(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. St-Louis) : À
l'ordre, s'il vous plaît. Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle
de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi n° 13, Loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par M. Lemay
(Masson); M. Poulin (Beauce-Sud), par M. Jacques (Mégantic); M. Fortin
(Pontiac), par Mme Dufour (Mille-Îles); M. Kelley (Jacques-Cartier), par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce); Mme Zaga Mendez (Verdun), par M. Grandmont
(Taschereau).
Étude détaillée (suite)
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
Alors, lors de l'ajournement de nos travaux, la semaine dernière, nous avions
débuté l'étude de l'article 1. Y a-t-il d'autres interventions sur cet
article? Donc, est-ce que cet article...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Pardon?
Mme McGraw : Nous, on avait déjà
posé nos questions, jeudi, donc on...
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
mise aux voix de l'article... M. le député, oui.
M. Grandmont : Moi, je vais prendre
la parole sur l'article 1.
Le Président (M. St-Louis) : La
parole est à vous, M. le député. Vous disposez de 37 minutes. Oh non!
Pardon, 36 minutes.
M. Grandmont : Donc, je peux y
aller?
Le Président (M. St-Louis) : La
parole est à vous.
M. Grandmont : Parfait. Merci
beaucoup. Excusez-moi, je ne suis pas encore familier avec cette partie d'un
projet de loi, l'adoption d'un projet de loi.
Le Président (M. St-Louis) : Pas de
souci.
• (9 h 50) •
M.
Grandmont : Merci. Donc, effectivement, merci de me recevoir
ici aujourd'hui. Là, je suis en remplacement, là, de mes collègues qui sont occupés sur d'autres enjeux, aujourd'hui.
En ce qui concerne l'article 1, de notre côté, ce qu'on notait, en
fait, c'est notamment à la question du rapport du BAPE, là, qu'on a réussi à,
finalement, pouvoir consulter, puis on était
très contents de pouvoir le faire. Évidemment, ça nous permettait d'avoir un
point de vue très... disons, plus général, en fait, sur le projet de
loi.
Autant il y a des choses qui sont, quand même,
intéressantes, dans ce projet de loi là, autant il y a des choses qui nous préoccupent, au même titre qu'il a pu
être souligné, en fait, dans le rapport du BAPE. Il y a une section dans le rapport
qui traite notamment de transition énergétique. Parce que, la première partie
du rapport du BAPE, on comprend qu'elle est, évidemment, plutôt favorable,
conçoit que le projet en lui-même est quand même bon pour l'environnement, en
tout cas, les différentes composantes, on trouve des réponses satisfaisantes,
aux yeux du BAPE, mais il y a une partie qui touche la transition énergétique,
qui n'avait pas été demandée, en fait, d'analyser par le gouvernement, mais qui était ressortie beaucoup
lors des consultations des audiences publiques du BAPE, c'est toute la question
du regard qu'on porte sur la transition énergétique.
C'est clair que, pour
être capable de décider vers où s'en aller comme gouvernement, en termes de
projets qu'on va développer, pour garantir notre autonomie énergétique, pour
participer aussi à la transition, la transition énergétique
qu'on doit faire à l'échelle planétaire, on doit avoir, au Québec, un regard
qui est plus général. Et c'est pour ça que,
sans le nommer, en fait, le BAPE appelle à une consultation plus large sur cet
enjeu-là, une consultation qui nous permettrait d'avoir un plan
d'ensemble, d'avoir un plan de match général sur l'énergie au Québec. Et il y a
plusieurs groupes qui sont intervenus, dans cette audience-là, pour demander...
qui ont appelé à la réalisation d'un BAPE
générique. C'est quelque chose qui n'est pas nouveau, je sais qu'on en a
beaucoup parlé, que ça a été demandé par la société civile et qui, à notre sens, aussi, aurait tout à fait sa
place dans le débat. On ne peut pas développer des projets à la pièce, sans avoir le point de vue général, sans
avoir un plan d'ensemble, sans avoir une direction ou un plan stratégique
qui nous permettrait de prendre les bonnes décisions.
C'est un enjeu qui
est extrêmement important. On voit que la crise climatique nous commande de
faire des efforts importants, de le faire en partenariat avec des provinces,
d'autres provinces canadiennes, de le faire avec nos partenaires, aussi, de
l'autre côté de la frontière qu'on a, au Sud, avec les États-Unis. Mais on doit
aussi faire cette réflexion-là pour s'assurer que cette transition-là puis cet
effort concerté qu'on aura avec les autres États et les provinces, bien, se
fassent au bénéfice du Québec, se fassent au bénéfice des communautés qui sont
impactées par ces projets-là, notamment les populations qui vont être touchées
par la création de nouveaux barrages, si jamais on se dirige vers là, ou la
création de nouveaux parcs éoliens, si on se dirige vers là. Mais on a besoin
d'avoir cette vue d'ensemble là.
On a... donc, on le
demande, on le demande, la réalisation d'un BAPE générique qui nous permettra
de mesurer comme il faut les impacts socioéconomiques de l'implantation des
différents projets, mais aussi pour qu'on ait
une boussole pour savoir où est-ce qu'on s'en va dans les prochaines années,
dans les prochaines décennies. Donc, bien d'accord pour dire que c'est
un enjeu important, cette transition, et qu'on doit y participer de façon
concertée, et qu'on doit le faire avec les communautés, mais pour être sûr de
prendre les bonnes décisions, il faut avoir un point de vue général. Donc, nous
redemandons, dans le cadre de cet article 1 là, puisqu'on est dans l'étape
un peu générale, dans l'article plus général du projet de loi, nous demandons
que nous puissions réaliser un BAPE générique sur l'avenir énergétique du
Québec.
Je demanderais, dans
le fond, à la partie gouvernementale : Est-ce que c'est possible,
considérant tout ce que vous avez entendu, considérant les différentes demandes
que nous avons entendues pendant les audiences du BAPE, est-ce que c'est
possible pour le gouvernement d'acquiescer à cette demande, qui est largement
soutenue par la société civile, de réaliser un BAPE générique, sachant que,
contrairement à ce qui était déjà mentionné, ça ne prend pas deux, trois ans à
réaliser, un BAPE générique? On rappelle qu'il y a déjà eu des BAPE génériques
qui ont été réalisés dans des périodes assez rapides, des six mois. Donc, on
est dans des délais assez courts, mais qui nous permettraient d'obtenir ce plan, cette vision générale dont nous avons
besoin pour être capables de prendre les bonnes décisions stratégiques
pour l'avenir du Québec et de notre planète, aussi, puisqu'on parle de
transition énergétique dans un cadre de changements climatiques.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le député. M. le ministre, vous souhaitez
prendre la parole?
M. Skeete : Ravi
de souhaiter la bienvenue au collègue. Il n'était peut-être pas à l'affût des
dernières discussions sur le sujet des BAPE, mais on a fait le tour, la semaine
passée. La bonne nouvelle, c'est qu'on a un BAPE, ici, qui porte précisément
sur le sujet et qui porte entièrement sur la ligne. Puisqu'on est ici pour
étudier l'article 1 et aussi les autres articles du projet de loi n° 13, je pense qu'on a tout ce qu'on a besoin pour
avancer, aujourd'hui.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le ministre.
M.
Grandmont : Je peux y aller d'une réponse?
Le Président (M.
St-Louis) : Vous souhaitez...
M.
Grandmont : Poursuivre? Oui, merci beaucoup.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y, la parole est à vous.
M.
Grandmont : Merci pour votre réponse. Maintenant, oui, je comprends
bien qu'on a un BAPE qui portait exactement sur le projet de loi, puis c'est
justement pour aller plus largement, en fait, sur la question générale de la transition énergétique au Québec, de la
stratégie qu'on doit développer au Québec pour s'assurer que les «moves»
qu'on va faire, que les actions que nous
allons mettre en place, au Québec, répondent bien aux besoins des Québécoises
et des Québécois, des communautés qui seront potentiellement touchées. On doit
avoir une feuille de route générale.
D'ailleurs, le
rapport du BAPE montrait bien que le contrat représentait, là, 7 % à
10 % de ce qui aurait... de ce qu'on aurait besoin de plus à construire,
de ce qu'on aurait besoin de plus à construire d'ici 2050, donc ce qui fait que
ça devance, en fait, le moment où, théoriquement, on devrait manquer
d'électricité au Québec. Ça a un impact, même,
ce projet de loi très précis, ce projet-là en tant que tel a un impact, de
manière générale, là, sur la consommation d'énergie, ce qu'on a comme
capacité, au Québec, en termes de production et de demande en électricité.
Donc, je le
redemande, est-ce qu'il est possible d'avoir un mécanisme, qui pourrait être un
BAPE générique? Est-ce qu'on peut avoir un mécanisme qui nous permettrait
d'élaborer une réelle stratégie énergétique pour les prochaines décennies au
Québec?
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le député. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Skeete : Bien,
M. le Président, le collègue a raison, ce projet de loi là va avoir un impact,
il va avoir un impact sur la manière dont les gouvernements du Québec, présents
et futurs, vont négocier avec les communautés autochtones. Il va avoir un
impact aussi quand on considère qu'on va enlever l'équivalent de 44 % des
voitures qui sont actuellement sur les routes, dans la ville de New York, et
l'équivalent de 1 million de voitures de moins qu'on va avoir, en termes d'émission de carbone. Le
collègue a raison, on va avoir un impact, ça va générer des milliards de
dollars de revenus pour l'État du Québec, qui va lui permettre, à lui-même
aussi, d'investir dans ses services sociaux, à
la décarbonation de notre propre économie. Donc, je suis d'accord avec le
collègue que ce qu'on fait aujourd'hui va être porteur et va nous
permettre de faire beaucoup de choses. Alors, sur ce point-là, je le rejoins.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le ministre.
M. Grandmont :
...permets de reposer ma question
d'une manière... une troisième fois, mais de manière différente. Le collègue me ramène... nous ramène aux impacts
positifs qu'il perçoit à travers ce projet de loi là. Je l'entends bien. Ça
participe, évidemment, à la décarbonation de l'économie. Évidemment, je suis
d'accord, je le rejoins là-dessus aussi, sur le fait que les émissions
de gaz à effet de serre, il faut voir ça par-delà les frontières, évidemment,
c'est un enjeu qui... Si on peut avoir un impact ailleurs, tant mieux,
faisons-le, tu sais? Mais de manière générale, de manière générale, sur
l'avenir du Québec, sur l'avenir des projets que nous allons développer, sur la
façon dont nous allons développer ces projets-là et qui auront aussi un
impact...
Parce que bâtir...
manquer d'électricité dans trois, dans quatre ans, dans... tu sais, dans trois
ou quatre ans puis éventuellement se lancer dans la création de nouveaux
projets va avoir un impact aussi sur des communautés, va avoir un impact. Si on crée des nouveaux barrages,
vous n'êtes pas sans savoir que ça a, évidemment, un impact sur les communautés
qui sont riveraines et qui peuvent être, potentiellement, déplacées, par
exemple. Ça a des impacts environnementaux, ça a des impacts économiques. Et on
doit avoir, comme la société civile l'a demandé, une réelle stratégie gouvernementale énergétique au Québec,
ce que nous n'avons pas en ce moment. On fait des projets à la pièce.
Donc, est-ce que le
ministre est d'accord avec l'idée qu'on doit avoir une stratégie énergétique
globale pour le Québec, qu'on doit y
travailler dès maintenant et que cette stratégie-là pourrait être élaborée au
cours d'un processus tel qu'un BAPE générique sur l'avenir énergétique
du Québec?
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le député. M. le ministre, la parole est à vous.
• (10 heures) •
M. Skeete :
Je rappellerais au collègue que, dans le cadre du projet de loi n° 13, il y a déjà eu un BAPE. Le BAPE a été fait, commandé, livré et il donne des recommandations. Je
rappellerais aussi au collègue qu'on sort, il y a à peine six mois,
d'une élection où est-ce que les citoyens du Québec ont donné un mandat au
gouvernement de procéder à faire des chantiers qu'il avait promis qu'il ferait,
de... entre autres, ce projet de loi là qui a... ce projet-là qui a été débuté
avant le mandat actuel. Donc, moi, je pense qu'on a tout ce qu'on a de besoin,
côté légitime, gouvernance, côté responsabilité, côté environnemental, je pense
qu'on a tout ce qu'on a besoin, M. le Président, pour procéder dans l'article de notre projet de loi n° 13. Puis, si
le collègue souhaite débattre d'une vision d'ensemble, je l'inviterais à
faire ses démarches autrement, puisqu'ici on se retrouve tous réunis, en ce
beau mardi, pour parler du projet de loi n° 13.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le ministre. Alors, Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, vous souhaitiez prendre la parole, la parole est à vous.
Mme McGraw : Oui.
Merci, M. le Président. Et bonjour. Bonjour, collègues. Donc, c'est sûr qu'on
veut procéder à l'étude détaillée de ce
projet de loi important. Je pense qu'on a souligné, tout le monde, on a
souligné l'importance du projet, aussi l'aspect innovateur en tant
que... l'entente, le partenariat avec la nation mohawk, entre autres. Et on souligne aussi, parmi les six points
que la grande chef Sky-Deer a soulignés, il y avait leur participation aux
évaluations environnementales, ce qui nous rassure.
Je voulais peut-être
prendre un moment, par contre, pour souligner ce qu'on avait dit la semaine
passée, lorsqu'on attendait le rapport du BAPE. Là, on a pris la fin de semaine
de regarder le rapport du BAPE. On est contents de recevoir ce rapport-là parce
que c'est important, comme on l'avait dit, de regarder le projet dans son ensemble et de prendre l'approche intégrée et
équilibrée du développement durable, c'est-à-dire le volet économique,
le volet social, le volet environnemental. Alors, on voulait prendre le temps,
quand même, de resouligner ce qu'on avait souligné la semaine passée, après
avoir reçu le rapport.
C'est que je trouve
que c'est quand même exceptionnel et extraordinaire que le BAPE est sorti de
son mandat qui a été donné par le gouvernement, pour souligner, et je pense que
c'est quand même extraordinaire d'avoir
souligné qu'on devrait avoir des consultations, une participation active et
inclusive de la société civile, en vue de l'importance de ce sujet, en
vue du fait qu'on ne peut pas procéder à l'improvisation sur notre futur
énergétique. Et je voudrais rappeler que notre formation, notre chef, lorsqu'il
a rencontré le premier ministre, en janvier, il a tout de suite parlé, puis c'était une priorité du début,
pour nous, d'une commission nationale itinérante sur notre futur énergétique,
justement, pour éviter l'improvisation. Et le BAPE, de façon polie mais assez
claire, il souligne le même point.
Donc, je pense que c'est quand même important,
parce que ce qu'ils disent, c'est qu'il faut une planification qui concilie nos besoins en approvisionnement et
ses projets d'exportation d'électricité. Dans un article sur Volkswagen,
la semaine passée, on a le ministre de l'Économie qui
dit : On n'a pas... on a raté ce projet-là parce qu'on n'avait pas assez
d'électricité, on n'avait pas assez d'énergie. Et, dans le même article, à
Hydro-Québec : Oui, effectivement, on... Donc, je pense que ça confirme
que c'est de l'improvisation, et on ne peut pas se permettre l'improvisation
sur l'enjeu le plus important du XXIe siècle, c'est-à-dire les changements
climatiques et l'énergie qui y est reliée, pour, justement, atteindre la
carboneutralité d'ici 2050.
Donc, je prends le
temps de souligner ce point, encore une fois, c'est hors de l'ordinaire, c'est
extraordinaire que le BAPE est sorti de son mandat, justement, pour souligner
ce point-là. On voulait aussi souligner le fait que, oui, on a pris le temps de regarder, de bien analyser le rapport du
BAPE, mais on souligne que ça a été une consultation ciblée, ça n'a pas été une consultation générique,
ça n'a pas été une consultation générale. On aurait préféré une consultation
générale.
Et
donc la question que je poserais au gouvernement ou au ministre, c'est
justement : Est-ce que le gouvernement s'engage? Comment ils répondent à cette recommandation importante du
BAPE, du rapport qu'eux-mêmes, le gouvernement, le ministre de
l'Environnement, avaient demandé, mandaté par le gouvernement? Comment ils
réagissent à cette recommandation quand même extraordinaire du BAPE d'avoir des
consultations générales, une participation active et inclusive? Comment ils
réagissent à ça? Parce qu'on sait que le gouvernement nous dit : On va
avoir un processus sur notre futur énergétique. Ça a l'air de quoi et comment
on répond à cette recommandation extraordinaire du BAPE?
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Skeete : Bien,
je commencerais par rappeler à la collègue ce qu'on s'est dit la semaine
passée. Je vous avais dit qu'il va y avoir, au mois de mai, une consultation
sur la réforme de la loi de l'énergie. Il va y avoir aussi un dépôt d'un mémoire
à l'automne. Donc, tous les voyants sont au vert pour qu'on ait une discussion,
tout le monde. Je vous rappelle, si on est ici aujourd'hui, dans le processus
actuel, c'est bien parce qu'on explique la vision et on veut montrer qu'est-ce qu'on veut faire. On est ici
pour adopter un projet de loi qui est le fruit de cette vision-là. Donc, on a toujours
la chance de poser des questions, on a toujours la chance d'expliquer où on
veut aller. Vous avez toujours cette opportunité-là.
Nous avons le devoir
de vous répondre, il y a de multiples façons pour le faire, et on le fait déjà
à plusieurs égards, que ce soit par des
entrevues avec les médias, soit avec des réponses en Chambre, soit avec des
interpellations qu'on peut faire, soit avec des études de projets de
loi, soit avec des BAPE qui sont déposés, justement, pour... en lien avec des aspects particuliers d'une vision du
gouvernement. Puis, en plus, comme je vous dis, je vous rappelle, on va
avoir cette grande discussion-là au mois de mai, lors de la réforme sur la loi
de l'énergie. Donc, M. le Président, je pense que tout est là pour qu'on puisse
avoir cette discussion-là. Ma présence ici, le fait qu'on dépose des projets de
loi sur le sujet vous démontre qu'on est
prêts à discuter et qu'on veut faire valoir notre vision en matière d'énergie
en général.
Le Président
(M. St-Louis) : Merci, M. le Ministre.
Mme McGraw :
J'ai une question très précise — merci, M. le ministre, pour
votre réponse — une
question très précise : Là, vous parlez
de consultations en mai, est-ce que vous pouvez, suite à la recommandation
extraordinaire du BAPE qui a été mandaté par ce gouvernement... est-ce
que vous allez être guidés par la recommandation d'avoir des consultations ou
une participation inclusive et active de la société? Parce qu'ils disent que
c'est des enjeux qui vont au-delà du
gouvernement, de la responsabilité gouvernementale, c'est vraiment des
changements sociétaux. Alors, est-ce que vous prévoyez, dans ces
consultations-là, une approche inclusive, participation de la société civile?
M. Skeete :
M. le Président, la définition même d'une consultation, c'est que les
gens qui ont un intérêt vont être convoqués,
les gens qui ont des choses à dire vont être convoqués. Là, si la collègue me
demande la forme exacte de cette consultation-là, je n'ai pas ça devant
moi maintenant, là, mais l'idée derrière une consultation, bien sûr, c'est de consulter les acteurs qui peuvent nous aider à
prendre les meilleures décisions, les gens, les experts, les spécialistes, les
scientifiques, les gens de l'environnement, les gens aussi qui travaillent avec
nous au niveau d'Hydro-Québec. Donc, tous ces gens-là, je pense, vont pouvoir
se mettre à contribution, et on va avancer dans le dossier, avoir ces
discussions-là. Donc, je ne peux pas vous dire exactement la forme que ça va
avoir et le qui précis qui va y être, mais la définition même d'une
consultation, c'est qu'on consulte.
Le Président
(M. St-Louis) : Merci, M. le ministre.
Mme McGraw :
Donc, juste pour préciser, je comprends que vous n'avez pas les réponses
aujourd'hui, mais ça, ça m'inquiète un peu, aussi, parce qu'on est rendus
presque en avril et on parle d'une consultation en mai sur l'enjeu prioritaire du XXIe siècle, donc ça
me préoccupe. Si vous n'avez pas les réponses aujourd'hui, là, M. le ministre,
est-ce qu'on va pouvoir, ici, en commission, pendant cette étude détaillée,
avoir ça va être quoi, l'approche? Qui va être invité? Ça va être quoi,
l'approche? Ça va être quoi, le «time line», le... — je n'ai pas le mot...
Une voix : ...
Mme McGraw :
... — l'échéancier,
merci, pour ces consultations-là? Les experts, vous parlez d'experts, vous parlez de scientifiques, des parties
prenantes, est-ce que le public va être consulté, en plus des groupes environnementaux, des groupes du milieu des affaires,
scientifiques? L'échéancier, qui va participer? Est-ce qu'on peut avoir plus de
détails pendant cette étude ou, du moins, en commission, cette commission?
Le Président
(M. St-Louis) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, la parole
est à vous.
M. Skeete : Bien, je pense que j'ai
répondu à la question, M. le Président. Moi, je considère qu'on est ici pour
étudier le projet de loi n° 13. Dans le cadre du projet de loi n° 13, je pense qu'on a tout ce qu'on a de besoin pour avancer.
Le Président
(M. St-Louis) : Merci, M. le ministre.
• (10 h 10) •
Mme McGraw :
Donc, juste, peut-être, pour conclusion, parce qu'on veut aussi avancer,
donc c'est un projet très important, un projet de loi puis un projet très
important, on est d'accord, surtout à cause de l'entente historique avec la
nation mohawk, mais on veut prendre... Mais, quand même, le BAPE... Parce qu'on
a reçu le BAPE, jeudi après-midi, on n'avait pas eu la chance de regarder
avant, donc je pense que c'est important de prendre le temps de souligner leur recommandation extraordinaire de, justement,
avoir des consultations, une approche inclusive et qui relève du public,
et aussi de souligner que, bien qu'on... même si on appuie ce projet n° 13, ce projet de loi n° 13
et le projet Hertel, interconnexion Hertel-New York, quand même, il nous manque
des informations importantes, parce que ce n'est pas clair comment on va, à
l'avenir, combler les besoins énergétiques des Québécois, et en même temps
atteindre la carboneutralité, et en même temps avoir des exportations.
Donc, il faut quand
même regarder le contexte, que, même si c'est un bon projet de loi, le
contexte, quand même, est préoccupant, parce qu'on n'a pas toutes les
informations et on n'est pas convaincus qu'on va prendre les moyens... On
espère avoir une planification qui est basée sur la science, la participation
active de la société civile, les experts,
etc., donc on espère avoir plus de détails là-dessus, M. le Président, d'ici la
fin de l'étude détaillée, de préférence, sinon, au moins, en commission dans les prochains jours, sinon les
prochaines semaines, pour ne pas être présentés avec un fait accompli,
en mai, qui ne répond pas à la recommandation extraordinaire du BAPE.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, Mme la députée. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
St-Louis) : Alors, l'article 1 est adopté. Nous allons maintenant
procéder à l'étude de l'article 2. M. le ministre, si vous voulez bien en
faire la lecture, la parole est à vous.
M. Skeete :
«Hydro-Québec peut, par entente écrite, céder la propriété de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York ou tout droit qui y est rattaché ainsi que la
propriété de tout immeuble ou de tout droit rattaché à un immeuble acquis pour
la construction et l'exploitation de cette ligne en faveur de la Société, soit
la personne morale ou la société constituée par Hydro-Québec ou par l'une de
ses filiales en propriété exclusive et par le Conseil mohawk de Kahnawake ou par une personne morale dont il détient,
directement ou indirectement, la totalité des actions. Si la Société est
une société en commandite, ils doivent constituer la personne morale qui est le
commandité.»
Commentaires :
L'article 2 du projet de loi prévoit que la cession de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York et des immeubles concernés doit être
effectuée par entente écrite. Il prévoit aussi que cette cession peut
uniquement être faite par une personne
morale ou une société de personnes constituée par Hydro-Québec ou par l'une de
ses filiales en propriété exclusive et par le Conseil mohawk de
Kahnawake ou par une de ses personnes morales dont il détient, directement ou
indirectement, la totalité des actions et que, si la cession était faite à une
société en commandite, ils devraient
constituer la personne morale qui est le commandité. Tout au long du projet de
loi, la personne ou la société cessionnaire sera appelée «Société».
Cet
article est le coeur du projet de loi. En effet, l'article 29 de la Loi
sur Hydro-Québec prévoit qu'elle ne peut céder des actifs encore utiles à ses opérations. L'article 3 du projet
de loi vient donc remédier à la situation en permettant la cession, mais
uniquement dans la mesure prévue au projet de loi.
J'aimerais
faire une correction, M. le Président : «L'article 2 du projet de loi
vient donc remédier à la situation.»
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci,
M. le Président. Donc, compte tenu de la nature historique de cette entente
puis qu'on espère qu'au Québec et ailleurs
il va y avoir d'autres ententes avec les nations, avec les communautés autochtones,
on est convaincus qu'il faut bien faire les choses. Donc, la première question,
c'est : Est-ce que le ministre, en vue de cette entente historique, est
prêt à faire preuve de transparence et de s'assurer que les détails de
l'entente, notamment quant à la structure juridique, soient rendus publics?
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, Mme la députée. M. le ministre, la parole est à
vous.
M. Skeete : Donc, le projet de loi
nous donne le mandat et donne le mandat à Hydro-Québec de procéder à une entente avec le Conseil mohawk. La création de
la filiale, la nouvelle société, va nous permettre de faire ce qu'on ne peut pas faire actuellement, c'est de créer une société
et d'y céder des droits. Pour ce qui est d'avoir l'aspect public de l'entente, malheureusement, pour des
contraintes juridiques et de confidentialité, ça ne peut pas être public. Par
contre, ça va être les détails qui permettent à Hydro de céder sa
propriété à cette filiale-là dans le but d'exploiter la ligne d'interconnexion.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il d'autres...
Mme McGraw : Oui.
Le Président (M. St-Louis) : Mme la
députée.
Mme McGraw : Donc, il semble y avoir
beaucoup de flexibilité quant aux types d'ententes qui pourraient être
effectuées entre les deux parties. Donc, la question, c'est — pour
le ministre, pour le gouvernement : Est-ce que c'est parce qu'il n'y a aucune entente, présentement, signée entre les
deux parties ou... Oui, juste pour avoir une explication.
M. Skeete : ...M. le Président,
actuellement, il n'y a pas d'entente. C'est une des raisons pour laquelle le
gouvernement est motivé et a le goût d'aller rapidement. Si on veut considérer
un autre aspect du BAPE qui a été mentionné, l'importance de faire en sorte que
les lignes soient enfouies avant le dégel, si on considère qu'on doit encore
signer l'entente avec le Conseil mohawk, si on considère l'échéance du contrat
et notre obligation de livrer l'électricité à un moment opportun, c'est la
raison pour laquelle le gouvernement est motivé à aller rapidement. Et, pour le moment, il n'y a pas d'entente. Ça va
venir par la suite, une fois qu'on a le cadre légal pour entériner... ou pour
entamer cette discussion-là, légale.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme McGraw : On comprend que
l'entente, c'est entre Hydro-Québec et la nation ou le Conseil mohawk. Est-ce
que vous avez une idée de quand est-ce que l'échéancier par rapport à...
M. Skeete : M. le Président, ça va
être rapide. L'idée, ici, c'est... Comme je vous ai dit, on a un échéancier
très serré pour ce qui est de notre entente avec New York, donc on a intérêt à
ce que ça soit signé rapidement. Mais on ne veut pas présumer, là, du délai. Ça
dépend de nos partenaires, le Conseil mohawk, et les discussions qui vont avoir
lieu. Donc, c'est pour ça qu'on souhaite maximiser le plus possible le temps
qu'on va avoir pour avoir des rencontres fructueuses et se donner le temps de
faire bien les choses, comme la collègue le souhaite.
Mme
McGraw : Je voudrais peut-être, en conclusion, juste
souligner le fait qu'on comprend la confidentialité. Mais peut-être un point de principe, c'est, compte
tenu de l'importance de cette entente et de la nature historique, s'il y a possibilité qu'il y a des éléments qui seraient
plus publics... ou d'un principe, parce qu'on espère quand même... Ça va
guider des ententes futures ici, au Québec, et peut-être ailleurs, donc on
voulait juste souligner ce point-là.
M. Skeete : Oui, bien, c'est un
excellent point. Je suis confiant qu'il va y avoir certains aspects de cette
entente-là qui vont devenir publics. Par contre, la collègue devrait aussi se
souvenir que le gouvernement souhaite répéter
cette belle initiative à l'avenir et avoir d'autres ententes avec d'autres
communautés. Et, si les détails confidentiels du gouvernement étaient
connus par tous, on se mettrait stratégiquement à un désavantage. Donc, il y a
une manière de balancer le tout. L'importance, pour nous, c'est d'avoir un
contrat qui va être signé de bonne foi avec nos partenaires, qui va nous
permettre de faire ce qu'on doit faire et ce qu'on veut faire puis en même
temps, aussi, de respecter la
confidentialité de notre partenaire, qui, eux aussi, ont le droit à ce que
l'entente soit privée. Donc, on essaie de balancer tout ça, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Oui, M. le député de
Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Oui. Merci beaucoup,
M. le Président. D'abord, je dois dire qu'effectivement on est très heureux,
là, que la nation mohawk soit impliquée dans ce projet-là. C'est quelque chose
qu'on demande depuis longtemps. On sait combien c'est important de travailler avec
les acteurs clés sur le terrain. Puis évidemment, bien, les projets
d'hydroélectricité ou d'électricité de manière générale, au Québec, sont
souvent dans des milieux, en fait, ou sur
des territoires qui appartiennent... ou sur lesquels sont implantées, là, les
Premières Nations. Donc, évidemment, sur
le principe général, on est extrêmement contents de voir qu'il y a cette
propension ou cette volonté gouvernementale, là, de multiplier... d'avoir des ententes comme celles-là mais aussi de
les multiplier, aussi, dans l'avenir. Donc, je reçois très positivement
cette volonté de la part de mon collègue.
• (10 h 20) •
Maintenant, la nature de l'entente, elle, nous
pose question, quand même, malgré tout. Aussi contents soit-on de l'entente, la
nature nous pose question, parce que c'est quelque chose de nouveau. On n'avait
jamais vu ça, c'est... En fait, il y a un
exemple, c'est le Cedar Rapids Transit, le CRT, comme vous le connaissez bien,
ce projet où il y avait aussi une filiale qui avait été créée pour transporter
l'électricité. C'est une entente que vous connaissez sans doute très, très bien, puis pour laquelle ça ne s'était pas
nécessairement très bien passé, de notre point de vue. Et ce qu'on veut être
capables d'avoir comme assurance, dans le cadre de cette entente avec la
communauté, avec le Conseil mohawk, c'est de
s'assurer que cette expérience du CRT ne se reproduise pas. On veut être sûrs
que les choses se passent bien,
autant au bénéfice de la nation mohawk que l'ensemble des Québécois, aussi, qui
demeurent toujours le principal actionnaire d'Hydro-Québec.
Donc, j'aimerais comprendre un peu, puis
peut-être que le ministre pourra mettre à contribution l'expertise juridique
qu'il a avec lui aujourd'hui... mais qu'on comprenne bien en quoi cette entente
avec la nation mohawk, avec le conseil,
n'est pas, en quelque part, une privatisation partielle, du moins, là, des
activités d'Hydro-Québec transport.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Je répondrais par... Je
connais le souci du collègue et de son parti par rapport à la collaboration avec les nations autochtones. On doit travailler
en collaboration, en respect, de nation à nation. C'est ce que ça veut dire,
ce qu'on fait aujourd'hui, c'est d'embarquer dans des ententes formelles qui
nous lient, qui formalisent des structures, qui nous permettent d'aller de
l'avant. Je ne peux pas... je n'ai pas le goût vraiment de m'embarquer dans le débat de sémantique, si c'est privé ou pas, je
vais laisser au collègue de juger par lui-même comment il voit ça, mais ça
ressemble à ça, un deal de nation à nation qui respecte les juridictions, les
compétences et l'histoire uniques de chacun.
Ça ressemble à ça, un deal comme ça. Nos partenaires vont faire des sous avec
ça, ils vont investir des sous avec ça. Nous, on va investir des sous
là-dedans et on va être responsables de la gestion.
Moi, je présume et on présume de la bonne foi de
tous les partenaires, de toutes les parties. Si le collègue veut une garantie
que ça ne va pas mal tourner, je pense que personne ne peut donner ce genre de
garantie là. C'est la raison pour laquelle on négocie de bonne foi et on fait
tout dans notre possible pour éviter que ça arrive. Et, quand tous les astres
s'alignent et que tout le monde est de bonne foi, normalement, ça va bien. Mais
vous avez raison, c'est une façon nouvelle
de procéder. Qui dit nouveauté, nécessairement, peut dire un certain risque,
mais c'est un beau risque, comme disait l'autre, et je pense que c'est
une belle opportunité pour nous de revoir nos façons de faire. Alors, voilà.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Grandmont : Oui. Je remercie le
collègue pour sa réponse. Le beau risque dont il fait mention avait plutôt mal
viré pour le Québec, donc je vais prendre sa réponse avec des pincettes... avec
un grain de sel, pardon.
En fait, est-ce qu'il est capable de... Je
reviens quand même là-dessus, c'est quand même important, il l'a dit lui-même, c'est une première... en fait, c'est une
seconde... un second projet, c'est une seconde entente de ce type-là, là, puis
la première n'avait pas été très concluante pour le Québec, donc, d'où notre
inquiétude par rapport à ce projet-là. Est-ce qu'il est capable de nous
dire, par exemple, que... Parce que c'est une chose qu'on a quand même entendue
et sur laquelle on a attiré notre attention, c'est qu'il y avait quand même une
possibilité que, par exemple, pour notre... pour
ce partenaire-là, de charger... Tu sais, la structure est faite en sorte que,
dans le fond, on va avoir une nouvelle entité qui va charger à
Hydro-Québec des frais d'administration, des frais qui, après ça, nous aussi,
comme société d'État... on va charger,
aussi. Est-ce qu'il n'y a pas une espèce de double niveau de facturation
possible qui serait amenée à être, en bout de ligne, là, facturée au
client, en bout de ligne?
Le Président (M. St-Louis) : ...
M. Skeete : M. le Président, merci.
Bien, je rappellerais au collègue que la Régie de l'énergie a déjà donné son
feu vert à ce projet-là et ne voyait pas d'embûche et d'impact négatif sur le
consommateur. Je rappellerais aussi au collègue que cette ligne de
transmission, aujourd'hui, nous permet de vendre de l'électricité ou va nous
permettre, un jour, à vendre de l'électricité à nos voisins. Mais c'est aussi
une capacité qu'on va avoir, à l'avenir, pour recevoir de l'énergie. Nos
voisins du Sud continuent à investir de manière massive dans leur capacité
électrique et, qui dit, un jour, peut-être,
on aurait besoin de leur électricité. C'est l'avantage de cette ligne-là, c'est
que ça nous prépare, justement, pour l'avenir, peu importe à quoi il va
ressembler, donc. Puis en terminant, pour rassurer le collègue, même dans cette nouvelle structure-là, Hydro-Québec demeure
majoritaire et maintient le contrôle et la propriété de l'équipement.
Donc, il n'y a pas de souci non plus à avoir par rapport à l'exploitation du
bien.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Grandmont : Oui, merci. En ayant
une nouvelle filiale, en fait, là, qui va s'occuper de transporter
l'électricité vers vers l'État de New York, est-ce qu'on est en train de créer
un réseau, un sous-réseau, en fait, là, sur lequel la Régie de l'énergie n'aura
plus de contrôle, ne pourra plus avoir droit de regard sur la façon dont les...
sur les mécanismes, dans le fond, sur la façon dont les prix seront fixés? Moi,
c'est une question qui nous interpelle beaucoup, et j'aimerais savoir...
j'aimerais avoir l'avis, là, de l'expertise juridique, là, du ministre sur
cette question précise.
M.
Skeete : Bien, la réponse c'est non, puis la régie a déjà
dit qu'ils ne voyaient pas d'impact. Alors, il n'y aura pas d'impact pour le consommateur. Je comprends,
je pense comprendre le sens de la question du collègue. C'est une pente glissante vers un monde dystopique, là, où
est-ce que l'Hydro, là, on ne le contrôle plus. On n'est pas là-dedans. Hydro maintient le
contrôle de la ligne, maintient le contrôle de la société, avec sa part
majoritaire, et aussi est la seule responsable de l'exploitation.
M.
Grandmont : J'aimerais... Tantôt, le ministre a dit quelque chose qui
m'a interpellé, qui m'a intéressé beaucoup, c'est le fait que la ligne peut
servir dans les deux sens, dans le fond. Un jour, peut-être, c'est nous qui
irons acheter de l'électricité dans l'État de New York pour répondre à nos
besoins à nous. Est-ce que ce contrôle par la régie des prix de l'énergie
serait le même, en fait, si c'est nous qui importons de l'électricité? Je
comprends que, pour une exportation, c'est une chose, mais pour l'importation
d'électricité, est-ce que c'est la même chose? La régie demeurerait toujours
l'autorité qui fixerait les prix pour les consommateurs et pour les entreprises
québécois, même advenant le cas où c'est nous qui importions de l'électricité?
M. Skeete : Je
rassure le client que c'est oui.
Une voix :
...
M. Skeete :
Le client... Le collègue, pardon. Je suis en mode Hydro-Québec, clients.
M.
Grandmont : Oui, j'irai avec... en conclusion, là, on proposera un
amendement, en fait, là, qui vous a déjà été envoyé. Mais en gros, là,
l'article 2 du projet de loi serait modifié par l'ajout, à la fin, du
nouvel alinéa : «La Société conserve les mêmes obligations qu'Hydro-Québec
en vertu de la Loi sur la Régie de l'énergie.» Donc, nous proposons cet amendement-là.
Je pense qu'il vous a été envoyé.
Le Président (M.
St-Louis) : Alors, l'amendement va être déposé au Greffier.
M. Skeete : ...courte
suspension pour prendre connaissance de l'amendement.
Le Président (M.
St-Louis) : Donc, nous suspendons les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à
10 h 29)
(Reprise à 10 h 30)
Le Président (M.
St-Louis) : Alors, nous reprenons les travaux. M. le député de
Taschereau, aviez-vous des explications et/ou commentaires sur l'amendement, avant
que je cède la parole à M. le ministre?
M.
Grandmont : Oui, évidemment. Merci beaucoup, M. le Président. Bien,
comme je l'ai mentionné tantôt, nous, on
veut s'assurer, par la présentation de cet amendement-là, que la régie demeure
toujours l'autorité par laquelle les prix de l'électricité, de l'énergie soient
fixés au Québec, autant pour les entreprises que pour les particuliers,
et, ça, dans les deux sens, évidemment, comme l'a mentionné le collègue tantôt,
où l'électricité circulerait, là. On veut s'assurer ainsi qu'on n'est pas en
train de créer une coquille juridique qui est opaque et qui échappe finalement
au contrôle de la Régie de l'énergie.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le député. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Je
vais lire un article pour le collègue : «La présente loi s'applique à la
fourniture, au transport et à la distribution d'électricité...» Ça, c'est le
paragraphe 1 de la Loi sur la Régie de l'énergie. Donc, on est déjà là. En
deuxième lieu, le prochain article... le prochain article de loi dans le projet
de loi n° 13 vient renforcer ça davantage pour dire
qu'Hydro-Québec est le seul exploitant. Donc, je pense que tout est là pour en
arriver à la même fin que ce que le collègue souhaite, M. le Président.
Le Président (M.
St-Louis) : M. le député.
M.
Grandmont : ...
Le
Président (M. St-Louis) :
...sur l'amendement proposé par le député de Taschereau? Donc, comme il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix de l'amendement.
Est-ce que l'amendement tel que proposé est adopté?
M.
Grandmont : Je vous demanderais un vote par appel nominal, s'il vous
plaît.
Le Président (M.
St-Louis) : M. le secrétaire, à la demande du député de Taschereau, la
mise aux voix se ferait par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Grandmont (Taschereau)?
M. Grandmont : Pour
l'amendement.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Bernard
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue)?
M. Bernard : Contre.
Le Secrétaire : M. Jacques
(Mégantic)?
M. Jacques : Contre.
Le Secrétaire : M. Sainte-Croix
(Gaspé)?
M. Sainte-Croix : Contre.
Le Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Contre.
Le Secrétaire :
Mme Dufour (Mille-Îles)?
Mme Dufour : Contre.
Le Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Alors, l'amendement tel que déposé est rejeté.
M. Skeete : ...s'il vous plaît, M.
le Président.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le ministre. Juste avant l'appel de mise
aux voix de l'article 2, y a-t-il d'autres interventions? Donc,
comme il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix de l'article 2. Est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
l'article 2 est adopté. Nous allons donc procéder maintenant à l'étude de
l'article 3. M. le ministre, si vous voulez bien en faire la lecture.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
«L'objet de la Société est limité à l'exercice des activités de transport
d'électricité qu'Hydro-Québec peut exercer au moyen de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York.
«À cette fin, la société dispose des mêmes
pouvoirs qu'Hydro-Québec dans l'exercice de ses activités et bénéficie de tous
les droits de cette dernière, à moins que son [actif constitue] ne [...] lui
retire ou ne [lui] restreigne.»
Commentaires : L'article 3 du projet
de loi prévoit que la société n'exerce que les activités de transport d'électricité qu'Hydro-Québec peut exercer au
moyen de la ligne et qu'à cette fin la société dispose des mêmes pouvoirs et
droits qu'Hydro-Québec, sauf si l'acte constitutif de la société vient lui en
enlever ou en prévoit des limites.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions
sur l'article 3? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole
est à vous.
Mme
McGraw : Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
pourrait nous expliquer sous quelles circonstances l'acte constitutif de
la société pourrait restreindre ou retirer ses pouvoirs et droits?
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Skeete : Je vais demander à la juriste d'expliquer le tout
à la collègue avec votre permission, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Je dois
demander à la commission pour... L'intervention est acceptée? Merci. Allez-y,
la parole est... Pouvez-vous vous nommer d'abord et ensuite... Merci.
Mme
Desbiens (Geneviève) :
Merci, M. le Président. Alors, Geneviève Desbiens. Je suis avocate au ministère
de la Justice.
Dans l'acte constitutif, ce qu'on dit ici, à
l'article 3, c'est que certains pouvoirs pourraient être retirés à la société. Par exemple, Hydro-Québec a beaucoup,
beaucoup de pouvoirs en vertu de sa loi pour produire ou transporter de
l'électricité. Donc, elle pourrait, la société... on pourrait lui restreindre,
disons, certaines acquisitions, certaines possibilités d'acquisition ou
certaines possibilités... en fait, n'importe quel pouvoir qui serait dans la
loi, certaines possibilités de construction ou certaines possibilités d'agir,
finalement, parce que ses activités ne sont que du transport d'électricité. Donc, c'est ce genre de pouvoir là qui pourrait
être restreint, mais, comme on ne sait pas encore sous quelle forme la société
va être constituée, on ne peut pas, à l'heure actuelle, dire avec certitude
quel pouvoir pourrait être restreint, mais c'est ce genre de pouvoir.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Me Desbiens. M. le ministre, vous désiriez...
M. Skeete : Je vais compléter aussi.
Dans le fond, ce que la collègue devrait comprendre, c'est que cet article-là a
comme objectif de maintenir justement le pouvoir d'Hydro-Québec dans toute
décision future, donc, puis aussi ça devrait
rassurer le collègue de Taschereau également, pour dire que Québec...
Hydro-Québec va toujours garder la mainmise sur le processus décisionnel
et exécutoire de cette nouvelle société-là. Donc, si on fait confiance à
Hydro-Québec, on devrait faire confiance à cette société-là qui sera détenue à
majorité par Hydro-Québec.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme McGraw : Donc, si je comprends
bien, juste m'assurer de bien comprendre, une fois que ça va être plus clair,
le format ou, j'oublie le mot, la société, la nature de la société, parce que
ce n'est pas encore décidé, il pourrait y avoir la possibilité que certaines,
par exemple, possibilités d'acquisition, construction et même certaines actions, à part du transport, qui pourraient être
restreintes ou retirées, mais on ne peut pas répondre tant qu'on ne sait pas
c'est quoi, la nature de la société. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Skeete : Dans le fond,
l'article 3 vient s'assurer qu'on garde toujours le contrôle, peu importe
la finalité de l'entente, sur tout ce qui est l'exécution de cette ligne
d'interconnexion là. Donc, c'est une disposition qui vient s'ajouter par-dessus
la future entente pour être sûrs qu'on garde le contrôle à l'intérieur
d'Hydro-Québec.
Mme
McGraw : Si je comprends bien, lorsqu'on va se décider sur
la nature de la société, on va faire en sorte de garantir plus ou moins
que le Québec et Hydro-Québec gardent le maximum de pouvoirs décisionnels.
M. Skeete : Oui. L'article vise à
être certain que la future entente est subordonnée à cet alinéa-là.
Mme McGraw : Je vous remercie.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? M. le
député de Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Oui, merci. Je me
questionnais, en fait, là, sur le fait que «la Société dispose des mêmes
pouvoirs qu'Hydro-Québec dans l'exercice de ses activités et bénéficie de tous
les droits de cette dernière». Bon, je comprends, là, la nuance de pouvoir
retirer. C'est quand même une notion importante, effectivement, qui me rassure
beaucoup, mais surtout, effectivement, ça nous permet de garder un certain
contrôle. Mais je me demandais pourquoi la société n'était pas assujettie aux
mêmes obligations qu'Hydro-Québec. Donc, de manière très générale, j'aimerais
comprendre cette nuance-là.
M. Skeete : Bien, rapidement, c'est
la nature même d'un contrat. Il y a une deuxième partie, qui est le Conseil
mohawk, qui est un partenaire dans ça. On ne peut pas les assujettir aux mêmes
contraintes que le gouvernement. Par contre, on vient se garder cette marge de
manoeuvre là dans le but justement de pouvoir prendre action si jamais ça ne
correspond pas à ce que le gouvernement voudrait ou ça ne répond pas aux
valeurs des Québécois. Donc, c'est le droit de base commercial. On doit faire
des ententes comme ça. Par contre, on se protège puis on protège le peuple
québécois par le fait qu'on détient la majorité, et donc on peut toujours
imposer notre désir futur sur l'entente, sur le contrat et sur la ligne.
• (10 h 40) •
M. Grandmont : Dans le... j'ai
utilisé l'exemple de CRT comme contre-exemple tantôt, en fait, pour montrer
combien ça peut mal fonctionner. En même temps, là-dedans, il y avait quelque
chose, un mécanisme qui nous permettait une certaine garantie. Il y avait quand
même des éléments... Évidemment, tout n'est pas tout noir ou tout
blanc tout le temps. Donc, dans la nuance, il y a des choses qui étaient quand
même intéressantes. Et je me demande pourquoi ce n'est pas reproduit dans ce
projet avec une filiale, et sans présumer évidemment, là, de l'expertise que pourrait avoir ou pourrait
développer plus ou moins rapidement, là, la nation mohawk sur ce projet-là.
Dans le projet CRT, il y avait quand même un certain nombre d'employés
d'Hydro-Québec qui étaient à l'intérieur du projet pour s'assurer
d'avoir une certaine expertise qu'on a, qu'on développe depuis des décennies au
Québec. Dans quelle mesure... Ma question,
je reviens sur les obligations : Dans quelle mesure il ne pourrait pas y
avoir cette obligation d'expertise présente déjà chez Hydro-Québec à
l'intérieur du projet, tout en ayant une filiale contrôlée par un tiers, en
l'occurrence, là, la nation mohawk?
M. Skeete : Le
désavantage de ce que le collègue propose, M. le Président, ce serait de nous
lier avant sur une entente qu'on ne connaît pas encore l'issue. Je vais vous
donner un exemple. La communauté mohawk va certainement faire des demandes,
pour être certaine qu'on inclut leur communauté dans la construction du projet,
de faire affaire avec leurs entrepreneurs ou certains de leurs entrepreneurs.
Nous, de notre côté, on a des employés aussi qu'on souhaite faire travailler.
Alors, ça va être quoi, la proportion, ça va être quoi, le ratio de chacun? Il
est trop tôt pour connaître cette réponse-là.
Alors, si on faisait
ce que le collègue suggère ou suppose dans sa question, ça aurait comme effet
de nous lier, ce qui pourrait être perçu par la communauté autochtone, dans le
cas, ici, le Conseil mohawk, comme de venir superposer en amont une restriction
sur une entente de bonne foi. Donc, je verrais mal qu'on puisse agir comme ça,
surtout quand le but de l'exercice, c'est de faire un partenariat où est-ce que
tout est possible. Sans savoir ce qu'ils vont demander, à quel niveau ils vont
le demander, si on se lie en amont, je pense qu'on vient défaire un peu
l'esprit d'ouverture de qu'est-ce qu'on souhaite faire avec cette entente-là.
M.
Grandmont : Si je peux poursuivre, oui, j'ai encore du temps? Merci.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y.
M.
Grandmont : Je comprends qu'on va élaborer un contrat avec ce
partenaire sur le terrain. Et donc ce que le collègue me dit, c'est
qu'éventuellement on va être en mesure de mesurer quelle implication, les
employés d'Hydro-Québec, par exemple, on
devra... on pourra ou on devra mettre à l'intérieur du projet, dans le fond,
comment le partage des
responsabilités ou comment le partage de l'expertise devra s'effectuer. Puis,
encore une fois, sans présumer de l'expertise actuelle, là, de la nation mohawk
sur ce projet-là, est-ce qu'on n'est pas en... est-ce qu'on ne devrait
pas plutôt... Je comprends les arguments de ne pas se lier, mais, en même
temps, est ce qu'on ne devrait pas, en tant que législateurs, s'assurer que le
projet se fasse de façon la plus adéquate possible, doive se faire de façon...
sécuritaire possible, selon les règles de l'art, comme on sait si bien le faire
depuis des années au sein d'Hydro-Québec?
Donc, je répète ma
question encore, là : Est-ce qu'on ne devrait pas, dans le fond,
assujettir... Sans présumer, encore une fois, de l'expertise, sans présumer des
besoins qui seront exprimés lors de la négociation du contrat, on ne devrait
pas, dans le fond, y aller pour une obligation... donner, en fait, les
obligations... demander les mêmes obligations à la filiale que ce qu'on aurait
fait pour Hydro-Québec elle-même, dans le fond?
M. Skeete : Bien,
M. le Président, j'essaie d'imaginer un monde où le gouvernement se dit vouloir
faire affaire avec un groupe autochtone de nation à nation, mais, en amont, se
lierait, créerait toutes sortes de contraintes légales qui nuiraient justement à cette négociation-là de nation à
nation. Je me demande si ce n'est pas contre-productif, si l'esprit de
l'entente, si l'esprit de l'initiative est justement cette ouverture-là et
cette copropriété-là.
Donc,
je vais répéter ce que j'ai dit au collègue tantôt, ça ressemble à ça, là,
c'est ça, là, d'une nation à nation, c'est ça, des deals avec les communautés
autochtones, là. Tu sais, je verrais mal qu'on se lie en amont, puis, après
ça, avec raison, notre partenaire pourrait facilement dire : Mais vous ne
mettez pas les chances du succès de notre bord pour une entente future, vous
n'avez même pas le droit de parler de certaines choses. Ce n'est pas ça, de la
nation à nation. Nation à nation, ça veut dire qu'on est ouverts et on se
permet d'avoir ces discussions-là.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Alors, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix de l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
l'article 3 étant adopté, nous allons procéder à l'étude de
l'article 4. M. le ministre, je vous demanderais d'en faire la
lecture, s'il vous plaît. Merci.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. Article 4 : «Hydro-Québec doit, en tout temps,
contrôler la Société de l'une des manières suivantes, selon le cas :
«1°
si la Société est une société par actions, elle doit détenir des actions lui
conférant plus de 50 % des droits de vote ou, autrement, avoir la
possibilité d'en choisir la majorité des administrateurs;
«2° si la
Société est une société en commandite, elle doit contrôler la personne morale
qui [est en] commandite de manière prévue [dans le] paragraphe
1°;
«3° si la
Société est une société de personnes autre qu'une société en commandite, elle
doit pouvoir en déterminer les décisions collectives.»
Commentaires : Cet article prévoit
qu'Hydro-Québec doit en tout temps contrôler la société et énumère comment ce
contrôle s'exercera selon la forme de la société.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a des interventions? Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le Président.
Donc, on comprend bien que l'idée, avec cet article, c'est que, peu importe la forme de la société, Hydro-Québec doit
en tout temps contrôler la société, etc. Ça énumère différents formats, si je comprends bien. Donc, premier paragraphe, on
parle d'une société par actions, deuxième paragraphe, une société en
commandite, et troisième paragraphe, on parle d'une société de personnes.
Est-ce que le ministre peut nous rappeler pour quelle raison il y a autant de
flexibilité?
M. Skeete : M. le Président, ça
revient un peu ce que je disais au collègue de Taschereau il y a à peine
30 secondes. L'idée, ici, c'est de nous permettre toutes les options afin
d'arriver à une entente qui va être appréciée et appréciable par les
communautés autochtones, puis, dans ce cas-ci, le Conseil mohawk. Donc, ce
qu'on souhaite... Puis c'est toujours délicat de créer une loi en amont d'une
entente, mais, encore une fois, on ne peut pas présumer de l'issue de cette
rencontre-là. On ne peut pas présumer comment les avocats du Conseil mohawk
vont recommander leur client sur quelle forme devrait prendre cette société-là
future. Donc, on se garde... On met notre intention clairement qu'on doit
demeurer majoritaire. Ça, ce n'est pas négociable. Alors, on vient l'enraciner
dans un projet de loi. Pour la suite, on se permet l'ouverture nécessaire à satisfaire
notre partenaire.
Mme McGraw : Donc, si je comprends
bien, c'est pour préserver la flexibilité, justement, et l'ouverture dans les
négociations vis-à-vis l'entente avec le Conseil mohawk, mais est-ce que ça
veut dire que c'est... Qu'est-ce qui va faire en sorte parmi les trois
options... Est-ce que ça va être le Conseil mohawk qui va finalement
déterminer... Est-ce que le gouvernement du
Québec a une préférence ou c'est vraiment selon les préférences du Conseil
mohawk?
M.
Skeete : Bien, le gouvernement du Québec a une préférence
pour construire la ligne Hertel vers New York. Le gouvernement du Québec
a une préférence d'avoir une entente signée de nation à nation avec notre
partenaire. Sur le reste, je pense qu'il
faut se permettre la chance d'avoir des discussions de bonne foi, et des
discussions de bonne foi, nécessairement, nécessitent une ouverture.
Mme
McGraw : Je m'attarde là-dessus parce que la société... la
nature de la société, ça va avoir des implications aussi même sur des articles qu'on vient de
regarder. Donc, c'est quand même important, mais on comprend l'ouverture
d'esprit. Encore une fois, c'est historique,
et on apprécie l'attitude d'ouverture du gouvernement vis-à-vis leurs discussions
avec le Conseil mohawk. Est-ce que... Si,
par exemple, c'est décidé qu'on va procéder avec le premier choix, c'est-à-dire
le choix des administrateurs, est-ce que le
ministre peut nous dire si les administrateurs de sociétés seront choisis selon
la Loi de la gouvernance des sociétés d'État si c'est ce choix-là?
M. Skeete : Donc, on va créer une
société. Cette société-là va être privée. Il va y avoir deux propriétaires
actionnaires. Il va y avoir Hydro-Québec. Il va y avoir le Conseil mohawk.
Donc, chacun va avoir le pouvoir de nommer des administrateurs à l'intérieur de
cette nouvelle société qu'on va créer, Hydro-Québec, parce qu'on est
majoritaires et parce qu'on veut, on souhaite, on présume l'instaurer dans
l'article 4. On va se donner les outils pour être sûrs qu'on est
majoritaires dans ce processus-là.
Donc, Hydro-Québec, d'une main, va venir
dire : S'il y a 10 personnes, on s'assure qu'il y a six personnes qui
vont voter toujours de la même manière qu'Hydro-Québec veut. De l'autre côté,
le Conseil mohawk va pouvoir mettre ses
représentants sur ce conseil-là pour voter comme ils le veulent. Et c'est comme
ça qu'on va créer la société. Donc, c'est à l'intérieur des nominations de ces
deux parties-là que ça va se faire. Donc, vu que c'est privé, vu que
c'est à l'extérieur du gouvernement, la réponse est non.
• (10 h 50) •
Mme McGraw : Merci, M. le Président.
Merci, M. le ministre. Une autre question. Est-ce que cette société pourrait,
du même coup, déposer un rapport annuel qui fait état des activités de la
société? Et la raison pour laquelle je m'attarde à... c'est qu'encore une fois
l'importance du projet et l'importance de cette attente au niveau du rapport
annuel ça nous permettrait... bien, ça permettrait aux Québécois de vraiment
suivre la mise en oeuvre de ce projet. Donc, un rapport annuel, est-ce que
c'est prévu?
M. Skeete : C'est dans la loi. C'est
dans la loi des sociétés.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, Mme la députée. Merci, M. le ministre. Y
a-t-il... M. le député de Taschereau, la parole est à vous.
M. Grandmont : Oui, merci beaucoup.
Donc, je comprends, là, qu'on a plusieurs scénarios possibles, puis que ça va
se négocier avec, évidemment, le Conseil mohawk. On veut se garder une certaine
flexibilité dans le type d'entreprise ou de société qui serait créé. J'aimerais savoir, là,
est-ce que, M. le ministre, est-ce que, dans les trois cas, là, si
on les compare les uns avec les autres, là, on est allés plus dans le détail
avec ma collègue tantôt, mais, si on les compare les uns avec les autres,
est-ce qu'il y a un scénario, selon vos services d'expertise juridique, là,
est-ce qu'il y a un scénario dans lequel on a plus de contrôle sur la société,
ou on en a moins, ou si, pour vous, l'ensemble de ces scénarios-là sont égaux dans les résultats qu'on
pourrait atteindre ou sur le contrôle qu'on pourrait avoir sur la société en
question?
M. Skeete : La réponse rapide, c'est
oui. Si j'hésite, c'est parce que, c'est sûr, si tu as 51 % d'actions,
bien, tu as plus de pouvoir que si tu nommes des personnes indépendantes.
Techniquement, la personne indépendante que tu as nommée pourrait ne pas voter avec
toi, là, mais je ne pense pas que ce serait vraiment pertinent dans le cas qui
nous occupe parce que tous les leviers sont là pour s'assurer qu'on a cette
majorité-là. Donc, on va avoir le contrôle de
la ligne, on va avoir le contrôle sur l'exploitation et on va contrôler aussi
l'administration. Donc, non, c'est minime comme différence puis ça ne devrait pas être une embûche pour nous
permettre de signer une entente qui plaît à notre partenaire.
Je vais vous donner un exemple, si le Conseil
mohawk, eux, préfèrent, pour une raison que je ne sais pas, à cause de leur
structure financière puis la façon qu'ils sont constitués, eux préfèrent des
dividendes au lieu d'avoir des parts, bien
ça se peut qu'ils vont choisir une option différente. Ça fait que c'est surtout
pour ça qu'on se donne la flexibilité, c'est qu'on ne connaît pas puis
on n'a pas à connaître leur structure interne financière puis celle qui leur
donne leur avantage ou qui satisfait à leurs besoins. Ça fait qu'on se donne
les outils, nous, pour être sûrs qu'en cas de doute on tranche, mais, vraiment, la structure nous importe peu, dû aux
différences très, très, très minimes entre les structures, mais c'est
surtout pour satisfaire, à l'interne, leur gouvernance à eux et leur préférence
à eux. Mais, en bout de ligne, ce qui compte, c'est le contrôle.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le ministre. Merci, M. le député. Alors,
s'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux
voix. Est-ce que l'article 4 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. St-Louis) : Donc, l'article 4 étant adopté, M. le
ministre, nous allons étudier le... pardon, nous allons étudier
l'article 5. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole pour en faire la
lecture. Merci.
M. Skeete : Merci,
M. le Président. Article 5 : «La Société ou, si elle est une société
en commandite, la personne morale qui [...] est le commandité ne peut,
seule ou de concert avec quiconque, acquérir plus de 30 % des parts d'une
société de personnes ni des actions d'une personne morale [comptant] plus de
30 % des droits de vote.»
Commentaires : Cet article vient limiter
les investissements que peut faire la société et, par le fait même, la
possibilité d'avoir des filiales.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions?
Mme
McGraw : ...tournure positive juste... Est-ce que le...
Est-ce que c'est possible... Est-ce que le gouvernement prévoit
peut-être d'autres ententes qui pourraient survenir entre Hydro-Québec et la
nation, la communauté mohawk?
M. Skeete : La réponse courte, c'est
oui. On souhaite des partenariats qui sont gagnant-gagnant avec toutes les
communautés autochtones, puis je pense que ça va être la nouvelle façon de
faire. Ça doit être la nouvelle façon de
faire. Alors, oui, c'est, on l'espère, le début d'une façon de faire qui
pourrait nous permettre de faire... de répliquer le modèle à un autre
moment.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. M. le député de Taschereau.
M. Grandmont : Question de
compréhension, là, dans les commentaires, là, vous... Le ministre évoque, là,
le fait de limiter, en fait, la possibilité d'avoir des filiales, juste
comprendre un peu cet aspect-là... Est-ce que, dans le fond, c'est une façon de
garder le contrôle sur le nombre de sous-entreprises qui pourraient être
créées? Puis quels risques il voit à ça, dans le fond? Pourquoi avoir cette
préoccupation très, très grande, dans le fond?
M. Skeete : Bien, parce que, si on
veut éviter des risques qui sont associés au projet, il faut prévoir ces
risques-là en amont. On vient, ici, dire qu'il n'est pas dans l'intention du
gouvernement et d'Hydro-Québec, par extension, de voir ou de prévoir des filiales.
Alors, vu que ce n'est pas dans notre intention et on verrait mal cette
possibilité-là, on vient limiter cet aspect-là dans le but de prévoir en amont
des problèmes qui pourraient avoir lieu plus tard.
M. Grandmont : Peut-être juste si
c'est possible de nous renseigner un peu sur les risques qui pourraient être
associés à la création de filiales.
M.
Skeete : Je vais vous donner un exemple. Est-ce qu'on voudrait
vraiment jouer dans le film de cette société-là qui décide de faire des acquisitions?
Ah! bien là la ligne est sur un terrain, mais on achète un terrain puis on se
lance dans l'immobilier parce que la ligne est en dessous de la ligne, puis on
se dit qu'on veut avoir... Ah! bien, tiens, l'agriculteur là, il n'aime pas ça
qu'on ait notre fil là, puis, après cinq ans, il est tanné, là, puis il...
bien, on se lance dans l'immobilier, là, commence à construire des blocs... Je
vous donne un exemple ridicule, là, mais c'est le genre de chose qu'on ne veut
pas entrevoir avec cette société-là. Cette société-là se limite à
l'exploitation de cette ligne-là, point à la ligne.
M.
Grandmont : Est-ce que ça implique également le fait de recourir à la
sous-traitance pour l'entreprise, la filiale qui sera créée? Est-ce qu'on doit
comprendre ça aussi par la création de filiales?
M. Skeete : C'est
deux choses différentes. Ici, on veut s'assurer que la société se limite
entièrement et purement à l'exploitation de cette ligne-là, rien de plus. On ne
voudrait pas qu'elle soit tentée par d'autres aventures économiques.
M.
Grandmont : O.K., parfait.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, M. le ministre. Merci, M. le député. S'il n'y a pas
d'autre intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 5 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
l'article 5 étant adopté, nous allons procéder à l'étude de
l'article 6. M. le ministre, si vous voulez bien en faire la
lecture.
M. Skeete : Merci, M. le Président. Article 6 :
«Toute entente concernant la propriété de la ligne d'interconnexion
Hertel-New York ou la propriété des actions ou des parts de la Société et, si
celle-ci est une société en commandite, des
actions de son commandité doit, pour être valide, être approuvée par le
gouvernement, incluant sa modification ou son renouvellement.
«En outre, une
entente concernant la propriété des actions ou des parts de la Société doit
prévoir que ces actions ou ces parts ou, si
elle est une société en commandite, les actions de son commandité doivent en
tout temps être détenues par Hydro-Québec ou par l'une de ses filiales en
propriété exclusive et par le Conseil Mohawk de Kahnawake ou par une personne morale dont il détient,
directement ou indirectement, la totalité des actions, à moins que le gouvernement
n'en décide autrement.»
Commentaires :
L'article 6 du projet de loi prévoit que le gouvernement devrait approuver
toute entente concernant la propriété de la ligne ou la propriété de la société
et que cette dernière ne pourrait appartenir qu'à Hydro-Québec et au Conseil
mohawk de Kahnawake, à moins que le gouvernement n'en décide autrement.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des commentaires? Oui, Mme la députée des Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci,
M. le Président. Je voulais simplement souligner ce que j'ai mentionné la
semaine dernière, que c'est une très bonne nouvelle de voir qu'Hydro-Québec
compte garder la propriété de cette ligne et éviter des erreurs du passé qui
ont coûté cher, dans le fond, à notre société lorsque des lignes, notamment au
Chili, ont été vendues. Alors, je voulais simplement mentionner qu'on est tout
à fait d'accord avec cet article. Merci.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions?
Alors, comme il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la mise
aux voix. Est-ce que l'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
St-Louis) : Donc, l'article 6 étant adopté, et, comme nous sommes
presque à mi-chemin de cette séance, je vais suspendre pour une dizaine de
minutes.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Non,
vous ne souhaitez pas suspendre? Bon, si la commission considère que ce
n'est pas nécessaire, nous allons poursuivre. Donc, M. le ministre.
• (11 heures) •
M. Skeete : Avec
votre permission et la permission des collègues, M. le Président, j'aimerais
sauter l'article, faire 8, 9 puis revenir au 7 en dernier.
Une voix :
...
M.
Skeete : Ah! bien, oui, pas
le 9, on va faire le 8, pardon. Merci. Parce qu'on ne peut pas l'entrer en
vigueur si on n'a pas fait le 7, hein?
Le Président (M.
St-Louis) : J'aurais besoin du consentement de la commission. Est-ce
que la proposition du ministre...
Des voix : Consentement.
Le
Président (M. St-Louis) : Donc, nous allons donc procéder à l'étude de
l'article 8. Donc, M. le ministre, je vous demanderais d'en faire
la lecture.
M.
Skeete : Merci, M. le Président. Article 8 : «Le
ministre responsable de l'applicable de la Loi sur Hydro-Québec est
responsable de l'application de la présente loi.»
Commentaires :
Cet article prévoit que le ministre de
l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie est responsable de l'application de la loi.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Donc, comme il n'y a pas
d'intervention, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que
l'article 8 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. St-Louis) : Donc, l'article 8 étant adopté, nous allons
revenir à l'article 7. M. le ministre, si vous voulez bien en faire
la lecture, s'il vous plaît.
M. Skeete : Je vais me verser de
l'eau avant, M. le Président.
Article 7 : «Toute acquisition par
expropriation effectuée par Hydro-Québec nécessaire à la construction de la ligne d'interconnexion Hertel-New York n'a pas
à être autorisée par le gouvernement en vertu du paragraphe 3° du premier
alinéa de l'article 33 de la Loi sur Hydro-Québec (chapitre H-5). La
Loi sur l'expropriation (chapitre E-24) s'applique à une telle
expropriation, sous réserve des adaptations suivantes :
«1°
l'expropriation n'a pas à être décidée ou, selon le cas, autorisée par le
gouvernement en vertu du premier alinéa de l'article 36 de [la]
loi;
«2° l'avis d'expropriation :
«a) doit
indiquer la date à laquelle l'exproprié, le locataire ou l'occupant de bonne
foi doit avoir quitté les lieux;
«b) doit contenir une notification indiquant
que l'exproprié doit transmettre à l'expropriant, dans les 60 jours de la date de [...] signification de l'avis
d'expropriation, des documents justifiant l'indemnité pour le préjudice directement
causé par l'expropriation;
«c) ne doit pas comprendre la notification,
prévue au paragraphe 3° du premier alinéa de l'article 40 de cette
loi, indiquant que l'exproprié a 30 jours pour contester, devant la Cour
supérieure, le droit à l'expropriation;
«3° le droit
de l'expropriant à l'expropriation ne peut être contesté et, en conséquence,
les articles 44 à 44.3 de cette loi ne s'appliquent pas;
«4° la notification prévue à l'article 45
de cette loi doit indiquer au locataire ou [...] l'occupant de bonne foi :
«a) la date à laquelle il doit avoir quitté les
lieux;
«b) la date de [...] signification de l'avis
d'expropriation;
«c) qu'il
doit transmettre à l'expropriant, dans les 60 jours de la date de [...]
signification de l'avis d'expropriation,
des documents justifiant l'indemnité pour le préjudice [causé directement] par
l'expropriation — pardon;
«5° le délai de 30 jours prévu à
l'article 46 de cette loi est remplacé par un délai de 60 jours et
débute à la date de la signification de [l'expropriation];
«6° l'avis de transfert de propriété visé à
l'article 53.3 de cette loi n'a pas à reproduire le texte contenu aux paragraphes 3° à 5° de l'annexe II de
cette loi et la date à laquelle l'expropriant prend possession du bien n'a pas à
être d'au moins 15 jours postérieure à la date de l'inscription de
l'avis;
«7° l'avis d'intention d'inscription de l'avis
de transfert de propriété visé à l'article 53.8 de cette loi n'a pas à
reproduire le texte contenu aux paragraphes 3° à 5° de l'annexe II de
cette loi;
«8° l'indemnité provisionnelle, dans [le] cas
[visé] à l'article 53.13 de cette loi, est fixée par Hydro-Québec, incluant l'indemnité qu'elle estime raisonnable
pour le préjudice directement causé par l'expropriation, dans la mesure
où les documents qui [...] justifient, selon le cas, ont été fournis dans les
délais prescrits par le sous-paragraphe b du paragraphe 2° ou par le
sous-paragraphe c du paragraphe 4° du présent article;
«9° l'exproprié, le locataire et l'occupant de
bonne foi ne peuvent demander, en vertu de [...] 53.14 de cette loi, de rester
en possession du bien exproprié;
«10° l'indemnité d'expropriation d'un bien est
fixée [après] la valeur du bien et [le] préjudice directement causé par
l'expropriation à la date de l'expropriation, mais sans tenir compte de la
plus-value attribuable à l'annonce publique du projet.
«À compter
de la date d'inscription de l'avis d'expropriation au registre foncier, tout
employé d'Hydro-Québec ou toute [...]
personne mandatée par celle-ci peut entrer et passer, à toute heure
raisonnable, sur tout immeuble visé par l'avis et y effectuer des levés,
des examens, des analyses ou [des] travaux préparatoires liés à la construction
de la ligne d'interconnexion Hertel-New York.»
Commentaires : L'article 7 du projet
de loi prévoit d'abord qu'une acquisition par expropriation faite par Hydro-Québec pour construire la ligne ne nécessite
pas l'autorisation du gouvernement en vertu de la Loi sur Hydro-Québec. Cet article apporte aussi
des allègements aux procédures prévues par la Loi sur l'expropriation,
lorsqu'il est nécessaire d'exproprier pour construire la ligne. La
signification d'un avis d'expropriation à l'exproprié conformément à
l'article 40 de la Loi sur l'expropriation demeure la règle pour marquer
le début de l'instance d'expropriation.
L'article 7
du projet de loi prévoit donc que l'autorisation du gouvernement pour procéder
à une expropriation n'est pas requise, dérogeant ainsi à la règle usuelle
prévue à l'article 36 de la Loi sur l'expropriation, reprise par le... au
paragraphe 3° du premier alinéa de l'article 33 de la Loi sur
Hydro-Québec, qui impose d'obtenir cette autorisation à chaque fois.
Le paragraphe 2° de cet alinéa prévoit des
adaptations au contenu de l'avis d'expropriation.
Quant au paragraphe 3° de cet alinéa, il
prévoit que l'article 44 de la Loi sur l'expropriation, qui concerne le droit pour l'exproprié de contester devant la Cour
supérieure le droit de l'expropriant de procéder à l'expropriation, ne s'applique
pas. La compétence du Tribunal
administratif du Québec est maintenue
pour la détermination de l'indemnité définitive, laquelle peut donc être
contestée devant ce tribunal.
Le paragraphe 4° prévoit des adaptations au
contenu de la notification faite par l'expropriant au locataire et l'occupant de bonne foi. Celle-ci devra donc
contenir, en plus de la notification, l'existence des procédures en expropriation
et de l'avis de comparaître devant le
tribunal dans les 15 jours, la date à laquelle ils devront avoir quitté
les lieux et le fait qu'ils doivent transmettre des documents justifiant
l'indemnité à laquelle ils auraient droit.
Au paragraphe 5° de cet alinéa, on précise
que le délai de 30 jours pour produire au Tribunal administratif du Québec
la déclaration du déterminant le montant offert ou réclamé, selon le cas,
commence à courir à compter de la signification de l'avis d'expropriation est
de 60 jours.
Le paragraphe 6° de cet alinéa prévoit des
adaptations au contenu de l'avis de transfert de propriété.
Le paragraphe 7° de cet alinéa mentionne
que l'avis par lequel l'expropriant indique au locataire et à l'occupant de
bonne foi qu'il a l'intention d'inscrire l'avis de transfert à la propriété au
registre foncier doit indiquer la date à
laquelle il prendra possession du bien et qu'ils doivent avoir quitté les lieux
à cette date. Les mentions portant sur les pouvoirs à la Cour supérieure
n'ont toutefois pas été... n'ont pas à être indiquées.
Pour ce qui est d'une exploitation agricole,
d'un commerce ou d'une industrie, le paragraphe 8° du premier alinéa de
l'article 7 du projet de loi mentionne que l'indemnité provisionnelle à
être versée au début du processus d'expropriation sera fixée par Hydro-Québec
au lieu d'être fixée par le Tribunal administratif du Québec.
Le paragraphe 9° de cet alinéa prévoit que
l'exproprié, le locataire et l'occupant de bonne foi ne peuvent demander à la
Cour supérieure de rester en possession du bien exproprié pour un maximum de
six mois, malgré l'article 53.14 de la Loi sur l'expropriation qui permet
de faire une telle demande.
Finalement, le paragraphe 10° de cet alinéa
mentionne qu'on ne peut contenir... on ne peut tenir compte de la plus-value
attribuable à l'annonce publique du projet d'infrastructure pour la fixation de
l'indemnité d'expropriation d'un bien. Cette fixation doit seulement se fonder
sur la valeur du bien et du préjudice directement causé par l'expropriation à
la date de l'expropriation.
Enfin, le deuxième alinéa de l'article 7 du
projet de loi prévoit que, dès l'inscription au registre foncier de l'avis
d'expropriation, Hydro-Québec bénéficie d'un droit de passage pour commencer
les travaux préparatoires relatifs à la construction de la ligne.
Ces assouplissements sont essentiels... les
mêmes que ceux déjà prévus à la loi à l'égard du Réseau express métropolitain et
du Réseau structurant de transport en commun de la ville de Québec et par la
Loi concernant l'accélération de certains projets d'infrastructure. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Y a-t-il des interventions? Mme la députée des Mille-Îles,
la parole est à vous.
• (11 h 10) •
Mme Dufour : Merci beaucoup, M. le
Président. Bon, vous le savez, j'ai fait un long plaidoyer la semaine dernière sur le fait qu'on comprend que les droits
collectifs priment sur le droit privé et que c'est ce qu'on vient enchâsser
en disant qu'on suspend, dans le fond, le droit d'expropriation... de
contestation, plutôt, à l'expropriation, parce qu'on juge qu'il y a un droit
collectif qui est supérieur. Et évidemment, bon, je l'ai mentionné, les
municipalités s'attendent à avoir le même... la même... les mêmes droits éventuellement.
Par contre, je voudrais souligner qu'il y a
des... je voudrais soulever que, bon, on suspend, dans cet article-là, au paragraphe 3°, le droit à l'expropriant de...
il ne peut pas être contesté, et là on suspend, et là j'aimerais que les gens
m'écoutent, on suspend les articles 44 à
44.3 de la loi et on le spécifie, vraiment spécifie, que la Loi sur
l'expropriation, ces articles-là, les articles 44 à 44.3, ne
s'appliqueront pas si l'alinéa 3° est adopté tel quel, par contre, plus
loin, lorsqu'on est à l'alinéa 10°, où on dit que «l'indemnité
d'expropriation d'un bien est fixée d'après la valeur du bien et du
préjudice[...], [...]sans tenir compte de la plus-value attribuable à l'annonce
publique du projet», bien, là, on ne suspend pas les articles 59 et 58 de
la Loi sur l'expropriation. Et ces deux articles-là viennent justement décrire
comment la fixation doit se faire, de l'indemnité d'expropriation. Et là on
vient expliquer comment on calcule la... bien, on vient dire que lorsqu'il y a
une plus-value particulière, elle doit être aussi compensée. Et ça, c'est l'article 59. Et l'article 68 dit
que c'est le tribunal qui fixe, le Tribunal administratif du Québec qui vient
fixer le montant de l'indemnité définitive, mais, dans notre projet de
loi, on ne vient pas suspendre cet article-là.
Alors, comment, et c'était vraiment mon grand
questionnement, comment on va déterminer laquelle des lois s'applique en
premier, quand les deux articles, les deux lois vont avoir des articles
conflictuels?
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M. Skeete : Je
vais débuter puis après ça, avec votre permission, M. le Président, et la
permission des collègues, je vais permettre à Me Desbiens de
prendre la parole. Merci.
Oui, premièrement, l'article 7 est
essentiel pour la rapidité du projet. Donc, en gros, là, c'est beaucoup de mots
pour venir dire deux choses. La première chose, c'est qu'on ne peut pas
contester le principe de l'expropriation. Par
contre, on maintient nos droits à tout autre égard. On a le droit d'être
compensé et on a le droit aussi de ne pas être d'accord avec le montant qu'on
veut nous fixer. Ça fait qu'on vient ici établir le principe de dire : La
ligne doit passer puis, malheureusement, pour toutes sortes de raisons
environnementales, et tout ça, là, qu'on va passer par là. Par contre, le dédommagement est discutable,
et la personne maintient son droit.
Deuxièmement, la Cour supérieure ne se... a
quand même juridiction sur tout ça. Même si on vient enlever le droit de
contester, la Cour supérieure est quand même... a quand même... je ne connais
pas le mot, là, mais peut intervenir si
jamais l'exproprié en fait la demande. Ça fait qu'on ne vient pas brimer des
droits. Tu sais, c'est lourd, là, quand on dit : Tu n'as pas le
droit de contester, là, mais dans le fond, là, on maintient nos droits, mais on
ne peut juste pas refuser. Ça fait que... puis maître, ici, va vous en dire un
peu plus long.
Donc, en gros, l'article 7 vise ça. Et
pourquoi on fait ça? On ne fait pas ça par gaieté de coeur, là, on ne le fait pas parce qu'on aime ça, déranger les gens
ou... Il y a trois considérations : un, l'importance de faire atterrir une
entente historique avec les groupes autochtones; deux, le fait qu'on a
signé un contrat avec notre voisin et que, par souci de perception et de
remplir notre promesse qu'on a faite de manière contractuelle avec notre
voisin, on se doit de ne pas avoir trop de délais dans ce processus-là; et,
trois, le tracé qui est choisi, c'est le tracé le plus judicieux pour toutes
sortes de raisons, donc, d'y déroger causerait problème. Puis j'en rajouterais
un autre : les délais. On a juste à dire «ligne
bleue» pour comprendre le pourquoi. Donc, peut-être, maître, vous voudriez
peut-être rajouter pour répondre plus sur la question du principe
juridique.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
Me Desbiens.
Mme Desbiens (Geneviève) : Merci,
M. le Président. Alors, vous avez posé beaucoup de questions, là, ça fait que
ça se peut que j'en oublie, ça fait que reprenez-moi s'il y a quelque chose.
Ce que le ministre essayait de dire au niveau de
la Cour supérieure, c'est que le contrôle judiciaire de la Cour supérieure
n'est pas écarté. Donc, on écarte le droit de contester l'expropriation, ce qui
suspend la procédure d'expropriation. Mais la décision d'Hydro-Québec, comme
mandataire de l'État, pourrait être soumise au contrôle judiciaire de la Cour
supérieure. Dans ce cas-là, la différence, c'est que la procédure
d'expropriation n'est pas écartée, n'est pas
suspendue. Donc, on continue la procédure d'expropriation, mais l'exproprié
pourrait aller demander à la Cour supérieure de contrôler cette décision
d'Hydro-Québec au niveau de la raisonnabilité de la décision. C'est pour ça que
les articles 44.1 à 44.3, bien, 44 à 44.3 sont écartés, parce que là on a
toute la procédure devant la Cour supérieure, ça fait qu'on ne peut pas les
appliquer.
Contrairement aux articles fixant l'indemnité,
si on va à 58 et suivants, ça, c'est pour l'indemnité définitive qui est décidée par le Tribunal administratif du
Québec. On ne peut pas les écarter. On ne veut pas écarter ça. On écarte
certaines choses, mais pas l'indemnité définitive qui va demeurer sous
juridiction du Tribunal administratif du Québec.
Ce qu'on vient de dire, par le paragraphe...
excusez-moi, là, pour la plus-value, c'est paragraphe 10°, c'est :
Tribunal, dans l'évaluation, tu vas t'en tenir à évaluer le bien tel que...
selon sa valeur à la date d'expropriation. Donc,
on vient un peu limiter le tribunal dans sa décision, mais on ne vient pas
écarter sa décision. Là, je ne me souviens pas si vous aviez d'autres
questions.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Me Desbiens. Mme la députée.
Mme Dufour : Merci. J'ai l'impression
que ma question n'était probablement pas claire parce que ça n'a pas du tout
été répondu. Paragraphe 8° du... de l'article 7, on dit que
l'indemnité... pardon, je ne suis pas au bon article. Au paragraphe 10°, plutôt, on dit que l'indemnité d'expropriation ne
doit pas tenir compte de la plus-value attribuable à l'annonce publique du projet. D'accord? Mais ça,
ça vient en contradiction avec l'article 59 de la Loi sur l'expropriation,
où on dit que la plus-value particulière
doit être compensée, et c'est d'ailleurs ce que les municipalités souhaitent,
que ça, ce soit sauté, alors, ce que
ma question... — ce
soit retiré — ma
question, c'est : Pourquoi on n'a pas spécifiquement dit que
l'article 59 de la Loi sur l'expropriation ne s'appliquera pas et qu'en
contrepartie l'indemnité d'expropriation d'un
bien va être... puis là on décrit l'article 10... et c'est le... plutôt le
paragraphe 10°? C'est que, là, comment la Cour supérieure
va déterminer l'indemnité d'expropriation quand, d'un côté, la Loi sur
l'expropriation vient dire que la plus-value doit compter puis que, d'un autre,
la loi ici qu'on est en train de discuter, ça dit que la plus-value ne doit pas
être comptabilisée? Il y a contradiction entre les deux.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée.
M. Skeete : Avec votre permission,
M. le Président, Me Desbiens.
Le Président (M. St-Louis) : Me Desbiens,
la parole est à vous.
Mme Desbiens (Geneviève) : Oui,
merci, M. le Président. En fait, 59, c'est dans un cas très particulier, là, ça
ne s'applique pas généralement à tous les cas. Par ailleurs, on n'a pas besoin
de l'écarter parce qu'ici on a une disposition de loi
spécifique qui l'emporte sur une disposition de droit général. On a écarté la
procédure en Cour supérieure pour éviter certaines possibilités. Mais ici, on
n'avait pas besoin de l'écarter, 59, qui s'applique à un cas très particulier,
là, quand on lit, on le voit, là, c'est une partie qui acquiert une autre
partie, en tout cas. Ça fait que c'est pour ça qu'on n'avait pas besoin de
l'écarter, dans ce cas-là, c'est vraiment 58 qu'il faut regarder.
Le Président (M.
St-Louis) : Merci, Me Desbiens.
Mme Dufour : Mais,
écoutez, la même chose arrive lorsqu'on parle de l'indemnité provisionnelle.
Dans la Loi sur l'expropriation, c'est le Tribunal administratif du Québec qui
fixe l'indemnité provisionnelle. Mais ici, on vient dire : Non, elle est
fixée par Hydro-Québec. Et d'ailleurs, ça aussi, ça soulève des questions. On
dit d'ailleurs que pour une exploitation agricole, commerciale et industrielle,
bien, l'indemnité provisionnelle, c'est fixé par Hydro-Québec, au lieu d'être
fixé par le Tribunal administratif du Québec. Ça, c'est ce qui est écrit dans
les notes, là, ce n'est pas écrit tel quel ici. Mais là, on comprend... Moi,
personnellement, je ne sais pas pourquoi spécifiquement ceux-là versus pas une
utilisation résidentielle. Là, on semble dire : Bien, si c'est
résidentiel, c'est le Tribunal administratif du Québec qui va déterminer
l'indemnité provisionnelle, mais, dans les cas agricoles, commerciaux,
industriels, là, ce serait Hydro-Québec. Mais pourquoi ne pas tout simplement
dire que l'article, par exemple, 62 de la
Loi sur l'expropriation, dans le cas de l'indemnité provisionnelle, ne
s'applique pas pour ce cas précis? C'est qu'il y a comme une
contradiction entre les deux.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y, maître.
• (11 h 20) •
Mme Desbiens
(Geneviève) : Merci, M. le Président. Il n'y a pas... Il n'y a pas de
contradiction. 62, c'est l'indemnité
définitive. L'indemnité provisionnelle de 53.13, qui vise l'exploitation
agricole, commerciale ou industrielle, vient dire que malgré 53.11,
53.12, le Tribunal administratif va fixer autre chose que 53.11 et 53.12. Mais
62, c'est l'indemnité définitive qui va être par le Tribunal administratif.
Donc, ici, pour l'exploitation agricole, industrielle, commerciale, ça va être Hydro-Québec pour, disons, éviter 53.11, 53.12,
mais, au final, l'indemnité définitive va représenter la valeur du bien
exproprié et va être fixée par le Tribunal administratif du Québec. Ça fait
qu'on fait juste éviter une procédure supplémentaire devant le Tribunal
administratif du Québec pour éviter des délais, là.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y.
Mme Dufour : Maître,
l'article 62 dit, et je le cite : «Cette indemnité a un caractère
provisionnel et elle peut être révisée...» Donc, ce n'est pas... quand on dit
que la moitié de l'indemnité à être versée à l'exproprié avant le déplacement,
ça devient l'indemnité provisionnelle. Donc, c'est comme ça qu'il est écrit
dans l'article, là. Je n'étais pas là lors de l'adoption de cette loi-là, mais
c'est ce que je lis.
Ici,
on dit : L'indemnité provisionnelle est fixée par Hydro-Québec, et, dans
les notes, on le dit bien, là : Au lieu d'être fixée par le
Tribunal administratif du Québec. Donc, on reconnaît qu'en temps normal ça
serait fixé par le Tribunal administratif du Québec. Là, on vient le changer.
Je n'ai pas d'enjeu avec ça. Je demande juste pourquoi on ne fait pas comme on a fait au paragraphe 3°, où on
vient dire que les articles 44 à 44.3 ne s'appliquent pas, pourquoi on ne vient pas dire que l'article 62 ou
l'article 59 ne s'applique pas, tout simplement, pour éviter des litiges
futurs. C'est ça, ma question, là. C'est dans le bien commun que je pose
ma question.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y.
Mme Desbiens
(Geneviève) : Merci, M. le Président. Alors, 62, je m'excuse, vous
avez raison. Par contre, 62 vise les
déplacements de 60 et 61, c'est autre chose, là, ce n'est pas... on n'est pas
dans l'indemnité provisoire de 53.13. Ça fait que ça ne fait pas partie
de l'indemnité qui vise la production... voyons, l'exploitation agricole,
commerciale ou industrielle. C'est pour ça, il y a une nuance entre les deux.
On ne veut pas écarter tout le chapitre II de la Loi sur l'expropriation
qui vise, en fin de compte, à déterminer la valeur qui va devoir être payée à
l'exproprié. C'est pour ça qu'on ne fait pas ça, parce que tout ce chapitre-là
vise à déterminer l'indemnité auquel aura droit réellement l'exproprié, le
locataire ou l'occupant de bonne foi. C'est pour ça qu'on ne veut pas écarter
ces articles-là.
Mais dans le cas...
Puis moi, je n'en ai pas vu, là, parce que, comme on... je ne sais pas si le
ministre l'a mentionné, là, il s'est dit beaucoup de choses, mais ces
dispositions de l'article 7 sont inspirées de trois autres procédures
allégées qui se retrouvent pour le REM, le tramway et la loi sur l'accélération
de certains projets d'infrastructure. Ils sont tous semblables ou presque
semblables, là. Et jusqu'à maintenant je pense que les recours en cour,
excusez-moi, là, ça fait redondant un peu, ont tous été... ont tous confirmé
l'application dans l'ordre de ces dispositions.
Donc, je comprends votre inquiétude, mais... puis je comprends que je ne suis
peut-être pas aussi rassurante que je le voudrais, mais il faut vraiment
se rapporter à la lettre des articles. Et tout le chapitre pour l'indemnité de
l'exproprié, de l'occupant de bonne foi et du locataire, on ne veut pas écarter
ça. On veut que les gens aient droit à l'indemnité auquel ils ont droit.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y.
Mme Dufour : Donc, si je comprends bien, s'il y a un grand
propriétaire foncier qui conteste son... l'indemnité d'expropriation...
Et je peux vous dire, j'en ai vu beaucoup, quand j'étais à la ville de Laval,
des expropriations, et ça coûte très cher aux villes.
C'est pour ça que j'insiste là-dessus, parce que la plus-value, elle était
invoquée dès qu'un projet était dans les cartons. Alors, admettons qu'un projet
était dans les cartons, un propriétaire pensait faire un projet immobilier sur
un terrain où la ligne passe et doit exproprier, le projet n'est plus possible,
O.K., admettons que ce n'est plus possible, et le propriétaire foncier, qui a
beaucoup de moyens financiers, part en cour et dit : Non, non, moi, la Loi
sur l'expropriation, là, mon profit potentiel, ma plus-value que j'aurais dû
avoir, je la veux, je veux qu'il soit compensé. Pour les villes, elles ont à le
payer à peu près automatiquement. Ça coûte des millions et des millions aux
villes. Donc, vous me dites que l'article ici, comme il est écrit, le 10, il
n'y aura pas d'enjeu, il n'est pas contestable,
ça ne pourra pas se rendre en Cour suprême, que simplement de dire que
l'article 59 ne s'applique pas, ce n'est pas nécessaire puis qu'il n'y
aura personne qui pourra contester. C'est ce que je comprends de vos propos,
là.
Le Président (M.
St-Louis) : Allez-y, Me Desbiens.
Mme Desbiens
(Geneviève) : Merci, M. le Président. Là, la plus-value attribuable à
l'annonce publique du projet, c'est la ligne
ici, là, on s'entend qu'une ligne enfouie, principalement, là, sur son trajet,
ça n'apporte pas vraiment de plus-value. Au contraire, il n'y a personne
qui veut avoir une ligne, surtout si elle est aérienne. Ça fait qu'il faut
comprendre, ce n'est pas le projet immobilier de quelqu'un d'autre, là, c'est
le projet de la ligne Hertel.
Sinon,
comme je vous ai dit, il y a eu des contestations de l'article, là, quand on
a... bien, de ces dispositions-là, quand il y a eu le REM, et la cour a
confirmé les dispositions. La cour a dit qu'elles étaient applicables, que...
on l'a même appliqué, M. le ministre a même parlé de la ligne bleue, on les a
appliquées alors qu'il y avait des recours pour la ligne bleue, on les a
appliquées en 2020. Donc, oui, je suis confiante qu'on devrait... que ça
devrait bien aller puis qu'Hydro-Québec va
pouvoir rencontrer ses délais avec cet article-là tel que rédigé.
Juridiquement, ils sont conformes.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Me Desbiens. Si vous permettez, Mme la députée, M. le ministre, vous
voulez, en complément... Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Bien, en fait, juste pour... l'essentiel, je
pense, c'est que la jurisprudence fait en sorte qu'on pense qu'on est corrects
avec les articles tels qu'ils sont écrits.
Mme Dufour : Merci.
C'est sûr que dans le cas du REM et dans le cas de la ligne bleue, si on a
écrit tel quel sans tenir compte de la plus-value attribuable à l'annonce
publique du projet, il y avait une grande plus-value qui venait avec les
projets du REM et de la ligne bleue, donc, ça... je comprends comment il s'est
appliqué. Mais, dans le cas d'un projet
immobilier, c'est ce que les municipalités vivent à tous les jours lors des
expropriations. On veut protéger un milieu naturel, il n'y a pas de
projet qui rajoute de plus-value, mais, s'il y avait un projet immobilier qui
était pensé, bien, les villes ne doivent pas
seulement compenser la valeur marchande et le préjudice, mais aussi la
plus-value du projet immobilier de... c'est-à-dire le profit potentiel
qu'ils auraient fait. Ça, c'est comme ça que ça s'applique actuellement envers
les municipalités, et c'est d'ailleurs ce qui est demandé d'être changé dans la
Loi sur l'expropriation par l'Union des municipalités du Québec notamment.
Alors ici, ce que je
comprends, c'est que vous me dites que, comme il n'y a pas de plus-value attribuable
à l'annonce publique du projet, c'est l'article 59 qui viendrait
s'appliquer, où, là, le possible profit potentiel, à ce moment-là, serait...
ferait partie du préjudice et donc l'ensemble... l'expropriation serait telle
comme le vivent les municipalités. Est-ce
que je comprends bien? Parce que ça revient à dire... Moi, ce que je veux
m'assurer, dans le fond, c'est qu'on n'ait pas à payer des profits
futurs d'un projet hypothétique qui n'existe pas, là.
M. Skeete : M.
le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre, vous désirez intervenir, la parole est à vous.
M. Skeete : Je comprends l'exemple de la collègue, mais on
n'est pas dans l'immobilier ici, on est dans une ligne enfouie. La différence,
elle est importante. Mais je proposerais, M. le Président, si ça peut convenir
à la collègue, si vous voulez, on pourrait ajourner quelques minutes puis
peut-être avoir une discussion hors ondes où est-ce qu'on pourrait avoir des
échanges plus fluides puis permettre peut-être... arriver à la fin pour
satisfaire les craintes de la collègue.
Le Président (M.
St-Louis) : Avec le consentement de la commission, je suspendrais les
travaux brièvement pour une durée d'une dizaine de minutes.
(Suspension de la séance à
11 h 29)
(Reprise à 11 h 36)
Le Président (M.
St-Louis) : Alors, nous reprenons les travaux. Suite à la suspension,
je céderais la parole à M. le ministre.
M. Skeete : Merci, M. le Président.
Avant d'ajourner, on était sur les dispositions de l'article 7. Dans le
but d'avoir un processus le plus collégial que possible, on a ajourné pour
qu'on puisse avoir des discussions plus fluides. Donc, j'espère qu'on a pu répondre à la collègue.
Donc, je lui cède la parole ou je vous cède la parole, M. le Président,
pour la suite des choses.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le ministre. Mme la députée des
Mille-Îles, vous souhaitez intervenir?
Mme Dufour : Oui, merci, M. le
Président. Écoutez, effectivement, on a eu des échanges constructifs et la
jurisprudence qu'on a discutée me rassure. Donc, je suis à l'aise avec la façon
que le tout est rédigé présentement. Par
contre, j'invite le gouvernement à peut-être appliquer les mêmes règles pour sa
révision de la Loi sur l'expropriation pour
les municipalités qui n'ont malheureusement pas les mêmes pouvoirs présentement
côté... au niveau de l'expropriation... plutôt qui ne vivent pas la même
situation lorsqu'il y a des expropriations.
Donc, j'aurais peut-être une dernière question
concernant l'article 7, tout simplement dire... lorsqu'on lit
qu'Hydro-Québec... tout employé d'Hydro-Québec peut entrer et passer à toute
heure raisonnable, je veux juste voir quelles sont les heures raisonnables
pour... de façon générale, là. Je pose la question. Je comprends qu'il n'y a
pas beaucoup de gens qui habitent, qui résident sur le tracé, mais c'est une
question, là, pour... Pour avoir déjà vu des employés très, très tôt le matin sur
le terrain, je me demandais quelles étaient les heures raisonnables.
M. Skeete : Bien, j'allais dire à la
collègue : Si elle souhaite un exemple, juste de penser à son compteur
Hydro anciennement, parce que, là, maintenant, ce n'est plus comme ça, là, mais
c'était durant les heures normales d'affaires, sauf exception. Donc, si elle
veut, la collègue, je pourrais peut-être aller chercher la politique exacte qu'Hydro-Québec a sur... pour les employés, là,
mais c'est des heures normales. Dans le fond, ce que... ce paragraphe-là vient
donner un droit à la personne de dire : Tu sais, il est 3 heures du
matin, ce n'est pas le temps de checker ta ligne. On est dans ces principes-là,
mais, si la collègue souhaite, on pourrait lui faire parvenir la façon que
c'est... la procédure interne qui guide ces interventions-là.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions? Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, nous
allons procéder à la mise aux voix. Donc, est-ce que l'article 7 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. St-Louis) : L'article 7 étant adopté et l'article 8
ayant été adopté précédemment, nous allons donc passer à
l'article 9. Alors, M. le ministre, je vous demanderais d'en faire la
lecture, s'il vous plaît.
M.
Skeete : Article 9 : La présente loi entre en
vigueur le (indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).
Commentaires : Cette loi prévoit que la loi
entre en vigueur à la date de sa sanction.
Le
Président (M. St-Louis) : Merci, M. le ministre. Y a-t-il des interventions?
Alors, nous allons procéder à la mise aux voix de l'article 9.
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. St-Louis) : L'article 9 étant adopté, si je ne m'abuse,
nous en sommes à la fin de l'étude détaillée. Donc, est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
Des voix : Adopté.
• (11 h 40) •
Le Président (M. St-Louis) : Le
titre de la loi étant adopté, je propose que la commission adopte une motion
d'ajustement des références. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
Remarques finales
Le Président (M. St-Louis) : Adopté.
Nous en sommes donc maintenant rendus à l'étape des remarques finales. Je cède la parole au porte-parole du
deuxième groupe d'opposition. M. le député de Taschereau, la parole est à vous.
M. Etienne
Grandmont
M. Grandmont : Merci beaucoup.
Merci. C'est un projet important, évidemment. C'est un projet qui a des
éléments intéressants, d'autres qui nous inquiètent évidemment, puis on en a
fait part tout au long de la commission sur ce projet de loi là.
Au premier titre, j'aimerais rappeler que nous
avons demandé une vision globale en énergie. On ne peut pas commencer à faire
gérer des projets d'hydroélectricité, que ce soit de l'exportation ou que ce
soit pour l'interne du Québec, sur... au cas
par cas à chaque fois sans avoir eu de discussion à l'échelle nationale qui
impliquerait la population québécoise, qui impliquerait les Premières
Nations, qui impliquerait la société civile aussi. On a besoin d'avoir cette discussion-là au Québec. On ne peut pas gérer à la pièce
l'avenir énergétique du Québec. C'est très important, c'est un enjeu important, parce que ça répond évidemment
à nos préoccupations très grandes et grandissantes, au sein de la population,
sur les changements climatiques, évidemment.
Ça a des enjeux
économiques importants, évidemment, aussi. Ça a des impacts sur, bien,
évidemment, des enjeux sociaux sur les communautés aussi. Chaque fois qu'il y a
un projet qui est créé, on vient juste d'en parler, à travers l'expropriation,
on comprend que ça ne touchera pas tant de monde que ça, mais, quand même, il y
a toujours des impacts aussi sur les
populations. Quand ce n'est pas ça, c'est évidemment sur des projets... pas des
projets, mais des déplacements de population, qu'on a déjà vus, à plus
grande échelle quand on a créé des barrages hydroélectriques, notamment.
Donc, ça a des
impacts aussi sur la santé de la population. Et, pour bien faire les choses
dans les prochaines années, on doit avoir cette discussion-là. On a rappelé
souvent qu'on voulait notamment un BAPE générique qui nous permettrait d'avoir
cette discussion-là. Il y a peut-être d'autres façons d'avoir cette
discussion-là. On a très hâte de voir quelle sera la réponse. Le ministre nous
a parlé tantôt d'une consultation qui aurait lieu au mois de mai, très hâte de
savoir un peu plus dans le détail de quoi il s'agit. Pour nous, c'est un enjeu
important. On ne peut pas prendre ça à la légère. Ça doit être fait dans les
règles de l'art. Toute personne qui a une opinion, qui a une expertise sur cet
enjeu-là doit pouvoir être entendue.
Et donc nous
réitérons, en fait, le principe d'avoir une discussion à l'échelle du Québec
sur l'avenir énergétique, la transition
énergétique du Québec considérant l'importance que ça occupe pour tous les
Québécois et les Québécoises. Et
évidemment on aurait aimé aussi pouvoir entendre Sophie Brochu dans le cadre de
ces consultations. On aurait aimé pouvoir l'entendre aussi dans le cadre
de ce qui s'en viendra sur un BAPE générique. On comprend que ça vient en mai,
que ça... les délais font que... En fait, les délais qui ont été générés par le
gouvernement font en sorte qu'on... Je ne sais pas si on va pouvoir l'entendre,
mais c'est toujours notre souhait. Elle a une expertise qui est tout à fait
importante. Elle a une expertise que nous devons entendre. Elle a travaillé à
développer... Elle s'est présentée elle-même comme une architecte. Elle a
développé un plan stratégique pour l'avenir énergétique du Québec. Il est
important, on pense, nous, d'entendre ces personnes qui ont quelque chose
d'important à dire, des personnes qui ont contribué
finalement à développer cette vision stratégique, et nous pouvons... nous
voulons pouvoir y participer aussi.
Donc, je reviens
là-dessus, j'insiste beaucoup. Je comprends que ça ne fait pas partie du projet
de loi en lui-même, mais nous réitérons notre souhait, notre demande très forte
d'avoir cette discussion à l'échelle du Québec et nous espérons que le ministre
de l'Énergie en est bien conscient et qu'il acquiescera à cette demande.
Deuxième point, on a
été un peu déçus, en fait, de la façon dont le rapport du BAPE, qui, quand
même, nous a permis de renchérir, en fait,
sur l'importance d'avoir une discussion nationale sur l'énergie au Québec... Je
trouve ça bien dommage que ce rapport-là a été retenu par le
gouvernement. C'est pas mal inacceptable. Ça nous a empêchés de faire notre
travail convenablement. Ça a ralenti les travaux aussi. Il a fallu quand même
ralentir les travaux pour pouvoir avoir accès à ce rapport-là. C'est quelque
chose qui aurait pu être évité si on avait pu avoir accès au rapport alors
qu'il était sur le bureau du ministre de l'Environnement depuis quand même un
bon moment.
Donc, si on avait pu
avoir accès à ce rapport-là, je pense que tout le monde ici aurait pu
bénéficier d'une commission qui aurait pu être un peu plus courte. Donc, ça
nous a empêchés de faire notre travail. On se questionne sur les raisons qui
ont motivé le gouvernement de retenir ce rapport-là qui était fort important
alors qu'on... Comme l'a souligné notre collègue tantôt, c'est quand même assez
exceptionnel d'avoir un BAPE qui décide d'aller plus loin que la demande
initiale du gouvernement et de proposer de par lui-même d'avoir cette
discussion nationale sur la transition énergétique, sur l'avenir énergétique du
Québec. C'est quand même un fait notable, et nous voulons le souligner à
nouveau. Ce rapport-là n'aurait pas dû être retenu. Il aurait dû être rendu
disponible le plus rapidement possible pour faire ce travail-là. Et je réitère
encore une fois... J'en profite pour réitérer l'importance d'avoir cette
discussion. Ça a été demandé, une discussion nationale sur l'énergie. Ça a été
demandé par plusieurs groupes qui ont été
entendus dans le cadre de cette commission, et le BAPE est venu ajouter sa
voix, dans le fond, en mentionnant que nous devions avoir cette
discussion nationale.
Maintenant,
nous avons aussi certaines craintes et des réserves. Je pense que le ministre
ne sera pas surpris, là, quand je vais réitérer le fait que nous avons
des craintes et des réserves par rapport à la création d'une filiale. Aussi
contents sommes-nous d'avoir un partenariat de nation à nation avec le Conseil
mohawk, évidemment, nous nous questionnons sur l'implication que ça pourrait
avoir dans le cas présent, mais aussi pour l'avenir d'Hydro-Québec, en fait. Nous avons encore des craintes à l'effet
que ça peut amener une soustraction au rôle de la régie. Nous n'avons
pas été tout à fait rassurés par les réponses qui nous ont été données tout à
l'heure.
Bon, nous avons
proposé un amendement qui aurait été... qui a été battu, mais qui, à notre
sens, aurait permis de clarifier le fait que, peu importe le cas d'espèce, peu
importe la façon d'opérer Hydro-Québec, que ce soit en régie comme à l'habituel ou encore en procédant à des
ententes particulières comme dans le cas présent avec le Conseil mohawk,
la fixation des prix demeure assujettie à la Régie de l'énergie. Nous aurions
aimé avoir cet amendement-là parce que nous avons toujours des craintes par
rapport à ça et nous... Il persiste, il subsiste, à notre avis, toujours une
certaine zone d'ombre pour laquelle nous ne sommes pas rassurés.
Le ministre a dit
tout à l'heure que la régie a autorisé... Pardon, excusez-moi, je me mélange
dans mes lignes. Oui, c'est ça, exactement, excusez-moi, je me mélange dans mes
lignes. Évidemment, nous, on demeure favorables à l'entente de nation à nation
avec les Mohawks de Kahnawake, mais, c'est ça, je reviens toujours sur la
création de la filiale puis le fait de ne pas avoir accepté l'amendement que
nous avons proposé. Nous percevons, en fait, qu'il y a toujours une soustraction de la filiale aux obligations d'Hydro-Québec
pour l'entretien de la ligne. On est complètement ouverts à donner des
possibilités aux entrepreneurs mohawks, mais on aurait au moins pu fermer la
porte à ce que d'autres entrepreneurs privés non mohawks puissent se voir
octroyer des contrats, comme ça se fait à CRT.
Donc,
voilà, en fin de compte, quelques points, là, qui nous préoccupent et pour
lesquels nous allons apporter... Nous allons continuer à réfléchir, là, dans le
cas de... dans le processus de la commission qui nous permettra de voter
éventuellement sur ce projet de loi là. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la porte-parole officielle de
l'opposition officielle. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Désirée McGraw
Mme
McGraw : Merci, M. le Président, et merci encore aux
collègues de la banque ministérielle, les experts, les collègues de la banque
opposition... en opposition et aussi tous les groupes qui sont venus nous voir
pendant les consultations particulières, en particulier Hydro-Québec et
la nation mohawk de Kahnawake, qui a été représentée par la grande cheffe
Sky-Deer. Il y avait aussi la Fédération des producteurs forestiers du Québec.
Je suis très reconnaissante qu'on a vraiment
procédé par un processus de développement durable qui a été adopté en
commission sur le transport et l'environnement, le vice-président qui était
avec nous aujourd'hui... alors reconnaissante
qu'on a vraiment adopté une approche intégrée et équilibrée, c'est-à-dire
l'approche du développement durable.
On a regardé le volet économique, le volet social, le volet environnemental.
Alors, juste pour résumer, je vais prendre encore une fois cette
approche en conclusion.
Donc, le volet économique, c'est sûr qu'il va y
avoir des avantages au niveau économique.
• (11 h 50) •
Au niveau énergétique, je vais m'attarder sur le
fait que c'est sûr que ça contribue, le projet, à décarboniser New York, mais ce n'es pas clair, ce n'est pas
évident du tout que ça va nous aider, au Québec, à atteindre nous-mêmes nos objectifs en carboneutralité, mais on
reconnaît que les changements climatiques, ça, c'est un phénomène global.
Alors, c'est sûr que ça nous aide dans la lutte contre les changements
climatiques, mais ce n'est pas évident que ça nous aide et ça pourrait peut-être même nuire dans
l'objectif d'atteindre nos propres objectifs de carboneutralité d'ici 2025.
Et, quand je dis que ce n'est pas clair ou que
ça pourrait nous nuire, c'est parce qu'encore une fois on n'a pas de stratégie globale sur notre avenir énergétique
au Québec. Alors, on prend des décisions un peu à l'aveuglette, et ce
n'est pas idéal. On fait de l'improvisation sur notre énergie et notre avenir
énergétique, et, même, il y a des contradictions entre le ministre responsable
de l'Énergie... Innovation, Énergie... Économie, Innovation, Énergie et Hydro-Québec sur ces projets et sur ces enjeux-là.
Donc, c'est très préoccupant, M. le Président. Donc, il faut le souligner.
Aussi, ce qui n'est pas clair, c'est... même au
niveau de New York, on parle de diminution des GES, mais je n'ai pas toujours
de réponse à la question : Est-ce que c'est net ou brut? Parce que c'est
ça qui a des impacts sur l'environnement,
qui pourrait contribuer aux changements climatiques avec le projet. Donc,
est-ce que c'est net ou brut? Donc, ça, c'est à souligner, qu'on procède
un peu à l'aveuglette, un peu à la pièce, comme on dit, sur ces enjeux-là, et tout
ça, c'est dans le contexte...
Il faut souligner, M. le Président, le GIEC qui
vient de sortir avec son dernier rapport qui parle de guide de survie. Avant, c'était code rouge pour l'humanité,
là, on parle de guide de survie. Alors, le contexte, c'est un contexte de crise climatique, d'urgence climatique, et on
ne peut pas se permettre de continuer d'improviser sur cet enjeu-là. Le
fait que le BAPE est sorti hors mandat pour nous souligner ce fait-là, que,
justement, il faut une approche stratégique globale et qui inclut le public de
façon inclusive...
Et alors on
attend toujours... On attend les détails du gouvernement, qui essaie de nous
rassurer qu'il va y avoir des consultations, mais ce n'est pas du tout
clair, qui va participer, l'échéancier. Les enjeux ne peuvent pas être plus
importants que ça. Donc, on espère avoir ces informations le plus tôt possible,
puis on est rendus presque en avril, les consultations qui vont se dérouler
apparemment en mai, et on a... Le ministre, il nous dit qu'il n'a pas les
détails. Donc, c'est très préoccupant, M. le Président. Donc, ça c'est :
aspects économie et énergétique.
Au niveau de l'aspect environnemental, on a
finalement reçu ce fameux rapport du BAPE. Et, encore une fois, ça nous a nui dans nos travaux parlementaires
d'avoir à attendre à la dernière minute. Le gouvernement a vraiment
attendu à 4 h 30 le 15 mars... 4 heures, je suis désolée,
oui, 4 heures, presque à la dernière minute, le 15... le 16 mars, je
devrais dire, et on sait que le ministre avait ce rapport-là sur son bureau
depuis le 1er mars. Ça fait que ça nous a vraiment nui. Ça nous a retardés
dans nos discussions parlementaires, et c'est dommage, parce qu'on aurait pu
précéder de façon plus efficace... procéder, je devrais dire, de façon plus efficace,
et aussi avec plus d'information, avec une
discussion plus éclaircie sur les enjeux environnementaux, sociaux et
économiques du BAPE, qui prend cette approche en développement durable.
Donc, c'est dommage. On a pris le temps de le regarder.
Donc là, je parlerais du volet social. Ce qui
nous rassure aussi, selon la grande cheffe Sky-Deer, c'est que, parmi les six points qui vont guider l'entente,
point n° 3, c'est leur participation, à la nation mohawk,
aux évaluations environnementales, et, encore une fois, c'est l'approche
de sept générations. C'est une approche autochtone et ça rejoint beaucoup le
développement durable lorsqu'on parle de combler les besoins des futures
générations... pouvoir les combler sans les nuire et combler les... que les besoins
qu'on a présentement ne nuisent pas à notre possibilité... notre capacité, je
devrais dire, de combler les besoins des futures générations.
Donc, je m'attarde là-dessus, parce que le
rapport du BAPE, c'est basé sur des consultations ciblées. On aurait voulu avoir des consultations génériques...
générales. Donc, on s'attarde sur ce point n° 3,
qu'a souligné la grande cheffe Sky-Deer, et leur participation aux
évaluations environnementales, parce que, justement, le mandat qui a été donné au BAPE, ça a été ciblé et non général.
Donc, on aurait voulu avoir quelque chose de plus général, mais, quand même,
je le souligne encore, le BAPE est quand même sorti de leur mandat pour
souligner le fait qu'il fallait avoir une approche plus
globale, plus stratégique et plus inclusive face à notre avenir énergétique. Et
comment on va combler les besoins
énergétiques au Québec et aussi atteindre nos objectifs de carboneutralité, ce
n'est pas clair. On a besoin d'un plan. Ce plan-là doit être informé par
des experts, par des parties prenantes, par la société civile, etc.
Mais, quand même, le volet social... On a parlé
de... Il y avait deux enjeux, pour nous, au niveau social, d'acceptabilité sociale. On a parlé de
l'expropriation. Donc, on est rassurés par le gouvernement et l'approche
selon... qu'il y a des préoccupations qui ont été soulevées par ma
collègue.
Et il y a aussi... Et, ça, vraiment, en
terminant, parce que je pense que c'est l'aspect vraiment le plus positif et
prometteur de ce projet et de cette loi, effectivement, c'est l'entente
historique de nation à nation, comme a souligné le ministre, avec le Conseil mohawk. On va surveiller ça de très près.
On espère que ça va servir de première et de base pour d'autres ententes,
d'autres partenariats. C'est ça qu'on... Il va y avoir des leçons apprises, et
on va surveiller ça de très près.
Donc, M. le
Président et collègues, on a beaucoup apprécié notre... d'avoir discuté avec
vous, de faire avancer ce projet de loi. Et, au nom de mes collègues, la
députée de Mille-Îles et de mon collègue le député de l'Acadie, on va surveiller ça de très près, et merci, M. le
Président, et le secrétariat, pour le travail assidu et pour des discussions,
je pense, très productives.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Considérant qu'il n'y aurait pas d'autre
intervention, je céderais finalement la parole à M. le ministre. Ça va être à
vous.
M. Christopher
Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, M.
le Président. Permettez-moi de vous remercier, vous féliciter pour votre bon travail. C'est toujours un plaisir de partager ces
beaux moments là avec vous, chers collègues. Bien, aussi, à tout le secrétariat
et l'équipe qui nous soutient, ce n'est pas évident de gérer les amendements,
le temps de parole pour être sûr que tout le
monde est sur la coche, donc je vous remercie beaucoup pour votre bon travail
qui est toujours, toujours, toujours parfait.
Collègues, merci beaucoup pour votre aide, pour
votre contribution, pour vos questions. C'est très important, les questions que
vous posez. Si vous la posez, c'est peut-être parce qu'il y avait quelqu'un
d'autre qui se posait la même chose comme question. Donc, merci beaucoup pour
vos questions, et surtout votre bonne foi de faire avancer ce projet de loi là
dans un temps raisonnable. C'est vraiment apprécié. Alors, merci beaucoup pour
ça.
Aussi, mes collègues de la partie
gouvernementale, merci beaucoup pour votre temps, votre énergie, votre patience. Merci beaucoup d'être avec moi et de
m'appuyer dans ça. Je ne me sens jamais seul à vous voir. Alors, merci
beaucoup, Me Desbiens, pour votre expertise. Merci beaucoup pour tout ce que
vous avez fait. Mme Deschênes, merci
beaucoup pour votre présence, votre appui, vos conseils, puis aussi à mon
équipe qui m'entoure. Vous voyez, là, je suis bien entouré. J'ai mon
directeur de cabinet, M. Boucher, aussi, qui est mon attaché pour
l'énergie, qui nous a beaucoup aidés, surtout avec les questions du BAPE. Tu
sais, il y avait beaucoup de questions du BAPE, là. Ça fait que, M. Boucher, il a été central dans son
rôle. Puis, aussi, à l'équipe d'Hydro-Québec, merci pour ce que vous faites.
Vous êtes importants pour le Québec et merci
pour le quotidien de vos efforts. Ce n'est vraiment pas toujours facile, mais on
vous en remercie.
• (12 heures) •
La technique, aussi, merci beaucoup pour ce que
vous faites. Ce n'est pas évident de nous gérer puis de gérer, donc, les paroles. Les gens à la maison ne le savent pas, mais, à
toutes les fois que quelqu'un prend la parole, eux autres doivent dire
c'est qui pour être sûrs que le registre suit qu'est-ce qui s'est dit. Ça fait
que ce n'est pas juste d'écouter, là, il
faut vraiment écouter pour savoir puis d'introduire les bons noms à la bonne
place. Donc, ce que vous faites n'est pas facile. Merci beaucoup pour ce
que vous faites.
Puis j'aimerais aussi féliciter puis remercier
mon collègue le ministre de l'Énergie pour son travail, sa vision et le travail
qu'il nous apporte aussi. Je pense que le Québec va dans la bonne direction en
matière d'énergie. Il y a des défis. Il y a
des défis, puis je pense que quiconque prend un moment pour écouter ce qu'il
dit, M. le Président, va réaliser que les projets qu'on pensait avoir il
y a deux ans et les projets qu'on a ne sont pas du tout enlignés, et ça, ça
cause... bien, c'est des beaux problèmes. J'appelle ça des beaux problèmes
parce que, oui, il va y avoir une augmentation du besoin d'électricité, mais
c'est parce qu'on a des beaux projets. Alors, j'appelle ça des beaux problèmes,
mais c'est des problèmes. Ça fait qu'il faut les gérer, puis on y travaille à
tous les jours, puis j'ai très hâte de poursuivre dans ce dossier-là. C'est
vraiment profondément valorisant et stimulant.
Donc, encore
une fois, tout le monde, merci beaucoup pour votre temps, votre présence, et
salutations à tous. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
à mon tour de vous remercier pour votre collaboration.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 02)