(Quinze heures deux minutes)
Le
Président (M. Morin) :
Nous revoilà. Bon milieu d'après-midi! Comme nous avons le quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte. Mesdames messieurs, veuillez vérifier vos
téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président, M. Robert Dutil (Beauce-Sud) est remplacé par Mme Marie-Claude
Nichols (Vaudreuil).
Auditions (suite)
Le Président
(M. Morin) : Merci.
Donc, cet après-midi, nous recevons Les Éleveurs de poulettes du Québec,
Les Producteurs de lait du Québec,
la Fédération des producteurs de bovins du Québec et l'Union paysanne.
Merci d'être là.
Premièrement, je souhaite la bienvenue à nos invités, en somme Les Éleveurs de
poulettes du Québec. Je vous
invite à vous présenter, et vous avez 10 minutes pour nous parler de votre
mémoire.
Les Éleveurs de
poulettes du Québec
M.
Bouchard (Carl) : M. le
Président, M. le ministre, messieurs, mesdames les députés, mon nom est Carl
Bouchard. Je suis accompagné de la
directrice générale des Éleveurs de
poulettes du Québec, Mme Lucie
Gionet. Je suis éleveur de poulettes
au Lac-Saint-Jean. Je suis président des Éleveurs de poulettes du Québec,
c'est un organisme qui regroupe 76
producteurs. Nous sommes affiliés à l'UPA. Nous siégeons au conseil général de
l'instance. Nous participons aux travaux de la filière des oeufs de
consommation, aux travaux de divers comités, comme celui portant sur la biosécurité et le bien-être animal, chapeauté par
le MAPAQ. Nous sommes membres de l'Équipe québécoise de contrôle des maladies aviaires. Et je suis vice-président
canadien des Éleveurs de poulettes du Canada dont nous sommes évidemment aussi
membres.
C'est quoi
puis ça prend quoi pour élever une poulette? Bien, d'abord, ça prend un
éleveur. Je suis content de vous rencontrer
aujourd'hui, vous en avez un devant vous. Donc, cette étape-là n'est pas trop
dure à réaliser puis à comprendre. Une poulette, c'est un oiseau qui
commence à être une poulette à un jour — donc poussin — d'âge,
et on l'amène à maturité à 19 semaines, donc
prête à pondre des oeufs, dans des bâtiments d'élevage destinés uniquement à
cette fin. La différence, bien, il existe une différence évidente, vous
le comprendrez, entre un poulet, qui est à la consommation, et entre une poule qui devient une poule pondeuse,
mais, bon, avant de devenir une poule pondeuse, c'est une poulette. Et, depuis 2011, Les Éleveurs de poulettes du
Québec utilisent la Loi de mise en marché des produits agricoles. Donc,
on a un marché qui est unique. Notre produit
est destiné aux producteurs d'oeufs de consommation du Québec. On
utilise la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles pour ordonner et organiser la production et la mise en
marché des poulettes par l'application d'un plan conjoint et des
règlements qui en découlent.
Le premier règlement
qui a été adopté à l'unanimité par les producteurs, c'est celui sur le contrôle
de production et il comprend, entre autres, l'obligation de tenir divers registres, il encadre l'accès à
ces registres. Il établit et assure le respect des normes de logement, définissant l'espace nécessaire
pour chaque oiseau, l'accès aux mangeoires et l'accès à l'eau. La
qualité de l'eau est aussi mesurée, de même que la qualité de l'air ambiant.
Puis il encadre l'usage d'antibactériens et d'antibiotiques dans notre
production.
Notre objectif,
comme producteurs, c'est de desservir adéquatement notre marché avec un produit
uniforme et d'une qualité exemplaire.
Les oeufs produits ultimement par nos poulettes, qui deviennent des poules, se
retrouvent dans l'assiette des consommateurs. Nous devons être des plus
rigoureux afin de ne pas mettre l'ensemble de la filière en doute. En tant qu'affiliés à l'UPA, nous
supportons le mémoire déposé au préalable par l'union et sommes d'accord
avec l'esprit de la loi n° 54. Nous sommes d'avis que les pratiques
reconnues et les normes appliquées à notre production devraient guider et définir l'application de la loi qui vise à clarifier
le statut de l'animal. Nous nous sommes basés sur les codes de bonne pratique canadiens développés par
le Conseil national pour les soins des animaux d'élevage pour élaborer notre réglementation. Nous participons à la réactualisation
de ces normes qui sont en constante évolution. Non seulement des producteurs, mais des scientifiques, des
membres de l'industrie, des représentants gouvernementaux, des
représentants d'organismes reconnus défendant les animaux sont aussi à cette
table.
La biosécurité est aussi pour nous une
préoccupation constante. Afin de limiter les risques de transmission de maladies à la ferme, il est primordial de
restreindre les accès à nos bâtiments et de former adéquatement, au moyen
de protocoles stricts,
les gens appelés à faire respecter la future loi n° 54. En ce sens, une
maîtrise des modes d'élevage, des risques sanitaires et des bonnes
pratiques d'élevage sera obligatoire.
En résumé,
nous soutenons la loi n° 54, qui devra mieux définir le statut de
l'animal. Elle devra de plus tenir compte des règles de production existantes, tant québécoises que canadiennes,
adoptées en vertu des lois en vigueur. Elle devra aussi être administrée par des gens sensibles à la
production de poulettes et aux réalités propres à notre production, et
les inspections devront être réalisées par des gens formés et compétents.
En terminant, permettez-moi un commentaire. On
serait portés à croire que les organisations regroupant des producteurs
établissent les règles et les font respecter en vase clos. La réalité est tout
autre, ce n'est pas uniquement l'affaire des
producteurs. Les gens qui évaluent nos fermes et les normes de production sont
des personnes indépendantes. Quand
ils débarquent chez nous, en tant que producteurs, nous sommes nerveux car les
règles sont sévères. Les inspecteurs sont
intransigeants, puis les conséquences en cas de non-respect sont énormes et
peuvent entraîner des situations vraiment problématiques. Nous sommes nerveux quand ils arrivent, nous sommes
contents quand ils partent et nous sommes fiers du chemin parcouru sur
nos fermes en matière de bien-être animal. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je
tiens à vous remercier de vous être déplacés, de nous sensibiliser à cet
aspect de l'élevage, là, qui est directement
relié aux pondeuses, mais les gens ne pensent pas qu'il y a des éleveurs de
poulettes. C'est méconnu, généralement.
Le premier élément sur lequel vous insistez
touche à la philosophie générale de la loi. Vous dites : Ce n'est pas des biens, mais il ne faut pas que ce soient
des personnes non plus. On a réfléchi longuement, nous autres aussi, là,
et on a trouvé une définition. Est-ce
qu'elle vous convient, la définition qu'on a trouvée, là, que les animaux ne
sont pas des biens, ils sont des êtres
doués de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques? Est-ce que ça cadre
avec votre conception, perception?
• (15 h 10) •
M. Bouchard (Carl) : Si la volonté
qui était derrière l'esprit de cette loi-là était de dire : Il faut
respecter les animaux pour ce qu'ils sont,
bien, en tant que producteurs agricoles, je pense qu'on ne peut pas ne pas être
d'accord avec ça. C'est notre gagne-pain. Mes animaux, s'ils me voyaient
habillé comme ça, probablement qu'ils auraient d'autres feelings, mais, quand
ils me voient dans la vie de tous les jours en tant que producteur agricole, en
tant qu'éleveur de poulettes... C'est notre
bien le plus précieux, on n'a pas intérêt à le maltraiter, on n'a pas intérêt à
ce qu'il soit mal perçu par
l'ensemble de la population, et ce qu'on fait doit être reconnu. Les réserves
que j'ai pu exprimer, je pense que vous les avez bien comprises aussi,
c'est dans le contrôle et dans l'application de tout ça. On a déjà des normes
qui devront s'harmoniser avec les normes,
qui devront être vérifiées, et validées, et évaluées. Mais on a présentement
beaucoup de normes et on doit... Il y a des impératifs de biosécurité
sur nos fermes qui devront aussi être tenus en compte dans l'application de ces... et la vérification par les
autorités compétentes qui auront à faire respecter cette loi-là, qui
devront être tenus en compte.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Vous
avez abordé la question des pratiques ou des bonnes pratiques de gestion. Vous mentionnez que votre règlement sur
les conditions de production est grandement inspiré des codes canadiens de bonne pratique qui sont des normes valables.
Comme éleveur, si vous comparez les deux, est-ce que votre code est plus
sévère que les normes canadiennes, ou c'est le contraire, ou c'est comparable?
M.
Bouchard (Carl) : Bien,
c'est un peu... je ne dirais pas complexe, mais le code, comme je l'ai dit, le
code de bonne pratique en matière d'élevage
de poulettes est en révision présentement. Bon, c'est un code canadien, le
processus est assez lourd et complexe parce
que, comme je le disais, il y a beaucoup de gens de toute la filière qui sont
alentour de la table, mais ce qu'on
s'inspire... Nos normes sont plus sévères que le code ou s'inspirent en grande
partie du code, là, mais elles ne sont jamais moins sévères que le code
qui est en vigueur.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Donc,
si on voulait, sur le plan national, améliorer notre classement, on
serait avantagés de prendre vos normes plutôt que celles du code canadien.
M.
Bouchard (Carl) : Oui. C'est
toujours un peu complexe de procéder comme ça — vous connaissez les règles en matière de commerce interprovincial — puis là on peut être portés à vouloir laver
plus blanc que blanc ou rapidement. Mais,
bon, il y a des contraintes économiques qu'on doit considérer dans nos
décisions pour s'assurer d'harmoniser nos pratiques avec celles de nos
voisins, entre autres.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Dans
vos modes d'élevage, on se rend compte que le consommateur et les grands acheteurs d'oeufs de consommation... Pour
ne pas citer, là, d'exemple, McDonald vient d'annoncer qu'il va falloir
tel pourcentage de poules en liberté plutôt que de poules en cage. Est-ce que
ça affecte l'élevage de vos poulettes, cet élément-là?
M. Bouchard (Carl) : «Affecter» pourrait avoir, dans ce contexte-là,
une connotation négative. Je dirais plus que ça nous fait évoluer, ça fait évoluer les mentalités et ça prouve que
les systèmes en place sont assez flexibles pour s'adapter aux réalités du marché. Notre marché, le marché
des oeufs, a une influence sur notre façon de produire de la poulette
parce que de la
poulette... Je ne veux pas aller trop dans le détail, mais des oeufs de poules
en liberté ne sont pas élevés dans le même contexte que des oeufs élevés
dans des cages dites «traditionnelles», ou «évolutives», ou, bon...
Une
voix : ...
M.
Bouchard (Carl) : Pardon?
Une voix : En voilière.
M. Bouchard (Carl) : En voilière.
C'est différents types. Quand je disais qu'il faudra porter une attention
particulière au mode de production dans l'élaboration et dans l'évaluation des
élevages, bien, il faut être conscient qu'il
y a différents types de production destinés à différents marchés. Mais ce n'est
pas tous les consommateurs qui sont prêts à aller vers des oeufs de
poules en liberté demain matin. C'est un concept qui évolue, et on est très au
fait de ces évolutions-là. Et les codes de bonne pratique de même que les
réglementations qui sont en vigueur évoluent au même rythme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Le
secteur des oeufs biologiques évolue également. Est-ce que ça vous commande un
élevage particulier sur le plan de la génétique ou sur le plan de
l'alimentation?
M.
Bouchard (Carl) : Bien, je
ne veux pas répondre pour les oeufs qui ont ou qui auront à vous soumettre
des... mais effectivement, quand une poule suit le cycle et est reconnue par
les organismes de certification comme étant biologique, la poulette va suivre
le même réseau et devra être élevée selon les règles bios en vigueur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Pour
les normes de biosécurité, là, on en prend note, on est très, très, très
prudents. Un seul cas de négligence peut entraîner tellement de conséquences
que, là-dessus, là, on va être...
M.
Bouchard (Carl) : On le
sait. On sait que vous êtes sensibles. On sait que vous êtes sensibles à ça, mais on s'en serait voulu de ne pas le
répéter aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : De
ne pas le mentionner. Ça va. Merci.
Le Président (M. Morin) : M.
le député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. On est en
mesure, suite à votre présentation, de constater que vous avez des objectifs très intéressants. Je pense que vous
avez des objectifs de bien-être animal, vous avez des objectifs de qualité
en termes de production pour l'élevage de vos poulettes. Même, vous avez mentionné,
presque vers la fin de votre présentation, que vous êtes nerveux quand les inspecteurs arrivent et terriblement
content quand ils partent. Je me posais la question : Pour quelle raison? Est-ce que vous avez connu des
mauvaises expériences ou encore les inspections sont toujours un peu fragiles d'une fois à
l'autre? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M.
Bouchard (Carl) : Vous
savez, quand on fait pour une première fois ce genre d'intervention devant un
groupe aussi sélect, on doit trouver des
petits trucs pour capter l'attention de l'auditoire. On est effectivement nerveux comme quand on est sur l'autoroute à 102 ou à 103 puis
qu'on voit une police sur le terre-plein, mais on sait qu'on est dans les règles. Et on est contents de les voir partir
quand ils confirment que nos bonnes pratiques sont en vigueur sur notre ferme. Mais il y a toujours... Comme dans tout contrôle, quand on parle d'évolution de la réglementation, bien, pas tous les producteurs évoluent au même rythme, et on a
des fois des trucs qui sont plus durs à mettre en place sur chacune de nos fermes. Ça peut être un petit point très
précis. Mais effectivement on travaille toujours à l'amélioration. Et, de voir débarquer des
inspecteurs, c'est toujours un peu énervant, mais on est très contents quand
le résultat est là. Puis, non, je n'ai jamais eu de
mauvaise expérience sur ma ferme.
M. Chevarie : Merci. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Saint-Maurice, oui, vous avez un...
M.
Giguère : Oui, j'aimerais ça
revenir sur une petite question, là. J'ai bien aimé aussi quand vous avez dit
que, si vos poulettes vous voyaient habillé
comme vous êtes là, elles vous trouveraient bizarre. Mais je peux vous
confirmer que, moi aussi, mes animaux, s'ils me verraient habillé de
même, là, mes vaches, elles me trouveraient bien bizarre.
J'aimerais ça
qu'on revienne... parce que le ministre l'a abordé tantôt, il dit qu'il était bien au
courant puis il est sensibilisé, mais, pour les milliers de
téléspectateurs qui nous regardent, la biosécurité, pourquoi c'est si important?
M. Bouchard (Carl) : Pourquoi c'est si
important? Bon, on pourrait en débattre et en parler longtemps. Les oeufs sont un produit très sensible, et la
poulette doit être exempte de tout risque en matière de biosécurité parce que la filière... Vous savez qu'économiquement
une filière agricole de cette ampleur-là, ça commence au niveau des
couvoiriers. Il y a les oeufs d'incubation,
il y a le producteur de poulettes, les oeufs de consommation, l'ensemble des
gens qui classifient ces oeufs-là, qui les distribuent auprès des détaillants, tous les oeufs
qui sont voués à la transformation, les meuniers, tous les producteurs qui vivent de la production. Je pense
que c'est primordial d'avoir des règles très sévères de biosécurité,
parce que les risques viennent d'une contamination qui serait croisée.
Quand on
parle de contamination croisée, c'est par rapport à des vecteurs de
contamination. On doit restreindre, par exemple, l'accès à nos poulaillers de façon très sévère. On doit prendre
en note les registres des visiteurs qui peuvent venir et qui doivent
venir, parce que pas n'importe qui peut visiter les fermes. Vous ne verrez
jamais de ferme en production avicole dans
les journées ouvertes de l'UPA par respect de la biosécurité, justement, parce
que des gens qui voyagent d'une ferme
à l'autre peuvent transporter, sur leurs vêtements ou de différentes façons,
des contaminants, et ça peut avoir des impacts.
La grippe aviaire, tout ce qui... on essaie de rester loin de ça pour ne pas
affecter l'ensemble de l'industrie. Et plus, je dirais, on évolue là-dedans, plus on est sensibilisés, et plus ça
devient important, et moins les normes nous font peur, et moins on est nerveux à l'arrivée des inspecteurs,
plus on est contents de les voir souvent parce qu'ils nous garantissent
qu'on a des bonnes pratiques.
M. Giguère : Donc, c'est à partir de
là que la formation des inspecteurs est très importante. C'est primordial.
• (15 h 20) •
M.
Bouchard (Carl) : Oui. Et
maintenant on fait affaire... Ça n'a pas toujours été le cas, ça a souvent
été... Au début, c'étaient des gens
proches de l'industrie qui vérifiaient si l'industrie avait des bonnes
pratiques. Maintenant, pour plus de crédibilité, c'est des gens... une
tierce partie, j'allais dire le mauvais terme, mais c'est une tierce partie qui
fait ces vérifications-là. On serait très
ouverts, si vous me posez la question, à partager, avec des gens qui ont à voir
l'application de la loi n° 54,
ces documents qui confirment nos
bonnes pratiques et qui sont dans les mains de tierces parties, par
exemple, qui éviteraient une multiplication
de gens sur nos fermes à vérifier ce qu'on fait déjà bien, pas parce qu'on veut
le cacher, mais par souci de biosécurité.
M. Giguère : Merci.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
M. Giguère : Oui.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour, madame, bonjour,
monsieur. Restons dans la biosécurité, si vous le voulez bien. On sait
que dans le projet de loi, à l'article 35, on dit : «Le ministre nomme, à
titre d'inspecteurs, des médecins vétérinaires, des analystes et toute autre
personne nécessaire pour veiller à l'application :
«1° de la présente loi et de ses règlements»,
et, bon, de ce qui en découle aussi.
Biosécurité,
on sait à quel point — vous venez de l'expliquer — c'est effectivement important. Vous parlez
même d'un protocole. Je pense que c'est vous qui en parlez, là, je ne pense pas
trop me tromper, là, d'établir un protocole. Mais ça, on y reviendra tantôt,
là, par rapport à ce protocole-là.
Vous savez
que les municipalités du Québec ont obtenu l'immunité en termes de poursuites
judiciaires lorsqu'elles ont
accepté... bien, accepté, lorsqu'elles se sont conformées à ce que le
gouvernement leur a demandé de faire, à savoir, de répondre en tant de
minutes avec tant de pompiers, sauf pour faute grave.
M. Bouchard (Carl) : Pardon?
M. Villeneuve : Sauf pour une
faute grave. Et là je vous amène au projet de loi...
M. Bouchard (Carl) : O.K. J'avais
compris «fond de grange». Vous voyez ma déformation professionnelle.
M. Villeneuve : Ah bon! Ah!
Bien là... Revenez avec nous, là. Alors, à la section III, on parle d'immunité
de poursuite. Et il y a quelqu'un qui a
soulevé ce point-là aussi au niveau de l'immunité contre les poursuites parce
que la biosécurité, c'est très, très,
très important. Et moi, je vous dis ça comme ça, là, ça m'a fait réfléchir,
cette intervention-là d'un autre
représentant d'un autre groupe, et je me dis qu'à quelque part vous pouvez
perdre... vous pouvez tout perdre, là.
S'il y a un inspecteur qui débarque, qui joue... puis là je ne veux pas porter
d'intention à personne, mais qui commet l'erreur... Il y a un protocole à suivre, puis il décide, lui, là, que,
non, il ne suit pas le protocole, il entre, et là vous perdez tout, et
lui, il ne peut pas être poursuivi.
Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu de penser à mettre, dans le projet de loi, «sauf pour faute
grave»? Il me semble que ça mettrait une certaine retenue par rapport à
ce qu'on peut faire et ne pas faire lorsqu'on est un inspecteur. Et j'en veux
pour ça du fait que, dans le projet de loi, on dit : «...ou toute autre
personne...» Et là-dessus moi, j'ai parlé au ministre
à plusieurs reprises en lui disant : Y aura-t-il de la formation continue?
Y aura-t-il de la mise à jour au niveau de l'expertise, les connaissances? Parce que «toute autre personne», c'est
«toute autre personne», là. Alors là, on sait que les agronomes ont demandé à être inclus dans la liste
des vétérinaires, agronomes, etc., mais c'est toute autre personne qui
peut être inspecteur, donc qui peut débarquer chez vous.
Et
là il y a toute l'application de la loi qui doit se faire et qui doit se faire,
à mon avis, sur une échelle de temps raisonnable pour réussir à tout
absorber ça, là, pour s'assurer effectivement que les gens qui seront nommés
auront pris le temps
d'acquérir ces connaissances-là, cette formation-là, la mise à jour, etc. Moi,
je vous pose la question tout bonnement. Peut-être que je suis dans le
champ, sans jeu de mots avec l'agriculture, là, peut-être que je suis dans le
champ parce que je vous parle d'ajouter peut-être un élément qui dit «sauf pour
faute grave». Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Bouchard (Carl) : Bien, d'abord, je commencerais par dire que la biosécurité, dépendant
des productions, dépendant des gens
concernés, la définition n'est pas la même pour tout le monde parce que les
risques ne sont pas les mêmes pour
tout le monde. Je peux parler de notre production parce que c'est celle-là que
je représente, c'est celle-là que je connais
le mieux. Quand on parle de vétérinaires, d'agronomes, c'est des gens qui sont
très, très sensibles aux réalités de production. Aux gens du monde
municipal, par exemple, s'ils avaient à appliquer des pans de... C'est beaucoup
de monde. Beaucoup de monde égale beaucoup de risques.
Si on dit :
Bien, tout le monde est formé égal, tout le monde va avoir les mêmes accès aux
mêmes... va connaître chacune des
productions qui sont très pointues, qui ne vivent pas les mêmes réalités en
matière de biosécurité... Les impacts
d'une visite à la ferme chez un producteur... je ne veux pas en nommer un, mais
un producteur de grandes cultures, par exemple, il y a des impacts sur
la biosécurité, un impact, mais ce n'est pas vécu de la même façon qu'un producteur avicole qui a de la plume ou qui est en
présence d'oiseaux. Les risques ne sont pas les mêmes non plus. Donc, je
ne sais pas si ça serait assez de parler... Malheureusement, là, je n'ai pas le fin du fin détail de votre intervention,
mais je comprends assez le sens pour dire : Il faudra être très prudent,
même en ayant ce genre de mot à mot là dans la loi, pour faire vraiment attention aux particularités propres à chacune
des productions, dont la production de poulettes que je représente aujourd'hui.
M.
Villeneuve : Bien,
écoutez, ça répond en partie... en
tout cas, ça ne répond pas à la
question : Devrait-on ou pas ajouter
cet élément-là au projet de loi? Mais, en quelque part, là où vous répondez à la
question, c'est de dire que c'est très complexe. Tout dépendamment de
l'élevage, le protocole sera différent. Et imaginez un instant le temps que les
gens puissent bien comprendre tout le processus qui est requis avant de pouvoir
faire une intervention, d'entrer dans les lieux.
J'imagine que ça va prendre un temps de formation important puis... à
moins qu'on me dise que, pour les poulettes, ça va être des inspecteurs qui
vont être formés pour ça, puis que ça
va être d'autres inspecteurs qui vont
être formés pour les lapins, puis,
bon, etc. Mais je ne crois pas que ça soit ça non plus, là. Je pense qu'il va quand même
y avoir des inspecteurs qui vont pouvoir intervenir dans plusieurs
élevages différents.
Mais J'apporte cet
élément-là. Je le mets au jeu, comme dit, M. le ministre, je le mets au jeu.
C'est compris dans le service au niveau
de l'immunité contre les poursuites des municipalités, sauf pour faute grave.
Alors, s'il y a une faute grave, ça
veut dire quoi? Ça veut dire probablement qu'on peut l'interpréter de plusieurs façons,
mais soit quelqu'un qui joue au
matamore ou quelqu'un qui donne l'impression qu'il peut intervenir d'une façon
cavalière, bien, s'il sait que ça, c'est
là, là, bien, il va devoir dire : Bien là, il y a un protocole. Voici le
protocole, on le suit à la lettre puis on fait les choses correctement parce
qu'il y va, évidemment... on parle de santé et de bien-être animal, là. Alors,
on parle de la vie des animaux et on sait
qu'une incursion dans un lieu hautement contrôlé peut amener une mortalité
extrême, là, au niveau de l'élevage. Oui?
M. Bouchard (Carl) : Je suis très content de votre sensibilité à... On parle de la vie des
animaux, mais, quand on parle sur chacune des fermes, on parle aussi de
la vie du producteur...
M. Villeneuve :
Tout à fait.
M. Bouchard
(Carl) : ...parce que l'impact personnel d'une contamination qui est
identifiée à une ferme en particulier, bien,
c'est la famille du producteur, c'est le producteur, c'est l'ensemble des
familles alentour puis c'est la filière en bout de ligne. Mais, en
premier lieu, on parle des animaux et on parle du producteur aussi qui subiront
des conséquences vraiment très graves de ça, et merci de l'occasion de pouvoir
le souligner.
M. Villeneuve :
Maintenant... Il me reste un peu de temps, M. le Président? Oui, assurément.
Le Président (M.
Morin) : Oui, trois minutes.
M.
Villeneuve : Je veux revenir au code de bonne pratique parce
que, là, plus on avance dans le projet de loi et plus on se rend compte que l'idée est bonne. On part de
là, on part des codes de bonne pratique, mais on se rend compte que... Bon, les gens nous disent : D'abord, ça n'a
pas été prévu pour être appliqué à la lettre, puis là il y a d'autres... À
moins qu'il soit déposé sur le site, là, je
ne veux pas divulguer un mémoire qui n'a pas été rendu public encore, mais ce
qu'on voit dans d'autres mémoires, ce
qu'ils nous disent, c'est que les codes de bonne pratique, quand on regarde les
définitions exactes, comment c'est monté, ce n'est pas nécessairement
pour être appliqué parce que... bien, appliqué de façon formelle. Il y a des nuances, et je comprends qu'on s'est fait
dire régulièrement ici qu'il va falloir se rasseoir, les regarder un à
un et les adapter. Il y a des spécificités
aussi qui nous sont propres. Société distincte oblige, il y a des spécificités
qui nous sont propres au Québec.
Alors donc, il va falloir les regarder un à un. Et ce que j'entends aussi de
l'ensemble des filières qui viennent
ici, c'est qu'ils veulent être partie prenante pour s'associer, finalement. Ils
ont l'expertise, ils ont l'expérience, ils connaissent bien leur métier, ils savent comment les choses se passent
et ils veulent s'assurer, effectivement, que, si ce n'est pas un code de bonne pratique, bien, ça sera une
intégration au code de bonne pratique ou, en tout cas, à tout le moins
un mélange de tout ça pour arriver à faire
quelque chose aussi qui a du sens puis qui est applicable. Vous en dites...
Oui?
M. Bouchard (Carl) : Bien, ça me permet, je pense, de compléter la
réponse que j'ai donnée à M. le ministre tantôt. Le code de bonne pratique, effectivement, le code de bonne
pratique est une espèce de base, une espèce de voeu où, si les conditions étaient idéales, on
produirait selon ces paramètres-là. Ce code-là est réactualisé sur une base
régulière. On est présentement, comme je le
disais tantôt, en processus de révision. Et la réglementation, parce que, quand
on parle de code, on parle de... Dans
l'industrie de la poulette, là. Je ne peux pas parler des autres productions
qui ont peut-être un autre mode de fonctionnement, mais, dans le code de
bonne pratique au niveau de la poulette, effectivement, c'est un standard à
atteindre.
Mais
la réglementation au Québec en matière de bien-être animal, c'est vraiment une
réglementation qui s'inspire, dans les grandes lignes... qui va souvent
plus loin que le code de bonne pratique mais qui s'inspire... et que c'est une réglementation qui doit être respectée et pour
laquelle il y a des pénalités, en cas de non-respect, qui sont clairement
établies.
Est-ce que ça va dans
le sens de votre question de tantôt?
• (15 h 30) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Si j'ai le consentement...
Une voix :
Absolument.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Les pénalités sont à quel niveau quand vous
dites : Il y a des pénalités si ce n'est pas respecté?
M. Villeneuve :
Oui, c'est une bonne question, ça.
M. Bouchard (Carl) : Quand on se penchera sur le fin détail, ça me fera plaisir de continuer
le processus avec vous si l'occasion m'en est donnée. Mais c'est des
pénalités en matière de compensation de programmes d'assurabilité de
producteur, si on veut, où quelqu'un qui ne rencontre pas les standards plus
hauts que de l'ordre de 90 % — c'est très élevé — bien, il
va être compensé en cas de problème mais dans des proportions moindres. Grosso
modo, là, c'est comme ça que les pénalités s'appliquent.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci, M. Bouchard.
Le Président (M.
Morin) : Merci. M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Juste 30 secondes, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : Oui, vous pouvez y aller. Allez.
M.
Villeneuve : C'est très gentil. Donc, est-ce que je peux...
Puis là, attention, je vous pose la question qui tue, comme on dit, là.
L'article 63.3°, qui dit : «...rendre obligatoire, pour les personnes
qu'il détermine, l'application de dispositions
de codes de pratiques publiés par le Conseil national pour les soins aux
animaux d'élevage...» Tel que libellé, il ne serait pas tout à fait correct. Vous voudriez qu'il soit libellé
d'une façon à ce qu'il soit beaucoup plus... en fait, qu'il soit libellé
autrement pour permettre, s'il y a des bonnes pratiques qui existent déjà mais
qui ne sont pas dans le code national, qu'on puisse les intégrer.
M. Bouchard (Carl) : Bien, c'est comme je vous le disais, notre réglementation va souvent
au-delà, ou se calque, ou s'inspire
largement du code de bonne pratique. Il faudrait voir, encore une fois... et
c'est les réserves qu'on a quand on est
devant une situation qui est un peu, je ne dirais pas floue, là, mais où il y a
place à interprétation. Bien, quand ça sera clarifié, on sera en mesure de se prononcer, mais on voudrait et on se
rend disponibles à participer à l'élaboration de ça dans le processus.
Le Président (M.
Morin) : Merci. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. J'aime tellement mon travail
aujourd'hui! J'entends toutes sortes de choses : un cheptel à société distincte puis des vaches
québécoises, canadiennes. J'ai vraiment... Aujourd'hui, c'est la totale.
Le Président (M.
Morin) : C'est ce qui fait la beauté de notre commission,
madame.
Mme
D'Amours : Bonjour, monsieur, bonjour, madame.
M. Bouchard
(Carl) : Avoir su que c'était aussi intéressant, je serais arrivé
avant.
Mme
D'Amours : Vous auriez dû venir à la période de questions, oui.
J'aimerais revenir... Moi, je ne connais pas tellement le système, là, c'est-à-dire la fédération que vous
représentez. J'aimerais connaître le cycle des poulettes. Bon, vous les partez à un jour. À 19 semaines, vous les
vendez à un autre entrepreneur qui, lui, va prendre cette poulette-là
qui devient une poule et qui pond des oeufs. Est-ce que c'est ce cycle-là
normal?
M. Bouchard (Carl) :
Prenons l'exemple : moi, j'ai un bâtiment d'élevage, je rentre 15 000 — on fait des chiffres ronds — le 30 septembre, je rentre 15 000
poussins destinés à devenir des poules qui vont produire des oeufs. À
partir du moment où elles entrent à un jour dans mon bâtiment d'élevage, elles
sont considérées comme étant des poulettes.
Les
poulettes, c'est... Pendant tout le cycle qui les amène à maturité, où elles
vont être prêtes à pondre des oeufs, donc à 19 semaines, c'est la
période couverte et c'est la période... Avant, c'était un oeuf incubé qui
éclot, qui devient poussin, et après ça
devient une poule qui produit des oeufs de consommation. Pendant 19 semaines,
de un jour à 19 semaines, c'est une poulette.
Mme
D'Amours : Après 19 semaines, vous les vendez à des acheteurs qui
achètent pour qu'eux aient déjà la poule, là, qui soit prête à pondre.
M. Bouchard (Carl) : Oui.
Mme
D'Amours : Est-ce que, dans votre cheptel, il y a des poulettes qui ne
sont pas bonnes à la vente? Et, à ce moment-là,
comment vous vous en départissez? Est-ce que vous les envoyez à l'abattoir?
Est-ce que c'est fait chez vous? Comment vous faites ça?
M.
Bouchard (Carl) : C'est une
excellente question. Comme dans tout type d'élevage, il y a des sujets qui
ne se rendent pas à maturité, c'est une très
faible proportion. On parle de 1 % à 2 % du troupeau qui peut, bon,
avoir des... on peut rentrer dans ces détails-là, mais, bon, je pense
que c'est pour les besoins de la cause, qui ne se rendront pas à maturité, qui, en cours d'élevage, devront être
éliminés ou mourront de façon naturelle. Ceux-là ne posent pas problème,
mais ceux qu'on doit éliminer pour diverses
raisons — ils peuvent
s'attaquer, par exemple, aux congénères ou ils peuvent avoir des
déformations — pour
ne pas... parce qu'on est très sensibles à ça aussi, ne pas étirer la souffrance
de ces oiseaux-là, sachant qu'ils ne se
rendront pas à maturité. On a des protocoles de mise à mort de ces oiseaux-là
qui sont respectés, des formations aux producteurs qui sont données
aussi pour disposer adéquatement de ces oiseaux-là.
Mme
D'Amours : Donc, ce que vous
êtes en train de me dire, c'est que c'est le producteur lui-même qui fait
la mise à mort de ces oiseaux-là qui sont...
M. Bouchard (Carl) : Oui.
L'euthanasie est contrôlée par des méthodes qui sont acceptables du point de vue
bien-être animal et c'est... encore une
fois, là, on aurait parlé de ça il y a 15 ans, on aurait... mais c'est en évolution,
c'est en constante évolution. Et, présentement, l'ensemble des producteurs sont
très, très, très au fait et très, très sensibles à cette réalité-là.
Mme D'Amours : J'aimerais vous
demander votre expérience au sujet de... Bon, c'est sûr que, selon ce que M. le ministre a dit tout à l'heure, le libellé, là, que c'est des êtres qui ont une
sensibilité et ce n'est pas des humains, est-ce que vous êtes en mesure de me
dire, d'après votre expérience, qu'un oiseau... Puis là je ne veux pas le dénigrer, là. On a tous besoin d'oeufs
pour déjeuner le matin ou presque. Mais est-ce que ces oiseaux-là ont la même
sensibilité, exemple, qu'un porc? Moi, j'ai
déjà vu l'embarcation d'un cheptel de porcs où ils s'en allaient à l'abattoir,
puis le comportement, là, on aurait dit qu'ils le savaient qu'ils s'en
allaient là.
Est-ce que
l'oiseau, quand il embarque dans les cages, quand vous les mettez dans les
cages puis qu'ils s'en vont, bon, chez un autre producteur, est-ce
qu'ils ont cette nervosité-là ou il n'y a pas de...
M.
Bouchard (Carl) : C'est
aussi une activité qui est contrôlée, une activité qui est encadrée. On a des
protocoles au niveau du transport. On est
rendus à former et sensibiliser de façon très encadrée et très réglementée les
entreprises de transport qui transportent les animaux parce qu'évidemment ils
partent d'un bâtiment qui est destiné, qui a un usage exclusif destiné à l'élevage de poulettes vers un bâtiment de ponte.
Mais, non, je ne connais pas la réalité des producteurs de porcs, là, je n'ai pas cette connaissance-là, mais
ça se fait toujours dans une atmosphère contrôlée. La qualité de l'air
est respectée, on s'assure que les oiseaux
ont toujours accès, dans des délais qui sont programmés et encadrés, à l'eau et
à la nourriture avant de procéder au transfert.
Et ce que je
pourrais vous répondre à ça... On n'a pas, malheureusement, évidemment, là,
puis je pense que vous ne vous
attendiez pas à ça, d'oiseaux qui sont en mesure de nous répondre. On doit
interpréter leur comportement. Et une poule qui est vraiment prête à pondre des oeufs quand elle sort du bâtiment
d'élevage et que, le lendemain, les taux de ponte sont à l'intérieur des
chartes qui sont prescrites et au-delà, ça veut dire qu'elle est assez bien
pour continuer son cycle de ponte, et
continuer à pondre, et s'acclimater. Pour avoir été en production d'oeufs de
consommation pendant 23 ans, les poules
chantent le matin, quand elles pondent. On a la même réalité dans les bâtiments
d'élevage de poulettes. Il faut être sensible,
il faut être producteur, il faut être professionnel pour sentir ça. Et on sent
ça dès le transfert dans les bâtiments destinés
à la ponte. La poulette ne subit pas de stress, en subit un, mais il est très
limité, et on est très sensible à ce qu'il soit le plus faible possible.
Mme D'Amours : Vous avez dit tout à
l'heure que votre code était en processus, là, qu'il n'était pas encore terminé. Est-ce que c'est une pression du milieu
qui a fait en sorte que vous devez retravailler votre code ou si vous
aviez atteint, mettons, vos objectifs du premier et que, là, vous êtes en
processus de renouveler...
• (15 h 40) •
M. Bouchard (Carl) : Je vous dirais qu'on a la chance, même si on est
une jeune organisation, les producteurs de poulettes, Les Éleveurs de poulettes du Québec, de travailler autant
en amont qu'en aval avec des organisations qui sont matures et on est en mesure de prendre les bons coups quand il y en
a. Et la prévoyance d'adapter nos codes de bonne pratique avant que la
pression viennent de l'extérieur, bien, cette sensibilité-là aussi... je ne
pensais pas utiliser le terme «sensibilité»
aussi souvent aujourd'hui, mais on a cette sensibilité-là aussi, effectivement,
de prévoir que, peut-être, étant
donné les délais de production de ces codes-là... Bien, on prévoit commencer
avant que la pression se fasse sentir. Et on ne sent pas cette
pression-là aucunement. On va à l'avant et on essaie de répondre avant que ces
situations-là, qui pourraient être perçues négativement, se produisent.
Mme
D'Amours : Je l'ai déjà mentionné... Deux petites secondes, M. le
Président.
Le Président (M.
Morin) : Allez.
Mme
D'Amours : Je l'ai déjà mentionné, mais j'aimerais vous le
mentionner, vous direz à vos producteurs, à vos membres, que moi, je suis très fière des producteurs québécois qui sont
toujours en avant de ce qu'on leur demande parce qu'ils ont une préoccupation de l'industrie, et ça me touche vraiment.
Puis je pense que ce projet de loi là fait en sorte que c'est dit, que
c'est véhiculé, et je suis très fière des producteurs du Québec.
M. Bouchard (Carl) : Bien, merci. C'est une belle occasion aussi de dire qu'on est
préoccupés par cette réalité de bien-être
animal là depuis plusieurs années et que c'est une préoccupation qui nous tient à coeur, mais que la réalité de notre production doit aussi être tenue en compte
dans cette élaboration-là. Merci. Ça va être transmis avec grand
plaisir.
Le
Président (M. Morin) :
Merci beaucoup, M. Bouchard et Mme Gionet. On a découvert une
production qu'on ne connaissait pas très bien.
On est assez ferrés dans les autres, là, mais celle-là... Et vous de même, vous
avez découvert en vous une nouvelle sensibilité. Donc, tout le monde est
gagnant.
En
vous remerciant beaucoup, je suspends quelques instants pour
recevoir Les Producteurs de lait du Québec.
(Suspension de la séance à
15 h 42)
(Reprise à 15 h 44)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux en recevant Les Producteurs de lait du Québec.
Bonjour, M. Letendre. Compte tenu qu'on vous connaît le plus souvent, on va vous demander de présenter
les personnes qui sont avec vous. Et vous avez 10 minutes pour votre
présentation. Allez-y.
Les Producteurs de lait du Québec
M. Letendre (Bruno) : Merci, M. le Président. M. le
ministre, Mmes et MM. les députés,
oui, Les Producteurs de lait sont
heureux de répondre à votre invitation et entendent enrichir votre réflexion
afin que le projet de loi s'arrime aux réalités de la production
laitière québécoise et aux initiatives par notre organisation. Mon nom est
Bruno Letendre, président des Producteurs de
lait du Québec et propriétaire d'une ferme laitière à
Saint-Georges-de-Windsor — c'est
en Estrie — depuis 1978. Je suis accompagné de Mme Catherine
Lessard, directrice adjointe à la Recherche économique, et Me
Marie-Josée Trudeau, conseillère à la Direction générale des producteurs de
lait.
Les
Producteurs de lait représentent plus
de 12 000 producteurs et productrices de lait et près de 7 700
fermes laitières de la province. Notre
mission est de rassembler l'ensemble des producteurs de lait de vache du Québec
et assurer le développement durable de leurs fermes laitières, agir
comme office de producteurs au sens de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de
la pêche et administrer le Plan conjoint des producteurs de lait du
Québec.
Le
Québec compte près de 50 % des fermes laitières canadiennes. On produit
près de 3 milliards de litres de lait, pour des recettes d'environ 2,4 milliards de dollars. La production
laitière québécoise se distingue par son grand nombre de fermes laitières familiales avec un troupeau moyen
de 59 vaches. Nos fermes font vivre plus d'une famille et tirent leurs
revenus laitiers entièrement du marché, sans subvention. La production laitière
québécoise est l'un des piliers de l'agriculture du Québec, représentant plus
de 28 % des recettes agricoles de la province.
Le
bien-être animal. Les Producteurs de lait se sont investis dans la mission
d'améliorer le bien-être animal sur les exploitations laitières du
Québec depuis plusieurs années déjà. En 2007, ils en ont fait un objectif
stratégique de l'organisation. Ils ont mis
en oeuvre divers projets structurants en vue d'améliorer le bien-être animal
dans les troupeaux laitiers,
dont : participation à la mise à jour du Code de pratiques pour le soin et
la manipulation des bovins laitiers, le Conseil national pour le soin
des animaux d'élevage, la Stratégie québécoise de santé et de bien-être des
animaux et le développement de diffusion d'une formation sur le confort et le
bien-être animal.
Les Producteurs de
lait du Québec circonscrivent leurs interventions en deux thèmes
suivants : l'intégration éventuelle du
Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers et la Loi
sur le bien-être et la sécurité de l'animal; la création d'un protocole
d'intervention en cas de cruauté envers les animaux. Pour ce qui en est
d'autres éléments du projet de loi, nous nous en remettons aux commentaires
formulés par l'Union des producteurs agricoles.
Je cède maintenant la parole à Mme Catherine
Lessard, qui vous entretiendra sur ce premier volet, à savoir l'intégration par
renvoi du code de pratique. Merci.
Mme
Lessard (Catherine) : Merci.
Le Conseil national pour le soin des animaux précise clairement que les
codes de pratique sont essentiels mais
qu'ils doivent s'accompagner d'un mécanisme de suivi pour instaurer la
confiance de la chaîne de valeur. Le
code a été conçu comme un outil éducatif, c'est-à-dire qu'il constitue des
lignes directrices à suivre, et puis
on lui reconnaît une grande valeur en tant que telle. Le code n'a pas été
pensé, conçu et rédigé pour être obligatoire et devenir un règlement. Ce fait peut être expliqué par quelques exemples
que je vous propose, d'autres seraient possibles.
À l'exigence
1.1.1 du code sur les veaux non sevrés, il est mentionné que «les veaux [non
sevrés] doivent disposer d'un espace
de repos confortable, isolé, chaud, sec». Le terme «confortable» n'est pas
défini et puis il est très subjectif. Confortable
pour un veau, bien, ce n'est pas la même chose que confortable pour un
producteur, par exemple, ou pour un être humain. À partir de quel guide
un inspecteur pourra déterminer qu'un espace est confortable, alors qu'un autre
ne l'est pas?
De la même
façon, à l'exigence 2.3 du code, il est mentionné que «les bovins doivent avoir
accès à de l'eau ayant un bon goût [...] propre en quantité suffisante».
Bon goût. Qui va déterminer si une eau a bon goût et selon quels critères? Ces exemples démontrent qu'une interprétation
et une précision des exigences du code sont nécessaires avant que celui
ne devienne obligatoire sur les fermes.
L'exercice de
traduire le code de pratique à un programme précis, compréhensible et
vérifiable à la ferme a été réalisé
dans le cadre du programme d'évaluation des soins aux animaux qui a mené au
volet Bien-être animal de l'initiative proAction. Pour développer le
volet Bien-être animal, on est partis du code de pratique. Par la suite, le
Conseil national pour les soins des animaux d'élevage,
donc le même organisme qui a coordonné la mise en oeuvre du code, a
travaillé avec des producteurs, des experts, des défenseurs du droit des
animaux pour traduire le code en exigences applicables
à la ferme. Puis les producteurs de lait du Canada ont adopté les travaux qui
ont été réalisés dans le cadre du programme d'évaluation pour les
adapter à leur programme de salubrité déjà obligatoire à la ferme, et ce, pour
toutes les fermes laitières. À chacune des
étapes, le programme a été testé sur des vraies fermes. Ainsi, le volet
Bien-être animal de proAction découle directement du code, a suivi un
processus d'élaboration rigoureux et revêt la même crédibilité.
Le volet
Bien-être animal de proAction comprend 20 exigences qui reprennent les éléments
obligatoires du code de pratique. Parmi ces exigences, on demande des
procédures normalisées qui décrivent les façons de faire à la ferme et
l'évaluation, par un tiers indépendant, de l'état de chair, des blessures et de
la boiterie des animaux.
À partir du
1er septembre 2017, soit dans moins de deux ans, le programme sera rendu obligatoire sur toutes les fermes laitières de la province et du pays. Il
sera audité sur l'ensemble des fermes dans les deux années suivantes. Le
manuel est déjà disponible. Nous l'avons d'ailleurs annexé à notre mémoire et
nous débutons une phase d'information des producteurs.
À terme, le volet Bien-être sera requis par un règlement à être approuvé par
la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec avec renvoi à
nos conventions de mise en marché.
Il est important
de noter que traduire les exigences du code en exigences applicables et
vérifiables à la ferme n'a pas été
une mince affaire. Ce processus a requis des investissements financiers et en
temps importants. On s'est donné les moyens de bien faire les choses. Dans ce contexte,
notre recommandation est d'amender le paragraphe 3° de
l'alinéa un de l'article 63 de la Loi
sur le bien-être et la sécurité de l'animal afin qu'il soit permis
de substituer à un code de pratique du CNSAE
un programme spécifique tel que le volet Bien-être animal du programme
d'assurance qualité à la ferme proAction des Producteurs laitiers du Canada. À défaut, nous craignons une
duplication inutile des efforts de bien-être animal qui pourrait résulter en un abandon
du Programme bien-être animal de proAction, qui est une initiative canadienne,
donc qui créerait un manque d'uniformité à l'échelle du pays.
Je céderais maintenant
la parole à Me Trudeau, qui va continuer sur la création d'un protocole
d'intervention en cas de cruauté animale sur une ferme laitière.
• (15 h 50) •
Mme Trudeau (Marie-Josée) : En
juin 2014, l'industrie laitière canadienne a été ébranlée par un cas de
cruauté animale sans précédent; c'est l'illustre cas de Chilliwack. Cet événement
a mis en relief la nécessité pour les offices
de mise en marché et les autorités gouvernementales d'agir de manière concertée et coordonnée
afin d'intervenir avec célérité et
transparence, de rétablir le bien-être animal sur les lieux rapidement
et de protéger la mise en marché du lait pendant l'enquête, et ce, notamment en retirant temporairement le lait du circuit de
commercialisation. Le présent projet de loi est l'occasion de doter
l'industrie laitière du Québec d'un protocole d'intervention partagé par les
intervenants pour se prémunir d'un éventuel cas de cruauté animale sur
une ferme laitière.
En
conséquence, Les Producteurs de lait du Québec recommandent au gouvernement d'inclure à la Loi sur le bien-être et la sécurité de
l'animal une disposition réglementaire prévoyant le pouvoir pour le gouvernement de convenir d'un protocole d'intervention sur une exploitation
agricole avec l'office de producteurs visé en cas de cruauté animale. Un tel
protocole pourrait comprendre les éléments suivants : un mécanisme de
nomination d'enquêteurs spécialisés en bien-être animal et reconnus par
l'office de producteurs; un mécanisme efficace de communication entre l'office
et le MAPAQ; des délais d'intervention rapides; l'élaboration d'un plan de
rétablissement du bien-être animal sur l'exploitation laitière visée ainsi que
les moyens de suivi; et finalement l'exercice concurrent des pouvoirs de
l'office pour protéger la mise en marché du lait pendant l'enquête. Vous
retrouverez à notre mémoire une schématisation du protocole qui pourrait être
envisagé pour Les Producteurs de lait du Québec. De manière très succincte, je
vais me permettre de le voir avec vous.
Donc, dans la partie de gauche, le tout commence
par une dénonciation au MAPAQ. Le MAPAQ aviserait l'office d'un problème chez
l'un de ses membres. Lorsque le MAPAQ serait prêt à intervenir sur la ferme
visée, il en informerait également l'office. Et le MAPAQ, s'il arrivait à la
conclusion qu'il y a effectivement un cas de cruauté animale ou qu'il y a des
éléments probants de cruauté animale, le dénoncerait à l'office qui, dans
l'intervalle, pourrait décider d'arrêter la
collecte ou non. Et ici, pour répondre à une préoccupation qui a été
soulevée la semaine dernière devant d'autres intervenants, le producteur de
lait visé ne verrait probablement pas sa paie coupée. Dans l'intervalle, à titre de mesure conservatoire, sa paie lui serait
versée, et, advenant un cas de culpabilité à la suite d'un processus
judiciaire complet, il serait obligé de rembourser les paiements qui lui
auraient été envoyés à titre conservatoire.
Dans la schématisation que vous voyez ici, vous
voyez par... Également, la rédaction est suivie d'un plan de rétablissement du bien-être animal où on
imposerait des délais pour que le producteur retourne rapidement en
production et que le bien-être soit respecté le plus rapidement possible.
Alors, du moment où on aurait une confirmation que la situation est rétablie et
acceptable sur le site, eh bien, la suspension de la collecte serait relevée,
et on aurait un retour à la normale.
Nous vous remercions pour votre attention et
nous sommes disponibles pour vos questions.
Le Président (M. Morin) :
Merci beaucoup, monsieur et mesdames. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
Merci de votre présentation. Je sais que vous vivez des moments où votre
agenda doit être passablement occupé. Vous
dites aller au-devant des coups. Ma première question était : Quelles
leçons avez-vous tirées de Chilliwack? Et non seulement vous avez tiré des
leçons, mais vous êtes en mode solution. C'est quelque chose qui nous intéresse.
Je vous le dis, là, comme je le pense. On va se pencher très sérieusement sur
la proposition que vous nous faites puis, si on a besoin d'en discuter
davantage, on va le faire.
Sur l'article 63.3, ça nous revient, là, à peu
près tous les groupes qui sont en production, et on va avoir une décision à prendre. À date, vous nous suggérez
plus de souplesse. Vous voulez qu'on ajoute un programme spécifique. C'est intéressant comme approche, mais on a deux écoles de pensée à date. On a l'école de
pensée — je
vais la qualifier comme telle — de
société distincte où on ajuste nos choses à partir du Québec et une autre école de pensée où on nous
dit : Il faut maintenir une fluidité pancanadienne. Ça vous interpelle
beaucoup moins comme groupe parce que, dans les deux cas, vous conservez une fluidité. Dans le cas de certaines autres
productions, si on choisit la spécificité québécoise, on perd de la
fluidité pancanadienne. Avez-vous une porte de sortie pour nous autres?
M. Letendre (Bruno) : Là, je réponds
à la première question que vous avez posée, M. le ministre, là, sur Chilliwack.
Ça nous a interpellés au premier degré, ça. Mais il faut faire une précision.
Chilliwack, ce n'était pas un problème de bien-être
animal, c'était un problème de maltraitance animale. Mais
c'était quand même une ferme exemplaire pour les soins d'animaux, c'est une ferme
reconnue. Mais, malheureusement, il y
avait des employés qui étaient...
bon.
Donc, quand
on comprend la distinction, le bien-être animal, pour nous autres, le code, ça, ça
travaille sur le bien-être animal, puis on est la première production qui
l'a implanté au Canada. Puis on en est quand même assez fiers, de
ce code-là. Mais ça n'empêche pas, là, qu'il
peut arriver des accidents comme Chilliwack, parce que c'est de la
maltraitance. Donc, le but, c'est d'avoir le
plus... Puis, nous autres, quand Chilliwack est arrivé, bon, ce n'était pas
dans notre région tellement, là, c'était à Vancouver, mais, nous autres, si
ça aurait arrivé au Québec, on n'aurait pas le pouvoir d'arrêter de ramasser le lait, là. Comme Mme Trudeau a dit, ça,
c'est un outil qu'on n'a pas, là. On en a pour la qualité, mais on n'en
a pas pour le bien-être et pour la maltraitance. Puis c'est un outil qui nous
manque. Qu'est-ce qu'on vous a décrit par collaboration avec le MAPAQ puis...
Nous autres,
cesser de ramasser le lait, c'est une chose, mais on ne veut pas mettre le
producteur en faillite, puis donc
c'est pour ça qu'on propose de payer jusqu'à temps qu'il soit condamné. On est
dans une société de droit. Donc, c'est
dans ce sens-là. Ce n'est pas parce qu'on veut diminuer l'impact puis qu'on
trouve ça anodin. C'est qu'une société de
droit... puis les dédales de la justice ne sont pas tellement rapides. Je
n'accuse pas personne, mais c'est la réalité. Ça fait qu'on ne veut pas non plus qu'une personne se retrouve acquittée
puis elle a passé six mois ou deux sans livrer, là. Ça fait que, quand on comprend qu'il y a une différence
entre la maltraitance, qu'on condamne, qu'on n'accepte pas, là, puis le
bien-être, on va être capable de travailler puis arriver à... Je ne sais pas si
Marie-Josée veut compléter.
Mme Trudeau
(Marie-Josée) : Pas sur les
protocoles, mais sur votre seconde question, M. le ministre, qui était
de savoir ni plus ni moins comment vous voulez qu'on rédige l'article de loi
pour qu'il satisfasse toutes les situations d'élevage
au Québec, c'est ça? Je dirais que ça passe par la force de rédaction de vos
légistes. Le «ou» est un outil très, très pratique.
Nous, en tant
qu'organisme démocratique, ce qu'on vous dit, c'est : Adoptez la
proposition de l'UPA, là, qui vous demandait de moduler, là, selon qu'on
se trouve devant un office où le code de pratique non seulement existe-t-il, mais ils ont été une étape plus loin, c'est-à-dire
qu'ils ont un programme spécifique. Vous avez le cas de l'office qui a
un code de pratique mais n'a pas encore de
programme spécifique, mais c'est dans les travaux. Et finalement on a le cas
de l'office qui n'a pas encore un code de pratique, comme les poulettes, mais
que c'est en développement.
Je crois
qu'il y a moyen de rédiger votre article. Et il nous fera plaisir de vous
soumettre une proposition dans les prochaines
semaines, si vous en voulez une, où on verra une déclinaison, là, un mécanisme
pour répondre à chacun de nos désirs en tant qu'office de production.
• (16 heures) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Très
bien. Question un petit peu plus pratique, pratique, pratique. Il y a deux éléments qui nous viennent quand les gens
nous parlent de bien-être dans le secteur laitier : les queues coupées
puis l'écornage. On répond quoi?
M. Letendre (Bruno) : L'écornage.
Moi, j'ai travaillé sur l'élaboration du code canadien, là, représentant du Québec.
Vous savez, une table semblable à ce qu'on a aujourd'hui. Il y avait
des gens de la société civile, des gens de la Société
protectrice des animaux de la B.C., de l'Ontario, des gens des
restaurants — ils
n'étaient pas toujours
présents, mais ils étaient invités — des producteurs, des vétérinaires. Bon,
pourquoi que, les cornes, on dit qu'il faut qu'elles soient coupées mais avec un antidouleur puis pourquoi
qu'on interdit les queues? On y allait toujours, là sur la norme
scientifique, pas sur les impressions des
gens, puis tout ça. Les cornes, c'est parce que, un, c'est assez dangereux pour
le producteur, et ils se font mal entre eux autres. Donc, ça a été vite
réglé, il faut les couper.
Vous savez,
il y a des gens qui viennent, qui ne sont pas mal intentionnés mais ils nous
ont dit : Bien, prenez des taureaux
à acères. Je m'excuse, là, mais, des fois, j'ai des réactions un petit peu trop
spontanées. Bien, j'ai dit : Quand vous nous proposerez des taureaux à acères qui donnent du lait, on en
prendra. Mais là il y a deux taureaux à acères au CIAQ, puis ils ne donnent pas de lait. Ça fait
qu'on n'en prend pas, c'est pour ça. Ça fait qu'on va continuer à couper
les cornes mais avec un protocole pour baisser la douleur.
Puis les queues, bien, c'est sûr, là, que le
producteur n'aime pas ça l'avoir dans la face de temps en temps, mais ce n'est pas... Puis là, là, sur le côté
scientifique, la douleur, les vétérinaires nous ont convaincus qu'il se
maintenait une douleur même après avoir
coupé selon un protocole. Donc, ça devenait inacceptable de couper les queues.
Donc, c'est pour ça qu'on a inscrit
dans notre code l'interdiction de couper les queues. C'est un petit pourcentage
de producteurs, très petit, qui coupe les queues, là. C'est peut-être
2 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Quand vous avez bâti votre programme proAction, vous ne pouviez pas soupçonner — ou, si vous l'avez fait, vous aviez beaucoup
de flair — qu'il y
aurait un projet de loi n° 54 qui modifierait des impératifs et qui pourrait rendre obligatoire
l'application d'un tel code. Est-ce que c'est applicable à partir des
dates que vous avez mentionnées aujourd'hui dans votre témoignage?
M. Letendre (Bruno) : Septembre
2017, là? C'est des projets ambitieux, mais on a échelonné le proAction, qui a sept éléments, là, sur plusieurs dates
butoirs. Là, je n'ai pas participé beaucoup à l'élaboration du proAction,
mais je crois que oui. Si Catherine peut...
Le Président (M. Morin) : Mme
Lessard.
Mme Lessard (Catherine) : Merci.
Oui, en effet, à l'échelle canadienne, on est en ligne avec nos échéances,
c'est-à-dire qu'on prévoit mettre en place, là, obligatoirement le Programme de
bien-être animal de proAction en septembre
2017, et ce, dans toutes les provinces. C'est comme ça que ça a été annoncé.
Puis les producteurs sont informés qu'à
partir de septembre 2017 ils vont devoir mettre en place le volet Bien-être
animal de proAction. J'ajouterais également que, dans le programme, ça inclut les queues coupées — donc une interdiction de queues
coupées — et puis
également un contrôle de la douleur, là, pour les cornes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Est-ce qu'on a des interventions? M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie : Une très petite
intervention juste pour comprendre une nuance que vous avez faite entre le bien-être animal et la maltraitance. Vous placez
ça... de ce que j'ai compris, là, je ne sais pas si c'est exact. De ce que
j'ai compris, la maltraitance, c'est une
chose, le bien-être animal, c'est une autre chose. Et vous illustrez aussi par
l'exemple de la Colombie-Britannique en
disant : Ça, c'était un cas de maltraitance, il était correct sur le
bien-être animal, alors que j'ai l'impression, moi, puis je ne suis pas
du tout un expert du tout en agriculture ou en production...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il
est bon en pêcheries.
M. Chevarie : Oui, c'est ça. Je
connais plus les poissons. Mais il me semble que, quand on parle de bien-être animal, la relation avec ton animal, puis la façon
de l'élever, puis si tu as une façon d'intervenir avec ton animal où tu
l'agresses, il me semble que ça ne fait pas partie du bien-être animal. Alors,
tu ne peux pas être... Quand tu as une accusation de maltraitance, tu ne peux
pas considérer être conforme au niveau du bien-être animal. J'aimerais juste
vous entendre là-dessus.
M.
Letendre (Bruno) : Bien, ça
se peut que je me sois mal exprimé. C'est sûr que, si on fait de la
maltraitance animale, la maltraitance, là, il n'y a
pas de bien-être. Ça, on s'entend. Mais, si on revient à l'exemple
de Chiliwack, ça runnait sur trois
chiffres, là. Là, il y avait peut-être deux chiffres, là, qu'il y avait du bien-être
animal pendant 16 heures, et il arrivait certains travailleurs qui,
eux, maltraitaient les animaux.
Un n'empêche
pas l'autre, là. Je veux dire, il y a du bien-être, puis... Je vais vous donner
l'exemple chez nous. Il vient un
inspecteur, puis moi, je bats mes animaux, mais j'ai une superbelle étable. Je
vais peut-être me retenir le temps que
l'inspecteur va être chez nous, mais ça ne veut pas dire que mes animaux sont
bien traités. Ça veut juste dire que j'ai été stratégique sur mes
actions.
Mais le
bien-être animal, nous autres, là, quand on a fait le code, là, c'est avoir un
endroit sec, tu sais, c'est avoir un
endroit bien aéré, de la bonne eau. Ça, c'est du bien-être, ça. Puis la
maltraitance, bien, c'est ce qu'on a vu, là, sur les vidéos à Chiliwack, là. Ça, c'est de la
maltraitance. Et le bien-être que Chiliwack avait n'a pas empêché la
maltraitance. Tu sais, un ne garantit pas de l'autre, parce que, là, c'est une
action délibérée, humaine, là. Bon, est-ce que le producteur est
en dépression? Ça se peut, tu sais. Mais c'est juste que j'ai voulu faire une
différence. On peut travailler sur le bien-être, il va toujours rester des
criminels, parce que ça, c'est criminel, là, au sens de la loi, là, qu'est-ce
que c'est qu'on a vu à Chiliwack. Puis c'est
ça que je voulais, faire une différence entre les deux. Mais un n'empêche pas
l'autre, et il ne faut pas qu'il y en ait ni un ni l'autre. Ça, on s'entend,
là, bien d'accord. Je ne sais pas si ça... oui?
M. Chevarie : Oui, merci.
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Saint-Maurice, voulez-vous intervenir?
M. Giguère : Bien oui.
Le Président (M. Morin) :
Vas-y donc.
M. Giguère : Dans votre protocole
que vous avez expliqué tantôt, ça va prendre un coût, ça va prendre un fonds, ça va prendre des sous dans ça. Donc, si
vous payez le producteur, même si vous ne ramassez pas son lait, c'est
qui qui va payer pour ça? Est-ce que c'est les producteurs?
Une voix : Le pool.
M. Letendre (Bruno) : Oui, c'est le
pool.
Le Président (M. Morin) :
Est-ce que j'ai bien compris?
M. Letendre (Bruno) : Pardon?
Le Président (M. Morin) : C'est
le?
Des voix : Pool.
Le Président (M. Morin) :
O.K.
Des voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui, j'ai compris, mais je n'avais pas entendu.
M. Letendre (Bruno) : Le pool, là,
c'est que nous autres, on met en marché le lait, tout le lait du Québec, et on reçoit, et on partage selon la production. Là,
parce qu'il y a un producteur qui n'a pas de paie, bien, ça peut coûter
un quart de cent à l'hectolitre à tous les
producteurs pour supporter ce producteur-là. C'est ça que l'on appelle... C'est
une mise en marché commune, là.
M.
Giguère : O.K. C'est bien. Sur le bien-être animal, on se fait poser
des questions des fois puis, tu sais, on a parlé tantôt, là, des cornes, des queues. Moi, je veux vous amener...
Hier, on a vu des chiens dans des niches, attachés avec une chaîne. Donc, on voit aussi beaucoup de
producteurs agricoles... à l'extérieur de la ferme, on voit une petite
niche blanche pour les petits veaux
attachés. Puis on se fait poser des questions. On me pose des questions parce
que j'étais un ancien producteur de
lait, donc le bien-être animal... Est-ce que vous pouvez élaborer un petit peu
sur cette technologie-là, ce
fonctionnement-là, de prendre des petits veaux... surtout l'hiver, là. L'été,
c'est bien beau, mais, l'hiver, le citoyen se pose des questions,
là : Il est-u bien, le petit veau?
M. Letendre (Bruno) : Bon. C'est sûr
que...
Le Président (M. Morin) :
Vous ne lui avez jamais parlé?
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Letendre (Bruno) : Moi, un
vétérinaire m'a déjà dit, là : Si tu veux savoir si ton veau est bien, là,
va-t'en au côté de lui, mets-toi à genoux au côté de lui. Si, au bout de
30 secondes, tu trouves ça ennuyant d'être à genoux à côté de lui, là, il y a
un problème, là, qu'il faut que tu règles. Est-ce que c'est la litière qui
n'est pas assez sèche ou il n'y en a pas assez? Mais, si tu es bien, lui aussi,
il a des chances d'être bien.
À cette
heure, le chaud puis le froid, là, c'est quoi que l'animal supporte mieux?
Est-ce que c'est moins 20° ou plus 30°, là? Pour l'humain, là, le
citadin, je comprends, là, sa réaction. Mais, pour un animal, s'il est au sec
puis qu'il a de la paille, la petite cabane
blanche, là, c'est assez «winner». Excusez l'anglicisme, là, mais vous me
demandez mon opinion, hein?
M. Giguère : Je la partage à
100 %. O.K. Donc, oui, c'est sûr.
Pour
revenir à tantôt, s'il y a des producteurs, là, que ça revient souvent puis qui
récidivent, la maltraitance animale, il y a-tu une limite où est-ce qu'on va
arrêter qu'il soit producteur agricole si ça revient, là?
• (16 h 10) •
Mme Trudeau (Marie-Josée) : À notre règlement sur les quotas des producteurs
de lait du Québec, il y a une disposition — de mémoire, c'est l'article 7 — qui dit que tout producteur qui contrevient
à un règlement, à une convention de
mise en marché ou sentence arbitrale peut se voir retirer son quota par
l'intermédiaire de la Régie des marchés. Donc, ma réponse à votre question serait celle-là : On pourrait avoir
l'opportunité de requérir le retrait du quota d'un producteur
récidiviste, mais veut-on dire récidiviste au sens du Code criminel ou
simplement un manquement à une infraction réglementaire...
une infraction, je veux dire, statutaire de responsabilité stricte? Ça reste à
voir parce que, il faut le rappeler, au Québec, là, je n'ai pas recensé
aucun cas de cruauté animale sur une ferme laitière. Et j'ai vérifié les bases
de jurisprudence, il n'y en a pas. Donc, la question est certes pertinente mais
très hypothétique.
M.
Giguère : Mais, vous savez, quand on amène une loi, on modifie, il faut
toujours prévoir. Donc, dans votre coffre d'outils, vous avez un outil
qui pourrait servir.
Mme Trudeau
(Marie-Josée) : Absolument.
M. Giguère :
O.K. Merci.
Le Président (M.
Morin) : Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Ça va? M. le
député de Berthier.
M.
Villeneuve : Oui, merci, M. le Président. Bonjour, mesdames,
bonjour, monsieur. Vous savez, c'est clair, là, tous ceux qu'on a rencontrés depuis le début des auditions, là, hein,
l'objectif ultime, là, c'est le bien-être et la sécurité animale.
Là-dessus, tout le monde s'entend. Comment on y arrive? À quelle vitesse on y
arrive pour améliorer les choses? Ça, on
comprend qu'il y a des impératifs, parfois, qui ne sont pas toujours faciles à
contrôler, mais on comprend que l'objectif au final, là, c'est à ça
qu'il faut arriver.
D'abord,
en tous cas, je tiens à vous féliciter et je le fais sans condescendance, si je
peux dire ça comme ça. À compter du
1er septembre 2017, toutes les fermes laitières canadiennes devront se
soumettre obligatoirement au volet Bien-être animal de proAction, vous
en avez parlé tantôt, six volets : Bien-être animal; Biosécurité;
Environnement; Salubrité — programme Lait canadien de qualité; Qualité;
Traçabilité. Bravo! Franchement, là, vous êtes à l'avant-garde, vous vous assurez... Je pense qu'il y a aussi
toute la pression populaire aussi, on va se le dire. Les citoyens, ils
veulent que tout ça se passe bien. Vous avez
compris ça. Et tous les intervenants qu'on rencontre, je pense, ont compris ça.
Surtout avec les médias sociaux aujourd'hui,
tout va très rapidement. Alors, les gens veulent s'assurer que tout se fasse
correctement dans le respect de l'animal et dans son bien-être.
Vous avez aussi mis
des projets pilotes en marche. Je ne sais pas si la commission peut... je ne
sais pas si on peut avoir accès aux
résultats, aux conclusions du projet pilote en question. Je ne sais pas, je
pose la question. À vous de voir. Si c'est le cas, vous pourrez les
transmettre au secrétariat de la commission, on pourra en prendre connaissance.
L'article
63. Je sais qu'on ne réglera pas ça aujourd'hui, là, je suis convaincu de ça,
mais moi, je vous propose un autre
libellé de celui que vous avez proposé, et on en fera ce qu'on voudra,
là : «...le bien-être et la sécurité de l'animal afin que soit
permis de substituer et/ou intégrer à un code de pratique un programme
spécifique en concertation avec les spécialistes et acteurs du milieu.»
Évidemment, au final, c'est le ministre qui va dire si c'est accepté ou non,
là.
Donc,
tout le monde est là, autour d'une table, tout le monde s'entend. On regarde
comment on peut faire pour justement atteindre l'objectif. Je comprends
qu'il y a des impératifs, je n'aime pas ça le dire, mais on l'entend aussi, il y a aussi des impératifs économiques. Il faut
aussi s'assurer que... Mais, comme le ministre le disait, et là-dessus je
suis d'accord avec lui : À ne rien
faire, ça nous coûte des sous parce qu'évidemment... et à faire quelque chose,
ça coûte des sous aussi, mais c'est porteur pour l'avenir, d'une
certaine façon.
Alors,
je ne sais pas si vous avez quelque chose à ajouter par rapport au libellé que
je viens de livrer ou, en tout cas, vous pourrez le décanter un peu.
Mais, comme je vous disais, on ne réglera pas ça aujourd'hui.
Une voix :...
M. Villeneuve :
Oui. Ah oui! Il faut. Absolument! Il va falloir le régler.
Je
vous amène aussi... En fait, honnêtement, je n'avais pas regardé le diagramme
qui est là, la schématisation du protocole
envisagé, puis je suis heureux de la voir parce que, quand je vois la page 14
de votre mémoire, vous mettez : «Avis
aux Producteurs de lait du Québec...» Mais là je comprends qu'il devait y avoir
un point en haut qui dit : MAPAQ reçoit
la plainte, avis, etc., et là ça déboule. Puis là, quand je vois le schéma, là,
je comprends que c'est comme ça. Alors, j'en suis fort aise, de voir que
c'est comme ça.
Pour les questions,
je vous dirais qu'il y a eu pas mal... Je ne peux pas dire qu'on a fait le
tour, parce qu'il y a toujours des questions
qui demeurent, là, mais peut-être vous poser la question, je l'ai posée au
groupe avant... Au niveau de la
biosécurité, vous savez qu'il y a un article qui parle de biosécurité, puis on
parle d'immunité, puis il y a un article aussi qui dit que le ministre
peut nommer toute autre personne. Puis, quand on parle de biosécurité, de
protocole, de mise en place d'un protocole
et d'immunité par rapport aux inspecteurs, moi, je l'ai mis au jeu tantôt, je
proposais peut-être que... exception sur faute grave, tout simplement.
On le voit dans, bien, plusieurs lois. En tout cas, j'ai nommé la loi, entre autres, sur les services incendie. Les
municipalités ont l'immunité contre les poursuites, sauf sur faute grave. Peut-être
vous entendre là-dessus et tout ce que j'ai pu...
Le Président (M. Morin) :
Mme Trudeau.
Mme
Trudeau (Marie-Josée) : M.
le député, c'est se remettre un peu au Code civil du Québec, qui prévoit
que la faute intentionnelle ou la faute lourde n'est pas excusable. En ce sens,
Les Producteurs de lait du Québec n'ont pas d'objection à une telle proposition
qui fait tout son sens.
Le Président (M. Morin) : Des
commentaires?
M.
Villeneuve : J'ai pas
mal fait... Bien, merci, merci infiniment pour votre mémoire. Et puis encore une fois bravo pour être en avant
quant au bien-être et à la sécurité de l'animal! Merci.
Le Président (M. Morin) : Merci,
M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci beaucoup.
Bonjour, monsieur. Bonjour, mesdames. Vous avez parlé de l'eau tout à l'heure. Et
est-ce que vous avez une obligation de faire analyser votre eau à l'étable puis
à quelle séquence?
Le Président (M. Morin) : Mme
Lessard.
Mme
Lessard (Catherine) : Oui,
merci. Dans le cadre du programme Lait canadien de qualité, donc, à la
ferme, on a une obligation d'analyse
d'eau, en effet, qui est réalisée une fois par année, qui est demandée une fois
par année. Ce n'est pas une analyse
qu'on demande de nouveau dans le Programme de bien-être animal parce
que c'est déjà
fait dans FCQ. Ces deux programmes-là vont être mis ensemble. Qu'est-ce
qui est demandé sur l'eau dans le Programme de bien-être animal, c'est que
tous les animaux de plus de 10 jours aient accès à une eau potable de qualité
en tout temps.
Mme
D'Amours : On a eu d'autres
organismes qui sont venus puis ils ont parlé de leur code de bonne
pratique et que certaines municipalités
au Québec, avec leurs exigences, ils ne pouvaient pas
arriver au code de bonne pratique. Est-ce
que, dans l'industrie laitière, vous avez des municipalités auxquelles vous
avez des restrictions qui vous empêchent d'accéder ou de faire en
totalité votre code de bonne pratique?
Mme
Lessard (Catherine) : Je ne
suis pas au courant d'aucun cas en ce sens, du moins pas pour les
exigences du code, parce qu'il faut qu'on soit clairs, là, il y a des
exigences puis il y a des bonnes pratiques recommandées. Pour les bonnes pratiques recommandées, ça pourrait
arriver, entre autres, pour des raisons environnementales. Cependant,
pour les exigences de base, à ma connaissance, il n'y a aucun problème avec la
réglementation municipale.
Mme
Trudeau (Marie-Josée) : Il y a peut-être
un autre élément à ça. Je pense que l'UPA, Me Forest, lorsqu'il est venu
devant vous, vous l'a bien exposé. La réglementation, d'une municipalité à
l'autre, est à géométrie variable. Nous, personnellement, nous ne faisons pas
cette vigie-là, de vérifier si des producteurs peuvent avoir des points litigieux avec des difficultés de production avec
des municipalités. Cependant, nous partageons le point de vue de l'UPA à l'effet qu'il ne
faut pas céder l'autorité aux municipalités dans une matière telle que la production
agricole. Le MAPAQ est l'intervenant tout désigné en l'espèce.
Mme D'Amours : M. le Président, ma
collègue va...
Le Président (M. Morin) :
Oui. Allez-y, chère madame. Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Dans votre guide de bonnes pratiques, que j'ai
entre les mains, que je n'ai pas eu la chance, là, de consulter, je
consultais plutôt celui qu'il y avait en ligne, qui est un peu différent, dans
le 1.9, Pâturages, parlez-moi un peu... parce que,
bon, dans votre guide, vous conseillez, en fait, que les vaches laitières
sortent dans une aire d'exercice. Je sais
que plusieurs producteurs laitiers gardent leurs vaches à
l'intérieur. Il y a moins de risques qu'elles s'écrasent les
trayons à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Alors,
comment vous voyez ça? Est-ce que c'est quelque chose qu'on doit
retrouver comme une obligation ou c'est à la bonne volonté des
producteurs?
M.
Letendre (Bruno) : ...on ne
mettait pas, là, une obligation. Proche de 90 % des fermes sont en stabulation entravée. On sait que, quand les producteurs font des changements
majeurs, bon, ils délaissent la stabulation entravée pour aller vers la
stabulation libre. Donc, il y a un mouvement qui s'en va vers ça graduellement.
Puis, quand
on parle, là, de bien-être animal, on regarde les boiteries, on regarde les
bosses qu'ils peuvent avoir dans le
cou. C'est ça, dans la stabulation entravée, qu'on laissait aux producteurs
de... qu'ils corrigent plus facilement. Là, après ça, bien, ça va venir, là, à la longue, là, mais ce n'est pas une
obligation parce que ça serait un changement drastique, là. La longévité des vaches en stabulation entravée est
équivalente, sinon aussi bonne qu'en stabulation libre. Vous savez, ils
ne se font pas de cadeau dans la stabulation libre, là. S'il y en a une qui est
directrice, là, elle exerce son pouvoir.
• (16 h 20) •
Mme
Soucy : O.K. Parce qu'également dans le code de bonne pratique qu'on
retrouvait sur le site Internet, vous parliez de... bien, en fait, de
s'assurer que l'animal avait assez de...
M. Letendre
(Bruno) : De litière?
Mme
Soucy : En fait, je peux vous... Donner la possibilité de l'animal de
choisir sa position pour dormir. Alors, je veux vous entendre aussi
là-dessus parce qu'ils ne sont pas libres, ils ne sont pas en liberté, ils sont
attachés.
M.
Letendre (Bruno) : Bon, ça,
quand on parle de liberté, là, c'est, mettons qu'on regarde une vache dans
un pâturage, puis elle se lève, elle est-u
capable de faire exactement le même mouvement ou, du moins, à 90 %, mais
le même mouvement en stabulation entravée? Puis ça, là-dessus, les
producteurs ont relevé la barre, ont élargi les stalles, ont rallongé le
collier pour que, quand elle décide de se lever, elle a le même mouvement, là.
Mme Soucy : O.K., c'est dans ce
sens-là. O.K. O.K.
Alors,
dernière question. Dans le projet de loi que le gouvernement propose, est-ce
qu'il y a un élément, un article, selon
vous, que vous dites : Bien, ça n'a pas de bon sens d'exiger ça aux
producteurs? Ça pourrait leur causer un préjudice économique. Est-ce que
vous avez décelé quelque chose dans le projet de loi en ce sens?
Le Président (M. Morin) : Mme
Trudeau, vous cherchez la réponse?
Mme Trudeau (Marie-Josée) : Je veux
donner la bonne réponse.
Le Président (M. Morin) : Ah!
c'est plus positif.
Mme Trudeau (Marie-Josée) : On m'a
appris à penser avant de répondre.
Le Président (M. Morin) : Ah
oui? C'est bien.
Mme
Trudeau (Marie-Josée) :
C'est certain que, demain matin, vous intégreriez au règlement le code de
bonne pratique et surtout ces pratiques
exemplaires recommandées sur nos fermes, ça va générer des modifications
significatives et ça va nécessiter des investissements majeurs de la part de
nos producteurs. Je ne veux pas dire que 63, alinéa un, paragraphe 3° n'est pas excellent, mais il doit être... L'intention,
l'esprit est le bon; c'est la lettre qui doit être modifiée. Et nous adhérons à la position de l'UPA et d'autres
offices de producteurs à l'effet que l'article sur la sanité ou
conditionnalité devra être exercé avec jugement et parcimonie.
Mme
Soucy : Bien, c'était ça que je voulais justement... c'est cette
précision-là, pour que tous les parlementaires soient sensibles à ça, en
fait, parce que, bien, on ne peut pas arriver du jour au lendemain puis
imposer. Comme vous dites, c'est des codes
de bonne pratique. Si quelqu'un qui est exemplaire... On n'aurait plus beaucoup
de fermes laitières au Québec, on s'entend. Alors, c'était la précision.
Je voulais vous l'entendre dire. Merci.
Le
Président (M. Morin) : Donc, ça va. Le temps est écoulé. M.
Letendre, Mme Lessard, Mme Trudeau, merci beaucoup pour votre présence
ici cet après-midi. Bon retour à la maison.
Je suspends quelques instants et j'attends de
recevoir la Fédération des producteurs de bovins du Québec.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprise à 16 h 26)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Nous avons à la table la Fédération
des producteurs de bovins du Québec.
Donc, M. le président, si vous voulez bien nous présenter les personnes qui vous
accompagnent. Et vous savez que vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation.
Fédération des
producteurs de bovins du Québec (FPBQ)
M. Viel (Claude) : Merci beaucoup. Premièrement,
je tiens à remercier la commission de nous avoir invités à participer. C'est un privilège qu'on a, puis on
va essayer de le faire correctement. Moi, mon nom, c'est Claude Viel. Je
suis le président de la Fédération des producteurs de bovins. Je suis un
producteur du Bas-Saint-Laurent, à peu près à 15
kilomètres du parc du Bic, là, tout le monde va comprendre où je demeure, là, à 15 kilomètres du parc du Bic,
tout le monde connaît le coin, en tout cas, presque,
et je suis producteur laitier et
producteur de veau d'embouche. Pour ceux qui ne savent pas c'est quoi,
un veau d'embouche, vous avez la photo à l'écran. C'est un petit veau qui est
au pâturage normalement tout l'été avec sa
mère. C'est un veau téteux, qu'on appelle dans notre coin, là. C'est le veau
sous la mère. Je suis accompagné de Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, qui
est le directeur général de la Fédération des producteurs de bovins, et de Mme Nathalie Côté,
qui est agente en environnement, en qualité et aussi en bien-être
animal. Tout ce qui est compliqué,
là, à la fédération, c'est Nathalie, là. Toutes les affaires un
peu... L'environnement, on a passé par là, puis là ça a été
correct. Aujourd'hui, on est bien satisfaits, mais ça a été toffe un peu.
Alors,
je tiens d'entrée de jeu à faire un petit, là... je vais essayer d'être le
plus concis possible. La Fédération
des producteurs de bovins, c'est 16 900
producteurs agricoles. Vous comprendrez que, là-dedans,
j'englobe tous les producteurs de
lait — le
président vient de passer — il
y a quand même autour de 5 000 quelques cents producteurs laitiers qui sont aussi nos
membres, là, comme producteurs de bovins de réforme et petits veaux laitiers.
On a 11 700 entreprises à peu près, 14 syndicats régionaux, et
c'est à peu près 700 000 bovins mis en marché par année au Québec si on
prend, là, tous ces groupes-là mis ensemble,
autour de 700 000. Donc, on a du veau de lait, du veau de grain, du
bouvillon d'abattage, du veau d'embouche, comme je vous expliquais
tantôt, et le bovin de réforme et le petit veau laitier. C'est autour de
300 000 $, pas de chiffre d'affaires mais de dépenses, là, par
entreprise, en moyenne, annuelles au Québec. Ce n'est quand même pas rien.
Nous, bon, on
est bien à l'aise qu'il y ait une législation sur le bien-être animal. On n'a
pas de problème avec ça. Nous, ce
qu'on pense, c'est qu'il ne faut pas doubler les réglementations. Il faudrait
minimalement regarder qu'est-ce qui se
fait au fédéral pour ne pas en rajouter une couche par-dessus, là, peut-être de
s'amalgamer avec les autres lois, autant provinciales que fédérales, parce que nous, je ne voudrais juste pas
qu'on oublie... C'est que les producteurs de bovins, comme on est une production où la compétition
n'est pas seulement canadienne, mais elle est mondiale, surtout
nord-américaine, nous, on voudrait être capables de jouer sur la même patinoire
que les autres. Alors, on aimerait que les règlements
soient les plus équitables possible envers les producteurs des autres provinces
et des autres pays, au moins ceux qui
nous compétitionnent le plus. On parle toujours de la réciprocité des normes,
là — je
reviens de temps en temps là-dessus, là — et ça, c'est important
pour nous.
Le code de bonne pratique, c'est sûr que nous,
on n'a pas de problème avec un code de bonne pratique, on en a un. Nous, on a le code de bonne pratique bovin
qui est en révision, il vient d'être révisé. Et le code de bonne
pratique du veau, lui est en — ils sont en train de le refaire — refonte. Et ça, c'est un code de bonne
pratique du veau. Il ne sera pas juste
québécois, il va être canadien, mais plutôt ontarien-Québec parce que le veau
se fait dans l'Est beaucoup. Alors, ça, c'est important pour nous, là.
• (16 h 30) •
La fédération
ce printemps, quand on a fait nos assemblées générales, on avait monté une
présentation justement sur le bien-être animal. Nous, c'est important
parce que, oui, ça se discute de plus en plus. Et ce qui est important pour nous, c'est surtout... il y a la partie à la
ferme, mais il y a aussi la partie où le producteur décide d'envoyer un
animal au marché et de s'assurer qu'il est ambulatoire correctement. Et ça, on
a passé des vidéos, on a montré des informations à nos producteurs pour vraiment les sensibiliser. Des fois, le
producteur, il pense que c'est correct, là, mais il ne faut pas oublier qu'il y a des consommateurs, qu'il y a du
monde qui peuvent... Et c'est important de garder une bonne image de la
production. Et nous, on n'a pas les moyens de perdre notre image, là. C'est
important.
Alors, ça,
là-dessus, on l'a fait dans les 14 régions de la province de Québec. Et je vous
dirai que ça a été très bien apprécié
de nos producteurs. Et on va le refaire, là. Justement, à toutes les fois qu'on
en a l'occasion, on en parle à nos producteurs. Vous comprendrez
que — M.
Letendre vient de passer — les
producteurs de lait vont être sensibilisés quand même, autant de par Les
Producteurs de lait que par la Fédération des producteurs de bovins. Alors,
ensemble, on va... je veux dire, moi, des fois, on va taper sur le même clou.
Et c'est important pour nous, là, que ce soit...
Il y a
quelques éléments, quand même, qu'on souhaiterait qui soient clarifiés ou
modifiés, là, qui sont peut-être, là,
sur... Qu'est-ce que ça veut dire, ça, exemple, «se mouvoir [correctement,]
suffisamment», «anxiété [...] une souffrance», «la fatigue»? Tu sais, il
faut juste bien... On ne veut pas que nos producteurs se fassent ramasser à
toutes les fois que quelqu'un pense que
l'animal n'est pas bien. Tu sais, c'est important pour nous, là, ce bout-là.
Alors, on a à s'assurer que les personnes qui vont visiter les
entreprises comprennent un peu, là. Puis tantôt on en a parlé, je pense que
vous en avez parlé, là, de la... que ce soit
correct, là, tu sais, que les animaux ne soient pas maltraités, oui, mais, en
même temps, l'oeil de celui qui fait l'inspection... ça dépend comment
lui voit ça, là. Ça, c'est important.
Alors, c'était-u à ton tour bien vite, toi, là,
là?
M. Deschênes-Gilbert (Jean-Philippe) :
Moi? Quand tu veux.
M. Viel (Claude) : Il me semble
qu'on s'était dit que je t'en passais un bout, là. Envoie donc un bout.
M.
Deschênes-Gilbert (Jean-Philippe) : Bien, pas de problème. Donc, d'autres clarifications. Il y a toute la
notion de transport des animaux aussi, là.
Vous n'êtes pas sans savoir que le transport des animaux, il y a déjà une
législation fédérale. Donc, on veut juste soulever à votre attention que... Ne
faisons pas des doublons et ne faisons pas non plus des choses qui seraient en contradiction, là. Déjà, pour donner un
exemple, le producteur est déjà, des fois, un petit peu mêlé parce qu'il arrive, il amène son animal à l'encan,
woups! il y a un inspecteur fédéral. Pour la partie que l'animal sort,
dès que l'animal sort, woups! il y a un
inspecteur provincial parce que, dans les encans, c'est un inspecteur
provincial. Donc, déjà, mettez-vous à la place du producteur, ce n'est
déjà pas toujours évident, qui fait quoi. Faisons simplement attention de ne
pas en rajouter une couche.
Autre élément, je pense que ça a été beaucoup
parlé, là, conditionnalité en matière de bien-être animal. On veut juste vous amener un exemple très, très
concret, là. On a été frappés, malheureusement, par la salmonelle de
Dublin. Ça n'a aucun impact sur la salubrité
de la viande, mais, dans les élevages de veaux, de veaux de grain, veaux de
lait, il y a la salmonelle de Dublin.
C'est quoi, en bon français? C'est une gastro. Donc, imaginez-vous une famille
de 500 enfants que la gastro est
rentrée dans la maison. Si vous y allez la journée que la gastro est rentrée,
ce n'est peut-être pas là la meilleure journée.
Donc, lorsque M. le président disait : L'oeil qu'on porte est important,
là... Mais, 48 heures après, le problème est réglé. Mais on fait juste porter à votre attention que, si on prive
le producteur de ses aides ou d'un quelconque programme parce qu'on a pris la
photo de famille la journée où la gastro était pognée, ce n'est peut-être pas
la meilleure affaire. Donc, on veut
simplement vous... Et, 48 heures après, le portrait a complètement changé.
Donc, il faut juste faire attention sur ce genre d'élément là.
Autre... puis je pense que ça a été parlé, là,
par tous les groupes que vous avez rencontrés : rendre les codes de bonne pratique obligatoires. On va aller à la
prochaine pour vous donner... Encore une fois, on veut fonctionner par
des exemples très concrets. Vous savez, le
code des bonnes pratiques des bovins de boucherie, dont le président parlait,
dit, puis je pense que ça vaut la peine de
le citer : «Les bovins doivent avoir accès à des aires, naturelles ou
artificielles, qui offrent un refuge contre les conditions
météorologiques susceptibles de poser des risques pour leur bien-être.» On est
tout à fait à l'aise avec ça, mais comment on va le regarder? Est-ce qu'on
s'arrête à la première ligne, qui dit : «Les bovins doivent avoir accès à des aires, naturelles ou
artificielles...» — ça, ça
veut dire qu'on met des abris Tempo sur tous les pâturages — ou on regarde la dernière ligne, qui dit : «Susceptibles de
poser des risques»? Donc, s'il n'y a pas de risque, pas besoin
d'intervenir.
Et, je vous
dirais, on a des échos actuellement qu'il y a certains inspecteurs qui
s'arrêtent à la première ligne, qui disent,
puis là je caricaturerai un peu, là, mais : Tu n'as pas un abri Tempo dans
chacun de tes pâturages? Woups! C'est dangereux.
Non. S'il n'y a pas de «susceptibles de risque»... Donc, c'est là, la notion.
On voulait un exemple très, très concret,
de dire : C'est dangereux si on rend le code de bonne pratique
obligatoire. Il n'a pas pour but d'être obligatoire, donc il y a des ajustements à faire. On n'est pas
contre le principe, mais il y a des ajustements à faire. Puis vous le
voyez bien, avec un libellé très, très concret, les dérives que ça pourrait
comporter.
Oui, je ne sais pas si tu veux...
M. Viel
(Claude) : Oui. Là-dessus,
je voulais juste vous donner un exemple de ma propre entreprise. Moi,
j'ai un troupeau laitier qui est, oui, en stabulation libre, une petite salle
de traite, puis les animaux sont en liberté, entre parenthèses, dans les
bâtiments, ils ne sont pas attachés. Et j'ai l'autre gang. Ça, c'est les
animaux de boucherie. Eux autres, ils sont
365 jours par année en nature, dehors. Ils ont un bâtiment, ils ne l'utilisent
pas souvent, je vais vous dire. Ils
ont des brise-vent, ils ont de l'eau à volonté, puis ils ont de la bouffe à
volonté, puis ils ont de la litière, mais ils n'ont pas de toit sur la
tête.
De temps en
temps, il va passer un citoyen qui ne connaît pas trop ça. Il fait moins 40°,
puis il se dit : Ils n'ont pas l'air d'avoir chaud. Oui. Mais moi,
j'ai des contacts de temps en temps avec des vétérinaires qui nous disent... Et
les journalistes sont même appelés. Et
l'important, c'est... Le froid, les animaux, ce n'est pas un problème. C'est le
sec et le vent. Le vent les agresse beaucoup, le vent les agresse
beaucoup, mais, tant qu'ils ont de la bonne bouffe à volonté, écoutez... Puis c'est sûr qu'on s'entend, là, moi,
chez nous, les vaches, elles ne vêlent pas à moins 40°, là, parce que,
là, ça, ça peut être «rough» un peu sur le veau, là, mais on fait des vêlages
d'été. Mais je vous dirai que, des journées à plus
30°, les animaux semblent moins confortables, quand on les regarde, qu'à moins
30° parce que le froid... Écoutez, je vais
vous donner un exemple, moi. Vous ne comprendrez peut-être pas, mais on arrive
dans le parc, là, ils sont tous couchés. Là, tu mets de la bouffe dans la mangeoire, tu regardes, puis — moi, j'appelle ça «ils mâchent de la
gomme» — ils
sont en train de ruminer. Là, ils te
regardent en voulant dire : Nous autres, on est bien corrects. Ils ont ça
d'épais de neige sur le dos, puis ça
n'a pas l'air à les stresser, mais pas pantoute. Tu arrives, ils se lèvent bien
tranquillement, ils s'en viennent manger.
Écoutez, pour eux, c'est comme un animal semi-sauvage. Les animaux sauvages,
les chevreuils, les orignaux, ils n'ont
pas l'air à pâtir de ça, ils sont comme... Puis, nous, ils ont de la bouffe, en
plus, à volonté. Ça fait que ça change la donne. Alors, c'est important de... Tantôt, quand on parlait de l'oeil
de l'inspecteur, qu'un animal soit à l'extérieur, s'il est dans les
bonnes conditions, qu'il est bien gardé, ce n'est pas un problème.
C'est sûr qu'on a un autre groupe. On a les
groupes où, oui, là, on parle du veau, la conversion en parquet versus à des veaux attachés, que ce soit dans le
veau de lait ou dans le... Le veau de grain est pas mal plus en parquet,
mais le veau de lait est en transfert. Et
nous, juste un commentaire là-dessus, où on s'en va... les producteurs, ils
vont à la vitesse de leurs moyens. On
parle de 1 000 $ par veau pour convertir un bâtiment d'un parc
attaché, là, les veaux attachés, le veau de lait, à un parc sur lattes, libre. Et nous, on a à compétitionner
l'Europe. On a à compétitionner l'Europe, qui est le plus gros producteur de veau de lait mondial. Et je
vous dirais qu'eux ils ont eu des aides gouvernementales de 50 % à
60 % pour se convertir. Alors, nous,
avec tout ce qui se passe dans le veau dans ce temps-ci, on a à voir comment on
trouve une façon de financer nos
producteurs aussi minimalement pour ne pas mettre la production en péril. Ça,
c'est très important pour nous.
Alors, il faut peut-être s'assurer, puis là je ne sais pas comment... On sait
qu'on entend dire que les finances ne sont pas terribles, mais on a
peut-être, de temps en temps, à regarder comment on peut traiter le dossier
pour que ce soit minimalement correct pour nos producteurs. C'est important.
Alors, nous,
les faits saillants, là, on avait quelques faits saillants, que c'était...
L'important, c'est s'assurer que, quand
les inspecteurs vont venir à la ferme, ce n'est pas émotif mais que ce soit la
réalité et que les gens soient minimalement
formés. On en a parlé tantôt dans les autres groupes qui ont passé avant nous.
Les personnes qui vont venir inspecter, il faut qu'elles soient
compétentes, et c'est très important.
L'écoconditionnalité
ou la conditionnalité des programmes, moi, je ne voudrais pas que, parce que,
moi, chez nous, une vache se pète une
patte à matin puis que je ne l'ai pas abattue parce que j'espère lui sauver la
vie d'une autre façon que de
l'abattre, là... Je me dis : Moi, je me suis cassé un bras voilà un mois,
puis ils ne m'ont pas abattu. Ils m'ont traité, puis je m'en suis sorti. Je voudrais être capable de
faire pareil avec mes animaux, minimalement. Mais, si l'inspecteur
arrive, la vache a la patte cassée, est-ce que moi, je perds mes subventions
gouvernementales? C'est là où il faudrait avoir, à quelque part, une règle qui dit : Écoute, on ne mettra pas le monde
dans le chemin parce qu'il y a... Mais, en même temps, on comprend que, si le producteur, il maltraite
ses animaux régulièrement, la game est différente. Ça, c'est important.
• (16 h 40) •
Et on parlait d'accompagnement tantôt,
que ce soit dans le veau ou dans d'autres. Et c'est sûr que nous, on
n'est pas d'accord à ce qu'on dise : Il
y a 6 millions d'inspecteurs, là, puis eux autres, ils vont régler le
dossier, là. Quand je parle des 6 millions d'inspecteurs, c'est
tout le monde qui appelle, là. Je voudrais juste vous donner un exemple du ministère de l'Environnement, là. Moi, chez nous,
là, je respecte tout mon PAF, toutes mes affaires, là, puis, à tous les ans, l'inspecteur est chez nous parce que, quand
on étend de la marde, ça pue. Puis là, bien, il y en a un qui appelle,
puis là l'inspecteur vient voir si on l'a fait selon les règles. Puis là il
part, il m'a fait perdre une demi-journée, puis tout est conforme, mais j'ai perdu une demi-journée pareil,
tu sais. Ça fait que ça, c'est important que ce n'est pas tout le monde
qui appelle n'importe quand pour se plaindre de ce qui se passe chez nous,
parce qu'on ne s'en sortira pas, là. Moi, j'ai pas mal fait le tour, là.
Le Président (M.
Morin) : Oui, ça va, là. Oui, on a compris que vous avez fait
le tour.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Viel (Claude) : Je m'excuse. Des fois, c'est ma façon de vulgariser. Et,
habituellement, le monde comprend.
Le
Président (M. Morin) : Oui. Si je ne vous ai pas arrêté, c'est
parce que vous étiez très intéressant, mais je vous fais prendre de mauvais plis. En temps normal, une commission, on
vous aurait arrêté depuis au moins trois minutes. Donc, ne prenez pas ça
comme pour acquis, parce que cette commission-ci est tout à fait spéciale. Je
vous remercie. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. Je vais peut-être reprendre, là, où j'avais
commencé avec Les Producteurs de
lait. Dans le cas des Producteurs de lait, on avait un cas qui a été très
médiatisé, qui s'appelait Chilliwack. C'est en Colombie-Britannique, c'était loin de chez nous. Bien, moi, quand je
suis allé au ministère de l'Agriculture, j'ai eu un cas un petit peu plus proche de chez nous puis un petit
peu plus dans vos productions, connu sous le cas de Pont-Rouge. Quelles actions la fédération a prises
suite à cet événement?
M. Viel (Claude) :
Écoutez, je m'attendais bien à cette question-là. Je m'attendais que ça allait
être dans les premières aussi. Écoutez, là-dessus, je vais... La fédération, en
passant, on ne cautionne pas ça, là, comme fédération. Et je vous donnerai le même commentaire que M. Letendre a dit tantôt : Ça, ce n'est
pas du bien-être animal. En ce qui nous concerne, c'est vraiment
de la maltraitance.
Pour
le moment, je vais passer la parole à Jean-Philippe parce que c'est lui qui a
tout managé le dossier. Alors, il va vous expliquer qu'est-ce que la
fédération a fait dans ce dossier-là.
M. Deschênes-Gilbert (Jean-Philippe) : Bien, pour répondre à votre question,
premièrement, je pense que, dès le lendemain, on était au Téléjournal pour affirmer qu'on dénonçait
publiquement, là. D'aucune façon on ne cautionnait, là, un tel geste. C'est un cas isolé. On sait
même, je pense, que ça a terminé par des accusations criminelles, là.
Donc, d'aucune façon on n'a cautionné ça.
Je
vous dirais, il y a eu deux grandes actions entreprises.
La première, on a augmenté le nombre d'inspections. Donc, on a un employé, à la fédération, qui... On
a dû faire au moins le tiers des entreprises, là, depuis, où on s'est rendus sur place, on a constaté. Ce qu'on constate, c'est
qu'effectivement ça confirme que c'était un cas isolé, premier
élément. Et, deuxième élément, on a mis beaucoup
de pression sur le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage.
Vous savez, là, qu'ils ont des budgets
limités. Donc, on a fait beaucoup de pressions pour être sûrs que le veau de
boucherie — donc, ce qui comprend le veau de lait et le veau de grain — soit parmi les codes à réviser. Et le comité
a commencé ses travaux. Donc, on a réussi à mettre de la pression
là-dessus.
Donc, présentement,
on est là, je vous dirais. C'est sûr que les éleveurs nous disent : À
1 000 $ par veau, une ferme moyenne, un éleveur, là, familial moyen,
500 veaux — je
vous laisse faire le calcul, là — 500 fois 1 000, ça fait à peu près un demi-million, et il n'y a pas
de rémunération dans le marché pour ça actuellement. Les gens paient.
C'est déjà un produit de niche, le veau de
lait. Donc, il n'y a pas de rémunération supplémentaire. Donc, les gens la
trouvent difficile, mais ils sont engagés. Et, d'ici quelques années, là,
toutes les étables seront converties, là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous nous dites, dans votre mémoire, que «les
codes [de pratique] n'ont pas été rédigés
dans le but d'une application réglementaire». J'en conviens, mais on est peut-être
rendus là comme société. Si on regarde l'article 63.3°, là, dont le
libellé n'est pas finalisé, on a des discussions à peu près avec — franches
et ouvertes, là — tous les groupes qui viennent nous voir,
deux choses l'une : ou bien on va les rendre obligatoires ou bien
on va passer des règlements dits gouvernementaux, préparés par des
fonctionnaires. On priorise de les établir, les codes, avec l'ensemble des intervenants, avec un mode d'application, mais, avec
les codes que vous avez présentement, là, est-ce que vous seriez
capables de nous rédiger la liste des choses qui ne sont pas applicables à
court terme?
M. Viel (Claude) : Pas dret-là, là, mais, oui, il n'y a pas de problème, on pourrait
sûrement le faire. En même temps,
vous comprendrez qu'on a quand même des règlements. Nous, on a la possibilité,
comme fédération, de réglementer de par la Régie des marchés agricoles
et on le fait. Exemple, un veau de qualité, on peut amender, nous, nos propres règlements. Et je vous dirais que, si le producteur
ne respecte pas ces règlements-là, il n'est pas capable de mettre en
marché. Alors, habituellement, ça, ça va quand même assez bien, ça s'ajuste
assez vite, ce bout-là. Ça fait qu'on le travaille de cette façon-là, et, oui,
on pourrait en faire une bonne partie de par nos fédérations.
Les
guides, c'est plus des guides, justement : Ça devrait être à peu près
comme ça. Mais c'est sûr que la personne qui ne connaît pas ça puis qui applique le guide à la lettre... Il
faudrait vraiment prendre le temps de s'asseoir, et, quelques articles... Je ne vous dis pas que le guide est
complètement... on ne peut pas le réglementer au complet. Il faudrait
peut-être regarder les points qui sont un peu plus litigieux, où on pourrait
les amender. Et on est ouverts à les regarder. Ce n'est pas un problème, là.
Alors, si
vous nous dites : Est-ce qu'il y a des places où on pourrait ajuster, on va prendre note. Nathalie est
là, elle a compris la même chose que moi,
là. On va prendre les notes et on va vous faire parvenir les places où on pense
qu'il devrait y avoir de l'amélioration.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
revenez souvent sur le manque de précision de certains termes. Vous avez
utilisé l'exemple de «se mouvoir suffisamment», etc. Moi, quand on a rédigé la
première mouture du projet de loi, on s'est également
questionnés sur ces éléments-là. On a défini ce qu'étaient
les impératifs biologiques. Puis on dit que les impératifs biologiques
d'un animal, qui considèrent son bien-être, sont : «...ceux liés, notamment,
à l'espèce ou à la race de l'animal — ce
n'est pas la même affaire d'une espèce ou d'une race à l'autre — à
son âge — ce
n'est pas la même affaire, le petit
veau qui vient de venir au monde, que sa mère ou son père — à son stade de croissance, à sa taille, à
son niveau d'activité physique ou psychologique, à son état de santé, ainsi que
ceux liés à son degré d'adaptation au froid et à la chaleur...»
On s'est
inspirés de ce qui se fait ailleurs. On s'est dit : C'est le plus clair
qu'on peut être sur le plan législatif. Moi, je ne le sais pas. Et on
n'a pas inventé, là. On est allés chercher des définitions dans d'autres
juridictions avec qui vous êtes en compétition.
M. Viel
(Claude) : O.K. Écoutez,
nous, là-dessus, si c'est des professionnels qui ont une formation correcte
qui font les inspections, on va vivre avec
ça parce qu'ils vont comprendre la même affaire que nous autres. C'est
toujours l'inspecteur. Vous savez, on le
sait, dans certains dossiers, là, ils ont très peu de jugement. Ils regardent
ce qui est écrit, puis, si c'est écrit blanc, c'est blanc, si c'est
écrit noir, c'est noir, puis ils ne voient pas gris.
Mais je vais
vous donner aussi l'exemple de l'autoroute. Moi, je monte sur l'autoroute à
toutes les semaines, puis les
polices, elles ont un certain jugement, elles nous laissent un peu de corde,
mais il y en a que c'est... Tu sais, si moi, j'ai le droit d'épandre du
fumier puis que je l'ai mis à trois pouces trop proche de mon trou de drille,
je suis à l'amende. Trois pouces sur
100 pieds, tu sais, ça peut arriver, là. Tu sais, il y a-tu une marge de
manoeuvre? C'est juste ça qu'on veut :
un peu de flexibilité ou d'ajustement. Tu sais, on ne voudrait pas que ce soit,
là... Puis on sent que, dans certains cas...
Puis surtout l'émotion. Les gens qui sont
inspecteurs, tu sais, ils pensent qu'un bovin de boucherie, là, qui pèse 1 400 livres, puis ils le comparent à
des chihuahuas... Ce n'est pas la même affaire. Ce n'est pas la même
affaire. Tu sais, un petit chien qui n'a pas
de poil sur le dos, puis on l'envoie à moins 30° dehors, c'est sûr qu'il ne
peut pas toffer longtemps, mais le bovin est fait pour ça. Tu sais, il
est...
Puis j'arrive de l'Ouest, on était dans l'Ouest
la semaine dernière. Je regarde les bovins là-bas. Ils ont des 30 000, 40 000 têtes en inventaire puis,
eux autres, ils n'ont pas de bâtiment, vous comprendrez qu'ils n'ont pas de
bâtiment. Les animaux, ils sont corrects,
là. Tu sais, ils sont corrects. Mais ça, c'est sûr qu'il y a une autre personne
qui va arriver là puis elle va
dire : Ça n'a pas de bon sens! Ça, ça dépend du monde, là, tu sais. C'est
des animaux d'élevage. Oui, ça, ça ne veut pas dire de les maltraiter,
au contraire. La litière est importante — je reviens là-dessus — l'eau,
l'eau, c'est extrêmement important, surtout dans les chaleurs extrêmes mais
même en hiver. Les animaux, là, quand tu dis : Les producteurs, ils ont de la neige en masse... Non, ce n'est pas vrai.
C'est impossible. La neige n'est pas suffisante pour abreuver un animal.
Ça, c'est clair. Il va passer ses journées à en manger puis, en plus, il va se
frigorifier, là. C'est impossible.
Ça fait que, non, nous, on n'a pas de problème
à...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Quel
est votre rapport, au moment où on se parle ou généralement parlant,
avec les vétérinaires qui vous visitent?
M. Viel (Claude) : En général, on
n'a pas de problème. On n'a pas de problème. Je ne sais pas, Nathalie, toi, si tu as des commentaires négatifs envers... Mais
la majorité des vétérinaires qui sont dans les grands animaux, je vous dirais qu'avec l'expérience qu'ils ont ils
savent... Et eux nous le disent, là, tu sais. Et moi, c'est là-dessus que je me
réfère beaucoup. Si je fais venir mon vétérinaire pour un animal qui est blessé
puis qu'il me dit : On n'a pas le choix, il faut l'euthanasier, on va l'euthanasier, ça, c'est clair, mais, s'il me
dit : On va être capables de le réchapper, bien, on va tout faire,
tu sais. Ça, c'est le vétérinaire qui est l'arbitre là-dessus.
Je ne sais pas, Nathalie, si tu as des...
Le Président (M. Morin) : Mme
Nathalie.
Mme Côté (Nathalie) : Oui. Bien,
c'est ça. Parfait, merci. En fait, peut-être, le seul élément un peu plus difficile, c'est qu'il y a certaines régions
qui sont moins bien desservies en services vétérinaires. Alors, ça, c'est
peut-être la difficulté que les producteurs nous rapportent le plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Mais le reste, le rapport vétérinaire-producteur, dans vos types de production,
est...
M. Viel (Claude) : Bien, c'est sûr que le veau d'embouche n'est pas
une production qui appelle le vétérinaire à toutes les semaines. La
production laitière est beaucoup plus suivie. La production de veau d'embouche,
à part un problème de vêlage, les tests de gestation,
les vaccins, trois, quatre fois par année habituellement, s'il n'y a
pas de problème, c'est fait. Le bouvillon d'abattage, c'est à peu près
la même affaire.
Le
veau est plus suivi par les compagnies. Elles ont des vétérinaires attitrés qui
suivent le veau parce que
c'est une production un peu plus intensive.
C'est un peu comme le porc, c'est le même principe, mais, en général, c'est...
Mais, oui, comme Nathalie dit, c'est sûr, si
tu es dans le fond de l'Abitibi
ou de la Gaspésie, c'est un peu plus difficile d'avoir un vétérinaire
rapidement.
• (16 h 50) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je vais reprendre vos propos rapidement sur les
6 millions d'inspecteurs, là. Je veux en ajouter 2 millions.
C'est 8 millions.
M. Viel
(Claude) : Je pensais que les bébés, ils n'étaient pas commencés à en
faire, eux autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ils peuvent crier pareil. La ligne
1 844 animaux a été bien utile depuis le début. On a eu en moyenne plus de 500 appels par
mois. On n'en a pas eu beaucoup dans ce qu'on appelle les grands animaux
puis les animaux d'élevage. C'est ce que je
veux vous dire, là. Ça fait que c'est une ligne qui a été très utile, mais les
abus que vous semblez anticiper, en tout
cas, ne se sont pas manifestés au moment où on se parle. À moins que vous ayez
des expériences de terrain pour me contredire, là.
Les autres éléments,
moi, ça va. Je sais qu'il y a un député, probablement, qui brûle d'envie de
vous adresser quelques questions.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Dubuc, je vais vous faire passer en
premier.
M.
Simard : Merci, M. le Président. J'ai deux questions, M. le Président.
D'abord, bonjour, M. Viel, M. Gilbert et Mme Côté. Merci de votre
présence.
Tantôt, je vous entendais, vous disiez : Bon,
il ne faudra pas trop changer, on ne veut pas avoir deux réglementations,
puis c'est compliqué pour nous autres. Vous
connaissez très bien la réglementation fédérale, vous avez lu le projet de
loi. Est-ce que, d'après vous, il y a des choses qui sont vraiment haïssables
là-dedans, qui font la démonstration qu'il va y avoir deux façons de voir?
M. Viel (Claude) :
Nathalie, toi, tu l'as lu plus que moi, plus souvent, là.
Le Président (M.
Morin) : Mme Nathalie
Mme
Côté (Nathalie) : Bien, en fait, la principale chose qu'on vous dit,
c'est qu'il y a déjà une réglementation fédérale. Puis ce que je lis dans l'article, que je ne me rappelle plus
du numéro, c'est que c'est essentiellement exactement les mêmes mots que
vous reprenez, à part le mot «fatigue», qui n'est pas dans la réglementation
fédérale mais qui se retrouve dans la
Politique sur les animaux fragilisés. Alors, c'est un peu ça qu'on vous dit,
là. Puis il y a déjà, en plus, des ententes
entre l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui est chargée de
l'application du règlement fédéral sur le transport, et les agents
provinciaux. Entre autres, je vous donne l'exemple, les vétérinaires aux
abattoirs vont faire l'application du
règlement sur le transport. Alors, la question : Est-ce que vous pensez
déjà, vous, remettre les mêmes choses ou si plus de collaboration ne
serait pas plus simple, finalement?
Le Président (M.
Morin) : Ça va?
M.
Simard : Oui, M. le Président. Maintenant, ma deuxième question. M.
Viel, tout à l'heure, vous disiez que vous
aimez ça, les affaires claires, mais sauf que vous voulez que les inspecteurs
qui vont à la ferme aient, je vous dirais, des marges de manoeuvre pour être en mesure... Bon, c'est parce que,
souvent, il y a des critiques à l'effet que les gens aiment ça, des affaires claires. Ils viennent ici
puis : Ah! ce n'est pas clair puis ça laisse place à l'arbitraire. Puis là
vous autres, vous voulez avoir de
l'arbitraire, c'est-à-dire que ça ne soit pas clair pour être en mesure de
donner des marges de manoeuvre. J'aimerais que vous me démêliez
là-dessus, là.
M. Viel (Claude) : Oui. Non, écoutez, ce n'est pas ça que je veux dire, mais je pense que
ce que je veux dire, c'est que
l'inspecteur arrive chez vous une journée x et, pour des raisons... Bon, juste
un problème à la ferme, il est empêché, un matin, de mettre la litière aux animaux pour des raisons de... Le
tracteur est cassé, là, puis là tu es en train de faire de la mécanique,
puis là il arrive. Bon, ils n'ont pas de litière. Bang! Bien là, écoute, le
tracteur est cassé. Je vais leur en mettre demain, là, mais là, aujourd'hui,
ils n'en ont pas, là. C'est juste ça, là. C'est clair que ça en prend, de la
litière, mais on peut-u avoir une marge de
manoeuvre? Je peux-tu la mettre à midi si je ne l'ai pas mise à matin? Tu sais,
c'est juste ça, là. Avoir un peu de
flexibilité de l'inspecteur, pas que les lois soient toutes croches, de
compréhension, c'est juste ça.
M. Simard :
Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Saint-Maurice vous attendait et
espérait que vous ne parliez pas trop longtemps.
M.
Giguère : Ah! non, je n'avais pas... Un, je voudrais commencer par
déclarer que je suis producteur vaches, veaux et semi-finition. Donc,
c'est important de le dire avant de commencer.
M. Viel,
tantôt, vous avez dit : J'ai pas mal fait le tour du pâté, c'est à peu
près ça. Moi, je veux revenir un petit peu
sur les 8 millions d'inspecteurs. Donc, c'est parce qu'aujourd'hui la
loi... Je comprends mon ministre puis je l'appuie aussi. Je l'aime
beaucoup, quand même, mais, des fois, il faut lui dire qu'est-ce qui se passe
sur le terrain. Donc, les 8 millions d'inspecteurs, là. Quand la loi va
s'appliquer, ça va être dans les médias. C'est là qu'on risque de voir, là, beaucoup de téléphones. C'est là que je pense que
c'est important qu'est-ce que vous avez amené, que les inspecteurs
soient formés à la réalité du terrain.
Vous avez
parlé tantôt du bien-être animal, là, à moins 40° puis à plus 30°. À moins 40°,
chez moi, les vaches sont dehors, puis elles ont accès à l'étable, au
bâtiment, puis elles sont dehors le soir. Donc, les citoyens ont de la misère à
comprendre ça. Puis à plus 30°, une
vache qui vêle à plus 30°, souvent, c'est risqué, c'est très risqué de
perdre le veau. Il va être déshydraté, il ne va pas boire. Donc, dans
l'heure suivante, il y a de la maladie. Donc, le citoyen pense que c'est bien beau, une vache qui vêle au pâturage à plus
30°, mais, en tant que producteurs, on sait que nos pertes sont plus
élevées. Donc, c'est sur ça que j'aimerais que vous nous parliez un petit peu,
là, sur nos 8 millions, là, d'inspecteurs.
M. Viel (Claude) : Bien, je présume
que les 8 millions d'inspecteurs, que M. Paradis nous disait qu'il y avait
500 appels, à peu près, par mois, je
présume qu'ils ne doivent pas envoyer quelqu'un à tous les 500, parce qu'ils
vont être obligés d'engager du
personnel à un moment donné aussi, là. Mais ce que je veux dire, c'est qu'à un moment donné le producteur, lui, qui, à tout bout de champ, ne se
fait pas harceler, mais... Tu sais, à
un moment donné tu fais ta job, je pense... Puis il ne faut jamais oublier
une affaire, puis ça, je ne l'ai pas dit d'entrée de jeu, là, mais les bovins,
là, c'est notre revenu. Moi, je suis payé au
kilo fait puis je suis payé au litre de lait qui sort. Dès que j'ai un animal
qui boite, elle drope en lait, elle
n'en fait plus, de lait. Là, il faut que je la traite parce qu'elle ne fera
plus de lait puis elle n'est pas payante pantoute.
Puis le bovin
de boucherie, c'est la même affaire, là. Quand il est en mauvaise condition, il
ne fait pas de gain, puis tu ne fais
pas d'argent. Ça fait que, écoutez, on n'a pas d'option bien, bien, nous
autres, que de s'assurer qu'ils sont dans des bonnes conditions. Le plus
payant, j'ai bien beau mettre ça d'épais de bouffe dans la mangeoire, de
première qualité, s'il ne se rend pas, il ne
fera pas de gain. Alors, c'est important pour nous que l'animal soit en bonne condition et
qu'il ait de la bonne litière.
Alors, c'est
clair que je ne suis pas sur les nerfs, moi, qu'ils arrivent chez nous. Non,
c'est le temps. Tu sais, si j'ai un
voisin qui ne m'aime pas, là, il peut appeler à tous les mois, lui, là, là. Et
c'est ça qu'à un moment donné tu te dis : Ça peut-u arrêter, ça? Tu
sais, c'est juste ça, là.
M. Giguère : Je vous comprends, je
demeure à deux kilomètres d'une ville de 50 000 habitants.
M. Viel (Claude) : ...ils n'ont pas
tous voté pour vous.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Giguère : Mais je peux vous
dire, M. Vien, ça faisait 20 ans qu'on n'avait pas de libéral là, puis je suis
là. Donc, les meilleurs ont voté pour moi.
Moi, je veux en venir aussi à la formation que
vous avez faite dans 14 régions, la mutation des animaux de boucherie, donc l'éducation aux producteurs,
comment que c'est important parce que le producteur, il aime ses
animaux, mais, des fois, il n'a pas tout à fait la bonne méthode. Puis il y a
des outils qui ne coûtent pas cher, des manières de fonctionner. Exemple : comprendre que les animaux de boucherie, là,
naturellement, ils vont virer à gauche. Ils sont plus habitués de virer à gauche qu'à droite. C'est beaucoup
plus facile. Donc, ça, j'aimerais ça vous entendre parler de ça parce
que c'est important.
Le Président (M. Morin) :
Très brièvement, très brièvement.
M.
Deschênes-Gilbert (Jean-Philippe) : Très brièvement, juste pour vous dire, il y a trois types de
formation, là. Il s'est fait de la formation
sur le transport des animaux, sur également le cas des bonnes pratiques, mais, je tiens
juste à préciser, on est même rendus à faire
de la formation dans les encans. On sait qu'il y a beaucoup
de manipulation dans les encans. Donc — je pense que c'était même
aujourd'hui — il
y a, pas très loin d'ici, à Saint-Isidore, l'encan sur la Rive-Sud, tous les employés de l'encan qui vont
être formés. Donc, il y a une formation, un spécialiste en bien-être
pour, exactement comme vous le disiez, tourner à gauche, tourner à droite, des
éléments comme ça, d'être plus calme que l'animal.
Donc, la formation, je tenais juste à le spécifier, elle va même
plus loin, elle va même jusqu'aux abattoirs aussi. On sait qu'il y a des abattoirs qui ont des formations
à leurs employés. Donc, c'est important à la ferme, mais c'est important aussi
dans l'ensemble de la filière, là.
Le Président (M. Morin) : Merci
beaucoup. M. le député de Berthier.
M. Villeneuve : Merci, M. le
Président. Bonjour, madame. Bonjour, messieurs.
Vous
faites allusion — est-ce
que c'est paginé? oui — à
la page 17, là, de votre mémoire, aux articles de loi 55 et 56 du chapitre IV : «Un inspecteur ou un
enquêteur ne peut être poursuivi en justice pour les actes qu'il accomplit
de bonne foi dans l'exercice de ses
fonctions.» On parle d'immunité. Tantôt, je mettais au jeu le fait que...
Est-ce qu'on ne peut
pas penser mettre dans le projet de
loi l'immunité, oui, d'accord, mais,
comme je dis, sauf pour faute grave? Donc, ça ferait en sorte que les
gens se diraient : Bien, un instant, là! Effectivement, il y a des limites
que je ne peux pas dépasser. Donc, s'il y a
des protocoles en biosécurité, je dois m'assurer de les respecter. Vous
soulevez aussi le fait de la force raisonnable, etc. Est-ce que ça vous
réconforterait, un tel article ajouté?
• (17 heures) •
M. Viel (Claude) : C'est sûr que c'est mieux que rien, mais c'est sûr que... Moi, je reste
toujours surpris qu'un inspecteur peut rentrer chez nous pareil comme dans un moulin. Puis lui,
il a le droit de tout faire, puis la police, elle a besoin d'un mandat pour entrer dans la maison, là.
Tu sais, jusqu'à quel point que... Parce que, tu sais, nos producteurs,
nos producteurs, si on prend juste le
bouvillon d'abattage, ils ont un protocole à respecter. Tout le monde doit signer avant de rentrer à la ferme justement pour la biosécurité.
Ils ont 1 500, 2 000 têtes dans un parc. Et aujourd'hui vous savez combien
ils valent, les bovins, là. À 3 000 $ la tête, ça fait beaucoup
d'argent.
Alors,
nous, ce qu'on veut, c'est s'assurer que les personnes qui viennent,
minimalement, elles appellent avant et elles
viennent avec le producteur. Et il y a une entente, là, de quand on y va. Je
comprends qu'ils ne peuvent pas appeler trois semaines d'avance,
dire : On va y aller, parce que, là, ça va être clean mais qu'ils
arrivent, là. Ça, on comprend ça, là. Mais, en même temps, il peut-u au moins
aviser un petit peu d'avance? Il vient, on s'entend, on fait la visite
correctement. Je pense que c'est ces choses-là que nous, on veut s'assurer.
J'ai bien de la misère avec le fait qu'ils peuvent
rentrer chez nous, même si je ne suis pas là. Puis c'est arrivé, même, là, mon
inspecteur de laiterie, là. Puis il a été chanceux que je ne sois pas là parce que quelqu'un qui rentre chez nous,
dans mes bâtiments, sans qu'il n'y ait personne... Il peut y avoir un doberman de couché l'autre bord de
la porte, là. Il va faire un saut, là. Puis, s'il arrive une badluck chez
nous, là, je peux-tu être poursuivi, moi, parce qu'il s'est planté dans ma
propre business? Mes assurances me couvrent-u?
Ça
fait que, là, c'est juste ça. C'est important de s'assurer que les personnes
qui viennent chez nous... Écoutez, là, moi, si j'arrive chez vous, je
rentre dans la maison, ça peut arriver que, si je ne m'ai pas invité... Tu
sais, c'est...
M. Villeneuve :
Avez-vous un...
Le
Président (M. Morin) : Excusez, M. le député de Berthier, je
dois suspendre quelques instants. On a un devoir de législation. Alors,
on va aller voter. Je suspends quelques instants. Attendez-nous, on revient.
(Suspension de la séance à 17 h 1)
(Reprise à 17 h 18)
Le Président (M.
Morin) : Nous reprenons nos travaux. M. le député de Berthier,
c'était vous qui étiez...
M.
Villeneuve : Oui. Merci, M. le Président. Dans un autre ordre d'idées mais qui va un peu
dans le sens de la première question, à l'article 15, chapitre II :
«Toute personne qui a des motifs raisonnables de croire que le bien-être ou la sécurité d'un animal est ou a été compromis
ne peut être poursuivie en justice pour avoir, de bonne foi — et
là je mets l'accent sur "de bonne foi", là — signalé
une telle situation.»
Vous
dites que vous considérez que cette immunité a un sens trop large et qu'elle
n'offre aucune protection légale au producteur en cas d'abus, mais, déjà
là, si... En fait, la question que je pense qu'il faut se poser sur cet
article-là, c'est que, si la mauvaise foi est démontrée...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Il n'y a plus d'immunité.
M.
Villeneuve : ...il n'y a plus d'immunité, probablement. Le
ministre vient de le dire, là, il n'y a plus d'immunité. Donc, il y a
quand même un contrepoids, là, qui va faire en sorte que, les gens, évidemment,
ils vont devoir, avant de porter une
plainte, s'assurer que cette plainte-là, elle est de bonne foi et elle n'est
pas... Parce que, tantôt, vous disiez : Si mon voisin ne m'aime pas? Bien là, en principe, s'il porte plainte parce
qu'il ne vous aime pas, il n'est pas de bonne foi.
Est-ce
qu'une explication ou... Je ne sais pas, peut-être que le ministre... moi, je
suis prêt à lui donner du temps s'il veut,
mais, si, la personne, c'est démontré qu'elle est de mauvaise foi, est-ce que
la personne qui porte plainte... puis c'est démontré. Ça va en cour, le
juge dit : Écoutez, c'est de mauvaise foi, la plainte. Est-ce qu'il y a
une conséquence pour le plaignant ou la plaignante?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : ...me réfugier derrière la réponse qu'a donnée
Me Trudeau tantôt. Il y a des articles au Code civil qui prévoient
que tu ne peux pas faire ça impunément. Donc, c'est un recours civil.
• (17 h 20) •
M.
Villeneuve : Oui.
Mais on va quand même creuser ça, hein, pour être sûrs que... Et puis
ça serait bien aussi que les gens le
sachent, qu'ils ne peuvent pas non plus impunément porter des plaintes pour le
plaisir d'en porter, là, parce qu'il peut y avoir des conséquences. Mais
on va quand même le creuser pour être certains que... Puis c'est pour tout le monde, là, autant pour la personne qui subit
que la personne qui pose le geste. C'est important de le savoir. Je
pense que l'information va être la clé aussi
de la mise en application du projet de loi si, tel quel, il est... tel quel,
probablement pas, mais s'il est adopté. De
circuler cette information-là de nouvelles pratiques, je pense que ce serait
une chose importante.
Autre question plus terre à terre, l'article 11.
Vous trouvez que l'expression «rassemblement d'animaux» ne couvre pas tous les
cas de figure. Avez-vous une suggestion à nous faire?
Une voix :
Rassemblement d'animaux?
M. Villeneuve : Oui.
Le Président (M. Morin) : Mme
Nathalie.
Mme Côté (Nathalie) : Oui, Nathalie
Côté. Ce qu'on vous dit, c'est que c'est inscrit : «...un centre de rassemblement d'animaux...» Alors, je voulais
juste vous exprimer qu'une étable où il
y a 200 veaux, c'est un endroit
où il y a un rassemblement d'animaux. Ça fait qu'on voulait juste s'assurer que
ce n'étaient pas des fermes, là. C'est un exemple très concret.
M. Villeneuve : Oui, effectivement,
tout à fait. Je comprends que ça peut porter...
Bien, écoutez, moi, je n'ai pas d'autre
question, si ce n'est de revenir sur les enquêteurs, inspecteurs, là. Peut-être vous pouvez vous exprimer là-dessus. Vous
semblez trouver qu'il y en a suffisamment, vous, là, là. Mais non, parce
que, tantôt, à la blague...
M. Viel (Claude) : Je n'ai pas
peur...
M. Villeneuve : Je dis ça à
la blague, mais c'est important que ces inspecteurs-là, qui seront nommés par
le ministre, finalement, aient une formation,
parce que, sinon, on pourrait se retrouver sur le territoire
avec des applications d'une région à l'autre, d'un inspecteur à l'autre,
différentes. Puis il y a un risque. Il est grand, même, le risque de se
retrouver dans une telle situation. On l'entend souvent en environnement,
hein : On sait bien, la MRC d'à côté, eux autres, ils peuvent, nous autres, on ne peut pas. Donc, il y aura
là, au niveau des inspecteurs, de un, le nombre
suffisant pour être capable que la loi puisse être appliquée et, de deux,
qu'elle soit appliquée de façon la plus uniforme possible.
Donc, il y aura
une jurisprudence qui va se bâtir avec le temps. Ça devient empirique, tout ça,
là. Alors, les mois, les années vont
faire en sorte qu'il va sûrement se développer un code de bonne pratique pour les
inspecteurs pour s'assurer de l'uniformité. En tout cas, c'est ce qu'on
souhaite. On souhaite que le gouvernement dépose éventuellement un plan, justement,
qui va nous expliquer comment tout ça va se déployer sur le territoire. Merci,
madame, merci, messieurs.
Le Président (M. Morin) : Merci,
M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) : Il
y a votre collègue aussi qui m'a demandé la parole tantôt.
Mme D'Amours : Après.
Le Président (M. Morin) : Oui,
ça va.
Mme D'Amours : Merci. Bonjour,
messieurs, bonjour, madame. Tout à l'heure, vous avez parlé du code de pratique puis que vous feriez peut-être
des recommandations, là, au ministre ou, à tout le moins, à la commission. Mais comment
aimeriez-vous travailler? Parce que chaque industrie, au niveau de l'agriculture, a son code de bonne pratique, ses façons de faire, ses connaissances. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, là, au lieu
de donner juste des recommandations — je me pose moi-même la question — d'avoir
une table de concertation, un «focus group» qui pourrait faire en sorte que vous, les experts dans
votre domaine, ainsi que des gens qui sont experts dans le domaine des lois,
dans le domaine du bien-être animal, on puisse s'entendre et puis que ce
code de pratique là soit instauré, de un? C'est ma première question.
Ma deuxième question.
Vous avez subi, à l'été 2012, là, un choc au niveau du boeuf au Québec.
Est-ce vous pensez que l'industrie a les reins assez solides pour se
mettre dans un code de bonne pratique rapidement? Est-ce que les producteurs
agricoles ont la latitude d'investir ou est-ce que ça va prendre un certain
temps?
M. Viel
(Claude) : Bon, si vous parlez
de 2012, je présume que vous parlez d'une certaine fermeture d'entreprise.
Écoutez, en ce qui concerne les investissements, il y
a quelques productions qui ont
très peu d'investissement à faire. Ça, je pense qu'on peut se le dire.
Toute la production veaux d'embouche et bouvillons d'abattage, à part quelques
producteurs, je pense qu'ils sont quand même aujourd'hui déjà conformes à la très grande majorité.
Si on parle de la production laitière, je pense que, tantôt, le groupe
avant nous a quand même exprimé sa façon. Je pense que ça va assez bien.
Nous, où on a
un petit peu plus d'investissement à faire très rapidement, c'est dans le
veau. Dans le veau, on en a un peu plus. Et je vous dirai que, non,
demain matin, nos producteurs n'ont pas... Oui, l'industrie, là, si on parle
des intégrateurs, eux vont faire un bout, là. On en a qui sont déjà en
opération. Mais nous, comme fédération, on a aussi à s'assurer que nos petits
producteurs, ceux qui soignent les animaux à la ferme, ont les capacités.
Moi, on a
fait une tournée des trois régions cet été où on a parlé à autour de 80
producteurs dans le veau de lait, là. Et
je vous dirai qu'ils sont très nerveux du fait que... On vous l'a dit, là, 500
veaux, c'est 500 000 $ d'investissement. Ils ne sont
pas capables de le faire, et le marché ne rémunère pas de prime en surplus.
Qu'ils se conforment ou non, le prix du veau va être le même. Alors,
vous comprendrez qu'il y aurait probablement place à... Je ne sais pas comment
on peut trouver une façon d'aider...
quelconque, là, ces producteurs-là, parce que nos producteurs ont quand même
besoin d'un environnement
d'affaires à long terme. Tu sais, si on leur dit à tout bout de champ : On
change les lois puis on change les règlements, puis qu'eux n'ont pas le temps...
L'agriculture, ça ne se vire pas de bord sur un dix cents, et c'est important
qu'on ait un environnement d'affaires à long
terme et des programmes structurants à long terme. C'est ça qui est
important parce que vous comprendrez que
dans le veau de lait, demain matin, tu vas à la banque pour emprunter
500 000 $... Pas sûr! Pas
sûr! Avec les conditions actuelles, avec tout ce qui s'est passé en 2015, 2014,
ce n'est pas facile. On va réussir à passer au travers, je l'espère.
Combien on va
perdre de joueurs? Je ne le sais pas, mais, nous, ce qu'on veut, c'est de
garder nos producteurs. Et, non, à court terme, pas pour toutes les
productions. Jean-Philippe.
M. Deschênes-Gilbert (Jean-Philippe) :
Et, rapidement, sur votre idée d'une table de concertation, on est très
preneurs de ça parce qu'on avait sollicité, nous, dès le départ que le projet — puis
il y a une CAPERN justement pour ça — puisse
s'écrire, j'appellerais, en collégialité et où on puisse être consultés. Donc,
nous, on est preneurs de ça, exactement comme, de toute façon, au national. Tous les
codes de bonne pratique sont rédigés avec différentes expertises, différents regroupements de la société civile, et autres. Donc, nous, oui, on
est preneurs de ça et on a des choses à dire. Donc, on est preneurs.
Mme
D'Amours : On a parlé, là, depuis le début de la commission... bon,
qui serait en mesure d'aller visiter les fermes ou, à tout le moins, là, où est-ce qu'il y a des animaux. Là, on
a parlé d'agronomes, on a parlé de vétérinaires, on a parlé
d'inspecteurs. Pour vous, ça signifie quoi, ces trois... Est-ce qu'il y en a un
que vous privilégiez?
M. Viel
(Claude) : D'entrée de jeu,
le vétérinaire, dans son propre code d'éthique, il est obligé de dénoncer
s'il arrive sur une entreprise puis qu'elle
n'est pas conforme au bien-être animal. En partant, lui, il est déjà formé. Et
je vous dirai qu'à part quelques
productions les vétérinaires font pas mal le tour de toutes les entreprises
agricoles bovines au Québec. Alors,
déjà là, on a un bon bout d'ouvrage de fait. À cette heure, les gens du MAPAQ,
de temps en temps, ont aussi... Puis le citoyen normal, je suis
entièrement d'accord, moi, que tu voies qu'un producteur est en train, entre
parenthèses, de bûcher sur un animal, bien là tu appelles direct. Puis ça, je
n'ai pas de problème avec ça parce que ça, c'est vraiment de la cruauté. À
cette heure, qui est capable de juger du bien-être animal? Je pense que ça
prend des gens un peu plus professionnels.
Si tu es en
train de battre un animal, ça, n'importe qui est capable de voir ça, n'importe
qui. Quand tu arrives dans un
bien-être animal, je pense que ça prend une coche au-dessus, qu'il y ait des
gens plus professionnels qui vont arriver sur l'entreprise, qui vont
regarder ça puis ils vont dire : O.K., ce n'est pas parfait. On va faire
ça, là, puis là tu vas être correct. O.K.
Là, le producteur, s'il ne veut pas le faire puis qu'il s'entête, bien là on
intentera les moyens qu'il faut. Ça, nous, on est à cet endroit-là en ce
qui concerne de s'assurer que le bien-être est bien respecté.
Le Président (M. Morin) : Mme
la députée...
Une voix :...
Le
Président (M. Morin) :
Oui. J'étais pour vous dire : Si vous voulez... Allez-y, Mme la députée de
Saint-Hyacinthe, vous avez une minute.
Mme Soucy : Merci. En fait, j'ai
décelé dans vos propos, là, que vous voulez que le ministre s'assure que les gens qui vont être embauchés pour aller faire
l'inspection, pour aller chez vous, ce n'est pas la première fois qu'ils
mettent les pieds dans une étable puis
également qu'ils ne fassent pas non plus de l'esprit de zèle, qu'ils s'arrêtent
à la première ligne pour ne pas causer préjudice.
J'aimerais
que vous me parliez... Parce que je sais que, chez les producteurs de lait,
s'ils ont à leur dossier des mauvaises
pratiques, ça a une incidence sur La Financière agricole. Est-ce que vous, dans
le bovin, il y a cette possibilité, bien, en fait, ce danger-là que vous
soyez pénalisés avec soit un programme ou une subvention quelconque?
Le Président (M. Morin) : M.
Viel, soyez concis dans votre réponse.
M. Viel
(Claude) : C'est sûr que,
si... Oui. Si le règlement dit : Dès que tu es accusé ou que tu es
hors-la-loi en ce qui concerne le bien-être animal, tu perds tes
programmes, oui, ça a un impact. Mais je vous dirais que ce qui a le plus
d'impact...
Mme Soucy : Dans le bovin, oui.
M. Viel
(Claude) : Dans le bovin,
oui, on a de la sécurité du revenu et des aides de remboursement de taxes,
là, mais le plus grand impact, je vous dirai
que c'est l'acheteur parce que, quand tu fais du bovin — les bovins valent, dans le bouvillon
d'abattage, 3 000 $ — et que, parce que, toi, comme producteur,
tu es accusé de maltraitance envers les animaux,
il n'y a pas un abattoir qui va les prendre... Et ça, là, à 3 000 $
la tête, tu t'organises pour être conforme assez vite parce que, c'est important, c'est le revenu direct
du producteur. Et l'acheteur, le McDonald's, le Costco, mettez-les tous,
là, ils sont de plus en plus pointus là-dessus.
• (17 h 30) •
Le
Président (M. Morin) : Allez.
Mme
Soucy : Selon vous, vous dites : Bien, l'inspecteur devrait avertir
avant de rentrer chez nous, comme, bien, le ministère de la Santé avertit l'hôpital avant d'y aller, comme la DPJ va
avoir, même, un mandat, hein, d'un juge. Vous, vous dites : Bien,
il faudrait peut-être qu'ils nous avertissent. De quelle façon vous voyez ça?
M. Viel (Claude) : Bien, minimalement, prendre rendez-vous. Ça, c'est la première étape.
Si on est capable de prendre rendez-vous, après ça, on pourra se parler,
là, mais, je pense, minimalement prendre rendez-vous.
Mme Soucy :
Il serait le bienvenu de cette façon-là, plus qu'arriver chez vous comme ça.
M. Viel
(Claude) : Bien, tu arrives comme un cheveu sur la soupe...
Mme Soucy :
C'est la première fois que je l'entends, là, dans les revendications.
M. Viel
(Claude) : Ah oui?
Mme Soucy :
Alors, on en prend bonne note.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme la députée de
Saint-Hyacinthe. M. Viel, M. Jean-Philippe Deschênes-Gilbert, Mme Côté,
merci beaucoup. M. Viel, on a apprécié votre franc-parler. Donc, ça a été très
intéressant. Merci beaucoup! Bon retour au Bic, cette belle région du...
Une voix :
...
Le Président (M.
Morin) : En tout cas, je suspends quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 31)
(Reprise à 17 h 32)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux. Et, avant de
débuter, j'aimerais encore une fois avoir votre consentement pour qu'on
puisse continuer après l'heure prévue.
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Morin) : Consentement, M. le député de Saint-Maurice? Oui. Bon,
merci.
Nous
recevons l'Union paysanne en la personne de M. Maxime Laplante, vice-président.
Donc, bienvenue chez vous, à votre maison. Et je vous laisse la parole
pour 10 minutes. Allez-y.
Union paysanne (UP)
M. Laplante (Maxime) :
Merci beaucoup. Je voudrais d'abord préciser qu'il n'y a aucun animal qui a été
maltraité dans la rédaction du mémoire qu'on
vous présente aujourd'hui. Il y a peut-être quelques humains qui ont
manqué un peu de sommeil, mais c'est tout.
D'abord,
d'entrée de jeu, bon, l'Union paysanne, jusqu'ici, la mission même, là, elle
préconise une agriculture axée, d'une
part, sur la souveraineté alimentaire pour nourrir notre population en qualité
et en quantité, mais également dans le respect
de la nature, des sols, de l'environnement, des animaux et des communautés,
etc., l'occupation du territoire. Donc, c'est déjà au coeur de la
mission de l'Union paysanne que de se préoccuper de ce genre de trucs.
Et,
depuis le début, c'est environ 5 000 agriculteurs et 4 000 citoyens
qui ont été membres, à un moment ou à un autre, de l'organisation. Ça fait que ce qu'on vous amène ici, c'est un
peu la réflexion de gens qui sont autant en agriculture que simples
citoyens consommateurs, là, sans être péjoratif. Ça fait qu'on espère avoir un
point de vue plus large.
Donc,
la première chose, je voudrais vous remercier, d'ailleurs, de nous accueillir
ici, devant la commission. Et on veut
d'abord saluer... Il y a toujours un bout positif, il y a toujours des bouts
moins positifs. Le positif, c'est qu'on salue l'idée d'un projet de loi qui vise la reconnaissance de l'animal comme
être doué de sensibilité. Effectivement, la compréhension du bien-être
animal n'a cessé d'évoluer depuis que la notion est devenue une réalité. Et la
question ne se posait même pas avec
l'agriculture paysanne du début du siècle, alors que, maintenant, l'agriculture
moderne a un peu tout chamboulé cette histoire-là.
Donc, pour le reste
du mémoire, on vous suggère un peu trois angles, ce qu'on appelle trois clés.
Le premier, c'est la définition du bien-être animal. Donc, pour le décrire, on
s'est basés sur la définition du Farm Animal Welfare Council, qui est un des anciens conseils consultatifs indépendants en
Grande-Bretagne et qui mentionne que le bien-être animal devrait être défini sur la base du respect
des cinq libertés suivantes : liberté de soif et de faim; liberté
d'inconfort; liberté de douleur, de
blessures et de maladies; liberté d'exprimer un comportement normal — je vais revenir sur celle-là en
particulier; et liberté de peur et de souffrance mentale.
Deuxième
angle, deuxième clé : la condition des élevages, condition des éleveurs.
Si le progrès ne peut pas être arrêté, bien, nous autres, on pense que
le progrès réside, oui, dans l'amélioration des conditions des élevages mais également dans la condition des éleveurs. On part
du principe que, souvent, il y a une pression exercée sur les éleveurs
qui fait en sorte qu'il y a certaines
pratiques qui sont adoptées, alors que ce n'est peut-être pas l'idéal non plus.
Donc, le rôle de l'industrialisation exerce une pression là-dessus. On y
reviendra également.
Également, l'Union paysanne veut mettre le doigt
sur le bobo. Donc, on entend beaucoup parler de codes de conduite, standards de qualité, normes
consensuelles, les bonnes normes, on respecte le code, etc. Désolé, là, il y a
un malaise. Il y a un malaise profond dans
les élevages industriels modernes. Et ce n'est pas parce qu'on est plus
vertueux, ce n'est pas parce que moi le
premier, avec mes élevages, je suis parfait sur toute la ligne, loin de là.
Mais on accepte d'en parler, et c'est pour ça qu'on est ici également.
Par exemple,
le mot «animal». Qu'est-ce que ça veut dire, le mot «animal»? Ça veut
dire : animation, mouvement. Est-ce
qu'on peut dire que les animaux d'élevage agricole sont libres de mouvement
quand on parle des poules, les poulets, les étables entravées à l'année,
etc.? Est-ce qu'on n'est pas en train de traiter nos animaux comme des plantes
vertes? Je vous pose la question.
Le statut
juridique de l'animal. Le projet de loi n° 54 propose d'entrée de jeu une
modification significative à un article
du Code civil qui, selon notre point de vue, ne devrait pas porter à
interprétation. Dire que les animaux ne sont pas des biens tombe sous le sens. Cette modification aurait dû se faire
d'ailleurs en 1867, lors de l'écriture de l'article du Code civil. Par contre, on partage le point de vue de
l'UPA — profitez-en,
ça n'arrive pas tous les jours — sur le danger de glisser lentement
vers une interprétation plus large dont le but ultime serait de personnaliser
ou personnifier les animaux, hein? C'est une vision un peu animaliste à l'effet
que les animaux seraient les égaux des humains. Bon, on n'est pas embarqués là-dedans puis on est d'accord sur ce
point-là avec l'UPA qu'il ne faut pas exagérer dans ce sens-là. Et
d'ailleurs on fait confiance à la société québécoise pour être capable de
trancher à un moment donné, lorsqu'il y aura litige.
Ceci dit,
est-ce qu'on est vraiment avancés en termes de bien-être animal? Deux des
chercheurs qu'on a retrouvés à l'institut agronomique, en France, nous
disent clairement qu'il n'est pas inutile de préciser que la définition du
terme «bien-être animal» ne figure dans
aucun texte officiel. On comprendra que, dans le contexte, son interprétation
peut différer sensiblement en
fonction d'un interlocuteur, selon qu'il s'agisse d'un législateur, d'un
scientifique, d'un consommateur, même d'un inspecteur, d'un éleveur,
d'un consommateur.
Qu'est-ce que
le bien-être animal? Ce qu'on a remarqué jusqu'ici, c'est que la notion du
respect des impératifs biologiques,
dont vous avez parlé tout à l'heure, est la meilleure mesure. On est donc
heureux de retrouver cette réalité-là dans le projet de loi n° 54
actuellement au coeur même du Code civil.
Concernant la notion d'impératif biologique, on
doit mentionner que c'est une notion évolutive qui aurait besoin, dans le cadre du projet n° 54, d'être
explicitée, précisée et revue périodiquement. Ce n'est pas quelque chose
de fixe. Prenons l'exemple des poules
pondeuses. Il y a 20 ans, d'avoir l'accès à un nid puis un perchoir, ce n'était
pas une norme. Aujourd'hui, il y a un
paquet de pays qui exigent cette norme-là en disant : L'oiseau, le volatile,
bien, son comportement naturel est
d'aller se percher pour se protéger des prédateurs la nuit, d'avoir un nichoir
pour pondre ses oeufs, ce qui n'est pas vraiment garanti dans les
élevages du Québec, on ne va pas s'en cacher.
Un peu plus
loin dans le projet de loi, à l'alinéa 5° du chapitre I, le ministère définit
ainsi les impératifs biologiques comme étant : «...ceux liés,
notamment, à l'espèce [...] la race de l'animal, [...]son âge, [...]son stade
de croissance, [la] taille, [le] niveau
d'activité physique [...] physiologique, [l'état] de santé, [et le] degré
d'adaptation au froid ou à la chaleur.»
Donc, en suivant la logique, on pourrait affirmer, comme on l'a mentionné plus
haut, que le respect des impératifs biologiques
serait étroitement lié à la notion de bien-être animal. On peut même penser
qu'il serait possible de mesurer le niveau
de bien-être animal par le respect des impératifs biologiques. Il importe donc
de se demander si le ministre a prévu un réel processus de mise à niveau
de la notion et si la définition du bien-être animal pour les animaux de ferme
va reposer encore largement sur l'industrie.
On ne veut
pas repousser des organismes comme le Conseil national pour les soins aux
animaux d'élevage au niveau fédéral,
mais la surreprésentation de l'industrie explique pourquoi il y a actuellement
peu de réels changements dans les
conditions de vie des animaux de ferme. Pourquoi, donc, ne pas innover en
composant un indice capable de mesurer le niveau de bien-être des animaux à la ferme à partir du respect des
impératifs biologiques? Un producteur, par exemple, pourrait obtenir une note x à partir du respect
des impératifs et il pourrait se voir fixer des objectifs supérieurs avec
l'aide et le soutien de l'État. Je pense
qu'il est clair qu'on ne peut pas exiger subitement de sortir les cochons de
l'étable sur béton et de les mettre au pâturage sans qu'il y ait des
dépenses à encourir. On pourrait, par exemple, demander, même, des programmes à
La Financière agricole pour aider le producteur à faire la transition.
• (17 h 40) •
L'intérêt de
l'idée réside aussi dans l'approche qu'il ne s'agit pas de punir le producteur
mais de l'accompagner afin
d'améliorer durablement les conditions de vie de ses élevages, le tout avec la
lumière des connaissances modernes des réelles bonnes pratiques agricoles. De tels indices existent déjà en
Europe en lien avec les biens et services environnementaux. Selon
l'Union paysanne, un tel indice serait possible à implanter au Québec et nous
positionnerait comme une nation innovante ayant à coeur de maintenir le
bien-être des animaux et celui des éleveurs.
Donc,
proposition 1, on demande au ministère de mettre sur pied un comité-conseil
permanent — ça
répond un peu à la question que vous avez soulevée tout à l'heure,
madame — rattaché
au MAPAQ, composé d'intervenants du monde
agricole, de vétérinaires mais également de biologistes et de groupes de
consommateurs. Donc, si on veut que le bien-être animal soit accepté
dans la population, il est important qu'il y ait un comité de travail élargi
qui se penche là-dessus. On propose
également que ce groupe ait le mandat d'établir un indice du bien-être animal à
la ferme basé sur le respect des impératifs biologiques et que la notion
du respect des impératifs devienne l'outil de mesure du bien-être animal au Québec. Et donc
le Québec pourra développer une expertise tout à fait propre tout en restant en
lien avec le reste du Canada.
Ensuite,
évidemment, il y a des trucs qui deviennent aberrants. Quand on dit, par
exemple, que la lumière, ce n'est pas
indispensable aux oiseaux ou aux animaux puis qu'on garde nos animaux en
dedans... En tout cas, je vous mets au défi de trouver un consommateur
qui trouverait ça correct que d'enfermer les animaux à l'année, là.
Objet et
champ d'application. Lors du chapitre I, l'article 3 soulève pour nous des
questions sur l'accueil qu'aura la
loi dans la population. Comment prendre au sérieux, par exemple, le projet de
loi actuel, alors que tout ce qui s'appelle agriculture, l'article 7, doit être à peu près exclu du projet de loi?
Hein, je suis en plein milieu de la page 8, là, s'il y en a qui ont de
la misère à savoir où est-ce que je suis rendu parce que j'en ai sauté un petit
bout.
Si vous ajoutez l'article 7 du second chapitre,
on comprend que le gouvernement vient déjà d'utiliser la prérogative et d'exempter les animaux de la ferme
des majeures parties de la loi. Que les membres de la commission me corrigent si c'est le cas, mais il semble que la
loi n° 54 n'offrirait au final rien de plus aux animaux de ferme en
raison d'une exception agricole.
Je cite également l'UPA dans son mémoire :
«L'Union des producteurs agricoles est pour le maintien de l'exception agricole à la future loi sur le
bien-être animal. D'ailleurs, nous sommes d'avis que la population en
général comprend le contexte et les
particularités de la pratique de l'agriculture d'élevage au Québec et surtout
sa finalité, à savoir de produire de
la nourriture.» Est-ce que produire de la nourriture devrait exempter la
majorité des animaux du Québec de voir leur
qualité de vie améliorée jusqu'à l'abattage? Alors que l'article 5 constitue
une énumération d'impératifs biologiques, voilà qu'on nous dit que les
élevages agricoles devraient en être exemptés.
Et, lorsqu'on mentionne à l'article 7 que,
«selon les règles généralement reconnues», le gouvernement se fie aux fameux codes de bonne pratique de l'industrie
en terme de protection des animaux d'élevage, bien, évidemment, ces codes-là incluent des pratiques comme les
suivantes : les dresseurs électriques pour empêcher les vaches de se
recourber pour uriner dans le dalot; le
déchiquetage par millions des poussins à la naissance; les cages de contention
pour les truies; la castration des
porcelets, qui est interdite dans plusieurs pays européens, soit dit en
passant; stabulation entravée à l'année, ce qui est le cas pour à peu près 90 % du cheptel au Québec; transport du bétail au-delà de 24 heures — même, d'ailleurs, le code fédéral prévoit que ça peut aller jusqu'à 48
ou 52 heures — sans eau, sans nourriture; absence de
lumière naturelle pour un grand
nombre d'élevages; des cages qui ne permettent pas aux volatiles de se mouvoir
de façon naturelle; densité animale
dans des bâtiments fermés sans accès à l'ʹextérieur;
utilisation d'antibiotiques comme facteurs de croissance; et j'ajouterais l'écornage — je ne sais pas s'il y en a qui ont déjà
assisté à une séance d'écornage, j'ai gardé un assez mauvais souvenir de la chose; la taille des oreilles des porcs pour les identifier; les élevages des
veaux de lait; et ainsi de suite.
Mais là je ne
veux pas tenir un discours animaliste. Encore là, je fais une parenthèse :
le but, ce n'est pas de pointer du doigt certaines pratiques, c'est de
se dire qu'il doit y avoir un comité mis sur pied pour débattre de la question
et améliorer le système. Mais il faut
d'abord reconnaître qu'il y a un problème dans le système actuel et ensuite la
loi n° 54.
Donc, si on
exclut les animaux de ferme, voici un peu les chiffres. L'Association des
médecins vétérinaires du Québec estime qu'il y a à peu près
2,5 millions de chats et de chiens au Québec, et, à côté de ça, on a
175 millions de poulets,
7,5 millions de porcs, 4,5 millions de dindons, 3,5 millions de
poules pondeuses, 1,3 million de bovins, des agneaux et des chèvres, etc. Bref, les animaux de
compagnie, chats et chiens, constituent à peu près 1 % des animaux domestiqués par l'homme au Québec. Donc, le projet de loi
est-il en train d'exclure 99 % des animaux domestiqués par l'homme
au Québec avec l'article 7? À ce stade-ci,
on ne suit plus les intentions du gouvernement. Est-ce qu'on veut protéger ou
ne pas protéger les animaux du Québec? Donc,
si les animaux ne sont pas des biens, ils sont des êtres doués de
sensibilité, ils ont des impératifs
biologiques, bien, il va falloir se préoccuper des impératifs biologiques des
animaux de ferme. Est-ce que c'est
incompatible avec une exception agricole? Non. À notre avis, il est possible
d'introduire dans la loi une exception agricole
qui respecterait à la fois le cadre global et en même temps le bien-être
animal. Nous concevons qu'il faut prévoir un temps de transition afin d'améliorer le niveau de vie des éleveurs et
des élevages. Voici le pourquoi de la proposition de l'Union paysanne en
faveur d'un indice mesurable du respect des impératifs biologiques qui pourrait
permettre aux producteurs de mesurer où ils
se situent et se placer dans une dynamique d'amélioration avec un horizon
réaliste. Donc, proposition 2 :
«Supprimer les exclusions de l'agriculture.» Je vous fais grâce du reste, là.
Le reste est dans le projet n° 54.
Ensuite, donc, si je résume, en conclusion,
c'est par choix qu'on a décidé de ne pas commenter l'ensemble du projet n° 54. Si, au départ, on exclut les animaux de ferme,
on ne voyait pas l'intérêt de discuter des virgules ou du transfert des
pouvoirs aux municipalités. L'objectif est d'abord que les animaux de ferme
devraient être au coeur du projet de loi
n° 54. Donc, on est heureux de
la précision juridique de définir les animaux comme des êtres sensibles,
mais l'exception des animaux fermiers, pour nous, ça cause un problème. On
demande donc au ministre de retourner le projet
sur la planche d'écriture avant le dépôt final de façon à trouver une façon
d'inclure les animaux de ferme dans le projet.
C'est trop important, les impératifs biologiques et le bien-être
animal, pour que ce soit laissé uniquement aux lobbys. C'est une des principales causes de détérioration
des conditions de vie des agriculteurs également. L'industrie, qui focalise sur la rapidité,
les impératifs économiques et une fausse notion de produit propre, met une
pression telle sur les agriculteurs qu'il
en résulte des techniques d'élevage incompatibles avec les vraies notions de
bien-être animal. La multiplication de contrôles
et de codes de procédure afin de combler les lacunes d'un faux concept de
salubrité finit par miner la qualité de vie des agriculteurs par une surcharge de paperasserie servant d'abord à
assurer les arrières de l'industrie. Selon nous, il est plus que jamais nécessaire qu'un retournement de sens
s'effectue en faveur des agriculteurs et de réelles bonnes pratiques.
Nous ne
pouvons parler de bien-être animal et évacuer le bien-être des producteurs agricoles.
Nous ne pouvons parler de protection
des bêtes et constituer une exception agricole. Afin de combler les besoins des
consommateurs du pays et d'ailleurs, il sera, selon nous, nécessaire de
multiplier les fermes d'élevage de plus petite taille répondant aux impératifs biologiques des animaux et des
éleveurs. Il sera nécessaire de rétablir de plus petits abattoirs, l'abattage à
la ferme, les circuits courts de commercialisation des
animaux, ce qui va limiter, entre autres, les transports sur grandes distances,
mais, pour débuter quelque part, il nous faut une loi qui ne constituera pas
l'exception et qui sera utile aux agriculteurs avant de se soumettre aux
diktats de l'industrie. Je vous remercie.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. Laplante. Vous êtes conscient
que je vous ai laissé terminer, là, je voulais que vous exprimiez...
Vous aviez cinq minutes, là. Puis, je vous le dis, une commission parlementaire
avec un autre président, vous auriez eu des problèmes. J'ai été équitable
envers tout le monde, là. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
Merci, M. Laplante. On va commencer peut-être par l'élément majeur. Vous dites dans votre mémoire : «Les animaux
ne sont par des biens.» Puis vous dites : Il pourrait y avoir une
personnification des animaux.
On a été
prudents, je vous le dis. Je ne sais pas si on l'a été suffisamment. On n'a pas
voulu que ce soit un bien, mais on
n'a pas voulu lui donner le statut juridique de personne non plus. On a créé
une nouvelle définition qui, on pense, se situe dans une juste
perspective. Est-ce que vous êtes d'accord?
M.
Laplante (Maxime) : Entièrement d'accord. Et d'ailleurs on salue cette
nuance-là. On ne voulait pas tomber, comme
je mentionnais tout à l'heure, dans l'égalisation des animaux par rapport aux
humains, mais il fallait reconnaître qu'il
y avait une notion de bien-être animal qu'il fallait apporter dans le plan
légal, tout à fait. Donc, entièrement d'accord avec votre nuance.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Deuxième élément important : Est-ce que les animaux de ferme sont
inclus dans le projet de loi?
L'interprétation que les juristes en ont faite chez nous, c'est que, oui, ils
sont inclus. Maintenant, vous nous
faites une mise en garde. Moi, je prends toutes les mises en garde au sérieux
et je ne voudrais pas que ce projet de loi exclue 90 % et plus, là. Nous allons refaire des vérifications. On
pense qu'on est corrects, mais, dans le doute, on vérifie deux fois,
trois fois, quatre fois pour être certains qu'on est corrects. Est-ce que ça
vous va?
M.
Laplante (Maxime) : Absolument. Et d'ailleurs je pense que c'est
l'alinéa 5 du chapitre II, si je ne me trompe pas, qui donne, entre autres — vous me corrigerez si je fais erreur — les conditions à respecter de la part de
l'agriculture, mais ça demeure à peu près le
respect de la vertu. Il faut que les conditions d'élevage soient
satisfaisantes. Bon, il y a plein de
qualificatifs comme ça qui sont très gentils, mais il n'y a pas grand-chose.
Donc, à notre lecture, présentement, c'est assez vague pour que
l'industrie puisse continuer telle quelle.
• (17 h 50) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K.
Vous mentionnez : «...que la notion du respect des impératifs
biologiques devienne graduellement l'outil
de mesure du bien-être animal au Québec.» Pour nous, là, un impératif, c'est un impératif, ce n'est pas
graduel. À partir du moment où les décisions vont être arrêtées, il peut y
avoir, dans le temps, des mises en application qui soient différentes, mais un impératif biologique,
c'est un impératif biologique, là. On ne peut pas faire beaucoup de
sémantique avec ça, là.
M. Laplante (Maxime) : Excellent!
Sauf que c'est pour ça qu'on propose un indice. Bon, exemple : j'ai un
troupeau de vaches de boucherie, et, en hiver, pour des raisons de travail au
chaud, etc., bref, elles sont entravées. Je les
laisse en liberté totale en été, mais, pour l'hiver, dans le contexte familial
que j'ai, elles sont attachées. Bon, ce n'est pas parfait. Mais par contre,
sur d'autres aspects, mes lapins, par exemple, ils ont des cages plus hautes
puis ils peuvent se promener au pâturage, ce qui n'est pas vraiment le
cas de l'industrie.
Donc, je
donne des exemples comme ça. Mes cochons, je les ai élevés au pâturage au lieu
de les avoir sur plancher de béton.
Bon, mettons que l'éleveur, il dit : O.K., moi, je suis prêt à améliorer
quelque chose. Je ne peux pas, actuellement, bouger sur tel aspect parce que ça, ça me coûterait une fortune, mais je
peux bouger sur l'autre. Donc, si on bâtit un indice de mesure, le fermier a quand même la possibilité
de dire : J'améliore tel aspect; celui-là, on verra plus tard si
j'obtiens le soutien de l'État ou une
contribution. Donc, de façon à faire évoluer... Je ne pense pas qu'il faille
développer une nouvelle armée
d'inspecteurs et de dire... parce que, si on prenait les impératifs biologiques
appliqués à la lettre, présentement, il y a beaucoup d'élevages
industriels qui auraient un sérieux problème.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Moi, la
définition d'«impératif biologique», telle qu'on l'a inscrite à la loi, n'est pas une notion qu'on a inventée, là. On a
copié — je
déteste dire ça parfois — ou traduit du texte réglementaire de l'Ontario, du Manitoba, de la
Colombie-Britannique. Donc, nos exigences sont déjà des exigences qui sont en
application dans des sociétés qui sont jugées, par des organismes indépendants
de défense des droits des animaux, comme étant supérieures au Québec. Si on a la même chose que dans les autres
endroits, on ne devrait pas être des derniers de classe, là.
M. Laplante (Maxime) : Absolument.
Je vais y aller avec un exemple. Si on tient compte des impératifs biologiques, ça ne veut pas juste dire d'avoir de
l'eau puis de la nourriture, là, O.K.? Ça veut dire également qu'on
respecte, au moins en partie, le mode de
comportement de l'animal. En
anglais, ils appellent ça : «To respect the piggyness of the pig.»
Bon, exemple : pour avoir déjà élevé du porc... Puis ça, c'est
documenté, là. J'ai de la documentation de plans là-dessus qui datent de
30 ans passés. Ce n'est pas nouveau. Normalement, le porc : un mâle par
troupeau, mâle reproducteur, trois, quatre
femelles adultes, six, sept cochettes, donc des truies qui sont tranquillement
en train de devenir des adultes, et
après ça un paquet de petits cochons. Et, chaque fois qu'il y a un deuxième
mâle reproducteur qui s'installe parce qu'il y a un petit porcelet qui a fini par
vieillir, bien, il y en a un de trop. Donc, il y a des mâles qui
disparaissent et qui deviennent des mâles
solitaires errant dans le paysage. Bon, eux autres, on peut les manger, par
exemple. Ça, c'est la structure naturelle du porc.
Il
y a des modèles d'élevage qui se basent là-dessus pour dire : Là,
maintenant, au lieu de mettre 2 000 unités de porcs qui ont le même
âge dans le même enclos sur du plancher de béton alors que le comportement du
porc, c'est de manger 10 heures par jour... Le porc, normalement, passe
10 heures par jour à chercher sa nourriture. Là, ce n'est pas ça qui arrive, on lui donne ça en quelques
rations. Ça se passe vite parce qu'il y a bien du monde, il faut se précipiter.
Et il fait quoi le restant du temps? Bien
là, c'est sûr qu'il faut trouver d'autres façons pour l'occuper. Là, il va
commencer à manger les queues des voisins. Donc, il faut couper les
queues des autres pour ne pas que ça arrive ou il faut couper les dents. Pourtant, j'en ai élevé, du porc, puis
je n'ai jamais eu ni à couper les queues ni à les castrer, ce
qui n'est pas fait dans bien des
pays, en passant. La rumeur à l'effet que ça gâche le goût de la viande,
désolé, à part des exceptions, ce n'est pas vrai, je l'ai vérifié
moi-même. J'ai des études en main de ça. La Terre de chez nous a publié
une étude là-dessus également pour corroborer mes dires.
Donc,
l'impératif biologique de respect du comportement animal, si on l'appliquait à
la lettre, je ne pense pas que les élevages concentrés de dizaines de
milliers de volailles sur le même plancher, etc., seraient compatibles. Il faut
prévoir une transition.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Parlant de transition, vous avez assisté à quelques
témoignages et vous en avez peut-être, là, suivi d'autres. On parle des codes de bonne
pratique. Ces codes de bonne pratique là sont bâtis un petit peu à l'image des groupes que vous suggérez de mettre en place, là, des
experts, des faits, etc., pas simplement des producteurs, pas simplement l'industrie, des vétérinaires. Donc, si c'est fait par le
même type d'individu, ou de personne, ou d'expert que vous préconisez,
ils devraient être pas si pires, ceux qui ont été faits comme ça, là.
M. Laplante (Maxime) : Notre position inclut également
qu'il y ait des consommateurs dans le comité, biologistes et consommateurs, justement de ne... Oui, on
veut avoir des gens qui sont du domaine de l'élevage, de l'industrie,
mais on veut avoir la contrepartie de la société civile. C'est quand même un objectif
plus vaste.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...connaissance, les codes canadiens, tels qu'ils
existent en production animale — puis
vous avez entendu, je pense, le témoignage des producteurs de lait, là, ce
qu'ils ont mis de l'avant, ce qui va
être en application en 2017 — est-ce
que c'est quelque chose qui répond à des critères corrects de bien-être animal dans votre définition?
M.
Laplante (Maxime) : À notre
définition, ce n'est pas suffisant. Il faut élargir la partie au fédéral, là,
le conseil dont je faisais mention tout à l'heure. Oui, il y a des
groupes différents de l'industrie mais qui sont nettement sous-représentés, et il faut recréer un équilibre. Il y a
des trucs tellement évidents que, quand je parlais de la notion de
mouvement de l'animal, je ne pense pas qu'on
ait à débattre longtemps que le porc dans son enclos, etc., il ait beaucoup
de mouvement, que les poulets dans les planchers d'élevage, ils aient beaucoup
de mouvement, que les vaches attachées à l'année aient beaucoup
de mouvement. Il y a des évidences qu'il va falloir remettre en
question. Encore là, ce n'est pas une guerre d'agences de protection des animaux que je veux mettre en place, au
contraire. On part du principe qu'il y a des pressions qui sont exercées
sur les éleveurs, qui font en sorte que...
On
a parlé tout à l'heure de l'élevage de veaux de lait. Effectivement, je connais des gens, puis qui sont proches de moi, qui élèvent du veau de lait et qui sont tout à fait conscients que ce n'est peut-être pas l'idéal que de priver un veau de fer pour que la viande reste pâle. Si ça, si de
provoquer une carence alimentaire, ce n'est pas une entrave à un
impératif biologique, je ne sais plus c'est quoi, un impératif biologique.
Donc, ils sont conscients que ça doit évoluer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Mais vous parlez de mouvement. Moi, dites-moi si
je me trompe, mais je sens quand même un mouvement qui part peut-être du
consommateur mais rejoint le producteur à travers la chaîne alimentaire comme telle. Vous
parlez de mouvement du porc. Vous avez des investissements qui se font par des
éleveurs présentement où c'est mieux que c'était, comme on dit. Il y a plus de
mouvement de permis. Vous regardez la poule pondeuse,
les acheteurs d'envergure comme McDonald's commencent à exiger que la poule
soit élevée en liberté, etc. Donc, il y a du mouvement dans la bonne
direction.
M. Laplante
(Maxime) : Il y a eu effectivement une pression de la part de
consommateurs pour avoir... Par exemple, St-Hubert avait le souci d'avoir du poulet élevé
sans antibiotique, bon, et il s'est fait dire : Bien, désolé, au Québec,
c'est impossible, mais allez voir ailleurs. Donc, St-Hubert a dû aller
s'approvisionner en Ontario parce qu'au Québec il n'arrivait pas à trouver la production. Et pourtant je suis bien
placé pour savoir que produire du poulet sans antibiotique, ce n'est pas si compliqué que ça. Ça fait 45 ans
que j'en fais, puis je n'ai jamais mis d'antibiotiques dans mes
histoires. Bon, c'est tout, sauf qu'il faut
l'élever différemment, etc., il y a des petits détails de production. Donc, je
pense qu'il y a une pression, mais actuellement le carcan est tel que le
résultat escompté n'est pas là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Est-ce que vous avez fait des vérifications dans
des juridictions extérieures au Québec
où les principes, là, que vous mettez de l'avant puis que vous proposez sont
déjà en application par une autorité gouvernementale?
M. Laplante (Maxime) : Comme les
indices de mesure, par exemple? Le BSE, là?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
M. Laplante (Maxime) : Bon, là, je
serais embêté de vous citer une législation en particulier. Je sais qu'en
Allemagne ils ont un truc comme ça, Autriche... Écoutez, il faudrait que je
vous revienne avec les références.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Dans
les juridictions canadiennes, dans les autres provinces canadiennes?
Moi, mon environnement avec lequel je dois
transiger, il y en a qui viennent d'Europe, là, dans le veau, on l'a vu, etc.,
mais, tu sais, c'est quand même le reste du Canada puis les États limitrophes des
États-Unis, là.
M.
Laplante (Maxime) : Bien, c'est un peu pour ça qu'on suggère de mettre
en place, un, un comité permanent, ensuite
de mettre sur pied également un indice de façon à ce que le Québec, en
partenariat aussi avec les autres provinces... il ne s'agit pas de faire
cavalier seul tout le temps mais de créer un caractère innovateur ici.
Je regarde,
par exemple, les cornes des bovins. J'ai travaillé moi-même sur des fermes
laitières en Allemagne : 60 vaches laitières, le salon de traite,
il n'y a personne qui écorne les vaches. Les vaches ont toutes les cornes, puis
ça n'a jamais posé de problème s'ils ont
assez d'espace. Mes bovins, ils ont leurs cormes, puis le taureau, le panache,
il est ça de large, puis il n'y a pas d'ecchymose sur la viande.
C'est sûr que, si je les garde de façon
confinée, manque d'espace, là, oui, tôt ou tard, il risque d'y avoir des ecchymoses. C'est d'ailleurs la raison que
l'industrie ontarienne donne pour justifier l'écornage des bêtes. Ils
disent : De un, bon, risque
éventuel pour les bêtes et pour les travailleurs; deux, c'est parce que ça
prend de la place dans les mangeoires, oui,
puis ça fait des bleus. Ça me semble être un peu court comme justification pour
une pratique telle que l'écornage, en tout cas, pour l'avoir vécu.
• (18 heures) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. le député de Saint-Maurice, allez-y.
M.
Giguère : Oui, oui. Vous
avez abordé au début, c'est la première fois, je pense, qu'on l'a abordé
depuis le début de la commission,
le bien-être des producteurs, on parle beaucoup
de bien-être animal, le bien-être des
producteurs. Puis nos collègues qui ont passé
avant, ils ont parlé, exemple, des producteurs de veau de lait, qu'il y aurait
des investissements à faire, là, plus de 500 000 $ par
entreprise, et puis la pression que ça amène. Quand on amène une nouvelle loi ou on amène un nouveau règlement, les
producteurs, là, souvent, sont endettés, puis on travaille avec la
nature, avec des animaux, donc des impératifs, là, majeurs.
Et aussi, il ne faut pas oublier puis il faut le
dire, les producteurs agricoles, c'est la profession où est-ce que le taux de suicide au Québec est le plus élevé. Il
ne faut pas avoir peur de le dire, ça. C'est important de le dire parce
que c'est du monde orgueilleux, travaillant,
puis ils ne veulent pas chercher de l'aide, souvent. Ils ont de la misère à
demander de l'aide. J'aimerais ça que vous me parliez un petit peu de ce petit
bout là.
M. Laplante (Maxime) : Vous avez tout
à fait raison. C'est d'ailleurs pour ça que c'était une des premières considérations dans notre mémoire, de ne pas
regarder uniquement le bien-être animal de
façon isolée sur l'animal mais
de mettre ça en lien avec le bien-être
des éleveurs. Pour nous, il y a un lien direct entre les deux. Je donnais
l'exemple tout à l'heure des abattoirs. Si on a fermé la plupart des
petits abattoirs et qu'on est obligés d'envoyer les bêtes à 400 kilomètres
plus loin, bien, c'est sûr que ça crée des conditions étranges pour les animaux
aussi.
Si, par exemple, uniquement pour payer le prix
des quotas, si, pour rentabiliser l'achat de quotas, il faut avoir maximisation, etc., ou qu'on empêche, par exemple, la mise en marché directe parce
qu'on dit, par exemple, dans le coût du
lait... Il n'y a pas grand monde qui a le droit de vendre du lait directement
aux consommateurs au Québec, hein? On n'arrive
pas à trouver de lait entier, bon, par exemple. Donc, si on fait en sorte que
le prix du lait n'est uniquement que le prix de gros, qui est d'ailleurs en train de chuter actuellement, c'est
sûr qu'on exerce une pression incroyable sur le fermier pour qu'il soit capable de produire plus avec
moins parce que ses revenus sont en baisse et que les dépenses vont
exploser encore. Donc, qu'est-ce qui va se
passer? Il va être obligé, effectivement, d'augmenter la production encore, de
concentrer...
M. Giguère : J'aimerais ça qu'on
revienne sur le projet de loi parce que, là, vous me parlez d'un changement de
production, de mentalité. Donc, moi, je veux revenir plus au projet de loi que
nous sommes en train de faire, sur la conséquence qu'il peut avoir sur les
installations actuelles et sur le producteur.
M.
Laplante (Maxime) : Oui. Si
je reviens concrètement, donc, sur notre proposition là-dessus,
ce qu'on propose, le comité doit d'abord
se pencher sur la notion de bien-être animal, qu'est-ce qu'on doit changer. Et ensuite
l'indice de mesure va nous permettre
de donner au fermier une marge de
manoeuvre au lieu de lui imposer une modification sur sa ferme simplement en
envoyant un inspecteur vérifier si ça a été fait. Il peut avoir le choix de
regarder où est-ce que ça va et que ça aille de pair avec un soutien de
l'État, une contribution. C'est pour ça qu'on a parlé de programmes liés à La Financière
agricole, par exemple.
Donc, il faut absolument
l'accompagner là-dedans. Je suis tout
à fait d'accord avec vous, on ne peut
pas arriver demain matin en
disant : Modifiez vos étables, ça vous coûtera ce que ça vous coûtera,
puis tant pis pour le reste, puis sinon
on va envoyer l'inspecteur pour fermer tout ça. Tout à fait d'accord. Il faut prévoir des mesures de transition. Et les mesures de transition peuvent se faire de
différents ordres. Il peut y avoir encore là contribution financière parce qu'il y a des étables à modifier, de un, mais il y a d'autre
chose : d'accorder une plus grande flexibilité au niveau de la
production ou de la mise en marché peut
également donner une chance. Les gens qui ne... C'est pour ça qu'on demande,
entre autres, d'avoir du hors quota
possible, donc des gens qui auraient la permission d'élever, par exemple,
2 000 poules, 2 000 poulets aux pâturages, dehors, sans être
obligés de les avoir en dedans, ce qui est actuellement à peu près impossible.
M. Giguère : Merci beaucoup.
Le Président (M. Morin) :
C'est bien? Donc, M. le député de Berthier.
M. Villeneuve : Oui. Merci,
M. le Président. Bonjour, M. Laplante. Heureux d'avoir l'occasion d'échanger
avec vous.
Je veux
revenir sur la discussion que vous avez eue avec le ministre parce
qu'effectivement c'est une question que je me posais. Vous dites :
«Nous demandons donc au ministre de retourner à la planche d'écriture[...],
afin de rassurer les agriculteurs et la population que la loi n° 54 n'est
pas, dans les faits, uniquement une loi pour les chiens, les chats et autres animaux dits domestiques.»
Quand vous lisez le projet de loi, vous en arrivez à cette conclusion-là?
M. Laplante (Maxime) : Effectivement,
avec l'article 7, qui dit que la partie agricole va à peu près en être exemptée, ça fait qu'on exclut les activités,
si je cite, d'agriculture, de recherche et d'enseignement. On peut
comprendre que, pour des fins de recherche,
il soit nécessaire d'avoir des animaux de laboratoire, des rats, des
singes, etc., bon, puis effectivement il y a une certaine part de mal-être animal qui est associée à la recherche parce qu'on les
soumet à différentes expériences puis, bon, pour le bien humain, on
accepte de. Bon, qu'il y ait des exclusions, c'est une chose. Qu'on exclut
complètement le domaine agricole...
M. Villeneuve : ...pas
qu'avec l'article 63 où on parle justement que le ministre peut
reconnaître les codes de pratique.
Maintenant, pour ce qui est de comment ces codes de pratique là sont
construits, ça, c'est une chose qu'on a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de discussions là-dessus au cours de la
commission. Et je pense qu'on a cheminé, tout le monde, beaucoup, beaucoup, beaucoup là-dessus. Moi, je pense qu'il faut,
d'une certaine façon, donner une chance au coureur. Et j'avais la même
réflexion tantôt avec mon redoutable recherchiste, qui est à côté de moi, à
savoir que la composition du comité que vous suggérez ressemble beaucoup à la
composition du conseil national, à part peut-être les groupes consommateurs.
Et
d'ailleurs, à cet égard, nous avons rencontré les représentants de Tenir
Promesse. Et, justement, je proposais à la dame peut-être de nous suggérer un genre de comité, un peu comme la
sécurité routière. Vous savez, il recommande, hein, il devient un organisme-conseil pour le gouvernement, il
recommande au gouvernement des choses, il réfléchit à des choses. Alors, je tiens... À ce niveau-là, là, par
rapport à votre proposition, moi, je trouve ça intéressant comme
proposition, de créer un comité, parce que
la participation citoyenne, là, c'est la base même de la démocratie. Et le fait
d'avoir un tel comité... Et je salue
d'ailleurs les gens qui font partie du comité sécurité routière. Je pense
qu'ils ont fait beaucoup de réflexions,
ils ont apporté beaucoup de propositions qui ont été d'ailleurs mises de
l'avant par les gouvernements successifs.
Mais
j'aimerais vous entendre davantage parce que, quand je vous écoute puis quand
je regarde votre proposition versus
ce qu'il y a actuellement, je me dis : Si ce comité-là venait à être en
place, il va falloir que tout ce beau monde là autour de la table s'entende pour faire des recommandations. Idéalement,
on préfère avoir des recommandations unanimes. Vous voyez la composition du comité du conseil national, vous voyez la
composition que vous proposez. À part peut-être organisme consommateur, il n'y a pas grand différences. Selon vous,
est-ce que l'Union paysanne participerait et pourrait arriver à s'entendre sur un code ou des codes de
pratique — parce
qu'il y a différentes filières — qui vont vous satisfaire dans vos demandes? Parce que ce que vous dites
présentement, c'est que c'est tout faux au niveau de l'industrie. Vous
le dites. Attendez, je vais vous dire exactement, là. Vous dites ici...
M. Laplante (Maxime) : ...pas «tout
faux», en tout cas.
M.
Villeneuve : Non, mais vous dites, bien : «...alors que
c'est faux.» Pas «tout faux». «Ils tentent par tous les moyens de faire
passer les élevages industriels comme faisant partie des bonnes pratiques,
alors que c'est faux.»
Alors là, je
veux vous entendre. C'est large, ce que je vous dis là, mais vous comprenez le
sens de ma question.
M. Laplante (Maxime) : Tout à fait.
D'abord, oui, nous serions tout à fait intéressés à participer à une telle réflexion, mais, encore là, il faut que la
réflexion déborde la question du simple bien-être animal. Il faut qu'elle
inclue le bien-être des agriculteurs aussi.
Tout à fait. C'est pour ça que j'ai... Et, jusqu'ici, c'est ce qu'on a un peu
réussi à l'intérieur de notre
organisation parce que c'est ce qu'on vit depuis 15 ans, depuis notre
fondation, où on a toujours eu des gens qui sont, oui, sur Le Plateau—Mont-Royal, Le Plateau—Mont-Royal à Montréal, et on en a qui sont
agriculteurs. Puis il y a de tout,
là. Il y en a un, il a 1 000 quelques hectares de céréales; l'autre, il a
300 vaches. On a de tout, bon. Oui, ça fait des discussions un peu longues des fois, mais, à la
fin, le résultat, c'est qu'effectivement on fait consensus. Et on l'a fait.
Le mémoire qui est là, ce n'est pas juste
moi qui le rédige, ou Benoit Girouard, ou quoi que ce soit, c'est le fruit
d'une réflexion de 15 ans avec
des consommateurs. Et ce sont eux-mêmes, les consommateurs, qui décident :
Oui, on veut tenir compte du bien-être des éleveurs également dans le
décor.
Donc, on est tout à fait disposés à, puis je
suis convaincu qu'on arrivera à trouver un consensus, en autant
qu'effectivement on tienne compte de ces deux éléments-là. Mais c'est sûr qu'il
faut changer le point de vue. Encore là, je nous qualifiais de non vertueux. Moi le
premier, il y a des trucs que je trouve insatisfaisants comme bien-être
animal pour mes animaux. Je cherche encore
des façons d'améliorer ça. Donc, nul n'est parfait, sauf qu'on accepte
effectivement d'en discuter.
Et il y a des
trucs, je pense que c'est flagrant. Devant l'agriculture industrielle actuellement
sur les élevages, de refuser de
croire qu'il y a un malaise, ça, ça ne marche pas. Il y a un malaise. Et, si on
montrait aux consommateurs ce qui se passe dans les grands élevages, je
pense que le malaise serait beaucoup plus répandu aussi.
• (18 h 10) •
M.
Villeneuve : Et ne considérez-vous pas qu'il devrait, dans
votre proposition, inclure aussi l'ensemble, donc, des acteurs? Parce qu'on parle de santé et
bien-être animal, donc autant au niveau des animaux domestiques... Parce
que je ne vois pas, là, dans les gens que
vous proposez, les regroupements que vous proposez. Vous proposez les
vétérinaires, groupes consommateurs, monde
agricole, mais, pour ce qui est des animaux domestiques, là, il n'y a pas de...
Ne pensez-vous pas que ça pourrait, à ce moment-là... Tant qu'à faire,
aussi bien qu'on ait des gens qui réfléchissent, là, sur l'ensemble.
M.
Laplante (Maxime) : Tout à fait. D'emblée, dans le mémoire qu'on vous
a présenté — j'ai
passé un peu vite parce que
j'essayais de respecter les exigences de temps de votre président — on mentionne que, pour les animaux de
compagnie, appelons-les comme ça, là, chats,
chiens, canaris, perruches et compagnie, bon, on laissait cette
expertise-là à des groupes qui sont mieux
outillés, mieux expérimentés que nous. Nous autres, on s'est concentrés sur la
question des animaux d'élevage parce
que, bon, l'Union paysanne est d'abord concentrée sur des questions agricoles,
ça fait qu'on... Ça n'exclut pas que
ces organismes-là puissent siéger également sur la notion de bien-être animal,
mais, en tout cas, pour notre part, on s'est concentrés sur la question
agricole.
M.
Villeneuve : Je vous amène sur la production laitière. Moi,
j'ai visité une ferme laitière automatisée dans le sens que la vache, là, écoutez, elle a des choses pour
se gratter qui tournent, là, et puis là elle a un petit bonbon quand elle
va se faire traire, là. Tout est micropucé,
tout est enregistré : combien est-ce qu'elle a donné, à quelle heure. Si
elle n'a pas donné, pouf! il y a une alarme parce que cette vache-là,
tel numéro, ça ne marche pas, il faut aller voir. Moi, je trouve ça
extraordinaire.
Alors, quand
je vous entends, je me dis : Tout n'est pas mauvais en ce bas monde. Moi,
je ne sais pas, là, je ne connais pas ça, je ne suis pas agriculteur,
mais, quand je suis allé visiter, puis ça fait plusieurs années, là, j'ai
trouvé ça fantastique. Puis la vache, là, moi, je ne sais pas, là, mais j'ai
trouvé... Puis il y avait de l'espace en masse, puis elles se promenaient. Oui, effectivement, si elle ne s'en va pas, puis
elle le sait, il y a un petit choc électrique qui va arriver. Ça fait
que, quand elle a fini de se faire traire, pouf! elle a un petit bonbon puis
elle s'en va, c'est fini.
Et là je vois que les producteurs laitiers nous
arrivent avec le programme proAction qui va être en vigueur en 2017. Tu ne peux pas à un moment donné... Je pense
qu'il faut rendre à César ce qui est à César. Ne pensez-vous pas que, dans le domaine — en tout cas, moi, je vous parle de celui-là
parce que c'est celui-là que je connais — de la filière laitière, la vache
laitière, il y a des avancées extraordinaires en termes de bien-être animal et
de sécurité animale?
M.
Laplante (Maxime) : C'est sûr que mes bovins laitiers, il y a une
clôture électrique autour du champ parce que je ne veux pas qu'ils aillent chez les voisins, bon, puis la batterie
est bonne, puis elle cogne, O.K. Ils comprennent assez vite
qu'effectivement... Bon, oui, ils n'ont pas eu à y goûter, ils savent que c'est
là. Je vais vous revirer un peu la question à l'envers. Vous me parlez du
bien-être animal dans le cas d'une ferme qui serait entièrement automatisée. Et
parlons transfert générationnel, bon, parce que, si la ferme, par le biais de
ses investissements, valeur de quotas... Donc, je ne pense pas qu'on puisse
rentabiliser ce genre d'opération là pour une ferme de 40 vaches. Donc, on
parle d'entités. Peut-être, éventuellement...
M. Villeneuve : M. Laplante.
M. Laplante (Maxime) : Oui?
M. Villeneuve : Je m'excuse,
je n'ai pas l'habitude de faire ça, d'interrompre, mais là je parle de santé et
bien-être animal. Là, je comprends où vous
voulez m'amener, là. Ça, c'est un autre dossier, mais on peut en parler,
puis je peux vous écouter. Mais ma
question... Je vous pose une question, vous avez le loisir d'y répondre ou pas,
mais ne pensez-vous pas qu'en termes
de filière de vaches laitières il y a eu des progrès considérables? Moi, j'ai
trouvé ça extraordinaire, je vous le
dis. Puis j'invite tous les gens qui nous écoutent, là : Allez voir ça.
C'est phénoménal! Et donc tu sais si elle est malade, tu le sais automatiquement. S'il y a un problème, tu as une
alarme qui dit : Elle, elle n'est pas venue se faire traire à telle
heure, il y a quelque chose qui ne marche pas. Quelqu'un intervient
immédiatement. Mais je comprends où vous voulez
m'amener, mais moi, j'aimerais d'abord... Amenez-moi là si vous voulez, je vais
y aller avec vous, mais répondez... essayez... En tout cas, j'aimerais
que vous répondiez à ma question, tout simplement.
M.
Laplante (Maxime) : Parfait. Tout à fait, je vais répondre clairement.
Je suis d'accord qu'il peut y avoir des améliorations sur le bien-être animal. Si l'animal, effectivement, peut
aller à l'extérieur se promener selon sa convenance, adaptation à son comportement naturel, j'achète,
tout à fait correct. Est-ce que c'est un modèle qu'on peut... est-ce
qu'il va rester l'exception ou si on veut
l'étendre à l'ensemble? Encore là, je suis tout à fait d'accord qu'il peut y
avoir des trucs intéressants dans ce type d'élevage là.
Il reste qu'on est rendus
actuellement avec plus de 90 % de nos bovins laitiers qui sont en dedans à
l'année, attachés tout le temps, à part la
petite promenade une fois de temps en temps pour être certains que ou parce
qu'il faut changer un animal de
place. Bon, je ne veux pas tout rentrer dans les détails, mais il reste que,
dans les dernières années, les vaches
vont de plus en plus en dedans et de moins en moins en dehors. Il y a des
raisons à ça. Donc, oui, il peut y avoir des cas intéressants, mais le
fait est que l'ensemble du troupeau...
M. Villeneuve : Est-ce que
vous avez lu le programme proAction?
M. Laplante (Maxime) : Non.
M. Villeneuve : Bien, je vous
invite à le lire.
M.
Laplante (Maxime) : Avec
plaisir. Oui, oui, absolument. J'ai pris une note tout à l'heure, d'ailleurs.
Je vais le lire, oui.
M. Villeneuve : Ça va être
tout pour moi. Merci, M. le Président.
M.
Laplante (Maxime) : Mais je pense qu'il faut aller plus loin que ça
dans la réflexion parce qu'actuellement les vaches se retrouvent de plus
en plus en dedans. Et il y a des raisons à ça. J'ai vu des élevages de
vaches...
Le
Président (M. Morin) :
M. Laplante, je suis obligé d'être strict parce que, là, si je veux être
équitable avec tout...
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) : Je
veux être équitable avec tout le monde. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Laplante. Moi,
j'aimerais ça revenir sur ce que vous avez mentionné, là. On dirait que vous mettez comme tous les animaux sur le
même palier, là, et le bien-être animal... Moi aussi, je suis d'avis qu'il faut tous les mettre sur le
même niveau, mais ils n'ont pas tous les mêmes fonctions. Je m'explique.
Tu sais, moi,
j'ai eu des canards pour en faire la consommation puis je les ai tous baptisés,
je les ai tous nourris. Ils étaient libres. Ils perchaient de temps en
temps dans un arbre, ils revenaient. Je suis allée à l'abattoir avec des bonnes
pratiques, je reçois mes canards, je suis incapable de les manger parce que je
reconnaissais Saturin.
Vous comprendrez que, quand on a une industrie
comme au Québec, c'est sûr que la marge de profit est tellement mince qu'il faut robotiser pour éliminer le manque de
personnel, qu'il faut regarder à être plus rentable. Alors, je pense qu'il y a un juste milieu dans tout ça puis
que le Québec, avec les groupes qu'on vient de recevoir depuis quelques jours, j'ai l'impression que... Puis vous avez des
chiffres, là, je les ai écrits. Vous avez dit : 1 % des animaux
domestiques versus 99 % des animaux de
ferme. Ce que vous venez dire là, c'est que je viens de réaliser qu'on a une
mauvaise presse à cause de 1 %
des animaux parce que les animaux de ferme, ils ont un code de pratique, de
bonne pratique. Ce n'est pas médiatisé, là, qu'on martyrise nos animaux
de ferme. On voit plus, là, des industries de chiens.
Donc, vous
savez, si je reviens à l'industrie qu'on a, où on doit avoir 15 000
poussins qui sont des poulettes, puis que
ça prend 19 semaines pour aller les emmener chez un autre producteur, bien,
c'est aussi un coût qui est rattaché à ça quand on en a plusieurs. Puis le consommateur ici, au Québec, là, c'est
le portefeuille qui parle. Je suis convaincue que, si je lui dis : Est-ce que tu veux acheter un
poulet qui a été élevé à l'air libre, qui se promène, qui mange ce qu'il veut,
bon, qui est quand même très bon, vous allez
l'acheter, ça va vous coûter 19 $, mais j'ai un poulet qui a été aussi
élevé dans les bonnes pratiques,
convenables, qui a eu une belle vie, à 6 $, bien, le consommateur, il va
prendre celui à 6 $. Moi, je veux juste
qu'on regarde la santé et le bien-être animal. Tous les animaux ont le droit
d'avoir cette loi-là qui les couvre, mais chacun a ses fonctions.
Alors,
j'aimerais ça vous entendre sur la différence parce qu'on ne peut pas reculer
en arrière avec une industrie qui
nous fait vivre, qui fait vivre l'industrie agricole, d'une certaine façon,
parce que nos... pas les adversaires, je cherche le terme, nos compétiteurs, c'est mondial, là. Ce n'est pas juste le
voisin puis ce n'est pas l'Ontario, c'est mondial. Alors, il faut être
aussi compétitifs tout en ayant en tête la santé et le bien-être animal.
• (18 h 20) •
M.
Laplante (Maxime) : Tout à fait. Je vais vous donner un exemple, donc,
très concret. Parlons chiffres comme en
économie. La Coopérative La Mauve, dans Bellechasse, regroupe 250 producteurs
agricoles — je suis
allé les rencontrer en fin de semaine — et sur un point
particulier : l'autorisation d'élever du poulet à l'extérieur, justement
avec de l'espace, etc., parce que leurs consommateurs, leurs acheteurs
demandent exactement du poulet qui a été élevé dans des conditions différentes, et ils n'arrivent pas à l'avoir parce que le
système québécois d'agriculture leur dit : Chaque éleveur, chaque site est limité à 99 poulets.
Chaque éleveur ne peut avoir que 99 poulets qu'il va vendre à la
coopérative et il n'est pas capable
d'acheter du quota pour grossir son entreprise. À 99 poulets, il n'arrive pas à
rentabiliser quoi que ce soit parce que ça lui prend quand même des
mangeoires, puis des abreuvoirs, puis un petit bâtiment, puis etc. À 99,
oubliez ça.
S'il en avait 1 000 ou 2 000 comme
autorisation, comme j'ai mentionné tout à l'heure, il serait capable, en alimentant la coopérative, de fournir du poulet
élevé dehors, autrement que ce qui se passe actuellement : sans
antibiotique, il aurait des perchoirs, il
aurait tout ce qu'il faut. Donc, il respecterait les impératifs biologiques
d'un bien-être animal correct sans qu'il y ait
hausse de prix, il aurait le prix du marché. Et, à la limite, le producteur
aurait même la possibilité — ou la coopérative — de transformer le poulet en plats préparés,
faire service de traiteur, bon, d'aller chercher une plus-value. Il y a deux façons de faire un revenu sur une
ferme : on peut diminuer les dépenses, on peut augmenter les revenus aussi. Et la diversification, la
transformation, c'est une façon. Les entreprises agroalimentaires qui font du fric, ce n'est pas tant
celles qui font la production de masse, c'est celles qui font la transformation
après.
Mme
D'Amours : O.K. M.
Laplante, vous avez un système qui existe au Québec. Je suis d'accord
avec vous, il y a un système. Vous, vous nous parlez de s'il y avait
une possibilité de deux systèmes. Alors, ces deux systèmes-là, s'ils existaient, là, est-ce que vous seriez capables de vous asseoir à la même table, dans
le même comité pour être capables de discuter santé et bien-être animal
et vous entendre?
M. Laplante (Maxime) : Bon, on
n'aurait peut-être pas les mêmes points de vue dès le départ, mais, si on participe, c'est parce qu'on croit qu'il va
être possible d'arriver à un consensus quelconque au moins acceptable. On
ne sera pas capables de faire unanimité sur
la totalité des points, ça, c'est clair. Je pense que le début d'une négociation, c'est qu'il y ait une amélioration. Puis il
y a des points qu'on va mettre en
commun, il y en a qui, oui, vont rester litigieux, mais
c'est ce qu'on fait comme pari depuis le départ. On a mis ensemble des éleveurs
de porc industriels, des éleveurs de veau de lait avec des consommateurs à Montréal,
puis, au début, ils se regardaient comme chien et chat puis à un moment donné : O.K. Oui, si vous êtes prêt à faire ceci, moi, je suis
prêt à faire ceci. Est-ce que vous allez me donner un meilleur prix pour
ça? Parfait. Je serais prêt à... En plein moratoire porcin, en plein moratoire
porcin au Québec, j'ai négocié avec le sous-ministre de l'Environnement à l'époque pour permettre une implantation de
projets porcins en Abitibi parce
qu'il voulait faire des élevages à l'extérieur, sur litière solide au lieu de les mettre sur des planchers de béton,
etc. Donc, c'était possible. On avait quelqu'un qui était prêt à acheter des
milliers de porcs par année, donc des gros éleveurs, hein?
Mme D'Amours : Oui. Mais là on parle
de santé et bien-être animal.
M. Laplante (Maxime) : Exact.
Mme D'Amours : Et je vous rappelle
qu'un porc élevé dans une porcherie puis un porc élevé dehors, il a le droit d'avoir sa... il a les mêmes droits, là.
Avec le projet de loi, ils vont avoir les mêmes droits. Donc, est-ce que vous êtes capables de vous entendre si jamais vous êtes assis à une
table avec une industrie qui vit avec la réalité d'aujourd'hui,
avec la mise en marché qui est là aujourd'hui, qui existe, et la mise en marché que vous préconisez? Est-ce que
vous pensez qu'il va y avoir une entente qui pourrait se faire?
Le Président (M. Morin) :
Très court, M. Laplante.
M.
Laplante (Maxime) : ...c'est devenu nécessaire parce que les
consommateurs aussi ont leur mot à dire, et c'est ce qu'on veut leur donner. Donc, si les
consommateurs décident qu'ils veulent avoir du poulet élevé dehors,
l'industrie va réagir et va leur offrir. C'est ce qui se passe dans tout le
reste de la planète, sauf ici.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. Laplante. Il y a des droits, mais moi, j'ai un devoir de... Donc, merci
beaucoup encore une fois. Malgré ce que représente l'Union paysanne, il y a eu
une bonne discussion. On a été capables de voir la différence de vos points de
vue et on sent qu'il peut y avoir une rencontre des idées. Donc, merci beaucoup.
Bon retour à la maison.
Compte tenu de l'heure, j'ajourne les travaux de la commission à demain, le jeudi
24 septembre 2015, après les affaires courantes.
(Fin de la séance à 18 h 23)