(Neuf heures trente minutes)
Le
Président (M. Morin)
: Bonjour. Bon matin, tout le monde. Comme
je viens de constater le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte. Et, comme à l'habitude, messieurs,
mesdames, assurez-vous que votre téléphone cellulaire est à un son qu'on
n'entend pas.
La commission
est réunie afin de poursuivre les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 55, Loi sur les mesures de
transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Hardy (Saint-François) est remplacé
par M. Boucher (Ungava); M. Leclair
(Beauharnois), par M. Drainville (Marie-Victorin); M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), par Mme Roy (Arthabaska).
Le
Président (M. Morin)
: Merci, chère madame. Ce matin, nous
entendons les représentants du Vérificateur général du Québec, du Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) et de
l'Association de l'exploration minière du Québec.
Auditions (suite)
Maintenant,
je demande à Mme Leclerc de nous présenter les personnes qui vous accompagnent,
et nous sommes tout ouïe à vous écouter pour votre présentation. Vous
avez 10 minutes.
Vérificateur général
Mme
Leclerc (Guylaine) : Merci.
M. le Président, M. le ministre délégué aux Mines, Mmes, MM. les membres
de la commission, je vous remercie de votre invitation
et je participe avec intérêt aux consultations concernant le projet de
loi n° 55.
Tout d'abord,
permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent : Jean
Cinq-Mars, Commissaire au
développement durable; Mme Marie-Claude Ouimet, directrice principale; M.
Pierre Morissette, conseiller juridique; et Mme Lucie Roy, directrice du
cabinet et des communications.
Comme vous le
savez, il n'est pas dans les fonctions habituelles du Vérificateur général de
commenter un projet de loi. Toutefois,
c'est avec grand plaisir que je collabore aux travaux de la commission, qui ont
pour but de mettre en place des
mesures de transparence dans les industries minière, pétrolière et gazière. Le
projet de loi a notamment pour but de
décourager et de détecter la corruption tout en favorisant l'acceptabilité
sociale des projets liés à l'exploration et à l'exploitation des
ressources naturelles. Il s'inscrit dans les efforts internationaux accomplis
en ce sens.
L'institution
que je représente et dont fait partie la Direction du Commissaire au
développement durable appuie les
objectifs liés à la loi. D'ailleurs, cette dernière inclut certains principes
de la Loi sur le développement durable. Soulignons que le Vérificateur général a publié deux rapports liés à l'industrie
extractive : le premier, en 2009, a traité des interventions gouvernementales dans le secteur minier; le deuxième,
en 2011, a porté sur la gestion gouvernementale de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste. Bien que ces
rapports ne concernent pas précisément les éléments contenus dans le projet de loi, nous y avons
souligné l'importance de rendre l'information disponible et de favoriser la
participation des personnes intéressées.
Les
commentaires qui suivent portent davantage sur des aspects techniques du projet
de loi et s'inscrivent dans une
démarche de bonification de celui-ci en matière de contrôle. Dans un premier
temps, j'aborde la question de la transparence
et de la reddition de comptes et, dans un deuxième temps, celle du contrôle
relatif à l'application de la loi et des dispositions pénales.
D'entrée de jeu, je tiens à mentionner que la
transparence et la reddition de comptes constituent des mesures préventives reconnues contre la fraude, la
collusion et la corruption dans les affaires publiques. De plus, elles
favorisent une meilleure connaissance
par les diverses parties prenantes des enjeux économiques et sociaux liés à
tout projet. Pour le principe de transparence, il m'apparaît utile de
faire les observations suivantes.
L'article 7
prévoit que le paiement fait à un employé d'un bénéficiaire ou d'un titulaire
d'une charge publique au sein de
celui-ci est réputé avoir été fait à ce bénéficiaire. Ce paiement doit donc
figurer dans la déclaration annuelle. Afin
de décourager et de détecter la corruption, je suggère d'appliquer cette
disposition à toute autre personne pouvant agir à titre d'intermédiaire.
Quant à la liste qui définit la notion de paiement, elle est précise et
comprend toute autre catégorie de paiement
que le gouvernement détermine par règlement. À cet égard, je suis préoccupée
par la présentation d'une liste de
paiements non exhaustive. Par prudence, ne pourrait-on pas inclure une autre
catégorie, soit autre paiement? À défaut de quoi, des paiements qui ne sont pas
prévus par la loi ou le règlement risquent de ne pas être déclarés? D'autre
part, pourrait-on envisager d'attribuer un
pouvoir réglementaire au gouvernement, c'est-à-dire lui accorder la possibilité
de modifier la somme de 100 000 $ par bénéficiaire pour réagir à
toute situation imprévue?
Pour la reddition de comptes, considérée comme
un mécanisme de contrôle, voici mes remarques.
À l'article
6, le projet de loi mentionne que le gouvernement détermine par règlement la
forme de la déclaration annuelle exigée de l'industrie, y compris la
façon de présenter ou de ventiler les paiements, notamment par projet. Le gouvernement devra s'assurer d'obtenir
l'information pertinente et détaillée afin que les renseignements rendus
publics soient aisément compréhensibles
par tout citoyen. De même, la ventilation par projet est essentielle, et je
suggère que la divulgation soit faite
également par catégorie de paiement et par ordre de gouvernement. Le même
article du projet de loi prévoit que
la déclaration annuelle est accompagnée de l'attestation d'un dirigeant ou d'un
administrateur de l'assujetti ou d'un
vérificateur externe indépendant. À mon avis, il faudrait adopter ici le
principe de précaution. De fait, la déclaration annuelle d'une entité devrait obligatoirement être signée par un
comptable professionnel agréé étant donné que, dans la version actuelle du projet de loi, l'Autorité des marchés
financiers a seulement un pouvoir de vérification restreint.
L'article 8
mentionne que, dès qu'il transmet une déclaration, l'assujetti la rend
disponible au public de la façon que
le gouvernement détermine. La façon dont sera appliqué cet article est
importante. À cet égard, il m'apparaît judicieux de recommander que l'information soit mise à la disposition du public sur
un site centralisé et que cette information soit compréhensible par les citoyens. Par ailleurs, dans un objectif
d'amélioration continue, il serait utile que le ministre prépare un
rapport de l'application de cette loi après cinq ans et le dépose à l'Assemblée
nationale.
Pour
terminer, voici mes commentaires sur deux chapitres du projet de loi, soit le
contrôle d'application et les dispositions pénales.
À mon avis,
le chapitre du projet de loi ayant trait au contrôle mériterait d'être
renforcé. En effet, le projet de loi n'accorde
pas à l'AMF de pouvoir d'inspection, alors qu'elle en dispose pour
l'administration d'autres lois. Cela fait en sorte que l'autorité ne peut avoir accès à l'ensemble des livres d'une
société pour vérifier la conformité des pratiques de cette dernière et s'assurer de l'intégralité des
paiements déclarés, à moins qu'il n'existe des motifs raisonnables de croire
qu'une infraction à la loi a été commise.
Mes commentaires portant sur les dispositions pénales sont faits à la lumière
des constats formulés dans la vérification
intitulée Infractions aux lois comportant des dispositions pénales,
rendue publique en 2013. Ce rapport
recensait un nombre élevé de lois pour lesquelles aucune ou très peu
d'infractions avaient été relevées. Les
déficiences observées résultaient souvent du fait que les mécanismes de
détection et de surveillance des infractions étaient défaillants. Afin d'éviter que le gouvernement adopte une loi qui
ne fait pas l'objet de contrôles, sa mise en application devra donner
lieu à une attention particulière au cours des prochaines années.
Mme la... M.
le Président, pardon, M. le ministre délégué aux Mines, Mmes, MM. les membres
de la commission, je vous remercie de l'opportunité qui m'a été offerte de
participer à la présente commission parlementaire. Merci de votre
écoute. Je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Morin)
:
Merci, Mme Leclerc. Maintenant, oui, M. le ministre.
M. Blanchette : Merci beaucoup. Et, en
tout cas, enchanté, parce qu'on ne s'était jamais croisés encore, et bienvenue à l'ensemble de l'équipe. Je vous
remercie pour la présentation de votre mémoire. Je pense que ça a le mérite de...
j'oserais dire, de préciser à plusieurs endroits les bonnes façons de faire ou
les bonnes pratiques en la matière, que j'oserais dire.
Quelques
éléments de questionnement, notamment en page 3, lorsqu'il faut que ça soit un
comptable professionnel agréé qui
statue, enfin, sur les travaux... c'est-à-dire, les compilations des données
faites et réalisées par les entreprises. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus, dans le sens qu'il y a tout de même des moyens qu'on a donnés à
l'AMF, puis là-dessus, le pouvoir
d'inspection, le pouvoir d'enquête, je ne suis pas familier avec ça, mais
est-ce que c'est la même chose? Parce
qu'on a donné le pouvoir d'enquête à l'AMF, mais pas le pouvoir d'inspection.
J'aimerais ça aussi que vous puissiez distinguer les choses.
Je note
également en page 3, à l'article 6, là, à la fin de ce paragraphe-là : «...la
ventilation par projet est essentielle, et je suggère que la divulgation soit faite également par catégorie de
paiement et par ordre de gouvernement». On souligne et on est tout à fait conscients que c'est la
bonne façon de faire, parce que, si on a un montant global sans la nature de
ces paiements à contribution là, je pense qu'on n'avancera rien.
L'opposition
officielle, hier — et je
m'adresse au député de Victorin — souhaitait avoir des montants cumulés,
alors que, quand c'est ventilé, je pense
c'est la bonne façon aussi de traiter les choses. J'aimerais ça vous entendre
également là-dessus.
• (9 h 40) •
Mme
Leclerc (Guylaine) : D'accord. Alors, pour ce qui est d'un rapport
d'audit certifié, il est mentionné dans le projet «attestation d'un dirigeant ou d'un administrateur [...] ou d'un
vérificateur externe». Alors, on comprend que ce n'est vraiment pas vérifié. Et, tel que rédigé, ma compréhension est à
l'effet que l'AMF a des pouvoirs d'enquête, c'est-à-dire, si elles ont des soupçons ou des éléments qui lui
permettent de croire que ce qui leur a été présenté est fautif, alors, à ce
moment-là, ils ont des moyens d'enquête,
alors que l'inspection, c'est de dire : Bon, une société peut ne pas avoir
fait de divulgation, mais elle
s'interroge et souhaite d'aller voir au sein de l'organisation s'il y a
effectivement des paiements qui pourraient
être faits à un bénéficiaire, ou à un représentant du bénéficiaire, ou à un
intermédiaire du bénéficiaire, et, à ce moment-là, elle a tous les
pouvoirs d'inspection. Alors, c'est un peu comme pour le ministère du
Revenu : lorsque le ministère du Revenu
décide de faire une vérification, il n'y a pas nécessairement faute, mais ils
vont faire une vérification. Parallèlement, il y a l'enquête. Ça, c'est
dans les cas où on croit qu'il y a eu une faute.
Alors, pour nous, s'il n'y a pas ce
pouvoir-là auprès de l'AMF, il faudrait, à tout le moins, renforcir
l'obligation des organisations, parce
que juste d'avoir un rapport signé par un administrateur ou par un dirigeant, à
notre avis, ça rend le contrôle assez faible.
M.
Blanchette : C'est bon. Merci beaucoup pour ces précisions, puis on va
en tenir compte en temps et lieu. Est-ce que
j'ai bien compris? Dans le texte... je ne retrace pas, là, mais vous laissez
sous-entendre que, s'il y avait des versements
à des bénéficiaires, vous souhaitiez avoir des... et, également, prendre tout
ça en compte, et non pas juste aux ordres
de gouvernement ou aux organismes, soit OSBL... ou, enfin, des entités plus
morales que des individus. Souhaitiez-vous ça? C'est-u ça que je
comprends aussi dans vos demandes?
Mme
Leclerc (Guylaine) : Lorsque je regarde l'objectif de la loi,
l'objectif fait état de : «Ces mesures visent à décourager et à détecter la corruption, ainsi qu'à
favoriser l'acceptabilité sociale...» Donc, lorsqu'on parle de corruption,
il est habituel que les paiements ne sont
pas faits aux personnes à qui on souhaite ultimement qu'elles en bénéficient.
On va utiliser des bénéficiaires ou
des individus, mais ce ne sera pas nécessairement fait à l'organisme dont on
souhaite qu'il nous donne l'autorisation ou auquel on souhaiterait qu'il
puisse bénéficier de certaines faveurs. Alors, si c'est un des objectifs de la loi, à ce moment-là, on doit
considérer les individus, mais aussi on doit considérer qu'on puisse utiliser
des intermédiaires, parce que, dans ces
cas-là, on utilise généralement des facilitateurs qui peuvent être des
professionnels, des consultants, des comptables, des avocats et qui ont
souvent le secret professionnel.
M.
Blanchette : J'ajouterais : les deux objectifs visés :
corruption et acceptabilité sociale. L'acceptabilité sociale, c'est beaucoup quelque chose qu'on a ajouté au
Québec, parce que dans les lois... C'est le G8 moins un, là, c'est-à-dire
le G8 moins la Russie, donc le G7 en
question. Il y avait eu des analyses qui ont été faites qui menaient à des
conclusions qu'il y avait de la
corruption, de la malversation dans les pays notamment en voie de
développement, l'Afrique, l'Amérique latine,
pour ne pas les nommer. Mais, dans un contexte québécois, O.K., je ne dis pas
qu'il n'y en a pas, mais essentiellement on a ajouté l'acceptabilité sociale à ça. C'est nous qui l'avons fait
comme initiative parce qu'on prenait en compte que plus de transparence sur les contributions,
paiements que les entreprises minières faisaient... à ce jour, il y en a 24,
25, là, donc c'est assez bien
circonscrit, le nombre de personnes, ce n'est pas tant par la corruption. Je ne
dis pas qu'il n'y en a pas, mais on
n'a pas de preuve de ça, mais essentiellement c'est beaucoup par
l'acceptabilité sociale, parce qu'on dit qu'avec une meilleure transparence, par catégorie de paiement et par
organisation, institution, ça aurait le mérite de savoir toutes les retombées économiques que ces projets-là
amènent dans les communautés, les communautés autochtones ou communautés
d'accueil des projets miniers.
Donc
là, d'y aller avec les individus, c'est une autre histoire, ça peut être effectivement
pas mal de volume et ça change un peu
la nature des choses. C'est-à-dire qu'on se donne... Parce qu'ils ne l'ont pas
demandé à l'international. Là, on le
ferait, nous, au Québec, alors qu'on n'a pas nécessairement de cas en tête. En
tout cas, on comprend, là, que l'international...
ce qu'ils font aux États-Unis, au Canada, en Europe et ailleurs sur la planète,
ils font des choses, ils vont exiger
des choses par catégorie de paiement et par ordre de gouvernement. Et nous, on
se trouve à ajouter ça alors que... en tout cas, on n'est pas en Afrique
présentement, là, ni en Amérique latine.
En
tout cas, je suis un peu mal à l'aise d'ajouter une notion que les individus
pourraient être couverts aussi par une telle loi sur la transparence.
J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Bien, ça dépend. Si on met en place un contrôle,
si... Et je ne peux pas vous dire ce que
les autres lois présentent, là, je ne les ai pas étudiées. D'autre part, si on
ne met pas cet élément-là, à tout le moins, un intermédiaire, c'est certain qu'on va... c'est comme si on mettait en
place une muraille, O.K., une muraille de transparence pour l'acceptabilité sociale et, de cette
muraille, il y aurait un grand trou qui ferait qu'on pourrait passer par là et
qui ne serait pas déclarable.
Alors,
moi, je vous parle au point de vue de mon expertise, qui est le contrôle, O.K.?
Alors, au niveau contrôle, ce serait
définitivement une lacune. Que ce soit pour l'acceptabilité sociale, que ce
soit pour la lutte à la corruption, à mon avis, à partir du moment où on est conscient que tous les paiements ont
été déclarés, bien, que ce soit à un individu, à une organisation, bien,
c'est un bon contrôle.
M.
Blanchette : Une dernière question, puis je vais laisser mes
collègues, si jamais ils voulaient, compléter sur d'autre chose. Historiquement... enfin, quand on a
étudié la commission Gomery ou les autres, souvent les gens passaient par des firmes de communication, hein, pour faire
faire, j'oserais dire... en tout cas, c'était la tactique. Or, d'une façon ou
d'une autre, dans ce projet de loi là,
toutes les entreprises de sous-traitance, de services, de produits, de
fournisseurs de toutes sortes ne
feront tout de même pas partie du projet de loi, O.K., parce que ce n'est pas
des catégories, ce n'est pas dans les
dépenses courantes. Puis donc, si on fait affaire avec une firme intermédiaire,
comme vous le laissez sous-entendre, ça
ne paraîtra pas plus, O.K.? Ça fait que, donc, je veux juste distinguer les
choses, que toutes les dépenses de sous-traitance, de communication, de ci, de ça, c'est des
opérations courantes et c'est à la solde et à la charge de l'entreprise, et ça
ne fera pas partie du projet de loi.
Là,
d'aller chercher des individus, je me demande jusqu'à quel point que la
lourdeur ne se ferait pas. En tout cas, c'est ça, c'est : Est-ce que ça va
être appliqué de la même façon? La façon de le contourner serait d'embaucher
une firme que je ne nommerai pas, de consultation et de passer par ça, tu sais,
dans le sens que ce serait assez facile à contourner. J'aimerais ça vous
entendre là-dessus. Vous êtes plus la spécialiste que moi en la matière. Ça,
c'est clair.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Bien, je vous dirais, moi, je ne peux vous
répondre qu'au niveau contrôle, alors, que, si l'AMF a les pouvoirs d'inspection, c'est une des choses, ça fait partie
du travail de vérification, c'est d'aller voir dans les livres et de voir à qui les paiements sont
effectués. Sont-ils toujours effectués à une firme de communication qui a la
réputation de? À ce moment-là, ils peuvent poser des questions.
Je vous
dirais, un contrôle n'est pas parfait, hein, on ne pourra jamais avoir un
contrôle parfait, mais de pouvoir donner
soit ces pouvoirs-là à l'AMF ou soit d'exiger un rapport de vérification signé
va faire en sorte que ça va être déjà plus
difficile si on veut les détourner. Et, si on veut vraiment les détourner,
parce qu'il y a de bons contrôles, et qu'on travaille très fort à les détourner, c'est là qu'on va pouvoir peut-être
être en mesure d'identifier ceux qui sont vraiment fautifs.
Une voix
: Merci.
Le Président (M. Morin) : Oui, M. le
député de Dubuc.
• (9 h 50) •
M.
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, je vous salue, Mme Leclerc,
et je suis très heureux de vous rencontrer.
À la lecture de votre mémoire, j'ai une
préoccupation, moi. Je vous la soumets, bien sûr. Est-ce que, dans vos propositions et suggestions, vous avez une
réflexion... Parce qu'hier, soit dit en passant — vous avez dû écouter aussi la commission hier — il y a des intervenants qui sont venus nous
donner véritablement une préoccupation de compétitivité internationale
par rapport à différents régimes miniers qui existent un petit peu partout dans
le monde.
Maintenant,
de votre côté, lorsque vous regardez, justement... vous proposez des
suggestions, vous amenez des suggestions
et vous faites des propositions, est-ce que vous avez, dans votre réflexion, eu
une réflexion à connotation, tout au moins, un peu, là, de compétitivité
internationale? D'abord, ça, c'est ma première question.
Ma deuxième
question est celle-ci : Est-ce que... Parce qu'il me semble que j'ai vu ça
à quelque part dans les lois et règlements que souvent vous commentez
lors du rapport du Vérificateur général, qu'à quelque part vous faites des propositions pour être en compétition
internationale et puis vous faites des propositions à ce sujet-là. Donc, à
partir de vos suggestions aujourd'hui, est-ce que vous avez fait cette
réflexion-là avant de proposer ce qui semble, je dis ça entre guillemets, bien
sûr, venir confronter notre compétitivité? J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Leclerc (Guylaine) : D'entrée de
jeu, j'ai mentionné que c'était rare que le Vérificateur général venait
présenter, devant une commission, commenter un projet de loi, pour une simple
et bonne raison : généralement, nous commentons
ce que nous avons vérifié. Dans ce cas-ci, on m'a approchée et on m'a
dit : Est-ce que vous voulez? On m'a demandé si je souhaitais y participer, et je trouvais que le projet de
loi allait dans les cordes du mandat du Vérificateur général, et d'autant plus que mon mandat débute,
comme vous le savez, et j'ai pour 10 ans à tenter d'améliorer la gouvernance du gouvernement du Québec. Alors, je
trouvais que ce projet de loi allait dans ce sens-là. Alors, c'est pour ça
qu'on est toujours prudent lorsqu'on fait un
discours — puis ce
n'est pas un mémoire, c'est un discours — et on est toujours prudent parce
qu'on n'a pas fait de vérification sur les volets.
D'autre part,
il est bien certain que nous sommes ou des juristes ou des comptables
professionnels agréés et que l'aspect
compétitivité, bien c'est quelque chose qu'on connaît. Ce qui est présenté ici
comme bonnes pratiques, ce sont des
choses qui existent déjà dans l'organisation. Il est certain que
l'organisation, dans ses livres, elle a sa comptabilité par projet, par bénéficiaire, alors c'est de
l'information qui est déjà disponible dans les livres. Alors, je ne crois pas
qu'au niveau... mais je vous donne
cette opinion-là sous toutes réserves parce que je n'ai pas fait de vérification,
mais généralement c'est de l'information qui est disponible dans les
livres des sociétés.
M. Simard : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Morin) : Ça va, M.
le député de Dubuc?
M. Simard : Oui, M. le Président.
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Morin) : Il n'y a pas d'autre intervenant? Ça va? Donc,
M. le député de Marie-Victorin, c'est à votre tour.
M. Drainville : Merci, M. le Président. Bienvenue. On est très
contents que vous soyez là. Faites-en une habitude, je vous en prie, gênez-vous pas. On est toujours
intéressés à entendre les commentaires du vérificateur ou, maintenant,
de la vérificatrice, hein? C'est bon, ça.
Juste un
petit commentaire. Moi, je m'entends bien avec le ministre, ça fait qu'on ne
fait pas de chicane dans cette commission,
mais je tiens juste, mettons, à rectifier... ou à préciser, tiens, la position
que j'ai exposée hier. Nous, notre position,
là, c'est que tous les paiements, tous les paiements, à partir de 1 $, ils
devraient être rendus publics, et toutes les sociétés minières, qu'elles soient dans le domaine de l'exploration
ou de l'exploitation, devraient être assujetties à la loi. C'est ça,
notre position. Donc, c'est transparence totale.
Alors, pour
répondre aux commentaires du ministre... si, M. le ministre, vous voulez faire
10 catégories, faites-en 10; si vous
voulez en faire 15, faites-en 15; si vous voulez en faire 20, faites-en 20.
Moi, je veux la transparence totale. Alors, vous avez dit : Le député de Marie-Victorin veut des montants
cumulés plutôt que par catégorie. Non, pas pantoute. Moi, je veux tous les montants, puis organisez-les comme
vous voulez. Si vous voulez reprendre les catégories qui sont déjà dans la loi fédérale, ça peut toujours aller, mais, à
mon avis, il va falloir en avoir d'autres. Je trouve la suggestion de la Vérificatrice générale,
qui propose une autre catégorie, autre paiement, très intéressante. Je pense
qu'effectivement ça nous assurerait
que tous les paiements soient couverts. Alors, nous, nous pensons que cette
suggestion de la Vérificatrice générale,
elle est très pertinente, et on espère que le ministre sera ouvert à bonifier
le projet de loi puis à ajouter certaines choses qui pourraient
l'améliorer. Donc, cette suggestion-là que vous faites nous apparaît très,
très, très positive.
Vous en faites
plusieurs, suggestions, qui sont a priori, là... parce qu'on vient évidemment
de recevoir votre mémoire, mais qui nous
semblent a priori très intéressantes. L'idée de créer un site centralisé sur
lequel toute l'information serait
rendue publique, je pense que c'est une très bonne idée. L'idée d'avoir un
rapport cinq ans après l'application de la loi pour voir un peu où on en est, c'est une bonne idée. Je pense qu'il
faut regarder très sérieusement la suggestion que vous faites, de donner à l'AMF le pouvoir
d'inspection, qu'elle a déjà d'ailleurs en vertu d'autres lois, dites-vous.
C'est une bonne idée. Je trouve ça
intéressant quand vous justifiez cette recommandation en disant : Cela
fait en sorte que l'autorité ne peut
avoir accès à l'ensemble des... En fait, le fait qu'elle n'a pas le pouvoir
d'inspection en vertu du projet de loi actuel «fait en sorte que
l'autorité ne peut avoir accès à l'ensemble des livres d'une société pour
vérifier la conformité des pratiques de
cette dernière et s'assurer de l'intégralité des paiements déclarés». Bien,
très bonne raison pour le donner à l'AMF, ce pouvoir-là.
Alors
là, c'est intéressant. L'échange que vous venez d'avoir avec le ministre porte
sur votre recommandation qu'on ajoute
une disposition à l'effet que toute autre personne qui agit à titre
d'intermédiaire soit également couverte, si on peut dire, par le projet de loi, enfin que le projet de loi
s'applique à ce type d'intermédiaire. Je pense qu'il faut le regarder très sérieusement. Évidemment, ça va poser... je
pense qu'on va se retrouver un peu dans une zone qui pourrait chevaucher
le Code criminel, parce que, dans certains
cas, ces paiements-là pourraient être des paiements illégaux. Alors, il faudra
voir comment on départage l'un de
l'autre, mais, chose certaine, je pense qu'il faut très certainement le
regarder. Alors, il y a des très
bonnes choses dans votre mémoire, et j'espère que le gouvernement est à
l'écoute et qu'il va se montrer ouvert à bonifier le projet de loi.
Maintenant,
quelques questions que se posent sans doute les milliers de personnes qui nous
écoutent. D'ailleurs, en passant, M.
le ministre, à ma connaissance, les salles de commission ne sont pas toutes
occupées actuellement, et je ne comprends
pas pourquoi la commission siège dans une salle où il n'y a pas de diffusion en
direct de nos débats par vidéo. Je
peux concevoir que ce n'est peut-être pas une décision qui a été prise par vous
ou par votre cabinet, là, mais j'aimerais ça que le message soit fait au leader, que nous, on n'est pas gênés de
nos travaux. Je pense que, comme ministre, vous êtes fier de votre projet de loi, même si on a beaucoup
de choses à améliorer, mais, a priori, vous êtes fier de votre projet de loi,
mais vous devriez être fier de le montrer
aussi au grand public. Donc, on devrait siéger dans des salles, surtout quand
elles sont disponibles, où les gens peuvent nous voir discuter et
travailler.
Alors,
pour en revenir à la question que je voulais vous poser, Mme la Vérificatrice
générale, qu'est-ce que ça changerait
d'avoir un comptable qui signerait, donc, cette déclaration annuelle d'une
entité? Qu'est-ce que ça change, que ce soit signé par un comptable?
Mme
Leclerc (Guylaine) : Ce
serait un moyen de contrôle. Parce que, tel que proposé, on mentionne que
l'attestation est signée soit par un dirigeant, ou un administrateur, ou
un vérificateur externe indépendant. Alors, on comprend bien que, si c'est signé par un dirigeant, bien ce n'est pas
nécessairement un moyen de contrôle très fort. Dès qu'il est signé par un vérificateur externe
indépendant, déjà là, on renforce le contrôle. Et, si en plus on donne des
pouvoirs à l'AMF, d'inspection, bien
là on vient d'arriver à un troisième niveau de contrôle. Alors, c'est tout
simplement au niveau de contrôles. Il
peut y avoir des erreurs, l'administrateur peut mal interpréter la loi, donc
peut ne pas déclarer toute l'information qui se devrait d'être déclarée, pas parce que c'est malhonnête, mais
parce qu'il ne la comprend pas. Le fait que ce soit certifié ou audité,
bien, à tout le moins, le professionnel se devrait de regarder les obligations
et signerait un rapport.
M.
Drainville : O.K. Vous
comprenez que, si le dirigeant fait une erreur, il est passible de sanctions,
là, dans le projet de loi. Mais vous, vous dites : Ce n'est pas
suffisant, on devrait aller plus loin.
Mme
Leclerc (Guylaine) :
D'autant plus qu'il n'y a pas de pouvoir actuellement donné à l'AMF pour
l'inspection.
• (10 heures) •
M. Drainville : Oui, c'est ça. Qu'est-ce que vous pensez... On va entendre les Cris ce
matin, un peu plus tard. En fait, ils
viennent tout de suite après vous.
Qu'est-ce que vous pensez du fait que les communautés autochtones ne soient
pas assujetties à la loi avant 2017, qu'elles aient un sursis de, mettons, deux
ans?
Mme Leclerc (Guylaine) : Écoutez, je ne crois pas que ce soit à moi à
émettre une opinion sur la population à qui... et le niveau de gouvernement à qui ça doit s'adresser, ça s'applique.
D'autre part, lorsqu'on parle de transparence, c'est certain que, lorsqu'on élargit le plus possible le
nombre de groupes, on améliore la transparence, puis ça va dans le même sens que les individus qu'on parlait tout à
l'heure, soit individus, soit organismes, soit tout palier de gouvernement.
Mais moi, je n'ai pas à juger de cet élément-là.
M. Drainville :
Très bien. M. Cinq-Mars, vous avez fait deux rapports sur l'industrie
minière : 2009 sur le secteur minier;
2011 sur le gaz de schiste. Est-ce que vous en avez vu dans le cadre de vos
travaux, des paiements comme ça versés par des sociétés privées à des
corps publics, que ce soient des municipalités, des MRC, des CRE, des
communautés autochtones? Est-ce que c'est
une problématique à laquelle vous avez été confronté dans le cadre des travaux
que vous avez faits sur le secteur minier?
M. Cinq-Mars (Jean) : Non. On n'a pas examiné si des paiements avaient
été faits à des tierces parties, on s'est appliqués surtout à faire une vérification de la mise en place des
règlements puis des contrôles par les différents ministères et également regarder finalement ce qui était payé
par les sociétés minières mais particulièrement au gouvernement en
termes de redevances. Mais on n'a pas regardé l'aspect, là, paiement des
tierces parties.
M. Drainville :
Mais vous, là, comme Commissaire au développement durable, parlez-nous un peu
de pourquoi ce projet de loi là, à
votre avis, serait une bonne idée. Vous le connaissez bien, le secteur minier,
là, l'industrie minière, vous l'avez
quand même bien étudiée, là... minière, gazière, pétrolière. En vos mots, avec
votre perspective, pourquoi ce serait une bonne idée, à votre avis?
M. Cinq-Mars (Jean) : Bien, le projet de loi s'inscrit dans une tendance internationale. On
sait très bien que le gouvernement
fédéral a accepté de déposer le projet de loi suite à une entente avec le G8
moins un, comme vous l'avez mentionné,
mais on sait également qu'aux États-Unis on a adopté la loi Dodd-Frank en 2010,
qui comprend des exigences en termes
de divulgation d'informations. L'industrie québécoise et l'industrie canadienne
est très active ici, au pays, mais également
très active au niveau international. Alors, il y a des entreprises canadiennes
et québécoises qui oeuvrent dans d'autres
pays. Ils sont déjà assujettis, dans certains pays, à des lois similaires,
parce qu'il y a d'autres pays qui ont pris ça.
Donc,
s'inscrire dans cette démarche pour accroître la transparence, pour accroître
la coopération entre les différentes
administrations pour avoir plus d'informations dans ce secteur et également
favoriser l'acceptabilité sociale, à mon avis, c'est une démarche qui
est très favorable.
M. Drainville :
Et donc ce serait une bonne idée que le maximum d'entreprises soient
assujetties à la loi.
M. Cinq-Mars (Jean) : Bien, comme disait Mme Leclerc, plus on couvre d'entreprises ou plus on
couvre de types de paiement,
finalement, à ce moment-là, on a un système qui a moins de brèches — j'utilise finalement son image d'un mur avec une brèche. Bien, à ce moment-là, on a un
contrôle qui est quand même beaucoup plus serré. De même que les remarques qu'elle a faites concernant
l'utilisation d'un comptable agréé qui est assujetti finalement à des normes
canadiennes en termes de vérification...
Alors, ça milite finalement dans l'esprit d'avoir un système qui est beaucoup
plus rigoureux.
M. Drainville :
Votre suggestion, Mme la Vérificatrice générale, de couvrir les intermédiaires,
là, vous pensiez à qui? Est-ce que vous aviez en tête des exemples?
Mme Leclerc (Guylaine) : Je ne peux pas donner d'exemple. Tout ce que je
peux dire, c'est que, si on a une intention de ne pas divulguer un montant, on n'aurait tout simplement qu'à passer
par un intermédiaire, puis l'intermédiaire, ça peut être un
professionnel, peut être un individu, ça peut être...
M. Drainville :
D'autant plus que le ministre nous dit que non seulement les personnes
intermédiaires ne sont pas
assujetties, mais il nous dit déjà — il le dit très ouvertement — que les organismes ou les organisations
intermédiaires ne sont pas couverts
par le projet de loi, même s'il admet lui-même qu'à la commission Gomery ça a
été bien démontré que c'est par les
organisations intermédiaires que les abus et même les crimes avaient été
commis, les méfaits avaient été
commis. Alors là, je ne veux pas vous attribuer ça, là, mais je suis un peu
étonné. Il dit : On le sait, qu'à Gomery ils passaient par des intermédiaires, mais, je vous le
dis tout de suite, mon projet de loi, il ne concerne pas les intermédiaires
puis il ne concerne pas les entités
intermédiaires, puis, d'après ce qu'on comprend, il n'a pas l'intention non
plus d'inclure les personnes qui
pourraient agir à titre d'intermédiaires. Moi, je trouve ça un peu curieux,
mais, encore une fois, je ne vous demande pas de commenter ça, parce que
je sais bien que ce n'est pas votre rôle.
Bien,
écoutez, on est contents que vous soyez venus. On va travailler fort pour
continuer à l'améliorer, puis, je vous le dis et vous le redis, notre
position, nous, c'est : tous les paiements puis toutes les
entreprises — ce
n'est pas compliqué — qui travaillent dans le domaine des
ressources naturelles devraient être assujettis à cette loi-là, puis c'est
dans ce sens-là qu'on va travailler.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. le député de Marie-Victorin. Mme la députée
d'Arthabaska.
Mme
Roy (Arthabaska) : Merci, M. le Président. Il y avait une
expression dans mon village : On est enceinte ou on ne l'est pas, on n'est pas à moitié enceinte.
Donc, on fait un projet de loi avec des dents ou on écrit des belles intentions
sur du papier, puis ça vaut le papier sur
lequel il est écrit. Ça fait un bout de temps, vous savez, que j'ai été
critique en sécurité publique, trop longtemps, même.
Une voix :
...
Mme
Roy (Arthabaska) : Non? Bon. Pas assez longtemps, dans ce
cas-là. Juste assez longtemps. Et puis j'en ai vu, des projets de loi pour combattre la corruption, mais c'était
sans dent, sans croc, sans griffe, puis ça ne sert à rien dans ce cas-là, parce que les personnes qui ont
l'intention de faire de la corruption, s'il n'y a pas de rempart important, bien
elles vont le faire. Ce n'est pas compliqué.
Même avec des remparts importants ou des projets de loi qui ont des mesures
efficaces, c'est possible de le faire. On
l'a trop vu souvent dans les commissions qui viennent de se succéder au Québec,
que j'ai assez bien suivies. Puis la
corruption, bien c'est vraiment, à sa face même... ce n'est pas quelque chose
qui se fait en public, c'est souterrain.
Donc,
moi, je suis tout à fait d'accord avec vous, mais je demande si l'AMF a assez
de personnel pour pouvoir inspecter
correctement puis de façon assez efficace. Je sais que le ministère du Revenu
du Québec a une délégation qui a fait
ses preuves notamment dans l'affaire Diligence. Je me demande si ce ne serait
pas mieux si c'était le ministère du Revenu.
Mme Leclerc (Guylaine) : Vous voulez
que je réponde?
Mme Roy (Arthabaska) : Oui.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Je ne suis pas en mesure de répondre sur qui est
plus en mesure ou pas, là, ça, on est assez...
Nous avons parlé de l'AMF parce que c'est l'AMF qui avait le rôle ici, dans le
projet de loi, mais, par la suite, que l'inspection soit faite par l'AMF
ou l'Agence du revenu, c'est intéressant de part et d'autre.
Mme Roy
(Arthabaska) : Je pense que, M. le ministre, on aurait dû
entendre dans ce cas-ci l'AMF pour savoir quelle était sa capacité à répondre à cette demande-là et se demander
s'il aurait fallu les doter de plus de pouvoirs. Moi, je pense que, sans pouvoir, sans pouvoir
d'inspection, le projet de loi demeure des bonnes intentions écrites sur du
papier et puis je pense également
que, quand vous dites qu'il y a une case «autre paiement», c'est franchement
une façon d'éviter de dire ce qu'il faut dire. Je pense qu'il faudrait
que tout soit dit. Vous n'êtes pas d'accord?
Mme
Leclerc (Guylaine) : Bien, si j'ai recommandé qu'il y ait une case
«autre paiement», c'est parce que je crois qu'on doit prévoir l'ensemble des paiements. On ne sait pas, dans
quelques années, quels types de paiement pourraient apparaître et qu'on
n'aura jamais pensé qu'ils pouvaient exister ou qu'ils pourraient se faire.
Mme Roy
(Arthabaska) : O.K. Je comprends que c'est une question de
réglementation puis que vous avez une case
qui reste un petit peu vide, sauf que moi, je me dis qu'une compagnie, pour
qu'elle fasse le total de ses dépenses, il faut qu'elle les ait nommées. Une municipalité les nomme. Un conseil de
bande, c'est un petit peu moins clair, là, comment ils dépensent leur argent puis qu'est-ce qu'ils
reçoivent, mais le vérificateur doit quand même pouvoir les comptabiliser,
il doit se faire un tableau Excel puis être capable de les nommer. À partir de
ce moment-là, moi... mettons qu'«autre paiement», s'il y était nommé... je
pense que ce serait une bonne idée.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Je crois qu'on ne parle pas de la même chose.
Lorsque je dis «autre paiement», c'est qu'ici
il y a une liste de paiements qui doivent être divulgués. Ce que je dis dans
mon discours, c'est qu'il faut s'assurer que tout paiement va être divulgué. Je ne dis pas que l'organisation doit
avoir une case «autre paiement», parce qu'effectivement, là, on n'est
plus en transparence.
Mme Roy
(Arthabaska) : Bon. Bien, parfait. Je suis contente d'avoir pu
clarifier ça avec vous, parce qu'on ne l'avait
pas compris de la même façon. Puis s'il y a... je veux dire, une case
fourre-tout, autrement dit, ça ne sert plus à rien, là, dans ce cas-là.
Vous êtes d'accord avec moi?
• (10 h 10) •
Mme Leclerc (Guylaine) : Je suis
d'accord.
Mme Roy
(Arthabaska) : Parfait. Maintenant, pour les intermédiaires,
c'est la façon la plus facile de contourner une loi, vous le savez, et puis je pense que vos propos sont tout à fait
pertinents. Maintenant, j'aimerais vous entendre sur le fait que vous avez mentionné que, dans votre article, ici, la
déclaration annuelle est accompagnée de l'attestation d'un dirigeant,
vous voulez que ça soit un vérificateur général attesté.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Je souhaite que, s'il n'a pas de pouvoir
d'inspection particulièrement, ce soit certifié ou audité par un
comptable professionnel agréé.
Mme Roy (Arthabaska) :
Parfait. Et je pense que Mme la députée de Mirabel a des questions.
Le
Président (M. Morin) : Oui, Mme la députée d'Arthabaska. Je
vais lui donner la parole avec plaisir, à ma collègue Mme la députée de
Mirabel.
Mme
D'Amours : Merci, M. le Président. Bonjour. Merci d'être là. Moi,
j'aurais une question qui a été un sujet qui a été élaboré hier, c'est
sur le 100 000 $, là. Nous, la transparence, c'est à partir de
1 $. Là, je vais vous poser une question
en tant que comptable, en tant que juriste au niveau de la comptabilité :
Est-ce qu'une démarche comme celle qu'on
voudrait serait très onéreuse, longue, ardue? Et est-ce qu'on peut penser, si
c'est oui, que ça ne serait que pour la première année et qu'après ça ça serait comme une routine qui
s'installerait, pour qu'on ait tout ça en détail, ne serait-ce que tous les petits montants, les gros, les moyens
soient intégrés dans cette liste-là, que l'on veut voir comme transparence?
Mme
Leclerc (Guylaine) : Ce que nous avons recommandé, c'est de s'assurer
d'avoir une ouverture pour pouvoir modifier
le montant. Est-ce qu'on devrait augmenter le montant ou le diminuer? En tant
que Vérificatrice générale, je ne
suis pas en mesure de vous le mentionner; on n'a pas fait de vérification, on
n'a pas fait de travail. D'autre part, c'est comme n'importe quoi, si on veut être transparent,
on peut l'être à l'extrême, et ça peut être très coûteux; on peut l'être
beaucoup moins, mais on n'aura pas les
résultats. Alors, est-ce que le 100 000 $ est adéquat ou pas? Je ne
suis pas en mesure de répondre.
D'autre
part, l'information devrait être disponible dans les entités, et généralement,
si ce sont des paiements, des paiements,
c'est facilement disponible dans une organisation parce que les systèmes
comptables sont, justement, faits pour comptabiliser les recettes et
comptabiliser les déboursés, ils sont obligatoirement classifiés. Alors, d'un
point de vue comptable, la divulgation, oui,
ça peut être lourd pour certaines entités qui sont très importantes puis qui
font beaucoup de paiements
internationalement, localement, et tout ça, mais c'est de l'information qui est
disponible au sein de l'organisation.
Mme
D'Amours : Les organisations qui sont très grandes, j'imagine qu'elles
doivent marcher par projet, et, quand on
fonctionne par projet, ça doit être : le projet a des recettes et a des
déboursés. Donc, ça serait peut-être aussi possible, là, sans que ça soit onéreux, d'avoir de la
transparence par projet qui nous intéresse et non pas de savoir la mine
d'Afrique que la compagnie a, qui a
une compagnie ici... Je fais juste relater, là, quelque chose qui peut-être ne
se peut pas. Mais est-ce que la mine
du Québec qui marche par projet... pourrait-on avoir facilement les déboursés
et les... bien, pas les recettes, mais, en fait, ce qui nous intéresse?
Mme
Leclerc (Guylaine) : C'est ce que nous recommandons, c'est que
l'information qui soit divulguée le soit par projet, par palier de gouvernement, par type de paiement, parce que
généralement, dans une entité, ces informations-là sont disponibles.
Mme
D'Amours : Alors, pour vous, le montant de 100 000 $ n'est
pas quelque chose qu'une entreprise, là, qui préconise ça, là... C'est facile pour lui de mettre les petits montants
comme les plus gros montants comme comptable.
Mme
Leclerc (Guylaine) : Je ne veux pas répondre à cette question-là, je
n'ai pas fait la vérification des entités. Je préfère ne pas répondre.
Mme
D'Amours : O.K. Parfait. Merci. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Morin) : Merci, Mme la députée de Mirabel.
Mme Leclerc, Mme Ouimet, Mme Roy, M. Cinq-Mars,
M. Morissette, merci. Merci pour votre intérêt au projet de loi, et bon
retour à votre travail.
Je suspends les
travaux, et nous recevons le Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee).
(Suspension de la séance à
10 h 15)
(Reprise à 10 h 22)
Le Président (M.
Morin) : Nous reprenons nos travaux. Nous recevons, comme je
l'ai dit tout à l'heure, le Grand Conseil
des Cris (Eeyou Istchee). Bonjour, messieurs. Pour les fins de
l'enregistrement, je vous demande de bien vouloir vous présenter et nous présenter ceux qui vous accompagnent.
Bienvenue chez vous, chez nous. Vous avez 10 minutes pour faire votre
présentation.
Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) (GCCEI)
M. Bosum (Abel) : Just maybe a form
of introduction. We'll introduce ourselves and the role we have in the Cree Nation Government. My name is Abel Bosum, I'm
responsible for what's called Cree-Québec relations and I look after the
negotiations on behalf of the Cree.
M.
Mark (Rodney) : I'm Rodney Mark, Deputy Grand
Chief.
M. Baribeau (Andy) :
Andy Baribeau, directeur du Département de commerce-industrie au niveau du gouvernement
cri.
M. Dandonneau (François)
:
François Dandonneau, avocat pour le Grand Conseil, gouvernement de la nation
crie.
M.
Mark (Rodney) : OK.
So, bonjour, good morning. (S'exprime
dans une langue autochtone). So the Grand Council
of the Crees of Eeyou Istchee is the political body that represents
approximately 18,000 Cree of Eeyou Istchee, the traditional homeland of the Cree of James Bay. The Cree Nation
Government exercises governmental functions on behalf of the Cree Nation
of Eeyou Istchee.
Over the past 40 years, the Cree have
signed many agreements with Québec and Canada. These agreements create a unique legal environment in
Eeyou Istchee. They include, among others : the James Bay and Northern
Québec Agreement; the agreement
concerning a new relationship with the Government of Québec, known as the «Paix
des Braves»; the agreement concerning a new relationship with Canada...
of Eeyou Istchee, signed in 2008; and the Governance Agreement. This agreement was approved by Bill 42, entitled An Act
establishing the Eeyou Istchee James Bay Regional Government and
introducing certain legislative amendments concerning the Cree Nation
Government.
Next page.
The James Bay and Northern Québec Agreement is a land
claim agreement and treaty right under section
35 of the Constitution Act. The rights of the Cree provided for the James Bay
and Northern Québec Agreement are existing treaty rights recognized and
protected under sections 35 and 52 of the Constitution. The James Bay and Northern Québec Agreement was approved, given to
the effect and declared valid by a law of Québec, An Act approving the Agreement concerning the James Bay and
Northern Québec Agreement. Under
section 2 of 2 of this act, the Cree enjoy the rights, privileges and
benefits set out in the James Bay and Northern Québec Agreement as statutory
rights.
Section
6 of this act provides that, in case of conflict or inconsistencies between
this act and the provisions of any other law applying
to the territory — as defined
therein — this act prevails.
Bill
55, the proposed Act respecting transparency measures in the mining, oil and
gas industries, must respect the rights of the Cree of Eeyou Istchee under the James Bay and Northern
Québec Agreement, the «Paix des Braves», the Governance Agreement and
the implementing legislation.
Please,
allow me for a moment to focus on the «Paix des Braves». It marked a turning
point in relations between the Cree and Québec. From one of confrontation, conflict, the
relationship matured into one of cooperation. The «Paix des Braves» established a lasting partnership between
the Cree and Québec in the development of the resource wealth of the Eeyou Istchee — meaning energy, mines and
forestry. These partnerships had contributed to prosperity not just to the Cree, but to Jamésiens and all
of Quebeckers. In general terms, the «Paix des Braves» established a new
nation-to-nation relationship between
the Cree and Québec based on mutual respect, increased autonomy for the Cree
and a new partnership between Cree
and Québec in resource development. The «Paix des Braves» addresses mining in
chapter 5. Section 5.2 commits Québec
to encourage agreements between promoters and the Cree with respect to future
mining activities in the territory.
It follows that nothing in Bill 55 hinders the conclusion of agreements between
the Cree and mining companies in
Eeyou Istchee. Any requirement of Bill 55 that had this effect would defeat one
of the main objectives and achievements of the «Paix des Braves» and
should be removed.
The Cree welcome the
responsible, sustainable development of their traditional lands in the Eeyou
Istchee James Bay territory. The Cree want
to be real partners in the development of the territory's vast mineral
potential, and not passive bystanders. The challenge now is to reconcile
mining development with Cree needs for protection of the environment and their traditional activities for a
fair share of economic spin-offs, such as training, jobs, business opportunities, for the Cree local communities.
This challenge led the Cree to develop a mining policy : the Cree Nation
Mining Policy. This Cree Nation Mining Policymakes it clear that the Cree are
not against development. Under this policy, the Cree support resources within the territory, provided that Cree
rights are respected, appropriate measures are taken to protect the
environment, the Cree traditional activities and benefits flow to the Cree
communities.
The
Cree position is that no mining developments may occur in Eeyou Istchee unless
they are socially acceptable to the Cree communities,
as demonstrated by the conclusion of the agreements with the Cree communities.
Impact
and Benefit Agreements. As contemplated in section 5.2 of the «Paix des Braves»
and the Cree Nation Mining
Policy, the Cree have started to negotiate Impact and Benefit Agreements with
mining companies. The Cree were historically
excluded from participation in mining development. IBAs now provide the Cree
with a tool to address their historical underrepresentation in the
mining sector and the related challenges of lack of training, employment and contracting opportunities. These IBAs are not
based on statutory obligations. Rather, they are based on the mining companies'
recognition of the special rights and
statuses of the Cree under the James Bay and Northern Québec Agreement treaty
and the need to secure Cree consent for
their projects. These IBAs are catch-up agreements that are enabling the Cree,
for the first time, to address the
challenges they have long faced in the areas of training, jobs and business
opportunities. In this way, these
agreements are starting to address the historical exclusion of the Cree from
the mining sector and to provide the Cree with some of the benefits of
development long enjoyed by non-aboriginal communities.
Bill
55, Act respecting transparency measures in the mining, oil and gas industries,
a duty to consult. The measures proposed by Bill 55 regarding the publication of payments under IBAs to
the Cree would adversely affect the rights and interests of the Cree Nation of Eeyou Istchee under the James Bay and
Northern Québec Agreement and related agreements.
• (10 h 30) •
The
Québec Government is therefore under a constitutional obligation to consult and
accommodate the Cree Nation regarding these measures. No such consultation has taken place. The
failure to consult and accommodate the Cree Nation is inconsistent not only in Québec's
constitutional obligations towards the Cree, but with the nation-to-nation
relationship established with the
Cree and Québec by the «Paix des Braves» and the Governance Agreement. These
deficiencies must be remedied without delay. Failure to do so calls into
question the validity of the legislation.
In
that respect, we refer you to our first recommendation set out in our brief,
which you have a copy of, which essentially suggests
that the Government of Québec should immediately undertake meaningful
consultations and accommodations with the
Cree Nation of Eeyou Istchee and with the other affected First Nations and
aboriginal... regarding the proposed publication requirement of Bill 55.
Bill 55 states that its purpose
is to impose transparency measures with regard to payments made by resource companies to governments, including aboriginal
governments. These measures are stated to aim to discourage and detect corruption as well as to foster the social
acceptability of resource projects. However, Bill 55 would exactly do the opposite.
Public disclosures of payments made by
resource companies to aboriginal governments would discourage the negotiation
and conclusion of IBAs. Far from fostering the social acceptability of
projects, this is likely to undermine...
Disclosure
of payments. Bill 55 would require resource companies to file an annual
statement regarding payments made to specified governments, including aboriginal governments. These
statements must be made public for five years. Moreover, Bill 55 would empower the Government of Québec to enter into
agreements with other governments regarding the disclosure agreement and to share information with them in this
regard. The Cree take this position, in accordance with
the established industry practice in Québec and Canada, that mining IBAs
concluded with aboriginal communities are
confidential and private agreements. The same is true of the payments of
aboriginal governments provided for by IBAs. There is no compelling public interest to require disclosures of these
agreements and payments. On the contrary, the public interest favors the
negotiation of partnership and collaboration agreements between mining
companies and aboriginal communities. It is
these partnerships that have made possible an orderly development of the mineral
wealth of Northern Québec for the benefit not just for the aboriginal
communities, but for of all Quebeckers. IBA negotiations cannot be conducted in public, and the resulting agreements
are sensitive both for the aboriginal party and for the mining companies.
Publication of payments provided for in IBAs
would hinder the conclusion of such agreements, and so risk hampering
mining development in Northern Québec.
The
impacts of mining development fall disproportionately on Cree and other
aboriginal peoples because they continue to use their traditional territories for hunting, fishing and
trapping. However, Cree and other aboriginal peoples were historically
excluded from the benefits of mining development. The Cree IBAs are catch-up
agreements that are providing the Cree, for the first time, with the same... of
the benefits of development that have long been enjoyed by nonnative
communities — training, jobs, business
opportunities and a share of economic benefits. In doing so, these agreements
are beginning to address the historical exclusion of the Cree from the mining
sector.
The
Cree are working hard to build partnerships with the mining industry to
encourage a sustainable development of the North. At the same time, it must be
acknowledged that the Cree have special rights and interests in the territory
subject to mining development. These rights
and interests are recognized in the James Bay agreement treaty. It is this that
explains the need for agreements with the
Cree. Any requirement in Bill 55 to disclose payments made by mining companies
to the Cree would hinder the negotiation and
conclusion of IBAs. In doing so, such requirements could undermine Cree support for mining development in Eeyou Istchee.
This would put at risk one of the main objectives of the «Paix des
Braves» : the establishment of a
new partnership between the Cree, Québec and industry for responsible resource
development in Eeyou Istchee. The
disclosure agreement of Bill 55 goes against one of the main objectives of the
«Paix des Braves» : to encourage the conclusion of agreements
between the Cree and mining companies. This requirement would make impossible the conclusion of the very agreements
that Québec undertook in section 5.2 of the «Paix des Braves» to promote.
As
such, our second recommendation in the briefing notes is that the disclosure
agreement for the payment made by resource companies to
aboriginal communities should be removed from Bill 55.
Québec's
access to information legislation recognizes the need to protect from
disclosure the confidential financial and commercial information of third parties unless
they consent. It also protects information the disclosure of which would
likely hamper contractual negotiations,
result in losses of third parties or reduce their competitive position, unless
they consent. The same principle
should apply to the present context, as set out in the third recommendation,
which you have.
In
closing, Québec should immediately undertake mining consultations and
accommodations with the Cree Nation of Eeyou Istchee
regarding the proposed requirements of Bill 55. The requirement of
Bill 55 to disclose payments by resource companies to aboriginal
governments should be removed. The Cree Nation of Eeyou Istchee welcomes the
opportunity to exchange with the Government of Québec regarding this matter.
Thank you very much.
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup. Vous avez dépassé un peu votre temps, mais, compte tenu de l'importance de votre visite chez nous, je vous ai
laissés continuer. M. le ministre, à vous la parole pour le temps que vous
avez.
M.
Blanchette : Alors, merci beaucoup d'être venus. Je vais essayer d'y
aller plus lentement pour la traduction.
Écoutez, nous
sommes très contents de vous avoir avec nous, pour la simple raison que ce
projet de loi là, le projet de loi n° 55 sur la transparence,
visait — je
veux juste expliquer le contexte — le G8 moins la Russie, donc les pays canadiens, américains, européens principalement.
Ces informations-là... pour les entreprises qui ont des opérations au Québec, on obtiendra les informations. Si c'est
une entreprise comme Glencore, qui est en Suisse, on obtiendra les informations
indirectement, parce qu'il y aura des ententes entre gouvernements pour nous
fournir ces telles informations là.
La loi
fédérale canadienne a dû vous consulter, et j'aimerais ça aussi que vous
puissiez répondre à ça. Nous, on vous
consulte aujourd'hui, on est bien contents de vous avoir, mais je tiens à vous
rassurer d'abord et avant tout de la chose suivante. Et, dans une autre vie, comme économiste, j'ai eu autant à
travailler sur les profils économiques de développement pour les neuf communautés cries, les 14 inuites et
algonquines étant donné que je viens de l'Abitibi-Témiscamingue — mais aussi j'ai eu à produire des discours pour le gouvernement canadien en
Amérique latine — et
l'importance qu'on accordait aux
autochtones, notamment aux Cris. La convention de la Baie James et du Nord du
Québec était un des documents de référence par excellence, ce qui fait
une certaine notoriété en la matière sur le plan international. Même chose pour
la «Paix des Braves»; nous en sommes
toujours très contents. Et, tout récemment, la dernière entente qui a eu lieu
le mois dernier, on en est également très contents.
L'objectif
qu'on poursuit, je tiens à vous rassurer, n'est nullement... parce que ça
heurterait mes valeurs, et mon ami
Geoff Kelley m'en voudrait. On tient à ce que les communautés, qu'elles soient
cries, inuites ou, peu importe, algonquines, puissent bénéficier de tous les projets miniers un peu comme ça se fait
ailleurs au Canada, puisque l'industrie minière est de loin leur plus important employeur privé, on s'entend, autre que
le conseil de bande. Et, si on pouvait développer l'industrie minière
comme d'autres communautés dans d'autres provinces le font, on serait d'autant
plus contents.
Je tiens à
rassurer que l'objectif visé, soit de la formation professionnelle, soit de
l'emploi, soit de la sous-traitance ou des joint ventures des
entreprises à l'égard des entreprises minières sur vos territoires, fait partie
également de nos priorités. On ne veut rien
changer à ça. Toutes les ententes sur les retombées et avantages, vous les
avez, on en est très contents et on a
de bons exemples. Notamment, Goldcorp, avec la communauté de Wemindji, on en
est également très, très fiers. On ne veut rien changer à tout ça. Par
ailleurs, la loi fédérale, quand elle a été lancée, prévoyait pour les communautés cries qu'il y
aurait publication des paiements. À mon point de vue, ça n'empêche pas
nécessairement les ERA de se négocier, et c'est souhaitable qu'elles
continuent à se négocier.
J'aurais
une question. La première, c'est de vous demander comment a été la consultation
avec le gouvernement fédéral
lorsqu'ils ont présenté leur projet de loi sur la transparence. Ça m'intéresse.
La deuxième chose, puis je me réfère à la
page 7 dans la version anglaise, mais à la page 8 dans la version française,
vous indiquez que «la position crie est à l'effet qu'aucun développement minier ne peut avoir lieu
dans le territoire d'Eeyou Istchee à moins qu'il soit socialement acceptable pour les communautés cries, tel que
manifesté par la conclusion d'ententes avec les communautés cries». Le mandat que le premier ministre du Québec m'a donné
est de partir des mines, certes, mais des mines avec acceptabilité
sociale et respectueuses de l'environnement. Nos objectifs sont communs en la
matière.
Plus
loin dans votre mémoire, vous mentionnez que des ententes conclues — puis on est conscients qu'il y en a plusieurs — entre les minières et les communautés
autochtones sont des ententes privées et confidentielles. L'autre question
que je pose, c'est : De quelle façon
ces ententes sont-elles rendues publiques dans les communautés cries,
directement? Comment partagez-vous
l'information qui s'y trouve afin de favoriser l'acceptabilité sociale dans les
communautés concernées?
• (10 h 40) •
Le
Président (M. Morin) : Si vous voulez vous identifier, là, parce que...
La personne qui prend la parole, s'identifier au micro.
M.
Mark (Rodney) : OK. It's Rodney. I don't think there has been any real... OK. I don't think
there has been any
real consultation by the federal in terms of what has been proposed by their
legislation in regards to IBAs. So, they just put it in place, and then there is going to be a two-year waiting
period where aboriginal peoples will be consulted or be allowed to have
a say in it. So, that has been my understanding on that. We haven't formerly
been asked to comment anywhere in regards to that.
M. Bosum (Abel) : Well,
maybe just to add to that, meaningful consultation for us is meeting the
people, the people that
are most affected, and that would be the trappers, the users on the land, the
band councils, they are part of the governance,
and of course that would also include the new Regional Government that is now
in place, you know, that is
responsible for governance in the territory. So, these are the different
players. And so, just coming here to make a presentation
is just the beginning of it, you know, it's just to respond to the bill, but
meaningful consultation means for us
going back to those people and explaining what it is, and, at the same time, we
are asking that we have an opportunity to
address the concerns we have. We have the same interest about being
transparent, good governance, you know, we have the same objectives.
When we are dealing with this type of
legislation that has been followed by a federal legislation, we understand the objectives of Québec, but we
also understand the objectives of the federal Government, which are not
necessarily the same motives. They are not the same objectives, and this
is where we are trying to make a case here that we need to discuss and exchange the concern we have about
this bill. So, part of dealing with consultation is that, we need to do that,
but the real concern we have is the impact
that this will have. If the federal Government is passing a legislation that
asks for a disclosure of any funding going
to the federal Government... I mean, going to the aboriginal communities, what
that basically means is an
opportunity for the federal Government to claw back on funding that they do
give to our communities. So, if we
are receiving money for services, and then they realize that we are getting
other revenues, like IBAs, their objective is to claw back, is to take
that away, and that's where we question : What would be the purpose, what
would be the advantage of us negotiating an IBA if it's only going to be
removed from the federal Government?
M. Mark (Rodney) : It's
Rodney. I just want to add to what Abel is saying. I mean, we were talking
about that and we
basically believe that, you know, the claw back that is going to take place,
you know... A mine is going to exist for
10 years or 20 years, but the claw back that is going to take place with
whatever claw back funding that is going to take place is going to be permanent. So, what's the incentive for the First
Nations communities to be involved in something temporary? This is where the preoccupation is, that there is going to be
a permanent funding issue that is going to happen down the road after
the mine closes. So, this is where we are concerned.
Une voix : We do have
governance structures, we have a way of reporting to our people on how we use
the money. I mean, we are accountable to the people
just like any government. And so that part, you know... we have to abide by whatever rules we put in place so that there are
no frauds, there is no misuse of these resources. And these resources are
very, very important because it's the
beginning of where the industry is actually returning a part of the revenues,
the wealth it is generating, it is finally returning it to the people.
And it's still not... I mean, these are significant amounts. I mean, we're not
talking about, you know, billions of dollars here, these are parts of their
profits that they're returning to the communities.
And, if that's removed, then that's where we say, «There's no incentive;
there's no incentive to entering to an agreement with a mining company.»
Une
voix : ...paraphrase it better in French.
M.
Blanchette : Peut-être juste...
Le Président (M.
Morin) : M. le ministre.
M.
Blanchette : Je reviens sur la période de transition de d'ici le 1er
juin 2017. On a la même de prévue à ce projet de loi là, donc on va respecter ça, on va échanger. Je vais m'adjoindre
à mon collègue Geoff Kelley pour la chose pour mieux entretenir les échanges et voir comment on pourrait appliquer tout
ça. On s'y engage. Donc, je trouve ça vraiment important.
J'irais
peut-être aussi dans un autre contexte : le projet de loi qui s'inscrit
dans un contexte international. Et ça, je l'ai dit, je l'ai mentionné tantôt, que ce soit Glencore ou Goldcorp, il
y aura des entreprises qui ont leur siège social au Canada, ou en Suisse, ou ailleurs, et ces
informations-là... avec le projet de loi de transparence propre à chacun de ces
pays-là, vont divulguer les informations. Ça
va se faire par l'international. C'est le but visé par tous les autres projets
de loi sur la transparence. Il faut
mettre ce projet de loi ci sur la transparence au Québec arrimé, effectivement,
avec les autres nations.
Maintenant,
l'idée, ce n'est pas de diminuer les montants. Je reçois l'intérêt que le
fédéral a peut-être menacé de diminuer...
Il y a peut-être des jeux de négociation qui se feront avec le fédéral. Nous,
on veut s'assurer, parce que c'est tout
à notre avantage, que les communautés autochtones en profitent, et que les
Jamésiens en profitent, et que l'ensemble du Québec en profite. On est au même niveau là-dessus. Ce qu'on
souhaite, c'est d'atteindre, je dirais, ce bon développement là.
Vous avez
mentionné à la page 10 de votre mémoire que le fait de rendre publics les
paiements versés par les sociétés
minières compromettrait la conclusion d'ententes. Pouvez-vous nous expliquer
davantage pourquoi l'obligation de rendre publics les paiements faits
plusieurs mois après les versements et... Parce que les paiements seront
publiés beaucoup plus tard que les ententes
auront été négociées. Donc, une fois que l'entente est négociée sur cinq ans,
10 ans, 20 ans, 30 ans — il y a des projets qui sont assez
longs — ces
ententes-là, qui permettent des redevances avec lesquelles on est tout à fait confortables que les minières
s'entendent avec les communautés cries, notamment... comment se fait-il
qu'on aurait plus de difficultés à donner ces informations-là? Les ententes
auront été conclues d'avance.
Et preuve est
à l'appui — puis je
l'entends de la part des entreprises minières : ils disent que négocier
avec les Cris, c'est toujours
préférable parce que ça se fait dans l'ordre puis ça se fait bien, etc., parce
que les gens sont habitués avec des
projets miniers étant donné que le Nord du Québec est un très vaste territoire.
Je l'entends et je n'entends pas que
les minières veulent diminuer ces montants-là. Au contraire, ils veulent les
accroître parce qu'ils ont tout avantage à le faire. Mais, qu'est-ce qui empêcherait que ces ententes-là soient
divulguées, ça, c'est moins clair. J'aimerais ça vous entendre
là-dessus.
• (10 h 50) •
M.
Dandonneau (François) : François Dandonneau. Écoutez, votre question,
M. le ministre, a plusieurs volets, je vais essayer de tous les adresser
de façon ordonnée.
Dans un
premier temps, vous mentionnez la nécessité pour le Québec d'arrimer sa
législation avec les différentes initiatives
tant sur le plan, bon, international... vous mentionnez également l'initiative
américaine. Or, à ma connaissance — et là-dessus
je vais être prudent, je me trompe peut-être — mais ma compréhension est à l'effet que ces
différentes initiatives là n'incluent
pas des paiements à des gouvernements autochtones, alors que ce qui a été fait
par le gouvernement fédéral dans un
premier temps et par le projet de loi n° 55 en ce moment est un nouvel
élément qu'on ne retrouve pas du tout, et
donc cette nouvelle composante-là n'a pas besoin d'être arrimée avec
l'initiative qui se fait ailleurs dans le monde. Donc, ça, c'est dans un
premier temps.
M. Blanchette : ...tout à
fait raison. Celles au Canada et au Québec, on a ajouté le gouvernement
autochtone. Toutefois, quand on fait affaire
avec Glencore, par exemple... en tout cas, je pense que c'est suisse, là, c'est
en Europe, dans ce coin-là,
l'information des sommes d'argent versées aux Inuits sera transmise, et là il y
aura des échanges intergouvernementaux, donc on va recevoir l'information des redevances données aux Inuits,
O.K.? Je veux juste faire sûr. Indirectement, donc, on va l'avoir tout
de même.
M.
Dandonneau (François) : Dans un deuxième temps, et ça, c'était une
question préliminaire, vous aviez posé des questions quant à la
consultation qui avait eu lieu avec le gouvernement fédéral. Là-dessus,
bon — il
y a eu des commentaires qui ont été formulés
un peu plus tôt par le vice-grand chef et M. Bosum — je crois qu'il faut être prudent sur l'usage des mots. On parle ici... quand on
parle de consultation — on parlait de «meaningful consultation» — donc, de consultation véritable, et là-dessus je vous renvoie la jurisprudence
quand même assez étoffée de la Cour suprême à cet effet-là. Je crois que ce qui a été mis de l'avant
comme processus de consultation, entre guillemets, par le fédéral se voulait
beaucoup plus un processus informatif sur
l'initiative plutôt qu'une véritable consultation où les communautés
autochtones pouvaient faire part de
leurs préoccupations. Donc, là-dessus, la position du Grand Conseil est à
l'effet que l'initiative fédérale ne s'est pas faite dans un contexte de
consultation véritable.
Écoutez, la
consultation véritable, pour nous, doit se faire en amont. Là-dessus, ça n'a
pas été fait à l'étape du fédéral. On
apprécie la possibilité de pouvoir faire des représentations à cet effet-là
dans le cadre de cette commission.
Vous avez
mentionné, et j'en ai pris bonne note, que vous étiez très fiers de l'entente
qui avait été signée par le Grand
Conseil, l'Administration régionale crie de l'époque, la communauté de Wemindji
et Goldcorp. Je crois que — je parle pour le Grand
Conseil, et le Gouvernement de la nation crie, et la communauté de
Wemindji — la
fierté est réciproque, et là-dessus,
peut-être une clarification qui ne se reflète pas nécessairement dans le mémoire,
les Cris sont fiers de ces ententes-là,
la preuve étant que l'entente avec Goldcorp a été rendue publique, à
l'exception des dispositions financières du chapitre. Donc, vous posiez la question : Comment se fait-il que
des versements ou des paiements qui sont faits pourraient mettre en
péril la négociation de ces ententes-là, alors que les paiements sont rendus
publics plusieurs années après la négociation
des ententes? Écoutez, là-dessus, tout ce qu'on peut vous dire, c'est que — et là je parle vraiment de la perspective
crie — la négociation d'ententes se fait projet par
projet. Il est impossible... ou il n'est pas souhaitable d'approcher des
négociations dans le
cadre, par exemple, d'un projet de mine à ciel ouvert de la même façon qu'on le
ferait dans le cadre d'un projet de
mine souterraine, et les structures financières qui sont prévues dans ces
ententes-là sont spécifiques à chaque projet.
Or, si les
paiements sont rendus publics, ce que les gens vont voir, ce que les autres
communautés vont voir, c'est le
montant qui est versé, et là ça va devenir une espèce d'enchère : Alors,
telle entente a apporté tant d'argent à la communauté de Wemindji; bien là, écoutez, la communauté, mettons,
algonquine — et là
c'est tout à fait hypothétique — va vouloir avoir le même montant pour un
projet qui est complètement différent, qui n'aura peut-être pas la même durée
de vie.
Donc, c'est
là où on estime que la publication des paiements peut mettre un frein... ou
rendre plus difficiles la négociation
et la conclusion de ces ententes-là, parce que, dans le fond, tant du côté de
l'industrie que du côté autochtone, une
fois que les montants sont rendus publics, j'ai l'impression qu'il va y avoir
une attention peut-être indue sur le chiffre final plutôt que sur la nécessité de développer une relation entre des
entités qui vont devoir évoluer ensemble pendant plusieurs années.
M.
Blanchette : Merci beaucoup de l'information. J'ai des collègues qui
s'y connaissent un peu — j'ai l'ex-ministre des
Mines; j'ai le député d'Ungava qui a visité les communautés; et j'ai mon
collègue, aussi, député d'Abitibi-Est qui a travaillé sur les retombées économiques dans le secteur nordique en
particulier mais aussi dans le secteur minier — et je leur laisserais la parole. Je
ne sais pas lequel est...
Le Président (M. Morin) : Ungava?
M. Blanchette : Ungava.
Le Président (M. Morin) : On y va.
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) : Il reste
4 min 30 s.
M. Boucher : So,
Abel, Rodney, Andy, Me Dandonneau, «waachiye», please feel welcome at the
National Assembly, it is a real pleasure for
me to see you here this morning. What I hear is, presently, you have a kind of
mechanism to make your people aware
of the agreement you have with such mining companies. Can you elaborate a bit
on what kind of information or what
kind of mechanism you have to inform your people concerning the agreement
you're making with mining companies?
M.
Bosum (Abel) : Well, OK. Having been involved in most of this, we have
a team here. Where we start off is, once we know that there are exploration works in
the territory and we have the Cree Mineral Exploration Board that has access to this information, the moment that there's
a claim in the territory, that information is received, it's disseminated
to the community, each community receives
that, and that community, then, reports it to its members, and the members...
of course, the key ones are the trappers, and... that would be impacted.
So,
we have this information that's out there, and then, immediately after that, we
communicate with them, with the industry, and we let them know who the trapper is, which council
they need to meet and what is the process, what is the Cree mining policy, because the Cree mining
policy, basically, just sets out the terms and conditions. And, once we have
established that communication, then we
exchange and we enter into what's called the predevelopment agreement, and
this is more of a friendly way, it is an
unbinding agreement, it's to allow us to be able to understand the project, and
we can explain what we would like to
see, how we want to get involved and, more importantly, to explain what our
preoccupations are, which have largely to do with wildlife and
environment.
And so, once that is done,
then, of course, the relationship has been established, and that's important
for us because that is where you establish
trust, the relationship begins at that level, and that's where you are going to
engage the people or not. There have
been companies who have embarked and didn't want to do what we call the
predevelopment agreement, and there's no trust, so nobody wants to talk to
them, and their projects will continue to be somewhere out there. But to those
companies who have taken this step, we have been able to discuss a project with
them, we began to understand the
project, we have been able to help them, you know, try to reduce the footprint,
the impact of the project. These are contributions coming from our own
people, people that live on the land.
And
so, by the time we get to discuss the impact agreement, it's usually at the stage when the company is ready to... they found the mine and
they're ready to go forward. So, at that time, everybody is aware of the information, and that facilitates the negotiations, and we involve the
trappers not at the negotiations, but there's a consultation process with the trappers, the communities, all the
stakeholders. So, by the time we're done with the negotiations, it's not a
mystery, people know; people know
what they're getting themselves into, people know what the benefits are going
to be long-term, whether it's jobs,
employment, etc., and so there's a buy-in by the community, and, of course, the
community that is more impacted, they have the lead in that and they
draw the rest of the other Cree communities.
And
that's why we enter into IBAs as a Cree Nation, because we know that it's not
only just for one community, it's for everybody. Thank
you, Mr. Chairman.
• (11 heures) •
Le
Président (M. Morin) : Merci
beaucoup. Notre temps de la partie
ministérielle étant complété, je me dirige vers le député de Marie-Victorin,
porte-parole officiel de l'opposition.
M. Drainville :
Bienvenue, «welcome». Merci d'être là.
Une voix : ...
M. Drainville : Comment?
Une voix : ...
M.
Drainville : «Waachiye». Oui, absolument.
Excusez-moi. We don't have much time. If we had lots of time, I would speak in my mother tongue, we would have time to
translate, and everything, but, considering we only have 15 minutes,
including the answers, I'll speak in English.
Mr.
Bosum, talking about the IBAs, you said, and I quote : «These are parts of
the company's profits that return to the community.» I do not think that anyone at
this table disagrees with the principle that such agreements could and should exist, that these companies should return a
maximum amount of money to the communities upon which soil these projects, these mining projects happen. The
principle here is not whether money should be returned to the native communities or the Cree communities, the principle
is whether these agreements should be made public. And I read very carefully your brief and I do not agree, I
suppose, with some of the statements you make in your brief. When you
say : «There's no compelling
public interest to require the disclosure of the payments effected to the Cree
or other First Nations pursuant to
these agreements», I beg to disagree. I think it's in the interest of everyone — any citizen, any person, any nation — to know what is happening with the money. In any
context where there's a public body, where there's an elected body, I think people have the
right to know, and the right to transparency, I think, is a universal right.
And I say that with all due respect,
OK? I stated at the outset that I don't have a problem; quite the contrary, I
think you have the reputation of
being tough negotiators, and that's good, you've got to get the maximum out of
these projects, but to argue that the Cree
Nation and the Cree people should not know about these agreements, I think...
well, we have a disagreement on the principle there. Obviously, I'll
give you some time to comment on that.
I
wanted to ask you a question. You said — M. l'avocat, vous avez dit : Il y a un danger de surenchère, hein? — there's a danger that communities could
kind of use these agreements, not understand them properly, and this could lead to some kind of
«surenchère», like the bidding process could... Well, my answer to that would
be — and I say that very respectfully : Welcome to
democracy, welcome to democracy. It's a good thing that people should know what
the other community negotiated so that they
can take that information and try to get as good an agreement
that the other community got, if not better an
agreement.
And
my question is, particularly to you, Grand Chief : Have there been
recorded cases of misuses of some of these payments, some of these IBAs? Do you know of cases
where there has been a misuse of funds, where these moneys were not
spent for the benefit of the community or the Cree Nation but were used for the
benefit of certain individuals that misspent and misused this money?
M. Bosum (Abel) : ...the first question?
M. Drainville : Have you...
M.
Bosum (Abel) :
Yes, sure. Well, first of all, I think we have to be clear on what we mean by
«public.» OK? We too are a public government and we report what
we receive, how it's spent, and these are done through audit reports, public meetings. This is real transparency, OK? And we report that to our people because these
are agreements between us and the mining company. And so there is accountability there, there
is transparency, but what your legislation is talking about is, when you define «public» here, it's
«everybody.» I mean, what benefit is the Government of Québec going to have to have
this information? There's a difference, I think, in the definition when we say
«public.»
M.
Mark (Rodney) : I
mean, the biggest concern I have with Bill 55 is that there's a pretext to it
when it talks about to detect corruption in aboriginal
communities. I mean, we see the media all the time about... you know, being highlighted. I mean, there's a... within the
territory of wanting to work, of wanting to make things happen, but there seems
to be, with reference to what Abel was
saying about the pre-development agreements... there is an educational process
not just for the aboriginal
communities, but for the mining development, because they do have a lot of
preconceived ideas on how to deal with aboriginal communities, So there is a
buffer zone there that deals with those things, and the trust is
something that we sort of earned. And, in that pretext of that bill, I find
sometimes that, you know, it seems to send a message
to the industry that we need to have this to ensure that, you know, aboriginal
communities have, you know... I don't want to say it, but that they're corrupted.
That's the way I knee-jerk react to it, you know.
M.
Drainville : That's the signal you're getting from
the bill? I can tell you, Grand Chief, we've had quite a few cases of corruption involving nonnative
communities in Québec over the past few years, as you know,
and I do not consider these
cases... I do not derive or draw the conclusion from these several stories and
affairs that all nonnative Québec peoples are corrupted, and I'm very
happy that these cases were reported, and I'm very happy with the principle
that this bill is based upon, which
is the right to know, we should have the right to know. And, I tell you, Grand
Chief, my position on this bill is
that any amount of money, any, from $1 up, given by a mining corporation to any
community, whether it is native or nonnative, municipality, whatever, any money
should be made public, there should be full disclosure, and every mining, exploring or
production company, any company, any company should have to report whatever the
amount is. So, full disclosure, no exception, that's my position.
And, I tell you, it seems to me that
your position as Grand Chief would be strengthen if you were to say to your people, «I am not afraid of
anything, I am not afraid of any disclosure; the information, the money we are getting as public bodies, you will know everything about it, you will know every
amount.» You don't agree with me?
• (11 h 10) •
M. Mark (Rodney) : I mean, we're extremely transparent in terms of how we spend
money internally... governance wise, I mean.
M.
Drainville : So, aren't you afraid that
your position on this could not be interpreted as being in favor of transparency but as being opposed, in some way?
Aren't you afraid of the perception that people could draw from your position, say, «OK, they say they are in favor of
transparency, but they don't agree with the bill that would impose full
disclosure»?
M. Mark (Rodney) : Well, it just goes back to my first,
initial argument, saying that the claw back issue, that's the biggest concern we have.
We've dealt with the federal Government, and the motive on their side is to cut, cut, cut. And we've seen it, it's already
happening nationally
with the federal Government on most aboriginal communities. And this is the biggest concern we
have, that this is what is going to... and we don't know what is going to
happen 20, 30 years from now.
M. Drainville : But, Chief, if you say
to a company : Look, the conditions for you to have this project on our land is this, and this, and this, why is
it a problem that your conditions, including payments for a school, payments
for a community center, for a road,
or whatever... why is it a problem that you would state these conditions
publicly and the payment that comes
with this negotiation should also be made public? I don't have a problem with
that. If, as Grand Chief, you say : You want to come on my land, you want to start a mining project, well,
you're going to have to put money into this, and this, and this, and this, and this is my position, you pay, OK, the
payment is made public, what is the problem with that, Grand Chief? I
don't understand.
M. Mark (Rodney) : The consequences; we don't know the
consequences. Just going back to the federal issue and
other governmental issues, like what will be the
consequences of that, we have no control over it.
M. Drainville : Ultimately, of course,
you have control, Grand Chief. Ultimately, you may decide to agree or not agree with the payment, agree or
not agree with the conditions, agree or not agree with whatever proposal
they're making to you. If it's not
good enough, you've said no in the past, and they've come back with a better
proposal, and, in some cases, you've
made an agreement. And I say : What do you have to loose? I don't see what
you have to loose. Of
course, it's a new framework, there are new rules, but
new rules appear all the time, we adjust to them.
M. Bosum (Abel) : Yes. Mr. Drainville, thank you very much. I see where you're going, and we
don't have a problem...
M.
Drainville : ...stating
my case.
M. Bosum (Abel) : OK. I know you're stating your case,
and it's been the same case for the last, whatever, 10 years.
M.
Drainville : ...when
you say «the same case.»
M. Bosum (Abel) : This bill here, this whole thing about
transparency, I mean, it
just didn't come up yesterday, you know, it was there before, driven by the federal Government,
all right? And now...
M.
Drainville :
I'm a separatist, Mr. Bosum...
M.
Bosum (Abel) : OK. Now Québec...
M.
Drainville : ...I
can tell you, I'm not driven by the federal Government at all.
M.
Bosum (Abel) : Well, are you listening to me
or not?
M.
Drainville :
Yes, of course.
M. Bosum (Abel) : No, forget it. Go ahead, go on for the
next one, go ahead. You're not paying attention, so leave it.
M. Drainville : No. Mr. Bosum, you implied that I'm driven by the
federal Government. You know I'm from the Parti
québécois. Don't say that
I'm driven by the federal Government. I want to separate from the federal Government. Please, respect the
principles I'm putting forward to you. And I'm listening to your answer.
M. Bosum (Abel) : Yes. But you're arguing and you're confronting
with our Grand Chief on issues that are not even what we're talking about here. You know,
we're trying to be clear about why we think this bill will impact, OK?
We have no problem with Québec,
with, you know, the motives and the interests that you
have here — transparency, accountability — we
don't have a problem with that and we're ready to disclose our IBAs, OK,
whatever it is that we get, except for finance, and there is a reason for that, because we know
the federal Government is going to use that to claw back. We are starting to build our communities.
The Cree are perhaps the most advanced, and others are looking to the
Cree. You start removing resources, and we're back to what we were
40 years ago. Is that what you want?
M. Drainville : No, of course not. You know
that's not what I want, Mr. Bosum, but you're not addressing...
M.
Bosum (Abel) :
But that will be the effect. The Harper Government is already doing this, is
already cutting right
across, cutting on aboriginal organizations, cutting those communities who are
going forward and getting some wealth from
the territory. They're already cutting. Now, they're telling them, «Well, you
go and pay your education, you go pay your health, you go pay your housing from those
mining companies.» And the agreements that we have are not to replace
those federal obligations, they're not there to replace provincial obligations
either.
Le Président (M. Morin) : Il
vous reste 26 secondes.
M. Drainville : If the federal Government has a negative
intention towards native communities and aboriginal communities, I can tell you, I do not share that
objective, I'm completely opposed to whatever negative attitude the federal
Government can have towards native communities.
I'm all for native communities and I think you deserve to have the development that will make your life better. You
deserve it and you fight for it, and that's good, and I want to help you in
doing this, but, in doing so, I think the
principle of transparency must be absolute, and we have a disagreement on that.
M.
Bosum (Abel) : We
don't disagree on transparency, we're here to say that the financial disclosure
is something that we
need to talk about, you need to understand the implications of it. And we need
to find a way to give this information so that it's not used against us.
That's what we're asking for.
Le
Président (M. Morin) : Merci beaucoup. Le temps étant écoulé pour le député
de Marie-Victorin, on se dirige
vers la députée d'Arthabaska.
Mme Roy
(Arthabaska) : J'ai bien compris votre position, hein, je ne
vous reposerai pas 10 fois la même question. Par contre, ce que je ne comprends pas, c'est que... Admettons qu'une
communauté jamésienne, par exemple, recevrait un montant d'une compagnie minière; une municipalité, ça devrait
apparaître dans ses états financiers. Pourquoi pas un conseil de bande?
M.
Mark (Rodney) : I
think, for sure, to the communities, we would be transparent to our members
within our Cree
Nation. I mean, I don't want to start a debate between Abel and... but it's the
consequence, we don't know what the consequences would be at the federal side
on this legislation. I mean, that's the biggest concern : that it's going
to penalize us for trying to create
wealth. Now, the biggest thing that we're trying to do is to try to create an
environment of attracting investment in our territory at the private...
Mme Roy
(Arthabaska) : Pourtant — c'est parce que je suis un petit peu obligée
de vous interrompre, parce que je
n'ai pas beaucoup de temps, là — l'association des prospecteurs miniers, eux
autres, mentionnent le contraire, ils disent que le fait de divulguer les
ententes avec les communautés autochtones ou autres favoriserait le fait qu'il
n'y ait pas d'augmentation puis de
spéculation. Vous êtes les deux partenaires habituellement, parce que c'est
habituellement avec les prospecteurs
que vous avez à négocier, parce que c'est les premiers qui arrivent sur le
terrain, puis après ça ils vendent ça
à des grosses compagnies plutôt internationales qui doivent finaliser les
ententes. Et puis ça sécuriserait, ils disent,
le marché de l'emprunt lorsqu'ils doivent financer leurs prospections, puis ça
vous permettrait d'avoir encore plus de développement chez vous.
M. Mark (Rodney) : Well, I mean, I think... just to go
back on what Abel was saying, I think there has to be a real discussion on the issue of
transparency. I mean, I've been involved in politics for 14 years, I mean,
we've been transparent, even my travel claim is on the audit statement. So, I
mean, how this will impact the... I mean, we have utilized this project
in terms of housing, in terms of community
programming for youth, specifically on those issues, but, most importantly,
it's the training that has developed
in the territory that we have utilized for that purpose. Now, we're negotiating
other things with the federal
Government, and this is where that, again, gets really... the consequences of
that, we're not exactly sure how this will implicate...
• (11 h 20) •
Mme Roy (Arthabaska) : Mais
je vous entends parler de transparence, là, mais on dirait que ça s'applique seulement
aux autres, la vertu est bonne pour les autres seulement, sauf pour vous, parce que
vous ne voulez pas développer vos
avantages financiers. Seulement ce matin, là — je regardais les documents du Secrétariat des affaires autochtones — avec une vérification de quelques minutes, j'ai vu que vous receviez
facilement 607 000 587 $ du gouvernement québécois assez bien détaillés par poste et puis que vous en
receviez facilement — deux
postes que j'ai pu identifier du fédéral — pour un montant de 706 989 655 $, ce qui
revient, pour une communauté d'à peu près 14 500 Cris, à un montant de
48 000 $ par tête de pipe,
quand on sait qu'au Québec une famille moyenne avec deux enfants gagne
40 000 $. Pourquoi, le secrétariat,
là, je pourrais aller à la période des crédits puis lui poser plein de
questions puis vous, vous n'avez pas cette obligation de dévoilement là?
M. Bosum (Abel) : Well, I mean, I think there's a lot of
learning to be done here. First of all, you have to understand, the James Bay and Northern Québec
Agreement, it's a treaty between the Cree Nation, the Government of Québec and the federal
Government, and that treaty sets out everybody's obligations in return for
access to the territory. That's what
you got. All right? So, what you are receiving there are treaty obligations.
You would have to pay those if there
was a mine or no mine. Now, we are opening up a territory again for mining and
we are ready for that, but we want the
rules to be clear, first of all, and that's why we created the mining policy,
our own mining policy, that's why we want to participate in the legislations, so that the legislations are there
to help us too, not work against us, but at the same time we want to be
able to explain what our preoccupations are, and that's what we are here for.
Mme Roy
(Arthabaska) : Bien, je vous remercie de venir nous en faire
part, de toute façon, d'avoir le courage d'avoir vos opinions puis de pouvoir en discuter, mais je pense que
continuer la conversation ne va rien servir, là, on s'en va dans un cul-de-sac, comme on peut dire en
québécois. Donc, je vous remercie puis je suis toujours ouverte à ce que
vous avanciez un petit peu votre position. Merci.
Le Président (M. Morin) :
Est-ce que vous avez quelque chose à rajouter? Ça va? Oui, M. François.
M.
Dandonneau (François)
: Un dernier commentaire, très rapidement. Sans
vouloir nécessairement repartir la
discussion, j'inviterais quand même les membres de la commission à consulter
les positions qui ont été mises de l'avant dans le cadre de consultations générales dans le cadre du projet de loi
n° 43 par le Barreau du Québec, par l'Association minière du Québec, qui a comparu hier devant vous.
Sur ce point-là plus particulier, l'AMQ n'en a pas parlé hier mais en a toutefois parlé dans le cadre de son mémoire du
projet de loi n° 43, tout comme l'a fait le Barreau du Québec, et vous
verrez qu'il y a...
Une voix : ...
M.
Dandonneau (François)
: Le projet
de loi n° 43, qui était un projet de loi pour amender la Loi sur les mines, puis il avait ce volet-là à
l'époque. Et donc cette question particulière là a été soulevée, et vous verrez
que la position qui est mise de
l'avant dans le cadre du mémoire du Grand Conseil du gouvernement de la nation
crie n'est pas... le gouvernement de la nation crie ne fait pas cavalier
seul sur cette...
Mme Roy
(Arthabaska) : M. le Président, seulement une petite question, là. C'est parce que
le projet de loi n° 43... À chaque législation, ça commence à 1
puis ça finit à 100. C'était quoi, le titre de ce projet de loi là?
M.
Dandonneau (François)
: Je
pourrais vous le retrouver, là. C'était essentiellement : projet de loi visant l'amendement de
la Loi sur les mines.
Le Président (M. Morin) : Je
n'ai pas voulu que la discussion reprenne. Simplement pour vous donner...
Une voix : Des excuses.
Le Président (M. Morin) :
Merci. Un petit mot?
M.
Baribeau (Andy) : O.K., un
petit mot. Je voulais juste clarifier deux points. Le premier, c'est sur l'Association de l'exploration minière du Québec. Il y a des compagnies avec lesquelles on a des bonnes
relations, mais, sur les douzaines, sinon
les centaines de projets d'exploration qu'on a dans le territoire cri, on a à
peine une douzaine de compagnies qui se sont assises avec nous autres. Ça fait que, quand l'Association de l'exploration
se prononce sur des dossiers autochtones, je suis très cynique, en
partant. Vous allez me pardonner, là.
Ensuite, Me
Dandonneau a parlé de la surenchère, du danger. Si on regarde Raglan, l'exemple
de Raglan, à l'époque la mine Troilus
avait décollé, puis, si on avait eu le jeu de surenchère à cette époque-là,
Troilus n'aurait jamais décollé, parce que c'était une mine
marginale, qu'on a pris du cas par cas.
Une voix : Troilus, c'était
où, M. Baribeau? Excusez-nous.
M.
Baribeau (Andy) : C'était à
l'ouest de Mistassini. C'est une mine à ciel ouvert qui a 15 ans
d'opération, a fermé en 2010.
Une voix : Mais qui est
fermée.
M. Baribeau (Andy) : Oui.
M.
Drainville : Puis pourquoi vous dites que ça n'aurait pas fonctionné à
Troilus si les conditions de Raglan avaient été connues?
M.
Baribeau (Andy) : Non, ce
n'était pas l'histoire des conditions de Raglan, c'est dans un contexte que
vous parliez tantôt, de surenchères.
La mine
Troilus a été une mine marginale toute sa vie, puis, à l'époque, les Cris
avaient pris plutôt l'approche de s'asseoir avec la compagnie puis voir
quel autre genre d'implication on pourrait avoir avec eux, puis on a regardé l'emploi, on a regardé les opportunités
d'affaires, alors que, si on avait embarqué dans un jeu de surenchère, on
aurait tué 300 emplois pendant 15 ans.
M.
Drainville : Parce
que vous présumez que la mine en question,
celle de Mistassini, n'aurait pas été prête à payer les conditions que
la mine de Raglan payait aux Inuits?
M. Baribeau (Andy) : Elle n'aurait
pas été prête, elle n'aurait pas été capable non plus.
Le
Président (M. Morin) : O.K. Je suis très permissif, là, parce
que l'intérêt du dossier est grand.
Donc, merci beaucoup d'avoir voulu échanger avec la
commission. Bon retour à la maison. Je
sais que c'est un petit voyage. Donc,
merci.
Je suspends les travaux pour recevoir
l'Association de l'exploration minière du Québec.
(Suspension de la séance à 11 h 26)
(Reprise à 11 h 33)
Le
Président (M. Morin) : Nous reprenons nos travaux et nous
recevons l'Association de l'exploration minière du Québec en la personne du président du conseil, M. Frank Mariage. Donc,
M. Mariage, bienvenue chez nous, faites-nous
le plaisir de présenter les personnes qui vous accompagnent et vous avez 10
minutes pour votre présentation.
Association de
l'exploration minière du Québec (AEMQ)
M. Mariage
(Frank) : Merci. M.
le Président, membres de cette commission, chers participants et collègues, au
nom de l'Association de l'exploration
minière du Québec, je désire remercier la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles de l'occasion que
vous nous accordez à venir vous faire part de nos positions relativement au projet de loi n° 55. Mon nom est
Frank Mariage, et je suis avocat spécialiste en droit minier associé au
sein du cabinet d'avocats Fasken Martineau et président du conseil
d'administration de l'AEMQ.
Avant de
débuter, j'aimerais présenter les collègues présents avec moi à cette table :
à ma gauche, je suis accompagné
aujourd'hui de Mme Valérie Fillion, géologue et directrice générale de notre
association; à ma droite, M. Mathieu
Savard, géologue, membre du conseil d'administration; et de M. Alain Poirier, à
ma gauche, directeur de projet à la permanence de notre association.
M. le Président, notre filière minérale
québécoise est aujourd'hui le fer de lance d'une industrie qui contribue grandement à l'économie du Québec et de ses
régions ressources. De récentes données de l'Institut de la statistique du
Québec nous indiquent que 85 % des travaux d'exploration hors site,
c'est-à-dire hors d'un bail minier, sont effectués par des PME d'exploration minière. Notre filière
maintient, selon les cycles, entre 2 000 et 3 000 emplois en recherche
et en développement du sous-sol
québécois. Notre expertise est internationalement reconnue pour sa rigueur, son
savoir-faire et sa volonté d'oeuvrer
d'une manière responsable. Notre évaluation de la situation économique de notre
secteur d'activité des dernières
années nous amène à conclure que celles-ci ont été particulièrement
désastreuses. Au cours des dernières années,
notre secteur a été contraint d'évoluer avec un long cycle économique baissier,
un fonds de charges réglementaires accrues,
un encadrement environnemental parfois aléatoire et un niveau de débat public
émotif qui ont collectivement nui aux efforts de nos entreprises
d'exploration à recueillir des fonds sur les marchés financiers.
Les
explorateurs sont les premiers à prendre contact avec un grand potentiel
d'utilisateurs de terres publiques et de propriétaires fonciers, incluant des chasseurs, des trappeurs, des
forestiers, des agriculteurs et, enfin, des communautés locales et autochtones. Ce faisant, ils sont aussi
les premiers à échanger, dialoguer et prendre en compte les préoccupations
de communautés établies à proximité des
projets d'exploration. Ils sont également les premiers appelés à conclure des
ententes avec ces communautés, dont particulièrement celles des Premières
Nations. Ces ententes peuvent recevoir diverses
appellations selon les circonstances : des ententes de partenariat;
ententes de collaboration ou ententes sur les... les répercussions et les avantages — pardon. Ces ententes sont habituellement
conclues entre une société et une communauté lors des projets d'exploration. La communauté cherche ainsi à assurer
des retombées économiques et des emplois futurs pour ses citoyens. Pour l'entreprise, il s'agit de s'approprier des
préoccupations et des attentes des communautés et d'en tenir compte dans
l'élaboration de son projet.
Quant aux
ententes sur les répercussions et les avantages, celles-ci sont habituellement
signées lors de la phase de mise en
valeur du projet minier et impliquent davantage le développeur du gisement.
Avec le temps, ces ententes sont devenues
de plus en plus complexes et sont généralement accompagnées d'engagements
financiers présents et futurs. Nous observons
également depuis quelques années l'émergence d'une surenchère progressive d'une
entente à l'autre. Cette pratique a
une répercussion évidente sur les coûts des projets d'exploration avancés et de
mise en valeur. Rappelons qu'il n'existe présentement au
Québec aucune obligation légale pour une entreprise de conclure une entente,
dans le cadre d'un projet de
développement, avec une communauté locale ou autochtone ni de rendre publique
une telle entente. Nos sociétés d'exploration
ne s'opposent pas à la conclusion d'ententes avec une communauté et, plus
particulièrement, une communauté autochtone.
Nos sociétés sont inscrites sur les marchés boursiers et ont un devoir de
divulguer l'ensemble de l'information pertinente
permettant à leurs investisseurs de bien évaluer l'entreprise, ses projets et
de porter un jugement sur la valeur même du titre transigé sur les
marchés. Cela représente donc un enjeu légal et financier pour nos sociétés de
devoir maintenir confidentiel le contenu de ces ententes.
Dans ce
contexte, notre association appuie la poursuite de toute initiative favorisant
davantage la transparence et une
meilleure compréhension du grand public des enjeux financiers et économiques
auxquels notre industrie est confrontée.
Il est nécessaire, à notre avis, que la législation rende obligatoire la
diffusion de tout fait, incluant ces ententes, afin de permettre aux
investisseurs de juger de l'impact d'un tel fait sur la valeur du titre de
l'entreprise. Puisque ce sont des PME
qui signent ces ententes qui sont appelées à être appliquées au moment de
l'exploitation du gisement, il s'agit d'un
élément vital dans la relation d'une société d'exploration cotée en bourse avec
ses investisseurs et le marché financier.
Nous croyons que le gouvernement atteindrait son
objectif de transparence et de combattre la corruption en incluant dans son projet de loi les PME
d'exploration minière. L'association demande de protéger les investisseurs des
PME d'exploration. La future loi doit donc
obliger une PME d'exploration à divulguer tout paiement annuel totalisant
10 000 $ et plus à un individu lié
directement ou indirectement à une entité publique de toute nature; tout
versement à un tiers représentant des
primes à la signature d'une entente, à la découverte d'un gisement ou une
redevance à la production; tout
versement ou promesse de versement de redevances futures; tous les frais
encourus et payés et toute autre considération accordée en vue d'obtenir un accès au territoire, y compris tout
paiement en nature; tout versement sous forme d'actions ou d'options
octroyées directement à une entité publique ou à une tierce entité représentant
un gouvernement ou une communauté locale ou
autochtone; tout paiement versé à une autre entité autochtone, y compris les
versements faits en vertu d'une
entente sur les répercussions et les avantages. L'AEMQ est aussi d'avis
qu'aucune exemption ne doit être accordée relativement au nombre de
déclarations.
En guise de
conclusion, notre association est en faveur de la divulgation publique de tout
renseignement lié à des contributions
ou à des avantages conférés à une communauté. Le projet de loi dans sa version
actuelle est une avancée au niveau de
la transparence et de la connaissance de notre secteur d'activité. Nous croyons
cependant que le gouvernement du
Québec doit aller plus loin afin d'assurer cette transparence et d'accroître la
protection des investisseurs de l'exploration minière. En conclusion, donc, nous demandons de soumettre les
entreprises d'exploration à l'obligation de divulguer les ententes
signées par celles-ci.
Au nom de
l'AEMQ, nous vous remercions, M. le Président, de l'intérêt porté à nos
propositions et nous sommes à votre disposition pour répondre à vos
questions. Merci.
• (11 h 40) •
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le président, vous-même. Je
vous laisse entre les mains de la partie ministérielle.
M. Blanchette : Je ne prendrai
personne dans mes mains, mais essentiellement je vais intervenir sur le sujet.
D'abord, merci et bienvenue, vos commentaires sont vraiment appréciés. On est à
l'étape d'écouter, dans le fond, les différents
mémoires, et vous pouvez être certains que toutes les recommandations, toutes
les écritures qui sont faites seront prises en compte.
La première
chose, c'est que j'irais peut-être en page 13 dans votre commentaire de bas de
page. Vous indiquez qu'il serait
«inopportun de soulever [...] la question d'acceptabilité sociale en
lien avec les déclarations des ententes» et qu'il serait plutôt prudent de ne pas introduire ce concept dans le
projet de loi, puis, plus loin, je lisais que c'était parce que ce n'était pas défini. On est conscients qu'il
y a un chantier sur l'acceptabilité sociale qui va développer le concept,
mais essentiellement j'aimerais savoir dans
un premier temps : En quoi l'objectif de la loi de favoriser
l'acceptabilité sociale des projets d'exploration et d'exploitation des
ressources naturelles peut-il être inopportun?
M. Mariage
(Frank) : Bien,
écoutez, étant un homme de loi, je suis sensible à l'utilisation de certains
termes. Évidemment, l'acceptabilité
sociale n'est pas un concept légalement qui est défini. Je comprends, comme
vous l'avez mentionné, que vous avez lancé un chantier là-dessus. Je
crois qu'il est important d'attendre les conclusions de cette consultation-là
avant de commencer à intégrer ce volet-là dans les projets de loi.
Maintenant,
la loi vise la transparence, la transparence peut être une composante de
l'acceptabilité sociale, mais, d'abord
et avant tout, on vise la transparence, et, le fait d'enlever ces mots-là du
projet de loi, vous allez atteindre le même but. Et d'ailleurs c'est ce qu'a fait le fédéral, il ne mentionne pas
l'acceptabilité sociale dans leur projet de loi, le but étant de
favoriser la transparence.
M. Blanchette :
...ni en Europe. Effectivement, c'est nous qui l'avons ajouté, parce que la
réflexion qu'on avait était à l'effet que plus qu'on aura
d'informations, plus qu'il y aura une transparence et plus que les gens
pourront mieux mesurer et évaluer les retombées,
les impacts, dans les communautés d'accueil, des projets miniers. C'était par
ce biais-là. Maintenant, il n'y a pas
d'indicateur spécifique, c'est les mêmes indicateurs essentiellement qui
demeurent en cours.
Je reviens, en élargissant un petit peu le
sujet, sur le fameux 10 000 $. À la page 17 de votre mémoire,
vous demandez de modifier l'article
6 du projet de loi «pour inclure une déclaration des entreprises
d'exploration détenant des ententes»
et vous suggérez la somme de 10 000 $ pour une entreprise détenant
des claims, des concessions minières. Juste sur le sujet, je veux bien comprendre. Puis, pour avoir déjà échangé
auprès de vous ou de l'association à cet effet-là, vous souhaitez moins de bureaucratie. De mettre ça à
10 000 $, ça implique beaucoup plus de bureaucratie qu'on peut se l'imaginer. On s'entend que ce sont sur des
catégories de paiement très ciblées qu'on souhaite avoir, donc, tout ce qui
est redevances auprès des gouvernements municipaux, fédéraux, locaux ou les
organismes déjà identifiés, toutes les redevances seraient mieux mesurées,
lancées, mais là 10 000 $, ça veut dire qu'on se met à l'ouvrage puis
que, les 250 entreprises d'exploration
minière au Québec... en tout cas, qui ont des travaux d'exploration
minière — je dis
ça à peu près, là, mais ça doit être dans les ordres de grandeur — ça
les obligerait à monter des rapports, donc on ajoute à la bureaucratie. Vous ne
trouvez pas ça un peu contradictoire avec vos positions traditionnelles?
Je
tiens à mentionner que, si les entreprises d'exploration veulent améliorer leur
bilan social et un peu divulguer ces
informations-là, elles ont toujours le loisir de le faire. Ça, le gouvernement
n'empêchera jamais ça. Mais, essentiellement, de le mettre, je dirais, sous l'effet de la loi tout comme sur le plan
international ça se fait ailleurs, on serait un peu uniques au monde... pas au Québec, mais au monde
là-dessus. Ailleurs, ils ont mis le plafond du 100 000 $ justement
pour avoir les projets essentiellement d'exploitation, parce qu'on pense
que toutes les entreprises d'exploitation sont couvertes. Quelques-unes, entreprises, un certain pourcentage
faible des entreprises d'exploration, seront également couvertes, mais la forte majorité — en tout cas, j'aimerais ça vous entendre
puis confirmer ça — ne
serait pas couverte avec le 100 000 $. Avec le
10 000 $, ce serait le contraire, là, il y aurait une forte
proportion.
Ça
fait qu'il y a une question d'harmonisation avec l'international puis une
question de lourdeur... J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Mariage (Frank) : Certainement. Bon. D'abord et avant tout, le chiffre de
10 000 $, évidemment, on parle de sociétés d'exploration, donc c'est une question d'identifier le seuil
de matérialité pour une compagnie, de ce qu'elle doit divulguer ou pas, là, jusqu'à quel point un paiement devient
matériel ou pas et qu'elle a l'obligation d'informer le public et le
public investisseur de tels paiements.
Maintenant,
oui, on a parlé à environ 300 sociétés d'exploration qui oeuvrent sur le
territoire, pas toutes sur le territoire
conventionné ou autre où est-ce qu'elles... Donc, ce ne sont pas toutes des
entreprises qui ont des ententes, je pense
qu'il y en a peut-être une quarantaine, là, de mémoire, là, et évidemment on
parle de PME d'exploration, donc, pour la
très, très grande majorité, ce sont des sociétés qui ont un projet, pas deux,
pas trois, pas quatre, un projet. Elles en ont peut-être plusieurs, mais elles ont un projet principal qui va être
assujetti à une entente en vertu de laquelle ils pourraient avoir des paiements. Alors, pour nous, de les
obliger, dans le cadre légal, de divulguer ça, nous croyons que c'est quelque
chose qui est faisable sur une page et nous
ne voyons pas une lourdeur administrative de ce niveau-là, puisqu'on ne parle
pas d'une société qui a des projets un peu
partout. Elle va avoir un projet qui va assujetti, la plupart du temps. Il y a
toujours des exceptions. Mais donc,
pour nous, ce n'est pas quelque chose qui représente une lourdeur
administrative, compte tenu que, selon nous, c'est quelque chose qui
peut être fait sur une page.
Maintenant,
au niveau des standards internationaux, je comprends tout à fait, c'est bien de
se mesurer à ce que les autres pays, les autres communautés font. Nous,
on pense qu'en tenant compte de la réalité ici, de la grandeur du territoire, des différentes communautés... moi
aussi, je le vois comme une façon de hausser les standards aussi puis je ne
vois pas pourquoi on ne pourrait pas le
faire au Québec, surtout que, pour nous, je me répète, là, on ne parle pas
d'une lourdeur. Nous, on ne considère
pas que c'est une lourdeur administrative, compte tenu de la réalité des PME
québécoises.
M.
Blanchette : ...à mes collègues. Vous avez, en page 15, des
recommandations pour ajouter d'autres catégories de paiement. Tout ça
sera pris en compte, mais j'insiste sur une en particulier : celle de
«promesse de versement de redevances futures».
Dans
ma conception des choses, puis je peux me tromper, là, je n'ai pas la vérité
infuse, mais, essentiellement, c'est
souvent à l'ordre de l'exploitation, et, bon, sauf exception — il y a eu des cas, notamment à Richmont — mais, la plupart du temps,
l'entreprise d'exploration ne met pas en exploitation... Il y a eu des cas, là,
j'en conviens, là, mais quelques cas
seulement. Mais, règle générale, c'est toujours à l'entreprise d'exploitation
qui reprend le développement de la
mine en question une fois découverte par les géologues, puis je les en
remercie, mais, la promesse de versements futurs, j'aimerais avoir ça avoir un peu plus
d'explications là-dessus. Comment engager le futur quand on n'a pas prise
dessus?
M. Mariage (Frank) : Vous savez, dans mon domaine, le versement de redevances
futures fait toujours partie des
considérations dans l'acquisition ou la vente de projets, donc ça, ce n'est pas
une surprise. Évidemment, on est dans un
contexte qui est sans cesse en évolution. Moi, ça fait une quinzaine d'années
que je pratique dans le secteur minier, puis je peux vous dire qu'il y a 15 ans les pourparlers avec les
communautés autochtones, ça n'existait pas. On le faisait au moment où
on était sur le bord d'obtenir notre bail minier, tandis que maintenant c'est
l'inverse : dès qu'il y a présence sur
le territoire, il y a discussion et négociation avec les communautés
autochtones. Et, de plus en plus, ce qu'on voit dans l'évolution des demandes... bien, on demande, oui, des
paiements, et, quand nous sommes au stade de... bon, la faisabilité a été démontrée, il va y avoir des
calculs, on va nous demander... les Cris vont le faire, vont demander... au
niveau de la rentabilité de la mine, mais ce
qu'on voit de plus en plus maintenant, c'est des demandes de redevances sur le
futur qu'on est en mesure d'évaluer évidemment,
parce qu'on sait qu'un projet qui est assujetti à tel type de redevances,
bien il ne sera pas rentable.
Ça
fait que, dès le départ, on est en exploration, on le sait, si on est en mesure
ou pas d'octroyer à une communauté une
promesse de redevances futures sur ce que la mine va produire. La raison pour
laquelle on fait cette demande-là, c'est parce que, on le constate sur
le terrain, cette demande-là nous est adressée de plus en plus en plus tôt dans
le stade de développement du projet. C'est une réalité.
M.
Blanchette : Globalement — je vous remercie, là — tout ça sera évalué en article par article
et sera considéré. Est-ce que j'aurais des collègues...
Le Président (M. Morin) :
Oui, M. le ministre. J'ai le député d'Abitibi-Est qui veut intervenir.
• (11 h 50) •
M. Bourgeois : Bonjour, bienvenue
chez vous, et merci de contribuer aux travaux de la commission.
Premièrement, dans la notion de ce qu'on parlait
tout à l'heure au niveau de la contribution à 10 000 $ ou à 100 000 $, croyez-vous qu'il devrait y
avoir deux catégories : une qui toucherait l'exploration, qui serait de
10 000 $ et plus, et l'autre qui serait celle d'exploitation
de 100 000 $ et plus? Est-ce que c'est un modèle qui reviendrait
rejoindre vos préoccupations?
M. Mariage (Frank) : Je vais
laisser mon collègue Alain Poirier répondre à cette question.
Une voix : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Bonjour, M. le
Président. C'est effectivement la façon dont on a libellé notre mémoire, c'est-à-dire qu'on demande qu'il y ait une
catégorie spéciale pour l'exploration, parce qu'on comprend que les entreprises
d'exploitation peuvent avoir beaucoup de
projets dans plusieurs pays et elles ont des paiements de 100 000 $
et plus — ça devient
plus important à ce moment-là — et non pas des plus petits paiements, tandis
que, une entreprise d'exploration qui
vaut 4, 5 millions, on considère qu'à 10 000 $ il devrait y
avoir une catégorie qui l'inclut pour s'assurer de l'obligation de
divulguer ce type d'entente là ou des paiements qui sont faits à des
communautés.
M.
Bourgeois : M. le Président, dans un autre ordre d'idées mais qui
vient retoucher ça, hier on a eu des groupes qui sont venus nous entretenir sur le sujet et plus particulièrement sur
le fait que certaines compagnies se servaient, dans le fond, du processus pour influencer de façon
favorable la position des gens qui sont soit en position d'influence par
rapport à des organisations comme les
municipalités ou des groupes d'intérêts et/ou la population... en lien avec
leur présence pour la réalisation
d'un projet futur. J'aimerais vous entendre, parce que vous êtes souvent ceux
qui sont les premiers, hein... vos
entreprises sont les premières à être sur le chantier, si je peux dire. Est-ce
que vous vivez cette situation-là? Est-ce
que, vos membres, c'est une pratique d'affaires? Et, à l'inverse, est-ce que
vous subissez des pressions de la part de groupes d'intérêts ou d'organisations quand les entreprises se
présentent sur le territoire pour réaliser des projets d'envergure?
Une voix : M. le président.
M. Mariage
(Frank) : Merci.
Est-ce que nos membres subissent une pression? La réponse est non. Moi, je le
vois plutôt comme un désir de nos membres
d'être de bons citoyens corporatifs et de contribuer à la communauté où ils
sont implantés, où leurs projets sont. Ce n'est pas une question d'acheter
l'acceptabilité sociale. Je ne pense pas que l'acceptabilité
sociale s'achète. Mais qu'une entreprise soit présente sur le terrain et
qu'elle contribue à un club de sport ou
à un club de loisirs, moi, en tout cas, de notre côté, ce n'est pas vu comme
une pression, mais comme quelque chose qui fait partie, quand tu es implanté dans une communauté... tout comme une
autre entreprise d'un autre secteur le ferait. C'est d'être de bons
citoyens corporatifs et de contribuer au bien-être des gens qui y vivent.
Une voix : Mme Fillion.
Mme
Fillion (Valérie) : C'est
qu'en plus ce volet-là de partenariat financier ou de commandite, parce que
j'ai écouté ce bout-là hier, là,
justement, c'est public, ça. Quand tu as un partenariat financier avec un club
de sport ou... c'est public, tu as
ton nom, les entreprises ont leur nom. Donc, ce n'est pas un volet
confidentiel, c'est une implication sociale, publique. Ça fait que ce
n'est pas confidentiel, ces choses-là. Donc, pour nous, c'est de l'implication.
M. Mariage
(Frank) : Puis,
peut-être à l'inverse, vous dire que, si nos membres ne le... M. le Président,
pardon, si nos membres ne faisaient
pas de telles choses, bien les mêmes personnes, qui disent qu'on essaie
d'acheter l'acceptabilité sociale, seraient
les premières à nous critiquer, justement, de ne pas être implantés dans notre
communauté et de ne pas contribuer.
Le Président (M. Morin) :
Continuez, M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Toujours dans la notion, dans
l'objectif visés par le projet de loi, le fait d'amener la transparence sur, dans le fond, les gestes qui sont posés
par les compagnies, croyez-vous que ça risque d'avoir... Parce qu'il y en a qui nous ont dit qu'il pourrait
y avoir des risques d'inflation des demandes, des attentes des milieux ou organisations. Est-ce que vous sentez que ça
peut avoir cet effet-là ou plutôt un effet, je dirais, stabilisateur ou
d'équilibre sur les attentes des
communautés hôtes des projets envers des groupes qui se présentent pour
réaliser des projets sur le territoire?
M. Mariage
(Frank) : Justement,
une des choses que j'ai dites dans mes notes, c'est qu'il y avait une
surenchère en ce moment, puis, nous,
la raison pour laquelle on veut la transparence, c'est pour l'éviter, cette
surenchère-là. Donc, nous ne sommes pas d'accord avec ça. Je pense que tout le monde gagne au
change à ce que les ententes soient divulguées, que tout le monde sache
qui paie quoi, dans quelles circonstances aussi — ça aussi, c'est
important, dans quelles circonstances — et tout le monde va sortir gagnant de ça.
C'est aussi simple que ça. Je ne sais pas si, Alain, tu avais quelque
chose à...
Une voix : M. le ministre.
M. Blanchette : Préciser aussi
l'idée, parce que je suis toujours avec le 10 000 $, là, je jongle
avec l'idée. Essentiellement, de divulguer
ces informations-là — en tout cas, je peux avoir une mauvaise
perception, mais je suis assez d'accord
avec vous — ça pourrait avoir un certain niveau de
nivellement un peu... j'espère, mais, encore là, ça dépend toujours de chacun des projets. Il y a des projets
qui sont plus rentables que d'autres. Tantôt, on parlait de Troilus versus
Goldcorp ou Raglan, qui sont des projets sur plus long terme et qui n'ont pas
nécessairement les mêmes portées.
Ceci étant
dit, dans cette divulgation-là, vous ne croyez pas, dans le contexte... de la
difficulté de faire des levées de
financement? Et je l'ai entendu à maintes reprises venant votre association,
que d'ajouter cette page-là mais encadrer de façon législative... On parlait même... ce matin, les gens de la
vérification générale demandaient de le faire vérifier par un comptable. Non, mais, vous voyez, là, on
s'en va vers ça. Cette lourdeur-là, vous pensez que ça n'aura pas d'effet...
c'est-à-dire que ce ne sera pas un désincitatif, investir au Québec? Ma
préoccupation est là.
M. Mariage
(Frank) : Évidemment,
dans la mesure où la déclaration, elle est simple, je veux dire, comme je vous
ai expliqué la réalité des PME d'exploration
qui n'ont pas quatre, cinq projets, nous, on pense que ça peut tenir sur une
page. Maintenant, si on ajoute des volets de
vérification, et de ci, puis de ça, bien je suis obligé de vous répondre que la
lourdeur administrative, elle ne
vient pas de ce côté-ci de la table, c'est le législateur qui va décider de
rendre le processus plus lourd qu'il devrait l'être.
M.
Blanchette : Notre préoccupation — puis je vous cède la parole — elle est vraiment à créer un contexte clair,
stable et prévisible incluant éventuellement
les redevances. Si jamais tout se faisait en transparence, il y aurait, je
pense, une moyenne ou un nivellement
en fonction des projets. Je suis d'accord avec ça, là. Il y aura des nuances,
là, dans les gros projets, il y aura
peut-être des ententes un peu plus généreuses. Mais cette clarté-là, cette
simplicité-là, cette prévisibilité-là
est essentielle pour nous autres puis, j'imagine, pour vous autres aussi, là.
Je ne veux pas vous mettre les mots dans la bouche, là, mais c'est le
cautionnement qu'on vous donne.
Une voix : Mme Fillion.
Mme
Fillion (Valérie) : M. le
Président, je voulais juste dire que l'Autorité des marchés financiers a déjà
en place un encadrement pour la
déclaration des faits matériels, donc on ne part pas de rien, là, il existe
quelque chose. On n'invente rien,
finalement on fait juste bonifier et améliorer le processus de déclaration en
fonction de la matérialité de l'entente. Puis un investisseur qui n'est pas au courant d'une clause
confidentielle dans une entente, il ne peut pas prendre une décision éclairée d'investissement au Québec, parce qu'il y
a des surprises qui l'attendent. C'est plus ce volet-là, nous, c'est la
protection de l'investisseur.
Le Président (M. Morin) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Évidemment, on l'a
regardé attentivement, il y a plus d'avantages que de désavantages. Oui,
il y a une lourdeur, oui, il va y avoir des
rapports supplémentaires à faire, mais, par rapport à nos entreprises et aux
P.D.G. de ces entreprises-là qui vont
sur les marchés pour pouvoir lever des fonds et financer leurs projets, c'est
beaucoup plus facile pour eux de
dire : Bien, oui, nous avons une entente, et cette entente-là est chiffrée
à x. Donc, l'investisseur est en mesure
d'évaluer le projet à sa juste valeur et de considérer s'il veut investir ou
pas dans ce projet-là. Donc, ça élimine ce genre de surprise qu'il peut y avoir. Et, s'il y a une évolution dans
les ententes, c'est la même chose, elle devient publique, donc, à ce moment-là, les investisseurs, à tout
moment, sont au courant du projet et de tout ce qui peut grever ce projet
dans le futur.
Le Président (M. Morin) :
Oui. M. le ministre, j'ai l'Abitibi-Est qui veut intervenir.
M.
Bourgeois : À la page 18 de votre mémoire, vous parlez beaucoup
au niveau de la question des amendes. Dans le fond, ce que je comprends, c'est que vous avez voulu arrimer la
notion de volume d'affaires par rapport à la réalité du marché, dans le fond, de ce qu'est l'exploration
minière, et là on parle de ramener ça à 50 000 $, et aussi dans la
question du nombre d'infractions dans
la durée, là, de... Ça fait que, là, je veux vous entendre là-dessus. Le
principe d'avoir une amende, là,
c'est qu'on ne veut pas que le monde fassent... pas ce qu'ils peuvent, on veut
qu'ils soient dans les règles.
Donc,
pourquoi modifier un montant si l'objectif ultime, c'est que personne n'en paie
parce que tout le monde va se conformer? J'aimerais vous entendre là-dessus.
• (12 heures) •
M. Mariage
(Frank) : Il faut
qu'il y ait une proportion à l'amende en fonction d'à qui on s'adresse. Je veux
dire, un 250 000 $ pour une
grosse compagnie minière qui opère trois mines au Québec, ou autres, n'aura
certainement pas les mêmes
circonstances pour cette compagnie-là, pour ses liquidités qu'une PME
d'exploration qui a un projet et qui fait l'objet d'une amende. Donc, c'est une
question de proportion, de l'appliquer aux PME, qui sont celles qui développent
les projets en grande partie au Québec, donc
d'assujettir juste pour avoir une proportion au niveau de ce que ça représente.
C'est sûr qu'un 50 000 $ d'amende pour une grosse compagnie
productrice n'aura pas d'impact, mais il en aura certainement pour une société
d'exploration, puis je pense que vous atteignez l'effet dissuasif avec ce
montant-là.
M.
Bourgeois : Mais vous êtes d'accord avec moi que l'objectif, c'est
qu'il y ait personne qui ne paie d'amende, on veut que les gens
produisent les rapports.
Une voix :
Tout à fait.
Le Président (M.
Morin) : M. le député de Dubuc.
M.
Simard : Merci, M. le Président. D'abord, bienvenue, merci de votre
présence. On entendait hier un groupe qui
indiquait que ce serait important que les promoteurs d'un projet ne puissent
négocier ou encore signer des ententes avec
des individus avant que le projet ait le CA du ministère de l'Environnement ou
encore du ministère des Mines, là. J'aimerais
vous entendre là-dessus. Et, deuxièmement, ma deuxième question :
Croyez-vous que ces ententes-là, une à une, devraient être déclarées
pour que tout le monde sache le contenu de ces ententes?
M. Mariage (Frank) : J'expliquais tantôt, dans l'évolution de ma pratique...
comme je vous expliquais au début, les discussions avec les communautés étaient
quasi inexistantes au début d'un projet, tandis que maintenant c'est presque
la donne.
Une voix :
...
M. Mariage (Frank) : Surtout, on parle des communautés autochtones. Pardon. Et
puis évidemment, quand un projet
d'exploration démarre, bien, pas toutes les activités qu'on y fait sont
assujetties à un certificat d'autorisation, il y a certains permis qu'on doit demander, puis donc
c'est important d'avoir de bonnes relations avec cette communauté-là dès le départ. Ça fait que certainement il va y
avoir et il y a des ententes. À ce stade-ci, on parle de collaboration et
d'échange d'information où est-ce que
la compagnie s'engage à tenir la communauté informée de ces travaux de façon
routinière et qu'il y ait un échange
aussi, qu'il y ait un dialogue aussi avec les trappeurs, etc., pour justement
améliorer les relations entre la communauté et la compagnie.
Alors,
moi, qu'il ne devrait pas y avoir d'entente à ce stade-ci, je ne pense pas que
c'est pratique, parce que, comme mon
collègue Alain disait au début, quand on a des ententes, tout le monde est
gagnant, ça démontre juste qu'il y a une bonne entente entre la société
d'exploration et la communauté.
J'aimerais passer la...
comme complément de réponse, à mon collègue Mathieu qui va...
Le Président (M.
Morin) : Mme Fillion, vous vouliez intervenir?
Mme Fillion (Valérie) : ...proposer que Mathieu nous explique, au tout
début, quand tu as tes titres miniers pour aller explorer, comment ça
fonctionne.
Le Président (M.
Morin) : Oui. Je me suis aperçu que M. Savard avait un intérêt
dans ce sujet-là.
M.
Savard (Mathieu) : En fait, M. le Président, si on attendait d'avoir
un CA avant de commencer ne serait-ce qu'à
discuter ou signer des MOU, ou tout ça, je ne suis pas sûr qu'on atteindrait
les critères d'acceptabilité sociale. Il faut bâtir une relation de confiance, entre autres, avec les communautés
autochtones d'abord, puis ça, ça se fait à partir du jour 1, puis bien souvent l'entente va venir par la suite.
Mais moi, je suis d'avis que les ententes devraient être signées pas mal
en amont du CA. Puis des fois les CA peuvent
prendre beaucoup de temps avant d'être obtenus, puis tu peux bâtir sur d'autres fronts, justement, des ententes ou divers
types d'entente, mais des bonnes relations de beaucoup en amont des CA. Puis il y a différents types de CA également,
il n'y a pas juste le CA pour la mine, mais ça, c'est une autre histoire.
M. Simard :
Ça, c'est... M. le Président, si vous me permettez?
Le Président (M.
Morin) : Je vous permets.
M.
Simard : Ça, on parle ici des communautés autochtones, mais on a aussi
des négociations avec les communautés non
autochtones, parce qu'hier on faisait beaucoup référence... il faut l'appeler
comme, bon... à la mine qui a été, je vous dirais, très diffusée, et on en a fait amplement hier... à Malartic,
O.K.? Et, bon, j'aimerais vous entendre là-dessus, parce qu'en réalité, bon, on a parlé énormément sur ce
sujet-là, et, le fait de ne pas négocier avant d'avoir ton CA, j'aimerais
vous entendre là-dessus, parce que, quand on
parle d'acceptabilité, comme vous l'avez dit, l'entreprise doit négocier avec
la communauté pour être en mesure de voir où
on s'en va. J'aimerais vous entendre là-dessus. Puis pourquoi que je vous
dis ça? On a parlé d'achats de maison, etc.
On en a parlé hier. Et puis est-ce que, ces achats de maison, les ententes avec
les individus devraient être écrites
une à une par rapport au rapport que la transparence qu'on vient de vous
parler, là... C'est là-dessus que moi... je n'ai peut-être pas pris les mots
exacts, mais c'est parce que je voulais protéger Pierre, Jean, Jacques,
mais là j'y vais amplement, là.
Le
Président (M. Morin) : M. Savard, je n'ai plus de temps pour
vous, mais peut-être que vous aurez l'occasion de répondre à cette
question par les questions du député de Marie-Victorin.
M.
Drainville : Ça se
pourrait, M. le Président. Ça se pourrait. Merci d'abord d'être là. Je suis
très content de certaines de vos...
mais, enfin, en général, je suis très content de votre position et de votre
mémoire, là, ça rejoint beaucoup les
préoccupations. Moi — je
pense, vous nous avez déjà entendus le dire, mais juste pour être sûr — je vous réitère notre position, nous, c'est : toutes les sociétés
devraient être assujetties à la loi, toutes les sociétés, tous les paiements
devraient être déclarés publiquement.
Ce n'est pas compliqué. Il ne devrait pas y avoir d'exception. Vous, vous mettez
la barre à 10 000 $. Ce
serait certainement mieux que 100 000 $, tu sais, mais, je vous le
dis, moi, je pense qu'à partir du moment où il y a un paiement... Puis surtout vous nous dites, là — moi, j'ai bien aimé cette citation-là, je
pense que j'ai le mot à mot,
là : On ne voit pas de lourdeur administrative, ça peut être fait sur une
page. C'est ça que vous avez dit tout à l'heure. Très content de vous l'entendre dire. Et j'espère que M. le ministre va
mettre ça dans son petit cahier pour ce qui est des modifications qu'il
va sans doute apporter à son projet de loi.
Vous avez
également dit — là, je
paraphrase : Le Québec peut être à l'avant-garde. On n'a pas de problème
avec ça. Content de vous l'entendre
dire également. C'est un argument avec lequel je suis bien d'accord, que j'ai
fait valoir hier. Je pense que c'est vous également qui disiez, Me
Mariage : La meilleure façon de réguler la surenchère, c'est d'avoir la
transparence puis la divulgation de
l'information. Ou c'est peut-être Me Fillion qui l'a dit, celle-là. Mais ce
dont je suis sûr, c'est que Me Fillion a dit : De ne pas connaître
les paiements secrets, ça crée de mauvaises surprises et ça nuit.
Mme Fillion (Valérie) : ...je suis
géologue. Je ne suis pas avocate. Excusez.
M. Drainville : Alors, juste
«madame»?
Une voix : ...
M. Drainville : Ah oui! C'est
vrai. Vous êtes géologue.
Mme Fillion (Valérie) : Oui.
M. Drainville : Excusez-moi.
Une voix : ...
M. Drainville : Oui, oui,
c'est toi qu'il faut que j'appelle «maître». «Me Mariage»; ça va, ça?
M. Mariage (Frank) :
Continuez. Je n'ai aucun problème avec ça.
M.
Drainville : Vous
aimez ça. Alors, Mme Fillion, vous avez bien dit : De ne pas connaître les
paiements secrets, c'est ça qui crée
des mauvaises surprises et c'est ça qui nuit à l'investissement. Alors,
j'espère qu'encore une fois notre ministre
entend ça, parce que, lui, une de ses motivations importantes, c'est de ne pas
nuire à l'investissement. Alors, de se
faire dire que, dans le fond, c'est dans la transparence la plus totale
possible qu'on va aider l'investissement, moi, je pense que c'est un excellent argument, puis c'est
ça qu'on fait valoir, nous autres aussi. Bon. Alors, je ne veux pas m'obstiner
avec vous sur le 10 000 $, moi, je
vous le dis, ça part à 1 $, mais je comprends vos arguments. Là, je veux
juste être sûr, par exemple. Vous,
là, êtes-vous d'accord avec le principe que toutes les sociétés minières...
d'exploration minière dans votre cas,
puisque c'est en leur nom que vous parlez ici, toutes les sociétés
d'exploration minière devraient être assujetties à la loi? Est-ce que
c'est ça, votre position?
M. Mariage
(Frank) : Je ne
souviens pas à quelle page exactement de notre mémoire, mais c'est ce qu'on
dit : qu'il ne devrait pas y avoir d'exception.
M.
Drainville : Oui.
Mais c'est ça. En fait, je vais vous le dire, la page, c'est... Je l'ai mise en
jaune orange, là. «L'AEMQ est d'avis
qu'aucune exception ne devrait être accordée.» Hein? Page 12, en bas, là :
«L'AEMQ est d'avis qu'aucune
exemption ne devrait être accordée.» C'est juste qu'après ça, quand on regarde
les critères que vous avancez... Regardez
bien, là, on va aller... Allons à la page 16, O.K., allons à la page 16. Alors,
dans vos recommandations, vous dites : «L'AEMQ demande de remplacer
"ses titres sont inscrits à la cote d'une bourse canadienne et son siège
est au Québec"par "détient des titres miniers du
Québec"; d'ajouter, après "elle possède des actifs d'une valeur d'au
moins 20 000 000 $", les mots "pour une entreprise
d'extraction et 1 million pour une entreprise d'exploration"; [et]
d'ajouter le point d, soit "détiens un titre d'exploration ou
d'exploitation au Québec".»
Quand je
lisais ça, je me disais : Si le projet de loi est amendé pour tenir compte
de vos trois recommandations, est-ce que ça engloberait l'ensemble des
sociétés d'exploration minière au Québec?
Une voix : La plupart.
• (12 h 10) •
M. Drainville : Mais ça
exclurait qui, à ce moment-là? C'est ça que je veux savoir.
M.
Poirier (Alain) : Bien, il y
a quelques entreprises qui n'ont pas une valeur de 1 million mais qui
peuvent détenir des titres miniers.
Il y a aussi des prospecteurs qui peuvent détenir des titres miniers. Donc, on
l'a mis, selon nous, au plus bas
possible, mais on pense que 99 % des entreprises vont être dans cette
catégorie-là, parce qu'il ne faut pas oublier qu'il faut y avoir déjà une entente — on estime qu'il y en a une quarantaine — et il faut que l'entreprise soit active,
qu'elle détienne des titres, et,
normalement, elle va valoir plus que 1 million de dollars. Donc, on pense
qu'on va couvrir l'ensemble des entreprises d'exploration avec ces
modifications.
M.
Drainville : O.K.,
donc vous l'avez écrit. Ces trois critères-là, vous les avez écrits avec l'idée
de ramasser le plus grand nombre
possible de sociétés d'exploration présentes au Québec, d'une façon ou d'une
autre, présentes soit parce qu'elles
détiennent un titre, présentes soit parce qu'elles sont inscrites à la bourse
puis elles ont une valeur boursière d'au
moins 1 million, présentes parce qu'elles... bien, c'est ça, elles
détiennent un titre d'exploration, d'exploitation ou elles détiennent un
titre minier.
Une voix : M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Peut-être une
précision : il y a aussi le fait que, dans l'article de loi que j'ai
oublié le numéro, on fait référence à
ce que, par règlement, on pourrait faire en sorte que certaines entreprises ne
déclarent pas. Ça fait que, nous, notre réponse à ça était : Non, il
faut que l'ensemble des entreprises déclarent. C'est : tout le monde
déclare ou personne ne déclare et de ne pas
transférer dans un pouvoir réglementaire le fait de soustraire certaines
entreprises de cette déclaration-là.
Ça fait que nous, on veut que tout soit déclaré, que ce soit communautés,
Premières Nations ou peu importe, ça
fait qu'on a quand même beaucoup de libellés, ce qui fait en sorte qu'il n'y a
pas grand-chose qui peut passer à travers ça, que toute entente de 10 000 $ et plus soit une obligation
de divulgation de l'entreprise et, si possible, sur une page.
M.
Drainville : Je me
trompe-tu? J'ai l'impression que ça vous soulagerait de devoir légalement
rendre publiques ces ententes-là.
C'est un peu le sous-texte que je sens dans votre mémoire, dans votre position.
C'est comme... ça vous emmerde un
peu, ces ententes-là, puis que la loi vous oblige à les rendre publiques, ça
ferait bien, bien votre affaire, vous en seriez en quelque sorte un peu
soulagés. Est-ce que je décode bien votre position?
Une voix : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Bien,
«soulagés» est peut-être un terme un peu fort.
M. Drainville : ...c'est
quoi, le terme?
M. Poirier
(Alain) : Bien, je pense que
ce serait beaucoup plus efficace pour nos entreprises, et, on l'a écrit et
on l'a dit, on n'a pas de problème à signer
des ententes avec les communautés, qui sont principalement les Premières
Nations. Ça se fait, ça va continuer
de se faire, et il n'y a pas de problématique reliée à ça au niveau des
entreprises. La problématique est
reliée à ce que vaut cette entente-là, O.K., et par rapport aux projets
auxquels elles tentent de développer... et la perception des investisseurs de ne pas avoir toute
l'information nécessaire pour prendre une bonne décision et de pouvoir évaluer
le projet de façon précise. S'il y a une
redevance de 3 %, exemple, qui serait versée, dans le futur, sur un projet
minier, en tant qu'investisseur,
j'aimerais ça, le savoir, parce que je suis capable d'évaluer si le projet est
rentable ou pas, et ça va grandement
influencer ma décision d'investir dans ce projet-là, et je vous dirais que les...
financiers du gouvernement du Québec
font aussi le même exercice, que ce soit Ressources Québec ou d'autres, se
posent aussi la même question : Est-ce qu'il y a une entente, et
quelle est la valeur de cette entente-là?
Une voix : ...
M. Mariage
(Frank) : Oui, en
complément de réponse aussi. Vous savez, oui, effectivement, il y a des
demandes, des fois, que certaines
données soient tenues confidentielles, et ces ententes-là ont habituellement
des clauses de confidentialité qui sont bien rédigées à l'effet qu'on ne
peut pas divulguer de l'information sans l'accord de l'autre partie, sauf...
et, d'habitude, les clauses sont à peu près
rédigées de la même façon, sauf si j'ai une loi ou un contexte réglementaire
qui m'oblige à le faire. Dans ce cas-là, je dois le faire.
Ça fait que,
nous, ce qu'on veut, c'est d'avoir un contexte qui est transparent et qui est
clair. Comme ça, même si on a une
demande de confidentialité, bien moi, j'ai une loi qui m'oblige à déclarer ce
que je paie à une communauté, par exemple.
M.
Drainville : Très
bien. Mais M. Poirier vient de donner l'exemple d'une redevance de 3 %.
Bon. Évidemment, je ne vous
demanderai pas de quel... tu sais, ça s'applique où ou à quel projet, parce que
vous allez me répondre : C'est confidentiel.
C'est justement ce qu'on veut changer avec... Bon. Mais est-ce qu'il est
possible pour l'association... puis, je
vous le dis, là, ça nous aiderait énormément dans nos travaux, notamment
lorsqu'on arrivera à l'étude article par article, est-ce que c'est possible pour vous, l'association,
de nous soumettre des cas sans les identifier, de nous donner des exemples
très concrets d'entente? Puis je ne veux pas faire le lien, je ne veux pas...
Une voix : ...
M. Drainville : ...c'est ça, je ne veux pas de
nominatif, je ne veux pas connaître le nom de la communauté, je veux savoir de quoi je parle. Quand on parle d'ententes
qui sont signées avec les communautés, y a-tu moyen de nous donner un certain nombre d'exemples sans identifier les
parties à ces ententes-là, mais pour qu'on sache un peu de quoi on parle?
C'est-u possible, ça, pour vous, de nous fournir cette information-là?
M. Poirier
(Alain) : ...on pourrait peut-être adresser...
M. Drainville :
Je parle, aux membres de la commission, là, de nous envoyer un document avant...
M. Poirier (Alain) : Bien, qui pourrait retracer, exemple, le type de demande ou le type
d'entente sans vraiment n'identifier aucune des parties, là?
M. Drainville :
Oui. Voilà.
M. Poirier
(Alain) : On serait probablement capables de dresser une liste du
style de demandes.
M. Drainville :
Alors, M. le Président...
M. Poirier
(Alain) : C'est noté.
M. Drainville :
...est-ce qu'on s'entend là-dessus, que la commission va...
Le Président (M.
Morin) : Si l'association est d'accord.
M. Drainville :
L'association va fournir ça à la commission?
Une voix :
...
M. Drainville :
Non, non, mais on comprend, vous allez aller aussi loin que possible, mais vous
comprenez ce qu'on... C'est parce
qu'actuellement on parle, mais, tu sais, je veux dire, vous, vous êtes dans le
domaine, là. Aidez-nous à vous aider, d'une certaine façon, tu sais?
Le Président (M.
Morin) : Mme Fillion.
Mme Fillion
(Valérie) : La problématique pour nos entreprises membres qui sont...
on a des juniors, des prospecteurs, mais on
a des producteurs aussi, mais les volets confidentiels le sont à la demande des
communautés. Donc, il y a des choses
qu'on sait qu'on va essayer justement de peut-être mettre dans un pattern, mais
on ne sera pas capables de donner des informations...
M. Drainville :
Non, mais, allez-y dans le pattern d'abord, allez-y avec des espèces de
catégories générales d'entente. Hein, vous allez essayer?
Mme Fillion
(Valérie) : Oui, on va regarder ça.
M. Drainville :
Parce que ça nous aiderait énormément.
Le Président (M.
Morin) : ...il ne faut pas que les gens se reconnaissent, puis
là vous êtes dans le trouble.
M. Drainville :
C'est pour ça qu'il faut y aller par agrégats, hein? On va y aller par
agrégats.
Le Président (M.
Morin) : M. Savard.
M.
Savard (Mathieu) : Il y a une entente qu'une compagnie a signée
récemment... bien, en fait, ça fait quelques années, mais ils l'ont rendue publique au complet, si on veut, c'est au
Nunavut. Je ne nommerai pas la compagnie, mais ils ont...
M. Drainville :
Au Nunavut ou au Nunavik?
M.
Savard (Mathieu) : Au Nunavut, mais c'est le même style d'entente. Ils
ont rendu publiques toutes les clauses de
l'entente. Si vous cherchez, vous allez la trouver, ça, c'est certain, parce
qu'il n'y en a pas tant que ça, des ententes.
M. Drainville :
C'est laquelle? Si vous dites : C'est public...
M. Savard
(Mathieu) : C'est une entente avec Agnico, je crois, oui. Ils l'ont
rendue publique.
M. Drainville : Avec Agnico-Eagle? O.K. Mais vous
allez nous revenir pour ce qui est des entreprises québécoises, pour des
ententes au Québec. O.K.
Là, quand vous dites
dans votre mémoire, là, à la page 11 : Il nous apparaît donc évident
que les entreprises d'exploration sont
d'office exclues de cette obligation de divulgation, ce qui nous apparaît
incongru... etc., vous dites que le
projet de loi vous exclut à cause des trois critères, là, c'est ça, le
20 millions d'actif, le 40 millions de revenus ou les 250 personnes à l'emploi, hein? C'est ça,
hein? Vous trouvez ça trop... c'est trop restrictif. C'est pour ça que vous
arrivez avec vos propres critères,
qui engloberaient, selon les dires de M. Poirier, 99 % des
entreprises québécoises, hein? Je veux juste être sûr qu'on se
comprenne. C'est ça?
Le Président (M.
Morin) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Bien, en fait, tel que libellé, il y aurait, techniquement, des
entreprises québécoises qui seraient soumises...
d'exploration si elles devaient faire des paiements de plus de
100 000 $. Mais, nous, le problème, c'est justement le 100 000 $. Il y a peu d'entreprises
qui vont avoir des paiements de 100 000 $ et plus au niveau de
l'exploration, et, quand on fait le détail de...
M. Drainville :
...par catégorie.
M. Poirier
(Alain) : Bien, ou...
M. Drainville :
Comme vous le savez, le ministre propose de fractionner ça, là.
M. Poirier (Alain) : Oui. O.K. Cependant, nous, on inclut plus de choses, exemple, pour des
redevances futures où est-ce que
l'entreprise va devoir faire un certain calcul pour pouvoir émettre un chiffre.
Ça fait que c'est pour ça qu'on visait
ça. Donc, il y a peu d'entreprises, tel que libellé actuellement, en
exploration qui seraient touchées par ça, peut-être une ou deux qui
pourraient avoir une entente de plus de 100 000 $, mais...
M. Drainville :
Ça fait que la loi ne servirait à rien. En d'autres mots, pour ce qui est des
compagnies d'exploration, là, si on laisse le chiffre à
100 000 $, là la loi, elle ne sert à rien sur le plan de la
transparence.
Une voix :
M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : D'où notre demande d'être assujettis à la loi et de baisser le montant
à 10 000 $ pour que l'ensemble des entreprises d'exploration
qui ont des ententes puissent le divulguer.
M. Drainville :
Quand vous avez dit tout à l'heure, Me Mariage, là, à propos du
10 000 $ : C'est le seuil de matérialité,
est-ce que c'est un seuil que vous évaluez ou c'est un seuil légal de
matérialité, le seuil de 10 000 $? Donc, c'est un montant,
vous trouvez ça raisonnable.
M. Mariage (Frank) :
Absolument.
M. Drainville :
Mettons, quand on parle de matérialité, vous trouvez qu'à 10 000 $
c'est un chiffre raisonnable.
M. Mariage (Frank) :
Oui.
• (12 h 20) •
M. Drainville :
O.K. Donc, ce n'est pas un seuil légal, mais c'est une appréciation que vous
avez faite et qui vous semble correcte. O.K. Parfait.
Quand
vous dites, à la page 15 — la recommandation, là : L'AEMQ demande
d'ajouter aux catégories de paiement ou
d'engagement les éléments suivants : tous les frais encourus... bon,
blablabla, les versements des primes, etc., ça, vous jugez que ces catégories-là ne sont pas incluses
dans les catégories prévues au projet de loi? Ces paiements-là, ces frais-là,
là, ce n'est pas prévu? Donc, il faut
élargir les critères prévus au projet de loi si on veut inclure ça, là,
notamment les frais. C'est ça?
M. Mariage (Frank) :
...objectif...
Une voix :
Un instant.
M. Mariage (Frank) : Notre objectif, c'est que ce soit le plus inclusif
possible, et donc nous avons suggéré ces catégories-là justement pour inclure le plus de paiements qui sont
susceptibles d'être octroyés ou payés au moment des projets en
exploration.
M. Drainville :
O.K. Mais donc, si vous voulez les ajouter au projet de loi, c'est que vous
jugez qu'ils ne sont pas inclus présentement.
M. Mariage (Frank) : On pense
que ça pourrait être plus clair.
Une
voix : Mme Fillion.
Mme Fillion (Valérie) : C'est ce qu'on considère qui rencontre la réalité
des compagnies d'exploration sur le terrain, parce que les autres
critères ne tiennent pas compte de la réalité des compagnies d'exploration.
M. Drainville :
C'est très bon, ça.
Le Président (M.
Morin) : Merci beaucoup.
M. Drainville :
Déjà?
Le Président (M.
Morin) : Oui.
M. Drainville :
Il me restait 10 secondes, non?
Le Président (M.
Morin) : Mais il n'aura pas le temps de répondre.
M. Drainville :
Les deux ans de grâce pour les communautés autochtones, êtes-vous d'accord avec
ça, vous?
M. Poirier
(Alain) : Pas de débat. Quand ça sera le temps, ça sera le temps.
Le Président (M.
Morin) : Merci, M. Poirier. Merci. Mme la députée d'Arthabaska.
Mme
Roy (Arthabaska) : Une petite question courte. Vous avez parlé
de paiement en nature. Ça peut être quoi, comme par exemple, un paiement
en nature?
M. Mariage (Frank) :
...la construction d'une bâtisse qui sert à la communauté, à la localité.
Mme Roy
(Arthabaska) : Ça a une valeur quand même, ça?
M. Mariage (Frank) : Oui, mais ce n'est pas un paiement en argent, c'est en
espèces. C'est un paiement en nature.
Mme Roy
(Arthabaska) : Mais faites-vous des paiements en espèces?
M. Mariage (Frank) :
Absolument.
Mme Roy
(Arthabaska) : Ah oui? Ce n'est pas des chèques que vous
émettez?
Une voix :
M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : Ce n'est pas nous, mais on sait qu'il y a des ententes qui ont été
conclues et que, oui, il y avait des échanges en argent à la signature
pour pouvoir conclure l'entente.
Mme
Roy (Arthabaska) : Mais vous ne trouvez pas que ça cause
peut-être un inconvénient au niveau fiscal pour les récepteurs de ces
sommes-là?
Une voix :
M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Écoutez...
Mme Roy
(Arthabaska) : Je vous pose des questions embarrassantes, hein?
M. Poirier
(Alain) : Oui. Bien...
M. Mariage (Frank) : ...d'habitude, quand je représente quelqu'un qui fait un
paiement, je me préoccupe des conséquences
fiscales pour mon client, pas pour celui qui le reçoit. Ça fait que moi, je me
dis : C'est aux communautés qui
reçoivent ces paiements de faire leurs devoirs. Quelles sont les conséquences
pour eux, ce n'est pas moi qui vais... Mais
la composante monétaire d'une demande de paiement à la signature d'une entente
même de collaboration est une réalité qui est de plus en plus présente
et qui arrive de plus en plus tôt dans un stade de projet.
Mme
Roy (Arthabaska) : Ça veut dire que, s'il y avait des
déclarations obligatoires, pour le ministère du Revenu ce serait
beaucoup plus facile de faire un suivi...
M. Mariage (Frank) : Si
l'information est publique, et elle serait donc accessible au ministère du
Revenu, effectivement.
Mme Roy (Arthabaska) :
Parce que moi, j'en fais une question d'équité, là, entre ceux qui reçoivent
ces sommes-là, qui doivent assumer leur part
au ministère du Revenu, puis l'ensemble des Québécois, auquel le sol appartient
aussi. Je pense qu'il y a une question d'équité puis que cette transparence-là
pourrait servir tout le monde au Québec.
M. Mariage
(Frank) : Écoutez, je
comprends ce que vous dites, mais, que l'information soit publique et
disponible au ministère du Revenu
pour qu'ils puissent en faire ce qu'ils veulent avec l'information... je pense
que le but, l'objectif, c'est la
transparence, que tout le monde soit au courant de qui reçoit quoi, puis je
pense que tout le monde est gagnant à la fin de l'exercice.
Mme Roy
(Arthabaska) : Je sais que vous êtes le procureur de
l'association. Moi, je représente la population.
M. Mariage (Frank) : ...
Mme Roy
(Arthabaska) : Alors, bien, vous ne devez jamais perdre votre
chapeau d'avocat. Ça, je pense que c'est une maladie et puis...
Une voix : Elle est elle-même
avocate.
Mme Roy (Arthabaska) : Non,
non, c'est ça. Mais je pense que ce raisonnement-là, on est... lorsqu'on va à l'université, on est comme formatés après au
raisonnement juridique. L'acceptabilité sociale, c'est un concept très
subjectif. Pensez-vous que c'est une
bonne histoire qu'on commence à faire le projet de loi en parlant
d'acceptabilité sociale sans qu'on
l'ait déterminée exactement au niveau juridique? Puis ça, c'est un problème que
je vis comme députée dans mon comté
pour les certificats d'autorisation pour les milieux humides qui ne sont pas
définis. Ça fait qu'on n'en finit jamais avec ça, parce que n'importe
qui peut avoir son interprétation objective ou subjective.
M. Mariage
(Frank) : Comme nous
l'avons dit dans notre mémoire, enlevez les mots qui parlent d'acceptabilité
sociale dans le projet de loi, et le projet
de loi va tout de même atteindre son objectif, qui est celui de la
transparence. Et on pense qu'il est
important, tout comme l'a fait le fédéral, pour l'instant de ne pas mentionner
ce concept-là. Il y a un chantier qui
a été lancé sur l'acceptabilité sociale, nous entendons y participer. Et, après
ça, quelles seront les conclusions de ce chantier-là et les propositions qui en seront faites? Après ça, on
pourra voir. Mais, pour l'instant, l'objectif du projet de loi, c'est la transparence, et, la mention ou pas de
l'acceptabilité sociale dans le projet de loi, l'objectif est atteint tout de
même, et nous, on préfère pour l'instant que ça soit enlevé.
Mme Roy
(Arthabaska) : Je pense que vous avez tout à fait raison,
l'acceptabilité sociale, c'est... Vous êtes les promoteurs, là, des travaux, là, les mines, parce que ça se vit dans
l'éolien, ça se vit dans l'agricole, ça se vit dans tous les développements qui touchent les populations
puis souvent en région plutôt qu'en milieu urbain. C'est un bon travail,
puis, si ça peut servir de phare ou de
pilote pour les autres... Ma collègue est critique en matière d'agriculture,
elle le vit, elle aussi. Quand on
demande un CA, un certificat d'autorisation, puis que ce n'est pas défini
exactement, les modalités d'obtention,
c'est toujours très, très instable pour l'entreprise, qui n'est peut-être pas
une entreprise aussi monolithique que les mines... l'entreprise
agricole. Dans chacune des productions, c'est une complication.
On a parlé de la confidentialité des clauses que
vous aimeriez voir abolies. D'après vous, là, comme juriste, est-ce que, si
cette loi-là arrivait, ça pourrait avoir un effet rétroactif sur les ententes
qui ont déjà été signées?
M. Mariage (Frank) : Je ne
suis pas, en tout cas...
Mme Roy
(Arthabaska) : Les ententes qui ont déjà été signées, comme
Goldcorp la semaine dernière, admettons... est-ce que la loi, d'après vous, là, ça causerait une instabilité ou des
problèmes si les clauses de confidentialité, par la loi, étaient abolies
ou rendues publiques de façon rétroactive?
M. Poirier (Alain) : Bien, à la
lecture du projet de loi, la conclusion est que Goldcorp va devoir divulguer le
montant de l'entente qui est versé à... ou aux communautés. C'est aussi simple
que ça.
Mme Roy (Arthabaska) : Pour
les années futures?
M. Poirier (Alain) : Oui.
Mme Roy
(Arthabaska) : Par contre, s'il y a eu un montant forfaitaire
de donné déjà à l'heure actuelle, parce qu'on ne le sait pas... ils ont dit qu'ils ne voulaient pas nous le dire...
s'il y avait déjà un montant forfaitaire de versé à l'heure actuelle, est-ce
que vous pensez que, si ce projet de loi là avait un effet rétroactif, ça
rendrait le milieu instable?
M. Poirier
(Alain) : Je ne vois pas
vraiment pourquoi, mais, en même temps, on est toujours... on n'aime pas
beaucoup rendre illégal ce qui était légal
dans le passé. Donc, je pense que ce qui est important, c'est surtout les
ententes qui sont actuellement... les montants qui sont versés
actuellement et les ententes du futur. On ne se préoccupe pas vraiment de ce qui a été versé dans le passé puis
on ne va pas déterrer d'anciens projets, exemple, comme Troilus, pour savoir quels montants
avaient été versés. Je pense qu'on devrait s'en tenir à ce qu'on a actuellement
et aux ententes futures qui vont être signées.
Mme Roy
(Arthabaska) : Puis maintenant la dernière question, parce que
de toute façon je suis la dernière à vous poser des questions, puis vous avez amplement répondu, j'ai compris ce
que vous vouliez dire. On a entendu que l'AMF n'avait pas assez de vérificateurs ou n'avait pas de pouvoir d'enquête.
Vous vous soumettriez bien à ça si on décidait de mettre plus de dents à
la loi?
Une voix : M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Bien, comme on
mentionnait, s'il y a une quarantaine d'ententes qui tiennent sur une page,
ça fait 40 pages. On ne voit pas la
lourdeur, au niveau de l'AMF, de traiter l'information. On ne voit pas non plus
au niveau des enquêteurs... Vous
savez, s'il y a 40 entreprises qui ont des ententes, elles vont être assez
facilement reconnaissables. Et, vous
savez, en exploration minière, on couvre de grands territoires, donc on est
assez facilement remarqués sur le terrain. Si on a des claims sur 200 kilomètres carrés, normalement, les gens
sont au courant qu'on est là, donc c'est facile à identifier de cette façon-là. On ne voit pas la lourdeur ou
le surplus de travail qui pourrait être rattaché au fait que les entreprises
d'exploration soient également soumises à la loi.
Mme Roy
(Arthabaska) : Bien, moi, le parallèle que je fais,
c'est : lorsqu'on fait une déclaration d'impôt, tu sais, c'est une déclaration qu'on fait de notre propre chef,
et puis l'Agence du revenu peut, au choix, choisir de venir vérifier si
vraiment c'est conforme à mes revenus ou si ma déclaration est conforme à la
réalité.
Je ne vois pas...
si on fait un projet de loi puis on n'a pas de pouvoir d'aller vérifier dans
les faits si cette déclaration-là,
qui est de toute façon comme une déclaration d'impôt, faite de façon spontanée
par une entreprise... je ne vois pas comment le projet de loi a une
efficacité.
Le Président (M. Morin) :
Monsieur...
• (12 h 30) •
M. Poirier
(Alain) : Écoutez, je pense
que l'AMF... Je reviens encore sur le nombre d'ententes. Si on parle d'une
quarantaine d'ententes et que l'AMF désire
voir l'entente, je pense que ça ne sera pas tellement long à ce qu'ils puissent
l'avoir.
Ça m'apparaît
quand même assez simple. Ils ont des pouvoirs d'enquête, ils ont des pouvoirs
de demander aux entreprises de leur
envoyer l'entente et ils vont la regarder et l'évaluer, si leur déclaration est
conforme à l'entente. Je pense, ça
m'apparaît quand même assez simple, et je ne vois pas vraiment d'entreprises
d'exploration qui seraient contre le fait de divulguer. C'est une demande qu'on a depuis fort longtemps
au niveau de nos entreprises, que ce soit là, dans la mesure du possible, pourvu que ça soit léger et facile à
divulguer, mais que l'information pertinente y soit, c'est le seul objectif qu'on devrait poursuivre.
Mme Roy (Arthabaska) : Une
dernière question. Vous parlez de 40 ententes. Vous tenez ce chiffre-là
d'où?
M. Poirier
(Alain) : Ce sont nos évaluations
que l'on fait — il n'y a pas d'étude universitaire sur le cas — par
rapport à notre membership, à ce qu'on sait, aux discussions qu'on tient. On
sait à peu près les types de projets, et on pose la question,
et on a la réponse qu'il existe une
entente, et la discussion se termine là, puisque le restant est
confidentiel. Donc, c'est l'évaluation qu'on fait nous-mêmes, là, des
projets.
Mme Roy (Arthabaska) : C'est
informel.
M. Poirier (Alain) : Tout à fait.
Mme Roy (Arthabaska) : Merci.
Le
Président (M. Morin) :
Donc, ça va? Mme Fillion, M. Mariage,
M. Savard, M. Poirier, merci
beaucoup, ça a été des échanges fort intéressants. Merci aux membres de cette
commission de m'avoir facilité la
tâche. Et, avant de terminer...
Une voix : ...
Le Président (M. Morin) :
Oui.
M.
Simard : M. le Président, si vous me permettez. Avant la fin, justement, de cette commission,
de ce travail, permettez-moi de faire
le commentaire suivant — j'ai
pris une note ce matin, je voulais faire l'intervention seulement à la fin, M. le Président : J'ai été un peu surpris d'entendre la remarque du
député de Marie-Victorin sur le fait que la commission...
M. Drainville : M. le
Président, ça prend le consentement, là.
Le Président (M. Morin) :
Oui. Est-ce que j'ai le consentement?
Une voix :
Non.
Le Président (M. Morin) : Ah
bon! Je n'ai pas le consentement. Donc, avant de terminer, je...
M. Simard : ...pour faire sa
remarque, mais là il n'y a pas de consentement pour...
Le Président (M. Morin) :
Oui. Monsieur, je suis obligé de vivre avec le non-consentement.
Mémoires déposés
Avant de terminer, je dépose les mémoires des
personnes et organismes qui n'ont pas été entendus lors des auditions. Ça va?
Merci.
Je lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au
lundi 14 septembre, où nous entreprendrons un autre mandat.
(Fin de la séance à 12 h 32)