Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 19 septembre 2024
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Vol. 47 N° 27
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Montigny) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte. Je vous souhaite bienvenue et je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre leur sonnerie d'appareils
électroniques.
La Commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques en modifiant diverses dispositions législatives. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président, M. Sainte-Croix (Gaspé) est remplacé par M. Lemay (Masson);
M. Fortin (Pontiac) par Mme Dufour (Mille-Îles); et Mme Zaga
Mendez (Verdun) par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Alors, ce matin, nous entendrons les organismes suivants : le Regroupement
des organisations... des organismes environnementaux en énergie et l'Association
coopérative d'économie familiale du Nord de Montréal.
Alors, je souhaite donc maintenant la
bienvenue au Regroupement des organismes environnementaux en énergie. Je vous
rappelle que vous disposez donc de 10 minutes pour votre exposé. Puis, par la
suite, nous procéderons à une période d'échange avec les membres ici, de la
commission. Donc, vous, je vous invite à vous présenter et à débuter votre
exposé. Merci.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
merci beaucoup. Merci de nous accueillir. Bonjour à tous les députés, Mme la
ministre. Je me présente, je m'appelle Jean-Pierre Finet. Je suis analyste en
régulation économique de l'énergie pour le regroupement des organismes
environnementaux en énergie. Je suis accompagné de Me Gabrielle Champigny, du
cabinet de Franklin Gertler, qui est le cabinet qui accompagne la ROEE depuis
27 ans maintenant. La ROEE, c'est un regroupement de 11 organismes
environnementaux. Donc, vous avez la liste dans notre mémoire, là, mais ça
inclut, entre autres, Nature Québec, Fondation Rivières, Fondation David
Suzuki, l'Association québécoise des médecins pour l'environnement, etc. On a
plusieurs principes directeurs, mais ce que vous devez retenir, finalement, c'est
qu'on favorise l'économie d'énergie avant toute production, même d'énergie
renouvelable? On a participé dans différentes commissions parlementaires au
cours des dernières années, dont celle sur le projet de loi n° 34, le
projet de loi n° 2 aussi, le projet de loi n° 41
récemment, avec le ministre de l'Environnement, et maintenant celui-ci, le projet
de loi n° 69.
Donc, je vais passer simplement à travers
les messages clés. On a déposé un mémoire tard hier soir, qui, je suis désolé,
mais ça a pris plus de temps que prévu, on voulait vous faire quelque chose le
plus complet possible, mais... Donc, c'est ça, je vais passer à travers les
messages clés, puis ma collègue pourra compléter, là, sur différents points
particuliers, là, qui sont plus l'aspect juridique. Donc, nous, les messages
clés de un, selon nous, le p. l. 69 surestime les besoins en énergie plutôt que
de favoriser la diminution de la consommation énergétique. Les besoins sont
gonflés, sont gonflés par la demande industrielle qui représenterait 25 %
de la croissance de la demande d'ici 2035. Donc, selon nous, puis je pense que
vous l'avez entendu quelquefois à date aussi d'autres intervenants, plus on va
produire de l'électricité, plus les tarifs augmenteront, c'est mathématique. Donc,
on a tout intérêt à limiter nos besoins et favoriser avant tout la réduction de
la consommation énergétique du Québec, notamment par l'efficacité énergétique
et la sobriété énergétique. La nouvelle production d'électricité, les nouvelles
infrastructures de transport généreront des enjeux d'acceptabilité sociale, de
respect des droits des peuples autochtones sur le territoire et les ressources,
ainsi que de préservation de la biodiversité.
La décarbonation représente un important
défi qui devrait être la priorité prioritaire du gouvernement du Québec. Et
enfin, le p. l. 69 ne doit pas sous-estimer le potentiel d'efficacité
énergétique. Juste un mot là-dessus. Selon nous, en ce moment, Hydro-Québec
sous-estime pourrait sous-estimer considérablement le potentiel d'économie d'énergie
au Québec qui est basé sur des vieux coûts évités de 2013 et ces coûts-là ont
doublé depuis ce temps-là. Donc, il y aurait lieu de croire que...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...le
potentiel aurait suivi, là, si on regarde les tableaux d'analyse de
sensibilité. Et ça, le problème, c'est qu'Hydro-Québec fait le potentiel,
l'étude du potentiel à tous les 10 ans. Et donc la dernière fois, c'était en
2021. Et nous, on pense qu'il faudrait remettre à jour dans la perspective où
on étudie le projet de loi n° 69. Le p. l. 69 fragilise le rôle et les
pouvoirs de la Régie de l'énergie, selon nous. Donc, le plan de gestion
intégrée des ressources, qu'on appelait il y a 27 ans, lors de la création de
la Régie de l'énergie, la planification intégrée des ressources. Là, ce n'est
pas nouveau. La PGIRE a été à l'origine de la création de la Régie de
l'énergie. Ça n'a pas duré, cependant, là, mais donc ce n'est pas... ce n'est
pas nouveau, là. Ça constitue une avancée, mais la PGIRE mais la concentration
des pouvoirs dans les mains du ministre et des distributeurs n'est pas
souhaitable. Un PGIRE ferait... qui ferait une trop grande place au
développement industriel nuirait aux efforts de décarbonation. Le p. l. 69
devrait établir des balises pour que la PGIRE s'appuie sur une véritable
planification intégrée des ressources, un concept central reconnu... un concept
central au rôle reconnu à la Régie lors de sa création en 1996.
L'assouplissement des règles concernant les appels d'offres pour de nouveaux
approvisionnements ne doit pas ouvrir aussi la participation du secteur privé
ultérieurement. Le ROEE s'oppose à la modification de l'article 60 qui favorise
la privatisation des ressources naturelles via l'autoproduction et les contrats
de gré à gré entre un fournisseur et un client qui constitue une brèche au
monopole de distribution d'Hydro-Québec. Le caractère public de cette société
d'État doit demeurer. En plus, bon, c'est ça, le ROEE craint que le p. l. 69
cristallise la place accordée au gaz naturel dans le paysage énergétique
québécois, donc le gaz de sources renouvelables, souvent un produit à partir de
gaz fossile, demeure une forte source d'émission de GES et son utilisation
devrait être restreinte... restreinte aux procédés industriels difficilement
électrifiables. Plusieurs modifications à la loi sur la Régie de l'énergie
prévue par le p. l. 69, incluant la notion de transition énergétique ordonnée
et au moindre coût, introduite dans l'article 5 sur la mission et les fonctions
de la Régie favorise indûment le gaz naturel et la biénergie plutôt que des
solutions électriques telles que le déplacement des charges grâce au stockage
thermique. Là-dessus, on en parle un peu dans notre mémoire du stockage
thermique. Puis, dans une réplique récemment, dans un article de La Presse, je
mentionnais que le premier ministre, d'ailleurs, loue ses appartements de
fonction à l'édifice Price, est chauffé par un accumulateur de chaleur qui a
sorti le gaz au début des années 2000.
• (11 h 30) •
Donc ce n'est pas impossible de sortir le
gaz des bâtiments, même dans les gros bâtiments. Je ne sais pas s'il pourrait
vous organiser une visite, là, mais ça serait bien. Donc, offert sur une base
d'achat volontaire, le gaz de sources renouvelables devrait être réservé aux
usages difficilement électrifiables. Autrement, il devrait être socialisé à
l'ensemble de la clientèle en respect du principe du pollueur payeur. La
responsabilité et le risque associés à la valorisation de l'intensité carbone
du GSR, donc des attributs environnementaux dans un marché concurrentiel, sont
une activité non réglementée et devraient appartenir au producteur et non à
Énergir en tant que distributeur de gaz naturel. Énergir, sa job, c'est de
distribuer du gaz, mais pas de faire du courtage d'unités de conformité. Le
plafonnement à 3 % des tarifs domestiques est une fausse solution à un
problème créé par l'appétit énergétique du gouvernement. Le gouvernement ne
devrait pas intervenir dans la fixation des tarifs d'électricité. C'est la
compétence de la Régie qui a prouvé à maintes reprises par le passé qu'elle
pouvait gérer les chocs tarifaires appréhendés, notamment quand il y a eu des
hivers très froids qui ont provoqué des hausses de tarifs, ou quand le
gouvernement a forcé Hydro-Québec à acheter de l'énergie à un postmatrimoniale
à fort prix, alors qu'on n'en avait pas de besoin. Les dossiers tarifaires
doivent être étudiés à la régie sur une base annuelle, considérant la
nécessité de décarboner le secteur énergétique. On ne peut pas faire ça, là,
surtout considérant les gaps de planification d'Hydro-Québec. L'interfinancement
tarifaire, il en a été beaucoup question aussi même si c'est pas spécifiquement
indiqué dans le projet de loi, en faveur des tarifs domestiques doit être
maintenu. Autrement, le gouvernement devrait agir de façon très graduelle, tel
que recommandé par la Régie de l'énergie, dans son avis au ministre de
l'Énergie de l'époque en 2015. Le p. l. 69 concentre indûment les pouvoirs
entre les mains du ministre ou de la ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie. Donc c'est... c'est l'essentiel de nos messages qu'on voulait
faire passer aujourd'hui. S'il reste... S'il nous reste quelques minutes, M. le
Président, je laisserais peut-être ma collègue compléter.
Le Président (M. Montigny) :
Il reste 1 min 50 s.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Parfait...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Champigny (Gabrielle) : Parfait!
Merci beaucoup. Bonjour à tous. Donc, je voudrais juste peut-être revenir sur
le concept de planification intégrée des ressources dont M. Finet vous a parlé.
C'est un concept, comme il vous l'a dit, qui est à la base de la création de la
régie. Et c'est un concept important puis il faut lui donner toute sa
substance, sa signification. Puis on vous a mis dans le mémoire une section
expliquant un peu plus ce concept-là puis ce à quoi on s'attend d'une véritable
planification intégrée des ressources dans le cadre du projet de loi qui est
présenté, du projet de loi n° 69. Puis le... C'est un concept, dans le
fond, qui est assez simple à résumer, là, c'est d'examiner toutes les solutions
possibles en priorisant les économies d'énergie puis de, dans le fond, ne pas
avoir d'a priori, là, de ne pas, donc, penser qu'acheter toujours plus de gaz
naturel et d'électricité, ce sont les seules solutions possibles. Donc, il faut
examiner toutes les solutions puis faire un choix éclairé à partir de ça. Donc,
c'était, comme je vous dis, à la base des pouvoirs de la régie en 96. Puis
juste un petit point aussi peut-être sur certaines dispositions qui sont très
larges dans le projet de loi actuel, je pense entre autres à l'article... à la
modification proposée à l'article 60 de la Loi sur la régie...
Le Président (M. Montigny) : 10 secondes.
Mme Champigny (Gabrielle) : ...puis
aux définitions, par exemple, des gaz des sources renouvelables ou gaz naturel
renouvelable. On propose des...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci beaucoup.
Mme Champigny (Gabrielle) : ...d'augmenter
les balises.
Le Président (M. Montigny) : Je
suis désolé, votre temps étant écoulé, c'est maintenant le moment de laisser la
parole à Mme la ministre. Vous disposez donc de 15 minutes 15 secondes.
Mme Fréchette : Oui. Merci, M.
le Président. Écoutez, j'aimerais offrir de mon temps à Me Champigny pour
terminer son mot. Elle a été un peu bousculée, là. Donc, voilà, je vous laisse
poursuivre.
Mme Champigny (Gabrielle) : Merci
beaucoup. Donc, ce que je disais, ce que c'est sûr, ces concepts-là qu'on
introduit, par exemple, à l'article 60, là, sur les sources d'énergie
renouvelable, c'est un concept qui devrait être précisé. Puis plus on met de
balises... En fait, c'est... ça aide véritablement les tribunaux, par la suite,
à faire une bonne interprétation de cette loi-là. Puis, dans le cadre de l'urgence
climatique, bien, je pense que c'est nécessaire de mettre certaines balises
puis orienter, vraiment, la formulation de l'article vers... vers son objectif,
qui devrait être, comme on vous l'a présenté, la décarbonation.
Mme Fréchette : Merci. Alors,
merci à nouveau, M. le Président. Merci à vous deux, M. Fiset, Me Champigny,
pour votre présence et pour nous partager votre vision et de venir en audience,
très apprécié. Donc, moi, j'aimerais vous entendre sur le projet de loi n° 69,
sur sa dimension de flexibilité. On sait que le contexte énergétique a évolué à
grande vitesse, hein, ces dernières années, ça a changé rapidement. Est-ce qu'à
votre avis le projet de loi n° 69 comporte des éléments de flexibilité
suffisants pour faire en sorte que, justement, on va pouvoir ajuster nos décisions,
nos orientations en fonction de l'évolution du contexte, là, ce qui, en soi,
est un... est un défi? Est-ce que vous trouvez que ça comporte ces éléments-là
de manière adéquate?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
parlant de flexibilité, si vous faites référence à la modification à l'article 74.1
puis la procédure d'appel d'offres, oui, on comprend que la procédure d'appel d'offres
pour des projets éoliens d'envergure comme celui qui a été annoncé récemment,
qui découle de la stratégie éolienne d'Hydro-Québec... oui, on pense que c'est
nécessaire, là. Et ça, ça peut offrir la flexibilité. Sauf qu'il y a un paquet
d'autres... Sauf qu'il y a un paquet d'autres choses dans le projet de loi qui
est... qui fait problème, là, tu sais. Mais ça, on est d'accord, là, on n'est
pas déraisonnable. Là où on n'est pas d'accord, c'est, entre autres, la façon
dont on a modifié l'article 60 pour dénaturer son objectif original, là,
qui était de valoriser la biomasse, là, en autoproduction, là. Là, on parle d'adjacence,
mais, comme on a vu avec le projet de test, là, l'adjacence est pas mal
élastique, là, ça couvre des centaines de territoires. Tout ça, là, c'est ça...
Quant à nous, le projet de loi... le projet test est... il ne correspond
absolument pas à l'esprit de l'article 60 qui a été... qui a été adopté à
l'époque...
M. Finet (Jean-Pierre) :
...donc, c'est ça. Puis la conclusion d'un contrat de gré à gré, vous avez
entendu, M. Sabia la semaine passée, qui a répété sensiblement la même
expression que j'avais utilisée en novembre dernier à l'annonce du projet de
test que ça va être le Far West énergétique, là. Ce n'est pas... Ce n'est pas
souhaitable de mettre de la concurrence à Hydro-Québec. Le faut préserver le
monopole d'Hydro-Québec. On n'a pas le temps, là, tu sais, avec tous les
investissements qu'Hydro-Québec peut faire, on ne peut pas se permettre d'avoir
de la concurrence à l'interne comme ça. Il faut conserver le monopole
d'Hydro-Québec.
Mme Fréchette : Merci, M.
Finet. Désolé, je l'ai dit, la langue m'a fourché tout à l'heure. J'avais bien
noté, mais j'ai mal lu. Alors bon, vous misez beaucoup sur l'efficacité
énergétique, la sobriété énergétique dans votre approche, est-ce que vous
pourriez nous parler plus en détail des moyens que vous proposez pour justement
réduire la consommation énergétique, soit des individus ou des entreprises?
Aussi, parce qu'on pense souvent j'ai l'impression, aux individus quand on
vient de quand on vient parler de sobriété énergétique. Mais les entreprises
aussi, les joueurs industriels, commerciaux doivent être appelés par ça. Donc
voilà, j'aimerais vous entendre sur les mesures que vous mettriez de l'avant.
M. Finet (Jean-Pierre) : Il y
en a plusieurs d'ailleurs. Un des seuls points avec lesquels j'étais d'accord
avec votre prédécesseur, c'était qui disait qu'il y avait 50 % de trop de
voitures sur les routes et donc de favoriser une conversion énergétique plutôt
qu'une transition énergétique. C'est un problème si on passe de l'auto solo à
essence à l'auto solo électrique, ce n'est pas une bonne chose à faire puis on
n'y arrivera pas. Même à Québec, là, il commence à y avoir beaucoup de trafic
de ce que j'ai pu voir. Donc c'est... c'est donc qu'il faut réduire à la
source. Et c'est la même chose aussi pour les entreprises où il y a beaucoup de
potentiel d'économie d'énergie dans les entreprises. D'ailleurs, Hydro-Québec
dans son eau voit sa nouvelle cause tarifaire à la Régie de l'énergie, prévoit
même plus d'économie d'énergie qui va venir du secteur industriel, entre
autres, par l'adoption de plans de gestion, comment qu'on appelle ça, don, avec
la norme ISO 50001. Donc, pour en faire des plans de gestion de l'énergie à
l'interne, des systèmes de gestion de l'énergie.
Mme Fréchette : Et comment
dans tout ça aussi susciter de l'acceptabilité sociale? Parce qu'on vient quand
on vient parler de sobriété énergétique, je pense qu'il faut que la population.
M. Finet (Jean-Pierre) :
Bien, justement, là-dessus. Puis en passant, Hydro... BC Hydro, hier, a annoncé
un programme où ils vont rénover en profondeur 11 000 bâtiments. Et
ça, c'est une... BC Hydro, oui, en Colombie-Britannique. Mais, là, excusez,
vous me disiez, là, j'ai... on parlait...
Mme Fréchette : Comment
embarquer? Comment générer de l'acceptabilité sociale par rapport aux
changements de comportement énergétique qu'on doit susciter?
• (11 h 40) •
M. Finet (Jean-Pierre) :
L'approvisionnement qui a le moins problème d'acceptabilité sociale, là, c'est
l'efficacité énergétique. Non seulement il n'y a pas de problème
d'acceptabilité sociale, mais ça améliore le pouvoir d'achat des individus,
donc ça lui permet plus facilement d'acheter des voitures électriques qui sont
encore dispendieuses, là, ça améliore la position concurrentielle des entreprises.
Ça a juste des bénéfices, l'efficacité énergétique, ça, c'est ça. Et donc,
c'est pour ça qu'on a... en harnachant ces énormes potentiels-là, gisement
d'énergie, là, je pense que tout le monde est gagnant à plusieurs, plusieurs
niveaux. On a mis aussi dans notre mémoire une petite, un petit extrait d'un
rapport sur les trajectoires qui a été remis au ministre de l'Environnement en
2021 qui dit que si on implantait l'entièreté du potentiel d'efficacité
énergétique, on augmenterait le PIB de 4 milliards de dollars par
année au Québec. Donc, je pense que c'est quelque chose qui est acquis et
auquel le gouvernement est sensible, l'augmentation du PIB, et donc ça a juste
des aspects bénéfiques et ça créerait même 20... ça créerait et maintiendrait
25 000 emplois. Donc, pour vous dire, si Hydro-Québec monopolise
toute la force, la main-d'œuvre, sur la construction d'équipements et non
pas... je pense qu'autrement, on pourrait mettre à l'oeuvre, là, toute la
petite et moyenne entreprise à l'amélioration de l'efficacité énergétique du
Québec. En même temps, harnacher des ressources, stimuler l'économie en même
temps, ce n'est pas juste de tout mettre nos œufs dans les... dans le même
panier des grosses entreprises qui, des fois, représentent des investissements
risqués.
Mme Champigny (Gabrielle) :
C'est ce que j'allais ajouter, dans le fond, c'est que ça a non seulement un
impact sur la facture d'électricité, juste économiser l'énergie, mais ça a
aussi un impact sur et à quel point on va gruger nos ressources naturelles. Et
puis les impacts sur les territoires sont visibles, sont ressentis par la
population. Quand on parle de parcs éoliens dans des dimensions assez
importantes, les citoyens réalisent en fait que ces projets-là de consommation
qui résultent de la consommation d'énergie, est très, très faramineuse...
Mme Champigny (Gabrielle) : ...bien,
il y a des impacts environnementaux.
M. Finet (Jean-Pierre) : Juste,
si je pouvais rajouter, quand c'est pour le bien commun, l'acceptabilité
sociale est généralement plus présente. Si c'est pour des entreprises comme
TES, bien là, vous allez voir que l'acceptabilité sociale, ça représente tout
un... toute une barrière. Donc, je pense que même les gens alentour de la
Mauricie ne seraient pas... ne seraient pas contre avoir un parc éolien, mais,
si c'est pour profiter à une entreprise, qui par surcroit, en passant, pourrait
envoyer la totalité de sa production en Europe, là, parce qu'il n'a pas besoin
d'infrastructure, là... non, l'acceptabilité sociale ne serait surtout pas là,
là.
Mme Fréchette : Vous semblez
considérer que le secteur privé devrait être complètement écarté, en fait, des
nouveaux approvisionnements qui seront nécessaires dans le contexte de la
transition énergétique. Est-ce le cas ou...
M. Finet (Jean-Pierre) : Pas
nécessairement . Dans la mesure... dans la mesure où on vous maintient
l'article 74.1 pour les appels d'offres dans les milieux qui sont plus
habités, tout ça, moi, je... tu sais, le privé doit continuer de jouer un rôle.
Mme Champigny (Gabrielle) : Et
aussi dans la mesure où la distribution de l'énergie demeure dans le secteur
public, donc demeure contrôlé par la Régie de l'énergie.
Mme Fréchette : O.K. Merci.
Je vais céder la parole aux collègues, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole au député de Masson,
vous disposez donc de six minutes.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci d'être ici avec nous aujourd'hui en commission. Vous savez,
dans une de vos premières recommandations, à la page 10 de votre mémoire,
vous parlez de l'article 126 du projet de loi n° 69, avec la cible ou
l'objectif d'atteindre 255 térawattheures à l'horizon 2035. Puis vous
avez un grand argumentaire pour dire que c'est trop comme... bien, en fait,
c'est mon impression quand je lis votre mémoire, que vous dites qu'on devrait
revoir à la baisse cette cible et de ne pas surestimer nos besoins
énergétiques, parce que ça pourrait avoir un impact sur les tarifs futurs,
mais, bref, j'aimerais avoir plus d'explications de ce côté-là. Considérant
quand même qu'Hydro-Québec, on a une cible de réduire de
8,2 térawattheures au niveau de l'efficacité énergétique. Et vous l'avez
mentionné tantôt, dans votre exposé initial, que vous avez participé aux
consultations du projet de loi n° 41 menées par le ministre de
l'Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des
Parcs... et qu'on s'en vient avec un Code du bâtiment durable pour justement avoir
plus d'efficacité énergétique dans nos bâtiments existants et futurs. Donc,
j'aimerais vous entendre sur cette cible de 255 térawattheures.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est-à-dire
qu'on va en avoir besoin, d'électricité, quand même, même si on faisait tout le
potentiel d'économie d'énergie qu'on aurait besoin, surtout si on fait une
conversion, là, de un à un, de... de l'auto solo à essence, comme je disais,
vers l'auto solo électrique, là. Mais il reste que, même si on réduit nos
besoins, on va avoir quand même besoin d'énergie.
Le problème là, c'est qu'en ce moment...
puis, oui, là, les mesures qui visent le bâtiment, tout ça, ça va aider, le
8,2 térawattheures, en passant, là, c'est sur le plan d'approvisionnement,
Hydro-Québec, dans son plan d'action 2020 à 2035, parle de
21 térawattheures, mais on ne sait pas si c'est net ou pas net, là, donc
c'est encore pas évident. Mais oui, mais si on ajoute puis on monte à
255 térawattheures puis qu'on alloue, comme on vient de faire avec le
ministre précédent, l'entièreté des blocs de puissance de cinq mégawatts et
plus à l'industrialisation, sans réduction nette de CO2, bien là, on fait juste
pelleter par en avant le problème, là, on ne priorise pas la décarbonation, là.
Et donc il faut favoriser d'abord et avant tout l'économie d'énergie plutôt que
le productivisme.
M. Lemay : ...la stratégie de
développement durable 2000... je crois que c'est 2023-2028, mentionne que
les 110 organismes et ministères sont assujettis, et par conséquent
doivent adhérer aux 16 principes du développement durable. Donc, pourquoi
est-ce que vous venez mentionner que des projets qui viennent... en lien avec
l'augmentation des gaz à effet de serre, alors qu'on a quand même nos cibles de
ce côté-là et qu'ils sont tous assujettis donc en... tu sais, si on... sans que
ce soit spécifié précisément à cet endroit-là, n'en reste que l'objectif de
décarbonation, c'est un objectif global pour le gouvernement du Québec.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
un objectif, mais qui ne se traduit pas nécessairement dans les politiques
réels. Et je vais vous donner un bon exemple, le programme écoperformance, pour
les grands émetteurs, il y a... Le gouvernement a accordé quatre subventions
pour à peu près un peu plus que 115 millions de dollars. Tous ces
projets-là, tous ces... qui ont été faits, c'était pour de la production
additionnelle décarbonée, zéro réduction nette de de GES, là. Et c'est juste...
On les paie un peu comme une rançon pour éviter qu'ils en rajoutent. On fait du
sur place, là, quand on... quand on fait ça, là. Puis il n'y a pas de loi-cadre
non plus au gouvernement qui oblige chacun des ministères à implanter des
mesures. Il y a des guides, là, par exemple, un guide pour l'exemplarité de
l'État pour les bâtiments, mais...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...c'est
encore de façon, là, assez volontaire, là, ce n'est pas... il n'y a pas de
loi-cadre qui l'exige, là.
Le Président (M. Montigny) : Parfait.
C'est maintenant le temps de passer la parole au député de Rouyn-Noranda Témiscamingue.
Il vous reste 2 minutes.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Finet. Bonjour, Mme Champigny. Dans votre
mémoire, je voyais que Fondation... Rivières, pardon, et un de vos membres dans
votre organisation. Fondation Rivières se sont présentés ici hier ou
avant-hier, et on a eu un échange sur la définition de qu'est ce qui était une
entreprise privée versus des projets communautaires. Et il y avait vraiment une
genre de confusion dans qu'est ce qu'ils appelaient «privé». Faites-vous une
distinction de votre part, là, le regroupement, entre qu'est ce qui est une...
un projet privé versus un projet communautaire? Puis qu'est-ce que j'entends
par projet communautaire, le cas qui avait été parlé, c'était dans ma
circonscription, un projet qu'eux appelaient «privé», mais qui était détenu par
la MRC, deux communautés anichinabées puis la communauté de Mashteuiatsh.
Alors, j'aimerais voir, de votre côté, quelle est la distinction entre un
projet privé puis un projet communautaire.
M. Finet (Jean-Pierre) : Je
n'ai pas suivi ces débats-là, on était occupés à rédiger notre mémoire, là, je
n'ai pas... je ne les ai pas tous suivis, j'en ai suivi quelques-uns, mais oui,
je dirais qu'un projet qui regroupe des MRC puis des communautés autochtones se
qualifierait pour être un projet communautaire. Là, par contre, si on cède des
ouvrages, par exemple, au privé puis qu'on permet de faire une vente directe,
bien, ce n'est plus des projets communautaires, là.
M. Bernard : Bien ça, je
comprends très bien. L'autre point à la page 20, et tout, vous avez...
vous faites un long plaidoyer sur la définition de site adjacent. Alors,
j'aimerais vous... Puis vous dites : C'est un terme flou. Avez-vous une
définition que vous voudriez proposer de sites adjacents?
Le Président (M. Montigny) : En
10 secondes, je suis désolé. En 10 secondes
M. Finet (Jean-Pierre) : Écoutez,
je vais essayer de le faire en 10 secondes, là. Si je mets un panneau
solaire sur ma maison, là, c'est chez nous, mais si j'en mets partout, sur tous
les voisins, là, ce n'est plus adjacent.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Le temps est maintenant écoulé. Merci. Maintenant, c'est le temps de céder la
parole à Mme la députée de Saint-Laurent. Merci.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci d'être présents avec nous. Aussi, merci de votre
mémoire. Tantôt, j'écoutais l'échange avec le député de Masson qui disait qu'il
y avait des cibles, qu'il ne comprenait pas pourquoi que les entreprises
n'iraient pas de l'avant, mais peut-être qu'on pourrait mettre les choses en
contexte. C'est important, les cibles, bien évidemment, mais il faut aussi
outiller les entreprises pour faire ce pas qui est assez important, n'est-ce
pas?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
oui. Puis je ne sais pas si vous référez à l'article d'avant-hier dans La
Presse, mais quand le ministre...
Mme Rizqy : ...les articles
de la... du Journal de Montréal, j'ai les Forges de Sorel, j'ai aussi les
Vegpro aujourd'hui de Francis Halin, j'ai aussi First Phosphate du Journal de
Montréal. Puis ça continue. Les gens nous écrivent.
• (11 h 50) •
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Non, mais le problème, c'est qu'avant-hier le ministre de l'Environnement
disait que c'est normal de ne pas octroyer des blocs de puissances ou de
refuser des projets de décarbonation, et ça, ça m'a irrité un peu beaucoup,
dans la mesure où ce n'est pas la prérogative seulement du ministre de décider
qui va décarboner et quand. Je donne l'exemple... Forges de Sorel ou n'importe
quelle autre organisation qui a des chaudières qu'il veut convertir à
l'électricité. Les chaudières sont arrivées à fin de vie utile, là, quand même
qu'on aurait un bloc de puissance de 1 500 mégawatts dans trois ans,
il va être trop tard. Il va falloir que la décision se prenne là. Donc, soit
qu'on remplace avec d'autres chaudières au gaz qui vont durer encore 40,
50 ans et/ou on va électrifier. Donc, c'est ça, ce n'est pas la simple
prérogative du gouvernement, là, il faut suivre la marche, il faut... il y a
des règles du marché, là. Et sinon, bien, si on leur dit : Mettez du gaz
naturel renouvelable, bien là, écoutez, le gaz naturel renouvelable est
beaucoup trop cher en ce moment, c'est pour ça qu'il y en a peu qui en
achètent. D'ailleurs, même les fabricants de batteries vertes en passant,
utilisent du gaz brun puis les fabricants de... Bien, en tout cas. Donc, c'est
ça. Bien, plusieurs usines donc vont favoriser le gaz traditionnel parce que ça
coûte moins cher. On fabrique même du gaz renouvelable avec du gaz fossile.
Mme Rizqy : ...de la question
du député de Masson, parce que ça a quand même défrayé les manchettes depuis
maintenant deux semaines, particulièrement les Forges de Sorel. Et nous, on est
allés sur place lundi, on était dans l'usine, et le P.D.G.,
M. Lapierre-Boire nous le disait, là, eux, en ce moment, ils ont déjà
investi 16 millions pour une nouvelle cuve, et il va y avoir d'autres
investissements, mais c'est là qu'ils prennent leur décision. Puis c'est un effet
domino. Donc, ils veulent se décarboner. Et vous savez, ils sont aussi
assujettis au marché du carbone, donc s'ils ne le font pas, ils ont une
pénalité...
Mme Rizqy : ...financière en
plus.
M. Finet (Jean-Pierre) : Exactement.
Donc, on... C'est pour ça qu'il faut être à l'écoute de l'industrie, beaucoup
plus que de leur dire : Bien, toi, tu fais ci, toi, tu fais ça, puis toi,
attends, tu passes ton tour, puis, bien, achètes du gaz cher en attendant.
Mme Rizqy : ...qui passent
leur tour, c'est collectivement qu'on passe notre tour.
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
aussi, puis on ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre dans ce
temps-là.
Mme Rizqy : Bien, écoutez, je
suis contente de vous entendre parce qu'on a aussi une autre entreprise qui est
au Saguenay, qui, elle, veut faire des batteries, mais elle a juste besoin de
10 mégawatts. Puis il y a 90 millions de dollars qui sont en jeu
parce qu'ils veulent faire l'investissement, mais on ne peut pas faire un investissement
de 90 millions de dollars si on n'a pas les mégawatts, puis on n'est
pas capable de le faire de façon électrique, puis l'objectif, c'est qu'en plus
il faut que ce soit vert. Alors là, j'ai l'impression qu'on tourne en rond si
on n'a pas les mégawatts, puis on a des gens d'ici... pas de la Corée du Sud,
là, d'ici, là, à Chicoutimi... Non, pardon, La Baie. Oui, je le sais,
j'habitais La Baie, vous le savez.
M. Finet (Jean-Pierre) : Donc,
oui, mais encore là, ça, ça serait de la production qui ne réduirait pas nécessairement
les gaz à effet de serre. Je ne dis pas qu'on est contre le développement
industriel. Dans le deal d'Hydro-Québec, ça nous disait 75 %
décarbonation, 25 % industrialisation. On n'avait pas de problème avec ça
dans la mesure où il ne faut pas arrêter l'économie pour autant. Le problème,
c'est que, dans la réalité, ça a été 100 %...
Mme Rizqy : ...batteries qui
iraient dans les Teslas.
M. Finet (Jean-Pierre) :!
bien, O.K., c'est moins pire que si ça va dans des Hummer puis des Silverado,
comme celles de GM à Bécancour, mais, bon. Donc, oui, ça va décarboner un peu
au Québec si on achète des Hummer électriques, mais, bon, ça, c'est une autre
affaire.
Mme Rizqy : Oui, mais là,
moi, je vous parle de Teslas électriques.
M. Finet (Jean-Pierre) : Mais
donc, c'est ça. Mais il faut... c'est pour ça... c'est à ça que ça sert un
PGIRE, dire : Bien, un PGIRE, il faut que ce soit basé sur des cibles de
réduction de GES claires, il y a une politique industrielle claire. Là, en ce
moment on nous dit que 75 %... on nous laisse penser que la priorité va
aller à la décarbonation en disant : 75 % de la prochaine énergie va
aller là puis 25 % à l'industrialisation. Sauf que quand on regarde le
bilan, c'est 100 % qui a été à l'industrialisation puis 0 % qui a été
à la décarbonation.
Mme Rizqy : Moi, je suis
toujours surprise parce que le gouvernement dit, puis il n'arrête pas de le
dire... Mais les mégawatts qu'on a donnés à Northvolt, sans aucune clause de
péremption, là, là, ils sont gelés, avec une situation financière qui est
présentement très chancelante, et c'est un euphémisme, ce que je dis. Le
gouvernement dit : Non, non, mais ça sert à décarboner. Mais moi, j'ai une
photo de Pierre Fitzgibbon avec en dessous : Non, ça ne sert pas à
décarboner.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Et il avait raison, M. Fitzgibbon, à moins les quelques autos qu'on va
acheter qui vont être équipées de ces batteries-là, là, vont décarboner, mais
non. Mais pour M. Fitzgibbon, lui, TES Canada, ça produisait
800 000 tonnes de GES... est réduite, mais ce n'est pas ça du tout.
La production d'hydrogène ne réduit rien. L'utilisation de cet hydrogène-là
éventuellement pour un remplacement de combustible fossile, ça va être un
projet de décarbonation. En passant, le mot «décarbonation» n'apparaît pas dans
le p.l. n° 69.
Mme Rizqy : Ah! mais le «en
passant», ce n'est pas pour nous, hein? J'imagine que c'est pour l'autre côté.
On est bons preneurs, on va le prendre. On le prend en note. Je vais céder la
parole à ma collègue la députée de Mille-Îles.
Le Président (M. Montigny) :
Parfait. C'est maintenant le moment pour la députée de Mille-Îles, je vous cède
la parole. Merci beaucoup.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Merci, M. Fiset. Et je m'excuse, je n'ai pas votre nom devant
moi. Merci d'être présents tous les deux. Écoutez, le ministre de
l'Environnement a dit que c'était normal de refuser des projets de
décarbonation pour favoriser finalement des projets qui favoriseraient des
entreprises étrangères à venir ici créer de l'emploi. C'est ce qu'on nous dit.
Mais de ce que je comprends et de ce que je lis dans votre mémoire, de
décarboner les entreprises d'ici, c'est aussi payant au niveau économique.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Cependant, ça me donne l'opportunité de parler justement de primes vertes dans
les tarifs. Les tarifs, là, ce n'est pas juste pour des entreprises
manufacturières, les tarifs, ça va... les tarifs généraux puis les tarifs M,
là, ça va pour les écoles, les hôpitaux puis, etc. Ce n'est pas tout le monde
qui a une valeur ajoutée à sa production parce qu'il achète de l'électricité
verte. Si c'était le cas, bien, il fallait vendre l'électricité plus cher aux
fabricants comme Northvolt puis à des entreprises comme TES Canada qui, c'est
ça, vendent de l'électricité verte, qui vendent des produits verts.
Mme Champigny (Gabrielle) : Si
je peux bondir un petit peu, là, je pense que, vraiment, ce qu'on dit,
c'est : Occupons-nous des usages existants, de ce qui existe déjà sur
territoires qui produisent des GES et décarbonons ces projets-là, ces usages-là
au lieu d'en ajouter et de dire : Bien, on va toujours gruger plus de
ressources et contribuer au bilan GES du Québec.
Mme Dufour : Les forges de
Sorel nous disaient à quel point...
Mme Dufour : ...pour eux,
c'était essentiel de faire ce projet-là pour préserver les emplois, les
320 emplois qui sont ici. Vous mentionnez dans votre rapport que
l'efficacité énergétique permettrait aussi de créer ou maintenir
25 000 emplois et faire croître le PIB du Québec de
4 milliards de dollars par année. C'est beaucoup.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
ce à quoi je référais tout à l'heure dans l'étude, là, le document qui a été
déposé au ministère de l'Environnement par la firme Dunsky. C'est une citation
qui vient directement de ce document-là qui a été fait pour le ministère de
l'Environnement. Oui.
Mme Dufour : Donc, c'est un
document du... que le ministre de l'Environnement devrait connaître.
M. Finet (Jean-Pierre) : Exactement.
Mme Dufour : Quand il
dit : C'est normal de refuser des projets qui permettraient de créer des
emplois et en plus améliorer notre bilan de GES et aider les entreprises de
chez nous, bien, finalement, ce n'est pas normal. C'est ce que je comprends.
M. Finet (Jean-Pierre) : Malgré
que le remplacement...
Mme Dufour : On devrait les
favoriser, au contraire.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Malgré... Oui.
Mme Dufour : Bien, merci
beaucoup pour votre temps.
Mme Rizqy : On va redonner
notre temps au Parti québécois.
Le Président (M. Montigny) : C'est
parfait. Merci. Il y avait consentement aussi de l'ensemble des gens autour de
la table pour faire ça. Ça fait plaisir. Alors, il y a deux minutes 52 qui va
être attribué au Parti québécois. Maintenant, on va y aller dans l'ordre. On a
le député de Maurice-Richard qui a la parole pour trois minutes 49.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup d'être ici parmi nous aujourd'hui. Donc, ce que
je comprends de ce que vous dites, c'est que, d'abord, le mot «décarbonation»
n'existe pas, effectivement, dans le projet de loi, c'est bien ça?
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
M. Bouazzi : Que vous évaluez
que, les différents développements de nouvelles énergies, plus il va y en
avoir, plus l'électricité va coûter cher aux Québécoises et Québécois, c'est
bien ça?
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
M. Bouazzi : Et que, si on
investit plus dans la sobriété et dans l'efficacité, ça va rapporter plus et ça
va moins augmenter l'électricité, et même, en fait, comme on va consommer moins
d'électricité, ça va coûter moins cher, c'est bien ça?
M. Finet (Jean-Pierre) : L'efficacité
énergétique, là, un kilowattheure économisé pour Hydro-Québec, là, en 2019, ça
coûtait... ça revenait à 0,016 $ du kilowattheure.
M. Bouazzi : Et est-ce que
vous... Parce qu'on comprend qu'une vision qui s'appuie sur beaucoup plus de
développement économique, beaucoup plus de développement de barrages ou autres
devrait se retrouver dans le PGIRE ou une autre vision, c'est-à-dire qu'il y a
une vision à choisir au niveau du PGIRE entre l'une des deux visions dont on
parle, une...
M. Finet (Jean-Pierre) : ...un
PGIRE offre un paquet de scénarios dans lequel... parmi lesquels on va choisir,
là, quel est le meilleur remède, là...
M. Bouazzi : ...vous...
Est-ce que vous considérez que ce projet de loi a un biais envers un de ces
scénarios déjà?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
pas juste le projet de loi, mais je pense que les agissements du gouvernement à
date, là... Là, si on a un PGIRE qui est adopté en 2026, là, on va avoir le
temps de dilapider combien de blocs additionnels de puissance à l'industrialisation
pendant qu'on ne réduit pas les gaz à effet de serre? Puis là après on va
dire : Bon, bien, O.K., pour décarboner, bien, il va falloir prendre du
nucléaire, il va falloir harnacher des rivières, etc., tandis qu'on aurait déjà
pu faire du chemin avec les mégawatts qu'on avait pour décarboner en priorité.
Mme Champigny (Gabrielle) : Comme
vous dites, les deux visions sont possibles. Donc là, maintenant, on a
l'opportunité, dans le projet de loi, d'orienter cette vision-là, il faut la
saisir.
• (12 heures) •
M. Bouazzi : Et vous, vous
dites... pour éviter de choisir celle qui va coûter plus cher, avec tous les
problèmes d'acceptabilité sociale dont vous avez parlé, un de vos points, c'est
de dire : On ne démantèle pas la nationalisation d'Hydro-Québec.
M. Finet (Jean-Pierre) : C'est
primordial, là, que l'électricité demeure dans le giron public, là, c'est... Et
d'ailleurs je pense qu'il y avait hier la représentante de l'Union des
consommateurs qui vous disait que l'expérience internationale, où il y a eu la
libéralisation des marchés, ça a eu un effet à la hausse sur les tarifs encore
davantage.
D'ailleurs ce matin aussi... je sais que
vous n'avez pas beaucoup de temps, mais, ce matin, il y avait eu un article
dans le... Radio-Canada qui dit que les tarifs auraient pu augmenter de
5,6 % ou 7 %, je pense, plutôt que de 3,9 %, donc, qui était là,
parce qu'on a pelleté par en avant, là, les coûts reliés à la végétation, là.
On n'a même pas encore commencé à absorber les... l'effet des investissements
massifs d'Hydro-Québec dans la production puis dans les lignes de transport.
Juste l'entretien de la végétation, juste la fiabilité du réseau va amener un
impact tarifaire à la hausse, là. Là, on vient exacerber ça en rajoutant un
paquet de productions...
Le Président (M. Montigny) : ...30 secondes.
M. Finet (Jean-Pierre) : ...c'est
ça, oui.
M. Bouazzi : ...c'est de dire
que la Régie de l'énergie doit avoir un rôle particulier pour s'assurer de la
réussite, justement, et qu'il soit renforcé. Est-ce que vous voyez des risques
dans ce projet de loi par rapport à la régie?
M. Finet (Jean-Pierre) : Ah!
beaucoup. Puis on en a identifié plusieurs. D'ailleurs, le fait que le ministre
a des... a pratiquement un droit de veto, même, sur le PGIRE, qu'il pourrait
décider qu'à la dernière minute... que, finalement, ça, ça ne fait pas, puis on
va mettre un petit réacteur nucléaire...
12 h (version non révisée)
M. Finet (Jean-Pierre) : ...quelque
part, tout ça. Non, non, il faut vraiment concentrer les pouvoirs dans les
mains de la régie. C'est pour ça qu'elle a été créée.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
merci beaucoup. Il n'y a plus de temps. Maintenant, c'est le moment de céder le
nouveau temps au député de Jean-Talon. Vous disposez donc maintenant de 2 min 52 s
Merci.
M. Paradis : Vous parlez à la
page 28 de votre mémoire du Fonds d'aide à la clientèle domestique
d'Hydro-Québec, qui est créé pour financer un programme d'aide financière
visant à limiter l'impact de la hausse des... hausse des tarifs de distribution
d'électricité d'Hydro-Québec pour la clientèle domestique. Vous dites que ce
fonds-là va... vise en fait à compenser la société d'État, Hydro-Québec, pour
les pertes de revenus induites par le plafonnement à 3 % des augmentations
de tarifs jusqu'en 2026. Quand on dit que ça vise à compenser la société
d'État, qui compense la société d'État? Avec quel argent on fait ça?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
là, en ce moment, Hydro-Québec, c'est à même ses profits, là, dans... parce
qu'Hydro-Québec a appliqué ce principe-là avant même, là, que la loi soit
passée. Mais, éventuellement, de ce qu'on a vu, là, c'est... je pense, c'est le
Fonds des générations. De toute façon, ça va être les impôts des particuliers
qui vont compenser ça, là. Rien ne se perd, rien ne se crée. Ce n'est pas... On
ne fait pas disparaître ça par magie. Et là, vous avez vu, cette année c'était
60 millions, mais ça aurait dû être beaucoup plus, si on avait appliqué
les principes tarifaires réguliers de solder les frais d'entretien de la
génération... de la végétation dans la même année.
Donc, non, ce n'est pas une bonne idée.
Nous, on dit: Laissez la régie s'occuper de ça, la régie fait une bonne job
pour ménager les clientèles à faibles revenus, entre autres, et c'est sa job
d'établir les tarifs.
M. Paradis : Donc, est-ce que
vous êtes d'accord que, malgré ce que le gouvernement dit... On nous parle tout
le temps: C'est limité à 3 %. Contribuables, là, consommateurs, ça ne vous
coûtera pas plus que 3 % d'augmentation par année. Malgré tout, ce que le
projet de loi dit, c'est qu'à la fin du compte les contribuables vont payer
plus cher à même leurs impôts.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
Ça, c'est jusqu'en 2026. Parce qu'après, ça se pourrait qu'il n'y ait plus
3 %, là.
M. Paradis : Il n'y a pas de
garantie...
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien
non, c'est ça.
M. Paradis : ...dans le
projet de loi, nulle part?
M. Finet (Jean-Pierre) : Et
donc, c'est ça. Là, on va voir augmenter beaucoup le nombre d'ententes de
paiement avec Hydro-Québec, le nombre de ménages qui vont se faire couper
l'électricité aussi et tout ça. Non, ce n'est pas viable. Nous, on est
signataires du Manifeste pour un avenir énergétique juste et viable, et
là-dedans il y a un paquet de principes, dont le respect de la capacité de
payer des individus, là. Et c'est ça... Si vous voulez maintenir les tarifs
plus bas, bien, faites payer les entreprises comme Northvolt puis TES Canada le
prix marginal, ou de s'approcher du coût marginal de l'électricité. Comme ça,
vous allez voir que les tarifs ne vont pas augmenter tant que ça, on n'aura pas
besoin de les caper à 3 %.
M. Paradis : Le projet de loi
n° 69, tel qu'il est actuellement, ce n'est pas ce qu'il dit, il dit: Les
individus, M. et Mme Tout-le-monde vont payer plus cher à travers leurs impôts
pour le fonds.
M. Finet (Jean-Pierre) : Oui.
On a l'impression que le gouvernement a commandé un énorme buffet, puis que là
il nous consulte sur savoir comment on va payer la facture... comment on va...
la facture.
Le Président (M. Montigny) : En
conclusion, pour 10 secondes.
M. Paradis : On aurait eu
besoin de se parler beaucoup plus, hein, avant d'arriver ici?
M. Finet (Jean-Pierre) : Bien,
on a besoin de faire un PGIR avant de... de dilapider tous les blocs de
puissance à gauche, à droite.
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends donc les travaux quelques
instants pour permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 06)
(Reprise à 12 h 08)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
bonjour. Nous débutons nos travaux à nouveau. Je souhaite maintenant la
bienvenue à l'association Coopérative d'économie familiale du Nord de Montréal.
Je vous rappelle que vous disposez donc de 10 minutes pour votre exposé.
Puis, par la suite, il y aura un échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à débuter votre exposé maintenant.
Mme Guillemette (Roxanne) : Merci
beaucoup. Roxanne Guillemette, responsable de la défense des droits à
l'association coopérative d'économie familiale du Nord de Montréal, plus
communément appelée l'ACEF du nord de Montréal. Je suis accompagnée aujourd'hui
de ma collègue, Mme Émilie Laurin-Dansereau, responsable du dossier Accès à
l'énergie et conseillère budgétaire à l'ACEF.
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et
MM. les députés, bonjour. Merci de l'invitation aujourd'hui. Depuis 1974,
l'ACEF du nord de Montréal aide et défend les droits des consommateurs et
consommatrices. Nous sommes un organisme communautaire de défense collective
des droits. Nous luttons depuis plus de 40 ans pour un meilleur accès à
l'énergie pour l'ensemble des ménages québécois. Chaque année, nous négocions
auprès d'Hydro-Québec des ententes pour des ménages en difficulté de paiement.
Je laisse Mme Laurin-Dansereau vous présenter les principaux éléments de notre
mémoire.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Merci.
Bonjour à tous et toutes. Alors, on est ici aujourd'hui pour porter la voix des
centaines de milliers de personnes qui ont de la difficulté à payer leurs
factures d'électricité. Parce que, même si on a des tarifs d'électricité parmi
les plus bas en Amérique du Nord, de plus en plus de personnes n'arrivent pas à
payer la facture. Au Québec, c'est 16 % de la population qui est en
situation de précarité énergétique. Dit autrement, c'est un ménage sur sept qui
éprouve des difficultés à avoir l'énergie nécessaire dans son logement pour
satisfaire ses besoins de base ou qui y arrive au détriment d'autres besoins
essentiels comme manger.
Pour se situer, la précarité énergétique,
c'est la combinaison de trois... de trois causes : le manque de revenus,
les mauvaises conditions de logement et le coût de l'énergie. Le problème est
exacerbé par deux crises majeures, la crise climatique et la crise du logement.
La précarité énergétique, c'est un problème qui mérite plus d'attention au
Québec parce qu'elle a des impacts sur la santé de la population. La question
énergétique ne peut pas être réduite à un simple enjeu technique ou économique.
Je vous le rappelle, c'est un drame d'être privé d'électricité ou de ne pas en
avoir assez. Il est donc impératif de veiller à ce que l'énergie reste
abordable.
• (12 h 10) •
Malheureusement, le projet de loi
n'apporte pas de réponse à ce problème. Au contraire, il risque de l'accentuer
et on se prive au Québec d'une occasion en or de s'attaquer à cet enjeu. Je
vais me concentrer aujourd'hui sur les trois éléments principaux de notre
mémoire. Le premier concerne la lutte contre la précarité énergétique. Le
projet de loi ne propose actuellement aucune mesure conséquente pour lutter
contre ce problème, contrairement à ce qu'on a souvent entendu, consommer de
l'énergie dans son logement, ce n'est pas un choix, c'est essentiel pour
répondre à ses besoins de base et être en santé. Le chauffage et la
climatisation peuvent être une question de vie ou de mort. Rappelons-nous la
vague de chaleur de juillet 2018 qui a causé directement la mort de
210 personnes au Québec. La précarité énergétique représente un danger
pour la santé. Les habitations froides et humides augmentent le taux de
mortalité et de maladies, principalement de maladies cardiovasculaires,
respiratoires et de maladies mentales. Rappelons aussi qu'une coupure d'énergie
prive d'eau courante les personnes qui ont des puits artésiens. La précarité
énergétique est une source de souffrance morale et physique qui cause honte,
stigmatisation, isolement et exclusion sociale.
Les bénéfices de la lutte contre la
précarité énergétique pour la société sont également très importants. Ça
diminue les coûts directs sur le système de santé et indirects comme
l'absentéisme au travail ou à l'école, la perte de productivité, et autres. La
précarité énergétique est un véritable enjeu de santé publique.
On voit quand même dans le projet de loi
l'intention du gouvernement de vouloir venir en aide aux consommateurs
résidentiels avec le programme d'aide aux ménages. On se questionne quand même
sur le moyen choisi. D'abord, la proposition est floue. Les modalités ne sont
pas définies. Ensuite, le programme annoncé est facultatif. Le gouvernement n'a
pas l'obligation de le mettre sur pied. Ça laisse les ménages à la merci des
choix politiques qui seront faits dans le futur. Le projet de loi ne donne
aussi aucune indication sur la façon dont les ménages pourront bénéficier de
l'aide. On veut ici mettre en garde le gouvernement contre le phénomène de
non-recours aux droits...
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : ...à
l'ACEF du Nord, on croit que les ménages ont besoin de mesures structurantes,
pas d'un programme de soutien qui vient pallier à l'augmentation des tarifs. Le
programme d'aide ne devrait pas remplacer une action plus large qui s'attaque
aux causes structurelles de la précarité énergétique. C'est pourquoi l'ACEF
propose d'inclure la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre la
précarité énergétique au projet de loi. On recommande aussi de modifier
l'article 76.2 de la Loi sur la Régie de l'énergie pour interdire la
coupure d'électricité ou du gaz dans le logement principal pour les personnes
qui n'arrivent pas à payer leurs factures. Les coupures d'énergie sont
déshumanisantes et inutilement punitives. Ça sanctionne les personnes dont la
seule faute est d'être trop pauvre pour payer la facture d'électricité. Il faut
protéger tous les ménages de l'expérience traumatisante du débranchement. Le
projet de loi actuel est une occasion unique de régler ce problème.
Le deuxième élément concerne l'importance
d'une transition juste. Malgré la promesse du gouvernement de limiter les
hausses de tarifs à 3 %, le projet de loi n° 69 ne comporte aucune
mesure concrète en ce sens. Si aucun changement n'est fait, la population
québécoise devra inévitablement assumer une part significative des coûts de la
transition à travers ses factures d'électricité. Sachant que plus on produit
d'énergie, plus les tarifs d'électricité vont augmenter, la prudence est de
mise.
La décarbonation et le développement
économique sont des cibles politiques. C'est donc la responsabilité de l'État
et non celle des clients et clientes résidentiels d'Hydro-Québec. Utiliser les
tarifs d'électricité pour financer la transition équivaut à une taxation
régressive. Ça fait porter une proportion injuste des coûts de la transition
sur les ménages à faibles revenus, qui consacrent déjà une part plus importante
de leurs revenus à la facture d'électricité, alors qu'ils sont ceux qui ont le
moins contribué à la crise climatique. Pour protéger davantage les ménages des
hausses de tarifs, on devrait réserver l'électricité du bloc patrimonial au
secteur résidentiel. Le gouvernement devrait également arrêter de se financer à
même la facture d'électricité.
Comme c'est un service essentiel,
l'électricité ne devrait pas être taxée. L'abolition de la taxe de vente sur la
facture d'énergie est une action simple qui permettrait aux ménages
d'économiser. Comme plusieurs groupes, l'ACEF du nord de Montréal considère que
le projet de loi arrive trop tôt. On a d'abord besoin d'un débat de société sur
l'avenir de notre énergie. C'est seulement après avoir réalisé le PGIR qu'un
nouveau projet de loi pourra véritablement être légitime. Pour minimiser les
hausses de tarifs, il faudrait miser davantage sur la réduction systémique de
la consommation plutôt que sur le développement massif de nouvelles sources de
production. On devrait mettre en place des mesures de sobriété collective en
investissant davantage dans les services publics, comme le transport en commun.
Il est primordial d'envisager la transition dans sa globalité pour que les
ménages les plus fragiles n'en subissent pas l'essentiel des coûts.
Le dernier élément concerne l'efficacité
énergétique. L'ACEF du nord de Montréal déplore l'absence de mesures
s'attaquant au problème des logements mal isolés. Pourtant, les avantages des
programmes visant l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments
sont nombreux. À l'heure actuelle, les programmes d'efficacité énergétique sont
porteurs de nombreuses injustices. Aucun programme n'existe pour les locataires.
Les locataires à faible revenu ont juste accès au programme Éconologis qui mise
sur des mesures légères d'efficacité énergétique. On peut questionner l'impact
réel de ces mesures. Ils peuvent aussi entraîner des hausses de loyer ou des
rénovictions et actuellement, ce sont les plus riches qui en profitent le plus
parce que les programmes financent une partie seulement des travaux et les
subventions sont données une fois les travaux réalisés. Il faut développer une
politique inclusive d'amélioration de l'enveloppe thermique pour s'assurer que
tous et toutes, locataires et propriétaires, aient accès et que ces programmes
n'entraînent pas d'augmentation abusive de loyer ou de rénovictions.
Sur la tarification dynamique maintenant.
Pour nous, il faudrait retirer l'article 130.1. On pense que c'est la
Régie de l'énergie qui devrait débattre de sa pertinence ou non. C'est simple,
la tarification dynamique, c'est inéquitable. L'option crédit hivernal
récompense les clients qui réussissent à s'effacer en période de pointe. Ça
favorise les personnes qui vivent dans des logements bien isolés et qui ont des
meilleurs équipements moins énergivores. Ces personnes sont généralement mieux
nanties. Au final, on se retrouve avec deux tarifs, un pour ceux qui peuvent s'effacer
et un autre pour ceux qui ne peuvent pas. L'option de tarif flex qui fait payer
plus cher les kilowattheures consommés en période de pointe est encore plus
dommageable, car elle risque de coûter très cher aux personnes qui ne peuvent
pas diminuer leur consommation. La tarification dynamique est souvent présentée
comme une mesure d'efficacité énergétique ou de réduction de la consommation.
Or, il n'en est rien. La tarification
dynamique comme méthode de gestion de la pointe, ce n'est rien de plus qu'une
mesure de déplacement de la consommation. Partir un lave-vaisselle à minuit, ça
ne consomme pas moins d'énergie qu'à 5 heures. La notion de signal de prix
en électricité résidentielle, ça ne fonctionne pas parce que l'utilisation d'un
signal de prix suppose qu'on puisse y réagir. La majorité des gens ne peuvent
pas diminuer ou déplacer leur consommation d'électricité. Donc, on doit être
très prudent avec l'idée d'un signal de prix. Il faut aussi se rappeler qu'il
n'y a pas d'adéquation directe entre la consommation d'électricité et la
capacité de payer des clients. Les impacts pourraient être dévastateurs sur les
personnes qui ne peuvent pas y réagir. Finalement, un signal de prix basé sur
un tarif, ça ne veut rien dire pour les gens...
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : ...parce
qu'on fait une facture et non un tarif.
En conclusion, la transition énergétique
ne doit pas causer plus de vulnérabilité. Nous sommes d'accord que c'est
pressant de décarboner l'économie du Québec, mais mener une transition qui
laisserait des gens en plan serait un échec majeur. La précarité énergétique,
c'est un problème qui ne doit plus être ignoré des pouvoirs publics. Compte
tenu du nombre important de ménages québécois qui y sont confrontés, la
résolution de ce problème devrait faire partie intégrante des discussions
relatives à une transition énergétique juste. Le projet de loi porte sur la
gouvernance responsable des ressources énergétiques. Une gouvernance
responsable doit prendre en compte la précarité énergétique. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange avec les
membres de la commission. Mme la ministre, vous avez la parole pour
15 minutes sept secondes.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, merci, Mesdames, Mme Laurin-Dansereau, Mme
Guillemette, merci de votre participation. Merci de prendre le temps aussi de
vous investir dans ce dossier-là complexe et qui est d'importance, en fait,
pour les personnes que vous représentez. Alors, moi, je vous amènerais, dans un
premier temps, là, sur certaines de vos propositions, notamment la taxe de
vente sur l'électricité. Donc, vous proposez d'abolir la taxe de vente sur
l'électricité et que l'électricité qui provient du bloc patrimonial soit
réservée au secteur résidentiel et vous ne voulez pas que l'on aille dans la
tarification dynamique, là, si ça a pour effet d'augmenter les tarifs. En même
temps, vous considérez la sobriété énergétique comme étant essentielle. Donc,
j'aimerais ça savoir de quelle manière est-ce que vous envisagez qu'on puisse
faire changer les comportements, changer la consommation énergétique s'il n'y a
pas aucun signal de prix qui puisse être envoyé? Parce que, souvent, c'est ça
qui génère les transformations. Donc, de quelle manière vous proposez qu'on
opère si ce n'est pas dans cette voie-là?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
d'abord, quand on... On a beaucoup parlé, là, des comportements des ménages. On
met souvent la faute, là, sur les ménages pour la grande consommation d'énergie
du Québec, mais il faut quand même se rappeler qu'il y a plusieurs secteurs
d'activité qui consomment vraiment beaucoup plus que le résidentiel puis que le
développement économique est grandement responsable, en ce moment, là, de la
hausse de la demande d'électricité. On peut se demander, là, tu sais, ça prend
combien de se... ne pas chauffer pour équivaloir, là, la consommation d'énergie
d'une minière par exemple. Aussi, tu sais, ce qu'il faut voir, c'est que 54 %
de la facture d'électricité, c'est pour le chauffage puis 20 %, c'est pour
le chauffe-eau. Donc, on a presque 75 % de la facture qui est consacrée,
là, à ce qu'on pourrait mettre dans la grande catégorie de chauffage, là. Puis
c'est des choses sur lesquelles les gens n'ont pas beaucoup de contrôle, donc
ne peuvent pas vraiment réagir à un signal de prix par rapport à ça. Ceci dit,
si on veut amener les consommateurs à changer leurs comportements, bien, nous,
on pense qu'il faut leur donner les moyens de le faire, donc on envisagerait
plutôt un large programme, là, de rénovation des logements pour améliorer, là,
l'enveloppe thermique, ce qui permettrait d'améliorer la santé, le confort mais
diminuer aussi la consommation.
Mme Fréchette : O.K. Et...
Bon, globalement parlant, si on abolit la taxe sur l'électricité, bien, il y
aura des pertes de revenus pour Hydro-Québec. Donc, de quelle manière est-ce
que vous proposez qu'on compense cette perte de revenus si on abolit la taxe?
• (12 h 20) •
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
on n'a pas... je n'ai pas vraiment de solution à proposer sur comment compenser
Hydro-Québec, mais peut-être quand même porter à votre attention qu'il y a des
provinces canadiennes qui ont fait le choix d'abolir la taxe de vente. En
Colombie-Britannique et en Alberta, on ne taxe pas l'électricité résidentielle.
Donc, c'est possible de le faire.
Mme Guillemette (Roxanne) : Puis
aussi j'ajouterais que, alors que taxer l'électricité, c'est une forme
régressive d'imposition, les impôts, c'est une forme qui pourrait permettre aux
plus riches de participer plus à compenser ce manque-là.
Mme Fréchette : Merci. M. le
Président, je vais passer la parole au collègue.
Le Président (M. Montigny) : Parfait,
merci beaucoup. Alors, je vais passer la parole maintenant au député de Dubuc.
Vous disposez donc, M. le député, de 11 minutes 45 secondes.
M. Tremblay : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous. Je tiens à saluer votre force d'engagement. Bravo!
Merci beaucoup pour l'exposé aussi. Dites-moi, vous parlez de stratégie
nationale de lutte contre la précarité énergétique, d'investir entre autres sur
ce qu'on appelle les passoires. Hier, on a eu... on a eu en commission l'APCHQ,
je ne reprendrai pas l'exposé, mais ils sont venus, finalement, nous présenter
l'ensemble de l'oeuvre, avec la réalité du terrain, avec chiffres à l'appui...
M. Tremblay : ...et puis eux
semblaient y voir... En tout cas, moi, j'aurais signifié que j'y voyais, au regard
de ce qu'ils nous disaient, un chantier dans le chantier. Autrement dit, eux
voient des opportunités très intéressantes de s'investir, entre autres dans le
PGIR puis dans toute la... dans cette réflexion collective que la ministre, que
le gouvernement propose et amorce, vous en faites partie. Par rapport à ça, si
on considère qu'il y a un potentiel, là, puis je ne parle pas de pénurie de
logements, mais je parle aussi des normes, du fait de mieux isoler les
passoires, de peut-être même travailler sur certains axes législatifs à ce
niveau-là. On avait même fait allusion à p.l. 41 à leur niveau. Quand je vois
que vous souhaitez, entre autres, reporter l'adoption du projet de loi
n° 69, comment vous concilier cette fenêtre-là d'opportunité d'une réflexion
collective et d'avancées sur vos champs de compétences aussi où vous
intervenez? Comment vous le concilier versus l'agenda parallèle qui s'accélère
dans un contexte d'opportunité de réformes de l'énergie? Si on retarde
p.l. 69, et qu'il y a beaucoup de travail à faire en amont sur plusieurs
fronts, comment vous voyez qu'on puisse évoluer dans la dynamique? J'aimerais
vous entendre sur la stratégie nationale de la lutte, comment vous l'envisagez?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Il
y a beaucoup de questions dans votre question.
M. Tremblay : Ah, allez-y
comme vous le sentez. Est-ce que c'était assez clair ou c'était trop éclaté?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
on va répondre. Puis si on ne répond pas adéquatement vous nous le direz. Mais d'abord,
pour nous, pour revenir sur le PGIR, là, pour nous, un PGIR qui serait réussi,
c'est un PGIR qui est réalisé, là, avec une multiplicité d'acteurs en
concertation. On pense que ça prend vraiment un large débat public pour
s'entendre collectivement sur les orientations, sur la vision, qu'est ce qu'on
veut faire de notre énergie? On peut la réserver pour quels usages? Et ça, on
pense que ça doit être plus large, là. Même si on salue la commission ici,
c'est un début, mais pour nous, il faudrait, là, que toute la société civile
puisse participer, autant des experts que M. et Mme Tout-le-monde, puis qu'on
s'assure que la voix des consommateurs, là, est entendue. Ça fait que, ça,
c'est la première chose.
Par rapport à la stratégie nationale de
lutte, tu sais, je pense que ça peut se faire même si on n'adopte pas le projet
de loi, parce qu'il n'y a rien actuellement dans le projet de loi qui porte
là-dessus. Puis, pour nous, c'est vraiment, là, essentiel de mettre ça en
place. Le Québec a beaucoup de retard sur cette question de la précarité
énergétique, parce qu'on a longtemps été dans l'idée que, comme on a les plus
bas tarifs au Québec, il n'y en a pas de problème d'accès à l'énergie, mais,
dans les faits, ce n'est pas vrai. Alors qu'en Europe ils en discutent depuis
beaucoup plus longtemps, là. Le Royaume-Uni qui est précurseur, c'est depuis
les années 80 qu'ils parlent de ça. Donc, ils ont quand même mis en place
beaucoup de choses. Ils n'ont pas non plus réglé à 100 % le problème, mais
on pourrait s'inspirer, là. Puis il y a plusieurs pays d'Europe qui se sont
dotés de stratégies nationales qui sont incluses, là, dans des lois, donc, qui
les rendent formelles.
Mme Guillemette (Roxanne) : Je
pourrais aussi dire que si on est pour reculer d'un pas, pour avancer dans la
bonne direction, la bonne direction étant celle qu'on s'entend collectivement
et socialement pour laquelle on veut avancer, c'est mieux que devoir corriger
le tir dans 10 ou 15 ans, si on ne s'est pas entendus préalablement.
M. Tremblay : O.K. O.K. J'ai
d'autres questions. Vous permettez? J'ai encore du temps, M. le Président?
Bien, au niveau de l'agenda puis de l'échéancier qui est enclenché, est-ce que
je comprends que vous trouvez que c'est trop précipité ou vous avez, sans dire
l'ambition, mais la capacité de vous impliquer puis de suivre la cadence avec
les autres partenaires. Je donnerai des exemples, on entend parler d'avancées
avec l'éolien, avec le solaire, avec d'autres sources de biénergie aussi, puis
ça, ça peut créer des retombées en région puis du développement en région
aussi, puis ça, ça vient contribuer. En tout cas, vous êtes axées sur Montréal,
moi, je suis au Saguenay, je pense que l'opportunité de développer puis
d'apporter des plus-values au niveau de la tarification, puis de la suite,
comment vous concilier les deux? Voyez-vous l'opportunité d'avancer dans le
projet?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
nous, juste dire qu'on n'est pas contre le développement économique du Québec,
là, on pense juste que ça ne doit pas se faire au détriment de la...
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : ...santé
de la population. Puis on pense que... C'est important pour nous que la
transition soit juste et qu'elle ne laisse personne de côté et qu'on... que
toute cette... ce développement industriel là ne soit pas fait... financé par
les tarifs d'électricité, parce que ça fait porter une proportion injuste, là,
des coûts sur les ménages à faibles revenus. De toute façon, les clients
d'Hydro-Québec financent déjà le développement économique. Depuis 1981,
Hydro-Québec remet une partie de ses profits au gouvernement. C'est
actuellement 75 %. Il y a une taxe de vente aussi sur la facture
d'électricité. Donc, le gouvernement se finance deux fois à même la facture
d'électricité. Puis cet argent-là sert au développement économique, là, aussi.
On a beaucoup opposé clients et contribuables, là, mais, en fait, c'est la même
personne. Donc là, les gens financent deux fois : une fois à travers leurs
factures puis une fois à travers les impôts. Donc, pour nous, tu sais, il ne
faudrait pas aller plus loin dans cette voie-là. Après, si je reviens à la
stratégie nationale, bien, c'est une chose différente qui peut se faire en
parallèle puis en même temps.
Le Président (M. Montigny) : Et,
à ce stade-ci, je vais céder la parole au député de Gatineau.
M. Bussière : Oui. Bonjour et
merci de participer à cette consultation. Vous avez mentionné qu'il serait
important de créer des programmes pour inciter les propriétaires à investir pour,
finalement, la réduction de la consommation électrique. Beaucoup de grands
immeubles au Québec sont appartenus par des propriétaires privés sur lesquels
beaucoup de gens y habitent, surtout... souvent des gens qui sont dans le
besoin, qui ont des revenus qui sont quand même souvent, même, en bas de la
moyenne et sur lesquels les locataires paient eux-mêmes leur propre
électricité. Comment amener le propriétaire, lui, à investir pour, justement,
emmener à une réduction de consommation lorsque les bâtiments sont mal isolés
et tout ça? Finalement, ils n'ont pas à gagner, finalement, à investir
là-dedans parce que ce n'est pas eux qui paient l'électricité. Avez-vous des
recommandations à faire ou suggestions?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Mais
ça, c'est une excellente question à laquelle tous les experts... que tous les
experts, partout dans le monde, se posent actuellement, puis il n'y a pas une
réponse claire qui a été trouvée, là, pour cette question-là. Parce que c'est
vrai que, comme vous le dites, tu sais, c'est complexe, c'est le locataire qui
va bénéficier des économies... des investissements faits pour les économies
d'énergie parce que... en termes de confort mais aussi de diminution de la
facture, mais c'est le propriétaire qui doit faire les investissements. En même
temps, c'est bénéfique pour lui aussi parce que ça garde son actif en bon... en
bon état. En même temps... Bon, donc ce n'est pas simple, mais, pour nous,
c'est fondamental de trouver une... tu sais, de commencer à réfléchir à cette question-là.
On est en 2024. Ce n'est pas normal, là,
qu'on laisse des gens vivre dans des taudis puis qu'on se penche... tu sais,
qu'on n'arrive pas à trouver des solutions pour ce problème-là. Nous, on pense
que, si on s'y met collectivement, on va... on va y arriver.
• (12 h 30) •
Donc, c'est important de lancer rapidement
un chantier pour réfléchir à ces questions. Il y a beaucoup d'expériences qui
ont été faites partout dans le monde. On peut s'en inspirer, les adapter pour
le Québec. Comme je disais, on a beaucoup de retard ici sur ces questions-là.
Donc, il faut... il faut commencer, là, à mettre en place des programmes qui
sont plus bénéfiques. Surtout qu'en ce moment, les programmes qui existent,
bien, ils creusent les inégalités, parce que, finalement, c'est une catégorie
de propriétaires... Parce que même les propriétaires, il y a des propriétaires
à faibles revenus qui n'arrivent pas non plus, là, à se qualifier pour les
programmes, là, ce n'est pas juste une question de locataires versus propriétaires.
Donc... Puis on... Donc, on a des gens qui vont être exclus, là, complètement
des logements qui ont une bonne performance énergétique. Puis ça a des impacts
sur la santé, puis ça, c'est des coûts qu'on paie aussi collectivement, là, en
soins de santé.
Mme Guillemette (Roxanne) : ...
Le Président (M. Montigny) : Oui,
allez-y, madame.
Mme Guillemette (Roxanne) : ...aussi
ajouter que c'est un peu indécent qu'au Québec on se laisse... on laisse la
possibilité aux propriétaires de louer des immeubles qui sont invivables, qui
sont remplis de moisissures, où ce n'est pas possible d'habiter. Donc, c'est...
je vous retourne peut-être la question : Pourquoi on ne veut pas mettre
des lois en place, peut-être un système de cotation énergétique, tout en
prenant en compte qu'on ne veut pas trop d'augmentations pour que les
locataires puissent continuer à y habiter? Mais il y a des moyens, là,
législatifs pour améliorer le bâti.
Le Président (M. Montigny) : C'est
le moment, à ce stade-ci, de laisser la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour une période d'une minute deux secondes.
M. Bernard : Parfait. Merci,
M. le Président. Excusez. Mme Laurin-Dansereau...
12 h 30 (version non révisée)
M. Bernard : ...Mme Guillemette,
je vous remercie beaucoup d'être ici. J'ai naturellement regardé vitement votre
mémoire, et il était vraiment essentiel qu'on l'ait soulevé. Premièrement, la
notion de précarité énergétique, je ne l'avais jamais entendue, donc... puis
votre mémoire est bien fait, il l'explique bien, puis on voit que c'est
multifactoriel. Ça touche autant du côté des revenus que pour les locataires
qui sont pris dans des habitations ou des logements qui ne sont vraiment pas
adéquats.
Je ne vous pose pas de questions, je
voudrais simplement vous remercier parce que la ... n'est plus maintenant
présente à Rouyn-Noranda, d'ailleurs, que vous mentionnez dans votre mémoire,
le nombre de débranchements, mais en tant que député, c'est un dossier qui nous
arrive fréquemment, des gens qui viennent nous voir pour être rebranchés pour
différentes raisons et autres, puis on réussit à le faire.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Bernard : Alors, je suis
très sensible à votre mémoire puis à votre... Merci de votre présence.
Le Président (M. Montigny) : Le
temps est maintenant écoulé. C'est maintenant le moment de céder la parole à Mme
la députée de Mille-Îles pour 9 min 32 s.
Mme Dufour : Merci, M. le Président.
Merci, mesdames... mesdames... bon, Mme Laurin-Dansereau et Guillemette,
pour votre présence et votre mémoire qui est quand même très exhaustif, là, il
est quand même assez volumineux. Vous avez mentionné, là... vous avez parlé
beaucoup de la précarité énergétique. C'est un enjeu. Des gens arrivent
difficilement à payer leur facture d'électricité, mais ce n'est pas
nécessairement parce que la facture d'électricité a beaucoup augmenté, mais il
y a certainement une pression beaucoup plus grande dans les dernières années
des coûts de loyer, j'imagine. Ça, on a dû vous en parler beaucoup, là.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) :
Oui, effectivement. Bien, c'est pour ça qu'on dit : La précarité
énergétique, c'est vraiment trois causes : manque de revenu, conditions de
logement, coût de l'énergie, puis c'est les trois ensemble quand même. Donc, on
ne peut pas juste en prendre un. Puis quand on dit : manque de revenus,
bien, évidemment, c'est des revenus trop bas, mais ça peut aussi être lié au
fait qu'il y a dépenses contraintes, là, des dépenses fixes, donc logement puis
alimentation, tout ça augmente, ce qui laisse moins de marge de manœuvre après.
Une fois qu'on a payé le loyer, bien, il ne reste plus rien, là, pour payer
finalement l'épicerie. Ça fait que c'est sûr que l'augmentation des loyers, c'est
un facteur important, là, qui contribue. C'est pour ça qu'on dit que la crise
du logement contribue à exacerber la précarité énergétique.
Mme Dufour : Oui, tout à
fait. Puis il y a des logements... Souvent, les loyers les plus bas sont
malheureusement des logements mal isolés. On a vu beaucoup, beaucoup de cas. Et
en tant que porte-parole du dossier de l'habitation, là, c'est quelque chose
dont je suis bien au fait. Vous, vous nous dites, là, qu'on devrait investir
massivement dans la rénovation des logements et prioritairement les passoires
énergétiques. Vous voyez ça comment? Comment ça pourrait s'opérer sur le
terrain? Puis je vous mets juste en contexte qu'il y a un projet de loi, le
projet de loi n° 41 sur l'efficacité énergétique des
bâtiments, qui a été adopté plus tôt cette année et qui prévoit éventuellement
un système de cotation de bâtiments et une façon d'investir, mais avec une
priorité... on commencerait avec les bâtiments industriels plutôt qu'avec les
bâtiments résidentiels. Donc, vous, vous voyez ça comment, compte tenu de cette
information-là?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
vous avez raison de dire que c'est les gens avec moins de revenus... vivre dans
des logements moins bien isolés. C'est un peu une roue qui tourne, là, ils ont
moins de revenus, ils vivent dans des logements moins isolés. Puis parce que le
logement est moins bien isolé, ça augmente la facture, mais c'est le manque de
revenus qui les rend captifs de ces logements-là, finalement. Tu sais, donc, c'est
un cercle vicieux duquel c'est difficile de sortir.
Tu sais, on manque beaucoup de données
pour bien comprendre le problème de précarité énergétique, autant au niveau de
qui sont les ménages qui sont touchés. Parce que comme c'est un problème
multifactoriel, ce n'est pas uniquement les ménages à faible revenu, il y a des
ménages qui ne sont pas à faible revenu qui sont aussi victimes de précarité
énergétique. Donc, on les connaît... tu sais, nous on les connaît, on les
rencontre, là, mais je veux dire avoir une connaissance plus fine et théorique,
là, de la question, on ne sait pas tant ils sont où ni c'est qui, et même chose
pour les logements aussi, on connaît peu l'état du bâti au Québec. Donc, pour
nous, déjà d'avoir une cotation énergétique sur le bâtiment, ça pourrait être
intéressant pour comprendre, elles sont où, les passoires énergétiques, c'est
où que, prioritairement, on doit faire les interventions. C'est sûr que, dans
un monde idéal, on les rénove tous, là, mais ça ne pourra pas tout être fait la
même année. Donc, faire un plan qui soit le plus près, là, des besoins du
terrain.
Mme Guillemette (Roxanne) : Puis
j'ajouterais également qu'on n'est pas un organisme en logement. Donc, je vous
invite, peut-être, dans vos prochaines commissions... je sais que c'est des
groupes de base, mais les organismes en défense des droits des locataires sont
aussi à même de venir parler peut-être mieux de l'expérience du côté
logement...
Mme Guillemette (Roxanne) : ...locataires.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Pour pallier à... Parce que, là, on... je pense que tout le monde convient que
les tarifs d'électricité, si on construit, si on investit massivement dans la
production de nouvelle électricité, éventuellement les tarifs vont augmenter,
parce que le coût... le coût, là, du nouveau kilowattheure va coûter beaucoup
plus cher à... tu sais, à produire que celui... le patrimonial.
Il y a un fonds d'aide qui est prévu dans
le projet de loi. Mais vous, vous dites que le projet de loi ne propose aucune
mesure conséquente pour lutter contre cette précarité énergétique. Donc,
j'aimerais vous entendre sur ça, là, qu'est-ce... pourquoi le fonds d'aide,
pour vous, ça ne répond pas à la... à cet élément-là.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
d'abord, le fonds d'aide... c'est difficile de se prononcer, parce que le... la
mesure est extrêmement floue à l'heure actuelle puis c'est un peu un
fourre-tout. On ne sait pas exactement qu'est-ce que ça va être ni qui ça va
toucher, comment on va rejoindre les ménages, puis c'est aussi facultatif, là,
tu sais, à la... tu sais, si le gouvernement veut, mais c'est... il n'est pas
obligé de le faire. Donc, ça rend quand même les ménages à la merci des choix
politiques.
Puis, pour nous, bien, de venir... si on
dit que c'est le 3 %, parce que c'est beaucoup ça qu'on a entendu, bien
là, on vient compenser les ménages, tu sais, les aider avec... pour compenser
les hausses de tarifs. Mais, nous, on pense qu'il faut trouver des solutions
qui sont plutôt à la base du problème, et non pas une mesure qu'on pourrait
dire un peu un... venir mettre un plasteur sur le problème, donc s'attaquer
vraiment aux causes structurelles, protéger en amont les consommateurs. On a
dit : Il y a trois causes à la précarité énergétique. Bien, ça prendrait
des solutions structurantes pour chacune de ces trois causes-là.
Puis, aussi, tu sais, il faut regarder...
Bien, j'avais mis... on a fait un schéma, là, dans le mémoire, peut être...
vous l'avez vu, mais pour montrer aussi que les gens n'arrivent pas tous en
situation de précarité énergétique par la même porte. Donc, il y en a que ça va
être plus le revenu, d'autres, c'est plus les conditions de logement. Donc,
d'avoir... Puis il y en a que c'est temporaire, ils ont une situation
difficile, il y en a, ça va être... toute leur vie, ça va être ça. Donc, il
faut trouver des solutions aussi qui tiennent compte vraiment, là, du... de la
situation et du vécu de chaque personne.
Mme Guillemette (Roxanne) : Puis,
également, si on arrive à un programme d'aide qui est inclus dans une telle loi
pour décarboner l'économie, si on arrive à un tel... l'importance d'un tel
programme, c'est qu'on a un peu fait une décarbonation en laissant une certaine
tranche de la population en plan.
Mme Dufour : Pour en revenir,
là... le fonds d'aide... si je comprends bien, dans le fond, il faudrait
soutenir les ménages les plus... les ménages les plus vulnérables. Le fonds
d'aide, ce qu'on comprend, c'est que ça pourrait être quelque chose qui serait
un peu, disons, généralisé à l'ensemble de la clientèle résidentielle pour
limiter les hausses à 3 %. Vous, ce que vous soulignez, c'est que... Puis
il y a d'autres groupes qui sont venus parler de ça, que ce serait mieux... Je
comprends qu'il y a des... il faudrait investir dans les mesures structurelles
et tout ça. Mais, à plus court terme, là, pour aider les ménages les plus
vulnérables à absorber la facture, dans le fond, d'autres groupes nous ont
dit : Bien, il faudrait vraiment plutôt quelque chose qui viendrait
soutenir ces ménages-là seulement, et non pas toute la clientèle résidentielle,
pour encourager d'ailleurs les grands consommateurs peut-être à réduire. C'est
ce qu'ils nous disaient. Vous en pensez quoi, de ça?
Mme Guillemette (Roxanne) : Bien,
peut-être, dans un premier temps, pour protéger les ménages, même à faibles
revenus, c'est premièrement de les inclure dans une discussion collective. Là,
c'est sûr qu'on porte la voix de certaines personnes. Mais, à la base, si ces
personnes-là n'ont pas choisi ces investissements-là, n'ont pas envie que des
usines viennent construire des batteries, bien là, on les laisse en plan aussi.
• (12 h 40) •
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
nous, on est quand même plutôt frileux, là, à l'idée de cibler un groupe en
particulier. Pour nous, l'électricité, c'est un service public puis c'est un
service essentiel, donc c'est pour tout le monde. Et, quand on cible des
groupes particuliers, bien, il y a des risques de stigmatisation aussi qui
peuvent faire en sorte que les gens ne vont même pas demander l'aide, parce
qu'ils ont peur, là, du jugement ou des préjugés. Donc, on vous parlait
notamment du phénomène de non-recours aux droits, aussi. Donc, quand c'est trop
ciblé, bien là, il y a le danger d'échapper des gens.
Puis il n'y a pas, tu sais, d'adéquation
entre la quantité d'énergie consommée et le revenu. On a toujours l'impression
que les plus riches consomment plus, mais ce n'est pas forcément vrai. Nous, on
a vu beaucoup de trois et demie dans Parc-Extension à Montréal, par exemple,
qui consomment plus que des «monster houses» à Terrebonne, parce que le
logement, il est mal isolé. Donc, ce n'est pas... il n'y a pas juste une
question, là, de revenus. Puis il y a des personnes plus riches qui chauffent
leur piscine l'été, mais qui passent l'hiver en Floride. Donc, tu sais, ça...
au final....
Puis en Europe, par exemple, ils y ont mis
beaucoup ça en place, des chèques énergie, puis partout, là, ils ont vu le
phénomène de non-recours puis ils ont échappé des gens. Puis, aussi, on
dit : Bien, ce n'est pas seulement les personnes à faibles revenus. Donc,
si on met un plafond, bien, après ça, il y a tous ceux qui...
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : ...sont
au-dessus, modestes, mais qui seraient quand même en situation de précarité
énergétique, qui en aurait besoin, le pourcentage qui est... qu'ils consacrent
à la facture d'énergie est trop élevé, bien, eux, ils ne se qualifieront pas,
là, puis nous, on pense que c'est plutôt la régie qui doit déterminer les
tarifs, pour terminer, en train 30 secondes.
Mme Dufour : Il reste très
peu de temps, mais je voulais juste vous dire que je vous ai entendus. Pour ce
qui est de la... que les... ces gens-là devraient faire partie dans le fond de
la conversation. Nous, on... je le rappellerai, là, qu'on avait demandé qu'il y
ait une conversation nationale, une commission itinérante qui aille à la rencontre
de tous les Québécois pour discuter justement de nos besoins futurs. Et ça
aurait permis, justement, d'aller à la rencontre de ces gens-là. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour trois
minutes, 11 secondes.
M. Bouazzi : Merci. Vous avez
parlé un peu... évoqué l'aspect régressif, en fait, des revenus que l'État
ferait sur le... les bills d'électricité, les factures d'électricité. Est-ce
que vous pouvez développer un peu?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Pourquoi
on dit que c'est régressif? Bien, parce que c'est le même tarif pour tout le
monde, et donc ça fait en sorte que plus on est pauvre, plus on paie un
pourcentage important de nos revenus pour la facture d'électricité, alors que
les impôts sont plus progressifs. Parce que, plus on fait d'argent, plus on
contribue. On voit que la moyenne pour le paiement, là... du revenu consacré au
paiement de la facture au Québec, c'est autour de 3 %, alors que les
ménages à faibles revenus vont payer, là, facilement huit, neuf, 10 % de
leurs revenus. Et on a vu des gens que c'est même plus que ça, là.
M. Bouazzi : Puis vous avez
aussi dit que les personnes les moins nanties sont plus souvent dans des maisons
mal isolées par rapport aux plus nantis, ça fait qu'en plus leur 20 degrés
leur coûte plus cher de toute façon.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Oui,
ils ne l'atteindront jamais, ils vont chauffer... Nous, on a eu des gens qui
nous ont dit : Moi, je chauffe beaucoup, puis je n'ai jamais vu plus que
16 degrés dans ma chambre, ou ils vont faire le choix eux-mêmes... bien,
un choix entre guillemets, là, ils vont prendre la décision de baisser le
chauffage pour essayer d'économiser, là, sur la facture. En fait, on critique
beaucoup les ménages en disant qu'ils consomment trop en ce moment, mais il y a
beaucoup de gens qui s'autorestreignent puis que, pour leur santé, ils auraient
besoin de consommer davantage.
M. Bouazzi : Hier, on a reçu
les représentants du patronat qui nous ont dit qu'il fallait laisser de côté
l'interfinancement et assumer vraiment, avec un front qui leur est propre, le
fait que les factures d'électricité vont donc augmenter plus vite pour les
particuliers que pour les industries. On a aussi reçu toutes sortes
d'industriels qui nous ont expliqué à quel point c'était important que
l'électricité patrimoniale n'augmente pas, puis évidemment qu'ils aient droit à
une grosse partie, etc. Dans votre mémoire, vous dites que l'électricité
patrimoniale doit rester réservée aux particuliers. Est-ce que vous pouvez
développer sur cette idée?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Bien,
pour nous, c'est une solution qu'on peut mettre en place pour limiter les
hausses de tarifs. L'électricité patrimoniale interfinancement, c'est quand
même des résultantes du pacte social aussi. C'était à la base pour remercier
les Québécois d'avoir pris le risque financier de mettre en place Hydro-Québec.
Puis l'interfinancement, entre autres, c'était aussi parce qu'on a voulu
inciter les gens à changer leur système de chauffage pour passer du gaz mazout
à l'électricité. Donc, si on l'abolit maintenant, bien, c'est un peu aussi
comme si on ne respecte plus notre part du contrat, maintenant que tout le
monde a changé, bien là, vous allez payer de gros prix.
Mais il faut penser, tu sais, les gens ont
déjà de la difficulté à payer la facture d'électricité. Si on abolit
l'interfinancement ou si on ne réserve pas le bloc patrimonial, bien, ça va
faire augmenter, là, vraiment beaucoup la facture. On risque d'arriver à un
choc tarifaire. Puis les gens, ils n'y arriveront juste plus.
M. Bouazzi : Et vous me
laisserez rajouter que, si la plus grosse partie de l'électricité dont on va
avoir besoin à partir de maintenant est pour l'industrie, et qu'on répartit
proportionnellement notre électricité patrimoniale, bien, plus ça va, plus on
fait des cadeaux à...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon, deux minutes,
25 secondes.
M. Paradis : Vous nous dites,
dans votre mémoire, que, malgré la promesse du gouvernement de limiter les
hausses de tarifs à 3 %, le projet de loi n° 69 ne comporte aucune
mesure concrète en ce sens. Et vous continuez en disant que si le projet de
loi, il est adopté tel quel, ce que ça va vouloir dire, c'est pour les
contribuables, pour toutes les citoyennes et citoyens, des augmentations de
coût pour l'électricité, c'est bien ça?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : C'est
ça qu'on dit.
M. Paradis : Et ce que vous
nous rappelez, tout de suite après, c'est que, là, on a beaucoup entendu, ici,
en commission, des gens nous dire : Ah! bien, il y a des gens en
résidentiel qui ne paient pas ce que ça coûte vraiment, produire de
l'électricité, puis ce n'est pas juste, ils veulent rééquilibrer ça. C'est ce
qu'on appelle l'interfinancement. Vous, vous nous arrivez avec l'argument de la
justice sociale, mais de l'autre côté, en disant que, là, actuellement, il y a
un travail de décarbonation à faire et que le projet de loi n° 69, ce
qu'il fait...
M. Paradis : ...actuellement,
c'est qu'il fait porter le fardeau de cette transition-là sur ceux qui ont le
moins contribué à la crise climatique. C'est ce que vous dites?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : C'est
ce qu'on dit.
M. Paradis : Pourquoi?
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Mais
en utilisant les tarifs d'électricité pour financer la transition, ça fait
porter une proportion injuste des coûts de la transition sur les ménages à
faibles revenus, qui sont ceux qui ont le moins contribué à la crise
climatique. Pour nous... Bien, je vais le répéter, mais la décarbonation, c'est
important, mais c'est une cible politique puis c'est collectivement qu'on doit
y arriver. La diminution des gaz à effet de serre, c'est bon pour tout le
monde, ce n'est pas bon seulement pour les clients d'Hydro-Québec. Donc, c'est
collectivement qu'on doit financer la transition, ce n'est pas la
responsabilité des clients d'Hydro-Québec, d'autant que ça va impacter
particulièrement, là, les ménages à faible revenu qui y ont moins contribué.
M. Paradis : Une autre chose
qu'on a beaucoup entendu, c'est que là il faut envoyer un signal de prix, parce
que là on dépense trop d'énergie, donc il faut monter les prix des gens. Et là
vous nous rappelez, vous, que ça a été démontré qu'il n'y en a pas
d'élasticité, que les gens qu'on vise ils ne seront pas capables de changer
leur consommation, parce que, comme vous le disiez tout à l'heure, les grandes
maisons ou des logements mal chauffés, c'est bien ce que vous dites, c'est que
ça ne marchera pas, ça.
Mme Laurin-Dansereau (Émilie) : Ça
ne marchera pas. Les gens n'ont pas la capacité de réagir au signal de prix en
électricité résidentielle. Puis ceux qui avaient la capacité, ils l'ont déjà
fait le plus possible. Mais il y a beaucoup de facteurs qui influencent la
consommation puis c'est souvent des facteurs sur lesquels on n'a pas de
contrôle : l'âge des habitants, le nombre de personnes dans le logement,
le lieu d'habitation...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je vous remercie pour votre contribution aux travaux. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 49)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 03)
Le Président (M. Montigny) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre leurs sonneries d'appareils
électroniques.
Nous poursuivons la consultation
particulière et auditions publiques sur le projet de loi n° 69, Loi
assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant
diverses dispositions législatives.
Cet après-midi, voici l'ordre... l'ordre
du jour de cet après-midi. M. Jean-François Blain, Nature Québec et l'Alliance
de l'énergie de l'Est.
Maintenant, sans plus tarder, je souhaite
maintenant la... bienvenue à M. Jean-François Blain. Je vous rappelle que vous
allez disposer de 10 minutes pour votre exposé, puis par la suite, nous
procéderons à un échange avec les membres de la commission. Je vous invite tout
de suite à vous présenter et à débuter votre exposé maintenant. Merci.
M. Blain (Jean-François) : Merci,
M. le Président. Alors, merci à tous les membres de la commission. Bonjour, Mme
la ministre, députés, membres des partis d'opposition. M. le Président, une
demande spéciale pour vous, parce que j'ai toujours plus de contenu que le
temps accordé, faites-moi un signe quand il restera deux minutes, puis une
minute. Ce sera apprécié.
Le Président (M. Montigny) : Avec
plaisir.
M. Blain (Jean-François) : J'ai
énormément de matériel à partager avec vous. Le document déposé fait 37 pages,
dont la partie principale est le mémoire que j'ai préparé conjointement avec
Bertrand Shepherd et qui a été publié par l'Institut de recherche et d'information
socioéconomique, l'IRIS, d'ailleurs déposé au cabinet de Mme Fréchette dès la
fin de la semaine dernière, auquel s'ajoutent cinq annexes que je ne pourrais
pas aborder dans le détail. Je vais simplement faire une énumération rapide,
une description sommaire des documents pour... en guise d'introduction, après
quoi je commencerai mon développement de ce qui m'apparaît être les enjeux
fondamentaux.
Alors donc, aux fins de cette
présentation-là, j'adopte comme mien le mémoire préparé conjointement et publié
par l'IRIS, et intégralement. Et je vous énumère simplement, de façon descriptive
et rapide, le contenu couvert par les cinq annexes qui se sont rajoutées.
D'abord, l'annexe A est une représentation
détaillée des volumes d'approvisionnement et des coûts d'approvisionnement que
nous allons encourir d'ici 2035, selon les valeurs unitaires revenus et coûts,
de même que les volumes d'approvisionnement additionnels prévus en vertu du
plan d'action 2035 d'Hydro-Québec et son plan en approvisionnement
actuellement en vigueur. J'ai rajouté à l'annexe A... En fait, c'est une
reproduction des graphiques deux et trois du document principal. J'ai rajouté
simplement la colonne 2035 parce qu'il y avait seulement la colonne 2050
à l'horizon de décarbonation. Puis évidemment, si on regarde ça, on peut se
dire, bien, on aura le temps de rectifier le tir. Mais non, d'ici 2035, on a un
projet qui est déjà sur la table, c'est le plan d'action d'Hydro-Québec, avec
des conséquences énergétiques et financières immédiates.
À l'annexe B, bien, c'est une estimation
détaillée de l'impact du plan d'action 2035 d'Hydro-Québec sur les tarifs.
Sommairement, on calcule de la façon la plus conservatrice possible que ce sera
un impact cumulatif de l'ordre de 65 % à 75 % sur les 11 prochaines
années, donc entre 5,2 % et 6,3 % par année en moyenne. Il y a aussi
à l'annexe B une illustration de ce qui constitue le principal risque d'emballement
tarifaire. Et ce risque-là, c'est celui de la non-concrétisation de la
croissance des volumes de vente qui sous-tend le plan d'action. Les volumes de
vente, c'est le dénominateur par lequel on divise les revenus requis d'année en
année pour déterminer le tarif. Si les volumes ne se concrétisent pas, mais que
les investissements et les approvisionnements ont été engagés, on va devoir
récupérer ces coûts-là sur un moins grand nombre d'unités vendues.
À l'annexe C, là, ce qui est illustré, c'est
l'impact tarifaire des 2 500 mégawatts à peu près qui ont été
accordés par votre prédécesseur, Mme la ministre, des blocs de puissance
accordés principalement dans la filière batterie, les nouvelles filières dites
vertes, acier vert, hydrogène vert, de même qu'à un certain nombre de centres
de données. Donc, il y a une mesure précise de l'impact tarifaire de ces
volumes d'électricité là qui ont été consentis à des investisseurs industriels.
C'est la mesure en...
M. Blain (Jean-François) : ...en
fait, précises de l'écart entre les revenus qui seront générés au tarif L... en
prenant un tarif de départ de 2024, et les coûts d'approvisionnement qu'on va
devoir engager, qui sont de l'ordre de plus de deux fois plus élevé que les
revenus qui sont générés. Ça se traduit par une dette à éponger sur le plan
tarifaire de l'ordre de 23 milliards de dollars sur les
20 prochaines années.
À l'annexe D, puisqu'on vient de parler
des clients industriels, des volumes qui leur ont été consentis, c'est
l'illustration des volumes de vente au tarif L, la proportion des volumes de
ventes au tarif L qui se sont prévalues et qui bénéficieront, possiblement
jusqu'en 2032, du rabais offert en vertu du programme d'aide au financement de
l'investissement payé par le ministère des Finances. D'ailleurs, il n'y a pas
eu de mise à jour de ça depuis la fin 2023, qui était la date limite pour
le dépôt des demandes.
À l'annexe E, j'aborde en parallèle
différentes options, parmi celles qui ont été proposées, pour assurer la
protection des acquis patrimoniaux, notamment l'idée de plafonner les tarifs
résidentiels et d'autres propositions, alors je les examine avec leurs
avantages et inconvénients respectifs. Et, pour conclure l'annexe e, il y a
également un document de travail qui a été partagé dans des échanges avec
Hydro-Québec, et je pensais que c'était utile, de le rendre public et de
l'offrir à la réflexion du ministère, comme les oppositions, comme quoi on a
des façons d'améliorer le signal de prix des différents tarifs, des différentes
catégories tarifaires et de rapprocher du coût marginal les niveaux de
consommation qu'on considère excessifs tout en protégeant le coût moyen, les
acquis patrimoniaux pour les niveaux de consommation les plus faibles et qui
sont dédiés aux usages de base, donc, sans pénaliser personne.
Le projet de loi n° 69 a suscité de
grandes interrogations, pour ne pas dire de grandes inquiétudes, dans la
société civile avec laquelle... au milieu de laquelle, finalement, je navigue.
Comme analyste indépendant dans le secteur de l'énergie, je peux vous dire que
j'ai rarement vu, au cours des 25 dernières années, une telle mobilisation
coordonnée sur le plan de la réflexion entre tous les acteurs de la société
civile, ce qui témoigne de l'importance et des conséquences que ce projet de
loi là pourrait avoir à tous égards, non seulement d'un point de vue
économique, mais quant à la réalisation même d'une décarbonation de notre
économie et aussi sur le plan environnemental et social, je mentionnerai même,
et j'y reviendrai, sur le plan de la cohésion démocratique. Donc, depuis un an,
la plupart des acteurs, groupes sociaux, représentants de différents groupes de
consommateurs, groupes environnementaux, grandes centrales syndicales, à tour
de rôle, Institut de recherche en économie contemporaine, l'IRIS plus
récemment, les HEC Montréal, l'institut de recherche Trottier, de
Polytechnique, tous ont, à leur propre initiative, organisé ou participé à
différents colloques, différents débats publics sur les enjeux soulevés par le
projet de loi n° 69.
• (14 h 10) •
Ce projet de loi là, ce qui est
problématique, c'est qu'il est présenté sous le principal motif d'amorcer une
transition énergétique. Mais la transition énergétique aujourd'hui, en 2024, ça
veut dire commencer à réduire notre usage d'énergies fossiles. Et, pour ça, ça
prend un dispositif, ça prend un dispositif assorti de moyens précis, de moyens
qui sont contraignants, d'objectifs de réduction à des échéances déterminées et
ça prend aussi un mécanisme de suivi et de reddition de comptes. On n'a rien de
ça sur la table. On n'a pas de plan de décarbonation contraignant, garant de
résultat devant nous. On n'a pas non plus de plan financier du gouvernement. On
a, par délégation de responsabilité, le plan d'action d'Hydro-Québec, avec des
investissements prévus de l'ordre de 160 à 180 milliards de dollars
d'ici les 11 prochaines années. 180 milliards de dollars, soit
dit en passant, c'est à peu près le double de la valeur totale d'Hydro-Québec
au 31 décembre 2023, pour mettre les choses en perspective. Et ce plan
d'action là, ce qu'il va faire, c'est qu'il va engager des dépenses colossales
qui devront être ponctionnées à partir des tarifs de la collectivité. Et ce qui
est absurde dans cette approche-là, c'est qu'on risque... on ne risque pas, on
va faire porter au tarif d'électricité de la collectivité la forme d'énergie
propre qu'on devrait vouloir favoriser, les...
M. Blain (Jean-François) : ...coût
généré par les externalités économiques, sociales et environnementales de
l'usage des produits des énergies fossiles. Alors, c'est exactement le
contraire du principe de causalité des coûts qui nous inciterait...
Le Président (M. Montigny) : Il
vous reste...
M. Blain (Jean-François) : ...qui
devrait nous amener à réinternaliser la valeur de ces dommages-là dans le prix
des produits pétroliers.
Le dernier problème, et non le moindre,
c'est l'absence d'un processus adéquat. Ça fait maintenant au moins deux ans
qu'à peu près tous les groupes concernés, tous les acteurs de la société civile
réclament un débat à la hauteur de ce que requiert la planification d'une
transformation aussi profonde que celle-là. Amorcer une transition énergétique,
ce qui implique non seulement de remplacer des énergies fossiles par des
énergies propres, mais aussi de remplacer des équipements, des procédés
industriels, des véhicules, tant pour les ménages, que pour les entreprises.
Leur capacité n'est pas uniformément répartie. Les coûts et les bénéfices de la
transition énergétique ne seront pas uniformément répartis. Et c'est une raison
de plus qui devrait nous inciter à être d'une grande prudence et même
parcimonieux dans la hiérarchisation des moyens.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, maintenant, c'est la période d'échange avec les
membres de la commission. Mme la ministre, je vous laisse la parole. Vous avez
16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, merci, M. Blain, pour votre présence, pour votre
participation, pour l'élaboration d'un mémoire avec beaucoup de matière. Je
sais que vous y avez travaillé ardemment, là, on en parlait tout à l'heure.
Donc, entrons dans le vif du sujet. Je vous poserai quelques questions, de même
que mes collègues. Alors, bien, d'une part, vous expliquez, dans votre mémoire,
là, que, selon vous, les prévisions d'Hydro-Québec qui apparaissent dans le
plan, donc, et qui présentent une augmentation de production d'électricité de
100 à 200 térawattheures d'ici 2050, vous les considérez comme étant
irréalistes, à moins que je me trompe, là, précisez la nature de votre analyse
là-dessus. Mais je me demandais, en fait, quelles sont vos estimations à vous
de hausse que vous considériez comme étant réalistes en comparaison de celles
offertes par Hydro-Québec?
M. Blain (Jean-François) : C'est
une bonne question, une question de base. D'abord, le plan d'action
d'Hydro-Québec, à l'horizon 2035, vise l'ajout de 60 térawattheures d'énergie
en disponibilité, 8000 à 9000 mégawatts de puissance additionnelle. Ça, c'est
une trajectoire, si on la projette de façon linéaire jusqu'en 2050, qui reflète
un objectif puis là un peu de référence, là, un objectif linéaire d'ajouter, au
total, 150 térawattheures d'électricité par rapport à notre consommation
actuelle, disons, 2024, d'un peu moins que 180 térawattheures.
Alors, votre sous-question, donc... Donc
là, première chose, je constate qu'Hydro-Québec, elle-même, ne met pas un
scénario qui impliquerait de doubler notre capacité de production, un scénario
un petit peu plus conservateur. Et aussi, à l'intérieur de ce scénario, d'un
ajout de 150 térawattheures à l'horizon 2050, bien, il y a un relèvement des
objectifs d'efficacité énergétique de 15 à 20 térawattheures. Donc,
Hydro-Québec considère que la transition énergétique, si elle devait se
réaliser, pourrait se faire avec 120 à 130 térawattheures de capacité de
production additionnelle, auxquelles s'ajouterait une vingtaine de
térawattheures obtenue par la remise en disponibilité de capacités dont on
dispose déjà, mais qu'on pourrait éviter de consommer. C'est à peu près ça, le
portrait.
Et moi, personnellement, si vous me
demandez mon opinion d'analyste, bien, il y a plusieurs des... Il y a plusieurs
raisons pour lesquelles, en fait, j'en viens à une conclusion qu'effectivement
on pourrait faire une décarbonation complète de l'économie du Québec pour,
possiblement, autour de 120 térawattheures, notamment parce que, bien, il y a
une partie des usages des énergies fossiles qui ne sont pas énergétiques entre
4 % et 5 % qui sont de l'énergie... En fait, c'est des sources d'énergie
fossile utilisées à des procédés pétrochimiques, par exemple, et puis aussi qui
a une proportion des usages des énergies fossiles aujourd'hui dans le secteur
industriel en particulier, qui ne sont pas électrifiables, parce que les
procédés... En fait, il n'y a pas d'alternative aux procédés basés sur les
énergies fossiles pour l'instant. Alors donc, si on met tout ça bout à bout,
bien, en fait, on ne peut pas décarboner à 100 % toutes les activités
économiques du Québec.
Et puis j'oublie, j'oublie aussi un
facteur important, c'est que, pour ce qui est du transport notamment, on a
besoin d'une... En fait, on a un facteur d'efficacité beaucoup plus élevé pour
la propulsion des véhicules en utilisant l'électricité qu'en utilisant les
énergies fossiles qui peuvent se traduire par une perte de chaleur jusqu'à...
dans une proportion de 90 %. Donc, le taux...
M. Blain (Jean-François) : ...de
l'énergie consommée par un moteur pour la proportion d'un véhicule est de
l'ordre de 2 à 3 fois plus élevé quand on utilise l'électricité plutôt que
les énergies fossiles. Toutes ces raisons-là, mises bout à bout, bien, mènent à
conclure que, si la décarbonation est vraiment l'objectif collectif qu'on se
donne, on pourrait la réaliser d'ici 2050, ou mieux pour à peu près... avec à
peu près 120 térawattheures de plus. Et puis même là, c'est une estimation
prudente, plutôt à la hausse qu'à la baisse, là. Oui.
Mme Fréchette : O.K. Merci.
Dans quelle mesure est-ce qu'à votre avis on devrait s'en remettre aussi au
potentiel de la sobriété énergétique pour atteindre...
M. Blain (Jean-François) : Ah!
bien, ça aussi c'est une très bonne question. Choisir de rajouter de la
capacité de production, c'est la façon la plus coûteuse et la plus risquée
financièrement pour la collectivité d'amorcer une décarbonation, parce que ça
implique de produire de l'électricité aujourd'hui à un coût de 11 ou
0,12 $ le kilowattheure, alors que le coût moyen des approvisionnements
dont on dispose aujourd'hui, 90 % des volumes étant de l'électricité
patrimoniale, à peu près à 0,035 $, et 11 % des volumes étant des
achats postpatrimoniaux d'une valeur de 11 à 0,12 $, donc la somme des
approvisionnements dont on dispose déjà comporte un coût moyen de 0,046 $
le kilowattheure, valeur moyenne pondérée. Et donc on aurait évidemment... de
là, ça coûterait 2 à 3 fois moins cher au bas mot de mettre... de remettre
en disponibilité une partie de l'énergie dont on dispose déjà en évitant de la
consommer. Donc, il y a des économies d'énergie ou des réductions de nos
besoins en puissance, surtout à la pointe, que de choisir l'avenue la plus à
risque et la plus coûteuse qui est de produire de l'électricité additionnelle à
un coût de 0,11 $, 0,12 $ le kilowattheure, c'est-à-dire presque
trois fois plus.
Mme Fréchette : O.K. Est-ce
que vous pensez qu'Hydro-Québec pourrait à elle seule fournir le surplus
d'énergie qui sera requis ou il faut que le secteur privé y mette du sien
également? Puis voilà quels avantages ou inconvénients que ça...
M. Blain (Jean-François) : La
première question à se poser, c'est l'énergie additionnelle qu'on prévoit
produire ou dont on aurait besoin, dont il faudrait pouvoir disposer pour
remplacer les produits des énergies fossiles, bien, elle sera utile à condition
qu'on a un plan de décarbonation et qu'on commence à réduire notre consommation
totale de produits pétroliers et gaziers. Il n'y a aucun indicateur qui pointe
dans ce sens-là, là, pour l'instant, il n'y a aucun indicateur qui pointe vers
même une amorce de décarbonation de notre économie. Les chiffres de 2023, notre
consommation totale de carburant, ont été rendus publics par Statistique
Canada. Ça fait à peine une semaine, là, c'est 9 000 000 000,2 litres
d'essence et 3,2 ou presque milliards de litres de mazout. Donc, mettons,
12,4 milliards de litres de carburant. Je n'ai pas vérifié le coût moyen
de l'essence et du mazout, là, c'est vérifiable facilement sur le site de la
régie. Mais, si on prend une hypothèse d'un dollar 60 par litre, ça veut dire
que nous avons dépensé collectivement à peu près presque 20 milliards de
dollars juste à mettre des carburants dans des véhicules. Et ça, c'est malgré
la lente, mais quand même qu'il faut mentionner, là croissance de la proportion
de véhicules qui sont de motricité électrique au Québec.
• (14 h 20) •
Alors, il y a... il n'y a pas de
diminution de notre consommation, au contraire, il n'y a pas de diminution du
nombre de véhicules, au contraire, il y a même une augmentation non seulement
du nombre de véhicules, du calibre de véhicules, du poids des véhicules sur nos
routes. Alors... puis là, je vous parle juste du secteur du transport. Je ne
sais pas si ça fait le tour de votre question. Oui.
Mme Fréchette : Oui. Oui,
c'est bon. J'ai une autre question pour vous. Alors, bien, le projet de loi,
là, propose de réviser le rôle de la Régie de l'énergie. Alors, comment est-ce
que vous voyez que cette instance-là, la régie, là, puisse jouer son rôle pour
assurer un encadrement transparent, efficace, là, pour les orientations
énergétiques que l'on souhaite mettre en place?
M. Blain (Jean-François) : Je
reprends la conclusion de la dernière question, parce que j'ai oublié un
élément important de votre question, puis je reviens au rôle de la régie.
Est-ce que... est-ce que le sens de votre question, c'est : Est-ce
qu'Hydro-Québec serait capable à elle seule...
Mme Fréchette : Peut à elle
seule, oui.
M. Blain (Jean-François) : ...oui,
de suppléer à tout ça? Oui. Hydro-Québec a des capacités de lever des emprunts
dans des meilleures conditions financières, à des meilleurs taux que n'importe quel
compétiteur ou éventuel partenaire privé. Mais, si on veut absolument
qu'Hydro-Québec soit incapable de fournir une tâche comme celle-là, il n'y a
rien de mieux que le scénario qui est actuellement mis sur la table, que
j'appelle un scénario pharaonique, qui va se traduire par une pression
financière, tant sur Hydro-Québec que sur les tarifs, parce que ça demeure être
ça, la pompe financière, les tarifs de la collectivité... que ça va en fait
discréditer soit la société d'État, soit sa capacité...
M. Blain (Jean-François) :
...de tout faire dans ces circonstances-là. Évidemment, la barre est mise
tellement haute, mais de façon inutile en absence du plan de décarbonation,
qu'on ne peut pas arriver à un autre résultat que : La maison est en feu,
Hydro-Québec n'est pas capable. On aurait voulu mettre en scène qu'on n'aurait
pas fait autrement.
Maintenant, le rôle de la régie, bien,
c'est essentiel. Moi, comme analyste, j'ai fait des dizaines et des dizaines,
je ne les ai pas comptés, de dossiers de réglementation depuis un quart de
siècle, pas juste dans le secteur électrique, le secteur gazier aussi, quelques
participations à des dossiers d'encadrement du prix des produits pétroliers. Et
j'ai vu les intervenants les plus aguerris, les plus préoccupés d'intérêt
public, d'indépendance institutionnelle de notre tribunal administratif prendre
à répétition la défense de la régie au fur et à mesure que les gouvernements
qui se succédaient amendaient et réamandaient sa loi et réréréamandaient sa
loi. Donc, il y a une question de séparation des pouvoirs qui n'a pas été
respectée — puis là ce n'est pas une accusation particulière au
gouvernement actuel — par à peu près tous les gouvernements depuis
25 ans. Et puis, bien, les projets de loi n° 34,
puis n° 2, puis n° 13 que
votre propre gouvernement a adopté n'ont pas amélioré les choses, tout au
contraire. Ça a été des interventions qui ont eu comme conséquence d'entraver
une fixation des tarifs et des décisions réglementaires quant aux secteurs non
seulement électriques, mais énergétiques, à répétition, et puis sans... avec
des résultats qui, finalement, ne corroboreraient pas les intentions ni les
objectifs visés par votre prédécesseur, M. Fitzgibbon.
Et donc l'indépendance de la régie... Je
vois des éléments dans ce projet de loi là qui accordent d'une part un peu plus
de responsabilités à la régie, mais je vois aussi, en contrepartie, des
éléments qui accordent au ministre plus de pouvoirs d'intervention encore.
Alors, je me dis : Bien, plus de délégation de pouvoirs quand c'est
assorti de plus de possibilités d'intervention politique face à un tribunal qui
est supposé être non seulement compétent, mais indépendant, ce n'est pas
souhaitable.
Mme Fréchette : En tout cas,
on intègre, dans la mission de la Régie de l'énergie, l'objectif de transition
énergétique. Donc, ça, ça devrait contribuer à une prise de décision qui va
être en concordance avec notre objectif de décarbonation d'ici 2050, là.
M. Blain (Jean-François) :
Ça, c'est une avancée intéressante que de redéfinir la mission élargie de la
régie, mais pour qu'elle puisse se prononcer et rendre des décisions
susceptibles d'application, encore faut-il qu'on ait un plan de décarbonation,
qu'on ait un dispositif pour ça.
Mme Fréchette : Bien, le plan
de décarbonation viendra avec le PGIRE, là. On crée le cadre qui fera en sorte
que le PGIRE va devenir la référence. Parce que si on adoptait un PGIRE sans
avoir un cadre qui amène à cette référence-là, commune, c'est sûr qu'il vivrait
par lui-même, mais sans impact réel. Donc là, à partir du moment où le PGIRE...
et après le projet de loi qui permet un encadrement mieux défini, ça va aider à
mettre en place le plan d'action dont on aura besoin.
M. Blain (Jean-François) : Oui.
Vous faites bien de m'amener sur le sujet du PGIRE justement parce que je
voulais conclure sur la question du processus, puis on va manquer de temps pour
nos échanges...
Mme Fréchette : Oui, c'est ça,
je voudrais céder la parole...
M. Blain (Jean-François) : ...mais,
rapidement, le PGIRE... la planification intégrée des ressources, c'est d'abord
un processus démocratique. Ce n'est pas supposé arriver après un projet de loi
qui nous annonce : On va faire une transition, puis on va faire... Non. La
planification intégrée des ressources, c'est d'abord réunir, et de façon
concertée, tous les acteurs concernés, les personnes compétentes pour
déterminer un objectif. Si c'est la décarbonation, l'objectif dont on convient
collectivement, bien, après ça, on définit les moyens qu'on va utiliser puis
leur ordonnancement. Et après avoir convenu de l'objectif, déterminer les
moyens... fermer nos cellulaires, on arrive à l'étape d'élaborer un projet de
loi ou des règlements pour la mise en œuvre d'une feuille de route.
Alors là, j'ai de la difficulté à
constater, malheureusement, que ce processus-là, qui est proposé dans le projet
de loi, il est tout à l'envers, malheureusement, la planification intégrée des
ressources, ça aurait déjà commencé il y a trois ans. Et toutes les questions
fondamentales qui sont énoncées dans le mémoire de l'IRIS, on ne les a pas
débattues, évidemment, on ne les a pas... on n'a pas de réponse à ça, mais
c'est des questions préliminaires qui sont inévitables.
Mme Fréchette : Alors, comme
je disais, bon, on crée le cadre avec le projet de loi n° 69
pour faire en sorte que le plan, le PGIRE, soit une référence commune. Et puis
on entend un ensemble d'acteurs, dont vous êtes, pour justement prendre le
pouls des principaux acteurs concernés par le secteur énergétique, et puis les
défis collectifs auxquels on fait face...
Mme Fréchette : ...et puis on
fera aussi une démarche de nature participative dans le cadre de l'élaboration
du PGIRE. Donc, c'est notre action, c'est notre volonté aussi de s'inscrire
dans cette idée de prise de participation des principaux acteurs. Mais bon, je
vais m'arrêter ici parce que je voudrais céder la parole à mes collègues qui
ont aussi des questions pour vous. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Donc,
pour deux minutes 30 s, je vais laisser la parole au député de Dubuc pour
commencer.
M. Tremblay : Merci, M. le
Président. M. Blain, d'abord, je veux... je veux saluer votre intelligence.
Vous êtes visiblement un passionné. Je n'ai pas la prétention de votre niveau
d'expertise, ceci dit, quelques questions.
Vous craignez des partenariats financiers
avec les communautés locales, avec les MRC, avec les communautés autochtones.
Chez nous, au Saguenay, terre d'accueil qui est privilégiée par ma collègue de
Saint-Laurent d'ailleurs, j'allais dire il y a du potentiel éolien, il y a du
potentiel hydroélectrique aussi. Pourriez-vous imager, nous permettre de mieux
comprendre, s'il vous plaît?
M. Blain (Jean-François) : Oui,
oui. Depuis la nationalisation... On a... On a mis en commun, depuis la
nationalisation du secteur électrique, on a créé une société d'État, dont notre
gouvernement est l'actionnaire unique, et on a créé des processus financiers
qui consistent à mettre en commun nos ressources financières par l'entremise de
nos tarifs, hein, perçus par notre distributeur monopolistique sur l'ensemble
du territoire, qui versait des dividendes et d'autres... et des revenus sous
d'autres formes d'ailleurs au gouvernement, redevances hydrauliques, frais de
garantie d'emprunt, je ne les nommerai pas toutes. Et donc, par l'entremise de
l'actionnaire public, il y avait, en contrepartie de notre... de la mise en
commun de nos ressources financières, une redistribution universelle de la
richesse.
Là, c'est un tout autre régime, si on
introduit des partenariats dans chacun des projets ou dans chacune des
filières. Puis les aspirations des régions sont bien légitimes, là, non
seulement sont légitimes, mais elles sont réelles. C'est d'abord des aspirations
d'avoir un peu d'oxygène économique, des sources de revenus autonomes. Ça,
c'est... c'est clair. Mais on n'a pas besoin...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : ...on
n'a pas besoin de morceler la propriété et l'actionnariat des projets, et donc
graduellement, l'actionnariat de tous les projets dans lequel participera
Hydro-Québec par la suite, parce qu'Hydro-Québec est elle-même promoteur de ces
partenariats-là, pour amener cet oxygène économique là aux régions. On pourrait
prévenir toute forme de surenchère, hein, des revendications, là, ou de
distorsion dans la valeur économique qu'on leur attribue à ces
partenariats-là...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Blain (Jean-François) : ...en
créant par exemple un Fonds national de développement des régions...
Le Président (M. Montigny) : Merci...
M. Blain (Jean-François) : ...dans
lequel Hydro-Québec serait tenue de verser annuellement...
Des voix : ...
M. Blain (Jean-François) : ...10 %,
15 %, 20 % de ses bénéfices et qui seraient répartis. C'est ce
fonds-là qui serait alimenté à hauteur de centaines de millions de dollars par
année selon des critères déterminés par les instances de toutes les
communautés, la FQM, en fonction du taux d'emploi, du taux d'éloignement, de la
densité de population. De sorte que les régions disposeraient d'une
alimentation financière statutaire, hein, garantie pour diversifier leur
économie puis apporter l'oxygène économique dont elles ont besoin.
• (14 h 30) •
Le Président (M. Montigny) : Mme
la députée de Saint-Laurent, c'est à vous. C'est sur votre temps maintenant. Je
vous cède la parole.
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) : Non,
non. C'est maintenant le temps de la députée de Saint-Laurent. C'est votre
temps à vous. Allez-y.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, M. Blain, merci d'être avec nous. Merci pour votre
mémoire très détaillé.
Vous nous avez dit plusieurs choses, mais
je vais me concentrer sur un élément qui est très important, le PGIRE,
planification. Vous avez dit que ça a été fait à l'envers, qu'on aurait dû
commencer il y a trois ans. Or, en 2020, le gouvernement a signé un contrat
pour la vente d'électricité avec New York. Puis par la suite, trois semaines
après avoir signé le contrat, on nous apprend, bien, finalement, on manque
d'énergie. Et là, rapidement, le gouvernement s'est dit il faut trouver une
solution. J'ai l'impression qu'on est victimes ici du gouvernement et de leurs
propres turpitudes. Mais c'est intéressant, ce que vous nous amenez. La
planification aurait dû être faite il y a trois ans. J'ai l'impression, pour
reprendre la formule consacrée par le premier ministre, qu'ils sont en train de
construire l'avion en plein vol. Ça me donne ça comme impression.
M. Blain (Jean-François) : C'est
une bonne... C'est une bonne... C'est un bon exemple que vous soulevez là, le
contrat signé avec New York, là. D'abord... D'abord, il faut que je précise une
chose. Quand on dit qu'on est en surplus d'énergie, c'est Hydro-Québec, dans
ses activités de distribution, son obligation de servir tous les clients
québécois, qui a engagé des achats sur la base de ses prévisions...
14 h 30 (version non révisée)
M. Blain (Jean-François) : ...de
ventes à long terme et ces prévisions-là ne se sont pas concrétisées. Et donc,
on a des livraisons à recevoir d'énergie éolienne, de toute filière, en plus du
volume d'électricité patrimoniale, qui sont en excédent par rapport à nos
besoins réels. Donc, on est... on se retrouve en situation de surplus. Aujourd'hui,
on nous dit... on appréhende un déficit, mais un déficit par rapport à quoi?
Par rapport au niveau de ventes qu'on prévoit dans cinq ans ou dans 10 ans.
Mais, évidemment, si la perspective de croissance des ventes d'Hydro-Québec sur
les 11 prochaines années, là, ça serait 56 TWh de croissance de la consommation
d'électricité au Québec, ça ne s'avérera pas.
Mme Rizqy : Donc, quand vous
dites qu'ils ont vendu... Le déficit, ça représente des ventes. Est-ce qu'ils
ont vendu ce qu'ils n'avaient pas? En d'autres mots, est-ce qu'ils ont shorté l'électricité?
M. Blain (Jean-François) : Oui,
il faut distinguer l'obligation de fournir d'Hydro-Québec dans ses activités de
production, qui est limitée au volume d'électricité patrimoniale, 179 TWh par
année, incluant pertes, de sa marge excédentaire. Une fois qu'elle s'est
acquittée de son obligation de fournir l'électricité patrimoniale, il lui reste
une marge excédentaire de l'ordre de 35 maintenant... même 35 à 40 TWh par an
qu'elle vend sur les marchés extérieurs. Là, on a engagé deux contrats fermes d'une
durée de 20 ans qui vont accaparer 10 TWh par année chacun.
Mme Rizqy : ...20 et le
second, celui de New York qui a été signé en 2020, c'est 25 ans.
M. Blain (Jean-François) : Bon.
Mais on a engagé de façon ferme à peu près 20 des 35 TWh qu'on peut exporter.
Il reste 15 TWh sur 35 qu'on vend dans les marchés de court terme, à
discrétion, en fonction des prix qui prévalent. Ces 15 TWh-là, là, il n'y a
rien qui nous empêche de les rapatrier temporairement et de les ajouter à une
réduction de notre consommation, donc libérer une partie des kilowattheures à
0,045 $, dont on dispose déjà, pour amorcer la décarbonation. Ça se ferait donc
à un coût bien inférieur à... par rapport à celui de lancer d'immenses projets
de production à 0,11 $, 0,12$ le kilowattheure et plus. En toute logique
financière, là, c'est ça qu'on devrait prioriser. Puis on lève après l'argument :
Oui, mais la réduction des émissions de GES, c'est une affaire internationale,
il ne faut pas se limiter à nos frontières. En pratique, là, quand on vend de l'électricité
à un client hors frontières, il n'y a pas de comptes à nous rendre après. Il n'y
a aucune garantie qu'il l'affecte en totalité ou même à 50 % à la
décarbonation. Ça peut être sa propre croissance de la consommation. Alors que,
si on rapatrie ces térawattheures-là pour quelques années, nous, on a la
possibilité de les... de les allouer, mais véritablement, à la décarbonation de
notre économie. Donc, voyez-vous, là, cette logique-là? Que la décarbonation se
fasse ici ou ailleurs, c'est quand même contributif à la décarbonation et à la
réduction des GES à l'échelle mondiale. La différence, c'est que, si on dédie
nous-mêmes l'excédent de production dont on dispose à notre propre
décarbonation, on est sûrs du résultat.
Mme Rizqy : Mais vous avez
entendu le ministre de l'Environnement hier par rapport à l'allocation des
blocs d'énergie pour la décarbonation, il ne veut pas prendre d'engagements là-dessus,
là. Ça vous laisse sans mots?
M. Blain (Jean-François) : Le
ministre de l'Environnement, ça me laisse sans mots.
Mme Rizqy : D'accord. Tantôt
vous parliez que maintenant des nouveaux kilowattheures, on parle de 0,12 $
le kilowattheure.
M. Blain (Jean-François) : Oui.
Mme Rizqy : C'est quand même
très important comme augmentation par rapport au bloc patrimonial. Il y a eu
des projets qui sont lancés, puis on a entendu des experts en matière d'énergie
solaire qui disaient que le coût avait grandement diminué. Puis, avec la
technologie qui s'accélère, non seulement les panneaux solaires diminuent, mais
aussi les batteries de stockage coûtent de plus en plus moins cher. Est-ce qu'on
aurait intérêt... Hier, on nous soulevait c'est autour de 0,07 $ à 0,08 $
maintenant le kilowattheure? Alors, est-ce que ça pourrait être une avenue
aussi à considérer pour l'autoproduction résidentielle notamment, mais aussi,
vous savez, toutes les entreprises qui ont des gros toits, là, à qui on a donné
des gros blocs d'énergie. Vous savez que par exemple, eux, on ne leur a même
pas demandé de faire leur propre effort de guerre à ces entreprises pour avoir
soit des panneaux solaires sur leurs toits, mais aussi ce qu'on appelle les
murs énergétiques. Moi, j'en ai dans Saint-Laurent. Il ne semble que tout le
monde devrait faire leur effort de guerre.
M. Blain (Jean-François) : Il
y a un gros potentiel solaire inexploité. Il y a un gros potentiel géothermique
qui est complètement inexploité au Québec, il y a différentes filières qui ne
sont pas développées du tout. Maintenant, quand on décide de diversifier nos
sources d'énergie, il faut se poser la question : est-ce que cette forme d'énergie
là, de la façon dont elle va être produite, de la façon dont, par exemple, les
clients résidentiels ou même commerciaux, institutionnels injecteraient dans le
réseau le surplus d'énergie solaire dont ils n'ont pas besoin pour leur propre
consommation...
M. Blain (Jean-François) : ...consommation,
est-ce que ça réduit les coûts unitaires de desserte de l'ensemble de la
clientèle ou si, au contraire, ça contribue à augmenter les coûts unitaires? Ce
que je veux dire, c'est que si, vous ou moi, on a des panneaux solaires sur
notre toit, là, mais qu'à la pointe... et qu'on réduit donc la quantité
d'électricité qu'on attend d'Hydro-Québec, vu qu'on a un peu notre propre
production, mais qu'à la pointe hivernale, nos panneaux solaires, en absence de
stockage et d'une autonomie prolongée, ne peuvent pas... Mais, en fait, on ne
peut pas suppléer à nos besoins de chauffage avec l'énergie solaire, là, pas
très longtemps, même si on avait des batteries.
Et donc le résultat, c'est qu'Hydro-Québec
vendrait, sur une base annuelle, des moins grands volumes d'énergie, aurait des
coûts, à la pointe, aussi élevés, parce que les clients qui produisent une
partie de leurs besoins, avec l'énergie solaire, ne couvraient pas leurs
besoins en puissance dédiée au chauffage. Et donc ce qu'on appelle le facteur
d'utilisation du réseau serait plus bas encore et les coûts unitaires à
récupérer, tant pour les investissements en production d'Hydro-Québec elle-même
et en transport et distribution, seraient non seulement répartis sur un moins
grand nombre de kilowattheures vendus, mais on aurait les mêmes coûts à la
pointe, avec une pointe hivernale encore plus disproportionnée par rapport à la
demande.
Mme Rizqy : Mais, hier, on
disait que les nouvelles batteries de stockage, ça pouvait être de sept à 10
jours maintenant, qu'il y a vraiment une nette amélioration. Parce qu'avant
c'était... on parlait de quelques heures qu'une batterie de stockage pouvait
nous alimenter. Maintenant, les nouvelles, on parle de, carrément, sept à 10
jours. Évidemment, si vous en avez deux, vous pouvez multiplier les nouvelles
technologies qui s'appellent le Plug and Play. Donc, on peut immédiatement se
brancher à la maison avec le panneau solaire, avec la prise de courant, et on
peut carrément même retourner cette énergie. Ça existe d'ailleurs dans d'autres
marchés, notamment européens, et c'est vendu au grand public, là.
M. Blain (Jean-François) : Donc
là, Mme Rizqy, je ne fais pas un plaidoyer pour disqualifier l'énergie solaire,
ce dont je vous parle, c'est justement du... de l'importance du stockage. Et
puis on ne parle pas de petit stockage dans des batteries, pour un
autoproducteur résidentiel, on parle de stockage de beaucoup plus gros calibre
qui est effectivement un moyen de gestion des pointes du réseau qui va se
développer dans les prochaines années. Alors là... Donc, la critique que je
vous faisais, là, était relative à la dispersion de plein de petites capacités
solaires entre des milliers d'autoproducteurs qui se trouvent tous à avoir
quand même besoin d'Hydro-Québec à la pointe hivernale. C'est ça, la
problématique dont je parlais.
Mme Rizqy : Non, non, c'est
très bien. Oui, oui, bien, merci.
M. Blain (Jean-François) : O.K.
Il faut distinguer les deux, là.
Mme Rizqy : Non, mais, au
contraire, j'apprécie beaucoup votre éclairage, parce que c'est très clair et,
en fait, on aimerait peut-être vous garder pour le reste de l'étude détaillée.
Mais, bon, je pense que ça serait pertinent. Je ne sais pas si votre emploi du
temps nous le permet.
Et, en terminant, il me reste juste 20
secondes. Est-ce qu'il y a quelque chose que vous aimeriez ajouter à la
commission?
• (14 h 40) •
M. Blain (Jean-François) : Bien,
en fait, je n'ai pas eu le temps de conclure mon adresse à la ministre. Le
processus jusqu'ici, puis c'est un dossier dont vous héritez, bon, dans les
circonstances qu'on connaît, là, le processus a été tellement inadéquat par
rapport à l'ampleur des défis d'une transition énergétique, si on veut vraiment
en mettre une en place, là. Je vous implore, à toutes fins pratiques, de
reconsidérer non seulement sur le fond, le contenu du projet de loi...
Le Président (M. Montigny) : C'est
maintenant le moment de céder la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Je vous laisse
finir votre phrase. Vous implorez...
M. Blain (Jean-François) : Je
vous implore en pratique, Mme Fréchette, de reconsidérer non seulement le
contenu du projet de loi dans son entièreté, de le mettre sur la glace. Il vous
reste deux ans à votre mandat gouvernemental. Vous avez le temps d'amorcer une
véritable planification, un véritable exercice de planification intégrée des
ressources. Ça serait un très beau legs à laisser plutôt qu'un fiasco.
M. Bouazzi : Très rapidement,
j'ai peu de temps. Merci beaucoup pour vos éclairages. Moi, je vais rester sur,
justement, toutes les décisions qui ont été prises sans plan, en tout cas, sans
plan public, et leur impact sur le prix que les Québécoises et Québécois vont
payer. Donc, à l'annexe C de votre mémoire, vous chiffrez le coût des 2500
mégawatts qui ont déjà été distribués sur les 18 derniers mois par M.
Fitzgibbon. C'est bien ça?
M. Blain (Jean-François) : Oui.
M. Bouazzi : Je vois qu'étant
donné que le coût marginal, donc, de la nouvelle électricité est autour de 0,11
$ actuellement et qu'on leur vend au tarif L, il y a une perte de 190 millions
la première année, 387, la deuxième. À partir de 2028, on dépasse déjà le
milliard. Et, si on additionne tout ça sur 20 ans, on a perdu 22
milliards de dollars...
M. Bouazzi : ...juste avec les
décisions qui ont été prises sur les 18 derniers mois par M. Fitzgibbon.
C'est bien ça?
M. Blain (Jean-François) : C'est
ça. C'est le déficit des revenus générés au tarif L par rapport au coût des
approvisionnements additionnels qu'on va devoir acquérir. En prenant
l'hypothèse de départ du tarif L de 2024, le revenu unitage généré par le tarif
L, 5,43 cents, et en prenant une hypothèse de coût unitaire des
approvisionnements en 2024 de 11 cents par kilowattheure, ce qui est moins
que ce qui est déjà dans le plan de coût, donc c'est conservateur, et en
indexant ces deux coûts unitaires de départ là, de 2 % seulement par
année, ce qui aujourd'hui est encore une hypothèse très conservatrice, on
aurait 22,9 milliards de dollars de déficit de revenus à éponger sur
20 ans.
M. Bouazzi : Plus de
1 milliard par an. Vous avez aussi donné l'exemple de la production du
privé. On sait déjà que le privé prend une cote à chaque fois qu'on vend de
l'électricité, c'est à ça que sert le privé, le coût plus une cote, c'est les
revenus. Mais en plus, vous dites : Oui, mais le privé, quand il
s'endette, il s'endette à un taux qui est supérieur à celui d'Hydro-Québec, qui
est, lui, par contre, le même que celui du gouvernement du Québec, qui est à
peu près le plus bas possible. Donc, dans les coûts du privé, le taux associé
aux prêts, évidemment, est supérieur. Et celui-là, bien, on va le payer, vous
et moi, à chaque facture.
M. Blain (Jean-François) : Bien,
en fait... en fait, le privé a une capacité d'emprunt et la possibilité de
lever des capitaux qui est... qui n'est pas celle d'Hydro-Québec. Donc, en
principe, il y a... il y a effectivement un risque, de façon générale, que le
financement de leurs projets soit plus coûteux.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : Mais
ce risque-là, de toute façon, à partir du moment où il s'agit d'un engagement
d'achat d'Hydro-Québec, bien, il est transféré à Hydro-Québec, qui le récupère
dans les... Donc, le risque financier est de toute façon transféré à la
collectivité.
M. Bouazzi : Et on le paie.
M. Blain (Jean-François) : Oui.
M. Bouazzi : Et le dernier
risque que vous dites, c'est que, si on engage trop d'argent dans les
développements et qu'on ne vend pas tout de suite cette électricité-là, bien,
ça, ça va faire que ça va coûter encore plus cher parce qu'on aura mal planifié
nos affaires.
M. Blain (Jean-François) : C'est
ce que j'appelle le risque de déraillement et d'emballement tarifaire
principal, l'éventualité que la croissance des volumes de vente prévus par
Hydro-Québec ne se concrétise pas.
Le Président (M. Montigny) : Merci...
M. Bouazzi : C'est un manque
de planification qui va nous coûter cher.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
C'est maintenant la parole au député de Jean-Talon. Merci beaucoup. M. le
député de Jean-Talon, c'est à vous.
M. Paradis : Bien, continuons
justement sur cette thématique. Vous dites dans votre mémoire que «la démarche
privilégiée par le gouvernement actuel, qui a mené à la présentation de ce
projet de loi, n'a satisfait aucune des exigences préalables, n'a pas donné
lieu à un véritable examen des enjeux ni à un débat public qui soit à la
hauteur des défis posés par la transition énergétique.» Si la ministre s'entête
à continuer avec ce projet de loi là puis ne répond pas à votre appel de
retirer le projet de loi, que plusieurs nous ont fait ici, c'est quoi, les
risques? Qu'est-ce qui va arriver?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
c'est un risque... c'est un risque de légitimité démocratique, c'est un risque
de cohésion, c'est un risque de... C'est un risque pour la collectivité.
D'abord, c'est un risque financier, et c'est un risque non seulement de
morcellement de la propriété entre une multitude d'intérêts particuliers, je
dis «intérêts particuliers» parce que c'est des capitaux privés mais mis au
service de partenaires communautaires, premières nations, municipalités. Mais
ce n'est pas seulement un risque de morcellement de la propriété par
l'impartition de l'actionnariat. C'est un risque aussi de morcellement de la
cohésion quant à l'usage et à l'occupation du territoire aux fins de la production
d'énergie, et même du commerce de l'énergie parce qu'il y a même des
partenariats en matière de transport qui ont... il y a un précédent déjà.
M. Paradis : Parce que
notamment, vous dites : «Le projet de loi n° 69 prépare une
privatisation accélérée de la production et du commerce de l'électricité et que
ça va faire un renversement important du principe de mise en commun des
ressources énergétiques et financières et de redistribution universelle des
bénéfices hérités de la nationalisation du secteur électrique.» Donc, ça veut
dire, en fin de compte, c'est les gens qui vont payer pour ça.
M. Blain (Jean-François) : C'est
nous tous, pas seulement d'un point de vue financier, d'un point de vue de la
cohésion, de la pertinence des choix, et je dirais même des processus
décisionnels, de la cohésion démocratique. Parce qu'une fois... une fois qu'on
a attisé les attentes économiques, financières de x partenaires en région, là,
puis qu'on cède petit à petit davantage de participation financière, donc
d'actionnariat...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : ...c'est
l'actionnariat d'Hydro-Québec qui s'égrène à petit... à petit feu, puis c'est
une dénationalisation par encerclement progressif.
M. Paradis : Et vous dites
que «le projet de loi n° 69, avec le plan annoncé par Hydro-Québec,
pourrait entraîner des hausses tarifaires de 65 % à 75 % sur
11 ans et il va appauvrir les ménages, notamment.» Mais, pourtant, le
projet... le gouvernement dit : On va vous limiter ça à 3 % par
année.
M. Blain (Jean-François) : Oui.
Je pense qu'il y a un député qui a utilisé le mot «stratagème». Vous allez voir
à l'annexe...
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie pour...
M. Blain (Jean-François) : ...à
l'annexe e...
M. Blain (Jean-François) :
...la qualification du temps étant des options...
Le Président (M. Montigny) :
Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin de permettre aux prochains
groupes de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 48)
(Reprise à 14 h 51)
Le Président (M. Montigny) :
Nous reprenons nos travaux et je souhaite maintenant la bienvenue à Nature
Québec. Je vous rappelle que vous disposez donc de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer maintenant
votre exposé.
Mme Simard (Alice-Anne) : Merci.
Merci, M. le Président. Mme la ministre, bonjour, Mmes et MM. les députés,
bonjour. Je m'appelle Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.
Je suis accompagnée de Mme Anne-Céline Guyon qui est analyste Climat-Énergie
pour Québec et de Mme Emmanuelle Rancourt qui est la coordonnatrice de la
Coalition Sortons le gaz!. Alors, on a décidé, là, d'inviter à notre audition,
là, la Coalition Sortons le gaz! dont nous sommes membres afin de présenter
leurs recommandations spécifiques concernant la sortie du gaz dans les
bâtiments et les industries. Nature Québec, en tant qu'organisme qui œuvre à la
lutte à la crise climatique et à la protection de la biodiversité, on a bien
sûr à cœur la transition énergétique du Québec, mais cette transition-là ne
doit pas être mise en œuvre sans être en harmonie avec le vivant. C'est donc
dans cette perspective-là qu'on a étudié le projet de loi n° 69, même s'il
y a une grande majorité de l'électricité qui est produite au Québec, qui
provient d'une source renouvelable. Il n'en demeure pas moins, en fait, qu'il y
a encore 54 % de notre énergie qui est consommée et qui provient
d'énergies fossiles. Et en plus, il y a 70 % des émissions de gaz à effet
de serre du Québec qui sont liées à la production et à la consommation
d'énergie, principalement à cause de notre dépendance au pétrole dans le
domaine du transport et de notre dépendance au gaz naturel d'origine fossile,
là, dans les bâtiments et les industries. Donc, décarboner notre système
énergétique, c'est crucial et urgent pour atteindre nos objectifs de
carboneutralité, là, d'ici 2050. Et dans ce contexte, le développement des
énergies renouvelables, c'est évidemment souhaitable, mais il ne faut pas que
ça se fasse sur le dos des ménages les plus vulnérables ou de la biodiversité.
Malheureusement, là, en l'absence présentement d'un grand débat de société qui
aurait pu orienter la transition énergétique au Québec, le projet de loi
n° 69 tel qu'il est présenté, là, aujourd'hui, il ne remplit pas les bons
objectifs. Non seulement il ne va pas permettre la décarbonation du Québec,
mais il introduit aussi des dispositions qui sont profondément injustes sur le
plan social et néfastes sur le plan environnemental. On est particulièrement
inquiets et inquiètes des impacts que va avoir la transition énergétique
proposée par le gouvernement du Québec, là, sur le bio... sur la biodiversité
et sur le territoire. Donc, on tient à rappeler, là, qu'il n'existe pas
seulement une crise environnementale. Il y a deux crises environnementales et
la crise de l'effondrement de la biodiversité remettent tout autant en question
notre avenir collectif que la crise climatique. Jusqu'à présent, les politiques
qui visent à lutter contre la...
Mme Simard (Alice-Anne) : ...la
crise climatique et celle pour la biodiversité ont été abordées indépendamment
l'une de l'autre. Mais ces deux crises-là, elles sont interreliées et on doit
s'y attaquer conjointement. Notamment, la transition énergétique doit tenir
compte de nos cibles de conservation et de restauration des écosystèmes, elle
doit être cohérente avec le futur plan nature du Québec, elle doit être
cohérente aussi avec la protection de l'habitat du caribou forestier montagnard
et, entre autres, les nouvelles orientations, là, gouvernementales en matière
d'aménagement du territoire, là, les OGAT.
Il faut aussi que le gouvernement
comprenne et intègre la notion de limites planétaires à ses politiques
publiques. Les scientifiques qui ont développé ce concept-là ont identifié neuf
processus clés du système terrestre, dont chacun a une limite qui, si elle est
franchie, pourrait compromettre la stabilité des écosystèmes et rendre la
planète moins habitable pour l'humanité. Donc, rester dans ses limites
planétaires, c'est essentiel pour préserver les conditions naturelles qui ont
permis à la civilisation humaine de prospérer.
Pourtant, le projet de loi n° 69
amènera le Québec complètement dans la mauvaise direction, en mettant l'accent
sur la production énergétique pour favoriser le développement de nouvelles
filières industrielles, ce, au détriment de la décarbonation réelle de notre
économie, et surtout en continuant sur le modèle de la croissance infinie qui
ne respecte pas les limites planétaires.
Miser sur la sobriété est essentiel pour
respecter ces limites et rendre la transition énergétique la plus juste,
socialement, principalement en évitant des coûts inutiles pour la société et
les plus vulnérables. Le mégawatt le moins cher restera toujours celui qu'on ne
produit pas. Et notre mémoire présente justement plusieurs recommandations qui
visent à améliorer le projet de loi pour que la notion de sobriété énergétique
et le respect des limites planétaires soient au cœur de la transition
énergétique du Québec.
Notamment, bon, ce qu'on recommande, c'est
que les futurs projets énergétiques ne fassent pas obstacle à l'atteinte de
notre cible de conservation de 30 % des territoires d'ici 2030 et que le
concept des limites planétaires soit intégré au futur plan de gestion intégrée
des ressources énergétiques. On recommande aussi qu'un plan de réduction de la
consommation énergétique décliné par secteurs soit élaboré en coconstruction
avec tous les secteurs concernés. Et on recommande que les impacts cumulatifs
du développement industriel sur l'environnement et sur les populations soient
mieux analysés.
On demande aussi que la notion de sobriété
énergétique et le respect des limites planétaires soient intégrés à la mission
de la Régie de l'énergie, à la mission d'Hydro-Québec et à la mission du ministère
de l'Économie, de l'innovation et de l'Énergie.
Et on recommande que le gouvernement
déclare un moratoire sur l'octroi de capacités électriques ou de fonds publics
à de nouvelles entreprises énergivores tant qu'on n'est pas alignés sur le
respect de nos objectifs climatiques et que la sécurité énergétique de la
population n'est pas assurée.
Alors que les impacts des dérèglements
climatiques, là, se font de plus en plus ressentir, il y a des communautés
entières qui sont évacuées à cause des feux de forêt, il y a des ménages qui
doivent quitter en toute urgence leurs habitations à cause des inondations, on
doit plus que jamais accélérer la sortie des énergies fossiles.
À ce niveau, la coalition Sortons le gaz,
là, présente aussi dans son mémoire plusieurs recommandations pour que
l'électricité propre du Québec soit utilisée avant tout pour décarboner les
bâtiments et les industries existants et non pour accélérer la croissance
industrielle et favoriser les entreprises étrangères.
Notamment, là, la coalition Sortons le gaz
recommande que le projet de loi soit révisé pour que l'électricité bénéficie de
conditions d'adoption plus compétitives que le gaz. La Loi sur la Régie de
l'énergie doit aussi être modifiée pour que la mission de la Régie se concentre
exclusivement sur l'intérêt public, sans conciliation avec les intérêts des
distributeurs et transporteurs de gaz et sans subventionner des pertes de
revenus d'entreprises comme Énergir.
Le gouvernement du Québec doit aussi
privilégier le déploiement de systèmes de chauffage basés sur la combinaison,
là, thermopompe-accumulateur de chaleur pour la gestion de la pointe de la
demande électrique au lieu de la biénergie électricité-gaz naturel fossile pour
réduire les coûts pour les consommateurs et surtout pour réduire nos émissions
de gaz à effet de serre.
Donc, la transition énergétique, là, ça ne
se résume pas simplement à ajouter de la capacité de production d'énergie
renouvelable. Ça implique avant tout de réduire notre consommation globale
d'énergie, en particulier en ce qui concerne les énergies fossiles. Et
malheureusement, le projet de loi n° 69 se concentre principalement sur
l'augmentation de la production, tout en maintenant un soutien au gaz naturel,
sans fixer d'objectifs contraignants de réduction de la consommation de ces
énergies polluantes.
Donc, pour nous, c'est clair que le projet
de loi ne constitue pas le véhicule dont le Québec a besoin pour encadrer notre
avenir énergétique. On recommande sa révision en profondeur et l'adoption de
mesures structurantes pour nous permettre d'atteindre nos objectifs de
décarbonation en harmonie avec le vivant, tout en protégeant les ménages
québécois. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant procéder à la période d'échange avec les
membres de la commission. Mme la ministre, vous disposez maintenant de
16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, merci, Mesdames Simard, Guyon et Rancourt...
Mme Fréchette : ...merci pour
votre présence et pour participer à ce débat, à cet échange de point de vue et
d'avoir pris le temps de préparer un mémoire. Donc, je vous ramène sur le
concept de sobriété énergétique. Est-ce que vous êtes d'avis qu'on devrait
utiliser une tarification dynamique pour envoyer un signal de prix pour inciter
les gens à s'inscrire dans un cadre de sobriété énergétique? Est-ce que c'est
une mesure que vous favorisez? Et, si tel n'est pas le cas, bien, quelles
autres mesures vous verriez que l'on puisse mettre en place pour inciter à la
sobriété énergétique tant pour les consommateurs résidentiels que pour les
consommateurs industriels et commerciaux?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bonjour,
Mme la ministre. Bonjour, messieurs, Mesdames les députés. Bien, déjà,
concernant la tarification dynamique, je me permettrai de dire que vous avez
eu, en commission parlementaire, l'Union des consommateurs notamment, ce matin
aussi, l'ACEF du Nord. Nos recommandations, à ce niveau-là, sont totalement
alignées avec eux autres. Il est clair que, pour nous, le... Mme Simard l'a
dit, il faut absolument que la transition énergétique soit juste socialement et
que... donc, il faut absolument que... notamment au niveau de la tarification
dynamique, à notre avis, l'industrie doit faire beaucoup plus sa juste part
qu'à l'heure actuelle. Ça, c'est une chose.
Concernant maintenant la sobriété, je
rappellerai qu'en termes de mesures de sobriété la transition énergétique n'est
pas juste une question de mégawatts à produire. C'est beaucoup plus large que
ça. La transition énergétique s'inscrit dans la transition écologique et
sociale que nous devons mener. Et, en ce sens, la manière dont on voit les
choses, c'est clairement que, tu sais, il faut consommer moins. Il n'y a pas
plus tard que la semaine dernière, RECYC-QUÉBEC, lui-même, disait que
l'économie du Québec va au-delà des limites planétaires. On consomme beaucoup
trop. De manière générale, je vous inviterais à... n'importe où vous posez
votre regard, à l'heure actuelle, il faut voir que chaque objet, c'est de la
matière qu'on a extrait de quelque part, qu'on a transformée et qu'on a
transportée. Si on veut travailler sur la sobriété énergétique, il faut
absolument travailler sur l'ensemble de cette chaîne-là et pas juste sur la
question de comment on produit de l'énergie et à partir de quoi. Il faut
vraiment chercher à réduire le plus possible notre consommation énergétique et
notre consommation de ressources naturelles. C'est la seule manière qu'on aura
de travailler la sobriété. D'autres organismes alliés avec nous, avant nous,
dans cette commission-là, ont nommé le transport, par exemple qu'il fallait
d'abord voir l'aménagement du territoire, développer les transports collectifs,
ensuite seulement électrifier l'auto solo, qui est vraiment le dernier maillon
de la chaîne à ce niveau-là. Le bâtiment, c'est pareil. Peut-être même que je
laisserai la parole à ma collègue Emmanuelle sur la question de l'efficacité
énergétique du bâtiment.
• (15 heures) •
Mme Rancourt (Emmanuelle) : O.K.
Je n'étais pas sûre si j'avais cliqué ou pas, si c'est automatique. Oui,
exactement, nous, c'est vraiment le point qu'on met de l'avant, c'est la sortie
du gaz naturel des bâtiments. Ça, ça passe bien sûr par la sobriété
énergétique, qui est une des solutions apprises à prioriser. Entre autres, on
peut penser à tout ce qui enveloppe du bâtiment. On prône à ce
qu'éventuellement toute nouvelle construction soit basée sur une empreinte
carbone zéro, ça passe... c'est ça, l'enveloppe, mais aussi tout ce qui est
accumulation de chaleur, tout ce qui est thermopompe, c'est des choses qui ont
été prouvées. Par exemple, thermopompe pour une... il y a une étude
d'écohabitation, je ne sais pas si vous connaissez, qui a montré, là, à travers
différentes études de différents types de bâtiments, que ça peut réduire
jusqu'à 17 % la facture énergétique. Juste de faire ce changement-là,
c'est beaucoup plus efficace que des plaintes classiques, qui sont encore
subventionnées par Hydro-Québec. Donc, on se pose la question : Pourquoi
est-ce que ce n'est pas plus mis de l'avant? C'est ça qui est la vraie
solution.
Mme Fréchette : Merci. M. le
Président, je vais céder la parole au collègue.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole au député de Dubuc. Vous
disposez donc de 12 minutes 25.
M. Tremblay : Merci. Bonjour.
Merci pour la contribution. On est au cœur d'un débat. J'aimerais mieux
comprendre. Dites-moi, est-ce que... Vous plaidez qu'il est... qu'il serait
pertinent de reculer, de réfléchir davantage, de consulter davantage. Votre
prédécesseur, éminent expert, mentionnait tout à l'heure qu'il y avait une
fenêtre d'opportunité, selon son expertise, il y a trois ans. Là, je me posais la
question. Si c'était pertinent il y a trois ans, c'est un peu de dire que c'est
encore plus pertinent aujourd'hui puis que d'entreprendre le chantier...
15 h (version non révisée)
M. Tremblay :...vous parlez de gestion énergétique de bâtiments. On a
reçu l'APCHQ qui ont signifié du potentiel à ce niveau-là, qui ont le goût de s'impliquer
au PGIR. On a parlé d'éolien, on a parlé de solaire. Le débat est polarisé, on
en convient. Maintenant, il a même été question de mettre un peu tout ça à l'abri
des aléas politiques et économiques, alors que le Québec, la conjoncture
internationale, est politique, est économique aussi. Et puis il y a des
conjonctures où il faille, je pense, accélérer certaines réflexions. Je dis
accélérer, mais ça veut aussi dire de s'impliquer collectivement. Et puis là,
on a plusieurs intervenants qui sont en train de vivre un exercice, là, qui est
démocratique selon ma lecture. Et puis j'ai fait mes devoirs, autant au cégep
qu'à l'université, au niveau de la définition de la redistribution équitable de
la richesse.
Moi, j'aimerais mieux comprendre, au
regard du potentiel qu'on nous a présenté de développement dans des régions, de
tout ce que ça peut amener comme avancées pour la société du Québec, je
comprends qu'il y a des irritants, qu'il y a des éléments qui se confrontent,
mais est-ce que vous reconnaissez... puis à quels égards que la démarche est
une opportunité? À mon sens, je pourrais même dire historique, mais je vais
dire, c'est une opportunité intéressante de poursuivre cette réflexion-là qui a
été amorcée, qui est en continuité avec la ministre, avec le gouvernement, avec
les oppositions, à la limite. Comment vous voyez un accostage en zone d'équilibre?
Mme Simard (Alice-Anne) : Bien,
écoutez, vous dite... L'expert qui nous a précédés a mentionné que la fenêtre d'opportunité
était il y a trois ans, moi, je vous dirais, la fenêtre d'opportunité, c'était
dans les années 70, quand les scientifiques nous ont dit qu'il fallait faire
une transition énergétique de notre économie, de notre société, parce qu'on s'en
allait vers le mur. Maintenant, nous, notre Québec et plusieurs, plusieurs
autres organisations de la société civile, ça fait plus d'un an et demi qu'on
demande au gouvernement du Québec un débat public large sur l'avenir
énergétique. Donc, le... Québec, au moins, ça fait déjà depuis un an et demi qu'il
le sait, que cette demande-là est faite. Et une commission parlementaire
particulière, des audiences particulières avec invitation, ce n'est pas un
débat large, public sur l'avenir énergétique, c'est trop important, ça implique
tout, ça implique tous les aspects de la société. Ça implique tellement le
quotidien des gens, vers où on s'en va, tout le monde ensemble. Ça ne peut pas
être seulement quelques jours d'audiences à l'Assemblée nationale qui peuvent
suffire pour remplacer un large débat public tel qu'on le demande depuis un an
et demi.
Donc, on est d'accord que oui, il faut aller
vite. Ce qu'on demande dans notre mémoire, comme plusieurs autres organisations
de la société civile, c'est qu'en premier, la première étape, c'est le PGIR c'est
le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques. Par la suite, c'est le
projet de loi qui devrait être remanié. Donc, pendant qu'on élabore le PGIR, c'est
là qu'on aurait l'opportunité de tenir ce débat public là, et on pourrait,
après ça, se pencher sur les aspects de gouvernance, finalement, qui sont au
cœur du projet de loi n° 69.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Si
je peux compléter ce que ma collègue vient de dire, pour nous, cette
commission-là ne constitue pas le débat public dont on a besoin au Québec pour
faire cette fameuse transition énergétique et cette transition écologique et sociale.
Par contre, pour nous, c'est clairement l'occasion de commencer la conversation
et c'est l'occasion de vous convaincre de la nécessité d'un tel débat. Oui,
tout ça est une question extrêmement complexe. Il y a des enjeux
environnementaux, il y a des enjeux sociaux, il y a des enjeux économiques.
Nous ne pouvons que vous inviter à embrasser cette complicité... cette
complexité en termes de gouvernement. Nous, on est prêts à avoir cette
conversation-là. Je pense qu'il y a énormément d'acteurs de la société civile
québécoise qui vous le demandent et qui sont prêts à avoir cette
conversation-là et qui sont prêts, justement, à essayer de trouver les chemins
de passage pour arriver à faire en sorte que la transition écologique et
sociale, qui est le le plus gros projet de société que le Québec peut se
donner, peut avoir, doit... peut être là, en tout cas. C'est vraiment ça, là.
Juste, moi, le message que j'ai envie de vous envoyer, c'est qu'on est prêts et
on est prêts à collaborer.
Mme Rancourt (Emmanuelle) : Je
fais juste rajouter aussi. C'est un débat qui implique des régions
administratives, des régions du Québec qui sont dans des situations très
différentes les unes des autres. Ça implique donc, vraiment, de se déplacer sur
le territoire pour être sûr que toutes ces personnes-là peuvent être entendues.
Je trouve... C'était juste un élément que je voulais rajouter. Mais on se fait
quand même contacter régulièrement par des groupes citoyens d'un peu partout
dans la province qui...
Mme Rancourt (Emmanuelle) : ...ne
veulent qu'être entendus. Et ils passent par nous parce qu'ils savent qu'on a
peut-être une tribune qui écoute un peu plus, mais même nous, on n'a pas été
invités, on a eu la gracieuseté d'être invités grâce à Nature Québec, là. Donc,
ça illustre quand même ce besoin-là.
M. Tremblay : O.k. O.k. Mais,
sans dire que je persiste, il y a... il y a une certaine effervescence, il y a
une fenêtre d'opportunité. Ce que j'ai l'impression d'en comprendre, à travers
une palette d'intervenants et de groupes, là, de différents horizons, avec des
opinions et des positions très, très diverses, c'est un peu comme si on
souhaitait que le gouvernement délègue l'agenda, alors qu'il est imputable
d'orienter le Québec vers un agenda. Puis là, alors qu'on en exercice
démocratique d'une commission qui est reconnue par l'État, par le Québec, un
processus additionnel de réflexion, est-ce que... est-ce qu'il ne nous
amènerait pas vers ce même point là, où on est aujourd'hui, au terme d'une
discussion très élargie? Vous comprenez? J'essaie de voir dans quelle mesure il
faudrait encore davantage aller plus loin dans la réflexion, alors qu'on est
actuellement en train de travailler. Voilà.
Le Président (M. Montigny) : ...
Mme Simard (Alice-Anne) : Premièrement,
il ne faut pas prêter d'intention, là. Il n'y a personne qui a mentionné qu'on
souhaite que le gouvernement délègue quelque agenda que ce soit, là. Ce n'est
pas le cas du tout, là. Ce qu'on dit, c'est qu'entre autres il y a des éléments
dans le projet de loi qui sont... qui n'ont jamais été présentés à la
population avant. Quand on parle notamment des possibilités de contrat gré à
gré, de... il y a plusieurs experts, expertes qui l'ont mentionné avant nous,
tu sais, une ouverture à une possible dénationalisation d'Hydro-Québec, ça n'a
jamais été présenté avant à la population. Ça n'a surtout pas été présenté dans
la... durant les élections, les dernières élections, finalement, de la part du
gouvernement qui est en... qui est au pouvoir en ce moment. Bref, c'est...
c'est tout nouveau. Il y a des... Il y a des changements majeurs qui sont...
qui sont présentés dans ce projet de loi là et qui ont été finalement... qu'il
n'y a pas eu ce débat-là qui a été fait. Et, en tout respect, cette institution
est importante. Une commission, c'est un exercice démocratique important, puis
on est d'accord. C'est pour ça qu'on y participe puis on y participe à
plusieurs commissions parlementaires. Mais pour nous, ce n'est pas suffisant,
pour la société civile, ce n'est pas suffisant. C'est trop gros, c'est trop
important, c'est majeur. C'est toute notre société, notre économie qui doit
être repensée. Ce n'est pas seulement une commission parlementaire qui peut
s'attaquer à cette tâche-là.
• (15 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Vous disposez donc de trois minutes
33 secondes.
M. Bernard : Merci. Merci, M.
le Président. Bonjour, Mesdames, merci d'être ici aujourd'hui.
Je vais y aller très rapidement parce que
vous venez juste d'aborder le sujet. Puis je reviens à votre recommandation
numéro neuf, qui s'inquiète, là, de la privatisation des actifs d'Hydro-Québec.
Puis je vais prendre en référence les propos que j'ai tenus hier avec d'autres
organismes. C'est comment considérez-vous les organismes, les entités
communautaires qui veulent faire soit la mise en place de barrages,
minibarrages hydroélectriques ou sinon des projets de nature éolienne? Considérez-vous
ça comme de la privatisation ou un outil, je vous dirais, de développement des
milieux? Parce que, dans chacune des régions, les gens veulent se prendre en
main, et particulièrement entre autres dans le cas du Témiscamingue, les
Premières Nations Anishnabe qui veulent devenir partenaires et avoir une
mainmise sur leur propre développement.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Oui.
C'est une question extrêmement intéressante. Je pense qu'on est... on n'est pas
forcément contre, effectivement, le fait que les régions puissent se prendre en
main jusqu'à une certaine mesure, grâce à des projets de développement
d'énergies renouvelables. Ceci dit, je pense que plusieurs de nos collègues, et
notamment le Front commun pour la transition énergétique avec son annexe sur la
privatisation en cours à travers le projet de p.l. 69, le montrent extrêmement
bien. Et M. Blain le disait aussi, on est face à un projet de loi qui est en ce
moment assez insidieux à ce niveau-là et qui est une forme dense de
dénationalisation en forme d'encerclement d'Hydro-Québec. Ça, là-dessus, pour
nous, c'est extrêmement clair. Et notamment, à travers la participation des
municipalités ou des communautés et ou des communautés autochtones, il faut
être clairs que, par exemple, après... Notamment, d'ailleurs, l'APNQL le dit
elle-même, elles auront des difficultés, les communautés, à être partenaires
financiers...
Mme Guyon (Anne-Céline) : ...des
projets, et donc devront aussi elles-mêmes se mettre en partenariat,
certainement avec des entreprises privées, etc. Et le projet de loi, à l'heure
actuelle, ne balise absolument pas le pourcentage que pourraient avoir ces
entreprises privées en partenariat avec des municipalités ou des communautés
autochtones. Et c'est... bien, forte chance qu'à un moment donné il y ait un
débasculement et rien ne les empêcherait de devenir actionnaire majoritaire,
par exemple, à un moment donné. Donc, tu sais, on voit, là, qu'il y a une porte
qui est ouverte et, croyez-moi, je ne me fais aucune illusion sur le fait que
la porte, elle sera traversée.
Le Président (M. Montigny) : M.
le député, il vous reste 50 secondes.
M. Bernard : O.K. Je vais
ramener le développement éolien. J'aurais revenu là-dessus, mais le
développement éolien, croyez-vous — puis j'ai vu votre mémoire aussi — qu'il
soit possible de faire du développement éolien, tout en préservant la
biodiversité?
Mme Simard (Alice-Anne) : Oui,
tout à fait. Et justement, l'important, c'est de s'assurer que les impacts
cumulatifs des projets soient analysés. Et c'est pour ça que ça prend un
organisme qui a une vue d'ensemble. Puis on a accueilli favorablement,
justement, qu'Hydro-Québec se lance dans cette... dans le développement de
cette filière-là, puis ça va nous permettre d'avoir une meilleure vue
d'ensemble. Donc, c'est possible. Évidemment, c'est des chemins, évidemment,
c'est de la dégradation, c'est de la fragmentation d'habitats, mais il y a possibilité
de le faire à des endroits qui sont moins névralgiques pour les espèces,
notamment sur les espèces menacées.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme Simard (Alice-Anne) :
L'important... tout ce qu'on se dit, c'est qu'il faut juste s'assurer que le
bien-fondé de ces projets-là existe réellement.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. Merci beaucoup. C'est maintenant le moment de céder la parole à
Mme la députée de Mille-Îles pour 10 min 24 s.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Merci, Mmes Simard, Guyon et Rancourt pour votre plaidoyer et
avec beaucoup de passion, d'ailleurs. Vous avez mentionné que vous demandez
depuis... clairement depuis 18 mois qu'il y ait un débat public. Je peux
vous dire que d'autres groupes sont venus nous dire qu'ils le demandent depuis
même plus longtemps que ça. Et nous-mêmes en avons fait une demande, là, de
tenir, notamment, une commission nationale itinérante. Donc, c'est quelque
chose, là, qu'on... si on l'avait fait au moment que tous ces groupes-là et
vous-même l'avez demandé, bien, on ne serait pas ici aujourd'hui et on serait
en train de préparer ce fameux plan de gestion que vous souhaitez faire avant.
Vous n'êtes pas les seuls non plus à l'avoir dit, là`, plusieurs groupes ont
dit qu'on était en train de faire les choses à l'envers. Donc, votre souhait,
si je comprends bien, là, c'est de suspendre le projet de loi n° 69,
de commencer par ce débat national, ensuite la planification et, par la suite,
revenir avec un projet de loi.
Mme Simard (Alice-Anne) : Oui.
Mme Dufour : C'est clair.
Excellent. Merci. Votre deuxième recommandation, elle, parle d'une sortie
graduelle des énergies fossiles. Quand vous entendez... bien, je ne sais pas si
vous avez pris connaissance des nouvelles dans les derniers jours, mais il y a
eu l'exemple des Forges de Sorel, qui est une entreprise d'ici, qui est à
Sorel, comme son nom le dit, et qui fait appel à des énergies fossiles et qui
souhaitent sans s'en départir, qui aimerait décarboner ses procédés. Parce que,
un, il y a un coût économique, là, cette entreprise-là est sur la bourse du
carbone. Et là, vous... tu sais, on apprend que, dans le fond, ça leur a été
refusé, cces mégawatts là qu'ils avaient besoin pour se décarboner. Ça, ça vous
dit quoi sur l'objectif, dans le fond, de l'octroi de nos mégawatts actuels?
Mme Simard (Alice-Anne) : Bien,
c'est comme on le disait, la priorité du projet de loi, puis ce qui semble être
la priorité en ce moment du gouvernement, c'est vraiment d'aller vers attirer
ici des entreprises pour développer encore plus le... Bon, faire du
développement industriel principalement, ça apporte toutes sortes d'enjeux. On
l'a vu dans le cas de Northvolt, pour ne pas le nommer, et que ça peut apporter
où est-ce que... O.K., on réserve des blocs finalement d'électricité pour ces
entreprises-là qui sont finalement sujettes aux aléas du marché, bien, il peut
arriver ce qui arrive présentement. Et pendant ce temps là, bien, évidemment,
des entreprises ici, au Québec, qui souhaitent décarboner, bien, doivent
trouver d'autres façons de le faire. Ça, c'est quelque chose qui est
déplorable. C'est pour ça qu'on mentionne que, notre électricité propre au
Québec, ici, c'est... elle est excessivement précieuse, elle fait l'envie de
plusieurs États dans le monde. Elle doit être utilisée en premier pour
décarboner notre économie, pour assurer l'avenir énergétique de notre
population et, par la suite, pour faire du développement industriel.
Mme Dufour : C'est clair. Quand
vous... pour vous, là, les blocs d'énergie qui ont été attribués à Northvolt
puis que, présentement, ne sont pas utilisés, est-ce que, pour vous, ça
contribue à décarboner le Québec, comme le mentionnait le ministre de
l'Environnement?
Mme Simard (Alice-Anne) : Présentement,
non, parce qu'il n'y a pas de projet qui... présentement, c'est mis un peu sur
la glace. Donc, présentement, non, ça ne contribue pas. Éventuellement, on le
souhaite, évidemment.
Mme Dufour : Mais si le
projet se réalise, est-ce que... Puis ça, c'est s'il se réalise, on est rendu
probablement...
Mme Dufour : ...2029 et
au-delà, est-ce que ça va quand même contribuer à décarboner le Québec, selon
vous?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Bien,
ça va... Encore une fois, c'est un projet, on le sait, qui... Tu sais, il n'y a
rien de dit que les batteries qui seront produites là seront utilisées au
Québec, déjà un. Deux, je pense qu'il faut être clair qu'on parle ici de GES
évités, mais pas de GES retirés. Donc, tu sais, il y a ça aussi, là. C'est
comme... On parle surtout de vouloir aider à l'échelle mondiale. Bien sûr,
évidemment, les GES n'ont pas de frontières, on s'entend, mais il y a quand
même une priorité. À un moment donné, il y a des limites à habiller Jacques...
à déshabiller Paul pour habiller Jacques, là. C'est un peu comme avec le
dossier gazier où on nous dit, par exemple, qu'on n'a pas assez d'électricité
pour aider les villes québécoises à sortir du gaz, et en même temps on est très
fiers de dire que New York va se départir du gaz grâce à notre
hydroélectricité. À un moment donné, il y a une question de cohérence et de
bonne gestion responsable de notre hydroélectricité.
Mme Dufour : Donc, c'est
incohérent. Ce serait incohérent, ce qu'on comprend, actuellement?
Mme Rancourt (Emmanuelle) : Puis,
si je pouvais juste ajouter aussi, on l'a mentionné tantôt, l'énergie qui coûte
la moins chère, c'est l'énergie pas consommée. Puis je regardais les passages
de certains de nos membres de la coalition plus tôt en commission, puis je
pense que c'était Mélanie Busby, du Front commun, justement, qui avait
mentionné tout l'enjeu, justement, à ces batteries-là qui vont être pour des
autos électriques. On peut se poser la question : Est-ce que les autos
électriques, c'est la panacée ou est-ce qu'on doit reréfléchir aussi à notre
système de transport, le transport en commun, le transport actif? Tout ça,
c'est des questions, justement, qu'on pourrait vraiment creuser davantage si on
prenait le temps d'avoir ce débat-là.
Mme Rizqy : Écoutez, je vous
entends très bien dans ce que vous venez de dire, mais, transport collectif,
vous comprendrez qu'aujourd'hui le gouvernement, et avec les citoyens, a voté
pour les conservateurs, alors, clairement, ils vont retirer le financement pour
le tramway, alors que nous sommes la seule capitale en Amérique du Nord avec
plus de 500 000 habitants sans transport collectif structurant. Il n'y a même
pas de question là-dessus.
Mme Dufour : Mais j'allais...
j'allais justement parler, parce que vous avez mentionné le transport
collectif. D'ailleurs, l'ancien ministre de l'Énergie et de l'Économie a fait
un plaidoyer pour la réduction du nombre de véhicules sur nos routes. Est-ce
que, selon vous, ça prend plus de transport collectif pour atteindre cet
objectif-là?
• (15 h 20) •
Mme Simard (Alice-Anne) : On
sort vraiment, là, d'un peu, là, de l'étude d'aujourd'hui, là, du projet de loi
n° 69. Donc, évidemment, ça prend plus de transport collectif, c'est
indéniable. Mais toutes ces questions-là, tous ces débats-là, tout ce manque de
cohérence, évidemment, c'est pour ça que c'est essentiel de prendre notre
temps, c'est pour ça, c'est essentiel d'analyser, de prendre... de prendre le
temps d'avoir le débat public et d'analyser, finalement, quelles sont les
ressources qu'on a actuellement, quel est le potentiel de ressources aussi
qu'on peut développer, et que notre territoire peut supporter, et que la
biodiversité peut supporter aussi. Et, maintenant, comment on distribue tellement
ces ressources-là énergétiques, pour quel usage, où est-ce que c'est le plus
pertinent, où est-ce que ça va nous permettre de décarboner l'économie, de
s'assurer que la population a de la... une sécurité énergétique? Et ça, c'est
par le plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, c'est par un débat
de société. Donc, toutes ces incohérences-là pourraient être réglées avec ça.
Et c'est pour ça qu'on dit : Les choses sont faites à l'envers
présentement. Il faut, par exemple, commencer par le PGIRE d'abord.
Mme Dufour : Oui, tout à
fait. Même si ce n'est pas le sujet, le transport collectif, reste que, quand
on lit que la ministre des Transports nous dit : Il y a plus d'argent pour
le transport collectif, et que, d'un autre côté, on nous... on est devant, ici,
des investissements majeurs, qu'on nous dit qu'on va avoir besoin d'investir et
de dépenser des milliards, des milliards, des milliards pour créer de l'énergie
qu'on a déjà vendue à des entreprises, qu'on est... ce n'est pas clair s'ils
vont nous permettre de nous décarboner ou de nous amener là où on a besoin, et
qu'on empêche des entreprises de chez nous de se décarboner. Il y a... Il y a
énormément d'incohérences. Donc, je comprends que le transport collectif, ce
n'est pas le sujet, mais il y a un lien malgré tout parce que c'est des vases
communicants. L'argent qu'on met pour créer des nouveaux kilowatts, bien, c'est
de l'argent qu'on... visiblement, on n'a pu pour le transport collectif.
Mme Simard (Alice-Anne) : Évidemment,
il y a des liens parce que l'énergie, elle est partout dans notre vie et dans
notre transport. Elle est là aussi dans nos bâtiments. Elle est là partout.
Le Président (M. Montigny) : ...
Mme Simard (Alice-Anne) :
Évidemment qu'il y a des liens très forts. Mais c'est pour ça qu'on demande le
débat public et surtout ça, qu'on... on veut s'assurer qu'avant tout on va vers
une réelle décarbonation de l'économie du Québec qui est en harmonie avec le
vivant, qui est au service aussi des ménages les plus défavorisés.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Chose
certaine, c'est que ça montre une chose, c'est que la question de la transition
énergétique, ce n'est pas juste une question de production d'énergie. Il faut
absolument travailler aussi sur l'aménagement du territoire, il faut travailler
sur la gestion de nos matières résiduelles, il faut travailler sur notre
agriculture, il faut travailler... Et c'est pour...
Mme Guyon (Anne-Céline) : ...aussi
que j'ose aussi dire, on n'a peut-être pas la... les organes de gouvernance
capables de, présentement, nous permettre cette interrelation entre les
différents sujets sur lesquels il faut agir.
Mme Dufour : Oui. Et
d'ailleurs vous mentionnez, dans votre rapport, c'est votre
recommandation 5, de subordonner le PGIR à la Loi sur la qualité de
l'environnement. Puis aussi, plus loin, de subordonner aussi à la
politique-cadre sur les changements climatiques. Actuellement, on est plutôt
sous l'impression que c'est l'inverse et donc que c'est le PGIR qui va dicter
nos nouveaux objectifs climatiques. Donc, voilà. Alors, ça, c'est la
compréhension, là?
Mme Simard (Alice-Anne) : Donc,
en fait, présentement, c'est la transition énergétique qui servira à la
transition socioéconomique, mais c'est le contraire, il faut voir quelle
transition socioéconomique on a besoin et utiliser finalement la transition
énergétique pour y arriver. Puis notamment, nous, c'est sûr qu'on déplore aussi
le fait que Transition énergétique Québec a été, là, réabsorbé au sein de l'appareil
gouvernemental. Pour nous, c'est clair que, pour s'assurer qu'on a une instance
indépendante de toute ingérence politique partisane ou tout intérêt privé, on
doit avoir... le mandat de la gouvernance du PGIR, finalement, devrait être
donné à un organe indépendant qui serait un peu comme le nouveau ancien
Transition énergétique Québec, là.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
Mme Dufour : Oui. Pour
diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, il faut aussi rapprocher nos
chaînes d'approvisionnement. On parle... vous avez parlé de l'alimentaire,
l'autonomie alimentaire. Quand on nous... on refuse des mégawatts à une
entreprise qui pourrait faire une serre et nous nourrir chez nous et avoir le
transport près, est-ce que ça aussi ça fait partie de l'incohérence du
gouvernement?
Le Président (M. Montigny) : 10 secondes.
Mme Simard (Alice-Anne) : Exactement.
Et ça fait partie, justement... ça montre bien, encore une fois, tous les
liens, comment que l'énergie fait partie de toute notre vie et pourquoi ça
prend une vision d'ensemble, là, pour tout ça.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Le temps est écoulé. Je cède maintenant la parole au député de Maurice Richard
pour 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup, Mesdames, pour vos éclairages. Vous, et d'ailleurs
plusieurs autres groupes, mais vous, vous l'avez fait avec beaucoup plus de
passion, vous nous avez parlé de l'importance de sobriété, efficacité, et,
ensuite, développement énergétique si on en a besoin. Est-ce qu'il y a des
articles que vous pouvez nous pointer dans ce projet-là? Puisqu'on comprend
qu'il y a plein d'articles pour le développement, est-ce qu'il y en a qui
feraient référence... justement, qui faciliteraient la question de la... ou
encadreraient la question de la sobriété ou de l'efficacité?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Présentement,
non, il n'y a pas d'article qui porte là-dessus. Au contraire, on voit très
bien, par exemple dans la mission... dans la mission du ministre, on voit que
le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie aura pour mission de
permettre le développement... excusez-moi, je retrouve la ligne
exactement : «Pour mission en matière d'énergie, d'assurer une gestion
responsable et intégrée des ressources énergétiques dans une perspective de
transition énergétique et de développement économique». On voit très bien, là,
qu'il y a vraiment... la manière dont est rédigé le projet de loi à l'heure
actuelle, on voit vraiment qu'on est sur produire et très peu de vocabulaire...
bien, pas du tout, en fait, de vocabulaire qui porte sur la sobriété. Puis j'ai
envie de vous dire : On nous parle d'efficacité dans ce projet de loi là,
ne confondons pas sobriété et efficacité, s'il vous plaît, ce qu'on a toujours
tendance à faire. Donc, évidemment, l'une participe à l'autre, mais il faut
vraiment qu'on fasse un travail de réduire notre consommation énergétique. Et,
à l'heure actuelle, on ne le fait pas du tout. Tu sais, puis on n'est pas les
seuls à le dire. En Europe, à l'heure actuelle, il existe plusieurs pays qui
sont en train de mettre en place des politiques énergétiques avec des cibles de
réduction. La France, par exemple, a une cible de 40 % de réduction, là.
M. Bouazzi : Et est-ce qu'on
est d'accord pour dire que ce n'est pas parce qu'on fait du développement de
nouvelles énergies qu'on baisse nos émissions de GES?
Mme Guyon (Anne-Céline) : Ah,
bien, complètement.
M. Bouazzi : Alors que si on
fait de l'efficacité ou de la sobriété, on est sûrs de baisser nos émissions de
GES. C'est quand même évidemment inquiétant que, sur les trois piliers, il en
manque deux. Et, sur le pilier qui reste, on ne l'encadre même pas pour
s'assurer qu'il baisse les GES.
Vous avez fait un plaidoyer au début pour
rappeler les enjeux, hein, qui sont les limites des capacités de la planète et
puis même l'avenir de notre genre humain, de notre existence même sur cette
planète. Comment vous voyez, vous, l'encadrement, justement, de la question de
la sobriété pour respecter les limites de la planète?
Mme Simard (Alice-Anne) : Mais,
déjà, c'est pour ça qu'on recommande. Juste qu'il y a... tant Hydro-Québec que
le ministère de l'Énergie, l'Économie, l'Innovation, bref, que la Régie de
l'énergie...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes...
Mme Simard (Alice-Anne) : ...au
cœur de leur mission déjà, puis que le gouvernement reconnaisse que la planète
a des limites et qu'on ne peut pas exploiter indéfiniment les ressources
naturelles, une croissance infinie est impossible et qu'on va être devant un
mur éventuellement. Donc, déjà, juste de le reconnaître, de l'inscrire au cœur
des missions et de se rappeler finalement qu'il y a des limites planétaires à
respecter, c'est le territoire du Québec qui va devoir être... on ne peut pas
forer partout pour avoir des minéraux critiques et stratégiques. Par exemple,
on ne peut pas avoir des éoliens partout....
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Simard (Alice-Anne) : ...on
ne peut pas avoir des lignes électriques partout.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon pour
3 min 38 s.
M. Paradis : Vous nous dites
que le projet de loi n° 69 fera injustement reposer
le coût du développement industriel sur les tarifs d'électricité, et donc vous
nous recommandez d'éviter de faire ce que le projet de loi fait, c'est-à-dire
de faire augmenter les tarifs résidentiels d'électricité.
Ensuite, vous nous dites que plusieurs
dispositions du projet de loi n° 69 pavent la voie à la privatisation puis la
production d'énergie, et vous nous dites, au contraire, qu'il faudrait que le
projet de loi reconnaisse que l'énergie, c'est un service public dont les
actifs sont stratégiques, ce qui ne devrait pas être confié au secteur privé.
Mais surtout, et c'est là-dessus que j'aimerais vous entendre, c'est que vous
nous dites : Sur ces questions-là, il n'y a pas eu de débat de société. On
étudie le projet de loi, puis on n'a pas discuté de ça. Mais vous savez que
vous êtes plusieurs à dire ça et que la ministre et le gouvernement va
dire : Bien, oui, mais l'été passé, il y a eu des consultations, parce
que, vous vous souvenez, il y a eu des consultations, là, et des questionnaires
qui ont été passés, puis là on va vous dire : Ces consultations
particulières, là, c'est un forum de débat public. C'est un peu l'échange que
vous aviez avec mon confrère de Dubuc.
Est-ce que... C'est quoi, la différence?
Qu'est-ce qui ferait que vous auriez un débat public? Vous, si on vous pose des
questions, parce que vous pouvez poser des questions à la ministre ou au
gouvernement... expliquez-nous c'est quoi avoir un véritable débat public puis
quels sont les impacts de ne pas en avoir un.
• (15 h 30) •
Mme Simard (Alice-Anne) : Bien,
il peut y avoir des consultations régionales qui sont... et on a vu dans
plusieurs autres projets de loi ou plan ou stratégie. Nous, on suit plusieurs
dossiers comme ça. Tu sais, dans le dossier caribou, par exemple, il y a eu des
consultations d'une commission indépendante qui a parcouru le Québec, qui a
pris en compte des considérations, des solutions mises de l'avant par les
partenaires régionaux. Bref, il peut y avoir des... ce type de consultation là,
au moins que les gens puissent se faire entendre, que les acteurs puissent se
faire entendre. Ça reste que c'est bien intéressant, on est choyés d'être ici
puis on est choyés d'être invités, mais ça reste une poignée d'acteurs de la société
civile qui ont la chance de venir s'exprimer en commission. Il faut aller plus
largement que ça.
Puis, pour revenir juste sur les tarifs,
ce que vous le mentionnez, c'est l'analyse mathématique est aussi simple.
Présentement, ça coûte environ 0,03 $ du kilowattheure pour produire de
l'électricité. Ça va en coûter 0,11 $ pour la nouvelle production. Il va
falloir éventuellement que quelqu'un paie ça quelque part. Puis ce n'est pas
Nature Québec qui le dit, c'est l'Union des consommateurs. Avec ce projet de
loi là, les factures résidentielles d'électricité pourraient doubler d'ici
2035.
Mme Guyon (Anne-Céline) : Moi,
j'ai juste envie de dire la création d'Hydro-Québec a façonné le Québec
d'aujourd'hui. Les décisions qu'on prendra aujourd'hui façonneront le Québec de
demain. C'est pour ça que ça prend un débat éclairé et public, parce que tout
le monde a son mot à dire. Les Québécois et les Québécoises doivent être
engagés autour de ce débat-là.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Alors, je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux pour quelques instants afin de permettre au prochain
groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 31)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 35)
Le Président (M. Montigny) : Nous
reprenons donc nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue à l'Alliance de
l'énergie de l'Est. Je vous rappelle que vous disposez donc de 10 minutes pour
votre exposé, puis nous procéderons par la suite à des échanges avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer
votre exposé dès maintenant.
M. Lagacé (Michel) : Merci, M.
le Président de la commission, Mme la ministre, distingués membres de la
commission, l'Alliance de l'énergie de l'Est tient à saluer le dépôt du projet
de loi n° 69 assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques par le gouvernement du Québec. Ce projet marque une
avancée cruciale dans la transition énergétique de notre province, une
transition que nous considérons comme l'un des plus grands défis de notre temps
et nous offre l'occasion de revoir en profondeur notre manière de consommer, de
produire de l'énergie afin d'atteindre les objectifs ambitieux de carboneutralité
d'ici 2050. Pour réussir cette transformation, il est impératif de renforcer
notre production d'énergies renouvelables, notamment en mobilisant les
municipalités, les MRC et les Premières Nations. Ces acteurs locaux doivent
être au cœur des décisions car leurs territoires seront directement impactés
par les projets de développement énergétique. Parallèlement, l'optimisation et
le renforcement des réseaux de transport électrique sont essentiels à la mise
en place de nouvelles infrastructures d'énergies renouvelables. Aujourd'hui,
nous avons l'opportunité d'amorcer un virage historique en matière d'énergie. C'est
pourquoi nous remercions la Commission de nous permettre de contribuer à ce
débat crucial pour l'avenir de nos régions et de notre société. Les
recommandations que nous soumettons aujourd'hui s'inscrivent dans cette vision
de développement énergétique régional. Elles visent à faciliter l'atteinte des
objectifs collectifs tout en répondant aux réalités spécifiques des territoires
de l'Est du Québec. Nos propositions s'articulent autour des quatre axes de
développement de l'Alliance soit le transport électrique, l'éolien, la petite
hydroélectricité et le solaire. Avant de commencer, permettez-moi de vous
présenter brièvement l'Alliance des énergies de l'Est. L'Alliance fut fondée en
2023, mais ses racines remontent à 2014. Elle est le fruit d'une initiative
régionale regroupant 209 communautés locales, 15 territoires de la MRC, la
communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine, de même que la Première Nation
Wolastoqiyik Wahsipekuk. Notre mission est simple et ambitieuse :
développer et exploiter des projets d'énergies renouvelables sur notre
territoire. Nous avons à cœur d'optimiser l'impact économique, social,
environnemental de ces projets en travaillant moins main dans la main avec les
promoteurs privés et Hydro-Québec. Par cette approche, nos collectivités
locales se réapproprient les projets énergétiques et s'assurent qu'ils
répondent à leurs besoins en termes d'acceptabilité sociale et d'intégration
harmonieuse dans leur développement... dans leur environnement, excusez. L'Alliance
joue aujourd'hui un rôle clé dans le secteur de l'éolien au Québec, avec des
partenariats de plus de 326 mégawatts en exploitation et de 1 400...
M. Lagacé (Michel) : ...26 mégawatts
en développement. Nous sommes reconnus pour notre leadership et notre capacité
à mobiliser les acteurs locaux autour d'une vision durable et innovante de
l'énergie. L'Alliance de l'énergie de l'Est a démontré le succès de son modèle
de partenariat égalitaire avec des producteurs privés dans la filière éolienne
avec ses 326 mégawatts de projets en opération. Les communautés membres
actionnaires, les 340 000 actionnaires
de l'Alliance ont généré plus de 80 millions de dollars de revenus
autonomes depuis 2016. L'Alliance incarne une réussite en matière de transition
énergétique juste et de réconciliation économique avec les Premières Nations.
Ces partenariats permettent d'allier l'expertise des promoteurs... producteurs
privés en développement éolien à la capacité de l'alliance à garantir
l'acceptabilité sociale des projets.
Un exemple marquant est le projet
Madawaska, d'une puissance de 278 mégawatts, développé avec Hydro-Québec
et EDF renouvelable, facilitant ainsi l'intégration d'Hydro-Québec dans le
secteur éolien. Ces collaborations ont permis de développer rapidement des
projets énergétiques compétitifs qui répondent aux besoins du Québec, tout en
maximisant les retombées économiques pour les communautés locales. C'est pourquoi
le gouvernement et Hydro-Québec ont favorisé cette approche dans les récents
appels d'offres d'approvisionnement en électricité.
L'alliance recommande vivement de
maintenir ces partenariats dans les futurs projets énergétiques et espère
appliquer l'expérience acquise dans l'éolien à d'autres filières d'énergies
renouvelables. Notre première recommandation concerne le plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques. Nous recommandons d'amender
l'article 14.3 de la Loi sur le ministère de l'Économieet de l'Innovation,
tel que proposé dans l'article quatre du projet de loi n° 69, afin d'y
inclure une obligation de consultation des municipalités et des Premières
Nations. En effet, ces acteurs doivent être pleinement intégrés à la
gouvernance des ressources énergétiques. Les régions doivent être directement
associées à la conception et la rédaction du plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques.
Pour ce faire, l'équipe chargée de la
préparation du PGIR, qu'elle soit politique, administrative ou hybride, devrait
aller en région pour discuter avec les préfets, les maires, les populations
locales et bien entendu les premières communautés, les communautés autochtones.
Il ne s'agit pas seulement de tenir compte des orientations et priorités des
différents milieux, il faut les associer directement aux discussions et aux
décisions.
• (15 h 40) •
La deuxième recommandation vise la
capacité d'exploiter une centrale hydroélectrique dans le cadre d'un
partenariat égalitaire. L'Alliance propose de modifier la loi sur les
compétences municipales pour permettre l'exploitation de centrales
hydroélectriques dans le cadre de partenariats égalitaires entre le secteur
privé et les collectivités locales. Tel qu'actuellement rédigée, la loi sur les
compétences municipales ne permet pas de transposer à la filière
hydroélectrique l'approche de partenariat égalitaire qui est privilégiée non
seulement par les membres de l'Alliance, mais également par les appels d'offres
d'approvisionnement en électricité d'Hydro-Québec depuis 2013, lesquels
favorisent la participation communautaire jusqu'à 50 % ou plus pour faire
suite au décret adopté en ce sens par le gouvernement du Québec.
Dans le cadre légal actuel, lorsqu'une
municipalité locale ou régionale souhaite exploiter une entreprise qui produit
de l'électricité au moyen d'une centrale hydroélectrique, les deuxièmes alinéas
des articles 17.1 et 111 de la Loi sur les compétences municipales exigent
aux municipalités de contrôler ladite entreprise. À cet égard, il est difficile
de justifier cette différence de traitement entre la filière hydroélectrique et
les filières de production de l'électricité provenant de d'autres sources
d'énergie renouvelable. Il est donc proposé de considérer un amendement de ces
alinéas afin d'accorder un partenariat égalitaire, une reconnaissance
équivalente au contrôle municipal.
La troisième recommandation vise
l'aliénation d'immeubles destinés à l'exploitation d'ouvrages hydroélectriques,
dont la puissance attribuable à la force hydraulique du domaine de l'État est
égale ou inférieure à 100 mégawatts. Cette volonté du gouvernement est en
phase avec le désir préalablement énoncé de l'Alliance et des communautés
locales visées de voir les installations hydro... hydrauliques de Métis un et deux
appartenant à Hydro-Québec production... d'être valorisées et, par le fait
même, redonner aux citoyens l'accès aux berges de la rivière métisse en aval de
la majestueuse chute du même nom.
Nous préconisons la mise en place d'un
calendrier de mise en œuvre spécifique pour les dispositions des
articles 116 à 119 du projet de loi. Cette recommandation est
particulièrement importante pour ce projet de valorisation des installations
hydroélectriques Métis un et deux. Ce calendrier permettrait à ces installations
de bénéficier des dispositions facilitant l'aliénation des immeubles concernés
et ainsi accélérer le processus de mise en valeur de ces infrastructures pour
le bénéfice de la transition énergétique.
Notre quatrième recommandation est un lien
avec la planification du réseau de transport. Depuis de nombreuses années, une
portion grandissante du territoire de l'alliance est affectée par une
congestion du réseau de transport qui limite grandement son développement
énergétique. De façon générale, le déploiement de projets d'énergie
renouvelable a été ralenti, voire...
M. Lagacé (Michel) : ...été
empêché par les nombreuses incertitudes entourant la possibilité de les
raccorder au réseau de transport. L'Alliance va donc d'un œil très favorable
l'élaboration d'une stratégie sur le transport qui tiendrait compte de son
grand potentiel énergétique, de ses capacités à répondre adéquatement aux
besoins de la transition énergétique québécoise.
Nous suggérons d'amender
l'article 85.1.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie pour inclure encore
une fois une obligation de consultation des municipalités, MRC et Premières
Nations. Il est crucial que les communautés locales aient leur mot à dire dans
la planification des infrastructures énergétiques, car ces projets auront un
impact direct sur leur quotidien. De plus, nous recommandons d'ajouter une
notion de révision périodique tous les six ans afin de s'assurer d'une
planification adaptée aux réalités en constante évolution.
Dans la même veine, nous proposons
d'amender l'article 85.1.2 pour que les informations sur les capacités de
raccordement au réseau de transport électrique soient rendues accessibles au
moins une fois par an. Une meilleure transparence dans l'accès à ces données
permettrait une planification plus efficiente des futurs projets énergétiques.
En conclusion, l'Alliance de l'énergie de
l'Est se tient prête à collaborer avec le gouvernement et les parties prenantes
pour faire avancer ces réformes essentielles. Nous croyons que le projet de loi
n° 69 constitue une opportunité unique de... de moderniser notre cadre
législatif en matière d'énergie et de mettre en place des conditions qui sont
propices à un développement durable et inclusif de nos ressources énergétiques.
Tout simplement pour illustrer, les projets
éoliens au Bas-Saint-Laurent, qui ont été mis en place, bien, il y a 80 %
de l'énergie produite par ces parcs-là, au Bas-Saint-Laurent, sont consommées
au Bas-Saint-Laurent. Il y a une étude qui a été faite par le FabRégion il y a
de cela deux ans. Et il y a aussi une réalité : plus de 50 % de
l'énergie qui est consommée au Bas-Saint-Laurent, ce sont des combustibles
fossiles, donc il y a encore matière à amélioration.
Nous tenons à vous remercier, M. le
Président, Mme la ministre, distingués membres de la commission, pour votre
écoute et votre engagement envers ce processus législatif. Ensemble, nous avons
la chance de tracer la voie vers un avenir énergétique plus vert, plus juste et
plus résilient. Merci.
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup, M. Lagacé, pour votre exposé. Alors, nous allons maintenant commencer
la période d'échange. Mme la ministre, vous disposez d'un temps de parole de
16 minutes 30 secondes.
Mme Fréchette : Oui. Merci,
M. le Président. Merci, M. Lagacé. Merci à vous quatre d'être des nôtres.
J'avais bien hâte de vous rencontrer parce que j'ai fréquemment entendu parler
de l'Alliance, soit de par mes collègues ou quand j'étais en Gaspésie
récemment. Vous êtes vraiment un cas d'exemple. Et quand vous dites qu'il faut
ouvrir la voie pour l'avenir de l'énergie au Québec, bien, vous, vous l'avez
déjà commencé, ce processus d'ouverture de la voie pour renouveler les
approches. Donc, mes félicitations, parce que vraiment, vous avez une approche
novatrice qui, manifestement, donne des belles retombées.
J'aimerais ça entendre parler d'ailleurs
davantage, là, des retombées que ça a pu générer pour votre... vos communautés,
en fait. Donc, vous avez parlé de 80 millions de dollars en retombées
depuis 2016. Comment ont été utilisés ces revenus-là? À quoi ça a servi? Est-ce
que c'est pour renforcer votre initiative de départ ou c'est pour
redistribution dans les communautés? Parlez-moi un peu de ces flux, là, des
retombées.
M. Lagacé (Michel) : Je dirais
que c'est propre, je dirais, à chaque territoire des MRC. Dans le cas des deux
régies qui composent l'Alliance de l'Est, 60 % des bénéfices sont versés
en faveur de la Régie de l'énergie du Bas-Saint-Laurent, qui regroupe les huit
territoires des MRC, la Première Nation... de même qu'on a mis en place, il y a
de cela quelques années, un fonds de développement régional pour soutenir des
initiatives régionales qui répondent aux besoins des Bas-Laurentiens. C'est le
cas... On fait en immigration notamment, donc en développement social, en
agroalimentaire, donc on fait des investissements colossaux. Dans le cas du
CRB, le fonds, il y a eu 5 millions en bénéfices éoliens qui ont été
transférés envers le CRB. Ça a permis de lever des ententes, notamment avec des
ministères du gouvernement du Québec, des ententes d'une valeur de plus de
50 millions de dollars. Donc, c'est clair que ça a un impact
intéressant.
Dans le cas de la MRC de Rivière-du-Loup,
on souhaite... on soutient notamment des organismes qui viennent en soutien à
des personnes qui vivent en contexte de vulnérabilité, des organismes
communautaires notamment. Donc, on soutient des initiatives territoriales. Puis
les communautés qui sont actionnaires, bien, reçoivent aussi des bénéfices qui
leur permet notamment de mieux, je dirais, répondre aux besoins citoyens. Je
pense à la ville de Rivière-du-Loup, qui, il y a de cela quelques années, a
appuyé un projet de développement du... à l'époque, on appelait ça les
commissions scolaires, et c'était... c'était un centre intérieur pour la
pratique du soccer, notamment, puis des activités liées... sportives. Donc, il
y a... ces sommes-là servent de...
M. Lagacé (Michel) : ...leviers
pour mieux répondre aux besoins des citoyens, puis je vous dirais que dans le
cas de la MRC de Rivière-du-Loup, durant la pandémie, on a utilisé beaucoup de
ces sommes-là pour assurer des messages de... pour favoriser une meilleure
contribution des citoyens aux objectifs de faire attention en lien avec les
mesures sanitaires. Donc, on s'en est beaucoup servi et on a travaillé de façon
très étroite avec le CISSS du Bas-Saint-Laurent pour... justement pour faire
percoler des messages. Notamment parce qu'il n'y avait plus d'école, il y avait
de l'inquiétude par rapport aux enfants qui pouvaient se retrouver dans des
contextes difficiles, donc il y avait des éléments de vigie qui ont été mis en
place entre les MRC, les municipalités locales et le CISSS du
Bas-Saint-Laurent.
Mme Fréchette : Intéressant.
Dans quelle mesure vous pensez que votre expérience à vous est transposable à
d'autres régions, là? Qu'a été le... la flamme de départ que... le détonateur,
là, qui a permis de mettre en place, là, tout ce que vous avez expliqué?
M. Lagacé (Michel) : Bien, je
dirais essentiellement que, lorsqu'il y a eu les premiers appels d'offres en...
des projets communautaires de moins de 25 mégawatts, il y avait eu des
discussions au Bas-Saint-Laurent sur : Est-ce qu'on fait des mises en
commun? Il n'y a pas eu... Il n'y a pas eu ce niveau d'adhésion là à ce
moment-là. Mais, en 2014, on a eu des discussions entre le Bas-Saint-Laurent et
la Gaspésie, en se disant : Est-ce qu'on se fait compétition entre nous ou
on s'entend, on fait des mises en commun au niveau des ressources, on va chercher
les ressources compétentes puis on fait une mise en commun pour diminuer les
risques via nos possibilités de financement? Puis on a eu une entente qui a été
intéressante entre les deux régions administratives, mais on a mis en
compétition nos partenaires privés. Donc, le gouvernement du Québec...
Hydro-Québec a eu des prix intéressants par l'entremise de la mise en
compétition des partenaires privés.
Dans le cas de la... du territoire de
l'alliance, en 2023, on a additionné les territoires de MRC de Montmagny,
L'Islet. Donc, aujourd'hui on couvre, de Montmagny aux Îles-de-la-Madeleine,
209 communautés. C'est vraiment cela, le... Dans le fond, aujourd'hui, peu
importe où est le projet, les communautés et les MRC actionnaires reçoivent un
bénéfice et reçoivent aussi une partie des redevances qui sont en lien avec la
mise en place de parcs éoliens. Donc, on a décidé de travailler ensemble, puis,
dans le cas du Bas-Saint-Laurent, on a une espèce de forme de péréquation où
chaque territoire de MRC prend un même risque et chaque territoire de MRC a
accès à un même bénéfice. Donc, la MRC des Basques, qui a 8 800 de
population, retire le même bénéfice que la MRC de Rimouski-Neigette, avec plus
de 50 000 citoyens.
• (15 h 50) •
Mme Fréchette : Qu'elle
participe ou non aux initiatives que vous mettez de l'avant, il y a un
bénéfice, une retombée qui est prévue, là?
M. Lagacé (Michel) : Oui. Ils
participent via le financement des projets...
Mme Fréchette : O.K.
M. Lagacé (Michel) : ...et
les bénéfices sont répartis de façon équitable.
Mme Fréchette : Répartis.
O.K., intéressant. Qu'est-ce que vous associez comme plus-value, comme
retombées quand la communauté... les communautés, les acteurs terrain, là,
participent à ces initiatives-là? Il y a une forme d'acceptabilité sociale qui
est intrinsèque, là, j'imagine, là.
M. Lagacé (Michel) : Oui,
tout à fait, tout à...
Mme Fréchette : Parlez-nous
un peu des retombées positives de cette approche-là.
M. Lagacé (Michel) : Tout à
fait. Il faut se rappeler de 2004. Il y avait eu le projet SkyPower, sur le
territoire de la MRC de Rivière-du-Loup, un projet qui avait été déposé en
l'absence de toute consultation avec les communautés locales, avec le
territoire de la MRC. Ça a fait école au Québec, il y a eu un BAPE qui a été
désastreux pour le projet, mais très instructif pour la MRC de Rivière-du-Loup
puis les partenaires publics. La population locale a bien vu qu'on avait
intérêt non pas à vendre notre territoire, mais à développer notre territoire,
ce qui a permis, à la suite, là, de développer un projet à la hauteur de la MRC
de Rivière-du-Loup, un projet communautaire de 24,6 mégawatts.
Mais il est clair que la... lorsqu'il y a
des projets qui ne se sont pas réalisés dans le passé, on pense à Sainte-Luce
ou SkyPower, dans la MRC de Rivière-du-Loup, c'est parce que ça s'était fait
derrière des portes closes, en l'absence de consultation avec les communautés
locales et avec les MRC. Aujourd'hui, l'actionnariat fait en sorte que chaque territoire
de MRC, chaque communauté locale reçoit un bénéfice intéressant qui lui permet
de mettre en place une réponse aux besoins citoyens, communauté par communauté,
territoire par territoire, puis, dans le cas de la première nation
Wolastoqiyik, là aussi, on a une collaboration extraordinaire avec la première
nation, parce qu'on a développé des arrimages qui nous permettent de mieux
travailler ensemble.
Mme Fréchette : Donc, pour
vous, la place du privé dans la production et les projets énergétiques, ça a sa
propre valeur, là, ça a des retombées intéressantes si ça concerne les
communautés, particulièrement?
M. Lagacé (Michel) : Je
dirais qu'on a développé... Vous savez, ça n'a pas été un passage facile, là.
Les premières années, quand le public s'avançait la tête, souventefois on se
faisait dire : Whoosh, whoosh! Mais les gens ont compris qu'un projet qui
se réalise amène des retombées économiques. Un projet qui ne se réalise pas en
l'absence de partenariats, bien, bien entendu, il n'y a pas de retombées
économiques, puis les sommes investies pour le développement, bien, elles sont
perdues. Ça fait que l'arrivée des partenaires publics dans l'actionnariat,
c'est intéressant. D'ailleurs, quand il y a eu l'appel d'offres...
M. Lagacé (Michel) : ...2021.
On a voulu aussi intéresser Hydro-Québec Développement. On a eu une entente
avec Hydro-Québec Développement. Hydro-Québec s'est virée dans sept semaines
pour nous offrir une réponse qui était quasi inimaginable au départ. Et donc,
dans sept semaines, ils sont arrivés à la conclusion qu'ils souhaitaient
embarquer dans l'actionnariat avec nous. C'est le projet que je parlais tantôt,
le projet Madawaska, tiers, tiers, tiers. Et c'est une façon intéressante
d'amener les expertises des uns et des autres, les publics que nous sommes par
rapport à l'acceptabilité sociale, mais l'intégration paysagère notamment,
parce qu'on a une préoccupation sur l'insertion, l'intégration paysagère.
Hydro-Québec, avec sa capacité, effectivement, financière... Mais, au-delà du
financement, c'est d'aller aussi à la rencontre des populations, le partenaire
privé en lien avec une connaissance technologique des éléments, turbines,
pales, les plus appropriés pour la mise en place d'un projet de parc éolien.
Mme Fréchette : Et comment
vous verriez qu'on doit organiser la consultation auprès des acteurs
municipaux, auprès des Premières Nations dans le cadre de l'élaboration du
PGIRE. Est-ce que votre expérience à vous, là, donnerait des... comment dire,
des leçons à tirer sur la bonne façon de s'y prendre pour le PGIRE?
M. Lagacé (Michel) : Bien,
c'est clair, comme on le disait tantôt, là, qu'il y ait des arrimages à la
hauteur des territoires de MRC avec les MRC concernées, avec les Premières
Nations. C'est sûr que ça, c'est... je dirais, c'est un passage nécessaire, je
vous dirais, même c'est un passage obligatoire, parce qu'on occupe nos régions,
on occupe nos territoires, on est présents dans nos territoires, on connaît les
sensibilités citoyennes. Puis ça... ça pourrait permettre effectivement d'avoir
des plans de gestion intégrée des ressources énergétiques qui pourraient mieux
répondre aux attentes du citoyen. Puis je dirais que, dans les dernières
années... Bien, les deux dernières années, ce qu'on a vu, c'est... encore une
fois, c'est la réaction citoyenne, parce que... devant l'inconnu. Devant
l'inconnu, des fois on en a... on est un peu plus hésitant. Donc, d'interpeler
les élus, les préfets, les préfectures, les maires, les conseils municipaux,
les... puis ils vont pouvoir aller à la rencontre de leurs citoyens, ça, je
pense que ça serait davantage gage de réussite puis ça... ça permettrait à tout
le monde de... d'identifier de quelle façon on peut se projeter par rapport au
développement énergétique sur notre territoire. Puis, comme je me plais à dire,
le développement des énergies renouvelables, ça ne peut pas être uniquement la
panacée d'une région, d'un territoire, ça doit concerner tous les Québécois.
Parce que la transition énergétique, ça concerne tout le monde. Puis, quand on
parle de diminution des gaz à effet de serre, bien, ça concerne tout le monde.
Puis, quand on voit ce qui s'est passé cet été, notamment dans le coin de Louiseville,
pratiquement en plein centre-ville industriel, quatre pieds d'eau, bien, ça
veut dire qu'il y a un dérèglement, puis la meilleure façon d'adresser le
dérèglement, bien, c'est de s'affranchir des combustibles fossiles, notamment.
La sobriété, l'efficacité énergétique, on en est aussi, on le souhaite, et,
dans nos milieux, on y travaille.
Mme Fréchette : Et j'imagine
qu'une fois que vous avez commencé à initier des projets, bien, ça a convaincu
d'autres communautés à proximité, adjacente, parce qu'ils ont vu les retombées,
puis ils se sont dit : Bien, nous aussi, finalement, on serait intéressés.
C'est comme ça... ça a pris de l'ampleur?
M. Lagacé (Michel) : Oui,
tout à fait, tout à fait. Il y a de cela quelques semaines, on était avec M.
Thériault à la MRC des Sources, où ils ont des projets d'énergie renouvelable.
Dans le cadre d'un forum citoyen élu, on a partagé l'expérience de l'Alliance
d'énergie de l'Est. Puis, le préfet nous rappelait que... il nous disait que ça
avait été une expérience intéressante pour la population locale, qui avait pu
voir que des... il pouvait y avoir des expériences positives au travers du
développement à des énergies renouvelables. Je dirais qu'on ne manque pas une
occasion. À toutes les fois où est-ce qu'il y a des gens qui nous interpellent,
appellent, on se déplace. On est généreux de notre présence. Parce qu'on pense
que le modèle qui est développé dans l'Est du Québec peut être aussi initié
ailleurs, en faveur des citoyens et des communautés. Parce que, je le répète,
quand tu utilises davantage l'énergie renouvelable, bien, tu t'affranchis des
combustibles fossiles.
Mme Fréchette : Oui. Merci.
Très inspirant, vraiment. Je vais céder la parole aux collègues, M. le
Président.
Le Président (M. Bernard) : Merci,
Mme la ministre. Je cède donc la parole au député de Masson. Vous disposez
d'une période de quatre minutes 45 secondes.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs. Merci d'être avec nous en commission. Je vais
aller avec votre recommandation numéro quatre à la page neuf de votre mémoire.
Vous venez de mentionner justement le fait que... attendez, je vais aller...
tourner à la bonne page. Vous venez de mentionner qu'au niveau du transport
puis de l'interconnexion au niveau de la distribution... Dans le fond, ce que
vous dites, c'est que vous êtes limités, présentement, vous avez de la
difficulté à pouvoir avoir de la prévisibilité sur les coûts d'interconnexion
puis vous n'avez pas la capacité... justement, nous étions à Rimouski
dernièrement, et... ont mentionné que tous les projets pour lesquels on
avait... on avait de l'appétit pour aller de l'avant avec des projets,
notamment en éoliens...
M. Lemay : ...bon, là, je
comprends que si vous ne savez pas comment ça peut coûter puis si vous êtes
capable de la distribuer sur le réseau, ça peut être problématique. Alors, vous
venez proposer, à votre recommandation numéro 4, de faire un amendement, à
l'article 58 du projet de loi, qui vise l'article 85.1.1 d'une autre loi, là,
justement, sur le transport d'électricité, par laquelle on doit soumettre à la
régie un plan d'approvisionnement. Dans le fond, c'est le distributeur
d'électricité qui doit soumettre ce plan d'approvisionnement. Est-ce que je
comprends votre amendement, ça serait d'intégrer le fait qu'il y a des
consultations du monde municipal, mais aussi des communautés autochtones? Donc,
s'il y avait ces... consultations-là, puis vous dites aussi même qu'il pourrait
y avoir une révision aux six ans pour être en phase avec d'autres articles du
projet de loi, ce que je comprends, est-ce que vous... Si vous aviez ces
consultations-là, c'est quels éléments que vous présenteriez dans le plan de
développement du réseau de transport d'électricité?
M. Thériault (Jean-François) : Bien,
merci pour la question. Donc, l'intervention des communautés dans la
planification du réseau de transport, c'est surtout en lien avec la capacité
d'exploiter les ressources naturelles du territoire, en toute connaissance de
cause, sur le développement et l'utilisation actuelle du territoire. Donc, par
la présence sur le territoire des différentes communautés, par les plans de
développement, les plans d'aménagement, on connaît bien l'utilisation qui en
est faite. On est capable tôt, dans le processus consultatif, d'identifier les
territoires qui sont propres à l'exploitation de la ressource plutôt que d'agir
a posteriori lorsqu'il y a un développement théorique qui serait prévu.
Donc, la consultation, la consultation
initiale permet ce partage de connaissances là sur la potentialité de
l'acceptabilité sociale d'une portion du territoire ou de la totalité de
celui-ci lorsqu'on est consulté.
M. Lemay : Donc, vous, vous
êtes... O.K. Puis, après ça, votre révision aux six ans pour être en cohérence
avec le PGIR.
• (16 heures) •
M. Thériault (Jean-François) : Bien,
donc l'utilisation du territoire, c'est un processus qui est évolutif. Donc, ce
qu'on connaît aujourd'hui de la façon qu'il est exploité, de la façon qu'il est
aménagé, est en constante évolution. Donc, ce qu'on dit, c'est qu'il faut
s'inscrire dans un processus itératif pour s'assurer que l'évolution de son
utilisation, son aménagement est transposé dans la planification du réseau, sil
y a des interventions à faire sur le territoire.
M. Lemay : O.K. Je comprends
qu'il reste 30 secondes environ.
Le Président (M. Bernard) : Une
minute, 13.
M. Lemay : Une minute, 13.
Bon, écoutez, au niveau du solaire et du stockage que vous venez de mentionner,
c'est que, si on faisait... si vous pouviez y aller, notamment pour les
communautés autochtones que vous avez sur votre territoire, ça pourrait être
intéressant. Est-ce que ça serait seulement pour les communautés autochtones,
ou vous pourriez l'utiliser aussi avec le stockage et le solaire ailleurs sur
votre territoire?
M. Durany (Gabriel) : C'est
sur l'ensemble du territoire. Merci pour la question. Le développement solaire
et le développement stockage pour nous, c'est dans notre terroir énergétique.
Parce que la question que vous posez, c'est toutes les régions vont avoir leur
terroir énergétique, leur réalité. Nous, dans notre réalité, la congestion de
réseaux, le fait d'être en bout de ligne, et tout ça, d'amener du solaire puis
du stockage, c'est vu comme une démarche de renforcement du réseau, ce qui ne
serait pas forcément la même réflexion à Montréal, tu sais. C'est quand on
parle de PGIR puis de plan de transport, de réaliser que la réalité régionale
va amener un regard différent sur les différentes technologies, puis une
utilisation différente sur le réseau aussi. Dans notre cas, c'est ouvert à tout
le monde. Puis nos partenaires autochtones, bien entendu, ont le même intérêt
que nos membres municipaux, là. Cette énergie-là, d'ailleurs, en Gaspésie, vous
savez peut-être qu'une des trois communautés de... micmaque a déployé un projet
solaire dans une des communautés, donc, c'est déjà en mouvement.
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Merci beaucoup. Le temps est écoulé. Je cède maintenant la parole...
excusez-moi, à l'opposition officielle, Mme la députée de Saint-Laurent, vous
disposez d'une période de 10 minutes, 24 secondes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, messieurs. Bienvenue à notre commission. Merci aussi
pour votre mémoire. Nous, on a eu, la semaine passée, des échos par rapport aux
Îles-de-la Madeleine, où est-ce qu'il y a eu un projet en partenariat
public-privé , où ça s'est fait dans le respect évidemment avec la population
locale, où est-ce que les gens ont été vraiment consultés pour l'implantation
de deux éoliennes? Ça s'est bien passé, c'est ce qu'on nous a rapporté. Vous
avez d'autres projets qui pourraient voir le jour, est-ce que c'est le même exemple
que vous aimeriez, un tiers la ville, un tiers qui est privé, puis un tiers,
Hydro-Québec? Ça, c'était dans le cas des Îles-de-la-Madeleine.
M. Lagacé (Michel) : Bien,
dans le cas des Îles-de-la Madeleine, tu pourras peu- être poursuivre tantôt,
Jean-François, mais dans le cas des Îles-de-la-Madeleine, ce qui est
intéressant, c'est quand on parle de transition énergétique, puis je disais
tantôt, d'affranchisssement des combustibles fossiles...
16 h (version non révisée)
M. Lagacé (Michel) : ...a
permis le retrait de 7 millions de litres de mazout. Donc, ça, c'est une
excellente nouvelle. Le prochain projet, qui s'appelle Grosse-Île pourrait
avoir des impacts aussi fort intéressants, mais en ce qui a trait à la
consultation populaire...
M. Thériault (Jean-François) :
Bien, les Îles-de-la-Madeleine, effectivement, c'est un projet qui a été
développé en collaboration avec la communauté maritime, la régie
intermunicipale était en Gaspésie à l'époque, et Hydro-Québec... parce qu'on a
identifié la potentialité du territoire, identifié le site, on a consulté... on
a rapidement constitué un comité de liaison pour aller à la consultation de la
population tôt dans le processus. Puis Hydro-Québec, dans ce projet-là, est un
partenaire qui n'est pas un partenaire à l'intérieur du projet, mais bien un
partenaire sur le territoire, parce que tout ça s'intègre avec le réseau isolé
des Îles-de-la-Madeleine. Mais le processus de consultation est demeuré.
Donc, les comités de liaison sont
hyperimportants et pertinents dans tout développement éolien. Puis l'expérience
vécue avec les Îles-de-la-Madeleine, entre autres, nous a permis d'adapter
cette démarche-là à l'ensemble de nos projets où on... Même lorsqu'il y a des
appels d'offres et les consultations publiques ne sont pas une disposition ou
une obligation dans les appels d'offres, on exige à nos partenaires d'aller à
la rencontre des populations. On accompagne nos partenaires dans ces
consultations-là, même pour des projets qui sont que des projets potentiels,
donc qui seront ultimement déposés aux appels d'offres pour s'assurer que les
populations ont été consultées, on recueille leurs commentaires. Ça fait
souvent évoluer les projets, ça fait aussi... ça porte réponse de toutes les
parties. Donc, on apprend beaucoup sur l'utilisation du territoire de cette
façon-là et les populations apprennent aussi beaucoup sur la façon qu'on veut mener
à bien les projets. Donc, les Îles-de-la-Madeleine a été un bon exemple de ce
processus consultatif là qui a été mis de l'avant.
Mme Rizqy : Et de façon plus
spécifique à ma question au niveau du partage, un départ, ce serait quoi l'idéal?
M. Thériault (Jean-François) : Bien,
effectivement. Donc, le projet, qui est un bon exemple, c'est le projet de
Madawaska qui a vu le jour à la suite de l'appel d'offres 2021-01, où,
effectivement on a un partenariat tiers-tiers-tiers avec l'alliance, le partenaire
privé qui est EDF Renouvelables et Hydro-Québec, où, comme M. Lagacé le
mentionnait, on trouve que chacun apporte à la table son niveau d'expertise et
sa plus-value. Et ce serait un... c'est un modèle, effectivement, qui serait
reproductible et efficace à notre... selon ce qu'on voit et selon l'expérience
qu'on vit présentement. Donc, c'est aussi encore là une belle école de mettre
un premier projet de l'avant, d'apprendre de ces expériences-là, mais,
effectivement, on trouverait un bon modèle pour la suite des choses, pour notre
territoire du moins.
Mme Rizqy : Là, on parlait de
l'éolien. Là, je vais aller dans une de vos recommandations au niveau des
barrages. Une exploitation d'une centrale hydroélectrique dans le cadre d'un
partenariat égalitaire entre le milieu local et le secteur privé. Présentement,
on a quand même plusieurs municipalités qui ont de la misère d'un point de vue
financier. Ce serait quoi, les garanties? Parce qu'exploiter un barrage
hydroélectrique, ça vient quand même avec un effort financier considérable.
M. Lagacé (Michel) : Bien, je
vais peut-être... dans le cas des projets éoliens, puis, après ça, je vais
aller vers les minis centrales. Le projet éolien, on en a, et je le disais
tantôt, pour 1 426 mégawatts. À 3 millions du mégawatt, c'est
4,2 milliards en investissements pour le 1 426 mégawatts. C'est
pour cela que, d'ailleurs, on est 16 territoires de MRC, la Première
Nation. On a décidé de faire une mise en commun de nos possibilités d'investissement.
Dans le cas d'une mini centrale, les
investissements sont beaucoup moins importants. Puis ce qu'on aime bien, nous,
c'est diminuer le risque. Diminuer le risque par justement un partenariat
égalitaire privée, publique, ça nous permet de diminuer les... On a la
certitude que ça diminue les risques pour les partenaires publics parce qu'effectivement
on n'a pas les connaissances requises en lien avec l'opération d'un barrage. On
n'a pas les connaissances requises non plus dans... même si on a beaucoup
développé dans les dernières années en lien avec l'opération d'un parc éolien,
mais la façon dont on voit les choses pour ce qui est des minis centrales, si
on souhaite effectivement qu'on puisse développer des projets de façon
égalitaire avec des partenaires privés... Puis pour le financement, le risque
financier, Jean-François.
M. Thériault (Jean-François) : Bien,
je dirais aussi... je rajouterais que les partenariats égalitaires, une des
choses que ça nous...
M. Thériault (Jean-François) : ...que
ça nous apporte, c'est qu'il y a un enlignement des intérêts avec les
partenaires. Donc, en ayant un partenariat 50/50, qu'il soit en
investissements et en droits de vote, on est assuré que les parties à la table
partagent les mêmes intérêts lors de la réalisation des projets. Contrairement
à une relation contractant/mandataire, si on était actionnaire à 100 %
d'un ouvrage puis qu'on devait faire faire le développement technique par
différents fournisseurs. Donc, le partenariat égalitaire permet cette
relation-là qui est saine puis qui est facile à mettre de l'avant.
Puis concernant l'implication financière,
bien, un projet hydraulique, pour nous, comme a été mentionné par
M. Lagacé, est d'une plus petite envergure, considérant qu'on a un
potentiel qui regroupe les 209 municipalités. Donc, c'est sûr qu'au sein
de l'alliance on voit les investissements avec une façon différente que lorsque
c'est une municipalité locale unique. Donc, la mise en commun des ressources
des 209 communautés, donc des 16 territoires de MRC de la Première
Nation, nous permet d'avoir une diversification des risques, entre autres, par
la diversification de notre portefeuille. Donc, on regarde maintenant toute
initiative qui pourrait apporter, là, une contribution à la transition
énergétique.
Mme Rizqy : Je vous entends,
mais je n'arrive pas à réconcilier la chose suivante : c'est que,
premièrement, le projet de loi veut... on augmente de 50 mégawatts à
100 mégawatts. La responsabilité de l'État, une de ses missions, c'est de
fournir de l'électricité à tous les Québécois. Vous, les municipalités, votre
mission, c'est d'offrir des services évidemment publics à vos concitoyens. Mais
le privé, leur principale fonction, un partenaire privé, c'est par définition
le rendement pour leurs actionnaires qui ne seront pas les citoyens. Alors,
c'est pour ça que je n'arrive pas à réconcilier les intérêts entre Hydro... Si
vous me dites un partenariat entre vous et Hydro-Québec, ça, je peux comprendre.
Vous puis les Premières Nations, ça aussi, je suis capable de comprendre. Mais
purement privé, je n'arrive pas à réconcilier, parce qu'automatiquement les
intérêts ne sont pas convergents.
• (16 h 10) •
M. Lagacé (Michel) : Bien, je
dirais que l'intérêt financier, il est convergent, là. L'intérêt financier, le
partenaire privé souhaite avoir un retour sur l'investissement de façon
importante. Les partenaires publics, on bénéficie aussi de ce retour là, de
cette volonté là d'aller chercher un maximum de bénéfice par rapport à
l'investissement effectué. C'est dans la même façon qu'on opère les parcs
éoliens. Les partenaires privés sont intéressés à avoir des bénéfices, nous
sommes intéressés à avoir des bénéfices, on travaille ensemble pour diminuer les
risques. Parce que, développer un parc éolien, il y a des risques, donc on doit
s'assurer de diminuer les risques de façon importante. D'ailleurs, s'il y en a
d'entre vous qui souhaitent venir éventuellement sur le territoire de
l'alliance, ça nous ferait plaisir de vous accueillir puis de vous parler
comment ça se vit au quotidien, le maillage, quand on parle de la mise en place
d'un parc éolien.
Mme Rizqy : Non, mais je suis
allé voir. Je suis allé voir sur le terrain. Moi j'étais vraiment... Je suis
allé, là, je... Là-dessus, je tiens à vous rassurer. Mais dans votre loi
constituante, qui est... une ville, évidemment ça a des pouvoirs qui sont
légiférés, mais aussi ce n'est pas... il n'y a pas... nulle part, je n'ai pas
trouvé nulle part le rendement, le profit, c'est vraiment il y a des services
qui doivent être donnés, puis évidemment vous avez des budgets à gérer. Mais
moi, ce qui m'inquiète, c'est parce qu'en ce moment, Hydro-Québec, c'est dans
ses obligations légales d'offrir ce service. Et là, des barrages
hydroélectriques, on ouvre la porte, pour la première fois depuis qu'on a
nationalisé, cette porte au privé. Alors, c'est pour ça que je n'arrive pas à
concilier. Si Hydro-Québec a cette obligation-là de rendre ce service, je ne
vois pas pourquoi qu'aujourd'hui on franchirait un pas depuis la
nationalisation depuis Jean Lesage, depuis Robert Bourassa, depuis René
Lévesque, d'aller à ce pas là, alors que les autres partenaires, par exemple,
dans l'éolien, ça a vraiment été avec les Premières Nations, ça a été avec des
MRC là-dessus, mais on n'a pas ouvert un secteur au niveau des barrages
électriques, les mini centrales, de dire : Parfait, on va, entre
guillemets, déresponsabiliser Hydro-Québec...
Le Président (M. Bernard) : 20 secondes.
Mme Rizqy : ...puis, avec un
partenariat privé. C'est pour ça que je n'arrive pas à réconcilier les intérêts
que vous dites, qui peuvent être convergents, parce que, par définition même,
eux, le privé va devoir répondre à des actionnaires et vous à des concitoyens.
Le Président (M. Bernard) : 7 secondes.
M. Lagacé (Michel) : Brièvement,
là, dans le cas des deux centrales, Mitis-I, Mitis-II, ça fait quelques années
qu'elles sont fermées, la population n'y a pas accès. La Première Nation
Wolastoqiyik qui a des... qui souhaite faire de la pêche au saumon, y a
difficilement accès. Le fait qu'on puisse remettre en...
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup, M. Lagacé. Désolé. Je cède maintenant la parole au deuxième
groupe d'opposition, le député de Maurice Richard, vous disposez de 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, monsieur....
M. Bouazzi : ...et
effectivement eu la chance de vous rencontrer lors de mes cinq jours de tournée
en Gaspésie, Bas-Saint-Laurent. Dans le système actuel, vous êtes , je pense,
ce qu'on peut faire de mieux. Tout le monde le dit. Vous mettez en concurrence
le privé plutôt que l'inverse. On a vu ce que ça a donné dans d'autres régions,
hein, Centre-du-Québec, Montérégie, Mauricie, en Estrie, où il y a eu toutes
sortes de problèmes. Vous pointez aussi du doigt quelque chose d'important,
c'est le manque de planification dans le réseau de transport et pas juste dans
la production. Parce que, dans votre cas, évidemment, l'acceptabilité sociale
au bout de 20 ans est vraiment là. Moi, je l'ai... je l'ai vu clairement.
Il y a même une fierté, hein, de concitoyens par rapport aux éoliennes. Mais le
réseau n'a pas été planifié, et donc en fait était saturé. On a été obligé de
faire des appels d'offres dans des endroits où il y a moins de vent, mais plus de
place dans le réseau de transport, et tous les problèmes d'acceptabilité
sociale qu'on a pu malheureusement voir dans la dernière année. Et donc,
là-dessus, vraiment bravo de montrer cette voie-là.
Sur la question de la place du privé,
comme vous le savez, nous, on pense qu'Hydro-Québec doit être maître d'oeuvre
et on pense que vous devez avoir des compensations du fait de vous, vous
retrouvez avec des éoliennes sur votre territoire. Et donc l'idée de garantir
des revenus sur le long terme, donc des contrats sur 20 ans, une éolienne,
typiquement, c'est 20 ans, si on pousse un peu, c'est 30 ans, pour
assurer les revenus et vous éviter justement des endettements colossaux qui
sont disproportionnés par rapport à vos budgets de MRC ou de villes, mais qui
sont possibles parce qu'Hydro-Québec prend tout le risque, évidemment à la
place du privé, puisqu'ils garantissent un prix différent, etc. Qu'est-ce que
vous pensez de ça? Est-ce qu'être partenaire avec Hydro-Québec serait une
mauvaise idée?
M. Lagacé (Michel) : Bien, je
dirais, d'abord de vous dire que les redevances, c'est à peu près 1 $. Et,
pour les bénéfices, c'est 7 $. Ça fait que se contenter du dollar,
lorsqu'on a la... lorsqu'on voit ces turbines-là arriver dans nos territoires,
alors qu'on pourrait aller chercher un 7 $ supplémentaire, bien, c'est
clair que c'est... 1 million par rapport à 7 millions, 8 millions au
total, au lieu de se contenter d'un, bien, c'est un peu ce que je vous avais
dit en août dernier, l'importance que les communautés et les territoires de la
MRC investissent, qu'il y ait un retour par rapport à l'investissement de façon
importante, puis ça permet de dégager des sommes importantes pour soutenir des
réponses aux demandes citoyennes. Ça fait que la... c'est clair que la... les
redevances, ce n'est certainement pas la voie de passage. Ce qu'on a besoin...
ce qu'on a demandé depuis tantôt, c'est des partenariats égalitaires. Des
partenariats égalitaires, ce n'est pas pour avoir des redevances, c'est pour
avoir un véritable actionnariat. On a vécu ça dans le passé, là, lors des
appels d'offres où il y avait de l'actionnariat de façade, où les communautés
locales se contentaient de miettes.
Le Président (M. Bernard) : 30 secondes.
M. Bouazzi : J'ai très peu de
temps. Ceci étant dit, quand vous vous endettez ou le privé s'endette, ou que
vous... et surtout le privé, parce que votre parti à vous, nous, on l'appuie,
là, mais que le privé se garde une cote, bien, c'est tous les citoyens, y
compris les vôtres, qui vont payer plus cher l'électricité. Ça fait que l'idée,
ça serait de trouver un mécanisme qui vous garde ça, qui vous enlève le risque
associé à des prêts disproportionnés par rapport à ce que vous avez, hein, qui
ne marchent que parce que c'est Hydro-Québec qui prend le risque, donc nous
tous qui prenons le risque, en fait, et de l'autre côté, garder la cote qui est
envoyée au privé, là, c'est ça que je pense qui répondrait à beaucoup de ce
qu'on a entendu jusqu'à date, là.
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup. Malheureusement, le temps est écoulé. Je cède maintenant la parole au
député de Jean-Talon pour une période de deux minutes 38 secondes.
M. Paradis : Qu'est-ce que
vous entendez par partenariat égalitaire? Qu'est-ce que ça veut dire, ça, en
termes de pouvoir décisionnel, de partage de la propriété des actifs?
M. Lagacé (Michel) : Bien,
partenaires égalitaires, lorsqu'on parle, exemple, de Nicolas Rioux, le parc
éolien Nicolas Rioux dans la MRC des Basques, et de Rimouski-Neigette, c'est un
partenariat égalitaire, la... on fait une véritable mise de fonds initiale à la
hauteur de 50 %, le... quand je dis 50 %, c'est 15 % par rapport
à l'endettement total, mais le privé fait la même chose, on est propriétaire
des actifs. Puis la... au conseil d'administration, les décisions se prennent
de façon, je dirais, commune. Le partenaire privé ne peut pas indiquer d'aller
à gauche si ce n'est pas dans l'intérêt des... du partenaire public. Donc, on a
des ressources qui nous accompagnent, notamment M. Thériault, dans des... dans
des conseils d'administration, pour s'assurer que les intérêts des partenaires
publics sont protégés et mis à l'avant.
M. Paradis : Vous avez
peut-être entendu que ce modèle, qui remporte beaucoup de succès de votre
alliance, c'est vu à la fois comme une...
M. Paradis : ...par les gens
localement de leur développement énergétique et donc de leur développement
économique. Puis d'autres, par contre, y voient une porte ouverte vers la
privatisation parce qu'il peut y avoir des participations majoritaires du
privé. Vous, est-ce que vous seriez prêts à ce que, quand on parle de
partenariats, on dise que les partenaires publics, Hydro-Québec, les
partenaires locaux comme les municipalités, sont majoritaires dans le pouvoir
décisionnel puis dans la propriété?
M. Lagacé (Michel) : Quand on
regarde le projet Madawaska, c'est un peu ça, là. On est tiers-tiers-tiers.
Donc... Puis je vous le dirais, là, que la... dans le projet Madawaska, c'est
nous qui avons couru après Hydro-Québec pour les amener à la table de
l'actionnariat. Puis on est fiers parce que la... Habituellement, on était sur
des partenariats égalitaires 50-50 avec des partenaires privés. En mai 2022, on
a sollicité les échanges...
Le Président (M. Bernard) : 30
secondes
M. Lagacé (Michel) : ...avec
Hydro-Québec, puis on a eu une réponse positive, et on a gagné un projet
tiers-tiers-tiers, puis c'est un beau projet.
M. Paradis : Donc, vous
dites : Ce modèle-là existe déjà. Dans son plan, Hydro-Québec... Dans
son... Dans sa stratégie de développement éolien, Hydro-Québec dit : Bien,
Hydro-Québec est maître d'oeuvre, mais ce n'est pas défini. Est-ce que, dans
les prochaines étapes de ce développement-là, on pourrait prévoir ça, on
pourrait encadrer de telle sorte qu'on dise : Le public est majoritaire
dans ces projets-là?
Le Président (M. Bernard) : Deux
secondes.
M. Lagacé (Michel) : Bien,
c'est ce qui se fait actuellement pour le projet sur la Côte-Nord avec la
Première Nation Pessamit, la MRC de Manicouagan et Innergex. Lorsqu'on
additionne le public, c'est-à-dire la MRC de Manicouagan avec la nation
Pessamit, ils sont majoritaires.
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Désolé de vous interrompre. Alors, je vous remercie beaucoup, aux représentants
de l'Alliance de l'énergie de l'Est, pour votre contribution aux travaux.
Maintenant, avant de conclure les
auditions, je procède au dépôt des mémoires des personnes et des organismes qui
n'ont pas été entendus lors des audiences publiques.
Je voudrais vous remercier, Mme la
ministre, tous les membres de la commission, pour la qualité de vos travaux. Je
remercie également le personnel de l'Assemblée et ceux de la commission
parlementaire.
Alors, la commission ayant accompli son
mandat, elle ajoute ses travaux au mardi 24 septembre à 9 h 45, où elle
entreprendra un nouveau mandat. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 20)