Journal des débats de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
mercredi 1 février 2023
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Vol. 47 N° 3
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 2, Loi visant notamment à plafonner le taux d’indexation des prix des tarifs domestiques de distribution d’Hydro-Québec et à accroître l’encadrement de l’obligation de distribuer de l’électricité
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Intervenants par tranches d'heure
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Ciccone, Enrico
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Fitzgibbon, Pierre
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Ciccone, Enrico
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Fitzgibbon, Pierre
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Kelley, Gregory
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Bouazzi, Haroun
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Ciccone, Enrico
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Kelley, Gregory
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Fitzgibbon, Pierre
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Bogemans, Audrey
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Bernard, Daniel
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Ciccone, Enrico
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Bouazzi, Haroun
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Ciccone, Enrico
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Fitzgibbon, Pierre
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St-Louis, François
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Bernard, Daniel
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Kelley, Gregory
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Kelley, Gregory
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Ciccone, Enrico
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Bouazzi, Haroun
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Fitzgibbon, Pierre
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Fitzgibbon, Pierre
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Ciccone, Enrico
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Bogemans, Audrey
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Gagnon, Yannick
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Kelley, Gregory
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Bouazzi, Haroun
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je vous souhaite la bienvenue et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 2, Loi visant notamment à plafonner le taux d'indexation des
prix des tarifs domestiques de distribution d'Hydro-Québec et à accroître
l'encadrement de l'obligation de distribuer de l'électricité.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Zaga
Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) : Ce
matin, nous <entendrons...
Le
Secrétaire :
...
Oui, M. le Président.
Mme Zaga
Mendez (Verdun) est remplacée par M. Bouazzi (Maurice-Richard).
Le Président (M. Ciccone) :
Ce
matin, nous >entendrons la Fédération canadienne des contribuables et M.
Jean-François Blain. Je souhaite donc la bienvenue au représentant de la
Fédération canadienne des contribuables. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres
de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre
exposé.
M. Gagnon (Nicolas) : Merci,
M. le Président. D'abord je tiens à me présenter. Mon nom est Nicolas Gagnon et
je suis le directeur Québec pour la Fédération canadienne des contribuables.
La FCC est un organisme citoyen à but non
lucratif et non partisan qui milite aux quatre coins du Canada depuis 1990 pour
obtenir des baisses d'impôt, moins de gaspillage de l'argent des contribuables
et un gouvernement plus responsable. Au nom de nos dizaines de milliers de
sympathisants du Québec mais aussi de l'ensemble des contribuables québécois,
je vous remercie de nous offrir l'opportunité de venir commenter le projet de
loi n° 2, qui vise notamment à plafonner le taux d'indexation des prix
domestiques de distribution d'Hydro-Québec.
D'emblée, j'aimerais commencer en disant
que notre organisation est favorable au projet de loi n° 2. Les
contribuables québécois font face à des turbulences économiques sans précédent.
Entre les hausses de taxes foncières, l'explosion du coût du panier d'épicerie
ou les multiples hausses de taux d'intérêt de la Banque du Canada, la dernière
des choses dont les Québécois ont besoin sont des hausses démesurées de leur
facture d'électricité.
Nous pensons qu'il est dans l'intérêt des
contribuables que des modifications soient apportées dans les plus brefs délais
au mécanisme d'établissement des tarifs d'Hydro-Québec afin de corriger les
failles du projet de loi n° 34 déposé à l'automne 2019.
À l'origine, notre organisation s'était
positionnée en faveur du projet de loi n° 34 parce que celui-ci incluait
des dispositions permettant la redistribution de près de 1,6 milliard des
trop-perçus d'Hydro-Québec à ses clients en plus de limiter la hausse des
tarifs en fonction de l'indice des prix à la consommation. Notre position en
faveur de cette précédente pièce législative s'explique par le fait que
l'évolution des tarifs domestiques entre 2004 et 2019 montrait qu'ils avaient...
qu'ils avaient augmenté à un rythme plus élevé que l'IPC québécois. Il a
également été observé que la croissance des tarifs d'Hydro-Québec au courant
des 50 dernières années a généralement suivi celle de l'IPC.
Or, c'est pour cette raison que nous
considérions que cette modification tarifaire était dans l'intérêt des
contribuables. Malheureusement, il n'était pas possible de prévoir, au moment
de déposer le projet de loi n° 34, qu'une pandémie bouleverserait le monde
quelques mois plus tard ni que l'inflation du Québec... au Québec, pardon,
grimperait à des sommets inégalés en 40 ans. Sans modification au
mécanisme tarifaire, les factures d'électricité grimperont, le 1er avril
prochain, de 6,4 %, soit une hausse record.
Tout bien considéré, force est de
reconnaître que l'indexation des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec à l'IPC
aurait dû être mieux balisée. Il s'agit, en fait, de la faille la plus
importante du projet de loi n° 34. Bien que le nouveau mécanisme des
tarifs soit appréciable, une correction est urgente. Notre compréhension est que
le projet de loi étudié aujourd'hui apporte les correctifs pour y remédier en
plafonnant les tarifs d'Hydro-Québec au taux supérieur de la fourchette de
maîtrise de l'inflation par la Banque du Canada ou 3 %. Autrement dit, si
l'IPC observé au courant de l'année précédente est supérieur à 3 %, la
hausse des tarifs ne pourra pas dépasser le seuil établi, si l'IPC est
inférieur à 3 %, la croissance des tarifs sera automatiquement indexée.
Ce faisant, nous croyons que le
gouvernement s'engage dans la bonne direction pour plusieurs raisons. Dans un
premier temps, cette modification permet d'ajouter la balise manquante à un
mécanisme qui doit renforcer la prévisibilité et l'abordabilité des tarifs pour
l'ensemble des clients domestiques d'Hydro-Québec. D'autre part, il est clair
que le plafonnement des tarifs pour l'année en cours permettrait de réduire
considérablement les prix par rapport à la hausse projetée.
Dans le mémoire déposé auprès de ce
comité, dont une seconde version corrigée suivra, nous avons calculé
l'évolution des tarifs D, DP, DM, DT en fonction de la variation tarifaire
attendue si l'indexation était maintenue à l'IPC comme le prévoit le projet de
loi n° 34 versus si la variation était plafonnée à 3 % comme le
prévoit le projet de loi n° 2. Après calcul, l'impact d'une variation de
6,4 % représente plus du double des charges tarifaires additionnelles pour
les factures d'électricité domestiques calculées en 2022. De plus, il n'est pas
sans rappeler que la Banque du Canada garde toujours sur le cap pour un retour
à sa cible de croissance de l'inflation à 2 % pour 2024. Dans le cas où la
banque échouerait dans ses prédictions, le plafonnement des tarifs permettrait
aux Québécois d'assumer une croissance des tarifs d'électricité inférieure à
l'inflation.
À titre de recommandation additionnelle,
nous invitons le gouvernement du Québec à inclure les petites et moyennes
entreprises du Québec dans le projet de loi n° 2 afin que celles-ci
puissent également profiter d'une hausse des tarifs d'électricité limitée à un
maximum de 3 %. Si la loi n° 2 se veut être une mesure déflationniste
ou qui limite l'inflation, il est clair que la hausse des tarifs dont écoperont
les PME québécoises ne fera qu'augmenter les charges des entreprises et, de
facto, les prix payés par leur clientèle. Il est estimé par certains
organismes, dont la FCEI, que la cause... que la hausse des tarifs coûtera près
de 250 millions aux PME. Alors que le gouvernement du Québec tente
d'éliminer les écarts de richesse avec les autres provinces et de ralentir
l'inflation, il serait contre-productif que d'affliger les entreprises
québécoises avec des hausses de tarifs insoutenables. Un plafonnement des
tarifs pour les entreprises, ne serait-ce que temporaire, serait bien accueilli
par l'ensemble des contribuables.
Pour conclure, notre organisation est
présente devant ce comité aujourd'hui afin d'appuyer les modifications
apportées par le projet de loi n° 2 en ce qui a trait au plafonnement des
tarifs domestiques d'Hydro-Québec. Nous espérons que la pièce législative sera
adoptée dans les plus brefs délais afin d'éviter une hausse record des factures
d'électricité aux contribuables québécois le 1er avril prochain. Merci.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange
avec M. le ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : On vous
remercie pour votre présence aujourd'hui...
11 h 30 (version révisée)
Le Président (M. Ciccone) : ...pour
votre exposé. Nous allons maintenant débuter la période d'échange avec M. le
ministre. Vous avez 16 min 30 s.
M. Fitzgibbon : On vous
remercie pour votre présence aujourd'hui.
Juste une question pour les PME. J'aimerais
vous entendre : Ne pensez-vous pas que, si on était pour réduire l'augmentation
aux PME, qui déjà bénéficient d'un taux très avantageux quand on compare aux
autres provinces ou même aux États-Unis... qu'on n'impose pas ce fardeau-là aux
particuliers? Alors, j'aimerais vous entendre sur l'aspect compétitif des
entreprises, considérant encore une fois que le taux qu'ils paient présentement
est très avantageux par rapport à d'autres juridictions.
M. Gagnon (Nicolas) : Merci,
M. le ministre. En fait, je suis d'accord avec vous que les PME, au Québec,
paient effectivement un tarif avantageux si on les compare avec d'autres
régions comme telles, mais il ne faut quand même pas oublier qu'on est aussi...
on est les PME parmi les plus taxées en Amérique du Nord. Mais d'ajouter une
hausse de tarifs par-dessus la hausse des coûts auxquelles ils font déjà
affaire avec l'inflation, donc d'augmenter leurs tarifs d'électricité de 6,4 %
à un moment où est-ce qu'ils s'attendaient plutôt à être inclus dans le projet
de loi n° 2 comme c'était initialement le cas, bien, en fait, je ne suis
pas sûr que ça aiderait leur situation dans ce cas-ci.
M. Fitzgibbon : Merci.
Collègue.
Le Président (M. Ciccone) : Merci,
M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions du côté de la partie
gouvernementale? Non. C'est beau. Bon. Alors je vais passer immédiatement au
député de Jacques-Cartier pour un temps de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci, M. le
Président. Selon votre avis, est-ce qu'il y a toujours des trop-perçus avec ce
projet de loi?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
pour l'instant... Bien, merci beaucoup pour votre question. En fait, de ce qu'on
a compris, c'est qu'il y avait jusqu'à 125 millions de dollars qui
pourraient être cumulés par Hydro-Québec, grâce à... entre autres en bonne
partie grâce à l'inflation, et qui seraient... qui devraient être redistribués
aux consommateurs québécois. Malheureusement, on n'a pas... on n'a pas réalisé
que c'était dans le... discuté dans le projet de loi n° 2. Par contre, on
sait que c'était le cas dans le projet de loi n° 34. On a remarqué qu'au
courant du projet de loi n° 34 il y a une partie du montant qui avait été
déposée, bien, sous forme de crédit, puis que l'autre, le 1 milliard
supplémentaire avait plutôt été versé sous forme de gel tarifaire en 2020, qui
s'échelonnerait sur cinq ans et qui donnerait une économie de 1 milliard.
On espère que la prochaine fois qu'il y a... des trop-perçus seront cumulés par
Hydro-Québec, ils seront versés directement aux consommateurs québécois.
M. Kelley : Parfait. Merci
beaucoup. Je veux aussi juste entendre... Dans votre mémoire, vous parlez un
petit peu aussi de la question de la sobriété énergétique et, un petit peu, la
pression qui est mise sur le dos des Québécois. Juste selon vous, c'est quoi,
la meilleure façon que peut-être Hydro-Québec peut aider des gens à faire cette
transition énergétique eux-mêmes et décarboniser sans être obligés de toujours
payer plus?
M. Gagnon (Nicolas) : Merci
beaucoup pour votre question. Bien, en fait, tout ce que j'aurais à dire
là-dessus, c'est que, oui, bon, la sobriété énergétique, c'est... c'est facile,
en parler pour les consommateurs, mais on dirait qu'une des institutions qui
devrait plutôt se lancer dans cette forme de sobriété, c'est peut-être même
Hydro-Québec elle-même. Il y avait des études qui ont été entre autres publiées
par... Bien, entre autres, l'étude sur la rémunération globale des employés d'Hydro-Québec
en 2021 démontrait qu'ils étaient jusqu'à 20 % mieux payés que leurs
équivalents dans le même marché, donc à la ville de Montréal, Banque Nationale
ou Caisse de dépôt et placement. Donc, je veux dire, on a une institution qui s'est
versé, juste l'année dernière... pardon, en 2021, pas loin de 236 millions de
dollars, à ses hauts dirigeants et cadres, en salaires et primes. C'est quand
même hallucinant qu'on demande aux Québécois de faire preuve d'une sobriété
énergétique alors qu'il n'y a pas de sobriété de la part d'Hydro-Québec dans sa
gestion des infrastructures.
Puis, en même temps, les autres mécanismes
qui visent la sobriété, dont Hilo, la filiale Hilo ne s'est pas avérée non plus
pour l'instant être un effort rentable, tant pour les Québécois que pour
Hydro-Québec... Donc je pense que c'est plutôt Hydro-Québec qui devrait s'engager
elle-même dans la sobriété avant de refiler cette pression aux consommateurs.
M. Kelley : Parfait. Puis on
a discuté ça, hier, avec plusieurs groupes. Mais pour une personne... J'ai
utilisé l'exemple de mes parents. Ils sont peut-être en train de changer les
fenêtres chez eux. Ils ont eu quelqu'un qui est venu pour faire une évaluation.
C'était environ 20 000 $ pour changer 12 fenêtres. C'est pas mal
beaucoup, mais, si on veut garder la chaleur à l'intérieur de la maison et pas
juste de baisser le chauffage, ça prend des investissements de tout le monde,
pas mal importants... très importants. Alors, on a eu le programme RénoVert,
que c'était un crédit d'impôt. Selon vous autres encore, je sais que vous
préférez un État qui est limité... dépenses sont limitées, mais quand même, si
on veut décarboniser notre société, le gouvernement doit être prêt pour aider
les familles québécoises à faire cette transition. Alors, est-ce que vous êtes
toujours en mode que les programmes qui existent marchent ou est-ce que le
gouvernement doit élargir, peut-être revient avec le programme RénoVert, puis
simplifier le processus pour les gens qui font des rénovations?
M. Gagnon (Nicolas) : Merci
pour cette question-là. C'est... C'est une très bonne question. Je dirais qu'effectivement
de rendre disponibles les programmes les plus abordables que possible pour
permettre cette transition-là d'initiatives individuelles de la part des
consommateurs, je pense que c'est mieux que de leur imposer à travers des
hausses de tarifs. Donc, je vais définitivement dans le sens des différents
groupes qui se sont positionnés en faveur de ce genre <d'initiatives là...
M. Gagnon (Nicolas) :
...d'initiatives
individuelles de la part des consommateurs, je pense que c'est mieux que de
leur imposer à travers des hausses de tarifs. Donc, je vais définitivement dans
le sens des différents groupes qui se sont positionnés en faveur de ce genre
>d'initiatives là.
Par contre, vous parlez de
réinvestissement dans les... par exemple, là, dans la propriété, de... pour
changer les fenêtres, et tout ça. Je veux dire, les Québécois viennent de voir
leurs taxes foncières augmenter, ils viennent de voir leur charge hypothécaire
presque doubler, là ils vont voir peut-être leur taux... espérons que le projet
de loi n° 2 passera, mais sinon, les tarifs d'électricité vont aussi
augmenter. C'est de l'argent que les gens n'ont pas pour investir dans leur
propre maison puis faire des choix plus écoénergétiques.
M. Kelley : Parfait. Merci. Merci
beaucoup. Hier, on a aussi eu des discussions avec Hydro-Québec puis avec des
différents groupes que, pour l'avenir, pour la suite des choses, oui, on a ce
projet de loi ici, qui garde le tarif jusqu'à 3 %, mais quand même, chaque
fois qu'Hydro-Québec va ajouter des projets des approvisionnements, ça va
probablement mettre des pressions sur tous les clients d'Hydro-Québec d'être
obligés peut-être de payer plus. Alors, est-ce que vous avez des suggestions
pour le gouvernement, des mises en garde que, dans ce processus d'ajouter,
c'est nécessaire d'ajouter plus d'énergie en termes de notre portfolio, mais
comment on peut mieux faire ça pour s'assurer que les coûts demeurent le plus
bas pour les Québécois?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
déjà, je pense que, dans l'optique actuelle, le plafonnement serait la
meilleure des solutions pour s'assurer à ce que les tarifs restent le plus
abordables que possible.
Dans une autre optique, si on veut
qu'Hydro-Québec dégage des économies et soit en mesure d'être plus efficiente
et efficace, bien, je pense que, de un, de les forcer à suivre un rythme
d'inflation à... bien, un rythme de... un plafonnement, pardon, à 3 %, ce
serait plus approprié pour eux. Parce que ça les force justement à prévoir
leurs effectifs en conséquence et donc à prévoir leurs choix et leurs
investissements qui vont suivre. D'un autre parti, il avait été recommandé,
entre autres par le Groupe Optimum actuaires et conseil, devant la Régie de
l'énergie, que 10 % de la rémunération globale de la société d'État soit
coupé. Je pense qu'il y a donc vraiment... il y a... il y a du jeu pour
qu'Hydro-Québec soit en mesure, de un, de se baser sur le mécanisme actuel pour
être plus prévisible dans ses investissements et dans ses dépenses et, d'un
autre côté, soit en mesure de faire les réformes internes nécessaires pour
aller dégager des économies d'échelle et être en mesure de réinvestir cet
argent-là dans les infrastructures qui vont lui permettre d'offrir plus
d'électricité pour les Québécois.
M. Kelley : Parfait. Alors,
pour vous autres, garder un plafond sur les tarifs est toujours la meilleure
stratégie. Alors, dans 10 ans, peut-être ça va être nécessaire... ou quand
même cinq ou trois, ça va être nécessaire pour nous de revient ici puis, pour
les députés, de fixer les tarifs dans un projet de loi. Ce n'est pas mieux
d'avoir une… je ne sais pas, une régie qui existe, qui est indépendante, de
fixer les tarifs et peut-être de mettre tous ses prix sur une longue date,
dépenser un petit peu ça sur une période de cinq ans?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une bonne question. Mais, en fait, la réalité, c'est que, quand on est venus
ici en 2019, c'était justement avec le projet de loi n° 34 pour s'assurer
à ce que l'ancien mécanisme soit remplacé par un nouveau, qui suit beaucoup
plus la courbe de l'inflation. Comme je l'avais dit, on a remarqué à plusieurs
reprises que l'inflation... tant au courant des 50 dernières années,
qu'elle était similaire à l'évolution des prix d'Hydro-Québec, mais aussi au
courant des 15 dernières années, où est-ce que l'augmentation des tarifs
était généralement supérieure à celle de l'inflation. Donc là, malheureusement,
on doit revenir avec un projet de loi n° 2 parce que le monde a
complètement changé depuis 2019. Est-ce que le monde va changer d'ici 10 ans,
j'espère que non, mais on ne peut pas prévoir ce qui va arriver. Par contre, on
est persuadés qu'en observant les demi-siècles de données qu'on a plus les
résultats... je veux dire, là, les 15 dernières années, on est capables de
considérer que plafonner serait vraiment la meilleure solution pour l'ensemble
des consommateurs. Et Hydro-Québec va pouvoir suivre ça comme étant vraiment un
indicatif sur la marche à suivre pour ses investissements comme ses dépenses.
• (11 h 40) •
M. Kelley : Merci. Et je sais
qu'hier dans ses remarques préliminaires le ministre a dit : Ce n'était
pas possible nécessairement de prévu qu'est-ce qui est arrivé depuis 2019. Sauf
que l'histoire est toujours capable de faire une prédiction comme ça. Puis on a
vu une période dans les années 70 où on a eu une augmentation de
l'inflation à cause des crises mondiales. Puis, oui, M. le ministre, il y a un
député, au minimum, qui a présenté ça en commission, et c'était moi, qui ai dit :
Qu'est-ce qui arrive, s'il y a une crise mondiale, une guerre ou quelque chose
comme ça? Alors, c'était pourquoi ce n'était pas une bonne idée de fixer ça à
la... fixer les tarifs à l'inflation, parce qu'on ne sait jamais dans la vie.
Mais, bref, je comprends votre argument.
Aussi je veux savoir vos pensées... qu'est-ce
que vous pensez de... comme : Est-ce que Québec doit ajouter à son
portfolio de le gaz naturel? Est-ce que, ça, c'est quelque chose que votre
association pense qui est bonne pour le Québec?
M. Gagnon (Nicolas) : Pour
l'instant, aujourd'hui, on est vraiment juste présents pour la loi n° 2 et
pour s'assurer à ce que le plafonnement des tarifs soit appliqué dans les plus
brefs délais.
Pour venir à votre commentaire précédent,
effectivement, nous, aujourd'hui... Je pense, la loi n° 2, ce qu'elle
vient réellement faire, c'est que... La loi n° 34 était initialement
bonne, c'est juste qu'il manquait la balise nécessaire pour plafonner les
tarifs pour éviter de faire face à l'imprévisible.
Maintenant, pour la question du gaz
naturel, je pense que c'est une question qui est beaucoup plus d'ordre <général...
M. Gagnon (Nicolas) :
...
il manquait la balise nécessaire pour plafonner les tarifs pour éviter de faire
face à l'imprévisible.
Maintenant, pour la question du gaz
naturel, je pense que c'est une question qui est beaucoup plus d'ordre >général.
C'est un débat de société qui semble être loin derrière nous, de ce que je
comprends, parce que ça a déjà été banni par le projet de loi n° 21 qui a
été déposé l'an dernier par le gouvernement, donc je pense qu'on est mieux de
rester sur la discussion de l'hydroélectricité.
M. Kelley : Alors, votre
association est d'accord que c'est nécessaire d'avoir un vrai débat national et
une consultation, peut-être, une commission qui peut aller dans toutes les
régions du Québec, d'avoir une vraie consultation sur l'avenir de notre
énergie?
M. Gagnon (Nicolas) : Je suis
d'accord à ce qu'on ouvre une discussion très large sur l'énergie. C'est...
C'est effectivement ça, je me suis moi-même positionné auparavant en faveur du
gaz naturel, tant dans ce poste-ci que dans d'autres organisations. Bien sûr,
comme... je veux dire, comme je dis, on est là pour le projet de loi n° 2,
qui ne parle nullement du gaz naturel, mais, à moyen et long terme, je serais
très intéressé à ce qu'on ait une discussion élargie pour... et que tout
l'ensemble de la population puisse participer.
M. Kelley : Merci beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député. Alors, on va passer maintenant la parole au député de Maurice-Richard. Cependant il restait à peu près 2 min 30 s,
qu'on va ajouter à votre temps, si vous le voulez bien.
M. Bouazzi : Absolument.
Merci beaucoup, merci, M. le Président. Bien, d'abord, une question simple. À
votre... Dans votre mémoire, vous parlez même de la possibilité de geler les
tarifs d'hydroélectricité. Pourquoi est-ce que vous pensez que ce serait une
meilleure proposition à ce stade-ci?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
en fait, la proposition d'un gel... Merci pour votre question, en fait. Mais la
proposition d'un gel vient vraiment de manière comme additionnelle dans
l'ensemble des recommandations qu'on fait. On comprend que la priorité, pour
nous, c'est vraiment le plafonnement des tarifs. Donc, le gel est plutôt une
option qu'on laisse au gouvernement, s'il veut vraiment s'assurer à ce que les
tarifs évoluent vraiment... soient le plus que... en fait, que l'impact de
l'évolution des tarifs soit le moindre possible sur le dos des contribuables.
C'est aussi qu'on a remarqué
qu'Hydro-Québec, en fait, a été en mesure de dégager, au troisième trimestre de
2022, pas loin de 862 millions de dollars en bénéfices nets. C'est
une progression quand même de 414 millions par rapport à l'année
précédente. Et on sait aussi qu'avec le gel tarifaire qui a été mis en place en
2020, ça a donné une économie approximative de 200 millions de
dollars aux contribuables québécois par... bien, aux clients d'Hydro-Québec,
par année. Donc, en calculant ça, on s'est dit qu'il y aurait... et considérant
effectivement le contexte économique dans lequel on est, un gel tarifaire
serait effectivement intéressant, là, pour les Québécois. Et, bien sûr, un
réajustement serait possible à l'ensemble des tarifs quand la Régie du Québec, comme
elle le fait maintenant à tous les cinq ans, pourrait amener les modifications
aux tarifs en 2025-2026.
M. Bouazzi : Je trouve
vraiment intéressant... Vous êtes le premier groupe qu'on rencontre, et puis
j'ai rencontré plein de groupes aussi à l'extérieur de cette commission, qui avez
appuyé l'idée de sortir, donc, les augmentations des tarifs du pouvoir de la
régie de manière annuelle. Et c'est un peu... C'est intéressant aussi que vous
soyez le seul groupe, pour l'instant, qu'on rencontre, qui nous parle de gaz
naturel et qui, clairement... ne semble pas que le... sobriété énergétique est
une priorité pour le Québec. Je vous poserais une question d'abord : Quand
vous dites «contribuables», il y a qui dedans, exactement?
M. Gagnon (Nicolas) : Tous
les... Tous les contribuables québécois. Puis, à titre correctif, nulle part...
il me semble que, dans le mémoire, je ne parle pas de gaz naturel nulle part.
M. Bouazzi : Non. Mais vous
venez d'en parler. Oui.
M. Gagnon (Nicolas) : Oui, parce
qu'à l'opposition ils ont posé la question là-dessus, mais ici, je ne suis pas...
je ne suis pas là pour parler de gaz naturel. De toute manière, c'est... c'est un...
c'est un enjeu qui est... qui dépasse largement ce projet de loi là. Mais, non,
la sobriété énergétique, on pense que ça reste important pour les Québécois, mais
est-ce que... est-ce que c'est... c'est indissociable d'un plafonnement des
tarifs? Je ne pense pas. Est-ce qu'une sobriété énergétique passe
nécessairement par le portefeuille des Québécois ou devrait plutôt passer par
les méthodes de gestion d'Hydro-Québec? Je pense que ça devrait plutôt passer
par la société d'État elle-même.
Maintenant, pour la question que vous
m'avez posée en ce qui a trait aux modifications qui ont été faites au
mécanisme tarifaire en 2019, c'est une position qu'on ne regrette pas. Comme je
dis, la seule chose qui manquait, c'était une balise claire qui plafonne les
tarifs pour s'assurer à ce qu'ils n'augmentent jamais à un rythme trop élevé et
qui donne place à des hausses tarifaires démesurées. Mais, dans l'ensemble, on
assume 100 % des positions qui ont été prises auparavant. Et on... Et on s'assure
aujourd'hui à ce que le tir soit corrigé et qu'à l'avenir les tarifs évoluent à
un rythme raisonnable.
M. Bouazzi : Excellent. Ça
fait que... Je veux dire, vous, vous parlez, moi, je vous écoute, hein? Vous
parliez que vous appuyez le gaz, moi, je vous écoute. Vous avez aussi expliqué
qu'il fallait commencer par les fonctionnaires... enfin, les gens qui
travaillent à Hydro-Québec. On parle de moins de 20 000 personnes. On
est à plus de 8 millions. Quelle sobriété vous pensez... Je veux dire,
c'est quoi? Si on ne s'intéresse pas aux 19 000 personnes, on ne fait
pas la sobriété? C'est ça que j'ai entendu. Donc, je suis content que vous
dites que la sobriété est, en fait, importante aussi.
Ça fait que, ma question suivante,
c'est : Comment est-ce qu'on fait pour que, par exemple, des <maisons...
M. Bouazzi :
...entendu.
Donc, je suis content que vous dites que la sobriété est, en fait, importante
aussi.
Ça fait que, ma question suivante,
c'est : Comment est-ce qu'on fait pour que, par exemple, des >maisons
immenses, où des gens qui mettent des systèmes de chauffage à l'extérieur pour
ne pas avoir à déneiger quand ils rentrent leur voiture, ou des choses comme ça...
Comment est-ce qu'on fait pour... Est-ce que déjà ces personnes-là devraient
faire de la sobriété? Est-ce que... Qui devrait faire de la sobriété, d'après
vous, à part... à part les gens qui travaillent à Hydro-Québec?
M. Gagnon (Nicolas) : C'est
une bonne question. Mais, écoutez, je pense que, quand on parle de sobriété,
parce que, je pense, le terme est très mal perçu dans la population, on
parle... les gens ont vraiment l'impression qu'on va simplement leur serrer la
ceinture davantage. Il faut que l'offre soit intéressante pour les
consommateurs. Il ne faut pas qu'on leur parle simplement d'augmenter les
tarifs, et de leur forcer à payer plus cher, tout en leur disant de consommer moins.
C'est... Ce n'est définitivement pas la piste de solution. Puis j'ai
l'impression que, si on agit...
M. Bouazzi : Donc, c'est
quoi, l'offre? Juste pour comprendre : Qui doit faire la sobriété? Et, si
on la fait, est-ce qu'il y a des tarifs, peut-être, qui rentrent en compte? Et
comment on s'y prend?
M. Gagnon (Nicolas) : Nous,
non, on n'a pas pris le temps de calculer ça dans le contexte du projet de loi
n° 2. C'est une bonne question. Puis ça va me faire plaisir de revenir
éventuellement pour répondre avec plus de détails à votre question là-dessus.
Dans l'ensemble...
M. Bouazzi : Donc, je
comprends que vous n'avez pas de réponse à ma question. Mais je vous poserai
donc la question différemment : Est-ce que vous pensez qu'une personne,
qui vit dans un immense château et qui chauffe l'extérieur pour ne pas avoir à
déneiger pour sa voiture, devrait payer un peu plus cher son électricité ou
devrait faire plus de sobriété que les autres, peut-être même plus que les gens
qui travaillent à Hydro-Québec?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
en fait, c'est parce que je dirais que les... je dirais que les personnes qui
vivent justement dans un château et qui sont millionnaires, ces personnes-là
ont amplement les moyens d'avoir à leur disposition des outils écoénergétiques
pour réduire leurs coûts de consommation, ce qui n'est pas à la disposition de M.
et Mme Tout-le-monde. Donc, écoutez, j'ai... j'ai... je n'ai pas vraiment
grand-chose à rajouter à cette question-là. Comme je dis, on est vraiment ici
pour plafonner les tarifs. La sobriété énergétique, c'est...
M. Bouazzi : ...je suis
assez d'accord avec vous. Mais je veux juste... de comprendre. Donc, pour vous,
cette personne-là, je comprends qu'elle peut avoir effectivement une maison
bien isolée, en général, c'est le cas. Le fait qu'elle chauffe l'extérieur de
son garage pour être sûre de ne pas avoir à déneiger, est-ce que, pour vous,
c'est une utilisation plus importante de notre électricité que d'autres
utilisations dans... Parce que j'essaie de comprendre. Vous avez donné un
exemple précis, vous avez l'air d'être très clair sur : les gens qui
travaillent à Hydro-Québec devraient commencer à faire de la sobriété. Est-ce
qu'il y a d'autres personnes qui devraient commencer à faire de la sobriété? Par
exemple des gens qui gaspillent, d'après vous, par exemple, l'énergie en
faisant ce genre de choses?
M. Gagnon (Nicolas) : Bien,
c'est sûr que les personnes qui gaspillent de l'énergie en paient le prix en
conséquence. S'il y a une modulation des tarifs qui est éventuellement
appliquée à ces gens-là, tu sais, moi, je veux dire, on n'est pas là pour
demander une augmentation des tarifs. On est là pour défendre les contribuables
de tous les niveaux.
Le Président (M. Ciccone) : En
10 secondes.
M. Gagnon (Nicolas) : Et
on est là aussi pour s'assurer à ce que, peu importe leur position économique
ou sociale, ils ne voient pas leurs charges augmenter. Mais je vous remercie
pour les questions en termes de sobriété. Ça va me faire plaisir de les... comment
dire... des les... Oui?
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Merci beaucoup. Merci beaucoup, M. Gagnon. Je vous remercie de votre
contribution aux travaux de cette commission.
Je suis suspends maintenant les travaux
quelques instants afin de permettre au prochain témoin de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 49)
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M. Ciccone) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à M. Jean-François Blain. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre <exposé...
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M. Ciccone) :
Je
souhaite maintenant la bienvenue à M. Jean-François Blain. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre >exposé. Puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter puis à commencer votre exposé.
M. Blain (Jean-François) : Merci,
M. Ciccone. Alors, bien, bonjour à tous les membres de la commission. Merci à
la commission pour l'invitation à témoigner sur le projet de loi n° 2.
C'est apprécié. Vous avez... J'ai déposé, hier, un mémoire qui... je veux
attirer votre attention sur les faits saillants, disons, les points saillants
des différentes sections parce qu'il est assez consistant, disons. Je vous ai
préparé, un peu, pour les députés, ce que j'appellerais un petit buffet «all
you can eat», et je vais essayer d'attirer votre attention sur ce qui est le
plus important.
Donc, dans la première section, qui est
intitulée Les surplus d'approvisionnement (2008-2020), et qui... Ah,
juste afin de m'assurer que vous avez bien reçu la version corrigée du mémoire,
que j'ai dû transmettre tard hier soir, il y avait un addendum important, une
erreur méthodologique dans un... dans un seul tableau des 26 pages mais
qui pervertissait des valeurs unitaires calculées en page 18. Bref, c'est
corrigé, là. On va pouvoir parler des vrais chiffres, et des bons chiffres,
surtout.
Alors, la section... la première section
du mémoire relate rapidement l'historique qui s'est passé entre 2008 et, disons,
le milieu... la fin des années 2010 jusqu'en 2017-2018, c'est-à-dire à
partir du moment où Hydro-Québec... où Hydro-Québec Distribution a commencé à
planifier ses approvisionnements requis à long terme sur un horizon de 10 ans
en fonction des besoins prévus des clients québécois, qui allaient excéder le
volume d'électricité patrimoniale que la division Production a l'obligation de
mettre annuellement à la disposition des clients québécois.
Et donc à partir de 2008... et même avant,
en fait, les premières prévisions, à partir de 2005, qui prévoyaient des
besoins qu'on appelle post-patrimoniaux, donc des approvisionnements
additionnels au-delà des premiers 179 térawattheures fournis par la
division Production, Hydro-Québec avait des prévisions de croissance qui
étaient considérées à l'époque un peu conservatrices, mais qui étaient quand
même alignées sur la croissance de la consommation d'électricité des décennies
antérieures. Il s'est avéré qu'à la fois pour des raisons conjoncturelles et
structurelles la croissance de la consommation réelle au Québec n'a pas du tout
été au niveau de ce qui était prévu par Hydro-Québec. Et
donc il y avait des engagements d'achats importants qui ont été faits, en vertu
de contrats de 20 ans, qui ont... qui ont constitué des surplus
d'approvisionnement pendant plusieurs années, principalement <entre...
M. Blain (Jean-François) :
...par
Hydro-Québec. Et donc il y avait des engagements d'achats importants qui ont
été faits, en vertu de contrats de 20 ans, qui ont... qui ont constitué
des surplus d'approvisionnement pendant plusieurs années, principalement >entre
2010-2011 jusqu'en 2018, au point que, pendant quelques années, on a eu des
surplus d'approvisionnement engagés à hauteur de 10, 12, jusqu'à
15 térawattheures par année, dont le surcoût... En fait, c'étaient des
approvisionnements qui étaient inutiles, compte tenu de la demande réelle, dont
le surcoût a dû être épongé par les tarifs de la collectivité. C'est le...
C'est le risque qui a été... qui est apparu avec la mise en place du régime
d'approvisionnement, au début des années 2000, voulant qu'Hydro-Québec
Production a maintenant une obligation de fournir qui est limitée à un volume
maximum, l'électricité patrimoniale, au-delà duquel la division Distribution
doit aller chercher des achats auprès de n'importe quel producteur. Ça pourrait
être d'ailleurs Hydro-Québec Production, c'est déjà arrivé, qui participe aux
appels d'offres et offre de l'énergie ou de la puissance additionnelle dite postpatrimoniale.
Et donc c'est important de se rappeler de
cet épisode-là, parce qu'aujourd'hui quand on parle de crédibilité, de
fiabilité des prévisions de croissance de la demande sur un horizon de moyen ou
de long terme, disons un horizon de 10 ans, qui est l'horizon le plus long
de la planification d'Hydro-Québec, il faut se rappeler que la croissance de la
consommation d'électricité, ce n'est pas quelque chose qui est acquis ni qui
est certain ni qui est à l'abri des périodes de perturbation économique ou des
événements. Comme par exemple dans la période de 12 ans où il n'y a eu
aucune croissance de la consommation d'électricité au Québec, comme est
survenue la crise financière de 2008-2009, ça, c'est un événement majeur qui a
influencé.
Et aussi — autres événements
majeurs quand on parle d'événements conjoncturels — l'augmentation de
l'exploitation du gaz de schiste aux États-Unis et la mise en marché du volume
de gaz naturel important. Comme dans la plupart des états du Nord-Est
américain, le gaz naturel est la forme d'énergie primaire qui est la plus
utilisée aux fins de la production d'électricité, bien, évidemment, ça a des
effets indirects sur la valeur des prix de l'électricité. S'il y a un surplus
d'offres de gaz naturel, ça crée une pression à la baisse sur les prix de
production d'électricité. Et, dans les marchés extérieurs de vente d'Hydro-Québec,
bien, ça veut dire que c'est des revenus moins importants dans les marchés
américains.
Et donc cette première section là nous... est...
est formulée pour nous rappeler, un, l'importance de ne pas prendre pour acquis
la croissance de la consommation et, deux, pour prendre conscience aussi des
risques associés au régime de planification des approvisionnements qui est
imposé à Hydro-Québec d'un point de vue législatif et réglementaire.
• (12 heures) •
Aujourd'hui, en 2023, il y a des facteurs
très importants qui mettent une pression à la hausse sur la demande
d'électricité des années à venir, c'est des facteurs conjoncturels mais qui
vont finir par devenir structurels, principalement l'électrification des
transports et la décarbonation espérée des industries. Bien, à l'opposé, il y a
des facteurs baissiers qui agissent aussi sur l'évolution future de la demande,
notamment le vieillissement de la population, la moins grande proportion de
population qui est en âge de... dite de population active pour les années à
venir, un plafonnement des revenus qui doit être attendu — je parle
des revenus per capita, là, exprimés en dollars constants — et
peut-être même une baisse relative des revenus per capita pour les années à
venir. Et je pourrais mentionner aussi le réchauffement climatique qui va avoir
une tendance forte... en fait, de plus en plus forte à diminuer les besoins
d'électricité en période hivernale, alors qu'à l'opposé nos besoins
d'électricité en période estivale vont augmenter avec principalement l'augmentation
de la charge liée à la climatisation. Donc, tout ça mis bout à bout, c'est des
facteurs baissiers ou haussiers de la demande à venir qui sont en opposition,
évidemment, et qui sont difficiles à juger de façon adéquate de part et
d'autre.
En m'en venant, je réfléchissais justement
aux deux... aux deux principales raisons qui expliquent les risques d'écart. Quand
on essaie de faire des prévisions à moyen ou à long terme, la première... le
premier facteur qui augmente le risque, la marge d'erreur, c'est le nombre de
variables qu'on doit analyser. Évidemment, si... plus les variables sont
nombreuses, plus les risques que les combinaisons des marges d'erreur des
différentes variables se traduisent par une marge d'erreur totale plus
importante. Et puis, le deuxième facteur, c'est justement les transformations
structurelles et conjoncturelles qui sont la... qui font la toile de fond de
l'évolution économique. Et puis évidemment, bien, facteur prépondérant...
12 h (version révisée)
M. Blain (Jean-François) : ...et
puis, le deuxième facteur, c'est justement les transformations structurelles et
conjoncturelles qui sont... qui forment la toile de fond de l'évolution
économique. Et puis, évidemment, bien, facteur prépondérant, la longueur d'une
prévision. Plus notre horizon prévisionnel est long, plus une marge d'erreur
finit par, cumulativement, être susceptible de devenir importante puis de s'écarter
d'un scénario moyen, en fait, en termes de résultats réels.
La deuxième section du mémoire couvre ce
qui est l'évolution plus récente des tarifs. Je ne reviens pas sur les détails,
simplement, pour mentionner qu'après le gel tarifaire de 2020 et la remise d'un
montant de 500 millions de dollars, hier, le chef du troisième groupe
d'opposition, M. St-Pierre Plamondon mentionnait que la CAQ avait remis 500 millions de
dollars aux clients d'Hydro-Québec en 2020. Bien, ce n'était pas une partie des
trop-perçus antérieurs qui était remise, là, c'était tout simplement la
disposition du compte d'écart et de report. Par exemple, parmi les différents
comptes d'écart, car il y a le compte pour aléas climatiques. Et, lorsque ce
montant de 500 millions là était remis par un versement direct, bien, c'est
un montant qui était dû aux clients d'Hydro-Québec et qui aurait, de toute
façon, été remis par voie réglementaire.
Alors, ce n'est pas du tout, là, en lien
avec quelque remise que ce soit des trop-perçus antérieurs qui sont survenus dans
les années 2008 à 2014, principalement. Alors donc, on a eu un gel
tarifaire en 2020, ensuite, des augmentations de 1,3 % et de 2,6 % au
1er avril 2021 et 2022...
Le Président (M. Ciccone) : 30 secondes,
M. Blain, 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : ...wow,
avec un facteur de rabais applicable au tarif L qui leur a donné des
augmentations moindres.
En 2022, l'évolution des ventes au Québec
annonce une très grande rentabilité pour Hydro-Québec, des produits des ventes
qui vont être un record historique, quand on verra le rapport annuel d'Hydro-Québec
intégré au mois d'avril, et probablement des bénéfices... en fait, je devrais
dire, des bénéfices d'exploitation, là, au sens large, qui vont dépasser les 3,5 milliards
de dollars, si ce n'est pas davantage.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. Oui, M. le député.
M. Kelley : Bien, juste une
suggestion. Si le gouvernement ne va pas utiliser tout leur temps, peut-être on
peut accorder un petit peu plus de temps à monsieur de continuer la
présentation.
Le Président (M. Ciccone) : Par
consentement, oui.
Des voix : ...
Le Président (M. Ciccone) : M.
Blain, je vous laisse la parole.
M. Blain (Jean-François) : ...
Le Président (M. Ciccone) : Ah
non, on va vous laisser un peu de temps, là. Oui, oui.
M. Fitzgibbon : Cinq minutes.
Le Président (M. Ciccone) : On
va vous donner cinq minutes, par consentement, c'est correct?
Des voix : ...
Le Président (M. Ciccone) : Par
consentement, vous avez cinq minutes de plus.
M. Blain (Jean-François) : Parfait.
Donc, la section suivante, je suis rendu à la page 11 du mémoire, pour
ceux qui l'ont sous les yeux, c'est un portrait de la réalité sociale et
économique et démographique aussi, et aussi plusieurs informations relatives à
l'état du parc immobilier et à la différenciation du rapport dans l'usage à l'énergie
et à l'électricité. Plus particulièrement, quand on parle de la moitié de la
population qui a des revenus inférieurs au revenu médian, le revenu médian,
après impôt, étant de 59 800 $, versus l'autre moitié de la population qui
a suffisamment de capacité financière et de marge budgétaire pour faire des
choix quant au genre de résidence qu'elle occupe, quant au genre de dépenses qu'elle
priorise au-delà des dépenses essentielles, il y a vraiment une caractérisation
marquée entre les deux.
Et le tableau de la page 11, au
milieu de la page 11, illustre en proportion des revenus disponibles...
Oui, c'est ça, la proportion des revenus d'un ménage en fonction de son revenu
net annuel qui est consacré à la dépense de l'électricité. Et, vous voyez, dans
le haut de la page, là, le montant de... La facture annuelle que représentera
différents niveaux de consommation d'électricité annuellement, pour un client
résidentiel, entre 9 000 et 25 000 kilowattheures par année. J'ai
centré les cinq types de niveau de consommation autour... de façon répartie
également, autour de la moyenne de 17 000 kilowattheures par année, parce que,
cette moyenne-là, c'est un peu moins que la moyenne de l'ensemble des clients d'Hydro-Québec.
Mais c'est la moyenne de ce que les ménages à faibles revenus consomment.
Et donc il y a différents éléments d'information
qui devraient être, peut-être, relevés dans ces... Notamment que, parmi les
ménages à faibles revenus, il y en a 62 % qui sont locataires, jusque-là,
il n'y a rien qui est surprenant en soi. Ce qui est surprenant, c'est le
corollaire <de ça...
M. Blain (Jean-François) :
...jusque-là,
il n'y a rien qui est surprenant en soi. Ce qui est surprenant, c'est le
corollaire >de ça. Il y a 38 % des ménages à faibles revenus, donc,
qui sont propriétaires de leur habitation. Et je vous invite à vous poser la
question, comme députés, dans vos comtés respectifs : Mais les ménages à
faibles revenus qui sont propriétaires, dans ma circonscription, ils occupent
quel genre de résidence, et âgée de combien d'années? Ce n'est certainement pas
des résidences performantes, construites récemment, haut de gamme, ni coûteuses.
Alors, c'est la partie du parc immobilier qui est la moins efficace d'un point
de vue énergétique.
Et quand on habite dans une vieille
habitation ou un vieux logement, la quantité d'électricité, ou d'autres sources
d'énergie, qu'on doit utiliser par mètre carré occupé... occupable est plus
élevée parce qu'on a plus de pertes thermiques. Alors, évidemment, il y a une
partie de cette énergie-là qui est gaspillée, mais pas parce que c'est des
comportements négligents, tout simplement parce qu'on ne peut pas arrêter le
chauffage pendant deux heures consécutives quand il fait moins 20 C° puis
qu'il vente, la maison ou le logement se refroidit trop vite. Et donc on
consomme, qu'on veuille ou pas, beaucoup de puissance, on appelle beaucoup de
puissance et on consomme beaucoup d'énergie à la pointe, même si, à l'opposé,
on essaie de restreindre nos besoins de base et diminuer notre consommation au
maximum sur les usages qu'on peut contrôler, en dehors de la période de chauffe
hivernale.
Et donc ces ménages-là, c'est des
hypercontributeurs aux revenus d'Hydro-Québec ou d'un distributeur réglementé
de gaz naturel, et c'est aussi des hypercontributeurs au financement des
mesures d'efficacité énergétique, quand il y en a, parce qu'ils utilisent trop
d'énergie par rapport à l'usage auquel c'est destiné, en particulier, pour le
chauffage de l'espace. À l'opposé, c'est des ménages qui n'ont pas la
possibilité de contribuer... de participer, plutôt, au programme Efficacité Énergétique,
soit parce que c'est des locataires, puis qu'il n'y a aucun programme des
distributeurs qui s'adresse spécifiquement à eux, soit parce que c'est des
ménages propriétaires qui n'ont pas suffisamment de marge de manœuvre,
budgétairement, pour combler l'investissement initial que ça prendrait, en
termes de rénovation de leur résidence, au-delà de la contribution financière
qui serait offerte par un distributeur, s'il y en a une.
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, M. Blain.
M. Blain (Jean-François) : Parfait.
Ensuite, je vais attirer votre attention sur un autre élément, qui est à la
section Les options à privilégier, où je fais une comparaison de ce que ça
coûterait, l'achat de 1 400 mégawatts éoliens, ou 4 000 mégawatts
éoliens, avec un facteur d'utilisation typique de 35 %, qui offre une
disponibilité moyenne de 1 400 mégawatts de puissance effective, pour
une quantité d'énergie de 12,25 térawattheures par année, bien, ça
coûterait, sur 20 ans, 31 951 000 000 $, alors que
libérer une puissance de 1 500 mégawatts par une corvée nationale
d'habitation, ça nous coûterait seulement, pour une quantité de puissance
presque équivalente, 10 770 000 000 $.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. On va débuter la période d'échange. M. le ministre, il vous
reste 10 min 50 s.
M. Fitzgibbon : Merci, M.
Blain, pour votre présence, et merci pour votre énoncé très sophistiqué, mais
on va focusser sur le p.l. n° 2, là, c'est ça qui nous gouverne
aujourd'hui. Si je comprends bien, là, vous voulez plafonner 3 % pour tous
les tarifs. Alors, si j'ai bien compris — puis, si j'ai mal compris,
je m'excuse — mais, si c'est le cas, comment vous... Quel impact ça
va avoir sur Hydro-Québec, sur ses coûts, puis sur le fait que, peut-être,
l'inflation va être plus élevée, là? De niveler à 3 % partout, est-ce que
vous trouvez qu'il y a un risque pour Hydro-Québec?
• (12 h 10) •
M. Blain (Jean-François) : Non,
il n'y a pas de risque pour Hydro-Québec, et puis le niveau d'augmentation
tarifaire qui sera décidé, pour le 1er avril 2023, n'a, évidemment,
pas d'incidence sur ses coûts. Je ne peux pas vous dire que de suggérer une
augmentation uniforme des différentes catégories tarifaires à un niveau maximum
de 3 % est plus valable que de suggérer 1,5 % ou de suggérer
4 %, parce qu'on ne connaît pas les dépenses d'exploitation, les charges
financières, en particulier, de la division distribution, déjà, depuis deux ans
et demi. Donc, on n'a pas une lecture claire de l'évolution récente des coûts
d'Hydro-Québec et on aura cette mise à jour là, le «rebasing», seulement en
2025.
Donc, on peut présumer qu'effectivement
les coûts d'Hydro-Québec ont été poussés à la hausse un peu plus fortement, à
cause de l'inflation des derniers 18 mois particulièrement. Cependant,
est-ce que <les coûts...
M. Blain (Jean-François) :
...des
derniers 18 mois particulièrement. Cependant, est-ce que >les coûts
d'Hydro-Québec ont augmenté dans des proportions équivalentes à l'inflation? Il
faudrait pour ça qu'un distributeur monopolistique qui a plus de
4 millions de clients résidentiels et quelque 100 000 clients
d'autres catégories soit incapable de générer des économies d'échelle, soit
incapable de contrôler ses coûts fixes quand il a la possibilité de les
répartir sur un nombre croissant de clients. Et donc on saura la réponse finale
à votre question, M. Fitzgibbon, en 2025. Mais j'aurais pu suggérer, plafonner
ça à 1,5 %. Je n'aurais pas pu plus affirmer aujourd'hui que c'était juste
par rapport à l'évolution des coûts récente d'Hydro-Québec et de ce que ça...
c'est susceptible de justifier comme augmentations tarifaires cette année. Donc,
j'ai formulé ça uniquement à titre d'équité entre les catégories tarifaires et
aussi en fonction de la préoccupation de ne pas influencer indûment le niveau
d'interfinancement entre les tarifs, c'est-à-dire le rapport entre les revenus
et les coûts imputables à chacun des groupes tarifaires. Donc, c'est pour ça,
j'ai dit : Plafonnez à 3 %, faites-le pour toutes les catégories
tarifaires. Puis, «by the way», si on parle d'équité, bien, augmentez le prix
des contrats spéciaux dans une même proportion.
M. Fitzgibbon : Merci. Je ne
sais pas s'il y a des collègues...
Le Président (M. Ciccone) : Oui.
Mme la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : ...question
pour vous. Selon vous, est-ce que c'est les grosses maisons qu'on pourrait
qualifier de châteaux... le plus de pourcentage d'énergie ou c'est justement la
partie des maisons qui sont le moins bien isolées, les gens qui ont les plus
faibles revenus?
M. Blain (Jean-François) : C'est
une très bonne question. Ça peut être les deux. Ça peut être une maison de
25 pièces qui n'est pas occupée 12 heures par jour, où il y a juste
le chat dont on veut garder les fesses au chaud, et puis qui est chauffée à
22 °C inutilement à la grandeur. Bien, ça, c'est du gaspillage de la part
d'un utilisateur qui a la capacité technique de faire des choix, qui a la
capacité financière de faire des choix, mais qui ne les fait pas. Alors, ça,
c'est du vrai gaspillage.
Mme Bogemans : Exactement.
M. Blain (Jean-François) : Ça
pourrait être aussi une famille à faibles revenus, dont les deux parents
travaillent au salaire minimum, avec deux enfants, dans un grand logement de
sept pièces et demie, dans un vieux quartier d'une grande ville, qui a très peu
de résistance énergétique, qui font tout ce qu'ils peuvent pour restreindre leur
usage d'électricité, les usages qu'ils peuvent contrôler, qu'ils n'utilisent
pas la sécheuse, qu'ils n'ont pas de spa, qu'ils ne filtrent pas, qu'ils ne
chauffent pas une piscine, qu'ils n'ont rien de tout ça, hein, mais qui, en
hiver, partent d'une très faible consommation estivale à une consommation
caractérisée par une très grosse pointe hivernale, parce que leur logement ne
retient pas la chaleur, puis, quand il fait très froid, bien, ils vont chercher
autant... ils vont utiliser autant d'électricité qu'une résidence trois fois
plus grande.
Mme Bogemans : Ah! je
comprends. Mais, en proportion, là, dans notre réalité québécoise.
M. Blain (Jean-François) : En
proportion totale, je n'ai pas, à ma connaissance, vu de croisement
systématique de ces données-là par Hydro-Québec dans tous les documents que
j'ai lus.
Mme Bogemans : Mais, si on
avait un segment à agir, vous dites que c'est particulièrement sur, justement,
le 38 % de gens moins bien nantis pour entretenir la propriété dont ils
sont propriétaires. C'est là-dessus qu'il faudrait agir avant de gérer, par
exemple, les châteaux. Ça serait ça, la priorité.
M. Blain (Jean-François) : Oui,
sauf qu'Hydro-Québec ne connaît pas les revenus de ses clients. O.K. Donc, on
ne peut pas tarifer sur la base des revenus, ça serait impossible à gérer d'un
point de vue administratif, ça ne relèverait d'aucune logique en matière de
tarification non plus. Et, deuxième chose, bien, deuxième chose, c'est vrai,
oui, qu'on a une grande partie du parc immobilier qui est vétuste. En tout cas,
on en a, au moins, la moitié ou plus ou moins qui est âgée de plus de plus de
50 ans, puis on en a, au moins, le quart, on a, au moins, 1 000 000 d'unités
d'habitation sur 4 millions qui sont âgées de 75 ans et plus. Et
Hydro-Québec sait, client par client, la répartition saisonnière de la
consommation de chacun de ses clients. Elle le sait, au jour le jour, avec les
compteurs intelligents, évidemment, au mois ou aux 60 jours en vertu de la
facturation.
Donc, s'il y avait une corvée nationale
d'habitation, de rénovation, Hydro-Québec pourrait cibler en priorité les
clients, dont le profil de consommation est caractérisé par une faible
consommation pendant les mois où ils ont du contrôle, mais une très forte consommation
pendant les mois d'hiver. Ces clients-là, c'est quasiment sûr que c'est des
familles à revenus modestes ou à faibles revenus.
Mme Bogemans : Exactement.
M. Blain (Jean-François) : Oui,
c'est quasiment sûr.
Mme Bogemans : Super. Donc,
dans le fond, ce serait de bonifier notre programme, par exemple, comme Réno
Québec, là, qui... Mettons, cinq maisons défavorisées, dans un village, de
faire des rénovations, vous êtes vraiment en faveur de ce programme-là,
finalement?
M. Blain (Jean-François) : Si
on voulait, comme le scénario que je suggère, offrir carrément
10 000 $ par résidence à 100 000 résidences pendant <10 années...
M. Blain (Jean-François) :
...offrir carrément 10 000 $ par
résidence à 100 000 résidences pendant >10 années consécutives,
là, puis libérer à peu près 1,5 kilowatt d'abaissement de charge en
période hivernale pour, au total, obtenir 1 500 mégawatts de capacité
de production de puissance déjà existante, dont on dispose déjà, mais qu'on
consomme inutilement, entre guillemets, eh bien, on pourrait cibler justement
les clients qui ont le profil de charge caractérisé par une faible consommation
d'ordre très faible ou très faible en dehors de la période hivernale et
disproportionnée en période hivernale.
Et ça, c'est sûr, c'est sûr qu'on
ciblerait directement la portion du parc immobilier qui est la plus vétuste,
qui coûte le plus cher et puis qui a le plus de répercussions sociales et
économiques directes et indirectes, parce qu'elle vient priver des ménages,
d'une part, de leurs maigres revenus qui seraient, autrement, complètement
consacrés à des dépenses courantes et à soutenir l'ensemble des activités
économiques.
Mme Bogemans : Exactement.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Je passe maintenant la parole au député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Il vous reste trois minutes.
M. Bernard : Merci...
Combien?
Le Président (M. Ciccone) : Trois
minutes.
M. Bernard : Parfait.
Merci, M. le Président. Merci pour vos échanges avec ma collègue. Puis, moi, je
vais aller un peu dans le même sens, mais ce que je regarde actuellement puis qu'il
y aurait peut-être des gains à faire, c'est au niveau de la géothermie, pour le
futur. Puis je ne comprends pas encore pourquoi on ne favorise pas ou qu'il n'y
a pas des programmes pour dire, à toutes les fois qu'il y a des nouvelles
constructions, que ce soit public, entre autres, qui sont souvent des grands
bâtiments, ou même dans un quartier résidentiel, qu'il n'y ait pas des aides
pour favoriser la géothermie. Il me semble que c'est une perspective à long
terme. Ce seraient des gains pour les futurs propriétaires, et autres.
J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
Parce que, moi, je regardais, à un moment
donné, j'ai dit : J'aimerais ça m'installer un système de géothermie sur
une maison existante, qu'il faut que tu ajoutes un montant de 35 000 $,
ce n'est peut-être pas le meilleur investissement. Toutefois, si tu construis
une nouvelle maison, au prix qu'elles sont rendues, que tu vas payer 400 000
pour construire une maison, installer un système de géothermie, qui, à ce
moment-là, rentre dans ton hypothèque, et autres, puis que tu trouves à le
financer, il n'y aurait pas des gains, à cet égard-là, vous pensez qu'on
pourrait faire, puis qui auraient un impact sur la consommation, mais
éventuellement sur les coûts d'énergie des futurs propriétaires?
M. Blain (Jean-François) : Oui,
il y a plusieurs gains qu'on pourrait faire grâce à la géothermie. Et
d'ailleurs, dans mon mémoire, je n'ai pas abordé, de façon spécifique, les
implications en matière de choix de sources d'approvisionnement qui vont
devenir plus criantes, plus urgentes, avec le réchauffement climatique, et
surtout la multiplication en fréquence et l'augmentation en intensité des
événements climatiques extrêmes. Il va falloir aussi, dans les prochaines
années, penser à encourager une certaine forme de production d'électricité
décentralisée, ne serait-ce que... ou de production de chaleur, ne serait-ce que
pour s'assurer que, dans les régions éloignées, dans les municipalités, les
petites municipalités en région éloignée, on soit capables d'être autonomes
dans l'éventualité d'un événement climatique majeur qui prive... qui nous prive
de l'alimentation du réseau pendant des jours ou des semaines. Ça va arriver, ça
va arriver plus fréquemment.
La géothermie... Il y a deux choses dans
votre question. D'abord, l'économie qu'on peut faire avec l'installation d'un
puits géothermique, c'est toujours proportionnel à la quantité d'énergie qui
est nécessaire pour chauffer une bâtisse. Alors, si ma maison est très
inefficace puis que je consomme 30 000 kilowattheures par année,
l'installation d'un puits géothermique me permet de réduire ma consommation du
tiers, de 10 000 kilowattheures, bien, le retour sur mon
investissement, c'est paradoxal, mais il va être beaucoup plus rapide...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît, M. Blain.
M. Blain (Jean-François) : ...parce
que j'ai beaucoup de coûts à éviter, alors que, si ma maison est relativement
efficace au départ, mon intérêt à installer la géothermie est moindre parce que
mon retour sur l'investissement va être beaucoup plus long. Si je consomme
juste 1 000 kilowattheures par année, ça va prendre 30 ans au
lieu de 10, me rembourser, là, parce que...
• (12 h 20) •
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Le temps est écoulé du côté de la partie
gouvernementale. Je me tourne maintenant vers le député de Jacques-Cartier pour
10 min 44 s.
M. Kelley : Merci.
Merci, M. Blain, pour votre mémoire. Je vois, dans l'annexe, il y a des
devoirs pour tous les élus. Alors, le député de Beauce-Sud, puis Iberville et
Noranda, on a des devoirs à faire, de remplir ces tableaux sur comment calculer
tout ça, qui est bien intéressant. Merci. Je trouve...Je n'ai jamais vu ça,
puis ça explique beaucoup.
M. Blain (Jean-François) : En
fait, M. Kelley, c'est un vieux, vieux document de, disons... que
j'appelle puissance énergie 101, là, qu'il y avait dans mon ordinateur, puis je
me <suis dit...
M. Blain (Jean-François) :
...de,
disons... que j'appelle puissance énergie 101, là, qu'il y avait dans mon
ordinateur, puis je me >suis dit : Là, je leur ai fait un buffet
«All You Can Eat», mais j'ai oublié de mettre des ustensiles sur la table. Ça
fait que je vous ai mis les outils en annexe pour que vous puissiez faire
vous-mêmes... bien, comprendre les unités de mesure puis faire les conversions
entre la puissance et l'énergie, selon qu'il s'agit de produire ou de
consommer.
M. Kelley : Et merci pour ça,
pour la base, parce qu'honnêtement c'est très, très intéressant, et ça m'a aidé
de mieux comprendre. Je n'ai pas fait ça encore, mais, j'ai promis, on va
prendre un café, puis tu peux faire une révision et donnez-moi des notes sur le
travail que j'ai fait.
Je veux juste aller rapidement.
Sur la page 5 de votre mémoire, vous parlez un petit peu de la nécessité
concernant la sélection des projets. On sait qu'Hydro-Québec et le gouvernement
du Québec ont beaucoup des projets, il y a plein des gens au Québec puis à
l'extérieur du Québec qui veulent utiliser notre énergie. Alors, encore, est-ce
que vous pouvez juste parler un petit peu... vos pensées sur quels types de
critères on doit mettre en place, pas juste les grosses choses à guider le
gouvernement, mais vraiment des choses plus spécifiques?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
évidemment, si on parle du premier critère d'attribution, ça pourrait être le
nombre d'emplois par mégawatt concédé. Évidemment, pour que ce critère-là se
traduise par des bénéfices économiques et sociaux tangibles, bien, il faut que
la main-d'œuvre soit disponible, là, on va avoir un problème de ce côté-là
aussi, mais c'est un critère. J'ai déjà suggéré aussi que le gouvernement du
Québec, qui exerce une ponction de... bien, des dernières années, 3 milliards,
3,5 milliards sur les bénéfices d'exploitation d'Hydro-Québec, bientôt 4 milliards de
dollars par année, pourrait réserver 10% ou 15 % des bénéfices annuels
pour créer un fonds national de développement des régions. Et là ce n'est pas
le gouvernement du Québec, mais les instances, unions des municipalités ou
Fédération québécoise des municipalités, qui décideraient elles-mêmes des
critères d'attribution de 10 % des bénéfices, c'est quand même un fonds de
350 millions ou 400 millions de dollars par année à répartir, selon
des critères de densité de population, revenu moyen, éloignement, etc.
Et là on briserait le cycle malheureux — j'allais
dire «vicieux», là, mais c'est un cas — de la logique économique dans
laquelle le Québec se retrouve et se remet perpétuellement, c'est-à-dire une
logique d'extraction et d'exploitation des matières premières avec peu de
transformation, très peu de transformation en proportion de la valeur des
produits primaires qui sont puisés au Québec. Et ça sortirait aussi les
rapports politiques et les arbitrages politiques de cette espèce de dynamique
malsaine où on utilise des ressources qui appartiennent à la collectivité pour
favoriser... en fait, pour réduire la notion d'acceptabilité sociale au simple
consentement d'une communauté locale.
Quand on crée une communauté d'intérêts
entre un promoteur privé, Innergex, Boralex, d'un petit barrage hydroélectrique
et d'une municipalité, ou d'une MRC, ou d'une bande autochtone, bien, en fait,
on va chercher un prête-nom, la municipalité ou la MRC, qui n'a aucune
expertise elle-même, là, qui n'est pas un partenaire nécessaire à l'élaboration
et au développement d'un projet. Ce n'est même pas un partenaire qui aurait,
probablement, les ressources financières pour assumer une part significative de
l'investissement. Donc, c'est un prête-nom qui n'est pas décisionnel, qui va
probablement avoir 49 % des droits de vote, là, au niveau de
l'exploitation de l'entreprise. Et puis, bien, on... En fait, on transfère les
arbitrages qui devraient se faire d'un point de vue de l'intérêt public et on
exacerbe les conflits entre les préoccupations environnementales, sociales et
économiques qui doivent être réconciliées dans les choix politiques. On
transfère ce conflit-là et on l'exacerbe dans les communautés locales et dans
les régions, et on crée aussi des questions d'injustice entre les communautés.
Ce n'est pas parce que, moi, j'habite dans
un village sur le bord d'une rivière, où il y a une dénivellation, des chutes
puis des rapides exploitables, que je devrais avoir un bénéfice particulier de
l'exploitation des forces hydrauliques du domaine de l'État, juste, devant chez
moi, plus que la personne qui habite 35 kilomètres plus loin sur le cours
de la rivière ou 17 kilomètres en aval. Voyez-vous? Alors, je ne sais pas
si ça répond à votre question.
M. Kelley : Il y a plusieurs
éléments dans votre réponse qui sont intéressants, mais je n'ai pas énormément
de temps, puis j'ai des autres questions pour vous, mais...
M. Blain (Jean-François) : Ah!
O.K. Bien, pour finir la réponse...
M. Kelley : O.K. Vas-y. Continuez,
oui.
M. Blain (Jean-François) : Parce
que ce qu'on a comme problématique, quant à l'attribution, il faut bien être
conscient, là, quand notre premier ministre, <M. Legault..
M. Blain (Jean-François) :
...quand notre premier ministre, >M. Legault — puis
je me demande encore est-ce qu'il comprend ou il fait exprès — quand
il nous dit : Il n'y aura pas... Il nous dit ça, là...
Le Président (M. Ciccone) : M. Blain,
M. Blain, il ne faut pas prêter des intentions.
M. Blain (Jean-François) : Non,
je ne prête pas d'intentions...
Le Président (M. Ciccone) : Vous
êtes soumis sous les mêmes règlements que les députés à l'Assemblée.
M. Blain (Jean-François) : ...je
réfère à des faits puis j'y réfère pour des fins de compréhension.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. Blain (Jean-François) : Quand
M. Legault dit : Il n'y aura pas d'attribution de puissance à des nouveaux
projets industriels s'il n'y a pas de bénéfices fiscaux, au moins, équivalents
pour le gouvernement, ce qu'il oublie de dire, c'est que le rabais qui serait
consenti à un éventuel nouveau client industriel, ce n'est pas le gouvernement
qui le paie, c'est tous les clients d'Hydro-Québec. Alors, si on veut
absolument aller chercher des nouveaux revenus ou des nouveaux bénéfices
fiscaux pour le gouvernement, que le gouvernement utilise ses leviers fiscaux,
et non pas de surdimensionner la vache à lait, la machine à pomper des revenus
dans les poches des clients d'Hydro-Québec, qu'ils ont faits, d'Hydro-Québec.
M. Kelley : Et quels,
selon vous, des leviers fiscaux que vous parlez?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
la fiscalité des entreprises, par exemple, l'exemption. On pourrait dire :
Il n'y a pas d'exemption de taxe sur le capital si vous ne remplissez pas tel objectif,
maintien des emplois, formation professionnelle, réduction des émissions de gaz
à effet de serre. Il y a différents éléments de la fiscalité des entreprises
qui pourraient être traités de façon conditionnelle à l'atteinte de certains
objectifs par des entreprises concernées.
M. Kelley : Merci
beaucoup. On a eu une discussion concernant d'ajouter le 100 ou
150 térawattheures additionnel pour le Québec dans les prochains 25,
50 ans. On ne sait pas, là, tout encore. Mais, selon vous, est-ce qu'on a
vraiment un besoin de 100 térawattheures de plus? Est-ce que ce calcul est
correct? Est-ce que c'est plus élevé? Est-ce que c'est plus bas? Est-ce que
vous êtes confiant dans ce chiffre-là qu'on a déjà commencé de débattre, un
petit peu, comme une société?
M. Blain (Jean-François) : Le
100 térawattheures, il a été calculé par la firme Dunsky ça fait
maintenant un peu plus d'un an, et puis c'est la quantité d'électricité
équivalente à la... pour produire autant d'énergie, équivalent de la quantité
de produits pétroliers qu'on cesserait d'utiliser, O.K., par l'électrification
des transports, par la décarbonation de certaines grandes industries ou la
plupart des grandes industries. Est-ce que... La question, c'est plus : Est-ce
que ce 100 térawattheures là va être requis, vraiment? Parce que c'est des
sommes colossales, là, engager la production de 100 térawattheures de plus
au Québec. Et donc on ne peut pas engager des dépenses comme 4 000 mégawatts
d'éolien, là, sans s'assurer qu'il y a des... qu'il y a un plan de match et
qu'il y a des mesures contraignantes qui vont nous assurer que les industries,
en question, vont effectivement décarboner leurs activités, que les
utilisateurs de véhicules personnels vont effectivement migrer vers des
véhicules électriques, vont avoir la possibilité de recharger leurs véhicules
électriques autrement que sur des bornes rapides qui coûtent cinq fois plus
cher que quand tu charges à domicile par kilowattheure, hein?
Alors, si on ne s'est pas assurés, d'un
point de vue politique, d'un point de vue de plan de match, d'un point de vue
du dispositif, que la transition va se faire, là on va engager, par l'entremise
des nouveaux approvisionnements pris contractuellement par Hydro-Québec, des
dizaines et des dizaines de milliards de dollars de dépenses, sans savoir si
ces dépenses-là vont s'avérer utiles à terme. Et ça, là, ce serait un scénario
catastrophe, pas juste d'un point de vue politique pour le gouvernement, mais
surtout d'un point de vue social et économique. Parce que, compte tenu des
défis auxquels le gouvernement du Québec va être confronté dans les prochaines
années, créer inutilement une ponction additionnelle sur les revenus
disponibles des ménages, là, c'est le pire scénario qu'on peut envisager.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Ciccone) : 50 secondes,
M. le député.
M. Kelley : Rapidement.
En 2018, le gouvernement a dit : On va avoir les surplus pour 20 ans.
On a annulé 12 projets de minicentrales. Puis, maintenant, on arrive où il
faut construire les barrages, on est en crise. Comment c'est arrivé, juste,
dans quatre ans, qu'on est maintenant dans ce point-là, qu'il n'y a plus de
surplus puis il faut construire les projets maintenant?
Le Président (M. Ciccone) : En
30 secondes, s'il vous plaît.
M. Blain (Jean-François) : Ce
n'est pas arrivé juste dans quatre ans. Si on faisait abstraction...
12 h 30 (version révisée)
M. Blain (Jean-François) : ...l'énorme
volume de 100 TWh qui serait requis pour remplacer tous les produits
pétroliers qu'on voudrait remplacer au Québec, la croissance, disons, normale,
là, ou courante de la consommation existante au Québec nous aurait amené, à la
fin, des surplus vers 2026, 2027, pour ce qui est des surplus d'énergie, hein,
déjà engagés. Par contre, on a un problème de puissance à la pointe...
Le Président (M. Ciccone) :
En terminant, s'il vous plaît.
M. Blain (Jean-François) :
...déjà.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. Je cède maintenant la parole à M. le député de Maurice-Richard pour un temps de parole de 3 min 35 s.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup d'être ici. J'ai juste trois minutes, et donc je
ne vais pas avoir beaucoup de temps pour vous poser des questions, et surtout
vos réponses vont devoir être courtes.
Je vais commencer par dire plus
généralement que vous abordez quelque chose qui est vraiment très important
pour nous, c'est la question d'équité ou de justice dans le... de ce que paient
les citoyens. Vous le montrez très bien dans votre mémoire, la portion du coût
de l'énergie dans la poche des personnes les moins favorisées est
disproportionnée par rapport, évidemment, aux gens qui gagnent plus d'argent.
Et vous avancez une solution possible. On
parle beaucoup d'efficacité énergétique. Ce que vous dites, c'est : Avant
de penser planter des éoliennes partout, voici une solution qui est rentable,
qui, en plus, va aider ces familles-là, qu'elles soient locatrices dans des
passoires énergétiques... ou aux propriétaires à faibles revenus. Et donc vous
proposez de mettre de l'argent, non pas juste une subvention, mais vraiment de
l'argent sur la table pour pouvoir rendre de l'efficacité autour de ces
maisons. Je pense qu'elle est très intéressante.
Je vais peut-être vous emmener ailleurs.
Une des choses du projet de loi, c'est d'abaisser la limite à partir de
laquelle... si on veut, le pouvoir reviendrait au pouvoir du gouvernement de
dire oui ou non à des projets. Comment vous pensez que les critères sur l'acceptation
des projets devraient se faire pour être sûrs qu'elle contribue à la lutte aux
changements climatiques?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
c'est une question trop complexe pour une réponse courte. Mais la chose qui est
importante, en fait, c'est que ces critères-là soient décidés de façon
transparente, rigoureuse et que leur mise en application ne relève pas de la
discrétion du conseil exécutif, ou du ministre en titre, ou de son successeur.
M. Bouazzi : Donc, pour
assurer une transparence, qui devrait être autour de la table?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
on a des organismes de réglementation comme la Régie de l'énergie, qui peut
très bien être saisie d'une demande d'avis à l'initiative du ministre puis
tenir audience pour proposer des critères justement, par exemple, s'il s'agit
des critères, là, à utiliser.
Maintenant, ce deuxième volet là du projet
de loi, que j'aborde brièvement, je dis : C'est bien que l'obligation de
fournir d'Hydro-Québec soit rabaissée de 50 MW à 5 MW dans le
contexte actuel d'une espèce de déferlement de demandes pour de la puissance
importante. Par contre, le corollaire de ça, c'est que, si ce n'est plus Hydro-Québec
qui décide si elle doit fournir ou pas au-delà de 5 MW, c'est la
discrétion exercée au niveau politique qui se retrouve amplifiée, avec les
conséquences que ça peut avoir. Alors...
Le Président (M. Ciccone) : 30 secondes.
M. Blain (Jean-François) : Voilà.
Le Président (M. Ciccone) : M.
le député.
M. Bouazzi : Donc, on a eu une
question. Sur les questions des tarifs. Vous avez parlé d'une manière de
pouvoir cibler les personnes les moins favorisées. Est-ce qu'on pourrait penser
à un tarif conditionnel à l'évaluation municipale? Par exemple, si la valeur
des maisons est très, très, très élevée, on peut imaginer que ce n'est pas des
passoires énergétiques étant donné que c'est...
Le Président (M. Ciccone) : En
10 secondes, s'il vous plaît.
M. Blain (Jean-François) : Non,
on ne peut pas baser ça sur l'évaluation municipale, ça ne serait pas gérable
administrativement. Par contre, on peut réviser la structure du tarif
résidentiel, si on parle du tarif D, pour le rendre plus agressif. Par
exemple, les compteurs intelligents devraient permettre à Hydro-Québec d'imposer
un plafond sur la puissance...
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
M. Blain (Jean-François) : ...en
période hivernale ou introduire une troisième tranche dans...
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. Blain. Je cède maintenant la parole au chef du troisième groupe d'opposition
pour un temps de 2 min 12 s.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
2 min 12 s. Un point. Comment devrions-nous entreprendre la
planification? Parce que je pense que vous avez identifié un risque important,
c'est-à-dire qu'on part de prémisses qu'il faut construire pour tant d'énergie,
mais en n'ayant aucune certitude sur nos besoins réels et notre capacité réelle
à réduire, dans certains secteurs, la consommation, surtout qu'on part d'une
base du pétrole et là on se dirige vers une autre technologie et une autre...
Quelle serait la marche à suivre logiquement, là, pour bien faire chacune des <étapes...
M. St-Pierre Plamondon :
...chacune
des >étapes et que la planification de nos besoins énergétiques soit
juste, en fonction de nos besoins réels? Quelles devraient être les étapes à
suivre ici?
M. Blain (Jean-François) : Bien,
normalement, en termes de processus, quand on parle de planification intégrée
des ressources, il y a des institutions et des processus démocratiques qui sont
mis à contribution. Puis la première étape, c'est de convenir de l'objectif ou
des objectifs qu'on veut poursuivre prioritairement. Ça, c'est la première
étape. Une fois que cette... on a convenu de ça, bien, là, l'identification des
moyens ou de la combinaison de moyens optimale, pour atteindre ces objectifs-là,
peut aussi faire l'objet d'un débat. Ça, c'est les deux étapes d'une
planification intégrée...
M. St-Pierre Plamondon : Puis,
dans les institutions que vous identifiez pour nous accompagner là-dedans, il y
a la régie? Qu'est-ce que vous voyez?
M. Blain (Jean-François) : Il
y a la Régie de l'énergie, sûrement, puis, sur les enjeux environnementaux, le
BAPE pourrait être saisi d'un mandat générique plus large, là, pour faire
valoir des considérations à ce niveau-là.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. M. Blain, merci beaucoup pour votre grande passion pour notre énergie
ici, au Québec, c'est très apprécié, mais, surtout, merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux.
Je suspends maintenant les travaux jusqu'à
15 heures, cet après-midi. Bon dîner, tout le monde. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 37)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 05)
Le Président (M. Ciccone) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 2, Loi visant
notamment à plafonner le taux d'indexation des prix des tarifs domestiques de
distribution d'Hydro-Québec et à accroître l'encadrement de l'obligation de
distribuer de l'électricité.
Cet après-midi, nous entendrons les
organismes suivants, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité
et l'Association des redistributeurs d'électricité du Québec, par
visioconférence.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité.
Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis
nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
M. Allard (Jocelyn B.) : Merci,
M. le Président. M. le ministre de l'Économie, Innovation et Énergie, Mmes et
MM. les députés, permettez-moi tout d'abord de remercier la commission de nous
permettre de participer aux <discussions...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...
participer aux >discussions entourant l'analyse du projet de loi
n° 2. Je me présente, Jocelyn B. Allard, président de l'Association
québécoise des consommateurs industriels d'électricité, l'AQCIE. Nous avons
soumis un mémoire détaillé à cette commission et nous souhaitons, aujourd'hui,
évidemment, souligner les grandes lignes de notre constat.
Alors, l'AQCIE représente les plus
importants consommateurs d'électricité à des fins industrielles qui sont actifs
dans plusieurs secteurs de l'économie québécoise, comme l'agroalimentaire, l'aluminium,
l'acier et les produits chimiques.
Les industries dont nous défendons les
intérêts consomment plus du tiers de l'électricité vendue par Hydro-Québec,
dans ses fonctions de distributeur. Ils paient leur électricité au tarif L,
tarif de grande puissance pour usage industriel, au tarif M, tarif de
moyenne puissance. Et quelques membres ont conclu des contrats à risques
partagés avec le gouvernement du Québec.
Pour illustrer l'importance de nos membres
aux revenus même d'Hydro-Québec, les récentes données de la société d'État
précisent que le secteur Grands clients industriels apporte 21,1 % des
produits de vente d'électricité en dollars, et ce, malgré le fait que le nombre
d'abonnements au Québec de ce secteur ne constitue que 0,004 % du nombre
d'abonnements totaux.
Nos usines sont au centre du tissu
industriel et socioéconomique de plusieurs des régions du Québec. Elles offrent
des dizaines de milliers d'emplois, parmi les mieux rémunérés du secteur
industriel, en plus de ceux soutenus chez leurs fournisseurs de biens et
services.
Mais, au-delà des emplois directs et
indirects qu'elles génèrent, il importe de rappeler que, lorsque nos usines
québécoises réussissent à contrôler leurs coûts de production et à améliorer
leur rentabilité, elles se positionnent pour attirer de nouveaux
investissements. C'est ainsi que nos usines peuvent se moderniser et permettent
au Québec de participer pleinement à la nouvelle économie industrielle, qui
intègre les nouvelles technologies créatrices de richesse. On ne fait pas donc
que maintenir des emplois payants, mais on développe pour des activités à
valeur ajoutée dans nos régions au Québec.
Malheureusement, le projet de loi
n° 2 vient, encore une fois, affecter la compétitivité de nos différentes
industries.
Pour nos membres, la part qu'occupe
l'achat d'électricité dans leurs coûts d'exploitation varie de 25 % à plus
de 70 %. On comprend alors sans difficulté toute l'importance d'offrir des
tarifs d'électricité qui soient concurrentiels pour permettre aux usines du
Québec d'attirer chez elles les investissements qui, en somme, garantissent
leur avenir.
L'arbitrage des investissements entre les
différentes filiales est aisé à faire pour des entreprises mondialisées, qui
fabriquent souvent les mêmes produits à différents endroits dans le monde.
Toute diminution de l'attrait des tarifs d'électricité québécois représente
donc une menace bien concrète.
Hydro-Québec est un monopole et une
société d'État, bénéficiant donc du pouvoir et de l'influence de son seul actionnaire,
le gouvernement du Québec. C'est l'une des raisons fondamentales pour laquelle
nos membres soutiennent depuis toujours la fixation des tarifs d'électricité en
fonction des coûts réels que doit encourir Hydro-Québec pour desservir ses
différentes classes de clients.
Or, en 2019, comme d'autres
participants à cette commission l'ont mentionné, le projet de loi n° 34 a
éliminé le système transparent de fixation des tarifs. En indexant les tarifs
selon le taux d'inflation plutôt que suivant l'évolution des coûts requis pour
servir ses clients, on a favorisé des tarifs qui permettent à Hydro-Québec de
générer des revenus supérieurs à ses besoins, incluant des rendements au-delà
du rendement raisonnable reconnu historiquement pour l'actionnaire d'Hydro-Québec.
• (15 h 10) •
Devant l'inflation importante vécue depuis 2021,
le gouvernement avait déposé le projet de loi n° 43 à la toute fin de la
session parlementaire, au mois de juin 2022. Le mécanisme prévu dans cette
loi permettait de plafonner la hausse des tarifs de toutes les classes de
clients.
C'est ainsi que les représentants de nos
usines québécoises ont entamé la période estivale; indiquant à leurs
dirigeants, souvent localisés à l'extérieur du Québec, que des élections
auraient lieu en octobre 2022 et que ce n'est qu'à la suite de ces
dernières qu'un nouveau projet de loi pourrait être présenté pour limiter comme
prévu la hausse du tarif M à 3 % et celle du tarif L à 2 %,
à compter du 1er avril 2023.
Dans plusieurs cas, c'est cette information
publique et diffusée par le gouvernement et Hydro-Québec qui a été utilisée
pour préparer les budgets 2023 des usines québécoises.
La mauvaise surprise du projet de loi
n° 2, au début du mois de décembre 2022, représente un cas type de ce
qu'il ne faut pas faire pour maintenir un climat d'investissement favorable
dans quelque juridiction politique que ce soit.
Sans avertissement, les usines québécoises
se sont fait dire que, finalement, le tarif M augmenterait de 6,4 %
et le tarif L, de 4,2 %, et ce, quatre mois seulement avant le
changement. Pour la prévisibilité, on repassera. Pire, on semble perdre de vue
ce que ça veut dire, 2,2 % de plus, comme facture.
Par exemple, pour un client tarif L
qui paie 96 millions de dollars par année d'électricité — là,
c'est un cas réel, je ne nommerai pas le client — bien, c'est une
surprise de 2,2 millions de dollars. Pour un autre qui paie
60 millions de dollars annuellement, on vient se voir <ajouter...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...
se voir >ajouter un surplus surprise de 1,3 million de dollars.
Dans un monde compétitif comme celui dans
lequel évoluent nos usines québécoises, un tel surcoût inattendu a toutes les
caractéristiques d'une fixation de tarifs d'électricité aléatoire, imprévisible
et politique.
Par ailleurs, vous verrez aux pages 8
et suivantes et en annexe de notre mémoire que nous présentons une rapide
analyse du positionnement du tarif L par rapport au tarif recensé dans des
juridictions concurrentes.
Nous constatons que la position
concurrentielle du tarif L s'est détériorée de 2019 à 2022 par rapport au
tarif industriel ayant cours dans neuf autres villes canadiennes
pertinentes.
Dans un tel contexte, augmenter de 6,4 %
plutôt que de 3 % le tarif M, de même qu'augmenter de 4,2 %
plutôt que de 2 % le tarif L à compter du 1er avril 2023,
réduira davantage l'écart entre les tarifs industriels québécois et ceux des
juridictions concurrentes.
Dans un contexte où le Québec ne choisit
pas, à juste titre, de concurrencer par des coûts de main-d'oeuvre à rabais ou
encore en relâchant ses règles environnementales, il devient impératif de
maintenir la compétitivité de nos industries existantes en misant sur nos
avantages concurrentiels naturels, tels que la stabilité politique et,
évidemment, une électricité au prix le plus compétitif possible.
Ce qui nous amène à souligner un autre
aspect négatif du projet de loi n° 2, lequel empirerait la problématique
de l'interfinancement en plafonnant seulement les tarifs résidentiels à
3 % d'augmentation.
Différents rapports, expertises et
décisions reconnaissent depuis plusieurs années que l'interfinancement des
tarifs d'électricité au Québec est une problématique qu'il faut corriger.
D'ailleurs, la veille du dépôt du projet
de loi n° 2, le Pr Pineau faisait une conférence où il expliquait
l'importance... des HEC, là, expliquait l'importance de corriger cet
interfinancement, de s'y mettre.
Or, étant donné que, pour
l'année 2023, l'augmentation des tarifs industriels serait supérieure à l'augmentation
des tarifs domestiques, il faut s'attendre à une autre augmentation de l'indice
d'interfinancement, si le projet n° 2 est adopté comme proposé. On ne
tente donc même pas de corriger la problématique reconnue depuis longtemps,
mais on l'empire.
Dernier aspect. Dans un contexte où la
fixation des tarifs d'électricité au Québec apparaît de plus en plus politisée,
la proposition transitoire de l'article 9 du projet de loi n° 2 de
rendre conditionnel à l'approbation du gouvernement chaque projet de 5 MW,
au lieu de la limite actuelle de 50 MW, ajoute à l'incertitude qui entoure
les questions d'approvisionnement électrique au Québec pour les industries
existantes déjà bien implantées ici.
Tout en étant conscients des enjeux de
forte demande anticipée pour l'électricité québécoise, nous soumettons que les
clients industriels existants devraient plutôt voir leurs projets de croissance
et/ou de modernisation de leurs usines soumis aux règles présentement en
vigueur. Sinon, ce serait un changement des règles du jeu qui, encore une fois,
nuit au climat de confiance pour les investissements.
De plus, des études récentes ont de
nouveau démontré que l'utilisation d'électricité pour des fins industrielles
contribuait de manière significativement plus substantielle au développement
économique et social du Québec. Vous pouvez voir le lien dans le mémoire, là, à
l'étude de l'Institut du Québec.
Il est donc justifié de traiter
différemment les demandes d'augmentations des charges des clients industriels
actuels, qui contribuent déjà substantiellement à l'économie québécoise, des
demandes de nouvelles implantations ou de celles de grandes puissances qui ne
sont pas pour des fins industrielles au sens de la loi.
Donc, en conclusion, les décisions subites
et inattendues en matière de fixation des tarifs d'électricité, qui ont eu cours
depuis 2019, ont créé un sentiment d'incertitude nuisant au maintien d'un
climat favorable pour sécuriser les investissements requis pour réussir la
modernisation des usines du Québec et la transition énergétique.
Cette politisation grandissante des tarifs
d'électricité au Québec inquiète les membres de l'AQCIE, qui appréhendent le
changement important aux règles établies pour les usines opérant déjà
lorsqu'elles voudront augmenter leur charge auprès d'Hydro-Québec.
Conséquemment, l'AQCIE recommande :
Que les articles 3 et 4 du projet de
loi n° 2 ne soient pas adoptés comme proposés, mais qu'ils soient
remplacés par les articles équivalents du projet de loi n° 43 du mois de
juin 2022; et
Que les articles 6 et 9 du projet de
loi n° 2 soient modifiés pour maintenir la non-obligation de desserte par
Hydro-Québec que dans les cas où la demande d'ajouts de charges excède 50 MW
lorsqu'il s'agit d'une installation opérant déjà au Québec et qu'elle utilise
l'électricité à des fins industrielles au sens de la législation et du
règlement tarifaire.
Alors, M. le Président, M. le ministre,
Mmes et MM. les députés, merci de votre attention.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. Et nous débuterons avec M. le ministre.
M. Fitzgibbon : M. le
Président, on va être magnanimes, à la CAQ. On va vous donner 3,30 minutes
de réduction de la période de questions pour pouvoir finir à temps, parce qu'on
a commencé un peu en retard.
M. Allard, merci beaucoup pour votre
présentation. Je ne parlerai pas de tarifs, là. Je pense que vous avez été
très, très clair, là, sur la situation tarifaire. Je vais revenir sur le
terrain de l'obligation de desservir. On est dans une situation où il y a un <resserrement...
M. Fitzgibbon :
...situation
où il y a un >resserrement au niveau de l'offre, et il faut être
parcimonieux. Hydro-Québec nous demande de ne pas se soustraire à
l'obligation... de se soustraire à l'obligation de desservir en bas de 50 MW,
en haut de 5 MW. Comment... Aidez-moi à comprendre comment on pourrait
être dans une situation où... Quels sont les critères qu'on devrait utiliser?
Parce que c'est possible que nous ne puissions pas nécessairement offrir la
connectivité pour tous les projets en haut de 5 MW. Comment verriez-vous,
peut-être, une modulation ou quels sont les cas qu'on devrait... ou les
conditions qu'on devrait établir pour y arriver?
M. Allard (Jocelyn B.) : Oui.
Merci, M. le ministre, pour la question. Dans un premier temps... Évidemment,
c'est un petit peu difficile, des fois, de démêler aussi qu'est-ce qu'on entend
par les... ce qui est attendu comme augmentation de la demande d'électricité,
hein? On a entendu toutes sortes de choses. J'écoutais encore le représentant
d'Hydro-Québec à la radio ce matin, là, qui nous expliquait, finalement, que c'étaient
4 000 MW qui étaient attendus sur les 10 prochaines années.
D'ailleurs, ça correspond avec... Vous
savez, il y a déjà un dossier pour la prévision de la demande devant la Régie
de l'énergie. Ça serait bien, d'ailleurs, qu'on puisse faire l'exercice de
façon exhaustive devant la Régie. On vise 4 000 MW. C'est ce
qu'Hydro-Québec anticipe, et c'est surtout dans certains créneaux. On a
beaucoup, beaucoup d'augmentation de la demande, là, dans les véhicules
électriques, dans l'hydrogène, effectivement, mais, ça, je pense que vous avez
fait des commentaires vous-même à cet effet-là, donc... et il y seulement comme
5 % qui est prévu pour la demande industrielle.
Alors, ce qu'on dit ici, c'est que, déjà,
les entreprises qui ont déjà installé, qui ont déjà fait des investissements
importants, qui ont contribué... puis qui contribuent, d'ailleurs, dans leurs
tarifs, hein? Quand on parle d'interfinancement, c'est qu'on paie plus cher que
ce que ça coûte pour nous... pour desservir les usines. Puis c'est le même
propos, d'ailleurs, que les clients commerciaux, là, on est d'accord, qui, eux autres
aussi, paient plus que ce qu'ils devraient payer. Or, on subventionne les
tarifs résidentiels depuis longtemps, ça permet à Hydro-Québec d'avoir
développé des actifs importants. Donc, c'est pour ça qu'on dit : Bien,
pour ces joueurs-là, on devrait garder la même règle que le 50 MW. Quand t'arrives
à te présenter à ton conseil d'administration, à tes dirigeants... tu sais, on
a besoin de faire un projet de décarbonation, on a besoin de faire un projet de
modernisation, mais 5 MW, c'est très bas pour des usines qui sont déjà
implantées. 50, tu sais, on vit déjà avec.
Alors, c'est pour ça qu'on dit : Il
devrait y avoir... On devrait être traités différemment que de tous nouveaux
joueurs qui arrivent ou qui ne sont même pas dans le domaine industriel. Parce
que... Et c'est pour ça que l'étude à laquelle je référais, de l'Institut du
Québec, nous montre que, justement, sur le long terme, c'est beaucoup plus
rentable, pour l'économie québécoise, d'utiliser l'électricité ici que de
l'exporter de façon commise auprès des Américains ou que dans des secteurs qui
ne sont pas des secteurs industriels.
Quant aux critères, plus spécifiquement
sur votre question, j'attirerais... puis là je ne voudrais pas vous lire les
deux pages, là, mais les pages 58, 59 de l'étude de l'Institut du
Québec, il y a toute une section qui a été faite, une réflexion sur les
critères, là, qui sont énumérés, au-delà des emplois. Parce qu'on est
conscients... puis c'est pour ça que j'en parlais dans mon petit laïus au
début, ce n'est pas juste une question de garder des emplois. Parce qu'on a
bien des gens qui nous disent : Oui, mais là on n'a pas assez de monde, de
toute façon, on n'a pas besoin de créer des emplois.
Un, on dit : Il faut commencer par
maintenir ceux qu'on a. Puis on veut les transformer en des emplois à valeur
ajoutée dans des créneaux encore plus spécialisés. On ne veut pas que le
Québec, ce soient seulement des exécutants. On veut être... On veut développer
des créneaux dans nos régions. Bien, pour faire ça, ça prend de l'argent, puis
ça prend des investissements. Puis on veut que nos usines soient celles qui
reçoivent l'investissement. Quand le groupe corporatif dit : On va
investir à l'usine du Québec plutôt qu'à celle de... choisissez la juridiction
concurrente, où ils font le même produit. Alors, c'est pour ça.
Mais, la question des critères, là,
j'attirerais l'attention à la page 59, particulièrement, du mémoire. Là,
pour la question de temps, je ne lirais pas tous les critères qui sont là, mais
c'est intéressant, là, pour voir... Puis ça touche, justement, à c'est quoi,
l'effet structurant, l'effet sur la contribution aux exportations des produits
québécois, le potentiel d'innovation, le potentiel d'investissement. C'est ça.
• (15 h 20) •
Mais ce qui est important, c'est que ce
soient des critères qui soient publics, connus, débattus publiquement. Parce
que, présentement, puis ça, c'est un de mes... puis j'ai peut-être l'air bien
négatif, mais je l'entends de la plupart de mes membres, c'est... depuis 2019,
là, on ne sait pas trop où on s'en va. Puis c'est un peu des... de surprise en
surprise en matière de gestion des tarifs d'électricité puis de l'accès à
l'électricité. Alors, c'est ça.
M. Fitzgibbon : Puis là,
juste pour bien, bien comprendre ce que vous avez dit, là, je veux être... que c'est
clair dans ma tête, vous vous dites, vous : Les besoins de clients
existants en haut de 5 MW peuvent être desservis par Hydro-Québec, selon
les chiffres que vous avez, et, pour les nouveaux projets, là, il peut y avoir
des critères plus précis s'il manque d'électrons, en gros?
M. Allard (Jocelyn B.) : C'est
à peu près ça, effectivement.
M. Fitzgibbon : O.K. C'est
beau, pas de problème. Alors, c'est tout pour moi. Mes collègues, il reste à
peu près huit minutes?
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Député de Joliette, oui, vous avez la parole.
M. St-Louis : Merci, M. le
Président. Merci d'être ici. Ma question est assez simple : En tant
qu'association, est-ce que vous considérez que la prévisibilité... (Interruption)...
pardon, et le plafonnement du taux d'indexation des tarifs sont importants pour
les consommateurs?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien,
les consommateurs, vous voulez dire toutes les classes de clients, incluant les
industriels? La prévisibilité, là, c'est effectivement, M. le député, très <important...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...effectivement,
M. le député, très >important. Puis, depuis 2019, là, on l'a
complètement évacuée, cette prévisibilité-là. D'ailleurs, le fait qu'on soit
devant vous avec... que vous soyez en train de discuter du projet de loi n° 2,
ça vient justement démontrer que c'était une erreur d'attacher ça à
l'inflation.
Quand on était devant la Régie de
l'énergie, la prévisibilité qu'il y avait, c'est qu'on était capables de
questionner, puis les différents intervenants et la régie, on était capables de
savoir où est-ce qu'on s'en allait, où est-ce qu'Hydro-Québec était pour faire
des investissements, qu'est-ce qui était la demande d'augmentation des revenus
qu'ils avaient besoin pour desservir la clientèle. Alors, il y avait des
débats, puis c'est la façon la plus... C'est pour ça que je mentionnais que,
dans toutes les juridictions, depuis plus d'un siècle, là, quand on fait
de la tarification de services de monopoles comme l'électricité ou le gaz
naturel, etc., ça se fait sur la base de... on appelle ça la base des coûts,
qui inclut le rendement raisonnable sur l'investissement. Puis Hydro-Québec,
là, ça fait 8,2 %, dans sa fonction de distributeur, sur ces
investissements qu'ils font dans leur réseau, là, etc. Alors, c'est quand
même... c'est 8,2 %, ce n'est pas mauvais du tout, là, c'est ce qui était
considéré comme un rendement raisonnable. Et, quand on additionne tous les
coûts, incluant le rendement raisonnable, on dit : Voici les tarifs que ça
devrait faire.
Il y a une partie des coûts d'Hydro-Québec
qui sont attachés, qui sont influencés par l'inflation, c'est clair, mais ce
n'est pas la majeure partie des coûts, et les calculs qu'on avait faits en 2019,
bien, on les a refaits pour 2023 avec l'annonce du... avec le projet de loi
n° 2, là, puis le... ce qu'on... Vous savez, les fameux trop-perçus, là, ça...
en termes techniques, c'est des... c'est vraiment... ça s'appelle des excédents
de rendement. Alors, ce que ça veut dire, là, c'est qu'avec les tarifs, si on
les augmente, au 1er avril, de 3 % dans le tarif... c'est-à-dire de
6,4 %, le tarif M et les autres tarifs généraux, puis de 4,2 %
au tarif L, puis de 3 % dans le résidentiel, il va y avoir un
excédent par rapport au rendement raisonnable, il va y avoir un excédent, juste
pour l'année 2023, de 125 millions de dollars qu'Hydro-Québec va
mettre dans ses poches.
Alors, ça, ce n'est pas de la
prévisibilité, c'est aléatoire, c'est politique. Au mois de juin, mes gens sont
partis... Moi, je me fais appeler... je me faisais appeler pour de vrai à
l'été, dire : Aïe! Qu'est-ce que je mets dans mes budgets? Il faut que
j'envoie ça au siège social. Que c'est que je suis obligé de mettre pour
l'électricité? Tu sais, quand c'est 50 % de tes coûts de production, c'est
important. Puis là on m'a dit... moi, je dis : Bien, écoutez, la loi,
actuellement, ce serait 6 points et quelques pour cent. À ce moment-là,
les chiffres n'étaient pas finalisés. 6 points... bon, finalement, c'est 6,4 %,
4,2 % pour le tarif L. Mais le gouvernement, écoutez, il a présenté
le projet de loi n° 43, la session a fini, c'est mort, il faut qu'il recommence.
C'est pour ça, là. Alors, je parle, ça, là, c'est totalement imprévisible, là,
c'est... ça, ce n'est pas... ce n'est pas... ce n'est pas bon, ça, là.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Oui?
Une voix : ...
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
oui, vous avez encore du temps. M. le député de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
vous avez la parole.
M. Bernard : Merci, M. le
Président. Merci, M. Allard. Depuis hier, on entend, effectivement, parler des
différents tarifs puis que les industriels, entre autres, là, ne seront pas
plafonnés, mais, étant moins familier, les gens, ils m'ont... dans l'entourage,
là, m'ont parlé du taux multiplicateur de la Régie de l'énergie, O.K., que je
n'étais pas familier. Puis, à ce moment-là, là, je me demandais, puis qu'on
m'expliquait : Est-ce que, selon vous, l'application, le taux
multiplicateur de la régie... qu'il serait suffisant pour minimiser la hausse que
vous venez de parler, là, du tarif L, puis permettre de garder la
compétitivité?
M. Allard (Jocelyn B.) : C'est
une... C'est très intéressant comme avenue de solution, malheureusement...
Bien, premièrement, ça ne règle pas le problème des tarifs M, parce que
j'ai quand même beaucoup de membres, là... Il y a beaucoup d'industries au Québec
qui ne sont pas toutes... ce n'est pas toutes des grandes industries, là, qui
utilisent l'électricité à grande puissance, ça fait que tu as de la moyenne
puissance, là, avec le tarif M. Ça, ça serait encore, là, actuellement,
puis ce n'est pas... Ce n'est pas 4,2 %. Eux autres, là, c'est 6,4 %.
Bon, évidemment, je comprends que la facture est moins importante que dans...
tu sais, en chiffres absolus, en dollars, mais ça reste que c'est quand même...
tu sais, c'est un coup qui se rajoute à d'autres. Ça fait que je ne veux pas
répéter ce que la FCEI ou d'autres organismes ont mentionné, mais c'est la même
problématique.
Pour ce qui est du fameux taux
multiplicateur devant la régie, ça, malheureusement, la loi, bien, c'est tout
le temps... Si on faisait un projet de loi, s'il y a encore l'opportunité, on
pourrait rajouter des articles, là, on pourrait le corriger, cette question-là,
parce que, dans le projet de loi n° 34 de 2019, il y a eu... Ce que ça
disait, c'est que le taux multiplicateur devait être décidé par la régie de
façon annuelle, pas dans le cadre d'une clause tarifaire — ça a l'air...
on n'avait pas le droit d'en parler trop — il fallait que ça soit
juste un échange de commentaires écrits, malheureusement. Et la régie devait
tenir compte, pour être sûr de la compétitivité du tarif L, de garder la
compétitivité du tarif L, mais là, l'article de loi disait, tout en
préservant ou en considérant l'interfinancement.
Alors, ce qui est arrivé avec ça, à cause
de ce bout de phrase là, c'est que nous, on a fait une démonstration. La
première fois qu'on a eu à utiliser ça dans la régie en 2021, on est allés
expliquer à la régie : Écoutez... Là, les prix d'électricité étaient au
plancher aux États-Unis. Les membres se plaignaient parce qu'ils disaient :
Écoutez, on va augmenter les tarifs. Au Québec, l'inflation n'était pas encore
aussi élevée. On va en augmentant, alors que les prix aux États-Unis ont chuté
à cause de la pandémie, etc., parce que le prix du gaz naturel avait chuté. Ça
fait que l'écart s'était agrandi ou... c'est-à-dire, l'écart s'était <rapetissé...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...c'est-à-dire,
l'écart s'était >rapetissé entre le tarif L puis les tarifs
concurrents. Les autres coûts, au Québec, ça coûte plus cher, faire affaire
ici, bien, les coûts de main-d'oeuvre, les coûts de construction, les coûts de
transport, etc. Ça fait que c'est pour ça que tu veux garder, même quand tu es
en dessous des autres, là, le tarif L, même si c'est vrai, là, bien, tu
veux être sûr de garder le plus grand écart possible parce que ça vient
compenser tes autres coûts, au Québec, de faire affaire.
Alors, on a présenté ça à la régie, puis
la régie, elle a finalement... pour faire une histoire courte, elle a dit :
Vous savez... Écoutez, vous restez encore en dessous des autres tarifs quand on
regarde. Ils n'ont pas tenu compte... Ils disent : Il ne faut pas tenir
compte de l'écart. Ce n'est pas ça que la loi... Ce n'est pas ça qu'on comprend
de la loi. Puis, surtout, c'est qu'on ne veut pas, en bon... en méchant français,
là, «déflaboxer» le lien entre les tarifs, parce que, là, on ne voudrait pas
changer l'interfinancement. Ça fait qu'on va vous laisser à 0,65, ce qui était
d'ailleurs la première mouture du projet de loi n° 34, le fameux taux
multiplicateur dont vous parlez. C'est pour ça qu'on en arrive à deux tiers,
grosso modo, du taux d'inflation. On a dit : Ce n'est pas ça que la loi
dit. On est allés en révision devant la régie.
On s'est débattus. On a tout fait valoir
ça. Puis, malheureusement, la régie a dit : Ah non, bien, vous savez, moi,
je ne veux pas parce que, quand on va arriver pour faire les tarifs en 2025,
s'il y a trop d'écart, là, ça... l'interfinancement, on risque de... on ne
pourra pas garder la même affaire, ça fait qu'on va garder la même chose que
dans le passé. Ça fait qu'on leur a dit : Bien là, vous ne regardez plus
la compétitivité du tarif L, ce que vous faites, c'est que vous voulez
juste garder la même... Si c'est toujours pour être 0,65, c'est sûr qu'année
après année ça va toujours être 0,65, ça fait qu'on fait ça de façon inutile.
Ils ont dit : Non, non, ce n'est pas ça que ça veut dire. Finalement, la
deuxième année, on s'est réessayés, puis, finalement, ça a fini à 0,65 encore.
Puis là, pire que ça, au mois de décembre,
ils nous ont envoyé une décision procédurale, là, pour mettre le dossier en
place. Parce qu'officiellement on n'a pas encore le chiffre, mais on sait que
ça va être 0,65. Parce que c'est tellement... La Régie, dans sa décision, dit :
Écoutez, là, on vous invite à... tu sais, à faire vos commentaires, mais, vous
savez, ça fait deux ans qu'on vous dit que c'est 0,65, alors, nous autres,
on pense, ça va être 0,65 cette année. Ils nous l'ont dit, même dans la décision,
c'est déjà décidé : On pense, ça va être 0,65. Mais, écoutez, c'est sûr
qu'il faut vous écouter, là, si vous avez quelque chose à dire de nouveau,
dites-nous-le.
Ça fait qu'à toutes fins pratiques, là, on
comprend qu'à un moment donné on ait des ressources limitées, hein, comme
association également. Puis c'est important pour les membres, mais là, à un
moment donné, tu te dis... tu sais, tu as beau battre un cheval qui est mort,
il ne se lève plus, là. Alors, c'est ça. Ça fait qu'on se dit : Bien, ça
va être encore 0,65.
Ça fait que vous avez raison de dire,
parce qu'on a fait cette démonstration-là, que l'écart s'était rétréci.
L'écart, d'ailleurs... Puis ça, c'est reconnu par Hydro-Québec parce que, même
en... dès 2017, là, c'était avant le projet de loi n° 34,
Hydro-Québec avait reconnu que la compétitivité du tarif L, ça s'était
détérioré par rapport... Il est peut-être moins cher, mais plus ton écart se
rétrécit...
Puis là, actuellement, on me parlait...
Puis, récemment, les gens disaient : Oui, mais aux États-Unis, ce n'était
pas pire, parce que le gaz naturel a monté à cause de la guerre, puis de ci,
puis de ça. Mais, si vous regardez les «futures» du gaz naturel encore ce
matin, puis on m'envoyait des chiffres justement juste avant que j'arrive ici,
là, puis on est revenu à des niveaux historiques, on est revenu à des prix
qu'on a vécus depuis les 10, 15 dernières années, on retombe à 3 $ du
gigajoule, grosso modo, on n'est pas loin de ça. Alors, ça veut dire qu'encore
une fois... Et ça, ça l'a une influence directement sur les prix d'électricité,
parce qu'il y a beaucoup de générations électriques, aux États-Unis, à partir
du gaz naturel, ce qui fait en sorte que nos compétiteurs américains se
retrouvent avec ça.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup. Y a-t-il d'autres interventions ici?
M. Bernard : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : C'est
beau. Je suis prêt maintenant à reconnaître le député de Jacques-Cartier, pour
un temps de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour votre présentation et aussi pour votre mémoire. Juste une question, je
vais commencer, qui est pas mal simple. Hydro-Québec répète que le tarif L
est toujours le meilleur tarif. Est-ce que ça demeure toujours vrai ou est-ce
que ce n'est pas vrai du tout?
• (15 h 30) •
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien,
comme je le mentionnais un peu, c'est... ce n'est pas vrai. On ne peut pas
juste dire : C'est le meilleur tarif, tu sais. C'est sûr que... il faut
faire attention. Il y a différents concepts. Le tarif, le tarif L, là,
quand on regarde... quand Hydro-Québec nous dit ça, il nous parle de tarifs
affichés. Alors, les tarifs affichés, là, la réalité, là, il regarde le tarif L,
il dit : Voici le chiffre officiel puis voici les tarifs dans d'autres
juridictions. Bon. La première chose, il y a deux aspects, premièrement,
dans... Et la régie l'avait reconnu dans un avis au ministre de l'Énergie de
l'époque, en 2017, dans l'avis sur la compétitivité des tarifs
industriels, la régie avait reconnu que c'est difficile de faire ces
comparaisons-là parce que les tarifs affichés, ça ne donne pas toute
l'histoire, ça donne ce qui est officiellement. Mais, vous savez, beaucoup de
juridictions, ils se battent pour garder des usines, ils se battent pour
attirer des investissements industriels de centaines de millions de dollars.
Alors, ce qu'ils font, c'est que les modalités d'application de ces tarifs-là,
puis ce qui entoure justement la facture finale, ça fait en sorte que le tarif
affiché, bien, c'est «cute», là, mais ce n'est pas vraiment nécessairement ce
que les gens vont payer. Puis on me dit : Bien, ce n'est pas ça qu'on paie
dans d'autres juridictions. Alors, ça, c'est la première chose qu'il faut faire
attention.
Deuxièmement, c'est... la comparaison
qu'Hydro-Québec fait. Puis, à chaque année, ils nous donnent une liste, une
liste de 22 villes, je l'ai même...
15 h 30 (version révisée)
M. Allard (Jocelyn B.) : ...22 villes,
là. Je l'ai même mis dans mon mémoire, parce que je me suis servi de la même
liste qu'eux pour prendre les villes canadiennes. Mais, en plus de ça, ces
villes-là, ils comparent des grandes villes. Au Québec, là, c'est vrai que le
tarif industriel, s'il y avait une usine dans... voyons, dans le quartier
Sainte-Marie à Montréal, là, versus une usine à Lennoxville, ça serait le même
tarif L. Mais dans d'autres juridictions américaines... Puis là ils
comparent des villes, ils comparent San Francisco, Boston. Il n'y a pas grand
usine... industrie lourde au centre-ville de San Francisco puis au centre-ville
de Boston ou à Manhattan. Alors ça, il faut que tu fasses attention quand tu
compares ça. La sélection, puis ça, on a argumenté ça tout à l'heure, la
question de M. le député de Rouyn-Noranda, là,c'était la même chose où on
essayait justement de démontrer qu'il fallait comparer des pommes avec des
pommes. Il fallait comparer avec des tarifs dans des régions industrielles,
dans des villes industrielles et non pas la liste qu'Hydro-Québec nous donne.
Puis je reviens à mon point, c'est que, de
toute façon, même si on prenait celle d'Hydro-Québec puis on faisait
abstraction de ces nuances-là, l'idée, c'est que le tarif L, comme je
disais souvent, il est meilleur, mais depuis... avant même 2020, là, puis là,
ça empire. Il est moins meilleur qu'il était meilleur, c'est-à-dire que l'écart,
comme je disais, il s'amoindrit. Ça fait que plus tu... ton écart s'amoindrit,
tes autres coûts, ils ne vont pas à la baisse. Les coûts de main-d'oeuvre, ils
augmentent; les coûts de conformité environnementale, ils augmentent; les coûts
de carbone au Québec augmentent; les coûts de transport augmentent. Ce n'est
pas facile, là, puis, je pense... j'ai une sympathie pour le ministre, là, qui
doit essayer d'attirer même des nouveaux joueurs. Ce n'est pas toujours facile
de regarder, dire : Écoute, comment tu fais pour investir? Les tarifs
industriels d'électricité pour les grands consommateurs, oui, c'était un
avantage, puis c'est pour ça qu'on dit qu'il faut le garder, puis c'est pour ça
qu'on disait : Il faut garder au moins le même écart que ce qu'il y avait
en 2019 — là, je suis plus légal avec le projet de loi n° 34. La
régie aurait dû dire : Il faut garder au moins le même écart entre les
autres... les compétiteurs puis le tarif du Québec. Ça, ça va garder cette
compétitivité-là.
Puis, juste pour finir là-dessus, une
des... Ça m'a frappé, parce qu'en lisant le très court mémoire de nos amis de
chez Hydro-Québec, déposé hier à cette commission, si vous regardez à la page 4 — puis
je trouvais ça intéressant — ils disaient : «La demande en
électricité au Québec est demeurée relativement stable au cours des deux
dernières décennies. En particulier, la demande industrielle a augmenté de
seulement — c'est incroyable — 0,1, pas 1, là, 0,1 %
entre 2000 et 2022, donc 22 ans, là. Le tarif L, il est tellement
bon, là, il y a une avalanche de monde qui veulent s'installer au Québec, puis
qui a augmenté, 0,1 % en 22 ans. Ça fait que moi, ça, là, non, je ne
suis pas d'accord. Le tarif L, il n'est pas le meilleur, puis ce n'est pas
vrai.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour cette réponse-là. Puis je sais que vous avez mentionné, rapidement, il y a
un tableau dans l'annexe qui présente un petit peu les autres villes, qu'est-ce
que les autres juridictions font présentement. Est-ce que vous avez comme une
suggestion d'une place qui... comme, présentement, un système en place, si c'est
concernant les tarifs, mais les façons d'attirer des entreprises ou quand même
garder les entreprises, qui est modèle, peut-être on doit suivre comme une
société?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien,
le modèle qu'on devrait suivre, là, puis ça, je vais revenir à... Parce que c'est
sûr que... On l'a fait d'ailleurs, l'exercice, quand on a fait nos
représentations à la Régie de l'énergie pour la première fixation du fameux
taux multiplicateur. On avait même... J'avais même fait un sondage auprès de
mes membres, dans quelles juridictions concurrentes qu'on devrait comparer.
Puis on était allés extraire les villes qu'Hydro-Québec avait identifiées dans
les six juridictions américaines qui étaient plus compétitives que... qui
étaient des compétiteurs pour leur propre groupe corporatif. Parce que, souvent,
ils ont une usine... Au Texas, il y en avait dans l'État de New York. Bon, ça
fait que tu dis : Bon, Texas, New York... On avait pris ces endroits-là.
Mais, pour répondre à votre question sur
le modèle à suivre, là, je ne réinvente pas la roue, ça fait au-dessus d'un
siècle, puis je ne suis pas tout seul à le dire, la façon de fixer des tarifs
pour des services de monopole, c'est par la tarification basée sur les coûts.
Puis les coûts puis le rendement raisonnable, c'est l'équivalent du profit,
parce que c'est normal que quelqu'un qui investit... L'actionnaire d'Hydro-Québec,
c'est le gouvernement du Québec, c'est tout nous autres, comme Québécois. Ça
fait qu'on veut un rendement raisonnable sur l'investissement qu'on fait. Puis
la façon la plus transparente puis la plus correcte de facturer au client... Parce
que c'est un monopole, si tu laisses un monopole... sinon ça devient... Puis là,
ces temps-ci, j'ai l'impression d'entendre souvent... Moi, j'appelle ça la
tarification basée sur la méthode de presser le citron, tu sais, c'est... de
payer. On va le presser aussi longtemps qu'on peut le presser, on va lui en
sortir le plus, jusqu'à tant que, woups, il y ait un danger. Puis le problème,
c'est que le danger, tu ne le vois pas toujours avant qu'il soit trop tard.
Puis les usines... Puis ce n'est pas une
question de dramatiser, parce que ce n'est pas demain matin qu'ils ferment
nécessairement. Mais, quand l'usine est moins compétitive, elle attire moins d'investissement.
Puis, quand elle attire moins d'investissement, elle est moins moderne, puis là
c'est le principe des saucisses Hygrade à l'envers, tu sais, parce que là,
moins elle est <compétitive...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...c'est
le principe des saucisses Hygrade à l'envers, tu sais, parce que là, moins elle
est >compétitive, bien, moins il y a des commandes, puis moins tu
l'utilises, puis là, à un moment donné, tu finis par dire : Bien, ça,
c'est l'usine qu'on va finir par fermer.
Puis, en 2018, moi, ça fait depuis 2016
que je suis avec l'AQCIE, je suis un membre important, dans le domaine de la
chimie, il y avait trois usines, il y en avait deux au Québec, dans deux
régions différentes du Québec, puis il y en avait une aux États-Unis, dans un
État plus, en tout cas, au sud, là, au sud de la Pennsylvanie, là, c'était,
bon, un État du Sud. Et puis il y avait trois usines qui faisaient le même
produit, puis, à un moment donné, bien, ils ont été obligés de regarder puis...
la demande de leurs produits — puis il y a d'autres compétiteurs — ils
ont décidé de rationaliser, de moderniser leurs installations et ils en ont
gardé deux. Moi, j'aurais bien aimé ça, puis on a travaillé fort, puis on
aurait bien voulu que ce soit celle des États-Unis qui ferme, parce que, notre
monde, nos dirigeants d'usine, ici, c'est des gens qui sont... qui vivent dans
leur région puis qui vivent au Québec, puis on a tous le même intérêt à cœur.
Puis finalement, mais, malheureusement,
c'est une des deux du Québec qui a fermé, puis elle n'est plus là. Ça fait que
le tarif L, là, ça a contribué au fait qu'on a juste 1 %
d'augmentation de la demande industrielle. Ça fait que ce n'est pas ce n'est
pas tout... pas tout facile, là.
M. Kelley : Très, très
intéressant. Merci. Une autre question. Je sais que tu as parlé un petit peu
concernant les critères. Le premier ministre a dit, la semaine dernière, qu'on
va moduler ça dans le prochain projet de loi qui s'en vient l'automne prochain,
notamment, sur leurs efforts pour décarboner le Québec. Mais, pour certaines
industries comme l'acier ou l'aluminium, c'est comme il y a une formule puis
une recette pour faire ça, puis de réduire nécessairement les GES, c'est peut-être
difficile, parce que les technologies pour réduire ça n'est pas nécessairement
là encore.
Mais je veux juste vous entendre comme,
selon vous, quoi doit être le critère et/ou la définition d'un effort de
décarboner. C'est comme, c'est très vague pour moi de comprendre qu'est-ce que le
premier ministre veut dire. Alors, selon vous, qu'est-ce que vous pensez de ça?
M. Allard (Jocelyn B.) : Bien,
c'est effectivement... et ça revient un peu à mélanger les différents concepts,
hein? La meilleure façon de facturer l'électricité, là, comme je reviens, c'est
se baser sur les coûts que ça engendre, puis le monopole. Combien ça coûte pour
aller desservir tel client, tel commerce, telle usine à tel endroit? Ça leur
coûte quoi, en production d'électricité, en transport d'électricité puis en distribution
d'électricité? Alors ça, c'est la façon, puis, oui, ça prend de
l'investissement, ça prend des actifs, ça prend un rendement raisonnable,
parfait. Ça, c'est la méthode traditionnelle puis tu ne mélanges pas. Parce que,
quand tu commences à rentrer — il faut faire attention, puis je ne
dis pas que ce n'est pas possible de trouver des façons — mais quand
tu commences à rentrer les autres critères, les autres concepts, là, tu
mélanges les genres, là.
Et puis je voyais, justement, là, juste
avant de rentrer, je voyais des annonces de certains de mes membres qui ont
été... Le gouvernement a annoncé des investissements, des sommes importantes
pour les aider à décarboner dans leurs procédés industriels, dans différentes
choses, là, pour certains des grands joueurs au Québec. Alors, on prend... D'un
côté, on a des programmes, on dit : Voici ce qu'il est possible de faire.
Voici comment on va... Puis on les fait contribuer. Ils participent déjà dans
le SPEDE, tout le monde participe au SPEDE. Mais beaucoup de ces joueurs-là
sont déjà des grands émetteurs également, ça fait qu'ils sont déjà dans le SPEDE.
Ils paient déjà pour le carbone. Il faut faire attention, là, ce n'est pas
toutes les juridictions, puis on y croit, il faut aller vers là, puis l'aluminium
vert, puis l'acier vert. Malheureusement, quand tu arrives pour le vendre, puis
ça j'ai entendu également, le premier ministre dire ça, ça ne se vend pas
encore aussi cher puis aussi avec autant de valeur qu'on voudrait. On travaille
tous vers cet objectif-là, mais on n'est pas rendu là.
Ça fait que, quand on fait des produits,
là, puis je ne vous parlerai pas d'aluminium parce qu'on en entend souvent
parler, on va parler des autres aussi. J'ai du monde qui font du zinc, du
cuivre, toutes sortes d'affaires. Bien, ça a beau être moins carbone, mais tu
veux quand même être capable de survivre... Il faut que ce soit rentable de le
faire. Alors, il y a d'autres programmes. Il y avait les allocations gratuites
dans le cadre du SPEDE. Il y avait d'autres programmes, puis d'ailleurs, la
démonstration, le gouvernement, même aujourd'hui, annonce un programme pour
aider justement dans des industries ciblées qui ont besoin.
• (15 h 40) •
Les tarifs d'électricité, là — puis
on a dit ça dans... pour d'autres... dans d'autres contextes — ça ne
peut pas être... Ce n'est pas une façon de gérer, c'est supposé être de la
tarification, c'est pour le service qui est rendu. Puis tu veux juste le
réglementer, le contrôler, parce c'est un monopole, puis il pourrait te charger
le prix qu'il veut s'il n'était pas contrôlé. Alors, tu dis : Woup! Un instant,
il faut que ça soit raisonnable, parce que c'est un service utile à l'ensemble
de la société, l'électricité, gaz naturel, l'eau, hein? Aux États-Unis, souvent,
c'est même l'eau qui est soumise à ça, alors des choses essentielles. Après ça,
bien, évidemment, si tu veux faire du développement économique régional, si tu
veux faire des mesures environnementales, si tu veux faire d'autres buts
louables gouvernementaux, bien, tu as d'autres chapeaux au gouvernement, tu as
d'autres outils. Ça, ça fait partie... ce n'est pas à travers les tarifs
d'électricité que tu dois faire ça. Puis même répartir la richesse, c'est le
même débat. Les tarifs d'électricité, quand on parle d'interfinancement,
au-delà <de dire...
M. Allard (Jocelyn B.) :
...le
même débat. Les tarifs d'électricité, quand on parle d'interfinancement,
au-delà >de dire... Puis je sais que les chiffres font que, même si
on... même si les clients résidentiels payaient 100 % de ce qui coûte à
Hydro-Québec, qui couvrait leur part, là, les tarifs seraient encore plus bas
que ce qu'on voit dans d'autres juridictions. C'est vrai, ça fait que déjà...
Mais, au-delà de ça, c'est que si on dit :
Il y a des gens qui ont besoin, on a un système de fiscalité progressive, on a
un système... Il y a d'autres outils pour aider les plus démunis, puis ça, ça
fait partie... Puis ça, je pense qu'on rejoint beaucoup des discours, même,
qu'on a entendus d'Hydro-Québec au cours des années. Récemment, on a moins
entendu sur l'interfinancement, mais ça fait partie des choses qui étaient...
sont importantes, ça fait que chacun... On ne veut pas de «Free Right». Puis
quand...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant, s'il vous plaît. En terminant.
M. Allard (Jocelyn B.) : Oui.
Parfait. Oui, bien c'est ça, je pense que j'ai répondu à la question de M. le
député.
Le Président (M. Ciccone) : Je
pense que oui. Oui, oui. Bien, merci beaucoup. Merci beaucoup. Maintenant, je
cède la parole au député de Maurice-Richard pour une durée de 4 min 08 s.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup pour votre mémoire, vraiment très intéressant,
c'est une voix qui est, on pense, très importante dans le débat.
D'abord, ce que je comprends de vous,
comme une énorme partie des gens qui sont déjà venus, c'est que vous regrettez
le rôle que la régie pouvait jouer dans la définition des tarifs. Ma question
pour vous, c'est, je comprends que vous voulez que la limite, pour avoir un
raccordement, une augmentation d'électricité ou de puissance automatique, ne
passe pas à cinq, mais reste à 50 mégawatts, mais si elle passe à cinq, ça
serait quoi, pour vous, un mécanisme, un processus pour définir des critères
qui soient acceptables ou compréhensibles par l'industrie?
M. Allard (Jocelyn B.) : Vous
aviez... deux, trois questions ou deux, trois choses de commentaires dans votre
question, là. Bon, pour ce qui est des critères, comme je répondais à M. le
ministre tout à l'heure, il y a déjà une piste de... d'idée dans l'étude de
l'IDQ, effectivement. Pour y arriver, à les définir, etc., bien, c'est sûr que
ça prendrait un input, une consultation. Puis je comprenais qu'avec un... à un
moment donné, il va y avoir... Si ça devait être le projet de loi n° 2, il va finir par avoir, au moins, un règlement — il
ne faut pas que ça traîne trop — un règlement qui va venir définir...
où on pourra justement faire des commentaires. Ça devrait aussi s'instaurer, on
entend dire.... on nous a annoncé une refonte importante de tout l'encadrement
réglementaire de l'énergie électrique, à tout le moins, dans les prochains...
d'ici l'automne, là. Alors, ça, on espère fortement être consultés, participer,
puis on entend faire valoir différents points. On pourra regarder à ce
moment-là. Mais évidemment les... Encore une fois, il faut faire attention, là,
de bien cibler que les tarifs puis ce qui est chargé, ça, c'est en fonction
vraiment de ce que ça coûte à Hydro-Québec.
Maintenant, pour choisir, il y a déjà...
Actuellement, c'est 50 mégawatts et plus, ces critères-là pourraient
s'appliquer. Moi, ce qui me fascinait un petit peu, c'est, quand je regarde
même, encore une fois, dans le mémoire d'Hydro-Québec, on nous disait... tu
sais, on nous parlait qu'hier on avait commencé avec
23 000 mégawatts, là, qui étaient anticipés puis... Mais, là-dedans,
il y avait comme... pour 20 000, c'était au-dessus de 50 mégawatts. Ça
fait que, moi, je me dis, tu sais, tout ça, dans le fond, on discute, c'est-tu
parce qu'on vise le 3 000 mégawatts qu'on veut éviter? Il me semble
que ça fait... c'est gros par rapport... Parce que, tu sais, on dit
23 000, il y en a 20 000 qui sont déjà couverts par la loi actuelle,
ils n'ont même pas besoin de rien changer, c'est 50 mégawatts et plus.
Hydro-Québec nous dit : «Plus de 80 projets de 50 mégawatts pour
environ 20 000 mégawatts. Ça fait qu'on n'aurait même pas besoin de
rien changer, ils ont déjà le contrôle au-dessus de 50 mégawatts.
Est-ce qu'il y aurait avantage à avoir des
critères... mieux définis? Probablement. Puis, ça, je pense qu'on va faire,
comme je disais, on va faire la réflexion. Ici, on est venu... Évidemment, là,
ce qui nous préoccupait, c'était qu'il y a des gens... Au-delà de faire des
nouveaux projets, des nouvelles implantations, on est dans un contexte où on a
des gens qui opèrent, puis là on leur dit, d'un côté... Puis le gouvernement,
des fois, donne... veut essayer d'aider, donner de l'argent pour décarboner en
faisant certains projets, puis là il dit : Bien là, je vais avoir besoin
de plus d'électricité. Ah, bien, là, c'est cinq mégawatts, ça vient vite pour
des gros joueurs, le cinq mégawatts. Là, on va les empêcher, ça fait que la
main gauche n'a pas l'air à savoir ce que la droite va faire, là, ça devient
très aléatoire puis c'est ça qui est inquiétant. Ça fait que, ça, évidemment,
ça nous prend...
C'est pour ça qu'on a dit : Bien,
écoutez, pour ceux qui sont déjà en opération, regardez, là, laissez-leur...
n'ajoutez pas cette incertitude au-delà de ce qu'ils ont, gardez-les avec les
règles du 50 mégawatts, là, de toute façon, ce n'est pas à tous les jours
qu'ils en ont, on s'entend, puis... C'est ça. Puis, pour les nouveaux...
Le Président (M. Ciccone) : En
terminant.
M. Allard (Jocelyn B.) : ...puis
pour ceux qui ne sont pas industriels, ça, effectivement, mais il faudra
regarder les critères puis de façon plus longue.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
<beaucoup...
M. Allard (Jocelyn B.)T :
...de
façon plus longue.
Le Président (M. Ciccone) :
Merci
>beaucoup, maître. Alors, je vous remercie beaucoup pour votre
contribution aux travaux de cette commission.
On va maintenant suspendre pour donner le
temps au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 46)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Ciccone) : Mesdames
et messieurs, nous allons reprendre les travaux. Je souhaite maintenant la
bienvenue aux représentants de l'Association des redistributeurs d'électricité
du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour <votre
exposé...
Le Président (M. Ciccone) :
...je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour >votre exposé,
puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé. À vous la
parole.
Mme Beaudin (Évelyne) : Bonjour
à tous et à toutes. M. le Président, M. le ministre, chers membres de la commission.
Merci de nous recevoir aujourd'hui dans le cadre des auditions sur le projet de
loi n° 2. Je m'appelle Évelyne Beaudin, je suis mairesse de Sherbrooke et
présidente de l'AREQ, donc, comme vous l'avez dit, l'Association des
redistributeurs d'électricité du Québec. Je suis accompagnée de M. Christian Laprise,
premier vice-président de l'AREQ et directeur d'Hydro-Sherbrooke; de Martin
Vachon, deuxième vice-président de l'AREQ et directeur d'Hydro-Jonquière; et de
Damien Tholomier, directeur général de la Coopérative régionale d'électricité.
Je vais laisser M. Laprise faire
l'essentiel de la présentation, mais je tenais à vous adresser quelques mots
sur l'importance des réseaux municipaux dans l'atteinte des objectifs du
gouvernement en matière de transition énergétique. L'AREQ, c'est 10 membres,
41 municipalités, 166 000 clients, donc, parmi ses clients, des
familles, des entreprises, des commerces, et c'est aussi 315 emplois
directs dans les régions du Québec. L'AREQ, et je tiens à le souligner, c'est
aussi la seule autre expertise publique en distribution électrique au Québec, à
part, évidemment, Hydro-Québec.
Je suis persuadée que. plus il y a de
joueurs sur le marché de la distribution d'électricité, plus on se donne des
moyens d'innover et plus on a de chances de voir émerger de bonnes idées et des
solutions locales qui visent l'efficience et la sobriété électrique. Les 10 membres
de l'AREQ sont 10 pépinières d'idées pour atteindre les objectifs
québécois en matière de lutte aux changements climatiques. Bref, il est
impératif que la vitalité des réseaux municipaux soit maintenue, et ce, pour le
bien de l'ensemble du Québec. Merci de votre écoute. Et je cède maintenant la
parole à M. Laprise.
M. Laprise (Christian) : Merci,
Mme la mairesse. Bonjour à tous, M. le Président, M. le ministre, députés et
membres de la commission. Dans un premier temps, je tiens à mentionner, lorsque
je parlerai des réseaux municipaux, que cela comprend la Coopérative régionale
d'électricité Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville.
Comme Mme Beaudin l'a mentionné, il existe
10 réseaux municipaux qui desservent 166 000 clients, des
foyers, des entreprises dans 41 municipalités. Les réseaux municipaux
existent depuis l'ère du début de l'électrification avec plus de 100 ans
d'histoire en développement local et communautaire. Les achats des réseaux
municipaux, les achats d'électricité sont fixés à la Régie de l'énergie au
tarif LG. Les ventes sont contraintes par nos lois constitutives qui sont
différentes pour les réseaux municipaux et coops, mais, enfin, qui ne peuvent
pas être plus dispendieuses que les tarifs adoptés à la Régie de l'énergie.
Ainsi, les tarifs des consommateurs dans les réseaux municipaux suivent ceux
adoptés à la Régie de l'énergie comme ceux d'Hydro-Québec.
En 2021, les achats se situaient à
303 millions pour cinq térawattheures. Il est important de mentionner que
les réseaux municipaux ne consomment pas d'électricité. En fait, les achats
sont faits dans un seul but de les revendre. La fonction des réseaux
municipaux, c'est plus que juste le distributeur, parce qu'il y a aussi la
fonction de transporteur qui possède les postes de transformation. Alors, on
transforme, on distribue, on mesure, on facture, on administre, on gère
l'entretien, on gère le recouvrement. En fait, on fait l'ensemble de ces
fonctions pour transformer et distribuer. Dans certains cas, les réseaux
municipaux sont aussi des producteurs d'électricité. Au Québec, comme
mentionné, c'est la seule expertise autre qu'Hydro-Québec en distribution, avec
315 emplois directs, des employés qui participent régulièrement à des
efforts de rétablissement ou de reconstruction lors de pannes importantes sur
le réseau d'Hydro-Québec.
Il est très important de mettre en
contexte que la transition énergétique et le contexte particulièrement
inflationniste du domaine de l'électricité, particulièrement pour les achats
d'équipements dans ces périodes-ci, exigent davantage de capacités en
investissement. En investissement, on parle de capital, mais on parle aussi
d'investissement en coût d'opération. Puis il y a quatre grands volets qui sont
importants de mentionner en investissement qui sont nécessaires, il y a : maintenir
la pérennité des infrastructures, des postes et des réseaux pour maintenir la
fiabilité et la qualité du service, supporter la nouvelle demande due à la
transition énergétique. On comprend que c'est des véhicules électriques, la
conversion de chauffage, mais aussi la conversion de certains procédés
industriels, les nouvelles technologies, telles que les compteurs, <les
logiciels...
M. Laprise (Christian) :
...certains
procédés industriels, les nouvelles technologies, telles que les compteurs, >les
logiciels, et plein d'autres, puis finalement l'adaptation aux changements
climatiques. On serait portés ici à penser, dans un premier temps, de
reconstruire le réseau suite à un verglas ou une tempête, mais c'est plus que
ça, c'est de rendre le réseau plus robuste, d'appliquer des nouvelles normes,
d'augmenter possiblement les efforts d'élagage et même, dans certains cas, d'augmenter
la capacité de retenue de certains barrages.
Le projet de loi n° 2 crée une
augmentation non uniforme des tarifs pour les réseaux municipaux. Les achats
augmentent à 6,5 %, alors que les ventes augmentent à 3 % pour le
domestique et 6,5 pour les tarifs généraux. Puis il faut savoir que les ventes
au tarif domestique des réseaux municipaux peuvent représenter jusqu'à
70 % de la proportion. Il est donc facile de comprendre et de constater
que l'augmentation des tarifs, telle que proposée par le projet de loi n° 2,
diminue la capacité d'investir dans le contexte que les coûts, les coûts
d'achat d'électricité, augmentent plus fortement que les revenus. Cet impact
pour les réseaux municipaux est estimé à 7 millions de dollars de
façon récurrente, donc, d'année en année, mais surtout de façon cumulative avec
les augmentations à venir, par exemple, l'année prochaine.
Alors, ce manque à gagner met en péril la
capacité d'augmenter les investissements et d'investir dans les défis nommés
précédemment, en gros, les changements climatiques, la transition énergétique,
la pérennité des infrastructures et les technologies. C'est pourquoi, afin de
maintenir la capacité d'investir dans ce contexte de hausse non uniforme, nos
recommandations sont à l'effet d'amender le projet de loi n° 2 afin de
compenser l'écart des ventes des réseaux municipaux créés par le plafonnement
et de mettre en place un remboursement financier par un mécanisme simple,
fiable et récurrent, basé sur les ventes, dont les tarifs sont plafonnés.
En conclusion, les réseaux municipaux sont
impliqués localement et contribuent au développement durable de leur région.
Ils peuvent même générer des nouvelles solutions. Les réseaux municipaux sont
affectés par les augmentations non uniformes des tarifs. Dans le contexte, le projet
de loi n° 2 démontre l'anomalie du tarif des réseaux municipaux. Il est
donc opportun de nommer, aujourd'hui, qu'il faut moderniser le modèle tarifaire
des réseaux municipaux afin de leur permettre d'investir et d'être des partenaires
performants dans la transition énergétique. C'est pour cette raison que, dans
le cadre du dossier tarifaire 2025, une révision de la structure du tarif
des réseaux municipaux s'impose.
Ceci complète notre présentation. Nous
vous remercions de votre attention.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange, en débutant avec M. le ministre.
M. Fitzgibbon : Parfait.
Bien, merci beaucoup pour votre présentation. La question... Le deuxième volet
de votre revendication, là... La première, je pense qu'on va voir un amendement
au p.l. n° 2, là, je ne veux pas faire un outrage au
tribunal, mais on va régler ça. Mais le deuxième, c'est : Comment
voyez-vous un mécanisme optimal de tarification pour le futur, pour vous donner
plus de moyens, je pourrais dire? Comment voyez-vous un ajustement de
tarification futur?
M. Laprise (Christian) : Pour
être sûr de bien comprendre, vous voulez dire en deuxième partie, en 2025?
• (16 heures) •
M. Fitzgibbon : Oui,
comprendre... Parce qu'il y a une tarification présentement. Là, vous voulez
revoir cette tarification-là. Quels sont, selon vous, les mécanismes qu'on
devrait utiliser pour avoir une meilleure tarification ou la plus optimale
possible?
M. Laprise (Christian) : Bien,
on pense qu'il faudrait faire une table à ce sujet-là. Mais on va vous donner
quelques exemples, entre autres, les achats domestiques et les achats généraux,
si les bases sont différentes, il pourrait y avoir un mécanisme permanent
d'achat qui varie selon la proportion de domestiques versus généraux. Ça
viendrait faire un équilibrage naturel et très sensé pour les... autant pour le
vendeur, qui est Hydro-Québec, que pour l'acheteur, qui sont les réseaux
municipaux. Ça, c'est un mécanisme.
Un autre mécanisme, ça pourrait être une
gestion annuelle de la pointe au lieu d'une gestion mensuelle. Pourquoi? C'est
qu'on doit délester. Ça, c'est un sujet qui n'est pas traité dans le mémoire
ici, mais qui serait très aidant dans la transition énergétique. C'est qu'on a
des capacités de délestage, on veut travailler pour davantage aider le système
québécois, le système provincial. Alors, on pourrait réserver nos capacités de
délestage au lieu de les utiliser...
16 h (version révisée)
M. Laprise (Christian) : ...en
novembre, décembre est utilisée à la pointe annuelle. Mais, pour ça, ça
prendrait un mécanisme qui est d'une facturation totalement différente ou avec
des mécanismes différents. Puis on a des idées plus... plus précises sur le
sujet, où on pourrait, effectivement, travailler des meilleurs mécanismes pour
être dans une synergie québécoise.
M. Fitzgibbon : Merci... mes
collègues.
Le Président (M. Ciccone) : Y
a-t-il des interventions? Oui, Mme la députée d'Iberville, à vous la parole.
Mme Bogemans : ...qu'il en a
sur la table. Mais quels sont vos projets autres à venir?
M. Tholomier (Damien) : Bien,
je peux peut-être prendre la question... Bien, au niveau de la... de la
coopérative... mais je pense que c'est quelque chose qui peut être aussi
applicable à d'autres réseaux... effectivement, on essaie de développer des
projets d'énergie renouvelable pour, à la fois, effectivement, participer dans la...
dans notre contribution, effectivement, d'atteindre l'objectif de
carboneutralité en 2050. Donc, effectivement, les deux projets que nous ... de développer
à la coopérative, c'est un projet éolien et puis, également, un projet de
biométhanisation, et ça va nous permettre également de... nous permettre d'investir
aussi, supporter nos activités futures au niveau... en tant que distributeur d'électricité
dans la région de Montérégie-Est.
Le Président (M. Ciccone) : Y
a-t-il d'autres...
M. Laprise (Christian) : On
pourrait aussi... Oui, on pourrait aussi enrichir... pour ceux qui ont des
centrales, bien, c'est de les... de les renouveler, de les... de les remettre à
neuf afin de... puisque c'est... c'est de l'énergie... Vous savez, l'énergie au
fil de l'eau... souvent, les centrales au fil de l'eau sont celles qui... qui
génèrent le moins de GES dans le cycle de vie, alors c'est... c'est des...
vraiment des... des trucs de production à... à maintenir. Alors, on est en
projet d'amélioration de ces... ces centrales-là aussi.
Le Président (M. Ciccone) : Oui,
M. le député de Jonquière.
M. Gagnon : Oui, simplement
une petite question qui pique ma curiosité : Au niveau des municipalités,
des villes qui sont... qui produisent de l'électricité, le pourcentage en
autonomie qu'on est capables de produire sur une année?
M. Laprise (Christian) : Je
vais juste vérifier si on a le chiffre pour l'ensemble.
M. Vachon (Martin) : C'est...
c'est 3 % pour Jonquière, 3,5 % à 4 %, ça dépend de l'hydraulicité,
autour de 3 %, 3,5 % à 4 % pour Jonquière, sur l'ensemble de nos
besoins.
M. Gagnon : Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci.
Y a-t-il d'autres interventions du côté de la partie gouvernementale? Non, c'est
beau? M. le ministre, c'est beau? Parfait. Je cède maintenant la parole au
député de Jacques-Cartier pour une durée de 12 min 23 s.
M. Kelley : Merci beaucoup
pour votre présentation. Je... je vais poser une question plus large, mais
est-ce que les municipalités sont prêtes pour ajouter 50 % de capacité à
Hydro-Québec? Parce que c'est sûr que c'est une grosse opportunité, mais ça dit
qu'on va ajouter plusieurs projets partout au Québec, alors je veux juste voir
comment vous, vous voyez ça, l'avenir du secteur énergétique au Québec.
M. Laprise (Christian) : Bien,
ce qu'il faut, entre autres, comprendre aussi du projet d'augmenter de
50 %, c'est qu'il va falloir augmenter la distribution de 50 %. Donc,
on est des partenaires... on se voit comme des partenaires indéfectibles, parce
qu'on va devoir livrer pour ces... ces demandes en... pour les véhicules
électriques, la... la transformation du chauffage. On est déjà... on a déjà
fait la même entente avec Hydro-Québec et Énergir pour les projets de
biénergie. Alors, on s'oriente pour livrer les mêmes défis, qui sont d'augmenter
les capacités de distribution aussi.
M. Kelley : Parfait, merci
beaucoup...
M. Vachon (Martin) : Excusez.
On pourrait ajouter aussi que... Christian, que... excusez-nous... qu'on l'a
déjà fait par le passé, à plusieurs reprises. Hydro-Jonquière, on est en
affaires depuis plus de 100 ans. On l'a fait dans les années 50, dans les
années 70, lorsque le chauffage électrique s'est installé. On est encore
prêts, on a toutes les équipes puis on a toute l'expertise pour... pour
participer à la prochaine augmentation de la charge sur nos réseaux. C'est... Je
pense qu'on... on est prêts à le faire. Seulement avec une tarification
adéquate, on serait capables de participer, cependant.
M. Kelley : Et je ne veux pas...
mélanger... mais Chicoutimi, Lac-Saint-Jean, dans ce coin-là, les projets de
Val-Jalbert, puis aussi, la Cinquième Chute, j'imagine, des petits projets de
minicentrales sont toujours des projets très intéressants dans certains coins
du Québec?
M. Laprise (Christian) : ...les...
il n'y a pas nécessairement de capacité supplémentaire sur les rivières. Elles ont
déjà été exploitées bien... au début de l'ère de l'électrification, mais... Par
exemple, ici aussi, à Sherbrooke, on a été un des premiers à avoir le plus gros
parc solaire, en partenariat avec l'Université de Sherbrooke aussi, pour faire
un... un projet de <recherche...
M. Laprise (Christian) :
...Par
exemple, ici aussi, à Sherbrooke, on a été un des premiers à avoir le plus gros
parc solaire, en partenariat avec
l'Université de Sherbrooke aussi, pour
faire un... un projet de >recherche pas juste en production renouvelable,
mais en gestion d'énergie. Puis on a été, avec... avec le gouvernement et
Hydro-Québec, précurseurs dans les projets pilotes de gestion de domotique, qui
ont généré, finalement, les projets de tarifs Flex et aussi de Hilo, qu'on
connaît aujourd'hui. Ça fait qu'on... il y a... il y a l'ensemble de l'oeuvre qu'on...
dans lequel on est actifs pour participer.
M. Tholomier (Damien) : Et peut-être
aussi un point, là, au niveau de la... la coopérative, puis réamplifier un
petit peu ce que j'ai mentionné précédemment, dans la circonscription,
effectivement, d'Iberville, on essaie de développer un... un projet éolien de
90 mégawatts. Eh bien, ça permettra aussi de participer, effectivement,
dans le... les futurs appels d'offres d'Hydro-Québec et répondre aux besoins
d'Hydro-Québec dans les années futures.
M. Kelley : Parfait. Puis une
autre question, sur un autre sujet, mais c'est l'équité des tarifs. On a
entendu le Pr Blain, aujourd'hui, parler que juste donner un tarif de 3 %
pour tout le monde, c'est la meilleure façon d'avancer pour le Québec, si on va
fixer un tarif, dans ce projet de loi, de 3 %. Est-ce que vous êtes
d'accord d'avoir quelque chose qui est consistant pour tout le monde, tous les
joueurs, tous les gens qui achètent de l'hydroélectricité d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Ciccone) : Votre
micro, s'il vous plaît, M. Laprise.
Mme Beaudin (Évelyne) : Bien,
en fait, si je peux me permettre, le... la raison pour laquelle on est en
commission parlementaire aujourd'hui, c'est parce que, justement, on considère
que... que notre réalité est vraiment différente des autres. Donc, on a un même
tarif qui affecte plusieurs... plusieurs personnes, mais nous — c'est
ce que M. Laprise expliquait dans sa présentation — on n'est pas
vraiment un consommateur, à proprement dit, de... d'électricité. On achète pour
revendre ou... On a parlé aussi de transformation. Alors, on... Puis ça revient
aussi, peut-être, à la question de M. le ministre un peu plus tôt, il faudrait
peut-être voir à ce qu'on... puisque notre réalité est différente, à ce qu'on
puisse être traités différemment. Est-ce qu'on... est-ce qu'on voudrait penser
à un tarif spécifique pour nous ou est-ce qu'on veut trouver une autre solution
qui permet de tenir compte de notre unicité un peu? Donc, c'est... c'est la
raison pour laquelle on est en commission parlementaire aujourd'hui.
M. Kelley : Parfait. C'est...
c'est tout pour moi, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, M. le député de Jacques-Cartier. Et maintenant, je cède la parole au
député de Maurice-Richard, pour 4 min 8 s. Cependant, on peut rajouter un
quatre minutes que le député de Jacques-Cartier n'a pas pris, alors vous avez huit
minutes, si vous voulez.
M. Bouazzi : Excellent. Je ne
suis pas sûr de le prendre, là, mais on va voir. Merci beaucoup. Donc, juste
pour être sûr de comprendre, en fait, je pense, le cœur de votre mémoire, ce
que vous dites, c'est que le fait que le tarif LG ne soit pas plafonné à
3 %, la différence fait 7 millions, et donc, d'une manière ou d'une
autre, il faudrait corriger cette situation-là, vu que vous n'êtes pas un
consommateur, mais juste un groupe qui... qui transporte de... de l'énergie. Je
comprends aussi que si... que ce soit vous ayez un tarif particulier... Juste
pour être sûr, au début, vous disiez que vous... il n'y avait pas que des...
des citoyens, mais aussi des industries que vous livrez. Donc, il n'y a pas
juste le tarif D, il y a d'autres tarifs, aussi, sur lesquels vous alignez dans...
dans l'avant.
• (16 h 10) •
M. Laprise (Christian) : Exact.
M. Bouazzi : Donc, une
manière très, très simple... et puis corrigez-moi si ce n'est... si ce n'est
pas bon, mais une manière très, très simple serait... si on revient, justement,
à ce qu'on a entendu plus tôt aujourd'hui serait d'avoir la même augmentation
pour tout le monde, et vous, du coup, tout s'annulerait et le 7 millions
de... de manque à gagner disparaît.
M. Laprise (Christian) : Exact,
ou une compensation pour... pour soutenir la capacité d'investissement.
M. Bouazzi : Je comprends. La
compensation ne serait pas toute simple, mais elle marcherait, effectivement,
vu qu'elle évoluerait en fonction des... des clients que... que vous avez.
Question, par curiosité, vous avez parlé d'un certain nombre de projets de
production d'énergie, donc il y a eu... et des questions d'éoliennes et des
questions de... de solaire. Dans votre réalité, est-ce que... est-ce que,
d'abord, c'est des projets que vous avez commencés il y a... il y a longtemps?
Et... et ma deuxième question serait : Quelles... quelles sont les
évolutions que vous voyez, que ce soit dans les coûts que ça vous demande entre
les premiers projets d'énergies renouvelables, éolienne et <solaire...
M. Bouazzi :
...que
ce soit dans les coûts que ça vous demande entre les premiers projets
d'énergies renouvelables, éolienne et >solaire, et puis ceux que vous...
vous avez faits plus récemment, ou... Si, évidemment, ils sont tous récents, la
question deux ne marche plus.
M. Tholomier (Damien) : ...vais
répondre pour le solaire...
M. Laprise (Christian) : Oui.
Peut-être pour l'éolien, oui.
M. Tholomier (Damien) : O.K.
Alors, concernant le... les projets... le projet éolien, hein, juste pour vous
donner un ordre d'idée, en fait, on a démarré ce développement de ce projet-là
en mai 2021, donc ça fait déjà plus 18 mois qu'on... qu'on développe
le projet, et donc c'est vraiment une... juste... Quand on parle de développer
des projets éoliens, ça prend minimum entre six et sept ans, donc, entre les...
je dirais, les premières rencontres avec les... les citoyens, les
municipalités, les MRC, et puis, après, effectivement, faire des campagnes
énergétiques, des mesures devant et, ensuite, bien, je dirais, toutes les
études environnementales, etc. Donc, ça prend du temps.
Aujourd'hui, au niveau de notre Projet
éolien Monnoir, on est aujourd'hui, je dirais, prêts à... dans les starting-blocks,
à répondre aux futurs appels d'offres d'Hydro-Québec, et puis, après, bien, ce
sera conditionné sur le fait si on est sélectionnés, et puis... et puis, après,
d'avoir un contrat d'approvisionnement. Donc, c'est toute une... une étape, et...
et voilà, on suit le... le processus normal.
Maintenant, par rapport à votre question
sur les évolutions des prix et des coûts, bien, c'est sûr qu'effectivement les
deux dernières années, on a vu une évolution importante sur... bien, sur les...
les coûts des matériaux, les turbines, etc. Donc, ça, c'est une vraie réalité,
et, souvent, les coûts ont... ont augmenté plus que l'inflation de 6,5 %.
M. Bouazzi : Et pour le
solaire? Et, pour le solaire, je pensais que votre... Je ne vois pas le nom...
M. Laprise (Christian) : On
n'a... on n'a pas de nouveaux prix pour le solaire, en termes de croissance
ici, mais plutôt sur des réfections de turbines hydrauliques ou de barrages.
Puis la croissance des coûts est... elle est... elle est énorme, c'est de l'ordre
de 40 %, donc ce n'est pas... Puis dans... dans l'achat des équipements
électriques, elle est... elle est très, très importante.
M. Bouazzi : Et c'est
vraiment... C'est dû à quoi? Je... je serais curieux de... de voir une
augmentation. Je veux dire, si c'est des... C'est les chaînes
d'approvisionnement? C'est le fait qu'il y a une grosse concurrence
internationale pour en acheter? Il n'y en a pas assez? C'est quoi qui fait que
les prix augmentent autant de plus que l'inflation?
M. Laprise (Christian) : Il y
a comme eu une... il y a... Je n'ai pas de... Je vais vous dire quelques
éléments, là. Il y a... Présentement, partout sur la planète, en même temps, on
veut électrifier pour davantage décarboner, donc on veut faire de l'énergie
renouvelable. Alors, le cuivre, l'an passé, en trois mois, il a plus que
doublé. Le métal a grandement augmenté aussi. Même les PVC, les isolants, ils
ont augmenté. Même le papier isolant a augmenté, parce qu'il y a moins de
papetières, moins d'offres sur le marché, alors que la demande explose. En plus,
il y a l'Ukraine qui est un phénomène important, là, de destruction, qui va...
qui va devoir aussi s'alimenter. Alors, l'an passé, pour des transformateurs
aériens, par exemple, on est passé de 16 semaines à 50 semaines de
livraison, puis on pense que ça va augmenter encore à cause de ces
phénomènes-là.
Il y a aussi un manque d'expertise. On a
été plusieurs années, au Québec et, possiblement, en Amérique du Nord, où, vous
savez, il n'y avait pas... peu de projets qui se faisaient, d'augmentation de
capacité, c'était stagnant, puis je crois que ça a été mentionné aujourd'hui
par... par quelqu'un. Puis là, soudainement, on veut augmenter de beaucoup les
capacités. Alors, les coûts... les coûts explosent, il y a moins de firmes, il
y a moins de... Alors, peut-être que les profits de certains augmentent aussi,
mais ce n'est pas ceux des distributeurs, comme nous, où on va chercher des
marges énormes. Les marges sont très, très minces comparativement à ce que,
peut-être, des contracteurs peuvent faire.
M. Tholomier (Damien) : Puis
peut-être aussi un point à rajouter, quand vous parliez, effectivement... C'est
vrai qu'aujourd'hui, sur le marché éolien par exemple, il y a de la compétition,
évidemment, au niveau des... des développements de projets. Et, juste l'exemple...
évidemment, le plus gros marché en Amérique du Nord, c'est les États-Unis. Il y
a beaucoup de demandes, donc les turbiniers sont beaucoup sollicités. Et puis
le marché québécois, bien, on parle, effectivement, d'un futur appel d'offres
de 4 000 mégawatts. Donc, il y a aussi la... je dirais, les
turbiniers, aujourd'hui, les fournisseurs ont aussi le choix, un peu, des
marchés qu'ils veulent desservir.
M. Bouazzi : Ça fait que
j'ai... Donc... donc, j'entends que le... le temps d'approvisionnement pour les...
pour les turbines, dans... dans le cas présent, a explosé. Je vous ai entendu
aussi parler de projets éoliens, qui, entre le moment où... où ça commence et
le moment où ça génère de... de l'électricité, si j'ai bien <compris...
M. Bouazzi :
...projets
éoliens, qui, entre le moment où... où ça commence et le moment où ça génère de...
de l'électricité, si j'ai bien >compris vos propos, ça prenait six, sept
ans. Si on se dit qu'on doit se donner de la marge très rapidement, en fait, de
ce qu'on... de ce qu'on lit dans les journaux, dans les prochaines années,
j'imagine qu'une des voies les plus rapides pour y arriver ça va être plus d'en
consommer mieux et moins, à court terme, pour pouvoir se donner le temps de...
de construire toutes ces nouvelles sources d'énergie, là.
M. Tholomier (Damien) : C'est
vrai, mais j'aurais... Aussi, peut-être rajouter un point. Souvent, tous les
réseaux municipaux, aujourd'hui, ont fait beaucoup d'efforts par rapport,
justement, à la gestion de la pointe, comme l'a mentionné M. Laprise. Donc, si
vous voulez, ce genre d'efforts, lorsqu'on parle, effectivement, d'efficacité
énergétique ou de... de réduction de la consommation énergétique, ce sont aussi
des programmes ou des... des solutions que les réseaux municipaux engagent pour,
effectivement, faire en sorte que les appels de pointe ne soient pas dans...
dans les heures de... ou les demandes de consommation ne soient pas dans les
heures de pointe. Donc, ça peut être tout ce genre de choses. La... la
réduction, la consommation d'énergie, c'est quelque chose que nous regardons
dans chacun de nos réseaux. Puis, évidemment, on travaille aussi beaucoup en
collaboration avec Hydro-Québec pour voir aussi les bonnes pratiques à déployer
au sein de nos réseaux.
Le Président (M. Ciccone) : Merci
beaucoup, merci beaucoup. C'est tout le temps que nous avons. Mme Beaudin, M.
Laprise, M. Vachon, M. Tholomier, merci beaucoup de votre contribution aux
travaux de la commission.
Avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des personnes et organismes qui n'ont pas été
entendus lors des auditions publiques. Et vous, chers collègues, je vous
remercie pour votre discipline exemplaire et votre contribution.
La commission, ayant accompli son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 18)