Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 12 septembre 2024
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Vol. 47 N° 24
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 69, Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'Agriculture, des Pêcheries, de l'Énergie et des Ressources
naturelles ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre leur sonnerie de cellulaire ou
tout appareil électronique, s'il vous plaît. Maintenant, on a consensus, après
discussion, comme on débute en retard, de prolonger un peu les travaux jusqu'à
13 heures pour être capable de permettre, là, d'avoir un peu plus de temps de
discussion.
Alors, la commission est réunie aujourd'hui
afin de poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur
le projet de loi n° 69,Loi assurant la gouvernance responsable des ressources
énergétiques et modifiant diverses dispositions législatives.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements aujourd'hui?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Ciccone (Marquette) est remplacé par Mme Dufour
(Mille-Îles); et Mme Zaga Mendez (Verdun); par M. Bouazzi
(Maurice-Richard).
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup, Mme la secrétaire. Ce matin, nous entendrons les organismes suivants :
la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec et Manufacturiers et
exportateurs du Québec.
Donc, je souhaite maintenant la bienvenue
à la Fédération des travailleurs, travailleuses du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez... que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Maintenant,
par la suite, ça serait suivi par une période d'échange. Je vous demande de
vous présenter et, par la suite, de débuter immédiatement votre présentation de
10 minutes. Merci.
M. Bolduc (Denis) :Merci. Merci, M. le Président. Mme la ministre, mesdames
messieurs, membres de la commission, je vous remercie sincèrement, au nom de la
FTQ, de nous donner l'occasion de nous exprimer aujourd'hui sur le projet de
loi n° 69. Mon nom est Denis Bolduc. Je suis secrétaire général de la FTQ, la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Et je vous présente les
personnes qui m'accompagnent aujourd'hui : à ma gauche, à moi, Patrick
Gloutney, président du SCFP Québec, affilié à la FTQ...
M. Bolduc (Denis) :...à ma droite, Sami Dellah, qui conseiller à
l'environnement à la FTQ, et, à l'extrême gauche, Pierre-Guy Sylvestre,
économiste et conseiller syndical au SCFP-Québec.
• (11 h 40) •
La FTQ représente plus de
600 000 membres au Québec présents dans tous les secteurs économiques
du Québec. Des dizaines de milliers de travailleurs et travailleuses oeuvrent
dans le secteur énergétique, qui sont nos membres. La presque totalité des
employés d'Hydro-Québec sont syndiqués, membres de la FTQ, d'où la présence
avec moi aujourd'hui de représentants du SCFP-Québec. D'ailleurs, les
dirigeants des sections locales d'Hydro se sont déplacés cette semaine pour
assister à l'important processus démocratique amorcé mardi. Ils sont présents
dans la salle. Leurs membres, par leur expertise, leur engagement, leur
dévouement, sont les piliers sur lesquels repose la société d'État.
Je vous assure, M. le Président, que notre
intervention s'inscrit dans une volonté de dialogue constructif, basé sur des
valeurs de justice sociale, de protection de l'environnement et de gouvernance
démocratique. Avant même l'annonce du départ du parrain du projet de loi n° 69, M. Pierre Fitzgibbon, la FTQ arrivait à la
conclusion que cette pièce législative n'est pas bien placée dans le temps.
Selon nous, il fallait retirer ou, du moins, suspendre le projet de loi n° 69 et mettre en place un processus de consultation
élargie qui amènerait le gouvernement à proposer un plan de gestion intégrée
des ressources énergétiques.
La FTQ aurait espéré qu'en quittant la
scène politique l'ex-ministre Fitzgibbon emporte avec lui un projet de
privatisation controversé qui risque d'accroître les inégalités et de nuire à
notre souveraineté énergétique. Cela offrait une opportunité unique au premier
ministre du Québec de faire preuve de vision et de courage politique. Il a
plutôt demandé à la nouvelle ministre de prendre le relais d'un projet de loi
qui n'est pas le sien. Elle ne s'en plaindra pas publiquement, on le sait, on
le comprend, il n'en demeure pas moins, quand même, M. le Président, qu'on ne
lui laisse pas le temps de faire les choses dans le bon ordre.
Il aurait été essentiel de commencer par
la mise en place d'un solide plan de gestion qui permettrait au gouvernement de
faire une évaluation rigoureuse des besoins énergétiques réels des capacités en
matière d'efficacité et de sobriété énergétique et des impératifs de justice
sociale. Une fois que cette vision serait définie et claire, il serait alors
temps de faire des changements réglementaires et législatifs nécessaires. Ce plan
doit être élaboré en concertation avec tous les acteurs de la société civile, y
compris évidemment les syndicats, les communautés locales, les Premières
Nations et les groupes environnementaux. Cette approche garantirait une
transition énergétique juste et équitable où personne n'est laissé pour compte.
La FTQ, fidèle à son engagement historique
en faveur du bien commun, réaffirme son attachement à une gestion publique des
infrastructures énergétiques. Les ressources énergétiques du Québec doivent rester
un bien commun, géré de manière transparente et démocratique. Nous croyons
fermement que ce modèle est le seul capable de garantir l'accès équitable à
l'énergie pour toutes et tous.
Dans cet esprit, nous demandons que le
mandat d'Hydro-Québec soit non seulement préservé, mais élargi pour inclure
l'ensemble des sources d'énergie renouvelables. Nous comprenons à sa lecture
que le projet de loi centralise les pouvoirs décisionnels au sein du ministère
de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie. Nous risquons ainsi de
marginaliser des considérations cruciales, notamment environnementales,
sociales et démocratiques. C'est pourquoi nous recommandons que les
interventions du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs soient obligatoires dans
l'approbation des projets énergétiques et nous recommandons que les évaluations
d'impact environnemental soient obligatoires pour tout projet énergétique
d'envergure. On aurait peut-être ainsi évité tous les débats gênants du dossier
Northvolt.
Reste la question de la modulation
tarifaire prévue après 2026. La FTQ exprime de vives préoccupations quant à
l'incertitude que cela fait peser sur les ménages québécois et sur notre tissu
économique. Il est crucial que les décisions soient dépolitisées pour garantir
qu'elles servent l'intérêt général. Et juste avant de passer la parole à mon
collègue du SCFP Québec, je tiens à dire que nous compatissons avec la ministre
qui hérite du projet de loi de l'ex-ministre Fitzgibbon. Nous sommes toutefois
convaincus, M. le Président, qu'elle saura être à l'écoute de nos demandes et
fera...
M. Bolduc (Denis) :...preuve de toute l'humilité nécessaire pour remettre les
choses dans le bon ordre.
M. Gloutney (Patrick) : M. le
Président, Mme la ministre, Mesdames et Messieurs membres de la commission,
bonjour. Avant, d'entrée de jeu, je veux vous mentionner notre grande déception
au niveau du SCFP Québec. On représente la majorité des employés
d'Hydro-Québec, et le gouvernement de la CAQ n'a pas daigné nous inviter et
nous permettre d'avoir un 10 minutes, comme tous les intervenants devant
vous. Cependant, on va vous résumer notre présentation en cinq minutes, comme
le président l'a mentionné.
Le SCFP Québec représente 139 000 membres,
750 000 membres au Canada. Le SCFP représente plus de 16 000 travailleurs et
travailleuses dans le secteur énergie. Travaillant principalement chez
Hydro-Québec, sept sections locales du SCFP Québec représentent les personnes
salariées chez Hydro-Québec.
Comme mon temps est limité, je vais me
limiter à nos cinq recommandations. La première recommandation, que
l'article 76 du projet de loi faisant passer la limite de la capacité des
centrales sous contrôle de municipalités locales de 50 à 100 mégawatts
soit abrogé. J'aimerais rappeler à la commission qu'avant 1963 il y avait
80 réseaux municipaux électriques au Québec, avec une qualité de service
inégale et des tarifs inéquitables. Nous ne souhaitons pas retourner en
arrière, bien évidemment, et surtout nous y voyons de façon de permettre la
cession des barrages d'Hydro-Québec aux PPP entre les municipalités et les
entreprises privées.
Notre deuxième recommandation, qu'une
consultation publique sur le PGIRE soit faite avant le projet de loi n° 69
ne soit adopté et que des moyens précis et quantifiables soient élaborés de
façon consensuelle afin d'atteindre des objectifs de réduction des GES pour la
province de Québec. Si on souhaite décarboner le Québec, bien, ça nous prend
une feuille de route précise et élaborée. Il est primordial que l'on attaque...
qu'on s'attaque à la consommation des produits pétroliers et que le plan soit
le plus précis possible. Une entente sur le PGIRE passe par une acceptabilité
sociale. Comme Mme Sophie Brochu l'a mentionné avant de quitter, ne soyons pas
le Dollorama de l'électricité.
Recommandation trois, que les articles du
projet de loi n° 69 ajoutant des fonctions liées à la transition vers une
économie durable à la ministre de l'Économie soient abrogés. Pourquoi? Tout
simplement parce que je rappellerais à la commission qu'on a un ministre des
Luttes aux changements climatiques. Si le premier ministre du Québec, M.
François Legault, a jugé nécessaire de créer un ministère des Luttes aux
changements climatiques, bien, qu'on les laisse faire leur travail. Le
développement durable comporte d'autres dimensions qu'économiques et qui
doivent être prises en compte aussi.
Notre quatrième recommandation, que les
grands ouvrages qui seront nécessaires, et nous savons tous qu'ils seront
nécessaires, pour l'avenir énergétique du Québec soient lancés et menés
uniquement et seulement par Hydro-Québec. Petit-Mécatina, par exemple, est un
projet qui pourrait voir le jour, il devrait être mené exclusivement et
seulement par Hydro-Québec et ses travailleurs et ses travailleuses. On tient à
vous rappeler, que l'expertise en production et en distribution d'électricité,
ce sont nos membres qui la détiennent et personne d'autre.
Notre dernière recommandation, la
recommandation simple que les articles 38 à 40 du projet de loi n° 69
soient abrogés afin qu'Hydro-Québec conserve le droit exclusif, je dis bien
«exclusif», d'exploiter son réseau de distribution. Pour nous, ça signifie
qu'il pourrait y avoir des pertes de contrôle sur le réseau. Est-ce qu'on veut
vraiment revenir en arrière? Je ne pense pas. Bien, en tout cas, nous, on ne
veut pas.
Merci. Je terminerais en disant :
Hydro-Québec, on l'a bâtie ensemble. Gardons nos services publics, nos services
d'électricité publics. Et, Mme la ministre, est-ce que vous voulez que les
générations futures... je rappelle, du gouvernement de la CAQ qui aurait mis à
mal l'héritage d'Adélard Godbout et de René Lévesque? Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange, Mme
la ministre, vous avez la parole pour 14 minutes et 30 secondes.
Mme Fréchette : D'accord.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, merci, merci à vous tous d'être
présents. Je suis contente qu'on ait l'occasion d'échanger sur ce projet de loi
fort important mais auquel vous attribuez des conséquences ou impacts
potentiels qui ne sont pas dans la ligne de mire de notre action. J'entendais
de la part de votre... du représentant, en fait, les objectifs que vous semblez
décoder à travers...
Mme Fréchette : ...ce projet
de loi là. Notamment, la question, là, de privatiser Hydro-Québec, bien,
j'aimerais souligner, en fait, qu'il est hors de question de privatiser
Hydro-Québec. Ce n'est pas du tout l'intention du gouvernement. Et nous allons
agir dans le cas... en concordance avec cet objectif-là, de ne pas privatiser
Hydro-Québec, mais de décarboner le Québec. L'objectif du projet de loi, c'est
de décarboner le Québec d'ici 2050 et puis d'utiliser le potentiel,
particulièrement, d'Hydro-Québec pour y parvenir. Et, ce faisant, on va en
faire bénéficier l'ensemble des Québécois, parce qu'Hydro-Québec, ça appartient
aux Québécois et ça va continuer d'appartenir aux Québécois. Alors, si
l'entreprise ou l'organisation se déploie dans des nouvelles zones, dans des
nouveaux secteurs d'activité, eh bien, ce sera au bénéfice des Québécois.
Alors, c'est vraiment cette ligne-là qui est la nôtre, cette orientation-là qui
nous guide.
• (11 h 50) •
Et même si je suis nouvellement arrivée au
ministère, il n'en demeure pas moins que ce projet-là a été discuté au sein du
parti, que ce soit avec les membres du caucus, que ce soit en comité
ministériel, que ce soit au conseil des ministres, c'est un document, un projet
de loi dont on a discuté, alors j'étais déjà en appui et au fait de ce projet
de loi là. Donc, je n'arrive pas, je dirais, sans assise, et je n'arrive pas
avec une attitude neutre à l'endroit d'Hydro-Québec. Je vous dirais que je suis
une fière hydro-québécoise, en ce sens où, bien, mon père a travaillé pendant
plus de 30 ans pour Hydro-Québec. Alors, Hydro-Québec, ça a été mon sujet
de discussion à la maison, aux repas de famille, je vous dirais, à peu près
cinq fois par semaine. Donc, c'est vraiment une organisation qui m'a toujours
inspirée, stimulée. Et je crois qu'on est à une période de notre développement
où ce qui peut être fait en lien avec Hydro-Québec peut nous propulser à un
étage, des étages supérieurs. Et c'est essentiel pour nous de prendre action en
ce sens-là parce qu'on a là une possibilité inégalée pour les Québécois. Et
c'est pour eux qu'on le fait. C'est pour eux qu'on veut travailler à déployer
l'entreprise, l'organisation dans des nouveaux créneaux, parce qu'on est à une
ère où il faut décarboner. Et il se trouve qu'on a un des réseaux électriques
les plus verts au monde, si ce n'est pas le plus vert, ce n'est vraiment pas
loin, alors on a un atout là qui est inestimable et qui doit être mis au profit
du développement de la société québécoise pour enrichir les Québécois, faire
connaître notre savoir-faire, le déployer, le mettre à contribution.
Donc, quand vous me disiez : Je
compatis, si vous voulez partager mon état d'esprit, eh bien, moi, je vous
dirais que : Soyons enthousiastes, fébriles et déterminés pour mettre ça
en place parce que c'est un immense chantier qui nous attend. C'est peut-être
le plus grand chantier que le Québec n'ait jamais connu. Parce qu'il nous faut
agir quand même rapidement, la décarbonation, ça ne peut pas attendre
éternellement, alors il faut se donner les outils, les moyens pour y parvenir.
Mais que l'on fasse ça ensemble, moi, je pense que c'est ça qui va faire la
force de notre action, c'est si on procède ensemble à l'élaboration et à la
mise en place de ce grand chantier là.
Et là-dessus, j'aimerais ça vous entendre,
tout comme d'ailleurs on va entendre des groupes de la société qui sont des
groupes environnementaux, on en a entendu déjà, on va en entendre d'autres. On
va recevoir cet après-midi l'Assemblée des Premières Nations. Alors, la
consultation à laquelle vous en appelez, eh bien, c'est maintenant qu'elle se
tient. Tout le monde qui est intéressé à participer à la commission peut le
faire par le dépôt d'un mémoire. On les y invite d'ailleurs, parce qu'on veut
entendre le plus grand nombre de points de vue possible. Mais sachez que cette
consultation-là, elle est ouverte et puis évolutive et constructive. Et voilà,
c'est notre souhait, que chacun y prenne part.
Alors moi, sur un des principaux défis qui
existent, j'aimerais ça vous entendre sur nos besoins en main-d'oeuvre et ce
dont on dispose en ce moment en termes de savoir-faire pour lancer ce grand
chantier là, et qu'est-ce qu'il nous faudrait ajouter comme initiative, comme
action, pour faire en sorte qu'on puisse répondre à l'ensemble des besoins.
J'entends Hydro-Québec dire qu'il nous faut 35 000 travailleurs par
année jusqu'en 2035. Est-ce que vous êtes d'avis qu'au niveau de la
main-d'œuvre, il y a ce qu'il faut, que le bassin est suffisant ou il faut
développer des actions en matière de mise à niveau des qualifications, de
formation accrue de nos jeunes ou encore d'immigration? Donc, j'aimerais vous
entendre là-dessus, sur le côté main-d'oeuvre, parce qu'il y a... il y a là le
socle de notre grand chantier...
M. Bolduc (Denis) :...il y avait beaucoup d'éléments.
Mme Fréchette : Bien, dans
votre mémoire aussi.
M. Bolduc (Denis) :Il y avait quand même beaucoup d'éléments. Mais, en fait,
ce qu'on dit principalement, c'est que le chapeau est à l'envers, c'est-à-dire,
on dit : On n'a pas de plan de gestion intégrée des ressources
énergétiques. Actuellement, on n'a pas fixé nos objectifs à long terme, on n'a
pas fixé notre vision à long terme, les moyens pour arriver à nos objectifs,
tout ça, puis les indicateurs de suivi qu'on doit se donner pour permettre
d'arriver aux objectifs. Il me semble qu'il faut faire ça avant de déposer...
de légiférer ou de réglementer. Principalement, c'est pour ça qu'on dit :
Il me semble que le truc est pris à l'envers.
Vous tentez de nous rassurer, là,
concernant la privatisation d'Hydro-Québec. Quand on regarde l'article 38
du projet de loi, bien, nous, on est extrêmement inquiets. On est inquiets,
parce que selon nous ça fait perdre à Hydro-Québec le droit exclusif
d'exploiter son réseau de distribution électrique, on va permettre à d'autres
entités de distribuer de l'électricité. On parle du voisin, là, dans le projet
de loi, mais... Donc, il y a ça.
Bien, pour... Et je sais que, pour... mes
collègues vont vouloir ajouter, là. Concernant la décarbonation, c'est
l'objectif qui est... qu'on donne au projet de loi. Mais, quand je regarde les
articles dans le projet de loi, je ne vois pas d'articles spécifiques à la
décarbonation du Québec, il me semble que ça manque dans le projet de loi. Et,
pour la main-d'oeuvre, bien, moi, ce que je vous dirais, les gens... puis ce
n'est pas pour rien que les représentants dirigeants des syndicats
d'Hydro-Québec sont présents ici toute la semaine, c'est qu'il y a une
préoccupation à ce qu'Hydro-Québec demeure publique, bien commun et que
l'ouvrage qui se fait en hydroélectricité au Québec, bien, reste entre les
mains d'Hydro-Québec puis des ouvriers, de la force ouvrière qui est
actuellement à Hydro-Québec.
Pour les besoins de main-d'œuvre,
35 000 travailleurs par année, il va falloir se creuser les méninges,
parce qu'il y a là-dedans peut-être le principe qu'il va falloir déshabiller
Jean pour habiller Paul, ou le contraire, je ne sais plus, là, mais c'est
beaucoup de monde, là. Mais sur ce point-là, je ne sais pas si on a des idées,
là.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Écoutez,
M. le Président, écoutez, par rapport à la main-d'œuvre, c'est sûr que, des
bonnes conditions de travail, des programmes de formation, on est en faveur.
Vous savez, pour la construction des ouvrages d'Hydro-Québec, ce sont des
employés de la construction, donc des entreprises privées. Pour l'entretien, le
maintien et l'exploitation, ce sont des employés d'Hydro-Québec, donc, évidemment,
des bonnes conditions de travail, des bonnes formations.
Mais, si vous me permettez, étant donné
que c'est un échange, M. le Président, j'aimerais poser une question à la
ministre très précise par rapport au mémoire du Syndicat canadien la fonction publique
que vous avez entre les mains, probablement. Sinon on a une copie ici. Nous, on
est le plus grand affilié de la FTQ, mais, par rapport à la privatisation, puis
je vous remercie de nous rassurer, mais on a une question très précise par
rapport à la page 21. En 2010, selon Statistique Canada, il y avait
2 000 mégawatts de capacité privée. Ce sont des chiffres publics. En
2020, on était à 4 682, donc on a doublé en termes de mégawatts. En 2030,
quel est l'objectif du gouvernement actuel? Quel est l'objectif de la ministre?
Est-ce que c'est d'augmenter ce pourcentage-là ou ce nombre de mégawatts là, ou
encore de le diminuer?
Parce que votre prédécesseur,
malheureusement... on l'avait rencontré... D'ailleurs si vous êtes intéressé à
rencontrer le syndicat qui représente les 16 000 travailleurs
d'Hydro-Québec, ça va nous faire plaisir de vous rencontrer pour échanger sur
des aspects techniques, mais nous, ce qu'on veut savoir du gouvernement actuel,
est-ce qu'il va y avoir plus que 4 682 mégawatts en 2030 puis en 2050
ou moins? Parce que selon les estimations qu'on fait, si on prend seulement la
moitié des 13 500 mégawatts dont parlait M. Fitzgibbon, l'ancien
ministre, j'en conviens, bien, nous, on a des craintes. Si on en prend
seulement la moitié puis qu'on le met dans le privé, qu'on met l'autre moitié
dans le public puis qu'on ajoute... par exemple, si l'entreprise comme TES
Canada rajoute un 1 000 mégawatts d'autoproduction, si on fait la
somme de ça, dans notre mémoire à la page 22, on a un pourcentage de
19 % de production totalement privé. Si on ajoute à ça l'autoproduction,
c'est 7,6%..
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : ...%
au total, on aurait 26.6 % de production privée, d'autoproduction et de
privé. Ça laisserait seulement 73,4 %. Trois quarts de la production
d'électricité serait faite par Hydro-Québec. Donc on comprend que vous ne
voulez pas privatiser Manic. On comprend, M. le Président, que la ministre ne
veut pas privatiser LG2. Ça, on a compris. On ne commencera pas à faire des
actions là-dessus, émettre des actions, ce serait un scandale, là, évidemment.
Puis je reprendrais les mots aussi de M. Sabia, ce serait stupide, là, la
privatisation, ce serait stupide. On est d'accord. Mais par contre, pour le
parc de production future, là, on a déjà 4 000 mégawatts d'éoliennes
dans le privé ou en sorte de PPP avec des consortiums, bon, qui rapportent à
ces municipalités-là. Mais cette rente de... de monopole là, cette rente
économique là, on l'avait donnée. On avait décidé collectivement qu'Hydro-Québec
la reprenait. C'est autour de trois, quatre, 5 milliards... 3,
4 milliards de dividendes, des sources de revenus, là, de 6 milliards
au total pour le gouvernement québécois, par exemple, pour Hydro-Québec, en
plus des dividendes.
• (12 heures) •
Donc, nous, notre question qu'on adresse à
Mme la ministre : De combien de mégawatts on va avoir au privé en 2030,
puis quel est votre objectif? Parce que, nous, ce qu'on demande, c'est de
renationaliser les parcs éoliens qui sont au privé puis de s'assurer que
l'ensemble de la production, puis on ne parle pas de l'autoproduction, on parle
de la production privée, là, on ne veut pas revenir derrière pour Rio Tinto
Alcan. Mais quel est ce pourcentage-là que vous voyez dans le futur, M. le
Président? On pose la question à Mme la ministre. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Il
vous reste 2 min 25 s, Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Bien,
écoutez, nous, on est en consultations, donc on veut entendre vos propositions,
vos avis, vos recommandations. Et, suite à ça, on va prendre nos décisions.
Donc, on est en mode écoute, on veut comprendre vos propositions, vos attentes
et, à partir de là, on fera le cumul de tout ce que l'on aura entendu et puis
voilà, on va définir la ligne à suivre. Mais on n'est pas dans un scénario où
on a décidé à l'avance l'ensemble des éléments qui vont nous guider, et puis
après ça, on fait semblant de vous écouter et vous consulter. Ce n'est pas ça
l'idée. Donc la logique, c'est que vous nous partagiez vos recommandations,
alors c'est ce à quoi je m'attends.
Mais je vous amènerais, pour le peu de
temps qui nous reste, là, sur la notion d'acceptabilité sociale. Là, on a
besoin de décarboner l'économie. J'imagine que vous endossez cet objectif-là,
décarboner l'économie pour 2050, comme nous. Alors, il faut qu'on voie de
quelle manière on va procéder, de quelle manière on va se rendre à cet
objectif-là. Il y a une partie qui viendra de l'efficacité énergétique accrue,
mais il y a une partie qui devra venir aussi de l'augmentation de la
production. Alors, j'aimerais vous entendre sur qu'est-ce que vous verriez,
vous, comme sentier pour cheminer vers la décarbonation.
Le Président (M. Montigny) : Merci...
M. Dellah (Sami) : Je vais
essayer d'être... d'être bref et concis, hein? Bien, écoutez, pour décarboner,
en fait, oui, certainement qu'on est pour cette décarbonation-là. Mais il faut
vraiment penser à comment on le fait. Et il n'y a pas de meilleure manière de
savoir comment le faire qu'en commençant par planifier de façon intégrée les
ressources énergétiques. Pas en faisant un projet de loi qui vient modifier
quelque chose comme 15 lois, sept règlements ou quelque chose comme ça. Là,
moi, j'ai l'impression que... Disons, imaginons qu'un instant que notre société,
c'est un corps humain, le cerveau, son gouvernement, le cœur, son peuple, puis
le sang, son énergie, ses organes, c'est les... c'est les différents
ministères. Mais là, en ce moment, ce qu'on est en train de dire, c'est qu'on a
besoin d'assainir notre corps avec la décarbonation, mais on est en train de
dire qu'on va mettre tout de suite le chirurgien dans le dossier avant même
d'avoir fait un diagnostic complet puis une planification éclairée. Donc moi,
c'est ça que je ne comprends pas, en fait.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Merci. En conclusion.
M. Dellah (Sami) : Ce que je
voudrais, c'est vraiment une planification intégrée avant d'arriver à ça.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Il ne reste plus de temps maintenant. Merci beaucoup, Mme la ministre.
Maintenant, je cède la parole à la députée de Saint-Laurent. Vous avez une
période de temps qui vous est allouée de neuf minutes huit s. Merci.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, messieurs. Je vais aller très rapidement parce que le
temps file.
Dites-moi, tantôt vous avez fait référence
à M. Adélard Godbout, M. Lévesque, il y a eu aussi Lesage et évidemment M.
Bourassa. Depuis qu'on a nationalisé Hydro-Québec dans l'objectif très clair
de, un, être maîtres chez nous, mais rappelons-nous qu'à une certaine époque
les gens par exemple de Rivière-du-Loup payaient trois fois leur électricité
plus chère que les gens de Montréal. Est-ce que c'est la première fois qu'on a
une brèche qui pourrait faire en sorte qu'on retourne sérieusement en arrière?
M. Bolduc (Denis) :Bien, l'éolien... l'éolien était une brèche. Ça n'aurait
jamais dû... Le développement de l'éolien au Québec, au début, n'aurait jamais
dû être accordé au privé, aurait dû être piloté, géré, planifié par
Hydro-Québec. D'ailleurs, dans le futur, je pense que c'est ça qu'il faut faire
aussi, là, s'il y a...
12 h (version non révisée)
M. Bolduc (Denis) :...des projets éoliens futurs à développer, bien, il faudra
que ce soit Hydro-Québec qui en soit le maître d'oeuvre. Depuis longtemps,
hein, le capital, le privé salive à l'idée de mettre la main sur Hydro-Québec
ou une partie d'Hydro-Québec, ou de remplacer Hydro-Québec dans la
distribution, la vente d'électricité. Moi, je me dis : Bien, il y en a
peut-être quelques-uns actuellement qui ont peut-être commencé à sabler le
champagne.
Mme Rizqy : Dites-moi, en
matière de production, distribution, là on ne parle pas d'autoproduction, on
parle de production, distribution, là on enlève le mot «exclusivité». C'est ça
que vous faites référence en matière de brèche vers le privé, oui ou non?
M. Bolduc (Denis) :Oui, effectivement. Puis j'ai mes...
Mme Rizqy : Puis ça, c'est
une première, oui ou non?
M. Gloutney (Patrick) : Bien,
écoutez, oui, effectivement, c'est une première. Puis c'est pour ça qu'on
demande à la ministre de retirer, dans le projet de loi n° 69, actuellement,
les articles 38 à 40. Parce que, pour nous - oui, vous avez raison - on a
raison quand on dit qu'on ne veut pas privatiser Hydro-Québec, on s'entend
là-dessus. On est conscient de ça. Cependant, avec l'avènement du cheval de
Troie, parce que, pour nous, en... si on maintient l'article 38, on fait
rentrer le cheval de Troie dans Hydro-Québec. Et qu'est-ce qui va arriver dans
la production et dans la distribution? C'est là. Nous, notre crainte, c'est que
la production et la distribution soient privatisées sur le réseau.
Mme Rizqy : Merci.
Une voix : ...
Mme Rizqy : Ça ne sera pas
long, juste poser une autre question tout de suite, parce que le temps va...
Inquiétez- vous pas. Je vais vous donner le temps de la parole, M. Sylvestre.
Monsieur Gloutney, le premier ministre est habile, il dit toujours en Chambre :
Mais non, il n'y a pas personne qui veut privatiser Hydro-Québec. Il n'est pas
question de vendre les actions. On est tous d'accord, il n'est pas question de
vendre ici les actions d'Hydro-Québec. C'est dans les opérations, c'est de
mettre fin au monopole au niveau de la production et la distribution, parce qu'on
enlève un mot qui est important, c'est-à-dire exclusivité. M. Sylvestre, la
parole est à vous.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien,
écoutez, rapidement. Merci pour la question. L'article 38 du projet de loi
remplace le droit exclusif qu'a Hydro-Québec d'exploiter un réseau de
distribution d'électricité. On remplace par un droit exclusif de distribuer de
l'électricité à un consommateur. Ça, c'est une nouvelle brèche. Donc, non
seulement avec le poste patrimonial qui peut déjà être privé, qui peut déjà
être privatisé, mais on l'encourage avec le projet de loi n° 69. Mais le grand
danger qu'on voit là, puis on insiste là-dessus, c'est que l'article 38 ouvre
la porte à la privatisation des opérations, à la privatisation même de la
propriété de réseau de distribution. Ça, il y a plusieurs impacts sur la
sécurité énergétique, sur la rente économique, sur un paquet de choses, même le
développement stratégique d'Hydro-Québec. Parce que le mix énergétique qu'on va
avoir par la suite, si on a trop... qui est au privé, toutes les réserves vont
devoir être assumées par Hydro-Québec.
Et donc ce risque zéro, là, parce qu'on s'appuie...
on va appuyer le risque des entreprises privées sur Hydro-Québec, bien, ça, c'est
comme si on donnait un cadeau. Hydro-Québec n'a pas besoin d'aide des
entreprises privées pour le financement ou pour autres. Ce sont les entreprises
privées qui ont besoin d'aide.
Mme Rizqy : Dites-moi, on
parle de décarboner? On a donné plusieurs... depuis plusieurs jours, l'exemple
de l'entreprise des Forges Sorel qui, elle, veut se décarboner, se fait dire
non pour 26 mégawatts. Pendant ce temps-là, le gouvernement, eux, s'en vont
dire : Bien non, on a des entreprises, des jeunes pousses qui n'ont pas
encore fait leurs preuves, qui on ne sait où ils vont prendre leur main-d'œuvre,
peut-être de la Corée du Sud, et eux, on leur donne 360 mégawatts et d'autres entreprises
à coups de 50 et 75 mégawatts. Décarboner, ce n'est pas... dans le projet de
loi, mais, dans les faits - sortons une seconde du projet loi - dans les faits,
les entreprises d'ici qui ont demandé des mégawatts pour se décarboner, il n'y
en a pas beaucoup qui sont sorties publiques pour dire : Hé! On en a reçu.
Est-ce que je me trompe?
M. Bolduc (Denis) :Bien, je pense que 100 % des blocs futurs d'énergie
sont attribués à des des entreprises à venir. C'est ce que je comprends, moi.
Et, comme vous, on se questionne sur le soutien qu'auront les PME dans le
processus de décarbonation du Québec. C'est clair pour nous. Puis une question
qu'on se pose, c'est : Est-ce que la ministre aura le temps de vérifier si
tous les projets dans lesquels son prédécesseur s'est engagé, en valent
vraiment la peine pour le Québec?
Mme Rizqy : Bien, je vais d'abord
l'inviter à, un, vous appeler puis vous rencontrer. Ça serait, je pense, une
première des choses au niveau... pour finir avec la boucle, au niveau... votre
crainte du privé. On m'a transmis deux documents importants, un qui parle de...
d'une proposition d'accompagnement pour les modèles d'affaires, pour les petits
aménagements, 100 mégawatts...
Mme Rizqy : ...pour ceux qui
nous suivent, 100 mégawatts, ma compréhension, ça peut fournir environ 100 000
maisons ce n'est quand même pas rien, hein?. Et là-dedans, on parle d'une des
options, c'est de la vente. Et on m'a aussi fourni un avis juridique de comment
vendre ces petits aménagements. Et pas n'importe lesquelles :
Chute-des-Chats, Mercier, Hart-Jaune, Chute-Hemmings, Lac-Robertson, Mitis qui
sont opérationnelles? Mais d'autres aussi. Là-dedans, c'est 682 mégawatts.
Est-ce que vous avez des craintes que finalement ce projet de loi, ce qui est
écrit, puis aussi qu'est-ce qui se passe ailleurs qu'on a... que Pierre
Fitzgibbon, dans son entrevue de sortie, il dit la chose suivante. Je vais le
répéter ici : il y a le projet de loi, mais aussi d'autres discussions qui
n'ont pas encore lieu, qui s'en viennent, puis c'est ça mais le premier
ministre ne voulait pas faire vraiment peur au monde, ça fait qu'il a calmé le
jeu en le faisant démissionner mais des discours qui doivent avoir lieu d'ici
le 25, 26, peut-être 27. Est-ce que c'est de ça que vous parlez, de Cheval de
Troie?
• (12 h 10) •
M. Sylvestre (Pierre-Guy) :
Oui. Bien, écoutez, tout à fait, parce que vous voyez l'article 76, en plus, du
projet de loi, il fait passer la capacité des centrales sous contrôle d'une
municipalité, de 50 mégawatts à 100 mégawatts. D'un autre côté, on entend puis
on le met dans le mémoire du SCFP, on parle d'un barrage à Saint-Narcisse. Donc
d'un côté, c'est comme si Hydro-Québec disait : ce n'est pas vraiment
rentable, en tout cas, une partie d'Hydro-Québec, d'une équipe du Québec dit
que ce n'est peut-être pas rentable. Cela dit, on voit dans les journaux, on
voit dans les médias qu'il y a beaucoup d'intérêts d'entreprises privées. Puis,
entre vous et moi, un barrage hydroélectrique, ça ne peut qu'être rentable.
Maintenant, si on donne à une entreprise privée ou à une sorte de PPP parce
qu'il faut faire attention, nous on est en faveur des partenariats, là. Si les
communautés autochtones puis Hydro-Québec font un partenariat, c'est une
excellente nouvelle, avec une transmission d'expertise vers ces communautés-là.
Mais, par contre, les privatisations, les partenariats public-privé, là où il y
a une entreprise privée qui irait chercher un 20, 30 % de rente économique
avec une municipalité puis une communauté autochtone en rachetant ces
barrages-là, nous, on voit vraiment qu'il y a un problème. Puis, par exemple, à
Saint-Narcisse, il y avait un barrage qu'on était sur le point de vendre.
Évidemment, ce que vous rapportez, ça nous inquiète au plus haut point. Parce
que si l'employeur, si je puis, pardonnez-moi, Hydro-Québec cherche des façons
de céder ces barrages-là à des entreprises privées, quelle est l'intention
ici? Est-ce que c'est vraiment d'améliorer nos barrages? Est-ce que c'est
vraiment d'améliorer notre efficacité...
Mme Rizqy : Bien, je veux
juste prendre mon dernier 30 secondes pour dire : Moi, j'été quand même.
Je tiens à rappeler que M. Sabia, parce que j'ai posé la question et il a
répondu clairement : ça serait stupide. Je ne peux faire que miens ses
propos.
Le Président (M. Montigny) :
Pour un dernier 30 secondes...
M. Bolduc (Denis) :
Mais si vous me permettez, j'ajouterais, Mme... M. le Président,
l'interrogation qu'on a puis je vais revenir sur les forges de Sorel,
l'interrogation qu'on a quand on a rencontré Pierre Fitzgibbon, puis j'espère
que la ministre les a dans son bureau, ces fameux dossiers-là, parce que les
fameux projets qui sont sur la table de M. Fitzgibbon, personne ne les connaît
à part que lui. Quand on l'a rencontré le 5 septembre dernier, il y avait ça
d'épais. Il nous a dit : il y avait ça d'épais de dossiers sur son bureau.
Quels sont ses projets? Est-ce que c'est des projets qui sont acceptables
socialement?
Le Président (M. Montigny) :
En conclusion. Merci. Le temps est maintenant écoulé. Je cède maintenant la
parole au député de Maurice-Richard pour 3 min 3 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, messieurs, d'être ici. On touche avec vous à un
problème que, bizarrement, n'a pas été adressé depuis que cette commission a
commencé. Nous, on a demandé, on a envoyé une lettre au leader du gouvernement
pour que le syndicat d'Hydro-Québec soit invité, y compris l'IRIS et d'autres
groupes environnementaux, parce qu'ils manquent aujourd'hui à cette
conversation. Et on voit bien à quel point elle est importante. On a entendu la
ministre nous dire : Ne vous inquiétez pas, pour moi, Hydro-Québec, c'est
important. Il n'est pas question de privatiser. Vous faites la liste d'un
certain nombre de centrales électriques qui produisent moins de 100 mégawatts.
Dans un de vos mémoires, donc, Chute-des-Chats, Rapides-des-Coeurs,
Chute-Allard, Bryson, Rapides-1, Rapides-2, Mercier, etc. Il y en a comme ça
une quinzaine. Aujourd'hui, ce qu'on comprend du projet de loi, c'est
qu'Hydro-Québec va pouvoir vendre tous ceux qui sont entre 50 et 100, ce qui
n'était pas possible. Est-ce que vous avez la même compréhension?
M. Dellah (Sami) : Oui, bien,
en effet, c'est exactement ça qu'on voit. Puis, pour moi, ça parle vraiment, en
un sens, de ce qu'on appelle la fragmentation du monopole. On vient permettre
de se départir d'actifs importants qui sont des sources de revenus. Mais
au-delà de ces sources-là, c'est des éléments de cohérence également dans notre
sécurité énergétique. Donc, pourquoi, encore une fois, est-ce qu'on veut
prendre quelque chose qu'on maîtrise déjà, qu'on le redivise ailleurs avec du
privé?
M. Bouazzi : On est d'accord.
Je vais vous demander des réponses courtes. J'ai très peu de temps. On est
d'accord...
M. Bouazzi : ...que ça apporte
de la complexité dans la gestion du réseau. Plus il y a des morceaux au privé,
plus ça va être compliqué pour stabiliser le réseau, là. Parlons entre
ingénieurs, là, c'est bien ça?
M. Dellah (Sami) : Oui, la
complexité, l'incohérence.
M. Bouazzi : On est d'accord
que plus il va y avoir de l'autoproduction et de la vente au privé, du privé au
privé, et puis évidemment un équilibrage par les barrages d'Hydro-Québec, ça
apporte de la complexité et des coûts pour Hydro-Québec?
M. Dellah (Sami) : Absolument.
Puis une compétitivité qui est inutile, qui va augmenter les coûts pour les
résidents également.
M. Bouazzi : Le problème de
ce projet de loi, c'est qu'il ne répond pas à la question que vous avez posée,
M., depuis le début, qui consiste à dire : Mais au bout du compte, là,
quel pourcentage va se retrouver dans le projet? Il n'y a pas une ligne qui
nous dit. Tout ce que ça fait, c'est que ça ouvre des brèches où on peut se
retrouver avec beaucoup plus de privé, plus de complexité, plus de coûts. C'est
un des... un des problèmes de ce projet de loi qui est central parce qu'on ne
sait pas c'est quoi, le plan. Mais on est en train d'ouvrir toutes sortes
d'ouvertures. Ça fait que, moi...
Le Président (M. Montigny) : ...
M. Bouazzi : Moi, j'invite la
ministre à rajouter trois jours de consultations parce que ce n'est pas
possible d'avoir une conversation sur quelque chose d'aussi grave que... Ah
oui! Je conclurai que j'ai posé la question à M. Sabia ici même pour lui
dire : Est-ce que vous comptez vendre ces barrages-là? Il m'a dit :
Ah non, en tout cas, pas tout de suite. C'est ce qu'il m'a dit. Vous irez voir
le verbatim. Dans quel monde on vit pour accepter des choses comme ça, sans
avoir un plan, sans avoir écouté les gens concernés?
Le Président (M. Montigny) : ...le
temps étant écoulé, merci. C'est le temps maintenant de céder la parole au
député de Jean-Talon pour deux minutes 19 secondes.
M. Paradis : Donc, non
seulement les représentants des milliers de travailleurs d'Hydro-Québec,
l'intelligence d'Hydro-Québec n'a jamais été consultée sur le projet de loi
n° 69, mais en plus, vous nous dites que vous avez demandé à être entendus
ici, puis on vous a refusé ça. C'est bien ça?
M. Gloutney (Patrick) : C'est
bien ça. J'ai parlé à M. Fitzgibbon à deux reprises, et il m'a référé au
secrétariat parce que c'est eux qui avaient le pouvoir. Et je savais très bien
que c'est... c'est M. Fitzgibbon qui avait le pouvoir de décider qui était ici
en commission parlementaire.
M. Paradis : Stupéfiant.
Parce qu'en plus, vous arrivez, vous, avec des calculs et des tableaux clairs.
Si je regarde bien votre tableau dans votre mémoire, si on adopte le projet de
loi n° 69 de la ministre avec les articles 38 à 40 actuels, la part
de la production privée va passer de 4,9 % à 19 %, selon vos calculs.
J'ai bien compris?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Oui.
Tout à fait. Selon notre estimation, à partir des dires de M. Fitzgibbon, de
13 500 mégawatts. Tout à fait. Oui.
M. Paradis : Hydro-Québec dit
dans ses propres chiffres que c'est 6 milliards par année aux revenus du
Québec qu'Hydro-Québec contribue. On nous dit qu'on va doubler Hydro-Québec.
Ça, ça veut dire qu'on ferait 12 milliards à l'horizon 2030-2035.
Est-ce que je vous ai bien compris?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Tout
à fait. Si on va rapidement.
M. Paradis : Et qu'avec cette
privatisation prévue dans le projet de loi n° 69, ça veut dire qu'on se
priverait à peu près de 3 milliards par année de revenus au gouvernement
du Québec?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : C'est
ce qu'on dit aussi, 3 milliards. On perdrait une rente économique
importante.
M. Paradis : Un CHUM par
année, 80 labs-écoles qui vient d'être coupé, là. C'est ça, là, qu'il faut
que les Québécois comprennent, là. C'est ça, la privatisation. On va se priver
de ces revenus-là, nous, les Québécoises et les Québécois. C'est bien ça que
vos chiffres disent?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : C'est
ce qu'on craint. C'est ce que nos chiffres disent.
M. Paradis : Et ce qui est
intéressant, c'est que vous, vous avez fait une planification parce que vous
avez réfléchi à ça, puis vous avez insisté, tout le monde ici, pour dire qu'on
est arrivés ici, en commission, on ne devrait pas être ici, en commission parce
qu'on n'a pas le plan, on n'a pas la vision du gouvernement du Québec, qui n'a
pas fait ces calculs-là. C'est bien ça?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Tout
à fait. On veut décarboner, mais ça prend un plan avant le projet de loi.
M. Paradis : Avant le projet
de loi.
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Bien
sûr.
M. Paradis : Donc, vous
invitez la ministre à retourner faire ses devoirs, en quelque sorte?
M. Sylvestre (Pierre-Guy) : Tout
à fait. Mais on sera là pour collaborer avec.
M. Paradis : Merci.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
merci. Le temps étant écoulé, je vous remercie pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Je suspends donc les travaux pour quelques
instants afin de permettre aux prochains invités de se présenter à l'avant.
Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
(Reprise à 12 h 22)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
merci. Nous redébutons nos travaux.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants Manufacturiers et exportateurs du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons, par la
suite, à une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé immédiatement.
Merci.
Mme Proulx
(Véronique) :Excellent! Alors, bonjour à
tous! Véronique Proulx, présidente-directrice générale des Manufacturiers
exportateurs. Et je suis accompagnée aujourd'hui...
Mme White (Julie) : ...de
Julie White, directrice principale chez Tact, et qui collabore avec Mme Proulx.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Bienvenue!
Mme Proulx
(Véronique) :Excellent! Alors, Mme la
ministre, M. le Président, mesdames et messieurs, bonjour. Merci beaucoup de
prendre le temps de nous accueillir aujourd'hui. Manufacturiers exportateurs du
Québec, c'est une association d'affaires qui regroupe 1100 entreprises
manufacturières, des PME, des grandes entreprises, des grands industriels, qui
sont établis partout en région, à l'image du tissu industriel économique du
Québec.
Alors, aujourd'hui, on vous présente cinq
grandes recommandations que je vais parcourir. Je vous dirais, d'entrée de jeu,
qu'on a fait un sondage récemment qui nous a permis de constater que 35 %
des entreprises manufacturières québécoises manquent d'énergie pour leurs
besoins actuels. Alors, vous comprendrez que le projet de loi qui est déposé
prend tout son sens, a beaucoup d'importance pour nous. Il y a cinq
recommandations, mais, dans les faits, on a vraiment deux grandes
préoccupations, priorités. La première, c'est l'accès aux blocs d'énergie. On a
plusieurs de nos membres de grands industriels, à travers le Québec, qui se
sont vu refuser l'accès au bloc d'énergie. Ce sont des entreprises qui
voulaient investir, qui voulaient décarboner leurs opérations. Et la deuxième
grande priorité, bien, c'est la question de la tarification. On comprend que le
tarif, ce n'est pas le seul levier. En fait, on comprend... ce n'est pas le
seul levier, mais c'est un levier de compétitivité pour s'assurer que nos
manufacturiers soient compétitifs ici, à l'échelle locale et internationale.
Alors, je me lance. Je n'aurai pas le
temps d'aller dans tout le détail, mais ça me fera plaisir de répondre à vos
questions par la suite. La première recommandation : maintenir les tarifs
qui visent à assurer la compétitivité des manufacturiers. Alors, on fait ça
comment? La première chose, c'est de cesser l'interfinancement. Alors, pour
nous, nos membres sont prêts à payer leur part, leur juste part, mais on
s'attend à ce que chaque clientèle, chaque segment puisse payer sa part qui lui
revient en lien avec la consommation énergétique. Je rajouterais, et je le
réitère, les manufacturiers sont des grands exportateurs, 86 % des
exportations québécoises, ce sont des biens manufacturiers, notamment à
destination des États-Unis. Il y a une concurrence qui est très féroce à
l'international. Et le tarif, notamment le tarif L, mais les tarifs
hydroélectriques font partie des leviers de compétitivité de nos entreprises
depuis toujours. Alors, vous comprendrez que ça nous préoccupe beaucoup quand
on entend le premier ministre dire «que les frais, les frais qui sont reliés à
l'augmentation des coûts de services seront payés ou devront être payés par les
entreprises, notamment les manufacturiers».
Deuxièmement, on comprend qu'il y aura des
investissements importants qui vont être faits du côté d'Hydro-Québec. On
souhaite qu'il y ait une transparence, le plus de transparence possible pour
s'assurer qu'il y ait une saine gestion et s'assurer que les coûts n'explosent
pas compte tenu des investissements qui seront nécessaires. Troisièmement, ne
pas indexer le volet du tarif L...
Mme Proulx
(Véronique) :...lié au bloc patrimonial.
Je vous dirais que ce qui est important pour nous là-dedans, c'est de
s'assurer, globalement, que ça soit le bloc patrimonial ou l'indexation des
coûts de service pour le tarif L. Encore une fois, qu'on garde en tête que ce
tarif-là contribue à la compétitivité de nos entreprises qui sont confrontées,
encore une fois, à... en concurrence très forte du côté international, que ça
soit aux États-Unis, en Europe ou ailleurs. Quatrièmement, assurer une
prévisibilité des tarifs. Alors, quand on fait des projets d'investissement
dans le secteur manufacturier, on les planifie sur plusieurs années. On veut
pouvoir avoir de la prévisibilité, au moins sur cinq ans, pour les tarifs,
comme ça, on peut l'incorporer dans notre structure de coûts et dans nos
prévisions en lien, toujours, avec ces projets d'investissement.
Deuxième grande priorité... ou
recommandations, plutôt, favoriser l'accès aux blocs d'électricité aux
entreprises déjà établies ici. Alors, je le mentionnais, plusieurs de nos
membres se sont fait refuser des projets. Puis on comprend qu'il y a...
l'énergie, elle est limitée, mais ce qu'on souhaite, c'est qu'on puisse
prioriser les entreprises qui sont déjà établies ici, qui sont en région, qui
contribuent au développement économique régional depuis de nombreuses années,
qui investissent, qui offrent des bons emplois aussi.
Alors, trois sous recommandation. Dans un
premier temps, que les données sur les blocs disponibles soient accessibles via
une carte interactive. Ça va permettre à nos entreprises d'être capables de
prévoir où est-ce qu'ils peuvent investir, s'implanter, en sachant quelle est
la disponibilité, mais aussi à tous les organismes et au gouvernement qui les
accompagne d'avoir plus de prévisibilité en ce sens. Deuxièmement, je le
mentionnais, favoriser les entreprises qui sont déjà implantées au Québec. Et,
troisièmement, préciser les balises pour l'octroi des blocs, donc plus de
clarté, de transparence sur qu'est-ce qui nous permet, finalement, de se
qualifier pour avoir accès aux blocs de plus de cinq mégawatts.
Troisième recommandation, accélérer,
faciliter l'autoproduction. Alors, dans le cadre d'un même sondage qu'on a
fait, 82 % des entreprises sondées nous ont dit être ouvertes à
l'autoproduction pour leurs propres besoins. Alors, dans un premier temps, on
propose au gouvernement de mettre en place des programmes, des mesures fiscales,
des incitatifs pour inciter les entreprises à investir pour leur permettre de
produire pour leurs besoins. Dans un premier temps, ça va nous permettre
d'accélérer... d'accélérer la disponibilité d'énergies renouvelables pour nos
besoins et, dans un deuxième temps, de permettre aussi de revendre cette
énergie à des sites adjacents. Donc là, ce qu'on demande, c'est de s'assurer
que la notion de sites adjacents encourage le déploiement d'un programme
d'achat d'électricité entre deux entreprises. Et on cite en mémoire... dans le
mémoire un exemple, un parc industriel en Ontario où c'est possible d'alimenter
l'ensemble du parc via une ou deux entreprises qui produisent pour les autres.
Donc, c'est un exemple parmi d'autres, mais ça permettrait, à notre avis, d'accélérer,
encore une fois, la cadence et d'augmenter la disponibilité sur le réseau.
Quatrième recommandation, s'assurer de
l'efficacité d'Hydro-Québec pour répondre aux besoins du développement
économique. Je mentionnais tout à l'heure, il va y avoir des investissements
importants qui seront faits. On veut s'assurer, bien sûr, qu'il y ait une saine
gestion, de la transparence pour éviter une explosion des coûts, qui sera
ultimement refilée aux consommateurs, dont le secteur manufacturier. Mais je
vous dirais que ce qu'on souhaite également, puis je comprends que la ligne est
mince, en fait... l'équilibre est difficile entre les deux, c'est de ramener,
en fait, l'obligation, les critères d'exigence de contenu local dans les
contrats d'Hydro-Québec pour permettre à nos entreprises qui fabriquent ici de
pouvoir soumissionner sur les contrats ou d'avoir accès, en fait, aux contrats.
Et on a vraiment une belle filière, au Québec, d'entreprises manufacturières
qui sont des fournisseurs d'Hydro-Québec. On a une filière qui est en
développement au niveau de l'énergie renouvelable aussi. Donc, en ramenant ces
critères de contenu local là, bien, on favorise l'émergence et la pérennité,
j'ai envie de dire, de ces entreprises.
Cinquième recommandation, s'assurer que le
PGIRE réponde réellement aux objectifs poursuivis. Donc, qu'est-ce qu'on veut
dire par ça? Premièrement, bien, que le PGIRE soutienne l'ensemble des filières
énergétiques qui permettront d'atteindre la carboneutralité. Donc, chez les
Manufacturiers et exportateurs du Québec, on pense qu'on doit regarder... on
doit soulever toutes les roches. Que ça soit la biomasse, que ça soit le
nucléaire, le GNR, l'hydrogène, il faut vraiment regarder l'ensemble des
filières qui sont disponibles pour s'assurer, encore une fois, de se donner le
maximum d'opportunités et de chances de déployer l'énergie qui est nécessaire
pour les entreprises manufacturières, mais pour l'ensemble des segments et pour
le Québec également. On souhaite, dans le cadre du PGIRE, que tous les
ministères concernés soient consultés. Pourquoi on dit ça? Bien, on pense, par
exemple, à certains exemples dans l'éolien, où des projets ont été retardés
dans la construction de parcs éoliens parce que l'infrastructure de transport
n'était pas en place. Donc, s'assurer, vraiment, qu'il y ait une
consultation... une concertation complète pour s'assurer de l'efficience de ces
projets-là qui doivent aller de l'avant. Troisièmement, consulter les
distributeurs pétroliers gaziers dans le cadre du PGIRE. Pourquoi? Bien, parce
qu'on a encore besoin de gaz naturel et de pétrole. Ces entreprises-là doivent
être autour de la table pour voir qu'est-ce qu'ils ont dans leurs projets, les
innovations puis comment ils peuvent contribuer, encore une fois, à la
transition énergétique du Québec. Et finalement...
Mme Proulx
(Véronique) :...organisé une consultation
spécifique au secteur manufacturier. Pourquoi? Parce qu'on veut s'assurer
d'être partie prenante, on veut pouvoir partager nos orientations, nos besoins
futurs. Donc, finalement, faire partie, faire partie de la solution. Alors, je
vais m'arrêter ici, mais ça va me faire plaisir de prendre vos questions et
d'échanger avec vous pour la suite.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Maintenant, nous allons maintenant procéder à la
période d'échange avec les membres de la commission. Mme la ministre, la parole
est à vous. Vous disposez de 14 min 30 s.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup, Mme Proulx, toujours très
efficace dans vos communications. Mesdames, merci d'être là, de participer à
cet exercice très important autour d'un projet porteur pour le Québec. On est
en train de façonner les contours d'un grand chantier qui va occuper le Québec.
Et d'ailleurs, j'aimerais vous entendre tout à l'heure sur les enjeux de
main-d'œuvre, à savoir est-ce qu'on a la main-d'œuvre requise pour mettre de
l'avant tout ça? Mais j'aimerais, dans un premier temps, vous entendre sur les
tarifs. Bon, vous proposez fait que le tarif L lié au bloc patrimonial soit
gelé et donc par conséquent ne soit pas indexé. Dans quelle mesure vous
expliquez qu'il faille un gel pour que nos entreprises restent compétitives?
Parce que, dans un contexte inflationniste, les coûts augmentent, les coûts
s'accroissent. Et puis on a, par ailleurs, une ressource énergétique qui est
prisée dans un contexte de transition énergétique. Alors, pourquoi devrait-on
ne pas capter, à la fois, la pression inflationniste qui s'exerce et également
le côté vert qui répond au besoin très vaste de décarbonation? Donc, j'aimerais
vous entendre là-dessus.
Mme Proulx
(Véronique) :Deux choses, en fait, dans
un premier temps, compte tenu des investissements qui seront requis, notre
préoccupation, c'est que le coût de service qui sera imputé explose, et il va
exploser. Alors, comment, comme manufacturier, on s'assure d'avoir accès à une
énergie renouvelable dont on a besoin pour la décarbonation, mais qui soit
aussi à un tarif qui maintienne notre compétitivité? En fait, ultimement, c'est
toujours ça qui va revenir. Puis je vais le répéter souvent, ce mot-là, qui, à
la fois, ne veut rien dire et veut tout dire. Les tarifs, les tarifs
d'hydroélectricité ont permis au Québec d'attirer et de maintenir des
investissements. Ce n'est pas la seule, ce n'est pas la seule chose qui fait
qu'on est productifs ou compétitifs, mais ça fait partie du panier ou des
leviers du gouvernement. Alors, en bloquant, en gelant le bloc patrimonial,
sachant que la deuxième partie, finalement, du tarif va augmenter, sera indexé
en fonction des coûts de services, déjà, il risque d'y avoir une augmentation
significative, et c'est notre préoccupation que ça ait un impact sur notre
compétitivité, sur notre capacité à investir, à réinvestir et à croître.
Mme Fréchette : Est-ce que le
gel proposé concerne aussi les entreprises commerciales? Donc, c'est au-delà de
l'industriel ou c'est que pour l'industriel que vous proposez le gel?
Mme Proulx
(Véronique) :Pour l'industriel, pour nos
grands industriels qui sont davantage...
Mme Fréchette : O.K. Le
maintien de la situation, le statu quo, dans le fond.
Mme Proulx
(Véronique) :Bien oui, parce qu'ils sont
davantage confrontés à la concurrence internationale. Ce sont nos grands
exportateurs, ceux qui sont les plus exposés.
Mme Fréchette : Et qui,
ultimement, devraient payer la facture du développement des futures
infrastructures? Parce que, vous l'évoquiez, les prochaines infrastructures
vont avoir un coût marginal plus important. Donc, qui devrait assumer le
paiement? Est-ce que c'est réparti équitablement entre l'ensemble des types de
clientèle, à votre point de vue, qu'il faudrait que ça se fasse?
Mme Proulx
(Véronique) :Mais en fait c'est la
première... En fait, le premier point, c'est que c'est difficile d'évaluer
jusqu'à... quels seront les coûts compte tenu des investissements qui seront
requis. Notre prémisse, c'est de dire : Il faut cesser l'interfinancement,
que chacun paie sa juste part. Mais, en même temps, ou en plus, j'ajoute le
fait, j'y reviens, les entreprises contribuent au développement économique du
Québec, paient des impôts, paient des taxes, créent des emplois, des bons
emplois payants, ça fait que , nous, ce qu'on aimerait, c'est que ce soit
considéré lorsque viendra le temps d'établir ce tarif-là. Parce que le tarif,
encore une fois, fait partie des différents leviers, au même titre que les
crédits d'impôt à la RDEI, que des programmes que vous mettez de l'avant, ça a
toujours été le cas, et on souhaite que ça continue, que ça soit un outil, un
levier qui permette aux entreprises de continuer à prospérer ici.
Mme Fréchette : Une des
choses dont on ne parle peut-être pas assez, c'est le volet efficacité
énergétique, ça aussi, c'est une gestion de la demande, un élément qui est fort
important de l'équation. Comment est-ce que vous voyez que les entreprises
manufacturières puissent contribuer à accroître l'efficacité énergétique et
justement réduire la pression sur la demande? Est-ce que ces entreprises, qui
sont vos membres, sont déjà engagées dans cette mouvance là ou c'est plutôt à
venir? Et dans quelle mesure ça va générer une réduction, à votre point de vue?
Mme Proulx
(Véronique) :Alors, c'est une bonne
question, au niveau de la transition énergétique, on a fait une analyse il y a
deux ans, c'était au niveau pancanadien, mais les données du Québec étaient
très similaires, où on voyait que 50 % des entreprises de plus de
500 employés s'étaient fixé des objectifs de carboneutralité, donc, sont
bien...
12 h 30 (version non révisée)
Mme Proulx
(Véronique) :...dans le mouvement.
Puis là je prends un pas de recul. Au
Québec, on a 13 000 entreprises manufacturières, il y en a seulement
1 000 qui ont plus de 100 employés. Donc, on comprend que nos grands
manufacturiers, pour la plupart, se sont dotés d'objectifs, certaines sont des
entreprises cotées en bourse, sont publiques, donc vont aller de l'avant
nécessairement. On voit qu'au niveau de la PME, ça peut parfois être plus
difficile parce que ce n'est pas toujours la priorité numéro un parmi toutes
leurs priorités. Je le dis souvent, là, une entreprise qui a 100 employés,
qui est basée, je vais dire, à Granby, le P.D.G. s'occupe des ressources
humaines, des finances, de la production, il lui manque cinq employés, il y a
des projets d'exportation, problèmes de chaîne d'appro. On lui parle de
décarbonation ou d'efficience, on parle juste d'efficacité énergétique, oui, il
trouve ça important, mais ce n'est pas toujours dans les priorités.
Maintenant, plus les grandes entreprises avancent,
plus elles se retournent vers leur chaîne d'approvisionnement. Et elles mettent
de la pression nécessairement sur leurs fournisseurs pour qu'ils puissent
commencer à faire un bilan et qu'ils soient en mesure d'apporter les
changements nécessaires si elles-mêmes, elles veulent être capables d'atteindre
leurs objectifs. Alors, c'est en mouvance, mais il y a encore beaucoup de
travail à faire, je vous dirais, pour qu'on puisse avancer dans ce sens.
Puis je me permets de faire le lien avec
le Inflation Reduction Act aux États-Unis puis la question précédente. Parce
que quand on parle de mesures et de programmes, on sait qu'aux États-Unis ils
ont annoncé le Inflation Reduction Act, c'est 340 milliards pour stimuler
l'investissement vert industriel, qui est un incitatif important. Au Québec, on
a Hydro-Québec puis on a des tarifs qui sont compétitifs, et je pense qu'on
peut en faire encore plus pour inciter nos entreprises à aller de l'avant pour
investir pour décarboner. Alors, c'est pourquoi j'y reviens, sur l'importance
puis la notion de la compétitivité des tarifs pour la compétitivité du secteur,
mais aussi dans une perspective de transition énergétique et de décarbonation.
Mme Fréchette : Et est-ce que
vous verriez que les initiatives ou appuis supplémentaires, additionnels
viennent d'Hydro-Québec surtout ou si Investissement Québec peut être de ces
éléments, ces catalyseurs, je dirais, d'une plus grande efficacité énergétique?
Mme Proulx
(Véronique) :Oui. Alors, si je posais...
je n'ai pas posé la question directement à mes membres, mais je posais la
question, ils nous diraient, dans le fond : Ce qui va être le plus simple,
le plus prévisible, le plus efficace. Parce que parfois, des programmes, ça
peut être lourd à gérer, il n'y a pas toujours de prévisibilité. Quand qu'on
connaît les tarifs sur cinq ans, ça nous permet de mieux planifier.
Mme Fréchette : Abordons
le... maintenant le volet main-d'oeuvre. Donc, ne serait-ce que pour
Hydro-Québec, on parle de la nécessité d'avoir 35 000 travailleurs
par année jusqu'en 2035. C'est important comme bassin de talents. Alors, est-ce
qu'à votre avis on a ce qu'il faut pour répondre à cette... à cette nécessité d'avoir
les 35 000 travailleurs qui s'engagent? Est-ce que vous craignez un impact
sur vos membres par ailleurs? Et puis quel type de mesures on devrait prendre
pour s'assurer que le savoir-faire est au rendez-vous?
Mme Proulx
(Véronique) :En fait... En fait, oui, il
y a une préoccupation. Dans le secteur manufacturier, on compte encore 13 000 postes
vacants. La pénurie de main-d'œuvre demeure un enjeu pour notre secteur. Je
vais faire le lien avec le secteur de la construction dans un instant. Et je
vous dirais que, quand on regarde notre secteur, ce n'est plus l'urgence du jour
comme ça l'était peut-être il y a un an ou deux ans parce que le marché a
ralenti, on voit le nombre de postes vacants qui a diminué. Mais quand on
regarde les départs à la retraite au cours des prochaines années, on voit que
ça va redevenir une préoccupation, que ça va redevenir une urgence, d'autant
plus que le gouvernement fédéral vient d'annoncer des mesures pour réduire les
travailleurs étrangers temporaires. Alors, la question : Est-ce qu'on a
suffisamment de main-d'oeuvre, est-ce qu'on a des préoccupations? Oui, parce
que nous-mêmes, présentement, on en manque. Et compte tenu des besoins
grandissants d'Hydro-Québec, bien, c'est clair que ça va venir, aller chercher
des travailleurs qui sont dans notre industrie. Ça, on a souvent vu des gens dans
le secteur manufacturier vont quitter lorsque le secteur de la construction
part en croissance, soit parce qu'il y a des meilleures conditions ou dans un
autre contexte. Alors, c'est une préoccupation grandissante pour nos membres.
Ça devient un frein à notre croissance, un frein à l'investissement aussi,
parce que quand tu n'as pas la main-d'œuvre nécessaire, bien, nécessairement tu
vas reporter certains projets d'investissement. On l'a vu dans les analyses,
dans des données, puis on le voit sur le terrain aussi. Alors, c'est une
préoccupation tant pour nous que pour Hydro-Québec, qui a besoin de cette
main-d'œuvre-là pour être capable de réaliser ses projets.
Les fournisseurs également. On a plusieurs
de nos membres qui sont des fournisseurs d'Hydro-Québec, qui sont des
fournisseurs dans le secteur de la construction et qui peinent à répondre à la
demande présentement.
Mme Fréchette : Est-ce que
vous voyez le programme d'Investissement Québec au sujet de la productivité
pour aider, engager davantage les PME dans des mesures de rehaussement de la
productivité comme une solution pour à la fois décarboner, réduire les coûts,
réduire la recherche d'une main-d'oeuvre spécialisée?
Mme Proulx
(Véronique) :Oui, c'est un très bon
point. En fait, lorsqu'on... Ça a été démontré que lorsqu'on investit pour
augmenter notre productivité, que ce soit par l'entremise d'un renouvellement d'un
parc d'équipements, par des équipements qui sont moins... qui consomment moins,
bien, d'une part, on augmente notre productivité, on fait plus avec moins, on
est moins dépendants de main-d'œuvre dans des postes d'entrée puis on réduit
nos GES par le fait même. Mais il y a vraiment un retard, notamment au niveau
de la petite et de la moyenne entreprise, pour toutes sortes de bonnes et de
mauvaises raisons, là, qui font en sorte que les entreprises...
Mme Proulx
(Véronique) :...les entreprises n'ont pas
toujours investi ou n'ont pas la capacité d'investir. Ça fait que je pense que
le gouvernement... Nous, on peut faire mieux, et le gouvernement peut faire
mieux aussi pour accompagner ces entreprises-là. Les grandes entreprises
comprennent l'importance d'investir, de réduire leur bilan carbone et de
rehausser leur compétitivité, parce que leur concurrence, elle est à
l'international, elle est très, très forte. Au niveau de la PME, ça comporte
davantage de défis.
• (12 h 40) •
Mme Fréchette : Parlons
justement de l'international. Qu'est-ce que vous voyez comme potentiel pour le
Québec, l'économie du Québec pour un positionnement à l'international avec
l'énergie verte qui est la nôtre, un réseau d'électricité parmi les plus verts
au monde, la recherche d'une décarbonation à l'échelle de la planète? Ça nous
ouvre des opportunités, là, ça, clairement. Comment est-ce que vous voyez qu'on
puisse profiter de ça, de ce contexte-là avec les ressources que l'on a, le
savoir-faire qu'on a? Il y a des cartes à jouer. Qu'est-ce que vous voyez comme
potentiel?
Mme Proulx
(Véronique) :En fait, le Québec est à
un... a un positionnement ou l'opportunité de se positionner à l'échelle
internationale avec son énergie renouvelable dans des filières comme, on a vu,
la filière batteries, mais en attirant d'autres industries qui vont venir
contribuer à développer, diversifier et faire grandir le tissu industriel à
travers le Québec.
Je réitère ce que j'ai dit tout à l'heure,
je pense qu'il doit y avoir une priorité aux entreprises qui sont établies ici
puis qui contribuent. Mais, on l'a vu avec la filière batteries qui est venue
s'installer ici, je pense qu'en déployant davantage, en investissant davantage
dans le développement énergétique du Québec, on sera en mesure d'assurer une
croissance pérenne de l'industrie au Québec et de l'économie également. Il y a
peu de nations dans le monde qui ont cette opportunité-là.
Mme Fréchette : Oui, je pense
qu'on a une opportunité en fait incroyable, là, pour justement capitaliser et
devenir un catalyseur aussi de toute l'expertise qu'on a déployée et développée
au fil des ans.
Dans votre mémoire, vous parlez de votre
ouverture de la vente d'électricité entre deux entreprises situées sur des
sites adjacents de même que par rapport à l'autoproduction, là. Est-ce que vous
pouvez nous en dire plus sur les avantages que ça peut générer, que ce type de
fonctionnement de... d'autoproduction avec vente à un terrain adjacent, là, de
l'électricité?
Mme Proulx
(Véronique) :Bien, en fait, en ayant...
en... Bon. Premièrement, sur l'autoproduction... Je vais prendre un pas de
recul. On a des entreprises qui, faute d'avoir accès à l'énergie nécessaire,
font... achètent des PPA, mais vont les acheter aux États-Unis. Ça fait que la
première chose, c'est que certaines entreprises veulent vraiment réduire leur
empreinte carbone parce qu'elles ont des objectifs de carboneutralité. Ne
pouvant pas le faire au Québec, elles ont choisi d'investir aux États-Unis ou
ailleurs pour acheter des contrats de... les PPA, qui leur permettent de réduire
sur papier leur bilan carbone. Alors, c'est quand même malheureux que ces
investissements-là se fassent aux États-Unis plutôt que se faire au Québec, et
que ça réduise réellement leur empreinte ici au Québec. Alors, pour nous, ça
prend toute son importance.
Maintenant, une entreprise qui peut faire
de l'autoproduction pour ses propres besoins, bien, ça permet de réduire la
pression sur le réseau, notamment en période de pointe, ça lui permet... ça lui
génère plus de flexibilité et de capacité, ce qui est un enjeu dans le contexte
actuel, où Hydro-Québec... où Hydro-Québec manque de... pas de flexibilité,
mais qu'il y a des enjeux de puissance, en fait, sur le réseau. Et les sites
adjacents, bien, ça permet justement à une entreprise, une entreprise sœur, à
un voisin — puis là, je reviens à ma notion de parc industriel, parce
que, moi, je pense que ça doit être étendu — bien, ça permet
d'alimenter ces entreprises-là sans mettre de pression sur le réseau.
Mme Fréchette : Et vous
parliez tout à l'heure de la volonté de vos membres de décarboner puis de
contribuer à la réduction de l'empreinte carbone. Qu'est-ce que vous voyez
comme perspective pour ce qui est de payer une prime à l'énergie verte? Est-ce
que les entreprises, les industries sont rendues à ce point-là de dire :
Bien, dans la mesure où un fournisseur m'offre un produit, un intrant qui est
vert, bien, moi, je vais capitaliser là-dessus, je vais m'assurer de
m'approvisionner auprès de ces entreprises-là, parce que maintenant le marché reconnaît
cette valeur-là et est à la recherche de ça? Est-ce que vous considérez qu'on a
atteint ce point-là ou que c'est à venir, et voilà l'impact que ça pourrait
avoir?
Mme Proulx
(Véronique) :Donc, par exemple avec le
GNR, si on prend l'exemple du GNR, qui est plus coûteux, on voit que les
entreprises l'intègrent, mais au bout de la ligne il y a quand même toujours
l'enjeu de la structure de coûts. Alors, je vous dirais qu'on... j'ai envie
dire qu'on commence. On voit que certaines entreprises s'y intéressent de plus
en plus, puis, justement pour des questions de carboneutralité, vont aller à ce
sens. Mais c'est encore émergent au sein du tissu industriel au Québec, parce
que le marché n'est pas encore tout à fait là, c'est-à-dire que la demande de leurs
clients n'est pas encore rendue là.
Mme Fréchette : Il y a
peut-être des mesures qu'on pourrait...
Le Président (M. Montigny) : Pour
30 secondes.
Mme Fréchette : ...des
actions qu'on pourrait développer justement pour mettre ça de l'avant, parce
que ça nous avantagerait, en fait, comme économie, là, qui repose sur...
Mme Proulx
(Véronique) :Absolument, d'inciter pour
réduire... pour produire davantage, réduire les coûts.
Mme Fréchette : Oui...
Mme Proulx (Véronique) :Oui, oui, absolument.
Mme Fréchette : ...et pour
faire reconnaître la vraie valeur de notre électricité verte.
Mme Proulx
(Véronique) :Oui, puis même au sein du
gouvernement du Québec, dans ses propres achats aussi.
Mme Fréchette : Tout à fait.
Donc, ça complète. Bien, je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Mme Proulx
(Véronique) :Merci à vous.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Maintenant, je cède la parole à la députée de Saint-Laurent pour
9 min 8 s Merci.
Mme Rizqy : Merci...
Mme Rizqy : ...beaucoup, M.
le Président. Bonjour, Mme Proulx, bonjour, Mme White, merci de participer à
nos travaux. On n'a pas beaucoup de temps, mais j'imagine que vous avez
sûrement écouté l'entrevue hier, à Tout un matin, qui portait... avec M.
Lapierre, qui est le président-directeur général de l'entreprise les Forges de
Sorel. Et il résumait, je pense, un peu ce que certaines des entreprises que
vous représentez ont eu comme réponse, c'est-à-dire qu'ils ont soumissionné
pour avoir des blocs d'énergie dans le but de se décarboner et ils ont reçu une
fin de non-recevoir sans grille d'analyse. Et il a dit la chose suivante :
«On ne sait pas pourquoi, pas de grille d'analyse, pas de question sur l'impact
économique, social ou environnemental du projet.» Il va plus loin, par la
suite, M. Lapierre, il explique la chose suivante : Nous, pourquoi qu'on
veut se décarboner? C'est qu'on est sur le marché de la carbone.
Alors, si on ne le fait pas, ça va nous
coûter plus cher d'opération.» Et, par la suite, M. Masbourian lui demande la
question suivante : Est-ce qu'on parle d'emplois qui sont menacés? Et il
répond sans aucun faux-fuyant : Absolument. Est-ce que c'est une réalité
pour les entreprises dans un marché mondial très compétitif que non seulement
il y a le coût de l'énergie, mais il y a aussi le bloc d'énergie pour soit les
expansions, soit aussi pour se décarboner, qui sont nécessaires lorsqu'on prend
une décision, à savoir : Qu'est-ce qu'on fait pour la suite des choses
avant d'annoncer des investissements majeurs?
Mme Proulx
(Véronique) :En fait, on a... on a
effectivement certains membres qui nous ont dit clairement : Compte tenu
qu'on n'a pas accès aux blocs d'énergie puis qu'on n'a pas de prévisibilité...
parce que, tu sais, c'est une chose de ne pas avoir accès, puis là on a demandé
plus de clarté au niveau des critères. C'est une chose de ne pas avoir accès,
mais est-ce qu'on va avoir accès dans un an, dans deux ans, dans cinq ans?
Parce qu'on veut planifier nos investissements. Et, n'ayant pas eu de réponse à
ces questions, certains membres ont dit : Bon, des entreprises qui ont des
sites au Canada, aux États-Unis, les investissements vont se faire du côté américain.
Donc, à terme, ça veut dire quoi? On investit dans de l'infrastructure, dans
des agrandissements. Alors, ça peut remettre en question la pérennité de
certains emplois qui sont au Québec, certainement.
Mme Rizqy : M. Paul Journet,
de La Presse, écrivait aujourd'hui, et je cite : «L'État n'est pas
cohérent. Des entreprises locales n'ont pas eu la chance des géants étrangers.
Elles n'ont pas reçu l'électricité demandée pour décarboner leurs usines. Ce
même gouvernement les pénalise ensuite en les faisant payer pour leur
pollution. Cela ne les aide pas à vendre des produits verts à l'étranger.» Là,
il fait, je pense, référence évidemment, encore une fois, au marché carbone
parce qu'on est au Québec. Alors, ça, c'est une réalité que nous avons. Est-ce
qu'on n'est pas ici, en fait, en plein dans le choc des visions entre M. Sabia
et le gouvernement, le premier ministre, lorsque M. Sabia dit : «Peut être
qu'on devrait refaire un rééquilibre et s'assurer que les mégawatts vont pour
des entreprises d'ici, qui sont déjà établies ici, qui veulent se décarboner
avant de penser à des entreprises futures étrangères? Vous, est-ce que vous
pensez qu'on devrait d'abord prioriser les entreprises d'ici qui sont déjà
établies?
Mme Proulx
(Véronique) :On pense, effectivement...
Dans nos recommandations, on le souligne qu'on souhaite que les entreprises qui
sont déjà établies au Québec soient priorisées. Mais je souligne un point que
vous venez de mentionner, pour des projets de décarbonation, notamment, ça doit
être priorisé, ça doit être dans les critères, encore une fois, pour permettre
à nos entreprises qui sont engagées dans des objectifs de carboneutralité pour
leurs propres entreprises, mais qui vont contribuer aussi à la décarbonation du
Québec, qu'elles puissent le faire ici. Donc, pour nous, ça nous apparaît comme
étant une priorité.
Mme Rizqy : Juste pour
précision, ce sont... je le dis, mais c'était M. Sabia, un homme avec une
feuille de route encore plus garnie que... beaucoup, beaucoup plus garnie que
moi, bien humblement. Alors... Bien, merci.
Et, dans votre mémoire, j'aimerais aller
vraiment sur le contenu local. Ça, je pense, c'est très important, parce que,
jusqu'à tout récemment, il y avait des appels d'offres d'Hydro-Québec où est-ce
que le contenu, c'était 50 % québécois et, précision, 35 % de contenu
régional. Là, maintenant, sans aller dans le pourcentage, nécessairement, mais,
pour vous, c'est un incontournable. On a l'expertise québécoise, oui, et, deux,
on est capable de fournir. Alors, pourquoi c'est tellement important, ce
contenu local québécois?
Mme Proulx
(Véronique) :Je vous donne un exemple
concret. Dans le secteur éolien, on a une entreprise que je ne nommerai pas,
mais qui qui fabrique... qui fabriquait au Québec, dans deux usines en région,
et avec une Inflation Reduction Act, aux États-Unis, bien, ces produits sont
cités, c'est-à-dire que les produits qui doivent être fabriqués aux États-Unis,
pour pouvoir être achetés par le gouvernement américain, et compte tenu qu'il
n'y a pas de...
Mme Proulx
(Véronique) :...et si elle n'a pas réussi
à commercialiser ses produits ou à se positionner, puis sachant qu'il n'y a
plus non plus de critères au niveau du contenu local, bien, vous comprendrez
que ce sont des lignes de production qui sont présentement à l'arrêt puis des
employés qui ne travaillent pas. Alors, maintenant, ça prend toute son
importance, la notion de contenu local, parce que ça permet justement à des
entreprises qui sont ici de soumissionner, ça leur donne une chance et ça
permet de développer puis de maintenir notre filière industrielle en lien avec
Hydro-Québec.
• (12 h 50) •
Mme Rizqy : Dites-moi...
Toujours dans votre mémoire : «Ne pas indexer le volet du tarif L lié au
bloc patrimonial». La ministre, elle, elle disait que c'était un cadeau qui
avait été fait à l'industrie. Juste pour ramener les choses dans leur contexte,
on est au Québec, vos entreprises... La concurrence extérieure, est-ce qu'elle
est parfaitement loyale ou elle peut être un petit peu déloyale, notamment
lorsqu'on a des pays qui injectent de l'argent directement avec des fonds
souverains, je vous donne un secteur d'activité, par exemple l'aluminium?
Mme Proulx
(Véronique) :Non, effectivement. Puis on
vient de voir qu'il y a eu des annonces récemment avec des tarifs sur l'acier
puis l'aluminium, le Canada qui taxe... qui taxe l'importation, en fait,
d'acier, d'aluminium chinois compte tenu des pratiques déloyales. Puis, en même
temps, ce que ça fait, c'est que nos entreprises québécoises, canadiennes qui
s'approvisionnent d'acier puis d'aluminium chinois pour des composantes qu'ils
ne trouvent pas ici, aux États-Unis, bien, ils se retrouvent avec des tarifs
additionnels de 25 %. Donc, les manufacturiers québécois et canadiens sont
vraiment sous pression. Ça arrive d'un peu partout, en fait, et ça devient très
difficile de demeurer compétitif dans ce contexte-là. Alors, ça nous ramène au
tarif d'Hydro-Québec. Je réitère, ce n'est pas le seul, mais c'est un des
leviers de compétitivité que le gouvernement du Québec a pour s'assurer que nos
entreprises investissent ici et restent ici. L'idée, ce n'est pas d'avoir une
concurrence à qui offre le plus de subventions ou de programmes, mais il faut
s'assurer qu'il y ait un environnement d'affaires qui soit concurrentiel, qui
soit compétitif et les tarifs en font partie.
Mme Rizqy : Parce qu'hier on
entendait même, et aujourd'hui ça a été répété, cette fameuse prime verte, taxe
verte, parce qu'on veut enlever le cadeau et... le mot «cadeau» n'est pas... je
cite, là, je vais être très claire, du tarif L, mais est-ce... On a eu d'autres
personnes qui sont venues de groupes qui nous ont dit : Ça peut mettre à
risque des emplois parce que... M. Allard, par exemple, du secteur aluminium,
il disait : Dans un conseil d'administration, nous, on a besoin de
prévisibilité avant... pour nos maintiens de nos actifs, nous aussi, pour nos
annonces. Il a dit la chose suivante : Ça ne prend pas grand-chose dans un
conseil d'administration, lorsqu'il y a des hausses d'annoncées et de
l'imprévisibilité, pour peut-être mettre un frein à des annonces
d'investissement. Est-ce qu'on... Est-ce que vous êtes du même avis?
Mme Proulx
(Véronique) :Bien, la prévisibilité,
c'est le nerf de la guerre. Ça prend de la prévisibilité si on veut être
capables de stimuler l'investissement au Québec, indépendamment, j'ai envie de
dire, de ce qui sera mis en place. Mais la compétitivité, ce qui est dangereux,
là, c'est que ça s'effrite tranquillement. Puis on ne le voit pas. Tu sais, le
jour où une entreprise décide d'investir ailleurs parce que, justement, elle
trouve que le coût est trop élevé, que l'environnement d'affaires est plus
propice, elle ne va pas nécessairement faire une annonce ou un communiqué de
presse pour le dire, elle va tout simplement se déplacer. Ça fait que je
réitère, l'idée, ce n'est pas de faire une compétition à la subvention puis aux
programmes, mais c'est de s'assurer qu'il y ait un écosystème fort puis qu'on
maintienne une compétitivité. Pourquoi? Pour qu'on continue à offrir des bons
emplois bien payés dans toutes les régions du Québec?
Mme Rizqy : En parlant de
bons emplois bien payés, pouvez-vous, s'il vous plaît, rassurer le premier
ministre? Parce qu'il disait : Des emplois à 20 $ de l'heure. Il y a
plusieurs entreprises que vous représentez, qu'on parle des emplois de 40, 50
et même plus. C'est des bons emplois. Et surtout, même en région, n'est-ce pas?
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
Mme Proulx
(Véronique) :...Le salaire moyen dans le
secteur manufacturier est de 27 $ de l'heure. Puis on a des besoins de
gens de tous les horizons et à tous les niveaux pour être capable de faire fonctionner
une usine au Québec, une ligne de production.
Mme Rizqy : Un immense merci,
Mme Proulx, de participer à nos travaux. Merci aussi, Mme White, d'être avec
nous. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour 3 min
3 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, mesdames, d'être ici. Je vais revenir avec vous sur
votre recommandation. Concernant les critères d'attribution des blocs
particulièrement, vous avez dit qu'il faudrait plus de transparence, plus de
prévisibilité. Est-ce que vous pensez... Dans la situation actuelle, est-ce que
les critères, pour vous, ils ne sont, donc, pas transparents et pas
prévisibles?
Mme Proulx
(Véronique) :En fait, nos membres n'ont
pas beaucoup de visibilité ou n'ont pas nécessairement vu la grille qui leur
permet... qui permet au gouvernement d'évaluer quels projets sont retenus ou
non. Et, quand on parle de transparence, bien, c'est de le rendre disponible,
d'être capable de comprendre comment on qualifie les projets et comment on fait
les choix de projets. Ultimement, il y aura toujours des gens qui sont
satisfaits, des gens qui ne sont pas contents, mais au moins, avec cette
transparence-là, on sait dans quoi on s'embarque et on comprend mieux les
décisions.
M. Bouazzi : Donc, on
comprend que des «bullet points» quelque part sur une page, sur un site Web qui
dit : La baisse de CO2, c'est important pour nous, n'est pas une grille?
Mme Proulx (Véronique) :On voudrait... On voudrait une grille avec une
priorisation, un pointage comme il se fait...
Mme Proulx
(Véronique) :...dans d'autres secteurs.
M. Bouazzi : Idéalement, non
seulement elle est publique, mais quand on vous répond, on vous dit :
Voici pourquoi on ne vous a pas pris.
Mme Proulx
(Véronique) :Effectivement. Et est-ce
que... est-ce que... est-ce que je représente mon projet dans un an, dans deux
ans, dans trois ans, donc est-ce qu'il y a encore des chances que j'y ai accès
pour déterminer si on fait nos investissements ici ou non.
M. Bouazzi : Et idéalement,
la personne qui définit la grille et les critères n'est pas la même que celle
qui étudie s'ils ont été atteints ou pas.
Mme Proulx
(Véronique) :Écoutez, je n'ai pas... on
n'a pas étudié la gouvernance actuelle du processus, mais c'est sûr qu'on a
besoin du plus d'impartialité possible et d'objectivité dans la sélection des
projets. Ça, c'est clair.
M. Bouazzi : Bien, je vous
simplifie le processus actuel. Parce que j'étais dans le projet de loi et
j'avais été très vocal à l'époque, même «flabbergasté» de la négligence face à
une saine gouvernance. Donc, il y a une personne qui définit les critères. Les
critères ne sont pas publics. La même personne décide ou pas si les critères
sont atteints ou pas. Et il n'y a aucune procédure d'appel. Et dans la réponse,
bien, on ne vous dit pas quels sont les critères et pourquoi ils n'ont pas été
atteints. Et cette personne-là, à l'époque, était le ministre, M. Fitzgibbon.
Est-ce qu'on est d'accord qu'il faudrait que ça change, par respect pour la
saine gouvernance et puis les dépenses d'électricité qui nous appartiennent à
tous, incluant une procédure d'appel? J'imagine, ça serait un peu logique.
Mme Proulx (Véronique) :Absolument. On a besoin de plus de transparence, plus de
prévisibilité, des critères clairs. Il faut s'assurer de l'objectivité du
processus et de la décision.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Bouazzi : Merci. Concernant
les tarifs, on vous entend, et puis vous n'êtes pas les seuls à dire :
Bien là, si on n'est pas contents, on va investir ailleurs, il n'y aura plus de
jobs, ça coûte... ça... il ne faut pas nous indexer, jamais... Je pense que la
ministre sera peut-être contente de ce que je vais dire. Mais disons que la
nouvelle électricité qui arrive, est-ce que vous êtes prêts à dire : Bien,
O.K., on reste dans le pas indexé, mais dans tout le nouveau, à 11 sous le
kilowattheure, vous le payez au juste prix?
Mme Proulx
(Véronique) :En fait, là, puis je veux
juste revenir, on ne menace pas. On ne menace pas de partir. Il y a vraiment un
environnement d'affaires qu'il faut comprendre. Il y a des décisions qui se
prennent ici ou à l'extérieur...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci beaucoup.
Mme Proulx
(Véronique) :C'est vraiment de regarder
encore une fois l'impact global.
Le Président (M. Montigny) : Le
temps est écoulé. Je suis désolé. Merci. Je cède maintenant la parole au député
de Jean-Talon pour deux minutes 19 secondes.
M. Paradis : Vous dites que
s'il y a une indexation des tarifs pour les grandes entreprises, le fameux
tarif L, ça briserait un consensus social. Il y a un autre consensus social,
c'est sur celui des tarifs pour le résidentiel, M. et Mme Tout-le-monde. La
phrase qui suit deux de vos recommandations, là, «cesser l'interfinancement et
ne pas indexer le volet du tarif L lié au bloc patrimonial», la suite de ça,
c'est «et donc, permettre une hausse ou favoriser une hausse des tarifs pour le
secteur résidentiel.» Est-ce que ce n'est pas ça, la phrase suivante?
Mme Proulx
(Véronique) :Bien, quand on dit
effectivement qu'il faut cesser l'interfinancement puis s'assurer que tout le
monde paie leur juste part, effectivement, le résidentiel doit aussi payer sa
juste part. On ne peut pas mettre tout sur le dos des manufacturiers ou des
entreprises, comme le premier ministre l'a sous-entendu.
Puis pour le double... le bloc
patrimonial, j'y reviens, l'idée, c'est que globalement, le tarif nous permette
d'assurer une compétitivité et de réduire la pression qui est quand même très
forte sur le secteur manufacturier, d'atténuer l'impact de la pression.
M. Paradis : Ce qui veut dire
que nous, là, comme législateurs, ce que vous nous demandez de faire, c'est
d'aller voir M. Mme Tremblay, qui en arrachent dans un secteur, pas de
richesse, puis de dire : Vous, on va augmenter vos tarifs parce qu'on veut
protéger les tarifs des grandes entreprises, dont certaines font des centaines
de millions de profits et paient des salaires pharaoniques à leurs dirigeants.
C'est ça que vous nous demandez de faire.
Mme Proulx
(Véronique) :En fait, ce que le
gouvernement peut faire aussi. Il peut choisir de compenser, il peut choisir de
le financer autrement. Mais le secteur manufacturier, encore une fois,
contribue au PIB du Québec. C'est le plus grand contributeur d'ailleurs, à
12.8 %, le secteur qui contribue le plus. On est partout en région. On
offre des bons emplois. Et il faut le considérer dans la balance lorsque
viendra le temps de voir quel coût on impute au secteur manufacturier via le
tarif L ou via le tarif pour la moyenne entreprise aussi.
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Paradis : Ce qui est très
vrai. Mais c'est tout aussi vrai que, dans les deux dernières décennies, on a
vu une augmentation fulgurante des revenus qui sont touchés par les grandes
entreprises, notamment les multinationales, et les salaires qui sont payés.
C'est quand même le choix devant lequel vous nous placez.
Mme Proulx
(Véronique) :Oui. Tu sais, on représente
les grands industriels, mais on représente aussi les PME, qui sont des petites,
moyennes entreprises, des entreprises dont les entrepreneurs sont basés ici.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien.
Mme Proulx
(Véronique) :Ce sont des entreprises qui
sont aussi confrontées à une concurrence internationale. Le Québec n'est pas en
vase clos.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux.
La Commission suspend ses travaux jusqu'à
14 h.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Montigny) : Bonjour.
À l'ordre, s'il vous plaît. La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes de la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques, cellulaires, etc. Nous allons maintenant poursuivre les
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 69,
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives. Cet après-midi, nous entendrons l'Union
des producteurs agricoles, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du
Labrador et l'Union des municipalités du Québec. Je souhaite maintenant la
bienvenue à l'Union des producteurs agricoles. Je vous rappelle, messieurs, que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé puis nous procéderons tout de
suite par la suite à l'échange avec les membres de la commission. Donc, je vous
invite à vous présenter et à commencer votre exposé dès maintenant.
M. Caron (Martin) : Bien,
merci. Merci, M. le Président. Messieurs les députés, merci bien. Peut-être
avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de présenter mes
félicitations à la nouvelle ministre au niveau de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie, sa nomination la semaine dernière par le premier ministre. Et
vous savez, Mme la ministre, que l'agriculture et la foresterie, c'est un
secteur névralgique au niveau du développement de l'économie, ici, au Québec,
que ce soit au niveau par rapport à la vitalité de nos régions puis j'espère
pouvoir collaborer avec vous dans un grand projet de société là. Je vous
remercie tous de nous offrir l'occasion de présenter la position de l'Union des
producteurs agricoles sur le projet de loi n° 69 intitulé La Loi assurant
la gouvernance des ressources énergétiques et modifiant diverses dispositions
législatives. Je suis Martin Caron, producteur laitier, de céréales et de
légumes de transformation à Louiseville, en Mauricie et président général de l'UPA,
et je suis accompagné de David Tougas, qui est de la direction des politiques
agricoles de l'UPA. Nous représentons plus de 42 000 agriculteurs,
agricultrices du Québec exploitant 29 000 entreprises agricoles, et ce,
seulement sur un modèle familial. L'UPA considère la question de la gouvernance
énergétique comme cruciale pour l'avenir de notre secteur. Alors que l'UPA
célèbre son 100e anniversaire, rappelons que l'électrification rurale accélérée
par la nationalisation de l'électricité et de la création d'Hydro-Québec a joué
un rôle essentiel dans les campagnes et l'accès équitable de l'électricité pour
tous. Le p.l. 69 ne doit pas revenir en arrière en favorisant la privatisation
de la production de la distribution d'électricité risquant de compromettre cet
acquis historique. Le projet de loi n° 69 propose des changements
importants qui visent à améliorer la gestion de la gouvernance des ressources
énergétiques du Québec. Bien que nous accueillons favorablement plusieurs
propositions, nous croyons que certaines nécessitent des ajustements pour
refléter adéquatement les réalités et les besoins de notre secteur et de l'ensemble
des Québécois. Le p.l. 69 semble privilégier un développement énergétique
rapide et intensif au détriment d'une approche équilibrée et durable risquant d'exacerber
des tensions entre un développement économique et la...
14 h (version non révisée)
M. Caron (Martin) : ...protection
de l'environnement. Cette orientation pourrait mener à une surconsommation des
ressources et une pression accrue sur les territoires et mettre en péril la
gestion durable et les objectifs de décarbonation, y compris pour le territoire
agricole.
Tout d'abord, l'UPA appuie la mise en
place du plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, le PGIR, sous la
responsabilité du gouvernement qui serait élaboré tous les six ans pour une
période de 25 ans. Ce plan constitue un cadre essentiel pour guider le
développement énergétique dans un contexte de transition écologique. Toutefois,
le succès de ce plan repose sur la qualité inclusive des consultations menées à
chaque mise à jour du PGIR. À ce titre, l'UPA insiste sur l'importance que
toutes les parties prenantes, y compris les producteurs agricoles et
forestiers, soient pleinement consultées. Le PGIR doit considérer et intégrer
les préoccupations et les besoins de tous les acteurs concernés afin d'assurer
l'accessibilité sociale des projets à venir. En outre, nous croyons fermement
que le secteur agroalimentaire doit être reconnu comme prioritaire pour l'attribution
des blocs d'électricité disponibles en particularité pour les projets
nécessitant plus de cinq mégawatts d'électricité. Cette priorisation est essentielle
pour le maintenir et l'amélioration de l'autonomie alimentaire de la province.
L'article 38 du projet de loi propose la vente directe de l'électricité
renouvelable entre un producteur et un consommateur sur des emplacements
adjacents. Nous estimons que cette mesure constitue un retour en arrière par
rapport à la nationalisation de l'électricité et pourrait mener à la création d'une
fragmentation du marché de l'électricité. La zone agricole du Québec, couvrant
seulement 4 % du territoire total, est une ressource limitée et
essentielle pour notre autonomie et sécurité alimentaire, tout comme le
potentiel acéricole du Québec, tant sur les terres privées que publiques.
Permettre la vente privée d'électricité pourrait multiplier les infrastructures
énergétiques sur le territoire agricole, générant des conflits d'usage et
compromettant la pérennité de notre secteur. De plus, une transition
énergétique nécessiterait d'importantes ressources, qu'il s'agisse de matériel,
d'équipement, de main-d'œuvre pour la production d'électricité renouvelable ou
des ressources naturelles comme les gisements éoliens, le côté hydraulique, les
terres agricoles. Cela entraînerait une concurrence accrue pour accélérer ces
ressources au cours des prochaines années, voire des prochaines décennies.
Cette situation aura pour des conséquences de limiter la capacité d'Hydro-Québec
à mettre de l'avant des projets de production d'électricité, d'éoliennes au
bénéfice de la société québécoise. L'UPA recommande donc de retirer l'article 38
du projet de loi et de prioriser les projets énergétiques collectifs intégrés
au réseau d'Hydro-Québec qui bénéficient ici à l'ensemble des Québécois.
En ce qui concerne les tarifs d'électricité,
l'article 27 du p.l. 69 propose de ramener l'intervalle de révision des
tarifs à trois ans. L'UPA soutient cette mesure qui permet de réduire les
risques de chocs tarifaires tout en limitant les coûts administratifs pour
toutes les parties prenantes. Cependant, nous tenons à souligner l'importance
de prévoir des modalités tarifaires particulières pour le secteur agricole. Les
entreprises agricoles, notamment les serres et les autres productions à haute
densité énergétique... intensité énergétique, pourraient être pénalisées par
une structure de tarifs progressifs. Il est crucial que les révisions
tarifaires prévues en 2026 tiennent compte des spécificités du secteur agricole
et prévoient des tarifs compétitifs et adaptés.
L'article 117 du p.l. 69 élargit les
motifs pour lesquels le personnel d'Hydro-Québec peut accéder sur les immeubles
sans autorisation préalable. Bien que l'UPA comprenne la nécessité des
dispositions de certains travaux, elle souligne l'importance et le respect
strict des protocoles de biosécurité et de certification qui exigent... qui est
exigé en milieu agricole. Nous recommandons donc que toute intervention serait
effectuée avec le plus grand respect de ces protocoles.
En conclusion, l'UPA soutient plusieurs
éléments du projet de loi, notamment la mise en place du PGIR, l'intervalle de
trois ans proposée par les dossiers tarifaires. Cependant, nous nous demeurons
préoccupés par l'impact futur des projets énergétiques sur le territoire
agricole et le potentiel acéricole, l'évolution des tarifs de l'électricité
pour notre secteur et l'instauration d'une vente privée de l'électricité
renouvelable. Nous appelons le gouvernement à adopter une approche équilibrée
et inclusive reconnaissant la valeur stratégique du secteur agricole dans les
transactions...
M. Caron (Martin) : ...les
transitions énergétiques du Québec, il est impératif que les changements
législatifs ne compromettre pas notre capacité de nourrir la population du...
des Québécois, tout en préservant nos terres agricoles. Nous espérons que mps
recommandations seront prises en compte pour un avenir énergétique qui soit au
bénéfice de tous les Québécois et Québécoises. Merci.
• (14 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période d'échange
avec les membres de la commission. Mme la ministre, la parole est à vous. Vous
disposez de plus de 16 minutes.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, merci, MM. Caron et Tougas, de votre
participation. C'est sûr que votre contribution, votre vision des choses est
importante, considérant la nature de vos activités. Et j'en sais quelque chose
puisque, dans mon comté, il y a près de 70 % du territoire qui est de
nature agricole. Alors, c'est sûr que vous êtes des acteurs importants,
incontournables dans cette réflexion et cette discussion. Alors, merci d'avoir
pris le temps de déposer un mémoire et puis de venir nous le partager.
Je me demandais quelles sont, en fait, vos
propositions pour que l'on puisse faciliter la transition énergétique,
considérant les impacts potentiels que peuvent avoir certaines sources
d'énergie sur les terres agricoles. Comment est-ce qu'on peut intégrer, dans le
fond, les préoccupations du milieu agricole dans la démarche dans laquelle on
doit s'inscrire, la transition énergétique avec, pour objectif, la
décarbonation d'ici l'année 2050? Quel rôle vous voyez pour le secteur agricole
dans cette réflexion-là et la mise en commun de nos actions respectives?
M. Caron (Martin) : Bien,
merci, Mme la ministre, pour la question. Puis, d'entrée de jeu, le PGIR va
nous permettre ça, d'avoir un plan de se doter puis d'avoir cette vision-là. On
le mentionne bien souvent par rapport aux territoires agricoles, des terres
agricoles, c'est moins de 2 % qu'on est capable de cultiver. C'est sûr
qu'il faut avoir une planification et éviter la zone agricole dynamique dans un
premier temps. Ça, c'est la base de tout.
Un autre élément qu'on a mentionné dans le
projet de loi, où est-ce qu'on dit qu'il faut enlever, c'est par rapport à
avoir des projets privés. Déjà, présentement, en Mauricie, on a un projet
privé, pour le nommer, TES Canada qui est là, et qui est arrivé, puis que ça a
fait vraiment beaucoup d'impact au niveau des terres agricoles puis beaucoup,
je dirais, d'inquiétude face aux producteurs, parce c'est un privé qui arrive
puis qui décide. Donc, cette vision-là, que ça passe par rapport à Hydro-Québec
puis d'avoir un plan, cet élément-là, je pense que ça nous sécurise. Ça permet
aussi d'avoir une vision un petit peu plus à long terme, comme on l'a eue aussi
avec le gouvernement, que ce soit sur la PNAAT, Politique nationale
d'architecture, d'aménagement du territoire, où est-ce qu'on se donne, avec les
OGAT, des orientations de travailler tout le monde ensemble. Mais il faut
vraiment éviter à tout prix les terres ou la zone agricole vraiment dynamique.
Et c'est pour ça, un plan, c'est un des atouts essentiels qu'on puisse se
parler.
Mme Fréchette : Donc, vous,
le milieu agricole doit absolument être préservé dans son intégralité, en
totalité, ou il y a moyen d'aménager...
M. Caron (Martin) : Quand on
parle des zones dynamiques agricoles, c'est vraiment des noyaux, puis ça, ce
n'est pas juste nous qui le disons. Même quand je parlais au niveau de la politique
nationale, ça avait été déjà dit. C'est, quand vous avez une zone agricole
dynamique, que c'est vraiment dynamique dans l'ensemble, n'allez pas faire
d'autres usages non agricoles là, parce qu'on vient de déstructurer cette zone
agricole là par rapport aux activités. Ça fait que, vraiment, on a déjà des
noyaux, qu'une zone dynamique agricole, il faut surtout éviter ces noyaux-là
puis ces endroits-là. Ensuite de ça, je pense qu'il y a des lignes qui s'en
vient pour acheminer l'électricité, mais, encore là, il y a des étapes qui sont
là. Puis, face à ça, il y a la régie, la Régie de l'énergie qui est là aussi,
qui est évaluée.
Mme la ministre, je fais juste rajouter un
point à votre question, c'est qu'ici, au Québec, dans les demandes qui sont
faites, puis, si on regarde d'un historique depuis 1998 à 2022, les demandes,
qui avaient été passées pour des parcs éoliens en zone agricole, 99 %
de... a accepté, pour les lignes de transport, 97 % des projets ont été
acceptés. C'est pour ça, quand je vous dis, le privé, on a une crainte par
rapport à ça, parce que, présentement, avec Hydro-Québec... Et d'ailleurs
Hydro-Québec, dans sa nouvelle stratégie, reconnaît l'importance de
l'agriculture puis de la biodiversité, pour nous, c'est pour ça qu'on veut vraiment
que les projets passent avec Hydro-Québec, qui ont cette notion-là de
préservation de ce territoire-là agricole.
Mme Fréchette : Quels sont
les critères qui, à votre avis, devraient justement nous guider pour
l'acceptabilité de projets dans le milieu agricole? Sur quoi, vous vous
baseriez?
M. Caron (Martin) : Bien,
dans les critères, il y a déjà des critères qui sont là par la zone, comme je
le disais, zone dynamique agricole, c'est un des aspects qui est là au niveau
de la commission. Ça fait que c'est vraiment un des aspects qu'il faut plancher
là-dessus. Puis la commission fait, entre autres, son...
M. Caron (Martin) : ...travaille
là-dessus. Puis c'est comme au niveau de la Régie de l'énergie. C'est un cadre
administratif indépendant, un tribunal administratif indépendant, je pense
qu'il faut être capables de s'en servir là-dessus. Puis je pense qu'on est
capables de faire les choses intelligemment au Québec, il s'agit qu'on puisse
s'entendre puis d'avoir un plan concret, entre autres.
Mme Fréchette : Ça fait que
quel est le rôle que vous vous associez pour que justement ça se passe bien
puis que ça respecte vous et vos critères, vos préoccupations?
M. Caron (Martin) : Bien, je
vous dirais que présentement, si je prends exemple avec Hydro-Québec, on a
quand même des ententes-cadres quand ils arrivent pour faire des travaux sur
les terres agricoles, et c'est les producteurs qui décernent. Mais il reste
qu'il y a quand même des ententes qui sont déjà conclues puis qui balisent des
choses. Ça fait que je pense qu'il faut continuer dans ce sens-là pour
s'assurer qu'on puisse, entre autres, faire des choses, mais des choses
intelligemment, puis qui ne mettent pas à risque qu'il y ait des impacts au
niveau des producteurs, productrices agricoles.
Mme Fréchette : Donc, vous
diriez qu'actuellement vous êtes consultés, en amont, suffisamment, en amont,
pour que la suite des choses se développe adéquatement?
M. Caron (Martin) : Moi, je
pense qu'il y a... Mme la ministre, je pense qu'il y a place à amélioration.
Parce que qu'est-ce qu'on a vu sur les derniers mois, quand c'est arrivé que
des promoteurs ont débarqué sur tout le territoire agricole, et on n'avait pas
cadré le terrain de jeu, où est-ce qu'ils pouvaient aller, c'est là que ça a
créé des impacts. Je vais utiliser le terme far west, là, c'est un peu ça. Des
gens débarquaient sur les fermes, là, directement, puis n'ayant pas cette
notion-là de préservation du territoire agricole. Il ne faut plus que ça
arrive, ces choses-là.
Mme Fréchette : Bon. Vous
nous parliez tout à l'heure d'une tarification spéciale pour le milieu
agricole. Pouvez-vous nous en parler un peu plus? Puis en quoi la tarification
actuelle vous désavantage, et qu'est-ce que vous verriez qui soit à améliorer?
M. Caron (Martin) : Je vais
commencer, puis David pourra compléter. Mais présentement, sur le développement
puis par rapport à l'autonomie alimentaire, on a, au niveau du Québec, une
priorité nationale du développement de la sécurité et de l'autonomie
alimentaire. Et d'ailleurs, le gouvernement a instauré un tarif privilégié pour
les producteurs de serre au Québec. Ça nous a permis de doubler les superficies
en producteurs de serre pour avoir, exemple, soit des fraises ou d'autres
légumes durant toute l'année, entre autres. Ça fait que ça, ça en est un
exemple aussi que ça a permis de développer ce secteur-là. Je ne sais pas si
David tu veux rajouter.
M. Tougas (David) : Oui.
Bien, en fait, là, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut tout simplement prendre
en compte des particularités du secteur agricole. On comprend qu'il y a des
économies de... notamment en puissance qui est recherchée. Du côté de certaines
productions, on ne peut pas nécessairement toujours s'effacer en pointe parce
que, je parle de la production laitière notamment, souvent la traite des
vaches, malheureusement, c'est en pointe du matin, en pointe du soir. Donc il
faut juste être conscients de ça puis adapter les tarifs en conséquence.
Puis, dans le fond, sans embarquer dans le
dossier tarifaire actuel, on voit déjà que... une volonté de tarifer les
surconsommateurs. Malheureusement, les producteurs, les productrices agricoles,
les entreprises agricoles, ils sont qualifiés par défaut de consommateurs parce
qu'ils consomment beaucoup dans le tarif D puis DP, donc... Ça fait qu'il faut
juste simplement avoir... être sensibles à cette réalité-là puis adapter les
tarifs en conséquence dans le futur.
Mme Fréchette : O.K. Dans
quelle mesure vous voyez que les agriculteurs puissent contribuer à une plus
grande efficacité énergétique? Est-ce qu'il y a vraiment des gains importants
qu'on peut espérer voir se développer? Est-ce que c'est déjà amorcé comme
phénomène, comme processus? Est-ce que, vos agriculteurs, vous les sentez
vraiment sensibilisés à ça ou il y a encore un autre tour de roue qui est à
faire? J'aimerais avoir votre... le pouls là-dessus.
M. Caron (Martin) : Moi, je
vous dirai oui, il y a place à amélioration. Mais il y a déjà quand même un
service qui est là puis qui pourrait... qui devrait être plus valorisé. On a un
service sur l'efficacité énergétique au niveau de nos entreprises agricoles.
C'est-à-dire, on a des conseillers qui peuvent venir puis évaluer par rapport
sur la façon qu'on utilise l'électricité présentement. Ça fait que ça, je pense
qu'on aurait place à amélioration de ce volet-là.
Puis, de l'autre côté, bien, il y a des
transferts qui se fait. On parle de décarbonation, entre autres. Mais, c'est
sûr, si on prend du côté acéricole, les producteurs acéricoles, il y a beaucoup
eu de demandes pour aller sur le triphasé parce que ça va diminuer au niveau
des demandes, que ce soient eux ou que ce soient nos producteurs de grains
aussi. On a des nouveaux systèmes de séchoirs qui sont mieux adaptés, puis avec
des systèmes ou des applications directement qui abaissent les demandes, etc.,
puis qui vont travailler dans des temps opportuns selon la température pour
sécher le grain. Ça a été beaucoup d'innovation et de technologie, puis ça, je
pense que c'est un investissement qu'il va falloir être capables de mettre en
place. Mais les producteurs, oui, on est prêts à faire face à ça puis à
diminuer notre empreinte carbone.
Mme Fréchette : L'empreinte.
Oui. Donc, vous voyez que c'est une sensibilité qui est suffisante. Est-ce que
les connaissances aussi sont suffisantes? Est-ce que c'est les coûts en
capitaux qui posent un enjeu surtout ou c'est la méconnaissance?
M. Caron (Martin) : Moi, je
vous dirai...
M. Caron (Martin) : ...c'est
les deux, c'est qu'il y a... Je pense qu'il faut être capable d'amener la
promotion. Puis, vous comprenez, en tant que producteur agricole, avec des
situations économiques présentement qu'on a vécu ces dernières années,
l'investissement n'est peut-être pas nécessairement là, mais j'y crois
beaucoup. Puis je reviens entre autres sur la décarbonation. Toutes nos
entreprises agricoles, que ce soit avec le changement climatique ou
l'adaptation à la transition écologique, je pense qu'il faut être capable... ça
fait qu'il va falloir qu'on ait un meilleur soutien par rapport à cette
efficacité énergétique là puis avoir un soutien au niveau... sur ces
investissements-là par rapport au niveau des infrastructures. Il y en a déjà,
mais je pense qu'on est capables d'aller beaucoup plus loin par rapport à cet
élément-là.
• (14 h 20) •
Mme Fréchette : Est-ce que
vous, vous êtes donnés, comme organisation, à un objectif de décarbonation?
M. Caron (Martin) : Je vais
laisser aller David peut-être sur un aspect puis je vais revenir après.
M. Tougas (David) : En fait,
comme organisation, UPA, non. Mais, par contre, il y a beaucoup de nos secteurs
spécialisés, là, qui se sont donné des cibles. Je sais que les producteurs de
lait visent la neutralité, là, dans 2050 puis je sais qu'il y a des plans, là,
de réduction de GES du côté des producteurs acéricoles. Donc, c'est nos
secteurs de production spécialisés affiliés à l'union qui se dotent de ce genre
de plan là.
M. Caron (Martin) : Si je
peux me permettre de rajouter, chacun de nos secteurs commence à avoir des
plans. Peut-être un des enjeux qu'on a, c'est qu'on ne doit pas juste viser la
décarbonation. Parce qu'en même temps on nous en demande beaucoup, on nous
demande d'augmenter la biodiversité au niveau de nos entreprises agricoles par
rapport à l'ensemble... parce qu'une entreprise agricole, c'est un écosystème,
et, à l'occasion, il y a des gestes qu'on peut y aller avec une décarbonation
mais qui va avoir un impact sur la biodiversité. Alors donc, on est dans un écosystème
qu'il faut voir un petit peu plus large que juste cet élément-là, mais c'est
élément-là est pris en compte et est très important.
Mme Fréchette : C'est sûr
qu'un des enjeux importants, là, dans la phase de transition énergétique, ça va
être l'acceptabilité sociale. Comment est-ce que vous voyez qu'on puisse
procéder pour susciter, générer davantage d'acceptabilité sociale, notamment
chez les agriculteurs, pour mettre en place des mesures qui vont nous aider à
atteindre l'objectif de décarbonation d'ici 2050? Ce n'est pas... Ce n'est pas
des enjeux faciles à gérer. Je pense que le fait d'inclure les gens le plus en
amont possible, ça peut aider. Est-ce que vous voyez des choses à garder en
tête ou une approche particulière à adopter pour qu'on puisse cheminer
ensemble?
M. Caron (Martin) : Vous
savez, Mme la ministre, ça m'ouvre la porte sur qu'est-ce que je vous ai
mentionné au tout début. Les producteurs, la première priorité qu'ils se
disent : Pourquoi que l'agriculture, l'agroalimentaire n'est pas un projet
de société, n'est pas le premier projet de société, vraiment une priorité
nationale? Ça, c'est un des éléments de base pour nous, de se faire reconnaître
par rapport au travail qu'on fait au quotidien. Ça fait que ça, c'est un des premiers
éléments. Puis, je pense, le deuxième élément, mais vous le mentionnez :
d'être plus en amont puis de regarder, parce que l'aménagement du territoire,
bien, on le sait, on... c'est nous qui avons des superficies au niveau du
Québec, puis il faut être capable de travailler ça ensemble. Il y a déjà des
schémas d'aménagement, des OGAT qui sont là puis qui disent de prioriser ces
terres-là. Moi, je pense, la confiance... l'acceptabilité va venir par rapport
à cette reconnaissance-là, vraiment, du monde agricole et du secteur
agroalimentaire et va être poussée pour dire qu'il ne faut pas juste soutenir
ce secteur-là, mais il faut investir dans ce secteur-là.
Mme Fréchette : ...qu'il y a
des nouvelles lignes, là, de transmission qui traversent des secteurs
agricoles. C'est... C'est fort probable qu'on en arrive à ça, là, avec
l'ampleur des... de la production additionnelle qu'on doit déployer. Comment
faire en sorte de bien préparer le terrain, entre guillemets?
M. Caron (Martin) : Oui,
c'est ça. Je ne le sais pas. David, si tu veux y aller...
Bien, je pense que... Dans le fond, si on
regarde de façon globale, M. Caron l'a mentionné, 2 % du territoire est
utilisé par les entreprises agricoles. Si on est capables, déjà là, d'exclure
la majorité des des chantiers de production énergétique, déjà là, on va faire
un gain parce que nécessairement, vous avez raison, on va... on va recevoir ces
lignes-là sur le territoire agricole, on va ramener l'énergie proche des
centres de consommation. Puis les centres de consommation, bien, ils se
trouvent qu'ils sont proches des centres de production agricole. Donc, si... Au
moins, si, la première étape, on est capables de limiter les effets, on n'aura
pas le choix de vivre avec le deuxième, où, heureusement, on a quand même une
entente-cadre avec Hydro-Québec sur les lignes de transport. On travaille
avec... avec Hydro-Québec depuis plusieurs... même plusieurs décennies avec
cette entente cadre là. Donc, on se connaît mutuellement puis on est habitués
de travailler ensemble, oui.
Mme Fréchette : Et qu'est-ce
que vous pensez de la production, par exemple, d'éthanol vert? Est-ce que c'est
le genre de production d'activité qui s'exerce déjà dans les rangs de vous...
de vos membres. Tout ce qui... tout ce qui concerne le biocarburant, en fait,
il y a là...
Mme Fréchette : ...secteur qui
est en émergence. On nous a... On nous en a parlé d'ailleurs hier pendant les
audiences. Est-ce que c'est quelque chose qui est discuté au sein de votre
organisation puis valorisé puis dans lequel les gens sont déjà engagés?
M. Caron (Martin) : Bien, il
faut mentionner que la création du secteur de l'éthanol ou proéthanol dans le
temps, ça a été quand même mis en place par rapport au niveau des producteurs
agricoles, des producteurs de grains entre autres, qui fêtent leur
50e anniversaire. C'est juste pour vous dire, déjà, on était à la base
là-dessus. Ça fait qu'il faut... il faut travailler ensemble. Puis c'est tout
au niveau de la transformation.
Il y a un chiffre qui est important. C'est
qu'ici au Québec présentement, sur les productions agricoles, 66 % de
toutes les productions agricoles sont transformées au Québec. Le reste des
autres provinces au Canada, c'est 25 %. Ça fait qu'on est habitués ici à
produire puis à le transformer. Puis je pense qu'avec une vision de
développement, puis de développement de l'agriculture, de l'agroalimentaire, je
pense qu'on est capables d'augmenter ça. D'ailleurs, on serait capables
d'augmenter la productivité ou la production de 23 % au niveau du Québec,
juste le secteur agricole, agroalimentaire. L'exemple que vous donnez, ça en
fait partie. Je pense qu'on est capables de transformer. Puis c'est ça qui
amène la plus-value, pas juste la plus-value pour le Québec, mais pour chacune
de nos régions aussi.
Mme Fréchette : Et est-ce que
vous favorisez l'autoproduction de vos membres, l'autoproduction d'énergie pour
que vos membres deviennent autonomes, si on veut?
M. Caron (Martin) : Il y a
quelques producteurs qui ont commencé à faire ça pour trouver des façons de
faire. On peut penser au niveau solaire, quelques bâtiments, des nouveaux
bâtiments, mais c'est vraiment rattaché sur les bâtiments, soit sur les toits
ou sur le côté. Ça fait qu'il y a des façons de faire comme ça pour le côté
énergétique. Il y a d'autres éléments aussi qui ont été travaillés.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
En conclusion.
M. Caron (Martin) : Mais
c'est peu. C'est peu pour qu'est-ce... qu'est-ce qu'on peut faire.
Mme Fréchette : Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à la
députée de Saint-Laurent pour plus de 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Tantôt, vous avez parlé de sécurité
alimentaire. Qu'est-ce que vous craignez?
M. Caron (Martin) : La
première affaire, quand on parle de sécurité alimentaire, c'est le territoire
agricole. C'est moins de 2 %. Les gens, peut-être, les députés ne sont pas
au courant, mais ici, on a le plus bas ratio par habitant par hectare. C'est
0,24 hectare par habitant. En Amérique, là, on est le plus bas ratio, là,
de terre. Puis la population augmente, ici, au Québec. Et on se fait gruger.
Puis, veux veux pas, on a une pression sur les terres agricoles. Ça fait que
pour nous, quand on parle de sécurité alimentaire, le premier outil qu'on a
pour faire de l'agriculture, c'est les terres agricoles. Ça fait qu'il faut
être capables de les préserver puis de les protéger davantage. Et d'ailleurs,
le ministre, M. Lamontagne, a lancé une consultation là-dessus. Puis on
continue à vouloir protéger. Mais la sécurité alimentaire, c'est cet aspect-là.
Puis on l'a vu dans le temps de la pandémie, où est-ce que le côté alimentaire
est venu comme un besoin essentiel. Puis je pense qu'on fait des bonnes choses
ici, au niveau du Québec. Comme je l'ai mentionné tantôt, les ratios sont là
pour démontrer qu'on fait de l'agriculture, mais qu'on la transforme ici.
Mme Rizqy : Puis, si je
continue sur la même veine, justement, durant la pandémie, on a vu, c'était
déjà un service essentiel, l'alimentaire, mais c'est surtout au niveau de la
chaîne d'approvisionnement qu'on s'est rendu compte que malheureusement, on
avait une grande dépendance. Je vous vois hocher de la tête. Est-ce que ça, ça
fait en sorte que plus on gruge sur nos terres, ça va faire en sorte que notre
dépendance va continuer de s'accroître?
M. Caron (Martin) : Bien,
c'est sûr que c'est... c'est un élément quand même assez important. La base de
tous les pays, c'est d'avoir leurs terres pour être capables de nourrir puis de
décider, eux, de quelle façon qu'ils veulent faire cette nourriture-là. Nous,
ici, on a des ententes sociétales avec la population sur une façon de faire les
aliments comparativement à d'autres pays. Ça fait que, donc, ça nous met à
risque aussi de ce côté-là, sur la sécurité et l'autonomie alimentaire aussi.
Mme Rizqy : On s'entend que
tout ce qui est importé, bien, n'arrive pas ici par magie. Ça vient par camion,
ça vient... ça cause des GES, n'est-ce pas?
M. Caron (Martin) : Exactement.
Puis c'est un des aspects pourquoi qu'on a lancé une application Mangeons
local, entre autres, qui regroupe 1 200 producteurs qui sont bien
ciblés pour les achats locaux. Parce que le premier geste au quotidien que les
citoyens, citoyennes peuvent faire, c'est acheter des produits locaux.
D'ailleurs, on est le seul endroit ici, au Québec, où le nombre d'entreprises
agricoles s'est maintenu ou a augmenté légèrement comparativement aux autres
provinces où est-ce qu'il y a eu des diminutions. Ça fait que je pense qu'on
démontre l'effort. Mais, comme je vous dis, on a quand même des enjeux de
transfert de nos fermes, et cet enjeu-là, ça va nous frapper très bientôt. Ça
fait qu'il faut trouver une façon de faire aussi pour avoir des gens qui vont
continuer, mais avoir cette vision-là, de priorité nationale.
Mme Rizqy : J'ai vu dans
d'autres juridictions que dans plusieurs, il y a les fermes et l'agriculture,
mais sur les bâtiments, ils ont...
Mme Rizqy : ...ils ont
installé des... beaucoup, beaucoup de panneaux solaires. Au Québec, je le vois
un peu moins. Qu'est-ce... C'est quoi, le principal frein? Parce que je pense
que vous avez... vous en avez dans vos membres qui sont prêts à le faire, mais
qui n'ont peut-être pas les outils nécessaires pour être accompagnés là-dedans.
• (14 h 30) •
M. Caron (Martin) : Mais
justement on en parlait. Je vais laisser aller David là-dessus.
M. Tougas (David) : Bien, en
fait, à ma connaissance, c'est surtout un enjeu économique, là, c'est-à-dire
que... bien, en fait, on a déjà accès à l'électricité verte par le réseau de
distribution, alors, dans le fond... Et, la plus-value, mettons, si on parle
aux États-Unis, il y a une plus-value à produire sa propre énergie solaire
compte tenu que qu'est-ce qu'ils reçoivent sur le réseau de distribution n'est
pas nécessairement vert. Au Québec, on n'a pas cet enjeu-là. Donc, c'est le côté
économique, c'est-à-dire que ce que j'en comprends, c'est que les panneaux
solaires, bien que ça coûte de moins en moins cher produire de l'électricité à
partir de panneaux solaires, on n'est pas encore rendus à un point où est-ce
que ça va coûter moins cher pour produire notre propre électricité que ce qu'il
nous est fourni par Hydro-Québec.
Mme Rizqy : Aux États-Unis
puis en Colombie-Britannique, l'achat non seulement des panneaux solaires ainsi
que la batterie de stockage sont subventionnés. Est-ce que ça pourrait être un
souhait formulé par l'UPA, pour vos membres, pour vous aider?
M. Caron (Martin) : C'est
sûr. C'est sûr que je pense que c'est un des aspects. Entre autres, quand des
producteurs sont capables d'avoir accès là-dessus, il faut juste faire
attention à ça, c'est qu'on veut vraiment des panneaux solaires sur les
bâtiments...
Mme Rizqy : Oui.
M. Caron (Martin) : ...et non
dans les champs, parce que, là, on vient de se tirer dans le pied.
Mme Rizqy : Ce serait
contre-productif.
M. Caron (Martin) : Absolument.
Ça fait que je pense que c'est un des aspects. Mais il faut réaliser quelque
chose, le côté solaire est intéressant, mais en même temps on a un petit frein
parce que... vu qu'on est dans un endroit de nordicité. Ça fait que c'est sûr,
le soleil est moins là durant l'hiver. Ça fait que, durant l'hiver... on prend
exemple des producteurs acéricoles, quand ont fait les travaux, ça fait que,
même si j'ai des panneaux solaires, ça ne peut pas combler parce que le temps
d'ensoleillement est moins... est moins là, là. Ça fait qu'il faut juste être
capable d'adapter, là...
Mme Rizqy : Ça s'est quand
même grandement amélioré, même en hiver, on a eu un expert qui est venu nous en
parler. Dans votre mémoire le point quatre, vente directe d'électricité
renouvelable. Qu'est-ce que vous craigniez?
M. Caron (Martin) : Bien,
tantôt on l'a mentionné, ce que nous, on a des ententes avec Hydro-Québec, on a
cette vision-là du côté collectif, on ne va pas revenir en arrière. Puis,
durant notre 100 ans... il faut juste dire quelque chose. Dans les
années 45, là, quand ça l'a commencé, l'électrification, là, bien, c'était
privé. Et qu'est-ce qui arrivait? Bien, l'électricité était juste en ville et
non dans les campagnes. Il a fallu que les producteurs s'unissent ensemble pour
former des coopératives pour s'assurer du développement, entre autres, de tous
les systèmes pour avoir de l'électricité. Ça fait qu'on ne veut pas qu'il y ait
des privés puis qu'ils s'installent, puis là on rajoute toutes des
infrastructures où le gouvernement ou d'Hydro-Québec ne le contrôlera pas. Et
là ça va mettre d'énormes pressions et ça va déstructurer cette zone dynamique
agricole là, que j'ai parlé tantôt. Ça fait que c'est ça, le risque qu'on voit.
C'est pour ça, nous, on se dit : Bien, c'est un bien collectif, c'est
nationalisé, ça doit être là, puis c'est une vision pour la collectivité du
Québec, entre autres.
Mme Rizqy : ...vous
craigniez, par exemple, que... là, en ce moment, il y a deux enjeux, là, on
cherche les mégawatts, là, tout le monde en cherche, que, si, par exemple,
Hydro-Québec n'est pas capable de vous raccorder, ils vous disent : Ah!
bien, parfait, regardez, l'article 38 a été adopté, il y a un producteur
qui est adjacent à une terre agricole, arrangez-vous avec celui-ci pour vous
fournir au prix que celui-ci voudra vous facturer.
M. Caron (Martin) : Oui. Puis
je l'ai mentionné tantôt, on vit déjà quelque chose dans le coin de la Mauricie
avec TES Canada puis qu'on ne veut pas revivre. Parce que, les producteurs, là,
ça l'a des impacts... sur l'acceptabilité sociale d'eux-mêmes, les producteurs
qui ne veulent pas les voir, puis en même temps... le côté des citoyens et
citoyennes. Ça fait qu'on ne veut pas vivre qu'est-ce qui s'est passé avec ce
projet-là puis de l'avoir un peu partout au niveau du Québec. Ça fait que je
pense qu'il faut être vraiment... C'est pour ça qu'on est préoccupés puis qu'on
veut enlever cet article-là.
Mme Rizqy : Est-ce que vous
avez fait part de vos préoccupations de TES Canada à l'ancien ministre, M.
Fitzgibbon?
M. Caron (Martin) : On a fait
part de ça. C'est la fédération régionale, entre autres, qui en a fait part sur
ce côté-là, sur cet élément -à. D'ailleurs, il y a eu des rencontres qui ont
été faites avec notre organisation régionale en... avec cette compagnie-là
aussi pour voir tout cet impact-là. Puis ça me permet juste de vous dire
quelque chose, hein? Parce que, ça, je l'entends beaucoup : Bien là, on
place juste des éoliennes ou c'est des tours. C'est juste vous dire, dans tous
ces travaux-là, il y a tout des chemins d'accès, là. Puis ça, c'est sur nos
terres agricoles. Les éoliennes, ce n'est pas Bluetooth, là, c'est tout des
fils, tout ça, là. Ça fait que c'est tout ça, là. Ce n'est pas juste le carré
de l'éolienne ou de la structure. C'est juste ça qu'il faut comprendre, là.
Parce que nous, on le vit...
14 h 30 (version non révisée)
M. Caron (Martin) : ...parce
que c'est nous qui travaillons sur les terres. Ça fait que c'est ça qu'il faut
juste voir quand dans une zone dynamique, quand on passe ça bien, directement,
il y a des chemins, puis il y a des accès qui sont là, ça fait que ça brise
beaucoup plus puis ça amène, entre autres, une déstructuration de l'homogénéité,
entre autres, de tout le domaine agricole.
Mme Rizqy : Dites-moi donc,
vous avez fait part de vos préoccupations au gouvernement, donc, ils vous ont
entendu, mais est-ce qu'on vous a écouté?
M. Caron (Martin) : Bien,
moi, je pense que sur cet aspect-là, TES, c'est une affaire. Aujourd'hui, on
est là par rapport à ce projet de loi là. Puis, comme je l'ai mentionné tantôt
à la ministre, il y a des choses qui sont passées dernièrement, plus à l'automne
passé, puis qu'on ne veut pas revivre. Je pense que, là, aujourd'hui, on est
avec un projet de loi où est-ce qu'on parle d'un PGIRE qui est intéressant, qu'on
va avoir un plan de travail. Mais, pour nous, c'est sûr que l'article 38, d'enlever
au niveau du privé, est quand même assez important.
Mme Rizqy : Donc, si je veux
bien résumer votre propos pour que ça soit clair, là. Quand vous me parlez de
TES Canada, vous avez fait part de vos préoccupations au gouvernement parce que
ça a un impact sur les terres agricoles. Mais là, l'article 38 nous est encore
inscrit. Vous, vous craignez que TES CANADA soient multiplié à travers l'article
38 partout au Québec, notamment sur vos terres agricoles?
M. Caron (Martin) : Absolument,
absolument. C'est qu'on ouvre la porte à ça avec pas beaucoup de contrôle.
Nous, ce qu'est-ce qu'on voit présentement dans le projet de loi, et c'est pour
ça d'ailleurs qu'on a demandé de retirer cet article-là.
Mme Rizqy : Est-ce qu'on vous
a dit c'était quoi, l'intention du gouvernement par rapport à cela ou non?
M. Caron (Martin) : Non. Je
vous dirais que c'est. On est dans les premières discussions présentement, là,
puis je pense que la commission, elle donne la place pour dire nos enjeux qu'on
a, parce qu'on représente quand même l'ensemble des producteurs agricoles.
Le Président (M. Montigny) : 30
secondes.
Mme Rizqy : Est-ce que 30
secondes, je vais les prendre pour vous dire merci parce que, oui, on parle
beaucoup en ce moment d'énergie, mais tout ce que... les membres que vous
représentez font au quotidien, très tôt, très tard, la nuit, sept jours sur
sept pour nourrir les Québécois et les autres. Un sincère merci, ce n'est pas
toujours facile. Ça n'a pas été évident, mais sincèrement, je lève mon chapeau
parce que ce n'est pas tout le monde aujourd'hui qui voudrait être producteur
agricole.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre mémoire et votre présence. C'est drôle
qu'on parle de TES Canada. J'ai déposé moi-même une pétition aujourd'hui même
qui m'avait été demandée par des citoyens de Mauricie qui s'opposent justement
à la privatisation de la production d'électricité et au projet TES Canada
particulièrement, qui pose toutes sortes de problèmes, y compris au niveau des
terres agricoles d'ailleurs. Je sais que votre section de Mauricie a été beaucoup
plus, est allée encore plus loin pour dire nous, on ne veut plus aucune
éolienne sur nos terres, un point c'est tout. Je comprends que votre position
dit : Bien, avec pour les gros poteaux, on a déjà un accord-cadre et puis
il peut bien y avoir des exceptions, mais a priori on veut plus avoir de la
production de nouvelles énergies sur nos terres. Avant vous, on a écouté les
syndicats d'Hydro-Québec nous expliquer toutes sortes de problèmes techniques
qui sont dus au fait d'avoir des productions privées. J'aimerais vous écouter.
Est-ce que je comprends bien que le fait que s'il y a une multiplication d'acteurs
privés qui vont faire comme TES Canada mettre des éoliennes, ça vous complique
la vie par rapport à un accord-cadre que vous avez une fois pour toutes sur
plusieurs décennies avec Hydro-Québec? C'est bien ça?
M. Caron (Martin) : Oui, c'est
bien ça. Puis je rajoute des éléments nouveaux, ce qu'est-ce que j'ai dit :
des producteurs ont engagé dans différents secteurs sur la décarbonation en
même temps qu'est-ce qu'on nous demande que ce soit fédéral, provincial de
répondre aux enjeux de la biodiversité, de la sécurité alimentaire. Et ça, c'est
des COP qu'on doit aller internationales. On a eu quelque chose ici au mois de
mai dernier à Québec, entre autres, en lien avec ça. Pour la première fois, sur
300 personnes qui étaient là, il y avait 100 producteurs agricoles, dont 66
producteurs agricoles, pour lancer un cri, là : la biodiversité des
producteurs, c'est la solution par rapport à lutter contre les changements
climatiques, c'est la solution. Mais ça, on a besoin de nos terres agricoles,
puis de nos forêts pour faire ça, parce que les gens ne savent pas, mais
25 % de la biodiversité se retrouve dans les terres agricoles. Quand vous
mettez de l'asphalte puis du ciment, c'est fini à jamais. Ça fait que quand on
commence à faire des chemins, des voies d'accès pour ces endroits-là ou d'autres,
bien, c'est ça, là, qu'on draine puis c'est ça qu'on s'enlève comme...
M. Caron (Martin) : ...en tant
que producteur agricole. Ça fait que c'est un enjeu. Ça fait que, puis je veux
bien préciser, nous ne sommes pas contre les éoliennes, nous sommes juste
contre quand on met ça dans une zone dynamique agricole, c'est la différence.
Il faut être capable de planifier, d'aménager ça vraiment directement, mais
quand on laisse aller les privés là-dessus, nous, on pense qu'on il va y avoir
une perte de contrôle, là, puis il va y avoir une perte d'acceptabilité sociale
aussi en même temps.
• (14 h 40) •
Le Président (M. Montigny) : 30 secondes.
M. Bouazzi : Surtout,
98 % des terres ne sont pas agricoles, si 2 % des terres sont
agricoles, donc ça laisse la place pour mettre ailleurs. Et je rajouterai aussi
que la base en béton de... est absolument immense, c'est des éoliennes de plus
de 200 mètres, hein, plus haut que la place Ville-Marie, elles font trois
mètres de profondeur et quand on les enlève, on enlève juste le premier mètre
de béton pour mettre de la terre, ça fait que c'est des terres qu'on perd à
tout jamais. Merci beaucoup. On va beaucoup tenir compte de vos propositions
dans les analyses.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon pour 2 min 38 s.
M. Paradis : Très bien. Alors
donc, vous, l'UPA s'oppose totalement à l'article 38, qui élargit la
notion d'autoproduction ou la soi-disant autoproduction, parce que, je vous
cite, «c'est une première étape vers l'institutionnalisation de la vente privée
d'électricité au Québec», c'est bien ça? Ensuite, vous nous rappeler que les
terres agricoles, c'est précieux et que, selon certaines expériences de vos
membres, il est arrivé des cas où les entreprises privées débarquent comme dans
le Far West, c'est bien ce que vous nous avez dit.
M. Caron (Martin) : Oui.
M. Paradis : Ce qui est
intéressant, c'est que vous nous rappelez aussi qu'Hydro-Québec a un plan pour
le développement de l'éolien qui rappelle, je le cite, que «la protection de la
biodiversité et du territoire agricole est un élément important qu'il faut
intégrer dans la planification». Et ce que vous nous dites dans votre mémoire
et dans votre témoignage, c'est qu'à défaut de connaître la vision du plan
du... et le plan du gouvernement en matière de production, le projet de loi
n° 69, lui, l'article 38 ne respecte pas, ne cadre pas ou n'est pas
bien aligné par rapport à cette priorité-là fixée par Hydro-Québec, c'est bien
ça?
M. Caron (Martin) : Oui,
absolument, c'est bien ça. Puis je rajoute là-dessus, c'est quand on a une
entente avec Hydro-Québec, comme ça vient d'être mentionné, juste pour vous
dire, sur les piliers, les choses, il y a déjà des ententes qui sont prévues à
la hauteur où est-ce que les lignes de transport vont se faire au niveau des
sols, du top soil, de quelle façon gérer le top soil... toutes les choses sont
balisées avec Hydro-Québec présentement, là, mais... qu'on arrête le privé,
bien, on ne le sait pas. Puis que s'il arrive dans 20 ou 25 ans, ces
outils-là qui sont défaits, mais de quelle façon qui vont être défaits? Est-ce
qu'on a une garantie? Présentement, quand on fonctionne avec Hydro-Québec, s'il
y a des balises, puis on est habitués de travailler avec eux autres, puis il y
a un respect de ces normes-là. Et là, du côté privé, bon, on se dit :
O.K., ça va aller. Mais comment qu'on va être capables? Est-ce qu'on va faire
des ententes privées avec tous ces gens-là? Nous, on n'y croit pas, puis c'est
un élément pourquoi qu'on demande d'enlever l'article 38.
M. Paradis : ...donc, non
seulement cet article-là, le projet de loi n° 69 ne respecte pas les
propres orientations d'Hydro-Québec, mais vous nous dites aussi, dans votre
mémoire, que ça pourrait compromettre l'atteinte des objectifs gouvernementaux
en matière de décarbonation par l'appropriation des ressources par le secteur
privé, c'est bien ça?
M. Caron (Martin) : Oui.
M. Paradis : Il me reste quelques
secondes, mais je comprends que je n'aurai pas le temps.
Le Président (M. Montigny) : 20 secondes.
M. Paradis : Avez-vous
quelque chose à ajouter sur cette question-là?
M. Caron (Martin) : Non, mais
je pense qu'on a tout dit. Puis un grand merci à tout le monde de nous avoir
écoutés. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Je
vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants
pour permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 14 h 43)
(Reprise à 14 h 47)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
nous reprenons nos travaux. Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Assemblée des premières nations, Québec, Labrador. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons par la suite à une période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé
quand vous le désirez.
M. Picard
(Ghislain) :(S'exprime dans une langue
autochtone).Bonjour à toutes et à tous, M. le Président, Mme la
ministre, les membres de cette commission. Permettez-moi tout d'abord de
reconnaître que nous sommes sur un territoire ancestral non cédé, et je tiens à
remercier le territoire qui nous permet ce dialogue aujourd'hui. Je tiens
également à remercier la Commission de l'Agriculture, des Pêcheries, de
l'Énergie et des Ressources naturelles qui permet que la voix des premières nations
trouve sa place dans le cadre de vos travaux sur cet important projet de loi
qui aura des impacts sur nos territoires et nos relations de gouvernement à
gouvernement.
Je me permets, à ce moment-ci, de
reconnaître que nous avons des collègues, des chefs et des grands chefs qui
sont avec nous aujourd'hui, qui nous accompagnent. Et je me permettrais
peut-être, pour la période questions et réponses tout à l'heure, de les
présenter un après l'autre. Notre présence aujourd'hui, en tant que gouvernement
des premières nations aux travaux de la commission, doit être reçue par votre
gouvernement comme une démonstration de notre bonne foi. Néanmoins, notre
présence et notre participation ne peuvent pas constituer une consultation avec
les Premières Nations, selon notre définition. Et nous sommes... nous sommes
détenteurs de droits et beaucoup plus que des parties prenantes. Tous nos
gouvernements doivent être consultés en bonne et due forme.
Ceci dit, notre volonté est de participer
au développement énergétique dans un partenariat réel, inclusif, significatif,
qui bénéficie à l'ensemble de nos populations. Le gouvernement du Québec doit
agir dans le respect de l'honneur de la couronne, comme lui a récemment rappelé
la Cour supérieure du Québec. Un forum distinct de consultation qui cherche à
obtenir le consentement préalable, libre et éclairé des premières nations, doit
suivre la démarche de cette commission parlementaire. Notre droit à
l'autodétermination est inhérent à nos peuples, tout comme le titre aborigène
et nos droits ancestraux. Nos gouvernements ont leurs propres structures de
gouvernance et elles nous permettent d'établir des relations politiques de
gouvernement à gouvernement - au pluriel. C'est donc également dans cette
position que nous nous présentons aujourd'hui...
M. Picard
(Ghislain) :...les droits des Premières
Nations en lien avec le territoire, les ressources et l'énergie qu'on peut en
tirer sont très concrets, d'une importance indéniable en matière de
développement, et n'ont jamais été et ne sont pas des obstacles au
développement. Le gouvernement actuel de la province de Québec doit mettre un
terme à son interprétation erronée de la Déclaration des Nations Unies sur les
droits des peuples autochtones. Il doit plutôt dès maintenant y donner suite,
donner suite à l'engagement pris en octobre 2019 par votre Assemblée nationale
le dirigeant... dirigeant le gouvernement d'engager avec nous des discussions
pour sa mise en œuvre.
• (14 h 50) •
L'APNQL, que je représente, le rappelle
régulièrement au gouvernement provincial. Et je me dois de le réitérer encore
aujourd'hui. Il est essentiel d'inscrire dans le rapport de la présente
Commission l'obligation pour le gouvernement provincial de respecter les droits
des Premières Nations dans ses législations politiques et réglementations
touchant les territoires, les ressources et le développement énergétique.
En janvier dernier, les chefs de
l'Assemblée des Premières nations Québec Labrador ont adopté une résolution sur
la position politique sur l'énergie qui fait consensus, que vous allez
d'ailleurs retrouver dans notre mémoire. L'avis déposé présente de façon
détaillée notre position. Également, l'APNQL veut se présenter avec des
solutions concrètes qui nous mènera vers une ère renouvelée de relations
respectueuses et bénéfiques.
L'APNQL est en effet plus que jamais
convaincue que les relations entre les gouvernements des Premières Nations et
les autres gouvernements, notamment celui de la province de Québec, méritent
que soit établi un cadre de relations qui soit à la hauteur du mandat que nous
confient nos populations. L'idée d'un forum permanent de relations et d'échange
entre nos... entre nos gouvernements respectifs a été annoncée à plusieurs
reprises, et ce, depuis le gouvernement Lévesque de 1983. L'APNQL travaille à
mettre sur pied une instance formelle qui accueillera les représentants des
autres gouvernements, dont celui de la province de Québec, à un forum dont
l'objectif sera de développer des relations intergouvernementales paritaires et
permanentes.
Je me tourne maintenant du côté du chef
Gilbert Dominique pour la suite.
M. Dominique (Gilbert) : «Tshinashkumitin»,
Ghislain. «Kwaï...» Moi aussi, je très heureux d'être ici pour avoir un
dialogue transparent, structurant entre deux niveaux de gouvernement qui
occupent le même territoire, probablement un des plus beaux territoires au
monde, celui que nous partageons.
Pour ma part, je vais vous partager de
façon un peu plus détaillée les principes qui font consensus et qui doivent guider
nos travaux et notre partenariat pour la transition énergétique et le
développement économique.
Les Premières Nations ont le droit de
décider du développement sur leur territoire et leurs eaux. Les gouvernements
des Premières Nations ont la compétence pour déterminer du développement
énergétique sur leur territoire. Il est impératif que le projet de loi reflète
la place inhérente des Premières Nations dans la gouvernance de l'énergie au
Québec.
Les Premières Nations doivent ainsi être
représentées significativement, notamment sur le conseil d'administration ainsi
que dans les postes de direction, des postes-clés, des postes stratégiques
d'Hydro-Québec.
Cette collaboration de gouvernement à
gouvernement doit également s'inscrire dans l'élaboration de toute politique,
de toute stratégie énergétique susceptibles d'affecter nos territoires, les
eaux et les ressources de nos Premières Nations, y compris le plan intégré...
le Plan de gestion intégrée des ressources énergétiques, communément appelé le
PGIRE.
Les Premières Nations ont le droit de
produire, d'acquérir, de vendre, de transporter et de distribuer de
l'électricité. Les projets réalisés par les Premières Nations ou en
codéveloppement avec celles-ci font partie de la solution pour réaliser la
transition énergétique.
Les Premières Nations doivent jouir d'un
droit de préférence en leur faveur pour toute aliénation d'immeubles
d'Hydro-Québec. Seules les Premières Nations, à titre de détentrices des droits
sur leurs territoires, doivent pouvoir distribuer de l'électricité, à
l'exception d'Hydro-Québec.
Les Premières Nations sont préoccupées par
la forme actuelle du projet de loi n° 69, qui ouvre la porte à un
approvisionnement direct des industriels auprès de producteurs privés,
entraînant une pression accrue sur nos territoires.
La participation des Premières Nations
dans les projets et les infrastructures énergétiques doit être facilitée par la
création de mécanismes de financement...
M. Dominique (Gilbert) : ...gérés
par les Premières Nations et par la mise en place d'un ensemble de mesures
fiscales adaptées à leurs réalités.
Les gouvernements des Premières Nations
doivent pouvoir conclure des ententes avec Hydro-Québec sans l'approbation du
gouvernement du Québec. Le cadre juridique actuel complique la conclusion
d'ententes entre Hydro-Québec et les Premières Nations et nie le droit des
Premières Nations à s'autogouverner. Hydro-Québec doit prioriser des
partenariats avec les Premières Nations dans tous ses projets. Une cible minimale
d'approvisionnement auprès des entreprises des Premières Nations doit être
fixée dans le projet de loi.
Les Premières Nations exigent des mesures
pour réduire la demande énergétique et la pression croissante exercée sur leur
territoire et leurs eaux. L'efficacité énergétique est un pilier essentiel de
la transition énergétique. La ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie doit également en faire sa mission.
Il est grand temps que les Premières
Nations bénéficient de l'exploitation et de l'occupation de leur territoire par
les promoteurs énergétiques, incluant Hydro-Québec, et qu'elles en reçoivent
les redevances. Des mesures doivent être prises en place dans le projet de loi
n° 69 afin de respecter les droits des Premières Nations. Les Premières
Nations doivent avoir la possibilité d'être actionnaires d'Hydro-Québec afin
d'obtenir une juste part des dividendes et des retombées de l'exploitation de
leur territoire.
Pour leur consommation d'électricité, les
Premières Nations doivent disposer de tarifs et de mesures fiscales adaptées à
leurs réalités, à leurs besoins et à leurs droits.
Hydro-Québec tient sa réussite de
l'exploitation des ressources qui se trouvent sur le territoire sur lequel les
Premières Nations détiennent des droits, et le Québec en bénéficie directement.
Or, le développement a eu des impacts majeurs sur leurs droits et leur
territoire. Les Premières Nations doivent être compensées pour la perte et les
dommages passés et actuels en lien avec l'exploitation du territoire et le
développement énergétique, et ce, au moyen d'une indemnisation juste et
équitable.
En conclusion, les Premières Nations ne se
veulent pas un frein au développement. Cependant, nous affirmons notre place
centrale et légitime dans cette transition et de développement énergétique,
elle est fondamentale et non négligeable. Il est temps pour le gouvernement du
Québec de concrétiser notre place à part entière dans l'avenir énergétique.
Le Président (M. Montigny) : (S'exprime
dans une langue autochtone). Merci beaucoup.
M. Dominique (Gilbert) : (S'exprime
dans une langue autochtone).
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Maintenant, le temps étant écoulé...
Une voix : ...
Le Président (M. Montigny) : ...vous
pouvez laisser davantage de temps. Est-ce que vous aviez eu le temps de
compléter? Mme la ministre vous donne un peu de temps. Je suis désolé.
Alors, Mme la ministre, maintenant, la
parole est à vous. Vous disposez d'un peu plus de 16 minutes.
Mme Fréchette : D'accord.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, MM. les chefs Picard et Dominique, je
tiens à vous remercier grandement d'être venus à notre rencontre. C'est
vraiment une grande opportunité pour nous de tenir ce débat sur un projet de
loi qui est important et pour lequel les Premières Nations sont des alliés de
premier niveau. Alors, merci d'avoir partagé votre point de vue, d'être venus
nous le présenter, et j'espère que nos discussions nous permettront d'avoir des
avancées constructives pour la suite des choses.
Je voyais que mon prédécesseur, M.
Fitzgibbon, a annoncé le 4 juin dernier, alors qu'il y avait une rétroaction,
là, suite à des discussions qu'il avait eues avec vous, qu'il avait été décidé
de créer une table Québec-Premières Nations et Inuit sur l'énergie afin de
favoriser une meilleure participation des communautés et des organisations
autochtones à l'élaboration du PGIR, qui était quand même un élément clé du
projet de loi n° 69.
Alors, je me demandais : Quel est
votre point de vue sur le déroulement de ces travaux, de cette table de
concertation qui a été mise sur pied? Est-ce que ça... ça avance à votre
satisfaction? Est-ce qu'il y a des possibilités que vous entrevoyez pour
assurer une bonne participation des différentes Premières Nations qui sont
conviées à cette table?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, je peux peut-être
tenter une réponse et demander à mon collègue de compléter, certainement. Mais
je vais me permettre de présenter les chefs qui nous accompagnent
aujourd'hui : le chef Réal McKenzie, de la première nation innue de
Matimekush, le chef Mike McKenzie, de Uashat mak Mani-Utenam, première nation
innue également, le chef Réal Tettaut, première nation innue de Nutashkuan, le
grand chef Rémi Vincent, Huron-Wendat... nation Huron-Wendat, à Wendake, et le
conseiller Jérôme Bacon St-Onge, de la première nation innue de Pessamit.
Donc, à votre question...
M. Picard
(Ghislain) :...c'est clair que ce que
nous aurions souhaité avant tout, c'est qu'on puisse disposer d'un processus
qui respecte le statut de gouvernement que nous affirmons au nom des
communautés qui siègent à notre table. Donc, un processus qui se situe en
dehors de vos... du processus dans lequel nous sommes engagés aujourd'hui. Nous
acceptons de... en quelque sorte de participer à vos travaux, malgré nous, et
nous aurions souhaité qu'il y ait une place beaucoup plus importante qui soit
accordée devant les intérêts que nous représentons.
• (15 heures) •
Donc, le PGIR est un accessoire important
en marge du projet de loi n° 69, ça, nous le comprenons très, très bien et
je pense que ça mérite une discussion approfondie entre le gouvernement et les
gouvernements que nous représentons. Et c'est très clair que nous voulons être
proactifs dans la démarche, mais dans la mesure où une partie ne conditionne
pas l'autre, et ça, c'est extrêmement pour nous. Est-ce que... est-ce que... on
ne veut pas se retrouver subordonnés à une démarche, c'est pour ça que nous
avons été extrêmement réticents... hésitants plutôt, jusqu'à maintenant, à
emboîter le pas au niveau du... pas au niveau du PGIR, dans la structure qui
nous était soumise. Est-ce que c'est possible de revoir tout ça? C'est... c'est
vraiment une question aussi qui vous appartient. Je sais qu'a été notamment soulevée
la possibilité que le PGIR soit un peu plus... un peu plus indépendant du
gouvernement. Et ça, c'est quelque chose qui, à nos yeux, semble aussi
intéressant.
Mme Fréchette : Les
changements climatiques, bon, nous affectent tous, mais je pense que les
Premières Nations sont au rang de ceux qui sont parmi les plus impactés. En
termes de finalité du processus, derrière le projet de loi n° 69, il y a
cette idée de décarboner la société, notre objectif étant d'avoir une
décarbonation d'ici 2050. Est-ce que... est-ce que vous partagez cette
finalité, cet objectif? Est-ce que c'est quelque chose que vous avez fait
vôtre?
M. Dominique (Gilbert) : Oui,
absolument. On partage entièrement, là, ces visés, parce qu'effectivement le
message que nos aînés qui occupent encore le territoire... sont conscients des
changements qui affectent leur mode de vie, leur quotidien, donc, puis ils sont
grandement inquiets. Donc, oui, il y a assurément, là, comme sociétés qui
cohabitent sur le même territoire, il y a des changements, là, significatifs,
je pense, là, qu'il faut entamer.
Un des changements... puis je vais juste
compléter, là, les commentaires du chef régional, M. Picard, par rapport au
PGIR, puis je comprends, c'est un axe qui est fondamentalement important dans
ce qui s'en vient, c'est un élément clé, si on veut, pour la suite des choses.
Et on salue, là, bien sûr, la volonté d'inscrire un groupe de discussion avec
les Premières Nations, O.K.? Mais il faut... il faut être vigilant, parce qu'on
a le sentiment... parce qu'il y a cinq groupes de mémoire, là, qui sont
constitués, dont un au niveau des Premières Nations. Il faut être vigilant
pour... pour éviter de venir particulariser les Premières Nations. Puis, à ce
moment-là, on s'aperçoit qu'on oublie rapidement nos préoccupations ou nos
propositions. La relation entre gouvernement et gouvernement, là, puis par
elle... rapport à la présence, c'est la reconnaissance des lois des Premières
Nations. Elle doit être transversale à l'ensemble de vos enjeux, l'ensemble de
vos décisions que vous prenez à l'égard du développement énergétique qui se
fait sur nos territoires. Donc, une vigilance que nous vous... voulons
également vous ramener en lien avec cet aspect.
Mme Fréchette : Comment
est-ce que l'on peut s'assurer de la bonne représentativité des différentes
nations? Cet enjeu se pose de manière régulière, bon, à la table de
concertation. C'est un des lieux où il faut avoir cette représentativité. On
parle aussi d'une représentation au conseil d'administration d'Hydro-Québec,
l'entreprise, l'organisation clé dans toute cette mouvance de transition
énergétique. Alors, comment est-ce qu'on peut s'assurer qu'on y va de la bonne
façon pour ce qui est d'assurer une bonne représentativité des nations autochtones?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, la diplomatie,
chez nous, elle est en bonne santé. Et c'est ce que je vais fournir comme
première réponse. Sachez que notre présence ici est la conclusion finalement de
18 mois de discussions, en dépit de la diversité, je ne veux pas sonner
trop négatif. Mais il y a cette réalité-là également qui est présente...
15 h (version non révisée)
M. Picard (Ghislain) :...chez nous. Au-delà de la géopolitique, hein, qui fait qu'il
y a des groupes qui sont en négociation, il y a des groupes qui ne le sont pas,
il y a des groupes qui ont déjà négocié. Et donc il y a une géopolitique qui
fait en sorte que le paysage politique du côté des premières nations au Québec,
c'est... Il y a des conventionnés, des groupes conventionnés, donc, qui ont un
traité en main, d'autres qui ne le sont pas. Donc, en dépit de tout ça, on a
réussi à aller chercher une position consensuelle sur le développement
énergétique au Québec et de la façon que ce développement-là nous affecte
collectivement. Donc, ce sera très certainement facile pour nous de convenir,
par exemple, bon, si c'est une personne, si c'est deux, si c'est trois, au
niveau de la gouvernance d'Hydro-Québec, de faire ce choix-là en fonction des
connaissances que nous avons et de la confiance qui existe entre nous, très
certainement.
Mme Fréchette : Bon, c'est
sûr que le partenariat qui... les partenariats qui existent sont fondamentaux.
Je me demandais quelle forme de partenariat, entre les communautés autochtones,
les MRC, Hydro-Québec, permettrait aux communautés des premières nations de
bénéficier des retombées des énergies renouvelables. Parce que là on se lance
dans un grand projet de développement des énergies renouvelables accrues,
alors, comment faire en sorte d'avoir un partenariat qui réponde adéquatement à
vos attentes?
M. Dominique (Gilbert) : Bien,
c'est c'est fort simple, Mme la ministre, hein, tout d'abord, c'est la
relation, là, de gouvernement à gouvernement. C'est un élément qui est
fondamentalement important. Donc, ça fait en sorte qu'on nous reconnaît aussi,
là, comme des acteurs de premier plan qui ont des droits et un titre sur nos
territoires respectifs. O.K. Donc, moi, je pense que le point de départ est à
ce niveau-là. Par la suite, bien entendu, la collaboration peut prendre
différentes formes, notamment celle que certaines communautés ont développée,
dont la mienne, en relation gré à gré avec Hydro-Québec. Donc, on a évacué,
bien sûr, pour le moment, là, l'ensemble des acteurs privés. On s'est assis,
là, avec Hydro-Québec dans une relation davantage, là, de type, là,
gouvernement à gouvernement, pour se donner des objectifs.
Par la suite, nous, on s'est assis avec le
milieu régional pour voir comment est-ce qu'on se concerte pour tenter de
parler d'une seule voix, sachant bien entendu que le développement va
bénéficier, oui, pour les Premières Nations, mais peut aussi, là, bien
bénéficier, là, l'ensemble de nos régions, hein, ceux qui cohabitent avec nous,
là, sur nos territoires. Donc, c'est des formules, à notre sens, ce qui est
important, avant, bien entendu, là, d'explorer l'hypothèse, là, de faire appel
à des grandes entreprises parce qu'ils ont, bien entendu, un certain niveau d'expertise
à ce niveau-là. L'autre élément... Donc, ça prend des processus qui facilitent
ça, bien entendu, une directive du gouvernement du Québec à cet égard, pour s'assurer
que ça se passe dans cette relation-là.
L'autre élément, ça prend bien sûr, là,
des leviers qui sont intéressants pour les Premières Nations, notamment des
leviers financiers, pour nous permettre aussi, là, d'être des acteurs qui vont
nous permettre de pouvoir réinvestir dans ces aventures économiques, O.K., et
aussi nous permettre d'être aussi un actionnaire de premier plan chez
Hydro-Québec. L'Ontario l'a fait là, hein, il y a une centaine de communautés
qui sont actionnaires chez Hydro One, O.K. Je pense que le Québec pourrait, là,
envoyer un message, là, positif inspirant dans cette relation renouvelée que
nous recherchons ensemble, en s'assurant que les Premières Nations puissent
être aussi, là, actionnaires chez Hydro-Québec. Ça nous permettrait, bien
entendu, par la suite, de pouvoir, la, être un élément d'influenceur positif,
là, dans la gouvernance, par exemple, de cette société d'État.
M. Picard
(Ghislain) :Ce que ce que je peux me
permettre d'ajouter, je pense que les Premières Nations recherchent une opportunité
de créer leur propre richesse. Et, en ce sens, il y a des précédents qui sont
très concluants dans le domaine du développement éolien, notamment, chez la
nation micmaque, hein? On parle d'une histoire qui a maintenant, peut-être, 13,
14 ans et qui permet aujourd'hui avec les bénéfices chez ces trois
communautés-là, qui leur permet de participer financièrement à des projets d'expansion
ailleurs, dans le même type de développement. Je pense qu'il y a là très
certainement... je veux dire, ce n'est pas...
M. Picard
(Ghislain) : ...c'est une histoire à succès et nous, nous
cherchons les moyens de les multiplier et c'est l'opportunité qui se présente à
nous en marge de l'étude du projet de loi qui nous intéresse aujourd'hui, mais
c'est très clair qu'on voit beaucoup plus loin.
• (15 h 10) •
Mme Fréchette : Merci. Vous
avez fait état dans votre présentation de l'importance qu'il y aurait d'avoir
des cibles minimales d'approvisionnement auprès des Premières Nations.
Qu'est-ce qui, à votre avis, là, correspondrait à une cible adéquate en termes
d'approvisionnement auprès des Premières Nations? Est-ce que déjà vous avez des
idées aussi de secteurs qui pourraient être concernés par ce type de cibles?
M. Picard
(Ghislain) : Bien, il y a, il y a... Il y a deux éléments de
réponse à la question. Le premier, c'est peut-être plus au niveau d'une
anecdote qui est venue à mes oreilles, ça fait déjà quelques années, d'une
communauté que je ne nommerai pas et qui disait : Bon, écoute Ghislain, il
me semble qu'il nous faut plus qu'un simple contrat de conciergerie dans une
centrale isolée d'Hydro-Québec. Et ça, je pense que c'est tout à fait. C'est
beaucoup plus que légitime. En même temps, ceci étant dit, on n'a pas fixé de
pourcentage réel, mais c'est très clair qu'on doit aller, on doit viser
beaucoup plus, beaucoup plus haut que 5 % qui est un peu un pourcentage
qui est déterminé par une politique fédérale en la matière. Donc, je pense que
si c'est un point de départ, bien, c'est certainement quelque chose qui serait
recevable de notre côté, qui veux en.
M. Dominique (Gilbert) : En
complément, Mme la ministre, ça serait, là, un super beau chantier, là, à
développer pour identifier un peu les différentes mesures, ça peut être, là,
une fourchette entre cinq, 10, 15 %, on pourra l'évaluer. Les créneaux,
c'est clair qu'on ne peut pas, là, nécessairement, là, les fixer outre la
question des turbines, c'est clair que probablement, ça serait immensément
trop, trop complexe. Mais outre ça, je pense que ça nous permettrait, nous, là,
de pouvoir. Parce que plusieurs Premières Nations, là, ont entamé déjà des
développements, là, avec des contrats de ce genre, avec des grandes
entreprises. Ça nous permet, nous, O.K., de la prévisibilité pour développer ou
venir soutenir le développement, là, d'expertise dans certains champs. O.K., donc,
ces projets-là sert de levier pour nous permettre après ça de bâtir des
entreprises avec des compétences qui sont bien souvent en partenariat avec
d'autres acteurs sur le plan régional. Et après ça, ils sont capables de faire
leur niche dans le marché régulier. O.K., donc...
Mme Fréchette : Ça devient un
catalyseur.
M. Dominique (Gilbert) :
Absolument.
Mme Fréchette : Intéressant.
Est-ce que vous considérez... Quels sont, en fait, les éléments que vous
considérez dans le projet de loi n° 69, qui nous permettent de mettre en place
les conditions nécessaires pour s'engager dans la transition énergétique?
Qu'est-ce qui vous apparaît être, le PGIRE en fait certainement partie, quels
sont les éléments vous diriez de ce projet-là, là, qui nous propulsent vers
une phase de transition énergétique en accéléré?
M. Picard
(Ghislain) : La réponse simple à votre question, puis, en fait,
elle se retrouve en grande partie dans... à travers les passages que nous vous
avons soumis et qui interpellent plusieurs législations existantes. Et si ça se
transformait par, je veux dire, au-delà de la loi, ça se transformer par une
volonté politique réelle de nous consentir, nous accorder de la place. Je pense
que c'est ça l'opportunité qui se présente à nous à tous les niveaux. C'est
pour ça qu'on revient presque en répétition, là, au niveau de certaines lois
existantes. C'est vrai pour la Régie de l'énergie, c'est vrai sur la loi
d'Hydro-Québec, par exemple, au niveau de la gouvernance, si on nous consent, cette
place-là qui, selon nous, est beaucoup plus que légitime, bien, je pense qu'on
peut faire la démonstration de nos preuves.
Mme Fréchette : Bien, merci
beaucoup, messieurs les chefs et les grands chefs, que je salue d'ailleurs.
Merci d'être là également. Merci d'être venus partager vos perspectives, vos
ambitions, vos attentes. Alors on va s'assurer de travailler en partenariat de
nation à Nation avec vous, vous tous. Merci.
Le Président (M. Montigny) :
Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Saint-Laurent pour une période de 10 min 24 s. Merci.
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, kwei. Merci d'être présents, à vous les chefs
et les grands chefs. C'est une importante délégation qui s'est... qui est avec
nous aujourd'hui nous avons demandé... Bien, d'abord, permettez-moi juste de
préciser, mon beau-père, Geoff Kelley et mon mari, Greg Kelly, vous saluent
tous les deux, vous tous. Et on m'a aussi acheminé quelques questions. Dans un
premier temps, on a posé, nous, la question : Si...
Mme Rizqy : ...Hydro-Québec.
S'il y avait un membre des Premières Nations au conseil d'administration. Puis
la réponse est non. Pensez-vous que ça peut être souhaitable d'avoir un membre,
au moins un siège, pour les Premières Nations au conseil d'administration
d'Hydro-Québec?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, c'est très clair pour
nous que c'est un minimum. Et je crois que, je me permets de dire, la transformation
de la société d'État depuis les cinq dernières années nous permet très
certainement de concevoir une intention qui serait celle de finalement répondre
à cette, je dirais, incontournable nécessité d'assurer que la diversité puisse
être représentée au sein de la gouvernance d'Hydro-Québec. Et d'ailleurs, on en
a fait une recommandation très, très claire, en marge de l'étude du projet de
loi no 69. Je pense qu'on est finalement à une étape où on se doit
d'assurer que la meilleure représentation qui soit pour promouvoir nos intérêts
comme Premières Nations, c'est nous qui devons l'assurer. Et ça passe également
par une représentation adéquate au sein du conseil d'administration
d'Hydro-Québec.
Mme Rizqy : Permettez-moi
de citer M. Michael Sabia, le P.D.G. d'Hydro-Québec qui était avec nous
cette semaine, en parlant de la loi. Là, je cite : «Elle n'est pas
suffisante en soi. Il faudrait continuer à répondre à des défis importants dans
l'exécution. Premièrement, il faut que le gouvernement du Québec accélère de
manière importante le processus de réconciliation avec les Premières Nations et
les Inuits. C'est fondamental. Il faut mettre fin aux approbations
paternalistes du gouvernement pour chaque entente entre Hydro-Québec et les
communautés autochtones. On perd jusqu'à 8 à 10 mois». Fin de citation.
Alors ça, c'est le P.D.G. d'Hydro-Québec,
M. Michael Sabia. Je sens clairement une volonté du côté d'Hydro-Québec,
mais il nous indique que, peut-être, s'il y a un peu moins de volonté, ça
viendrait du côté du gouvernement. Quand on parle d'accélérer de manière
importante, qu'est-ce que le gouvernement doit faire pour qu'on arrête de
perdre jusqu'à 8 à 10 mois?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, d'abord, pour compléter
ce que j'avançais plus tôt, Hydro-Québec, sous une ancienne administration et
quand même est allé très, très loin à l'automne 2021, finalement référant
précisément au passé d'Hydro-Québec, qui n'est pas aussi glorieux que certains
peuvent le croire dans sa relation avec les Premières Nations. Et avec la
nouvelle administration, le pas a été emboîté. Même tendance. Et d'ailleurs, je
me permettrais peut-être de faire une parenthèse parce que nous avons comme
assemblée de chefs, donc une assemblée politique, reçu le P.D.G. d'Hydro-Québec
en septembre 2023, une première, qu'un dirigeant de la société d'État prenne le
temps de nous rencontrer et une rencontre qui s'est d'ailleurs répétée à
d'autres niveaux.
Donc, pour une première fois, la société
d'État en fait un peu une profession de foi par rapport à son passé. Et pour
nous, ça, c'est exactement quelque chose qui sonne positif à nos oreilles. Et
ceci étant dit, sans le citer évidemment, j'ajouterais au commentaire que vous
nous partagez ce que M. Michael Sabia nous a déjà dit, c'est qu'on n'arrive
pas à la perfection, mais à tout le moins, s'il y a un engagement soutenu, réel
de part et d'autre, bien, on peut certainement entretenir un dialogue qui soit
non seulement positif, mais productif également.
M. Dominique (Gilbert) : Si
vous le permettez, peut être je pourrais compléter.
Mme Rizqy : Vous êtes un
grand chef. Je vous permets. Vous pouvez vous permettre ça.
M. Dominique (Gilbert) : Parce
que ce que le chef régional vient de mentionner, c'est fondamentalement
important. Puis vous savez la clé, là, de réussite pour assurer, là, la mise en
œuvre de votre plan de transition énergétique, la relation avec les Premières
Nations, c'est une condition essentielle. Sinon, là, ça va faire beaucoup,
beaucoup de cailloux dans vos mocassins. O.K.? Donc, c'est fondamentalement
important. Et...
M. Dominique (Gilbert) : ...cet
objectif de permettre, là, ou de permettre justement à Hydro-Québec doit
pouvoir convenir d'ententes avec les Premières Nations, je pense que le
gouvernement devrait, là, donner une certaine latitude pour que ça se passe
plus rapidement, parce qu'effectivement, là, il va se passer plusieurs mois, et
inévitablement, pendant cette période-là, il y a de la frustration qui
s'installe. Il y a des projets qui vont être en démarrage ou il y a des projets
qui vont être bloqués. Moi, je pense qu'il y aurait, dans les processus,
probablement, là, des façons de faire qui pourraient permettre, bien entendu,
là, à Hydro-Québec de s'avancer avec les Premières Nations.
• (15 h 20) •
Mme Rizqy : Dites-moi,
l'article 38, dans le projet de loi, ouvre la porte à la production puis à
la vente d'électricité privée. Présentement, tel que c'est écrit, c'est à
l'intérêt... à un consommateur adjacent. En quoi ça peut avoir un impact sur
les Premières Nations? Parce que vous avez... vous aussi, vous avez la
production d'électricité, vous aussi, vous pouvez en vendre, s'il y a d'autres
compétiteurs et peut-être aussi sur certains territoires présentement au
Québec.
M. Dominique (Gilbert) : Bien,
je vous dirais, là, spontanément que ce serait immensément difficile pour un
privé, là, de s'aventurer là-dedans sans l'accord au préalable des Premières
Nations, O.K.? Donc, moi, je pense que c'est des choses qui sont faisables dans
la mesure où il y a des ententes avec les Premières Nations, parce que nous
avons aussi cette capacité. Et je suis convaincu qu'il n'y a pas une première
nation au Québec, là, qui accepterait, là, ce fait-là, là, aussi facilement,
O.K.? Mais, ceci étant dit, moi, je pense que, dans la mesure où les Premières
Nations sont impliquées, à ce moment-là, il y aurait, là, certainement, là, des
avenues possibles pour que ça puisse se faire, quoique ce n'est pas
nécessairement notre option en priorité. On est davantage tournés, là, vers une
propriété collective, hein, le gouvernement du Québec et les gouvernements de
Premières Nations tant qu'à... quant à la propriété de l'énergie au Québec.
Mme Rizqy : Si on prend un
petit pas de recul, en... lorsque... au moment de la signature du gouvernement
actuel du contrat de New York, par la suite, trois semaines plus tard, il
revenait, puis on nous annonçait que, ah!, on n'a presque plus d'électricité,
et il va falloir construire des barrages, faire de l'éolien, du solaire, du nucléaire.
Si on prend un peu de recul par rapport au projet de loi, qui... aujourd'hui on
nous demande d'aller plus vite, faire beaucoup plus en matière de barrages, ça,
ça veut dire qu'il faut harnacher des rivières, il me semble que la première
des choses, c'est aussi se poser la question : Pourquoi en sommes-nous
rendus là?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, je peux tenter
une première réponse, et en... et en référant, d'ailleurs, à mon collègue qui
disait, il y a quelque temps à peine, dans un autre dossier qui fait l'objet de
préoccupations et de priorités chez nous, c'est le dossier de la situation
précaire du caribou, et s'il faut revoir certains projets, je pense qu'il y a
une disposition du côté des Premières Nations de réfléchir à tout ça. Et, par
rapport à l'exemple que vous... que vous me présentez aujourd'hui, bien, c'est
à peu près la même réflexion que nous avons. Je pense que, si on est... on
dispose finalement de la place, d'une place qui nous permet d'être un peu
déterminant, si on veut, quant à l'horizon, à court et à moyen terme, à long
terme, bien, c'est très certainement quelque chose que nous prenons avec tout
le sérieux que ça demande. Et je pense qu'il y a quand même des démonstrations
qui ont été faites par les communautés, de leur, finalement, capacité à
vraiment non seulement prendre des décisions qui touchent leur communauté, mais
des décisions qui touchent l'ensemble de la société également.
Mme Rizqy : Alors, en
terminant, parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, dans... vous en êtes
rendus où avec les négociations?
M. Picard
(Ghislain) :Ce n'est pas... dans mon cas,
ce n'est pas un dossier sur lequel j'ai une participation, c'est... Nous, on en
est au chapitre des principes. Je parle de l'Assemblée des Premières Nations.
C'est ce qu'on veut faire valoir aujourd'hui. Il y a sans doute autant de
projets qu'il y a de chefs ici aujourd'hui, et ça, c'est vraiment des processus
qui lui... leur appartiennent. C'est le cas pour mon collègue également, M. le
chef Gilbert Dominique.
Mme Rizqy : Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard pour
une période de trois minutes 28 secondes.
M. Bouazzi : Merci, M. le Président...
M. Bouazzi : ...à vous, merci
beaucoup de nous avoir partagé toute cette réflexion parce que je suis persuadé
qu'il y a eu vraiment beaucoup de réflexion autour de comment voir une... j'ai
l'impression, une lecture décoloniale, en fait, des rapports de la vision, de
l'avenir, de l'énergie.
Je voudrais peut-être être sûr de... Je ne
voudrais pas mettre des mots dans votre bouche, mais je vais vous lire ce que
j'ai compris de ce que... de ce que vous avez... de ce que vous avez exprimé
aujourd'hui. Moi, j'entends l'idée de dire : Bien, il y a deux
institutions politiques, une que vous représentez, une qui est représentée par
le gouvernement, et puis il y a une véritable volonté de collaborer pour
l'avenir énergétique du Québec. Et cette collaboration vient se faire à travers
plusieurs institutions, celle d'Hydro-Québec. Vous nous dites : Il faut
qu'on en soit... qu'on soit dans le C.A., il faut qu'on puisse en être
actionnaires. L'idée de pouvoir aussi participer à la construction des infrastructures.
Et là vous dites : Bien, il y a de la prévisibilité. Si on n'a pas les
expertises, bien, il va falloir travailler ensemble à cet avenir pour qu'on
puisse aussi en être maître d'oeuvre dans l'avenir et avoir notre... tu sais,
c'est... Je vous inviterais peut-être à développer. Est-ce qu'il y a quelque
chose de ce que j'ai dit qui ne correspond pas à cette idée? Parce que ce n'est
vraiment pas... À date, ce n'est vraiment pas ce qu'on retrouve dans le projet
de loi, là, on s'entend qu'on a vraiment l'impression qu'il y a toutes sortes
de projets à la pièce, mais, cette vision globale sur les rapports de nation à
nation, au-delà de : on va être copropriétaire de quelque chose, vous
allez avoir des dividendes, on ne retrouve pas, et donc c'est ça que vous
apportez aujourd'hui dans le débat.
M. Picard
(Ghislain) :Bien, je vais y aller...
Très, très bonne question, et je vais y aller avec un exemple et... un exemple
qui est très, très réel. Il y a à peu près quatre... 11 ans, on était dans
la même... dans la même pièce aujourd'hui, avec presque autant, sinon plus de
chefs, et, à ce moment-là, on était à l'étude d'un projet de loi qui visait à
réformer la Loi sur les mines qu'on jugeait désuète, et on est arrivés... comme
c'est arrivé trop souvent, d'ailleurs, dans le passé et même encore récemment,
on est arrivés un peu comme un cheveu dans une soupe. C'est vraiment... On sort
vraiment du décorum qui vous est familier où on amène, nous, une réalité qui
est encore sujette à un déni. Et c'est ça que nous voulons changer. Et
pourquoi? Bien, c'est que le monde autour de nous évolue, mais on semble avoir
stagné ici. Et je pense que ça, c'est important. En même temps, bien, il y a,
pour les chefs et les grands chefs qui sont avec nous aujourd'hui, le double
défi de répondre aux priorités qui sont exprimées par leurs bases, leurs
populations. Et c'est ça que, pour nous, nous voulons mettre en évidence,
c'est-à-dire qu'en même temps un rappel du passé...
Le Président (M. Montigny) : En
conclusion.
M. Picard
(Ghislain) :...Hydro-Québec, le P.D.G. le
fait, et en même temps, bien, trouver une façon de pouvoir bénéficier des
opportunités qui se présentent à nous.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon pour deux
minutes 38 secondes.
M. Paradis : Chef Picard,
chef Dominique, «kwe». Est-ce que vous avez été consultés sur le projet de loi
n° 69 avant qu'il soit présenté?
M. Picard
(Ghislain) :Pas du tout.
M. Paradis : Faisons
abstraction d'Hydro-Québec, de son plan et de ses propres consultations. Vous
nous avez dit que vous avez rencontré, notamment, Michael Sabia. Sur la vision
de ce gouvernement, de ce qu'elle voit sur les ressources naturelles et sur les
territoires, est-ce que vous avez été consulté avant de venir ici aujourd'hui?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, ce que je peux
peut-être juste très, très brièvement ajouter, je pense qu'il y a... il y a...
il y a peut-être une collision de deux définitions de la consultation ici, il y
a la nôtre et il y a celle du gouvernement. Ce que nous avançons comme
position, si dans une véritable relation de nation à nation, de gouvernement à
gouvernement, les conditions d'un ne doivent pas primer sur l'autre. Et c'est
ça qui n'existe pas actuellement. Et, pour nous, ça demande une révision
profonde de cette relation-là. Et on... Il est triste qu'on doive profiter d'un
projet de loi qui est déjà écrit, alors que, finalement, si cette véritable
relation existait, on aurait... on aurait fait partie de la réflexion qui nous
amène vers le projet de loi n° 69. Et c'est vrai pour d'autres projets de
loi également.
M. Paradis : Dans...
M. Paradis : ...ce contexte.
Malgré le fait qu'on n'a pas la vision du gouvernement sur son plan de
développement, le projet de loi n° 69, je comprends,
a des impacts considérables pour les Premières Nations du Québec. Le fait que
vous n'avez pas que vous n'ayez pas été consultés, qu'est-ce que ça dit sur le
respect de votre droit à être consultés sur ce projet de loi là?
• (15 h 30) •
M. Dominique (Gilbert) : C'est
fondamentalement important. O.K.? L'objectif ou, en tout cas, ce que je décode
du gouvernement du Québec à ce moment-ci dans sa transition énergétique, c'est
l'équivalent d'une demi-Hydro-Québec de plus pour ne pas dire
10 000 mégawatts de plus. C'est 10 000 mégawatts de plus vont se
développer où? Sur nos territoires traditionnels, et nous n'avons pas été
impliqués, là, dans cette réflexion, dans cette stratégie en amont. C'est là où
le bât blesse. O.K.? On nous informe, on a des relations ici et là, mais ce
n'est pas comme aujourd'hui.
Le Président (M. Montigny) :
En conclusion.
M. Dominique (Gilbert) : On
n'est pas un processus de consultation adéquat. Vous voyez, on a des droits
puis on construit un gouvernement, là, comme le vôtre...
Le Président (M. Montigny) : Merci...
M. Dominique (Gilbert) : ...et
on est obligés d'utiliser une plateforme comme l'ensemble...
Le Président (M. Montigny) : Je
suis désolé. J'ai le rôle ingrat de calculer le temps et je vous remercie
tellement pour votre contribution aux travaux de la commission. Je suspends les
travaux quelques instants afin de permettre aux prochains groupes de prendre
place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 31
)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Montigny) : Merci
et bienvenue. On reprend nos travaux. Alors, je souhaite maintenant la
bienvenue aux représentants de l'Union des municipalités du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Par la suite, nous
procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé maintenant.
M. Damphousse (Martin) : Merci.
Donc, je suis Martin Damphousse, maire de Varennes et président de l'Union des
municipalités du Québec. Je suis accompagné par M. Simon Deschênes, président
du Comité sur la production d'énergie renouvelable et maire de
Sainte-Anne-des-Monts, en plus d'être premier vice-président de l'Alliance d'énergie
de l'Est, et Mme Charlotte Legault Bélanger, conseillère aux politiques à l'Union.
Mme la ministre de l'Économie et de l'Innovation,
de l'Énergie, félicitations pour votre nomination. M. le Président de la
commission, mesdames, messieurs les membres de la commission, nous vous
remercions de l'opportunité de commenter le présent projet de loi.
Nous souhaitons tout d'abord saluer la
volonté du gouvernement de moderniser le cadre législatif pour soutenir la
transition énergétique et atteindre la carboneutralité d'ici 2050. Les
municipalités sont engagées au quotidien envers ces mêmes objectifs. L'UMQ a
lancé en 2023 son plan énergie, qui met de l'avant la volonté des municipalités
à utiliser tous les leviers disponibles pour contribuer aux efforts collectifs
en matière d'efficacité énergétique et de production d'énergie renouvelable.
Dans ce plan, nous mettons de l'avant quatre grands leviers d'intervention,
soit : consommer différemment ou plus intelligemment, favoriser l'acceptabilité
sociale, accélérer la production d'énergie et de développement de partenariats.
Ces quatre leviers sont au cœur de notre stratégie.
Par leur connaissance approfondie des
réalités locales et grâce à leur communication de premier plan avec la
population, les municipalités soutiennent l'acceptabilité sociale des projets d'énergie
renouvelable sur leurs territoires et favorisent les mesures d'efficacité
énergétique. Elles contribuent également à la sobriété énergétique par le
renforcement des milieux de vie et le développement du transport en commun. De
plus, les municipalités, grâce à leur expertise en aménagement du territoire,
permettent de concrétiser les objectifs gouvernementaux tout en tenant compte
des spécificités locales.
Un chantier majeur en aménagement du
territoire débute et son intégration avec le Plan de gestion intégrée des
ressources énergétiques sera essentielle pour accélérer les résultats tout en
protégeant les milieux naturels et les terres agricoles. Il est donc crucial que
l'UMQ et les municipalités soient impliquées dès le début et tout au long du
processus d'élaboration du plan de gestion. Nous souhaitons que le projet de
loi reflète le rôle fondamental des municipalités et leur engagement à placer l'aménagement
du territoire au cœur des résultats en intégrant les facteurs clés pour l'acceptabilité
sociale et en levant certains obstacles à l'action municipale. Les
collaborations structurantes sont essentielles...
M. Damphousse (Martin) : ...afin
de surmonter les défis de la transition énergétique, les municipalités sont
prêtes à collaborer activement avec vous. Je passe maintenant la parole à
M. Deschênes.
• (15 h 40) •
M. Deschênes (Simon) : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, M. le Président de la commission, distingués
membres de la commission, donc je poursuis le discours de l'Union des
municipalités du Québec. Donc, nous saluons la mention stipulant
qu'Hydro-Québec doit garantir les approvisionnements nécessaires pour répondre
aux besoins en électricité du Québec. La crise énergétique actuelle ne doit pas
se reproduire. Cependant, nous avons des préoccupations concernant les
modifications apportées à l'article 76 de la Loi sur la Régie de
l'énergie. Bien que les défis liés à la capacité électrique soient réels, il
est crucial que le projet de loi précise les modalités d'utilisation de
l'énergie. Nous craignons que ces modifications ne limitent la capacité des
municipalités à développer leurs projets, à dynamiser leur économie régionale
et à décarboner leur activité.
Près de la moitié des municipalités du
Québec font face à des obstacles au développement économique dû au manque
d'électricité. Il est donc essentiel que le projet de loi précise que le ou la
ministre ne peut refuser des raccordements résidentiels, institutionnels et
commerciaux et qu'elle doit garantir une équité territoriale dans l'analyse des
raccordements industriels.
L'évolution de la production d'énergie
éolienne au Québec démontre l'importance de l'acceptabilité sociale des
projets. L'exemple de l'Alliance de l'énergie de l'Est en Gaspésie et au
Bas-Saint-Laurent, que je connais bien, illustre cette dynamique de
participation communautaire et représente un modèle intéressant à suivre.
Le cadre actuel d'appel d'offres assure
une participation communautaire dans les projets et la maximisation du contenu
local, cela permet de créer des emplois verts, d'attirer des entreprises de
fabrication énergétique, d'impliquer les municipalités dans la recherche de
sites et la mise en place de mesures de mitigation et surtout de diversifier
les revenus municipaux.
Notons qu'une compensation financière à la
communauté qui accueille le projet ainsi que la recherche de relations
harmonieuses avec les communautés autochtones sont également des critères à respecter.
Un recul par rapport à l'un de ces
critères nuirait à l'acceptabilité sociale des projets. Ainsi, nous
recommandons de les intégrer directement à l'article 74.1 sur la Loi de la
Régie de l'énergie.
Le projet de loi accorde plus d'autonomie
à Hydro-Québec pour les appels d'offres, il est crucial de renforcer la
collaboration avec tous les acteurs, y compris les municipalités, pour réaliser
les objectifs de production d'énergies renouvelables et de décarbonation du
Québec. La réussite des projets dépend de leur acceptabilité sociale et des
engagements fermes sont essentiels pour garantir celle-ci. Alors, merci
beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Alors, merci pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter, là,
la période d'échange avec les membres de la commission. Mme la ministre, la
parole est à vous. Vous disposez de plus de 16 minutes.
Mme Fréchette : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup, M. Damphousse,
M. Deschênes, Mme Legault Bélanger, merci de votre présence, de venir
nous partager vos propositions, votre vision des choses et votre expertise
aussi. Et je sais qu'elle est longue, cette expertise-là, elle est dense. Alors
moi, j'aimerais beaucoup vous entendre à nouveau, là, la poursuivre sur le
thème de l'acceptabilité sociale. Je pense que c'est un des grands défis que
l'on a. À partir du moment où on cherche à changer des comportements, il faut
qu'il y ait de l'acceptabilité sociale et il faut qu'on trouve les meilleures
pratiques pour faire en sorte de développer cette acceptabilité. Les actions
que l'on va prendre ne sont pas encore choisies, elles le seront via le PGIR,
mais, quelle que soit l'action choisie, il y aura des impacts pour des citoyens
et, par conséquent, il devra y avoir une acceptabilité sociale adéquate. Alors,
j'aimerais vous entendre sur des meilleures pratiques dont on pourrait
s'inspirer. Puis j'ai notamment en tête l'Alliance de l'énergie de l'Est, parce
que j'en entends parler régulièrement depuis quelques semaines, et ça fait un
heureux, et j'aimerais savoir, bien, d'une part, qu'est-ce qui a fait le succès
de cette alliance-là et dans quelle mesure c'est transposable à d'autres
régions ou à d'autres types de projets? Eh bien, sinon, quelles autres
pratiques devraient attirer notre attention pour faire en sorte qu'on ait un
terreau fertile?
M. Damphousse (Martin) : Je
suis particulièrement content de la première question, parce qu'honnêtement la
mission que je me suis donnée comme président de l'UMQ lorsque je suis arrivé,
c'est justement l'enjeu énergétique. Et j'ai dû répéter une cinquantaine de
fois, sans exagérer, là, les succès de l'alliance. Puis je vais sûrement
laisser la parole à Simon pour vous donner des exemples plus concrets...
M. Damphousse (Martin) : ...mais
quand je reviens dans mon territoire, ma MRC, Marguerite-D'Youville, je
m'inspire de ce qu'ils ont fait parce que la participation communautaire du
milieu municipal regroupé dans une MRC, deux MRC, trois MRC, une grande région
comme chez eux, améliore le taux de succès de l'acceptabilité sociale de façon
fulgurante. Et le plus bel exemple, on l'a vécu il n'y a pas tellement
longtemps dans le Centre-du-Québec, cette communauté-là n'avait pas eu le temps
de s'organiser. Ils ont lancé des appels d'offres. En fait, Hydro-Québec a
lancé des appels d'offres. Et là, malheureusement, des entreprises privées,
vous le savez, sont allées chercher des ententes avec des agriculteurs. Et là,
malheureusement, ça n'a pas fonctionné parce que le milieu municipal n'était
pas prêt, n'était pas organisé. On est en train de faire exactement l'inverse.
On se prépare actuellement chez nous, mais c'est inspiré des bonnes pratiques
de ce qu'ils ont fait là-bas. Mais, Simon, je vais t'inviter à bonifier ma
réponse.
Mme Fréchette : ...l'alliance,
là, son succès.
M. Deschênes (Simon) : Tout
d'abord, c'est né, ça, en Gaspésie avec une Régie intermunicipale de l'énergie
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Le Bas-Saint-Laurent a emboîté le pas. On se
parlait. Et au fil du temps, on s'est dit : Écoutez, il faut s'allier
ensemble. La raison est fort simple d'augmenter notre niveau de participation
dans les projets énergétiques. Je parle au niveau de l'actionnariat. Donc,
quand vous parlez d'acceptabilité sociale, Mme la ministre, plus on a un
pourcentage élevé dans l'actionnariat, plus on est partie prenante, plus on
prend en considération les besoins de nos organismes environnementaux, nos
populations, les producteurs agricoles, etc. Et notre modèle aujourd'hui fait
en sorte que nous exigeons 50 % à aller jusqu'à maintenant, donc 50 %
de l'actionnariat, ce qui fait en sorte qu'on a un modèle égalitaire. Donc,
même notre population ne peut pas... Bien, on le sait, vous êtes toujours
seulement un pion. Non, pas du tout. On a... On est partie prenante, 50 %
de l'actionnariat, 50 % du contrôle et 50 % du partage des bénéfices.
Donc.
Mme Fréchette : C'est
50 % des risques aussi. Oui.
M. Deschênes (Simon) : Exactement.
Merci, Mme Fréchette, la ministre. Effectivement. Donc, à ce moment-là, on
s'implique, on s'implique avec... À l'époque, c'était avec les promoteurs
privés. Dorénavant, on souhaite que ça soit avec Hydro-Québec, là. Donc,
l'implantation d'un projet énergétique sur n'importe quel territoire, d'avoir
une participation égalitaire, bien, on décide nous aussi, là. On n'est pas à
10 %, on n'est pas 3 %, on respecte les projets énergétiques qu'il y
a une participation moindre, mais le modèle qui tend à obtenir le maximum
d'acceptabilité sociale découle du fait qu'on a 50 % du contrôle. Et si
j'ajoute 50 % des bénéfices distribués, c'est des leviers économiques de
développement extraordinaire pour l'ensemble des régions du Québec qui ont le
modèle, comme nous avons chez nous à l'Alliance de l'énergie de l'Est.
Mme Fréchette : Dans le
cas d'Hydro-Québec, on est 100 % actionnaires, les Québécois. Alors,
comment faire en sorte d'engager aussi les communautés à un second niveau, dans
le sens où ils sont déjà actionnaires, si on veut, propriétaires d'une entité
comme Hydro-Québec? Est-ce qu'il y a des formules de partenariat qu'on pourrait
imaginer qui rende les gens investis dans un projet pour lequel ils sont
déjà... auquel ils sont déjà associés ou s'il faut y aller vraiment en dehors?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
je vous dirais qu'en étant partenaire d'Hydro-Québec, la population a au moins
le sentiment qu'ils ont des retombées financières directement chez eux.
Mme Fréchette : Oui,
c'est ça, mais néanmoins il y en a.
M. Damphousse (Martin) : C'est
ça, mais la réalité, c'est qu'entre le modèle de l'alliance et celui
d'Hydro-Québec, les retombées financières à 50 % de partenariat, c'est
50 % de la part des profits qui leur revient. Et les redevances sont
retournées aux propriétaires terriens où on retrouve des éoliennes. Donc, il y
a des avantages palpables qui se transforment très souvent. Je vous donne un
exemple simple. Une municipalité, pendant 10 ans, souhaite rénover son
aréna, mais n'a pas les moyens. Mais le fait d'avoir un projet éolien dans son
secteur et avec 50 % de profit, ils sont capables d'expliquer à la
population très clairement. Vous voyez, là, on a enfin réussi parce qu'on s'est
donné des moyens additionnels. C'est une grande différence. Je ne pense pas
qu'Hydro aurait subventionné la restauration de l'aréna.
Mme Fréchette : Est-ce
que les municipalités, les villes ont les outils nécessaires pour planifier
leur développement, incluant leur transition énergétique? Parce que c'est quand
même un domaine nouveau. Est-ce que les municipalités, vous estimez qu'elles
sont suffisamment outillées? Ou comment pourraient-elles le devenir? Parce
qu'on aura besoin d'avoir des estimés, des plans de transition énergétique par
région, par municipalité. Donc, est-ce qu'on a ce qu'il faut pour aller de
l'avant, de ce côté...
M. Damphousse (Martin) : ...en
fait, on a réalisé, il n'y a pas longtemps, qu'on a l'obligation de s'investir
très sérieusement dans ce volet-là. On parle beaucoup de décarbonation. À
l'Union des municipalités du Québec, on a lancé un plan de décarbonation des
bâtiments municipaux de la flotte de véhicules. Ça fait qu'on a cette
sensibilité-là qui est très grande, mais, je vous dirais, pourquoi on a
accéléré le processus, c'est la la motivation que j'avais pour mettre en place le
plan énergie puis contribuer à la sensibilisation de la population. C'est que,
quand, à l'époque, il n'y a pas longtemps, M. Fitzgibbon a participé aux
assises de l'union en mai passé, et il est venu nous dire qu'il avait, et je
répète ce qu'il a dit, il a 174 projets majeurs sur son bureau
aujourd'hui, de partout au Québec, il est capable d'en accepter un. On a
compris que, pour nous, le milieu municipal, c'est une situation qui est
dramatique parce que c'est l'économie locale d'un peu partout en région où des
projets... Avant, les entreprises ne se posaient pas la question puis le milieu
municipal ne se posait pas la question. On avait hâte d'émettre le permis et
que la construction puisse commencer. Mais, aujourd'hui, on est confronté, puis
on n'a jamais connu ça dans le milieu municipal, à un frein énergétique et non
l'approvisionnement en eau, les routes, c'est vraiment le manque d'énergie.
• (15 h 50) •
Donc, le milieu municipal, mieux
qu'Hydro-Québec et mieux que le gouvernement, en étant connecté directement à
notre population, les gens nous écoutent. On a le pouvoir de faire passer des
messages. Donc, quand on parle de consommer plus intelligemment, puis quand on
parlera de production énergétique verte, de production verte, mais on comprend
que la population soit davantage à l'écoute. Mais c'est un travail collectif,
c'est le travail du gouvernement, d'Hydro-Québec, et le milieu municipal a un
rôle déterminant à jouer dans ce contexte-là.
Mme Fréchette : Merci. Je
vais céder la parole aux collègues. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. À ce stade-ci, je céderais la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Rivest : Très heureux de
vous recevoir ici. Merci d'être présents. Tout ce que j'entends est un peu de
la musique à mes oreilles, de parler de l'Alliance de l'est, d'abord, de parler
aussi des orientations, des OGAT, au fait, et de l'orientation 9, on vient
de le souligner, là, de toute la production éolienne. Si je ne me trompe pas,
là, je n'ai pas les données exactes, là, mais, pour citer un exemple, au
Kamouraska, dans les territoires, dans les TNO, c'est 2 millions pendant
30 ans de retombées qui... qui sont attendues à l'intérieur d'un travail
collectif mené par Michel Lagacé, les gens de l'Alliance, l'ensemble des gens.
Puis je suis content d'entendre que ce modèle-là fait écho un petit peu partout
au Québec, puis d'être fier de ça, d'être fier aussi de se dire que le
gouvernement du Québec a mis sur pied la possibilité de faire ce
développement-là et d'en arriver aujourd'hui à quelque chose de concret qui
permet d'aider les municipalités du Québec à avoir un développement qui va
aller au-delà de ce qu'on peut faire. Je vous entendais parler de la rénovation
d'un aréna. Serait-il possible de rénover une piscine avec des retombées et de
l'éolien à l'intérieur d'un secteur tel que Kamouraska, par exemple? Donc,
d'entendre ce dialogue-là et de voir combien ça devient important pour les
municipalités du Québec et combien le travail préalable qui a été réalisé nous
permet d'arriver là, je trouve ça assez exceptionnel.
Je voyais aussi dans votre mémoire cette
idée-là d'accepter, puis je pense qu'on aura un travail collectif à faire,
d'accepter de consommer, vous le dites vous-même, les leviers, hein, consommer
différemment, de favoriser l'acceptabilité sociale, d'accélérer la production
d'énergie, d'accélérer la production d'énergie et de développer des
partenariats. Je pense qu'on est en train, effectivement, de mettre ce
modèle-là sur pied. Ce n'est pas parfait. On aura besoin de l'ensemble des
acteurs qu'on écoute en ce moment pour y arriver. Puis moi, je me réjouis de
voir ces éléments-là.
Puis j'avais une question pour vous. Au
fait, j'ai fait un grand préambule, mais pour vous dire que... Justement, avec
les OGAT, comment vous voyez... comment l'Union des municipalités peut être
consultée d'une bonne façon pour faire... s'assurer que ces liens-là se fassent
avec nos orientations, évidemment, et le plan avenir? De quelle façon vous
voyez ça? Quels sont les éléments qu'on doit mettre en premier lieu, là, pour
s'assurer qu'on n'oublie rien?
M. Damphousse (Martin) : ...je
suis convaincu que Mme Legault-Bélanger a des pistes pour vous, mais j'ai le
goût de rebondir sur un élément, la collaboration. On collabore. Le milieu
municipal et l'UMQ collaborent étroitement avec le gouvernement sur à peu près
tous les aspects, le volet des OGAT, l'aménagement du territoire, le volet de
la responsabilité commune en énergie est important. Mais, quand on a parlé
tantôt de consommer mieux, là, je peux vous donner un exemple très local. On a
collaboré avec Hydro-Québec pour lancer le fameux programme Hilo, mais le Hilo
municipal. On l'a mis en place, ville avec un projet pilote, juste pour voir
est-ce que la communication...
M. Damphousse (Martin) : ...municipale
peut être un outil accélérant à l'adhésion d'îlots. Imaginez-vous donc, en
trois mois, on a démontré 10 fois plus que la moyenne de taux de
pénétration chez les citoyens, parce que le milieu municipal était collaborateur.
Et là, Hydro-Québec est en train de mettre en place un programme, qui devrait
sortir bientôt, avec l'Union, pour justement intégrer davantage d'adhérents. Et
ça, c'est consommer mieux et c'est consommer plus intelligemment. La meilleure
façon d'économiser, c'est de ne pas consommer trop ce qu'on fait, mais, pour
les OGAT, je vais laisser Mme Legault-Bélanger commenter.
Mme Legault-Bélanger
(Charlotte) : Oui, merci. En fait, les orientations gouvernementales
en aménagement du territoire, les nouvelles OGAT, il y en a neuf. Elles ont
déjà été publiées. Elles vont entrer en vigueur le 1ᵉʳ décembre prochain.
D'ici 2028, l'ensemble des MRC vont devoir avoir fait l'exercice de les
intégrer dans leur schéma d'aménagement. Donc, comment assurer la... Pour nous,
la recommandation qu'on fait, c'est d'amender le projet de loi pour que le
PGIR, ce soit précisé qu'il est conforme, là, aux... aux OGAT. Pour nous,
l'aménagement du territoire devrait être au cœur des réflexions énergétiques.
M. Damphousse l'a mentionné, il y a des leviers, dans les OGAT, on favorise la
consolidation des milieux, réduire les déplacements pour réduire la dépendance
à l'auto. On agit donc en termes de sobriété énergétique. On améliore aussi le
cadre bâti. Donc, il y a le projet de loi n° 41, la loi 41 sur la
performance environnementale des bâtiments, qui va faire en sorte qu'un code
de... sur le bâtiment durable va être publié dans les... dans les prochains
mois, prochaines années.
Donc, c'est... pour nous, c'est important
de... qu'il y ait une collaboration interministérielle, donc évidemment, mais
de... pour nous, les OGAT, c'est une façon de l'assurer et de nous mettre
dans... officiellement dans les discussions. Comme M. Damphousse l'a dit, on a
une très bonne collaboration avec le gouvernement. Pour nous, c'est important
d'être dans la discussion tout au long et puis d'assurer aussi une bonne
communication du PGIR aux municipalités avant la publication, là, puisqu'il
va... il va certainement y avoir des impacts au niveau du territoire pour nos
membres.
M. Damphousse (Martin) : M.
Deschênes souhaite compléter un peu.
M. Deschênes (Simon) : Puis
je vais faire même un retour sur une première question de Mme la ministre, tout
à l'heure. Donc, l'Alliance de l'énergie de l'Est, ça inclut aussi maintenant
la MRC de -L'Islet et Montmagny. Donc, c'est 209 municipalités, qui
incluent... qui sont membres, les Premières Nations... c'est important de le
souligner. Ils ne sont pas en partenariat avec nous, ils sont membres du
mouvement, donc ils sont inclus. Ça, c'est important. Et aménagement du
territoire, pour tenter de répondre à votre question, je donne un exemple qui
me vient en tête rapidement. Aux Îles-de-la-Madeleine, on a initié de mettre un
projet éolien, un tout petit projet éolien en place et ça a été issu du milieu
municipal. Donc, l'archipel avec les aménagistes ont ciblé les endroits que ça
allait être interdit et d'autres endroits que ça allait être possible. Et, à ce
jour, on a implanté deux petites éoliennes et dès l'an 1 de mise en
service, les deux, c'est 6 millions de mazout lourd qui n'a pas été brûlé.
Donc, c'est des milliers de tonnes de GES non émises. Ce qui fait en sorte que
c'est un exemple sur le haut niveau de... de l'acceptabilité sociale et de
l'implication du milieu municipal.
M. Rivest : Vous l'avez
nommé, tout à l'heure, puis on a reçu des représentants des Premières Nations,
puis peut-être pour rebondir sur ce que vous venez de mentionner, à ma
connaissance, parce que j'habite le Kamouraska, je suis très, très proche aussi
de... du grand chef Tremblay, là, d'entendre tout ce qui se passe. Peut-être,
si vous voulez partager un peu cette expérience-là de... parce qu'à mon sens,
ce travail-là s'est fait dans un bon esprit et avec des ententes qui ont été
facilitantes, justement, pour l'acceptabilité, mais aussi pour s'assurer que
l'occupation du territoire se fasse d'une belle façon. Donc, peut-être prendre
quelques instants pour partager votre expérience là-dessus.
Le Président (M. Montigny) : ...
M. Damphousse (Martin) : En
fait, je vais m'assurer... 30 secondes? Donc, fais ça vite, mais si tu
peux donner l'exemple dont on a parlé tantôt, vas-y.
M. Deschênes (Simon) : Dernier
appel d'offres, il y a une grille de pondération pour la participation
communautaire, mais il y avait aussi des points pour une participation des
Premières Nations. Le Mouvement de l'Alliance de l'énergie de l'Est n'a pas pu
se qualifier pour les points de la participation des Premières Nations parce
que les autochtones des Premières Nations n'étaient pas à part. Ils étaient
avec nous et grand chef Tremblay a grandement exprimer son mécontentement
auprès de chez Hydro-Québec de ne pas avoir droit aux points.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je dois maintenant, à ce stade-ci, céder la parole à la députée de
Saint-Laurent pour 16 minutes 30 secondes.
• (16 heures) •
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, messieurs, bonjour aussi Charlotte
Legault-Bélanger...
16 h (version non révisée)
Mme Rizqy : ...madame, merci d'être
présente avec nous. Je vais juste vous laisser terminer parce que je pense que
vous avez besoin peut-être de quelques secondes pour terminer votre pensée.
M. Deschênes (Simon) : Donc,
j'ai fait ça vite. Merci. C'est gentil, Mme Rizqy. Donc, le message du grand
chef Jacques Tremblay, c'était de ne pas avoir deux colonnes dans les grilles
de pondération lors d'appels d'offres ou autres. C'est de se sentir, avec un
mouvement comme le nôtre, inclus dans un mouvement de 209 municipalités. Donc,
on forme une unité, nous, avec les Premières Nations dans notre mouvement de l'Alliance
de l'énergie de l'Est.
Mme Rizqy : Merci beaucoup. M.
Damphousse, je vous ai entendu très souvent à la télévision. Oui, quand même,
vous avez plusieurs présences, puis vous parlez au nom de plusieurs
municipalités, puis vous êtes confrontés à des réalités, puis à des défis, j'ai
le goût de dire presque à chaque jour plus importants, plus grands, plus
complexes. Celui de l'habitation, il est majeur. C'est bien la première fois
que je suis peut-être juste légèrement un peu plus jeune que vous, mais c'est
vraiment la première fois qu'on voit des Québécois qui, des fois c'est suite à
une séparation, se retrouvent à dormir carrément dans leur auto. Et on voit les
maires, les maires se battre dans l'eau bénite pour essayer de trouver des
endroits pour s'assurer de sortir des logements hors terre. Mais on a appris
par Hydro-Québec qu'il y a aussi des problèmes aujourd'hui pour raccorder.
Donc, même si vous vous émettez des permis, Hydro-Québec n'est pas en mesure de
brancher certains endroits. Moi, tantôt, quand vous avez dit : Sur 174
projets majeurs, un seul a accepté, ça, c'est M. Pierre Fitzgibbon, pas plus
tard qu'au mois de mai dernier. Pouvez-vous me préciser, 174 projets majeurs.
Dans quel secteur, est-ce que c'est pour le municipal, est-ce que c'était pour
l'habitation ou est-ce que c'était en gros partout au Québec, les 174 projets
majeurs?
M. Damphousse (Martin) : En
fait, c'est... ce qu'on a compris, 174 projets majeurs. Donc, on comprenant que
c'est davantage industriel, on ne parle pas de projets résidentiels, dans ce
cas-là.
Mme Rizqy : O.K. Vous, auprès
de vos membres, nous, on sait déjà qu'en Outaouais, notamment en Outaouais,
aussi dans les Laurentides, les Basses-Laurentides, Lanaudière, qu'il y a eu
des endroits où est-ce que les promoteurs Hydro-Québec leur a dit : En ce
moment de nous, ces endroits-là, on ne peut pas vous raccorder, on ne peut pas
vous brancher. Donc, c'est un frein pour eux. Mais vous avez reçu, vous avez
aussi reçu l'avis qu'il va falloir même faire des branchements carrément avec
du gaz. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire mieux? Parce que présentement, je
pense que vous, vous voulez absolument loger le monde, comme tout le monde,
mais visiblement on manque d'électricité.
M. Damphousse (Martin) : En
fait, on a, on en a parlé tantôt dans notre présentation. On veut s'assurer que
dans la réserve énergétique que nous avons actuellement que le volet résidentiel
reste toujours priorisé. Le volet commercial aussi. Mais on comprenait que le
volet industriel, quand on est dans un contexte de crise énergétique, qu'on
puisse prendre davantage de temps, mais pas le résidentiel. Je pense qu'honnêtement
tout le monde reconnaît que quand il y a des... Il ne faut pas se permettre de
vivre d'enjeu résidentiel, on est à la même place. Mais il y a aussi les délais
de branchement. On est confronté avec des délais qui ont connu une explosion,
là. On parle plus de semaines, on parle de mois, puis, dans certains cas, d'années.
Donc, honnêtement, je pense que ça va prendre un effort additionnel d'Hydro-Québec
pour éviter ça. Mais on a vécu des projets davantage locaux. Je peux en parler
parce que Saint-Bruno n'est pas tellement loin de Varennes. Ils avaient un
extraordinaire projet écoquartier qui devait être branché exclusivement à l'électricité
pour éviter le gaz fossile. Mais Hydro-Québec est allée leur dire que
malheureusement, ils n'avaient pas le volume d'énergie nécessaire pour ces
écoquartiers-là. Ça fait que c'est des gens de situations qu'on veut tous
collectivement éviter. Et c'est pour ça que l'angle un du plan énergie de l'UMQ
axe beaucoup sur la consommation intelligente. Les programmes d'Hilo dont on
parle. Quand je vois, quand j'ai vu que le taux de pénétration était si faible,
ce n'est pas normal avec autant d'argent consacré chez Hydro-Québec. Donc, il
fallait faire mieux. Et je savais que le milieu municipal, on avait une cote d'écoute
qui était bonne auprès de la population. Donc, ça fait partie du travail
collectif qu'il faut mettre de l'avant rapidement. Mais l'électricité, soyons
francs, ne coûte pas cher. C'est difficile pour la population de dire :
Bien, je vais faire beaucoup d'efforts pour que ça me coûte moins cher. Ce n'est
pas tant pour que ça coûte moins cher, c'est pour favoriser d'autres projets,
surtout dans les fameuses périodes de pointe, ce qui aide beaucoup...
M. Damphousse (Martin) : ...
Mme Rizqy : ...oui, une de
vos priorités d'ailleurs, c'était consommer de façon intelligente, mais il y a
encore des citoyens qui, malheureusement, sont logés dans des appartements qui,
honnêtement... pratiquement, on chauffe l'extérieur, parce que c'est vieux, ça
coûte des sous, rénover. Il y en a qui sont propriétaires, d'autres qui sont
locataires, qui, évidemment, vont entendre, si le propriétaire fait des
rénovations... Il y avait une mesure qui était le... un programme pour aider
les propriétaires à rénover leurs logements, leurs habitations. Là, ça a été
aboli. Est-ce que ça doit être ramené? Parce que, financièrement, il y a des
gens qui doivent choisir, là, en ce moment, là. Il n'y a personne qui est
contre la vertu, au Québec, mais, comme vous le savez, par définition, les
ressources sont limitées, incluant les ressources financières, et vous en savez
quelque chose, le milieu municipal. Alors, est-ce que ça, ça peut être quelque
chose qu'on ramène pour aider les gens à mieux rénover leur chez-soi pour
consommer de façon intelligente?
M. Damphousse (Martin) : J'entendais
aussi des groupes de pression parler de locataires. Puis, honnêtement, vous
marquez un point là-dessus, puis j'ai été sensible à ça, quand on parlait du
fameux programme Hilo pour les propriétaires de maisons unifamiliales, c'est
leur chez-soi, de trouver une formule pour qu'ils puissent... qu'on puisse
s'assurer qu'ils consomment plus intelligemment, surtout dans les périodes de
pointe. Il y a une logique à ça, puis elle est facilement acceptable. Mais vous
avez raison qu'auprès de locataires, dans des bâtiments moins bien isolés,
bien, eux, leur effort est probablement infaisable, parce que, si on leur fait
baisser leur chauffage dans les périodes de pointe, bien, en période hivernale,
ça va devenir trop froid, puis c'est invivable. Est-ce que les programmes dont
vous parlez de rénovation, assurément, devraient être là? Mais comme des
programmes... Maison verte, un programme fédéral pour l'intégration de
solaire... On ne parle pas du solaire, depuis tantôt, on parle beaucoup
d'éolien, mais le solaire est une belle opportunité. Je vous ai entendu parler,
poser des questions sur la biométhanisation, le gaz vert. Je suis président de
la... le plus gros centre québécois. Je suis très fier. Ça fait qu'il y a
d'autres angles possibles, mais le volet des subventions est essentiel. Ça
faciliterait des gens à être encore meilleurs, et on devient plus sensible à sa
consommation d'énergie quand on fait des gestes énergétiques. Hydro-Québec a un
rôle assurément important à jouer là-dedans.
Mme Rizqy : Nous, on a
proposé, le député de Jacques-Cartier, d'avoir ce qu'on appelle les
microréseaux, c'est-à-dire, justement, les panneaux solaires, mais, en plus, la
batterie de stockage, parce que, vous savez, ça arrive de plus en plus, hein,
les grandes pluies qui nous privent de courant, et que, là, les gens chez eux
se rendent compte que, ah! l'épicerie qui était dans le frigidaire, après deux,
trois jours, bien, la viande, elle n'est plus bonne... Alors, c'est une perte,
oui, d'énergie, mais c'est surtout une perte économique pour les Québécois
lorsqu'ils ont... lorsque malheureusement ils ne pourront pas conserver leur
épicerie.
Dans d'autres juridictions, notamment aux
États-Unis, mais aussi en Colombie-Britannique, ils ont annoncé des subventions
importantes pour aider les citoyens à mettre ces fameux panneaux solaires, mais
aussi à acheter la batterie de stockage. Est-ce que ça, pour vous, ce serait
une bonne avenue?
M. Damphousse (Martin) : C'est
drôle, parce que je l'ai plaidé souvent...
Mme Rizqy : Oui.
M. Damphousse (Martin) : ...je
trouve que c'est une bonne avenue, mais je pense que... Parce qu'après j'écoute
des grands spécialistes, un gars comme Karim... anciennement d'Hydro-Québec,
que j'adore, en passant, il me dit : Martin, attention, parce qu'il faut
évaluer le modèle économique. Est-ce que c'est la bonne chose à faire, de
stocker? Il dit : Il y a des fois, il y a d'autres façons de faire qui
sont probablement aussi bonnes, sinon meilleures. Mais, honnêtement, nous, on
est prêts à évaluer tous les aspects, parce que de jumeler le solaire avec la
batterie, admettons, dans le résidentiel, il y a une logique parce que le
solaire arrive de jour, puis les pointes de consommation, il n'y a pas encore
d'énergie solaire, bien là, ce serait la batterie. Puis on le sait, que la
batterie Tesla fait un peu ça, elle sort l'énergie dont on a besoin puis elle
la garde dans la voiture. Ça fait qu'il y a une logique, mais il faut
s'assurer... Puis il y a assurément des spécialistes chez Hydro-Québec, des
spécialistes en batterie, en solaire, en énergie, qui vont nous dire que tel
modèle économique mérite davantage d'être subventionné pour inciter la
population à embarquer. Je fais confiance aux grands joueurs, mais, honnêtement,
vous pouvez compter sur le milieu municipal pour collaborer. Le jour où le
meilleur choix sera fait, on sera là pour vous supporter.
Le Président (M. Montigny) : Moins
d'une minute.
Mme Rizqy : Ah bien, écoutez,
je vais faire ça rapidement. Bien, d'ailleurs, moi, dans mon arrondissement, à
ville Saint-Laurent, la ville a mis sur son toit des panneaux solaires. Et là
je vois des grands manufacturiers étrangers qui viennent s'installer, mais on
ne leur demande pas, à eux, de faire un effort énergétique et de mettre sur
leurs propres toits des panneaux solaires, notamment. Mais même... toujours
dans... à ville Saint-Laurent, j'ai même découvert un mur énergétique. Alors,
je suis allée avec M. Pierre Fitzgibbon, et on nous a présenté ce fameux...
Mme Rizqy : ...mur
énergétique, mais c'était vraiment quelque chose qui était innovant. Alors, ça,
je me rends compte que, le côté municipal, vous avez réfléchi des affaires bien
avant-gardistes pour nous. Pensez-vous que, pour... notamment les grands... les
grands toits, notamment tout ce qui est public, parapublic devrait...
• (16 h 10) •
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je suis désolé, il ne reste plus de temps.
Mme Rizqy : Une minute, ça
passe donc bien vite.
Le Président (M. Montigny) : Ça
va très rapidement. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard
pour une période de 3 min 28 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Donc, je n'ai pas beaucoup de temps, je vais être rapide. Il y a
trois choses que je voudrais échanger avec vous. D'abord, nous, à Québec
solidaire, on est tout à fait pour le fait que les municipalités reçoivent de
l'argent associé au fait que, sur leur territoire, les MRC, etc. sur le
territoire, il y a des développements énergétiques. J'ai d'ailleurs fait tout
le tour de la Gaspésie et du... et du Bas-Saint-Laurent, j'ai rencontré
beaucoup de partenaires. Et, effectivement, le modèle de l'Est est un modèle
très intéressant. Ceci étant dit, moi, ma question pour vous, c'est entre le
fait qu'Hydro-Québec appartient à tout le monde et le fait d'avoir... d'être
coactionnaire d'une compagnie. Est-ce que vous seriez ouverts à avoir des
modèles qui vous permettent justement de garder ces revenus récurrents, une
éolienne, c'est 20 ans, donc, disons, un contrat sur 20 ans, vous
avez des revenus récurrents, plutôt que d'être actionnaire avec le privé dans
un... dans ce modèle-là?
M. Damphousse (Martin) : Et
pourquoi pas actionnaire?
M. Bouazzi : Parce que... bien,
je vous pose la question. C'est... je.... vous vous endettez de quantités
totalement énormes par rapport aux budgets des municipalités, et, avec la
ministre, vous avez dit que vous partagez le risque. Mais, en fait, dans les
faits, ça ne fonctionne que s'il n'y a pas vraiment de risque, parce que, s'il
y a une faillite derrière, bien, ça serait terriblement catastrophique. Si
demain l'éolienne ne peut plus être réparée sur un long terme et que vous avez
des contrats avec Hydro, bien, en fin de compte, ça serait catastrophique. Et
puis derrière j'espère qu'on ne vous laissera pas faire faillite, mais l'un
dans l'autre, c'est un modèle qui, d'un point de vue financier, est basé sur...
sur une fausse prémisse, c'est qu'on met beaucoup d'argent basé sur le fait
qu'il n'y a pas de risque parce que c'est Hydro-Québec qui le prend pour vous.
Nous, on dit : Ayons des revenus fixes qui correspondent, hein, aux mêmes
ordres de grandeur que ceux-là, mais évitons d'avoir un actionnariat avec le...
avec le privé dans les travaux, par exemple, qu'Hydro-Québec va entreprendre
pour... parce qu'Hydro-Québec va être propriétaire des infrastructures.
M. Deschênes (Simon) : Il
faudrait voir la notion d'autre modèle avant, je pense, de pouvoir s'avancer,
mais on croit fermement que notre modèle est... fait partie des modèles qui
sont une recette gagnante, et je m'explique. En étant partie prenante, ça amène
à un niveau beaucoup plus supérieur d'implication et de s'assurer que ça
fonctionne pour ne pas qu'il y ait de faillites. Il y a des projets
énergétiques, au Québec, avec des implications communautaires qui ont viré au
vinaigre, là. Tu sais, ce n'est pas... il y a eu des... il y a eu quelques...
quelques fautes à quelques endroits. Mais, ceci dit... Et de dire que ça ampute
les budgets municipaux, ce n'est pas tout à fait vrai, et je m'explique.
J'aimerais ça le clarifier. Nous, ce que nous faisons, c'est qu'on... notre
rassemblement, je vais prendre l'exemple chez nous, on fait un règlement
d'emprunt d'un montant X que nous avons besoin de mettre et, lorsque notre...
le règlement d'emprunt approuvé par le ministère des Affaires municipales est
approuvé, on prend cette somme d'argent là et on fait notre mise de fonds, et
le reste est mis sur une date... sur la durée du projet. Donc, à l'an 1,
on rembourse le service de la dette et on distribue aux communautés. Donc, ça
n'ampute pas les budgets municipaux.
M. Bouazzi : Ce n'est pas ça
que j'ai dit, j'ai dit juste que la dette est disproportionnée par rapport aux
budgets. Mais ça n'ampute pas, c'est un prêt par définition, et puis ensuite
vous le payez.
Le Président (M. Montigny) : Il
ne reste plus de temps. Maintenant, c'est le temps de céder la parole au député
de Jean-Talon pour 2 min 38 s.
M. Paradis : Votre message
principal, c'est donc de lever le frein énergétique, c'est de permettre de
renforcer la capacité municipale à être un acteur de premier plan en matière
énergétique, si je résume bien. C'est ça?
M. Damphousse (Martin) : Bien,
lever le frein, on n'a pas parlé de lever le frein. À partir du moment où on
invite les gens à consommer mieux et plus intelligemment...
M. Paradis : Lever les freins
à l'action municipale, c'est ce que vous avez dit tout à l'heure...
M. Damphousse (Martin) : Ah!
M. Paradis : Excusez-moi si
je me suis mal exprimé. Mais donc vous nous parlez d'énergie solaire
décentralisée, les barrages municipaux existants. Intéressant. Vous nous parlez
bien sûr d'éolien. Quelle est... Quelle est la place du privé que vous voyez,
là, dans... Vous nous avez parlé notamment des Premières... des Premières
Nations, donc les nations autochtones. Alors, il y a l'Alliance de l'Est. Et
là, pour l'avenir, là, si on se projette dans l'avenir, comment vous voyez la
place des acteurs privés là-dedans, compte tenu notamment aussi de la
proposition d'Hydro-Québec, là, dans son très récent plan...
M. Paradis : ...sur l'énergie
éolienne, vous voyez ça comment... vous voyez ça comment du côté municipal?
M. Damphousse (Martin) : Eh
bien, en fait, le quatrième volet de notre plan énergie, c'est le partenariat,
puis honnêtement, l'expertise du privé est nécessaire. Nous ne possédons... Le
milieu municipal ne possède pas l'expertise en éolien, en solaire, en
biométhanisation. Donc, il est essentiel d'avoir le privé comme partenaire et
non de laisser le privé faire ce qu'il veut faire sur l'ensemble de nos
territoires. Ça, on n'est pas d'accord. L'exemple, encore une fois, que je
répète sans arrêt de l'Alliance de l'Est, ils sont partenaires avec le privé,
mais ils ne laissent pas le privé faire, et je trouve que pour l'instant, là,
c'est le meilleur modèle que j'ai vu.
M. Deschênes (Simon) : Petit
complément, si c'est possible. Lors de l'appel d'offres 2021, notre
mouvement, c'est nous qui avons approché Hydro-Québec en collaboration avec nos
partenaires privés et nous avons remporté un projet éolien de manière
égalitaire, avec 33 % chez Hydro-Québec, 33 % à l'Alliance et
33 % avec notre partenaire privé. Donc, c'est nous qui avons initié que le
privé ait accepté de laisser de l'argent sur la table, d'introduire
Hydro-Québec et de refaire le modèle...
Le Président (M. Montigny) : Un
dernier 30 secondes.
M. Paradis : Le projet de loi
n° 69, lui, ce qu'il dit, c'est bien, on va laisser plus de place au privé
pour développer ses propres projets. Ça semble être un modèle différent de ce
que vous nous proposez, vous.
M. Damphousse (Martin) : La
différence, c'est que si on laisse seulement le privé faire, ils vont se
confronter à l'acceptabilité sociale sans le milieu municipal comme partenaire.
Ce qu'on plaide aussi, honnêtement, ça va faire comme le Centre-du-Québec, il y
aura beaucoup de friction puis ça risque de ne pas fonctionner.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
M. Damphousse (Martin) : Sans
le milieu municipal, ça ne passera pas.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux travaux de la
commission. La commission ajourne ses travaux au mardi 17 septembre
2024, à 9 heures.
Une voix : Merci, M. le
Président.
(Fin de la séance à 16 h 17
)