(Dix
heures trente minutes)
Le
Président (M. Lemay) :
Parfait. Donc, à l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je demande à toutes les personnes présentes dans la salle de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Aujourd'hui, nous sommes réunis afin de poursuivre les auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur
le projet de loi n° 48, la Loi
visant principalement à contrôler le coût de la taxe foncière agricole et à
simplifier l'accès au crédit de taxes foncières agricoles.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Martel
(Nicolet-Bécancour) remplace M. Girard (Lac-Saint-Jean); M. Lemieux
(Saint-Jean) remplace Mme Grondin
(Argenteuil); et M. Kelley (Jacques-Cartier) remplace M. Polo
(Laval-des-Rapides).
Auditions (suite)
Le Président (M.
Lemay) : Merci. Cet avant-midi, nous entendrons L'Union des
producteurs agricoles et Les Producteurs de lait du Québec.
Alors, maintenant, je souhaite la bienvenue aux représentants de L'Union des producteurs
agricoles. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission.
Je vous invite donc à vous présenter, ainsi que les personnes qui vous
accompagnent, puis vous pourrez procéder à votre exposé. La parole est à
vous.
L'Union des producteurs
agricoles (UPA)
M. Groleau (Marcel) : Merci. Merci, M. le Président de la commission. M. le
ministre, MM. et Mmes les députés.
Mon nom est Marcel Groleau, président général de L'Union des producteurs
agricoles, je suis accompagné de David Tougas et de Charles-Félix Ross.
Alors, nous sommes en attente d'une réforme en
profondeur de la fiscalité foncière agricole depuis 2005. Les producteurs
ont manifesté à quelques reprises pour
obtenir des modifications au programme ou s'opposer aux modifications
proposées. Le dernier épisode remonte
à 2017, tous s'en souviennent, j'en suis sûr. On a demandé à maintes reprises
aux gouvernements successifs la mise
en place d'une table de travail regroupant le MAPAQ, le ministère des Affaires
municipales, les unions municipales et l'UPA pour trouver des solutions à
l'impasse actuelle, que l'on voyait déjà venir en 2005.
Les
terres agricoles ne sont pas qu'un bien foncier, qu'un bien immobilier, tel que
considéré par le régime fiscal québécois. Sans égard à leur rendement, sans égard aux pressions autres qu'agricoles
pour se les accaparer, sans égard au
moratoire qui limite les superficies en culture dans la vallée du
Saint-Laurent, sans égard au fait que les terres agricoles perdues pour les autres usages sont non
remplaçables et sans égard au fait que les fermes sont non délocalisables, on
évalue bêtement les terres agricoles
comme si elles n'étaient que des résidences. Le marché des terres agricoles est
très différent du marché résidentiel, et on ne peut plus utiliser les
mêmes paramètres pour déterminer leur valeur fiscale. Le projet de loi n° 48 reconnaît enfin cette différence
et le besoin d'une correction en introduisant un plafond sur la valeur
imposable des terres. Le succès de cette réforme repose essentiellement
sur cet élément.
Le Québec est le seul endroit où l'on rembourse
aux municipalités un crédit sur la valeur des taxes foncières agricoles plutôt que d'utiliser un régime fiscal spécifique.
Ailleurs, soit on applique des taux distincts sur les terres, soit on évalue
les terres en fonction de leur valeur agronomique... soit en ne taxant tout
simplement pas les terres agricoles.
La
méthode québécoise induit une iniquité en favorisant indûment les municipalités
où la valeur des terres est élevée. À
preuve, ces municipalités rurales ont des taux de taxation parmi les plus bas
au Québec. Le mode d'évaluation des
terres pour fins fiscales est en grande partie responsable du problème, la
Fédération québécoise des municipalités et son président, Jacques Demers, avec qui j'ai eu plusieurs discussions à
ce sujet, en conviennent. L'évaluation de la terre pour fins fiscales est basée uniquement sur les
transactions à la marge faites entre individus non apparentés. Un nombre
élevé, voire la majorité des transactions
des terres agricoles échappe aux évaluateurs. Toutes ces terres transférées aux
générations suivantes via cession
d'actions ou parts de société ainsi que toutes les acquisitions de compagnies
possédant des terres agricoles
passent inaperçues aux yeux des évaluateurs. Dû à la rareté des terres sur le marché
ouvert, parce que les terres sont une
valeur refuge, dû à la spéculation que cela entraîne, les seules transactions
captées sont complètement dissociées des valeurs agroéconomiques des terres. C'est la manne pour les municipalités où
s'exerce cette pression, un bonus. Une terre à 40 000 $
l'hectare ne requiert pas plus de services qu'une terre à 2 000 $
l'hectare, mais, en remboursement de taxes, ça paie.
Toutes les
municipalités du Québec bénéficient du pacte fiscal, mais toutes ne profitent
pas équitablement des 179 millions
versés par le programme, même si l'entretien des routes et autres services
coûtent autant en Abitibi qu'en Montérégie. Dans sa forme actuelle, le programme
est inéquitable envers les municipalités rurales du Québec. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les taux de
taxation des municipalités rurales des régions périphériques avec les taux
des municipalités rurales de Montérégie.
Le projet de loi actuel prévoit un plafond d'imposition à 32 000 $ l'hectare pour
l'année 2021, réajusté aux trois ans selon le 90e percentile, et de l'indexer en fonction de la croissance moyenne de la valeur des terres. L'économie de taxes,
selon ces principes, ne sera que de
5 millions en 2021 et récurrents les années suivantes. Nous en faisons la
démonstration dans notre mémoire.
Rappelons que la valeur totale des taxes agricoles pour 2020 est projetée à 258 millions. Il faut donc faire plus.
L'UPA propose de fixer le plafond à
24 000 $ l'hectare. L'impact sera de l'ordre de 10 millions plutôt que 5 millions, et cela reste minime en regard de la
valeur totale des taxes projetées pour 2020. Nous proposons que l'impact pour les municipalités cependant touchées soit compensé non pas par un programme
transitoire mais par un programme permanent alimenté à même les
économies réalisées sur le Programme de crédit de taxes foncières agricoles.
L'effet recherché de maintenir la valeur des
terres pour fins fiscales à des niveaux viables pour les agriculteurs dans les
régions sous forte pression
spéculative sera atteint, et on protège les autres régions qui pourraient un
jour vivre la même situation, ce qui est sans doute l'objectif
recherché du gouvernement.
Nous proposons d'indexer par la suite le plafond en fonction de l'indice des prix à la
consommation, ce qui correspond
davantage à l'augmentation courante des dépenses des municipalités. Selon ce principe, le plafond serait de 30 000 $ en 2030,
alors que, selon les principes du projet de loi, basé sur l'augmentation moyenne du prix des terres des dernières
années à 8 %, le plafond
atteindrait, en 2030, 64 000 $. À ce niveau, il sera tout à fait inefficace. En agissant de la sorte, on corrigerait en partie
les imperfections du mode d'évaluation des terres pour fins fiscales qui a
entraîné la situation actuelle.
L'autre changement proposé concerne le taux
distinct. Nous sommes d'accord que ce taux demeure optionnel aux municipalités mais qu'au-delà
d'un certain transfert du fardeau fiscal vers le secteur agricole il doive
s'appliquer. Cela éviterait les affrontements
entre citoyens et agriculteurs, qui, faut-il le rappeler, sont inférieurs en
nombre. Seul un petit nombre de municipalités utilisent le taux
distinct.
En terminant, le projet de loi prévoit la création
d'une table de travail qui réunit le MAPAQ, le ministère des Affaires municipales, les unions municipales et l'UPA.
Cette table suivra l'impact des changements apportés par le projet de loi n° 48. Le régime de taxation des valeurs foncières agricoles doit
être adapté aux capacités du secteur agricole et non pas uniquement aux besoins
des municipalités si on veut garder et encourager les jeunes à investir en
agriculture.
Je terminerais sur cette phrase qu'utilisait
occasionnellement mon père dans la vie, quand nous avions des travaux à
réaliser : Tant qu'à faire, autant bien le faire. Cela s'applique
parfaitement à ce projet de loi. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Lemay) : Ça complète l'exposé? Merci. Donc, sur ce, je
cède maintenant la parole au ministre pour une période d'échange.
M.
Lamontagne : Répétez-moi votre dernière phrase, là, M. Groleau.
M. Groleau
(Marcel) : Tant qu'à faire, autant bien le faire.
M.
Lamontagne : Ah oui! Excellent.
M. Groleau (Marcel) : Souvent, quand on était jeunes, on travaillait avec mon père, on avait
hâte de terminer, et mon père disait : Non, tant qu'à faire, autant
bien le faire.
M. Lamontagne : Bien, merci. Bienvenue. Merci d'être là ce matin.
Je suis content que ça ne soit pas hier matin qu'on avait à siéger parce que je ne suis pas sûr que tout le monde
aurait été autour de la table aujourd'hui. C'est un plaisir de vous
accueillir.
Écoutez,
quelques points, parce qu'on a quand même entendu huit groupes avant votre présence
aujourd'hui, et puis c'est certain
que... Je pense que le premier groupe qu'on a entendu, c'était la Fédération
québécoise des municipalités, qui
nous ont expliqué en long et en large pourquoi l'idée d'avoir un plafond,
c'était une fausse bonne idée, si on veut, là. Puis on sait que ça fait quand même des années que L'Union des
producteurs agricoles, eux autres, pense qu'une vraie bonne idée, c'est d'avoir un plafond. Ça fait que
peut-être m'expliquer votre rhétorique en arrière de tout ça, là, pas pour
faire une opposition avec la FQM, là, mais pour avoir votre...
• (10 h 40) •
M. Groleau (Marcel) : Non, avec la FQM, on travaille sur plusieurs
dossiers puis on s'entend bien sur plusieurs sujets, mais, sur ce
sujet-là, c'est difficile parce qu'eux protègent les revenus de leurs membres.
Pourquoi un plafond? Parce que, comme je l'ai
expliqué dans mon bref exposé, la façon dont on évalue la valeur des terres pour fins fiscales est imparfaite. On
ne retient que les transactions les plus élevées ou faites entre non-apparentés
pour estimer c'est quoi, la valeur de tout
le territoire agricole. Et il y a donc une... Comme moi, je vais transférer à
mon neveu, ultimement, c'est évident
que le transfert... Moi, je vais vendre des actions à mon neveu. La valeur des
terres, dans le transfert de ces
actions-là, ne peut pas être au prix du marché mesuré par les évaluateurs pour
fins fiscales. La ferme chez nous ne serait pas rentable.
Donc,
toutes ces transactions-là qui sont faites selon la valeur agroéconomique des
terres ne sont pas perçues par les évaluateurs. Donc, le plafond vient
corriger cette imperfection-là.
M.
Lamontagne : Dans vos demandes, souvent vous exprimez l'idée
d'inclure, justement, les transactions apparentées,
si on veut, là. La semaine passée, M. Demers, de la FQM, a manifesté une
ouverture à, ultimement, inclure des
transactions apparentées, mais, justement, le point qu'il soulevait, ça serait
de déterminer, à un moment donné, la valeur des terres dans toutes ces
transactions-là.
Ça
fait que vous donnez un exemple. Vous dites, quand vous allez céder à votre
neveu, probablement que ça va être des
actions. Est-ce que, dans tout ce calcul-là, il va y avoir un calcul
pour la valeur des terres, il va y avoir un calcul de la valeur des
équipements, des bâtiments? Comment vous allez faire ça?
M. Groleau
(Marcel) : Bien là, on est dans la fiscalité pure, là, parce que ça va
aller... ça dépend, la valeur des actions,
initialement, reposait sur quoi. Et on ajuste la valeur du transfert en tenant
compte de l'impact fiscal d'augmenter la valeur de chacun des actifs
derrière cette action-là. Alors, il se peut que les terres soient transférées à
la valeur qu'elles avaient originellement,
alors que d'autres actifs seront transférés à une valeur plus élevée. Mais là
c'est purement fiscal, là. Et c'est
pour ça que c'est très difficile d'aller capter ces transactions-là, mais on ne
peut pas les ignorer, alors qu'actuellement on les ignore totalement.
Le plafond vient corriger cette situation-là. Et,
à 24 000 $, c'est quand même plus cher que la valeur agroéconomique des meilleures terres du Québec.
Donc, on ne sous-évalue pas la valeur des terres à 24 000 $, mais on
vient corriger une situation que la façon actuelle de faire a provoquée.
M.
Lamontagne : Moi, ce que je
vous inviterais à faire pour les années à venir puis les discussions futures à
venir, c'est qu'à partir du moment
où... de tenir compte des transactions apparentées, vous... On ne peut pas
avoir une juste valeur marchande des terres si on ne tient pas compte
des valeurs apparentées, si on veut, puis là vous venez de me dire que c'est compliqué, il y a une question de fiscalité,
et tout ça. Bien, de votre côté, un travail qui va devoir être fait, si un
jour, vraiment, on veut tenir compte de ça, bien, ça va être de raffiner
un peu un modèle selon lequel on pourrait un jour tenir compte de la valeur des terres comme telle, sur une base soit de
leur valeur agronomique, sur une base... mais pour être capable de venir
mélanger ça dans le reste des autres transactions.
M. Groleau (Marcel) : C'est ça. Mais, pour faire ça, on n'est pas obligé d'avoir la valeur de
chaque transaction entre apparentés,
on a juste à se donner des paramètres pour mesurer la valeur d'une terre selon
son rendement agroéconomique. On n'a
pas... Mais ça, en partie, le plafond à 24 000 $ vient corriger cette
situation-là. Mais, à 32 000 $, on est beaucoup trop haut par rapport à la valeur des terres au Lac-Saint-Jean, par rapport à la valeur des terres dans la plupart des régions
du Québec.
M. Lamontagne : Là, je vous dis ça aussi dans un contexte où le
groupe de travail qui est mis sur pied, moi, je l'espère bien, c'est un groupe qui va fonctionner
longtemps, au sens où on va avoir à la même table l'Union des municipalités, la FQM on va avoir le MAMH, on va avoir vous, on
va avoir le MAPAQ. Bien, ça va être un véhicule extraordinaire pour, au fil des années, venir prendre acte de la
réalité de la valeur des terres agricoles puis voir, de façon concurrente, tout
le monde ensemble, comment... quelles
sont... l'évolution des pratiques qu'on va devoir... pour tenir compte de
l'évolution des valeurs des terres. Ça fait que c'est ça.
Un
autre point, on a eu l'Union paysanne qui est venue manifester son total
désaccord avec le fait qu'il faut avoir payé sa cotisation à l'UPA, si on veut, pour avoir accès au programme.
C'est quelque chose qui est en vigueur, je pense, depuis 1996, là. Pourriez-vous me parler du
bien-fondé, selon vous, de cette mesure-là ou pourquoi, dans le fond, on ne
devrait pas, justement, ne pas mettre ça conditionnel au paiement à l'UPA?
M. Groleau (Marcel) : Ça me fait plaisir. En fait, en 1996 ou 1995, lorsque cette
modification-là a été faite, c'était pour
favoriser le respect des lois adoptées par le gouvernement, dont la Loi sur les
producteurs agricoles, qui prévoit que tous
les producteurs doivent acquitter leur cotisation à L'Union des producteurs
agricoles. Alors, en favorisant l'application de la loi, ça... toutes les causes qui, autrement, se retrouveraient
devant les tribunaux viendraient encombrer le système judiciaire québécois ou... Donc, c'est une bonne
mesure. Ça favorise le respect de la loi et ça assure le bon fonctionnement
de la société.
D'ailleurs, le gouvernement... Ce n'est pas une
exception en soi, favoriser le respect de la loi. Si on prend les associations
professionnelles, par exemple les dentistes, les médecins, c'est le
gouvernement qui retient la cotisation syndicale de ces associations-là, et ils sont très apparentés à
la situation des producteurs agricoles. Ce sont des travailleurs autonomes
incorporés, et c'est le gouvernement qui
retient les cotisations syndicales dans ces groupes-là. Alors, nous, ce n'est
pas le gouvernement qui retient la cotisation syndicale, mais cette
mesure-là favorise que les producteurs s'acquittent de cette cotisation-là.
M.
Lamontagne : O.K. Excellent.
L'Union des municipalités nous a fait
quelques suggestions, entre autres une d'écoconditionnalité
où on viendrait lier... que les gens soient vraiment en respect, mettons, des
politiques pour les bandes riveraines, lier le paiement... s'il y a des
gens qui étaient tenus responsables ou, entre guillemets, coupables, mettons, de ne pas avoir respecté la réglementation sur les
bandes riveraines, bien, de les priver pendant un certain temps de l'accès
au Programme de crédit de taxes foncières agricoles. J'aimerais ça avoir vos
commentaires par rapport à ça.
M. Groleau (Marcel) : Bien, déjà, c'est la responsabilité des
municipalités de faire respecter les bandes riveraines, et on voit que plusieurs... puis ça a été dit même
par les municipalités, ils n'ont pas les ressources pour faire ça. Donc,
première question quant à cette proposition-là.
La
deuxième, c'est quand même technique de mesurer si quelqu'un respecte ou pas
ses bandes riveraines. La façon dont
c'est décrit, est-ce que c'est à partir du bord du ruisseau, du centre du
ruisseau? Parce que c'est entre un mètre et trois mètres. Certaines municipalités, c'est plus, on exige plus.
Alors, il y a déjà des SAP, des sanctions administratives pécuniaires, qui s'appliquent lorsque les
producteurs ne les respectent pas. La sanction est en fonction du non-respect
mesuré. Donc, par exemple, si, pour une
raison ou une autre, tu as 100 pieds sur le kilomètre, chez vous, de bande
riveraine qui n'est pas respectée,
est-ce que la mesure de priver le producteur de ses remboursements de taxe
n'est pas excessive par rapport à l'offense.
Tu sais, c'est là, là. Puis, déjà, on a de la misère à avoir des applications
uniformes des règlements entre les directions régionales de l'environnement. J'imagine que, si c'est l'ensemble des
municipalités qui doivent s'acquitter de ça, on risque de ne pas avoir une application uniforme de ce
règlement-là non plus, là. Alors, moi, j'ai un bémol sur cette proposition-là,
un gros bémol.
M.
Lamontagne : Excellent.
L'UMQ est venue aussi avec l'idée de permettre une surtaxe au point de vue des
terres qui sont en friche puis elle
voyait ça comme une bonne opportunité pour la combattre un peu, la spéculation
au niveau des terres, mais aussi d'inciter à une redynamisation, si on
veut, du potentiel du territoire agricole.
M. Groleau
(Marcel) : Bien, si on cible
autour des villes, là, ce n'est pas là où il y a le plus de terres en friche,
d'abord. Parce que maintenant les promoteurs
ont appris qu'une terre en friche, ça risque de devenir un milieu humide
si c'est mal drainé, et, si ça devient un
milieu humide, il se peut que ce soit difficile de l'utiliser à d'autres fins
plus tard, pour, vous savez, la
protection des milieux humides. Donc, de plus en plus, les promoteurs vont
préférer louer leurs terres pour qu'elles
soient entretenues, drainées et en meilleure condition ou en des conditions
plus faciles à transférer vers d'autres usages, ultérieurement.
L'autre
question, c'est... Par exemple, chez nous, j'ai des pâturages naturels que j'ai
arrêté d'utiliser comme pâturages naturels,
mais, comme je ne peux pas agrandir mes superficies en culture, ça peut être
des superficies qui vont ressembler à de
la friche dans quelques années. Est-ce que ça, ça ne devrait pas être... Là,
c'est la loi qui m'empêche d'avoir des superficies supplémentaires en culture, qui fait que cette
superficie-là risque de retourner en friche. Est-ce que je devrais être
pénalisé à cause de ça? Donc, il y a
beaucoup... Là aussi, ça paraît, tu sais, une bonne idée, mais, lorsqu'on
regarde l'application, ça peut être
compliqué. Mais je ne dis pas que ce n'est pas, à la base, quelque chose qui
peut être considéré, peut-être que le comité dont vous parlez pourrait
se pencher sur des questions comme celles-là, mais d'introduire ça maintenant
dans le projet de loi, ça nécessite plus d'analyse que ça.
• (10 h 50) •
M.
Lamontagne : Excellent. Dernière question que j'aurais pour vous, la
demande que vous faites au point de vue du tribunal administratif, vous demandez... Parce que, dans le projet de
loi, on a enlevé l'appel au tribunal administratif, mais, en réalité,
cet appel-là était en fonction de deux critères qui étaient éligibles pour faire un
appel, c'était le 5 $ par
100 $ d'évaluation puis aussi
c'était le retrait du critère d'admissibilité, là, de revenu minimum de
5 000 $. Est-ce qu'il y a d'autres critères que vous voyez,
peut-être, qui seraient applicables puis qui ne le sont pas ou qu'on n'aurait
pas vus?
M. Groleau (Marcel) : Peut-être
demander à Charles.
Le Président (M. Lemay) : Oui.
Allez-y, M. Ross.
M. Ross (Charles-Félix) : Bien,
nous, on a demandé à nos avocats de regarder ça puis on trouvait que c'était un recours que les producteurs perdaient. Bon,
présentement, effectivement, l'élimination du critère du 5 $ du 100 $
puis du critère du 5 000 $
faisait en sorte que peut-être que le producteur n'a plus nécessairement
recours au TAQ, là, mais nous, on considérait... On ne connaît pas
l'avenir, puis c'est un programme gouvernemental, puis on considérait que
c'était important que les producteurs, les
bénéficiaires du programme, autant producteurs que propriétaires, puissent
avoir recours au TAQ si,
ultérieurement, là, la loi est modifiée ou des règlements sont modifiés. On ne
connaît pas les critères d'avenir.
On a
mentionné qu'on était un petit peu... on mettait un gros bémol sur les
questions de l'écoconditionnalité, mais, si c'était introduit dans le projet de loi puis qu'un producteur
perdrait, exemple, son remboursement de taxes parce qu'il n'aurait pas
respecté un critère d'écoconditionnalité, bien, on voudrait qu'il puisse avoir
recours, là, au TAQ s'il y a une injustice quelconque. Donc, on trouvait
important que cette mesure-là soit maintenue dans la loi actuelle.
M. Lamontagne : Merci. Bien,
c'est bon pour moi.
Le
Président (M. Lemay) :
Très bien. Ceci complète la période d'échange avec les membres du gouvernement.
Maintenant, je cède la parole à Mme la
députée de Maurice-Richard, de l'opposition officielle.
Mme Montpetit :
Je vous remercie. Bonjour à vous trois. Merci d'être là aujourd'hui. Je sais
que c'est un projet de loi qui est
important pour vous. Vous avez sûrement, évidemment, suivi, là, les échanges
des consultations. Évidemment, de
notre côté, comme opposition officielle, on salue l'intention du ministre, de
la recherche de solutions, je vais le dire comme ça, mais son projet de loi nous questionne, plusieurs aspects
encore sur l'impact que ça peut avoir sur la pérennisation de l'agriculture. Puis c'est ce volet-là dont je
souhaiterais, entre autres, discuter avec vous, parce que vous avez fait
mention de différents éléments.
Mais je commencerais par une question assez
large, sur est-ce que vous considérez que ce qui est sur la table présentement... Parce que, par la suite, on va
passer, nous, comme parlementaires, à une étude détaillée, il va falloir qu'on
vienne apporter des
éléments de bonification. Est-ce que vous considérez que le projet de loi, tel
qu'il est présentement, a un effet qui est durable sur la taxation
agricole?
M. Groleau
(Marcel) : Bon, pour être
durable, selon nous, il y a deux... Le premier critère, c'est l'indexation
qu'on va appliquer sur le plafond de la
valeur imposable. Si l'indexation, bon, c'est l'augmentation moyenne de la
valeur des terres, selon nous, le plafond va avoir une mesure... va être
une mesure qui n'aura pas d'effet notable et durable. Donc, ça, c'est le premier élément. C'est pour ça que nous, on aurait...
À 32 000 $, on trouve que c'est trop élevé pour démarrer. Comme je disais, tant qu'à faire, il
faudrait partir plus bas que ça, et l'indexation devrait être l'IPC, pour avoir
une... pour être une mesure qui va être durable et qui va avoir plus d'effets
dans le temps.
Et, comme on
ne veut pas pénaliser indûment les municipalités touchées, on suggère que le
programme transitoire pour compenser
les municipalités devienne un programme permanent. Et là, à la table où on
discutera avec les partenaires de
l'avenir de ce programme-là ou de la fiscalité foncière, on pourra voir comment
ce programme permanent là pourrait devenir...
quelle forme il pourrait prendre dans le temps. Parce qu'on a mentionné qu'il y
a une iniquité, pour nous, entre le traitement des municipalités
rurales, selon les régions ou selon la valeur des terres.
Mme Montpetit : Je vais me
permettre, oui, de vous interrompre, parce qu'on y reviendra, à la question de la compensation des municipalités, là, ce n'est
pas le contexte de ma question. Moi, ce que je veux savoir vraiment, c'est
ce qui est déposé... Puis j'aimerais ça que
vous nous rappeliez aussi, pour notre gouverne, comme parlementaires, de quel
ordre est la hausse de la valeur des terres
au cours des dernières années, donc un peu une projection de ce à quoi on peut
s'attendre, parce que je pense que c'est
quand même assez stable au cours des dernières années. Et est-ce que le projet
de loi qui est sur la table... Vous me
répondez : Non, il n'a pas un effet durable. Ce que je comprends, c'est
que, s'il est mis en place, on se
retrouve inévitablement dans une situation qui est similaire à celle
d'aujourd'hui dans quelques années.
M. Groleau (Marcel) : Bien, sur
l'augmentation des valeurs des terres, Charles, s'il vous plaît.
M. Ross
(Charles-Félix) : Dans le
passé, ça a été... c'est de 8 % à 12 %. C'est vraiment, là,
l'intervalle de croissance. Mais,
dans les dernières années, ça a été de 11 %, dans les 10 dernières
années. Dans l'avenir... on ne connaît pas l'avenir, mais on peut penser que ça va être peut-être un
petit peu moins important. Donc, nous, on évalue que ça va être à peu près
autour de 8 %, dans les prochaines années,
l'augmentation, mais, encore là, on ne connaît pas l'avenir. Mais la demande
est moins importante, on sent qu'il y a un ralentissement au niveau de
l'augmentation, mais on parle de 8 %, là, on parle d'un taux de croissance
qui est quatre fois l'inflation.
Mme
Montpetit : Et donc, sur la
question fondamentale, est-ce que ça règle de façon pérenne, de façon durable,
est-ce qu'on se retrouve... Je comprends, dans quelques années ou assez à moyen
terme, là, je ne veux pas l'évaluer, nécessairement,
mais on se retrouve avec la même dynamique, avec le même problème assez
rapidement si on ne fait pas les ajustements que vous suggérez, là.
M. Groleau
(Marcel) : Nous, ce qu'on
croit, c'est que la valeur des terres autour des centres urbains va continuer
d'augmenter. On parle... Aujourd'hui, ça se vend au pied carré,
là. Alors, cette valeur-là est captée par les rôles d'évaluation puis ça a un effet important sur l'augmentation
moyenne de la valeur des terres, parce que, comme je l'expliquais, on n'utilise
qu'un petit échantillon de transaction de
terre par rapport à la superficie totale pour établir la valeur de la
superficie totale. Donc, ça a un impact important.
Le deuxième
phénomène, c'est : comme les terres, dans ces régions-là, ont augmenté de façon
importante, ça a un effet cascade sur
les régions voisines. Et là on voit l'augmentation des terres dans des régions
où on ne fait même pas de maïs, là,
ou de soya, là. On commence à constater une augmentation aussi des terres dans
ces régions-là parce que les gens évaluent
que, malgré le rendement économique inférieur, au prix où elles se vendent,
c'est payant de les acheter aujourd'hui, parce que la terre demeure une
valeur refuge pour les investisseurs.
Alors, c'est
pour ça que nous, on croit qu'à 8 %...
On est très conservateurs en estimant que les augmentations, dans les années futures, devraient se fixer, se
situer autour de 8 % par année. Ça crée un problème pour la relève
agricole, les coûts des taxes. Même
si on ne paie qu'une partie de ces taxes-là, cette partie-là augmente de façon
substantielle, dû aux superficies qu'on doit cultiver, par exemple,
lorsqu'on est un producteur de grains ou de céréales. Alors, c'est ça, quelqu'un qui a, bon, deux, trois hectares,
l'impact est moins grand, mais quelqu'un qui a 400 hectares pour faire
vivre sa famille, c'est là que l'impact devient démesuré par rapport au
rendement de ses cultures.
Alors, c'est
pour ça que, si on veut avoir pour la relève agricole un programme qui est
efficace, bien, il faut s'assurer de contrôler l'augmentation future des
taxes foncières agricoles.
Mme
Montpetit : Merci beaucoup. Dans les demandes que vous avez... quelques recommandations, quelques demandes que vous
avez faites, vous en avez une qui est : «Ajouter des critères menant automatiquement
à l'application d'un taux distinct lorsqu'il y a transfert de
fardeau fiscal vers le secteur agricole.» Pouvez-vous, ça, nous l'expliquer
davantage?
M. Groleau
(Marcel) : Les municipalités
ont l'option d'avoir un taux distinct pour les terres agricoles qui peut être,
au maximum, 66 % du taux résidentiel. Donc, on ne peut pas aller en deçà
de ce montant-là. Nous, on estime que, lorsqu'un
nouveau rôle d'évaluation survient et qu'il y a une augmentation importante de
la valeur des terres agricoles qui
entraîne une augmentation importante des taxes de ce secteur-là, qui permet
même, voire, de ne pas augmenter les taxes du secteur résidentiel, à ce moment-là, ça veut
dire que tout le poids fiscal de la municipalité pour les prochaines années
repose uniquement sur le territoire agricole.
Alors là, on
demande que, dans ces cas-là, on doive appliquer nécessairement le taux
distinct pour ramener un peu d'équité
entre les différents contributeurs à l'assiette fiscale municipale. Donc là, on
n'a pas déterminé le niveau où le taux distinct devrait obligatoirement
s'appliquer. On pense qu'on peut laisser une marge de manoeuvre aux
municipalités. Mais, au-delà d'un certain
niveau, on croit que, là, il devrait s'appliquer. Est-ce que c'est lorsqu'il y
a un transfert de 20 %, 25 %?
On pense qu'on doit l'analyser, là, mais il devrait y avoir un déclencheur à ce
principe-là. Parce qu'encore une fois les
municipalités ne sont pas très ouvertes à appliquer ce taux-là parce qu'elles
se privent d'une partie des revenus du Programme de crédit de taxes foncières agricoles, alors ce n'est pas intéressant
pour elles d'appliquer un taux distinct, de se priver d'une partie des revenus du programme. C'est pour
ça que ça prend un déclencheur à un moment donné, parce que c'est l'État
qui paie, là, le fait qu'il n'y a pas de volonté des municipalités d'appliquer
ce taux distinct là.
• (11 heures) •
Mme Montpetit : Parfait. Je reviendrais
sur la question, vous le mentionniez en début d'intervention, là, sur la question du programme permanent pour les municipalités. Vous l'avez
entendue, l'UMQ, la FQM, qui est venue la semaine dernière, souligner le fait qu'ils souhaitaient
avoir une compensation, dans le fond, pour les pertes de revenus. Du côté gouvernemental, on a souligné, dans les interventions, que c'était presque une peccadille, dans le fond, ce qu'ils perdaient, alors
que c'est quand même... on parle de millions de dollars, on parle
de taxation qui pourrait être redistribuée sur... Bien, en fait, ils nous l'ont dit clairement, ils n'ont pas le choix, ils ne couperont pas dans les services, donc
forcément cette hausse de taxes va être assumée par les citoyens.
Vous
suggérez... Puis vous n'en avez pas 25, recommandations, hein, elles
sont très précises. Parmi celles-ci, il
y a de mettre en oeuvre, dans le fond, un programme permanent, j'imagine, au niveau
de la prévisibilité, pour les
municipalités. Vous jugez que c'est
important, puis c'est là-dessus que j'aimerais ça vous entendre, parce que vous
ne vouliez pas que ça se fasse. Puis
souvent c'est dans les petits villages, des petites municipalités. J'imagine
qu'il y a une question de bonne entente aussi à travers ça?
M. Groleau
(Marcel) : Bien, c'est là où
le programme devra être ajusté selon les municipalités. Prenons Laval ou Montréal, le plafond à 24 000 $ sur les terres agricoles a peu d'impact
sur l'assiette fiscale totale d'une ville comme Laval, ou Montréal, ou Québec. Donc, par contre, une
municipalité rurale dont 60 % de ses revenus proviennent du foncier
agricole, bien là, si on affecte ses
revenus, ça peut avoir un impact plus important. Alors, c'est pour ça que le
programme permanent, selon nous,
devrait être dosé selon le type de municipalité et c'est pour ça qu'on fait une
comparaison entre les municipalités rurales
de l'Abitibi ou de la Gaspésie et les municipalités rurales de la Montérégie.
Et, selon nous, c'est là où le programme ne devrait pas être temporaire mais permanent, pour assurer un transfert
harmonieux de cette assiette fiscale là, là, de l'agricole au
résidentiel dans le temps.
Mais il faut
dire aussi que ce sont des municipalités où les taux de taxation sont
actuellement les plus bas au Québec, là,
en deçà de 0,60 $ du 100 $, dans certains cas, là, alors qu'en
Abitibi on est régulièrement à 1,50 $ du 100 $. Alors, c'est sûr que la grande, grande différence entre
ces deux municipalités-là, c'est la valeur des terres agricoles et le retour,
par le Programme de crédit de taxes foncières agricoles, des taxes provenant du
secteur. Parce que, s'il n'y avait pas le
programme de crédit, les taxes sur ces terres-là rendraient impossible de
rentabiliser l'agriculture. C'est quand même sérieux, là, quand on
regarde le coût des taxes sur certaines terres.
Mme Montpetit : Est-ce qu'il me
reste du temps?
Le Président (M. Lemay) : Très peu
de temps, mais allez-y.
Mme Montpetit : Il m'en reste, il ne
m'en reste pas? Il m'en reste...
Le Président (M. Lemay) :
Techniquement, 10 secondes, mais vous pouvez y aller, Mme la députée.
Mme Montpetit : Bon, bien, je vous
remercie, on continuera la discussion par la suite. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Lemay) : Très bien. Donc, sur ce, je cède maintenant la
parole à la députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition.
Mme Lessard-Therrien : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous, messieurs. C'est toujours un plaisir. J'aimerais revenir sur les bassins des
comparables, où, là, on dit, maintenant, avec... en élargissant justement le
programme des comparables, on va être
capables d'aller corriger certaines iniquités. Là, je crois comprendre à
travers vos mots que, dans le cas
d'un transfert familial, on ne sera pas, quand même, encore, plus capables
d'aller chercher la valeur des terres. Ça, ça ne comptera pas dans le
bassin des comparables. C'est ce que je comprends.
Puis, même si
on a accès à un plus grand territoire, pour faire toujours plus de comparables,
bien, est-ce que... Ces valeurs-là
ont quand même été gonflées artificiellement, ça fait qu'on ne vient pas
vraiment corriger la situation au bout du compte.
M. Groleau (Marcel) : Bien, c'est ça, c'est qu'on utilise toujours les
transactions disponibles pour les évaluateurs, et elles sont limitées, puis elles sont faites entre personnes qui n'ont
pas intérêt à vendre les terres à leur valeur agronomique non plus, là. Moi, si je
vends ma terre à un promoteur immobilier, je ne fais pas de cadeau, là, si je
vends ma terre à mon voisin, je ne fais pas de cadeau, là. Si je vends
ma terre à un spéculateur, je ne fais pas de cadeau.
Alors,
c'est sûr que les transactions qu'on capte, encore une fois, sont celles qui,
sur un territoire donné, sont les plus élevées,
dont les prix sont les plus élevés, et c'est à partir de cet échantillon-là
qu'on établit la valeur fiscale. Alors, oui, en agrandissant
l'échantillon, on vient réduire l'impact de ce phénomène-là, parce qu'on capte
un plus grand nombre de transactions, mais
on continue quand même de ne capter que les transactions aux prix les plus élevés sur le marché.
Mme
Lessard-Therrien : Ça fait
que, tu sais, dans le fond, pour corriger cette situation-là, c'est vraiment de
revoir le mode d'évaluation des terres. C'est comme la seule option.
M. Groleau (Marcel) : Dans la plupart des pays, on n'évalue pas les
terres de cette façon-là, ou même dans le reste du Canada, là, on n'évalue pas les terres de cette façon-là. En Alberta,
les terres sont évaluées selon une valeur agronomique, agroéconomique, ce n'est pas une valeur selon les
transactions. Dans plusieurs provinces au Canada, c'est comme ça, ou c'est des taux distincts, ou il y a des pays
qui ont décidé, collectivement, de ne pas taxer les terres agricoles. Parce que
taxer les terres agricoles, veux veux pas, à
quelque part, c'est taxer la nourriture. Alors, c'est un choix de société aussi
qui peut être fait, là.
Ici,
on a fait ce choix-là parce que c'était dans les années 70, où il y avait
moins de... les terres n'étaient pas vues comme une valeur refuge, il y avait moins de spéculation. Il y avait beaucoup
plus de terres à vendre, les gens quittaient vers les villes, donc il y
avait un marché qui était sain et normal, ce n'était pas un marché surévalué. Aujourd'hui,
cette situation-là, pour toutes les
conditions que j'ai mentionnées précédemment, n'existe plus. On n'est plus dans
un marché normal. Alors, c'est pour
ça qu'on ne peut pas utiliser le même mode d'évaluation pour taxer les terres à
des fins fiscales.
Mme
Lessard-Therrien : ...j'ai
encore le temps? O.K. On n'a pas beaucoup de temps, hein? Je veux revenir sur quelque chose qu'un des représentants de l'UMQ nous a dit, qui était producteur
agricole lui-même, où il parlait, bon, des
problèmes au niveau de la spéculation, parce que je pense que c'est aussi un
peu le problème qu'on tente de régler. Lui
disait, au niveau du plafonnement de la valeur des terres, qu'au-delà de 34 100 $ ça serait plutôt le contraire qu'il
faudrait faire, il faudrait que
l'agriculteur... quand tu es rendu que tu as ces valeurs-là sur tes terres,
bien, tu es assez gros pour être capable d'assumer 100 % de tes
taxes municipales. Puis là, bien, vous, vous proposez plutôt l'inverse,
d'abaisser. Comment est-ce qu'on peut le contrer, finalement, cette
spéculation-là?
M. Groleau (Marcel) : J'aimerais que cet agriculteur-là vienne
expliquer ça devant une assemblée de l'UPA, là, son raisonnement, là. Parce que ce n'est pas parce que la terre de ton
voisin s'est vendue 34 000 $
ou 50 000 $ l'hectare que toi, tu es capable
d'assumer, par ta production agricole, les taxes générées par une telle valeur.
Le
plus bel exemple de ça, là, c'est quand les terres des Soeurs de la Charité se
sont vendues à Québec. Il y avait des
entreprises laitières. Pourtant, les entreprises laitières ont un revenu à
l'hectare intéressant. À l'époque, ça prenait 8 $ par 100 $
d'évaluation pour être admissible au programme. Bien, soudainement, les
producteurs laitiers au pourtour de ces
terres-là se sont vu exclus du programme parce qu'ils n'arrivaient pas à
produire 8 $ de revenus par 100 $ d'évaluation. Et là M. Gendron, à l'époque, a mis une
mesure spéciale pour corriger ça. Parce que les terres se sont vendues au pied
carré, là, elles ne se sont pas
vendues à l'hectare, là, puis aujourd'hui elles valent 200 000 $ l'hectare. Alors, est-ce que c'est
normal de rembourser les taxes sur des terres à 200 000 $ l'hectare?
Le Président (M. Lemay) : Merci, M. Groleau. Je vais maintenant céder
la parole au porte-parole du troisième groupe d'opposition, M. le député
de Bonaventure.
M.
Roy : Merci, M. le Président. Écoutez, quand on est le dernier,
bien, souvent, les questions sont prises avant, mais je vais revenir à quelque chose qui... C'est comme si, bon, de ne
pas prendre... On prend juste les transactions à la marge pour évaluer les terres. Ça vient d'où ça, le fait
de ne pas prendre... excusez mon ignorance là-dessus, là, mais l'ensemble
des transactions? Qui a intérêt? Qui fait un lobby?
• (11 h 10) •
M. Groleau
(Marcel) : Il n'y a personne qui a intérêt. Puis ça vient de nulle
part, ça vient de la façon dont les
transactions se font. Les compagnies, les fermes se sont incorporées, se sont
développées en société, et aujourd'hui, dans le transfert intergénérationnel, on ne vend pas la terre, on vend
les actions. Alors, au niveau du registre municipal, la compagnie a changé de propriétaire, mais les
propriétaires de la terre continuent d'être cette compagnie-là aux yeux du registre municipal. Ça fait qu'il n'y a pas eu
de transaction, il n'y a pas eu d'échange, il n'y a pas eu de transaction.
Il y a même des acquisitions de compagnie par
d'autres compagnies, et, au registre municipal, on n'a pas vu l'acquisition
de la compagnie. La compagnie a changé de
propriétaire, mais c'est encore cette compagnie-là qui est propriétaire des
terres. Alors, c'est toute cette
transaction-là qui est... c'est impossible de les capter. C'est pour ça qu'il
faut avoir une autre façon, la plus judicieuse possible, d'évaluer les
terres à des fins fiscales si on veut continuer de les taxer.
M. Roy :
Et il n'y a pas de stratégie pour aller capter ça.
M. Groleau (Marcel) : Bien, il
n'y a pas de moyen d'aller capter ça parce que
c'est... On achète une compagnie avec
l'ensemble de ses actifs. Il faut trouver une façon plus
judicieuse de fixer un prix pour la valeur foncière des terres. Et nous, on propose de partir à 24 000 $, parce que 24 000 $, il n'y a pas beaucoup de terres encore,
au Québec, qui sont au-delà de 24 000 $ l'hectare. Donc, au début, l'impact
n'est pas trop grand, mais par la suite l'effet protecteur de ce 24 000 $ là est beaucoup plus important que l'effet protecteur
du 32 000 $ l'hectare, indexé selon l'augmentation
moyenne de la valeur des terres. Si on veut vraiment donner... corriger
la situation, faisons-le maintenant et pour longtemps.
M. Roy :
Et, qui plus est, des jeunes agriculteurs nous disaient que les écoles
d'agriculture sont pleines, et il y a une
relève. Donc, il faut donner une chance à cette relève-là avec une valeur qui
fait en sorte que ça devient accessible, là.
M. Groleau (Marcel) : Bien, ça, on avait eu une autre commission aussi,
la CAPERN avait entendu... avait eu un
mandat d'initiative sur la valeur des terres pour les jeunes, puis il y avait
eu d'autres recommandations qui avaient été faites spécifiquement sur ce volet-là, là. Mais on ne peut pas adresser
l'accès aux terres pour les jeunes uniquement par le Programme de crédits de
taxes foncières agricoles. C'est pour ça que la résolution de la FQM, là, est
un peu démagogique, là, en disant qu'en mettant un plafond on nuit aux
jeunes, là. Je veux dire, c'est... Disons que je vais arrêter mes commentaires
là.
M. Roy :
C'est bon. Merci beaucoup.
M. Groleau
(Marcel) : Merci.
Le Président (M. Lemay) : Très bien. Merci beaucoup, M. Ross,
M. Groleau, M. Tougas ainsi que Mme Bouffard. Je vous
remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques instants afin de
permettre aux représentants des Producteurs de lait du Québec de prendre
place.
(Suspension de la séance à
11 h 12)
(Reprise à 11 h 15)
Le Président (M. Lemay) : Alors, nous reprenons nos travaux. Et je souhaite
maintenant la bienvenue aux Producteurs de lait du Québec. Je vous rappelle que
vous disposez de 10 minutes pour votre exposé. Je vous demande donc de
vous présenter, ainsi que la personne
qui vous accompagne. Ensuite, nous procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Donc, la parole est à vous,
vous pouvez procéder avec votre exposé.
Les Producteurs de lait du Québec
(PLQ)
M. Mathieu (Jasmin) : Bonjour à tous. Merci au président de la commission,
M. le ministre ainsi que tous les membres de nous accueillir. Jasmin Mathieu, représentant des Producteurs de lait du Québec et producteur de lait à Terrebonne,
ainsi que Mme Bouchard qui m'accompagne.
Les Producteurs de
lait du Québec sont une organisation démocratique dont les orientations sont
définies par l'assemblée générale des membres, qui sont administrés par un
conseil d'administration composé des présidents des 14 régions,
des 14 conseils régionaux. Affiliée à L'Union des producteurs agricoles, l'organisation travaille à la défense de la promotion des
intérêts généraux de ses membres.
Le secteur laitier. La production laitière
représente des ventes de 2,6 milliards en 2018, générées par la production de 3,3 milliards de litres de lait par les 5 000 fermes laitières de la province. Le
secteur génère 28 % des recettes agricoles de la production de la province. Au total, l'industrie laitière
québécoise génère 1,2 milliard de retombées fiscales pour les trois paliers de gouvernement en 2013, dont
640 de retombées directes et indirectes. Les retombées fiscales de la
production laitière sont estimées à 73 millions pour le palier
municipal en 2013.
Ces retombées de
production s'ajoutent à celles de la transformation laitière, qui représente un
apport, pour les municipalités, de
60 millions pour l'année précédente. Les producteurs laitiers québécois
ont investi 730 millions d'équipement et de machinerie, en immobilisations en 2018. Ces investissements représentent
une contribution importante à l'économie de leur communauté, et ce,
partout à travers le Québec.
À
valeur marchande, la valeur moyenne des immeubles d'une ferme laitière est de
2,7 millions en 2018. Les terres représentent
81 % de ces montants. Durant les 10 dernières années, la valeur à
l'hectare des terres possédées par les entreprises laitières québécoises a augmenté de 176 %
pour atteindre 13 500 $
par hectare, en moyenne, en 2018. Cette valeur inclut autant les terres en culture que les pâturages,
les boisés, les érablières ainsi que les superficies sur lesquelles les
bâtiments reposent.
Je n'irai pas dans
les détails, détailler les points, mais on est en appui à ce que l'UPA
revendique. L'abolition des conditions
permettra à un plus grand nombre de producteurs à se qualifier,
particulièrement les plus petits. Elle permettra aussi un soutien accru pour les producteurs qui atteignent un plafond
maximal du crédit de taxes de 30 % des revenus. Pour plusieurs, cette condition déclencherait, à la
suite de l'augmentation significative de la valeur des terres, parfois couplée
à une augmentation des taxes liée aux taxes spéciales... L'abolition du plafond
de croissance de 5 % est un atout.
L'élargissement
du bassin des comparables, vous en avez parlé tantôt, est un atout très
considérable, étant donné qu'il va permettre une plus grande évaluation
du secteur des terres.
L'introduction d'un plafond d'imposition des
terres agricoles constitue une avancée importante en matière fiscale, foncière et agricole du Québec. Mettre en place un
tel mécanisme contribuera, pour les municipalités où des terres seront visées par le plafond, à corriger en partie les
effets du transfert du fardeau fiscal qui s'est effectué, à travers le temps,
entre les secteurs agricoles et les
contribuables municipaux. Le programme compensatoire aux municipalités leur
permettra d'ajuster
graduellement le taux de différentes catégories d'immeubles afin de rétablir
l'équilibre entre les bassins de taxation. La rééquilibration progressive
des taux de base, qui résultera de l'application des plafonds, sera appliquée
aussi pour les entreprises agricoles, qui
assureront, tout comme les autres contribuables, à la hausse des taxes du taux
résidentiel.
• (11 h 20) •
L'introduction
du taux distinct obligatoire, lié à la notion d'équilibre fiscal, est toujours
un élément primordial pour notre
secteur. En intégrant un taux distinct agricole au moment du premier rôle de
taxation suivant le renouvellement du rôle d'évaluation, nous croyons
qu'il est possible de maintenir une situation fiscale équitable entre les
différentes catégories de contribuables. Ce
taux distinct permettra aussi de maintenir la plus grande prévisibilité des
coûts du programme et des taxes
nettes défrayées par les producteurs agricoles de la province en évitant le
transfert du fardeau fiscal du secteur résidentiel vers celui agricole.
Dans un
environnement d'affaires instable comme celui vécu dans les dernières années,
une progression plus proche de
l'inflation des taxes foncières assumées par nos entreprises serait bénéfique.
Les sommes ainsi libérées pourraient être investies dans la croissance et l'amélioration de la productivité des
fermes laitières québécoises, incidemment dans l'économie de toutes les
régions, et ce, à travers le Québec.
À titre
d'exemple, je possède une ferme laitière située à Terrebonne, tout près de
notre cher président. La valeur à
l'hectare de nos terres a augmenté de 41 % entre le rôle de 2017-2019 et
de 2020 à 2022, pour certains lots, jusqu'à 179 % d'augmentation en trois ans. Notre ferme, en
excluant nos résidences, a contribué à la hauteur de 66 019 $ au financement de Terrebonne en
2019 et le feront à la hauteur de 85 060 $
en 2020. C'est une taxe brute, 19 041 $
de plus en un an. Peu de contribuables
accepteraient une telle augmentation des taxes foncières. Les taxes nettes du
programme de crédit de taxes représentent 11 741 $ pour 2020.
Si les
dispositions transitoires prévues pour le plafond s'appliquaient à partir de
2020, à valeur de 29 080 $
l'hectare comme plafond, la hausse aurait été atténuée pour un seul lot
de 19 hectares, dont la valeur a bondi de 21 000 $
à 33 000 $
l'hectare, soit une augmentation de 57 % pour ce lot, soit 560 $
répartis dans l'ensemble du bassin de taxation de la ville de Terrebonne. Pour nos 357 autres hectares, nous
contribuons toujours au plein potentiel taxable de la municipalité.
Le tiers de
nos superficies en culture sert à alimenter notre troupeau de 350 têtes,
dont 150 vaches en lactation. Le
tiers de cette superficie-là, c'est des superficies fourragères qui sont
évaluées au même prix que les superficies en culture de maïs ou les
autres cultures qui sont beaucoup plus bénéfiques que pour soigner notre
troupeau.
Le Président (M. Lemay) : C'est ce
qui complète votre exposé?
M. Mathieu (Jasmin) : ...
Le
Président (M. Lemay) : Très bien, merci beaucoup pour votre
témoignage, M. Mathieu. Effectivement, pour avoir constaté l'ampleur de votre ferme, vous êtes un producteur
apprécié dans la région de Terrebonne. Ceci dit, M. le ministre, la
parole est à vous pour un bloc d'échange avec la partie formant le
gouvernement.
M.
Lamontagne : Oui, bonjour, M. Mathieu, Mme Santerre, c'est
un plaisir de vous accueillir. M. Mathieu, lors de leur passage en commission, l'Union des
municipalités a suggéré de lier l'élibigité... voyons, l'éligibilité du
Programme de crédit de taxes
foncières agricoles à une mesure de respect des bandes riveraines, en
agriculture, alors, si, potentiellement, quelqu'un était trouvé en
contravention avec le fait qu'il ne respecte pas les bandes riveraines, de le
priver de l'accès, pendant un certain temps,
au Programme de crédit de taxes foncières agricoles. Qu'est-ce que les
producteurs de lait pensent d'une suggestion comme ça?
M. Mathieu
(Jasmin) : C'est sûr,
comme... C'est une intervention, je pense, que la fédération des municipalités souhaite
faire, à mon avis, qui n'est pas pertinente. Il y a déjà d'autres éléments qui
feraient en sorte que ces gens-là qui ne respectent
pas ces normes-là, ils seront pénalisés. C'est une partie aussi qu'il faudrait
qu'ils prennent en compte, que les producteurs qui tiennent cette
partie-là de bandes... on peut aller plus loin puis évaluer le taux de taxation
de ces bandes-là. C'est des bandes non
productives, ça fait que c'est quelque chose qu'il faudrait tenir compte aussi,
si on veut aller plus loin dans la
réflexion. Il y a les secteurs boisés que les producteurs ont, qui ont des
superficies non productives et qu'on paie les taxes comme bons
contribuables. Je ne sais pas, Mme Santerre, si vous voulez ajouter?
M. Lamontagne : Est-ce que vous avez
des choses à ajouter, Mme Santerre?
Mme
Bouchard-Santerre (Florence) :
Non. Bien, en fait, ça couvre bien. Il y a aussi les sanctions administratives pécuniaires, comme le disait M. Groleau tantôt, qui sont là pour
jouer ce rôle-là. Il y a une attention particulière qui est posée aux bandes riveraines par les producteurs dans les
différentes régions, mais le lier à un programme de crédit de taxes foncières,
ce n'est pas nécessairement un moyen de
faire progresser puis améliorer le volet environnemental sur les fermes.
M. Lamontagne :
Excellent. Puis, si j'avais à résumer, ma compréhension, c'est que vous êtes
favorables à la réforme qui est proposée.
M. Mathieu (Jasmin) : C'est une
bonne entrée en la matière.
M. Lamontagne : Oui. Puis juste
m'encapsuler rapidement, là, le bout de la matière qui manquerait, là.
M. Mathieu
(Jasmin) : Bien, le bout de la matière qui... le bout comme Marcel l'a
mentionné tantôt.
M. Lamontagne :
Ça, c'est M. Groleau?
M. Mathieu (Jasmin) : M. Groleau, excusez. Le 24 000 $ est pleinement justifiable comme
plafond. Parce que, présentement, les
entreprises limitrophes des grands centres, comme dans mon secteur, un plafond
élevé comme certains veulent le
démarrer, je pense que c'est de partir trop haut. On va être obligés de
travailler tout le temps pour redescendre un plafond qui n'est pas justifiable. Et ces valeurs-là ne sont pas des
valeurs qui vont assurer une pérennité pour les entreprises qui veulent rester dans le secteur agricole. Et
puis vous avez quand même un engagement envers la société à continuer de fournir un élément favorable aux producteurs
pour continuer d'alimenter notre population, puis c'est... Nos producteurs,
les producteurs de lait sont fiers
d'alimenter la population puis ils veulent continuer de le faire dans un environnement
favorable et compétitif à travers le Canada.
M. Lamontagne :
Excellent. En lien encore avec une proposition de l'Union des municipalités,
là, qui était dans un contexte pour
chercher à dynamiser le territoire agricole mais aussi à combattre la
spéculation, si on veut, ils proposaient de venir surtaxer les terres en
friche. Quels sont vos opinions, vos commentaires par rapport à cette
suggestion-là?
M. Mathieu
(Jasmin) : Bien, au niveau des terres en friche, les municipalités,
elles ont quand même un rôle à s'assurer que
leurs territoires soient bien développés. Au niveau des terres en friche,
moi-même, dans le secteur où est-ce que
je suis, je travaille avec des contracteurs pour continuer de garder le
territoire viable. Et puis ces contracteurs-là, ils ont de la facilité à laisser les terres agricoles à
certains producteurs pour continuer l'agriculture. À surtaxer les terres en
friche, je ne vois pas où est-ce que ça viendrait bonifier l'ensemble du
secteur, là.
M. Lamontagne :
En lien avec les commentaires de la FQM sur l'imposition d'un plafond sur les
terres, ils mentionnaient la possibilité que
ça vienne exacerber un peu les relations entre les citoyens au sein d'une
communauté et de venir, comme, si on veut, limiter la possibilité des
municipalités à aller taxer un bien qui est la terre, là. Comment vous
réagissez à ces commentaires-là?
M. Mathieu (Jasmin) : Les producteurs de lait, ils ont le goût de
continuer à participer à la société puis au développement de toute la société. Sauf que, depuis quelques
années, les fédérations des municipalités ont envoyé une surcharge aux terres
agricoles, ils savaient qu'il y avait des
subventions. Est-ce que la population est au courant qu'on a été surtaxés
depuis quelques années? Ça, je suis moins sûr.
Puis la population, les gens, ils veulent avoir
des produits d'ici, ils veulent continuer à consommer nos produits, il faut être capable de donner des outils à nos
producteurs pour continuer de le faire. Puis, de continuer de surtaxer
l'ensemble des producteurs, je ne
pense pas que la fédération des municipalités est sur la bonne voie. Et de
détourner... pas détourner mais ramener la juste valeur de la taxation
va être juste un rééquilibre envers toute la société.
M. Lamontagne :
O.K., bien, merci. Moi, c'est tout. C'est bon.
Le Président
(M. Lemay) : Oui. Très bien. Alors, je cède maintenant la parole
à la députée de Laviolette—Saint-Maurice.
• (11 h 30) •
Mme Tardif :
M. le Président, merci. Merci d'être là. Donc, merci du travail que vous faites
aussi, je pense qu'on l'apprécie. On
vous prend pour acquis puis on oublie de vous dire merci, souvent, là. Donc, je
pense qu'en mon nom personnel, mais au nom des Québécois, on est bien
fiers et on aime le lait.
Donc, l'union, vous avez soulevé vos
préoccupations concernant l'indexation
du plafond. Parce que vous savez que ça
va être déterminé selon des modalités de calcul qui vont venir après, là, le
projet de loi. Selon vous, quelle serait la meilleure façon
de faire évoluer dans le temps
l'indexation, mais de manière équitable aussi? Avez-vous des propositions, des
suggestions à nous faire?
M. Mathieu
(Jasmin) : Je vais laisser Mme Santerre...
Mme Bouchard-Santerre (Florence) : En fait, comme le propose L'Union des producteurs agricoles, l'associer à
quelque chose qui est plus près d'un taux
d'augmentation de l'inflation pourrait être une manière de contribuer à
maintenir une équité, pour le secteur
agricole, avec les autres contribuables, mais aussi à limiter puis avoir un
environnement qui est prévisible pour les producteurs. Parce que, la
valeur des terres, si elle continue à augmenter au rythme où elle le fait, un plafond va continuer à évoluer, à augmenter,
puis les changements de variation pourraient être quand même significatifs
dans le futur. Et ce qu'on sent
également — puis
l'exemple de la ferme de M. Mathieu en est un — c'est qu'il y a certaines fermes qui risquent de courir après le plafond
dans les années parce que la valeur de leur terre va progresser à un rythme
qui est important mais qui n'est peut-être pas aussi élevé que celui de la
valeur moyenne pour l'ensemble des terres.
Mme Tardif :
Je lance une idée comme ça, là, sans engager ni moi ni personne, je pense tout
haut : Est-ce que la valeur de
la terre pourrait avoir un regard ou se baser sur le type de production? Parce
que, tantôt, vous avez évoqué que le
tiers de votre production agricole sert à nourrir vos bêtes, donc n'étant pas
la même valeur marchande, cette production-là, qu'une production de maïs, par exemple. C'est ce que j'en ai compris.
M. Mathieu (Jasmin) : Oui, exactement. Présentement, on est évalués sur
l'ensemble de la valeur de nos terres en
fonction... je veux dire, pas en fonction de la culture qui est faite. Et c'est
un bien qu'on a, qui nous assure un revenu, tandis que, les autres entreprises dans les autres secteurs, leur
élément de production n'est pas taxé. On est un des rares secteurs où est-ce que notre élément de production
est taxé, et puis c'est taxé en fonction des valeurs qui n'ont aucun lien,
pratiquement, avec notre production.
Moi, dans mon secteur où est-ce que je suis, je
suis à proximité de la ville, j'ai des lots que j'ai achetés de certains
contracteurs pour continuer à faire de
l'agriculture, mais au détriment d'autres secteurs de mon entreprise. Parce que
j'ai... On est dans un endroit et on
veut continuer en proximité de la ville, donc a fait des choix aussi, mais je
suis un petit peu brimé, mais c'est une
minorité. Et, la partie qu'on apporte à l'ensemble de l'environnement, j'ai le
tiers de mes cultures que c'est une
culture fourragère, qui, au niveau de l'environnement, n'a pas besoin
d'intrants, pas besoin d'herbicides et qui est pour la transformation,
pour faire du lait.
Mme Tardif :
Merci.
Le Président (M. Lemay) : Très bien. Donc, ceci complète le bloc d'échange
avec la partie du gouvernement, et je cède maintenant la parole à la
députée de Maurice-Richard pour son intervention.
Mme Montpetit : Je vous remercie. Bonjour à vous deux. Je
commencerais sur un petit aparté pour vous féliciter de la campagne de pub qui a été faite durant le
temps des fêtes puis au retour des fêtes, avec la moustache. À chaque année,
c'est un immense succès, puis, à chaque
année, j'ai envie de dire : Ah! c'est encore meilleur que l'année passée,
mais elles sont tellement toutes
bonnes. Mais, cette année, je dois avouer qu'il y avait un petit truc
particulièrement sympathique, de voir
les enfants avec des propos... jouer la comédie un peu avec des propos
d'adultes. C'était bien sympathique, puis je vous en félicite parce que ça
met à l'avant-plan l'importance, encore là, d'acheter québécois puis
d'encourager nos producteurs de lait.
Puis on sait à quel point c'est particulièrement important de garder ça
présent, je vais dire, dans l'espace médiatique, avec tout ce qui se
passe avec les ententes avec les États-Unis puis les ouvertures de marché,
notamment.
J'aimerais
ça vous entendre... puis là je ne prendrai probablement pas tout le temps qui
m'est imparti, parce que je comprends
que vous partagez beaucoup, dans le fond, d'éléments puis de recommandations
qui ont été présentés aussi par
L'Union des producteurs agricoles, qui était là juste avant vous, qui est juste
derrière vous, on les voit encore, mais j'aimerais ça vous entendre, dans le fond, si... les impacts concrets
pour votre secteur à vous, justement, si la question du plafonnement n'est pas ajustée dans le projet
de loi. Parce que je posais la question un petit peu plus tôt, à savoir si on
avait quelque chose de durable dans le
projet de loi qui est présenté devant nous. La réponse, c'est malheureusement
non. Donc, je pense qu'il y a du
travail à faire à ce niveau-là. Pour votre secteur, est-ce que... C'est quoi,
les impacts concrets, dans le fond, de ne pas faire les ajustements qui
sont demandés?
Mme Bouchard-Santerre (Florence) : Un élément qui est à soulever, c'est : quand
vous regardez la valeur moyenne des terres pour les fermes laitières, on
fait une enquête de coûts de production annuellement pour l'industrie. On est quand même, actuellement, pour 2018, à 9 500 $ en bas de la valeur moyenne du Québec.
Donc, déjà là, en partant, on part beaucoup
plus loin parce que la production laitière est présente en région périphérique,
est présente dans différents secteurs qui
sont plus excentrés. Il y a des bassins de production à proximité des grandes
villes, mais il y a vraiment une présence partout sur le territoire.
Le
plafond à 32 000 $ qui est proposé actuellement va toucher
probablement moins de producteurs laitiers dans ce contexte-là, tandis qu'à 24 000 $, même si on est à près de
deux fois la valeur moyenne des terres pour la production laitière, on
est déjà plus près d'une réalité de production comme on la connaît
actuellement.
Mme Montpetit : Est-ce que, justement, vous avez fait
l'évaluation... Vous le présentez bien, là, comme vous êtes un peu plus hors des grands centres, les valeurs
sont peut-être moins élevées également en région. Est-ce que vous avez fait
l'évaluation du... Bien, je commencerais par
la première question : Le nombre... combien il y a de fermes laitières
actuellement au Québec, puis, si ce
n'est pas un chiffre exact, combien vous évaluez qu'il y en a qui ne seront
pas, dans le fond, touché par ce qui est proposé présentement, là?
Mme Bouchard-Santerre
(Florence) : C'est une bonne
question. On n'a pas fait l'évaluation parce que les données sont disponibles, en fait, par municipalités, donc
c'est plutôt difficile de déterminer qui est en production laitière ou non
dans chacune des municipalités.
Probablement, vu la présence principale de la production dans les différentes
régions périphériques, que certains producteurs de Montérégie, par
exemple, de Lanaudière, dans certains coins plus autour des grandes villes, vont être visés par un plafond. Pour les autres,
c'est plus une approche du type du taux distinct qui pourrait permettre
d'améliorer la situation au niveau de la fiscalité foncière.
Mme Montpetit :
Quand vous dites : «Pour les autres», est-ce qu'il y a des régions
particulières, justement, qui pourraient être touchées davantage, justement, si
le plafond n'est pas révisé? On parle de la Gaspésie, on...
Mme Bouchard-Santerre (Florence) : De ce que je comprends, le plafond s'appliquerait
vraiment dans certaines terres
spécifiques de régions spécifiques, ce qui fait en sorte qu'on exclurait
l'ensemble des régions périphériques où il n'y a pas de transactions qui
se font aux montants qui sont déterminés actuellement, là.
Puis,
même, dans des régions centrales comme la Montérégie, comme Lanaudière, c'est
un certain volume de terres qui
serait visé, tandis que d'autres terres ne seraient pas touchées par le plafond
actuel, pourraient l'être à un plafond de 24 000 $. Déjà, ça pourrait aider à
donner un peu d'air aux entreprises qui sont à proximité des grands centres ou
dans les régions où il y a eu plus
d'activités, disons, de transaction de terres ces dernières années. Mais, pour
l'ensemble, c'est vraiment par une
action du type d'un taux distinct qu'il pourrait y avoir une meilleure
répartition du fardeau fiscal.
Mme Montpetit : Vous avez dit, juste pour que je vous... Est-ce
que vous avez dit 24 000 $ au niveau du plafonnement?
Mme Bouchard-Santerre (Florence) : Bien, en fait, ce que l'UPA proposait, c'était un
24 000 $ qui est présenté. C'est
un peu plus que la moyenne de la valeur des terres en 2018, c'est
10 000 $ de plus que la valeur moyenne des terres en
production laitière pour la même année, mais ça va déjà améliorer la situation
pour les producteurs qui ont vécu un impact plus direct.
Mme
Montpetit : J'avais peut-être... J'avais compris 25 000 $,
c'est pour ça que j'étais surprise du 24 000 $. Et est-ce que vous
avez, comme données, ou si vous pouvez...
Ah! oui, j'aurais une petite demande aussi, je
m'excuse, j'aurais dû le faire d'entrée de jeu, je pensais que le président
allait le faire comme on l'a fait avec les
autres groupes, mais, comme vous n'avez pas déposé de mémoire, j'imagine qu'il
serait possible de nous faire... de déposer
au secrétariat votre allocution avec votre argumentaire puis les demandes qui
sont faites par votre groupe. Ça va nous être très utile pour l'étude
détaillée par la suite.
Est-ce
que vous avez, comme données... ou est-ce que vous pouvez nous faire suivre si
vous ne l'avez pas, là, mais je
présume que c'est le genre de données que vous avez avec vous, là, la valeur
foncière moyenne des terres laitières à l'hectare, là, au Québec, ça
tourne autour de combien?
Mme Bouchard-Santerre
(Florence) : Pour 2018, c'est l'année la plus récente qui a été
enquêtée, on parle d'un
13 532,61 $ par hectare pour le coût de production de 2018. C'était
4 000 $ et quelques il y a 10 ans. Donc, il y a eu une
progression de 176 % entre 2009, 2018. C'est quand même très significatif,
là, pour un secteur d'activité qui est principalement en région périphérique.
Mme Montpetit :
Je vous remercie beaucoup.
Le
Président (M. Lemay) : Très bien. Donc, M. le député de
Jacques-Cartier. Non? Parfait. Donc, ceci complète la période d'échange avec l'opposition officielle.
Je cède maintenant la parole à la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue pour sa période d'échange.
• (11 h 40) •
Mme Lessard-Therrien :
Merci, M. le Président. Merci beaucoup pour votre intervention. À la toute fin,
vous avez parlé, M. Mathieu,
de... vous avez donné l'exemple chez vous, puis j'ai trouvé ça très intéressant
quand vous avez parlé de vos terres
qui sont en fourrage, qui n'ont pas nécessairement les mêmes rendements, je
veux dire, au niveau monétaire, que,
par exemple, quelque chose qui serait exploité en grain, c'est un peu ce que
vous avez dit, là. Puis je comprends que, là, tu sais, avec le projet de loi
actuel, on n'est pas... ce n'est pas une grande réforme, là. Moi, je dis :
C'est un peu un plasteur pour donner
un peu de répit aux agriculteurs, mais on n'est pas dans une grande réforme.
Mais comment... est-ce qu'on ne peut pas trouver un juste milieu,
peut-être, pour vous en donner un petit peu plus?
Puis
je ferais le lien avec la proposition qui a été soulignée par les producteurs
forestiers qu'on a rencontrés, où, quand
les producteurs forestiers vont aménager leurs forêts, ils vont avoir droit au
taux distinct que les municipalités pourront établir. Dans le cas de certaines entreprises agricoles, par exemple,
comme les producteurs laitiers, où une partie de leurs terres sont
dédiées à valoriser la culture à la ferme pour nourrir le bétail, entre autres,
est-ce qu'on ne pourrait pas ajouter une
dimension un peu similaire, une espèce de plus-value, de bonus, un genre de
taux distinct comme ça s'applique pour les
producteurs forestiers sous aménagement? Ils bénéficient de cette plus-value-là.
Là, c'est un peu compliqué, puis on jase, là, je viens juste d'y penser, puis ça serait à définir, mais est-ce
qu'il n'y aurait pas là quelque chose qui pourrait être de l'ordre d'une
solution un peu à mi-chemin?
M. Mathieu (Jasmin) : Ça reste un beau rêve... que j'y adhère. C'est
l'application, je pense, au niveau des règles... puis il y a certaines
provinces... L'Ontario, je pense, ils sont comme ça?
Mme Bouchard-Santerre
(Florence) : En fait, c'est
que c'est très lié à la valeur agroéconomique ou la valeur agronomique d'une terre. Donc, c'est par là qu'on
serait capables de capter de potentielles variations. Mais c'est un concept
qui existe ailleurs, dans d'autres
provinces, qui est appliqué, ce qui pourrait permettre de, justement, peut-être,
travailler plus sur ce que peut
redonner comme terres à l'entreprise, plus que sur la valeur qui est... de
transactions spéculatives.
Mme Lessard-Therrien : O.K. Tu sais, actuellement, moi, je serais
étonnée qu'on arrive à convaincre la partie gouvernementale, dire, tu sais : Rejetez ce que vous avez mis dans
le projet de loi pour aller vraiment avec une, tu sais... que les terres soient évaluées en fonction de la
valeur agronomique, selon le rendement, comme il est proposé. Moi, je trouve
ça intéressant, mais, bon, ce n'est pas moi qui est assise de l'autre côté de
la table, mais ça serait de dire : Bon, bien, on applique le modèle actuel, mais, dans le cas de certains types
d'entreprises, justement, comme les producteurs laitiers où on a valorisation
à la ferme, bien, on ajoute quelque chose de supplémentaire, tu sais, c'est
plus dans cet ordre-là. Après, bien sûr, il faut définir les paramètres, les
modalités, ça s'applique pour qui, pour quand.
Mais
moi, je suis particulièrement sensible à... dans votre cas, les entreprises
laitières où il y a valorisation à la ferme. Je veux dire, vous l'avez dit vous-même, dans vos fourrages, il y a une
utilisation de beaucoup moins de produits chimiques. Au niveau de l'occupation du territoire, c'est beaucoup
plus dynamique, tout ça. Ça a une incidence d'avoir plusieurs entreprises
laitières que d'avoir quelques grands
producteurs céréaliers. Dans ma région de l'Abitibi-Témiscamingue, on
constate que beaucoup de gens
délaissent la production animale pour s'en aller vers la production céréalière,
mais, en termes d'occupation du territoire, ça n'a pas le même impact.
Donc, de
reconnaître ça, finalement, qu'est-ce qui occupe plus le territoire,
qu'est-ce... tu sais, ça serait comme un genre de bonus. Donc, je crois
comprendre qu'il y aurait peut-être une certaine adhération?
M. Mathieu
(Jasmin) : C'est sûr que
c'est une belle philosophie. C'est dans... l'application de la règle qui peut
être plus compliquée, mais c'est une bonne réflexion à avoir.
Mme Lessard-Therrien : Bien,
parlons-nous avant qu'on dépose des amendements.
Le
Président (M. Lemay) :
Donc, maintenant, je cède la parole au député de Bonaventure pour sa période
d'échange.
M. Roy : Merci, M. le Président. Bonjour. Vous avez démontré une certaine
frustration, je pense, là, par rapport au
rôle des municipalités dans l'évaluation des terres agricoles. J'aimerais vous
entendre là-dessus un peu plus. Est-ce que vous considérez qu'elles ont un rôle ou une responsabilité importante
dans l'augmentation fulgurante des valeurs des terres pour faire passer
le gouvernement au tiroir-caisse?
M. Mathieu (Jasmin) : Je pense
que les...
M. Roy : ...vous pouvez
parler, là, il n'y a personne qui vous...
M. Mathieu
(Jasmin) : Le rôle des
municipalités... Elle a un rôle, elle a des citoyens, puis, dans les
municipalités, il y a des agriculteurs, puis ces agriculteurs-là, ils
veulent participer à la collectivité, mais à leur juste valeur. Présentement,
je pense que les agriculteurs, ils contribuent beaucoup trop puis à une valeur
qui n'est pas justifiable par rapport à
l'ensemble des citoyens, d'où, là... Le taux distinct peut être une
bonification, vraiment, pour mieux participer, chacun à la bonne hauteur, à la continuité des municipalités. Et il y a
des municipalités qui en ont mis, il y a des villes, comme Mascouche, qui a un taux distinct, qui ont
mis un taux distinct, puis, au niveau de la population, ça a très
bien passé, ça aide au secteur
agricole. Ça fait que c'est un équilibre des charges qu'il faut avoir, c'est
l'équilibre que ça prend.
M. Roy : Si je comprends bien, vous n'acquiescez pas aux
doléances de certaines municipalités qui crient haut et fort que c'est une
iniquité, et etc.?
M. Mathieu
(Jasmin) : Aucunement. Je
peux vous en nommer, des iniquités. Les maringouins me coûtent
1 800 $ à Terrebonne. Je paie personnellement
1 800 $ pour tuer tous les maringouins, tandis que chaque citoyen
paie 25 $. Est-ce que c'est équitable?
M. Roy : Ça a le mérite
d'être clair. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Lemay) : Très bien.
Donc, merci beaucoup, M. le
député de Bonaventure. Alors, avant de terminer, j'ai quelque chose à vous mentionner. Alors, tout
d'abord, je vous remercie beaucoup, M. Mathieu et
Mme Bouchard-Santerre, pour votre présentation et votre exposé.
Mémoires et document déposés
Et, avant
d'ajourner les travaux, je vais déposer les mémoires des organismes qui n'ont
pas été entendus, notamment les résolutions reçues de la part des
municipalités qui souhaitaient qu'elles soient déposées en commission.
Et maintenant la commission ajourne ses travaux
sine die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 11 h 47)