Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 18 septembre 2024
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Vol. 47 N° 26
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Montigny) : ...ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture et
des Pêcheries, de l'Énergie et des Ressources naturelles ouverte. Je vous
souhaite la bienvenue. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leur appareil électronique pour être certain
que nous ne serons pas dérangés.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives. Mme la
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Rivest (Côte-du-Sud) est remplacé par Mme Grondin, Argenteuil; M.
Fortin, Pontiac, par Mme Dufour, Mille-Îles; et Mme Zaga Mendez, Verdun par M.
Bouazzi, Maurice-Richard.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, ce matin, nous entendrons les organismes suivants : la
Centrale des syndicats du Québec et l'Association des distributeurs d'énergie
du Québec. Sans plus tarder, je vais débuter en souhaitant d'abord la bienvenue
à la Centrale des syndicats du Québec. Je vous rappelle que vous disposez donc
de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous procéderons par la suite à une
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc,
mesdames, à vous présenter, ainsi qu'à débuter votre allocution de 10 minutes.
Merci.
Mme Dionne (Anne) : Merci. M.
le Président, Mme la ministre, chers membres de la commission, merci de nous
accueillir en consultations particulières aujourd'hui. Mon nom est Anne Dionne.
Je suis vice-présidente à la Centrale des syndicats du Québec et je suis
accompagnée par ma collègue aujourd'hui, Dominique Bernier, conseillère en
environnement et Transition juste au service de l'action professionnelle et
sociale.
La CSQ représente plus de 225 000 membres,
dont environ 125 000 en... qui font partie du personnel d'éducation. Nous
sommes également à l'origine du mouvement ACT, anciennement EVB CSQ, qui se
retrouve dans plusieurs établissements des réseaux de l'éducation du Québec et
qui vise notamment à éduquer et à agir en faveur d'une réelle transition juste,
et ce, depuis plus de 30 ans. En tant qu'acteur social engagé de longue
date dans la défense des services publics et la promotion du bien commun, la
CSQ se sent hautement interpelée par les orientations envisagées par le
gouvernement pour l'avenir énergétique du Québec.
D'abord, permettez-moi de féliciter la
ministre pour sa nomination et l'informer de notre souhait sincère de
collaborer et d'alimenter la réflexion sur notre avenir énergétique. D'entrée
de jeu, nous voulons rappeler l'importance d'Hydro-Québec pour ce qu'elle
représente historiquement, mais également pour son rôle dans le développement
durable et équitable de notre société, son modèle fondé sur l'équité et la
justice tarifaire a permis de garantir aux Québécoises et aux Québécois des
tarifs parmi les plus bas en Amérique du Nord. De plus, ses revenus contribuent
massivement au financement de nos services publics, comme l'éducation et la
santé. Dans l'état actuel des réseaux, il nous apparaît très mal avisé de se
priver une fois de plus de tels revenus.
Malheureusement, le projet de loi, dans sa
forme actuelle, menace cette structure publique en facilitant une place accrue
pour le secteur privé dans la production énergétique et en causant une brèche
dans le monopole de la distribution. C'est pourquoi nous recommandons que le
gouvernement réaffirme...
Mme Dionne (Anne) : ...clairement
qu'Hydro-Québec est et doit demeurer une société d'État jouissant d'un monopole
sur la production et la distribution d'électricité, et qu'aucun développement
de ce secteur ne doit se faire sans sa gouvernance directe.
Nous assistons, depuis quelques décennies,
à une privatisation rampante de certaines parties de notre production
énergétique. Que ce soit avec les petites centrales hydroélectriques ou les
projets éoliens, nous nous éloignons de notre modèle de gestion centralisée. Le
privé représente actuellement déjà près de 17 % de la production
énergétique québécoise, et cette tendance risque de s'accélérer avec l'adoption
de ce projet de loi.
Faut-il rappeler que les profits
résultants de ces projets ne demeurent pas toujours au Québec? Les bénéfices à
long terme pour les collectivités locales sont souvent minimes. Cela engendre
de profondes divisions... divisions, pardon, au sein des communautés locales,
et surtout, cela érode peu à peu notre capacité de contrôler pleinement nos
ressources énergétiques.
Notre fleuron national doit être protégé.
Et tout nouveau projet de production d'électricité doit être réalisé
exclusivement par Hydro-Québec et, à terme, toutes les initiatives énergétiques
sous contrôle privé doivent être renationalisées.
Quant au cœur du projet de loi, qui, selon
le gouvernement, serait en droite ligne vers une décarbonation de notre
économie, force est de constater que le ministre a pris le problème à l'envers.
Et c'est ce qui est le plus troublant. Le gouvernement considère la transition
d'abord sous la lorgnette du développement économique, alors que l'urgence
climatique et les impératifs qu'elle entraîne nous commandent plutôt une
stratégie de sobriété énergétique.
En ce sens, le projet de loi, dans sa
forme actuelle, est déconnecté de l'urgence climatique à laquelle nous faisons
face. Il nous apparaît plutôt ancré dans une vision du XXe siècle, où la
production industrielle était favorisée à tout prix. En effet, dès le départ,
il met l'action sur la production accrue d'énergie sans une réelle réflexion
sur notre consommation énergétique. La réduction des gaz à effet de serre et
l'efficacité énergétique ne sont que des détails subordonnés à une politique de
gestion intégrée des ressources énergétiques qu'elle priorisera... pardon, qui,
elle, priorisera l'augmentation de la production.
Le Québec ne dispose toujours pas d'un
plan clair et chiffré en matière de décarbonation. En 2024, tout plan de
gestion intégrée des ressources énergétiques devrait être assujetti à un plan
ambitieux et chiffré visant la réduction des gaz à effet de serre.
Malheureusement, le projet de loi propose l'inverse.
Une autre inquiétude majeure concerne la
mission de la Régie de l'énergie modifiée substantiellement à
l'article 13. On y introduit la notion de maximisation des bénéfices,
notamment dans le secteur gazier, tout en supprimant des clauses qui incluaient
les préoccupations environnementales et sociales dans les décisions de la
régie. Cela témoigne d'une orientation vers une rentabilité à court terme,
déconnectée, encore une fois, de l'impératif de transition énergétique.
Ensuite, les articles 38, 116, 118
ouvrent la porte à une privatisation agressive de la production énergétique. Si
ces articles demeurent, nous risquons de voir les projets de production se
multiplier, risquant de déséquilibrer le marché énergétique du Québec,
d'alimenter la division au sein des communautés et de compromettre notre
souveraineté énergétique.
• (11 h 30) •
Oui, nous sommes inquiets, car tout
indique que ce projet entraînera, à terme, des hausses de tarifs qui serviront
à financer le développement industriel qui ne bénéficiera pas à la population.
À notre avis, ce projet de loi crée un dangereux déséquilibre qui favorise la
recherche de profits rapides au détriment de la durabilité environnementale et
de l'équité sociale.
Et c'est pourquoi la CSQ recommande que le
gouvernement suspende les travaux devant aboutir à l'adoption de ce projet de
loi et qu'il le rejette dans sa forme actuelle et qu'un processus de réforme
transparent soit lancé.
L'urgence climatique ne nous permet plus
de prioriser la croissance effrénée de la production énergétique. Il est temps
de miser sur une véritable transformation de notre consommation énergétique et
de notre mode de vie.
J'aborde maintenant un des aspects qui
transparaît en filigrane de ce projet de loi, l'ingérence croissante des
grandes entreprises et des lobbyistes privés dans la politique énergétique. Ce
phénomène n'est malheureusement pas unique au Québec, mais nous avons la
responsabilité d'y résister avec fermeté.
Nous observons aussi de plus en plus...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Dionne (Anne) : ...souvent
ce qu'on appelle le phénomène de va-et-vient public privé où des ex-dirigeants
d'Hydro-Québec ou de ministères deviennent des conseillers ou membres de C.A. d'entreprises
privées, et vice versa. Ce phénomène facilite le rapport d'influence de la
grande industrie sur les politiques publiques au détriment du bien commun. C'est
pourquoi nous recommandons que le gouvernement mette en place des mécanismes
visant à limiter au maximum l'influence que peuvent exercer les grands groupes
industriels et les grandes fortunes sur les politiques du Québec.
Enfin, abordons l'aspect démocratique à la
question énergétique. Une commission parlementaire sur invitation, où on est
amené à présenter très brièvement, et j'en suis essoufflée, notre analyse d'un
projet de loi complexe et très technique ne peut remplacer un véritable débat
de fond. Pourtant, des questions énergétiques sont par nature des enjeux de
société. Nous croyons fermement que l'avenir énergétique du Québec ne peut pas
être décidé dans des bureaux fermés ou par quelques personnes seulement. Il est
temps d'ouvrir un vaste débat public inclusif et transparent, où les citoyens,
citoyennes, experts, organismes, les représentants des Premières Nations
pourront véritablement participer à la définition de la transition énergétique.
Cet exercice de dialogue social n'est pas simplement une formalité. Il est la
condition sine qua non pour poser des bases solides d'une transition juste qui
reflète bien les valeurs et les aspirations de la population du Québec.
Pour conclure, M. le Président, je tiens à
souligner que le projet de loi n° 69 offre place le Québec sur une voie
dangereuse. Le modèle énergétique que propose cette loi n'est ni durable ni
équitable. En favorisant les intérêts privés et en affaiblissant le monopole d'Hydro-Québec,
ce projet de loi s'éloigne non seulement des besoins collectifs, mais...
actuels, mais aussi des impératifs climatiques urgents. Nous réitérons donc que
le gouvernement jette les bases d'un vaste exercice de dialogue social sur l'énergie
au Québec et que le résultat de cet exercice démocratique non partisan soit
utilisé pour établir le plan intégré de gestion des ressources énergétiques,
ainsi que les futures modifications législatives en matière d'énergie et de
transition juste. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons constituer un modèle
énergétique qui profitera non seulement aux citoyennes et citoyens d'aujourd'hui,
mais également aux générations futures. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Avant de débuter la période de... en fait, de dialogue avec les
membres de la commission, je voudrais juste valider quelque chose. On a besoin
de deux minutes additionnelles ou répartir le temps de façon équitable, là, on
a un petit enjeu de deux minutes. Est-ce que j'ai consentement pour prolonger
de deux minutes ce matin? On a consentement. Parfait. On va... on va prolonger
de deux minutes nos travaux. Maintenant, la période d'échange débute. Mme la
ministre, vous avez 16 minutes 30.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Alors, merci à vous, mesdames Dionne et Bernier. Merci de votre
participation à cet exercice de consultation, puis à venir nous présenter votre
vision. Vous avez abordé plusieurs thèmes, là, dans le cadre de votre
intervention. Je vais traiter quelques-uns d'entre eux, mais ce ne sera pas
exhaustif, là, mais je voudrais revenir sur le fait que le projet de loi,
notamment, réaffirme le rôle principal de la société d'État, là, Hydro-Québec, en
matière de production, de transport, de distribution d'électricité. Donc, il n'y
a rien dans le projet de loi qui vient changer le statut de la société d'État.
Je pense que c'est important de le rappeler.
Puis, du côté de la régie aussi, on ne
vient pas de diminuer le rôle de la régie, en fait, les modifications qui ont
été ciblées par vous, là, dans le cadre du... de votre... de votre mémoire sont
essentiellement des modifications de concordance aux différents règlements qui
sont en vigueur. Ça ne vient pas réduire, diminuer le pouvoir de la régie. En
fait, on vient même ajouter un élément dans la mission de la régie qui est en
lien avec la transition énergétique pour être en phase avec les défis qui nous
attendent, là.
Il y a... Il y a tout de même, bon, l'article 97,
là, qui modifie le seuil d'investissement à partir duquel une autorisation de
la régie va être nécessaire pour les projets en transport. Le seuil, en fait,
il est augmenté pour faire en sorte, là, de réduire les procédures, alléger,
bref, les démarches pour des investissements qui sont sous le nouveau seuil.
Donc, ce sera plus rapide. Donc, c'était dans un esprit d'agilité que l'on a
intégré cet article-là.
Et j'entends que vous demandez à ce que l'on
mise davantage sur l'efficacité puis la sobriété énergétique. Nous en sommes.
Maintenant, si on veut vraiment s'engager dans l'élimination des sources d'énergie...
Mme Fréchette : ...fossiles,
il nous apparaît que la sobriété énergétique ne sera pas suffisante, là, pour
arriver à notre objectif, globalement. Donc, il va falloir user d'autres
méthodes en plus de celle-là, mais je suis d'avis, également, qu'il faut miser
le plus possible sur la réduction énergétique. C'est ce qui nous coûte le moins
cher, ultimement.
Dans votre mémoire, vous... vous expliquez
en quoi, là... non, vous nous expliquez que vous voudriez que la vente
d'électricité de gré à gré soit reconsidérée... sur des terrains adjacents, là,
j'entends, parce que vous dites que ça pourrait compromettre la sécurité énergétique
du Québec. C'est quand même un risque assez fort que vous... que vous
mentionnez, que vous soulevez. Puis vous dites que ça pourrait avoir aussi un
effet, là, sur les tarifs d'électricité. Alors, j'aimerais vous entendre sur
quelle est la réelle nature du risque sur notre sécurité énergétique que vous
voyez dans la possibilité de vendre de l'électricité de gré à gré sur un
terrain adjacent, ce qui est quand même circonscrit, là.
Mme Bernier (Dominique) : Bon,
il y a... il y a plusieurs choses dans votre intervention. Premièrement, sur la
question de la mission d'Hydro-Québec et de la mission de la Régie de l'énergie
aussi, nous, on pense que les changements de... les changements sémantiques ne
sont pas sans impact, notamment. En fait, il y a vraiment des changements
importants. Notamment, dans la Loi sur la Régie de l'énergie, l'article 13, on
lui ajoute un rôle d'innovation et de maximisation des bénéfices. Ce n'est pas
anodin quand on vient retirer les notions, en fait, de la prise en compte de la
question environnementale et sociale dans les décisions de la régie. Pour nous,
c'est majeur, cette transformation, et même si on ajoute «transition
énergétique» à quelques endroits dans le projet de loi, cette notion-là n'est
pas définie par le gouvernement, encore, à part par le Plan pour une économie
verte, qui reste assez succinct, il n'y a pas de cibles précises, pour la
décarbonation, qui ont été fixées. Donc, selon nous, c'est... c'est très, très
inquiétant, cette question-là.
Même, sur la question d'Hydro-Québec, il y
a un changement à la mission aussi. Il y a vraiment un... Disons, le rôle
d'Hydro-Québec n'est plus de fournir de l'énergie, mais bien d'innover en
matière d'énergie, donc. Alors, est-ce que le rôle d'Hydro-Québec demeure
vraiment centré sur la fourniture d'électricité aux citoyennes et aux citoyens,
aux PME du Québec, aux entreprises, aux institutions, ou bien on veut innover,
on veut maximiser les bénéfices, en termes d'énergie, pour tout le monde? Ce
n'est pas clair pour nous. Et, en fait, notre analyse, et celles de plusieurs
autres experts qu'on a consultés, nous démontrent qu'il y a une porte ouverte
là, à cet endroit-là, qui permet, en fait, peut-être pas à ce gouvernement-ci,
mais à de futurs gouvernements... ils auraient toutes les... tous les outils
législatifs en main pour déstructurer notre société d'État.
Pour ce qui est de la sobriété
énergétique, il y a des experts, dans le domaine, qui ont fait des analyses
poussées et qui démontrent qu'il y a plusieurs dizaines de térawattheures qu'il
est possible de dégager en matière de sobriété énergétique. Donc, ce n'est
pas... c'est une grosse quantité d'énergie qui est disponible, puis les
mégawatts... les mégawatts qui ne sont pas consommés, en fait, sont la façon la
plus économique de fournir de l'énergie, la plus écologique aussi, mais celle,
aussi, qui crée le plus d'emplois, et les emplois les mieux répartis sur le
territoire du Québec. Donc, selon nous, c'est vers là qu'il faut aller, et,
pour ça, bien, ça prend un plan global, ça prend des... il faut réfléchir,
parce que, pour en arriver à une sobriété énergétique de cette ampleur-là, il
faut repenser le mode de vie de la population du Québec, dans son ensemble, il
faut... il faut repenser l'aménagement du territoire, notamment. Il faut... Tu
sais, il faut y réfléchir.
• (11 h 40) •
Donc, ça prend une analyse vraiment plus
en profondeur avant d'aller, selon nous, à des modifications législatives.
C'est pour ça qu'on met l'accent sur l'importance du débat public... un exercice
vraiment soutenu, de dialogue social, pour en arriver à avoir... à réfléchir à
la société carboneutre que l'on veut, comment on la... comment on l'imagine,
ensemble, comme... comme citoyennes et citoyens, cette société, qui devrait,
normalement, être très différente de celle qu'on connaît à l'heure actuelle.
Pour ce qui est des ententes de gré à gré,
de quelle façon, en fait, ça menace la sécurité énergétique, bien, c'est
simplement que ça ouvre la porte, ça ouvre une brèche dans le monopole de la
distribution. Pour nous, ce qu'on... ce qu'on... notre réflexion sur le sujet,
c'est que c'est un pied dans la porte de l'entreprise privée, dans le monopole
de la distribution, et on pense que ça va aller en se déstructurant. Les
projets comme ça, comme celui de TES Canada, qu'on donne en exemple, mais il y
en a... il y en a plusieurs autres qu'on pourrait... qu'on pourrait sans doute
nommer, ce sont des projets privés, tous les projets, aussi, de...
Mme Bernier (Dominique) : ...éolien,
la plupart d'entre eux, qui ont été faits dans les dernières décennies, ça
cause des divisions dans les communautés. Ça fait en sorte qu'en fait on éclate
un peu notre réseau public. On le... On le donne un peu à qui le veut bien par
petits morceaux. Et c'est ça, à terme, qui, pour nous, menace notre sécurité
énergétique. Ça s'est vu dans d'autres pays. Ce sont des stratégies connues
pour affaiblir un monopole d'État. Il y a même des livres sur le sujet qui sont
utilisés pour enseigner dans les grandes écoles de management aux futurs,
disons, dirigeants d'entreprise comment, un peu, s'attaquer aux réseaux publics
et les déstructurer pour finalement les privatiser. Donc, on ne s'attend pas à
une privatisation d'Hydro-Québec demain matin, mais on pense que cette
déstructuration ouvre la porte à une privatisation et risque d'aussi... En
fait, tous les outils législatifs vont être là pour un prochain gouvernement
qui voudrait le faire. Donc, c'est ça qui nous inquiète, pour nous. Je pense
que j'ai répondu.
Mme Fréchette : Merci. Dans
votre mémoire, vous mentionnez que les hausses de tarifs vont servir à financer
un développement industriel qui ne bénéficiera pas à la population. Or, quand
on regarde les projets industriels, là, qui sont en train de se développer, qui
sont planifiés pour le Québec, c'est quand même des projets, à la source, à la
base de création d'emplois bien rémunérés dans des secteurs stratégiques, dans
des créneaux d'avenir. Alors, quelque part, il me semble qu'il y a une
connexion entre le développement d'un certain nombre de projets industriels
portés par des PME, par des grandes entreprises et l'amélioration de la qualité
des emplois bien rémunérés dans des secteurs d'avenir. Donc, ça semble être,
comment dire, une résultante que vous ne reconnaissez pas, que les projets
industriels peuvent générer des conditions de travail intéressantes. Donc,
est-ce que c'est vraiment votre pensée ou c'est...
Mme Bernier (Dominique) : C'est
sûr qu'il y a des retombées économiques aux projets industriels. On en
convient. Mais selon nous, en fait, Hydro-Québec offre déjà des emplois très
bien rémunérés, de très bonnes conditions de travail. Donc, pourquoi ne pas
aller vers un développement, si un développement est nécessaire, ce qui reste à
démontrer... comment... comment... pourquoi ne pas aller avec ce qu'on possède
déjà, avec l'expertise qu'on a déjà en place, qui est sous l'égide du
gouvernement, qui est sous contrôle démocratique, pour développer ces
projets-là? Pour nous, en fait, la transition énergétique en soi, elle est
porteuse de plusieurs, en fait, emplois de grande qualité, elle est porteuse de
retombées économiques importantes, si on s'y met.
Cette transition-là, cela dit, elle ne
passe pas seulement par des projets industriels. Peut-être que certains seront
nécessaires. Mais notamment, la transition, ça passe beaucoup par la refonte de
notre modèle de transport. Donc toute la question du transport devrait être
incluse là-dedans. Et on verrait que c'est... il y a des études qui ont
démontré que c'est très, très payant, d'investir dans le transport collectif,
notamment, autant urbain qu'interurbain, dans l'efficacité énergétique. J'en ai
parlé tantôt, ce sont de très bons emplois, tout ça aussi. Puis dans le secteur
industriel, la grande industrie, il ne faut pas oublier aussi que c'est des
emplois essentiellement masculins. Est-ce qu'on peut réfléchir à une vision de
l'emploi, des bons... des emplois de qualité et du développement économique qui
incluent davantage les femmes? C'est un... C'est un élément qui, pour nous, qui
représentons près de 80 % de femmes, c'est un élément qu'on... qu'on
trouve important.
Mme Fréchette : Oui. Puis ça
contribue grandement aussi à la revitalisation ou à la vitalisation de
plusieurs des régions du Québec. Donc, ça, je pense que c'est un vecteur de
création de richesse, de création d'emplois bien rémunérés, qui, j'en conviens,
parfois, sont très masculins. Donc, je pense qu'on a tout intérêt effectivement
à féminiser un certain nombre d'emplois. J'en suis. Et on va travailler
là-dessus. Mais je pense qu'il faut voir les choses d'une manière très
constructive par rapport à ces projets industriels et à la qualité des emplois
qu'on déploie au Québec.
Vous mettez beaucoup d'accent, donc, sur
la sobriété énergétique, là, j'y faisais référence au début, ce qui est un
vecteur très important. Pensez-vous qu'on devrait fixer les tarifs de manière à
encourager la sobriété énergétique? Parce que plusieurs viennent nous dire
qu'il doit y avoir un signal de prix pour les consommateurs pour changer
ultimement les comportements. Est-ce que c'est quelque chose que vous endossez?
Quel est votre point de vue là-dessus?
Mme Bernier (Dominique) : En
fait, nous, on est... on s'oppose aux hausses de tarifs parce que c'est un
moyen régressif, en fait, d'agir. Ça pénalise injustement les plus démunis, et
pas seulement les plus démunis, mais aussi les familles nombreuses par...
Mme Bernier (Dominique) : ...exemple
où les gens qui sont locataires et qui n'ont pas les moyens de... qui habitent
dans des logements plus ou moins bien isolés et qui n'ont pas la capacité de
changer quoi que ce soit à leur situation. Donc, selon nous, les tarifs, ce
n'est pas une bonne façon de s'assurer d'agir sur la consommation, mais il y a
d'autres types... Il y a toutes sortes d'organisations qui réfléchissent à des
moyens plus constructifs, en fait, et aussi très efficaces, là, de travailler à
réduire la consommation. Parce que c'est vrai qu'il y a un gaspillage, dans
certains cas, mais c'est dur d'évaluer, par exemple, entre une maison, une
«monster house», là, excusez-moi l'expression, qui aurait un garage chauffé, un
spa, etc., et puis une famille de huit qui habite dans un logement mal isolé.
Ils peuvent consommer la même quantité d'énergie, mais, d'un côté, il y a du
gaspillage, alors que, de l'autre, non. Tout ça est difficile à évaluer. Donc,
ça prend, je pense, une... il faut être créatif pour réduire la consommation
des particuliers. Ce n'est pas nécessairement là qu'on doit s'attaquer en
premier, selon nous.
Mme Fréchette : Oui. De notre
côté, on considère aussi qu'il y a un contrat social, au Québec, entre les
citoyens puis Hydro-Québec... puis faire en sorte qu'on mise sur cette richesse
qui est, notamment, l'hydroélectricité, les différentes sources d'énergies
renouvelables et les Québécois. Il faut faire en sorte de faire fructifier
cette richesse-là au bénéfice des Québécois et avec un maximum d'augmentation
de 3 %. Donc, là-dessus, je vais céder la parole au collègue, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Vous disposez de 3 minutes, M. le député.
M. Bernard : Trois minutes.
Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Merci d'être ici, en commission
parlementaire, aujourd'hui. Je vais me permettre un petit commentaire. J'aime
Hydro-Québec, O.K., mais quand on parle des retombées dans les régions, juste
pour vous dire, à l'époque, à Rouyn-Noranda, on avait des directeurs régionaux,
on avait la gestion de la grande rivière, les postes de direction étaient là,
puis il y avait une présence dans la communauté. Tous ces postes-là ont été
ramenés à Montréal. Actuellement, avec nos collègues des régions, on se bat
pour les systèmes de conduite du réseau parce qu'ils veulent prendre les postes
dans les régions puis les ramener dans ceux de la province. Donc, oui, ils sont
là, mais il faut qu'on se batte, dans les régions, pour maintenir les emplois
de qualité dont vous parlez puis les garder en région, O.K.? Ça fait que ça, si
vous pouvez nous aider là-dessus, ça va être parfait.
Votre recommandation 2, O.K., vous parlez
beaucoup de privatisation, puis, entre autres, au niveau des projets éoliens
puis des minicentrales. Depuis qu'on a commencé les consultations, les gens
sont vraiment... il y a une approche, je vous dirais, de projets
communautaires, puis on a encore parlé hier... puis ce sont des projets qui
sont bénéfiques pour les régions. Je concède avec vous que, quand la filière
éolienne a été mise en place, à l'époque... j'étais là, que ça s'est fait
vraiment un peu cahin-caha, puis on a laissé les promoteurs intervenir avec les
gens, mais, maintenant, Hydro-Québec a un plan, veut être plus, entre autres,
au niveau éolien... d'être vraiment impliqué dans les prises de décisions puis,
je suis d'accord avec vous, avoir une parité pour dire... puis qu'il y ait une
relation de force avec les communautés. Alors, vous parlez des projets privés.
Quelle est votre position pour les projets communautaires, comme on voit, par
exemple, en Gaspésie et partout, puis qu'on veut avoir dans ma région pour le
bénéfice des régions et fournir des sources d'énergies renouvelables à
Hydro-Québec puis aux gens de la population?
Le Président (M. Montigny) : 50
secondes.
• (11 h 50) •
Mme Bernier (Dominique) : Selon
nous... on n'est pas... on n'est pas contre les projets communautaires et on
pense que le développement des régions doit passer par ce type de projet là.
Cela dit, ça doit rester sous le contrôle d'Hydro-Québec. Les promoteurs
privés, selon nous, n'ont pas leur place dans ce dossier-là. Selon nous, ça
doit être fait par Hydro-Québec, en collaboration avec les communautés
concernées.
Le Président (M. Montigny) : Pour
30 secondes.
M. Bernard : Bien, je
pourrais vous donner des exemples, quand même, O.K., les projets de
cogénération. Les entreprises, entre autres, forestières font de la cogénération.
Le client, c'est Hydro-Québec, pour distribuer à la population. Je pense que
c'est bénéfique puis c'est une source d'énergie qu'on a là. Êtes-vous contre ce
genre de développement là, quand même qu'il reste de la gestion par
Hydro-Québec?
Le Président (M. Montigny) : En
7 secondes.
Mme Bernier (Dominique) : On
veut juste qu'Hydro-Québec soit maître d'oeuvre.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Alors, merci beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole à Mme la députée
de Saint-Laurent. Vous disposez donc de 10 min 24 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, Mme Dionne et Mme Bernier. Merci d'être présentes
avec nous ici et merci aussi pour votre mémoire. Juste peut-être pour situer le
propos. La CSQ, tantôt, vous avez dit que vous représentez 225 000 employés...
Mme Rizqy : ...pouvez-vous
nous donner le portrait, femmes, les salaires, environ?
Mme Dionne (Anne) : Oui,
certainement. Donc, comme on disait, il y a près de 125 000. Une bonne
part de notre... de notre membership est dans l'éducation, 80 % de femmes,
30 % de 35 ans et moins, des jeunes travailleurs, donc... Puis on est
partout dans la région... dans les régions, notamment en éducation, mais aussi
en santé et en services sociaux.
Mme Rizqy : Dites-moi, je ne
sais pas si vous vous rappelez, il y a quelques années à peine, en 2020, on
nous disait qu'il y avait des surplus. Le gouvernement est allé voir les
Américains, après trois semaines après avoir signé ce fameux... pour reprendre
l'expression du premier ministre, un deal, il a vendu, je pense, qu'est-ce
qu'il n'avait pas. Puis est revenu. Trois semaines plus tard, on nous a
dit : Ah! il n'y a plus d'énergie, il faut en faire. Et là, tout à coup,
on nous dit : Il faut aller vite, très, très, très vite parce qu'on risque
d'en manquer. Et là, on apprend que les nouveaux mégawatts qui vont arriver,
c'est autour de 12 cents le kilowattheure. Est-ce que ça, c'est une bonne
planification? Ou est-ce qu'il y a danger qu'on nous refile, à nous, les
citoyens, mais aussi les membres que vous représentez, 80 % femmes, qu'on
nous refile la facture?
Mme Bernier (Dominique) : C'est
ce qu'on pense. Pour nous, c'est une façon de socialiser les risques et
privatiser les profits, essentiellement. Donc effectivement, notre bloc
patrimonial qui nous... qui est un héritage qu'on a depuis les années 60,
70, qui nous permet d'avoir de l'électricité à faible coût, toute nouvelle
construction, nécessairement, coûte plus cher du kilowattheure, donc c'est un
mauvais... un mauvais plan pour nous que de ne pas rapatrier, en fait, toute
cette énergie-là pour le bénéfice des Québécoises et des Québécois, et de
plutôt miser sur des nouvelles constructions. C'est sûr que ça va peut-être en
prendre, mais pour nous, l'analyse nécessite d'être faite en profondeur.
Mme Rizqy : Dites-moi, parce
que j'avais entendu M. Pierre Fitzgibbon qui disait : Bien, c'est correct,
là, vous partirez votre lave-vaisselle la nuit, vous, vos membres, il y en a
que... j'imagine, qui sont en appartement, que ce n'est pas elles... je vais me
permettre de féminiser mes questions, ce ne sont pas elles qui décident si oui
ou non le propriétaire va faire les rénovations et quand est-ce qu'il va les
faire? Il est possible aussi qu'il chauffe l'extérieur, pas parce qu'elles ont
décidé de le faire, c'est parce qu'elles sont prises avec un logement qui est
le seul disponible, n'est-ce pas?
Mme Dionne (Anne) : Quand il
est disponible effectivement.
Mme Rizqy : Exactement. On
s'entend tous là-dessus, je pense, de ce côté-ci de la Chambre.
Mme Dionne (Anne) : De là
l'importance pour nous de la justice sociale puis de s'assurer d'avoir une
équité à travers tout le système.
Mme Rizqy : Nous, on a
demandé d'avoir une commission itinérante pour aller voir le monde sur le
terrain, parce qu'on s'est dit c'est quand même majeur, le projet de loi. Mais
ça nous a été refusé. J'ai écouté attentivement les propos de M. Pierre
Fitzgibbon lorsqu'il était à La joute avec M. Paul Larocque, la journée où
est-ce qu'il s'est fait démissionner par le gouvernement. Il a dit, je vais le
paraphraser, si vous me le permettez : Ce n'est pas tant qu'est-ce qu'il y
a dans le projet de loi, ces autres discussions qui sont... qui n'ont pas
encore eu lieu, mais qui s'en viennent, que ça, ça peut peut-être accrocher,
mais on n'a pas encore fait les discussions, mais ça s'en vient. Donc, est-ce
que ce projet de loi peut être un cheval de Troie, si on écoute attentivement
les propos de M. Pierre Fitzgibbon?
Mme Bernier (Dominique) : C'est
notre impression. C'est notre impression, parce que le projet de loi,
notamment, en faisant monter le nombre de kilowattheures pour les minicentrales
de 50 à 100, rend, en fait, ces infrastructures-là beaucoup plus attractives.
Et certains articles de loi analysés par des avocats montrent clairement qu'il
y a... il y a une facilité, il y a une brèche pour la vente, en fait. Disons,
Hydro-Québec a la possibilité d'aliéner ses infrastructures qui ne servent
plus, ne servant plus, ce n'est pas nécessairement défini. Donc on peut décider
que ça ne sert plus demain matin. Ici, on jumelle ça au projet de loi
n° 62, qui a été déposé au printemps et qui facilite un petit peu, disons,
la prise en charge d'infrastructures publiques par des partenariats
public-privé qui sont renommés mais qui sont... qui demeurent des partenariats
public-privé pour nous. C'est pour ça qu'on dit que les outils législatifs sont
tous en place pour une privatisation accrue de nos infrastructures. Et ça vous
inquiète beaucoup.
Mme Rizqy : Parmi vos
membres, est-ce qu'il y a quelqu'un qui croit le gouvernement lorsqu'il dit
qu'il n'y en aura pas de hausses, tout va bien aller, on va investir des
milliards de dollars, inquiétez-vous pas, il n'y aura pas de hausses, malgré
que le projet de loi inscrit noir sur blanc qu'il y a un fonds pour aider
financièrement le secteur résidentiel? Il y a-tu quelqu'un... Avez-vous trouvé
quelqu'un qui y croit...
Mme Dionne (Anne) : ...bien,
en fait, j'ajouterais... on a précisé qu'il n'y aurait pas de hausse pendant
que le premier ministre serait au pouvoir.
Mme Rizqy : En plus...
Mme Dionne (Anne) : ...ce
qu'on s'est dit, donc en partant, est-ce que ça se limite dans le temps? Est-ce
que c'est une façon d'indiquer à la population... d'être transparent ou en tout
cas d'essayer d'être transparent, de dire : Bien, quand ça ne sera plus
moi, bien là ça va monter? Et c'est de là, c'est sûr qu'avec tout ce qui s'est
dit, avec tout ce qu'on a vu autour de cet... de ce projet de loi là et la
démission du ministre, avec les pourparlers qu'on a pu voir dans les médias...
c'est sûr qu'il y a des doutes plus que raisonnables dans la tête de nos
membres.
Mme Bernier (Dominique) : Peut-être
pour compléter. En fait, avec le coût des nouveaux projets, ce serait
surprenant qu'il n'y ait pas de hausse. Cet argent-là va devoir... va devoir
être pris quelque part, si ce n'est pas dans la poche des citoyennes et des
citoyens et des PME qui utilisent l'électricité, ça va être dans... par les
impôts ou alors ailleurs, là. Le gouvernement s'est privé de... déjà de point
d'impôt. Donc, il a baissé sa capacité de recevoir des revenus par les impôts,
et là il y a un déficit appréhendé. Donc, si les... si ce n'est pas les
citoyens qui paient, ça va être qui? Je n'ai pas vu d'annonce comme de quoi les
tarifs pour la grande industrie seraient augmentés. Donc, on s'attend à ce que
ce soit... à terme, peut-être après 2026, comme ce qui... ce qui flotte un peu
comme rumeur, ce que Pierre Fitzgibbon a aussi, avant son départ, un peu
annoncé, il y aurait des hausses importantes, on s'y attend.
Mme Rizqy : Et ça, ça va
s'ajouter, ce type de hausses, à tout ce que vos membres font déjà face, à des
logements ou des hypothèques qui ont augmenté de façon substantielle, à
l'épicerie qui a augmenté, et évidemment les... la fameuse taxe de la CAQ qui a
été refilée pour l'immatriculation via les villes, là, mais tout ça, ça
augmente... au coût de la vie de vos membres.
J'ai une autre question pour vous. Dans
vos recherches, avez-vous trouvé des exemples où l'énergie a baissé lorsque
c'était le privé et non le gouvernement? Et, depuis que nous, on a nationalisé,
est-ce que ça va bien, au Québec, ou si ça ne va pas bien? L'hydro-électricité,
là, je parle.
Mme Bernier (Dominique) : Bien,
je pense que notre... en fait, notre société d'État nous rend de grands
services. Donc, oui, ça apporte des revenus importants pour l'État, ça
apporte... en revenus directs, ça a apporté jusqu'à 2,6 milliards en 2026.
Et puis il y a des retombées économiques importantes aussi qui... ça tourne
autour de 6 milliards au total. Ce n'est quand même pas rien. C'est un
gros, gros montant d'argent qui provient d'Hydro-Québec vers les États... et vers
l'État.
Et non, partout ailleurs, dès qu'on a
ouvert davantage la porte au privé, les tarifs ont augmenté. C'est... on a fait
une analyse de comment ça s'est passé dans différents pays et c'est toujours le
cas. Il y a toujours une augmentation des tarifs, mais non seulement une
augmentation des tarifs, une baisse de la qualité du service, moins d'entretien
des infrastructures, une dégradation du réseau dans son ensemble. Donc, il y a
une... il y a une iniquité qui se crée. Donc, selon nous, ce n'est pas la voie
à suivre pour le Québec.
Mme Rizqy : Merci. Il me
reste, je pense, une minute.
Le Président (M. Montigny) : 1
min 30 s.
• (12 heures) •
Mme Rizqy : Merci.
L'article 38, on a entendu même des intervenants dire d'aller encore plus
loin, parce que, premièrement, tel qu'écrit, c'est pour la production puis
distribuer à des terrains... à un consommateur adjacent. Et là d'autres vous
disent : À proximité, donc ils voudraient aussi ouvrir la voie à beaucoup
plus. Moi, je ne me rappelle pas, en matière d'hydroélectricité, qu'on a permis
ça. Nous, on peut comprendre qu'une l'entreprise, puisqu'elle... elle s'est
fait refuser par exemple des blocs d'énergie, va vouloir faire de
l'autoproduction pour s'alimenter, avoir des panneaux solaires. Ça, est-ce que
vous êtes correct avec ça, vous? Oui, vous êtes correct pour qu'une entreprise
fasse de l'autoproduction.
Mais là ça va plus loin, là, ce n'est pas
de l'autoproduction, l'article 38, c'est de la production, on s'entend
là-dessus. Donc, on franchit un cap qui n'existait pas avant, et ça sans faire
une grosse jasette nationale là-dessus, n'est-ce pas?
Mme Bernier (Dominique) : Bien
oui. Puis, selon nous, en fait, le modèle actuel permet déjà ça d'une certaine
manière, c'est-à-dire...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
Allez-y.
Mme Bernier (Dominique) : Oui,
avec... actuellement, une entreprise qui produirait trop d'électricité pourrait
simplement la vendre à Hydro-Québec qui se chargerait de la redistribuer. On
considère que ça fonctionne très bien comme ça.
Mme Rizqy : Comme dit mon
mari, qui est anglophone, comme vous le savez «if it's not broken, don't fix
it». Merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Maintenant, c'est le temps de céder la parole au député de
Maurice-Richard pour...
12 h (version non révisée)
Le Président (Montigny) : ...3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Merci, mesdames, d'être ici et de nous avoir partagé vos réflexions. Je vais
parler, justement, de la question de la place du privé. C'est toujours
intéressant, hein, de parler de la place du privé. Comme vous l'avez rappelé,
les éoliennes qu'on avait, qu'on a, en fait, 100 % des éoliennes qu'on a
aujourd'hui appartiennent en partie au privé. C'est une politique qui a été
démarrée par le Parti québécois, continuée par le Parti libéral, et, aujourd'hui,
avec la CAQ, on est en train de déréguler tout ça pour en avoir encore plus.
Vous l'avez rappelé, le fait que la limite
de barrages qui n'appartiennent pas à Hydro passe de 50 à 100 mégawatts est un
problème, le fait qu'on vend du privé au privé sur des terrains adjacents,
entre guillemets, parce qu'adjacent, ça semble être très large... Mais pourquoi
vous vous inquiétez, dans le fond, qu'il y ait encore plus de privé? J'aimerais
bien vous entendre là-dessus.
Mme Bernier (Dominique) : Bien,
simplement parce que l'objectif d'une entreprise privée, c'est de faire du
profit, donc. C'est légitime, dans notre modèle économique actuel, c'est comme
ça que ça fonctionne, cela dit, ce profit-là, c'est de l'argent qui est retiré directement
à l'État. Parce que, s'il y a un bénéfice dans la production faite par
Hydro-Québec, bien, il y en a une bonne partie qui est redirigée vers l'État et
qui pourrait être utilisée pour moduler les tarifs aussi. Donc, selon nous, en
restant sur contrôle privé... sous contrôle public, pardon, quel lapsus, on
retire le profit de l'équation et on s'assure que les bénéfices restent pour la
population du Québec.
M. Bouazzi : Donc, économie
1-0-1... 101, bien : le privé garde une cote, et cette cote-là ne va pas,
évidemment, dans la poche des Québécoises et Québécois, ou tout simplement pour
avoir de l'électricité plus abordable.
Dans le rôle de la régie, vous parlez
justement de ce changement d'état d'esprit où on introduit des choses qui ne sont
pas dans l'idée que l'électricité est un bien commun essentiel. Est-ce que vous
pouvez développer, s'il vous plaît?
Mme Bernier (Dominique) : Oui,
bien, en fait, pour ce qui est de la régie, il y a un changement d'orientation,
d'une part, comme on disait, on parle davantage, là, d'une maximisation des
bénéfices pour tous. Ça, c'est nouveau. Nous, on trouve ça inquiétant parce
que, bien, ça ouvre la porte, en fait, à la prise en compte par la régie des
velléités des promoteurs, c'est-à-dire de leur plan de développement, etc. Ils
vont pouvoir utiliser leur plan de développement pour faire en sorte que la
régie, disons, accède à leurs demandes, notamment de hausser les tarifs, ou
autres. Donc, c'est... pour nous, c'est quand même assez inquiétant, là, cette
dérive-là de la Régie de l'énergie.
Il y a un autre problème, avec la régie, c'est
la... en fait, c'est la perte, un petit peu, de capacité des citoyennes et des
citoyens puis des organismes d'y participer. Donc, on resserre vraiment la
capacité, disons, l'ouverture démocratique de la régie, et il y a certains
pouvoirs qui lui sont retirés et qui sont confiés aux mains de la ministre. Ça
aussi, cette concentration-là des pouvoirs nous inquiète. C'est un changement d'orientation
qui...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci beaucoup. C'est maintenant le temps de passer la parole au député de
Jean-Talon pour 2min 38 s.
M. Paradis : Vous avez
commencé votre témoignage en parlant de l'importance des tarifs comme faisant
partie d'un pacte avec le peuple québécois. Vous le dites dans votre mémoire,
que ce pacte-là, il vise à produire une énergie abordable et fiable et que c'est
un pilier essentiel de notre souveraineté énergétique.
Le gouvernement prétend, dans ses
communications publiques, qu'il va limiter la hausse annuelle des tarifs
domestiques au taux de l'inflation, maximum 3 %. Est-ce que vous voyez
quelque chose dans le projet de loi no 69 qui garantit ça ou qui est à cet
effet-là?
Mme Bernier (Dominique) : Pas
à long terme, là, nécessairement, là, non, ce n'est pas quelque chose qui est
garanti, c'est une promesse politique. C'est légitime, pour le gouvernement, de
faire des promesses comme ça, cela dit, on pense que ça va augmenter, on est
presque convaincues.
M. Paradis : Mais, même à
court terme, est-ce que vous voyez quelque chose dans le projet de loi no 69
qui garantit ça?
Mme Bernier (Dominique) : Je
ne crois pas. Il faudrait que je vérifie, mais je ne crois pas.
M. Paradis : La loi prévoit
la création d'un programme d'aide financière visant à limiter l'impact de la
hausse des tarifs de distribution d'électricité d'Hydro-Québec pour la
clientèle domestique. Ce programme-là est soutenu par un fonds auquel les
Québécois et les Québécoises contribuent par leurs impôts. Est-ce que vous êtes
d'accord que le projet de loi no 69, lui, ce qu'il dit clairement, c'est qu'il
va y avoir des hausses sans...
M. Paradis : ...limitation de
3 % et que ce sont les contribuables qui vont payer.
Mme Bernier (Dominique) :
C'est ce qui est prévu effectivement.
M. Paradis : Très bien,
merci. Vous nous parlez ensuite de la question de la propriété de la... en
fait, de la nationalisation de la production d'énergie et vous nous dites que
le projet de loi ouvre la porte à une plus grande privatisation. Vous nous
dites que ça se fait, entre autres, par les articles 83 à 87 qui vont
doubler le nombre de mégawatts prévus pour des projets des petites centrales,
que ça, c'est pour intéresser encore plus le secteur privé, l'article 116
qui va prévoir la construction de centrales par des sociétés privées? Quel est
le... Quel va être le résultat pour les Québécois et les Québécoises?
Mme Bernier (Dominique) :
Bien, en fait, une déstructuration de notre réseau public et une multiplication
de petits projets sans planification intégrée par... Selon nous, c'est le rôle
du gouvernement de planifier le développement.
M. Paradis : Puis est-ce
qu'on va payer moins cher après?
Mme Bernier (Dominique) : Je
pense que non.
M. Paradis : On va payer plus
cher?
Mme Bernier (Dominique) :
Oui, je pense qu'on va payer plus cher.
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Montigny) :
Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends donc les travaux quelques instants afin de permettre aux prochains
groupes de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 07)
(Reprise à 12 h 09)
Le Président (M. Montigny) :
Alors. Bonjour. Je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association des
distributeurs d'énergie du Québec. Je vous rappelle que vous disposez donc de
10 minutes pour votre exposé. Puis, nous procéderons par la suite à une période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et à débuter votre exposé. Merci.
Mme Marcotte (Sonia) : Merci.
M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés. Laissez-moi d'abord
nous présenter. Je suis Sonia Marcotte, économiste et présidente-directrice
générale de l'Association québécoise des... l'Association des distributeurs
d'énergie du Québec, l'ADEQ. Maintenant, je laisse la parole à mes collègues
pour se présenter.
M. Lamontagne (Steve) : Oui,
je me présente, Steve Lamontagne, vice-président Exploitation des terres,
marketing et gestion immobilière chez Arnaud Énergies.
M. Milette (Pierre) :
Bonjour, Pierre Milette, je suis le conseiller en relations gouvernementales
pour l'ADEQ.
Mme Marcotte (Sonia) : Alors
l'ADEQ remercie les membres de la commission de l'invitation à participer à ces
consultations particulières. Un mois avant l'annonce du dépôt du projet de loi
n° 69, le ministre Fitzgibbon avait annoncé qu'il apporterait un
amendement à ce projet de loi sur le prix minimum de l'essence et de l'article 67
de la Loi sur les produits pétroliers. C'est pour cette raison que nous sommes
ici. Donc, les membres de l'ADEQ...
• (12 h 10) •
Fondée il y a plus de 60 ans, l'ADEQ
représente les joueurs qui distribuent l'énergie permettant aux Québécois et
aux entreprises d'ici d'assurer leur transport, leur chauffage et bien d'autres
besoins quotidiens. Nos membres emploient quelque 17 000 travailleurs
et comptent près de 2 300 points de services répartis sur tout le
territoire québécois. Initialement spécialisés dans la vente au détail de
produits pétroliers, nos membres diversifient leur offre en intégrant des
nouvelles énergies et des composantes vertes. Les membres de l'ADEQ, dont un
grand nombre sont des entrepreneurs québécois et des entreprises familiales,
ont investi plusieurs centaines de millions de dollars à travers le réseau de
stations-service, leur flotte de camions et leurs sièges sociaux au Québec. Ils
engendrent ainsi des retombées économiques régionales importantes. Nos membres
ont choisi...
Mme Marcotte (Sonia) : ...ont
choisi de prendre un tournant proactif en faveur de la transition énergétique,
notamment dans le développement de leur réseau de bornes de recharge
électrique, de biocarburants comme l'éthanol et le biodiesel ou l'hydrogène. Avec
l'expertise que nous avons développée dans la distribution de différentes
énergies, nous participons activement à la transition énergétique.
Afin de réussir cette transition, il faut
optimiser l'efficacité du secteur énergétique québécois. On doit faire une
gestion intégrée de toutes les ressources énergétiques consommées au Québec. Le
plan de gestion intégrée des ressources énergétiques doit donc couvrir non
seulement les différentes sources d'énergie électrique et le gaz naturel, mais
également toutes les autres énergies. Il faut avoir un plan prévisible à court,
à moyen et à long terme de toutes les énergies et faire place aux nouvelles
technologies et énergies renouvelables. Le plan doit notamment découler d'une
consultation publique où tous les acteurs de la société pourront participer.
Bien que nous comprenions l'importance de la transition énergétique,
l'accélération des mesures visant la sortie des carburants et combustibles
traditionnels risque de compromettre la sécurité énergétique et économique des
Québécois. Nous sommes particulièrement préoccupés par ses impacts dans les
régions du Québec, d'autant plus que ce ne sont pas tous les secteurs qui
pourront et qui peuvent être électrifiés.
Ces dernières années, les Québécois ont
vécu plusieurs pannes électriques majeures mettant en jeu leur sécurité. Nous
avons obtenu d'Hydro-Québec le nombre de pannes électriques significatives que
les régions du Québec ont connu de 2019 à 2023. Au Québec, ce sont plus de
45 376 pannes de plus de huit heures. Naturellement, vous comprenez les impacts
de ces milliers de pannes électriques sur les Québécois : la chute de
température dans les habitations, la perte d'aliments périssables, les moyens
de communication par cellulaire ou Internet coupés, les services d'urgence mis
à rude épreuve et bien d'autres. La sécurité énergétique dépend donc de la
capacité à maintenir un approvisionnement constant et fiable en énergie, et
c'est ce à quoi servent les membres de l'ADEC. Les distributeurs de l'ADEC sont
au rendez-vous lors des pannes électriques pour approvisionner les génératrices
nécessaires au bon fonctionnement des services essentiels, des hôpitaux, des
stations de pompage et des tours de communication.
Avec des fermetures prématurées des
stations-service et le départ de distributeurs de certaines régions, on met en
péril l'approvisionnement énergétique de ces services essentiels. Sans
prévisibilité et avec la perspective d'une baisse de la demande trop rapide,
les distributeurs et les propriétaires de stations-service ont un horizon
d'affaires beaucoup plus court. Dans ce contexte, plusieurs prendront la
décision de ne pas entreprendre les investissements nécessaires au maintien de
leurs installations, puisque les perspectives d'avenir sont absentes. Ainsi, certains
détaillants fermeront prématurément leurs installations malgré des besoins
toujours présents. D'ailleurs, l'analyse d'impact réglementaire du projet de
resserrement de la norme véhicule zéro émission, publiée en juillet 2023,
révélait les dangers pour la sécurité énergétique des Québécois si on accentue
la précarité des distributeurs d'énergie.
Un autre danger guette la survie des
réseaux de stations-service, des guerres de prix prédatrices qui ne permettent
pas de couvrir les coûts d'exploitation et le coût d'acquisition d'un
détaillant efficace. Le Québec a déjà... déjà vécu des guerres de prix
prédatrices désastreuses qui ont mis en péril la survie des stations-service. À
l'été 96, les guerres de prix étaient telles que les prix au détail de l'essence
pouvaient être plus de 0,15 $ en bas du coût des prix d'acquisition
affichés à la raffinerie. Il aurait suffi de quelques mois pour mettre à la rue
ces détaillants d'essence et, comme conséquence, la disparition de ces
commerces essentiels et la perte de concurrence à long terme. C'est pourquoi,
en décembre 96, le gouvernement du Québec a adopté une législation sur le prix
minimum de vente d'essence au détail.
Le prix minimum est l'addition du prix
affiché à la rampe de chargement des raffineries, incluant le coût du carbone,
des coûts de transport entre la raffinerie et la station-service et les taxes
provinciale et fédérale. Le prix minimum a joué un rôle déterminant et le joue
encore en limitant les guerres de prix prédatrices, sans pour autant empêcher
les guerres de prix sporadiques. La législation sur le prix minimum n'a jamais
prétendu empêcher toutes les fermetures et sorties du marché. Lors de la
première audience sur les coûts d'exploitation, la Régie de l'énergie jugeait
qu'il y avait trop de stations-service et que la rationalisation devait se
poursuivre. De plus, la Régie a bien décrit l'esprit du législateur au sujet du
prix minimum et de l'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers. Le
législateur québécois a ainsi voulu éviter que cette manifestation de
concurrence imparfaite nuise aux intérêts des consommateurs en diminuant de
façon importante, par exemple, le nombre de concurrents dans un marché. Par
contre, il a aussi voulu éviter d'inhiber le mécanisme normal de sortie du marché.
Le marché de l'essence vit
sporadiquement...
Mme Marcotte (Sonia) : ...et
localement des guerres de prix qui se résorbent généralement. Lorsqu'elles sont
trop sévères et se prolongent, la régie peut intervenir afin de rétablir une
saine concurrence. Le ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie
a commandé une étude sur le marché de l'essence, rendue publique en mai
dernier, et est arrivé à une conclusion sur les bases de données incomplètes.
L'étude omet des données essentielles. Pour comparer les prix, il faut
évidemment exclure les taxes et redevances qui sont différentes d'une province
à l'autre. Dans cette étude, on compare les prix de l'essence hors taxes en
soustrayant notamment la taxe fédérale sur le carbone en Ontario. Au Québec, il
n'y a pas de taxe fédérale sur le carbone, mais plutôt un prix du carbone,
déterminé par le système de plafonnement et d'échange des droits d'émission de
gaz à effet de serre, le SPEDE. Il faut donc soustraire ce coût de carbone du
prix des carburants au Québec avant de les comparer à ceux de l'Ontario.
L'étude a omis de soustraire le coût du carbone au Québec. Les conséquences de
cette omission amènent une conclusion erronée. Une fois le coût de carbone
soustrait des prix de détail, les prix hors taxes du Québec sont parmi les plus
bas au Canada. L'abolition du prix minimum ne fera pas baisser les prix dans
les marchés qui ont déjà des prix plus élevés que le prix minimum. Au surplus,
dans les marchés où des guerres de prix sévissent, les prix prédateurs
réapparaîtront et accéléreront la sortie des stations-service. Les
automobilistes devront parcourir de plus grandes distances et verront la
concurrence de ces secteurs disparaître. Des fermetures de stations-service
engendreront des déserts énergétiques, notamment dans les localités peu
densément peuplées et les régions éloignées. Plusieurs villages se retrouvent
déjà dans cette situation, et la disparition du prix minimum ne fera
qu'accélérer le mouvement.
Le gouvernement ne doit pas perdre de vue
le maintien adéquat des infrastructures de distribution de carburants
traditionnels afin d'assurer la sécurité énergétique dans le cadre d'une
transition sécuritaire, juste et ordonnée. Il doit en tenir compte dans sa
législation. Elle ne doit pas précipiter la sortie des distributeurs et des
stations-service. L'économie du Québec et la population ne sont pas prêtes.
Certaines applications nécessiteront encore longtemps les carburants et
combustibles, notamment les génératrices, le secteur agricole et, bien entendu,
les véhicules et camions qui continueront à circuler sur nos routes. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter tout de suite la
période d'échange. Mme la ministre, vous disposez donc de 16 min 30
s.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, merci beaucoup, Mme Marcotte.
MM. Lamontagne et Milette, merci de votre présence et merci de partager
votre vision des choses avec nous. Je ne vous questionnerai pas directement sur
la notion du prix plancher, mais j'aimerais simplement exprimer que notre
intention demeure en ce qui a trait au prix plancher, notre intention demeure
par rapport à ce qui avait été exprimé par mon prédécesseur. En fait, les
travaux sont en cours. On est en train de finaliser le tout. On s'est adjoint
les services d'un expert pour cette question-là. Bien, voilà, notre orientation
est connue.
Je me demandais : Comment votre
association et ses membres, en fait, se positionnent par rapport à la transition
énergétique? Dans quelle mesure est-ce que vos membres souhaitent contribuer à
la transition énergétique, et est-ce que tous en sont convaincus, ou c'est
encore partagé au niveau des ambitions de ce côté-là? C'est un défi. C'est un
défi pour notre société. C'est un défi aussi pour votre association, donc
j'aimerais vous entendre sur cet élément là de fond.
Mme Marcotte (Sonia) : C'est
certain que c'est un défi pour nos membres, mais évidemment, ce sont des
distributeurs d'énergie, donc ils sont prêts à distribuer l'énergie dont les
Québécois auront besoin. On est là, et ils sont là depuis une centaine
d'années. On a des gens qui ont commencé par distribuer du charbon et
aujourd'hui on distribue de l'électricité avec nos bornes de recharge. Alors,
vous voyez, il y a vraiment un cheminement qui s'est fait, mais, évidemment, il
faut le faire de la bonne façon et de façon ordonnée, pas précipiter les
choses. Mais oui, ils sont là puis ils veulent continuer. Je ne sais pas si...
• (12 h 20) •
M. Lamontagne (Steve) : On
est encore dans une période de... que je pourrais dire de recherche et de
développement. Puis je peux parler d'Harnois. On a... On est la seule compagnie
qui a une station d'hydrogène. C'est assez nouveau, on ne sait pas trop comment
ça fonctionne. Bref, on a été pionniers dans ça. On a des bornes aussi dans nos
stations-service, mais tout ça vient avec beaucoup de capitaux à investir. Et
ces capitaux-là, malheureusement, n'arrivent pas de nulle part gratuitement.
Donc, oui, on est très, très, très
ouverts. On espère faire partie de la discussion dans cette évolution-là, parce
que cette migration-là énergétique qui se fait, et on sait qu'il y a une
échéance, bien, on veut faire partie de ce comité-là ou de ces ateliers-là.
Mme Fréchette : Et le PGIR,
là, qui va être un outil important, dont on va se doter prochainement. Quel
rôle voyez-vous que vous puissiez avoir dans le cadre de l'élaboration du PGIR,
dans le cadre de sa mise en œuvre? Est-ce que votre souhait, c'est d'y contribuer
et...
Mme Fréchette : ...de quelle
manière?
Mme Marcotte (Sonia) : Évidemment,
on souhaite contribuer. Souvent, ce qu'on entend, quand on parle d'un plan de
gestion intégré des ressources énergétiques, on parle souvent des sources
énergétiques... des sources électriques, donc on va parler de différentes
sources électriques, mais, souvent, on met de côté toutes les autres sources
d'énergie qu'on peut distribuer, comme je vous dis. Dans le plan, il faut quand
même penser encore aux combustibles de carburant, parce qu'on est... il y a
encore des besoins. Mais il y a aussi d'autres sources d'énergie qui vont
venir, qui vont arriver. Alors, nous, c'est sûr qu'on veut contribuer, mais on
veut... on veut être là, dans le plan, pour pouvoir y participer.
Mme Fréchette : Bon, on le
sait que la sortie des énergies fossiles est incontournable, est inévitable.
C'est une question de cadence, par la suite, là, qui... qui va être aussi à
discuter. Je me demandais quelles sont les principales répercussions auxquelles
vous pourriez nous mettre en face... auxquelles vous pourriez nous mettre en
garde. Est-ce qu'il y a des éléments, des angles morts que vous pensez
essentiel de soulever, considérant, là, la transition énergétique dans laquelle
on s'engage, et l'impact que ça va avoir à de multiples manières?
Mme Marcotte (Sonia) : Bien,
l'impact va se retrouver beaucoup dans les régions éloignées, par exemple, ou
peu densément peuplées, parce qu'il y a encore des besoins. Il n'y a pas encore
de transport... de transport collectif. Donc, il y a des besoins, et,
évidemment, on est là pour... on est là pour ça. Mais donc il faut penser à ça.
On ne peut pas... Si on met trop d'embûches, bien... Et il y a beaucoup
d'embûches déjà. On doit faire, quand même, des investissements pour mettre le
15 % d'éthanol qui va venir, donc le biodiesel. On doit faire beaucoup
d'investissements, mais pour y rester, il faut avoir les moyens de le faire.
Mais, en même temps... Mais, comme vous
disiez tout à l'heure, c'est sûr que, s'il y a des guerres de prix, en plus,
qui se mettent à travers ça, évidemment que les stations-service ne pourront
pas rester. Et là, bien, on va se retrouver comme on retrouve dans plusieurs
municipalités, où la station-service va fermer parce qu'il y aura eu une guerre
de prix, et, en plus, elle n'aura pas eu la possibilité de faire les
investissements, parce que l'horizon est assez court. Donc, si on veut faire
les investissements, bien, il faut avoir de l'argent, aussi, pour le faire,
mais, en même temps, il faut être capable de récupérer notre investissement.
Donc, si c'est très court, c'est sûr et certain que les gens vont penser,
peut-être, à ne pas investir, et la station-service va fermer. Une fois qu'elle
est fermée, elle ne reviendra pas nécessairement, la station-service, donc là,
bien, ça va être... Des fois, on voit des actions citoyennes, mais ce n'est pas
toujours facile, et on ne peut pas revenir toujours... parce que
l'investissement d'une station-service, c'est très élevé. Mais s'il n'y a plus
de station-service, souvent, le dépanneur va partir aussi, il va fermer, et là
on va se retrouver avec... avec ces services essentiels qui ne seront plus là,
et les automobilistes vont devoir se déplacer davantage, vont être obligés
de... Et là, bien, c'est ce que craignent beaucoup de concitoyens, d'ailleurs.
M. Lamontagne (Steve) : La
régie a fait un superbeau rapport, qu'elle a déposé à la fin
décembre 2022, et, quand on prend le temps de lire profondément le
rapport, c'est assez intéressant de voir que 60 %... c'est 62 %, le
chiffre précis... des stations-service vendent moins de trois millions de
litres, annuellement, et, pour amortir des coûts de construction, de rénovation
ou de changement de réservoir, c'est à peu près impossible à faire, donc, et
ces 60 % là sont assez bien répartis dans des régions plus rurales et
moins urbaines.
L'autre angle mort, c'est qu'aussi des
propriétaires de ces commerces là, c'est souvent des gens qui sont locaux, qui
sont propriétaires de leur petit gaz-bar, qui sont là depuis toujours, ils sont
implantés dans leur société ou dans leur communauté. Mais eux, ils ne pourront
pas être capables d'amortir ces coûts de construction là qui vont venir, donc
ce qu'ils font souvent, c'est qu'ils se retournent vers des grandes
multinationales ou des grands joueurs. Mais même nous, les grands joueurs...
parce que je peux considérer qu'on est... on est un grand joueur... que ces
coûts-là, on ne sera pas capables de les amortir. Donc, il y aura une
disparition, probablement, je crois, s'il y a une guerre de prix, de ces petits
détaillants là qui sont présents dans leur communauté, en région.
Et l'autre volet ou l'autre angle mort que
je tiens aussi à soulever, c'est le désert alimentaire. Souvent, il y a des
régions où le seul commerce de détail, c'est un dépanneur, et, si la
station-service ferme, le dépanneur, aussi, va fermer.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Je vais céder la parole aux collègues.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le moment de céder la parole au député de Dubuc,
merci. Vous disposez, donc, de neuf minutes.
M. Tremblay : Oui. Bien,
d'abord, je vous laisse compléter.
M. Milette (Pierre) : ...bien
comprendre que c'est plus de difficultés, ou moins de rentabilité, ou moins
de... plus de barrières à aller distribuer de l'énergie en région. Donc, la
disparition des stations-service, la disparition des réservoirs qui sont là...
avec les compagnies, ce n'est pas juste une question d'automobilistes, c'est
une question... on le voit par les...
M. Milette (Pierre) : ...45 000
pannes dans les cinq dernières années à Hydro-Québec de plus de 8 heures,
c'est les gens qui ont besoin de génératrices, c'est les gens qui ont besoin...
C'est une question de sécurité énergétique, c'est une question de survie au
Québec au moins de janvier, février, puis tout le monde comprend ça, d'avoir
accès à une autre source d'énergie, quand la principale source fait défaut.
Donc, si on enlève les... Et tout ça est basé sur des distributeurs membres de
l'ADEQ, si on enlève cette possibilité-là d'aller là, bien, on pense qu'il y a
quand même un danger à... sur la sécurité énergétique des Québécois, plus que
juste que sur le transport, là, c'est sur la survie, là.
M. Tremblay : Bien, d'abord,
bonjour. C'est quand même paradoxal, permettez-moi. Puis, par rapport à ce que
vous dites, personnellement, dans Dubuc, j'ai déjà répertorié... Vous parlez de
la situation de sécurité publique, de besoins essentiels dans les communautés
en milieu rural, moi, j'ai déjà répertorié sur le terrain, à travers un milieu
plus urbain et 13 municipalités rurales en périphérie, des problématiques
de dépanneur qui ferme faute de relève, faute de distributeur, bon, pour
différentes raisons, puis on doit jongler avec ça. En parallèle, on en parle
aussi depuis longtemps, de ce contexte-là, de cette conjoncture-là, de
transition énergétique. Et puis, d'un côté, oui, puis je parlerais du
dépanneur, par exemple, de Ferland-et-Boilleau, qui lui aussi doit fonctionner
avec des génératrices pour des raisons de sécurité publique, pour alimenter la
pompe à essence, etc. Bon, j'y travaille comme cas de comté.
Maintenant, aussi en région, il y a une
effervescence, puis je parle toujours de ma communauté, de projets
intéressants, de développement sur de la gestion énergétique, sur du stockage,
sur de la décarbonation, et puis ces projets-là vont être porteurs d'emplois,
porteurs de développement. De votre côté, vous parlez du PGIR, vous signifiez
clairement que vous souhaitez être partenaire de la démarche, à quel niveau
vous vous sentez au diapason par rapport à la conjoncture qui avance puis qui
fait qu'on bascule sur d'autres sources d'énergie? Et puis comment vous voyez,
justement, par rapport à ça, la nécessité d'accélérer la réflexion versus la
transition de ces types de besoins là, dont on est dépendants, en tout cas en
région, en ruralité, mais problème qu'on vit déjà puis qu'on travaille déjà
aussi, vous comprenez? Avez-vous la conviction d'être en mesure de vous arrimer
et puis d'enclencher le processus qui s'accélère au niveau de ce qu'on propose,
de ce que la ministre propose?
M. Lamontagne (Steve) : J'ose
croire que oui. Non, non, on doit, c'est un passage obligé, il y a une
échéance. Puis je peux parler de mon histoire à moi. J'arrive d'une grande
multinationale qui est dans le domaine alimentaire, j'ai fait un mouvement vers
chez Harnois. Et le défi qui m'intéressait le plus, c'était justement cette
migration énergétique là, c'est ça qui m'a fait... que j'ai décidé d'aller
travailler pour une entreprise familiale comme Harnois, toutes les opportunités
qui s'offrent à nous, qui sont devant nous. Mais on ne pourra pas le faire
seuls, on va avoir besoin d'être accompagnés par des gouvernements, par... par
peu importe quel groupe. Parce que, présentement, de mettre une borne dans une
station-service ou de construire une station-service avec de l'hydrogène, je ne
crée aucune valeur, donc même le contraire. Donc, pour moi, la seule chose que
je peux faire maintenant, c'est de vendre du carburant, mais je sais que je
dois faire autre chose avec le temps. Donc, j'ai besoin... On fait beaucoup de
vigie internationale, on fait de la vigie de tous nos compétiteurs juste pour
voir qui se positionne, mais il n'y a personne qui se positionne encore
vraiment dans une énergie différente que le carburant. Beaucoup font de la
publicité ou du marketing, mais personne n'agit vraiment parce que les coûts
sont tellement extravagants.
• (12 h 30) •
M. Tremblay : O.K. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Et
je vous remercie.
M. Tremblay : Il y a encore
du temps?
Le Président (M. Montigny) : Oui,
il reste encore quatre minutes.
M. Tremblay : Quatre minutes.
Le Président (M. Montigny) : Si
vous voulez.
M. Tremblay : O.K. Je
pourrais continuer. Écoutez, je ferai le parallèle avec le phénomène des
autobus électriques, toujours versus les régions puis le milieu rural. On
bouscule un peu l'agenda et puis...
12 h 30 (version non révisée)
M. Tremblay : ... et il y a
toute une question d'adaptation aussi, autant au niveau de l'intervention
mécanique des outils. On a... on a des gens qui ont des flottes d'autobus, qui
se questionnent à savoir s'ils vont y aller sur de la relève ou s'ils vont
fermer boutique aussi. Maintenant, il y a une réflexion aussi à travers tout ça
qui nous permet de croire qu'on peut accoster en zone d'équilibre. Tu sais,
peut-être d'y aller sur une approche plus étapiste.
Maintenant, par rapport à votre collaboration
puis votre participation, comment vous voyez votre positionnement comme source
d'énergie? Je comprends une certaine crainte, là, mais êtes-vous déjà très
avancés au niveau de la recherche pour proposer des solutions?
M. Lamontagne (Steve) : On cherche
des partenariats tous les jours avec des flots d'autres compagnies de ce genre
pour voir de quelle façon on pourrait transiger vers l'électricité, mais il y a
beaucoup, beaucoup d'embûches dans le parcours. Si, moi, demain, je décide d'installer
deux bornes électriques dans une station-service, est-ce que mon entrée
électrique est la bonne? Est-ce que la distribution à partir du poteau
électrique vers la station-service est adéquate? Il y a beaucoup d'embûches et
ce qui fait exploser les coûts, et installer une borne, malgré les subventions
qu'on peut avoir sous différents programmes, jusqu'à maintenant, c'est... on a
fait... il n'y a aucune rentabilité, au contraire. On le... on le considère
comme de la recherche et développement. Donc, chez nous, c'est quelque chose
qui ne... qui crée de la valeur négative, si je peux le dire ici, mais on est
conscient qu'on a un rôle à jouer dans ce changement de... comme, de gestion
énergétique là, de «commitment» qu'on décide d'avoir, comme... comme peuple. On
fait partie de ça, c'est certain, et on veut le faire. On veut participer.
M. Tremblay : Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, maintenant, dans le contexte, je vais céder la parole au
député... à Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, Mme Marcotte. Merci beaucoup d'être présente. Merci
beaucoup, M. Lamontange... M. Milette, contente de vous voir avec nous aujourd'hui.
Merci pour votre mémoire. Permettez-moi d'y aller directement, si vous le
permettez, la page trois de votre mémoire. Je vois que vous avez fait une
demande d'accès à Hydro-Québec et, entre 2019 à 2023, vos chiffres... bien, pas
les vôtres, ceux d'Hydro-Québec sont assez impressionnants. Vous avez répertorié
45 376 pannes de plus de 8 heures, et je tiens à préciser, non
planifiées. Donc, c'est des vraies pannes, là. Je vais juste prendre celles qui
sont de plus de... plus de 8 heures, mais en haut de 3000, donc
Capitale-Nationale, 3000 fois, Estrie, 3600 fois, Montréal 3000 fois,
Lanaudière, 4000 fois, l'Outaouais, 5200 fois, Laurentides, 7000 fois.
Ça, ce n'est pas il y a 10 ans, là, c'est 2019 à 2023.
Tantôt, M. Milette, vous avez parlé de
sécurité énergétique. Dans votre mémoire, vous faites aussi référence aux
pertes financières. Et, comme députée, je peux vous le dire, quand les citoyens
sont coupés pendant plusieurs heures, c'est aussi les pertes dans leur
frigidaire qu'ils constatent. Je vous donne la parole parce que je pense que c'est
quelque chose de très important et je pense que c'est encore plus important
parce que dans votre... dans le tableau présenté, là, il y a plein de régions là-dedans.
Mme Marcotte (Sonia) : Bien,
effectivement, oui, il y a beaucoup de pannes électriques. Quand ça atteint 8 heures,
oui, il y a des problèmes de sécurité énergétique, autant pour les personnes
vulnérables ou aussi qui sont dans des logements qui peuvent devenir froids,
mais surtout aussi la perte d'aliments périssables. Évidemment, c'est à ce
moment-là que nous, on est appelé aussi, parce que c'est bien beau avoir de l'électricité,
mais il faut qu'elle se rende jusqu'au consommateur. Et c'est à ce moment-là qu'on
est là. On approvisionne les génératrices. Et combien de fois on est même
appelé par le ministère de l'Énergie pour nous dire : Bien, vous devez
approvisionner les tours électriques... les tours de communication, parce que s'il
n'y a plus de tours... s'il y a plus d'électricité, il n'y a plus de tours de
communication non plus, et les cellulaires ne fonctionnent plus. Bon, il y a
aussi l'aspect qu'il faut recharger nos cellulaires, mais si notre cellulaire
est déjà rechargé, mais il n'y a plus de communication, ça ne fonctionne plus.
Alors, on est là, nous, on est partout au Québec, on a... on a des
distributeurs qui sont partout au Québec, qui sont capables d'approvisionner
juste...
Mme Marcotte (Sonia) : ...là,
tous ces services-là. Parce que ça va être les hôpitaux aussi qui ont besoin de
génératrices, les RPA qui ont besoin de génératrices, alors on est là dans
toutes les régions. Mais évidemment, si certains disparaissent, là ça va être
beaucoup plus compliqué, les approvisionner. Ils vont être approvisionnés, mais
comment, à quel coût? Ça va être plus compliqué si les distributeurs disparaissent
des régions. Mais on a des... on a des distributeurs dans toutes les régions,
et souvent, des entreprises familiales.
Mme Rizqy : Pouvez-vous
expliquer clairement à la commission qu'est-ce qui peut faire en sorte que des
distributeurs disparaissent? Il faut que ce soit clair pour tout le monde.
Mme Marcotte (Sonia) : Bien,
j'ai l'exemple, par exemple, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y a des guerres de
prix présentement. Il y a eu des guerres de prix sporadiques puis ça revient,
ça repart, mais des guerres de prix sévères. Donc, ces guerres de prix là font
mal aux distributeurs. Et il y a des distributeurs régionaux dans ce coin-là.
Mais évidemment, si, par exemple, la législation, là, l'article 67
disparaît, bien, les guerres de prix vont... vont devenir des guerres de prix
prédatrices, parce qu'on est vraiment très près, là, du prix minimum. Alors, à
ce moment-là, évidemment, le prix minimum, c'est le prix d'acquisition du
détaillant. Donc, c'est sûr que, si ça va en bas, bien, il ne restera pas
longtemps. C'est pour ça d'ailleurs qu'en 1996 on a eu cette législation-là qui
a fait en sorte qu'aujourd'hui on a des stations-services partout au Québec,
mais on a des entreprises familiales, des entreprises québécoises. Parce qu'en
1990, avant, si vous aviez un problème, vous deviez appeler, par exemple, au
Texas pour parler à la pétrolière qui était là-bas. Aujourd'hui, ce sont des
entreprises québécoises qui gèrent les réseaux de distribution. Alors là, quand
vous avez un problème, vous pouvez appeler chez Harnois, chez Filgo, chez
différents distributeurs qui sont des entreprises québécoises, qui gardent les
profits ici, qui redistribuent les profits et qui font de l'activité économique
au Québec.
Mme Rizqy : On a entendu M.
Pierre Fitzgibbon dire clairement que, lui, il voulait mettre un prix plancher.
Là, aujourd'hui, on comprend que l'intention de la ministre, c'est d'aller dans
la même veine, c'est-à-dire un prix plancher. C'est quoi les conséquences pour
vous?
Mme Marcotte (Sonia) : Bien,
en fait, on veut conserver le prix plancher parce que le prix plancher va...
présentement, il limite les guerres de prix prédatrices. Il y en a, des guerres
de prix, il y en a dans plusieurs régions. Ça se résorbe après un certain
temps, mais une guerre de prix...
Mme Rizqy : Je pense, j'ai
mal formulé, «voulait retirer le prix plancher.» Juste... Je vais reformuler.
On a entendu Pierre Fitzgibbon dire qu'il veut retirer le prix plancher. La
ministre confirme qu'elle veut retirer le prix plancher. C'est quoi les
conséquences pour vous? Désolée, je reformule.
Mme Marcotte (Sonia) : Quand
il y a des... C'est lorsque des guerres de prix prédatrices surgissent, là ça
fait mal et ça peut faire fermer des stations-services. Une fois que les
stations-services vont être fermées parce qu'il y aura une guerre de prix
prédatrice, pas une guerre de prix sporadique qui se résorbe, il y en a tout le
temps, ça, mais une guerre de prix qui se prolonge, qui est très sévère, bien,
évidemment, les stations-services, certaines vont fermer. Et là, on va se
retrouver avec moins de concurrence, pas plus. Parce qu'on est déjà... le prix
minimum, c'est déjà le prix d'acquisition, donc on n'arrivera pas avec plus
de... avec plus de concurrence par la suite, et certainement pas à de meilleurs
prix, si la concurrence disparaît.
Mme Rizqy : Merci.
Le Président (M. Montigny) : ...laisse
la parole.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Je dois dire qu'en 1996 j'ai travaillé temporairement pour Ultramar lorsqu'il y
avait cette guerre-là. Et j'étais assignée à faire des téléphones pour dire aux
détaillants qu'il y avait un changement de prix chez le voisin. C'était
complètement hallucinant. Alors, je comprends qu'on ne veut pas retourner vers
ce far west là. C'est... C'est votre position, là?
Mme Marcotte (Sonia) : Oui.
Mme Dufour : Écoutez, je
voudrais peut-être vous amener sur les pannes électriques. On a vécu,
9 août dernier, les pires inondations, les pires pluies qu'on a vues au
Québec, et particulièrement, là, je peux parler de ma région, Laval, qui a été
durement touchée. On parle de 15 000 propriétés qui ont été... qui
ont été touchées. Et, en fait, ça allait jusqu'à ce que le courant doive être
coupé. Et c'est tout l'est de Laval qui a dû... c'est des quartiers entiers que
l'électricité a été coupée, probablement par mesure de sécurité. Mais la
seule... la seule option qui restait aux citoyens qui voulaient pouvoir
peut-être s'en sauver, c'étaient les génératrices. Les rares qui ont eu la
chance d'avoir une génératrice s'en sont sauvées. Donc, on comprend que
c'est... c'est nécessaire. Une génératrice comme ça, à part... ça ne peut pas
fonctionner à l'électricité, quand il n'y a pas d'électricité. Donc, c'est quoi
le... tu sais, qu'est-ce qu'on met dedans pour qu'elle fonctionne?
• (12 h 40) •
Mme Marcotte (Sonia) : Ça va
être du carburant. Et souvent les consommateurs vont venir à la station-service
pour s'approvisionner en carburant pour leurs génératrices. Mais nous, on va
aussi aller par exemple dans des... dans des endroits comme les hôpitaux et les
différents services d'urgence, on va les approvisionner.
M. Lamontagne (Steve) : Soit
de l'essence ou du diesel, tout dépendant de la grosseur de la génératrice.
Mais là où il y a un angle mort à ça, c'est la majorité des détaillants et ou
des grossistes qui font partie de l'association, nous avons tous des dépôts...
M. Lamontagne (Steve) : ...pétroliers
qui sont répartis un peu géographiquement à travers le Québec, dont... nous, on
en a à peu près... 28 ou 29, de mémoire. Mais si je n'ai plus de
stations-service à exploiter dans une région comme celle-là, il n'y a aucune
raison pour laquelle je dois garder les infrastructures pétrolières. Donc, pour
faire transiger du diesel ou du carburant vers une région qui va en avoir
besoin pour les génératrices, suite à un cataclysme ou à une situation
climatique, bien, ça peut prendre plusieurs heures. On va toujours le faire,
parce qu'on a une conscience, mais ça peut prendre beaucoup plus d'heures que
si on est déjà présent et qu'on appelle quelqu'un qui va au camion, il remplit
le camion et il va le porter tout de suite. Donc, on fait juste prolonger le
délai.
Mme Dufour : Oui. Puis, pour
illustrer l'importance des génératrices, je vais mentionner que ce n'est pas
seulement les citoyens qui se sont trouvés coupés l'électricité, mais l'hôpital
de la Cité de la Santé à Laval. Et donc, dans n'importe quelle région, s'il y a
une panne majeure, bien, c'est aussi les hôpitaux qui peuvent être privés. Et
il y a eu justement un enjeu avec la génératrice, donc, à cet hôpital-là. Donc,
c'était absolument nécessaire, comme mesure, tu sais, pour pallier, justement,
puis on constate que les pannes ne font qu'augmenter. Donc, la... c'est ça, je
pense qu'on a besoin encore de vous, malgré tous nos efforts d'électrification,
vous allez rester très importants.
M. Milette (Pierre) : C'était
un peu l'intention, quand on a fait la demande d'accès à l'information, en fin
de compte, c'était de savoir est-ce qu'on a raison de penser qu'il peut y avoir
un danger sur la sécurité énergétique d'avoir... pour reprendre l'expression,
d'avoir un peu nos oeufs tous dans le même panier de la distribution
électrique. Le but n'était pas du tout de démontrer qu'Hydro-Québec avait
plusieurs pannes électriques, c'était de démontrer qu'on a besoin d'un
substitut énergétique encore. Les Québécois en ont besoin. Les inondations
qu'on vient de vivre sont au mois d'août. Quand ça arrive au mois de janvier,
au mois de février, là, on tombe dans une crise majeure, et on l'a déjà vécu,
hein, les crises du verglas et autres. Donc, on ne peut pas encore se permettre
de...
Le Président (M. Montigny) : 30
secondes.
M. Milette (Pierre) : ...d'aller...
de changer ça drastiquement et de risquer de perdre cette source d'énergie là,
pour l'instant.
Mme Dufour : Oui,
effectivement, on a vu qu'après la crise du verglas le nombre de génératrices
vendues a augmenté de façon phénoménale. Donc, merci beaucoup pour votre
présence.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le moment de laisser la parole au député de Maurice-Richard
pour 3min 28s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Merci d'être là. Ma première question est facile, c'est : Quel pourcentage
de l'énergie du Québec vient, justement, du pétrole fossile, aujourd'hui, au
Québec?
Mme Marcotte (Sonia) : Je
n'ai pas les données, là, je pense que...
M. Bouazzi : Bien, je vous la
donne, à ce moment-là. C'est 50 %, c'est... 50 % de l'énergie qu'on
consomme vient du pétrole fossile. Est-ce que l'énergie fossile apparaît ne
serait-ce qu'une seule fois dans ce projet de loi sur l'énergie?
Mme Marcotte (Sonia) : Moi,
je ne l'ai pas vu.
M. Bouazzi : Donc, on a
50 % de ce qu'on consomme en énergie qui vient d'une énergie qui
n'apparaît pas une seule fois dans un projet de loi majeur sur l'énergie. On...
J'imagine que vous croyez, évidemment, à la crise climatique et qu'à un moment
il va falloir se débarrasser d'une manière ou d'une autre... Est-ce que vous,
vous avez vu une planification du gouvernement où il y a une diminution de la
consommation, justement, des énergies fossiles d'ici 2050?
Mme Marcotte (Sonia) : On n'a
pas été appelés à travailler avec le gouvernement, là, dans ce dossier-là.
C'est sûr qu'on le voudrait. On a déjà proposé des choses, il y a très
longtemps, justement, pour pouvoir faire une transition plus progressive,
ajouter, par exemple, des biocombustibles, des choses comme ça, mais ça ne
s'est pas produit, en bout de ligne.
M. Bouazzi : Donc, on est en
train de dire que 50 % de l'énergie qu'on consomme vient du pétrole, que
le mot n'existe pas et que le gouvernement, à date, ne vous a ni montré un plan
ni un accompagnement. Parce qu'à un moment il y a des choses qui vont changer,
d'ici 2050, évidemment, effectivement, nous ne consommerons plus de pétrole
fossile. Vous parlez d'autres sources, hein, renouvelables, etc., et ça, ça ne
peut se faire qu'en partenariat avec vous.
Mme Marcotte (Sonia) : C'est
certain qu'on est prêts à travailler avec le gouvernement, à participer, et on
veut participer à cette transition-là. On veut donner... Parce que, bon, on est
encore présents, on est encore utiles, on va l'être encore un bout de temps,
mais on est prêts à travailler et on veut discuter avec le gouvernement pour
trouver les bonnes solutions pour arriver à bon terme et arriver à faire une
bonne transition énergétique, juste, ordonnée et efficace.
M. Bouazzi : Dans un tout...
ordre d'idées, j'ai... on a trouvé un mémoire qui date de 2017, et c'est là où,
moi, je pense qu'il y a un travail à faire...
M. Bouazzi : ...vous, ou vous
qualifiez ou vous parlez d'énergies propres et vous parlez de gaz naturel
compressé et de gaz naturel liquéfié. Est-ce que depuis vous avez changé d'avis
sur ces énergies-là?
Mme Marcotte (Sonia) : En
fait, dans notre mémoire, on disait qu'on était présents dans ce domaine-là,
mais on est présents dans plusieurs domaines. On est des distributeurs
d'énergie. Donc, comme on disait dans le mémoire, c'est qu'on est là pour
distribuer l'énergie dont les Québécois ont besoin. Donc, on va aller dans ce
sens-là, évidemment, l'énergie qu'on sera capable de distribuer comme bon,
l'électricité, on peut en distribuer à travers nos bornes de recharge.
Évidemment, on ne peut pas le faire autrement. Mais on est là pour toutes
sortes d'énergies qui seront... qui seront utiles pour le... pour les
consommateurs québécois.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
de neuf secondes. Merci beaucoup.
M. Bouazzi : Vous
planifiez...
Le Président (M. Montigny) : C'est
maintenant la période de droit de parole au député de Jean-Talon pour 2 min 38
s.
M. Paradis : Est-ce que j'ai
bien compris, notamment le début de votre témoignage, vous dites : Nous,
on veut faire partie de la conversation sur l'avenir énergétique du Québec, on
ne doit pas être oubliés, nous, notamment dans cette perspective de ne pas
créer des déserts énergétiques au Québec? Vous dites : Nnous, on veut
participer au dialogue.
Mme Marcotte (Sonia) : Tout à
fait.
M. Paradis : Là, vous êtes
ici pour commenter un projet de loi qui a été présenté par le gouvernement, qui
est un projet de loi technique, mais sur sa vision énergétique. Justement, là,
avant de venir ici, vous, est-ce que vous avez été consultés par le
gouvernement sur ces orientations-là?
Mme Marcotte (Sonia) : Pas
sur le projet de loi, non.
M. Paradis : Non. Puis sur
son plan, sur sa vision énergétique à long terme avez-vous eu un dialogue,
avez-vous été consultés dans ce qui précède ce projet de loi là?
Mme Marcotte (Sonia) : On a
eu une rencontre avec M. Fitzgibbon pendant son mandat.
M. Paradis : O.K. Mais est-ce
qu'on vous a présenté un plan, une vision sur laquelle on vous a demandé votre
avis?
Mme Marcotte (Sonia) : Nous,
on allait justement montrer l'importance qu'on avait pour la sécurité
énergétique des Québécois parce que. Quand il arrive des pannes, il y a un
problème, et s'il y a des déserts énergétiques qui se créent, il va y avoir
d'autres problèmes. Donc, on était là pour présenter notre vision et dire aussi
qu'on était prêts à travailler. On est prêts à travailler avec le gouvernement,
c'est ce qu'on veut faire.
M. Paradis : Donc, est-ce que
je comprends qu'au-delà d'un projet de loi qu'on a sur la table, là, puis des
consultations particulières sur ce projet de loi là, vous, vous invitez la
ministre à ouvrir le dialogue avec vous sur un véritable plan, sur une
véritable politique énergétique? C'est bien ça?
Mme Marcotte (Sonia) : Tout à
fait. On a d'ailleurs transmis une lettre à Mme la ministre pour une rencontre
éventuelle.
M. Paradis : Très bien. Mais,
en ce qui concerne ce projet de loi, parce que vous nous parlez beaucoup de
l'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers, là, qui est sur cette
question-là du prix plancher, ce n'est pas visé par ce projet de loi n° 69 qu'on a devant nous. Qu'est-ce que vous nous
suggérez? Qu'est-ce que vous nous demandez comme députés, comme législateurs,
face à ce projet de loi qu'on a devant nous actuellement?
M. Milette (Pierre) : Je vais
juste y aller assez rapidement. Mais donc ça peut paraître étrange qu'on est
ici sur un projet de loi dont l'article qu'on discute n'est pas dans le projet
de loi, c'est quand le... quand M. Fitzgibbon a fait un point de presse, au mois
de mai, pour annoncer qu'il allait amender le projet de loi pour abolir
l'article 67 de la Loi sur les produits pétroliers, c'est plusieurs
semaines avant le dépôt du projet de loi. Donc, à notre surprise, quand le
projet de loi a été déposé, c'est que l'amendement, l'abolition, n'était pas
dans le projet de loi. Donc, on s'est inscrits sur la, je vais le dire entre
guillemets, «rumeur» de cette modification-là, sans autre signe, et notre
crainte... En fin de compte, ce qu'on se demandait, c'est : Est-ce que M.
Fitzgibbon allait...
Le Président (M. Montigny) : En
conclusion, en conclusion.
M. Milette (Pierre) : ...amender
son propre projet de loi après les audiences publiques? Et là, c'est là où on
se dit : O.K., on va... ça va arriver quand?
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Milette (Pierre) : Donc là,
il reste à savoir...
M. Paradis : Vous ne saviez
pas à quoi vous attendre, hein? Nous autres non plus.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
le temps est maintenant écoulé. Je vous remercie beaucoup pour votre
contribution aux travaux. La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 50
)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 02)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
bonjour... bonjour à tous. À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques. Nous poursuivons la... les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi
n° 69, la Loi assurant assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.
Cet après-midi... Nous entendrons le
Conseil du patronat du Québec, l'Association canadienne de l'énergie
renouvelable, Énergie solaire Québec et l'Association des consommateurs
industriels de gaz cet après-midi.
Maintenant, sans plus tarder, je souhaite
la bienvenue au Conseil du patronat du Québec. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, et puis, par la suite, il y aura
une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite à vous
présenter, même si on vous connaît un peu, vous présenter puis à débuter votre
exposé maintenant.
M. Blackburn
(Karl) :
Merci.
Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat
du Québec.
Mme Kozhaya
(Norma) :Bonjour. Norma Kozhaya,
vice-présidente à la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat.
Le Président (M. Montigny) : Bienvenue.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
merci, M. le Président, chers membres de l'Assemblée, Mme la ministre de l'Innovation
et de l'Énergie et de l'Économie. Alors, je vous remercie de nous donner l'occasion
de présenter le point de vue du Conseil du patronat du Québec concernant le projet
de loi n° 69, intitulé Loi assurant la gouvernance responsable des
ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives. Cette
loi propose des réformes importantes pour encadrer la gestion de nos ressources
énergétiques, un enjeu clé dans le contexte actuel de notre transition
énergétique.
Le CPQ, qui représente près de 70 000 employeurs
à travers le Québec, est particulièrement préoccupé par les effets de ce projet
de loi sur le milieu d'affaires et l'ensemble de l'économie québécoise. Nous
reconnaissons l'importance cruciale de ce projet de loi pour assurer une
transition énergétique réussie, tout en veillant à la compétitivité des
entreprises québécoises et à un environnement d'affaires attrayant.
Le secteur énergétique du Québec a connu
de profonds bouleversements au cours des dernières années. Alors qu'en 2019,
Hydro-Québec prévoyait des surplus énergétiques pour plusieurs années, nous
faisons face aujourd'hui à des défis majeurs avec des besoins supplémentaires d'approvisionnement
dès 2027 et des besoins en puissance à compter de l'hiver 2027-2028. Cela
souligne l'importance de planifier de façon proactive pour assurer un
approvisionnement adéquat tout en maintenant une tarification compétitive.
Le CPQ appuie fermement la nécessité de
développer une approche responsable et durable des ressources énergétiques,
notamment à travers la diversification des sources d'énergie, la promotion de l'efficacité
énergétique et le soutien à l'innovation technologique. Cependant, il est
essentiel que ces changements ne nuisent pas à la compétitivité de nos
entreprises.
Nous saluons plusieurs éléments du projet
de loi n° 69 qui reflètent des recommandations de longue date du Conseil
du patronat du Québec. En particulier, nous soulignons l'importance de la mise
en place d'un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, qui établit
une vision à long terme pour le secteur énergétique avec des mises à jour
périodiques pour garantir... l'adaptation, pardon, aux réalités changeantes.
Cette planification de 25 ans, actualisée tous les six ans, est un outil
essentiel pour assurer une gestion prévisible et ordonnée des ressources
énergétiques.
Nous saluons également l'initiative de
fixer des tarifs en fonction du coût de service sous la supervision de la Régie
de l'énergie. Ce processus plus transparent permet une meilleure prévisibilité
pour les entreprises et... minimise, pardon, les risques de chocs tarifaires
tout en favorisant une tarification plus juste et équitable. Toutefois,
certains enjeux demeurent encore préoccupants. J'y reviendrai plus tard...
M. Blackburn (Karl) : ...enfin,
nous accueillons favorablement la reconnaissance explicite du rôle du secteur
privé dans la production d'énergie. L'ouverture à la production d'énergie par
des acteurs privés, notamment pour des sources renouvelables, contribuera à
diversifier l'offre et à réduire la pression sur Hydro-Québec.
Cependant, plusieurs dispositions du
projet de loi soulèvent des préoccupations importantes pour le milieu des
affaires, particulièrement en ce qui concerne la compétitivité des entreprises
québécoises. Permettez-moi d'abord trois points principaux, la tarification
industrielle et l'interfinancement. Le projet de loi abroge l'article 52.1
de la Loi sur la Régie de l'énergie, supprimant ainsi la non-indexation du
tarif L. Cette décision risque d'entraîner une hausse importante des coûts pour
les grandes industries, déjà lourdement pénalisées par l'interfinancement où
les entreprises paient plus que le coût réel de leurs services, tandis que les
consommateurs résidentiels bénéficient de tarifs subventionnés.
Le CPQ estime qu'il est urgent de revoir
ce modèle d'interfinancement pour rétablir une tarification équitable et basée
sur les coûts réels. Pour le CPQ, il importe que le tarif résidentiel reflète
l'importance de la sobriété et l'efficacité énergétique pour encourager les
changements de comportements nécessaires.
Ensuite, le maintien d'une énergie à
faible coût pour les grandes entreprises n'est pas incompatible avec la
transition énergétique et il est essentiel pour préserver cet avantage
compétitif, pour encourager les investissements et l'innovation.
La production et distribution de l'énergie
par le secteur privé. Le CPQ se réjouit à... de l'ouverture accordée au secteur
privé pour la production d'énergie, mais nous croyons que le projet de loi
pourrait aller plus loin. Actuellement, la vente privée d'électricité à un seul
consommateur situé sur un terrain adjacent à l'installation de production...
Nous recommandons de permettre la vente d'électricité à plusieurs consommateurs
et à des clients situés au-delà de ces restrictions géographiques. Cela
permettrait de maximiser l'utilisation des ressources disponibles et de
favoriser le développement de projets à l'échelle régionale, en particulier
dans les zones industrielles et les parcs énergétiques.
Au niveau des appels d'offres et la
compétitivité des approvisionnements, le retrait de l'obligation de passer par
des tests ou des appels d'offres pour certains contrats d'approvisionnement
d'Hydro-Québec soulève des questionnements quant à la transparence et à la
compétitivité des processus d'octroi. Si nous comprenons la nécessité de
réduire les délais de réalisation des projets, il est primordial d'assurer que
ces contrats soient attribués de manière équitable, transparente et compétitive
afin d'éviter des augmentations inutiles des coûts qui pourraient se répercuter
sur les tarifs.
• (15 h 10) •
En résumé, le CPQ recommande notamment les
actions suivantes pour améliorer, bien humblement, le projet de loi n° 69.
Réintroduire un mécanisme incitatif de réglementation pour encourager
Hydro-Québec à améliorer l'efficacité de ses services, tout en partageant les
gains de performance avec les consommateurs. Mettre fin graduellement à
l'interfinancement entre les tarifs résidentiels et commerciaux, en ajoutant...
en ajustant, pardon, les tarifs résidentiels pour qu'ils reflètent les coûts
réels de services, tout en protégeant les populations vulnérables à travers des
programmes d'État ciblés. Favoriser une plus grande implication du secteur
privé dans la production d'énergie renouvelable en permettant la vente à
plusieurs clients et en assouplissant les restrictions géographiques pour optimiser
la localisation des projets. Assurer la transparence et la compétitivité des
appels d'offres pour les nouveaux approvisionnements énergétiques, en limitant,
entre autres, les exceptions et en renforçant les mécanismes de surveillance.
En conclusion, M. le Président, le projet
de loi n° 69 marque une étape cruciale dans la modernisation du cadre
énergétique du Québec. Le CPQ soutient les principes de ce projet qui vise à
assurer une gestion responsable et intégrée des ressources énergétiques, tout
en favorisant la transition énergétique. Toutefois, il est essentiel que ces
réformes ne nuisent pas à la compétitivité...
M. Blackburn (Karl) : ...des
entreprises québécoises, en particulier dans un contexte économique mondial de
plus en plus concurrentiel. S'il y a un élément à retenir de notre
intervention... est que le Québec a toujours eu un avantage en offrant une
tarification électrique bien plus compétitive qu'ailleurs dans le monde. C'est
d'ailleurs probablement l'élément qui distingue le plus notre environnement
d'affaires et qui nous a permis d'attirer de grandes entreprises.
Malheureusement, nous avons perdu ces
avantages, et nous ne pouvons pas faire abstraction de ce fait. Aujourd'hui,
nous avons la chance de pouvoir corriger le tir, et j'invite tous les membres
de la commission à tenir compte de ces données. On veut plus de productivité,
plus de meilleurs salaires, plus de grandes entreprises et on veut dépasser
l'Ontario. Ce sont des objectifs louables. Mais, pour y arriver, il va falloir être
capable d'offrir un environnement d'affaires compétitif pour le Québec, et ça
passe certainement par son avantage dans la tarification électrique.
Nous remercions les membres de la
commission pour leur attention et restons disponibles pour toute question.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Parfait.
Je vous remercie beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange. Je vais céder la parole maintenant à Mme la ministre. Vous
disposez de 16 min 30 s
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, bonjour à vous deux, merci, merci d'être là.
Très contente de vous revoir, M. Blackburn, qui avez l'air en pleine forme, Mme
Kozhaya, merci d'être là et de partager vos propositions avec les membres de la
commission.
Je vous amènerais dans un premier temps
sur le potentiel énergétique qui existe au Québec. Dans quelle mesure vous
voyez que le Québec puisse aller tirer parti de nos ressources énergétiques
pour se positionner avantageusement à l'échelle internationale, dans un
contexte de transition énergétique? Est-ce que, pour vous, il y a là quelque
chose à activer, là?
M. Blackburn (Karl) : Il est
énorme, le potentiel énergétique au Québec. Si le Québec que nous avons
aujourd'hui... il est en partie grâce à nos ressources naturelles, grâce à nos
ressources énergétiques, et, on le voit, la science nous permet de...
potentiellement de développer des nouvelles façons de générer de l'énergie; la
recherche, également.
Mais il faut absolument éviter de penser
que nous sommes les seuls au monde qui avons cette capacité de s'améliorer, les
États voisins, les pays voisins s'améliorent également. Donc, l'avantage que
nous avions en énergie à une certaine époque, bien, malheureusement, nous sommes
en train de le perdre.
Et il est clair que pour nous l'énergie a
toujours été au cœur de notre développement, et je suis convaincu qu'elle va
continuer de jouer un rôle extrêmement important dans les prochaines années,
pour les prochaines générations, que ce soit l'énergie hydroélectrique ou
toutes les nouvelles formes d'énergie qu'on peut bien sûr utiliser, et j'aime
reprendre une expression que ma collègue Norma utilise souvent : pour
nous, au Conseil du patronat, c'est souvent la bonne énergie au bon endroit. Ça
ne veut pas dire que l'hydroélectricité, par exemple, est parfaite pour toutes
les utilisations, ça ne veut pas dire que l'éolien est parfait pour toutes les
utilisations. Donc, pour nous, c'est vraiment l'utilisation de la bonne énergie
au bon endroit, et c'est de cette façon qu'on continuera de créer de la
richesse et de la prospérité autour de l'énergie.
Mme Fréchette : Est-ce que
notre objectif, en fait... En fait, je me... je me questionne à l'effet que
vous n'êtes pas convaincus qu'il faille intégrer, prendre en compte la
transition énergétique dans la fixation des tarifs de transport puis de
distribution d'électricité. Donc, dans un contexte de transition énergétique,
pourquoi est-ce qu'on ne devrait pas prendre cet élément-là dans l'équation qui
va nous mener à la fixation des tarifs? Ça, ça me questionne.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
je peux amorcer un début de réponse, et je vais laisser la... ma collègue Norma
la compléter. D'abord, on se réjouit que la Régie de l'énergie retrouve un
certain niveau de pouvoir, en quelque sorte, pour dépolitiser, si je peux le
dire ainsi, les tarifications électriques, et même l'octroi de blocs
énergétiques. Je pense que, ça, c'est important de le revoir un peu dans son
ensemble. On aurait aimé que ça puisse aller plus loin.
Ceci étant dit, il est clair que la
transition énergétique est jumelée bien évidemment à la capacité que nous avons
de générer. Mais cette sensibilité devrait être pour tous les utilisateurs de
l'énergie, et non simplement le secteur économique. Malheureusement, un groupe
important de cet... de ces consommateurs énergétiques que représentent les
citoyens, bien, n'ont pas nécessairement cette même volonté ou ce même intérêt
de faire en sorte d'avoir une utilisation beaucoup plus efficace et efficiente
de leur consommation d'énergie, en lien justement avec le coût réel que
représentent la production, le transport, la distribution de cette énergie, et
cette façon de ne pas faire une juste reconnaissance pour le client, bien, fait
en sorte qu'on vient pénaliser le...
M. Blackburn (Karl) : ...secteur
économique et le secteur commercial qui vont malheureusement devoir absorber
une partie plus grande du coût réel de cette énergie en lien justement avec une
volonté qui est exprimée clairement par le gouvernement pour ne pas faire payer
la juste part à l'ensemble des citoyens. Et peut-être que, Norma, de ton
côté...
Mme Kozhaya
(Norma) :Peut-être en complément, si je
peux. Effectivement, c'est que, dans un monde idéal, les tarifs devraient se
rapprocher le plus possible des coûts de service, comme M. Blackburn l'a
mentionné.
Maintenant, ce qui est préoccupant, c'est
la façon dont c'est formulé. C'est que, dans les tarifs, la régie «peut tenir
compte de tout autre élément qu'elle estime approprié, notamment pour favoriser
la réalisation de la transition énergétique», donc ça nous semble très large.
Si je donne un exemple hypothétique, bon,
mettons, l'électrification des véhicules personnels, mettons, ça, ça fait
partie de la transition énergétique. Est-ce que, si on décide de subventionner
davantage, mettons... encore une fois, ce n'est pas le bon exemple, mais ça va
se refléter sur les tarifs industriels de façon indirecte, si la régie prend
compte de... que cet élément-là, il est en faveur de la transition énergétique,
encore une fois étant donné qu'on ne règle pas la question de
l'interfinancement et que le milieu des affaires va assumer une facture qui est
plus grande que les coûts? Donc, on pense que, si on veut absolument tenir
compte de ce volet-là dans les tarifs, parce que c'est vrai que, dans les
mandats de la régie, pour approuver, mettons, pour regarder les contrats, les
projets, la transition énergétique... tenir compte de la transition
énergétique, c'est essentiel, si on veut aussi en prendre... prendre ça en
considération dans les tarifs, il faut qu'il y ait certaines balises, pour le
moins, pour ne pas que ça... qu'on puisse quasiment, bon, mettre n'importe
quoi, quasiment, dans les tarifs, encore une fois qui vont être assumés de
façon disproportionnée par le milieu des affaires.
Mme Fréchette : Je reviens
sur un de vos propos à l'effet qu'il faille que le coût... le tarif reflète les
coûts. Une des... Une des questions qui m'habitent, c'est : Est-ce que
l'électricité que l'on distribue, que l'on produit devrait être vendue selon...
sur la base du coût ou sur la base de sa valeur? Je ne suis pas sûre que les
deux chiffres se rejoignent nécessairement. Parce qu'on nous dit : Ah!
mais le bloc patrimonial, c'est un bloc d'énergie pour lequel les
investissements qui ont été faits sont déjà amortis, alors, au fond, la valeur
de ça, elle est réduite. Mais, dans les faits, est-ce qu'on devrait baser notre
coût d'électricité sur cette valeur de l'électricité ou sur le coût,
considérant qu'il a été amorti déjà au fil des dernières décennies? J'aimerais
ça vous entendre là-dessus.
M. Blackburn (Karl) : Je vais
amorcer un début de réponse et je vais laisser Norma enchaîner pour la suite.
À ce moment-là, les nouvelles formes
d'énergie, elles coûteraient beaucoup trop cher à utiliser. Alors, je pense
que...
Mme Fréchette : Aussi, aussi,
mais on a les deux extrêmes.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
c'est ça. Alors, la façon de le voir, c'est comment cette énergie-là, dans un
contexte mondial qui s'est globalement amélioré, fait en sorte que le Québec
peut tirer... tirer encore son épingle du jeu. Et cette énergie, qui était un
avantage indéniable, avec un coût faible et bien sûr l'énergie renouvelable,
qui a toujours fait la marque du Québec, bien, on est en train de le perdre,
cet avantage-là. Parce que les autres provinces, comme je l'ai mentionné, ou
les autres États ont développé des nouvelles façons aussi de créer de l'énergie
renouvelable, non polluante, à faible coût. Alors, il est clair que pour nous,
cet aspect du coût, il est essentiel pour permettre de garder cet avantage pour
le Québec et ainsi générer cette richesse collective.
La prévisibilité, c'est un autre phénomène
important. Malheureusement, dans les dernières années, on s'est heurtés à une
non-disponibilité, à court terme ou moyen terme, de blocs d'énergie importants
pour permettre à des entreprises du Québec de pouvoir se décarboner, de
décarboner leur production. Alors, le coût et la disponibilité de cette énergie
fait en sorte qu'on a un avantage ou on perd cet avantage. Ça, c'est clair.
• (15 h 20) •
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Bien, effectivement, c'est
une question qui est... qui est centrale. Et, je dirais, c'est peut-être un
mélange des deux. Parce que, d'un côté, effectivement, on se dit, si c'est les
coûts, peut-être qu'il devrait y avoir des tarifs différenciés. Parce qu'on
croit aussi de l'importance de ce qu'on appelle l'économie évitée où les
économies d'énergie, ce n'est pas juste l'efficacité énergétique,
effectivement, la sobriété, mais, mettons, l'effacement pendant la période de
pointe, ou autres, qui vont ultimement nous permettre d'investir moins et donc
de dépenser moins dans le futur. Peut-être que, pour ce volet-là, c'est
davantage la valeur de ces investissements. Donc, c'est un peu un mélange des
deux. Mais c'est clair qu'il faut aussi prendre en considération, comme M.
Blackburn l'a dit, qu'on est en concurrence également avec d'autres États et
que dans certains cas, cette énergie-là, il y a des décisions d'investissement
et d'affaires qui se sont faites sur une certaine base qu'on ne peut pas
changer d'un jour au lendemain non plus. Mais c'est... c'est...
Mme Kozhaya
(Norma) :...c'est un peu un mélange des deux.
En ce moment, c'est davantage le coût moyen. Je sais qu'il y en a qui disent :
Ça va être le coût marginal. C'est clair que c'est un choc tarifaire, et que
les investissements qu'on a eus, qu'on a déjà amortis, effectivement, bien, il
faut quand même que ça nous avantage d'une certaine façon.
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre un... un complément de réponse à ce que Norma vient de
mentionner, nous l'avons indiqué dans notre mémoire. Bien évidemment, je n'en
ai pas parlé nécessairement ici, mais prenons juste le temps de regarder un peu
ce qui s'est passé du côté sud de la frontière, où le gouvernement américain a
déployé un vaste chantier avec leur projet de l'Inflation Reduction Act, qui
était des investissements colossaux, entre autres au niveau de l'énergie. Et
toutes les estimations vont dans la même direction, cet investissement colossal
que fait le gouvernement américain va réduire le coût de l'énergie de 4 à 5, 6,
7 %, dépendamment de certains types d'énergie. Alors que nous, de notre
côté, bien, on parle d'augmenter de façon considérable le coût de l'énergie
pour les entreprises, que ce soit les petites ou les grandes.
Alors, vous voyez qu'il y a un écart qui
est en train de se creuser, et, si on veut garder cet avantage, qui est extrêmement
important pour le Québec, puis les économies ou les entreprises au Québec, on
doit absolument trouver une façon d'adresser cette réalité pour qu'elle reflète
le juste coût avec tous les éléments et les composants qui s'y...
Mme Fréchette : Merci. Vous
saluez dans le mémoire, là, le rehaussement du seuil à 100 mégawatts, là,
pour les petites centrales hydroélectriques. Quel bénéfice est-ce que vous
associez à ce rehaussement-là jusqu'à 100 mégawatts?
Mme Kozhaya
(Norma) :Il y a plusieurs bénéfices. D'un
côté, c'est que ça va... ça va permettre une augmentation de la capacité
énergétique dans différentes régions. Donc, ça va être bénéfique également en
termes de retombées régionales pour les municipalités, également pour certaines
communautés. Donc, ça ajoute de la flexibilité et ça ajoute aussi des
possibilités parce qu'on sait que les besoins sont quand même très importants.
Donc, nous, tous les éléments qui ajoutent de la flexibilité, qui permettent de
nouvelles options sont bienvenus étant donné nos besoins futurs.
M. Blackburn (Karl) : Et il
ne faut pas sous-estimer l'impact que peut avoir pour des communautés ces
investissements-là. Je prends un exemple que le député de Dubuc connaît bien à
Val-Jalbert. Imaginez, il y a quelques années, à Val-Jalbert, ils ont eu la
capacité de faire un partenariat avec les communautés, le privé, pour
développer de l'énergie à partir de la chute de Val-Jalbert, qui est d'ailleurs
exposé ici dans les escaliers du Parlement. Bien, cette énergie-là, sans briser
la vue et le site historique de Val-Jalbert, génère tellement de retombées
économiques qu'ils sont capables de réinvestir dans leur développement, dans
l'amélioration de leurs infrastructures et de leur produit d'appel. Ça génère
des retombées pour la société en général, parce qu'Hydro-Québec en tire
également des bénéfices. Alors, bien évidemment que la capacité que le privé
peut avoir ou d'autres projets peuvent avoir pour les communautés, mais pour la
société en général, c'est... ça, c'est des bonnes nouvelles.
Mme Fréchette : Merci. Bon,
vous l'avez mentionné tout à l'heure, là, vous voulez qu'on élargisse, là, la
vente d'électricité au-delà... par des producteurs privés, là, au-delà du
terrain adjacent. Qu'est-ce que vous voyez comme système de transport pour
cette énergie-là? De quelle manière vous voyez que ça puisse desservir les
clients? Et puis qu'est-ce que vous dites aussi à ceux qui s'inquiètent qu'on
fasse une brèche dans le monopole d'Hydro-Québec pour ce qui est de la production
puis de la distribution?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
je pense que, pour rassurer tout le monde, c'est... Hydro-Québec, c'est un
joyau du Québec qui appartient aux Québécois. Et ça, il n'est pas question de
le changer. Mais est-ce que le privé peut venir aider la société québécoise en
produisant de l'énergie, en fournissant des clients, toujours étant le fait que
ça demeure une... un bien collectif. Bien, évidemment, mais prenons l'exemple
de... les parcs industriels dans certaines régions. Des parcs industriels dans
certaines régions, souvent les distances sont énormes, le terrain n'est pas
nécessairement adjacent à un client potentiel au niveau énergétique, mais il
peut y avoir un endroit stratégique pour créer, par exemple, soit des mini
centrales ou développer des parcs éoliens ou développer des parcs solaires.
Mais pour cela, si on est limité à pouvoir alimenter seulement que ses voisins,
on se prive de potentiels intéressants de fourniture sans enlever quoi que ce
soit à la société d'État. Alors ça, c'est vraiment un élément qui pourrait
permettre, entre autres, aux parcs industriels dans les régions du Québec
d'avoir accès à de la nouvelle source... à de nouvelles sources d'énergie, sans
pénaliser les avantages qu'Hydro-Québec procure.
Mme Fréchette : Et comment
vous voyez qu'on suscite l'adhésion des communautés concernées par ces
projets-là qui y habitent? Comment est-ce qu'on génère l'acceptabilité sociale,
ce qui est souvent un enjeu, là, pour ce type de projets.
M. Blackburn (Karl) : En
étant transparent et en s'assurant que les mécanismes de transparence et de
régulation...
M. Blackburn (Karl) : ...puisse
être bien expliqué. Prenons l'exemple de Val-Jalbert, Mme la ministre... À
Val-Jalbert, il y avait...
Mme Fréchette : On sent que
vous avez une région favorite.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
c'est mon royaume, alors vous comprendrez qu'avec beaucoup d'humilité je parle
de mon royaume. Mais, ceci étant dit, alors, au début, les gens ne voulaient
rien savoir, la population se braquait derrière ce projet-là, nous allons
perdre notre chute, à Val-Jalbert. Les gens ont été transparents, ont présenté
des nouvelles options, des nouvelles alternatives. Ils ont modifié, amélioré
leur projet. Aujourd'hui, personne ne se plaint, et ça génère des retombées
économiques importantes. Alors, si on s'était...
Mme Fréchette : Parlez-nous
de ces retombées qui sont générées. Comment ça se traduit?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, pour le village même de Val-Jalbert, le village même de Val-Jalbert
investit des centaines de milliers de dollars dans leur développement, qui sont
générés par les bénéfices de l'utilisation d'un barrage à Val-Jalbert. La
communauté innue de Mashteuiatsh est partenaire dans ce projet-là, ils investissent
également dans leur développement, dans leurs infrastructures, ils retournent,
en quelque sorte, des services à la population. Alors, tout le monde y gagne, à
cet égard là.
Et, dans ce contexte, évitons de nous
fermer des portes, laissons-nous donc des portes ouvertes pour voir quels
seraient les meilleurs projets pour les meilleures utilisations, en fonction de
réalités... de réalités régionales. Et, si je peux le dire ainsi, le mur-à-mur,
ce n'est pas... peut-être pas la solution qu'il faut développer, mais allons y
plutôt sur mesure, et, dans ce contexte-là, je pense qu'on ne se ferme aucune
porte en le faisant de cette façon.
Mme Fréchette : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Montigny) : 1 min 30 s.
Mme Fréchette : 1 min 30 s?
Bon. Bon, comment justifier, auprès des Québécois, là, que vous souhaitez
éliminer graduellement, là, l'interfinancement, alors que ce sont des fonds
publics, quand même, qui ont permis de créer les infrastructures et la production
dont on bénéficie aujourd'hui, là? Comment vous conciliez ça?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
l'interfinancement ne permet pas de constater le réel coût de l'énergie que
vous payez. Et, si on veut changer des comportements, si on veut amener les gens
à changer leur approche en lien avec la transition énergétique ou l'énergie
comme telle, et son utilisation, bien, on doit s'assurer que les gens puissent
connaître exactement qu'est-ce que ça veut dire.
Ceci étant dit, l'interfinancement, en
l'abolissant graduellement, parce qu'on ne veut pas créer un choc tarifaire à
court terme, on veut y aller de façon graduelle, on est bien conscients qu'il
peut y avoir des faibles... des familles à faibles revenus qui vont être plus
durement affectées que d'autres, d'où la création d'un fonds qui va venir aider
les familles à faibles revenus pour faire face à ces augmentations tarifaires.
Mais l'interfinancement reconnaîtrait, si on l'abolissait, le réel coût de
l'énergie pour les utilisateurs.
Mme Kozhaya (Norma) :...en complément, si on a quelques secondes, ça
permettrait...
Le Président (M. Montigny) : 15
secondes. Allez-y.
Mme Kozhaya
(Norma) :Merci. Ça permet de valoriser
davantage cette richesse. C'est une richesse nationale, ça permet de la
valoriser davantage. Voilà.
Mme Fréchette : Merci. Merci
à vous deux.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le moment de donner la parole à Mme la députée de
Saint-Laurent. Vous disposez, donc, de 10 min 24 s.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, Mme Kozhaya, bonjour, M. Blackburn, très ravie de
vous voir. Vous semblez en bonne forme, j'aime bien ça.
M. Blackburn (Karl) : Je suis
en bonne forme.
Mme Rizqy : Excellent.
Dites-moi, la semaine dernière, on a reçu, quand même, plusieurs intervenants
et on a parlé du fameux tarif L. Permettez moi de vous lire un échange qui a eu
lieu en Chambre, lors de la période des questions, avec la ministre de
l'Économie. Alors, voici la réponse portant sur le tarif L : «Alors, Mme
la Présidente, si on veut parler du Dollarama, bien, j'aimerais bien rappeler
une mesure qu'a adoptée le Parti libéral, à savoir qu'ils ont donné un cadeau
aux industriels en faisant en sorte que les industriels ne soient pas indexés
pendant des années sur le bloc patrimonial d'énergie qu'ils ont consommé. Avec
la CAQ, ce cadeau-là, c'est fini.»
Est-ce qu'on parle vraiment d'un cadeau
lorsqu'on... il est question du tarif L pour les entreprises? Mais aussi, c'est
quoi, les... la conséquence? Parce qu'elle a aussi parlé d'une prime verte.
Moi, comme fiscaliste, quand j'entends «prime verte», ça rime souvent de «taxe
verte», c'est juste mieux enrobé. Mais quelle pourrait être la conséquence pour
les entreprises industrielles, mais surtout, les emplois, et, plus
particulièrement, en région?
• (15 h 30) •
M. Blackburn (Karl) : D'abord,
le tarif L est un avantage indéniable que détient le Québec pour attirer des
grandes entreprises dans son écosystème, dans ses régions. Ces grandes
entreprises créent des écosystèmes autour d'eux. Sans cet avantage indéniable,
probablement qu'elles regarderaient ailleurs pour faire cette énergie. Donc, ce
n'est pas un cadeau, c'est un avantage pour attirer des investissements au
Québec.
Nous allons... Nous rendons publique une
étude, qui va... qui va sortir dans les prochains jours, sur l'impact et
l'importance des grandes entreprises dans l'écosystème québécois, et le tarif L
permet d'avoir des investissements importants. Ces grandes entreprises, que ce
soit sur le taux du salaire moyen, sur...
15 h 30 (version non révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...les
investissements, sur l'innovation, sur la recherche, sur les retombées d'investissement
de multiples petites entreprises, ont un avantage indéniable pour le Québec. On
pourrait dire : Bien, le tarif L, c'est une partie du coût de l'énergie ou
des coûts des opérations, puis les entreprises, si on augmente le coût de
quatre, cinq, 7 %, bien, elles vont continuer de rester ici, au Québec,
mais, dans un contexte d'affaires mondial, où notre compétiteur maintenant, c'est
le pays voisin ou le continent voisin, cet avantage que nous avions en termes d'énergie,
nous l'avons perdu au cours des dernières années. Et l'environnement d'affaires
dans lequel nous évoluons, malheureusement, s'est également détérioré. La
lourdeur administrative, la lourdeur réglementaire, la lourdeur bureaucratique,
la lenteur dans certaines décisions, fait en sorte que l'environnement d'affaires
global, incluant le coût de l'énergie et... s'est détérioré.
J'ai plusieurs de nos membres qui nous ont
fait part de projets d'investissement, ils doivent réinvestir dans leur
entreprise pour décarboner leur production. Pourquoi? Parce que leurs clients
demandent d'avoir accès à des produits qui respectent les nouvelles normes
environnementales. Pour décarboner leur production parce que le marché l'exige,
bien évidemment, si l'énergie est le seul élément pour lequel on est capable de
les attirer, bien, ce n'est plus le seul élément pour lequel on peut les
attirer. Ils ont maintenant la capacité de regarder ailleurs. Et, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, d'autres États, d'autres provinces ont développé des
nouvelles façons de créer de l'énergie renouvelable à bas coût, qui vient faire
en sorte que la compétitivité est bien au-delà des frontières du Québec. Alors,
le tarif L a été mis en place pour favoriser des investissements, attirer des
grandes entreprises. Et dans ce contexte-là, il faut le voir comme étant un
outil pour attirer des investissements et non pas l'inverse.
Mme Rizqy : Donc, ça pourrait
détériorer davantage la compétitivité des entreprises déjà installées ici, au
Québec.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
tout à fait. Si je prends les conséquences de le «inflaxion reduction act» sur
le côté américain, tous les experts le démontrent clairement qu'il va y avoir
une réduction importante du coût de l'énergie aux États-Unis de cinq, 7 et à
8 % dans certains cas, alors qu'ici on parle d'une augmentation de quatre,
cinq, même 7 % pour certains secteurs industriels. Alors, bien évidemment
que, si on observe le sel... le seul coût de l'énergie, bien, malheureusement
on devient moins compétitif avec ces éléments-là.
Mme Rizqy : Moi, je n'étais
pas à Val-Jalbert, mais j'étais à La Baie.
M. Blackburn (Karl) : Ce n'est
pas loin.
Mme Rizqy : Oui, exactement.
M. Blackburn (Karl) : C'est
dans le royaume du député de Dubuc. Ma mère vient de La Baie.
Mme Rizqy : Bien, moi, vous
comprendrez que j'ai un petit parti pris pour la Baie, où est-ce que j'ai eu
vraiment de très beaux souvenirs. Et, à l'époque, ça s'appelait Alcan. Par la
suite, j'étais là lors de la fusion, acquisition, c'est devenu Rio Tinto Alcan
et maintenant c'est Rio Tinto tout court. Mais je vais prendre cet exemple-là.
Donc, on a une usine très importante, mais on a aussi plusieurs fournisseurs
qui existent parce que leur principal donneur de commandes, c'est la grande
usine, n'est-ce pas?
M. Blackburn
(Karl) :
Exact.
Mme Rizqy : Alors, à terme, s'il
y avait une augmentation du tarif L, est-il possible que non seulement le grand
industriel décide de quitter, mais puisse aussi par... l'effet domino,
malheureusement, avoir des effets sur les petits fournisseurs locaux.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
le message qu'on entend, et je ne peux pas répondre pour les industriels, mais
le message qu'on nous lance et qu'on nous présente, c'est que, malheureusement,
si on devient moins compétitif, si on perd cet avantage qui a été un avantage
important pour le Québec, bien, dans un contexte d'investissement global, il se
peut que des investissements se fassent ailleurs. Si on n'avait pas eu accès à
cette énergie renouvelable et à bas coût, probablement que l'aluminium verte au
monde qui est produite au Saguenay–Lac-Saint-Jean...
Mme Rizqy : Le plus vert au
monde, hein?
M. Blackburn (Karl) : ...le
plus vert au monde n'aurait pas vu le jour. Mais grâce à des tarifs électriques
bas, respectueux d'investissements, bien, ça permet d'avoir ces avancées
importantes. Mais aujourd'hui, les compétiteurs, dans le domaine de l'aluminium,
proviennent de d'autres pays dans le monde et qui ont des grandes capacités de
produire de l'aluminium, si on prend l'exemple de l'aluminium. Et
malheureusement, c'est clair que... dans ce contexte de compétition
internationale, que l'énergie doit demeurer un avantage concurrentiel pour nos
entreprises ici si on veut qu'elles continuent d'investir et de croître et de
développer leur organisation et l'écosystème. Parce que vous avez parlé d'écosystème,
mais également des centres de recherche sur le terrain à l'Université du Québec
à Chicoutimi, il y a le Centre de recherche sur l'aluminium qui s'est construit
là. Pourquoi? Parce qu'il y avait cet écosystème qui, si on n'avait pas eu cet
avantage énergétique, jamais n'aurait été réalisé dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Mme Rizqy : Dites-moi, nous,
on a parlé de différentes entreprises, mais récemment, on est allés lundi...
Mme Rizqy : ...avec mon chef,
le député de LaFontaine, a visité les Forges de Sorel. C'est une entreprise
établie au Québec depuis 85 ans. Ils ont, comme plusieurs autres,
soumissionné pour obtenir des blocs d'énergie. Ils ont reçu une fin de
non-recevoir, mais aucune explication, aucune grille d'analyse ne leur a été
offerte et aucun droit d'appel non plus. Ça, c'est ce qu'on entend, mais, dans
leur cas, eux sont sortis publiquement. Quand on demande aux entreprises de
soumissionner à nouveau, comment peuvent-ils soumissionner à nouveau quand ils
ne savent même pas où est-ce qu'ils ont perdu des points dans la grille
d'analyse, ou qu'est-ce qui a manqué? Est-ce qu'on aide vraiment nos
entreprises à aller... Est ce que c'est, un, transparent, mais aussi, est-ce
normal de ne même pas savoir sur quoi on est jugé réellement?
M. Blackburn (Karl) : Votre
question est intéressante. Mais je pense qu'il faut éviter de tomber dans le
bon consommateur, ou le bon client, ou le mauvais client, il faut voir comment
on peut faire un et l'autre, par exemple. Dans un contexte, comme vous l'avez
mentionné, bien, probablement que les outils qui vont être octroyés à la Régie
de l'énergie, bien, s'ils étaient encore plus grands, pourraient permettre
d'éviter ce genre de situation, parce qu'on pourrait avoir des critères, on pourrait
avoir des indicateurs, on pourrait avoir, justement, des éléments qui
permettraient de mieux comprendre où on a perdu des points, comme vous l'avez
mentionné. Et là, bien, le projet de loi peut permettre, d'une certaine façon,
d'améliorer ça. Nous, on serait allé plus loin par rapport à la régie pour
avoir davantage... avantage de potentiel et de pouvoir. Et, dans la voiture, on
en parlait justement tout à l'heure en descendant, puis Norma, je t'inviterais
à compléter par rapport, justement, à ce qu'on a mentionné avec l'exemple que
vous nous parlez, parce que ça a fait couler beaucoup d'encre cette semaine.
Mme Rizqy : Et ça continue.
M. Blackburn (Karl) : Oui.
Mme Kozhaya
(Norma) :Effectivement, c'est important
d'avoir une sorte de grille d'analyse, c'est quoi les critères pour que
l'entreprise, mettons, puisse s'ajuster pour la prochaine fois. Donc,
effectivement, et ça peut être la régie qui peut regarder ça. Donc, c'est un
enjeu qui... Donc, l'important, c'est des critères clairs pour tout le monde,
effectivement.
Mme Rizqy : Là, présentement,
le gouvernement... en fait, les entreprises se sont fait dire, pour certaines,
que la raison, c'est impossible de vous raccorder. Ça, on est capables de
comprendre : raccordement. Mais lorsqu'il manque d'énergie, là, l
gouvernement s'est octroyé un super pouvoir de choisir selon qui... selon leur
bon vouloir à lui, là, à ce moment-là, c'était M. Fitzgibbon, qui sont les
gagnants, qui sont les perdants, sans grille d'analyse et sans processus
d'appel. Et là on leur demande de soumissionner à nouveau. Donc, c'est de
l'énergie et, évidemment, il y a de l'accompagnement, il y a des frais à cela
qui sont assumés par, évidemment, les entreprises, mais on a appris aujourd'hui
que les fameux mégawatts qui devaient en principe être disponibles dès 2027, le
gouvernement refusait aujourd'hui de se commettre pour 2027. Alors, pourquoi
qu'on applique s'il n'y a pas de nouveaux mégawatts de disponibles dès 2027?
Est-ce que ça peut être un exercice futile?
Le Président (M. Montigny) : En
40 secondes.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Bien, c'est pour ça qu'il
faut être plus... qu'il faut avoir une plus grande ouverture à toutes les
autres possibilités également de production, et de privilégier probablement les
entreprises existantes.
Mme Rizqy : M. Blackburn,
les dernières secondes vous appartiennent.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, on est très privilégiés d'être ici, mais moi, je suis convaincu que
l'énergie a toujours été un vecteur de croissance pour le Québec et il doit
continuer de jouer ce rôle-là pour la croissance et la prospérité du Québec. On
en est convaincu et on se le fait dire à tous les jours avec les entreprises
qu'on rencontre, qui nous partagent, des fois, des bonnes expériences, des fois
des moins bonnes expériences. Mais il est clair que si on veut garder cet
avantage concurrentiel, on doit absolument, humblement améliorer notre projet
de loi.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
C'est maintenant le moment de laisser la parole au député de Maurice-Richard.
Vous avez 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Est-ce que vous pensez que le plan d'Hydro-Québec jusqu'à 2050, là, qui
consiste à augmenter de 180 térawattheures est important pour l'essor économique,
justement, du Québec?
M. Blackburn (Karl) : Il est
gigantesque. Il est important. Et pas plus tard qu'hier, parce que 2019, pour
nous, c'est hier, on était en surplus énergétique, et on regarde maintenant,
aujourd'hui, on est en pénurie énergétique, il est clair que cette source, ce
secteur économique va nous aider encore à continuer de croître.
M. Bouazzi : Donc, vous
voulez qu'il réussisse, ce plan?
M. Blackburn (Karl) : Bien
évidemment, on veut qu'il réussisse.
• (15 h 40) •
M. Bouazzi : D'accord. Donc,
dans ce plan qui est gigantesque et très, très ambitieux, il ne contient pas,
de ce que nous a dit M. Sabia dans une autre commission, d'ailleurs pas
celle-là, les productions du privé, l'autoproduction ne fait pas partie de ce
plan-là, donc ça se rajoute aux 180 térawattheures. Et le risque numéro
un, il y en a trois, si vous regardez le document, le risque numéro un, c'est
l'accès à main-d'œuvre. Et vous n'êtes pas sans savoir que plus de 20 %
des travailleurs en construction seraient réquisitionnés juste pour ce plan-là.
À chaque fois que vous allez proposer plus de privé, comme vous le faites,
êtes-vous conscient que vous mettez à risque la réussite d'Hydro-Québec?
M. Blackburn (Karl) : Mais
pas du tout. Un bon mix d'utilisation du privé peut être complémentaire. Si on
produit plus d'énergie du côté du privé, on peut certainement aider...
M. Blackburn (Karl) : ...et
la société d'État à atteindre certains objectifs de production. Et le privé...
le privé, dans un contexte comme celui-là, d'abord, je ne vous surprendrai pas
si je vous parle de pénurie de main-d'oeuvre...
M. Bouazzi : Mais je veux
juste être clair, je veux juste être clair, Hydro-Québec dit que, le risque
numéro un, c'est l'accès à la main-d'oeuvre, le privé va prendre de la
main-d'oeuvre, vous ne considérez pas que vous ajoutez du risque?
M. Blackburn (Karl) : Le
privé peut aider Hydro-Québec à générer plus de productivité.
M. Bouazzi : C'est clair. On
a eu des spécialistes qui disent qu'ils vont évidemment augmenter le risque. Je
pense que ça... ça...
Vous dites qu'il faut mettre fin à
l'interfinancement. Et je veux juste qu'on soit clairs pour tout le monde. Ça,
ça veut dire que les prix vont augmenter plus vite pour les Québécoises et les
Québécois avant d'augmenter pour les industries.
M. Blackburn (Karl) : Le coût
que les Québécois et Québécoises paieraient leur énergie refléterait le coût de
production et de distribution ainsi que le coût de production.
M. Bouazzi : Oui... Oui ou
non, est-ce que ça va accélérer plus vite, si on enlève l'interfinancement?
M. Blackburn (Karl) : Si on
enlève l'interfinancement de façon graduelle, oui, il va y avoir une
augmentation plus importante. Et ce qu'on suggère, c'est justement...
M. Bouazzi : Donc, le
patronat suggère... Je veux juste être clair. Le patronat suggère que le prix
augmente plus vite pour les Québécoises et les Québécois que pour l'industrie
du Québec.
M. Blackburn (Karl) : Si vous
me laissez...
M. Bouazzi : C'est clair.
C'est à ça que sert l'interfinancement. Donc, merci pour...
M. Blackburn (Karl) : Si vous
me laissez répondre, je vais pouvoir répondre clairement. Mais effectivement.
Et pourquoi qu'on propose ça, c'est d'abord dans un contexte où, ma collègue
l'a mentionné tout à l'heure, l'énergie, il est tellement important, il faut
qu'on puisse en avoir la conscience de ce que ça rapporte, de ce que ça
représente. Si on abolit l'interfinancement, on va inclure le coût réel de
cette énergie pour tous les utilisateurs. Ce qu'on prévoit également, ce n'est
pas de le faire dans une période très courte, c'est de le faire sur une période
plus longue pour ne pas qu'il y ait de chocs tarifaires et de prévoir pour les
familles à plus faibles revenus des moyens pour les aider à supporter cela.
Le Président (M. Montigny) : ...
M. Blackburn (Karl) : C'est
la position du CPQ.
M. Bouazzi : C'est clair, et
ça augmente plus vite le prix pour les Québécoises et Québécois que pour
l'industrie. Est-ce que vous pensez que l'industrie devrait payer le prix du
marché ou le prix du coût, vous qui aimez le marché?
Le Président (M. Montigny) : En
15 secondes.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
d'abord, le marché est rendu très, très, très compétitif, et, si on veut que
l'énergie continue de jouer un vecteur de croissance pour les entreprises, pour
qu'elles continuent d'investir...
M. Bouazzi : Donc, vous êtes
ouverts à échanger le marché pour le coût.
M. Blackburn (Karl) : Il faut
que le coût de l'énergie présente...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Blackburn (Karl) : ...un
avantage intéressant.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le moment de laisser la parole au député de
Jean-Talon pour 2 min 38 s.
M. Paradis : Le projet de loi
n° 69 crée un programme d'aide financière visant à limiter l'impact de la
hausse des tarifs de distribution d'électricité d'Hydro-Québec pour la
clientèle domestique. Ce programme-là repose sur un fonds d'aide à la
clientèle, dont vous parlez à la page 10 de votre mémoire. Vous dites que
ça lance un mauvais message et vous dites ensuite que le fonds proposé risque
par ailleurs de peser sur les finances du gouvernement du Québec. Pourquoi?
Est-ce que c'est parce que, finalement, ça va coûter cher et que c'est les
contribuables qui vont payer?
M. Blackburn (Karl) : Je
pourrais vous donner une réponse politique, mais je vais laisser une réponse
économique vous être parvenue, puis je suis certain que vous allez la comprendre
parce que je l'ai compris aussi. Alors, Norma.
Mme Kozhaya
(Norma) :Bien, effectivement, ce fonds,
il est financé par les contribuables, et donc ça va affecter les finances du
Québec. Si je peux rajouter sur les tarifs résidentiels, ça ne veut pas dire
que la facture va nécessairement augmenter, parce que si on envoie le bon
message de prix, on espère que la facture n'augmentera pas, tout en limitant la
consommation, en favorisant la sobriété et l'efficacité.
M. Paradis : Bien, c'est ce
que le fond dit. C'est ça que le projet de loi dit. C'est qu'on va...
Mme Kozhaya
(Norma) :La facture, oui...
M. Paradis : C'est que la...
Pour que la facture reste la même, on va la financer, on va subventionner les
consommateurs à même un fonds, et c'est les contribuables qui vont payer à la
fin. C'est M. et Mme tout le monde. C'est bien ce que vous nous dites.
Mme Kozhaya
(Norma) :Idéalement, idéalement, il
faudrait que la facture n'augmente pas si on réussit à avoir plus de sobriété et
d'efficacité. C'est pour compenser Hydro-Québec, parce qu'encore une fois,
lorsqu'Hydro se présente devant la régie pour demander des hausses de tarifs
qui reflètent les coûts, on va plafonner cette hausse-là à 3 %. Le reste
va être... Parce que c'est les nouveaux investissements, c'est la résilience de
nos infrastructures qu'on va payer, à un moment donné, d'une certaine façon.
M. Paradis : Et vous, vous
dites que la facture des clients résidentiels devrait augmenter.
Mme Kozhaya
(Norma) :Pas nécessairement. Les tarifs
devraient augmenter, mais la facture peut ne pas augmenter. Il y a la quantité
et il y a le prix. Donc, si on réduit la quantité, la facture n'a pas à
augmenter.
M. Paradis : Avec
l'efficacité énergétique. Vous...
M. Blackburn (Karl) : L'efficacité
énergétique et les comportements des clients et des consommateurs. Si la
personne n'en a rien à cirer de combien coûte de l'énergie puis qu'elle
gaspille cette énergie-là... Il n'y a pas si longtemps... Prenons l'exemple des
boyaux d'arrosage. Il n'y a pas si longtemps, tout le monde nettoyait son
entrée avec un boyau d'arrosage. Aujourd'hui, on n'en voit plus beaucoup de
gens... parce que les gens sont sensibilisés à cette ressource. On peut faire
la même chose avec l'énergie. Si on continue de se boucher les yeux puis de
penser que le monde, ils ne changeront pas leur comportement ou ils vont
changer leur comportement sans qu'on apporte des modifications...
Le Président (M. Montigny) : 15 secondes.
M. Blackburn (Karl) : ...bien,
je ne suis pas sûr qu'ils vont changer leur comportement. Ma collègue... très
clairement. Ça ne veut pas dire une augmentation de la facture, ça veut dire un
changement de comportement. Oui, le tarif peut augmenter, mais si tu changes
ton comportement, à la fin de l'année, ça peut te coûter moins cher. Alors, ça,
c'est une réalité.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de la...
Le Président (M. Montigny) : ...commission.
Je suspends les travaux quelques instants
pour permettre au prochain groupe de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association
canadienne de l'énergie renouvelable. Je vous rappelle que vous disposez donc
de 10 minutes pour votre exposé, puis, par la suite, nous procéderons, là,
à la période d'échange avec les membres de la commission.
Donc, je vous invite donc à vous présenter
ainsi qu'à débuter votre exposé de 10 minutes. Merci.
M. Habel (Jean) : Merci, M.
le Président. Mon nom est Jean Habel. Je suis le directeur principal pour le
Québec et le Canada atlantique à l'Association canadienne de l'énergie
renouvelable. Je suis accompagné de Pierre-Olivier Charlebois, avocat
spécialisé en énergie chez Fasken et membre de CanREA. J'aimerais saluer
l'ensemble des parlementaires présents aujourd'hui ainsi que le personnel
administratif, politique qui nous accompagne pour la tenue de ces travaux. Vous
me permettrez de saluer plus spécifiquement la nouvelle ministre de l'Économie,
de l'Innovation et de l'Énergie et députée de Sanguinet qui prend le mandat du
projet de loi n° 69 à un moment charnière dans l'avenir énergétique du
Québec.
L'Association canadienne de l'énergie
renouvelable représente plus de 350 membres, qui regroupent un éventail de
perspectives incluant des entreprises issues des... de plusieurs communautés
autochtones, Hydro-Québec, quelques municipalités et une diversité de
partenaires provenant de l'écosystème de l'industrie renouvelable, comme des
producteurs et ceux issus de la chaîne de valeur dans le solaire, l'éolien et
le stockage d'énergie. Les recommandations que nous ferons dans le cadre de
cette commission et à travers notre mémoire représentent une perspective
équilibrée. Elles reflètent les orientations de nos membres et s'inspirent
aussi de discussions effectuées durant les derniers mois auprès d'une pluralité
de parties prenantes.
• (15 h 50) •
L'énergie renouvelable est au cœur de
l'ADN du Québec. C'est un choix historique, réitéré par des gouvernements
successifs, qui a positionné le Québec comme un leader mondial dans ce secteur.
Alors que le Québec doit mettre en place des jalons importants pour atteindre
la carboneutralité d'ici 2050, c'est un projet de société qui va devoir être
inclusif et permettre à tous de pouvoir...
M. Habel (Jean) : ...y
contribuer, car l'ampleur et la rapidité pour y arriver, à ce déploiement,
d'ici 2050 seront sans précédent. Le défi est immense. Le récent plan d'action
d'Hydro-Québec 2035 établit à 200 térawattheures l'électricité renouvelable
additionnelle nécessaire pour que le Québec atteigne la carboneutralité d'ici
2050. On doit donc faire en 25 ans ce qui nous a mis un siècle à bâtir.
Dans ce contexte, pour CanREA, le projet
de loi n° 69 peut devenir un outil important pour la transition
énergétique si on effectue des ajustements législatifs sur ces trois grands
thèmes : assurer un plan de gestion des ressources énergétiques, en
adéquation avec les besoins énergétiques, permettant l'atteinte de la
carboneutralité d'ici 2050, permettre une diversification et une optimisation
dans le déploiement des énergies renouvelables, car nous avons besoin de
l'ensemble des technologies provenant de diverses sources renouvelables et de
solutions énergétiques pour atteindre nos objectifs, et renforcer le rôle et la
responsabilité de la Régie de l'énergie, qui est un organisme indépendant nous
permettant d'encadrer la transition énergétique et permettre la participation
active de l'ensemble des parties prenantes.
Donc, je reviens au premier thème, le plan
de gestion intégré des ressources énergétiques. C'est un outil complet, utilisé
dans plusieurs provinces canadiennes, permettant la définition, à long terme,
de l'offre et des besoins énergétiques. Selon CanREA, cet outil stratégique,
établi sur un horizon de 25 ans, comme le propose le gouvernement, est
primordial, parce que cet échéancier coïncidera avec un plan initial qui, nous
l'espérons, permettra l'atteinte de la carboneutralité d'ici 2050. À cet égard,
CanREA propose de bonifier, à l'article 14.3 de la présente loi, le fait que le
PGIRE devrait être une consultation publique, qui inclut les municipalités, les
Premières Nations et les Inuits, les diverses parties prenantes, comme CanREA,
ainsi que la population du Québec.
CanREA croit aussi que la Régie de
l'énergie devrait être impliquée dans le processus, et autorisée à faire des
recommandations au gouvernement, en amont de l'adoption du plan. Finalement,
selon CanREA, le PGIRE doit inclure une pluralité de technologies produisant
des pétajoules énergétiques, et doit prendre en considération les engagements
que le Québec a pris auprès des marchés externes, afin de brosser le portrait
le plus complet possible des besoins énergétiques futurs.
Deuxième thème, permettre une
diversification et une optimisation dans le déploiement des énergies
renouvelables, parce que chaque kilowattheure d'énergie renouvelable est
précieux pour atteindre nos objectifs climatiques, et plusieurs actions doivent
être mises de l'avant de façon simultanée, pour, dans un même élan, augmenter
la production, répondre à la demande par une meilleure efficacité énergétique,
et atténuer les pointes de consommation. En ce sens là, CanREA est d'avis que
la législation devrait baliser et reconnaître la plus-value du déploiement
optimal des ressources d'énergie décentralisées. C'est pourquoi on recommande
d'inclure, dans la présente loi, une définition pour le mesurage net de
l'emmagasinage visant à refléter la valeur ajoutée de ces technologies dans le
bouquet énergétique au Québec, et d'ajouter un article mentionnant que la
capacité maximale d'autoproduction, par mesurage net, serait définie par
règlement.
De plus, on souligne que l'article 38,
dans la présente loi, doit se faire en adéquation avec le PGIRE, et on souhaite
que le projet de loi bonifie le principe de la valeur actualisée nette au sein
de la présente loi, afin d'optimiser l'utilisation de l'énergie et reconnaître
la valeur ajoutée d'une production qui se fait près du site de consommation.
Finalement, pour cette thématique, on souligne le libellé actuel de la présente
loi voulant que le transporteur soumette à la Régie de l'énergie un plan de
développement du réseau de transport sur une période de 15 ans. Pouvoir
anticiper optimalement le déploiement du réseau de transport est une excellente
nouvelle pour l'ensemble des parties prenantes, notamment parce que ce processus
serait encadré par la Régie de l'énergie du Québec. Cette initiative
caractérise ce qui doit être au cœur du déploiement énergétique futur,
prévisible, constant, récurrent, bien encadré, pour nous permettre d'atteindre
la carboneutralité d'ici 2050.
Dernière thématique, et, selon nous, ça
devrait être une pierre angulaire du projet de loi, renforcer le rôle de la
Régie de l'énergie. CanREA tient à réaffirmer le rôle important de la Régie de
l'énergie dans l'écosystème énergétique québécois. Son rôle et son mandat
devraient d'ailleurs être bonifiés, en lui permettant d'assurer la réponse aux
besoins énergétiques futurs des marchés québécois et l'atteinte de la
carboneutralité, d'ici 2050, au Québec. De plus, on recommande fortement au
législateur de modifier la législation proposée pour que la Régie de l'énergie
maintienne ses pouvoirs dans l'autorisation de...
M. Habel (Jean) : ...des
approvisionnements futurs. En ce sens, on recommande de supprimer des articles
modifiant le mécanisme d'approvisionnement futur proposé dans le présent projet
de loi car, selon CanREA, une série d'exceptions qui érodent le rôle de la
Régie de l'énergie, alors que notre prémisse de base, c'est de renforcer
celle-ci. On souhaite toutefois conserver le premier paragraphe de
l'article 45 de la présente loi dans le libellé antérieur concernant les
approvisionnements reliés à l'article 74.1 de la Loi sur la Régie de
l'énergie. Donc, en somme, on veut préserver le texte qui fait référence au
fait que le distributeur doit assurer par tous les moyens les
approvisionnements requis pour la satisfaction des besoins en électricité des
marchés québécois excédant l'électricité patrimoniale, mais l'inclure dans
l'ancienne version de l'article 74.1 de la Loi sur la Régie de l'énergie.
Dans cette perspective, CanREA est d'avis
que la Régie de l'énergie devrait encadrer pleinement le mécanisme des
approvisionnements futurs et modifier celui-ci. Le rôle de la Régie de
l'énergie, c'est un rôle qui est très important parce qu'ils ont l'expertise,
l'indépendance et la compétence de concilier les intérêts de l'ensemble des
parties prenantes et d'assurer aux Québécois que le processus
d'approvisionnement en énergie va s'effectuer de manière transparente, optimale
et en cohérence avec ses obligations inhérentes à son mandat.
Par ailleurs, on recommande de rétablir
l'intervention des parties prenantes au moment opportun dans le cadre des
approvisionnements futurs afin qu'ils puissent faire des recommandations,
intervenir sur la grille de pondération et, ultimement, élargir la portée de la
régie en lui octroyant la capacité d'intervenir sur l'ensemble du processus
d'acquisition des nouveaux approvisionnements.
En conclusion, les membres de
l'Association canadienne de l'énergie renouvelable sont prêts à relever le défi
d'accroître la production de sources renouvelables et contribuer à l'atteinte
des objectifs climatiques. Le projet de loi n° 69
ouvre une discussion nécessaire sur l'avenir énergétique et nous sommes
persuadés que nos recommandations seront porteuses car elles mettent de l'avant
l'importance de travailler ensemble avec les bons outils pour ultimement
réussir notre transition énergétique. Merci beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la
période d'échange avec les membres de la commission. Mme la ministre, vous avez
donc la parole pour 16 min 30 s.
Mme Fréchette : Merci, parole
que je partagerai avec les collègues. Donc, merci, M. le Président. Merci, M.
Habel, M. Charlebois, c'est intéressant de vous entendre. Donc, on va aller
essayer de tirer parti de votre expertise développée au sein de CanREA.
Alors, d'une part, j'aimerais ça savoir si
vous considérez que le projet de loi va permettre au Québec de véritablement
s'engager dans la transition énergétique et d'atteindre ses objectifs de
décarbonation. Est-ce qu'on a là ce qu'il faut pour nous engager avec
l'atteinte des cibles?
M. Habel (Jean) : Il y a des
éléments intéressants qui ont été présentés dans le projet de loi. Je fais
référence notamment à tout l'aspect du mandat de la Régie de l'énergie, où il
est mentionné qu'on doit favoriser la transition énergétique. On pense que
c'est un pas dans la bonne direction, dans la bonne direction pour s'assurer de
la transition énergétique. Nous, on propose d'aller un peu plus loin. On
propose de proposer qu'on assure les besoins énergétiques permettant l'atteinte
de la carboneutralité pour vraiment se positionner dans une perspective où on
va avoir les mégawatts nécessaires pour faire notre décarbonation et croître
l'industrie verte au Québec et de cette façon atteindre nos objectifs
climatiques. Donc, y a vraiment un pas dans la bonne direction qui a été fait,
mais on propose de le bonifier.
Mme Fréchette : Vous parlez
des ressources énergétiques décentralisées.
M. Habel (Jean) : Oui.
Mme Fréchette : Vous y avez
fait référence durant votre intervention. Est-ce que vous pouvez élaborer un
peu plus, là, sur la décentralisation, la manière dont les ressources
énergétiques décentralisées devraient contribuer au mix énergétique québécois,
là, pour les prochaines années?
M. Habel (Jean) : Oui.
Mme Fréchette : Comment on
peut mieux aussi les valoriser, là?
M. Habel (Jean) : Mais je
pense que c'est important de l'inclure dans le projet de loi. On propose
notamment de mettre plusieurs définitions qui incluent plusieurs technologies,
notamment le mesurage net, le stockage d'énergie qui est relié à l'emmagasinage.
Donc, pour nous, on croit que c'est vraiment un élément important parce que les
ressources d'énergies décentralisées à l'heure actuelle peuvent vraiment jouer
un rôle dans l'atteinte de la carboneutralité. On a fait un rapport avec la
firme Dunsky qui démontre notamment, là, que le mesurage net pourrait
représenter autour de 4 %, là, du mix énergétique d'ici 2050. Donc, c'est
quand même assez important d'aller dans cette direction-là.
• (16 heures) •
D'autres éléments qui nous poussent à
croire que les ressources d'énergies décentralisées sont importantes, c'est par
rapport au réseau de transport. Donc, on a 34 000 kilomètres de
lignes de transmission au Québec. À l'heure actuelle, si on doit doubler
Hydro-Québec en termes de capacité, en termes de térawattheures, il faut qu'on
trouve des façons plus efficientes pour ne pas doubler le nombre de kilomètres
en lignes de transmission. Donc, de cette façon-là, l'utilisation des
ressources d'énergie décentralisée permet de réduire potentiellement, là, l'utilisation...
16 h (version non révisée)
M. Habel (Jean) : ...de
nouvelles lignes de transport, donc d'optimiser le réseau de transport, ce qui
est quand même une avenue quand même assez importante parce que le réseau de
transport va nécessairement impacter des milieux humides, hydriques ou des
zones agricoles. Donc, d'aller dans cette direction-là des ressources d'énergies
décentralisées, c'est qu'on rapproche la production du lieu de consommation, ce
qui est un élément quand même assez central, là, dans l'atteinte de nos
objectifs.
Mme Fréchette : Et quelle
place voyez-vous pour l'énergie solaire au Québec dans notre contexte
climatique? Quelle place est-ce qu'on peut, de manière réaliste, lui associer?
M. Habel (Jean) : Bien, par
rapport à l'énergie solaire, il y a un grand potentiel. On a vu aujourd'hui,
là, que dans la Gazette officielle, il y a eu un dépôt, là, pour un appel d'offres
solaires qui a été présenté, donc, c'est un pas dans la bonne direction aussi
pour l'aspect solaire. C'est sûr que si on regarde dans une perspective canadienne,
il y a beaucoup de milliers de mégawatts en termes solaires qui ont été établis
dans d'autres juridictions. Donc, on se dit on pourrait aller dans cette
direction-là, au niveau du solaire. Solaire décentralisé, on parlait d'énergies
décentralisées, par exemple, d'avoir des panneaux solaires sur les toits des
résidences ou des petites, moyennes et grandes entreprises. Donc vraiment de
rapprocher la production aussi par rapport à des parcs solaires qui vont se
greffer au paysage du Québec. Donc, vraiment, par rapport à ces deux
éléments-là, il y a vraiment un potentiel énorme. L'Agence internationale de l'électricité
haute énergie a démontré que la production, à l'heure actuelle, au point de vue
des énergies renouvelables, le trois quarts se fait par l'énergie solaire à l'heure
actuelle, donc, il y a vraiment un potentiel intéressant, mais c'est sûr qu'on
doit l'ajouter avec une panoplie d'autres sources renouvelables comme l'éolien,
comme l'hydroélectricité, le stockage d'énergie qui vont vraiment constituer le
mix énergétique dans les prochaines années.
Mme Fréchette : Et comment
est-ce que vous voyez la construction en simultané, là, de projets d'autoproduction
avec des projets qui, eux, vont alimenter Hydro-Québec pour servir sa clientèle?
Est-ce qu'il doit y avoir une coordination importante entre ces deux modes de
développement?
M. Habel (Jean) : Bien, il y
a un élément que vous avez présenté dans le projet de loi, là, au fait que,
comme ministre, vous allez avoir, dans le fond, la prérogative d'accepter ou
non certains éléments par rapport à la production plus adjacente que l'autoproduction.
Mais il y a quand même une possibilité de pouvoir grandir, là. On a des
objectifs qui sont très ambitieux, on doit faire 200 térawattheures, donc, ça
veut dire que si on divise par 25 ou 26 ans, on doit techniquement réaliser 8 térawattheures
par année si on veut atteindre nos objectifs. Donc, quand même très ambitieux,
mais l'industrie, les partenaires de l'industrie avec Hydro-Québec, avec les
Premières Nations, les Inuits, les municipalités, on est prêt à répondre à cet
appel de produire davantage d'électricité parce qu'on n'a pas de planète B.
Donc, on doit produire les mégawatts nécessaires pour décarboner le Québec et
aussi lui permettre de prospérer. Alors, cet élément-là, il est au cœur de nos
perspectives, mais on doit le faire de façon prévisible, constante et
récurrente. Puis c'est un peu les éléments qu'on veut mettre de l'avant dans le
projet de loi. C'est-à-dire que si on met en place plein d'outils qui sont
intéressants, je prends notamment le cas du plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques, bien, on se crée ce canevas-là pour pouvoir bâtir
cette prévisibilité-là qui va permettre à l'ensemble de l'industrie, là, de pouvoir
répondre à l'appel.
Mme Fréchette : Merci. Je
vais céder la parole aux collègues.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, c'est le moment de céder la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Vous disposez donc au total de 10 min 15 s.
M. Bernard : Oh! Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Habel. Bonjour, M. Charlebois. Merci d'être là en
commission aujourd'hui. Énergies renouvelables, vous avez beaucoup parlé
naturellement, solaire, éolienne et autres, mais les gaz de sources
renouvelables, les gaz naturels de sources renouvelables, comment vous les
considérez dans le portrait?
M. Habel (Jean) : Il faut
savoir que l'Association canadienne de l'énergie renouvelable représente le
solaire, l'éolien et le stockage d'énergie. Donc, on ne représente pas
spécifiquement ces filières-là, mais effectivement, ils font partie d'un tout
dans une perspective renouvelable, là, qui doivent être pris en considération
dans le bouquet énergétique. Puis c'est l'importance notamment, là, par
exemple, dans la proposition qu'on fait par rapport à l'emmagasinage, donc, on
propose d'inclure une définition plus large d'emmagasinage, parce qu'antérieurement
c'était relié à seulement le gaz naturel, donc éventuellement gaz naturel
renouvelable. Donc, notre proposition d'aller plus loin par rapport à l'emmagasinage
c'est de se dire qu'on peut voir l'emmagasinage de façon beaucoup plus globale
puis qu'il faut inclure une définition. D'autres juridictions canadiennes ont
défini dans leur loi et les règlements l'emmagasinage. Donc, on se dit :
on pourrait aussi Hydro-Québec emboîter le pas. On est devant un projet de loi,
là, qui va faire la refonte de la Régie de l'énergie, qui date de 1996 et qui s'est
terminée en 1997. Donc, on a une refonte...
M. Habel (Jean) : ...quand
même assez important devant nous, et l'opportunité d'inclure des sources
d'énergie qui vont être en émergence dans les prochaines années - on bâtit
vraiment, là, un projet de loi qui va être là pour les prochaines décennies -
donc il faut inclure ce bouquet énergétique là, effectivement, dans les lois et
règlements puis reconnaître leur plus-value. Parce que sinon, bien, on manque
un peu la cible, parce qu'on va devoir retourner dans un autre projet de loi
pour inclure ces dispositions qui sont importantes. Et, si on veut donner à la
Régie de l'énergie tout le mandat nécessaire pour pouvoir lui permettre de nous
assurer de satisfaire les besoins énergétiques futurs, on doit lui permettre de
prendre en considération l'ensemble de ces technologies-là pour que, comme
tribunal administratif indépendant, elle puisse prendre des décisions
inhérentes à son mandat et permettre le déploiement de ces technologies-là et
reconnaître.
Je vous donne un exemple. Par rapport au
stockage d'énergie, c'est permis notamment, à l'heure actuelle, dans les
approvisionnements futurs, mais on croit que ça pourrait être encore plus mis
de l'avant, là, dans les années à venir. On a vu une récente annonce, là, où
Hydro-Québec a mis de l'avant du stockage d'énergie, donc, qu'il y avait une
annonce aujourd'hui qui avait été faite par Hydro-Québec, donc on se dit que
cette réalité-là, cette technologie-là va grandir dans les prochaines années.
Et, le fait qu'on a aussi un plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques qui va se faire aux six ans, c'est important de vraiment pouvoir
avoir ces discussions-là sur les nouvelles technologies de maintenant, parce
qu'on va avoir un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques qui va
perdurer sur le long de six ans. Donc, on doit vraiment, là, dans la
législation actuelle, pouvoir capitaliser sur ces sources d'énergie maintenant.
M. Bernard : Je suis content
de vous entendre là-dessus, parce que le gouvernement avait... il y a, je
pense, c'est l'année dernière, à peu près, qu'il avait fait un peu des appels
d'intérêt dans les régions pour du GNR. Puis naturellement, en
Abitibi-Témiscamingue, avec tout le volet forestier de la biomasse, et on a
l'opportunité d'avoir un réseau de gaz naturel, Énergir est en région, donc il y
avait possibilité effectivement d'avoir des projets qui pouvaient, à ce
moment-là, se connecter sur le réseau de gaz naturel. Dans votre... vous avez
parlé du PGIRE. Puis vous avez... dans votre conclusion, vous disiez que toutes
les parties prenantes devraient être présentes... Mais vous avez marqué «le
gouvernement fédéral».
M. Habel (Jean) : Bien, dans
les parties prenantes, on peut être très inclusifs, là. Donc, nous, on propose
une consultation qui est publique. Donc évidemment, il doit y avoir des
arrimages avec la réalité fédérale, où il y a certains éléments, là, par
rapport au gouvernement fédéral, qui peuvent avoir un impact au niveau du
gouvernement du Québec. Mais c'est sûr et certain qu'avoir une consultation qui
est publique invite à élargir le débat sur l'énergie et invite aussi à...
l'ensemble des parties prenantes qui veulent y participer de pouvoir y
participer pleinement. Mais le fait que le PGIRE va être sur 25 ans, bien,
ça nous amène à un plan initial qui va nous amener vers la carboneutralité.
Donc, on se dit, il faut vraiment avoir l'ensemble des parties prenantes, les
Premières Nations, les Inuits, les experts, les municipalités, tout le monde
autour de la table pour pouvoir vraiment établir un plan.
Puis on souhaite que la Régie de l'énergie
puisse jouer un rôle. C'est un organisme qui est indépendant, qui va pouvoir
faire des recommandations au gouvernement et savoir, bien, dans quelle
orientation eux vont pouvoir appliquer leur mandat de transition énergétique.
Donc, le fait d'inclure la Régie de l'énergie dans cet élément-là ou cet
écosystème-là, c'est hyperimportant parce qu'ils ont une perspective externe
qui va nous permettre de pouvoir réellement avoir la pleine vision, là... de ce
que leurs recommandations, elles vont être importantes. Donc, on invite
vraiment à avoir une consultation publique qui implique aussi la Régie de
l'énergie.
Le Président (M. Montigny) : ...continuer
pour quatre minutes 50 s.
• (16 h 10) •
M. Bernard : Merci. Un des
volets importants, puis qu'on... vous avez probablement entendu, juste avant
vous, les gens du Conseil du patronat puis depuis quelques... depuis que les
consultations ont débuté aussi, c'est la tarification et les coûts des énergies
pour qu'est-ce qu'on veut aller faire vers le futur pour les prochaines années.
Et naturellement, un des gros volets que les gens demandent, c'était
vraiment : Oui, les nouvelles énergies, mais à quel coût? Puis, une des
questions qu'on a, à ce moment-là... que j'ai, c'est que, vraiment, ça concerne
quels seront l'évolution des coûts de production d'énergie renouvelable dans
les prochaines décennies, puis comment le Québec pourrait se démarquer à
travers de ça. Parce qu'on en a parlé beaucoup, les nouveaux coûts d'énergie,
comment va être la tarification. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus,
puis éventuellement peut-être aussi les impacts sur l'interfinancement, et
autres. Alors, vous devez certainement avoir une vision des coûts futurs et des
perspectives de croissance, quelles sont-elles?
M. Habel (Jean) : Par rapport
à la tarification, c'est sûr que...
M. Habel (Jean) : ...on a
entendu plein d'experts qui se sont exprimés qui représentent entre autres les
consommateurs autant résidentiels qu'au niveau, qui se sont exprimé sur
l'aspect de la tarification. On a, de notre côté, là, une vision par rapport
aux approvisionnements futurs parce que ça va avoir un impact nécessairement
sur la tarification. Donc, la proposition qu'on fait par rapport aux approvisionnements
futurs, c'est de se dire réellement, la Régie de l'énergie doit pouvoir
chapeauter les approvisionnements futurs pour pouvoir pleinement, là, donner
l'information sur la tarification dans le futur. Donc, à l'heure actuelle, dans
la proposition qui est faite au niveau du projet no 69, la vision qu'on a,
c'est que la tarification pourrait être connue en aval, donc on n'aurait pas
l'information en amont. Donc, c'est la raison pour laquelle on propose
certaines suppressions d'articles parce qu'on veut que la Régie de l'énergie
puisse avoir l'habilité de transmettre les informations les plus à jour
possible par rapport à la tarification. Et par rapport à la tarification au
niveau des derniers appels d'offres éoliens, c'est... que c'est connu, là. Donc
les 1 500 mégawatts, c'est 0,078 $ plus le service d'équilibrage.
Donc ces éléments-là sont quand même assez importants.
Mais la perception qu'on a par rapport à
la législation, c'est que le fait qu'on en apporte certaines exceptions, ça
veut dire que cette tarification-là va être connue seulement au processus, dans
le fond, de la... de l'étude de la tarification à la Régie de l'énergie. Donc,
on n'aura pas cette information-là en amont. C'est pourquoi on propose certains
ajustements, là, dans la présente loi, pour pouvoir nous assurer, là, d'avoir
toute cette transparence-là par rapport aux coûts futurs, là, au niveau de la
tarification.
Le Président (M. Montigny) : Deux
minutes.
M. Bernard : Une dernière
question, on parle beaucoup, naturellement, de nouvelles énergies, énergies
renouvelables. Quel est le niveau de la recherche pour développer ces
énergies-là actuellement? Sommes-nous en avance, en retard? Y a-tu de la place
pour autant le solaire puis toutes les formes d'énergie, pour faire de la
recherche, pour vraiment qu'on se démarque et qui pourrait aider justement dans
le cadre du PG et la planification des prochaines années? Où en sommes-nous au
Québec à cet égard-là?
M. Habel (Jean) : Mais on est
très avancés à travers le monde et au Québec aussi. Je pense à un organisme
comme un Nergica qui est présent en Gaspésie---Îles-de-la-Madeleine, qui fait
de la recherche très approfondie par rapport aux sources renouvelables. Il y a
vraiment une volonté, là, de beaucoup de partenaires de l'industrie d'avoir une
recherche et développement, puis on le démontre aussi à travers l'efficience
aussi de plusieurs technologies comme l'éolien, comme le solaire notamment, qui
ont eu une chute drastique des coûts à travers les dernières décennies. Donc,
il y a vraiment une volonté de notre côté, là, d'être le plus efficient
possible, mais aussi d'augmenter tout l'aspect de la recyclabilité aussi des
composantes provenant de l'éolien, du solaire. Donc on avance à pas de géant à
ce niveau-là, puis c'est la raison pour laquelle l'éolien notamment et le
solaire, bien, se démarquent de plus en plus avec des technologies comme
l'hydroélectricité et d'autres formes d'énergies renouvelables pour construire
le bouquet énergétique de demain.
M. Bernard : Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le moment de laisser la parole à Mme la députée de
Saint-Laurent pour une période de 10 min 24 s
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, M. Habel. Bonjour, M. Charlebois.
Une voix : Bonjour.
Mme Rizqy : Très heureuse de
vous retrouver tous les deux. Merci aussi pour votre mémoire qui sera très fort
utile lors de l'étude détaillée, parce qu'il y a plusieurs recommandations. Je
vais lire une qui vous intéresse particulièrement puisque le député de
Jacques-Cartier a fait une proposition par rapport aux microréseaux.
M. Habel (Jean) : Oui.
Mme Rizqy : Par contre, je
vois que, vous l'écrivez vous-même aussi, que c'est à partir de 2026
qu'Hydro-Québec va offrir une subvention de 500 $ par kilowattheure. Mais
j'ai regardé dans les autres juridictions, notamment la Colombie britannique,
mais aussi aux États-Unis, que c'est à coup de milliards de dollars. Et dans
certains programmes, par exemple, en matière d'agriculture, c'est jusqu'à
50 % de la facture qui est subventionnée non seulement pour les panneaux
voltaïques, mais aussi pour les batteries de stockage.
M. Habel (Jean) : Oui.
Mme Rizqy : Ici, il est
vraiment question de la subvention d'Hydro-Québec. Est-ce que le gouvernement
du Québec pourrait aussi emboîter le pas et s'assurer que les Québécois sont en
mesure de s'offrir ces fameux panneaux solaires avec la batterie de stockage?
M. Habel (Jean) : Mais par
rapport à tout l'aspect du mesurage net, le stockage d'énergie, c'est sûr et
certain, puis vous le mentionnez, il y a un fort potentiel par rapport aussi
aux microréseaux qu'on doit déployer. On croit que de le mettre dans la
législation, ça serait déjà un très grand pas en avant, parce que pour le
moment, il n'y a aucune définition par rapport à ce que vous mentionnez de
microréseaux, mais aussi au niveau du mesurage net. On est en attente de voir
ce qui va être présenté dans l'aspect tarifaire, là, en 2026 par rapport aux
incitatifs...
M. Habel (Jean) : ...incitatif
d'Hydro-Québec. Donc, on va suivre ça avec attention.
Il y a des éléments aussi au niveau du
gouvernement fédéral qui ont été mis de l'avant pour répondre un peu à
l'Inflation Reduction Act. Est-ce que le Québec pourra emboîter le pas? Bien,
c'est à prendre en considération, c'est sûr et certain. La réalité, c'est qu'on
doit mettre de l'avant ces technologies-là. On a fait un rapport, je l'ai
mentionné juste précédemment, mais ça pourrait constituer minimalement
4 %, là, du mix énergétique de demain. On sait qu'on a besoin d'avoir
l'ensemble des mégawattheures pour répondre à la demande de décarbonation et de
croissance. Je ne pense pas qu'on peut se permettre de manquer ces
opportunités-là de mettre de l'avant. Donc, on a trouvé intéressante la
proposition d'Hydro-Québec d'aller augmenter le nombre de kilowattheures.
Avant, c'étaient 50 kilowatts pour plusieurs groupes, maintenant, on
l'augmente à 1 000 kilowattheures. On est très intéressés parce que
c'est quelque chose qu'on a déjà mis de l'avant dans d'autres juridictions
canadiennes, donc, en Nouvelle-Écosse, notamment, là, il y avait cet
élément-là, où on augmentait jusqu'à 1 000 kilowatts. Je représente
aussi le Québec atlantique, donc on a suivi de façon très approfondie cette
possibilité-là et on fait des recommandations par la suite au gouvernement du
Québec pour pouvoir élargir cet élément-là. Il y a des gens aussi d'Énergie
solaire Québec qui vont venir par la suite. Ils ont été aussi des acteurs très
importants pour faire ces doléances-là auprès du gouvernement du Québec, auprès
d'Hydro-Québec. Donc, c'est vraiment un travail, je pense, qui est très
important. Parce qu'on doit inclure ces technologies-là.
Puis je me permettrais peut-être d'aborder
un certain point. Parce qu'on a parlé du PGIRE, puis on a dit : On doit
inclure la pluralité des technologies, puis je veux aller un petit peu plus
loin sur cet élément-là. Parce qu'à l'heure actuelle, dans l'article 14.2,
puis j'invite peut-être Pierre-Olivier à peut-être le préciser, mais on
mentionne qu'on peut inclure toutes les technologies, mais on devrait peut-être
aller un petit peu plus loin, là, dans la proposition. Donc, peut-être,
Pierre-Olivier, tu pourrais présenter l'article 14.2 puis peut-être
l'angle qu'on voudrait mettre de l'avant.
M. Charlebois (Pierre-Olivier) : Oui,
tout à fait. Merci, Jean. En fait, c'était au deuxième alinéa de
l'article 14.2 où on réfère au PGIRE, effectivement, «et de démontrer que
ce plan-là peut porter sur toutes les sources d'énergie consommées au Québec.»
Donc, c'est la distinction qu'on fait entre l'utilisation du mot «peut» versus
«doit». Évidemment, les sources d'énergie consommées au Québec, qui vont
inclure, oui, des sources d'énergie renouvelable, mais aussi toute autre
source, comme les sources d'énergie provenant des combustibles fossiles. Donc,
l'idée ici, c'est de déterminer que le PGIRE doit comprendre l'ensemble des
sources d'énergie qui sont consommées au Québec et ne pas restreindre ces
sources d'énergie là. Donc, on considérait que l'utilisation du mot «peut»
pourrait être remplacée par le mot «doit» pour être... pour s'assurer que le
PGIRE représente et reflète l'ensemble des sources d'énergie qui sont
effectivement consommées au Québec.
Mme Rizqy : Parfait. On va
noter un amendement que nous pourrons soumettre lors de l'étude détaillée.
Une petite dernière question, M. Habel,
avant de céder la parole à ma collègue. En Colombie-Britannique, ça existe
quand même depuis 2004, le programme des microréseaux où est-ce qu'il y a de
l'autoproduction. Mais tout ce qui n'a pas été consommé est tout retourné au
réseau. Ce qui permettrait, dans notre cas, si c'était appliqué au Québec,
bien, tout ce que nous, on ne consomme pas, on le redonne à Hydro-Québec, qui,
eux, à ce moment-là, libèrent les électrons. Puis c'est gagnant-gagnant pour
tout le monde, là, donc ça pourrait être une bonne avenue. Puis c'est... À
moins que je ne m'abuse, maintenant il y a des nouvelles batteries qui sont
développées, on peut stocker jusqu'à sept journées. C'est fantastique.
M. Habel (Jean) : Bien, c'est
ça. La technologie du stockage d'énergie avec le solaire, bien, avance à pas de
géant. Puis on est dans une perspective où on va avoir un projet de loi qu'on
va se projeter dans les 25 prochaines années. Si on veut atteindre la
carboneutralité, il y a la possibilité d'avoir la bidirectionnalité aussi des
véhicules électriques aussi dans le... dans le futur, donc tous ces
éléments-là, je pense, doivent être vraiment pris en considération dans le
bouquet énergétique de possibilités pour atteindre la carboneutralité. Donc, à
juste titre, on va... On recommande aux parlementaires, là, d'inclure la notion
d'énergie décentralisée dans le projet de loi afin de vraiment refléter cette
plus-value-là, du fait qu'on produit près du site de consommation et le
mesurage net, l'autoproduction fait en sorte qu'on va dans cette direction-là
et ultimement aussi avec la production adjacente.
• (16 h 20) •
Mme Rizqy : Merci.
Le Président (M. Bernard) : Mme
la députée Mille-Îles, vous disposez de quatre minutes 20 secondes.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Merci, Messieurs, pour votre présence ici.
Je voudrais peut-être justement continuer
sur le stockage. Les... On a vu ce matin, je crois que c'était la CSN qui
avait... la CSQ, pardon, la... oui, qui avait sorti les chiffres sur les pannes
électriques de plus de 8 h qui sont en forte augmentation. Je vais vous
citer une région que vous connaissez bien, Laval. Juste en... dans les
dernières années, il y a eu plus de 1 600 pannes de plus de
8 heures...
Mme Dufour : ...à Laval. C'est
énorme. C'est énorme. Puis on l'a vu plus récemment aussi, il y a eu la tempête
Debby qui a affecté énormément de citoyens qui... malheureusement pour des
questions de sécurité, l'électricité a été coupée, mais ce qui a fait en sorte
que des gens, malheureusement, ont perdu le contrôle de l'eau dans leur
sous-sol. Alors, est-ce que ce serait une solution, le stockage d'énergie,
pour... au lieu d'une génératrice, par exemple, à essence, est-ce que ça, ça
pourrait être une option pour cette situation-là?
M. Habel (Jean) : Mais dans
un cas plus global, il y a l'aspect des changements climatiques qui,
évidemment, va affecter la résilience du réseau, va affecter aussi plusieurs
régions administratives. Puis le fait de rapprocher la production du lieu de
consommation, mais c'est sûr et certain que ça permet une meilleure résilience
du réseau, d'avoir des solutions comme le stockage d'énergie qui peuvent aussi
atténuer les besoins de pointe, réduire la pression sur le réseau existant.
Donc, s'il arrivait quelque chose sur le réseau, bien, on pourrait utiliser le
stockage d'énergie pour pouvoir s'assurer, là, de répondre à une certaine
demande. C'est sûr qu'il y a des réalités de sécurité aussi qu'on doit prendre
en considération lorsqu'il y a des fortes pluies parce qu'il y a une incidence
avec le réseau électrique, mais, globalement, d'avoir la production près du
lieu de consommation, d'avoir du stockage d'énergie, ça nous permet d'améliorer
la résilience du réseau puis ultimement aussi, bien, d'atténuer la pression sur
le réseau de transport. Ce qu'on mentionnait, avec la plus-value du stockage
d'énergie, c'est le fait qu'on va pouvoir, dans le fond, s'assurer de limiter
l'augmentation trop importante du nombre de milliers de kilomètres de réseau de
transport. Donc, si on utilise les ressources d'énergie décentralisée, mais on
ne créera pas... vu qu'on doit doubler la capacité d'Hydro-Québec, mais on ne
créera pas deux fois plus de lignes de transmission. Donc, on doit trouver une
foule de solutions. L'interconnexion bidirectionnelle peut aussi être une
avenue aussi pour optimiser l'utilisation du réseau électrique. Donc, il y a
plein d'avenues possibles, puis le stockage d'énergie, à juste titre, en fait
partie.
Mme Dufour : Puis ce que vous
venez de mentionner, là, l'interconnexion bidirectionnelle, est-ce que c'est...
on parle des véhicules électriques par exemple, qui pourraient devenir des
batteries de stockage, on vise d'avoir 2 millions de véhicules, donc
éventuellement électriques, sur nos routes, donc, ça, ça serait une façon, ça
serait une genre de batterie, dans le fond, de stockage, mais ce serait le
véhicule, est-ce que c'est bien ça?
M. Habel (Jean) : Il pourrait
y avoir ça à courte échelle, ou il pourrait y avoir ça à plus large échelle
avec les interconnexions, parce qu'il y a des périodes de pointe dans
différentes juridictions qui peuvent permettre peut-être un transfert d'énergie
d'une région à l'autre, là, lorsque la période de pointe n'est pas au même
moment, là, comme, par exemple, historiquement, la période de pointe en Ontario
était en juin et nous en hiver, donc il peut y avoir des transferts d'énergie
qui se font de façon optimale. Mais, à plus petite échelle, effectivement, là,
le véhicule jusqu'au réseau électrique ou le véhicule électrique vers la maison
peut être aussi une solution micro, là, qui est super intéressante. Puis, dans
le futur, ça va faire partie d'une perspective beaucoup plus large qu'on doit
prendre par rapport à l'optimisation de la période de pointe, parce qu'on va
pouvoir emmagasiner de l'énergie dans ces batteries-là. Donc, c'est vraiment
optimal d'aller dans cette direction-là.
Mme Dufour : Merci. Une
dernière courte question : Est-ce que c'est un peu tard de commencer juste
en 2026 à subventionner ces solutions-là? Je vois un monsieur en arrière qui
dit...
M. Habel (Jean) : Le plus tôt
est toujours le mieux, mais on comprend que c'est complexe aussi d'établir ces
éléments-là.
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour 3 min
28 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour la qualité de votre document, il couvre large et
il va sur plusieurs espaces. Je n'ai pas beaucoup de temps, ça fait que je vais
rester au niveau de la régie. Peut-être, nous partager les inquiétudes que vous
auriez par rapport à ce qui est proposé. Et puis ensuite on parlera de ce que
vous espérez voir au niveau de la régie.
M. Habel (Jean) : Oui, donc,
par rapport à la régie, puis on regarde aussi ce qui a été fait durant la
première semaine aussi de commission parlementaire, puis, autant, nous, on a
soulevé le postulat qu'on doit renforcer, tu sais, la Régie de l'énergie, que
ça a été apporté aussi par plusieurs autres experts : la chaire HEC
Montréal, il y a aussi l'Institut Trottier. Spécifiquement, sur
l'article 45 qu'on propose, même l'Union des consommateurs, là, a
présenté certaines perspectives, là, par rapport à spécifiquement à cet élément-là.
Donc, on pense qu'avec toute la vision puis la pluralité des groupes, le fait
que le gouvernement, à juste titre, dans sa prémisse de base, veut renforcer la
Régie de l'énergie, les propositions qu'on fait de façon équilibrée, là, visent
vraiment à renforcer cet élément-là. Donc, on y retrouve certaines perspectives
par rapport...
M. Habel (Jean) : ...la
tarification, par rapport au réseau de transport, mais au niveau des
approvisionnements semble perdre un peu à cette possibilité-là de pouvoir la
superviser. Donc, on souhaite réellement que dans la législation on remette de
l'avant cette importance-là de la régie d'énergie qui puisse encadrer les
approvisionnements futurs.
M. Bouazzi : Et c'est quoi,
les conséquences de ces pertes justement dont vous parlez, ce serait quoi?
M. Habel (Jean) : Bien, il y
a tout l'aspect optimal de transparence qui doit être mis de l'avant. L'autre
élément aussi, par rapport au fait d'impliquer, c'est d'avoir l'information le
plus tôt possible. Donc, ce que je mentionnais, c'est que,selon notre
compréhension, à l'heure actuelle, quand il y a un avis d'un approvisionnement
futur qui est fait, on a déjà le sou par kilowattheure qui est annoncé. Là, on
aurait potentiellement cette information-là lors de la période tarifaire. Donc,
ça veut dire, un peu plus tard dans l'échéancier. Donc, le plus tôt est le
mieux si on veut permettre à tous de pouvoir contribuer à cette atteinte de la
carboneutralité puis d'avoir l'information le plus tôt possible en toute
transparence aux Québécois. Donc, c'est la raison pour laquelle on propose ces
ajustements-là dans la législation actuelle.
M. Bouazzi : Et puis je vois
que vous accordez quand même beaucoup d'importance à la délibération, à
l'exercice démocratique. C'est quelque chose que je salue aussi. Vous vous
inquiétez de deux choses. Un, c'est la possibilité de voir le nombre de
régisseurs à la baisse,justement, et puis, vous n'êtes pas les seuls, au niveau
du C.A. d'Hydro-Québec aussi, de voir à la baisse. Pourquoi vous pensez que
c'est une mauvaise idée de voir à la baisse ces deux...
M. Habel (Jean) : Bien, sur
le premier élément, au niveau du nombre de régisseurs, on est dans la
perspective où on veut renforcer le rôle de la Régie de l'énergie. Donc, on se
dit : Bien, nécessairement, elle va être appelée à jouer un plus grand
rôle si on suit cette prémisse de base là, donc de potentiellement réduire le
nombre de régisseurs, on pose certaines réserves par rapport à cette
perspective-là.
L'autre élément par rapport au nombre de
personnes sur le conseil d'administration, on diminue quand même, là, de
50 %, à mon souvenir, là, le potentiel du nombre d'administrateurs.
J'entendais entre autres, là, les... M. Picard, là, qui disait qu'il voulait
avoir une représentation au niveau des Premières Nations et des Inuits sur le
conseil d'administration. Le fait qu'on a des impératifs par rapport à la
parité hommes femmes, par rapport à la présence de jeunes sur les conseils
d'administration, une diversité plus accrue, par rapport à la perspective de
tous ces éléments-là, et sachant qu'il va y avoir trois, déjà, personnes qui
sont nommées par le gouvernement...
Le Président (M. Bernard) : Merci,
M. Habel.
M. Habel (Jean) : ...on
propose effectivement de maintenir le nombre d'administrateurs.
Le Président (M. Bernard) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon pour une période de deux
minutes 38.
M. Paradis : Vous commencez
votre mémoire et vous le terminez en parlant de l'importance de la consultation
et d'embarquer les Québécoises et les Québécois dans ce projet-là. Vous parlez,
là, des municipalités, des Premières Nations, de la société civile, des
entreprises, etc. Est-ce que vous trouvez que ces... ces consultations
particulières sur ce projet de loi, dans ce mode-là, c'est suffisant par
rapport à ce que vous demandez, vous?
M. Habel (Jean) : Bien, par
rapport à ce qu'on propose, c'est vraiment par rapport au plan de gestion
intégrée des ressources énergétiques. Donc, on ne... on ne s'immiscera pas dans
la décision de l'ensemble des parlementaires de prendre position sur le nombre
d'intervenants qui sont ici aujourd'hui, mais, dans une perspective plus large
par rapport au plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, si on veut
que ce soit un engagement de tous, puis c'est un projet de société, évidemment,
notre proposition, c'est à l'effet que ça doit être une consultation qui est
publique et qui inclut une diversité de parties prenantes, parce que c'est
comme ça qu'on va pouvoir engager l'ensemble des Québécois et des Québécoises
vers la transition énergétique du Québec.
M. Paradis : Très bien. Mais
le projet de loi n° 69 indique déjà des orientations. Il indique où est-ce
qu'il s'en va, notamment en matière d'augmentation assez significative de la
production d'énergie. Est-ce que vous trouvez qu'on en a discuté assez, puis
qu'on a assez de données, puis qu'on a assez d'informations pour prendre cette
décision-là, nous, comme législateurs, sur le projet de loi tel qui nous est
présenté aujourd'hui? Parce que je voudrais revenir, vous avez donné une
réponse tout à l'heure à la ministre sur la question des tarifs, puis j'ai cru
comprendre, vous me direz si je me trompe, mais vous avez dit : Mais nous,
on demande le retrait de certains articles, parce que peut-être qu'on est... on
n'a pas encore les indications nécessaires pour prendre les décisions
là-dessus. Est-ce que j'ai bien compris ce que vous disiez?
• (16 h 30) •
M. Habel (Jean) : Bien, sur
un plein d'éléments? C'est sûr et certain que par rapport à la tarification,
effectivement, on a proposé certains ajustements dans la législation parce
qu'on veut s'assurer que les approvisionnements futurs vont se faire de manière
transparente et claire. Donc, c'est la raison pour laquelle on propose de
vraiment faire des modifications par rapport au fait que la Régie de l'énergie,
qui est un tribunal administratif indépendant, doit être impliquée dans le
processus des approvisionnements futurs, parce que ça... la Régie de l'énergie
représente les intérêts, et le mandat, c'est de représenter l'ensemble des
Québécois. Donc, on doit s'assurer que la Régie de l'énergie soit au cœur des
décisions des approvisionnements futurs. Donc, sur cet élément-là,
effectivement, là...
16 h 30 (version non révisée)
M. Habel (Jean) : ...on
souhaite un amendement ou des modifications législatives à l'égard notamment,
là, de l'article 45.
Par rapport à la consultation globale,
donc, je reviens un peu à l'élément que je mentionnais, notre but, nous, c'est
d'intervenir sur le projet de loi, comment on peut le peaufiner, comment on
peut l'améliorer. Puis c'est sûr et certain que, selon notre vision, on doit
mettre une consultation qui est publique...
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup.
M. Habel (Jean) : ...si on
veut faire cet exercice-là le plus complet possible.
Le Président (M. Bernard) : Merci
beaucoup, M. Habel puis M. Charlebois. Le temps est maintenant
écoulé. Alors, je vous remercie vraiment de votre contribution à la
consultation aujourd'hui.
Nous allons suspendre les travaux quelques
minutes pour... le temps de permettre au prochain groupe de prendre place.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 38)
Le Président (M. Montigny) :
Alors bienvenue, bienvenue! On reprend nos travaux. Je souhaite maintenant la
bienvenue à Énergie Solaire Québec et je vous rappelle que vous disposez donc
de 10 minutes pour votre exposé. Puis nous procéderons à une période d'échange
avec les membres de la commission par la suite. Je vous invite donc à
présenter, à faire votre exposé maintenant et à vous présenter. Merci beaucoup.
M. Goulet (Patrick) : Merci,
M. le Président. Patrick Goulet, président d'Énergie solaire Québec.
M. Royer (Jimmy) : Et Jimmy
Royer, vice-président d'Énergie solaire Québec, ingénieur à la retraite.
M. Goulet (Patrick) :
Retraité d'Hydro-Québec, tant qu'à faire. Monsieur.... Mme la ministre,
excusez. Mme la ministre, distingués membres de la commission, nous vous
remercions de nous donner l'occasion de nous exprimer sur le projet de loi n°
69. En tant qu'organisme voué à un avenir énergétique durable Énergie solaire
Québec est convaincu que le Québec doit saisir toutes les opportunités pour
renforcer son autonomie énergétique et réduire son empreinte carbone. Le projet
de loi n° 69 vise mieux à mieux encadrer le secteur de l'énergie et à réaliser
les objectifs du Québec en matière de transition énergétique. ESQ appuie la
plupart des mesures, mais souhaite souligner l'importance cruciale de l'énergie
solaire dans cette transition. ESQ est particulièrement en accord avec les
propositions suivantes du projet de loi n° 69 :. La mise en place
d'un plan de gestion intégrée des ressources énergétiques sur 25 ans
renouvelable à tous les six ans offre une vision proactive de l'avenir
énergétique du Québec. Sa planification à long terme, associée à des révisions
régulières, permet d'anticiper les besoins, d'intégrer les innovations et de
s'adapter aux changements. Nous sommes convaincus que cette approche garantit
un développement énergétique durable tout en assurant un approvisionnement
fiable et en favorisant la participation de tous. L'obligation pour les
distributeurs d'énergie de soumettre des plans d'approvisionnement qui couvrent
un plus long terme. Dans un contexte d'accroissement de la demande électrique
due à la transition énergétique, il est essentiel que la Régie de l'énergie et
le public puissent évaluer les actions à mettre en place pour répondre aux
besoins. La révision tarifaire de l'électricité à tous les trois ans au lieu de
l'actuel cinq ans et surtout la mise en place de tarifs modulés. Nous sommes
convaincus que cela favorisera l'essor de l'autoproduction, du stockage
d'énergie et de la recharge des véhicules électriques. Avec des coûts du
solaire maintenant compétitifs, cela permettrait aux clients et aux entreprises
d'investir dans le solaire pour leur propre bénéfice. La possibilité pour les
entreprises ayant une production d'énergie renouvelable et de vendre leur
surplus d'électricité à un consommateur unique adjacent.
• (16 h 40) •
Nous pensons que cela devrait être étendu
aux autoproducteurs afin de stimuler l'autoproduction et de créer des
communautés énergétiques locales. La simplification du processus
d'approvisionnement en électricité en n'obligeant pas d'aller chaque fois en
appel d'offres, cela devrait accélérer l'adjudication des contrats, en
particulier pour les projets de moins de 10 mégawatts, stimulant ainsi le
développement de projets d'énergies renouvelables. À l'instar de la
Nouvelle-Écosse, nous recommandons que ces contrats hors appel d'offres soient
soumis à l'approbation de la Régie. La possibilité pour Hydro-Québec de céder
ses petites installations hydroélectriques...
M. Goulet (Patrick) : ...cela
permettrait à Hydro-Québec de se concentrer sur de plus grands projets et
favoriserait la production d'énergie renouvelable, en coopération avec les
municipalités, les coopératives et les Premières Nations. Par le fait même,
Hydro-Québec devrait encourager l'installation de toute production d'énergie
renouvelable de moins de 100 mégawatts, toujours en partenariat avec les
communautés locales.
Le rôle de l'énergie solaire dans la
transition énergétique. Malgré son potentiel solaire important, le Québec accuse
un retard de déploiement de cette énergie. Alors que des pays comme
l'Allemagne, les États-Unis, la Chine ou l'Australie ont massivement investi
dans le solaire, le Québec n'en est qu'à ses débuts.
La situation a cependant, a changé. Les
coûts du solaire ont considérablement diminué, le rendant compétitif avec
l'éolien et l'hydroélectricité. Le Québec bénéficie d'un ensoleillement
favorable mieux que celui de l'Allemagne, où le solaire fournit déjà plus de
11 % de l'électricité. Même la Norvège, pays aux conditions similaires au
Québec, vise 5 % de sa production électrique à partir du solaire en 2030.
Plus près de nous, l'Ontario a déjà intégré le solaire à son réseau et
l'Alberta et la Nouvelle-Écosse ont implanté des programmes ambitieux pour développer
cette filière.
Juin 2023, dans un mémoire au MEIE, ESQ a
proposé une approche permettant d'atteindre 1 000 mégawatts d'énergie
solaire en 2030 et 3 500 mégawatts en 2035? Une approche plus ambitieuse
pourrait même amener plus de 7 000 mégawatts ou 10 térawattheures
en 2035, contribuant ainsi significativement à la demande électrique accrue de
la... par la transition énergétique et rejoignant le souhait de HQ,
Hydro-Québec, exprimé dans son plan d'action 2035, d'avoir 125 000 clients
autoproducteurs en solaire pour 2035.
Selon une étude du Centre de recherche
fédéral du Canmet, à Varennes, le potentiel solaire sur les toitures au Québec
est de 30 térawattheures. On parle juste de toitures ici, là.
Contrairement à ce que certains analystes croient, le solaire est très présent
en hiver au Québec. Quand il fait très froid, il fait en général très beau, et
les panneaux produisent plus à basse température. Il est évident que l'énergie
solaire ne sera pas la seule ressource d'énergie pour répondre à la demande de
chauffage des Québécois, mais au cours de l'année, elle peut amener une
contribution importante d'énergie et réduire la demande sur les barrages. Le
Québec a un stockage d'énergie unique au monde. Celui-ci est un excellent
complément à la variabilité du solaire.
Le projet de loi n° 69,
avec sa tarification basée sur l'évitement de la consommation en période de
pointe, favorise non seulement l'adoption de systèmes solaires avec batteries,
mais ouvre également la voie au développement de microréseaux et de centrales
virtuelles. Ces dernières, comme celles mises en place au Vermont, agrègent un
ensemble de ressources énergétiques distribuées telles que des batteries
domestiques, des panneaux solaires et des véhicules électriques pour former une
centrale électrique virtuelle capable de répondre à la demande en période de
pointe. Les microréseaux combinant le solaire et le stockage permettent une
gestion locale et optimisée de l'énergie et contribuent ainsi à réduire la
demande sur le réseau principal lors des pointes de consommation, à accroître
sa résilience grâce au stockage d'énergie, et à renforcer l'autonomie
énergétique des communautés, notamment en cas de panne du réseau principal.
Cette approche globale, en favorisant la production et la consommation locale
d'énergies renouvelables, garantit un développement énergétique plus durable,
résilient et décentralisé pour le Québec.
À partir de 2035, l'adoption croissante
des véhicules électriques légers devrait augmenter la demande en électricité
d'au moins 20 térawattheures. Dans ce contexte, l'énergie solaire se
présente comme une solution idéale pour alimenter directement les VÉS. De plus,
les VÉS peuvent également jouer un rôle actif dans le réseau électrique en
stockant de l'énergie et en la restituant lors des périodes de pointe,
contribuant ainsi à la stabilité du réseau. L'Association de l'énergie...
L'association de l'énergie solaire, du stockage proche de la demande et des VÉS
offrent donc une réponse prometteuse pour satisfaire à la fois la croissance de
la demande en énergie et en puissance, tout en s'inscrivant dans la transition
énergétique vers un système plus fiable.
L'essor du solaire au Québec offre de
multiples bénéfices : création d'emplois, réduction du déficit
énergétique, allègement des infrastructures de transport...
M. Goulet (Patrick) : ...déploiement
rapide, évitant de grands chantiers, et financement par les citoyens eux-mêmes.
De plus, l'énergie solaire englobe à la fois la production d'électricité et le
chauffage passif, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour réduire la
consommation d'énergie électrique et de gaz naturel, notamment par la
planification de quartiers et de maisons solaires passives.
En conclusion, le Québec a tous les atouts
pour devenir un acteur majeur dans le domaine de l'énergie solaire. La baisse
des coûts du solaire, la demande croissante pour des énergies propres et le
projet de loi n° 69 nous offrent une opportunité unique pour lui donner
une place importante au Québec. Nous vous invitons à considérer l'énergie
solaire non seulement comme une alternative, mais comme une nécessité pour
assurer un avenir énergétique durable et résilient pour les générations
futures. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange
avec les membres de la commission. Alors, Mme la ministre, vous avez
16 min...
Mme Fréchette : Merci.
Le Président (M. Montigny) : ...30 s.
Mme Fréchette : Merci, M. le
Président. Alors, merci, M. Goulet, M. Royer pour votre présentation,
très intéressante. On vous sent inspirés, investis aussi dans le secteur, et
c'est bon de capter ça. Moi, je voulais vous entendre sur... Bien, vous avez
parlé du potentiel, le grand potentiel, là, qui existe en matière d'énergie
solaire au Québec. Quel... Jusqu'à où pensez-vous qu'on peut aller en termes de
recours à l'énergie solaire, photovoltaïque? Vous parlez du fait que les
panneaux sont même plus performants quand il fait froid. Vous me l'apprenez.
C'est bon à entendre. Donc, voilà, quel potentiel en termes chiffrés, là, que
vous voyez?
M. Goulet (Patrick) : Bien,
en fait, ça, c'est des études du... là. C'est vraiment, là, des... ont fait une
espèce d'aperçu, là, du potentiel qu'il y a sur les toitures seulement, là,
mais on peut aller loin avec ça, là. On peut... Sur le bâtiment, là, juste sur
le bâtiment, en plus des toits, les murs, les autoroutes, où il y a des murs
coupe-son, on peut en mettre là aussi. On en voit un peu de ces installations-là
un peu partout dans le monde. Tu sais, le potentiel est énorme, juste sur le
bâti... et on ne parle même pas de parc encore, là. Le 30 térawatts
heures, là, ce n'est même pas des parcs, là. C'est vraiment juste les toits,
puis ce n'est même pas tous les toits en plus, là. C'est les toits de
manufacture, de bâtiments résidentiels, commercials, mais les usines, ce n'est
pas inclus dans le 30 térawatts heures, alors il est énorme, là. Puis
comment on peut faire pour tout faire ça? Bien, ça, ça va être une grande
question parce qu'on parle beaucoup de la disponibilité de main-d'oeuvre. Ça va
prendre de la main-d'œuvre... beaucoup de main-d'œuvre si on veut atteindre...
aller faire un objectif pareil, là. C'est gros, là. C'est vraiment gros, ça.
Mme Fréchette : C'est où vous
diriez que les gains les plus importants, là, les gains les plus faciles, les
plus rapides qu'on pourrait envisager d'aller capter pour démarrer le momentum
puis la tendance?
M. Goulet (Patrick) : Bien,
je vais laisser Jimmy répondre un peu là-dessus.
M. Royer (Jimmy) : Oui. Bon,
je peux répondre. En fait, l'autoproduction, c'est peut-être le plus facile
parce qu'il est direct. On n'a pas besoin de faire des grosses infrastructures
ni de distribution ni de transport.
Ceci étant dit, ce qui est intéressant,
c'est le coût à la fin de la production. Et plus les parcs solaires sont gros,
plus, à ce moment-là, le coût du solaire va être plus faible. Alors, bien
entendu, au départ, il pourrait y avoir quelques parcs qui vont être installés.
On le voit avec l'appel d'offres qui a été... le règlement a été publié ce
matin. Alors donc, on voit qu'il y a une volonté de faire 300 mégawatts
pour 2029. C'est un départ, mais c'est petit, petit. 300 mégawatts, là,
c'est... ça... c'est presque une goutte d'eau, je dirais, par rapport aux
besoins qu'on a. On parle dans notre étude qu'on pourrait aller jusqu'à
7 000 mégawatts pour 2035, ça représente seulement
10 térawatts-heures. Ça, c'est le début. On parle de 2035. Si vous parliez,
à un moment donné, d'où... jusqu'où peut aller le solaire? Plus les coûts vont
baisser, plus les autres formes d'énergie vont augmenter.
• (16 h 50) •
C'est certain que le potentiel du
photovoltaïque va être, à ce moment-là, beaucoup plus élevé. La grosse différence
à la fin, c'est le prix. On parle aujourd'hui pour les parcs solaires au
Québec, avec l'ensoleillement qu'on a, autour de... entre six et huit cennes le
kilowattheure. C'est déjà beaucoup mieux que les éoliennes, que même les
nouveaux... les nouvelles centrales hydroélectriques. Si les coûts continuent
de baisser comme...
M. Royer (Jimmy) : ...ils
baissent présentement. Même l'AIE, l'Agence internationale de l'énergie, et
même les grands... les grands analystes et les bureaux d'analystes dans le monde
disent qu'en 2050 le solaire va représenter la majorité des énergies
renouvelables, parce qu'il est facile à être installé partout. L'autre point
important, c'est que ses coûts d'opération et de maintenance sont, aussi, très
faibles. Alors, par rapport au coût total du kilowattheure, sur son... sur sa
durée de vie, à ce moment-là, il est beaucoup plus intéressant que toutes les
autres formes d'énergies renouvelables.
M. Goulet (Patrick) : Si je
peux ajouter, là où le solaire n'est pas vraiment présent, c'est... on va dire
les vraies affaires, là, la pointe hivernale, là, c'est certain... bien, on a
des technologies des batteries qui vont couvrir pour ça, en partant. Alors,
on...
M. Royer (Jimmy) : ...
M. Goulet (Patrick) : C'est
ça, c'est... Là, on a vraiment, là, le système parfait, là, pour couvrir...
Puis que les pointes, on le sait, là, l'hiver, ça ne dure pas, là, longtemps,
puis les batteries pourraient facilement couvrir une partie de ces pointes-là.
M. Royer (Jimmy) : Et, bien
entendu, notre hydroélectricité.
M. Goulet (Patrick) : Et
l'hydroélectricité, évidemment.
Mme Fréchette : Bien sûr.
L'énergie solaire, c'est une... bien, vous faisiez référence à ça, là, c'est
une source d'énergie qui se prête bien à l'autoproduction, là, par des
particuliers. Comment est-ce que vous voyez l'arrimage du rôle entre
Hydro-Québec, en lien avec l'énergie solaire, versus la production des
particuliers puis les entreprises? Quel mix vous voyez? De quelle manière ça
doit s'imbriquer?
M. Goulet (Patrick) : Bien,
déjà, là, Hydro-Québec, ils ont ouvert les portes, là. Là, ils ont monté la
barre à un mégawatt. Youpi! on est contents là-dessus. C'est... c'est toute une
histoire de regarder la disponibilité du réseau, les circuits. Ça, c'est l'affaire
à Hydro-Québec. Le potentiel pour injecter... Moi, je prends toujours l'exemple
de Green Mountain Power, au Vermont, là, parce que c'est nos voisins, et puis
ils sont très, très... ils ont des longueurs d'avance devant nous là-dessus,
là, puis, si on va dans leur site Web, on voit les circuits qui sont
disponibles encore, où on peut continuer à injecter. C'est un peu, là... Eux,
ils gèrent toute l'injection, là, de toutes sortes de clients, là, que ce soit
commercial, individuel ou industriel, puis, quand le circuit, il commence à
être saturé, bien, c'est fini, on ne peut plus injecter ici. Ça fait que
c'est... Hydro-Québec, il va falloir qu'ils gèrent de cette manière-là, puis
ils ont déjà commencé, d'ailleurs, à regarder les circuits qui vont être disponibles
pour qu'on puisse faire l'injection.
M. Royer (Jimmy) : Si je peux
rajouter, c'est que l'autoproduction, ça se fait dans tous les pays
aujourd'hui. Ce n'est pas quelque chose qui est nouveau. On n'a rien qu'à
regarder les exemples qui se font dans tous les pays où on utilise du solaire.
Il y a, bien entendu, des parcs solaires, mais il y a aussi beaucoup
d'autoproduction. Pourquoi? Parce que ça permet aussi à la population de
participer à l'effort, et si on leur permet, bien entendu, d'avoir un retour
sur leurs bénéfices. Bien entendu, on ne mettra pas des panneaux solaires sur
notre toit si ça ne rapporte rien à l'usager. Bon, si on leur permet d'avoir un
retour sur le bénéfice, sur l'utilisation, à ce moment-là, il y a de l'intérêt.
Et ça adonne bien, on fait quelque chose sans avoir de grands impacts
environnementaux, parce que c'est déjà sur le bâti, c'est déjà sur les toits,
ou près des bâtiments, ou sur les autoroutes, comme disait Patrick tout à
l'heure, donc on est capables d'utiliser cette forme-là.
L'avantage, le plus gros avantage du
solaire, c'est qu'il est partout, hein? Alors... On peut même dire, l'éolien,
bien, on ne mettra pas des éoliennes au-dessus de chaque maison, même s'il y a
du vent, ça fait du bruit, puis tout ça. Mais le solaire, ça fait partie du
bâtiment, ça ne paraît même pas. Il y a des endroits où on va même cacher le
panneau solaire avec des motifs architecturaux, on ne le voit pas. Mais ça
produit pareil. Alors donc, c'est ça, à la fin, qu'on veut. Aujourd'hui, dans
les premiers temps, on va les mettre sur les toits, c'est ça, le plus facile,
et, après ça, bien, on pourra voir à faire de... ce qu'on appelle du «PV in
building», de... du photovoltaïque architectural.
M. Goulet (Patrick) : Il y a
déjà une entreprise canadienne, là, en Ontario, là, qui... qui fabrique des...
du PV texturé, comme tu veux. Ça fait qu'ils remplacent les parements des
édifices commerciaux avec ce PV là. Ça fait que ça... ça va alimenter, là,
l'édifice, là. C'est disponible là, maintenant, même, c'est du gros
«backorder», tu as de la misère à en avoir.
Mme Fréchette : Intéressant.
Et l'acceptabilité sociale est plus facile, aussi, à stimuler, là, quand les
gens en ont... ont un retour direct...
Mme Fréchette : ...qui leur profite,
qui leur bénéficie.
M. Goulet (Patrick) : Bien,
exactement, là, parce que les gens, quand on va... quand on fait des salons et
puis on explique, là, le solaire aux gens, ils veulent participer. Puis, comme
vous dites, là, là, ils ont le sentiment de participer, de faire quelque chose,
là, tu sais, de produire, de faire une différence, là.
C'est sûr que ce qui est plus important,
c'est l'efficacité énergétique des maisons, ça... et ça, il va falloir qu'on
travaille là-dessus, mais, en plus, si tu peux générer ta propre énergie...
Puis le phénomène qui arrive aussi, c'est que les gens sont tellement
ambitieux, avec leur production, là, ils font tout pour ne pas injecter sur le
réseau d'Hydro, et ils veulent toute la garder, puis ils deviennent... puis là
ils sont plus conscients aussi de leur consommation parce que, là, ils
produisent leur propre énergie, là, c'est dans leur maison. Alors, il y a
vraiment un phénomène, là, qu'on remarque, là, quand quelqu'un s'installe du
solaire : ils sont tout contents, ils montent ça sur leur téléphone :
Regarde ma production, puis c'est...
Mme Fréchette : C'est comme
leur petite PME, là, qu'ils gèrent, là.
M. Goulet (Patrick) : Oui,
oui, exactement.
Mme Fréchette : Ils veulent
être autonomes... en autarcie. Bien, c'est intéressant aussi de voir, je vais
aller voir les produits de l'entreprise ontarienne. Dans votre mémoire, là,
vous parlez du programme Community Solar Garden, en Nouvelle-Écosse, est-ce que
vous pourriez nous expliquer un peu plus comment ça fonctionne et comment ça
pourrait être transposable?
M. Goulet (Patrick) : O.K.
Community Solar... Oui, ça, c'est... ça, c'est un programme qui a commencé
cette année, là, ou... au début de l'année, c'est ça, au début de l'année, là. Puis
ce qui arrive, c'est qu'eux, ils ont ouvert le marché, si on veut, là.
N'importe qui peut faire une installation, un parc solaire de 500 kilowatts à
10 mégawatts. C'est ouvert, pas d'appel d'offres. Ça fait que tu arrives, puis
c'est tout en ligne, tout est expliqué, les formulaires sont tous là, puis
c'est vraiment ouvert, public, privé, Premières Nations aussi, là. N'importe
qui qui a un projet, il a juste à appliquer là-dessus. Il y a beaucoup de
critères. Je suis allé voir le site, là, qui explique vraiment, là, détaillé,
comment ça fonctionne. C'est ouvert, on sait tout, là, il n'y a pas de petites
cachettes ou quoi que ce soit, puis le prix, il est déjà fixé par Nova Scotia
Power, le minimum. Puis là, bien, à partir de là, ton projet, il faut qu'il
soit viable. Puis c'est un... C'est sur le circuit de Nova Scotia Power, O.K.,
ce n'est pas, là, on va faire une ligne privée pour mon... Non, non, ce n'est
pas comme ça que ça fonctionne, c'est... Autrement dit, tu arrives avec ton
projet, s'il est accepté, tu vas... ils vont dire O.K., ce circuit-là, il est
libre, tu peux venir produire ici, là, tu fais un parc jusqu'à concurrence de
10 mégawatts, la grosseur que tu veux, puis là tu vas te trouver des abonnés.
Donc, les gens en Nouvelle-Écosse qui demeurent dans des appartements ou des
endroits où ils ne peuvent pas faire de solaire, ils peuvent s'abonner à ce
parc-là puis ils vont devenir comme un partenaire, si on veut, ils vont avoir
leur propre production. Ça fait que, si tu t'abonnes, tu dis : Bien, moi,
j'en veux pour 5 kilowatts, je veux 5 kilowatts, là, de ce parc-là, ça fait
que, là, tu vas payer pour ça puis là tu vas bénéficier de la production, puis
ça va réduire ta facture d'électricité.
Moi, j'ai trouvé ça brillant, j'ai
dit : C'est formidable, comme idée, là... C'est des trucs comme ça qu'on
devrait... ici aussi, parce que les gens... Moi, je démarre à Montréal. Le
monde, à Québec, qui aimeraient ça, avoir du solaire, ils ne peuvent pas, là,
ils... Comment... qu'est-ce... comment je vais faire pour... Tu sais, il y en a
qui veulent ça.
Si on regarde, en Allemagne, là, c'est
rendu qu'ils en mettent sur les balcons, là, c'est autorisé, maintenant, ça
fait que tout le monde fait sa petite installation solaire sur son balcon, en
Allemagne, là, c'est... puis il y en a beaucoup, là, c'est énorme, oui.
Mme Fréchette : Excellent.
Bien, merci. Je vais céder la parole aux collègues.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est le moment de céder la parole au député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
pour 3min 54 s.
M. Bernard : Combien de
temps, M....
Le Président (M. Montigny) : Pour
3min 54s.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Bonjour, MM. Goulet et Royer. J'ai bien aimé votre mémoire, puis
vous parlez beaucoup, justement, d'autoproduction, puis hors site. Puis, comme
on sait... Abitibi-Témiscamingue, Nord du Québec, pourvoiries et autres, et
même quand on va, par exemple, du côté des villages inuits, en haut, que si on
veut remplacer le mazout puis le... Donc, ce sont des avenues que je crois
beaucoup, à cet égard-là, puis même... puis comme vous avez parlé, au niveau
résidentiel aussi, on en a... on en a parlé, là, hier et aujourd'hui, pour
vraiment... c'est une avenue intéressante, l'autoproduction, puis
éventuellement aller du côté de revente à Hydro-Québec.
• (17 heures) •
La question, on parlait d'acceptabilité
sociale, puis moi, il y a quelques années, en allant en Europe, j'étais arrivé
puis... dans la vallée, puis je me... Les autoroutes sont souvent en altitude,
puis j'ai dit : Voyons, c'est quoi ce lac-là, en bas? Jusqu'à ce que je me
rende compte que c'était un immense parc et... de panneaux solaires
photovoltaïques, et ça m'avait impressionné. Puis là je me suis dit : Oh!
c'est plus gros, c'est la première fois que j'en voyais un de cette
envergure-là. Puis au... Là...
17 h (version non révisée)
M. Bernard : ...regarde
actuellement du côté de l'Europe, qui commence à avoir de l'opposition contre
les grands parcs de... photovoltaïques, dont un projet qui est le... Puis là c'est
là que je me dis : Est-ce qu'on voit qu'il y a déjà quand même au Québec
de l'opposition pour des grands parcs éoliens? Quelle est, selon vous... on
parle d'acceptabilité sociale, oui, mais est-ce que les gens saisissent qu'est-ce
que ça représente vraiment un grand parc éolien, vraiment? Puis est-ce qu'on va
vraiment avoir une acceptabilité sociale quand on arrive dans les régions
montagneuses? Moi, je pense qu'il y a une possibilité proche des installations
Hydro-Québec qui existent déjà ou que les lignes de transport, et autres, mais
je pense que, là, il y a vraiment un potentiel, Mais dans le reste de la
province, je ne suis pas convaincu.
M. Royer (Jimmy) : Si je peux
répondre, oui, alors donc, il y a deux choses. Première des choses, les parcs
solaires n'ont pas besoin d'être très, très gros, hein? Oui, il y a une
certaine économie d'échelle quand on fait 100 mégawatts, 1000 mégawatts
dans un parc. Mais l'économie d'échelle n'est pas vraiment là. À partir du
moment où on a 50 mégawatts, 100 mégawatts, c'est pas mal le maximum,
là. Après ça, tu en fais 10 autres ailleurs, ça va te faire ton 1 000 mégawatts, mais ça ne
te coûtera pas moins cher ou plus cher. Parce qu'en fait c'est autant de
panneaux solaires, 10 fois plus de panneaux solaires que tu vas faire pour
de 100 watts à 1000 mégawatts. Ce n'est pas comme un parc éolien où
le gros de la... du coût est dans la machine elle-même, alors quand tu fais une
éolienne de trois mégawatts ou de cinq mégawatts, ou même maintenant de 10 mégawatts,
ça fait une grosse différence. Puis là ça a besoin des grands parcs et tu as
besoin à ce moment-là de maximiser l'effort que tu vas faire.
Où il y a une différence dans ce que je
dis, c'est par rapport au transport. Alors, si, bien entendu, on fait un 1000 mégawatts
de panneaux solaires, tu as besoin d'une ligne de transport dédiée pour ça. En
faisant ce que vous disiez, 10 100 mégawatts
ou même 100, 10 mégawatts...
Le Président (M. Montigny) : En
conclusion.
M. Royer (Jimmy) : ...là, à
ce moment-là, vous êtes sur le réseau de distribution, c'est beaucoup plus
intéressant. Et donc vous pouvez utiliser les lignes existantes.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
merci beaucoup. C'est maintenant le moment de céder la parole à Mme la députée
de Saint-Laurent pour une période de 10 minutes 24 secondes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, M. Goulet, bonjour, M. Royer, le député de
Jacques-Cartier vous salue très chaleureusement. Il nous écoute. Alors, d'ailleurs,
c'est... joyeux anniversaire de mariage, chéri, mais je suis ici. Alors, tantôt
je vous écoutais avec la ministre par rapport notamment au mur énergétique.
Moi, j'ai une super de bonne photo, pas besoin de l'aller en Ontario, chez moi,
à Saint-Laurent, j'ai même accueilli ici sur la photo, M. Pierre Fitzgibbon, on
était à l'entreprise.... qui eux, au lieu d'avoir un gros mur de béton pas
beau, ils ont un super de beau mur, et tout le monde pense que c'est un mur
architectural, mais en fait, c'est un mur d'énergie qui permet à l'entreprise
de s'autoalimenter tout seul. Ce n'est pas incroyable, ça?
M. Goulet (Patrick) : Oui,
oui, c'est fantastique.
Mme Rizqy : Et, si vous venez
encore à Ville Saint-Laurent, parce que chez nous, vous voyez, on ne niaise pas
avec la puck, la mairie d'arrondissement ont des panneaux solaires pour s'alimenter
aussi, n'est-ce pas? Moi, là, je trouve ça fantastique parce qu'au fond c'était
une initiative vraiment... Dans le cas de Moneris par eux-mêmes, ils ont
bénéficié, par contre, de subventions, ça les a aidés pour l'acquisition, mais
ils rentrent rapidement dans leur argent et je pense que plusieurs personnes
passent à côté sans même savoir qu'il s'agit d'un mur énergétique, alors ça
passe inaperçu. Donc, au niveau de la question qui vous a été posée pour l'acceptabilité
sociale, moi, je peux vous dire, comme députée, j'ai reçu zéro plainte, ni pour
les panneaux solaires sur le toit de la mairie, ni pour le mur énergétique chez
Moneris. Au contraire, on était vraiment émerveillé, et vous êtes évidemment la
bienvenue. M. Pierre Fitzgibbon, à chaque fois, est venu dans mon comté, il a
toujours été bien reçu. Je déroule carrément le tapis rouge.
Alors, ceci étant dit, moi, ça nous
intéresse, comme vous savez beaucoup, vous avez probablement lu la lettre
ouverte de M. le député de Jacques-Cartier par rapport à ce que... notre
proposition libérale sur les microréseaux, mais il y a quand même... même si ça
coûte beaucoup moins cher, ça a baissé par rapport aux dernières années, il n'en
demeure pas moins qu'il y a des coûts d'acquisition non seulement pour les
panneaux, mais également pour la batterie de stockage. Là, on a vu qu'il y a
une subvention qui est annoncée, mais pour 2026...
Mme Rizqy : ...et elle est pas
mal moins généreuse que Colombie-Britannique ou même les États-Unis, parce
qu'eux, ils subventionnent ça à coups de milliards, et pour le secteur...
notamment pour les fermes, 50 % payées en subventions. Et vous avez parlé
du Vermont. Je suis allée faire un tour avec mon mari en auto électrique,
évidemment, et, sur pratiquement tous les toits des fermes, ce n'étaient que
des panneaux solaires. Alors, j'étais émerveillée, et j'ai pris plein de photos
d'ailleurs pour documenter ça, et non, je n'ai pas passé ça à la dépense, ne
cherchez même pas, alors c'était vraiment un voyage personnel.
Moi, je veux savoir... Ma collègue,
tantôt, la députée de Mille-Îles l'a posée, la question, au groupe
précédent : Est-ce que 2026, c'est un peu tard, première des choses? Puis,
deuxième des choses, est-ce qu'on peut faire aussi, du côté du gouvernement,
pas juste Hydro-Québec, le gouvernement du Québec... aider, oui, les citoyens,
mais aussi, par exemple au niveau des entreprises, pour faire l'acquisition des
panneaux solaires, des batteries de stockage et peut-être même des murs
énergétiques?
M. Goulet (Patrick) : Bien,
on va commencer par... Oui, on devrait avoir des subventions, évidemment, là,
puis ce n'est pas suffisant, ce que... ce qui est présenté jusqu'à maintenant,
on est... On en discute, d'ailleurs.
Une voix : ...
M. Goulet (Patrick) : Oui,
puis 2026, c'est loin, O.K. On peut commencer rapidement là-dedans.
Pour... pour... J'essaie de reprendre mes
idées, là. Oui, O.K. Pour... Pour la subvention comme telle, si on regarde, là,
comment elle fonctionne ailleurs, là, dans... Green Mountain Power, c'est... je
trouve que c'est le meilleur exemple. C'est qu'eux, ils encouragent les
batteries pour couvrir les pointes, parce que, quand ils ont... Eux aussi, ils
ont des pointes, hein, ils ont à peu près la même saison que nous autres, là,
ils ont l'hiver. Alors, en... ils leur donnent un montant par kilowattheure de
quantité de batteries qu'ils ont, ils ont un montant subventionné, mais ils ont
une entente avec Green Mountain Power pendant cinq ans, je crois, là, je ne me
souviens plus exactement du détail, là. J'ai écrit un article là-dessus,
d'ailleurs, là, vous avez juste à aller voir dans mon site web, Énergie solaire
Québec. Puis... et c'est... c'est... Là, Green Mountain Power... ont accès à ta
batterie pour écrêter les moments des pointes quand ça arrive.
Ça fait que, ça, c'est des programmes
comme ça qu'ils ont... qu'ils établissent au Vermont. On peut avoir des trucs
comme ça ici au Québec, la même chose, être un peu plus créatifs dans les
subventions, là, concernant le solaire et aussi les batteries, parce que c'est
la combinaison des deux qui va être vraiment efficace quand c'est le temps
d'écrêter les pointes. C'est vraiment ce qu'il faut faire, oui.
M. Royer (Jimmy) : Si je peux
rajouter, c'est que, par rapport au solaire et à la batterie en... chez... au
résidentiel, chez l'autoproducteur, à ce moment-là, c'est un très bon mariage,
parce qu'en plus on n'a pas besoin d'augmenter les lignes de distribution. Là,
on parle de... d'utiliser l'énergie solaire directement dans la maison grâce à
la batterie, et, seulement s'il y a un certain surplus, on va l'envoyer, mais
ça va aller chez le voisin, alors donc ça n'ira pas bien loin, là.
Par contre, si on veut... Le solaire,
comme on le disait tout à l'heure, c'est que ça ne marche pas à la période de
pointe hivernale, oui, c'est vrai, mais ça ne dure pas tellement longtemps, et
ça adonne bien, on a Hydro-Québec, et... plus gros barrages, pratiquement, au
monde — la Chine en a des plus gros, mais en tous les cas on est un
des plus gros — et on est... on a ces grandes réserves-là, alors ce
qui fait que, même avec des parcs solaires, on aurait aussi ce stockage-là qui
est sur le réseau actuel.
• (17 h 10) •
Alors donc, pour nous, en fait, la
question subsidiaire qu'il reste, c'est : Combien ça coûte? Le solaire,
aujourd'hui, il est rendu à un niveau tel qu'il bat toute compétition. Il y a
10 ans, je ne vous aurais pas dit ça. Moi, j'ai commencé en 1985 dans l'énergie
solaire, on parlait de 20 $ le watt. Aujourd'hui, là, on parle de 1,80 $ à
2,50 $ le watt installé. Le 20 watts que je vous parlais tantôt, c'était juste
le panneau solaire, il était tout petit. Alors, oui, à ce moment-là, ça n'avait
pas d'allure au Québec de le faire, et on le faisait surtout pour les maisons
qui étaient hors réseau dans les camps de pêche, et les camps de chasse, etc.,
parce que c'était toujours mieux que des génératrices à l'essence ou même au
gaz naturel. Mais aujourd'hui on est rendu là, on est rendu compétitif à toutes
les autres formes d'énergie renouvelable, et je dirais même énergies fossiles.
Mme Rizqy : Messieurs, je
suis surprise, parce que la semaine dernière...
Mme Rizqy : ...on a eu
certains des experts qui nous ont dit exactement le contraire. Un peu plus, là,
ils disaient que c'était de la chnoute. Alors, moi, je veux savoir, parce qu'on
a quand même des... Moi, chez moi, à Saint-Laurent, ça fonctionne les panneaux
solaires à la mairie d'arrondissement, dans les... sur les toits de certaines entreprises
qui ont fait le virage. Lac Mégantic, ça fonctionne. J'ai l'impression que là
il y a des... Et quand je regarde ce qui se fait ailleurs, parlé de la Norvège
qui a un climat très similaire au nôtre, qui dit vrai?
M. Royer (Jimmy) : Bien, en
fait, qui dit vrai, on n'a rien qu'à regarder ailleurs, ça se fait, hein? Alors
donc, je pense que c'est la... On voit tout de suite qui dit vrai. Maintenant,
une des raisons pourquoi on a ce discours-là, c'est qu'on voit quand même qu'il
y a un désavantage en solaire puis ça on est tout à fait conscient, c'est qu'en
période de pointe hivernale au Québec, bien oui, c'est vrai que le solaire
n'est peut-être pas là à ce moment-là. Mais on ne peut pas faire 100 %
d'énergie solaire au Québec. C'est ça, la grosse différence, là. À partir du
moment où on a un mix d'énergie : hydroélectricité, éolienne, solaire,
stockage, batteries stockage hydroélectriques, le solaire est parfait parce que
lui, il va diminuer le coût d'électricité. On parle, comme je le disais, entre
0,06 $, 0,08 $ le kilowattheure versus les nouveaux barrages...
Mme Rizqy : À 0,12 $.
M. Royer (Jimmy) : Je parle
de 0,10 $, 0,12 $. Déjà...
Mme Rizqy : Donc, c'est
gagnant-gagnant pour nous comme consommateurs, mais aussi pour le gouvernement.
M. Goulet (Patrick) : C'est
ce qui est important aussi, là, c'est la participation du public, là. Les
citoyens, ils peuvent, puis là ils vont se sentir investis parce qu'ils vont
avoir quelque chose pour pouvoir participer. Là, c'est toujours les producteurs
qui vont régler le problème de notre déficit énergétique. Mais là, si tu leur
donnes quelque chose entre les mains pour qu'ils puissent eux-mêmes produire.
Puis le phénomène aussi, c'est que les gens, quand ils produisent leur
électricité avec le solaire, bien, là, ils deviennent encore plus conscients de
la consommation. Ils ne vont pas surconsommer, justement, là. Là, ils veulent
être performants, ils ne veulent pas réinjecter sur le réseau de l'Hydro, ils
veulent garder ça chez eux. Puis là, je les vois des fois, là, dans des salons,
là, puis ils montent leur téléphone : Aïe! tchèque ma production, là. Ils
sont tout excités, là, tu sais, puis... puis c'est un peu... C'est ça, le
phénomène que ça fait. Alors, moi, là, quand je... quand je... Je veux
encourager les gens de mettre du solaire parce que ça les conscientise sur la
production, puis les limites aussi.
Le Président (M. Montigny) : 30
secondes.
M. Goulet (Patrick) : Ça les
rend beaucoup plus économes en bout de ligne, au contraire de ce que j'ai
entendu là, des fois, là. Bien, c'est...
Mme Rizqy : Bien, de toute
façon, je pense que, le gouvernement, l'intention, c'est d'avoir tout un
bouquet de mesures pour...
M. Goulet (Patrick) : Exact.
Mme Rizqy : ...avoir
davantage de sources d'électricité. Alors, nous, on va pousser fort pour cette
proposition, pour s'assurer qu'effectivement on est capable de faire de
l'autoproduction, mais aussi de remettre ce qui n'a pas été utilisé dans le
réseau vers Hydro-Québec pour libérer ses électrons. Un grand merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de laisser la parole au député de
Maurice-Richard pour 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, messieurs, d'être là. Moi, mon père était prof
de photovoltaïque dans une école d'ingénieurs depuis la fin des années 60.
M. Goulet (Patrick) : Ah!
wow!
M. Bouazzi : Oui, paix à son
âme, il doit être heureux que je vous rencontre aujourd'hui, dans sa tombe.
Le... Évidemment, ce que vous dites est très important. On comprend que, ceci
étant dit, il y a des problèmes par rapport à la... à la pointe hivernale. Mais
j'en ai une facile parce que quand je suis allé au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
j'ai vu qu'on était capable de même produire chez nous, pensez des chauffe-eau
avec une énergie solaire, et le chauffe-eau étant une batterie...
M. Goulet (Patrick) : Oui.
M. Bouazzi : ...parce qu'ils
ont emmagasiné de l'eau chaude. Qu'est-ce qui fait que ce n'est pas juste
obligatoire aujourd'hui au Québec d'avoir un chauffe-eau qui marche avec
l'énergie solaire?
M. Royer (Jimmy) : Je peux
répondre si tu veux.
M. Goulet (Patrick) : Oui,
vas-y.
M. Royer (Jimmy) : Oui. En
fait, on parle de stockage. Alors, stockage électrique quand on veut avoir de
l'électricité à la fin, c'est ça qui est quand même le plus intéressant. Mais
si on veut avoir de la chaleur, pourquoi pas faire du stockage thermique? Alors
le chauffe-eau, très bon élément qui est là. On peut chauffer le chauffe-eau
plus que sa température nominale d'Hydro... qu'Hydro-Québec, le «set point»
pour s'assurer qu'il n'y ait pas de bactéries, etc. Mais on peut chauffer plus
haut, et à ce moment-là, ça te permet d'avoir ce stockage-là qui est là. Il est
là, il existe.
M. Bouazzi : Exact. Et quand
la pointe arrive, on ne chauffe pas, on attend.
M. Royer (Jimmy) : C'est ça.
M. Bouazzi : Et tout va bien.
M. Royer (Jimmy) : Exactement.
M. Goulet (Patrick) : Tu
fermes le chauffe-eau, là, juste pour le temps que... de la pointe puis après
ça, ça...
M. Bouazzi : Puis on s'entend
qu'il y en a des plus difficiles que d'autres. Celle-là consiste à mettre un
panneau solaire...
M. Bouazzi : ...panneau
solaire qui n'a même pas besoin d'être immense sur le toit. Un câble avec une
résistance à l'intérieur d'un chauffe-eau qui chauffe de l'eau, c'est de la
technologie qui n'est pas trop compliquée.
M. Goulet (Patrick) : Oui,
oui. Bien, ça va prendre plus qu'un panneau, là, quand même.
M. Bouazzi : O.K. Et la
question c'est : Qu'est-ce qui fait que le code du bâtiment n'a pas évolué
depuis la dernière décennie sur ces questions-là, là?
M. Goulet (Patrick) : Le code
du bâtiment, là-dedans, il n'a pas... il n'a pas vraiment à intervenir pour
la...
M. Bouazzi : Pour rendre
obligatoires de tels chauffe-eau?
M. Goulet (Patrick) : Ah, ah,
ah. O.K., ça, ce n'est pas... Ah! ça, c'est différent, là. L'obligation. O.K.
Bien là, on parle d'une autre histoire, là, si on veut inclure ça dans le code
du bâtiment, je suis d'accord avec toi, là. Puis il y a d'autres technologies
qui sont... qui s'en viennent ici, là. En plus du chauffe-eau... chauffe-eau,
il y a aussi la batterie thermique à changement de phase aussi, qui est une
technologie encore plus évoluée, là, qui vient de l'Europe, de l'Écosse. Puis
ça, ça aussi, là, ça fonctionne très bien sur le...
M. Royer (Jimmy) : Si je peux
me permettre, sans en faire une obligation, c'est que c'est possible de
l'utiliser, tout dépend du coût à la fin. Alors...
M. Bouazzi : Mais, au bout du
compte, on a besoin d'électricité. On ne peut pas obliger les gens... de bien
chez eux, là. Je veux dire, on fait des passoires énergétiques aujourd'hui
encore, ce n'est pas une option. Ce serait bien d'isoler les maisons.
M. Royer (Jimmy) : Ça, c'est
le point le plus important. À mon avis, il faut déjà mieux gérer l'énergie
qu'on utilise. Alors...
M. Bouazzi : En sept ans au
pouvoir, il n'a toujours pas évolué, malheureusement, le code du bâtiment.
M. Royer (Jimmy) : Il y a ça.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci beaucoup. C'est maintenant le temps de céder la parole au député de
Jean-Talon pour deux minutes 38 secondes.
M. Paradis : Vous nous faites
un plaidoyer passionné pour l'énergie solaire en nous rappelant qu'on a une
grande richesse solaire qui n'est pas encore exploitée à sa juste mesure. Et,
si je vous comprends bien aussi, vous nous dites, c'est un... ça contribue à
l'efficacité énergétique, ça va désengorger le système et c'est un outil
d'émancipation des ménages, notamment des individus, qui vont... qui vont mieux
gérer eux-mêmes leur propre consommation, mais qui vont être... qui vont être
en autonomie. C'est un peu ce que vous nous dites. C'est un outil
d'émancipation individuel.
M. Royer (Jimmy) : Pas en
autonomie, dans le sens qu'il va être quand même relié à Hydro-Québec, mais il
va pouvoir contribuer aussi à l'effort...
M. Goulet (Patrick) : Il va
avoir le sentiment... oui, c'est ça, il va avoir le sentiment de participation,
tu sais, beaucoup plus, là, le fait de pouvoir produire sa propre énergie.
M. Paradis : Bien, pour
reprendre vos mots, ça décentralise et ça va faire en sorte que les clients
vont investir eux-mêmes dans la transition énergétique pour leur propre
bénéfice. C'est ce que vous dites?
Une voix : Exact.
M. Paradis : Bon. Ensuite,
vous nous parlez des dispositions relatives à l'autoproduction. Et moi, j'aimerais
savoir... parce que vous dites : Bien là, on aimerait peut-être même les
faire élargir, mais j'aimerais savoir quelle... si vous faites une distinction
entre l'autoproduction privée des individus, des personnes, des ménages et
celle des entreprises, des PME et des industries. Est-ce que vos demandes, ça
s'applique à tout ou si ça vise surtout le résidentiel?
M. Royer (Jimmy) : Ça vise
surtout le résidentiel, là. On parle vraiment de ça. Quand on parle
d'autoproduction, c'est celui qui utilise l'énergie. Maintenant, ça peut aller
jusqu'à une forme de personne qui a une usine ou quelque chose, où il fait une
production, il en a besoin pour son usine, c'est aussi de l'autoproduction.
C'est du privé. Le même résidentiel, c'est du privé, on s'entend là-dessus.
Mais, si vous parlez de la grosseur, on veut surtout, nous, axer sur
résidentiel.
M. Paradis : O.K. Parce que,
pour être plus précis, là, vous dites : Bien, la possibilité offerte à un
autoproducteur de vendre de l'électricité devrait être élargie, puis là, on
devrait dire à des voisins, etc. Mais ça, vous parlez du résidentiel
principalement, à la page sept de votre mémoire.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Royer (Jimmy) : Exactement.
C'est très important parce que là, on parle surtout par exemple pour les coops,
les coopératives d'habitation, est-ce qu'eux autres pourraient s'installer et
vendre à leurs membres. Aujourd'hui, non. On parle de quelques projets qu'il y
a déjà eus en autoproduction, où ils ne pouvaient... ils utilisaient, mais ils
ne pouvaient pas très bien vendre à Hydro-Québec...
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci.
M. Royer (Jimmy) : Parce que
les limites étaient seulement de 50 kilowatts dans...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Royer (Jimmy) : Et
maintenant elle est à 1 000 mégawatts... 1 000 kilowatts.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
avant de permettre... afin de permettre, dis-je, aux prochains intervenants de
prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 17 h 27)
Le Président (M. Montigny) :
Alors, nous recommençons nos travaux aujourd'hui. Je souhaite maintenant la
bienvenue à l'Association des consommateurs industriels de gaz. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé et nous procéderons
par la suite à une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé maintenant. Vous avez
10 minutes. Merci.
M. Dias (Douglas) : M. le
Président, mesdames, messieurs de la commission. Je voudrais dans un premier
temps vous remercier, au nom de l'Association des consommateurs industriels de
gaz, de l'opportunité de vous présenter nos recommandations quant au projet de
loi n° 69. Je suis Douglas Dias, vice-président Ventes et développement
chez Greenfield Global et je suis ici aujourd'hui avec vous en ma qualité de
vice-président du Conseil de l'ACIG. Je suis accompagné de M. Sebaa,
vice-président de l'ACIG.
L'ACIG représente les plus grands
consommateurs de gaz au Québec et en Ontario. Nos membres sont les grands noms
de l'industrie lourde qui fait la base industrielle du Québec. L'ACIG a été
fondée en 1973 et est active dans la sphère réglementaire, notamment au Québec,
auprès de la Régie de l'énergie. Je passe la parole à mon collègue Nazim qui va
vous présenter nos recommandations.
M. Sebaa (Nazim) : Merci,
Douglas. M. le Président, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés et membres
de la commission. J'ai donc le plaisir et la tâche de vous présenter
aujourd'hui les observations et recommandations de l'Association des
consommateurs industriels de gaz sur le projet de loi n° 69. Je suis Nazim
Sebaa, je suis ici avec vous à titre de vice-président de l'association.
Premièrement, l'ACIG salue l'alignement et l'amarrage des objectifs du projet
de loi n° 69 sur l'économie et l'innovation, une démarche essentielle pour
garantir que la gestion des ressources énergétiques soit en phase avec les
besoins de développement économique du Québec. Ce projet de loi représente une
opportunité unique pour le Québec de s'engager sur la voie d'une transition énergétique
compétitive. Il est crucial que cette transition assure le maintien de la
compétitivité de notre économie, condition indispensable pour continuer à
attirer des investissements tant nationaux qu'étrangers tout en favorisant un
environnement propice à l'innovation. En effet, il est impératif que la
transformation du secteur énergétique soutienne le dynamisme économique et
industriel du Québec et permette de développer les conditions nécessaires à une
croissance durable. L'enjeu principal pour l'industrie lourde au Québec est de
parvenir à se décarboner tout en maintenant sa compétitivité. Nous
reconnaissons que ce défi est complexe et que les investissements requis se
chiffrent en milliards de dollars. Malgré ces enjeux, l'industrie continue d'investir
de manière proactive pour atteindre ses objectifs environnementaux, économiques
et sociétaux, comme en témoigne la feuille de route d'ArcelorMittal, un de nos
membres, feuille de route pour la décarbonation que nous avons ajoutée à notre
présentation. L'ACIG se réjouit des grandes lignes du projet de loi, en
particulier de l'introduction du plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques. Ce plan permet de penser l'énergie dans sa globalité et de
coordonner efficacement et d'optimiser les différentes ressources, y compris le
système de distribution de gaz naturel, un pilier essentiel pour atteindre les
objectifs de décarbonation.
• (17 h 30) •
À travers notre mémoire, nous proposons de
renforcer ce projet de loi pour en assurer le succès. Nous croyons fermement
que pour garantir une transition énergétique durable et compétitive, il est
essentiel d'inclure explicitement la notion de compétitivité dans le PGIRE
ainsi que dans le mandat de la Régie...
17 h 30 (version non révisée)
M. Sebaa (Nazim) : ...Régie
de l'énergie. Et c'est notre première et principale recommandation. ...le PGIRE
et la régie... mandat de veiller à la compétitivité, nous éviterions des
surinvestissements et des actifs sous-utilisés ou non utilisés. Par ailleurs,
il est crucial que l'élaboration du PGIRE se fasse en concertation avec des
parties prenantes et des experts indépendants, garantissant ainsi sa
transparence et son acceptabilité. Inscrire la compétitivité dans les missions
de la régie permettrait également de renforcer son rôle de surveillance en
matière de tarification et d'investissement, cela augmenterait la transparence
et la crédibilité de ses décisions, tout en envoyant un signal fort aux investisseurs
nationaux et internationaux. Disons que le Québec s'engage à atteindre ses
objectifs de décarbonation tout en protégeant sa compétitivité économique et
industrielle. Il est essentiel de souligner que le maintien de la compétitivité
de l'économie permettrait de prévenir des impacts indésirables tels que des
augmentations soudaines des coûts de l'énergie, comme cela a été observé dans
certaines juridictions. Ce point revêt une importance particulière dans le
cadre des responsabilités de la régie, où l'article 50 du projet de loi
propose une présomption de prudence des investissements. Bien que cette
disposition puisse être perçue comme une simplification du processus, elle
risque de réduire la capacité de la régie à superviser adéquatement les investissements
des distributeurs qui pourraient... des investissements qui vont être inclus
dans leur base de... tarifaire sans un examen approfondi, entraînant ainsi une
hausse des tarifs pour les consommateurs. En outre, cette présomption,
transférer le fardeau de la preuve sur les intervenants et la régie, qui ne
disposent pas toujours des ressources suffisantes pour vérifier que ces
investissements ont été réalisés de manière optimale.
Enfin, maintenant, j'aimerais aborder
quelques recommandations spécifiques à la distribution du gaz naturel. Nous
soutenons la cause tarifaire triennale, mais demandons qu'une mention explicite
soit ajoutée concernant le mécanisme de partage des rendements excédentaires,
garantissant ainsi une répartition plus équitable des bénéfices entre les
distributeurs et les consommateurs. Concernant le gaz de sources renouvelables,
l'ACIG aussi... ici aussi soutient également la proposition de tarification
différenciée, essentielle pour encourager l'adoption de cette énergie
particulièrement importante pour les procédés industriels, notamment ceux non
électrifiables. Cependant, l'attractivité du GSR est actuellement freinée par
des coûts de réduction de GES qui ne sont pas compétitifs par rapport à d'autres
options. Actuellement, au Québec, réduire une tonne de CO2 en ayant recours au
GSR coûte environ 295 $ la tonne équivalent CO2. Nous suggérons donc de
mieux valoriser l'intensité carbone du GSR pour en améliorer son adoption par l'industrie.
L'ACIG a salué aussi la reconnaissance du biogaz,
dont les objectifs de distribution, une mesure que nous soutenons sans réserve.
Cela permettra de favoriser des solutions en réseau pour alléger le fardeau des
consommateurs de gaz tout en proposant une décarbonation... des solutions de
décarbonation à moindre coût. Nous proposons d'étendre cette reconnaissance aux
gaz de synthèse et gaz de procédés... afin de donner aux industriels plus d'outils
pour atteindre leurs objectifs de décarbonation.
En conclusion, l'ACIG estime que le projet
de loi n° 69, notamment le PGIRR, offre une belle opportunité pour le
Québec de mener à bien sa transition énergétique. Toutefois, il est essentiel d'y
inclure la notion de compétitivité afin de garantir une économie québécoise à
la fois prospère et sobre en carbone.
Enfin, je finirai par le fait que l'industrie
lourde est à la base de l'économie du Québec. Nous avons bâti un système
énergétique performant et fiable pour attirer l'industrie lourde, pour faire
rentrer le Québec dans le concert des nations industrialisées. Pari et objectif
atteints, maintenant face aux enjeux de décarbonation, il faudrait réitérer
cette réalisation en accompagnant l'industrie lourde vers l'étape d'après et la
considérer comme un héritage à sauvegarder.
Ce qui fait le tour de ma présentation, et
je peux vous rendre deux minutes, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup pour votre présentation. C'est maintenant le moment de procéder à la
période d'échange avec les membres de la commission. Alors, Mme la ministre,
vous avez la parole pour 16 min 30 s.
Mme Fréchette : D'accord.
Parole que je partagerai avec les collègues. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme Fréchette : Alors, merci,
MM. Rahbar et Sebaa. Merci de votre présence et de votre participation à
cette commission, à ces échanges et pour le mémoire également. Donc, bon, la
transition énergétique est ce qui nous amène à mettre de l'avant ce projet de
loi n° 69, ça signifie, en fait, l'abandon, là, progressif de l'énergie
produite...
Mme Fréchette : ...à partir de
combustibles fossiles. Donc, comment est-ce que vous voyez, comme
représentants, là, des grands consommateurs de gaz naturel... comment est-ce
que vous voyez que votre organisation puisse contribuer à mettre en place,
justement, cette transition énergétique, et faisant en sorte de laisser de plus
en plus de place au gaz de sources renouvelables?
M. Sebaa (Nazim) : Je... je
vais y aller. Merci pour la question. Écoutez, nos membres sont déjà très
actifs. Tous nos membres, sans exception, ont l'objectif de neutralité carbone
en 2050, avec des projets et des objectifs de réduction significatifs de leurs
émissions de gaz à effet de serre en 2030. On investit beaucoup, beaucoup d'investissements
sont consentis en ce... Ça se chiffre en milliards. On n'est même pas de
l'ordre de plusieurs dizaines ou de centaines de millions. On parle vraiment de
milliards.
Je vais vous donner l'exemple
d'ArcelorMittal... Il y a un an, un an et demi, ils ont fait un test, grandeur
nature, au Québec, en injectant de l'hydrogène vert en substitution du gaz
fossile. C'était une première mondiale à cette échelle-là. Et ce qui est... ce
qui est beau dans tout ça, ce qui est intéressant, c'est qu'ArcelorMittal a
choisi le Québec pour le faire, alors qu'ils auraient pu le faire dans leurs
installations allemandes, ou françaises, ou sud-africaines, qui sont très en
retard par rapport aux installations québécoises.
Donc, dans tout ça, on s'insère dans ce
cycle-là, dans cette transition-là. Ça va prendre du temps, c'est complexe. On
va chercher de nouvelles formes d'énergie. Il y aura peut-être toujours du gaz
fossile pour des besoins, surtout quand vous n'êtes pas électrifiable. C'est
pour des procédés chimiques, et le gaz naturel est un... est un intrant de
base, hein, c'est une matière première qui n'est pas utilisée pour la
combustion, elle est utilisée pour... pour tout autre chose.
Je pourrais vous citer Rio Tinto aussi,
avec leurs cuves décarbonées, les nouvelles installations et les... Les
industriels innovent, ils vont de l'avant, ils participent à l'effort national.
Ça fait que la décarbonation, elle n'est plus une question de... ce n'est même
pas une question réglementaire. C'est ça qui est... qu'on observe, à l'interne,
en discutant avec les membres. C'est que ce n'est même plus... parce que
c'est... il y a une obligation de le faire. C'est dans leur mode de gestion,
c'est un objectif corporatif, et c'est comme ça qu'on va y arriver.
Mme Fréchette : Merci. On
aura, dans quelques mois, donc, à travailler sur le PGIRE, donc ça va faire
notre... notre feuille de route pour le bouquet énergétique du Québec pour les
prochaines années. Qu'est-ce que vous voyez comme balises, comme paramètres qui
devraient guider notre réflexion quant à la décarbonation des activités du
secteur industriel québécois, là? Qu'est-ce qu'on devrait avoir comme
garde-fous, comme balises qui nous guident dans cette réflexion-là pour le
bouquet énergétique qui va être inscrit dans le PGIRE?
M. Sebaa (Nazim) : Je ne sais
pas si j'ai bien compris la question. Je vais essayer de répondre.
Mme Fréchette : Certainement,
la notion de compétitivité, vous allez me dire?
M. Sebaa (Nazim) : C'est ça,
j'allais y aller. Tout notre mémoire, ou la grande partie de notre mémoire, on
vous a parlé de compétitivité, et, par compétitivité, c'est des choix
d'investissement judicieux qu'on entend. Ce n'est pas tant le prix de
l'énergie, qui est d'une importance fondamentale. Il ne faut pas oublier que
les grands industriels — et je crois que c'était M. Simard, de
l'aluminerie, qui vous en a parlé — c'est 30 % du coût de
revient. Ce n'est pas une petite PME, c'est un produit non différencié. C'est
le marché qui fixe le prix, donc l'énergie est déterminante.
Maintenant, les besoins pour la transition
énergétique sont ce qu'ils sont, et la notion de compétitivité va veiller à ce
qu'on dimensionne convenablement les investissements, et qu'on fasse des choix
ou des arbitrages judicieux. Parce qu'on peut aller vers des solutions plus
locales, plus petites, peut-être moins chères, plus intéressantes, ou peut-être
investir dans d'autres... C'est là où le PGIRE a... va être quelque chose... un
outil extraordinaire, c'est de nous permettre de réfléchir qu'est-ce qu'on va
faire, qu'est-ce que... Est-ce qu'on va juste tirer des câbles et des pipelines
dans le sol, rajouter des pipelines dans le sol? Est-ce que c'est la bonne
solution, ou est-ce que c'est un mix de plusieurs solutions? Et, comme pour
l'industrie, la décarbonation, ça va être un ensemble de solutions, et non pas
une solution. Ça ne va pas être que de l'électricité verte. Ça va être vraiment
un empilement de solutions.
• (17 h 40) •
C'est là où mène notre recommandation de
nous inclure, à un moment, dans l'élaboration du PGIRE, pas au tout début, on
comprend, mais, à un moment, d'inclure les parties prenantes, des experts
indépendants, surtout, pour discuter, pour voir si on a vraiment pris toutes
les solutions qui s'offraient à nous, est-ce qu'il n'y a pas d'autres choses à
faire. Ça renforcerait le PGIRE et, surtout, son acceptabilité, une fois qu'il
sera rendu public...
M. Sebaa (Nazim) : ...les
grands intervenants, si je peux dire, auront déjà exprimé leur point de vue en
interne et on aura quelque chose, un outil formidable pour aller de l'avant.
Est-ce que j'ai répondu à votre question?
Mme Fréchette : ...vous
mentionniez que vos membres avaient l'objectif de décarboner leurs entreprises
d'ici 2050. Est-ce que vous voyez que ces avancées vers la décarbonation vont
se faire de manière très graduelle, au fil du temps, ou il y aura comme,
d'emblée, là, un grand pas qui pourrait être fait vers le gaz de source
naturelle et ensuite on va atteindre un plafond? Comment est-ce que vous voyez
que ça puisse évoluer au fil des années, suivant les technologies qui existent
et le coût?
M. Sebaa (Nazim) : Écoutez,
jusqu'à 2030, les objectifs de réduction de gaz à effet de serre vont se faire
avec ce que nous avons de disponible, c'est-à-dire les énergies renouvelables
qu'on peut inclure ou des programmes d'efficacité énergétique. Pour 2050, il va
nous falloir un saut technologique.
Mme Fréchette : Il va
falloir... pardon, j'ai manqué, pour...
M. Sebaa (Nazim) : Un saut
technologique.
Mme Fréchette : O.K.
M. Sebaa (Nazim) : Il va nous
falloir une nouvelle technologie, qui ne sont pas... qui sont peut-être en
cours de... Je ne suis pas expert là-dedans non plus, je ne pourrais pas vous
dresser toute la palette, mais, par exemple, la capture du carbone fait partie
des solutions ou des technologies à mettre en place après 2030 pour accélérer.
Donc, c'est en cours. Peut-être que, Douglas, tu voudrais donner une autre
perspective?
M. Dias (Douglas) : Oui,
merci. Pour le cas de Greenfield, il y a certains projets qui vont décarboner
notre... Donc, ça va se produire en étapes. Et donc je ne dirais pas que c'est
que c'est un chemin graduel, mais il y a certains projets, et le capital qui
doit être dépensé pour obtenir des nouveaux sceaux.
Mme Fréchette : Merci. Et une
dernière question de ma part : Est-ce que vous pensez que le projet de loi
no 69, là, présente des avancées intéressantes pour faciliter la transition
énergétique du secteur industriel qui s'approvisionne en gaz?
M. Sebaa (Nazim) : Écoutez,
ce qui est formidable, avec le projet de loi no 69, c'est qu'il offre des
outils législatifs et réglementaires plus flexibles, parce que le maître mot,
c'est la flexibilité, pour l'industrie. Ce que va rechercher l'industrie, avant
tout, c'est la flexibilité de pouvoir utiliser telle et telle énergie, pouvoir
utiliser tel ou tel procédé. Et c'est là où est la force de ce projet de loi,
c'est la flexibilité qu'elle introduit.
Mme Fréchette : Merci. Je
vais céder la parole aux collègues.
Le Président (M. Montigny) : Merci,
Mme la ministre. Alors, je cède la parole maintenant au député de Rouyn-Noranda
Témiscamingue. Il reste 8min 10s.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Bonjour, M. Diaz puis M. Sebaa. Je suis allé sur votre site Internet
parce que je voulais voir, naturellement, qui étaient, un peu, vos membres de
votre association. Et Rouyn-Noranda-Témiscamingue, secteur minier... puis je
regardais, parmi les membres que vous aviez, je retrouve des entreprises qui
sont vraiment importantes dans notre tissu économique régional... Eagle, entre
autres, Glencore... Puis je regardais, il y a beaucoup d'autres personnes qui
viennent soit de l'industrie papetière ou de l'industrie minière. Quand je suis
arrivé en région... Rouyn-Noranda a toujours été, je vous dirais, entre
guillemets, privilégiée. Je ne sais plus si c'est le cas, maintenant, mais a
était connectée sur le réseau de gaz naturel depuis très longtemps, une
cinquantaine d'années, probablement plus, O.K., Témiscamingue aussi, pour
l'industrie, ils sont là. Puis, quand je suis arrivé, dans les années 80, en
Abitibi, à ce moment-là. Gaz Métro, qui est devenu Énergir, avait prolongé la
ligne de gaz jusqu'à Val-d'Or. Et l'effet bénéfique de ça, c'est que les mines
qui étaient le long de la route 117 se sont connectées sur le réseau de gaz
naturel. La raison primaire, c'est que, pour chauffer l'air, pour envoyer sous
terre, et autre, donc, le gaz naturel était une énergie beaucoup plus
performante, et donc abaissait, à ce moment-là, le coût d'opération en
utilisant moins d'électricité.
Alors, quand je regarde dans cette
dynamique-là, si on veut, maintenant, aller vers la décarbonation, c'est-à-dire
pour ces industries-là, si ce n'est pas du gaz naturel de source renouvelable,
des GNR ou des GSR, comment que la...
M. Bernard : ...la transition
va pouvoir se faire parce que vous l'avez dit, la volonté de vos membres, c'est
d'aller vers la décarbonation. Mais ce retour-là va entraîner des coûts
d'opération. Est-ce que la transition ou le changement, éventuellement, va
falloir une aide gouvernementale et autre parce que si on veut que nos coûts
d'opération de nos usines demeurent compétitifs, quelle est la solution? Je
suis vraiment déchiré, là, d'un bord, puis il y a mes industries régionales qui
sont... qui sont dans cette dynamique-là.
M. Sebaa (Nazim) : On va
avoir besoin d'accompagnement pour certaines choses, c'est sûr. Vous avez parlé
du GSR-GNR, anciennement le GNR, c'est une option, mais pour l'instant, c'est
une option qui coûte cher, qui coûte cher parce que la molécule à produire
coûte cher. Mais surtout, pour l'instant, au Québec, on a les mains liées dans
le dos. C'est qu'on a pas de reconnaissance de l'intensité carbone de ce GNR.
Là, je vous ai... Dans le mémoire, je crois que je l'ai cité, le coût d'une
réduction d'une tonne d'équivalent CO2, c'est 295 $ par tonne, ce qui est
important. Donc, l'industriel va choisir d'autres solutions. C'est toujours en
arbitrage, on fait toujours des arbitrages. Qu'est-ce qui va vous permettre
d'atteindre mon objectif à moindre... à moindres frais? Donc, on est un peu...
Pour l'instant, le GSR est très intéressant, mais il reste limité à cause de ce
facteur-là. Peut-être que ce n'est pas cette commission qui doit trancher, ça
relève du ministère de l'environnement. On fait des... des représentations en
l'espèce. Après, l'industrie, il y a plusieurs façons de soutenir l'industrie
ou de soutenir des efforts. Il y a des aides à l'investissement, des aides à la
modernisation, des aides à... ou des réductions d'impôt, des choses comme ça
qui peuvent aider l'industriel. Prenez pour acquis qu'un industriel, le tour
qu'on a fait avec nos membres en discutant, choisir entre quelque chose de vert
et de carboné, on ira toujours vers quelque chose d'une énergie verte.
Maintenant, est-ce qu'elle est disponible? Est-ce que ça ne va pas affecter mon
coût d'opération parce qu'on est en concurrence internationale ouverte et une
concurrence féroce? Donc, après, est-ce que le gouvernement va innover dans ce
sens-là pour essayer d'aider à cette transition juste, ça serait souhaitable.
Mais toujours garder aussi que les feuilles de route sont dessinées, sont
faites par les industriels. Il faudrait aller prendre connaissance de ces
feuilles de route. C'est très sérieux. C'est une démarche très sérieuse
pourrait, pour certaines choses, parce que ça va être vraiment spécifique à
chaque secteur et à chaque vecteur énergétique.
Le Président (M. Montigny) :
Il reste trois minutes.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. La réflexion est quand même vraiment importante parce qu'on parle
beaucoup du PGIRE justement pour le plan de gestion intégrée des ressources.
C'est une perspective à long terme et plusieurs des intervenants qui sont
venus, ils ont vraiment mis l'emphase d'avoir vraiment une vision régionale du
PGIRE pour répondre justement à des besoins probablement de cette nature-là.
Donc, selon moi, que tous les intervenants sur une base régionale, ça va être
important parce que ça va être le tissu économique des régions. Il y a eu des
essais également, une des mines que j'ai travaillé à l'époque avec la biomasse
qui... qui sert des fois, la biomasse, parce qu'il y a eu des projets aussi
pour s'en servir pour le GNR. Donc, c'est peut-être des avenues qui pourraient
être utilisées pour aider les industries, avec peut-être des plans de biomasse,
de l'autoproduction pour après ça retourner sur le réseau. Je ne sais pas. De
votre côté, la biomasse forestière, entre autres, là, dans mon secteur, sont
peut-être des pistes d'avenues.
• (17 h 50) •
M. Sebaa (Nazim) : La
biomasse forestière est considérée, mais je ne suis pas spécialiste de la
biomasse, j'ai assisté à des conférences et des réunions de travail sur la
biomasse forestière. On peut y avoir recours. C'est une option parmi d'autres.
C'est là où le PGIRE prend tout son sens. C'est sa beauté, c'est-à-dire que si
on va voir tout ce qui peut être déployé pour arriver à l'objectif, c'est ça où
ce PGIRE est intéressant, cette démarche est intéressante. Maintenant, est-ce
que c'est de la biomasse, c'est du GSR, est-ce que c'est de l'électricité,
est-ce que c'est du gaz naturel fossile aussi? Parce qu'en remplacement
d'autres choses, d'autres énergies fossiles très carbonées momentanément? C'est
là où les...
M. Sebaa (Nazim) : ...discussions
doivent être menées. Est ce que c'est d'un point de vue régional ou global,
même régional? C'est là où il faut amener le PGIR de vraiment nous amener vers
des solutions pertinentes, et les moins coûteuses possibles. S'il faut
développer une solution locale, c'est mieux que d'aller tirer un câble
électrique sur 2 000 kilomètres ou rajouter
1 000 kilomètres de pipeline, bon, j'exagère un peu, mais rajouter
des centaines de kilomètres de pipeline dans le sol, ça coûte beaucoup
d'argent. Donc, si on peut voir localement ce qu'on peut faire, ça serait
pertinent.
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie beaucoup. C'est maintenant le moment de céder la parole à Mme la
députée de Saint-Laurent pour 10 min 24 s.
Mme Rizqy : Un grand merci,
M. le Président. Alors, bonsoir. Merci d'être présents. Mais merci aussi à
vous, Douglas, à distance, mais on vous voit très bien puis on vous entend
aussi, bien, parfaitement. Merci pour... j'apprécie, c'est ce que j'appelle un
sommaire exécutif, donc très précis avec ce que vous nous... vos recommandations
principales.
Il y a quelque chose qui attire mon
attention assez rapidement. Lorsque vous dites : La compétitivité... en
fait, pour l'industrie, mais aussi pour l'économie en général, en particulier
en termes de désinvestissement et de perte de compétitivité. Qu'est-ce qui peut
inquiéter, justement, le marché au niveau de l'économie en général? Puis, par
la suite, là-dessus, je vous inviterais à aller de façon plus spécifique pour
l'industrie. Un ou l'autre.
M. Sebaa (Nazim) : Douglas,
tu veux... Je vais commencer.
Mme Rizqy : D'accord.
M. Sebaa (Nazim) : Je
laisserai mon vice-président rajouter. Alors, le désinvestissement.
Désinvestissement, c'est quand on n'est pas... on n'a pas suffisamment
confiance un peu dans l'avenir de l'économie, on s'en sert et on commence à
aller investir ailleurs. Un investisseur, que ce soit un industriel ou un
investisseur institutionnel, c'est toujours : Est-ce que je vais pouvoir
rentabiliser mes investissements, aller de l'avant? Maintenant, si on est dans
une économie qui ne tient pas ou peu, je ne dis pas que c'est le cas du Québec,
attention, il ne faut pas me faire dire ce que je ne dis pas, peu ou pas la
compétitivité, on pourrait être amené à aller ailleurs. Et si on n'a pas ce
qu'il faut, on pourrait être amené à aller ailleurs.
Mme Rizqy : M. Dias,
peut-être, de façon plus spécifique. En ce moment, qu'est ce que vous entendez,
vous, sur le terrain? Parce qu'aujourd'hui, dans la commission, nous,
évidemment, on aurait voulu aller faire une commission itinérante, aller
rencontrer les gens. Donc, là, c'est des débats ici. Donc, vous êtes un peu les
porte-voix, même pas juste un peu, vous êtes très les porte-voix des
consommateurs industriels de gaz. En ce moment, c'est quoi leur principale
inquiétude, là, qui pourrait conduire à un désinvestissement ou, pire,
carrément à une sortie?
M. Dias (Douglas) : Merci.
Donc, d'habitude, pour nos entreprises, nous avons des choix pour les
investissements, on peut les situer au Québec, c'est notre désir. Entre nous,
il y a beaucoup d'usines, de centrales ailleurs aux États-Unis, ailleurs au
Canada, en Europe, etc. Donc, il y a toujours une comparaison entre les coûts
pour l'énergie, pour les matières premières ou pour nos produits. Et puis c'est
l'analyse, effectivement, pour la rentabilité, comme vient de dire Nazim. Donc,
dans mon cas, pour les biocarburants, pour l'éthanol, c'est un marché
nord-américain. Mes compétiteurs aux États-Unis, par exemple, ils ne sont pas
assujettis au SPEDE et donc il y a certains coûts que Greenfield paie que les
producteurs de biocarburants américains ne paient pas. En somme, je suis plus
proche du marché, effectivement, donc il y a une balance, mais c'est ce genre
de choses que nous regardons. Et au fur et à mesure que les coûts de l'énergie
verte montent, ça peut réduire notre compétitivité. Et tel ou tel
investissement pourrait se passer ailleurs. C'est ça l'essentiel.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : ...je
vais céder... Ah, vous vouliez continuer?
M. Sebaa (Nazim) : Je vais
rajouter juste quelque chose. 30 secondes.
Le Président (M. Montigny) : Allez-y
avant.
M. Sebaa (Nazim) : Il y a
aussi la notion de prévisibilité aussi qui est très importante pour un investisseur.
Regardez le Québec avec le SPEDE, c'est un mécanisme qui marche très bien, qui
est très prévisible, qui est un...
M. Sebaa (Nazim) : ...intégré
chez les industriels. Ils savent... Ils savent où est-ce qu'ils vont. Donc, le
SPEDE, c'est stable.
Maintenant, une des clés pour maintenir
l'investissement et éviter le désinvestissement, c'est d'avoir une forme
d'assurance et une forme de prévisibilité sur les prix, notamment sur les prix
de l'énergie. Je voulais juste rajouter ce petit...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je céderais la parole à la députée de Mille-Îles. Vous avez donc cinq minutes
50 s.
Mme Dufour : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, Messieurs, pour votre présence et votre mémoire. Fort
intéressant.
Juste pour que ce soit clair pour ceux qui
nous écoutent, quand... dans le fond, un des enjeux de compétitivité, c'est que
vous êtes soumis à la bourse du carbone, ou en tout cas, nombre d'entre vous le
sont, mais vos compétiteurs ne le sont pas. C'est bien ça? Ou la plupart ne le
sont pas?
M. Sebaa (Nazim) : Non.
Mme Dufour : C'est ça.
Exactement. Donc ça, ça ajoute des coûts supplémentaires, et donc, oui, je
comprends.
Je voudrais peut-être justement parler
de... vous parler de l'intensité carbone qui devrait être prise en compte et
valorisée dans les mécanismes tarifaires. Et vous suggérez une tarification
différenciée basée sur ça, là, l'intensité carbone pour rendre le GSR plus
attractif. Est-ce qu'il n'y a pas un risque de faire augmenter le coût du gaz
et donc de diminuer la compétitivité de vos membres?
M. Dias (Douglas) : Chaque...
Chaque molécule de gaz renouvelable n'est pas pareille. Et chaque compagnie
industrielle a des cibles à atteindre. C'est le plafonnement. Et donc nous aimerons
payer pour l'intensité de carbone qu'il nous faut. Et ça, que l'intensité
carbone est reconnue dans le GNR, il y aurait des compagnies qui paient plus
qu'ils ont besoin et donc il y a... ils ont un gaspillage de qualité verte de
GNR. Donc, l'intensité carbone, c'est le moyen de différencier la source du
GNR, puisque toute source n'est pas pareille.
M. Sebaa (Nazim) : Je vais
compléter.
Mme Dufour : O.K. Oui.
M. Sebaa (Nazim) : C'est une
question de volume. Avec... Si vous prenez le GSR comme il est vendu
actuellement au Québec, pour 1 000 mètres cubes de GSR, vous réduisez
de 1.8 tonne équivalent en CO2. Je vous fais la dynamique rapidement. Avec
des GSR qui est carbonégatifs, donc avec des intensités carbone négatif, pour
le même volume, pour 1 000 mètres cubes, vous allez être vers les
neuf tonnes de réduction. Donc, c'est-à-dire, pour un même volume, vous
réduisez par un facteur neuf vos émissions de gaz à effet de serre. Et, un
industriel, ça réfléchit en termes d'émissions de gaz à effet de serre, pas
tant en tant qu'intrant énergétique, mais ses émissions et ses impacts. Donc,
il y a... pour un même volume, on fait neuf fois plus, quatre, cinq fois,
dépendamment des GSR.
Mme Dufour : C'est ça. Ça
fait qu'actuellement pour le même volume ça coûterait la même chose, alors que,
dans le fond, celui qui donne plus de réduction permet de réduire les tonnes de
carbone, le... voyons, la taxe de carbone payée.
M. Sebaa (Nazim) : Bien, ça
réduit l'exposition au SPEDE et ça devient beaucoup plus intéressant.
Mme Dufour : C'est ça. O.K.
Je vais... Je vais vous amener sur le biogaz. Vous mentionnez, dans votre
mémoire, que... bon, vous parlez, là, que c'est... c'est... c'est fait à partir
de la digestion anaérobie. C'est bien de la... comme la biométhanisation, par
exemple, qu'on parle?
M. Sebaa (Nazim) : Bien,
biogaz, c'est du GSR non nettoyé. La base du GSR, c'est du biogaz, sauf qu'il
doit être nettoyé avant de rentrer dans le réseau de distribution pour des
raisons de qualité, d'intégrité du système. Le biogaz, l'avantage principal,
c'est qu'il peut être produit localement. Par exemple chez certains
industriels, notamment ceux de la pâte à papier qui ont des résidus, peuvent
produire du biogaz, le consommer localement. Donc, ça coûte moins cher
puisqu'ils n'ont pas besoin de le purifier, donc ils peuvent l'injecter
directement dans leur fournaise ou dans leur procédé quelconque, et ça
coûterait beaucoup moins cher.
• (18 heures) •
Mme Dufour : Alors que, s'ils
le revendent à, par exemple, Énergir, bien là, ils doivent le purifier. C'est
ça?
M. Sebaa (Nazim) : Ils
doivent le purifier. Ça a un coût. Parfois, il faut tirer une conduite de gaz
pour aller récupérer ce GSR et l'injecter dans le réseau. Donc, tout ça, c'est
des coûts très importants. Donc parfois, on peut juste le consommer sur place,
à l'état brut.
Mme Dufour : Il y a... Il y a
un énorme potentiel dans les boues usées de nos usines...
18 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...d'épuration
qui peut exploiter, parce que ça coûte quand même assez cher, faire une usine
de biométhanisation pour avoir été à la... tu sais, responsable de ce
dossier-là lorsque j'étais à la ville de Laval comme... dans le passé, c'était
extrêmement dispendieux. Est-ce qu'il y a un moyen, vous pensez, qu'aujourd'hui
la technologie ferait en sorte que ce serait plus facile de mettre en place?
Parce que c'est méthanogène, beaucoup, là, des... usés, là.
M. Sebaa (Nazim) : Je ne suis
pas spécialiste de la biodigestion en tant que telle, ça fait longtemps que je
n'en ai pas fait, mais c'est toute une question de trouver un mécanisme de
valorisation. Par exemple, une municipalité qui a des...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Sebaa (Nazim) : ...de
biogaz peut on faire de l'électricité, par exemple. Ce sera de l'électricité
verte, anyway, ça sera... Ça peut être valorisé comme ça, ou trouver des
mécanismes carbone pour valoriser, à l'échelle nord-américaine, il doit exister
des mécanismes.
Mme Dufour : Bien, merci
beaucoup, je n'ai plus vraiment de temps donc merci beaucoup pour vos réponses
et votre présence, même virtuelle. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
C'est maintenant le moment de céder la parole au député de Maurice-Richard pour
trois minutes 28 secondes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour votre mémoire. Vos industries sont effectivement
très importantes pour le Québec. Je voudrais juste spécifier deux choses que
vous nous dites pour être sûr de les comprendre. Donc, vous parlez du biogaz. L'idée,
c'est la même chose que le gaz renouvelable, sauf qu'il est fait sur place.
Donc, on comprend qu'on bypass totalement le réseau de distribution en tant que
tel, si c'est fait à proximité des usines, en tant que telles, qui ont besoin
de ce gaz-là.
M. Sebaa (Nazim) : Ça serait
l'idéal. Ça éviterait des coûts pour tous les consommateurs puisque, si vous
tirez des conduites de gaz, c'est dans la basse tarification pour tous les
clients.
M. Bouazzi : Et on peut
imaginer qu'en région il y a toutes sortes de résidus de l'industrie
forestière, par exemple, qui peuvent être utilisés et puis, proches des grandes
villes, il y a toutes sortes de résidus qui viennent de nos... ce qu'on mange
et ce qu'on jette dans le bac brun, pour ceux qui ont un bac brun, et sinon
dans nos poubelles pour valoriser tout ça.
M. Sebaa (Nazim) : C'est
possible, tant il y a une consommation qui se fait... du GSR, c'est pour amener
ce gaz-là aux clients finaux. Maintenant, si le client final peut le consommer
sur place, qu'il n'a pas besoin de technologie pour changer ces procédés, tant
mieux, ça économise de l'argent pour tout le monde.
M. Bouazzi : Donc, vous nous
proposez une planification gagnant gagnant, si on va de l'avant dans ce genre
de réflexion.
M. Sebaa (Nazim) : Bien,
écoutez, l'ACIG, son premier mémoire... le premier mémoire que j'ai rédigé pour
l'ACIG, c'est en 2018 et on demandait explicitement d'inclure le biogaz dans
les objectifs, ce qui a été fait, ou du moins, c'est ce qui est avec le... C'est
pour ça qu'on est sans réserve avec cette motion-là.
M. Bouazzi : Ceci étant dit,
je pense qu'on est d'accord qu'il n'y en aura pas assez, par ailleurs, malgré
tous les résidus qu'on peut trouver au Québec, ça fait qu'il faut aussi d'autres
sources d'énergie de GNR pour ce que vous avez besoin.
M. Sebaa (Nazim) : C'est
là... c'est là où l'intensité carbone va rentrer en jeu, parce qu'on ne va pas
remplacer un par un.
M. Bouazzi : J'y arrive,
justement. Il me reste très peu de temps et je voulais aller là. Donc, ce qui
se passe, c'est que, dans le GNR, il y a effectivement même du carbonégatif qui
est associé à ce GNR là, aujourd'hui, Energir propose de garder en fait ses
capacités négatives et de les revendre sur le marché, de ce qu'on a compris d'Énergir,
de ce qu'ils sont venus nous dire. Vous, ce que vous dites, c'est on achète le
GNR, bien, on prend ce qui vient avec comme comme facultés négatives,
carbonégatives, et vous nous demandez de trancher en votre faveur.
M. Sebaa (Nazim) : C'est ça
qu'on demande. On a demandé ça devant la régie, mais comprenez que c'est en
termes de réduction. On veut réduire nos émissions. Peu importe le volume d'énergie
nécessaire, ce qu'on veut, c'est... la réflexion, elle est en termes de
réduction de gaz à effet de serre. Ce que fait Énergir n'est pas non plus très
mauvais. C'est l'idée de réduire le coût du GSR qu'elle vend, et là je vous
amène, j'ai vu hier le ministère de l'Environnement vient de sortir un projet
de loi qui parle de ça, et je crois que...
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Sebaa (Nazim) : ...il
faudrait aller voir ce que dit le projet de loi, je crois qu'il limite...
limite cette façon de faire, mais je ne suis pas sûr, je n'ai pas encore tout
lu.
M. Bouazzi : Il limiterait
celle d'Energir, vous voulez dire. O.K. Bon, bon, vous me l'apprenez, c'est
intéressant.
M. Sebaa (Nazim) : Je l'ai
appris hier soir en dernière minute.
M. Bouazzi : O.K. Merci
beaucoup. Ça marche. Il me reste 10 secondes, ça fait que je les passe à
mon ami du Parti québécois.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. C'est maintenant la période d'échange avec M. le député de
Jean-Talon. Vous disposez de deux minutes 38 secondes. Merci.
M. Paradis : Merci. Vous nous
demandez d'inscrire au cœur du plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques la compétitivité de l'économie québécoise, aussi bon, ce qui peut
être intéressant, mais voici l'explication que vous nous donnez, vous dites :
La...
M. Paradis : ...compétitivité
de l'économie québécoise ne repose pas uniquement sur le coût de l'énergie,
mais sur, entre autres choses, l'accès à une énergie abordable, parce que,
dites-vous, les entreprises cherchent à s'implanter dans des régions où elles
peuvent minimiser leurs coûts. Et là vous leur dites... vous nous dites :
Toute réduction par le Québec de cet avantage risquerait de compromettre la
compétitivité du Québec, entraînant des désinvestissements et affaiblissant la
base industrielle.
M. Sebaa (Nazim) : Oui,
totalement.
M. Paradis : Vous pensez...
donc, vous nous demander vraiment de mettre ça au cœur du plan de gestion intégré,
que, si on ne conserve pas des tarifs bas pour vous, les entreprises pourraient
partir?
M. Sebaa (Nazim) : Pas que
les tarifs bas, ce n'est pas qu'une question de tarifs bas. C'est une question
de tarif compétitif, c'est-à-dire que les choix qu'on va être amenés à faire
dans le système énergétique, on est sûrs que c'est les choix les plus
compétitifs. On ne va pas augmenter les bases de tarification des distributeurs
de manière importante qui vont donner des surcoûts à la fin de la journée.
C'est ça qui va se passer. Donc, la... quand on a la notion de compétitivité,
votre investisseur, votre industrie locale, c'est que le gouvernement ou le
plan d'action va tenir compte de sa compétitivité et de tous les éléments
comprenant la compétitivité. Si vous rogner un peu la compétitivité de
l'énergie, mais qu'on n'améliore pas la compétitivité «autre chose»...
M. Paradis : Non, mais soyons
clairs, là. Vous nous demandez d'inscrire le fait que vous devez...
M. Sebaa (Nazim) : Totalement.
M. Paradis : ...avoir de
l'énergie abordable au cœur du plan de gestion intégrée.
M. Sebaa (Nazim) : Totalement.
Des choix des distributeurs, des choix compétitifs, qu'ils... au meilleur
choix.
M. Paradis : Bon, faisons de
la politique de terrain ensemble, là, avec les secondes qui nous restent, là.
Qu'est-ce que je dis, moi, à mon électrice, à l'électrice dans mon comté, là,
qui en arrache, mère monoparentale à 40 000 par année, qui dit : Bien
là, il y a des entreprises... J'en ai juste une de vos membres, là,
actuellement, là. 5,8 milliards dans le premier semestre 2024 de profit
net.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Paradis : Vous nous
dites : Bien, ça, il faut que je garde les tarifs bas, là, donc je vais
t'augmenter, toi, Mme. C'est ça que je lui dis?
M. Sebaa (Nazim) : Ce n'est
absolument pas ce que j'ai dit...
M. Paradis : Non?
M. Sebaa (Nazim) : ...et ce
n'est pas ce qu'on veut, non. Il ne faut pas non plus faire porter le fardeau.
Ce qui est important...
M. Paradis : Mais qui va le
porter alors?
M. Sebaa (Nazim) : Écoutez,
je vais vous... pour conclure, je vais vous dire ce que m'a dit un de mes
membres : Je veux payer le tarif juste et équitable. Et c'est là...
Le Président (M. Montigny) :
Merci...
M. Sebaa (Nazim) : où vous
avez...
Le Président (M. Montigny) : Merci...
M. Sebaa (Nazim) : ...le
PGIRE et la régie qui doivent veiller à l'équitabilité des prix sur tous les
tarifs.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux.
La commission ajourne donc ses travaux
jusqu'à demain, jeudi 19 septembre 2024, après les avis touchant les
travaux des commissions. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 09)