Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 30 novembre 2023
-
Vol. 47 N° 16
Audition d’Hydro-Québec dans le cadre de l’étude de son Plan stratégique 2022-2026 et de son Plan d’action 2035 intitulé : Vers un Québec décarboné et prospère
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-trois minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de procéder
à l'audition d'Hydro-Québec dans le cadre de l'étude de son Plan stratégique
2022-2026 et de son Plan d'action 2035 intitulé : Vers un Québec décarboné
et prospère.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Fortin (Pontiac)est
remplacé par M. Tanguay (LaFontaine) et Mme Zaga Mendez (Verdun) est
remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Nous
débuterons ce matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons
Hydro-Québec, qui fera une présentation de 15 minutes. Par la suite, nous
enchaînerons avec le bloc 1, intitulé : Améliorer la qualité du service.
Chaque bloc est d'une durée d'une heure et débute par une présentation de 15
minutes d'Hydro-Québec, suivie d'une période d'échange avec les membres. Comme
la séance a...
Le Président (M. Ciccone) : ...à
11 h 22, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de
l'heure prévue?
Des voix : Consentement.
Une voix : Je consens.
Le Président (M. Ciccone) : Vous
consentez?
Une voix : Oui.
Le Président (M. Ciccone) : Alors,
consentement. M.... Parfait. M. le secrétaire, vous allez ajuster l'heure?
Parfait.
Des voix : ...
M. Fitzgibbon : Je me
suis trompé.
Le Président (M. Ciccone) : Vous
vous êtes trompé. O.K. Pas de consentement?
M. Fitzgibbon : ...puis on
finit à l'heure prévue.
Le Président (M. Ciccone) : Pas
dans votre temps. Parfait.
M. Fitzgibbon : Je
m'excuse.
Le Président (M. Ciccone) : Ça
va être ajusté dans les temps. Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite
maintenant le ministre de l'Économie, de l'innovation et de l'Énergie à faire
ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 7 min 30 s. À
vous la parole.
M. Fitzgibbon : Je vais
essayer de couper à cinq. Alors, bien, merci à tout le monde. Bonjour, tout le
monde, les collègues de l'Assemblée nationale, le staff. Je pense, c'est une
journée importante. Je remercie aussi Michael Sabia et toute l'équipe
d'Hydro-Québec, qui est ici présente, je pense qu'on donne beaucoup
d'importance à cette initiative-là.
Alors, d'entrée de jeu, je pense, je peux
dire que, tu sais, après plusieurs années de surplus énergétiques, la volonté
du gouvernement d'atteindre une carboneutralité en 2050 et aussi le
développement économique qui vient avec, toute la richesse qu'on... pour le
Québec, que ça soit la filière batterie, l'aluminium vert, et j'en passe, fait
en sorte qu'on doit pratiquement doubler l'offre d'Hydro-Québec d'ici 2050.
C'est une large tâche. On n'est pas les seuls dans le monde qui veut avoir la carboneutralité.
C'est une compétition qui prend place entre... Qui est très féroce, en fait,
dans toutes les nations.
Or, notre gouvernement ne demeure pas les
doigts croisés. On a rendu public, Hydro-Québec a rendu public un plan
d'action, qui est la raison pour quoi nous sommes ici, un plan d'action qui est
très cohérent avec nos objectifs, au gouvernement, et un plan d'action qui est
très ambitieux aussi. On parle d'augmenter, d'ici 2035, de
9 000 mégawatts la production électrique du Québec, on parle, entre
autres, d'augmenter de façon importante les mégawatts de production éolienne
d'ici 2035, ça s'ajoute déjà à des projets qui ont été annoncés. Il y a à peu
près 4 000 mégawatts qui ont été annoncés, on pense au projet Apuiat,
on pense au projet des neiges, on pense aux appels d'offres qui ont eu lieu en
2021, il y en a eu deux, celle de 2023. Alors, c'est clair qu'aussi on doit
augmenter les lignes de transport électrique, c'est important de produire,
c'est important aussi de transporter, et on parle d'investissements totaux, là,
si j'oublie les frais d'opération, de près de 160 milliards pour une
longue période. Donc, c'est massif comme investissements.
En plus de travailler l'offre énergétique,
évidemment, on veut aussi gérer la demande. On veut aussi s'assurer qu'on va
octroyer les projets selon une grille très, très ferme. Les projets en haut de
5 mégawatts sont maintenant assujettis à ce que le gouvernement les
autorise. Avec le ministère, on a établi des grilles d'évaluation qui sont très
sophistiquées, qui sont importantes, considérant la problématique de l'offre et
la demande, présentement. Vous savez, on a présentement
30 000 mégawatts de demande industrielle, alors que, selon
Hydro-Québec, on a peut-être un 500 mégawatts, plus ou moins quelques
centaines de mégawatts, d'ici 2028, donc il faut être très, très rigoureux.
On travaille, pour conclure, sur la
modernisation de la loi de la Régie de l'énergie et la loi d'Hydro-Québec, un
projet que je vais vouloir déposer au début 2024, qui va permettre, entre
autres, à Hydro-Québec et d'autres entreprises énergétiques d'être plus agiles
puis d'être plus flexibles pour pouvoir obtempérer ou pouvoir atteindre l'offre
que nous voulons avoir. Donc, il faut vraiment être plus agiles, si on veut
devenir carboneutres dans les délais requis. Ça va impliquer,
interministériellement, de travailler conjointement avec le ministère de
l'Environnement, le ministère du Travail et le ministère des Ressources
naturelles.
Donc, on a des très gros chantiers en
perspective, mais ça demeure une opportunité incroyable, qu'Hydro-Québec puisse
participer de façon vraiment active au développement économique du Québec, puis
aussi pour atteindre nos objectifs ambitieux de changement climatique. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant le chef de l'opposition
officielle à faire ses remarques préliminaires pour une durée de
5 min 37 s À vous la parole, M. le chef.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, vous saluer, M. le Président, saluer le
ministre, saluer les collègues, saluer le collègue de Jacques-Cartier,
porte-parole de l'opposition en matière, entre autres, d'énergie, et la
collègue de Notre-Dame-de-Grâce, porte-parole en matière d'environnement,
saluer M. Sabia et toute l'équipe qui vous accompagne. Merci beaucoup de
venir répondre à nos questions.
Pour les remarques préliminaires, puis
M. Sabia, vous allez nous aider, je pense à défaire un peu ce qui est une
sorte d'a priori, vous nous aiderez peut-être, à la fin de l'exercice, à nous
empêcher de dire : on a beaucoup plus de questions que de réponses, je le
sais que vous n'avez probablement pas les réponses à toutes nos questions, mais
pour avoir une carte routière, avoir une carte...
M. Tanguay : ...vous me
dites : Ça, c'est sûr. Alors, vous me donnez déjà la conclusion de
l'exercice. Peut-être que vous allez dire qu'on a trop de questions, mais c'est
tellement important, tellement important, notre avenir énergétique.
Quand on regarde les besoins en
électricité, M. le Président, on a vu que la CAQ, quand la CAQ est arrivée au
pouvoir en 2018, il y avait, surplus d'énergie cumulé, 40 térawattheures. On a
appris, au cours du mandat de la CAQ, qu'en 2027 il n'y avait plus aucun surplus,
on était en déficit énergétique. Le premier ministre a dit et a toujours dit,
je le paraphrase, qu'on avait absolument besoin de nouvelle énergie, de
nouvelle électricité pour développer les nouveaux projets. Or, on a pu voir,
dans le plan que vous avez déposé, que la part des nouveaux projets représente
25 % du 60 térawattheures dont on a de besoin pour 2035. Donc, 25 %
pour les nouveaux projets, mais 75 % de l'énergie nécessaire d'ici 2035.
C'est pour atteindre notre objectif, dans un processus d'atteindre notre
objectif de neutralité en 2050. Ça, c'est connu depuis 2017, c'est
l'électrification des transports, la décarbonation de nos bâtiments, décarboner
nos industries.
• (11 h 30) •
Donc, notre postulat, notre constat,
évidemment, c'est que, sous la CAQ, on a perdu cinq ans, on a pris cinq ans de
retard, et là vous devez, M. Sabia... vous avez la lourde tâche de travailler
avec cinq ans de moins en termes de prévisibilité, de moyens, de temps pour
atteindre ces objectifs-là. Ce que l'on sait, le calendrier des échéances de
besoins... Et il faut réellement analyser le dossier, le défi qui est devant
nous en se basant : Quelles sont nos échéances de besoins? Et les
échéances de besoins, nous l'avons... Évidemment, on peut voir qu'en 2027, en térawattheures
il va nous manquer 1,1 térawattheure, en 2028, il va nous en manquer huit, et
ainsi de suite. 2032, il va en manquer 31, puis, en 2035, il va nous en manquer
60,5, térawattheures. Alors, le calendrier, l'échéancier des besoins, on l'a.
Maintenant, la question
fondamentale : Quel est le calendrier des livrables prévisibles? Vous avez
une demande, un besoin en électricité qu'on est capables de chiffrer jusqu'en
2035. J'aimerais bien savoir : Qu'en sera-t-il pour répondre à ces
besoins-là, basé sur un calendrier qui nous ferait en sorte qu'en 2035 on les
aura, les 60 térawattheures? Autrement dit, l'année un, l'année deux, l'année
huit, l'année 11, quelle sera la part de l'éolien? Quelle sera la part du
solaire? Quelle sera la part de l'efficacité énergétique? Quelle sera... À un
moment donné, pouf! on va avoir un barrage, peut-être plus qu'un barrage.
Quelle est la part, le cas échéant, du nucléaire, si d'aventure, vous voulez
aller là? Nous n'avons pas le calendrier des livrables prévisibles. Et vous devez
travailler avec ça, comme objectif, de dire : Tout va s'enchaîner, puis
faites-vous-en pas, on n'en manquera pas, d'électricité.
Également, les défis nombreux. Quand on
dit ce que ça représente, c'est l'équivalent de trois de nos plus gros ouvrages
hydroélectriques, ce que l'on a de besoin d'ici... On commence à calculer sur
11 ans, là. 2024, là, c'est très prochainement. 2024-2035, c'est dans 11 ans.
On a besoin de l'équivalent, en électricité, du barrage Robert-Bourassa LG-2,
de Manic-5 et du complexe de la Romaine. Si on veut aller sur les barrages, la
Romaine, ça n'a pas pris 11 ans, ça a pris 13 ans. Alors, on aura des questions
sur votre niveau de prévisibilité et de réalisme... Là, je pense que le
mot-clé, c'est le réalisme, de dire : Allons-nous, collectivement,
atteindre nos objectifs en livrant tout cela, surtout dans un contexte de
pénurie de main-d'œuvre, où vous dites que ça va, nécessairement, engager
l'équivalent de 35 000 travailleurs de la construction? Quelle sera, à
travers tout ça, la part du privé? Et quels choix, plus fondamentaux,
allez-vous faire pour dire : Bon, on va aller sur tel, tel, tel élément
pour répondre aux besoins?
Ultimement, ça va engager des milliards de
deniers publics. Capacité d'emprunt d'Hydro-Québec, elle n'est pas à démontrer,
elle est démontrée, mais nous devons savoir qui va payer la facture. Alors,
soit c'est la baisse des dividendes au gouvernement, moins d'argent pour
l'État, soit c'est nos entreprises, puis le gouvernement, déjà, s'enligne vers
ça...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Tanguay : Oui, M. le
Président, il me reste cinq secondes. Ça, ce sera le particulier. Beaucoup de
questions. J'espère qu'on aura des réponses. Merci, M. Sabia.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le chef de l'opposition officielle. Maintenant, j'invite le
porte-parole du deuxième groupe d'opposition à faire ses remarques
préliminaires, pour une durée de 1 min 52 s. À vous la...
11 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...Merci, M. le
Président. Très, très heureux d'être ici, chers collègues, M. Sabia. Nous,
évidemment, on est heureux, spécialement heureux d'être ici, parce que ça fait
déjà plusieurs années qu'on demande de rencontrer, à l'époque, Mme Brochu
pour présenter le plan stratégique. Aujourd'hui, nous avons enfin le P.D.G. d'Hydro-Québec
devant nous.
Je ne peux pas m'empêcher de remarquer que
le plan d'action ne s'appelle pas plan stratégique, mais s'appelle plan d'action.
Et de remarquer que les remarques préliminaires du ministre n'ont pas fait
allusion une seule fois au plan stratégique de Mme Brochu, qui avait peur qu'Hydro-Québec
se transforme en Dollarama des multinationales étrangères. Je comprends que ce
plan d'action là est aligné avec les objectifs du gouvernement et probablement
pas avec le plan stratégique dont on ne va vraisemblablement pas parler aujourd'hui.
Donc, nous, bien, on va aborder plusieurs
sujets qui sont vraiment importants pour nous. On n'a pas beaucoup la chance de
vous avoir ici. On va essayer d'échanger avec vous sur les questions des
tarifs. Le gouvernement dit qu'ils n'augmenteront pas. On voudrait comprendre
exactement comment même est ce possible. On va parler d'efficacité énergétique
et de justice, de comment cette efficacité énergétique là va se faire. On va
parler de décarbonation et des objectifs de décarbonation face à ce qu'on va
dépenser avec les projets, justement, de développement économique. On va parler
de dénationalisation d'Hydro-Québec. Et si on a le temps, on va aussi parler de
gaz naturel avec vous. Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. J'invite maintenant le député de Jean-Talon à faire ses
remarques préliminaires pour une durée d'une minute.
M. Paradis : Bonjour à toute
l'équipe d'Hydro-Québec. Bonjour à vous, M. Sabia, chers collègues. On est
très content de vous recevoir aujourd'hui afin de pouvoir mieux comprendre les
grandes orientations d'Hydro-Québec pour le plan d'action 2035. C'est un
moment charnière pour l'avenir énergétique du Québec et on doit vraiment mettre
en place des moyens de décarboner notre économie, d'être plus efficaces sur le
plan énergétique, dans une transition juste et pérenne pour tous.
Moi, je suis vraiment content de pouvoir
participer à ces consultations. D'emblée, je veux vous assurer de notre
collaboration pleine et entière, mais on va être particulièrement attentifs à
tout ce qui touche la propriété publique de la production, de la distribution
et du transport de l'énergie au Québec, et précisément sur la place que les
entreprises occupent dans la filière énergétique. L'avenir des tarifs, on va
être très attentifs à ce que vous allez nous dire là-dessus. D'emblée aussi, je
m'excuse, j'ai très peu de temps, je vais être parfois direct dans mes
questions et je vais vous demander aussi de l'efficacité dans vos réponses.
Merci beaucoup d'avance.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je souhaite donc la bienvenue aux représentants d'Hydro-Québec.
Je vous rappelle que vous disposez de 15 minutes pour votre présentation,
puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Malgré le fait qu'on vous connaît très bien, M. Sabia, je vous demande de
vous présenter et de présenter également vos collègues et à commencer votre
exposé.
M. Sabia (Michael) : Juste...
M. le Président, juste avant de faire quelques commentaires, est ce que je peux
présenter mes collègues sans consumer mes 15 minutes?
Le Président (M. Ciccone) : Non,
ça fait partie de vos 15 minutes.
M. Sabia (Michael) : O.K.,
très rapidement.
M. Rhéaume (Dave) : Bonjour.
Dave Rhéaume, vice-président exécutif, planification énergétique et expérience
client.
Mme Bouchard (Claudine) : Bonjour.
Claudine Bouchard, je suis vice-présidente exécutive et cheffe de l'exploitation
et des infrastructures.
M. Aucoin (Maxime) : Bonjour.
Maxime Aucoin, vice-président exécutif, stratégie et finances.
M. Sabia (Michael) : Michael
Sabia, P.D.G. d'Hydro-Québec. Donc, merci de votre, entre guillemets,
invitation aujourd'hui. Donc, plusieurs commentateurs et ce matin le
ministre... tout le monde, beaucoup de monde ont caractérisé notre plan comme
un plan ambitieux, et je suis entièrement d'accord avec ça. À Hydro-Québec, l'ambition
est ancrée dans notre héritage. Les meilleurs moments de notre histoire ont été
marqués par l'audace, le courage, le courage des grands bâtisseurs.
Donc, pourquoi c'est le bon moment de
revenir à cette ambition maintenant? Clairement. Parce que la transition
énergétique et économique est déjà devant nous, et le défi... et c'est un défi
crucial pour l'avenir du Québec. Le monde, également notre climat, nous disent
qu'il faut agir maintenant. D'ici 2035, les États-Unis vont investir au moins 7 500 milliards de
dollars dans la transition énergétique. En Allemagne, c'est 1 000 milliards.
Le Royaume-Uni, c'est 600 milliards. Donc, ce n'est pas le temps pour des demi-mesures.
Notre plan d'action est construit autour de deux grands piliers. Le premier :
service à la clientèle. Hydro-Québec...
M. Sabia (Michael) : ...Québec.
Dans le fond, Hydro-Québec est avant tout une entreprise de service. Cependant,
cartes sur table, présentement, notre niveau de service n'est tout simplement
pas à la hauteur.
Donc, qu'est-ce qu'on va faire? On va
reconstruire notre service. À cet égard, nous avons deux objectifs
fondamentaux : fiabilité, numéro un. L'importance de fiabilité,
évidemment, augmente parce que la dépendance de nos clients en électricité
augmente. Les habitudes de vie changent, les gens travaillent plus de la
maison. Ils ont besoin d'un signal Internet stable et donc d'un accès fiable à
la puissance. Comment livrer? Tout simplement, on va doubler nos
investissements en résilience, jusqu'à 50 milliards de dollars. À terme,
ces investissements vont nous permettre à réduire le nombre de pannes de
35 % d'ici sept à 10 ans. Mais réduire les pannes n'est pas... ça ne
suffit pas. On doit aussi être plus accessibles lorsque des problèmes
surviennent. Nos clients ont besoin d'informations plus précises et
transparentes. Avec des outils numériques simples, on va communiquer
proactivement. La simplicité est au cœur de tous les changements qu'on va faire
pour mieux servir nos clients.
• (11 h 40) •
Deuxième objectif de notre stratégie de
service : être abordable. À l'épicerie, à la pompe, pour les loyers, nous
sommes conscients de la pression qui pèse sur les citoyens du Québec, nos
clients. Le coût de la vie augmente au même moment où l'électricité devient de
plus en plus présente dans leur vie. Donc, pour le résidentiel, mon engagement
est clair, un plafond tarifaire à 3 %, point à la ligne. Mais ce n'est pas
juste le tarif qui compte, c'est la facture totale. Mieux consommer, c'est
réduire la facture totale. On a donc doublé notre cible en efficacité
énergétique. Pour y arriver, nous allons offrir un accompagnement plus
personnel à nos clients, avec des experts dédiés et des offres financières
bonifiées et simplifiées. Avec cette stratégie, notre marque de commerce va
devenir un service fiable, simple et abordable.
Donc le deuxième grand pilier de notre
plan, la transition énergétique et économique. Donc, évidemment, nous l'avons
tous ressenti cet été, les impacts climatiques s'intensifient. Les
gouvernements à travers le monde tentent à répondre à ce défi en réalisant des
investissements colossaux. Selon les experts, pour décarboner nos économies, des
investissements de 1,5 à 2,500 milliards de dollars par année seront
nécessaires chaque année pour les 30 prochaines années. Le monde bouge, les
investissements sont énormes. Surprenant? Pas du tout. Encore aujourd'hui,
80 % de l'énergie dans le monde est fossile, 80 %. Donc, restructurer
une économie mondiale bâtie sur les énergies fossiles depuis 200 ans, ce n'est
pas juste un ajustement, il s'agit d'une véritable rupture, et ce ne sera pas
facile. Et si on pensait que ce serait facile, pensez-y encore une fois.
Plus d'énergies propres pour décarboner,
c'est bon pour l'environnement, mais, en même temps, c'est bon aussi pour la
prospérité. L'énergie propre sera le vecteur déterminant de la compétitivité
mondiale des économies. L'énergie propre, c'est la locomotive de la croissance
économique. Atteindre ces deux objectifs en même temps, décarboner et créer de
la richesse, ça, c'est le nerf de la guerre. Les pays qui vont bâtir une
économie à la fois décarbonée et prospère seront les grands gagnants de cette
transition. Il s'agit donc d'un projet de société, mais la bonne nouvelle, le
Québec est bien positionné. 50 % de l'énergie consommée localement est
déjà propre et abordable. Mais le reste du monde est en action, et il faut agir
maintenant. Donc...
M. Sabia (Michael) : ...2035,
l'Hydro-Québec doit produire entre 8 000 et 9 000 mégawatts
supplémentaires. Pour y arriver, on va diversifier notre production. 75 %
de cette énergie additionnelle ira à la décarbonation, les véhicules
électriques, le chauffage électrique, l'aluminium et l'acier vert.
Bien sûr, oui, il faut décarboner et il
faut également rester compétitifs. Aujourd'hui, nos tarifs industriels sont au
moins deux fois plus bas que dans la grande majorité des pays
occidentaux : deux fois plus bas qu'au Michigan, trois fois, qu'à New York
et qu'en Angleterre, et quatre fois, qu'en Allemagne. Dans les autres pays,
tous les investissements massifs dans la production électrique auront le même
impact, une augmentation des tarifs. Au Québec, même si on ajoute de nouvelles
sources d'énergie avec notre base d'actifs à très bas coûts, autrement dit le
bloc patrimonial, nos coûts moyens vont rester toujours plus bas. Ça, c'est
notre engagement envers nos clients, être toujours plus concurrentiels.
Bien sûr, M. le Président, pour réaliser
ce plan d'action, Hydro-Québec devra changer, devenir une organisation plus
ouverte et plus efficiente. Nous devrons innover sur nos chantiers, adopter des
meilleures pratiques mondiales dans le service à nos clients et mieux utiliser
nos actifs et, bien sûr, simplifier nos processus.
Inévitablement, avec un plan ambitieux,
viendront des défis. Les défis accompagnent toujours l'ambition.
Premièrement, les chaînes
d'approvisionnement sous pression à travers le monde. Ma réponse :
l'ampleur de ce plan et la réputation mondiale d'Hydro-Québec vont nous aider
auprès des fournisseurs.
Deuxièmement, pour réaliser ce plan,
Hydro-Québec aura besoin d'une plus grande flexibilité. Ça veut dire simplifier
la réglementation pour nous permettre de bouger plus rapidement.
Troisièmement, le financement. Pour le
faire, pour réaliser ce plan, nous aurons besoin à peu près 1 milliard...
excuse, 100 milliards... 1 milliard, ce n'est pas vraiment beaucoup,
100 milliards de dollars. Ma réponse : Les marchés sont
tellement profonds et cherchent activement des occasions d'investir dans la
transition énergétique, donc on a plusieurs options. Et bien sûr, ce n'est pas
100 milliards de dollars qu'on va investir demain matin, l'augmentation
sera graduelle. Est-ce que c'est faisable? Selon moi, c'est faisable.
Et finalement, la main-d'oeuvre, le défi
le plus difficile. En moyenne, d'ici 2035, nous aurons besoin à peu près
35 000 travailleurs en construction. Ma réponse : si nous sommes
sérieux quand on dit qu'on veut décarboner et rester les leaders, alors nous
devons être ouverts à plusieurs changements, accélérer la formation,
décloisonner les emplois, attirer plus de travailleurs et leur donner les
meilleurs outils possibles.
Donc, c'est clair, nous avons du travail à
faire sur cette question. Mais ce projet de société, le projet que nous avons
proposé, ça exige de travailler ensemble, tous ensemble. D'abord, avec les
nations... Les Premières Nations et les Inuits, nous allons poursuivre une
approche novatrice fondée sur le principe de réconciliation économique.
Le cœur de cette stratégie comprend deux
éléments fondamentaux : une approche de planification plus ouverte,
transparente et inclusive, et le développement de vrais partenariats dans
lesquels les communautés prennent des participations financières dans nos
projets. Le résultat? La création de sources de revenus autonomes qui peuvent
être utilisées comme les communiqués... les communautés le souhaitent, selon
leurs propres priorités...
M. Sabia (Michael) : ...bien
sûr, travailler ensemble va beaucoup plus loin. Avec tous les éléments de ce
plan, il faudra impliquer plusieurs intervenants. Ça signifie de s'engager dans
des vraies conversations, d'écouter, de débattre, de s'ajuster et surtout de
montrer clairement les choix que nous avons à faire. Pour cette raison, nous
avons mis sur la table un plan spécifique, un plan clair avec des chiffres, des
faits et des coûts, un plan qui montre ce qui est vraiment requis pour
décarboner. C'est la seule manière, selon nous, de focaliser sur les vrais
choix et d'avoir des conversations productives.
• (11 h 50) •
Hydro-Québec sera à l'écoute. Nous avons
élaboré un plan d'action suffisamment concret pour servir de base de
discussion. Au cours des prochains mois, nous allons faire une série de
rencontres avec différents acteurs de la société québécoise pour raffiner les
pistes de solutions proposées. Sur la question du service, nous allons
consulter les Québécois et les Québécoises en ligne pour comprendre leurs
attentes et leurs besoins. Nous allons aussi rencontrer les municipalités. Sur
la question de l'efficacité énergétique, pour développer les meilleures
solutions, nous serons à l'écoute de tous nos types de clients et nous allons
consulter des experts pour rester à l'affût des meilleures pratiques mondiales.
Au niveau de la production d'électricité, nous souhaitons avoir une
conversation sur le mix énergétique proposé dans le plan d'action pour réaliser
la transition énergétique. Et, bien sûr, nous allons travailler avec le
gouvernement, avec la CCQ, avec le milieu de construction sur cette question
importante de main-d'œuvre. Et finalement, mais extrêmement important, nous
allons continuer d'aller à la rencontre des communautés autochtones afin de
créer ensemble un plan de réconciliation économique.
Maintenant, M. le Président, à vous la
parole.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup de me donner la parole, M. Sabia. Je vous remercie pour cette
présentation. Nous allons maintenant enchaîner avec le bloc 1, intitulé
Améliorer la qualité du service. Alors, M. Sabia et vos collègues, je vous
invite à faire votre présentation pour une durée de 15 minutes. Nous
procéderons ensuite à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous cède maintenant la parole.
Mme Bouchard (Claudine) : Merci,
M. le Président. Mmes, MM. les députés de cette commission, bonjour.
Les Québécoises et les Québécois sont très
attachés à Hydro-Québec. Depuis plus de 75 ans, notre organisation a pour
mission d'offrir à ceux-ci un service fiable et de qualité. Mais, avec les
changements climatiques et ses impacts, ajoutés au vieillissement de nos
actifs, ça provoque une dégradation de la qualité du service électrique à nos
clients. L'année 2023 est parmi les pires des 15 dernières années en ce qui
concerne les pannes d'électricité. Nos délais d'alimentation, pour leur part,
ont augmenté de presque 70 % depuis quatre ans. Notre clientèle fait face
à des lourdeurs dans ses interactions avec nous. Nos factures sont difficiles à
consulter, nos systèmes de communications lors de pannes majeures ne sont pas
précis et notre clientèle doit traiter avec de trop nombreux intervenants pour
les nouveaux raccordements. Ce sont là des éléments d'insatisfaction que nos
clients nous interpellent fréquemment. Nous devons donc investir davantage dans
le réseau électrique afin d'offrir à notre clientèle un service fiable, de
grande qualité et à un coût abordable, et ce, tout en offrant une meilleure
expérience. C'est l'un des piliers principaux de notre plan d'action, comme
vient de le mentionner M. Sabia.
Parlons d'abord d'améliorer la qualité du
service. Nous devons placer le service offert à notre clientèle au cœur de
toutes nos actions et de toutes nos décisions, et ce, à tous les jours. Dans le
contexte des changements climatiques, nos efforts à ce chapitre acquièrent une
importance encore plus particulière. Les phénomènes météo extrêmes que le
Québec a connus dans les dernières années, tels que les tempêtes de verglas,
les feux de forêt, les épisodes de grands vents, ont provoqué des pannes
d'électricité plus fréquentes et plus longues. Combinés au vieillissement de
notre parc d'actifs, ces phénomènes ont entraîné une certaine dégradation de la
qualité du service. Nous visons à stabiliser la situation rapidement pour
éviter que la fiabilité ne se dégrade davantage et nous travaillerons
activement à améliorer la qualité du service.
Dans le plan d'action 2035 pour un Québec
décarboné et prospère...
Mme Bouchard (Claudine) : ...nous
nous engageons à investir davantage dans le réseau électrique afin d'offrir à
notre clientèle un service encore plus fiable et de meilleure qualité. Voici
comment nous entendons le faire.
D'abord, nous allons diminuer les pannes
et les interruptions planifiées, alors nous allons augmenter nos
investissements dans la fiabilité du réseau électrique face aux événements
majeurs et, évidemment, aux impacts des changements climatiques. Hydro-Québec
s'est donné la grande ambition de corriger la tendance et de réduire le nombre
de pannes de 35 % d'ici sept à 10 ans. Pour ce faire, nous
déploierons un plan qui vise à accroître la fiabilité et la robustesse du
réseau. Ce plan proposera une combinaison d'actions, que nous réaliserons sur
trois axes : le premier, le réseau, donc la résilience du réseau; le
deuxième, la résilience communautaire; et, finalement, le dernier, la résilience
de nos clients et de nos clientes.
En augmentant, de façon importante, les
sommes investies pour accroître la robustesse de notre réseau électrique, nous
allons le moderniser et remplacer des équipements désuets. Les investissements
qui visent à assurer la pérennité du réseau électrique totaliseront entre 45 et
50 milliards d'ici 2035. Autrement dit, nous prévoyons investir, en
moyenne, de 4 à 5 milliards de dollars par année dans la fiabilité de
tous nos actifs, et ce, en tenant compte des effets prévus pour les changements
climatiques, ce qui veut dire, donc, presque doubler nos investissements, en
pérennité, des dernières années. Nous solidifierons ainsi la fondation, qui
nous permettra, aussi, de mieux accueillir la croissance. Dans cette
perspective, nous déploierons une combinaison de solutions adaptées à la
géographie locale, c'est-à-dire des équipements télécommandés, des poteaux en
composite plus solides, et nous adopterons des pratiques innovantes, comme
l'enfouissement léger des lignes électriques.
Environ 40 % des pannes sur les
réseaux électriques de distribution sont attribuables à la présence de la
végétation, qui, lorsqu'elle entre en contact avec nos équipements, peut
entraîner, évidemment, une interruption de service. Cette proportion devient
encore plus importante lors des événements météo majeurs. Nous prévoyons
intensifier nos travaux en maîtrise de la végétation à proximité des lignes
électriques, afin de réduire le taux de pannes liées à celle-ci de 30 %
d'ici 2028. Nous réaliserons plus de travaux préventifs de déboisement, créant
ainsi un corridor de sécurité autour de notre réseau électrique, et nous
investirons davantage dans la coupe de branches et d'arbres à risque qui se
trouvent à proximité de nos installations. À cet égard, nous solliciterons la
collaboration des citoyens et des citoyennes, ainsi que des collectivités, pour
mieux gérer ces arbres dangereux. Ces efforts seront maintenus au-delà de
l'horizon 2028 afin de continuellement améliorer la fiabilité et la
qualité du service que nous offrons aux Québécoises et aux Québécois.
Si les investissements et les travaux que
je viens de décrire diminueront certainement de façon importante le nombre de
pannes, nous ne pouvons jamais faire la promesse de les éliminer complètement.
C'est pourquoi nous souhaitons aussi améliorer nos communications avec notre
clientèle lors de pannes. Nous voulons faire une meilleure utilisation des
outils numériques pour rendre les communications avec notre clientèle plus
proactive, plus simple et mieux adaptée à leurs préférences. En plus
d'améliorer les interfaces et d'enrichir le contenu de nos plateformes
existantes, nous exploiterons des canaux de communication supplémentaires,
comme les notifications proactives par texto ou par courriel. Nous introduirons
progressivement les éléments suivants : des avertissements ciblés en cas
de possibilité de pannes liées à un phénomène météo sévère, l'indication dans
l'application Info-pannes d'un délai de rétablissement prévu dans les cas de
panne majeure, des mises à jour plus régulières et plus précises concernant le
rétablissement du service ainsi que des informations à caractère plus local,
des sondages auprès de la clientèle à la suite des pannes majeures afin
d'améliorer nos pratiques en continu.
Enfin, nous souhaitons offrir à la
clientèle des solutions de résilience d'alimentation électrique d'appoint lors
des interruptions de service prolongées. Nous miserons donc sur des
technologies disponibles sur le marché, comme les batteries et les accumulateurs
de chaleur, pour élaborer de nouvelles offres de résilience destinées à la
clientèle qui souhaitera se prémunir contre l'impact des interruptions de
servir. Nos premières offres de services seront commercialisées dès l'an
prochain.
Nous lancerons également un projet pilote
visant le déploiement de pôles de dépannage mobiles communautaires intégrant à
terme des batteries et des génératrices et des bornes de recharge qui pourront
être déplacées d'une collectivité à l'autre en cas de besoin. Ce projet sera évidemment
mené en collaboration avec les municipalités et les services d'urgence.
En tant que députés, vous êtes fréquemment
interpelés par vos concitoyens qui déplorent les délais pour être branchés à
notre réseau. Les citoyens ont raison de noter que les délais se sont allongés.
Hydro-Québec doit composer avec des demandes d'alimentation qui sont en...
Mme Bouchard (Claudine) : ...mais
qui sont surtout de plus en plus complexes. Nous voulons néanmoins accélérer le
traitement des demandes d'alimentation d'électricité et gagner en efficacité
pour réduire le délai moyen de traitement de ces demandes. Nous avons déjà
entrepris d'apporter des ajustements à nos pratiques, comme la priorisation des
travaux avec le plus grand impact pour la clientèle, la simplification du
processus de traitement des demandes et l'uniformisation de nos méthodes de
travail.
Afin de rendre plus fluide l'expérience
client, nous réduirons également le nombre d'intervenants avec qui notre
clientèle doit intervenir, nous rehausserons la qualité de l'information
fournie sur nos plateformes numériques concernant la progression des travaux.
Mis ensemble, toutes ces mesures permettront de réduire de 40 % le délai
moyen de réalisation des travaux les plus courants liés à l'alimentation de nos
clients et clientes sur la période allant de 2023 à 2028.
• (12 heures) •
En conclusion, je réitère que
l'amélioration de la qualité de notre service est au cœur de notre plan. Dès la
fin de 2024, nous aurons commencé à livrer des solutions concrètes pour
bonifier nos interactions numériques avec nos clients par le déploiement d'une
plateforme numérique unique, et pourront... nos clients pourront profiter de la
bonification de nos outils interactifs de diagnostic et de conseils
énergétiques sur cette même plateforme unique pour les aider à réduire leur
consommation et, bien entendu, leur facture d'électricité. Nous mettrons aussi
des outils à la disposition de nos clients d'affaires avec pour objectif
d'atteindre 1 million d'utilisateurs et utilisatrices supplémentaires
d'ici cinq ans.
Notre engagement fondamental envers notre
client est d'offrir, donc, un service plus fiable, plus simple et abordable.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Je
vous remercie, Mme Bouchard, pour votre exposé. Nous allons maintenant
commencer la période d'échange. M. le ministre, vous avez... On va rajouter du
temps, un petit peu, vous avez aux alentours d'à peu près 18 minutes.
Alors, à vous la parole.
M. Fitzgibbon : Ma collègue
va prendre la place.
Le Président (M. Ciccone) : Mme
la députée, à vous la parole.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, c'est bien gentil. Au niveau... premièrement, merci beaucoup d'être
avec nous aujourd'hui, ça nous fait vraiment plaisir de vous recevoir. C'est
vraiment un honneur.
Vous avez bien insisté, tout à l'heure,
que la mission d'Hydro-Québec, c'est de fournir une alimentation fiable,
sécuritaire et de qualité à l'ensemble de la population. Puis on sait que plus
on a de communications au cœur d'un service aussi, plus la population comprend,
plus ils sont derrière les organismes, quels qu'ils soient, mais dont
Hydro-Québec, puis je voulais vraiment parler de la première priorité
d'améliorer la qualité du service sur l'ensemble du réseau. Puis, je pense, ça
touche particulièrement les nouvelles demandes de raccordement, par exemple,
les modifications de raccordement, les changements climatiques, qui sont
complètement indissociables aussi de notre réalité aujourd'hui. Donc, concrètement,
le nombre d'appels qu'on peut recevoir à un bureau de comté, qui touchent les
raccordements, sont assez phénoménaux. Vous disiez que vous voulez avoir plus
d'entreprises aussi qui se connectent à l'hydroélectricité. On sait que,
parfois, on a jusqu'à deux ans d'attente pour pouvoir se raccorder au réseau,
vous avez dit que vous voulez améliorer cette connectivité-là. Avez-vous un
plan précis en actions claires qu'on... Puis comment ça pourrait se traduire?
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
tout à fait. On a un plan précis qui est déjà, je dirais... déjà amorcé, là. Il
y avait beaucoup de volets à votre question. Je vais commencer par les demandes
d'alimentation, si vous le permettez. Merci pour votre question. Effectivement,
au niveau des demandes d'alimentation, nous sommes à mettre en place ou à
améliorer le processus, je dirais d'emblée, déjà de la prise en charge du
client, donc de déjà faciliter et simplifier l'expérience, du moment où le
client appelle ou fait son formulaire sur Internet pour assurer qu'il a déjà
l'information nécessaire pour prendre les décisions nécessaires dans le cours
de ses travaux de construction, ou peu importe les travaux de modification
qu'il a à faire. Donc ça démarre là. Ensuite, on va prioriser, mais pas juste la
partie des travaux, je dirais, liée à l'alimentation, mais on va le prioriser
dans l'ensemble de ce qu'on a à faire. Je vous disais tout à l'heure que, de
plus en plus, on a de plus en plus de demandes en termes de volume, mais elles
sont de plus en plus complexes, c'est-à-dire qu'elles demandent de plus en plus
de travail d'ingénierie. Alors donc, en faisant de l'ingénierie en amont, ça va
permettre d'accélérer le traitement de ces demandes-là et aussi de travailler
avec les municipalités et les promoteurs en amont, bien, ça va nous permettre
également d'avoir une meilleure prévisibilité.
Aussi, pour les députés dans les régions,
on va aussi travailler avec les bureaux pour avoir cette information-là sur la
prévision de développement, la prévision de construction. On parle beaucoup de
construction de logements. Donc, ça, ça aura une incidence sur ça. Alors,
plutôt que de le faire au moment où les gens sont prêts à faire leurs demandes,
comment on est capables de travailler en amont pour réduire leur cycle. Alors,
ça, c'est vraiment la façon dont on va travailler pour réduire de 40 % nos
délais et améliorer la prise en charge de nos clients du début à la fin, et de
leur donner une prévisibilité...
12 h (version non révisée)
Mme Bouchard (Claudine) : ...aussi
d'une date où on va faire les fameux travaux. Il y a des travaux, par ailleurs,
qui prennent un peu plus de temps, d'autres un peu moins de temps, mais, au
départ, le client devra avoir une meilleure compréhension du processus et de ce
que lui a à faire comme client aussi à travers ce processus-là. Alors, je
répondrais pour ce bout-là.
Ensuite, pour la fiabilité... Je ne sais
pas si vous voulez y aller, M. Sabia, Michael. Donc, pour la fiabilité,
bien, on le voit, hein, on a juste à repenser à l'été qu'on vient de vivre, le
mois d'octobre qui a été le plus chaud dans l'histoire. Donc, les tempêtes sont
de plus en plus fréquentes, elles sont de plus en plus sévères. Les vents sont
de plus en plus forts. C'est une bonne nouvelle pour l'éolien, mais c'en est
moins pour la végétation qui est à proximité de notre réseau. Tout ça combiné,
hein? Notre réseau s'est construit à travers les dernières décennies par
phases, donc nos actifs sont également vieillissants. Donc, tout ça a un impact
sur la qualité de la fiabilité de notre service, et on constate une
détérioration.
Si on regarde dans les dernières années la
part des pannes liées aux événements majeurs météorologiques, ça a augmenté à
50 %. Donc, aujourd'hui, les pannes que les clients connaissent sur une
année type, c'est environ 50 % liés aux événements météo majeurs. Si on
recule de 10 ans, c'était environ 20 %. Alors, juste dans une période
de 10 ans, on voit l'impact des effets des changements climatiques.
Donc, je vous le disais tout à l'heure,
environ 40 % à 70 % des pannes sont liées à la présence de végétation
près de nos installations. Donc, à court terme, là où on va davantage investir,
c'est vraiment sur le contrôle de la végétation. On a déjà doublé les budgets
par rapport à 2018. On va continuer à les augmenter, mais on ne va pas
seulement les augmenter, on va les utiliser de façon plus optimale et
différemment. Donc, on va créer des corridors de sécurité autour de nos
installations pour éviter qu'il y ait des arbres dangereux qui, lors de vent
fort, puissent venir affecter la qualité de service à nos clients. On va
également travailler avec les municipalités, encore là, en amont, en
prévisionnel; il y a beaucoup d'arbres qui se plantent, comment on plante le
bon arbre au bon endroit pour éviter que, plus tard, ces arbres-là viennent
causer des pannes électriques à nos clients. Donc, on va travailler sur ce volet-là
également.
Et on va travailler également sur, je
dirais, l'information aux clients. Pourquoi est-ce qu'on doit couper les
arbres? Donc, évidemment, tout le monde veut garder l'arbre dans sa cour, mais
quand on explique aux gens que l'arbre peut provoquer une panne, bien, souvent
les gens voient l'arbre avec un autre oeil. Alors, ça aussi, c'est un devoir qu'on
se fait de pouvoir aller mieux expliquer à nos clients pourquoi on a besoin de
créer ce corridor de sécurité.
Donc, on aura besoin de la collaboration
des clients, clientes, mais aussi des municipalités dans le cadre de l'amélioration
de notre qualité de service pour réduire 40 % des pannes, en fait, le
40 % des pannes liées à la végétation, mais aussi d'ordre général,
35 % des pannes d'ici 7 à 10 ans, ce qui est colossal et ambitieux. J'espère
que ça répond à votre question.
Mme Bogemans : Parfait. Oui.
Bien, j'ai quelques petites précisions, dans le fond, par rapport à la
connectivité, comment pensez-vous améliorer la transparence? Vous parlez
justement de mieux informer dès le départ de toute la procédure, d'avoir des
gens aussi qualifiés pour guider, comment comptez-vous mettre des points de
contact ou des jalons le long du chemin pour que les entrepreneurs, les gens
qui se construisent des maisons, qui font des rénovations puissent entrer en
communication avec les bonnes instances?
Mme Bouchard (Claudine) : Très
bonne question. Effectivement, ça va donner un peu de concrétude, comme on dit.
On va utiliser beaucoup les plateformes numériques, ce qu'on utilise peu
actuellement. Donc, on va être vraiment en mode où les gens auront un outil, un
site où ils pourront avoir toute l'information centralisée dans ce site-là, l'information
sera mise à jour de façon un peu plus régulière, et on va s'assurer aussi que l'information
soit compréhensible de la part du client parce que le processus est très
technique, mais on va le rendre plus facile à comprendre par nos clients qui
eux aussi... il ne faut pas oublier que dans l'écosphère de ça, il y a aussi le
maître électricien, alors comment je donne de l'information à mon client en
même temps que le maître électricien? Donc, il y aura ces éléments-là, mais
définitivement, on va améliorer nos outils numériques pour s'assurer que le
client ait tout ce dont il a besoin pour comprendre le processus et agir comme
il devrait pour avoir son service au moment où il en a besoin.
M. Sabia (Michael) : Claudine,
est-ce que je peux ajouter quelque chose?
Mme Bouchard (Claudine) : Bien
oui. Avec plaisir.
M. Sabia (Michael) : Donc,
parce que ce n'est pas juste un plan. Le plan est en action parce que... Un
exemple, cette semaine, nous avons eu une panne, une panne causée par la neige,
la neige très lourde ici à Québec, mais ailleurs au Québec, mais juste pour
illustrer le point de Claudine, la panne a débuté essentiellement le matin, c'était
le 17 novembre, je pense, et donc avant midi, nous avons informé 65 %
de nos clients...
M. Sabia (Michael) : ...nous
leur avons donné un délai de rétablissement, et, avant 16 h de l'après-midi, je
pense, nous avons donné à 94 % de nos clients un délai de rétablissement.
Donc, la qualité de communication, grâce
aux efforts de Claudine et son équipe, ça commence maintenant, parce que le
plan d'action, c'est deux parties importantes. On a une amélioration, une
préoccupation de la qualité des services et également efficacité énergétique,
les deux sont en action maintenant. Toute la question de production et
l'augmentation, ça demande de... planification, et donc on va prendre un peu de
temps pour bien planifier des choses et pour consulter les gens. Mais, sur la
question de service, j'espère, touche le bois, l'amélioration du service est
déjà en cours.
• (12 h 10) •
Mme Bogemans : Prévoyez-vous
une meilleure communication entre les équipes de terrain, justement, puis les
équipes qui mettent à jour les outils web pour être capable d'arriver à la
précision?
Mme Bouchard (Claudine) : Merci
pour la question. Oui, c'est exactement ce qu'on a fait cette semaine. Cette
semaine, c'était le premier pilote. Quand on a des pannes majeures,
normalement, on n'est pas en mesure de donner des délais de rétablissement de
façon aussi rapide pendant l'événement. Alors là, on a vraiment forcé cette
collaboration, donc, si bien que, cette semaine, on était en mesure de donner à
94 %, comme M. Sabia l'a mentionné...
M. Sabia (Michael) : Michael.
Mme Bouchard (Claudine) : ...des
délais de rétablissement. Et là, bien là, la prochaine étape, c'est de sonder
ces gens-là, est-ce que c'est bien qu'on leur donne un délai, et de sonder
aussi est-ce que... Parce qu'on a... on a respecté ce délai-là dans 60 %
des cas. Alors là, la prochaine fois, bien, il faut être meilleurs. Mais, dans
ce 60 % là ou dans le 40 % qui est manqué, il y a des gens qui ont
retrouvé le service électrique plus tôt que ce qui était écrit, mais ça, ça
entre dans le 40 % de manqué. Alors, on va aller écouter nos clients pour
ajuster comment ils veulent qu'on leur communique cette information-là tout au
long de notre amélioration continue du service de... qu'on va donner à nos
clients, en termes de... de qualité d'information.
M. Sabia (Michael) : De temps
en temps, Hydro-Québec est un peu trop hiérarchique. Donc, au bureau, nous
sommes Michael et Claudine, mais, devant vous, pour les raisons que je ne
comprends pas, je deviens M. Sabia, mais, au bureau, je suis Michael.
Mme Bouchard (Claudine) : C'est
l'environnement qui fait ça.
M. Sabia (Michael) : Oui,
c'est l'environnement, oui.
Mme Bogemans : Il n'y a aucun
problème. En terminant, ma question était sur le plan de travail de
l'enfouissement des fils, parce qu'en effet il y a la... tout ce qui est
végétation, les changements climatiques, les forts vents, les lignes
électriques aussi qui s'étendent maintenant sur des plus grandes distances.
Dans quelle mesure... Dans le fond, avez-vous émis un plan d'enfouissement des
fils puis dans quel moment particulier vous allez prioriser, par exemple, les
poteaux en composite?
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
l'enfouissement, on va commencer par... En fait, je vais revenir à ce que j'ai
dit tout à l'heure. Ce qu'on veut, c'est déployer la combinaison des meilleures
solutions en fonction de la géographie locale. Donc, l'enfouissement doit faire
partie des solutions, mais n'est pas la solution unique à la fiabilité du
réseau. Quand il y a des pannes en souterrain, c'est beaucoup plus difficile de
trouver le problème ou l'origine de la panne et c'est beaucoup plus long
généralement, O.K., et on a déjà parlé que ça coûtait plus cher, bien entendu.
Donc, on va... on va combiner différents
équipements. Le premier, ce sont des équipements télécommandés, donc qu'on est
capables d'opérer à distance, qui permettent de rétablir des secteurs sur le
réseau plus rapidement. Les poteaux en composite aussi, on en... déjà dans la
panne la semaine dernière, donc, quand on va reconstruire des réseaux dans les
endroits névralgiques ou des endroits où les tempêtes, historiquement, sont
plus présentes et plus fortes, comme dans l'Outaouais par exemple, on va
ajouter des poteaux en composite. C'est ce qu'on a fait d'ailleurs cette
semaine, lundi. Et troisièmement, ce qu'on va faire également, c'est de mettre
des conducteurs recouverts. Je vous disais tout à l'heure que, lorsque la
végétation touche aux fils, c'est à ce moment-là qu'il y a des interruptions de
service. Alors, en ayant des conducteurs qui sont recouverts, même si la
branche touche aux fils, il n'y aura pas de panne.
Donc, il faut utiliser mieux ces trois
éléments-là dans l'architecture de notre réseau et aussi quand on reconstruit
suite à une panne. Donc, ça, on fait ça, on est déjà, je dirais, bien avancés
là-dedans. Donc, on a déjà des engagements à déployer ça en 2024 en nombre
quand même assez ambitieux.
Maintenant, en termes d'enfouissement,
l'enfouissement standard est davantage utile et optimal pour des régions ou des
secteurs à densité de population ou de consommation élevée. On ne peut pas
déployer ça partout. C'est ce qui... C'est ce qui limite un peu l'utilisation,
et le prix, bien entendu, qui est 10 fois plus cher. Nous avons innové dans nos
techniques d'enfouissement. On s'apprête à déployer... en fait, on l'a déployé
l'an passé en pilote, mais là on va le déployer de façon plus substantielle, ce
qu'on appelle de l'enfouissement allégé, qui coûte, celui-là, 3 à 5 fois plus
cher, donc un peu plus raisonnable, mais celui-là va être pour des régions
où...
Mme Bouchard (Claudine) : ...la
densité de consommation est un peu plus faible. Donc, on va être en mesure de
le déployer dans des régions périrurales, je vais dire ça comme ça, ou des
banlieues. Donc, ça aussi, ça fait partie du coffre à outils qu'on va déployer
pour donner plus de fiabilité, plus de qualité de services à nos clients et,
évidemment, assurer d'affronter les changements climatiques, à l'avenir, qui
vont augmenter ce qu'on regarde devant nous. Voilà.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. Je passe la parole à mon collègue de Gaspé.
Le Président (M. Ciccone) : O.K.
M. le député de Gaspé, à vous la parole.
M. Sainte-Croix : Salutations
aux collègues de la commission. Très heureux d'être ici avec vous aujourd'hui.
Salutations à M. Sabia et à votre équipe. Très heureux aussi de vous avoir pour
répondre à plusieurs belles questions d'intérêt, assurément. Au niveau de votre
vision, vous avez parlé essentiellement de deux grands poteaux, service client
et puis transition énergétique. Vous avez parlé aussi d'une année 23 comme
une l'année la plus importante en termes de pannes, nécessairement, reliées à
la question climatique et puis vous avez aussi parlé de vos systèmes de
communication client comme des... un système ou des systèmes plutôt imprécis.
Comment voyez-vous, puis vous avez amené
des éléments, mais j'aimerais vous entendre de façon plus pointue là-dessus,
là, ce virage-là au niveau communication, qui est important au niveau du
service client? Parce qu'on s'entend qu'en termes de panne la première
préoccupation d'une famille, c'est de s'assurer, d'une part, d'avoir une
certaine compréhension de ce qui arrive dans le moment présent et puis de voir
dans un terme projeté, là, comment on va se sortir de cet état de situation là
de pannes. Comment vous voyez-vous, là, concrètement, là, en termes d'architecture,
de communication, de déploiement sur le terrain, vos façons de faire à venir,
qui, je comprends, ont déjà été mises en place là, progressivement? Vous avez
beaucoup parlé de numérique à cet effet-là.
Mme Bouchard (Claudine) : Oui.
Aujourd'hui, on utilise le numérique mais davantage pour les clients qui
s'adressent à nous puis on ne l'utilise pas beaucoup en mode proactif. On a
aussi, sur notre réseau, l'application Info-pannes qui donne une information de
façon plus générale à nos clients. On va vouloir ramener ça beaucoup plus
local, donc être capable de savoir, sur ma rue ou sur les deux rues, à quel
moment l'électricité va venir. Donc, ça, c'est vraiment ce qu'on vise, c'est ce
qu'on essayait de faire d'ailleurs cette semaine. Et donc on va permettre aux
clients d'avoir cette information-là dont ils ont besoin pour prendre les
meilleures décisions dans le cadre de leur responsabilité. Première étape.
Deuxième étape, ce qu'on va vouloir quand on va être assez bon sur
l'application Info-pannes pour dire : On répond aux attentes des clients,
c'est-à-dire que les délais qu'on donne sont respectés en grande partie et les
clients apprécient... mais là on va être capable de l'envoyer de façon
proactive au client, soit par courriel ou soit par texto, selon leurs
préférences. Donc, ça, c'est l'élément, je dirais, numérique qu'on utilise peu
actuellement, qu'on va mettre en place. Et donc, ça, bien, ça sera, évidemment,
avec l'accord du client, là, selon ses préférences. Donc, ça, c'est le volet
plus communication.
Ensuite, des pannes, malheureusement, il y
en aura encore. Même si on fait, comme je le disais tout à l'heure,
l'investissement de 45 à 50 milliards, il va quand même rester des pannes
sur les réseaux provoqués par les changements climatiques, notamment. Donc, ce
qu'on veut, c'est mieux équiper nos clients. Donc, je vous parlais tout à
l'heure d'un pôle de dépannage communautaire. Alors, ce qu'on voit à terme, ce
sont des batteries mobiles, des batteries vraiment de grande capacité qui
seraient mobiles, qu'on pourrait amener dans une collectivité qui est en panne
depuis un bon moment, qui seraient branchées à des bornes de recharge de
véhicules et probablement une espèce... on peut imaginer une roulotte où les
gens pourraient venir à la fois se réchauffer, travailler et aussi recharger
tous leurs outils électroniques. Donc, ça aussi fait partie de l'engagement
qu'on veut prendre avec les collectivités, les services de mesure d'urgence
pour non seulement leur donner une meilleure prévisibilité, mais les aider
aussi dans leur quotidien lorsqu'ils sont en panne électrique.
Et le troisième volet, aussi, puis on va
travailler en collaboration avec mon collègue Dave, on veut donner
l'opportunité aux gens d'avoir leur propre résilience client. Donc, il y a déjà
des technologies qui existent sur le marché comme des batteries, comme des
accumulateurs thermiques, donc on va développer une offre commerciale pour les
gens qui voudront se prémunir contre les interruptions de service en achetant,
en requérant ces services-là, soit de batteries ou soit d'accumulateurs
thermiques.
Alors, on va les aider à avoir une bonne
information pour prendre la bonne décision, on va leur permettre dans leur
collectivité d'avoir au moins le minimum de ce qu'ils ont besoin, puis, avec la
voiture, ils vont être capables aussi de réinjecter l'électricité dans leur
maison, et, troisièmement, on va avoir un programme aussi que... pour qu'eux,
dans leur propre maison, on puisse améliorer leur résilience. Alors, au-delà de
la communication, on veut vraiment aider nos clients pour faire face à ces
événements-là, donc, de changements climatiques.
M. Sainte-Croix : Intéressant,
merci. J'ai toujours du temps?
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
oui. Il reste...
Le Président (M. Ciccone) : ...minute
30 secondes.
M. Sainte-Croix : Excellent,
merci. Je m'intéresse beaucoup à votre idée de pôle de dépannage. Pour un
citoyen de région, moi, je suis député d'une région, la Gaspésie, Comté de
Gaspé, une panne électrique, vous comprenez que ce qui se passe nécessairement
au National à 6 h, c'est loin de chez nous, puis souvent, ça commence
comme ça pour nous informer, pour un citoyen, là, une citoyenne de Gaspé, qui,
demain matin, est privée de son électricité, comment un projet comme celui-là,
puis je comprends que c'est des projets actuellement à l'ordre du pilote, donc
vous prévoyez développer ça sur certaines régions du Québec, dans un premier
temps, et puis...
Mme Bouchard (Claudine) : Dans
un premier temps.
M. Sainte-Croix : Comment
ça se... concrètement, là, comment ça va se dealer avec les municipalités, les
MRC? Quels seront les partenaires d'associés à ça? Quelle forme ça va prendre?
Puis comment on peut s'imaginer, en termes de feuille de route, d'amener ça à
terme dans les prochains mois, prochaines années?
• (12 h 20) •
Mme Bouchard (Claudine) : Vous
avez d'excellentes questions.
Le Président (M. Ciccone) : ...pour
répondre, Mme Bouchard.
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
très bien, merci. Je vais être brève.
Le Président (M. Ciccone) : Bonne
chance!
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Bouchard (Claudine) : Je
suis désolée. Vous voyez que ça me passionne, alors j'aime ça expliquer les
éléments qui me passionnent.
En fait, vous posez d'excellentes
questions, et c'est ce qu'on voudra discuter avec les municipalités, donc les
associations de municipalités et aussi les services des mesures d'urgence qui
ont une responsabilité, donc la sécurité civile, quand il y a des événements
comme ça. Pour le moment, on pense qu'on va être... Dépendamment du délai de
mobilisation de ce pôle de dépannage mobile là, bien, nous, à ce moment-ci, on
n'a pas de limite, à terme, on n'a pas de limite de région où est-ce qu'on
pourrait déployer ça. Alors, on pourrait avoir une unité mobile dans une
région, et le déployer dans un cercle de x kilomètres carrés autour de cet
endroit-là. Vous savez, on a des bureaux partout au Québec. Alors, dépendamment
de ce qui ressortira de la mise en place de ça, des gains aussi, parce que, tu
sais, les gains, il faudra aussi aller voir les clients, est-ce que ça rend
vraiment service, est-ce que les clients l'apprécient, est-ce que les
municipalités aussi l'apprécient, on ne veut pas créer de doublons ou multiplier
les efforts avec les municipalités, alors, suite à ces tests-là, ces
discussions-là, bien, à ce moment-là, on pourra voir à quel endroit on en
déploiera. Mais il n'y a pas... Pour le moment, comme on a des bureaux partout
au Québec, on veut être présents partout au Québec, selon les critères qu'on se
donnera à travers les essais qu'on fera dans les prochains mois.
Le Président (M. Ciccone) : Extraordinaire,
Mme Bouchard, extraordinaire, vous êtes rentrée dans votre minute. Merci
beaucoup, cher collègue. Maintenant, je cède la parole au député de
Jacques-Cartier, de l'opposition officielle. Vous avez un temps de
13 min 33 s
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Bienvenue ici, tout le monde.
Je pense, beaucoup des Québécois
présentement sont un petit peu confus avec la situation avec notre avenir
énergétique. Dans les nouvelles, ils voient qu'on a eu un surplus puis
maintenant on a peu de surplus, on vend de l'électricité à New York, mais on
dit non à des projets, à des entreprises du Québec de se brancher des fois à
la... réseau d'Hydro-Québec à cause d'un manque d'énergie. Eux autres regardent
le portrait puis ils disent : Est-ce que je vais obliger être de payer
plus parce qu'on doit être obligés d'importer plus sur l'heure de pointe?
Alors, j'ai une question pour vous autres
concernant les tarifs : Je sais qu'il y a des différents types de tarif
que vous êtes obligés de gérer, mais pour l'horizon 2035, est-ce que vous
avez calculé la hausse moyenne de l'ensemble des tarifs que vous saurez
nécessaires pour les prochaines cinq années?
M. Sabia (Michael) : Donc,
il y a... Jusqu'à l'année 35, il y a plusieurs facteurs, plusieurs
éléments qui vont contribuer à la réponse à cette question, mais ces éléments
restent pour une certaine période de temps un peu incertains. Donc, par
exemple, la question des taux d'intérêt, deuxième, la structure du financement
de l'ensemble de ces projets. Parce qu'il y aura une structure, nous allons
adopter une structure pour un projet et une autre structure pour un autre
projet, donc la combinaison de l'ensemble de ces structures, cette combinaison
aura un impact important sur l'ensemble des coûts de ce plan d'action. Trois,
un autre élément, un élément très important, et ça, c'est l'impact sur nos
chances d'exploitation du prix de main-d'œuvre. Parce que nous avons... et vous
avez fait référence à cet enjeu, et comme je vous ai dit...
M. Sabia (Michael) : ...nous
sommes tout à fait d'accord que la disponibilité de la main-d'œuvre reste un
enjeu et également le prix de main-d'œuvre, qui pourrait avoir un impact
potentiellement significatif à nos charges d'exportations. Donc, étant donné
ces incertitudes, pour l'instant, ce n'est pas simple de vous donner... ce
n'est pas vraiment possible de vous donner une réponse à cette question parce
que la réponse dépend de façon significative de ces trois facteurs.
M. Kelley : Merci. Merci pour
la réponse précise, M. Sabia. Une autre question, la COP, c'est la semaine
prochaine. Ce plan ici, c'est très important pour les changements climatiques
et important pour vos clients. Est-ce que nous avons, dans votre plan, toutes
les énergies nécessaires pour atteindre nos cibles de réduction de GES? Est-ce
que toutes les entreprises vont être capables de faire la transition, d'une
entreprise décarbonée?
M. Sabia (Michael) : Donc,
selon nos analyses, la réponse courte est oui. Et, selon nos analyses, d'ici
jusqu'à 2035, avec une augmentation de notre production entre 8000 et
9000 mégawatts, on est bien positionnés. On est sur une trajectoire pour
réaliser cet objectif, mais cet objectif, essentiellement devenir une économie
carboneutre, c'est en 2050. Donc, pour nous, la question, c'est : il faut
trouver une trajectoire pour y arriver. Mais nous avons, dans le plan, nous
avons mis l'accent sur 2035. Pourquoi? Parce que d'ici 2035, c'est une période
un peu plus prévisible, et donc ça nous donne une occasion de mieux planifier
nos investissements. Le problème, pour l'instant, en termes de planification et
de... pour les investissements, 2050 est un peu loin d'ici, et donc, d'ici à
27 ans, pas mal de choses vont arriver, et probablement il y aura des
changements technologiques probablement très importants étant donné les niveaux
d'investissement mondialement actuellement sur ces questions.
Donc, nous avons... c'est la raison pour
laquelle nous avons choisi 2035 et pas 2050, mais jusqu'en 2022 à 2035, selon
nous, avec 8000 et 9000, entre 8000 et 9000 mégawatts, on est sur une
bonne trajectoire pour réaliser cet objectif important.
M. Kelley : Parfait. Encore,
merci beaucoup pour la réponse précise. On n'a pas beaucoup de temps, M. Sabia,
de notre côté, alors j'apprécie ça beaucoup. Je reviens un petit peu plus
précisément sur le sujet de l'amélioration de la qualité des services, la
Vérificatrice générale du Québec a eu un rapport qui était très, très clair.
Selon vous autres, est-ce que le 4 et 5 milliards de dollars va
répondre aux craintes de la V.G.?
Mme Bouchard (Claudine) : ...je
vais faire comme Michael, la réponse simple et courte, c'est oui. Évidemment
que la gestion du parc d'actifs, hein, il faut pour reprendre que le rapport du
VGQ était seulement sur les activités de distribution, n'incluant pas les
activités de maîtrise de la végétation. Donc, c'était vraiment la maintenance
des équipements qui était visée. Alors, de toute évidence, en augmentant le
taux de remplacement de nos équipements, en doublant l'investissement en
pérennité, on va adresser les éléments qui étaient dans le VGQ. Et, en ce qui
concerne les indicateurs, donc, on est déjà à déployer le plan d'action à la
satisfaction de la VGQ. Donc, on est déjà en marche de ce côté-là pour répondre
à toutes les actions qui étaient demandées dans son rapport.
M. Sabia (Michael) : Mais
vous serez en position de juger notre performance parce que, je pense, juin
2024, nous allons déposer un état d'avancement par rapport aux critiques du
vérificateur général, et donc vous allez... tous les détails.
M. Kelley : Puis elle aussi,
c'est elle qui est plus importante aussi, parce qu'elle a plus une grande
expertise que moi. Moi, je suis d'accord, on va suivre ça de près. Dans le 4 à
5 milliards de dollars, est-ce que ça inclut des investissements pour
l'ajout de 5 000 kilomètres,
des lignes de transport pour les projets qu'on va ajouter, ou ça, c'est un
budget différent?
M. Sabia (Michael) : C'est
dans une autre catégorie. Donc, ça, c'est pour la croissance, on va en parler
un peu plus tard. Non, là, c'est vraiment du remplacement de la végétation, de
l'automatisation de ce qui est déjà existant dans ce 4 à 5 milliards là.
M. Kelley : Parfait. La
dernière fois que vous êtes ici, on a eu une citation parce qu'on a discuté,
c'était... la tempête là.
Une voix : ...
M. Kelley
: Non, non,
non, Hydro-Québec en général...
M. Kelley : ...M. Sabia.
M. Sabia (Michael) : Le sujet
de la Caisse. Donc, si vous...
M. Kelley : Oui, oui. La
dernière fois qu'Hydro-Québec était ici, en commission, on a parlé des... la
tempête, le verglas, où on a eu plusieurs pannes partout au Québec. Puis
Hydro-Québec a lancé le message : Bien, c'est un petit peu pour les
citoyens de se préparer pour les pannes, c'est à vous autres à gérer. J'entends
qu'il y a des changements dans votre plan, mais, quand même, les... C'est
toujours un petit peu sur les citoyens de bien s'assurer que le réseau va bien
fonctionner. Comme, quand j'entends : Bien, les gens doivent acheter des
génératrices puis des batteries pour s'assurer... puis Hydro-Québec va
peut-être aider, c'est encore sur le dos des citoyens. Et j'allais plus loin
quand même. Sur la page numéro huit, vous demandez la collaboration des
citoyens et des collectivités de mieux gérer les arbres dangereux. Est-ce que
vous savez combien ça coûte pour couper un arbre au complet pour un citoyen?
• (12 h 30) •
Mme Bouchard (Claudine) : Oui.
Bien, il y a beaucoup d'éléments... merci pour la question, beaucoup
d'éléments. Vous me permettez de préciser que ce qui est écrit ici... On ne
demande pas aux citoyens de couper l'arbre. Parce que vous savez
qu'actuellement obtenir l'autorisation du citoyen pour abattre un arbre ou
obtenir le même permis de la ville, ça peut prendre un délai important et des
efforts importants. Alors, ce qu'on dit ici, c'est qu'on veut travailler avec
les clients et les clientes et les collectivités pour que ce processus-là soit
moins énergivore et surtout plus rapide pour nous permettre de couper l'arbre
avant qu'il tombe sur le réseau. Alors, c'est vraiment ça qu'on veut dire ici
et non pas que le citoyen doit couper l'arbre, là. C'est peut-être ambigu, mais
je veux juste le clarifier.
Puis, en ce qui concerne les génératrices,
les batteries, comme on l'expliquait tout à l'heure, nous, de notre côté, on va
tout faire pour minimiser l'impact des changements climatiques sur le réseau,
mais il n'en demeure pas moins qu'avec l'accélération de ces impacts-là il va
quand même y avoir des pannes. On va mieux informer les clients pour qu'ils
prennent les décisions en fonction de leurs responsabilités. Maintenant, ça
appartient aux clients, clientes de voir si eux veulent se prémunir contre le
résiduel de ces pannes-là, donc, avec des solutions de résilience, qui, je le rappelle,
feront l'objet d'une offre commerciale pour certains secteurs plus névralgiques
où la qualité de services s'est davantage détériorée, je pense à des endroits
plus éloignés, des secteurs avec des secteurs très boisés. Donc, c'est de cette
façon-là qu'on veut travailler avec nos clients, clientes et avec les
collectivités.
M. Kelley : Merci. Juste pour
répondre, je sais que, j'ai des citoyens qui m'écrivent, ça peut coûter un
1 000, 2 000 $ pour couper un arbre, et c'est la gestion... et,
des fois, Hydro cible un arbre puis ça prend 10 ans pour couper. C'est une
réalité sur le terrain. Et je dois aller sur le terrain dans mon comté... j'ai
écrit une lettre à vous, M. Sabia, demander une séance d'information avec les
citoyens de Pointe-Claire et Beaconsfield, je dois aller dans mon comté parce
que j'ai des citoyens à Pointe-Claire qui ont perdu du courant 17 fois
cette année. Ça arrive trop souvent. Puis, malheureusement, leur réponse,
Hydro-Québec, c'était non. Je pense qu'un changement, pour vous autres... être
plus présents sur le terrain avec nos citoyens. Parce que moi, je ne peux pas
répondre à pourquoi il y a des pannes, puis j'ai écrit à Hydro-Québec :
Bien, on n'a pas l'information pour vous autres. Ça rend les citoyens un petit peu
frustrés avec le processus. Et ce n'est pas juste des courriels, viens nous
voir, et je ne dis pas juste à Pointe-Claire puis à Beaconsfield, mais partout
sur le territoire, s'il vous plaît.
M. Sabia (Michael) : Laissez-moi...
Je suis et nous sommes entièrement d'accord avec ça. La performance, dans
l'ouest de l'île, à Montréal, n'était pas du tout, du tout, du tout acceptable,
mais également il faut que nous soyons plus présents, plus visibles. Et donc ça
fait partie de nos orientations en termes de communication. Nous sommes
entièrement d'accord, et c'est quelque chose que vous allez voir.
M. Kelley : Parfait. Et je
cite deux exemples dans mon comté, mais je sais que mes collègues peuvent aussi
citer des exemples dans leur coin où le réseau est moins fiable. Alors, merci
pour ça et merci pour la précision.
M. Sabia (Michael) : Ma seule
préoccupation... Et je pense que nous n'avons pas l'équipe nécessaire pour
visiter toutes vos circonscriptions, donc.
M. Kelley : Non, non, et je
comprends ça.
M. Sabia (Michael) : Mais on
est conscients de l'enjeu.
M. Kelley : Parfait, parfait.
Mais je pense que ça va rassurer des gens dans mon coin, mais quand même, s'il
y a une façon d'améliorer ça. Parce que, comme je le dis, je ne suis pas un
expert, je n'ai pas toute l'expertise de poser toutes des questions qui sont
nécessaires.
Un autre chose que je dois vous informer
aussi sur cette partie informatique et numérique, pendant la panne, dans
l'ouest de Montréal, la tour cellulaire, aussi, il y a eu une panne. Alors, les
gens n'étaient pas capables de communiquer avec Hydro-Québec qu'est-ce qui se
passe sur le terrain. Encore, c'est l'importance d'avoir les équipes, parce que
les réseaux sociaux, des groupes communautaires de Facebook bougent plus
rapidement que tout le monde ici, mais eux autres ont demandé :
Hydro-Québec est où sur le terrain? Mais bref, encore, je... juste répète que,
pour les citoyens, présentement, ça, c'est un enjeu énorme. Je transfère
l'information parce que ça arrive sur mon bureau de comté tout le temps. Puis
c'est quelque chose qu'Hydro-Québec doit vraiment améliorer...
12 h 30 (version non révisée)
M. Kelley : ...je suis content
de voir que c'est une piste numéro un dans votre plan.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. le député, est-ce que c'est terminé?
M. Kelley : Bien... Oui.
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
Bien, voulez-vous répondre, ou c'est bien? Parfait. Merci beaucoup. Alors, je
vais maintenant céder la parole au député de... Maurice-Richard, pardon, pour
une durée de 4 min 31 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Peut-être revenir sur les questions de tarifs. Le plan que vous avez
présenté parle de dépenses de 100 à 182 milliards de dollars, c'est
énormément d'argent. Vous avez dit, dans une rencontre avec vos employés, que c'est
sûr que les tarifs vont augmenter. Le gouvernement dit, et vous l'avez répété
vous-même, que les tarifs n'augmenteront pas de plus de 3 % pour les
résidents. Vous avez aussi dit que... Donnez des exemples d'endroits où ça
coûte le double et le triple, et vous avez dit qu'on restera compétitifs. Vous
comprenez que ça ne nous rassure pas, parce que «compétitifs», par rapport au
double, c'est quand même une augmentation de 100 %, ça fait que... Mais
peut-être revenir sur la clause du 3 %. Techniquement, aujourd'hui, elle s'arrête
devant la régie en 2025, on va être en 2024 dans un mois exactement, est-ce que
vous êtes en train de dire qu'après 2025 on va rester dans les eaux du
3 %, ou il se peut qu'il y ait une augmentation réelle des tarifs d'électricité?
M. Sabia (Michael) : Non.
Selon toute la planification que nous avons faite, le 3 % est un plafond
qui dure et qui est là pendant la période de ce plan. Ça, c'est notre
supposition de planification, juste pour être...
M. Bouazzi : Donc, jusqu'à
2035?
M. Sabia (Michael) : Donc,
ça, c'est... mais il faut souligner ce que je viens de vous dire, c'est une
supposition de notre part pour simplifier notre planification.
M. Bouazzi : C'est... Donc,
si on reste à 3 % au résidentiel, donc on s'entend que le commercial et l'industriel
vont augmenter davantage?
M. Sabia (Michael) : Donc, il
y a... oui, encore une fois, il y a plusieurs facteurs qui sont pertinents ici.
Ça, c'est également la question de l'avenir de l'inflation, qui, en ce moment,
n'est pas quelque chose qui est très, très clair, donc, inflation, ça
représente un élément de cette question, notre coût de services, ça représente
un autre, et également, on a toute la question de... Le plan d'action.
M. Bouazzi : M. Sabia,
excusez-moi de vous couper, je n'ai pas beaucoup de temps. Actuellement, le
coût marginal est de 11 cents le kilowattheure, au tarif L, on est plutôt
autour de 5. Au-delà de toutes les questions d'inflation, il y a une différence
à payer entre le 11 et le 5, c'est qui qui va la payer?
M. Sabia (Michael) : Donc,
«well», j'étais en train d'essayer de répondre à votre question. Donc, la
structure de tarification, immédiate ou dans moyen terme ou à plus long terme,
n'est pas quelque chose que nous sommes aujourd'hui en mesure de préciser.
Également, on a tout un autre niveau de questions, et ça c'est la question de,
parce qu'on a des vases communicants entre les niveaux de tarification,
également, notre bénéfice net, autrement dit, les politiques budgétaires du
gouvernement, donc il y a des questions et des décisions, dans l'avenir, pas
maintenant, mais dans l'avenir, qui sont très importantes, qui va influencer
cette question. En général, est-ce que, selon nous, il y aura une augmentation
à certains niveaux pour nos clients d'affaires, selon nous, oui, c'est très probable.
Et j'ai dit, j'ai déjà dit publiquement que...
M. Bouazzi : Excusez-moi, j'ai
juste cinq minutes. Ça fait que je comprends qu'une longue introduction pour
dire que techniquement, il devrait y avoir une augmentation. Et je comprends
que si on dit qu'il y a 182 000 000 000 d'investissements, il
faut bien qu'il y ait de l'argent qui rentre aussi pour rembourser cet
argent-là. Et puis je suis persuadé que vous avez des simulations, pas juste le
3 %, mais aussi des augmentations pour l'industriel. Actuellement, il y a
des nouveaux projets qui ne comptent pas dans la décarbonation, si on pense à
un Nouveau Monde Graphique ou si on pense à la compagnie chouchou du ministre
Northvolt, qui vont payer moins cher l'électricité que le tarif L, est-ce que
ça veut dire que, pour financer ça, il va y avoir encore plus d'augmentations
de tarif pour les compagnies qui, elles, ont besoin de décarboner leur
industrie?
M. Rhéaume (Dave) : ...en
fait, précision. Les... Il y a eu plusieurs reportages par rapport aux clients
qui ont un rabais par rapport au tarif L, mais ça n'a pas d'impact sur les
tarifs d'électricité. Donc, c'est un programme du ministère des Finances qui
aide les clients pour leur compétitivité. On passe par les tarifs d'Hydro-Québec
pour le service de facturation, mais Hydro-Québec est 100 % compensée.
Donc, lorsqu'on établit les tarifs de tous les...
M. Rhéaume (Dave) : ...client,
il n'y a absolument aucun impact de ces aides financières là qui sont versées
aux clients.
Le Président (M. Ciccone) : Il
vous reste 20 secondes, M. le député.
M. Bouazzi : On s'entend
qu'il reste de l'argent des Québécoises et des Québécois qui sort effectivement
de nos poches à toutes et tous pour compenser cet argent-là et c'est effectivement
une autre manière de financer des compagnies qui viennent prendre notre
électricité apparemment si importante, mais malheureusement on est obligé de
leur vendre moins cher et c'est probablement ce que la précédente...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député
de Jean-Talon pour un temps alloué de 3 min 56 s
M. Paradis : Merci, M. le
Président. Vous avez évoqué le concept de résilience dès votre introduction,
M. Sabia, puis ensuite on l'a entendu. Bon, on a parlé donc de résilience
communautaire et on retrouve ça notamment dans le plan d'action. Est-ce que
vous pourriez expliquer, pour le bénéfice des Québécoises et des Québécois, de
quoi on parle quand on parle de résilience communautaire et de quelles données
on a... on dispose pour établir ce concept-là de résilience communautaire.
• (12 h 40) •
Mme Bouchard (Claudine) : Très
bien. Merci pour la question, ça permet de préciser. Tout à l'heure, j'ai parlé
d'un volet de ce concept de résilience communautaire qui sont les pôles de
dépannage mobile, donc avec des génératrices et, ultimement, avec des batteries
mobiles. Donc, on va aller dans les quartiers, dans les collectivités,
lorsqu'il y aura des pannes d'ampleur, des pannes de longue durée, pour devenir
un, je dirais, une alimentation supplémentaire à ce qui existe en termes de
services de mesure d'urgence, en collaboration avec les municipalités et
services de mesure d'urgence pour que les gens puissent revenir charger leur
voiture parce qu'il y aura de plus en plus de voitures électriques, pour que
les gens puissent revenir aussi charger leurs appareils électroniques, avoir du
wifi, pouvoir travailler. Donc, ça, à terme, c'est ce qu'on veut faire pour le
premier volet.
Deuxième volet, dont je n'ai pas parlé
tout à l'heure, ce sont les microréseaux. On a déjà un microréseau d'installé
aux Îles-de-la-Madeleine depuis deux ans. On est encore en mode de test de
l'interaction. On l'a îloté pour la première fois l'été dernier. Donc, îloter,
ça veut dire que je débranche complètement la communauté de ce microréseau là
du réseau principal. Donc, s'il y a une panne, bien, ils sont capables, entre
eux, avec les panneaux solaires, des batteries et des, je dirais, des batteries
à l'extérieur puis des batteries dans les maisons, ils sont capables d'être
complètement autonomes. Donc, on a ça au Lac-Mégantic et on est en devenir du
côté des Îles-de-la-Madeleine également. Et dans notre plan, dans l'horizon du
plan, on veut lancer cinq nouveaux microréseaux pour permettre à des
communautés de l'îloter du réseau là où l'indice ou la fiabilité va réellement
s'être dégradé dans les dernières années. Donc, c'est là où on en est
aujourd'hui.
M. Paradis : Tout à l'heure,
on a entendu que vous n'aviez pas suffisamment d'équipes pour aller sur le
terrain. Donc, quand on parle justement, là, de cette résilience communautaire
puis des données, là, les communautés en question dont on parle, comment
ont-elles été consultées, comment on les rejoint, puis comment on établit les
données par rapport à ces communautés-là?
M. Sabia (Michael) : Dans
telles situations, évidemment, étant donné la planification de Claudine pour
identifier, disons, cinq communautés pour les microréseaux, évidemment, nous
avons l'équipe nécessaire pour bien, bien consulter ces communautés et de
développer les plans ensemble.
M. Paradis : De manière
générale... Oui, vous voulez compléter?
Mme Bouchard (Claudine) : Comme
on l'a fait aux Îles-de-la-Madeleine puis à Lac-Mégantic, les parties prenantes
ont été intégrées dès la conception, la planification puis la réflexion des
deux microréseaux.
M. Sabia (Michael) : Ce n'est
pas quelque chose que nous allons imposer sur une communauté.
M. Paradis : Bon. Et donc,
sur ce point-là, sur cette thématique, mais globalement sur l'ensemble du plan
d'action, pourriez-vous nous dire à quel point les communautés concernées ont
été consultées. Ce matin, là, on avait des gens, là, qui sont très informés puis
très impliqués dans tout le domaine de l'énergie au Québec et qui disent qu'on
a besoin d'un débat public puis qu'on a besoin de dialoguer avec Hydro-Québec,
et qu'elles n'ont pas eu l'espace pour le faire, donc...
M. Sabia (Michael) : Mais
c'est exactement la raison pour laquelle, lors du lancement de notre plan
d'action, que nous avons dit publiquement, et nous nous sommes engagés d'avoir
un dialogue, disons, dans la société québécoise, et donc nous avons déjà, je
pense, on avait déjà 26 rencontres pour mieux continuer d'expliquer le
point d'action et de... pour chercher des réactions. Donc, c'est quelque chose
que nous allons continuer avec les outils numériques mais également avec les
rencontres directes avec l'ensemble des parties prenantes. Et c'est la raison
pour laquelle nous avons décidé de prendre... de lancer ce processus de
concertation, parce que les sujets et les questions sont tellement importantes,
ça demande cette période d'échanges.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Merci de votre réponse, M. Sabia. Alors, je vous
remercie de votre collaboration. La commission suspend ces travaux jusqu'à
14 h 30. Bon lunch, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 32)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande encore une fois,
je réitère, à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la
sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les auditions d'Hydro-Québec
dans le cadre de l'étude de son plan stratégique 2022-2026 et de son plan d'action
2035 intitulé Vers un Québec décarboné et prospère. Cet après-midi, nous
procéderons à l'étude du bloc deux, Aider la clientèle à faire une meilleure
consommation d'énergie, du bloc trois, Augmenter la production d'électricité,
du bloc quatre, Collaborer plus étroitement avec les communautés autochtones,
et du bloc cinq, Devenir une organisation agile, innovante et transparente.
Nous allons maintenant débuter le bloc
deux, Aider la clientèle à faire une meilleure consommation d'énergie. J'invite
donc les représentants d'Hydro-Québec à faire leur présentation pour une durée
de 15 minutes, et, à la suite, nous aurons un échange... des échanges avec les
parlementaires. Alors, à vous la parole.
M. Rhéaume (Dave) : Merci, M.
le Président. Mmes, MM. les députés, membres de la commission. Les Québécoises
et les Québécois ont aujourd'hui accès à de l'électricité propre et abordable.
Cette situation est enviée par plusieurs et nous place dans une position
avantageuse. Toutefois, le Québec fait malheureusement piètre figure en matière
de consommation énergétique lorsque nous nous comparons à d'autres endroits
dans le monde. La Chaire de gestion en énergie des HEC affirmait, dans son plus
récent état de l'énergie au Québec, que nous vivons en état d'ébriété
énergétique. En fait, ce n'est pas parce qu'on a un bien qui est disponible en
abondance et peu cher qu'on doit le gaspiller. Comme nous l'avons dit, la
demande prévue pour l'électricité est déjà et continuera d'être en...
14 h 30 (version non révisée)
M. Rhéaume (Dave) : ...avant
de construire de nouvelles infrastructures de production, nous devons d'abord
regarder notre consommation énergétique et nous assurer que nous avons fait
tout en notre possible pour l'optimiser. C'est pourquoi nous nous engageons à
faire preuve d'innovation pour encourager notre clientèle à considérer l'électricité
comme une ressource précieuse qui mérite que tous et toutes collaborent avec
nous pour mieux la consommer. En d'autres termes, il s'agit de consommer moins,
c'est-à-dire réduire notre consommation en tout temps, et consommer au bon
moment, soit déplacer une partie de notre consommation en dehors des heures de
pointe. Voici comment nous entendons le faire.
Les efforts que nous avons déployés au
cours des 20 dernières années ont permis des économies d'énergie et de
déplacement d'une partie de la consommation en dehors des heures de pointe.
Dans notre plan d'approvisionnement de novembre 2022, nous visions des
économies d'énergie équivalentes à 1 800 mégawatts. Aujourd'hui, nous
aspirons à faire beaucoup plus et plus rapidement. Dans le Plan pour un Québec
décarboné et prospère, nous avons donc doublé notre cible d'économie d'énergie
afin d'éviter de 1 600 à 1 800 mégawatts de puissance de plus,
pour un total de 3 500 mégawatts. 3 500 mégawatts, c'est
plus que la puissance combinée de la centrale Manic 5 et des quatre centrales
du complexe de la Romaine.
Pour encourager l'ensemble de notre
clientèle à consommer moins et au bon moment, nous allons prendre plusieurs
actions, premièrement offrir à tous nos clients et clientes un accompagnement
adapté leur permettant de faire les meilleurs choix en matière d'énergie.
Hydro-Québec mise déjà sur une équipe renommée composée de membres du personnel
spécialisé en ingénierie qui fournit des conseils personnalisés à nos grands
clients d'affaires et industriels. Nous comptons rendre disponible ce même
service d'accompagnement de qualité à l'ensemble de notre clientèle, des
particuliers résidentiels aux hôpitaux en passant par les dépanneurs.
Nous savons que modifier une habitude de
consommation, c'est un comportement qui n'est pas facile et c'est pourquoi nous
allons bonifier aussi nos incitatifs financiers pour accélérer le
déploiement... le déploiement d'équipements performants et connectés. Ces
équipements simplifient les gestes à poser et réduisent l'impact au quotidien.
Nous augmenterons les appuis financiers pour couvrir jusqu'à 50 % du coût
d'achat des équipements comme des thermopompes, des thermostats intelligents et
des contrôleurs de chauffe-eau. Nous visons l'installation de 700 000 équipements
chez nos clientes et clients résidentiels et commerciaux d'ici 2035. Ça nous
permettrait de passer de 3 % des ménages qui aujourd'hui ont des
équipements connectés à 25 % sur cette période.
Nous encouragerons la réalisation de
rénovations écoénergétiques, par exemple l'amélioration de l'enveloppe
thermique des bâtiments existants. À terme, nos initiatives devraient permettre
d'améliorer la performance énergétique de 100 000 bâtiments au
Québec. Je précise d'emblée que ces initiatives seront complémentaires à celles
qui sont déjà promues par le gouvernement du Québec.
Enfin, nous offrirons davantage de soutien
pour faciliter la mise en œuvre de procédés industriels performants et l'adoption
de systèmes d'automatisation des bâtiments chez nos clients d'affaires. Nous
soutiendrons les petites et moyennes entreprises afin qu'elles diminuent leur
consommation d'énergie grâce à nos appuis financiers et à de l'accompagnement
offert par des partenaires affiliés.
Nous souhaitons créer des conditions
avantageuses qui vont faire de sorte que les Québécois et Québécoises, les
commerces et les industries voudront mieux consommer. Nous souhaitons donc
élargir nos offres tarifaires afin d'encourager de bons comportements de
consommation.
Pour déplacer une partie de la
consommation en dehors des périodes de pointe hivernales, des options
tarifaires aux modalités plus flexibles permettront à notre clientèle
résidentielle de participer à la hauteur souhaitée tout en préservant leur
confort. Nous visons à quadrupler le nombre de ménages québécois mobilisés pour
atteindre 1 million en 2035. Une famille vivant dans une résidence moyenne
pourrait ainsi économiser environ 150 $ par année. De plus, des options
tarifaires personnalisées et adaptées aux contraintes de certains segments de
marché seront élaborées pour notre clientèle d'affaires. Des conditions de
service et des tarifs adaptés seront envisagés, notamment pour accroître l'effort
de sensibilisation et d'encadrement de certaines catégories de clientèle, comme
les propriétaires de maisons imposantes ou d'immeubles locatifs mal isolés et
les entreprises de secteurs qui consomment beaucoup d'électricité. En tout
temps, nous veillerons à ce que la clientèle résidentielle soit protégée en
appliquant les lois en vigueur.
Pour mettre en place ce chantier et en
assurer le succès, nous devons travailler en étroite collaboration avec les
acteurs du milieu énergétique du Québec. Le gouvernement continuera de jouer un
rôle central dans la mise en place des conditions requises pour atteindre nos
cibles de réduction et de déplacement...
M. Rhéaume (Dave) : ...La
consommation. Nous comptons sur sa collaboration pour faire évoluer la
réglementation et l'encadrement législatif, notamment pour la mise en place de
meilleures pratiques énergétiques dans le secteur du bâtiment et
l'établissement d'un cadre tarifaire plus flexible qui respecte la limite des
hausses tarifaires pour la clientèle résidentielle.
Enfin, les entreprises qui oeuvrent dans
le marché énergétique du Québec sont avantageusement positionnées pour aider
notre clientèle à consommer moins et consommer au bon moment. Nous pensons
notamment aux fournisseurs d'équipements, aux firmes de génie-conseil ainsi
qu'aux installateurs comme les entreprises spécialisées en électricité, en
plomberie et en ventilation. Nous élaborerons un programme de partenaires
affiliés Hydro-Québec qui offrira à ces entreprises des formations et des
outils de soutien à la vente efficaces. Nous souhaitons que ces partenaires
deviennent des ambassadeurs et ambassadrices de nos incitatifs financiers, de
nos offres tarifaires et des technologies facilitantes. Notre clientèle aura
accès à un accompagnement de qualité et à des services conformes aux meilleures
pratiques énergétiques, et ce, au meilleur coût.
• (14 h 40) •
En conclusion, nous visons à ce que la
réduction de la consommation et le déplacement de celle-ci en dehors des
périodes de pointe permettent à nos clients de réaliser des économies
intéressantes sur leur facture d'électricité. À cet égard, Hydro-Québec a un
rôle à jouer, et nous devons les outiller en conséquence. D'autre part, mieux
consommer permettra aussi de limiter le nombre de nouvelles infrastructures à
déployer. L'énergie économisée rendra ainsi le Québec plus décarboné et plus
prospère, ce qui est au cœur de notre plan pour un Québec décarboné et
prospère. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant débuter la période d'échange avec M. le député
de Beauce-Sud. Vous avez 21 min 30 s.
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. M. Sabia, Mme Bouchard, M. Rhéaume,
M. Aucoin, bonjour, à nouveau.
Énormément de questions en ce qui a trait
à une meilleure consommation d'énergie puis une sobriété énergétique, qui est
assez nouveau dans le vocabulaire des Québécois au cours des dernières années.
J'ai le goût de vous entendre : jusqu'à présent, est-ce que les rabais que
vous avez donnés aux Québécois fonctionnent? Est-ce que vous avez un chiffre à
nous donner sur le nombre de Québécois qui ont adhéré à votre programme de
sobriété énergétique, et combien d'argent avez-vous remis aux Québécois l'hiver
dernier, par exemple, en sobriété énergétique?
M. Rhéaume (Dave) : Oui,
on a des chiffres là-dessus. Juste pour rappeler l'historique, là, donc, de la
tarification incitative pour influencer le comportement en période de pointe.
C'est quelque chose d'encore assez récent au Québec. On a démarré un pilote il
y a environ quatre ans, qui était limité à un nombre très restreint de
participants. Puis, depuis trois années, on a amorcé une communication de la
publicité par rapport au programme. Aujourd'hui, on a plus de
200 000 clients qui y participent, on vise à se rendre, dans le plan,
à 1 million de clients qui y participent.
M. Poulin : 200 000,
c'est sur combien de clients d'Hydro-Québec?
M. Rhéaume (Dave) : 4 millions.
M. Poulin : Donc,
200 000 Québécois...
M. Rhéaume (Dave) : Plus de
200 000.
M. Poulin : ...sur
4 millions, participent à votre programme de sobriété énergétique?
M. Rhéaume (Dave) : Exact.
M. Poulin : C'est peu.
M. Rhéaume (Dave) : C'est
peu, mais c'est... en même temps, c'est nouveau, puis ce qu'on constate, c'est
que c'est encore quelque chose que les clients apprennent à travailler, puis
nous, on a un travail pour le communiquer. C'est une chose de s'inscrire à la
tarification dynamique, il faut apprendre quels sont les comportements puis il
faut avoir les outils pour être capables d'aller chercher les économies. Un
constat qu'on a, c'est que dans certains cas, on a des clients qui génèrent peu
d'économies. Donc, un client qui met en place les bonnes technologies puis les
bons comportements peut s'attendre à avoir environ 150 $ d'économies par
année pour une résidence de taille moyenne. Par contre, on a plusieurs clients
qui ont des économies aujourd'hui de moins de 30 $. Pour nous, on ne se
décourage pas, au contraire, c'est le début de cette transition-là. On doit
transformer nos programmes, puis il faut s'assurer que ces clients-là se
sentent accompagnés pour aller chercher les économies, puis, le Québec,
l'économie en pointe.
M. Poulin : Tout à fait.
Puis on est évidemment en faveur de ces programmes-là. Vous dites, et vous le
dites bien, qu'on peut avoir jusqu'à 150 $ par année d'économies, ou plus
haut. 150 $, en moyenne, pour une famille, c'est 3,12 $ par semaine
quand je le prends sur une période annuelle. Comment allons-nous faire pour
faire adhérer des Québécois à un programme qui pourrait leur promettre
3,12 $ par semaine?
M. Rhéaume (Dave) : Bien,
je vous dirais humblement que 150 $, pour plusieurs familles durant... Sur
l'économie, ta facture d'hiver, on pense que c'est significatif, puis c'est
quelque chose qui va... que, pour plusieurs familles... Vont valoriser de façon
très forte. Plus les tarifs vont évoluer dans le temps, puis plus on va venir
bonifier nos offres, parce que c'est aussi notre intention d'être de plus en
plus, je dirais, agressifs dans les bonifications qu'on veut offrir pour aller
chercher le plus de mégawatts possibles, plus ça va être intéressant. Puis
j'ajouterais que c'est aussi une grosse question, puis ma collègue Claudine en
a parlé ce matin, des technologies. Il faut faciliter la vie du client qui veut
accéder à ce 150 $ là. Si 150 $ impliquent de changer complètement la
façon dont on élève notre famille, ce n'est pas suffisant, probablement, mais
si c'est des...
M. Rhéaume (Dave) : ...technologies
facilitantes, un accompagnement facilitant qui le permet. On pense que c'est
150 $ facile et avantageux pour le client et pour le Québec.
M. Poulin : Donc, vous ouvrez
la porte cet après-midi à augmenter en dollar l'argent que vous allez remettre
aux Québécois s'ils adhèrent au programme de sobriété énergétique.
M. Rhéaume (Dave) : Absolument.
C'est ça, le plan. Nous allons bonifier l'ampleur des incitatifs financiers.
M. Poulin : Est-ce que vous
avez un chiffre à nous donner? Est-ce qu'on parle de doubler, de tripler ou...
M. Rhéaume (Dave) : Bien, on
a plusieurs programmes actuellement, mais il y a certains qu'on a déjà dévoilé
qui doublent actuellement l'ampleur de l'aide financière qu'on donne. Donc, en
toute transparence, la limite, c'est tant que c'est moins cher d'inciter
quelqu'un à modifier son comportement puis lui donner les outils, que de bâtir
une infrastructure, on aurait tort de s'en passer.
M. Poulin : On va se parler
dans les prochaines minutes des bâtiments gouvernementaux, des établissements
hôteliers au Québec, des collaborations qu'Hydro-Québec a avec les villes. Je
m'en viens. Mais d'abord, peut-être bon de rappeler aux gens qui nous écoutent,
parce qu'entre autres, M. Sabia, vous avez fait une conférence il n'y pas
tellement longtemps à Montréal, où on rappelait que, pour éviter de grands
projets, même si on n'aura pas le choix d'y venir à ces grands projets
énergétiques au Québec, il faut que les Québécois fassent leur part aussi en
matière de sobriété énergétique pour pouvoir emmagasiner notre électricité au
Québec. Est-ce que vous évaluez en pourcentage la part que la population, que
chacun, M., Mme Tout-le-monde peut faire pour Hydro-Québec dans les prochaines
années en matière de sobriété énergétique et l'électricité que ça va
emmagasiner au Québec, vous l'évaluer à 30 % de vos capacités, 40 %?
Est-ce que vous avez une idée si vous avez l'occasion de sensibiliser les gens?
M. Rhéaume (Dave) : Aujourd'hui,
ce qu'on anticipe, là, lorsque vous regardez certains éléments du plan, là,
c'est qu'on est capable de réduire de 10 % la consommation de toutes les
tranches de marché, donc, résidentiel, commercial, grandes industries. On pense
qu'il y a 10 % sur la durée du plan qu'on va aller chercher.
M. Poulin : Bâtiments
municipaux, bâtiments du gouvernement du Québec. On n'est pas sans savoir,
lorsqu'on entre dans une grande ville au Québec, à n'importe quelle heure du
jour, qu'il y a encore beaucoup, beaucoup de lumières d'allumées. On est aussi
dans un secteur où, entre autres, les établissements hôteliers, dans certaines
institutions, les corridors, les lumières sont fermées. On a développé des
outils technologiques pour une meilleure consommation d'électricité. Qu'en
est-il de ces grands bâtiments là énergétiques au Québec? Qu'allez-vous faire?
Est-ce que, selon vous, et là j'inclus le gouvernement du Québec, on ne se
défile pas, là, mais les municipalités, le gouvernement du Québec, le
gouvernement fédéral aussi, dans certaines villes, est-ce que vous avez
remarqué une diminution de consommation d'énergie au cours des dernières
années? Est-ce que dans d'autres mots, les lumières le soir sont plus souvent
fermées? Avec le télétravail, est-ce qu'il y a des espaces de bureaux qui consomment
moins d'électricité également? Est-ce qu'il y a un pas qui a été fait, du moins
dans la dernière année ou les dernières années?
M. Rhéaume (Dave) : Il y a
une amélioration de la performance énergétique des grands bâtiments au Québec,
elle est réelle, on fait de la reddition de comptes là-dessus à la Régie de
l'énergie, donc on constate des améliorations. Néanmoins, on demeure... on
conserve au Québec un parc de grands bâtiments qui est moins performant sur le
plan énergétique que dans d'autres juridictions. On ne pense pas que... Il y a
deux volets sur comment on va adresser ça, on l'a mis de façon très
transparente, on pense qu'avec le gouvernement, il y a un travail à faire, à
créer les bonnes conditions pour aller le chercher. Par contre, pour nous,
Hydro-Québec, notre priorité, c'est de créer des conditions gagnantes qui vont
inciter les clients de toutes catégories, dont les gestionnaires des grands
parcs immobiliers, à participer à ces programmes puis à y trouver leur compte.
Puis on fait ça, oui, avec des aides financières, mais, en toute transparence,
une grosse partie de ce qu'on reconnaît, c'est le besoin de transformer nos
offres pour faciliter l'adhésion. Trop d'entreprises au Québec, de particuliers
ne connaissent pas nos programmes d'efficacité énergétique, puis c'est, entre
autres, par une perception de difficulté à y participer. On sait qu'on a un
travail à faire là-dessus et c'est là-dessus qu'on s'engage...
M. Poulin : Quelles sont vos
relations avec, par exemple, la Ville de Montréal? Est-ce qu'il y a une
ouverture à davantage opter pour la sobriété énergétique de leurs bâtiments?
M. Rhéaume (Dave) : Pouvez-vous
juste répéter la fin de votre question?
M. Poulin : Quels sont vos
liens avec la Ville de Montréal? Est-ce qu'il y a un intérêt à réduire leur
consommation énergétique de leurs bâtiments? On parle quand même de la
métropole, donc...
M. Rhéaume (Dave) : Oui, oui.
Très positive, la relation. La Ville de Montréal a, au cours de la dernière
année, je dirais, a communiqué à quelques reprises des grandes ambitions en
matière de décarbonation et de performance énergétique. C'est un partenaire.
Ces solutions-là, c'est les propriétaires qui voient une partie de l'équation.
Hydro-Québec en voit une partie. Donc, on travaille en collaboration à définir
les normes optimales qui répondent aux besoins du client puis qui vont aider le
Québec dans sa stratégie de décarbonation.
M. Poulin : Avec la SQI, la
Société québécoise des infrastructures, parce qu'évidemment, bon, il y a des
hôpitaux que l'on comprend, sont ouverts 24 heures sur 24, sept jours sur
sept, mais on pense aux écoles primaires, aux écoles secondaires, au collégial,
aux universités, et j'inclus là-dedans les grands bâtiments gouvernementaux...
M. Poulin : ...qui sont tout
près d'ici, là, est-ce qu'il y a eu une réduction de consommation d'électricité
de... de façon importante et quels sont vos liens? Avez-vous des... des
objectifs très chiffrés de... de réduction de consommation d'électricité de ces
lieux-là?
M. Rhéaume (Dave) : Donc,
nos... nos liens sont en cours... Pardon, il y avait quelques questions dans
votre question. Donc, d'abord...
M. Poulin : ...
M. Rhéaume (Dave) : ...il y
a... il y a des baisses de consommation dans tous les secteurs, dont les grands
parcs de bâtiments, incluant les hôpitaux. C'est-à-dire que la performance
énergétique des nouveaux bâtiments est meilleure que dans le passé. Ça, c'est
positif. On est en échange constant avec les grands développeurs de bâtiments
pour améliorer la performance.
Là où nous, on voit qu'on a un rôle à
jouer, c'est qu'en toute transparence j'aimerais mieux savoir que les
dirigeants de l'hôpital, ils gèrent le service de santé plutôt que la
consommation énergétique. Notre travail, c'est de faciliter leur vie. Notre
travail, c'est de s'assurer qu'ils ont un accès simple pour pouvoir prendre les
bonnes décisions pour leurs bâtiments de la façon la plus performante sur le
plan énergétique possible. C'est notre responsabilité.
• (14 h 50) •
M. Poulin : Avez-vous ciblé
déjà des endroits, des lieux au Québec que vous dites : Eux, s'ils
réduisent leur consommation énergétique, ça fera toute une différence?
M. Sabia (Michael) : Oui.
Laissez-moi juste... Donc, honnêtement... J'ai utilisé une phrase plus tôt
aujourd'hui, et j'ai parlé d'un projet de société, et j'ai parlé d'une rupture,
de remplacer ou de reconstruire une économie essentiellement bâtie sur énergies
fossiles. Donc, je vous dis ça parce que la question de... et vous posez des
bonnes questions et des questions importantes, mais la question d'une meilleure
utilisation de l'énergie par nos bâtiments... et les bâtiments représentent une
partie importante du problème. Donc, ça demande également, donc, des
changements dans le... les codes des bâtiments, la cotation des bâtiments. Et
donc il y a une occasion ici, pour le gouvernement du Québec, pour les
municipalités, d'agir leur rôle. Et donc, oui, nous avons... grâce à Dave et
son équipe, nous avons tout un programme de nouvelles initiatives que nous
allons dévoiler de façon constante d'ici quelques semaines, quelques mois. Et
nous allons donc... nous allons faire notre partie. Mais il y a un rôle
essentiel pour les gouvernements de répondre à l'enjeu que vous avez bien
identifié. Et donc ce n'est pas juste... je vais terminer maintenant, mais ce
n'est pas juste une question d'Hydro-Québec et qu'est-ce que nous allons faire
pour réaliser ces objectifs. Et, quand j'ai utilisé le mot... la phrase «projet
de société», c'est un projet de société, ce n'est pas un projet d'Hydro-Québec.
Et donc nous avons besoin une plus grande mobilisation au niveau des paliers du
gouvernement, y compris le gouvernement du Canada, pour toutes sortes de
choses. Et donc nous allons jouer notre rôle, mais nous avons besoin également
la participation et le leadership qui viennent de... des gouvernements et
d'autres parties prenantes.
M. Poulin : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) : Neuf
minutes 43 secondes.
M. Poulin : Excellent. J'ai
le goût qu'on aborde... en matière de sobriété énergétique, vous allez voir, il
y a un... il y a un parallèle que je fais avec les bornes électriques des
véhicules automobiles. On a parlé depuis tout à l'heure de l'importance de
décarboner notre économie. Les Québécois, via différents incitatifs, sont
incités à acheter des véhicules électriques. Plusieurs sont sur des listes
d'attente depuis un an ou deux pour espérer avoir un véhicule électrique. Mais
on souhaite évidemment atteindre nos objectifs dans les prochaines années, mais
c'est très difficile, et ce qui inquiète beaucoup les gens, c'est l'accès aux
bornes électriques. Ça va évidemment des lieux publics sur les grandes autoroutes
que nous avons au Québec afin de pouvoir se recharger, particulièrement en
période hivernale, mais aussi pour l'accès rapide de branchement à une borne
électrique en milieu résidentiel.
Tout à l'heure, ma collègue parlait à
juste titre des délais pour brancher des parcs industriels, des délais pour
brancher des nouvelles maisons. Imaginez des jeunes qui ont enfin accès à la
propriété, puis ça leur prend trois mois pouvoir entrer dans leur maison parce
qu'ils n'ont pas été branchés. Puis là on leur dit en plus : Bien, ça te
prendrait une borne électrique d'ici un an, deux ans, trois ans si tu achètes
un véhicule électrique.
Quelle est votre vision du développement
des bornes? On sait que ça se fait en collaboration avec le ministère de
l'Environnement, bien entendu, mais êtes-vous capables de nous garantir, dans
les prochains mois, un certain rythme de branchement de bornes électriques au
Québec pour répondre à cette demande de véhicules électriques?
M. Rhéaume (Dave) : Bien sûr.
Puis, Claudine, n'hésite pas si tu veux ajouter. Donc, la stratégie par rapport
à l'électrification des... des véhicules...
M. Rhéaume (Dave) : ...véhicules
de particuliers, elle touche exactement ces deux points-là. Nous avons pris des
engagements, puis il y a plusieurs annonces qui ont été fait sur accroître la
disponibilité du parc de bornes publiques. Donc, si je veux traverser le
Québec, j'ai besoin de savoir qu'il va y avoir suffisamment de bornes bien
entretenues, disponibles pour être capable de planifier, pour que le véhicule
électrique puisse être ma seule voiture. Encore plusieurs personnes voient le
véhicule comme seulement pour être autour, pour retourner. Donc, ça, c'est une
priorité sur laquelle on demeure alignés.
De l'autre côté, c'est certain, en ce qui
a trait aux besoins de la clientèle, un client qui a besoin de faire faire des
travaux pour son alimentation électrique parce qu'il s'achète un véhicule
électrique, ça fait partie des demandes de nos clients. Lorsque Claudine
parlait plus tôt de dire : On est en action pour répondre aux besoins des
clients, ça fait partie des demandes des clients pour lesquels on priorise avec
les autres.
M. Poulin : Les délais de
branchement, actuellement, ne serait-ce que pour une borne ou pour une
résidence ressemble à quoi en moyenne au Québec? J'imagine, ça doit dépendre
d'une région à l'autre.
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
en fait, il faut juste distinguer. Avec le nouveau code du bâtiment, les
nouvelles constructions qui voient le jour ont déjà intégré dans leur panneau
électrique la capacité d'ajouter une borne électrique, et là ces travaux-là ne
requièrent aucune intervention de la part d'Hydro-Québec, seulement
l'électricien. Ça fait que ça, il faut comprendre ça. Maintenant, pour le parc
du passé, de ce côté-là, il y a beaucoup d'entrées électriques qui ne
requièrent pas de modification pour être capable d'ajouter une borne
électrique. Alors, il ne faut pas penser que chaque personne qui s'achète une
voiture électrique doit nécessairement changer son branchement électrique chez
Hydro-Québec. Donc, ça, c'est la première. Maintenant, si une personne doit
changer l'entrée électrique pour augmenter sa capacité, elle fait une demande,
effectivement, de modification de branchement, et là les délais varient en
fonction des travaux qui sont nécessaires, et ça varie entre 20 jours et
55 jours, dépendamment du type de travaux qu'on en a à faire. Et là, on
parlait un peu plus tôt ce matin, si on est dans un projet de promoteur, bien
là, il y a un réseau à construire, donc là, ça peut aller à beaucoup plus
longuement en raison de l'obtention des servitudes. Parfois, les délais
dépendent des activités des activités d'Hydro-Québec, mais souvent ils
dépendent de tiers qui doivent donner la permission à Hydro-Québec de construire
son réseau. Alors, nous, c'est sur cette chaîne de valeurs là au complet qu'on
veut intervenir et agir pour réduire le délai complet.
M. Poulin : Donc, vous
laisser sous-entendre, ne serait-ce qu'avec certaines municipalités, qu'il y a des
délais supplémentaires qui s'ajoutent lorsque vous arrivez sur place.
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
il y a les municipalités, mais il y a aussi les individus, les propriétaires de
terrains sur lesquels je dois obtenir des droits de servitude, des droits de
passage. Alors, quand on ajoute, chacun, le petit délai.. En fait, tout le
monde est bien intentionné, mais, quand on ajoute chacun des délais de chaque
individu, bien, l'addition de tout ça fait en sorte que les délais de
branchement sont beaucoup trop longs. Alors là, il faut trouver un moyen de
travailler en parallèle et d'accélérer ces travaux-là puis ces activités-là.
M. Poulin : Excellent. Je
dispose de combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) : Cinq
minutes 25 s.
M. Poulin : On a beaucoup
parlé de chauffage dans les derniers mois au Québec, ne serait-ce qu'en matière
de règlements municipaux, d'une ville à l'autre, qui peuvent évoluer, qui
peuvent changer. Le chauffage des résidences, au Québec, on le sait, repose
beaucoup sur des plaintes électriques, sur le chauffage électrique qui est plus
énergivore, par exemple, que les thermopompes. Pour Hydro-Québec, premièrement,
est-ce que c'est problématique? Puis est-ce que vous avez un plan en ce sens,
ne serait-ce qu'en collaboration aussi avec les municipalités, afin de
s'assurer que peut-être le chauffage de la fameuse plainte électrique puisse
diminuer?
M. Rhéaume (Dave) : De miser
davantage sur les pompes à chaleur et thermopompe, c'est le geste le plus, je
vous dirais, pratique, facile à mettre en place, et on va déployer, au cours
des prochaines semaines, des aides financières de plus en plus importantes pour
le faciliter et faciliter le parcours du client qui cherche à accéder.
Plusieurs Québécois parfois optent pour... Il fait chaud dans leur maison
l'été, ils s'installent un climatiseur, même parfois la télécommande a le
bouton chauffage dessus, mais c'est un climatiseur qui n'a pas des capacités de
thermopompe pour chauffer l'hiver. En toute transparence, c'est une perte
économique pour le client qui ne bénéficie pas de la performance énergétique
beaucoup plus élevée que les thermopompes peuvent amener. Donc, pour nous, le
début de ça, au Québec, il y a environ 15 %, je vous dirais, 15 à 20 %
des ménages qui ont aujourd'hui des thermopompes. C'est quelque chose qu'il va
falloir augmenter puis qu'on a l'intention de favoriser en priorité, je vous
dirais, au cours des prochains mois.
M. Poulin : Est-ce que ces
programmes-là vont également accompagner les entreprises, exemple, des
établissements hôteliers, au centre-ville de Montréal, de 200 à
300 chambres qui, pendant des fins de semaine complètes, est 100 %
électricité, chauffage dans le corridor, dans les salles de congrès, dans les
chambres? Ça devient de grands consommateurs d'énergie. On sait aussi que les
propriétaires de ces établissements-là, c'est très difficile, pour eux, de
limiter la consommation de leur clientèle également. Ce n'est pas pour rien
qu'en Europe, parfois, on est limité...
M. Poulin : ...dans notre
consommation. Est-ce que vous allez également accompagner ces gens-là pour se
tourner vers d'autres sources?
M. Rhéaume (Dave) : Absolument.
Donc, équipe dédiée qui va s'attaquer à ce marché-là pour vraiment faire la
promotion de nos programmes avantageux pour la thermopompe, mais je vous
ajouterais, dans ce cas-là, aussi pour la géothermie. Le Québec va devenir
l'une des juridictions au monde où on favorise le plus le déploiement de la
géothermie, parce que la géothermie permet une utilisation aussi en pleine
pointe, l'hiver, puis c'est un avantage qui peut être très intéressant pour les
grands bâtiments. Puis c'est des aides financières très importantes qu'on doit
mettre de l'avant pour favoriser cette technologie-là. Puis à nouveau, je le
répète, toujours pour nous, la priorité, le programme doit être
gagnant-gagnant. Le client doit y trouver son compte avec un retour sur
investissement qui est raisonnable, puis le Québec est gagnant avec ces
économies-là, d'énergie, qu'on peut ensuite déployer vers d'autres usages de
décarbonation.
• (15 heures) •
M. Poulin : Vous parliez
tout à l'heure, et M. Sabia également, de projet de société. Les jeunes
sont très préoccupés par les enjeux environnementaux, vont dans la rue,
marchent, c'est important, mais ça nous arrive aussi de prendre des douches
d'une demi-heure, là, donc comment faire pour sensibiliser la plus jeune
génération? Est-ce que vous, est-ce qu'Hydro-Québec doit entrer dans les écoles
du Québec? Est-ce qu'Hydro-Québec doit faire plus de sensibilisation dès le
jeune âge? Comment vous voyez ça?
M. Rhéaume (Dave) : Bien,
je vous dirais en toute transparence qu'on a accumulé un certain retard au
cours des dernières années. Compte tenu de l'époque des surplus, des bas prix,
on n'a probablement pas communiqué beaucoup l'importance de traiter cette
énergie-là comme précieuse. On le sait qu'on a un rattrapage à faire de ce
côté-là, et c'est ça, notre priorité. De notre point de vue, les gens veulent
contribuer, les gens veulent en plus y tirer certains avantages, mais il faut
leur donner les moyens, il faut leur donner l'information, puis c'est un
élément central du plan d'action.
M. Poulin : Parfait.
Le Président (M. Ciccone) : ...minutes
20 secondes.
M. Poulin : Bien,
simplement pour vous remercier pour ces explications-là, qui sont fort
importantes. Et effectivement, je pense qu'il va falloir qu'Hydro-Québec parle
aux jeunes, parle aux jeunes parents. Je vois de façon très triste ce qui se
passe à Saint-Jean-sur-Richelieu ces jours-ci, avec l'eau, où les gens
disent : On a toujours pris l'eau pour acquis, bien, nombre de Québécois
qui prennent l'électricité pour acquis également. C'est... Oui?
M. Sabia (Michael) : ...très
rapidement. Nous allons utiliser l'ensemble des canaux de communication, oui,
certainement avec les jeunes, mais également avec les Québécois, les
Québécoises. Donc, il y aura des choses qu'on va faire avec les médias sociaux,
également à la télévision, également un programme de rencontres. Donc, nous
sommes très conscients de l'enjeu. Dave a fait référence à ce changement
tellement important entre électricité en tant que commodité et électricité en
tant que produit précieux, et il faut, nous avons la responsabilité, mais
également vous avez, c'est peut-être impertinent de ma part, mais vous avez la
responsabilité également de parler de ce changement entre commodité et
précieux.
M. Poulin : Tout à fait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Jacques-Cartier pour un total de 13 min 33 s.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. M. Sabia et M. Rhéaume, je dois... reviens sur la discussion
qu'on a eue dans le dernier bloc concernant le 3 % pour les tarifs
résidentiels. On a eu des questions des journalistes après, puis moi,
j'étais... ce n'était toujours pas très clair pour moi, les conséquences d'une
prévision comme ça et les impacts peut-être sur les petites et moyennes en
entreprise. Mais l'autre chose que j'étais un petit peu surpris, c'est que
quand nous avons adopté le projet de loi deux, on a prévu qu'en 2025 c'est la
régie qui doit intervenir pour faire qu'est-ce que le ministre appelle...
appelait le «rebasing», donc de déterminer l'évolution des tarifs. Alors, vous
avez dit que vos projections sont à 3 % pour le résidentiel, mais comment
pouvez-vous prévoir en ce que la régie doit décider?
M. Sabia (Michael) : Essentiellement,
et je pense que c'est assez bien évident, le gouvernement a pris une décision
pour plafonner le résidentiel à 3 %. Donc, en fin du compte, le
gouvernement a pris cette décision. Donc, selon nous, la décision est prise.
M. Kelley : Alors, vous
êtes juste prêts pour les décisions qui sont prises par le gouvernement. Alors,
on laisse ça un petit peu dans la main de la politique, de déterminer des
tarifs, puis Hydro-Québec va s'ajuster...
15 h (version non révisée)
M. Kelley : ...et c'est ça qui
dit que le «rebasing» de... de la régie est moins important et juste... Parce
que, M. Rhéaume, je me souviens, quand vous étiez en commission sur le p.l. 2,
vous avez quand même dit de retourner occasionnellement à la Régie de l'énergie,
c'est absolument essentiel concernant des tarifs.
Alors, encore, je comprends, M. Sabia,
vous, vous êtes juste en train... vous répondre un petit peu à une demande...
le premier ministre. C'est une prévision aussi, ce n'est pas vous qui
déterminez les tarifs, mais je trouve ça juste un petit peu surprenant, et je
vais mettre ça plus sur le côté... le gouvernement, que ça semble que le... le
rôle de la régie est un petit peu ignoré dans le processus des tarifs jusqu'entre
ici et 2035. Et aussi de laisser ça dans les mains d'un premier ministre et un
ministre, ça devient peut-être un enjeu politique pour les campagnes
électorales, qui peut baisser les tarifs le plus rapidement, parce que c'est
nous qui décide. C'est un précédent qu'on vient de créer qui peut avoir des
conséquences majeures pour votre organisation.
M. Rhéaume (Dave) : Si je
peux juste, M. le Président, faire un... un point de précision pour éviter une
possible confusion, donc, dans notre... comme... comme Michael a dit, on
travaille... c'est ça, notre hypothèse, mais, dans notre planification, toute
la transparence qu'on avait dite lors de l'adoption du projet de loi n° 2
demeure, c'est-à-dire que, pour l'année tarifaire 2025, Hydro-Québec va se
présenter à la Régie de l'énergie, donner toute la transparence requise sur l'ensemble
de ses coûts aux fins de l'établissement des tarifs. Donc, il n'y a aucune
perte de transparence en ce qui a trait à l'évolution des coûts pour les tarifs
d'électricité.
M. Sabia (Michael) : Mais
vous soulevez une question très intéressante. Le... Et, pour revenir à mon
point... mais pour revenir à la phrase «projet de société»... Donc, un élément,
selon nous, mais c'est juste notre point de vue, et nous ne sommes pas les
décideurs dans ce contexte, c'est vous, parce que ça demande un changement de
la loi... mais, dans le... dans les analyses faites par la régie, selon nous...
parce que, selon nous, il faut... il faut réfléchir au mandat de la régie parce
qu'actuellement la transition énergétique et économique, cette transition ne
fait pas partie du mandat de la régie, mais, selon nous, cet élément, cette
transition devrait jouer un rôle dans les analyses faites par la régie.
Donc, ce n'est pas pour nous, et donc
peut-être mon commentaire est impertinent, mais, si on va mobiliser le Québec
pour réaliser un objectif tellement ambitieux, devenir essentiellement
carboneutre d'ici 2050, il faut mobiliser l'ensemble des choses, y compris la
régie, et, pour l'instant, leur façon... ce n'est pas leur faute du tout parce
que c'est la loi, mais il faut, à un moment donné, considérer l'importance d'ajuster
leur rôle.
M. Kelley : Merci, M. Sabia.
Mais est-ce que vous trouvez que c'est normal que c'est un premier ministre qui
décide des tarifs résidentiels ou est-ce que c'est mieux que ce n'est pas un
processus juste politique?
M. Sabia (Michael) : Honnêtement,
sur une telle... étant donné votre question, je pense que ce n'est pas le rôle
d'Hydro-Québec de... de nous exprimer sur cette question. Ça, c'est une
question pour... essentiellement pour le gouvernement.
M. Kelley : Merci, M. Sabia.
Et je sais que, dans votre document, le plan, vous parlez un petit peu de la
discussion avec le gouvernement du Québec. Vous... C'est écrit que vous... vous
demandez un tarifaire plus flexible. Vous parle quand même d'un processus
législatif qui s'en vient. Je sais que vous siège sur le comité sur l'économie
et les transitions énergétiques présentement avec le ministre, avec le ministre
des Finances, le ministre responsable pour la Lutte contre les changements
climatiques et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations
et les Inuits. Est-ce que ça, ça va être partie de la discussion? C'est... Sur
cet enjeu, comment on va déterminer des tarifs résidentiels? Je lance la
question. Est-ce que vous avez discuté quand même le projet de loi qui s'en
vient dans ce comité?
Des voix : ...
M. Rhéaume (Dave) : Est-ce
que vous pouvez juste clarifier... Est-ce que je comprends que votre question,
c'est : Est-ce que, dans le cadre des échanges avec les membres du
comité...
M. Rhéaume (Dave) : ...
M. Kelley : ...
M. Rhéaume (Dave) : Est-ce
que la question de l'évolution tarifaire est discutée?
M. Kelley : Exactement. Et
est-ce que vous avez parlé du projet de loi qui s'en vient dans le comité que
vous... Bien, M. Sabia, vous êtes membre du comité avec le ministre... les
ministres — pluriel — et le premier ministre, qui est président. Je veux savoir
si vous avez discuté des tarifs au sein de ce comité et, quand même, le plan,
un petit peu, pour le projet de loi qui s'en vient.
M. Sabia (Michael) : Donc, ce
n'est pas mon intention de vous parler de l'ensemble de nos communications avec
les membres du gouvernement, mais je peux vous dire, en pleine transparence,
que la question des ajustements réglementaires qui sont nécessaires pour
contribuer à la réalisation de ce plan et les objectifs de ce plan, certainement,
ces changements font partie de nos conversations avec le gouvernement. Et ça,
c'est une bonne collaboration, une collaboration efficace. Et je pense que
c'est nécessaire pour mettre à contribution l'expertise, à Hydro-Québec, pour
contribuer et enrichir, selon moi, les réflexions du gouvernement à cet égard.
• (15 h 10) •
M. Kelley : Merci, M. Sabia
et M. Rhéaume. Une autre question. Sur les prévisions d'Hydro-Québec, vous avez
faites une... pour les tarifs résidentiels à 3 %. Est-ce que vous avez une
pour les petites et moyennes entreprises du Québec? Un pourcentage que, pour
les tarifs, vous vous regardez...
M. Sabia (Michael) : Oui, un
de vos collègues a déjà posé, essentiellement, la même question ce matin, et
donc ma... pendant l'heure de lunch, je n'ai pas changé ma réponse. Donc, c'est
déjà... Ça, selon moi, c'est un gaspillage de votre temps, pour moi, de répéter
la question... de répéter ma réponse.
M. Kelley : Ce n'est pas
grave. Merci beaucoup encore. C'était juste de clarifier des choses, puis... on
suive le côté politique de près puis le projet de loi qui s'en vient, pour voir
qu'est-ce que le gouvernement va déposer et comment le gouvernement va encadrer
comment on fixe les tarifs, c'est quoi, le processus exactement après 2025
aussi, je pense, c'est très, très important.
Je veux poser une question maintenant
encore sur les tarifs, mais ce concept d'avoir un tarif flexible, c'est un
petit peu la carotte puis le bâton. On a entendu que peut-être des gens doivent
commencer à rouler leur lave-vaisselle au milieu de la nuit, des trucs comme
ça, prendre une douche à 5 heures avant, pas à 6 heures... entre
6 h et 9 h. Alors, vous voyez ça comment? Comme, je sais qu'il y a
des incitatifs qui sont présents, mais est-ce qu'à un certain moment vous
pensez que le bâton est peut-être nécessaire aussi de... sur l'heure de pointe,
qu'on a de la misère à gérer, puis il faut avoir une autre approche ou ce n'est
vraiment pas quelque chose qui serait... au Québec?
M. Sabia (Michael) : Non,
notre plan est construit sur l'idée de l'utilisation des incitatifs, pas du
tout, pas du tout les bâtons. Et, étant donné le travail de Dave et son
équipe... Mais, essentiellement, nous sommes et, personnellement, je suis
d'accord avec le constat qui était déjà mis sur la table. Les programmes
actuels, oui, ils ont un impact mais un impact assez limité. Donc, il faut...
Dave a utilisé le mot «transformer», et ça, c'est vraiment notre façon de
penser à cet enjeu, il faut transformer ce que nous faisons, il faut faire du
travail pour mieux comprendre les besoins de nos clients. Et, dans le passé,
honnêtement, Hydro-Québec n'était pas toujours à l'écoute des clients, et, la
seule façon de bâtir un ensemble de programmes, un ensemble d'initiatives pour
réaliser l'objectif de cette efficacité énergétique, il faut que nous soyons à
l'écoute. Et donc c'est exactement ce que l'équipe de Dave va faire
essentiellement maintenant pour mieux comprendre. Également, nous allons
examiner les meilleures pratiques de façon mondiale. Donc, il faut reconstruire
dans l'ensemble, il faut, essentiellement, recommencer le développement de ces
programmes, et c'est exactement ce que nous allons faire parce qu'on est
conscients du fait que la cible est une cible très ambitieuse.
M. Kelley : Non, exactement.
Puis je reviens un petit peu sur l'idée des microréseaux, j'ai écrit une lettre
ouverte, je sais que mes collègues de l'autre côté, le gouvernement, leur
vision, a lu ça avec grand intérêt, mais, je pense, c'est vraiment...
M. Kelley : ...institution de
l'avenir, mais je fais un plus un point parce que le temps coule, je ne pense
pas que le fardeau doit être exclusivement sur Hydro-Québec avec les
microréseaux, je pense qu'on est capables d'aussi comme l'État trouver des
façons à financer, pas juste l'autoproduction à la maison, si c'est nécessaire,
mais aussi le stockage avec les batteries. Je sais que nos voisins à Vermont
sont en train de regarder ça, de vraiment déployer les batteries partout, c'est
la technologie de l'avenir, tout le monde va charger leur auto, l'auto va
charger la maison, on va dans cette direction-là, mais quand même, je pense
qu'on doit regarder comment on peut déployer des microréseaux, et ce n'est pas
juste sur Hydro-Québec de le faire. L'exemple de Lac-Mégantic et les
Îles-de-la-Madeleine, c'est formidable, mais je sais qu'il y a des
municipalités partout qui regardent ça et disent : Ça, c'est intéressant.
Et quand même, les consommateurs qui disent : Moi, je peux aussi gérer en
termes de la consommation, moi-même, avec un système propre à la maison avec
des panneaux solaires puis les batteries. Alors, j'encourage Hydro-Québec de
continuer ces démarches, tu vas avoir l'appui du député de Jacques-Cartier puis
le Parti libéral. Mais merci encore, c'était mentionné dans le dernier bloc,
mais une idée très intéressante pour l'avenir du Québec. C'est tout pour moi,
M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard. Vous avez 4 min 31 s.
M. Bouazzi : Ce qui est très
peu de temps, malheureusement. Je vais essayer d'être très rapide. D'abord, la
transition énergétique dont on parle, pour nous, elle se doit d'être juste,
c'est-à-dire qu'on ne doit pas demander les mêmes énergies au 1 %, le
mieux nanti qui à peu près produit 97 tonnes de CO2 par personne, alors
que le 50 % en bas de l'échelle en produit seulement cinq. Et donc j'en
viens à la question de la tarification dynamique et optionnelle, en fait, de ce
que vous dites, ce qui est effectivement important. Le problème, c'est que la
structure de contribution aux revenus d'Hydro-Québec est très régressive,
c'est-à-dire que moins on est riche, plus c'est un haut pourcentage de notre
revenu qui va en électricité. Les personnes les moins nanties sont souvent dans
des maisons très mal isolées. Il y a 19 % de la population qui sont des
ménages à faible revenu, il y en a 38 % qui sont propriétaires, ça fait
270 000 ménages. Vous avez parlé de subventions qui peuvent aller
jusqu'à 50 % sur les thermopompes. On sait que c'est vraiment l'isolation
de la maison ou un système de chauffage efficace qui vont faire vraiment la
différence. Est-ce que ces personnes-là, en fait, sont exclues de la possibilité
d'améliorer la situation? Comment vous voyez les choses?
M. Rhéaume (Dave) : C'est une
problématique qu'on reconnaît. Aujourd'hui puis historiquement, la façon dont
les programmes ont été conçus, essentiellement, le client doit financer son
projet avant d'être capable d'accéder aux aides financières. Et, dans certains
cas, il y avait peut-être un manque de prévisibilité sur l'ampleur des aides
financières et le temps que ça allait prendre de se faire payer. C'est un
problème. C'est certain que... puis plus les familles sont moins nanties, plus
ce problème-là devient problématique. C'est une priorité pour nous de corriger
cette situation-là puis de transformer notre programme pour s'assurer surtout
que les ménages moins bien nantis ont accès à améliorer la performance
énergétique parce que, comme vous le dites, c'est une partie plus importante de
leur revenu.
M. Bouazzi : Est-ce que vous
avez une idée quel pourcentage des 200 000 personnes qui utilisent
Hilo sont justement dans les familles à faible revenu?
M. Rhéaume (Dave) : On n'a
pas de 200 000 clients Hilo. Hilo, non, ça, c'est pour tous les
moyens de tarification dynamique. Du côté d'Hilo, on a environ
30 000 clients. On n'a pas les données précises, mais
vraisemblablement, ce n'est pas principalement dans les ménages à faible
revenu. On reconnaît le besoin d'adresser ça puis c'est une priorité pour nous
de faciliter. Puis je vais aller jusqu'à ouvrir, parmi les choses qu'on va
chercher à déployer rapidement, ça inclut faciliter l'accès au capital. Est-ce
qu'Hydro-Québec peut prendre une partie de la charge financière pour financer
le projet plutôt que demander aux clients de trouver l'accès au capital? C'est
une priorité.
M. Bouazzi : Il y a 35 %
de la population qui sont locataires, c'est 1,3 million de ménages qui ne
sont pas donc capables de faire les travaux parce qu'ils n'en ont pas la
responsabilité. Vous avez parlé de la classification des bâtiments tantôt.
Est-ce que vous pensez qu'on peut faire cette transition, ce changement, cette
coupure dont vous parliez, M. Sabia, si les duplex, les triplex, les
quadruplex sont exclus, en fait, de ces classifications des bâtiments? Et
j'imagine, dans la suite des choses, une obligation ou, en tout cas, des
propriétaires d'améliorer les passoires énergétiques dont ils sont
propriétaires des fois.
M. Rhéaume (Dave) : On
travaille avec le gouvernement. Pour nous, c'est certain que la situation des
locataires est particulièrement problématique. Donc, évidemment, le propriétaire,
lui, n'a pas intérêt à investir puisque ce n'est pas lui qui paie la facture
puis le client... le locataire en souffre pendant cette période-là. Donc, ça
fait partie des représentations qu'on fait auprès des différentes autorités
pour dire : Il faut s'assurer que les locataires...
M. Rhéaume (Dave) : ...locataires
sont mieux protégés, puis, notamment, l'outil du... du Code du bâtiment en est
un qu'on regarde sérieusement pour favoriser l'amélioration de la performance
énergétique des... de ces bâtiments-là, du plus de bâtiments possible.
M. Bouazzi : Et... et donc,
encore une fois, la majorité des locataires ne sont pas dans des gros bâtiments
à condos, la plupart sont dans... Est-ce que... Est-ce qu'on... Est-ce qu'on
peut être d'accord pour dire qu'il va falloir qu'ils fassent partie des
législations pour pouvoir améliorer les choses, ou alors est-ce que c'est même
une option, pour les objectifs que vous avez, de se dire : Bien, ceux-là,
on va les laisser de côté?
M. Rhéaume (Dave) : Pour
nous, il faut agir sur tous les leviers. Donc, c'est certain que, pour nous, on
ne pense pas qu'il faut exclure certaines catégories de bâtiments de la
réglementation. Le plus il va y avoir d'incitatifs à déployer de la performance
énergétique, le mieux le Québec va s'améliorer.
M. Bouazzi : Il me reste une
seconde pour dire : J'ai entendu beaucoup de belles choses, et je suis
bien content, pas juste à l'échange, mais avant aussi. Ça fait plaisir.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Talon
pour un temps alloué de 3 min 26 s
• (15 h 20) •
M. Paradis : 3 min 26 s
On vient d'entendre qu'il y a peu ou pas de familles à faibles revenus dans les
20 000 adhérents au système Hilo. Est-ce qu'on peut dire la même
chose de... des adhésions à la tarification dynamique, les 228 000? Est-ce
que ce sont à peu près les mêmes courbes par rapport aux foyers?
M. Rhéaume (Dave) : Non.
M. Paradis : Non?
M. Rhéaume (Dave) : Dans le
cas de la tarification dynamique, il n'y a pas de coût à l'adhésion, il n'y a
pas d'achat à faire. Donc, on... on présume que c'est... ça ressemble plus à
une courbe normale de ce côté-là.
M. Paradis : Vous présumez ou
vous savez? Donc, est-ce qu'il y a beaucoup de foyers à faibles revenus qui...
qui adhèrent à la tarification dynamique?
M. Rhéaume (Dave) : Je...
je... je n'ai pas la donnée précise, parce que tous les... les... les clients
d'Hydro-Québec n'identifient pas leurs revenus systématiquement.
M. Paradis : Est-ce que ce
serait possible que vous nous transmettiez cette information-là, si vous
l'avez?
M. Rhéaume (Dave) : Je viens
juste de répondre, on n'a... on n'a...
M. Paradis : Vous ne l'avez
pas. O.K.
M. Rhéaume (Dave) : ...on n'a
pas cette information-là.
M. Paradis : Parce que la
question, c'est : Comment on fait pour ne pas répéter ce patron-là, celui
d'Hilo, en tout cas, parce que l'autre, on ne peut pas présumer, mais que c'est
surtout les familles les plus nanties, les mieux nanties qui sont capables
d'avoir accès à des réductions, mais que les impacts des mesures de réduction
de la consommation touchent plus durement les familles plus vulnérables?
Comment on fait pour ne pas répéter ça puis améliorer notre bilan là-dessus?
M. Rhéaume (Dave) : Trois
choses : on travaille avec les parties prenantes qui supportent les... les
ménages à faibles revenus pour favoriser leur participation; deux, on simplifie
le processus pour accéder à ces offres-là puis les diffuser; puis, trois, on...
on limite... on... on... on augmente le support financier pour favoriser la
participation. À la fin de la journée, tout le monde qui participe à la
tarification dynamique ou aux périodes d'effacement bénéficie à tous les
Québécois, mais on veut aussi que les ménages à faibles revenus aillent
chercher la récompense, puis c'est notre travail de leur donner l'accès le plus
facile possible à ces... à ces programmes-là.
M. Paradis : Donc, vous êtes
confiant aujourd'hui que dans quelques années, quand on va se parler, on va
être capable de dire que les gros utilisateurs de... de spa en janvier ont payé
plus et que ceux qui vivent dans des loyers mal isolés dans des quartiers plus
modestes ont pu bénéficier des mesures que vous mettez en place?
M. Rhéaume (Dave) : Je vais
me permettre de dire que, si on n'a pas été capables d'accroître
significativement la participation des ménages à faibles revenus au... au... au
consommer moins, au consommer mieux, on ne va pas avoir atteint nos objectifs.
M. Paradis : Très bien. Ces
mesures-là dont on parle, elles dépendent aussi de grands objectifs de
réduction, hein, des gaz à effet de serre. C'est quoi, la cible d'Hydro-Québec
de réduction, en pourcentage et en mégatonnes, pour 2000... pour l'horizon
2035? Est-ce que vous êtes capable de nous donner ces chiffres-là aujourd'hui?
M. Rhéaume (Dave) : Je ne
suis pas sûr, ça... si je réponds...
M. Paradis : Combien... C'est
quoi, l'estimation des émissions de gaz à effet de serre qu'on va éviter dans
la consommation de l'énergie grâce aux mesures que vous comptez mettre en place
à l'horizon 2035, en pourcentage par rapport à aujourd'hui et en mégatonnes?
M. Rhéaume (Dave) : Oui. Là,
actuellement, on avait estimé autour de 25 mégatonnes de GES à l'horizon
2035.
M. Sabia (Michael) : O.K. et
une réduction d'à peu près 30 %.
M. Paradis : 30%,
25 mégatonnes. Est-ce que vous pouvez nous dire d'où viennent ces cibles?
M. Rhéaume (Dave) : Ça, c'est
notre plan. En électrifiant des usages existants fossiles, ça, c'est les
réductions de GES qui vont être associées.
M. Paradis : Comment vous les
avez établies puis comment vous les comparez, par exemple, à l'objectif de
80 % qui a été fixé par l'Agence internationale de l'énergie?
M. Rhéaume (Dave) : Bien,
de... la... l'Agence internationale de l'énergie fixe une cible pour tous les
réseaux énergétiques du monde, certains qui sont beaucoup plus carbonés que le
nôtre. Notamment, nous, on ne va pas chercher des réductions de mégatonnes en
décarbonant notre production électrique, parce que notre production électrique,
elle, est déjà renouvelable. Donc, ça, c'est vraiment... En électrifiant des
usages qui sont aujourd'hui fossiles dans l'économie du Québec, dont votre
véhicule à moteur à combustion, votre bâtiment, vos grandes industries, le
résultat, c'est 25 mégatonnes.
M. Paradis : Est-ce qu'on a
accès à ces calculs-là?
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci beaucoup, M. le député.
Une voix : Et nous, on est en
train...
Le Président (M. Ciccone) : Est-ce
que j'entends que vous allez nous déposer les documents?
M. Rhéaume (Dave) : Oui.
Le Président (M. Ciccone) : Parfait,
c'est noté. Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. le député. Alors, merci.
Le bloc 2 étant terminé, nous allons
maintenant débuter le bloc 3, Augmenter la production d'électricité. Alors
j'invite donc les représentants d'Hydro-Québec à faire leurs représentations
pour une durée maximale de 15 minutes.
Mme Bouchard (Claudine) : M.
le Président. Mesdames et Messieurs...
Mme Bouchard (Claudine) : ...encore
une fois, bonjour. C'est un plaisir pour moi d'être avec vous.
Nous avons décrit plus tôt que la
décarbonation et la croissance de notre économie exerceront une immense
pression sur la demande en électricité. À titre de rappel, nous prévoyons que
la consommation du Québec doublera d'ici 2050, et d'ici 35, ce sont entre
8 000 et 9 000 mégawatts de puissance additionnelle qui seront
requis pour combler nos besoins en électricité. Force est d'admettre que
l'optimisation et la réduction de la consommation dont nous avons discuté plus
tôt ne suffiront pas à combler l'ensemble de nos besoins additionnels. Une
augmentation importante de notre capacité de production sera également requise.
Si le Québec a aujourd'hui accès à de
l'électricité propre et à un coût compétitif, c'est qu'il bénéficie de la
vision de nos prédécesseurs, qui, eux, ont construit notre complexe hydroélectrique
actuel. Nous devons aujourd'hui profiter de cette position avantageuse pour
créer de la richesse collective pour les générations à venir. En plus de miser
en priorité sur des filières déjà bien établies au Québec, comme
l'hydroélectricité et l'énergie éolienne, nous devons explorer toutes les
options offertes par les nouvelles technologies pour produire l'électricité la
plus verte, la plus socialement acceptable et la plus abordable possible.
Afin de répondre à des besoins de
puissance additionnels, nous devrons tripler la capacité de production
éolienne. L'énergie éolienne est une filière bien établie, à coût concurrentiel
et qui présente des synergies intéressantes avec notre hydroélectricité. Nous
visons donc à intégrer plus de 10 000 mégawatts de nouvelles
capacités d'éoliennes d'ici 2035. L'énergie éolienne est un incontournable,
mais malheureusement, elle est insuffisante. Lorsque le vent souffle, l'énergie
éolienne peut en partie remplacer l'hydroélectricité, ce qui permet évidemment
de stocker l'eau dans nos réservoirs un peu partout au Québec. Pendant les
périodes moins venteuses, bien, les centrales hydroélectriques doivent prendre
le relais pour répondre à la demande de façon fiable et continue.
Bien que l'ajout de nouvelles capacités
éoliennes soit un élément pour répondre à la demande croissante du Québec,
celles-ci ne pourront pas être suffisantes, nous devrons donc mettre en service
des installations qui fournissent une production stable et prévisible. Au
Québec, l'hydroélectricité est la meilleure option pour complémenter l'éolien.
C'est pourquoi, à l'horizon du plan, nous souhaitons ajouter de 3 800 à
4 200 mégawatts de nouvelle capacité hydroélectrique. La construction
et l'exploitation de notre parc de production hydroélectrique nous a permis de
développer une expertise et un savoir-faire qui font l'envie de plusieurs pays,
plusieurs États à l'échelle mondiale, il est essentiel pour nous de miser sur
ces compétences et sur le potentiel hydroélectrique du Québec pour répondre aux
nouveaux besoins avec fiabilité.
Il est essentiel pour nous de miser sur
ces... Pardon, excusez-moi. Nous misons donc en premier lieu sur l'augmentation
de la puissance de nos centrales existantes. Cette stratégie permettra de
maximiser l'utilisation des infrastructures qui sont déjà en place. Le
remplacement des groupes turbines alternateurs par une technologie plus récente
nous permettra d'ajouter 2 000 mégawatts de plus de puissance à nos
installations.
Afin d'être au rendez-vous pour répondre à
la croissance de la demande, nous entamerons également les premières étapes de
développement de nouvelles installations hydroélectriques, y compris les
centrales à réserves pompées. Aux étapes de planification de ces projets, nous
travaillons en partenariat avec les communautés autochtones et les
collectivités locales pour évaluer le potentiel des différents sites et surtout
les meilleures façons de les développer. Les investissements requis pour
réaliser les ajouts de capacité hydroélectrique envisagés pourraient représenter
à eux seuls de 35 à 45 milliards de dollars.
Maintenant il faut intégrer un mixte
énergétique un peu plus large. Donc, en complément de l'énergie éolienne et
l'hydroélectricité, l'énergie solaire et le stockage par batterie peuvent
offrir une contribution importante au bilan énergétique québécois. Nous
étudions présentement les meilleures configurations d'intégration de cette
filière au système électrique avec, notamment, le raccordement de petits parcs
solaires au réseau de distribution, qui pourraient atteindre au total
300 mégawatts. L'autoproduction par la clientèle et l'utilisation de
batteries pour combler des besoins en période de pointe sont aussi des avenues
que nous étudions. Nous faciliterons l'installation de panneaux solaires chez plus
de 125 000 de nos clients. L'autoproduction solaire pourrait satisfaire
jusqu'à 45 % des besoins en électricité de ces ménages. À terme, nous
visons à intégrer au réseau de nouveaux apports en énergie solaire et en
stockage par batteries à hauteur de quelques centaines de mégawatts d'ici 2035.
Enfin, nous envisageons de convertir au
gaz naturel renouvelable la centrale thermique existante de TransCanada Énergie
à Bécancour afin d'assurer la stabilité du réseau pendant...
Mme Bouchard (Claudine) : ...pendant
les journées les plus froides de l'hiver et aux heures de pointe. Cette
centrale sera utilisée de façon limitée comme une police d'assurance.
L'utilisation du gaz naturel renouvelable, pour cette centrale de réserve,
permettrait d'assurer la cohérence avec l'objectif de décarbonation du Québec.
En parallèle, nous devons garder l'esprit ouvert. Face à l'ampleur des besoins
à venir, nous devons envisager un ensemble de solutions pour augmenter notre
capacité de production et atteindre nos objectifs à long terme de décarbonation
et de prospérité économique. Nous réaliserons donc des analyses pour évaluer le
potentiel de différentes filières en cours de développement ailleurs dans le
monde qui pourraient jouer un rôle au Québec après 2035. Parmi celles-ci, nous
pourrions envisager des technologies comme l'éolien en mer, qui se développent
d'ailleurs dans plusieurs pays dans le monde. Nous étudierons également le
potentiel du site existant de Gentilly-2 pour accueillir une centrale nucléaire
ou de petits réacteurs modulaires. Ces options seront analysées en fonction de
leur maturité technologique et de leur coût ainsi que de leur acceptabilité
sociale. Mais on parle d'une contribution, encore une fois, post-2035, donc
aucun mégawatt de ça n'est dans le plan qu'on vous présente aujourd'hui.
• (15 h 30) •
Maintenant, il faut intégrer toute cette
production-là au réseau électrique et l'acheminer jusqu'au lieu de
consommation. Pour ce faire, nous devrons rehausser la capacité de nos
infrastructures de transport d'électricité. Nous tablerons sur une vision
intégrée du réseau électrique des sites de production jusqu'à l'aval du
compteur pour saisir les meilleures occasions de développement du réseau de
transport. Le déploiement de nouvelles infrastructures de transport exigera
d'investir de 45 à 50 milliards de dollars à l'horizon de
2035 ans.
En conclusion, les investissements
réalisés pour répondre à la demande croissante seront de l'ordre de 90 à
110 milliards d'ici 2035. Ces investissements s'ajouteront à ceux, dont on
a déjà parlé ce matin, qui sont prévus pour la pérennisation visant à assurer
la fiabilité et la qualité du service électrique à nos clients. Autrement dit,
nous devrons investir, en moyenne, de 7 à 9 milliards par année pour déployer
les nouveaux actifs de production, de transport et de distribution qui sont
requis par le plan. Afin de permettre aux acteurs du secteur privé de mieux
planifier leurs activités, nous poursuivrons notre planification ouverte
offrant aux marchés une meilleure vision de l'état du réseau. Notre objectif
sera de permettre aux différents acteurs, comme les promoteurs de parcs
éoliens, les fournisseurs et les entreprises énergivores, de mieux connaître
les zones favorables à leurs activités et de pouvoir s'ajuster en conséquence.
Nous prévoyons ainsi pouvoir contribuer à accélérer les mises en service et à
réduire surtout les délais de raccordement. Ça complète pour la priorité trois.
Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Bouchard. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé. Vous
avez 28 minutes 30 secondes.
M. Sainte-Croix : Merci, M.
le Président. Rebonjour à tous et à toutes. M. Sabia, votre plan a été qualifié
de très ambitieux, très ambitieux par le gouvernement, très ambitieux par nos
collègues de l'opposition et spécialistes de la question énergétique, les
chroniqueurs. Bref, je pense qu'on s'entend sur le fait que ce que vous nous
proposez comme vision est quelque chose de jamais vu au Québec en termes
énergétique. Quand on parle de doubler pratiquement la production actuelle
d'Hydro-Québec, pour les Québécois et les Québécoises assis aujourd'hui dans
leur salon qui nous regardent, comment peut-on leur faire réaliser l'ampleur de
la chose, parce que je crois que c'est très important pour la suite, hein, et à
quoi va servir cette production monumentale d'énergie? Pour bien faire
comprendre aux Québécois l'ampleur du défi qui est devant nous.
M. Sabia (Michael) : Bon.
Évidemment, vous venez de poser une question absolument fondamentale, et donc,
à travers le monde, et certainement dans le monde occidental, on fait face à
l'enjeu de reconstruire nos économies et des économies... bien, qui est
essentiellement bâtie sur les énergies fossiles, et depuis 200 ans. Donc,
le changement nécessaire était... comme je disais plus tôt, pas un ajustement,
c'est une rupture. Et, dans un tel contexte, évidemment, les circonstances,
l'ampleur demandent un niveau d'ambition très, très, très élevé. Et donc ici,
au Québec, nous avons une occasion, nous avons un avantage extrêmement
important à l'échelle mondiale...
15 h 30 (version non révisée)
M. Sabia (Michael) : ...Et c'est
grâce, franchement, aux grands bâtisseurs, il y a des décennies, qui ont bâti
Hydro-Québec, qui ont fait, avec beaucoup d'audace, avec beaucoup de courage...
ils ont entamé des gros travaux, des travaux immenses, et le résultat :
nous avons maintenant une quantité, énergie propre, qui, essentiellement, est
très rare dans le monde. Et donc le moment, il est important, ce n'est pas
juste important, c'est crucial de saisir le moment, parce que, énergie propre,
dans l'avenir, va déterminer la compétitivité des économies, mondialement.
Mais, grâce à ces grands bâtisseurs, nous avons une occasion que, Québec,
franchement, dans le passé, nous avons rarement, nous avons eu rarement une
telle occasion, donc de bâtir une économie décarbonée et prospère et de faire
les deux en même temps, qui est, comme je disais, le nerf de la guerre.
Et donc oui, nous avons proposé un plan
ambitieux, mais c'est exactement ce dont nous avons besoin. Parce que sinon, si
on décide d'aller plus tranquillement, ce n'est pas nécessaire, il faut garder
toutes les règles dans l'industrie de construction, et tout ça, et nous sommes
mal à l'aise de faire x, y, Z, honnêtement, le Québec va perdre cette occasion.
Et ce n'est pas les gens dans la salle qui vont payer le prix, c'est la
prochaine génération et la génération suivante, ils vont payer le prix. Et donc
selon moi, nous, mes collègues, vous-mêmes, tout le monde, cette génération,
nous avons la responsabilité de saisir le moment. Et donc c'est la raison pour
laquelle nous avons proposé un plan de cette envergure, parce que selon nous, c'est
réalisable, puis ce n'est pas facile, pas du tout, mais c'est réalisable et c'est,
selon nous... C'est exactement ce dont nous avons besoin, de ne pas... afin de
ne pas perdre cette occasion précieuse.
M. Sainte-Croix : Merci.
Mme Bouchard nous a tracé un peu, énuméré un peu le portefeuille d'actifs
d'Hydro-Québec en termes d'énergie : bien entendu, l'hydroélectricité, la
question éolienne, solaire et, ultimement, nucléaire. Vous parlez d'ajouter 2 000 mégawatts
de puissance à vos installations hydroélectriques. Dans le contexte qu'on
connaît, donc post-pandémie, avec toute la question des filières industrielles,
la question... tu sais, je comprends aussi que la planète est sur la ligne de
départ énergétique, on n'est donc pas les seuls à réfléchir de cette façon-là,
et vous l'avez bien... vous en avez fait une belle démonstration, rajouter 2 000 mégawatts
à nos installations hydroélectriques, actuellement, ça passe par où,
concrètement? Comment allons-nous arriver à ça dans un délai quand même assez
rapide pour de tels travaux, là, de cette envergure?
Une voix : ...
Mme Bouchard (Claudine) : Parfait.
Merci. Bien, vous savez, nos centrales commencent à être âgées, hein? Si on
prend Manic deux, qui est la centrale Jean-Lesage, a été mise en service en
1965. En 1965, les groupes turbines alternateurs ont été dessinés avec des
crayons de plomb puis des règles trigonométriques, des règles à trois faces,
pour ceux qui ne connaîtraient pas ça. Donc, il est évident que quand on
remplace ces groupes turbines alternateurs là, qui arrivent tout près de la fin
de leur durée de vie utile, bien, va les remplacer par des technologies d'aujourd'hui
pour lesquelles on est capables de faire des simulations de la fabrication, d'avoir
une exécution de fabrication qui est beaucoup plus optimale, beaucoup plus
précise. Et non seulement ça, on est aussi capables de faire des simulations 3D
de l'impact de la goutte d'eau sur ce groupe turbine alternateur là. Donc, on
est capables de modéliser l'arrivée de la goutte d'eau, l'effort ou l'énergie
qui est produite jusqu'à la sortie de cette goutte d'eau. Et en remplaçant donc
avec les meilleures technologies, c'est comme ça qu'on arrive à «upgrader», en
anglais, mais rehausser la puissance de nos centrales existantes de l'ordre de
2 000 mégawatts dans différentes centrales, où, encore une fois, les
groupes turbines alternateurs arrivent à la fin de leur vie utile ou encore
montrent des signes de fatigue...
Mme Bouchard (Claudine) : ...donc
on va les changer avant qu'elles brisent. Donc, c'est de la maintenance
prédictive ou du remplacement prédictif. Alors, c'est vraiment comme ça qu'on
procède.
Et, quand vous faites référence à la
chaîne d'approvisionnement, on est... on est à tous les jours, je vous dirais,
en vigie dans notre chaîne d'approvisionnement. Et, dans ce contexte-là, je
peux vous dire qu'on fait l'envie de beaucoup d'autres utilités dans le monde
parce qu'on a été en avance. Dès le début de la pandémie, on a commencé à
contracter du long terme avec nos fournisseurs, nos turbiniers, donc les
fournisseurs de groupe turbine-alternateur, et ça, bien, ça nous positionne
avantageusement dans le cadre de cette... cette quête, je dirais, au groupe
turbine-alternateur mondial. Donc, on est très bien positionnés. On vient de
donner des contrats stratégiques avec des grands turbiniers pour nos prochains
changements de roues de turbines. Donc, on est extrêmement bien positionnés pour
livrer tout ça à temps et à meilleur coût.
• (15 h 40) •
M. Sabia (Michael) : Je
vais...
M. Sainte-Croix : Oui, oui,
on vous écoute.
M. Sabia (Michael) : Donc, je
vais ajouter deux choses.
Mme Bouchard (Claudine) : C'est
parfait.
M. Sabia (Michael) : Corrigez-moi.
Mme Bouchard (Claudine) : ...
M. Sabia (Michael) : Donc,
juste deux autres points. Quelqu'un, ce matin, a parlé un peu de... des
périodes du temps et l'importance d'accélérer des choses. Donc, une des raisons
pour laquelle nous nous intéressons fortement à... le... cette amélioration de
la technologie dans nos installations existantes, c'est quelque chose que nous
pourrions faire plus rapidement, ce n'est pas, évidemment, la construction
d'une... d'une nouvelle centrale, c'est quelque chose qui pourrait contribuer
relativement vite à cette question d'accélérer la... la décarbonation du
Québec. Donc, ça, c'est un facteur.
Deuxième facteur, c'est une autre façon
pour nous de minimiser les impacts environnementaux. Ce n'est pas... Je ne peux
pas vous dire qu'il n'y aura aucun impact parce que ça augmente le débit, et
donc il y aura certains impacts sur certaines rivières, mais c'est beaucoup,
beaucoup, beaucoup moins. Et donc il faut évidemment... nous avons la responsabilité
de discuter de... de ces changements avec nos partenaires, les... les
communautés autochtones. Mais c'est une façon, donc, de minimiser, de réduire
de façon importante les impacts environnementaux, mais également d'accélérer le
processus de... de décarbonation. Donc, c'est un peu comme les éoliennes, parce
que, les éoliennes, nous sommes en mesure de les faire plus rapidement. Donc,
ça contribue au développement du momentum sur cet... vers cet objectif de
décarbonation.
M. Sainte-Croix : Merci.
Hydroélectrique, bien entendu, éolien. On parle de tripler la puissance
actuelle, la production actuelle du... du secteur éolien. Un peu comme dans vos
turbines, il y a là aussi, j'imagine, un enjeu de fournisseurs, assurément. On
est encore dans le même processus où tout le monde est sur la ligne de départ.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'éolien amène aussi des... des enjeux
particuliers au niveau des régions. Bref, il y a du potentiel éolien en termes
de gisement éolien sur plusieurs belles régions du Québec. On a des enjeux,
bien évidemment, de transport de cette énergie-là au niveau des lignes
existantes. On a aussi des enjeux d'acceptabilité sociale dans les milieux et
la question des partenariats avec les communautés.
J'aimerais vous entendre un petit peu
là-dessus, sur cette vision-là, parce que, quand même, tripler la puissance
éolienne, c'est quand même un... un chantier drôlement intéressant pour
plusieurs régions du Québec.
Des voix : ...
M. Sabia (Michael) : Donc,
c'est exactement... votre question, c'est exactement pourquoi nous mettons tant
d'accent sur cette période de concertation ou de collaboration. Je vais vous
donner un exemple. Donc, selon nos analyses, le Québec, d'ici 2035, nous avons
besoin entre 8 000 et 9 000 mégawatts substantiellement pour
décarboner l'économie. Donc, si on accepte comme un point de départ, il faut
avoir une discussion sur les choix. Nous avons proposé un mix énergétique dans
le plan. Mais, juste pour vous donner un exemple, si vous... si vous... vous êtes
mal à l'aise, disons, avec 10 000 mégawatts, qui représentent à peu
près 15 fois la superficie de l'île...
M. Sabia (Michael) : ...de
Montréal, donc c'est beaucoup, donc pas juste... prenez pour acquis pour
l'instant... O.K., on va réduire 10 à, disons, 7 000 mégawatts.
Qu'est-ce que ça veut dire? Pour garder 8 à 9, et donc pour garder l'objectif
de décarbonation, qu'est-ce qu'il faut faire? Nos options, donc, il y en a
plusieurs, mais, juste pour vous donner une idée, ça représente, disons,
3 000 mégawatts, installer éoliennes, c'est... essentiellement, c'est
un peu plus, il faut augmenter notre utilisation hydroélectrique,
essentiellement, plus qu'un montant équivalent à l'ensemble du complexe
Romaine. Donc, le choix : un autre complexe Romaine ou 3 000 mégawatts,
éoliennes. Une autre façon de faire la même chose, nous pourrions construire
trois centrales thermiques. Donc, il faut toujours rester entre huit et neuf.
C'est juste deux exemples.
Mais, en tant que société, et encore une
fois je reviens à la phrase, un projet de société, il faut avoir ces
conversations. Et la seule façon d'entamer ces conversations, de déclencher ces
conversations et d'ajouter quelque chose sur la table... Parce que tout le
monde parle : Ah! il faut décarboner, oh! il faut faire XYZ, mais aucune
référence aux coûts, période du temps, comment le faire, quelle installation.
Donc, notre objectif, avec ce plan, est de déposer quelque chose et, ensuite,
de dire : O.K. Dites-nous, préférez-vous le programme proposé par Claudine,
avec, disons, un changement des turbines-alternateurs ou préférez-vous de
réduire les éoliennes? Parce que, si on accepte 8 à 9, il faut faire
d'autres... il faut trouver d'autres options. Donc, dans le fond, l'objectif...
Un objectif, c'est... qui est fondamental de ce plan est d'alimenter une telle
conversation. Et nous avons besoin d'une conversation, essentiellement, dans la
société québécoise pour arriver à un mix énergétique qui est préféré. Selon
nous, nous avons proposé un mix qui fonctionne, alors... Et nous sommes très à
l'aise avec ça, mais maintenant on va chercher les réactions et, s'il faut
faire des ajustements, on va faire des ajustements.
M. Sainte-Croix : Merci. Je
m'en réserve une dernière puis je... Combien de temps reste-t-il?
Le Président (M. Ciccone) : Bien,
je ne veux pas créer de chicane avec vos collègues, là, mais...
M. Sainte-Croix : Combien de
temps reste-t-il?
Le Président (M. Ciccone) : Il
reste Six minutes 24 secondes.
M. Sainte-Croix : Une petite
vite. La question éolienne, bien entendu, la question éolienne en mer...
«offshore», parce que vous l'avez dit, hein, c'est une pratique qu'on voit
ailleurs, ici, en Amérique, ailleurs en Europe aussi, fort potentiel sur le
Saint-Laurent, bien évidemment : Comment voyez-vous cette étape-là? Est-ce
que c'est réaliste de penser qu'ultimement on aura du «offshore» au Québec?
Mme Bouchard (Claudine) : Le
«offshore», c'est une technologie qui a évolué beaucoup, rapidement dans les
dernières années, c'est aussi une technologie, je vous dirais, où le
raccordement avec la terre ferme... parce qu'à un moment donné il faut
rapporter cette électricité-là sur la terre ferme, ce raccordement-là
représente un défi technique et un défi aussi d'accepter... l'acceptabilité
sociale pour... l'arrimage, pardon, avec la rive. Donc, ça, on est en vigie sur
ce qui se passe ailleurs dans le monde. On a vu des projets du côté des
Américains, dans l'est américain, qui ont été abandonnés parce que les coûts
ont explosé. Donc, on est très, très vigilants de ce côté-là, on suit ça, on
suit la technique aussi, la technologie de câbles sous-marins. Donc, on est
vraiment en mode vigilance de ce côté-là avec notre équipe de l'institut de
recherche.
Mais, pour le moment, au Québec, on a
suffisamment de potentiel d'éolien sur terre qu'on doit, qu'on se doit
d'utiliser, de développer en respect des critères économiques, évidemment,
d'acceptabilité sociale et d'impact environnemental. Mais, pour le moment, il y
a un gisement-là qui est encore beaucoup trop important pour qu'on investisse
massivement dans le «offshore», qui coûte, encore une fois, aujourd'hui
beaucoup plus cher à cause des technologies émergentes de ce côté-là. Mais on
le regarde dans le plan. Vous l'avez vu, on le garde en vigie, on suit la
maturité de cette technologie-là. Mais c'est vraiment les coûts qui vont être
déterminants puis l'acceptabilité sociale aussi, parce qu'on voit qu'il y a des
endroits où même le «offshore» devient un défi d'acceptabilité sociale...
Mme Bouchard (Claudine) : ...donc,
c'est vraiment les coûts puis l'acceptabilité sociale qui vont nous diriger,
mais, pour le moment, on a suffisamment de mégawatts d'éolien disponibles, là,
pour être capables d'intégrer ça sur le réseau sur l'horizon du plan 2035. Mais
ce n'est pas dit qu'on n'en fera pas.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député de Beauce-Sud, à vous la parole.
M. Poulin : ...bien, c'était
la question que je m'étais préparée, l'acceptabilité sociale des parcs éoliens.
On a eu des exemples dans l'actualité, récemment, où les communautés n'ont pas
accepté les parcs éoliens. Je ne veux pas en cibler un plus qu'un autre parce
que les paramètres et les raisons peuvent changer d'un endroit ou d'un autre.
Mais génériquement combien de projets, disons dans la dernière année, de parcs
éoliens qui ont été empêchés chez Hydro-Québec à cause de l'acceptabilité
sociale?
• (15 h 50) •
M. Rhéaume (Dave) : Je peux
peut-être... En fait, de la façon dont ça fonctionne, c'est : lorsqu'on a
un appel d'offres comme on en a un qui est en cours actuellement, les
soumissionnaires participent et, s'ils n'ont pas l'acceptabilité sociale, ils
sont d'emblée exclus. Donc, souvent, ils ne déposent même pas, là. Donc, il y a
probablement des promoteurs qui, dans certains cas, n'ont pas encore réussi à
obtenir l'acceptabilité sociale, qui repoussent leur participation à un appel
d'offres subséquent.
M. Poulin : Il y en a qui ont
quand même été autorisés, et les consultations, un peu plus tard, en milieu
municipal, ont fait qu'ils n'ont pas eu d'acceptabilité sociale. Est-ce que,
ça, vous avez des chiffres à nous donner sur des projets qui n'ont pas été de
l'avant, même une fois les mégawatts alloués?
M. Rhéaume (Dave) : Non, non,
de ce côté-là, ce n'est pas un cas, je vous dirais, courant, là, de ce côté-là.
À partir du moment où nous, on a donné un contrat, essentiellement, qu'il l'a
remporté en appel d'offres, la... l'énorme majorité va de l'avant parce qu'ils
étaient... ils nous avaient démontré une certaine acceptabilité sociale avant
même de se faire octroyer leur contrat.
M. Poulin : Les critères
d'acceptabilité sociale ressemblent à quoi de façon générique? Est-ce qu'on est
dans un vaste consensus au sein de la municipalité? Est-ce qu'on est dans les
gens qui se trouvent près du parc éolien? Comment faites-vous pour bien le
paramétrer?
M. Rhéaume (Dave) : On laisse
le milieu le déterminer. Donc, essentiellement, nous, on demande une résolution
de... des autorités...
M. Poulin : ...une résolution
d'une municipalité?
M. Rhéaume (Dave) : ...qui
vient confirmer, exact.
M. Sabia (Michael) : Oui,
mais également les communautés autochtones.
M. Poulin : Oui, absolument,
puis on va pouvoir y venir tout à l'heure. Mais donc, si un maire et ses six
conseillers disent : Nous, on considère qu'il y a une acceptabilité
sociale, pour vous, la résolution fait foi d'acceptabilité sociale.
M. Rhéaume (Dave) : Je vous
dirais qu'on suit quand même ce qui se passe, là. S'il y avait juste un maire
et six représentants qui étaient tous pour puis le reste de la ville, dans le
journal, a l'air d'être contre, on poserait des questions, mais ce n'est pas...
ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. C'est une industrie qui est de plus en
plus sophistiquée. Les gens savent le travail qu'ils ont à faire pour aller
chercher le support des communautés autochtones et allochtones. Donc, on...
c'est un... c'est un système qui fonctionne bien à l'heure actuelle.
M. Poulin : D'accord. Est-ce
qu'actuellement... Parce qu'il y a certains projets qui ne se sont pas
qualifiés dans l'appel d'offres, c'est le cas chez nous, pourtant il vente en
Beauce, je vous le garantis. Est-ce qu'on manque de projets d'éoliennes ou on
en a trop pour la capacité d'appel d'offres présentement?
M. Rhéaume (Dave) : On ne
dirait jamais qu'on en a trop parce qu'on aime qu'il y ait beaucoup de gens qui
veulent développer puis qui vont chercher le support parce que ça accroît la...
ça donne les meilleurs prix possible aux Québécois. Donc, aujourd'hui, tous les
appels d'offres qu'on fait, il y a plus de participants que la quantité de
mégawatts disponibles. Néanmoins, on vise à continuer de favoriser le... le
support à l'industrie pour avoir l'environnement le plus compétitif possible.
M. Poulin : Donc, pour des
entreprises qui ne se sont pas qualifiées dans le cadre d'un appel d'offres,
dans un projet x ayant surtout l'acceptabilité sociale, vous les invitez à
déposer lors du prochain, puis il y a des chances qu'ils puissent l'obtenir.
M. Rhéaume (Dave) : C'est
une... C'est une grande valeur, je vous dirais, du plan, c'est donner de la
prévisibilité aussi à l'industrie, d'annoncer, dire : C'est 10 000
mégawatts qu'on va installer au cours des prochaines années. Il y a... Il y a
une... seulement une fraction de ça pour l'instant qui a eu lieu en matière
d'appel d'offres. Donc, il reste de la place pour convenir d'ententes pour la
suite, absolument, on encourage les gens.
M. Poulin : Comment de
secondes?
Le Président (M. Ciccone) : 30
secondes.
M. Poulin : 30 secondes.
Bien, vous remercier, tout à fait, parce qu'effectivement des grandes
entreprises que vous connaissez, qui sont des partenaires d'Hydro-Québec de
longue date, peuvent mettre plusieurs projets au jeu et, s'ils en remportent
un, deux ou trois, bien, sont contents. Puis on sait tous qu'on vit dans un
contexte de rareté de main-d'oeuvre, mais de maintenir cette cadence d'appel
d'offres là est important parce que l'acceptabilité sociale, des fois, elle
n'est pas acquise sur une longue période. Donc, quand on réussit à l'obtenir
dans la communauté, c'est une bonne nouvelle. Je vous remercie.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Et je cède maintenant la parole au chef de l'opposition
officielle pour un temps alloué de 13 minutes 33 secondes.
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Merci, encore une fois, M. Sabia et toute votre équipe qui... qui vous
accompagne. Vendredi dernier, à une interpellation de mon collègue de
Jacques-Cartier, le ministre délégué à l'Économie a parlé d'au Québec faire fi
des forces d'inaction. M. Sabia, pour vous, c'est qui, les forces d'inaction au
Québec?
M. Sabia (Michael) : Pourriez-vous
répéter? Vous avez dit...
M. Tanguay : Il y a eu une
interpellation vendredi dernier. Le ministre délégué à l'Économie, le ministre
caquiste a parlé : Au Québec, pour développer notre énergie, nous devons
nous atteler à éliminer les forces d'inaction. Pour vous, est-ce que c'est un
concept qui existe chez vous, les forces...
M. Tanguay : ...d'action,
comment vous le définissez?
M. Sabia (Michael) : Ce n'est
pas ma façon de penser à la nature du défi.
M. Tanguay : Pourquoi?
M. Sabia (Michael) : Parce
que ce n'est pas une force d'inaction. Selon moi, la question, c'est... Je
pense à cette question autrement et de sens presque inverse. La question, ce
n'est pas force d'inaction, c'est une question de mobilisation. Et donc il faut
faire des choses au niveau du gouvernement, nous mêmes à Hydro-Québec, d'autres
parties prenantes pour mobiliser l'ensemble de la société. Et c'est la raison
pour laquelle j'utilise souvent la phrase «un projet de société» pour mobiliser
des choses, pour réaliser ces objectifs et pour saisir le moment, un moment,
selon moi, absolument crucial pour l'avenir du Québec. Donc, ma façon de penser
à cette question, c'est plus en termes positifs, de mobilisation, encourager
des choses, créer des initiatives, créer un environnement où le Québec va
accélérer des choses. Et donc...
M. Tanguay : Merci beaucoup.
Merci, M. Sabia. Et je vous remercie beaucoup, je sais que je vous demande
des questions complexes, alors la réponse doit être minimalement longue, mais
je vous remercie pour votre coopération. Il me reste déjà...
M. Sabia (Michael) : ... de
répondre en courtes phrases.
M. Tanguay : Vous pouvez?
M. Sabia (Michael) : Après
plusieurs années, incapable.
M. Tanguay : Vous êtes
incapable? Ah, mais essayons de cheminer...
M. Sabia (Michael) : C'est
une faiblesse de ma part. Avec mes excuses.
M. Tanguay : Je vais avoir la
même approche que vous. Je vais vous encourager à... Alors, nucléaire, y
aura-t-il des analyses qui... est-ce qu'il y a des analyses au moment où on se
parle qui ont débuté chez Hydro-Québec, des analyses par rapport au nucléaire?
Est-ce qu'il y a des analyses en cours?
M. Sabia (Michael) : Analyses
en cours actuellement? Non.
M. Tanguay : Quand vont-elles
commencer?
M. Sabia (Michael) : Nous
allons, comme nous disons dans le plan, dans le plan d'action, nous allons
continuer dans l'avenir à étudier. Nous avons fait, pas vraiment une étude,
mais nous avons demandé à l'ancien SNC-Lavalin, mais maintenant, c'est
AtkinsRéalis, ils ont fait une, quel est le bon mot, une analyse, mais à
50 000 pieds sur la viabilité de Gentilly. Pour l'instant, nous avons...
étant donné les enjeux d'acceptabilité sociale, de ne pas continuer avec ça.
Mais ceci dit, on a des choses, il y a beaucoup de choses, beaucoup d'évolution
dans les technologies, donc nous nous intéressons potentiellement dans l'avenir
sur les petits réacteurs modulaires qui pourraient être bien structurés pour
certains endroits au Québec, mais ce n'est pas quelque chose qui fait partie du
plan. Il n'y a aucune, pas un seul mégawatt qui vient du nucléaire dans le
plan.
M. Tanguay : Je comprends.
L'analyse de SNC-Lavalin date de quelle année?
M. Sabia (Michael) : Cette
année.
M. Tanguay : Est-ce qu'il
serait possible d'en avoir une copie?
M. Sabia (Michael) : Probablement
oui.
Mme Bouchard (Claudine) : En
fait, si je puis me permettre, il faudra demander la permission au fournisseur
de SNC-Lavalin, parce qu'il y a quand même de l'information qui leur
appartient, mais...
M. Tanguay : Mais vous avez
payé, Hydro-Québec, pour l'analyse, donc c'est vous le client qui avez le
droit.
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
oui, je suis d'accord, mais on va le regarder, là, puis on va vous revenir. Je
ne voudrais pas...
M. Tanguay : On ne serait
trop...
M. Sabia (Michael) : ...à
l'aise.
Mme Bouchard (Claudine) : S'ils
sont à l'aise, il n'y a pas de soucis.
M. Tanguay : Mais vous avez
payé pour, c'est à vous, le privilège vous appartient, légalement.
Mme Bouchard (Claudine) : Mais
c'est basé sur leur connaissance. Mais on va le valider. On va valider les clauses
contractuelles puis va vous revenir, d'accord?
M. Tanguay : Vous avez payé
pour. O.K. Parfait. Merci pour ça. Merci pour...
Mme Bouchard (Claudine) : Parce
qu'on ne voulait pas l'inverse non plus, qu'eux le divulguent, alors on a
pris... on a mis... on a pris soin de s'assurer d'avoir une entente de
confidentialité qui va dans les deux sens. Ça fait qu'on va regarder qu'est-ce
qu'on est capable de faire, puis on vous revient, O.K.?
Le Président (M. Ciccone) : Juste
un instant, mais je ne prendrai pas votre temps, M. le chef de l'opposition
officielle, si vous avez des documents à déposer, vous devez les déposer à la
fin, avant la fin de cette audition-là.
M. Sabia (Michael) : ...
M. Tanguay : ...au
secrétariat dans les semaines qui vont suivre.
Le Président (M. Ciccone) : Ou
les transmettre plus tard.
M. Sabia (Michael) : Impossible.
Également, pour répondre à votre question, nous aurons juste quelques jours
pour préparer le document.
M. Tanguay : Mais vous
pourrez... je vous invite, ça se fait, là, vous pouvez les fournir au
secrétariat de la commission dans les semaines qui suivent, après votre
analyse, bien évidemment. Vous avez dit, M. Sabia, un peu plus tôt :
«Pour différents projets, il y a des structures de financement qui sont
différentes». Quels projets appellent la part du privé? Quel type de projet
appelle la part du privé?
M. Sabia (Michael) : Oh,
selon... ce n'était pas mon point. Mon point était... il y a toutes sortes...
M. Sabia (Michael) : ...de
structures financières que nous pourrions utiliser pour financer nos propres
projets, donc... et nous sommes juste au début de la planification de... des
ces projets. Donc, ce n'était pas une question de privé ou pas privé, c'est une
question de : Est-ce que nous allons financer un projet sur les marchés
publics, sur les marchés privés, dans un financement hautement structuré? Donc,
on a plusieurs options pour financer les projets, qui... qui... Et ces... cette
variation aura un impact sur l'ensemble des coûts. C'était mon point plus tôt.
• (16 heures) •
M. Tanguay : Je comprends.
Est-ce qu'au Québec on doit faire une place accrue au privé dans votre plan?
M. Sabia (Michael) : Oui, je
pense que... je pense, le... il y a toujours des occasions de créer des
partenariats, mais, selon moi et selon nous, la question n'est pas
nécessairement... et je vais vous donner des exemples, ce n'est pas
nécessairement avec le privé, et peut-être ils pourraient être avec le privé,
mais également nous pensons sérieusement actuellement à la structure de... de
créer un nouveau genre de partenariat avec la communauté autochtone. Nous
pensons actuellement à l'idée de créer des partenariats pour les petites
centrales qui ne sont plus en... en exploitation. Mais il y a des occasions
intéressantes pour faire quelque chose en partenariat avec une municipalité et
potentiellement une communauté autochtone.
Donc, pour répondre à cette question,
est-ce qu'on est ouverts à l'idée du partenariat? Oui. Est-ce que nous avons
une perspective sur le privé ou non? Honnêtement, pas vraiment.
M. Tanguay : Merci. Vous avez
dit... et je sais que vous en avez touché rapidement, puis ça se peut que ça...
votre réponse soit très courte, auquel cas n'hésitez pas. Tarifs industriels
sont trop bas, vous l'avez affirmé à matin.
M. Sabia (Michael) : Qu'est-ce
que vous avez dit?
M. Tanguay : Les tarifs
industriels sont trop bas.
M. Sabia (Michael) : Sont
trop bas? Je n'ai pas dit ça.
M. Tanguay : C'est... C'est
ce que j'avais noté ce matin.
M. Sabia (Michael) : Non, je
n'ai pas dit ça.
M. Tanguay : Quand vous
compariez avec les autres législations.
M. Sabia (Michael) : Non,
j'ai... Non.
M. Tanguay : Qu'est-ce que
vous avez dit? Je vous en prie.
M. Sabia (Michael) : J'ai dit
qu'il y a un écart...
M. Tanguay : Est-ce qu'on
doit combler cet écart-là?
M. Sabia (Michael) : ...mais,
le mot «trop» représente un jugement. Et moi, je n'ai pas fait un jugement par
rapport au niveau. Donc, j'ai dit : On a un écart. Et oui, cet écart
existe.
M. Tanguay : Est-ce que... Et
pourquoi vous le... Pourquoi mentionniez-vous ce fait? Parce que vous voulez le
combler ou vous faisiez juste le mentionner sans aucune intention?
M. Sabia (Michael) : Non, je
pense que l'idée de l'écart est une... Le fait... ce n'est n'est pas une idée,
le fait de cet écart est important. Pourquoi? Parce que ça, c'est quelque chose
qui... qui... qui va continuer à renforcer la compétitivité de l'économie
québécoise. Et ça, c'est un élément important pour naviguer cette
transformation, la... la transition énergétique et économique. Donc, cet écart
nous donne un avantage concurrentiel à l'échelle mondiale qui est extrêmement important.
Et donc notre objectif... Oui, il y aura très probablement... parce qu'ailleurs
dans le monde... Nous sommes à 50 % de l'énergie au Québec qui vient des
sources... des énergies fossiles. Dans le reste du monde, c'est 80 %.
Donc, dans plusieurs pays, ils vont lancer des programmes d'investissement, et
les programmes sont en cours et avec un impact sur leurs tarifs. Ça, c'est
inévitable. Mais cet écart qui vient du bloc patrimonial est un avantage
concurrentiel pour nous qui est primordialement important.
M. Tanguay : Donc, pour vous,
il n'est pas question de toucher à cet avantage compétitif là. Quand on
compare...
M. Sabia (Michael) : Nous
avons dit... Pardon.
M. Tanguay : ...quand on
compare les tarifs industriels payés au Québec versus les tarifs industriels
ailleurs, pour vous, il faut préserver ça, il ne faut pas aller jouer
là-dedans.
M. Sabia (Michael) : Préserver
l'écart.
M. Tanguay : Préserver
l'écart, parfait. Puis, si tout le monde monte, on monte.
J'ai une question à 100 milliards de
dollars. Puis je ne suis pas en train de dire que, si vous avez la bonne
réponse, je vous donne 100 milliards, là, parce que ça serait trop facile. Vous
avez, Hydro-Québec, le bilan d'énergie en approvisionnement existant. On sait
qu'à partir de 2027...
16 h (version non révisée)
M. Tanguay : ...on a un besoin
de 1,1 térawattheure, après ça, en 2026, ce n'est plus 1,1, c'est huit, 14
jusqu'à 60,5 en 2035. Ma question : Avez-vous une ébauche d'un calendrier
des livrables pour venir combler ce besoin-là? Parce que moi, dans votre plan,
vous me suivez parfaitement bien, j'ai la finalité, mon 60,5, il est là, il
représente 8 à 9 000 mégawatts, mais qu'en est-il, de mon livrable,
moi? Puis vous, comme gestionnaire d'expérience, vous devez absolument avoir ce
document-là. Mon livrable fait en sorte que, mon 1,1 en 2027, je le comble avec
telle portion de telle, telle, telle source, mon huit, un an après, je le
comble... Vous comprenez? Avez-vous ça, ce document-là?
M. Rhéaume (Dave) : Donc, ce
n'est pas un document, c'est une stratégie qui est reflétée dans le plan d'action.
Donc, vous avez, dans le plan d'action, la contribution de chacune des filières
énergétiques. Donc, sur la durée, 2035, c'est assez intuitif. Évidemment, les
grands ouvrages hydroélectriques arrivent vers la fin de la période, alors que
les moyens d'efficacité énergétique sont plus faciles à déployer. Miser sur les
importations, miser sur différentes technologies sont davantage au début de la
période. Donc, si vous aviez à le répartir, d'abord, on travaille sur le
consommer moins, le consommer mieux, au milieu de la période, on pense qu'on va
avoir des approvisionnements éoliens importants puis, vers la fin de la
période, on a davantage la portion qui provient de la filière hydroélectrique.
M. Tanguay : Je suis
excessivement surpris que vous me dites que c'est intuitif. Ça ne peut pas être
intuitif.
M. Rhéaume (Dave) : Ce n'est
peut-être pas le bon choix de mot, mais ce que je cherchais à dire, c'est... il
y a évidemment des technologies qui sont plus faciles à déployer d'un point de
vue temporel que d'autres.
M. Tanguay : Je comprends,
mais vous devez avoir une pensée, minimalement, élaborée là-dessus. 2027, c'est
demain matin. Vous allez avoir besoin de 1,1, après ça, l'année d'après, de 8,
et ainsi de suite. Ça peut être... Ça doit être autre chose qu'intuitif. Et je
suis persuadé que, parce que vous êtes des professionnels, vous êtes des
experts, il y a un tableau à quelque part avec une ventilation de dire :
Un éolien, on est capable de livrer ici, et ainsi de suite, barrage, papi papa.
Existe-t-il... Rassurez-moi, il y a une réflexion qui existe.
M. Rhéaume (Dave) : Absolument.
En déployant un plan, on s'assure que le plan va permettre de répondre à la
demande, et on sait ce qu'on a à faire pour répondre à cette demande-là.
M. Tanguay : On peut le
savoir? Nous... Moi, c'est la page ou l'annexe que j'aurais... qui est... selon
moi, manque à ce plan-là, c'est l'annexe des livrables. Est-ce qu'on peut l'avoir?
M. Sabia (Michael) : Mais il
y a une chose importante ici. Ce n'était pas pour rien que nous avons lancé un
processus de concertation, ce n'est pas pour rien que je viens de parler des
choix qu'il faut faire en termes de sources d'énergie. Donc, première étape,
concertation, deuxième étape, un plan, potentiellement, révisé pour refléter le
contenu que nous avons reçu de ce processus de concertation, troisième étape,
planification en détail, planification en détail avec les échéances. Donc, nous
allons arriver à ça absolument, avec aucune hésitation, mais est-ce que ça
existe actuellement? Non, nous allons mettre l'accent sur consultation,
révision et, ensuite, planification en détail.
M. Tanguay : Je n'ai déjà
plus de temps de commencer ici. On commençait à s'échauffer.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci beaucoup, M. le chef de l'opposition officielle. Merci beaucoup. Juste
une petite précision, là, à titre informatif, quand il y a un dépôt de
documents, pour que ce soit rendu public, il faut que ce soit fait avant les
fins des auditions. Ça peut toujours être fait après les auditions, ça va être
remis au secrétariat, et là les membres de la commission vont être capables d'en
prendre connaissance. Alors, on va passer maintenant la parole au député de
Maurice-Richard pour quatre minutes 31 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Moi, je voudrais parler de la question de la dénationalisation, on a
parlé beaucoup d'autoproduction dans les dernières semaines, peut-être ma
première question sur les 9 000 mégawatts prévus jusqu'en 2035 et
puis les, carrément, 200 térawattheures jusqu'en 2050. Est-ce que l'autoproduction
est incluse dans ce plan-là ou c'est carrément à l'extérieur?
M. Sabia (Michael) : ...par
exemple, nous avons parlé de...
M. Bouazzi : Par exemple, TES
Canada.
M. Sabia (Michael) : La
question de... les
Des voix : ...
M. Sabia (Michael) : Les
panneaux solaires, donc.
M. Rhéaume (Dave) : Les
panneaux solaires chez les particuliers, par exemple, sont inclus là-dedans.
Donc, si le client résidentiel se... ce sont des...
M. Bouazzi : Et un projet
comme TES Canada, à Shawinigan, est-ce que... on parle quand même de 2 000 mégawatts
en éoliennes, est-ce que c'est inclus ou ce n'est pas... Ce genre de projet
est-u exclu?
M. Rhéaume (Dave) : On est...
C'est exclu. Donc, on... S'il y a un projet privé de production, il est exclu
de la planification d'Hydro-Québec.
M. Bouazzi : Donc, s'il y a
une autre demi-Hydro-Québec qui est faite dans le privé, il ne fait pas partie
de l'Hydro-Québec qu'on doit rajouter actuellement d'ici 2050.
M. Sabia (Michael) : Donc,
laissez-moi répondre à cette question parce que vous soulevez une question...
M. Bouazzi : Non, mais la
réponse était claire. Si je veux bien, j'ai d'autres questions. Je comprends
que ça ne fait pas partie. Puis effectivement, quel que soit ce qui va se faire
en autoproduction, ce n'est pas dans le plan que vous avez fait. Je pense que
la réponse est très claire. Je vais rentrer dans les détails.
M. Sabia (Michael) : Je suis
en désaccord.
M. Bouazzi : O.K.,
excusez-moi, j'ai mal compris peut-être.
M. Sabia (Michael) : Donc,
Dave vous a dit que ce n'est pas inclus dans notre plan, mais c'est toute une
autre question, parce qu'une initiative de cette nature, test qui a certains
avantages, et je ne veux pas prendre beaucoup de votre temps pour passer à
travers les avantages de ce projet, mais également ce projet est une nouveauté.
Et, avec les nouveautés, il faut être prudent, il faut être, et le mot clé,
bien coordonné. Donc...
M. Bouazzi : ...
M. Sabia (Michael) : Non,
non, mais donc la question des projets, parce que vous êtes en train de
suggérer qu'il y... il pourrait être toutes sortes de tests. Mon point, c'est
chacun de ces projets demande beaucoup de coordination. Et ça, c'est ce que
nous allons faire.
• (16 h 10) •
M. Bouazzi : C'est très bien.
Ce n'est pas moi qui le suggère, c'est le ministre de l'Économie lui-même. Dans
le projet-test lui-même, dans la loi en fait, l'autoproduction, c'est pour...
où sur le terrain ou je lis «un emplacement adjacent au site de la production»,
adjacent... à la frontière de, on a vérifié dans le dictionnaire hier. Est-ce que
vous pensez, vous, que Cintech, par exemple, c'est adjacent à un terrain qui
est à Shawinigan?
M. Rhéaume (Dave) : Non, en
fait, c'est qu'il y a deux clauses dans la loi. Il y en a une sur les terrains
adjacents, mais il y en a une sur les réseaux de transport privé. Donc, c'est à
cause... dans ce cas-ci, que le développeur a l'intention de bâtir son propre
réseau de transport et de ne pas utiliser le réseau de transport d'Hydro-Québec
que ça se qualifie.
M. Bouazzi : Donc,
actuellement, vous avez un monopole sur le réseau de transport sur tout le
territoire du Québec, faire un transport d'à peu près n'importe où vers une
compagnie aujourd'hui, ça ne contrevient pas à la loi de votre monopole sur le
transport?
M. Rhéaume (Dave) : Pas à
notre interprétation. Non. En fait, il y a... c'est des cas rares, c'est vrai,
mais il y a d'autres cas d'entreprises qui possèdent des réseaux de transport
aujourd'hui au Québec.
M. Bouazzi : C'est des droits
acquis, on s'entend.
M. Rhéaume (Dave) : Il y en a
qui sont faits récemment. Donc, il y a des grands projets industriels qui, pour
des raisons stratégiques qui leur appartiennent, on dit : Nous, on...
rejoignez nous là puis nous, on va s'occuper du reste de notre réseau de
transport pour être capable de répondre à notre besoin. Donc, c'est une des
exceptions à la loi.
M. Bouazzi : Et ce n'est pas
sur leur terrain?
M. Rhéaume (Dave) : Et ce
n'est pas sur leur terrain.
M. Bouazzi : Et ce n'est pas
adjacent?
M. Rhéaume (Dave) : Et ce
n'est pas adjacent.
M. Bouazzi : Donc, si demain,
moi, pour ma propre usine, je mets une éolienne à 300 kilomètres et que je
tire un câble, ça ne contrevient pas au monopole d'Hydro-Québec.
M. Rhéaume (Dave) : C'est en
effet notre compréhension de la loi.
M. Bouazzi : Écoutez, il va y
avoir des conversations de juristes parce que je vous avoue que ce n'est pas
vraiment l'interprétation qui est faite par beaucoup, beaucoup de spécialistes.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : Et évidemment,
nous, ça ne peut que nous inquiéter par rapport au monopole qui est très cher
et que vous avez introduit vous même, qui fait qu'aujourd'hui on est capables
de coordonner toute cette énergie et d'être en très bonne position pour la
suite, c'est bien parce que c'est nationalisé. Et paix à l'âme de M. René
Lévesque.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de
Jean-Talon pour 3 min 26 s.
M. Paradis : Faut-il
augmenter la production? De quelle façon? Des barrages? L'éolien? Le nucléaire?
Quelle place pour le privé? On est vraiment dans des questions existentielles
pour le peuple québécois.
J'allais vous poser la question
initialement, quel genre de consultations ont eu lieu pour arriver au plan
d'action, mais en fait je vais changer ma question parce que j'ai entendu
beaucoup de choses que j'ai aimées. Vous nous avez dit : Il faut avoir une
discussion sur les choix. C'est un projet de société. Nous avons besoin d'une
conversation. On cherche les réactions, dites-nous, c'est ce que vous nous avez
dit tout à l'heure. La société civile, les Québécoises et les Québécois
doivent, je pense, participer à cette conversation, est-ce que vous pourriez
prendre un engagement aujourd'hui à avoir un lieu comme celui-ci, mais pour la
société civile québécoise, pour des gens qui veulent pouvoir s'adresser à vous
et à votre équipe?
M. Sabia (Michael) : Nous
sommes en train de développer maintenant les moyens les plus efficaces pour
chercher des idées pour donner aux Québécois et Québécoises accès à
Hydro-Québec de continuer leurs réflexions. Et donc, c'est exactement ce que
nous allons faire. Également, il y aura tout un programme de rencontres avec
les municipalités, avec les autochtones, avec les experts, avec les groupes
environnementaux. Donc, notre ambition, d'ici quatre, cinq mois, cinq, six
mois, est d'avoir un processus...
M. Sabia (Michael) : ...hautement
inclusif.
M. Paradis : Est-ce qu'on
pourrait... C'est très agréable d'échanger avec vous et avec la haute
direction. Est-ce qu'on pourrait avoir un engagement...
M. Sabia (Michael) : C'est
probablement plus agréable pour vous que pour nous.
M. Paradis : Mais... Mais,
pour vous aussi, ça peut être très agréable. C'est un échange constructif.
Est-ce qu'on pourrait avoir un engagement à ce que vous... vous participiez
vous-même, à ce que cette équipe participe à un échange avec des représentants
de la société civile québécoise?
M. Sabia (Michael) : Pourquoi
pas?
M. Paradis : Très bien,
merci. Prenons l'exemple, les barrages, où les faire s'il y en a et en faut-il,
quelles rivières? Le nucléaire, vous nous dites : On veut continuer à
étudier la possibilité. Le ministre s'est déclaré ouvert; le premier
ministre : Non, on ne touche pas à ça. En fait, ça m'amène une grande
question aussi que j'ai le goût de vous poser candidement, parce que, dans les
derniers jours, moi, j'ai parlé à beaucoup d'organisations, beaucoup de gens,
et certains ont dit : Bien, les grandes décisions sur, notamment, l'avenir
de la production électrique au Québec, on ne sait plus où ça se prend, comment
ça se prend. Certains disent : Ça se prend derrière des portes closes par
un nombre très limité de personnes. J'ai le goût de vous poser la question...
M. Sabia (Michael) : ...
M. Paradis : ...mais j'ai le
goût de vous poser la question à vous. Où se décide l'avenir de la production
électrique actuellement au Québec et par qui?
M. Sabia (Michael) : Nous
avons proposé... Je pense que nous avons fait une contribution importante à ce
processus avec la présentation de notre plan. Maintenant, on va chercher des
réactions, on va faire des révisions. Et donc, disons, au printemps, nous
allons très probablement présenter un plan révisé qui reflète les intrants que
nous avons reçus lors de ce processus de consultation.
M. Paradis : Si vous avez un
Québécois, une Québécoise devant vous, là, qui vous demande ça, il dit :
Mais qui décide s'il va y en avoir, des barrages ou du nucléaire, ou pas, qui
décide au Québec, vous répondez quoi, vous?
M. Sabia (Michael) : Bien, en
ce qui concerne, par exemple, un barrage, c'est très, très, très probable, un
barrage, si on décide d'embarquer sur un tel projet, c'est quelque chose que
nous allons... que nous allons faire en partenariat avec... très, très, très
probablement avec une communauté autochtone, donc... Mais c'est toujours dans
un mode de collaboration. Et donc ça, c'est notre façon de faire des choses,
qui...
Le Président (M. Ciccone) : Ah!
finissez votre phrase, M. Sabia. Finissez votre phrase.
M. Sabia (Michael) : Non, ça
va.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
beau? Parfait. Alors, c'est ce qui met fin au troisième bloc. Si vous voulez
bien, chers collègues, on va prendre une petite pause une dizaine de minutes
avant de commencer le quatrième bloc.
On suspend les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 17)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M. Ciccone) :
Bonjour. Alors, nous sommes de retour. Nous sommes maintenant rendus au
bloc 4, Collaborer plus étroitement avec les communautés autochtones.
Donc, j'invite donc les représentants d'Hydro-Québec à faire leurs
présentations, puis, comme d'habitude, vous avez un maximum de 15 minutes.
Et je crois comprendre que vous avez une nouvelle invitée avec vous, une
nouvelle collègue. Est-ce vous pouvez vous présenter, s'il vous plaît?
Mme Boucher (Julie) : Bien
sûr. Bonjour. Julie Boucher, vice-présidente Développement durable, relations
avec les communautés et communications.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. Sabia (Michael) : Oui, M.
le Président, je pense que c'est évident, dans les dernières années...
décennies, en tout cas, la grande majorité des projets d'infrastructure
d'Hydro-Québec ont été réalisés sur les terres ancestrales des nations
autochtones. Ces projets ont mené à des impacts importants pour les
communautés, ils ont aussi généré des retombées économiques très importantes
pour le Québec. Cependant, celles-ci n'ont pas toujours été partagées de la
manière la plus équitable avec les communautés autochtones.
Selon nous, aujourd'hui, à travers le
pays, à travers le Canada, le Canada s'est engagé sur un chemin vers la
réconciliation avec les Premières Nations et les Inuits, c'est-à-dire
reconnaissance, respect et partenariat. En termes simples, en fin du compte, le
monde a beaucoup changé. Dans cet esprit, nous allons travailler avec les
communautés autochtones du Québec afin de réaliser une réconciliation
économique. Une approche traditionnelle axée sur la compensation n'est plus
adéquate, point à la ligne. C'est une vieille mentalité, et nous allons changer
cette perspective. Donc, nous allons faire un virage important, passer de la
compensation à une approche de véritable partenariat où les bénéfices sont
partagés plus équitablement.
La transition énergétique nous donne
l'occasion unique de changer notre approche, d'aller plus loin et de faire
mieux. C'est pourquoi nous allons avoir un dialogue avec les Premières Nations
et les Inuits pour élaborer avec eux, avec eux, un plan de réconciliation
économique. Et ce plan sera basé sur trois principes fondamentaux.
Numéro un, premièrement, les partenariats
financiers avec les communautés autochtones. Nous souhaitons aller plus loin
dans le partage de la richesse générée par les projets énergétiques. Un
partenariat, c'est la participation économique dans les bénéfices du projet. L'idée
centrale, c'est de créer des sources de revenus autonomes qui peuvent être
utilisées par les communautés autochtones comme eux le souhaitent selon leurs
propres priorités. Par exemple, le développement économique, la préservation de
la culture, de la langue, des activités traditionnelles ou le développement des
occasions pour les jeunes. Mais le point qui est fondamental, c'est les
communautés qui vont...
M. Sabia (Michael) : ...décider
quoi faire. Un bon exemple, juste au début, c'est un petit exemple, mais quand
même un exemple important, nous avons créé un partenariat avec le Conseil
mohawk de Kahnawake pour la ligne qui connecte notre réseau aux États-Unis.
Donc, le conseil et notre partenaire dans une coentreprise qui partage les
bénéfices liés au projet, il est aussi impliqué dans plusieurs aspects du
projet comme les études environnementales, les permis, autorisations et travaux
archéologiques. Donc, un exemple intéressant. Donc, premièrement, la question
de partenariat et la participation financière dans nos projets.
• (16 h 30) •
Deuxième principe, simplifier l'accès aux
financements, être un bon partenaire et aussi dire qu'Hydro-Québec sera prête à
aider avec le coût lié aux prises de participation des communautés autochtones,
et nous allons explorer différentes formules de financement concessionnel.
Troisième principe, inclure les
communautés dans un processus plus transparent de planification de nos projets
majeurs. Au-delà de leur participation financière, nous souhaitons collaborer
plus activement avec les communautés et entreprises autochtones à toutes les
phases du projet, par exemple la participation, une participation à
l'évaluation des impacts environnementaux. On va évidemment aussi continuer à
soutenir les entreprises autochtones dans notre réseau de fournisseurs et faire
de la formation et les embauches comme nous l'avons fait dans le passé. Mais ce
que nous avons fait dans le passé n'est plus suffisant. En effet, un aspect
incontournable pour forger des meilleurs partenariats est qu'Hydro-Québec
devienne plus représentatif de la diversité de ses partenaires. Et donc nous
allons accroître la représentation des Premières Nations et les Inuit dans nos
activités à Hydro-Québec, nous allons adapter nos pratiques de recrutement et
développer des solutions pour créer un milieu de travail qui tient mieux compte
des réalités et de la culture des communautés autochtones.
Donc, notre approche de réconciliation
économique devra aussi faire l'objet de discussions avec les communautés
elles-mêmes pour affiner l'ensemble de nos propositions. Nos échanges avec
plusieurs communautés autochtones sont amorcés et nous allons continuer de
faire au cours des prochains mois. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Sabia. Je cède maintenant la parole au député de Joliette.
M. St-Louis : Merci beaucoup,
M. le Président. Permettez-moi d'abord de souhaiter la bienvenue à M. Sabia,
Mme Bouchard, Mme Boucher, M. Aucoin. Merci d'être ici aujourd'hui. On connaît
tous l'importance de cultiver de bonnes relations et de bien nourrir le
vivre-ensemble avec les 11 nations, les 11 Premières Nations du
Québec. Il y a à peu près un an, le premier ministre, au salon rouge, lors de
l'assermentation du Conseil des ministres, disait que la responsabilité des
relations avec les Premières Nations n'était pas uniquement celle du ministre
Lafrenière, mais bien celle de tout le gouvernement. Ce qui m'amène à ma
première question : Comment comptez-vous collaborer avec le gouvernement
dans votre approche avec les communautés autochtones?
M. Sabia (Michael) : Nous
sommes toujours ouverts à l'idée de collaborer avec le gouvernement. Nous
sommes en train, actuellement, de faire certaines conversations, certaines
discussions, d'un côté, avec le gouvernement, de l'autre côté, avec une
communauté autochtone. Donc, on est toujours ouverts à l'idée de collaboration.
Ceci dit, sur la question de la participation d'une communauté autochtone dans
un développement éolien ou développement hydroélectrique, quelque chose...
essentiellement, c'est nous qui va négocier la structure financière de leur
participation. Mais, si le gouvernement nous demande d'avoir une collaboration
avec le gouvernement sur ces sujets, nous n'avons aucun problème avec ça.
M. St-Louis : Merci. Vous
présentez, dans votre nouveau plan... dans le plan d'action, la priorité numéro
quatre comme étant une piste initiale de...
16 h 30 (version non révisée)
M. St-Louis : ...pourquoi?
M. Sabia (Michael) : Oh!
parce que c'est... Je vais prendre un peu de recul. Donc, depuis ma nomination
ou mon arrivée, mon arrivée en haut à Hydro-Québec, Julie, Claudine, moi-même,
nous avons visité plusieurs, plusieurs communautés autochtones et toujours dans
une... dans une perspective de : on est à l'écoute. Nous devrions et nous
voudrions comprendre mieux. Et donc c'est dans cet esprit que nous avons dit
que c'était une... une proposition, disons, initiale parce qu'on cherche la
contribution et les perspectives de ces communautés.
Donc, ce n'est pas... Mais ça, c'était le
problème du passé, une situation dans le passé où Hydro-Québec ou le
gouvernement... soit gouvernement du Québec ou gouvernement du Canada, les
gouvernements ont imposé des choses, mais ce n'est pas quelque chose qui
fonctionne. Et, dans un encadrement, dans une structure de réconciliation, la
seule façon d'aller de l'avant est en... dans un esprit de partenariat, et,
dans ce cas, un esprit de partenariat demande au début que nous sommes bien à l'écoute.
M. St-Louis : Lorsque vous
parlez de partenariat, est-ce que vous pouvez m'en parler un peu plus en termes
de type de partenariats possibles avec les communautés?
M. Sabia (Michael) : ...chose
simple, je vais utiliser l'exemple de... de Kahnawake et la... la structure
de... de cette coentreprise. Donc, Julie, voulez-vous le faire?
Une voix : Allez-y, c'est
comme vous voulez.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Donc... c'était Julie qui a négocié cette entente. Donc, on a une ligne de
transmission. Et donc nous avons structuré une coentreprise qui,
essentiellement, est la propriétaire de ces lignes. Et cette communauté,
Kahnawake, ils sont propriétaires d'un certain pourcentage de ces lignes de
transport avec, donc, le droit des revenus qui viennent de ces activités. Donc,
ça, c'est un exemple, un exemple assez simple. Et la coentreprise est
structurée d'une façon assez simple. Ils ont des options pour... le conseil de
Kahnawake, dans l'avenir, d'ajuster leur participation. Mais donc ça, c'est une
modèle que nous pourrions utiliser dans plusieurs circonstances, mais ça dépend
des besoins, les intérêts de chacune de ces communautés.
Une chose qui m'a frappé lors de l'ensemble
de mes rencontres avec les communautés autochtones, il y a une variation très
importante entre les besoins de chacun, leurs préférences. Donc, ce n'est pas
une situation où nous devrions imposer un modèle, de leur dire que, O.K., donc,
nous avons la structure de partenariat, c'est ici, oui ou non? Pas du tout
notre approche. Il faut avoir une approche beaucoup plus flexible qui est en
mesure de comprendre les variations, les besoins qui sont... comme je disais,
qui sont tellement différents entre plusieurs communautés autochtones.
Donc, on est juste au début de cette
démarche de trouver un modèle de réconciliation économique. Mais je pense que c'est
la seule façon de développer l'énergie dont nous avons besoin, mais de le faire
de façon beaucoup plus équitable et d'utiliser le bénéfice de la production de
cette énergie d'une façon qui permet ces communautés de poursuivre leurs
objectifs et de décider quoi faire avec des sources de revenus que nous allons,
ensemble, que nous allons créer dans chacune de ces coentreprises. Donc, ça, c'est
l'essence... l'essentiel de l'idée.
M. St-Louis : Donc, est-ce qu'on
pourrait dire, à ce moment-là, qu'Hydro-Québec aurait l'ouverture de
recevoir...
M. St-Louis : ...les
initiatives et les propositions de certaines communautés.
M. Sabia (Michael) : Tout à
fait. Par exemple, dans le développement des éoliennes. Il y a plusieurs
communautés qui s'intéressent et qui sont à l'aise et franchement plus à l'aise
de faire affaire avec nous, que de faire affaire avec d'autres organisations.
Est-ce que nous sommes ouverts à l'idée de faire affaire avec eux dans une
co-entreprise, Hydro-Québec et communautés autochtones? Absolument, la réponse
est oui, parce que ça va créer des occasions pour cette communauté, mais
également ça va augmenter la production d'énergie dont nous avons besoin, de
puissance dont nous avons besoin, qui viennent des plus grands développements
des éoliennes.
• (16 h 40) •
M. St-Louis : Donc, dans le
même ordre d'idées, on sait qu'il y a des réservoirs au Québec, où il y a des
barrages, mais il n'y a pas de centrale. Quelle serait la place de plus petites
centrales hydroélectriques, de projets dans votre...
M. Sabia (Michael) : Voulez-vous
parlez des petites centrales ou...
Une voix : Bien, allez-y, de
façon générale, j'irai après, si vous voulez.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Donc, il y a plusieurs... Par exemple, on a actuellement plusieurs, quatre,
cinq, six petites centrales qui ne sont plus en exploitation par Hydro-Québec.
Mais chacun, selon eux, représente une occasion intéressante de créer,
peut-être, avec notre participation financière ou non, mais de créer un
partenariat, disons, entre une municipalité et une communauté autochtone, ou
peut-être un troisième élément, la présence d'Hydro-Québec. Mais, dans ce cas,
le rôle le plus important pour Hydro-Québec est entré dans une contrainte pour
acheter la puissance qui vient de cette petite centrale, parce qu'avec un
engagement à long terme de notre part en tant qu'acheteur, ça rend le projet
finançable. C'est possible de financer le projet pour soit la communauté
autochtone ou la municipalité parce qu'on est là comme acheteur.
Donc, ça, c'est une autre façon pour nous
de mieux utiliser ces installations, parce que ce n'est pas nécessaire, dans
tous les cas, que nous sommes opérateurs. Nous pourrions être opérateurs, mais
ce n'est pas toujours nécessaire, si nous sommes en mesure de travailler avec
une communauté autochtone ou une municipalité.
M. St-Louis : Merci. Combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) : Il
reste 12 minutes.
M. St-Louis : 12 minutes. Je
cèderais la parole, si vous permettez, à mon collègue député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député, à vous la parole.
M. Bernard : Merci. Merci.
Qui dois-je remercier, le président ou mon collègue?
Le Président (M. Ciccone) : Bien,
le collègue...
M. Bernard : Merci beaucoup.
Je vais essayer de parler un petit peu, j'ai une petite extinction de voix,
mais je ne parlerai pas fort, mais le micro va faire le travail. Je suis
vraiment content de vous entendre, M. Sabia, sur les relations que vous voulez
vraiment développer avec les communautés autochtones. Moi, je viens du secteur
minier, donc les ententes... J'ai travaillé pour une compagnie qui avait fait
la première entente, je dirais, moderne à l'époque, avec la mine... Puis ça a
déboulé avec des ententes du côté minier qui sont devenues des références, de
même qu'Hydro-Québec puis le gouvernement à l'époque, quand ils ont signé
l'entente de la Baie James pour le développement.
Mais je profite de l'occasion pour faire
un petit éditorial, M. le Président puis M. Sabia. Moi,
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, il y a quatre communautés Anishnabe sur mon
territoire : Timiskaming, Wolf Lake, Kebaowek et Long Point. En 1911, le
gouvernement fédéral, puis là je rejoins vos propos quand vous disiez, les
gouvernements antérieurs, ils ont créé les trois barrages, Laniel... un des 15,
qui affectent énormément le territoire à Anishhabe, puis on était à l'époque...
Les gens les ont surnommés les communautés invisibles, mais ils n'ont jamais eu
de compensation et retombées de ça. O.K. Par la suite, la centrale de
Rapide-7, qui a été construite par, à l'époque, ça s'appelait, la Commission
des eaux courantes du Québec, en 1941, Hydro-Québec est née, par la suite, en
1944. Hydro-Québec a, par la suite, construit à l'époque un des premiers
barrages, Rapide-2, en 1954. Le territoire du Témiscamingue a été un des
premiers qui a été affecté, on pourrait dire, depuis depuis les années...
M. Bernard : ...par les
barrages, peu importe leur nature, puis ils n'ont jamais eu de retombées de ça.
Puis à l'époque, dans le gouvernement, j'ai déjà été député ici puis je disais
un peu à mes collègues à l'époque que les gouvernements, maintenant, même
encore, il fait deux classes d'autochtones, de premières nations, ceux qui ont
de l'argent puis ceux qui n'en auront pas. Puis je salue le travail que le
gouvernement puis Hydro-Québec font pour tous les projets qui s'en viennent,
O.K., pour les partenariats que vous avez soulignés, et autres. Mais les communautés
du Témiscamingue, qui ont été les premières affectées des ententes du passé,
c'est de même, ça se faisait, ils n'auront jamais rien. Il n'y a plus d'éolien
qui va se faire là, des petits projets. Ça fait que je souligne vraiment ce qui
s'est fait, les avancées, mais le Témiscamingue va demeurer un peuple oublié.
Mais je me dis : Il n'est peut-être pas trop tard. Mais quand même, malgré
tout, les deux centrales qu'il y a là, il y a des compensations qui sont
données pour le nombre de kilométrages de lignes électriques qui est construit
sur les territoires. Alors, je me dis peut-être, M. le Président : Il
n'est pas trop tard pour revoir la situation des communautés du Témiscamingue.
M. Sabia (Michael) : Je vais
faire un ou deux commentaires, et, ensuite, je vais passer la parole à Julie.
Donc, évidemment, ces communautés ne sont
pas les seules. La semaine dernière, nous étions dans une communauté innue, qui
est très loin de Montréal, mais quand même, et nous avons exactement le même
problème. Nous avons, il y a des années, construit une centrale à un endroit
qui s'appelle Lac Robertson, pas une de ces communautés, aucune, aucune
compensation. Et donc c'est la raison pour laquelle chaque fois que j'arrive à
une communauté autochtone, la conversation commence, et c'est bien justifié,
avec une méfiance importante par rapport à Hydro-Québec, parce que dans le
passé, nous n'avons pas livré la marchandise et nous n'avons pas respecté ces
ententes. Il faut changer ça et il faut... Ça commence aujourd'hui. Et mon
message, quand je rencontre ces communautés : Nous avons changé les
règles. Nous avons changé notre façon de faire des choses. Et évidemment nous
ne pouvons pas aller de l'avant sans avoir corrigé le passé et nous avons des
choses à corriger dans le passé. Et dans notre engagement, nous allons corriger
le passé et ensuite, j'espère, nous allons aller de l'avant vers l'avenir. Mais
en tout cas, Julie, sur...
Mme Boucher (Julie) : Peut-être
vous dire quelques éléments. Quand on parle de réconciliation, bien, souvent,
la première étape, c'est de reconnaître qu'il y a quelque chose à corriger, à
réparer, donc on est dans ça. Et vous avez raison, en Abitibi, il y a des
installations qui datent même d'avant la nationalisation d'Hydro-Québec. On a
commencé des discussions avec des communautés de la région pour voir qu'est-ce
qu'on peut faire, puis la première étape, c'est de se comprendre, c'est
d'écouter, puis c'est de recevoir ce que les gens ont à nous dire pour ces
installations-là.
Donc, on a commencé à faire ça avec
certaines nations anichinabées, certaines communautés anichinabées, et on
navigue, j'ai envie de vous dire, là-dedans. Et je dis souvent, moi, ce qui est
accumulé depuis 50, 60 ans va demander du temps. Donc, c'est un processus
qu'on commence, puis il commence par l'écoute, puis il commence par voir
qu'est-ce qu'on peut travailler ensemble pour la suite des choses. Mais on
n'oublie pas les communautés qui sont sur des territoires pour lesquels on n'a
pas de projet actuellement. Donc, que ça soit en Abitibi, que ça soit certaines
communautés en Haute-Mauricie, on a commencé des discussions aussi à propos du
passé pour voir comment on va adresser ces choses-là, si vous me permettez
l'expression, parce qu'un jour, bien, on va vouloir parler du futur, mais il
faut commencer par régler le passé.
Donc, oui, on a commencé des discussions
pour des installations qui datent même d'avant la nationalisation, en
Haute-Mauricie et chez vous également.
M. Sabia (Michael) : Et, si
vous me permettez, parce que vous avez dit au début de vos commentaires
qu'évidemment Abitibi-Témiscamingue, on a des mines et des sociétés minières.
Mais, selon moi, pour les grands projets, pas juste au Québec, mais à travers
le Canada, la seule façon, la seule façon que nous allons réaliser ces grands
projets, soit une mine, soit d'autres choses, c'est avec la participation
économique et financière des autochtones. C'est la seule façon.
Mme Boucher (Julie) : Puis,
peut-être sur le territoire de l'Abitibi, dernier élément, je m'en voudrais...
Mme Boucher (Julie) : ...raccordement
de Kitcisakik, donc c'est une communauté anishnabe qui vivait dans des
conditions... qui vit dans des conditions très difficiles, sans électricité. Le
projet est lancé, est en cours, et puis le raccordement va se faire.
M. Bernard : Oui, merci.
Je voulais le souligner d'ailleurs. Merci beaucoup, vos propos m'encouragent.
Merci, M. Sabia, merci, Mme Boucher.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Non. Parfait.
Alors, je cède maintenant la parole au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci
beaucoup, M. le Président.
M. Sabia (Michael) : ...
M. Kelley : Oui.
M. Sabia (Michael) : Moi
aussi.
M. Kelley : M. Sabia,
en 2019, j'ai rencontré un chef autochtone puis j'ai... Pendant notre
discussion, il a répété une histoire d'une discussion qu'il a eue avec vous. Il
a dit : M. Sabia...
M. Sabia (Michael) : Avec
moi?
• (16 h 50) •
M. Kelley : Oui, avec
vous. Puis il a dit : M. Sabia, on était en train de jaser de
développement économique, dans vos autres anciennes fonctions, puis
M. Sabia a dit : Le temps est arrivé qu'on fait des choses ensemble,
puis des affaires ensemble. Et je trouve ça très intéressant qu'aujourd'hui on
arrive puis, dans le plan que vous avez déposé, c'est pas mal exactement la
discussion que j'ai eue avec le chef. Puis C'était très bien reçu aussi par le
chef. Il a dit : C'était vraiment rafraîchissant d'entendre ça de
quelqu'un comme M. Sabia, qu'on peut faire des choses différemment. Alors,
quand j'ai lu la section quatre, j'ai dit : C'est clair que vous avez...
Pour vous, c'est quelque chose qui est très important, de faire les choses
correctement avec les Premières Nations et les Inuits. Puis maintenant, c'est
sûr que c'est la suite des choses.
Et ce n'est pas juste vous qui est
responsable pour la réconciliation, partie économique. Le gouvernement a un
gros rôle à jouer dans ça aussi. Nous avons adopté à l'Assemblée nationale, une
motion unanime sur la Déclaration des Nations Unies sur les peuples
autochtones, je sais que plusieurs Premières Nations et les Inuits veulent
qu'on inscrit ça dans une loi ici, à Québec. Et, pour vous, c'est une chose,
d'arriver avec une façon de changer le modèle des affaires puis vraiment avoir
des partenariats qu'eux autres sont partis de... le modèle des affaires, mais
il y a toujours la question territoriale qui est primordiale, puis la
protection de... le territoire aussi.
Alors, je ne sais pas comment vous voyez
ça, le rôle qu'Hydro-Québec peut jouer, de faciliter des discussions de la
protection de... le territoire et aussi s'assurer qu'après que le projet d'un
barrage, des éoliennes, du solaire, tout ça, des lignes de transmission, est
présenté, qu'on va respecter aussi la décision qui est prise par les Premières
Nations et les Inuits, mais aussi comment le gouvernement peut vous aider de
s'assurer que ça marche bien? Parce que, sur les ententes finales, c'est sûr
que votre signature ou la personne qui va précéder vous va être sur les
ententes, mais la signature de... le premier ministre du Québec va être là, la
signature du ministre des Affaires autochtones, le ministre de l'Énergie, va
être là aussi. Là, c'est juste d'avoir vos réflexions un petit peu sur cette
partie, qui est très, très importante, pour la réconciliation, pas juste
économique.
M. Sabia (Michael) : ...vous
donner quelques commentaires et, par la suite, je vais passer la parole à
Julie.
Donc, une des raisons pour laquelle moi,
je préfère fortement ce modèle de... Pour simplifier des choses, de
coentreprise, de partenariat, parce que ça crée... C'est comme un contrat. Et
dès le moment qu'une communauté devient, à 10 %, 15 %, 20 %, je
ne sais pas le chiffre, propriétaire d'un projet, ils ont le droit, un droit
qui... un droit légal à une participation, à un pourcentage des revenus créés
par et dans cette coentreprise. Et donc ce n'est pas quelque chose... Parce
que, dans le passé, le problème, soit un P.D.G. d'Hydro-Québec ou un ministre
ou quelqu'un pourrait signer quelque chose, et par la suite, le P.D.G. change,
ou quelque chose est arrivé, mais c'est une façon de rendre plus
essentiellement permanent leur accès à une source de revenus qui ne dépende pas
de ma présence, ou de la présence de la prochaine P.D.G. d'Hydro-Québec, ou
franchement le prochain ministre de X, Y, Z. Et donc c'est une façon de
répondre, ce n'est pas la seule façon, mais c'est une façon de répondre à cette
grande méfiance, de leur donner un droit légal qui va durer dans le temps. Et
donc, selon moi, c'est la raison pour laquelle je pense que peut-être...
M. Sabia (Michael) : ...cette
idée de partenariat pourrait nous créer, pour nous, un chemin, une voie vers
une réconciliation dont nous avons besoin. Julie, vas-y.
Mme Boucher (Julie) : Peut-être
préciser. Il y a différents types d'entente, évidemment, différents niveaux
d'entente. Il y a des ententes très opérationnelles, on participe par exemple à
la mise sur pied d'une société ou un fonds, par exemple, donc des trucs qui
sont très opérationnels, qui sont davantage sous la responsabilité
d'Hydro-Québec, puis à l'autre bout du spectre, on peut penser à un traité, par
exemple. Évidemment, Hydro-Québec ne signe pas de traité, c'est le gouvernement
du Québec, de nation à nation, qui signe ce genre d'entente ou de traité, mais
il y a une collaboration constante avec le gouvernement du Québec. Chaque fois
qu'il est question de territoire, notamment, ou qu'il est question de
revendications territoriales, il y a un arrimage, il y a une collaboration très
étroite qui se fait. Mais le partenariat économique, c'est une des façons de
développer des ententes avec les communautés, les nations autochtones. Puis
Michael l'a bien dit tout à l'heure, il n'y a... j'ai envie de dire, Il n'y a
pas un gabarit qui existe, voici le partenariat, comment on va le faire, ou
voici l'entente. Chaque entente, chaque partenariat est modelé ou est écrit en
fonction de la communauté, en fonction du projet, et j'ai envie de dire en
fonction du moment dans le temps aussi. C'est une négociation, à chaque fois,
qui est faite pour le projet avec la communauté. Il y a des communautés à qui
on a discuté pour des projets de partenariat, qui nous ont dit : C'est
intéressant, mais pour l'instant, on n'est pas là, puis on préférerait une
entente plus classique, là, retombées, avantages.
Donc, c'est intéressant, les partenariats,
on pense que ça nous amène ailleurs, mais ça ne sera pas l'unique solution puis
la solution pour tous les projets qu'on va faire non plus.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis on va suivre la suite des choses, parce que je sais que, quand même, vous
avez mentionné, dans votre plan, la possibilité, probabilité d'ajouter cinq
barrages au Québec, c'est sûr que ça va commencer... Excusez-moi, des barrages,
je ne dis pas «cinq», des différents projets des barrages, c'est une
possibilité pour Hydro-Québec dans l'avenir...
M. Sabia (Michael) : Mais pas
cinq.
M. Kelley : Excusez-moi, pas
cinq, je ne sais pas pourquoi j'ai dit cinq. Des projets, des barrages, je
m'excuse. Et c'est sûr que ça va prendre des discussions aujourd'hui avec les
communautés autochtones ou, au minimum, Hydro-Québec doit avoir une idée, les
meilleurs emplacements pour certains barrages. On sait que certaines
communautés ont déjà dit non pour certaines rivières, mais aussi, avec tous les
travaux qui doivent être faits pour quand même la rectification de certains
barrages, est-ce que les discussions avec les communautés autochtones vont être
parties de ça? Si certains barrages vont produire plus d'électricité, est-ce
que c'est possible de peut-être revoir si les retombées économiques peut être
comme... Pour les communautés autochtones, peut être inclus dans certains
projets comme ça?
M. Sabia (Michael) : Donc, je
vais faire quelques commentaires, et ensuite, Claudine, je vais... O.K.?
Donc, nous sommes en train de... Donc,
juste pour clarifier des choses, sur la question de développement électrique,
il y a trois choses. Donc, Claudine vient de parler d'une amélioration de la
technologie dans nos installations existantes, qui représente à peu près
2 000 mégawatts. Également nous sommes en train d'examiner une option
qui est intéressante, une réserve pompée, qui est une autre façon de créer à
peu près 1 000 mégawatts et une façon qui est un peu plus... Un peu
moins destructive sur le plan environnemental. Donc, ça, ça fait partie de
notre plan, et nous sommes en train d'examiner plusieurs options pour la localisation
d'une telle installation. Troisième élément, c'est la possibilité d'un autre
développement, un projet plus... disons, plus traditionnel. Nous avons
plusieurs options à travers le Québec et nous sommes en train d'étudier chacune
de ces options. Également, dans certains cas, nous allons soulever ces options
avec les communautés autochtones dans chacune de ces régions du Québec. Mais
avant d'aller de l'avant avec ces projets, il faut, et nous mettons
actuellement beaucoup d'accent sur cette question, pour revenir à votre
question... De corriger le passé. Mais sur la question de nos options.
Mme Bouchard (Claudine) :
Bien, à ce moment-ci, on est vraiment au tout début de l'analyse de ces
différentes options là. Et, de toute évidence, les conversations avec les
communautés autochtones doivent faire partie. Nous, ce qu'on souhaite à terme,
bon, évidemment, il y a ce dont Julie et Michael ont...
Mme Bouchard (Claudine) : ...parlé,
donc la réconciliation économique pour pouvoir être capable de parler d'avenir.
Mais lorsqu'on sera rendu là dans le temps, plus loin sur la route, mais quand
on sera rendu là, nous, ce qu'on veut, c'est définir le projet avec eux,
planifier le projet avec eux pour faire le meilleur projet en respect de leurs
traditions, de l'environnement, de leur acceptabilité sociale et du bénéfice
global pour le Québec.
Alors, c'est vraiment comme ça qu'on veut
travailler avec eux, et... mais pour se rendre là, bien, il y a toute une route
à parcourir au préalable.
M. Kelley : Et sur le
recrutement pour les peuples autochtones et aussi la formation, quel rôle
est-ce qu'Hydro-Québec peut jouer pour... Oui, vous avez un enjeu de
main-d'oeuvre, et on sait que les Premières Nations, les Inuits, sont une
population en croissance... forte croissance aussi. Alors, comment Hydro-Québec
peut faire le recrutement, mais aussi s'assurer qu'ils ont la formation
nécessaire pour travailler pour Hydro-Québec?
• (17 heures) •
Mme Boucher (Julie) : Vous
avez raison, ça prend... Il faut non seulement recruter, il faut recruter les
bonnes personnes, s'assurer que les gens sont formés. Et j'ai envie d'ajouter à
votre énumération, il faut s'assurer qu'ils sont reçus chez nous dans un milieu
qui est accueillant, qui est recevant. Je ne dis pas qu'on ne l'est pas, mais
il faut s'en assurer, et qu'on les garde dans notre organisation aussi.
Donc, on a beaucoup de travail à faire
dans les prochaines années. On a des discussions en ce moment avec certaines
communautés pour des centres de formation, pour des ententes en formation,
parce qu'il y a même souvent des communautés qui se trouvent à proximité de nos
installations, pour lesquelles on a vraiment des besoins criants de
main-d'oeuvre.
Donc, effectivement, il y a un intérêt
clair de notre part à voir comment on peut aider dès le départ en formation, en
compagnonnage, accueillir des employés autochtones dans notre organisation,
bien le faire, et le défi, les garder avec nous.
M. Kelley : Et est-ce que
vous....
Mme Bouchard (Claudine) : J'ajouterais
autre chose, une autre dimension, Julie, si tu le permets, parce qu'on a obtenu
la certification PAR. Dans la certification PAR, on a travaillé aussi avec les
entrepreneurs autochtones, on veut qu'ils créent davantage d'entrepreneuriat.
Parce que ce n'est pas tout de travailler chez Hydro-Québec, si on les sort de
leur communauté, mais si on est capable de créer de l'entrepreneuriat
davantage, durable dans les communautés, alors ça aussi, on est actif
là-dedans. On a créé un guichet unique pour les entrepreneurs autochtones pour
faciliter de faire affaire avec Hydro-Québec. On sait que parfois ça peut être
un peu complexe, les structures administratives, et tout ça. Donc, pour alléger
ce fardeau-là, on a créé un guichet unique, et, jusqu'à présent, ça fonctionne
bien. Donc, il y a des jeunes qui ont envie de se partir dans
l'entrepreneuriat, et ça, bien, ça nous fait bien plaisir de contribuer à ça.
M. Kelley : Excellent. C'est
une très bonne nouvelle. Je veux juste... reviens rapidement... sur le
recrutement. Est-ce que vous avez une cible en tête pour le nombre... le
pourcentage des Premières Nations, des Inuits qui travaillent au sein
d'Hydro-Québec ou vous n'avez pas rendu là encore?
Mme Boucher (Julie) : ...une
augmentation de 5 % pour l'an prochain.
M. Kelley : O.K. Parfait. Et
présentement c'est... il y a combien? Est-ce que vous avez un chiffre ou...
Mme Boucher (Julie) : Présentement,
au... en septembre 2023, on était à 362 personnes, qui se déclarent être
autochtone.
M. Kelley : Parfait. Puis
rapidement, sur le conseil d'administration, est-ce que vous avez un membre qui
est issu d'une première nation ou une communauté inuite?
M. Sabia (Michael) : Pas
actuellement.
M. Kelley : O.K. Et je sais
que ce n'est pas vous autres qui sont responsables pour la nomination, mais
c'était... Juste, je ne peux pas assumer, juste à cause de leur dernier nom, si
les gens sont autochtones ou non. Alors, merci beaucoup pour vos réponses sur
le sujet qui est très, très important pour nos Premières Nations et nos Inuits.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Et je cède maintenant la parole au député de
Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. D'abord, merci. J'ai pris le temps, évidememment, de lire tout, mais
cette partie-là particulièrement. On sent beaucoup tout le chemin qui a été
parcouru, étant donné l'histoire douloureuse un peu d'Hydro-Québec dans les
partenariats différents avec les Premières Nations, et puis les différentes
corrections, les différents avancements. Vous avez parlé de reconnaissance de
cette histoire-là et puis aussi de la situation présente pour pouvoir bâtir
l'avenir. Est-ce que vous reconnaissez qu'il existe du racisme systémique?
Mme Boucher (Julie) : Je ne
crois pas que c'est à Hydro-Québec de se prononcer sur le racisme systémique au
Québec.
M. Bouazzi : Non, mais par
rapport... à même la structure, le racisme systémique, c'est quand une
institution crée, produit ou reproduit des inégalités. Au Québec, vous êtes une
institution qui a énormément de travailleurs et qui a beaucoup de relations
avec les Premières Nations. Ce n'est pas grave, là... Si vous ne voulez pas
répondre, ce n'est pas grave, j'ai d'autres questions.
Ceci étant dit, une des questions des
Premières Nations, qui demandent la reconnaissance face aux institutions de
l'État, dont vous faites partie, c'est aussi la reconnaissance de la réalité du
racisme systémique, ça fait que je vous inviterais peut-être à y réfléchir...
17 h (version non révisée)
M. Sabia (Michael) : ...faire
des commentaires sur les mots que vous avez utilisés, mais je vais dire, juste
pour élaborer un peu sur un point que Julia vient de faire, oui, nous sommes à
peu près... nous avons 23 000 employés à Hydro-Québec et un élément de
notre travail pour créer un environnement accueillant pour les Premières
Nations, les Inuits... nous avons toujours... et c'est vrai pour toutes les
organisations, nous avons la responsabilité de travailler avec nos gens qui
sont actuellement nos employés pour créer un tel environnement qui pourrait
facilement accueillir les autochtones.
M. Bouazzi : Merci, M. Sabia.
Vous avez parlé des différentes manières de faire des partenariats et puis
économiques dans... Au Québec, on a l'habitude d'avoir des partenariats sur la
question de la production, que ce soit avec des municipalités, avec le privé,
etc., il y a toutes sortes de choses qui se font. Sur la question du transport,
particulièrement, étant donné que c'est un monopole d'Hydro et qu'il y a eu un
précédent, en fait, justement, qui a été changé par la loi, le projet de loi
dont j'ai oublié le numéro, où j'ai siégé moi-même, où on crée des compagnies
qui sont justement copropriétaires. Vous serez d'accord avec moi qu'il y a
quand même d'autres manières d'assurer un revenu ad vitam aeternam sur de l'électricité
qui passe sur un terrain, autre que de créer des compagnies privées dont vous
êtes les copropriétaires. Est-ce qu'on pourrait juste éviter d'utiliser les
partenariats avec les Premières Nations et trouver d'autres manières pour
garantir que ce monopole là reste un monopole d'Hydro-Québec? Je parle de
transport.
M. Sabia (Michael) : Oui. Il
y a plusieurs façons, donc, et honnêtement, nous sommes ouverts, nous n'avons
pas des idées fixes sur quelle est la meilleure structure. Donc, l'objectif est
de créer une source de revenus autonomes qui est protégée pour une très longue
période du temps, qui respecte le droit de chacune de ces communautés de
prendre leurs propres décisions sur l'utilisation de ces revenus. Donc, ça, c'est
l'essentiel de l'idée. Donc, nous pourrions faire d'autres choses pour y
arriver. Et l'idée des coentreprises, c'est une façon qui cristallise l'objectif.
M. Bouazzi : On est d'accord
qu'il y en a d'autres. J'ai vraiment très, très peu de secondes, excusez-moi,
M. Sabia, ça fait qu'on peut se mettre d'accord qu'on peut garantir tout ce que
vous avez dit, tout en garantissant le monopole d'Hydro-Québec sur le
transport.
M. Sabia (Michael) : Oui.
M. Bouazzi : Est-ce que ça
pourrait être un objectif?
M. Sabia (Michael) : Pardon?
M. Bouazzi : Et est-ce qu'on
est d'accord pour dire : C'est ce qu'il y aurait de mieux à faire, plutôt
que de toucher au monopole?
M. Sabia (Michael) : Pas...
nous sommes ouverts à toutes sortes d'options, mais, encore une fois, dans ces
réflexions, nous serons guidés par les préférences des communautés autochtones,
et donc, si elles préfèrent... si elles préfèrent une structure de
coentreprise, je pense que c'est très probable que nous allons accepter cette
idée. Mais oui, nous avons d'autres options et donc dans certains cas où une
communauté est moins à l'aise de devenir propriétaire, nous allons faire d'autres
choses.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Sabia. Merci beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole
au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Donc, l'engagement
d'Hydro-Québec avec les communautés autochtones, c'en est un de réconciliation
économique. Et, quand on regarde le plan sur cette section-là, ça commence avec
un grand titre qui s'appelle Partenariat financier. Ensuite, on parle de
collaboration dans les différentes phases d'élaboration, dès la conception d'un
nouveau projet et dans toutes les étapes subséquentes, mais, en réalité, le
plan semble un peu silencieux sur ce qui précède et sur un enjeu fondamental
pour les peuples autochtones, c'est-à-dire celui du droit à la terre, de la
protection du territoire. Et donc de la décision qui précède un peu tout ça, de
savoir : Est-ce que, oui ou non, on doit construire un barrage, harnacher
une rivière? Donc, avant le partage des revenus et l'entente financière, il me
semble que la décision sur qu'est-ce qu'on fait sur ce point là... fondamental,
existentiel pour les peuples autochtones. Donc, si les peuples autochtones du
Québec s'opposent au harnachement d'une rivière et à la construction d'un
nouveau barrage, que fera Hydro-Québec?
M. Sabia (Michael) : Pas de
projet.
M. Paradis : C'est un
engagement formel ici aujourd'hui?
M. Sabia (Michael) : Pas de
projet. L'acceptabilité sociale est dans ce contexte... et l'acceptabilité...
M. Sabia (Michael) : ...la
communauté, c'est clair.
M. Paradis : Le Parti
québécois a notamment déposé une motion pour qu'Hydro-Québec renonce à
construire un nouveau barrage sur la rivière Magpie, qui a été reconnue à
l'échelle internationale comme aire de patrimoine autochtone et communautaire.
Est-ce que vous pourriez aussi prendre un engagement similaire aujourd'hui à ne
pas harnacher la rivière Magpie?
M. Sabia (Michael) : C'est
déjà fait.
M. Paradis : Est-ce que vous
avez...
M. Sabia (Michael) : Ancienne
nouvelle.
M. Paradis : Très bien,
merci. Est-ce que vous avez une étude sur les rivières... à jour sur les
rivières sur lesquelles on peut envisager de construire des barrages et sur les
critères qui vont guider Hydro-Québec dans ses décisions sur ces rivières-là,
tenant compte notamment de la position historique des groupes autochtones sur
ces différentes rivières?
• (17 h 10) •
Mme Bouchard (Claudine) : Comme
on l'a mentionné un peu plus tôt, actuellement, nous avons plusieurs options en
analyse, en analyse d'opportunité, en analyse préliminaire et sommaire, donc à
différentes étapes de ces analyses-là. Donc, je vous dirais que les critères
qui sont utilisés actuellement, la première, c'est la faisabilité technique.
Évidemment, de toute évidence, ce n'est pas toutes les rivières qu'on peut
utiliser avec un plein potentiel, on va dire ça de cette façon-là. Ensuite, le
deuxième, bien, c'est l'acceptabilité sociale des communautés locales et aussi
comment, ensemble, on minimise, dans la conception, la planification,
l'élaboration, les impacts autant sur l'environnement que sur les aires
utilisées par les communautés autochtones. Alors, c'est vraiment comme ça qu'on
veut le faire.
Cette... La liste à laquelle vous
faites... vous faites référence, ce sont, je dirais, des éléments très
préliminaires parce que tout... tout évolue, je dirais, à un rythme différent.
Alors, un jour, il y a un projet qui peut passer plus loin dans l'acceptabilité
sociale puis, une semaine plus tard, pour d'autres considérations, revenir en
arrière à cause d'une contrainte technique. Alors, c'est vraiment quelque chose
de très vivant que les équipes utilisent, donc, pour dicter notre travail, et
c'est ce qui guide aussi certaines de nos discussions avec les communautés,
bien entendu. Mais, à ce moment-ci, cette liste-là, elle n'est que très
préliminaire puis indicative parce qu'on est vraiment en mode très
préliminaire.
M. Paradis : ...sur ces
discussions-là?
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
je... je ne pense pas...
M. Paradis : Non?
Mme Bouchard (Claudine) : ...parce
que c'est quand même de l'information stratégique. Puis, comme je vous dis, la
situation aujourd'hui n'est pas du tout la même que la semaine prochaine.
Alors, si on prend ça hors contexte, ça ne sert pas. Ce qu'on peut prendre puis
ce qu'on prend comme engagement dans le plan, c'est de travailler ça avec les
communautés puis... puis de s'assurer de cette... de cette acceptabilité
sociale là. Et, dans le plan, on indique aussi qu'on sera transparents. Donc,
au moment où ces discussions-là avanceront avec les communautés puis que nos
solutions ou nos options deviendront plus claires, bien, par souci de
transparence, de toute évidence, il y aura de l'information qu'on pourra
communiquer de façon publique.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Mme Bouchard (Claudine) : Mais,
pour le moment, c'est beaucoup trop tôt. C'est prématuré à ce moment-ci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Maintenant que le bloc quatre est terminé, nous
allons maintenant débuter le bloc cinq, Devenir une organisation agile,
innovante et transparente. Alors, vous connaissez la pratique, chers invités.
Alors, je vous donne 15 minutes pour faire votre présentation.
M. Aucoin (Maxime) : Merci.
M. le Président, Mesdames, Messieurs, députés membres de cette commission.
Après une période de relative stabilité, Hydro-Québec entre dans une période de
croissance majeure. Il s'agit d'un changement de cap important pour tout le
Québec dans son ensemble, mais également pour notre organisation. C'est la
raison pour laquelle nous tenions à avoir une priorité qui adresse les défis
que doit relever Hydro-Québec comme organisation.
En pensant aux changements à effectuer,
une citation bien connue de l'auteur Peter Drucker exprime bien un des risques
devant nous. Il disait : «Le plus grand danger dans les moments de grand
changement, ce n'est pas le changement comme tel, c'est d'agir avec la logique
d'hier.» Dans ce nouveau contexte, on doit donc ajuster nos façons de faire et
ne pas simplement agir avec la logique d'hier.
Donc, quand on parle de changement de cap,
vous avez entendu mes collègues vous parler de nos ambitions, que ça soit sur
les services aux clients, l'augmentation de la production. Mais, concrètement,
quels sont les défis qu'Hydro-Québec, comme organisation, devra relever? Je
vais vous donner quelques exemples.
On devra gérer en parallèle une multitude
de grands projets complexes qui conjuguent à la fois la croissance de notre
production et le maintien de notre réseau performant. C'est un défi de
priorisation, d'ingénierie et de gestion de projet. On va devoir accélérer les
échéanciers. Donc, comment raccourcir la durée des chantiers et impliquer en
amont les parties prenantes dans le développement des projets? C'est un beau
défi d'innovation et de collaboration. Il faudra gérer, puis on en a parlé
tantôt, il faudra gérer des pénuries d'équipement et de matériel. Nous ne
sommes pas les seuls à avoir un plan de...
M. Aucoin (Maxime) : ...aussi
ambitieux. Donc, il y a un défi de taille pour notre approvisionnement qui
nécessitera qu'on soit prévoyants puis qu'on soit créatifs. Les technologies
qui vont nous aider... qui vont aider nos clients, pardon, à mieux consommer et
vont évoluer très rapidement. Alors, comment on s'assure d'avoir un pas
d'avance afin de bien intégrer ces technologies dans notre offre?
Finalement, il y a plusieurs changements
réglementaires qui seront requis pour atteindre nos objectifs. Donc, nous
devrons se coordonner de manière plus efficace avec une planification intégrée.
Et ce n'est que quelques exemples des défis que nous devrons relever comme
organisation.
Donc, pour y arriver, on voit quatre
éléments sur lesquels on devra focaliser. Le premier, c'est sur bâtir, bâtir
sur l'expertise déjà en place. Le deuxième est simplifier nos façons de faire
et être plus agiles, miser sur l'innovation et collaborer avec tous les acteurs
de l'écosystème.
On va commencer avec bâtir sur l'expertise
en place. Pour répondre aux défis de leur époque, nos prédécesseurs ont imaginé
et développé des façons de faire qui étaient alors inédites. C'est dans l'ADN
d'Hydro-Québec de se retrousser les manches et de réaliser de grandes choses.
Moi, ça ne fait que quelques semaines que j'ai rejoint Hydro-Québec, mais je
peux vous dire que je le ressens déjà. L'organisation a une grande expertise
dans toutes les sphères de nos activités. On a donc un très bon point de
départ. On a la chance de pouvoir bâtir sur cette expertise, mais il faudra la
challenger pour nous permettre d'aller ailleurs.
C'est ce qui m'amène au deuxième
défi : simplifier nos façons de faire et être plus agiles. Le plan
d'action qu'on a déposé est ambitieux, l'échéancier pour le réaliser l'est tout
autant. Donc... pardon, devant l'ampleur de la tâche, on doit remettre en
question nos pratiques établies et nos façons de faire, on doit simplifier nos
processus et être plus agiles comme organisation. Mes collègues ont déjà évoqué
les changements que nous apporterons pour améliorer le service à la clientèle
puis pour que nos multiples grands projets voient le jour, nous aurons la même
posture. On doit faire différemment. Donc, concrètement, ça veut dire alléger
nos processus décisionnels, réduire nos exigences administratives,
décentraliser la prise de décision et intensifier nos efforts de
simplification, d'automatisation et d'uniformisation de nos pratiques. Puis je
vais vous donner un exemple pour mettre ça bien concret. Lorsqu'on fait de la
planification de travaux de maintenance ou d'alimentation de clients, on a
plusieurs intervenants qui identifient des besoins de travaux, donc des
employés de terrain, on a le service à la clientèle, des gens qui exploitent le
réseau, on a des ingénieurs qui écrivent nos normes. Tous ces besoins sont
ensuite traduits dans des ordres de travail. Puis les ordres de travail ont des
formats qui peuvent parfois différer selon le type d'équipement, selon le
terrain, selon l'équipe. Et ensuite, ils sont entrés dans des systèmes et,
parfois, malheureusement, ce sont des systèmes différents, SAP, un système fait
maison, etc. Donc, quand c'est le temps de planifier puis de séquencer et de
communiquer sur l'ensemble des travaux effectués, bien, c'est là qu'on voit des
défis de... et certainement, des fois, des oublis ou des temps qui sont
beaucoup plus longs et trop d'intervenants qui doivent intervenir. Donc, il y a
certainement lieu de moderniser nos façons de faire afin de limiter le nombre
d'intervenants requis pour ce type de demande. Ça, ce n'est qu'un exemple
concret pour illustrer le défi devant nous. Bref, nous avons la ferme intention
de nous attaquer à tout ça. Pour être clair, ça ne veut pas dire qu'on va
tourner les coins ronds, ça signifie qu'on va travailler de manière plus
efficace et trouver des solutions innovantes en réponse à nos défis et nos
enjeux.
Troisième élément, c'est miser davantage
sur l'innovation. Hydro-Québec...
(Interruption)
Je continue? C'est normal?
Le Président (M. Ciccone) :
...
M. Aucoin (Maxime) : Désolé.
Donc, Hydro-Québec dispose déjà d'une solide expertise à l'interne, que ce soit
dans nos centres de recherche ou sur le terrain. Il est fondamental pour nous
de capitaliser sur cette expertise comme je le mentionnais tantôt. Mais il faut
miser davantage sur l'innovation. Puis moi, quand je pense à l'innovation, j'y
pense sur deux fronts, à deux niveaux. Le premier niveau d'innovation, c'est
celui de l'amélioration continue, c'est l'innovation au service du réseau. Nos
employés sont souvent les mieux placés pour voir ce qui pourrait être amélioré.
Donc, pour favoriser l'émergence de solutions nouvelles, on doit offrir à nos
employés un environnement où leurs idées seront entendues. Donc, on va mettre
en place une plateforme qui permettra de partage d'idées sur différents
sujets...
M. Aucoin (Maxime) : ...la
santé et sécurité, l'efficacité opérationnelle ou organisationnelle, mais on
doit aussi, et je dirais même surtout, leur donner la possibilité de participer
à la concrétisation de ces idées les plus prometteuses. Parce que, des bonnes
idées, si elles ne sont pas exécutées, ne servent pas grand-chose, c'est
l'exécution de ces bonnes idées qui compte.
On a aussi nos centres de recherche qui
développent une multitude de projets qui améliorent nos opérations. Donc,
j'étais... je vais vous donner un autre exemple. J'étais à Varennes, il y a
quelques semaines, à notre centre de recherche. Et ils me présentaient des
projets en cours, dont un qui est un outil de diagnostic thermographique qui
permet de mieux diagnostiquer les travaux souterrains. En gros, là, ça permet
d'identifier d'avance les zones à risques avant d'entrer dans des tunnels
souterrains pour faire des efforts de maintenance. Puis souvent avec ces
innovations-là, la vraie question intéressante, ce n'est pas tant l'aspect
technique, mais c'est : est-ce que l'innovation est réellement utilisée,
est-ce que ça aide vraiment, est-ce qu'elle est vraiment utilisée sur le
terrain. Puis moi, ce que j'ai aimé de mon expérience puis de cet exemple-là,
c'est que les personnes qui me l'ont présenté, ce ne sont pas les chercheurs,
mais ce sont les gens de terrain, ce sont les gens qui l'utilisent au
quotidien, car trop souvent de la recherche est produite pour des chercheurs.
Et donc il faut davantage miser sur les besoins terrain et accroître la
collaboration entre la recherche et les opérations, c'est là que la création de
valeur va s'effectuer.
• (17 h 20) •
Le deuxième niveau d'innovation, c'est
l'innovation disruptive. C'est celle qui vient plus fondamentalement changer
les modèles d'affaires. Puis on le constate, en matière de décarbonation, les
technologies évoluent rapidement. L'appétit pour l'électrification des usages
amène lui aussi d'importants changements technologiques qui vont impacter la
façon dont on mène nos activités. Donc, il faudra être à l'affût de ces
changements rapides en ayant une fenêtre beaucoup plus ouverte sur le monde
extérieur et une vigie sur ce qui se passe à l'échelle mondiale. Puis je pense
que l'Europe en particulier, avec toutes les contraintes énergétiques qu'ils
vivent, sera particulièrement intéressante à suivre au fur et à mesure qu'elle
est forcée de s'adapter rapidement. Ça va donc prendre une Hydro-Québec qui est
davantage connectée sur le monde.
C'est ce qui m'amène à mon dernier point,
collaborer avec l'écosystème et les parties prenantes. Un élément central de
notre plan est que l'on met de l'avant des actions concrètes pour lesquelles
nous ne pourrons agir seuls. Si Hydro-Québec est une locomotive de la transition
énergétique, elle devra collaborer avec plusieurs pour atteindre ces objectifs.
On doit profiter des expertises complémentaires aux nôtres pour réfléchir à la
meilleure façon de décarboner le Québec et de maintenir une prospérité
économique. En bref, ça prend une planification intégrée pour s'assurer qu'on
avance tous ensemble dans le même sens. C'est pourquoi nous proposons de créer
un pôle d'expertise qui élaborera, en étroite collaboration avec le
gouvernement du Québec, une feuille de route pour guider la transition
énergétique et économique. Cette nouvelle équipe va concevoir des stratégies
qui permettront à la fois de décarboner l'économie et d'accroître la prospérité
du Québec. Finalement, il y a tout un écosystème d'entreprises en démarrage,
des pairs, le milieu universitaire et le secteur privé avec qui nous allons
pouvoir collaborer et tirer profit afin d'atteindre collectivement nos
ambitions. Voilà qui complète mon tour d'horizon de cette priorité numéro cinq.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Aucoin. Et je cède maintenant la parole à la députée
d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup. C'est superintéressant de vous entendre, vraiment, les plans
structurants, puis tout ça. Puis j'ai beaucoup aimé l'endroit où vous avez
parlé de collaborer avec tous les acteurs du milieu.
Puis je vais vous amener vers une
situation peut-être un petit peu plus pointue puis moins de grande envergure.
Mais, M. Sabia aussi, tout à l'heure, parlait de concrétisation de la décarbonation,
donc la capacité de vraiment agir sur la situation, puis on a aussi des défis à
la grandeur des ambitions. Puis il y a bien des fermes, des entreprises, des
résidents qui veulent investir, par exemple, dans les panneaux solaires, dans
une éolienne, dans la biométhanisation, à l'interne. En ce moment, ce
qu'Hydro-Québec fait, c'est d'émettre des crédits, si jamais il y a des surplus
qui retournent dans le réseau. Sauf que, quand on est autosuffisant, un crédit,
ce n'est pas un incitatif à en créer puis à en ajouter. Puis on sait que, par
exemple, dans le sud du Québec, il y a de la place dans le réseau pour prendre
plus d'électricité, donc il y a de la place pour ce genre d'initiative là.
Est-ce que ça fait partie des choses que vous envisagez actuellement, de
changer de modèle, de pouvoir peut-être rémunérer les kilowatts qui sont
renvoyés dans le réseau, pour ces initiatives-là, pour pouvoir...
Mme Bogemans : ...créer un
engouement puis atteindre la cible de 125 clients qui pourraient installer,
par exemple des panneaux solaires, si on prend cet exemple-là?
Mme Bouchard (Claudine) : En
fait, ce n'est pas 125, mais c'est 125 000 clients.
Mme Bogemans : ...
Mme Bouchard (Claudine) : Oui.
Oui, oui. En fait, ce à quoi vous faites référence, c'est le programme
d'autoproduction. Le programme d'autoproduction a connu une progression
fulgurante dans les trois dernières années. On était, il y a trois ans autour
de 400, on est rendus à 830, 840, donc il y a vraiment un intérêt important des
gens de participer à ce programme-là. Alors, le programme... Mon collègue en
parlait tout à l'heure, on est en train de revoir la plupart de nos programmes,
celui-là en fera partie.
Là où vous dites, ans votre question, la
dimension intéressante, je dirais, par rapport au réseau, c'est : Est-ce
qu'il y a de la place sur le réseau? Bien, il faudra avoir peut-être des
programmes qui vont être adaptatifs en fonction du réseau, alors en fonction de
la capacité du réseau. Donc, c'est ce qu'on est à élaborer actuellement. Mais
il est clair qu'on va vouloir, pour accélérer le déploiement des panneaux
solaires, des 125 000 panneaux solaires, il y aura des incitatifs de
cette façon-là pour l'autoproduction et aussi pour les producteurs agricoles.
Donc, de ce côté là aussi, il aura des éléments, là, qui seront regardés pour
l'autoproduction.
M. Sabia (Michael) : Est-ce
que je peux juste prendre un peu de votre temps pour dire une autre chose?
Donc, nous avons... Maxime vient de parler d'innovation et l'importance de
structurer une organisation qui est plus agile. Nous avons parlé de
partenariat, et je vais y revenir à ce point. Et donc on est ouverts à...
Essentiellement parce que le monde est en train de changer, et nous faisons
face à un grand, grand défi, donc il faut être à l'écoute, il faut avoir un
esprit ouvert. Mais il y a une chose qui est incontournable, selon moi, et
maintenant je parle pour moi-même, et ça, c'est la nature d'Hydro-Québec comme
une institution publique. Et donc j'ai entendu, lors de notre conversation, des
commentaires sur dénationalisation et donc je voudrais être très clair sur ce
point. Moi, je crois fermement à l'importance des institutions publiques, comme
Hydro-Québec, comme la Caisse de dépôt. Ces deux organisations sont, et depuis
longtemps, des piliers du fonctionnement du Québec moderne. Quand je suis
arrivé à la caisse, la caisse a été en trouble, et grâce à Maxime, parce Maxime
était avec moi à la caisse, grâce à toute l'équipe, après une période du temps,
la caisse maintenant est très solide, bien respectée mondialement, un moteur de
développement économique pour le Québec. Et donc essentiellement nous faisons
face... Les circonstances sont différentes à Hydro-Québec, mais
essentiellement, c'est le même défi, de solidifier et de bâtir une institution
publique québécoise pour l'avenir. Essentiellement, ça, c'est la chose qui
est... ça, c'est une idée très mobilisante pour l'ensemble de l'équipe. C'est
la raison pour laquelle nous sommes ici pour bâtir cette institution québécoise
publique. Nous venons...
Une voix : ...le monde.
M. Sabia (Michael) : Donc,
nous venons d'annoncer un programme d'investissement de 150 à
180 milliards de dollars d'investissement fait par une institution
publique. Donc, loin d'être une question de dénationalisation, c'est une
augmentation importante de la présence et de l'engagement d'Hydro-Québec pour
faire une contribution de la même façon que la Caisse a faite depuis longtemps,
a fait une contribution primordiale au Québec moderne. Nous allons faire la
même chose ici, dans le contexte d'une institution publique. Et donc, si on a
des questions sur quelle est ma position par rapport à l'importance d'une
institution publique, tout simplement, regardez ce que nous avons fait à la
caisse et ce que nous allons faire ici à Hydro-Québec.
Donc, moi, je suis complètement,
complètement mal à l'aise, énormément mal à l'aise avec l'idée de
dénationaliser une institution publique de cette importance pour l'avenir du
Québec.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député de Beauce-Sud.
M. Poulin : Il nous reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Ciccone) : Seize
minutes.
M. Poulin : Seize minutes? Ah
oui? O.K. Je pensais... Bien, on verra ce qu'on fait avec le reste de notre
temps. Merci pour ce plaidoyer pour...
M. Poulin : ...pour les
affaires publiques et pour ces grandes institutions publiques là qui ont été
bâties au Québec. On a réalisé de grands projets, et un qui est tout récent,
c'est... c'est Internet haute vitesse partout à travers le Québec, qui a été
réalisé par notre gouvernement, qui est une belle réalisation pour les régions
du Québec, mais on a aussi pris un engagement pour la couverture cellulaire à
travers les régions du Québec. Vous m'avez inspiré. J'aimerais vous entendre...
Est-ce qu'Hydro-Québec peut être un partenaire pour la couverture cellulaire
dans les régions du Québec, sachant que vous avez des pylônes, sachant que vous
êtes quand même un lieu... Je vous sens... Je vous sens emballé.
M. Sabia (Michael) : Moi,
j'ai une réponse à cette question. Mais, si vous avez... Maxime.
Mme Bouchard (Claudine) : Allez-y,
allez-y avec votre réponse, puis on complétera.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Donc, honnêtement, nous avons tant de choses à faire. Donc, l'idée de... de
diversifier, ce n'est pas la priorité la plus importante c'est nous.
• (17 h 30) •
M. Poulin : Sans vous
demander de diversifier... Évidemment, on est d'accord qu'Hydro-Québec, sa
mission d'abord et avant tout, c'est au niveau de l'électricité au Québec et de
rendre le Québec encore plus vert. Alors, je pense qu'on est tous au même
endroit. Mais vous nous parlez de pôles d'expertise, vous nous parlez de
développement économique, de jouer un rôle de partenaire à ce niveau-là.
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
en fait, il faut voir... Vous savez que, dans... dans le cadre du déploiement
de la fibre, on a été quand même un partenaire important avec les compagnies de
télécoms. Ça fait qu'il faut voir, là. Moi, je suis... On n'a pas de visibilité
sur leurs plans autre que de raccorder des tours de télécoms. Il faut voir
leurs plans. Mais je suis d'accord avec Michael quand on dit : Il ne faut
pas se distraire, on a déjà beaucoup à faire. Puis, par ailleurs, on n'est pas
très connaissants dans les tours cellulaires, pour être bien honnête avec vous.
On a des tours micro-ondes, mais on n'a pas de tours cellulaires, vraiment, on
a de la fibre optique. Ça fait qu'il faudrait voir quel est le plan. Si on peut
aider sans toutefois nous distraire de nos objectifs extrêmement ambitieux, il
faut voir. On est toujours ouverts à collaborer, parce que sur la route,
parfois, collaborer fait que nous aussi, on aura besoin d'eux. Mais on
travaille de très, très, près avec toutes les compagnies de télécoms, ça, c'est
de toute évidence.
M. Poulin : Je vous dis ça
parce qu'Hydro-Québec est aussi appelée à aller dans le Nord-du-Québec, est
aussi appelée à couvrir des territoires qu'il n'y a pas de couverture
cellulaire. Lorsque les travailleurs se rendent sur des... dans... même des
endroits, j'imagine, où Hydro-Québec est propriétaire, il n'y a pas de
couverture cellulaire. Dans le bois, à plusieurs endroits, il n'y en a pas,
puis on n'a pas besoin d'aller... Là, je cite le Nord, mais pas besoin d'aller
très, très loin. Donc, je pense qu'il faut simplement garder le tout en tête.
Puis nous, comme gouvernement, on a aussi un travail à faire, mais il ne faut
pas mettre ça trop, trop loin, parce que c'est aussi un enjeu qui pourrait
aussi aider Hydro-Québec dans son travail. Alors, ça, je pense que c'est un
volet important.
J'aimerais vous entendre... Et, Audrey,
vas-tu vouloir revenir par la suite, vu que... Oui? Vas-tu vouloir revenir,
Daniel aussi? O.K. Très, très rapidement, les feux de forêt que nous avons
vécus l'été dernier au Québec : Qu'est-ce qui a changé chez Hydro et
quelles préparations faites-vous pour l'été prochain?
Mme Bouchard (Claudine) : Les
choses ont changé, hein, ce sont des feux de forêt historiques. Alors, quand on
parle de changements climatiques, je pense que là on est confrontés à un des
pires événements, je dirais, d'impact des changements climatiques. On avait
vécu des inondations, des tornades, ce qu'on n'avait jamais vécu en aussi grand
nombre, et là arrivent les feux de forêt dans une zone en région éloignée,
inaccessible. Donc, je pense que ça aura permis... On a fait des post-mortem.
Évidemment, on a collaboré avec la SOPFEU tout au long, et dans le post-mortem
aussi.
Donc, les éléments d'apprentissage
là-dedans... Bien, il y a plusieurs éléments. Un, tout le programme de mesures
d'urgence. Donc, ça, il... il... il faut rendre ça encore... Généralement, on
est... on est un des premiers, je dirais, en termes de reconnaissance, quant à
la solidité des plans de mesures d'urgence, mais là il faut aller encore plus
loin là-dedans. L'évacuation. Quand on est sur des territoires où le seul moyen
de sortir devient l'avion, l'hélicoptère, là, il y a de la fumée, parce que la
route est envahie par le feu, ça complexifie les choses. Aussi, travailler
mieux en partenariat. Il y a des minières qui sont sur le territoire qui,
elles, n'avaient peut-être pas les ressources et les plans de mesures d'urgence
qu'on avait. Alors là, comment on travaille ensemble? Il y a les communautés
locales, les communautés autochtones aussi. Comment on travaille mieux
ensemble? Donc, ça, on a un rôle à jouer de... On ne veut pas occuper d'espace,
on... on... on respecte les responsabilités et l'imputabilité de tout le monde,
mais je pense qu'il y a un niveau supplémentaire de coordination à faire avec
les gens à la Sécurité publique et Sécurité civile. Donc, ça, on y travaille.
Donc, ça, c'est : si toutefois ça
arrivait, être mieux préparés puis avoir plus de plans de repli pour être
capables d'assurer la sécurité de tout le monde puis la sécurité de nos... de
nos installations. Nos installations n'ont pas été affectées par les feux de
forêt, à l'exception de quelques poteaux de bois sur des lignes de transport en
Abitibi qui sont faites sur des poteaux de bois qui ont été brûlés, mais ça n'a
jamais compromis la sécurité de l'alimentation pour ce bout...
17 h 30 (version non révisée)
Mme Bouchard (Claudine) : ...puis
on les a remplacés aussitôt que les feux ont été éteints. Maintenant, par
ailleurs, si on regarde dans l'avenir, on parlait tantôt d'investir en
prévision des futurs impacts des changements climatiques. Alors. Ça, c'est à ça
qu'il faut réfléchir. On a vu toutes sortes de méthodes, si on veut, pour
essayer de freiner la progression des feux de forêt, toutes sortes de nouvelles
méthodes pour protéger les installations stratégiques. Cet été, on était même
en lien avec les gens de la France, du Portugal, qui ont une connaissance
importante des mesures de mitigation et de prévention des feux de forêt parce
qu'ils en ont de façon répétée depuis plusieurs années. Alors là, l'idée, c'est
de voir quelles sont les meilleures mesures, mais pas dans un environnement
habité, occupé, mais dans un environnement de zone éloignée où le territoire
est vaste.
Donc, ça, c'est la transposition qu'on
devra faire et ça fait partie du plan, il y a des éléments dans le plan. Alors,
est-ce qu'on met des jerseys de béton? Est-ce qu'on crée des espèces de fosses
qui empêchent le feu de progresser aussi vite? Alors, ça, c'est actuellement en
réflexion par les équipes, mais on regarde vraiment ce qui se fait de mieux
ailleurs dans le monde.
M. Poulin : ...je conclurais
avant de laisser la parole à mon collègue de l'Abitibi, ma collègue d'Iberville,
mais je suis content de vous entendre dire qu'il y a des solutions extrêmement
concrètes qui peuvent être mises en place pour protéger les villages, pour
protéger les installations d'Hydro-Québec, sachant également que ça peut venir
assez vite, la prochaine vague des feux de forêt au Québec, mon collègue l'Abitibi
l'a vécu de bon aloi l'été dernier. Alors, merci pour ce partage.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède la parole au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Rebonjour. J'avais... J'attendais ce bloc-là vraiment avec
impatience, parce que vous ne le savez peut-être pas, je viens ingénieur de
formation, donc j'ai travaillé dans plusieurs organisations, puis on essayait
tout le temps de s'inspirer des meilleures pratiques de chacune des
organisations pour améliorer la nôtre qu'on travaille. Et donc j'adhère vraiment
avec vos objectifs d'Hydro-Québec pour rendre votre organisation agile,
innovante et transparente.
Puis j'ai lu ça, puis là je vais revenir
sur deux points, sur lesquels je veux vous entendre. Le mot «agile», ce que je
veux savoir, puis je vais vous dire pourquoi, c'est : Quelle est la place
des régions dans votre organisation qui s'en vient? Je vais vous faire un
exemple de ça. À l'époque, moi, et ça s'appelait la direction La Grande
Rivière, j'ai connu M. Michel Lemay puis M. Daniel Rivard comme directeurs à l'époque.
Ils étaient présents dans le milieu. L'organisation était en place. Il y a eu
des changements depuis ce temps-là, le nom a changé, les directeurs sont
partis. Puis on voit qu'actuellement dans le contexte de pénurie de main-d'œuvre,
de difficultés d'embauche, on voit des postes tranquillement se rapatrier vers
Montréal. Donc, première question que je veux vous entendre, puis je vais vous
donner l'exemple pourquoi après ça. Donc, dans votre structure future pour le
développement, quelle est la place dans les régions que vous voulez prendre d'Hydro-Québec?
Puis la raison pour...
Le deuxième point, c'était «transparence».
O.K. Dans votre titre de votre priorité cinq, c'est difficile actuellement
région, puis je vais vous donner l'exemple. On a été interpellés, puis
peut-être que vous le savez, sur la modernisation des systèmes de conduite de
réseau, O.K., on a été interpellés là-dessus, on attend des commentaires un
peu. Il y a trois postes... trois centres de téléconduite, dont un à Rouyn-Noranda
à cet égard-là. Puis là ce qu'on entend actuellement, c'est qu'on craint, les
gens en région, une centralisation, déplacement de ça vers le sud de la
province, le secteur de Varennes puis de Beauport. C'est un enjeu, puis le
gouvernement, on décentralise. Le gouvernement s'est engagé à envoyer des
postes dans la fonction publique, dans les régions. Puis là on ne voudrait pas
voir les organisations paragouvernementales, comme Hydro-Québec et autres, qui,
eux, ramènent les postes vers Montréal, parce qu'au final on ne gagnerait rien.
Donc, quelle est la place des régions dans
votre future organisation? Puis qu'arrive-t-il vraiment avec ces centres de
conduite de réseau là... tout le monde qui est... Merci.
Mme Bouchard (Claudine) : Merci
pour votre question. Les régions, je peux vous dire que les régions sont au
cœur de tout ce qu'on fait. On a des installations, des bureaux d'affaires
partout au Québec, et les bureaux d'affaires vont demeurer parce que c'est là
qu'on est près de nos clients. O.K. Donc, ça, c'est important. Maintenant, vous
faites référence à la Loi sur la régionalisation des emplois. J'ai les
statistiques devant moi. Hydro-Québec s'était engagée à régionaliser 541
effectifs en 2028. On en a déjà 306 de fait au 30 septembre 2022. O.K. Donc, je
pense que, de ce côté-là, on est sur la bonne voie. Maintenant, c'est sûr que
ça ne peut pas être partout égal en termes de pourcentage. Donc, le
Saguenay-Lac-Saint-Jean...
Mme Bouchard (Claudine) : ...a
eu quand même une progression importante de 120 effectifs de 2018 à 2022.
Donc, c'est au cœur de ce qu'on fait. Et, de toute évidence, on en a parlé
brièvement un peu plus tôt, avec la pénurie de main-d'œuvre, ce n'est pas un
choix qu'on va avoir de toute façon, il faudra aller chercher l'expertise et
l'expérience et la main-d'œuvre là où elle sera. Avec les techniques,
maintenant, de télétravail, avec des Q.G. différents, on va être en mesure de
créer les emplois en région ou de soutenir des emplois puis pas des emplois...
en fait, des emplois seniors, je vais les appeler comme ça, en région
également.
Ça fait que ça, je vais vous rassurer
là-dessus, ça fait partie du plan, donc, mais... c'est pour faire ça. Ce qu'on
veut faire aussi, c'est faire des partenariats avec les universités pour
essayer de voir dans les créneaux d'universités pour créer des espèces de pôles
d'emplois dans les régions. Bon, Chicoutimi, je connais peut-être un peu plus
ça, à Chicoutimi, une chaire de recherche sur le gel atmosphérique. Donc,
est-ce qu'on pourrait créer des emplois qui vont «designer» le réseau pour la
robustesse au verglas, de gens qui pourraient être diplômés de ce bout-là de
l'Université du Québec à Chicoutimi? Donc, ça, c'est un des exemples sur
lesquels on veut travailler dans le cadre de nos recrutements pour s'assurer
d'avoir la main-d'œuvre et l'expertise dont on a besoin pour faire ce plan-là.
• (17 h 40) •
Je reviens au centre de téléconduite. Vous
êtes très bien informés, je dois vous avouer, parce que ces discussions-là sont
encore à un stade assez embryonnaire avec nos partenaires syndicaux. Oui, il y
aura une réduction des sites à terme, mais il n'y en aura combien, ils seront
où? Ce n'est pas défini encore. Il reste encore beaucoup de discussions à avoir
avec nos partenaires syndicaux. Et la façon dont on veut traiter ce dossier-là,
ce n'est pas de dire : Je coupe les emplois puis on les remet ailleurs, il
y aura une période de transition, et, pendant cette période de transition là,
bien, il faut regarder si les partenariats, auxquels je faisais référence, avec
les universités vont pouvoir... de permettre... vont pouvoir permettre, plutôt,
de migrer ces emplois-là mais d'en créer d'autres d'un même niveau d'importance
et de niveau, je dirais, de revenus de la rémunération.
Alors, c'est ça, la vision qu'on en a. Et,
pour le centre de téléconduite, tout n'est pas encore arrêté, il reste encore
beaucoup de discussions à avoir avec nos partenaires syndicaux.
M. Bernard : Juste terminer,
on a une très bonne université aussi à Rouyn-Noranda, là.
Mme Bouchard (Claudine) : Oui,
je... Oui, c'est parce que je suis diplômée de l'UQAC. Alors, vous aurez
compris que je... ça se tient à une place, mais on a des universités partout
maintenant. Ce qui est génial, c'est qu'ils ont des cursus complètement
différents. Alors, il faut aller profiter de ça puis créer de la valeur avec ça
davantage.
M. Bernard : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Non, ça va. Parfait. Je cède maintenant la
parole au député de Jacques-Cartier.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le Président. M. Sabia, on parle de la famille d'Hydro-Québec. J'ai vu les
documents, c'est... les Hydro-Québécois et Québécoises, c'est une phrase que je
n'ai pas connue avant, j'ai trouvé ça bien intéressant. Mais c'est sûr que, M.
Sabia, vous avez déjà mentionné que vous avez un défi majeur avec la
main-d'oeuvre de trouver 35 000 travailleurs de la construction, mais aussi,
j'imagine, ça va prendre plus des effectifs au sein d'Hydro-Québec. Alors,
juste une question pour vous. Est-ce que vous êtes capables de trouver ces 35
000 travailleurs? Et est-ce que vous avez des commentaires sur les impacts
sur l'industrie de la construction, en général? On sait qu'on a présentement
une crise du logement. Toutes nos écoles ont besoin des rénovations. C'est
mettre vous en compétition un petit peu avec le gouvernement et aussi avec
l'industrie privée. Alors, je veux juste entendre vos réflexions sur ce sujet.
M. Sabia (Michael) : Donc, je
vais faire quelques commentaires, mais si mes collègues voudraient ajouter des
choses. Donc, oui, c'est vrai, là, c'est un enjeu, un enjeu... Selon moi, c'est
l'enjeu le plus important. Et donc je reviens à cette phrase, projet de
société, la seule façon que nous allons trouver les travailleurs, les
travailleuses dont nous avons besoin, c'est avec une mobilisation beaucoup plus
large, beaucoup plus vaste, que nous sommes en mesure de faire nous-mêmes, à
Hydro-Québec, parce que nous avons besoin des travailleurs, des travailleuses
qui sont plus polyvalents. Nous aurons besoin d'une plus grande mobilité entre
les régions du Québec et, peut-être, à l'extérieur du Québec. À Québec, nous
avons besoin une... disons, presque une nouvelle reconnaissance de l'expérience
des travailleurs qui viennent de l'extérieur du Québec et, potentiellement, qui
viennent de l'extérieur du Canada. Nous aurons besoin...
M. Sabia (Michael) : ...Augmentation
du volume de formation, mais également les moyens de former les gens pour avoir
un impact beaucoup plus vite. Et également, comme disait Maxime, il faut
continuer d'augmenter le niveau d'innovation. Par exemple, je pense, et
Claudine, si vous voulez, vous pourriez élaborer, par exemple, innovation dans
la façon, on gère des chantiers, la possibilité de préfabriquer beaucoup de
choses, utiliser de l'intelligence artificielle dans la planification des
projets. Donc, c'est tout un ensemble des choses dont nous aurons besoin pour
répondre à cet élément qui... comme j'ai dit, je me répète, maintenant, le défi
le plus important. Donc, nous allons faire notre part, mais également, il faut
avoir une très, très bonne collaboration avec le gouvernement, avec la CCQ,
avec l'industrie de la construction, même peut-être avec le gouvernement du
Canada. Donc, nous avons... pour répondre à cet enjeu, nous avons beaucoup de
travail à faire. Mais, si vous voulez.
Mme Bouchard (Claudine) : Bien,
je pourrais peut-être juste ajouter peut-être un élément important. Ce que
les... ce dont les entrepreneurs ont grandement besoin, c'est de la
prévisibilité, hein? Parce qu'embaucher des gens, les former, ça coûte beaucoup
de sous, et si on les embauche puis on les forme juste pour la durée d'un petit
projet, puis après ça, on les met à pied, bien, on a contribué à leur
formation, mais on ne crée pas de valeur pour l'entreprise. Je comprends les
entrepreneurs, évidemment, eux veulent la durabilité de leur entreprise, alors
quand on leur donne de la prévisibilité comme on le fait avec le plan, bien, on
les encourage à créer cette main-d'oeuvre-là, à la développer, à la
reconnaître. Donc, de toute évidence, ça va contribuer à créer cette
durabilité-là, de la main-d'oeuvre de la construction, en plus des éléments que
Michael a mentionnés, précédemment.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Un très bon point sur la visibilité, et défi énorme, oui, pour Hydro-Québec,
mais pour la société québécoise et un peu aussi canadienne en général. Juste
dans la section cinq, on parle de plus d'efficacité puis agilité. Une
question : le ministre a dit que pour un projet d'un barrage, c'est vous
autres qui ont l'expertise, que, sur 15 ans, il y a 10 ans de papiers
et cinq ans de béton. Est-ce que ça, c'est pas mal exact? Combien de temps ça
prend de construire un barrage? C'est juste de clarifier, peut-être. Je savais
que le ministre était dans les généralités, mais, je pense, c'est important
pour la population, est-ce qu'il y a vraiment 10 ans de papiers, ou est-ce
qu'il y a une façon de réduire le fardeau de la paperasse pour un projet comme
ça. Quelle chose est-ce qu'on doit enlever peut-être de ce processus? Et je
sais que vous parlez un petit peu des doublements avec le gouvernement fédéral
pour certains règlements, je ne sais pas si c'est lié à tout ça?
Mme Bouchard (Claudine) : C'est
une grande question, une question très large mais très intéressante qui occupe
mon quotidien, je dois vous avouer. En fait, notre objectif, c'est de réduire
la durée totale du projet sans pour autant compromettre ce qu'on a mentionné
tantôt puis ce sur quoi on a pris un engagement clair dans le plan d'action,
c'est-à-dire de mieux travailler en amont avec les communautés et de développer
le meilleur projet. Alors, une fois que le projet est développé, effectivement,
il y a les autorisations et l'obtention des permis qui pourraient être
accélérées, allégées ou faites de façon différente, et surtout, la
superposition parfois, qui nous apparaît peut-être artificielle, je vais le dire
comme ça, des processus fédéral et provincial et qui créent des délais
supplémentaires dans le processus d'obtention des autorisations
gouvernementales.
Et par ailleurs, dans la construction
elle-même, dans l'exécution du projet, il faut trouver des moyens d'accélérer
aussi. On a parlé tantôt d'automatisation, de robotisation, de préfabrication
et d'aller voir ailleurs, dans d'autres pays, quelles sont les meilleures
pratiques qu'on peut implanter ici pour aller plus vite. Et par ailleurs, notre
performance, quand on se compare dans les coûts puis les échéanciers, de façon
mondiale, on performe mieux que la plupart des entreprises du PMI, donc en
termes de coûts, en termes d'échéancier. Donc, ça, ça nous fait plaisir, mais
ce n'est pas une raison de s'asseoir sur nos lauriers. Il faut devenir encore
meilleurs à faire ces grands projets là.
M. Sabia (Michael) : Et je
voudrais juste... si je peux ajouter quelque chose, rapidement.
M. Kelley : Oui, vas-y,
vas-y.
M. Sabia (Michael) : Souligner
l'importance, parce que vous avez fait référence également, Claudine, cette
question de dédoublement entre le gouvernement du Québec et le gouvernement du
Canada. Ça, c'est une chose extrêmement importante. Et, si je reviens, le passé
récent, quand j'étais à Ottawa, c'est... Le problème est bien reconnu. Et, pour
accélérer le développement des grands projets, soit ici, au...
M. Sabia (Michael) : ...Québec,
ailleurs dans le reste du Canada, il y a une compréhension de l'importance de
simplifier ces processus. Et donc, au niveau du gouvernement, une chose que le
gouvernement pourrait faire pour accélérer le processus, pour nous aider de
façon importante est d'entamer des conversations, des discussions avec le
gouvernement du Canada sur ce point, c'est extrêmement important.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Je suis pas mal d'accord. Je pense que toutes les formations politiques autour
de cette table-là n'ont aucun problème d'aller à Ottawa pour demander plus de
pouvoirs pour le Québec de gérer nos choses. Mais, M. le Président, avec le
consentement de mes collègues, je veux céder la parole à la députée de NDG.
Le Président (M. Ciccone) : Y
a-t-il consentement? À vous la parole, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
• (17 h 50) •
Mme McGraw : Merci, cher
collègue de Jacques-Cartier. Merci, M. le Président, et merci les collègues du
banc ministériel ainsi que les collègues en opposition. Et merci, M. Sabia, et
votre équipe d'être là avec nous aujourd'hui, c'est un privilège de pouvoir
assister et participer.
J'ai une question dans ce sens-là,
justement. L'objectif, on parle de transformer nos façons de faire et soutenir
l'atteinte des objectifs de décarbonation et de prospérité économique du
Québec. M. Sabia, vous avez parlé d'une transition non seulement énergétique,
mais économique. Vous avez parlé de hautes ambitions. On parle... on mise
beaucoup sur nos ressources naturelles aussi, mais je voudrais parler des
ressources humaines. Donc, on aimerait savoir plus quelle est la stratégie pour
mettre en valeur, pour mettre en valeur puis pour partager, effectivement,
parce qu'on comprend que les changements climatiques à l'aube de... bien,
aujourd'hui, avec la COP28, c'est un enjeu mondial. Alors, quelle est la
stratégie pour miser sur l'expertise, le savoir-faire québécois en matière
d'énergies renouvelables, surtout l'hydroélectricité, à l'échelle mondiale?
M. Aucoin (Maxime) : ...oui,
je peux commencer et vous pourrez compléter, là. Donc, effectivement, il y a
deux, trois choses. Un, il y a effectivement un écosystème assez vibrant au
Québec, de toutes sortes de petites entreprises, moyennes entreprises autour
d'Hydro-Québec, sur lesquelles... avec lesquelles on va pouvoir travailler.
Donc, il y a des partenariats qui vont pouvoir se faire, il y a des
partenariats qui se font déjà, autant avec le privé qu'avec le côté
universitaire, qu'avec différentes associations. Donc, je pense qu'il y a plein
de partenariats qui peuvent se faire pour promouvoir le talent local. Moi, ce
que... je vais revenir sur le point de Claudine, tantôt, avec le plan qu'on a
présenté, puis même moi, ça ne fait que quelques semaines je suis chez
Hydro-Québec, le nombre d'appels qu'on reçoit de gens qui sont intéressés,
parce qu'on a une prévisibilité, on a des projets ambitieux, et donc le nombre
d'appels qu'on reçoit de gens qui sont intéressés et qui veulent voir comment
on peut participer, comment qu'on peut travailler ensemble... Donc, je pense
qu'on a devant nous des très, très belles opportunités de s'assurer qu'on
travaille tout l'écosystème au Québec. Je ne sais pas s'il y a des...
Mme McGraw : Donc, si j'ai
un... on me permet une dernière question, et je ne peux pas m'empêcher en tant
que porte-parole en environnement et changements climatiques, une des questions
que j'avais, je sais que vous avez eu une bonne discussion par rapport à
l'acceptabilité sociale, dont l réconciliation économique avec les communautés
autochtones. Et moi, une des questions, évidemment, il y a toujours le triple
bilan, social, économique, environnemental. Alors, une question sur cet
aspect-là, juste au niveau de notre savoir-faire au Québec, est-ce qu'on
prend... dans ces démarches-là, est-ce qu'on prend en considération... c'est
quoi, votre approche vis-à-vis l'impact environnemental de cette transition
énergétique et économique, dont les solutions basées sur la nature qui sont des
solutions importantes pour décarboniser et pour contrer les changements
climatiques? Est-ce que c'est pris en considération dans votre planification?
M. Sabia (Michael) : O.K.,
donc, je vais faire juste un ou deux commentaires. Ensuite, je vais passer la
parole à Julie pour parler de la biodiversité, l'accent que nous mettons sur
cette question. Donc, le point de départ, selon nous, la meilleure chose, la
meilleure chose et de loin qu'Hydro-Québec puisse faire pour contribuer à un
environnement viable pour le long terme, c'est la décarbonation, qui représente
75 % de l'ensemble de cette...
M. Sabia (Michael) : ...augmentation
de production. Donc, selon nous, ça, c'est la chose, comme je disais, le plus
loin... de loin la plus importante. Également, on est... et nous allons vous
donner les détails, mais également, grâce à notre façon d'augmenter le niveau
de production, également d'utiliser 75 % de cette augmentation pour
décarboner soit des bâtiments, des industries, des résidences, décarboner
l'ensemble de ces choses, il y aura une réduction importante des GES ici, au
Québec. Donc, ça représente, selon nous, une contribution... «I mean»,
primordiale, importante, extrêmement importante à... le développement d'un
environnement durable ici, au Québec...
Mme Boucher (Julie) : ...
Le Président (M. Ciccone) : Il
vous reste à peu près 20 secondes. Je suis vraiment désolé.
Mme Boucher (Julie) : ...juste
en disant qu'ensuite on peut agir sur le comment, comment on développe nos
infrastructures pour minimiser les impacts. Parfois, c'est le choix d'un site,
parfois c'est de travailler à limiter les espèces envahissantes, c'est les
toits verts, c'est les îlots. Il y a différentes façons après, dans le
développement de nos infrastructures qui servent à décarboner, pour minimiser
notre impact sur la nature. Le gouvernement du Québec a un plan nature l'année
prochaine, 2030. On sera un contributeur, certainement.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Mme Boucher. Merci beaucoup, Mme la députée. Je cède maintenant la
parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. M. Sabia, j'ai noté votre plaidoyer pour... contre, en fait, la
dénationalisation d'Hydro-Québec. L'histoire d'Hydro-Québec, c'est une histoire
de nationalisation, au moins jusqu'à la fin du siècle dernier. C'est une
histoire de transfert de richesse vers les Québécoises et les Québécois du
privé. Depuis le début de ce siècle, en fait, il y a beaucoup de choses qui
vont à l'encontre de ça, hein, je veux dire, 100 %... ça a été commencé
par le PQ, ensuite le Parti libéral, aujourd'hui la CAQ, 100 % des
éoliennes que nous voyons sont faites par le privé. Chacun des kilowatts qu'on
achète, il y a une cote qui va au privé, parce que le privé fait de l'argent
sur cette énergie-là. Je veux dire, Hydro-Québec a été capable d'avoir des
turbines qui vont dans l'eau. Apparemment, ils ne sont pas capables d'avoir des
turbines qui tournent dans l'air. Aujourd'hui, vous nous demandez de ne pas
être inquiets. On nous dit que 38 kilomètres et adjacent à une compagnie qui se
trouve à Shawinigan, alors qu'on va mettre une éolienne à 38 kilomètres. Je
rappelle que le vent est un bien qui nous appartient à toutes et tous, un
gisement. Aujourd'hui, on parlait de gisement de pétrole, historiquement,
maintenant on parle de gisement éolien. On vient de donner 200 kilomètres
carrés de gisement public à une compagnie privée pour son autoproduction, comme
si c'était normal qu'il y ait tout ce transfert de richesse. Ça fait qu'il va y
avoir 182 milliards d'investis. On ne voudrait pas que ça soit un exercice de
transfert de richesse du Québec vers le privé et on veut rester fidèles à cette
histoire-là. Ça fait qu'à moi de faire, donc, mon plaidoyer.
Maintenant, la deuxième chose qui nous
intéresse à Québec solidaire, c'est la question de la décarbonation. Et je
voudrais juste mettre en perspective de quoi on parle. Donc, à terme, d'ici
2050, on va parler de 200 térawattheures à produire. La... Le complexe de la
Romaine, c'est un peu plus de 8 térawattheures. Donc, on parle de 24 fois la
Romaine dans les 26 prochaines années, équivalent, là. Là, évidemment, il y a
toutes sortes de... de trucs. La Romaine, c'est quatre barrages, donc c'est
l'équivalent de 96 barrages de... de ce qui s'est passé dans la Romaine que ça
a pris 11 ans, on est censés faire ça en 26 ans. Bon, évidemment, vous me direz,
il y a des éoliennes, il y a toutes sortes de choses, évidemment. Mais quand
même. Il y a une chance quand même qu'on ait du mal à faire autant de choses en
26 ans.
Et ma question, c'est : Sur le
75 % de décarbonation versus le 25 % de développement économique,
est-ce qu'il n'y aurait pas à prioriser le 75 % de décarbonation devant le
25 % de développement économique au cas où on n'arrive pas à faire tout ce
qu'on a prévu de faire dans un joli plan sur 26 ans?
M. Sabia (Michael) : Vous
avez soulevé tant de choses. Donc, je vais répondre... pour la première fois
aujourd'hui, je vais essayer de répondre très rapidement.
M. Bouazzi : ...qui est la
plus importante, s'il vous plaît.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Mais vous avez dit beaucoup de choses. Donc, selon moi... Je ne suis pas
d'accord avec votre façon de caractériser le rôle d'Hydro-Québec. Selon moi...
Et ça revient à mon point sur l'importance des institutions publiques. Cette
institution publique a créé dans l'histoire...
M. Bouazzi : ...deux minutes,
c'est mes dernières deux...
M. Sabia (Michael) : ...créer
un environnement.
M. Bouazzi : Est-ce qu'on
priorise d'abord le 75...
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député. M. le député. M. le député. Vous avez posé une question, par
respect, laissez au moins répondre M. Sabia.
M. Bouazzi : ...commencer par
la dernière question.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député. M. le député, vous avez posé une question, laissez M. Sabia, par
respect, répondre à la question.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Donc...
M. Bouazzi : ...on essaie
d'avoir des informations.
M. Sabia (Michael) : O.K.
«You win.» calmez-vous. Ça va. Donc, je vais revenir, je vais débuter ma
réponse à la fin. Donc, je pense, il y a une confusion ici. 75, 25, donc, dans
l'ensemble des choses, selon moi, soit le 75, soit le 25, l'ensemble contribue
à la décarbonation du Québec. Et pourquoi je vous dis ça? Parce que l'objectif,
selon nous, selon moi, pour le 25, devrait être encourager des investissements
dans les industries, des sociétés vertes, par exemple, la fabrication
d'aluminium vert, la fabrication d'acier vert. Donc, c'est une façon, dans
l'ensemble, la totalité du plan s'adresse la grande question de comment créer
une société québécoise qui est à la fois décarbonée et prospère. Il faut mettre
les deux ensembles.
• (18 heures) •
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Sabia (Michael) : Donc,
moi, je ne vois pas une distinction tellement importante entre le 75 à 25 parce
que l'ensemble des choses vont dans le même sens. Donc, ça, c'est ma réponse à
votre dernier point.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
C'est terminé. Malheureusement, M. Sabia, c'est bien, c'est terminé. Merci
beaucoup. Je dois maintenant céder la parole au député de Jean-Talon.
M. Paradis : Alors, ici,
l'engagement d'Hydro-Québec, c'est de mieux répondre aux besoins de la
clientèle. Et un des principaux besoins de la clientèle, c'est celui qui est
relatif à la facture, payer le bon prix. Et là, depuis 2005, Hydro-Québec
aurait engrangé des trop-perçus de 1,5 milliard, je le mets, «trop perçu»,
entre guillemets, parce que je sais qu'il y a eu des discussions là-dessus, là,
mais néanmoins on aurait facturé aux Québécois 1,5 milliard de plus que ce
qu'étaient les besoins réels d'Hydro-Québec en termes de revenus. Et, pendant
la même période, il y a eu des profits records qui ont été engrangés, en 2022,
c'est 4,55 milliards de dollars. Comment on fait pour être plus
agiles sur cette question-là de ce qui est facturé aux Québécois? Quels
mécanismes on peut mettre en place pour éviter ce phénomène-là? Parce qu'en
bout de ligne, c'est de l'argent qui s'en va au gouvernement et le gouvernement
ne le retourne pas dans les poches des Québécois. Parce que là, actuellement,
il y aurait 1 milliard de ces trop-perçus qui n'ont pas encore été
retournés aux Québécois.
M. Sabia (Michael) : O.K.
Donc, je vais répondre, mais si vous avez des commentaires. Donc, selon moi...
donc, présumant, parce que ça, c'est la situation actuelle, un plafond de
3 %, O.K., donc ça, c'était une chose. Une chose qui est excessivement
importante, et je reviens à notre discussion avec Dave d'efficacité
énergétique, parce que ça nous donne une occasion de réduire sensiblement la
facture parce que c'est la facture totale qui compte. Pour une résidence, pour
une société, pour une PME, c'est la facture totale qui compte. Donc, si nous
sommes en mesure d'encourager une meilleure utilisation d'électricité et de
consommer mieux et moins, ça, c'est une façon de réduire la facture totale pour
l'ensemble des résidences des consommateurs ici au Québec. Donc, ça, c'est un
objectif important. Et de travailler sur cette question de la facture totale.
M. Paradis : Cette
question-là, là, sur les prévisions de ce que sont les revenus dont
Hydro-Québec a besoin nous amène dans une question plus large aussi, de la
prévisibilité. Aujourd'hui, on parle de besoins en production hydroélectrique
future, puis là, ce qu'on a entendu là-dessus sous l'administration Martel,
sous l'administration Brochu, et même maintenant, aujourd'hui, ça semble
changer. Il y a cinq ans, on parlait des gros surplus. Là, aujourd'hui, on
parle de déficit de production. Alors, qu'est-ce qui fait aujourd'hui, quand on
parle de gouvernance, que les Québécoises et les Québécois peuvent se fier à ce
qu'ils entendent aujourd'hui? Parce que c'est très différent d'il y a quelques
années puis c'est très différent d'il y a 10 ans. Et pourtant les facteurs
n'ont pas tant changé que ça les composantes. Qu'est-ce qui fait qu'on peut se
fier à ce que vous nous dites aujourd'hui?
Le Président (M. Ciccone) : En
30 secondes, s'il vous plaît.
M. Paradis : Oui. Bien, je
pense, l'élément le plus important, c'est que, pour la première fois, on met un
plan en place qui essaie d'atteindre l'objectif...
18 h (version non révisée)
M. Aucoin (Maxime) : ...l'objectif
de décarboner pour 2050. Donc, quand on part de la fin, puis on se dit :
On veut décarboner en 2050 puis qu'on recule, là on dit : Qu'est-ce que ça
prend pour y arriver? Effectivement, ça donne une photo différente, mais on est
dans un monde qui est différent aujourd'hui par rapport à il y a 10 ans
par exemple, où est-ce qu'on n'avait pas cette vision, cette visibilité-là sur
qu'est-ce que ça prenait pour décarboner.
Mme Boucher (Julie) : ...de l'électrification.
Regardez le nombre de véhicules électriques qu'on a sur nos routes aujourd'hui
versus il y a deux ans à peine. Il y a une électrification importante. Il y a
une demande importante pour l'électricité qui dépasse ce qu'on avait anticipé
il y a deux ans à peine.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Mme Boucher. Merci beaucoup, M. le député.
Nous sommes maintenant rendus à la fin des
auditions. J'invite maintenant le député de Jean-Talon à faire ses remarques
finales pour une durée de 1 minute. Et la parole est à vous, M. le...
M. Paradis : Ah! c'est moi
qui commence?
Le Président (M. Ciccone) : Bien,
oui, on commence par l'autre côté.
M. Paradis : Bien, écoutez, j'aimerais
vous remercier. Je n'ai pas eu le temps de me préparer tant que ça, mais j'aimerais
vous remercier vraiment pour votre présence aujourd'hui, pour votre
transparence et pour les réponses que vous nous avez données. C'est très
important ce genre de dialogue là, et je peux vous dire que vous avez pris
quelques engagements en réponse à mes questions aujourd'hui, puis je voulais
vous en remercier, notamment celui de vous engager dans un dialogue avec la
société civile. Hydro-Québec, c'est tellement important pour les Québécoises et
les Québécois. Le fait de pouvoir s'asseoir avec vous, je l'ai dit tout à l'heure
avec humour, mais c'est vrai, M. Sabia, avec vous, avec la haute
direction, c'est fondamental, ça va générer de la confiance, ça va générer un
dialogue qui est important et qui va être bénéfique pour les deux parties.
Alors, merci beaucoup. Merci pour vos
efforts aussi sur le plan d'action. On a hâte de voir aussi le plan d'action
révisé à la suite des prochaines étapes qu'on va faire ensemble. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Et j'invite maintenant le député de Maurice-Richard.
Vous avez une minute et 52 secondes pour vos remarques finales.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. À mon tour de vous remercier. On a entendu, entre autres choses, que
vous allez travailler sur les questions d'accessibilité pour les questions de
performance énergétique pour les personnes les moins nanties. C'est quelque
chose qu'on va suivre de très proche dans l'avenir. Il y a aussi tout ce qui
touche, évidemment, aux questions de réconciliation avec les autochtones. Et
puis, plus généralement, il y a les objectifs très, très ambitieux pour pouvoir
décarboner. Vous avez dit, à un moment, M. Sabia, que c'était le
premier... fois qu'on avait un plan chiffré. Nous, à Québec solidaire, on en
avait un. On comprend que le gouvernement va pouvoir compter sur le vôtre et
puis on est bien content qu'il y en ait un sur la table qui permette un
dialogue. À notre tour aussi d'appeler à un dialogue national, parce que cette
transition-là ne se fera pas sans qu'il y ait une vraie adhésion des
Québécoises et des Québécois. Et je dirais peut-être aussi que le 75 % de
décarbonation devrait quand même être la priorité des priorités. Il y a
actuellement un appel à ploguer des nouveaux bâtiments au gaz parce qu'on n'est
pas capable de fournir l'électricité. Il y a des compagnies qui ont peur de ne
pas trouver l'électricité dont elles auront besoin, parce qu'il y a beaucoup de
projets de multinationales étrangères qui viennent ici consommer l'électricité.
Ça fait qu'il serait important qu'on réserve et qu'on ne tue pas la... on ne
vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué ou...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : ...ou la peau du
faisan avant de l'avoir tué. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le député. J'invite maintenant le député de
Jacques-Cartier. Vous avez cinq minutes, 37 secondes.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Et merci beaucoup pour votre écoute aujourd'hui. Et M. Sabia,
Mme Bouchard, M. Aucoin, M. Rhéaume et Mme Boucher, merci
beaucoup pour votre participation aujourd'hui. Ça fait une couple de mois qu'on
a martelé le gouvernement que c'est important d'avoir la présence de le P.D.G.
d'Hydro-Québec ici avec son équipe pour poser des questions sur notre avenir
énergétique, alors merci de... pris le temps aujourd'hui. Mais aussi je sais
que votre équipe, ça prend beaucoup de temps et de préparation à une commission
parlementaire, alors merci beaucoup à tout le monde qui a travaillé fort pour s'assurer
qu'aujourd'hui a été un bon échange entre les élus et Hydro-Québec. C'est sûr
que comme mon chef et le leader de l'opposition officielle, a dit : On a
eu des bons échanges, mais on a toujours beaucoup de questions sans réponse. Et
je sais que ce plan est un départ dans plusieurs sens, puis il y a plusieurs
choses à développer dans les prochaines années et les prochains mois. C'est sûr
pour nous une question concernant les tarifs pour les entreprises, dans les
prochaines années, ça va augmenter par quel pourcentage? Ce n'est pas juste un
enjeu pour Hydro-Québec, mais aussi pour le gouvernement à gérer. M. Sabia,
vous étiez très, très clair sur l'enjeu de la main-d'oeuvre. C'est énorme pour
Hydro-Québec, mais quand même, c'est un défi pour notre société...
M. Kelley : ...on va suivre le
dossier de la construction d'un barrage avec beaucoup d'intérêt. Ça va être un
énorme projet, mais. Si c'est nécessaire, et quand ça arrive, j'espère qu'on va
prendre en considération tous les enjeux de... les changements climatiques, et
tout ça, et l'environnement, mais aussi, c'est sûr, la participation des
autochtones.
Et, une mise en garde, pas juste pour
Hydro-Québec, mais pour tout le monde, je pense, M. Sabia, vous et votre équipe
est tellement sincère que vous voulez changer votre façon de travailler avec
les communautés autochtones, mais, pour eux autres, il y a toujours des
paroles, mais est-ce que ça va continuer de suivre ces paroles avec des actions
concrètes? Je pense que la réponse, ça va être oui, mais souvent ça commence
bien puis ça termine mal. Alors, je sais que vous, votre équipe va continuer de
travailler sur ça et c'est très important pour le succès de votre plan.
• (18 h 10) •
Puis finalement, c'est sûr... l'importance
d'une consultation nationale. Le premier ministre a parlé d'une jasette
nationale, c'est sûr, je sais que vous avez des plans de parler avec les
différents acteurs dans le milieu, mais n'oubliez pas les citoyens non plus,
parce que c'est un dossier qui est très, très important pour eux autres, pas
juste nécessairement la question des tarifs, mais tout le développement d'Hydro-Québec
puis la suite des choses.
Alors, encore un grand merci. Et je suis
d'accord avec vous autres, c'est une... oui, c'est un plan de société, c'est un
projet de société. Ça va prendre une participation de tout le monde, puis un
bon dialogue. Puis j'ai bien aimé, M. Sabia, quand vous avez parlé, il n'y a
pas des forces d'inaction, il y a juste... C'est sûr que certains gens ont des
questions ou des fois ne sont pas d'accord avec un projet, mais, dans la
plupart des cas, je suis pas mal certain que les Québécois veulent aller de
l'avant avec plus d'énergie renouvelable et aussi faire des efforts pour
conserver l'énergie, le meilleur kilowatt, c'est le kilowatt qu'on n'utilise
pas. Puis je pense qu'avec du temps, on peut probablement, oui, convaincre des
Québécois d'être meilleurs avec leur utilisation de l'électricité, mais quand
même de ne pas oublier peut-être une façon d'aider eux autres avec les
batteries, des microréseaux, des autres solutions plus locales où des gens vont
sentir qu'ils sont vraiment... partie de la transition énergétique. Ce n'est
pas juste des mots, ils sont vraiment dedans. Puis je pense qu'il y a aussi un
rôle pas juste pour Hydro-Québec, mais aussi pour le gouvernement d'encourager
des types de projets qui sont plus locaux aussi. Alors, c'est tout pour moi.
Encore un grand merci puis on va continuer de poser des questions en Chambre,
et quand même dans l'espace public. Puis je vais suivre vos actions de près.
Alors, merci beaucoup, tout le monde.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, Monsieur le député. J'invite maintenant le ministre de l'Économie, de
l'Innovation et de l'Énergie à faire ses remarques finales. Monsieur le
ministre, vous disposez de sept minutes 30 secondes.
M. Fitzgibbon : Merci beaucoup.
Premièrement, je veux remercier toute l'équipe d'Hydro-Québec. Merci beaucoup.
On a vu un nombre de dirigeants impressionnant ici, dans la salle, avec M.
Sabia. Alors, j'apprécie beaucoup votre temps. La journée est passée au
complet. Je pense que c'est du temps de qualité parce que c'est un sujet,
évidemment, qui est très émotif, puis très important pour le Québec. Je veux
remercier aussi tous les collègues élus qui sont ici et les collègues aussi
administratifs, particulièrement le... notre président, l'équipe qui a été ici
pour garder le contrôle de la session. Alors, merci à tout le monde. Je pense
que c'est important de le reconnaître. Je pense que ça va de soi que la
transition énergétique, c'est un élément qui est primordial pour notre
gouvernement, primordial également pour tous les Québécois. Puis les échanges
qu'on a eus aujourd'hui, je pense, s'enlignent très bien avec... de soulever
puis de reconnaître l'importance de cette initiative-là.
Mes commentaires, j'ai six commentaires.
Le premier, je veux m'adresser au chef de l'opposition officielle, qui n'est
pas ici, là. Mais, ce matin, on parlait, là...
Le Président (M. Ciccone) : ...souligner
l'absence...
M. Fitzgibbon : Alors,
j'excuse, je ne suis pas habitué d'être ici, là. Alors, le commentaire
s'applique à l'opposition officielle. Je pense que c'est important de dire aux
Québécois que nous ne manquerons pas d'électricité en 2027. Il n'y aura pas de
grande noirceur au Québec. Je peux le confirmer aux citoyens québécois qu'on
n'aura pas de manque. Alors, c'est important de le souligner, parce qu'il ne
faut pas faire peur aux gens et surtout il faut prendre l'information... bonnes
places.
Deuxièmement, sur le 3 %, beaucoup a
été dit sur ça. 3 %, comment ça va se faire? Le Premier ministre a été
très clair, les taux résidentiels vont être limités à l'inflation avec un
plafond de 3 % pour une période lointaine. Comment ça va s'enchâsser dans
la loi? Comment ça va se faire? On n'a pas encore décidé, mais je veux rassurer
la population que le 3 % ne changera pas, parce qu'il y a eu des débats
sur ça aujourd'hui. L'autre, c'est pour la...
M. Fitzgibbon : ...Deuxième...
de la troisième opposition officielle, Northvolt, contrairement à ce qui a été
dit, ne paie pas un tarif moins cher que le L. Puis il y a bien des
journalistes qui ont pris ça, alors je veux confirmer, tout le monde, Northvolt
paie son électricité comme tous les autres industriels. Et d'ailleurs, le
fameux L moins 20, puis M. Rhéaume a très bien élaboré ce matin,
M. Rhéaume a mentionné que c'est un programme qui est un programme du
gouvernement, par le ministre des Finances, le programme d'ailleurs a été
éliminé. Donc, depuis... bien, à partir du 31 décembre, il n'y aura plus
de tarifs qui sont L moins 20, qui n'affectaient pas du tout Hydro-Québec.
Donc, c'est important de le souligner, parce qu'il y a un peu de confusion par
rapport à ça.
L'autre élément important, je pense, c'est
le fameux bâton carotte pour l'efficience énergétique. Je reconfirme que le gouvernement
s'engage, il n'y aura pas de bâton, ça va être la carotte. Je pense que
M. Rhéaume, toute l'équipe, M. Sabia aussi, ont bien illustré qu'il y
a des moyens qu'on peut utiliser pour augmenter l'efficience énergétique. C'est
quelque chose qui est très important parce que c'est probablement... bien,
«probablement», c'est l'électricité la moins chère que nous avons, celle que
nous ne consommons pas ou consommons mieux. Alors, clairement, je veux rassurer
la population qu'il n'y aura pas de bâton qui va être utilisé prochainement.
Cinquième point. On a parlé beaucoup de
TES Canada, Québec solidaire en a fait référence, je peux vous confirmer
aujourd'hui, c'est un projet pour lequel nous sommes, au gouvernement, très
fiers. Pourquoi? Parce que ce projet-là s'inscrit dans le PEV, s'inscrit dans
la décarbonation du Québec. Parce que, quand on regarde... les gens qui sont
contre, là, mais je peux comprendre qu'on est contre, de réduire les GES, mais
le projet de TES Canada, selon les avancées de la société, où le risque est
pris 100 % par le privé, va réduire de 800 000 tonnes de GES, si
le programme se matérialise. 800 000 tonnes de GES, pour le mettre en
perspective, c'est près de 3 % de la cible que nous avons pour 2030. Donc,
c'est un projet intéressant. Et il va y en avoir d'autres, on espère, parce que
ça va s'inscrire globalement dans l'atteinte des objectifs que nous voulons
avoir, qui sont très ambitieux, pour le Québec.
L'autre élément. Le Parti québécois a
soulevé, tantôt, pourquoi ça a changé, la demande puis l'offre? C'est une
question qui est très légitime. Je vous dirais tout simplement que les projets
de décarbonation, les projets industriels qui vont créer des retombées
économiques pour le Québec, M. Sabia en a parlé, de l'acier vert, l'aluminium
vert, ces projets-là n'existaient pas avant. Alors, ils sont arrivés récemment,
parce que la vitesse à laquelle les communautés internationales veulent se
décarboner fait en sorte que les entreprises cherchent des lieux géographiques
qui vont permettre d'atteindre leur objectif. Donc, tant mieux, si le Québec
peut en profiter. Évidemment, l'enjeu va être de séquencer comment on va
allouer nos mégawatts à ces différents projets-là. Et c'est le rôle du
gouvernement de choisir les projets qui vont, d'une part, créer de la richesse,
mais également, qui vont réduire nos GES.
Dernier point. Le gouvernement, on a tenu,
au printemps dernier, durant l'été, d'énormes consultations qui vont nous
permettre de déposer, quelque part dans le premier trimestre 2024, une
réforme, des amendements au projet de loi. Parce qu'on doit changer la loi
d'Hydro-Québec, on doit changer la loi de la régie de l'énergie, un travail
qu'on fait avec Hydro-Québec, mais qui est appuyé pour... avec des multiples
rapports, on en a pour à peu près six pieds de haut, sur qu'est-ce que les
consultants, qu'est-ce que la population, qu'est-ce que les communautés
autochtones nous ont mentionné. Donc, on va prendre ça en considération. On
travaille là-dedans. On va arriver avec une réforme des deux projets de loi,
qui va être déposée, comme j'ai dit, quelque part en février, peut-être même
mars 2024. Ce n'est pas une course. Et ça va être important, je pense, qu'on
ait des commissions parlementaires. Et le forum pour revoir publiquement cette
réforme-là va se faire formellement dans une audience comme celle-ci, et ça va
être la revue des projets de loi que nous voulons faire approuver. Alors, sur
ça, merci beaucoup à tout le monde. Bonne soirée.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Avant de terminer, d'ajourner, je comprends
qu'Hydro-Québec s'est engagée à déposer deux documents, un document qu'on a
reçu, et il reste un document à fournir au secrétariat. Et ces documents seront
remis aux membres de cette commission.
Sur ce, Mme Bouchard,
Mme Boucher, M. Sabia, M. Rhéaume, M. Aucoin, M. le
ministre, membres de la partie gouvernementale, membres des oppositions, je
vous remercie tous pour votre excellente collaboration.
Ayant accompli son mandat, la Commission ajourne
ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 h 19)