Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 16 mars 2023
-
Vol. 47 N° 7
Étude détaillée du projet de loi n° 13, Loi concernant la ligne d’interconnexion Hertel-New York
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Bogemans (Iberville) est remplacée par Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides); M. Sainte-Croix (Gaspé) est remplacé par M. Lemieux
(Saint-Jean); M. Ciccone (Marquette) est remplacé par M. Morin (Acadie);
M. Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Dufour (Mille-Îles); M. Kelley
(Jacques-Cartier) est remplacé par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce); et Mme Zaga
Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le secrétaire. Nous débutons avec les remarques préliminaires. M. le
ministre délégué à l'Économie, vous disposez de 20 minutes.
M. Skeete : Merci, beaucoup M.
le Président. Je vous garantis que ça ne prendra pas 20 minutes. Je vais
me permettre un petit moment pour saluer les collègues de la partie
gouvernementale. Merci beaucoup pour votre présence. Je prendrais aussi un
moment pour saluer les gens d'Hydro-Québec qui sont ici, maître, et les gens
des affaires gouvernementales, aussi la sous-ministre. Merci beaucoup pour
toute votre aide, c'est vraiment apprécié.
Salutations particulières aux oppositions,
les collègues mais particulièrement la collègue de Mille-Îles, consœur de
Laval. Alors, merci beaucoup. Très heureux de vous retrouver, chers collègues.
J'espère pouvoir compter sur votre collaboration dans cet important projet de
loi et je n'en doute pas du tout. Donc, très hâte de vous entendre, très hâte
de collaborer avec vous et surtout, surtout, très hâte de faire en sorte que ce
projet de loi là va devenir une réalité afin d'offrir une belle valeur ajoutée
aux Québécois. C'est tout, M. le Président, Voilà.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. J'invite maintenant la porte-parole de l'opposition officielle
à faire ces remarques préliminaires.
Mme McGraw : Alors, merci, M.
le Président. J'ai juste... Je dispose, je crois, de 20 minutes aussi? Je
veux juste confirmer...
Le Président (M. St-Louis) : Oui.
Excusez-moi.
Mme McGraw : Ça a été
tellement vite de l'autre côté que... Je vais juste me mettre... O.K., parfait.
Alors, merci, M. le Président. Avant de partager mes remarques préliminaires,
je tiens tout d'abord à saluer la Présidence et le secrétariat. Je veux,
évidemment, saluer le ministre délégué de l'Économie et les équipes qui
accompagnent le ministre ainsi que les députés de la banquette ministérielle.
Enfin, j'aimerais saluer les collègues du deuxième groupe d'opposition et leurs
équipes.
• (11 h 40) •
À titre de porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'environnement et de lutte contre les changements
climatiques, au nom de mon collègue le porte-parole de l'opposition officielle
en matière de ressources naturelles et d'énergie, et conjointement avec mes collègues,
la députée de mes Mille-Îles, qui est aussi leader parlementaire adjointe de l'opposition
officielle, aussi porte-parole de l'opposition officielle responsable de la
région de Laval et en matière d'affaires municipales et d'habitation, ainsi que
mon collègue le député de l'Acadie, porte-parole de l'opposition officielle en
matière de justice, de transports et de mobilité durable, aussi pour les ordres
professionnels ainsi qu'avec les relations avec les Premières Nations et les
Inuits, je suis très heureuse de pouvoir participer à la Commission de l'agriculture,
pêcheries, énergie et ressources naturelles qui se penche sur le projet de loi
n° 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York.
Je tiens aussi à remercier les groupes et
les organismes qui ont participé aux consultations particulières, notamment
Hydro-Québec, la nation mohawk de Kahnawake représentée par la grande cheffe
Sky-Deer, la Fédération des producteurs forestiers du Québec. J'ai beaucoup
apprécié leurs remarques, commentaires et recommandations sur le projet de
loi... 13, pardon, déposé par le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie le 22 février dernier.
Le projet de loi cherche à mettre en place
les conditions de réalisation de la ligne d'interconnexion Hertel-New York. Et,
pour reprendre certains éléments clés du projet, en septembre 2021,
Hydro-Québec a été sélectionnée par l'Agence de développement énergétique de l'État
de New York pour conclure un contrat...
Mme McGraw : ...comprenant la
livraison de 10,4 térawatts d'énergie à la ville de New York. Selon
Hydro-Québec, ce contrat devrait engendrer des revenus totalisant environ
30 milliards de dollars pour Hydro-Québec sur une période de
25 ans. Le projet est estimé à 1,15 milliard de dollars, soit
500 millions pour la construction de la ligne et 650 millions pour
les travaux au poste Hertel. Une fois la ligne mise en service, la ligne
québécoise fera l'objet d'un partenariat entre Hydro-Québec et le Conseil des
Mohawks de Kahnawake, qui bénéficiera de retombées économiques et sociales,
entre autres, pendant 40 ans. Les travaux devraient se dérouler, si je
comprends bien, très bientôt, du printemps 2023 à l'automne 2025 pour
la mise en service prévue au printemps 2026.
Alors, le projet de loi, c'est un projet
de loi important qui permettrait à Hydro-Québec de céder la propriété de ses
installations de transport d'électricité en faveur d'une personne morale ou
d'une société constituée par Hydro-Québec et par le Conseil mohawk de Kahnawake.
Quant à cette personne morale ou cette société, le projet de loi détermine son
objet et lui octroie les mêmes pouvoirs que détient Hydro-Québec dans
l'exercice des activités de transport d'électricité. Déjà rendu à
15 minutes? O.K..
Alors, toutefois, quelques questions
s'imposent sur le plan économique, environnemental et social. Ce sont bel et
bien les trois piliers du développement durable. Nous avons justement adopté
récemment la Stratégie gouvernementale de développement durable 2023-2028,
et on croit qu'il serait important d'analyser ce projet selon cette approche
intégrée et équilibrée. Alors, on va passer par les piliers économiques... Le
pilier économique et énergétique, le pilier environnemental et le pilier
social.
Sur le volet économique, ce contrat
pourrait engendrer des revenus totalisant, comme on l'avait dit, selon
Hydro-Québec, environ 30 milliards de dollars sur une période de
25 ans. Alors, malgré les avantages économiques et... au niveau
énergétique, la question qui s'impose, c'est : Est-ce que c'est le
meilleur projet pour le Québec? Est-ce qu'il s'agit de la meilleure utilisation
que nous pouvons faire de notre électricité, alors qu'Hydro-Québec prévoit
elle-même manquer d'électricité dans les prochaines années, dans la
planification d'atteindre nos objectifs de carboneutralité d'ici 2050, au même
moment où Hydro-Québec cherche 100 térawattheures d'ici 2050 pour combler
les besoins énergétiques du Québec, au même moment que le ministre de
L'Économie, de L'Innovation et de l'Énergie invite les citoyens à la sobriété
énergétique? Et même, aujourd'hui, selon le ministre, on a dû renoncer à
Volkswagen par manque d'électricité. Par contre, dans le même article, on
comprend, selon Hydro-Québec, qu'on ne manque... on a un surplus énergétique.
Donc, tout ça pour dire que ce qui nous
préoccupe, c'est l'improvisation et le manque d'un une stratégie globale de la
part du gouvernement concernant notre futur énergétique. Est-ce vraiment le
moment propice à prioriser l'exportation de quelque 20 térawattheures
d'électricité au sud de la frontière pendant les prochains 25 ans? C'est
la question qu'on se pose, et on n'a pas de réponse parce qu'on n'a pas de
stratégie globale. C'est l'improvisation de la part du gouvernement. Notre
chef, lorsqu'il a rencontré le premier ministre au début de l'année, a proposé
une commission itinérante sur notre avenir énergétique. Faute de stratégie
globale sur l'énergie, on navigue à l'aveugle sur cet enjeu primordial du XXIᵉ
siècle. On ne peut pas confirmer si et comment on va pouvoir ni combler les
besoins énergétiques des Québécois ni atteindre la carboneutralité d'ici 2050.
Ce sont des enjeux primordiaux.
Au niveau de l'environnement...
Mme McGraw : ...à part des
avantages financiers, Hydro-Québec positionne le contrat comme étant, et je
cite, «une pierre angulaire de la lutte contre les changements climatiques dans
le nord-est de l'Amérique du Nord, puisqu'il permettra d'éviter l'émission de
3,9 millions de tonnes de GES chaque année, soit l'équivalent du retrait
de 44 % des rues de la ville de New York.» De plus, et encore je cite, «le
tracé de la ligne sera situé à 95 % dans les emprises des routes
nationales et régionales, ce qui minimisera les impacts sur l'environnement et
les propriétés privées.».
On comprend très bien que les changements
climatiques ne connaissent pas de frontières, on comprend très bien que réduire
les GES partout dans le monde est une bonne chose. On comprend aussi que la
ville de New York est actuellement alimentée en électricité produite à
90 % à partir des combustibles fossiles. Alors, soyons clairs que la
réduction de GES se fait à New York, et ils sont... comptent dans leurs
calculs, et pas dans les nôtres, ici au Québec. Donc, ça ne nous permet pas
d'achever la carboneutralité d'ici 2050. Par contre, on est d'accord que ça
aide à lutter contre les changements climatiques.
De plus, il n'est pas clair si la
réduction des GES est nette ou brute. Je n'ai toujours pas de réponse. Par
exemple, la construction sur les milieux naturels peut avoir des impacts sur
les services écologiques et les solutions nature qui sont essentielles à
contrer les changements climatiques, par exemple les forêts qui servent de
puits de carbone. Donc, il va y avoir... Quels sont les impacts sur les milieux
naturels?
On n'a pas de réponse, parce que, sur le
volet environnemental, le projet a fait l'objet d'une évaluation
environnementale via le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le
rapport a été donné au ministre de l'Environnement le 1ᵉʳ mars dernier, et la
loi prévoit que le gouvernement doit le rendre public dans un délai de
15 jours, soit aujourd'hui, le 16 mars. Le gouvernement a choisi
d'attendre littéralement à la dernière heure, de rendre le rapport public,
c'est-à-dire aujourd'hui à 16 heures cet après-midi, soit une demi-heure
avant la conclusion prévue de l'étude détaillée ou de nos discussions ici
aujourd'hui. Pourquoi le gouvernement a-t-il insisté de procéder non seulement
avec un vote sur l'adoption du principe hier et une étude détaillée le même
jour qu'on attend de recevoir le rapport du BAPE?
• (11 h 50) •
Afin d'assurer une analyse complète du
projet de loi et de prendre des décisions éclairées, le rapport du BAPE doit
être accessible sans délai. Comment peut-on effectuer notre travail de
parlementaires, de législateurs au nom des Québécois sans avoir en main toutes
les informations pertinentes, même cruciales dans le cadre du projet de loi n°
13? Sans le rapport du BAPE en main, nous n'avions pas pu demander l'avis des
groupes sur cette analyse en environnement et discuter notamment des points
problématiques, s'il y en a. Je demande donc au gouvernement de rendre public
dès aujourd'hui le rapport du BAPE, et on va porter motion à cet effet sous
peu. Alors, comme parlementaire, je dois souligner... je me dois de souligner
que cette situation déplorable, et j'ai... c'est une situation déplorable, et
j'ai un profond malaise qu'on nous demande de voter sur le principe du p.l. n°
13. On l'a fait parce qu'il y a beaucoup d'éléments très positifs à ce projet
de loi, et on veut procéder en bonne foi. Mais j'ai quand même un profond
malaise de faire une étude détaillée sur cette importante documentation... sans
cette importante documentation en main. On va y revenir dans la motion.
En attendant le rapport du BAPE, un parti
indépendant, nous avons consulté les rapports environnementaux produits par
Hydro-Québec et... ainsi que d'autres rapports en ligne, parce que, aussi, il
n'y a pas d'évaluation environnementale...
Mme McGraw : ...Dans ce cas.
Alors, je souligne que l'étude... Je souligne que, par leur insistance de
garder le rapport à eux seuls, sans analyse parlementaire, et pour... ce, pour
des raisons obscures, le gouvernement met à risque les éléments très prometteurs
de l'initiative, notamment, l'entente historique entre Hydro-Québec et la
nation mohawk. Mon collègue maître Morin va élaborer dans ses remarques sur
cette entente-là, sur ce partenariat historique. Je vais... Me permets quand
même, avec le temps qu'il me reste, de, de, de parler du volet social, soit
l'acceptabilité sociale, notamment, l'entente, cette fameuse entente.
En effet, le PL 13, le projet de
loi 13 vise à permettre la conclusion d'un partenariat historique entre
Hydro-Québec et le Conseil mohawk de Kahnawake, qui deviendrait copropriétaire
de la ligne d'interconnexion Hertel-New York, soit la portion québécoise de la
ligne. Hydro-Québec soutient que le partage de la propriété d'un actif de
transport avec une première nation est une approche novatrice incarnant la
volonté d'Hydro-Québec de poursuivre le développement énergétique du Québec en
collaboration avec les peuples autochtones. Ce projet de loi manque un jalon...
Marque un jalon important dans l'évolution de, de nos relations.
On ira plus loin pour noter que dans le
mémoire soumis par le Conseil mohawk de Kahnawake à la Commission et lors de la
présentation de la grande cheffe Sky-Deer, elle a soutenu, et je cite le
mémoire et ses remarques en anglais parce que ça a été en anglais : «We
wish to allay any doubts about the important role that Kahnawake has played in
getting this project over the line. The first Deputy Mayor of
New York confirmed with both me and Hydro-Québec, during a visit to New York,
that without the support of the Mohawk Council, Hydro-Québec would not have
been selected to support New York with electricity. This demonstrates that
partnerships like this, when... between Hydro-Québec and the Mohawks of
Kahnawake can be key in meaningfully considering Indigenous communities an
interest, establishing agreements that make both sense for Indigenous and
business interest alike. We hope that this partnership with Hydro-Québec is a
steppingstone to continue to progress in its relations with Kahnawake and with
other Indigenous communities.»
Ce sont les
paroles de la grande cheffe Sky-Deer, une leader de vision remarquable. Et on
veut, on tient à, à souligner que cette entente est vraiment sans précédent au
Québec. Nous percevons ça comme un vrai geste de réconciliation et même ce que
moi j'appelle la «réconciliaction», c'est la réconciliation dans les faits et
dans les gestes. C'est vraiment une première au Québec et ça pourrait servir
d'exemple ailleurs au Québec, au Canada et ailleurs même dans le monde. Alors,
c'est une première. Maintenant, il faut réussir à bâtir sur cette entente et
s'assurer que la communauté aura des retombées réelles tant au niveau de,
économique que social. Il faut s'assurer aussi que leur rôle environnemental
est réalisé.
Et je vais conclure sur ce point. Dans les
six éléments clés de, du mémoire de la nation mohawk, on souligne, entre
autres, qu'ils vont avoir... ils vont participer aux évaluations
environnementales. Encore une fois, clé, parce que l'approche autochtone, comme
a souligné la grande cheffe Sky-Deer, c'est basé sur l'approche des sept
générations, c'est-à-dire qui regarde sept générations à l'avance. C'est
vraiment une vision de long terme. Et c'est, c'est cette approche-là qui... qui
est à la base, effectivement, du développement durable, c'est-à-dire de combler
les besoins des générations présentes sans pour autant nuire aux besoins des
futures générations. Et, dans le cas des Mohawks et des, des nations
autochtones en général, pas juste ici au Québec, au Canada, mais à travers le
monde, c'est on approche de sept générations, donc on souligne l'importance de
ce, parmi les six éléments clés, c'est particulièrement important comme, comme
point.
Alors, je termine. En conclusion, M. le...
Il y a aussi des éléments d'expropriation, et c'est ma collègue la députée des
Mille-Îles qui va en discuter davantage selon son expertise clé...
Mme McGraw : ...ces dossiers.
Donc, je conclus, M. le Président, qu'il y
aura... on reconnaît qu'il y aura de nombreux éléments à surveiller. Et je suis
contente de participer à l'étude détaillée, mais faisons les choses dans
l'ordre. Bien que le... Donc, c'est ça, faisons les choses en ordre. Il est
important d'avoir tous les éléments pour passer à une étude détaillée
rigoureuse et respectueuse du développement durable. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième groupe d'opposition
à faire ces remarques préliminaires. Vous disposez aussi de 20 minutes.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je remarque que le ministre ici présent a beaucoup passé plus de
temps à remercier les personnes présentes qu'à parler du projet de loi. Je vais
faire les deux et probablement beaucoup plus parler du projet de loi. Donc, je
tiens à remercier mes collègues ici présents du gouvernement et de l'opposition
officielle.
Et, d'entrée de jeu, je dois dire que,
dans ma pas très longue expérience de parlementaire, je trouve très étonnant,
malgré bien des choses qui peuvent nous étonner dans notre travail
parlementaire, que, dans un projet comme celui-là, qui ne semble pas
controversé, où il y a des retombées économiques vraiment importantes pour le
Québec, où il y a eu un accord qui semble, dans les faits, très intéressant,
dans une approche de réconciliation avec les Premières Nations, que nous
n'ayons pas accès au rapport du BAPE associé à ce projet. Pourtant, ça ne
prendrait vraiment pas grand-chose de la part du gouvernement de nous dévoiler
ce rapport qui est donc dans le bureau de M. Charette. Et on remarque même
qu'il y a une véritable volonté pour qu'on légifère et que le rapport soit
livré ensuite. Et, encore une fois, ça doit être ma naïveté, et je dois dire
que je trouve ça vraiment, mais vraiment triste pour la santé démocratique de
notre institution. Et je n'arrive pas à m'expliquer, étant donné que,
franchement, la volonté, et je ne parlerai pas pour la première opposition,
mais il est probable qu'on soit d'accord, c'est qu'on adopte ce projet de loi
avec toutes les informations dont on aurait besoin pour l'adopter. Ça fait que
pourquoi ne pas nous donner ce rapport? C'est une vraie question.
• (12 heures) •
Ceci étant dit, elle arrive dans un cadre
plus général de manque d'information pour pouvoir prendre des décisions sur ce
qui touche à notre transition énergétique. Les exemples sont très nombreux, et
je vais me permettre d'en rappeler quelques-uns. D'abord, il n'y a pas de
stratégie publique du gouvernement pour atteindre les objectifs de diminution
de gaz à effet de serre. Il n'y en a juste pas, il n'y a pas de chiffre, il n'y
a pas d'objectif pour la sobriété, il n'y a pas d'objectif pour l'amélioration
de notre performance, il n'y a pas d'objectif pour l'augmentation du transport
en commun. Il y a juste un objectif sur... pour l'année 2030, donc une
baisse de 35 %, et on ne sait pas sur quelle base on va pouvoir les
atteindre étant donné que les fameux tableaux de bord dont le gouvernement aime
beaucoup parler, bien, n'existent pas, en fait, pour pouvoir avoir une idée non
pas journalière mais au minimum peut-être trimestrielle de l'avancement de
notre politique de lutte contre les gaz à effet de serre.
La seule stratégie qu'on a, c'est celle
d'Hydro-Québec. Elle n'est pas sur 10 ans ou 30 ans, elle a le mérite
d'exister. Et là, encore une fois, dans un souci de manque de transparence,
nous n'avons jamais réussi à avoir la P.D.G., Mme Sophie Brochu, venir nous
expliquer les tenants et aboutissants de ce plan stratégique. Pourtant, encore
une fois, c'est très simple, c'est même prévu, il y a eu des motions adoptées
dans ce sens pour qu'Hydro-Québec vienne nous parler de son plan stratégique et
qu'on puisse, nous, comme législateurs, comprendre de quoi il est question.
Du côté du gouvernement, on entend toutes
sortes de choses encore une fois rattachées à aucun plan. Un jour, on doit
démarrer nos lave-vaisselles à minuit. Un jour, on doit chauffer sans problème
quand il fait moins...
12 h (version non révisée)
M. Bouazzi : ...50. Un jour,
on se retrouve dans une situation où on ne peut pas pluguer, et mes collègues
ici en ont parlé, des nouvelles industries par manque d'électricité. Un jour,
on va manquer d'électricité avant 2030, pendant les pics, pas pendant les pics.
Bref, il y a toutes sortes de choses qui ressortent, encore une fois,
rattachées à pas grand-chose.
Et, en fait, on se demande même si on a
toutes les informations, si même le gouvernement, de ce côté, a toutes les
informations pour y arriver. D'ailleurs, c'est pour ça que des membres de la
société civile, plus d'une centaine de la société civile ont demandé un BAPE
générique, pour pouvoir analyser dans... en profondeur et avoir les chiffres
qui nous permettent de prendre les bonnes décisions. Donc, je vais juste
rappeler ici que la différence avec une enquête du BAPE, c'est : l'exercice
commence par une période d'information, justement, dans les BAPE génériques,
pour permettre aux commissaires et à la population, aux médias de connaître et
comprendre le dossier. C'est là, en général, que le chat sort du sac.
Et je vais me permettre de vous donner l'exemple
du BAPE qui a été fait pour Énergie Est. Hein, on l'a vécu, entre autres, lors
du BAPE, donc, d'Énergie Est où il y avait des faits très clairs que les
groupes clamaient depuis des mois et des mois et que les médias... sans que les
médias n'y fassent écho. Il a suffi de poser ces questions aux commissaires qui
les ont relayées au promoteur et au ministère et qui ont bien... et qui les ont
bien obligés de répondre pour que ces faits fassent la manchette dans les
médias le lendemain.
Par exemple, on a appris que le pipeline
appartiendrait à une filiale à responsabilité limitée, avec un mur légal entre
la filiale et TransCanada, que 30 % du pétrole viendrait des États-Unis,
que la ligne 9B inversée d'Enbridge fournirait plus de pétrole à Suncor
que ce qu'elle peut raffiner et que les autres raffineries de l'Est, Valero et
Irving, n'avaient que faire du pétrole bitumineux de l'Ouest, donc que le
pétrole transporté par Énergie Est serait exporté, alors que son gros argument
de vente était l'autosuffisance canadienne.
Je vous donne ces exemples simplement pour
vous dire que ce genre d'exercice de transparence est utile pour le
gouvernement, pour la population et, évidemment, pour le législateur pour
pouvoir prendre les informations éclairées. Et c'est ce qui a permis au projet
d'être, en fait, abandonné une fois qu'on a eu l'information. Quand ces groupes
ont demandé, donc, plus de transparence de la part du gouvernement et un BAPE
générique, le gouvernement et, en fait, le ministre de l'Énergie nous a dit :
C'est un processus beaucoup trop long, c'est un processus qui prend deux à
trois ans.
Alors, évidemment, c'est toujours étonnant
de voir un ministre qui ne connaît pas les processus qui touchent à quelque
chose d'aussi important qu'un BAPE générique. D'abord, ce n'est pas le ministre
de l'Économie qui décide des BAPE génériques et c'est bien monsieur Charette
qui devrait le faire. Deuxièmement, c'est le gouvernement lui-même qui décide
de la longueur que devrait prendre un BAPE. Et, dans le dernier quart de
siècle, aucun BAPE générique n'a pris plus qu'une année, même plus que 10 mois
exactement. Et il faut revenir jusqu'à 1900, donc plus que 100 ans en
arrière, pour trouver que le premier BAPE, et c'est le seul, a pris deux ans,
qui ait été plus longs que 14 mois.
Donc, pourquoi ne pas commencer par un
BAPE générique, qui nous permettrait d'affronter avec plus de rigueur cette
transition énergétique dont on a vraiment besoin? À la place, ce qu'on a, on a
un certain nombre de projets de loi, les uns après les autres... ne vous
inquiétez pas, un jour, on manque d'électricité, mais le lendemain, on va
envoyer une quantité astronomique... Oups! C'est moi qui ai appuyé là-dessus?
Oui. Une quantité astronomique d'énergie vers les États-Unis.
On a aussi un autre contrat, qui est
probablement beaucoup moins bon, qui se prépare pour envoyer de l'électricité
au Massachusetts. Et on n'a toujours pas cette vision globale. Un jour, on va
augmenter les tarifs d'Hydro-Québec par 3 % dans un autre projet de loi et
on en profite dans le même projet de loi pour donner des superpouvoirs au
ministre où il va décider lui-même qui sera connecté parmi les grandes
industries à l'électricité, avec des critères qui, encore une fois, ne sont pas
transparents...
M. Bouazzi : ...qu'il va
définir lui-même, etc., on... Sans compter évidemment tous les exercices de
privatisation, par exemple, maintenant, qu'on peut voir dans la génération
d'énergie. Donc, si on revient au projet de loi actuel qu'on a devant nous, si
je ne me trompe pas de papier, c'est ça, donc les contrats d'exportation
d'électricité sont au cœur de la stratégie du gouvernement, qui est critiquée
de toutes parts. En fait, c'est le manque de stratégie qui est critiqué de
toutes parts. On doit pouvoir entendre évidemment Sophie Brochu sur le plan
stratégique d'Hydro-Québec. Et on l'a dit, on doit aussi avoir un débat public
sur la vision d'ensemble avec un BAPE générique sur l'avenir énergétique. On
veut aussi avoir les résultats du BAPE et c'est encore une fois la raison
pourquoi on est obligés de rappeler au gouvernement aujourd'hui que le manque
de transparence ne nous aide pas à prendre des décisions. On est obligés de le
rappeler longtemps que ce manque de transparence ne nous aide pas à prendre de
décisions. Et c'est vraiment dommage que plutôt que de nous donner les
résultats du BAPE, hier ou avant hier, ou même avant même ou en même temps qu'on
déposait le projet de loi, bien, on propose de nous le rendre public après
qu'on ait analysé ce projet de loi.
Donc, on veut aussi voir les résultats du
BAPE sur le projet de ligne en question. Ça nous prend ça pour pouvoir faire
notre travail de législateur sur ce projet. Le projet de loi n° 13 est un
projet important. Il concerne l'exploitation de l'électricité du Québec vers
les États-Unis, dans un contexte où la vision énergétique du gouvernement est
critiquée de toutes parts. C'est un dossier où il se brasse des grosses
affaires en ce moment et on doit être vigilants.
Déjà, il y a anguille sous roche devant le fait
que madame Sophie Brochu ne peut pas venir nous parler. En tout cas, le
gouvernement ne juge pas important qu'on vienne nous parler du plan
stratégique. Et aujourd'hui, on s'étonne, on ne comprend pas quelle logique il
y a derrière le fait qu'on ne nous donne pas l'information concernant le BAPE.
Le gouvernement refuse donc notre demande. La demande des groupes aussi de
tenir un BAPE générique. Bref, tout ce qui apporterait un minimum de
transparence dans le cadre de la transition énergétique du Québec, pour
l'instant, ne nous permet pas... tout ce qui apporterait de la transparence
n'est absolument pas dans la priorité du gouvernement.
M. Poulin : Ça fait deux
fois, on est... anguille sous roche, apporter de la transparence, manque de
transparence. Je pense qu'on doit rappeler à la prudence des collègues, là,
s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) : S'il
vous plaît. Merci.
M. Poulin : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le député, je vous invite à la prudence. Aussi, je souhaite vous rappeler que
lorsque vous citez ou vous parlez d'un collègue, utilisez les titres et non les
noms. Donc. La parole est à vous.
M. Bouazzi : Je vais
effectivement faire preuve de vigilance et je vais continuer à utiliser des
mots qui sont parlementaires et éviter des mots qui ne sont pas parlementaires.
Ce que je n'ai pas fait évidemment. Et je pensais avoir utilisé les titres des
personnes, mais je vais être très vigilant sur ce point-là et je m'en excuse si
je ne l'ai pas fait.
La question de la transparence se pose,
par exemple, dans un exercice législatif comme celui-là, cher collègue et...
Une voix : ...
M. Bouazzi : Exact, et ça
apporterait de la transparence, si on veut, qu'on ait les informations.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : On
est à la période des remarques préliminaires. La parole est au député de la deuxième
opposition officielle. Donc, M. le député de Beauce-Sud, s'il vous plaît.
Merci.
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Effectivement, ça apporterait de la transparence d'avoir accès à des
informations qui sont gardées par le ministre de l'Environnement dans le bureau
du ministre de l'Environnement et qu'il semble très important de ne pas nous
donner avant qu'on puisse légiférer sur le projet de loi, alors que le rapport
du BAPE parle justement du projet de loi.
Donc, comme parlementaires comme parti
d'opposition, on doit faire notre travail avec rigueur. Nous sommes
législateurs, nous aussi. On doit avoir toute l'information à notre disposition
pour pouvoir nous prononcer en tout état de cause. Donc, comme nous l'apprend
le BAPE, il y a de l'information à caractère public qui traîne sur le bureau du
ministre Charette, qui...
Une voix : ...
M. Bouazzi : Mais je n'ai pas
le droit... mais vu que je suis nouveau, ça va m'aider, là, on n'a pas le droit
de... ministre Charette, parce qu'il...
Une voix : Le ministre de
l'Environnement.
M. Bouazzi : Ah! Pardon,
pardon, parce que c'est son...
M. Bouazzi : ...pareil, c'est
pour ça, vu qu'il est ministre.
Une voix : ...
M. Bouazzi : Il n'y a pas de
problème. Ministre de l'Environnement, ça va me faire plaisir. Je pensais
que... Bref, ça va me faire plaisir.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député.
M. Bouazzi : Donc, du
ministre de l'Environnement, qui porte précisément sur le sujet de la ligne qui
fait l'objet du projet de loi n° 13 et à laquelle on n'a pas accès. Donc,
le ministre doit divulguer cette information aujourd'hui, à 4 heures, mais
on nous demande de nous prononcer aujourd'hui sur un projet de loi qui y est
directement relié. Il n'est pas possible pour nous, moi, je veux être clair,
là, il n'est pas possible pour nous de pouvoir nous prononcer en connaissance
de cause sur le projet de loi n° 13 sans avoir en main le rapport de la
consultation ciblée, menée par le BAPE en décembre dernier, sur le projet de
ligne d'interconnexion Heurtel-New York, qui fait directement l'objet du projet
de loi que nous sommes en train d'étudier.
En matière d'énergie, là, on a comme deux institutions
qui nous aident vraiment à prendre des décisions éclairées. Il y a le BAPE et
il y a la Régie de l'énergie. Et on a l'impression qu'à chaque étape ou bien on
affaiblit la Régie de l'énergie ou bien on affaiblit le BAPE. Et, pour nous,
c'est très important de garder ces deux institutions, parce qu'elles sont
utiles et importantes pour qu'on puisse prendre des données, des informations
éclairées.
Bon, maintenant, sur le fond, le contrat
avec New York est un bon contrat, il est à notre avantage, et qui n'occasion
pas de problème de stabilisation du réseau, étant donné que la connexion est
directe jusqu'à New York et qu'il n'y a pas d'engagement à vendre de
l'électricité l'hiver lorsque nous sommes en période de pointe. C'est
30 milliards de revenus pour Hydro-Québec sur la durée du contrat. C'est
important aussi, et nous, on applaudit le fait qu'il y ait des diminutions de
gaz à effet de serre à l'extérieur aussi du Québec. Évidemment, il ne faudrait
pas que ça nous empêche d'atteindre nos objectifs. Malheureusement, on n'a pas
de plan, ça fait, qu'on ne peut pas le savoir. Mais il serait important qu'il y
ait effectivement une baisse de gaz à effet de serre à New York. Or, on nous
dit d'un côté que ça équivaut à 14 des 15 usines de génération d'électricité,
des 15 usines à gaz, que ça correspond à 44 % des voitures qui vont
diminuer... donc les émissions des voitures à New York, si mes souvenirs sont
bons. Une fois que le câble sera accordé, il n'y aura pas 44 % des
voitures en moins. Et puis rien ne nous assure que ne serait-ce qu'une ou deux
ou trois de ces usines à gaz vont être fermées. Donc, on dépend de la capacité
de New York d'améliorer son utilisation de l'électricité. On espère que ça ne
sera pas juste une accumulation de plus d'électricité, et donc, dans ce cas là,
de ne pas diminuer les consommations de gaz à effet de serre. On aurait aimé
que, dans ce genre de contrats, il y ait des assurances qui nous permettent
d'espérer que la ville de New York va effectivement baisser ses émissions de
gaz à effet de serre avec un tel projet et non pas augmenter sa consommation,
tout simplement, d'électricité.
Ceci étant dit, avec le contrat avec
Massachusetts, où, vous le savez, il y a beaucoup de problèmes, où,
actuellement, il y a des appels en cours, etc., nous, on n'est pas sûr du tout
qu'on parle de la même qualité de projet, et on espère qu'on aura encore plus
d'informations qui vont nous permettre de prendre des informations éclairées et
peut-être d'être beaucoup moins d'accord avec ce contrat-là.
On note aussi que le projet de loi
comporte la collaboration avec les conseils mohawks de Kahnawake et sans
permettre un partage des revenus associés avec le passage de la ligne sur leur
territoire, ce qui est une bonne chose. Le conseil mohawk est venu nous dire
qu'il était entièrement satisfait de leur entente. On souhaite que le même
genre d'entente se répète avec les autres communautés.
Par contre, on a des questionnements par
rapport à ce projet de loi. Nous craignons que la création d'une filiale
d'Hydro soustraira la gestion de cette ligne à la régie et permettra à Hydro de
sous-traiter l'entretien de la ligne. Si on se fie à d'autres projets de ligne
générés de la même manière, comme l'intersection CRT, Cedar Rapid Transit,
l'utilisation d'une filiale permet à Hydro de faire toutes sortes de tours de
passe-passe juridiques pour que les frais de transport...
Une voix : ...
M. Bouazzi : D'accord. Donc,
permet à...
M. Bouazzi : ...drôle de
faire des tours de passe-passe... Des acrobaties juridiques, ça vous va?, avec
les frais de transport chargés pour camoufler une partie des profits? Nous
craignons aussi que l'utilisation d'une filiale permette à Hydro de se
soustraire aux contraintes concernant le recours aux entrepreneurs externes,
comme c'est le cas pour la ligne d'interconnexion CRT, semblable à ce que le
p.l. 13 propose. La régie, c'est vraiment important, hein? Malheureusement,
nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour questionner Hydro-Québec sur ce
sujet-là. Leurs réponses n'étaient pas vraiment claires. Ils nous ont dit que
ça resterait soumis à la régie, mais ensuite ils ont fait référence à
l'autorisation du projet par la Régie. Mais nous, ce qu'on veut savoir, c'est
si la filiale que permet de créer le projet de loi va être soumis à la régie.
Notre compréhension, pour l'instant, c'est non, M. le Président, et nous
espérons avoir plus d'informations durant cette étude.
On ne veut pas se retrouver avec un énième
projet de contournement de la régie, et malheureusement l'historique des
gouvernements de la CAQ sont nombreux. Le mois passé, d'ailleurs, c'était le
projet de loi n° 2 qui maintenait l'erreur du projet de loi n° 34 de 2019 qui
avait, à toutes fins pratiques...
Le Président (M. St-Louis) :
Je vous invite à conclure, M. le député.
M. Bouazzi : C'est très bien.
Donc, dans ce cadre, encore une fois, en conclusion, nous espérons que l'étude
détaillée du projet de loi permettra de répondre à nos interrogations et que
nous allons obtenir dans les plus brefs délais le rapport du BAPE qui, encore
une fois, et sur le bureau du ministre de l'Environnement. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres membres de la commission qui souhaitent faire
des remarques préliminaires?
M. Morin : Avec votre
permission, M. le Président, j'aimerais faire des remarques préliminaires.
Le Président (M. St-Louis) : Du
côté gouvernemental, ça v? Du côté des oppositions, ma compréhension, c'est que
M. Morin, je vous cède la parole pour les 20 prochaines minutes. Donc, la
parole est à vous... excusez-moi, M. le député de l'Acadie, pardon.
• (12 h 20) •
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. Écoutez, d'abord, bien, permettez-moi, je me sens privilégié
d'être ici, évidemment, en compagnie de M. le ministre, des représentants du
gouvernement, mes collègues de l'opposition officielle et de la deuxième
opposition. Permettez-moi, M. le Président, également, de saluer le député de
Saint-Jean, avec qui on a eu le plaisir d'échanger sur le projet de loi n° 8,
qui est maintenant la loi qui va modifier le code de procédure civile ainsi que
les hauts fonctionnaires qui accompagnent la délégation ministérielle. Ayant
été moi-même un haut fonctionnaire pendant 32 ans, je peux vous dire que c'est
toujours agréable de voir des gens aussi compétents aider à l'action
législative.
Quand on m'a demandé d'être ici, et de
regarder le projet de loi no 13, et d'intervenir, je peux vous dire qu'il y a
certains éléments qui m'ont un peu surpris ou, à tout le moins, étonné.
D'abord, commençons par les éléments, je vous dirais, importants. La loi
concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York est sans aucun doute pour
Hydro-Québec une façon, évidemment, de transmettre de l'énergie à l'extérieur
et qui va rapporter évidemment des revenus. J'y reviendrai, également, mais le
fait que, dans le cadre de ce grand projet, on ait discuté, on ait travaillé en
collaboration avec la communauté mohawk, c'est, je pense, un pas dans la bonne
direction, M. le Président.
Ma collègue le mentionnait, 10,4 térawatts
d'énergie qui pourraient être envoyés, 30 milliards de revenus sur 25 ans, ce
n'est pas rien. Donc, c'est un projet de loi qui est important. Cependant,
quand on le regarde, ce projet de loi soulève des questions, et je peux vous
dire, et je ne suis pas un ingénieur en électricité, mais je peux vous dire que
ce qui m'a un peu surpris quand on regarde l'ensemble...
M. Morin : ...de la production
puis de l'exportation d'énergie. On veut exporter un montant important
d'énergie vers les États-Unis à un moment où ce qu'on nous dit, en fait, ce que
j'apprends, par la voie des médias, du ministre de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Énergie, c'est qu'on n'aurait pas eu un contrat avec la firme
Volkswagen, c'est quand même un contrat majeur, reconnaissons-le, là, c'est
l'Ontario qui va avoir le contrat, semble-t-il, en nous interrogeant sur la
capacité pour la société d'État de produire suffisamment d'énergie pour répondre
aux attentes du constructeur. Et là, au même moment, on est en train d'étudier
un projet de loi qui va permettre l'exportation d'une quantité importante
d'énergie vers les États-Unis.
Comprenez-moi bien, ça va sûrement aider
la ville de New York parce que, quand on regarde, par exemple, certains
articles dans les médias, on apprend que, dans la ville de New York, il y a
encore des centrales électriques qui utilisent des matières fossiles et qui
sont donc très polluantes. Donc, qu'on veuille aider et qu'on veuille réduire
la quantité, par exemple, de GES qui sont produits dans la ville de New York,
en soi, ce n'est pas une mauvaise chose, sauf que je pense qu'il faut regarder
le tout dans un ensemble. Est-ce qu'on a raté un contrat parce que, finalement,
on n'a pas assez d'énergie et puis on veut en exporter? Je pense que c'est une
question qu'on peut se poser valablement.
Ça, c'est pour New York. Mais on sait
aussi qu'au même moment, si on regarde un peu à moyen terme, il y a des
contrats importants qu'Hydro-Québec doit gérer. Très récemment, le premier
ministre était à Terre-Neuve pour, justement, avec la province, tenter de
renégocier le contrat important. Est-ce que ça va nous coûter plus cher? Est-ce
qu'on pourra éventuellement produire assez d'électricité?
Donc, le portrait global, M. le
Président... Et c'est ce qui est malheureux avec ce projet de loi, c'est que,
le portrait global en matière de production d'hydroélectricité au Québec, on ne
l'a pas. Et souvent, souvent, pendant la période des questions, le premier
ministre nous disait : Écoutez, l'opposition officielle, soumettez-nous
des suggestions valables, aidez-nous. Eh bien, justement, le chef intérimaire
de ma formation politique, lors de sa rencontre avec M. le premier ministre,
disait : Écoutez, nous, là, on voudrait avoir une stratégie globale, on
voudrait une commission itinérante sur l'énergie pour avoir une approche
globale. Bien, ça, je vous dirais que c'en est une, suggestion, qui est
constructive et qui permettrait maintenant au Parlement, aux élus, aux
législateurs, quand on a à étudier un tel projet de loi, de savoir : Mais
au fond, dans l'ensemble, où allons-nous? Est-ce que c'est une pièce du
casse-tête qui s'imbrique dans une image qui va être géniale pour le Québec ou
si c'est juste des morceaux qu'on colle à gauche et à droite? Ça,
malheureusement, on ne l'a pas. Donc, je le dis, si on avait accepté l'idée de
cette commission itinérante pour une approche globale, on aurait, je pense, et
je vous le soumets, une meilleure analyse, une meilleure approche pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
Il y a un autre élément que je veux
soulever, on va probablement en reparler, M. le Président, mon collègue de la
deuxième opposition en a parlé, c'est ce fameux rapport du BAPE. Moi, quand on
m'a demandé de siéger ici puis que j'ai lu le projet, j'ai dit : Ah!
fantastique! C'est certain, il y a eu toutes les évaluations, toutes les
analyses ont été faites, c'est parfait, on a le feu vert, on y va. Eh bien non,
j'apprends que ce n'est pas le cas. Mieux, j'apprends qu'apparemment le
rapport, il existe, il est en quelque part sur un bureau, mais le législateur,
les élus ne l'ont pas. Encore mieux, M. le Président, j'apprends, semble-t-il,
qu'il serait disponible en fin de journée aujourd'hui, si je ne me trompe pas.
Donc, on demande aux élus de faire un travail...
M. Morin : ...d'analyser
un document fort important parce que, comme je vous le disais, là, on parle de
milliards de dollars, mais l'environnement, l'analyse, l'enquête, là, on ne l'a
pas, on va l'avoir plus tard. Et là je me dis : C'est vraiment curieux,
pourquoi... pourquoi le gouvernement ne veut pas rendre le rapport disponible
immédiatement? On est ici pour travailler dans le bien commun pour l'ensemble de
la population, alors je me dis : Bien, il y a trois options, trois options
possibles. Et il y en a une qui m'étonnerait, mais enfin, bref, c'est possible,
ou bien le rapport ou l'enquête dit : Écoutez, on a le feu vert, tout est
parfait. Bien, alors, déposons-le, regardons-le puis allons-y, ça, ça va juste
aller plus vite, et il n'y a pas de souci parce qu'à ce moment-là, on va être
capable... on va être capable d'assurer la population, les gens qui vont être
visés par ça, qu'il n'y a pas de souci. Première option. Deuxième option, le
feu est au jaune, bien, si c'est le cas, ça ne veut pas dire que c'est fatal,
mais, ce que ça veut dire, cependant, c'est qu'il faudrait regarder le document
adéquatement, et faire en sorte qu'on puisse apporter peut-être des correctifs,
ça ne va que bonifier l'exercice qu'on est en train de faire. Troisième
élément, troisième option, le rapport, le feu est rouge, bien là, à ce
moment-là, c'est encore plus grave. Donc, qu'on le regarde parce que si c'est
le cas, bien là, à ce moment-là, il va falloir refaire les devoirs pour
s'assurer qu'il n'y aura pas un impact sur l'environnement. Tout le monde... je
pense qu'aujourd'hui, tout le monde sait que la considération qu'on doit avoir
pour l'environnement, c'est fondamental. Donc, qu'on nous le présente, qu'on
nous l'explique, et puis, à ce moment-là, on pourra faire notre travail
adéquatement.
L'autre élément qui est un peu surprenant
à mon avis, c'est qu'on ne sait pas où ce projet-là s'insère dans la stratégie
globale d'Hydro-Québec. On me dit qu'on aurait invité la P.D.G., on ne l'a pas
entendue. Il me semble que ce serait un élément qui est très important compte
tenu de l'ampleur des travaux et puis de l'énergie qui va être... qui va être
exportée, mais là-dessus, malheureusement, nous n'aurons pas de réponse, mais
l'impression que j'ai, c'est que le gouvernement légifère à la pièce et que
malheureusement, le tableau global, nous ne l'avons pas. Est-ce que ça aura un
impact sur notre consommation hydroélectrique? Évidemment, il faudra
attendre... éventuellement, parce que là, on ne le sait pas.
• (12 h 30) •
Quand j'ai regardé le projet de loi,
évidemment, et puis on aura la chance, j'imagine, de revoir... parce que là, je
suis aux remarques préliminaires, le document plus en profondeur, il y a la
création de cette société, enfin, on... j'aurai des questions à poser là-dessus
pour voir, évidemment, comment cela va fonctionner. Cependant, j'aimerais
souligner un élément que je qualifie de très positif et c'est la façon dont le gouvernement
a travaillé avec le Conseil des Mohawks de Kahnawake. Et je relisais, je
relisais le document qui a été déposé par le conseil et je comprends que la
grande cheffe, Mme Sky-Deer, est venue expliquer. Et ça, je peux vous dire
que... il faut le dire, ma collègue l'a mentionné tout à l'heure, je suis le
porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations avec les
Premières Nations et des Inuits, donc c'est quelque chose qui me tient et que
j'ai à cœur, et le fait qu'on ait travaillé avec la communauté, je vois ça
d'une façon excessivement positive, d'autant plus qu'il y aura sans aucun doute
des retombées très positives pour la communauté. Cependant, cependant, quand je
regardais le rapport, à la page quatre, on disait que la communauté,
évidemment, voulait avoir un impact, voulait être consultée, voulait avoir son
mot à dire en ce qui a trait à toutes les évaluations environnementales qui
pourraient être faites, puis je les comprends parce que ça a un impact
important pour...
12 h 30 (version non révisée)
M. Morin : ...en communauté,
mais là, on revient à ce que je disais tout à l'heure. Là, ça devient difficile
parce que l'enquête du BAPE, on ne l'a pas. Donc, c'est comme si on tournait un
peu en rond. Et ça, ça pose pour moi un problème. Sincèrement, je tiens à vous
le souligner. Parce que... et ma collègue, il faisait référence, la façon dont
la grande cheffe explique comment la nation mohawk fonctionne,c'est avec le
concept des sept générations. Donc, à partir d'aujourd'hui, essayons de voir
pour sept générations dans le futur, quel sera l'impact de ce projet-là sur la
communauté. Et là, ça va devenir excessivement difficile de faire le travail si
on n'a pas les résultats de l'enquête du BAPE. Cependant, on peut se féliciter
que, dès le départ, la communauté mohawk ait été consultée et pas seulement
consultée, elle a été vraiment mise à partie prenante de ce projet de loi pour
faire en sorte qu'il y ait des retombées et qu'on considère effectivement le
territoire sur lequel la communauté existe, habite, et ce, depuis des
générations.
Donc, quand on regarde le projet de loi,
projet de loi particulièrement court, quelques articles, on se rend compte
également qu'Hydro-Québec va conserver, en fait, une partie importante des
critères décisionnels. C'est innovateur de vouloir créer une société. Encore
là, il faudra voir comment cela va fonctionner. Et l'autre élément que je
voudrais dire dans mes remarques préliminaires, c'est qu'il y a des
dispositions de ce projet de loi qui enlève, finalement, des droits en ce qui a
trait aux gens qui pourraient être éventuellement expropriés. Et ça, on y
reviendra, M. le Président, un peu plus tard.
Donc, en conclusion, ce sont les remarques
préliminaires que je voulais partager avec les membres de la commission. Je
vous dirais que d'emblée, c'est un projet qui est intéressant, mais qu'il
manque des éléments pour qu'on ait une analyse complète. Et évidemment on va
continuer les travaux et puis on verra à ce moment-là où cela va nous mener.
Alors je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Je comprends que Mme la députée des Mille-Îles souhaite prendre
la parole. C'est bien le cas?
Mme Dufour : C'est bien le
cas, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée, vous disposez de 20 minutes.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Alors, tout comme mes collègues, j'aimerais saluer les gens qui sont présents
et je vais rendre la pareille à mon collègue de Laval, Monsieur Skeete, mais
aussi madame Haytayan, députée de Laval-des-Rapides, pardon, que je salue,
évidemment tous les autres députés.
Écoutez, je n'ai pas assisté à toutes les
consultations, mais j'ai lu les mémoires avec grand intérêt, et donc je suis
heureuse là, de pouvoir partager avec vous mes commentaires sur le projet de
loi n° 13 ce matin, la loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New
York. Et je remercie d'ailleurs les groupes qui ont participé et je remercie
Hydro-Québec. Le mémoire était très éclairant. La nation mohawk de Kahnawake,
représentée par le grand chef Sky-Deer et la Fédération des producteurs
forestiers du Québec. J'ai lu avec beaucoup d'attention et vous allez voir, là,
je vais y revenir à plusieurs reprises. Comme l'ont mentionné mes collègues
précédemment, il est tout de même... il est très préoccupant qu'on tente dans
le fond de compléter les travaux avant d'avoir en main toutes les données. Et
le rapport du BAPE sur ce projet serait très éclairant. Le tracé fait passer le
projet dans une rivière. On ne sait pas s'il traverse des milieux humides d'intérêt.
On ne sait pas s'il traverse des boisés...
Mme Dufour : ...très très,
très... de grande valeur. Il y a quand même des enjeux qu'on doit connaître, et
le rapport du BAPE, donc, nous serait très utile. Alors, il est un peu,
malheureusement, triste, là, qu'on ne l'ait pas eu jusqu'à maintenant. Je
comprends qu'on va l'avoir d'ici la fin de la journée, donc on pourra en
prendre connaissance rendu là, mais disons que l'étude détaillée article par
article aurait pu commencer après la réception de ce rapport et non pas avant.
Ça nous éclairerait, ça nous orienterait sur nos questions.
On lit, dans le rapport de... dans le
mémoire d'Hydro-Québec, que le projet va permettre de décarboner l'État de New
York, en bonne partie, hein, 40 % des véhicules, que j'ai lu, c'est
l'équivalent de 40 % des véhicules de la ville de New York, qui est une
immense, immense ville, qui seraient retirés. C'est très bien, et, comme l'ont
mentionné mes collègues, on a besoin d'aller vers une décarbonation, mais
évidemment est-ce que ce projet-là va nous empêcher d'atteindre notre propre
décarbonation québécoise, alors qu'on a les plus belles ressources au monde? Il
faut le savoir. Peut-être que le BAPE s'y penche, d'ailleurs, mais on ne le
sait pas. Mais ça, c'est une inquiétude parce que c'est quand même un contrat à
long terme avec l'État de New York, puis on ne sait pas si ça va avoir un
impact, nous empêcher d'atteindre nos propres objectifs.
On vise quoi, 2050, d'être carboneutre au
Québec, qui est un objectif absolument louable qu'on doit atteindre. On a les
capacités de l'atteindre en autant qu'on ne donne pas notre électricité et
qu'il ne nous en reste plus pour décarboner notre propre économie. Donc, ça, je
pense que c'est majeur, on doit répondre à cette question-là. Et, comme l'ont
souligné mes collègues ici présents, député de l'Acadie et député de
D'Arcy-McGee, c'est un peu inquiétant, ce qu'on a lu dans les journaux cette
semaine par rapport à la réponse du ministre de l'Économie qui signifiait qu'on
aurait perdu un contrat avec... bien, pas un contrat, mais une usine de
Volkswagen parce qu'on n'aurait pas eu la capacité énergétique, bon. On a lu,
après ça, qu'Hydro-Québec mentionnait : Non, elle est là, la capacité
énergétique, mais il reste qu'on a aussi entendu le ministre, il y a quelques
semaines, dire qu'il n'y avait plus de projets sur la table que la capacité
énergétique actuelle. Alors, est-ce qu'on est en train de mettre des projets
pour la ligne de New York? Est-ce qu'on est en train de mettre de côté des
projets qui nous permettraient peut-être de relancer... de lancer un pan de
notre économie et d'atteindre notre carboneutralité? On ne le sait pas. Donc,
ça, c'est un élément.
• (12 h 40) •
Comme je vous ai dit, je me suis beaucoup
attardée aussi au mémoire de la Fédération des producteurs forestiers du
Québec. Il y a plusieurs éléments, là, qui m'ont interpellée, et j'aimerais
revenir sur des recommandations qu'ils ont faites. Ils ont recommandé notamment
d'éviter, minimiser, compenser les pertes de milieux naturels et forestiers par
la création de nouveaux écosystèmes forestiers de valeur équivalente dans les
régions affectées. Ça, c'est définitivement, aujourd'hui, la tendance, on doit
aller vers des compensations. Parce qu'on comprend qu'une nouvelle ligne peut
avoir des impacts. Ça, on n'est pas contre, mais il faut savoir quels sont ces
impacts-là et sont-ils évitables, et, sinon, sont-ils... ou comment on peut les
compenser. Mais ça, on ne le sait pas. Alors, le mémoire en fait mention, et je
pense qu'on doit le souligner.
Et là on mentionne, ça, c'est très intéressant,
que la ligne la ligne Hertel-New York passe dans un endroit où Québec, la
Montérégie, qu'on mentionne qui est un des endroits où le pourcentage de
superficie forestière est le plus faible au Québec. Ça, je l'ai appris en le
lisant, je n'étais pas au courant, donc j'étais très, très étonnée de cette
situation-là. Il y a énormément de terres agricoles, en Montérégie, donc ça
peut expliquer pourquoi le pourcentage de superficie forestière est aussi
faible, mais on a besoin de canopées, on a besoin d'arbres pour la lutte aux
changements climatiques. Ce sont des puits de carbone, et là on ne sait pas si
ce projet-là retire de cette région-là une superficie de canopée. On l'ignore.
Par contre, il y a quelque chose que je
dois souligner qui est très intéressant, c'est que le projet prévoit de
l'enfouissement. Donc, c'est une ligne souterraine, et ça, je le salue parce
que ça limite tout de même beaucoup les coupes...
Mme Dufour : ...forestière.
C'est absolument hallucinant. Actuellement, quand il y a une ligne de
distribution qui s'installe, les distances de coupe qu'on fait, la largeur
du... c'est pire qu'une autoroute. C'est effrayant. C'est énorme. On coupe
énormément d'arbres. Alors là, d'aller en souterrain, ça permet définitivement
d'en couper beaucoup moins. Donc, je salue cette façon de faire.
Par contre, il y a quand même des
inconvénients, il y a quand même des coupes, parce que, pour aller en
souterrain, bien, il faut creuser, il faut amener de la machinerie, cette
machinerie-là passe peut-être à travers un boisé, on ne le sait pas. Donc, ça,
c'est quelque chose qui est souligné dans le mémoire de la Fédération des
producteurs forestiers du Québec et je pense qu'on doit s'y attarder, et
particulièrement pour la Montérégie, je ne sais pas si les élus de cette
région-là sont conscients qu'ils pourraient peut-être perdre du couvert
forestier.
Puis il y a aussi toute la question des
milieux naturels. En fait, là, j'ai parlé du couvert forestier, mais, comme je
disais, on ne sait pas si ça passe à travers des milieux humides, des milieux
hydriques, on le sait parce qu'il y a la rivière Richelieu. Et là on est dans
une situation où on est dans la lutte aux changements climatiques. On doit
absolument tenir compte des milieux naturels et, comme je disais, compenser
dans le cas où il y aurait destruction.
On mentionne, dans le mémoire, le fait
que, justement, l'enfouissement, c'est une solution, là, qui diminue l'impact
d'insertion de la ligne, mais que certains désagréments peuvent subsister. Puis
là ils mentionnent «la présence de tension parasite dans une ligne souterraine
ou bien l'incidence du dégagement de chaleur par la ligne souterraine sur le
système racinaire de la végétation». Je ne sais pas si le BAPE s'est penché
là-dessus, mais j'ai appris quelque chose et je trouve, c'est très, très, très
intéressant. J'aurais aimé pouvoir leur poser la question directement, mais je
n'étais pas présente à ce moment-là.
Ensuite... Et un élément qu'il mentionne
dans leur mémoire, disons, assez allègrement, là, c'est tout l'enjeu
d'expropriation. Et là c'est de ça que je vais vous parler pour le reste de mon
intervention, tout ce qui est les expropriations, de la façon que le projet de
loi est rédigé, les pouvoirs qu'Hydro-Québec s'octroie avec ce projet de loi là
ou ça octroierait plutôt avec ce projet de loi là. Il mentionne, donc, que la
nouvelle société va bénéficier «des mêmes pouvoirs d'expropriation accordés à
Hydro-Québec...», donc, ça, jusque là, ça va, mais qu'on rappelle que la
délégation de pouvoir d'expropriation, hein, ça doit être un acte d'exception.
Puis moi, j'ai été longuement impliquée à
la ville de Laval, donc je suis passée par ce processus-là. On a vécu ça, ce
n'est pas un processus d'expropriation avec des contestations. Et c'est sûr que
ça l'a un impact pour les gens qui sont expropriés quand on les... on prive des
gens de leur droit de propriété. On le fait pour le bien commun, alors c'est
normal de le faire, mais il faut que ça soit bien, bien, bien balisé. Et
d'ailleurs ils rappellent... dans leur rapport, toujours la Fédération, là, des
producteurs forestiers, rappellent que l'octroi du droit d'exproprier de façon
permanente, c'est toujours un risque important pour les propriétaires terriens.
Il faut le rappeler. Et ce qui les inquiète, donc, c'est «le retranchement du
recours aux articles 44 à 44.3 de la Loi sur l'expropriation qui
élimine...», ça, c'est l'article du projet de loi, là, je ne me... le 7, je
crois, mais je ne suis pas certaine. C'est le 7? C'est ça. Donc : «...qui
élimine la possibilité de contester l'expropriation en Cour supérieure.» Donc,
on vient déposséder les citoyens expropriés d'un droit fondamental de
contestation.
Et là je me pose la question :
Pourquoi on le fait comme ça? Parce que je révisais la Loi sur l'expropriation,
puis les délais sont quand même encadrés. C'est vrai qu'il peut y avoir des
contestations, ça, on... ça peut amener un certain délai, mais ce n'est pas, ce
n'est pas... Si c'est encadré, la contestation, ce n'est pas dérisoire non
plus, les délais que ça peut ajouter. À quelque part, du moins, il faudrait
voir si c'est absolument nécessaire de priver les citoyens de leur droit
fondamental. Par contre, je comprends que c'est un projet avec un droit... un
but collectif. Donc, je comprends le gouvernement de vouloir aller là à ce
moment-là. Et j'espère sincèrement qu'il ira au même endroit lors de la...
Mme Dufour : ...Révision,
bien, parce qu'il s'était engagé, le Premier... le premier ministre s'était
engagé à réviser la loi sur l'expropriation, et donc il faudra absolument
revoir cette loi-là pour que le droit collectif prenne le dessus sur le droit
individuel. Et ici, dans ce projet de loi là, c'est... Hydro-Québec fait
exactement ça, il s'assure de... Que le droit collectif, parce qu'à quelque
part, quand la ligne amène des revenus à la société d'État, c'est des revenus
pour le Québec, donc ce sont... C'est le droit collectif qui prime, il s'assure
que ça soit au-delà du... Du droit privé ou le droit individuel. Mais la
réalité actuellement sur le terrain, pour les municipalités, elle est toute
autre.
Et là, et là, vraiment, je trouve que
c'est... tu sais, actuellement, on a des jugements qui sortent, ça a sorti dans
les journaux. Notamment, Le Boisé des Hirondelles, cette semaine, le sénateur
Paul Massicotte, que la Cour supérieure a confirmé qu'il était victime
d'expropriation déguisée, il demande 15 millions de dollars à la
Ville de Saint-Bruno pour avoir, dans le fond, avoir vu sa terre protégée. Et,
et, dans le fond ce que les... Il y a eu d'autres cas, là, il y a eu à
Mascouche aussi, la, la Cour suprême du Canada qui a rejeté la demande d'appel
qui était faite par la Ville de Mascouche, et, et c'était une suite à une
décision de la Cour d'appel du Québec qui ordonnait la Ville à verser une
compensation financière pour expropriation déguisée. Et là, vraiment, ça, tout ça,
dans le fond, ces jugements-là viennent confirmer des demandes qui avaient été
faites de, par l'Union des municipalités du Québec, de réformer la loi de
l'expropriation parce qu'actuellement, ça met en péril la réalisation, là, de
projets d'intérêt public comme le développement...
(Interruption) Excusez-moi. Le
développement de projets de transport collectif. Pensons au tramway, pensons
des lignes de, de, qui pourraient se faire, là, des lignes rapides, il y en
aura notamment dans Laval-des-Rapides, qui passeront, il y aura des
expropriations nécessaires. Mais actuellement, la façon que la loi est faite...
Évidemment, là, la protection de milieux naturels, ça, c'est... les... les
Jugements que je vous ai mentionnés traitaient cet aspect-là, mais tous les
projets collectifs actuellement ont besoin d'aller à... De faire des
expropriations, vivent une situation vraiment difficile. Tous les... tous
les... toutes les municipalités notamment, qui n'ont pas des puits... ne sont
pas des puits sans fond de, d'argent.
Donc là, ce qu'on voit, c'est la fixation
de l'indemnité qui est vraiment problématique. Il y a évidemment les délais, un
peu, mais c'est surtout la fixation de l'indemnité qui est problématique. Et,
ce qui est intéressant, c'est que, dans le projet de loi qu'on a vu, qui, qui
nous est présenté aujourd'hui, dans le fond, je vais juste vous lire les notes
dans le cahier de commentaires. On dit que l'indemnité d'expropriation d'un
bien doit seulement se fonder sur la valeur du bien et du préjudice directement
causé par l'expropriation à la date d'expropriation. Donc, ça, c'est ce
qu'Hydro-Québec, dans le fond, avec la loi, veut avoir, ils veulent que
l'expropriation, l'indemnité d'expropriation soit celle, soit celle, donc,
seulement du... La valeur du bien et le préjudice, mais pas la plus-value,
O.K., pas la plus-value qui pourrait être attribuable à l'annonce publique du
projet.
• (12 h 50) •
Les municipalités vivent exactement
l'inverse, là. Le plus gros des, des indemnités, ce sont les profits potentiels
futurs. Et c'est le cas d'ailleurs du sénateur Monsieur Massicotte qui
dit : moi, j'aurais pu faire 15 millions de dollars, là, j'ai
payé mon terrain à peu près 2 millions, j'aurais pu faire, mettons,
13 millions de profit, donc donnez-moi 15 millions. Ça, c'est ce qui,
actuellement, les... certains promoteurs exigent aux municipalités.
Et le Tribunal administratif du Québec,
bien, il va dans ce sens-là de plus en plus, parce que la Loi sur
l'expropriation, elle laisse un peu un flou, là. Je, je, je vais juste vous
lire des extraits de la loi sur l'expropriation. On dit que l'indemnité est
fixée d'après la valeur du bien exproprié, du préjudice directement causé par
l'expropriation. Jusque-là, vous voyez, c'est la même chose qu'Hydro-Québec,
de... que... que... ce qu'on veut pour Hydro-Québec ici, mais on rajoute
l'article 59 de la loi sur l'expropriation : «Lorsqu'une plus-value particulière
résultant de la construction d'ouvrages ou une amélioration effectuée par
l'expropriant, cette plus-value est compensée jusqu'à concurrence avec
l'indemnité due à l'exproprié.» Donc, la loi sur l'expropriation vient prévoir
une plus-value particulière pour les, dans le fond, les profits.
Et, ça, ce droit-là, il n'est pas donné
aux municipalités, il n'est pas donné à tous les autres qui doivent exproprier.
Mais ici, on vient le reconnaître, que ça a, dans le fond, ça vient, comment...
Mme Dufour : ...contrevenir
les droits collectifs parce qu'on veut ici le mettre dans la loi pour cette
ligne-là. Donc, si on juge qu'Hydro-Québec doit... ne doit pas payer cette
plus-value-là, pourquoi on exige les municipalités de le faire? Et c'est pour
ça, d'ailleurs, je vous rappellerai que les demandes de l'UMQ étaient...
disaient : «Ça fait 40 ans que la Loi sur l'expropriation n'a pas été
modifiée substantiellement et que le gouvernement reconnaît lui-même que la
législation est problématique parce que l'Assemblée nationale adopte une loi
spéciale pour contourner la Loi sur l'expropriation à chaque fois qu'un projet
important est lancé.» On disait ici : Comme le REM ou le réseau
structurant du transport collectif à Québec, j'ajouterais : Comme les projets
d'Hydro-Québec. Alors, il est impératif qu'on accorde ce même droit là aux
municipalités.
Ensuite, je voudrais mentionner aussi que
j'ai trouvé un petit peu particulier de lire dans la loi que l'indemnité
provisionnelle est fixée par Hydro-Québec. Donc, ça, ça m'a étonnée. On dit que
c'est, dans le fond, dans le cas où... Attendez, j'ai vu ça dans les notes.
«Pour ce qui est d'une exploitation agricole, d'un commerce ou d'une industrie,
l'indemnité provisionnelle à être versée au début du processus d'expropriation
sera fixée par Hydro-Québec au lieu d'être fixée par le Tribunal administratif
du Québec.» J'aimerais bien comprendre pourquoi on prend cette provision-là
parce que la Loi sur l'expropriation encadre quand même bien les indemnités
provisionnelles. Alors, je ne sais pas pourquoi Hydro-Québec a besoin de fixer
elle-même, elle-même les indemnités provisionnelles. Ça, je trouve qu'il y a
quelque chose ici qu'on devrait peut-être regarder davantage. Puis, d'ailleurs,
ça fera partie des questions, vous pouvez déjà aller chercher des réponses, que
je poserai cet après-midi. Et après ça, je pense que ça complète. Excellent.
Excellent.
Ah! je voudrais juste terminer avec des
extraits d'une lettre ouverte qui a été publiée... c'est, je crois, cette
semaine ou la semaine passée par un conseiller municipal de Saint-Bruno. Et là,
là, ça va... ça vient, tout son sens, conclure un peu ce que je viens de dire.
On dit bien : La grande majorité des municipalités n'a pas la capacité
financière d'offrir de telles compensations, celles, par exemple, demandées par
le sénateur Massicotte, que ce genre d'indemnité là oppose le droit collectif,
on pourrait dire : environnement, Hydro-Québec, au droit individuel, le
droit aux profits spéculatifs et qu'il est impossible, là, de mettre en place
des mesures environnementales si on continue dans la même direction, que les
indemnisations sont déconnectées de la réalité économique.
Alors, je crois que vous comprendrez que
l'article... le projet de loi d'Hydro-Québec va dans la bonne direction pour ce
qui est des municipalités pour l'expropriation. Alors, je vous invite à faire
de même pour la Loi sur l'expropriation. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. À moins que d'autres membres de la commission ne souhaitent
s'exprimer, ceci met fin aux remarques préliminaires. Nous en sommes donc
maintenant aux motions préliminaires. Donc, je comprends que Mme la
porte-parole de l'opposition officielle, vous souhaitez déposer une motion?
Mme McGraw : Oui, M. le
Président. Je suis prête à lire la motion quand vous me permettrez.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
M. le secrétaire...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons déposer sur Greffier dans quelques secondes. Dès que ce sera fait et que
tout le monde aura pu en prendre connaissance, je vous demanderai de...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : C'est
beau. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, vous pouvez...
Mme McGraw : ...
Le Président (M. St-Louis) : Oui,
vous pouvez procéder à la lecture.
Mme McGraw : Alors, la motion
préliminaire se lit comme suit : «Conformément à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission de
l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de la loi n° 13,
Loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New York, entende le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement.»
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée...
Le Président (M. St-Louis) : ...vous
pouvez procéder, excusez-moi. Allez-y.
Mme McGraw : Première fois en
étude détaillée. Donc, merci, M. le Président, pour me conseiller. Alors, je
dépose une motion préliminaire ce matin pour entendre le BAPE. J'aimerais
rappeler que l'objet des motions préliminaires est de voir à l'organisation
fonctionnelle des travaux de la commission. Le but et l'esprit d'une motion
préliminaire sont de proposer les meilleurs moyens afin d'aider la commission à
accomplir son mandat, notamment en tenant des auditions publiques ou, comme
dans le cas présent, en utilisant d'autres moyens pour éclairer le
parlementaire et organiser ses travaux. Alors, voilà pourquoi nous jugeons
nécessaire d'entendre le BAPE avant de procéder à l'étude détaillée du projet
de la loi 13.
Nous sommes flexibles, M. le Président.
Nous ne souhaitons pas retarder les travaux de la commission. Alors, si la
partie... pardon, si le parti gouvernemental accepte et vote pour notre motion
préliminaire, nous pourrions débuter l'étude détaillée dès maintenant et
attendre le BAPE mardi prochain. J'aimerais rappeler, M. le Président, car j'ai
fait mes devoirs, et, pour moi, il est inadmissible que, premièrement, le BAPE
se soit désisté de nos consultations, et deuxièmement il est inadmissible que
nous n'ayons pas en main le rapport du BAPE sur le projet de la ligne
d'interconnexion Hertel-New York, et ce, même si le gouvernement nous répète
que ce n'est pas la même chose.
Alors, premièrement, le désistement du
BAPE. Vous savez quoi, M. le Président, je suis déçue du BAPE et, ce matin, je
souhaite leur offrir une deuxième chance. Je suis déçue car il s'agit de ma
première étude détaillée sur un projet de loi et je n'ai pas l'ensemble des
informations nécessaires pour bien faire mon travail. Et je me pose la question
face à la banquette ministérielle, collègues qui, je sais, sont sérieux, et
comment on peut procéder, pourquoi ils seraient prêts à procéder, à voter à
l'aveugle sur un projet tel p.l. 13, projet de loi... p.l. 13? Alors, j'ai un
message pour le BAPE, aujourd'hui : Oui, vous avez un code d'éthique, et
nous respectons cela. Cependant, quand les élus, les parlementaires demandent
et consentent à ce qu'un organisme public soit entendu en commission
parlementaire sur un projet de loi, la moindre des choses, c'est de participer
à l'exercice. L'audition du BAPE, en tout respect, le gouvernement y avait
consenti. Le gouvernement consentait donc à ce que le Bureau des audiences
publiques en environnement vienne partager son expertise avec les
parlementaires. Nous sommes capables de faire preuve de jugement, M. le
Président, nous aurions très bien pu ajuster nos questions afin de faire en
sorte que le devoir de réserve de la présidente du BAPE soit préservé.
Nous ne souhaitons pas être pénalisés dans
nos droits, et c'est pour cette raison que nous revenons à charge aujourd'hui.
D'ailleurs, j'ai pris connaissance de la lettre de désistement du BAPE, ici, et
j'aimerais en souligner quelques passages. La présidente par intérim justifie
le désistement de l'organisme public...
Le Président (M. St-Louis) : Excusez-moi,
Mme la députée, il est déjà 13 heures, nous allons donc suspendre les travaux
et nous serons de retour à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
14 h (version non révisée)
(Reprise à 14 h 3)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
votre attention, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux. Au
moment de la suspension, nous en étions aux motions préliminaires. Nous nous
étions avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce sur... les remarques sur... Bien,
en fait, Mme la députée est l'auteur de cette motion. Donc, Mme la députée,
vous disposez de 25 min 9 s. La parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, j'en profite pour reprendre, pas tout, mais... puisqu'on a
pris un petit dîner. Alors, M. le Président, je vais revenir sur les raisons
pour lesquelles je dépose une motion préliminaire, ce... bien, cet après-midi
maintenant, pour entendre le BAPE. Alors, j'aimerais rappeler que l'objet des
motions préliminaires est de voir à l'organisation fonctionnelle des travaux de
la commission. Le but et l'esprit d'une motion préliminaire sont de proposer
les meilleurs moyens afin d'aider la commission à accomplir son mandat,
notamment en tenant des auditions publiques ou, comme dans le cas présent, en
utilisant d'autres moyens pour éclairer le parlementaire et organiser ses
travaux. Alors, voilà pourquoi nous jugeons nécessaire d'entendre le BAPE avant
de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 13.
Mais je répète que nous sommes flexibles, M.
le Président. Nous ne souhaitons pas retarder les travaux de la Commission.
Alors, si le parti gouvernemental accepte et vote pour notre motion, nous
pourrions débuter l'étude détaillée dès maintenant et entendre le BAPE mardi
prochain. J'aimerais rappeler, M. le Président, car j'ai fait mes devoirs et,
pour moi, il est inadmissible que, premièrement, le BAPE se soit désisté de nos
consultations et, deuxièmement, que nous n'ayons pas en main le rapport du BAPE
sur le projet de ligne d'interconnexion à Hertel-New York, et ce, même si le
gouvernement nous répète que ce n'est pas la même chose.
Alors, premièrement, le désistement du
BAPE. Je suis déçu, M. le Président, du BAPE, et, cet après-midi, je souhaite
leur offrir une deuxième chance. Je suis déçu parce que, comme je l'ai déjà
mentionné, c'est ma première étude détaillée sur un projet de loi et je n'ai
pas l'ensemble des informations nécessaires pour bien faire mon travail de
députée, de parlementaire. J'ai un message pour le BAPE aujourd'hui : Oui,
vous avez un code d'éthique, et nous respectons cela à 100 %. Cependant,
quand les élus, les parlementaires demandent et consentent à ce qu'un organisme
public soit entendu en commission parlementaire sur un projet de loi, la
moindre des choses, c'est de participer à l'exercice. L'audition du BAPE, en
tout...
Mme McGraw : ...le
gouvernement y avait consenti. Le gouvernement consentait donc à ce que le
Bureau des audiences publiques en environnement vienne partager pas son
opinion, mais son expertise avec les parlementaires. Nous sommes capables de
faire preuve de jugement, M. le Président. Nous aurions très pu, très bien pu
assister... ajuster, je devrais dire, nos questions afin de faire afin de faire
en sorte que le devoir de réserve de la présidente du BAPE soit préservé. Nous
ne souhaitons pas être pénalisés dans nos droits et c'est pour cette raison que
nous revenons à la charge aujourd'hui.
D'ailleurs, j'ai pris connaissance de la
lettre de désistement du BAPE datée du 9 mars et j'aimerais souligner
quelques passages. Je pense que j'étais rendu là ce matin. «La présidente par
intérim justifie le désistement de l'organisme public puisqu'elle est tenue en
tout temps de respecter le code de déontologie des membres du BAPE, en se
servant des articles 18, 19 et 20 de son code d'éthique pour se désister
d'une présence en commission parlementaire». Le BAPE n'a fait qu'éveiller des
questionnements de notre part. Prenons l'article 18 du code d'éthique du
BAPE qui se lit comme suit, et je le cite : «Le membre fait preuve de réserve
dans la manifestation publique de son opinion concernant un projet controversé
lié à l'environnement et s'abstient de prendre position publiquement sur tout
projet faisant l'objet ou pouvant faire l'objet, dans un avenir prévisible,
d'un mandat du bureau.»
De plus, dans la même lettre, la
présidente par intérim nous informe que, et je le cite, «par ailleurs, il est
important de préciser qu'à la demande du ministre le BAPE a tenu récemment une
consultation ciblée sur le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York,
laquelle a débuté le 12 décembre 2022. Le rapport d'enquête du BAPE a été
déposé au ministre responsable de l'Environnement le 1ᵉʳ mars et celui-ci
a 15 jours pour la rendre publique». Ça peut être avant 15 jours,
mais pas plus que 15 jours. «À noter que les constats et les avis d'une
commission d'enquête sont basés sur une documentation rendue publique sur le
site Web du BAPE au fur et à mesure de ses travaux.
• (14 h 10) •
Je vous rappelle, M. le Président, si le
BAPE avait accepté de venir nous rencontrer lors des auditions publiques, des
consultations particulières cette semaine que nous avons tenues, je ne serais
pas en train de proposer une motion préliminaire en ce moment.
Deuxièmement, en deuxièmement... en
deuxième lieu, je devrais dire, le projet de loi de loi numéro 13 ajouté à
l'horaire hier en après-midi, M. le Président, nous allons collaborer sur ce
projet de loi et nous avons voté pour le principe du projet de loi. Cependant,
je le rappelle, il nous manque un élément clé pour bien faire notre travail.
J'ai parlé au ministre délégué de l'Économie et au ministre de l'Environnement
hier. Je vous confirme que le rapport du BAPE sera rendu public aujourd'hui, à
16 h 30. Mais quelle était l'urgence du leader du gouvernement de convoquer
l'étude détaillée du projet de loi n° 13 aujourd'hui, alors qu'il savait
très bien que le rapport d'enquête qui a été commandé par le ministre de
l'Environnement sur le projet de la ligne d'interconnexion Hertel-New York
allait être rendu public en fin de journée? Quelle était l'urgence du leader du
gouvernement?
Le fait que la présidente du BAPE s'appuie
sur le fait qu'elle doit faire preuve de réserve dans la manifestation publique
de son opinion concernant un projet controversé lié à l'environnement me rend
très perplexe. Les apparences, M. le Président, elles sont importantes.
L'apparence que le gouvernement donne actuellement, c'est d'aller le plus vite
possible avant qu'un rapport d'enquête, et je répète, avant que le rapport
d'enquête demandé par le gouvernement soit rendu public.
Alors, M. le Président...
Mme McGraw : ...Déplorons
cette façon de faire du gouvernement. Nous avons été en bonne foi et nous...
nous avons fait toutes les démarches pour nous... que nos travaux se déroulent
correctement. Comme je l'ai dit, j'ai même eu la chance de parler directement à
deux ministres. Nous avons, M. le Président, fait des représentations auprès du
gouvernement pour ne pas retarder les travaux, justement, pour qu'on puisse
passer à l'étude détaillée, mais avec le rapport du BAPE, pour bien faire les
choses et faire les choses en ordre.
Nos représentations ont été, c'est dommage
de le dire, ignorées par le leader du gouvernement. M. le Président, vous
gouvernez nos travaux, vous le faites bien et vous appliquez un principe
fondamental pour le bon fonctionnement de notre commission, vous favorisez ce
débat. Ce sont des faits, M. le Président. L'opposition propose d'améliorer
l'organisation de nos travaux, tel que le règlement le permet, c'est pourquoi,
dans un esprit de favoriser le débat, nous demandons aux collègues de bien
vouloir accepter et voter pour entendre le BAPE. Il n'y aura plus autre... Il
n'y aura... Il y aura... Il n'y aura plus aucune raison éthique à ce moment
pour ne pas entendre le BAPE.
Et, en parlant du BAPE, j'ai, en attendant
le rapport... Le rapport... Que le rapport soit rendu public, on a été voir au
site d'Hydro-Québec, au site du ministre de l'Environnement, de la Lutte aux...
Contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Il y a quand même
d'autres documents qui... Qui sont... Qu'on voudrait souligner.
Dans la section Avis de projets, daté du,
du 6 août 2021, donc ça commence même en 2021, document d'Hydro-Québec,
avis d'un projet, document de quatre pages. Ensuite, directives ministérielles,
il y avait trois éléments : la directive datée en, en août 2022... 2021,
je devrais dire, publiée encore une fois le six août 2021, deuxièmement, avis
d'évaluation environnementale, aussi en août 2022, ensuite, parmi les trois
éléments de la directive ministérielle, il y avait aussi les résultats...
Pardon, l'avis d'évaluation environnementale. Encore une fois, Hydro-Québec...
Pardon, résultat des consultations publiques sur les enjeux, compilation des
enjeux soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux que l'étude
d'impact devrait aborder, et ce, en septembre 2021, de 11 pages.
Recevabilité de l'étude d'impact, il y avait 25 éléments. Je ne passerai
pas à travers les 25.
Participation publique, et je... je prends
tout le temps de souligner les sept éléments. Donc, il y avait la lettre
demandant au BAPE d'annoncer le début de la période d'information publique, et,
ça, en septembre 2022, la lettre demandant à l'initiateur du projet d'entreprendre
la période d'information publique, septembre 2022, Hydro-Québec, avis sur la
tenue d'une période d'information publique en septembre 2022, ensuite, lettre
mandatant le Bureau, le BAPE, de tenir une consultation ciblée, novembre 2022,
Auteurs multiples, requête d'audience ou de médiation en octobre 2022,
Recommandations du BAPE sur le type de mandat qui devrait lui être confié,
novembre 2022. Ensuite, le... il y a d'autres documents sur le site du BAPE sur
ce projet. L'analyse, les sections Analyses environnementales, on ne peut pas,
parce que ce n'est pas encore disponible, ni la décision, évidemment, ni le
suivi.
Donc, voilà quelques documents clés.
Alors, je souligne encore une fois à quel point c'est essentiel d'avoir... De
pouvoir faire notre travail de parlementaires, de législateurs au nom des
Québécois, c'est de notre devoir. Et il nous manque le rapport et le
désistement du BAPE et...
Mme McGraw : ...alors, notre
motion va dans ce sens-là. Alors, je répète, pour conclure, qu'on propose
d'améliorer l'organisation de nos travaux, tel que le règlement le permet. Et,
dans un esprit de favoriser le débat, de favoriser un débat démocratique,
rigoureux, basé sur les faits, nous demandons aux collègues de bien vouloir
accepter et voter pour entendre le BAPE. Et je souligne encore : il n'y
aura plus de raison éthique, à ce moment, pour ne pas entendre le BAPE. Alors,
merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Nous en sommes maintenant aux remarques sur la motion
préliminaire déposée par l'opposition officielle pour la partie
gouvernementale. M. le ministre, la parole est à vous, vous disposez de
30 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. J'apprécie. Merci aussi à la collègue de nous expliquer la
raison derrière son intervention. Il est vrai, on s'est parlé hier, on s'est
parlé tantôt. Comme j'ai dit à la collègue, les négociations qui se font au
niveau de nos leaders respectifs sur le calendrier législatif, c'est le fruit
de négociations de bonne foi, d'égal à égal. Donc, si nous sommes ici
aujourd'hui, c'est parce que tout le monde le voulait, un.
Deux, bien, le BAPE, c'est un organisme
indépendant. Ils ont été invités, ils ont décliné. J'imagine, s'il avait
quelque chose à dire, il viendrait le dire. Puis on ne va quand même pas leur
tordre un leur bras pour venir nous dire ce qu'ils n'ont pas le goût de nous
dire. Ça fait que moi, je fais confiance que, s'il y avait quelque chose
d'important, de significatif, de «deal breaker», il serait venu nous le dire.
Donc, je ne pense pas que ça serait approprié de forcer le BAPE, à ce stade-ci
de venir se présenter. Ça fait que voilà, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Maintenant, nous en sommes aux remarques sur la
motion déposée par l'opposition officielle au porte-parole de la deuxième
opposition. Donc, M. le député de Maurice-Richard, la parole est à vous, vous
disposez de 30 minutes.
• (14 h 20) •
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. D'entrée de jeu, je dirais que cette motion est vraiment très,
très bonne. Je l'apprécie énormément. Ce que j'apprécierais encore plus, c'est
qu'on ait les documents dont on a besoin pour pouvoir travailler. J'ai entendu
les remarques de M. le ministre et je dois avouer mon étonnement que le fait
qu'on puisse avoir accès à des documents qui nous permettent de bien faire
notre travail soit objet de négociation. Encore une fois, ça doit être ma
naïveté, mon amour pour le travail législatif et pour cette institution qui
fait en sorte que je pense qu'il est quand même assez minimal qu'on puisse
avoir accès à un document d'analyse d'impact environnemental qui touche
directement au projet de loi qu'on est en train d'étudier et qui nous
permettrait tout simplement d'accélérer ces travaux étant donné qu'avec plus
d'informations ça nous permet d'avancer beaucoup, beaucoup plus vite.
Mais je comprends qu'il est important pour
la partie gouvernementale de nous faire patienter, donc nous patienterons. Ceci
étant dit, cette situation vient dans une situation plus globale, j'en ai parlé
tout à l'heure. Et, pour ne pas parler comme le voudra mon collègue de
Beauce-Sud...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : S'il
vous plaît, M. le député de Beauce-Sud. On n'est pas à une étape de débat, on
est à une étape de remarques. La parole est au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Je suis très
étonné de la réaction de mon collègue étant donné que je n'avais pas encore dit
ce qui avait... ce que j'allais dire, donc, après. C'est qu'effectivement nous
pouvons au minimum remarquer des faits, et les faits sont les suivants, c'est
qu'il y a de l'information qui est retenue, qui n'est pas donnée au législateur
et que, pour ne pas parler de manque de transparence, on peut au minimum parler
d'inquiétude certaine. Et je suis sûr que c'est un langage qui plaira à mon
collègue...
M. Bouazzi : ...donc, si on
revient dans un environnement plus large. Actuellement, nous, la transparence,
les informations dont on a besoin, elles sont évidemment plus larges que cette
motion-là. On en a parlé tout à l'heure du fait que jusqu'à maintenant, on n'a
toujours pas été capables d'avoir madame Sophie Brochu en commission
parlementaire pour nous parler du plan stratégique. Mais actuellement, encore
une fois, on ne voit pas pourquoi est-ce que cette motion ne pourrait pas être
acceptée.
On a aussi parlé du fait que le
gouvernement refuse la demande des associations de la société civile qui
veulent un générique et on ne voit toujours pas pourquoi ceci ne peut pas être
accepté. Il nous manque des informations cruciales dans ce débat et c'est le
cas encore aujourd'hui pour le projet de loi 13 qui est devant nous. Comme
parlementaires, comme parti d'opposition, on doit faire notre travail avec
rigueur. Nous sommes législateurs, nous aussi. On doit avoir cette information
à notre disposition pour pouvoir nous prononcer en tout état de cause.
Tout ce qu'on a reçu, c'est la lettre de
correspondance adressée par le BAPE à la CAPERN et je vais vous la lire et vous
verrez pourquoi est-ce que nos inquiétudes ne sont pas réglées. Donc, pour le
projet de loi numéro 13, Loi concernant la ligne d'interconnexion
Hertel-New York :
" Monsieur Garand, la présente fait
suite à notre convocation à participer, le 14 mars prochain à 11 h 40, aux
consultations particulières de la Commission de l'agriculture, des pêches, de
l'énergie et des ressources naturelles sur le projet de loi cité en objet. Nous
avons pris connaissance attentivement de ce projet de loi et après analyse,
nous constatons qu'aucun élément de celui-ci ne touche à la mission des
activités du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le BAPE. Le BAPE
est un organisme gouvernemental impartial relevant du ministre responsable de
l'Environnement. Le Bureau informe et consulte les citoyens, enquête puis avise
le ministre sur les dossiers qu'il lui confie afin d'éclairer la prise de
décision gouvernementale, afin d'éclairer la prise de décision gouvernementale.
Le BAPE n'a pas le pouvoir d'autoriser ou de refuser un projet, ni celui de
l'autosaisir... de s'autosaisir d'un dossier ou d'une question relative à la
qualité de l'environnement. Par ailleurs, il est important de préciser qu'à la
demande du ministre le BAPE a tenu récemment une consultation ciblée sur le
projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, laquelle a débuté le
12 décembre 2022, le projet dont on parle aujourd'hui, le rapport
d'enquête du BAPE, a été déposé au ministre responsable de l'Environnement le 1ᵉʳ mars
dernier. On est quel jour? Ça fait déjà un certain nombre de jours et celui-ci
a 15 jours pour le rendre public. À noter que les constats et les avis de
commission d'enquête sont basés sur une documentation rendue publique sur notre
site Web au fur et à mesure de ses travaux. En tant que ministre et présidente
par intérim du bureau, je suis tenue à respecter en tout temps les obligations
du code de déontologie des membres du BAPE. J'attire votre attention sur les
articles 18, 19 et 20 qui précise que "le membre fait preuve de
réserve dans la manifestation publique de son opinion concernant un projet
controversé lié à l'environnement et s'abstient de prendre position
publiquement sur tout projet faisant l'objet ou pouvant faire l'objet, dans un
avenir prévisible, d'un mandat du Bureau; qu'un membre ne commente pas les
rapports du Bureau et qu'il s'abstient pendant la durée de son mandat comme
membre du bureau, de commenter publiquement les décisions relatives à un projet
qui a fait l'objet d'un rapport du bureau". Considérant les éléments
mentionnés précédemment. Nous devons respectueusement décliner votre invitation
et nous vous saurions gré de faire parvenir cette lettre aux membres de la
Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles."
Donc, comme nous l'apprend le BAPE, il y a
de l'information à caractère public qui est sur le bureau du ministre de
l'Environnement, qui porte précisément sur le projet de ligne qui fait l'objet
du projet de loi n° 13 et à laquelle on n'a pas accès. Je reste
persuadé...
M. Bouazzi : ...sincèrement
persuadé que cette situation ne peut pas satisfaire aucun législateur, qu'il y
ait des informations comme celles-là qui portent directement sur le projet de
loi qu'on touche aujourd'hui et qui ne peuvent pas nous être rendues public.
J'ai du mal à croire que c'est une question de négociation, comme j'ai entendu
M. le ministre le dire, pour pouvoir avoir de l'information pertinente...
Le Président (M. St-Louis) : ...M.
le député, un instant, s'il vous plaît. Oui, M. le ministre.
M. Skeete : J'ai dit que si
on était assis, puis selon la cédule actuelle, c'était le fruit de
négociations, que le dépôt du BAPE, ce n'est pas ça que j'ai dit, alors je
demanderais à ce qu'on se tienne sur le principe et les propos que j'ai tenus.
Le Président (M. St-Louis) : ...M.
le ministre, à moins que ce soit un point de règlement.
M. Skeete : Bien, c'est un
point de règlement, on me prête des intentions.
Une voix : ...
M. Skeete : On prête des
intentions, on prête des intentions, je n'ai jamais soulevé le fait que le BAPE
et le dépôt du BAPE étaient sujets à négociation. Ce que j'ai dit précisément,
c'était que la cédule organisée pour le dépôt des commissions parlementaires
l'était. Puis ça fait deux fois que vous le faites, ça fait que là, tu sais, il
y a nouveau puis il y pas comprendre.
M. Bouazzi : O.K. Je
comprends.
Le Président (M. St-Louis) : Je
pense qu'on... c'est de bonne foi pour le bon d'avancement des travaux. Donc,
on va reprendre. Merci de votre intervention. M. le député, la parole est à
vous.
M. Bouazzi : Ceci étant dit,
moi, je rappelle et puis j'insiste sur le fait qu'on aimerait bien que ça
avance beaucoup, beaucoup plus vite et que, plus vite on va avoir ce rapport,
plus vite, ça avance. Malheureusement, on doit expliquer pourquoi est-ce que
c'est important d'avoir ce rapport pour faire en sorte que notre travail de
législateur soit bien fait. Je pense, c'est important de le faire pour ce
projet de loi et pour tous les prochains projets de loi où il y aura un rapport
pertinent qui va traîner sur les bureaux d'un ministre et qui ne sera pas rendu
public pour le législateur pour qu'il puisse faire son travail de la meilleure
manière dont le peuple du Québec nous a mandatés et pour lequel nous avons
prêté toutes et tous serment.
Donc, je veux être très clair, il n'est pas
possible pour nous de pouvoir nous prononcer en connaissance de cause sur le
projet de loi n° 13 sans avoir eu en main le rapport de consultation
ciblée mené par le BAPE en décembre dernier sur le projet de ligne d'interconnexion
Hertel-New York qui fait directement l'objet du projet de loi.
• (14 h 30) •
Qu'est-ce qui arrive si on apprend, dans
les résultats de la consultation, qu'il y a un aspect très problématique relié
à un article du projet de loi, mais qu'on a déjà complété l'étude de l'article
en commission? Je comprends que le gouvernement n'a pas grand-chose à mettre
dans la moulinette des travaux parlementaires, donc il presse le pas sur le
projet de loi n° 3, tout se fait très rapidement, mais c'est une raison pour
nous... ce n'est pas une raison pour nous forcer à étudier le projet de loi
avant le dépôt du rapport du BAPE, surtout que la date du dépôt ne dépend pas
de nous et qu'il est même possible que ce rapport ait été... il aurait été
possible que ce report ait été, donc, déposé en amont, ce qui nous permettrait
d'accélérer notre travail de législateur. C'est d'autant plus étonnant qu'il y
a des choses vraiment pertinentes et positives dans ce projet de loi, nous en
avions parlé, un accord historique avec des membres des Premières Nations, et
on aimerait bien accélérer le travail pour pouvoir faire avancer, entre autres
choses, cet accord historique. Le ministre de l'Environnement aurait très bien
pu aussi dévoiler le résultat, donc, de la consultation bien avant, c'est sur
son bureau depuis le 1er mars. Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi
d'utiliser le maximum de la période des 15 jours? S'il n'y a rien à
cacher, pourquoi nous forcer à faire l'étude détaillée sans cette information?
C'est bizarre, M. le Président. Et j'irais même jusqu'à dire que je suis
inquiet. Je veux présumer de la bonne foi de la partie gouvernementale,
sincèrement, mais le fait qu'il nous donne toutes les raisons de craindre le
pire puisqu'ils nous pressent de faire l'étude détaillée avant le dévoilement
du rapport, plus j'anticipe que ce qu'il y a dans ce rapport. Vous savez, la
bonne foi, c'est aussi de permettre à tous les collègues de faire leur travail
avec toute l'information disponible. On parle ici d'information à caractère
public qui doit être dévoilée de toute façon. C'est seulement à 16 heures
aujourd'hui, selon ce que je comprends, que ces informations seront dévoilées.
Je ne comprends pas à quoi ça sert de nous forcer à procéder à l'étude
détaillée quand on a déjà informé la partie gouvernementale qu'il était...
14 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...hors de
question qu'on commence avant d'avoir obtenu ledit rapport. On perd notre temps
et on fait perdre notre temps. C'est kafkaïen, c'est ridicule, et de ma courte
expérience de député, j'espère sincèrement que, pour tous les prochains projets
de loi et pour celui-là incluant, nous n'allons pas avoir à demander de manière
aussi insistante l'accès à un document qui normalement aurait dû nous être
donné depuis le début pour qu'on puisse faire notre travail de législateur. La
moindre des choses, c'est d'inviter le BAPE à venir nous soumettre le rapport.
Sinon, le gouvernement peut aussi juste nous le remettre. Ils l'ont depuis le 1er
mars. Au pire, on doit ajourner les travaux d'ici à ce que le rapport soit
dévoilé. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Nous en sommes maintenant à l'étape où... les remarques sur la
motion préliminaire déposée par l'auteur. Ce sont les remarques de l'opposition
officielle, donc la parole est au député de l'Acadie. Vous avez 30 minutes.
M. Morin : Merci. Merci, M.
le Président. À ce stade, j'interviens au nom du chef de l'opposition
officielle, le chef de ma formation politique, le PLQ, et donc je veux faire
part à la commission de mes observations en ce qui a trait à la motion
préliminaire qui a été déposée par ma collègue.
Évidemment, j'appuie cette motion, ça me
semble être évident. Et c'est d'autant plus étrange ou curieux que, si mon
calcul est bon, M. le Président, ce rapport, éventuellement, va devenir public
cet après-midi, et on veut continuer à ce que les parlementaires travaillent
sans qu'on ait un élément essentiel pour faire notre travail. Alors, moi, je
tiens à souligner ce fait et à partager avec vous mes observations là-dessus. J'ai
lu avec attention la lettre qui a été envoyée par la présidente par intérim du
BAPE. Je comprends, je comprends, et c'est normal, et c'est bien que le BAPE
ait un code de déontologie et, évidemment, qu'il le respecte. Sauf que ma compréhension,
ici, en les invitant, ce n'était absolument pas pour les inciter à ne pas
respecter ce code, mais plutôt à éclairer le travail des parlementaires dans le
cadre d'une étude d'un projet de loi qui est par ailleurs très important. Donc,
évidemment, on veut respecter le BAPE et son code de déontologie.
On m'informait, même, tout à l'heure que,
dans une première fois, ils avaient même accepté de venir rencontrer la
commission. Maintenant, bon, la décision du BAPE est différente, mais il n'en
demeure pas moins que, compte tenu de son mandat, compte tenu de son travail,
il me semble fondamental que les parlementaires puissent avoir accès à ce
document. Et, bon, évidemment, l'avenir nous le dira, là, parce qu'on va
continuer nos travaux, M. le Président, mais si, à un moment donné, on finit
par avoir accès au rapport, je pense qu'il serait important que le BAPE puisse
venir nous expliquer ce rapport. Et, évidemment, à ce moment-là, il n'y aurait
plus de difficulté en lien avec le code de déontologie, et venir éclairer les
parlementaires sur ce projet de loi, et qui, en fait, vise la construction d'une
ligne électrique de haut voltage mais qui va passer à travers une région du
Québec qui, déjà, ne possède plus beaucoup de forêts. Donc, c'est d'autant plus
important, s'il y a des enjeux, que nous les connaissions.
Et dans le temps qui m'est alloué, M. le
Président, j'aimerais vous expliquer pourquoi, à mon avis, il est important d'avoir
ce rapport et pourquoi il est important éventuellement d'entendre le BAPE.
Pourquoi? Bien, quand on regarde la mission du BAPE, on dit que le BAPE est là
pour informer, consulter la population et faire enquête afin d'aviser les
autorités, donc le ministre de l'Environnement, dans le but d'accomplir sa
mission. Le BAPE, et ce n'est pas rien, le BAPE a pour...
M. Morin : ...d'éclairer la
prise de décision gouvernementale. Donc, au fond, c'est ce que nous demandons,
M. le Président. On aimerait que les parlementaires soient éclairés par ce
rapport dans le cadre de l'étude de ce projet de loi important. Et évidemment,
pour réaliser sa mission, le BAPE doit offrir les conditions propices pour que
les citoyennes et citoyens puissent s'informer et s'exprimer. Et ça aussi,
c'est fondamental. On parle d'un projet de loi, on parle de la construction
d'une ligne électrique qui va traverser une partie de la Montérégie, jusqu'à la
frontière des États-Unis, endroit du Québec où il y a quand même un bon nombre de
populations qui y vivent, avec des villes importantes. Donc, il me semble que
ce serait d'autant plus important que d'avoir ce rapport et d'avoir
l'information, l'expertise du BAPE. Voilà pour la mission.
Mais l'approche du BAPE, et ça aussi,
c'est important, parce que le BAPE est là pour aider le gouvernement, pour
produire des avis crédibles, documentés. Pourquoi? Bien, pour permettre au
gouvernement puis nous, à l'étape de l'étude de ce projet de loi, donc les
parlementaires, d'être capables de prendre des décisions et de bien cerner les
enjeux écologiques, sociaux et économiques des projets. Et, M. le Président, je
ne crois pas me tromper en vous disant cet après-midi qu'il y a probablement
très peu de Québécois et de Québécoises qui ne sont pas intéressés par les
enjeux écologiques, sociaux et économiques. Ça m'apparaît totalement essentiel.
Quand on regarde ces trois piliers, avec le projet de loi, en ce qui a trait
aux enjeux économiques, bien, évidemment, on se rend compte qu'exporter autant
d'énergie va avoir des retombées significatives pour le Québec. Mais qu'en
est-il des enjeux sociaux? Et surtout, qu'en est-il des enjeux économiques?
Parce que, quand on regarde le tracé, et le tracé, je l'ai trouvé dans un
document d'information, de consultation d'Hydro-Québec du printemps 2021,
ligne d'interconnexion Hertel-New York, et on se rend compte très rapidement, à
la lecture, même juste à voir le tracé, que la ligne va franchir plusieurs
rivières, des ruisseaux, visiblement des terres agricoles, passer à côté de
villages, des terrains humides, des boisés, pour aller finir, et là... enfin,
je ne suis pas un expert avec le tracé, mais quand je regarde la carte, en tout
cas, ça finit dans le milieu de la rivière Richelieu, juste avant le début du
lac Champlain. Alors, j'imagine qu'après, bien, ça va passer complètement sous
le Richelieu pour aller vers les États-Unis. Mais, quand on parle d'enjeux
écologiques et sociaux, bien, je pense que n'importe quel citoyen qui
regarderait le tracé verrait qu'il y aura sûrement des enjeux écologiques, et
donc qu'il est important d'avoir ce rapport pour être capable de faire notre
travail adéquat de parlementaires.
• (14 h 40) •
C'est tellement vrai, qu'il y a des enjeux
écologiques, sociaux et économiques, que ma compréhension, c'est qu'on a
demandé au BAPE de faire son travail. Ce n'est pas un petit projet, c'est un
projet d'envergure, et donc il était normal qu'il en soit ainsi. D'ailleurs,
Hydro-Québec a envoyé un avis public d'évaluation concernant un avis
d'évaluation environnementale indiquant aux citoyens et aux citoyennes qu'ils
pouvaient donner leurs renseignements, leur information, leur opinion sur le
tracé. Et l'avis disait même : «Toute personne, tout groupe ou toute
municipalité peut faire part au ministre par écrit des observations sur les
enjeux que l'étude d'impact du projet devrait aborder.» Donc, ce volet là a été
fait. Puis, quand on regarde et qu'on revient au tracé, on voit
qu'effectivement le tracé va franchir différentes municipalités...
M. Morin : ...Le ministère de
l'Environnement, bien sûr, avec le BAPE, a fait son travail. Et donc, en août
2021, en lien avec le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York, il y a
eu une directive pour la réalisation d'une étude d'impact sur l'environnement.
Et cette directive-là, M. le Président, elle est importante. Je pense
qu'elle... Ce qu'on regarde, ce qu'on veut explorer, la directive qui est
donnée démontre qu'effectivement il peut y avoir des enjeux économiques,
sociaux ou écologiques. Parce que, quand on regarde le document qui a été
publié par Hydro-Québec en août 2021, on voit, entre autres, permettez-moi de
citer le document, évidemment, pour, pour ne pas se tromper, pour ne pas
induire personne en erreur : «La directive présente en introduction les
caractéristiques de l'évaluation environnementale ainsi que les exigences et
les objectifs qu'elle doit viser. Elle comprend par la suite deux autres
parties décrivant, d'une part, le contenu de l'étude d'impact et, d'autre part,
sa présentation. Et elle contient finalement une annexe présentant les autres
renseignements particuliers requis selon le type de projet. L'ensemble de ces
éléments-et c'est ça qui est important-vise à aider l'initiateur à bien
comprendre la procédure d'évaluation environnementale québécoise, mais aussi de
réaliser une étude d'impact qui comprendra les renseignements pertinents à
l'analyse afin, évidemment, d'aider à la prise de décision par le
gouvernement.»
Et je reviens sur «la prise de décision
par le gouvernement». Évidemment, le gouvernement est là pour diriger, c'est
normal. Mais au Québec, comme vous le savez, on a aussi un processus
parlementaire. Donc, quand le gouvernement dépose une loi, bien, on se ramasse,
à un moment donné, en commission, et là, l'opposition peut faire son travail et
commenter certaines dispositions.
Ce que je comprends, c'est qu'il y en a eu
un, document, il y en a un, rapport, et il serait sur le bureau du ministre. Et
donc, si ce rapport, et, forcément, ce rapport doit contenir des informations
et des renseignements pertinents, c'est l'essence même, c'est la mission du
BAPE et de son analyse, donc il est d'autant plus étonnant que ce rapport-là ne
soit pas partagé avec l'ensemble des parlementaires pour aider, justement, le
gouvernement, dans le cadre du processus législatif, à bien remplir sa mission
et à prendre une décision éclairée.
Et, quand on regarde, quand on regarde
comment doit être faite l'évaluation environnementale... Et c'est là que ça
devient important, M. le Président. Pourquoi? Bien, parce qu'on a, dans le
guide, qui, forcément, a dû être suivi par le BAPE, les éléments qui doivent
être pris en considération. Au départ, avec les principes généraux, on dit que
l'évaluation environnementale est un processus progressif qui doit commencer le
plus tôt possible et qui doit prendre en considération tous les éléments en ce
qui a trait à l'environnement et que ça doit prendre pour acquis différents
éléments, dont prévenir la détérioration et la qualité de l'environnement,
maintenir la biodiversité. Puis évidemment, j'imagine, parce que je ne l'ai pas
vu, le rapport, M. le Président, mais quand on regarde le tracé, quand on
regarde les rivières, les ruisseaux, les milieux humides qui vont être
évidemment traversés par la ligne, il doit y avoir forcément probablement un
impact, qu'il soit positif ou négatif, peut-être plus négatif sur la
biodiversité et la pérennité des écosystèmes. On dit également qu'on doit
respecter la sensibilité des composantes physiques, biologiques et humaines du
milieu récepteur. Et encore là, quand on regarde le tracé et qu'on regarde les
villes et les villages, c'est sûr qu'il y a évidemment des composantes humaines
dans le milieu, et, finalement, protéger la vie, la santé, la sécurité, le bien-être
ou le confort de l'être humain.
Et permettez-moi d'insister là-dessus. Ce
n'est pas banal. Je comprends que le projet, c'est d'enfouir la ligne. Donc,
évidemment, on ne va pas construire de pylônes ou de structures, mais c'est
quand même une ligne qui va...
M. Morin : ...permettre à une
quantité phénoménale d'énergie, d'électricité de passer. Alors, est-ce qu'il y
aura un impact sur la vie, la santé et la sécurité? Bien, ce serait
effectivement très important de le savoir dans... en fait, quant à la
continuation de nos travaux.
Quand on regarde le document... Et là je
dois souligner d'une façon très positive la consultation et les démarches
qu'Hydro-Québec a faites avec les nations autochtones parce que c'est un des
éléments importants. Les démarches d'information et de consultation du public
et des communautés autochtones, ça, quand on lit ce que la communauté mohawk
nous a écrit, je pense qu'à ce niveau-là le mandat est complètement rempli et
qu'il y aura évidemment des retombées bénéfiques.
Mais ce n'est pas tout, il y a d'autres
éléments sur lesquels j'aimerais attirer votre attention. On parle également de
la détermination des enjeux. Et, quand on regarde la liste... Bien, j'imagine
que, quand l'enquête a été faite et que la population a été consultée, on a
tenu compte de ces différents facteurs. Et donc ce serait très intéressant pour
nous, parlementaires, d'avoir le résultat. Comme je le disais ce matin, si tout
est au vert, tant mieux, mais, si c'est au jaune ou au rouge, bien là, à ce
moment-là, il faudrait qu'on soit capables d'en discuter. Parce que, quand on
regarde les impacts du projet et les enjeux qui doivent être, évidemment,
analysés ou qui peuvent être analysés, on parle du maintien de la biodiversité.
C'est clair, je ne suis pas un expert en biologie, mais à regarder le
territoire, c'est certain que la ligne, et donc, même s'il l'enfouit, ça va
avoir un impact éventuellement pendant un bout de temps, à tout le moins, sur
la biodiversité.
Le maintien de la quantité d'habitats
floristiques et fauniques et leur qualité. Il y a, dans ce territoire-là, M. le
Président, non seulement des cours d'eau, il y a des milieux humides. Et donc,
particulièrement en Montérégie, vous avez de la faune et de la flore qui va
nécessairement être abîmée ou détruite par le tracé et par l'enfouissement.
Est-ce que ça va toucher des milieux humides, par exemple, où il y a des
espèces menacées? Ça serait intéressant de le savoir. Parce qu'évidemment, si
la ligne... puis comprenez-moi bien, on n'est pas contre le développement
économique, loin de là, mais, si la ligne est en train de passer à travers des
milieux humides où vous avez des espèces menacées, je pense entre autres à la
rainette faux-grillon, je pense entre autres à différents types de couleuvres,
et que ça a un impact irréversible, bien, à ce moment-là, je pense qu'il
faudrait le savoir et ça nous permettrait de faire notre travail.
• (14 h 50) •
Lutte contre les changements climatiques,
bon, probablement que ce sera très bénéfique pour New York, un peu moins pour
le Québec; la protection des milieux humides hydriques, j'en ai parlé tout à
l'heure, c'est hyperimportant pour la biodiversité; la protection de la santé
publique; la conciliation des usages et du territoire; la protection du
patrimoine bâti; et finalement la pérennité du territoire et des activités
agricoles, donc on est dans un secteur du Québec, en Montérégie, où il y a
effectivement énormément de fermes, donc ce serait superimportant de voir quel
sera l'impact. Et je tenais à souligner ces éléments-là pour illustrer
justement combien le rapport en question nous aiderait à faire notre travail.
Quand on parle, dans le document, par
exemple, de la description des impacts, on nous dit clairement que, «lorsqu'un
projet implique le déboisement de superficies forestières, une description
détaillée des impacts du projet sur le milieu forestier et sur l'objectif
d'aménagement forestier doit être fournie.» Or, c'est hyperimportant, on le
soulignait ce matin, M. le Président, c'est un secteur du Québec où il y a déjà
moins de forêts. Donc, si la ligne est pour passer à travers des boisés et des
milieux humides, bien, je pense que ce serait hyperimportant de le savoir et
surtout d'être capable d'évaluer l'impact pour la biodiversité.
Donc, ça ne vient que finalement
renforcer, je pense, l'importance de l'appui, l'importance de cette motion
préliminaire, d'avoir accès aux documents...
M. Morin : ...ou encore de
pouvoir bénéficier de l'expertise du BAPE pour nous expliquer quel peut être
les véritables impacts.
Mais ce n'est pas tout, j'ai également
découvert, toujours en lien avec la ligne d'interconnexion Hertel-New York par
Hydro-Québec, un document du 29 septembre 2021 qui fait état de la
compilation des enjeux soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux
que l'étude d'impact devrait aborder. Et, quand vous regardez ce document-là,
le projet de ligne d'interconnexion Hertel-New York est très bien décrit. Et,
comme on le mentionnait ce matin, ça consiste à construire une ligne
souterraine à courant continu d'une longueur de 60 kilomètres et d'une
tension de 400 kilovolts. Hydro-Québec a délimité une zone d'étude
d'environ 800 kilomètres carrés, ce n'est pas rien, afin de déterminer des
tracés potentiels pour la ligne. Et, comme je l'ai mentionné un peu plus tôt,
ça va chevaucher les territoires de différentes municipalités régionales de
comté, dont le Roussillon, le Haut-Richelieu et les Jardins de Napierville,
endroits où vous avez quand même une densité de population qui est importante.
En plus, on dit que la ligne pourra
allonger des axes routiers existants. Et ça, on veut le faire dans la mesure du
possible, dans le but de préserver des zones boisées et des terres agricoles,
ce qui est bien. Cependant, Hydro-Québec reconnaît qu'il y aura une évaluation
des impacts de son projet notamment dans les milieux humides et hydriques, sur
la faune, les espèces à statut particulier, les espèces exotiques, certaines
envahissantes, le peuplement forestier, le climat sonore, l'archéologie.
Donc, ce que je comprends de ce document,
c'est qu'en ce qui a trait à la compilation des enjeux soumis dans le cadre de
la consultation normalement l'étude doit tenir compte de tous ces éléments-là
que je viens d'énumérer et donc qu'il serait encore là, et je me répète,
hyperimportant d'avoir accès à ce rapport pour savoir quel est, finalement, ou
quels sont les enjeux. Nous ne l'avons toujours pas.
Et, quand on parle de ces différents
éléments, il est intéressant de trouver, sur le site du Bureau des audiences
publiques sur l'environnement, les fiches d'aide à l'interprétation des
principes de la Loi sur le développement durable. Et vous avez là un ensemble
de principes qui sont mis en application par le BAPE dans le cadre de ces
études. Et je pense que ça vaut la peine de s'y attarder pendant quelques
minutes, parce qu'il y a différents... D'ailleurs, c'est très, très bien fait.
Bravo, bravo au BAPE. Et, quand on regarde les différents domaines qui doivent
être analysés, bien, on se rend compte, évidemment, encore là, de l'importance
d'avoir les conclusions et le rapport, bien sûr.
On a d'abord l'effet sur la santé et la
qualité de vie, parce que c'est une préoccupation constante et ça doit l'être,
les risques technologiques, la sécurité des individus, des individus, etc.
Donc, ça, c'est un élément qui doit être considéré. Et c'est très important,
alors il faudrait savoir ce que ça donne. L'équité et les solidarités sociales,
la perspective intergénérationnelle, et ça aussi, c'est hyperimportant. Parce
que, ce matin, M. le Président, quand on faisait référence au mémoire qui a été
déposé par la communauté mohawk, on parlait, justement, et on faisait référence
au principe des sept générations. Alors, si on veut travailler en collaboration
en partenariat avec la communauté mohawk, je pense qu'il est important de voir
si ce projet a un impact sur, évidemment, la qualité des relations
intergénérationnelles.
Vous avez, bien sûr, la protection de
l'environnement. Je passerai plus rapidement parce que j'en ai parlé pendant
mon intervention à quelques reprises, mais permettez-moi encore une fois de
rappeler l'importance de la protection de l'eau. Parce qu'à un moment donné,
forcément, cette...
M. Morin : ...va passer sous
des cours d'eau. Bon. Écoutez, quand on regarde le ruisseau Saint-André, ça ne
devrait pas être trop compliqué, comme on ne sait pas s'il y a des espèces
protégées qui y vivent, mais quand on regarde le Richelieu, bien, c'est quand
même un fleuve qui est beaucoup plus important. Donc, protection de
l'environnement, très important.
Efficacité économique, je pense que quand
on parle des retombées fiscales, ça, on a déjà une idée de ce que le projet de
loi va faire, et ça va rapporter de l'argent au Québec et à la communauté
mohawk, ce qui est très important.
Participation et engagement, la communauté
mohawk a été consultée, je pense que c'est une bonne chose. Au niveau de
l'acceptabilité sociale, cependant, ce serait intéressant de voir ce que le
BAPE a à nous dire.
Accès au savoir, peut-être moins
pertinent, subsidiarité, également. Partenariat et coopération
intergouvernementale, là-dessus, évidemment, félicitations!, les différentes
communautés, en tout cas, la communauté mohawk a été consultée.
Maintenant, au niveau de la prévention, on
parle d'une ligne à haute tension. Je comprends qu'elle va être enfouie, mais,
quand même, c'est une ligne à haute tension, là, alors ce ne sera pas du 110
volts, ça va être pas mal plus que ça. Donc, est-ce qu'il y a des risques
technologiques? Est-ce qu'il y a des mesures de sécurité d'urgence? Quelle va
être la surveillance environnementale? Ce sont autant d'éléments sur lesquels
nous devrions avoir de l'information pour prendre de bonnes décisions.
Protection du patrimoine culturel, alors
là, je pense que je n'ai pas besoin d'insister sur l'importance du patrimoine
culturel au Québec. Donc, on espère... Parce qu'évidemment, quand vous
regardez, encore là, le tracé de la ligne, vous vous rendez compte que ça va
passer dans des lieux historiques, et donc on espère évidemment que tout sera
fait, tout sera mis en œuvre et que ça a été considéré dans le rapport, que
nous n'avons pas, pour s'assurer que le patrimoine culturel va être respecté.
Entre autres, et je le mentionnais, précédemment, on donne des exemples :
conserver une bande boisée pour préserver un paysage ou encore un milieu hydrique.
Écoutez, préservation de la biodiversité,
on n'a pas besoin d'en parler très longtemps, est-ce que ça va avoir un effet,
un impact sur les habitats, la dégradation des espèces protégées, des espèces
menacées ou vulnérables? Ça, je pense que c'est fondamental, et il faudrait que
les parlementaires aient accès à ces informations-là.
• (15 heures) •
Respect de la capacité de support des
écosystèmes. Évidemment, on recherche la pérennité des ressources physiques ou
biologiques, et donc il faudra tenir compte, surtout quand on touche à des
cours d'eau, de s'assurer qu'il n'y aura pas de rejet ou de problème,
évidemment, de pollution.
Production et consommation responsable, ça
peut paraître étonnant, mais, encore là, est-ce que la technologie qui a été
utilisée va faire en sorte qu'on va protéger l'environnement? Ce sera également
à voir.
Et finalement le volet pollueur-payeur,
dans ce cas-ci, on pense effectivement que, pour Hydro-Québec et la communauté
mohawk, il y aura des retombées économiques intéressantes.
En faisant une recherche à midi, M. le
Président, je suis tombé sur un rapport d'enquête du BAPE. Ce n'est pas celui
qu'on espère avoir, on l'aura un jour, mais c'est un projet de la ligne
d'interconnexion des Appalaches et du Maine, et je trouvais qu'il y avait comme
une espèce de semblant de comparaison possible, d'où justement l'importance
d'avoir ces rapports. Puis c'est tellement comparable que, dans ce rapport,
justement, on fait état des relations avec les peuples autochtones, avec les
Premières Nations. On parle... évidemment, la ligne, ici, dans ce cas-ci,
produisait moins d'électricité, mais on parle du choix du tracé, de
l'importance de tenir compte de la biodiversité, de tenir compte de
l'importance de la santé des gens, donc autant d'éléments qui sont pertinents
pour le travail des parlementaires. Et ce qui est superintéressant, M. le
Président, c'est qu'à la fin le BAPE, avec son expertise, que nous
reconnaissons, fait des constats et des avis. Et c'est là que ça devient
intéressant. Quand on parle, dans le projet de loi, par exemple,
d'expropriation, bien, ici, on dit : Écoutez... on parlait ici d'une ligne
à haute...
15 h (version non révisée)
M. Morin : ...mais ça peut
occasionner une diminution de la valeur des propriétés situées à proximité.
Donc, ce n'est quand même pas banal quand on parle d'expropriation d'avoir ces
renseignements-là. Faire une analyse des sols, c'est d'autant plus pertinent qu'ici
ça sera enfoui, et donc qu'il y ait des mesures d'atténuation dans le milieu
naturel. Et puis c'est ça au fond qu'on veut savoir, M. le Président.
Alors, je prenais la peine de citer ce rapport à
titre d'illustration pour démontrer combien le travail du BAPE est important,
combien ce rapport serait utile, quant à moi, pour les parlementaires, pour
faire notre travail, je pense en avoir assez parlé, avoir assez insisté. Je
vous remercie pour votre attention, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Alors, l'auteur de cette motion préliminaire, ainsi que les
représentants officiels des partis ayant exprimé leurs remarques... Oui?
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : J'y
arrivais, j'y arrivais. Soyez patiente... justement, nous sommes à l'étape, s'il
y a d'autres membres de la commission qui souhaitent le faire, c'est le moment
de le faire. Donc, Mme la députée de... Mille-Îles, pardon, excusez-moi, la
parole est à vous. Vous disposez de 10 minutes.
Mme Dufour : Excellent,
merci. Merci, M. le Président. Alors, je crois que mon collègue le député de l'Acadie
vient de faire un plaidoyer assez exhaustif du pourquoi il est important d'avoir
l'avis du BAPE avant d'analyser un projet de loi qui a des impacts
environnementaux. Et c'est pourquoi la motion de ma collègue la députée de D'Arcy-McGee...
pardon, de Notre-Dame-de-Grâce, est aussi importante. Et elle ne serait pas
nécessaire, cette motion, si, on avait... si, dans le fond, la présidente par
intérim n'avait pas, dans le fond, décliné l'invitation de participer aux
consultations ici. C'est préoccupant de lire qu'elle souligne le code de
déontologie, l'article 18 où elle dit que "le membre fait preuve de
réserve... doit faire preuve de réserve dans la manifestation publique de son
opinion concernant un projet controversé lié à l'environnement". Pour
nous, ça ne semblait pas si controversé, mais il y a peut-être des éléments
qui... qu'on ne connaît pas, alors c'est inquiétant et c'est pour ça que ce
rapport-là est aussi important d'en prendre connaissance avant l'étude
détaillée.
Et d'ailleurs, je trouvais très, très,
très intéressant de rappeler... de relire les impacts qui sont soulignés dans
un document, là, qui a été présenté... ça, c'étaient les consultations de 2021,
au printemps 2021. On mentionne notamment, là, que les principaux impacts
sur le milieu naturel humain sont temporaires, donc il y aura très peu des
impacts environnementaux résiduels une fois les équipements mis en service.
Mais ça, c'est un peu utopique parce que, si on détruit un milieu pour enfouir
les câbles ou en tout cas, là, la ligne, bien, une fois détruit, il est
détruit, le milieu, certaines espèces, si elles disparaissent, elles et
disparaissent, ça ne revient pas naturellement. Ce n'est pas comme du gazon qu'on
coupe, il va repousser. Il y a des milieux humides, hydriques, si on les
détruit, bien, ils ne reviendront pas. Alors, c'est vraiment important de
connaître tous les impacts. D'ailleurs, dans ce même document, on peut lire que
d'autres méthodes de construction sont... tu sais, on peut lire toute la
méthode, là, de construction qu'ils vont proposer, mais ils disent : D'autres
méthodes de construction sont actuellement à l'étude pour le franchissement d'obstacles
tels que les ruisseaux et autres secteurs sensibles comme la rivière Richelieu.
Ça, c'était en 2021. Est-ce que ces autres méthodes de construction ont été
dévoilées en 2022? On ne le sait pas, on n'a pas vu le rapport du BAPE.
Je souligne aussi que le tracé, et on
collègue en a parlé longuement, là, du tracé, il chevauche trois MRC, MRC
Roussillon, Le Haut-Richelieu, Les Jardins de Napierville. Est-ce que ces MRC
là se sont prononcées? Est-ce que les conseils régionaux de l'environnement du
secteur se sont prononcés? Moi, j'aimerais bien voir quels sont leurs avis s'ils
l'ont fait. On dit... on nomme notamment, là, les lieux, les composantes d'un
milieu naturel qui sont... qui devraient être documentées dans l'étude d'impact.
On parle de la qualité des sols, les champs électriques et magnétiques. On
parle des milieux humides et hydriques, de la traversée de cours d'eau, les
communautés de poissons, ça, on n'en a pas du tout parlé, les communautés de
poissons, rivière Richelieu, est-ce qu'il y a des poissons qui vont être
impactés de façon importante? Les espèces...
Mme Dufour : ...statut
particulier. On n'a aucune information à cet effet-là. Est-ce qu'il y en a qui
vont être perturbées à un point qu'elles pourraient être à risque? Les
peuplements forestiers, ça, j'en avais parlé ce matin.
L'approche du BAPE... mon collègue en a
parlé, mais permet au gouvernement d'intégrer à sa prise de décision les enjeux
écologiques, socioéconomiques des projets. Puis on dit aussi : «En
informant les citoyens et en recherchant la contribution des communautés
directement touchées par les projets, le BAPE s'assure de l'intégration des
préoccupations et de l'expertise du milieu à cette prise de décision.» Là, on
est en train de prendre des décisions alors qu'on n'a même pas ce rapport. Je
rappelle que le BAPE doit tenir compte des principes de développement durable.
On dit aussi que la démarche de prise en considération des principes de la Loi
sur le développement durable doit y être intégrée, dans l'analyse du BAPE. On
parle que le contexte d'insertion du projet doit être regardé dans les... sous
les angles environnemental, social, économique. Puis là on l'a vu, le contexte
d'insertion, il est quand même assez varié, il touche beaucoup de milieux, trois
MRC, des milieux naturels. Et il est toujours important de garder en tête le
contexte particulier d'insertion du projet, puisque la durabilité absolue
n'existe pas en soi, mais elle doit être mise en relation avec le contexte, et
ça, c'est ce que le rapport nous donnerait. Puis aussi ce qui était très, très,
très... qui est très pertinent, on dit bien : Il n'est pas toujours
possible de trouver des pistes de bonification applicables en lien avec
certains principes. Et, si c'est le cas, bien, la commission d'enquête peut
être amenée à émettre un avis globalement défavorable à propos du projet à
l'examen. Est-ce que c'est le cas ici? On ne le sait pas, je le suppose que
non, mais on ne le sait pas. Est-ce que c'est pourquoi on veut... on retarde le
dépôt? J'espère que non.
Et là je vais venir sur quelques
principes, je ne renommerai pas tous les principes que mon collègue a
mentionnés, mais les principes de la loi du développement durable et des
exemples de bonification qu'on pourrait trouver dans le rapport. Par exemple,
on dit qu'on pourrait modifier le projet pour éviter des milieux humides ou
forestiers, puis ça, on sait que ça passe à travers des milieux humides et
forestiers actuellement, en proposant de rechercher un autre tracé. Donc, ça,
le BAPE pourrait proposer peut-être des modifications au tracé. On parle aussi
de compenser la perte de milieux humides et forestiers... ou forestiers. Puis
ça, j'en ai parlé ce matin. Ça, je pense que c'est très important aujourd'hui.
On doit être sur un principe d'aucune perte nette, qui est d'ailleurs... La loi
sur les milieux humides et hydriques, ce qu'elle dit : Aucune perte nette.
On dit que, bien, ce principe, là, peut être invoqué lorsqu'il y a une
destruction des milieux et que l'analyse peut servir pour proposer des mesures
d'atténuation. Alors, il faut vraiment regarder ce qui va se passer sur le
milieu.
• (15 h 10) •
Le principe de subsidiarité, mon collègue
n'en a pas parlé, ça, je l'ai trouvé très intéressant. La proximité entre les
lieux de décision et les champs d'action, et des exemples qui pourraient être
dans le document : suggérer qu'un conseil de bande soit impliqué dans le
suivi de l'environnement d'un projet. Là, on sait qu'ils vont participer. Le
conseil des Mohawks va participer aux profits, mais toute la production, là,
l'implantation de la ligne, c'est Hydro-Québec. Est-ce qu'ils vont participer
au suivi de l'environnement? Ça, je ne suis pas au courant. Et ça dit aussi
qu'on peut suggérer à une municipalité... qu'une municipalité encadre certains
aspects. Ça traverse trois MRC, une multitude de municipalités. Est-ce qu'il y
a des éléments que ces municipalités-là pourraient venir encadrer?
La préservation de la biodiversité, je
pense, ça a été bien abordé. Je vais mentionner brièvement la destruction,
l'assèchement et la perturbation de milieux humides. Ça, c'est quelque chose
qui peut vraiment arriver lorsqu'on creuse pour installer une ligne comme ça.
Bon, bien, à ce moment-là, est-ce qu'il y a des bonifications possibles? Les
espèces exotiques envahissantes, on n'en a pas beaucoup parlé, mais il faudra
aussi s'assurer que... lorsqu'il y aura du creusage, qu'on ne déplace pas une
espèce ailleurs qui finalement finirait par contaminer un autre secteur parce
qu'il y a... il y aura du creusage et les sols vont être entreposés ailleurs.
Mais les espèces qui sont là, il y en a certaines qui sont vraiment très
problématiques actuellement, qui coûtent très, très cher au Québec, d'ailleurs,
à contrôler. On parle que, par exemple, il faudrait élaborer un plan de
compensation des milieux touchés. Ça, on n'a pas vu ça. Le respect de la
capacité de support des écosystèmes, hein, l'inventaire des habitats
d'écosystèmes. Moi, je n'ai pas...
Mme Dufour : ...et des
exemples de bonification, effectuer une analyse des impacts cumulatifs, parce
qu'effectivement peut-être qu'actuellement la ligne, son effet premier n'est
pas si majeur, mais, s'il y a eu d'autres travaux ou d'autres constructions à
proximité, les effets cumulatifs de ça... Est-ce qu'il faudrait créer des aires
favorables, des réhabilitations d'habitats? C'est le genre d'éléments qu'on
pourrait retrouver dans le rapport.
Et je terminerais en soulignant que, dans
le rapport des enjeux soumis dans le cadre de la consultation sur les enjeux
que l'étude d'impact devrait aborder, bien, il y a eu une observation par
rapport au passage et la traverse de terrain abritant des espèces fauniques.
Donc, le tracé, là, contrairement à ce qui... ça ne fait pas que longer des
lignes ferroviaires et des autoroutes, il coupe aussi et traverse des terrains,
des propriétés privées. Alors, il est important d'étudier le tracé adéquatement
et savoir tous les milieux qui sont... qui peuvent être touchés par cette
ligne-là pour faire en sorte que les impacts soient compensés et soit le plus
minimisé possible, particulièrement en lien avec avec tous les principes que le
Québec a adopté récemment, notamment par rapport à la biodiversité. Merci, M.
le Président, j'ai fait 10 minutes pile.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a certains membres de cette commission qui ne se
sont pas déjà exprimés sur la motion préliminaire? Est-ce qu'il y en a qui
souhaiteraient le faire à ce stade-ci? Alors, il semble que non. Donc, nous
allons procéder à la mise aux voix. M. le secrétaire. Alors, est-ce que cette
motion, je vais commencer par la partie... est adoptée? Donc, la motion est
rejetée. Comme nous sommes à mi-chemin de cette séance... Oui, M. le député.
M. Bouazzi : ...appel
nominal.
Le Président (M. St-Louis) :
M. le député, nous allons accepter votre demande. La prochaine fois, peut-être
le faire un peu avant. Alors, M. Secrétaire, à la demande du député de
Maurice-Richard, nous allons procéder à un vote par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles).
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : M. Bouazzi
(Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
M. le secrétaire, pour la pause... Ah! pardon, excusez-moi. Ça fait trop
longtemps que j'ai présidé. Alors, le résultat final, cinq votes.... rejeté.
Excusez-moi. Alors, ce que j'allais suggérer, comme nous sommes à mi-chemin de
cette séance de travail, donc nous allons prendre une pause de 10 minutes.
Je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 15)
(Reprise à 15 h 26)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
votre attention, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux.
Alors, je vous informe que nous avons reçu une seconde motion préliminaire...
Le Président (M. St-Louis) : ...Déposée
par le Deuxième groupe d'opposition. Je demanderais donc à l'auteur d'en faire
la lecture, et suivi de ses remarques. Vous aurez 30 minutes pour se
faire. À vous la parole.
M. Bouazzi : Avec grand
plaisir, M. le Président. Donc, la motion préliminaire va comme suit :
«Qu'en vertu de l'article 244 de nos
règles de procédure, la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 13, loi concernant la ligne d'interconnexion Hertel-New
York, des consultations particulières et qu'à cette fin elle entende les
personnes suivantes : le Syndicat canadien de la fonction publique Québec,
SCFP.»
Donc, j'y vais avec mes remarques?
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y.
M. Bouazzi : Donc, peut-être
quelques mots avant de, de rentrer dans le vif de sujet. J'aime beaucoup cette
motion. C'est un groupe qu'on avait un invité, mais je dois quand même rappeler
notre tristesse du fait qu'on est encore ici en train d'attendre un document,
qui, pour une raison obscure, ne nous sera pas remis avant 33 minutes.
Donc, M. le Président, je dépose la motion suivante. Donc, c'est ce que j'ai
lu.
Le six... Le SCFP représente plus de
15 000 travailleurs dans les employés du réseau d'Hydro-Québec : les
technologues d'Hydro-Québec, les spécialistes et les ingénieurs d'Hydro-Québec
ainsi que les employés de métier d'Hydro-Québec. Le SCFP, c'est nous qui
l'avons mis sur notre liste parce qu'on pense que c'est important d'entendre
l'avis des employés d'Hydro sur un projet de loi qui implique directement
Hydro-Québec. Je sais que le C... C... SCFP a décliné notre invitation à venir
témoigner, mais je pense que c'est quand même important qu'en tant que
commission, on leur envoie une nouvelle invitation pour leur souligner qu'on
veut vraiment les entendre. Ils n'ont vraiment pas eu beaucoup de temps pour
analyser le projet de loi et décider s'ils... S'ils viendraient en commission.
Ils ont reçu une, une communication jeudi pour passer, pour une présence mardi.
Ça ne laisse pas beaucoup de temps, vous conviendrez, M. le Président, aux gens
pour rédiger un mémoire, se rendre disponibles et se présenter.
• (15 h 30) •
D'ailleurs, la moitié des groupes qu'on
devait entendre ne sont pas venus. Je pense qu'il faut qu'on réfléchisse à la
manière dont on communique comme commission avec les gens qu'on invite. On ne
peut pas s'attendre à ce que les gens se revirent sur un 10 sous et se rendent
disponibles pour nous quand on leur laisse... Quand on ne leur laisse même pas
une semaine. Le gouvernement a donc sa part de responsabilité là-dedans parce
que c'est lui qui détermine l'agenda des commissions en bout de ligne et c'est
la partie gouvernementale qui a la majorité ici et qui d'ailleurs a accès aux
documents du BAPE, qu'on attend. Si le gouvernement veut accélérer le rythme,
parce qu'il n'y a rien à mettre dans la machine, c'est correct, mais ça ne doit
pas se faire aux dépens du respect des gens qu'on invite. Et le respect, c'est
entre autres de ne pas convoquer des groupes à moins d'une semaine de préavis.
Vous savez, souvent, les groupes reçoivent une communication officielle de la
commission pour les inviter, et ça leur arrive comme une surprise, comme dans
ce cas-ci, un jeudi, pour le mardi suivant.
Nous, on veut bien essayer de faire le
lien, expliquer pourquoi on pense que leur avis est important, mais on n'a pas
les ressources pour le faire systématiquement et surtout, quand ça se fait
super rapidement, en semaine de circonscription, nous aussi, on est pris de
court. Pour l'instant, on a juste entendu trois groupes. Moi, je pense que ce
n'est pas assez. Je pense que ce n'est pas, que ce n'est pas assez. Je pense
qu'on n'a pu aller au... on... On aurait pu aller au fond des choses dans les
auditions particulières. Deux groupes sur trois avaient des intérêts directs
dans le projet de loi en venant le défendre, c'est correct. On est contents que
les Mohawks soient contents, mais on n'a pas vraiment eu d'expertise tierce...
15 h 30 (version non révisée)
M. Bouazzi : ...d'Hydro ont
cette expertise tierce. Je pense que ce serait intéressant qu'on prenne le
temps de les réinviter comme... en commission en leur expliquant pourquoi c'est
important d'avoir leur avis, sur quelles questions on veut leur input et leur
expertise. Peut-être qu'eux aussi, comme nous, ils se sont dit qu'à première
vue il n'y avait pas d'enjeu saillant dans le projet de loi, mais peut-être qu'eux
aussi, comme nous, ils se sont aperçu, avec les auditions des autres groupes,
que le diable peut possiblement se cacher dans les détails et que, quand on
gratte, il y a peut-être quelque chose et des enjeux. Évidemment, c'est plus
facile quand on a toutes les informations dont on aurait besoin.
Parce que, selon ma compréhension, le projet
de loi, il y a des conséquences sur les employés d'Hydro-Québec. C'est toute la
question de la création des filiales. Selon ce que je comprends, la création d'une
société en commandite ou filiale permet à Hydro de contourner la régie. Comme
je le disais plus tôt, la réponse d'Hydro-Québec à cet effet n'était pas
satisfaisante pour nous. J'ai hâte d'en avoir le cœur net parce que, comme je
le disais tout à l'heure, encore une fois, on ne veut pas encore se retrouver
avec un énième projet de contournement de la régie par le gouvernement de la
CAQ. Le mois passé, c'était le projet de loi n° 2 qui maintenait l'erreur du projet
de loi n° 34 de 2019, qui avait, à toutes fins pratiques, retiré le contrôle
tarifaire d'Hydro des mains de la régie. C'est une erreur monumentale.
C'est une erreur monumentale, d'autant
plus qu'en fin de compte les tarifs d'Hydro se transforment de plus en plus en
taxe, M. le Président, une taxe cachée qui, avant tout, pénalise les personnes
les plus défavorisées étant donné que c'est elles qui vivent dans des maisons
qui sont des passoires énergétiques. Beaucoup, d'ailleurs, des personnes
pauvres, au Québec, 30 % de la population à peu près, ne paient pas d'impôts
parce qu'ils ne gagnent pas assez d'argent, mais ils paient tous leur Hydro et
donc ils transfèrent tous de l'argent à l'État étant donné qu'il y a des gains
sur chacune de ces factures. Je rappelle aussi qu'il y a une baisse d'impôt qui
se prépare qui, elle, va exclure le 30 % de tout retour d'impôt étant
donné qu'ils ne sont pas assez riches pour les avoir. Donc, la combinaison des
deux fait, effectivement, qu'on transfère de l'argent des payeurs d'Hydro, et
parmi eux les plus pauvres, à ceux qui paient des impôts, et parmi eux ceux qui
paient le plus, donc les plus riches.
Donc, si je reviens à la quasi-totalité
des intervenants qui sont venus, à ce moment-là, nous dire qu'il devait... qu'on
devait revenir au contrôle de la régie, quand Option consommateurs, les experts
en énergie, les grosses industries et les PME sont tous d'accord, c'est signe
qu'il y a un consensus fort. Il y avait déjà un consensus pour le projet 34 en
2019, et le gouvernement n'a montré aucune ouverture. Son manque d'ouverture et
son entêtement idéologique l'a poussé à se tromper. Et, encore une fois, c'est
affaiblir la Régie du logement. Et, je le rappelle, il y a deux... De l'énergie.
Et je le rappelle, il y a deux contre-pouvoirs à Hydro et au gouvernement qui
nous permettent, dans un cas, de régler un problème de monopole de l'État qui
est la Régie de l'énergie et, dans l'autre, de nous permettre à nous,
législateurs, de prendre des décisions éclairées et informer la population qui
est le BAPE, qui effectivement a rendu un rapport auquel nous n'avons pas
encore accès.
Donc, le gouvernement de la CAQ a encore
une fois contourné la régie dans ce projet de règlement et de décret pour un
nouveau bloc de 1 500 mégawatts de l'énergie éolienne d'ici le 31 mars 2023. En
effet, même si l'article 72 de la Loi sur la Régie de l'énergie prévoit que les
plans d'approvisionnement doivent être soumis à l'approbation de la régie, la
CAQ a décidé... ou le gouvernement de la CAQ a décidé de circonvenir à cette
obligation en plaidant l'urgence. Or, l'urgence causée par sa propre décision d'annuler
les appels d'offres de l'automne dernier...
Ça fait aussi plusieurs fois que les
médias... que, dans les médias, on parle de la situation inacceptable causée
par le fait que plusieurs larges plans d'Hydro-Québec échappent encore et
toujours à la régie et donc à tout contrôle public. C'est le cas d'Hydro-Québec
Production...
M. Bouazzi : ...on le sait
depuis longtemps, mais c'est aussi le cas, et c'est pour ça qu'on en parle
aujourd'hui, des filiales d'Hydro. Hilo, par exemple, on ne sait pas combien ça
coûte, combien ça rapporte. Le bruit court qu'il y a plein de problèmes, que la
puissance déplacée n'est pas au rendez-vous, que les clients surconsomment
volontairement et se voient récompensés pour le faire. Mais, comme c'est une
filiale, c'est complètement opaque. On n'a pas accès aux documents, rien n'est
déposé devant la régie.
Donc, je rappelle, détournement du...
enlever les droits à la régie pour pouvoir décider, au niveau du gouvernement,
des tarifs, créer des filiales comme ici, dans Hilo, pour pouvoir encore une
fois enlever du pouvoir à la régie, qui est le principal contre-pouvoir dont on
a besoin. Quand il s'agit d'Hydro, dès qu'on entend le mot «filiale», il faut
comprendre que c'est une coquille juridique qui permet de soustraire tout ce
qui est dedans au contrôle public. Le vice-président gouvernance d'Hydro
parlait lui-même mardi des filiales créées pour le projet comme étant des
coquilles juridiques. Quand on lit le mot «filiale», il faut aussi lire
«possibilité de se soustraire aux règles qui régissent normalement
Hydro-Québec».
Je vais parler d'une autre ligne
d'interconnexion, la ligne Cedar Rapid Transit, ou CRT pour les intimes.
Pourquoi je vous parle de CRT? Parce qu'à prime abord, selon ce que je
comprends, c'est géré de façon pas mal semblable à ce qu'on propose ici en
termes d'utilisation de filiales, qui permet de faire toutes sortes de choses.
Et ça a des conséquences sur les employés d'Hydro-Québec. En effet,
l'utilisation d'une filiale pourrait avoir comme objectif ou comme effet d'autoriser
l'utilisation d'employés hors Hydro-Québec, donc des tiers, pour l'entretien de
la nouvelle ligne. C'est justement le cas pour CRT.
Ce qu'on me dit, c'est que normalement,
l'entretien d'une ligne est réservé aux employés d'Hydro-Québec, tandis que la
construction peut se faire par des entrepreneurs privés. Mais, dans le cas de
CRT, il y aurait seulement quelques employés d'Hydro d'impliqués dans
l'entretien, et le reste des travaux d'entretien plus exhaustifs sont faits par
les entrepreneurs privés, en dehors de toute contrainte.
De plus, CRT a des employés pour faire
l'entretien de base et des lignes de transmission. Quand un enjeu de
main-d'œuvre apparaît pour les prix ou autres, étant donné que CRT est
indépendant d'Hydro-Québec, alors CRT peut faire appel à n'importe quel monteur
de ligne pour aider ses activités. Elle peut aussi avoir recours à la
sous-traitance en toute impunité, voire même avoir des normes d'exploitation
plus laxistes qu'Hydro-Québec.
• (15 h 40) •
Ici, si on veut garantir des emplois aux
Mohawks, évidemment, on est pour, mais il faut qu'on puisse entendre le SCFP
pour comprendre les tenants et aboutissants du recours à la filiale. Est-ce
qu'il y a des balises, des contraintes qui empêchent de court-circuiter
complètement l'expertise d'entretien par les équipes d'Hydro-Québec? Il faut
aussi comprendre que les structures juridiques d'Hydro-Québec sont
particulièrement compliquées. Le SCFP est probablement l'un des seuls
organismes qui peut la comprendre complètement, à part Hydro-Québec elle-même,
évidemment, parce que ce sont des personnes de terrain.
Quand on regarde la structure
d'exploitation de CRT, on remarque qu'il y a plusieurs enjeux qui chargent
des... plusieurs enjeux sur qui chargent des frais et qui... sur lesquels il y
a... ah oui, sur lesquels on charge des frais pour faire des profits. Dans les
documents d'exploitation de CRT, on peut lire, donc, ça, c'est tiré du document
public d'exploitation de CRT : «Dans le but de favoriser des transactions
entre réseaux et d'accroître la flexibilité des livraisons effectuées par
l'intermédiaire du réseau de CRT, le transport réserve la totalité de la
capacité de transfert disponible à ce réseau. Il peut ainsi offrir à ses
clients, par l'entremise d'Oasis, un service intégré de...
M. Bouazzi : ...de réservation
qui leur permet, pour un tarif intégré, d'en utiliser un seul segment pour le
transport d'électricité vers les points de livraison Corn et Den.».
Autrement dit, M. le Président, le
transporteur Hydro-Québec Transport est prioritaire sur l'exploitation de CRT
en tout temps. Mais qu'est-ce que ça veut dire concrètement? On apprend aussi,
et donc je cite : «Pour faciliter les transactions avec le réseau de New
York, CRT réserve la totalité de la capacité de transport disponible sur la
ligne de Lanso. Cependant, cette ligne étant située aux États-Unis, le tarif
pour son utilisation ne peut être intégré au tarif du transporteur. Pour cette
raison, CRT facture des frais de 1,58 $ du mégawattheure pour l'utilisation
de la ligne en sus du tarif applicable du transporteur. Donc, en fin de compte,
l'interconnexion de CRT coûte plus cher que toute autre interconnexion opérée
par Hydro, car il faut payer CRT d'abord, qui donc appartient à Hydro-Québec,
et ensuite payer Hydro-Québec Transport, Hydro-Québec encore.» Ce que j'en
comprends, c'est que cette disposition commerciale de CRT fait qu'Hydro réserve
la totalité du transport et exclut par règlement les autres acteurs du marché.
Tout ça, c'est grâce à l'existence d'une filiale, comme ce que le projet de loi
propose pour Hertel-New York.
Donc, on vous a donné à date deux exemples
de filiale, et là je vais résumer sur celle-là. Donc, pour résumer, quand on
gratte un peu, on regarde des projets comparables existants comme celui de CRT,
on se rend compte qu'il y a plein de jeu potentiel. C'est vrai pour Hilo pour
d'autres raisons, c'est vrai pour CRT pour d'autres raisons. Et on comprend que
toutes ces filiales sont différentes, d'ailleurs c'est pour ça probablement qu'on
les crée, mais nous devons comprendre quelle structure de tarification, quelle
est les... quelles sont les conséquences par rapport à la Régie de l'énergie et
quelles sont les conséquences, évidemment, entre autres sur les travailleuses
et les travailleurs d'Hydro-Québec.
Donc, je ne dis pas que c'est
nécessairement mauvais comme projet de loi, peut-être qu'il y a de bonnes
réponses à tous ces enjeux, mais j'aimerais quand même qu'on invite les gens
qui ont une expertise pour nous dire ce qu'il en est, et ces gens-là, c'est les
employés d'Hydro-Québec.
Donc, encore une fois, a priori, on est
devant un bon projet de loi. Et moi, Dieu sait que j'ai du respect pour le
temps que mes collègues ici passent à l'Assemblée nationale, et pour le mien et
pour celui, y compris, de mon collègue de Beauce-Sud, et je trouve quand même
spécial qu'on n'a pas tous les éléments dont on a besoin pour pouvoir
légiférer. Candidement, encore une fois, je pensais que le temps qu'on pouvait
passer pour demander plus d'information pour pouvoir bien faire le travail
devait être minimal, car il va de soi que nous avons besoin des documents et
des informations dont on a besoin pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
C'était vrai pour la motion précédente, et c'est évidemment vrai pour les
groupes de travailleurs d'Hydro-Québec, dont on voudrait entendre les
recommandations. Donc, en conclusion, je pense que, si on réinvite, qu'on leur
pose ces questions-là, les gens de SCFP vont voir, eux aussi, que c'est
important qu'on les entende. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le député. La parole est maintenant à la partie gouvernementale.
M. le ministre, la parole est à vous, vous disposez de 30 minutes.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Je regarde la motion et, je dois vous dire, je suis surpris,
parce qu'on avait accepté, nous, au gouvernement, d'entendre la SCFP, tout le
monde était d'accord, mais ils ont réalisé qu'ils n'avaient rien à dire. Ça
fait que, là, ils ont dit : Sais-tu quoi? On va passer notre tour. Un peu
comme le BAPE. Ça fait que, là, ce que je pense décoder du collègue, c'est
qu'encore une fois il faudrait menotter les gens pour qu'ils viennent nous
parler, même quand ils ne veulent pas nous parler. Or, j'ai assez d'expérience
parlementaire pour savoir que, quand un projet de loi ne fait pas consensus,
pas besoin de s'attarder, les gens vont nous trouver, les mémoires vont...
M. Skeete : ...même quand
l'échéancier court et même sans mémoire. Il y a plein de gens, là, qui peuvent
venir nous parler, là, puis un mémoire, ce n'est pas obligatoire. Ça fait que
moi, j'en ai vu d'autres, des projets de loi, bien plus rapides que celui-là.
On a subi, lorsqu'on était dans l'opposition, des délais beaucoup plus courts.
Puis ça n'a pas empêché que, quand que les gens ont quelque chose à dire, ils
viennent nous le dire. Ça fait qu'en partant je ne sais pas ce qu'on peut faire
de plus, on les a invités. Ils auraient pu envoyer un mémoire, ils auraient pu
venir. Là, on fait une motion encore pour réinviter, je ne comprends pas la
démarche.
Ceci étant une bonne nouvelle, M. le
Président, il reste 14 minutes avant le rapport du BAPE. Puis je voudrais
rappeler aux collègues qu'en ce moment il n'y a rien qui nous empêche de
procéder à l'étude détaillée parce que, premièrement, 14 minutes, ce n'est
pas long. Deuxièmement, même si on fait tous les articles, puis on est
superbons, puis on passe au bout de ça à soir, ce n'est pas grave, si vous n'aimez
pas ce que vous voyez dans le BAPE, vous pouvez voter contre le projet de loi.
Ça fait que ce n'est pas comme si ça se décide aujourd'hui puis c'est la fin de
la finalité, là. Ça fait qu'on peut en donner pour leur argent aux
contribuables en continuant et avant ça ici avec l'article 1.
Donc, ça me ferait énormément plaisir de
commencer ça. Puis je vous garantis que vous allez avoir votre rapport du BAPE
et vous allez avoir tout le temps pour l'analyser avant de voter pour ou contre
la loi. Donc, je vous inviterais, s'il vous plaît, à respecter le Syndicat
canadien de la fonction publique qui elle, elle a dit : Ça ne me tente pas
de venir vous voir, je n'ai rien à dire. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. La parole est maintenant à l'opposition... Oui, M. le député.
M. Bouazzi : Je remarque que
M. le ministre a parlé dudit rapport. Est-ce qu'il peut le déposer, s'il vous
plaît?
M. Skeete : Je ne comprends
pas la question, M. le Président.
M. Bouazzi : Vous avez parlé
d'un document.
M. Skeete : J'ai parlé du
BAPE que vous dites... que vous prétendez depuis 2 h à attendre, que je vous
dis, depuis 2 h, qu'il va arriver à 16 h. Et je vous ai fait la grande annonce
que, maintenant, 12 minutes nous séparent entre le dépôt du BAPE et votre
questionnement.
M. Bouazzi : Exactement, vous
avez parlé, donc, du rapport? Moi, ce que je demande, est-ce que M. le ministre
pourrait déposer le document dont il a parlé, s'il vous plaît? Ça nous ferait
gagner 12 minutes.
Le Président (M. St-Louis) : Écoutez...
M. Skeete : Bien, moi, je ne
considère pas qu'on perd notre temps, M. le Président. Moi, je pense que le
processus législatif est très important. Je fais juste rappeler aux collègues
que, si on avançait avec l'article 1, et, comme par hasard, le BAPE ne
leur faisait pas plaisir, il n'y a rien qui... ils ne sont pas commis, il n'y a
rien qui les empêche à dire : Aïe! Attends une seconde, ça, ça ne nous
plaît pas, on veut revenir. Ça fait que je fais juste vous dire : Vous
pouvez vous sentir libérés d'exercer l'exercice pour lequel on a été réunis
aujourd'hui, qui est l'étude détaillée de l'article... des neuf articles, il y
en a juste neuf, articles, dans ce projet de loi là.
• (15 h 50) •
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Juste à titre informatif, on n'est pas en période de débat, on
est toujours à la période des remarques sur une motion préliminaire. Donc, la
parole est aux représentants de l'opposition officielle. Vous disposez de
30 minutes.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Donc, on attend toujours le rapport, mais il va falloir, évidemment,
qu'on prenne le temps de l'analyser, donc... En tout cas, je... En ce qui
concerne la motion, en principe, on est pour. On comprend, avec l'information
qui vient d'être présentée, que cet organisme aurait pu être déjà invité, mais
je pense que, puisque les consultations qui ont été demandées, c'est des
consultations ciblées...
Et j'ai devant moi la lettre du ministre
de l'Environnement à la présidente intérimaire du BAPE datée du
15 novembre, et justement, et je cite : «Je donne le mandat au BAPE
de tenir une consultation ciblée concernant le projet de ligne d'interconnexion
Hertel-New York sur le territoire des municipalités — et ça continue.
Cette consultation devra cibler spécifiquement les sujets entourant les
questionnements et préoccupations qui m'ont été transmis, soit la protection du
territoire agricole et des activités agricoles ainsi que la protection des
cours d'eau et des infrastructures de ces cours d'eau. Plus précisément, la
consultation devrait couvrir les impacts des tensions parasites ainsi que les
impacts des travaux sur le sol arable, les cultures et la circulation de la
machinerie agricole.» Je m'attarde là-dessus...
Mme McGraw : ...parce que,
puisque les consultations sont ciblées, il me semble que parler à plus
d'organismes a du bon sens, puisque la consultation même est ciblée et non
générale et générique, ça a du bon sens. On avait nous-mêmes invité plusieurs
organismes qui se sont... trois qui ont accepté... sur la liste sur laquelle on
s'est mis d'accord avec le gouvernement, et il y en a qui se sont désistés,
dont le BAPE, évidemment. Mais il y en avait une couple d'autres, dont... je ne
sais pas si je peux les nommer, en tout cas, FQM... FMQ et UQM.
Alors, c'est sûr qu'on respecte ces
décisions-là. Par contre, en ce qui concerne un organisme public comme le BAPE,
c'est différent. Le ministre avait dit avant, en réponse à la motion de
l'opposition officielle, il avait dit : On ne va pas tordre le bras pour
venir nous dire ce qu'ils n'ont... on n'a pas le goût de dire. Et je trouve
que, lorsque ça concerne un organisme public, c'est inacceptable. C'est
inacceptable de dire qu'on tord le bras puis qu'on ne vient pas nous dire ce
qu'on n'a pas le goût de dire. Ce n'est pas une question de : on n'a pas
le goût. C'est : on a le devoir de venir partager notre expertise. On a le
devoir d'informer les parlementaires, les législateurs, parce que nous, on a le
devoir auprès des Québécois de bien faire les choses, de bien faire notre
travail en tant que parlementaires et législateurs.
Alors, je reviendrais sur les commentaires
de mes collègues en parlant des fondements du développement durable. Pardon,
permettez-moi. On a parlé du syndicat canadien. Ça me fait penser aux six
points qui ont été mentionnés dans le mémoire du conseil mohawk de Kahnawake.
Il y en avait six. Antérieurement, je me suis attardée au point numéro trois
concernant les évaluations environnementales et l'approche des sept
générations. Mais je m'attarderais maintenant, lorsqu'on parle de syndicats et
de travailleurs... le point numéro six, et je cite, et je le cite en... même si
le mémoire était en anglais, je le cite en français : Hydro-Québec
cherchera à offrir des possibilités de contrats aux travailleurs de Kahnawake
pendant la phase de construction. Et une des questions qu'on avait posées
pendant les consultations particulières, justement, c'est : Est-ce que des
entreprises et des membres de votre communauté, c'est-à-dire la communauté
mohawk, seront priorisés pour travailler sur le projet? Ce qui est intéressant
là-dedans, c'est que le peuple mohawk, ils ont une double citoyenneté
canadienne et américaine. Donc, ils ont l'opportunité de travailler des deux
côtés de la frontière qui définit cette ligne.
Mais une autre question qui pourrait se
poser : Est-ce qu'il y a des garanties? Premièrement, est-ce qu'il y a des
garanties? Parce que, dans le langage qu'on nous a partagé dans la mémoire
d'Hydro-Québec, c'était qu'ils allaient faire de leur mieux, mais ce n'était
pas une garantie, si je comprends bien. Et l'autre question qui se pose :
Est-ce que c'est juste la phase construction? Il va y avoir d'autres phases
pour le maintien de la ligne. Est-ce que, dans ces autres phases là, il va y
avoir... est-ce qu'on va favoriser la communauté mohawk et peut-être d'autres
communautés autochtones?
Alors, c'est des questions qu'on se pose.
Parce que c'est clair qu'au niveau de l'économie il y a des retombées
intéressantes. Mais il faut toujours regarder, avec n'importe quel projet,
l'acceptabilité sociale et aussi, évidemment, l'économie et le développement
durable... je veux dire environnemental et les trois piliers, encore une fois,
du développement durable.
Et j'aimerais en profiter pour parler un
peu de mon... un peu... une histoire un peu personnelle, dans le sens que, là,
le développement durable, ça fait 10 ans, je pense, que le BAPE est basé... se
base sur ces fondements-là, mais ça provient de 1987. Il y avait la commission
de l'ancienne...
Mme McGraw : ...première
ministre de la Norvège, Brundtland. Et c'est vraiment cette commission globale
qui ont vraiment mis de l'avant le principe du développement durable. Et ça a
été repris en 1992 au Sommet de la Terre de Rio. Et j'ai participé en tant que
jeune ambassadrice, à Rio, en 1992, et c'est là où le monde, on a mis de
l'avant les conventions sur les changements climatiques et sur la biodiversité,
la COP15, qui vient d'avoir lieu ici au Québec. Donc c'est vraiment ça se
retrouve, tout ça, le développement durable, les conventions, ça, ça relie
de... ça revient du du Sommet de la Terre, à Rio. Alors, je trouve ça très
pertinent qu'ici, au Québec, le BAPE se base sur ce principe-là, cette approche
équilibrée et intégrée. Et c'est pour ça, M. le Président, qu'on insiste
d'avoir le rapport du BAPE. Et je comprends que ça va arriver bientôt, mais il
faut prendre le temps, M. le ministre, M. le Président, trois minutes de faire
l'analyse, parce que, justement, c'est notre... c'est ce qu'on dit, hein, ce
n'est pas juste de le recevoir, mais c'est de faire l'analyse, c'est de faire
nos devoirs. Mon collègue, il a parlé de trois scénarios : vert, jaune et
rouge. On espère que ça va être un scénario vert. Tu penses qu'on est d'accord
pour dire qu'on est là de bonne... avec une bonne volonté. On veut procéder,
mais, en même temps, il faut respecter le fait qu'on doit faire notre travail
en tant que parlementaire. Donc, c'est ça, on attend le rapport, et c'est sur
qu'on va regarder ça de très près puis on va revenir mardi, ayant fait
l'analyse et prêts, je n'en doute pas, à passer à l'étude détaillée article par
article et alinéa par alinéa de ce projet de loi important. Donc, avec ça, M.
le Président, je conclus. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Est-ce que d'autres membres de la commission souhaitent... M.
le député de l'Acadie, la parole est à vous pour 10 minutes.
M.
Morin :Merci. Merci, M. le Président. J'aimerais effectivement
partager certaines observations en lien avec la motion que mon collègue, le
député Maurice Richard, a présentée. J'aimerais aussi, avant, de façon
préliminaire, partager mes observations suite à ce que disait M. le ministre
quand il nous invitait, il y a quelques minutes, à ce qu'on puisse commencer
assez rapidement à regarder le projet de loi article par article. Et M. le
ministre nous disait : Vous savez, vous pourrez toujours voter contre.
C'est vrai. Ça, c'est exact, dans l'opposition, ça arrive qu'on vote contre,
parfois, certains projets de loi, ça arrive. Mais voyez vous, M. le Président,
l'avantage... Ah! le est là? Ah! bon, bien là, écoutez... Non, mais
permettez-moi de... Bravo! J'en suis heureux. Quand allons-nous le voir?
Une voix : ...
M.
Morin :
Je n'en ai jamais douté, M. le ministre. Alors, si vous me permettez de
continuer, M. le Président.
• (16 heures) •
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Messieurs,
la parole est au député de l'Acadie, s'il vous plaît. Merci.
M.
Morin :Merci, M. le Président. L'avantage de travailler en
commission parlementaire, ce n'est justement pas uniquement de voter contre,
mais d'être capable de proposer des modifications, des amendements et donc de
bonifier un projet de loi du gouvernement. J'ai très hâte de lire le rapport du
BAPE, parce qu'évidemment, tout dépendant de ce qu'il contient, on pourra
possiblement proposer des amendements. Et ça, ce n'est pas uniquement voter
contre, c'est bonifier. Et je vous dirai, humblement, je n'ai pas une très
longue carrière de parlementaire, mais j'ai quand même récemment vécu l'exercice
avec le projet de loi n° 8, auquel a participé M. le député de Saint-Jean.
Et, justement, dans le cadre... et c'est pour exprimer... c'est pour vous
donner un exemple concret de mon propos. L'opposition officielle a soumis un
nombre important de modifications qui ont été acceptées par le gouvernement.
Donc, ce n'est pas uniquement de voter contre, c'est de faire un travail
parlementaire professionnel avec attention et d'être capable de proposer des
choses qui vont faire en sorte qu'en bout de piste le projet de loi, la loi va
correspondre à ce que s'attendent les Québécois et les Québécoises. Donc, ça,
c'était pour mes remarques préliminaires.
Maintenant, quant à la motion de M. le
député de Maurice Richard...
16 h (version non révisée)
M.
Morin :...je suis prêt à l'appuyer parce qu'effectivement, ce
qui est particulier dans ce projet de loi, c'est la création à l'article quatre
d'une société, et on n'a pas beaucoup d'information sur la société. Et d'ailleurs,
quand on regarde le mémoire qui a été déposé par Hydro-Québec à la commission,
on parle évidemment de l'objectif du but souhaité du partenariat avec le
Conseil mohawk. Mais, quant à la société comme telle, comment elle va être
composée, qui va être là, que va-t-elle faire, va-t-elle être soumise à la
régie ou pas, qui seront ses employés, là on n'a pas d'information. Et donc...
En fait, ce qu'on a, c'est qu'on dit qu'il est prévu qu'Hydro-Québec serait
exclusivement responsable de la gestion, l'exploitation de l'entretien, de la
conformité de la ligne, comme pour le reste de son réseau. Que viendra faire la
société? Qui seront ses employés? Seront-ils syndiqués?
Et c'est là que la demande du, à mon avis,
du député de Maurice-Richard, devient pertinente de vouloir entendre le
Syndicat canadien de la fonction publique qui, en tant que syndicat depuis des
années, a une expertise, pourrait évidemment informer les membres de la
commission sur l'apport qu'un syndicat important pourrait faire pour la bonne
marche de cette société, ce que nous n'avons pas. Et c'est la raison pour
laquelle moi, je suis prêt à appuyer la motion de mon collègue député de
Maurice-Richard. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres membres de la commission qui souhaiteraient s'exprimer?
Oui, Mme la députée... Mme la députée de Mille-Îles, je vais finir par le
savoir. Excusez-moi...
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Écoutez, la motion de mon collègue le député de Maurice-Richard est
intéressante pour les points qu'il a amenés, la question des filiales. On voit,
là, que, dans le fond, si on relit le projet de loi, là, dans le fond, la
société qui serait créée, en partenariat avec le Conseil des Mohawks, bon, c'est
limité à l'exercice des activités de transport. On dit que "la société va
disposer des mêmes pouvoirs qu'Hydro-Québec dans l'exercice de ses activités et
bénéficie de tous les droits de cette dernière", mais ce qu'on ne sait
pas, c'est est-ce qu'elle va appliquer les mêmes conditions salariales? Ça, on
l'ignore.
Moi, je veux vous dire, dans mon passé, et
là, je ne retournerai pas aussi loin qu'en 1992, comme ma collègue la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, mais je vais retourner en 2000. En 2000, je travaillais
au Chili. J'y ai habité et travaillé quatre ans, au Chili. Et, à l'époque, il y
avait une entreprise qui s'appelait Trans Sélect, qu'Hydro-Québec était, en
fait, en grande partie propriétaire, là, ils avaient 92 % de la société à
l'époque. Et cette société-là, elle fournissait l'énergie aux distributeurs
locaux chiliens, desservait 99 % de la clientèle chilienne, puis il était
aussi au Pérou, Trans Sélect. Mais c'est évident que les conditions salariales
des employés chiliens de Trans Sélect n'avaient rien du tout à voir avec celle
des conditions salariales d'Hydro-Québec à Montréal, au Québec, ça, c'est
certain. C'était loin, loin, loin d'être les mêmes conditions salariales.
Donc, ça, ça peut être intéressant d'entendre
le Syndicat canadien de la fonction publique Québec, le SCFP, pour savoir leur
vision de ça et comment... bien, c'est ça, l'enjeu de la sous-traitance. Là, j'ai
entendu que l'entretien, généralement, dans les projets de transport,
généralement, l'entretien est réservé aux employés d'Hydro-Québec, est-ce que ce
sera aussi le cas dans le cas de la société, la filiale? Moi, je trouve
intéressant s'il y a effectivement des garanties d'emploi aux Mohawks, mais j'imagine
que le conseil va faire ses représentations ou l'a déjà fait... si le conseil
de bande a déjà fait ses représentations à cet effet-là. Mais je rappelle qu'Hydro-Québec
va contrôler la majeure partie de cette nouvelle... de cette société qui va
être créée. Donc, au bout du compte, c'est Hydro-Québec qui va décider des
conditions et de qui pourra obtenir ces emplois-là...
Mme Dufour : ...donc, ce
serait intéressant d'entendre le syndicat à cet effet-là. Et quand on regarde,
là, le nombre de filiales d'Hydro-Québec, il y a un organigramme sur le site
d'Hydro-Québec, là, les participations, ils en ont plusieurs, vraiment
beaucoup, beaucoup de participations dans différentes filiales. Donc il faut
juste s'assurer que ça ne devienne pas une façon, dans le fond, de se détourner
d'obligations que l'entreprise aurait et que la société d'État aurait, si elle
était propriétaire à 100 % de la société. J'aimerais souligner en passant
qu'à l'époque, Hydro-Québec a vendu ses parts de... C'était en 2006. Donc je
réfère à l'époque, au Chili, elle a vendu ses parts pour... elle a dit :
faire un profit, elle aurait fait un profit de 750 millions.
Malheureusement, bon, à l'époque, ils étaient très, très contents,
Hydro-Québec, de se départir de plusieurs filiales. C'était en 2006.
Aujourd'hui, la valeur de ce qu'Hydro-Québec possédait au Chili, elle n'a pas
fait de profit en les vendant à cette époque-là. Malheureusement, ça a été...
l'Énergie a pris énormément d'ampleur et aujourd'hui, la valeur de cette
entreprise-là est incommensurable comparée au prix que ça a été vendu à
l'époque.
Et donc je suis contente de lire que dans
ce projet de loi là, on prévoit que les parts ne peuvent pas être cédées à un
tiers. Elles doivent rester à Hydro-Québec si elles ne sont plus parties du
Conseil des Mohawks. Donc, ça, c'est vraiment une bonne avancée, là, de faire
en sorte que ça ne puisse pas être revendu, ces parts-là, et que ça reste chez
nous.
Je ne m'éterniserai pas éternellement,
mais je vais vous dire, contrairement à ce que, bon, mon collègue le député de
Sainte-Rose mentionnait et ministre délégué à l'Économie, non, ce n'est pas
l'objectif seulement de voter contre un projet. On est ici pour améliorer les
projets de loi et pour pouvoir améliorer les projets de loi, bien, il faut qu'à
l'étude article par article on ait toutes les informations. Alors, c'était la
raison pourquoi on souhaitait tous avoir le rapport du BAPE avant de procéder à
cet article... à cette étude.
Et d'ailleurs, l'enjeu de la... et là, je
l'ai téléchargé pendant que d'autres collègues parlaient, le rapport, et
l'enjeu de la transition énergétique est mentionné à 2... bien, en fait, est
mentionné... c'est le principal, là, ce qui est mentionné dans le rapport. On
dit que... on mentionne le fait qu'il va y avoir une diminution, là, des
capacités de production et qui va... et ça va impliquer des nouveaux
approvisionnements, éventuellement Hydro-Québec. On dit : La commission
d'enquête... je le lis, là. "La commission d'enquête est d'avis que face à
l'urgence climatique, à l'imminence du besoin d'augmenter l'approvisionnement
énergétique du Québec, la transition énergétique devrait être fondée sur une
planification qui concilie ses besoins en approvisionnement et ses projets
d'exportation d'électricité." Je ne sais pas si cette planification-là a
été faite avant d'autoriser ce projet ici qu'on est à l'étude. "Et comme
cette transition implique d'importants changements sociétaux qui engagent plus
que la seule responsabilité gouvernementale, cette planification gagnerait à
favoriser une participation active et inclusive de la société civile. Cela
permettrait un débat à partir duquel les grandes orientations stratégiques
seraient déterminées, tout en obtenant un éclairage sur les divers enjeux de
développement durable qu'une telle planification soulève.".
• (16 h 10) •
Et là, j'aimerais souligner que nous
avions proposé une commission. C'était d'ailleurs ma collègue, je crois, la
commission nationale... non, c'était le député de Jacques-Cartier, la
Commission nationale itinérante sur l'avenir énergétique. Et le rapport du
BAPE, je pense, vient appuyer cette demande-là en disant : Là, il y a des
projets qui avancent, mais avant, pour le futur, il faudra avoir cette
conversation nationale là. Sinon, bien, ils le disent, là, on pourrait s'en
aller dans le mur. On va avoir besoin de nouveaux approvisionnements. Et on le
sait tous que ce n'est pas si simple que ça d'avoir de nouveaux
approvisionnements en électricité quand c'est très... Certains projets, là,
sont énormément énergivores et qu'il y a de moins en moins de rivières à
harnacher, on s'entend. Et la capacité éolienne, ça prend un bon moment avant
d'augmenter. Donc voilà. Alors, pour moi, ça complète, là, mon intervention.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Ne présumant de rien, est-ce qu'il y a... d'autres membres de
la commission souhaitent s'exprimer sur cette motion préliminaire? Comme il
semble que non, nous allons procéder à la mise aux voix. Alors, est-ce que...
Le Président (M. St-Louis) : ...cette
motion. Oui, M. le député?
M. Bouazzi : ...appel
nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) : M.
le secrétaire, à la demande du député de Maurice-Richard, nous allons procéder
à la mise aux voix par appel nominal.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention, M. Bouazzi (Maurice-Richard)?
M. Bouazzi : Pour.
Le Secrétaire : M. Skeete
(Sainte-Rose)?
M. Skeete : Contre.
Le Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
Le Secrétaire : M. Gagnon
(Jonquière)?
M. Gagnon : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
Le Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
Le Secrétaire : M. Morin
(Acadie)?
M. Morin : Pour.
Le Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
Le Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Alors, la motion est rejetée.
La commission est maintenant prête à
prendre en considération l'article 1 du projet de loi. M. le ministre, veuillez
en faire la lecture. La parole est à vous.
M. Skeete : Avec plaisir, M.
le Président.
M. Morin : ...
Le Président (M. St-Louis) : Oui,
M. le député?
M. Morin : Avant le début de
l'étude détaillée, tel que prévu à l'article 245 et conformément à notre
jurisprudence, pour cette étude détaillée, je demande à ce que les articles de
ce projet de loi soient étudiés alinéa par alinéa et paragraphe par paragraphe,
et ce, à ce que chacun des articles qu'on propose de modifier ou d'ajouter dans
les lois existantes soit étudié séparément là où c'est applicable, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci.
C'est noté.
M. Morin : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
M. le Ministre, la parole est à vous. Oui, M. le député?
M. Bouazzi : M. le Président,
maintenant qu'on a le document, moi, je demande simplement une suspension, le
temps de le lire, pour bien faire notre travail. Je suis sûr que le ministre
ici présent, qui, lui, l'a probablement déjà lu, pense que c'est pertinent que
nous ayons la même quantité d'information concernant le même projet de loi,
pour pouvoir le bonifier si possible.
M. Skeete : M. le Président,
non, je n'avais pas lu le rapport à l'avance, donc je savais, selon le ministre
de l'Environnement, qu'il n'y avait pas de crainte à avoir. Par contre, je
pense qu'on pourrait commencer par lire l'article numéro 1. Ça serait le fun
d'au moins faire ça avant la fin de la journée. Puis, après l'article un, je ne
propose même pas de l'adopter. Commençons, il reste quelques minutes, donc
maximisons le temps ensemble et poursuivons.
Le Président (M. St-Louis) : Écoutez,
je pense que, dans les procédures usuelles, puis voyant le temps qu'il nous
reste, la proposition du ministre me semble raisonnable, donc nous allons
procéder avec la lecture de l'article 1.
M. Skeete : Je procède, M. le
Président :
«Afin de faciliter la réalisation du
projet Hydro-Québec de fournir l'électricité principalement à la ville de New
York, lequel inclut la construction et l'exploitation d'installations destinées
à transporter de l'électricité entre le poste Hertel, à La Prairie, et un
endroit d'interconnexion dans la rivière Richelieu, à la frontière
canado-américaine, la présente loi a pour objet de conférer à Hydro-Québec un
pouvoir de cession de ses installations.
Elle a aussi pour objet d'alléger la
procédure d'expropriation applicable aux acquisitions effectuées par
Hydro-Québec et nécessaires à la construction de ses installations.
Pour l'application de la présente loi. On
entend par ligne d'interconnexion Hertel-New York, les installations de
transport d'électricité visées au premier... alinéa.» — Je vous avise
tout de suite, chers collègues, j'ai bien de la misère avec ce mot-là.
Une voix : ...
M. Skeete : Oui, je le
comprends, intellectuellement, mais je le «moffe» tout le temps. Je vous le dis
tout de suite, bon.
L'article 1 du projet de loi de la
présente... de loi. D'abord, la loi vise à ce qu'Hydro-Québec puisse céder des
installations de transport d'électricité afin de fournir principalement à la
ville de New York de l'électricité. La loi prévoit aussi une procédure allégée
en matière d'expropriation dont pourra bénéficier Hydro-Québec pour la
construction des installations de transport. Enfin, cet article prévoit que, dans
la loi, les installations de transport sont nommées la ligne d'interconnexion
Hertel-New York.
Je suis prêt, collègues, à recevoir vos
questions, commentaires, et j'ose être assez optimiste, peut-être adopter
l'article 1.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Donc, je cède la parole à un membre de l'opposition officielle.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Députée
des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci beaucoup.
Alors, peut-être une question sur le mot «alléger» la procédure
d'expropriation...
Mme Dufour : ...est-ce que
c'est possible de nous indiquer qu'est-ce que... quelle serait la procédure
d'expropriation, les mesures d'allègement qu'on veut mettre en place? Puis
est-ce que ça pourrait créer des conflits supplémentaires avec les
propriétaires touchés?
M. Skeete : C'est une
excellente question qui... qui fait objet à l'article 7. Je suggère que la
collègue garde cette question-là pour ce moment-là. Ici, on est surtout dans
l'acceptation de l'idée derrière le projet de loi, donc... mais c'est à
l'article 7, là, je pense que ce serait peut-être plus opportun d'avoir
cette discussion-là. J'imagine qu'il va y avoir des longues discussions à ce
sujet-là à l'article 7.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. La parole est maintenant au représentant de la deuxième
opposition officielle, M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Je voudrais juste d'abord réagir à l'idée que c'était pertinent pour
nous de parler aussi longtemps avant d'avoir ce rapport. J'ai beaucoup de
respect pour les fonctions de toutes les personnes qui sont autour de la table,
mais je note que pour M. le ministre, c'est très pertinent d'attendre autant,
et j'en prends bien note, et je comprends que pour lui, c'est important de
faire durer les choses pour pouvoir avoir accès aux données dont on a besoin,
et je vais tenter des fois de le satisfaire parce que je trouve ça quand même
décevant.
Sur le projet de loi, bien, je poserais
une question simple au ministre par rapport au rapport du BAPE, justement,
comment il interprète le... l'article 1 en fonction de ce qu'il y a dans
le rapport du BAPE actuellement.
M. Skeete : Excellente question,
M. le Président. En fait, ce qui est intéressant à noter, c'est que le
collègue, à plusieurs reprises, disait qu'il était somme toute d'accord avec le
principe de la loi qu'on vise à l'article... dans le projet de loi n° 13.
Donc, l'article 1 touche essentiellement à ça. Sommes-nous d'accord avec
l'idée de faire une ligne d'interconnexion vers New York? Alors, je pense que
s'il y a une chose qui a été claire par les interventions du collègue à
nombreuses reprises, c'était le fait qu'il n'avait pas le bac... le BAPE,
pardon, devant lui qui lui empêchait de dire : Non, je veux vraiment être
100 % content, puis ça va me permettre de pouvoir vous aider à arriver à
vos fins, et je suis d'accord avec l'idée d'aider New York à se décarboner,
donc je veux avancer. Mais, en fait, l'article 1 ne fait que juste dire,
toutes choses étant égales par ailleurs, le principe est de faire une ligne
d'interconnexion entre le Québec et l'État de New York dans le but de vendre de
l'électricité à New York. Et je dois le dire, si jamais un jour on est en
déficit, de recevoir de l'énergie de nos voisins aussi. Donc, c'est une
interconnexion importante pour l'avenir en général, et ici on parle, dans
l'article 1 du moins, du principe.
M. Bouazzi : Donc, je veux
juste être sûr, quel est le rôle du BAPE d'après M. le ministre et du rapport
dont on parle?
• (16 h 20) •
M. Skeete : Bien, en fait, le
rôle du BAPE est pour éclairer le gouvernement du Québec sur les projets qu'il
y a et de lui donner des conseils sur la manière la plus efficace,
environnementalement parlant, de procéder à ses désirs et ses options de
réalisation. Voilà.
M. Bouazzi : Donc, le BAPE
sert à prendre des décisions éclairées pour le gouvernement et évidemment pour
les ministres qui en font partie. Et donc je comprends qu'il y a un rapport où
maintenant on a accès... Malheureusement, on n'a pas encore eu le temps de le
lire qui porte justement sur le présent projet. Et donc en quoi le rapport du
BAPE a éclairé M. le ministre ici, comment il vous a éclairé? Qu'est-ce que
vous en pensez exactement de ce que le BAPE vous a dit, qui d'après les raisons
mêmes pourquoi le BAPE existe et ce rapport-là devraient vous éclairer pour
prendre des décisions concernant ce projet de loi?
M. Skeete : Il y a peu
d'avantages aux délais qu'on a subi en attendant le rapport du BAPE, mais un
des avantages est que pendant que vous étiez à nous énumérer la pertinence
d'avoir un syndicat qui avait déjà refusé de sa participation, d'être ici,
c'est que j'ai eu la chance de lire la conclusion, entre autres, mais aussi les
quelques sections dans le rapport, et il semble, selon moi, comme si... c'est
des considérations très valides, des informations très pertinentes et aussi
surtout des recommandations d'ordre de gouvernance. Donc, tout ça est dans la
bonne pratique et dans les meilleures pratiques. Je suis encore une fois
rassuré, non seulement...
M. Skeete : ...par ça mais
aussi par le fait que mon collègue le ministre de l'Environnement m'avait dit
qu'il n'y avait rien dans le projet qui lui pensait pourrait faire en sorte
qu'on nuisait à l'environnement. Donc, avant... ayant c'était cette information
de mon collègue, et maintenant avoir lu certaines parties du rapport, je suis
confiant, comme je l'étais avant, qu'on peut procéder du moins à l'acceptation
de l'article 1.
Le Président (M. St-Louis) : Si
vous permettez, M. le député...
M. Bouazzi : Est-ce que...
Non, mais je pense que c'est une conversation intéressante, parce que je
comprends que M. le ministre a lu seulement la conclusion sur un rapport qui
devrait lui permettre de prendre des décisions pertinentes et éclairantes sur
un projet de loi. Je pense que c'est vraiment une conversation de fond sur à
quoi sert les institutions du Québec qui nous permettent à bien légiférer.
Est-ce que M. le ministre trouve normal que lui ait lu la conclusion, par
exemple, et je pense que ce n'est probablement pas assez, et que d'autres
législateurs ici présents ne l'ont pas encore lu?
M. Skeete : Bien, M. le
Président, je voudrais vous rappeler que ça serait important, vu qu'on est
rendus à l'article 1, qu'on spécifie qu'on parle de l'article 1, pas
la philosophie de qui travaille comment, mais je rappellerais au collègue
qu'ici, par sa voix, lui-même, nous a fait part à de nombreuses reprises qu'il
était d'accord avec le principe mais que lui, ce que ça lui prenait absolument,
c'était d'avoir de manière publique le BAPE, chose qu'on a livrée. Donc, le
BAPE, il est public. Et ici on parle du principe, alors, avec son accord, je
serais prêt, moi, à passer au vote.
M. Bouazzi : Malheureusement,
M. le Président, je pense que M. le ministre n'a pas compris ce que j'ai
pourtant dit à répétition, c'est que, ce rapport-là, on en a besoin pour
pouvoir prendre des décisions éclairées en tant que législateurs, pas pour ce
qu'il soit public et qu'il flotte sur Internet pendant que nous, on parle d'un
projet de loi où il y a un rapport du BAPE qui explique, je le rappelle, c'est
quoi, les impacts environnementaux de ce projet, et qui vient justement nous
éclairer pour pouvoir bien faire notre travail, nous avant tout le monde mais
aussi pour que les autres citoyens le sachent. Et je note donc qu'il n'a pas
entendu tout ce qu'on a dit et répété sur l'importance d'avoir accès à ce
document pour pouvoir bien faire notre travail.
Par contre, moi, j'ai entendu le ministre
quand il nous a dit l'importance de passer du temps à expliquer, à échanger en
tant que parlementaires, qu'il a pensé que tout ce qui s'est passé ce matin
était justement un exercice important. Et je pense qu'on va continuer
l'exercice important d'échanger sur l'importance du BAPE pour pouvoir bien
faire notre travail parlementaire. Donc, je repose la question au ministre,
est-ce qu'il pense que c'est pertinent pour nous de ne pas l'avoir lu pour
pouvoir répondre à ce qu'on pense de ce projet de loi?
Le Président (M. St-Louis) : Si
vous permettez, M. le ministre. M. le député de Maurice-Richard, ce serait le
dernier échange sur le sujet. On est à la lecture de l'article 1, donc le
débat devrait se faire sur l'article 1. Et, afin de permettre à
l'opposition officielle aussi d'intervenir, la prochaine question sera pour la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Je n'ai rien à
rajouter, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Donc, la parole est à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Oui, merci, M.
le Président. Et je promets que ça va terminer avec une question précise sur
l'article numéro 1, mais j'ai une observation qui sert de contexte pour ma
question, et ça a rapport au projet... au rapport du BAPE. C'est sûr qu'on n'a
pas eu le temps de tout lire, mais on prend note du document, rapport en un
clin d'oeil.
Et le dernier paragraphe, donc, c'est le
contexte pour ma question : «L'enjeu relatif à la transition énergétique
face à l'urgence climatique et l'imminence du besoin d'augmenter
l'approvisionnement énergétique du Québec, la transition énergétique devrait
être fondée sur une planification qui concilie ses besoins en approvisionnement
et ses projets d'exportation d'électricité. Et, comme cette transition implique
d'importants changements sociétaux qui engagent plus que la seule
responsabilité gouvernementale, cette planification gagnerait à servir à
favoriser une participation active et inclusive de la société civile. Cela
permettrait un débat à partir duquel les grandes orientations stratégiques
seraient déterminées tout en obtenant un éclairage sur les divers enjeux du
développement durable qu'une planification soulève.»
Donc, ça rejoint beaucoup les commentaires
qu'on avait et questionnement au niveau économique et environnemental. Alors,
avec ça comme contexte... Et c'est un contexte très important, parce que ça, ce
n'est pas une petite chose, c'est considérable que le BAPE ait décidé de sortir
un peu de la consultation ciblée puis de dire : C'est tellement important,
cet enjeu-là, qu'on a effectivement besoin d'une commission ou une consultation
publique. Donc, c'est...
Mme McGraw : ...c'est quand
même extraordinaire. Avec ça comme contexte, question spécifique maintenant que
le rapport du BAPE est sorti... Et le gouvernement a accès à ce rapport depuis
le 1ᵉʳ mars, donc ce n'est pas du nouveau pour le représentant du
gouvernement. Donc, on aimerait savoir en parlant... Article numéro un,
lorsqu'on parle d'interconnexion dans la rivière Richelieu, est-ce qu'on
connaît... Est-ce que vous pouvez... Maintenant que le rapport est là, où vous
êtes en position depuis... le gouvernement, depuis le 1ᵉʳ mars, est-ce que
vous pouvez nous renseigner davantage sur les impacts environnementaux pour la
rivière?
M. Skeete : Merci, M. le
Président pour me céder la parole. Premièrement, je voudrais rappeler au
collègue... à la collègue, pardon, qu'on va avoir... et le ministre de
l'Énergie l'a déjà dit, qu'il va y avoir des consultations en mai pour un rapport
qui va être déposé au mois de... à l'automne. Donc, j'entends l'opposition
souvent dire que ça prend un débat. On en fait un actuellement. On a eu un avec
le projet de loi deux. J'ai eu la chance de faire une interpellation avec les
collègues récemment aussi à ce niveau-là. Donc, on est toujours partants pour
avoir ces discussions-là. On n'a jamais autant parlé d'Hydro et d'Hydro-Québec
et d'hydroélectricité et de la transition énergétique et comment qu'on va
alimenter l'avenir qu'on le fait actuellement. Donc, le débat que vous
souhaitez, on l'a, on est dedans. Alors la collègue, elle défonce une porte
déjà ouverte.
Bon, pour ce qui est de la ligne
d'interconnexion, on a un tracé qui a été rendu public, on a une analyse
d'impact qui se trouve dans le rapport et aussi on a les analyses de... les
gens du BAPE. Mais surtout, quand qu'on pense au paragraphe que la collègue
nous a lu, c'est important de le répéter parce que je pense qu'on ne peut pas
assez le dire, il y a l'objectif de vendre de l'électricité afin d'aider nos
voisins à se décarboner. Aussi ça a l'avantage de faire des revenus pour le
gouvernement du Québec. Il y a aussi la planification pour l'avenir. On ne sait
jamais, peut-être un jour on va avoir besoin d'importer de l'énergie. Donc, l'interconnexion,
ce n'est pas juste un enjeu d'exportation de notre électricité, c'est aussi une
interconnexion avec un voisin qui devient une connexion stratégique pour le
nord-est.
Alors, tout ça ensemble fait en sorte
qu'on arrive avec un projet d'interconnexion qui nous permet à nous de voir à
l'avenir, d'assurer notre approvisionnement aujourd'hui et futur. Donc, on est
dans ça. C'est ça la raison d'être de cette interconnexion-là.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Alors, ceci met fin... Écoutez, je souhaitais vous remercier
pour votre collaboration aux travaux de la Commission.
Alors, la Commission ajourne ses travaux à
demain vendredi 17 mars, où elle entreprendra... pardon, un nouveau
mandat. Merci à tous... à toutes et à tous.
(Fin de la séance à 16 h 29)