(Dix heures)
Le
Président (M. Morin) :
Bon début d'avant-midi, tout
le monde. Comme nous avons quorum, je
déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Comme à l'habitude, s'il vous
plaît, vérifiez vos téléphones cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder aux consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
M. le secrétaire, la question du jour.
Le Secrétaire : Oui. M.
Fortin (Pontiac) est remplacé par Mme Nichols (Vaudreuil).
Le Président (M. Morin) :
Merci. Donc, ce matin, avant de débuter, M. le député de...
M. Giguère : Saint-Maurice.
Le Président (M. Morin) : ...Saint-Maurice
a de quoi à nous dire.
Déclaration d'intérêt du député de Saint-Maurice
M.
Giguère : Oui, M. le Président. La semaine passée, il y a eu une interpellation de Mme la députée de Mirabel. Donc, j'ai fait
une vérification au commissaire, là,
à l'éthique, et, puis comme je suis membre de l'Union des producteurs agricoles, et qui représente aussi 3 000
producteurs bovins comme moi, il y a eu une recherche qui a été faite, puis ils
en sont venus à la conclusion que, comme pour les autres entreprises du même
secteur agricole, mon seul intérêt à titre de propriétaire
d'une ferme bovine qui serait concerné par l'adoption de ce projet de loi n'est
pas en soi suffisant ou distinct pour
conduire à l'application de l'article 25 du code. Donc, je peux continuer à
siéger, et ça me fait extrêmement plaisir d'être ici et de continuer à
travailler avec vous autres.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Saint-Maurice. Merci, Mme la députée de Mirabel. Les choses sont claires dans l'esprit de tout le
monde, et voilà qu'on repart notre travail de la même manière qu'on l'a
débuté, dans l'harmonie. Donc, c'est vraiment intéressant.
Auditions (suite)
Ce matin,
nous recevons les représentants de l'Association des médecins vétérinaires du
Québec en pratique des petits animaux
et Galahad — vous
m'expliquerez c'est quoi — Association québécoise de protection des chevaux aussi.
Donc, nous débutons. Je vous souhaite la
bienvenue, mesdames. J'ai bien hâte de connaître votre nom et, ensuite, de vous
entendre pour 10 minutes.
Association des
médecins vétérinaires du Québec
en pratique des petits animaux (AMVQ)
Mme Trudel
(Valérie) : M. le président, M. le ministre, Mesdames et messieurs,
membres de la commission, je me présente,
Valérie Trudel, médecin vétérinaire, présidente de l'association des médecins
vétérinaires en pratique des petits animaux, l'AMVQ. À ma droite, la Dre
Lucie Hénault, secrétaire de l'exécutif, et, à ma gauche, la Dre Angélique
Perrier, membre du conseil d'administration.
En tout
premier lieu, au nom de l'AMVQ, je tiens à vous exprimer notre reconnaissance
d'avoir été invitées à donner notre
avis à l'égard du projet de loi n° 54, qui vise l'amélioration du statut
juridique de l'animal. Permettez-moi de vous expliquer rapidement le
rôle de notre association au sein de la société québécoise.
L'AMVQ existe depuis maintenant 65 ans et
regroupe quelque 850 membres, soit la majorité des médecins vétérinaires en
pratique des petits animaux au Québec. Concernant le bien-être animal, l'AMVQ
prend régulièrement position dans les médias
et sur différentes tribunes afin de défendre l'intérêt des animaux. Depuis
trois ans, nous avons également mis en place la Journée nationale de la
stérilisation animale au Québec. Nous réalisons aussi de nombreux sondages auprès de la population et de nos
membres, ce qui nous permet d'obtenir des données fiables sur la place
des petits animaux au Québec. Également, au
fil des dernières décennies, notre association a eu le grand privilège de
siéger et d'être consultée sur une
multitude de tables de travail et de concertation tant au niveau provincial que
municipal. Par exemple, nous faisons
partie de la stratégie sur la santé et le bien-être animal depuis ses débuts.
Par ce très bref survol de nos activités, nous
tenions à rappeler que les médecins vétérinaires, par leur expertise et leur
humanité, prennent soin des animaux bien au-delà de leur table d'examen.
Au Québec,
environ 2,5 millions de chats et de chiens attendent avec impatience
l'adoption de la loi n° 54 afin que l'on reconnaisse qu'ils sont des êtres sensibles. Le nouveau statut
juridique que leur confère ce projet de loi sera un outil de plus pour les médecins vétérinaires qui tentent
chaque jour de soulager leur souffrance et combattre ceux qui la
causent.
Nous tenons à
souligner que les médecins vétérinaires du Québec en pratique de petits animaux
appuient avec enthousiasme la démarche du gouvernement québécois. Non
seulement devrions-nous tous tenter de mettre fin à la souffrance infligée aux animaux domestiques, mais nous avons la chance
unique de travailler à faire du Québec un des endroits au monde où toute
tolérance envers ces actes sera le plus sévèrement dénoncée et condamnée.
Vous trouverez donc dans notre mémoire
différentes suggestions visant à éclaircir certains éléments du projet de loi n° 54, qui, au demeurant, mérite
toutes nos félicitations et notre collaboration. Voici donc quelques éléments
que nous aimerions présenter à la commission.
Sous le thème
de l'abandon, au Québec, nous sommes d'accord pour dire qu'il y a trop
d'abandons d'animaux : abandons
dans les refuges, les fourrières, les appartements, chez les médecins vétérinaires ou, pire, dans la nature et
dans les rues. Pour réduire ce fléau, dans notre mémoire, nous suggérons
certaines avenues, entre autres l'obligation d'une identification permanente de
tous les chats et chiens au Québec. Une meilleure identification permettra une
meilleure traçabilité des animaux et de
leurs maîtres fautifs ou négligents. Si tous nos animaux de compagnie étaient
identifiés de façon permanente, c'est-à-dire à l'aide d'une micropuce,
chaque propriétaire serait lié à son animal, ce qui faciliterait grandement l'application de la présente loi. De
plus, cela diminuerait le nombre d'animaux abandonnés et augmenterait
les chances de retrouver un animal lorsqu'il est perdu.
Un autre
point. Nous souhaiterions voir ajouté aux quatre définitions d'un animal
abandonné de l'article 50 l'énoncé incluant la situation d'un animal en liberté qui est en apparence sans
propriétaire. En effet, les chats errants ne seraient pas écrits dans la
définition d'un animal abandonné telle qu'elle est actuellement. Toutefois, il
arrive fréquemment qu'un animal errant soit
apporté et abandonné dans un établissement vétérinaire. Le médecin vétérinaire, dans ce cas,
souhaite avoir des balises claires quant à
ce qu'il doit prodiguer comme soins à cet animal et à qui repose la responsabilité de celui-ci.
Un autre point concerne l'émission de permis.
Nous estimons que la reproduction d'animaux à des fins commerciales, peu
importe le nombre, nécessite un encadrement plus serré qui devrait se faire par
l'entremise d'une certification ou d'un permis de vente approprié. À cet égard,
nous souhaitons souligner le grand travail des membres d'ANIMA-Québec et
invitons la commission à considérer cette certification lors de l'établissement
des normes pour l'obtention d'un permis d'élevage.
Afin de
réduire le nombre d'abandons et la négligence, nous évaluons aussi qu'un mineur
de moins de 16 ans ne doit pas être considéré apte à se procurer un
animal doté de sensibilité et ayant des besoins essentiels à son bien-être.
La
conséquence directe de ce grand nombre d'abandons est une quantité inacceptable
d'euthanasies. Les médecins des
animaux n'ont pas choisi cette profession, cette passion pour mettre fin à des vies sans
raison valable. Bien que cela nous
soit toujours difficile, nous nous appliquons à la réaliser de
la façon la plus humaine possible. C'est pourquoi nous sommes très sensibles à l'article 7 du chapitre II,
qui concerne l'euthanasie, et nous voulons nous assurer qu'en aucun cas les animaux ne souffrent en fin de vie.
Aussi, nous suggérons qu'en tous points reliés à l'euthanasie le projet de loi n° 54 mentionne que le médecin vétérinaire ou une
personne supervisée directement par un médecin vétérinaire soit
responsable de cet acte.
• (10 h 10) •
Mme
Hénault (Lucie) : Nous
pensons aussi que plus de précisions devraient être apportées concernant
l'article 63, qui aborde, entre autres, les questions de vaccination, de stérilisation et d'euthanasie.
Nous recommandons donc l'ajout d'une
mention de l'implication obligatoire du médecin vétérinaire en tout ce qui a
trait aux actes réservés à l'exercice de la profession. Nous croyons que
la délégation d'actes réservés aux médecins vétérinaires à des individus qui ne
sont pas adéquatement formés, ne sont pas soumis à une réglementation
stricte et ne sont pas sous la surveillance d'un ordre professionnel
constituerait un risque pour le public, mais surtout pour le bien-être animal.
Nous estimons aussi qu'un inspecteur doit
être un médecin vétérinaire ou être sous la supervision étroite d'un médecin
vétérinaire dans le même lieu
physique ou établissement dans toutes les situations où il est question
d'évaluer l'état de santé d'un animal, de poser un diagnostic en procédant à des analyses, d'élaborer un plan de
traitement, de prodiguer des soins médicaux ainsi que de procéder à l'euthanasie ou à l'abattage de
l'animal. Vous le savez, quelquefois des situations qui ont l'air
alarmantes peuvent être relativement bien contrôlées.
Un autre
thème, la dénonciation. L'abandon d'un chat ou d'un chien ou même de ce qu'on
appelle les APA, autres petits
animaux, mieux connus encore sous le nom des exotiques, est trop souvent relié
à un manque de responsabilisation, de
connaissance ou d'engagement de la part du propriétaire. De là l'importance de
l'identification permanente, mais surtout d'une loi ainsi que d'une réglementation claire. Mais, lorsqu'il est
question de différencier la maltraitance de la négligence et de
l'ignorance, il y a toute une palette de nuances qu'il n'est pas facile de
départager. À cet effet, l'article 14 du chapitre II concernant la dénonciation
obligatoire par le médecin vétérinaire nous interpelle énormément. Bien que l'obtention de l'immunité souhaitée depuis
longtemps nous soit désormais accordée, nous considérons qu'un
encadrement strict des situations à dénoncer
sera primordial pour permettre aux médecins vétérinaires d'exercer leur
profession tout en respectant les
paramètres de cette loi. Des balises très claires en termes d'obligation de
dénonciation devront être mises en place afin de ne pas rompre le lien
de confiance qui unit le médecin vétérinaire aux propriétaires d'animaux.
Par exemple,
dans un contexte clinique, il nous arrive fréquemment d'être consultés pour un
animal souffrant, mais dont le
propriétaire n'est pas en mesure de lui donner les soins nécessaires. Dans
notre mémoire, on cite l'exemple du
blocage urinaire, c'est-à-dire le cas
d'un chat dont la vessie est bloquée, l'urine ne peut plus s'écouler, et cet
animal-là va mourir,
la vessie va éclater dans son ventre. Qu'est-ce qu'on fait dans le cas où un
propriétaire décide de ramener cet animal-là souffrant, voire agonisant,
pour qu'il meure à la maison?
On ne
voudrait pas briser le lien qui unit le propriétaire... et que quelqu'un, finalement,
hésite à nous consulter sous prétexte
qu'il peut être dénoncé. De plus, nous souhaitons qu'une précision soit ajoutée
à cet article de loi afin de protéger
le professionnel des diffamations et des menaces suite à une dénonciation.
Cette précision est particulièrement importante
dans le contexte où le médecin vétérinaire, en vertu de son code de
déontologie, ne peut se défendre publiquement, par exemple, sur les
médias sociaux, puisqu'il se doit de respecter le secret professionnel, et il y
a de nombreux exemples où ça a dérapé.
Pour aller
encore un peu plus loin, le projet de la loi no 54
prévoit que le propriétaire a l'obligation de s'assurer que son animal reçoive les soins propres à ses impératifs biologiques. Étant donné qu'il est difficilement envisageable d'avoir suffisamment d'inspecteurs formés et mandatés pour attester du respect de la loi
chez les quelques millions de chiens, de chats et d'autres petits animaux, l'AMVQ recommande, pour réduire la
maltraitance ou la négligence envers les animaux et, surtout, pour prévenir de fâcheuses situations,
par l'éducation personnalisée, d'obliger chaque propriétaire à
effectuer un suivi médical régulier, idéalement annuellement, pour chacun des
animaux sous sa garde. En effet, les animaux sont excellents pour cacher leur douleur. Il arrive fréquemment qu'un animal soit présenté en clinique et que les propriétaires n'aient pas conscience que l'animal est souffrant.
Le médecin vétérinaire est formé pour déceler les signes de douleur,
mais aussi les premiers signes de maladie,
qui, souvent, ne peuvent pas être remarqués, même par les propriétaires les
plus aimants.
L'AMVQ en pratique des petits animaux recommande
également que toute vente d'un animal prévoie obligatoirement un transfert de
certificat officiel d'examen et de vaccination.
Mme Trudel
(Valérie) : Encore une fois,
toutes nos félicitations au gouvernement québécois pour son engagement à modifier le statut
juridique de l'animal au Québec. Nous sommes convaincus qu'en 2016 l'Assemblée
nationale adoptera à l'unanimité ce projet de loi essentiel, ce qui coïncidera
avec le 150e anniversaire du début de l'enseignement vétérinaire au Québec. Depuis cette lointaine
époque, chaque jour, les médecins vétérinaires préviennent et soulagent la souffrance animale. Nous sommes
confiants qu'avec cette nouvelle loi, incluant les amendements proposés, cette souffrance sera diminuée et que le Québec
sera dorénavant vu comme un modèle en matière de bien-être animal. Merci.
Le Président (M. Morin) : Merci
beaucoup, Mme Trudel. Donc, M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. Je
vais peut-être profiter de vos derniers mots pour vous retourner
une balle qui est dans l'actualité présentement. Vous êtes sans doute au
courant de ce qui a été rapporté par les médias en fin de semaine, un
événement malheureux, une jeune fille qui s'est fait attaquer par des pitbulls.
Vous réagissez comment comme médecins vétérinaires? Et de quelle façon
devrait-on considérer une situation comme ça? On a une loi, là, qui s'ouvre
devant l'Assemblée nationale, est-ce qu'on doit intervenir ? Qu'est-ce que vous
nous recommandez?
Mme Hénault (Lucie) : La question
porte exactement...
Le Président (M. Morin) : Dre
Hénault, c'est ça?
Mme
Hénault (Lucie) : Oui, Dre Hénault. La question porte exactement sur
les pitbulls ou sur le cas de morsure?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Cas
de morsure. Je ne veux pas en faire un cas particulier. On a une responsabilité, on vise un meilleur bien-être
animal. Maintenant, quand arrivent des situations comme ça, ça nous
interpelle drôlement, là, il faut se placer
à... Si on était la famille immédiate, on réagirait comment? Si on était la
victime, on réagirait comment? Et, comme société, quel encadrement
faut-il donner s'il faut en donner un?
Mme
Hénault (Lucie) : C'est une situation extrêmement malheureuse, hein?
Sincèrement, pour la famille, pour le propriétaire du chien, c'est une
situation malheureuse.
Une voix : Pour la victime
aussi.
Mme Hénault (Lucie) : Pour la
victime, certainement. Il n'y a pas de situation facile ou de réponse avec ça. Souvent, on va entendre : Ce serait bien que,
les pitbulls, on n'ait plus le droit de les avoir. Il faut comprendre que, si
on n'a plus de pitbulls... Parce que moi,
j'ai connu des pitbulls extrêmement gentils, puis j'ai connu des shih tzu
extrêmement méchants en clinique. On ne peut
pas dire qu'une race particulièrement est plus méchante qu'une autre. Il y a
beaucoup d'éducation derrière ça, il y a
beaucoup quel a été l'environnement de ce chien-là. Et, malgré tout ça, un
chien bien élevé, bien éduqué peut
toujours avoir un potentiel de morsure. Il faut éduquer les propriétaires, les
gens autour, comment on réagit avec
un chien, hein, comment on fait avec ça pour ne pas que ça arrive. Donc, je
pense que le problème en est plus un au niveau de l'éducation
présentement qu'un problème réellement précis envers une race.
Mme Trudel (Valérie) : Est-ce que je
peux...
Le Président (M. Morin) :
Allez-y.
Mme
Trudel (Valérie) : En fait, ce qu'on mentionnait aussi, on a parlé
d'examen vétérinaire régulier qu'on recommandait,
idéalement annuellement. Bien, cet examen-là va aussi servir à éduquer ce
propriétaire-là. Ça nous donne une
opportunité d'évaluer l'animal, est-ce que cet animal-là a un degré de
dangerosité élevé, qu'est-ce qu'on doit mettre en place, quelles sont les mesures dans la famille
qui doivent être mises en place aussi. Ça fait que c'est aussi pour ça
qu'on le recommande, pour le bien-être de l'animal, mais aussi pour le
bien-être humain autour de ça pour essayer d'éviter au maximum des situations
dramatiques, en fait, là, comme celle-ci.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Je veux également profiter de votre présence
pour prendre la balle au bond sur
toute la question de l'identification. Vous recommandez fortement une
identification par micropuce. C'est quoi, le coût pour le propriétaire, quand on l'identifie par
micropuce? Est-ce que c'est un coût qui est abordable, qui est
prohibitif? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme
Trudel (Valérie) : Pour tous les avantages que ça représente, c'est
vraiment un coût qui est abordable, en fait, parce que c'est un coût qui est payé initialement, qui pourrait être...
En fait, souvent, les éleveurs qui sont des éleveurs qui font bien leur travail, et tout ça, la majorité du
temps l'animal va déjà être avec sa micropuce quand il va être à
l'adoption. Le coût d'une micropuce, ça va varier. Il y a des cliniques de
micropuçage qui vont être mises en place aussi pour faciliter l'accessibilité, mais je vous dirais que c'est entre un
50 $ à 125 $, à peu près, là, selon ce qui est inclus dans le
package de micropuçage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Vous avez collaboré traditionnellement avec
ANIMA-Québec. ANIMA-Québec sont venus témoigner devant la commission,
ils nous ont beaucoup parlé de leur nouveau programme de certification comme
tel. Si vous le connaissez bien, c'est quoi, votre point de vue sur ce
programme?
Mme
Trudel (Valérie) : C'est vraiment un organisme qui a fait un travail
de maître avec des intervenants extraordinaires qui ont mis beaucoup
d'énergie à bâtir un programme solide, un programme qui, si on est capable de l'appliquer au maximum d'élevages au Québec, va
faire une différence majeure au niveau du bien-être animal au Québec. Ça fait que nous, au niveau de l'association, on
appuie, là, fortement cette certification-là. Je ne sais pas si Dre Hénault
avait...
Mme Hénault
(Lucie) : On appuie ce projet-là, oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Question qui va revenir à cette commission, vous
mentionnez dans votre mémoire la possibilité
d'exiger l'interdiction de la coupe de la queue, des oreilles des chiens et des
chats, sauf pour des raisons médicales. Pouvez-vous élaborer?
Mme
Trudel (Valérie) : Bien, en fait, c'est sûr qu'on parle de bien-être
animal, hein? Ça fait que c'est difficile de justifier de couper des oreilles et des queues, d'enlever des griffes
pour une question de bien-être animal. C'est souvent une question d'esthétique ou une question de confort
pour l'homme, mais, si on se concentre exclusivement sur l'animal et ce
qui est bien pour lui, il n'y a pas de raison qui justifie ces procédures
esthétiques là.
Mme
Hénault (Lucie) : On peut aussi ajouter que la queue est un moyen de
communication pour les animaux entre
eux. Donc, quand on prive un animal d'un moyen de communication, il peut moins
bien interagir avec ses congénères. Donc, il faut voir plus loin que ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va.
Le Président (M.
Morin) : Est-ce que du côté ministériel... Allez-y, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. D'abord, merci pour votre
présentation, c'est extrêmement intéressant. Je vous amène à la page 17 de votre mémoire sur la question de
l'examen de santé obligatoire. J'ai l'impression que vous vous attendiez à une intervention sur le sujet.
Évidemment, vous dites dans votre recommandation que l'AMVQ en pratique
de petits animaux recommande, pour réduire
la maltraitance et la négligence envers les animaux, d'obliger chaque
propriétaire à effectuer un suivi médical régulier, idéalement annuel, pour
chacun des animaux sous sa garde.
C'est
une recommandation qui va vraiment très loin, à mon point de vue, et je pense
qu'effectivement, dans un monde
idéal, oui, tout à fait d'accord avec ça. Je pense qu'il n'y a personne ici qui
sera contre la vertu, comme on peut le mentionner
à l'occasion, mais je me pose deux questions. D'abord, en termes de modalités
d'application et de contrôle, ça ne
me paraît pas si simple que ça dans le quotidien de la vie. Puis l'autre
élément, c'est que, quant à moi, il y a une question de responsabilité
personnelle et individuelle qui relève de chacun. Et on doit y aller avec
beaucoup de sensibilisation puis, je dirais,
d'éducation par rapport à la décision de prendre un animal à sa résidence, un
animal domestique, et de ne
pas toujours, entre autres dans ce genre de situation là, de s'en référer à l'État
comme étant l'instance qui va contrôler tout de la vie quotidienne des
individus. Mais j'aimerais vous entendre là-dessus.
• (10 h 20) •
Le Président (M.
Morin) : Mme Trudel.
Mme Trudel (Valérie) : Bien, pour la
première partie de votre question, c'est sûr que c'est des questions qu'on
s'est posées aussi, à savoir comment est-ce que ça peut être appliqué, et tout
ça. Ça prend des ressources pour appliquer ce genre de procédure là. Mais, avant tout, comme
vétérinaires, on est là pour le bien-être animal. Ça fait que notre
travail ici aujourd'hui, c'est de vous dire c'est quoi, les choses qu'on
pourrait faire comme société pour s'assurer que nos animaux soient le
mieux traités. Ce qu'on mentionnait, c'est vraiment que ce n'est pas réaliste
de penser qu'on peut avoir suffisamment d'inspecteurs pour aller avoir un impact sur tous les animaux au Québec,
là, ce n'est pas comme ça que ça
marche. Le vétérinaire est la personne la mieux placée pour réussir à avoir cet
impact-là au quotidien chez les gens. Les
statistiques, je ne m'en rappelle pas par coeur, la Dre Hénault pourra le dire,
mais, quand même, il y a beaucoup
de chats et de chiens qui ne verront jamais le vétérinaire de leur vie. C'est
là-dessus, surtout, qu'on voulait attirer votre attention.
Le Président (M. Morin) : Mme
Hénault.
Mme
Hénault (Lucie) : Il faut
comprendre qu'on a le tiers des chats qui nous consultent. C'est utopique de
penser que le deux tiers des chats n'ont pas besoin d'examen vétérinaire.
Ceux-là aussi ont mal aux dents, ont des souffles cardiaques. En fait, probablement toutes les conditions qui existent chez l'humain
existent chez ces animaux-là aussi. Donc, nous, on veut les voir en
clinique parce qu'on est orientés bien-être animal.
Chez le
chien, il y a plus de chiens qui nous consultent, hein, parce que
les chiens sont plus éloquents dans leurs signes de douleur que les chats. Mais, encore là, on va voir des chats
puis des chiens qui ont des abcès dentaires depuis des années. Ça ne fait pas moins mal à un chien qu'à un humain,
et ils ne nous ont pas consultés, les propriétaires ne sont pas conscients. Encore dernièrement, j'ai eu un chien
qui était aveugle en consultation, le propriétaire ne le savait pas. Donc,
on peut mettre en place juste des petites choses dans la maison pour rendre ce
chien-là plus confortable dans son environnement. C'est comme ça qu'on pense
qu'un examen annuel sert le bien-être animal.
Mme Trudel
(Valérie) : Puis, si je peux
juste rajouter pour finir sur votre question, en fait, qui était aussi sur
la responsabilité individuelle par rapport à la responsabilité de l'État dans ce cas-ci, c'est qu'en fait on est ici
aujourd'hui parce que la responsabilité individuelle, elle n'est pas suffisante pour le bien-être
animal. On est ici en train de travailler parce que l'État a
besoin de se prononcer pour établir des normes pour que le bien-être
animal soit respecté au Québec. Ça fait que c'est pour ça que c'est
important.
Le Président (M. Morin) : Ça
va?
M. Chevarie : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) : Oui,
le député de Saint-Maurice.
M. Giguère : Oui. Un petit peu dans
la même chose. À la page 16, sur la nutrition, donc, vous nous dites : «Le
médecin vétérinaire, dans le but de prévenir certains problèmes de santé, est
le professionnel le plus apte à recommander
la diète de maintien pour chaque espèce.» Vous venez de le dire, que le deux
tiers des petits minous, des chats ne
vont pas vous visiter. Donc, cette recommandation-là fait qu'il
y a de la nourriture présentement qu'il est permis, là, de vendre, là, dans les points de vente,
là, autres que les cliniques vétérinaires. Donc, c'est-u pour rapatrier tout ça
chez vous? J'y vais à l'extrême, là.
Mme Trudel (Valérie) : Absolument.
Je suis prête à vous répondre aussi.
Le Président (M. Morin) : Dre
Trudel.
Mme Trudel
(Valérie) : Ça fait
qu'en fait ce qu'on ne dit pas, c'est qu'il faut que les gens achètent de la
nourriture vétérinaire. Parce qu'évidemment on fait la vente de certaines
diètes vétérinaires. Ce qu'on veut dire par là, c'est que le vétérinaire est le mieux pour faire cette
recommandation-là puis évaluer si la diète, elle est adéquate. On parlait du
blocage urinaire précédemment. Quand j'ai un
animal en clinique que je dois euthanasier parce que le propriétaire ne peut
faire les soins pour le déblocage et que ce
blocage urinaire là est dû à une alimentation qui était inappropriée, à quelque
part j'ai manqué un peu... je n'étais
pas là pour lui dire, à ce deux tiers de chat là, qui vient me voir juste à la
fin, pour lui dire : Non, ça, ça
ne convient pas à votre animal, il faut essayer d'y aller sur autre chose.
C'est sûr que vous avez aussi... On en parlait,
que vous étiez producteur, et tout ça, ça fait que c'est sûr que vous avez
comme la version où l'agronome est plus présent pour vous au niveau de l'alimentation. Dans le milieu des petits
animaux, c'est l'inverse, là, je veux dire, c'est vraiment le
vétérinaire qui est central au niveau de l'alimentation.
Mme Hénault (Lucie) : On s'adressait
aussi en...
Le Président (M. Morin) : Dre
Hénault.
Mme
Hénault (Lucie) : Donc, en écrivant ces lignes-là, on pensait aussi
aux élevages, hein? Par exemple, un élevage de chats, on aimerait que le
médecin vétérinaire soit consulté pour suggérer ce qui convient le mieux. Il y
a des particularités de race aussi dont il
faut tenir compte, il y a des... C'est très poussé, l'alimentation animale, et
c'est très intéressant aussi, hein?
Par exemple, le chien n'est pas un carnivore, contrairement à ce qu'on peut
croire. Donc, il y a toutes ces
choses-là qui permettent, avec les connaissances, d'adapter l'alimentation
idéalement pour une espèce, pour une race aussi en fonction du mode de vie de ces
animaux-là, hein? Un chien de traîneau qui dépense beaucoup d'énergie
n'aura pas les mêmes besoins, par exemple, d'un chien de salon qui ne sait même
pas qu'il a des pattes.
M.
Giguère : Donc, et aussi vous demandez un certificat d'examen de santé
obligatoire pour chaque animal. Donc, ma question : C'est parce qu'on
en a beaucoup, là, d'animaux, là, est-ce qu'on va manquer de vétérinaires au
bout?
Mme Hénault (Lucie) : Ça va bien,
ça.
M. Giguère : Non, bien, c'est parce
que je vois tout le travail que vous demandez, puis ça vous revient.
Mme Trudel
(Valérie) : On en produira d'autres. Mais je vous dirais non. De toute
façon, dans le pire des cas, si c'était ça, si on se rend compte que la
société québécoise a besoin de plus de vétérinaires pour avoir plus d'impact au
niveau du bien-être, à ce moment-là les
cohortes seront augmentées au niveau de la faculté, il y aura d'autres écoles
qui vont se créer. Le certificat de santé
obligatoire, c'était beaucoup aussi par rapport aux transactions de vente parce
que le nombre de fois où on a un
animal qui a été vendu avec des vices cachés, là, on va parler comme ça, là,
c'est triste, c'est tellement triste
pour quelqu'un qui s'est attaché à son animal qui vient me voir en
consultation, puis que je suis obligée de lui dire que ça prend une chirurgie, ça prend ci, ça prend
ça. Ça fait que, si, au moins, on avait un certificat de santé
obligatoire à transférer en cas de vente, ça protégerait le consommateur.
M. Giguère : Merci.
Le Président (M. Morin) : Dre
Hénault.
Mme Hénault (Lucie) : Je suis moins
dissipée, là, je demande la permission.
Le
Président (M. Morin) :
Non, c'est simplement pour ceux qui vérifient qui parle, mais on a de l'aide
aussi, là.
Mme
Hénault (Lucie) : Parfait. Si on avait ce certificat-là, beaucoup
d'euthanasies malheureuses seraient évitées. Par exemple, si on prend la dysplasie de la hanche, c'est héréditaire.
Oh! combien de fois on a en clinique un patient qui a une dysplasie sévère avec un propriétaire
convaincu que c'était impossible que cet animal-là en ait. Bien non, ils
m'ont dit qu'il n'en avait pas. Les
radiographies disent qu'il y en a, tu sais. Donc, c'est triste parce qu'à ce
moment-là la famille est attachée à l'animal. Peut-être que, s'ils
l'avaient su avant, ils auraient pu prendre des moyens pour pouvoir traiter cet
animal-là. On pense que c'est réellement important que les gens aient toute
connaissance de cause quand ils achètent un animal.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Ça va? M. le député de Berthier.
M. Villeneuve : Oui. Bonjour,
M. le Président, bon mardi. Bonjour, tout le monde. Bonjour, mesdames. Très heureux de vous rencontrer ce matin. Je vais y
aller peut-être plus largement... bien, plus largement... Il y a une
question qui a été soulevée, c'est le fait
qu'on change les règles, c'est le cas de le dire, va amener... Il y a des
choses qu'on peut voir. On peut voir
quels changements significatifs ça va provoquer, mais il y a des choses qu'on
ne voit pas présentement qu'on devra,
au fil des mois, des années, suite à l'adoption du projet de loi, faire face
parce qu'il y aura des changements assez importants, on présume. Et je vous amène là-dessus à la page 7 de votre
mémoire, quand vous dites que le changement de statut juridique de
l'animal au Québec ouvrirait de nouvelles avenues en ce qui concerne la place
des animaux dans notre société.
Moi,
j'aimerais, là, parce que c'est vraiment le coeur du projet de loi, là, la
place qu'occupent les animaux dans notre
société... On a eu des gens qui sont venus ici nous dire que, quand on parle
d'animaux domestiques, eh bien, depuis la nuit des temps, l'homme a domestiqué des animaux, mais à peu près... pas
tous, mais, pour beaucoup, beaucoup d'animaux, tout dépendamment du
degré de domestication et comment ils sont apprivoisés, là, le degré
d'apprivoisement ou... apprivoisement, c'est
ça... Et même que quelqu'un nous a suggéré peut-être, là, d'apporter une
modification au projet de loi, entre
autres, d'inclure non pas les animaux domestiques, mais les animaux en général
parce que, dans un degré plus ou moins variable, ils sont domestiqués
d'une certaine façon.
Alors, moi,
j'aimerais vous entendre sur la place des animaux dans notre société, qu'est-ce
que le projet de loi, essentiellement,
selon vous, va changer, et ça va être quoi, les conséquences sur notre approche
en tant que personnes, en tant que
société, et, évidemment, les bienfaits, si bienfaits... Il y aura assurément
bienfaits pour le monde animal. Question large.
Le Président (M. Morin) : Dre
Hénault.
Mme
Hénault (Lucie) : C'est mon tour? Les animaux sont nos amis. Quand on
choisit d'adopter un animal, on choisit de prendre une relation d'amitié
avec un être. C'est ça, un animal. Sauf que c'est un ami qui n'a pas la pleine
autonomie pour décider de sa condition. Qu'est-ce que ça va changer? Ça ne
changera rien pour les personnes déjà aimantes,
conscientes de ce qu'ils font quand ils font une adoption. Ça va changer pour
les gens qui savent moins dans quoi ils
s'embarquent avec ça. Que l'animal soit doué de sensibilité, ça fait très
longtemps que les vétérinaires en sont conscients, et la majorité de nos clients le sont aussi. Ce
que ça change, ce projet-là, ça change pour les animaux qui ont moins de
chance que les autres.
Avec ça, on vient aider les animaux qui ne nous consultent pas ou quand c'est
trop tard. C'est ça que ça change.
C'est qu'à ce moment-là, avec cette loi-là, il ne faut pas nécessairement que
tu aies une famille aimante pour avoir le droit d'être quelqu'un
d'important. Parce que, pour moi, les animaux, c'est important. Pour la majorité
des Québécois aussi, pour vous qui faites cette loi-là, c'est important.
On donne la même chance, avec cette loi-là, aux animaux qui n'ont pas
des maîtres aimants. C'est pour ça qu'on l'appuie.
• (10 h 30) •
M. Villeneuve : O.K. Quelqu'un
veut ajouter d'autre chose là-dessus? Ça va?
Mme Trudel (Valérie) : ...tout à
fait complet.
M. Villeneuve : O.K. Parfait.
Parfait.
Mme Trudel
(Valérie) : Je pense que
d'avoir des animaux dans nos vies, c'est un privilège, puis qu'il faut
les traiter comme tel, puis c'est ça qu'on se donne comme outil avec ce projet
de loi.
M.
Villeneuve : Donc, il y a
tout l'aspect de responsabilisation de la personne qui adopte ou prend sous sa
charge un animal et il y a
aussi tout l'aspect d'information, dont vous êtes assurément aux premières lignes,
pour informer les gens sur les impératifs biologiques de l'animal et sur
sa sociabilisation, comment on procède, comment on fait. Alors, effectivement, il y a un gros travail, j'ai l'impression, à faire à ce
niveau-là, quoiqu'il ne faut pas se décourager pour autant. On travaille, il faut se dire qu'il y a
un travail à faire, puis qu'on doit le faire comme société
par l'entremise d'un projet de loi ou autrement. Et, dans le projet de
loi actuellement, cette responsabilisation nécessaire du futur propriétaire ou
du propriétaire actuel ,et de l'information, et des différentes choses qu'on
doit faire lorsqu'on adopte un animal, vous considérez
qu'on a ce qu'il faut dans le projet
de loi actuellement ou s'il y avait quelque chose qui pourrait être ajouté pour compléter?
Mme Trudel
(Valérie) : Je pense qu'il y
a tellement de choses qui pourraient être ajoutées toujours.
La réalité, c'est que le projet de loi, de la façon qu'il est fait actuellement, il a une bonne structure. Donc, ça sera possible
d'ajouter au fil du temps des choses plus
spécifiques comme des règlements qui vont encadrer certaines pratiques et de le bonifier. Mais, au niveau de la
forme actuelle, c'est une très bonne base pour bâtir là-dessus.
Mme Hénault (Lucie) : On considère
qu'il est bonifié avec nos ajouts, je suis contente.
M.
Villeneuve : ...à
l'article 41, dont vous faites état dans votre mémoire. Et ça, on en a discuté
antérieurement, là, et, effectivement, il ne faut pas non plus se retrouver
dans une situation où l'exception... Parce qu'on le voit des fois, hein, des fois l'exception devient la règle. Et,
vous le soulignez fort bien dans votre mémoire, il faut s'assurer qu'il
n'y aura pas de dérapage à ce niveau-là,
d'autant plus que vous possédez des connaissances, une expertise, une
expérience de travail tout à fait,
là, correctes dans les circonstances
et nécessaires dans les circonstances qu'un inspecteur n'aura
pas nécessairement.
Ne
pensez-vous pas qu'avec les nouvelles technologies... Moi, j'ai mon poney, d'ailleurs, là... Ma
fille a fait faire une radiographie à
son poney. Alors, la dame, la vétérinaire — c'est
une jeune fille — est
venue... non, mais elle est venue avec
son appareil dans le pâturage, elle a pris une radiographie du poney, et je me
suis dit : Wow! c'est quand même... on ne déplace pas le poney, on déplace l'engin pour venir faire la
radiographie. Alors, avec toutes les nouvelles technologies, téléphone
intelligent, iPad, d'entrer en contact avec un vétérinaire... Puis on le fait
au niveau de la médecine, hein? Maintenant,
il y a des opérations qui se font par télémédecine, tu sais. Donc, le médecin
n'est pas sur place, et il peut assister ou même diriger une opération
sur un patient.
Donc, ne
pensez-vous pas qu'avec toutes les nouvelles technologies l'idée même de penser
que quelqu'un d'autre qu'un vétérinaire puisse, dans un cas
exceptionnel, qui, à mon avis, ne devrait pas être, poser un geste qui va faire
l'inverse de ce qu'il veut faire, abréger
les souffrances? Il va peut-être les prolonger et, même, comme vous le disiez
dans votre mémoire, va peut-être même poser
un geste fatal qui, dans le fond, aurait pu être guéri parce que c'était bénin
ou ce n'était pas... Mais je veux vous
entendre sur les nouvelles technologies parce qu'à mon avis on a là les outils
nécessaires pour éviter, justement, qu'un apprenti sorcier commette
l'irréparable et augmente les souffrances d'un animal.
Mme Trudel
(Valérie) : Absolument. Premièrement, vous allez dans le sens de ce
qu'on dit aussi, qu'en 2015, normalement, on devrait être capable
d'avoir accès à un vétérinaire de façon urgente. Premièrement, je veux juste mentionner que l'acte d'euthanasier un animal,
c'est vraiment quelque chose qui est lourd de responsabilités. Le
vétérinaire est formé pour prendre ces décisions-là, puis c'est important que
ça reste au vétérinaire, la décision finale.
Ceci dit,
l'article 41 prévoit des situations très, très, très exceptionnelles. Si, par
exemple, on se retrouve dans le bois
où il n'y a pas de signal, le téléphone intelligent ne pourra pas être utilisé
à ce moment-là. Ça fait que l'idée, c'est qu'il faut que ça soit
exceptionnel. Mais, d'un autre côté, comme vétérinaire, on ne peut pas non plus
laisser un animal souffrir pendant un trajet
de cinq heures en voiture si c'est clair qu'il n'y a rien qui pourra être fait
au bout de la ligne, là. Ce n'est pas ça, notre objectif. Notre
objectif, c'est de garder la responsabilité de cet acte-là parce qu'on est
formés pour la porter, mais de ne pas
laisser des animaux souffrir si c'est certain à 100 % que c'est la bonne
décision à prendre. Mais c'est sûr qu'il faut que ça soit extrêmement
exceptionnel.
Le Président (M. Morin) : Mme
Hénault.
Mme Hénault
(Lucie) : Et la meilleure technologie ne remplacera jamais le feeling clinique,
hein? Puis, une radiographie, on interprète une photo. Quand on a un patient
devant nous, on interprète un patient.
Mme Perrier-Edmunds (Angélique) : En
fait, j'ajouterais aussi que la vue, ce n'est pas la seule chose qu'on utilise dans notre examen physique. Nos
mains sont absolument essentielles. Par exemple, un blocage
urinaire, ça se diagnostique avec nos
mains par la palpation de l'abdomen de l'animal, ce qui ne peut se faire par la
technologie actuelle.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Dre Perrier.
M.
Villeneuve : Oui, je
suis d'accord, mais on sait à quelle vitesse la technologie avance. Ça fait que je me dis qu'en quelque part il y aurait
peut-être moyen avec un gant, bon, tactile... Je pousse un peu loin.
Le Président (M. Morin) :
...secondes.
M. Villeneuve :
Bien, rapidement, vous dites... Dans le projet de loi, on dit :
L'inspecteur peut demander qu'une nécropsie soit effectuée à la suite de
l'euthanasie de l'animal confisqué. Est-ce qu'on ne demande pas au lapin de
surveiller le bar à salade?
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Morin) : M.
le député de Berthier, vous êtes... ce matin.
M.
Villeneuve : Non, mais... parce que, dans le fond, c'est la
même personne qui aura fait l'euthanasie qui pourra demander une... Je
ne le sais pas.
Mme
Hénault (Lucie) : Bien, la nécropsie va être faite par un médecin
vétérinaire. Encore là, les nécropsies sont faites par des médecins
vétérinaires qui sont spécialistes, des pathologistes, hein?
M.
Villeneuve : Je suis d'accord, mais c'est l'inspecteur qui peut
demander. Donc, s'il a fait une erreur, il ne la demandera pas, là. Je
pose la question comme ça.
Mme Hénault (Lucie) : D'où
l'importance que l'inspecteur soit sous la supervision directe d'un médecin vétérinaire
qui en répond à ce moment-là.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Mme la députée de Mirabel, à vous.
Mme
D'Amours : Merci. Bonjour, mesdames. Je n'ai pas beaucoup de temps. Ça
fait que ça va être assez court, puis j'aimerais avoir une réponse assez
courte. Vous parlez de responsabilité individuelle. Moi, j'aimerais ça, vous entendre sur... Je vais prendre le mot, là,
«acharnement», mais dans les deux sens, quand un animal souffre puis qu'il
n'y a rien à faire, mais que le propriétaire
veut quand même le garder puis le ramener à la maison et, de l'autre côté,
quand c'est une jeune famille avec des enfants qui ont un chien, puis
que le chien est malade, il a une maladie, puis que, là, à ce moment-là, ça
prend des médicaments qui coûtent aussi cher qu'une hypothèque par mois. Alors,
j'aimerais ça, vous entendre sur ça.
Le Président (M. Morin) : Dre
Trudel.
Mme Trudel (Valérie) : En fait, vous
nommez là exactement le dilemme, comme vétérinaires, que nous allons avoir. Et
c'est pour ça qu'on va avoir besoin de balises claires, parce que la relation
avec notre client, elle est importante. On
veut qu'il continue de nous consulter, qu'on puisse proposer de la médication
coûteuse, mais l'animal ne devrait
jamais souffrir par les décisions qu'on prend. C'est-à-dire que, si la
meilleure décision pour cet animal-là, c'est de l'euthanasier, il devrait être euthanasié. Si cet animal-là, la
meilleure décision, c'est d'être soigné, tu sais, dans le meilleur des
mondes, il devrait être soigné aussi, là.
Mme
Hénault (Lucie) : Et on ne peut que rappeler l'importance des
assurances que le propriétaire peut prendre, les assurances médicales. À ce moment-là, si un budget est plus serré,
ça serait idéal de prendre des assurances qu'on paie mensuellement qui vont permettre de couvrir tous
les besoins de cet animal-là. Donc, on vient, à ce moment-là, s'enlever
de l'esprit : Est-ce que je le fais ou pas pour une question de dollars?
Ça va être : Est-ce que je le fais ou pas pour une question de bien-être
animal? Et ces assurances-là existent, là.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Dre Hénault. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Oui. Par mesure de transparence, est-ce que... Parce que,
tantôt, vous avez parlé, là, que le vétérinaire
devrait être la personne qui recommande la nourriture et qu'il y ait la
nourriture en vente dans les cliniques, mais est-ce qu'il n'y aurait
pas, par mesure de transparence puis pour garder une saine compétition...
seriez-vous d'accord à
sortir, à ne plus vendre la nourriture, que ce soit un autre organisme qui vend
la nourriture afin que ça reste neutre et qu'il y ait une compétition entre magasins, si on peut les appeler comme
ça, pour que le vétérinaire, lui, ait à écrire sa recommandation, mais
qu'il ne soit pas non plus celui qui recommande, mais qui vend?
Le Président (M.
Morin) : Dre Hénault.
Mme
Hénault (Lucie) : 15 % de la nourriture au Canada est achetée
chez les vétérinaires. 85 % de la nourriture pour animaux est achetée généralement en grande surface.
Le plus gros vendeur de nourriture pour animaux au Canada, c'est Costco. Après, c'est Wal-Mart. Donc, je ne
pense pas qu'on soit en conflit d'intérêts avec ça. La recommandation alimentaire, on la fait à partir d'un examen
spécialement pour cet animal-là. Je ne pense pas que personne autre que
les médecins vétérinaires puissent
dire : Je viens d'examiner Boubou, il a une livre de trop, soit 10 %
de son poids, il souffre de tartre dentaire, et c'est une race à risque
de problèmes urinaires. Ma recommandation va donc être une nourriture qui
prévient les problèmes urinaires, va aider son tartre dentaire tout en étant
légère. À partir de là, je n'ai réellement pas l'impression d'être en conflit d'intérêts, mais de miser pour que cet
animal-là soit en santé le plus longtemps possible.
Le Président (M.
Morin) : C'est une réponse claire, ça, Mme la députée de
Mirabel.
• (10 h 40) •
Mme
D'Amours : C'est une réponse claire.
Au sujet du sort des chats et des chiens errants, moi, j'aimerais ça, savoir quelle est présentement votre façon de
faire. On vous apporte des chats qui sont visiblement en santé, qui
auraient peut-être besoin de quelques soins, mais que faites-vous avec ces
chiens-là et ces chats-là?
Mme
Trudel (Valérie) : Ça va
dépendre un peu de la situation. Souvent, on va avoir des bons samaritains
qui vont amener les chats, qui vont les soigner et qui vont repartir avec
l'animal. D'autres fois, la clinique va adopter l'animal puis va faire les soins quand c'est le temps de le
sauver. Dans d'autres occasions, on peut aller les porter dans les
centres de gestion animalière ou c'est selon l'endroit où est-ce qu'on est
aussi, là.
Mme
Hénault (Lucie) : On est
aussi soumis aux réglementations de la municipalité. Par
exemple, on doit les porter au
Berger blanc ou ce genre de chose là, ce n'est pas notre décision. Ce qui est extrêmement
triste pour nous, c'est de devoir donner un animal à ces organismes-là qui ne
font qu'appliquer la loi, alors qu'il est dans le besoin de soins.
Mme
D'Amours : J'aimerais ça aussi savoir, le système... est-ce que le
système du chat ou du chien est plus complexe
que l'humain? Parce qu'il y a
différentes façons de penser chez l'humain, de dire qu'il y en a qu'il faut
manger des protéines, c'est de la viande,
d'autres qui ne mangent aucune viande, d'autres... et tout le monde... En tout
cas, ils ont l'air à bien se sentir.
Moi, j'en connais qui ne mangent pas de viande du tout, et ils ne vont pas voir
les médecins à chaque année parce qu'ils n'en ont pas, mais ils
continuent à vivre quand même.
Votre
demande à ce qu'il y ait une obligation qu'on voie le vétérinaire à chaque
année, est-ce que ce n'est pas de pousser un peu? Parce qu'il y a des
gens qui n'ont pas de médecin, qui ne peuvent pas aller les voir à chaque
année. Est-ce que ce n'est pas un peu poussé
ou si c'est qu'on pourrait laisser libre choix aux gens de vous consulter?
Quand ils voient que l'animal ne va
pas bien, qu'il ne se sent pas bien, d'accord on y va. Mais, si ça va bien,
s'il mange bien, même s'il a un petit
peu de nourriture de table, il y en a des chiens qui vivent 10, 12, 15 ans.
Alors, pourquoi, tu sais, vraiment tout encadrer ça pour donner la
responsabilité individuelle?
Mme
Trudel (Valérie) : Ça fait que, dans un premier temps, je pense qu'on
voudrait que tous les humains aient un examen
médical annuel et aient accès à un médecin de famille, mais, par rapport aux
animaux, la grosse différence, c'est que nous, on se sent, ça veut dire
qu'on le sait quand on a un malaise. Ce qu'on essaie de vous démontrer ici, là,
de vous expliquer aujourd'hui, c'est que
l'animal, quand il est amené en clinique, ça fait longtemps qu'il a son
malaise, ça fait longtemps que, s'il
pouvait parler, il aurait dit : Ah! j'ai mal au ventre depuis des mois,
j'ai mal au coeur. On ne le sait pas, ça,
ça cache la douleur. Ça fait que c'est pour ça qu'à ce niveau-là la
responsabilité individuelle, oui, c'est bien, mais les gens n'ont pas
conscience de ce que l'animal ressent à ce moment-là.
Mme
D'Amours : Mais êtes-vous en train de me dire...
Le Président (M.
Morin) : Merci.
Mme
D'Amours : C'est terminé?
Le Président (M.
Morin) : Allez-y, rapidement.
Mme
D'Amours : Est-ce que vous
êtes en train de me dire que l'animal qui a mal au ventre pendant des
mois peut courir, se faire aller la queue, être content, bien manger, bien
aller aux toilettes et...
Mme
Trudel (Valérie) : Oui. La
semaine passée, j'ai eu un chat avec une fracture au niveau d'une hanche
qui marchait dessus. La propriétaire donne
des anti-inflammatoires, puis elle me dit : Est-ce que ça cause de la
somnolence? Ça ne cause pas de somnolence,
le chat ne bouge plus parce qu'il a
mal. Ce n'est pas de la somnolence, mais le propriétaire va interpréter
les signes puis arriver à une conclusion qui n'est pas la bonne.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Dre Trudel, Dre Hénault, Dre Perrier-Edmunds. Merci beaucoup. Encore
une fois, ça a été des échanges fort
intéressants. Bon retour à la maison. Merci d'avoir participé à ce très beau
projet de loi.
Donc, je suspends
quelques instants et j'invite le prochain organisme à se présenter à la table.
(Suspension de la séance à
10 h 44)
(Reprise à 10 h 46)
Le Président (M.
Morin) : Nous reprenons nos travaux en recevant Galahad, Association
québécoise de protection des chevaux. Je pense que j'ai eu ma réponse tout à
l'heure, là, merci. Donc, mesdames, à vous la parole. J'aimerais bien, comme à
l'habitude, vous connaître et savoir qui vous êtes.
Galahad, Association québécoise de protection des chevaux
Mme
Cadorette (Chamie Angie) :
Bonjour. Je me présente, Chamie Angie Cadorette. Je suis la fondatrice
de Galahad, l'Association québécoise
de protection des chevaux. Premièrement, je tiens à vous remercier pour cette
belle invitation. Ça permet de donner une voix à ceux qui n'en ont pas. Merci
beaucoup.
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) :
Bonjour. Mon nom est Elyse Gambar-Hynes. Je suis coordonnatrice des
plaintes de négligence chez Galahad à titre bénévole.
Mme Benoit
(Nellie) : Bonjour. Nellie Benoit. Je suis avocate spécialisée en
droit criminel et pénal et je suis mystère.
Galahad est l'Association québécoise de protection des chevaux qui est un OBNL qui
existe depuis maintenant huit ans.
Chaque
année, Galahad permet à 200 chevaux de trouver une famille d'adoption, des
chevaux qui sont dans le besoin.
Galahad a développé un réseau de 175 refuges partout au Québec.
Nos refuges sont visités et certifiés selon le code de pratiques des équidés ainsi que selon nos
propres règlements développés suite à nos multiples interventions
sur le terrain. Ils sont également inspirés de la loi P-42.
Galahad,
c'est aussi 45 agents de sensibilisation qui agissent partout au Québec
afin d'assister les propriétaires de chevaux, en plus d'assister les
agents du MAPAQ, ceux de la SPCA et de la HSI lors de la saisie de chevaux.
Finalement, Galahad
offre des formations tant aux propriétaires de chevaux qu'aux agents de
sensibilisation.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) :
Nous trouvons que les chevaux sont, ni
plus ni moins, les animaux un
peu mal aimés au Québec.
On ne peut pas passer outre, au courant des dernières années, les sorties dans
les médias, par exemple, de l'abattoir de la Petite-Nation, les images choquantes
qui ont été révélées, là, d'abattoirs ratés, de chevaux qui n'étaient
pas insensibilisés après les premiers coups
de fusil à percussion. On ne peut pas non plus passer outre toutes les
histoires des calèches de cet été,
des conditions de travail inadéquates dans lesquelles les chevaux travaillent, entre autres dans la région de Montréal. Bref, on trouve que le Québec est
dur avec les chevaux.
Et Galahad est ici également
aujourd'hui pour vous rappeler que le cheval est un animal qui oscille entre deux statuts. C'est un animal qui est domestique,
un animal de loisir et de sport. C'est aussi un animal qui est traité
comme une marchandise et comme de la viande,
un animal de rente. Évidemment, nous sommes d'avis que le cheval est un
animal de loisir et domestique et qu'il ne
devrait pas être traité comme une pièce de viande. Mais c'est aussi pourquoi
nous nous réjouissons de l'inclusion des équidés dans l'article 8 du projet
de loi n° 54.
Selon
nous, l'obligation de fournir aux équidés stimulation, socialisation,
enrichissement de l'environnement
qui convienne à leurs impératifs
biologiques, c'est un immense pas en avant. Par ailleurs, il est pertinent
aussi de s'attarder un instant sur le
terme «impératif biologique». J'aimerais ça, brièvement — je
le sais que ça a été abordé aussi dans d'autres présentations — vous
parler très courtement des stéréotypies.
Les
stéréotypies, c'est un comportement indésirable qui fait surface lorsque,
dans le cas qui nous concerne, un équidé
est incapable d'exprimer des comportements qui lui sont naturels et nécessaires
à son bien-être. À titre d'exemple, les chevaux à l'état
sauvage ne présentent jamais de stéréotypie, et il y a de la littérature
scientifique qui appuie, évidemment, ça. Vous me direz qu'on ne peut pas prendre le
cheval et le retourner à l'état de nature, et je suis d'accord avec vous, le cheval est maintenant un animal qui est
domestiqué. Mais on pense qu'il est possible d'établir un équilibre entre respecter la nature propre du cheval et aussi développer et continuer
d'avancer dans notre relation avec cet animal-là et la relation qu'on
entretient avec lui depuis des centaines d'années.
• (10 h 50) •
Nous
croyons que l'atteinte de cet équilibre doit se faire à travers l'adoption d'un règlement
spécifique pour les chevaux au même
titre que le règlement dont bénéficient les chiens et les chats présentement, à ce jour. Nous devons, pour cette
raison, réitérer l'importance de l'article 63, qui permet, en son troisième
alinéa, l'adoption du Code de pratiques pour les soins et la manipulation des équidés qui existe déjà présentement. Nous ne croyons pas que le code est nécessairement parfait, mais nous croyons qu'il constitue un
excellent point de départ et un outil de travail nécessaire dans l'amélioration
du bien-être des équidés dans notre province. Nous pensons qu'il est impératif
que les inspecteurs qui sont en charge de l'application de cette loi provinciale aient à leur disposition un outil réglementaire afin de mieux renforcer le bien-être des équidés et aussi afin de
mieux travailler dans un cadre de formation.
Nous sommes également
inquiets par le manque d'effectif sur le terrain qui est en mesure d'appliquer
la loi provinciale pour les grands animaux
et les équidés en prenant en compte, évidemment, la situation économique
actuelle, les différentes coupures dans les différents ministères, en prenant
aussi en compte que les SPA et SPCA n'ont pas les pouvoirs d'application de la loi P-42 pour les grands animaux, ce qui
doit nécessairement alourdir la tâche des inspecteurs du
MAPAQ qui appliquent la loi envers les grands animaux et agrandir le territoire
sur lequel ils doivent mettre en application cette loi.
Galahad croit, effectivement, que les pouvoirs
d'inspection provinciaux en matière de bien-être des grands animaux pourraient
être délégués à des organismes qui en font leur spécialité et leur expertise.
Mme Benoit
(Nellie) : Maintenant,
on va commenter certains points spécifiques du projet de loi. Je vous
invite à l'article 5, au troisième alinéa. Je vous réfère aux pages
4 à 6 de notre mémoire. Nous proposons un amendement afin d'y ajouter,
en fait, une précision : Alors, l'alinéa 3° se lirait : «3° ait
l'occasion de se mouvoir suffisamment dans son environnement immédiat,
c'est‐à‐dire de se tenir debout
confortablement, de pouvoir se retourner sur lui-même, se coucher
confortablement et se lever à sa guise.»
Évidemment,
ce projet d'amendement là traite du problème avec ce qu'on appelle des
entre-deux, où plusieurs chevaux sont
attachés et ne peuvent même pas se retourner, ne peuvent pas se coucher. Donc,
ils sont prisonniers, ils ne peuvent pas bouger, ce qui, selon nous, est
tout à fait contraire au bien-être des équidés.
Ensuite, nous
proposons également, à l'article 7, troisième alinéa, au sujet de l'exemption par rapport à l'abattage, nous soumettons qu'un règlement devrait être
adopté afin de mieux encadrer la pratique de l'abattage des chevaux au Québec parce que
c'est un problème qui donne mauvaise presse au Québec en ce moment, il faut s'y adresser. Ce règlement devrait prévoir des protocoles et des sanctions si les protocoles ne
sont pas respectés afin de minimiser, évidemment, les souffrances des équidés.
Au niveau des permis, à l'article 17, on vous réfère à la page 7 de notre mémoire.
Nous proposons de modifier le nombre
prévu de 15 à 10, les équidés, entre autres parce que c'est des gros
animaux qui nécessitent un budget bien plus important que les chats et les
chiens. Je vous invite à lire, encore une fois, la page 7, où on développe
cette proposition.
Ensuite, l'article
19, qui traite d'un permis pour les lieux de transfert ou d'euthanasie, nous
vous soumettons que les équidés doivent
absolument y être ajoutés parce qu'ils y sont absents en ce moment. Ils sont inclus à l'article 8,
les équidés, mais ils sont absents de l'article 19. Alors, nous vous
soumettons qu'ils doivent y être inclus.
Quant aux dispositions administratives sur
l'article 25, soit la demande de permis, de devoir fournir des renseignements additionnels lorsqu'on fait une
demande de permis, nous proposons d'ajouter ceci : «Le ministre
peut exiger que la personne qui demande un
permis fournisse les renseignements additionnels qu'il estime nécessaires et se
soumette sur demande à une inspection
complète de ses installations.» Pour les équidés, vous comprendrez qu'on ne
parle pas d'un bloc-appartements ou
d'un condo, d'un chalet, là, on parle d'une grosse écurie, et c'est important
que le gouvernement puisse, s'il a des doutes, avoir des yeux dans ces
endroits-là et aller voir si c'est correct.
L'article 32
maintenant, le premier alinéa, par rapport à la suspension des permis, si
jamais le titulaire ne respecte pas
la présente loi et ses règlements, nous proposons, encore une fois, d'inclure
dans ces règlements — et on va
vous le répéter sans cesse — le Code de pratiques pour les soins et la
manipulation des équidés, et je vous invite à lire la page 8 de notre
mémoire qui en traite.
Les dispositions pénales maintenant, donc les
articles 64 à 75. J'ai remarqué, en lisant cette partie du projet de loi, qu'il n'y avait aucune peine
d'emprisonnement qui était prévue pour une première offense. Selon nous, c'est
un problème. Il faut faire confiance aux
magistrats, qui doivent avoir un outil pour les crimes les plus graves, les
contrevenants les plus graves. Ils doivent
pouvoir imposer une peine d'emprisonnement. Évidemment que ce ne sera pas la
norme, on va commencer par des
amendes, etc. Mais, dans un cas épouvantable, épouvantable, quand la personne
est une personne, entre guillemets,
très méchante, il faut pouvoir permettre au magistrat d'imposer une sanction
appropriée à la personne et au crime en question. Je vous invite à lire
la page 16 de notre mémoire.
Finalement, à
l'article 74, j'ai cru remarquer que, dans les facteurs à tenir en compte
lors du moment d'imposer une sanction,
le nombre d'animaux touchés n'est pas un facteur qui est énoncé, et je vous
soumets que ça devrait être ajouté, puisqu'évidemment c'est plus grave de
maltraiter 100 animaux qu'un seul. C'est sûr qu'un, c'est un de trop,
mais ça doit être un facteur aggravant qui doit être pris en compte par un magistrat
le jour où viendra le temps d'imposer une sanction.
Donc, ça termine notre présentation, et nous
sommes maintenant prêts à...
Le Président (M. Morin) :
Merci, Me Benoit.
Mme Benoit (Nellie) : Ça me fait
plaisir.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Bien,
merci de votre présentation. Je sais que vous avez reçu un prix, là, de
Canada Hippique, pouvez-vous juste élaborer brièvement c'est dans quelles
circonstances, etc.?
Mme Gambar-Hynes (Elyse) : C'est le
prix de santé et bien-être pour les chevaux au Canada, en fait, pour
reconnaître que notre organisme s'est démarqué pour la protection des chevaux
au Canada.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais
comment vous êtes-vous démarqués des autres pour gagner le prix?
Mme Gambar-Hynes (Elyse) :
Bien, en fait, on est un peu avant-gardistes, on a développé un réseau de
refuges pour chevaux qui est unique. En fait, c'est un peu aussi grâce à vous
parce que vous nous avez écrit une belle lettre.
Des voix :
...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Non, mais c'est...
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : En fait, on collabore beaucoup avec le
ministère de l'Agriculture lors de saisies, ça permet... On travaille en
collaboration avec plusieurs organismes, on est associés à la Fédération
équestre du Québec, Québec à cheval. On est beaucoup impliqués sur le terrain,
puis on a rayonné au Canada, en tout cas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Merci. Vous parlez du Code de pratiques pour les
soins et la manipulation des équidés
comme tels. Ce code-là, est-ce qu'il est à jour? Est-ce qu'il est suffisant? Et
est-ce que, s'il était obligatoire, on progresserait dans la bonne
direction?
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : En fait, il date de 2013 si je ne me trompe pas.
Il est quand même assez récent. Il faudrait
l'adapter pour le Québec parce qu'il est fait pour le Canada. C'est sûr que les
chevaux en Alberta puis les chevaux au
Québec, c'est un petit peu différent, là. Ça fait que c'est sûr qu'il faudrait
l'adapter pour le Québec selon moi. Mais il est quand même très, très,
très bien. Nous, on se fie à ce code-là pour notre réseau de refuges, là, pour
les certifier.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Peut-être...
Mme Cadorette
(Chamie Angie) : Si je peux me permettre...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui.
Le Président (M.
Morin) : ...
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : Merci. On pense que ça constitue vraiment
une excellente base. Nous, je ne sais
pas si vous avez pu le voir, mais, peu importe, dans notre mémoire, on a copié
certains articles presque textuellement, mais on mentionne que certains sont légèrement modifiés. Par exemple, on a
apporté une petite précision au niveau du sevrage. Ça disait dans le code de pratiques — je vais essayer de bien citer, là, mais en
paraphrasant — que les
chevaux devraient être sevrés de
façon graduelle et de façon à ne pas trop stresser les animaux. Par contre, il
ne précisait pas d'âge. À l'état naturel,
les chevaux, naturellement, se sèvrent vers l'âge d'un an. Nous, on croit que
six mois, ce serait le strict minimum afin
de ne pas trop stresser ou compromettre la santé autant de la jument que du
poulain. Donc, c'est des petites précisions comme ça qu'on aimerait
apporter. Mais, en tant que tel, le code est assez complet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K. Dans les autres éléments soulevés, il y a
toute la question — puis
elle est délicate, là — loisir, vous l'avez évoquée, et viande.
Étant donné qu'on considère le cheval comme un être sensible, est-ce que les mêmes critères devraient s'appliquer pour
ce qu'on appelle le loisir et, pour ceux qui l'élèvent, pour la viande?
Mme Cadorette
(Chamie Angie) : Si je peux me permettre...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, permettez-vous.
Le Président (M.
Morin) : Vous avez toute la permission, madame, c'est le temps,
ici.
• (11 heures) •
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : En fait, merci. Je vais me dégêner. Mais,
le cheval, au Québec, il n'y a pas d'élevage
de chevaux qui sont destinés à la viande. Donc, le cheval, au courant de sa
vie, est un animal de loisir, un animal de sport, un animal d'agrément. Il devient, en fait, par force de
circonstances, un animal de viande, puis nous, on se soucie autant du bien-être avant l'arrivée à l'abattoir
qu'à son arrivée, que pendant l'abattage. On pense que le cheval devrait être traité de façon humaine et ne
pas souffrir.
Et,
effectivement, il y a toute une question aussi qu'on n'a pas abordée
dans notre mémoire, mais, au niveau de la traçabilité, qu'on pense qu'il serait vraiment important d'aborder parce qu'il n'y a aucune traçabilité présentement
pour les chevaux. Un peu au même titre que
le groupe précédent a mentionné pour les micropuces, tout ça, tout ce qui est
cochon ou vache, c'est tout traçable, mais pas les chevaux. Donc, un cheval
peut être médicamenté toute sa vie pour une condition
x. Du moment qu'il arrête d'être médicamenté six mois avant d'être abattu,
après ça, peut être votre steak. On trouve ça un peu bizarre et totalement
inadéquat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je voudrais revenir sur un sujet que vous avez
abordé aussi, ce qu'on appelle communément les «standing stalls», là,
les endroits où les chevaux sont debout, ils n'ont pas de place. C'est quoi, votre position là-dessus? Vous êtes complètement contre cette façon de garder un cheval, même si le cheval peut
aller dehors pendant la journée et il revient dans son «standing stall» pour la
nuit ou vice versa?
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : En
fait, il faut qu'il passe la plupart de son temps à pouvoir
bouger puis se coucher normalement.
Dans un entredeux, il ne peut pas faire ça parce qu'étant enchaîné la seule chose qu'il peut se coucher,
c'est comme une position... comme une vache.
Puis souvent les chevaux vont passer, justement, 23 heures sur 24 là. Peut-être
pas les chevaux de calèche, là, parce qu'ils
travaillent plus longtemps, là, mais, en général, ils vont passer 23 heures
dans leur box ou dans leur stalle
puis, s'ils ne peuvent pas se coucher normalement, ils ne peuvent pas se
tourner, c'est un problème, là, pour nous. Ils ne peuvent pas non plus
voir les autres chevaux, puis ça, ça les stresse parce que c'est des animaux
grégaires qui ont besoin de se voir, se sentir, être ensemble, puis c'est
vraiment fermé des deux côtés.
Ça fait que, dans le fond, nous, on dit que les
entredeux devraient être juste pour l'alimentation, juste pour le pansage ou des... juste temporaires. Peut-être une
heure, le séchage, l'alimentation, pour les diviser pour ne pas qu'ils
se chicanent quand ils s'alimentent, mais
pas pour dormir puis passer 23 heures sur 24, là. Puis ça arrive, hein? Ça
arrive dans beaucoup, beaucoup d'écuries que
des chevaux passent même — j'en ai vu, là — tout l'hiver attachés là sans sortie.
Ce n'est pas facile pour eux.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : J'aimerais ajouter que — je reviens toujours à mon état de nature,
mais c'est vrai pareil — les chevaux, à l'état de nature, marchent,
sont en recherche de nourriture, sont en recherche d'eau, ont des interactions avec leurs pairs, c'est des animaux
qui sont grégaires. Plus on s'éloigne de ces conditions-là, plus les
chevaux sont propices à subir des problèmes,
à développer des problèmes de comportement, des problèmes psychologiques.
Donc, quand je disais tantôt la recherche de
l'équilibre, c'est un peu ça. Plus les chevaux sont privés de ça pendant plus
de temps pendant une journée, bien, plus ils sont propices à ne pas être
bien.
Mme Benoit (Nellie) : Finalement,
pour répondre à votre question, la proposition d'amendement qu'on fait à la page... en fait, 4 à 6 de notre mémoire, là,
par rapport à l'article 5, alinéa 3°, répond exactement à ce problème.
Alors, si, par bonheur, le législateur décide de suivre notre proposition, les
entredeux attachés longuement, là, il ne devrait plus y en avoir, puis on va
pouvoir avoir des outils pour les empêcher, en fait.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K. Les
chevaux de calèche, il va en être question, il y a des représentants municipaux qui vont
venir à cette commission nous faire des représentations. C'est quoi, votre
position?
Mme
Cadorette (Chamie Angie) :
On croit que les chevaux de calèche, particulièrement dans les conditions actuelles dans la ville
de Montréal, parce que c'est la situation qu'on connaît le mieux, ne
travaillent pas dans des conditions
adéquates. Ces chevaux-là ne bénéficient pas des impératifs biologiques dont on
parle depuis tout à l'heure.
Ils sont attachés en entredeux ou en train de travailler. Non seulement, quand
ils sont au repos, ils ne bénéficient pas de contacts avec les autres chevaux
ou d'interaction, ou d'être capables de marcher librement, d'être en recherche
de nourriture, mais en plus, lorsqu'ils travaillent, leurs conditions sont extrêmement
difficiles.
Le cheval est
un animal qui, à la base, est une proie, donc a le réflexe de fuir assez rapidement.
On a vu — je pense que c'est cette semaine ou la semaine dernière — un
cheval de calèche passer par-dessus un banc de parc et rester pris de
cette façon-là. C'est des incidents qui arrivent parce que le cheval travaille
dans un milieu urbain qui n'est pas adapté à
sa nature propre. Et non seulement ça, mais il
y a aussi le fait des émanations de
gaz d'échappement qui sont nocifs pour le système respiratoire du
cheval. Bien, et de tout le monde, personne ne devrait avoir à respirer un pot
d'échappement pendant 12 heures par jour. Et
de travailler sur de l'asphalte,
c'est des chevaux qui sont ferrés, c'est des surfaces qui sont glissantes
pour des chevaux ferrés, je veux dire...
Mme Gambar-Hynes (Elyse) : En fait,
on n'est...
Mme Cadorette (Chamie Angie) :
...c'est inadapté. Oui, vas-y.
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Bien, en fait, on n'est pas contre les
calèches, on n'est pas contre une industrie en particulier parce que, sinon, je pourrais m'attaquer à ceux qui font du
saut d'obstacles, ceux qui font du dressage. En fait, on n'est pas contre le travail de la calèche, mais
quand c'est bien fait. Puis présentement à Montréal, en tout cas, entre autres, ce qu'on a vu, c'est que les conditions de
garde ne sont pas bonnes, les chevaux sont... Souvent, on les regarde,
et ils ont des cotes de chair de 2, 3. Ils
ne sont pas gênés de se promener avec des chevaux qui boitent. Ça fait que
c'est plus les conditions de garde
puis les conditions de vie de ces chevaux-là quand ils travaillent, et, tu
sais, pas la calèche en tant que telle.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Peine
d'emprisonnement à la première offense, le Code criminel continue de
s'appliquer, là, pour les très mauvaises... j'allais utiliser votre expression,
là, très mauvaises personnes.
Mme Benoit (Nellie) : Très mauvaises
personnes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Il
n'y a rien qui empêche une poursuite au criminel comme telle.
Mme Benoit
(Nellie) : Vous avez raison, mais, si on regarde le passé pour voir
comment ça se passe, là, il y en a très
peu, des poursuites au criminel quand on parle d'animal. Alors, je pense qu'on
a la chance ici de le faire, là. Pourquoi priver un magistrat de cet outil en appliquant une loi provinciale? Ce
n'est pas parce que l'outil existe qu'il va s'en servir à outrance. Je veux dire, les magistrats sont des
gens extrêmement compétents, c'est leur travail d'appliquer des peines
aux gestes et à la
personne. Je pense qu'on ne devrait pas leur enlever cet outil-là, il faut le
leur donner parce que, s'il arrive une circonstance où c'est clairement
approprié, le juge doit pouvoir l'appliquer. Il faut lui donner cet outil-là.
Il n'y a pas de raison de ne pas lui donner, en fait.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Est-ce
que, sur le terrain, il y a des choses que vous avez observées qui ont changé depuis la mise en place de la ligne
1 844 animaux. Parce qu'on reçoit au ministère, là, 500 appels, à peu
près, par mois, puis il y en a qui touchent les chevaux là-dedans.
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Ça a vraiment beaucoup changé parce que nous,
on est tombés de 1 000 plaintes à 90 dans l'année, là. Ça fait que
ça a vraiment... c'est une très, très belle amélioration. Oui, c'est vraiment
bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va.
Le Président (M. Morin) :
C'est beau?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
C'est beau. Du côté ministériel, ça va? M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames. Alors, nous sommes gâtés ce
matin. Tantôt, on avait l'office des vétérinaires pour petits animaux,
toutes des dames, et maintenant, encore là, toutes des dames.
Écoutez,
tantôt, on a un peu sursauté... bien, moi puis M. le ministre, on s'est
regardés parce que vous parliez de réconciliation
du cheval avec la population, mais, quand je lis, là... Puis, je pense, pour le
bien de la commission, là, puis les
gens qui nous écoutent, là, quand, à la page 8, vous dites : «...Galahad
propose qu'un règlement particulier soit adopté afin de régir et définir les conditions de garde, les impératifs
nutritionnels, biologiques, psychologiques des chevaux. Le cheval a combattu et a péri lors d'innombrables
guerres, [...]labouré les champs, [...]servi de moyen de transport,
[...]a été le moteur d'essors économiques lors de [la révolution industrielle],
il se retrouve dans les arts, dans l'histoire, dans la mythologie, il frappe l'imaginaire par sa beauté, il est une légende du
sport», et etc., je pense que vous faites une belle réconciliation du cheval... En tout cas, si jamais
la perception... Parce que, moi, ce n'est pas la perception que j'avais
par rapport... Ce n'est pas cette
perception-là que je sens que... Mais vous semblez dire que le cheval est un
mal-aimé de la société en général au Québec, ailleurs dans le monde?
Comment... Peut-être, élaborer un peu plus là-dessus.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : Bien, je suis contente que vous ayez lu ce
passage-là parce que je trouve que ça illustre parfaitement le contraste
entre l'image qu'on s'en fait et la façon dont le cheval est traité dans la
réalité. La négligence envers les chevaux,
c'est quelque chose auquel Galahad est confronté à tous les jours. Personnellement,
en tant que coordonnatrice des plaintes, les
gens nous contactent parce qu'ils voient des voisins qui gardent des chevaux
dans leur cour dans des conditions
inadéquates, sans eau l'hiver, sans... Le cheval est emblématique, justement,
de beauté. On le voit dans les films,
le voit un peu partout, il est dans les publicités parce qu'on trouve ça donc
beau puis fort, puis majestueux. Mais,
dans les faits, quand on est sur le terrain, le contraste est assez drastique,
puis on pense que c'est important d'en parler, puis on pense que c'est important qu'il y ait un règlement pour,
justement, encadrer ça parce que, nous, notre vision des choses, c'est
que la différence entre ce qu'il en est et entre le symbole qu'on s'en fait est
assez dramatique.
• (11 h 10) •
M. Villeneuve : D'accord.
O.K. Je voulais vous entendre davantage parce que ce n'est pas, moi... Mais, effectivement, on doit beaucoup au cheval, entre
autres, là, pour toute l'histoire. Il a marqué l'histoire de l'humanité,
c'est très clair, et il va continuer à le faire, j'en suis convaincu.
Vous dites
aussi qu'il y a... Bien, je vais le lire textuellement, ça va être plus clair,
hein, parce que votre mémoire est très
clair à cet effet. Vous dites : «En effet, il serait difficile de ne pas
faire mention de l'état d'"austérité" dans lequel se trouve notre province actuellement. Les répercussions de cet état sur la mise en
application de la protection animale sont palpables.» Donc, vous avez
des exemples concrets par rapport à cette situation-là que vous décrivez?
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Bien,
en fait, dans ce passage-là, je pense qu'on fait, entre autres, référence
au manque d'effectif qu'il y a sur le terrain.
M. Villeneuve : Voilà, c'est
ça.
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Je pense
que Mme Devine en avait parlé aussi lors de l'exposé des SPCA, du manque d'inspecteurs. On travaille en collaboration — Chamie
pourrait vous en parler beaucoup — avec
le MAPAQ. Les inspecteurs, le
sentiment que nous, on a, sont toujours débordés, dépassés par les événements, en ont trop dans leur assiette,
puis, évidemment, ça nous inquiète à cause
des très courts alinéas présentement au niveau de la loi provinciale qui
sont capables d'être applicables aux
chevaux. D'où l'importance réitérée d'avoir un règlement, mais aussi d'avoir
assez de gens sur le terrain pour
être capable de le mettre en application correctement puis de respecter
l'esprit de la loi parce que, si on ne le
met pas en application et qu'on ne fait pas évoluer correctement le droit par
rapport à ce règlement-là, bien, ça serait vraiment dommage.
M.
Villeneuve : Et je vous amène là parce qu'on a vu, au niveau du
braconnage, il y a quelques années, lorsque les médias ont fait état qu'une zone en particulier était sujette à
beaucoup de braconnage, que, des mois auparavant, il y avait eu des éléments d'information qui avaient circulé comme quoi
que les agents de la faune n'étaient pratiquement pas présents. Tu sais, il y a vraiment une corrélation entre l'absence et le
braconnage. Et là j'imagine qu'on a un projet de loi qui, avec toutes les bonnes volontés du monde,
s'il n'y a pas ce sentiment-là en quelque part que les gens doivent
faire correct... Parce qu'il y a des peines,
là, importantes qui sont mises dans le projet de loi. Et, si les inspecteurs ne
sont pas suffisamment sur le terrain,
bien, les gens vont peut-être se dire : Bien, dans le fond, cette loi-là,
bon... Alors, moi, ça m'amène à vous poser la question : Ne
pensez-vous pas que le ministre, le gouvernement, pourrait déposer un plan d'action
qui nous permettrait d'avoir... On pourrait
le... Ce plan d'action là, si... assurément, il sera crédible. Alors, s'il est
jugé crédible, ce plan d'action là
pourrait avoir une incidence sur, justement, les bonnes pratiques envers les
équilibres... envers l'ensemble des animaux.
Mme Benoit (Nellie) : Bien, pour
répondre correctement à votre question, il faudrait lire ce plan d'action,
évidemment, parce qu'on parle dans l'abstrait, là.
M. Villeneuve : Je ne sais
pas s'il existe, là, c'est hypothétique, là.
Mme Benoit
(Nellie) : Mais c'est sûr qu'il y a un manque d'effectifs, c'est bien
évident. Quand le chat est parti, les souris
dansent, hein? On le sait, s'il n'y a pas de policier dans une ville, la
criminalité va monter. C'est la même chose pour les animaux, c'est pareil. Si personne ne contrôle les gens à problèmes
qui ont des animaux, ça va continuer, et rien ne va changer. Mais je
pense que le but du changement législatif étudié aujourd'hui, c'est justement
de changer ça.
Effectivement, une loi, c'est un morceau de
papier. Si personne ne l'applique, ça change quoi? Ça prend des inspecteurs du MAPAQ qui sont efficaces, mais ça
prend aussi des partenaires. Galahad en est un. On en a, des agents qui se promènent. Mais on n'a pas de règlement, on
n'en a pas. Alors, on fait ce qu'on peut, mais il nous manque des
outils. La loi qui est proposée, c'est un
super début, mais il faut qu'elle ait des crocs, sans mauvais jeu de mots. Ça
prend des bonnes dents à cette
loi-là, puis ça, évidemment, ça passe par des êtres humains qui vont
l'appliquer. Donc, oui, plus, toujours plus, tout le monde en veut plus,
finalement, mais il y a un problème. Au niveau des chevaux, il y a un problème,
il y a un gros problème.
M.
Villeneuve : Entre mettre un inspecteur derrière chaque arbre
du Québec et s'assurer qu'on a un minimum qui fait en sorte que c'est
dissuasif, il y a quelque chose qu'on peut...
Mme Benoit (Nellie) : Il y a un
équilibre à trouver.
M. Villeneuve : Il y a un
équilibre qu'on peut trouver, là.
Mme Benoit (Nellie) : Mais
certainement, bien sûr.
M.
Villeneuve : Je comprends. Donc, évidemment, si on pouvait
obtenir un tel plan de la part du gouvernement, du ministre pour nous
dire : Bien, voici ce qu'il y aura... Et puis ça, ça sera vraiment l'arme
dissuasive, justement, pour s'assurer que
les gens, certaines personnes qui penseraient s'en sortir en pensant qu'il n'y
a pas d'inspection puis qu'il n'y a pas de suites, là, bien... Oui.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) :
Il ne faut pas s'y méprendre non plus, il y a énormément de négligence — je pense
que ça a déjà été mentionné aussi — qui est causée par l'ignorance. Donc, une
importante partie du plan d'action devrait
tourner autour de l'éducation puis des besoins, vraiment, de base dont les
chevaux ont besoin afin d'être gardés adéquatement.
M.
Villeneuve : Ce que vous dites là ça m'amène, justement, au
code de bonnes pratiques. Vous avez abordé le sujet tantôt avec le ministre, puis oui, il n'y a pas d'élevage comme
tel pour la viande de cheval, vous dites, c'est vraiment un cheval qui, en fin de vie ou... bon, se
retrouve à un moment donné à l'abattage. Mais le code des bonnes
pratiques, présentement, vous semblez dire
que oui, il faudrait l'adapter au Québec, et nous, on est tout à fait d'accord
avec ça parce qu'on sent que le
Québec est une société distincte, alors adaptons-le au Québec. Et donc, si on
l'adapte au Québec, est-ce que, dans
le code des bonnes pratiques, actuellement, il y a le volet abattage pour
viande? Est-ce qu'il y a ce volet-là qui est traité — je ne
l'ai pas lu, honnêtement, le code des bonnes pratiques — ou
s'il devrait y avoir une annexe ou quelque chose qui viendrait encadrer de
façon précise cette suite-là?
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Le code de pratiques, je pense qu'il parle
juste des centres de tri, là, des centres d'engraissement, des parcs d'engraissement, comment traiter les animaux
dans les parcs d'engraissement avant
l'abattoir, en fait. Il y en a au Québec, quand même, des parcs d'engraissement, des gens qui vont acheter des chevaux dans
les encans, qui les engraissent puis,
après, qui vont les porter à l'abattoir, puis ça, c'est un gros problème.
Nous, on a vu beaucoup de négligence dans ces centres-là parce que les
animaux ne sont pas traités par les vétérinaires, ils sont laissés un peu à eux-mêmes. Ils les engraissent, mais, tu sais,
j'ai vu des chevaux boiteux, même avec un oeil crevé à un moment donné, puis ils les laissent là, ils
attendent qu'ils engraissent parce que, dans le fond, c'est juste de la viande,
puis après ils vont les porter à
l'abattoir. Ça fait qu'il y a un gros problème dans ces... Mais le code de pratiques en parle,
il parle du centre de tri, là, des parcs d'engraissement.
M.
Villeneuve : Et vous souhaiteriez être partie prenante d'une
mise à jour du...
Une voix :
Certainement.
M. Villeneuve :
Allez-y, madame, je m'excuse.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) :
Ah! j'allais simplement dire que le code aborde brièvement la question de l'euthanasie ou de l'abattage, tu sais, que, si un cheval est souffrant
ou malade et qu'il ne peut pas être transporté, qu'il devrait être
euthanasié. C'est sûr que, bon, nous, on est d'avis que le cheval devrait être toujours
euthanasié de façon humaine par un
vétérinaire. Évidemment, notre organisme n'est pas pour l'abattage en
abattoir, mais ça, on est conscients que
c'est une réalité aussi. Mais on pense réellement que, si l'abattage pour la viande est pour
continuer, que ça devrait être mieux encadré afin que les animaux ne
souffrent pas.
M.
Villeneuve : Comment
on explique... Puis là je n'ai pas la page, là, mais j'ai lu tantôt rapidement, vous disiez qu'il y avait un
taux très élevé d'abattage de chevaux qui, finalement, ne se faisait pas
selon les règles de l'art au
niveau de l'insensibilité. Comment on explique ce haut taux là? Est-ce que c'est
parce que les gens, là, sont en infraction par rapport au... bien, pas en infraction parce que le code n'a
pas force de loi, là, mais ne respectent pas, à tout le moins, le code? Comment
on explique un si haut taux, alors qu'on n'a pas ce problème-là dans d'autres
élevages?
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : Entre autres, je pense que c'est la nature
même du cheval, qui est tellement... Vous
savez, les chevaux sont des animaux qui sont rapides et qui sont vifs dans
leurs réactions. Sans entrer dans les détails un petit peu trop
sordides, là, c'est fait avec un fusil à percussion, comme c'est souvent
fait... bien, dans la plupart des cas, du moins...
M. Villeneuve :
On a tous vu les images du vidéo, là, tout à fait.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : ...à moins que je me trompe, là, puis
l'insensibilisation rate souvent parce que les chevaux bougent. Les chevaux sont vifs, bougent rapidement, pas
comme un bovin. Donc, ils vont essayer d'éviter les charges. Ils ne savent pas ce qui se passe, ils
bougent continuellement, puis ça rend la tâche beaucoup plus complexe.
Je ne sais pas si Dre Temple Grandin aurait
quelque chose à dire là-dessus, probablement, mais il faudrait trouver une
façon pour que ce soit, du moins, plus efficace et qu'ils soient vraiment
insensibilisés du premier coup.
M.
Villeneuve : Il faut trouver une façon parce que, là, le taux
est beaucoup... À mon avis, je ne suis pas expert, là, mais ça me semble
très élevé.
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : Oui. Puis ça, c'était pour un abattoir en
particulier parce que... Puis la façon dont
on a obtenu ces chiffres-là, c'était à travers des caméras cachées. Donc, tu
sais, c'est donc quelque chose qui existe, puis c'est quelque chose qu'on n'aime pas voir, mais qui est réel, puis
on ne peut que présumer que ça ne se passe pas juste dans un abattoir de chevaux, même s'il n'y en a
pas des milliers. Puis il y a des dizaines de milliers de chevaux qui
sont abattus au Canada et au Québec chaque année.
M. Villeneuve :
Merci.
Le Président (M.
Morin) : Merci, Me Benoit. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonjour mesdames. J'aimerais vous
entendre sur les sentiers qu'on a au Québec.
Est-ce que vous êtes au courant si les sentiers sont adéquats? Est-ce qu'ils
sont assez longs pour le bien-être du cheval dans son activité physique?
Mme Benoit
(Nellie) : Vous voulez dire les sentiers de promenade?
Mme
D'Amours : Oui.
Mme Gambar-Hynes
(Elyse) : ...de randonnée, s'ils sont assez longs?
Mme
D'Amours : Oui, de
randonnée, oui. Je vous pose cette
question-là parce que, dans le comté de Mirabel, on a des producteurs qui ont des écuries, qui ont des
chevaux, qui aimeraient faire des plus longues randonnées que de faire
le tour de leurs terres. Puis là il y avait
des sentiers, puis, bon, il y a une problématique parce qu'ils ne se relient
pas. Ça fait que, donc, ce n'est pas
assez loin. Ils aimeraient que ce soit plus grand pour que les randonnées
soient plus longues, pour que le
cheval travaille plus, j'imagine, là. C'est toujours une question d'équilibre.
Mais est-ce que vous pensez qu'au Québec... Parce que vous avez parlé tout à l'heure de la ville de Montréal, qui
n'était pas adéquate pour recevoir les randonnées des chevaux en calèche, bon, ne serait-ce que
l'asphalte et le fer. Bien, moi, je vous ramène... Si on va en nature, est-ce
que les sentiers au Québec sont adéquats?
Mme
Gambar-Hynes (Elyse) : Il y en a des milliers puis il y en a des
magnifiques. Il y a Estrie à cheval. Québec à cheval pourrait vous
démontrer qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de sentiers qui sont pour les
chevaux. Ça, il n'y a vraiment pas de problème pour les chevaux à la campagne,
là.
Mme D'Amours : ...au niveau du
Québec?
• (11 h 20) •
Mme
Cadorette (Chamie Angie) : Bien, c'est sûr qu'il peut y avoir des
problèmes au niveau aussi... une terre appartient
à quelqu'un, et il n'y a pas de droit de passage. Là, ça peut causer des
problématiques. Mais il y a plusieurs endroits
au Québec où il y a des sentiers qui sont publics et qui sont aménagés en
fonction de ça, qui sont même partagés, des fois, avec, par exemple, des
quatre-roues ou des motorisés, puis où ça se passe très bien.
Mme Benoit
(Nellie) : Mais, moi, peut-être pour répondre par rapport au bien-être
animal, la longueur du sentier, honnêtement, je ne vois pas le lien, là.
Mme D'Amours : Tu sais, un cheval ne
doit pas courir ou...
Mme Benoit
(Nellie) : Bien, il faut qu'il soit en liberté un certain nombre
d'heures par jour. Évidemment, le plus longtemps, le mieux. Mais, de là
à dire qu'il doit faire une randonnée absolument de 10 kilomètres, là,
non.
Mme D'Amours : Non? Il n'y a pas de
lien avec une randonnée...
Mme Benoit (Nellie) : Bien non. Non,
il n'y a pas de lien.
Mme D'Amours : ...mais la liberté,
oui.
Mme Benoit (Nellie) : Oui,
exactement.
Mme D'Amours : O.K. Parfait. Je n'ai
pas d'autre question, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : Ça
irait?
Mme D'Amours : Oui.
Le Président (M. Morin) :
Donc, mesdames, merci beaucoup.
Une voix : Ça nous fait
plaisir.
Le
Président (M. Morin) : Encore une fois, fort intéressant, avec
des propos, parfois, qui nous posent certaines questions. Mais c'est
bien, on est en commission parlementaire. Merci beaucoup. Bon retour à la
maison.
Je
suspends... C'est-à-dire que, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux
jusqu'après les affaires courantes. J'ai de la misère avec mes fins
d'émission.
(Suspension de la séance à 11 h 21)
(Reprise à 15 h 14)
Le
Président (M. Morin) :
Bonjour, tout le monde. La commission reprend ses travaux. Et la demande à
chaque fois, c'est vérifiez vos téléphones cellulaires, s'il vous plaît.
Nous allons
poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal. Cet après-midi,
nous entendrons Tenir Promesse, l'Association
des mushers du Québec et le Club canin canadien.
Donc, je souhaite la bienvenue à nos invités de
l'organisme Tenir Promesse et je vous laisse la parole, chère madame... et de
vous présenter et de nous faire l'honneur de vous connaître.
Tenir Promesse
Mme
Branchaud (Louise) : Eh bien, voilà, M. le Président, Louise
Branchaud, initiatrice et présidente de l'effort citoyen Tenir Promesse pour le bien-être et la protection des équidés du
Québec et agent de mobilisation pour les chevaux en danger immédiat. Nous sommes ici et très fières. Nous vous remercions
tous, M. le ministre, M. le Président, Mme la députée et MM. les
députés, et autres membres de l'Assemblée nationale du Québec. Nous sommes très
honorées. Étonnées, mais, quand même, on est honorées.
Je serai
brève. Je serai brève, je vous dirai simplement que Tenir Promesse est né d'une expérience
citoyenne, une expérience à laquelle j'ai dit : Plus jamais un citoyen du Québec
ne devra vivre ce que j'ai vécu pour venir en aide à un animal en détresse, qui est un devoir, je
pense, essentiel à une société qui veut devenir humaine. J'ai dit plus
jamais. Et, quand on dit plus jamais, il
faut offrir une ouverture vers quelque chose de mieux. Et, comme j'ai parfois
l'impression que le bon sens en matière de bien-être
animal et la législation ont sauté quelques générations, je crois qu'il
fait partie de notre travail à tous
d'ouvrir la porte aux nouvelles générations pour faire de cette loi et de ce
moment historiques quelque chose de grandiose. Alors, j'ai décidé de céder le 10
minutes qui appartient à Tenir Promesse à notre ambassadrice jeunesse,
qui est Camille Côté, qui va venir vous dire, au-delà de la loi, ce qu'elle
s'attend du Québec qui s'en vient en matière de droit animal.
Mme Côté (Camille) : M. le
Président, M. le ministre, députés membres de cette commission et membres de
l'Assemblée nationale du Québec, bonjour et merci de nous accueillir. Je
m'appelle Camille Côté, j'ai 14 ans et j'ai beaucoup à vous dire.
Si je suis
venue ici, c'est parce que le bien-être animal me tient à coeur. Je suis une
grande amoureuse des animaux et je
sais ce que je veux faire plus tard. Je sais également que je veux bâtir ma vie
ici, au Québec. Mais, s'il y a une chose dont je ne veux pas, c'est d'un Québec comme celui-ci, un Québec où les
animaux sont considérés, ni plus ni moins, comme des objets et où l'injustice face à nos compagnons de vie prédomine. Je
ne veux pas vivre dans le dernier État d'Amérique du Nord en ce qui a trait aux lois animales. Si
nous, le Québec, arrivions à agir plus rapidement dans les cas de
maltraitance ou de négligence animale, nous pourrions améliorer grandement les
choses.
Poser une nouvelle loi aiderait, bien sûr. Mais
il n'y a pas que la loi qui compte. La sensibilisation ainsi que l'éducation sont primordiales. Tant grâce aux
jeunes qu'aux moins jeunes, à nos agissements et à la loi, et à nos
agissements face à une situation de détresse
animale, nous pouvons réussir à faire du Québec un endroit juste pour tous les
animaux. C'est une culture entière que nous avons à changer.
Je suis
pleinement consciente qu'un processus de changement radical de la façon de voir
certains de ces aspects, dans ce cas-ci, la protection animale, peut
prendre du temps. Cependant, si nous parvenons à instaurer un programme
accessible à tous, à poser des gestes concrets, nous pouvons changer les choses
un pas à la fois et tous ensemble.
La société
englobe des gens que je qualifierais de différents par les aspects culturel,
économique ou social. Ils sont, malheureusement,
trop souvent rejetés par notre société, ce qui entraîne des problèmes
financiers, criminels ou encore en lien avec la dépendance. Pour stopper
ce processus, qui mène indirectement à l'abandon, la négligence ou encore la maltraitance face aux animaux, nous devons
apporter soutien et écoute aux gens dans le besoin et éduquer la
population. Il n'est pas rare de voir des animaux en piteux état et que le
propriétaire soit le reflet même de l'animal.
En outre, je crois que les cas de cruauté animale
volontaire sont rares, mais pas inexistants. Je pense aussi que vous devriez bonifier votre projet de loi en
employant davantage d'inspecteurs et en les envoyant sur des terrains
plus connus comme les attractions
touristiques, des festivals ou toute autre forme de rassemblement. Je vous dis
ça, car j'ai pu constater à plusieurs reprises que, dans une attraction
touristique très achalandée qui fait revivre le XIXe siècle à ses visiteurs,
les animaux semblaient négligés, avec à peine d'espace pour bouger. Des poneys
en manque d'espace pour bouger, des enfants qui les nourrissent trop, un
surplus de poids entraînant des problèmes de pieds. Et, comme on dit : Pas de pieds, pas de cheval. C'est un
engrenage qui ne cesse de tourner. Les touristes des autres pays en sont
témoins. Vous imaginez, ce n'est pas une
image très valorisante pour le Québec. C'est cependant cette image que les
jeunes gardent de cet endroit. Pour
eux, ça devient donc normal. Les jeunes en viennent à ne plus savoir
reconnaître un animal négligé. Ça, c'est
ce que je veux dire quand je dis : Apprendre et éduquer les jeunes. Mais,
bien sûr, il faut apprendre des bonnes choses.
• (15 h 20) •
Si nous
parlions maintenant des chevaux de calèche, un atout touristique indéniable de
la ville de Québec. Il serait si simple
que nous gardions cet atout tout en respectant les impératifs biologiques du
cheval. Imaginez que vous avez la douce brise du fleuve sur le visage, le cheval vous promenant sur la rive. Le fleuve, berceau de notre
histoire québécoise. Le fleuve
et le cheval, deux aspects historiques des plus importants. Chacun à leur
façon, ils nous ont portés et menés vers de nouveaux
horizons. Vous découvrez l'histoire de cette ville, porté par la démarche
tranquille du cheval et le bruit du fleuve qui cogne contre les parois
de cette ville fortifiée.
Vous voyez alors à quel point le Québec est
merveilleux, regorgeant de richesses culturelles et historiques et respectant en plus les impératifs biologiques du
noble animal qui vous transporte dans cette histoire parce que
travailler n'est plus un fardeau. Non seulement
les touristes seraient ébahis, mais il serait gratifiant pour tous de faire
place à un renouveau de ce genre. Le manège militaire, il pourrait être
utilisé pour montrer aux jeunes à quel point le cheval est important
dans notre histoire. Une sortie éducative pour les écoles ou encore un camp de
jour avec les chevaux. En plus du côté divertissant et rentable, le côté
éducatif demeure. Les possibilités qui s'offrent à nous sont infinies.
Je crois que le gouvernement devrait prendre les
bonnes mesures pour répondre aux besoins grandissants des Québécois
et des Québécoises face au bien-être animal. Selon moi, il y a un contrat à remplir en
cas de cruauté animale. D'un côté, le
citoyen dénonce; de l'autre, le gouvernement agit. Ça marche dans les deux sens, et pas dans
un seul. Si vous n'agissez pas, nous
ne pouvons rien faire. Si nous ne dénonçons pas, vous ne pouvez rien faire. Si
je suis venue ici, c'est en citoyenne, mais aussi en ambassadrice de Promesse, un
petit cheval que votre gouvernement a abandonné et qui est mort de faim, de soif et de négligence. Non seulement
je trouve vraiment injuste le sort qui est réservé à certains
animaux, mais je trouve aussi déplorable que nous ne puissions rien y
faire.
Tenir
Promesse m'a récemment aidée à sauver deux poneys, Sunrise et Petit Bonheur. La
première fois que je les ai vus, je
leur ai promis que je les sauverais. J'ai écrit à Tenir Promesse pour avoir de
l'aide — parce
que non, ce n'est pas gratuit, sauver deux poneys — en
pensant que c'était une bouteille jetée à la mer. Cinq minutes plus tard,
Louise Branchaud m'appelait pour me dire
qu'elle m'offrait son aide avec son équipe. En raccrochant, je me suis mise à
pleurer de joie. J'allais les voir souvent
et je me souviens qu'une fois Petit Bonheur n'était pas là. J'ai fondu en
larmes, convaincue que j'arrivais trop tard et qu'encore une fois, faute de moyens et
d'actions concrètes, un cheval était mort. C'est seulement en repartant que je l'ai vu couché dans la neige,
complètement gelé. Il me regardait avec son oeil crevé d'un air
suppliant. Des craintes, il y en a eu des
nombreuses. Souvent, j'ai cru les avoir perdus. Pourtant, je suis fière de
pouvoir affirmer que, malgré les
difficultés placées sur notre chemin, à coups de persévérance et d'ambition,
soit deux ans plus tard, le 22 mars dernier, je tenais promesse. Et vous
savez quoi? On a la conscience mille fois plus tranquille quand nous posons un
geste du genre.
Vous pouvez sûrement
imaginer la torture que c'était de se lever chaque matin et de savoir qu'ils
attendaient là-bas en plein hiver à moins
40°. J'imagine, puisque le MAPAQ a nombre de cas mille fois pires que Sunrise
et Petit Bonheur qui n'ont pas encore
été réglés. Il est tout simplement inhumain de laisser des animaux dans leurs
souffrances. Ou devrais-je dire humain avec
tout ce que les humains font? Dans l'inaction gouvernementale, nous sommes,
malheureusement, un exemple. Le cas
de Deschambault, ça vous dit quelque chose? Des chevaux si maigres que l'on
peut compter leurs côtes de la route,
dans un état pitoyable et laissés pour compte. Je trouve ça déplorable parce
que les gens qui militent comme moi pour
le bien-être animal, on ne peut rien faire. Il est tout simplement non
professionnel de la part de votre équipe de laisser des animaux dans de telles conditions aussi
longtemps. J'espère vraiment que vous avez compris que je ne vous
insulte pas, loin de là. Mais, lorsque vous
vous déplacez, pourquoi ne pas bien faire, même si ça nécessite 30 minutes de
plus? L'image que vous donneriez ne serait donc pas celle d'un gouvernement qui
manque à sa tâche.
Récemment,
une petite partie de Tenir Promesse a été aux États-Unis pour aider un refuge
américain qui venait de recevoir 30 chevaux. Deux protégés sont
désormais en sécurité et heureux dans un des refuges de Tenir Promesse. Le soir, avant que nous reprenions la route pour
le Québec, Louise m'a expliqué. Elle m'a expliqué pourquoi Tenir
Promesse, pourquoi et comment Promesse et
les chevaux de l'île sont morts. Et c'est horrible, c'est horrible de laisser
des animaux mourir dans ces
conditions. Louise m'a également expliqué le plus jamais. Le plus jamais, c'est
moi. C'est moi qui dois le dire, c'est moi qui dois vous l'écrire et
vous le dire. Le plus jamais, c'est moi et tous les autres gens qui disons non
ensemble. Le plus jamais, c'est se tenir debout, c'est tenir promesse. En
voyant Louise les yeux brillants de larmes ce soir-là, j'ai compris.
En venant ici, je
dis : Non, plus jamais. Promesse et les autres n'ont pas mérité ce qu'ils
ont écopé, et c'est en voyant Louise ce soir-là que je voyais l'ampleur des
dégâts. C'est une vie que Louise a mise au profit des chevaux. Lorsqu'elle parle de Promesse, d'Harmonie et de
tous les autres, je vois le travail d'une vie. Mais le passé ne
m'appartient pas, le passé appartient à
Louise. Louise dit : Plus jamais, et moi, je dis : À partir de
maintenant. Et je serais heureuse que tous
les Québécois et les Québécoises le disent aussi, plus jamais à partir de
maintenant. Comme disait Gandhi, «la grandeur d'une nation et ses progrès
moraux peuvent être jugés par la manière dont elle traite ses animaux». M. le ministre, M. le Président, membres de cette commission et de l'Assemblée
nationale, nous sommes leurs voix.
Pour que plus jamais, à partir
de maintenant, agissons.
Le
Président (M. Morin) :
Mme Côté, merci. C'est bien rendu, chère madame, je vous félicite. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui. Tenir promesse, c'est quelque chose qu'on entend souvent en politique. Puis, quand on le réalise, on est tellement content. Vous avez
pris un engagement qui n'est pas facile parce que c'est un engagement qui est sept jours par semaine, 24
heures par jour. Je tiens à vous féliciter de la présentation que vous
avez faite. Le projet de loi tel que déposé, sur le plan de son principe éducatif, est important. Quand vous faites passer
un animal dans une définition
juridique de bien meuble à un être sensible, c'est tout un changement de
société que vous souhaitez. Ça ne se fait
pas du jour au lendemain, mais ça se fait à travers toutes les actions et
surtout le système d'éducation. Moi, Camille, je le dis, là, comme je le pense, c'est votre génération qui va vivre
l'application de la loi qu'on est en train d'adopter puis tenter
d'améliorer en commission parlementaire.
Je
voudrais reprendre quelques éléments factuels. Vous avez parlé des écuries, des
centres équestres, etc. Est-ce que la
Fédération équestre du Québec n'a pas un programme, Équi-Qualité, quelque chose
du genre? Et est-ce qu'il est satisfaisant?
Mme
Branchaud (Louise) : Écoutez,
on peut difficilement demander tout
le travail de terrain qu'il faut faire pour les centres équestres à une structure comme Québec à cheval,
Équi-Qualité, la FEQ. D'ailleurs, dans le dossier qu'on vous présente dans notre mémoire, à l'entrée de cet
endroit-là, il y avait encore une affiche d'Équi-Qualité 2007. Donc,
c'est très difficile, et ça va... Si on
décide ou on choisit d'utiliser ces canaux-là, qui sont ceux de la FEQ, de
Québec à cheval, il faut leur donner
des outils parce que je ne pense pas qu'à travers — plusieurs, j'imagine, sont bénévoles
là-dedans — ça
on soit en mesure de suffire à la grandeur du territoire du Québec, ça prend
plus que ça.
Et est-ce que le
programme est suffisant? Le programme est fait pour prêcher au coeur, hein? Ce
n'est pas les centres équestres qui, volontairement, vont vers le programme
Équi-Qualité qui sont problématiques. Voyez-vous, il n'y a pas personne qui va mettre 500 $ sur la table pour se faire
dire : Bon, bien, ça va vous coûter tant de réaménagement de vos écuries. Non, les gens sont mercantiles,
ils sont là pour faire de l'argent. Là où nous, on a vécu l'expérience,
c'était carrément suicidaire. Il y a des
gens ici qui sont des gens de chevaux, 20 personnes dont des enfants attroupés
autour d'une balle de foin ronde
tassée. Il s'agissait qu'il y ait un élan de hargne, un élan de «c'est mon
territoire, pas le tien», et tout le monde
était à terre, et ça aurait coûté très cher en termes de blessures et de vies.
Et ça, c'est inacceptable. Ce que l'on a vu là ne doit pas exister, tout simplement parce qu'il faut protéger nos gens
au Québec. Mais, en protégeant nos gens, il faut aussi protéger notre animal parce que les animaux qui
étaient là, M. le ministre, vous avez vu des photos avec... On en voit
une où la bride tient avec ce qu'on appelle communément un «tie wrap», là, je
n'ai pas le mot...
Une voix : ...
Mme Branchaud (Louise) :
Ça, excusez-moi, des chevaux, la selle à la journée longue sous le soleil,
c'est des gens qui vivent de ça.
C'est des gens qui n'ont comme principe... Et le mémoire en fait état, quand on
arrive à l'utilisation du cheval à des fins commerciales, on n'a pas de
pardon, nous autres, on est tolérance zéro.
• (15 h 30) •
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Mais l'utilisation du cheval à des fins
commerciales, je vais peut-être revenir à Camille, moi, j'ai suivi attentivement ta calèche dans Québec, je ne le sais pas, mais vous n'êtes pas contre la
calèche comme telle, vous êtes pour une utilisation — comment je pourrais dire ça? — équilibrée et intelligente. Est-ce que
vous avez fait parvenir cette partie-là de votre mémoire aux autorités de la
ville de Québec? Oui?
Mme
Branchaud (Louise) : C'est sûr. Depuis mars 2014, on a écrit deux fois
au cabinet du maire. On a reçu, je dirais,
à la fin du printemps une missive de notre directeur général de la ville de
Québec nous remerciant, évidemment, et je lui ai dit : Dans la foulée du projet de loi qui s'en vient, vous
auriez intérêt à lire attentivement parce que c'est... on n'essaie pas
de fermer la porte. Au contraire, on essaie d'envoyer une ouverture qui va
faire que le Québec va se démarquer positivement. Le Québec était le dernier.
Si on veut devenir plus que la norme, soyons créatifs.
Donc, cet animal-là,
qui est magnifique, majestueux, avec une collaboration — et
c'est ça que je voulais dire — de Patrimoine Canada, de la Commission de la
capitale nationale, des parcs des Champs-de-Bataille, vous seriez capables de faire quelque chose de tellement
grandiose qu'on viendrait de partout, et on pointerait cette fois-ci du
doigt Québec comme étant l'endroit où on a
fait une utilisation responsable du cheval dans un milieu touristique. Et
l'utilisation du fleuve est un axe de développement touristique qui est prisé
par le ministère du Tourisme du Québec, c'est toute l'histoire. Le Québec s'est ouvert au monde à travers un cours d'eau, et
on a tout à dire. Et, en tout cas, moi, dans ma tête, je... mais je ne
veux pas prendre les minutes de tout le monde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Je vais vous demander : Est-ce que vous avez
fait la même démarche ou une démarche semblable avec Montréal?
Mme
Branchaud (Louise) : Montréal, on n'a même pas eu besoin de faire ça
parce que Projet Montréal a sorti quelque
chose de magnifique bien avant... J'ai vu ça en cherchant, là, quand... En tout
cas, quand je faisais mes recherches, cela
dit, j'ai trouvé ça, je suis tombée là-dessus, et c'est magnifique aussi. Et
Projet Montréal, en ce moment, demande qu'on
s'assoie pour jaser des chevaux de calèche, et j'espère qu'ils vont sortir ça
des boules à mites parce que c'est super comme projet, vraiment super et
porteur.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K. Ça va.
Le Président (M.
Morin) : Oui. M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Oui. Félicitations, Mlle Côté. Je regardais ici
tantôt : «Au-delà d'une loi, donnons en héritage des valeurs qui nous empêcheront d'avoir à y
recourir.» J'ai des ados, moi, deux enfants. Quand j'ai commencé à leur
parler du projet de loi que nous allons
faire — je suis
agriculteur — mes
enfants, ils m'ont posé la question : Papa, pourquoi vous faites ça? Vous l'avez dit tantôt, Mlle Côté,
c'est le côté éducatif. Présentement, ma génération à moi — j'ai 50 ans — on a
été élevés avec une personne dans nos familles... des connaissances avec
l'agriculture. Malheureusement, vous et vos... — je vois des jeunes aussi en arrière — vous n'avez plus ce lien-là, les générations
d'aujourd'hui n'ont plus ce lien-là de
sensibilisation avec les animaux. En fin de semaine, j'ai eu des ados qui sont
venus chez moi, et puis voir leurs réactions avec les animaux, les petits veaux, c'en est vraiment, là... on part de
loin. Et, quand j'étais jeune, quand nous étions jeunes, on avait des visites à la ferme à chaque année,
c'était un rituel à l'école du primaire. Donc, on avait une éducation
qui était faite. Voilà quelques années,
journée portes ouvertes avec l'UPA au début septembre, c'est bien, je l'ai fait
chez moi la deuxième année, 600
personnes. Mais, 600 personnes, on n'a pas le temps de montrer aux jeunes... de
sensibiliser nos jeunes, c'est impossible. Donc, j'aimerais ça, vous
entendre un petit peu sur ce bout-là.
Le Président (M.
Morin) : Mme Côté.
Mme
Côté (Camille) : Selon moi, je vous dirais que, pour éduquer les
jeunes, il faut commencer, comme je le disais,
par leur montrer les bonnes choses. Donc, il faut leur montrer : O.K. Ça,
c'est un animal qui est heureux, qui n'est pas négligé. Et ça, c'en est un qui est négligé. Qu'est-ce qui fait qu'il
est négligé? Et quels points, on peut faire... O.K.? C'est quoi, le seuil de tolérance de la négligence?
Parce qu'on n'aura pas le même seuil de tolérance, chaque personne, donc
déterminer un point de tolérance et, par la
suite, instaurer des programmes dans les écoles, faire : O.K. Bien, on va
envoyer des gens qui vont aller parler. Des
anciens inspecteurs du MAPAQ, des gens qui ont travaillé, qui ont été sur le
terrain, qui savent de quoi ils parlent, on
les envoie dans les écoles puis on leur dit : Allez-y, expliquez ce que
vous avez vu puis dites : Ça,
là, ce n'est plus jamais. À partir de maintenant, on ne fait plus ça, il faut
que vous compreniez que ça ne se fait plus. C'est ça qu'il faut leur
faire comprendre, aux jeunes.
M. Giguère :
O.K. Et puis ce serait bien aussi d'aller visiter des agriculteurs qui élèvent
leurs animaux avec amour. Parce que la
majorité le font avec amour et passion. Donc, c'est toujours les cas
d'exception, on fait des lois pour des cas d'exception. Donc, aussi, il
ne faut pas les oublier, eux. Donc...
Mme Branchaud (Louise) :
Les agriculteurs travaillent très fort. Moi, je vis dans une région rurale, je
vois le nombre d'heures requises par
un agriculteur. Malheureusement, ce n'est pas tous les jeunes qui peuvent vivre
à proximité de cette vie-là, de ces
animaux-là, de ce que ça demande, faire le train, de ce que l'on oublie pour
soi pour se donner à ces animaux. Ce
n'est pas tout le monde qui peut avoir ça. Mais ce qu'il faut comprendre, ce
qu'il faut transmettre dans les écoles
à travers des programmes, à travers une espèce de synergie
interministérielle... c'est de faire comprendre qu'on ne doit pas accepter... quand on voit des animaux qui
sont maltraités, il ne faut pas accepter ça parce que, si on accepte ça,
on va accepter que papa donne un coup de
pied au chien, qu'il va donner un coup de poing à maman, qui va faire que
moi, dans la cour d'école, je vais me faire ramasser. Ça, c'est un peu facile,
vous allez me dire, comme... mais c'est le germe de la criminalité, ça. C'est
l'être... et ça va jusqu'à grand-maman qu'on oublie parce que, tu sais...
Alors,
c'est comme ça qu'on rentre des valeurs. C'est en partant du germe qu'on crée
la vigne, hein? Alors, ce que l'on
espère de ce projet de loi là et de la collaboration interministérielle, c'est
justement la vigne, c'est que ça monte en ramifications tout autour et que ça s'intègre dans la vie, un peu comme
on a réussi à transformer toute notre société envers le réchauffement de la planète, comment on a... C'est
les enfants qui sont arrivés chez vous puis qui vous ont dit : C'est
fini, jeter la bouteille d'eau. La
cigarette, hein, c'est fini. Prends ton vélo, ne prends pas l'auto pour aller
au dépanneur. C'est ça qui a changé.
Alors, le projet de loi, c'est magnifique, c'est l'essence, c'est le germe. Et,
comme il doit être appliqué, que cette
société qui nous attend, hein, le reçoive en disant : Oh, wow! Et, demain,
sa génération et l'autre génération d'après... et moi, qui aurai ma petite canne, je dirai : Oh, c'est
merveilleux! C'est merveilleux, on a réussi à passer le flambeau vers
quelque chose de positif pour notre Québec, oui. Voilà.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Est-ce qu'il y a d'autres questionnements du côté
ministériel? Ça va?
M. Giguère :
...
Le Président (M.
Morin) : Oui, allez-y, M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : ...M. le ministre, mes chers collègues, comme qu'on a dit
tantôt, on va être obligés de tenir promesse, puis j'ai confiance qu'on
va tenir promesse. Merci.
Mme Branchaud
(Louise) : ...lui, il va donner des petits coups de pied dans son
ciel.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour à vous
deux. Très touchant comme témoignage. Moi, j'ai pris la peine d'aller sur Google pour trouver les articles, les
chevaux de l'île. Et, quand on lit ça, c'est assez bouleversant, merci. D'ailleurs, je comprends que votre
organisme est né de ce malheureux épisode là. Selon vous, le projet de loi
qu'on a devant nous présentement, là, est-ce
qu'il va tenir promesse, dans le sens que est-ce qu'on va pouvoir, à tout le
moins... Parce que, quand on lit les
articles puis on lit votre témoignage, il y a eu comme une difficulté immense à
faire intervenir les gens dans ce
dossier-là, que ce soit le... Puis là je ne suis pas là en train de porter des
accusations, là, mais juste dire que est-ce
qu'on réussit à apprendre du passé avec ce qui s'est passé là et avec le projet
de loi qu'on a? Est-ce qu'on y arrive, selon vous, avec le projet de loi
qu'on a devant nous?
• (15 h 40) •
Mme
Branchaud (Louise) : Bien, écoutez, comme je le dis dans le mémoire,
on revient de tellement loin que, juste
d'avoir un projet de loi, on fait la fête. O.K.? Le projet de loi, une loi, ça se vit, ça doit prendre forme à travers
les gens. Le problème des chevaux de l'île, c'était qu'il y avait zéro
synergie, puis il y avait zéro écoute. Je pense que, quand une citoyenne,
après deux ans, continue à demander qu'un vétérinaire équin rentre dans une
place, à un moment donné tu dis : Bon, on va lui faire plaisir, on va l'envoyer, tu sais. Mais, passé ça,
quand on parlait tout à l'heure de l'éducation, bien, les policiers doivent être... Parce que vous en avez. Tout le monde
dit : Ah! il n'y a pas assez d'inspecteurs. Un policier, ça peut
être un inspecteur s'il voit puis il sait quoi regarder, A, numéro un.
Je
l'ai dit souvent, les inspecteurs du MAPAQ et les travailleurs sociaux de la DPJ se rencontrent dans le portique, hein, ce n'est pas rare... Enfin, c'est fréquent,
je vais dire plutôt, c'est fréquent qu'un travailleur social rentre
dans un endroit, voie des enfants en difficulté, voie des personnes
âgées en difficulté, hein? Parce qu'on parle des enfants, mais les personnes
âgées qui vivent dans le syndrome de Diogène avec 36 chats... ça, on voit ça,
et on a devoir, quand on est rendu là où on
est rendu, de se mettre ensemble puis de dire : Allo, c'est la DPJ, on a
un cas, on va intervenir pour les enfants.
Il y a des animaux, faites quelque chose. Tout ça, c'est des inspecteurs. Tout
ça, c'est des inspecteurs potentiels.
M. Villeneuve :
...à contribution, là.
Mme Branchaud
(Louise) : C'est ça. Et c'est ça que je veux dire, il y en avait une,
loi. Moi, de toute façon, c'était en vertu
du Code criminel, la P-42 ne s'appliquait pas. C'était en vertu du Code
criminel, et il y avait là un mens rea. Il est dans le dossier du MAPAQ, d'ailleurs, le mens rea était là. Quand
je suis sortie de la commission puis que j'ai pu avoir les dossiers
parce que j'ai plaidé la 445, 446, je l'ai vu, le mens rea, j'étais... on
voyait... Quand je dis, à un moment donné,
c'est un mal nécessaire, c'était un mal nécessaire. La police était plus après
moi qu'elle était après... O.K.? Alors, je dérangeais beaucoup, beaucoup.
M.
Villeneuve : Parce
que vous posez une question à votre conclusion, et vous y répondez, d'ailleurs. Vous la posez, la question,
et vous répondez, et ça m'a fait penser à la Table de sécurité routière, qui a,
au fil des ans, démontré sa pertinence,
et que ça ne coûte rien, ça, là, à moins que... Je ne pense pas que ça coûte
très cher, je pense, c'est tous des bénévoles qui sont là-dessus, et cette table-là fait affaire avec de nombreux
experts et devient, d'une certaine façon... vient recommander au gouvernement d'appliquer ou
pas certaines dispositions, là, au
niveau... M. De Koninck, d'ailleurs, en est le président, je crois
qu'il est encore président.
Et là vous
faites la recommandation suivante : «Faut-il qu'un comité...» Je vais mettre mes lunettes, c'est l'âge... Alors : «Faut-il un comité de surveillance
qui puisse donner un recours à la population? Nous [y] croyons que oui.»
Donc, vous êtes... Et moi, je trouve l'idée
tellement intéressante, alors, parce que, justement, le combat que vous avez
mené, que d'autres n'ont peut-être pas
relevé, ont décidé de ne pas relever pour toutes sortes de raisons, hein, à un
moment donné, la vie nous amène à des
endroits... Bon. Et vous, vous avez décidé de le relever, vous vous êtes
battue, et, aujourd'hui, on en est
fort heureux parce que vous avez créé cet organisme-là qui est un organisme
d'alerte, dans le fond, et de protection.
Alors, moi, je voudrais vous entendre sur ce
comité-là. En tout cas, vous semblez émettre l'idée qu'il pourrait y avoir un comité qui viendrait, là, et
ce comité-là pourrait, à la limite, recevoir justement... à tout le moins,
avoir connaissance de plaintes ou de situations qui, autrement, vont peut-être
se perdre. Je veux vous entendre d'abord sur cette
création de comité là, si c'est une idée qui vous est venue, vous verriez qui à
la table, et est-ce que vous en feriez une recommandation formelle.
Mme
Branchaud (Louise) : Absolument. Absolument. J'ai conclu par ça parce
que rappelons-nous l'appel du ministre
à 8 millions de citoyens pour venir faire de l'inspection parce que c'est
vrai que c'est de ma fenêtre que je vois le drame de la négligence animale ou de la maltraitance. Si on demande à
8 millions de citoyens de faire ce travail-là, il faut qu'au bout du compte ils sentent qu'ils
contribuent à quelque chose. Tenir Promesse, la bataille a été tellement
difficile, on est devenus, en quelque part,
spécialistes, malgré nous, des dédales. Et j'ai dit : Il y a tellement de
gens à l'île d'Orléans qui ont cessé d'y croire, qui ont baissé les
bras. On parle de dizaines et de dizaines de personnes qui ont dit : Bon,
ça ne marche pas.
Alors, il
faut pouvoir dire à une personne comme Louise Branchaud : Écoutez, votre
dossier, on le dépose devant ce comité-là.
Ils sont neutres, ils sont objectifs, il y
a là-dedans un vétérinaire
équin. Puis pas besoin que ce soient
toujours les mêmes, mais des membres à nommer, il y a un vétérinaire équin, il
y a quelqu'un, peu importe, service de police, du monde de Tenir Promesse, de Galahad, peu importe, et c'est tous des gens
qui savent de quoi ils parlent. Et, à
ce moment-là, c'est là... Et ils le
jugent, le travail a-t-il été fait correctement dans les règles de l'art? Est-ce qu'on s'est préoccupé du bien-être des animaux, vrai ou faux? Et, à partir de là, on est capable de faire un rapport
de monde ordinaire ou de monde extraordinaire
pour dire : Voilà, c'est ce qui s'est passé, c'est ce qu'on a eu, et de
taper sur les doigts parce que, dans le cas de Promesse, ça en prenait
et...
M.
Villeneuve : Écoutez, vous prendrez ce que vous voudrez de ce
que je vais vous dire là, là, mais, moi, si vous voulez déposez quelque chose avec des idées, qui pourrait siéger sur
cette table-là, quels seraient son mandat, sa mission, vous avez toujours le loisir de le déposer auprès
de la commission, et ce sera sur le site Internet, tout le monde en aura
pris connaissance. Moi, honnêtement, je
trouve l'idée excellente. Parce qu'on ne mettra pas un agent derrière chaque
arbre, mais on sait que déjà le nombre
d'agents, d'inspecteurs, etc., c'est un problème, là, un problème que plusieurs
ont soulevé, que c'était insuffisant.
Et là on arrive avec un projet de loi, et tout projet de loi, en soi, s'il n'y
a pas des éléments qui vont faire en
sorte qu'il va pouvoir s'appliquer, bien, on sait ce que ça peut donner, ça
peut donner quelque chose qui n'ira pas très loin. Et on ne veut pas que ça n'aille pas très loin, on veut que ça
fonctionne. Je pense que, là-dessus, on s'entend, et les Québécois veulent aussi que ça fonctionne. Et on
n'a jamais une deuxième chance de faire une première bonne impression,
alors faisons-le comme il faut. Alors, moi, je vous invite à réfléchir à ça
puis peut-être à nous déposer quelque chose à la commission.
Mme
Branchaud (Louise) : Je le ferai avec plaisir. Je rajoute juste une
petite chose, je dis qu'il est important, les inspecteurs que nous avons
là, de les former. Un inspecteur de petits animaux peut savoir les choses pour
les petits animaux, mais, quand on arrive à
un animal de ferme, quand on arrive à un cheval, dont tout est locomoteur sur
un cheval, quand il a des pieds, ça
ne passe pas... De toute façon, si le bon Dieu est bon, on va vivre avec le
code de pratiques des équidés, on
voit les exigences. Ne serait-ce que de s'en tenir aux exigences, wow! la fête,
O.K., c'est fabuleux. On a beau essayer
d'expliquer à des gens qu'il faut faire tailler les pieds, mais, s'ils ne
veulent pas t'écouter... Et c'est sûr qu'ils ont compris, dans certains cas, c'est exactement comment ça marche. Et il
faut éduquer vraiment nos inspecteurs à reconnaître... quitte à se
spécialiser dans l'équidé, dans...
M. Villeneuve : Le temps qui
m'est imparti est terminé. Je tiens à vous remercier beaucoup et je vous invite
à continuer à faire ce que vous faites, vous le faites très bien. L'implication
citoyenne, c'est la pierre angulaire de la démocratie. Alors, bravo pour votre
implication!
Mme Branchaud (Louise) : Merci.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci, M. le
Président. Bonjour, mesdames.
Mme
Branchaud (Louise) : Bonjour.
Mme
D'Amours : J'aimerais, en premier lieu, te féliciter, Camille. Je
pense que, si j'étais un de tes parents, je serais très, très fière de ton implication. Et de venir nous parler ici
pendant quelques minutes et de dire ce que tu ressens, de dire ce que tu
veux faire, bravo! Bravo à toi!
On
a parlé tout à l'heure, au niveau des fermes, que les gens n'ont presque plus
de références. Avant, à l'époque, on avait
un grand-père, un oncle, une tante qui avaient des fermes. Maintenant, c'est
plus ou moins vrai. Mon collègue l'a cité, il y a des portes ouvertes qui s'effectuent à chaque année par l'Union
des producteurs agricoles, mais ce n'est pas tout le monde qui a la chance d'y aller. Il y a des
sorties éducatives qui, à mon avis, cette année, vont être de moitié. Avec
les coupures que les écoles subissent, les
parents qui ont moins d'argent à payer pour des sorties éducatives, alors il y
a à peu près 50 % de moins
d'enfants qui vont sur les fermes cet automne. Malheureusement, on n'aura plus
cette référence-là très bientôt non
plus. Dans les écoles, il y a aussi des coupures parce qu'il y a des manques
d'argent, et c'est les services aux élèves qui sont coupés. Alors,
encore là, loin de penser qu'un professeur va mettre de l'avant un budget pour
aller sur les fermes.
Je
sais que ça passe par l'éducation. Alors, Camille, moi, je te demande, étant
donné que tu es très impliquée, que tu es
aguerrie sur ce sujet-là... moi, j'aimerais ça que tu regardes comment on
pourrait aider les jeunes à s'éduquer. Si on sort de l'école, où on pourrait te donner des informations, te donner
comment on doit agir avec un chat, comment on doit agir avec un chien, comme tantôt tu nous l'avais dit?
Moi, je t'invite à faire une réflexion là-dessus avec d'autres jeunes puis de voir où est ton besoin, à quel endroit tu aimerais
que les jeunes s'informent et que ça leur arrive, là, facilement,
sans budget, qu'on puisse... ou ça va
aller avec un budget, mais qu'on puisse le faire dans les budgets qu'on a.
J'aimerais ça que tu fasses cette
réflexion-là. Si jamais tu arrives à un travail, de nous le déposer ici
aussi, à la commission. Alors, ça serait peut-être vraiment
agréable pour nous de regarder les possibilités avec une idée comme tu as. Est-ce
que tu as des commentaires à ce sujet?
• (15 h 50) •
Mme
Côté (Camille) : Bien là,
moi, je veux dire qu'il n'y a pas juste par la théorie pratique, là, par le
fait de : O.K. On va les amener sur le territoire, il y a aussi par les livres. Les ados... Je parle beaucoup
des ados, mais les enfants aussi, ils
sont portés à être de plus en plus devant leur écran. On dit tout le temps : Ah! les ados puis leur écran. Ah! puis leur téléphone. Si on est capable de faire... Ah! bien,
regarde, on pourrait faire un livre qui explique aux jeunes enfants.
Comme ça, les jeunes enfants, ils partent
avec des valeurs qu'ils gardent tout au long de leur vie, qui font qu'on a
moins à leur apprendre. Ils partent déjà
avec le fait que, regarde, donner un coup de pied à un chien, ça ne se fait
pas, tu ne fais pas ça, ce n'est pas correct. S'ils partent avec ces
valeurs-là, c'est déjà ça qu'on a de gagné.
C'est
des choses à quoi les gens ont moins tendance à aller parce que,
maintenant, c'est l'électronique, c'est la génération : on est tout le temps sur nos ordis, puis tout ça. Mais il y a encore des parents qui
disent aux jeunes : Regarde, prends
un livre puis lis à la place de faire ça. Donc, ça, il faut
y penser. Puis on peut, à la télé... Tu sais, je pense juste aux dessins animés, si on décidait de faire un dessin
animé avec des animaux puis qu'on montre les gens... Ah! bien, regarde, lui, là, le méchant dans l'histoire, là, il frappe
son animal, l'enfant va faire le lien dans sa tête : Non, ce n'est pas
bien de frapper un animal, il ne faut pas que je fasse ça. C'est tout
des trucs comme ça à quoi il faut réfléchir.
Puis
c'est sûr qu'il y a question de budget, question, ah! coupures, puis
tout ça, c'est sûr que ce n'est pas quelque chose à quoi j'ai fait... Tu
sais, ce n'est pas la première chose qui m'est venue en tête, je fais juste
sortir des idées comme ça. Après ça,
si c'est quelque chose qui intéresse le gouvernement, je suis sûre qu'il y a
plein d'experts qui sont capables de vous
en parler puis de dire : Bien, ça, ça pourrait coûter tant, puis là, vu
les coupures ou le budget de telle école, bien, peut-être qu'on pourrait
mettre des programmes avec des bénévoles, avec des gens qui sont prêts
à dire : Regardez, ça, j'ai fait
ça toute ma vie, c'est quelque chose qui me tient à coeur. Pourquoi je n'irais pas
l'enseigner à la prochaine génération pour que les jeunes comprennent?
C'est ça que je veux dire, dans le fond.
Mme Branchaud
(Louise) : Tenir Promesse, va aussi dans... Présentement, c'est un peu
petit parce qu'on commence, là, mais on va
dans les écoles où il y a des sport-études en équitation pour parler des
chevaux. Mais ce qui est important, puis je vais... les gens qui ont 50
ans comme moi vont se rappeler que fut un temps où on avait un autobus jaune l'été — en tout
cas, chez nous — qui
arrivait avec des livres. Vous souvenez-vous de ça? On rentrait dans
l'autobus, puis c'était la bibliothèque qui nous envoyait ça, on n'avait pas besoin d'aller à la bibliothèque. Et moi, je vous le dis, et si c'était
la ferme qui venait à l'école? Et, si on arrivait avec un petit veau puis une
vache : Puis ça, c'est le pis, puis ça, c'est ci, puis ça, c'est ça, puis ça marche de même, hein...
Puis, si on arrivait avec un cheval, avec un maréchal-ferrant : Et
voici, on prend le pied, le pied, le fer...
On envoie tout le monde dehors. Invitons-les à la maison, hein? Ça coûte
bien moins cher, puis c'est moins wô-ho, hein, ça peut être structuré
plus. Des solutions, il y en a, il y en a, il y en a.
Mme Côté
(Camille) : Et je tiendrais à rajouter que les jeunes, ils sont — en
tout cas, les jeunes que je me tiens avec — très
portés à faire : Ah non! les autres vont trouver ça rejet. Ils n'iront pas
par eux-mêmes. Très rares, ceux qui y vont par eux-mêmes. Donc, ce que je trouve
qui serait important, ça serait : Si c'est quelque chose d'imposé, les
jeunes qui n'ont pas — j'ai
juste le «guts», là, désolée du mot anglais — le «guts» d'y aller, ils vont pouvoir le voir sans
avoir peur du jugement qui peut être présent, vu les idéaux de la société,
et tout ça, et ça va... C'est parce que je ne sais pas si c'est quelque
chose qu'il y a des statistiques ou je ne sais pas, mais les activités qui sont faites en dehors de l'école, qui
ne sont pas imposées par un programme dont les jeunes sont obligés d'aller, par
exemple l'école, ils sont portés à... Ah! bien,
c'est juste des enfants avec leurs parents. C'est très rare que des
adolescents se déplacent pour faire... Ah! on va faire ça. Non, ils vont jouer à l'ordi, ils vont... Tu
sais, c'est dommage de dire ça, mais c'est la réalité, que, si on impose
ça, les jeunes qui n'ont pas le «guts» pour y aller, ils vont pouvoir apprendre
pareil.
Mme Branchaud
(Louise) : Je pense que c'est important, ce qu'elle dit, parce que...
Le Président (M. Morin) :
Oui, madame. Oui, terminez votre...
Mme
Branchaud (Louise) : M. le Président, rapidement. Parce qu'il y a les métiers des chevaux qui se
perdent, et il y a l'agriculture qui se perd. Et l'agriculture et les métiers
entourant les animaux, c'est un facteur économique. Cela dit,
c'est terminé. Je cède la parole à qui le veut bien.
Le
Président (M. Morin) :
Bien, c'est le président qui va vous dire merci pour votre intervention, Mme
Branchaud. Et, ma chère Camille, tu es pleine de promesses. Donc, je t'invite
et je te prie de continuer à faire ton travail et à faire en sorte que la société
change parce que la jeunesse a tous les pouvoirs dans cette société. Merci
beaucoup de votre témoignage.
Et je suspends quelques instants, et nous
attendons le prochain groupement de venir prendre place à la table.
(Suspension de la séance à 15 h 57)
(Reprise à 15 h 59)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Nous recevons l'Association des mushers du Québec. Madame, monsieur, bienvenue chez vous. Donc, j'attends vos
présentations. Et vous avez 10 minutes pour nous présenter votre
mémoire.
Association des mushers
du Québec (AMQ)
Mme Morin-Doré (Léonie) : Bien,
bonjour à tous. Est-ce que vous m'entendez bien?
Le Président (M. Morin) :
Oui.
• (16 heures) •
Mme
Morin-Doré (Léonie) : Donc, M. le Président, M. le ministre, les
autres membres de l'Assemblée, tous ceux qui ont tenu à se déplacer pour assister à ces audiences sur le projet
de loi P-54, mon nom est Léonie Morin-Doré. Je suis sur le conseil d'administration de l'Association des
mushers du Québec et j'ai avec moi M. Bernard Saucier, qui est président
du Club d'attelage de chiens du Québec, qui est impliqué aussi au niveau de
l'AMQ.
Donc,
permettez-nous, premièrement, de vous remercier pour l'opportunité que vous
nous accordez, à l'AMQ, de faire part de son opinion en lien avec le
projet de loi P-54, lequel viendra modifier et renforcer la loi n° 42.
Depuis
l'entrée en vigueur de cette dernière en juin 2012, le conseil de l'Association
des mushers du Québec est heureux des
progrès effectués grâce à un meilleur encadrement des normes concernant la
garde des animaux de compagnie. Nous
sentons déjà une meilleure sensibilisation au bien-être des animaux chez la
plupart de nos membres et une évolution positive dans la vision de la population en général vis-à-vis la
pratique et les habitudes des adeptes de sports canins attelés. Nous
sommes plus qu'heureux de constater que les animaux pourront désormais
bénéficier du statut juridique d'êtres sensibles, et, à ce sujet, l'AMQ tient à
remercier le gouvernement du Québec pour cette grande réalisation.
L'AMQ a eu la
chance de collaborer à l'élaboration de la loi P-42 et nous sommes fiers des
conclusions qui ont été retenues dans sa version finale. Nous appuyons
son contenu, qui permettra inévitablement une meilleure sécurité et un meilleur bien-être des chiens et des
chats au Québec. Nous travaillons d'ailleurs toujours
activement à ce dossier. Je vais d'abord vous parler un peu de l'AMQ
pour, ensuite, aborder le projet de loi P-54 plus directement.
Donc, l'AMQ,
en fait, ce que c'est, l'Association
des mushers du Québec, c'est l'organisme qui représente tous les adeptes de sports canins attelés au Québec. Donc,
notre mission, c'est d'assurer la promotion des sports canins attelés,
de regrouper et représenter les passionnés de sports canins attelés, de former
et d'informer autant nos membres que la population, tout ça dans le but de
préserver le caractère unique de notre passion.
L'AMQ est
divisée en deux sections, finalement. Donc, la section attelages, qui regroupe
tous les passionnés du traîneau à
chiens au Québec, donc, qui conduisent des attelages formés de plus de deux
chiens. La division petits attelages et monochien, quant à elle, regroupe les adeptes de sports canins attelés
pratiqués en compagnie d'un à deux chiens. Donc, dans la division attelages, on retrouve le loisir familial, la course sur neige, donc la course de traîneaux, la
course sur terre battue, dans
laquelle le traîneau, finalement, est remplacé par un kart à trois ou quatre roues
selon le cas et où, dans le fond, les équipes de quatre, six, huit
chiens peuvent être attelées, là, donc sur terre vraiment. Finalement, le
tourisme d'aventure aussi est inclus dans cette catégorie-là.
Finalement,
la division attelages et monochien comprend ce qu'on appelle le canicross.
Donc, c'est un joggeur, un coureur à
pied qui est tiré par son chien. Donc, travail d'équipe homme-chien à ce
niveau-là. Le bikejoring, qui est un cycliste, finalement, tiré par son chien, qui travaillent en équipe.
La trottinette ou le scooter, donc même principe, trottinette, un ou
deux chiens à l'avant. Et, finalement, le skijoring, donc le ski de fond tiré
par son chien.
Donc, finalement, nos valeurs à l'AMQ, c'est d'assurer à nos coéquipiers canins respect,
sécurité et bien-être. Il nous apparaît, d'ailleurs, important de
mentionner qu'en octobre prochain le Québec aura l'honneur d'accueillir des coureurs partout sur la planète à l'occasion des
championnats du monde de course de chiens de Bristol Dryland. Donc, la petite municipalité de Bristol en Outaouais sera ainsi l'hôte
d'un évènement d'envergure où s'affronteront plusieurs dizaines d'équipes dans les
catégories scooter, canicross, bikejoring
et kart à quatre, six ou huit chiens.
Donc, dans ce cas-là, vous aurez compris que c'est une course sur terre.
J'espère qu'il n'y aura pas de neige à la fin octobre au Québec encore. On va
espérer.
Donc, le
traîneau à chiens fait partie du patrimoine québécois, et il est important
de souligner que ce patrimoine est relativement jeune. L'historique du
mushing ne doit pas tomber dans l'oubli. Si notre passion peut servir un tant
soit peu à perpétuer ce patrimoine, nous en
sommes très fiers. Si, aujourd'hui, nous nous retrouvons devant vous, c'est
pour vous présenter et soutenir notre
passion. La sécurité et le bien-être de nos chiens sont des éléments
primordiaux d'une bonne complicité entre le propriétaire et son
attelage, peu importe la taille de ce dernier. Il ne peut en être autrement si
nous désirons qu'un climat de confiance
mutuelle s'installe entre les coéquipiers. Le domaine des sports canins attelé
a beaucoup évolué ces dernières
décennies. D'ailleurs, de nos jours, on ne désigne plus les chiens
comme étant des bêtes de somme ou des chiens de travail, mais plutôt
comme des compagnons d'activité.
Quoi qu'il en
soit, peu importe la catégorie, les adeptes doivent offrir les meilleurs soins
possible à leurs animaux, même durant
les périodes estivales. Un chien n'est pas une motoneige que nous pouvons
entreposer neuf mois par année.
Revenons maintenant
plus précisément sur le projet de loi
n° 54, qui nous apparaît dans
son ensemble enrichir le règlement
42, permettant d'améliorer encore plus la sécurité et le bien-être des chiens
et des chats. Nous disons bien dans son
ensemble, car nous croyons que certains articles,
de par leur libellé et leur contenu, risquent à la fois de ne pas avoir assez d'impact pour bien encadrer ce que nous
appelons les usines à chiots et, d'un autre côté, avoir trop d'impact
sur nous, au point de possiblement mettre notre activité en péril.
Voici donc quelques modifications que nous
suggérons avant la mise en application de la loi n° 54. Il nous apparaît
d'abord important de mieux définir ce que représentent les impératifs
biologiques d'un animal. En effet, la définition
proposée à l'article 1.5° laisse, à notre sens, trop de place à interprétation.
Nous sommes conscients que chaque animal
possède ses particularités et que ses besoins sont différents de ceux d'un
autre individu. Par exemple, vous pouvez imaginer que les chiens
appartenant à un musher se spécialisant en tourisme d'aventure faisant des
expéditions de plusieurs jours en autonomie
complète sont très différents de ceux qui participeront à des compétitions de
sprint ou encore des courses de bikejoring à l'automne. Considérant ceci, ne serait-il pas intéressant de tenter de définir, au moment de l'émission du permis de possession de chiens, les impératifs biologiques
propres au chenil visé, ceux-ci étant établis en fonction du type de chiens qu'il abrite, du type d'activité
pratiquée, bref selon une approche au
cas par cas? Donc, les stratégies et les améliorations proposées par la
suite seront ainsi représentatives de la situation de chaque propriétaire et
adaptées au contexte d'élevage.
L'article 63.7° concerne les permis de chenil.
La plupart d'entre nous sommes d'avis que ces derniers sont maintenant
indispensables. Nous croyons cependant qu'une visite du lieu de garde préalable
à l'émission du permis favoriserait un
meilleur bien-être des animaux. Par contre, nous remarquons que la manière dont
il a été défini, soustrayant les
propriétaires de 14 chiens et moins à la demande de permis, n'affecte
probablement pas autant que souhaité les usines à chiots.
Pour corriger cette situation, nous croyons
qu'il serait intéressant d'émettre deux types de permis : d'abord, un permis régulier, celui que nous connaissons
déjà, proposé par la loi P-42, et un autre visant l'élevage commercial,
afin de diviser les deux groupes de
propriétaires. Le permis d'élevage commercial pourrait devenir obligatoire pour
un lieu où seront gardés un nombre
moins élevé d'animaux, qui seront utilisés à la reproduction, et alors inclure
les chiots âgés de moins de six mois dans le nombre de chiens permis.
Nous laissons libre jugement quant à la limite d'individus imposée par ce
dernier permis.
L'article
63.10° témoigne de l'importance de déterminer le nombre maximum d'animaux qui
peuvent être gardés par une même
personne physique. Le contenu de cet article nous apparaît plutôt difficile à
gérer et à évaluer, puisque, dans certains
cas, le nombre de personnes en charge des animaux peut varier selon le
contexte, la période de l'année et l'activité. L'établissement de normes pourrait devenir complexe, et celles-ci
pourraient être difficilement applicables à certaines situations. Par
exemple, dans le cas d'un chenil familial, il peut devenir difficile
d'identifier qui sont réellement les personnes
qui participent aux soins et à l'entraînement des chiens, donc qui en sont les
réels propriétaires. Sans habiter sous le
même toit, plusieurs familles gardent leurs équipes dans un même lieu
d'élevage. Peut-être, devrait-on adresser cette recommandation plus
comme une question, finalement : Est-ce qu'il y aurait une façon de mieux
définir pour éviter la confusion à ce niveau-là?
Selon
l'article 8, «le propriétaire ou la personne ayant la garde d'un chat, d'un
chien, d'un équidé ou d'un autre animal
déterminé par règlement doit fournir à l'animal la stimulation, la
[sociabilisation] ou l'enrichissement environnemental qui conviennent à
ses impératifs biologiques». Nous sommes tout à fait d'avis qu'il s'agit ici
d'une nécessité dont nous devons procurer à
tous les animaux. Évaluer le niveau de sociabilisation d'un animal est possible
grâce à l'évaluation de paramètres précis. Par contre, pour ce qui est de la
stimulation de celui-ci et de son enrichissement environnemental... devront être traités de manière différente selon
l'endroit où il vit et le nombre d'individus gardés. Les chiens qui passent une journée en groupe ne
demandent pas autant de divertissement qu'un animal gardé seul, par
exemple.
Nous avons finalement eu connaissance de
remarques de certains propriétaires concernant l'article 63.15°. Dans le but de préserver la santé et le bien-être
de nos animaux, nous croyons pertinent de souligner le point suivant en
espérant qu'il puisse être pris en considération dans le futur. Quelques
membres de l'AMQ dont les chenils ont été visités
au cours des dernières années ont rapporté, dans certains cas, que seule une
protection sanitaire minimale était mise en application par les inspecteurs. La visite consécutive de plusieurs
chenils peut favoriser, dans le fond, la propagation de certaines maladies, parasites, comme vous vous
en doutez. Alors, nous suggérons que les inspecteurs portent minimalement des couvre-bottes au moment de leurs
visites dans nos chenils. Le port de gants et même d'un survêtement
pourrait être approprié ou conseillé dans certaines situations aussi.
Si nous avons relevé
quelques points qui peuvent porter à confusion ou susciter des interrogations
dans ce futur projet de loi, nous ne pouvons passer sous silence ceux qui
permettent déjà d'assurer une meilleure sécurité et un meilleur bien-être des
chiens et des chats et dissuader les possibles contrevenants, entre autres tous
les articles en lien avec les amendes.
Considérant l'article 5, nous croyons que le
guide d'application de la loi n° 42, donc le guide d'application des
règlements sur la sécurité et le bien-être des chiens et des chats, émis en
2012, représente un excellent outil pour les
propriétaires de chiens et chats, favorisant grandement la mise en application
de la loi, donc, avec des exemples concrets, une marche à suivre
détaillée et permettant inévitablement d'améliorer les conditions de vie des
animaux au Québec.
Donc, en conclusion, Mmes, MM. les députés,
ministre et président, nous sommes conscients que le meilleur bien-être des
animaux représente un objectif que plusieurs ont à coeur. Nous en avons la
preuve par la présence de nombreux groupes
qui ont tenu à se préparer et à se déplacer à l'occasion des audiences des
derniers et des prochains jours afin de s'impliquer dans la préparation
de la future loi P-54. Les sujets approchés nous permettent de croire que la
réputation du Québec en matière de bien-être animal ne pourra que s'améliorer
au cours des prochaines années. Le gouvernement pourra et doit nous permettre
de continuer à pratiquer notre passion telle que nous l'apprécions. Nous sommes fiers de pouvoir vivre cette relation
privilégiée que nous entretenons avec nos compagnons canins. Nous vous
remercions de votre attention, de votre compréhension et de votre soutien.
Le Président (M. Morin) :
Merci, Mme Morin-Doré. M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci
d'être venus nous entretenir de vos compagnons d'activité. L'Association
des mushers, là, on ne la connaît pas
tellement, là. Je veux dire, on sait qu'elle existe, on sait que les mushers,
c'est plus présent dans certaines régions que dans d'autres, etc. Vous
avez combien de membres à votre association? C'est une adhésion volontaire, là?
Mme
Morin-Doré (Léonie) : Oui,
c'est une adhésion volontaire. Là, vous me prenez de court. En fait, je
m'étais concentrée sur la loi, je n'ai pas
les chiffres exacts, je dirais, 100, 150, peut-être, confirmés. Encore
là, il s'en rajoute à chaque année,
là, des plus petits attelages pour lesquels c'est plus accessible, là, qu'on
s'attend à ce qu'ils se rajoutent à partir de cet automne. C'est sûr que
ça varie beaucoup, mais je dirais, là... Vite comme ça, je ne veux pas
m'avancer concrètement, mais j'ai l'impression que c'est autour de ça.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : La
moyenne de nombre de chiens par propriétaire, je comprends que ça dépend
du sport ou de l'activité, là, si tu fais du
traîneau, ce n'est pas la même affaire que du skijoring, etc., là, mais avez-vous
un aperçu, maximum, minimum, puis entre les deux, là?
M. Saucier (Bernard) : Du côté du
chien monochien, là, canicross, bikejoring, ces choses-là, c'est souvent deux, trois ou quatre chiens. O.K.?
Alors, admettons, une moyenne à deux, deux, trois chiens. Dans le cas du chien
de traîneau, bien, vous comprendrez qu'il y
a différentes activités. Dans le cas du loisir pur et simple, ça peut être de
six chiens, aller à peut-être
12, 13, 14 chiens. Dans le cas de ceux qui font de la compétition, bien, on
parle plutôt d'un minimum d'une
quinzaine de chiens, aller jusqu'à une trentaine de chiens. Ça dépend combien tu as d'enfants à la maison. O.K.? Alors, prenez un exemple, comme moi, aussi je suis
dans la cinquantaine, on parlait beaucoup de cinquantaine, alors, j'ai
eu la chance d'avoir... la chance... des
filles... j'ai eu la chance d'avoir des enfants aussi passionnés que moi des
chiens de traîneau, quatre garçons.
Alors, quand on va faire de la compétition, parce que, moi, je participe aux
compétitions, alors, bon, mon plus jeune, six chiens, mon autre, six
chiens, mon plus vieux, 12 chiens, moi, 12 chiens. Alors, chez nous, il y a une
trentaine de chiens. O.K.? Mais c'est des chiens qui sont là avec nous et qui
vivent en permanence. O.K.?
Tantôt, on le
soulignait la sociabilisation puis l'enrichissement. Un chien de traîneau, de
l'enrichissement, il n'en manque pas.
O.K.? Ils sont tous ensemble. Ce n'est pas tout à fait comme un chien que tu
pars travailler huit heures, puis il est
resté tout seul toute la journée, il n'en manque réellement pas. On a une
certaine inquiétude à ce niveau-là parce que les jouets, souvent, faits
pour l'enrichissement sont faits pour de petits chiens, et ils sont risque,
souvent, même d'étouffement pour un gros
chien qui croque ça. Ce n'est pas trop long, puis woup! tu te ramasses chez le
vétérinaire pour faire enlever un
objet qui est, mettons, pas à la place qu'il devrait être. O.K.? Alors, en
moyenne, dans le chien de traîneau, on pourrait dire peut-être entre 15
et 20. Puis, dans le monochien, là, les... trois chiens.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Ça va.
Ces chiens-là — il y a
une question qui va revenir parce qu'il y a une pétition, vous devez être au courant, là, qui est en ligne par la SPCA
de Montréal — est-ce
que ce sont des chiens que vous gardez attachés, puis longtemps, ou pas
longtemps, ou...
M. Saucier (Bernard) : Ça, c'est...
Bon, c'est sûr...
Une voix : ...
M. Saucier (Bernard) : Oui. C'est
sûr que les gens qui lèvent une pétition comme ça et qui projettent des images comme : j'ai vu un bébé chien avec une
chaîne grosse comme ça, tu sais, ce sont des exceptions. O.K.? Deux
pieds de chaîne, écoute, je suis le premier
à bannir ça. Pour répondre à votre question, les chiens, chez nous, il y a deux
façons de les garder, soit à la chaîne... À
la chaîne, c'est un pivot, quatre pieds de haut, la chaîne sort sur le dessus,
et le chien peut courir
tout le tour. Alors, ceux qui nous disent : Vos chiens, ils sont attachés,
ils ne le sont pas, là. Remarque, là, O.K., occasionnellement, ils peuvent être 24 heures sans être détachés, mais
ils sont détachés très, très régulièrement. Bien, je mets au défi n'importe quel chien de maison d'être
capable de suivre un chien chez nous, qui peut virer, saute par-dessus
la niche, saute après un papillon, puis tout ça, ça bouge beaucoup.
Une de vos
consoeurs de l'autre CAPERN d'avant que j'avais rencontrée, une de mes
députées, je lui posais la question :
Votre chien, il fait combien d'heures d'exercice par jour? Parce que vous êtes
très occupés les députés, hein, vous êtes
souvent à Québec, en voyage, et tout ça, j'imagine que ce n'est pas 12 heures à
faire de l'exercice avec votre chien. Elle m'a répondu tout bêtement : N'essaie pas de m'avoir avec ça, toi,
là, mon chien dans une maison, ça dort tout le temps. S'il ne dort pas 20 heures, il en dort 22. O.K.? Alors
qu'un chien attaché, c'est un peu comme un enfant dans une balançoire,
on dirait qu'il sait sa limite, et là il court.
L'autre système que j'ai, c'est tout simplement
des enclos de huit pieds par quatre pieds avec une niche à l'extérieur où on met les femelles lorsqu'elles ont leurs chaleurs, hein? C'est bien sûr
qu'on contrôle. Souvent, on disait avoir un peu de contrôle sur les
usines à chiots. Bon, malgré que j'ai 30 ans... — 30 chiens, pas 30 ans,
j'en ai pas mal plus — j'ai
30 chiens, je fais une portée de chiots par année. Puis, cette année, ça n'a
pas collé, donc il n'y en a
pas. Donc, on n'est pas des usines à chiots,
on fait des chiots régulièrement, une fois par année, cinq, six chiots pour
remplacer ceux qui vont prendre de l'âge. O.K.? Parce qu'un chien de traîneau de compétition va faire de la compétition
pendant six, sept, huit ans. Après ça, il commence...
Une voix : ...
M. Saucier
(Bernard) : La compétition,
c'est plutôt à 16 mois, O.K., un an et demi. On n'emmène pas un chien aux compétitions avant 16 mois, mais il commence à
s'habituer à l'attelage très, très jeune. Six mois, il commence déjà à faire
ses débuts. Très important pour un chien qu'il commence à cet âge-là, que l'activité
soit très agréable. Ça a une mémoire
épouvantable, et puis le chien aime... Je vois M. Morin en face qui est venu assister
à Rivière-Ouelle aux courses de
chiens, et ce sont des chiens très enthousiastes dans l'activité.
Leur dire qu'ils ne feraient pas d'activité, c'est un peu comme dire à mon voisin qui a mal dans le dos, qui est chez le chiro à
toutes les semaines : Tu n'iras pas jouer au hockey à soir, tu
sais. Bien, nos chiens, c'est un peu comme ça, mais ils ne reviennent pas
raqués, eux autres.
Alors, la
chaîne, là, tu sais, ils ont raison puis ils ont tort. O.K.? Il faut
vivre, il faut voir comment est-ce qu'on garde nos chiens
pour voir que c'est probablement la meilleure façon de garder un chien pour lui
assurer son bien-être parce
qu'il peut voir ses congénères, jaser avec tout le monde et faire beaucoup d'exercice. Je dis souvent à la blague, mais ce
n'est même pas une blague : Si tu veux avoir le bien-être
d'un animal, rends-le le plus possible indépendant
de l'humain. Parce que l'humain, vous
le savez, vous êtes occupés, on est occupés, on va travailler, on revient le
soir, les devoirs des enfants, puis
tout ça, n'allez pas vous imaginer, là, qu'on va être avec eux, là, 24 heures
par jour, c'est impossible, puis ça ne se fait même pas pour les chiens
de maison non plus.
Donc, si les
relations sociales avec leurs congénères... Parce qu'il n'y a personne qui m'a
dit à date qu'un chien devait avoir
plus de relations sociales avec un humain qu'avec un autre chien. C'est très
bien qu'il ait les deux parce que nous, quand on va aux courses, il y a
plein d'enfants alentour de nos camions, puis tout ça, il faut qu'ils soient terriblement bien socialisés. Donc, ils sont très
sociabilisés, mais ils ont aussi la chance d'avoir un contact social
canin en permanence. O.K.? L'exercice, ils
le font. Alors, ils sont moins dépendants, puis leur bien-être en est rehaussé.
Par contre, ceux qui vivent dans une
maison, ils aiment tellement leur chien que la seule façon de garder un chien,
c'est comme eux ils le gardent, puis ça, c'est une espèce
d'incompréhension.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
avez effleuré le sujet avec votre chienne en chaleur, là, l'élevage se
fait comment là-dedans? Est-ce qu'il y a des
usines à chiots de chiens de traîneau? Est-ce que c'est l'éleveur qui, enfin,
comme vous le faites, là, une fois par année...
M. Saucier (Bernard) : Le projet de
loi est excellent, là, on l'a dit, hein? Quand on a vu arriver les premiers
permis, là, on n'aimait pas trop ça. O.K.? Par contre, je vous dirais que c'est
excellent. O.K.? Ça met les gens, un peu — excusez le terme, là — à marcher les fesses serrées un peu. O.K.?
Quand il y a quelque chose qui est croche un peu, ils se ramassent un peu, hein? C'est comme quand
on a de la visite dans une ferme, hein, des fois on va ramasser un petit
peu les choses, hein, en passant, hein? Les
portes ouvertes de l'UPA, c'est une de mes idées quand j'étais au
ministère de l'Agriculture.
Mais, bon,
alors tout ça pour dire que c'est très, très, très important d'avoir un
règlement, un permis comme ça pour nous.
Ça permet, dans le fond, à dire : Il y a n'importe qui qui peut arriver
chez vous. L'inspecteur qui est venu chez nous, j'ai l'impression qu'il
est venu plus en apprendre que d'autre chose, là. Parce qu'il faut aussi
comprendre une chose, qu'un chien de 60
livres, ce n'est pas un chihuahua de deux livres. O.K.? C'est des caractères
très, très dociles, amicaux, qui n'ont
pas besoin réellement... c'est facile à dompter. Un chihuahua, tu ne peux pas
donner une petite tape sur le bout du nez, écoute, tu vas lui faire mal. Un chien, on peut, comme un enfant, lui
dire qu'est-ce qu'il faut, puis c'est des chiens qui sont très, très,
très amicaux. C'est surprenant. Surprenant.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Juste
vous entendre, on passe sur le plan du statut juridique de bien meuble à
un être sensible. Vous qui avez été
là-dedans toute votre vie puis qui avez des compagnons de... comment vous voyez
ça, ce changement de perspective là?
• (16 h 20) •
M. Saucier
(Bernard) : Bien, écoutez, ce n'est pas du nouveau pour moi, là,
c'est... Écoutez, j'ai vécu avec les
agriculteurs, puis... Tu sais, quand j'ai vu le projet de loi arriver, je me
suis dit : Où est-ce qu'on s'en va avec ça? Les animaux sont mieux traités que les humains,
câline, on va-tu diminuer la coche un peu? Après ça, bien, tu fais une
analyse, tu dis : Ouais, là... Tu sais,
tu te regardes, tu regardes ce que tu connais. Mais les exceptions, je ne les
vois pas, et c'est vrai qu'il y a des exceptions. C'est vrai, des fois, qu'il
y a des choses qui ne devraient pas se passer.
Je reviens...
Écoutez, ça fait 38 ans que je fais de la compétition, là, bientôt 40,
j'en ai vu, des causes qu'on voyait arriver,
des chiens dont le pelage n'était pas beau, ils n'étaient pas en condition.
Puis là je vous ramène à 30 ans, là, O.K., c'est clair que l'alimentation n'était pas correcte, c'est clair que
l'exercice n'était pas correct. Mais ça, là, dans, je vous dirais, les 20 dernières années, c'est
disparu, puis le permis, là, il a éliminé peut-être ce qui pouvait peut-être
rester de moins intéressant dans ce qu'on avait. Alors, on ne voit que du positif là-dedans. Ce que j'ai
vu, j'ai dit : Bon, où est-ce qu'on va avec ça? On ira un peu plus
loin. Je sais que la loi, c'est tellement pointu qu'il fallait encadrer à peu
près tout parce qu'il y a toujours quelqu'un
d'assez fin pour dire : Ah non! tu n'as pas le droit de faire ça, tu n'as
pas le droit de faire ça. Donc, probablement que c'était nécessaire.
Probablement que c'était nécessaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Moi,
ça va aller. Bonne chance à Bristol.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député de Dubuc.
M. Simard : Merci, M. le Président.
M. Saucier, Mme Doré, merci de votre présence. J'ai assisté, moi, à quelques... Avant ça, j'étais néophyte, mais, dans
ma région, à un moment donné, il y a des mushers qui ont organisé des compétitions, puis j'ai trouvé ça intéressant.
J'ai vu des bêtes qui étaient vraiment passionnées aussi de leurs courses,
là. Le meneur en avant, c'est un leader, là,
on le voit, et... Mais j'ai aussi remarqué que les gens, les propriétaires de
ces bêtes-là étaient extrêmement
fiers de leurs bêtes, et puis c'étaient des bêtes qui étaient bien traitées. Il
y avait beaucoup d'enfants, là, il y
avait des gens alentour qui, nécessairement, des fois, étaient inquiets de voir
que les animaux étaient dans des cages, puis on les transportait à l'extérieur. Mais, quand on regarde l'épaisseur de
la fourrure, je vais vous dire que ça ne les dérange pas bien, bien, ça
fait bien plus leur affaire que d'autre chose.
Maintenant,
moi, quand je lis votre mémoire à la page 5, quand vous dites — j'excuse
ma voix, là : «Nous
disons bien dans son ensemble — quand on parle du projet de loi, là — car
nous croyons que certains articles, de par leur libellé et leur contenu, risquent
à la fois de ne pas avoir assez d'impact pour bien encadrer ce qu'on
appelle — bon,
bien sûr — les usines à chiots et d'un autre côté avoir
trop d'impact sur nous, au point de mettre possiblement notre activité en péril», j'aimerais que vous m'expliquiez un
petit peu c'est quoi, votre crainte par rapport à l'exercice que vous
faites, par rapport à vos compétitions et etc.
M. Saucier
(Bernard) : Si on va plus loin dans le règlement, là, on voit «le
ministre peut», «le ministre peut». O.K.?
Puis le «ministre peut», quand il peut... Excusez, M. le ministre, là, mais,
quand il peut, M. le ministre, c'est souvent sous des pressions
politiques. Et puis ils sont beaucoup plus nombreux, ceux à faire des pressions
sur la restriction de certaines activités
que ceux qui vont partir pour aller vous voir, pour vous dire : Écoutez,
là, c'est important... Puis le chien, là,
ce n'est pas parce qu'il avait tout plein de bave ici, là, là, qu'il était
obligé de courir, là. Il a fait très, très volontaire, comme mon voisin qui va jouer au hockey puis qui
revient toujours avec le mal de dos, là, tu sais. Donc, ces gens-là, des
fois, à la blague, M. le ministre, je leur dis souvent : Écoutez, il faut
que vous compreniez que c'est comme des fonctionnaires
du gouvernement du Québec. O.K.? Ça se défonce tout le temps, puis ça arrive
avec la broue à la gueule. Mais, étant fonctionnaire, bien, c'est mon
image. Mais souvent c'est plus... j'utilise ça quand... Les gens me posent
beaucoup de questions envers la course, puis là, bien, il faut abréger un peu,
ça fait que ça coupe un peu plus court.
Mais tout ça
pour dire que ce qu'on craint, c'est plus que ces groupes-là commencent à
insérer, à dire : Aïe! le chien travaille,
ça n'a pas d'allure, ils les font courir. Écoutez, tout est volontaire dans ce
qu'on fait. Moi, un chien qui n'aime pas le sport, il s'en va faire un chien de maison. Puis, excusez, mais tous
ceux qui ont été faire des chiens de maison, là, ils me rappellent : Mais, c'est donc bien gentil, ces chiens-là, mais comment ça
que c'est gentil de même? Bien, écoute, ils sont équilibrés dans leur tête. Ils ne se prennent pas pour un humain, là,
ils ont toujours vécu un bon équilibre entre l'humain et le
chien, et puis ils sont équilibrés dans leur
tête. Donc, un chien qui n'aime pas atteler... On n'est pas tous obligés
d'aimer faire un sport. Tiens, moi, je ne
joue pas au hockey, je ne suis pas obligé, là. Il faut que je sois heureux
dans ce que je fais, alors le chien aussi.
Le Président (M. Morin) :
Allez-y, ne perdez pas de temps.
M.
Simard : Maintenant,
on voit souvent... Parce que c'est des chiens, quand même, d'une certaine
taille que vous avez. Des chiens de
cette taille-là, très souvent, ont mal aux hanches. Mais vous connaissez ça
plus que moi, là, est-ce que, lorsqu'un chien commence à... Bien, on parle ici d'un chien
d'une dizaine d'années, là, je veux dire. Quand ça commence à avoir mal aux hanches, est-ce que
vous êtes en mesure de déceler ça et puis, à ce moment-là, vous les
mettez à la retraite, je ne sais pas trop, là?
M. Saucier
(Bernard) : ...sans vouloir peut-être
rectifier un peu votre information, là, ce n'est pas nécessairement les grands chiens, c'est quelques races. Le golden
a ça, le berger allemand a ça, quelques boxers ont ça. Dans le chien de traîneau, là, écoutez, là, c'est de
l'hybride. O.K.? Ils ont été sélectionnés, justement,
pour performer. Donc, écoute, un chien
qui avait un problème de hanches, bien, il n'avait pas la chance de se reproduire. Donc, ces problèmes de
dystrophie de la
hanche là, dans le chien de traîneau, écoutez, à moins qu'on aille dans le pur
sang, là, le sibérien, le malamute, le samoyède, mais, dans les hybrides
qu'on a pour faire de la compétition, je n'en ai jamais vu.
Mme Morin-Doré (Léonie) :
...d'autres activités aussi, là, pas seulement, juste...
M. Saucier (Bernard) : Oui, oui,
même les autres activités, là, O.K., on n'a jamais vu ça.
Mme
Morin-Doré (Léonie) : C'est plus des croisements husky, malamute ou
justement... On parle de la course, là.
Bien, c'est des croisements à base de chiens de chasse, lévriers, beaucoup, ça
fait que ça vient... Finalement, on travaille plus avec des croisements qu'en pure race. Puis j'ai l'impression que
les problèmes dont vous parlez, c'est peut-être plus relié aux chiens pure race à ce niveau-là. Mais
probablement que ça arrive qu'il y en a, mais, dans ces cas-là,
probablement qu'ils sont traités...
M. Simard : Quand ça arrive,
qu'est-ce que vous faites?
Mme
Morin-Doré (Léonie) : Moi, ça ne m'est jamais arrivé. Personnellement,
je parle par expérience, ça ne m'est jamais
arrivé. C'est sûr que, là, ce serait de suivre la procédure s'il y a des
traitements, s'il y a quoi que ce soit à faire. Mais c'est sûr que, si le chien ne peut pas tirer, il
ne tirera pas, là, on ne peut pas l'obliger à tirer, on ne peut pas le faire
tirer.
M. Saucier (Bernard) : C'est sûr
qu'il va finir une carrière de chien de maison.
Mme Morin-Doré (Léonie) : Retraité
ou... c'est ça.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Dubuc. M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Bonjour, madame. Bonjour,
monsieur. Alors, écoutez, bienvenue. Comme le dit si bien notre
président, Bienvenue chez vous.
C'est tout un
univers, hein, et on se rend compte que c'est beaucoup plus complexe qu'au
premier regard qu'on a pu jeter sur
un projet de loi parce que, là, on touche, là, une... Vous avez des activités
qui sont particulières au niveau des chiens de traîneaux. Quand on parle d'impératifs biologiques, quand on parle de
socialisation, finalement j'ai l'impression qu'il va falloir qu'il se développe toute une littérature.
Elle est peut-être déjà là, mais, en tout cas, j'ai l'impression qu'avec le
projet de loi qu'on a devant nous cette
littérature-là devra s'enrichir parce que c'est particulier à chacun, hein?
Qu'on passe du perroquet à la vache
ou qu'on passe du chien de traîneau à... bref, à un animal sauvage, l'orignal,
c'est toutes des choses qui sont particulières à chacun de ces
animaux-là.
Vous parlez
des permis dans votre mémoire, et il y a des groupes qui nous ont dit... Parce
que vous, votre suggestion au niveau
des permis, c'est de dire : Bien, écoutez, il devrait y avoir une visite
des lieux avant pour probablement s'assurer
que la personne qui fait la demande de permis, d'abord, lorsqu'elle la fera, eh
bien, elle saura exactement ce à quoi s'en
tenir comme équipement, comme endroit pour fonctionner, etc., tout ce qu'elle
aura besoin pour, finalement, pouvoir opérer.
Il y a d'autres représentants de groupes qui nous ont parlé, eux autres, d'une
accréditation avant même la visite pour le permis. Qu'est-ce que vous en
dites?
Le Président (M. Morin) : M.
Saucier.
• (16 h 30) •
M. Saucier
(Bernard) : Écoutez, je pense que c'est important, l'environnement
dans lequel le chien vit. Écoutez, on
a vu ça autrefois, l'individu qui dit : Tiens, moi, je me mets à faire du
chien de traîneau, c'est beau, c'est bucolique, hein, ça fait partie de
notre patrimoine. Mais, au-delà de tout ça, là, il y a beaucoup, beaucoup de
travail, c'est une vie, là, hein? Tu reviens
de travailler, tu vas à tes chiens. Avant de travailler, tu vas à tes chiens le
matin, tu donnes de l'eau, tu ramasses
les excréments, tu fais le tour, hein? Bien, ça ne se sociabilise pas comme ça,
30 chiens, là, il faut que tu sois en constant contact avec eux
autres, là. O.K.?
Donc, c'est
une vie. Je pense, c'est important peut-être, votre idée de documenter, qu'un
individu pourrait savoir dans quoi
qu'il s'embarque quand il s'embarque là-dedans. Ça pourrait peut-être en
dissuader quelques-uns. Écoutez, je regardais
ça des fois... Je veux dire, avoir su que je ferais tout ça, là, O.K.,
probablement, je n'en aurais jamais eu. Mais j'ai commencé un peu comme tout
le monde, à deux chiens, trois chiens, quatre chiens, puis là, à un moment
donné, tu dis : Wo! Minute, là. Aïe! Il faut que ce soit... Ça fait que,
donc, tu t'installes pour que ça aille bien. O.K.? L'eau est proche... Tu sais, quand tu es obligé de charrier
l'eau à l'autre bout, bien, écoute, là, ça peut peut-être arriver que les
bols des chiens ne soient pas changés à tous les jours, hein? Mais il faut
qu'on s'installe.
Donc, c'est
pour ça qu'on dit : Une visite de chenil pour voir si l'individu... Puis
l'objectif n'est pas de dire : Aïe! Toi, tu n'auras pas ton permis, mais peut-être de suggérer des
correctifs. Des fois, c'est simple, hein, ce n'est pas des grosses,
grosses choses. C'est pour ça que, des fois, une bonne formation des
inspecteurs, c'est intéressant, c'est important. Tu sais, juste suggérer une petite chose... Écoute, j'allais chez les
agriculteurs, puis, des fois, j'arrivais ici : Tu pourrais faire ça, et puis ça s'appliquerait très bien chez vous.
Pourquoi je n'ai pas fait ça avant? O.K.? C'est un facilitant, là. O.K.?
Donc,
la visite, nous autres, on l'aime. C'est bien sûr qu'on aimerait bien, là...
Parce que les premières visites, ce n'était
pas grave, je le savais que l'individu qui est venu, il n'avait pas de bottes
de plastique, il n'avait rien, mais éventuellement ces inspecteurs-là sont appelés
d'aller dans les pires cas. O.K.? Entre guillemets, oui, ils sont
vaccinés, oui, ils ont à peu près tout...
mais on n'aime pas courir après le trouble, là. Quand la maladie est pour
entrer, bien, on aime bien qu'elle
reste à l'extérieur. Alors, une visite, on n'a absolument rien contre. D'autres
groupes, une accréditation... Écoutez, accréditation, je ne sais pas
quel groupe qui pouvait demander ça, mais, en tout cas, nous autres, on vous
suggère une visite, on suggère une visite.
M. Villeneuve : Parce qu'en ce moment ce n'est pas le cas, hein? Une
demande de permis peut être autorisée avant...
M. Saucier
(Bernard) : Bien, en tout cas...
M. Villeneuve :
Il n'y a pas eu d'inspection, ça devient peut-être aléatoire aussi pour la
suite.
M.
Saucier (Bernard) : Je n'ai pas fait le tour, hein? C'est bien sûr
qu'écoutez il y avait plusieurs permis, hein? Quand tu pars, là, une année, là, puis qu'à telle date il faut que tu
aies un permis j'imagine qu'il n'y en a pas rien que rentré un ou deux. Donc, ça fait beaucoup de visites à
faire en même temps, puis il faut gérer tout ça, là. Mais je pense que,
dans un avenir proche, bien, ça va être
peut-être la décision de, peut-être, deux, trois, quatre, cinq nouveaux, 10
nouveaux par année, puis ce n'est pas
nécessairement la fin du monde de faire une visite à chacun. O.K.? J'imagine
qu'ils ne seront pas tous dans la même région. O.K.?
M.
Villeneuve : Oui. Je vais vous poser une question qui n'est pas
dans le projet de loi puis qui n'est pas non plus dans votre mémoire,
mais c'est par curiosité. Comment vous êtes reçus dans les municipalités?
M. Saucier
(Bernard) : Comment qu'on est reçus par les municipalités?
M. Villeneuve :
Oui, parce que les municipalités doivent avoir... Pour les chenils, il y a des
règlements, telle distance de telle maison. Dans votre cas, vous, parce que...
M. Saucier
(Bernard) : Bon, écoutez, c'est...
M.
Villeneuve : J'ai... (panne de son) ...des municipalités, et
puis il y avait effectivement un musher dans la municipalité qui avait des chiens. Puis, idéalement, c'est que les
voisins soient assez loin aussi, d'une certaine façon, mais vous êtes
reçus comment dans les municipalités? Ça va bien?
M.
Saucier (Bernard) : Oui. Bien, regardez, je vais vous donner mon cas.
Puis c'est différent d'une municipalité à l'autre, hein? C'est clair qu'un chenil, les gros points où est-ce que
ça peut avoir, appelons ça des nuisances, soit le bruit, les jappements, c'est quand on nourrit, c'est quand
on... On ne peut pas détacher 30 chiens lousses en même temps, là, il
faut garder un contrôle. Alors, c'est
quatre, cinq tout le temps. Bien, pendant que ces quatre, cinq là sont
détachés, là, il y en a quelques
autres chums qui crient à côté : Aïe! Moi, moi, moi. O.K.? Bon. Et il faut
qu'ils acceptent ça. Et l'autre, le plus important, c'est quand on va atteler. 30 chiens, ça ne s'attelle pas
juste d'un coup. Donc, là, ils voient, là, qu'on part avec eux autres,
là, puis là... Là, c'est le gros de la job, là. O.K.?
Donc,
on est éloignés. Je vais vous conter maintenant le cas de ma municipalité.
Quand je suis arrivé, il n'y avait même
pas de chemin. En général, les gens, ils essaient de trouver des endroits
propices, isolés pour, justement, écoute... Mettons, être chum avec les voisins, c'est le fun aussi. Ils ne sont pas
obligés d'être à 100 pieds ou à 50 pieds de ta maison, là, tu sais, mais
les voisins, ils te regardent bien.
Alors,
il n'y avait même pas de chemin. Je suis allé voir la municipalité, ils ont
accepté de faire le chemin. Parce qu'il
était verbalisé, mais il n'était pas fait. Je me suis construit là, puis c'est
bien sûr que, dans l'espace de six mois, on me demandait de faire une course de chiens. Parce que, chez nous, il y
avait un projet de forêt habitée, O.K., et puis, dans ce projet de forêt habitée là, bien, on voyait très
bien l'usage du chien de traîneau. Puis faire connaître le territoire, puis
faire une course de chiens qui attire des
spectateurs, dans la tête de la mairesse du temps, c'était vraiment gagnant, et
puis, de fait, on a vu l'achalandage
de la forêt habitée d'année en année... Je pensais faire ça un, deux ans, bien,
on va faire notre 16e édition. À
chaque année, il y a toujours une augmentation de l'achalandage dans la forêt
habitée. Bon, écoutez, forêt habitée, c'est un territoire public qui
appartient au public. Donc, plus il y a du public qui y vont, plus on est
content.
M.
Villeneuve : Je vous
posais la question parce
qu'on gagne à vous connaître. Parce que quelqu'un qui, pour la première fois, entre chez un musher où il y a des
chiens, 15, 20 chiens, et puis que c'est l'heure du repas, je peux vous
dire une chose, c'est assez cacophonique, on
s'entend, et les gens peuvent avoir une perception négative au départ. Mais,
pour avoir été maire, moi-même, d'une
municipalité et avoir côtoyé des gens qui ont des chiens de traîneau, et,
évidemment, on gagne à vous connaître, et,
c'est important pour la perception aussi. Parce que, tantôt, M. le ministre
soulevait le fait d'un chien attaché à une chaîne, bien, vous pouvez
difficilement procéder autrement, on s'entend, là. Et effectivement, pour faire de l'exercice, ça, je vous le garantis,
ils font de l'exercice, je suis d'accord avec vous. Alors moi, je
voulais juste apporter ce point-là pour que
les gens puissent prendre le temps aussi d'aller vous rencontrer, d'aller vous
voir, de voir quel est le rythme et la vie d'un chien de traîneau parce
qu'il y a un rythme aux saisons, etc. Et allez-y.
M. Saucier (Bernard) : Par contre,
là, je vous ai parlé de mon cas, mais je sais pertinemment que beaucoup de
règlements municipaux limitent à un, deux, trois, quatre chiens. Certains, ça
va jusqu'à huit chiens, mais dont quatre stérilisés. Il y
a plein de règlements aussi farfelus les uns que les autres. Mais il y a
quelques municipalités encore au Québec qui acceptent un chenil comme on a.
Mais ils ne sont pas nombreux.
M.
Villeneuve : Vous parlez de stérilisation. Ça m'amène à vous
poser la question, justement, parce que certains vont préconiser la stérilisation pour éviter la multiplication et aussi
l'abandon, parfois, de chiens qui se retrouvent dans la nature ou de chats, là. Mais, dans votre cas,
vous, j'imagine, vous faites une sélection au niveau de... Et vous devez,
entre mushers, évidemment, tenter d'essayer de faire des croisements pour
obtenir...
M. Saucier
(Bernard) : Regardez, j'ai 12 femelles, 18 mâles, une portée par
année. C'est bien sûr que, écoutez, là,
ça prend du contrôle, hein? C'est pour ça que je vous disais tantôt : Pour
les femelles, elles ont un enclos individuel, elles sont là parce que tu
ne sais jamais quand est-ce que le mâle, hein... Il fait des efforts en
tabarnouche quand il y a une chienne en
chaleur. Ça travaille fort. O.K.? Donc, quand une chienne est en chaleur, bien,
c'est bien de valeur, on la met là. Mais
pour, mettons, les détracteurs de la chaîne, je vous dis que la femelle, elle
préfère de beaucoup retourner à la chaîne. On la lâche lousse, là, régulièrement sous surveillance quand elle est
en chaleur, puis là on dit : Bon, viens-t'en, on s'en va à la maison, puis elle retourne à son rond, puis
c'est là qu'elle veut être, ce n'est pas là... Dans une cage, ils ne se
sentent pas bien, ils ne sont pas libres de
courir autant, malgré ce que disent les détracteurs, sauf que ces gens-là qui
disent tout ça, est-ce qu'ils ont déjà eu 30 chiens?
M.
Villeneuve : ...qu'on gagne à vous connaître, et il faut
aussi... Évidemment, il y aura toujours des abus. Avec chaîne ou pas de chaîne, il y aura toujours des
abus. C'est justement, l'idée, c'est de pouvoir mettre un terme à ces
abus-là. Mais, dans le cas qui nous occupe
cet après-midi avec vous, là, on comprend que c'est la façon de procéder. Il
n'y en a pas tant que ça, de façons
de procéder, à moins qu'on vive dans le Grand Nord, là. Puis, encore là, je
pense qu'ils sont quand même attachés, d'une certaine façon. Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Morin) :
Merci, M. le député de Berthier. Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour, madame. Dans
votre association, il y a combien de membres?
M. Saucier
(Bernard) : L'Association des mushers du Québec, on doit être à peu
près 130 membres. O.K.? Parce que
moi, je suis le président du Club d'attelage de chiens du Québec, peut-être
pour renchérir sur un point dont j'entendais monsieur tantôt, en 50 ans d'histoire il n'y a jamais eu un événement,
mettons, d'agressivité de chien envers un spectateur ou n'importe quoi,
là. O.K.? Rien que pour vous dire jusqu'à quel point nos chiens sont bien
sociabilisés. Bon.
Mme D'Amours : ...en 50 ans, vous
avez eu ou vous avez été témoin de maltraitance chez des animaux?
M. Saucier (Bernard) : Écoutez,
nous, quand on se voit, on se voit dans des événements sportifs. Ce serait drôlement malvenu pour un individu de faire une
maltraitance sur un lieu. C'est comme aller, je ne sais pas, moi, à un spectacle puis commencer à frapper sur ton voisin.
O.K.? Bon, maltraitance, j'ai vu à une ou deux reprises deux équipes qui
se sont pognées., hein? Les chiens, hein,
c'est un peu comme les humains, hein? Quand ils sont en compétition, là,
oh boy! les hormones montent dans le
plafond. Ça fait qu'on peut avoir vu quelques batailles entre chiens et être
obligé de sévir un peu pour les
séparer avant qu'ils se mutilent un peu trop. Je vous dirais que la meilleure
façon, selon moi, c'est de prendre la queue
puis tirer, là, on dirait que ça les désoriente un peu. Mais ce n'est pas tout
le monde qui connaît ça, là, tu sais, puis, pour un spectateur, je vais
le prendre par la queue, ça paraît mal aussi.
• (16 h 40) •
Mme
Morin-Doré (Léonie) : Les événements, dans le fond, encadrent... il y
a des règlements qui s'appliquent et qui encadrent vraiment, justement,
les...
M. Saucier
(Bernard) : Et croyez-moi, en tant que président, si j'étais témoin
d'un événement semblable, O.K., cruauté,
comme vous le dites, ce serait probablement la dernière fois qu'il viendrait à
une de nos courses sanctionnées au Club d'attelage de chiens du Québec.
Mme D'Amours : Vous avez parlé tout
à l'heure des animaux de ferme, que vous étiez vous-même, là, un fonctionnaire du ministre de l'Agriculture, du
MAPAQ, et, bon, vous devez sans doute connaître qu'ils ont des codes de bonnes pratiques. Est-ce que vous avez pensé ou
déjà commencé à faire un code de bonnes pratiques dans votre industrie?
M. Saucier
(Bernard) : On a deux codes, O.K., d'éthique. O.K.? Un code d'éthique
du musher en hébergement, parce que
nous autres, on s'en va, et puis, bien, écoute, sur le stationnement, ramasser
les excréments, la paille pour rentrer le chien en dedans, la bouffe...
Et on a un autre sur le comportement du musher en événement sportif, O.K., ce
qu'on s'attend de lui. Écoutez, là, moi,
j'ai entendu M. Morin et monsieur... en tout cas, ici, qui a déjà été à une
course. Vous venez voir une course pour voir un spectacle. S'il n'y a
pas de spectacle, il n'y a pas de raison d'avoir une course de chiens.
Mme
D'Amours : Si je comprends bien, vos codes d'éthique concernent
l'industrie, concernent l'individu qui a des chiens, mais il n'y a pas
de code de bonnes pratiques pour la santé, bien-être de vos chiens.
M. Saucier (Bernard) :
Bien, on est quand même bien encadrés par le P-42, là. Écoutez, c'est quand
même très bon, ce qui est la, là. O.K.? Le reste, c'est peut-être du
fignolage qu'on se fait tout pour...
Mme
D'Amours : ...que vous n'avez pas regardé, que vous...
M.
Saucier (Bernard) : Bien, on n'a pas regardé... On se le fait, mais
c'est souvent du non–verbal. Mme Morin-Doré,
elle a parti voilà quelques années, et puis elle a discuté avec beaucoup de
gens, et elle a appris beaucoup du vécu des autres. O.K.?
Mme
D'Amours : Je vous posais cette question-là parce que, dans votre
industrie, si vous étiez enfreint à enclencher
ce code de bonnes pratiques là envers la santé et bien-être animal, vous êtes
quand même les experts, vous connaissez
en groupe, si vous avez 130 membres... De dire : Bien, nous, le chien, le
comportement est comme ça parce que c'est...
tu sais, c'est un outil de travail dont l'inspecteur pourrait tenir compte
parce que les 130 membres se sont entendus sur un code de bonnes
pratiques.
M.
Saucier (Bernard) : Mais je n'aime pas votre terme «industrie», hein?
C'est une activité, là, tu sais, on ne fait pas d'argent avec le chien de traîneau. Une industrie, là, pour moi, là,
c'est qu'on fait de l'argent là. O.K.? C'est réellement un sport, c'est une activité sportive de haut
niveau O.K.? Mais n'oublions pas aussi, là, qu'il y a les gens... le
mushing familial qui ne vont pas à aucune
compétition. Il y a le tourisme d'aventure. Ça, le tourisme d'aventure, ça
commence à être une industrie.
Mme
D'Amours : Tantôt, vous parliez qu'il y avait entre six et 30 chiens,
là, tout dépend de l'individu qui les garde,
et les 30 chiens sont attachés au bout d'un poteau, d'un... Je ne sais pas
comment vous l'avez nommé tantôt, là, mais, bon... et qu'il y a une
corde... Et la niche, elle est sur le dessus. J'ai déjà vu que la niche était
au-dessus, j'ai déjà vu ça dans le Nord.
M. Saucier
(Bernard) : Oui. Elle est surélevée pour ne pas que la neige entre
dedans.
Mme
D'Amours : C'est ça. Alors, le chien est attaché 24 heures sur 24.
Vous savez l'adage québécois qui dit : Il fait tellement froid qu'on ne laisserait même pas un chien dehors. Quand
il fait moins 30°, puis moins 35°,
puis moins 40°, puis avec le vent, puis avec le... puis qu'on laisse le
chien dehors, est-ce que vous mesurez qu'il joue au bout de sa corde puis qu'il
a du fun ou s'il est caché dans le fond de sa niche en train de grelotter?
M.
Saucier (Bernard) : Ça dépend des chiens. Tu as des chiens qui vont
aller se coucher tout bonnement dans leur niche. Mais je vous ferais
peut-être une spécification, nos niches sont isolées. O.K.? Ça fait déjà, moi,
une vingtaine d'années que toutes les niches sont isolées. Autrefois, c'étaient
des niches toutes simples pour protéger le froid, tout simplement. Et, quand la neige tombait devant de la niche, il se formait
un peu de glace. Bien, une niche isolée... On sortait cette glace-là, on
changeait la paille régulièrement, à tous les deux, trois jours. Depuis que
j'ai des niches isolées, deux pouces de
foam, je ne change plus de paille. Elle devient tellement sèche que juste
l'humidité des pattes, ils sortent de la
paille avec... À tous les quatre, cinq jours, je rajoute de la paille, il n'y a
jamais de glace dedans. La température... Pour assécher la neige qui reste dedans, il faut qu'il fasse chaud. Alors, je
vous dis, quand il y a des froids extrêmes, c'est comme nous, hein, c'est rare, ceux qui font du ski à moins 35°, là. O.K.? Ça
fait que probablement que plusieurs chiens, surtout la nuit, ils
sont dans leur niche. O.K.?
Mme
Morin-Doré (Léonie) : Il y a
des niches aussi qu'il y a moyen de
bâtir de façon à ce que les chiens
puissent rentrer dedans puis, dans le fond, se bloquer du vent. Donc, ils peuvent accéder à une partie où, s'il y
a du vent ou quoi que ce soit, les
chiens sont protégés de ça. La neige qui rentre, la même chose. Puis, quand il
fait vraiment très froid, aussi les gens prennent les moyens aussi, là, pour ne pas
laisser les chiens à l'extérieur. Ça fait que, des fois, il y a
des garages, quelque chose, on rentre les chiens ou, justement,
les boîtes de transport dont on parlait tantôt, souvent ça peut servir.
En nuits froides, on rentre tous les chiens
en dedans, ils sont tous à la même place, ils se réchauffent un l'autre. Puis,
quand il fait moins froid le lendemain, tout le monde retourne à l'extérieur.
Mais les infrastructures permettent, dans plusieurs situations, à ce que les
chiens, là, ne souffrent pas du froid l'hiver.
M.
Saucier (Bernard) : Ce qu'il
faut comprendre, c'est que ce n'est pas tous les chenils qui sont en plein
milieu d'un champ où est-ce que le vent est là, hein? C'est souvent dans des
éclaircies, il y a des épinettes. L'inspecteur qui est venu ici, il disait : Être un chien, il dit, c'est ici que
j'aimerais vivre. Il y a de l'ombrage, il y a absence de vent.
Des fois, même moi, après souper, bon, il
faut que j'aille nourrir les chiens, il fait moins 35°. Là,
ma femme, elle dit : Ça va se passer vite à soir. Je sors, puis je rentre deux heures après. Elle dit :
Bien oui, mais... Oui, mais rendu là-bas, là, il ne vente plus, c'est
sec, c'est bien.
Donc,
écoutez, là, les chiens, ils sont vraiment confortables. Vous n'avez pas d'inquiétudes à
avoir là. C'est sûr que ne prenez pas
un chihuahua, puis le mettre à moins 35° dehors. O.K.? Il n'est pas acclimaté, puis ce n'est pas
un chien pour ça non plus. Ça, un chihuahua, ça a été importé des pays chauds,
là. Ce n'est pas venu au monde ici, ça, là, là, tu sais.
Le Président (M. Morin) :
...je vois votre passion, M. Saucier. Merci beaucoup. Votre passion, vous nous
la communiquez. Chère Mme Morin-Doré, merci beaucoup. Encore une fois, vous nous avez appris beaucoup de choses sur la course de chiens, sur
les mushers. Je vous en remercie grandement parce qu'on a besoin de connaître tout ce qui se passe autour de votre sport. Je sais que c'est du sport
qui vous coûte des sous, je vous vois aller. Merci beaucoup. Je pense
que votre témoignage va faire grandir encore une fois le projet de loi
n° 54.
Des voix : Merci.
Le
Président (M. Morin) : Merci. Je suspends quelques instants et
invite le Club canin canadien à se présenter à la table.
(Suspension de la séance à 16 h 47)
(Reprise à 16 h 50)
Le
Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux en recevant le Club canin canadien. Mesdames, je
vous invite à vous présenter, et nous sommes à votre écoute pour 10 minutes si
vous le désirez.
Club canin canadien
(CCC)
Mme
St-Hilaire (Linda) :
Bonjour. Mon nom est Linda St-Hilaire. Je suis directrice qui représente le
Club canin canadien pour la zone 3, c'est-à-dire la province de Québec,
et je suis accompagnée d'une de nos membres.
Mme
Fortier (Renée) : Renée
Fortier. Je suis membre du Club canin canadien, directrice pour un club de
races, directrice pour un club d'activités et éleveur.
Le Président (M. Morin) :
Merci.
Mme St-Hilaire (Linda) : Je vais
vous présenter brièvement une définition du Club canin canadien. Vous en avez peut-être pris connaissance à
l'intérieur de notre mémoire. Alors,
on est le bureau principal d'enregistrement
des chiens de race pure au Canada.
On a actuellement près de 175 races, et il s'en ajoute assez régulièrement, périodiquement, je vous
dirais aux deux ou trois ans. C'est un organisme à but non lucratif qui
encourage ou sauvegarde les intérêts des chiens de race pure au Canada tout comme ceux des propriétaires responsables,
des bons éleveurs, en plus de promouvoir les bienfaits que les chiens
peuvent apporter à notre société.
Le Club canin
canadien est constitué en vertu de la Loi sur la généalogie des animaux, une loi
fédérale sous l'égide du ministère de l'Agriculture et de
l'Agroalimentaire Canada. Notre organisme compte 20 000 membres, 700 clubs
de races, et j'aimerais préciser que ces
clubs sont à but non lucratif, eux aussi. Le Club canin canadien enregistre les
chiens de race pure, assure la gouvernance
des expositions, des concours et des événements de performance et se prononce
sur les principales questions concernant les propriétaires de chiens, et la
santé, et le bien-être des chiens partout au Canada. Au Québec, la zone 3, que
je représente, compte près de 2 000 personnes membres en règle du Club
canin canadien.
La mission du Club canin canadien. Fondé sur le
principe de l'adhésion et constitué en vertu de la Loi sur la généalogie des animaux, sert de bureau d'enregistrement pour les chiens de race pure. En dernier lieu, le CCC est engagé
à promouvoir la connaissance et la compréhension des chiens auprès du grand
public.
La vision de
l'avenir du Club canin canadien. Sera, en collaboration avec ses
membres, un organisme de service dynamique
centré sur son rôle d'expert en
matière des chiens de race pure au Canada,
de là notre présence ici aujourd'hui.
Personnellement, j'aimerais vous préciser que je
suis impliquée dans le monde des chiens de race pure depuis 40 ans au Québec, participé à des compétitions presque partout dans
l'Est du Canada et les États-Unis.
Donc, on a une bonne représentativité.
D'entrée de
jeu, nous pouvons vous rassurer en vous disant que le projet de loi n° 54
est très bien perçu par le Club canin canadien et ses membres. La
reconnaissance juridique du fait que le chien n'est pas un bien, mais un être
doué de sensibilité et le fait de renforcer
la responsabilité de l'espèce humaine envers les animaux sont deux grands
principes soutenus par notre organisme et nos membres et sont en lien avec la
place qu'occupent maintenant les animaux de compagnie dans notre société.
Bien que nous
supportons le projet n° 54 dans son ensemble, nous souhaitons y voir
apporter les modifications suivantes.
À l'article
20, en lien avec plusieurs actions déjà posées, notamment
au niveau municipal, nous souhaitons voir interdire la vente de chiens
dans les animaleries. L'une des raisons majeures est que les chiens vendus en
animalerie proviennent trop souvent d'usines
à chiots. De plus, aucun éleveur éthique et responsable ne
permettra que ses chiots soient vendus
en animalerie. Cette pratique contrevient au code d'éthique du Club canin
canadien, des clubs de races spécifiques et de la plupart des regroupements d'éleveurs canins. Les chiens vendus
en animalerie ne peuvent donc que provenir de reproducteurs peu soucieux
du bien-être de leurs chiots, puisqu'ils seront vendus sans aucun contrôle de
leur part. La motivation de ces derniers est
plus l'aspect pécuniaire que l'intérêt de reproduire des chiens en santé et au
bon tempérament.
Le
Club canin canadien est d'avis qu'il est impossible de reproduire des animaux
de qualité en sélectionnant des sujets
de reproduction exempts de tares héréditaires et conformes aux standards de
leur race, de prodiguer aux jeunes chiots les soins et la socialisation
nécessaires et de sélectionner les acquéreurs responsables capables de combler
les besoins inhérents
à une race de chiens dans un commerce telle une animalerie. Il faut des années
de recherche et d'expérience aux éleveurs
éthiques pour bien connaître une seule race, faire la sélection des
reproducteurs en vue de réduire les risques de tares héréditaires et de maintenir de bons tempéraments. La race canine
étant très variée, une sélection des acquéreurs est nécessaire pour assurer les soins et
l'entraînement requis. La notion de vente dans un établissement commercial par des employés non spécialisés pour chacune des
races nous semble en contradiction avec la reconnaissance que les chiens ne
sont pas des biens.
À l'article 21, nous
sommes d'avis que les chiens correspondant à la description de cet article ne
devraient définitivement pas être vendus en
animalerie. On fait ici référence à la possibilité d'ouvrir aux animaleries de déclarer que
le chien n'a pas eu une sociabilisation ou
est affecté d'une maladie. Ces chiens représentent un défi pour leurs soins et
leur entraînement, et il est encore plus important
de faire une sélection attentive de leurs acquéreurs. Il est impossible de
faire une telle sélection dans un contexte
commercial. Un chiot mal socialisé risque de devenir un chien adulte au
comportement imprévisible et, voire même,
agressif s'il ne reçoit pas un encadrement adéquat. En présence d'autres
animaux et d'enfants, il y a un risque accru de blessures et d'agression. Le
principe d'assurer le bien-être des animaux veut justement qu'on s'assure que
les animaux de compagnie ont été sociabilisés et sont en bonne santé avant
d'être introduits dans une famille. L'article 21 est donc en
contradiction avec ce principe.
L'acquisition
d'un chien est trop souvent un acte impulsif, conséquence d'une attirance
émotive. La divulgation de la piètre
condition de l'animal n'empêchera pas un consommateur de l'acheter, puisqu'il est déjà tombé sous le charme du chiot. L'article 21 permet donc à un
commerçant de vendre des animaux reproduits dans des conditions
inadéquates — par
exemple, manque de socialisation — ou malades en limitant les recours du
consommateur, ce qui est inacceptable.
L'article
38.5° et 63.11°. Si le législateur n'interdit pas la vente des chiens en
animalerie, les animaleries doivent être en mesure de fournir un
registre indiquant la provenance des animaux qui sont offerts. Ce registre
pourra aider à détecter les usines à chiots
camouflées. En effet, nous craignons qu'avec le resserrement des normes et des
inspections des usines à chiots ne soient
déplacées des installations à grande échelle vers des chiens de reproduction
dans des maisons privées comme source d'approvisionnement. De plus, un
tel registre devrait permettre aussi de détecter de possibles évasions fiscales
tant de la part des animaleries que des foyers qui fournissent ces chiots.
À noter que les
éleveurs de chiens de race pure doivent respecter un code d'éthique en vigueur
au Club canin canadien et se doivent de
tenir un tel registre. Aussi, fait important à noter, il est interdit de vendre
ou autrement céder un chien de race
pure sans fournir le certificat d'enregistrement attestant l'origine, et ce,
gratuitement pour l'acquéreur. Il existe une pratique où ces vendeurs de
chiens exigent un prix plus élevé pour fournir le certificat d'enregistrement
du CCC, ce qui va à l'encontre de la Loi sur
la généalogie des animaux, puisque, si un spécimen est de race pure, les autres
de la portée le sont aussi.
À l'article 63.8°,
des règlements existent déjà pour encadrer l'organisation d'activités tenues
par les membres du Club canin canadien.
Chaque type d'activité est régi par des règlements adaptés qui font l'objet de
révisions périodiques au besoin. Nous
demandons au législateur de permettre aux clubs membres du CCC de continuer à
s'y référer. Il en va du respect de la nature même de ses activités et
des sports canins.
L'article 63.16°.
Nous souhaitons que la rédaction et l'application des règlements se fassent de
concert avec les experts de disciplines
canines diverses afin de nuancer les restrictions et les applications. Le monde
de l'éducation et de l'entraînement est en constante évolution, et il
existe des besoins particuliers à certaines disciplines pratiquées avec les chiens. De plus, les spécialistes sont au fait
des outils et des méthodes appropriées. On fait ici référence à
l'interdiction de certains outils pour les
entraînements, par exemple un type de collier particulier qui peut, dans
certains cas, bien utilisé, être approprié.
L'article
63.17°. Le CCC a mis en place un comité spécialement pour étudier cette
question, notamment la taille d'oreille,
la caudectomie et l'ablation des ergots. Bien que nous connaissions... et que
certaines de ces chirurgies paraissent n'être
faites qu'à des fins esthétiques, il existe aussi des raisons fonctionnelles
pour certaines de ces interventions. Par exemple, les chiens de chasse, qui, s'ils n'ont pas la queue taillée
dans certains milieux où est-ce qu'ils chassent, peuvent causer des blessures. Et, si la queue doit être
taillée à l'âge adulte, ça devient une chirurgie qui est beaucoup plus
invasive que lorsque c'est pratiqué en bas âge.
Le
CCC a permis la modification à certains standards de races pour tenir compte du
choix des clubs nationaux, et des
discussions continuent de se tenir avec d'autres. Il est impératif de
comprendre que certaines de ces interventions ont aussi pour but de protéger les chiens qui
travaillent contre certaines blessures qui mènent souvent à une chirurgie de
même nature à un âge plus élevé et qui est
alors plus invasive. Nous demandons au législateur de permettre aux chiens de
race pure de continuer à faire effectuer les
interventions exigées par les standards de leur race et/ou le travail qui sera
fait par le chien.
Nous
souhaitons voir ajouter à cette section de la loi l'interdiction de toutes
altérations esthétiques telles que les tatouages esthétiques et le
piercing, qui sont parfois pratiqués et qui représentent une douleur inutile et
même des risques à long terme pour l'animal.
En
concluant, les membres du Club canin canadien considèrent le projet de loi
n° 54 comme un avancement pour les
chiens. Nous tenons cependant à réitérer notre objection au maintien de la
vente de chiens en animalerie, ce qui ne peut se faire de façon à respecter l'éthique exigée des éleveurs
responsables. Nous souhaitons aussi que le législateur consulte les experts dans chacune des activités canines régies
par le Club canin canadien au moment de rédiger les règlements associés
à la loi afin de considérer les
particularités de chacune de ces activités. Le Club canin canadien pourra
fournir des noms d'experts sur demande. Merci de votre attention.
• (17 heures) •
Le
Président (M. Morin) :
Merci, Mme St-Hilaire. Avant de poursuivre, j'aurais besoin absolument
de votre consentement si on veut continuer à travailler après l'heure
prévue de 5 h 15 ou 17 h 15, comme vous voudrez. Vous
ne me donnez pas... Oui, consentement. Merci. Donc, M. le ministre, à vous
l'honneur.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
Merci de votre consentement, M. le
Président. Vous avez de l'expertise
qui remonte dans le temps, là, 1888, sans
interruption comme telle, là. Je comprends que vous avez — comment
je pourrais dire ça? — oeuvré un peu partout au pays. 175 races,
je comprends que vous avez l'équivalent de ce qu'on appelle, là, les
stud-books. C'est vous qui êtes les gardiens des races, je comprends?
Mme St-Hilaire (Linda) : Exactement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Et vous le faites à travers le pays?
Mme St-Hilaire (Linda) : Oui, oui.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Et est-ce que
vous êtes associés à des organismes américains ou européens?
Mme
St-Hilaire (Linda) : Il y a
des échanges de réciprocité avec certains pays, comme, par exemple, le American Kennel Club, qui
est aux États-Unis, et la Fédération cynologique internationale. Il y a plusieurs
pays avec lesquels on a des ententes
de réciprocité pour... Bien entendu, il y a des importations et des exportations qui se font.
Oui, à ce niveau-là, mais il n'y a
rien d'automatique, c'est... Et le Club canin canadien est quand même,
si je puis dire, souverain, dans le sens où, même si c'est un chien qui
vient des États-Unis, il y a quand même une analyse qui est faite au niveau des
pedigrees qui nous sont soumis.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Et vous
êtes les gardiens du génétique quand vous certifiez que c'est de tel
mâle, de telle femelle, etc. Est-ce que vous avez eu des problèmes de
certification dans le passé?
Mme
St-Hilaire (Linda) : Bien entendu qu'il y a des problèmes, il y
a toujours des gens de peu de
scrupule qui essaient de passer des
choses. Il y a un projet qui est à l'étude actuellement pour créer un système avec des tests ADN. Ça existe déjà, on peut certifier la parentalité des animaux
suite à ça. Mais il y a un système plus élaboré qui est en développement en collaboration, justement,
avec le club américain. Puisqu'on a des échanges assez rapprochés, il y a beaucoup
de réciprocité de part et d'autre de la frontière.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais
tomber dans un sujet qui est délicat. On a entendu ce matin les médecins
vétérinaires de pratique pour les petits
animaux. On les a entendus sur les chirurgies esthétiques, ils s'opposaient...
Je ne sais pas si vous les avez
entendus, mais ils s'opposaient, là, les trois vétérinaires qui étaient là, aux
chirurgies esthétiques. Vous autres, vous dites : O.K. pour les
chirurgies esthétiques, mais pas pour les chirurgies, là... piercing, etc.
Mme St-Hilaire (Linda) : Je vais
dire un mot, mais ensuite je vais laisser Mme Fortier répondre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) :
Correct. Je veux juste vous entendre davantage là-dessus parce
qu'on a des décisions à
prendre.
Mme
St-Hilaire (Linda) : Oui.
Personne n'est d'accord pour qu'on impose une chirurgie quelconque à un
animal pour des buts purement esthétiques.
Les tailles d'oreilles, et les tailles de queue, et les tailles d'ergot qui
sont mentionnées dans les standards
des races font référence au travail pour lequel la race a été développée. Et, s'il y a
ces mentions-là, c'est que c'était
pour limiter, justement, les blessures au niveau des chiens. Je vais
laisser Mme Fortier, qui, elle, est active au niveau des chiens de
chasse, vous exposer leur point de vue.
Le Président (M. Morin) : Mme
Fortier.
Mme
Fortier (Renée) : Merci. Les
chiens de chasse, en particulier la majorité des chiens dans le groupe sportif qu'on appelle les chiens du groupe 1, sont des
chiens de chasse. Donc, que ce soient des rapporteurs, que ce soient des chiens
d'arrêt, on travaille avec nos chiens dans le bois. Lorsqu'on
maintient les ergots sur les chiens et que, le chien, on chasse... Vous connaissez nos boisés au Québec
très denses, les types de couverts dans lesquels nos chiens chassent,
ils peuvent facilement s'arracher les ergots. Quand on fait une chirurgie de ce
type-là sur un chien adulte, c'est des soins intensifs,
c'est une chirurgie qui coûte des frais et c'est des risques d'infection
énormes. Lorsqu'on coupe les ergots, on enlève les ergots, ça se fait dans les premières
72 heures de vie d'un chiot, c'est fait par un médecin vétérinaire et
c'est fait habituellement sous surveillance vétérinaire. Il y a
deux écoles de pensée. Je comprends le point
de vue des vétérinaires, mais, souventes fois, ils ne pensent pas au
travail que le chien fait puis ils ne pensent pas que tous les chiens, surtout
les chiens de chasse...
Si on prend aussi la queue, on coupe la queue
aussi dans les 72 heures de vie d'un chiot, et c'est fait au laser par un vétérinaire, c'est... Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de douleur, il y en a, mais, quand vous avez à couper la queue
d'un chien parce qu'elle n'a pas été coupée à un jeune âge et que vous allez
chez le vétérinaire, c'est une chirurgie majeure,
il y a une perte de sang énorme, et les chiens sont maintenus en soins
intensifs pendant souvent 24 à 48 heures parce que... Parlez à un
vétérinaire de couper la queue d'un grand chien, il n'aime pas faire ça. Il
n'aime pas faire ça. Ça fait que
c'est vraiment une question de prévention des blessures que ces
interventions-là sont faites sur les chiens, ce n'est pas une
esthétique.
M.
Paradis (Brome-Missisquoi) :
On peut parler, là, de chiens de chasse puis des ergots pour avoir une
certaine compréhension, mais prenez un
doberman, pour prendre une race, où on a tendance... En tout cas,
ceux que j'ai vus, là, ils coupent les oreilles puis ils coupent la
queue.
Une voix : ...un boxer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ou
un boxer.
Mme Fortier (Renée) : ...répondre
madame. Moi, je suis vraiment dans le chien de chasse, je vais laisser Mme
St-Hilaire vous répondre pour...
Mme
St-Hilaire (Linda) : Je peux
tout simplement répondre à ça, M. le ministre, que, pas plus
tard que cette semaine, je lisais justement
dans le média extraordinaire qu'est Facebook, un chien de race doberman
qui s'est blessé un ergot en jouant.
Même si ce n'est pas un chien de chasse, ce sont des blessures qui leur
arrivent souvent. Au niveau de
la queue, les chiens à poil court comme les
boxers... J'ai vécu avec des boxers pendant 30 ans, donc une race que je
connais très bien. Vous savez, si vous les connaissez, qu'ils sont
des chiens très enjoués et très... Bien, un chien à poil court qui se blesse le bout de la queue parce qu'il se l'est accrochée sur ces meubles ou... c'est une blessure qui est
très difficile à guérir, qui saigne énormément
quand il est à l'âge adulte. Donc, je comprends très bien votre point de vue, que ce n'est pas pour son travail de tous les jours, mais il y a
des risques aussi associés à ça.
Il y a de plus en plus de chiens auxquels on laisse la queue non taillée, et, pour plusieurs
de ces chiens-là, ça ne pose pas de
problème. Tout ce qu'on demande, c'est que, comme ce sont des chiens — quand c'est des chiens de race pure — qui vont
participer à des compétitions, qui sont jugés selon certains standards... Les
standards sont en voie d'être changés, et il y a plusieurs races... Par exemple, le boxer et le doberman, on
tolère maintenant très facilement les oreilles non taillées. Au niveau
de la queue, il y a des débats là-dessus parce qu'au niveau génétique il y a
des problèmes avec ça. C'est une démarche qui est en évolution, mais de
l'empêcher pour tout le monde, il faut penser aussi qu'on crée certains
problèmes de l'autre côté.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
êtes un organisme pancanadien. Les autres provinces — puis ça se vérifie assez facilement,
là — font
quoi, là, pour les oreilles, les queues, ce genre de...
Mme
St-Hilaire (Linda) : Il y a certaines provinces qui ont légiféré dans
ce domaine-là, je suis au courant de certaines provinces de
l'Atlantique. Il y a aussi certains organismes vétérinaires qui se prononcent
là-dessus, mais ce n'est pas partout dans le Canada où c'est présentement
appliqué.
Si vous me
permettez, j'aimerais aussi peut-être, en complément à votre question, vous
référer à la position des médecins vétérinaires. Je n'ai pas assisté à
leur présentation, j'étais au travail aujourd'hui. Par contre, les médecins vétérinaires sont d'emblée favorables à la
stérilisation en très bas âge, là, ce qui se fait supposément en vertu de
limiter la reproduction des chiens. Par contre, il y a des études récentes qui
prouvent que stériliser des chiots en bas âge, mâles ou femelles, apporte des risques à long terme pour la santé à la fois au
moment de la croissance... Et, contrairement aux croyances populaires de réduction de taux de cancer et réduction
d'agressivité ou quoi que ce soit, ça n'a aucun impact. Même au contraire, on crée certains problèmes. La
croissance des chiens est changée, on crée des problèmes de développement
au niveau des hanches et au niveau des genoux.
Donc, il y a comme aussi deux écoles de pensée. Les médecins
vétérinaires sont compétents dans leur
domaine, je ne leur enlève aucune compétence, j'en ai besoin pour traiter mes
animaux. Par contre, il y a de leur part aussi beaucoup d'évolution qui
doit être faite pour s'adapter aux dernières recherches.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : O.K.
Est-ce que vous avez un code de bonnes pratiques pour vos éleveurs?
Mme
St-Hilaire (Linda) : Oui. Tous nos membres doivent respecter le code
d'éthique, et, les membres qui sont en violation
du code d'éthique, on a un système en place de traitement des plaintes et de
mesures disciplinaires. Par exemple, on
a deux membres, malheureusement, dans la province de Québec, l'an dernier, lors
du dernier conseil de discipline, qui ont
été privés de tous leurs privilèges pendant cinq ans. Il y a des membres qui
ont été privés du privilège de participer à nos concours ou d'enregistrer des chiens quand ils sont prouvés être en
infraction du code d'éthique ou qui sont passibles de maltraitance
envers les animaux.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Est-ce
que ce serait envisageable que le projet de loi n° 54 rende ce code
de bonnes pratiques obligatoire?
Mme St-Hilaire (Linda) : Vous voulez
dire l'inclure dans votre projet de loi?
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...dire
qu'on veut le faire pour certains élevages, là, on est en discussion. À
partir du moment où des organismes ont des
codes de bonnes pratiques qui sont corrects, on ne réglemente pas, mais ça
devient obligatoire. S'il n'y a
pas de code de bonnes pratiques, bien, il va y avoir de la réglementation. Ça
fait qu'on préfère quand le milieu se
prend en main. Le processus d'adhésion est beaucoup plus important,
et les processus de sanction, beaucoup plus faciles. C'est le sens de la
question.
• (17 h 10) •
Mme
St-Hilaire (Linda) : Tout à fait. Et je vais ajouter que notre code d'éthique est assez au niveau
et assez large parce qu'on régit 175 races.
Chacun des clubs nationaux de races... Malheureusement, toutes les races n'ont
pas de clubs nationaux, mais, par
exemple, vous parliez des boxers et des dobermans, chacun de ces organismes-là
a aussi un code d'éthique et des mesures en place adaptées à ces
races-là sur lequel le Club canin canadien ne peut pas aller autant dans le détail. Les critères d'élevage pour un
chihuahua, pour un danois ou pour un boxer ne sont pas les mêmes au
niveau des tests de santé, etc. Donc, ça
existe, mais celui du Club canin canadien est assez généraliste. Mais je vous
dirai que la majorité des éleveurs sont aussi membres du Club canin
canadien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ça
va.
Le Président (M. Morin) : M.
le député d'Abitibi-Est, vous voulez intervenir?
M. Bourgeois : Oui. Merci, M. le
Président. Ce matin, mesdames, justement, avec les représentants des
vétérinaires, on a parlé aussi de la possibilité d'avoir des puces d'identification,
des puces... Au niveau des groupes d'élevage, comment vous voyez cette...
Mme
St-Hilaire (Linda) : Tous
les chiens enregistrés au Club canin canadien, au Club américain ou à la
FCI doivent être identifiés d'une façon ou
d'une autre. Au fur et à mesure des années, ça a évolué. On est parti, il y a
50 ans, avec une empreinte nasale, on
a ensuite muté au tatouage, et maintenant la majorité des chiens sont identifiés par des
micropuces.
M.
Bourgeois : Et, M. le Président, au niveau du coût par
rapport à vos membres, c'est quoi?
Qu'est-ce que ça représente comme coût?
Mme St-Hilaire (Linda) : Une
micropuce, quelques dollars.
Mme Fortier (Renée) : C'est 12 $
par chien.
M. Bourgeois : C'est parce que, ce
matin, on se posait la question...
Mme Fortier (Renée) : C'est 12 $,
maximum. Puis, si vous achetez...
M. Bourgeois : Bien, on nous parlait
de 50 $ à 125 $, je pense.
Mme
Fortier (Renée) : Non, non,
c'est 12 $, une micropuce, et
vous pouvez l'implanter vous-même. Le lecteur, si on calcule le lecteur... Mais c'est 12 $, une
micropuce. Et, des fois, le Club canin canadien fait des... on peut acheter
un lot, comme éleveur, de 25 micropuces, puis ça revient peut-être à 9 $
la micropuce. Mais ce n'est pas plus cher que 12 $.
Mme
St-Hilaire (Linda) : Et c'est important de comprendre que tous les
chiens qui sont vendus comme étant de race pure se doivent d'être
identifiés de façon individuelle.
M. Bourgeois : Parfait. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous m'enlevez... Allez-y.
M.
Chevarie : Oui. Merci beaucoup. Bien, merci pour votre présentation, c'était intéressant. Mon intervention est sur les animaleries. Vous prenez une
position très radicale par rapport aux animaleries. On a l'impression que vous portez un jugement, une évaluation
qui fait en sorte que l'ensemble des animaleries qu'on retrouve au Québec
n'ont aucun respect des animaux
qu'ils vendent ou encore qu'ils n'ont pas de bonnes pratiques liées aux animaux
qu'ils vendent aux consommateurs,
puis, bien, j'aimerais vous entendre là-dessus parce
que c'est un petit peu ça que ça
donne comme impression.
Mme St-Hilaire (Linda) : Je vais
clarifier notre point de vue. Il faut bien comprendre que je suis ici pour représenter le Club canin canadien qui est l'organisme
qui enregistre des chiens de race pure au Canada, je ne suis pas
ici à titre de Linda St-Hilaire personnellement. Le Club canin canadien a un code d'éthique pour ses éleveurs, et
chaque éleveur se doit d'identifier chacun des chiens qu'il vend. Il se
doit de fournir un certificat d'enregistrement à chacun et de maintenir
un registre des clients à qui il vend des chiens. Si on prend pour acquis que,
selon ce qu'on entend, les animaleries n'élèvent pas eux-mêmes les chiens, ils
se les procurent d'un éleveur... ou d'un producteur quelconque, parce que ça ne correspond pas à notre notion d'éleveur, on
joue sur les mots, là, mais... Donc, cette personne-là a mis au monde
une portée de chiots qu'elle remet, en échange de considérations probablement
monétaires, à une tierce partie pour les vendre.
À partir du moment où la personne fait ça, elle est en contradiction avec notre
code d'éthique et les pratiques d'un éleveur responsable. Lorsque la
personne qui a remis les chiots au commerce pour les vendre n'a aucun contrôle
sur la personne qui va acquérir le chien, les chiens sont vendus sans
certificat d'enregistrement, ils ne sont pas identifiés.
Alors, en partant,
c'est en contradiction avec nos valeurs et avec notre pratique à nous. Donc, on
ne peut pas supporter ça d'aucune façon. Ce
qu'on a tendance à voir — et là c'est Linda St-Hilaire qui parle ici — les usines à chiots ont tendance à
diminuer dans le portrait québécois parce qu'entre autres, avec la loi
n° 42, il y a eu toutes sortes de pratiques qui ont
fait qu'on décourage ça. Quand on va en animalerie et qu'on voit des chiots de
race, par exemple, keeshond, qui est une
race pas très répandue, et qu'on nous dit que c'est des chiens de race pure,
pourquoi quelqu'un qui est un
individu qui aurait produit ces chiots-là ne les vendrait pas lui-même s'ils
n'étaient pas produits d'abord pour les vendre à quelqu'un d'autre?
Donc, c'est le canal de vente qui vient en contradiction avec notre éthique et
avec notre organisme. Ce n'est pas un
jugement sur la façon dont les animaux sont gardés, mais bien un jugement sur
la pratique d'élevage qui n'est pas en lien avec la pratique recommandée
par le Club canin canadien.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine. On s'en va complètement à l'opposé, au député de
Berthier.
M. Villeneuve :
Vis-à-vis.
Le Président (M.
Morin) : Des Îles-de-la-Madeleine, là. Des Îles-de-la-Madeleine
à Berthier.
M.
Villeneuve : O.K. Merci, M. le Président. Bonjour, mesdames.
Dans la même... C'était très intéressant parce que moi, je veux en savoir plus là-dessus. Parce que, bon, c'est sûr
qu'un chien de race, quand on se le procure d'un éleveur reconnu, etc., il y a un coût à ça. Ça peut être
600 $, 700 $, 800 $ plus tous les suivis. Puis je ne porte pas
de jugement de valeur, je fais juste dire ça. Ça, c'est un fait. Comment
on s'en sort pour M. et Mme Tout-le-monde qui veut avoir un chien? Puis, moi, jeune, on a toujours eu un chien
à la maison, puis c'était toujours un chien qui n'était pas pure race,
je vous le dis tout de suite, là — je ne veux pas employer le mot péjoratif
«bâtard», voilà, je l'ai dit — mais comment on fait, comment on s'en
sort?
Parce
qu'il y aura toujours... le consommateur voudra toujours, peut-être, avoir un
chien de... Parce que c'étaient des
très bons chiens que j'ai eus, là, c'étaient des très bons chiens malgré tout,
là, ce qu'on peut... Comment on s'en sort pour approvisionner, justement, permettre que cette vente d'animaux là
puisse quand même avoir cours? Je ne sais pas, moi, j'aimerais savoir parce que, là, vous dites que ça
a tendance à diminuer avec la loi n° 42, les usines à chiots, ça a
tendance à diminuer, quelqu'un peut-il...
est ce que c'est permis par la loi? Moi, j'ai un chien, bon, une chienne et
j'ai une portée, puis, bon, j'en ai
huit, neuf, je ne sais pas trop quoi faire. Je vais voir l'animalerie du coin
puis je dis : Regarde, je te les donne, vends-les. Il faut toujours
bien s'en occuper aussi. Comment on s'en sort?
Mme
St-Hilaire (Linda) : C'est une question complexe. O.K.? Comment on
s'en sort? Les refuges débordent de chiens.
Les refuges débordent de chiens parce que les gens ont un mâle, le voisin a une
femelle, et ils décident de faire une portée pour faire plaisir aux
enfants ou ils décident de faire une portée juste pour le fun parce qu'ils
veulent se garder un chien, et là, bien, en
dommage collatéral, il y a six, cinq ou dix chiots additionnels qui se
retrouvent, malheureusement, soit
vendus dans une animalerie, soit en refuge parce qu'on ne trouve pas
d'adopteurs pour ces chiens-là. Je ne vois pas pourquoi le consommateur serait bien servi d'encourager des pratiques
comme ça parce que, contrairement à ce que mon prédécesseur a mentionné, les tares héréditaires ne sont pas limitées à
seulement quelques races, et encore moins aux chiens de race pure. C'est une notion à la fois
scientifique et génétique totalement erronée que de prétendre que, parce
qu'on accouple deux chiens qui ne sont pas de race pure, on vient d'éliminer
les maladies génétiques.
Et je vous cite...
vous pourrez aller voir tout à l'heure en googlant www.offa.org, l'organisme
américain qui maintient le registre des
radiographies et des tests de santé pour les chiens, et il y a des chiens
croisés dessus. O.K.? Alors, il ne
faut pas oublier que, la façon qu'on a d'élever des chiens dans le monde des
chiens de race pure, on donne un service après-vente, on s'assure que la personne qui vient acheter un danois est
au courant des besoins d'un danois comparativement à un chihuahua. On s'assure que quelqu'un qui
vient acheter un field spaniel, il ne vient pas acheter juste un chien
qui est brun chocolat parce qu'il trouve ça
joli. On le met au courant des besoins inhérents à chacune des races. Les
chiens croisés existeront toujours. Ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas
nécessaire d'encourager la reproduction de ça alors qu'ils se retrouvent en
animalerie.
• (17 h 20) •
Le
deuxième volet de votre question fait partie à l'aspect coût de l'achat d'un
chien de race pure. Je vous dirais que, dans les 10 dernières années, même les 20 dernières années, c'est la
chose qu'on reproche le plus aux éleveurs consciencieux de vendre leurs chiens cher. Je vais vous donner
un exemple. Mes propres chiens que j'ai achetés récemment, je les ai
payés environ 1 500 $ US parce
qu'ils viennent des États-Unis, il n'y a pas d'éleveur dans la région. Pour le
triple de ce prix-là, vous pouvez
acheter un labradoodle. Le labradoodle n'est pas une race, ni le goldendoodle,
ni le pomsky, ni n'importe quelle
race dont on prend une syllabe de chacun des noms et qu'on met ensemble. Ce
sont des croisements entre un golden et
un labrador ou un golden et un caniche auxquels on donne un nom. C'est ce qu'on
appelle dans notre jargon à nous des «designer breeds».
Et
les gens les vendent avec la prétention qu'ils ont les meilleures
caractéristiques génétiques des deux géniteurs, alors que, d'un point de vue scientifique, c'est totalement impossible.
On a 50 % des gènes du père, 50 % des gènes de la mère, et il y a un mélange de tout ça qui se fait,
et ce n'est pas 100 % des individus qui vont hériter des meilleurs
gènes des deux. Si c'était si simple, on
n'aurait plus aucun chien qui aurait de tare héréditaire, on n'aurait plus
aucun chien au mauvais tempérament,
on n'aurait que des beaux chiens tous parfaits. Malheureusement, ce n'est pas
si simple. Et c'est pareil pour toutes les espèces animales, pas
seulement les chiens.
Alors,
ce qu'on essaie de dire, c'est que le prix, ce n'est pas l'élément déclencheur.
Parce que les gens sont prêts à payer
4 000 $, 5 000 $ pour des croisements qu'on leur prétend
être des races, alors que, scientifiquement, ce ne l'est pas. Le prix d'un chien de race pure... il y a beaucoup
d'éleveurs qui vont vous dire qu'ils sont même prêts à placer des chiens
ou à les donner dans des bonnes familles quand ils savent que c'est un bon
endroit pour eux autres, ce n'est pas le prix.
Et,
malheureusement, il y a un organisme qui est passé avant ou après nous qui veut
offrir un programme de certification, et on
m'a dit tout simplement : Bien, c'est une bonne chose, vous allez pouvoir
vendre vos chiens plus cher. Malheureusement,
on est targués comme étant des gens qui veulent vendre leurs chiens cher, alors
que ce n'est pas du tout le cas. Le
prix des chiens de race n'a presque pas augmenté dans les dernières années.
Alors, ce n'est pas le prix qui est l'élément.
M.
Villeneuve : Donc, si je reviens aux usines à chiots, qui,
selon vos dires, seraient en régression — puis c'est une bonne nouvelle — et les animaleries, donc est-ce que je peux penser qu'une façon de
s'en sortir ce serait peut-être que les animaleries commencent par
s'approvisionner d'abord dans les refuges?
Mme St-Hilaire (Linda) :
Si ce sont de vrais refuges, je vous dirais oui.
M. Villeneuve :
...de vrais refuges, bien sûr, j'imagine, là. Sinon, on retombe dans les usines
à chiots, là.
Mme
St-Hilaire (Linda) : Personne ne peut être contre la vertu. Puis, si
on trouvait une façon de pouvoir... Par contre, ce qui nous chicote, c'est toujours l'aspect pécunier. Il ne
faut pas oublier qu'il y a des gens qui se procurent des chiens dans les
refuges aussi pour s'en servir d'appâts dans les combats de chiens.
M. Villeneuve :
Ah! mais là la loi le...
Mme St-Hilaire
(Linda) : Il y a une loi contre ça.
M. Villeneuve :
On vient renforcer...
Mme
St-Hilaire (Linda) : J'en conviens, qu'il y a une loi contre ça. Sauf
que, si cet individu-là se présente chez quelqu'un qui a mis au monde les chiots, ça se peut qu'il se fasse poser
un petit peu plus de questions que s'il se présente dans un commerce où
il y a l'employé qui fait son shift de 9 à 5. C'est un peu notre préoccupation.
M.
Villeneuve : Tout à fait. O.K. Bien, en tout cas, moi, ça
m'éclaire, là, concernant les animaleries, là. Il y a une réflexion à
faire là-dessus, là, je comprends ça.
Je
vous amène à l'article 63.17°, là. Vous en avez discuté un petit peu tantôt
avec... Comment vous avez dit, avec la partie...
M. le ministre, vous en avez discuté tantôt, et puis moi, j'aimerais ça
peut-être... Parce que je sens une dichotomie entre votre discours et
celui des médecins vétérinaires des petits animaux, et j'aimerais ça peut-être
que vous vous parliez. Parce que M. le
ministre, tantôt, il a dit : On a des décisions importantes à prendre.
Puis là on a deux discours, et il semble...
Mais je suis convaincu que, si vous vous assoyez puis vous vous parlez, on va
réussir à obtenir un consensus quelque
part où on va s'entendre. Parce que vous prétendez certaines choses par rapport
au fait que ce n'est pas sur le plan esthétique
que ça s'applique, c'est sur le plan fonctionnel, ou pour la sécurité de
l'animal, ou son bien-être, moi, je suis convaincu que ce discours-là...
Et je ne veux pas juger, là, mais, si vous en discutez avec les médecins
vétérinaires, probablement que vous
arriverez à quelque chose qui va nous permettre, en tout cas, à nous, les
parlementaires, de nous éclairer. Parce que, là, il y a une dichotomie
entre les deux discours. Oui, madame.
Mme
Fortier (Renée) : Une des explications de la dichotomie, c'est que
l'association des médecins vétérinaires a beaucoup de pression de la part des autres associations provinciales au
Canada. Donc, si je prends l'exemple des provinces atlantiques, ils ont
banni la caudectomie, qui est la coupe de la queue, l'ergotomie et les tailles
d'oreilles. Je ne peux pas me prononcer sur
la taille d'oreilles, mes chiens ont leurs oreilles entières. Mais, au niveau
des chiens de chasse, c'est démontré,
les blessures. Et c'est un travail de longue haleine. J'ai eu des discussions
avec le doyen de la Faculté de médecine vétérinaire à Saint-Hyacinthe à
ce sujet-là, et il n'avait pas vu ça comme ça pour les chiens de chasse, il
n'avait pas...
Alors,
je ne sais pas qui étaient les représentants de l'association, là. C'était le
syndicat que vous aviez, qui était ici probablement?
Puis, quand je parle avec mes vétérinaires, moi, c'est mes vétérinaires qui la
font, la coupe de la queue et enlever
les ergots sur les chiens. Ce n'est pas moi qui le fais. Si on l'interdit et si
les vétérinaires ne la font plus, ça va être les gens qui vont la faire à la maison. Excusez l'expression, ils vont
botcher, puis ils vont avoir des infections. Moi, ça me coûte des frais, c'est mes vétérinaires qui font la chirurgie. Et, quand on
prend le temps d'expliquer... Mais c'est sûr qu'il faut qu'il y ait de l'éducation.
L'autre
chose qu'il faut que vous pensiez, le médecin vétérinaire, il y a
175 races reconnues, il y a je ne sais pas comment de races de chats reconnues, il y a je ne sais pas comment
d'autres animaux, qu'il s'occupe des lapins, il ne peut pas être au courant de toutes les particularités
de chaque race et de chaque espèce animale. Alors, c'est sûr que c'est
un travail de longue haleine.
Et,
au niveau des clubs de chiens de chasse au Québec,
on discute régulièrement, mais c'est sûr que peut-être que les représentants que vous
aviez ici, ce n'est peut-être pas des gens qui sont peut-être sensibilisés à ce
point-là.
Le
Président (M. Morin) :
Merci, Mme Fortier. En commission
parlementaire, c'est le temps qui
nous dirige. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Merci,
M. le Président. Bonjour, mesdames.
Vous avez parlé tout à l'heure, bon, que deux voisins qui prennent chacun leur chien, qui font de
l'accouplement et qui, là, pour faire plaisir aux enfants... Mais je
sais aussi qu'il y a des voisins qui ne sont pas contents parce que
le chien a erré, puis il est arrivé à côté de la chienne, puis ils ont
eu beaucoup de plaisir. Donc, il y a des chiots qui viennent
au monde, et là, bien, les familles se retournent, je vous dirais,
instinctivement chez les animaleries. Puis là tu arrives en animalerie, tu
vends tes chiens ou tu les donnes, puis les animaleries
les vendent. Et là, dans les animaleries, là, c'est sûr que, souvent, c'est des
chiens qui ne sont pas de race, des chiens
qui sont vendus pas très cher, mais qui sont quand même vendus, et les gens
sont portés à aller acheter ces petits chiots
là parce qu'ils veulent être partie prenante de leur
comportement, hein? Quand on va chercher un chien dans un chenil qui a deux ans, trois ans, puis on fait l'adoption,
il a déjà un comportement, le chien, qui n'est peut-être
pas adapté à sa famille. Mais ça, tu
ne le sais pas tant qu'il n'a pas vécu dans ta famille. Alors, le réflexe,
c'est d'aller acheter un petit chiot pour le mettre à... je vais dire le
terme, là, le mettre à sa main, le mettre, bon, avec les habitudes familiales,
avec les enfants, avec... Donc, les gens sont portés à faire ça.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de... ces chiens-là, que les animaleries auraient
comme un code aussi à respecter sur ces
animaux-là au lieu de les interdire, au lieu d'aller dire aux gens : Bien
là, il n'y en aura plus, de vente à l'animalerie, vous allez aller dans les chenils, il y en a
assez, prenez ceux qui sont là, faites-les stériliser? Donc, est-ce que
vous voyez une différence entre un achat de petit chien puis un achat de
gros chien au niveau de la...
Mme
St-Hilaire (Linda) : Je ne
suis pas certaine de bien comprendre votre question parce que
vous me parlez d'un chiot en
animalerie puis d'un chien de deux ans dans un chenil, là. Les deux situations
existent. Quand vous me dites que la personne préfère avoir un chiot
pour le mettre à sa main, j'en suis totalement d'accord avec ça. Par contre,
vous comprendrez que, si j'ai un croisement
entre deux races inconnues et de croisement de croisement, à moins d'être
certaine de ce que je vais avoir... J'aimerais vous ramener à l'objectif de la
socialisation et des soins en bas âge. Les éleveurs consciencieux, à l'intérieur des sept premières semaines de vie de leur chien,
s'assurent que les chiens ont marché sur des surfaces différentes, au moins sept à dix surfaces différentes. Je ne
suis pas certaine que votre voisin qui a eu une portée par accident va donner les meilleurs soins de
sociabilisation. Est-ce que les parents ont été traités, vermifugés? Est-ce qu'un des deux parents est atteint d'épilepsie? Parce que ce n'est pas juste
les chiens de race qui sont atteints de ces tares-là. Allez voir le
vétérinaire, et c'est loin d'être seulement les chiens de race.
Le fait de remettre
ça à la vente dans un commerce, ce qui nous rend inconfortables, c'est qu'il
n'y a plus de traçabilité. Ils viennent d'où, les chiots? Qu'est-ce qu'ils ont
eu avant comme soins? L'acheteur, il n'a pas aucune personne à qui il peut
aller se référer pour dire : La mère des chiots, est-ce qu'elle les a bien
nourris? Elle a-tu eu une césarienne? Est-ce qu'elle était agressive avec eux
autres? Parce qu'à un moment donné un chien peut développer un problème de comportement. Parfois, ça va être
causé par l'environnement ou l'entraînement, mais parfois c'est héréditaire
et c'est causé par des choses qui se sont
passées lors de la portée était ensemble. L'intervention va être différente. Ce
qui m'amène à dire qu'on préfère que les gens soient responsables.
J'ai
chez moi des mâles, il n'y en a aucun qui est castré. Et, dans toute ma vie, je
n'ai jamais été propriétaire d'aucun chien
castré ou stérilisé, je n'ai jamais eu de portée non désirée. C'est facile, on
ne met pas le mâle en présence de la femelle. C'est aussi simple que ça,
c'est le meilleur moyen de contraception.
Alors, l'exemple que
vous me dites, c'est quelqu'un que son chien a été laissé errant. En partant,
il est en contravention avec la loi. Le
chien n'est pas censé être errant, il est censé être sous contrôle de son
gardien, il est censé être dans une
cour clôturée ou en laisse. Donc, oui, il va arriver des accidents. Par contre,
les chiens devraient être... je vais utiliser
le mot «stérilisés», mais ce n'est pas nécessairement la castration qui est la
solution. Il y a des chirurgies alternatives qui permettent que le chien
garde ses organes pour les hormones, par exemple la ligature au lieu de la
stérilisation, l'hystérectomie, parce qu'au niveau santé c'est meilleur pour
l'animal. C'est les vétérinaires qui doivent s'éduquer là-dessus. Il y a des interventions différentes, et ça se fait beaucoup
dans les pays scandinaves, et ils ont un très bon taux de succès. Ceci étant dit, il en arrivera toujours,
des accidents. Par contre, les gens devraient prendre leurs
responsabilités, élever les chiots et les placer
eux-mêmes. Mais la race humaine ne porte pas toujours ses responsabilités,
c'est ce qui est triste.
• (17 h 30) •
Mme
D'Amours : Je comprends, puis vous avez de très bons arguments. Mais
qu'est-ce qu'on fait avec mon voisin qui a
eu un accident puis qui a eu 10 chiens? Puis là on parle de santé, bien-être
animal. Son chien est bien traité, il a eu un accident. On vit en campagne, il n'y a pas de clôture. On l'a
attaché, on se tourne le dos, fait le barbecue, on revire de bord, le chien du voisin est là. On court après.
Trop tard, c'est fait. Vous savez, on a beau avoir une responsabilité
envers nos chiens, là, et nos chats, mais,
si on en prend soin, puis il arrive un accident, on fait quoi avec ces 10
chiens là? Est-ce que...
Mme St-Hilaire (Linda) :
Il y a le refuge de la SPCA, mais pas un commerce, question de...
Mme
D'Amours : Parfait.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mmes St-Hilaire et Fortier.
Encore une fois, vous avez été une association très opportune pour nous
faire connaître encore plus les chiens de race. Merci beaucoup.
Mme
St-Hilaire (Linda) : Je me permettrais peut-être de vous inviter, l'an
prochain, le 4 juin 2016, le Club canin canadien va tenir son assemblée générale annuelle
juste ici, à Québec. Ça aura lieu sur le boulevard Laurier, à L'Hôtel Québec. Alors, s'il y a certains d'entre vous qui
sont intéressés, ça nous fera très plaisir de vous rencontrer à cette
occasion-là.
Le Président (M.
Morin) : Je connais une dame qui sera très intéressée. Merci
beaucoup.
Je suspends jusqu'à
19 h 30.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
(Reprise à 19 h 30)
Le
Président (M. Morin) : O.K. Donc, bonsoir. La commission reprend ses travaux, et j'espère que vous
avez regardé vos téléphones cellulaires, s'ils sont sur le mode silencieux.
Nous allons
poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 54, Loi
visant l'amélioration de la situation juridique de l'animal.
Ce soir, nous avons le Regroupement des éleveurs
de chiens champions du Québec, ça va être intéressant, l'association des Centres d'adoption d'animaux de compagnie du Québec,
encore intéressant, et le Conseil consultatif mixte de
l'industrie des animaux de compagnie. On va passer une très belle soirée en
votre compagnie.
Donc, je vous souhaite la bienvenue, mon cher
monsieur. J'attends que vous vous présentiez, et on va vous écouter avec beaucoup
d'attention.
Regroupement des
éleveurs de chiens
champions du Québec (RECCQ)
M. Bouchard (Benoit) : Alors, mon
nom est Benoit Bouchard, et je suis le président du Regroupement des éleveurs de chiens champions du Québec. Alors, premièrement, on tient à remercier
la commission de nous avoir invités pour
nous permettre d'exprimer nos idées, nos commentaires à propos de ce projet de
loi n° 54 et faire quelques propositions pour améliorer le statut
des animaux de compagnie.
Alors, le Regroupement des éleveurs de chiens champions du Québec, c'est un organisme à but non lucratif.
On fait l'éducation du public, mais on fait
aussi le support des éleveurs responsables qui veulent améliorer la qualité de
leur cheptel tant au niveau conformation qu'au niveau santé.
Bon, on
pourrait vous donner... Je pense que je vais sortir un petit peu du cadre de
notre mémoire pour vous donner une
explication peut-être en utilisant les bovins, hein? Alors, il y a des éleveurs
de vaches qui, eux, essaient d'améliorer la qualité de leur cheptel. Exemple, les holsteins, alors, bien sûr que,
s'ils développent des holsteins qui produisent plus de lait, les producteurs laitiers vont avoir besoin de
moins de vaches pour remplir leurs quotas, ça va leur coûter moins cher
de nourriture, ça va être plus productif.
Et puis eux,
pour améliorer leur histoire, ils se regroupent plusieurs fois par année dans
différentes expositions où il y a des
espèces de concours, et puis là les meilleures vaches... celui qui a réussi le
mieux cette année, il reçoit une petite cocarde. Et puis un de leurs gros commanditaires à eux, c'est le Centre
d'insémination artificielle du Québec, qui, eux autres, achètent, si vous voulez, les ovules et le sperme de ça pour le
revendre pour améliorer le cheptel laitier au Québec. Alors, dans les chiens, c'est toujours la même procédure,
c'est les mêmes normes qui s'appliquent un petit peu partout dans le
monde, et puis il y a des organismes qui font des concours, et puis les
meilleurs chiens ont des championnats.
Alors, les
organismes qui font des concours ici, c'est le Club canin canadien, que vous
avez rencontré cet après-midi, et la
Fédération canine du Canada. Alors, on a beaucoup d'éleveurs qui font les deux
parce que, un, le Club canin canadien
juge selon les normes nord-américaines, et puis la Fédération canine du Canada
juge selon les normes européennes et
les normes de la FCI. Alors, un éleveur qui réussit à avoir des championnats
dans les deux, bien, il se dit : Bien, mes animaux sont pas pires.
Alors, étant donné qu'il y en a quand même pas mal, il y en a un peu moins de
200, de ces éleveurs-là qui font ça, alors,
nous, on les regroupe et on leur donne des services et des facilités pour
améliorer leur cheptel.
Une des
facilités qu'on vient juste de mettre en ligne, c'est... Bon, les gens, il faut
qu'ils fassent des tests d'ADN sur leurs
animaux pour essayer d'éliminer des... Alors, les éleveurs faisaient faire ça
aux États-Unis, ils avaient de la difficulté, ce n'est pas tous les éleveurs... Et puis, finalement, bien, on a
rencontré l'Université de Montréal, ils ont un service en génétique, mais là l'Université de Montréal a
dit : Nous, on n'est pas des commerçants, on ne peut pas se faire un
site commercial comme les Américains. Alors,
nous, on s'est dit : Il n'y a pas de problème, on va vous le faire, votre
site, et on l'a mis en ligne. On a
demandé à l'Université de Montréal : Voulez-vous qu'on le mette en ligne
pour le public? Ils nous ont dit : Il n'y a pas de problème parce
que nous, plus on reçoit des écouvillons, plus on fait de tests, mieux on forme
nos étudiants, puis ça nous apporte un petit
peu d'argent, on peut s'acheter de l'équipement puis des choses comme ça.
Tiens, je vais faire un petit commercial,
là, c'est ce site-là qu'on a mis en ligne, c'est reccq.org/adn. Nous, on ne
fait pas de profits là-dedans, c'est l'Université de Montréal qui en
profite puis les chiens qui en profitent.
Alors, nous,
le projet de loi n° 54 sur le statut des animaux, parfait, on est très,
très heureux de ça, ça fait vraiment notre
affaire. Alors, on n'a pas de commentaire supplémentaire que... on se félicite
que le statut de sensibilité des animaux existe maintenant.
Mais on
aimerait apporter des petits suppléments. Alors, on va parler ici d'un problème
qui existe depuis pas mal longtemps,
c'est l'identification permanente des animaux, cette histoire de traçabilité
là. Alors, nous, on travaille avec la Loi
sur la généalogie des animaux. La Loi sur la généalogie des animaux, c'est soit
qu'on mette une micropuce, soit qu'on mette
un «tattoo», mais là c'est le transfert de la propriété. Alors, quand on fait
la généalogie d'un animal, on veut toujours savoir qui est le propriétaire du géniteur. Mais, quand le géniteur, il
n'est plus géniteur parce qu'il a été stérilisé, bon, là, l'éleveur... où est-ce qu'il est, le transfert de
propriété, là? En plus de ça, lorsqu'on vend un animal, des fois on veut
qu'il soit stérilisé et on l'écrit dans
notre contrat que l'animal doit être stérilisé, puis, à partir du moment qu'il
sera stérilisé, on va te faire le
transfert de propriété en vertu de la Loi sur la généalogie des animaux. Mais,
s'il ne le fait jamais stériliser, son animal, bien, on ne fera jamais
le transfert. Alors, déjà là, il y a un petit problème à ce niveau-là.
Mais
il existe un autre organisme qui est Agri-Traçabilité. Mais l'agri-traçabilité,
on aimerait bien, là, vraiment, on aimerait
bien que tous les chiens puis tous les chats suivent ça, mais c'est la ligne,
là, qui ne fonctionne pas. En fait, nous, on est les naisseurs, puis, avec la traçabilité agroalimentaire, oui, il y
a des naisseurs, et là on peut mettre les micropuces, ou les tatouages, ou les
licences, ce que l'ont veut. Mais, dans l'agroalimentaire, ça passe par des
industries. C'est une industrie laitière, c'est des poulaillers, c'est
des porcheries, c'est de l'industrie, et la fin de ligne, bien, vous autres,
c'est soit l'équarrisseur ou l'abattoir.
Chez le chien et le chat, oui, on a les naisseurs, on peut identifier les
animaux. Mais, dans la lignée, là c'est le public. Et là le public, il
va faire le transfert de... Vous savez, moi, je peux vendre un petit chien, le transférer à quelqu'un qui est à Gatineau. Et puis
là le monsieur à Gatineau, il meurt, ça, c'est sa fille de Sherbrooke
qui ramasse le chien, qui s'en va à
Sherbrooke avec le chien. Elle, elle ne fera pas le transfert de propriété puis
d'adresse, puis, à un moment donné,
elle perd son chien. Le refuge ramasse le chien, puis là ils appellent le
monsieur qui est mort à Gatineau, il
y a trois ans, ils ne retrouvent plus personne. Alors là, il y a une grosse
difficulté, et la fin de ligne, bien, ce n'est pas l'abattoir et l'équarrisseur, c'est soit la SPCA,
soit le vétérinaire, soit le quart à vidanges. On ne le sait pas, ça dépend
quand est-ce que le chien est décédé puis de quoi il est décédé.
Alors, ce que nous,
on avait proposé puis qu'on aimerait reproposer, mais ça prendrait que le
ministère de l'Agriculture nous aide un
petit peu là-dedans, c'est-à-dire réunir une des fins de ligne qui est les
refuges, des éleveurs qui sont
habitués à la Loi sur la généalogie des animaux et des gens qui connaissent
bien l'agro-traçabilité pour trouver une manière de faire, pour qu'il existe une méthode de traçabilité dans le
public pour les animaux de compagnie, ce qui aiderait une des fins de ligne qui est les refuges à
diminuer, si vous voulez, leur problème puis retracer d'où provient
l'animal, qui était le dernier propriétaire ou qui était l'éleveur.
Parce
qu'il y a bien des éleveurs qui, eux, mettent des micropuces, ils ne les
déclarent pas, mais ils les gardent dans leurs dossiers à eux. Et puis, si un refuge le retrouve, bien, ils
espèrent que le refuge va communiquer avec l'éleveur, puis l'éleveur va dire : Bien, je l'ai vendu à telle
personne à tel endroit. Il y a des éleveurs qui fonctionnent comme ça. Il
n'y a pas de registre national. Alors, s'il
y a cinq vendeurs de micropuces, il y a cinq bases de données, puis ces bases
de données ne sont pas nécessairement
recoupées ensemble. Autrement dit, c'est une petite problématique. Tout le
monde voudrait qu'il y ait une
traçabilité, c'est comment la faire et quelles sont les difficultés, comment
passer à travers les difficultés. Mettre des micropuces, ce n'est pas compliqué. Mais une micropuce, c'est un
dispositif, ce n'est pas un système de traçabilité. Alors, on est bien d'accord de mettre des micropuces,
mais comment qu'on le fait fonctionner, le système de traçabilité?
Alors, c'est les gens qui sont impliqués là-dedans qu'il serait important de
réunir ensemble pour quelques réunions, pour voir comment on s'y prend.
• (19 h 40) •
Deuxième
sujet, c'est les fameux codes de pratiques. Alors, vous parlez dans votre
projet de loi de codes nationaux. Pour
les chiens, alors il y a l'association canadienne des médecins vétérinaires qui
a un guide de pratiques, mais le guide de pratiques est tellement dépassé que le Club canin canadien l'a mis de
côté, nous, on l'a mis de côté, puis le MAPAQ ne s'en sert même pas. Alors, nous, comme on voyait que
c'était obsolète, le regroupement avait écrit un guide de pratiques qui
a marché pendant cinq ans, qui était quand
même pas mal évolué. Et puis, lorsqu'on a travaillé avec la loi P-42, pour
démarrer la loi P-42, on était avec les
fonctionnaires, puis là les fonctionnaires, ils avaient fait des comités, puis
ils posaient toutes sortes de
questions. Nous, notre regroupement, on a mis un système en place pour
permettre à tous les éleveurs, là, de répondre
à toutes les questions que les fonctionnaires posaient et on avait mis un code
d'accès aux fonctionnaires, qui pouvaient
tout lire ça. Alors, ça a permis d'avoir une loi P-42 qui est quand même pas
mal. Elle parle de la nourriture, elle parle
du logement, elle parle de l'exercice, elle parle de la propreté. Puis tous les
petits détails, c'est que les fonctionnaires pouvaient tous les lire, et
là ils ont écrit un guide de pratiques qui est absolument excellent, qui est
très bien fait et puis que l'on salue.
Mais un guide de
pratiques, ça finit toujours par être obsolète quelque part. Alors, quand on
parle de guide de pratiques, c'est toujours
un petit peu dangereux, il y a toujours un paragraphe quelque part qui devient
obsolète. Alors, il faut faire attention, puis il faut bien spécifier de
quel guide national qu'on parle parce qu'il y en a beaucoup, de guides, puis il y a même des espèces animales
qu'il n'y a même pas de guide. Alors, ça, c'est une petite remarque
qu'on a vue dans le projet de loi.
Autre
problème, c'est l'établissement de normes pour les chenils. Ça, c'est un
méchant problème. Alors, il y a le MAPAQ qui a la loi P-42, que vous
amendez. Ça fait la troisième fois que vous amendez cette loi-là, vous avez mis
les permis, puis tout ça. Mais il y a les
municipalités qui, eux autres, émettent des permis, et puis là il y a bien des
endroits où quelqu'un s'installe, il veut
élever des chiens, puis il ne sait même plus où aller se placer. Il veut élever
des terre-neuve, tu ne peux
pas élever des terre-neuve en ville, là, parce que c'est des gros chiens. Quand
tu en as cinq, six dans un bungalow, là, tu
sais, ça ne marche pas. Tu veux t'en aller en campagne, mais là ça te prend un
permis de la municipalité.
Vous
voulez élever des chèvres, tu t'en vas dans une zone agricole, il faut
que tu respectes, là, pour la municipalité, la distance entre les maisons ou les bornes du terrain, puis, après ça,
tu t'achètes des chèvres, une chèvre, 50 chèvres. Là, c'est le MAPAQ qui s'en occupe, c'est une
production agricole. Pour les chiens, non, il faut que tu demandes un
permis à la municipalité. Puis tu ne peux pas en avoir de la quantité que tu
veux, alors il y a des gens qui se cachent. Alors, ils se cachent de qui? Ils se cachent du permis du MAPAQ
ou ils se cachent du permis de la municipalité, ils s'organisent comme ils peuvent. Alors, ça serait intéressant que le MAPAQ dise : Maintenant,
les chiens, c'est une production
agricole, et ça relève du ministère de l'Agriculture. On va dire que non, ça ne se mange pas, un
chien, là, ça, c'est sûr, ça ne produit pas de lait, mais les animaux à
fourrure non plus ne produisent pas de lait, puis on ne les mange pas, mais
pourtant ça relève du ministère de l'Agriculture.
Le Président (M.
Morin) : M. Bouchard.
M. Bouchard
(Benoit) : Oui.
Le
Président (M. Morin) :
Votre temps est écoulé, mais est-ce
que vous aimez mieux avoir une
discussion avec les parlementaires ou je vous laisse finir votre texte?
M. Bouchard (Benoit) : Avoir une
discussion avec les parlementaires, ils l'ont, le mémoire, de toute façon.
Le Président (M. Morin) : On
va aller au fond des choses avec vous, là. M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Merci beaucoup de votre présentation. Regroupement des éleveurs de chiens
champions du Québec?
M. Bouchard (Benoit) : Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Juste des champions?
M.
Bouchard (Benoit) : Bien,
c'est ceux qui font de la sélection génétique. Alors, ceux qui font de la
sélection génétique, ça marche la même chose
dans les vaches, là, ils vont dans des concours, puis ils se ramassent avec une
belle grosse cocarde. Alors, les chiens, ils
se ramassent avec une belle grosse cocarde. Alors, nous, l'éleveur qui y va,
puis il réussit à ramasser une belle
grosse cocarde avec les chiens qu'il a produits, c'est que lui fait de la
sélection génétique parce que tu ne ramasses pas une cocarde de même avec
n'importe quel chien. Alors, nous, on regroupe uniquement ces gens-là
qui ont réussi à gagner sur d'autres qui améliorent leur génétique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Vous
avez combien de membres?
M.
Bouchard (Benoit) : Ça
varie. Mettez entre 150 et 200, ça dépend de s'il y a une récession ou s'il n'y
en a pas parce que c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Et
combien de races?
M. Bouchard (Benoit) : On couvre à
peu près une centaine de races au Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Vous avez parlé du projet de loi n° 42.
M. Bouchard (Benoit) : Pas du projet
de loi, c'est de la loi P-42.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Pardon?
M. Bouchard (Benoit) : La loi P-42.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui, la
loi P-42, et vous en parliez avec tellement de conviction et de bien que
je me suis dit : Est-ce que
54 est nécessaire? Et comment expliquer, si 42 est tellement bon, pourquoi,
dans la classification des organismes qui classifient le bien-être
animal, on est arrivé, le Québec, en peloton de queue pendant quatre ans
consécutifs? C'est quoi, le problème?
M. Bouchard (Benoit) : Ah! vous
savez, nous, on a de nos éleveurs qui achètent des chiens en Russie, qui en achètent en Europe, ils en achètent aux États-Unis,
on fait affaire avec l'Ontario, on achète... On a beaucoup de relations avec eux autres. Pour nous, c'est une illusion de
l'esprit, qui est le premier ou qui est le dernier, là, mais ça fait
l'affaire des refuges, ça, et ça fait
l'affaire des activistes parce que ça fait bouger le gouvernement puis ça fait
faire écrire... ça fait des bons scoops à la télévision, on dirait.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais
être plus précis, là. Est-ce que vous êtes d'accord à ce qu'un
animal soit un bien meuble? Parce que c'est ça, 42.
M. Bouchard
(Benoit) : Non, le P-42,
c'est... Oui, le chien est un bien meuble, mais le chien devient un
animal sensible, il a toujours
été un animal sensible. Ça ne change pas grand-chose, là, à la base de
la loi P-42 parce que, même
s'il est sensible, il faut qu'il soit nourri
pareil, il faut qu'il soit logé, il faut qu'il fasse de l'exercice, il faut que
ce soit propre et que ce soit bien entretenu.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On a
reçu plusieurs groupes, là, puis des groupes nous disaient : Il ne faut
plus qu'un animal au Québec
soit considéré comme un bien meuble. Vous, est-ce que vous nous dites
qu'on devrait continuer à considérer ça comme un bien meuble?
M.
Bouchard (Benoit) : Non,
non, non, c'est un animal sensible. On est tout à fait d'accord
que c'est un animal sensible, et ce
n'est... Bien, ça va rester... Quand il est vendu, évidemment
c'est un contrat commercial, il y a la Loi sur la protection du consommateur
qui a ça, mais l'animal, il est sensible. Alors, il peut souffrir, il peut
avoir peur, il peut avoir
toutes sortes de sentiments, on est tout à fait en accord avec ça.
Puis ça ne touche pas seulement que les éleveurs, ça touche toute la population. Il faut prendre
soin de ces animaux-la, et puis il ne faut pas lui donner un coup de pied en
disant : Bien, ce n'est pas sensible,
un animal. Oui, c'est sensible, puis tu peux le blesser, puis tu peux lui faire
mal, et puis oui, il faut que tu en prennes soin. Ça fait qu'on est tout
à fait d'accord avec ce changement législatif là.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
avez tout un aspect qui est intéressant, pour ne pas dire passionnant, c'est votre
comparaison avec l'agri-traçabilité, toute la question de suivre l'animal à
travers une puce, etc. Vous vous êtes exprimés
dans votre mémoire à cet effet-là. Puis c'est quelque chose qui nous revient,
là, ce n'est pas le premier mémoire, mais
vous allez un peu plus loin que les autres en disant que ça devrait être un
système... — je ne
veux pas aller plus loin que ce que
vous avez dit, puis vous me corrigerez, là — une espèce de système universel de
traçabilité. Tu sais, si vous faites affaire
avec telle compagnie, il y a un bout de là, si vous faites affaire avec une
autre... Vous voyez ça comment, vous?
M.
Bouchard (Benoit) : Bien, nous, on avait proposé, il y a quelques
années... Je pense, la date est quelque part dans le mémoire, c'est un répertoire national des animaux de compagnie,
c'est-à-dire une base de données quelque part, et, lorsqu'on met une micropuce, qu'on met un
tatouage, même si je mets un tatouage, mais je ne transfère pas la
propriété en vertu de la Loi sur la
généalogie des animaux dans la base de données du Club canin canadien, ou de la
Fédération canine, ça dépend de la race que vous élevez, on le met quand
même, là, dans ce répertoire national là. Et ce répertoire national là, il est géré, si vous voulez, là,
généralement par les refuges parce que c'est eux autres qui sont la fin de
ligne, mais c'est les éleveurs qui mettent les intrants dedans, et on encourage
le public à faire un suivi.
Il y a un suivi qui est possible à l'intérieur
de ça. Parce qu'on l'a vu dans les journaux, c'est qu'il y a bien des municipalités qui, pour payer le contrôleur
animalier... Ils disent au contrôleur animalier : Tu vas vendre des
médailles, là, à tous ceux qui ont des
animaux de compagnie. Alors, lorsqu'il vend des médailles, il va dans la
maison, il sait que le chien est là,
puis il sait où est-ce qu'est le propriétaire. S'il y a un répertoire national,
quand il arrive au bureau, bien, il tape sur sa petite machine, puis il
dit : Bien, voilà, le chien, il est à tel endroit. Alors, quand il est
perdu, bien, au moins, il y a un répertoire
national, puis il y a quelqu'un qui lui a vendu une médaille. Ce n'est pas
mauvais, l'idée des médailles. Ce n'est pas mauvais, l'idée des micropuces. Le tatouage non plus, ce n'est pas
mauvais. Comment qu'on peut, là, tout mettre ça ensemble? Bien là, il faut travailler avec les gens qui sont en fin de
ligne parce que le vétérinaire qui euthanasie l'animal, bien, il
faudrait qu'à un moment donné que le vétérinaire, bien, il mette : Bien,
il est mort, le chien ou le chat.
Mais il faut
que la ligne soit construite. Comment qu'elle doit être construite? Bien, c'est
les intervenants pour, quand on parle des gens de la traçabilité
agroalimentaire, c'est qu'eux, ils ont une mautadite belle... ils ont beaucoup d'expérience. Si vous voyiez des vaches, là, vous
voyez qu'elles ont des boucles d'oreille, là, dans les deux oreilles,
là. Bien, ça, ils ont été obligés... ils ont
eu des problèmes, puis ça, on appelle ça de la redondance, hein, c'est deux
micropuces. Si tu arraches une micropuce
dans la clôture, l'autre elle est là. Ils ont une expertise. Les refuges, ils
ont une grosse expertise parce que c'est eux autres qui les ramassent,
les animaux, et puis il faut qu'ils les placent. Alors, mais c'est quoi leur expertise? Moi, mon expertise, là, c'est :
Envoie, tu lui mets une micropuce, et goodbye, Charlie. Enregistre-la
n'importe où, ta micropuce, on ne sait même
pas comment ça fonctionne, ce système-là. Alors, il faut que les gens se
coordonnent puis établissent une méthode, une manière de faire. On peut arriver à
une conclusion que c'est impossible, mais on n'est pas encore rendus là,
là. Là, on peut arriver à n'importe quelle conclusion, que c'est possible, puis
que c'est impossible, puis comment on le fait
• (19 h 50) •
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Je vais
vous dire, avec les technologies, «impossible», ce n'est pas un mot que
j'épelle souvent dans mon vocabulaire, c'est...
M. Bouchard (Benoit) : Vous avez
raison.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Si
on emprunte cette voie-là, je suis certain qu'il y a des possibilités, là.
M.
Bouchard (Benoit) : Oui,
oui. Il y a des possibilités. Il faut les trouver, puis ça prend les
intervenants qui ont de l'expérience dans chacun son domaine pour en
arriver là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Merci
beaucoup.
Le
Président (M. Morin) :
Est-ce que, du côté ministériel, on a... Ça va, tout le monde? Le député de Berthier.
M. Villeneuve : Oui. Bonjour,
monsieur.
M. Bouchard (Benoit) : Bonjour.
M.
Villeneuve : On sent
toute la passion qui vous anime, on la sent très bien. Moi, j'ai une question technique. On nous a dit tantôt qu'une micropuce, ça peut coûter
15 $ ou 25 $ puis que c'est relativement simple à — je
ne sais pas si c'est le bon terme — installer. Mais est-ce que
c'est facile à retirer? Le savez-vous? Je vous pose la question.
M.
Bouchard (Benoit) : Bien,
une opération chirurgicale. Tu détectes où est-ce qu'elle est, puis tu vas chez
le vet, puis il va ouvrir, puis il va la sortir, oui.
M. Villeneuve :
O.K. C'est la façon de faire. O.K. Puis, tant qu'à être dans les micropuces,
vous disiez tantôt qu'effectivement, au niveau des bovins, ils sont taillés,
excusez l'expression, là, mais il y a des micropuces...
Une voix : ...
M.
Villeneuve : Des
boucles d'oreilles, voilà, disons-le comme ça. Et je sais aussi que, s'il y a
un inspecteur qui passe, puis ils n'ont pas leurs boucles d'oreille, ça
coûte cher, pour avoir discuté avec un agriculteur.
M. Bouchard (Benoit) : Ça finit chez
l'équarrisseur.
M.
Villeneuve : Donc, il y a vraiment
un côté coercitif, là, qui est d'ordre pécuniaire, là. À savoir, si ce n'est
pas en règle, alors il y a un coût. C'est
pour ça que je vous posais la question :
Est-ce que c'est difficile à
enlever?, bon, parce que je vois bien
où vous voulez en venir. Et, d'ailleurs, j'avais soulevé cela, il y a quelques
jours, avec d'autres représentants de groupes
parce que ce serait peut-être la solution, la traçabilité, pour avoir un
meilleur suivi de l'animal, savoir d'où il vient, d'où il provient, mais là je comprends un peu plus
avec vos explications que, là, tout
le monde a son propre registre à
la maison, hein, et là il faudrait créer un guichet unique. Est-ce que vous avez pensé ou... Bien, je vous pose la question,
tout de même : Combien ça pourrait coûter? Parce que, là, il y a
des coûts reliés à ça, j'imagine, là. Ça pourrait se répercuter sur les
producteurs, évidemment, le consommateur.
M.
Bouchard (Benoit) :
Développer une base de données pour ça, ce n'est pas quelque chose qui va... Si on le ferait
pour le ministère de l'Agriculture, ou un gouvernement,
ou la police, puis tout ça, c'est tout le côté sécurité qui coûte cher en informatique. Là, il n'y a pas vraiment
besoin de mettre de la très grosse sécurité, là. Qui va s'amuser à aller
voler des informations sur la race d'un
chien, ou l'âge d'un chien, ou le pedigree d'un chien? Ça n'a pas de carte de
crédit, un chien, là, ça n'a pas de
numéro d'assurance sociale, il y a moins d'intérêt. Alors, la sécurité est un
peu moins importante, d'où le coût de l'informatique va coûter un petit
peu moins cher.
M. Villeneuve : Imaginons un
instant que ça existe puis que ça marche, on a un guichet unique, puis ça fonctionne. Les refuges qui reçoivent des animaux,
puis ils s'aperçoivent qu'il n'y a pas de micropuce après le chat, le chien, etc., le problème, il n'est pas réglé
pour autant à ce niveau-là. Il y aura toujours... on va les appeler les non-identifiés, là.
Si on se projette dans l'avenir, puis on dit que tout animal... donc il y aura toujours
cet aspect-là à contrôler.
Je lis dans
votre mémoire, et vous parlez d'harmonisation, de standardisation des normes, vous dites :
«Tant que la réglementation ne sera
pas uniformisée, des sites d'élevage continueront de s'établir dans la
clandestinité.» Je me demande, dans le fond, est-ce que c'est vraiment parce
qu'il y a un manque d'uniformisation que les gens s'installent dans la clandestinité? Je ne suis pas tout à fait certain
de cela, je vous pose la question. Expliquez-moi comment vous en arrivez
à cette conclusion-là que c'est à cause de cela.
M.
Bouchard (Benoit) : Bien, quelqu'un,
à un moment donné, qui veut élever... il s'intéresse, là, puis il
veut élever des shih tzu, tiens. Il s'achète un shih tzu, deux shih tzu,
trois shih tzu.
M. Villeneuve : Ça en prend
au moins deux, en tout cas.
M.
Bouchard (Benoit) : Il n'a
pas de problème, ça va bien, puis, à un moment donné, bien, il
veut en avoir un petit peu plus.
Alors, bien, il en achète un autre, il est rendu à quatre. Là, il y a
un voisin qui dit : Tu n'as rien que le droit d'en avoir deux, je fais une plainte à la ville. Là, il
fait quoi, là, avec ses shih tzu? Lui, il veut continuer à faire de
l'élevage, il dit : C'est correct, je
vais vendre ma maison, je vais m'en aller en campagne parce que,
dans les zones agricoles, il y
a bien, bien de l'espace. Mais là il apprend
que, même s'il s'en va en campagne, il n'aura pas de permis
non plus de la ville. Il fait quoi?
Alors, il se cache, il met ses chiens dans la cage, il les sort juste un petit
peu dehors. Il y a même des éleveurs qu'on connaît, bon, les
chiens, ils aboient. Ils vont chez le vétérinaire, font dévocaliser le chien.
Il n'aboie plus, il n'y a plus de plaintes.
On parle dans votre projet de loi que les municipalités
ne pourront plus imposer...
M. Villeneuve : L'article 4,
oui.
M. Bouchard (Benoit) : ...des règlements
qui iraient contre le bien-être... Bien, les règlements sur la paix publique, là, puis qui amènent un éleveur à faire
dévocaliser ses chiens, il est où, le problème, là? Moi, j'ai lu ça, j'ai
trouvé ça, bien, pas pire, mais il n'y a pas vraiment de règlements municipaux
qui vont dire : Maltraite ton animal. Mais indirectement, oui, il y a du maltraitage d'animaux parce que tu ne
donnes pas de permis, les chiens sont obligés de rester dans des cages dans
le sous-sol dévocalisés, etc., là.
M. Villeneuve : O.K. Bien, je
comprends...
M.
Bouchard (Benoit) : Mais, s'il serait en campagne et puis il pourrait
avoir le nombre d'animaux qu'il veut, et ce serait sous la responsabilité du ministère de l'Agriculture, vous
autres, vous avez des inspecteurs, puis ils passent en campagne, puis
ils font le tour, puis, s'il y a quelque chose qui ne marche pas...
M.
Villeneuve : Donc, pour vous, l'harmonisation permettrait un
meilleur contrôle des chenils illégaux?
M. Bouchard
(Benoit) : Un bien meilleur contrôle et un bien meilleur suivi.
M.
Villeneuve : O.K. Parfait. Parfait. Vous dites dans votre
mémoire... vous faites allusion aux codes de pratiques. Tantôt, on en a parlé un petit peu, que les codes
de pratiques au niveau canin, dans le fond, c'est qu'ils ne sont pas
sous la gouverne du conseil national, les codes de pratiques, puis, dans le
projet de loi, on ne les prévoit pas. Vous dites qu'il y a un code de pratiques qui existe. Là, il faut le mettre à jour,
évidemment. Je pense que ça va de soi qu'il faut le mettre à jour parce
que, bon, il y a évolution normale.
M. Bouchard
(Benoit) : Bien, le code de pratiques, vous le connaissez bien, c'est
votre code de pratiques.
M. Villeneuve :
Mais ma question, c'est que tantôt, quand vous avez commencé, vous avez
dit : Moi, là, le projet de loi
n° 54, je n'ai rien à demander, je trouve ça parfait, c'est beau comme ça.
Mais votre code de pratiques, là, il n'est
pas... quand qu'on lit le projet de loi, là, on parle seulement des codes de
pratiques écrits ou conçus par le conseil national, et non pas celui pour les chiens. Il n'est pas par le conseil
national, celui-là. Donc, est-ce que vous ne pensez pas que, si le ministre élargissait un peu plus au
niveau des codes de pratiques dans le projet de loi... permettrait,
justement, d'avoir un code de pratiques obligatoire pour...
M.
Bouchard (Benoit) : Vous voyez notre incompréhension à l'intérieur de
ça. Nous, on dit : Le code national, oui, il y a un code de pratiques qui a été écrit par le ministère de
l'Agriculture. Nous, on l'a fait nôtre, on l'a publicisé à à peu près
tout le monde au Québec.
M.
Villeneuve : O.K. Mais il n'est pas national, c'est ça que je
veux dire. Donc, il n'est pas assujetti au projet de loi n° 54
actuellement. C'est tout ce que je dis.
M.
Bouchard (Benoit) : Bien, le code national, on est dans l'Assemblée
nationale ici. Alors, c'est quoi que veut dire «national» aujourd'hui,
là?
M.
Villeneuve : Oui. Ça, je suis d'accord avec vous, par exemple.
On commence à se rejoindre, là. C'est bon, ça. Mais vous comprenez ce que je veux dire, c'est que c'est comme s'il
fallait peut-être élargir au niveau du projet de loi pour s'assurer que, s'il y a des codes de pratiques qui
ne sont pas couverts par le conseil national, dont j'oublie le reste du
nom, là, qui est vraiment au niveau du
Canada, là... Alors, si on élargit un peu pour s'assurer, justement, qu'on
n'oublie personne... Puis, s'il y a des codes de pratiques dans
l'élevage de certains animaux, bien, qu'on puisse s'assurer que ce code de pratiques là, il puisse être... soit que le
ministre peut, ou impose, ou accepte que ce code de pratiques soit... que les
éleveurs soient assujettis à ce code de pratiques là. C'est tout ce que je dis
là-dessus. Je ne sais pas si vous me suivez.
M.
Bouchard (Benoit) : C'est à peu près ce qu'on avait compris, c'est
qu'il y a un code de pratiques national et puis que le ministre peut
imposer...
M.
Villeneuve : Oui, mais c'est parce qu'il n'est pas écrit par le
code national, le code de pratiques sur les chiens dont vous faites
état, tout simplement.
M. Bouchard
(Benoit) : O.K. Alors, on n'a pas bien compris. Alors...
M. Villeneuve :
Ah! bien, c'est peut-être que... Je pense que...
M. Bouchard
(Benoit) : Non, mais, on n'a...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : On va le regarder, là.
M. Villeneuve :
On va le regarder, c'est ça. On va le regarder, monsieur, parce que...
M. Bouchard
(Benoit) : Parce qu'on ne l'a pas bien compris.
M.
Villeneuve : ... c'est important de reconnaître l'expertise que
vous avez développée dans ce domaine-là et les gens qui ont travaillé
avec vous. Alors, oui, on va regarder ça.
Pour
ma part, j'avais peut-être... Je tiens à vous remercier, vous avez apporté un
élément que, moi, ce que je n'avais pas
vu encore quand vous parlez de la commercialisation des animaux de compagnie au
niveau du commerce électronique. Je
ne m'étais pas arrêté à ça, voyez-vous? Et, effectivement, je veux peut-être
vous entendre, est-ce que c'est un commerce qui tend à... Si c'est comme le reste, vous allez me dire oui, là,
est-ce que c'est un commerce qui tend à prendre de l'ampleur au niveau
du commerce électronique?
M. Bouchard (Benoit) : Oui. Vous
savez, beaucoup de monde a dit : Bon, les animaleries, elles ne devraient
plus vendre d'animaux, ta, ta, ta, bon. Mais aujourd'hui, là, le problème,
c'est que les animaleries n'en vendent pas beaucoup,
d'animaux. Mais, si vous faites vendre des animaux par les animaleries, vous
avez un contrôle, un certain contrôle. Ce
n'est pas peut-être pas les meilleurs animaux, mais vous avez un certain
contrôle, vous recevez des taxes, etc. Quand c'est vendu sur Kijiji
puis LesPAC, là, vous n'avez plus aucun contrôle.
M. Villeneuve : Pour vrai, ça
se fait? Je n'ai pas été voir.
M.
Bouchard (Benoit) : Mais là il n'y a plus rien. Alors, est-ce qu'on
doit changer notre fusil d'épaule, puis dire : Bon, bien, maintenant, O.K., on va les vendre dans
les animaleries, il y a plus de contrôle, puis c'est peut-être plus
facile? Parce que, là, à un moment donné, il est arrivé quelque chose, et puis,
bien, il n'y a plus de contrôle sur la vente des animaux, tu ne sais pas d'où
est-ce qu'ils proviennent, tu n'as aucune idée.
• (20 heures) •
M.
Villeneuve : Parce qu'on me disait tantôt que les animaleries
achètent probablement... ou s'approvisionnent en chats, ou en chiens, ou autres animaux de ce genre, là, au niveau des
usines à chiots, qui, semble-t-il, sont en régression, mais c'est peut-être là qu'ils s'approvisionnent. Mais là ce que je comprends de ce que vous
me dites, c'est qu'au niveau
du commerce électronique, là aussi, c'est là que... J'imagine que, s'il y a des
usines à chiots, ils doivent sûrement se retrouver là-dessus pour vendre leurs
animaux, là. C'est ça que je comprends, puis c'est un commerce qui doit être en
expansion aussi, là.
M.
Bouchard (Benoit) : Oui,
mais là usines à chiots, elles doivent avoir un permis du MAPAQ, elles
doivent avoir plus que 45 chiens, là. Et
puis, quand elles ont renouvelé leur permis, il n'y a pas un décret
ministériel ou quelque chose dans le ministère... Quand elles renouvellent le permis, il y a
un inspecteur qui va visiter. Alors, si ça, ça existe... Puis moi, je sais que la loi P-42, on a travaillé... Vous
regarderez le guide, c'est quand même assez solide, là, les usines à chiots,
elles doivent être un petit peu plus propres qu'elles étaient, là. Puis on le sait que la qualité des
animaux n'est pas là, mais, bon, le public,
il a le choix entre payer 1 500 $
puis 500 $. Alors, bon, bien, ça en prend, à 500 $, des chiens, là,
on n'est pas contre ça.
M. Villeneuve : Merci
beaucoup, monsieur. Merci beaucoup, mon temps est terminé. Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Vous avez bien dit, votre temps est terminé, M. le député de Berthier.
Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le
Président. Bonsoir, monsieur. Vous parliez tout à l'heure, là, de l'agri-traçabilité.
Vous avez fait mention, au niveau
agricole, au niveau des vaches, là, qu'elles ont des boucles
d'oreilles. Je peux vous dire que
j'aimerais bien ça, qu'ils se mettent actuel, à 2015, puis qu'il y ait des micropuces, parce que les boucles
d'oreilles...
M. Bouchard (Benoit) : Les boucles
d'oreilles, ce sont des micropuces.
Mme D'Amours : Oui, mais elles les
perdent assez souvent. Je n'aimerais pas qu'un chien ait une boucle d'oreille
comme ça.
M. Bouchard (Benoit) : Non, non, non.
Mme
D'Amours : Vous comprenez qu'il faut s'actualiser, là. Mais vous
parlez de ça, déjà, en partant, la licence du chien n'est-il pas... que les municipalités imposent... Parce que c'est
une loi, chaque municipalité, soit deux chiens, soit trois chiens, puis là elles émettent une petite licence
qu'on paie, puis là c'est le nom du chien, la variété du chien, le poids
et le propriétaire. Est-ce que ce n'est pas
déjà en soi une première... Ou si le chien est perdu, s'il se fait mal, qu'on
retrouve le propriétaire, à tout le moins
celui qui est responsable. Est-ce que, pour vous, il faut que ça aille plus
loin que ça? J'essaie de comprendre
votre logique, là, par rapport au projet de loi parce qu'on est ici pour santé,
bien-être animal. En quoi la micropuce
va faire en sorte que le chien va être mieux? Quel contrôle qu'on a avec une
micropuce s'il se fait mal, s'il est maltraité, si... J'essaie de faire
le lien, là, avec le projet de loi.
M.
Bouchard (Benoit) : Avec le projet de loi, c'est supposons qu'il y a
une obligation de mettre des micropuces puis un répertoire central, alors l'éleveur l'a transféré à quelqu'un où
son nom est là-dessus, et puis là tu retrouves le chien qui a une dysplasie de la hanche à l'âge de cinq
ans dans le fond d'un rang parce qu'il a été chez le vétérinaire, il a
une dysplasie de la hanche, ça coûte très,
très cher, il ne veut pas faire euthanasier le chien, il ne veut pas le faire
réparer, puis il le dumpe dans le
fond d'un champ. Puis là l'animal, il a souffert, là, attention, ça lui fait
très, très mal, puis là il n'a plus à manger,
il n'a plus rien, puis il y a quelqu'un qui le ramasse. Là, tu sais d'où il
provient, le chien, et puis là tu peux agir. S'il n'y a pas de traçabilité sur l'animal, bien, il
rentre à la fourrière, puis ils l'euthanasient, puis c'est fini. Alors, c'est
là que, quand on parle d'animal
sensible, là, bien là tu reconnais la sensibilité de l'animal, puis là tu sais
que quelqu'un a dumpé le chien parce qu'il n'a pas voulu abréger ses
souffrances.
Mme D'Amours : Donc, vous croyez
qu'avec une micropuce ça va responsabiliser la personne qui l'achète.
M.
Bouchard (Benoit) : En tout cas, la micropuce, elle va être taggée au
nom de l'éleveur quelque part dans la base de données. On sait qui l'a
élevé, à qui il l'a vendu, donc là tu sais son premier propriétaire. Peut-être
que le premier propriétaire
est toujours le propriétaire actuel, peut-être qu'il a passé par d'autres.
Parce qu'il y a des chiens qui se passent d'un à l'autre, parce que, tu
sais, on déménage, puis on ne sait pas quoi faire avec le chien, puis on donne
le chien au troisième voisin, puis il n'y a
pas de suivi. Mais, s'il a une mircopuce et puis qu'il a une médaille... Quand
on parle de redondance, c'est là, le comité, qu'on parle... bon, bien,
c'est ça, la redondance, là, alors tu as une micropuce et une médaille. La médaille, ils ont été la vendre, puis
ils savent que le chien est là, dans telle maison avec tel propriétaire.
S'il n'est plus au même propriétaire que la
micropuce, bien, ils le changent. Alors, c'est une redondance, puis aider au
suivi. Mais là c'est une suggestion que je
donne. C'est au comité, là, au groupe qui va se former d'élaborer et d'établir
comment ça peut fonctionner, une histoire comme ça.
Mme D'Amours : Vous parlez des
établissements, des normes des chenils. Est-ce que vous avez des faits, vous, que vous avez vus? En tant que président de
votre organisme, là, est-ce que vous avez vu des endroits où c'était inapproprié
pour garder des chiens ou... Parce que, là, on a une belle ligne 1 800,
là, qui fonctionne très, très...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
1 844.
Mme
D'Amours : 1 844, pardon, qui fonctionne très, très bien. Est-ce
que vous avez dans vos membres... Est-ce que vous avez eu des mauvaises
expériences, puis qu'ils ne sont plus membres, j'imagine, là, chez vous?
M.
Bouchard (Benoit) : On en entend parler, on sait que ça existe, mais
celui qui est mal pris, bien, il ne le crie pas sur les toits. Alors, on sait qu'il y a des problèmes, mais on ne peut
pas arriver, là, puis mettre le doigt dessus, là. Mais on sait qu'il y a
des problèmes.
Mme D'Amours : Il y en a.
M. Bouchard (Benoit) : Il y en a. Il
y en a.
Mme D'Amours : Parfait. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. Bouchard, en vous remerciant beaucoup. Vous faites honneur comme président au Regroupement des éleveurs de chiens
champions du Québec. Je vous félicite et vous remercie de vos propos.
Et je
suspends quelques instants, et nous attendons le centre d'adoption d'animaux de
compagnie de Québec avec beaucoup de plaisir, chère madame et cher
monsieur. Je suspends.
(Suspension de la séance à 20 h 6)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux. Et, comme je l'ai dit précédemment, nous recevons Centres d'adoption d'animaux de compagnie du
Québec. Mme Tassé, donc bonsoir. M. Pétigny, bonsoir. Parce qu'on s'est présentés tout à l'heure, mais, quand même, je vais
vous donner le loisir de vous représenter avec beaucoup d'attention.
Donc, vous avez 10 minutes.
Centres d'adoption
d'animaux de
compagnie du Québec (CAACQ)
Mme Tassé (Johanne) : O.K. Merci.
Bien, merci de l'invitation pour ce soir. Je vais laisser M. de Pétigny faire l'ouverture parce que, sinon, moi, je vais
dépasser le 10 minutes. Alors, c'est une entente qu'on a eue. Puis
Bertrand va s'occuper de faire la présentation, mais, par après, je vais
m'impliquer. À toi la parole.
Le Président (M. Morin) :
Allez-y, M. de Pétigny.
M. de Pétigny (Bertrand) :
Donc, le 10 minutes commence maintenant? C'est ça, M. le Président?
Le Président (M. Morin) :
Oui, mais je suis très...
Une voix : ...
Le
Président (M. Morin) : Oui. Compte tenu que c'est un projet de
loi qui l'assentiment de tous les partis, donc je suis plus recevable, je tolère plus... je vous
laisse parler, plus permissif. Je cherche mes mots, mais ça, ça fait partie de
mon...
• (20 h 10) •
M.
de Pétigny (Bertrand) : Merci, M. le Président. M. le ministre,
M. le Président, MM. et Mme les députés, merci pour votre invitation. Nous sommes très fiers de pouvoir vous
donner le point de vue de l'Association des centres d'adoption d'animaux
de compagnie du Québec.
L'association
a été fondée en 2008 avec comme objectif de réduire le nombre d'animaux de
compagnie tués au Québec. Pas
euthanasiés, tués. La différence entre l'euthanasie et puis l'autre verbe,
c'est que l'euthanasie est pratiquée sur un animal qui n'est pas en santé ou dont la vie est hypothéquée pour des
raisons de santé. Le problème qu'on rencontre depuis longtemps maintenant, c'est que des animaux sont tués pour des
raisons purement d'espace manquant. Donc, c'est pour ça qu'en 2008, lorsque Mme Tassé a mobilisé des centres d'adoption
sur cette thématique, l'objectif, c'était d'arrêter que des animaux
soient tués simplement parce qu'il n'y avait plus de place. Pas dire euthanasier.
Donc, il y a cette différence entre euthanasier et tuer. L'objectif, c'est ça.
Nos membres assurent le service animalier d'une
trentaine de municipalités et font adopter environ un millier d'animaux chaque année. Avec 10 minutes, on n'a
pas voulu faire toute une liste de ce que la CAACQ fait depuis 2008. Elle a siégé sur la commission sur le bien-être
animal de M. Kelley depuis le départ et elle accompagne tous les travaux
sur la P-42, sur les réglementations. Et c'est vrai que, depuis 2008, il y a eu
beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail qui a été fait, et, M. le ministre, là
vous marquez un point important avec le projet de loi n° 54.
Les utilisateurs de cette loi. J'ai eu des
problèmes avec le mot «utilisateur». Je n'ai pas voulu dire ceux qui vont l'appliquer, j'ai voulu dire ceux qui vont
l'utiliser, les services animaliers des villes, les contrôleurs animaliers,
les inspecteurs, les fourrières, les SPA,
les SPCA. Peut-être, on va regarder les différences. Les services animaliers
des villes ou qu'on appelle aussi les
contrôles animaliers, ça a une responsabilité municipale. C'est un peu comme
les fourrières. Vous savez, les
fourrières... «Fourrière», c'est un mot qui est dans le Larousse, qui
dit que c'est l'endroit d'une municipalité où sont remisées les choses trouvées sur la voie publique, les voitures,
les chiens et les réfrigérateurs. Je crois que, dans le Larousse, ils donnent ça dans cet ordre-là. Ça fait longtemps qu'on a dépassé un
peu la fourrière, mais la fourrière, c'est un service public.
Le service
animalier, c'est là pour appliquer la réglementation des villes. Pas les lois,
les réglementations des villes. Parce
que chaque ville, chaque municipalité ici, au Québec, peut réglementer et
dire : Chez nous, ça se passe comme ça. Dans la municipalité à
côté, ça se passe autrement. Ici, on peut avoir trois chiens. Ici, on peut
avoir cinq chats. Ici, on ne compte pas les chats. Ici, on met des médailles
aux chats. Ici, on ne met pas de médaille aux chiens. Ça, c'est les services
animaliers.
Les SPCA, les SPA, sociétés protectrices des
animaux, sociétés contre la cruauté faite aux animaux, sont des organisations d'obédience l'une francophone,
l'autre britannique. On ne va pas rentrer dans leur genèse, mais c'est
des organismes de responsabilité privée qui
sont là pour lutter contre la cruauté faite aux animaux. La SPCA a été mise
en place au départ par un lord britannique qui trouvait que les chevaux de
calèche et les vaches étaient très maltraités. Et, au départ, la SPCA, qui est
devenue la Royal SPCA britannique, travaillait sur les vaches et les chevaux.
Les refuges
et puis les familles d'accueil. Familles d'accueil, ça, vous allez en entendre
parler parce que les familles d'accueil,
elles tombent en dessous de la barre des 15. Vous savez, il y a une barre des
15. 15 animaux, vous devez avoir un permis.
Ce n'est pas la P-54 qui donne ça, c'était déjà là depuis déjà quelque temps
avec les règlements de la loi P-42. Familles
d'accueil, il y a des organismes qui gèrent des familles d'accueil. Ces
organismes-là n'ont pas besoin de permis, puisque chaque famille
d'accueil n'a que trois ou quatre. On reviendra là-dessus.
Donc, vous
voyez, les services animaliers, les fourrières, c'est une responsabilité
municipale, c'est là pour appliquer les
règlements municipaux. Les SPCA, les SPA, c'est des responsabilités privées.
C'est vrai qu'il existe des SPA et des SPCA
qui ont des contrats de services animaliers dans certaines municipalités, mais
ce sont deux fonctions différentes. C'est
des mandats différents. Le service animalier, il rend compte à la ville, il
s'occupe des chiens et des chats errants. Il a un financement municipal,
il applique la réglementation municipale. La SPCA, SPA, elle est indépendante.
Tous les animaux sont sujets... en
particulier les abandons. C'est financé par des dons, c'est le focus sur la
cruauté envers les animaux.
Ici, nous
avions une vidéo. Pour des raisons techniques, on ne va pas vous donner cette
vidéo, mais on nous a dit que vous l'aviez vue ou que vous l'aviez.
Alors, elle fait trois minutes. On a masqué la personne, c'est un contrôleur animalier d'une municipalité, d'une ville de
8 000 habitants. Dans cette vidéo, ce monsieur... Je vous invite à la regarder. M. Turgeon, elles ont été données, les vidéos?
Oui? Donc, je vous invite à la regarder, cette petite chose de trois
minutes, ce monsieur-là nous explique
comment il fait le contrôle animalier de cette ville. Il a 3 600 $
par mois, et puis les chiens, principalement
les chiens, les chats... Il a trois cages, oui. On verra ça tout à l'heure.
Sûrement, on aura des questions. Il a trois
cages dans son contrôle animalier et puis un gros réfrigérateur là où on met
les animaux. 3 600 $ par mois pour faire ça, un millier
d'animaux tués dans l'année. C'est un service animalier en activité
actuellement... un contrôle animalier, excusez-moi. On pourrait dire une
fourrière.
Ça, c'est
Edmonton, puis je voudrais vous montrer quelque chose. Ce n'est pas très, très lisible, mais ça,
c'est le site Web de la ville d'Edmonton. Ce que j'ai entouré, c'est qu'ils
disent, là... C'est le site Web du service animalier d'Edmonton, puis ce que j'ai entouré, ils nous expliquent que la
Edmonton Humane Society, elle est juste la porte à côté. Bon, nous, c'est SPCA, SPA. Dans d'autres
endroits, il y a des choses qui s'appellent les «Humane Society».
C'est grosso modo pareil, c'est une
autre chose à peu près pareille. Donc, ça, c'est une photo tirée de Google
Street. Là, vous voyez le bâtiment du service animalier de la ville
d'Edmonton, et puis là vous voyez l'entrée, juste à droite, de la Humane Society. Voilà. Ça, c'est une photo que
Johanne a prise. Vous voyez, c'est un ensemble de bâtiments très grand. Une
entrée, c'est le service animalier. L'autre entrée, c'est l'organisme privé. On
pourrait voir les entrants, sortants de chacun. Ça, ce serait intéressant.
En l'état, en l'état, le projet de loi n° 54,
il répond davantage aux demandes liées à la cruauté pratiquée sur une minorité
d'animaux qu'aux besoins quotidiens du plus grand nombre. Ça, c'est notre
analyse. C'est fantastique, tout ce qui est dans le projet de loi, ce sont des
avancées, et des bonnes avancées. Beaucoup viennent de la P-42, puis ce qu'on
rajoute, c'est la cerise sur le gâteau, c'est bien. Mais on s'occupe là des
animaux en détresse, des animaux objets de cruauté.
Au quotidien, qu'est-ce
que ce projet de loi va apporter? Pour nous, il manque trois points. On les a
limités à trois, on... Elle m'en avait donné
une liste, mais non, on va aller sur trois. Identification permanente et
traçabilité. Je sais, là, ce soir, ça
semble être la... nos amis derrière vont aussi en parler, mais ça, c'est
important. Quand vous êtes au quotidien dans une municipalité, que vous avez votre fichier Excel ou votre
Google Sheets, si vous allez plus loin dans la technologie, bien, quand vous avez votre tableur, quand vous
avez vos papiers, vous savez, vos carnets à souches que vous avez
remplis, ça, ça, on est en 2015, ça, ça ne peut
plus vraiment fonctionner. On rejoint notre ami Benoit
Bouchard, il faut quelque chose qui soit là, plus haut, dans le ciel,
hein?
Une voix : ...
• (20 h 20) •
M.
de Pétigny (Bertrand) :
Oui, «cloud», c'est ça. Liaison avec les services de santé. Mais moi, M. le ministre, j'aurai une question pour
vous tout à l'heure, je ne veux pas le prendre sur mes 10 minutes. Mais je me
demande pourquoi, alors que tout le reste de la P-42 est dans le projet de loi n° 54, pourquoi la section II.1 de la P-42, qui porte sur l'identification et la traçabilité, pourquoi ça, ce n'est pas dedans. Je ne sais pas. Mais il y a
juste à le reprendre, c'est là.
Liaisons avec
les services de la santé. Ça, ça, c'est important. Quand on est sur le terrain
et qu'on a une dame avec 50 chats,
c'est bien beau de la mettre devant
le tribunal, et tout ça, mais ce n'est pas là le problème. La dame, elle a
un problème, mais qu'est-ce qu'on fait avec? Les liaisons avec la Régie du
logement. Là, je pense que vous avec une opportunité en or, ça revient... Vous
savez, dans la presse, on parle des marronniers, et ça, c'est un marronnier,
c'est quelque chose qui revient tous les ans, fin juin, la Régie du logement,
pourquoi est-ce qu'on ne peut pas avoir son animal,
et tout ça? Il faut faire quelque chose. On a fait une petite proposition,
mais, bon, on n'a pas la science infuse. Mais ça, c'est vrai que ces
trois points-là, ça serait bien, ça bonifierait vraiment la chose.
Il y a un
point qui est presque manquant. Parce que, ça, je dois dire que vous avez fait
un travail fantastique, moi, j'ai
beaucoup aimé la section où tout est prévu, hein? La section des règlements,
vous avez fait une liste de règlements et, après, vous avez dit : Pour finir, prévoir toute autre mesure
visant à assurer le bien-être et la sécurité des animaux. C'est
fantastique, tout est là, donc c'est prêt.
Donc là, le point qui est presque manquant — parce
qu'il est prévu, vous avez un règlement qui va s'en venir — c'est la
gestion de la population animale par la stérilisation. Au départ, on a
dit : La gestion de la surpopulation ou de la population animale au Québec, ça se fait par la mise à mort. Il
n'y a plus de place, on les met à mort. Mais, en fait, c'est la stérilisation et l'identification. Ces
deux choses-là marchent ensemble. Quand un animal est identifié de
manière permanente, on ne peut plus
l'abandonner dans le bois, on va le retrouver, puis la stérilisation parce
que... Moi, je veux bien, les 15, et
tout ça, mais j'ai vu... Moi, j'ai été contrôleur animalier, j'ai vu des
endroits où on ne pouvait rien dire, la personne respectait la réglementation municipale, elle n'avait que trois chiens.
Oui, mais ce que je vois, c'est un mâle et deux femelles non opérés, ça passe sous le radar, ça passe
complètement sous le radar. Ça va avoir trois portées, ça va faire une
quinzaine d'animaux, là, qui vont partir, qui vont partir, puis ça, ça passe
complètement sous le radar.
Le Président (M. Morin) : M.
de Pétigny...
M. de Pétigny (Bertrand) : Oh!
j'ai fini.
Le Président (M. Morin) :
Oui? Parce que, là, on est sous le radar.
M. de Pétigny (Bertrand) :
Donc, on est bons. Là, je l'ai raté. Impliquer les municipalités.
Le Président (M. Morin) : On
va le laisser...
M. de Pétigny (Bertrand) :
Impliquer les municipalités, ça, c'est vraiment important parce que ce sont
elles qui sont le lien avec les citoyens.
Et, dans ce point, qui a été repris de la P-42, là, on vous demande pas de
simplement dire que vous allez faire quelque
chose avec eux pour les inspections, non, les programmes d'action, il faut les
faire agir au départ, pas juste les inspections.
Et on
voudrait formuler un souhait — vous savez, ça, c'est peut-être — créer le poste d'inspecter municipal
en charge du bien-être des animaux de
compagnie. On pourrait revenir sur pourquoi, et tout ça. L'analyse d'impact
réglementaire, moi, j'ai failli tomber de ma chaise quand j'ai lu qu'il n'y
aurait pas d'impact financier, cette analyse d'impact
réglementaire qui a été publiée le 19 mars 2015 qui dit qu'il n'y aura pas
d'impact financier pour les PME du secteur.
Bien oui, il n'y en a pas, il n'y a pas de PME. Ce sont des OBNL, ce sont des
organismes à but non lucratif, ce sont des municipalités. Donc là,
encore ça passe sous le radar. Il y a un impact financier...
Le Président (M. Morin) :
Puis là je suis obligé de vous arrêter, monsieur...
M. de Pétigny (Bertrand) : Hop!
J'ai fini.
Le
Président (M. Morin) : ...puis je voudrais bien donner la
parole à Mme Tassé quelques instants. Si vous voulez compléter ou... Au
moins, je veux vous entendre.
Mme Tassé (Johanne) : Bien, c'est-u
mon 10 minutes ou c'est...
Le Président (M. Morin) :
Non, non, là, vous êtes rendus à 15 minutes.
Mme Tassé
(Johanne) : Ah! O.K. Bon, écoutez, je crois que c'est important que
vous visionniez le vidéo parce que
qu'est-ce que vous allez entendre, c'est la réalité qui se passe sur le
terrain. Je voulais aussi spécifier que, la CAACQ, on n'est pas des
activistes, nous sommes des intervenants pour le bien-être animal. Je suis
impliquée dans le domaine depuis près de 20
ans en tant que bénévole et, ensuite, en tant que fondatrice de l'organisation.
Le défi se fait au niveau municipal, mais le vidéo va vous donner un
sens de la réalité sur le terrain.
Nous, notre
réseau, il est nord-américain. Je participe à des conférences du Canada Est au
Canada Ouest, États-Unis Est, en
Californie, au Texas. Alors, on voit les meilleures pratiques et puis on veut
les apporter, on veut les présenter comme qu'on a fait avec l'unité
mobile de stérilisation de la ASPCA de New
York, qui en ont cinq sur la route.
Et eux ont décidé de travailler en amont pour réduire le nombre de prises
en charge et de réduire le nombre de mises à mort, et on a les statistiques
avec nous aujourd'hui.
Qu'est-ce que je vois aussi aux États-Unis, c'est que le rôle des SPCA, des Humane Society change parce qu'ils sont en conflit
d'intérêts. C'est pour ça qu'on a voulu vous montrer le Edmonton Humane, qui
partage le même stationnement que Edmonton
Animal Services. La même chose à Calgary, ils ne partagent pas le même
stationnement. Mais à Buncombe County, en
Caroline du Nord, à Asheville, vous avez le Buncombe Animal Services qui
applique la réglementation, et vous
avez un petit pavé de 100 pieds, et on se retrouve avec le Asheville Humane
Society. Alors, c'est des partenariats. Comme Bertrand a expliqué, un
applique la réglementation, et l'autre s'occupe de la cruauté et des adoptions
des animaux.
Je voudrais
juste revenir aussi sur le point des micropuçages, juste pour dire qu'à la
CAACQ, en tout cas, moi, je trouve
qu'on est très novateurs, nous avons débuté, nous, des journées de micropuçage
avec des villes. On en fait à peu près
200, le coût est de 25 $. La raison pourquoi qu'on a mis sur pied ces
journées de micropuçage, c'est que... Je ne suis pas tellement bonne en
mathématiques — puis
ça, Bertrand peut le confirmer — mais je me disais, si on a un bon système de micropuçage, on peut retracer. Puis
j'ai vérifié avec mes confrères à Toronto et à New York, on pourrait
baisser le nombre de mises à mort d'entre 30 % et 35 %. Parce que
moi, je demeure dans l'Ouest-de-l'Île, à Montréal, on se retrouve avec 10 municipalités puis, à un moment
donné, on avait cinq contrôleurs animaliers. L'animal, il ne sait plus
s'il est dans la même municipalité ou dans
l'autre municipalité. O.K.? Et puis, en plus, pour aider à la situation... pour...
à la situation des mises à mort, la CAACQ a
mis sur pied un projet qui s'appelle le French Connection. Alors, c'est
l'envoi, le transfert de chiens abandonnés du Québec à Toronto, on en a envoyé
plus de 2 000.
Aussi, les journées d'adoption, on parlait un
peu plus tôt... La dame de Mirabel, je m'excuse, vous avez parlé : Qu'est-ce qu'on fait avec tous ces
chiens qu'on a en surplus? Nous, on a commencé à organiser en 2007 des
journées d'adoption pour promouvoir que
l'adoption, c'est l'option. On n'a rien contre les éleveurs, les éleveurs
éthiques, c'est les producteurs où on veut que ça soit fini. Alors, on a
fait la promotion de l'adoption et, maintenant, on a de plus en plus de gens
qui viennent adopter des États-Unis et de Toronto.
Le Président (M. Morin) : Mme
Tassé, je suis un peu mal à l'aise, là...
Mme Tassé (Johanne) : C'est correct.
Le Président (M. Morin) :
...je vais laisser les gens vous poser certaines questions...
Mme Tassé (Johanne) : Oui, allez-y.
Le Président (M. Morin) :
...ils vont aller au fond des choses. Donc, M. le ministre.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Oui. On
va raccourcir le temps des questions. Moi, j'aimais entendre ce que vous avez à nous dire, là, c'est enrichissant. Je
voulais vous féliciter pour le French Connection. Sérieusement, c'est
une idée originale qui a aidé tellement
d'animaux que, si vous n'aviez pas eu l'idée, il y aurait eu autant d'animaux
de morts ou non adoptés. Ça fait que félicitations, là, vous avez osé
aller au-delà des frontières.
Dans les
points que vous avez identifiés à corriger dans le projet de loi, M. Bertrand,
identification et traçabilité, on travaille
dessus présentement. Je vous le dis, là, mémoire après mémoire, les gens nous
reviennent, il semble y avoir là une avenue d'opportunité qu'il faut
savoir saisir. Ce n'est pas encore traduit en texte législatif, mais, si vous
demandez quelle est la volonté
ministérielle — puis je
pense qu'elle est partagée par les membres de la commission — on va regarder ça très attentivement.
La question
de liaison services santé, vous avez raison, ça se fait déjà. Moi, j'ai même
pensé, à titre de ministre sectoriel, d'envoyer une facture, à un moment
donné, à mon collègue le ministre de la Santé parce que, quand on rentre en quelque part nos inspecteurs puis qu'on
détecte un problème de beaucoup de... Généralement, ce sont des chats,
je vous dis, plus que des chiens. La
personne est âgée, ça prend une intervention du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Puis, des fois, c'est en
sens contraire également, peut-être qu'il pourrait m'envoyer la facture à ce
moment-là. Mais il y a une complémentarité ministérielle qui se doit de
fonctionner à ce niveau-là.
Régie du logement, plus complexe, plus
compliqué, et, là-dessus, j'aimerais vous entendre davantage. Pensez-vous que
notre taux d'abandon est plus élevé à cause de notre — comment
je pourrais dire ça? — société
distincte, qui fait en sorte qu'on déménage le 1er juillet, etc.? J'aimerais
vous entendre davantage sur cet aspect-là.
• (20 h 30) •
M. de Pétigny
(Bertrand) : Ce n'est pas tant le déménagement qui est le problème,
c'est le fait de... Il y a deux points. Il y
a les règlements municipaux, qui sont tellement variables d'une ville ou d'une
municipalité à l'autre que c'est
complètement fou. Et ça, c'est le plus réel, en fait, c'est cette grande
variété de règlements municipaux sur le nombre d'animaux. Et puis c'est vrai, l'intransigeance de certains
propriétaires, qu'on peut comprendre. Je pense comprendre qu'il y a une
question d'argent qui serait mis en dépôt, et tout ça, des choses comme ça,
quoi, qui pourraient faire que les propriétaires
pourraient se dire... Parce que c'est vrai, le point de vue des propriétaires
est correct aussi. Ce n'est pas simple, hein, comme chose. C'est vrai
que ce n'est pas simple.
Je ne pense
pas que ça puisse être résolu juste comme ça, mais peut-être établir une
passerelle et puis commencer... Parce
que, de toute façon, tout ça, c'est une question de changement de mentalité,
hein, c'est tout. Puis on peut comprendre un propriétaire qui est embêté
parce qu'il a eu des mauvaises expériences. Ce n'est pas simple, c'est sûr.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Dans
votre mémoire, vous nous dites qu'aux États-Unis 33 États ont instauré
la stérilisation obligatoire des animaux adoptés, achetés. Est-ce que vous avez
la liste de ces 33 États là?
Mme Tassé (Johanne) : Je vais vous
la faire parvenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Ce serait apprécié.
Mme Tassé
(Johanne) : C'est ça. Puis vous avez aussi maintenant des villes
canadiennes, Surrey en Colombie-Britannique...
Je crois, Hamilton, je ne suis plus certaine. Mais là on voit de plus en plus
que... Bien, la ville de Toronto, mon
Dieu! mon meilleur partenaire, maintenant, a obligé les animaleries de prendre
des animaux de refuges. Alors, six mois après qu'ils ont adopté cette loi-là, je me suis rendue à Toronto et
j'ai dit : Expliquez-moi l'impact que ça a eu dans votre... for Toronto Animal Services, le service animalier
de Toronto. Ils ont dit : Écoute, premièrement, on a plus de temps
à nettoyer les endroits parce que le
contrôle d'asepsie est très important. Deuxièmement, si on a des chiens qui sont
plus délinquants, on peut passer du temps
avec eux pour les rendre un peu plus — comment je pourrais dire? — respectueux.
Troisièmement, parler au public, renseigner le public, elle a dit.
Puis le moral
aussi sur leurs employés, qui n'ont pas à faire de mises à mort, parce qu'on a
bien dit : L'euthanasie lorsqu'un
animal n'aura pas de qualité de vie ou qu'il est dangereux pour la communauté.
Nous, on n'a pas de problème avec ça,
ce sont les mises à mort. Puis, pendant que je parlais avec la responsable, il
y avait un employé qui partait avec des cages à chat dans la
fourgonnette pour aller livrer des chats dans différentes animaleries avec qui
qu'il y avait des ententes. Moi, je trouve ça merveilleux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) :
Merci, ça va.
Le Président (M. Morin) : Ça
va? M. le député de Berthier.
M.
Villeneuve : Merci, M. le Président. Dans la même veine de ce
que vous venez de discuter avec M. le ministre, concernant le fait que
les animaleries doivent s'approvisionner à Toronto, je pense... Est-ce que
c'est une obligation stricte, elles doivent...
Mme Tassé (Johanne) : Oui, règlement
municipal.
M. Villeneuve : Est-ce que
c'est leur premier choix, puis, après ça, ils peuvent regarder ailleurs ou
c'est uniquement là?
Mme Tassé (Johanne) : Non.
M. Villeneuve : Uniquement
dans les...
Mme Tassé (Johanne) : Oui.
M.
Villeneuve : Parce qu'on a discuté de ce point-là tantôt. Avec
les représentants d'autres groupes, on a discuté de ce point-là, puis je
ne savais pas trop si c'était farfelu d'y penser ou pas. Mais c'est une bonne
avenue, hein, c'est ça?
Mme Tassé
(Johanne) : Non, non, non. Écoutez, ils ont des fins de semaine
d'adoption, trois jours, puis, le samedi, on m'appelle à Montréal, on dit : Tu peux-tu m'envoyer des animaux?
J'ai accès à des avions, tu peux-tu m'envoyer des animaux par avion? C'est fou. Puis, ici, on
déborde. Mais on a fait de la très bonne ouvrage. Les membres de la
CAACQ ont fait un très bon ouvrage. Juste un membre place 350 chiens. C'est sa
capacité, là, 350 chiens par année avec un taux de placement permanent de
95 %. Parce que le client, ce n'est pas vous, c'est l'animal.
Puis, en parlant de micropuces aussi, tout à
l'heure M. Bouchard parlait de la traçabilité. Les membres de la CAACQ, vous avez deux endroits où vous pouvez
mettre le nom des gardiens de l'animal. En premier lieu, c'est toujours
le nom du refuge, c'est toujours le nom du
centre d'adoption. En deuxième lieu, ça va être vous. O.K.? Ça fait que, si
vous êtes parti en vacances ou quelque chose...
Parce qu'on a, nous, une responsabilité... Parce que ces animaux-là, certains
ont été remis en confiance à nous, on a une responsabilité.
M. Villeneuve :
Concernant la traçabilité, il y a aussi tout l'aspect de perdre son animal. Des
fois, on voit dans... Il y a certains cas, moi, qui m'avaient été soumis
où, pour toutes sortes de raisons, l'animal avait été retrouvé par l'entreprise qui a le contrat avec la
municipalité, et moi, j'avais posé la question : Pourquoi vous n'y allez
pas? Vous savez qu'il y a des chiens,
là. Là, il n'avait pas sa médaille, pourquoi... Si vous l'avez trouvé à un
endroit, pourquoi vous n'y allez pas
par appel téléphonique dans un rayon de pour essayer de trouver peut-être... au
moins, faire un essai? On m'a dit : On ne fait pas ça. Mais, avec
la traçabilité, donc avec la micropuce, pour la personne qui perd son animal,
les chances de le retrouver doivent être tout à fait supérieures, là, à la
médaille ou à...
Mme
Tassé (Johanne) : Puis moi,
je ne peux pas comprendre que les contrôleurs animaliers, les fourrières
n'ont pas sur leur site Web : Perdu. O.K.? Il faut que tu appelles, puis il faut
que tu dises : Bien là, il a une plaque noire en arrière de l'oreille droite, puis ça s'adonne que lui, il
regarde, puis la plaque noire est en arrière de l'oreille gauche. En
2015, it's ridiculous.
M.
Villeneuve : En tout cas, je pourrais vous raconter une histoire
d'horreur. Je ne vous la raconterai pas, je préfère vous poser des... Parce que j'ai vécu des
histoires assez particulières avec des entreprises engagées par les
municipalités. Parlant de municipalités, tantôt vous avez dit que vous
aimeriez, les municipalités — c'est monsieur qui disait ça, je pense — qu'il y ait un plan d'action. Pouvez-vous élaborer
davantage par rapport à ça? Vous voulez dire quoi par plan d'action?
C'est quoi, les volets, etc.?
M. de Pétigny
(Bertrand) : Vous voulez qu'on fasse le plan d'action?
M. Villeneuve :
Oui.
M.
de Pétigny (Bertrand) : Oui. Oui, je peux. On en aurait un, par
exemple, c'est de la communication, en fait. C'est de la communication
avec les municipalités. Une proposition qu'on a faite, c'est de travailler avec
ces unités mobiles de stérilisation comme
ça. Celle-là, on l'a fait venir... Elle vient, donc, des États-Unis, on l'a
fait venir en 2012.
Mme Tassé
(Johanne) : Avril 2012, de New York. Ils en ont cinq sur la
route, six jours-semaine.
M.
de Pétigny (Bertrand) : Joël Bergeron , le président de l'OMVQ,
était là. Il y avait le directeur général de la SPCA de Montréal. Bon,
toutes les SPCA sont venues, hein, les 11 SPCA sont venues, ont visité.
Mme
Tassé (Johanne) : Puis la ville de Toronto est venue — je m'excuse — la ville de Toronto, elle est venue,
la responsable, puis, le mois prochain, ils vont avoir leur propre unité mobile
de stérilisation. Je m'excuse.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : ...
Mme Tassé
(Johanne) : Oui.
M.
de Pétigny (Bertrand) : Oui. On a beaucoup travaillé avec elle
sur ce projet, puisqu'en fait, ce projet, on l'a développé pour la ville de Laval, tout comme, d'ailleurs, un système
d'identification et de traçabilité qu'on a beaucoup, beaucoup avancé
avec la ville de Laval à l'époque et qu'on a maintenant terminé.
Mais,
pour en revenir à votre question, cette unité mobile de stérilisation, on la
voyait fonctionner à la manière d'Héma-Québec,
avec ses camions qui prennent contact avec les municipalités, et c'est M. le
maire qui invite pour les prises de sang. Mais là, en fait, une unité
mobile de stérilisation pourrait prendre contact avec les municipalités. Ça,
c'est l'occasion de parler avec les élus, de parler avec le directeur général,
de parler avec la secrétaire, et d'expliquer les problèmes. Les municipalités ont un problème de chats communautaires, de
chats errants, hein? Ça, il n'y en a pas une qui ne l'a pas. Si elle ne l'a pas, c'est qu'elle ne veut pas le voir. Donc,
dire : Il y a des solutions, il y a des solutions. À Prévost, dans les Laurentides, ça fait maintenant deux,
trois ans que ça fonctionne bien. Et, en parlant avec la municipalité,
déjà l'équipe de cette unité mobile de
stérilisation pourrait sensibiliser et informer. Après, il y aurait la tenue
d'une journée de stérilisation avec
le camion qui viendrait dans la municipalité. C'est le moment aussi de voir des
gens. Dans une journée, c'est une trentaine de chats qui pourraient être
stérilisés.
Ça, d'ailleurs, vous
savez, on a commencé ça en fin 2011. Fin 2011, on a demandé un rendez-vous avec
le conseil d'administration de l'OMVQ. En
janvier 2012, on a eu ce rendez-vous et on a dit : Ça, un objet comme ça,
est-ce que vous pouvez travailler avec nous?
Est-ce qu'on pourrait travailler ensemble? Et puis on a dit : On a la
ASPCA de New York qui est prête à
nous en envoyer un. Ils en ont six comme ça, ils sont prêts à nous en envoyer
un. Johanne a dû... Ce n'est pas facile, hein, de faire passer un camion
comme ça, pour passer les douanes avec ça.
Mme
Tassé (Johanne) : Oh! My God!
M.
de Pétigny (Bertrand) : Parce que ce n'est pas facile, hein,
c'est un truc médical, et tout ça. Bon, on l'a fait. Et puis, bon, ça n'a pas pu se faire, l'OMVQ a dit : Non, on
va regarder, on n'a pas de réglementation, on ne sait pas. Bon, enfin, O.K., ça n'a pas pu se faire, mais ils
sont venus voir, et c'est un outil de communication avec les
municipalités. Ça, pour nous, ça serait une étape d'un plan d'action. On peut
aller sur d'autres étapes, mais là, M. le Président ne va pas être d'accord du
tout parce que...
Mme Tassé (Johanne) :
Il ne sera pas content.
• (20 h 40) •
M.
de Pétigny (Bertrand) : Il faudrait qu'on passe beaucoup plus de
temps ensemble, mais on peut prendre un tableau noir et travailler un plan d'action. Parce que, le projet de
loi, il y a tout dedans. Maintenant, c'est juste à décliner ça avec de l'action. Et les municipalités, les MRC,
c'est véritablement les gens qui peuvent travailler, ils ont un problème
actuellement, ils ont, ils ont...
M. Villeneuve : Bien, merci
beaucoup. Je sais que le temps imparti est...
Le
Président (M. Morin) : Mme Tassé, vous avez un mot à rajouter?
Je peux vous permettre ça sur le temps de mon collègue, là, qui a du
temps encore un peu.
Mme Tassé
(Johanne) : Ah! qu'il est gentil. O.K. Moi, je veux juste parler,
là... Puis je disais à Bertrand, parce qu'on
a toujours des discussions le matin avant les réunions, puis là pas qu'on se
chicane, mais on s'obstine un peu... Puis je ne savais pas trop où le mettre dans le projet de loi n° 54, la
Nouvelle-Orléans, l'ouragan, Katrina dogs. O.K.? George Bush, en
2006, a adopté qu'est-ce qu'il appelle the Pet Evacuation and Transportation
Standards Act. You cannot leave an animal behind. Qu'est-ce qu'il dit,
c'est que l'État doit avoir des mesures d'urgence pour faire évacuer non seulement les gens, mais aussi les animaux. On a
un membre de la CAACQ qui a été aux prises avec l'Île-aux-Noix, quand il
y a eu les inondations à l'Île-aux-Noix,
aucune aide, rien. Elle ne savait même pas c'était quoi, l'inventaire sur le
territoire. Elle a communiqué avec
moi pour essayer... J'ai essayé de l'aider autant que je pouvais, mais ça
doit... En quelque part, les MRC — je ne sais si c'est des
villes ou des MRC — ils
doivent avoir... Bien, l'acronyme, c'est the PETS Act, mais il doit y avoir quelque chose pour venir en
aide... Disons, c'est sûr qu'on va parler des animaux de compagnie, mais
ça pourrait être aussi tout ça. Mais, en mai 2006, ça a été adopté, the Pet
Evacuation and Transportation Standards Act, le PETS Act.
L'autre
chose, je vais juste vous nommer des noms — puis ça, pour moi, c'est important — puis vous me direz si ça vous dit
quelque chose. Jeffrey Dahmer, est-ce que ça dit quelque chose? Albert DeSalvo?
The Boston Strangler. David Berkowitz? John
Wayne Gacy? Il avait 53 corps dans sa maison. Ted Bundy? Richard Marinez? Ça,
c'est tous des gens qui ont commis
des crimes, des meurtres en série. Est-ce qu'on pourrait peut-être avoir un
registre pour les abuseurs d'animaux?
Parce que l'étude qui a été faite en prison dit que 60 % des criminels
violents, 70 % des criminels violents ont commencé avec des
animaux. O.K.?
Le Président (M. Morin) :
Merci, Mme Tassé.
Mme Tassé (Johanne) : C'est moi qui
vous remercie.
Le
Président (M. Morin) : Ce n'est pas terminé, il me reste Mme la
députée de Mirabel. Ça m'arrive de l'oublier, mais pas sur cette
commission. Mme la députée de Mirabel.
Mme D'Amours : Pas en commission, M.
le Président.
Le Président (M. Morin) :
Non.
Mme D'Amours : Vous êtes dur envers
vous, là. Jamais, jamais vous ne m'oubliez.
Le Président (M. Morin) :
Merci, vous me faites du bien.
Mme D'Amours : Alors, bien, écoutez,
moi, je... Merci. Merci de votre mémoire. Puis je tiens à souligner la qualité de votre travail pour la commission, et
j'invite d'ailleurs le ministre, là, à porter une attention particulière, là,
sur la section Généralités que vous avez
dans votre mémoire, là, je trouve ça quand même assez complet. Je serais portée
à vous dire : Avez-vous d'autre chose qui n'a pas été dans le
mémoire, puis qu'un matin vous vous êtes obstinée avec votre collègue, puis que
vous aimeriez partager? Parce que c'est super intéressant, puis je trouve ça
enrichissant, là.
Mme Tassé
(Johanne) : Violence conjugale. Violence conjugale. Parfois, la dame
ne veut pas partir sans amener son
chat et son chien ou l'animal, des fois, va être pris en otage. Si tu quittes,
je vais tuer ton chien. Le problème, c'est que dans — comment
est-ce qu'on appelle ça? — les
hébergements pour les
Une voix : ...
Mme Tassé
(Johanne) : C'est ça. O.K.
Refusent les animaux. Et parfois les gens ne vont pas... les femmes — dans ce cas-ci, on va parler des
femmes — ne
veulent pas quitter à cause qu'elles ne peuvent pas amener l'animal avec elles.
Il devrait avoir en quelque part «something» qui va venir aider à ces dames-là
qui sont prises dans une situation critique. Parce que je le sais qu'il y avait
une dame qui avait laissé son animal, elle avait quitté la maison, puis elle était retournée pour aller chercher son chien ou
son chat, je ne me souviens plus, puis lui, il l'attendait, puis il l'a
tuée. O.K.? Ça fait que, oui, il y aurait bien d'autres... Ah oui! Ah oui! Je
peux-tu juste rajouter?
Une
voix : ...
Mme Tassé (Johanne) : O.K. Merci. Aussi, on trouve au Québec la photo
du chat... Bon, ça, c'est une photo qui a été prise sur l'autoroute 15 en direction du Mont-Tremblant, ils ont mis
un transporteur à chat sur le toit de la voiture. O.K.?
M. de Pétigny
(Bertrand) : Mais ce n'est pas une infraction.
Mme
Tassé (Johanne) : Ce n'est pas une infraction, mais peut-être il
faudrait parler au ministère des Transports. Puis aussi les chiens à l'arrière des «pickup trucks» — écoutez, là, ça fait 20 ans que je suis dans
le domaine, là, ça fait que je peux
vous en parler — ça,
c'est quelque chose qu'on voit
souvent. C'est dangereux, c'est... Même pas attaché, c'est le froid, le
chaud, c'est... Pour moi, ce n'est pas acceptable.
M.
de Pétigny (Bertrand) :
Si on peut se permettre, on va juste regarder ici. Parce que, tout à l'heure, on parlait des familles d'accueil, vous voyez. Ça, ça vient d'un
site Web et qui dit : Il est important que vous sachiez que nous ne faisons aucune reproduction et que tous ces chiots
sont déjà conçus. Et nos chiots proviennent de milieux familiaux, nous
en sommes très fiers. Et ça, c'est cette
nouvelle manière de faire, c'est que c'est dans des endroits qui passent en
dessous le radar, qui sont à cinq, six, et puis, après, c'est tout organisé de
cette manière-là, c'est différent.
Mme Tassé
(Johanne) : C'est... Excusez.
Une voix :
...
Mme
Tassé (Johanne) : Ah oui?
Merci. Ça, c'est vraiment un pipeline pour la distribution des chiens. Puis
moi, je regarde ça, j'ai fait des
photocopies, à maturité ça va être des chiens de 60 livres et plus. O.K.? Les
gens, à un moment donné,
soit le vétérinaire, nourriture, ça coûte trop cher. Nous, on reçoit un surnombre
de chiens de 60 livres et plus, on a de la difficulté à les placer. Puis autant Toronto nous aime, il dit :
Oui, on va prendre tes 60 livres et plus, mais tu peux-tu me donner du 20 livres? Puis c'est des mélanges de
races qui n'ont pas d'allure, puis on ne connaît pas les géniteurs. Vous
savez, on me félicitait pour avoir envoyé 2 000 chiens à Toronto, puis je
disais : Non, j'ai fait qu'est-ce que j'avais à faire, mais le problème — je
les ai envoyés à Toronto, c'est correct, ils vont être stérilisés, ils vont
être placés, tout ça — les
géniteurs sont encore ici qui vont en produire d'autres. Ça ne finit plus.
M. de Pétigny
(Bertrand) : L'identification permanente, c'est sûr que ça permet
d'enlever ça.
M. le ministre, j'avais une question. J'ai une question, c'est : Qu'est-ce que
veut dire le terme «analyste»? Parce que c'est : Les inspecteurs peuvent être... Si je prends le
terme... Ça vient de la P-42 déjà, hein? C'était déjà dans la P-42. On a
demandé au bureau du MAPAQ, mais ils
ont dit : Non, vu que le projet est en discussion, on ne peut pas vous le
dire. Donc, bon...
Mme Tassé
(Johanne) : Oui, oui, oui.
M. de Pétigny
(Bertrand) : On a le courriel. Donc, qu'est-ce que c'est... «Peuvent
être nommés comme inspecteurs des vétérinaires, des analystes.» On ne sait pas
ce que c'est.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ce que j'en sais — et j'ai l'immunité quand je vous parle — ce
sont les gens qui travaillent en laboratoire.
M. de Pétigny
(Bertrand) : O.K. D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Maintenant, je peux corriger, là, je vais vérifier, là,
mais, pour le moment, ce que j'en sais, c'est que c'est sur les gens qui
travaillent en laboratoire.
M.
de Pétigny (Bertrand) :
Mais ce n'est pas grave, de toute
façon. Le reste de la phrase, c'est
«ou toute autre personne». Merci.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci.
Le
Président (M. Morin) :
C'est bien. Bon, bien, Mme Johanne, M. Bertrand. Donc, on se connaît bien, là,
on a eu pas mal de plaisir à vous entendre,
et surtout l'intérêt grandissant à chaque fois que vous ouvrez la
bouche. Donc, merci beaucoup. Bonsoir et bon retour à la maison. Compte tenu
de l'heure — je
vais y réussir — j'ajourne les travaux de la...
Des voix :
...
Le Président (M.
Morin) : Non? Je n'y réussirai pas. Je suspends.
(Suspension de la séance à 20 h 48)
(Reprise à 20 h 51)
Le Président (M. Morin) :
Nous reprenons nos travaux et nous recevons le Conseil consultatif mixte de l'industrie des animaux de compagnie du Québec.
Messieurs, s'il vous plaît, vous présenter. Et vous avez normalement 10 minutes pour nous faire état de votre
mémoire, et, par la suite, il y aura
un échange avec les députés de la commission.
Conseil consultatif
mixte de l'industrie
des animaux du Québec (PIJAC)
M. McCann (Louis) : Merci, M. le
Président. M. le ministre et membres de la commission, mon nom est Louis
McCann. Je suis le président-directeur général de PIJAC Canada.
M.
Sabourin (Rénald) : Mon nom est Rénald Sabourin. Je suis directeur
général adjoint de PIJAC Canada. Merci.
M. McCann
(Louis) : Alors, le Conseil consultatif mixte de l'industrie des
animaux de compagnie — c'est un long mot, on
est mieux connus sous l'acronyme de PIJAC Canada — tient à remercier les membres de la
commission pour l'opportunité qui nous est offerte de commenter sur le
projet de loi n° 54, la Loi visant l'amélioration de la situation
juridique de l'animal.
PIJAC Canada
est partenaire depuis 1991 avec le gouvernement du Québec dans le dossier de la
protection animale, et nous sommes
reconnaissants des efforts faits par le gouvernement du Québec en matière de
sécurité et bien-être animal, spécialement
au cours des dernières années. Nous considérons ce projet de loi comme la
prochaine étape d'un engagement sincère de la province envers le bien-être
animal au Québec.
Le bien-être
animal, c'est l'affaire de tous. Nous y croyons tellement que c'est maintenant
un dicton ou un slogan dans notre
association qui est utilisé à toutes sauces. En tant qu'association qui
supporte les entreprises de l'industrie des animaux de compagnie, il peut y avoir une fausse idée que nous n'avons
pas l'intérêt du bien-être animal en tête et que celui-ci serait seulement retrouvé dans les secteurs des refuges ou des
sociétés protectrices des animaux. En réalité, le bien-être animal est au coeur de nos efforts en
tant qu'organisation. Nous croyons vraiment que le bien-être animal,
c'est l'affaire de tous, des professionnels, des médias, des gouvernements et
du public.
PIJAC Canada est un intervenant actif au sein
d'un réseau international d'associations. Donc, on n'est pas seulement
impliqués au Canada, on est impliqués à travers le monde et on est aussi un
porte-parole solide et constant de
l'industrie des animaux de compagnie au Canada depuis 1988. La mission de PIJAC
Canada est d'assurer le leadership et
la communication entre tous les secteurs de l'industrie au moyen de ressources,
de formation et de représentations afin de promouvoir le plus haut niveau de soins aux animaux de compagnie. Nous
voulons être le leader dans l'avancement et le développement d'une
industrie des animaux de compagnie dynamique, travaillant ensemble pour le
bien-être des animaux et de leurs familles.
Association à
but non lucratif, PIJAC Canada parle au nom de l'industrie des animaux de compagnie
et offre à ses membres une source
crédible d'information et d'éducation. Nous nous efforçons de représenter et de
promouvoir tous les secteurs de
l'industrie des animaux de compagnie, et, au Québec, nous comptons présentement
plus de 150 entreprises membres.
Notre association n'est pas étrangère à ce genre
de consultation, ayant participé aux discussions qui ont aidé au développement et à la mise en application de
lois similaires au Nouveau-Brunswick et au Manitoba. Mais, au Québec plus particulièrement, on s'implique dans le
dossier de la sécurité et du bien-être depuis près de 25 ans. En voici
quelques faits saillants : participation à la première commission portant
sur la protection animale au Québec en 1991; on a été nommés membres fondateurs
d'ANIMA-Québec et on a siégé sur le conseil d'administration de 2002 à
2009 ; et, finalement, la présentation d'un mémoire devant la commission
chargée de la consultation publique envers le projet de loi n° 51, la loi
visant des modifications à la Loi sur la protection sanitaire des animaux.
Voici
quelques commentaires sur le projet de loi n° 54. Dans la partie I, les
modifications au Code civil du Québec, PIJAC Canada appuie la
modification au Code civil du Québec proposée par le biais de l'article 898.1
reconnaissant la nature sensible de
l'animal. Nous partageons l'avis de plusieurs que la garde responsable d'un
animal de compagnie doit inclure la capacité à subvenir à son bien-être
et à sa sécurité.
Pour ce qui
est du statut juridique de l'animal, les animaux ne sont pas un bien. C'est la
pierre angulaire de ce projet de loi,
et PIJAC Canada appuie cette orientation. Cependant, à la lecture de ce texte,
nous comprenons qu'au sens du Code civil
du Québec l'animal n'est pas un bien, mais qu'il sera quand même régi par les
dispositions de ce code applicables aux biens. Nous sommes d'avis que
cette interprétation porte à confusion et laisse libre champ à
l'interprétation. Nous tenons à exprimer le
besoin pour le gouvernement de préciser ses propos. Nous croyons fortement que
ces précisions soient apportées par le gouvernement et que celles-ci
soient communiquées à la population le plus rapidement possible.
L'objet et le champ d'application. Cette partie
nous apparaît comme un complément logique aux différents changements apportés à la section IV.1.1 de la Loi
sur la protection sanitaire des animaux au cours des dernières années
À l'article
1, la définition de l'animal de compagnie, nous sommes d'accord avec l'approche
visant à inclure un plus grand nombre d'espèces. Bien que nous
comprenions que les animaux exotiques soient déjà tous protégés par la Loi sur la conservation et mise en valeur de la faune
et ses règlements — et on
sait que ceux-ci font présentement l'objet de révisions — nous sommes heureux de constater que, dans le projet de loi n° 54, la définition
d'«animaux de compagnie», parlant
d'animaux sauvages, inclue les espèces exotiques. Ceci vise à permettre, selon
nous, à un inspecteur du MAPAQ de pouvoir
appliquer la réglementation issue de la Faune s'il constate une infraction dans
le cadre de ses fonctions. Cette façon de faire permettra de maximiser le pouvoir
d'inspection, puisque les agents de protection de la faune et les
inspecteurs du MAPAQ pourront tous deux
émettre une infraction lorsque les normes pour les animaux de compagnie
exotiques ne seront pas respectées, même si cette réglementation
demeurera sous la responsabilité du ministère de la Faune.
L'article
3 : «Le gouvernement peut, par règlement, aux conditions et modalités
qu'il fixe, le cas échéant, exempter de
l'application de tout ou partie de la présente loi ou de ses règlements [...]
un type d'activités ou d'établissements [...] qu'il détermine.» Nous
avons exprimé notre désaccord avec cette section dans le projet de loi
n° 51, nous nous permettons de
l'exprimer encore. Nous sommes en désaccord avec cet article, qui permet au
gouvernement d'exempter certains types d'activités
ou d'établissements. Nous croyons fortement que ces nouvelles dispositions
devraient s'appliquer à tous les différents
types d'établissements ayant à leur charge des animaux de compagnie. Après
tout, la sécurité et le bien-être animal nous concernent tous.
L'article portant sur la reconnaissance des
codes de pratiques, ça va aller dans le sens des discussions qui ont survenu
après le commentaire de M. Bouchard, nous pensons que le libellé de ce
paragraphe devrait être modifié de manière à
maintenir une ouverture envers la possible reconnaissance de codes de pratiques
provenant d'autres sources réputées. Ce même commentaire s'applique
aussi au troisième alinéa de l'article 63, le chapitre VII, les dispositions
réglementaires.
Pour le chapitre III, la question des permis,
PIJAC Canada réitère son appui envers cette approche. L'objectif derrière l'émission d'un permis est de mettre en
place une force de traçabilité qui permettra d'obtenir un nombre d'intervenants opérant au Québec par le biais de
données fiables. Ça fait depuis 2005 qu'on fait des inspections, ça fait
depuis 2012 que les gens demandaient des
permis. On doit avoir des chiffres et des données statistiques qui nous
donnent une représentation des établissements sur la province.
On devra, par
contre, tenir compte de l'ajout de certaines catégories de permis sur la charge
de travail des personnes chargées
d'en faire l'émission. Il faudra s'assurer que les délais pour émettre ces
permis soient respectés afin de rencontrer les échéanciers énumérés dans la loi. La raison pourquoi je mentionne
ça, c'est qu'on a nos gens qui ont appliqué pour des permis, qui ont appliqué selon les normes, dans la
période prescrite par la loi, et qui n'ont pas encore reçu leur permis,
que c'est passé dû, ils reçoivent une lettre. Mais, si c'est comme ça avec les
permis qui doivent être émis présentement, s'il y a d'autres permis qui sont
ajoutés, ça va créer une autre charge de travail.
• (21 heures) •
L'article 20,
les permis pour animalerie. Notre association ainsi que nos membres
détaillants, donc les animaleries, ne
sont pas opposés à l'imposition d'un permis pour opérer leur commerce.
Cependant, ils considèrent que cette notion de permis devrait
s'appliquer aux opérations faisant usage des annonces classées dans les
journaux et sur l'Internet. Vous l'avez
mentionné plus tôt en commission. Cela ferait beaucoup pour identifier les
commerces non légitimes qui n'ont pas
d'adresse fixe, ne rencontrent pas les critères visant à assurer la sécurité et
le bien-être des animaux sous leur charge, ne déclarent pas leurs
revenus, ne paient pas de taxes. Vous voyez le portrait.
Après tout,
il est largement reconnu que les animaleries ne contribuent qu'à un très faible
pourcentage de chiens et de chats au marché des animaux de compagnie. Je suis certain que, dans
les autres présentations, on vous a
fait part de la récente étude qui identifie à 4 % le nombre de
chiens et à 6 % le nombre de chats qui sont issus d'animaleries. Il faut donc se poser la question suivante : Quel
pourcentage du 90 % restant représente la source provenant de ces
commerces non légitimes, et comment pouvons-nous les rejoindre?
L'article 23 : «Le titulaire d'un permis
d'animalerie doit indiquer dans toute forme de publicité qu'il fait, [le] nom, [l']adresse de commerce[...], son numéro de
permis et la mention "titulaire d'un permis délivré en vertu de la
Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal".»
Notre association se réjouit de l'inclusion de
ce nouveau critère. Nous en avions fait la suggestion, d'ailleurs, lors de la présentation de notre mémoire
en mai 2012 sur le projet de loi n° 51. Cependant, on peut se poser la question
suivante : Pourquoi ne pas appliquer ce critère à tous les différents
types d'établissements faisant l'objet de permis? D'ailleurs, la même question
mérite d'être posée pour les articles 21 et 22, à bien y penser. Doit-on
comprendre que les autres types d'établissements offrant des animaux de
compagnie en vente ou en adoption peuvent en offrir un à une personne âgée de
moins de 14 ans? Nous espérons que non.
Imaginez si
les sites d'annonces classées et les sites de vente, d'adoption en ligne
devaient exiger de tous les types d'établissements qui font appel à
leurs services le critère imposé aux animaleries selon l'article 23.
Qu'arriverait-il? On assisterait à une
traçabilité accrue ainsi qu'une visibilité accrue du travail effectué par le gouvernement. Il ne faut pas se le cacher,
le gouvernement fait des pieds et des mains pour améliorer la
condition. Alors, un petit peu de visibilité pour le gouvernement, ça ne ferait pas de tort, puis les actions qu'il fait. Et
qu'arriverait-il? Comment est-ce
qu'on peut mettre ça en place? Ça existe déjà dans la province du
Nouveau-Brunswick.
La question
des inspections et des enquêtes. Il est entendu que des mesures doivent être
prises par le gouvernement afin que
les inspecteurs et les enquêteurs nommés par le ministre s'acquittent de leurs
tâches et de leurs pouvoirs avec discernement.
Il est impératif que le gouvernement encadre ses inspecteurs et ses enquêteurs
afin d'éviter toute apparence de conflit d'intérêts. Vous savez, quand
vous êtes un opérateur de commerce qui est légal au sens de la loi et que vous
recevez la visite d'un inspecteur, puis la première chose qu'il dit, c'est...
il ne se présente pas, premièrement, puis la deuxième chose qu'il dit,
c'est : Je m'en viens ici pour te fermer, ça ne crée pas un bon climat de
coopération.
Il est tout
aussi important que le gouvernement investisse dans la formation, spécialement
avec l'ajout d'espèces moins traditionnelles à la loi. PIJAC Canada,
dans notre mémoire, à l'annexe V, vous avez un exemple d'un programme de formation qui a été utilisé par des
agents d'application de la loi partout à travers le Canada. Je suis
certain qu'avec... s'il y a de l'intérêt de
la part du gouvernement, qu'on pourrait rendre ça disponible à très peu de
frais parce que l'orientation de mon conseil d'administration et une des
structures de notre fondation, c'est l'éducation, et c'est très important. L'important, ce n'est pas de faire un profit,
mais de sortir cette information-là sur les soins et la garde au plus de gens
possible.
Je vais
terminer en faisant une couple de commentaires au-delà du projet de loi
n° 54, puis c'est très pertinent sur les discussions qui ont eu
lieu avec mes collègues avant moi. Il nous apparaît important de commenter sur
le besoin de développer une stratégie de
communication à l'endroit du grand public afin de les sensibiliser à la notion
de sécurité et de bien-être animal.
Notre association est d'avis que l'application de ces nouvelles mesures
législatives aidera certainement à changer certains comportements, comme
nous l'avons observé avec les changements apportés en 2012.
Cependant,
nous pourrions obtenir de plus grands résultats en ajoutant à cette approche
une série de messages éducatifs visant à informer et à responsabiliser
les propriétaires d'animaux de compagnie. On peut imaginer pour une seconde une approche concertée de la part des
différents intervenants dans notre industrie livrant un message unique
sur différents sujets d'intérêt commun
comme, par exemple, la stérilisation, la garde responsable, le civisme,
l'identification, etc. Un message commun pour chacun de ces thèmes
distribué à travers tous les différents types d'établissements ayant rapport
aux animaux de compagnie.
Comment y arriver? Cela prendra de la
collaboration et de l'argent. Exemple d'argent. On parle souvent de
l'identification par micropuce. Pourquoi ne pas faire un enregistrement
obligatoire avec un montant perçu sur chaque vente
retourné dans un fonds qui servira à développer et disséminer ces messages éducatifs?
Ça ne se fait pas? C'est en place en Nouvelle-Zélande depuis
10 ans.
Chose
certaine, nous sommes convaincus que l'amélioration de la sécurité et du
bien-être animal au Québec ne peut se faire que par l'arme
législative. On doit y greffer une approche d'éducation et de sensibilisation
qui vise la population en général.
PIJAC Canada
demeure prêt à collaborer avec les différents intervenants du milieu et le gouvernement du Québec au développement de tels messages et stratégies de communication. Nous tenons à remercier les membres de la
commission pour nous avoir offert cette
opportunité à présenter notre mémoire. Nous voyons dans le projet de loi
n° 54 un pas en avant significatif vers l'amélioration de la
sécurité et du bien-être animal au Québec. Et nous nous sommes permis de faire quelques recommandations au projet de loi
n° 54 qui, nous croyons, aideront à en améliorer son efficacité et
l'étendue de sa portée, et nous sommes
disposés à offrir notre expertise sur tout dossier touchant les animaux de
compagnie au Québec. M. le Président, je vous remercie.
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup. Juste simplement pour
vous sensibiliser que, là, on étudie un projet de loi qui fait
consensus. Là, vous avez pris quatre minutes de plus que le 10 minutes, et, en
temps normal, j'aurais dû vous arrêter. Mais
je ne peux pas faire ça parce que, là, tout le monde veut vous entendre, vous
nous apportez vraiment des... Mais
normalement, après 10 minutes, la période de questions fait que peut-être qu'on
va chercher vos éléments. Mais simplement pour... Si jamais vous revenez
puis que le président vous coupe, c'est parce que peut-être c'est un meilleur
président...
M. McCann (Louis) : J'apprécie, M.
le Président.
Le Président (M. Morin) : Et
je laisse le ministre jaser avec vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
non, il n'y en n'aura pas de meilleur, je peux vous assurer. Je vais commencer par... je veux vous remercier de la
contribution que vous avez faite. Membre fondateur d'ANIMA Québec, ça veut dire beaucoup. Puis que vous ayez participé
aux travaux du groupe Kelley, ça veut dire beaucoup également. On ne réinvente pas la roue, là, il y a des gens qui
étaient là avant nous, puis on continue à bâtir sur ce qui était correct,
corriger les éléments qui n'ont pas répondu aux attentes, puis on va un petit
peu plus loin. Puis, quand on dit : On va un petit peu plus loin — et je veux revenir là-dessus — vous nous dites : On est contents que
vous reconnaissiez la nature sensible de l'animal. Mais, par la suite, vous nous dites : Les animaux ne sont
pas des biens, mais ils sont quand même régis par des dispositions de ce code applicables aux biens.
Cette interprétation porte à confusion et laisse libre champ à
l'interprétation.
Moi, je veux juste qu'on clarifie ça, là, parce
qu'on a travaillé sérieusement avec des équipes juridiques, aguerries, expérimentées, le ministère de la
Justice, des avocats externes, etc., et ce que le projet de loi dit, c'est que
les animaux ne sont pas des biens et sont des êtres doués de sensibilité, et
ils ont des impératifs biologiques. C'est une affirmation
législative qui, si elle est adoptée, là, va prévaloir. On ajoute : «Outre
les dispositions des lois particulières qui les protègent — donc, toutes les lois qui protègent les animaux — les dispositions du présent code relatives
aux biens leur sont néanmoins applicables.» Ça veut dire qu'il y a quand
même de la transaction qui peut se faire, etc., mais on ne transige plus des biens meubles, là, on transige
des animaux, des êtres sensibles qui ont des impératifs biologiques. Je
veux que ça soit clair dans votre esprit parce que, sinon, on manque la cible,
là.
M. McCann
(Louis) : Donc, je comprends votre point. Je comprends mieux
maintenant. Je vous remercie de la précision, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
Une voix : ...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Pardon?
M. Villeneuve : Me
permettez-vous juste d'intervenir quelques instants.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui,
oui, oui.
M. Villeneuve : Parce que
vous soulevez le point, puis, effectivement, il a été soulevé par plusieurs
autres représentants d'organismes. L'UPA
suggérait de dire, au lieu de «outre», «malgré». Et on a une proposition aussi
des gens qui sont passés juste avant eux, là, dans leur mémoire. Je dis
ça comme ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Non,
mais le «outre», «malgré», on n'est pas fermés à ça, là, on n'est pas hermétiques
à des modifications qui peuvent aider la clarification, mais il ne faut pas que
les gens pensent, puis c'est important, ce
qu'ils nous disent comme message dans... dans l'opinion publique, il ne faut
pas que les gens pensent que ça continue à être un bien, là. C'est fini
ça, cette époque-là, là, c'est... Si le projet de loi est adopté,
naturellement, je ne peux pas présumer de son adoption.
Le
Président (M. Morin) : Voilà pourquoi ce n'est pas une
commission ordinaire, là. Que l'opposition demande au ministre
d'intervenir durant son temps de parole, c'est anormal, mais c'est pour le
bien-être des animaux et pour notre bien-être.
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Vous
mentionnez à l'article 20 : Permis pour animalerie. Nos membres ne
sont pas opposés à l'imposition d'un tel
permis. Cependant, ils considèrent que cette notion de permis devrait
s'appliquer aux opérations faisant usage des annonces classées dans les
journaux et sur Internet.
C'est majeur,
là, comme intervention. Je vous ai entendu, avez-vous quelque chose à ajouter
sur cet aspect-là?
• (21 h 10) •
M. McCann
(Louis) : Bien, tout simplement que, écoutez, depuis peut-être les 10
dernières années, le pourcentage de
ventes d'animaux en animalerie, principalement des chiens et des chats, est en
baisse constante. Par contre, il y a une demande, et le nombre de propriétaires d'animaux est relativement stable
au Canada. Alors, il faut qu'ils
s'approvisionnent de quelque endroit que ce soit, et on a vu une augmentation — et ça
a été noté par plusieurs des intervenants, je suis certain — dans
les sites d'annonces classées Internet, les annonces classées dans les
journaux, des gens qui s'improvisent... En fait, si je peux aller un
petit peu plus loin, vous savez, pour
une animalerie qui fait bien les choses, ce n'est pas profitable de vendre un chien. Puis je ne vous peins pas un
portrait tout blanc, là, il y a certaines animaleries que ça valait la
peine qu'elles arrêtent de vendre des
chiens, absolument. Mais il
y en a d'autres qui offraient de bons
services, tout simplement, ne peuvent plus compétitionner avec les
ventes Internet sur le prix de l'animal parce qu'eux, ils offrent des
garanties, eux, ils offrent un examen vétérinaire, eux, ils offrent des
services après-ventes. Et c'est malheureux, mais c'est ça qui prend le dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ce
n'est pas facile à réglementer, par exemple. Regardez, là...
M. McCann (Louis) : Non. Mais, par
contre, si vous me permettez, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Oui.
M. McCann (Louis) : ...au Nouveau-Brunswick,
les inspecteurs de la SPCA du Nouveau-Brunswick, la SPCA provinciale — puis
je ne vous dis pas à tous les jours, mais c'est eux qui sont chargés
d'appliquer la loi — ils
prennent les annonces classées, ah! chiens à
vendre, appellent, vont voir. Il y a une règle d'une prise. C'est-à-dire si
c'est la chienne de la famille, elle a eu
une portée, O.K., vous pouvez les vendre, vous n'avez pas besoin d'avoir de
permis. Mais, si on vous reprend, vous êtes en infraction, vous n'avez
pas de permis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : O.K.
Ça va, je comprends. Je comprends l'approche éducative et, parfois, coercitive
un peu s'il le faut.
«Inspection et enquête. [...]Il est impératif
que le gouvernement encadre ses inspecteurs et enquêteurs afin d'éviter toute
apparence de conflit d'intérêts.» Avez-vous des exemples, là?
M. McCann (Louis) : Absolument.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : Ah
oui?
M.
McCann (Louis) : Quand vous
avez une association qui a la charge d'inspecter les animaleries puis qui a une position
claire sur son site Web qui est contre les animaleries, je ne peux pas vous
dire que ce n'est pas plus un conflit d'intérêts que ça, là. L'exemple
que je vous ai mentionné dans un élevage qui s'est fait visiter... Puis c'est
un élevage qui n'est visité pas régulièrement, parce que ça implique qu'il est en problème, qui est visité
de façon normale, qui n'a eu aucun constat d'infraction dans ses dernières
inspections. Bien, une des premières fois que la personne est venue
inspecter sa place, elle a dit : Je m'en viens ici pour te fermer parce
qu'elle, dans sa philosophie ou dans la philosophie de son organisme, elle est contre ce type d'opération.
C'est pour ça que c'est tellement important que les inspecteurs soient
nommés par le ministre. Alors, c'est tout simplement réitérer le sentiment
d'inquiétude. Je ne sais pas s'il y a quelque chose de plus à faire, mais,
quand on en est conscient, on est plus prudent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) : On est ici pour ça. Si on se parle des vraies
affaires, comme on dit, on va avoir des vraies solutions. Merci.
Le Président (M.
Morin) : Ça va? M. le député de Berthier.
M. Villeneuve :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs... bonsoir, plutôt, excusez.
Une voix :
Bonsoir.
M.
Villeneuve : Bonsoir.
D'abord, tantôt, j'essayais de le reformuler, puis... Il y avait
un représentant tantôt avant vous, j'essayais de le formuler comme il faut, mais je pense que vous
l'avez bien formulé à la page 7 de votre mémoire, l'article
4, au niveau des codes de pratiques, quand vous dites, là : «Nous pensons
que le libellé de ce paragraphe
devrait être modifié de manière à maintenir une ouverture envers la possible reconnaissance de codes de
pratiques provenant d'autres sources réputées.» Drôlement bien dit. En
tout cas, si je l'avais dit comme ça aussi tantôt... Peut-être que j'avais
l'air confus quand j'essayais de lui expliquer ce que je voulais dire, mais là
vous le dites très bien. Je pense que c'est une remarque qui est drôlement
pertinente, et on verra avec le ministre... Puis je pense qu'ils sont déjà à
regarder cela parce qu'effectivement vous
avez une expertise, les gens ont de l'expertise, mais souvent ils mettent leurs
connaissances en commun avec d'autres
groupes et ils arrivent à mettre en place un code de pratiques qui n'est pas
nécessairement approuvé par le code
national, là, mais qui a toute sa pertinence. Et, dans ce cas-ci, je pense que
vous apportez un élément fort intéressant.
Je veux parler du
conflit d'intérêts. Est-ce qu'on pourrait penser qu'il y aurait un autre type,
un autre genre de conflit d'intérêts? Parce
que, là, vous donnez celui-là, où il y aurait un organisme qui serait nommé par
le ministre et qui aurait déclaré de
façon très claire que lui était contre les animaleries, et il aurait le travail
d'inspection. Alors, on comprend qu'effectivement...
Mais est-ce qu'on ne peut pas penser aussi qu'un organisme qui n'est pas
nécessairement un OSBL, qui, déjà, a
des intérêts dans la vente d'animaux ou dans la vente d'articles d'animaux,
est-ce qu'on ne peut pas penser que cet organisme-là serait en conflit
d'intérêts, ne serait-ce que d'aller inspecter un compétiteur ou...
M. McCann
(Louis) : Absolument. Absolument.
M.
Villeneuve : Ça peut
arriver, hein? Ça pourrait arriver de la façon dont on le voit présentement. On
comprend qu'il y aura discernement, mais est-ce qu'on doit le préciser de façon
claire dans le projet de loi?
M.
McCann (Louis) : Ce n'est pas
moi, le juriste, je ne saurais pas comment vous le dire, mais ça serait probablement
une très bonne idée. C'est vraiment très important. C'est vraiment très
important parce que... Et je ne veux pas
offenser personne ici. Ça fait 39 ans que je suis dans le domaine. J'ai passé
les 13 premières années à la SPCA de Montréal, où j'étais directeur
aux enquêtes quand j'ai quitté, donc j'ai la SPCA tatouée sur le coeur. Mais,
quand on parle de vente ou
d'adoption, à un moment donné on se rejoint, on est là pour fournir un animal
de compagnie, offrir un animal de compagnie.
Alors, si moi, j'en offre, puis mon compétiteur en offre, mais moi, j'ai le
pouvoir d'inspecter mon compétiteur, vous voyez la problématique.
M.
Villeneuve : Peut-être une dernière question. Vous semblez
assimiler dans votre mémoire — puis vous me corrigerez si je me
trompe, là — les
animaux exotiques qui sont utilisés comme animaux de compagnie aux animaux
sauvages. Donc, ils tomberaient sous le registre ou sous le chapeau, le
parapluie de la faune.
M. McCann
(Louis) : Oui.
M. Villeneuve :
Il y a des représentants d'organismes qui sont venus nous dire que les AAC, les
autres animaux de compagnie... Ils donnaient l'exemple du chien, qui, depuis
40 000 ans — je
pense que c'était le chiffre, là — a été domestiqué par l'homme, mais il y a
d'autres animaux qui sont appelés exotiques, mais qui sont, par
ailleurs, depuis trois, quatre générations... Il y a un degré, là, il y a une
échelle de domestication qui se fait, là, et ils sont pratiquement tous à un
degré divers dans cette échelle-là. Donc, ils ne tomberaient pas
nécessairement, là, sous la loi, là. Vous voyez ça comment? Est-ce que je suis
assez clair dans ma question?
M.
McCann (Louis) : Oui, c'est clair dans votre question. Moi, de la
façon que je le comprends, c'est qu'ils sont couverts dans la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, le règlement sur la garde d'animaux en captivité. Ils vont être sujets à des critères. Si je me fie aux
consultations auxquelles j'ai participé avec les gens, ils sont déjà
sujets à des critères. Pas à crier
par-dessus les toits, là, on s'entend, mais il va y avoir des ajouts à des
critères en ce qui a trait à la sécurité
et le bien-être, et, à ce moment-là, ils vont... Le fait aussi que les
inspecteurs du MAPAQ vont pouvoir avoir le droit d'appliquer cette
réglementation-là...
M. Villeneuve :
Pour être certain qu'ils tomberaient sous le coup de cette future loi là, ils
proposaient, à l'article 8, qui se lit comme
suit : «Le propriétaire ou la personne ayant la garde d'un chat, d'un
chien, d'un équidé ou d'un autre animal déterminé
par règlement doit fournir à l'animal la stimulation»... Eux autres, ce qu'ils
disaient, c'est : Mettez le mot
«animal». Donc : «Le propriétaire ou la personne ayant la garde d'un
chat...» Pas d'un chat, je tombe dans le piège. Le propriétaire ou la personne ayant la garde d'un animal, donc,
doit fournir à l'animal la stimulation et la socialisation.
Puis je pense que ça
a plein de bon sens, ce qu'ils nous disaient, dans le fond. La domestication
est à divers degrés selon l'espèce d'animal
qu'on a adopté chez nous, qu'on a dans nos maisons. Ce n'est pas nécessairement
un chien, un chat ou, sur une ferme, un cheval, là, mais c'est plus
large que ça encore.
M.
McCann (Louis) : Absolument. C'est un indicatif de notre société,
notre génération. Vous savez, aujourd'hui, où c'est de plus en plus difficile de marcher son chien dans une ville,
on n'a pas besoin d'amener son serpent en laisse pendant une heure dans le parc. Et vous savez que, la majorité de ces
animaux-là, leur garde en captivité remonte à très loin, certains dans le temps des Égyptiens. Alors,
c'est tout simplement une différente catégorie d'animal de compagnie.
M. Villeneuve :
Et je termine. Vous en avez parlé avec M. le ministre, mais, effectivement,
tous les achats en ligne, c'est
des millions, des centaines de millions qui échappent présentement en
taxes au gouvernement par les achats en
ligne. Si c'était facile, ce serait réglé depuis longtemps, là. Je comprends
qu'il y a sûrement des grosses discussions au Trésor puis au ministre des Finances pour tenter, justement, là, de
trouver une solution dans ça. Alors, ne pensez-vous pas qu'avant d'exiger un permis aux animaleries...
qu'à ce moment-là ça deviendrait un peu déloyal comme compétition par
rapport à ce qui se fait en ligne? Ne pensez-vous pas qu'il doit y avoir un
délai ou... Je ne le sais pas.
• (21 h 20) •
M.
McCann (Louis) : Bien, écoutez, moi, je vais répondre en vous disant
que je le pensais quand j'ai dit qu'on était
d'accord avec le concept de permis. Il ne faut pas se le cacher qu'avec les
changements qui sont arrivés en 2012 c'est les animaleries qui étaient
restées à l'extérieur, qui n'avaient pas de permis. Il y a des permis pour des
refuges, il y a des permis pour des services animaliers, il y a des permis...
Bon. À ce moment-là, donc, je ne vois pas de problème, c'est juste que je
voudrais que ça s'applique à tout le monde.
Et, si je peux
enchaîner sur votre exemple de traçabilité, je sais que le site Web Kijiji
fait exactement ça au Nouveau-Brunswick. C'est-à-dire que, si quelqu'un veut
annoncer un chien à vendre sur Kijiji, il doit donner son numéro de
permis.
M.
Villeneuve : Oui. Ça
viendrait, d'une certaine façon, là... Évidemment, il
faut comprendre que ce n'est
pas un morceau de linge qu'on va retourner après qu'on achète, là. Alors, c'est
drôlement important de s'assurer de...
M.
McCann (Louis) : Mais, vous
savez, on parle de traçabilité, ce n'est pas juste une identification de l'animal, mais c'est de le ramener à sa source.
M. Villeneuve :
Oui, je comprends.
M.
McCann (Louis) : S'il y a
un problème, comme M. Bouchard l'a si bien dit, un problème
de génétique, à ce moment-là
c'est important de savoir d'où l'animal provient.
M.
Villeneuve : Bien, merci beaucoup. Ça a le mérite d'être très clair, autant au niveau du mémoire qu'au niveau des
réponses que vous nous donnez. Merci.
Le Président (M.
Morin) : Mme la députée de Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci. Bonsoir,
messieurs. Vous dites que, bon, comme la dernière intervention que vous
venez de dire, quand l'animal a un problème avec ses hanches, qu'on va être
capables de retrouver le... bien, en fait, pas le propriétaire, mais celui qui
a vendu le chien. Quand il y a une maltraitance du chien, est-ce qu'on va
attribuer cette responsabilité à l'éleveur
parce que, là, c'est le seul qu'on est capable de retracer? Parce qu'on parle de
bien-être animal, là, si on a juste
le... est-ce que ce serait facile de retrouver à qui il l'a vendu? Ensuite,
celui qui l'a vendu, est-ce qu'il l'a acheté? Et il l'a revendu ou il
l'a donné? Vous comprenez ce que je veux dire? Est-ce que la...
M.
McCann (Louis) : Oui, absolument. De mémoire, dans la loi, déjà il y a
l'obligation de maintenir des registres avec ces informations que vous
mentionnez. La réponse à votre question directe, c'est non, on viserait le
propriétaire ou le gardien, donc le propriétaire
de l'animal, s'il y a un cas de maltraitance. On n'irait pas jusqu'à l'éleveur
pour aller chercher une sanction. On irait peut-être jusqu'à l'éleveur
pour essayer d'identifier et retrouver le propriétaire.
Mme
D'Amours : Vous êtes revenu avec le statut juridique de l'animal, là,
puis, depuis le début, il y a comme un questionnement, là, à savoir si
l'article a un réel statut pour l'animal ou si c'est artifice, là, on a de la
misère à mettre le point là-dessus. Vous
disiez tout à l'heure, après que le ministre vous en ait fait part, du travail
qui avait été fait par les juristes,
et qu'ils en étaient arrivés à cette phrase-là, vous avez dit : Ah!
maintenant, je comprends. Mais les gens n'auront pas la chance de
toujours nous entendre ou de rencontrer le ministre...
M. Paradis
(Brome-Missisquoi) : Il est disponible.
Mme
D'Amours : Il est disponible. Ah! c'est fun. Ils n'auront pas toujours
la chance de rencontrer le ministre, de
discuter avec lui pendant, 15, 20, 30 minutes pour avoir une explication.
Est-ce que vous avez, quand vous avez lu ce libellé-là... est-ce que
vous avez des précisions que vous auriez aimé qu'on apporte à ce libellé-là?
M. McCann
(Louis) : Malheureusement, je ne suis pas juriste, je ne prétendrai
pas être juriste, je ne serais pas capable de vous faire les précisions,
mais je pense qu'il y a matière à un éclaircissement. Ou peut-être un exemple, c'est dans le règlement sur la sécurité et le bien-être
des chiens et des chats. Je sais que, quand le gouvernement a sorti le
règlement, il y avait un feuillet d'éducation sur le site. Alors, peut-être en
utilisant ce même principe là. Et ça revient à
ce que je vous disais, vous savez, les animaleries, pendant longtemps, c'était
un mot à quatre lettres, là, tu sais, c'était blasphème. Mais il ne faut
pas oublier que ces gens-là rejoignent le plus grand nombre de propriétaires ou
de gens concernés par les animaux de tous les autres groupes. Il y a beaucoup
plus de gens dans une année qui vont dans une animalerie qu'ils vont chez un
vétérinaire. Alors, si on a un message comme ça, moi, M. le ministre, je vous
fais la promesse que nous, on va le disséminer à nos gens, puis ils vont être
contents de transporter cette information-là.
Mme D'Amours : Merci, monsieur.
Le
Président (M. Morin) : Bon. Merci, Mme la députée de Mirabel.
M. McCann et M. Sabourin, merci, encore une fois, de votre présence à
cette commission. Donc, bon retour à la maison.
Et là, compte
tenu de l'heure, j'ajourne les travaux de la commission à demain le mercredi 23
septembre 2015, à 15 heures.
(Fin de la séance à 21 h 25)