Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
vendredi 10 mai 2024
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Vol. 47 N° 21
Interpellation du député de Pontiac au ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation sur le sujet suivant : L’agriculture au Québec mise en friche par le gouvernement caquiste
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9 h 30 (version non révisée)
(Dix heures)
Le Président (M. Montigny) : Alors,
bonjour tout le monde. À l'ordre, s'il vous plaît! Je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie, des ressources
naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien
vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques, je vais vérifier
moi-même, c'est fait. Oui, M. le ministre, oui.
M. Lamontagne : ...du cabinet
qui est assise ici. Je vois que la recherchiste...
Le Président (M. Montigny) : Avec
plaisir, je ne vois pas d'objection.
M. Lamontagne : Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
maintenant, la commission est réunie afin de procéder à l'interpellation du
député de Pontiac au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
sur le sujet suivant : L'agriculture au Québec mise en friches par le
gouvernement caquiste.
Alors, Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bernard (Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacé par M. Rivest
(Côte-du-Sud); et Mme Zaga Mendez (Verdun) est remplacée par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve).
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Conformément à l'entente prévue pour la 43e législature, le deuxième groupe d'opposition
interviendra lors des troisième et sixième séries d'interventions. Voilà.
Maintenant, nous allons...
10 h (version non révisée)
Le Président (M. Montigny) : ...débuté
avec les déclarations d'ouverture. M. le député de Pontiac, vous avez la parole
pour 10 minutes.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues, M. le
ministre de l'Agriculture. Merci... Merci de vous prêter à l'exercice ce matin.
Je ne crois pas, M. le Président, qu'il y
a beaucoup de gens qui ont été surpris qu'on interpelle le ministre de l'Agriculture
sur le sujet au cours de cette session parlementaire. On l'a interpellé dans
différents forums parlementaires au cours des... des dernières semaines, les
derniers mois. Et je ne l'ai pas caché par le passé, je ne la cacherai pas
aujourd'hui, M. le Président, notre insatisfaction quant aux mesures
gouvernementales ou à l'absence de mesures gouvernementales mises en place au
cours des derniers mois pour aider les agriculteurs, elles demeurent. Et elles
ne demeurent pas parce que c'est moi, le député de Pontiac, le Parti libéral,
qui se penche sur les mesures mises de l'avant et qui en somme... C'est parce
que la communauté agricole en est insatisfaite. Si la communauté agricole était
satisfaite des mesures mises de l'avant par le gouvernement du Québec, elle n'aurait
pas manifesté aux quatre coins du Québec au cours des derniers mois. Et le
titre de notre interpellation vous a peut-être fait sourire, M. le Président,
«L'Agriculture mise en friche par le gouvernement de la CAQ», mais bien
honnêtement, en la relisant, on trouvait que c'était un peu faible, même
comme... comme mot, parce que «en friche», ça suppose qu'il y aura une reprise
de cette... de cette culture-là, que cette terre-là va peut-être un jour, on l'espère,
revenir. Mais ici il y a beaucoup d'agriculteurs qui ne font pas que peser sur
pause. Ils pèsent sur pause de façon permanente, sur leurs activités agricoles,
sur leur héritage familial.
Et ce qu'on veut faire d'entrée de jeu, M.
le Président, avant d'entrer dans le... le débat dossier par dossier, enjeu par
enjeu avec le ministre de l'Agriculture, c'est de représenter la... représenter
la détresse, le cri du cœur des agriculteurs qui ont manifesté au cours des
dernières semaines un peu partout au Québec. Parce que pour bien d'entre eux,
manifester, c'était un dernier recours. Hein, moi, les gens que j'ai rencontrés
dans les différentes manifestations, ce ne sont pas des habitués de... de
manifestations. Ce sont des gens qui y ont pris part parce qu'ils ne savent
plus où se tourner. Ils ne savent plus quoi dire, quoi faire pour brasser la
cage du ministre de l'Agriculture, de son ministère, de son gouvernement. Ils
cherchent par tous les moyens de faire comprendre qu'il y a quelque chose de
grave qui est en train de se passer, pas juste pour eux, mais pour l'ensemble
de l'agriculture au Québec. Et je le sais que le ministre a choisi de ne pas
participer à ces démonstrations-là. C'est son choix. Il a indiqué que... qu'il
préférait que les députés de sa formation politique soient présents aux
différentes manifestations à travers le Québec. Ils ont été à certaines
manifestations, mais je veux quand même aujourd'hui essayer de me faire un peu
le porte-étendard des messages qui ont été véhiculés au cours de ces
différentes manifestations là. Et ces messages-là, on les entendait par les
différents discours qui ont été prononcés, mais on les voyait, on les sentait,
on pouvait comprendre l'émotion de... de ces agriculteurs-là. Et je me permets
de partager avec le ministre une seule photo. Ça, c'était la manifestation des
agriculteurs à Gatineau, et c'est une photo publique, là, elle a été reprise
sur plusieurs réseaux sociaux. Elle a été partagée, ce n'est pas... on ne tente
pas de mettre qui que ce soit dans l'embarras, là. Ça, c'est un agriculteur d'à
peine 35 ans, un agriculteur de la relève. Quelqu'un qui, au micro, a dit
qu'il n'était pas une personne émotive. Il ne braille même pas à la maison avec
sa femme, avec ses enfants. Mais quand il est arrivé devant une centaine, 200,
300 de ses confrères et consœurs et qu'il s'est mis à parler de son entreprise,
son entreprise familiale, des difficultés qu'il a, bien, vous voyez le
résultat, l'émotion a pris le dessus. Et il y a énormément d'agriculteurs qui,
s'ils se sentent comme cet homme...
M. Fortin :...c'est parce qu'ils ne voient pas la lumière au bout du
tunnel. C'est parce qu'ils ne savent pas s'ils vont arriver à porter l'héritage
familial, de génération en génération, que leur père, leur mère, leur
grand-père, leur grand-mère ont porté au fil du temps. Ils ne savent pas s'ils
vont être la dernière génération à occuper cette terre-là, à exploiter cette
terre-là, à participer au garde-manger collectif québécois. Les gens qui ont
manifesté... Et il y en a d'autres, M. le Président. Je peux vous en trouver
d'autres, des photos comme celles-là, de gens qui ont des pleurs. Mais, oui, je
m'arrête là, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : M.
le... juste vous dire qu'on peut présenter des tableaux didactiques. Ce n'est
pas un tableau didactique. Je vous appelle à la prudence. J'ai été tolérant
pour une photo, mais je ne veux pas que... Merci.
M. Fortin :Mais je vais vous nommer... plutôt que de vous les montrer,
je vais vous nommer certains des slogans qui ont été utilisés, des gens qui se
sont assis, là, à la maison, qui ont fait des pancartes maison pour passer un
message au ministre de l'Agriculture : Agriculteurs, une espèce en péril;
Votre manque de vision éclipse notre ambition; Notre fin sera votre faim; Notre
champ de bataille : Nourrir sans mourir; Jeune, on en rêve, adulte, on en
crève. Et là je pourrais continuer comme ça longtemps.
M. le Président, moi, je pense qu'à
travers ces images-là, à travers ces messages-là on se doit d'entendre quelque
chose, le ministre de l'Agriculture se doit d'entendre quelque chose, et ce
quelque chose là, je sais qu'il l'a aussi entendu à travers les différentes
lettres ouvertes qui ont été écrites, à travers les différents congrès où il a
participé, à travers les différentes rencontres d'associations agricoles. Le
message, c'est que le gouvernement ne s'intéresse pas assez aux... à
l'agriculture. C'est que le gouvernement de la CAQ ne répond pas aux attentes
des agriculteurs. C'est que l'agriculture, en ce moment, elle est de plus en plus
difficile. Et qu'ils aimeraient... non pas «qu'ils aimeraient», qu'ils ont
besoin d'un premier ministre qui s'intéresse à l'agriculture. Et ça, ce n'est
pas mes mots, là, c'est le président de la Fédération de la relève agricole qui
l'a dit, en lettre ouverte, que le premier ministre ne s'intéressait pas à
l'agriculture au Québec.
Je veux donner une opportunité ce matin,
au ministre de l'Agriculture, de dire à tous ces gens-là qu'il n'a pas
simplement laissé passer la crise, qui n'est pas simplement resté dans son
bureau, en espérant que les manifestations cessent, et qu'il puisse continuer à
faire les mêmes actions qu'il a faites par le passé, qu'il a compris l'urgence
d'agir qui est véhiculée. Parce que ce qu'on entendait de tous ces gens là, M.
le Président, c'est que le message du ministre de l'Agriculture, qui est
constant depuis le début de cette crise-là, c'est-à-dire de nous expliquer ce
qui a été fait par le passé, ne suffit pas. Ce qu'ils veulent savoir, c'est ce
qui va se passer maintenant, quelles actions il va mettre en place maintenant,
comment il va changer son approche, comment il va faire en sorte que La
Financière, par exemple, réponde mieux aux besoins des agriculteurs, que les
programmes du ministère sont mieux adaptés, que le gouvernement au complet va
faire un effort. Ils ne sont plus intéressés, M. le Président, par une simple
explication des programmes qui ont déjà été mis en place, parce que ça ne leur
suffit pas.
• (10 h 10) •
Alors, le ministre aura les 10 prochaines
minutes, M. le Président, pour tenter de convaincre des agriculteurs, ceux-là,
ceux qui sont au bord des larmes, ceux qui ont les clés de leur entreprise dans
la main et qui s'apprêtent à les remettre aux banquiers, qu'ils n'ont pas
besoin de faire ça, qu'il y en a, de l'aide, qui s'en vient, qu'on a entendu le
message puis qu'on va agir, qu'il y a une vision pour l'agriculture au Québec.
Je vous l'ai dit tantôt, M. le Président, le ministre de l'Agriculture a le
droit de ne pas participer aux manifestations, mais il n'a pas le droit de ne
pas entendre le message des agriculteurs, il n'a pas le droit de ne pas réagir,
de ne pas s'adapter, de ne pas changer de stratégie, de ne pas tout mettre en
place, avec une urgence. Moi, c'est ça que je veux entendre du ministre de l'Agriculture,
c'est qu'il comprend...
M. Fortin :...qui comprend qu'à tous les jours, à toutes les semaines,
il y a des gens qui ne sont plus capables, qui arrêtent de pratiquer
l'agriculture, parce qu'ils ne voient pas d'options.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Maintenant, je cède la parole au ministre. Vous disposez également de
10 minutes, M. le ministre.
M. Lamontagne : Bien, merci
beaucoup, M. le Président. Puis je veux remercier mon collègue de m'avoir
convoqué ce matin. Première des choses, on a passé 4 heures ensemble lors
de l'étude des crédits. On a eu l'occasion de discuter d'une panoplie de
sujets. Puis moi de savoir que mon collègue veut, pendant 2 heures
additionnelles, discuter d'agriculture, moi, j'accueille ça avec... avec
enthousiasme, parce que le secteur agricole, les producteurs, les productrices
sont... occupent une place tellement importante pour le Québec, occupent
tellement une place tellement importante pour l'économie du Québec, occupent
tellement une place importante pour toute la l'habitation du Québec,
l'occupation de notre territoire. Ça fait que d'avoir un collègue, d'avoir
d'autres collègues qui s'intéressent puis qui sont mobilisés pour faire en
sorte que ce secteur-là puis ces gens-là puissent prospérer, bien, moi,
j'accueille ça avec... avec enthousiasme, M. le Président.
D'entrée de jeu, c'est certain qu'au
départ, là, sans... sans ce qui s'est passé depuis un an, un an et demi dans la
foulée de l'après pandémie, Ukraine... et tout ça, le métier d'agriculteur,
d'agricultrice, M. le Président, c'est un métier qui est difficile, puis c'est
un métier qui est difficile, qu'à la base qui est nourri par une passion. Mais
en même temps, c'est un métier qui est difficile, puis il n'y a pas un autre métier
ou il n'y a pas un autre secteur d'activité, M. le Président, qui peut
présenter des enjeux, des défis en aussi grand nombre, mais qui peuvent être
présents de façon concurrente, des fois, tout en même temps. Tu sais, les
questions d'isolement, les questions d'investissement, les questions de météo,
les questions de santé animale, les questions de devoir être présent sur la
ferme sept jours par semaine, d'avoir des enjeux de main-d'oeuvre, d'avoir des
enjeux familiaux, si on met tout ça ensemble, M. le Président, ça fait en sorte
que le métier de producteur, le métier de productrice au Québec, je veux dire,
c'est quelque chose qui est... hein, qui est difficile. Puis les gens qui
décident de s'investir en agriculture, au départ, ils ont une passion, ils ont
un amour du territoire, ils ont un amour. Il y en a pour qui ça leur a été
transmis de génération en génération. Il y en a d'autres qui se lèvent un matin
puis qui décident de s'investir en agriculture. Mais il y a une passion qui est
là, il y a une détermination qui est là puis il y a cette volonté-là aussi de
nourrir son prochain, de nourrir les Québécois, puis ultimement, il y en a,
bien, ils veulent nourrir le monde.
Mais, tout ça, honnêtement, c'est un
travail qui est très... qui peut être très difficile par moment. Si on rajoute
ce qui s'est passé en 2023, les conditions climatiques, l'augmentation du prix
des intrants, l'augmentation marquée des taux d'intérêt, là, dans un laps de
temps vraiment court, là, après presque 15 ans d'avoir des taux d'intérêt
très, très, très bas. Bien, si on rajoute ça, on s'entend, M. le Président...
M. le Président, que c'est venu apporter des défis additionnels très importants
à plusieurs, plusieurs de nos producteurs, plusieurs de nos productrices, c'est
venu déséquilibrer leurs entreprises de façon... de façon importante. Alors, en
tout temps, depuis le début, je vous dirais, première des choses, j'ai beaucoup
d'empathie pour les producteurs, les productrices, puis aussi sachez, M. le
Président, que ce soit moi, que ce soit mon équipe, que ce soient les gens au
ministère, que ce soient les gens à la Financière agricole, on est tous
mobilisés jour après jour pour apporter, en fonction des circonstances, le
meilleur soutien possible à nos producteurs, nos productrices puis on va
continuer à le faire, M. le Président.
Avant d'aller plus loin, tu sais, mon
collègue parlait du futur de l'agriculture. Il m'a parlé à quelques reprises de
vision. Il parle de l'agriculture qui est en friche. Tu sais, je voudrais juste
lui partager un peu, là, j'ai six minutes devant moi, là... lui partager un peu
la vision puis la stratégie qu'on a mises en place suite à notre arrivée en
2018 pour accroître l'autonomie alimentaire du Québec. Parce qu'on se
dit : Si on accroît l'autonomie alimentaire du Québec, je veux dire, on
suscite une augmentation de la demande, on suscite des recettes pour nos gens.
Puis ultimement, je veux dire, c'est tout le Québec qui est gagnant. La
stratégie qu'on a mise en place, là, puis ce n'est pas quelque chose, M. le
Président, qu'on met en place, là, pour un an, un an et demi, puis après ça le
vent tourne un peu, on change de stratégie, on...
M. Lamontagne : ...annonce
d'autres choses. Non, non, M. le Président, c'est quelque chose, là, sur lequel
on construit, on construit le développement de notre agriculture puis notre
secteur bioalimentaire.
Quatre grands piliers, M. le
Président : premier pilier, c'est accroître la demande de produits
alimentaires du Québec; deuxième pilier, c'est accroître l'offre de produits
alimentaires du Québec; le troisième pilier, c'est renforcer toute la chaîne
d'approvisionnement - ça part avec les producteurs puis ça va jusqu'à la
distribution, mais la distribution, ça peut être aussi dans nos villages, ça
peut être dans les marchés publics, ça peut être tout ça; puis le quatrième
volet, c'est accélérer la transition verte de notre agriculture, qui est un
grand défi.
Alors, si on prend le premier volet,
accroître la demande, M. le Président, accroître la demande... Le meilleur
soutien que nos producteurs peuvent avoir, là, au fil des années, c'est quoi?
C'est que les consommateurs achètent leurs produits, fassent le geste de
l'achat puis leur fassent confiance, hein. Ça fait qu'on a mis en œuvre
plusieurs mesures, dont la bonification importante d'Aliments du Québec, avec
un mandat renouvelé qui fait en sorte qu'aujourd'hui, bien, on a 30 % de
plus d'entreprises qui mettent en valeur les produits du Québec qui sont
inscrits. On a 26 000 produits maintenant qui sont identifiés
Aliments du Québec, qui sont mis en marché sous le vocable Aliments du Québec.
Deuxième des choses qu'on a faites, on a
mis en place la première stratégie nationale d'achat des aliments du Québec par
les institutions, hein. Le potentiel de l'achat institutionnel, pour nos
producteurs et nos transformateurs, il est énorme. Mais, écoutez, c'est un
travail de longue haleine. Quand on dit : Mettre en place l'achat
institutionnel, ce n'est pas comme un gros bouton, M. le Président, qu'on
presse puis qu'une fois qu'on a pressé sur le bouton, toutes les institutions
achètent, hein, il faut travailler institution par institution, il y en a
1 380 à peu près. Bien, aujourd'hui, au moment où est-ce qu'on se parle,
il y a 90 % des institutions qui sont engagées dans un processus d'achat
puis d'accroître leurs achats, leurs achats institutionnels.
L'autre chose, accroître l'offre. Bien,
une affaire qui a été le plus... le plus médiatisée, un peu, c'est la stratégie
pour accroître les superficies en culture, accroître le volume de produits de
fruits et légumes qui sont produits en serre au Québec. On a investi de façon
très importante, puis aujourd'hui nos volumes produits en serre ont presque
doublé depuis qu'on a mis la stratégie en place.
L'autre chose qu'on a faite, M. le
Président, on a vraiment cartographié tout ce qu'on produit au Québec en quatre
cadrans. Un premier cadran, M. le Président, c'est où on est autosuffisants.
Deuxième cadran, c'est : on n'est pas autosuffisants, mais on peut le
devenir. Troisième cadran, c'est qu'on ne l'est pas, on n'est pas trop
compétitifs, mais on a intérêt à le devenir davantage. Puis, quatrième cadran,
c'est où on n'est pas compétitifs, puis on ne devrait pas trop mettre d'énergie
là, M. le Président.
Alors, on s'est beaucoup investis à faire
en sorte... à poser des gestes pour accroître l'offre dans chacun de ces
cadrans-là, accroître l'offre avec les... Mais qui accroît l'offre? Bien, ce
sont nos producteurs, ce sont nos productrices, ce sont nos transformateurs.
Alors, c'est par toutes sortes de mesures de soutien qu'on a visé à accroître
l'offre, puis aussi on a investi énormément au niveau de l'agriculture de
proximité puis les marchés courts.
Le troisième volet, M. le Président, c'est
renforcir la chaîne d'approvisionnement, autant au niveau de la production que
de la transformation. Ça veut dire quoi? On veut venir aider nos producteurs,
nos productrices, nos transformateurs avec leurs enjeux de main-d'oeuvre puis
on veut venir aider nos producteurs, nos productrices, nos transformateurs avec
leurs enjeux de qualité, parce que, quand on produit de la qualité, bien, les
gens veulent nous distribuer. Alors, pour s'assurer d'avoir la meilleure
qualité possible, on veut s'assurer que nos entreprises, autant en production
qu'en transformation, soient compétitives, M. le Président. Ça fait qu'il y a
énormément de ressources, mais aussi d'argent qui ont été investis puis qui
vont continuer de l'être pour renforcer cette chaîne d'approvisionnement là.
Puis le dernier volet, M. le Président,
c'est toute la question d'accélérer la transition verte de notre agriculture.
On le sait, c'est d'actualité, ça va toujours l'être, il faut chercher jour
après jour à réduire l'empreinte écologique de notre agriculture. Ça, on a fait
ça, on a mis en place le plan d'agriculture durable. Ce n'est pas une fin en
soi, le plan d'agriculture durable, M. le Président, c'est une orientation, ce
sont des mesures, mais c'est surtout une mobilisation à la grandeur du
territoire du Québec où les gens sont mobilisés pour améliorer puis accélérer
l'adoption de pratiques qui vont faire en sorte que notre agriculture va être
plus verte le plus rapidement possible.
• (10 h 20) •
L'autre chose qu'on a faite en place... on
a mise en place pour les soutenir, ces gens-là, on a fédéré tout ce qui se fait
de recherche, tous les cerveaux qu'on a au Québec qui peuvent avoir un intérêt
pour l'agriculture durable, on a créé le Réseau de recherche en agriculture
durable du Québec puis on a mis en place des dizaines de formations pour venir
accompagner nos agriculteurs, nos agricultrices.
Ça fait que ce que je vous dis, là, ce
canevas-là dont je viens de vous parler, puis je dis ça à mon collègue, quand
on regarde par en avant, là, c'est les boutons sur lesquels il faut presser
pour faire en sorte que nos producteurs, nos productrices, nos transformateurs
soient bien accompagnés quand on...
M. Lamontagne : ...on parle du
futur de l'agriculture, futur secteur bioalimentaire, M. le Président, ça passe
par la mise en œuvre continue de ces quatre éléments-là. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Maintenant, nous allons débuter la période d'échange.
M. le député de Pontiac, vous avez la parole pour cinq minutes.
M. Fortin :J'ai apprécié deux choses en ce que le ministre a dit, de
un, agriculteur, agriculteur, c'est un métier difficile. Nous, c'est facile, on
est arrivé ici à 10 heures aujourd'hui. Eux, ça fait longtemps qu'ils sont
debout, ça fait longtemps qu'ils travaillent puis ça fait longtemps qu'ils ont
commencé leur journée. Deuxième chose, le ministre a dit qu'il avait de
l'empathie pour la situation actuelle, pour la situation que vivent les producteurs.
Effectivement, je pense qu'on n'a pas le choix d'avoir de l'empathie pour les
producteurs qui vivent une période très, très, très difficile, alors,
j'apprécie qu'il le dise. En tout respect pour le ministre, tout ce qu'il vient
nous dire, c'est ce qu'on lui a demandé de ne pas faire dans notre première
intervention. C'est ce que les agriculteurs lui ont demandé de ne pas faire.
Ils ne veulent pas entendre le message que le ministre vient de dire. Le
ministre vient de dire : Depuis 2018, on a mis en place une vision, des
stratégies, ça ne marche pas, ça ne marche pas. Aux quatre coins du Québec, il
y a des gens qui se sont déplacés pour vous dire : Ça ne marche pas. Je
vous rappelle des slogans, là : On veut nourrir sans mourir. Ils sont
rendus là. Alors, ce qu'ils veulent savoir, c'est ce que vous allez faire à
partir de maintenant.
Et je commence, M. le Président, dans les
dossiers plus précis, avec Agri-relance. Le ministre a raison, on s'est parlé
il y a quelques semaines, en crédits, au mois d'avril. On s'est parlé dans le
cadre des crédits. On a une bonne conversation de quatre heures puis on a parlé
d'Agri-relance. Le ministre nous a dit : En novembre, j'ai signifié notre
intention au gouvernement fédéral de faire une demande sur Agri-relance. Et, au
printemps, on a déposé notre demande officielle, on a eu des discussions. Mais
là, aujourd'hui, on est rendu au mois de mai, là, on est de quoi, le 10 mai, le
11 mai, et on n'a toujours pas de réponse. Et le message que vous avez donné
aux producteurs, pas juste à nous, aux producteurs, en février, vous avez dit
aux producteurs : Inquiétez-vous pas, ça s'en vient au mois de mars. Au
mois de mars, vous avez dit aux producteurs : Inquiétez-vous pas, ça s'en
vient au mois d'avril. Au mois d'avril, vous leur avez dit... bien, vous nous
avez dit en commission parlementaire : Quelques semaines. Je suis
confiant, ça s'en vient. On vous a demandé si vous aviez un plan de
contingence, vous avez dit : Non, non, non. Ça s'en vient. Pas de plan de
contingence, on ne travaille pas là-dessus, là, il y a quelque chose qui va
être déclenché. Mais cette approche-là de dire : Inquiétez-vous pas, ça
s'en vient, inquiétez-vous pas, vous allez avoir quelque chose, puis de
toujours repousser dans le temps, ça n'aide pas, ça n'inspire pas confiance, ça
inspire de la méfiance.
Alors là, je veux savoir qu'est-ce qui se
passe avec Agri-relance? Est-ce que le ministre fait vraiment toutes les
pressions nécessaires pour que ce soit déclenché? Est-ce qu'il est incessant,
intraitable, comme les agriculteurs lui demandent de l'être? Je ne sais pas, M.
le Président, qu'est-ce qu'on a besoin de faire? Est-ce qu'il veut qu'on aille
ensemble à Ottawa? Si on part tout de suite, on va être là dans cinq heures.
D'après moi, si on arrive à 3 h et 25, vendredi, ils ne seront peut-être pas
encore à la bière, on va peut-être encore les trouver au ministère. Qu'est-ce
qu'on a besoin de faire, M. le Président? Qu'est-ce que le ministre a besoin
pour convaincre le gouvernement fédéral, parce que, de toute évidence, ça ne
fonctionne pas? Et là les agriculteurs, ils comptent sur vous, ils comptent sur
leur gouvernement. Votre slogan, c'est votre gouvernement. Alors, ils comptent
sur leur gouvernement, le gouvernement du Québec, pour s'assurer que, d'une
façon ou d'une autre, que ça vienne du gouvernement fédéral ou que ça vienne du
gouvernement du Québec, qu'ils ont l'aide nécessaire. Parce que là,
aujourd'hui, en date du 10... le 10 mai, ils ont commencé leurs dépenses de
cette année. Ça coûte cher, ça coûte cher la semaine. Ils n'ont pas encore de
revenus pour cette année. Alors là, ils voient l'argent sortir, sortir, sortir,
argent qu'ils n'ont pas. Les banquiers cognent à la porte, se demandent quand
est-ce qu'eux vont être payés.
Alors, M. le Président, on a demandé au
ministre un plan de contingence. Qu'est-ce qui arrive si on n'a pas le
programme dont on a besoin de la part d'Ottawa? Qu'est-ce qui arrive si on a un
programme qui ne répond pas aux demandes des agriculteurs? Si oui, Agri-relance
est déclenchée, mais que ça ne répond pas? Et le ministre nous a dit :
Non, non, on ne travaille pas là-dessus, là, on a un plan A puis c'est le plan
A. Alors...
M. Fortin :...c'est quoi votre date butoir? Quand est-ce que vous
allez dire : Le fédéral n'est pas là? Votre gouvernement va faire sa job,
va répondre aux demandes des agriculteurs, parce qu'on ne peut pas continuer
comme ça, là, à dépenser, dépenser, dépenser quand on n'a pas de cash-flow.
Bien, à un moment donné, ça ne marche plus. À un moment donné, on met la clé
dans la porte. C'est quoi le plan, M. le ministre?
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je cède maintenant la parole au ministre. Vous avez la parole pour cinq
minutes.
M. Lamontagne : Bien, M. le
Président, mon collègue a qualifié que j'ai préparé la stratégie sur laquelle
on est investis aujourd'hui puis qu'on va continuer de s'investir pour assurer
la prospérité du secteur agricole. Mon collègue me regarde, on est tout près
l'un de l'autre, puis il me dit : M. le ministre, ça ne marche pas. Bon,
je prends acte de son commentaire. Je voudrais quand même lui souligner que,
quand ils ont quitté le gouvernement en 2018, pour l'année 2018-2019, les
recettes totales agricoles au Québec ont été de 8,4 milliards. En 2023,
les recettes totales ont été près de 12 milliards de dollars, M. le
Président. C'est un petit peu plus que 40 % d'augmentation. Je vais juste
laisser ça à cette place-là, M. le Président.
Agri-relance, merci, mon collègue, de
me... de me talonner sur... sur ce... sur cette intervention-là, parce
qu'honnêtement, c'est une intervention sur laquelle on a travaillé très fort et
on travaille très fort. Puis mon collègue le sait, Agri-relance n'est pas un
programme, hein, ce n'est pas une affaire qui est normée, et tout ça. C'est
qu'il y a une démonstration qui doit être faite d'une perte qui est liée au
passé, mais il y a une démonstration aussi d'une perte qui va avoir des
conséquences dans le futur. Puis le défi qu'on avait, M. le Président, c'est de
faire la démonstration au gouvernement, qui a le pouvoir de déclencher cette
intervention-là, bien, des pertes passées, mais aussi l'impact que ça avait
pour le futur, puis cette démonstration-là a été faite. Puis si je peux... ne
pas rassurer parce qu'il dit que je les ai rassurés deux, trois fois, mais
l'objectif c'est de dire qu'on était vraiment investis pour que ça fonctionne.
Bien, je peux dire à mon collègue que ça va fonctionner. On a eu la
confirmation du gouvernement fédéral qu'il va y avoir une intervention, puis on
est dans les derniers... dans les derniers mètres, pas les derniers miles ou
kilomètres, on est dans les derniers mètres à déterminer, finaliser les
paramètres pour, après ça, pouvoir en informer... en informer les... les
groupes, M. le Président.
Alors, ce... ce sur quoi... Mon collègue
l'avait dit, au mois de novembre, j'avais informé le gouvernement fédéral qu'on
allait faire cette demande-là à la lumière de ce qui s'est passé l'an passé sur
notre territoire. Et puis, à partir du mois de février, quand les chiffres ont
commencé à rentrer, là, d'une façon mieux organisée, si on veut, là, bien,
les... les gens de l'équipe... parce qu'il y a une équipe particulière au
ministère de l'Agriculture qui a pris à bras le corps de tout monter ce
dossier-là pour aller chercher les compensations les... qui... les plus
justifiables et justifiées possibles pour l'intervention. Et puis on a eu la
semaine passée confirmation du gouvernement fédéral que les paramètres qui ont
été établis, la base sur laquelle l'intervention va se faire, bien, on a
convenu de ce... là. Alors, il reste à déterminer, à mettre la main à la pâte,
là, pour les derniers, tu sais, les montants minimums par hectare, les montants
maximums pour les différentes productions, les petits fruits, les patates, tout
ce monde-là. Alors, c'est quelque chose, honnêtement qu'on devrait annoncer,
la, dans les temps qui s'en viennent, M. le Président.
• (10 h 30) •
Puis je veux rappeler à mon collègue qu'on
a mis en place un fonds d'urgence, qui semble toujours balayer du revers de la
main. Mais il reste que le fonds d'urgence aussi a évolué, hein, puis c'est un
fonds d'urgence qui permettait ultimement à nos entreprises qui étaient en
besoin, hein, qui avaient des cash-flow négatifs, qui avaient... pas un revenu
négatif mais un... négatif dans leurs états financiers, qui étaient vraiment en
difficulté. Puis la définition de difficulté, on s'est entendu aussi avec
l'Union des producteurs agricoles à savoir : Qu'est-ce que c'est une entreprise
en difficulté? Bien, on a mis en place le fonds d'urgence qu'on a fait évoluer
aussi en discussion avec l'Union des producteurs agricoles pour couvrir un
maximum d'entreprises, pour être capable de rendre ça accessible aussi à des
grandes, des petites entreprises, tout ça, qui fait en sorte qu'il y a
167 millions de liquidités qui ont été mises à la disposition des
entreprises. Alors, toutes les entreprises au Québec qui sont en difficulté
avec... tu sais, au niveau de leur cash-flow, leur encaisse, et tout ça,
peuvent faire une demande. Alors, au moment où on se parle, là, il y a eu
1 300 demandes qui ont été faites au fonds... au fonds d'urgence,
puis moi, j'invite, encore là, toutes les entreprises qui... qui sont...
10 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...qui sont...
qui sont en difficulté à venir chercher cette ressource-là, M. le Président,
parce que des ressources qui sont disponibles. Le fonds d'urgence, là, c'est...
c'est 50 000 $,
100 000 $, 200 000 $ disponibles immédiatement pour les entreprises,
sans frais, sans intérêt pour les trois prochaines années, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Avant...
en saluant d'ailleurs la visite des élèves de l'école Le Ventoux qui viennent
nous visiter, je vais maintenant passer la parole au député de Côte-du-Sud.
Vous avez maintenant cinq minutes, M. le député.
M. Rivest : Merci, M. le
Président, permettez-moi de saluer mes collègues et de saluer aussi le travail
qui est effectué par les équipes, oui, du ministère, mais aussi qui
accompagnent M. le ministre, donc, un travail que je vois au quotidien, un
travail qui est riche, qui... qui est attentionné pour tout ce qui se fait dans
le milieu agricole au Québec.
Vous savez, M. le Président, partout au
Québec, 2 % de notre belle province puis du territoire sont des terres
cultivables, 2 % qu'on se doit de protéger, soit par l'accès aux terres,
par les entreprises agricoles, mais qui doit être aussi une priorité de notre
gouvernement. Et je peux vous dire, M. le Président, que c'en est une. Il
existe d'ailleurs, et nous en sommes conscients, plusieurs enjeux qui
concernent la protection du territoire agricole, dont, entre autres, la perte
de superficies cultivées souvent à des endroits où on a les meilleures terres
les plus fertiles du Québec et également l'accroissement de la valeur des
terres agricoles. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
souhaite mettre en lumière l'ensemble des enjeux et réfléchir, M. le Président,
aux mesures à mettre en place pour y faire face.
C'est d'ailleurs pour cela qu'en... qu'au
21 juin dernier, on a démarré une première étape de la réflexion qui a été
lancée par une grande réflexion et une grande consultation nationale afin de moderniser
le régime de protection du territoire agricole et également de favoriser la
mise en valeur du territoire par les activités agricoles, le CNTAA, le
C-N-T-A-A. L'objectif de cette démarche étant de recueillir de l'information
pour nous éclairer des actions qui sont à prendre et également pour s'assurer
de la pérennité du territoire et de nos entreprises agricoles. Puis on a voulu
aller le plus vite possible en réalisant... parallèlement à cette réception et
à ce travail de consultation nationale, on a voulu aussi recevoir les mémoires,
les nombreux mémoires et les sondages, puis on a souhaité démarrer
parallèlement une grande tournée, une grande tournée, M. le Président, pour
aller rencontrer directement les producteurs, les écouter, voir leurs préoccupations,
entendre leurs commentaires, les propositions également, non seulement des
acteurs au niveau agricole, mais aussi au niveau municipal, puis au niveau
environnemental également.
Cette démarche-là de consultation, bien,
elle nous a permis, entre autres, de réaliser plusieurs activités. Je vous en
nomme quelques-unes. La publication de trois fascicules qui ont réuni trois
grandes thématiques qui sont territoire agricole, les activités agricoles puis
la propriété foncière, également, agricole et l'accès aux terres. On a
également tenu des rencontres dans les régions du Québec, réunissant
principalement des intervenants territoriaux qui ont à cœur, oui, le
développement du territoire agricole, mais qui sont appelés aussi à prendre des
positions relativement aux enjeux qui sont soulevés par les trois thématiques
que je viens de vous présenter. De plus, il y a une consultation individualisée
qui a été réalisée avec les communautés autochtones. La réalisation également
de sondages par une firme spécialisée qui est allée chercher le pouls du public
en général également.
Les premiers commentaires qu'on a reçus au
MAPAQ demandent notamment de limiter la perte du territoire agricole, de mettre
en place des mesures pour valoriser les friches agricoles, de concilier
également la protection des milieux naturels et la mise en valeur pour des fins
agricoles, également de faciliter l'accès à des terres pour la relève, puis
dernièrement de se voir également offrir une plus grande flexibilité pour l'implantation
d'usages complémentaires à l'agriculture.
Commençons d'abord par un survol de
quelques chiffres. C'est 500 pages d'informations, de statistiques, d'annexes
qui ont été publiées sur le site de consultation Québec, en plus d'alimenter
des discussions partout au Québec, puis de faire le tour de la question au
niveau de la propriété des terres agricoles. Un beau survol que... je dois
dire, qui a été assez éloquent et encourageant. Selon... Statistique Canada
aussi, il...
M. Rivest : ...en tête du peloton,
ici, au Québec, avec 80 % des terres agricoles qui sont exploitées par des
propriétaires, alors qu'on peut parler de 62 % d'autres régions du Canada.
Dans la grande région du Québec, où 300 000 hectares sont exploités à des
fins agricoles, c'est plus de 90 % qui le sont par des producteurs
exclusivement propriétaires, des producteurs-propriétaires locataires ou bien
des propriétaires locatables ou locateurs. Je peux vous dire, en terminant, que
nous entendons souvent des critiques à notre égard, mais je peux vous dire
qu'autant ma présence dans notre milieu, la présence du ministre et sa
volonté...
Le Président (M. Montigny) : Très
bien, merci. Maintenant, nous allons débuter la deuxième série d'interventions.
Je cède maintenant la parole au député de Pontiac, pour cinq minutes.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Je vais commencer sur les derniers
mots du ministre par rapport au fonds d'urgence auquel il a fait référence, là.
De la façon que le ministre en parle, il nous donne l'impression que c'est
aussi simple que de descendre en bas, à la cafétéria, d'aller commander un club
sandwich, puis, deux minutes plus tard, on l'a dans nos mains, ce club sandwich
là. Le fonds d'urgence, ce n'est pas ça, là. Le fonds d'urgence, ce n'est pas
facile à avoir. Il y a des gens qui nous ont dit qu'il a fallu qu'ils
appliquent cinq fois pour y aller.
Puis je vous rappelle, là, je vous
rappelle... vous étiez là... il y a quelques semaines, il y avait un producteur
agricole qui était parmi nous, dans les tribunes, il s'appelle Steve
Berthiaume. Il est descendu ici, à l'Assemblée nationale... il est parti de
votre comté, M. le Président... il est descendu ici, à l'Assemblée nationale,
pour nous expliquer sa situation. M. Berthiaume avait appliqué sur le fonds
d'urgence, il est allé au Service de médiation en matière d'endettement
agricole du Canada, ils lui ont fait un plan complet, il a amené ça à La
Financière, La Financière lui a dit : Non, sais-tu quoi, ce n'est pas bon,
ce plan-là, tu ne l'auras pas, ton fonds d'urgence, il va falloir que tu vendes
tes actifs, à la place. Le fonds d'urgence, là, ce n'est pas comme ça qu'on y a
accès, là. C'est compliqué, ce n'est pas simple, puis il y a beaucoup de
producteurs qui ne réussissent pas à en avoir du tout.
Mais ça m'amène, M. le Président, à vous
parler de La Financière agricole. Puis vous avez vu la demande qu'on a faite à
la commission de l'agriculture pour qu'il y ait un mandat d'initiative, puis
ça, ça n'appartient pas au ministre, ça appartiendra aux membres de la
commission. Mais ça fait depuis 2011 qu'on n'a pas entendu, en commission, La
Financière agricole. Et, honnêtement, vous savez pourquoi on a demandé un tel
mandat, M. le Président? Parce que le ministre de l'Agriculture a refusé qu'on
parle au président de La Financière agricole lors des crédits. C'est à peu près
le seul fonctionnaire auquel les députés n'ont pas eu accès lors de l'ensemble
de l'étude des crédits de tous les ministères. Alors, je pense qu'on est dus,
parce qu'il y a une grande partie des frustrations des agriculteurs, ces
jours-ci, qui est basée sur la performance, la disponibilité, l'aide de La
Financière agricole.
Moi, je vais vous parler d'un agriculteur
que j'ai vu, en Abitibi, il y a quelques semaines, quelques mois... quelques
semaines. Et, vous le savez, l'Abitibi, l'an dernier, ils ont vécu une
sécheresse importante. Lui, il nous a dit qu'il n'a pas pu faire de deuxième
coupe, alors il a perdu 100 % de ses revenus pour sa deuxième coupe, et La
Financière agricole a évalué que sa perte était d'à peu près 25 %. Enlevez
la franchise, il a eu 10 %. Ça, c'est... M. le Président, j'ai déjà
utilisé l'exemple, mais c'est le même, si votre maison passe au feu, puis que
votre assureur vous donne 10 %, alors que c'est une perte totale, pas sûr
que vous allez rebâtir sur du solide. Bien, c'est ça qui se passe avec nos
agriculteurs, avec certains agriculteurs qui ont tenté d'avoir accès aux
programmes, notamment le Programme d'assurance récolte. Et je le sais que le
ministre travaille sur l'assurance récolte. Quand on lui demande de faire une
grande réforme des programmes de La Financière, bien, en ce moment, il
travaille sur un de ces programmes-là. Mais, encore là, je lui demande de faire
preuve d'urgence, parce que l'année qui a commencé, là, il y a quelques
semaines, elle n'est pas très bien partie, là. Là, aujourd'hui, il fait beau,
mais il n'y a pas énormément de soleil dans les dernières semaines, mois
d'avril, mai, il pleut deux, trois jours à la fois, ce qui rend les champs
difficilement accessibles, il fait froid. Ce n'est pas parti... on verra, on
espère que ça va changer... ce n'est pas parti pour être une grande année dans
bien des régions du Québec.
• (10 h 40) •
Alors, s'il faut qu'on ait une deuxième
saison consécutive difficile sans que les changements nécessaires aient été
effectués, à La Financière, au Programme d'assurance récolte, on est dans le
trouble. Parce que là, ce que les agriculteurs nous disent, là, c'est que la
météo ne les aide pas, que le gouvernement ne les aide pas, que La Financière
ne les aide pas, que les banquiers ne les aident certainement pas, ils veulent
toujours de plus en plus de garanties. Alors, ils veulent savoir qu'est-ce que
le ministre de l'Agriculture va faire pour les aider, là. Une année difficile,
c'est une chose. Deux années difficiles de suite, si les programmes ne sont pas
adaptés, pour bien du monde, c'est insurmontable. La première était
insurmontable pour certains, mais là, si c'est deux années consécutives, avec
des programmes mésadaptés, ça va être dur de remonter la côte...
M. Fortin :...et vous savez ce qu'on entend... Je veux donner une
opportunité au ministre de nous rassurer. Vous savez ce qu'on entend sur
l'assurance récolte puis la réforme qui s'en vient? C'est que le ministre veut
faire en sorte d'inclure les épisodes de gel, de grêle dans les calculs de
compensation. Vous savez ce que ça fait si on... si on fait ça? Ça veut dire...
Ça veut dire que le rendement estimé, il va diminuer énormément. Et là, on le
sait, là, ce n'est pas conjoncturel, les changements climatiques, là. Ça, il va
y en avoir d'année... après année, après année. Alors, des épisodes de gel, des
épisodes de grêle, il va y en avoir d'autres. Alors, si on calcule ça dans le
rendement estimé, vous allez torpiller les compensations futures des
agriculteurs.
Première chose, pouvez-vous nous rassurer
là-dessus que ce ne sera pas le cas, puis, deuxième chose, mettre en place des
changements cette année?
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Lamontagne : Merci
beaucoup, M. le Président. Juste pour revenir. Mon collègue avait... avait,
avec lui, la journée des crédits... avait des... trois producteurs qui
l'accompagnaient, qui étaient ici puis que chacun avait des réalités
différentes, des enjeux différents. Bien, ils ont été contactés par la suite,
et puis il y a un suivi, là, qui se fait avec la Financière agricole.
Au niveau du fonds d'urgence, M. le
Président, c'est certain que le fonds d'urgence s'applique. On a convenu avec
l'Union des producteurs agricoles, tu sais, de... d'un peu ça veut dire quoi,
une entreprise qui est en difficulté. C'est des entreprises qui ont un excédent
monétaire négatif, des entreprises qui ont un fonds de roulement qui est
négatif. Puis naturellement, toutes les entreprises de la Financière, qui sont
clients à la Financière, bien, je veux dire, ont cette... cette possibilité-là
d'accéder au fonds de roulement. Et puis ceux qui ne sont pas clients à la
Financière, bien, je veux dire, ça peut être plus compliqué, M. le Président,
un peu. Mais l'objectif, c'est de faire en sorte que ce fonds-là puisse générer
les liquidités dont les producteurs ont besoin.
Mais, en attendant, M. le Président, que ça
soit du côté de l'assurance récolte, que ça soit du côté de...
d'Agri-stabilité, il y a des possibilités pour les producteurs de demander des
paiements provisoires, il y a des possibilités de demander des avances, si on
veut, sur les montants qui vont être à payer. Puis c'est sûr que moi,
j'encourage tous les producteurs et les productrices à se prévaloir, à se
prévaloir de ces possibilités-là. Puis il y a peut-être de l'accompagnement...
pas «peut-être», il y a de l'accompagnement qu'il faut qu'il soit fait au
niveau des producteurs, des productrices, parce que... il n'y a pas de blâme
pour personne, M. le Président, on s'entend là-dessus, mais ce que j'ai pu
remarquer, c'est que le taux d'entreprises qui ont fait appel puis qui
demandent des paiements provisoires, qui demandent des avances, M.... M. le
Président, était quand même, je dirais... je ne dirais pas limité, là, mais les
possibilités sont plus grandes que ça. Ça fait qu'il y a un accompagnement à
être fait. Il peut y avoir une complexité dont mon collègue parle.
Mais une chose qui est certaine, c'est
qu'on a mis en place une stratégie de sensibilisation. On a identifié
2 600 entreprises, M. le Président, qui sont plus à risque et ont...
bénéficieraient d'avoir un accompagnement personnalisé, que ce soit au niveau
de la façon dont ils utilisent les différents outils de soutien, mais les
différents outils aussi de gestion de risques. Parce que, dans l'accompagnement
qui est fait par la Financière agricole, M. le Président, il y a des outils qui
visent à l'assurance, si on veut, au soutien agricole, mais après ça il y a des
outils qui sont là pour qu'il y ait une autogestion des risques par le
producteur ou la productrice. Alors, on a identifié
2 600 entreprises, M. le Président, qui sont plus à risque. Alors, on
est vraiment... bien, je dis «on», c'est la Financière agricole... est vraiment
en démarche pour contacter chacune de ces entreprises-là, pour s'assurer, dans
un premier temps, qu'ils utilisent de la meilleure façon possible les différents
leviers de toute cette suite de programmes de soutien de revenus et de gestion
de risques qui est à leur disponibilité. Puis deuxième des choses aussi, voir
puis s'assurer qu'ils sont financés d'une façon optimale, M. le Président. Les
deux volets, là, le soutien de revenus, gestion de risques, et puis après ça le
financement d'un point de vue optimal.
Alors, le travail est en cours. L'an
passé, M. le Président, on avait identifié un petit peu plus de
700 entreprises qui allaient... qui allaient avoir un tel accompagnement.
Puis, au total, c'est... je pense, c'est 643 entreprises qui ont été
contactées, qui ont été accompagnées. Puis on s'entend toujours, M. le
Président, il peut toujours y avoir des cas...
M. Lamontagne : ...puis, à un
moment donné, ça tombe dans la craque. Tu sais, ce n'est pas parfait, puis
c'est des humains qui sont... ce n'est pas parfait, c'est pour ça que, moi, je
dis sur toutes les tribunes : Les gens qui sont en difficulté, qui ont
besoin de soutien puis que, présentement, ne sont pas accompagnés à leur
satisfaction, c'est de lever la main, c'est de contacter les directions
régionales, contacter les bureaux de la Financière, ultimement, contacter le
cabinet du ministre de la Culture, mais on est engagés pour leur donner le
soutien.
Juste pour terminer sur la question de mon
collègue, toute la réforme de l'assurance récolte, là, ça se fait vraiment,
vraiment avec chacune des filières. Ce n'est pas le ministre. J'entends mon
collègue dire : Le ministre veut faire ci, il veut poser tel geste. Ce
n'est pas de ministre. Ultimement, il y a des spécialistes du grain, avec des
spécialistes de La Financière, des... ils vont tout regarder ça puis ils vont
convenir des meilleures pratiques pour les assurances de chacune des filières,
M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Parfait.
Merci. Alors, maintenant, je cède la parole au député de Côte-du-Sud. Vous avez
cinq minutes, M. le député.
M. Rivest : Merci. J'en
parlais tout à l'heure, sur la consultation nationale, de dire que les
agriculteurs ont eu une opportunité, je dirais, d'initier... ça a été initié
par notre ministre, hein, d'engager un dialogue. Ça, c'est important parce que
le dialogue a permis de travailler sur les enjeux qui sont fondamentaux pour l'agriculture,
puis la sécurité alimentaire au Québec, puis l'utilisation également des terres
agricoles au niveau national.
À travers cette démarche participative,
bien, il y a eu des... la voix des agriculteurs, des experts, des décideurs
régionaux, politiques, également, et de la société civile qui a été entendue.
Et ça, ça a pu nous permettre d'offrir un aperçu plus complet des défis
importants, puis des enjeux passés, présents puis futurs, M. le Président.
Cette consultation, c'était plus qu'une simple discussion, c'était aussi une
tribune, une tribune pour entendre la voix de tous les acteurs concernés. Puis
cette tribune-là, elle a permis d'entendre les préoccupations puis les
aspirations qui concernent l'avenir de notre agriculture et de nos terres agricoles.
Le résultat de cette consultation-là a été de fournir, d'ailleurs, des
informations précieuses sur les préoccupations des citoyens, sur les besoins
des communautés rurales, également, sur les aspirations des agriculteurs et les
exigences environnementales.
En examinant la synthèse de ce rapport-là
de la consultation, il nous est possible d'identifier des recommandations
importantes. Renforcer l'agriculture durable, promouvoir la protection des
terres agricoles, encourager le développement et garantir une alimentation
saine et accessible à tous. Dans un contexte où les changements climatiques, la
mondialisation, les pressions démographiques, les influences aussi, sont
profonds, dans le secteur agricole, bien, cette consultation-là a permis de mettre
le doigt sur l'importance capitale pour nous d'orienter les politiques
publiques, les actions futures, également, vers un avenir agricole plus
résilient et durable.
Les participants, également, ont fait un
fort plaidoyer en faveur de l'agriculture durable, en faveur également de
l'idée de promouvoir des pratiques respectueuses de l'environnement qui
favorisent également la biodiversité et qui réduisent aussi l'utilisation de
pesticides et d'irritants chimiques.
D'ailleurs, chez moi, vous savez, dans la
belle Côte-du-Sud, j'ai la chance de toucher à deux régions administratives.
Puis, au Bas-Saint-Laurent, M. le Président, ça a été le 8 février dernier, qui
a été une occasion de constater qu'au Bas-Saint-Laurent les agriculteurs, qui
concernent l'avenir de leurs pratiques agricoles... puis aussi nous ont partagé
le fait que leur engagement était nécessaire dans la recherche de solutions.
Ils nous ont parlé aussi de l'accaparement des terres par certains grands
producteurs agricoles de d'autres régions, des friches, des défis actuels
également sur la relève. Ils nous ont parlé également du morcellement, de la
diversification des activités agricoles, qui ont été abordés avec eux en lien
direct, puis ça a été unanime, de s'assurer qu'on souhaitait travailler sur la
vitalité des municipalités, particulièrement en milieu rural. La
classification, également, des terres, les lourdeurs administratives, la
nécessité d'accompagner et de soutenir nos agriculteurs ont également été
soulevés.
• (10 h 50) •
En Chaudière-Appalaches, ça a été le 12
décembre dernier. Je tiens à vous donner quelques exemples. La problématique
discutée, entre autres, a été le transfert des fermes et de la relève agricole,
qui est apparu plus crucial au niveau de Chaudière-Appalaches, le morcellement
des terres, la diversification des activités agricoles, le soutien financier
des techniques. Ils nous ont partagé, M. le Président, ces inquiétudes-là, ces
défis-là, et ça a...
M. Rivest : ...permis de
réaliser le rapport, de mettre ce travail de synthèse là et de bien connaître
les enjeux partout sur tous les territoires du Québec. Un autre élément
largement abordé lors de ces consultations-là a été le travail sur les
questions sur la relève agricole. L'augmentation des prix, la disponibilité des
terres est apparue comme un obstacle particulier pour les nouveaux arrivants et
aussi pour le secteur de la relève agricole.
Finalement, je peux vous dire que le
rapport, il met aussi en évidence la nécessité d'adopter des politiques agricoles
et alimentaires qui sont liées étroitement aux défis actuels de notre société,
comme les changements climatiques, la pénurie de main-d'œuvre, le
vieillissement de la population et j'en passe. Je peux vous dire également que
les grandes orientations du gouvernement seront dévoilées très bientôt. Je
rappelle, après... Je rappelle qu'après une année de travail, bien, on souhaite
même qu'un projet de loi modifiant la loi sur la protection du territoire
agricole et des activités agricoles en vue de mettre en œuvre nos orientations
privilégiées pour les prochaines années.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
merci beaucoup. Nous allons débuter la troisième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve. Vous avez cinq minutes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. On est face à... Bien, bonjour, tout le monde, content d'être ici
avec vous ce matin. On est face à une urgence vraiment particulière, là, qui
concerne toute l'agriculture au Québec. Mon collègue de l'opposition
officielle, il en a bien fait, je pense, la démonstration dans ses prises de
parole précédentes. Il faut rappeler que nos fermes au Québec, ce n'est pas
juste des lieux de production, c'est aussi des foyers, c'est des lieux de vie,
puis ça tisse nos régions ensemble, à l'intérieur des régions et entre les
régions, ça crée le Québec, ça occupe le territoire du Québec, ça fait le... ça
occupe le centre du développement de nos régions au Québec. On va se le dire,
l'agriculture, ça... c'est dans une très mauvaise passe en ce moment. Le filet
de sécurité économique s'effrite pour les producteurs. Puis là, évidemment, on
rajoute à ça la crise du coût de la vie, la crise de l'économie. En terme
général, c'est difficile pour tout le monde, puis, dans le milieu agricole, on
le vit de manière particulièrement aiguë. La dette moyenne par exploitation
agricole, bien, les prévisions, elles disent que ça pourrait atteindre jusqu'à
1,3 millions en 2024. Le revenu net agricole québécois passera de
959 millions en 2022 à 487,1 millions en 2023, c'est une baisse de
presque 50 %, puis peut-être même jusqu'à 66 millions en 2024, une
baisse peut-être de 86 %. C'est énorme. L'année 2023 est un aperçu de
ce qui nous attend avec les changements climatiques, les sécheresses, les
inondations, les gels tardifs. Des exemples très concrets, bien, on a connu des
feux de forêt historiques, on a connu 309 mm de pluies qui sont tombées à
Sherbrooke en juillet 2023, soit trois fois plus que le taux normal pour un
mois de juillet. Ça, c'est une tendance qu'on retrouve partout au Québec. En
matière de paperasse, les documents à remplir pour le milieu agricole sont
intenses, ça peut prendre parfois jusqu'à 48 heures à compléter. Sur la
valeur des terres, elles sont 10 fois plus chères qu'il y a 25 ans. Leur
valeur moyenne a atteint une hausse de 248 % au cours des 10 dernières
années. Le Québec a perdu plus de... plus de 9 500 hectares de terres
agricoles en 2016-2017... entre 2016 à 2017 et 2020 à 2021. C'est des pertes
énormes.
Les agriculteurs et agricultrices sont en
colère, sont à bout de souffle et, plus que jamais, ils attendent des gestes
concrets du gouvernement, ils attendent à ce que le gouvernement fasse plus, et
ils sont déçus, et je les comprends. Pendant la pandémie, on avait réagi quand
même assez rapidement pour soutenir les agriculteurs et agricultrices, mais on
ne sent pas la même urgence de la part du ministre et de son gouvernement en ce
moment. En plus, le double de cette crise-là, l'impact des changements
climatiques, le contexte économique étouffe les producteurs, et donc l'inaction
gouvernementale qui vient peser un peu sur l'espoir que les situations
s'améliorent. Les producteurs demandent aux ministres de fournir une aide d'urgence
pour les producteurs. Il faut débloquer un fonds d'urgence pour donner une aide
financière immédiate aux producteurs agricoles qui en ont besoin. Et c'est ce
qu'on demande à QS depuis des mois, notamment à travers la parole de ma
collègue, la députée de Verdun.
La CAQ a, à de multiples reprises,
rétorqué à ma collègue de Verdun, donc, qu'ils ont fait le maximum, mais
parlons-en, les 50 000 $ de garanties de prêts de fonds de roulement pour
environ 2 000 entreprises annoncées à la suite des pressions du
mouvement des producteurs. Mais la réalité... En réalité, la part du
gouvernement, c'est 7 500 $ et le reste est à la charge des producteurs.
On ne fait que rembourser les frais d'intérêts, mais ça ne règle en rien le
problème de l'endettement. Le ministre se félicite du milliard de dollars qui a
été décaissé par La Financière, comme si une grosse partie de cette somme ne
venait pas des producteurs eux-mêmes. La Financière agricole du Québec a
certainement un rôle à jouer dans notre système de soutien agricole, elle offre
des services essentiels tels que l'assurance et le financement. Cependant, se
reposer uniquement sur cette entité pour gérer l'ensemble du soutien financier
à l'agriculture pose des problèmes sérieux. Premièrement, tous les producteurs
ne sont pas éligibles pour bénéficier des aides. C'est un problème que le
ministre semble ne pas vouloir entendre, mais on va le répéter jusqu'à... la
CAQ agisse pour vrai. Nous devons repenser cette approche. Nous avons besoin
d'un système qui reconnaît et soutient la...
M. Leduc : ...dans notre
agriculture, un système qui ne se contente pas de répondre aux besoins de la
majorité, mais qui s'efforce également de répondre aux défis spécifiques
rencontrés par les petits exploitants, les agriculteurs bio, les pionniers de
techniques durables. Le ministre lui-même le dit constamment : Toutes les
entreprises agricoles sont différentes les unes des autres, il faut donc que
l'aide qu'on offre s'adapte à ces réalités plutôt que de les exclure. Ces services
essentiels sont rendus des fardeaux pour nos agriculteurs. Le ministre devrait
se poser la question : pourquoi on voit de plus en plus de producteurs ne
plus s'assurer. Bien, nous, on a une petite idée. C'est parce que les garanties
de prêt sont tellement sévères que ça décourage les agriculteurs. Certains sont
prêts à devoir mettre leurs maisons, leurs bêtes, leurs voitures et leurs
installations pour couvrir ces garanties, mais est-ce qu'on trouve ça normal?
Est-ce que c'est ce que vous pensez que c'est... Est-ce que vous pensez que
c'est encourageant pour la relève de devoir demander d'hypothéquer la maison
familiale pour pouvoir emprunter? Pourquoi est-ce qu'on a choisi de limiter
notre soutien aux agriculteurs exclusivement via la Financière agricole du
Québec? Pourquoi est-ce qu'on délaisse les subventions gouvernementales
directes, qui ont, par le passé, joué un rôle crucial dans le soutien de notre
secteur agricole? Le gouvernement compte-t-il réellement régler le problème
d'endettement des agriculteurs par plus d'endettement? Nous demandons au
gouvernement de la CAQ de cesser de négliger ce secteur vital et d'agir
concrètement pour aider les agriculteurs, agricultrices de Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Lamontagne : Oui. Merci,
M. le Président. Je veux remercier mon collègue député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour son intervention. Puis ça fait quand même quelques années qu'on siège
ensemble. C'est la première fois que j'ai l'opportunité d'avoir mon collègue
comme interlocuteur, alors... puis je suis très heureux que ça se passe dans un
contexte où on parle d'agriculture. Alors, on a eu l'occasion, avant que ça
commence, qu'il me parle un peu aussi de... dans la famille, l'agriculture et
tout ça, là. Je sais que le collègue a un intérêt puis une sensibilité par
rapport au secteur.
Une chose importante. Mon collègue a
commencé son intervention en parlant de la contribution des entreprises,
l'occupation sur le territoire, l'impact sur le territoire, et tout ça. Juste
pour se donner quand même une perspective, parce qu'il y arrive à l'occasion,
des fois, quand je suis interpellé, que je vais donner comme réponse aussi...
je vais dire : Écoutez, de venir accompagner les entreprises, des fois, ce
n'est pas aussi évident que ça en a l'air parce que, des fois, je pousse à
l'extrême, je dis : Il n'y a pas une entreprise qui est pareille. On
s'entend, M. le Président, qu'il y a certainement quelques entreprises qui
peuvent être similaires, mais il reste que, de façon générale, les entreprises
agricoles, de par où elles sont situées, de par la qualité du sol, de par la
santé de leurs animaux, de par... est-ce que ça a été de famille en famille, de
par leur âge, de par leur formation, de par... il y a tout un contexte qui fait
en sorte qu'ultimement, tu sais, il y a peu d'entreprises qu'on peut dire, là,
qui sont toutes un peu sur le même moule. Puis si on en rajoutait aussi, M. le
député, si on regarde ça froidement, là... tu sais, tantôt, je disais qu'il y
avait eu 12 milliards de revenu agricole ou à peu près en 2023, si on
regarde ça froidement, là... puis on a 29 000 entreprises agricoles
au Québec, sur les 29 000 entreprises agricoles, on a
15 000 entreprises, 51 %, qui font moins que 100 000 $
de chiffre d'affaires par année. Sur le 15 000, on a
11 000 entreprises qui font moins que 50 000 $ de chiffre
d'affaires par année. Par contre, on a 10 % de nos entreprises, 3 000,
qui génèrent 65 % de toute la production agricole. Puis si j'agrandis ça
un petit peu, là, j'ai 94 % des revenus agricoles qui sont générés par
34 %, 35 % de nos entreprises.
• (11 heures) •
Alors, on a toute une panoplie, si on
veut, d'entreprises sur le territoire, puis on a des entreprises que leur
première contribution, c'est vraiment d'être équipés pour produire de la... tu
sais, on est 9 millions de Québécois aujourd'hui, là, ça fait que de
produire en quantité importante pour les 9 millions de Québécois. On a d'autres
entreprises sur le territoire qui se lèvent le matin, puis, eux autres, c'est
de produire pour son voisin et produire pour les gens qui viennent cogner à
leur porte, pour aller dans les marchés publics. Alors, on a toute une
panoplie. Puis toutes ces entreprises-là, puis je mentionnais les 51 %,
mais eux autres, c'est à peu près un petit peu moins de 3 % des recettes
agricoles. Ça fait que, quand on vient... quand ça vient le temps de s'asseoir
puis dire : Quelles sont les meilleures politiques, quelles sont les
meilleures façons d'accompagner les entreprises sur le territoire, nos
agriculteurs, nos agricultrices? Vous comprendrez, M. le député, qu'on a un
large spectre de types d'entreprises. C'est sûr que le premier dénominateur
commun qu'ils ont, là, c'est que toutes ces entreprises-là contribuent à la
vitalité puis à l'habitation du territoire aux quatre coins du Québec. Ça,
c'est le premier point.
Quand on...
11 h (version non révisée)
M. Lamontagne : ...on tombe
dans les petites entreprises, puis je ne dis pas «petites» au niveau réducteur,
mais dans les chiffres qu'on mentionne, moi, une chose à laquelle je me suis
attaqué puis que je m'investis chaque jour, c'est comment induire ces
entreprises-là à pouvoir avoir davantage de diversification de revenus, si on
veut, O.K.? Que ça soit par pouvoir accès... avoir accès à d'autres élevages,
que ça soit de pouvoir transformer des choses à la ferme qu'ils n'avaient pas
loin de faire avant, que ce soit par permettre d'abattre à la ferme, des choses
qu'ils ne pouvaient pas faire auparavant. Ça fait qu'il y a un certain nombre d'actions
qu'on a posées qui visent à faire en sorte que, pour accompagner ces
entreprises-là... qu'est-ce qu'on peut faire pour leur résilience à long terme,
là. Oui, il y a le consommateur pour acheter leurs produits, mais plus ils vont
être capables de diversifier un peu leur assiette de revenus, plus ils viennent
diminuer leurs risques, mais plus ils ont des choses à offrir aux
consommateurs, plus ils peuvent augmenter leurs revenus.
Alors, quand c'est le temps de venir
accompagner... Puis soyez assuré, monsieur... M. le député, que tout ce que je
vous ai mentionné là, là, c'est... c'est tout le temps présent dans nos
réflexions. C'est tout le temps présent dans les gestes qu'on cherche à poser
pour venir accompagner ce qu'on appelle l'agriculture au Québec, là, M. le
député.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville. Vous avez la
parole pour cinq minutes.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, M. le Président. Premièrement, je voulais saluer l'ensemble des
collègues qui, comme nous, ont l'agriculture à cœur. Je pense que vous l'aviez
bien... vous avez bien fait le portrait de ça déjà ce matin. On a entendu plein
de choses sur les agriculteurs. Je trouve que c'est très conjoncturel, le
portrait dont on fait... dont on fait ce matin. C'est vrai que les agriculteurs
travaillent fort. Je sais c'est quoi, moi, je viens de là. L'ensemble de ma
famille, l'ensemble de mes connaissances de travail sont encore et actuellement
en agriculture, donc je comprends. C'est vrai que la conjoncture est
extrêmement difficile puis qu'on a des gestes à prendre par rapport à ça.
Mais il y a un agriculteur de chez nous
qui m'a envoyé une vidéo récemment de quelqu'un qui prenait la parole aux
États-Unis, puis je vais vous le résumer en gros, le message. Parce que lui, il
dit : ça, pour moi, c'est ça, l'agriculture, puis chez moi, ça sonne la
même chose, c'est qu'un producteur, au-delà de n'importe quoi, c'est un
entrepreneur. Bien, c'est une sorte spéciale d'entrepreneurs, un petit peu
comme le slogan, qu'il disait tout à l'heure. C'est un entrepreneur qui est
prêt à prendre des risques, des risques plus élevés que la majorité des gens.
Puis moi, ça me fait toujours rire, parce que, quand j'ai décidé de me lancer
en politique, il y en a plein, des agriculteurs, qui ont dit : Wow! Tu
joues le tout pour le tout, tu te lances dans le risque et dans l'inconnu,
alors que, tu sais, au niveau de... du quotidien des agriculteurs, on en prend
toujours, des risques.
Un producteur, à la base, ça investit tout
ce que ça a soit pour racheter la terre de ses parents, l'étable des parents,
ou s'établir en tant que tel. Puis là, après ça, la maison familiale est
intimement reliée, parce qu'elle est généralement basée sur des terres
agricoles liées... tu sais, je veux dire, on ne peut pas séparer la maison de
la terre. Tout ça est ensemble. La famille vit là. C'est un style de vie
au-delà d'un métier. Après ça, on va emprunter des fonds pour acheter des
intrants, généralement, six mois avant de les mettre en terre, parce que les
prix sont meilleurs, puis on va le soutenir pendant six mois. Puis après ça, on
fait un plan de culture sur 10 ans. Dix ans de planification de ce qu'on
va faire dans le champ quand aujourd'hui on ne sait pas vraiment à la météo qu'il
va faire à l'intérieur de sept jours, un rendement qui va dépendre à 50 %
de la météo, au vert à la fin de l'année. Moi, je ne connais pas beaucoup d'entrepreneurs
que 50 % de leurs revenus, à part peut-être dans certains secteurs du
tourisme, dépend à ce point-là de la météo.
Donc, quand ça part, quand... un coup que
la machinerie est acquise ou louée pour semer, entretenir, récolter, puis que,
là, le temps est prêt, ça travaille jour et nuit, 24-sept, avec la famille, les
amis, tout le monde qui peut venir prêter main forte pour mettre la semence en
terre dans le 10 jours idéal que le Québec nous donne. Dix jours, une
fenêtre optimum. Puis après ça, quand c'est fini, bien, on prie pour qu'il
pleuve, on prie pour qu'il fasse chaud, on prie pour qu'il fasse soleil.
On entretient les cultures, on récolte, on
conditionne, mais après ça, ce n'est pas fini. Tout le travail d'une année qui
n'est pas rémunéré, on le met dans un silo puis on l'entrepose. Puis là, on
espère que le marché mondial puis le marché local, que le prix soit au
rendez-vous.
Je peux vous dire qu'en tant qu'entrepreneurs
puis en tant que gouvernement, on accompagne ces producteurs-là pour que 100 %
des risques contrôlables soit examiné, soit pris en compte, soit pris en
charge. Nous autres, comme gouvernement, on croit que ces gens-là, qui risquent
tout pour nous nourrir, on doit leur adresser un respect infini puis parler de
ces gens-là comme des grands ambassadeurs, des grands...
Mme Bogemans : ...des grands
ambassadeurs, vraiment, de notre territoire agricole. Puis de même, je dirais,
de la culture québécoise, parce qu'on vient tous, à quelque part, les gens qui
viennent du Québec, d'une lignée d'agriculteurs.
Puis on les soutient, parce que notre
gouvernement, comme en agriculture, bien, ce n'est pas la première turbulence
qu'on passe, puis ce n'est pas ça qui va nous décourager. On trouve des
solutions, puis des solutions qui viennent du terrain. M. Lamontagne a un passé
en tant qu'épicier, moi, j'ai un passé en tant qu'agricultrice. Comme il dit
souvent : Il n'y a pas une journée où il ne parle pas avec les gens du
terrain. Les solutions qu'on va mettre sur la table, quand on va être prêts à
les mettre sur la table, ce sera des vraies solutions qui parlent aux
agriculteurs du Québec, ce sera des solutions qui seront durables, parce qu'on est
proche du plancher des vaches.
Nous autres, on croit que... en la
démarche de l'alimentation saine, saine pour les Québécois, mais durable aussi
pour notre territoire, parce que, comme je le disais plus tôt, je suis
absolument convaincue que les agriculteurs du Québec, c'est les premiers
artisans de notre territoire puis du Québec. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Nous allons débuter la quatrième série
d'interventions. Je cède maintenant la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Merci. Merci, M. le Président. Sur la dernière intervention
de ma collègue, là, son intervention, je l'apprécie énormément. L'enjeu, c'est
le «quand on va être prêt à arriver à des solutions». Il est là, l'enjeu, là,
c'est qu'il y a une urgence monumentale, c'est qu'il y a des agriculteurs qui
mettent la clé dans la porte, qui redonnent les clés à la banque, là. Alors, le
«quand on va être prêts à arriver à une solution», ils n'ont pas le luxe, le
loisir, la possibilité d'attendre. Ils veulent le sentiment d'urgence de la
part du gouvernement.
Et je note, M. le Président, au passage,
que le ministre n'a pas répondu à la question très spécifique qu'on lui a posée
sur l'assurance récolte, à savoir le calcul du gel et de la grêle, est-ce que
ça va être inclus dans les prévisions annuelles de rendement? Ce qui inquiète
énormément de producteurs. Ça, là, ce serait un beau six pouces dans les côtes
des producteurs agricoles. Alors, je lui demande de rassurer les gens qui
entendent ça en ce moment.
Une chose que je sais du ministre, c'est
que c'est vrai, il parle, il parle à beaucoup de gens dans l'industrie.
Notamment, notamment, il parle aux éleveurs. Et une chose qui revient
constamment, dans nos discussions avec les éleveurs, M. le Président, c'est la
nécessité, puis ça, c'est vrai dans le poulet, dans le porc, dans le bœuf, peu
importe, là, la nécessité d'avoir des transformateurs avec une bonne stabilité,
avec une... qui sont productifs, qui sont innovants, qui sont capables d'accueillir
le volume de production des éleveurs. Ils le savent, là, qu'une stabilité de la
part des transformateurs, c'est ça qui leur permet de penser à l'avenir.
Mais les transformateurs, aujourd'hui, là,
ils nous disent tous la même chose, eux aussi : Ils sont inquiets pour
leurs travailleurs. Pourquoi ils sont inquiets? Parce qu'ils connaissent les
politiques de votre gouvernement. Ils voient très bien ce qui se passe envers
les travailleurs étrangers. D'ailleurs, cette semaine, le premier ministre du
Québec a tenu un point de presse quasi complet sur la question des travailleurs
étrangers et il a parlé de l'impact sur les services publics. Moi, je ne l'ai
jamais entendu, tout au long de ce point de presse là, parler de l'impact
positif des travailleurs étrangers. Parce que qui travaille chez nos
transformateurs, M. le Président? Qui travaille chez Olymel, chez Exceldor, qui
travaille dans nos abattoirs? Une bonne partie des employés, ce sont des
travailleurs étrangers.
• (11 h 10) •
Alors, je pense qu'il y a un... pas «je
pense», il y a, M. le Président, dans la tête de beaucoup de transformateurs,
et donc dans la tête de beaucoup d'éleveurs, un nuage qui plane. Il y a un
risque qui s'en vient. Si les transformateurs n'ont pas accès aux travailleurs
dont ils ont besoin, qu'est-ce qui va se passer? Ils vont réduire leur
production. Et réduire leur production, pour les transformateurs, c'est une
chose, pour les éleveurs, c'en est une autre, M. le Président. Un éleveur ne
peut pas se permettre que le transformateur n'ait pas la capacité d'accueillir
sa production. Et là j'ai parlé tantôt du bœuf, du porc, de la volaille, mais
qu'est-ce qui se passe dans un...
M. Fortin :...un secteur qui est sous la gestion de l'offre, si on
diminue la production parce qu'on n'a pas de travailleurs dans nos usines de
transformation? Je vous le dis tout de suite, M. le Président, l'Ontario va
venir chercher ces quotas-là, va venir chercher cette production-là.
Je cherche, je cherche, et j'espère qu'on
va l'entendre, l'intervention rapide du ministre de l'Agriculture pour que le
secteur de la transformation alimentaire ne subisse pas un contrecoup majeur
des politiques en matière de travailleurs étrangers de son gouvernement. Le
ministre de l'Agriculture a une chance, a une opportunité de démontrer tout le
nationalisme qu'on s'attend de sa part, qu'on s'attend de la part d'un ministre
de l'Agriculture, parce qu'une politique économique qui fait en sorte... ou une
politique d'immigration qui fait en sorte que des quotas sont déplacés du
Québec vers l'Ontario, ce n'est pas une politique nationaliste, ça. Alors, je
veux qu'il nous rassure aujourd'hui et qu'il nous dise très clairement qu'il a
fait, qu'il va faire des interventions, qu'il va s'assurer que nos transformateurs
alimentaires ne sont pas pénalisés par les politiques en lien avec les
travailleurs étrangers, les politiques de son gouvernement.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Très bien. Très bien, merci. Je cède maintenant la parole au ministre.
M. Lamontagne : Bien, M. le
Président, rapidement, pour répondre à ce segment de la question de mon
collègue, depuis que je suis en poste... Pas longtemps après, on a eu la
pandémie, avec tous les enjeux que ça a entraînés, qu'on se demandait... À un
moment donné, on était tous autour d'une table, puis à un moment donné il était
question qu'il n'y ait pas un travailleur étranger qui s'en vienne au Québec,
hein. Puis les travailleurs étrangers temporaires, le collègue le porte bien,
tu sais, on a un peu plus que 20 000 travailleurs dans le secteur agricole,
c'est des milliers de travailleurs au point de vue de nos transformateurs. Ça
fait que je veux... là, là, je veux le rassurer, je veux dire ça à mon
collègue, que j'ai été mobilisé dans le passé, je suis mobilisé dans le présent
et je serai mobilisé dans le futur à faire des interventions, à fournir les
informations appropriées pour faire en sorte... Parce que c'est une chaîne de
production, hein, puis le député l'a bien dit, tu sais, à un moment donné, on a
des produits qui poussent ou on a des animaux qui arrivent à la maturité, puis
qu'ultimement, bien, c'est comme un goulot d'étranglement, mais on n'est pas en
mesure d'emballer ou on n'est pas en mesure de transformer, bien, ultimement,
ce n'est pas juste la chaîne qui est mise à mal, ultimement, c'est notre
territoire agricole qui pourrait être mis à mal, ultimement, c'est la vitalité
dans nos communautés qui va être mise à mal. Ça fait que je veux juste dire à
mon collègue que je partage...
Mon collègue est beaucoup dans le futur,
si, si, si, puis c'est correct, à un moment donné, de dire : Écoute, tout
d'un coup qu'il arrive ça, ça, ça, qu'allez-vous faire? Bien là... Puis là, je
ramène... Moi, à chaque jour depuis... depuis presque que je suis en poste,
j'interviens pour faire en sorte qu'on n'arrive jamais dans les «si», puis,
jusqu'à maintenant, comment tout s'est adapté au niveau de nos transformateurs,
comme le collègue l'a dit, les bons gestes ont été posés, que ça soit au niveau
débouchés industriels, que ça soit au niveau des seuils et tout ça, puis les
défis sont importants.
Puis là, je ne veux pas commencer...
digresser... Il l'a fait un peu, là, en parlant du point de presse de mon
premier ministre, là. Mais, sans aller dans le détail, on s'entend qu'on a
quand même des défis importants sur notre territoire, puis c'est sûr que
dans... face à ces défis-là, bien, le secteur bioalimentaire, je veux dire, n'est
pas... ce n'est pas un corps distinct du reste de l'économie, puis de la
composition de la population québécoise, puis de sa force de travail, mais tous
les jours je m'assure de faire les représentations puis d'obtenir les réponses
pour faire en sorte que cette chaîne bioalimentaire là, là, puisse opérer dans
les meilleures conditions au bénéfice des citoyens québécois, qui ont besoin
d'être nourris, puis on vise le plus possible à faire en sorte qu'ils se
nourrissent avec des aliments qui viennent de chez nous, mais après ça, là,
pour tout l'équilibre de la chaîne. Ça fait que je veux dire ça à mon collègue.
À travers tout ce qu'on peut entendre et
tout ça, là, c'est certain que moi, mon rôle, que j'assume pleinement, c'est de
m'assurer que le secteur de l'agriculture, que le secteur de la transformation,
qui est ultimement essentiel pour nos citoyens au Québec, bien, je veux dire,
puisse avoir les outils que nous avons besoin. Ça fait que... pour répondre à
mon collègue.
Juste pour revenir sur les capacités de...
M. Lamontagne : ...transformation,
rapidement, on a... on a posé beaucoup de gestes pour venir dynamiser, puis
j'en parlais tantôt, là, quand je disais les quatre piliers, quand on dit
renforcer la chaîne d'approvisionnement, bien, toute la question de l'abattage
dans le secteur bovin, tous les gestes qu'on a posés pour soit qu'il puisse y
avoir des nouvelles abattoirs... des nouveaux abattoirs, excusez-moi, des
nouveaux abattoirs ou soit que des abattoirs puissent améliorer leur qualité,
puissent accroître leur capacité de produire, bien, on a posé beaucoup de
gestes dans la foulée des annonces que j'avais faites en 2020, là, de notre
stratégie pour accroître l'autonomie alimentaire, qui fait en sorte, là... Je
vais dire un chiffre vraiment à peu près, là, M. le député de Pontiac, mais, il
y a quelques années, il s'abattait 30 000 bovins, vaches réforme et
bovins de production. Aujourd'hui, on est à un peu plus que 60 000. Alors,
on a doublé notre capacité d'abattage. Alors, il y a vraiment des gestes qui
ont été posés pour venir accompagner.
Au niveau de nos transformateurs, dans le
secteur de la volaille ou dans d'autres secteurs, il y a eu plusieurs
interventions, parce qu'à Investissement Québec, on a mis vraiment en place une
division agroalimentaire, puis, si on regarde les chiffres d'investissements,
je pourrai y revenir, là, il y a énormément d'investissements en soutien à nos
transformateurs qui ont été faits, M. le Président. Alors, on a vraiment l'oeil
sur les capacités de nos transformateurs pour s'assurer qu'ils puissent bien
opérer...
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Vous avez la parole pour cinq minutes, Mme la députée.
Mme Bogemans : Merci, M. le
Président. Bien, la question était, entre autres : Quand puis comment?
Bien, nous autres, on y a cru. Tu sais, on est déjà en action avec un budget
qui a été rehaussé, comme M. le ministre le disait plus tôt, mais aussi dans le
comment, avec un accompagnement sérieux. Il y a eu des coupures énormes dans le
passé au niveau des employés non renouvelés à la... à la Financière agricole,
au MAPAQ, entre autres. Il y a même eu des doutes à un moment donné, avant
notre arrivée au pouvoir, sur le futur de l'UPA. Mais nous, on croit à un
réseau fort autour des agriculteurs parce que ça a toujours été, depuis
l'institution de ces... associations-là, sociétés d'État là, des conseillers
partenaires, des gens...
C'est drôle parce que, tout à l'heure,
j'entendais le député de Pontiac dire : Qu'est-ce que vous faites pour les
accompagner? Le réseau d'accompagnement, il était construit au Québec, M. le
Président. On avait des vrais partenaires qui connaissaient de fond en comble
les entreprises québécoises, connaissaient les cédants, les grands-parents,
puis la nouvelle génération qui s'en venait. Moi, la conseillère qui m'a aidée
à m'établir, là, elle m'avait vue à cinq ans. Puis depuis que j'ai cinq ans
qu'elle venait au bureau, là, pour parler à mes parents de financement, de
scénarios, de planification d'entreprise. Puis elle me connaissait bien avant
que je prenne la relève. Puis elle était consciente du plan qu'on voulait,
qu'est-ce que mes parents voulaient au fil des années. Mais cette dame-là est
partie, et puis son poste n'a pas été renouvelé, par coupure d'austérité.
Puis maintenant, M. le ministre, depuis
son arrivée en poste, est en train de regarnir les postes à La Financière
agricole, est en train de construire une nouvelle équipe qui est là pour
assister les producteurs agricoles. Mais vous comprenez que pour bien le faire,
ça prend du temps. Il faut établir une relation, il faut connaître les milieux
agricoles, puis il faut connaître l'entreprise et le contexte. La conjoncture
est extrêmement difficile, et j'ai beaucoup de respect pour les conseillers qui
accompagnent présentement les producteurs dans ces temps difficiles là. Et je
suis absolument certaine que le ministre et le président de La Financière
agricole le sont aussi.
• (11 h 20) •
Moi, je voulais parler aussi dans le
comment, dans ce qu'on fait de concret. Je voulais parler de la stratégie
nationale d'autonomie des aliments du Québec. C'est un comité interministériel
qui est né en 2020, avec une planifi pour la fin 2023 que 85 % des
institutions québécoises aillent une cible d'achats d'aliments québécois. Bon.
On est assez familiers avec le concept. On sait qu'en septembre 2023 déjà
100 % de cette cible-là était atteinte. Bien, cette année... bien, en
2023, en fait, l'année dernière, on s'est dit que d'ici 2026 100 % des
institutions cibles achèteraient des aliments québécois. Puis, pour y arriver,
bien, on sait que ça prend du support, du support efficace, encore, pour que le
virage institutionnel pour acheter des produits locaux fasse du sens et soit
pérein au-delà de la volonté politique. Ça fait qu'on a accompagné les pros du
réseau, mais pas juste le réseau institutionnel, les entreprises de
transformation aussi, pour qu'elles soient capables, que ce soit par l'automatisation,
la main-d'œuvre, l'emballage, la commercialisation, de réponde aux besoins
institutionnels pour les positionner de manière durable dans l'industrie. Puis
ça, si parle de ces incidences-là, sur ce qui se passe dans le champ, M. le
Président, bien, c'est que ça met au jour des projets de développement agricole
dans le...
Mme Bogemans : ...des
nouvelles diversifications de cultures. En Mauricie, en ce moment, ils sont en
train... bien, «en ce moment», même il y a quelques années, là, c'est... c'est
assez nouveau, puis, dans le cadre de la stratégie, ils sont en train de tester
des projets de culture de haricots secs pour le réseau hospitalier, 100 %
cultivé en Mauricie. Ça, c'est une nouvelle diversification. C'est une beauté
pour le Québec parce que c'est des nouvelles opportunités de marché. C'est bon
pour la biodiversité dans nos champs parce que c'est des rotations qui
n'existaient pas ou qui existaient il y a bien des années qui étaient plus
pérennes. Pourquoi? Parce que maintenant les hôpitaux prennent des haricots du
Québec.
Bien, moi, ça, je crois que c'est des
changements structurants, puis on... je crois en l'exemplarité de l'État, tout
comme le ministre de l'Agriculture. Si on est capable de donner l'exemple,
bien, après ça, on est capable d'ouvrir la place puis la voie pour plus de
produits québécois sur les tablettes parce qu'on sait qu'un Québécois, à
qualité égale, au même prix... le Québécois va toujours choisir un produit qui
est fait ici, cultivé ici, transformé ici. Ça fait qu'on est en train
d'accompagner les agriculteurs pour pouvoir prendre ce virage-là, les
transformateurs en même temps, parce qu'on est convaincu que, si le virage
technologique et environnemental se fait, c'est à leurs profits puis aux
profits du collectifs, puis qu'au final, on va encore avoir un autobus jaune
qui circule dans l'ensemble des rangs dans 10, 15, 50 ans. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Montigny) : Très
bien. Merci. Nous allons débuter la cinquième série d'interventions. Je cède
maintenant la parole au député de Pontiac.
M. Fortin :Oui, merci, merci, M. le Président. Je vais... Je vais
prendre la balle au bond aussi, là. Non, en fait, juste un point sur les
travailleurs... les travailleurs temporaires ou les travailleurs étrangers,
pardon. Le ministre nous répond en disant : Oui, mais il y a 14 «si»
à l'affirmation de mon collègue, là. Bien honnêtement, on n'est pas si loin
d'une décision gouvernementale dans ce dossier-là, de tout ce qu'on entend.
Alors, j'espère encore une fois que le ministre a fait toutes les
représentations nécessaires et qu'elles vont être entendues, écoutées,
appliquées parce qu'effectivement c'est un enjeu majeur pour toute la chaîne.
Maintenant, puisqu'on parle de la
stratégie en alimentation, la... ça me fait toujours rire, là, la SNAAQ, là,
oui, pour offrir des aliments du Québec, ça nous prend des producteurs en bonne
santé qui offrent des aliments que les Québécois veulent. Le ministre y a fait
référence tantôt, là, le meilleur soutien pour nos agriculteurs, c'est que les
Québécois achètent leurs produits, c'est vrai, encore faut-il qu'ils soient
capables de s'adapter aux demandes des consommateurs. Hein, ça va des deux
côtés. On veut que les consommateurs achètent les produits québécois. Il faut
que les produits québécois soient adaptés aux goûts des consommateurs. Et, dans
la période d'étude de crédits, on est allé secteur par secteur avec la
ministre, là, pour entendre sa vision des choses, et on... Je pense qu'on
pourrait repasser le bloc au complet, là, en parlant des différents secteurs,
mais je vais en prendre un en particulier parce que ça tombe... Les propos
initiaux du ministre, justement, sur l'importance que des Québécois achètent
des produits, ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Là, je vais lui
parler d'un secteur, s'il veut que les Québécois achètent mes produits du
Québec, bien, les producteurs ont besoin d'aide, ça, c'est le secteur des
pommes au Québec.
Le secteur des pommes, c'est comme
quelques autres secteurs, c'est un secteur qui... qui a un certain patrimoine
au Québec, hein, qui a... qui nous appartient. Je pense qu'on est tous fiers
depuis longtemps, depuis que nos parents nous a amenés au verger quand on était
petits, là, on est aussi fiers de la pomme du Québec. Sauf que, là, le
consommateur, il change ses habitudes en matière de pommes. De la Spartan, des
Macintosh du Québec qu'on est habitué de voir, là, de les consommer, les
consommateurs se tournent de plus en plus, en plus vers, par exemple, l'Ambrosia,
la Honeycrisp, les nouvelles formes. Et ça, c'est normal, que les consommateurs
changent leurs habitudes, mais il faut que nos producteurs soient capables de
faire les changements nécessaires. Et là ça fait trois ans, trois ans, depuis
2021, là, qu'il n'y a aucun programme d'aide pour nos producteurs qui veulent
changer leurs cultures. Trois ans. Je n'ai pas besoin d'aller chercher très
loin, là, le programme gouvernemental de modernisation des vergers est échu
depuis mars 2021. Le producteur de pommes, ce n'est pas compliqué, là. Si, M.
le Président, un producteur veut moderniser son verger, veut changer sa culture
pour s'adapter aux goûts des consommateurs, bien, ça veut dire
qu'essentiellement, là, qu'il doit couper des arbres...
M. Fortin :...qui doit abdiquer d'un revenu pour pouvoir planter des
arbres qui vont prendre six, sept ans avant d'avoir une récolte, avant d'avoir
un revenu. Alors, on a besoin... un producteur comme ça a besoin d'appuis de
son gouvernement. Et savez-vous ce qui est en train de se passer aujourd'hui?
L'Ontario en a un programme, La Nouvelle-Écosse en a un programme, Le
Nouveau-Brunswick en a un programme, la Colombie-Britannique en a un programme
et le Québec n'en a pas de programme. Alors, un producteur de pommes, là, il
fait face à tous les mêmes autres enjeux que les producteurs agricoles au
Québec, c'est-à-dire le coût des intrants, tout le reste, mais, en plus, il n'a
pas d'aide parce que le programme de modernisation des vergers n'est juste pas
au rendez-vous. Alors, il y en a une opportunité, là. Ça, c'en est une
opportunité. Si on veut que les consommateurs québécois consomment des pommes
du Québec, bien, ça prend un programme d'aide gouvernementale.
Alors, ce qu'on veut savoir aujourd'hui,
là, et on pourrait le prendre secteur par secteur, je veux savoir c'est quoi,
la vision du gouvernement par rapport à ce secteur d'activité là. Est-ce qu'il
va y avoir un programme spécifique? Parce que, de faire des programmes qui
s'appliquent à plusieurs cultures différentes, ce n'est pas toujours productif,
dans ce secteur-là, ça ne le sera pas. Est-ce qu'il va y avoir un programme
spécifique, avec une aide à la hauteur pour des producteurs, pour qu'on puisse
faire compétition à nos voisins puis qu'on ne se retrouve pas avec des pommes
ontariennes, ici, au Québec, dans nos épiceries?
Le Président (M. Montigny) : O.K.,
oui. Merci beaucoup, M. le député. Maintenant, je cède la parole au ministre.
M. Lamontagne : Merci, M. le
Président. Bien, merci, mon collègue, pour son intervention. J'aurai plaisir à
vous parler un peu plus en détail de la Stratégie nationale d'achat des
aliments du Québec, la SNAQ, on a trouvé que c'était un nom sympathique. C'est
un soir comme ça, ça a émergé d'un petit groupe au cabinet, là, puis il y en a
un qui est arrivé avec ça, ça fait qu'on a trouvé que c'était une belle
histoire. Mais pour revenir au secteur des pommes, mon collègue a raison de
dire que le programme qui portait le nom, là, est terminé depuis 2021. Par
contre, ce qu'on a fait en 2022, on a mis en place une initiative ministérielle
pour les accompagner. En 2023, on a mis une initiative ministérielle pour les
accompagner. Et puis maintenant, aujourd'hui, on a on a mis en place, à La
Financière agricole, un programme qui s'appelle le Programme Investissement
Croissance Durable, le PICD, puis c'est un programme, honnêtement, qui nous
donne une très, très grande flexibilité, qui fait en sorte qu'il y a un des
volets, du PICD, si on veut, là... aujourd'hui, les pomiculteurs ont accès à ce
volet-là pour aller chercher du soutien, là, pour accroître leur superficie en
culture puis faire des changements dans leur culture.
Ceci étant dit, ce qui est important, M.
le député... parce que soutenir, c'est louable, mais aussi accompagner pour les
bonnes choses, pour poser les bons gestes, c'est sûr que c'est recommandable.
Puis il y a un soutien qui est accordé à toute la filière pomicole, on les a
accompagnés--quand je dis «on», naturellement, là, c'est le ministère, M. le
député, là--on les a accompagnés pour développer une planification stratégique.
Le secteur pomicole a, depuis quelques années maintenant, un agent de
développement qui est avec eux à temps plein. On a des spécialistes au
ministère qui les accompagne dans l'objectif de faire en sorte qu'ils
déterminent bien leurs besoins, qu'ils déterminent bien leurs défis, puis
encore là, dans un contexte d'adaptation aux changements climatiques. Parce
que, oui, il y a la question, M. le député, des goûts des consommateurs qui ont
évolué au fil des années, mais une chose qui est très, très importante aussi,
c'est qu'il est à prévoir que, pour des années à venir, l'impact des
changements climatiques, bien, il va se faire sentir au niveau de plusieurs
cultures, dont la culture pomicole.
• (11 h 30) •
Alors, ce qui est très important, c'est de
faire en sorte que les choix qui vont être faits, la stratégie que la filière
va vouloir privilégier, bien, tienne compte, oui, de cet impératif-là,
d'accroître les variétés pour rencontrer ces besoins-là des consommateurs, mais
aussi dans un contexte de pérennité. Quand je parlais tantôt, M. le Président,
des quatre... des quatre piliers, là, le troisième pilier qui est renforcer la
chaîne d'approvisionnement, bien, on s'entend, M. le Président, que poser des
gestes qui vont, si on veut, rencontrer les défis des temps à venir, bien, ça
fait certainement partie de gestes pour renforcer la résilience...
11 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...au sein de
la chaîne d'approvisionnement. Ça fait qu'où on en est avec le secteur
pomicole, M. le député, c'est vraiment à ce niveau-là. Les gens ont fait une
planification stratégique, ils sont à déterminer quelle direction ils veulent...
au niveau des plantations. Il y a des rencontres qui ont eu lieu encore au mois
de février, mars, avec les gens du secteur. Puis, ce qui est important, c'est
de... après ça, de leur donner des outils, les accompagner pour faire en sorte
qu'ils puissent faire les virages qu'ils auront à faire. Il y a encore du
travail qui est en train de se faire avec les spécialistes du ministère, là,
pour convenir des gestes à poser pour les années qui s'en viennent, M. le
Président.
Un autre chose qu'on fait, au niveau de la
Stratégie nationale d'achat des aliments du Québec, c'est... il y a toute la
question des formats aussi, parce qu'on s'entend, M. le Président, que l'achat
institutionnel, bien, ce n'est pas tout à fait les mêmes formats, si on veut,
de produits, que ce soit transformés ou emballés, puis tout ça, qu'on retrouve
dans notre supermarché ou notre point de vente local, quand on va faire notre
épicerie ou qu'on va acheter des denrées alimentaires. Alors, il y a une
portion de la Stratégie d'achat des aliments du Québec par les institutions qui
vise justement à accompagner les transformateurs puis les gens qui veulent
faire avec... faire affaire avec le secteur de l'institutionnel. Puis, entre
autres, il y a l'organisme Sintra, avec lequel les gens travaillent étroitement
pour qu'ils viennent accompagner les transformateurs, pour justement mettre à
niveau, si on veut, leur offre en fonction des besoins du secteur
institutionnel. Ça fait que soyez assuré... mon collègue, encore là, qu'on
porte beaucoup attention pour être capable d'arrimer le besoin avec l'offre.
Le Président (M. Montigny) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : ...le
Président. Je vais continuer, entre autres, sur la Stratégie d'achat d'aliments
québécois, parce que je veux aussi parler de la concertation qu'on fait avec le
regroupement des tables de concertation en bioalimentaire du Québec. Puis
pourquoi on travaille avec eux? Tantôt, je disais qu'on était bien branchés sur
le plancher des vaches, sur la réalité de ce qui se passait dans chacune de nos
régions, mais, au-delà de ça, pour l'ensemble des fermes. Donc, avec la table
de concertation en bioalimentaire du Québec, on établit des priorités
régionales, des réalités de production différentes, de transformation
différentes, des réalités qui ressemblent à la Montérégie pour la Montérégie
puis à la Gaspésie pour la Gaspésie, par exemple, parce qu'on a un goût, une
saveur puis un savoir-faire qui est différent. Puis, pour ça, bien, ça prend
une mobilisation qui est locale, une mobilisation qui se fait au travers toutes
sortes d'organismes avec lesquels notre gouvernement reste bien branché.
Entre autres, je voudrais mettre en
lumière les organisations Gaspésie Gourmande, Zone boréale, par exemple, qui
mettent de l'avant des produits de certaines régions dont on est fiers et pour
lesquels les consommateurs québécois, sur les tablettes, peuvent facilement
trouver leur affiliation, savoir leur provenance, puis être capables même d'alimenter
la conversation autour d'un souper de famille sur la façon dont ce produit-là
est arrivé jusqu'à eux.
On valorise le symbole distinctif unique
dans le genre d'Aliments du Québec. C'est un logo qui est reconnu, à 90 %,
par les Québécois et Québécoises, M. le Président. Nos consommateurs québécois
sont informés. Ils veulent entendre parler d'agriculture, ils veulent savoir qu'est-ce
qu'il y a dans leurs assiettes. Puis je suis convaincue que, plus qu'ils seront
bien informés sur ce qui se passe au Québec, pas aux États-Unis, pas au Canada,
pas ailleurs, pas dans la foulée de la désinformation des médias sociaux, dans
ce qui se passe pour nos producteurs québécois, avec les normes québécoises,
bien, les Québécois vont être d'autant plus fiers de leur agriculture
québécoise. Comme disait le ministre tout à l'heure, il n'y a pas plus belle
subvention à l'agriculture que l'adhésion des consommateurs aux produits
québécois. Ça, c'est le vote ultime et final d'adhésion des Québécois à l'agriculture.
Et puis je crois, en tout cas, selon moi,
que les producteurs agricoles, s'il y a une fierté qu'ils ont à tirer de
produire leur métier, c'est de bien en vivre et de le faire pour nourrir le
Québec. Si les Québécois sont capables de leur témoigner en achetant leurs
produits, je pense que c'est vraiment l'accomplissement ultime puis la raison
pour laquelle ils se lèvent à tous les matins pour produire la pinte de lait,
le sac de pommes, etc.
Donc, on continue, bien entendu, de mettre
de l'avant les Aliments du Québec parce qu'on croit à la force des PME, on
croit qu'il faut les soutenir, que ce soit par les rétributions
environnementales, par exemple, autant pour les produits agricoles, que pour
les usines de transformation, encore une fois, que pour la distribution. Parce
qu'on est conscients que, si on veut être performants dans l'acheminement de
ces produits-là, dans la production aussi, bien, il faut aller de l'avant avec
nos forces québécoises. Tout à l'heure, le ministre parlait de quatre grands
segments, des choses qu'on voulait...
Mme Bogemans : ...des choses
dans lesquelles on est déjà forts, des choses dans lesquelles il faut... il
faut s'améliorer. Bien, c'est pour ça qu'actuellement on met à jour notre
politique bioalimentaire qui est de 2018 à 2025. Mais, même si on n'a pas... tu
sais, si cette politique-là n'est pas terminée, on se donne le droit de la
remettre à jour pour répondre justement à la conjoncture actuelle. Donc, on est
en action pour répondre aux besoins de la conjoncture actuelle, qui est
difficile, c'est certain.
On croit aux résultats puis on s'organise
pour en avoir. Parce que ce qui est assez unique avec notre gouvernement, c'est
que, même si la politique bioalimentaire existait bien avant que nous arrivions
au pouvoir, on est les seuls à avoir mis un plan de mise en œuvre de cette
politique-là. Donc, tout à l'heure, quand qu'on parlait du quand et comment on
est capables de faire des répercussions sur le territoire agricole, on peut
dire que, dès l'arrivée du pouvoir en 2018, bien avant la conjoncture actuelle,
le gouvernement était en action pour soutenir les producteurs puis s'organiser
pour que ce qui est produit au Québec se ramasse dans l'assiette du
consommateur québécois parce qu'il est disponible sur les tablettes, puis il
est produit selon les attentes de ces producteurs-là.
Puis ce n'est pas des petits bidous qu'on
investit là-dedans, M. le Président, c'est 10 milliards de dollars.
10 milliards de dollars. Ça, c'est du développement en agriculture,
en transformation puis en distribution au Québec. Ça, ça prouve qu'on est
capables de faire une différence pour nos producteurs. Parce que c'est toute
une chaîne qui est dynamisée. Parce qu'on parle souvent de l'impact des
producteurs, qu'on est peu de producteurs agricoles, mais si on compte
l'ensemble de commerces et de professionnels qui transitent autour de ces
agriculteurs-là, on peut voir que c'est toute une communauté et un nombre
incalculable de villages qui en dépendent. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve pour une minute
45 secondes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Le gouvernement a compris qu'il fallait investir dans la filière
batterie, puis il le fait sans aucune crainte, il trouve les fonds, il va de
l'avant. Bien, il serait temps que le ministre de l'Agriculture fasse la même
chose. Tout au long de l'étude des crédits, il y a quelques semaines, le
ministre nous a assurés que tout était mis en place pour protéger nos
producteurs et productrices, protéger nos terres. Tout était sous contrôle.
Mais entre-temps, le rapport de la commissaire au développement durable est
tombé, puis on retient un échec alarmant. Nos terres agricoles ne sont pas
protégées de manière adéquate.
Je cite des extraits : «Les
interventions du MAPAQ sont insuffisantes pour protéger et mettre en valeur le
territoire agricole, notamment pour faire face aux enjeux qui menacent sa
pérennité.» Un autre extrait : «Le MAPAQ n'oriente pas efficacement les
producteurs agricoles pour les amener à adopter plus rapidement des pratiques
agricoles durables.» Un autre extrait : «Le MAPAQ a mis en place des
mesures qui manque d'efficacité pour accélérer l'adoption de pratiques
agricoles durables.» Encore une fois, ce n'est pas moi qui le dis, c'est la
commissaire au développement durable. Je ne peux pas considérer que le ministre
pense que ça veut dire que tout va bien, que c'est une réussite de ses actions.
«Avec les récentes projections d'experts
du GIEC, les changements climatiques vont devenir une question de survie pour
notre agriculture.» On n'a plus le temps d'attendre, on n'a plus le temps de se
concentrer sur des mesures insuffisantes, sur des semi-aides. «Le gouvernement
actuel, qui prétend soutenir l'agriculture, en réalité, crée un système qui
marginalise une grande partie de ceux qui travaillent la terre, je l'ai évoquée
précédemment, mais il est temps de repenser notre approche. Il est temps de
mettre en place des politiques qui reconnaissent et valorisent la diversité et
la spécificité de l'agriculture québécoise. On a besoin d'une stratégie qui
protège réellement nos terres, qui assure que chaque agriculteur, petit ou
grand, puisse prospérer.»
Un dernier mot pour les 10 secondes
qui me restent, M. le Président. Je veux m'adresser aux gens de la ruralité. Je
veux qu'ils sachent qu'il y a des gens qui habitent en ville, dans les...
densément peuplées, comme Hochelaga-Maisonneuve, on est avec vous, on vous soutient.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Merci. Nous sommes maintenant aux dernières interventions. M. le ministre, vous
avez la parole pour 10 minutes.
• (11 h 40) •
M. Lamontagne : Bien, merci
beaucoup. Bien, je vais... je vais prendre un petit peu de temps pour répondre
à mon collègue. Effectivement, j'ai pris connaissance du rapport de la
commissaire au développement durable avec grand intérêt. Puis, vous savez, M.
le député, moi, quand je suis arrivé en... ça fait cinq ans et demi que je
suis... que je suis ministre, puis à un moment donné, j'ai été à même de
constater, un, quand on se ramasse ministre de l'Agriculture, là, à un moment
donné, on s'aperçoit, là, que le territoire agricole, c'est quelque chose qu'on
porte. Puis c'est un devoir qu'on a de s'assurer de le protéger, d'en prendre
soin puis de le dynamiser. Puis, depuis que je suis en poste, j'avais observé
un certain nombre d'éléments, puis aussi je lis un petit peu, qui fait en sorte
qu'à l'été 2024, mon collègue de Côte-du-Sud vous a parlé de la
consultation nationale sur le territoire, les activités agricoles, j'ai... j'ai
lancé cette grande consultation qui aborde la question de la propriété des
terres, qui aborde la question des activités agricoles, puis qui aborde la question
de la protection des terres agricoles. Puis, en lisant le rapport de la
commissaire au développement durable, bien, une chose, je me suis dit :
écoute, elle a fait les mêmes constats un peu que j'ai faits. Alors, je veux
juste dire à mon collègue que le travail que j'ai mis en marche au mois de juin
2024, puis qui va... qui va... encore le 17 mai, on a une rencontre, tous
les partenaires impliqués, on se rencontre le 17 mai pour la mise en œuvre
de toute cette...
M. Lamontagne : ...consultation-là,
mais, ultimement, va aboutir par des changements appréciables, qui vont aller
dans le sens des observations qu'on avait faites, mais aussi dans le sens des
observations que la commissaire du développement durable a pu faire.
Ceci étant dit, juste rapidement, j'ai
huit minutes, pour parler un petit peu où on en est, où on s'en va, court
terme, moyen terme, long terme, et tout ça. C'est sûr qu'à court terme là,
au-delà de continuer... Quand je parlais des quatre piliers à mon collègue tantôt...
puis, je veux dire, c'est quelque chose, il y a toute une stratégie qui est en
arrière de ça, puis on doit taper sur le clou à tous les jours pour accroître
la demande, accroître l'offre, renforcer la chaîne d'approvisionnement puis,
aussi, accélérer la transition verte de l'agriculture. Mais on s'entend qu'avec
ce qui s'est passé depuis la dernière année... Bien, tu sais, mon collègue m'a
interpellé sur la question d'Agri-relance, là. Tu sais, j'ai-tu hâte, tu sais,
de pouvoir annoncer les montants, et tout ça, pour dire : Écoute, terminé.
Après ça, j'ai-tu hâte aussi, pour les gens en Abitibi, d'arriver avec la
réponse appropriée, si Agri-relance n'est pas la réponse qui est appropriée.
Parce que je les ai rencontrés, on a regardé toutes les choses, puis, même si,
tu sais, il y a quand même eu quatre fois plus de soutien qui a été accordé
pour l'année 2023, il y a encore des zones d'ombre, puis il faut être en mesure
de les accompagner, puis on s'est engagés à le faire.
Après ça, bien, toute la question de
l'impact des taux d'intérêt, parce qu'on le sait, au Québec, on est les
champions, au Canada, du financement à court terme. Alors, c'est sûr qu'on a
été frappés d'une façon assez importante, alors il y a des demandes qui ont été
faites, puis tout ça, puis on est en train de travailler, honnêtement, à une
réponse. Puis ce n'est pas simple, dans le contexte où j'expliquais, tantôt, à
mon collègue de Hochelaga-Maisonneuve. Tu sais, les entreprises agricoles puis
les types de propriétés d'entreprises agricoles, c'est quand même très, très
différent sur le territoire. Alors, c'est des choses à court terme, là, qu'on
s'occupe, et auxquelles on devrait annoncer des gestes.
Toute la question de la révision de
l'ASREQ. Tu sais, j'écoutais... Dans son point de presse, mon collègue disait
que, tu sais, ça ne marche pas, puis que ce n'est pas ça que les gens pensent
qu'ils veulent, et tout ça. Bien, je veux... Mon collègue a encore toute cette
démarche-là, là. Moi, ce que j'ai demandé, c'est vraiment, depuis le jour un...
c'est que ça se fasse culture par culture. Ça fait que tous les groupes sont
rencontrés, là, tu sais, les grains, les bleuets, les maraîchers, canneberges,
maraîchères de proximité, pommes de terre, fraises, framboises, pommes. Tous
les groupes sont rencontrés pour qu'ils puissent partager leur réalité, que La
Financière leur explique où elle s'en va. Il y avait eu une première rencontre
le 1er mars, où le premier canevas avait été présenté aux producteurs, aux
productrices, puis, honnêtement, l'accueil avait été très positif, puis les
derniers échos que j'ai encore des dernières... des derniers échanges puis du
travail qui se fait... Honnêtement, M. le député, c'est un travail de fond qui
est en train de se faire, en co-construction, moi, je dirais, avec les
différents acteurs du secteur, puis j'ai bon espoir que le résultat final va
faire en sorte que les gens vont trouver que les outils qui sont à leur
disposition, avec l'assurance récolte, reflètent leur réalité de 2024.
Puis, parallèlement, ça, oui, il y a des
travaux qui se font, mais déjà, en 2024, il y a des gestes qui vont être posés
pour les gens du secteur maraîcher, il y a des gestes qui vont être posés pour
les céréales, maïs, grains. Alors, il y a déjà des choses qui vont être mises en
application au cours de l'année... la saison 2004. Mais le rapport final, si on
veut, là, ce qui est prévu dans l'échéancier, c'est que c'est à l'automne 2024
qu'on va avoir tout le canevas des modifications à apporter au Programme
d'assurance récolte.
Puis, parallèlement à ça, bien, on a une
conjoncture qui est difficile. On a mis en place un fonds d'urgence, puis,
honnêtement, ce fonds d'urgence là a évolué, puis, nous, on est tout le temps à
l'affût de le modifier, de l'améliorer, s'il y a des fonds additionnels à
mettre. On l'a mis en place pour capter 2 000 entreprises. Est-ce qu'il
faut chercher à capter 3 000 entreprises? Est-ce qu'il faut... C'est des
choses, là, qu'à court terme là, on travaille pour vraiment définir les bonnes
interventions. Ça fait que je veux dire ça à mon collègue.
À moyen terme, bien, ma collègue l'a dit,
la politique bioalimentaire qui avait été adoptée par le gouvernement
précédent, puis qui avait été co-construite par les partenaires pendant une
période d'un an et demi, d'une année et demie, moi, quand je suis arrivé en
poste, j'ai dit : Ce n'est pas vrai que je vais défaire tout ce
travail-là, de monde pas mal intelligents, parce que ça a été fait par le
gouvernement précédent, tu sais, puis ça a été adopté au mois de mai 2018. On
est arrivés au mois d'octobre 2018. Par contre, moi, ce qui était important,
c'était la mise en œuvre de tout ça. Ça fait que, tu sais, si mon collègue veut
le faire, qu'il aille sur Internet, qu'il fasse «plan de mise en œuvre,
politique bioalimentaire», il va avoir... chaque année, il va avoir la mise en
œuvre pour 2023, chacun des groupes, comment ils sont engagés, la direction,
les défis qu'ils ont, les gestes qu'ils vont poser, que ce soient les
producteurs, le groupe territoires, les gens qui sont en saine alimentation,
des partenaires gouvernementaux. Alors, c'est de s'assurer, un, que cette mise
en œuvre là se réalise sur le terrain.
Mais, parallèlement à ça, bien, 2025
arrive rapidement, alors j'ai lancé, à la fin janvier, les travaux, si on veut,
là... le coup de départ pour tous les travaux qui vont mener à l'adoption,
au...
M. Lamontagne : ...mai 2025 de
la Politique bioalimentaire 2025-2035.
Autre chose aussi très importante, à moyen
terme, le plan d'agriculture durable qu'on a présenté, tu sais, ultimement,
c'est un plan qui appartient à tous les Québécois, c'est un plan qui appartient
aux producteurs, aux productrices, ce n'est pas une affaire du gouvernement. Il
y a vraiment une mobilisation autour de tout ça. Puis, à la première phase,
c'était 2020-2025. Bien, moi, c'est certain que, là, on a à faire en sorte
d'arriver avec la mouture 2025-2030, en fonction aussi de ce qu'on a appris
avec la première mise en œuvre du premier volet du PAD, mais c'est certain que
c'est une préoccupation, mais aussi dans laquelle on est investi pour faire
arriver.
L'autre chose aussi, naturellement, mon
collègue en a fait... a fait allusion, mais c'est toute la question de
l'adaptation aux changements climatiques, hein? Alors, ce qui est important,
c'est... il y a déjà beaucoup de travail qui a été fait pour déterminer, si on
veut, filière par filière, quels vont être les impacts, si on veut, à plus long
terme des changements climatiques, puis comment... comment s'adapter. C'est ça
qu'on a commencé, déjà, à poser des gestes pour faire en sorte que les gens
s'adaptent, par les programmes. Exemple, dans notre programme de croissance des
serres, les cultures abritées, les grands tunnels, c'est toutes des choses qui
viennent aider... pour que les entreprises puissent s'adapter. Dans le PAD,
tout ce qui touche les couvertures de sol, tout ce qui touche à améliorer la
santé organique des sols, faire en sorte que, s'il y a des coups d'eau, bien,
ça ne se ramasse pas à s'en aller vers les cours d'eau, mais que ça reste dans
le... Plusieurs gestes qui sont posés, mais on doit maintenant faire en sorte
d'arriver avec un accompagnement, si on veut, avec les différentes filières,
pour les aider à rencontrer les défis qu'ils vont avoir en fonction de l'adaptation
aux changements climatiques.
Si on regarde à plus long terme, toute la
question de la relève agricole, M. le Président, tu sais, c'est... on le dit,
c'est la relève, ça fait que, tu sais, les défis qu'on a, à venir... on a
énormément de gens qui vont quitter le secteur agricole, les habitudes des
consommateurs changent, mais c'est sûr que ça nous prend beaucoup de nouveaux
agriculteurs et agricultrices qui viennent de transferts d'entreprises, qui
viennent de familles ou... soit des NIMA, comme le ministre de l'Agriculture
française appelle, le non issu du milieu agricole. Alors, c'est de s'assurer
d'avoir un soutien qui est adapté.
Aujourd'hui, on travaille, on a un comité
de travail avec les gens de la relève puis on vise vraiment à mettre en place,
là... on a appelé ça, si on veut, la stratégie 440, M. le Président, parce
que... 4, pour quatre ans, parce qu'en bout de ligne la relève, ça commence
vraiment avec ceux qui ne savent pas encore qu'un jour ils vont être
agriculteurs. Ça fait qu'il faut qu'on ait des politiques qui viennent stimuler
un peu cette situation-là.
Après ça, toute la question de la
vitalité, de l'occupation du territoire, bien, que ça soit avec... dans le
cadre de la consultation... il y a énormément de gestes qu'on va avoir à poser
suite à la consultation nationale pour le territoire, les activités agricoles.
Alors, on va mettre en place, si on veut... La loi a été adoptée en 1978, bien
là, ça va comme être un tournant. On va mettre en place le canevas pour les
années à venir, pour la protection de notre territoire, mais aussi le dynamisme
de nos activités agricoles.
Puis, naturellement, tout ça avec, en
sourdine, en arrière, là... l'objectif, c'est... chaque jour de différentes
façons, c'est d'accompagner, d'encourager et de soutenir un accroissement de
notre autonomie alimentaire, mais une autonomie alimentaire qui est durable, M.
le Président. Puis ça, c'est au bénéfice de la pérennité de nos entreprises,
c'est au bénéfice de la prospérité de nos entreprises, mais les premiers
bénéficiaires, ça va être nos enfants, ça va être les enfants de nos enfants,
M. le Président. Alors, c'est un petit peu ça, là, qu'on a sur notre radar pour
les années qui s'en viennent. Merci.
Le Président (M. Montigny) : Alors,
merci. Je cède maintenant la parole au député Pontiac, également pour une
période de 10 minutes.
M. Fortin :Merci, M. le Président. Je sais que le ministre de
l'Agriculture, là, c'est quelqu'un qui fait quand même beaucoup d'événements,
hein, il va voir les différentes associations, ilt va voir les différentes
fédérations, il va voir... et ça, je le lui concède. Et je suis convaincu qu'il
entend les mêmes constats que moi, les députés d'autres formations politiques
qui vont dans ces événements-là, qui rencontrent les mêmes fédérations, les
mêmes producteurs. Sauf qu'à la fin de la conversation avec un producteur, lui,
il entend : Faites de quoi, M. le ministre. Nous, on entend : Pousser
dans le... je vais dire poussez dans le dos du ministre pour qu'il fasse de
quoi. Puis c'est ça qu'on essaie de faire aujourd'hui, M. le Président,
c'est... on essaie de brasser une ministre de l'Agriculture, là, de réveiller
le gouvernement de la CAQ pour qu'il fasse de quoi puis qu'il le fasse
maintenant.
• (11 h 50) •
Parce qu'ils ne sentent pas cet appui-là,
ils ne sentent pas cet empressement-là, ils ne sentent pas la même urgence de
la part du ministre de l'Agriculture qu'il sente du banquier, en ce moment. Le
banquier, lui, il est bien, bien, bien pressé. Le ministre de l'Agriculture, le
gouvernement de la CAQ, est pas mal moins pressé en ce moment...
M. Fortin :...je veux, dans les prochaines minutes, avant de... avant
de conclure M. le Président, je veux... je veux revenir sur certains points que
le ministre et les députés du gouvernement ont amenés. Le ministre a répété à
plusieurs reprises l'importance de l'agriculture aux quatre coins du Québec. Il
a parlé de l'occupation du territoire à un moment donné. Je suis content qu'il
en parle. J'aimerais ça qu'on agisse, ça fait des mois qu'on lui demande une
vraie stratégie pour aider des producteurs qui sont en régions éloignées, qui
ont des coûts différents, qui ont une structure différente et pour qui ce n'est
pas si simple que ça. Il le sait, là, l'agriculture au Québec, ça ne peut pas
juste exister entre Drummondville puis Saint-Hyacinthe. L'Agriculture au
Québec, c'est partout, c'est dans toutes nos régions. Puis ça a des coûts
différents. Alors, on va continuer de lui demander d'avoir des programmes adaptés
aux différentes régions du Québec puis aux différentes réalités.
J'ai entendu la partie gouvernementale
parler et se féliciter en même temps du budget rehaussé, du dernier budget du
gouvernement du Québec. Je tiens à noter que, dans les différentes
manifestations d'agriculteurs auxquelles on a participé, et je suis convaincu,
dans toutes les autres, le budget du Québec, le dernier budget du gouvernement
du Québec, c'est un des éléments qui fâche le plus les producteurs. C'est un
des éléments qui fait en sorte qu'ils ne se sentent pas écoutés, parce que
leurs revendications, leurs demandes, elles étaient claires. Leur situation,
elle était exprimée, leurs besoins, ils étaient évidents, et il avait déjà
commencé à ce moment-là à se manifester sur la place publique. Et l'impression
qu'ils ont eue par rapport au budget, c'est que le gouvernement ne les avait
pas entendus du tout. Et ça, quand on manifeste notre désarroi, quand on
manifeste notre détresse, quand on dit que ça ne va plus du tout, et qu'on n'a
pas une réponse appropriée, bien, c'est d'autant plus choquant. Alors, je...
j'espère qu'ils ont compris ce message-là, que les producteurs s'attendaient à
beaucoup plus de la part de leur budget.
J'ai aussi entendu le mot «conjoncturel» à
plusieurs reprises, M. le Président. Oui, il y a des éléments conjoncturels
dans la situation actuelle que vivent nos producteurs. Il y en a, mais il y a
aussi des éléments structurels, les changements climatiques, ce n'est pas
conjoncturel, ça ne durera pas un an. Ce n'est pas un événement de 2023, ça,
là. Des anomalies, le gel, la grêle qu'on ne voyait pas régulièrement, on en
voit de plus en plus souvent. Ce n'est pas conjoncturel, c'est structurel. Les
problèmes à la Financière agricole, ils ne sont pas conjoncturels. Il y a des
problèmes structurels dans les programmes de la Financière agricole qui ne sont
simplement plus adaptés aux besoins d'aujourd'hui.
Et, en tout respect pour... pour le
ministre, la discussion qu'on a eue il y a quelques instants sur la situation
des pommes au Québec, mais elle est à l'image de la discussion plus globale
qu'on a eue aujourd'hui. Les producteurs disent : Ce n'est pas assez. Le
ministre nous dit : On a un programme. Les producteurs disent : Ça ne
marche pas, ce n'est pas assez, ce n'est pas suffisant. Ce qui est en train de
se passer, dans le secteur des pommes, là, c'est un peu comme une course de
Formule un où on se fait doubler par quelqu'un. On est en train de se faire
doubler, ils ont fait un tour de plus que nous, par la Nouvelle-Écosse, par
l'Ontario, par le Nouveau-Brunswick. Je ne m'attendais pas à ça de la part du
Nouveau-Brunswick dans les pommes, M. le Président, à ce qu'ils soient plus
rapides que nous, plus efficaces que nous, qu'ils aient des meilleurs programmes
d'appui que le gouvernement du Québec.
Au niveau de la Financière, parce qu'on a
parlé énormément de la Financière agricole, c'est un des... une des raisons
pour lesquelles on a amené l'enjeu aujourd'hui, là. Combien de fois on a posé
la question directement au ministre par rapport au calcul lié à gel... au gel
et à la grêle? Je n'ai pas eu de réponse directement du ministre. Puis je le
dis, si le gel et la grêle sont inclus dans les prévisions de rendement, bien,
M. le Président, ça va handicapé un bon nombre de producteurs agricoles. Alors,
on n'a pas eu de réponse aujourd'hui, on espère qu'on va en avoir dans les
prochains jours, dans les prochaines semaines de la part du ministre, parce que
c'est un élément qui peut contribuer à miner la confiance des agriculteurs
envers l'assurance récolte. Et, quand on parle des changements nécessaires à la
Financière, là, on ne parle pas juste de l'assurance récolte. Je sais que la
ministre travaille d'abord et avant tout sur des changements à l'assurance
récolte, mais les programmes de la Financière, quand on parle de... des enjeux
structurels de La Financière, là, il y a des programmes qui ne sont...
M. Fortin :...simplement plus adaptés au goût du jour, aux besoins du
jour. La relève agricole l'a dit, l'a répété : Programme qui fait en sorte
qu'on perd la moitié de notre subvention parce qu'on doit occuper un emploi à
l'extérieur de la ferme. Ça marchait peut-être il y a 20 ans, ça ne marche
plus aujourd'hui, quand il y a une majorité des producteurs qui doivent avoir
un emploi à l'extérieur de la ferme, des producteurs issus de la relève qui
doivent avoir un emploi à l'extérieur de la ferme.
Et j'espère qu'on ne réduit pas les
témoignages qu'on a eus, comme celui de Steve Berthiaume entre autres, là. J'espère
qu'on ne réduit pas des témoignages comme ceux-là, de gens qui ont tout perdu,
sont en train de tout perdre à ce que le ministre a appelé des cas qui tombent
dans les craques. Je le sais, que le ministre le sait, tout le monde ici le
sait : Un seul producteur agricole, là, c'est une famille, c'est un mode
de vie, c'est un apport économique important à une communauté rurale. Mais les
problèmes de La Financière, ce n'est pas juste du monde qui tombe dans les
craques, les problèmes à La Financière sont plus structurants que ça, plus
structurels que ça. Et aujourd'hui, M. le Président, j'avais un espoir, un
espoir au-dessus de tout, là, au-dessus de... au-delà des réponses qu'on aurait
pues avoir sur un programme ou un autre. Moi, je voulais avoir devant moi un
ministre combatif, pas avec moi, bon, il aurait pu s'il voulait, mais je
voulais avoir un ministre combatif, quelqu'un qu'il le sait qui... qui a besoin
de se battre en ce moment, tout le temps, pour les agriculteurs. Et moi, j'ai
entendu un ministre qui était, malheureusement, là, aujourd'hui, qui était plus
intéressé à protéger ses politiques, à protéger La Financière agricole. Moi,
j'ai besoin, les producteurs ont besoin, le gouvernement du Québec a besoin,
même s'il ne le reconnaît pas, le gouvernement du Québec a besoin d'un ministre
de l'Agriculture qui va brasser toutes les cages, qui va brasser La Financière
agricole, qui va brasser son premier ministre, qui va brasser ses collègues
autour de la table, qui n'arrêtera pas de se battre pour l'agriculture, pas
d'un ministre qui nous dit : Nos programmes sont en place puis ils
fonctionnent bien, pas d'un ministre qui nous dit qu'en 2018 ils ont mis en
place quelque chose, d'un ministre qui entend l'appel des producteurs qui ont
pris la peine de l'interpeller. Votre manque de vision éclipse notre ambition.
• (12 heures) •
Alors, nous, on repart d'ici aujourd'hui,
et, j'imagine, plusieurs producteurs qui ont pris la peine de mettre sur pause
leurs activités pour nous écouter, je ne suis pas sûr qu'ils repartent rassurés
qu'il va y avoir des changements structurants à l'agriculture. Je ne suis pas
sûr qu'ils repartent rassurés qu'il va y avoir des changements urgents. Mais,
une chance, M. le Président, une chance que les agriculteurs, ce sont des gens
résilients, ce sont des gens déterminés, ce sont des gens qui vont se battre
jusqu'à la fin pour leur entreprise, pour leur patrimoine familial, pour leur
travail, pour le garde-manger des Québécois. Une chance, M. le Président, qu'on
a des agriculteurs qui, eux, ont le sentiment d'urgence. Je vous remercie.
Le Président (M. Montigny) : Merci.
Compte tenu de l'heure, je lève la séance et la commission, ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 01)