ministre.
On aimerait également juste vous souligner
le fait que la question de la soustraction du territoire aux activités
minières, que ce soit en terrain privé ou en périmètre d'urbanisation a déjà
fait l'objet de plusieurs commentaires, donc on ne veut pas répéter inutilement
ce qui a déjà été dit devant cette commission. Mais, je pense, c'est important
quand même de réitérer que le fait de limiter notre capacité collective à
mettre en valeur les ressources minérales du Québec, pour nous, c'est une...
c'est un enjeu. Et surtout que ce type de mesures là, donc une soustraction
complète de l'exploration...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : ...ou
la mise en valeur dans les périmètres d'urbanisation, notamment, lance un
message que les activités minières sont nécessairement incompatibles avec le
développement de nos villes et de nos municipalités, et ça, on pense que c'est
un message qui est erroné, et c'est un message qui peut nuire au fait de
développer l'acceptabilité sociale. Ça stigmatise l'industrie minière, et ça
nuit à nos efforts d'intégration des projets, dans certains cas. Donc, nous,
pour le CPEQ, on partage entièrement les préoccupations qui ont été mises de
l'avant par les différentes associations minières sur ce point-là.
Parlant d'acceptabilité sociale, le projet
de loi prévoit l'ajout de différents mécanismes de consultation et de partage
d'information auprès de la population, et, à sa face même, le fait d'avoir une
industrie qui est transparente, d'avoir des échanges d'information avec la
population, c'est quelque chose qui est important pour le développement de
l'industrie, et ça, en soi, ce n'est pas un problème. Par contre, la préoccupation
qu'on a, lorsqu'on lit ce projet de loi là, et l'ensemble des modifications
récentes qui ont été apportées au cadre réglementaire minier, c'est qu'on voit
un risque réel et grandissant de surconsultation, qui peut amener la population
à avoir... à y perdre, en fait, le fil. À force de consulter pour des projets
de petite envergure, de moyenne envergure, de grande envergure, à tous les
stades des projets, il vient un moment où la population n'a simplement plus la
capacité de bien absorber l'information.
Je mentionne, notamment, les réformes
récentes, en fait, qui ne sont pas visées par le projet de loi, mais lorsqu'on
est venu introduire, à la Loi sur les mines, un régime de consultation
spécifique pour les travaux qui sont dits à impact, on est venu, donc, donner
une teinte à ce type de travaux là, et lorsqu'une municipalité reçoit un avis,
en disant : Nous allons faire des travaux à impact sur la municipalité,
même lorsque certains travaux n'ont aucun impact réel sur les communautés, en
raison de leur nature ou de leur localisation, on lance quand même un message
aux communautés, on vient détruire votre territoire, on vient impacter votre
territoire, quand ce n'est pas toujours le cas.
Donc, le message général, c'est qu'il faut
faire attention à la façon dont on présente les consultations, à la façon dont
on présente les projets et surtout, avoir une réflexion globale sur la façon de
consulter la population, pour leur donner des informations utiles, et qui vont
permettre d'avoir une vraie discussion, plutôt que de simplement avoir une
surabondance de mécanismes de consultation, qui ne sont pas concertés entre
eux.
Un dernier point, dans le temps qui nous
est alloué, qui est un peu plus technique, celui-ci, mais qui est quand même
important pour l'industrie minière et pour l'industrie en général. Le projet de
loi prévoit certaines contraintes qu'on considère artificielles, un peu, à
l'égard de certaines transactions minières ou transactions commerciales qui
peuvent être réalisées dans le secteur. On pense plus spécifiquement, par
exemple, à la nouvelle autorisation qui serait requise pour pouvoir transférer
un droit d'exploration exclusif au cours de la première période de la validité,
donc le fait d'aller chercher un nouveau permis requis pour simplement
transférer un droit immobilier.
Même chose, et encore plus important,
peut-être, l'obligation qui est prévue, à l'article 232.0.1, de verser au
ministre une compensation en cas de cession d'un terrain qui est visé par les
objets de travaux miniers ou en cas de cession d'une usine. Et là, ici, ce que
l'article vise, il vise, notamment, les droits miniers, mais ça va plus loin.
On vise les transferts de terrains, les transferts d'usines comme tels. Une
contrainte de ce type-là n'existe pas à l'heure actuelle, et, à notre
connaissance, il n'y a pas de précédent dans des juridictions voisines du
Québec.
Il faut bien comprendre que, lorsqu'on
vend un terrain, lorsqu'on vend une usine c'est une transaction qui est
immobilière, qui est gérée, donc, par le droit immobilier, par le Code civil,
et, à notre avis, il n'y a pas de place, dans la Loi sur les mines, pour venir
imposer des restrictions à ce type de transferts là. On comprend, évidemment,
que cette disposition-là est venue en place pour venir répondre à certaines
préoccupations au niveau environnemental, et ce qu'on vous soumet aujourd'hui,
dans le cadre du mémoire qui a été déposé, également, c'est que ces
préoccupations-là... sur la réhabilitation des terrains, par exemple, est déjà
bien couverte par la Loi sur la qualité de l'environnement, qui prévoit des
mécanismes applicables en matière de restauration de terrains.
• (16 heures) •
Et donc ce qu'on dit, c'est : en
venant mettre ces barrières artificielles là, on vient causer des impacts
réels, tangibles dans les transactions commerciales, on vient nuire à des
investissements qui peuvent favoriser le développement de l'industrie, et,
ultimement, c'est donc une contrainte qui nous paraît aller un peu à l'encontre
des objectifs de la loi, qui est quand même, somme toute, de favoriser le
développement durable de l'industrie minière au Québec. Et donc je m'arrête sur
ces quelques commentaires, et merci beaucoup pour la possibilité de présenter
notre mémoire.
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
merci beaucoup. On va commencer la période d'échange. Mme la ministre, pour
16 min 30 s.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
merci d'être présents, autant en virtuel qu'en présentiel, là, pour ces
consultations particulières. Vous avez mentionné des dédoublements en lien avec
des réglementations environnementales, là. Tu sais, l'objectif est vraiment...
je le répète, là, notre volonté, c'est de pouvoir, avec, notamment, les... le
bureau... l'étape du Bureau d'audiences publiques en environnement, réduire
certaines des obligations, pas réduire en termes de qualité, mais concentrer,
sur un seul véhicule, certaines des exigences. Le bureau d'audiences exige
certaines... certains rapports, certaines analyses. Et vous avez mentionné
qu'il y avait des dédoublements. Pouvez-vous nous en nommer, lesquels...
auxquels vous faisiez référence?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Certainement,
puis, évidemment... très rapidement, sur quelques-uns, puis il y en aurait
d'autres. Lorsque, par exemple, il y a un pouvoir qui est prévu lors de
l'émission...
16 h (version non révisée)
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : ...le
nouveau bail minier devrait mettre en place des conditions et des restrictions
pour pouvoir favoriser une conciliation des usages, alors que ce type de
conciliation là a déjà fait l'objet donc et fait de l'objet du processus du
BAPE fait l'objet et peut faire l'objet de mesures par le gouvernement du
Québec directement dans le cadre du décret.
Il faut bien comprendre que dans le
processus d'autorisation d'un projet minier, lorsque le gouvernement du Québec
émet son décret pour autoriser un projet, le ministère de l'Environnement est
somme toute lié par cette décision du gouvernement de dire : Voici le
terrain de jeu, voici le cadre dans lequel ce projet-là, à notre avis, est
favorable pour l'ensemble des Québécois. En venant mettre un régime séparé,
dans la Loi sur les mines, qui n'est pas lié au régime du décret, on vient de
créer la possibilité — évidemment, c'est une possibilité, on s'entend,
c'est un pouvoir discrétionnaire — mais une possibilité de venir
imposer des conditions additionnelles de ce que le gouvernement aurait décrété
de son côté suite à l'analyse complète et suite au BAPE, par exemple. Et donc c'est
là où c'est un exemple de dédoublement qu'on peut trouver. L'exemple qu'on
mentionnait tout à l'heure au niveau de l'exploitation des résidus miniers en
est un autre, où là encore le gouvernement du Québec aurait mis en place un
cadre pour un projet et, par la suite, le ministre ou la ministre viendrait
imposer l'exploitation de résidus, alors que ce n'est pas ce que le
gouvernement a prévu dans le cadre du régime d'autorisation qui est en place.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Vous avez aussi mentionné certaines restrictions que toucheraient des
alumineries et de la fonderie, là, j'essaie de comprendre dans quelles... à
quelles dispositions vous faites référence.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Donc,
on fait référence plus spécifiquement à l'article 232 du projet de loi, et
effectivement il est clair pour nous que l'intention gouvernementale n'est pas
du tout d'aller toucher aux alumineries, aux cimenteries, aux usines de fusion
ou... qui sont présentes au Québec. Ce que l'article 232 vient prévoir
notamment, c'est le nouveau régime, l'obligation générale de restaurer les
sites miniers qui est déjà présente, on vient de refaire... un peu reformuler
les différentes exigences.
Il y a par contre un ajout au troisième
alinéa de l'article ou on vient rajouter «outre les usines de concentration de
substances minérales». On est venu rajouter, dans le projet de loi, les usines
de transformation, un terme qui n'est pas défini à la loi. Et lorsqu'on parle
de la transformation de substances minérales, et bien effectivement, les
cimenteries font de la transformation, les alumineries, dans certains cas, vont
pouvoir faire la transformation, et évidemment on ne pense pas du tout que c'est
ce qui est visé par le projet de loi. Donc, il faudrait à tout le moins que cet
article-là soit clarifié pour éviter de venir assimiler à l'industrie minière
un ensemble d'usines, les fonderies qui ne sont pas au cœur de ce qui est visé
par cette disposition-ci, qui font déjà l'objet d'un encadrement très
spécifique, très détaillé à la Loi sur la qualité de l'environnement et, dans
certains cas, dans des règlements sectoriaux également.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Merci, merci de la spécification. On va regarder parce qu'effectivement l'objectif
n'était pas de toucher les fonderies ou les alumineries, là.
On a entendu certains groupes soulever des
propositions, là, notamment de retirer l'article 242... 246, pardon, de la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. J'aimerais savoir votre position par
rapport à cette proposition de certains groupes.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Il
existe déjà, dans le cadre réglementaire actuel, un ensemble de mécanismes qui
visent à faciliter la conciliation entre les volontés des municipalités,
notamment de venir développer leur territoire en fonction de leurs priorités et
cette nécessaire cohabitation, dans certains cas, avec le développement d'une
industrie qui est présente sur le territoire.
On a des mécanismes, des orientations
gouvernementales en matière d'aménagement du territoire, les territoires
incompatibles, qui vont être décrétés par les MRC. Il y a déjà tout un cadre
réglementaire qui a été mis en place ,ces dernières années, pour pouvoir venir
faciliter cette conciliation-là.
À notre avis, le fait de vouloir en
rajouter davantage à ce stade-ci, c'est faire fi du fait que ces mesures-là s'inscrivent
dans le temps et que nécessairement, il faut laisser aux mesures le temps de
venir s'appliquer pour voir les effets réels et concrets.
À force de rajouter des couches
additionnelles, ce qu'on vient faire tout simplement, c'est de limiter la
capacité de développer des nouveaux projets qui sont réellement structurants
pour de nombreuses communautés. Évidemment, on pense à l'Abitibi, O.K., qui est
un secteur minier, mais c'est la même chose dans d'autres communautés
également.
Il y a des projets miniers, évidemment à
la grandeur du Québec qui ont permis d'avoir... de créer une activité
économique importante. Donc, pour nous, le fait de venir rajouter encore une
contrainte additionnelle à l'industrie minière, et c'est plus large que juste
votre question, mais c'est dans le même thème, est un enjeu qui ne permet pas à
l'industrie de venir... avoir moins l'opportunité de faire valoir qu'un projet
peut être structurant, positif pour l'ensemble de la communauté.
Mme Blanchette Vézina : Je
vous amènerais plus en détail sur 246 parce qu'en fait ce que les
municipalités... la Fédération québécoise des municipalités est venue nous
dire, c'est qu'on devrait, plutôt que d'avoir des territoires incompatibles à l'activité
minière, retirer 246 et laisser le pouvoir aux municipalités, aux MRC de faire
des schémas d'aménagement qui permettraient l'activité ou non, qui permettrait
ou non l'activité minière. Qu'est-ce que vous en pensez de ce point-là, si on
retirait les... là, par exemple?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Il
y a une nécessité d'équilibre dans l'ensemble des développements de projets de
cette nature-là entre l'objectif global du Québec de développer ses ressources
et le phénomène du «pas dans ma cour» qui est très facile, notamment dans les
secteurs où il n'y a pas eu de projet minier pour l'instant. C'est très facile
pour une municipalité de sentir que, bien, on va juste couper l'ensemble des
possibilités de développement sur notre territoire, comme ça on n'aura pas de
pression politique qui s'y rattache.
La réalité, par contre, c'est que comme
société, on a besoin des substances minérales, on a besoin de développer nos
ressources, et à ce niveau-là, on pense que le gouvernement du Québec et le
ministère des Ressources naturelles en particulier...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : ...un
rôle crucial à jouer en tant qu'arbitre des différents intérêts locaux et
provinciaux et nationaux. Et donc, pour nous, l'ajout d'un mécanisme du type de
246 viendrait simplement mettre fin directement, dans certains... dans certains
secteurs du Québec, à la possibilité même d'un dialogue en raison de ces...
souvent d'une absence de compréhension de l'industrie. Et, pour nous, ça, ce
n'est pas favorable à développer une compréhension globale de l'industrie.
Mme Blanchette Vézina : Vous
parliez des consultations, là, qu'on souhaite... du dialogue, disons, qu'on
souhaite ouvrir entre les communautés puis l'industrie minière. Vous parliez de
consultations trop abondantes, qu'il faudrait mettre des balises. Comment vous
voyez l'établissement de ces balises? Tu sais, là, moi, je prônerais plutôt que
l'industrie est la meilleure pour savoir comment informer la population, mais
j'aimerais vous entendre sur la méthode à adopter.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : C'est
une très bonne question. Puis effectivement l'industrie minière a déjà mis en
place des pratiques de consultation auprès des différentes communautés
impactées, qui est nécessaire à aller chercher l'acceptabilité sociale pour
tout projet minier. Donc, c'est... une entreprise qui ne fait pas ça n'ira pas
chercher l'acceptabilité pour ses projets et, ultimement, va avoir bien de la
difficulté à aller chercher les autorisations requises.
Ce qu'on constate, par contre, c'est que,
d'un point de vue réglementaire, il y a une multiplication des étapes qui sont
forcées à différentes étapes. Je mentionnais tout à l'heure la question des
travaux dits à impact, qui vient forcer des communications même pour des
travaux qui sont absolument de portée minime. On a des obligations de
consultation à chacune des étapes du processus, des obligations de séances
d'information avec des plans prévus à l'avance : Dans l'année prochaine,
quels seront les travaux qui vont être réalisés? Il y a des obligations de
consultation, au niveau constitutionnel, auprès des communautés autochtones.
Cette multiplication d'éléments, plus le BAPE et les séances de consultation
préalables, viennent juste créer un environnement dans lequel, on vous soumet,
la population n'est plus à l'aise de savoir qu'est-ce qui est pertinent ou non,
qu'est-ce qui est important ou non dans l'ensemble de ces communications-là. Et
donc la recommandation qu'on fait, c'est d'avoir une réflexion plus globale en
disant : Refaisons la liste de toutes les étapes réglementaires de
consultation qui sont requises et déterminons s'il n'y a pas un moyen d'arrimer
celles-ci.
Un exemple très particulier ou très
spécifique : lorsque... La loi ou le projet de loi vient prévoir, donc,
cette nécessité d'avoir des séances d'information. On oublie souvent le fait
que, dans bien des cas ou dans certains cas, les communautés ne voudront plus
être trop consultées, n'auront plus les ressources pour gérer la surabondance
de consultations. Peut-être qu'il vaudrait la peine d'avoir un chantier pour
voir : Bien, trouvons un mécanisme pour remettre ensemble l'ensemble des
consultations requises, qui permettrait d'avoir un processus plus simple, plus
allégé pour l'ensemble des participants. Et évidemment, lorsqu'une municipalité
ou d'autres intervenants lèvent la main en disant : Nous souhaitons avoir
plus d'information sur telle ou telle phase, bien, prévoyons ces mécanismes-là
plutôt que de l'imposer d'entrée de jeu, sans tenir compte du fait que
plusieurs projets miniers, par exemple, ont des ententes avec les communautés
autochtones qui prévoient déjà des comités de suivi. Plusieurs projets ont des
comités de consultation locaux qui sont en place, qui prévoient déjà, donc, un
mécanisme d'échange d'information. Des fois, on en rajoute trop, et ça nuit à
la consultation réelle.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Vous parliez tout à l'heure que l'acceptabilité sociale, elle est compatible
avec le développement minier. Là, on l'a... on l'a vu avec certains acteurs de
l'Abitibi, on sait qu'il y a du développement, là, dans les secteurs miniers où
c'est plus traditionnel, disons, l'exploitation minière, l'exploration minière.
Mais qu'est-ce que vous suggérez pour améliorer les relations entre les
communautés, les promoteurs, outre la consultation, là, la meilleure
harmonisation des consultations, mais en termes d'usage puis de prévisibilité
pour les communautés... les communautés locales?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Absolument.
Le projet de loi prévoit déjà des mesures qui sont intéressantes, notamment
pour freiner la spéculation, et ça, c'est de nature à éviter des... puis
excusez-moi l'anglicisme, là, des spins inutiles sur des projets qui ne verront
jamais le jour. Ça fait que, déjà là, ce type de mesures là est très favorable
pour amener les gens à réaliser que, des projets miniers qui vont réellement se
développer au Québec, il n'y en a pas tant que ça. On peut ultimement les
compter sur les doigts d'une main, les projets miniers qui sont... qui sont
sérieux, qui risquent d'avancer rapidement.
• (16 h 10) •
Pour chacun de ces projets-là, il y a
évidemment nécessité d'avoir des comités de suivi et des séances d'information
et avoir un mécanisme qui est en place, ce qui est déjà le cas dans la
réglementation actuelle. Et donc ce qu'on... le message qu'on lance, c'est de
dire : Utilisons ces mécanismes-là qui sont déjà présents, évitons les
projets miniers qui ne sont pas des réels projets miniers, mais simplement de
la spéculation, ce qui va déjà permettre d'avoir un dialogue avec la population
sur des vrais projets plutôt que sur la crainte d'avoir des travaux sur un
terrain, alors qu'en réalité c'est simplement un claim qui va rester inactif
pendant sa durée de vie.
Mme Blanchette Vézina : Vous
parlez des dispositions, là, qui sont en lien avec la spéculation puis vous
mentionniez que vous étiez contre la disposition du retrait des terres privées,
là. Peut-être une nuance importante à apporter, c'est qu'il y a une possibilité
pour les municipalités qui souhaitent réintégrer ou qui souhaitent que des
terres privées puissent faire l'objet de travaux d'exploration. Donc, la
municipalité peut décider de réintégrer ses terres si elle le désire, donc...
Puis il y a des mesures aussi qui sont... qui permettent que, dans des secteurs
comme pour l'Abitibi, là, où il y a eu des travaux depuis 1988... que les
claims puissent... les droits d'exploration exclusifs puissent se poursuivre.
J'aimerais comprendre quelle autre
mesure... Si vous dites : Il faut sélectionner les bons...
Mme Blanchette Vézina : ...nous,
on pense, et c'est la proposition qu'on fait dans le projet de loi, qu'en
retirant ces terres où il n'y a jamais eu, en ce moment, des terres privées, où
il n'y a jamais eu d'exploration, puis où la volonté locale n'est pas présente,
on va se retrouver à avoir sélectionné des secteurs qui sont justement plus
prioritaires, des projets, plus réalistement, vont pouvoir se réaliser. Comment
vous voyez réellement, concrètement, qu'on pourrait faire mieux que ça?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Mais,
en fait, la prémisse que vous venez d'énoncer, je pense, c'est celle-là qu'on
remet en question un peu, c'est-à-dire ce n'est pas parce que, sur un terrain,
il n'y a pas eu d'exploration au moment où on se parle, que ce terrain-là n'a
pas de ressources minérales. Au contraire, c'est la raison même d'être de
l'exploration minière. Et donc la prémisse selon laquelle, parce qu'il n'y a
pas eu de travaux, il n'y a pas d'intérêt, pour nous, elle est erronée.
D'autant plus dans un contexte, et je pense que d'autres intervenants l'ont
mentionné, où la nature des minéraux, qui sont les plus importants pour le
développement de la société, évolue également. Il y a des nouvelles réalités
sociales, réalités économiques qui évoluent. Et donc ce n'est pas parce qu'un
minerai n'était pas d'intérêt dans le passé qu'il ne peut pas le devenir dans
le futur. On vient surtout, en venant mettre ce type de règle là, dire: Bon,
bien, voilà, ce terrain-là, il n'est pas propice à l'activité minière sans
qu'il n'y ait eu une réelle validation du type de potentiel qu'il pourrait
avoir.
Et c'est là où ce qu'on vous soumet, c'est
qu'on devrait plutôt, au contraire, encourager l'exploration et laisser au
secteur privé le soin d'aller dépenser des ressources, s'il juge qu'un secteur
est d'intérêt pour faire ce développement-là, en s'assurant qu'il y ait des
balises prévisibles, claires, connues de tous et qui sont acceptables pour le
milieu en matière de façons de réaliser ces projets. Souvent, les projets
d'exploration n'auront aucun impact réel sur les communautés. Donc, pourquoi,
d'entrée de jeu, venir dire que tous les projets d'exploration sont retirés?
Pour nous, il y a une logique qui est absente dans cette proposition-là.
Mme Blanchette Vézina : OK
Vous avez mentionné, là, que vous étiez favorables à l'exploitation des résidus
miniers, mais que vous trouviez que l'article faisant référence à la
transformation ou au pouvoir de la ministre ou du ministre de orcer la
transformation ou l'utilisation des résidus miniers, vous n'y étiez pas
favorables. Comment on peut concilier ces deux... ces deux réalités ou ces deux
opinions-là?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : C'est
une très bonne question, et je répondrai avec... en deux volets principaux.
Premièrement, l'article, tel qu'il est rédigé présentement, permet au ministre
ou à la ministre de venir forcer cinq critères sans balises, sans encadrement,
l'exploitation des résidus miniers, que ça soit économiquement viable ou non,
peu importe le contexte. Et on sait très bien que la volonté gouvernementale
n'est pas de venir tuer une mine, mais c'est ce que l'article prévoit
spécifiquement en disant que, si l'entreprise ne vient pas exploiter les
résidus miniers, la ministre ou le ministre a le pouvoir de forcer la fermeture
de la mine. Donc, c'est la fin de vie ou de mort d'un projet. C'est là où ça va
beaucoup trop loin.
L'autre élément, c'est lorsqu'on parle de
favoriser ce type de mesure là. Outre une mesure extrême qui est celle de
forcer les travaux comme tels, il y a des mesures intermédiaires qui peuvent
être envisagées, que ce soit en matière de favoriser la création de projets, ça
peut être des incitatifs financiers. Et ça peut surtout être en amont,
lorsqu'un projet est en cours de développement, dans le cadre du BAPE,
notamment, les études d'impact, de forcer ou de demander aux entreprises des
études en disant: Parfait, voici votre plan minier. Est-ce que vous pouvez nous
démontrer qu'il n'y a pas de potentiel économique, que vous pourrez en profiter
pour exploiter sur d'autres éléments? Mais une fois qu'une décision
d'investissement est pris sur un projet minier, de venir dire: Bien, parfait,
maintenant, créez-vous des nouvelles usines pour aller chercher l'extraction de
nouveaux minéraux, c'est des investissements significatifs qui peuvent tuer des
projets miniers ou économiques ou rendre les investissements moins rentables.
Et c'est là où on dit: Ce n'est pas le bon
moment de le faire. Il faut vraiment... Ultimement, le pouvoir de vie ou de
mort sur un projet devrait relever du gouvernement lors du processus
d'autorisation environnementale et non pas d'un pouvoir ministériel
discrétionnaire par la suite.
Mme Blanchette Vézina : Je
comprends, si on a la volonté, parce que le détenteur du bail minier ne
souhaite pas mettre en valeur, parce qu'il considère... ou, en tout cas, a fait
la démonstration qu'il n'avait pas de potentiel économique dans la mise en
valeur des résidus, si, comme gouvernement, on souhaite, par exemple, utiliser
les stériles pour aller construire des routes, comment on pourrait le faire
selon vous?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Bien,
un des enjeux de ce type de question là, c'est simplement penser, puis je ne
dis pas que c'est ce que ce que vous dites là, mais que... simplement, aller
chercher, les enlever, ça finit là. Évidemment que les résidus miniers font
l'objet d'études d'ingénierie détaillée, pour être en mesure d'être entreposés
d'une façon sécuritaire. Et des mesures de ce type-là doivent s'intégrer dans
le cadre d'un plan minier. Et c'est là où, par exemple, si le ministère vient
demander des études sur le potentiel, déjà là, ça permet de faciliter les
choses pour essayer de s'assurer qu'il y a... Donc, je pense, l'approche qui
est mise de l'avant, elle est beaucoup trop radicale à ce niveau-là.
Par ailleurs, lorsqu'il y a un potentiel
économique dans des résidus miniers, évidemment, la plupart des entreprises
vont vouloir le mettre en valeur. Il va de soi qu'une entreprise ne va pas
sciemment laisser de l'argent dormir sur le territoire. Mais, souvent, cette
décision-là vient avec une analyse sur quels seront les cours des métaux, quels
seront les investissements qui sont requis. C'est une analyse de risque. Ce
qu'on dit, c'est: Le gouvernement ne peut pas imposer aux entreprises minières
le fait de faire des investissements significatifs sur un projet si
l'entreprise n'a pas... ne dispose pas des capitaux pour le faire ou ça ne fait
pas partie du plan de match d'un projet. Ultimement, les mines finissent par
fermer. Et, lorsqu'une mine est fermée, à partir de ce moment-là, les résidus
redeviennent disponibles pour...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : ...d'autres
types de projets. Et c'est là où on pense que le projet de loi pourrait être...
aller encore plus loin pour favoriser ce type de projet là.
Et je finirai ma réponse sur un élément
spécifique. On vient modifier ou dire que tous les projets miniers vont être
assujettis maintenant à un BAPE. Et ça, c'est une recommandation avec laquelle
l'industrie est généralement favorable. Ce qu'on pourrait faire, par ailleurs,
là, lorsqu'on parle de résidus miniers, qui ne sont pas du tout des projets
miniers du type : On crée une fosse ouverte et on vient défaire, on vient
souvent juste rechercher les résidus dans une halte qui n'a pas été réhabilitée
et faire certains travaux, on pourrait avoir un mécanisme qui permet, pour ces
projets, d'accélérer les projets en évitant d'avoir un processus d'autorisation
environnementale de trois ans, ce qui est le cas à l'heure actuelle. Et, soyons
clairs, plusieurs... bien, «plusieurs«, certains de nos membres nous ont dit
spécifiquement : On a des projets d'économie circulaire, mais le
«permitting», le processus d'autorisation est trop long et ça ne vaut pas la
peine d'aller de l'avant, considérant les contraintes qu'on a de l'avant. Et...
La Présidente (Mme Poulet) : Je
m'excuse de vous interrompre. On va poursuivre les discussions avec la députée
de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Lauzon, deuxième fois en deux semaines qu'on se voit, et
M.... là, je n'ai pas votre nom, je suis désolée...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Amyot-Bilodeau,
oui.
Mme Dufour : Oui, voilà.
C'est parce, c'est ça, je n'ai pas encore mon écran. Voilà. O.K.,
Amyot-Bilodeau. Merci beaucoup. Et vous étiez en train de terminer une phrase,
donc...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Bien,
je disais simplement que certains de nos membres nous ont fait valoir qu'ils
avaient des projets d'économie circulaire, notamment de réutilisation de
résidus miniers pour construire des routes, mais que le fait de pouvoir faire
cette activité-là nécessitait une modification de décret, par exemple, dans un
cas, et que le processus en place nécessitait donc des mois de travail pour...
atterrir. Et donc le message qu'on lance, c'est : Voyons voir ce qu'on
peut faire pour faciliter les autorisations.
L'autre exemple que je donnais, c'est le
cas de sociétés qui veulent... qui ont des tout petits projets de réutilisation
de résidus qui ne devraient pas déclencher une étude d'impacts complète avec un
BAPE pour des projets de si petite envergure. Le projet de loi, présentement,
laisse un flou à savoir si ces projets-là vont être assujettis ou non à la
procédure d'évaluation d'impacts de l'environnement. Et ce qu'on dit,
c'est : Si on veut vraiment accélérer ces projets-là, mais assurons-nous
que les projets de plus petite envergure soient exclus du régime complet
d'autorisation d'évaluation environnementale, qui n'est pas nécessaire pour les
tout petits projets.
Mme Dufour : Merci, merci
beaucoup. Vous mentionnez dans votre mémoire, là, que la soustraction des
terres privées restreint l'exploration du potentiel minier. Par contre, je
voudrais vous souligner puis voir si ces chiffres-là font du sens avec vous,
qu'on a reçus... un mémoire plus tôt aujourd'hui, là, de la Coalition... Québec
ait meilleure mine!. Eux estimaient que la portion terres privées représentait
à peine 8 % du territoire et que, si on enlevait tous les droits, dans le
fond, miniers qui sont déjà là, parce qu'il y a eu des travaux depuis 1988,
bien, c'était bien en deçà de 8 %. Donc... Donc, je voudrais juste vous
entendre, de un, si ces chiffres-là font du sens, selon vous, et pourquoi, à ce
moment-là, on dit que ça restreindrait beaucoup le potentiel minier?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Je
ne suis pas en mesure de vous donner des chiffres spécifiques par rapport à ça.
Je pense que le ministère ont fait des analyses de leur côté, ils pourront être
en mesure de donner plus d'information. De notre côté, ce qu'on peut dire par
contre, c'est que, notamment dans les secteurs où il y a déjà de l'activité
minière, il y a beaucoup de propriétés privées à proximité des mines. Dans
certains cas, effectivement, il a pu y avoir des travaux d'exploration, dans
d'autres, il n'y en a pas eu. Et, à la base, c'est le concept même, pour nous,
qui fait défaut de dire que, lorsqu'il y a une propriété privée, même... par
ailleurs, même dans l'exemple où une propriété serait détenue par une compagnie
minière, elle serait quand même soustraite du territoire. Pour nous, c'est un
non-sens à la base même, dans la façon dont l'approche est prise. Et ça revient
à l'argument qu'on mettait de l'avant un peu plus tôt, qui est de dire... on
vient stigmatiser l'industrie minière en disant que l'industrie est mal. Il
faut... Il faut aller chercher une permission spéciale pour pouvoir le faire
avec une période de renouvellement automatique, sinon les droits tombent. C'est
ce type de mécanisme là, pour nous, qui vient miner la capacité pour
l'industrie de faire une planification à long terme de ses opérations et de son
développement.
• (16 h 20) •
Mme Dufour : O.K. Donc...
Mais est-ce qu'il y aurait, selon vous, un mécanisme qui pourrait être mis en
place pour que les gens qui ne veulent pas que leur sous-sol chez... en dessous
d'eux soit exploité et qu'on... mène un claim sur leur propre terrain? Tu sais,
ce serait...
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Bien,
en fait...
Mme Dufour : Parce que
c'est... Il est là, l'équilibre, il est délicat.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Tou
à fait.
Mme Dufour : Dans les terres
publiques, c'est différent. Mais, quand... tu sais, on vient directement dans
la cour des gens, c'est plus... des fois plus préoccupant.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) :
Votre commentaire est pertinent, et effectivement, il n'y a eu aucune volonté
d'aller faire les travaux sans le consentement des propriétaires sur le
terrain. Ça, ça ne ferait pas vraiment de sens. De fait, l'article 65,
l'article 235, de mémoire, prévoit déjà ces mécanismes-là, c'est-à-dire
qu'une entreprise ne peut pas aller faire de travaux en terres privées sans
aller chercher le consentement des personnes qui sont présentes sur le
territoire. Donc, pour nous, ce mécanisme-là, qui est important, est déjà prévu
dans la législation pour les terres privées. Donc, ce qu'on dit, c'est... Le
mécanisme est là. Il y a une méconnaissance souvent, dans la population
notamment, du fait... dire que, parce qu'il y a un claim sur un territoire, les
entreprises d'exploration minière peuvent aller faire des travaux n'importe
quand. C'est tout à fait faux. Le cadre réglementaire empêche ce type
d'activité là et nécessite d'aller chercher une autorisation, un consentement
des propriétaires pour faire les travaux.
Mme Dufour : Mais le
consentement, c'est du propriétaire du terrain, mais pas de la communauté et...
Mme Dufour : ...et là il y a
eu un cas. Je me souviens être allé, je crois que c'était à
Saint-Élie-de-Caxton où là il y a eu plusieurs claims qui ont été... qui ont
été acquis. Et des claims par les mêmes... les résidents eux-mêmes d'ailleurs,
pour se protéger, mais il y en a eu d'autres que ça a été par l'industrie. Et
il s'avère qu'il semblerait qu'une personne ait dit : Moi, ça ne me
dérange pas qu'on vienne chez moi. Et c'est une personne qui ne réside pas, qui
est propriétaire, certes, mais qui ne réside pas dans la communauté. Et là,
dans le fond, la communauté entière s'est mobilisée, mais cette personne-là a
permis l'exploration ou permettrait l'exploration, là, je ne sais pas si ça a
eu lieu finalement, là, mais je fais juste, tu sais, vous dire : Est ce
qu'on peut se protéger de ça pour la communauté?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Je
ne peux évidemment pas commenter ce cas-là spécifiquement, mais, d'une façon
plus générale, lorsqu'une personne... lorsqu'une entreprise va faire des
travaux d'exploration sur un site, elle est soumise à un régime d'autorisation,
tant au niveau de la Loi sur les mines qu'au niveau de la Loi sur la qualité de
l'environnement, elle est soumise à toutes les obligations qui s'appliquent au
Code civil en matière de bon voisinage, de sorte que si une entreprise vient
faire des travaux qui n'ont aucune mesure, qui viennent de détruire une
communauté, évidemment qu'il y a des obligations à respecter. Le ministère de
l'Environnement a un rôle important à jouer là-dedans, dans le cadre des
autorisations de projet, de façon à s'assurer que les impacts environnementaux,
les nuisances, le bruit, l'ensemble de ces facteurs-là respectent les limites
qui sont applicables, qui sont applicables d'ailleurs à l'ensemble des
activités industrielles sur le territoire. Donc, de venir juste cibler le
secteur minier en disant d'entrée de jeu : Toutes vos activités, on met un
frein à ça, à moins que vous alliez chercher des consentements spéciaux. Alors
que quelqu'un pourrait avoir une carrière et il n'aurait pas ces obligations-là
ou il pourrait réaliser une... À la limite, un projet de condos pourrait même
créer des impacts pour un voisinage, mais on ne va pas aller chercher un régime
d'autorisation exclusif pour faire des projets de développement immobilier. Ce
qu'on dit, c'est : Il y a beaucoup de craintes là dessus qui sont un peu
exagérées par rapport aux impacts réels de ces projets-là. Il y a déjà des
mesures qui sont en place et il y a un rôle, il y a un leadership à jouer,
notamment par le ministère de l'Environnement, pour faire des encadrements, et
ce, la loi le prévoit déjà.
Mme Dufour : O.K. Il y a des
groupes que, ce que j'ai compris, là, qui sont venus nous mentionner que
peut-être qu'on aurait besoin de régimes différenciés selon où on se trouve
aussi sur le territoire du Québec. Puis là, ici, on regarde une loi qui est
adaptée, comme pour l'ensemble du Québec, mais il y a des sections dans le Nord
qui pensent foncièrement différemment que dans le sud du Québec. Est-ce que vous
croyez que ça, ça pourrait être une solution, d'avoir deux types de régimes?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Il
y a une réalité qu'il faut reconnaître, effectivement, qu'il y a des secteurs
où l'acceptabilité sociale et la connaissance de ces projets-là est plus
avancée parce qu'ils vivent l'industrie au quotidien, et ça, c'est un fait. Je
pense qu'il y a un malaise par contre, au fait de dire qu'on va venir
fragmenter le territoire du Québec en régions qui autorisent des projets des
régions où, d'entrée de jeu, les projets sont négatifs. Il faut bien comprendre
que lorsqu'un nouveau projet se met de l'avant, le promoteur d'un projet a ce
devoir-là que de faire connaître son projet et de faire connaître son industrie
et ses activités à la population locale, de venir dire d'entrée de jeu, par
exemple, que, dans le sud du Québec, il n'y a aucun projet minier, à moins
d'aller chercher des autorisations de la MRC, etc. Ce qu'on vient dire d'entrée
de jeu, c'est de dire au programmateur : Bien, n'investissez pas tant une
ressource pour développer ces projets-là, à la base, on vous rajoute des
marches à accomplir pour réussir à faire autoriser vos projets. Ce n'est pas
comme ça qu'on va réussir à mettre en valeur notre potentiel. Ce qu'on vient
faire simplement en disant ça, c'est on vient dire à l'industrie : Restez
loin ici, même si, au Québec, on a une richesse importante qui pourrait être
mise en valeur si on avait une volonté de le faire correctement. Donc, c'est
pour ça qu'on dit : Bien qu'on peut reconnaître cette réalité territoriale
là, il faut éviter de pénaliser les régions où il y a déjà des activités. Ce
n'est pas en venant geler le territoire qu'on va venir développer nos
ressources au Québec.
Mme Dufour : Oui, je
comprends, mais il y a des régions qui ont leurs activités économiques et
autres et qui ne veulent pas avoir cette activité-là, donc parce que ça
deviendrait peut-être... bien, en fait, que ça pourrait nuire à leur activité
économique principale actuelle. Donc, est-ce qu'on pourrait leur reconnaître le
droit de choisir si c'est bon pour eux ou pas?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Ce
qu'on vous soumet aujourd'hui, c'est que ce rôle-là qui est important... de
faire des choix de société, à savoir comment est-ce qu'on va faire notre
développement économique, ce choix-là, ce pouvoir-là, cette responsabilité,
elle revient au gouvernement du Québec à travers le régime d'autorisation.
Ultimement, pour les projets miniers, et ce que le projet de loi vient faire,
c'est dire : Tous les projets miniers vont nécessiter une autorisation du
gouvernement du Québec qui va avoir la discrétion de dire si, oui ou non, ce
projet là, on juge qu'il est favorable. Donc, il existe, et ce leadership là,
pour nous, de le déléguer aux municipalités, c'est une mauvaise décision. On a
déjà un régime qui est bien en place, qui permet de permettre au gouvernement
du Québec d'avoir une vision d'ensemble, de considérer avec l'ensemble de
l'expertise que... dont le gouvernement dispose, de prendre une décision sur
ces projets-là. Donc, on croit que ce régime est important, et qu'il y a une
responsabilité à être assumée par le gouvernement du Québec à cet égard là.
Mme Dufour : O.K. Je vais
peut-être vous amener complètement ailleurs. Quand on parle de la valorisation
des résidus miniers, vous mentionniez que... dans votre mémoire, qu'il faudrait
une révision des critères de valorisation...
Mme Dufour : ...Est-ce que
vous avez des exemples? Parce que vous mentionnez, vous, il faudrait réviser, c'est...
c'est trop contraignant, comme c'est fait présentement, mais qu'est-ce qu'on
devrait faire, à ce moment-là?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Je
ne sais pas, Hélène, si tu veux répondre à cette question-là?
Mme Lauzon (Hélène) : Oui.
Les critères... bien, les exemples qu'on vous donne, à ce moment-là, ce sont
d'avoir des... d'avoir le numéro d'entreprise, si c'est une personne physique
qui pose... qui pose sa... pas sa candidature, là, mais qui dépose le dossier,
d'avoir une attestation comme quoi elle respecte le Code des professions. Ça
fait que c'est des critères de qualification comme ceux-là auxquels on pense.
Mme Dufour : Je ne sais pas
si on parle de la même section. Je n'ai pas l'impression... Ça, je l'ai vu, là,
la... ce que vous parlez, mais il me semble que c'était dans une autre section.
Mme Lauzon (Hélène) : Non,
moi, je parle des critères contributoires, pour les conditions...
Mme Dufour : Non, c'est ça.
Je parlais... je parlais de la valorisation des résidus miniers.
Mme Lauzon (Hélène) : Oui,
O.K. Votre question, c'est?
Mme Dufour : Bien, c'est
qu'on disait... on...
Mme Lauzon (Hélène) : Des
exemples de valorisation?
Mme Dufour : C'est que vous
dites... dans le mémoire, ça dit que l'encadrement proposé par le projet de loi
demeure trop contraignant pour procéder à la... à cette valorisation, et vous
recommandez une révision des critères de valorisation. Ce serait quoi, des
exemples?
Mme Lauzon (Hélène) : Souvent,
ce qu'on voit, par exemple, en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement aussi, c'est qu'il y a des définitions dans la loi, de
résidus... résidus miniers, ou autres, qui empêchent de faire de la
valorisation. Donc, c'est le cadre réglementaire, tel qu'il existe, qui pose
une contrainte, pour dire : Bon, bien là, on ne pourra pas le valoriser,
parce que ça ne correspond pas tout à fait à ce qui est prévu dans la
définition. Alors, c'est d'essayer d'ouvrir davantage, d'avoir plus de
flexibilité, pour que la valorisation soit... puisse aller de l'avant.
Mme Dufour : O.K. Puis la
définition... Là, vous parlez, je pense, de matériaux inertes. Attendez.
Comment vous dites ça, là?
Mme Lauzon (Hélène) : Oui,
bien, en fait, il n'y a pas de définition en ce moment.
Mme Dufour : C'est ça, qu'il
n'y a pas exactement... il n'y a pas de... de définition à qu'est-ce que ça
veut dire, «inertes». Il y a un groupe qui est venu hier, puis là ils nous ont
parlé de... eux autres, ils parlaient de résider... résidus miniers non
acidogènes, et, je suis désolée, là, je n'ai aucune idée, ce que ça veut dire,
il faudra que j'aille voir le dictionnaire. Mais...
Mme Lauzon (Hélène) : Qui ne
sont pas générateurs d'acide. Ça doit être ça, d'après moi.
Mme Dufour : Ça fait...
Est-ce que ça... est-ce que ça expliquerait... Pour vous, est-ce que ce serait
une définition qui serait plus claire que «inertes»?
Mme Lauzon (Hélène) : Non.
Mme Dufour : Non?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Il
est clair que c'est un élément qui contribue à savoir si un résidu minier est
susceptible d'être réutilisé ou valorisé. Évidemment, si c'est un générateur
d'acide, la capacité de l'utiliser pour faire des routes va être bien
différente d'un résidu qui ne l'est pas. Mais, ultimement, je pense que le
commentaire, c'est un commentaire plus global, de dire : toute la
définition de matières résiduelles au Québec devrait être ajustée pour les fins
de favoriser la réutilisation des résidus miniers, qui, dans bien des cas, sont
des résidus inertes, pour lesquels il n'y a pas d'impact à l'environnement,
pour lesquels... En fait, on pourrait très bien les utiliser pour construire
des routes, construire des projets majeurs. Mais, présentement, le cadre
réglementaire n'est pas toujours favorable à ça, et ça... ça met des bâtons
dans les roues pour l'utilisation de ces matériaux-là.
Mme Dufour : Parfait. Je vais
vous poser une question peut-être un petit peu en dehors du cadre, mais qui
parle de ça...
La Présidente (Mme Poulet) : ...
Mme Dufour : Ah? Je pensais
qu'il me restait 30 secondes.
La Présidente (Mme Poulet) : ...poursuivre
les discussions avec la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : ...Mme
Lauzon et M. Amyot-Bilodeau pour... pour vos présentations. J'ai quelques
questions, mais peu de temps. Je ne vous ai pas entendu parler de processus de
retrait des claims. Tout à l'heure, on a eu plusieurs discussions, avec des cas
très, très concrets. J'imagine que vous êtes au courant, le Québec a adopté une
résolution pour protéger 30 % du territoire, et, pour ça, le ministère de
l'Environnement a fait un travail avec des municipalités, des organismes pour
identifier où est-ce qu'on fait ces types de zones protégées, et même, qui peut
avoir l'accès et des économies... des activités mixtes. Ceci étant dit,
seriez-vous d'accord... ou quel est votre avis pour le retrait ou suspension
des claims quand le ministère de l'Environnement a déjà délimité des zones
sensibles et importantes pour arriver au 30 %?
• (16 h 30) •
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Le
fait de protéger le territoire pour les fins d'augmenter le... par exemple, les
aires protégées, évidemment, c'est un objectif légitime, comme État... Ce n'est
pas ça, le problème. Il y a déjà des mécanismes qui sont en place pour mettre
ce type de projet là de l'avant, et l'industrie collabore à ces échanges-là.
Évidemment, l'objectif est de s'assurer que, dans la définition des zones
protégées, on essaie d'éviter, dans la mesure du possible, d'exclure du potentiel
minier, qui pourrait être valorisé au Québec et créer de la richesse
collective. Maintenant, donc, ce processus-là, il existe déjà.
Quand vous mentionnez la question de
milieux sensibles ou de milieux écologiques, bien, ça fait déjà partie des critères
qui sont considérés pour la mise en place d'aires protégées. Donc, ce mécanisme
existe, et il n'y a pas d'opposition, nécessairement. Il y a simplement un
avertissement important, qui est de dire : Avant de prendre ces
décisions-là, qui sont importantes, qui viennent geler du territoire...
16 h 30 (version non révisée)
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : ...il
faut faire les analyses correctement avec l'ensemble des parties prenantes et
se garder parfois une certaine flexibilité. Je donne cet exemple du potentiel
minerai qui peut... parfois peut-être exploité en souterrain sans avoir aucun
impact sur la végétation, sur les milieux. Il faut quand même se garder une
flexibilité des fois là-dedans. Mais il existe des mécanismes de consultation
auprès de l'industrie, et ça, il n'y a pas d'opposition à ce type d'approche là
si c'est fait d'une façon raisonnable en tenant compte des droits qui ont déjà
été octroyés aux entreprises.
Mme Zaga Mendez : Donc, il y
aurait certains cas dans lesquels on peut protéger en gardant des... de
limiter. Donc, quand même, on ne parle pas d'un claim dans la... comment je
peux dire, qui permettrait tout type d'exploration, mais quand même limiter les
activités dans ces claims-là si je peux bien comprendre votre intervention.
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Dans
certains cas ça peut être viable. Évidemment, tout ce qui... pas implique de
faire une expropriation sans compensation soulève des enjeux importants. Tout
ce qui implique de mettre fin à des projets d'exploration avancés soulève des
enjeux qui sont particuliers. Donc, c'est toujours une question du cas par cas.
Mais ce n'est pas une position de principe, une question d'avoir un dialogue
selon la nature des projets de conservation qui sont mis de l'avant.
Mme Zaga Mendez : Je comprends.
Puis peut-être tout à l'heure, en vous lisant puis vous écoutant, on parlait de
soustractions en terres privées ou en périmètre urbain, puis je pense que,
quand on regarde le développement de certaines villes et villages au Québec qui
sont faits autour des ressources naturelles, c'est différent que des villes ou
villages dans lesquels il n'y en a jamais eu d'activité minière, et quelles
villes et ces territoires-là se sont développés autour d'autres ressources. Et
tout à l'heure vous disiez que ce serait, même dans ces milieux-là, l'introduction
d'activité minière, ça serait compatible, même si la ville, historiquement, n'a
jamais eu de précédents miniers. Avez-vous des exemples qu'on est arrivé à
faire ça? Parce que j'ai l'impression qu'on le fait plus lorsque c'est
historiquement, les villes se sont développées autour de la ressource et pas le
contraire?
M. Amyot-Bilodeau (Dominique) : Vous
comprendrez que je ne vais pas focusser nécessairement sur un projet minier,
là. Le but n'est pas d'attirer l'attention sur un projet spécifiquement. Mais
tous les nouveaux projets de mines s'inscrivent dans un endroit où généralement
il n'y a pas eu nécessairement d'activité à l'endroit spécifique qui a été
réalisé. Dans d'autres cas, c'est des mines qui vont rouvrir. On peut penser à
ce qui se passe à Murdochville présentement, avec des projets qui sont en cours
de développement, où il y en a déjà eu, mais on est en train de le rouvrir. L'idée
est toujours la même chose, de dire : Ce dialogue-là avec la population
doit se faire pour voir si les gens considèrent que c'est un apport positif à
la communauté. En venant soustraire d'entrée de jeu, on met fin au dialogue
avant même que celui-ci commence. Et il n'y a aucune entreprise qui va aller
développer, faire de... bien, tenter de développer un projet alors qu'il y a
une interdiction d'entrée de jeu de faire même des travaux d'exploration. Il
faut laisser à la population le soin et l'intelligence d'avoir ces dialogues-là
et de pouvoir dire au gouvernement s'ils sont favorables ou non.
La Présidente (Mme Poulet) : En
parlant de dialogue, je m'en excuse, mais je dois vous interrompre.
Mme Zaga Mendez : Merci. Vous
avez répondu à ma question.
La Présidente (Mme Poulet) : C'est
tout le temps qu'on a. Alors, je vous remercie beaucoup de votre contribution
pour nos travaux. Alors, je suspends les travaux quelques instants afin d'accueillir
le prochain témoin.
(Suspension de la séance à 16 h 34
)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on poursuit nos travaux. On accueille maintenant M. Michel Jébrak,
directement de Paris. Alors, merci beaucoup de votre présence parmi nous.
Vous avez 10 minutes pour votre
exposé. Par la suite, ça va être la période d'échange. Alors, allez-y, on vous
écoute.
M. Jébrak (Michel) : Bonjour,
Mme la Présidente. Vous m'entendez?
La Présidente (Mme Poulet) : Oui,
très bien.
M. Jébrak (Michel) : Très
bien. Écoutez, je suis très heureux d'être parmi vous. Je connais bien l'industrie
minière. Je suis géologue, pas juriste, mais je pratique depuis plus de
30 ans l'exploration minière et j'ai formé une bonne partie des géologues
d'exploration qui travaillent actuellement au Québec.
Alors, premier élément, la situation
actuelle. Alors, le Québec est évidemment une terre très favorable au
développement des mines et il y a trois facteurs. Le premier facteur, c'est la
géologie. La géologie du Québec favorise des mines de taille moyenne. Ce ne
sont pas des très grands gisements, comme on aurait dans d'autres pays, mais ce
sont des mines de taille moyenne intéressantes pour le continent
nord-américain. Le deuxième, c'est qu'il dispose d'une législation qui est
moderne, qui est attrayante, qui est renouvelée. Et c'est bien l'intérêt de la
loi n° 63. Et le troisième, c'est qu'il dispose d'un
personnel compétent. Les Québécois ont réussi à construire, je dirais, depuis
une quarantaine d'années, une compétence, alors qu'il y a 40 ans, ils
étaient essentiellement explorés par des spécialistes qui provenaient de
l'étranger.
• (16 h 40) •
Alors, la loi n° 63,
bien, moi, je me réjouis d'abord de l'existence de cette loi n° 63,
de ce projet de loi n° 63. C'est absolument
nécessaire. On a besoin de moderniser la loi, notamment dans ses aspects
d'acceptabilité sociale. On sait que l'inacceptabilité sociale est la
principale cause de retard, voire d'échec des grands projets miniers. Donc, il
faut que ce soit absolument intégré dans les aspects de loi.
Pourquoi il y a eu une expansion des
claims au Québec ces derniers temps? Deux raisons essentiellement, c'est
l'arrivée des métaux critiques et stratégiques, la demande là-dessus avec un
volet dans le Nord, la Baie-James et l'Abitibi sur le lithium, et ça a bien
réussi puisqu'on a réussi à mettre en évidence en relativement peu de temps
plusieurs gisements de tailles très conséquentes qui seront des gisements dans
le futur.
Et puis, le deuxième, c'est
essentiellement des intérêts sur les terres rares ou d'autres minéraux de ce
type. Et il a fallu retourner dans des régions qui avaient été abandonnées,
notamment les régions qui sont dans ce qu'on appelle la province de Grenville,
c'est-à-dire un territoire qui se situe entre le nord d'Ottawa et le nord de
Sept-Îles. Des terrains particuliers très difficiles à explorer, des terrains
qui avaient été oubliés, évidemment, et ça faisait au moins une cinquantaine
d'années que plus personne n'était allé chercher des choses là-dedans. Alors,
il ne faut pas se surprendre que ça pose des problèmes puisqu'on a des terrains
qui sont maintenant des ensembles dans lesquels beaucoup de villégiateurs. Et
une étude qu'on avait réalisée dans la chaire dont je me suis occupé montrait
que la principale cause d'échec des mines était la présence de villégiateurs,
et donc de non-conciliation entre deux fonctions différentes du territoire.
Si je rentre maintenant un petit peu plus
dans le détail de la loi, je vais prendre ça dans l'ordre, je dirais, du
développement de l'exploration. Le premier élément, le droit à l'exploration,
c'est l'article 41. Ça, je pense que c'est absolument nécessaire. C'est un
système de juridiction qui existe partout, d'avoir effectivement une espèce de
permis d'explorer qui est permis d'avoir des gens qui ont des compétences
techniques...
M. Jébrak (Michel) : ...un
minimum de compétences techniques pour acquérir des titres miniers. Sinon, on a
effectivement de la spéculation, voire de l'empêchement. Donc, il faut une
compétence technique, et il serait important de préciser, par voie réglementaire,
comment on pourra accorder ce permis d'explorer. C'est tout à fait essentiel.
Le deuxième élément, c'est les aspects qui
touchent à la limitation de la prospection sur les terres privées. Il faut se
rendre compte que la géologie, la géologie du sol québécois est une propriété
publique globale. Les Québécois n'y sont pour rien si on a des gisements, et,
dans certains cas, l'intérêt, je dirais, national devrait être supérieur à
l'intérêt local. Donc, il est, par ailleurs, important de permettre toujours au
gouvernement du Québec de, dans certains cas, d'exproprier des besoins, un
petit peu comme on en aurait besoin pour des routes ou pour des éléments...
d'éléments collectifs pour simplement le bien-être, je dirais, collectif.
Certains éléments, par exemple, certains gisements, dépassent très largement
les enjeux locaux.
Si on regarde la tendance actuelle, ça
s'est développé à la fois, dans ce qu'on appelle le «brownfield» autour des
mines existantes. Et autour des mines existantes, la plupart du temps, il y a
des villes, parce que les villes sont construites autour des mines, c'est en
particulier le cas en Abitibi. Donc... il faut une concertation absolument
entre les municipalités et les mines, sans l'interdire, puisqu'on a des
développements immédiatement au voisinage des villes, et on en a des tas
d'exemples actuellement, dans le secteur de Val- d'Or ou de Malartic. La
désignation sur claim, qui existe maintenant depuis longtemps au Québec, a
favorisé beaucoup l'exploration, mais elle a un gros défaut, c'est qu'elle
coupe l'explorateur de son milieu. Avant, il y avait des piquets où on allait
sur le terrain, il y avait une prise de conscience de la réalité du terrain qui
a disparu. Alors, il faut absolument reconstruire ce lien entre les
compagnies... et leur territoire, ce qui veut dire, donc, imposer un contact
sur le terrain.
À quel niveau doit le faire? Alors, en
fait, dans l'exploration minière, il y a toujours deux étapes, une première
étape est une étape d'information, de géo-information, on dirait, au Québec.
C'est une étape qui est souvent d'ailleurs réalisée par les gouvernements. Au
Québec, on le fait réaliser par des compagnies juniors. C'est en fait de
l'innovation. Et les premiers claims qui sont posés sur l'équivalent d'un
brevet, c'est une propriété intellectuelle. Ce n'est pas, en fait, un permis
minier. Il y a... L'essentiel des claims sera abandonné. Comme vous le savez,
il y a plusieurs centaines de milliers de claims au Québec, et il y a une
vingtaine de mines. Donc, ce qui veut dire très clairement que la plupart des
claims ne seront jamais explorés. Alors, il faut pouvoir permettre de faire
déposer des claims. Et, dans un premier temps, il faut une information, au
moins... non pas de tout le public, mais, au moins, des responsables municipaux
ou des communautés amérindiennes, de telle manière à ce qu'au moins cette
information soit partagée.
Au démarrage, les géologues ne disposent
de très peu d'informations. Ils savent à peine ce qu'ils cherchent. Ils savent
qu'ils ont un intérêt, par exemple, pour le... ou pour les terrains ou pour
d'autres, mais ça va évoluer très vite et ça peut changer extrêmement vite. Ce
qui fait qu'il faut faire attention à ce que l'information qui soit donnée au
démarrage ne soit pas trompeuse, non pas trompeuse volontairement, mais
trompeuse parce qu'on n'a pas encore d'information. Dès qu'on rentre dans la
deuxième étape, qui sont des travaux à impact en termes d'exploration minière,
là il faut absolument avoir un contact avec la communauté. C'est d'ailleurs
imposé, je pense, depuis le mois de mai dernier, par le ministère. Alors là,
c'est, je dirais que le diable est dans les détails, parce qu'il faut à la fois
permettre une information, une concertation, dans certains cas, avec les
communautés. Il ne faut pas non plus alourdir trop la démarche, parce qu'au
démarrage, on ne sait pas ce qu'il va y avoir. Il ne faut pas non plus trop la
ralentir, parce que, comme vous le savez sans doute, les compagnies minières
fonctionnent avec des investissements qui sont des investissements à court
terme, notamment, les investissements de type Acheter des... Ce sont des
investissements qui fonctionnent dans l'année.
Si, pour une raison ou pour une autre,
bien, les consultations prennent plus de temps, les investissements
disparaissent. Et on m'a déjà rapporté que, depuis le mois de mai dernier, il y
a déjà des investissements qui ont disparu, simplement parce que, par exemple,
il y avait une élection dans une communauté amérindienne, et que personne ne
pouvait répondre à la question qui était posée. Donc, il faut bien faire
attention à cette déclaration, mais il paraît tout à fait logique d'informer le
public, les communautés, les municipalités que... dès qu'on fait des travaux à
impact, que ce soit des routes, que ce soit des tranchées, que ce soit des
forages. Il y a toujours également des éléments de propriété intellectuelle
confidentielle là-dedans. Mais on devrait, au moins, être capable de dire
qu'est-ce qu'on cherche, comment on va le faire, avec un peu de flexibilité.
Donc, deux étapes, une première étape qui
serait une étape d'information générale, une deuxième étape dès que les travaux
à impact de consultation. Ça me paraît logique...
M. Jébrak (Michel) : ...obligatoire
au public, évidemment, dès que les travaux deviennent plus importants. C'est
absolument nécessaire. Quand on regarde ensuite l'admissibilité des dépenses,
eh bien, je crois que là, effectivement, les dépenses de consultation doivent
être admissibles, les dépenses qui sont réellement faites doivent être faites,
doivent être admissibles. Actuellement, il y a un rayon d'admissibilité qui est
de 4,5 kilomètres autour des zones. Il est probable que, compte tenu des
difficultés d'exploration, compte tenu des types de gisement qui sont
maintenant un peu différents, il serait intéressant d'avoir un système un petit
peu comme en Ontario où c'est la continuité des claims qui sert de zone. Ça
peut être parfois plus loin, ça peut être à six kilomètres, ça peut être
parfois plus près, mais on devrait être capable d'avoir une redistribution des
dépenses sur des claims contigus. Ensuite, dans la loi, il y a différents types
d'obligations, notamment un souci au niveau de la d'une économie circulaire. Je
trouve que ça, c'est extrêmement intéressant. C'est encore peu développé. Il y
a quelque chose qui paraît très, très bizarre dans les... dans les textes que
j'ai lus proposés par le ministère, on prévoit que l'étude d'économie
circulaire, c'est deux heures d'un consultant. Ça, c'est une blague. Ça prend
beaucoup plus de temps que ça pour avoir un réel sérieux. Qu'est ce que ça va
être l'économie circulaire? Ça va être la réutilisation des graviers, ça va
être la réutilisation de certains métaux. Ça ne se fait pas en cinq minutes,
hein, c'est un... c'est un travail de géologie, d'ingénierie qui va prendre du
temps et qui va effectivement imposer des coûts. Mais ça se fait à un stade un
peu plus, plus loin. Les exigences, il y des exigences d'exploitation des
minéraux critiques et stratégiques, ça c'est illusoire. Les compétences ne sont
tout simplement pas là, les moyens ne sont pas là. Donc, c'est : on
contraint des gens à exploiter les choses sans contexte économique. Il ne faut
pas trop y croire. Pour deux…
La Présidente (Mme Poulet) : M.
Jébrak, je m'excuse de vous interrompre, c'est tout le temps qu'on a pour votre
exposé. On va commencer les échanges avec Mme la ministre. Allez-y.
Mme Blanchette Vézina : Je
pense que je vous permettrais de poursuivre. Comme première question. Merci.
Merci, M. Jébrak d'être présent. Donc, vous pouvez poursuivre vos
recommandations, là.
M. Jébrak (Michel) : Deux
petits éléments. Regarder, ça va être très, très bref. La première lacune, je
trouve que même si on fait des efforts de simplification, vous savez que la durée
actuellement de mise en production des mines est très, très longue. On parle de
15 ans à 20 ans, c'est beaucoup trop. Il faut vraiment réfléchir à comment on
peut accélérer les procédures. Et puis la deuxième, je crois que les coûts qui
ont été évalués par le ministère dans le domaine de l'application de la loi
sont sérieusement à réévaluer, parce que si on veut que ce soit bien fait, ça
coûtera plus cher tout simplement. Voilà, J'aurais fini. Je vous remercie, Mme
la ministre.
Mme Blanchette Vézina :
Merci. Merci d'être là. Vous êtes à Paris en plus, donc il y a un six heures de
décalage, si je comprends bien. Merci d'autant plus d'être présent.
M. Jébrak (Michel) : Je
serai, je serai à Montréal demain.
Mme Blanchette Vézina : Ah!
bon. Bien, un plaisir de vous accueillir en virtuel. Je... Vous parliez des
méthodes de consultation. C'est vraiment de s'assurer de créer le lien avec
l'explorateur. Mais entre l'explorateur, la communauté, j'aimerais comprendre
que vous êtes un professeur, donc vous avez sûrement de très bonnes idées pour
aider à comprendre comment on pourrait éduquer la population parce que vous
parliez de deux étapes. Vous avez dit : travaux, impacts, en fait, de
revoir un pack information en premier lieu sur prise de clams et travaux
d'exploration plus superficiels, là, disons, mais à l'étape, si on consulte à
l'étape des travaux à impact, comment on peut éduquer les gens? Parce que dans
les secteurs où il y a moins eu d'activités minières, lorsqu'on est à l'étape
des travaux à impacts, ça peut déjà susciter des craintes. Donc, quelle serait
la méthode selon vous pour bien informer, bien éduquer les gens sur comment on
fait, comment les explorateurs font les choses.
• (16 h 50) •
M. Jébrak (Michel) : Pour
avoir un dialogue, il faut des compétences partagées. Et aujourd'hui,
évidemment, il y a très peu de compétences dans les municipalités donc... donc
l'industrie minière est souvent mal considérée parce que simplement pas
comprise. Et puis il ne faut pas se le cacher, il existe de la désinformation
également dans le domaine, ce qui donne un certain rôle au ministère
aujourd'hui, hein? Le ministère qui était pendant longtemps avait été dans les
régions, a quitté les régions et avait très peu de compétences aujourd'hui dans
les régions du Québec, sauf peut-être à Chibougamau. On est dans un domaine où
il faut appuyer les municipalités par des spécialistes du ministère qui
viennent au moins donner une compétence minimale aux élus et représentants.
Après, on le sait bien ça, ça se fait par respect mutuel. Et respecter les
gens, ça veut dire prendre du temps dans le domaine des consultations, ça veut
dire aussi parler la langue des gens. Tu sais, on se rappellera de...
M. Jébrak (Michel) : ...d'événements
à Sept-Îles où des compagnies purement anglophones essaient de convaincre
qu'exploiter de l'uranium dans des sources... les sources dans des villes,
c'était une bonne idéez, ça allait directement dans l'échec. Donc, il y a des
obligations, je dirais, de communication en langage courant. Ça se développe.
On a des métiers à créer, je dirais, dans les... parler avec les gens. J'ai
plusieurs de mes étudiants géologues qui sont devenus des communicateurs.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Là, vous êtes à l'étranger, puis j'ai envie de vous poser la question, je
pense, vous avez un peu effleuré, effleuré le sujet en début, en préambule de
votre présentation. Mais comment est perçu le système minier québécois, les
compétences minières québécoises à l'international?
M. Jébrak (Michel) : Je pense
qu'on est bien placé. Or, il y a 12 milliards d'exploration dans le monde,
800 millions au Québec. Ça représente 8 % à peu près de l'exploration
mondiale. Donc, ça veut dire qu'on est effectivement une terre très... très
attractive. Mais, au-delà de ça, vous trouvez des géologues absolument partout
dans le monde, en Afrique, en Amérique du Sud, dans les Caraïbes. On a vraiment
développé, en 40 ans, une compétence chez nos jeunes. Ça, c'est vraiment
une bonne nouvelle. Le problème qu'on a, et c'est un problème très général du
domaine des ingénieurs, c'est qu'on forme des gens qui sont d'excellents
techniciens et pas forcément des gens avec des capacités de dialogue très
fortes, comme leur... comme souvent je dis en blague, l'outil de dialogue du
géologue, c'est le marteau, ce qui n'est pas l'idéal quand même.
Mme Blanchette Vézina : Je
comprends. Vous avez parlé d'accélérer ou de trouver, de réfléchir comment on
pourrait accélérer les projets miniers. Avez-vous des suggestions à nous faire
dans ce sens-là?
M. Jébrak (Michel) : Bien,
écoutez, on a déjà un problème de double juridiction dans certains cas,
qu'est-ce qui complique un peu les choses, entre le Canada et le Québec. Vous
avez fait des efforts dans le projet de loi n° 63 d'éliminer un certain nombre
de... et je vous... mes félicitations là-dessus. Je pense qu'il faut vraiment
avoir des réactivités. Il faut par exemple prévoir qu'aussi une communauté
devrait avoir un temps limite pour réagir. On ne peut pas... Bien, il faut
donner des délais, il faut donner un rythme au système qui soit compatible tout
simplement avec les mécanismes d'investissement.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Puis, en termes d'acceptabilité sociale des projets miniers, on parlait
d'éducation, est-ce qu'il y aurait... puis de consultations au bon moment,
informations au bon moment, est-ce qu'il y aurait d'autres pratiques que vous
verriez qui pourraient permettre d'améliorer l'acceptabilité sociale?
M. Jébrak (Michel) : La
principale difficulté de l'acceptabilité sociale, c'est le périmètre de
consultations, c'est-à-dire qui est concerné, quelles sont vraiment les
personnes concernées. Et ça, c'est souvent difficile à définir parce qu'un
impact minier au démarrage il peut se limiter à la mine mais il peut s'étendre,
par exemple, à tout le mécanisme de transport... enfin, de transformation. Mais
donc je crois que le souci qu'on doit avoir, c'est de bien déterminer qui sont
les personnes concernées. Ça n'a pas toujours été le cas. Et, dans certains
cas, vu que les mines ont un impact je dirais national, on pourrait très bien
imaginer d'avoir des consultations nationales, un BAPE générique par exemple.
Mme Blanchette Vézina : Moi,
ça m'amène à un de vos commentaires que vous avez fait, là. Par rapport à
l'intérêt national, les minéraux appartenant à l'ensemble des Québécois, que
cet intérêt national devrait primer sur l'intérêt individuel, comment vous
voyez ça s'incarner concrètement?
M. Jébrak (Michel) : Je pense
que ça passe d'abord au travers de politiques. Le ministère a des politiques,
parce qu'il faut d'abord informer le public, comprendre les nécessités. Donc,
ça, c'est déjà un... il y a eu un changement très clair dans les politiques
publiques ces derniers temps. Et puis, effectivement, il faut... Dans la loi,
il y a des dispositions qui abandonnent quasiment le droit d'exploration sur
les terres privées. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Regardez,
les mines sont des processus biologiques sur lequel les individus, malheureusement
ou heureusement, n'ont aucune prise, elles sont là préexistantes. Et donc elles
ont un intérêt qui peut être absolument capital. Vous prenez l'exemple de la
filière des batteries. C'était très clair qu'on aurait pu développer une
filière des batteries parce qu'on savait qu'on avait les ressources au lithium
qui étaient là.
Donc, je crois qu'il faut faire attention,
et, dans la loi, il y a quelques éléments qui peuvent être dangereux, de ne pas
abandonner complètement les terres privées de responsabilité privée. Il
pourrait y avoir des zones d'intérêt qui seraient préexistantes. Ça ne veut pas
dire qu'on va les exploiter aujourd'hui, demain, on peut même les considérer
éventuellement... temporaires, et ça pourrait s'imaginer avec des variantes. On
ne sait pas encore quels vont être les besoins de l'industrie dans 10 ans,
ce qui veut dire que le Québec pourrait, dans 10 ans, avoir d'autres
substances. Je vais vous donner des exemples très simples. Les panneaux
solaires, la technologie des panneaux solaires évoluent très rapidement. Les
besoins qu'on a sur les panneaux solaires évoluent rapidement. Bien, il
pourrait apparaître de nouveaux secteurs, au Québec, qui seraient d'intérêt...
Mme Blanchette Vézina : ...oui,
bien, c'est d'ailleurs pour ça que, dans le projet de loi, on a proposé que les
municipalités qui souhaiteraient réintégrer la possibilité de faire de
l'exploration minière sur une partie ou l'ensemble de leur territoire puissent
le faire, là, sur les terres privées également. C'est parce qu'on sait et on
pense que ça peut arriver. On souhaite aussi rapprocher les explorateurs des
municipalités, des communautés locales pour que ce dialogue-là soit ouvert.
C'est un peu ce que vous mentionniez tout à l'heure, là, que la désignation sur
carte a amené cette distance-là. C'est ce qu'on souhaite, rapprocher, nous, en
fait, avec les propositions qu'on fait, là, dans le projet de loi.
Vous avez noté certaines avancées,
certains éléments positifs du projet de loi, là, notamment en termes d'économie
circulaire. J'aimerais peut-être vous entendre sur comment on pourrait mieux...
parce qu'on a entendu certains partenaires, là, nous dire que le pouvoir qui
est proposé serait trop... trop large, mais comment on pourrait mieux le baliser,
selon vous, en termes de résultats?
M. Jébrak (Michel) : Alors,
il est vrai que, quand on regarde le projet de loi, il y a beaucoup d'endroits
où on sent une certaine capacité du ministre à réguler avec pas beaucoup de
contraintes. Par exemple, je pense qu'on manque beaucoup d'études actuellement
au Québec sur les capacités d'économie circulaire. Beaucoup de produits qui ont
été faits, qui ont été minés, certains qui ont été exploités, certains résidus
miniers pourraient être réutilisés dans des produits de circularité. Et là, là,
il faut des études génériques là-dessus, on ne les a pas. Ça ne sera pas des
petites compagnies minières qui vont pouvoir étudier ça avec leurs petits sous.
Puis il faudra évidemment s'appuyer sur des compétences plus régionales.
On va donner un exemple très
concret : le lithium. On va exploiter du lithium, mais avec le lithium
viennent parfois des métaux comme du césium, des métaux d'intérêt important
pour la médecine, par exemple, mais viennent également des feldspaths, des
feldspaths qui peuvent servir, par exemple, pour la céramique, viennent
également des micas, qui peuvent servir dans d'autres éléments. Autrement dit,
on devrait être capable d'informer, par exemple, les compagnies qui veulent
chercher du lithium, de dire : Attention, si vous devez nous dire qu'il y
a du lithium, bien, vous devez également évaluer les capacités de
réutilisation, d'utilisation de ces différents produits. On n'a rien sur le
sujet actuellement.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Mon collègue d'Abitibi-Est aimerait vous poser une question, avec votre
autorisation.
La Présidente (Mme Poulet) : Oui,
justement, M. l'Abitibi-Est, vous avez la parole. Allez-y.
M. Dufour : Merci, Mme la
Présidente. Vous touchez un bon... Vous touchez un point très, très important
actuellement puis... étant donné vos connaissances. Le terrain géologique du
Québec, il est quand même connu par les différents géologues qui sont au
ministère. Je pense, vous êtes d'accord avec moi là-dessus?
M. Jébrak (Michel) : Oui,
oui, absolument.
M. Dufour : Donc, le
potentiel, on le sait à peu près où sont les matières possibles. Donc, dans le
délai de temps... Souvent, les gens, ce qu'ils critiquent sur les claims
miniers, c'est que c'est comme si tu peux avoir un claim pendant 100 ans puis
ne jamais rien faire dessus. Comment vous voyez tout cet aspect-là? Parce que
je comprends qu'à un moment donné, oui, il peut y avoir des nouveaux produits,
des nouvelles... des nouveaux standards qui permettent d'aller chercher
d'autres matières, mais il reste que les délais de temps qui ne sont pas
exploités, à un moment donné, ça vient que ça crée, on dirait, une certaine
cloche de verre sur des claims, en bout de ligne. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus.
• (17 heures) •
M. Jébrak (Michel) : Alors,
le premier élément, c'est : comme vous le savez, on vit de révolution
industrielle, hein, un petit peu comparable à celle qu'il y a eu il y a un
siècle. Autrement dit, on est dans une phase où les types de produits minéraux
qui sont exploités sont en train de changer. Ça, c'est le premier élément. Et
le potentiel du Québec est donc en train d'être réévalué. Alors, même si,
effectivement, on connaît la géologie, son potentiel pour toute une série de
produits nouveaux reste encore insuffisamment connu. Et, en Abitibi, ça va
bien. C'est l'endroit... probablement l'un des plus connus de la planète. Mais,
dans le Nord, vous savez qu'on a des connaissances extrêmement partielles, je
dirais, des éléments.
On ne peut pas... Les rythmes de
l'exploration minière et du domaine minier, c'est de l'ordre de... on va dire,
de 5 à 10 ans, O.K.? Je dirais qu'au-delà d'une certaine date on pourrait
imaginer que les claims ne valent plus rien. Si les gens n'en font rien... Il y
a un élément dans la loi que je trouve intéressant. Les gens qui ont des claims
et qui n'en font rien devraient les voir tomber d'eux-mêmes très rapidement, ne
devraient pas être capables, même, de les vendre s'ils n'ont pas fait de
travaux. Au fond, toute la mécanique de la loi, c'est de pousser le privé à
investir. Si le privé n'investit pas, il n'a pas... on n'a pas du tout intérêt
à le favoriser.
Donc, pour répondre à votre question,
au-delà d'un certain temps, votre claim n'est plus valable.
M. Dufour : O.K., merci
beaucoup. C'est très clair comme explication. Merci.
La Présidente (Mme Poulet) : Il
reste encore trois minutes 45.
Mme Blanchette Vézina : J'aimerais
revenir sur votre... sur votre intervention sur intérêt national, intérêt
individuel. On a entendu les MRC, là, proposer...
17 h (version non révisée)
Mme Blanchette Vézina : ...de
retirer l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui
permet de... pour elle, déterminer par elle-même comment faire le développement
sur leur territoire, selon ce qu'elle nous dit. Qu'est-ce que vous pensez de
cette position-là par rapport à la possibilité réelle de développer des projets
miniers si on retirait cet article de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme?
M. Jébrak (Michel) : Je ne
vais pas parler de cet article-là parce que je le connais mal. Mais par contre,
il y a un vrai problème au Québec au niveau de la redistribution de la rente
minière. Dans un certain nombre de pays, la rente minière est divisée entre la
moitié pour l'État, le quart pour les provinces et le quart pour les municipalités.
C'est le cas, vous avez ça en Amérique latine, vous avez ça en Amérique
centrale. C'est un mécanisme dans lequel les communautés retrouvent un intérêt,
effectivement intérêt financier, de développement grâce à la redistribution de
la rente. Alors, au Québec, les ministres des Finances, généralement, n'aiment
pas trop cette idée-là parce qu'effectivement ça veut dire qu'ils n'ont plus le
contrôle de la rente minière. On comprend très bien.
Et ceci dit, si on veut effectivement une
prise de pouvoir par le local, bien, il faut lui en donner les moyens, non
seulement les moyens financiers, mais également les moyens de gestion. O.K.? C'est
un... Quand je parlais, tout à l'heure, de... régionaux, je faisais aussi
référence à ces éléments-là. Donc, oui, responsabilité, pouvoirs, financement,
on a des.... à des communautés d'une certaine taille. Évidemment, il ne s'agit
pas d'entrer dans la micromunicipalité.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Merci. On l'a entendu de certains groupes effectivement, là, que c'est
souhaité. Ceci étant, il y a d'autres manières de redistribuer dans des régions
minières, là, comme c'est fait en ce moment effectivement.
M. Jébrak (Michel) : Oui,
oui.
Mme Blanchette Vézina : Il
restait combien de temps?
La Présidente (Mme Poulet) : 1
min 45 s.
Mme Blanchette Vézina : O.K.
J'aimerais vous parler rapidement, là, de quelque chose que vous n'avez pas
mentionné, en mai dernier, là, par rapport à prendre des décisions éclairées,
puis aux outils qui sont mis à la disposition des municipalités. Vous avez
rapidement mentionné tout à l'heure que le rôle du ministère devrait être aussi
d'informer mieux, d'éduquer mieux les municipalités. Peut-être pour approfondir
rapidement, là, comment on pourrait le faire, tu sais, en étant régionalement
redistribués? Comment vous voyez ça?
M. Jébrak (Michel) : Vous
avez eu... Oui, le ministère a déjà eu une structure régionale, hein? Il y
avait des géologues régionaux qui étaient dans les principales municipalités
aux zones minières. Ça s'avère un outil effectivement important pour les
dirigeants municipaux. Donc, je pense que.... Et je sais que vous avez, à titre
peut-être expérimental, un géologue régional qui se trouve à Chibougamau. Bien,
c'est des gens très utiles, ça, parce qu'effectivement ils sont sur le long
terme et ils connaissent toute l'information locale, ils ont acquis une
confiance, ils développent une confiance avec les différents acteurs régionaux
et peuvent éviter les conflits avant même qu'ils n'apparaissent, et ils s'appuient
sur une connaissance technique. Donc, je pense que ça, c'est un rôle très
important. Ça ne veut pas dire qu'il faut abandonner Québec, et je connais les
difficultés qu'on a d'avoir des bons employés en région. Mais c'est vraiment quelque
chose qu'il faut développer. On a abandonné les régions, parfois à des gens qui
viennent avec des compétences et des sous, et il n'y a rien en face. Difficile
de faire des dialogues dans ce cas-là.
Mme Blanchette Vézina : Parfait.
193:11
La
Présidente (Mme Poulet) : Alors, merci beaucoup. On va poursuivre la
discussion avec la députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Merci infiniment, M. Jébrak. C'est... On voit que vous avez
énormément de connaissance du milieu. Vous avez... Tout à l'heure, on a parlé,
là, la ministre a résumé un peu, là, l'intérêt en disant de parler que l'intérêt
national prime sur l'intérêt privé, et vous l'avez dit dans d'autres mots. Mais
selon vous, comment on peut départir quand il y a l'intérêt national
économique, l'intérêt national environnemental? Et il y a peut-être d'autres
types d'intérêt national : protection de prise d'eau potable par exemple,
etc. Donc, comme... selon vous, comment on départit tout ça et on les met sur
quelle échelle?
M. Jébrak (Michel) : Pour
moi, ça se fait en deux étapes. D'abord, la première étape, ça se fait dans des
plans. Vous le savez, on doit conserver des portions significatives du
territoire en termes de conservation. Donc, on cherche à conserver 17 %,
par exemple, du territoire québécois. Il faut donc des plans là-dessus, des
plans qui ne sont pas forcément totalement fixés, mais il doit y avoir des
décisions par les communautés, par les gouvernements de préférence en termes de
développement, hein? On peut très bien comprendre que, par exemple, on n'ait
pas du tout envie de faire de l'exploration après des parcs ou dans des zones
autour des parcs, et ça, ça se prévoit longtemps à l'avance. Ça ne se prévoit
pas au moment où une compagnie dépose un claim. O.K.? Donc, je pense que c'est...
Ça, cet élément de gestion du territoire, ce sont des éléments extrêmement
importants. O.K.? Et ils sont à peu...
M. Jébrak (Michel) : ...distribue...
pour différents ministères. Donc, ça prend une concertation interministérielle
au niveau de la... Premier élément.
Le deuxième élément, c'est que les mines
ont ou n'ont pas des impacts écologiques majeurs. Certaines mines ont peu
d'impact écologique, hein, d'autres en ont beaucoup. Donc, c'est du cas par
cas. Ce qui veut dire qu'il faut l'étudier, il faut le... Et puis il y a des
éléments qui sont des éléments territoriaux, sociaux ou environnementaux qui ne
sont pas compatibles avec la mine. Bien là, il faut être très clair, on ne le
fera pas. On va donner un exemple trivial, hein? L'idée de faire une mine à
Oka, ce n'est pas une bonne idée de faire une mine à Oka, voilà. Eh bien,
écoutez, ça me paraîtrait logique qu'on décide qu'il n'y ait pas du tout... on
retire évidemment ces éléments-là du projet. Ça, ça passe par des plans, des
plans de développement et qui dépassent évidemment le volet minier...
Mme Dufour : Bien, justement,
il y a des groupes qui sont venus plus tôt aujourd'hui qui nous mentionnaient
que les aires protégées, quand les groupes commencent à travailler sur les
aires protégées, éventuellement, il peut y avoir des claims miniers qui sont
faits, puis ça bloquait ou ça ralentissait l'établissement des aires protégées.
Est-ce que, selon vous... Dans le fond, est-ce qu'il devrait y avoir une
préséance si, justement, une communauté identifie un secteur puis dit :
Ça, c'est à haute valeur écologique, on voudrait le protéger? Est-ce qu'à ce
moment-là ça devrait être un territoire où il ne pourrait plus y avoir de
claims, par exemple, miniers?
M. Jébrak (Michel) : Je suis
un technicien et je crois à la démocratie. Et donc je crois qu'au-delà de la
définition technique qu'on peut avoir, ce sont aux habitants du territoire
informés qui doivent pouvoir décider au cas par cas. Et donc ça, c'est des
processus démocratiques.
Mme Dufour : Parfait. Merci
beaucoup. Vous avez mentionné que les délais pouvaient être bien dommageables,
que, dans le fond, souvent, les investissements disparaissaient, mais c'était
surtout les délais. C'est ce que j'ai compris. Donc, selon votre expertise, là,
ce qui peut... ce qui nuit le plus à l'investissement, actuellement, minier, ce
serait ça, les délais? Les délais de quoi, d'approbation, les étapes?
M. Jébrak (Michel) : On peut
vous donner un exemple qui est la loi australienne. La loi australienne depuis
l'accord de... qui était un accord qui s'était fait au niveau fédéral suite à
un procès entre les tribus aborigènes et le gouvernement, donnait une
prérogative, je dirais, de délai de l'ordre d'une année à toute tribu, toute
communauté amérindienne. Ça, évidemment, ça a provoqué un départ
d'investissements, ça a modifié également la structure des compagnies. On a
perdu les petites compagnies et on a vu apparaître des compagnies un peu plus
grandes qui avaient des reins solides qui permettaient donc d'attendre des
durées. Donc, autrement dit, on change l'écosystème minier en rajoutant des
délais à des compagnies qui sont des petites compagnies à rythmes très rapides.
C'est directement lié... Si vous prenez
les investissements collectifs, il faut que les gens dépensent ça dans les
trois à six mois. Si on prend plus que trois à six mois, ils perdent... qui est
un capital de risque qui est intéressant évidemment pour le Québec parce que ce
n'est pas des sources qu'on a dépensées. Donc, c'est là où il faut veiller à,
par exemple, imposer des délais. Quand on fait une consultation... faire ça
dans un délai de temps, voilà, et de ne pas avoir... parce que, sinon, bien, on
va perdre, évidemment, une partie de ce qui fait ce riche investissement au
Québec.
Mme Dufour : Bien, l'exemple
que vous avez donné, ce que j'ai compris, c'est que, finalement, si on veut
favoriser l'émergence de plus petites entreprises et une multiplicité de
celles-ci, bien, on a intérêt à prendre moins de temps. Alors que si les délais
sont très longs, c'est plutôt des grandes entreprises qui ont le temps
d'attendre et qui ont les moyens d'attendre.
• (17 h 10) •
M. Jébrak (Michel) : C'est
exactement ce que je dis. Vous le dites de manière différente. Le problème,
c'est que les grandes entreprises, il n'y en a pas tant que ça et elles ont des
politiques qui sont évidemment des politiques moins contrôlables par le
gouvernement. On a eu au Québec un départ des grandes entreprises pendant une
dizaine d'années, hein, avec une réduction de l'investissement.
Mme Dufour : O.K. Bien, c'est
parfait. Je voulais être certaine que j'avais bien compris. J'ai une dernière
question avant de passer la parole à mon collègue. Vous avez parlé que les
premiers claims, c'est l'équivalent d'un brevet, dans le fond, qui reste
souvent peu exploité, là, la très grande majorité ne le sont jamais, ne sont
jamais explorées. Il y a l'Union des municipalités du Québec qui nous a demandé
de limiter le nombre de renouvellements possibles et d'augmenter les coûts
aussi des claims. Est-ce que ça, ce serait une... peut-être une solution pour
libérer plus rapidement les claims, mais faire en sorte...
Mme Dufour : ...sorte qu'ils
soient explorés?
M. Jébrak (Michel) : Je
trouve que c'est une bonne idée. Oh! Oh! Limiter le nombre de claims, pas
forcément, parce qu'au démarrage les incertitudes sont telles qu'on ne sait pas
très bien où les poser. Donc, les gens vont prendre des grands terrains parce
que leur connaissance géologique est faible, mais ils ont une idée. Et, si vous
comparez l'écosystème par exemple des médicaments, l'écosystème de la... de
l'exploration minière, c'est les mêmes gens, hein, c'est les gens diplômés avec
des maîtrises et doctorats, des gens qui ont des idées. Dans le domaine
biomédical, on prend des brevets; dans le domaine géologique, on prend des
terrains, parce qu'il n'y a pas de brevets, O.K. Donc, c'est à peu près la même
chose. Mais au démarrage ça ne veut pas dire qu'il va y avoir des mines, du
tout, ça veut dire qu'on a une idée générale qu'il pourrait y avoir une
potentialité. Les claims ne sont pas chers actuellement au Québec,
objectivement, dans...
Mme Dufour : Oui. Eux
suggèrent de limiter le nombre de renouvellements, pas le nombre de claims,
mais juste le renouvellement. Donc...
M. Jébrak (Michel) : S'il n'y
a pas de travaux, c'est une bonne idée, bien sûr.
Mme Dufour : Excellent,
merci. Je cède la parole à mon collègue.
La Présidente (Mme Poulet) : M.
le député de Pontiac.
M. Fortin :Oui. Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Merci, merci d'être
avec nous. Vous avez mentionné le système ontarien de continuité de claims. Je
vous avoue, là, que je n'y connais absolument rien, mais, puisque ça semble une
bonne idée pour vous, une meilleure idée que ce qu'on a peut-être en ce moment,
j'aimerais ça, vous entendre davantage peut-être nous le détailler ou nous
l'expliquer.
M. Jébrak (Michel) : Actuellement,
le système québécois prévoit qu'on peut justifier les travaux dans un rayon de
4,5 kilomètres autour d'un point, O.K., et ça, ça correspond à une taille
de gisement qu'on imagine, tout simplement, O.K., parce que...
Les types de gisements qu'on a
aujourd'hui, du fait de cette révolution industrielle, ont changé. Autrement
dit, on peut avoir des gisements qui sont plus grands, et ce qui compte à ce
moment-là, ils peuvent être parfois plus longs et moins larges, si vous voulez,
et donc la géométrie circulaire, là, je dirais, d'autour de 4,5 kilomètres
carrés n'a pas vraiment de logique. La logique, c'est de dire : Sur telle
surface allongée ou telle... quelle que soit la forme, on peut à ce moment-là
justifier les travaux, parce qu'on fait une reconnaissance sur l'ensemble de la
surface.
Donc, ça, ça me paraît plus adapté, et
c'est lié aussi au fait que les... la nature même des gisements qu'on recherche
aujourd'hui est différente de celle qu'on cherchait il y a 20 ans, par
exemple.
M. Fortin :Et donc, dans le système ontarien, par exemple, là, il n'y
a pas nécessairement de limite, là, de limite de... en termes de distance,
c'est vraiment, par exemple, selon une faille qu'on suit et qu'on continue à...
M. Jébrak (Michel) : Voilà,
la continuité des géographies des claims, qui sert de référence.
M. Fortin :O.K. D'accord. Vous en avez fait un de vos derniers points,
là, vous avez réussi à glisser quelques phrases rapidement avant la fin de
votre exposé initial, là, et la ministre vous a relancé là-dessus, mais
j'aimerais ça, en... profiter des quelques minutes qu'il nous reste, là. Vous
avez vraiment fait mention de la nécessité d'avoir un environnement compétitif,
attractif et l'importance de diminuer les délais pour y arriver. S'il y a une
chose que vous avez à nous dire, là : Là, vous êtes capables de faire un
impact, là, de... le processus réglementaire québécois, le processus... le
processus gouvernemental québécois est trop long, qu'est ce que ce serait?
M. Jébrak (Michel) : Écoutez,
le premier élément, c'est que je trouve, d'abord, d'avoir augmenté le poids de
la responsabilité sociale des entreprises extrêmement positif, c'est un point
majeur pour l'industrie. On doit être les meilleurs du monde dans ce
domaine-là.
M. Fortin :Je vous ai juste mal entendu. Augmenter le pouvoir de...
M. Jébrak (Michel) : Augmenter
le rôle de l'acceptabilité sociale.
M. Fortin :Ah oui! O.K.
M. Jébrak (Michel) : Le
Québec doit être absolument exemplaire là-dedans. C'est le principal risque des
compagnies, même si elles ne s'en rendent pas... toujours. Le deuxième élément,
c'est que... et il faudra en faire l'étude, je ne la connais pas, mais
plusieurs instituts font des études comparées des durées de mise en production,
et on sait qu'on est en Amérique du Nord autour de 15 ans. Alors, en
15 ans, c'est évident que c'est beaucoup trop long à la fois pour les
communautés, parce qu'ils voient des travaux s'allonger, et d'autre part pour
tout le monde. Donc, il faut regarder où sont, je dirais, les gisements de
temps dans ces opérations-là.
M. Fortin :O.K., très bien. Il reste environ une minute, hein, si je
ne me trompe pas?
La Présidente (Mme Poulet) : 34,
oui.
M. Fortin :En fait, j'en profiterais... Je vous remercie de vos
commentaires, mais je profiterais de la dernière minute juste pour rappeler
l'importance à... aux parlementaires autour de la table, là, de bien entendre
les propos qui nous sont partagés, là. Si l'expert qu'on entend en ce moment
nous a fait une recommandation sur la redistribution des rentes minières, là,
c'est parce qu'il y a un réel enjeu au Québec, de la façon qu'on le fait en ce
moment. C'est parce qu'il y a des communautés qui ne se sentent pas dans la
possibilité de... d'offrir tout ce qu'il est nécessaire d'offrir pour s'assurer
du bon fonctionnement de la minière, de ses employés et que les bons services
sont offerts à...
M. Fortin :...ces gens là, et donc qu'on tire le maximum de ces
opportunités-là. Ce que les gens, entre autres, de Malartic, nous ont dit hier,
c'est vrai, là. Et eux, ils ont 2 000 travailleurs qui s'en viennent
et ils ne savent pas où les loger. C'est un problème. Alors, j'entends la
ministre quand elle dit : Bien, il y a... On peut procéder comme c'est
fait en ce moment. Sauf que quand on entend la même chose à répétition, à
répétition, à répétition, on doit quand même prendre le temps de l'entendre
puis de voir ce qui peut être fait. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci.
Alors, on va poursuivre la discussion avec la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci. Je
veux remercier Pr Jébrak pour votre exposé. J'ai plusieurs questions, peu de temps.
Alors, ma première question, c'est concernant l'après-mine. On a parlé
l'exploration, on en a parlé l'exploitation, mais comment vous voyez des bonnes
pratiques pour présenter aussi aux communautés en amont qu'est-ce qui arrive
après la mine. Des intervenants du milieu municipal nous ont parlé de la
création des fonds de diversification économique et des intervenants nous
parlent aussi de la restauration, des obligations de restauration de sites
miniers, que c'est un peu les retombées locales. J'aimerais vous entendre
là-dessus.
M. Jébrak (Michel) : Oui,
bien, vous avez dit les deux points principaux, là, l'aspect de restauration.
Normalement, il y a une... de l'argent qui est mis en hypothèque au démarrage
et au cours du développement. Et ça, évidemment, c'est essentiel, il faut que
ça soit mis. Bon, on a eu trop de sites orphelins au Québec, donc il faut
absolument corriger ça. Le deuxième élément, c'est qu'il faut bien comprendre
que la plupart des métiers miniers aujourd'hui ne sont plus seulement des
métiers exclusivement miniers, il y a eu une transformation assez radicale du
type de travailleur. Avant, on avait des travailleurs extrêmement spécialisés
dans des mines souterraines, par exemple, qui étaient peu utilisables ensuite,
il y avait les reconversions, il y a, effectivement, comme vous le disiez, de
la diversification. Aujourd'hui, une mine avec des moyens modernes, ce sont des
conducteurs d'engins, ce sont des comptables, ce sont des informaticiens, des
hydrogéologues, et donc d'une diversité humaine très largement supérieure à ce
qu'on avait avant. Donc, autrement dit, ça a changé parce que les mines, la
nature même des mines ont changé. Alors, évidemment, il faut donc étudier, je
dirais, dès le démarrage de la phase de développement, toutes les phases de
fermeture. Il y a des situations absolument anormales actuellement. Comme vous
le savez probablement, les mines ont tendance à faire faillite deux ans avant
de fermer, ce qui renvoie à ce moment-là les travaux de réaménagement à d'autres
compagnies. C'est absolument inacceptable.
Mme Zaga Mendez : Avez-vous
un exemple à cet égard? Vous avez dit qu'il y a des... Allez-y.
M. Jébrak (Michel) : Au
Québec? Non, je n'en citerai pas au Québec. Mais, regardez, on a des tas
d'exemples de compagnies qui effectivement, à la fin de la vie de la mine,
commencent à avoir difficulté. Les gens vendent la mine alors qu'elle est à
moitié rentable. Et, à ce moment-là, ils se déchargent de leurs obligations, et
on se retrouve avec des petites compagnies juniors qui n'ont pas les moyens,
qui essaient de reprendre les éléments, et c'est très, très difficile. Donc, on
a vraiment un souci. Ça vient aussi probablement que, je dirais, la partie
inspection du ministère n'a pas toujours été développée à la hauteur où elle
devrait être.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
rapidement, sur les rentes minières, vous avez... vous êtes allé très, très
vite, mais avez vous des exemples pour la commission, de pays, même de pays non
industrialisés qui redistribuent les rentes minières? Vous avez dit l'Amérique
centrale, entre autres.
• (17 h 20) •
M. Jébrak (Michel) : Vous
prenez le Mexique et le Brésil, pour donner deux exemples de pays dans lequel
il y a une activité minière. Dans des pays non industrialisés, c'est différent,
parce que souvent les communautés n'ont pas les capacités techniques, tout
simplement, d'évaluer et de travailler. Mais pour des pays comme le Mexique,
qui sont des pays miniers comme le Canada, c'est important. Alors, évidemment,
il faut se méfier, on sait bien, il y a les... il peut y avoir des... de
corruption, il peut y avoir des tas de tous ces éléments-là. Mais ça
responsabilise les gens, bien entendu, hein, c'est... il faut redonner le
pouvoir au local.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre apport à nos travaux.
Alors, on suspend les travaux pour
quelques instants, le temps d'accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 17 h 24)
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
on reprend... on a... on reprend nos travaux, oui, dis-je. Alors, bienvenue à
vous trois. Vous avez 10 minutes pour votre exposé, par la suite ça va
être le moment d'échange. Alors, allez-y, on vous écoute.
M. St-Hilaire (Louis) : Merci.
Alors, on m'entend bien? Bien, merci, Mme la Présidente. Merci, Mme la ministre
ainsi que tous les parlementaires. Je nous présente. Alors, à ma gauche,
Raymond Carrier, qui est co-porte-parole de la Coalition QLAIM, qui est de la
région des Laurentides, à ma droite, Claude Bouffard, qui est notre
coordonnateur, qui est de la région de La Petite-Nation, et je me présente,
Louis St-Hilaire, co-porte-parole, je suis aussi de La Petite-Nation.
Petite-Nation, ce n'est pas tout le monde qui sait exactement où c'est, mais
c'est, en gros, dans le comté de Papineau et c'est aussi dans la MRC de
Papineau. Et je dois vous dire que, lorsque j'ai lu que ça se tenait ici
aujourd'hui dans la salle Louis-Joseph-Papineau, j'ai eu une petite émotion.
Alors, en fait, ce groupe-là de trois
personnes, nous sommes les fondateurs. Mais on est aussi accompagné d'un comité
de coordination qui est dans quatre régions du Québec, soit l'Outaouais, les
Laurentides, Lanaudière et la Mauricie. On représente 150 associations de
lacs. Les associations de lacs jouent un rôle grandissant dans la protection de
la biodiversité et des lacs et puis, de plus en plus, en collaboration avec les
municipalités. On s'inscrit dans un mouvement où les lacs, qui étaient
traditionnellement reconnus comme un endroit de villégiature, deviennent de
plus en plus un endroit de résident... de résidence permanente. Et on voit
beaucoup une très forte croissance de ces régions-là, beaucoup plus fortes dans
les régions dont je vous parlais que dans le reste du Québec. Là, on parle de
croissance qui peuvent aller jusqu'à 15 %, là, dans les quatre dernières
années. C'est lié, entre autres, à l'arrivée du...
M. St-Hilaire (Louis) : ...wi-fi,
mais aussi aux retraités qui s'installent en permanence.
Notre mouvement est 100 % composé de
bénévoles, donc ça vient avec des moyens limités. Les associations de lacs sont
des bénévoles, et nous, on est des bénévoles, pour des bénévoles. Mais je dois
dire qu'on a accès à beaucoup d'expertise à travers ce bassin-là dont je vous
parlais, de gens qui s'installent autour des lacs, et qui sont... qui ont
beaucoup de convictions. Alors, entre autres, au comité de coordination dont je
vous parlais, bien, on a... on a beaucoup d'ingénieurs, des gens du monde
légal, des gens du monde scientifique, des communications, des affaires et du
secteur minier. À titre d'exemple, nous trois, on est... moi, je suis du monde
des affaires, Claude est ingénieur, Raymond est physicien, a travaillé dans l'industrie
pharmaceutique. Alors, on a... vous voyez le profil, là. Puis on n'est pas...
on n'est pas de prime jeunesse non plus, alors on a... on a une certaine
expérience.
On représente 40 000 à 50 000
personnes. On l'estime, là, ce n'est pas... ce n'est pas quelque chose, là,
qu'on a mesuré, puis je dois vous dire que ça a été fait avec un effort assez
limité en termes de recrutement, là, c'est... Notre... notre organisation
existe depuis janvier 2023. On a... on a des membres de la coalition QLAIM,
on a des liens, on a une très bonne compréhension des enjeux miniers au Québec,
pour pouvoir en discuter avec les gens des différentes régions minières. Et, je
fais un petit commentaire, on est souvent ceux qui ont été décrits comme des
gens qui colportent des chimères ou des clichés. Je peux vous dire que, dans...
on est, nous, plus impliqués dans le volet exploration, là, de l'industrie
minière, mais on possède vraiment ce dossier-là, et tout ce qui... tout le
financement, et tout ce qui tourne autour.
Je voudrais d'abord affirmer qu'on est en
plein accord avec le processus encore... en cours de développement harmonieux
de l'activité minière. C'est le but qu'on poursuit, nous aussi. On est... Notre
but, ce n'est pas d'empêcher l'activité minière au Québec. On comprend toute la
dynamique économique qui vient avec ça. Il y a beaucoup d'hommes d'affaires
dans notre groupe, on comprend ça. Et on est d'accord avec les objectifs de...
et les stratégies du gouvernement pour la décarbonation du Québec. Par contre, on
écoute, depuis hier, les différents témoignages qui ont eu lieu ici, et j'ai
été surpris de constater que, nulle part, il a été... on parle beaucoup de la
décarbonation, de la nécessité des minéraux critiques et stratégiques, mais je
n'ai pas entendu quoi que ce soit sur tout le volet armements, minéraux
critiques pour les armements, alors que c'est un... c'est un volet qu'il ne
faut surtout pas négliger, surtout dans le contexte où le département de la
Défense américain a déjà fait des investissements en cours dans les compagnies
de graphite.
• (17 h 30) •
Alors, commentaire général sur le projet
de loi n° 63. On reconnaît les avancées. La spéculation minière, tout le
monde semble être en accord jusqu'ici, selon ce qu'on a entendu. Les terres
privées, il semble y avoir des désaccords. Nous, on est d'accord, puis
l'inclusion de nouveaux pouvoirs pour la ministre. On est d'accord avec... avec
tout ça. Mais après avoir entendu, puis encore plus après avoir entendu les
présentations des deux associations de... minières, on pense que l'objectif de
développement harmonieux va être très difficile à se réaliser.
Ça va prendre des bonifications à ce
projet de loi. La base est bonne, très bonne, mais ça a besoin des
bonifications, puis on a... sans quoi, bien, je pense qu'on va assister à un
développement qui va être chaotique. Pourquoi? Parce que 92 % des terres
du Québec sont des terres publiques, et dans le projet de loi, il y a très peu
de changements sur ce volet-là. Je vous donne aussi un contexte. On a deux grands
chantiers économiques au Québec, actuellement, qui ont un grand impact sur le
territoire, celui de l'énergie et celui...
17 h 30 (version non révisée)
M. St-Hilaire (Louis) : ...du
volet minier de la filière batterie. Pour ce qui est de l'énergie... commission
parlementaire il y a quelques jours... bien, c'est Hydro-Québec qui est maître
d'oeuvre, puis ce qu'on entend d'Hydro-Québec c'est qu'elle fait de l'acceptabilité
sociale un enjeu déterminant. Il est dit, dès le début, que les projets vont se
concentrer dans les régions éloignées, et en collaboration, et en participation
avec les communautés autochtones et les municipalités. Alors que, dans le volet
minier, ce qu'on entend de l'industrie, bien, c'est que finalement, l'industrie
réclame toujours plus de territoires, et, pour ce qui est de l'acceptabilité
sociale, bien, je n'ai rien vu d'autre que de dire : Le gouvernement
devrait faire de l'éducation.
Alors, l'expérience récente — puis
on pourrait en parler, ce qui s'est passé dans nos différentes régions — ça
nous démontre que ça ne fonctionnera pas, le développement harmonieux, puis qu'à
chaque fois qu'il va arriver une foreuse dans une nouvelle région, bien il va y
avoir — c'est un terme que j'ai entendu beaucoup hier — des
levées de boucliers. Et là je peux vous citer de nombreux cas où il y a... où
il est en train de se bâtir un mur des régions qui se déclarent incompatibles à
l'activité minière. Vous avez entendu parler, fort probablement, de la Petite
Nation. Dans les Laurentides, il y a... il y a le dossier de Kiamika, puis
Raymond pourra, si vous le voulez, vous donner des précisions là-dessus. Dans
Lanaudière, ce n'est pas connu, mais ça... vous allez l'apprendre bientôt, mais
il y a des affiches qui apparaissent dans Saint-Donat, dans
Notre-Dame-de-la-Merci, toujours les mêmes affiches : C'est incompatible.
Puis ce n'est pas nous autres qui en font la promotion. On nous les demande.
Alors, ensuite de ça, il y en a déjà, de ces affiches-là, en Mauricie. Il y en
a, puis là je vous l'apprends, dans la Vallée-de-la-Gatineau, qui est une très
grande MRC. Bien, il y a 15 municipalités qui sont en train d'installer des
immenses affiches : Incompatible à... chaque municipalité... Incompatible
à l'activité minière.
Alors, en fin de semaine, on a appris que
les gens de Charlevoix se... aussi, ont des préoccupations. Puis, hier soir, je
lisais que Senneterre, en Abitibi, avait des préoccupations...
La Présidente (Mme Poulet) : ...de
votre exposé, c'est tout le temps qu'on a. Alors, c'est le début des échanges,
alors, avec la ministre, pour une période de 16 min 30 s.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
je peux vous laisser poursuivre, là. Je ne sais pas si vous aviez d'autres
commentaires à formuler, mais vous sembliez sur une... sur une lancée, là. Je
vous permettrais de finaliser.
M. St-Hilaire (Louis) : Oui,
bien, je vous remercie beaucoup. Dans ce contexte-là, je voulais juste insister
sur le fait que de penser que ça va se régler par de l'éducation, ce qui est en
train de se passer actuellement, ça relève... puis c'est l'industrie qui le
demande... ça relève, pour nous, de la pensée magique.
Alors, on a quatre grandes
recommandations. Voulez-vous que je vous les résume?
Mme Blanchette Vézina : Allez-y,
oui, oui.
M. St-Hilaire (Louis) : Merci.
Alors, on a quatre grandes recommandations. Puis ce qu'on a entendu hier, entre
autres, il y a deux... deux expressions qui sont sorties pour nous, c'est l'expression
«ne pas faire du mur-à-mur», puis c'est l'expression... beaucoup parlé d'acceptabilité
sociale, puis on pense qu'on a des solutions.
La première solution, c'est de... que le
pouvoir décisionnel quant à... quant... sur les claims soit partagé avec les
MRC. Dans le projet de loi n° 63, les pouvoirs... on inverse les pouvoirs
sur les terrains privés, ce que, Mme la ministre, vous avez appelé, hier, un
«opting in». Bien, nous, ce qu'on propose, c'est l'équivalent d'un «opting out»,
où les mêmes MRC, dans des situations particulières, défendables pour des
régions précises, pourraient, sur les terres publiques, demander, finalement, d'agrandir
des TIAM plus grands que... que permis. Deuxième recommandation, définir l'intérêt
public. On en parle dans le projet. Nous, on pense qu'on doit inclure des
conditions d'acceptabilité sociale, de sensibilité écologique et d'activités
économiques conflictuelles dans la définition de «intérêt public», et si,
effectivement, il y a un projet qui ne fonctionne pas, bien, pouvoir penser à
des retraits de claims.
Mesurer l'acceptabilité sociale, c'est...
c'est... ça a été... on en a beaucoup parlé hier. L'acceptabilité, selon l'industrie...
M. St-Hilaire (Louis) : ...2024,
c'est parmi les plus grands défis et risques d'affaires de l'industrie minière
puis la source de tous les conflits. Et dans le... dans le projet de loi, on ne
retrouve rien sur ce terme-là. On mesure les poissons, la flore, la faune, les
invertébrés, mais l'étude scientifique de l'opinion des citoyens est juste
disponible à la toute fin, puis c'est généralement fait par l'industrie.
Puis dernièrement, assurer la
responsabilité publique de l'expropriation et des dédommagements aux citoyens.
On l'a vécu, nous, on l'a vu, les citoyens sont terrifiés par l'arrivée de
l'industrie. Pour plusieurs, c'est le travail d'une vie qui s'écroule. C'est
encore pire quand ils découvrent qu'il n'y a aucun cadre à ça, là, que c'est
laissé à l'industrie, à du «one on one» et à de la négociation. Alors, on pense
que le gouvernement devrait avoir un rôle dans la définition du cadre de tout
ça. Voilà.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
Merci d'être là. Je me permets de vous saluer officiellement. Merci de
participer à l'exercice, d'être présent avec nous aujourd'hui. Merci de vos
commentaires également. J'étais contente d'entendre justement que vous étiez en
plein accord avec certaines des dispositions, là, notamment le retrait proposé
des terres privées de l'exploitation, sauf possibilité pour les municipalités
de choisir de faire du développement. En termes de spéculation également, là,
j'entendais vos commentaires positifs, donc je vous en remercie.
Moi, J'ai une question pour vous, puis on
vient d'entendre M. Jébrak, qui est un professeur géologue émérite, là, en
termes du secteur minier, là, dans l'expertise du secteur minier, nous
mentionner que, pour lui, il y aurait... il nous recommandait vraiment de faire
passer l'intérêt public avant l'intérêt national. Donc, l'intérêt national devrait
primer sur le bien-être individuel. Puis là je vous amène sur votre volonté
qu'on ajuste certaines choses en terres publiques, parce que, bon, vous savez,
c'est des baux de villégiature en terres publiques, donc les terres publiques
appartiennent à l'État québécois. Les droits qui sont octroyés, ce sont des
baux. J'aimerais comprendre comment on peut concilier l'intérêt public, la
volonté des citoyens, mais le besoin aussi de décarboner. Puis vous avez
mentionné qu'il faudrait resserrer, avoir... tu sais, il y a déjà les
territoires incompatibles à l'activité minière, le opting-out. J'aimerais
comprendre comment on peut concilier ça, selon vous, là, avec le besoin
énergétique, le besoin minéral des Québécois.
M. St-Hilaire (Louis) : Bien,
le besoin minéral, je l'ai abordé tout à l'heure puis on ne le conteste
absolument pas, mais il faut vraiment le définir, là. Si c'est pour des fins
d'armement... puis là on est devant cette réalité là, les besoins en minéraux
critiques et stratégiques sont très grands au volet... pour les différentes
armées et l'armée américaine en particulier, au point qu'ils font des
investissements au Québec. Puis vous savez très bien qu'ils n'ont même pas
parlé de ça au Québec, là, quand ils sont arrivés avec ça. Alors, il ne faut pas
l'exclure, ce volet-là.
Puis l'autre chose, c'est, oui, on a
besoin des minéraux critiques et stratégiques, mais, comme société, est-ce
qu'on doit être les fournisseurs de l'Amérique pour les minéraux critiques et
stratégiques, compte tenu de l'impact environnemental et sociétal que ça a?
Alors, c'est ça qui n'est pas précis, là. On a besoin de combien de mines au
Québec, là, pour satisfaire ces besoins-là et pour qui?
• (17 h 40) •
Mme Blanchette Vézina : O.K.
Bien, tu sais, je pense que, sur cet élément-là, on travaille aussi au
développement de filière pour s'assurer que ce soit intégré, là, qu'on ne soit
pas juste une région des régions ressources, là. Ça, je tiens à vous en assurer
puis à vous rassurer. Mais j'aimerais quand même comprendre comment on peut
mieux concilier les usages en territoire public, au-delà des territoires, tu
sais, déjà de l'exercice qui est possible d'être fait par les MRC, les
territoires incompatibles à l'activité minière, considérant que ce sont des
territoires qui appartiennent à tous les Québécois et que les minéraux aussi
sont dans l'intérêt de tous les Québécois, là. Donc, l'exploitation en terres
publiques, comment on pourrait concilier les usages, selon vous?
M. St-Hilaire (Louis) : Bien,
c'est... ce que je dirais par rapport à ça, c'est qu'on est... Il y a plusieurs
volets là-dedans, là, ça appartient à tous les Québécois. Vous avez raison.
Cette nature, cette biodiversité-là appartient aussi à tous les Québécois, là,
puis mérite d'être préservée. Je vous précise en particulier... je vous disais
qu'on était membre de Québec meilleure mine, mais je suis sur le comité de
direction de SNAP Québec, alors je...
M. St-Hilaire (Louis) : ...mais
je sais que ça a été couvert aujourd'hui, mais tout ce volet-là est important
pour tous les Québécois, puis il faut le concilier aussi, le 30 % de cible
de territoire protégé, avec toutes les autres préoccupations qu'on a
économiques. Mais de ramener ça en donnant du pouvoir aux utilisateurs, aux
élus qui vont finalement ajuster à la marge avec un processus comme celui dont
on vous parle, ce qu'on a qualifié de «opting-out», là, bien, ça permettrait de
délimiter les vrais territoires qui sont... qui devraient être choisis. Nous,
on ne pense pas qu'il devrait y avoir des mines n'importe où et... n'importe où
et n'importe comment, c'est sûr, là, mais surtout n'importe où. Je pense que là
où il y a des populations, on devrait tenir compte de l'opinion des
populations.
M. Carrier (Raymond) : Si je
peux ajouter, on mentionnait tout à l'heure la situation du réservoir... Vous
posez la question : comment concilier les usages? Je vous dirais plutôt
qu'on fait le constat qu'il y a des conflits d'usage qui sont significatifs. Et
quand on est dans un parc régional supporté par des investissements de
différents ministères, Tourisme et autres, Environnement, qu'on aurait ces
investissements-là et qu'une mine n'achète pas avec des claims de 75 $,
mais des claims d'un demi-million, achète des claims qui sont existants dans le
parc aussi, alors voici un conflit d'usage insignificatif. Puis le parc dessert
une trentaine de mille personnes qui viennent faire du canot-camping. Il y a
quelques résidents autour, mais c'est surtout l'activité régionale puis les
raisons qui ont motivé la création d'un parc pour des raisons économiques.
Alors, comment on va équilibrer l'activité économique récréotouristique avec
l'activité économique que pourrait être de quelques tonnes de minerai? Alors,
voilà. Alors, ça ne répond pas à votre question, c'est-à-dire on fait le
constat qu'il y a un conflit significatif et le conflit émane même de
ministères qui ne se sont pas parlé suffisamment, à mon sens.
Mme Blanchette Vézina : Oui,
bien, on a des exemples, là, je vous donne l'exemple de l'Abitibi, mais dans
lequel il y a des parcs puis il y a des claims, il continue à y avoir de
l'activité d'exploration qui peut se faire malgré la volonté des citoyens de
pouvoir exercer d'autres activités récréotouristiques, par exemple. Ça fait que
je pense que c'est quand même possible de concilier.
Moi, j'aimerais vous entendre... puis vous
avez parlé tout à l'heure de la définition d'acceptabilité sociale puis comment
mesurer cette acceptabilité sociale là. Moi, j'ai une question pour vous, parce
que vous proposez des référendums, je pense, dans votre mémoire, là. Je me
souviens à quel moment, là, mais vous proposez des référendums régionaux
concernant des projets miniers. J'aimerais comprendre comment on peut faire des
référendums sur des projets miniers si on n'a pas fait les premières étapes
d'exploration qui permettent de réformer correctement la population sur ce
qu'il y a d'existant ou non.
M. St-Hilaire (Louis) : O.K.,
c'est vrai ce que vous dites. Ça, c'est le principe. Sauf que la réalité... Je
peux vous parler de la situation, de ce qui se passe actuellement en petite
nation où la population massivement s'oppose à un projet minier concret, puis
entre autres celui pour lequel l'armée américaine est impliquée, et la
population, les municipalités se sont mises ensemble, ont décidé de faire un
référendum, des sessions d'information. C'est en cours. Et, finalement, ce
qu'on découvre, dans tout le processus, c'est que, bon, la population assiste
massivement à tout exercice actuellement. On est encore dans les sessions
d'information. Et là ce qu'on découvre, c'est que le milieu des affaires d'une
centaine d'entreprises se prononce contre le projet minier. Alors, on a une
région qui s'est mobilisée d'elle-même, qui a déjà envoyé un signal. Alors,
comment une compagnie minière peut arriver puis essayer de vendre ce projet-là
où il n'y a pas d'acceptabilité sociale démontrée? Est-ce qu'on doit attendre
10 ans, que ça passe devant un BAPE? C'est 10 ans de gâchés pour tout
le monde, pour l'industrie puis pour les résidents.
Alors, il faudrait trouver au début,
donner l'information. Un référendum, c'est donner de l'information aux
citoyens. Puis je comprends qu'on ne peut pas tout donner l'information, là,
mais on peut...
M. St-Hilaire (Louis) : ...déjà
en donner beaucoup. L'industrie a des... des exemples à donner, là.
M. Carrier (Raymond) : Si je
peux compléter, le... ce qu'on dit aussi dans le mémoire, c'est que ça doit se
faire tôt, mais après le dépôt d'un projet. Quand une compagnie minière est
assez sérieuse pour déposer un projet, c'est parce qu'ils ont fait des études,
ils ont regardé ce qu'il en est, même s'ils n'ont pas fait toute l'analyse
d'impact environnemental. Si on les laisse faire l'impact... les analyses
d'étude environnementale avant de questionner la population, ils vont avoir
dépensé des... des centaines de milliers de dollars, puis là, après ça, ça va
être pas mal plus difficile de... pour le ministère, même, puis pour les
preneurs de décision, de dire : Oui, bien là, on vous a fait dépenser pour
rien, parce qu'on le savait, qu'on... qu'on n'était pas d'accord, puis qu'on
refuserait, qu'on exprimerait notre non-acceptabilité sociale.
Mme Blanchette Vézina : Mais
je...
M. Carrier (Raymond) : Alors,
ce qu'on dit, c'est le timing avec lequel on doit le faire...
Mme Blanchette Vézina : Mais
c'est ça, tu sais, je...
M. Carrier (Raymond) : ...après
le dépôt de projet puis avant l'acceptabilité sociale.
Mme Blanchette Vézina : Ce
serait l'idéal. On a entendu des groupes qui disaient que ce serait de
consulter trop que de le faire trop vite. D'autres fois, on nous dit qu'il
faudrait qu'on consulte plus en amont. Ça fait que j'essaie... tu sais, comme
ministre, moi, c'est sûr que j'essaie de trouver le bon endroit pour consulter
au bon moment. Ce qu'on propose... Et bien sûr il y a un règlement sur les
travaux à impact qui maintenant exige que les entreprises minières qui font des
travaux à impact informent la municipalité puis consultent la population, les
communautés autochtones.
J'aimerais, tu sais, vous entendre — parce
qu'en fait, ça, ça fait partie des mesures qui ne sont pas nécessairement dans
le projet de loi — mais sur le bon moment. Puis, si vous dites qu'il
n'y a juste jamais d'acceptabilité sociale, mais qu'on a des besoins
énergétiques puis des besoins en minéraux critiques et stratégiques, comment on
peut renverser cette idée-là que c'est des mauvais projets? Parce que je... ce
que je vous entends... ce que j'entends, c'est qu'il y a cette crainte-là de la
part de la population, là.
M. St-Hilaire (Louis) : Bien,
nous, ce qu'on dit, c'est que ça devrait être fait au niveau du dépôt de l'avis
de projet. Alors, il y a déjà... La compagnie a déjà eu le temps d'expliquer,
et de rencontrer, et de donner beaucoup d'information. Il y manque des choses,
là, mais... mais il y a déjà une compréhension globale. Alors, au dépôt... au
niveau du dépôt d'avis de projet, ça nous semble le bon endroit, là, pour...
pour se rendre là. Évidemment, c'est toujours fonction de... de la communauté
en question, là. Il y a des communautés qui vont être plus réceptives, il y en
a qui le seront moins, là, pour toutes sortes de raisons.
La Présidente (Mme Poulet) : Il
reste 1 min 30 s
Mme Blanchette Vézina : O.K. Peut-être,
le député d'Abitibi-Est, là, je pense, souhaitait poser une...
M. Dufour : Merci. Écoutez,
vous allez sur différentes facettes, là. C'est énorme, là, ce que vous
présentez, là, vous touchez à plusieurs éléments.
Première chose que j'aimerais dire, moi...
Juste une minute, là, je n'ai pas vraiment le temps de vous poser la question.
Mais il reste une chose : l'Abitibi en a... vit des mines depuis 100 ans,
puis notre eau est encore consommable. On a encore la meilleure eau à Senneterre,
la meilleure eau à Val-d'Or, à... dans des eskers... tirée à même les eskers.
Il ne faut pas non plus, je pense, présenter l'industrie minière comme étant
simplement, on dirait, un destructeur de ce qui est les capacités au niveau de
toute la ressource hydrique.
Par contre, la ministre fait un projet de
loi pour essayer d'améliorer toutes les facettes que vous exposez. Je pense,
c'est ça, l'objectif, c'est d'essayer de trouver des solutions, et non d'aller
dire qu'il n'y aura pas de possibilité de créer une certaine harmonie entre les
deux. Je pense que son objectif, à la ministre, c'est d'arriver à un juste
compromis, à trouver les méthodes pour améliorer l'industrie par rapport à
toute la situation.
Mais il reste par là, je pense, qu'il faut
trouver des vocables, et puis nous, chez nous, on a ce qu'on appelle la Société
des eaux souterraines, c'est un organisme, puis elle propose justement de
trouver le moyen de créer des aires d'alimentation et de captage des eaux qui
pourraient faire partie des fameux TIAM, qui sont justement un outil qui existe
pour justement les municipalités pour protéger l'aspect hydrique, puis c'est un
peu ce que présentait la mairesse de Senneterre, elle veut tout simplement
protéger son esker, sur lequel elle puise son eau directement. Ça ne veut pas
dire qu'elle s'oppose à l'industrie minière.
Puis il faut juste faire attention, je
pense, dans votre discours que vous présentez...
La Présidente (Mme Poulet) : C'est
tout le temps qu'il nous reste.
M. Dufour : Merci.
• (17 h 50) •
La Présidente (Mme Poulet) : Alors,
je... on poursuit les discussions avec le député de Pontiac.
M. Fortin :Bonjour... Bonjour, M. St-Hilaire, et bonjour à vous trois.
Avant d'entamer mes questions, je vous laisserais peut-être, si vous avez une
réponse à... au député d'Abitibi...
M. St-Hilaire (Louis) : Non.
M. Fortin :Non, ça va? O.K. D'abord, M. St-Hilaire, je veux d'abord
vous féliciter pour votre engagement sur cette question-là, là, depuis... au
cours des dernières années, puis là, je vous entends... je vous entends prendre
à peu près toutes les tribunes qui vous sont offertes. Je...
M. Fortin :...aujourd'hui vous êtes également impliqué dans d'autres
groupes ici dans le Québec et Québec meilleure mine! Alors, je vous félicite de
prendre ce dossier-là à bras-le-corps. Et effectivement, dans votre région, il
y a une, appelons ça une immense mobilisation citoyenne. Hier, le préfet de
votre MRC était ici et vous avez dit tantôt vous avez écouté certaines des
certaines des revendications des différents groupes, là, et il a exprimé, je
ne sais pas si c'est une frustration, mais une certaine réalité envers le
processus des territoires incompatibles aux activités minières, les TIAM.
Est-ce que, selon vous, les TIAM de la façon dont le processus est organisé
depuis plusieurs années au Québec, là, est-ce que ça... est-ce que ça
fonctionne comme ça devrait fonctionner?
M. St-Hilaire (Louis) : Non.
C'est... c'est d'une rigidité quand vous... quand vous dites que le préfet,
puis c'est lui qui l'a dit plus tôt, que ça faisait huit ans qui travaillait
là-dessus, alors vous imaginez à quel point c'est la preuve, là, huit ans de
travail là-dessus, puis pas d'avancée, puis ça, c'est aussi avec une série de
suspensions de territoires, là, qui existent pendant toute cette période-là.
Alors, comment on peut planifier quand on a une vocation de développement
économique comme une MRC? Comment est-ce qu'on peut arrêter, excusez, le
développement pendant une aussi longue période? Alors, la preuve que ça ne
fonctionne pas dans sa forme actuelle. Bon, il y a des... il y a eu des
ajustements qu'on va connaître bientôt, mais le processus est d'une rigidité et
ne reconnaît pas le milieu. Et, en fait, si vous permettez, le TIAM dans le
processus, ça reconnaît le passé, ça ne reconnaît pas la situation actuelle,
puis la situation en devenir d'une... d'une région. Alors, on regarde en
arrière, puis on dit : jusqu'ici ça c'est... on peut réserver ça parce
qu'il ne s'est pas passé d'autres choses. Mais les MRC veulent développer, puis
ils ne peuvent pas.
M. Fortin :Je veux vous relancer là-dessus parce que vous êtes le
premier à en parler, là, du fait qu'on parle beaucoup au Québec des minéraux
stratégiques. On parle de certaines utilisations de ces minéraux stratégiques
là, mais on n'a pas parlé beaucoup de l'armée américaine. Alors que dans votre
région, là, c'est un réel enjeu. Et je me souviens, je pense qu'on l'a tous
écouté, là, la dernière entrevue de M. Fitzgibbon avant qu'il quitte son poste.
La toute dernière qu'il a faite avec Patrick Masbourian à Radio-Canada, celle
où il prétendait encore que tout allait bien, puis qu'il était ministre pendant
un bon bout de temps, là. Il a essentiellement dit : Je discute énormément
avec l'armée américaine ces jours-ci sur des projets miniers. Est-ce que vous
sentez, pas qu'on vous cache quoi que ce soit ou qu'on nous cache, mais qu'il y
a une direction, disons, dans laquelle on s'engage avec cette... avec cette
filière-là? Et est-ce que vous pensez, je pourrais poser la question à
n'importe qui autour de la table, mais je vous la pose à vous, là. Est-ce que
vous pensez que l'utilisation de nos ressources naturelles pour l'armée
américaine, c'est vraiment une filière stratégique?
M. St-Hilaire (Louis) : C'est
un choix de société, là, on en est là, là, c'est... Moi, je peux vous exprimer
une opinion personnelle, là, par rapport à ça, mais je pense que la société
devrait réfléchir à ça, puis devrait statuer sur ça. Ma problématique avec ça,
c'est que c'est occulté et puis on n'en parle pas. Puis, le meilleur exemple,
c'est qu'on est le premier qui en parle après deux jours alors que c'est un
fait vérifié. Mais on parle beaucoup des minéraux critiques et stratégiques
pour la décarbonation. Alors c'est là, c'est là le problème que je souligne,
là, tu sais. Quant à savoir si c'est, le Québec veut se diriger là, puis veut
devenir un fournisseur d'armement, puis de sous-marins, puis de pièces de
toutes sortes, je peux juste vous donner mon opinion personnelle là-dessus.
C'est tellement récent dans le...
M. St-Hilaire (Louis) : ...dans
le dossier, là. C'est arrivé de côté. Sauf que ce qu'il faut savoir, c'est que
c'est en marche, puis c'est en marche aux États-Unis, puis c'est en marche au
Canada. Il y a d'autres projets. Et l'armée américaine a aussi dit qu'il y
avait plein d'autres projets sur la table puis M. Fitzgibbon en parlait
aussi. Alors, il faut en tenir compte.
M. Carrier (Raymond) : J'ajouterais,
si je peux. Avec cette priorisation des usages, on n'est pas les premiers
autour de cette commission-là à en parler. Moi, ce que j'ajouterais à ça aussi,
ce n'est pas juste la priorisation, mais on l'a à peine effleuré au tout début.
C'est combien ça en prend de mines. Alors, je ne sais pas si on peut définir ça
dans une loi, mais combien on en a besoin de mines? Quand je faisais l'étude
dans la consultation l'année passée, je faisais un petit calcul sur sur combien
de graphite ça prenait au Québec pour électrifier les transports. On arrivait
avec à peu près 100 000 tonnes. Les projets miniers, il y en avait
pour 400 000. Donc, on est capable de décarboner pas juste le Québec, mais
une partie... le Canada aussi. Mais on veut-u percer tout le Québec puis défaire
des aspects de biodiversité pour décarboner beaucoup plus que ce qu'on a
besoin? Oui, c'est bon pour l'économie, mais est-ce que c'est bon pour le...
pour notre nature, pour notre environnement? Est-ce que c'est bon pour les gens
qui vivent au bord des lacs à l'eau claire où on a un fond bleu qui vient...
qui vient aider ces lacs-là? Question.
M. Fortin :J'en profite pour peut-être ramener la conversation, parce
que ça... c'est un lien avec ce que vous venez de dire, là, à comment on décide
des usages de certains territoires, là. Et les gens du monde municipal sont
venus nous dire qu'une des bonnes façons, une des façons pas mal plus
flexibles, une des façons pas mal... qui prend pas mal moins de temps, entre
autres, de... puis qui assure un usage peut-être plus en lien avec, selon ce
qu'on sait, là, plus en lien avec la volonté du milieu, c'est que le schéma
d'aménagement de la MRC ait priorité sur les lois qu'on étudie aujourd'hui.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus, parce que ça fait ne pas partie direct de
vos recommandations. Vous avez des recommandations qui touchent au concept,
mais pas nécessairement en ce sens-là, puis ce n'était pas la première fois
qu'on les entendait dire ça. Alors, je me demande si vous ne l'avez pas retenu,
s'il y a quelque chose qui accroche à ce niveau-là.
M. St-Hilaire (Louis) : Non,
non. C'est une position historique qui est défendue par... aussi par l'UMQ, qui
n'a pas vraiment insister là-dessus hier, là, mais qui a dit que c'était une
position historique. Alors, c'était dans notre... dans notre mémoire... dans le
mémoire de consultation, là. On avait mis ça, ça demeure. On a voulu aller
chercher quatre mesures, tu sais, plus pointues, puis dont celle dans laquelle
on croit beaucoup, qui est celle qu'on a appelée... qu'on a appelée l'opting
out, là. Bien, ça revient au même, mais ça s'est fait à plus petite échelle,
pour éviter ce qu'on a entendu hier toute la journée : Il faut éviter le
mur à mur.
M. Fortin :Sur cette question-là, dans la question du opt in versus opt
out, là, quand vous l'avez introduit tantôt en échange avec la ministre, vous
avez... vous avez ajouté les mots «pour certaines régions». Est-ce que
c'était... C'était-u volontaire? C'était-u pour des régions définies?
C'était-u, justement, pour la question... L'Abitibi était un peu différente?
C'était-u... C'était dans quel contexte?
M. St-Hilaire (Louis) : Il
n'y a pas de liste de régions, là, de déterminée, là, avec ça. C'est... Ça sera
aux MRC de le faire.
• (18 heures) •
M. Fortin :O.K. Sur votre proposition de modification à
l'article 47, c'est-à-dire que les MRC concernées doivent nécessairement
avoir une espèce de... je vais dire ça comme ça, là, avoir un mot à dire sur
les... sur les claims, là. J'aimerais ça... que peut-être vous nous expliquiez
c'est quoi, votre vision. Comment vous voyez que ça pourrait s'opérationnaliser
quelque chose comme ça?
M. St-Hilaire (Louis) : Bien,
on a une proposition, on a même un article d'écrit, là, de proposé là-dessus.
Alors, de la façon dont ça se passe, c'est que la... dès que... dès que...
Actuellement, tout le monde sait comment ça fonctionne un claim. On envoie ça
au registraire et, quelques semaines plus tard, on reçoit son claim. Là, nous,
ce qu'on dit, c'est qu'il devrait y avoir un avis... par la présentation d'un
avis au bureau du registraire et par un avis de la MRC concernée. Et dans cet
avis-là, bien, le bureau du registraire demande...
18 h (version non révisée)
M. St-Hilaire (Louis) : ...un
avis à la MRC qui inclura un droit de refuser un claim. Alors, on revient à ce
qu'on parlait tout à l'heure, un peu un «opting out», mais ça commence à ce
niveau-là. Si la MRC a un projet d'aménagement, ça peut être des aires
ouvertes, ça peut être d'autres choses, bien, il pourrait déjà signifier, à ce
niveau-là, qu'un claim ne soit pas autorisé.
M. Fortin :C'est la façon que vous le voyez, là, ce n'est pas
nécessairement en lien avec le schéma d'aménagement. C'est une MRC qui décide,
parce qu'une MRC, c'est des élus, c'est des gens qui changent souvent, c'est
des priorités qui changent. Une MRC qui déciderait... un nouveau préfet, un
nouveau conseil des maires qui dit : Moi, je ne veux pas de mines sur mon
territoire, pourrait juste dire : Je refuse tous les claims.
M. St-Hilaire (Louis) : Oui,
mais il faut... il faut démontrer, là, qu'il y a un projet porteur ou
économique qui est en marche, là.
M. Fortin :O.K. Et qui pourrait être affecté par la distribution de
claims.
M. St-Hilaire (Louis) : Oui.
M. Fortin :O.K. Ça va. Ça va, pour moi, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Poulet) : Ça
va? Parfait. Alors, on poursuit les discussions avec la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Oui, merci.
Combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Poulet) : Quatre
minutes, huit secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci pour votre présence. J'ai plusieurs questions. Mais je pense que je veux
profiter de votre expertise très locale des différentes régions, on a parlé de
Laurentides, de la Petite-Nation. Tout à l'heure, vous avez dit que l'information
n'est pas suffisante, puis j'aimerais ça vous entendre à partir de vos
expériences. Mais ma compréhension, en lisant votre mémoire, puis en ayant eu
des échanges avec des groupes que vous représentez, c'est surtout des bénévoles
puis des municipalités qui sont allés chercher l'information, en premier lieu,
pour comprendre ce qui a été devant vous. Puis tout à l'heure... Comment
vraiment vous avez vécu cette expérience-là? Quelles sont les sources d'information
disponibles pour, justement, rentrer dans un dialogue avec des projets?
Et mon deuxième volet à la question, c'est...
On a parlé de dialogue avec l'entreprise, comment, dans vos expériences, en
suivant ces deux cas-là, quel était votre dialogue, les contacts et l'échange d'informations
que vous avez eus avec les entreprises?
M. St-Hilaire (Louis) : O.K.
Bien, l'information, je vous disais un peu, dans la Coalition Qlaim, je vous
disais un peu l'expertise à laquelle on est allé chercher. On est membre de
Québec meilleure mine. Alors, on a de l'expertise interne puis de l'expertise
externe. Notre expertise interne étant toujours bénévole, ça a été beaucoup,
beaucoup de travail. Et ça a été ça, notre niveau à nous, on a travaillé fort
pour arriver à faire tout le processus, là, et qu'on soit rendus là aujourd'hui.
On est allés chercher des professionnels aussi pour nous aider là-dedans,
alors, des professionnels qui travaillent avec des budgets pour des petites
organisations comme la nôtre. Alors, c'est là qu'on a pris notre information.
Ensuite de ça, on a à savoir le partage de
l'information avec les sociétés, je peux vous parler de ce qui s'est passé en
Petite-Nation. Petite-Nation, moi, ça fait cinq fois que je rencontre la
direction de la compagnie. Il y a eu le temps d'avoir des changements de
direction. Et, un, c'est des gens qui ne connaissent absolument pas le
territoire et qui nous annoncent, dans leurs documents, cette semaine, qu'ils
vont venir faire des travaux et qui disent qu'ils vont faire ça à Nominingue,
alors que Nominingue, ce n'est tellement pas dans la Petite-Nation, là.
Alors... Et c'est excessivement pauvre comme information, ce qu'on reçoit,
excessivement général. Et je vous rappelle que, dans tout le processus de
référendum, là, qui a été mis en place par l'alliance des cinq municipalités,
la compagnie... la compagnie s'est retirée du processus. Il y avait trois
séances, ils ont fait la première qui s'est très bien déroulée. Et ils se sont
retirés des deux autres. Ils ont accepté l'invitation d'une municipalité
voisine pour faire... pour faire une présentation, devant 20 personnes, avec
des questions écrites d'avance et sans présence des médias. Alors, c'est ça,
notre contact avec la compagnie.
Mme Zaga Mendez : Et pour...
M. Carrier (Raymond) : Oui. L'expérience
que, nous, on a, c'est qu'on sait lire des prospectus de compagnies, on sait
lire des rapports de géologie. Alors, quand on regarde le tout, on met ça
ensemble, puis qu'on questionne la compagnie, on les a rencontrés, que... une
compagnie, il y a des avancées, des énoncés qui sont dans le but d'amadouer et
qui ne ressemblent pas aux calculs qu'on fait. On avait juste fait un calcul,
par exemple, de combien de camions, ça prend pour transporter le minerai...
M. Carrier (Raymond) : ...eux
arrivaient à 10 camions, nous on arrivait dans un calcul, calcul qui est
validé, de 70 camions. J'ai demandé où j'avais fait l'erreur dans le calcul et
puis on ne m'a jamais répondu. On essayait de passer à côté. Alors
l'information qu'on reçoit de la minière ne paraît pas toujours juste. Ou en
tout cas, ça... peut-être que ça cache, ça cache un certain côté. Alors, on
prend notre information où on peut, on questionne et si ça ne concorde pas,
bien, voilà, on fait notre propre, nos propres déductions et ça n'aidera pas,
ça n'aide pas l'acceptabilité sociale.
Mme Zaga Mendez : Ça répond à
mes questions.
La Présidente (Mme Poulet) :
19 secondes.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie. Je crois que vous voulez ajouter quelque chose en 19 secondes.
M. St-Hilaire (Louis) : 19
secondes...Merci!
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Carrier (Raymond) : Bien,
moi j'ajouterais peut-être que dans une ligne de faible densité de population
jusqu'à forte densité, il y a des situations tout à fait différentes qu'il faut
mettre de l'avant. Dans les faibles densités, on voit qu'il y a des ententes
qui se font avec les populations, les... une maire qui a été rencontrée hier
disait : On ne veut pas des inactifs, on veut des, on en veut des mines.
Alors que dans la très forte densité, dans une... dans un centre-ville, il ne
nous viendra pas à l'idée de creuser. Entre les deux : conflits d'usage,
inquiétudes, nuisances potentielles.
La Présidente (Mme Poulet) : Merci
beaucoup. Merci de votre contribution à nos travaux. Alors, la commission
ajourne ses travaux jusqu'à demain, jeudi 26 septembre 2024, après les avis
touchant les travaux des commissions.
(Fin de la séance à 18 h 08)