Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 4 mai 2023
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Vol. 47 N° 12
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, volet Énergie
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, Volet Énergie - Hydro-Québec
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
bonjour à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du volet Énergie du portefeuille Économie,
Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2023-2024. Une enveloppe
de 1 h 30 a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, alors Mme Bogemans
(Iberville) est remplacée par Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice); M. Gagnon
(Jonquière) est remplacé par M. Lemay (Masson); monsieur...
11 h 30 (version non révisée)
La Secrétaire : ...Poulin
(Beauce-Sud) est remplacé par M. Chassin (Saint-Jérôme); M. Sainte-Croix
(Gaspé) est remplacé par M. Lemieux (Saint-Jean); et finalement Mme Zaga
Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la secrétaire. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par
blocs d'échanges incluant les questions et les réponses. Je suis maintenant
prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échanges. M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à vous.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président. Bienvenue, M. le ministre, et votre équipe, les fonctionnaires.
Je vais continuer, M. le Président, à saluer... à saluer tout le travail qui a
été fait par les fonctionnaires du ministère de l'Énergie. C'est un travail pas
mal énorme. Et, quand même, quand je regarde le cahier pour l'Économie, l'Innovation
et l'Énergie, c'est un bon 300 pages et plus de travail qui a été fait. Alors,
toutes les réponses à nos questions ont été fournies par le ministère, travail
colossal. Alors, je veux juste dire merci à eux autres. Puis je sais que, quand
même, pour l'équipe du ministre, les gens qui travaillent au sein de son cabinet,
des attachés politiques, le conseil politique, c'est beaucoup de travail, la
préparation de l'étude des crédits.
Mais je vais commencer à mon bloc avec une
discussion que le ministre a eue avec mon collègue le député de
Marguerite-Bourgeoys. Puis ils ont eu une discussion sur les mégawatts qui
restent au Québec. Je sais que le ministre a une vision à attirer des
entreprises ici, de créer des jobs payants, mais il a dit, en commission avec
mon collègue, qu'on a 21 mégawatts de demandes, des projets, mais on a
seulement 1 000 mégawatts disponibles en gros.
On a eu une discussion avec un de ses
collègues, le député et le ministre de Sainte-Rose, et on a dit qu'on a une
crise énergétique. Moi, je suis bien d'accord. Le ministre n'est pas d'accord,
il a dit : On a un problème, on a un enjeu. Mais c'est très clair, pour
moi, qu'il ne reste pas beaucoup d'énergie. Puis les entreprises de Québec, d'ici,
ont besoin d'énergie propre pour faire la transition à une société et une
économie zéro carbone. Alors, je veux juste entendre le ministre. Est-ce qu'il
y a vraiment seulement 1 000 mégawatts qui restent? Et c'est quoi, le plan
pour s'assurer qu'on peut décarboniser notre économie et société?
M. Fitzgibbon : Alors,
bonjour. Bonjour, tout le monde. Merci de votre participation à cette
importante étude de crédits sur l'énergie. Ce matin, c'est avec... avec moi et
mon équipe, puis, après-midi, on aura la chance d'avoir les gens d'Hydro-Québec.
Alors, écoutez, la question que vous posez
est très complexe, évidemment, puis elle est... elle est multidimensionnelle.
Ce que je... ce qu'on a répété souvent, c'est qu'effectivement il y a une
hausse importante des demandes de mégawatts pour le gouvernement du Québec...
mettre en perspective, là, pour que tout le monde comprenne. Des années 2000
jusqu'à aujourd'hui, ou jusqu'à voilà un an, disons, les demandes de projets en
haut de 50 mégawatts au Québec, il y a eu une demande, un projet, Canadian
Malartic. Il n'y a pas eu de demande en haut de ça. Aujourd'hui, on fait face à
plus de 50 demandes de projets en haut de 50 mégawatts. Évidemment la
décarbonation, évidemment l'attraction du Québec pour des projets industriels
fait en sorte que ces demandes-là existent. Premier point.
Deuxième point, j'ai mentionné à plusieurs
reprises qu'on avait reçu au-dessus de 20 000 mégawatts de demandes de
différents groupes pour décarboner et pour faire des projets industriels, mais
ces demandes-là sont séquencées durant le temps. Ce n'est pas toutes des
demandes qui exigent des mégawatts aujourd'hui, parce que les projets prennent
des années à construire. Alors, effectivement, aujourd'hui, dans le plan d'approvisionnement
qui est posé par Hydro-Québec, les... ce qui est disponible aujourd'hui pour
des projets industriels, c'est à peu près 1 000, 2 000 mégawatts.
Maintenant, ce qu'on fait présentement, on travaille étroitement avec
Hydro-Québec et avec les entreprises pour séquencer comment on peut retarder
certains projets. Et on fait un choix aussi, parce que le p.l. n° 2, vous
savez, a remis la décision sur les épaules du gouvernement, on va devoir
choisir des projets entretemps. Donc, on travaille étroitement avec
Hydro-Québec pour idéalement tout faire les projets. De 20 000, on a dit
qu'il y en a 10 000 qu'on veut faire. On va essayer de tout faire dans les
prochaines... prochains trois à huit ans.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre, pour la réponse à la question. Dans le cahier des crédits... Parce
que vous avez parlé de plusieurs différents projets, mais, dans le cahier des
crédits, à la question 31, il y a une réponse que vous avez dit qu'il y a
huit projets présentement sur votre bureau. Est-ce que c'est possible, les huit
dossiers... excusez-moi, sur votre bureau... Est-ce que vous êtes capable de
fournir une liste? Est-ce dans votre stratégie pour accorder des blocs...
M. Kelley : ...votre
approche... une qui est Québec, d'abord, qui va prendre soin... et priorités de
nos entreprises ici au Québec, qui veut faire la transition énergétique puis
avoir une empreinte de zéro carbone dans les prochaines années.
M. Fitzgibbon : Premièrement,
juste pour... le chiffre change tous les jours, vous allez comprendre, le
nombre de dossiers sur notre bureau, en haut de cinq mégawatts, est à peu près
de 75, aujourd'hui, là, ce n'est pas 11, c'est 75, première partie de la
réponse. Deuxième partie de la réponse : Non, vous n'aurez pas la liste,
parce que la liste ne sera jamais disponible, parce que, d'une part, il y a des
secrets industriels qui sont liés à ces projets-là. D'autre part, c'est très
sensible au niveau commercial et d'autre part, il y a des clauses de
confidentialité qui sont... Hydro-Québec. Donc, la liste, vous ne l'aurez pas.
M. Kelley : Alors, quand
même, d'avoir un pourcentage, si c'est les dossiers sur votre bureau, ce sont
les entreprises de Québec, ce n'est pas possible? Est-ce que vous pouvez faire
un breakdown pour nous pour bien s'assurer que c'est des entreprises du Québec
qui ont vraiment en priorité pour l'énergie verte qui reste ici au Québec dans
notre portfolio, et les mégawatts qui reste, M. le Président?
M. Fitzgibbon : Juste une
clarification. Quand vous dites : De Québec, vous parlez de Québec,
l'ensemble du Québec? Pas la Ville de Québec. O.K.. Bon, effectivement,
écoutez, je vais vous confirmer que nous avons décidé... Le seul cas où nous pourrions
exporter de l'électricité... Il y a deux cas, en fait. Le premier cas, c'est
des contrats signés avec Boston et New York, contrats qu'on va respecter,
évidemment. Deuxièmement, on avait une décision à prendre au niveau de
l'hydrogène. L'hydrogène évidemment, ce n'est pas de l'énergie, mais c'est de
l'énergie qui est convertie en ammoniac généralement, de l'ammoniac. Alors, on
a décidé dans la politique qui a été mise en place pour l'octroi d'énergie
verte pour de l'hydrogène que nous ne permettrons pas l'exportation
d'hydrogène. Donc, on veut consommer l'hydrogène, celle qu'on va produire ici
au Québec, sauf pour des projets qui auraient été accordés avant l'entrée du
p.l. 2. Donc, tous les projets... longue réponse, tous les projets, c'est de
l'énergie qui va être utilisée par les entreprises québécoises pour soit
décarboner ou soit créer de la richesse.
M. Kelley : O.K. Alors, M. le
ministre, c'est... On a vu, là, l'exemple de Volkswagen qui a décidé de
s'installer ailleurs au Québec. Mais sur ces projets-là, qui veut... les
entreprises qui veulent bâtir peut-être une usine ici, est-ce qu'eux autres
vont avoir priorité sur les mégawatts qui restent ou est-ce qu'on va mettre en
priorité les entreprises qui sont déjà installées ici au Québec, les
entreprises québécoises qui ont besoin de cette énergie? Je pense que ça, c'est
important, je pense, ça, c'est... Le Québec, on veut un petit peu plus de
transparence sur cette question. Alors, je comprends, le ministre dit : On
ne peut pas avoir une liste détaillée, mais au minimum, je pense que c'est
important d'avoir un chiffre, un pourcentage de combien de ce bloc qui reste va
aller directement à des entreprises québécoises avant qu'on considère des
projets des entreprises qui viennent de l'étranger? Je pense, ça, c'est une
chose que le ministre peut faire pour nous ici aujourd'hui ou dans les
prochains jours pour rassurer les entreprises du Québec.
• (11 h 40) •
M. Fitzgibbon : M. le
Présiden, ce qu'on va faire... d'ailleurs, parce que juste donner un peu la
couleur de ce qui se passe, ça va être important pour que la population
comprenne, c'est que... Bon, avec le PL deux, vous vous rappelez que tous les
projets en haut de cinq mégawatts, la décision est maintenant prise par le
gouvernement. Et ce n'est pas un caprice du ministre de l'Économie, c'est tout
simplement, Hydro-Québec qui nous a demandé, à la demande d'Hydro-Québec, de
transférer le pouvoir décisionnel au gouvernement parce que nous allons avoir
des choix à faire et les choix vont avoir des critères qu'Hydro-Québec n'a pas
nécessairement en connaissance de cause. Première chose.
Deuxième chose, nous, depuis que le PL
deux a été approuvé... Il y a un nouveau projet. Il y a eu en fait
17 projets qui ont été refusés parce que techniquement, Hydro-Québec ne
pouvait pas les connecter. Volskwagen, c'est un exemple, on ne peut pas le
faire quand même que le ministre l'Économie aurait dit : On veut le faire,
c'est impossible. Donc, il y a des projets qui ont été refusés depuis l'adoption
du PL deux parce qu'on ne peut pas le faire. Ceux qui restent aujourd'hui, ça
va augmenter... il y en a 74. Ces 74 projets-là, on n'a pas pris de
décision encore parce que, justement, c'était important d'avoir des critères
qui sont solides. Et on a finalisé, en fait, cette semaine l'établissement de
ces critères-là. Et je m'engage à ce que sur le site du MEIE, la semaine
prochaine, les critères de sélection vont être disponibles. Donc, le premier
critère va être évidemment : Est-ce qu'Hydro-Québec est capable de
connecter, oui ou non? Si c'est non, c'est fini, la réponse, c'est non. Si
c'est oui, il y a d'autres critères qui vont être établis. Je vais donner les
grandes lignes, là, puis vous pourrez la semaine prochaine les consulter sur le
site Web. L'impact Hydro-Québec, le coût. Parce que, souvent, quand on parle de
nouveaux projets, il y a des coûts d'équipement, des coûts, souvent de
transport. Alors il faut évaluer ces coûts-là. Qui va les payer et comment ça
va se traduire en termes de projets? L'impact économique, évidemment, est très
important, pour nous. L'impact régional, nous sommes un gouvernement...
M. Fitzgibbon : ...de
régions, favoriser les régions, c'est important aussi. Évidemment, la question
de la réduction des GES est un des critères. Il faut que le projet soit aussi
acceptable socialement puis qu'il y ait une cohérence gouvernementale aussi sur
les priorités du gouvernement, on en a parlé amplement durant la période de
crédits sur l'Économie. Par exemple, la filière batterie va avoir évidemment
beaucoup de support, comme d'autres filières importantes, l'aluminium, et
autres. Donc, les critères vont être publics sur le site Web, en partie, là,
les gros thèmes des critères.
Et pour conclure ma réponse, quelque part
en juin, fin juin, la première batch de projets qui est sur notre bureau, on va
l'adresser, on va regarder ça. On en a à peu près une vingtaine, de projets
qu'on va regarder à partir des critères que je viens d'expliquer.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le ministre. Et, sur la filière batterie et votre vision... Et je suis
d'accord avec les minéraux stratégiques, et tout ça, c'est mieux de faire ça
ici, au Québec, que d'avoir des importations qui vient des autres juridictions
où il n'y a aucune réglementation dans le secteur minier. C'est mieux de faire
ça dans nos régions du Québec que d'importer des choses ailleurs, mais est-ce
que nous avons le jus, est-ce que nous avons l'énergie pour s'assurer qu'on
peut développer cette industrie ici, au Québec, et de créer des jobs payants ou
est-ce que le fait qu'on a des mégawatts qui sont vraiment limités présentement
est vraiment un risque au développement de votre vision, M. le ministre?
M. Fitzgibbon : Premièrement,
la question est très bonne, parce que, si aujourd'hui on acceptait tous les
projets qui sont reliés à la batterie, on aurait besoin d'entre 3000 et 4000
mégawatts d'ici 2028. Nous ne pourrons pas accorder 4000 mégawatts à la filière
batterie parce qu'il y a des gens qui veulent décarboner, il y a des gens aussi
qui veulent faire d'autres projets intéressants. On va faire des choix, et les
choix qu'on va faire, on va prendre les projets prioritaires, mais il va y
avoir assez d'énergie à Bécancour pour avoir un projet structurant qu'on n'a
pas vu depuis 20 ans au Québec. Alors, je suis confortable avec ça.
Et les autres projets qu'on ne peut pas
faire aujourd'hui, ce qu'on va faire avec les sociétés, on le fait déjà, on
leur dit : Pouvez-vous retarder le projet peut-être d'un an, ou deux ou
trois ans? Et, en fait, l'attraction du Québec présentement, à l'international,
est telle qu'il y a des gens qui vont être capables de dire : Oui, on va
attendre un an ou deux parce qu'on veut être au Québec, parce que vous avez de
l'énergie renouvelable. Alors, moi, je pense qu'on est capable de composer avec
ça et je suis très satisfait de ce qu'on peut faire actuellement avec l'énergie
qui est disponible.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Le premier ministre, souvent, répète un chiffre, l'entente avec New
York. Ça va enlever combien des chars du gaz à New York encore?
M. Fitzgibbon : ...gaz?
M. Kelley : Oui, il parle
souvent qu'ils ont enlevé des autos de gaz. Il y a comme un équivalent de GES
qu'on va réduire pour le New York.
M. Fitzgibbon : On transfère
10 térawattheures d'énergie durant l'année, ça équivaut 200 000 voitures. Pas
200 000, disons... je n'ai pas le chiffre exact, là, ça n'a pas l'importance.
M. Kelley : Parfait, alors on
a un chiffre environ. Et l'entente avec New York, ça va enlever combien de
gaz... de chars de gaz ici, au Québec, ça va sauver nous combien de GES?
M. Fitzgibbon : Excusez, je
n'ai pas compris la question.
M. Kelley : Alors, ici, au
Québec, l'entente que nous avons faite avec le New York, on parle que sont
enlevé un certain nombre de GES à New York, mais ça va enlever combien des GES
pour nous, ici, au Québec? Et est-ce que peut-être, en révision, les térrawatts
qu'on a accordés à New York dans... étaient peut-être mieux servir à des
Québécois, de mettre des Québécois avant les Américains?
M. Fitzgibbon : Bon.
Premièrement, il faut regarder les deux contrats, Boston, New York. Il faut
regarder la stratégie d'Hydro-Québec, pourquoi ces contrats ont été accordés.
Une des raisons importantes, c'est l'interconnexion des différents réseaux en
Amérique du Nord. Un des problèmes qu'on a en Europe puis pourquoi ils ont
beaucoup de difficultés, c'est qu'il n'y a pas de réseau interconnecté. Parce
qu'idéalement tu prends le vent de la Norvège, tu prends le soleil du Portugal
puis tu prends le nucléaire de la France, tu mets tout ça ensemble, mais ce
n'est pas possible. Alors, Hydro-Québec a décidé, à juste titre, selon moi, de
commencer à avoir un réseau intégré plus large dans l'est de l'Amérique du
Nord. Et moi, je pense qu'un jour Hydro-Québec va être la batterie de l'est de
l'Amérique du Nord.
Maintenant, les térawatts envoyés à New
York qu'on n'a pas de disponible ici, effectivement, ils pourraient être
alloués à d'autres personnes, mais, en même temps, il ne faut pas oublier qu'on
va importer aussi de l'électricité. Alors, moi, je pense que sur une base
nette, ça a été une bonne décision de la part d'Hydro-Québec.
M. Kelley : Je sais que, dans
les différents cahiers, on parle un petit peu de cette question, que
l'importation d'énergie, particulièrement sur le point. Est-ce que ça vous
inquiète un petit peu que l'année prochaine, plusieurs Québécois vont acheter
des chars électriques, plusieurs personnes vont faire le choix d'avoir leur
maison chauffée par l'électricité en place du gaz ou ils vont faire les choix
d'être plus responsables eux-mêmes? Est-ce que le ministre pense que ça va être
possible qu'on va être obligé d'importer plus d'électricité des autres
juridictions...
M. Kelley : ...et peut-être
l'Energie qui vient du gaz naturel ou des autres sources d'énergie.
M. Fitzgibbon : Oui, c'est
une question très importante, et vous avez raison. Il y a deux choses au niveau
de la gestion de l'énergie, il y a l'énergie propre, là, comme telle, la source
d'énergie, puis il y a la gestion de la puissance. Ce que vous référez, c'est
le sens de la puissance. Et vous avez absolument raison que si on veut avoir 2 millions
de véhicules électriques d'ici 2030, qui est le souhait de notre ministre de
l'Environnement... D'ailleurs, j'espère que le collègue de Québec solidaire est
allé le rencontrer hier parce qu'il posait des questions sans arrêt avant-hier
sur les questions que le ministre Charette avait répondues. Donc, j'espère que
ça a été résolu.
Pour répondre à votre question à vous, il
faut effectivement gérer la puissance. Et effectivement, on va penser à
probablement des batteries multidirectionnelles. On va penser peut-être dire
aux gens : Vous ne chargez pas votre voiture à 5 heures le soir
pendant qu'on lave les enfants, pendant qu'on fait à manger. Et Hydro-Québec a
annoncé récemment, Mme Brochu avant son départ, qu'elle voulait augmenter
l'efficience énergétique de huit térawattheures à 25 térawattheures, qui
inclut gestion de puissance, qui inclut aussi gestion de l'énergie. Vous avez
absolument raison, il faut faire des choses... Il faut changer le comportement
des consommateurs, autant commerciaux que résidentiels, pour permettre d'avoir
une gestion de puissance qui empêche d'importer à des tarifs beaucoup trop
élevés.
M. Kelley : Puis est-ce que
c'est correct à dire que pour l'avenir, pour la suite des choses, les Québécois
vont être probablement obligés de payer de plus en plus pour leur électricité?
M. Fitzgibbon : On n'est pas
encore rendus à ça. Vous avez sûrement vu passer le processus de consultation
énergétique, quelque chose qu'on prend très au sérieux et je pense que le
processus qu'on a lancé la semaine passée était très sérieux et très... il va
être très profond. Il y a des rencontres qu'il va avoir lieu, il y a des
consultations, des mémoires qui vont être déposées. On va prendre l'été et
regarder ce que les gens vont nous dire. Mais il faut effectivement regarder
dans la consultation trois choses, l'offre et la demande, comment est-ce qu'on
va allouer nos électrons? Le deuxième, c'est la tarification, qui est un
élément très important. Et la troisième, c'est la gouvernance. Donc, au niveau
de la tarification, il va falloir peut-être... peut-être ajuster la
tarification pour que les comportements, autant des entreprises en passant que
les individus, soient adaptés aux besoins d'énergie puis aussi aux gestions de
puissance qui va devenir un enjeu de plus en plus grand.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le ministre. Je pense... Est-ce que je peux ajouter le temps? Parce qu'il y
a comme 50 secondes qui reste.
Le Président (M. St-Louis) : Vous
disposez toujours d'une minute, 20 secondes.
M. Kelley : Une minute,
20 secondes. J'ai eu un échange avec votre collègue ministre responsable
des Ressources naturelles. Puis je sais que dans les prochaines couples des
années, 33 mines vont être mises en ligne. Puis présentement, avec tous
les claims miniers partout au Québec, on sait qu'il y a un grand intérêt pour
l'exploration et exploitation des minéraux ici au Québec. Mais ça va prendre
combien d'énergie exactement pour presque doubler notre industrie minière dans
les prochaines années?
M. Fitzgibbon : Je n'ai pas
la réponse parce que vous avez raison, il y a 21 mines opérantes
aujourd'hui au Québec, 33 ans de développement pour la plupart duquel on
n'a aucune idée s'il y a du minerai, pas de minerai. Puis on n'a aucune idée du
niveau de concentrateur qui est requis pour extraire les mines. Donc, la
réponse à votre question est impossible à trouver.
M. Kelley : Et pour les
33 projets qui sont déjà évalués, qui sont bien identifiés, est-ce qu'on a
une idée ça va prendre combien d'énergie pour ces projets-là?
M. Fitzgibbon : Je me suis
mal exprimé. Je m'excuse. Je disais qu'il y a 21 projets en opération pour
lesquels il y a des connexions, 33 à l'étude. Mais on n'a pas la ventilation
des 33, lesquels sont prêts d'être approuvés ou non. Puis il y a des projets
qui n'ont même pas encore fini... l'exploration minière. Donc, on n'a pas
d'idée encore.
M. Kelley : Parfait.
• (11 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, M. le ministre. Merci, M. le député. Le temps alloué à ce bloc d'échange
étant écoulé, je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention
du deuxième groupe d'opposition. M. le député de Maurice-Richard, la parole est
à vous, vous disposez de neuf minutes, cinq secondes.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président, toujours très heureux de faire partie de cet exercice
démocratique qui fait suite à un certain nombre d'échanges qu'on a eus, M. le
ministre et moi, durant lesquels j'ai fait beaucoup d'efforts pour comprendre,
en fait, quelles étaient les métriques qu'on pouvait déjà avoir sur les
objectifs de diminution de gaz à effet de serre, et où, malheureusement, j'ai
eu très peu de réponses.
Parmi elles, quand même, le ministre nous
a dit que la stratégie batterie ne s'insérait pas dans la politique de
diminution de gaz à effet de serre au Québec. Hier, on a eu le P.D.G.
d'Investissement Québec qui nous a dit qu'il y avait 700 millions sur plus
de 10 milliards d'investissements qui accompagnaient les compagnies à
diminuer les gaz à effet de serre. Mais nous n'avions aucune métrique sur
comment est-ce que ça participe à diminuer les gaz à effet de serre pour
obtenir le 37,5 % qui est décrit dans la stratégie, qui, je le rappelle
dans sa description actuelle, ne décrit que 50 % des moyens que le
gouvernement se dote pour atteindre cette cible...
M. Bouazzi : ...de
37,5 %, qui est, elle-même, inférieure à la cible d'au moins 50 %
décrite par le GIEC pour rester dans les limites du 1,5°. Ça fait que j'essaie
toujours de comprendre, effectivement, les métriques. Je suis un ingénieur de
formation, et je dois avouer que j'aime beaucoup les équations, et c'est une
équation compliquée qu'on a à résoudre. Quels sont les objectifs de diminution
de gaz à effet de serre associés à l'efficacité énergétique d'ici 2030, M. le
ministre?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je vais vous répondre comme hier, là, vous êtes à la mauvaise
commission, là. Je pense que mon collègue ministre de l'Environnement est un
expert en la matière, il va sortir son rapport bientôt, il a toutes les
matrices... les métrices... les métriques, je m'excuse, pour arriver à ça. Et
Investissement Québec... vous avez posé la question, hier, à M. Leblanc... on a
des projets, on contribue à la réduction des GES. Le ministère de
l'Environnement expose... ou utilise ces données-là pour arriver avec ses
calculs. Donc, vous lui poserez la question.
Maintenant, la question pour ici, c'est
que, comme je l'ai dit, la location des électrons qu'on va faire dans les
prochaines années va être doublement inclue au niveau des... Je m'excuse, je me
suis mal exprimé. On va se servir de deux critères, réduction de GES, d'une
part, et, d'autre part, création de richesse économique. Pour les GES, notre
objectif, c'est 37,5 % des GES de 2030, on parle de 30 mégatonnes, et M.
le ministre de l'Environnement a une idée de comment on va arriver à ça. Entre
autres, il a fait l'annonce du deux millions de véhicules électriques pour
2030. C'est une partie des éléments. On travaille avec les industries
pollueuses du Québec. Mon collègue à ma droite, on travaille sur des programmes
pour les inciter à décarboner. On calcule ça, on les envoie au ministère de
l'Environnement. Donc, on a un plan, puis je vous suggère...
M. Bouazzi : Je comprends, M.
le ministre. Je ne me suis pas trompé de commission. On parle d'énergie et,
justement, l'efficacité énergétique. Je suis étonné que vous pensiez que ce
n'est pas votre rôle d'avoir une idée sur les objectifs associés à
l'efficacité. Surtout que dire qu'on a besoin d'un demi-Hydro-Québec, permettre
à Hydro-Québec de faire des projections, évidemment, sans rattacher à la
question d'efficacité. Je comprends que vous n'avez pas... vous n'êtes pas
capable de nous dire combien est rattaché à l'efficacité. Vous avez parlé
plusieurs fois de sobriété énergétique. Quels sont les objectifs chiffrés de
sobriété énergétique que vous donnez jusqu'à 2030?
M. Fitzgibbon : On a
travaillé, évidemment, avec Hydro-Québec, et, vous vous rappelez peut-être, Mme
Brochu, avant son départ, a identifié quatre pistes de solution pour augmenter
les sources énergétiques. La première, qui est la plus valable, en fait, puis
la plus productive pour le Québec, c'est l'énergie qu'on ne consomme pas.
Alors, dans le plan stratégique d'Hydro-Québec, ils avaient identifié
8,9 térawattheures d'efficience énergétique. Elle a augmenté ce chiffre-là
à 25 térawattheures. Bon, on parle ici... on parle de gestion de
différents nouveaux équipements. On peut parler de thermopompes, on peut parler
d'avoir une meilleure efficacité dans le Code du bâtiment, par exemple, pour
nos vieux édifices. Alors, écoutez, ça, ça ne réduit pas les GES, sauf que ça
va permettre de générer des mégawatts pour utiliser dans des entreprises qui,
elles, vont réduire les GES, donc tout ça est relié. Et je pense que le
25 térawattheures, qui est l'objectif d'Hydro-Québec pour 2030, est
ambitieux, et nous, comme gouvernement, on va tout faire pour les aider à y
arriver, parce ça va nous aider, nous, à supporter les entreprises.
M. Bouazzi : Le
25 térawattheures est associé à de l'efficacité énergétique. En matière de
sobriété énergétique, est-ce que vous avez un chiffre?
M. Fitzgibbon : Non.
M. Bouazzi : On a,
effectivement, signé un gros contrat avec New York, qui nous prive d'une partie
de l'électricité. Une des conclusions du BAPE, c'est qu'on était en train de
signer ce contrat-là alors que, justement, on n'avait pas de plan qui nous
permettait de savoir, en fait, si c'était une bonne idée ou pas, étant donné
qu'on va manquer d'électricité dans pas longtemps. Est-ce que vous seriez prêt
à reconsidérer le contrat de Boston, qui, aujourd'hui, a un peu du mal, et de
dire : Bien, on va peut-être attendre d'avoir les consultations, comprendre
les tenants et aboutissants du projet de loi que vous allez déposer en
septembre, et de mettre tout ça sur pause?
M. Fitzgibbon : Je pense
qu'il est trop tard pour faire ça. Il y a eu beaucoup, beaucoup de travail fait
à Hydro-Québec, beaucoup de travail pour lequel je ne suis pas au courant, je
dois avouer. Ça fait juste quelques mois que je suis maintenant responsable de
l'Énergie. Il y a des ententes légales qui ont été signées. On a...
Hydro-Québec a gagné avec... Le cas a été judiciarisé, il n'est pas tout à fait
fini, à ce que je sache. Je pense qu'il est trop tard pour ça. Maintenant...
M. Bouazzi : On va continuer
à se battre pour pouvoir signer le contrat. Je comprends. Actuellement, il y a
des enjeux juridiques, et ce que vous dites, c'est : N'attendons pas,
continuons à nous battre juridiquement pour pouvoir signer le contrat. C'est ça
que j'entends.
M. Fitzgibbon : En fait, les
engagements qui ont été pris... nous, on est un gouvernement responsable... ont
été pris par Hydro-Québec vont être respectés.
M. Bouazzi : C'est bon...
M. Bouazzi : ...actuellement,
vous avez dit qu'effectivement un... Est-ce que, d'abord, on est d'accord qu'un
kilowattheure pas consommé coûte moins cher qu'un kilowattheure produit?
M. Fitzgibbon : Absolument.
M. Bouazzi : Actuellement,
des personnes... Aujourd'hui, si on démarre un gros projet pour commencer à
isoler et améliorer les effets énergétiques des maisons, si on décide, par
exemple, d'isoler ou d'améliorer, mettre des thermopompes dans 1 million
de maisons par an pendant 10 ans en mettant 1 milliard par an, on est
capable de faire deux choses : un, économiser à peu près
14 600 mégawatts... 14 000, oui, et, de l'autre côté, évidemment, gérer le
problème de la pointe, qui est un des gros problèmes qu'on a à gérer, qui est,
en comparaison aux 4000 mégawatts dont on a on a besoin... en éoliennes,
pour produire les 1500 mégawatts en période de pointe, coûterait... donc
les éoliennes coûteraient trois fois plus cher. Seriez-vous ouverts à démarrer
des grosses corvées d'isolation et d'installation de thermopompes dans des
centaines de milliers de foyers annuellement pour pouvoir gérer cette
situation?
M. Fitzgibbon : Je suis
d'accord sur le principe parce que je pense que le chauffage est un élément
très important pour la consommation d'électricité. Je suis d'accord que
l'utilisation de thermopompes doit être considérée. Maintenant, les chiffres
que vous avez mentionnés, il va falloir que j'y réfléchisse, là... Des
milliards... thermopompes... ils vont coûter cher les thermopompes, si on... le
volume comme ça, mais le principe qu'on encourage l'utilisation de thermopompes
dans les maisons, je suis 100 % d'accord. Et Hydro-Québec d'ailleurs
aussi.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être clair, d'ailleurs, je pense que je me suis mêlé. Donc, si on met
10 000 $ par résidence et si on touche 1 million de résidences pour
mettre des thermopompes, justement, ça ferait 10 milliards sur 10 ans
et puis ça nous permettrait d'isoler 1 million... en fait, d'améliorer
l'efficacité énergétique de 1 million de maisons. Actuellement, il y a le
tiers des personnes qui vivent... à revenus pauvres, en fait, sont
propriétaires de leur maison et sont incapables de faire ces travaux-là. Et il
serait plus judicieux d'effectivement distribuer de l'argent à des personnes
moins nanties pour installer des thermopompes que de faire des appels d'offres
pour des éoliennes pour ce 1500 mégawatts de puissance qu'on
économiserait. Donc, on vous demande humblement d'ouvrir cette porte-là. On
comprend que c'est important pour vous de construire des nouvelles éoliennes,
mais on pense qu'en parallèle, il faudrait absolument commencer à une grosse
corvée énergétique d'isolation des maisons.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, je suis désolé...
M. Bouazzi : Il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. St-Louis) : Le
temps alloué à ce bloc d'échange est malheureusement écoulé. Donc, je suis
maintenant prêt à reconnaître le porte-parole de l'opposition officielle pour
un second bloc d'échange. M. le député Jacques-Cartier, la parole est à vous.
Vous disposez de 18 minutes.
• (12 heures) •
M. Kelley : Merci, M. le
Président, M. le ministre, je sais que vous avez lu le journal ce matin. Puis
il y a un sondage qui parle de l'enjeu d'enterrer des lignes de transmission.
Nous avons eu un échange pendant la période des questions. Il y a eu une
tempête de verglas qui a touché plusieurs régions du Québec en avril, puis
l'année passée dans Lanaudière. Alors c'est quelque chose pour les Québécois
qui demeure important. Chaque fois que des gens perdent du courant,
l'électricité pour plusieurs jours, c'est une perte de toute la nourriture qui
était dans le frigo. C'est des fois les inondations dans le sous-sol. Ça, ça
vient avec des coûts de reconstruction, on a une prime additionnelle pour les
gens qui doivent payer plus pour l'assurance après.
Bref, on a une discussion. On a déposé une
motion, mais, excusez-moi, j'ai déposé une motion qui a été acceptée par tout
le monde. Puis on a parlé de... le fait qu'il faut envisager un petit... de
façon plus soutenue l'enfouissement des fils électriques. Alors, on sait que
c'est une solution. Il n'y a aucune personne qui parle de mur-à-mur. On ne peut
pas enterrer toutes les lignes d'Hydro-Québec, ça, ce n'est pas possible. Mais
encore, est-ce qu'il y a une façon que le gouvernement du Québec peut regarder
des programmes pour aider les municipalités d'enterrer des lignes de
transmission existantes et aussi de continuer d'aider des nouveaux
développements, de prendre cette décision également parce que c'est évident
que, pour les Québécois, c'est une préoccupation. Ils pensent que c'est une
solution. Puis est-ce que le ministre peut rassurer la population qu'au minimum
nous, ici à l'Assemblée nationale, nous sommes à l'écoute?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez...
12 h (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...effectivement,
je pense que l'enfouissement est une... avec ce qu'on a vécu avec la crise du
verglas est un enjeu très pertinent, discuté. D'ailleurs, cet après-midi, si
vous avez la chance, il y a quelqu'un en arrière de moi, d'Hydro-Québec, qui
est l'expert en enfouissement, Régis Tellier, alors il va pouvoir répondre
aussi. Je vais essayer de répondre du mieux de ma connaissance. Alors, écoutez,
premièrement, au Québec, présentement, on a 10 à 15 % déjà enfouis. À
Montréal, on a plus que 50 %, je pense que c'est pour 55 % ou
59 %. Quand on discute avec Hydro-Québec, avec les municipalités, il est
clair que quand on parle de nouveaux développements, par exemple, ça devient
logique probablement de dire : On va enfouir. Sauf, il faut faire
attention parce que, vous l'avez dit, l'enfouissement, ce n'est pas juste le
fil qui s'en va dans la terre, il y a tous les équipements qui vont avec, ça
coûte très cher. Bon, quand ça coûte très cher, on peut dire : Qui va
payer pour ça? La question... il y a trois choix, en fait, il y a deux choix, c'est
ultimement, c'est la population, ils vont-u payer parce que la maison va être
plus dispendieuse, le promoteur va payer pour l'équipement? Est-ce que c'est la
ville qui va dire : On va payer pour, on va augmenter, donc, nos taxes
municipales? Ou si on dit : Non, c'est Hydro-Québec qui paye, ça ne rentre
pas dans la base tarifaire, mais, bon, on a Eric Girard au ministère des
Finances va avoir 1 milliard, deux milliards de moins de dividendes. Peut-être,
c'est correct, peut-être qu'on va dire : On a un dividende réduit d'Hydro-Québec,
mais on va couper dans d'autres missions sociales de l'État. Alors, je pense, c'est
une question qui est importante. Puis, effectivement, il y a beaucoup de gens
qui réclament que si on enfouissait tout, on aurait... on pourrait résoudre
tous les maux potentiels, futurs pour des pannes, mais il y a d'autres
considérations, le coût... parce qu'ultimement, on va payer pour comme société.
Puis il y a aussi le fait que ce n'est pas toujours la solution la plus... la
meilleure au niveau optimal parce que, premièrement, la durée de vie, j'ai
appris ça moi-même en parlant à Régis, la durée de vie d'un réseau souterrain
est moins grande qu'un réseau aérien, donc ça coûte plus cher en plus pour le
remplacer et dans des détections de problématiques, souvent, mais c'est plus
compliqué parce qu'on ne sait pas où aller. Alors, mais la question se pose et
je pense que ça mérite de regarder. Hydro-Québec est très conscient de ça et va
travailler. Puis est-ce que le gouvernement va faire un programme pour les
municipalités, pour réduire le coût d'enfouissement? Peut-être, mais on va
couper ailleurs.
M. Kelley : Parfait. Puis je
pense que c'est important aussi et je vais prendre le temps de poser des
questions à Hydro-Québec, mais c'est de regarder parce qu'encore on s'est
lancé... un les anciens P.D.G. a utilisé le chiffre de 100 milliards, mais
encore on ne parle pas d'enfouissement de toutes les lignes de transmission au
Québec, mais peut-être des études qui... où on peut mettre de l'avant certaines
régions où peut-être c'est le meilleur choix. Puis juste encore mettre ça dans
l'espace public pour les gens de comprend et c'est sûr qu'il y a un coût lié
avec ça, mais on est déjà en train de discuter l'adaptation des changements
climatiques, alors si on va voir des tempêtes plus intenses et extrêmes, c'est
sûr que ça va être partie le portfolio pour la résilience du le réseau.
Puis M. le ministre, je vais maintenant
aller sur une autre question sur le réseau, vous avez eu un échange avec mon
collègue la semaine dernière sur le projet de Volkswagen à Bécancour, puis ça,
c'est peut-être un exemple où avec des projets où le gouvernement n'est pas
capable de connecter une entreprise et une réalité. Alors, en 2022, c'était
évident que le bloc d'énergie qui était nécessaire pour le projet de Volkswagen
était dans un autre coin du Québec où ce n'était pas le meilleur endroit
choisir pour le projet de Volkswagen, dans l'avenir comment on peut mieux
préparer notre réseau puis s'assurer que s'il y a des blocs dans les coins, on
peut transférer cette énergie à un autre coin? Ce n'est pas aussi simple que
ça, mais encore, je pense, ça, c'est un gros défi, j'imagine, beaucoup des
usines veulent... préfèrent d'être plus proches à la frontière avec les
États-Unis ou quand même avec l'Ontario, peuvent avoir l'accès des grosses
autoroutes, alors comment lui il voit ça pour le réseau de s'assurer que les
blocs d'énergie qui existent, qui restent sont dans la bonne trace, ou comment
on va transférer l'énergie d'un coin à l'autre, ce n'est pas juste quelque
chose qu'on «flick»... qu'on flippe une switch, puis c'est fait.
M. Fitzgibbon : Madame... M.
le Président, je m'excuse, M. le Président, mon sous-ministre commence à avoir
des cheveux blancs parce que c'est ça qu'on fait à tous les jours avec nos
collègues d'Hydro-Québec. Et il faut se rappeler un peu le contexte, moi, il y
a un an et demi, deux ans, on avait des surplus jusqu'aux genoux, hein, on
était dans le trèfle jusqu'aux genoux, il n'y a pas de problème, et il est
arrivé une hausse de projets. J'ai dit tantôt, il y a eu un projet de 50 mégawatts
en 23 ans, on en a aujourd'hui plus de 50. Alors, oui, on a un problème,
oui, on a un problème important, un problème... un problème important, un
problème qui est heureux parce qu'on n'avait pas ces projets-là, on ne les a
jamais eus ces projets-là. Alors, on est face aujourd'hui à une demande de 20 000,
j'ai dit plus que 20 000, mais ceux qu'on veut vraiment faire, c'est 10 000,
prenons un chiffre rond, 10 000. Alors, effectivement, il y a deux enjeux,
il y a l'enjeu est-ce que dans la piscine, nos deux piscines, là, on a le...
M. Fitzgibbon : ...Churchill,
puis on a le Labrador, là, la Baie-James. On a-tu assez d'eau dans la piscine
pour amener l'énergie en bas? Oui, en partie. Il en manque. On travaille
avec... le plan d'approvisionnement avec Hydro-Québec pour augmenter l'énergie
avec de l'éolien, du solaire éventuellement, on a le GNR, la bioénergie. Donc,
on a un plan très, très clair pour augmenter le plus possible. Maintenant,
quand c'est augmenté, où on amène les lignes? Vous avez absolument raison, des
lignes de transmission, premièrement, ça prend beaucoup de temps. On a
l'exemple de Volkswagen. Je me suis éventé à l'expliquer à plusieurs reprises.
Nous avions l'énergie à la Baie-James. D'amener la connexion qui était requise
à Montréal aurait pris six, sept ans. C'est ça, la réalité du transport de
haute tension.
Donc, on travaille présentement avec
Hydro-Québec, parce qu'on a une carte qui montre le 10 000 mégawatts, où ils
sont situés dans le Québec, et on regarde comment est-ce qu'on va séquencer
l'augmentation des lignes de transport, comment est-ce qu'on va séquencer
l'arrivée de nouvelle énergie, et on va peut-être essayer de trouver un moyen
pour l'éolien, par exemple, de le mettre près des utilisateurs. Alors,
effectivement, c'est un travail très complexe, qui est nouveau pour le
gouvernement, sur lequel on se penche très, très sérieusement.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Et je sais que votre équipe travaille fort. Ce n'est pas... ce n'est
pas simple, mais je pense, M. le Président, c'est important de souligner la
prévisibilité. Puis c'était dans la politique énergétique en 2016, déposée par
l'ancien gouvernement libéral, où on a souligné qu'il faut augmenter de
25 % la production totale des énergies renouvelables au Québec. En 2018,
c'était le gouvernement qui n'a rien changé de ce plan. Alors, c'était leur
plan aussi. Alors, c'était écrit un petit peu dans le ciel.
Alors, M. le ministre, j'ai une question.
On est maintenant rendus à 2023. En... 2030, c'est pas mal demain. On va
augmenter notre réseau de distribution, notre capacité de fournir l'électricité
par combien de mégawatts dans les prochains sept ans?
M. Fitzgibbon : ...je n'ai
pas entendu la question.
M. Kelley : Alors, je
reviens. Dans les prochains sept ans, combien de mégawatts est-ce qu'on va
ajouter? Et on va commencer à produire l'énergie renouvelable dans les
prochaines sept ans, c'est quoi, vos prédictions? On va ajouter combien
d'énergie à notre portfolio entre ici et 2030?
M. Fitzgibbon : Je souriais
au début, je m'excuse, là, j'ai été peut-être impoli, mais je souriais parce
que le ciel doit être rouge. Parce que, quand vous... quand vous avez dit qu'on
le savait en 2018, vous n'aviez aucune idée, nous non plus. D'ailleurs, sous
votre régime, il n'y a pas eu de projet en haut de 50 mégawatts. Donc, dites-moi
pas aujourd'hui que vous saviez qu'on avait besoin de 50 mégawatts et plus.
Première chose.
• (12 h 10) •
Deuxième chose, clairement, la source
énergétique sur laquelle on travaille va être principalement l'éolien parce que
nous avons un déséquilibre... ou, en fait, on peut rééquilibrer le réseau en
ayant un chiffre qui va être entre 5 000 et 10 000 mégawatts. Je vais laisser
les experts en arrière de moi, après-midi, répondre à la question. M. Rhéaume
est la meilleure personne pour y répondre, mais il y a effectivement de 5 000 à
10 000 mégawatts d'éolien qu'on peut mettre en place, qui va travailler avec l'équilibre
qu'on va avoir avec l'hydroélectricité. Le solaire, on risque d'avoir
probablement une effervescence parce que les coûts des panneaux photovoltaïques
diminuent. Le transport serait moins élevé. On pense aux milieux urbains, par
exemple. On va regarder avec Hydro-Québec de faire un lancement d'appel
d'offres probablement juste pour le solaire. On travaille aussi avec,
évidemment, d'autres... d'autres bioénergies, parce que, pour décarboner, on
peut utiliser d'autre chose que l'électricité. On parle d'hydrogène aussi.
Évidemment, l'hydrogène, c'est problématique parce que ce n'est pas une source
énergétique, c'est une utilisation. Donc, je n'ai pas le chiffre précis, parce
que, comme j'ai dit tantôt, on a... on a 10 000 mégawatts de projets d'ici 7 à
8 ans. On a présentement 1 000, 2 000 disponibles pour le côté industriel. Il y
en manque, mais je pense qu'on est capables d'augmenter sensiblement ce
chiffre-là pour pouvoir livrer les produits.
Mais j'aimerais aussi conclure en
rassurant la population qu'on ne manquera pas d'énergie pour les maisons, les
résidences, ni pour le commercial. Tout ce qu'on parle, c'est le côté
industriel excédentaire. Et, encore une fois, je suis très surpris d'entendre
du Parti libéral qu'on aurait dû savoir en 2018 qu'on aurait besoin d'énergie,
alors que pendant leur... pendant leur règne, il ne s'est rien passé.
M. Kelley : M. le ministre,
je peux donc déposer le plan qui est... qui est la politique énergétique qui a
été faite en mai 2016. C'est sur le... C'est sur le site Web, ça existe. Je
regarde quelque chose, je sais. Je peux le déposer. Mais, en 2016, c'était
identifié qu'en 2030 on n'a plus de surplus puis il faut commencer à planifier
d'ajouter de l'énergie pour s'assurer qu'on peut faire la transition. C'est
écrit...
M. Kelley : ...transférer pour
le secrétariat dans quelques instants. Mais c'est quelque chose qu'on a
identifié. C'est pourquoi on a relancé le projet d'Appuiat, pour rajouter des
mégawatts d'électricité. Puis encore, c'est juste entre 2018... Puis maintenant
combien d'énergie a été ajoutée, sauf pour le projet... C'était quoi, les
planifications pour les autres? Maintenant on arrive, puis on dit : On a
un problème, on a un manque d'énergie. Ce n'est pas que cette réalité tombe du
ciel, c'était identifié en 2016. Ça, c'est un problème, c'est un enjeu. Parce
que moi, je veux créer des jobs payantes partout au Québec puis je veux attirer
les entreprises, pour installer ici, au Québec. C'est important. Je veux que
les entreprises du Québec... qu'on ait accès à l'énergie verte produite ici, au
Québec. Mais 2030, c'est demain. Puis je veux savoir : Dans les prochains
sept ans, la CAQ prend l'engagement d'ajouter combien des térawatts
d'électricité à notre portfolio?
M. Fitzgibbon : En quelle
année?
M. Kelley : En 2030. Entre
ici, 2023, à 2030, on va ajouter combien de térawatts d'électricité à notre
portfolio?
M. Fitzgibbon : On va essayer
d'ajouter entre six et 10 000 mégawatts.
M. Kelley : Puis ça va
prendre, dans les prochaines... cette année, combien d'énergie pour s'assurer
que tout le monde... bien, on ne va pas s'assurer, je m'excuse, je vais
recommencer. Ça va prendre combien d'énergie pour tous les chars électriques
qu'on va ajouter à notre flotte, comme une société, dans les prochains sept
ans?
M. Fitzgibbon : Plusieurs
térawattheures, je pense, c'est trois, quatre térawattheures, là, sur
2 millions. Je peux me tromper, là, je... On va vous donner la réponse.
M. Kelley : Parfait. Puis
encore, pour les bâtiments du Québec, de s'assurer que tout le monde est
électrifié. Puis ce n'est pas nécessairement par le gaz. On voit des villes...
commencent à faire la transition. Est-ce que nous avons une idée, ça va prendre
combien d'énergie, dans les prochains sept ans, pour les bâtiments,
d'électrifier au Québec?
M. Fitzgibbon : Premièrement,
on ne veut pas électrifier les bâtiments, ça serait une erreur, là.
Hydro-Québec a lancé le programme de biénergie, qui est un programme très
intelligent, qu'on respecte beaucoup, programme qui permet d'aller à 70 %,
qu'il y ait 30 % de gaz naturel, peut-être un jour, GNR. Il y a un plan
très précis. D'ailleurs, Hydro-Québec a identifié sur le plan stratégique un
chiffre de 100 térawattheures, 2050. Moi, j'avais argumenté que le chiffre
va être un peu plus élevé, probablement à cause des projets industriels, et
peut-être un peu accélérer, parce qu'on veut, comme gouvernement, aller le plus
rapidement possible au niveau des GES. Donc, on a un plan très précis sur tous
les systèmes, mais clairement nous ne voulons pas aujourd'hui électrifier
100 % des bâtiments, ce serait une erreur stratégique.
M. Kelley : O.K. Et aussi,
juste encore, M. le ministre, vous n'êtes pas certains, pour l'industrie
minière, combien d'énergie ça va prendre pour ces projets-là, parce que les 33
ne sont pas nécessairement toutes approuvées. Mais le point que je vais essayer
de faire, c'est juste... je sais que, devant vous, vous avez un enjeu majeur,
mais c'est pourquoi, sur notre côté... ont demandé une discussion nationale.
Puis j'ai hâte de voir qu'est-ce qu'il va arriver après le ministre... bien, le
sommet que le ministre... dans les prochaines semaines, sera bien intéressant.
Mais je pense que... C'est sûr qu'on est capables de réussir, mais il y a un
gros défi devant nous.
Puis encore, M. le ministre, je veux juste
poser la question. Vous avez mentionné des critères qui vont être mis sur le
site Web dans les prochaines semaines, prochains jours. Concernant les impacts
économiques, la chose qu'il est le plus important pour vous, est-ce que c'est
le nombre des emplois qui sont créés, est-ce que c'est plus une question des
salaires qui est plus intéressante, un mélange des deux ou... Je veux juste
entendre la ministre là-dessus.
M. Fitzgibbon : Bien oui.
Non, ça, c'est... Dans les critères qu'on regarde, effectivement, il faut avoir
des critères parce que ça peut devenir très complexe, je dirais qu'un des
critères est clairement l'atteinte des objectifs de réduction de GES. On a
commis... On s'est engagés pour 37,5. Encore une fois, mon collègue... suivent
ça sur une base trimestrielle. Donc, il faut être capables... Parce qu'on sait
que les GES, c'est 43 % en transport, c'est près de 25 % pour les
industries, combustions et processus. Donc, c'est beaucoup au niveau du
ministère à l'Économie où ça va se faire. Alors, on doit clairement avoir ça
comme critère.
Maintenant, pour l'autre critère
économique, on est dans un environnement, comme vous savez, qui est très
différent. Ce n'est pas la création d'emplois comme telle, c'est le
rehaussement des niveaux salarial, et aussi toute la question du focus
industriel. Moi, je pense que le Québec est dans une situation privilégiée à
cause de l'énergie renouvelable, d'avoir des focus industriels, des chantiers.
M. Fitzgibbon : ...les zones
d'innovation vont pouvoir attirer du talent, autant l'immigration économique
que les gradués, nos jeunes qui vont finir dans des collèges techniques ou
universités. Donc, on veut polariser dans des secteurs où on peut être des
champions et où on peut avoir une pérennité en termes de notre capacité
d'exporter, par exemple. Ça va être le cas des anodes puis des cathodes. Donc,
c'est la productivité qui augmente la hausse des salaires parce qu'on va être
dans un environnement où la main-d'œuvre va être limitée.
M. Kelley : Merci pour la
réponse, là. Puis je pense que la réponse sur la question de la main-d'œuvre
est très, très intéressante. Je comprends, ce n'est pas votre responsabilité,
M. le ministre, mais encore, quand je regarde des projets ambitieux dans les
différentes régions, je regarde certains de mes collègues, on sait qu'il y a
une pénurie un petit peu partout. Alors, je pose quand même la question :
Est-ce que nous avons la main-d'oeuvre nécessaire pour faire la transition énergétique,
pour bâtir les barrages, pour bâtir des différents projets, pour bâtir une
filière batteries? Ou est-ce que ça va prendre encore une augmentation du
nombre des immigrants? Je pose la... Je lance la balle parce que c'est sûr que
les demandes, si on veut bâtir toutes ces industries là, ça prend des gens pour
travailler dans des secteurs-là.
Le Président (M. St-Louis) : ...J'ai
bien reçu votre document, M. le député, et j'accepte son dépôt à la commission.
Donc, je suis maintenant prêt à reconnaître le porte-parole de la deuxième
opposition. M. le député de Maurice Richard, la parole est à vous, vous
disposez de 8 min 51 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Il y a quelques mois, en fait, à la fin de l'année 2022, il y a
plus d'une centaine d'associations de la société civile, des syndicats, des
chercheurs qui ont demandé un BAPE générique sur la question de la transition
énergétique. Pourquoi vous y êtes opposé?
M. Fitzgibbon : Premièrement,
on lance une consultation, qui est, à mon avis, très sophistiquée. Nous avons
le, 15 mai, si je me rappelle bien, là, on a une journée, on a un cahier
qu'on a envoyé à des participants. On a invité 80 personnes, on va finir
probablement une centaine, il y a beaucoup de gens qui ont levé la main, des
experts, on va les recevoir. Au même moment, nous allons ouvrir la plateforme
de consultation, il y a un nom particulier, là, une plateforme du gouvernement
pour que les mémoires soient déposés, ceux qui n'auront pas eu la chance de
venir à la journée. On va rencontrer les communautés autochtones. Alors, on
s'est donné quelques mois. On va regarder durant l'été tous les... tout ce
qu'on va recevoir. On a des discussions, on a déjà commencé, et l'idée, c'est
qu'il faut faire des amendements à la loi, autant à la Régie de l'énergie
qu'Hydro-Québec, des demandes, en fait, qu'Hydro-Québec nous ont fait il y a un
an ou deux. Alors, un n'empêche pas l'autre, on doit commencer, on doit... il y
a des choses qui doivent être faites très rapidement si on veut être capables
de générer l'énergie renouvelable que nous voulons avoir dans le privé,
Hydro-Québec, comment on va être transporté. Mais ça n'empêche pas qu'il peut y
avoir un débat en parallèle plus large, des grandes messes que j'appelle, qui
peuvent durer le temps que ça voudra.
• (16 h 20) •
M. Bouazzi : M. le ministre,
un BAPE aurait permis, justement, une vision non partisane et des
recommandations non partisanes aussi et transparentes et un débat transparent.
Actuellement, vous allez déposer un des projets, probablement le projet le plus
important de ce siècle sur la transition énergétique, au mois de... en automne prochain
et vous avez effectivement décidé qu'il y aurait une journée d'échanges et
effectivement un site Web sur lequel les gens pourront aller en plein mois de
juin, en plein été. Est-ce que vous êtes capable de nommer un projet de loi,
vous êtes législateur depuis déjà cinq ans, un projet de loi ou la commission
préparatoire au projet de loi a duré seulement une journée?
M. Fitzgibbon : Vraiment, il
faut faire attention, là. Il y a eu... il y a plusieurs interactions. Ces
gens-là qui vont venir nous parlent depuis six mois. Il va y avoir des
plateformes qui vont être là pour le public, pour les sociétés civiles. D'autre
part, comme vous savez très bien, le fonctionnement, c'est qu'il va y avoir un
projet de loi qui va toucher probablement quelques lois, dont Régie de
l'énergie, dont Hydro-Québec. Et après, il y aura évidemment des consultations
particulières qui vont avoir lieu. Donc, il y a un processus...
M. Bouazzi : Donc, une fois
le projet de loi déposé, moi j'ai, moi-même, quand j'étais dans la société
civile, participer à des commissions avant les projets de loi pour pouvoir
réfléchir le projet de loi. Je pense que c'est dans cette optique là que vous
faites ces consultations. Sinon on se demande pourquoi on les fait. Et dans cet
objectif-là, je suis curieux de savoir si vous avez, ne serait-ce qu'un
exemple, où il y a juste eu une journée d'échanges physiquement en commission.
Je comprends qu'il y a des processus parallèles, ici, dans nos processus
démocratiques, il y a des processus qui sont prévus. Le BAPE ne faisait pas
votre affaire. Aujourd'hui, des commissions ou des...
M. Bouazzi : ...les échanges
d'une journée. Moi, je n'en connais pas. Honnêtement. Et puis, évidemment,
devant l'importance du projet de loi que vous allez déposer, on comprend que,
et des syndicats et des chercheurs et des représentants de la société civile
ont émis un communiqué la semaine dernière pour exprimer ce qu'ils ont qualifié
de mascarade. Et c'est très dommage parce que ce qui nous attend est vraiment
important pour la suite.
Dans les nouvelles productions d'énergie,
il y a évidemment les questions d'éoliennes. Pourquoi est-ce que Hydro-Québec
ne ferait pas elle-même... ne construirait pas elle-même les éoliennes?
M. Fitzgibbon : De faire
quoi? Excusez...
M. Bouazzi : Pourquoi aller
au privé pour toutes les nouvelles productions d'éoliennes, d'énergie à partir
d'éoliennes?
M. Fitzgibbon : Hydro-Québec
a toujours contrôlé le processus d'octroi d'éolien. Ils le font de la bonne
façon avec le privé. Hydro-Québec n'a jamais été constructeur d'éolien et, à ma
connaissance ne le seront jamais non plus. On verra, hein, en commission... en
consultation, je m'excuse, on pourrait peut-être changer ça, mais ça n'a jamais
été le cas puis ça n'a jamais été l'intention.
M. Bouazzi : Et est-ce que
vous considérez, par exemple, que... parce qu'Hydro-Québec n'aurait pas les
compétences de le faire?
M. Fitzgibbon : Écoutez,
encore une fois, ça n'a jamais été dans leur plan stratégique de faire des
éoliennes, je pense qu'Hydro-Québec fait un excellent travail pour la gestion
des barrages, qui est très complexe. Hydro-Québec fait un très bon travail dans
le transport hydro-électrique., on ne permet aucun transport privé. Je pense
qu'il y a des fondations, même, qui sont très bonnes. Quand on parle d'autres
sources d'énergie renouvelable, quand on parle du solaire, on parle du... de
l'éolien, le nucléaire n'est pas dans les cartons présentement, du tout, mais
peut-être qu'un jour il le sera, il faut se servir du privé. On ne peut pas
tout mettre chez Hydro-Québec. Ce serait un risque qui serait, à mon avis... et
de l'avis d'Hydro-Québec aussi. Je ne suis pas le seul qui dit ça, là.
M. Bouazzi : Jusqu'à
l'arrivée des éoliennes, on faisait toute la production ou presque, là,
évidemment, il y a quelques exceptions, chez Hydro-Québec. Est-ce que vous
pensez que ça coûte moins cher d'aller au privé que de produire notre propre
énergie, si on avait à le faire nous-mêmes avec Hydro-Québec?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, je pense que c'est la question du... des masses critiques. Je pense
qu'on regarde aujourd'hui... Moi, je regarde aujourd'hui, ce qui se passe dans
le monde... a été la COP27, pour parler tous les équipementiers d'éolien. Il y
a un engouement sur l'éolien, le Québec, Hydro-Québec a annoncé récemment qu'on
était ambitieux en termes de nos niveaux énergétiques en provenance d'éolien,
ce qui attire beaucoup les équipementiers, des producteurs à venir ici. Alors,
moi, je pense que l'équilibre privé public fait en sorte que, si on a un
programme très prévisible de construction éolien au Québec, je pense qu'on
peut, avec le privé, avoir des taux qui vont être très intéressants. Puis
d'ailleurs... public, on a vu les taux de connexion éolien dans les appels
d'offres, 2021, puis j'étais très surpris de voir... bien, pas surpris, mais
j'étais agréablement surpris par les prix auxquels on va avoir l'électron.
M. Bouazzi : Je comprends, M.
le ministre. Ces compagnies ne sont pas des compagnies à but non lucratif et on
s'entend qu'évidemment elles ont de l'argent à avoir, elles se prennent une
cote, c'est un peu le principe du privé, dont on pourrait se priver. Et puis je
rappelle que, quand les bâtisseurs du Québec moderne avant nous ont décidé de nationaliser
la production d'hydroélectricité, les arguments principaux étaient de dire
qu'on n'avait pas l'expertise, etc., et aujourd'hui, on se retrouve
effectivement à faire l'envie des autres pays, pas parce que notre production
d'électricité est faite par le privé, c'est parce qu'on contrôle et qu'on est
capables de planifier. Il y a toutes sortes de problèmes qui découlent d'aller
dans le privé et parmi elles, les questions de maintenance, une fois que les
contrats arrivent à leur fin. Parmi elles... Évidemment, je ne pense pas qu'ici
il y a quelqu'un qui pense qu'avoir une turbine qui est dans l'eau derrière un
barrage compliqué à construire est plus compliqué qu'avoir une éolienne. Et on
s'étonne de la fermeture du gouvernement face à l'idée de faire jouer à
Hydro-Québec ce qu'elle a toujours joué.
M. Fitzgibbon : Écoutez...
répondre rapidement que je suis agréablement surpris de voir la coopération des
communautés autochtones, des MRC, la FQM, le système qu'Hydro-Québec a mis en
place. Hydro-Québec contrôle l'octroi des mégawatts à des privés éoliens, de
concert avec les MRC, de concert avec les communautés autochtones. Alors le
système fonctionne très bien. Vous amenez un autre point, Hydro-Québec doit
faire ses propres éoliennes, vous pourrez le se soumettre à la commission de
consultation. Nous, à date, on est contents de ce qui se passe, puis on va
continuer comme ça.
M. Bouazzi : On a bien vu
qu'Hydro-Québec était aussi capable d'avoir des bonnes relations, entre autres
en connectant notre électricité à New York avec les communautés autochtones. On
pense qu'on n'est pas obligés de donner une cote au privé...
M. Bouazzi : ...et on est
probablement obligé de mieux planifier notre énergie en se la réappropriant,
comme les gens ont fait avant nous, on trouve un peu dommage que cette
philosophie, que notre production nous appartienne, est en train d'être perdue.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Messieurs. Ceci conclut ce bloc d'échanges. Donc, je suis maintenant prêt à
reconnaître le député de Camille-Laurin. M. le député, vous bénéficiez de 5 min
50 s. La parole est à vous.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Durant ces cinq minutes, je veux
toucher deux sujets, les trop-perçus d'Hydro-Québec, de même que la
construction de barrages en lien avec la décarbonation de notre économie.
Le premier sujet, il est très, très
simple, en campagne électorale, la CAQ avait promis de rembourser les 1,5
milliard de trop perçus par Hydro-Québec depuis 2005, le premier ministre avait
même qualifié les trop-perçus de vol alors qu'il était dans l'opposition,
Hydro-Québec, elle, a les fonds pour faire ce remboursement-là parce qu'elle a
dégagé des profits record en 2022, des profits de 4,5 milliards de
dollars, une hausse de 28 % par rapport à 2021, la CAQ a bloqué plusieurs
fois les motions du Parti québécois sur ce sujet-là, notamment en juin 2022 et
en avril 2023, et donc on sait qu'en 2020, la CAQ a procédé à un remboursement
à la hauteur de 500 millions, c'était 1,5 milliard, donc il reste
1 milliard à rembourser, est-ce que le ministre est prêt à respecter sa propre
promesse électorale et à rembourser la totalité des trop-perçus?
M. Fitzgibbon : Nous n'avons
aucune intention d'aller dans ce sens-là pour plusieurs raisons, la première,
c'est qu'on regarde la hausse tarifaire de l'année en cours et on note que les
individus ont 3 % d'augmentation, les entreprises ont une augmentation à
6 % reçu, le tarif L est à 4,2 %, 4,5 %, donc on bénéficie déjà
pour les résidentiels du plus bas taux de tarification par rapport à l'année
dernière. Deuxièmement, vous n'êtes pas sans savoir, et quand on regarde les
rapports d'experts dont, entre autres, la chaire du HEC, M. Pineau, Pr Pineau,
on réalise qu'au Québec, les tarifs résidentiels sont financés par les
industries, on parle de 86 %, si je me rappelle bien, donc il y a 14 %
de financement qui est fait par les industries pour les individus. Donc, nous
avons les tarifs les plus bas en Amérique du Nord, donc, il n'est pas
l'intention du gouvernement d'aller dans le sens que vous suggérez.
M. St-Pierre Plamondon : Puis,
à ce niveau-là, est-ce que le ministre, M. le Président, est-ce qu'il considère
que la CAQ a respecté sa promesse électorale?
M. Fitzgibbon : Nous avons
fait ce qu'il y avait à faire, le p.l. 34 a été discuté longuement pour mon
collègue à l'époque et nous avons livré aux Québécois ce que nous avions
promis, on a mis de l'argent dans leurs poches, on a des taux de tarification
qui sont les plus bas, les plus bas en Amérique du Nord. Alors, je pense qu'on
a respecté nos engagements.
• (12 h 30) •
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
je note la réponse du ministre par rapport aux 1,5 milliard versus
500 millions. Prochain sujet, la décarbonation de notre économie, la
construction de barrages. La CAQ a proposé, a parlé souvent lors de la dernière
élection de construire des barrages. Or, seulement la moitié des réductions de
GES à faire concrètement, là, d'ici l'objectif 2030 ont concrètement été
déterminées. Donc, la moitié, on ne sait pas comment on va faire pour réduire
nos émissions de gaz à effet de serre. Pour autant, la CAQ affirme qu'elle a
besoin de 100 térawattheures d'énergie électrique de plus en 2050 et elle
va de l'avant avec des présentations sur nos besoins. La question qui est
évidente, c'est quand est-ce que le ministre, M. le Président, a l'intention de
présenter un rapport détaillé sur la réduction de la totalité de nos gaz à
effet de serre en lien avec ce calcul-là de nos besoins énergétiques?
M. Fitzgibbon : Bien,
premièrement, j'ai... tantôt, j'ai eu la même question de votre collègue à
votre droite, et mon collègue le ministre de l'Environnement, Lutte aux
changements climatiques a des rapports, il va publier bientôt. Où sommes-nous
par rapport à notre objectif de 37,5 %, 30 mégatonnes? Ça, c'est un
élément, donc, qui va répondre à votre question. Et il y a évidemment le
ministère que je dirige au niveau économique, on est un grand contributeur de
la pollution parce qu'on a beaucoup l'industrie... le transport, c'est
43 %, les industries, c'est à peu près 25 %, 30 %. Donc, on travaille
étroitement à faire des projets pour décarboner nos industries. Parallèlement à
ça, Hydro-Québec a déterminé qu'il fallait 100 térawattheures d'ici 2050
pour être net zéro. Probablement, ça va être un peu plus élevé que ça parce
qu'il y a beaucoup de projets industriels qui se sont rajoutés. Donc, écoutez,
on a... Mme Brochu qui a annoncé, avant son départ, qu'elle croyait qu'il
fallait augmenter l'efficience énergétique de 8 térawattheures à 25, donc
c'est le quart de ce qu'on a besoin va venir de l'énergie qu'on ne consomme
pas, qui est très valable parce que c'est... au niveau environnemental, c'est
encore mieux. Le reste, bien, il faut le produire, alors on va garder des...
toutes sortes de sources...
12 h 30 (version non révisée)
M. Fitzgibbon : ...énergétique,
et le travail qu'on fait avec Hydro-Québec, c'est de trouver des sources d'ici
2030 pour permettre de réduire les GES, parce que c'est un objectif qu'on veut
maintenir, et aussi nos filières industrielles qui ont besoin de térawattheures
et de mégawatts pour pouvoir être opérationnelles.
M.
St-Pierre
Plamondon :Une question très pointue,
en terminant, M. le Président. Vous n'êtes pas sans savoir que le Canada, de
Justin Trudeau, en collaboration avec McKinsey, s'est donné, l'Initiative du
siècle, un objectif d'avoir 100 millions de Canadiens grâce à une immigration
massive d'ici, là, 2100. Lorsqu'Hydro-Québec et le gouvernement du Québec, qui
font leur planification de besoins énergétiques au cours des prochaines
années... est-ce qu'ils ont comme prémisse la croissance de la démographie
actuelle ou la croissance telle que voulue et planifiée par le gouvernement du
Canada? Parce que vous comprendrez que les besoins énergétiques de 9 millions
de personnes, ce n'est pas la même chose que les besoins énergétiques de 20
millions de personnes.
M. Fitzgibbon : Vous avez
raison absolument raison, et les projections qu'Hydro-Québec fait pour la démographie
s'appuient sur la démographie interne au Québec et sur la politique d'immigration
qu'on a présentement.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Merci, M. le ministre. Je suis maintenant prêt à reconnaître le
porte-parole de l'opposition officielle. M. le député de Jacques-Cartier, la
parole est à vous. Vous disposez de 17 minutes 45 secondes.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président. Le ministre a mentionné qu'environ 17 projets étaient refusés par
Hydro-Québec en raison de l'incapacité à les connecter. En termes monétaires,
ça représente une perte économique de combien?
M. Fitzgibbon : ...
M. Kelley : Aucune idée. Ça,
c'est une réponse très claire, M. le Président. Oui, je pense, ça va être
intéressant de savoir aussi si on est capables de chiffrer ça pour nous un
jour. Mais je veux juste... reviens encore un petit peu sur la prévisibilité,
le fait que le surplus... on ne va plus avoir un surplus énergétique en 2030. C'était
prévu, comme je dis, en 2016. Mais, encore, je pense qu'on arrive dans une
situation où on a un vrai problème, un enjeu majeur pour notre société. Puis c'est
des décisions qui ne viennent pas... C'est toujours facile, je sais, de blâmer
le Parti libéral, je comprends ça, M. le Président. Mais en réalité, en 2018,
le premier ministre du Québec a dit qu'on ne fera pas des projets tant qu'Hydro-Québec
sera en surplus. C'est une citation de notre premier ministre. Mais, en 2021,
on lance un projet d'Apuiat, qui était... Comme j'ai dit, les négociations
étaient commencées par l'ancien gouvernement libéral, puis la CAQ, elle disait :
Oh! finalement, il faut aller de l'avant, quand même si on est en surplus,
parce que c'était pas mal clairement dit par la société d'État, en 2021, que,
comme, écoute, là, on arrive à 2030, où on va... plus de surplus d'électricité,
puis il faut commencer de bâtir. Mais, en même temps, j'entends souvent... le
gouvernement dit qu'on n'était pas au courant. C'est seulement en 2022 qu'on a
réalisé qu'on a un problème, il faut lancer des projets de barrages, il faut
faire ça. Mais l'historique ne dit pas ça, M. le Président. Les faits dit
différemment qu'on était au courant en 2016.
Et je veux juste entendre le ministre.
Comment on va rattraper ça? Encore, je cherche le... une vision pour les
prochaines années de comment on va construire plus des projets plus... le plus
rapidement que possible. Les questions de mon collègue de la deuxième opposition,
le député de Maurice-Richard, c'est intéressant. Je sais qu'Hydro-Québec, dans
le passé, a signé des ententes avec des entreprises dans la Gaspésie, dans...
Ça, c'est des bonnes choses, mais c'est sûr qu'on a un gros défi devant nous,
M. le Président.
M. Fitzgibbon : Bon, on va
faire de la politique. Ce n'est pas... Ce n'est pas ce qui m'intéresse, mais je
vais en faire. Écoutez, le ciel était rouge jusqu'au mois d'octobre 2018,
totalement rouge, et le ciel est bleu depuis le 3 octobre 2018. Pourquoi? Parce
que, sous le gouvernement libéral, il n'y a eu aucun projet, aucun projet en
haut de 50 mégawatts. Ils sont là aujourd'hui puis ils nous disent : Vous
auriez dû prévoir ça. Vous avez été incapables de faire quoi que ce soit pour
des projets d'envergure. La CAQ arrive, le timing est bon, je dois avouer... c'est
nouveau. La CAQ arrive, le ciel devient bleu. On a des besoins de mégawatts
extraordinaires, et là on se fait dire par le Parti libéral qu'oups! vous n'avez
pas prévu ça. Écoutez, vous n'avez aucune crédibilité de dire une telle chose.
Maintenant, ça étant dit, il faut
travailler dessus, il faut travailler sur ça, et je suis totalement engagé à
ça, mon sous-ministre aussi, le cabinet aussi, et Hydro-Québec aussi. On est
tous heureux de voir l'attraction du Québec à l'international. Oui,
effectivement, le timing a été bon. La décarbonation, c'est un sujet mondial.
Le monde regarde le Québec. On veut...
M. Fitzgibbon : ...des batteries
vertes, pas des batteries noires, on veut venir ici. Alors, profitons de ça.
Soyons positifs, soyons heureux. Et moi je suis... c'est sûr, j'aimerais avoir
20 000 mégawatts demain matin disponibles, mais on n'en a pas puis on
n'en aura pas, puis c'est correct. On va travailler avec des entreprises puis
mois, je suis capable, on est capable avec l'équipe de dire aux gens :
Attendez, ça va s'en venir. Alors, on a un programme très... on a un plan très
clair. On va travailler sur l'éolien, on va travailler sur le solaire, on va
travailler sur peut-être des ouvrages... Hydro-Québec a identifié
2 000 mégawatts si on returbine ou on change les turbines des
barrages existants. On travaille avec les communautés autochtones, puis il y a
un engouement au Québec présentement sur des projets. Alors, soyons heureux et
on va travailler dans ce sens-là.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre pour faire la politique, puis aussi, on cite: Le ciel est rouge, un
ancien premier ministre, je pense, Duplessis, qui a dit ça, c'est des choses un
petit peu similaires, là. Le ciel est bleu, puis, en tout cas, on va... On ne
va pas dire... Mais je me souviens aussi un premier ministre, monsieur
Duplessis, quand il a cité des choses comme ça, il a pas mal aussi laisser le Québec
d'être exploité par les fermes, par les sociétés étrangères... américaines. Ce
n'était pas nous qui a transformé des choses. On n'a plus des grandes usines
ici puis j'espère qu'on peut éviter ça tous ensemble. Puis moi, je suis fier
quand le ciel est rouge et la ligue libérale, on était là pour bâtir des
barrages. On était là pour s'assurer que Québec a eu un avantage dans le reste
de l'Amérique du Nord avec une société comme Hydro-Québec. Mais ça n'appartient
pas à un parti politique ni une formation. Hydro-Québec, c'est nous, c'est
nous, les Québécois. Ça, c'est une chose que je pense importante de citer. Puis
oui, il faut être positif. Moi, je lance le fait qu'il y a un défi, je pose des
questions. Le ministre est très gentil de répondre à nos questions, mais c'est
une bonne discussion parce que c'est notre avenir. Et c'est pourquoi nous avons
demandé pour une commission pour aller dans toutes les régions du Québec pour
discuter cet enjeu important.
Bref, M. le ministre, on va passer à
d'autres choses un petit peu moins politiques. Mais on revient un petit peu sur
les tarifs. Parce que dans les questions qui étaient posées à Hydro-Québec, on
parle du nombre de chiffres des gens qui sont obligés de signer une entente
avec Hydro-Québec parce qu'ils ne sont pas capables de payer leurs factures. Je
sais que le ministre est très au courant que le coût de la vie des Québécois a
explosé dans les dernières années. Malheureusement, il n'y a pas nécessairement
des signes que l'inflation va diminuer dans la prochaine année, ou quand même
peut être une couple d'années. On ne sait pas. Mais la tendance est vraiment
envers la hausse de ces types d'ententes. Puis, quand Hydro-Québec était ici
pour discuter le projet de loi sur les tarifs, ils ont dit que, chaque fois
qu'on ajoute des projets, on sort du patrimoine, le bloc patrimonial qui
existe, ça va coûter des gens en plus. C'est identifié, ils ont identifié ça
comme une réalité de l'avenir. Alors, comment, M. le ministre, on peut éviter
cette réalité pour plusieurs personnes? Je pense à des mères monoparentales qui
sont à la maison avec une famille où la facture d'Hydro continue d'augmenter.
Comment on peut aider ces gens là d'être capables de payer leurs factures
d'électricité chaque mois? C'est un défi et je sais, il n'y a pas de solution
simple. Et je veux juste entendre le ministre parce que c'est dans les cahiers
des crédits, des réponses, et lui, il est responsable pour aussi le dossier de
l'économie. Alors, M. le ministre.
• (12 h 40) •
M. Fitzgibbon : Bien,
clairement, nous sommes un gouvernement qui est très conscient. Il faut
s'occuper des gens qui sont plus vulnérables. Il y a aucun doute. Je pense que
mon collègue le ministre des Finances l'a très bien démontré avec la mise à
jour. On a émis le budget, ce qu'on a fait au niveau des chèques qu'on a
envoyés, ce qu'on a fait au niveau des réductions d'impôts, il y a plusieurs
programmes qui existent et on est très sensible à cette situation-là.
D'ailleurs, la tarification, et je me répète, une tarification résidentielle,
elle est à 3 %, alors c'est le taux le plus bas par rapport aux autres
utilisateurs du Québec d'électricité, notamment le niveau commercial puis le
niveau industriel. Et je pense que ça va être un maximum de 3 % jusqu'à...
où à la Période on va devoir faire, ce qu'on appelle, le «rebasing», où on va
revoir... la Régie de l'énergie va revoir les coûts du réseau. Et je vous
ramène à ce que j'ai dit tantôt aussi, selon Professeur Pineau du HEC, les
industries subventionnent les tarifs résidentiels à la hauteur de près de
16 %.
Donc, je pense qu'on a déjà une base très,
très basse de tarification électrique pour les résidences et on doit adresser
l'enjeu de la pauvreté, adresser l'enjeu des familles vulnérables avec d'autres
programmes. Il ne faut pas juste regarder l'électricité. Quand je regarde
électricité, je pense qu'on est à la bonne place et il faut peut-être aussi
travailler avec la population pour réduire la consommation d'électricité. C'est
ce qu'on appelle la sobriété efficience énergétique pour réduire la facture,
pas en termes de tarification, mais en termes de besoins en puissance.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le ministre. Une autre question...
M. Kelley : ...je veux juste
bien comprendre qu'est-ce qui a été fait avec le gouvernement fédéral puis
Hydro-Québec, ce rabais d'impôt. C'est combien d'argent est ce que vous pensez
que le gouvernement fédéral, finalement, va transférer vers Hydro-Québec avec
ce changement dans leur... je pense, c'est leur loi budgétaire ou...
M. Fitzgibbon : ...les
données du budget fédéral, on parle de 80 milliards, énergie verte. Il y a
des crédits d'impôt. Alors, Hydro-Québec va pouvoir utiliser les crédits
d'impôt pour les investissements qu'ils vont faire dans la production d'énergie
verte. Donc, par exemple, si on change une turbine, bien, ça va être éligible
pour avoir un crédit d'impôt. On n'a pas évalué encore le... c'est 30 %,
le crédit d'impôt? 15 %, le crédit d'impôt. On ne l'a pas évalué encore
parce qu'on n'a pas les dépenses comme telles d'Hydro-Québec qu'ils vont faire.
Il faut aussi comprendre que, par exemple, on fait de l'éolien puis ça va être
probablement les producteurs de l'éolien qui vont avoir le crédit d'impôt.
Donc, le crédit d'impôt va être réparti à différentes sources. On n'a pas le
chiffre encore, mais c'est 15 % des investissements qui seraient faits
d'ici 2032 dans des productions d'énergie.
M. Kelley : Je pense que
c'est une bonne mesure. Je suis content que gouvernement fédéral... et que le
gouvernement du Québec ait fait une demande puis le gouvernement fédéral ait
répondu à ça. Mais des fois, je regarde un petit peu qu'est-ce qui s'est passé
avec les sables bitumineux puis les investissements, comme tous les Canadiens
ont acheté un pipeline qui, de mémoire, n'a pas fonctionné encore. Nous, ici,
on a plein de choses dans l'économie verte qui vont très, très bien. Et quand
même, quand je pense un petit peu à la création de l'énergie, on est dans une
bonne place. Est-ce qu'il y a peut-être une autre façon de demander quelque
chose de plus direct, un versement au Québec pour investir dans tout ce qui est
nécessaire. On vient juste d'avoir une bonne discussion sur la façon... qu'il
faut augmenter l'énergie verte ici, au Québec. Est-ce qu'il y a peut-être une
façon où on peut travailler ensemble, M. le ministre, pour aller à Ottawa pour
dire : Ça prend plus d'argent, pas juste les crédits d'impôt, mais on veut
l'argent comme les autres provinces ont reçu. Et quand même, je pense qu'un
petit peu en Ontario. C'est comme, le gouvernement fédéral est prêt à investir
des dizaines de milliards de dollars dans une usine. C'est où notre juste part?
Et des fois, je trouve qu'Ottawa, c'est comme, ils mettent les choses plus
difficiles pour nous que pour les autres provinces et je pense qu'on doit
changer ça, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Écoutez, je
suis... On travaille intensément puis on fait du mieux qu'on peut, évidemment.
Mais mon collègue à ma droite est en discussion constante avec son équivalent
au ministère de l'Énergie au fédéral. Moi, j'ai des rapports aussi avec le
sous-ministre aux Finances. Effectivement, ce que nous voulons avoir, c'est la
juste part des sommes d'argent que le gouvernement fédéral veut mettre dans des
filières stratégiques. Et vous avez entièrement raison, on a été très vocal sur
ça. Volkswagen, on a vu le chiffre, on parle de 13 milliards, le montant
qui a été octroyé par le gouvernement fédéral. Donc, on va s'attendre à
recevoir une portion de ça, je suis totalement avec vous, et on a des projets
d'ailleurs qu'on a annoncés, d'autres qui vont s'en venir, où on garde un
compte sur combien on va recevoir, et moi, j'aimerais avoir 25 % de ce que
le fédéral va donner et peut être même plus. Parce que quand on regarde au
niveau de l'énergie renouvelable, on est probablement en avance dans d'autres
provinces. Alors, sur ça, on est 100 % d'accord et on tape sur le clou le
plus fort qu'on peut pour avoir... Pour extraire l'argent du fédéral.
M. Kelley : Je suis d'accord,
M. le ministre. 15 % c'est gentil, mais notre poids démographique, c'est
environ 22 %. Alors, je pense, ça, c'est un minimum, mais, quand même,
c'est comme, je pense, Québec mérite plus pour tout ce que nous avons fait et
le fait qu'il y a des autres provinces qui doivent faire le rattrapage, je
comprends, il faut faire les investissements, mais je crois qu'on mérite notre
juste part aussi des sommes du gouvernement fédéral pour les projets ici, parce
qu'il y a plein de choses très intéressantes qui se passent au Québec. Puis
encore, juste sur cette question-là, M. le ministre, est-ce qu'on a une idée
pour les travaux qui doivent être faits sur nos barrages? J'ai vu plein de
chiffres qui sont sortis dans dans un article, dans... je pense, c'était La
Presse, mais la rectification de certaines turbines, et tout ça, est-ce que
vous pouvez juste expliquer ça coûte combien. Ça prend combien de temps aussi
de remplacer des fois une turbine dans la grande région de la Mauricie, par
exemple, où il y a des différents barrages qui ont presque 100 ans
maintenant? Alors, c'est très important, puis comment on va faire ces
travaux-là? Question pour vous, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : On n'a pas
15 % de l'enveloppe du fédéral, là. Le 15 %, c'est le crédit d'impôt.
Moi, j'aimerais avoir 30 %, par contre, juste pour mettre des chiffres,
parce qu'on a le même objectif.
Bon, pour les turbines. Écoutez,
après-midi, vous pourrez poser la question à nos collègues, Dave... va pouvoir
vous répondre, mais on parle de plusieurs milliards. Et on parlait de...
M. Fitzgibbon : ...2 000 mégawatts,
hein, 2 000 mégawatts, c'est le chiffre qu'Hydro-Québec a identifié comme
étant, je pense, c'est sept... puis je n'ai pas le nombre de barrages exact,
là. C'est très cher, mais, en même temps, on regarde... L'enjeu qui nous
gouverne présentement, c'est de regarder comment le coût moyen va augmenter
pour l'énergie renouvelable et comment les entreprises vont payer pour, alors
c'est pour ça que la Régie de l'énergie existe, hein, ils font le, ce qu'on
appelle le «rebasing», le tarif L, qui est le tarif chargé aux industries.
Alors, on doit, d'une part, au niveau de l'offre, nous, on veut
10 000 mégawatts de plus d'ici 2032, disons, pour mettre un chiffre,
Hydro-Québec est responsable de nous trouver comment ça va se faire, éolien,
solaire, turbines, barrages, il faut regarder le coût, puis il y a des...
peut-être des choix qu'on va devoir faire. Puis il est possible qu'on se
dise : Ça coûte trop cher, les industries ne veulent pas payer, bien, il
n'y en aura pas. Alors, c'est un équilibre qui n'est pas facile, mais qu'on...
sur lequel on s'attaque présentement.
M. Kelley : Merci. Puis une
autre question, pour les lignes de transmission, on sait que le réseau, il faut
toujours faire les investissements pour mieux... pour s'assurer que les lignes
sont les plus efficaces que possible, remplacer les plus vieux, mais est-ce que
le ministre a aussi une idée, c'est où les zones les plus... les priorités pour
Hydro-Québec et pour le gouvernement où on doit remplacer des grandes lignes de
transmission? Est-ce que c'est un gros enjeu présentement ou pas vraiment? Je
pense souvent... quand on parle, on est capable de produire l'énergie, mais
est-ce qu'on est vraiment efficace dans la façon qu'on transmet l'énergie?
C'est un gros réseau, mais j'imagine qu'il y a des investissements importants
qui doivent être faits dans les prochaines couples d'années.
M. Fitzgibbon : Oui,
effectivement, puis je pense, encore une fois, c'est une question, je pense,
qui va être mieux répondue par mes collègues d'Hydro-Québec, mais clairement,
on sépare le Québec, hein, on a nos deux, nos deux réservoirs puis on a nos
projets structurants, évidemment, il y a le grand Montréal, il y a la Côte-Nord
aussi, il ne faut pas oublier, où il y a beaucoup de projets miniers puis il y
a beaucoup de projets de conversion, l'Abitibi pour nos mines, on a la
Montérégie. Alors, on a pas mal... bien, Hydro-Québec a pas mal une bonne idée,
parce qu'il y a deux choses, il faut entretenir les réseaux de transport, puis
je rappellerais aux gens que la dernière crise du verglas, on a eu une bonne
nouvelle où le réseau a été maintenu, les équipements étaient là, le problème a
été plus au niveau de la végétation, donc Hydro-Québec travaille très, très
fort pour s'assurer que le réseau existant soit résilient, le réseau vieillit,
puis en même temps, avec nos projets qu'on a identifié au MEI qu'on veut faire,
bien là, on a une localisation, et effectivement il faut s'assurer que le
transport soit là, mais ultimement, que l'énergie soit suffisante aussi pour
pouvoir être transportée à nos projets.
M. Kelley : Merci, M. le
ministre. Je sais, il n'y a pas beaucoup de temps qui reste, j'ai vu dans le
cahier des crédits, il y a des investissements qui ont été faits dans la
recherche et développement pour la transition énergétique dans certains projets
comme l'hydrogène, mais juste en général, Québec avec des investissements dans
la recherche et développement, est-ce qu'il y a certains projets que vous avez
vus depuis que vous oeuvrez comme ministre qu'on dit : Ça, ça a bien
fonctionné pour le Québec?
M. Fitzgibbon : Clairement,
l'IREQ. L'IREQ on peut être fier comme Québécois parce qu'à l'époque, il y
avait monsieur... Dr Karim Zahid qui était celui qui... je ne sais pas s'il a
parti l'IREQ, là, mais il y a quasiment... pour le Québec, il a inventé les
batteries, là, tu sais, la personne... Alors, IREQ, c'est un joyau qui nous a
permis d'ailleurs de pouvoir recruter des joueurs internationaux, de venir ici
au Québec s'établir, parce qu'Hydro-Québec avec ce centre de recherche là a
fait un travail extraordinaire. Même chose à Shawinigan avec la vallée... la
transition énergétique, les centres de recherche là aussi. On a l'Université du
Québec à Trois-Rivières. Bruno Pollet, qui est chercheur, qui fait de la
recherche sur l'hydrogène. Là, on commence, là, mais il a tellement été, selon
moi, performant sur ce qu'il veut faire que la compagnie Alstom, qui se lance
dans l'hydrogène pour ses transports lourds, il a dit : Oups! il y a
peut-être qui se passe là à Trois-Rivières. Alors, moi, je pense qu'on est...
C'est une des raisons d'ailleurs pourquoi le Québec se démarque.
• (12 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, M. le ministre.
M. Fitzgibbon : On a les
barrages, mais on a aussi les gens qui viennent de la recherche qui on fait ça.
Alors, on va continuer à alimenter cette source-là.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, M. le ministre. Merci, M. le député. Je suis maintenant prêt à
reconnaître une première intervention du porte-parole du gouvernement, M. le
député de Masson. La parole est à vous. Vous disposez de 9 min 51 s.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Et merci, M. le ministre, d'être ici présent ainsi que toute votre
équipe qui vous accompagne aujourd'hui. Vous savez, la question de l'énergie,
c'est devenu quand même un enjeu majeur de notre époque, là, les ressources
énergétiques, elles ne sont pas illimitées puis leurs exploitations ont des
conséquences sur l'environnement, et il est donc crucial de mettre en place des
stratégies qui sont efficaces pour garantir une production puis une
consommation d'énergie durable, et c'est ce que vous avez démontré à date en
discutant avec mes collègues de l'opposition, mais j'aimerais vous entretenir
un peu plus sur la transition énergétique parce que c'est quand même un impact
majeur sur notre société, et j'aimerais aussi qu'on, dans notre discussion,
qu'on discute un peu des différents types d'énergie renouvelable, là, on
discutera tout à l'heure l'énergie solaire, éolienne, hydraulique,
géothermique, etc. Et bien entendu, nous avons une approche globale...
M. Lemay : ...cette
stratégie-là, mais la consommation d'énergie, puis, tu sais, vous l'avez
mentionné tout à l'heure, le collègue de Maurice-Richard faisait état de la
situation, là, d'ailleurs, vous en avez fait l'annonce le 26 avril
dernier, là, comme quoi que vous lancez une démarche de consultation en vue de
la préparation d'un projet de loi sur l'encadrement et le développement des
énergies propres, dont le dépôt, il est prévu à l'automne prochain. Et ce
projet de loi va aussi viser, entre autres, à modifier la Loi sur Hydro-Québec
ainsi que la Loi sur la Régie de l'énergie. Et là, dans un premier temps, puis
vous avez donné un élément de réponse tout à l'heure, là, vous avez des
spécialistes du secteur de l'énergie qui vont être invités à participer à un
forum, une journée d'ateliers, de réflexion, de travail qui va avoir lieu le
15 mai prochain à Montréal. Vous avez aussi mentionné que des
représentants des communautés autochtones seront présents. Ils vont être
consultés. Et, par après, il y aura aussi... bien, vous vous mettrez en ligne
une consultation publique qui va permettre à la population et la société civile
de contribuer à la réflexion. Et, par ensuite, avec nous, les parlementaires,
on aura des consultations particulières, là, qui vont être... qui auront lieu à
la suite du dépôt du projet de loi.
J'aimerais, M. le ministre, vous permettre
de nous entretenir un peu plus, parce que la question que j'ai là-dessus,
c'est : Est-ce que cette grande réflexion-là, ça fait suite au plan
stratégique qu'Hydro-Québec a déposé? Est-ce que ça s'arrime au plan
stratégique? Les 80 participants que vous avez mentionné, peut-être même
100, tu sais, les experts, en fait, de quel horizon sont-ils? Et puis
pouvez-vous nous expliquer davantage, là, ce grand chantier qui semble
important?
M. Fitzgibbon : Oui, bien,
écoutez, pertinent comme question. Je dirais que la grande majorité, en fait,
des demandes ou des changements que nous allons faire dans les deux lois
principales, la Loi d'Hydr0-Québec, la loi de la Régie de l'énergie, les
demandes proviennent d'Hydro-Québec. Hydro-Québec est consciente que,
considérant lutte aux changements climatiques, considérant les enjeux
d'acceptabilité sociale, les enjeux de sources énergétiques, tu pouvais faire
des amendements parce qu'ils n'ont plus la flexibilité d'être aussi efficace
qu'ils l'ont été dans le passé. Donc, ça, c'est le premier point.
Deuxième point, il n'y a aucun doute que
nous avons... on met de la pression sur Hydro-Québec pour avoir d'autres
sources énergétiques, d'autres sources ou d'autres mécanismes de transport.
Donc, on a complexifié, aussi, les enjeux avec nos demandes, puis les demandes
qui sont, comme j'ai dit tantôt, fonction du fait que le Québec est très
attractif. Alors, présentement, le cadre réglementaire ne permet pas à
Hydro-Québec ni la Régie de l'énergie, en passant, d'être efficace. Alors,
nous, comme gouvernement, c'est notre devoir de faire des changements et on
veut les faire dans l'ordre, pas dans le désordre, et c'est pour ça qu'on fait
les consultations où... auxquelles vont participer des gens qui partagent nos
vues, qui ne partagent pas nos vues, puis des experts. Puis on va passer l'été
à regarder qu'est-ce qu'on peut faire, avec Hydro-Québec, comment qu'on va
amender de projet de loi, puis on va faire des consultations. Alors, c'est un
mix des deux, mais, je te dirais, la majorité vient d'Hydro-Québec, l'autre
vient de la réalité qui nous gouverne, là, présentement, en termes de besoins
énergétiques.
M. Lemay : Puis, en
complément, M. le Président, en fait, vous avez parlé qu'avec Hydro-Québec, en
réalité, lorsqu'on parle de d'autres types d'énergies renouvelables, tu sais,
bon, bien entendu, vous avez lancé un appel à projets pour
1 500 mégawatts d'éolien par année sur une période de 10 ans,
donc 15 000 mégawatts. Ça, c'est très bien, ça donne la prévisibilité
dans le secteur, ça permet aux promoteurs qui veulent développer de l'énergie
éolienne d'avoir cette prévisibilité-là et de pouvoir dire : Bien,
écoutez, même si je n'ai pas... je ne réussis pas cette année à participer,
peut-être que, dans une année ultérieure, mon projet fera du sens et puis je
pourrai contribuer. Donc, merci pour ça.
Mais on le voit aussi pour le solaire. En
fait, lorsqu'on parle des véhicules électriques, vous savez, vous l'avez
mentionné tout à l'heure, c'est 2 millions de véhicules électriques qu'on
veut pour 2030, la fin de la vente des véhicules thermiques en 2035. Je pense à
tous les grands... les concessionnaires automobiles sur notre territoire,
souvent, la superficie de leur terrain et même les toits qu'ils ont. Tu sais,
je me dis : Si on a tant de véhicules électriques qu'on va... en fait, on
va avoir une conversion dans notre parc, est-ce qu'on doit... on devrait
réfléchir? Au lieu de faire un rehaussement de l'entrée électrique puis d'avoir
encore un impact sur la pointe énergétique, devrait-on plutôt utiliser du
solaire puis faire des modules de gestion intelligents qui font en sorte qu'on
peut utiliser les batteries des véhicules électriques sur le terrain pour,
justement, alimenter, faire de la recharge, puis, justement, avoir pas d'impact
sur la politique énergétique? Est-ce qu'on devrait aussi réfléchir à avoir du
stockage de batteries dans les bâtiments, justement pour faire en sorte qu'on
accumule de l'énergie à des périodes de faible consommation, et puis, en
période de pointe, on prend l'énergie des batteries au lieu de prendre
l'énergie d'Hydro? Ça fait qu'est-ce que vous avez des stratégies, justement,
qui tiennent compte des contraintes économiques, sociales et environnement pour
ces filières-là?
M. Fitzgibbon : Clairement,
vous maîtrisez bien les enjeux. D'ailleurs, quand notre collègue...
M. Fitzgibbon : ...ministre de
l'Environnement a rehaussé son seuil de 1,6 million à 2 millions de
voitures électriques. Les gens en arrière de moi ont appelé, puis ils ont
dit : Bien là, c'est correct, on va le faire, mais il va falloir être
novateur dans notre façon de fonctionner, parce que, si tous ces véhicules-là
se chargent à 5 heures le soir, bien, il va y avoir des problèmes de
puissance, puis ça ne marchera pas.
Donc, c'est clair que notre ambition de
lutte aux changements climatiques va requérir de l'innovation de la part
d'Hydro-Québec. Et je pense qu'on est très bien pourvus avec Hydro-Québec,
parce que, dans le fameux... 8,9 térawattheures à 25 térawattheures
d'efficience énergétique va inclure des enjeux de gestion et puissance
d'énergie. Moi, personnellement, je suis un des... un gros croyant que nos charges
de voitures vont devoir être bidirectionnelles très bientôt pour pouvoir
alimenter la nuit puis le matin, quand on se lève pour faire notre café, avec
une voiture. Là, j'exagère un peu, là, mais pas trop.
Puis le solaire, est-ce que le solaire va être
assez performant pour que... au niveau des coûts. Est-ce qu'il va être assez
performant au niveau des coûts pour qu'on puisse avoir des panneaux solaires
qui vont alimenter une partie de la batterie qui va décharger... ou qui va
empêcher qu'on prenne le réseau? Peut-être. Alors, je pense que les gens vont
être responsabilisés pour nous donner les solutions.
M. Lemay : Très bien. Puis,
puisqu'on parle de batteries... Puis on sait, on a un grand chantier aussi sur
la filière batteries au Québec, on a juste à penser à Lithium, Nemaska
justement. Puis il y a eu quand même de l'avancement dans la dernière année. Ça
fait que j'aimerais ça, si vous nous donnez l'opportunité, de nous parler un
peu qu'est-ce qui se passe au niveau des travaux de préparation à la mine de
Whabouchi ainsi qu'à l'usine de transformation de lithium à Bécancour? Est-ce
que vous pouvez me donner un état d'avancement de la dernière année puis de
qu'est-ce qui s'en vient dans les prochaines années?
M. Fitzgibbon : Bien,
Nemaska, comme vous savez, cette opération maintenant qui est détenue à
50 % par... bien, par Investissement Québec et 50 % par Livent,
Livent, c'est un producteur d'hydroxyde américain, la mine devrait être
opérationnelle relativement bientôt. Et on regarde pour approuver formellement
le lancement de l'usine d'hydroxyde de lithium qui va se faire à Bécancour, qui
va être finalement l'utilisation du spodumène qui est produit à la mine de
Whabouchi, qui va être converti à Bécancour et qui va servir aussi à alimenter
GM en partie, qui a besoin... GM, pour contruire une usine de cathodes. Donc,
l'intégration circulaire devrait se compléter. Alors, on attend incessamment
l'annonce du projet de... le lancement du projet d'hydroxyde de lithium, que
tout le monde anticipe ou veut voir le plus rapidement possible.
M. Lemay : Merci, M. le
ministre. Puisqu'il n'y a pas juste le lithium, on a aussi du graphite. Donc,
on a Nouveau Monde Graphite ici, au Québec, qui a comme projet de construire,
dès cette année, une mine de graphite à ciel ouvert, là, à
Saint-Michel-des-Saints, qui est dans la grande région de Lanaudière qu'on
partage ensemble avec le ministre. Et la mine, on parle ici d'une production de
100 000 tonnes par année de concentrés de graphite en paillettes de haute
pureté. Puis seulement pour ce projet de mine là, c'est des investissements qui
sont prévus quand même de 480 millions. Il y a... Nouveau Monde Graphite a
aussi comme projet de développer le site minier de graphite du lac Guéret,
qui... d'ailleurs, ils en ont fait l'annonce, là, en début d'année, en janvier.
Ils ont publié des résultats très positifs à leur évaluation économique
préliminaire, là, ils pensent avoir un potentiel d'environ 500 000 tonnes par
année de concentré de graphite. Moi, j'aimerais savoir... je sais qu'il reste
très peu de temps, mais les investissements du gouvernement dans le Nouveau
Monde Graphite et les emplois prévus, est-ce qu'on a un état de la situation?
Parce que c'est quand même intéressant.
• (13 heures) •
M. Fitzgibbon : Oui, le
graphite, comme vous savez, ça fait l'anode, hein, la cathode, lithium...
l'anode, c'est le graphite. Deux mines, lac Guéret, qui est l'ancien Mason
Graphite qui a été acheté par Nouveau Monde Graphique, la mine à Saint-Michel-des-Saints.
Le vrai projet... Bien sûr, le projet structurant, ça va être à Bécancour pour
faire l'anode, c'est-à-dire qu'on ferait le... on prend le graphite, il faut
qu'il soit sphérique, enrobé, à Granby, on va faire le... ce qu'on appelle le
«foil», là, j'oublie le nom en français, et ça va être assemblé, ça, à
Bécancour. Le projet de Bécancour de Nouveau Monde Graphique va avoir plusieurs
centaines d'employés, puis ça va être pas loin du milliard, en plus de la mine
qui va être...
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Malheureusement, ceci conclut ce bloc d'échange.
Donc, compte tenu de l'heure, la
commission suspend ses travaux jusqu'à 14 heures où il entreprendra
l'étude du volet Énergie - Hydro-Québec des crédits budgétaires du portefeuille
Économie, Innovation et Énergie. Veuillez prendre note que la commission
reprendra ses travaux à la salle Marie-Claire Kirkland. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14
h
01)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux. La commission est réunie afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du volet Énergie Hydro-Québec du portefeuille
Économie, Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2023-2024. Une
enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de ces crédits. Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Aucun nouveau
remplacement, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci...
14 h (version non révisée)
Le Président (M. St-Louis) : ...nous
allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'échanges, incluant
les questions et les réponses. La mise aux voix des crédits sera effectuée à la
fin qui leur est allouée, soit cet après-midi, vers 16 heures.
Donc, je suis maintenant prêt à
reconnaître le porte-parole de l'opposition officielle. M. le député de
Jacques-Cartier, la parole est à vous.
M. Kelley : Merci beaucoup, M.
le Président, puis rebienvenue à tout le monde. Bienvenue à nos invités d'Hydro-Québec.
C'est sûr que je suis un petit peu déçu que ce ne soit pas le P.D.G... mais
est-ce M. le ministre peut confirmer pourquoi il n'est pas présent aujourd'hui?
M. Fitzgibbon : Bien, M. le
Président, premièrement, M. Despars a été nommé président et CEO par
intérim il y a moins qu'un mois, d'une part. M. Despars, qui est une
personne très importante pour l'exécutif d'Hydro-Québec, s'occupe de la
stratégie et développement des affaires. Alors, je pense qu'il a été convenu qu'il
y a trois exécutifs qui sont ici avec moi, qui vont en fait répondre aux
questions. Je commence à ma droite par Mme Julie Boucher, qui est
responsable de la stratégie, M. Dave Rhéaume, à l'autre droite, qui s'occupe
de tout le côté réseau, et on a M. Régis Tellier, qui s'occupe de la
maintenance du réseau, je ne sais pas son titre exact, je m'excuse, mais on a
trois exécutifs, ici, pour répondre à vos questions. Je pense que, dans les
circonstances, c'est correct.
M. Kelley : Ce sûr, M. le
ministre, je ne me doute pas des compétences. J'ai déjà eu le plaisir d'échanger
avec Mme Boucher puis M. Rhéaume pendant le projet de loi sur les
tarifications, mais, quand même, je pense, pour nous, les élus de l'opposition,
on n'a pas beaucoup de chances à questionner le P.D.G. d'Hydro-Québec. Ça
arrive seulement une fois par... chaque année. Alors, j'espère que, peut-être,
le ministre peut prendre un engagement. Parce que je me souviens que la leader
de la troisième opposition officielle, quand il a rencontré le premier
ministre, il a demandé qu'on veuille entendre le P.D.G. en commission. Puis il
a dit: Oui, ça va arriver. Je pense qu'il a pas mal confirmé ça pendant la
période des questions une fois aussi. Alors, je sais qu'ils sont dans un processus
de nommer le prochain P.D.G.. Nous, le Parti libéral, on préfère entendre cette
personne avant qu'ils sont nommés. Alors, si ça, ce n'est pas possible, on veut
entendre ces personnes directement après qu'ils sont nommées pour avoir la
chance de questionner eux autres. En chambre, encore, c'était l'engagement que
le premier ministre a pris. Puis je ne sais pas si le ministre peut prendre cet
engagement et veut rassurer tous mes collègues dans l'opposition qu'on va avoir
la chance d'échanger avec le P.D.G. d'Hydro-Québec avant la fin de cette année-là.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le ministre.
M. Fitzgibbon : Alors, l'engagement
que je peux faire, c'est que... Vous savez que le plan stratégique d'Hydro-Québec
a été déposé au printemps dernier, et l'engagement qui y est toujours pris ou l'obligation,
en fait, qui est prise, c'est qu'Hydro-Québec vienne discuter du plan
stratégique en commission parlementaire, chose qu'on va devoir faire. Alors, je
m'engage à ce que, quand le nouveau ou la nouvelle P.D.G. sera nommé, bien, la
personne en question, après quelque temps, là, bien, la personne pourra venir
ici, parler du plan stratégique en commission parlementaire.
M. Kelley : Parfait. Bien, on
va passer à autre chose. Pour commencer de... juste de poser nos questions à M.
le ministre, les gens d'Hydro-Québec. On a eu un échange concernant l'énergie
qu'on a besoin pour... entre ici et... Oui, on peut aller jusqu'à 2050, mais,
quand même, je pense que la discussion ce matin... je pensais c'était le matin,
non, l'après-midi, mais, bref, les discussions qu'on a eues avant l'heure du
lunch, c'était sur les besoins énergétiques entre ici et 2030. On sait qu'en
2030 on va avoir peu de surplus puis il faut ajouter plus d'énergie à notre
portfolio, à notre enveloppe. Alors, je ne sais pas si les gens d'Hydro-Québec
peuvent nous confirmer avec un chiffre exact de combien d'énergie on va ajouter
entre ici et 2030.
M. Fitzgibbon : J'aimerais
demander peut-être une permission. Il y a trois exécutifs d'Hydro-Québec,
Régis, Julie et Dave. J'aimerais ça pouvoir permettre qu'ils répondent
directement. Donc, on peut-u préapprouver le fait qu'un des trois va pouvoir
répondre, comme ça, ça va faciliter la tâche?
Le Président (M. St-Louis) : ...M.
le ministre. Consentement des membres de cette commission, donc est-ce qu'il y
a consentement?
M. Kelley : Consentement, M.
le ministre.
Le Président (M. St-Louis) : Il
y a consentement, merci. Avant la première prise de parole, je vous demanderai
simplement de vous nommer, suivi de votre titre, s'il vous plaît.
M. Rhéaume (Dave) : Bonjour.
Mon nom est Dave Rhéaume, vice-président planification intégrée des besoins
énergétiques et risques chez Hydro-Québec...
M. Rhéaume (Dave) : ...donc,
pour répondre à la question de Monsieur, le... actuellement, sur l'horizon...
Donc, ce qu'on a rendu public, c'est 2032. Je sais que vous avez demandé 2030,
mais j'imagine que ça vous convient si je réponds pour 2032. C'est 25 térawattheures
de croissance anticipée de demande au Québec au cours, donc, de la décennie par
rapport au niveau de consommation actuel.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis une question. Pour un projet éolien par exemple, ça prend combien de temps
du lancer de l'appel au moment que c'est en ligne? C'est quoi, l'échéancier
d'un projet exactement?
M. Rhéaume (Dave) : ...un
exemple qui vient de se matérialiser, et avec des données connues, là. Donc, en
2021, Hydro-Québec a lancé deux appels d'offres, un dédié notamment au secteur
éolien, et la date de mise en service la plus tardive qu'il est demandé aux
promoteurs de rencontrer, c'est la fin de l'année 2026. Donc, on parle
approximativement, entre le lancement officiel de l'appel d'offres, le
traitement réglementaire, l'allocation des gagnants et, évidemment, le temps
qu'ils ont besoin pour bâtir leurs infrastructures, mais aussi, pour nous, les
raccorder, d'un cycle, là, approximatif, là, de 5 à 6 ans.
M. Kelley : Parfait. Alors,
vous avez dit que c'est 25 térawattheures de demande supplémentaires.
Juste, je veux bien s'assurer que c'est qu'est-ce que vous a dit. Alors, c'est
combien de projets ce qu'on a besoin pour remplir les demandes qui s'en vient
dans les prochaines années?
M. Rhéaume (Dave) : Ça ne se
compte pas en nombre de projets. C'est difficile, voire impossible de nommer un
nombre de projets. Aujourd'hui, au Québec, on a encore des capacités
excédentaires non engagées. Donc, pour les prochaines années, vous voyez, il y
a... Votre voisin, il s'achète un véhicule électrique. Il y a une augmentation
de la consommation électrique, mais on n'a pas déjà besoin de bâtir une
infrastructure pour y répondre. Éventuellement, au cours des prochaines années,
on va éliminer le reste de nos surplus puis on va devoir ajouter.
Ce qu'on a annoncé, c'est, je dirais,
trois grandes catégories de mesures qui vont rentrer en service sur l'horizon
2032, c'est-à-dire des ambitions beaucoup plus élevées en matière d'efficacité
énergétique. Le chiffre public qu'on donnait était de l'ordre de 8 à
9 térawattheures sur l'horizon. Et là on vise à se rapprocher du
25 térawattheures. C'est 17 térawattheures de plus et c'est comme
trois fois le projet de la rivière Romaine, donc, juste en efficacité
énergétique supplémentaire qui est visée, au-delà de ce qui était déjà annoncé.
La deuxième mesure, c'est l'éolien. Le
chiffre qu'on a déjà fait... On a déjà matérialisé plus de 1 000... autour
de 1 150 mégawatts dans le dernier appel d'offres. On a déjà lancé un
appel d'offres de 1 500 mégawatts qui est en cours, qui vise à être
mis en service sur la période 2027 à 2029. Puis on travaille à lancer pour
encore quelques milliers de mégawatts supplémentaires sur l'horizon à partir
des années 2030, là, donc on peut imaginer 2030, 2031 et 2032. Donc, ça, c'est
des mesures qui sont des projets qui sont lancés.
Puis la dernière catégorie de projets qui
est en cours sur cet horizon-là, c'est le rehaussement de la puissance dans nos
centrales hydroélectriques existantes. Donc, nos centrales, ils ont, dans
certains cas, des groupes turbine-alternateur, donc des turbines qui viennent
en fin de vie. Lorsqu'on doit aller les remplacer, on en profite pour mettre
des équipements encore plus puissants. Dans certains cas, ça implique de
regarder ce qui peut être fait aussi au niveau des infrastructures civiles puis
tout le système de transport pour descendre plus d'énergie puis de puissance à
partir de ces centrales-là. Donc, ça, c'est nos... c'est la somme des projets
sur l'horizon que vise votre question.
• (14 h 10) •
M. Kelley : Merci beaucoup.
Alors, juste de bien comprendre, cette date de 2030 pour... mais, comme on
va... plus de surplus d'électricité, ça n'a pas bougé. Vous avez mentionné 2032
comme une autre date qu'on regarde un petit peu sur horizon et parler un petit
peu plus. Alors, juste, encore, bien comprendre, le surplus pour 2030, ça n'a
pas changé, cette date, ça, c'est toujours comme l'échéancier visé par
Hydro-Québec. On a un problème qui arrive dans sept ans puis on va s'assurer
qu'on a l'énergie nécessaire pour faire la transition énergétique pour la
société.
M. Rhéaume (Dave) : La
précision que je donnerais... Donc, d'abord, 2032, on réfère à cette date-là
parce que c'est la date officielle du plan d'approvisionnement d'Hydro-Québec
qui est déposé à la Régie de l'énergie. Et vous avez mentionné le mot : On
a un problème. Nous, on ne qualifie pas ça de problème. C'est notre travail de
se donner des options pour que l'offre soit là pour rencontrer la demande.
Donc, c'était quelque chose qui était... qu'on voyait venir. On s'y prépare.
Donc, vous avez raison, ça, ça n'a pas changé, mais on est prêts à déployer les
infrastructures requises pour rencontrer...
M. Rhéaume (Dave) : ...la
demande d'électricité au Québec.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et je veux juste citer votre plan d'approvisionnement de 2020 à 2029, ‘est la
section 3.3 dans votre document, je sais que ce n'est pas devant vous,
mais : «Selon les bilans du présent plan, les approvisionnements
disponibles et à venir sont suffisants pour répondre aux besoins en énergie
jusqu'en 2026 et, en puissance, jusqu'en 2025. Ce portrait de la situation tient
compte de plusieurs nouvelles mesures d'efficacité énergétique,
particulièrement en gestion de la demande de puissance pour toutes les
catégories de clients.» Je sais que, depuis cinq ans, on n'a pas nécessairement
ajouté beaucoup d'énergie à notre enveloppe. Alor,s je veux juste expliquer
pourquoi les dates semblent de changer un petit peu.
M. Rhéaume (Dave) : C'est une
bonne question, puis c'est une question qu'on se fait poser souvent, qu'est-ce
qui a changé, puis j'aimerais... je comprends... ce que j'ai compris d'une des
réponses du ministre ce matin, c'est aligné : la demande, la prévision de
demande. Donc, le parc, donc le système électrique, lui, il est demeuré
essentiellement inchangé. Ça ne change pas si vite que ça, nos infrastructures.
Par contre, la prévision de demande entre ce qui a été déposé, le plan
d'approvisionnement auquel vous référez a été déposé à l'automne 2019,
versus le dernier qu'on vient de déposer cette année, c'est une augmentation de
la demande significative par rapport à ce qui était anticipé. Et cette
augmentation de demande là, elle est dans tous les secteurs. Donc, on a posé
beaucoup de questions sur la croissance des projets industriels, mais le Plan
pour une économie verte, les mesures qui visent à décarboner les activités
existantes du Québec, on voit une augmentation de la demande d'électricité
importante, notamment les véhicules électriques, mais aussi l'électrification
des bâtiments.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour la réponse. Puis, alors, juste de bien comprendre, en 2019, c'est quand
Hydro-Québec a réalisé que, ah!, il faut ajouter plus d'énergie dans notre parc
pour s'assurer qu'on a l'énergie pour les années qui s'en viennent, pour 2025?
C'est bien ça?
M. Rhéaume (Dave) : Pas tout
à fait. En fait, puis c'est important, le contexte. Donc, à la Régie de
l'énergie, on dépose un plan de 10 ans. Chez Hydro-Québec, on fait des
réflexions puis des analyses pour des beaucoup plus longues périodes, mais, sur
le plan 10 ans qui avait été déposé à cette époque-là, ce qu'on disait,
c'est que les approvisionnements existants du Québec étaient... donc les
contrats que la Régie de l'énergie réglemente étaient suffisants pour répondre
à la demande. Donc, ça visait simplement à dire, à ce moment-là, cette
phrase-là, dans le contexte d'un dépôt à la Régie de l'énergie, il sert à
dire : On n'a pas besoin de lancer des appels d'offres dès 2019-2020.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Je veux juste revenir sur une discussion qu'on a eue ce matin, parce que vous
avez mentionné qu'il y a beaucoup de travaux qui doivent être faits sur des
barrages existants. Est-ce qu'Hydro-Québec a des inquiétudes concernant la
main-d'œuvre disponible pour faire tout le travail qui est nécessaire dans
toutes les régions du Québec? Est-ce qu'il y a un manque d'expertise? Est-ce
que vous pouvez... Donnez-nous un petit peu un portrait de la relève au sein
d'Hydro-Québec, des gens qui doivent avoir une formation très, très spécifique
dans certains domaines pour s'assurer la pérennité de nos barrages au Québec.
Mme Boucher (Julie) : Bonne
question. On parle beaucoup de pénurie de main-d'oeuvre dans l'espace public.
Hydro-Québec suit la situation de près également. Vous avez raison, c'est des
professions spécialisées, souvent. Puis, quand on regarde devant, bien, non
seulement on a un parc de production, un parc de transport, de distribution
dont certains équipements sont vieillissants, mais on a aussi beaucoup de
croissance qui nous attend dans les prochaines années, puis on a aussi une
adaptation aux changements climatiques qui nous attend dans les prochaines
années. Donc, c'est un grand défi de comment on va partager les ressources,
j'ai envie de dire, les ressources financières, mais aussi les ressources
humaines, les ressources matérielles, à travers tout ce qu'on a à faire dans les
prochaines années. Donc, votre question, je pense, nous permet de mettre la
table sur plein de sujets qui nous attendent cet après-midi sur comment on va
partager puis qu'on va consacrer ces différentes ressources-là, humaines,
physiques, matérielles, financières, à l'ensemble de ce qu'on a à faire pour
les prochaines années. Et il y a une grande expertise à Hydro-Québec.
Maintenant, comment on l'utilise puis à meilleur escient?
Le Président (M. St-Louis) : Juste
vous assurer de vous nommer et celui de votre titre, s'il vous plaît, pour le
bénéfice des gens qui nous écoutent.
Mme Boucher (Julie) : Alors,
je m'appelle Julie Boucher. Je suis vice-présidente responsable du
développement durable, des communications et des relations avec les communautés
à Hydro-Québec.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme Boucher.
M. Kelley : Merci pour la
réponse, madame Boucher. Puis j'ai trouvé ça très, très intéressant. Est-ce
qu'Hydro-Québec est obligée de recruter de l'expertise à l'extérieur du Québec
de temps en temps...
M. Kelley : ...ou est-ce qu'on
est pas mal capable, avec des écoles et universités puis des programmes ici au
Québec, de pas mal avoir une relève qui vient d'ici? C'est juste de... Je suis
curieux parce que, j'imagine, des ingénieurs et tout ça, comme je dis, c'est
une formation très, très technique, les gens ont un talent très spécifique.
Mais alors, c'est encore juste une question si c'est un... quelque chose, un
enjeu pour Hydro-Québec, c'est de trouver le talent qui vient de l'extérieur du
Québec, de temps en temps.
Mme Boucher (Julie) : Jusqu'à
maintenant, la grande majorité de nos bassins de recrutement sont encore au
Québec. Il y a des domaines plus particuliers d'expertise, je pense notamment à
la recherche dans les matériaux de batterie, où effectivement on va recruter
des talents très particuliers à l'international. Mais, jusqu'à maintenant, la
grande majorité de notre main-d'œuvre provient de bassins du Québec.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Et, sur l'adaptation des changements climatiques, j'ai lu votre plan,
c'est très intéressant. Je suis très content que c'est à jour maintenant. Dans
mon comté, il y a toujours des gens qui posent des questions... Chaque saison,
il y a les inondations, puis, on sait, il y a des rivières où des fois
Hydro-Québec doit ouvrir un barrage, et ça peut aider à la pression qui existe
sur les lacs proches de chez nous, et c'est le même cas partout au Québec. Mais
est-ce que vous êtes... Est-ce que vous avez tout le budget nécessaire pour
faire l'adaptation du réseau et d'Hydro-Québec pour, oui, arriver au défi des
événements climatiques qui vont arriver de plus en plus souvent?
Mme Boucher (Julie) : C'est
une excellente question, et je pense que dans les prochaines années on va faire
face à de nombreux défis qui vont en ce sens-là. Mais j'ai aussi envie de vous
dire que l'adaptation aux changements climatiques, il y a différentes façons de
le faire, et, dans notre plan d'adaptation aux changements climatiques, qu'on a
dévoilé l'automne dernier... Ça fait trois ans que nos experts travaillent sur
ce plan-là, puis auparavant ça fait plus de 20 ans qu'on travaille avec Ouranos
sur l'adaptation aux changements climatiques. Mais, dès la conception, on peut
réfléchir autrement quand il est temps de parler d'adaptation aux changements
climatiques.
D'ailleurs, notre réseau de distribution
d'électricité, les poteaux de bois, on l'a adapté dans les dernières années. On
l'a adapté notamment parce que la charge augmente chez nos clients, mais aussi
pour faire face aux aléas climatiques. Nos poteaux, vous ne l'avez sans doute
pas nécessairement remarqué, mais ils sont un petit peu plus gros qu'ils
l'étaient dans les dernières années. On a protégé nos équipements différemment.
Donc, ça, c'est une autre façon, dès la conception des équipements du réseau
des infrastructures, de s'adapter au climat.
L'autre façon, c'est aussi de choisir la
localisation des équipements en fonction des aléas climatiques qu'on anticipe
ou encore d'entretenir ou d'exploiter autrement. Je vous donne un exemple. Si
on anticipe que dans une région, les chutes de neige vont être plus importantes
dans les trois prochaines... dans les prochaines années, on a trois façons
qu'on peut réagir : on peut choisir de construire un bâtiment
différemment, par exemple de faire un toit qui est plus résistant; on pourrait
choisir de le construire ailleurs, le bâtiment, parce qu'on estime qu'il va y
avoir trop de neige dans ce secteur-là; ou on pourrait choisir de l'exploiter
différemment puis d'aller déneiger le toit sur une base plus fréquente.
Donc, il y a une question de budget, vous
avez raison, mais il y a aussi une façon de concevoir, de penser, puis
d'exploiter, de maintenir nos équipements différemment.
• (14 h 20) •
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
met fin à un premier bloc d'échange. Merci, Mme Boucher, merci, M. Rhéaume,
merci, M. le député.
Je suis maintenant prêt à reconnaître le
porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le député de Maurice Richard,
la parole est à vous, vous disposez de 12 min 3 s
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. D'abord, peut-être, merci beaucoup aux invités de participer à cet
exercice démocratique important. Peut-être avant de poser des questions à nos
invités, évidemment, on remarque à notre tour que le P.D.G. actuel
d'Hydro-Québec n'est pas présent. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président,
que ça fait déjà un certain temps qu'on voulait rencontrer Mme Sophie Brochu,
entre autres choses pour parler du plan stratégique, étant donné que c'est le
seul plan, en fin de compte, que nous avons au Québec qui parle d'énergie,
parce que le plan du gouvernement actuel se fait attendre, et aujourd'hui, sans
jamais remettre en cause la qualité des personnes qui sont devant nous, on
remarque qu'effectivement le P.D.G. d'Hydro-Québec n'est pas présent. Peut-être
ma question pour le ministre : Est-ce que c'est son ministère qui a
demandé au P.D.G. de ne pas venir, ou c'est Hydro-Québec qui a préféré ne pas
envoyer le P.D.G.?
M. Fitzgibbon : C'est une
décision qui a été concertée entre Hydro-Québec et le ministère. Nous prenons
très au sérieux la reddition de comptes qui est requise aujourd'hui. Et, comme
je l'ai dit tantôt, M. Despars a été nommé il y a moins qu'un mois, donc on a
trouvé que c'était approprié d'avoir trois exécutifs qui, complémentairement,
pouvaient faire office de...
M. Fitzgibbon : ...du
président. Donc, tout est sous contrôle, on est très satisfaits de la
représentation.
M. Bouazzi : Je ne comprends
pas bien l'argument, du moins que moins. Est-ce que vous voulez dire qu'il ne
serait pas capable de répondre à nos questions parce qu'il est là juste depuis
un mois?
M. Fitzgibbon : Bien, il y
avait des fonctions très spécifiques. Là, vous avez trois exécutifs qui ont des
fonctions complémentaires. Alors, moi, je pense que c'est très adéquat de ce
qu'on a présentement.
M. Bouazzi : Merci, M. le
ministre. Ma question peut-être pour nos invités. On parle effectivement du
manque d'électricité qu'on va avoir dans les prochaines années. On vient de
signer un gros contrat avec New York. Est-ce que ce contrat-là a bougé le
moment à partir duquel on va manquer d'électricité?
M. Rhéaume (Dave) : Non. À
court terme, là, notre... le plus gros enjeu pour le Québec, puis c'est celui
qui était annoncé, là, c'était un manque de puissance. Donc, c'est la capacité
du Québec... puis vous l'avez vu à travers certaines annonces, notamment, notre
record de consommation en point cet hiver. On était très sensibles. Puis on
avait commencé à modifier quand même certains de nos messages publics par
rapport à l'enjeu de la pointe. L'entente avec New York ne prévoit aucune
livraison d'énergie en période de pointe, c'est-à-dire qu'Hydro-Québec a toute
la flexibilité de ne pas livrer d'énergie.
M. Bouazzi : Je m'excuse, je
n'ai juste pas beaucoup de temps. C'est très clair, j'étais d'ailleurs à la
commission, et je suis bien conscient de ça. C'est quand même beaucoup
d'énergie, on s'entend. Les ambitions industrielles, surtout du Québec, vont
aussi consommer de l'électricité à l'extérieur de la pointe. Est-ce que le
contrat qu'on veut finaliser avec Boston va modifier la date à partir de
laquelle on va manquer de l'électricité?
M. Rhéaume (Dave) : Lui non
plus. Le contrat avec Boston, le Massachusetts ne prévoit pas de livraison en
pointe. Ceci dit, si vous me permettez, vous avez raison, dans les deux cas,
c'est des volumes d'énergie importants. Donc, ça nous met une pression, plutôt
que si on n'avait pas ces ententes-là, pour ajouter de la production d'énergie.
Par contre, on n'a pas aussi besoin d'ajouter des services de fiabilité et de
puissance, comme des centrales hydroélectriques.
M. Bouazzi : Je voudrais
parler de gaz naturel. Vous n'êtes pas sans savoir qu'actuellement, dans le
bâtiment, le bâtiment représente 10 % des émissions de gaz à effet de
serre au Québec, 7 % de totalité des émissions de gaz à effet de serre
sont dues au gaz naturel. Actuellement, Hydro-Québec pousse très fort pour ces
accords avec Énergir. Est-ce que... est-ce que... Bien, pourquoi? Quand on
voit, par exemple, que la ville de Laval ou la ville de Montréal ont décidé de
ne plus raccorder de nouveaux bâtiments au gaz, pourquoi vous pensez que c'est
une erreur?
Mme Boucher (Julie) : Je
commencerais par vous dire que notre électricité, elle est précieuse, elle
précieuse parce qu'elle nous permet de réduire des GES, de remplacer
judicieusement des énergies fossiles, mais les limiter. Donc, la meilleure
façon de réduire le plus possible de GES, c'est de l'utiliser judicieusement au
bon endroit au bon moment. Ce qu'on propose avec la biénergie, c'est de réduire
de 70 % les émissions de GES des bâtiments, mais de garder le gaz naturel
de manière transitoire, en pointe pour nous éviter de devoir attribuer au
chauffage des bâtiments beaucoup de mégawatts en pointe. Ces mégawatts-là, on
peut s'en servir pour décarboner autre chose.
J'ai aussi envie de vous dire que c'est
une solution rapide. C'est une solution efficace qu'on peut déployer dès
maintenant. Elle est en cours présentement, cette offre commerciale, alors
qu'on parle d'urgence climatique. Si on devait électrifier et alimenter
100 % électrique l'ensemble de ces bâtiments non seulement on aura besoin
d'énergie, comme on en discutait à l'instant, d'augmenter nos capacités, mais
on aura aussi besoin de transport, de distribution d'électricité. Et ça, ça
demande du temps, construire l'ensemble de ces infrastructures-là, ça demande
beaucoup de dollars. Et je vous dirais aussi que ça a un certain impact
environnemental. Donc, quand on parle d'adaptation, de lutte contre les
changements climatiques, bien, il faut aussi penser au nombre d'infrastructures
qu'on construit parce que ça a un impact sur la biodiversité.
M. Bouazzi : Est-ce que,
parce qu'évidemment la faisabilité d'électrifier tous nos bâtiments pour le
chauffage... Il y a des scénarios politiques qui permettent d'électrifier tous
nos... Bien, si on imagine qu'on décide d'allouer 10 000 $ par maison pour
installer des thermopompes, améliorer l'isolation, mettre 1 milliard par
an, donc 10 milliards sur 10 ans, ça nous ferait économiser 1
500 mégawatts qui viendraient directement toucher la pointe. Dans le cas
dont on parle actuellement, ce n'est pas actuellement dans les plans du
gouvernement, de faire cette grosse corvée, qui pourtant...
M. Bouazzi : ...ce serait
salutaire. Est-ce qu'on peut s'entendre qu'il y a des scénarios politiques,
avec des politiques publiques, qui nous permettraient d'éviter de garder tout
ce gaz naturel, qui produit des gaz à effet de serre?
M. Rhéaume (Dave) : Donc,
actuellement, on a... Donc, je ne sais pas exactement les chiffres auxquels
vous référez, mais actuellement, nous, on s'est engagés publiquement à
accroître notre cible d'efficacité énergétique, comme je disais tout à l'heure,
de huit vers le 25, puis on a déjà pour plus de 1 000 mégawatts
annoncés de croissance, de gestion de puissance qu'on vise à aller chercher.
Ceci dit, on tient à être clairs, ce n'est
physiquement pas possible aujourd'hui de se débarrasser de 100 % du gaz
naturel dans les bâtiments du Québec, aujourd'hui, avec les infrastructures
actuelles, même avec de l'efficacité énergétique puis de la gestion de pointe.
Ça, c'est... Il va falloir développer des infrastructures, puis c'était à ça
que ma collègue Julie référait, c'est de dire : S'il faut attendre que
toutes les infrastructures du Nord du Québec, le transport et le réseau de
distribution... pour faire cette décarbonation-là, on se prive d'une solution
simple qui nous permet déjà aujourd'hui de rentrer dans un bâtiment puis
d'enlever 70 % des GES.
M. Bouazzi : Je pense qu'il
n'y a aucun groupe qui dit qu'on va le faire du jour au lendemain. Je pense
même que... j'espère pour Hydro-Québec, à un moment, on va se débarrasser du
gaz naturel parce qu'on n'obtiendra pas la carboneutralité si on continue.
Ceci étant dit, les nouveaux bâtiments
sont un infime pourcentage de ce dont on parle. Est-ce qu'on peut au moins dire
qu'il y a moyen de juste arrêter de ploguer des nouvelles infrastructures, qui,
rappelons-le, prennent 30 ans en moyenne à être... à être amorties? Ça
nous... ça nous pousse à plus que 2050 de mettre des nouveaux tuyaux de gaz
actuellement.
M. Rhéaume (Dave) : Pour les
nouveaux bâtiments, on vise des solutions 100 % renouvelables, puis c'est
cohérent avec l'annonce d'Énergir qui dit : Pour les nouveaux bâtiments,
s'il y a du gaz, il faut que ce soit du gaz naturel renouvelable. Donc, selon
nous, la meilleure solution pour les nouveaux bâtiments, c'est une combinaison
de gaz naturel renouvelable et d'électricité renouvelable fournie par
Hydro-Québec.
M. Bouazzi : Et donc,
actuellement, vous pensez que les tuyaux de gaz qui ramènent du gaz dans les
nouvelles maisons sont du gaz renouvelable?
M. Rhéaume (Dave) : En fait,
actuellement, l'engagement qu'Énergir prend, c'est qu'il va trouver assez de
gaz renouvelable supplémentaire pour répondre aux nouvelles constructions
qu'ils vont alimenter.
M. Bouazzi : Donc, qu'on
s'entende, actuellement c'est moins de 2 % du gaz qu'il y a dans les
tuyaux qui est renouvelable. Et, dans les nouvelles maisons, ils reçoivent,
comme tout le monde, 98 % de gaz... de gaz fossile.
Mme Boucher (Julie) : C'est
une option pour... Puis là je ne vais pas parler au nom d'Énergir, sinon que de
vous dire que c'est une option pour n'importe quel client d'Énergir de
souscrire à l'option d'être complètement au gaz naturel renouvelable. C'est
possible dès maintenant.
• (14 h 30) •
M. Bouazzi : Je veux juste
être clair. Actuellement, si quelqu'un souscrit à cette option, il va recevoir
98 % de gaz fossile dans le tuyau, c'est les mêmes tuyaux. On peut... On
peut faire appel à l'esprit de marketing d'Énergir, mais entre ingénieurs, je
ne sais pas, ou en tout cas entre personnes qui... qui aiment bien les chiffres
et les... et la technologie, actuellement, quelqu'un qui souscrit à 100 %
de gaz renouvelable dans ses tuyaux reçoit 98 % de gaz fossile. Et on nous
promet que, peut-être en 2030, on va en avoir 10 %. Donc, il y en aura
quand même 90 % qui sera fossile.
M. Rhéaume (Dave) : Vous avez
raison, en moyenne. Dans les faits... C'est parce qu'il faut... il faut
reconnaître que l'énergie, comme essentiellement bon nombre de transactions sur
les marchés, il y a un caractère virtuel à le suivre. Dans les faits, la
personne qui habite à côté du site de production de gaz naturel renouvelable,
il peut ne pas s'inscrire au gaz naturel renouvelable et il consomme dans les
faits 100 % de gaz naturel renouvelable. L'idée, c'est de trouver assez de
payeurs, de gens intéressés à accepter de payer pour du gaz naturel
renouvelable pour justifier des projets puis d'ajouter la production. De la
même façon que nous, lorsqu'on livre de l'énergie dans les marchés, on livre à
un point précis, puis c'est 100 % du renouvelable qui arrive. Mais, à
partir de là, il est mélangé avec tous les autres électrons dans ces
marchés-là, qui peuvent être beaucoup moins verts que les nôtres.
M. Bouazzi : On est d'accord,
et actuellement c'est 98 % de non renouvelable. C'est avec ça qu'on deale
actuellement au Québec.
Peut-être pour conclure, il y a d'autres
manières de... Il y a des décisions politiques, par exemple les augmentations
qui sont prévues dans le secteur économique émergeant, l'hydrogène, les
filières batteries, les chaînes de blocs, les serres, les centres de données,
et cetera, qui demandent aussi, dans votre plan stratégique 2023-2032,
1 329 mégawatts en période de pointe. Il y a la croissance du secteur
industriel qui en demande 458. Il y a aussi les véhicules électriques qui demandent
1 709, en prenant, j'imagine, en compte qu'elles vont se charger pendant
les périodes de pointe. Tout ça, c'est des décisions politiques, et je pense
que la décision politique la plus importante, c'est de...
14 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...on arrive à
diminuer nos gaz à effet de serre, je... à diminuer nos gaz à effet de serre et
puis on espère que vous allez devoir... avoir à faire avec des décisions
politiques qui vont vous aider à prendre ces décisions-là, car actuellement le
gaz non renouvelable ne permet pas malheureusement d'aller dans la bonne
direction. Combien il me reste de temps?
Le Président (M. St-Louis) : Vous
avez terminé.
M. Bouazzi : Exactement.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le ministre, vous...
M. Fitzgibbon : Je veux juste
conclure...
Le Président (M. St-Louis) : Vous
disposez toujours de 22 secondes, M. le député.
M. Bouazzi : Je vais les
transférer à la... au prochain bloc, s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Alors, ce bloc d'échanges étant terminé, je reconnais maintenant le
porte-parole de l'opposition officielle, M. le député de Jacques-Cartier. La
parole est à vous. Vous disposez de 18 min 5 s.
M. Kelley : Je ne sais pas si
quelqu'un veut répondre à des questions de mon collègue qui a perdu un petit
peu de temps, je suis prête à céder un petit peu de mon bloc pour une réponse
envers mon cher collègue de Maurice-Richard.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Je vais faire
un petit commentaire complémentaire à mes collègues d'Hydro-Québec, je pense qu'on
est tous pour la vertu que ça serait fun d'avoir 100 % de R dans le GN,
ça, je suis d'accord avec vous, ne perdons pas de vue que présentement au
Québec, la consommation de gaz naturel équivalent en mégawatts, c'est 17 000.
40 000 mégawatts, production, 17 000 de gaz naturel excédent.
Donc, on veut se débarrasser, et je... le thème est très intéressant, là, et
politiquement attirant, mais c'est 17 000 mégawatts qu'il faut
remplacer. Alors, sans égard au dossier qu'on parle, alors je pense qu'il faut
y aller méthodiquement...
M. Kelley : Merci, M. le
ministre, pour la réponse à mon collègue. Je veux parler dans le même sujet l'efficacité
énergétique, je sais que, M. le ministre, vous avez parlé un petit peu ce
matin, puis c'est une partie de la solution pour s'assurer qu'on a toute l'énergie
qui est... qui est nécessaire pour décarboner notre société puis de s'assurer
qu'il y a l'énergie disponible pour les entreprises, pour notre économie, mais
est-ce que certaines, comme on parle de lave-vaisselle, de changer l'heure qu'on...
on lance le lave-vaisselle, heure qu'on va charger notre char électrique, mais
est-ce qu'Hydro-Québec ou le gouvernement visent certaines mesures qui vont
être obligatoires? Est-ce que vous avez eu des pensées là-dessus, M. le
ministre ou quand même les gens d'Hydro-Québec?
M. Fitzgibbon : Bien,
écoutez, comme j'ai dit ce matin, je pense qu'effectivement, puis j'étais très
agréablement surpris de voir qu'Hydro-Québec, de son propre gref... gré,
plutôt, je m'excuse, a augmenté de 8,9 térawattheures à 25 térawattheures
l'efficience énergétique autant puissance qu'énergie. Maintenant, clairement,
on va laisser à Hydro-Québec le soin de faire des recommandations d'une part,
deuxièmement, la consultation qu'on commence au niveau de l'énergie va adresser
ça aussi parce que est-ce qu'il y a des mesures qu'on devrait prendre dans la
loi ou dans les règlements pour encourager un comportement qui pourrait nous
permettre d'arriver aux 25 térawattheures, parce que plus vite on va
arriver aux 25 térawattheures, moins de grands ouvrages on aura à
construire. Donc, on est alignés avec ça, alors je pense qu'Hydro-Québec va...
je vais laisser M. Rhéaume ou Mme Boucher répondre, mais après ça,
dans les consultations, on va clairement parler de ces enjeux-là parce que c'est
des décisions très importantes.
M. Rhéaume (Dave) : En effet,
pour renchérir, donc, on est 100 % alignés à optimiser l'utilisation de
nos infrastructures puis de notre source qui est précieuse. Le plus gros
changement qu'on a fait par rapport à ça dans les dernières années, c'est la
tarification dynamique. Donc, on a ouvert une option de tarification dynamique
qui vise à inciter des comportements qui sont gagnants pour le Québec. On a
deux options. On l'a ouvert la première année... les premières années, je
dirais, en mode pilote, un nombre de participants limité. Puis, depuis peu, le
programme est ouvert à tous les Québécois. On... il y a de l'intérêt, on a plus
de 200 000, je pense, clients qui y participent déjà, puis rapidement, c'est
encore peu connu, mais, malgré tout, on a déjà plus de 200 000, c'est à
peu près le même nombre de clients que tout Énergir. Ce qu'on remarque par
contre, c'est que de s'inscrire, ça démontre de l'intérêt, mais il faut que les
clients aussi ils adaptent. Donc, notre prochaine étape, c'est de continuer à
faire connaître les comportements efficaces pour aider la gestion de la pointe,
d'envoyer le signal, si les gens, ils ne modifient pas leur comportement, ça ne
va pas nous... nous faire atteindre nos objectifs. Donc, il y a tout un travail
qui se fait de faire connaître les bons comportements, de rendre les options
disponibles. Puis je rajouterais qu'Hilo, qui est une version dynamisée, je
dirais, de la tarification dynamique où des équipements viennent aider le
client, ça fait aussi partie...
M. Rhéaume (Dave) : ...on
constate qu'il y a des types de clients qui sont très intéressés, mais qu'ils,
de par leurs équipements dans leur maison ou leur mode de vie, ne réussissent
pas à optimiser. Avec un support comme Hilo, on pense qu'il y a des centaines
de mégawatts. La tarification dynamique et Hilo ensemble, là, c'est environ
1 000 mégawatts, juste dans le secteur résidentiel, qu'on pense qu'on
est capables d'aller chercher. C'est énorme.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour les réponses. Alors, encore, M. le ministre, vous n'êtes pas en mesure...
je veux juste dire que vous... écarte la possibilité que certaines mesures vont
être obligatoires pour les citoyennes du Québec.
M. Fitzgibbon : En fait, non,
on va attendre, premièrement, les recommandations techniques d'Hydro-Québec sur
les moyens et, d'autre part, on va écouter aussi des experts lors des
consultations, qui vont commencer très bientôt.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Parce que, M. Rhéaume, vous avez ouvert la porte sur le sujet d'Hilo, un système
très, très intéressant, et peut-être vous pouvez faire juste une mise à jour.
Et il y a eu plusieurs articles concernant les autres dirigeants d'Hilo, mais
aussi certains enjeux avec la technologie. Mais on est rendu où? Et c'est quoi,
le potentiel d'Hilo pour... Comme vous avez mentionné, il y a des mégawatts
qu'on peut chercher, mais pour le «rollout» d'Hilo, partout au Québec, c'est
quoi, le défi, devant nous?
M. Rhéaume (Dave) : On a
actuellement une prévision publique de l'ordre d'environ 500 mégawatts
provenant d'Hilo au cours... je dirais, là, sur un horizon d'environ cinq ans,
là, approximativement. Le défi, c'est l'adoption. Mais je tiens à... puis
peut-être que mon collègue Régis pourra renchérir, la valeur d'Hilo, lorsqu'on
l'a réfléchi la première fois, c'était à la gestion de pointe. Donc, c'est
évidemment quelque chose qui nous permet d'optimiser nos infrastructures en
effaçant de la pointe. Mais plus on travaille avec Hilo, plus on réalise de la
valeur supplémentaire. Notamment, lorsqu'on a des situations de pannes, un des
gros problèmes qu'on a, c'est que le moment où l'électricité revient, bien,
tous vos appareils qui étaient allumés au moment où la panne est arrivée, ils
repartent, puis on peut se retrouver dans des situations où un véhicule
électrique qui est 80 % chargé, bien, au moment où le courant repart, il
repart, mais, à ce moment-là, ça crée beaucoup de pression. Je ne sais pas si,
Régis, tu veux renchérir là-dessus.
M. Tellier (Régis) : Oui.
Régis Tellier, vice-président Opérations et maintenance. Effectivement, ça a
créé en fait, dans la reprise de charge, une pression importante sur le réseau.
Et ça, qu'est-ce que ça peut avoir comme conséquences, ça pourrait amener des
bris d'équipement, ça pourrait amener soit à des protections... même, ça
pourrait aller jusqu'à... le fil pourrait fondre par rapport à cette charge-là.
Donc, tous les équipements de chauffage, de véhicules électriques, quand on...
après une panne, là, surtout quand il fait encore plus froid, là, à l'extérieur,
c'est là que ça crée une charge importante. Hilo, qu'est-ce qu'il fait? Il
vient créer temporairement... il vient lui-même réajuster la reprise de charge?
Il va dire : Moi, dans ce secteur-là, 30 %, par exemple. Il ne va pas
tout de suite rétablir, il va attendre 1 heure... En tout cas, il y a des
algorithmes, là, qui vont lui permettre d'assurer une prise en charge qui fait
que ça ne va pas générer une nouvelle panne qui va demander à une équipe
d'intervenir pour aller la réparer.
• (14 h 40) •
M. Kelley : Merci beaucoup et
c'est très intéressant. Et je veux juste vous remercier pour votre travail
pendant la dernière tempête de verglas. J'ai vu que vous étiez sur le terrain
avec les équipes d'Hydro-Québec, vous avez... rassuré la population. Mais c'est
intéressant avec la charge, parce que je sais que, dans mon coin, dans mon
comté, on a vu que le moment que le courant est revenu, qu'il y a eu des pannes
après parce que le système était trop chargé, des gens... bien, mais tout...
leur frigo, tout était déjà plugué. Alors, avec une technologie comme Hilo,
quand ces situations arrivent, ça va aider des fois pour s'assurer qu'il n'y
ait pas une surcharge, le système puis les équipes sont obligés d'aller encore
sur le terrain pour faire des réparations. C'est bien ça? Excellent.
Puis... parce qu'on est un petit peu sur
le sujet maintenant, mais l'enfouissement des lignes de transmission. Vous
étiez présents pour les discussions de ce matin, vous avez vu le sondage qui
était dans le journal, puis des citoyens croient... qu'ils pensent que
l'enfouissement des lignes, c'est une bonne solution. Je pense, ça représente
aussi juste une inquiétude des citoyens en général qu'il y a, il me semble, de
plus en plus de pannes, des gens, des citoyens perdent qu'est-ce qu'il y a dans
leur frigo, il y a des inondations dans les sous-sols. Mais encore je veux
juste entendre les gens d'Hydro-Québec, peut-être de prendre le temps pour
l'expliquer. Je sais que, dans le plan de l'adaptation des changements
climatiques, on parle des projets pilotes pour enfouir des lignes existantes.
Comme je l'ai dit ce matin, ce n'est pas une question de mur-à-mur, mais
comment on... Et comment et quand est-ce que l'enfouissement des lignes, c'est
une bonne idée pour des lignes existantes, mais aussi...
M. Kelley : ...pour déterminer
des projets nouveaux, dans les banlieues, qui viennent de construire des tours
de condos, quand même, des projets résidentiels et commerciaux?
M. Tellier (Régis) : Oui. En
fait, nous, qu'est ce qu'on recherche, c'est la fiabilité puis la résilience.
C'est ça qui est notre objectif, tout le temps. L'enfouissement est une option,
mais c'est une option qui est très coûteuse et c'est une option qui est très
complexe. Souvent, qu'est-ce qui est le bon critère, c'est quand qu'il y a une
grande densité d'électricité qui est demandée. C'est pour ça qu'on voit ça
souvent dans les centres-ville ou dans les grands centres urbains. Maintenant,
le lot de défis, c'est que c'est souterrain, ça cohabite avec d'autres
infrastructures souterraines, les réseaux d'aqueduc, les réseaux de
télécommunication, les réseaux de bornes-fontaines, l'éclairage public. Et ça,
c'est des travaux qui amènent son lot pendant qu'on réalise des travaux, mais
aussi pendant, après ça, qu'on va l'exploiter. Parce que, quand nos
travailleurs doivent descendre, il y a des enjeux de santé-sécurité, également,
les réseaux restent énergisés. Ça fait que c'est vraiment les critères de
densité électrique, là, qui nous amènent à favoriser ce type d'installations
là.
Maintenant, quand on s'éloigne un peu
plus, où il y a moins de densité, bien, c'est le même coût, hein? Pour donner
un ordre de grandeur, aujourd'hui, on a à peu près 11 % de notre réseau de
distribution qui est souterrain. Ça représente environ
600 000 clients qui sont branchés sur le réseau. Si, mettons, on
voudrait le doubler, O.K., l'augmenter, bien, ça pourrait jouer entre 8 et
10 milliards, que ça coûterait à l'ensemble des Québécois pour peut être environ
500 000 clients, parce que, plus qu'on avancerait, moins qu'il y
aurait de clients de branchés sur... en termes de densité sur le réseau.
C'est pour ça que c'est une solution, le
souterrain, mais il y a d'autres solutions qu'on regarde. Oui, l'enfouissement
léger, ça, c'est une option qui est regardée, où est-ce que, là, ce n'est pas
la même infrastructure civile. On va mettre des infrastructures civiles quand
on va passer sous les routes, mais, quand on longe, un des pilotes qu'on fait,
c'est à Parcs Canada, ça, c'est intéressant, qui est en zone rurale, où est-
qu'il y a beaucoup de végétation, où est ce qu'on peut la faire, parce qu'il y
a moins de branchements, il y a moins de joints qui est fait sur ce type de
réseau là. Parce que, dès qu'on augmente le nombre de branchements, ça amène de
la complication puis l'augmentation des coûts. Ça fait que ça, c'est une
option.
Mais une option qui est très simple, c'est
le bon arbre au bon endroit. Tu sais, moi, chez moi, en arrière-lot, ma ligne
de distribution est là, bien, j'ai planté un lilas. Un lilas, ça va arrêter à
trois, quatre mètres de hauteur. L'érable, je l'ai planté en avant de chez moi,
parce qu'un érable argenté, comme dans le temps de la dernière crise, à
Montréal, avec le verglas, le poids des... Bien, même s'il était en dehors de
notre servitude, où est qu'on fait notre contrôle de la végétation, bien,
l'arbre à 20 30 pieds est tombé quand même sur l'infrastructure, a généré
une panne. Ça veut dire que, même si le réseau aérien, il aurait été flambant
neuf, il y aurait eu une panne quand même, parce qu'il n'y a pas un réseau qui
va pouvoir supporter un... de poids. Ça fait que nous, on sensibilise beaucoup.
On a tout identifié les essences d'arbres, par exemple, qui pourraient s'installer
à proximité de notre réseau. Bien, ça, ça arriverait au même résultat de
fiabilité, mais avec un coût vraiment inférieur à l'enfouissement.
M. Kelley : Merci. C'est très
très intéressant. Puis je comprends. Et vous avez mentionné un élément, que,
peut-être, entre certaines régions, c'est plus facile de faire l'enfouissement
parce qu'il y a des lignes sont entre deux différentes propriétés qui sont à
bonne distance, et c'est juste... c'est plus facile à faire. Je comprends ça.
Alors, comment Hydro-Québec va évaluer là où c'est plus facile à faire? Mais
aussi, si je suis une gens de Montréal, dans le comté de Jacques-Cartier, je
dis : Ah non! c'est impossible d'enfouir les lignes chez nous, je sais que
ça, ce n'est pas vrai, mais juste, encore, pour Montréal, quand j'ai eu une
discussion avec le ministre, ce n'est pas juste Montréal, mais peut-être des
villes où on a une densification de la population, quand j'ai présenté une
motion, j'ai eu un débat avec le ministre qui a parlé d'une technologie qui
peut détecter quand une branche est comme proche d'une ligne. Est-ce que ça,
c'est quelque chose qui peut être déployé? Comment on peut aussi... la
végétation, dans les régions de Montréal, Québec ou Trois-Rivières, comment on
peut améliorer le système, d'avoir une meilleure idée quand une branche peut
être dangereuse pour des lignes de transmission, pour faire l'entretien
rapidement, pour limiter des dégâts quand il y a des tempêtes comme on a vu le
mois dernier?
M. Tellier (Régis) : Oui.
Bien, en fait, nous, on a toutes les expertises à l'interne, là, on a des
équipes, là, qui eux, leur rôle, c'est de marcher, en fait, selon les temps de
cycle, là, selon la pousse des arbres, pour identifier quels sont les arbres à
risque selon un inventaire. Ça fait qu'on maintient un inventaire, des fois,
avec des technologies comme vous mentionnez, là, qui peut géolocalisé. Mais
nous, on prend ça puis c'est ça qui détermine, après ça, quand on dirige nos
équipes pour être capable de réaliser le plus de portée, là, en fonction des
arbres qui sont à risque.
Maintenant, qu'est-ce qui est intéressant,
depuis la dernière modification au niveau de la loi sur les arbres, dès qu'on
voit qu'il y a un arbre qui est à risque, on peut maintenant l'abattre, ce qui
était difficile par le passé. Ça fait que ça, ça pouvait demander un petit peu
plus de logistique, mais ça, c'est des genres d'outils qui nous aident
vraiment, là. Puis, quand on voit déjà qu'un arbre, même s'il est à une
distance, mais qui, clairement, peut être un enjeu, c'est-à-dire, au prochain
coup de vent, il va tomber, bien, on va l'abattre. Ça fait qu'on peut faire
l'émondage, de l'élagage ou de l'abattage en fonction de qu'est-ce qu'on fait.
Quand on voit qu'il y a beaucoup de végétation, on peut aller aussi sur les
cycles, des cycles courts, ça veut dire qu'on maintenir les arbres très bas et
ça va faire en sorte qu'on va y aller plus souvent. Ça fait que ça met une
pression, les coûts à la baisse, plutôt que d'attendre...
M. Tellier (Régis) : ...qu'ils
soient à maturité et que là ça amène son enjeu d'élagage, qui est des
techniques un petit peu plus complexes et un petit peu plus dangereuses d'un
point de vue santé et sécurité.
M. Kelley : Et... Parfait.
Merci pour la réponse. Puis je veux juste aller rapidement. Question pour le
ministre puis aussi pour l'équipe d'Hydro-Québec, on a vu qu'il y a eu des
difficultés à identifier, des fois, des RPA où les aînés étaient sans courant
pour plusieurs jours. Est-ce que le travail a été lancé au sein d'Hydro-Québec
et le gouvernement pour rassurer que toutes les RPA comprend le processus
d'identifier que c'est une résidence avec des aînés? Je veux juste entendre
vous autres. Qu'est-ce que... Qu'est-ce qui a été fait après la tempête, le verglas,
pour s'assurer que nos aînés ne sont pas pris dans les situations de pas de
courant dans une période où c'est très froid?
M. Fitzgibbon : J'ai... Je
vais vous donner la réponse du gouvernement puis... Julie va continuer.
Effectivement, c'est une situation qui a été déplorable, puis on avait
identifié à l'époque qu'il y avait eu un enjeu de communication,
l'identification des RPA, certains privés, publics. Alors, du côté du
gouvernement, ce qu'on a fait, c'est avec le MSSS, le ministère de la Santé, il
y a eu des rencontres qui ont eu lieu avec Hydro-Québec, parce qu'effectivement
il fallait... il faut maintenir à jour les RPA, des fois, qui changent de
vocation, et, je pense, le MSSS, le ministère de la Santé, a bien, je pense,
communiqué, avec Hydro-Québec, quelles sont la liste des RPA, et on va espérer
qu'elle va demeurer à jour.
Mme Boucher (Julie) : Oui,
tout à fait. On va systématiser, dans le fond, la mise à jour des RPA. Donc,
l'exemple qu'on peut donner, c'est par exemple un ancien couvent de sœurs qui
est devenu une résidence pour personnes âgées, mais nous, on ne savait pas, ça
n'avait pas été identifié dans nos systèmes. Donc, malheureusement, on ne
considérait pas cette adresse-là comme une résidence pour personnes âgées.
Maintenant, on va s'assurer que ça se fasse de manière automatique et que ça
soit intégré dans nos systèmes de manière, comme je le dis, automatique. On ne
souhaite pas non plus, à Hydro-Québec, que nos aînés soient dans le noir. Donc,
on va très certainement faire tout ce qui est... qui est nécessaire.
Je vous dirais peut-être que les CHSLD,
par défaut, sont des installations qui sont considérées critiques. Les RPA, ça
peut varier beaucoup, les services qui sont offerts par résidences pour
personnes âgées. Donc, leur classification dépend des services et de la
criticité des services qui sont offerts dans les différentes RPA.
Je me permettrais peut-être de souligner
qu'on parle beaucoup de changements climatiques, d'adaptation, de résilience.
Hydro-Québec, on va faire... on va amener ça le plus loin qu'on peut, mais je
pense qu'il faut se poser la question entre nous socialement aussi puis comme
clients... de s'assurer que des pannes... on soit prêts quand il y a des pannes
qui se produisent également. Depuis 1987, il y a eu 15 événements majeurs météo
avec des pannes. Les cinq plus importants ont eu lieu depuis 2019. Donc, je ne
veux pas être un oiseau de malheur cet après-midi, mais certainement qu'il faut
se préparer puis s'assurer que, bien, on anticipe qu'il puisse arriver des
pannes. On va tout faire pour qu'elles soient les moins nombreuses possible,
les moins longues possible. Mais il faut aussi, comme clients, comme
propriétaires, d'entreprise, comme communautés, se préparer à cette
éventualité.
M. Kelley : Tout à fait. Je
suis d'accord avec vous. Puis je sais qu'il y a une vingtaine de secondes qui
restent pour moi, mais, sur...
• (14 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : 35.
M. Kelley : 35. Ce n'est pas
beaucoup de temps. Mais le programme d'enfouissement pour les municipalités,
c'était suspendu pour les lignes existantes. J'espère qu'un programme comme ça
peut être mis... ouvert à... on peut réouvrir ce programme-là pour les
municipalités et peut-être élargir le programme pour aider les municipalités
qui veut enfouir leurs lignes existantes.
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
conclut ce bloc d'échange. Donc, merci. Je suis maintenant prêt à reconnaître
le porte-parole du gouvernement, M. le député de Saint-Jérôme. La parole est à
vous, et vous disposez de neuf minutes 30 secondes.
M. Chassin :...la bienvenue. Puis là, M. le Président, permettez-moi de
dire que j'aime beaucoup, beaucoup mon travail, mais, par ailleurs, vous avez
quand même un employeur particulier et de choix. Je pense que vous êtes
certainement conscients de la relation, là, presque symbolique que les
Québécois entretiennent avec Hydro-Québec. C'est une belle entreprise, une
entreprise qui a, en fait, même un élément presque identitaire, là, qui nous
rend fiers.
Et je veux peut-être continuer un petit
peu sur ce qu'on... ce dont on discutait par rapport aux pannes. Alors,
évidemment, je pense qu'on est tous conscients que vos équipes ont travaillé
très, très fort. Je trouve ça intéressant, Madame Boucher, c'est ça, que vous
mentionniez qu'effectivement il y a des événements majeurs, probablement de
plus en plus fréquents. Il faut... Il faut les prendre en compte. Alors...
M. Chassin :...on n'est pas dans le jovialisme, là, on comprend qu'il y
a une certaine responsabilisation. Je ne sais pas si vous avez des éléments de
benchmarking, en termes notamment, là, de... du climat qu'on a, au Québec,
versus peut-être d'autres juridictions qui ont des climats similaires. Est-ce
que notre fiabilité est comparée à d'autres réseaux? Est-ce que... Parce qu'on
en a entendu aussi, là, ailleurs, même juste à côté, mais est-ce que... est-ce
qu'on a des comparables en termes, par exemple, de durée de panne, nombre de
pannes? Je ne sais pas si vous avez certains éléments peut-être à nous faire
valoir.
M. Tellier (Régis) : Oui. En
fait, oui, on se balise à chaque année, là, sur la durée des pannes. C'est sûr,
il faut l'interpréter, ces résultats-là. Parce que nous, Hydro-Québec, c'est le
réseau le plus étendu en Amérique du Nord. C'est un couvert...
M. Chassin :En termes de distance?
M. Tellier (Régis) : Oui,
comme distance. C'est très forestier au Québec. On est aussi dans un climat qui
est comme... qui est plus propice à générer du verglas, comme qu'on a vu
dernièrement. Donc, ça tient compte aussi de ça, les événements majeurs, là.
Cette année, on en a eu trois ans. Ça a un impact important sur le délai à
cause de cet impact-là qui touchait beaucoup de clients. Mais, somme toute,
oui, on se compare aussi quand qu'on... avec d'autres utilités publiques en
Amérique du Nord pour être capable de s'assurer qu'on est dans les bonnes...
tout le temps dans le bon niveau de service, là, par rapport au coût payé.
M. Chassin :Puis là permettez-moi, donc, de vous poser la question qui
suit, peut-être, M. Tellier, mais est-ce qu'on se compare plutôt bien? Est-ce
qu'on est dans les derniers de classe? Comment... comment on se... on peut se
dire que, dans ce balisage-là, on se situe?
M. Tellier (Régis) : Oui.
2022 a été, je ne vous le cacherai pas, une année difficile à cause des
événements majeurs. Ça fait que juste par rapport à la moyenne, on a... nous,
ça a été... on a doublé, là. On est à, mettons, 126 minutes en moyenne par
panne, puis on est tombé à de 230 minutes par parle. Ça fait que c'est sûr
que c'est les événements majeurs qui nous ont tirés à la hausse, mais
normalement, sans ces événements-là, on serait quand même dans les comparables.
On n'est pas nécessairement dans le premier quartile, là, je n'ai pas les
chiffes avec moi, là, mais on est quand même comparables par rapport au niveau
de service.
Mme Boucher (Julie) : ...on
est comparables, c'est quand on regarde avec plusieurs grandes entreprises en
énergie en Amérique du Nord, les pannes régulières, j'ai envie de dire, sont
plutôt stables, mais, quand on ajoute à ça les pannes dues à des conditions
météorologiques exceptionnelles, clairement, c'est là où on voit que le nombre de
minutes d'interruption augmente. Donc, c'est notre réalité au Québec, mais
c'est la réalité aussi... Aux États-Unis, il y a une étude assez claire, là,
qui a été faite par Bloomberg notamment, qui montre que les durées de pannes
sont plutôt stables au fil des ans, mais les événements météo, vraiment,
augmentent la durée de ces pannes-là. Donc, on n'est pas seuls.
M. Chassin :Et donc vous êtes pas mal au... comment dirais-je, au front
des changements climatiques, là, vous les subissez directement. Là-dessus,
est-ce que... Puis j'imagine que c'est toujours un peu difficile de distinguer
les différents facteurs dans, par exemple, le nombre ou les durées des pannes,
mais est-ce que... Il y a un élément, par exemple, météo, est-ce qu'il y a...
J'imagine, il y a des éléments, peut-être, d'entretien. On parlait
d'enfouissement, donc des stratégies peut-être défensives. Est-ce que vous avez
la capacité d'avoir un peu comme le... puis là je me risque à dire, disons,
l'impact de ces différents facteurs là sur la fréquence ou la durée des pannes?
Mme Boucher (Julie) : La
principale cause, c'est la végétation.
M. Chassin :C'est la végétation.
Mme Boucher (Julie) : Très
clairement. La principale cause de nos pannes, ce sont soit des arbres qui
tombent sur nos lignes, des branches qui tombent, qui sont en contact avec...
avec le réseau de distribution. Et c'est très clairement la principale cause de
pannes.
M. Chassin :O.K. Et donc au point où, ce que M. Tellier disait, c'est
l'étendue géographique, là, du réseau et la végétation autour, ça crée des
conditions particulières, finalement.
Mme Boucher (Julie) : Tout à
fait.
M. Chassin :O.K. D'accord. Puis peut-être juste en terminant, une
question là-dessus. On avait vu, il y a quelques années, une très grande panne
dans le Nord-Est américain où, en tout cas, dans les médias, il était question
de l'interconnexion. On dirait que ça a peut-être refroidi certaines ardeurs
ou... en tout cas, dans la population, le fait que l'Ontario puis la
Nouvelle-Angleterre étaient interconnectés, puis ils avaient comme «crashé»
ensemble, permettez-moi l'expression, là. On avait... on en avait entendu
parler pas mal. En même temps, l'interconnexion peut être, au contraire, une
sécurité. Là, là-dessus, je ne sais pas si vous pouvez nous éclairer de ce qui
en est un peu du point de vue technique, là.
M. Rhéaume (Dave) : Oui. Du
point de vue technique, une expression, des fois, qu'on utilise, c'est notre
réseau est asynchrone avec les autres, c'est-à-dire qu'on a toutes les
protections pour s'assurer que, s'il y a un événement de panne important sur
les réseaux voisins, de se protéger. Il peut y arriver des situations comme on
a vécu dans les... je pense, la semaine dernière par rapport à un
approvisionnement Churchill Falls, où l'approvisionnement s'est éteint. Donc
là, évidemment, c'est une situation...
M. Rhéaume (Dave) : ...mais
c'est une situation qui se sécurise rapidement. Donc, la façon dont je
résumerais les deux angles : être bien interconnecté avec les réseaux
voisins, ça devient une source d'importation, une source d'approvisionnement
potentielle pour le Québec, par contre, on s'assure, lorsqu'on installe ces
systèmes-là, qu'on a les postes puis les équipements nécessaires pour s'assurer
que... s'il devait y avoir un problème de l'autre côté, qu'on se protège contre
ces situations-là.
M. Chassin :Merci. Alors, sur un peu un autre sujet, mais on en a
parlé. Alors, je suis économiste de formation. Ça vous donne une petite idée.
Mais c'est sûr qu'il y a toujours la question de la tarification, il y a
toujours la question des économies d'énergie. Puis il y a plein de nouvelles
technologies, plein de nouvelles réflexions. Tout à l'heure... en fait, en
avant-midi, le ministre nous parlait des véhicules électriques qui sont des
batteries, qui sont à la limite une réserve. Est-ce que la possibilité d'avoir
du bidirectionnel pour pouvoir à la limite tirer du jus des batteries pendant
un événement de pointe est étudiée? Où en est Hydro-Québec dans cette
réflexion-là? Je ne sais pas, M. le ministre, si vous vouliez résumer ce que
vous aviez dit ce matin, mais je pense que c'est assez clair, là.
M. Rhéaume (Dave) : ...économiste,
je vais le prendre aussi, avec plaisir.
M. Chassin :Parfait, on s'entend.
M. Rhéaume (Dave) : Donc,
oui, c'est étudié. Honnêtement, l'opportunité que ça représenterait de pouvoir
miser sur le bidirectionnel par rapport à... Imaginons un monde à moyen terme
où tous les véhicules du Québec vont être capables de rediriger vers le réseau,
c'est comme doubler nos capacités de puissance actuelle, c'est... L'ordre
d'ampleur est faramineux. C'est évidemment quelque chose qu'Hydro-Québec, comme
essentiellement toutes les compagnies d'énergie en Amérique du Nord et en
Europe, font la promotion. Le défi, là, c'est la gestion du changement
technologique, c'est le fournisseur de bornes. Ça, je vous dirais, ça se
travaille. Puis on a déjà des cas où on se rapproche de là. Par contre, c'est
aussi que les manufacturiers de véhicules acceptent de faciliter cet élément-là
puis ils collaborent à ça.
Ceci dit, nous, on pense qu'ultimement la
technologie, elle s'installe. À chaque fois qu'il y a un véhicule électrique
qui rentre dans une maison, ce véhicule-là, il amène une flexibilité, qui
aujourd'hui n'est peut-être pas encore utilisée dans l'essentiel des cas. Mais
vous vous voyez, avec la panne, il y a des propriétaires, je le sais, du F-150
électrique qu'ils le permettent, qu'ils le facilitent. Il dit : Utilise
ton véhicule comme une... l'équivalent d'une génératrice, une batterie pour ta
maison. Donc, déjà là, il reconnaît la valeur d'utiliser la batterie pour
repousser de l'énergie. Mais, pour l'instant, ça se limite à la maison. Avec,
notamment, Hilo, le but, c'est de se rendre à : Éventuellement, ça
pourrait peut-être même repousser vers le réseau pour réduire la charge sur nos
infrastructures.
M. Chassin :Et donc alors j'imagine qu'il y a peut-être un défi
technologique dans le sens où on parlait des bornes ou des véhicules eux-mêmes,
là, des constructeurs. Est-ce qu'il y a un défi, puis là à la limite
économique, dans l'intéressement pour le client, là, d'avoir ces
équipements-là, etc., ou cette possibilité-là?
• (15 heures) •
M. Rhéaume (Dave) : Je vais
me permettre, un plaisir, de réponse d'économiste. Donc, historiquement, le
Québec... Regardez les panneaux solaires, il y a une raison pourquoi on est
l'endroit, essentiellement, en Amérique du Nord, où il y en a le moins. Quand
ton électricité n'est pas chère, tu as moins d'incitatifs financiers à
t'installer un panneau. Alors ça, c'est une réalité.
Ce qui est en train de changer, c'est
qu'avec ce qui se passe dans la prochaine décennie, la fin des surplus en
énergie puis la fin des surplus en puissance, bien, la valeur pour le Québec
d'être capable de bénéficier de ces technologies-là, elle va devenir comme en
Ontario, comme en Californie, comme en Floride. On a tous des besoins d'assurer
de la fiabilité. Puis, à bien des égards, le Québec a beaucoup d'avance parce
que nous, notre système électrique est déjà décarboné puis les gens, ils
chauffent déjà avec de l'électricité. Dans la majorité des endroits, il y a du
carbone dans la production d'électricité puis les gens, ils ne chauffent pas
encore à l'électricité. Donc, on en a déjà une longue... une bonne longueur
d'avance. Mais, dans les prochaines années, la valeur que ces technologies-là
va avoir va être la même pour le Québec que dans les autres marchés. Là, la
question, c'est le signal de prix. Donc, si ce n'est pas... le signal de prix
est dans le tarif, il va falloir qu'Hydro-Québec y contribue davantage pour
inciter ces technologies-là.
M. Chassin :Quitte à, par exemple... Alors, il ne me reste plus de
temps, hein? On reviendra.
Le Président (M. St-Louis) : Ceci
conclut ce bloc d'échange. Merci. Merci, Messieurs. Je suis maintenant prêt à
reconnaître le porte-parole de l'opposition officielle. M. le député de Jacques
Cartier, la parole est à vous, vous disposez de 19 minutes.
M. Kelley : Parfait. M.
Rhéaume, je veux juste... reviens sur quelque chose que vous avez dit, que
tantôt vous avez mentionné, que les besoins en énergie, d'ici à 2032, ce sera
25 térawatts qui est nécessaire. Mais est-ce que vous pouvez me dire quels
sont les besoins en...
15 h (version non révisée)
M. Kelley : ...en puissance
pour la même période?
M. Rhéaume (Dave) : 4 000 mégawatts.
M. Kelley : Parfait. Puis, M.
le ministre, vous avez mentionné ce matin que vous pensez que ça va être
nécessaire d'avoir entre 6 000 et 10 000 mégawatts. Et ça, c'est, j'imagine,
énergie qui va être nécessaire pour attirer les entreprises ici?
M. Fitzgibbon : En fait,
exactement. Le 25 térawattheures, qui vaut 4 000 mégawatts quand
on traduit les filières stratégiques et l'industriel additionnel, Hydro-Québec,
basé sur des patterns historiques, hein, à l'époque lointaine, avait établi à 1 800 mégawatts,
à peu près, les besoins. Alors, aujourd'hui, les besoins ont... bonne nouvelle
pour le Québec, ont augmenté à près de 10 000. Donc, aujourd'hui,
effectivement, on a augmenté de 1 800, qui était l'évaluation de l'époque
basée sur les données historiques sous votre gouvernement, à aujourd'hui, on a
monté à 10 000.
M. Kelley : Et parfait.
Encore, j'ai une question, M. Rhéaume. Je reviens sur une discussion... on a
eue dans le premier bloc, mais c'était sur les approvisionnements en 2019. Vous
avez dit que ce n'était pas nécessaire de penser, à ce stade-là, d'ajouter plus
d'énergies renouvelables à notre parc. Alors, est-ce que ça dit que, quand nous
avons, comme une société, un État et Hydro-Québec, à signer l'entente avec New
York, on n'a pas pris en considération qu'est-ce qu'il était nécessaire d'ajouter
à notre portfolio dans les années de 2025 puis après? Est-ce que, ça, c'était
pris en considération quand nous avons signé l'entente avec New York?
M. Rhéaume (Dave) : Non, c'était
absolument pris en considération. Le prix qu'il est vendu à New York, il est
supérieur au prix d'ajouter des approvisionnements équivalents, donc c'est
créateur de richesse pour le Québec. Et, je tiens à renchérir sur ce que le
ministre a dit, lorsqu'on dépose la prévision, donc le 4 000 mégawatts
auquel je vous réfère, c'est le plan d'approvisionnement public d'Hydro-Québec
déposé par la Régie de l'énergie, qui en effet se base sur les modèles
historiques de croissance économique qu'il supporte. Donc, si on pense qu'on va
être capable de battre cette prévision-là, bien, ça prend plus d'approvisionnement.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup pour les précisions, c'est apprécié. Je veux maintenant poser une
question concernant Churchill Falls, et c'est en lien un petit peu avec le
député de Saint-Jérôme, qui parle des interconnexions. Récemment, il y a eu une
panne à Churchill Falls, un problème avec une des turbines. C'est quoi, la
relation que... entre Hydro-Québec puis Terre-Neuve puis l'entreprise qui gère
un barrage? Est-ce qu'il y a des discussions souvent? Quand il y a une panne
comme ça, est-ce qu'Hydro-Québec est capable de faire une inspection eux-mêmes?
Parce que je pense que tout le Québec était un petit peu étonné de voir :
si jamais il y a quelque chose qui arrive avec Churchill Falls puis il y a une
panne qui dure plusieurs jours, si... il y a un énorme impact sur les
consommateurs ici au Québec.
M. Rhéaume (Dave) : Donc, je
tiens à vous rassurer puis à donner un exemple réel, là. Dans l'heure où c'est
arrivé, moi, j'étais au téléphone avec mon homologue de Newfoundland-Labrador
Hydro pour discuter de la situation, on avait rapidement deux de leurs
vice-présidents qui étaient au courant, j'ai eu des échanges avec la
présidente-directrice générale de l'utilité de Terre-Neuve pour parler de la
situation.
Donc, les communications sont
transparentes. C'est évidemment notre plus gros fournisseur d'énergie, c'est un
contrat qui est important pour le Québec, on a des échanges récurrents. Lorsqu'on
a des questions, on a accès aux réponses. Puis ils sont très au courant,
évidemment, que l'ampleur de l'énergie qu'ils fournissent est significative
pour le Québec, et donc que s'il y a des enjeux de fiabilité, ça crée des
problèmes. On a des termes contractuels qui permettent de protéger ça. Mais,
au-delà de ça, on a une excellente relation fournisseur-client pour assurer la
fiabilité pour le Québec.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour la réponse. Puis est-ce qu'il y a les groupes de travail entre les deux
sociétés pour parler des enjeux? Si c'est des fois les travaux qui doivent être
faits sur certaines lignes de transmission, est-ce que les inspections sont
faites des fois par Hydro-Québec sur les lieux de Churchill Falls chaque année
pour regarder l'état de lieux ou est ce que c'est... ça, ce n'est pas possible
pour Hydro-Québec de le faire?
M. Rhéaume (Dave) : En fait,
ce n'est pas une question de possibilité, c'est une question que ça n'a jamais
été requis ou demandé. Donc, il y a des groupes de travail, ça, je tiens à
dire... plusieurs. Lorsqu'il faut faire un investissement sur des
équipements... Il y a beaucoup d'équipements conjoints. Il y a un point,
évidemment, où leur...
M. Rhéaume (Dave) : ...rencontre
les nôtres. Je tiens à rappeler qu'on est actionnaires, on est propriétaires de
34 % des actifs de Churchill Falls. Donc, aussi à titre d'actionnaire,
mais à titre de partenaire, on a des échanges récurrents. Ceci dit, je tiens à
rassurer, les propriétaires puis opérateurs de Churchill Falls sont des gens de
grande expertise, de grande qualité. C'est une centrale qui a un grand niveau
de fiabilité. C'est évidemment particulier de dire ça après un événement comme
celui qui est arrivé, mais c'est en service depuis plus de 50 ans puis
c'est des événements vraiment exceptionnels. Donc, on est rassurés par le
niveau de maintenance puis de suivi qu'ils font de leur côté.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis je sais que le premier ministre du Québec a rencontré le premier ministre
de Terre-Neuve pour discuter de Churchill Falls. Alors, on a vu, le côté
politique, il y a, il me semble, une volonté de parler de l'avenir de Churchill
Falls, puis la suite des choses. Mais, après qu'il y a eu la rencontre entre
les premiers ministres, c'était quoi, le travail qui était fait entre
Hydro-Québec et votre partenaire à Terre-Neuve? Est-ce que vous avez eu des
discussions sur l'avenir de Churchill Falls, pour faire la planification de
peut-être mieux travailler ensemble sur un projet comme un nouveau barrage?
M. Fitzgibbon : M. le
Président, je vais vous donner la première partie de la réponse, puis Julie
pourra continuer après. Premièrement, c'est un dossier qui est effectivement
très important. Je pense que tout le monde le sait. On parle de 2041,
5 300, 5 400 mégawatts, donc très important d'avoir une entente.
On est très, très ouverts et très engagés dans ce sens-là. C'est un travail
colossal, c'est un travail qui implique autant le côté politique que le côté
d'Hydro-Québec. Donc, une équipe a été mise en place, qui inclut le côté
politique, parce que ça va se régler au niveau politique entre les deux
premiers ministres, mais il y a aussi des gens du ministère de l'Énergie, de
l'Économie, impliqués avec une équipe d'Hydro-Québec. Donc, c'est un travail
conjoint qui se fait entre Hydro-Québec et le ministère, qui va être chapeauté,
ultimement, par le côté politique. Peut-être, je vais laisser Julie
complémenter, s'il y a de quoi à ajouter.
Mme Boucher (Julie) : C'est
pas mal complet.
M. Kelley : Parfait. Bien, on
va suivre ça de près. Puis je sais que, dans le cahier des crédits, on a posé
des questions sur les projets potentiels de barrages. On a déjà eu les
discussions en commission, mais on a parlé un petit peu des projets des
barrages, c'est qu'Hydro-Québec a une préférence pour des projets comme
l'éolienne, on est capables de déployer ces projets plus rapidement, mais tout
le monde aussi autour de la table savent qu'il y a une volonté du gouvernement
d'aller de l'avant avec les barrages. Alors, c'est quoi, le travail qui a été
fait par Hydro-Québec pour commencer de regarder des options sur la table, si
jamais Québec décide d'aller de l'avant avec un autre projet de barrage?
• (15 h 10) •
Mme Boucher (Julie) : Je vous
dirais d'entrée de jeu que notre plan stratégique prévoit à la fois de
l'efficacité énergétique, de l'éolien, des augmentations de puissance dans les
centrales existantes, mais aussi, c'est mentionné, de mettre à jour le
potentiel hydroélectrique. Je vous dirais que ce n'est pas... ce n'est pas
«ou», c'est «et», donc, et c'est une question de temps. Donc, on va faire à la
fois de l'efficacité énergétique et de l'éolien, et des groupes turbines
alternateurs, et regarder un aménagement hydroélectrique. Récemment, on a
annoncé notre intention de redémarrer les travaux d'étude préliminaire sur la
rivière Petit Mécatina. Donc, c'est des travaux qui ont déjà été entrepris il y
a plusieurs années qu'on avait mis sur pause et qu'on relance. Je vais utiliser
une image. Quand on fait une étude préliminaire, on n'arrive pas sur le terrain
dans une communauté avec une bétonnière, mais plutôt avec des éprouvettes.
Donc, on arrive en étant très à l'écoute des communautés pour comprendre le
milieu, comprendre la rivière. Puis les premières personnes qui peuvent nous
aider avec ça, c'est les gens qui connaissent le site, qui connaissent la
rivière. Donc, on va aller à la rencontre des communautés pour mieux comprendre
le site, puis voir quel est le potentiel, parce qu'ultimement, ce qu'on va
souhaiter, c'est répondre à un besoin. Donc, il y a différentes configurations
possibles de centrales ou d'aménagements sur une rivière. Donc, on va aller
comprendre l'aménagement dans un premier temps. Je pense que c'est important de
mentionner aussi qu'on ne s'attend pas et on ne demande pas aux communautés,
aux gens qu'on va consulter dans l'étude préliminaire de se prononcer pour ou
contre le projet. On n'est pas là. On arrive, j'insiste avec nos éprouvettes
pour comprendre, puis essayer de voir ce qu'il en est et comprendre le
potentiel hydroélectrique.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Puis, j'imagine, un des groupes qui sont consultés - c'est vraiment jeudi, M.
le Président - c'est les Premières Nations qui sont dans le coin. J'imagine,
ça, c'est une priorité pour Hydro-Québec, de s'assurer que des parties
autochtones sont les premiers à être consultées, puis aussi...
M. Kelley : ...je sais qu'on
est loin d'un projet concret, mais, au minimum, l'idée est dans l'air, puis
c'est important d'inclure les autochtones dans toutes les étapes d'un projet
d'un barrage si jamais on allait de l'avant.
Mme Boucher (Julie) : Vous
avez raison, les communautés autochtones, mais les collectivités locales aussi.
Les MRC, les municipalités, la communauté, c'est les premières personnes qu'on
va aller rencontrer.
M. Kelley : Oui. Je sais que
madame Brochu a travaillé très, très fort là-dessus, puis c'était apprécié par
les groupes autochtones. Puis c'est sûr que, quand même, avec tout l'enjeu de
Churchill Falls, il y a aussi des nations à l'extérieur du Québec qui ont leur
mot à dire. Alors, ça va être tout un travail. Mais je pense que c'est toujours
possible de trouver un terrain d'entente, puis on va suivre ça... suivre ça de
près.
Je veux juste... reviens, parce que j'ai
parlé avec le ministre ce matin concernant des gens qui doit conclure une
entente avec Hydro-Québec pour payer leurs factures, mais... On a eu tout le
débat autour des tarifs, mais, pour Hydro-Québec, pas juste dans les prochains
trois ans, mais après ça, j'imagine que les hausses de tarifs sont prévues.
Puis est-ce que vous avez une idée sur combien ça va coûter des Québécois?
Est-ce qu'on peut rester dans ce cadre de l'inflation ou est-ce qu'à un certain
moment on va commencer... Excusez-moi, ce n'est pas l'inflation, mais, dans ce
pourcentage de 3 % qu'on a fixé dans le projet de loi. Est-ce que vous
pensez qu'après ça c'est possible qu'on va être obligés de regarder à des
tarifs qui sont plus élevés que ça?
M. Fitzgibbon : Je vais
commencer avec la réponse, puis Dave va continuer après. Bien, premièrement, il
y a un cadre législatif. Le p.l. 34 faisait état... mon prédécesseur a mis ça
en place, où il va y avoir une retarification qui est faite en 2025, le 1er
avril 2025, si je me rappelle bien. D'ici ce temps-là, ce qu'on a fait avec le
projet de loi récent, c'est qu'on a mis un maximum de 3 %. Alors, ça, ça
ne changera pas jusqu'à ce moment-là. Après ça, techniquement, c'est la Régie de
l'énergie qui va continuer parce que, selon la loi, c'est elle qui va
déterminer les tarifs. Il va y avoir une retarification. On fait une
consultation présentement pour revoir est-ce qu'on laisse ça intact ou on
change. Puis le gouvernement, à ce moment-ci, on veut écouter les experts.
Techniquement, aujourd'hui, la tarification que nous avons pour le côté
résidentiel va être maximisée à 3 % ou l'inflation. Dave.
M. Rhéaume (Dave) : Oui.
Puis, comme l'a dit le ministre, à l'époque où la décision de l'inflation a été
prise, ce qu'on avait démontré, c'est : à long terme, là, depuis 20, 30
ans, là, l'inflation, ça reflète l'évolution des tarifs d'Hydro-Québec. Donc, à
moins de changements importants... Puis c'est toujours ça. Si on décide de
changer significativement la stratégie d'investissement, ça pourrait être
différent d'un côté ou de l'autre, mais sinon, lorsqu'on le regardait à très
long terme, les... ce qu'on appelle les «rebasings», donc le moment où les
tarifs sont fixés, précisément aux cinq ans, c'est important de le faire pour,
par transparence, démontrer que les tarifs reflètent les coûts. Mais on ne
s'attend pas à des décrochages significatifs par rapport à cet historique-là
long terme.
M. Kelley : Alors, vous
pensez que, dans ce 3 % pour les prochaines années, Hydro-Québec est bien
capable de faire tous les investissements qui sont nécessaires, si c'est en
ajoutant des lignes de transmission qui sont plus efficaces, pour faire
l'entretien du réseau et quand même d'ajouter des sources d'énergie, c'est
possible de faire ça dans le montant qui a été fixé dans le projet de loi?
M. Rhéaume (Dave) : Bien,
c'est... Je commencerais par dire : C'est essentiel. On est un service
essentiel. Hydro-Québec fait les investissements qui doivent être faits pour
répondre aux besoins des citoyens. Lorsqu'on a... On s'était prononcés
favorables à l'idée d'une évolution des tarifs qui allait suivre l'inflation,
on était favorables à l'idée du plafond à 3 % pour le secteur résidentiel,
c'est parce qu'on sait qu'on est capables de remplir notre mission à
l'intérieur de ce cadre réglementaire là.
M. Kelley : Est-ce que vous
trouvez que c'est juste que, pour les petites entreprises, eux autres sont
maintenant forcées de payer un tarif où... Bien, le tarif, pour eux autres,
était vraiment augmenté. On sait que ce n'est pas facile pour nos petites
entreprises, et je sais qu'Hydro-Québec, c'est un «driver» de notre économie.
Mais, pour les entreprises, et je pense vraiment à nos petites entreprises,
cette facture qui monte chaque mois, c'est difficile pour eux autres.
M. Fitzgibbon : On est
entièrement d'accord. Et je vais répondre parce que c'est une décision du
gouvernement, ce n'est pas une décision d'Hydro-Québec. Nous avons focalisé sur
les résidences, 3 %, pour des raisons que vous connaissez. On a fait des
programmes pour aider les familles vulnérables, et on va continuer à le faire.
Pour les entreprises, il y a d'autres programmes qui sont disponibles dans des
cas où il y aurait des problèmes de liquidités, problèmes de pression par
rapport aux coûts. Mais je répète ce que j'ai dit à plusieurs reprises :
On a différents programmes, puis, en même temps, la tarification de nos...
M. Fitzgibbon : ...PME, quand
elle se compare au reste du Canada, elle est très bonne. Donc, on n'a pas... à
on n'a pas à être gênés du coût d'électrification, le coût de l'électricité de
nos PME présentement. Et, encore une fois, c'est des enjeux de liquidités, puis
je reconnais que l'inflation et le vent de face que nous avons présentement
peut être... causer des problèmes. On a d'autres programmes pour adresser ça.
M. Kelley : Merci beaucoup,
M. le ministre. Je veux parler, maintenant, de la puissance qui est nécessaire
sur le point de l'heure. On a vu, cet hiver, qu'on a eu une pointe historique
de la consommation de l'énergie. À ces moments-là, on est obligé d'importer
l'électricité de nos voisins. Mais juste une question pour les gens
d'Hydro-Québec. Vous avez un tableau où vous faites des prédictions de... qui
sont nécessaires à importer dans une année. Chaque... chaque année qu'on ajoute
des chars électriques partout au Québec, comme j'ai dit ce matin, il y a de
plus en plus de besoins quotidiens pour notre électricité. Alors, comment vous
être capable de faire une prédiction? Et est-ce que... Je sais que donner un
chiffre, c'est une chose, puis après ça, c'est des fois nécessaire d'aller plus
haut ça ou, des fois, plus bas, mais c'est juste comment vous êtes capable de
fixer un montant? Est-ce que c'est un petit peu de juste une... «pure
guesswork», comme on dit en anglais? Ou comment vous êtes capable de chiffrer
nos besoins de l'importation d'une année à l'autre? Oui, c'est ça, la question.
M. Rhéaume (Dave) : Une
question qui me permet de rendre crédit aux gens qui travaillent dans l'ombre,
là, l'exercice des gens qui font... qui font ces prévisions-là, donc c'est des
statisticiens de grand talent qui travaillent à évaluer la performance
énergétique des bâtiments. Donc, par exemple, c'est assez facile de prévoir
quelle va être l'évolution de la demande. Vous parlez du grille-pain le matin,
bien, on sait en moyenne, par exemple, là, que 98 % des maisons ont des
grille-pain au Québec, puis on est capable de prévoir, donc, avec l'évolution
du Code du bâtiment... On a beaucoup de statistiques de grande qualité, au
Québec, sur la démographie, sur la performance énergétique des bâtiments, sur
l'évolution du parc de véhicules. Puis c'est ça, finalement, notre intrant.
Je vous dirais qu'historiquement, depuis
20 ans, la qualité des prévisions, autant en énergie qu'en puissance dans
des secteurs comme le résidentiel puis commercial, est exceptionnelle parce
que, notamment, on a une loi des grands nombres, on a un parc qui est très
important. Donc, même si on se trompe un peu dans certaines circonstances...
Par exemple, la COVID a mené à des changements de comportement qui, les
premières années, on a dû recadrer. Le bâtiment qui, habituellement, les gens
allaient travailler, consommaient de l'énergie et continuaient d'être chauffés,
mais les gens n'étaient plus là alors que les gens étaient à la maison, puis,
l'année d'avant, bien, ils baissaient leur chauffage quand ils partaient, puis
là il restait. Dans ce genre de choc là, on le travaille, on le modélise puis
on s'assure d'avoir les meilleures prévisions parce que c'est central à la
planification future. Si on se trompe à la hausse, on peut se retrouver dans
une situation où on va bâtir des infrastructures inutiles, ce qui est coûteux.
Et, si on se trompe à la baisse, on se retrouve dans une situation où on crée
des difficultés de raccorder les clients. Donc, beaucoup d'efforts sont mis,
c'est des équipes de grande qualité, puis, historiquement, on a des résultats de
très, très haut niveau.
• (16 h 20) •
M. Kelley : Et comment c'est
décidé sur les heures de pointe qu'on a vraiment besoin? Est-ce qu'on essaie de
prendre l'électricité qui est le moins coûteux pour Hydro-Québec? Tu sais,
comme, entre l'État de New York et Ontario, est-ce qu'on regarde c'est quoi,
leurs prix, présentement, puis on choisit lequel... le prix qui est le plus
bas? Ou est-ce que c'est vraiment : eux autres ont plus d'énergie
présentement, puis on la prend pour l'importation quand c'est nécessaire et
Québec a plus d'énergie pour toute la population?
M. Rhéaume (Dave) : Donc, on
fait trois choses. Si j'avais à le simplifier, là, à tout moment les marchés
comme les indices boursiers, si vous voulez, on est capable de voir c'est quoi,
le prix de l'énergie, par exemple en Ontario, à New York puis à Boston. Donc,
forcément, si on a, dans cette heure-ci, 10 gigawattheures de disponible,
on va décider de l'envoyer vers le marché le plus cher jusqu'à tant que cette
ligne-là soit pleine, puis on passe au deuxième plus cher, puis ensuite au
troisième. Ça, c'est la première décision qui est faite.
La deuxième chose qu'on fait, dans
certains cas, on décide de conclure des ententes plus fermes pour sécuriser un
prix, donc par exemple le contrat avec le Massachusetts puis... puis New York.
Mais la troisième chose qu'on fait, qui est... qui est, par information, très,
très payante cette année, vous l'imaginez, les prix de l'énergie à la
fin 2022 étaient très élevés. Ce qu'on a vécu à date, en 2023, c'est un
hiver assez chaud. Donc, quand l'hiver est plus chaud, dans les marchés autour,
les prix sont plus bas, mais on a une stratégie de couverture, donc on s'achète
des dérivés financiers qui viennent protéger des prix intéressants pour le
Québec. Donc, dans certains cas, on peut voir un prix, dans une heure donnée,
qui est à trois...
M. Rhéaume (Dave) : ...mais
nous, on avait déjà sécurisé avec des contreparties un revenu minimal de cinq
sous, par exemple. Donc, c'est trois mécanismes qu'on fait pour s'assurer de
maximiser les revenus qu'on est capables d'aller chercher avec notre énergie.
M. Kelley : Merci.
Intéressant.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Ceci conclut ce bloc d'échanges. Je suis maintenant prêt à reconnaître
le porte-parole du deuxième groupe d'opposition, M. le député de Maurice
Richard. La parole est à vous. Vous disposez de 12 min 26 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Peut-être, avant de passer à un autre sujet, je voudrais rester un
peu sur l'accord avec Énergir, un peu après la signature du contrat avec
Énergir, je comprends que vous avez consulté vos syndicats et que plusieurs,
peut-être tous, ont montré un certain nombre de désaccords, il y avait toute la
question de déplacer plutôt la charge plutôt que de l'effacer avec le gaz, etc.
Bref, le... ils se sont fait dire, ceci étant dit, évidemment, qu'ils... enfin,
évidemment, qu'ils devaient défendre l'entente et que c'était dans leur
obligation inscrite dans leur code d'éthique de loyauté envers Hydro-Québec et
que ça incluait maintenant, par extension, les questions qui touchent aux
propos sur Énergir, est-ce que vous confirmez cette situation?
Mme Boucher (Julie) : Il n'y
a personne qui est muselé à Hydro-Québec, là, je pense que c'est important de
le mentionner. Le code d'éthique d'Hydro-Québec prévoit un droit de réserve par
ailleurs sur certains sujets, mais les syndicats d'Hydro-Québec, je pense, ont
libre parole. On va chercher, je pense, à leur expliquer le bien-fondé de la
biénergie, alors partager les justifications, les motivations, mais, à ma
connaissance, il n'y a personne qui est interdit de parole.
M. Bouazzi : Donc, juste pour
être sûr, on parle du code d'éthique qui fait en sorte évidemment que les
employés sont sanctionnables, d'ailleurs, même après leur retraite, ce que j'ai
appris, c'est assez... assez, en tout cas, c'est inusité, pour ma part, je ne
savais pas que c'était possible, mais donc, pour être clair, aujourd'hui, un
employé d'Hydro-Québec pourrait expliquer son désaccord avec la stratégie qui
touche à Énergir, avec ce que fait Énergir avec l'accord de biénergie, et ça ne
rentrerait pas dans le code d'éthique actuel d'Hydro-Québec.
Mme Boucher (Julie) : Faudrait
voir les propos, là, puis voir si on s'inscrit en faux, s'il y a des données
commerciales, des données confidentielles ou autres, il faut voir la situation.
Je vous dirais que c'est plus un... Le code d'éthique d'Hydro-Québec n'est pas
différent de bien des codes d'éthique d'entreprise où est-ce qu'on s'attend à
un certain respect...
Une voix : Une loyauté.
Mme Boucher (Julie) : Une
certaine loyauté. Merci.
M. Bouazzi : Oui, oui,
absolument, j'ai...
Mme Boucher (Julie) : Certaines
lignes de parti, si vous me permettez l'expression.
M. Bouazzi : On espère bien.
Et ça serait trop nombreux, le nombre d'employés que vous avez, pour faire
tenir une ligne de parti.
On a eu accès à un document qui a été
envoyé aux employés qui s'appelait Jaser autour de la dinde, où
essentiellement, Hydro-Québec envoie des lignes de communication à chaque Noël,
en tout cas, c'était au décembre dernier, un peu avant Noël, avec un certain
nombre de sujets, des questions et puis des réponses préécrites sur un certain
nombre de questions. Donc, on peut y trouver d'ailleurs une question qui touche
sur la mésentente entre Sophie Brochu et le gouvernement, incluant une réponse
qui touche au nombre de branchements, de tous les projets qu'on ne serait pas
capable de faire, un autre sur les mérites de l'exportation de l'électricité,
un troisième sur le fait qu'il n'y a pas de barrage prévu, contrairement,
d'ailleurs, à ce qu'avait dit... la volonté du... bref, la question aussi des
hausses de tarifs, malgré tous les profits qu'on peut voir, la question que
l'enfouissement des fils était utopique. C'est... là, pour le coup, c'est
inusité, si je peux me permettre. Je comprends la question de loyauté, ayant
été dans différentes industries. Je ne sais même pas quelle question poser.
J'ai envie de vous poser la question : Est-ce que pendant leurs heures de
souper à Noël, c'est compté comme des heures supplémentaires s'ils...
Mme Boucher (Julie) : Écoutez,
ce document, je le connais bien, il est produit dans mes équipes. Je vous
dirais même qu'on en fait deux par année. Donc on en fait un avant les fêtes,
qu'on appelle...
Mme Boucher (Julie) : ...de
manière plutôt sympathique, j'ai envie de dire, autour de la dinde, et on en
fait un avant l'été qui s'appelle autour du barbecue. Voilà. Et l'objectif est
fort simple. En fait, l'idée, ce n'est pas de forcer les gens à répondre nos
lignes de presse, on s'entend bien, l'idée, c'est fournir des réponses aux
questions que nos 22 000 employés, partout au Québec, se font poser. Je pense
que, si à main levée on faisait le tour, cet après-midi, du nombre de familles
qui ont des employés d'Hydro-Québec, même dans la salle, ici, ça risque d'être
assez nombreux. Donc, notre objectif, c'est d'aider nos employés qui parfois
travaillent dans un domaine très particulier.
Je vais prendre l'exemple des
statisticiens qui sont chez Dave et qui se font poser des questions sur les
tarifs ou qui se font poser des questions sur les exportations. Ce n'est pas
nécessairement leur domaine, c'est... passer 2 heures, ici, avec vous, cet
après-midi, pour répondre à l'ensemble des questions... C'est très vaste,
Hydro-Québec.
Et tout ce qu'on essaie de faire,
honnêtement, entre grande authenticité et franchise, c'est d'aider nos employés
qui se font questionner par le beau-frère, la belle-sœur ou leurs parents aux
fêtes. S'ils ne sont pas d'accord avec ces lignes-là, il n'y a absolument rien
qui les oblige, dans leurs soupers de famille, à n'en parler ou à répéter ce
qu'on leur propose comme informations.
M. Bouazzi : C'est très bien.
Je vous avouerais qu'il y a quand même une... peut-être une mauvaise
interprétation du code d'éthique des gens d'Hydro-Québec, pour en avoir rencontrés,
et ils ont une crainte réelle face au code d'éthique pour des informations qui
m'ont eu l'air juste factuelles, là.
Mais je voudrais vous parler de la
question de la privatisation de la production d'énergie au Québec. Vous avez
parlé tantôt du fait qu'entre le moment où on sortait un appel d'offres et au
moment où une éolienne produisait de l'électricité, ça prenait 6 à 7 ans.
Est-ce que, si Hydro-Québec décidait de produire elle-même l'électricité à
travers des éoliennes, ça prendrait moins de temps?
M. Rhéaume (Dave) : Non, ce
serait le même processus, si on présume que c'est aussi le résultat...
Ultimement, ça va quand même prendre un appel d'offres dans le cadre
réglementaire actuel, donc le processus serait le même. Hydro-Québec n'a pas une
expertise pour être maître d'oeuvre d'un chantier d'éoliennes qui est meilleur
que, certains des fleurons, je tiens à dire, les Québécois qui bâtissent des
parcs éoliens à l'extérieur même du Québec. Donc, c'est un travail qui se fait
en partenariat de ce côté-là avec les différents promoteurs, Québécois ou non,
qui sont actifs au Québec. Puis il n'y aurait pas de gains d'efficacité d'un
point de vue, en toute transparence, probablement, à court, moyen terme du
moins, et certainement une perte, parce qu'Hydro-Québec n'a pas d'expertise
dans l'installation de modes vent d'évaluation du potentiel. Ça demeure que
c'est un métier différent que de bâtir des ouvrages hydroélectriques.
• (15 h 30) •
M. Bouazzi : Quand René
Lévesque, du temps du premier ministre Lesage, avait poussé pour la
nationalisation et la création... enfin, Hydro-Québec existait déjà, mais la
création d'Hydro-Québec comme on le connaît aujourd'hui, le principal argument
était : Nous n'avons pas l'expertise pour faire des choses aussi
compliquées qu'un barrage. Est-ce que vous pensez que construire une éolienne
avec une turbine dans l'air est plus compliqué pour les ingénieurs
d'Hydro-Québec qu'avoir un gros barrage avec une turbine dans l'eau?
M. Rhéaume (Dave) : Absolument
pas. Loin de là. Ce n'est pas ce que j'ai dit, je pense, mais, en tout cas, ce
n'est certainement pas ce que je voulais dire. Il y a un paradigme que vous
utilisez, quand vous posez cette question-là, qui va à contre sens, qui est
dans notre plan stratégique, l'un des changements qu'on voit pour le système
électrique au cours des prochaines décennies, c'est l'unidirectionnalité. Le
réseau électrique du Québec... René Lévesque, a été réfléchi, comme partout
dans le monde, avec des grands sites de production, au Québec, des ouvrages
hydroélectriques, dans le reste du monde, essentiellement du charbon ou du
nucléaire, des grandes lignes de transport pour se rendre vers un réseau de
distribution où la consommation se retrouve.
Au cours de la prochaine décennie, cette
réalité-là est très unidirectionnelle, elle va se transformer parce que ça
revient moins cher de miser aussi sur de la bidirectionnalité. Les résidences
vont devenir des sites de production. On va voir de plus en plus de panneaux
solaires. Les véhicules sont une opportunité de storage et peut renvoyer de la
production. Donc, toute cette efficience-là vient dans la bidirectionnalité.
C'est impossible pour Hydro-Québec d'espérer contrôler tout ça, posséder tous
ces appareils-là. Il faut évoluer d'un mode où on était propriétaire de
l'actif, ce qu'on va demeurer pour certains types d'actifs, là, les grandes
infrastructures de transport, distribution, production, pour travailler avec
l'écosystème, les technologies pour assurer l'efficience du système
électrique...
15 h 30 (version non révisée)
M. Rhéaume (Dave) : ...dans
sa globalité. Donc, pour nous, d'essayer de se forcer à être propriétaire d'un
actif où, actuellement, le Québec a de l'expertise, il y a des joueurs qui sont
capables de le faire... on ne manufacture pas nos propres turbines non plus, on
travaille avec l'écosystème mondial, les meilleurs producteurs de turbines au
monde, pour les avoir pour les sites hydroélectriques, malgré notre grande
expertise.
M. Bouazzi : Est-ce que...
Des fois, j'ai l'impression... Est-ce que vous pensez que le privé... Alors,
moi, je ne vous demande pas si Hydro-Québec devrait construire des voitures
électriques, là, je veux dire, on parle juste des éoliennes, puis elles se
ressemblent un peu toutes, là. On s'entend qu'elles évoluent avec le temps,
elles sont de plus en plus grandes, plus efficaces, produisent de l'électricité
moins chère, ça reste des éoliennes, un peu comme les barrages qui évoluent.
Puis ça reste les turbines qui tournent dans les airs plutôt que des turbines
qui tournent dans l'eau. Est-ce que vous pensez que le privé fait ça sans se
garder une cote sur... je veux dire, il ne fait pas ça bénévolement, donc
pourquoi est-ce qu'on aurait ce besoin de laisser une partie de ces revenus-là
au privé quand on a une expertise aussi extraordinaire qui est capable quand
même de faire des ouvrages aussi incroyables que des barrages?
M. Rhéaume (Dave) : On a
une... donc, vous avez raison. C'est certain qu'une entreprise privée qui prend
un risque, qui sort du capital pour investir dans un site de production, fait
un rendement. Donc, lorsqu'ils nous vendent un produit, on paie leur rendement,
c'est certain. Par contre, lorsqu'il y a déjà des environnements concurrentiels
matures qui sont capables d'offrir le produit. Comme je le répète, Hydro-Québec
ne manufacture pas ses propres turbines dans nos centrales hydroélectriques. Il
y a un écosystème qui est capable de nous fournir. Hydro-Québec travaille avec
les meilleurs joueurs au monde pour les convertisseurs, les alternateurs. Donc,
il faut travailler avec l'écosystème lorsqu'il est présent. Dans le cas des
promoteurs et des manufacturiers d'éoliennes, c'est un marché qui est mature. À
ma connaissance, en Occident, j'ai de la difficulté à avoir un endroit où l'utilité
publique aurait le monopole des actifs de production éolienne. Je ne suis pas
capable d'imaginer un comparable, s'il y en a un, il est vraiment unique, mais
on ne voit pas de valeur ajoutée pour les Québécois de ce côté-là.
M. Bouazzi : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. St-Louis) : 30
secondes, M. le député.
M. Bouazzi : 30 secondes, ça
va être compliqué. Bien, alors, en 30 secondes, je voudrais vous remercier pour
l'excellent travail qu'Hydro-Québec fait, vraiment, c'est un joyau. J'ai un
plaisir énorme à comprendre toute la complexité avec laquelle vous gérez les
contrats à l'étranger, le transport, évidemment, la maintenance. J'aurais voulu
vous poser des questions sur la maintenance et si vous avez des regrets par
rapport à la quantité d'argent qui a été investie historiquement, mais,
malheureusement, nous n'aurons pas le temps. Ça fait que, merci pour votre bon
travail et bonne continuation.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Je suis maintenant prêt à reconnaître le porte-parole de l'opposition
officielle. Alors, M. le député de Jacques-Cartier, la parole est à vous. Vous
disposez de 16 min 21 s.
M. Kelley : Oui, M. le
Président. Je veux juste poser une question. Dans le plan stratégique d'Hydro-Québec,
il y a une idée que je trouve bien intéressante, et c'est l'intégration des
ressources énergétiques décentralisées, le RED, on aime ça, le rouge, c'est
toujours bon, mais j'ai trouvé que cette idée était très, très intéressante,
puis j'ai juste une question pour les gens d'Hydro-Québec. Présentement, c'est
quoi le prix d'acheter, comme, pour un citoyen, un panneau solaire, puis de se
brancher au réseau d'Hydro-Québec? Parce que je vois le petit tableau, ici, il
y a des idées intéressantes sur comment l'énergie peut être vendue à
Hydro-Québec. Alors, je veux juste avoir vos idées sur ce système RED, que je
trouve bien intéressant.
M. Rhéaume (Dave) : Ce que je
peux vous répondre... Donc, je ne connais pas le prix d'installation exact,
mais ce que je peux vous dire... d'abord, si un client décide de s'installer
des panneaux de protection solaire, il n'a rien à payer à Hydro-Québec. Donc,
déjà les clients peuvent le faire de leur propre chef. Il n'y a rien à
débourser du côté d'Hydro-Québec. On a même, pour les clients résidentiels, un
programme que, si jamais il y avait des heures où il était en surproduction par
rapport à ce que sa maison consomme, on reprend l'électricité, puis on va lui
créditer. Donc, essentiellement, on lui rachète son électricité solaire
excédentaire. Si, par exemple, sa maison, tout est fermé, le panneau solaire
est ouvert, on ne va pas se priver de cette électricité-là pour le Québec, on
la prend et on lui crédite, au participant.
Ce que je peux vous dire sur le plan de l'économique,
c'est, évidemment, avec nos tarifs d'électricité, aujourd'hui, la dernière fois
que j'ai vu les chiffres, là, on parle d'un retour sur investissement d'un peu
plus de 20 ans. Donc, c'est certain qu'avec le pourcentage d'heures d'ensoleillement,
quand il y a de la neige sur ton panneau solaire, il ne produit pas, forcément,
lorsqu'il y a du verglas, donc, quand on compare le nombre d'heures où ça
produit des électrons, notre prix de l'électron, ça prend.
M. Rhéaume (Dave) : ...je vais
dire, autour de 20 ans pour récupérer son investissement pour le client.
Donc, c'est quelque chose d'assez rare. Je pense qu'on a autour de
1 000 installations au Québec pour ceux qui sont sur le système
d'Hydro-Québec aujourd'hui. Mais je tiens à dire, au cours des prochaines
décennies, on anticipe une croissance significative du taux de pénétration.
M. Kelley : C'est
intéressant, parce que je pense que c'est dans le plan stratégique, il y a un
lien envers le projet qui était fait à Lac-Mégantic, qu'après le désastre
Hydro-Québec a posé à la ville de Lac-Mégantic : Comment vous voulez
rebâtir ça? Est-ce que vous êtes intéressés de peut-être mettre des panneaux
solaires sur l'aréna, sur... un petit peu partout? Puis maintenant, si je
comprends bien, Lac-Mégantic est un producteur d'électricité, puis ils n'ont
pas nécessairement besoin beaucoup d'énergie additionnelle du réseau
d'Hydro-Québec. C'est quoi, les leçons qu'Hydro-Québec a tirées de cet exemple
d'utiliser des municipalités, des fois, comme, d'être un producteur
d'électricité?
Mme Boucher (Julie) : Tout à
fait, ça a été un projet très intéressant, avec la municipalité de
Lac-Mégantic, de voir comment, à l'intérieur même de la municipalité, on
pouvait produire avec des panneaux solaires ou autres, stocker avec des
systèmes de stockage puis repenser... c'était l'opportunité de repenser un
centre-ville autrement à Lac-Mégantic. Donc, c'est ce qu'on a fait. D'ailleurs,
il est possible de visiter le microréseau de Lac-Mégantic. Hydro-Québec offre
des visites gratuites de ses installations, et, depuis peu, on offre la visite
de Lac-Mégantic si ça intéresse des gens.
Et, pas plus tard qu'aujourd'hui, aux
Îles-de-la-Madeleine, on annonce aussi qu'on va travailler sur un microréseau
aux Îles-de-la-Madeine. Donc, on investit 10 millions de dollars pour
mieux comprendre comment fonctionne ce type de microréseau puis comment ça peut
nous aider en termes de résilience pour les prochaines années, d'avoir, au sein
même d'une communauté, d'un noyau villageois, une production, un stockage
d'électricité. Et je vous dirais qu'un des bénéfices collatéraux de ce type de
microréseau, c'est toute la conversation qu'on a avec les citoyens aussi, la
prise de conscience de l'électricité, la façon qu'on l'utilise, qu'on gère,
qu'on peut faire de l'efficacité énergétique, qu'on peut l'utiliser autrement.
M. Kelley : Et ce concept de
microréseau était très, très intéressant. Et juste... Je ne sais pas si vous
avez les chiffres devant vous, mais le projet de Lac-Mégantic, ça a coûté
combien pour Hydro-Québec? Si vous n'avez pas la réponse maintenant...
Mme Boucher (Julie) : ...trouver
l'information.
M. Kelley : ...de fournir ça
après, ça va juste... c'est intéressant.
Mme Boucher (Julie) : ...environ
10.
M. Kelley : O.K. Parfait.
Puis aussi des leçons, et je sais, c'est intéressant que vous... il y ait un
plan de faire un microréseau sur les Îles-de-la-Madeleine aussi, à... Il y a
aussi des leçons que vous avez tirées du projet Lac-Mégantic, des défis qui
étaient présentés devant Hydro-Québec, peut-être encore avec le stockage dans
les batteries ou quelque chose comme ça. Encore, je trouve que c'est un projet
qui était bien, bien intéressant.
M. Rhéaume (Dave) : En fait,
c'est... on a fait l'investissement au Lac-Mégantic dans une logique de
résilience, mais aussi dans une logique d'apprentissage. Hydro-Québec, c'est
aussi une entreprise de technologies. On se doit de suivre l'évolution de
toutes les technologies sur le plan énergétique, certaines qu'on n'est pas sur
le bord d'installer au Québec, mais il faut suivre le potentiel pour être
capable de le planifier dans l'avenir. Donc, beaucoup d'apprentissages au
niveau du cas de Lac-Mégantic, notamment sur l'importance... du stockage,
pardon, pour la résilience. Mais, dans certains cas, ça ne veut pas dire que la
conclusion, c'est : C'est une technologie mature qui peut être déployée à
grande échelle. On peut voir, dans certains cas... Ce qui arrive souvent, c'est
qu'on voit à la valeur puis qu'on est capable d'identifier à quelle diminution
du prix cette technologie-là va devenir intéressante pour notre cas à nous au
Québec. Comme, on suit le solaire depuis 15 ans, il y en a partout en
Amérique du Nord, puis on sait environ à quel moment on s'attend à ce que
l'attraction de cette technologie-là va devenir plus pertinente pour notre
marché à nous, puis qu'on va voir un déploiement plus significatif.
• (15 h 40) •
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et, sur l'expertise d'Hydro-Québec, je sais qu'Hydro-Québec travaille avec les
autres pays pour aider, eux autres, à faire la transition énergétique, de
produire plus d'électricité renouvelable. Alors, est-ce que vous pouvez me
parler un petit peu des projets qu'Hydro a présentement avec les autres pays,
comment on aide certaines juridictions à faire la transition eux-mêmes?
Mme Boucher (Julie) : Bien,
je vous dirais qu'avec le dernier plan stratégique on s'est beaucoup recentrés
sur nos activités en termes de déploiement de projets à l'étranger. On a
beaucoup à faire, on en a parlé : la croissance des activités, la
maintenance, l'adaptation aux changements climatiques. Maintenant, on ne se
referme pas complètement sur nous-mêmes et sur le Québec. Donc, on est membre
de différentes organisations, l'Association internationale de...
Mme Boucher (Julie) : ...par
exemple, on est membre d'un groupe qui s'appelle... en anglais, c'est le GSEP,
c'est le Global Susbtainable Electricity Partnership, donc, avec d'autres
grands électriciens, que ça soit les Français, les Italiens, les Américains.
Donc, on partage différentes façons et on... jusqu'à un certain point, on vit
tous une certaine réalité par rapport à la transition énergétique. On a
beaucoup parlé de ce qui se passe en France, notamment, sur la transition
énergétique. Il y a beaucoup de leçons qui ont été tirées en France qui peuvent
être applicables au Québec ou qui pourront l'être dans les prochaines années.
Donc, c'est plutôt sur la base de ces échanges-là, dans les associations
internationales, qu'on entretient nos relations et qu'on reste à l'affût des
tendances dans le monde.
M. Kelley : Est-ce que vous
avez des exemples des leçons qu'on a retenues de l'exemple de qu'est-ce qui est
arrivé en France, pour le meilleur et pour le pire?
Mme Boucher (Julie) : Je peux
vous dire que, d'un point de vue communication, on est allés prendre
connaissance, avec grande attention, des campagnes d'efficacité énergétique qui
ont été déployées l'hiver dernier. Je vous dirais qu'ils sont très... qu'elles
sont très simples, ces campagnes de communication, et qu'on supporte le
citoyen, le client dans comment mieux consommer, concrètement qu'est-ce qu'il
doit faire. Puis c'est des campagnes de communication qui, comme je vous dis,
sont très... pardon, très efficaces ou très simples.
M. Rhéaume (Dave) : ...autre
exemple différent qui, je pense, pourrait vous intéresser. On a vécu des feux
de forêt importants en Californie, notamment causés par le système électrique.
Ça a été un dossier, il y a quelques années, qui... Mais ça fait partie, on est
capables d'échanger avec ces gens-là puis de faire des modélisations pour
essayer de voir. C'est intéressant parce qu'on a un climat complètement
différent. On a un type de canopée complètement différent. Donc, comment on
travaille avec des chercheurs universitaires québécois qui étudient quels
pourraient être les risques, donc, de feux de forêt au Québec puis qu'est-ce...
comment ça pourrait avoir des impacts sur la fiabilité du réseau et le temps de
récupération.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et, sur les investissements qui sont faits à l'extérieur, je sais que, l'année
passée, Hydro-Québec a investi dans plusieurs minicentrales en... je pense,
c'était au Massachusetts et New York. C'est quoi, le type d'évaluation qui a
été fait? Et, si Hydro-Québec est prête à acheter des minicentrales à
l'extérieur, est-ce que les projets des minicentrales peuvent revenir ici, au
Québec? Ou je sais que, dans le passé, on a eu des projets avec les communautés
autochtones. Est-ce que c'est une possibilité d'envisager plus de projets de minicentrales
ici, au Québec, aussi?
M. Rhéaume (Dave) : Il y a
plusieurs points à votre question. Veux-tu commencer sur les minis du Québec?
Mme Boucher (Julie) : Je vais
commencer. Donc, sur les minicentrales au Québec, il n'y a pas de programme
comme tel qui a été lancé spécifique aux minicentrales. Par ailleurs, l'appel
d'offres pour les énergies renouvelables aurait pu recevoir des projets de
minicentrales. Il y a différents projets de minicentrales communautaires qui
nous ont été présentés, à Hydro-Québec, avec des partenaires autochtones
notamment ou des partenaires de MRC. Puis, au moment où on se parle, ces
projets-là sont sous analyse.
M. Rhéaume (Dave) : Pour la
décision d'acquisition, donc, on a acquis une entreprise propriétaire de, je
pense, 13 centrales, je pourrais me tromper, mais environ 13, qui transige dans
le marché de la Nouvelle-Angleterre. C'est des centrales qui, pour nous,
avaient beaucoup de valeur parce que la caractéristique de ces centrales-là...
ils sont vraiment utilisés... le réservoir... la rivière est utilisée vraiment
pour turbiner dans les moments où les prix sont plus intéressants. C'est une
centrale qui offre beaucoup de capacité d'équilibrage dans le marché de la
Nouvelle-Angleterre. Et, nous, c'est essentiellement ce que notre parquet de
transactions fait. On utilise les réservoirs du Québec pour s'assurer
d'optimiser la valeur. Donc, il y avait des belles synergies de ce côté-là
d'être propriétaire d'un actif dans un marché dans lequel on transige déjà.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Et, je pense, j'ai dit 25, je pense, c'est environ plus 17... 13. Je m'excuse,
j'ai eu le mauvais chiffre dans ma tête. Mais merci beaucoup. Je trouve ça bien
intéressant qu'on fait les investissements comme ça. Alors, merci de me guider
un petit peu dans pourquoi ça a été fait.
Je veux revenir maintenant sur une
question qui est un petit peu plus philosophique, et ça, c'est sur le mandat d'Hydro-Québec.
Est-ce que c'est peut-être temps de réviser le mandat pour inclure un petit peu
la question... la transition énergétique, d'ajouter ça à une de vos missions
comme une société d'État?
M. Fitzgibbon : Oui. C'est
une question qui est très pertinente. Et d'ailleurs on en parle continuellement
au Conseil des ministres parce qu'effectivement Hydro-Québec a une mission
très, très spécifique. Je pense qu'ils... puis on a vu aujourd'hui qu'ils
remplissent très, très bien leur mission. Maintenant, toute la question des
autres énergies renouvelables ou circulaires doit être prise en compte. On a
parlé depuis... depuis une semaine, en fait, des enjeux que nous avons sur
la... les besoins industriels, créer de la richesse, puis, en même temps, de...
M. Fitzgibbon : ...alors c'est
clair que le chemin critique pour se rendre à 2050, la carboneutralité, même
2030 à moins 37,5 %, requiert une évaluation d'alternatives, une
évaluation de comportement, de choses qu'on va faire qui dépassent peut-être
même un peu le mandat présent d'Hydro-Québec. Alors, on est très conscient
qu'il faudrait probablement avoir des... une cellule stratégique qui soit
peut-être greffée à Hydro-Québec pour aller plus loin que ce qui était requis à
date parce qu'on n'avait pas ces besoins-là. Alors, c'est une réflexion que
nous avons présentement au Conseil des ministres.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Je veux reviens maintenant sur encore le sujet un petit peu en lien avec la
tempête qu'on a eue le mois dernier, mais aussi la tempête qu'on a eue l'année
passée, il y a un article qui a parlé des effectifs qui sont disponibles pour
la grande région de Montréal versus les régions, encore c'est en lien avec la
main-d'oeuvre, comment est-ce qu'Hydro-Québec est capable de régler cet
enjeu-là et comment vous, vous comme une organisation, faite la planification
pour vos équipes en région, c'est qu'on les besoins, où on a besoin de plus, où
de moins, c'est comment cette planification est faite aussi une organisation?
M. Tellier (Régis) : Je vais
répondre. Oui, parce que j'ai... je me souviens de l'article, là, c'est...
nous, en région de Montréal, il y a eu beaucoup de mouvement de personnel, tu
sais, parce que souvent, avec les départs retraites, soit sur le sud ou le nord
de l'île, là, bien, il y a du mouvement de personnel, les gens à l'interne
peuvent bouger et cela a créé vraiment un déplacement. Sauf que quand on arrive
en situation de panne, même en situation régulière, il n'y a rien qui m'empêche
de pouvoir prendre les gens à Blainville puis les faire amener à Montréal pour
des travaux, là, quand c'est requis, là, c'est ça. C'est beaucoup ça que ça
faisait référence, c'est vrai qu'en ce moment, on a aussi des discussions avec
nos partenaires syndicaux parce que des grandes villes, souvent, l'attraction
de la main-d'oeuvre, on veut être capable de garder une certaine forme de
capacité des gens qui habitent sur l'île, qui restent sur l'île, là, tu sais,
un peu, c'était ça, l'idée, ça fait qu'on regarde différentes... différentes
options à ce niveau-là, mais, somme toute, nous, on fait une planification
aussi de main-d'oeuvre, O.K., qui est transversale puis on regarde, là,
souvent, là, soit par rapport aux investissements qu'on va aller faire, sur la
réfection, ou de la maintenance qu'on va... qu'on a à réaliser, mais également
on regarde sur la demande, donc, on sait que la demande, ou les événements qui
peuvent arriver, là, climatiques, là, la région de Montérégie, la région de
Laurentides, souvent, on sait qu'il y a des travaux qui s'en viennent sur la
Côte-Nord. Donc, on fait cette planification-là un petit peu plus fine, après
ça, nos équipes qui nous permet, en fonction de corps de métier, de voir ça
sera quoi le besoin de main-d'oeuvre qu'on va avoir, là. Ça fait que, moi, j'ai
déjà une planification 10 ans, Jeannine aussi sur trois ans, puis
annuelle, là, qui est encore plus précise, là, où est-ce que là on est capable
d'à partir des... avec les commissions scolaires selon les... exemple, un
monteur de ligne, là, c'est un diplôme d'études professionnelles en montage de
ligne, bien, on regarde aussi en fonction du nombre de cohortes puis qu'on
intègre nous après ça avec nos spécificités à l'interne, là, pour être capable
de les former, là, puis avoir la bonne adéquation de personnel puis en fonction
de la charge de travail qui est requise.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Pendant la dernière panne à Montréal, c'était une équipe de Shawinigan puis
Trois-Rivières qui a rebranché la maison de mes parents, puis ils étaient très
contents de discuter avec le gang de la région, de dire aussi merci à cette
équipe-là de rebrancher mes parents... la maison de mes parents après comme
cinq jours, mais c'était... mon père puis ma mère ont vraiment apprécié,
c'était des hommes très, très gentils, de ces deux régions-là qui étaient
présents pour aider eux autres. Mais est-ce que c'est très difficile de bouger
des effectifs d'une partie du Québec à une autre? Comme vous avez mentionné les
syndicats, alors j'imagine de faire une demande comme on a besoin de plus de
monde dans l'Estrie, on lance un appel, est-ce que c'est facile d'attirer des
gens d'une place à une autre, ou est-ce que, des fois, ça prend des discussions
plus longues avec les syndicats?
• (15 h 50) •
M. Tellier (Régis) : En
situation de panne, ce n'est pas compliqué parce que, nous, on peut faire
déplacer les équipes, là, comme qu'on a vu... la panne du verglas, tu sais, on
attendait de voir dans l'est du Québec comment que ça... est-ce qu'il y aurait
aussi des pannes? Puis là quand qu'on a vu qu'il y en avait moins on a pu
déplacer...
Le Président (M. St-Louis) : En
conclusion, M. Tellier, s'il vous plaît.
M. Tellier (Régis) : Oui. 200
équipes, d'accord, mais, somme toute, non, c'est pour nous... On est capable
d'ajuster rapidement.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
je vous remercie. Merci, M. le député. Ceci conclut ce bloc d'échanges. Je suis
maintenant prêt à reconnaître la porte-parole du gouvernement. Alors, Mme la
députée de Laviolette Saint-Maurice, la parole est à vous. Vous disposez de
neuf minutes.
Mme Tardif : Merci, M. le
Président. Bonjour, tout le monde, merci d'être là. Merci à vous derrière aussi
qui travailler comme des petites abeilles. Ce matin, mon collègue de
Jacques-Cartier se questionnait sur les travaux à faire sur les
infrastructures, et vous mentionniez en Mauricie, alors je me suis sentie
interpellée, évidemment, je vais donc profiter de mon temps de parole pour
remercier Hydro-Québec dans son ensemble pour les travaux qui ont été faits
depuis 2021 ans et qui...
Mme Tardif : ...vont
s'échelonner jusqu'en 2026, et vous allez voir, et les gens qui nous écoutent
savent de quoi je parle, mais je vais vous faire rire un petit peu, on est en
fin de journée. Sur la ligne qui alimentait le secteur Parent dans le
Haut-Saint-Maurice, il y a... bien, en fait, c'étaient des poteaux en bois, et
c'étaient souvent les pics de bois et les écureuils qui causaient les pannes de
courant. Donc, Hydro-Québec a injecté 235 millions de dollars pour faire
des travaux majeurs au poste de La Vérendrye et sur la ligne jusqu'à Parent.
Mes citoyens devaient composer avec des pannes très fréquentes. Et cela a été
arrangé, donc, terminé, en tout cas, en bonne partie l'an dernier. Merci
beaucoup. Aussi, j'ai eu le plaisir d'annoncer, avec les gens d'Hydro-Québec,
là, un investissement majeur de 612 millions de dollars qui ont été
injectés et qui sont en cours pour rénover six... je crois que ce sont des
groupes turbines alternatives au barrage Rapide-Blanc.
Chez nous, sur la rivière Saint-Maurice,
il y a de nombreux barrages. Cependant, si j'ai bien compris les besoins
estimés pour 2032, dans neuf ans, sont de 25 térawattheures, c'est bien ça?
Vous avez dit trois fois la Romaine, trois fois la Romaine.
Une voix : ...
Mme Tardif : Ce n'est pas ma
question, vous me corrigerez après. On parle d'un cycle de cinq à six ans, si
j'ai bien compris, encore là, entre le moment où Hydro-Québec va en appel
d'offres pour un parc éolien et le moment où le parc éolien est en opération.
J'ai deux questions dans une : Est-ce
que vous pensez que l'éolien va suffire pour répondre à la demande
additionnelle dont on a besoin en 2032, et, sinon, quel est le cycle pour la
construction de barrages hydroélectriques qui va réussir à répondre à cette
demande-là en ajoutant toutes les autres sources de bioénergie et...
bioélectricité et biénergie? Donc, à partir du moment où on décide qu'on manque
d'électricité avec toutes les autres sources d'énergie aussi ou
d'approvisionnement pour construire un barrage hydroélectrique, ça prend
combien de temps? Parce que je me dis que 2032, c'est à nos portes.
M. Rhéaume (Dave) : Donc, la
petite correction, tout à l'heure, ce que j'ai dit, l'équivalent de trois
Romaine, c'était une autre différence, donc 25 térawattheures, ça, ça va vers
quatre Romaine, donc on n'est pas loin de votre estimé.
Mme Tardif : Oh! bien, c'est
encore mieux, ou pire. D'accord.
M. Rhéaume (Dave) : Je veux
juste juste mettre de l'avant... il y a un paradigme qui a changé. Au Québec,
avant, lorsqu'on avait besoin d'énergie, même pas juste de puissance, notre
solution, c'était l'hydroélectricité, c'était celle dans laquelle on avait un
savoir-faire, il y avait des sites qui le permettaient puis c'était la plus
compétitive. Aujourd'hui, la solution la plus compétitive pour avoir de
l'énergie... donc de ce 25 térawattheures là, c'est, aujourd'hui, l'industrie
éolienne, une fois qu'on a fait l'efficacité énergétique. Le premier, c'est
toujours l'efficacité énergétique. Il reste de la place pour en faire moins
cher que l'éolien, mais, une fois qu'on l'aura fait, ce sera l'éolien.
Mme Tardif : Est-ce que je
peux vous interrompre? Parce que les gens, de façon générale, ne savent pas
qu'un parc éolien... ça demande énormément d'électricité pour faire fonctionner
le parc éolien. Donc, si ça prend... je ne sais pas quel pourcentage
d'électricité ça prend en fonction du nombre d'éoliennes, en fonction de la
capacité aussi. Mais il y a déjà un besoin d'électricité pour faire un...
alors, où est le gain ou... essayez de m'aider, là.
M. Rhéaume (Dave) : Non, non,
mais vous avez... il y a... Les installations éoliennes, comme les
installations hydroélectriques demandent un approvisionnement en électricité.
Vous avez raison, mais lorsqu'on net ce que ça consomme avec ce que ça produit,
aujourd'hui, notre solution la moins dispendieuse avec les technologies
disponibles, c'est l'éolien. Ceci dit, il y a des moments où il ne vente pas,
puis les Québécois consomment de l'électricité. L'électricité, partout dans le monde,
la phrase qu'ils disent, c'est : Ça ne se stocke pas, ça ne se stocke pas.
Au Québec, on a un avantage on a des réservoirs. On ne stocke pas
l'électricité, on stocke l'eau, on attend avant de turbiner l'eau pour produire
l'électricité. Donc, on a un avantage concurrentiel extraordinaire.
Donc, aujourd'hui, le plan, c'est
d'investir dans nos centrales existantes pour le 25 térawattheures, là,
toujours, faire de l'efficacité énergétique, puis ce qui va nous manquer comme
énergie, faire de l'éolien ce qu'on anticipe toutefois, c'est qu'éventuellement
avec la croissance de.
M. Rhéaume (Dave) : ...la
demande, on va avoir besoin d'investir dans peut-être plus d'infrastructures
comme l'hydroélectrique pour être capable de palier aux périodes où il n'y a
pas de vent, où il n'y aurait pas de soleil. Pour ce cas-là, c'est pour ça
qu'on a annoncé une étude préliminaire, donc on est en train de regarder
l'opportunité pour une nouvelle centrale. On parle d'un cycle, je dirais, entre
12 à 15 ans. C'est la période de temps lorsqu'on inclut tout, que ça peut
requérir pour être mis en service.
M. Chassin :Je peux continuer, M. le Président?
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y.
M. Chassin :C'est effectivement intéressant parce que j'imagine que,
même si on a des besoins, justement, d'où la nécessité de la planification...
On a parlé tout à l'heure des mini centrales. Juste pour être certain, puis là
j'y vais de mémoire, là, mais c'est encore 50 mégawatts de puissance à
installer entre... Ça, c'est précisé dans un règlement ou une loi du
gouvernement ou c'est vraiment plus à l'interne d'Hydro-Québec, là?
M. Rhéaume (Dave) : À ma
connaissance, c'est dans la Loi sur Hydro-Québec. Les centrales au-delà de 50
mégawatts, c'est juste Hydro-Québec qui peut les faire.
M. Chassin :D'accord. Puis dans le... Puis là j'avoue là ma
méconnaissance, je le dis tout de suite, Hilo, c'est un produit d'Hydro-Québec
ou est ce que c'est un fournisseur avec lequel vous faites affaire? Juste pour être
certain.
M. Rhéaume (Dave) : C'est une
entreprise d'Hydro-Québec. Évidemment, l'entreprise, elle achète des fois des
équipements, mais comme les centrales hydroélectriques d'Hydro-Québec, on
achète des produits des fournisseurs tiers, mais c'est une entreprise qui
appartient à Hydro-Québec.
M. Chassin :À 100 %?
M. Rhéaume (Dave) : À
100 %.
M. Chassin :D'accord. Puis, par curiosité, est-ce que... Parce que
l'expérience, c'est particulièrement dans le résidentiel, est-ce que vous avez
des clients, des entreprises aussi, qui font cet exercice-là, puis qu'est-ce
que ça peut donner comme résultat?
M. Rhéaume (Dave) : En
gestion de puissance, on vise les trois grands marchés, le résidentiel, nos
deux produits, c'est Hilo puis la tarification dynamique. Dans le secteur
commercial, donc moyenne de taille, on a le programme la GDP, la gestion de
puissance, où on offre des incitatifs financiers à une caisse populaire, par
exemple, qui voudrait s'interrompre dans des périodes de forte demande. Et,
pour les industriels, on a un programme d'électricité interruptible où il y a
des compensations financières qui sont offertes aux grands industriels,
plusieurs grands industriels du Québec y participent, c'est-à-dire que, dans
les périodes de haute consommation, on peut leur dire: On te demande de
t'interrompre en échange d'une compensation, puis c'était prévu à l'avance.
Le Président (M. St-Louis) : Je
vous remercie, M. Rhéaume, M. le député. Malheureusement, ceci conclut que ça
prend des blocs d'échanges.
M. Chassin :Mon Dieu! Que ça passe vite. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
le temps alloué à l'étude des crédits budgétaires du volet énergie Hydro-Québec
du portefeuille Économie, Innovation et Énergie étant presque écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix de ces crédits.
Le programme intitulé Direction et
administration est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Adopté,
avec division.
Le programme 6, intitulé Énergie, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Adopté
sur division.
Finalement, l'ensemble des crédits
budgétaires du portefeuille Économie, Innovation et Énergie pour l'exercice
financier 2023-2024 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Adopté
sur division.
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission
ayant accompli son mandat ajourne ses travaux sine die. Merci à tous.
(Fin de la séance à 16 heures)