(Quinze heures huit minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Bon après-midi, tout le monde! Comme nous avons le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte et je sollicite votre attention pour vos téléphones
cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude détaillée du projet de loi n° 54,
Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bolduc (Mégantic) est
remplacé par M. Fortin (Sherbrooke); M. Simard (Dubuc) est remplacé par
M. Drolet (Jean-Lesage); M. Bérubé (Matane-Matapédia) est remplacé par Mme
Maltais (Taschereau); et M. Roy (Bonaventure) est remplacé par Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve).
Mémoires déposés
Le
Président (M. Morin) : Merci bien. Avant de commencer, je
dépose les mémoires d'organismes que nous avons reçus depuis la fin des
consultations particulières et auditions publiques. Ils sont déposés.
Remarques préliminaires
Sans plus tarder, M. le ministre, je vous invite
à faire vos remarques préliminaires. Vous avez 20 minutes.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
M. le Président. Nous entreprenons aujourd'hui l'étude détaillée du projet de loi n° 54, projet de loi
intitulé Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
Cette étape importante de notre processus législatif nous rapproche
d'une meilleure protection de nos animaux. Je souligne d'ailleurs que, le
8 octobre dernier, le principe dudit projet de loi a été adopté à
l'unanimité. Je tiens à remercier tous les députés de l'Assemblée nationale du
Québec.
Je rappelle
que ce projet de loi, déposé le 5 juin dernier à l'Assemblée nationale,
comporte deux volets : d'une part,
il propose de modifier le statut juridique de l'animal au Code civil du Québec
et, d'autre part, d'édicter la Loi sur le
bien-être et la sécurité de l'animal. Par le dépôt de ce projet de loi, je
confirme la volonté du gouvernement de réprimer la négligence et la cruauté envers les animaux. Je
sens que cette volonté est également partagée à l'unanimité des membres
de cette commission parlementaire.
• (15 h 10) •
Du
14 septembre au 7 octobre, cette commission a procédé à des consultations particulières et
auditions publiques. Les nombreux mémoires et commentaires reçus
témoignent de l'intérêt de la population pour cette question. J'ai été sensible aux commentaires, suggestions et
préoccupations soulevés dans le cadre des consultations particulières.
Je remercie encore tous ceux et
celles qui y ont participé. Je veux aussi souligner le climat non partisan qui
a prévalu tout au long des travaux de la commission. Je souhaite que
nous conservions la même ambiance conviviale au cours de l'étude article par article. Les travaux de la commission nous ont éclairés sur certains aspects du projet de loi. Des améliorations nous ont été proposées, dont certaines seront
probablement retenues. Soyez assurés de mon ouverture à travailler dans le sens
du meilleur projet de loi possible.
J'aimerais
prendre quelques minutes pour vous présenter le juriste
d'expérience qui a collaboré à la rédaction du projet de loi n° 54,
Me Claude Gélinas, qui est assis à l'arrière. Me Gélinas a été conseiller
au bureau des lois et règlements du ministère de la Justice du Québec. Il a également été avocat-conseil
en législation à l'Assemblée
nationale du Québec.
M. le Président, dès mon entrée en fonction à titre de ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
j'ai affirmé que le bien-être des animaux constituait une priorité. Les divers
cas de cruauté animale exposés dans les médias nous ont tous interpellés et ont
choqué la population du Québec. Il faut que le Québec resserre sa législation.
Il
n'y a plus de doute en 2015 pour nous
et nos concitoyens que les animaux ne sont pas des biens meubles. C'est pourquoi
la première partie de ce projet de
loi modifie le Code civil
du Québec afin que les animaux soient considérés légalement non plus comme des biens meubles, mais
plutôt comme des êtres doués de sensibilité et ayant des impératifs biologiques. Cette modification est inspirée des
meilleures pratiques législatives européennes, soit celles de la France,
de la Suisse, de l'Allemagne et de
l'Autriche. En ce qui concerne la deuxième partie du projet de loi, elle édicte la loi particulière sur le bien-être et la sécurité de l'animal, qui s'inspire des lois en
vigueur dans les trois provinces canadiennes occupant la tête du classement de
l'Animal Legal Defense Fund, soit le Manitoba, l'Ontario et la Colombie-Britannique.
Le Québec peut et doit
faire mieux en matière de bien-être animal. Nous nous devons d'être la voix de
nos animaux, qui n'ont que la nôtre pour
s'exprimer. Je terminerai en recitant Gandhi : «On reconnaît le degré de
civilisation d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux.» Merci,
M. le Président.
Le
Président (M. Morin) :
Merci, M. le ministre, merci pour vos remarques. J'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition
officielle, M. le député de Berthier.
M. André Villeneuve
M. Villeneuve : Bonjour, M.
le Président. Je veux saluer M. le ministre, les députés du gouvernement qui
sont présents et, bien sûr, les gens du ministère qui vous accompagnent. Je
veux saluer aussi mes collègues qui sont avec
moi et, bien sûr, je veux saluer les gens de la CAQ qui sont
présents. Et je veux saluer toutes les personnes qui nous écoutent, parce
qu'assurément, M. le Président, elles sont nombreuses, elles sont nombreuses,
parce qu'effectivement, comme le ministre vient de le dire, c'est un
projet de loi qui interpelle et qui fait écho dans la population.
Nous avons
tous été, comme parlementaires, assurément interpellés par des citoyens,
notamment par évidemment la tenue de
la commission parlementaire, l'audition, donc, où on a rencontré, je le disais
et je le répète, des gens qui sont des
experts, sont des experts parce que, vous savez, lorsqu'on prend à coeur un
débat ou qu'on prend à coeur un projet, inévitablement, on devient des
experts en la matière. Et ces gens-là sont venus non seulement nous donner leur
avis, sont venus non seulement nous dire...
nous faire entendre, finalement, ou nous faire comprendre qu'ils ont des
attentes importantes par ce projet de loi
là, M. le Président, mais ils sont aussi venus nous transmettre leur passion,
leur passion des animaux. Et donc je
tiens à les saluer et je tiens à leur dire que tout n'est pas joué, bien au
contraire. Je crois que les gens l'ont bien compris. Le ministre s'est
montré très ouvert durant la commission parlementaire, il vient de réitérer
cette ouverture-là. On espère que cela se
concrétisera à même le projet de loi que nous allons étudier d'ici les
prochaines heures et pendant on verra
combien de temps. Mais il faut le faire comme il faut. Et donc tout n'est pas
joué, et j'invite les gens, par le
biais du site de l'Assemblée nationale ou par le biais de nos bureaux
respectifs, de nous faire parvenir leurs suggestions ou leurs
commentaires qu'ils pourraient avoir au cours de cette commission, M. le
Président.
M. le
Président, je le dis et je le répète, je pense que c'est important, nous, les
parlementaires ici, nous sommes le vecteur, finalement, d'aspirations de
nos populations, la population du Québec, et, lorsqu'un projet de loi arrive
ici, à l'Assemblée nationale, souvent c'est parce que justement nos
populations, nos gens sur le terrain nous ont fait bien comprendre que nous
devions apporter des modifications ou tout simplement mettre une loi en place
pour justement répondre à ces aspirations-là.
Ce projet de loi là n'est pas différent des
autres, c'est parce qu'il y a vraiment au sein de la population une inquiétude et, je dirais même, une certaine...
j'essaie de trouver le mot exact, M.
le Président, mais une certaine...
parce qu'on a vu dans les journaux, monsieur... ou à la télévision, dans les
différents moyens de communication, on a vu les atrocités dont a fait état le ministre, certaines atrocités, et évidemment
les gens ne veulent plus que cela se répète, donc, cette indignation
très forte dans la population par rapport au sort qui est réservé parfois à des
animaux. On comprend que c'est des situations
assez exceptionnelles, mais une situation en est une de trop, et je pense
que, le projet de loi que nous avons devant nous, M. le
Président, en tenant compte de ce que les gens nous ont dit en commission
parlementaire, les commentaires qu'ils nous ont apportés, on va pouvoir le bonifier de belle façon. En
fait, moi personnellement... et je pense que c'est l'ensemble des parlementaires, nous avons tous, je pense, ce profond défi là d'arriver à un projet de loi qui sera le mieux fait possible, qui répondra le mieux possible, finalement, aux impératifs que nous nous sommes donnés, parce qu'on dit bien ici : Bien-être, sécurité animale. «Sécurité», je pense
qu'on l'a vu dans le projet de loi, on le sent, hein, on sent qu'il y a une approche qui veut être plus réglementée,
mieux réglementée pour justement assurer la sécurité. Quand on parle de «bien-être», c'est peut-être
un peu plus compliqué, je dirais, M.
le Président, parce que
le bien-être peut-être
subjectif, d'une certaine façon.
Alors, il y aura tout un travail à faire par
rapport au projet de loi pour s'assurer que... et on comprend tous la même chose, finalement, pour que ça puisse
se décliner et qu'il puisse y avoir un bel écho dans la population.
Et, ça aussi, je le dis souvent, M. le Président, un projet de loi, ou un règlement, ou une résolution, ou une motion, lorsqu'on
veut qu'il ait le maximum d'échos dans la population, encore faut-il que
les gens se l'approprient, et c'est pour ça que je disais en début d'ouverture, M. le Président, que j'invite les gens à nous écouter et à écouter la commission
et à ne pas hésiter à faire leurs commentaires pour, justement, s'assurer qu'il y aura un maximum d'échos dans la population par rapport
aux travaux qui vont nous animer durant les prochains jours, prochaines
semaines.
M. le
Président, l'esprit du projet de loi, on se comprend, c'est le bien-être
animal. Il y a une question qu'on ne pourra pas éviter, et je pense que
M. le ministre a fait quelques commentaires à ce sujet-là, quand on parle
d'abattage rituel. Alors, c'est une question
qu'on ne pourra pas éviter, et on ne doit pas l'éviter. On peut penser des fois
que c'est l'éléphant dans la pièce,
mais on ne pourra pas l'éviter, cette question-là. M. le ministre a fait
quelques commentaires à certains journalistes. On aura l'occasion d'en
rediscuter au cours de l'étude article par article, parce que l'esprit du projet de loi, et là vous me corrigez si je me
trompe, mais c'est justement de s'assurer que ce bien-être animal là
pourra avoir cours sur l'ensemble du territoire québécois. Et là il y a une
question qui vient évidemment, c'est au niveau des abattoirs sous juridiction fédérale. On sait que le projet de loi actuel
n'assujettira pas, finalement, les abattoirs fédéraux, et ce que le ministre nous disait, c'est que ça... et,
quand on sait que tout près de 100 % de l'abattage, M. le Président, se
fait dans les abattoirs... ce n'est pas
100 %, mais ça avoisine pas mal. Si on parle du poulet, si on parle du
porc, etc., il y a beaucoup
d'abattage, énormément, tout près de 100 %, qui se fait dans les abattoirs
sous juridiction fédérale, et, ce faisant, le projet de loi n'aura pas force — excusez la redondance — force de loi au niveau des abattoirs du
fédéral. Et là le ministre nous disait : Bien, ça fonctionnera par protocole. Mais on aura
l'occasion de rediscuter de cela, parce que vous comprendrez qu'il serait malhonnête qu'on ne le dise pas,
finalement. Il faut que les gens le sachent, il faut que les gens sachent
que ce projet de loi là, sur lequel on va
travailler... et assurément on arrivera à quelque chose, en bout de piste, qui
sera sûrement... et qui répondra
sûrement aux aspirations des Québécois en matière de bien-être animal, eh bien,
il faut leur dire qu'il y a comme un problème qui se pose quant aux
abattoirs sous juridiction fédérale.
Bon. Ceci étant dit, M. le Président, ces
précisions étant faites, le ministre peut s'assurer de notre entière collaboration à ce projet de loi là. C'est un
projet de loi qui aura une portée... et, encore là, je le dis souvent, un
projet de loi ou une loi, avant
qu'elle soit souvent réouverte, à moins d'urgence majeure, peut prendre des
années, voire des décennies avant
qu'elle soit retouchée, alors d'autant plus important de le faire comme il faut
et de prendre le temps de le faire comme il faut. J'arrête sur cet
aspect-là, M. le Président, et je demande, tout simplement, pendant que j'ai
quelques instants, je demande au ministre... Peut-être qu'il pourra nous répondre tantôt. On n'a pas
reçu de cahier, mais, bon, je sais que le ministre n'en a pas, et tant
mieux si ça lui sied ainsi de ne pas en avoir, mais, de mémoire de député — ça
fait depuis 2008 que je suis ici — j'ai
rarement, sinon jamais vu ça. Mais on aura l'occasion peut-être
tantôt de rediscuter de cet aspect-là. Et
j'ose espérer, M. le Président... et là je tends la main au ministre,
assurément, et il l'a dit d'entrée de
jeu tantôt, s'il a bien écouté les gens qu'on a rencontrés en commission parlementaire et les mémoires qui ont
été déposés, ainsi que tous les commentaires qui sont sur le site
de l'Assemblée nationale, assurément que le projet de loi doit comporter
certains, pour ne pas dire plusieurs amendements.
Et donc je
tends la main au ministre à savoir si les amendements, parce que son équipe et
lui-même ont sûrement travaillé très fort, j'en suis convaincu, à
justement...
• (15 h 20) •
Une voix : ...
M.
Villeneuve : ... — oui, travaillé, disons — ont sûrement dû travailler à s'assurer que
le projet de loi puisse répondre,
justement, aux interventions des gens, et donc il a sûrement des amendements
entre les mains présentement. Alors,
si c'était possible d'en prendre connaissance — ça peut se faire soit par dépôt à la
commission ou ça peut se faire tout simplement,
que les parlementaires puissent les regarder, les consulter — je pense que ça aiderait à avancer peut-être... je
n'ose pas trop me... peut-être plus
rapidement, mais, à tout le moins, plus efficacement au niveau de l'étude du
projet de loi.
Alors, là-dessus, je tends la main au ministre.
Si tel est le cas, s'il y a des amendements de préparés déjà, qu'on puisse les regarder, je pense que ça
pourrait amener... puis ça permettrait aussi, M. le Président, aux gens qui
sont venus nous rencontrer... bien, ça leur
permettrait aussi de voir jusqu'à quel point l'oreille des parlementaires les a
bien entendus. Alors, voilà, M. le Président, ce sera tout pour mes remarques
d'ouverture. Merci.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier, merci pour ces remarques.
J'invite maintenant la porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière d'agriculture, pêcheries et...
Une voix : M. le Président...
Le Président (M. Morin) :
Oui, ça va venir par la suite.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui. Mme la députée de Mirabel.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
C'est par après, après la députée de Mirabel. Je m'excuse, là. Allez-y.
Mme Sylvie D'Amours
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. Bien, M. le Président, tout d'abord, je désire vous féliciter, vous
remercier...
Mme
Maltais :
Pardon, M. le Président. Excusez-moi, Mme la députée, mais ce que j'ai vu, moi, d'usage... je vous demande juste de vérifier auprès du
secrétaire, ça peut être juste un petit méli-mélo, là, mais, d'usage, les
députés de l'opposition officielle font leurs remarques préliminaires, et
ensuite les députés de la deuxième opposition font leurs remarques
préliminaires. J'ai devant moi un ancien leader qui connaît très bien ces
règles.
Alors, M. le
Président, je vous demande de revenir à l'usage parlementaire. C'est simplement
parce qu'on veut que ce soit respecté, les usages, là.
Le Président (M. Morin) : Je
conserve ma décision. On commence par les porte-parole des oppositions et
ensuite on revient à ceux et celles qui veulent faire des remarques
préliminaires.
Mme
Maltais :
...M. le Président, si vous permettez, simplement, pour bien qu'on se
comprenne, là. Vous maintenez votre décision, mais est-ce que cette décision
est un changement de directive? Parce que, si vous changez une façon de faire, il faut qu'on le sache
immédiatement pour qu'on vérifie et qu'on vous dise tout de suite que, si
vous changez de façon de faire, nous, on va
retourner à l'Assemblée nationale, on va vérifier à ce que ce ne devienne pas
une règle, parce qu'à ce moment-là on va
protester immédiatement puis là on va... Ça fait que ou bien c'est un
changement de règle ou bien c'est correct. Alors, si c'est correct, on y va
comme ça. Parfait.
Le
Président (M. Morin) : Moi aussi, je suis ici depuis 2003 et je
me rappelle très bien de la façon de faire. C'est comme ça, normalement,
qu'on procède.
Mme
Maltais :
Parfait. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée de Mirabel, je veux vous entendre.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bien, M. le Président, moi,
j'aimerais vous remercier, j'aimerais souligner
le travail que vous avez parfaitement mené pour les travaux de la commission du
projet de loi n° 54, par votre approche,
vis-à-vis l'écoute que vous nous avez permise au sujet des groupes que l'on a
reçus, et ça, ça nous a permis de comprendre
l'impact du projet de loi qui est en exemple. Je vous invite, M. le Président,
tout comme les membres de la commission,
à s'en inspirer et à poursuivre les travaux sur le projet de loi n° 54
avec ouverture et de façon constructive.
De
mon côté, je tiens à vous rappeler que je travaillerai de façon à améliorer le
projet de loi et que je ne suis pas ici
pour faire du temps. Je suis ici pour regarder, parler au nom des gens que je
représente et de m'être fait aussi une
idée sur les dossiers que l'on a reçus, sur les mémoires que l'on a reçus et, à
mon sens, à la lueur de ce que nous avons entendu,
que tous les organismes que nous avons rencontrés, tous étaient en accord avec
ce projet de loi. Alors, je
crois que nous devons nous en inspirer pour nos interventions.
En terminant, je tiens à dire que je crois qu'il est grand temps qu'un tel projet de loi soit disposé et que nous avons le
devoir de profiter de cette opportunité pour assurer le bien-être... et de la
sécurité des animaux et je pense ainsi à des ajustements qui permettraient des abattages souffrants en lien avec des
raisons religieuses ou des mesures qui pénaliseraient gravement les agriculteurs du Québec.
Alors, je serai ici pour vérifier que ce projet de loi ne brime pas ni
d'un côté ni de l'autre mais que ce soit fait en fonction du bien-être
animal. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) :
Merci, madame, pour ces remarques. Maintenant, qui ai-je l'honneur d'entendre? Mme la
députée de Taschereau ou Hochelaga-Maisonneuve? Hochelaga-Maisonneuve. Je veux
vous entendre.
Mme
Carole Poirier
Mme
Poirier : Merci, M. le Président. Alors, bien, ça me fait plaisir de saluer tout le monde et de m'inscrire pour accompagner
mon collègue dans le travail de fond, qui a déjà été
fait par le ministre et son ministère, en lien avec ce projet de loi là.
Il est important... et le ministre l'a dit même lors de ses remarques lors de
l'adoption de principe, de l'importance que le Québec devienne un leader et non pas en fin de ligne sur
sa réputation en lien avec le bien-être animal. Et ça, c'est important.
La mauvaise image du Québec actuel, il n'y a personne qui en est fier ici. Et,
si ce projet de loi là fait en sorte non pas
juste d'améliorer notre image, mais améliorer le bien-être des animaux, bien je pense
que toute la population du Québec va être contente.
Le
but du projet de loi, qui est tant l'encadrement de la vente des
animaux mais aussi l'encadrement de ceux qui maltraitent nos petits
animaux, particulièrement, et même l'ensemble des animaux en tant que tels,
bien, je pense que ça doit faire en sorte de devenir une pratique dont on ne
parle plus au Québec après ce projet de loi là. Il faut que ça devienne un défi pour toute la société québécoise,
que la cruauté animale, ça n'a pas sa place au Québec, et ça, là-dessus, vous avez notre soutien, M. le
ministre, vous pouvez en être garanti.
Cependant, il y a un
sujet qui nous préoccupe, et c'est l'insensibilisation des animaux. À ce
moment-ci, nous n'avons pas la certitude que
ce qui est dans le projet de loi est suffisant pour s'assurer que la règle de
pratique, la règle que les Québécois
s'attendent, qui est l'insensibilisation des animaux avant leur abattage, est
la règle pour tous les animaux et surtout
pour tous les animaux qui se retrouvent dans leurs assiettes. Et ça, on n'a pas
de garantie là-dessus. Il n'y
a pas d'étiquetage garanti, il n'y a pas de traçabilité garantie là-dessus,
et ça fait en sorte que ça crée de l'incertitude. Et, à mon avis, il faut
en venir à rassurer le citoyen à savoir que les animaux au Québec
qui passent à l'abattage l'ont été avec une procédure d'insensibilité. Et ça, je pense que, là-dessus,
on va être assez, tout le monde, d'accord. Il existe effectivement de l'abattage rituel, mais, si la règle au Québec,
c'est l'insensibilité, bien l'insensibilité devra être la règle, tout simplement. Il y a aussi la donne de
l'abattage sous la responsabilité fédérale. Si la règle québécoise,
c'est l'insensibilité, bien ça va être l'insensibilité pour tout le
monde, à mon avis.
• (15 h 30) •
Alors, je pense que,
si on se donne des balises aussi claires que c'est l'insensibilisation, au Québec,
qui est la règle, bien, je pense
que tout le monde va s'entendre et que les citoyens québécois
vont au moins savoir que la procédure admise par tous, c'est celle-là
qui fait foi au Québec, et il n'y en a pas d'autre, tout simplement. Alors, je
pense qu'à faire en sorte que nos pratiques
soient généralisées pour l'ensemble du processus fait en sorte que l'ensemble
des Québécois vont connaître une
règle, pas deux, pas trois, une règle, et que, l'abattage, qu'il soit rituel ou
autre, eh bien, on va être sûrs d'une
chose, c'est que c'est le bien-être animal duquel on parle ici. Et c'est
là-dessus qu'il va falloir, à mon avis, revenir. Est-ce que ce qui est plus important, c'est l'abattage rituel ou c'est
l'insensibilisation d'un animal? Et je pense que c'est là-dessus qu'il va falloir avoir une bonne
discussion et s'entendre, à mon avis, pour que la règle soit claire au
Québec, tout simplement.
Alors,
M. le Président, notre intention n'est pas ici de faire du temps ou prétendre
vouloir faire du temps, nous voulons que ce projet de loi là soit adopté
le plus rapidement possible si c'est possible, mais il y a des travaux à faire importants, c'est un projet de loi qui est trop
important. Il y a eu des remarques de faites par les gens qui sont passés
en commission qui sont des remarques très
pertinentes, très, très pertinentes. Et des fois un petit mot vient changer la
donne, mais c'est des mots qui vont valoir la peine d'être changés pour donner
tout son sens à ce projet de loi là.
Alors, M. le
Président, je réitère les propos de mon collègue le député de Berthier, notre
volonté, c'est de travailler à faire de ce projet de loi là, et comme le
ministre l'a dit, le meilleur projet de loi. Merci.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve. Mme la députée de Taschereau, vous voulez
intervenir?
Mme Agnès Maltais
Mme
Maltais :
Oui, M. le Président. Merci, M. le Président. Alors, je suis contente
d'intervenir sur ce projet de loi n° 54,
loi établissant la situation juridique de l'animal. Je salue le ministre, les
collègues qui sont là. Peut-être seront-ils étonnés de voir la porte-parole laïcité être ici, autour de la table,
mais c'est un projet de loi qui m'interpelle, qui interpelle notre parti
et, je pense, qui interpelle les valeurs québécoises.
L'animal n'est pas un bien meuble, l'animal est
un être doué de sensibilité, voilà des choses qui sont acquises maintenant, je pense, dans la société québécoise
et qui méritent d'être inscrites dans une loi, c'est pourquoi nous avons
immédiatement approuvé le principe de ce projet de loi. Mais le ministre a dit
aussi que le bien-être de l'animal est une
priorité. Moi, je pense, c'est là-dessus qu'on va travailler. Une priorité au
long de sa vie, ça veut dire aussi une priorité et son bien-être en fin de vie, et, si on ne doit pas
montrer de cruauté envers un animal pendant sa vie, bien, à la fin de sa
vie, c'est le même principe.
Alors, je participerai aux travaux
particulièrement quand nous en arriverons à voir quelles sont les mesures mises en place pour assurer le bien-être de
l'animal en cas d'abattage rituel. J'avoue qu'à la lecture du projet de loi
ce n'est pas évident. Peut-être que c'est
contenu, peut-être c'est dans l'esprit du ministre, mais mettons que ce n'est
pas encore dans la lettre de la loi,
alors on verra à voir ça, comment on peut établir ça dans la lettre de la loi.
Je suis sûre qu'il sera d'accord étant donné que, concernant l'abattage
rituel, nous avons peu de données quantitatives tant sur le phénomène lui-même que sur la commercialisation et que sur ce
que j'appellerai les flux d'argent que ça entraîne. Je pense que de se
poser des questions sur l'abattage rituel
dans le sens... mais cette fois-ci je serai là simplement là-dessus, là, et ma
présence est pour ça, elle est
simplement dans le sens du bien-être de l'animal. C'est pour ça que je serai
heureuse de participer aux travaux de cette Assemblée, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme la députée de Taschereau.
Est-ce qu'il y a d'autres membres de cette commission qui veulent
intervenir? Ça va? Oui?
M.
Villeneuve : Avec le consentement, si je peux ajouter quelque
chose avant de débuter, parce que je sais que le ministre va débuter...
Le Président (M. Morin) :
Allez-y.
M.
Villeneuve : ...je pose la question au ministre : Est-ce
qu'il est d'accord qu'on étudie le projet de loi article par article,
alinéa par alinéa pour le flux des communications et... Ça vous va?
Le Président (M. Morin) : On
n'a pas besoin de consentement pour ça, mais quand même...
M. Villeneuve : ...la parole,
M. le Président, le consentement.
Étude détaillée
Le Président (M. Morin) :
O.K. Ah bon! Ça va. Donc, nous sommes rendus qu'on prend en considération
l'article 7 du projet de loi. M. le ministre.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Pardon?
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
L'article 1. Oui, l'article 1. Excusez.
M. Villeneuve : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui.
M. Villeneuve :
J'aurais un amendement immédiatement à proposer aux parlementaires, à la
commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
en a un aussi.
M. Villeneuve : Ah bon!
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On
pourrait peut-être se l'échanger, on va peut-être aller dans le même
sens.
M. Villeneuve : Non, c'est
ça. J'ai posé la question si on avait un cahier. Le ministre, semble-t-il que
lui, il travaille sans cahier, c'est
correct, c'est fantastique. On posait la question si c'était possible que les
parlementaires puissent disposer d'un
cahier, mais, en fait, M. le Président, c'est que notre amendement est avant
l'article 1, il s'inscrit avant. Donc, est-ce que j'en fais lecture
et on le distribue, M. le Président?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi,
M. le Président, sur cette question-là, moi, je ne veux pas faire de procédure pour faire de la procédure. Si ça
précède l'article 1 à ce moment-ci puis ça apporte des éclaircissements,
bien, qu'on le soumette, puis on va le regarder.
Le Président (M. Morin) : Ça
va.
M. Villeneuve : Ça va? J'en
fais la lecture?
Le Président (M. Morin) :
Faites-en la lecture, et ensuite on...
M.
Villeneuve : D'accord. Donc : La Loi visant l'amélioration
de la situation juridique de l'animal est modifiée par l'ajout, après
l'intitulé de la partie I, de l'article suivant :
0.1. Le Code
civil du Québec est modifié par le remplacement de l'intitulé du livre
quatrième par le suivant : «Des biens et des animaux.»
Le Président (M. Morin) : Je
suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 36)
(Reprise à 15 h 38)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux. Je vais lire
l'amendement de l'opposition officielle : La Loi visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal est modifiée par l'ajout, après l'intitulé de la
partie I, de l'article suivant :
0.1. Le Code civil du Québec est modifié par le
remplacement de l'intitulé du livre quatrième par le suivant : «Des biens
et des animaux.»
M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci,
M. le Président. Bien, écoutez, on parle évidemment du Code civil du Québec,
toujours pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, là.
Ici, on parle du Code civil du Québec et,
lorsqu'on va, justement, au chapitre IV... le livre quatrième, pardon, eh bien, on y lit que finalement on fait... en
fait, on ne fait pas de distinction. Et je sais que ça a été soulevé par les
gens... en tout cas, moi, ce que j'ai retenu des auditions, c'est que les gens,
ils veulent que ce soit clair, ils veulent que ce soit clair, qu'on puisse se comprendre, finalement, et s'entendre. Et,
quand on regarde le livre quatrième, il y a... le projet de loi amène
des modifications, entre autres, aux articles 901, 905. Alors, on trouvait
que ça faisait du sens que de justement dire non pas seulement «des biens»,
donc, «de la distinction des biens», mais qu'on dise aussi : «Des biens et
des animaux.»
Donc là, on
vient, d'une certaine façon, poser une première pierre, je pense, en le faisant
ainsi, on vient poser une première
pierre pour s'assurer d'une compréhension, d'une concordance — même, on peut même parler de
concordance, d'une certaine façon — au niveau du Code civil du
Québec.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
• (15 h 40) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M.
le Président. Je pense que je vais utiliser une expression
appropriée : Ce n'est pas bête comme
approche, mais on l'avait considérée, sauf que, quand vous modifiez le Code
civil, vous jouez dans un casse-tête juridique qui est
multidimensionnel. L'article suivant va vous dire la chose suivante : «Les
animaux ne sont pas des biens.»
Ce que les juristes, experts en législation nous
disent — et,
si vous voulez interroger Me Gélinas, qui nous accompagne, là-dessus, moi, je n'ai pas d'objection — ce qu'ils nous disent, c'est qu'on rejoint
l'objectif avec le libellé que l'on a
présentement. Mais je ne vous en veux pas d'avoir proposé cet amendement-là, on
avait considéré cette façon de faire là. Au niveau du ministère de la Justice, ils
avaient des objections sur l'équilibre du Code civil, et le Code civil n'est
pas une loi que l'on ouvre à tous les jours.
Moi, je me rappelle de la réforme du Code civil, il y a une députée qui va s'en
rappeler aussi, parce que, sa collègue de l'époque pour qui elle
travaillait, je vais la mentionner, Louise Harel et Gil Rémillard sont arrivés,
après 25 ans de travaux, d'études de professionnels, tout ce que vous
voulez, à modifier le Code civil.
C'est
exceptionnel qu'un ministre sectoriel puisse jouer dans le Code civil. Je
remercie la ministre de la Justice de la possibilité qu'elle nous a offerte. Maintenant, on n'ajoute pas, je le
soumets respectueusement, avec votre amendement, de droit comme tel, sur la base du droit, on met en porte-à-faux
certains autres articles — là, je ne peux pas vous exprimer lesquels — puis on
rejoint l'objectif recherché, que l'animal n'est pas un bien meuble. À partir
de ce moment-là, moi, je ne peux pas,
à ce moment-ci, là, endosser une modification qui, bien qu'intéressante, je le
dis comme tel, n'apporte pas d'avantage et va nous forcer à retourner,
parce que la procédure prévoit une telle démarche, au ministère de la Justice. La justice a le bras long, mais parfois
les délais sont à la même longueur que le bras. Si j'avais des gains
potentiels pour l'animal, je vous dirais
oui, puis, si je n'ai pas de gain potentiel pour l'animal, bien je vous dis à
ce moment-ci : On rejoint le même objectif à l'article suivant.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Juste peut-être que le ministre me précise, parce
que... qu'il fasse une précision, ce que j'entends et ce que je comprends des propos qu'il vient de
tenir, dans le fond, c'est qu'étant donné que ce serait très compliqué
de toucher au Code civil est-ce à dire que,
présentement, le projet de loi qui est devant nous, tout ce qui a trait au Code
civil, donc, on ne peut pas y toucher, là, on ne touche plus à rien, là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non.
D'ailleurs...
M.
Villeneuve : Non, c'est ça. Bon. Voilà. Je pensais que j'avais
compris ça. Non, c'est parce que je trouve ça important de le savoir tout de suite, là, parce que, si c'est ça, ça
enlève beaucoup de marge de manoeuvre si jamais on a des modifications
ou des amendements à déposer.
Mais, écoutez, je ne sais pas si... et j'ai très
bien compris les explications du ministre, mais est-ce qu'on peut effectivement discuter un peu avec le juriste qui
est ici au niveau... On aurait peut-être quelques questions par rapport
à cette difficulté-là, là, qui s'installe dès l'ouverture des discussions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
prend le consentement, M. le Président?
M. Villeneuve : Ah! là, oui,
par exemple.
Le Président (M. Morin) :
Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
prend le consentement de tout le monde.
M. Villeneuve : Consentement.
Le
Président (M. Morin) : On a le consentement, comme d'habitude,
à cette commission sur le bien-être animal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Le
juriste en question n'a pas d'objection, mais, comme il était au travail pendant votre intervention, il faudrait la
reprendre du début. Ça va? Si vous êtes prêt à la reprendre, il va en prendre
note puis il va y répondre.
M.
Villeneuve : Ce qu'on peut faire, M. le... si on peut
suspendre quelques instants, qu'il prenne connaissance... et puis on
pourra rouvrir après, là. Ce sera peut-être plus rapide comme ça, là.
Une voix : ...
M. Villeneuve : Bien, O.K.,
je peux le reprendre pour le bénéfice de M. le juriste.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...m'a
dit à l'oreille : Je suis complètement d'accord avec ce que vous
avez dit et je n'ai rien à ajouter. Mais, si vous voulez lui faire dire dans le
micro, il va vous le répéter.
M.
Villeneuve : Là, j'ai un peu de difficultés à suivre et
j'aimerais mieux l'entendre. Et puis, après ça, étant donné que c'est M.
le ministre qui... parce que, ce que je comprends, c'est qu'il est d'accord.
Le Président (M. Morin) : Si
vous voulez vous présenter.
M. Gélinas
(Claude) : Me Claude Gélinas, avocat. Ce que j'ai compris lorsque
le ministre a donné l'explication au niveau de l'ajout de «des biens et
des animaux» au tout début, c'est que, cette possibilité-là, lorsque la
rédaction du projet de loi était en cours,
nous l'avons considérée, nous en avons discuté avec les gens de la Justice,
et — c'est
exactement ce que le
ministre a dit — c'est
que la décision qui a été prise à ce moment-là, c'était de ne pas toucher au
titre du livre quatrième mais de s'en
tenir à la déclaration que les animaux ne sont pas des biens, parce qu'on
atteignait très bien notre but de cette façon-là et que ce n'était pas
nécessaire de procéder de cette façon.
M. Villeneuve : Oui,
peut-être c'est... Je veux juste...
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M. Villeneuve : Oui, je veux
juste bien comprendre. Bon, ce que vous me dites, c'est qu'avec l'alignement, si je peux dire ça comme ça, ou avec les articles
qui vont suivre il n'y aurait pas une nécessité absolue d'ajouter cela.
Par ailleurs, moi, tantôt, j'amenais
l'argument suivant, à dire que les gens nous ont sensibilisés au fait que ça
soit le plus clair possible au niveau
du projet de loi. Là, je ne tombe pas dans les définitions de qu'est-ce qu'un
impératif biologique, là, mais je parle surtout... on y viendra plus
tard, je parle surtout au niveau de la clarification «bien meuble», «animal»,
etc. J'aimerais savoir de votre part quel
impact le fait d'ajouter cela sur le titre aurait sur la suite des choses,
surtout qu'on voit que le projet de loi vient, justement, sous les
articles qui suivent sous le titre, vient toucher plusieurs articles :
901, 905, 910, etc.
Donc, sur le plan juridique, c'est quoi,
l'impact d'ajouter tout simplement au titre «animaux»?
M. Gélinas
(Claude) : Sur le plan juridique, d'ajouter, au niveau du titre,
«animaux», comme tel, ça vient faire une distinction, au niveau des biens, que nous avons les biens, qui sont des
choses inanimées de définition, et nous avons les animaux. Au lieu de procéder de cette façon, ce
qu'on a fait, c'est qu'on a ajouté un titre avec la «Disposition
générale». Au départ, il y a une disposition
générale qui précède l'ensemble de ce livre pour qu'on puisse dire d'une façon
très claire que «les animaux ne sont
pas des biens», le but étant de faire la distinction entre les biens, choses
inanimées, et l'animal, qui est un être sensible et avec des impératifs
biologiques.
Donc, à ce
niveau-là, je pense qu'on a atteint notre but sans toucher à la structure du
code d'une façon qui viendrait ajouter des titres comme tels.
M. Villeneuve : Oui, je
comprends, vous revenez toujours à nous dire : Le but a été atteint, le
but sur le plan juridique. Mais qu'est-ce que ça viendrait changer de
l'ajouter? Parce que, sur le plan juridique, je comprends que le but est atteint, mais moi, je parle ici de
moi-même, là, hein, sur le plan pédagogique, là, moi-même et mesdames
messieurs qui nous écoutent, là, qui nous
ont demandé de s'assurer d'être le plus clairs possible pour qu'il y ait le moins
d'ambiguïtés possible pour qu'on puisse
enfin se donner une loi qui a... je ne dis pas qu'elle n'a pas un sens, là,
mais qu'elle soit au moins transparente, claire et concise en même
temps.
Mais donc, le
fait d'ajouter le mot «animaux», moi, je veux savoir de votre part est-ce que
ça vient détricoter, si je peux dire ça comme ça, tout le reste ou ça
n'a pas d'impact.
M. Gélinas (Claude) : Non, je ne
pense pas que ça pourrait avoir d'impact comme tel, parce qu'on a quand même une section qui vient dire «Disposition
générale» qui est à part, qui est vraiment distincte du reste, dans
laquelle on donne une définition de
l'animal. Donc, le but est atteint. Donc, à ce niveau-là, je pense que c'était
un compromis avec la Justice qui était très, très correct.
Le Président (M. Morin) :
Oui. Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier : Je comprends
très bien votre explication. Le but de notre amendement, il est pédagogique,
et, le ministre l'a dit, et vous l'avez répété, vous l'avez regardé. Bien, nous
aussi, on l'a regardé puis on l'a regardé avec d'autres personnes. Et, justement, en lien avec ce que vous venez de
nous dire, l'article 898, dans les dispositions générales, débute par : «Les animaux ne sont pas des
biens.» Alors, effectivement, on vient l'installer là à l'effet que, dans
«biens», je viens mettre «animaux». Alors,
aller le mettre dans le titre de ce livre-là et de venir installer «biens» et
«animaux» vient justement faire de l'identification très pédagogique
pour quelqu'un qui cherche : Où je vais trouver ça? C'est dans le livre quatre et c'est là que c'est. Alors, Google
va le faire pour nous sûrement, M. le ministre, mais moi, je pense qu'on
est dans un effet pédagogique. Ce que je
pourrais proposer, M. le Président... Je comprends que les modifications au
Code civil, s'il y avait lieu, à être
retenues devront être approuvées par le ministère de la Justice. Je comprends
très bien ça.
Ce que je
pourrais proposer au ministre, c'est : mettons-le sur la glace, suspendons
cet amendement pour qu'il puisse aller le valider à la Justice et on
reviendra, parce que cet amendement-là est très important pour beaucoup de personnes. Et j'aimerais mieux qu'on puisse
suspendre, que vous alliez le valider. Si vous n'êtes pas d'accord, vous
voterez contre plus tard, mais moi,
j'aimerais ça qu'on puisse avoir un moment pour faire valoir l'importance de
cet amendement-là pour ceux à qui s'adresse, finalement, ce projet de
loi là.
• (15 h 50) •
Le
Président (M. Morin) : Pour une suspension, ça prend le
consentement des membres. Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je
vais répondre très aimablement : Ça a déjà tout été fait. On est allés essayer de le valider à la Justice, puis la
Justice nous a convaincus, puis ils ne nous ont pas cassé les bras, là, pour
nous convaincre, ils nous ont convaincus
qu'il n'y avait pas d'amélioration au statut juridique de l'animal en procédant
de cette façon-là. Moi, je veux dire,
si je comprenais d'autre chose, si j'avais un doute raisonnable, si
Me Gélinas me disait «ça vaut la peine de retourner», si les autres organismes
qui sont comparus en audition publique qui étaient des spécialistes en
droit international du bien-être animal nous
disaient «vous vous exposez», ça me ferait plaisir de retourner à la Justice.
Mais je n'ai pas entendu rien, rien, rien
puis je vous le dis comme je le pense, là, qui m'incite à retourner pour ne
rien ajouter comme droits à l'animal.
Je vous suis dans la démarche pédagogique. Je
pense que l'argumentation que l'on a présentement, ça fait partie de la pédagogie. Lorsque les gens vont
taper le mot «biens», etc., ils vont retrouver nos échanges, et on va
avoir atteint notre objectif pédagogique puis on l'aura fait ensemble.
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme la députée.
Mme
Poirier : Vous me permettrez de quand même insister, parce que
nous croyons, de notre côté, que le fait de décrire des choses, ce n'est pas banal dans une loi, et particulièrement
dans le Code civil, pour l'avoir vécu assez longuement en travaux. Et, dans ce cas-là particulièrement, et je
comprends les discussions que vous avez eues avec le ministère de la Justice et la volonté de la
Justice de réduire à sa plus simple simplification les choses pour qu'elles
soient le plus facilement compréhensibles,
on se comprend, mais d'un autre côté, ce qu'on vient faire ici, dans ce projet
de loi là, on introduit quelque chose
de nouveau, et, en introduisant quelque chose de nouveau, en ne le nommant pas
spécifiquement dans le titre, ça nous apparaît, question de jugement, ça nous
apparaît ne pas souhaiter vouloir atteindre, finalement, l'objectif que l'on a, qui est vraiment de donner
une spécification importante à ce chapitre important au livre quatre, de
spécifier et non pas juste dans une
disposition générale, mais dans le titre en tant que tel. Ça vient nommer les
choses.
Vous avez eu
votre discussion avec le ministère de la Justice, je le respecte, mais moi, je
dis qu'on peut retourner au ministère
de la Justice dans la vie — vous le savez très bien, M. le ministre, pas besoin de vous
convaincre là-dessus — mais on peut retourner
au ministère de la Justice et faire valoir que ce serait important de le nommer
et je pense que le ministère de la Justice pourrait se rallier.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M.
le Président. Quand je lis la disposition, là, à l'article 1 : Les
animaux ne sont pas des biens, ils sont des
êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques, j'ai
l'impression d'être allé en
m'inspirant des meilleurs textes législatifs européens, à la limite de ce qu'on
peut aller compte tenu de l'évolution de notre société au siècle où nous sommes et d'avoir effectué pour le
Québec un pas majeur, de l'avant. Si j'avais le moindre doute que d'ajouter dans le titre un élément
pourrait donner des droits additionnels aux animaux, je m'en irais à la
course, pour ne pas dire à genoux au ministère de la Justice pour les
convaincre.
Maintenant, moi, je vous l'ai dit, là, je vais
avoir un amendement à proposer à l'article 1, et — ils
ne sont pas inflexibles, au ministère de la
Justice, là — l'amendement
que je propose à l'article 1 touche le Code civil et va ajouter des
droits. Ça fait que je veux réserver mes
interventions pour des choses qui améliorent et bonifient le statut de l'animal
et le bien-être de l'animal. Je m'intéresse
à l'aspect juridique, c'est pour ça qu'on est accompagnés des meilleurs
juristes, mais, une fois que les
meilleurs juristes m'ont dit qu'on est allés au bout du rouleau puis qu'on est
à l'endroit où on doit être, je n'ai pas l'intention de leur dire qu'ils
ne sont pas les meilleurs.
Mme Poirier : M. le
Président...
Le Président (M. Morin) :
Oui.
Mme Poirier : ...avec
beaucoup de respect pour les juristes de l'État, nous sommes des législateurs,
et ce sont les législateurs qui décident des
lois, et non pas les juristes, parce que sinon notre société serait décidée
seulement que par les juges. On voit ça
ailleurs. Alors, notre but, c'est d'avoir, dans nos lois, justement, des
encadrements qui viennent répondre à des besoins de la population aussi.
M. le
Président, je ne veux pas qu'on en fasse un long débat, là, mais je nous dis
simplement que de penser qu'il faut arriver à «Disposition générale»
dans le livre quatre pour savoir de quoi parle le titre m'apparaît ne pas
donner l'importance qu'on veut faire dans ce
projet de loi là. Alors, si je suis obligée de me rendre à 898.1 dans
«Disposition générale» pour savoir que les
animaux ne sont pas des biens, bien j'ai déjà passé le nom du livre, le
titre... j'ai déjà passé tout un
paquet de sections pour me rendre là. Alors, le but est justement de
dire : Avant qu'on n'arrive à «Disposition générale», est-ce qu'on
ne pourrait pas nommer la chose en tant que telle?
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Moi, ce qu'on m'indique, là, et je n'ai pas vérifié personnellement, puis je
vous invite à le faire, là, mais on s'est inspirés, comme je l'ai dit tantôt,
des meilleures pratiques législatives européennes.
On est dans le cadre, là, du droit civil, le code de Napoléon, ce qui en
découle, France, Suisse, Allemagne et Autriche, et on me dit que ça
n'apparaît pas dans les titres dans ces législations-là non plus. Ça fait qu'à
moins que les Français, les Suisses, les
Allemands puis les Autrichiens n'aient rien compris et qu'on soit à leur image
puis que nous autres, on comprenne d'autres choses qu'eux autres...
Une voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non, non, mais, si... Et je ne l'ai pas vérifié
personnellement, je vous le dis, là, c'est
ce qu'on m'indique, que ça ne se retrouve pas dans les titres des endroits ou
des pays desquels on s'est inspirés. Ça fait qu'on tente le plus possible de coller à ces sources d'inspiration
là, parce que, quand on crée et on invente, parfois on est sur la bonne
voie; d'autres fois, bien, ça cause des dérapages.
Le Président (M.
Morin) : Oui. M. le député de Berthier, Mme la députée de
Mirabel me demande la parole depuis tantôt, et je la fais patienter. Allez-y.
Mme
D'Amours : Bien, s'il y a encore du temps, parce que...
Le Président (M.
Morin) : Oui, allez-y, allez-y.
Mme
D'Amours : Moi, j'aimerais être renseignée sur... Bon. L'amendement,
c'est de changer le titre dans le Code civil. Est-ce que ça a un impact
au niveau du temps? Est-ce que ça a un impact au niveau monétaire? Comment ça
coûterait pour que les juristes se penchent là-dessus, pour arriver au même
résultat si on rajoutait une phrase? Moi, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus. Est-ce que ça se monnaie, est-ce qu'il y a un coût
si on change le titre du Code civil?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Le coût, c'est le coût de retourner, c'est le
coût en temps. Moi, j'aime autant parler :
Est-ce qu'il y a un bénéfice?, parce que, s'il y a un bénéfice, moi, je dis,
pour le bien-être des animaux, le coût en vaut la chandelle. Mais, s'il n'y a pas de bénéfice... C'est sûr qu'il y
a un coût, mais comment le chiffrer, là? Le Comité de législation, le
ministère de la Justice... Je ne le sais pas, moi, là, là.
Mme
D'Amours : M. le Président, je comprends qu'il y a un coût. Moi, ce
que je veux m'éclairer, c'est que, si on arrive au même résultat, est-ce
que cette démarche-là, elle est légitime si on arrive au même résultat? Est-ce
que la démarche qu'on vous demande de faire,
de regarder avec les légistes, le temps qu'ils vont... Ça se monnaie, ça, le
temps qu'ils vont regarder, qu'ils vont le
mettre dans le titre. Après ça, ils vont descendre les articles du code, là, un
après l'autre pour voir si le titre
va aller avec les... Ce temps-là, là, ces juristes-là, ils ont un coût qui se
rattache à ça, pour arriver au même résultat que si juste, oui, on
regarde l'article, la loi, le Code civil et qu'on rajoute quelque chose.
Entre
les deux, là, si on a le même résultat, est-ce qu'il y en a un qui est peu
coûteux avec moins de temps ou si l'autre, c'est très coûteux avec
beaucoup de temps pour arriver au même résultat?
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. Pour le même résultat, là, je vous soumets
bien respectueusement que ce que l'on propose est moins coûteux que
l'amendement que l'on propose en temps, en énergie et en argent.
Mme
D'Amours : Pour arriver au même résultat.
• (16 heures) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Pour arriver au même résultat.
Mme
D'Amours : Et, M. le Président, je ne sais pas, je n'ai pas tous les
mémoires, là, en tête, mais cette demande, qui, pour le premier groupe d'opposition, le groupe de l'opposition
officielle... ça leur apparaît pertinent, il n'y a pas aucun groupe qui a parlé de ça, ils avaient l'air tous à
l'aise avec la proposition. Alors, je ne sais pas s'il y a un mémoire
qui m'a échappé, là, que je n'ai pas vu,
pour qu'on puisse en faire un amendement puis qu'on justifie le temps qu'on
passe là-dessus, là, mais il n'y a aucun groupe qui en a parlé. Alors,
je ne sais pas si on peut trouver, pour m'aider à réfléchir sur cet
amendement-là, là, mais...
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça n'a pas besoin de venir d'un groupe, là...
Mme
D'Amours : ...juste savoir s'il y en avait un.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...il y a une espèce d'autonomie parlementaire
qui nous permet de proposer des choses
proprio motu, là. Puis je ne dis pas qu'il y a de mauvais motifs en arrière,
là, ce n'est pas ça que je dis, là. On y a même pensé, là, ça fait que
ça ne doit pas être si bête. Je reviens à ça, là.
Mme
D'Amours : Oui, mais je voulais juste... et, je l'ai dit d'entrée de
jeu, c'est très légitime, mais je voulais juste savoir s'il y avait un
groupe qui en avait parlé pour que je puisse regarder leur proposition.
Le Président (M.
Morin) : Ça va?
Mme
D'Amours : Oui.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Vous savez, quand je suis intervenu en début... mes remarques d'ouverture, je
parlais que, lorsqu'on veut qu'un projet de
loi ait le plus possible d'échos dans la population... Je reviens à la
pédagogie, et ce que je comprends des
explications du juriste, c'est que de rajouter «animaux», ça ne vient pas
détricoter d'aucune façon ce qui est déjà
proposé dans le projet de loi ou ce qui est déjà dans le Code civil du Québec.
À notre avis, ça ne fait que rendre les choses plus claires, plus limpides, et je suis assez convaincu que cet
ajout-là permettrait, justement, d'atteindre ce but-là de...
Moi, je vous
le dis tout de suite, pour ma part, deux choses vont me guider durant cette
commission parlementaire sur le
projet de loi n° 54. C'est d'abord d'atteindre l'objectif que nous nous
sommes fixé, à savoir bien-être et santé animale. Comment on y arrive? La meilleure façon d'y
arriver est de s'assurer qu'on a quelque chose de solide qui va bien
répondre. Et l'autre objectif, M. le
Président, c'est de s'assurer que ce soit le plus clair possible pour tout le
monde. Et souvent les gens nous demandent justement d'amener des
clarifications, de s'assurer que ce soit compréhensible, puis je pense que
l'ajout du mot «animaux» ne fait qu'amener une compréhension, c'est que, là, ça
devient très clair. Si vous tapez «animaux»,
là, sur Google, là, ça se peut qu'il vous amène là, là, et imaginez la
surprise du citoyen, là, quand il va voir le titre, là, ça va être «Des biens», il va peut-être dire : Google
s'est trompé, là, alors qu'en ajoutant «biens et animaux», on vient
clarifier.
Et, je vous le soumets, ma collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve vous l'a soumis tantôt, on peut le suspendre, peut-être
y réfléchir davantage chacun de notre côté. Peut-être qu'on reviendra au point
où on en est là, je n'en ai aucune idée, mais au moins qu'on n'en dispose pas
immédiatement. Et peut-être que des groupes qui ne nous ont pas proposé cela... peut-être qu'on fera un appel à
tous, peut-être qu'ils nous diront : C'est une bonne idée de faire ça.
Peut-être que les gens nous diront :
C'est une bonne idée de faire ça. Mais je pense qu'il n'y a pas lieu, à l'heure
où on se parle, de tout simplement,
là, comme disait... ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a employé un terme
tantôt, là, «en disposer», bref en disposer immédiatement.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. Je
vais peut-être répondre indirectement, par le biais de la question du député de Berthier, à la question de ma collègue
la députée de Mirabel : Est-ce qu'il y a un groupe qui vous a
proposé ça?
Le Groupe de
recherche international en droit animal, quand vous allez à son mémoire à la
page 8, nous dit, puis je cite au texte, là, ce qui suit : «Ma
recommandation première aurait été que les animaux, ainsi extraits des biens mobiliers, aient un régime juridique de droit
commun qui leur soit propre. Mais cette option appellerait une réforme
majeure du Code civil du Québec, en ce que le régime juridique des animaux ne
serait plus soumis au droit des biens mais vraisemblablement
au droit de la responsabilité. Au nom d'une nécessaire acceptabilité politique
et sociale, il me faut ici formuler une recommandation qui soit
susceptible d'inciter les opposants à se rallier à la décision du législateur.»
On est là
dans un groupe neutre sur le plan international qui nous dit qu'on fait la
bonne affaire. Y aurait-il moyen d'aller
plus loin? La réponse est : Oui, mais peut-être que, dans 10 ans ou 20
ans, on le fera. Si on veut retarder la mise en application de ce projet
de loi là, il n'y a pas une meilleure façon de s'y prendre que d'enlever une
pierre d'assise, je dirais, du Code civil
comme tel. Vous allez être certains que l'édifice va s'écrouler ou, au moins,
que vous allez avoir des juristes qui vont l'étudier comme ci, des
juristes qui vont l'étudier comme ça, et on va se retrouver ici au printemps prochain, à l'automne prochain ou à l'autre
printemps, puis ma ligne 1 844 animaux, là, à 500 appels par mois, là,
elle va être occupée, puis je n'aurai pas
plus de réponse à donner puis je vais faire face, comme ministre responsable du
bien-être des animaux, à des reportages médiatiques semaine après semaine qui
font en sorte que la cruauté va continuer.
Maintenant, s'il y en a qui souhaitent ça, moi,
je ne peux pas m'opposer à ça, là, tu sais, c'est la démocratie à son oeuvre,
là.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier : Bien, je pense
que ce n'est pas du tout l'intention de l'opposition, en demandant d'ajouter le
mot «animaux» à côté de «biens», que de
réécrire... Ce n'est pas du tout de ça dont on parle, là. On vient interpréter
la volonté, là. Eux voulaient quelque chose
de complètement distinct. Nous, ce qu'on vous dit, c'est que, dans ce qui
existe déjà, pour lequel le juriste a été
très clair, là, on doit aller aux dispositions générales pour savoir que les
animaux ne sont pas des biens. Il
faut se rendre aux dispositions pour le voir et non pas dans le titre. Nous, ce
qu'on dit, c'est : Puisqu'on le
dit dans les dispositions générales, l'inscrire au titre du livre pour lequel
on traite de cela n'est que de la bonne pédagogie et surtout de la bonne
écriture juridique, à notre avis.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Parce que le ministre nous dit : Le ministère
de la Justice, ils ne veulent pas. Moi, j'aimerais, là... regardez, puis ma collègue... puis je suis
d'accord avec elle, mais on veut le faire correctement, là, on ne veut pas
s'éterniser sur ce point-là, là. D'ailleurs,
c'est pour ça, la suggestion tantôt de le suspendre, puis on y reviendra plus
tard, mais enfin je comprends que, ça, il n'y a pas d'écho pour le
moment, là.
Mais le
ministère de la Justice dit au ministre : On ne touche pas à ça. Nous, ce
qu'on veut savoir, c'est : Pourquoi? Pourquoi le ministère de la Justice dit : Ne touchez pas à ça? Et
on ne veut pas faire un autre livre, là, sur les animaux, parce que c'est ça, le sens, là, de ce que vous avez lu,
M. le ministre, là. M. le Président, le sens de ce qu'a lu le ministre
tantôt, c'était ça, dans le fond :
N'allez pas faire un livre nouveau sur les animaux seulement. Et ce n'est pas
ça, là, on ne parle pas de ça du
tout. Mais j'essaie de décoder, là, ce que j'entends puis ce que je n'entends
pas, là, et j'ai comme... Est-ce qu'on peut le
savoir, si le fait d'ajouter «animaux» au titre, ça a une implication juridique
qu'on ne soupçonne pas de ce côté-ci et que peut-être vous, vous avez évaluée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Le
ministère de la Justice l'a évalué et le ministère de la Justice a trouvé que
ça n'ajoutait rien aux droits de l'animal. Et, si vous avez des opinions qui
vont à l'encontre et qui sont basées sur une expertise juridique dans ce
sens-là, s'il vous plaît, soumettez-les à la commission. Moi, je suis toujours
intéressé à avoir — j'ai
pratiqué le droit pendant certaines années, là — des éléments
conflictuels.
Maintenant,
quand j'ai le ministère de la Justice, des avocats de l'externe, les avocats à
l'interne au ministère de l'Agriculture,
j'ai à peu près tout le monde... puis les groupes internationaux, qui viennent
nous dire qu'on est sur la bonne voie,
qu'on a des sources d'inspiration législative issues de sociétés européennes évoluées,
je me dis : Démontrez-moi qu'on
fait fausse route, là, qu'on est dans la mauvaise direction, puis je vais être
tout ouïe puis je vais déployer tous les efforts. Mais je n'ai rien entendu, rien vu, rien lu qui font en sorte
que j'irais cogner au ministère de la Justice puis leur dire : Aïe!
Vous vous êtes trompés, là, puis je n'ai rien à vous dire pourquoi vous vous
êtes trompés, sauf que j'ai eu un amendement
qui a été déposé en commission parlementaire par l'opposition officielle, et
c'est son droit le plus strict, là. Je ne pense pas que ça les chavire.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
• (16 h 10) •
M.
Villeneuve : Mais vous l'avez quand même évalué, alors, on
s'entend, vous l'avez quand même évalué, et je comprends que le
juridique... bon, là, on va être clairs, j'espère avoir bien compris, là, pour
ma part, là — vous
me le direz, là — ça ne change rien sur le plan juridique
qu'on mette le mot «animaux», mais ça n'amène rien de plus. C'est ce que
j'ai compris.
Nous, ce
qu'on vous dit : Sur le plan juridique, c'est vrai. Bien, je vous dirais
qu'on... puis c'est correct, on prend votre
parole, hein, on prend votre parole, ça, vous nous dites que ça ne change rien,
il n'y a pas d'implication a priori, en tout cas, qui pourrait s'insinuer éventuellement, bon, dans un procès
quelconque, ou peu importe, sur la contestation de l'article. Bon, ça, vous n'avez rien vu, tout va
bien de ce côté-là mais là sur le plan juridique. Nous, évidemment, on
vous le soumet sur le plan pédagogique, c'est tout. C'est tout simplement cela.
Alors, écoutez, je n'en ferai pas une guerre de tranchées, là. Vous l'avez évalué sur le plan juridique, nous, on l'a
évalué sur le plan pédagogique, et notre conclusion à nous, c'était que c'était une saprée bonne idée
pour s'assurer justement que les gens puissent s'y retrouver plus
facilement, et donc amener un élément de clarté, de transparence et le moins
d'ambiguïtés possible, et voilà.
Moi, je n'ai
pas autre chose à ajouter, M. le Président. J'aurais aimé qu'on suspende, voire
peut-être qu'il y aura réflexion,
mais, qui sait, peut-être qu'en cours de route le ministre fera la proposition
lui-même après y avoir réfléchi. On ne sait pas. Moi, je n'ai pas
d'autre...
Le Président (M. Morin) :
Est-ce qu'on passe au vote sur l'amendement ou vous le...
M. Villeneuve : M. le
Président, on va le retirer.
Le Président (M. Morin) : Il
y a consentement pour le...
Une voix : Non, non, non.
M. Villeneuve : Non? Ah! On
va passer au vote. On va passer au vote. Tout à fait. Moi, j'avais espoir qu'il
revienne avec.
Le Président (M. Morin) : On
va passer au vote? O.K. Donc, je vous relis l'amendement : Le Code civil
du Québec est modifié par le remplacement de
l'intitulé du livre quatrième par le suivant : «Des biens et des animaux.»
Est-ce que cet amendement est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Refusé.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Appel nominal? Appel nominal.
Le Secrétaire : Alors :
pour; contre; abstention. M. Villeneuve (Berthier)?
M. Villeneuve : Pour.
Le Secrétaire : Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Poirier : Pour.
Le
Secrétaire : Mme D'Amours (Mirabel)?
Mme
D'Amours : Contre.
Le Secrétaire :
M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Chevarie :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Bourgeois (Abitibi-Est)?
M.
Bourgeois : Contre.
Le Secrétaire :
M. Giguère (Saint-Maurice)?
M. Giguère :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Fortin (Pontiac)?
M. Fortin
(Pontiac) : Contre.
Le Secrétaire :
M. Drolet (Jean-Lesage)?
M. Drolet :
Contre.
Le Secrétaire :
M. Morin (Côte-du-Sud)?
Le Président (M.
Morin) : Abstention.
Le Secrétaire :
1 abstention, 7 contre, 2 pour.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Donc, on passe à l'article...
Une voix :
...
Le Secrétaire :
7 contre, 2 pour, 1 abstention.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? M. le ministre. L'article 1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. L'article 1 : Le Code
civil du Québec est modifié par l'ajout, après l'intitulé du livre
quatrième, de ce qui suit :
«Disposition
générale.
«898.1.
Les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et
ils ont des impératifs biologiques.
«Outre
les dispositions des lois particulières qui les protègent, les dispositions du
présent code relatives aux biens leur sont néanmoins applicables.»
J'ai
télégraphié, M. le Président, vous me passerez l'expression, un amendement à
cet article. On se souviendra que
plusieurs groupes sont intervenus en invoquant le manque de clarté quant à
l'application de la loi sur la protection des consommateurs, et, après
analyse, nous avons retenu leur façon de penser, etc., et il y avait une
ouverture assez facile pour clarifier, comme tel.
Je
proposerais, à ce moment-ci, M. le Président, l'amendement suivant : Dans
l'article 898.1 du Code civil du Québec, dont l'édiction est proposée
par l'article 1 du projet de loi, insérer, dans le deuxième alinéa et après
«code», «et de toute autre loi».
Maintenant, on va le
distribuer pour que les gens en prennent connaissance. Vous pouvez suspendre
quelques instants, que les gens prennent le temps...
Le Président (M.
Morin) : Ça va, je suspends quelques instants.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ce n'est pas relativement compliqué, ça clarifie
surtout quant à la Loi de protection du consommateur.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise
à 16 h 16)
Le Président (M.
Morin) : ...Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
Puisque l'amendement du ministre est au deuxième alinéa, est-ce qu'on peut
traiter, dans un premier temps, du premier
alinéa et revenir avec la modification du ministre? Parce que, si nous traitons
de l'amendement et que nous adoptons
l'amendement, on ne pourra pas revenir au premier alinéa. Alors, je voudrais
juste être sûre qu'on puisse discuter du premier alinéa dans un premier
temps.
Le Président (M.
Morin) : Mais, Mme la députée, on peut revenir au premier
paragraphe. On va traiter de l'amendement, mais vous pouvez revenir au premier
paragraphe.
Mme Poirier :
Dit comme ça, ça me convient, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? Donc, M. le député de Berthier, sur
l'amendement du ministre.
M.
Villeneuve : Bien, écoutez, effectivement, on en a discuté,
certains groupes nous l'ont amené, je vous dirais que l'amendement répond à cela, hein, puis il y avait
aussi évidemment... Bon, le ministre a bien expliqué, là, que ça
apportait... de s'assurer, finalement, que les autres lois qui pourraient être
touchées sont incluses.
Il
y a peut-être juste... ça avait été amené en commission, on parlait de la Loi
sur la protection du consommateur, c'est
ça, et on avait posé la question, quelqu'un avait soulevé la question,
c'est : Est-ce qu'on a fait une liste exhaustive des lois que ça
pourrait toucher, ou autres?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est-à-dire qu'à partir du moment où on propose
l'amendement «et de toute autre loi», on
pense ne pas en échapper. Ça fait qu'à partir du moment où on n'en échappe pas
faire une liste... On pourrait en échapper si on faisait une liste.
M. Villeneuve :
Non, mais je reformule ma question, M. le Président. C'est tout simplement par
culture personnelle, M. le Président, que je pose la question au ministre. Je
ne veux pas effectivement qu'on en fasse la liste exhaustive, parce qu'effectivement on pourrait en oublier une, là, mais
c'est pour ma culture personnelle. Je me posais... puis les gens ont posé la question aussi, on s'est
demandé en audition : Coudon, bon, ça touche la Loi sur la
protection du consommateur, est-ce que ça
touche d'autres lois? Et c'est pour ça que je me demandais si la réflexion
avait été faite et puis une tentative d'énumération, finalement, des
autres lois que ça peut toucher.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non. Le seul exemple qui nous a été apporté, là,
à moins que ça m'ait échappé en audience
publique, c'est la Loi de protection du consommateur. Et, par mesure de
précaution, de prévention, de prudence, les trois p qu'on appelle, M. le
Président, on a cru bon d'embrasser plus large sans mal éteindre.
M.
Villeneuve : C'est ça, il n'y a pas eu de vérification. Donc,
on se dit qu'avec l'amendement proposé on est blindé pour la suite des
choses.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : À moins que vous ayez un libellé qui nous
blinderait davantage.
M. Villeneuve :
Non, moi, je n'ai pas de question là-dessus.
Le Président (M.
Morin) : Ça va?
M. Villeneuve :
Moi, ça me va, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : O.K. Donc, je le relis : Dans
l'article 898.1 du Code civil du Québec, dont l'édiction est proposée
par l'article 1 du projet de loi, insérer, dans le deuxième alinéa et après
«code», «et de toute autre loi».
Est-ce que
l'amendement est adopté?
Des voix :
Adopté.
• (16 h 20) •
Le
Président (M. Morin) : Adopté. Donc, nous revenons à
l'article 1. Est-ce qu'il y a d'autres questionnements sur
l'article 1? Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
(Consultation)
Le Président (M.
Morin) : Juste me faire un signe pour ne pas perdre de temps.
M. Villeneuve :
Oui. On va lever la main, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui. O.K. M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Alors, écoutez, on aurait un amendement à proposer, donc, je vous en fais
lecture, M. le Président : L'article
1 de la Loi visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal est
modifié par l'ajout, à la fin du troisième alinéa, après le mot
«biologiques», de : «, tels que définis à l'article 1,
paragraphe 5° de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal.
Toutefois, les animaux ne sont pas des personnes.»
Une voix :
...
M. Villeneuve :
«Ne sont pas des personnes». On va en faire des copies, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à
16 h 21)
(Reprise à 16 h 25)
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. le député de Berthier, des explications.
M. Villeneuve :
...
Le Président (M.
Morin) : Oui.
M. Villeneuve :
...un petit changement qui fait toute la différence.
Donc :
L'article 1 de la Loi visant l'amélioration de la situation juridique de
l'animal est modifié par l'ajout, à la fin
du premier alinéa de l'article 898.1, après le mot «biologiques»,
de : «, tels que définis à l'article 1, paragraphe 5° de la
Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal. Toutefois, les animaux ne sont
pas des personnes.»
Ça
a été soulevé, ça aussi, en audition, de mémoire. Voyez-vous, on essaie d'être
le plus possible le reflet fidèle des gens
qui sont intervenus. Et ça fait sens d'une certaine façon, parce que, dans le
Code civil, on ne retrouve pas, quand on parle d'impératifs biologiques... on le retrouve dans la loi, bien sûr,
mais pas dans le Code civil. Et donc ça permettrait justement, là,
d'être plus clair, selon... et moi, je dirais que... Moi, plus c'est clair, là,
puis je pense que M. le ministre est
d'accord avec ça, là, plus c'est clair et plus on évite... j'aime bien les
avocats, par ailleurs, mais plus on évite des litiges et des situations qui amènent des... j'allais dire,
des dispositions, là, qui peuvent être contestées, des interprétations.
Alors, plus on est clairs, mieux c'est. Alors, je ne sais pas si M. le
ministre... comment il reçoit cet amendement.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. M. le Président, moi, ça m'apparaissait
clair, là — je vais
revérifier — mais
que la définition que vous voulez placer là par amendement apparaît au
cinquième paragraphe de l'article 1.
Dans le
chapitre I, là, «Objet et champ d'application», vous avez la définition
d'«impératifs biologiques». Maintenant, si
vous voulez apporter un amendement à «impératifs biologiques», je soumets bien
respectueusement que la place pour le faire, ça soit mais qu'on soit
arrivés là, et que, de reprendre dans l'article 1 du présent chapitre ce
qu'on retrouve au sous-alinéa 5°,
«impératifs biologiques», les légistes, ils vont nous dire qu'on est
redondants. Comme je ne veux pas
m'attirer les foudres des légistes, je vais continuer à écouter vos arguments,
là, mais la première réaction que j'ai,
c'est : C'est quoi, un impératif biologique? Là, je m'en vais puis je
regarde, c'est marqué : «...ceux liés, notamment, à l'espèce ou la
race de l'animal, à son âge, à son stade de croissance, à sa taille, à son
niveau d'activité physique [et] physiologique,
à son état de santé, ainsi que ceux liés à son degré d'adaptation au froid ou à
la chaleur.» Ce n'est peut-être pas
complet à cet endroit-là, je ne le sais pas, là, mais qu'on le voit, on s'en
parlera, mais de dire à l'article 1 ce que je reprends un petit peu
plus tard... Il ne peut pas y avoir deux définitions, dans la même loi,
d'«impératifs biologiques» qui ne sont pas les mêmes.
Ça
fait que la façon logique de le faire, c'est d'y référer. On le dit une fois,
comme ça tout le monde s'entend que c'est ça. Ça, c'est clair, puis ça
évite les chicanes d'avocats.
Le Président (M.
Morin) : Oui, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : Je pense que je vais éclairer mon collègue. Il vient
de dire : C'est dans la même loi, c'est dans le même projet de loi, mais on a deux lois : on
a le Code civil puis on a la loi sur la santé et bien-être. Alors, dans le
Code civil, on vient dire que cette expression, «impératifs biologiques», se
retrouve à l'article 1, alinéa 5° de la loi sur la santé et bien-être.
Dans le fond, on vient faire une référence au Code civil pour dire aux
gens : Quand vous lisez «impératifs biologiques»,
bien allez vous référer à l'article 1, cinquième paragraphe de la Loi sur
le bien-être pour savoir de quoi on parle. C'est ça qu'on fait, c'est de
la référence.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je
comprends très, très, très bien le raisonnement. On pourrait faire ça avec
toutes les définitions. Pourquoi le faire juste pour les impératifs
biologiques? On pourrait le faire sur tout.
À un moment donné, là, je pense que le
juge qui va siéger là-dessus, là, il va être capable de comprendre, à
moins qu'on nomme des juges qui ne sont pas
capables de comprendre. Je ne pense pas qu'on fasse ça, au Québec, là, je
pense que les juges sont capables de
comprendre c'est quoi, un impératif biologique, puis ils vont s'adresser à ça,
oui, parce qu'il y a une définition
au Code civil, mais, après ça, il y a une loi d'application, vous avez raison
de le souligner, mais c'est la loi
d'application que le juge applique comme telle en... comment je pourrais dire,
s'inspirant des définitions au Code
civil. Et, la définition au Code civil, c'est clair qu'elle réfère à ça, là.
Moi, je n'ai pas vu un avocat encore, là, qui a dit le contraire, ni au ministère de la Justice, ni
dans les spécialistes qui nous accompagnent, ni au ministère de
l'Agriculture, ni dans les groupes qui sont venus devant nous autres là-dessus,
là.
Je
ne dis pas que c'est mal inspiré, je fais juste dire que ça pourrait être
redondant puis ça pourrait compliquer les affaires.
• (16 h 30) •
Le Président (M.
Morin) : Oui, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
Je ne pense pas qu'on est dans le redondant, là, je pense qu'on est dans
l'effet que c'est une nouvelle appellation qu'on introduit, qui est les
«impératifs biologiques». On vient créer du nouveau qui n'existe pas actuellement dans le Code civil, on l'ajoute dans
le Code civil et on ne vient pas dire d'où on prend ça. Ce qu'on dit,
c'est que faire une référence à savoir que
cette expression d'«impératifs biologiques» se retrouve à la loi santé et
bien-être des animaux à l'alinéa 5°
n'est que, à mon avis, du bon droit, parce que la façon de faire du
référencement, en général, entre justement
le Code civil et qui définit un concept qu'est l'impératif biologique dans ce
cas-là... fait en sorte qu'en créant le lien vers où on le prend ce
n'est que la facilité à mieux faire de la lecture de droit.
Alors,
le but d'y ajouter : à l'effet que ce terme-là, pour savoir ce que ça veut
dire, ce terme-là, se retrouve dans une autre loi et qui est à
l'article... à l'alinéa 5°, ce n'est que de la facilité et du bon droit. C'est
tout, ce n'est pas plus compliqué que ça.
Une voix :
Je vous laisse aller, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. Je comprends l'approche de
technique juridique, mais tantôt,
mais qu'on y arrive, à «impératifs biologiques», là on va peut-être
s'apercevoir qu'on a essayé de penser à tout puis, même si on a essayé de penser à tout, on en a peut-être oublié,
puis, dans la vraie vie, un impératif biologique, ça dépend d'un paquet d'éléments. Puis qui sont les
experts? Bien, on a entendu, en audience publique, l'ordre des
vétérinaires, c'est probablement eux autres
qui sont les experts des impératifs biologiques, puis, si jamais on avait
oublié, dans la loi d'application
statutaire, quelque chose dans la définition, parce que, l'erreur étant
humaine, ça peut nous arriver, même si on travaille tous ensemble à la bonifier, le juge qui va avoir à appliquer
le Code civil va pouvoir se fier à un témoignage d'un vétérinaire
expert. Ça fait qu'à ce moment-là je ne le limiterai pas. Si je l'incorpore
directement, je le limite. Il peut s'en
servir comme source d'inspiration, mais il n'est pas limité. Il va pouvoir se
fier également au témoignage du médecin vétérinaire, qui est l'expert
dans le domaine, au moment où la cause aura lieu.
Ça
fait que, dans ce sens-là, je suis un peu plus large dans mon Code civil, un
petit peu plus étroit puis j'espère ne pas
me tromper, puis, si vous avez des amendements à «impératifs biologiques»,
pensez-y tout de suite, là, parce que ça va devenir déterminant tantôt,
là.
Mme
Poirier : Je veux juste comprendre ce que le ministre vient de
nous dire, parce que c'est très, très important, ce qu'il vient de dire. C'est que sa définition dans le Code civil
pourrait être plus large que celle qu'il met dans la loi sur la santé,
bien-être. C'est bien ce que j'en comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Elle pourrait être plus large comme elle pourrait
être plus... Elle est laissée à la discrétion
du tribunal, qui est libre d'entendre la preuve circonstancielle qu'il veut
bien entendre. Bien, moi, j'imagine, dans la vraie vie, que, s'il y a quelqu'un qui invoque des impératifs
biologiques à partir de la définition du Code civil, il va faire témoigner un expert. Quels sont les experts? On
les a entendus. Généralement, les médecins vétérinaires sont en tête de priorité, puis, dépendant de la situation, ça peut
être un agronome. On a entendu les agronomes aussi, là. Mais, l'expert, je
ne pense pas qu'il assigne le ministre, mais je suis disponible s'il m'assigne.
Mme Poirier : Je veux juste nous préciser que la définition est dans la
loi et non pas dans le Code civil, on s'entend.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
Mme Poirier :
Et je veux juste comprendre le pourquoi on viendrait laisser, justement, cette
grande marge de manoeuvre là petite ou plus grande mais c'est quoi, l'intention
du ministre, là-dedans. Ne pas vouloir faire une référence directe à ce qu'on prévoit
dans une définition, alors, ça me fait demander pourquoi on met des
définitions.
Alors,
je veux juste comprendre, là, la marge de manoeuvre, qui est peut-être très
nécessaire, là, mais je veux juste le
comprendre. Pourquoi on ne veut pas s'en tenir à la définition qui est là, que
peut-être on amendera tout à l'heure, je n'en ai aucune idée, mais pourquoi on ne veut pas s'en tenir à ça, puisque c'est
ça, l'intention du législateur, dans la loi et qu'on veut que le juge puisse... ou que les experts puissent
aller à l'extérieur de cette définition-là? Alors, pourquoi mettre une
définition à ce moment-là?
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
...vous l'avez bien cadré, là, le Code civil est une loi d'application
générale. La loi statutaire, issue de la common
law, elle est une loi d'application stricte, plus précise, etc. Quand vous
travaillez au niveau du Code civil,
vous laissez une évolution jurisprudentielle s'effectuer, et elle va
s'effectuer. Il va y avoir des causes, là,
dans... Les pays où on a vérifié, il y a eu une évolution jurisprudentielle.
Plus vous balisez, plus vous cristallisez dans le temps la jurisprudence
et moins vous permettez son évolution. On ne traite pas, au XXIe siècle,
certaines espèces d'animaux comme on les
traitait au XVIIe siècle ou au XVIIIe siècle, etc. Je ne veux pas
dire, là, qu'on ne modifierait pas le Code civil une autre fois de mon
vivant, là, mais les chances sont minces.
Donc, je
laisse aux tribunaux le soin d'apprécier l'évolution de la société puis de
l'évolution des termes que l'on utilise comme les autres juridictions où
on s'en est inspiré l'ont fait. Ils ont laissé aux tribunaux la possibilité
d'avoir une évolution jurisprudentielle. Généralement, elle va, quand on
regarde l'évolution des sociétés, dans un sens d'être plus stricte que moins
stricte.
Mme Poirier : Ça dépend des
tribunaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
dépend des tribunaux, je suis d'accord avec vous, mais, à un moment donné, ils
ont le dernier mot.
Mme Poirier : Malheureusement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
dépend des causes.
Mme Poirier : Je suis quand
même inquiète, M. le Président. Je comprends les arguments du ministre, je les
comprends, mais, si on revient spécifier, dans le premier paragraphe, dans «Disposition
générale»... On l'a dit tout à l'heure, là, ça, les dispositions générales, là,
c'est vraiment pour venir préciser ce qu'on vient faire, là. Alors, on est venus dire que les animaux, ce n'est pas des
biens, on vient dire qu'ils sont des êtres doués de sensibilité et qu'ils ont
des impératifs biologiques, et ça, «impératifs biologiques», là... qu'ils sont
des êtres doués de sensibilité, tout le monde comprend
ça, mais «des impératifs biologiques», ce n'est pas tout le monde qui comprend
ça, d'où le fait qu'on a été mettre dans la loi d'application une
définition qui vient dire c'est quoi, «impératifs biologiques».
Alors, mon
inquiétude, c'est de savoir que la définition qui est reliée aujourd'hui à
«impératifs biologiques» pourrait ne pas être tenue en compte du tout
dans une volonté large d'explications d'un juge ou d'une implication d'un
juriste qui pourrait faire en sorte de dire
que, finalement, le législateur était dans le champ dans son «impératif
biologique» puis ce n'est pas pantoute, selon lui, selon tel
vétérinaire, puis qu'il va plaider devant un juge que ce n'est pas ça du tout.
Est-ce que
c'est vraiment ça qu'on veut, que quelqu'un puisse aller à l'encontre de ce que
l'on veut avoir, qui est la définition
qui est là? Est-ce qu'on voudrait donner la marge de manoeuvre à quelqu'un de
faire en sorte qu'«impératifs biologiques» ne soient pas cela? Moi, ça,
ça m'inquiète. Ça, ça m'inquiète.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi,
M. le Président, je vais tenter de répondre à l'inquiétude de Mme la députée, de me faire rassurant. À partir du moment
où on utilise, dans le vocabulaire du législateur, les mots «impératifs biologiques», on ne peut pas en arriver à la
conclusion que vous nous soumettez, là, que le juge ne peut pas en tenir
compte du tout, parce que, là, il faudrait aller à l'encontre de la maxime et
de la règle d'interprétation qui prévoient que le législateur ne parle pas pour
rien dire. Donc, il faut qu'il en tienne compte. Autrement, ça ne ferait pas
partie du texte législatif, et là on pourrait se retrouver dans une situation
où il pourrait ne pas en tenir compte. Autrement dit, il faut l'interpréter a
contrario.
• (16 h 40) •
Mme Poirier : Mais, malgré la
bonne volonté du ministre, là, faire en sorte qu'on puisse donner une autre définition à «impératifs biologiques» m'inquiète
dans le sens où, si je... Parce que le ministre vient de nous le dire,
là... et, puisque le législateur ne parle pas pour rien, là, en cette Chambre,
là, il vient de nous dire qu'il est dans...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
...il peut, là.
Mme Poirier : Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : En
commission, parfois, il peut, mais pas dans le texte législatif.
Mme
Poirier : M. le ministre, vous savez bien... Ce que le ministre
vient de nous dire précédemment, c'est qu'il nous dit qu'on pourrait
plaider, on pourrait faire venir des experts qui pourraient remettre en
question cette définition d'«impératifs
biologiques» soit en la réduisant ou en lui donnant une plus large portée. Mais
là, M. le Président, je suis inquiète.
Pourquoi on donne une définition si on est prêts déjà à ne pas en tenir compte,
en tant que tel, et que ça devient une balise et ça ne devient pas une
définition? Alors, ça, c'est assez inquiétant, parce qu'on arrive avec du droit
nouveau et là on vient dire : Une définition, bien, vous pourrez en faire
un peu ce que vous voulez. J'ai un petit peu de misère.
Moi, je pense
que, si on veut tenir compte de la définition qui est là, qui me semble, à
première vue, quand on la lit comme
ça, avoir assez de paramètres dans sa définition en tant que telle... Est-ce
qu'on pense qu'il y a des paramètres qui manquent puis que le ministre veut nous apporter des amendements? Moi,
je n'ai pas de problème s'il pense qu'il y a des choses qui manquent, mais penser qu'on pourrait, finalement, dire que,
l'impératif biologique, bien, pour cet animal-là, sa taille, puis son état de santé, puis son degré
d'adaptation au froid, ça, on n'en tient pas compte, on prendrait des
bouts de définition puis on organiserait ça comme on veut, alors, je... en tout
cas, si c'est la nécessité qui commande ça, pas de trouble, mais je ne pense
pas qu'on est là-dedans, là.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
M. le Président. Premier élément, là, on va tirer ça au clair : il n'y a pas de droit nouveau là-dedans, là, on vous a
donné nos sources d'inspiration, là, c'est du droit européen. Il n'est pas
âgé, parce que ce sont des modifications
législatives qui ont été adoptées... je pense que c'est l'Autriche qui est le
plus ancien, là, corrigez-moi... vous
me corrigerez, mais on parle d'une vingtaine d'années d'expérience
d'application. On ne part pas de rien non plus, mais on n'est pas dans
100 ans ou 200 ans, là, on est dans une vingtaine d'années
d'interprétation. Premier élément.
Deuxième
élément, si vous avez des poursuites qui sont prises en vertu du droit
statutaire, de la common law... et là, lorsqu'on va arriver à la
définition d'«animaux», on va être en plein dans le coeur du projet de loi.
Donc, si vous poursuivez, si vous êtes le
ministère de la Justice, pour une infraction à la loi en vertu du statutaire
comme tel, vous allez aller à la définition
que l'on retrouve à «impératifs biologiques». Si ce n'est pas couvert par la
deuxième loi, que vous allez en fonction du Code civil comme tel parce
que vous n'êtes pas couvert dans la deuxième loi, vous êtes un autre type d'animal qui n'est pas couvert, à ce moment-là
vous plaidez le Code civil. À ce moment-là, en plaidant le Code civil
comme tel, vous avez une définition
d'«impératifs biologiques» qui va être à la discrétion — j'utilise les mots consciemment,
là — du
tribunal qui va commander une preuve d'expert. Et les experts ne sont pas figés
dans... leur expertise n'est pas figée dans
le temps ni dans la définition, ils se font... comment je pourrais dire, ils
vont faire partie d'une évolution jurisprudentielle comme ils en ont
fait partie dans les pays européens.
Mme Poirier : Je pose une
question, parce que vous venez d'amener quelque chose, M. le ministre, puis je trouve ça pertinent qu'on puisse le nommer puis je
vous ai très bien suivi, là. La Loi sur le bien-être prévoit une
définition pour des animaux. D'autres animaux pourraient ne se retrouver
seulement que sur le Code civil. Qui?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Les
animaux qui ne seront pas... Bien là, je ne peux pas présumer de ce que
la commission puis que l'Assemblée nationale va faire, mais ce qu'on a soumis,
comme tel : les animaux sauvages, un exemple, de la faune, on a créé une
exception — puis
là j'y vais de mémoire — pour
le vison et le renard d'élevage quand ils sont en cage, mais, quand ils sont en
liberté, ils ne sont pas soumis à la loi comme telle, mais ils vont être soumis
au Code civil.
Mme Poirier : ...à
comprendre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je ne
vous dis pas que c'est simple, là. Mettre ça ensemble, ça été... J'ai
eu, dans ma vie politique, à mettre ensemble
certaines pièces législatives, et ce n'est pas la plus simple, je vous concède
pourquoi, parce qu'il y a différentes
catégories d'animaux, différents types d'animaux, différents usages. Ça va de
la naissance ou de... ça vient au
monde quand, là, puis ça meurt dans la dignité quand, puis, entre les deux, on
traite ça comment. Ce n'est pas un édifice juridique qui a été facile à
mettre ensemble. Puis c'est pour ça qu'on apporte... Moi, j'ai apporté un amendement, déjà, là, puis on est à
l'article 1, puis on va en avoir d'autres à apporter, parce qu'on l'a
construit ensemble, qu'on a eu l'avantage d'entendre une quarantaine de
groupes, puis il y en a d'autres qui nous ont fait parvenir des mémoires, puis, ce qu'on peut incorporer dedans,
là, on l'incorpore parce qu'on a le même objectif depuis le début, là,
c'est de faire en sorte qu'on ait la meilleure loi possible mais applicable
aussi puis qui nous tient dans une situation, là, d'équilibre sur le marché
nord-américain, entre autres.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
Je comprends très bien ce qu'il vient de nous dire, là, c'est excellent. Est-ce
qu'on pense qu'«impératifs biologiques» pourraient vouloir dire quelque
chose d'autre, ou complémentaire ou moindre, pour des animaux qui ne sont pas
sous la juridiction de cette loi-là?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Par
définition, un animal qui relève du ministère de la Faune, ils ont leur
propre common law qui administre ça puis
qui, j'imagine, là... parce que je ne les connais pas tous par coeur — j'ai eu l'occasion d'être ministre de la Faune seulement que six mois
de temps, ça fait que je n'ai pas pu tout apprendre du ministère — mais ils ont des approches qui sont
différentes, là. Je veux dire, c'est certain que ce n'est pas des animaux
d'élevage, c'est certain que ce n'est pas des animaux de compagnie. Mais est-ce
qu'ils sont couverts par la définition du Code civil? La réponse est oui.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M.
Villeneuve : ...aura la discussion plus tard, parce qu'on
parlait lors des auditions que... si on parle du chien, entre autres, que ça fait des dizaines de milliers
d'années qu'il est domestiqué, et donc il entre dans la loi, mais il y a
des animaux dits sauvages qui, depuis deux,
trois, quatre générations... on ne sait plus, là, ils vont se situer où. Est-ce
qu'ils sont domestiqués ou pas? Et certains groupes
semblaient nous dire qu'ils sont domestiqués, et on devra en tenir compte.
Alors, c'est un débat qu'on aura probablement plus tard.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Lorsqu'on arrivera à la définition d'«animal»,
c'est ça qui va définir ce qui va être soumis au cadre statutaire versus
ce qui va rester sous la couverture du Code civil.
M. Villeneuve : Toujours sur le même article, M. le Président... Ça va,
Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Poirier :
Vas-y.
M.
Villeneuve : Toujours sur le même article, j'invite votre oeil
à regarder la dernière phrase, là, où on parle : «Toutefois, les
animaux ne sont pas des personnes.» C'est l'UPA, entre autres, qui nous avait
soumis cela. Je peux peut-être vous le lire,
là, question de précision. Donc, en fait, c'est un commentaire de l'UPA, qui
disait : «L'union met en garde
le ministre contre toute initiative qui viserait à personnifier les animaux
d'élevage.» C'est pour ça qu'on vous le soumet, encore une fois. Voyez-vous, on a bien entendu les groupes nous
interpeller sur des aspects qui ne leur semblaient peut-être pas
suffisamment clairs. J'aimerais peut-être entendre le ministre sur ce point-là
qu'on lui soumet par amendement.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président, l'UPA a apporté cet élément
de mise en garde contre la personnification de l'animal comme tel, et
beaucoup d'autres groupes nous ont amené l'élément contraire : il ne faut pas que ce soient des biens. C'est pour ça qu'on a
choisi une définition qui leur est propre. On n'a pas voulu tomber ni dans la personnification ni dans le bien, on a
voulu tomber dans une définition qui cadrait bien, puis je la reprends,
là : «Les animaux ne sont pas des
biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs
biologiques.» À partir de ce moment-là, ils ne rentrent pas dans la
définition de «personnes» non plus.
M.
Villeneuve : Oui, on vous entend, M. le ministre, puis on
comprend que c'est ce que vous en déduisez, là. Parce que «les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués
de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques.» Alors, on ne sait
pas où ils sont, là, ils sont...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On n'a pas dit qu'ils étaient des personnes puis
on ne veut pas non plus que ce soit considéré comme des personnes, parce
que, là, on entre dans toute une autre dimension du Code civil.
M.
Villeneuve : Oui. Bien, c'est la raison pour laquelle on
apporte cet amendement-là, M. le ministre, pour le clarifier, pour qu'on
puisse tirer la ligne quelque part et s'assurer qu'on ne tombe pas dans le
piège.
Pour revenir à la
discussion que vous avez eue avec ma collègue d'Hochelaga-Maisonneuve,
effectivement, c'est une préoccupation qu'on
a de ce côté-ci, une préoccupation importante. Parce que, si on ne retrouve
nulle part... on laisse, dans le Code
civil, seulement «impératifs biologiques», alors là peut-être que ça sera à sa
plus simple expression et peut-être que ça sera très largement... J'ai
compris vos explications, là, mais, de ce côté-ci, on trouvait que ça faisait
sens aussi de faire référence...
• (16 h 50) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il n'y a rien qui empêche le législateur
d'ajouter, de soustraire, de modifier ou de maintenir la loi sur la
faune et ses définitions.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier :
J'ai compris la réponse du ministre sur l'ajout de «Toutefois, les animaux ne
sont pas des personnes», mais ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi ne le
considère-t-il pas, cet ajout-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il est dans le chapitre des biens. C'est pour ça
qu'on a considéré de dire que ce n'était pas un bien. Si on avait été
dans le chapitre des personnes, on aurait probablement...
Mme Poirier :
...dit : Ce n'est pas une personne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Bien, vu qu'on se trouvait dans le chapitre des
biens, on voulait mettre ça clair. Mais on n'a pas besoin de la même
clarification, parce qu'on n'est pas dans le chapitre des personnes.
Mme
Poirier : Je vais vous poser une question plus juridique, là.
Probablement que vous allez avoir la réponse, puisque vous avez bien
fait vos travaux. Le fait d'être dans le chapitre des biens nous exclut que des
biens sont des personnes?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Répétez-moi ça, là.
Mme Poirier :
Le fait qu'on est dans le chapitre des biens nous exclut que les biens sont des
personnes, selon vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
parce que...
Mme
Poirier : Puis, je ne
sais pas, peut-être que, juridiquement parlant, puis je... Est-ce que c'est une
certitude, ça?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
l'interprétation jurisprudentielle du Code civil a été constante. Est-ce
qu'ils pourraient changer d'idée? Je pense
qu'il y a des cours d'appel s'ils changeaient d'idée, là. Tu sais, c'est assez
majeur, là. Tu as des chapitres... vous le
savez, là, il y a des chapitres complètement distincts, là, des livres. C'est
plus que des chapitres, c'est des livres.
Mme Poirier : Je comprends
votre explication, là. Mais, quand je pense qu'un groupe a pris la peine de
nous l'écrire, c'est qu'ils ont dû faire une validation, je ne peux pas croire,
je leur fais confiance et je me pose la question : Pourquoi nous ont-ils demandé cela? Ils ont quand même des avocats, là,
à l'UPA, là, puis ils en ont des bons, là. Alors, est-ce qu'on comprend le pourquoi ils ont insisté
pour, justement, nommer cela? Pourquoi ils ont demandé cet ajout-là
s'ils avaient un doute sur la chose?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
ma perception — puis
c'est une perception, puis prenez-la pas pour plus que ça — je
pense que c'était pédagogique.
Mme Poirier : Vous voyez
comment c'est extraordinaire d'être pédagogique, M. le ministre?
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M. Villeneuve : Bien, moi,
j'aimerais, M. le Président, que le ministre nous donne un argument solide, là,
pourquoi ne pas le mettre là, puis un
argument solide, là, pas juste nous dire : Bien, écoutez, on pense que ça
ne devrait pas être là puis ça devait
être correct comme ça. Alors, moi, j'aimerais avoir un argument solide, là, qui
viendrait nous persuader qu'on n'a pas à le mettre là. Puis, encore là,
c'est mon analyse-là, j'ai l'impression que l'UPA — et ce n'est que mon impression, là — avait peut-être peur à certains dérapages,
éventuellement, et c'était plus que pédagogique, je pense, c'était
quelque chose qui est dans le possible. Étant donné qu'on est dans le possible,
ils se sont dit : Bien écoutez, réglons la
situation, soyons clairs, on le met, et comme ça il n'y a plus d'ambiguïté.
Mais, au-delà de me dire : Bien, on l'a évalué puis... est-ce que
le ministre peut nous amener quelques arguments solides qui feraient en sorte
qu'il réussirait à nous convaincre, finalement, hors de tout doute que la
pertinence de le mettre là... il n'y en a pas, de pertinence?
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
«Hors de tout doute»; je trouve le fardeau élevé. Par prépondérance de preuve,
on peut toujours fonctionner. Je pense, et là il faudrait vérifier avec l'UPA,
habituellement, quand ils ont une recommandation juridique — vous
l'avez mentionné, ils ont un bon contentieux, c'est Me Brodeur, l'ancienne
bâtonnière, qui est là — ils nous envoient un amendement puis on
l'évalue. Dans ce cas-ci, moi, j'ai l'impression — puis
c'est une impression — qu'ils ont des craintes appréhendées à cause
du mouvement, du côté américain, de la personnification comme telle de l'animal, sauf que, à moins que je
me trompe, là, du côté américain, ils n'ont pas un code civil qui
distingue des livres de biens puis des livres de personnes.
Ça fait que je pense qu'on a une protection
additionnelle qui peut éviter ce type de dérapage là au Québec. Moi, je partage leur objectif, là, je ne veux pas
que ce soient des personnes. Je l'ai dit clairement, comme législateur,
je ne peux pas être plus clair, là, les gens
qui... Mais, à partir du moment où on a dit ça, on n'a pas d'avantage à ajouter
dans le livre des biens que ce n'est pas des
personnes, là, vu que c'est dans un livre différent, on n'est pas dans le même
livre, mais il y a des limites. Puis, à partir du moment où on définit
clairement, on n'a pas ces risques de dérapage là.
M.
Villeneuve : Donc, ce que j'entends du ministre, selon lui,
avec ce qu'on en connaît présentement au Québec, à tout le moins, là, le
risque, il serait pratiquement zéro, mais...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le
risque de contestation n'est jamais zéro. Quelqu'un peut contester
n'importe quoi n'importe comment, mais les chances de gagner...
M. Villeneuve : Tantôt, on
faisait référence... puis c'est correct de le faire, le ministre faisait
référence... on s'est inspirés de ce qui se
fait en Europe, de ce qui se fait de mieux et pourquoi... Ça ne nous empêche
pas d'être avant-gardistes, M. le Président, même si on s'inspire de ce
qui se fait de mieux ailleurs, là, et les craintes qui ont cours présentement de la part de l'UPA à ce qui se fait
ou ce qui se... j'allais dire, se trame, ce n'est pas le bon terme, se
passe aux États-Unis les invitent justement à nous dire : Attention,
législateurs, il serait peut-être important que vous vous assuriez de fermer ça à double tour pour éviter,
là, tout dérapage en ce sens-là. Et le ministre a entendu comme moi, là,
les gens de l'UPA, il a lu les mémoires comme moi, donc assurément que lui et
son équipe ont été sensibilisés à ça. Et je comprends
que la conclusion passée — parce que, là, on est en mode ouverture ici, tout le monde — du ministre et de son équipe, c'est dire :
On n'a pas besoin de le mettre. On vous le soumet tout de même, parce que, vous
venez de le dire, le risque n'est pas
zéro, puis on n'y arrivera probablement jamais, au risque zéro, mais ce que
nous disent les groupes, c'est que,
pour éviter les dérapages, pour s'assurer que ce soit clair, de l'insérer
viendrait fermer... on met la clé dans le coffre-fort, là, on s'assure que personne ne pourra éventuellement dire :
Bien, écoutez, personne ne pourra arriver à personnifier, d'une façon ou d'une autre, du plan... Je veux voir si
le ministre, sur le plan juridique... tantôt, on a eu des explications par
rapport à l'autre item, là, de l'amendement,
là, il ne voulait pas cristalliser le Code civil en mettant des définitions
qui... On n'est toujours pas convaincus, de ce côté-ci, mais, en tout
cas, on a bien entendu la réponse du ministre.
Sur le plan juridique, le fait de l'ajouter, ça
pose problème?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça pose
problème, puis, sur le plan du raisonnement comme tel — j'ai aussi la responsabilité d'être
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation — s'il
fallait que ça soit des personnes, là, si tu
t'alimentes de personnes, tu appelles ça du cannibalisme. Ça fait que, tu sais,
à un moment donné, là, si on est rendus à marquer ça dans les projets de
loi au Québec, là, moi, j'ai des problèmes de compréhension.
Mme Poirier : M. le
Président.
Le Président (M. Morin) :
Oui, Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Poirier : L'explication
du ministre, elle est excellente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais
ça, c'est les fleurs, attendez le pot.
Une voix : Puis il est gros,
je dois vous dire.
Mme
Poirier : Parce que, si je pars de sa logique et surtout du
projet de loi, on vient dire, dans le titre «Biens», et qu'on ne veut pas appeler «Animaux»... dans le
titre «Biens», on dit dans sa disposition générale : «Les animaux ne
sont pas des biens.» Alors, suivant cette logique et la logique du ministre,
pourquoi on ne vient pas écrire dans le chapitre «Personnes» que «les animaux
ne sont pas des personnes»?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Parce qu'on ne l'a pas ouvert.
Mme Poirier : Bien, même si
on ne l'a pas ouvert...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On a
voulu le garder hermétiquement fermé.
Mme Poirier : Oui, mais on ne
vient pas le fermer, là, on le laisse ouvert, parce qu'à partir du moment...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
non, non, on ne l'a pas ouvert.
Mme Poirier : Puisqu'on le
fait dans «Biens», puisqu'on le fait dans «Biens»...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Parce qu'on l'a ouvert.
Mme
Poirier : Oui. Bien, je veux bien croire, mais à ce moment-là
il y a un bout qui n'est pas fait. On s'entend qu'il y a un bout qui n'est pas fait, le bout «personnes». À ce
moment-là, la volonté de l'UPA, qui est de venir fermer la porte au fait
qu'un animal n'est pas une personne, ce que vous avez fait dans votre propre
projet de loi puis qui était l'interprétation du juriste, alors, disant que ça,
ça fermait la balise, que les animaux ne sont pas des biens... mais «les
animaux ne sont pas des personnes», qui est la demande de l'UPA, lui, on n'a
pas fermé la porte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi,
je suis habitué aux demandes de l'UPA. Habituellement, quand ils demandent de quoi de précis dans leurs mémoires,
ils nous le formulent, puis là ils nous ont fait part d'une appréhension
sans nous le formuler. Donc, ils ont
peut-être compris que ça serait... tu sais, ils ont compris qu'on n'avait pas
ouvert le livre sur les personnes, ça
fait qu'ils nous ont dit : Assurez-vous de ne pas l'ouvrir. Ça fait qu'on
les assure, là, on ne l'a pas ouvert, puis ce n'est pas l'intention de
l'ouvrir.
• (17 heures) •
Mme Poirier : Mais ne pas
l'ouvrir, c'est ne pas fermer la porte, on s'entend.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si
tu ne l'ouvres pas puis que la porte est fermée, tu n'as pas besoin de la
fermer deux fois.
Mme Poirier : Non, non. Non,
non, la porte n'est peut-être pas ouverte, mais la précaution n'est pas
assurée.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
C'est-à-dire qu'un législateur, un jour, pourra se présenter devant
l'Assemblée nationale du Québec et proposer d'ouvrir la porte.
Mme
Poirier : ...pourquoi vous ne le faites pas, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Parce que ça ne me tente pas pantoute de
l'ouvrir, parce que, si je l'ouvrais, je prendrais des chances puis des risques que les autres articles
s'appliquent. J'ouvre une canne de vers si je fais ça. Ça fait que je réponds à la demande de l'UPA en
disant : Je n'ouvre pas la porte, je vous laisse ça fermé comme c'est.
Maintenant, dans le livre des biens, elle,
je l'ai ouverte, puis je ne veux pas que le monde pense qu'un animal, c'est un
bien. Ça fait que, là, je le clarifie.
Mme Poirier :
Mais vous n'êtes pas prêt aujourd'hui à aller dire qu'un animal, ce n'est pas
une personne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je n'ai pas besoin de le dire. Et, comme le
législateur ne parle pas pour ne rien dire, je n'ai pas besoin de le
dire, il est mieux de se taire.
Mme Poirier :
Ce que l'on comprend de ce côté-ci, c'est que vous n'avez pas cette intention.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Absolument pas.
Mme Poirier :
On le comprend. C'est clair. Ça ne peut pas être plus clair que ça, là, qu'on
comprend que l'intention du ministre, ce n'est pas de venir fermer cette porte.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Elle n'est pas ouverte.
Mme
Poirier : Elle est ouverte à partir du moment où on traite de
l'ensemble de ça. On a ouvert la porte des biens, qui nous ouvre presque
la porte personnes, puisqu'il y a un lien, là, il y a...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Clairement, là, ce n'est pas de notre intention,
puis je ne vous accuserai pas de vouloir m'en prêter, des intentions,
parce que c'est interdit par le règlement.
Mme Poirier :
Elles sont bien. Alors, le ministre a été clair, il ne veut pas venir fermer
cette porte-là et...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Mais il n'y a pas juste l'UPA qui a soulevé cela,
là. Et, peu importe qui l'a soulevé, là, il n'en demeure pas moins que,
vous savez, une idée ou une réflexion, ça a une genèse en soi, hein, ça a des
origines, et ces origines-là, c'est un peu
le fait qu'il y a des craintes par rapport à cela, par rapport à des possibles
dérapages. Alors, je ne veux pas
qu'on pense, là, que, si un groupe, peu importe le groupe, est venu en
commission parlementaire, parce qu'il ne nous envoie pas un libellé
écrit, ça...
Une voix :
...
M. Villeneuve :
Non, je veux juste dire que... C'est parce qu'à un moment donné, moi, je veux
bien, là, argumenter, là, mais, bon, je veux
juste... Donc, ce n'est pas parce qu'un groupe ne nous envoie pas le libellé
écrit d'un amendement possible que
cet amendement-là n'est pas recevable ou ne peut pas être rediscuté ou ne peut
pas être regardé de plus près. Il y a une crainte, elle existe, elle est
là, elle est présente. Elle est présente.
M.
le ministre nous dit que — et je ne lui prête pas des intentions, M. le Président — il n'a pas l'intention, donc, d'ouvrir... ou de s'assurer, finalement, qu'il n'y
en aura pas, de dérapage, dans le futur. C'est ce qu'on comprend. Alors,
il n'y a pas vraiment d'ouverture pour la
suite des choses. Je ne sais pas si ma collègue a des choses à ajouter. Ça
n'aura pas été à défaut d'essayer de
s'assurer, encore une fois, M. le Président, que de le faire de façon le plus
claire possible. C'est ça, l'objectif, là.
Mme
Poirier : Mais je pense qu'il y a... Excuse-moi. Il y a un
effet aussi de... Je dis toujours que ce qu'on dit ici a des effets chez
les gens qui sont venus ici, là.
Un,
notre travail, c'est d'être les porte-parole de ceux qui sont venus ici et de
plaider ce qu'on pense de ce qu'ils ont demandé qui nous rejoint et qui
fait en sorte de ça, et c'est ce qu'on fait présentement et c'est pour ça qu'on
dépose des amendements. Et, pour nous, à
notre lecture, cette demande, qui a été faite par des groupes, de dire :
Venez fermer la porte... selon le
ministre, qui n'est pas ouverte, mais venez fermer la porte au fait qu'un
animal n'est pas une personne, on comprend
qu'aujourd'hui, le ministre, ce n'est pas dans son intention d'aller vers cette
dynamique-là, mais ça veut dire qu'en
quelque part il y a une notion qui reste là en suspens, qu'un autre ministre,
un jour, viendra probablement colmater cette brèche, qui reste ouverte.
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : M. le Président, juste reprendre quelques
arguments, là. Non, les gens qui viennent en commission, là, je vous reprends,
ne sont pas obligés de nous envoyer des amendements par écrit, là, je vous le dis comme tel, sauf que l'UPA est équipée
habituellement, puis, quand ils y tiennent à tout prix, je vous dis, ça
arrive assez bien rédigé, mais ce n'est pas tous les gens qui sont aussi bien
équipés, etc.
Le
genre de discussion qu'on a, moi, je ne suis pas réfractaire à ça du tout, là,
j'en ai eu avec Mme Harel dans probablement
la commission parlementaire qui a été la plus longue de l'histoire de
l'Assemblée nationale du Québec, la Loi sur la sécurité du revenu, dans le milieu des années 80. Ça a été plus long
que la loi 101. Ça fait que moi, je veux dire, quand on est dans des sujets qui touchent l'ensemble de
la population, il faut prendre le temps de le discuter correctement,
moi, je n'ai pas de problème avec ça, là, puis c'est stimulant
intellectuellement.
Le Président (M.
Morin) : Est-ce qu'on est au vote sur l'amendement?
M. Villeneuve :
...M. le Président, alors on demande le vote.
Le Président (M.
Morin) : Oui? Est-ce que vous y allez par l'appel nominal?
M. Villeneuve :
Appel nominal.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Est-ce que vous voulez que je vous relise
l'amendement ou on en a assez discuté pour comprendre? O.K.
Le Secrétaire :
M. Villeneuve (Berthier)?
M. Villeneuve :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Poirier :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
Mme
D'Amours : Vu que je n'ai pas eu le temps de dire un mot, je vais
m'abstenir.
Le Président (M.
Morin) : Est-ce que vous avez demandé la parole?
Mme
D'Amours : Oui, mais ce n'est pas grave, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Je m'en excuse.
Mme
D'Amours : Non, il n'y a pas de problème, je m'abstiens.
Le Président (M.
Morin) : O.K.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : M. le Président, je sais que le vote a été
appelé. Si on avait un consentement unanime, on pourrait revenir à
l'étape où on retire l'appel au vote puis on laisse le droit de parole à Mme la
députée de Mirabel.
Mme Poirier :
Définitivement.
Le Président (M.
Morin) : Avec consentement à cette commission, en plus, qui est
très objective, Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Sur l'amendement qui a été proposé,
moi, il y a des questions qui me sont venues
en tête et surtout sur «ne sont pas des personnes», puis on a cité l'UPA. Moi,
j'aimerais ça vous entendre, M. le ministre, sur... M. le Président,
j'aimerais entendre le ministre sur des questionnements qu'on se pose dans le milieu agricole; je vais prendre les producteurs
de porc. Si on a une personne qui est attitrée à ce que les porcs qui
sont dans un genre d'enclos, qu'ils doivent
transférer pour aller dans un autre endroit... ça fonctionne par : on
pousse le porc, hein, parce qu'il y
en a qui ne veulent pas, c'est récalcitrant, ça ne veut pas avancer, donc on a
un petit bâton ou une main puis on pousse, puis là le porc trébuche,
oui, ou...
Une voix :
...
Mme
D'Amours : ...oui, ou le porc trébuche, qu'est-ce que ça va impliquer?
Au niveau de l'amendement, tu sais, on
parle, là, que ce ne sont pas des personnes. Hein, une personne, on n'a pas le
droit de pousser quelqu'un. Mais, un porc, est-ce qu'on peut le pousser?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Étant donné qu'on n'a pas ouvert le livre sur les
personnes, ça implique que ce n'est pas une personne.
Mme
D'Amours : Quand on parle des choses. des... attendez, je vais le
dire, qui ne sont pas au niveau biologique, là, tu sais, je veux dire, eux autres aussi, les impératifs biologiques,
c'est que le porc, en principe, n'est pas non plus supposé de se faire pousser... ou comme un enfant. Je vais
prendre un autre exemple : un enfant va jouer avec des animaux,
puis c'est un enfant, puis il est un peu
brusque avec les animaux. Est-ce qu'on va faire la distinction entre un animal
et une personne? Si ce n'est pas marqué dans l'amendement, est-ce qu'on
va faire la différence entre un animal et une personne qui...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : La réponse est : Oui, une distinction très
claire. Le livre sur les personnes n'est pas touché, là, n'est pas ouvert, comme tel, par cette pièce
législative. Le livre sur les biens est ouvert, donc on est dans le livre sur les biens, il faut le spécifier et on le
spécifie, que ce n'est pas un bien. Si on était dans le livre sur les
personnes, on ferait la même chose pour garder l'équilibre législatif comme
tel.
Maintenant,
là vous êtes un petit peu loin dans le projet de loi quand vous parlez
de : Quand vous manipulez un porc,
c'est quoi, la norme? On les a entendus, les éleveurs de porc, en commission
parlementaire, puis il y a un guide de bonnes
pratiques. Puis, même, je dirais qu'au Québec, là, pour ce qu'on a vu, etc., on
n'est pas en arrière de la game, si vous me passez l'expression, dans la façon de les traiter. D'ailleurs, s'ils
occupent une place prépondérante sur les marchés internationaux, c'est qu'ils se sont bâti une réputation à tous les
niveaux, y inclus la façon dont ils traitent leurs animaux.
• (17 h 10) •
Mme
D'Amours : Depuis tantôt, vous parlez de l'aspect juridique, mais, si
j'arrivais avec une maltraitance d'un animal
puis que le propriétaire de cet animal-là le considère comme qu'il fait partie
de sa famille, que c'est presque sa fille
ou son fils — et il y
a des gens qui aiment les animaux autant que leur enfant — comment ça va être traité, ça, si ce n'est pas... parce que c'est relatif pour chacun,
comment ça va être traité si ce n'est pas spécifié que ce n'est pas une
personne?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça va être traité en fonction de la définition
que l'on retrouve au Code civil. Et, tantôt,
on va voir si c'est un... Probablement, ce que vous me décrivez, c'est un
animal de compagnie, là. Je prends pour acquis que c'est un animal de
compagnie. Ça va être traité en fonction de ses impératifs biologiques. Ça fait
qu'il y a deux éléments sur lesquels il va
falloir être prudents tantôt, la définition d'«animaux» comme telle, «animal de
compagnie» puis «impératifs biologiques», pour savoir si notre définition, elle
est complète.
Mme
D'Amours : Je comprends. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Oui, ça me fait extrêmement plaisir,
madame. Je n'avais pas vu votre signe de la main. Donc, on était
rendus...
Mme Poirier :
Bien, ça m'amène une question, parce que... Non, non, mais ça...
Une voix :
...
Mme Poirier :
Bien non, mais ça m'amène sur d'autre chose, là, parce que ce que vous dites...
Une voix :
...
Mme Poirier :
On peut les faire après?
Une voix :
...
Mme Poirier :
O.K. Parfait. Bien, moi, je l'aurais fait tout de suite, là, parce que ça a un
lien avec le...
Le
Président (M. Morin) : Parce que, là, si on veut être
logiques — on a
fait une permission spéciale, madame, à cause du président, qui n'avait
pas vu le signe de Mme la députée de Mirabel — nous en sommes à
l'acceptation de l'amendement de l'opposition officielle.
M. le secrétaire, on
recommence.
Le Secrétaire :
Donc, M. Villeneuve (Berthier)?
M. Villeneuve :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve)?
Mme Poirier :
Pour.
Le Secrétaire :
Mme D'Amours (Mirabel)?
Mme D'Amours : Je vais être contre.
Le Secrétaire :
M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Contre.
Le Secrétaire : M. Chevarie
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Chevarie : Contre.
Le Secrétaire : M. Bourgeois
(Abitibi-Est)?
M. Bourgeois : Contre.
Le Secrétaire : M. Giguère
(Saint-Maurice)?
M. Giguère : Contre.
Le Secrétaire : M. Fortin
(Pontiac)?
M. Fortin (Pontiac) : Contre.
Le Secrétaire : M. Drolet
(Jean-Lesage)?
Une voix : Contre.
Le Secrétaire : M. Morin
(Côte-du-Sud)?
Le Président (M. Morin) : Je
m'abstiens.
Le Secrétaire : 2 pour, 7
contre, 1 abstention.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? Est-ce qu'il y a d'autres questions sur l'article 1? Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : On vient de dire que l'animal n'est pas un bien, il
n'est pas une personne — en tout cas, on ne le dit pas, mais on se le dit entre
nous. Est-ce que l'animal a des droits?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va
être les droits qui vont être définis, sur le plan statutaire, dans ce
qu'on va voir s'il rentre dans la définition du projet de loi, définition que
nous adopterons un peu plus tard.
Mme
Poirier : Je vais aller un petit peu plus loin. On sait qu'il y
a une cause, là, actuellement, aux États-Unis, d'un animal qui poursuit pour... qui a le pouvoir de poursuivre, en tout
cas on lui a donné le pouvoir de poursuivre. Moi, j'aimerais plutôt
qu'on parle de nos intentions en tant que telles. Est-ce que nous pensons qu'un
animal a le droit de poursuivre?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Si on
ouvrait le chapitre des personnes, on pourrait théoriquement donner le
droit à un animal d'ester en justice. Vu qu'on ne l'ouvre pas, la question ne
se pose pas.
Mme Poirier : C'est bien
important, là, parce qu'on voit qu'ailleurs ça se fait. Ils n'ont pas le même
système juridique, là, on s'entend. Mais
c'est important pour comprendre qu'ici, au Québec, notre intention, elle est
claire, c'est de ne pas donner un
pouvoir juridique de poursuite. On appelle ça ester en justice, dans notre
langage juridique, là. Mais, pour rendre
ça facile, là, dans le fond, c'est qu'un chat ou un porc... c'est pour ça que
je faisais le lien avec ce que ma collègue disait, le porc ne pourrait
pas poursuivre la personne qui l'a poussé fortement, disons, ou maltraité,
finalement, là, en tant que tel, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...ne
peut pas poursuivre, mais, si quelqu'un a été témoin puis il est médecin
vétérinaire, il peut porter plainte :
1 844 animaux ou il porte plainte directement, puis c'est le
Procureur général ou son substitut qui poursuit pour faire appliquer les
dispositions.
Mme Poirier : Mais, dans
notre système à nous, l'animal n'a pas ce droit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : N'a
pas la possibilité d'ester en justice.
Mme
Poirier : Je veux juste qu'on soit clairs, là, parce que ça
répond aussi à la collègue, qui... probablement, son intention, ce n'est
pas de penser que l'animal avait ce droit de poursuite lui-même, là, mais c'est
beaucoup plus dans le système... Si on regarde aux
États-Unis, par exemple, il y a eu une reconnaissance, en tout cas, puisqu'on a
permis à l'animal d'intenter une poursuite.
Nous, dans notre système québécois, on ferme la porte, là, on la ferme pour le
vrai, on ferme la porte complètement à une possible éventuelle poursuite
intentée par un animal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
n'a pas besoin de la fermer, on ne l'a pas ouverte.
Mme Poirier : J'aime toujours
cette phrase.
M.
Villeneuve : ...le sujet, justement, de droit de poursuite.
J'ai bien compris la réponse du ministre. Encore une fois, la porte n'a pas été ouverte, donc on...
Est-ce qu'il peut y avoir des droits de propriété? Est-ce qu'un animal
pourrait être affublé de droits de
propriété — je
n'irais pas jusqu'à dire «droits d'auteur» — droits de propriété? Parce que la
cause dont on faisait état tantôt, c'est...
je trouve ça un peu particulier de la raconter ici, à l'Assemblée nationale,
mais, à tout le moins, c'est des
photos prises par un macaque, et semble-t-il qu'il pourrait avoir des droits de
propriété sur les photos prises.
Alors, question de s'assurer qu'on comprend bien... et ça, c'est une cause aux
États-Unis évidemment et c'est une question
que quelqu'un m'a soulevée : Est-ce que les animaux auraient, évidemment
par l'entremise d'une tierce personne, pourraient obtenir des droits de
propriété quelconques?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
...un droit de propriété?
M. Villeneuve : Comme la
cause qui est en suspens présentement aux États-Unis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je
n'ai pas vu ça, moi, là...
M. Villeneuve : Moi non plus,
je n'ai pas vu ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...ni
dans le Code civil ni dans les lois statutaires au Québec, là. Mais on
ne voit pas tout, hein? Si vous avez un indice, donnez-moi-z-en un, là, mais...
M.
Villeneuve : Tantôt, M. le ministre faisait allusion à des
choses qui se passaient aux États-Unis, alors ça m'a fait penser à cette
cocasse chose qui se passe présentement. Mais, bon, on comprend que ce ne
serait pas le cas ici.
Est-ce qu'au
niveau des assurances, l'article 1, là... Je pense que c'est un article
important, là, très important. Alors là,
les gens, les questions qu'ils nous demandent, c'est : Est-ce que ça va
avoir des incidences, exemple, au niveau des assurances? Est-ce que le fait de changer le statut comme on le fait
présentement... en tout cas, de le clarifier, ce n'est pas un bien, mais il est quand même dans la section
des biens, là, il a des impératifs biologiques, etc., est-ce que ça
pourrait avoir une incidence quelconque au niveau des assurances? Je pense aux
éleveurs, je pense aussi, évidemment, là, aux particuliers et aux citoyens qui
ont des animaux.
Est-ce que vous avez évalué ça? Est-ce que vous
avez pensé regarder ça? Est-ce que vous avez pris des avis quelconques en quelque part? Est-ce que vous avez
pris la peine de regarder? Parce que, s'il y a des incidences... vous allez me dire : On pourra peut-être le savoir
dans six mois, un an, cinq ans, mais j'imagine que vous avez quand même
regardé cet aspect-là, et c'est un aspect important, ça pourrait avoir un
impact.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
L'expérience de vie nous enseigne que tout est assurable. Ça peut avoir
des incidences si vous décidez de l'assurer.
Les gens qui ont des animaux généralement vont soit les placer sur leur
police d'assurance habitation, ils ne
créeront pas, là, à moins qu'une compagnie y voie un intérêt financier ou
pécunier spécifique, un produit spécifique parce qu'on change cette
loi-là.
Maintenant,
est-ce que ça augmente la responsabilité de la personne? La réponse est :
Oui, ça augmente, mais vous le
quantifiez comment puis vous le diluez comment compte tenu de l'ensemble des
politiques d'assurance que vous détenez, et quel est l'effet?, parce qu'il y en a aussi sur... Je vais vous
donner un exemple bien pratique : l'assurance stabilisation des
produits agricoles. Est-ce que ça a une incidence, si ça en a une, sur ton coût
de production? Est-ce que pour tes productions
qui sont sous gestion de l'offre tu l'inclus dans ton coût de production? Tout
ça va être évolutif puis tout ça va dépendre du niveau d'application de
la loi. Mais qu'on arrive aux articles qui vont commander des modifications aux
bâtiments, à l'équipement, à ces choses-là, à partir du moment où il y a des
coûts monétaires, il y a des systèmes qui prévoient
l'inclusion de ces coûts-là dans les coûts de production. Est-ce que La
Financière agricole a regardé le projet de loi? La réponse, c'est oui. Est-ce que les offices de producteurs ont
regardé le projet de loi? La réponse, c'est oui. Ils sont venus
nous en parler en commission parlementaire.
Donc, ce n'est pas sans incidence, parce que,
quand vous avez une responsabilité additionnelle... bien, je pense que les gens ont compris que, quand vous
avez la responsabilité d'un animal, vous en avez la responsabilité, et
ça, ça inclut des conséquences si vous l'assumez mal, votre responsabilité.
Mais je pense que les gens qu'on a entendus voulaient à peu près tous l'assumer
correctement. Et les codes de bonnes pratiques pour les élevages, vous avez compris, là, à travers les années, ça s'applique,
ça se... Et tu n'as pas le choix. Le coût — je pense qu'on l'a établi assez clairement — de ne pas légiférer est supérieur au coût de
légiférer. La réputation du Québec, là, elle commence à nous coûter cher
non seulement sur l'évaluation que les autres sociétés font de ce qu'est le
Québec, mais, sur le plan du commerce, ça, ça coûte cher aussi.
• (17 h 20) •
M.
Villeneuve : J'y reviendrai, là, sur la question de départ,
mais juste dire... parce que le ministre a ouvert la porte à ça, puis on en reparlera plus loin aussi
dans le projet de loi, mais c'est important, parce que les éleveurs de
porc, vous savez, ils l'ont faite,
l'évaluation, eux. Si un code de bonnes pratiques était retenu tel qu'en ce
moment, là, ils ont évalué que
l'impact serait de 500 millions de dollars sur 10 ans, si c'était tel
qu'on le voit présentement. C'est le chiffre qu'eux nous ont donné, si
on allait avec le code actuel.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : J'ai
tendance à les croire, parce que, strictement cette année, je pense
qu'on a plus de 100 millions d'investissement dans le bien-être animal
pour les porcs.
M.
Villeneuve : Dans le fond, ma question, M. le Président,
c'était... Eux l'ont faite, l'évaluation. Parce qu'il faut évidemment s'assurer que... lorsqu'on dépose un
projet de loi, oui, il y a des incidences sur le gouvernement, bien sûr,
évidemment, des incidences monétaires entre
autres, notamment monétaires, mais aussi des incidences sur les gens qui
seront touchés par le... lorsqu'elle sera
sanctionnée. Il y aura donc des incidences. C'est pour ça que je posais la
question tantôt, étant donné que ce fut une
surprise, hein, d'entendre les éleveurs de porc... Moi, en tout cas, ce fut une
surprise, je pense que vous aussi, M.
le ministre, vous avez été assez surpris de cette affirmation-là qu'ils ont
faite, 500 millions sur 10 ans.
Donc, est-ce
que — ma
question, dans le fond — vous avez, donc, fait des évaluations de ce type-là avant
d'écrire le projet de loi? Je veux juste comprendre jusqu'où vous êtes allé,
parce que, dans le fond, là...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je ne
peux pas comprendre qu'on plaide la surprise ici aujourd'hui, là, quand,
sur le terrain, au moment où on se parle, La
Coop fédérée est en construction de maternités, dans le Témiscamingue,
pour un investissement de 50 millions de dollars. La loi n'est pas
adoptée, là. Ils font ça pourquoi? Parce que ce sont des obligations de marché. DuBreton vient d'investir,
dans le comté de Portneuf, pour une maternité également
12 millions, là. 50 plus 12, je suis
rendu à 62. Et, quand F. Ménard vient d'investir 10 millions à
Saint-Dominique, je suis rendu à 72 cette année. Vous me dites : Sur cinq ans, est-ce que 500 millions
vous surprennent? Pas vraiment. Ça fait partie de la normalité des
choses si tu veux continuer à prospérer.
M.
Villeneuve : Mais il y aura un coût de production, mais, bon,
on y reviendra plus tard, parce qu'on a aussi compris qu'il y aura une façon de mettre ça en place, là, pour s'assurer
justement que, sur le plan de la compétitivité, sur le plan du coût de production, on demeure dans la
game, comme on dit, qu'on puisse continuer à faire des affaires comme on
en a fait présentement et avec un coût de production qui est correct.
Mais ma
question, dans le fond, M. le Président, c'est... L'article 1, là, puis je
reviens à mes assurances, là, hein, les animaux ne sont pas des biens. Donc là, on vient, là, de changer... on
change le statut, là. Avant ça, c'étaient des biens. Alors, on frappe un animal, un chien, un cheval...
avant ça, c'était considéré comme des biens. Moi, je ne l'ai pas faite,
la recherche, à savoir maintenant c'est quoi, l'implication au niveau des
assurances. Comment eux, ils reçoivent ça, les assurances? Il y a plusieurs
compagnies d'assurance au Québec, là. Comment eux, ils voient ça que, tout à
coup, le statut passe de biens non pas à une
personne, mais à des animaux sensibles et avec des impératifs biologiques? Est-ce
que vous avez regardé l'aspect... et, s'il y
avait un impact, est-ce que les assurances... Puis là je donne un cadre...
j'allais dire «une profession», là,
les assureurs, ce n'est pas une profession, bon, bien, bref, il y en a plein
d'autres, là, ça va avoir des incidences
larges, très larges, on ne peut pas toutes les prévoir, mais il y a quand même
certains domaines qu'on peut anticiper.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais
revenir sur le premier élément de la question. J'ai donné l'exemple, là,
de la production porcine, qui investit déjà dans le bien-être animal sans que
la loi soit adoptée.
J'ai rencontré un producteur d'oeufs de
consommation, là; eux autres aussi sont là-dedans, là, parce que McDonald, ils en achèteront plus, des cocos qui
ont été élevés avec des cages... en poules. Tu sais, il y a des
échéances qui sont mises par les acheteurs
puis par les consommateurs. Si on refuse de s'en aller dans cette direction-là,
là on vient de se sortir du marché. Ce n'est pas compliqué. Non
seulement on a une réputation sur le plan national et international qui va être ternie, mais notre portefeuille va être
dégarni. Ça fait que moi, je vous le dis comme je le pense, là, on est en
retard d'au moins 20 ans. Puis je ne mets
pas le blâme sur aucun de mes prédécesseurs, sur aucun gouvernement, je fais
juste regarder les bulletins internationaux
qu'on reçoit, là, puis je ne comprends pas qu'on n'ait pas bougé avant. On est
ici pour bouger dans la bonne direction. Puis là-dessus moi, je suis à l'aise,
socialement puis économiquement — puis je suis ministre de l'Agriculture
puis de l'Alimentation — de
proposer ce que j'ai proposé avec les amendements, là, qu'on va améliorer.
Maintenant,
les compagnies d'assurance comme telles, là, c'est à peu près le monde le mieux
équipé pour venir en commission parlementaire. Moi, je ne sais pas si
vous...
M. Villeneuve : ...eux
autres, là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
non, mais je ne sais pas si...
M. Villeneuve : On s'entend,
là, ce n'est pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Eux autres, s'ils s'opposaient à notre pièce législative, là, je peux vous dire qu'ils auraient été dans les journaux puis
qu'ils auraient été un petit peu partout. Si vous dites : Ils ne
s'opposent pas parce qu'ils vont
collecter beaucoup d'argent, là... Dans les sociétés européennes où ils ont
pris cette définition-là, il n'y a pas eu de
problème majeur. Dans les juridictions dont on s'est inspirés — l'Ontario,
le Manitoba puis la Colombie-Britannique — ils n'ont pas eu de problème majeur ou
important. Pourquoi on en aurait, au Québec? On est une société
distincte, mais pas dans les assurances.
M. Villeneuve :
...
Le Président (M.
Morin) : Un instant. Mme la députée de Mirabel, ce serait
peut-être le temps que je vous entende.
Mme
D'Amours : Oui. Merci. On m'a dit de me pousser tout à l'heure, ça
fait que je ne jouerai pas à la chaise musicale.
C'est
parce qu'on a reçu l'ordre des vétérinaires, qui nous disait de bien encadrer,
là, l'article 1, et moi, j'aimerais ça entendre
le ministre sur : Puisqu'un animal, c'est un être sensible, qu'est-ce que
ça implique? Parce que c'est large. Ça fait que, si on ne l'encadre pas, on va jusqu'où, on commence où puis on
arrête où? Puis l'intention derrière ça, qu'est-ce que c'est? Parce que,
«un être sensible», si on ne le cadre pas, ça porte à de longues discussions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ce qu'on dit, c'est qu'ils sont «doués de
sensibilité». Quand vous êtes «doués de
sensibilité», ça veut dire que, si je vous pince, vous allez crier ayoye.
L'animal, il a une façon de réagir, là, ça veut dire que tu es sensible à la douleur comme telle, tu es
sensible à la manière dont tu es traité, tu es sensible à ton
environnement, tu ressens des sensations.
Mme
D'Amours : O.K. Mais je veux qu'on le cadre bien... en fait, pas moi,
là, mais l'ordre des vétérinaires veut qu'on le cadre bien pour être
capables de bien travailler quand il va y avoir des choses qui vont se
produire. Si je crie après un chien, je veux
dire, il est sensible à ce que je crie, je n'ai pas de geste. Est-ce que ça, ça
va être interpelé comme un geste qui
devra ne plus se faire? Et est-ce que la loi va s'appliquer, parce que, là, on
est en train de... Vous comprenez. Le bien cadrer, si j'ai bien compris
l'ordre des vétérinaires, c'était de bien cadrer ça, tu sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Crier après son chien, là, si vous criez à coeur
de journée puis de nuit puis que vous lui criez des bêtises, puis tout
ça, à un moment donné, il va le sentir, puis, à un moment donné, il ne vous sentira plus. Chacun a sa façon de l'être,
mais, quand on dit : C'est un être sensible, on va dire qu'il ressent la
douleur, ça, c'est le premier élément, puis
qu'il y a des impératifs biologiques — on va le voir tantôt, là — c'est un paquet de critères puis
d'éléments. On s'est encore une fois inspirés des meilleures pratiques
législatives. On a-tu tout couvert?
• (17 h 30) •
Mme
D'Amours : M. le Président, je comprends tout ça, là, je le comprends,
ce que vous venez de dire, mais la tierce
personne qui est la personne qui voit faire ça, là, hein, elle, là, elle va
trouver ça épouvantable que son maître crie après le chien. Jusqu'où on va... tu sais, où est le cadre de l'être
sensible, de l'animal de compagnie, du cheval? Ce n'est pas le maître qui va aller dire : Aïe! J'ai crié
après mon animal. C'est une personne à côté de lui qui voit ce qu'il est en
train de faire à l'animal. Est-ce que ça cadre dans la «sensibilité»?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Dans les autres sociétés où ils ont utilisé un
vocabulaire identique, c'est la jurisprudence
évolutive qui a, comment je peux dire ça, départagé les causes de... comment je
pourrais dire ça, de perception incorrecte de sensibilité avec les
perceptions correctes. C'est la jurisprudence évolutive qui dit que c'est ça.
Il y a des animaux qui sont plus sensibles
que d'autres comme il y a des humains qui sont plus sensibles que d'autres.
C'est une preuve d'expert que vous
faites, à ce moment-là, sur la sensibilité. Quels sont les meilleurs experts?
Ce sont les vétérinaires. Moi, je ne peux pas me substituer à eux
autres. Ils vont à l'école pour apprendre ça, eux autres.
Mme
D'Amours : Pourtant, c'est eux qui ont demandé à ce qu'on cadre un peu
plus l'article 1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ah! bien, c'est certain, certain, certain que
plus... comment je peux dire ça, plus on définit la chose pour eux
autres, moins ils ont besoin de leur opinion professionnelle. Bien moi, je ne
veux pas me substituer complètement à leur opinion professionnelle. Ce sont des
gens qui... simplement d'être admis à la Faculté de médecine vétérinaire, là, ça vous prend des notes à ce niveau-là, ça
fait que je présume que ce sont des gens qui quand même veulent
conserver une certaine liberté professionnelle.
Mme
D'Amours : J'ai une autre question sur, en fait, là, l'article ici qui
dit : Outre les dispositions de la loi particulières
qui les protègent, «les dispositions du présent code relatives aux biens leur
sont néanmoins applicables». Comment on peut appliquer quelque chose
pour les biens à un animal sensible qui n'est pas un bien?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : L'élément le plus simple, là, que je peux vous
donner, puis ce n'est pas limitatif comme
tel, c'est : un bien, vous en êtes propriétaire, mais ce n'est pas parce
que l'animal n'est plus considéré qu'un bien que vous ne pouvez pas
avoir la propriété de l'animal.
Mme
D'Amours : D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Morin) :
Ça va? M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Oui. Je veux revenir à notre discussion. Tantôt,
M. le ministre se rappellera sûrement, vous aviez énuméré certains pays
qui... en Europe, des pays européens qui avaient depuis quelques années déjà,
là, fait cette précision-là quant à l'animal.
Et je vous
avais dit lors des auditions que j'imagine que le ministre et son équipe ont
regardé... parce qu'il y a certains
pays ça fait plusieurs années, ont dû regarder les impacts que ça a eus, parce
que ça a eu sûrement des impacts, et je proposais au ministre que, si
jamais c'était disponible, ce regard-là qu'ils ont pu jeter sur les impacts
connus, parce que, là, on risque... on risque, assurément qu'il y aura des
impacts. On s'entend, là, ça ne peut pas être zéro impact. Bon, il y aura des impacts. Et, étant donné que je
disais lors des auditions que M. le ministre est assurément
responsable, ainsi que son équipe... ont
fait ce petit regard-là et ont dû relever certaines choses, est-ce qu'on peut
avoir une idée des impacts que ça a
pu avoir? Ce n'est pas nécessairement négatif, là. Ça peut être des impacts
positifs comme ça peut être des
impacts négatifs, mais il a sûrement dû tirer une ligne quelque part pour faire
un bilan de cela. Et je me pose la question si le ministre peut nous dire concrètement qu'est-ce que ça va
changer — on parle
toujours de l'article 1 — concrètement,
là, de «biens» à «animal sensible», là. Sur le plan social, on s'entend, on a
une bonne idée. Sur le plan économique, organisationnel
ou autre, est-ce qu'on peut avoir plus de détails? Parce que ces pays-là,
assurément, M. le Président... bien, on
ne peut pas tout anticiper, là, mais, quand on peut au moins regarder comment
ça s'est passé ailleurs, bien, déjà là, ça peut nous permettre d'éviter
certains écueils qu'ils ont pu rencontrer.
Est-ce que le
ministre peut élaborer davantage si jamais ça a été fait, M. le Président, bien
sûr? Si ça n'a pas été fait, bien
faisons-le, là. Ce n'est pas un reproche, là, j'essaie juste de m'assurer qu'on
puisse avoir le plus d'éléments possible sur le plan sociétal. Et puis on n'est pas contre, là. Alors, ça, on va
régler ça tout de suite, là, on n'est pas contre du tout, du tout, du tout le fait de reconnaître enfin l'animal
comme étant un être sensible avec des impératifs biologiques. Ça, soyons
clairs, là, tout le monde est d'accord avec ça. Ce qu'on essaie de voir, c'est
les impacts que ça va avoir et comment on peut, justement, s'assurer que ça se passe le mieux possible pour tout le
monde. Je parlais des assureurs tantôt, ça peut être un tout autre
domaine d'activité sociétale, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je peux
répondre assez brièvement, M. le Président : Impact positif. Si
vous avez des sociétés qui copient d'autres
sociétés parce que ça a bien été, donc je présume que c'est des impacts
positifs. Ça, c'est le courant législatif du code de Napoléon, du droit issu de
ce code-là en Europe. La France vient juste, juste, juste de l'adopter. Je pense que c'est l'Autriche, sérieusement, qui a
peut-être une quinzaine ou une vingtaine d'années d'expérience.
L'élément positif, c'est que ce sont des sociétés qui sont aujourd'hui
reconnues comme traitant bien leurs animaux. Ça a envoyé un message dans la
population. Comment mesurer le message dans la population? Mon autrichien est
un peu rouillé, là, je n'ai pas lu tous les journaux d'Autriche...
Une voix :...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
me dit que l'Autriche, c'est 1988. 1988, ça fait quand même...
Une voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Mais ça a été le premier. Donc, les autres qui
s'en sont inspirés par la suite ont jugé
l'expérience valable. Mais comment vous évaluez des changements de société? Ça,
ça devient très subjectif. Il y a des
gens qui vont vous dire : Nous autres, on n'a pas bougé puis on est
corrects comme ça. Il y en a d'autres qui vont dire : Nous autres, on a bougé puis on est fiers de
l'avoir fait parce que notre population a bien réagi. On peut faire une
commission rogatoire et aller visiter ces pays européens si le temps nous le
permet.
M. Villeneuve : Bien, on est
en période d'austérité, M. le ministre, là. À moins qu'on y aille à la rame. Ça
peut être long.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ces
pays-là sont perçus aujourd'hui comme étant des leaders mondiaux. Ça
vaut combien? Je ne le sais pas.
M.
Villeneuve : Donc, il n'y a pas eu... in situ, là, sans y
aller, là, il n'y a pas eu sur le terrain une petite évaluation? C'est
ça, ma question, dans le fond, là. Il n'y a rien eu?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Les
méthodes d'évaluation des changements sociologiques ne sont pas à ce
point sophistiquées ou raffinées qu'on puisse les quantifier. Maintenant, si
vous avez une méthode à nous suggérer, moi, je suis ouvert.
M.
Villeneuve : Bien, écoutez, je posais la question puis je
croyais avoir compris lors des auditions qu'il y avait eu un travail de
fait pour voir un peu les impacts non pas nécessairement sur le plan juridique,
mais sur le plan général, là. C'est tout simplement ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est pour ça que je vous réponds sur le plan général.
M. Villeneuve :
J'avais cru comprendre qu'il y avait eu quand même un regard qui avait jeté
pour voir... et pas seulement sur le plan
sociologique, là, sur le plan économique, sur le plan... et je suis resté avec
l'impression que de la part de votre équipe ou vous-même : Ah! on
va avoir quelque chose, finalement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Bien, vous l'avez déjà eu.
M. Villeneuve : Arrêtez donc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Si vous lisez correctement le mémoire du Groupe de recherche international en droit animal, vous avez tous ces
renseignements-là. Et de plus il y a un livre dont je viens de terminer
la lecture, que je vais vous faire parvenir, qui analyse ces choses-là sur les
effets sociologiques de la cruauté animale.
M. Villeneuve : ...le
mémoire, il n'y a pas autre chose. C'est : on a ce mémoire-là. C'est ça?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
je veux dire, le mémoire fait référence à des livres, de la documentation,
c'est... Tu sais, je veux dire, si vous le
voulez, il y a une... Je suis certain qu'à la Bibliothèque de l'Assemblée
nationale — si
vous y allez de l'autre côté, là, ça ne coûte rien — vous allez en avoir
pour des heures de plaisir.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
• (17 h 40) •
Mme Poirier : Je vous amène
ailleurs un petit peu, là. On comprend que l'animal n'est pas un bien, n'est
pas une personne, O.K.? Cependant, l'article de loi, en l'introduisant dans le
Code civil, il faut... dans le fond, là, on est à évaluer qu'est-ce que ça change. C'est ça qu'on fait présentement. Les
questions qu'on pose présentement, c'est d'évaluer quels changements que ça provoque, en tant que
tel. On a parlé autant du droit d'ester en justice qu'au niveau des
coûts en tant que tels.
Je vous
amènerais ailleurs : Le fait de voler un animal, le fait de tuer un
animal, est-ce que... Le fait de l'introduire en disant qu'il n'est pas un bien, est-ce que ça vient faire en sorte
que, de voler un animal, je ne vole pas un bien? Je vole quoi? Je ne sais pas, là. Là, je ne sais plus
comment l'appeler. Le fait de tuer un animal, je ne tue pas un bien, ça en
fait quoi? Alors, la journée qu'on veut
intenter une poursuite au propriétaire de quelque chose qui n'est pas un bien
ni une personne, on en fait quoi?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Tantôt,
j'ai répondu... en tout cas, je pense avoir répondu partiellement à
votre argumentaire de voler un bien quand je
l'ai lié à la notion du droit de propriété. Donc, si vous avez un droit de
propriété, vous vous faites voler, bien vous
assumez le droit comme tel. Si vous parlez de tuer; tuer un bien, tuer un
meuble, c'est compliqué; tuer un animal, ça va exister, là. Ça fait
qu'il y a une progression comme telle, là.
On vient de me donner le titre du livre dont je
vous ai recommandé la lecture : Souffrance animale — De
la science au droit, Thierry Auffret et Martine Lachance, les
auteurs. Mme Lachance est la même qui est venue témoigner devant
nous. Donc, c'est bon à lire, ça suscite des questions additionnelles.
Mme
Poirier : ...sur un terrain glissant, là, mais je reviens avec
la notion de tuer. Je comprends que, le vol, on a dit, bon, on est... si j'ai un chien, je me fais voler
mon chien, je peux aller sur mon assurance habitation et je pourrais
réclamer, par exemple, admettons...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça, ça
dépend de votre contrat d'assurance. Mais, au pénal, un vol, c'est un vol.
Mme
Poirier : C'est ça, exactement. Mais le fait de tuer le chien
de mon voisin, si le chien n'est pas un bien ni une personne, j'ai
tué... je suis poursuivie pour avoir tué quoi?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
...poursuivie en vertu de la maxime solatium doloris : c'est pour la perte
de l'animal comme tel et la souffrance que vous en éprouvez.
Mme Poirier : Mais pas pour
l'animal en tant que tel.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
pour la valeur de l'animal, vous pouvez poursuivre. C'est votre bien de
propriété. Là, on retombe à «propriété».
Le Président (M. Morin) : Ce
n'est pas un bien.
Mme Poirier : Non, non, c'est
ça, ce n'est pas un bien, mais c'est ton droit affectif que tu perds. Je sais
qu'il y a une jurisprudence, là, sur ce que
vaut un droit affectif par rapport à un autre, là... j'imagine, en tout cas. Il
doit y avoir quelqu'un qui a dû évaluer ça en quelque part, là, que
perdre un animal, ça a une valeur x, et ce n'est pas l'animal, mais c'est effectivement mon lien avec l'animal en
tant que tel. Mais, dans le cas de ma collègue, là, il n'y a pas de
droit affectif, là, bien, bien gros, là,
celui qui donne un coup de pied à l'autre puis il le tue, là, qui donne un...
qui brutalise, à ce moment-là, un animal. Tu sais, quand on arrive à...
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : À ce moment-là, s'il brutalise
l'animal — on
va le voir un peu plus tard — brutaliser l'animal, s'il est couvert par la
loi, il y a des amendes qui sont assez sévères. Quand on dit qu'on s'est
inspirés d'ailleurs, là, on a pris les amendes...
Mme Poirier :
Mais on ne peut pas être poursuivi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...les plus dispendieuses dans le plat de bonbons
puis on a ajouté de la prison.
Mme Poirier :
C'est ça. Donc, on est poursuivi juridiquement pour avoir brutalisé un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si c'est de la cruauté comme telle, vous allez
même au Code criminel, qu'on ne modifie pas aujourd'hui, là, mais il y a
une possibilité de poursuite en vertu du Code criminel.
Une voix :
D'accord.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...criminel, c'est la mens rea, c'est plus
compliqué, là. Mais, dans des cas flagrants de cruauté, il y a une possibilité.
Mme Poirier :
Mon collègue me souffle à l'oreille.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Il ne faut pas toujours répéter ce qu'il dit.
Mme
Poirier : Non, bien, justement, c'est pour ça que je pense
comment je vais le répéter. Dans le fond, qu'est-ce que vient changer
effectivement cet article-là?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est majeur. Au moment où on se parle, là, votre
animal, il est considéré comme la chaise sur
laquelle vous êtes assise, c'est un bien meuble. Ce que ça vient changer, ça
donne... La définition parle par elle-même, là : «...ne sont [plus]
des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs
biologiques.» Ça vient définir davantage la responsabilité de celui qui en a la
garde ou la propriété.
Mme Poirier :
Ça ne vient pas donner des droits à l'animal, ça vient donner des obligations à
celui qui est propriétaire de l'animal.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...entre les deux.
Mme Poirier :
Mais l'animal n'a pas de droit.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien, c'est-à-dire, il a le droit de ne pas être
magané.
Mme Poirier :
Il n'a pas de droit. On a l'obligation de ne pas le maganer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est ça, vous avez bien compris, vous avez
l'obligation de ne pas le maganer.
Mme Poirier :
De ne pas le maganer. O.K., c'est compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Par définition, si vous avez l'obligation de ne
pas le maganer, il a le droit de ne pas être magané. C'est la causa
causans, en métaphysique.
Le Président (M.
Morin) : Oui, M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Oui, on soulève la question, parce que ça a été soulevé en commission aussi,
hein, à savoir : Sur le plan juridique,
ça change quoi, ce qu'on apporte là? Alors, je comprends que, sur le plan de la
morale, sur le plan moral, ça change
beaucoup. Sur le plan juridique, est-ce que... Disons qu'on n'a pas cette
disposition-là sur le plan juridique, il
y a une cause qui est débattue devant un tribunal. La même cause se retrouve
maintenant sous l'égide ou... pas l'égide, mais assujettie à ce nouveau
projet de loi là. Ça va changer quoi sur le plan juridique? Je veux entendre le
ministre là-dessus, parce que moi, j'essaie de voir, là, et puis, sur le plan
juridique, à mon avis, en tout cas...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Sur le plan juridique, ça change de quoi, parce
que présentement le juge, il est obligé de
juger en fonction des lois que les législateurs que nous sommes adoptent.
Présentement, on dit au juge : Tu juges
ça comme un bien, au moment où on se parle. Là, on lui dit : M. le juge,
ce n'est plus ça, là... ou Mme la juge, parce que... devant le tribunal.
Une voix :
...
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est inclusif. À ce moment-là, vous le
jugez en fonction de la nouvelle définition
qu'on vous donne. Et, si c'est un animal qui est couvert par le côté statutaire
de notre pièce législative, les peines que
vous donniez, là, à l'époque, ce n'est plus ça, là. La peine minimum, c'est ça,
puis, si c'est un récidiviste, ça peut aller jusqu'en prison. Ça change beaucoup de choses dans une société. Ça le
change sur le plan juridique et ça le change sur le plan du message
envoyé. Le Québec est reconnu, là, comme la meilleure place pour les usines à
chiots, tout ce que tu veux, etc., là, dont on n'est pas fiers, mais, quand tu
as un message qui est envoyé sur la sévérité des peines puis sur l'interprétation qu'en fait le tribunal, ça
devient un modèle dissuasif assez important. Si tu n'es plus la meilleure
place, ils vont voir ailleurs, puis ça, il y a une gradation.
Mme
Poirier : Mais je n'ai pas besoin de modifier le Code civil
pour faire ça, j'ai juste besoin de modifier la loi sur le bien-être
animal et de modifier les peines.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Vous avez raison sur les éléments qui sont couverts
par les définitions que vous avez
dans le statutaire, mais, si vous voulez couvrir l'ensemble animalier du Québec
pour des animaux qui sont sous la responsabilité d'autres pièces
législatives, à ce moment-là vous avez besoin du Code civil.
Mme Poirier :
...les animaux qu'on ne veut pas lier à l'alinéa 5°, là, de
l'article 1.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça sert aux deux. Celui qui est...
Mme
Poirier : ...pas soumis aux peines et aux amendes du projet de
loi sur le bien-être animal, mais à d'autres projets de loi au niveau de
la faune.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, mais, celui qui est sur le bien-être animal,
il n'y a rien qui empêche d'invoquer
également le Code civil, et tu peux invoquer le Code civil, la loi statutaire québécoise
puis le Code criminel dans les cas plus importants.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Tantôt, dans ma question, je n'ai pas précisé la
loi en question, mais, si on regarde le Code civil, le Code civil, l'article 898.1... Je
comprends que, la loi comme telle qui suit, là, il y a des pénalités, c'est
plus sévère, etc., peines de prison... bon, là, je comprends que c'est
plus coercitif, mais, l'article 898.1, sur le plan juridique, c'est le
Code civil.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je comprends, là, vous faites le... Je vais
l'exprimer pour le Journal des débats. Il a les deux bras en croix, il dit : Il
arrive quoi? Sur le plan juridique, il arrive quoi? Vous faites une poursuite
en dommages en vertu du Code civil,
il faut que vous établissiez votre preuve de dommages, la cause, etc. Puis vous
êtes condamné au bout de la ligne, là, si vous êtes en faute.
C'est la règle de preuve qui s'applique au Code
civil. Autrement, on n'en aurait pas besoin, de Code civil, au Québec.
• (17 h 50) •
M. Villeneuve :
...on l'enlève, là, on reste au Code civil.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...
M. Villeneuve :
Ça reste un bien, oui. Bon.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça fait que c'est bien que vous poursuiviez;
bien, bonne chance.
M. Villeneuve :
C'est un jeu de mots, là? O.K.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Essayez de prouver devant un tribunal un lien
affectif avec un bien. Si vous êtes capable, vous me donnerez la
recette.
Le
Président (M. Morin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 1? Ça va? Est-ce que l'article, tel qu'amendé, est
adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Morin) : Adopté. L'article 2. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui, M. le Président. L'article 2 se lit
comme suit : L'article 905 de ce code est remplacé par le
suivant :
«905. Sont meubles
les biens qui peuvent se transporter.»
Le Président (M. Morin) : Est-ce
que vous avez une explication sur l'article ou ça parle par lui-même?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça parle par soi-même, là : «Sont meubles
les biens qui peuvent se transporter.» Lequel mot vous voulez que
j'explique, M. le Président?
Le Président (M.
Morin) : Non. C'est pour l'opposition officielle si...
M. Villeneuve :
...
Le Président (M.
Morin) : Bien, allez-y.
M.
Villeneuve : L'article parle par lui-même, M. le ministre,
mais, plus encore, plus encore, ça change quoi? Parce que, là, on
modifie le Code civil : «Sont meubles les biens qui peuvent se
transporter.»
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : «Sont meubles», ça veut dire qu'un meuble, ça
peut se transporter.
M. Villeneuve :
Mais qu'est-ce qui fait que ça ne fonctionne plus, là, présentement, qu'il faut
faire ça, là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non, non, mais interprétez-le à l'envers :
Un animal, ce n'est pas un meuble, ça fait qu'il peut se mouvoir par
soi-même.
(Consultation)
M. Villeneuve :
On va essayer de clarifier ça, là. Là, les animaux ne sont plus biens meubles.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Regardez, allez au vieux 905.
M. Villeneuve :
Oui, je l'ai devant moi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Ça fait que le vieux 905, si vous avez le
même que moi, là, il va se lire de la
façon suivante : «Sont meubles les choses qui peuvent se transporter, soit
qu'elles se meuvent elles-mêmes, soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer.» Ça fait que, là, on
enlève ça puis on le remplace par le suivant : «Sont meubles les
biens qui peuvent se transporter.» On enlève le reste.
M.
Villeneuve : Les animaux sont soumis présentement aux règles de
biens meubles actuellement, et là ce que vous nous dites, c'est qu'ils
ne le seront plus.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est ça.
M. Villeneuve :
Bien, j'essaie juste de voir à quel point c'est...
Mme Poirier :
Mais peut-être une précision, là.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : Le fait de ne plus être un bien tel qu'on l'a dit à
la disposition générale, qu'est-ce que ça fait, du fait de ne pas être un bien et qui fait que ce...
On dit que «sont meubles les biens qui peuvent se transporter». Vous me
voyez venir, hein, là?
Une voix :
...
Mme
Poirier : Alors, si ce ne sont que des choses qui peuvent se
transporter qui sont des biens meubles, donc les biens meubles ne sont
pas des choses qui peuvent se déplacer par elles-mêmes. Je suis-tu claire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Comme de la vase. Je vais vous donner la note des
légistes. Je comprends la nature de votre question. Il y a eu un débat
en France là-dessus, c'est de là qu'on s'est inspirés, là.
L'article a pour
objectif d'établir que les biens qui peuvent se transporter sont des meubles.
Les mots, entre guillemets, «soit qu'elles
se meuvent elles-mêmes, soit qu'il faille une force étrangère pour les
déplacer» ont été jugés superflus, et
il y a lieu de noter que les mots, entre guillemets, «soit qu'elles se meuvent
elles-mêmes» visaient spécifiquement
les animaux. À partir du moment où c'est superflu, on l'a enlevé. Puis, ce
qu'on me donne comme note, le Code
civil français a été modifié de la même manière. Ça, ce sont les légistes qui
me l'ont donné, je ne l'ai pas vérifié personnellement, mais j'ai
tendance à les croire.
Mme
Poirier : ...la dernière phrase, M. le ministre : Elles se
meuvent elles-mêmes, là, ça, ça finissait comme ça, là, mais qu'est-ce
qui est «elles se meuvent elles-mêmes»?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Elles se déplacent.
Mme Poirier :
Les biens meubles ne sont pas ceux qui se déplacent «elles-mêmes».
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est
ça. Autrement dit, on avait des mots superflus qui ne visaient que les
animaux et qu'on a enlevés pour garder aux biens une définition plus spécifique
de «biens». Sinon, on n'aurait pas bien fait ça.
M. Villeneuve : Soit tu es
«bien», soit tu es «immeuble»...
Une voix : ...
M. Villeneuve : Oui, meuble,
bien, immeuble...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
...ça va ensemble.
Mme Poirier : Soit tu n'es
pas un «bien» soit tu es «bien meuble».
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Ça va.
M. Villeneuve : Mais,
justement, ça m'amène à penser que la proposition qu'on a faite tantôt, qui n'a
pas été retenue, là, d'ajouter au titre...
au livre, d'ajouter «animaux», ça n'aiderait pas, tout ça? J'ai avancé ça
tantôt, là, on m'a dit : Ah! non,
non, écoute, ce serait peut-être superflu de le mettre. Mais ça ne viendrait
pas clarifier, ajouter une clarification?
Et vous disiez tantôt qu'il y avait eu un long débat en France là-dessus, alors
on ira lire les galées, peut-être, là, pour voir effectivement le débat
qu'il a pu y avoir là-dessus.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
êtes bienvenus d'aller lire les débats de ce qui s'est passé là-dessus,
mais ils en sont arrivés, après de longs
débats, à la conclusion à laquelle on en arrive. Mais, si vous voulez reprendre
les débats de l'Assemblée nationale française, moi, je suis ouvert, je
n'ai pas de...
Mme
Poirier : Quand je transporte des animaux vers l'abattage,
est-ce qu'ils deviennent, à ce moment-là, des biens meubles?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oh là
là! Non, ils ne deviennent pas des biens meubles. Et, le transport des animaux, on va en parler dans une des questions
que vous avez soulevées dans vos remarques préliminaires d'aujourd'hui,
on s'est rendu compte que, sur le plan transport, généralement, la juridiction
fédérale, en vertu des dispositions de l'article 95 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, s'applique dans la majorité des transports
d'animaux.
Une voix : ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ah
oui! Et les divers intervenants nous ont demandé de respecter cette
juridiction, assez massivement, là, pratiquement unanimement.
Mme
Poirier : Mais, à partir du moment où, quand je transporte
l'animal... Dans le fond, ce que je veux dire, c'est : Dans le fond, on ne veut pas qu'il perde son statut de ne
pas être un bien, on ne veut pas qu'il le perde par le fait d'être
transporté, même si le transport en fait un bien meuble.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Comme deux négations...
Mme Poirier : Donnent un
positif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
...donnent une affirmation, vous avez raison.
Mme
Poirier : Mais, à ce moment-là, comment l'article qui est là
vient dire que ce n'est pas un bien? À partir du moment où je dis :
«Sont meubles les biens qui peuvent [être transportés]», j'ai...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : «Qui
peuvent se transporter».
Mme Poirier : «Peuvent se
transporter». Alors, puisque je peux transporter des vaches vers l'abattoir,
alors, ça devient, à ce moment-là... il y aurait, dans le fond, une association
qu'il perd son statut de non-bien puis il devient un bien meuble.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Est-ce
que la vache se transporte vers l'abattoir ou est-ce qu'elle est
transportée vers l'abattoir?
M. Villeneuve : Peut-être un
peu des deux, M. le ministre. Il faut toujours bien qu'elle monte dans le...
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : On a des circuits courts, là, mais pas si
pires que ça.
Mme Poirier :
O.K. C'est l'autonomie de se transporter elle-même.
(Consultation)
Le
Président (M. Morin) : Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30. Et je veux vous voir ici
ponctuellement à 19 h 30. Je suspends.
(Suspension de la séance à
18 heures)
(Reprise à 19 h 40)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux en vous rappelant que la commission est réunie afin
de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 54, Loi visant
l'amélioration de la situation juridique de l'animal. À la suspension, nous en
étions, M. le ministre, à l'article 2.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Nous en étions effectivement à l'article 2, M.
le Président.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Est-ce que M. le député de Berthier... Où en
sommes-nous, de votre côté, Mme la députée... Ah! Oui, Mme la députée de Mirabel.
Des voix :
...
Le Président (M.
Morin) : Oui. Allez, allez. C'est des choses qui arrivent.
Mme
D'Amours : Je vais relire la
phrase : L'article 905... Non, attendez. L'article 905
de ce code est remplacé par le suivant : «905. Sont meubles les
biens qui peuvent se transporter.»
Vous
avez dit tout à l'heure que c'est en Europe que vous avez pris cette
phrase-là puis qu'il y avait une phrase beaucoup plus longue puis
qu'ils se sont aperçus que ça n'avait pas de bon sens. Ça me fait penser un peu
à Astérix, là, tu sais, qui va aller
au deuxième, puis, au deuxième, aller au quatrième. Puis les Français
sont quand même bons là-dedans, ils se sont fait un film même là-dessus puis ils approuvent leur
grande... À mon sens, là, ce sont des gens qui... Moi, les Français, là, je les admire, ils font des choses très,
très bien, mais ils compliquent souvent les choses. Cela dit, s'ils ont enlevé la phrase, c'est parce que
ça compliquait. Mais là, cette phrase-là, eux autres, ils la comprennent très
bien. Je ne suis pas sûre que, quand
on arrive chez les Québécois, c'est très clair, parce que ça porte vraiment
à confusion. Et ce qui se dit, là,
c'est que c'est «sont meubles les biens qui peuvent se transporter». Moi, je
peux transporter mon petit chien, parce qu'il ne descend pas les escaliers, puis il ne peut pas s'en venir avec moi,
descendre les escaliers, rentrer dans un autre endroit par lui-même, je dois le transporter. Il ne se
transporte pas par lui-même, il se transporte dans mes bras, parce qu'il ne
peut pas aller d'un immeuble à un autre seul, comme on avait pris l'exemple,
tout à l'heure, d'un porc qui doit marcher de son parc jusqu'au camion, comme
la vache doit marcher de l'étable jusqu'au camion, elle se transporte
elle-même, elle va y aller par elle-même. Mais il y a des animaux qui ne
marchent pas.
Est-ce
qu'il n'y a pas lieu de regarder ce terme-là puis de voir à ce que ce soit plus
clair? Parce que ce n'est vraiment pas clair. Ce n'est pas un bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je vais tenter de vous donner la note qui a fait
l'objet de la compréhension du côté des 12 travaux d'Astérix.
Cet
article a pour objectif d'établir que les biens qui peuvent se transporter sont
des meubles. Les mots «soit qu'elles se
meuvent elles-mêmes, soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer»
ont été jugés superflus. Il y a lieu de noter que les mots «soit qu'elles se meuvent elles-mêmes» visaient spécifiquement
les animaux. Maintenant, dans la section sur les biens, vous avez les biens meubles puis vous avez les immeubles, et,
si on allait plus loin, vous avez, par la jurisprudence, les immeubles
par destination, et là on rentre dans un fouillis jurisprudentiel auquel, si
vous avez été maire d'une municipalité puis
que vous aviez des industries sur votre territoire, votre rôle de taxation
était drôlement affecté. Donc, on l'a simplifié au maximum puis on a
voulu en exclure les animaux, parce qu'on était dans le secteur des biens.
Mme
D'Amours : Mais pourquoi vous n'avez pas marqué «excluant les animaux»
dans ce petit bout de phrase là, qui vous
semble très clair pour vous? Quand vous l'expliquez, c'est clair, mais, un
matin... vous ne serez pas toujours là quand les gens vont regarder ce
petit bout de phrase là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous avez complètement raison, je n'ai pas cette
capacité d'être éternel, mais le Journal
des débats, lui, a cette capacité-là, et, s'il y avait un doute dans
l'interprétation, les tribunaux, dans le doute, peuvent se référer à
l'intention du législateur, et l'échange que nous avons présentement peut
influencer le tribunal dans son interprétation.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
Mme
D'Amours : Je vais réfléchir à...
Le Président (M.
Morin) : Merci. Autres interventions? Mme la députée
d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mme
Poirier : «Sont meubles les biens qui peuvent se transporter.»
Tout à l'heure, on a dit : Le «se» appartenait...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : À soi.
Mme
Poirier : ...à soi et non pas à quelqu'un d'autre qui peut le
transporter. Est-ce que c'est bien ça? Parce que ça change complètement
l'allure de ce qu'on dit, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non, mais un n'exclut pas l'autre.
Mme Poirier :
Mais on pourrait vouloir qu'un exclût l'autre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On pourrait l'interpréter de cette façon-là,
évidemment.
Mme Poirier :
Alors, puisque nous sommes là, quelle est l'intention du législateur?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est de s'assurer que sont meubles les biens qui
peuvent se transporter tout en ayant en
tête... parce qu'on ne l'interprète pas, là, de façon isolée, on l'interprète
en conjonction avec 898.1, qui dit que
«les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et
ils ont des impératifs biologiques.» Si vous mettez les deux en
conjonction, vous arrivez à une interprétation qui est juste et raisonnable.
Mme
Poirier : Alors, si je refais cette phrase-là d'une autre
façon : Sont meubles les biens qui ne sont pas des animaux qui
peuvent se transporter. Et là j'ai un problème, puisque je viens de dire...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Quand on retourne dans le 905 tel qu'il existe
présentement...
Mme Poirier :
Original.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...on dit : «Sont meubles les choses qui
peuvent se transporter, soit qu'elles se meuvent elles-mêmes, soit qu'il faille une force étrangère pour les
déplacer.» Donc, on a voulu enlever ça pour ne pas que les animaux
soient considérés là-dedans. Et les juristes nous disent que c'était parler
pour ne rien dire que de dire ces choses-là, entre autres.
Mme Poirier :
...à nous faire parler. Le problème, c'est que je ne vois pas comment ça vient
exclure. Parce qu'on dit : «Sont
meubles les biens qui peuvent se transporter», mais, si j'enlève «sont meubles»
ce qui peut se transporter et je
viens d'exclure les animaux comme biens... Alors, un animal peut se
transporter. Et là le «se» n'est pas seulement qu'un «se» par lui-même,
il peut être par un camion. Je peux transporter...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...comme vous disiez tantôt, là, tu le prends
dans tes bras.
Mme Poirier :
Les vaches se transportent par camion.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non, elles sont transportées par camion.
Mme
Poirier : C'était qu'avant elles... soit qu'elles se meuvent
par elles-mêmes ou qu'il faille une force étrangère pour les déplacer.
Alors, la force étrangère, avant, c'était inclusif, et là vous venez l'exclure.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Comment je peux dire ça? Dans le chapitre des
biens, vous avez les biens meubles et les biens immeubles. Les immeubles, c'est
plus difficile à transporter, là, c'est même...
Une voix :
Ça se fait.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, j'ai des compagnies chez nous qui font ça,
ça se fait, mais c'est plus compliqué à
transporter. Maintenant, si vous voulez qu'on garde l'article tel qu'il
était : «Sont meubles les choses qui peuvent se transporter, soit qu'elles se meuvent elles-mêmes, soit qu'il
faille une [...] pour les déplacer», moi, je n'en fais pas un dogme, là.
Si vous trouvez ça plus clair rédigé comme ça... Moi, je pense que c'est plus
embrouillé, mais, ma clarification n'étant
pas parfaite à votre goût, si on veut retourner dans la sauce plus embrouillée,
moi, je ne pense pas que ça dérange l'élément que j'ai à 898.1 qui dit
que ce n'est pas un bien meuble, là.
Mme
Poirier : C'est parce que la différence entre les deux, c'est
les mots «les biens», parce qu'avant on ne disait pas «les biens», avant on disait : «Sont
meubles les choses — les
choses — qui
peuvent se transporter...» Là, ce que vous dites : «Sont meubles
les biens...» Et on vient de dire que les animaux n'étaient pas des biens.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
Vous êtes dans le noeud du problème, là, en disant que les... Avant ça, là,
dans le 905 tel qu'il existait, «biens» comprenait «animaux», l'animal est
considéré comme un bien.
Mme Poirier : Il n'y en avait
pas, de «biens».
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
oui, oui, il y en avait, des biens, là.
Mme Poirier : Non, non :
«Sont meubles les choses...»
• (19 h 50) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : «Les
choses», O.K., mais c'était dans le chapitre des biens, dans le livre
des biens. À partir de ce moment-là, si on
dit que l'animal n'en est plus un, il faut modifier par concordance. Moi, c'est
ce que les légistes m'indiquent. Puis, si on ne le modifie pas par concordance,
on le rend plus sujet à interprétation, mais on pourrait vivre avec, à la
limite.
Mme
Poirier : Bien, à ce moment-là, tant qu'à vivre avec,
écrivons-le comme il faut en disant : Sont meubles les biens qui
peuvent se transporter — exactement
ce que vous disiez là, là — mais
on garde la deuxième partie, «soit qu'elles
se meuvent — je hais
ça, ce mot-là — elles-mêmes,
soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer», et, à mon avis,
là, c'est clair.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais
là on replace l'animal comme étant un meuble, puis ça, je ne veux pas refaire
ça, moi, là. Je ne veux pas dire que ce n'est pas un meuble puis redire dans un
article plus loin que c'est un meuble, là.
Mme Poirier : Bien, c'est ça.
«Sont meubles les choses».
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
«Qu'elles se meuvent [par] elles-mêmes», là, ce bout de phrase là, là, ça
ne visait que les animaux quand les animaux
étaient considérés comme un meuble. Ça fait que, si je le laisse là, j'envoie
un drôle de message juridique. Si je
l'enlève de là, je suis consistant avec ma définition de 898.1. Autrement dit,
il ne faut pas les interpréter isolément, il faut les interpréter en
complémentarité.
Mme Poirier : Mais la partie
«soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer»...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Sont
meubles les choses qui peuvent se transporter, soit qu'elles se meuvent
par elles-mêmes, soit qu'il faille une force étrangère...
Mme Poirier : Pour les
déplacer.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...pour
les déplacer. Ça, ça visait un bien meuble comme tel, ça prend une force
étrangère. L'animal peut se déplacer par lui-même.
Mme
Poirier : Mais, si je prends juste ce petit bout-là puis je le
mets avec ce que vous proposez : Sont meubles les biens qui peuvent
se transporter ou qu'il faille une force étrangère pour les déplacer...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Si ça
prend une force étrangère pour les déplacer, ça veut dire qu'il ne peut
pas se mouvoir par lui-même, donc ce n'est pas un animal.
Mme Poirier : Il ne peut pas
se transporter, pas se mouvoir, se transporter par lui-même.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non,
non, ce que j'enlève, là, c'est «pour [se] déplacer». Le 905, là :
«...soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer.» On a-tu le même
905, là?
Mme Poirier : Bien oui, mais
moi, je n'ai pas de «déplacer», là. Soit qu'elles se meuvent...
Une voix : ...
Mme Poirier : Oui, «qu'il
faille une force étrangère pour les déplacer», c'est ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Dans ce
temps-là, tu exclus l'animal, tu vises un meuble comme ça, là. Ça prend une force étrangère. Mon petit pitou, chez nous,
là, il peut se déplacer par lui-même, ça ne prend pas une force
étrangère.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée de Mirabel, voulez-vous ajouter...
Mme D'Amours : Bien, oui. J'ai
vraiment de la misère à comprendre, parce que, le transport, là, on parle d'animaux qui peuvent se transporter par
eux-mêmes. Ça, c'est une chose. Mais les petits animaux... on parle,
exemple, du petit chien que je donnais comme exemple,
bien, je ne peux pas, si on parle de serpent, prendre un serpent puis dire : Bien, viens-t'en, tiens, je te mets à
terre, tu me suis, là. Je veux dire, ça prend une force étrangère, une force
étrangère pour les déplacer, ces animaux-là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien
non. Le serpent — je vais
reprendre votre exemple du serpent, là — il peut se déplacer. Il n'écoutera peut-être pas,
mais il y a des gens qui jouent de la flûte, là, puis qui... il monte, il sort
du panier puis il peut se déplacer d'une pièce à l'autre, puis ce n'est pas...
Mme
Poirier : C'est la notion de transport, je pense, qui est
problématique dans la compréhension de la chose. Dans le fond, le transport, c'est quelque chose que je prends et que je
transporte, O.K., d'un endroit à l'autre. Se transporter, dans votre
façon de l'interpréter, c'est de se déplacer et non pas se transporter comme
était le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi,
je suis prêt à le regarder comme mot, si c'est mieux «déplacer» que
«transporter», tant qu'on se rejoint sur l'objectif.
Mme Poirier : C'est ça. On se
comprend, mais c'est parce que...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le
vocabulaire utilisé, là, moi, je veux le faire vérifier, si vous êtes
d'accord, là. Est-ce qu'on est mieux avec
«transporter» ou «déplacer»? Puis on vise tous le meilleur vocabulaire
possible, le plus précis possible. On le regarde. À ce moment-là, est-ce
qu'on suspend nos travaux immédiatement pour le regarder immédiatement?
Une voix : ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
va le regarder?
Mme Poirier : Oui, on va le
regarder.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Le Président (M. Morin) : Je suspends.
(Suspension de la séance à 19 h 55)
(Reprise à 19 h 57)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : M. le Président, moi, lorsque nous avons suspendu, j'ai voulu vérifier avec les autorités juridiques si le mot «transporter» pouvait, sans conséquence
juridique, être remplacé par le mot «déplacer». Si j'avais le
consentement des membres de cette commission, le juriste attitré pourrait nous
expliquer quelles sont les conséquences.
Le Président (M. Morin) :
Consentement?
Une voix : Consentement.
Le Président (M. Morin) :
Monsieur.
M. Gélinas
(Claude) : Claude Gélinas, avocat. Simplement, ici il faut bien se
situer, nous sommes dans le chapitre, là,
où on distingue les biens meubles des biens immeubles. C'était la première
chose. On dit également que, dans l'article actuel, on parle de choses, on profite du fait qu'on ouvre l'article
pour s'assurer qu'on utilise toujours la même terminologie pour désigner les mêmes choses. C'est pour ça que
le mot «biens» vient remplacer le mot «choses». Ça, je pense que ça ne cause absolument aucun problème. C'est la même
chose. «Biens» ou «choses», ça décrit exactement la même chose. En
Europe, ils ont tendance à parler des «choses», ici on parle plutôt des
«biens», mais c'est la même chose.
Donc, on
dit : «Sont meubles les biens qui peuvent se transporter», compte tenu
maintenant qu'on a un article qui vient
dire que les animaux ne sont pas des biens. Les mots qui avaient été ajoutés,
«soit qu'elles se meuvent elles-mêmes», visaient spécifiquement les
animaux parce que ce sont les seuls biens qui peuvent se mouvoir seuls. Les autres
biens ont besoin d'un tiers, ont besoin
d'une force étrangère pour qu'ils puissent se déplacer. Ils ne peuvent pas se
transporter, comme tel, ils ont besoin qu'on
les aide à se déplacer. Et, si on veut se fier également à une comparaison avec
le droit français, l'article 528
du Code civil français disait anciennement — et ça ressemble énormément à ce qu'on a,
là : «Sont meubles par leur
nature les animaux et les corps qui peuvent se transporter d'un lieu à un
autre, soit qu'ils se meuvent par eux-mêmes, soit qu'ils ne puissent
changer de place [...] par l'effet d'une force étrangère.»
Donc
là, là, les deux articles se comparent. Ils ont modifié cet article-là
récemment, je pense que c'est dans les années 2000, là, je ne sais
pas exactement l'année exacte, là : «Sont meubles par leur nature les
biens qui peuvent se transporter d'un lieu à
un autre.» Ils ont modernisé leur article, ils l'ont clarifié. Ils ont enlevé
également des mots qui étaient là plus à titre d'exemples que de droit
substantif comme tel, parce que ce qui est important, c'est de dire que les meubles sont des biens qui peuvent se
transporter. C'est ça qui compte. Le but de l'article, c'est ça, rien d'autre.
Les autres mots qui sont là sont plus venus
pour illustrer ce qu'on veut dire quand c'est... que ça touche les animaux,
parce qu'ils se meuvent eux-mêmes, ainsi de
suite. Mais, compte tenu maintenant qu'on modifie le Code civil pour dire
que les animaux ne sont pas des biens, les
mots «qu'elles se meuvent elles-mêmes», il faut absolument les enlever, donc,
et, «soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer», on a jugé
que, tu sais, un peu comme ils ont fait en France, c'était absolument inutile
d'ajouter ces mots-là.
Ce qui
compte, c'est de dire : «Sont meubles, les biens qui peuvent se
transporter.» Eux ont dit «d'un lieu à un autre». Mais le mot
«transporter», je pense, est plus exact que le mot «déplacer», dans le sens de
l'article qu'on a là.
• (20 heures) •
Mme Poirier : Pour vous,
c'est quoi, la différence entre «transporter» et «déplacer»?
M. Gélinas
(Claude) : Quand on transporte quelqu'un ou quelque chose, on le
déplace, forcément. Tu sais, je veux dire,
c'est pour ça, là. Et, comme on ne modifie pas non plus... ou changer les mots
qui sont dans le Code civil de façon, là, aléatoire, là — ça demande toujours une discussion, et ainsi de suite — c'est évident que, si on veut changer ce
mot-là, moi, là, je dois retourner au
niveau de la Justice pour en discuter avec eux pour voir s'ils sont d'accord,
et ainsi de suite. Ça, je pense,
c'est le minimum, là, qui est requis dans les circonstances. Mais je vous
assure que de dire «sont meubles les biens qui peuvent se transporter»,
c'est très correct et c'est normal.
Mme
Poirier : Est-ce que je peux poser une autre petite question,
tant qu'à avoir l'expertise? Est-ce qu'on est venu, dans le chapitre,
créer quelque chose, «biens», «biens meubles», «biens immeubles» puis
«animaux»?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...je
peux répondre facilement, puis vous êtes dans le coeur du projet de loi,
on a créé le statut, là, l'article qu'on a adopté, 898.1, là : «Les
animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils
ont des impératifs biologiques.» Est-ce qu'on vient de créer quelque chose au
Code civil? Oui.
Mme Poirier : Donc,
maintenant, nous avons des «biens», des «biens meubles», des «biens immeubles»
et des «animaux».
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui,
sauf que les animaux demeurent. C'est l'alinéa suivant, tel qu'amendé,
qui se lit : «Outre les dispositions
des lois particulières qui les protègent, les dispositions du présent code et
de toute autre loi relatives aux biens leur sont néanmoins applicables.»
Ça fait qu'on les garde dans cet élément-là.
Mme Poirier : Donc, tout ce
qui touche un bien meuble devient applicable.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Sauf
les dispositions des lois particulières qui les protègent. Et c'est là
qu'on va tomber, dans la loi qui les
protège, dans les définitions d'«animal», dans les définitions d'«impératifs
biologiques», dans toutes ces définitions-là. Ça fait que, est-ce qu'on ajoute
quelque chose? La réponse est oui.
Mme
Poirier : O.K. Est-ce que les paramètres qui concernaient avant
les biens meubles et qui s'appliquaient aux animaux... comment font-ils
dorénavant pour s'appliquer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ils
s'appliquent, sauf dans le cas des dispositions...
Mme Poirier : Relatives aux
biens.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...sauf
«les dispositions du présent code et de toute autre loi relatives aux
biens» leur sont applicables, sauf la définition de statut, là, de l'animal,
des impératifs biologiques.
Mme Poirier : Je suis
d'accord. Mais, aux biens, il y a maintenant quatre catégories.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non,
non. Vous avez le livre des biens, là, puis, dans le livre des biens,
les biens demeurent des biens. Un bien
mobilier ou un bien immobilier, c'est dans le livre des biens. Là, c'est ça,
et, après ça, dans le livre des biens, vous ajoutez la catégorie
«animal».
Mme
Poirier : Mais, à ce moment-là, si je reviens à 905 puis que je
dis «sont meubles les biens qui peuvent se transporter» et que, là, je
parle des animaux, là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
non, non. On ne parlait pas des animaux, là.
Mme Poirier : Donc, je viens
exclure les animaux.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, exact.
Mme Poirier : Est-ce que
j'exclus tous les animaux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Mme Poirier : Ceux inclus
dans la loi santé, bien-être et ceux qui ne le sont pas, nos visons puis nos
renards.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Bonne compréhension.
(Consultation)
Mme
Poirier : Donc, les dispositions qui touchent les biens meubles
touchent-elles les animaux, puisqu'ils ne sont plus des biens meubles?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Les
dispositions qui touchent les biens touchent les animaux, sauf ceux qui sont exclus par 898.1 :«Les animaux ne sont
pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des
impératifs biologiques. Outre les dispositions des lois particulières qui les
protègent — comme
ce qu'on va voir tantôt, puis la loi de la
faune en a aussi, là — les dispositions du présent code et de toute autre loi relatives
aux biens leur sont néanmoins applicables.»
Donc, ça demeure dans le chapitre des biens,
c'est ce qu'on expliquait puis c'est pour ça qu'on était prudents avec le titre tantôt, et c'est pour ça que ça
devient une catégorie à part dans le chapitre des biens, puis on a créé une...
ou le ministère de la Justice nous a permis
de créer une catégorie différente dans le Code civil. Maintenant, c'est normal
qu'on ait ces discussions-là, là, les Français en ont discuté plus longtemps
que nous autres.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Si on lit : «Outre les dispositions des lois
particulières qui les protègent, les dispositions du présent code et de
toute autre loi relatives aux biens leur sont néanmoins applicables», est-ce
qu'il n'y aurait pas lieu de dire «relatives aux biens meubles»?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Quand on dit «biens», ça comprend «meubles». Ça serait superfétatoire de le
dire.
M.
Villeneuve : Superfétatoire, oui. O.K. Je ne sais pas s'ils
vont démêler toute notre discussion si, un jour, ils ont besoin d'y
jeter un coup d'oeil.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : La
France va nous précéder dans le démêlage, et les clarifications
françaises vont nous inspirer comme société distincte.
Le
Président (M. Morin) : Autres interventions sur l'article 2? Ça
va? Donc, est-ce que l'article 2 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Morin) :
Adopté. L'article 3. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, M.
le Président. L'article 3 se lit comme suit : L'article 910 de ce
code est modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le suivant :
«Sont classés
parmi les fruits [de] ce qui est produit spontanément par le bien de même que
par ce qui est produit par la culture
ou l'exploitation d'un fonds. Le croît des animaux, de même que ce qu'ils
produisent, sont également classés parmi les fruits.»
Il faut, pour
bien comprendre, aller à la définition qui était là avant, là, parce qu'on
remplace, et, quand on lit les deux
en parallèle, on se rend compte que l'ancienne rédaction du deuxième alinéa de
910 laissait ou portait à croire que les animaux étaient des biens comme les autres. Ça fait que le fait de les
séparer par un point et une nouvelle phrase reconnaît maintenant de
façon pratique leur caractère distinct.
M.
Villeneuve : ...peut-être m'éclairer davantage. Vous me
dites... parce que c'est quand même similaire, d'une certaine façon, là. Alors, on parle ici :
«Sont classés parmi les fruits ce qui est produit spontanément par le bien...»
Selon ce que vous dites, le seul fait d'avoir mis un point à la phrase met un
point au débat sur le fait que ce soit un meuble. Je veux juste saisir, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça les
distingue. Si on n'en met pas, on les mélange. Quand on met un point
puis qu'on recommence la phase, ça les distingue. Interprétation des juristes
et légistes.
• (20 h 10) •
M.
Villeneuve : On y reviendra peut-être. J'irais sur la deuxième
phrase, là, M. le Président. On dit : «Le croît des animaux, de
même que ce qu'ils produisent, sont également classés parmi les fruits.»
Ce qu'ils
produisent, est-ce que ça comprend, parce que les animaux d'abattage... Est-ce
que ça comprend la viande qu'on en retire quand on parle ici, là, «ce
qu'ils produisent»?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...
M. Villeneuve : Oui, je
comprends, mais au même titre que les oeufs, au même titre que les...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Mais,
les produits de la viande, là... ils ne la produisent plus, là, une fois
qu'ils sont... Elle est produite, une fois qu'elle est là.
M.
Villeneuve : Au même titre que, si on prend, par exemple, là,
le lait, les oeufs, etc., c'est... donc, ça ne comprend pas la viande
comme telle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non.
M. Villeneuve : O.K.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? Donc, l'article 3 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Morin) :
Article 3, adopté. L'article 4.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
L'article 4 se lit comme suit, M. le Président : L'article 934 de ce
code est modifié par le remplacement du premier alinéa par le
suivant :
«934. Sont sans maître les biens qui sont sans
propriétaire ou qui ont été abandonnés.»
(Consultation)
M. Villeneuve :
...quand on parle d'animaux, «sont sans maître les biens qui sont sans
propriétaire ou qui ont été abandonnés»,
comment on fait la distinction? Je comprends qu'un animal abandonné... encore
faut-il statuer sur le fait que c'est un animal abandonné, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Dans la
définition — plus
tard on le verra — mais au
niveau du Code civil, «abandonné»,
c'est qu'il a été abandonné, là, c'est laissé à la discrétion du tribunal de
décider s'il est abandonné ou pas abandonné comme tel. On n'a pas un
meilleur mot pour qualifier qu'un animal est sans maître.
M. Villeneuve : À ce
stade-ci, on proposerait un amendement pour l'article 4 puis on va le
regarder. Alors, j'en fais lecture?
Le Président (M. Morin) :
Oui.
M. Villeneuve : Donc,
l'article 4 de la Loi visant l'amélioration de la situation juridique de
l'animal est modifié par l'ajout, à la fin
de l'article, de : «Sont réputés sans maître les animaux sauvages en
liberté, ceux qui, capturés, ont recouvré leur liberté, ainsi que la
faune aquatique.»
Le Président (M. Morin) : Si
vous voulez, je vais suspendre quelques instants, là.
(Suspension de la séance à 20 h 13)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Bien, j'aimerais entendre le ministre s'il a pris
connaissance de la proposition qu'on lui fait et voir parce que...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...dans
la substance, si vous me permettez, de l'article 934 tel qu'il existait
à son deuxième alinéa.
Je vais commencer par le premier alinéa,
là : «Sont sans maître les biens qui n'ont pas de propriétaire, tels les animaux sauvages en liberté, ceux qui, capturés,
ont recouvré leur liberté, la faune aquatique, ainsi que les biens qui
ont été abandonnés par leur propriétaire.» Et là, dans le
deuxième alinéa, on avait un fardeau de la preuve, là, qui était circonscrit : «Sont réputés abandonnés les
meubles de peu de valeur ou très détériorés qui sont laissés en des les
lieux publics, y compris sur la voie
publique et dans [les] véhicules qui servent au transport...» Vous, vous voulez
ajouter après le premier paragraphe : «Sont réputés sans maître les
animaux sauvages en liberté, ceux qui, capturés, ont recouvré leur liberté,
ainsi que la faune aquatique.» C'est inspiré, là, de ce qu'on a voulu
clarifier.
Ce n'est pas
compliqué, là, on veut vraiment faire la distinction entre un bien puis un
animal. Puis, quand on ajoute, à
titre d'exemples, les animaux sauvages en liberté, la faune aquatique, ces
choses-là, on vient, par des exemples, remettre l'animal comme un bien, et ça, on ne veut pas ça. On veut que l'animal
ne soit plus un bien. Ça fait que je me verrais mal de donner cette indication-là au tribunal en
utilisant des animaux de la faune ou des animaux aquatiques puis leur dire
que ça, ça constitue un bien, alors que je viens de dire que ce n'en était pas
un.
Le titre
comme tel de la section II au Code civil, c'est «De l'acquisition des biens
vacants. Des biens sans maître». Mais
je ne veux pas que mes animaux soient là-dedans, puis je ne veux pas que les
animaux sauvages soient là-dedans, puis
je ne veux pas que les animaux aquatiques soient là-dedans, là, parce que, si
tu les remets là-dedans, je les considère comme des biens, puis ça, je
ne veux pas faire ça, puis vous autres non plus.
M. Villeneuve : Bien, ce
n'est pas des biens, mais ils peuvent être quand même sans maître.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
mais je ne veux pas que ce soient des biens sans maître.
M. Villeneuve : Ça n'affirme
pas nécessairement cela, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Tantôt,
on va le voir dans l'autre partie de la loi, là. Par définition, un
animal de la faune, je ne pense pas que ça
ait un maître. Tantôt, on va voir les animaux domestiques, les animaux
d'élevage, ces choses-là puis on va
le régler dans notre loi statutaire. Mais là ce que je fais, c'est que je
couvre l'ensemble de l'oeuvre puis je fais juste dire : Mes
animaux, là, qu'ils soient de la faune, qu'ils soient aquatiques, qu'ils soient
d'élevage, tous les animaux, là, ce n'est
pas des biens sans propriétaire qui ont été abandonnés. J'élimine ça
complètement. Appliquez-moi pas cette définition-là, parce que, si vous
m'appliquez ça, vous faites erreur.
M. Villeneuve : Et donc cet
amendement-là, selon vous, viendrait, là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
viendrait recomposer, par exemple, pas de façon absolue, là, mais en donnant l'exemple, en donnant une espèce de
présomption d'interprétation, le fait que ces animaux-là que vous
énumérez sont des biens. Ça entrerait en contradiction avec le premier article,
qui dit que les animaux, ce n'est pas des biens.
M.
Villeneuve : Si on changeait l'amendement qu'on vous propose en
ajoutant : Sans être des biens, sont réputés sans maître les
animaux sauvages, etc., en liberté...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Répétez donc, s'il vous plaît.
M. Villeneuve : Si on
ajoutait, là, au début de la phrase, là : Sans être des biens, sont
réputés sans maître les animaux sauvages en liberté, ceux qui, capturés... ou
recouvré leur liberté, ainsi que la faune aquatique, est-ce que ça ferait plus
de sens?
• (20 h 20) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Là,
je rentre dans la loi sur la faune.
Une voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...dans
la loi sur la faune, je me prendrais pour le ministre de la Faune. Je ne
l'ai été que six mois dans ma vie.
M.
Villeneuve : Alors, on dit : «Sont sans maître les biens
qui n'ont pas de propriétaire, tels les animaux sauvages en liberté, ceux qui, capturés, ont recouvré leur
liberté, la faune aquatique, ainsi que les biens qui ont été abandonnés
par leur propriétaire.»
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est
pour ça qu'on l'enlève, parce que, là, l'animal n'est plus un bien. Ça
fait qu'on le sort complètement de là, on ne
laisse plus de marge à l'interprétation puis on ne veut surtout pas que le
tribunal prenne notre énumération sui generis comme étant une règle
d'interprétation.
M. Villeneuve : Toutes les
dispositions qui touchent les biens le touchent pareil? Toutes les dispositions
qui touchent les biens le touchent quand même, non?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça, on
revient à l'article de tantôt, là : «Outre les dispositions des lois
particulières qui les protègent, les
dispositions du présent code et de toute autre loi relatives aux biens leur
sont néanmoins applicables.»
Donc,
les dispositions sont toutes applicables, sauf nos dispositions qui déclarent
que c'est un être doué de sensibilité et qui a des impératifs biologiques.
Autrement dit, on l'interprète a contrario. Autrement, il aurait fallu le
mettre dans le chapitre des personnes, puis là on ne voulait pas faire ça,
parce que l'opposition ne nous aurait jamais permis de faire ça.
M.
Villeneuve : Et, ce qui touche les biens sans maître, ils n'y
toucheront plus, M. le ministre? Ce qui touche les biens sans maître n'y
touchera plus?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Excusez.
M. Villeneuve :
Ce qui touche les biens sans maître n'y touchera plus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ce qui va toucher les biens sans maître, tantôt,
on va le voir dans la loi, ce qui va arriver, là. Là, vous êtes dans
l'autre partie de la loi.
M.
Villeneuve : En fait, les articles 50 et suivants, ça
remplacerait le Code civil — c'est ce que je comprends — en
partie?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ils sont complémentaires.
M. Villeneuve :
Complémentaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ils ne remplacent pas le Code civil. S'ils
remplaçaient le Code civil, il faudrait les mettre dans la première
partie de la loi pour modifier le Code civil.
M. Villeneuve :
...à l'oreille, là, c'est que ça ne toucherait plus les biens sans maître.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça ne toucherait plus...
M. Villeneuve :
Ça ne toucherait plus les biens sans maître. Ils ne seraient plus touchés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il faudrait le remettre dans la définition du
bien, puis on ne veut pas. À ne pas confondre avec le bien et le mal.
M. Villeneuve :
Bien, écoutez...
Le Président (M.
Morin) : ...
M. Villeneuve :
Oui, ça me va.
Le Président (M.
Morin) : O.K. Mme la députée de Mirabel, ça va?
Mme
D'Amours : Oui, j'avais compris.
Le Président (M.
Morin) : Donc, on n'a pas d'autre intervention. Est-ce que
l'article 4 est...
Une voix :
...
Le Président (M.
Morin) : Pardon?
Une voix :
L'amendement.
Le
Président (M. Morin) : L'amendement. Oh! excusez. Oui, c'est
vrai, on avait oublié. Donc, l'amendement...
M. Villeneuve :
On va le retirer, tout simplement, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Ça prend le consentement. C'est retiré.
D'autres interventions à l'article 4? Ça va? Donc, l'article 4 est-il
adopté?
Des voix :
Adopté.
Le Président (M.
Morin) : Bon. Vous me surveillez, c'est bien. L'article 5.
M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
L'article 5, M. le Président, se lit comme suit : L'article 989 de ce code
est modifié :
1°
par le remplacement, dans le premier alinéa, de «sont entraînés sur le fonds
d'autrui ou s'y transportent» par «se retrouvent sur le fonds d'autrui
»;
2° par la suppression, dans le deuxième alinéa,
de «, objets ou animaux,».
Le Président (M. Morin) :
Avez-vous d'autres explications?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
pour que ça soit compréhensible, il faut le lire avec l'article 989 tel
qu'il existait. Et, si vous le lisez en
rayant ce qui a à être rayé et en ajustant ce qui a à être ajusté, vous n'aurez
plus beaucoup de questions, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier, qu'est-ce que vous en dites?
M. Villeneuve : Dans le fond,
on est dans la sémantique, c'est le cas de le dire, là, on en a la preuve ce
soir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Quand on est dans la loi maîtresse qu'est le Code civil, on est dans la
sémantique, mais la sémantique est importante.
M. Villeneuve : Pourquoi on
change «sont entraînés sur le fonds d'autrui» par «se retrouvent sur le fonds
d'autrui»? Pourquoi «entraînés» versus «se retrouvent»?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Question de clarification, strictement. C'est juste une clarification, il n'y
a pas d'autre but. C'est un langage plus clair en termes juridiques.
M. Villeneuve : Ça revient un
peu à ce que je disais au début, quand je vous ai posé la question, si on part
du principe ou de la prémisse qu'il ne faut
pas toucher au Code civil. Non, mais c'est parce que tantôt j'avais apporté
cette remarque-là, peut-être que je n'ai pas été suffisamment clair.
Ce que je
disais, c'est que, si on partait du principe, au début de la conversation qu'on
a eue, au début de l'ouverture des
travaux, sur le fait que, si l'idée, c'est de ne pas toucher au Code civil si
ce n'est qu'en suivant le plan que vous avez élaboré ou le projet de loi que vous avez élaboré... il n'en demeure pas
moins qu'on touche, là, article par article, on le voit, là, au Code civil. Donc, je veux juste dire,
je veux juste préciser ça, là, qu'on n'est pas censés changer rien dans
le Code civil, mais là on s'aperçoit que
plus on avance, plus on change des choses, notamment le mot «entraînés» pour
les mots «se retrouvent». Parce que tantôt on avait amené des propositions,
entre autres, sur le titre, et on nous disait : Ah! non, non, non, il ne
faut pas toucher au Code civil. Mais là on se rend compte — c'est
un peu ce que j'avais anticipé — on se rend compte, que, là il y a plusieurs
modifications qui arrivent selon le projet de loi. «Anticipé»,
c'est un bien grand mot, parce que c'était
déjà inscrit dans le projet de loi. Mais, c'est ça, pourquoi on peut changer ça
maintenant, alors que tantôt les
propositions qu'on faisait, M. le Président... tandis que, les propositions
qu'on faisait, on se faisait dire : Bien là, on ne peut pas jouer
dans le Code civil, mais c'est ce qu'on fait depuis tantôt, là?
Parce que l'argument que le ministre avait
tantôt, M. le Président, c'était de dire : On ne peut pas toucher au Code civil. Mais là plus on avance, plus on se
rend compte que des modifications sont apportées de façon particulière.
Je veux juste comprendre, parce que c'était
un peu la question de départ que j'ai posée, M. le Président, au ministre.
Oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Il faut
comprendre deux éléments. Le premier élément, c'est qu'on touche au Code civil, là, on y touche, parce qu'on change le
statut de l'animal, ce ne sera plus un bien meuble. On y touche de façon
importante et majeure, ce qui entraîne des
modifications de concordance qui clarifient la division «ce n'est plus un
bien meuble», là. Il fallait les apporter,
ces modifications de concordance là, sans que l'échafaudage au complet ne
s'écroule.
Maintenant, c'est vrai qu'on a écouté les
groupes qui sont venus se faire entendre. On a proposé, à l'article 1, une
modification qui était inspirée de trois ou quatre témoignages, là, qui nous
disaient : Vous avez oublié la Loi de protection
du consommateur. Puis on n'a pas pris de chances, on l'a modifiée séance tenante
parce que ça améliorait notre loi
comme telle sans mettre en péril la structure de l'échafaudage. S'il y a
d'autres modifications qui peuvent arriver dans ce sens-là, moi, je ne suis pas fermé, mais on
modifie substantiellement... puis on ne remet pas en question la structure
qui a été arrimée par les spécialistes du
Code civil qui ont travaillé là-dessus pendant je ne sais pas combien de temps,
là, mais, je pense, un an au complet pour s'assurer qu'il n'y ait pas de
trou, et on a corrigé... on a amélioré un article. On ne l'a pas corrigé, on
l'a amélioré.
M.
Villeneuve : Ce que je comprends, c'est que, là, ici on veut
l'améliorer, là, mais je veux juste comprendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
veut tout améliorer.
M.
Villeneuve : Oui. Ah! ça, je suis d'accord avec vous, ça. Mais
je veux juste comprendre... bon, je reste sur ma faim par rapport à ce que je disais tantôt, là, mais je veux juste
comprendre la différence, la nuance entre les deux, parce qu'ici on
parle d'«entraînés», alors que... Bon, au départ, présentement, ce qu'on a,
c'est «entraînés sur le fonds d'autrui», et
on le remplace par «se retrouvent sur le fonds d'autrui». C'est quoi, la
nécessité de changer «entraînés»? Parce que, dans mon esprit à moi, «entraînés», ça a vraiment une définition
autrement différente, là. C'est vraiment très différent, être entraîné
et se retrouver, là. Pourquoi aujourd'hui on veut apporter cette
modification-là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi, j'ai le choix entre votre perception de ces
mots-là et ce que les légistes me disent. La clarification qu'on apporte
en remplaçant les notions d'être entraîné puis de se transporter sur un fonds
d'autrui par la notion unique de se retrouver sur un fonds d'autrui nous
apparaît importante. Si «transporter» visait spécifiquement
les animaux, puis, le deuxième alinéa, on biffe «objets ou animaux», lesquels
sont jugés superflus. Ce sont des
éléments de concordance à ce qu'on a accepté à l'article 1. À partir du
moment où on a accepté ça, on accepte de clarifier puis on continue à
diviser.
La seule situation
dans laquelle je n'aimerais pas me retrouver, c'est qu'on ait oublié cette
division-là entre «bien» et «animal». Ça, là, si vous avez quelque chose là-dedans,
là, qui nous éloigne de cet objectif-là, vous nous le signifiez, parce que moi, je veux que ça soit clair dans la tête des
juges qui vont nous lire, nous écouter que l'animal, ce n'est pas un bien puis que le législateur a voulu apporter au Code civil les modifications de concordance
qui clarifiaient ces notions-là en les simplifiant.
• (20 h 30) •
M. Villeneuve :
...juste préciser, entre ma perception et l'analyse qu'en ont faite les
juristes, c'est que ma perception... Dans le fond, ça fait un sapré bout de
temps qu'elle est là, cette définition-là, là. Alors, ce n'est pas nécessairement
ma perception dont il faut tenir compte, mais c'est du fait que cet élément-là
s'y retrouve depuis très longtemps et, aujourd'hui, on nous arrive avec un... Alors, je veux juste
bien saisir l'importance, là, la
différence entre les deux. C'est tout ce que je demande.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je ne vous blâme pas de poser la question. Si on
n'avait pas ouvert le Code civil pour
modifier la définition d'«un animal», on ne serait pas obligés de faire ça, là,
ces choses-là seraient restées là pour les temps immémoriaux. C'est parce qu'on ouvre puis qu'on change la
définition, au Code civil, d'«animal» que l'on profite de cette
occasion-là pour simplifier et harmoniser ces choses-là. Mais, vous avez
raison, c'est là depuis je ne sais pas combien de temps, là, puis au moins
depuis Gil Rémillard puis Louise Harel.
Une voix :
1989.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bon, c'est là depuis ce temps-là. Puis, si on ne
modifiait pas le statut de l'animal, on n'aurait pas besoin d'y toucher.
Mme Poirier :
Je veux juste...
Le Président (M.
Morin) : Oui, Mme la députée d'Hochelaga...
Mme
Poirier : Je sais qu'on revient souvent avec cette même notion
là, là, mais je pense que, dans l'écriture de la loi, ce pour quoi on se questionne tellement, là, puis je l'ai dit tout
à l'heure, c'est que, un, on vient introduire «animaux» versus «biens»,
versus «biens meubles», versus «biens immeubles»... excusez, «animaux», «biens
meubles», «biens immeubles», qui se retrouvent dans «biens», hein? On a trois
catégories dans «biens» : animaux, biens meubles, biens immeubles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : «Biens» comprend les deux. «Biens» comprend
«immeubles» et «meubles». On a deux catégories, là : on a les biens
puis on a les animaux. Deux.
Mme Poirier :
C'est ça, malgré qu'on n'a pas voulu l'écrire dans le titre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On n'en avait pas besoin.
Mme
Poirier : Dites-vous. Mais depuis cet après-midi qu'on essaie
de faire la distinction que les biens ne sont pas des animaux mais qu'on a un chapitre dans lequel
les animaux sont qui est un chapitre de biens, hein? C'est pas mal ça. C'est pas mal ça. Et de là toute la notion d'à
toutes les fois où on dit «biens»... présume qu'on parle des animaux,
malgré la disposition 898.1.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...présomption contraire, là, mais c'est une
présomption...
Mme Poirier :
Je suis d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non seulement ce n'est pas une présomption juris
tantum, c'est une présomption juris et de jure, et le tribunal n'a pas
de marge de manoeuvre.
Mme
Poirier : Tout à fait. Mais, puisqu'on est dans le chapitre
Biens, dans lequel on est venus exclure quelque chose qui n'est pas un bien, d'accord, mais que par la suite on ne nomme
que des choses «biens», hein, de là la complexité de la logique de l'écriture de tout ça, là, on
s'entend. Alors, quand j'arrive à 989 et que j'ai encore dans le libellé
«lorsque, par l'effet d'une force naturelle
ou majeure, des biens»... Donc, je viens de dire à 898 que, dans les biens, il
n'y avait pas d'animaux, donc je me demande pourquoi je viens changer
ça, puisque ça ne comprend pas des animaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Par
concordance.
Mme Poirier :
Alors, si ce n'est pas des animaux qui sont entraînés sur le fonds d'autrui
puis qui se retrouvent sur le fonds
d'autrui, cherchez-moi donc pourquoi qu'on change ça, ces deux expressions-là.
La concordance de quoi? Parce que,
«sont entraînés sur le fonds d'autrui», dans ma tête très imagée, là, il y a un
cours d'eau, il y a des animaux dedans, ils sont entraînés sur le fonds
d'autrui. «Se retrouvent sur le fonds d'autrui», ils peuvent y avoir marché
pour y aller, c'est complètement différent, pour moi, dans ma lecture des mots
«sont entraînés sur le fonds d'autrui», mais, puisque
ce n'est pas des animaux dont on parle, parce que mes animaux ne sont pas des
biens, de qui je parle? Et pourquoi j'en
parle là, puisque cette loi-là est là pour les animaux et que mes animaux ne
sont pas des biens puis je viens modifier quelque chose qui est pour
autre chose que les animaux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Je vais vous répéter ce que les légistes du gouvernement et extérieurs du gouvernement
nous disent, c'est pour apporter une clarification en remplaçant les notions
d'être entraîné ou de se transporter sur un
fonds d'autrui par une notion unique de se retrouver. Autrement dit, tu te retrouves sur le fonds d'autrui. Tu as été entraîné...
Mme Poirier :
Mais ça ne concerne pas les animaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...tu as été transporté, tu te retrouves là. Ça fait qu'on oublie si tu as été entraîné,
on oublie si tu t'es transporté, on garde la notion que tu te retrouves là.
C'est quoi, le problème?
Mme
Poirier : En quoi ça concerne les animaux, puisque les animaux
ne sont pas des biens et qu'ici on parle des biens? En quoi ça concerne
le projet de loi ici?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Bien, ça concerne le projet de loi ici parce
qu'on ne veut pas que les animaux soient assimilés à ça.
Mme
Poirier : Mais les animaux n'y sont pas, puisque les animaux ne
sont pas des biens et qu'ici on dit que «par l'effet d'une force
naturelle ou majeure, des biens». Alors, puisque les animaux ne sont pas des
biens...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On reprend depuis le début. Les animaux ne sont
pas des biens, sauf qu'ils sont dans
le chapitre des biens. Puis ça le dit clairement, là : «Outre les
dispositions des lois particulières qui les protègent — donc, il y a des lois particulières qui protègent les animaux — les dispositions du présent code et de toute
autre loi relatives aux biens leur
sont néanmoins applicables.» Ça fait que, si on ne veut pas que ça soit
applicable aux animaux, il faut le dire d'une façon claire, puis c'est ça que le législateur fait. Et, s'il ne le
faisait pas, les animaux continueraient à être assimilés à des biens
puis ils se retrouveraient là : non seulement dans l'article, mais sur le
terrain.
Mme
Poirier : Je comprends que vous venez modifier des articles
généraux — je vais
le dire comme ça — qui incluent par exclusion, finalement, parce
que, dans le fond, ça inclut les animaux qui se retrouvent comme biens puis sans en être. Et donc, quand vous venez changer
cet article-là, qui parle d'un bien mais dans le sens général et non pas
du bien excluant les animaux, je vais le dire comme ça, là...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va. À date, là, je vous suis. Continuez.
Mme
Poirier : Ma logique, elle va bien, là. Mais ce que je veux
savoir, c'est que, quand vous venez modifier ici, en 989, la notion d'«entraînés sur le fonds» versus
«se retrouvent sur le fonds», à part que de la modernisation de mots,
là — pour
moi, c'est de la modernisation, là — ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Il y a un élément modernisation, oui.
Mme
Poirier : ...mais ce n'est pas la même chose, être entraîné et
se retrouver. Être entraîné, c'est qu'il y a une force qui t'y amène, puis on vient de l'enlever, la force, tout à
l'heure dans l'autre article. On a enlevé, à 905, «soit qu'il faille une force étrangère pour les déplacer» et
là on vient enlever le «entraînés sur le fonds d'autrui». On vient
d'enlever ça. Là, on vient encore enlever «entraînés»...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On enlève «entraînés» et transportés.
Mme Poirier :
...c'est ça, et là on dit : Ils «se retrouvent».
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est la finalité. Si tu as été entraîné ou si tu
t'es transporté, la finalité, c'est que tu retrouves là. Ce n'est pas
important si tu as été entraîné. Je veux dire, ça clarifie la patente, ça le
simplifie, tu te retrouves là.
Mme
Poirier : ...«transportent», il est là, là : «ou s'y
transportent», là, «se retrouvent sur le fonds d'autrui» ou «s'y
transportent». Il reste là, le «s'y transportent».
Une voix :
Non, il est enlevé.
Mme Poirier : O.K. Sur mon
petit papier... Non, non, mais c'est parce que, sur mon petit papier, il
n'était pas enlevé.
(Consultation)
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...pour
que ce soit clair, être entraîné puis se transporter, puis on a la
notion unique de se retrouver. C'est le résultat.
Mme Poirier : O.K.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
simplifie?
Mme Poirier : Tout à fait.
Pour moi, oui.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée de Mirabel, je pense que vous vouliez intervenir.
• (20 h 40) •
Mme
D'Amours : Bien, en fait, ce que je voulais comme valider, c'est
qu'entraîner quelque chose, c'est vraiment quelqu'un qui entraîne une chose qui se véhicule par elle-même, qui a
quatre pattes, qui s'en va. Si on l'enlève pour les animaux, c'est
quelque chose qui est transporté... Si vous avez enlevé «sont entraînés sur
[les] fonds d'autrui ou s'y transportent», c'est parce que vous voulez enlever
tout ce qui a un lien avec les animaux, si je comprends bien. C'est ça? Non?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Se transporter,
moi, c'est assez clair comme définition. Être entraîné; tu peux être entraîné par un coup de vent. Tu sais, ça
peut être une tôle qui est entraînée par un coup de vent. Un bien, il n'a
pas été transporté, il a été entraîné par un coup de vent, par un ouragan.
Mme D'Amours : Mais pourquoi on
l'enlève? Si vous me parlez d'une...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est parce que le résultat est le même, il va se retrouver sur le lot. Qu'il ait
été entraîné ou qu'il ait été transporté, le résultat, c'est qu'il va se
retrouver.
Mme D'Amours : C'est quoi, le lien
avec les animaux?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je n'en
veux pas. Je veux clarifier qu'il n'y
en a pas, de lien avec
l'animal. Avant ça, j'en avais, un lien avec l'animal, en vertu de l'ancien
article.
Mme D'Amours : Par le mot
«entraînés».
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Mme D'Amours : Si on l'enlève, on
n'a plus de lien avec l'animal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Bien, les deux : «entraînés» ou transportés.
Mme D'Amours : On aurait pu...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On
aurait pu le transporter aussi pour le mettre sur le lieu de destination.
Ça fait qu'en enlevant les deux...
Mme
D'Amours : On enlève le lien
qui est en lien avec l'animal et on va mettre pour les biens : S'il y a
un piano qui se retrouve dans ma cour, il se retrouve sur mon fonds.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est
ça.
Mme D'Amours : Parfait. C'est clair.
Le Président (M. Morin) : Merci,
Mme la députée de Mirabel. D'autres interventions sur l'article 5? M. le
député de Berthier.
M.
Villeneuve : On
essaie de suivre, là. Ça va mieux. Est-ce
que c'est possible, M. le Président, que... On sait que le juriste
est présent, là, j'aimerais avoir son explication. Puis je ne mets pas en doute
ce que le ministre nous dit, là, pas du tout, et je veux
juste m'assurer, là, que... M. le ministre emploie souvent l'expression :
Quand ça vient de la bouche du cheval, c'est plus,
assurément, là, ce qu'on doit entendre. Alors, si c'est possible, j'aimerais
entendre le monsieur qui est présent ici
avec nous, qu'il nous explique vraiment, là, la différence entre «entraînés» et «se
retrouvent» sur le plan juridique, j'entends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça va, je n'ai pas d'objection. C'est toujours
meilleur quand ça vient de la bouche du cheval tant qu'il n'a pas le
mors aux dents.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va? Moi, j'ai un consentement. Moi, je le
donne.
Une voix :
Consentement.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va?
Le Président (M.
Morin) : Oui, on a le consentement. Oui.
M. Gélinas
(Claude) : Claude Gélinas, avocat.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Une fois seulement dans la soirée.
M. Gélinas
(Claude) : Une fois? O.K.
Le Président (M.
Morin) : Oui, oui, on vous connaît, maintenant, Me Gélinas.
M. Gélinas
(Claude) : Je pensais qu'il fallait que je le fasse à chaque fois. Excusez-moi.
Le Président (M.
Morin) : Non, non.
M. Gélinas
(Claude) : Donc, essentiellement, ici, là, ce qu'on vise à
clarifier : deux choses, là. La finalité de l'article, c'est que des
choses se retrouvent sur le fonds d'autrui, soit qu'elles soient entraînées par
un glissement de terrain, un ouragan
ou des choses du genre quand on pense à un animal, et, quand on a les mots ici
«s'y transportent», là, là on vise uniquement l'animal parce que c'est le seul bien qui se
transporte. Un bien inanimé ne se transporte pas. Donc, ici, c'est pour
ça qu'il faut enlever les mots «ou s'y transportent», absolument.
M. Villeneuve :
Par concordance.
M. Gélinas
(Claude) : Par concordance, comme on a fait ailleurs.
M. Villeneuve :
Tantôt.
M. Gélinas
(Claude) : Et ici, quand on parle aussi de moderniser le langage, le
rendre plus clair, dans nos discussions avec la Justice et aussi en tenant
compte du texte anglais, et tout le reste, parce qu'on fait toujours les textes ensemble, là, à
ce niveau-là, au niveau de la traduction en particulier, on s'est entendus pour dire que, dans le fond, ce qui était important, c'est la finalité de l'article,
là. L'article, c'est que les «choses se retrouvent sur le fonds
d'autrui». Donc, on a décidé de
remplacer à la fois les mots «s'y transportent», parce qu'il fallait les
enlever, et «entraînés» aussi parce qu'on voulait le clarifier pour dire : Une notion unique qui est plus
juste se dirait «se retrouvent», c'est la finalité qu'on cherche.
Et,
dans le deuxième alinéa, «ces biens, objets ou animaux», ça, là,
ça n'ajoute absolument rien. Ce qui compte, c'est «ces biens», que ce soient des objets ou des
animaux, là, puis il faut enlever le mot «animaux» encore, ça, c'est
clair. Et là on a dit : Bon, bien, tant
qu'à enlever le mot «animaux», on va enlever le mot «objets» parce qu'un bien, c'est un objet. Donc,
je veux dire, on n'ajoute rien au texte, là. Donc, ça devenait superflu de le
garder. Donc, pour clarifier le texte, c'est plus simple de dire : «Ces biens continuent d'appartenir». C'est uniquement
les raisons, là, de clarification et, en
même temps, de concordance.
Le Président (M.
Morin) : Autres questionnements?
Mme
Poirier : Ce qu'il faut
comprendre, là, dans la logique de l'écriture, là, puis j'essaie juste de
verbaliser pour qu'on puisse avoir le
même carré de sable, tout le monde, là : le projet de loi est venu exclure
les animaux de la notion de biens dans un livre du Code civil qui
s'appelle Les biens, sans les nommer dans le titre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Parce qu'on l'a laissé dans le chapitre des
biens.
Mme Poirier :
C'est ce que je dis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Mme
Poirier : On a exclu les animaux d'être des biens dans le livre
des biens.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On retourne toujours là, puis il faut toujours
retourner là, puis on ne fait pas d'erreur quand on retourne là : «Les
animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils
ont des impératifs biologiques. Outre les dispositions des lois particulières
qui les protègent, les dispositions du présent code et [d'autres lois]
relatives aux biens leur sont néanmoins applicables.» Donc, on ne les a pas
extraits du livre des biens.
Mme
Poirier : On exclut la notion d'animaux dans «biens» dans le
livre des biens. O.K., on se comprend? Et ce qu'on vient faire après, c'est qu'on vient préciser où on nomme «biens»
ce qui va s'attacher aux animaux, puisque les animaux sont dans le livre
des biens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Excellent raisonnement, mais a contrario. Vous le
prenez à l'inverse puis vous êtes dans le mille.
Mme Poirier :
On ne vient pas l'exclure? On l'exclut.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non, on ne vient pas l'exclure. Si on l'avait
exclu, il y aurait un livre sur les animaux : tu aurais eu le livre
sur les personnes, tu aurais eu le livre sur les biens puis tu aurais le
livre...
Mme Poirier :
On est venus exclure de la notion de biens «animaux».
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. Ça va.
Mme
Poirier : Bon. Je comprends. Alors, on est venu exclure de la
notion de biens «animaux», mais, puisque certains paramètres des articles où on utilise le mot «biens», qui
inclut les animaux, mais des animaux exclus... mais qui sont inclus,
finalement.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On est venu faire des articles de concordance.
Mme
Poirier : Et c'est pour ça qu'on vient préciser dans ces
paragraphes-là... On vient tout simplement préciser dans ces
paragraphes-là qu'est-ce qu'on va vouloir dire pour les animaux, finalement,
qui sont considérés dans le chapitre des biens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Encore une fois, là, il y a une place où la
jonction ne se fait pas, là. Revenez tout le temps au début, on est dans le livre des biens, on dit : Les
animaux ne sont plus des biens, ce sont des êtres doués de sensibilité qui ont des impératifs biologiques.
Vous continuez puis vous dites : Les autres dispositions dans le livre
des biens, là, continuent à s'appliquer,
sauf pour les affaires qui sont exclues spécifiquement. Là, vous comprenez. Là,
les autres articles font de la concordance
pour faire en sorte que ce qu'on vient dénoncer ne se retrouve pas contredit
nulle part, puis, en plus de la concordance, il y a de la modernisation
et de la simplification.
Mme
Poirier : Je sais que la correction, là, qui est dans la
simplification, modernisation, «entraînés» et «s'y transportent» versus
«se retrouvent», là, bien ça, ça se retrouve dans un article pour lequel
j'aurais une question. On dit : «Ces
biens — en
enlevant "objets", "animaux", là, donc, ces biens, on parle
d'animaux, là, on s'entend, là, les animaux
ne sont pas des biens, mais ce sont des biens pour l'article 989 — continuent d'appartenir à leur
propriétaire...»
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non.
Mme Poirier :
Bien oui, parce que, là, ces biens-là, là, ça inclut les animaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est pour ça qu'on fait...
Mme Poirier :
Sinon, il n'y a pas de logique à cet article-là.
• (20 h 50) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Avant ça, oui. O.K. Avant la concordance, là,
c'était oui. Avant l'actuel projet de
loi, c'était oui. Moi, je ne sais plus dans quels mots vous le dire, là. Me Gélinas, avez-vous des
mots différents pour dire la même chose?
M. Gélinas
(Claude) : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Si vous le permettez, là.
Mme Poirier :
Tout à fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
M. Gélinas (Claude) : C'est que, quand on dit ici, là, toute la notion
au niveau des biens, ce qu'on vise à dire : Les dispositions sur les biens continuent à s'appliquer aux
animaux, malgré le fait qu'on ait dit que les animaux ne sont pas des
biens. C'est que c'est bien connu qu'une personne peut être propriétaire d'un
animal, et toute la question de propriété
est dans la section des biens. Donc, pour qu'on puisse continuer à être
propriétaire d'un animal, il faut absolument que les articles qui
concernent l'appropriation d'un animal continuent à s'appliquer à l'animal.
C'est dans ce sens-là
qu'on dit que les articles sur les biens continuent quand même à s'appliquer à
l'animal lorsqu'il faut les appliquer, en somme qu'un animal est
la propriété d'une personne. Bien là, là, la propriété, on traite de ça,
dans le Code civil, dans le domaine des biens. Donc, c'est aussi simple que ça,
pas plus compliqué que ça.
Mme Poirier :
O.K. D'accord.
M. Villeneuve :
On aurait dû commencer par ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...plus longtemps là-dessus.
Mme
Poirier : Je veux
juste comprendre le libellé de ce qui se dit là, là : Ces biens — quelque chose qui est la propriété d'une personne —
continuent à lui appartenir, «sauf
s'il en abandonne la recherche». Je perds mon chien, je ne le cherche plus, et là, dans ce cas, le propriétaire
du fonds, notre fonds où se retrouve... je reviens avec le paragraphe
un, donc le fonds sur lequel se retrouve mon
bien, décide de l'acquérir, à moins qu'il oblige le propriétaire du bien à
l'enlever et à remettre son fonds
dans son état antérieur. Donc, il a tout saccagé le bien de mon voisin, donc ça
donne l'obligation de remettre en état le bien de mon voisin.
C'est juste la notion de responsabilité, là. Une
chance! À qui impute la responsabilité? Je comprendrais que c'est au
propriétaire du bien. Puis je reviens à la notion qu'on a parlé tout à l'heure,
est-ce qu'il pouvait ester en justice, etc. Donc, je comprends que l'imputabilité
ou la responsabilité est toujours au propriétaire du bien et jamais au bien.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...
Mme Poirier :
Bien, au bien.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : À l'animal.
Mme Poirier :
À l'animal.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous avez bien compris.
Mme Poirier :
C'est bien ça?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le propriétaire.
Mme Poirier :
C'est toujours le propriétaire du bien qui a la responsabilité, même s'il
décide qu'il ne le cherche plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Tantôt, on verra dans les dispositions d'application dans la loi particulière c'est quoi,
l'abandonner, c'est quoi, en avoir la garde, etc.
Mme Poirier :
O.K. C'est beau.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Bien, en fait, je n'ai rien à ajouter, parce que je
comprenais «le bien», mais un animal, ça appartient
à quelqu'un; un troupeau appartient à quelqu'un;
un chien appartient à quelqu'un, ça fait qu'il faut que ça reste dans les
biens. Mais on met une clause pour que, ce bien-là, on sache qu'il a un
impératif biologique puis qu'il a des sentiments
puis qu'il ressent des choses. Alors, ce bien-là, il y a
des directives spéciales pour lui, et mon exemple, là, du piano qui atterrit... mon piano qui atterrit chez
le voisin parce qu'il a passé par la porte sur roulettes puis il a
atterri en bas, il a brisé la piscine, bien ça, c'est un bien qui
m'appartient quand même et que je suis responsable du bris, mais il ne se
promène pas, ce n'est pas un animal.
Donc,
en enlevant «sont entraînés sur [les] fonds d'autrui», c'était spécifiquement
sur les animaux. Ça fait que, si on enlève ces deux mots-là, qui «s'y retrouvent», bien, mon piano se retrouve
en quelque part, et, si je ne vais pas le chercher, je le
perds, je suis responsable. Puis, si je ne vais pas le chercher, je...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va. C'est ça.
Mme
D'Amours : C'est clair?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est ça. Ça va?
Le Président (M. Morin) : Oui. Votre chandelle est allumée, oui? Autres questionnements?
L'article 5 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Morin) : L'article
6. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : L'article
6 se lit comme suit, M. le
Président : L'article 1161 de ce
code est modifié par le remplacement, dans le premier alinéa, de
«d'assurer le bien» par «de l'assurer».
(Consultation)
M. Villeneuve : M. le
Président?
Le Président (M. Morin) :
Oui?
M. Villeneuve : Je vais lire
pour les gens qui nous écoutent, donc, le 11.61 tel qu'il existe présentement.
Une voix : ...
M. Villeneuve : Oui,
1161 : «Si l'usufruit porte sur un troupeau qui périt entièrement par
force majeure, l'usufruitier
dispensé [...] — et
là on biffe "d'assurer le bien" et on écrit plutôt "de
l'assurer" — est
tenu de rendre compte au nu-propriétaire des cuirs ou de leur valeur.»
Alors, est-ce que M. le ministre pourrait
expliciter un peu plus sur le sens que l'on doit donner à cet article?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Simplification absolue, là. «Si l'usufruit porte sur un troupeau qui périt entièrement par force majeure, l'usufruitier dispensé d'assurer le bien», on
modifie ça par «de l'assurer», c'est implicite que c'est le bien.
M. Villeneuve : Pardon?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est
implicite que c'est le bien. Donc, c'était une espèce de pléonasme, puis
ils ont corrigé le français.
Ça n'a pas de conséquence financière, là, ou monétaire comme telle. C'est du
meilleur français.
M.
Villeneuve : Bien,
c'est ça, en fait, mais c'est aussi le fait que ce n'est plus un bien, donc on
l'enlève. C'est surtout ça, parce que «troupeau»...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : De
l'assurer. Ce n'est plus un bien. C'est ça; concordance, simplification.
Mme
Poirier : Ou on
aurait pu simplement remplacer «bien» par «troupeau» puis ça aurait fait la même
chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Répétez-moi ça.
Mme Poirier : On aurait pu
remplacer «bien» par «troupeau», puis ça aurait fait la même chose.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est
ça, sauf qu'on aurait eu bien des «troupeaux» dans la même phrase. Mais
vous avez raison.
M. Villeneuve : Et je
comprends que ça n'a aucun autre effet que celui-là. C'est ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
n'a aucun autre effet que celui-là.
Le Président (M. Morin) :
Autres questionnements sur l'article 6? L'article 6 est adopté?
Des voix : Adopté.
Décision de la présidence sur les modalités entourant
l'étude de la partie II du projet de loi
Le
Président (M. Morin) :
On s'en va à la partie II, mais là c'est moi qui vais vous faire de la
pédagogie. Vous m'en avez parlé tout l'après-midi, on va en reparler à
soir, là.
Avant de
continuer, je vais rendre une directive sur les modalités entourant l'étude de
la partie II du projet de loi.
Seul article de la partie II, l'article
7 mentionne ce qui suit, et je cite : «La Loi sur le bien-être et la
sécurité de l'animal, dont le texte figure à la présente partie, est
édictée.» Fin de la citation. Est ensuite introduit le texte de cette Loi sur
le bien-être et la sécurité de l'animal, qui comporte 95 articles.
Comme l'a affirmé à plusieurs reprises la présidence par le passé, une telle forme de
rédaction législative, consistant à introduire un projet de loi par un article ou une annexe, soulève certaines difficultés
d'application sur le plan de la procédure parlementaire. En effet, le règlement
ne prévoit pas, à proprement dit, la manière de procéder à l'étude des articles
d'un projet de loi ainsi introduit. Dans ce contexte, la présidence doit
veiller à ce que les députés aient la possibilité de débattre d'une partie
importante du projet de loi, bien que celle-ci soit incluse sous la forme d'un
seul des articles du projet de loi n° 54.
• (21 heures) •
Pour cette raison, et comme l'ont fait d'autres
commissions en situation semblable, il sera procédé à l'étude détaillée de chacun de ces 95 articles de la même
manière que s'il s'agissait d'articles du projet de loi n° 54 lui-même
avec les mêmes temps de parole que ceux prévus à l'article 245 du règlement
pour tous les articles qui le composent.
Par ailleurs, la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal comporte un préambule.
Les modifications possibles au préambule découlent normalement
des changements apportés au cours de l'étude du dispositif du projet de loi.
Ainsi, conformément à la pratique habituelle, le préambule sera étudié après
tous les articles de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal et avant l'étude de son titre. Faire autrement
limiterait la possibilité pour la commission de tenir compte des modifications
apportées dans le projet de loi afin de les refléter, le cas échéant, dans le
préambule.
Étude détaillée (suite)
Sur ce, M. le ministre, si vous m'avez bien
compris, si j'ai été un bon professeur, nous débutons l'article 1 du
chapitre I : Objet et champ d'application.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : M.
le Président, si nous avions eu l'occasion de plaider avant que vous ne rendiez
votre verdict, nous aurions été dans le même sens du verdict que vous avez
rendu.
Le Président (M. Morin) : Ça
va pour tout le monde? Donc, j'ai fait une bonne pédagogie. Ah! on part.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
«Chapitre I. Objet et champ d'application.
«1. La
présente loi a pour objet d'établir des règles pour assurer la protection des
animaux dans une optique visant à garantir leur bien-être et leur
sécurité tout au long de leur vie.
«Pour son application, on entend par :
«1° "animal", employé seul...»
J'ai une
série de définitions. Vous me le direz quand vous sentirez que j'en ai trop lu
et que ça devient indigeste, M. le
Président. Pour fins d'analyse, je
vais continuer à lire, mais, si vous voulez les prendre paragraphe
par paragraphe, moi, je n'ai aucune objection. Je veux qu'on s'entende
bien puis que ça soit clair pour tout le monde.
Le Président (M. Morin) : Oui?
M. Villeneuve : Bien, écoutez,
là, je veux être sûr que j'ai bien compris, là. Ou bien M. le ministre les lit
au complet, puis on intervient au fur et à mesure, ou bien il les lit au
complet, on n'intervient pas puis on revient au début. Ou bien on intervient,
sinon on ne revient pas en arrière. Ça ressemble pas mal à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je
ne veux dans aucun cas limiter les interventions des députés en cette commission.
M. Villeneuve : D'accord.
Le
Président (M. Morin) :
Mais vous ne croyez pas que la meilleure compréhension pour tout le monde, ça serait a, on en discute... Comme vous voulez.
M. Villeneuve : Tout à fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Le
Président (M. Morin) :
Mais il me semble que moi, je suivrais mieux, vu que je suis porté à n'être pas
trop attentif parfois.
M. Villeneuve : J'essayais
juste de voir les différentes possibilités, mais j'opte aussi pour celle-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Ça va. Ça nous va également.
Le Président (M. Morin) :
Oui. Ça va m'aider, moi.
M. Villeneuve : O.K. Moi
aussi.
Le Président (M. Morin) :
Oui. O.K.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Si ça vous aide, M. le Président, ça va aider tout
le monde.
Le Président (M. Morin) : O.K.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Donc :
«1° "animal", employé seul :
«a) [...] animal domestique, soit un animal
d'une espèce ou d'une race qui a été sélectionnée par l'homme de façon à
répondre à ses besoins tel que le chat, le chien, le lapin, le boeuf, le
cheval, le porc, le mouton, la chèvre, la poule et leurs hybrides.»
M. Villeneuve : J'irais tout
de suite avec une proposition d'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : Oui.
M. Villeneuve : Alors, j'en
fais lecture, et on fera des copies, là.
Le Président (M. Morin) :
Oui.
M.
Villeneuve : L'article 1 de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal, introduit par l'article 7 du projet de loi, est modifié par la suppression, au sous-paragraphe a — donc,
celui dont vient faire lecture M. le ministre — au paragraphe 1°, de «tel que le chat, le chien, le lapin, le
boeuf, le cheval, le porc, le mouton, la chèvre, la poule et leurs
hybrides».
Le Président (M. Morin) : Je
suspends quelques instants, qu'on ait une copie de cet amendement.
(Suspension de la séance à 21 h 4)
(Reprise à 21 h 7)
Le Président (M. Morin) : On
est repartis, M. le ministre, avec l'amendement du député de Berthier.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui, allez-y donc, monsieur...
M.
Villeneuve : Bien, écoutez,
d'abord, c'est, lors de l'audition, des gens qui ont soulevé le point. Je sais
que le ministre a donné l'explication que «tel que» n'exclut pas
ceux qui ne sont pas nommés. C'est un peu ce que j'ai compris lors des... le «tel que» viendrait faire en sorte
que... Mais, bon, les gens considéraient qu'idéalement ce serait, ne
serait-ce que par hiérarchie ou... de ne pas
les... de n'en nommer aucun, finalement, tout
simplement, ce qui n'en exclut aucun.
Alors, je ne sais pas si le ministre... comment il reçoit l'amendement et si ce
que les gens nous ont demandé lors des auditions correspond à l'amendement qu'on vient de déposer. Je pense
que oui. Alors, j'aimerais entendre le ministre là-dessus.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Tout simplement, moi, je tiens à rassurer les gens qui nous écoutent, là, quand
on mentionne : Tel le chat, le chien, etc., là, ce n'est pas une liste qui
est limitative. Dans les règles d'interprétation, généralement, quand on dit «tel que», le tribunal comprend que, s'il y a
quelque chose qui ressemble à ça — on appelle ça la règle du sui generis, en
latin, là — il
l'ajoute, tout simplement. Si on ne donne pas d'exemple, on dit : C'est un
animal domestique, etc., il y a moins de principes qui les guident, comme tel,
mais ce ne sont pas des absolus.
Si vous me
demandez : Est-ce que c'est un absolu?, non, ce n'est pas un absolu, on
a choisi les mots «tel que». Si on
avait voulu que ce soit limitatif, on aurait dit : Voici la liste. Et on
est inspirés de quelle province là-dedans? Je vais vous donner les juridictions qui
nous ont inspirés là-dedans, là, on ne l'a pas créé.
• (21 h 10) •
M. Villeneuve : M. le
Président, vous remarquerez que, d'ailleurs, on ne retire pas, et on y
reviendra un peu plus tard, on ne retire pas
évidemment la première phrase, là. Et, par contre,
pour les gens qui nous écoutent, là, tout ce qu'on fait, dans le fond, c'est qu'on s'assure que personne n'a été oublié — quand
je dis «personne», là, je suis en train de personnifier, alors je ne
réutiliserai pas le mot «personne», M. le Président, je ne sais pas si je
devrais utiliser le mot «biens» — mais bref qu'on n'oublie aucune espèce — je
pense, ça va être plus clair comme ça — on n'oublie aucune espèce.
Ça me semble,
à mon avis, à tout le moins... En fait, pourquoi
on en énumère quelques-uns? Pourquoi on le fait? Je me rappelle, tantôt le ministre
disait : Ah! bien, c'est préférable de ne pas en faire une énumération — on
en discuté tantôt, de l'impératif
biologique, etc., là — de
ne pas en faire une énumération, et là on a un autre article
où on tombe peut-être, entre
guillemets, dans le piège de l'énumération, qui porte... En tout cas, ça a été
soulevé par les gens, puis je pense que les
gens étaient assez au fait, M. le
Président, là. Je dis souvent que les
gens, ce sont des passionnés, mais ce sont aussi des experts dans le
domaine.
Les
gens nous disent : Bien, écoutez, on a des craintes par rapport à l'interprétation
qui peut en être faite, donc, et que ça vienne limiter ou en exclure.
Alors, pourquoi un principe qui tantôt ne sied pas maintenant peut être
utilisé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est parce qu'on n'est pas dans le même type de législation comme tel. La partie I, là, de la loi, qu'on a vue, qui
modifiait le Code civil comme tel, c'est du droit civil, et, dans le droit
civil, ce n'est pas les mêmes notions d'interprétation que la common
law.
Là, on tombe dans le droit statutaire. La
première partie qu'on a étudiée puis qu'on a terminé d'étudier, là, touchait le droit européen, le code de Napoléon,
etc., et ça, c'était d'inspiration européenne. Là, on entre dans la
section qui touche le droit statutaire, et
là nos sources d'inspiration sont l'Ontario, le Manitoba et la Colombie-Britannique.
Quand on est dans le droit civil, il y a
des règles d'interprétation qui sont différentes de la common law. Là, on vient
de tomber dans la common law, et,
dans la common law, de tradition, c'est plus simple d'être plus spécifique. On
est dans le droit statutaire, mais on n'a pas voulu être spécifiques au
point de fermer les possibilités pour un tribunal, en s'inspirant de la liste qui est là, d'ajouter d'autres animaux de même
acabit, si je peux utiliser cette expression. Et, si on l'enlève, je pense qu'on enlève un éclairage cette
fois-ci, là, puis je ne pense pas que personne s'obstine qu'un animal
domestique, un chat, un chien, un lapin, un boeuf, un cheval, un porc, un
mouton, la chèvre, la poule et leurs hybrides, là, ce n'est pas des animaux
domestiques.
M. Villeneuve : Bien, parlant
d'hybrides, là, ça veut dire quoi, un hybride, à part le croisement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Bien, pas une poule avec un chien, là.
M. Villeneuve : Bien, c'est
ça, à part le croisement de races de poules, là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Un
mulet.
M. Villeneuve : Comment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Un
mulet, l'exemple typique.
M.
Villeneuve : Écoutez, on pourrait en ajouter, on pourrait parler du
bison, du sanglier, des ratites, par
exemple, et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On
peut en ajouter immédiatement si on veut puis si ça rencontre les critères ou on peut laisser au tribunal le soin,
dans l'interprétation qu'il va en faire, d'ajouter que c'est un animal
domestique parce que ça découle du genre des éléments qui sont là. Maintenant,
si vous avez des choses à ajouter, là c'est le bon endroit. Mais là vous n'avez
pas pris l'attitude d'en ajouter, vous avez pris l'attitude d'en soustraire.
M.
Villeneuve : Pourquoi
on a cette discussion-là, M. le
Président? Puis j'ai trouvé ça intéressant, il y a des gens qui
sont venus nous dire, toujours en audition, que... qu'est-ce qu'un animal domestique? Est-ce
qu'un animal domestique, c'est
un animal comme le chien, qui a des dizaines de milliers d'années avec l'homme,
qui est domestiqué? Et, je le disais tantôt, il y a des animaux qui sont
domestiqués et peuvent être inclus dans les animaux domestiques qui y sont pourtant depuis à peine deux, trois, quatre
générations. Et je pense que les gens nous avaient apporté cette
crainte-là de voir limiter, de par l'énumération qu'on a actuellement... venait surtout de cette... Comment je pourrais
dire? En fait, c'est : Où on
arrête de dire qu'un animal est domestique, domestiqué ou non? Et, les gens,
c'est... je pense que la crainte venait de là.
Si on met une liste comme celle-là, on peut en
ajouter comme ceux que j'ai nommés tantôt, mais on va en oublier, c'est certain, alors que, si on ne met
pas aucune liste, tout le débat va se faire aussi au niveau de la domestication, là. Qu'est-ce qu'un animal domestique? Est-ce que c'est un animal qui a trois ou quatre générations qui est avec l'homme puis aux
côtés de l'homme, «l'homme» dans le sens, évidemment, universel du terme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Là,
vous allez...
M. Villeneuve : Moi, je veux
juste m'assurer, là, que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
M. Villeneuve : Quelle est la
meilleure façon de faire? Est-ce que c'est justement de ne pas faire de liste? Moi, à mon avis... en tout cas, nous, de ce
côté-ci, on pense que oui, ce serait la meilleure façon de faire. En quoi le
«tel que» et une liste incomplète apportent au projet de loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si
on pensait que la liste était pour être complète, on n'utiliserait pas les mots «tel que», parce que ça évolue, ça aussi,
avec le temps. Et tantôt, là, il ne faut pas mélanger «animal
domestique», parce qu'on va voir tantôt au
deuxième alinéa «animal de compagnie». C'est un autre élément. Ça fait qu'il
faut le lire dans son ensemble.
Nous,
on pense qu'en ayant une liste qui est la meilleure qu'on puisse avoir avec la
connaissance scientifique, sociologique, etc., que le ministère a à ce
moment-ci on ne ferme pas la porte à l'évolution en disant «tel que». Le tribunal pourra en ajouter, suivant l'évolution de la
société, des moeurs, etc., là, de la relation hommes-animaux. Puis ça va éviter de réouvrir la loi. Si on retire tous
ces éléments-là, là on dit : «Un animal domestique, soit un animal
d'une espèce ou d'une race qui a été
sélectionnée par l'homme de façon à répondre à ses besoins.» À ses besoins;
pour faire quoi?
M.
Villeneuve : Dans la mesure où on réussit à accoler le
qualificatif «domestiqué» à l'animal, on aura la réponse quant à quels
besoins.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Et vous allez le distinguer comment avec «animal
de compagnie»?
M. Villeneuve :
Bien là, on ne disait pas que c'était le prochain, pour «animal de compagnie»,
monsieur...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça s'en vient.
M. Villeneuve :
Oui, c'est ça, c'est ça. C'est pour ça que, là, je suis...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça se tient ensemble.
M.
Villeneuve : «Animal de compagnie» inclut «animal domestique».
Bon. C'est pour ça que je vous dis que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais on peut se poser la question à
l'envers : Lequel des animaux énumérés, et à votre avis, suivant
votre expertise, ne constitue pas un animal domestique?
M.
Villeneuve : Mon redoutable recherchiste me glisse à l'oreille,
M. le Président, que : Est-ce qu'un juge aurait un doute, quant aux
animaux qui sont dans la liste présentement, là, que ce ne sont pas des animaux
domestiques? La réponse à cela, c'est : Non, il n'y a aucun doute par
rapport à ça. Alors, quelle est l'utilité de les mettre, quelle est utilité
de...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...pas aucun doute parce qu'on le liste. À partir
du moment où on ne le liste pas, il tombe
dans le doute. Ça fait qu'on enlève le doute pour ces animaux-là, et pour ce qu'on
ne sait pas on laisse la fenêtre ouverte ou la porte ouverte — je
saisis la balle au bond — on
ouvre la porte à une interprétation du tribunal.
M.
Villeneuve : ...là, M. le ministre. Le bond, c'était tout un
bond, parce que ça fait un bout de temps qu'on en...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non, non, mais il y a des images qui nous
reviennent.
M. Villeneuve :
Oui, c'est ça. Bien, j'espère. Mais je reviens à... parce que, là, vous
dites : Bien, on en a mis quelques-uns. Je vous en ai nommé trois autres,
moi, tantôt, qui n'y sont pas et qui pourraient très bien s'y retrouver.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Lesquels?
M.
Villeneuve : Alors, on peut parler du bison, le sanglier, la
dinde, la caille, la pintade, le faisan, le canard, là, bon, alouette,
cacahouète, là, on pourrait en nommer plusieurs, là. Ce n'est pas ça, le
problème. Alors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...on en parle à b. On ne peut pas en parler dans
deux articles comme tels, là. Tantôt, à b, vous allez voir, il y a une
raison pour laquelle on va vous parler à la fois du vison et du...
Une voix :
...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Le bison?
M. Villeneuve :
Le bison, oui. J'avoue que ce n'est pas un...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Le bison. Vous voulez ajouter «le bison» après
«la poule»?
M.
Villeneuve : ...ou après, là. Je ne pense pas que la séquence
comme telle... On pourrait s'assurer de faire une séquence qui aurait du
sens, là, qui ferait sens, là, hein, après la poule, il y aurait l'oeuf, là.
Une voix :
...
M. Villeneuve :
Oui. Mais tout ça pour vous dire que moi, là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Sauf erreur, là — vous pouvez demander à votre recherchiste de
vérifier — le
bison, il est considéré comme un animal sauvage.
M. Villeneuve : Bien, c'est
ça, la question. Elle est là, toute la question, à savoir : Est-ce que...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...
M.
Villeneuve : Non, non, non, je comprends. Ce que je vous dis,
c'est que la question est toute là : Qu'est-ce qu'un animal
domestique?
Quand est-ce qu'on arrive à dire que c'est un
animal domestique? Et là, si on met une liste comme celle-ci, qui nous indique
un chemin à suivre, d'une certaine façon, ou qui nous indique, finalement, un
certain... Parce que, quand on regarde la
liste, on s'entend que c'est des animaux domestiques, là. Mais, les gens, ce
qu'ils sont venus nous dire, c'est qu'il y a d'autres animaux qui
pourraient... qu'on devrait, finalement, classer domestiques.
• (21 h 20) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Lesquels?
M. Villeneuve : Bien,
écoutez, je revérifierai les notes...
Mme Poirier : Le serpent.
M. Villeneuve : Là, peut-être
pas, là, mais je...
Mme Poirier : ...
M. Villeneuve : Oui?
Mme Poirier : Un serpent,
c'est un animal domestique.
M. Villeneuve : Non, non,
mais...
Mme
Poirier : Bien non, mais c'est vrai. Je veux dire, on garde ça
dans une maison, il y a une communication, là. Je veux dire, moi, mon fils a eu un serpent pendant des années, puis il
vivait dans la maison avec nous autres, là. Il était sur le sofa à côté
de nous autres puis il écoutait la télévision avec nous autres, là.
Le Président (M. Morin) :
...ensemble. Oui?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
...votre serpent «animal de compagnie», c'est un peu plus loin, mais ce
n'est pas un animal domestique.
Mme Poirier : ...entre le
chat puis le serpent, il n'y en a pas gros, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : C'est parce qu'«animal de compagnie», là, ça
inclut les animaux sauvages.
Une voix : Vous faites quoi
avec le dindon, là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Faune.
Une voix : Comment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Un
animal sauvage.
Une voix : Dindon d'élevage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non.
La poule et les hybrides de la poule.
Le Président (M. Morin) :
...M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
c'est bon, si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas, mais là...
Le
Président (M. Morin) : M. le ministre, Mme la députée de
Mirabel va se choquer après son président si je ne lui donne pas la
parole.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Mme
D'Amours : Bien, M. le Président, moi, je voulais juste vous
mentionner qu'on parle sur l'amendement, là, qui dit qu'il veut enlever à partir de «tel que». Si on pouvait
statuer... C'est parce que moi, j'ai un amendement qui va en rajouter
puis pas parce que je pense que, c'est que c'est des vétérinaires,
Dre Julie Hébert et Dr Maccolini, qui l'ont manifesté dans leur mémoire et qui avaient un «tel que» et qu'il manque,
selon leurs dires, quelques éléments, et je les ai mis dans mon
amendement. Alors, moi, j'aimerais ça qu'on revienne à l'amendement de M. le
député de Berthier.
Le Président (M. Morin) :
On est justement, Mme la députée de Mirabel, sur l'amendement.
Mme D'Amours : C'est parce qu'on
s'écarte, là.
Le Président (M. Morin) :
Non, on était sur l'amendement.
Mme D'Amours : Étiré pas mal.
Le Président (M. Morin) : On
va travailler l'amendement du député de Berthier. Après ça, on recevra votre amendement.
Mme D'Amours : D'accord.
Le Président (M. Morin) : Parce
qu'il y a du temps sur chaque amendement et ça va bien.
Mme D'Amours : Ça va bien?
Le Président (M. Morin) :
Oui.
Mme Poirier : ...sauter des
étapes, vous, là.
Mme D'Amours : ...des étapes, c'est parce
que le député de Berthier dit : Bien, je pourrais rajouter... Bien là, on
peut-u revenir à : Il a tout enlevé? C'est l'amendement qu'il propose,
alors est-ce qu'on peut... puis il pourra refaire un amendement après s'il
veut.
Le Président (M. Morin) : Là,
vous plaidez la pertinence, mais c'est très élastique.
Une voix : C'est très
élastique.
Le Président (M. Morin) :
Bien oui.
Mme Poirier : Je veux juste
comprendre la définition du ministre d'«un animal domestique». Est-ce que le ministre
peut nous dire, au-delà de «soit un animal d'une espèce ou d'une race qui a été
sélectionné par l'homme de façon à répondre à ses besoins»... Ça, on le lit ensemble,
là, mais, pour le ministre, quand il parle d'un animal domestique... parce
que, pour moi, là, dans cette
liste-là, il y a deux types d'animaux : il y a
des animaux de compagnie puis il y a
des animaux domestiques. Un chat, à part que
me donner de l'amour et de la tendresse, il ne produira jamais
rien que je vais manger, tandis que le porc, oui.
Alors, pour
moi, il y a deux notions : il y a
la notion d'animaux de compagnie, ça, c'est une chose; puis animaux domestiques, c'est une autre chose, dans ma
compréhension à moi. Mais là, ce qu'on vient faire, on vient faire un
amalgame de «compagnie» et «domestique» puis
on appelle ça «domestique», puis après ça on dit que, dans ces domestiques-là,
ça veut dire animaux de compagnie. Là, je
veux juste comprendre la logique de comment on place les choses. Et je pense que le fait de «tel que» chat,
chien, c'est une chose, mais, quand j'arrive au boeuf puis au cheval, au porc,
au mouton, à la chèvre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je
comprends votre question, là. Il faut le voir dans l'ensemble de la loi. On dit : Pour son application, on entend premièrement par : «animal», employé seul... puis là on dit «animal
domestique», après ça on va avoir, à b, «le
renard roux et le vison d'Amérique», puis là je vous annonce que je suis
sensible au questionnement sur la souplesse, je vais probablement
proposer un amendement qui va me... qui va permettre au ministre, pas me permettre à moi, là, qui que ce soit qui soit ministre,
d'ajouter des éléments par réglementation parce qu'on n'aura pas tout
prévu, et par la suite vous avez «animal de compagnie». Ça fait que, là,
l'«animal de compagnie», il vous dit que
c'est «un animal domestique — on revient à a — ou sauvage», puis, après ça, «équidé», on
vous dit c'est quoi, un cheval. Après ça, on parle des «frais de garde».
Ce qu'on
fait, là, dans cet article-là, on définit les expressions qu'on va utiliser
dans la pratique de l'application de
la législation dans les articles qui vont suivre, puis, si on ne fait pas ça à
ce moment-ci, ce qu'on va adopter plus tard n'aura aucun sens, puis
l'adopter sans avoir lu les autres articles nous suscite un questionnement
intéressant.
Mme Poirier : Je comprends
qu'entre 1° et 2° — d'accord? — ...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
Mme Poirier
: ...si on
reprend les trucs, là, dans la structure, d'accord, 1°, je viens dire c'est
quoi, un animal, mais ça ne vient pas me
dire un animal de... et je viens de dire qu'«animal», c'est «animal domestique»
plus les renards... Mettons, faisons simple, là : «animal
domestique» plus «renard», ça, c'est un «animal». Puis là, après ça, j'ai une
autre catégorie qui...
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) : «Renard roux» et «vison» gardés en
captivité, pas en liberté, là.
Mme
Poirier : Je suis d'accord, mais, juste pour la structure, là,
de la compréhension, j'ai une première catégorie, qui s'appelle
«animal», qui prévoit que, dans cette catégorie-là, j'ai «animal domestique»,
«renard roux», «vison d'Amérique» en
captivité. J'ai une deuxième catégorie, qui s'appelle les animaux de compagnie,
dans laquelle je retrouve les animaux domestiques ou sauvages. Donc,
dans ma structure de la loi, dans «animal», finalement, dans le fond, et
«animal de compagnie», je retrouve le même animal domestique.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...se retrouver dans les deux. Certains peuvent se
retrouver dans les deux.
Mme Poirier :
C'est ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Si c'est un animal domestique qui vit auprès de
l'humain.
Mme
Poirier : C'est ça. Mais, si je regarde dans la définition
d'«animal domestique», bien, «a été sélectionné par [l'humain] de façon
à répondre à ses besoins», ça n'en exclut pas dans la deuxième définition,
puisque je reprends l'expression «animal domestique» et, en la reprenant comme
ça, ça vient prendre le paragraphe a dans son entièreté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça l'exclut, parce que je suis certain que vous
ne vivez pas auprès de votre porc. Je l'illustre, là, par un des animaux
qui est là, là.
Mme Poirier :
Bien, il y a peut-être des personnes qui vivent avec leur porc. Vous ne le
savez pas, vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Un cochon vietnamien, à titre d'exemple. Bien, je
me dis, quand je me mets à réfléchir, je peux en trouver un, là, mais...
Mme Poirier :
C'est ça. Les petits cochons domestiques, là, que j'appelle. Alors, c'est pour
ça que je dis, là : Il y a... Moi, je
suis dans la structure, là, je ne suis pas dans les définitions, là, je suis
dans la structure, et de là l'amendement de mon collègue, parce que j'ai une première catégorie, qui s'appelle
«animal», dans laquelle j'ai deux sous-catégories : «domestique»,
vison roux et... «renard roux et vison».
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...roux, il est plus cher.
Mme
Poirier : Non, non, mais il faut avoir de la créativité un peu.
Alors, j'ai deux catégories, puis après ça je me retrouve avec une autre catégorie, qui s'appelle animaux de compagnie,
dans laquelle j'ai encore mes animaux domestiques, donc je viens les mettre dans une deuxième
catégorie. Ça fait qu'animaux domestiques se retrouve dans deux catégories.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Pas tous.
Mme Poirier :
Ce n'est pas si clair que ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais tantôt on va le voir dans l'application, là,
que les droits comme tels, si je peux utiliser l'expression, ou les
obligations de l'humain envers ces animaux-là ne sont pas les mêmes.
Mme Poirier :
Et de là pourquoi moi, je vous pose la question. Alors, dans les animaux
domestiques en a, avons-nous vraiment besoin
de spécifier quoi que ce soit, puisque, vous venez de le dire, on va venir
donner des obligations selon les
types? Alors, je ne vois pas la nécessité de la nomenclature en a, puisque,
dans 2°, on va venir dire que ce n'est pas tous les animaux domestiques
qu'on vient de nommer en exemples dans a. Voyez-vous la complexité, là?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...que ce n'est pas tous les animaux domestiques
qui sont des animaux de compagnie, je suis
complètement d'accord avec vous, puis c'est vrai, mais on a besoin, pour les
fins d'application de la loi, des pénalités, puis de ces choses-là, de
distinguer.
Mme Poirier :
On est d'accord. Mais on n'a pas besoin, dans animaux domestiques, d'aller en
nommer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : C'est-à-dire que, si on n'en nomme pas, on laisse
une discrétion au tribunal qui est
large, puis c'est quoi, sa source d'inspiration, à ce moment-là? Puis c'est
pour ça que, tu sais, il y a deux questions là-dedans : Quand on les nomme, on les nomme-tu tous? Puis on est-u
capable de voir l'évolution? La réponse, c'est qu'on nomme ce qu'on
sait...
Une voix :
Ce qu'on pense qu'on sait.
Le Président (M.
Morin) : ...compte tenu de l'heure, je me dois de lever la
séance...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ah! M. le Président, ça allait tellement bien.
Le Président (M. Morin) :
...et ajourner les travaux sine die. Bonne fin de soirée, bonne nuit et à je ne
sais pas quand, là. C'est sine die.
(Fin de la séance à 21 h 30)