(Dix heures six minutes)
La
Présidente (Mme Léger) : ...le
quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires, de ceux qui nous accompagnent aussi, derrière les parlementaires, de savoir qu'on est télévisé aussi, s'assurer de bien suivre
les travaux.
Alors, la commission
est réunie afin de procéder à des consultations
particulières et des audiences publiques sur le projet de loi
n° 11, Loi sur la Société du Plan Nord. Alors, bonjour à tout le monde.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par
M. Boucher (Ungava); M. Giguère
(Saint-Maurice) est remplacé par M. Bolduc (Mégantic); M. Leclair
(Beauharnois) est remplacé par
M. Drainville (Marie-Victorin); M. Villeneuve (Berthier) est remplacé
par Mme Richard (Duplessis); Mme D'Amours (Mirabel) est
remplacée par M. Deltell (Chauveau).
Auditions (suite)
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
M. le secrétaire. Alors, nous entendons ce matin — bienvenue — les représentants de la ville de Port-Cartier, du
Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines et de la
Confédération des syndicats
nationaux. Alors, vous avez 10 minutes de présentation, et ensuite, les
parlementaires, nous aurons 35 minutes d'échange avec les membres de la commission, et le temps alloué est
17 min 30 s au gouvernement, 10 min 30 s à
l'opposition et sept minutes au
deuxième groupe d'opposition, avec les échanges avec les gens qui seront nos
invités d'aujourd'hui.
Alors,
bienvenue. Je vous demande, pour les fins d'enregistrement, dans un premier
temps, de bien vous présenter, et à vous la parole pour une dizaine de
minutes.
Ville de Port-Cartier
Mme Doyle
(Violaine) : Mme la Présidente, Mmes, MM. les députés, j'agis ici
comme mairesse de la ville de Port-Cartier
pour vous présenter ce mémoire. D'abord, la ville de Port-Cartier remercie la
commission d'avoir accepté d'entendre les opinions et commentaires de
notre municipalité. Nous espérons sincèrement pouvoir apporter notre
contribution dans cette démarche de consultation précédant l'adoption de la Loi
sur la Société du Plan Nord.
D'entrée de
jeu, la ville de Port-Cartier salue l'initiative du gouvernement du Québec de
créer une société dédiée au
développement intégré et cohérent du territoire du Plan Nord, un levier de
développement économique des régions ressources
et du Québec tout entier. Le développement de ce territoire au nord du 49e
parallèle demande l'accompagnement d'une organisation en mesure de
guider le gouvernement et les organismes socioéconomiques présents sur ce même territoire. Faciliter le développement du Plan
Nord et en assurer la coordination demanderont de la vision à long terme
et un certain courage politique. Le
territoire au nord du 49e parallèle ne doit pas être considéré uniquement comme
un réservoir de ressources naturelles
où tous pigent allègrement et souvent de façon désordonnée, mais bien comme un
milieu de vie où il est possible de
vivre et de s'épanouir. Les communautés qui accueillent les projets de
développement sur leur territoire
doivent être capables d'assurer le maintien d'une qualité de vie à leurs
résidents ainsi qu'un avenir qui dépasse l'exploitation d'un site minier ou forestier. L'occupation du territoire
québécois, la vitalité des régions et, par le fait même, la prospérité
du Québec passent par un développement durable planifié et porté par une vision
à long terme.
En ce sens,
les communautés du Plan Nord doivent être les premières bénéficiaires du
développement économique. Trop souvent, les investissements massifs
annoncés sur ces territoires bénéficient davantage aux grandes villes et aux
grandes entreprises de services du Québec.
• (10 h 10) •
La mise en
place d'un bureau de commercialisation dans le but de faire connaître aux
entreprises du Québec les besoins des
grands donneurs d'ordres ne doit en aucun temps accentuer le phénomène d'octroi
de contrats à l'extérieur des régions hôtes. À prix concurrentiel et à
qualité égale, les entreprises du Nord doivent pouvoir obtenir des contrats importants, et cela, comme contractants de premier
plan. Il ne faut pas cantonner les
entreprises nordiques dans des rôles de
sous-contractants, avec tout ce que cela entraîne comme répercussions :
peu de possibilités de croissance; problèmes de délais de paiement; propositions concordataires, et j'en passe. Nous
disons oui au bureau de commercialisation avec un encadrement serré
assurant à nos entrepreneurs nordiques leur part des contrats intéressants.
Nous
le croyons sincèrement, le Plan Nord doit devenir un levier important du développement économique des régions
et du Québec tout entier. Lors de la première mouture du Plan Nord,
en accueillant le projet-phare d'ArcelorMittal Canada avec son annonce d'investissement de plus de 2,1 milliards de dollars en
2011, la ville de Port-Cartier s'est retrouvée au premier plan de ce développement nordique. Quoiqu'intéressant et alléchant de prime abord, ce projet
d'augmenter la capacité de production
du Mont-Wright, près de Fermont, et la capacité d'expédition à Port-Cartier a
suscité bien des bouleversements pour
les deux municipalités. En effet, la réalisation de l'expansion en très peu de
temps a provoqué des ajustements
structuraux dans la compagnie mais a également mis beaucoup de pression sur
l'organisation municipale. Port-Cartier
a dû développer des rues dans un temps record et vivre ensuite avec la
déception de sa population. Le phénomène nouveau des travailleurs non-résidents, vous avez sûrement entendu parler... appelé communément «fly-in/fly-out»
ou «fifo», a contribué à augmenter le
fardeau des taxes foncières des Portcartois, puisque l'augmentation du nombre
de payeurs de taxes n'a pas été au
rendez-vous. Après 1 milliard de dollars d'investissement
par la compagnie ArcelorMittal Mines Canada
sur son territoire, la ville de Port-Cartier comptait, en 2013, 500 résidents
de moins qu'en 2003. Nous souhaitons que
la Société du Plan Nord soit en mesure de supporter les villes hôtes et
d'améliorer la coordination interministérielle afin d'assurer la
réalisation des projets d'infrastructure nécessaires dans des délais raisonnables,
soit juste à temps.
Nous
trouvons très intéressant que la société puisse, tel que souligné au point 2°
du cinquième article, «coordonner la
réalisation d'infrastructures et, le cas échéant, les implanter ou les
exploiter, seul ou en partenariat, notamment à titre de transporteur ferroviaire». Pour Port-Cartier,
le projet qui nous vient immédiatement à l'esprit est celui du développement
d'infrastructures multifonctionnelles maritimes au quai municipal. Il y a plus
de 35 ans, le gouvernement du Québec s'était
engagé à réaliser la construction d'un débarcadère-rail à Port-Cartier. Depuis
ce temps, la population portcartoise a
remboursé en totalité les 6,8 millions de dollars qui grevaient notre
infrastructure municipale. Le temps est maintenant venu, avec une
nouvelle conjoncture économique favorable pour notre municipalité, de
développer et de réaliser de nouvelles infrastructures maritimes à
Port-Cartier. La Société du Plan Nord deviendra, nous le souhaitons, un acteur d'importance pour faciliter l'intégration de ce
projet dans le cadre de la nouvelle politique maritime que le gouvernement
du Québec s'apprête à adopter. L'idée de
permettre à la nouvelle société de pouvoir créer des filiales au besoin reçoit
notre aval. Selon les dossiers traités et les situations particulières
pouvant apparaître, créer une filiale pourrait permettre de répondre
adéquatement à des problématiques uniques.
La
ville de Port-Cartier privilégie que le conseil d'administration de la société
soit le plus représentatif possible du territoire du Plan Nord. Lors de
la nomination des membres, le gouvernement doit s'assurer qu'il existe un
équilibre géographique et technique au
niveau de la provenance de ces acteurs clés. Il est également impératif que la
majorité des membres du conseil
d'administration soit constituée de personnes habitant le territoire du Plan
Nord. Afin d'assurer un équilibre
intéressant, nous proposons de nommer 15 membres. La ville de Port-Cartier
comprend qu'il ne sera pas possible pour
toutes les municipalités du Plan Nord d'être représentées au conseil
d'administration. Cependant, compte tenu de l'expérience vécue en 2011, celles-ci considèrent pouvoir y apporter une
contribution intéressante. Pour assurer une équité dans la représentation des milieux concernés,
l'instauration d'une règle d'alternance dans les nominations des membres
devrait être envisagée.
Le
gouvernement du Québec aura la tâche délicate de déterminer l'endroit où le
siège de la société devrait être implanté. Encore une fois, plusieurs
municipalités du territoire du Plan Nord convoiteront ce bureau et les nouveaux
emplois s'y rattachant. Rappelons que
Port-Cartier est la troisième ville en importance de la Côte-Nord et se situe
au centre de la région. Au printemps
2011, après l'annonce du projet d'expansion de la minière ArcelorMittal et sous
haute pression, la ville de Port-Cartier a commandé différentes études
qui ont dû être produites dans des temps record, entre autres, pour les usines de traitement des eaux usées et
d'eau potable, également pour l'agrandissement et l'aménagement de son périmètre urbain. On peut imaginer la complexité
des démarches et des difficultés rencontrées par les fonctionnaires et les élus municipaux. Les projets de mise à niveau
et d'augmentation de la capacité des usines d'eau potable et d'assainissement des eaux usées sont toujours actifs, et les
travaux devraient démarrer durant la prochaine année. Certains se plaisent à
dire, et l'histoire leur donne en
partie raison, que les grandes compagnies ont la capacité de démarrer leurs
projets en deux mois, alors qu'une municipalité prend deux ans avant
d'obtenir les autorisations requises. Ici, nous devons constater qu'un décalage
s'est installé entre les besoins créés par la grande industrie et la capacité
de la ville à y répondre.
Nous
pensons honnêtement que la présence de fonctionnaires de la Société du Plan
Nord sur le territoire de notre municipalité
pourrait faciliter nos démarches et améliorer le temps de réaction dans la
réalisation de nouvelles infrastructures. En effet, le 16 juin dernier, le premier ministre du Québec, M. Philippe
Couillard, ainsi que les ministres Pierre Arcand et Yves Bolduc annonçaient, en partenariat avec les dirigeants de
FerroAtlantica, l'implantation d'une nouvelle usine de silicium métal à Port-Cartier. Ce projet de
382 millions de dollars créera plus de 345 emplois directs. En
additionnant les emplois directs, indirects et induits, c'est plus de
1 000 emplois que FerroQuébec générera sur tout le territoire du Québec. M. Villar Mir, propriétaire du groupe
FerroAtlantica, a demandé à son équipe de travailler d'arrache-pied dans le
but de débuter la construction de sa nouvelle usine dès le mois de septembre
2015. Cela demandera une excellente coordination des divers acteurs tant au
niveau municipal que provincial.
Comme vous pouvez le
constater, la ville de Port-Cartier s'apprête à relever un deuxième défi
important de développement en moins de quatre ans. Pour espérer accueillir
adéquatement et le plus harmonieusement possible la compagnie et ces nouveaux travailleurs, il devient impératif que notre
municipalité bénéficie rapidement de l'appui et de l'aide de l'appareil
gouvernemental québécois et de la future Société du Plan Nord.
La Présidente (Mme
Léger) : Conclusion, cinq secondes.
Mme Doyle
(Violaine) : C'est dans ce contexte que la ville de Port-Cartier
demande au gouvernement du Québec que
le siège social de la Société du Plan Nord soit aménagé, soit implanté à
Port-Cartier. En plus d'accompagner la ville et la région, de les aider à faire face aux enjeux importants créés par les
développements qui s'annoncent dans les prochaines années, la présence physique des fonctionnaires de
la société à Port-Cartier contribuera à marquer la présence de la fonction
publique québécoise, actuellement absente à Port-Cartier.
Ma
conclusion va être très rapide : Merci, mesdames et messieurs, de nous
avoir invités et de nous avoir permis d'exprimer le point de vue de la
ville de Port-Cartier.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, Mme la mairesse. Alors, maintenant, on
a le temps du gouvernement. Vous avez
17 min 30 s à vous partager. Alors, à vous, M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles, député de Mont-Royal.
• (10 h 20) •
M.
Arcand : Merci, Mme
la Présidente. Bonjour, Mme Doyle et M. Gauthier. Bienvenue, encore une fois, à
Québec aujourd'hui. Nous étions très heureux
pour les gens de Port-Cartier lorsqu'on a annoncé l'implantation de l'usine
de transformation, l'usine de silicium de FerroAtlantica.
Je pense que ça va aider éventuellement à créer de nouveaux emplois au
sein de la municipalité.
Et j'ai pris bonne note de plusieurs des
commentaires que vous avez faits. Il y en a un cependant sur lequel j'aimerais avoir un certain nombre de précisions,
et ça porte évidemment sur l'octroi des contrats. C'est un sujet qu'on a discuté hier avec plusieurs municipalités. Et ce
que vous semblez indiquer, c'est
qu'il n'y a pas une juste répartition au
niveau de l'octroi des contrats, que,
les entrepreneurs de la Côte-Nord, de votre région, vous semblez indiquer qu'il
n'y a pas de préférence ou qu'il n'y a pas véritablement, là,
d'équilibre, si on veut, entre les entrepreneurs du sud du Québec et ceux de la Côte-Nord. Je voudrais que vous
m'expliquiez, vous qui êtes sur le terrain, qui voyez ces choses-là, j'aimerais que vous m'expliquiez exactement
ce qui se passe et qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer cela.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : Je pourrais
répondre. Je vais peut-être demander au commissaire industriel. J'ai dit tout à
l'heure que j'étais une verte. Mon
premier anniversaire de vie politique n'est pas fêté, là, ce sera en fin de semaine. Alors, je sais qu'il était
très présent lors de la première mouture du Plan Nord. Alors, je vais peut-être
lui demander d'intervenir, si vous me le permettez, et ensuite je
compléterai, si nécessaire.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. Gauthier.
M. Gauthier (Bernard) : M. le
ministre, c'est une...
La Présidente (Mme Léger) : Je vous
invite à vous adresser à la présidence tout le temps.
M. Gauthier (Bernard) : Je m'excuse,
Mme la Présidente. Cette partie-là du mémoire, c'était surtout pour sensibiliser la commission et la future Société du Plan Nord au phénomène qu'on observe depuis des dizaines d'années sur la
Côte-Nord.
Premièrement, nos entreprises ne sont pas suffisamment
grosses pour tout prendre ce qui se passe sur la Côte-Nord. Donc, c'est bien, le partage. Par contre, il y a
un phénomène qu'on observe, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de
répartition dans l'adjudication des contrats. Puis on s'explique : Hydro-Québec a eu une sensibilité particulière chez Romaine, dans le projet Toulnustouc
et dans le projet de SM-3. Il y avait
une sensibilité à l'effet de séparer certains gros contrats pour que certaines petites entreprises de
la Côte-Nord puissent avoir accès à ces contrats-là directement, non en sous-contractants,
mais bien en entrepreneurs généraux. Il
y a toute une différence entre être
l'entrepreneur général et être un
sous-contractant. Puis, on vous l'a dit un peu, là, c'est mis un peu plus en
fragilité. Quand on obtient un sous-contractant, bien le contractant
décide quand on vous paie et puis quand... en tout cas, ce qu'on vous donnera.
Donc, c'est pour ça qu'on dit oui au bureau de
commercialisation, mais en faisant très attention à ne pas juste donner des contrats aux généraux du centre du Québec. C'est simplement dans ce sens-là qu'on a cru bon vous sensibiliser
et sensibiliser la future Société du Plan Nord.
Mme Doyle (Violaine) : Est-ce que je
peux intervenir?
La Présidente (Mme Léger) : Oui,
allez-y, Mme Doyle.
Mme Doyle (Violaine) : J'irais un
peu plus loin. On parle ici de firmes d'ingénierie, on parle de contracteur général. Vous savez, on peut facilement placer nos
grands entrepreneurs généraux, en tout cas ceux qui viennent sur la Côte-Nord, sur les doigts d'une main, et ce qu'on
demande aux contracteurs comme garantie, même les municipalités, hein,
on est liées à ça, fait que les entrepreneurs de chez nous ont peu d'occasions
de soumissionner.
Donc, Bernard
vous l'a dit, scinder certains projets, assurer dans les critères d'évaluation
des entreprises... demander aux
entreprises de faire la preuve qu'ils ont fait une place, si on veut, aux
entrepreneurs locaux. On parle ici aussi des firmes d'ingénierie, des firmes d'architectes. On parle
de différentes firmes qui n'ont pas pignon sur rue chez nous. Alors, on doit vous dire que, dans le cas de FerroQuébec, le message s'est assez bien passé parce qu'on a demandé en fait que la compagnie
qui sera chargée de projet soit résidente à Port-Cartier. Alors, j'ai
immédiatement eu un retour là-dessus, ce qui
veut dire que c'est quand même bien reçu qu'on demande aux promoteurs de
s'assurer qu'on va plus loin. On l'a dit tout à l'heure, après qu'un
site minier est exploité, que la forêt est exploitée, il y a
des gens qui y vivent. Ma famille, ma mère est née à Port-Cartier, donc
on y a vécu, on a vu les hauts et les bas.
C'est important
de s'assurer que les communautés ont les bases nécessaires pour continuer de
se développer des fois dans d'autres
domaines et quelquefois dans des exploitations qui soient de troisième ou de
quatrième transformation. Voici notre préoccupation : nous assurer que les entreprises de la
Côte-Nord ont la possibilité de le faire. Et je dis ici : Assurer
que, dans les appels d'offres, on y mette un critère qui soit aussi simple que
celui que Ferro a fait. C'est déjà quelque chose.
La Présidente (Mme Léger) : Merci. M.
le ministre.
M.
Arcand : D'accord. Hier, on a eu un peu cette
discussion-là avec plusieurs intervenants.
Il y en a qui disaient même qu'il
fallait être coercitifs et exiger vraiment d'avoir un pourcentage de contenu
local dans les appels d'offres, etc. Évidemment,
il y a du pour et il y a du contre là-dedans, parce qu'évidemment c'est
peut-être plus sécurisant, d'une part, mais, d'autre part, ça a des fois
le désavantage de complexifier les choses. Et donc, actuellement, on est en
mode probablement de sollicitation beaucoup
plutôt que d'être en mode réception de projets. Je pense qu'on est plus en mode
sollicitation. Je pense que vous comprenez très bien ce que je veux dire par
là, mais on va travailler en ce sens-là.
Autre élément
dont j'aimerais vous faire part, c'est le conseil d'administration. Le conseil
d'administration, on a dit :
Entre neuf et 15, alors ça peut aller jusqu'à 15, ça peut être 12, là. Il
s'agira véritablement d'en discuter, mais ce n'est pas nécessairement neuf, et nous comprenons très bien, également,
la nécessité que ce soit en très grande partie, bien sûr, des gens qui résident sur la Côte-Nord ou
dans les régions couvertes par le Plan Nord. Il est très clair de ce côté-là.
Moi, ma question, c'est — la
ville de Port-Cartier a besoin évidemment d'infrastructures, d'infrastructures industrielles, d'infrastructures sur le plan
résidentiel également : Comment vous vous voyez travailler actuellement
avec la Société du Plan Nord? Comment cette société-là peut vous aider
dans la réalisation de ces infrastructures?
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : Vous savez, c'est... à la fin, mais vous voyez les textes
écrits en gras. Donc, nous, on considère
qu'avoir le bureau du Plan Nord chez nous, ça permet une proximité et une
efficacité qu'on ne retrouvera pas si c'est plus loin. Ça ne veut pas
dire qu'il ne se passera rien, mais ça va être plus difficile.
Notre
expérience, l'expérience de la ville de Port-Cartier, en 2011, ça a donné des
effets très négatifs dans notre population
et aussi dans la capacité de convaincre les Québécois que le Plan Nord à
l'époque et celui-ci allaient vraiment donner
de l'air aux communautés. Alors, comment ça se fera? Je pense que plus les gens
seront prêts, plus on sera ensemble, plus
on trouvera rapidement des solutions. Je vous dis, là-dedans, ce qui était en
besoin d'infrastructures d'eau potable, par exemple, et d'assainissement des eaux usées, c'est resté dans le
système. Le gouvernement québécois qui a précédé l'a gardé dans le système. Donc, nous, on est à l'étape des appels
d'offres pour devis, donc on est vraiment dedans, mais vous, et je l'ai bien fait remarquer à
M. Robert Sauvé, vous savez, même si le gouvernement en payait 75 %,
10 millions de dette
d'infrastructures payés par la ville de Port-Cartier, c'est énorme, donc on va
avoir besoin d'aide. Est-ce qu'on devra assumer cette partie-là qu'on
compensera ailleurs? Je ne sais pas aujourd'hui, mais je peux vous dire qu'on a
vraiment besoin d'avoir des interlocuteurs
qui nous regardent dans les yeux, qui sont conscients de nos ressources, de nos
capacités mais également de nos limites, alors, si on veut éviter les erreurs,
là.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Peut-être
que le député de Pontiac avait d'autres questions également.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. le député de Pontiac, à vous la parole.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Je vais commencer par souhaiter
un bon premier anniversaire à Mme la
mairesse. Elle semble tout à fait à l'aise dans son rôle, et d'ailleurs les
choses semblent bouger à Port-Cartier, là. On a fait référence déjà à l'annonce de FerroAtlantica; si je ne me
trompe pas, c'est 345 emplois directs, et ça, c'est sans les emplois indirects
et les retombées. Ça va avoir définitivement un impact sur votre population. Et
ce que je voyais dans votre
mémoire, c'est que vous avez peut-être eu des problèmes par le passé à garder
la population de Port-Cartier. La population a diminué, même s'il y a eu des
investissements importants. Donc, vous demandez aussi à ce que la société, là, s'implante chez vous. Donc, ça fait quand même
beaucoup. Et je vous entendais plus tôt parler aussi des investissements
sur la 138.
Donc, les
choses vont commencer à bouger assez rapidement. Donc, allez-vous être capables
de suivre dans tout ce développement-là? Parce que ça va demander des
changements importants à la municipalité comme telle.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle.
• (10 h 30) •
Mme Doyle
(Violaine) : Je veux juste
bien vous signaler que la population a diminué, mais j'espère que vous avez
bien fait le lien entre le phénomène du «fly-in/fly-out».
Vous savez,
c'est un phénomène qui... Je vais le faire en anglais, même si je suis une
enseignante de français. Mais, chez nous, on n'a pas de «fly», on n'a pas
d'avion, donc, ce sont des travailleurs non-résidents, qu'ils soient ouvriers
d'usine ou cadres supérieurs. C'est
un phénomène qui a créé, dans notre population et dans la ville, un effet majeur. Je dis, à
titre d'exemple, que c'est un cancer
qui se répand, et c'est vraiment comme ça qu'on le vit. Oui, en effet, on est
prêts à recevoir des nouveaux
travailleurs, on est prêts à recevoir des professionnels, on est prêts à
le faire, mais il faut que les gens, ils soient... On a des maisons de qualité, on a des infrastructures qui sont déjà prêtes. Il
y en a d'autres à développer. Vous
avez parlé de la
route 138. La route 138, chez nous, elle se rend, elle se rend même jusqu'à Kegaska.
Le défi, c'est de le rendre maintenant jusqu'au bout de la Côte-Nord,
c'est-à-dire jusqu'à Blanc-Sablon. Donc, ça nous touche plus ou moins,
même si on est très d'accord pour considérer que c'est un élément important du
développement économique.
On a besoin
de la Société du Plan Nord, oui, pour la proximité, mais ce qui n'est pas rien,
c'est qu'actuellement à Port-Cartier
il n'y a aucune fonction publique présente. Deux employés rattachés au bureau
de Sept-Îles, c'est la présence du
secteur public québécois et fédéral sur notre territoire. Donc, c'est majeur.
Quand on n'a pas de lien de proximité, on n'a pas de sensibilité au milieu, on n'a pas de compréhension du milieu.
Et on trouve que c'est un bon moment pour le gouvernement de faire une espèce d'équilibre. Bon, si vous connaissez un
peu la Côte-Nord, il y a deux grandes villes qu'on appelle des grandes villes mais qui sont petites à l'échelle
mondiale, qui sont Baie-Comeau et Sept-Îles, Baie-Comeau à l'ouest, Sept-Îles à l'est, et nous sommes la
petite ville au centre. Et, à cause de ça, on nous considère souvent comme
étant comme Sept-Îles. Non, ce n'est pas le
cas. Nous avons nos réalités, nous avons nos défis et nous avons aussi nos
forces. Alors, c'est important, pour nous, de vous faire comprendre, de faire
comprendre ici, à la commission, qu'une présence des fonctionnaires québécois
sur notre territoire, c'est une garantie d'une compréhension du milieu, d'une
sensibilité au milieu et aussi d'un succès.
La
Présidente (Mme Léger) : M. le député de Pontiac, il vous reste quatre
minutes avec les échanges compris.
M. Fortin
(Pontiac) : Bien, écoutez,
je vais peut-être faire un peu de millage sur ce que le ministre
a indiqué à sa première question
par rapport au bureau de commercialisation, là. En lisant
votre mémoire et en vous écoutant... Vous avez parlé d'«à qualité égale, à prix
concurrentiel», il doit y avoir des retombées importantes pour les gens du
Nord, et ça, on comprend tout à fait ça. C'est sûr que tout le
monde ici veut que le Plan Nord
soit bénéfique pour l'ensemble du Québec, mais le Plan Nord ne réussira
pas s'il n'y a pas de retombées importantes pour des localités comme la vôtre.
Moi, je viens du monde des affaires, donc c'est
ce qui me fait vibrer, c'est ce qui m'intéresse. Moi, je suis intéressé à vous entendre. Vous avez touché rapidement
sur les grands contractants, là, vous avez dit qu'on peut les compter sur les doigts de la main, ceux qui viennent dans
la région, mais, à Port-Cartier comme telle, quel genre d'entreprise
peut bénéficier directement? Les entreprises, là, de chez vous, pas nécessairement
celles des deux grands centres autour, mais celles de chez vous. Qui
peut bénéficier de projets comme le Plan Nord?
La Présidente (Mme Léger) :
Mme Doyle, une réponse un peu courte pour laisser la parole à...
Mme Doyle
(Violaine) : Si vous
acceptez, je vais demander à Bernard, qui connaît bien le secteur développement économique...
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
on va dire «M. Gauthier», nous autres. M. Bernard, allez-y.
Une voix : ...
M.
Gauthier (Bernard) : Mme la
Présidente, simplement pour vous dire qu'on a des gens qui sont habitués
à transiger avec des multinationales.
Donc, le mot qui nous vient à l'esprit, entre parenthèses, c'est... des entreprises
qui sont habituées de desservir des
grands donneurs d'ordres «world-class», et ils sont habitués de faire aussi beaucoup
du sur-mesure — je
vous traduis ça dans ma tête, là — donc
de l'électricité, des petites usines de machinage, des services, beaucoup
de services dans les parcs industriels légers. Donc, on a des gens qui ont des
capacités. On a fourni Hydro-Québec.
Donc, c'est dans notre environnement. On est 35 %, 40 % de production
de l'énergie hydroélectrique au Québec, la Côte-Nord, donc on a de l'expertise.
Ce qu'on dit,
dans le bureau de commercialisation, c'est juste de faire attention, d'avoir de
la sensibilité pour ne pas qu'on
enfle le problème. Donc, on le sait, qu'on a un problème, on travaille dessus,
tous les intervenants sont de bonne volonté.
Vous savez, c'est toujours plus facile de faire toujours affaire avec les mêmes
gens qu'on a l'habitude d'appeler pendant 10, 15 ou 20 ans. Donc, il
faut sensibiliser les grands contracteurs qu'il y a une partie aussi de
connaissances présentes sur le territoire de la Côte-Nord, en particulier à
Port-Cartier.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Ungava.
M. Boucher : Oui, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Léger) : Oui, c'est à vous, la parole, vous avez à peu
près une minute avec les réponses.
M. Boucher : Pardon?
La Présidente (Mme Léger) : Une
minute avec les réponses.
M.
Boucher : Une minute. J'avais compris «20 minutes». Mon Dieu! Je suis
gâté. Une minute. Écoutez, ça va être assez court.
J'ai compris de votre présentation que vous
souhaitiez avoir le siège social de la Société du Plan Nord situé à Port-Cartier. J'ai tout entendu vos arguments, qui
sont tout à fait logiques, rationnels, compréhensibles, mais, en même temps, vous ne pensez pas
que, bon, le fait de la proximité, etc., compréhension du milieu, c'est aussi
vrai pour Sept-Îles, pour
Chibougamau, pour Lebel-sur-Quévillon, pour Matagami, voire même Kuujjuaq, là
d'où je viens? Bon, c'est sûr que pour Port-Cartier ça serait un plus
extraordinaire, mais j'ai de la misère à voir le rationnel un petit peu, là.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle, pour 20 secondes.
Mme Doyle
(Violaine) : Alors, je veux simplement vous dire que, Port-Cartier, on
rayonne jusqu'au Nord, on a un lien
direct ferroviaire, direct avec Fermont, donc, toute la fosse du Labrador. On a
aussi une expérience de recevoir différents
développeurs. À partir de 1920, on a la forêt, le bois. Alors, c'est vrai pour
toutes les localités que le bureau du
Plan Nord est un plus, je vous l'accorde. Je vous dis simplement qu'on sera
capables de rayonner et de comprendre les petites municipalités.
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
Mme Doyle. Maintenant, on passe à l'opposition officielle, vous avez 10
min 30 s, donc à la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Doyle, M. Gauthier, Violaine et Bernard, là. Bravo
pour votre présentation. Je pense que vous
avez fait un état de situation qui était réel. Je pense que le ministre en a
appris davantage sur ce qu'était le
Plan Nord en 2011, ce que ça a demandé comme défi, et on ne veut pas répéter
les erreurs du passé. Comme vous le
savez, le temps nous est... Ici, on est régis par le temps constamment. Mes
collègues veulent intervenir.
Donc, Mme
Doyle, le fameux «fly-in/fly-out». Vous savez, hier, puis là j'ai vu que vous
aviez dit... Parce que même le
ministre a posé certaines questions hier aux groupes que nous avons reçus. Il
se demandait si c'était juste dans la construction,
si c'était au niveau du secteur industriel. Vous, vous avez ciblé vraiment le
secteur industriel. Hier, on a reçu la
ville de Sept-Îles, qui a donné en exemple l'Aluminerie Alouette, où le siège
social est à Sept-Îles, où les cadres demeurent à Sept-Îles, où elle s'implique dans la communauté. Chez vous, la grande
industrie, je n'ose pas la nommer, est-ce que... Puis là vous dites : Il y
a des employés d'usine qui sont en «fly-in/fly-out». Pouvez-vous m'en dire
davantage? Est-ce que c'est, la
grande industrie, ses cadres supérieurs sont tous à Québec, sont tous à
Montréal, ils ne s'impliquent pas. Votre lien est plus difficile?
J'aimerais juste vous entendre là-dessus.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : Merci, Mme Richard, pour votre question, dont vous
connaissez la réponse, mais pas nécessairement vos collègues députés.
Alors, le
phénomène que nous vivons à Port-Cartier, je crois qu'il est plus fort chez
nous qu'ailleurs, ailleurs dans la
région. C'est carrément des travailleurs qui viennent travailler 12 jours, qui
n'ont pas souvent... ils n'ont même pas un appartement à Port-Cartier, qui n'y prennent pas un seul repas et qui
vont travailler à l'usine, sur l'entretien de la voie ferrée, sur la
manutention du minerai et qui repartent chez eux retrouver leur famille. On a
eu une majorité de cadres supérieurs. À
Port-Cartier, pendant 40 ans, on a eu des présidents de compagnie, des
vice-présidents de compagnie qui parlaient anglais, on réussissait à
leur parler quand même, et, récemment... des présidents de compagnie qui
parlaient français. Maintenant, le niveau le
plus élevé, décisionnel, sur notre territoire, c'est directeur. Alors, toute la
portion des vrais décideurs, les vice-présidents, présidents de
compagnie, on n'en a aucun résidant sur notre territoire.
De plus, ce
qu'on observe, c'est que, dans certaines unités de négociation, on est
maintenant dans un cadre de non-retour.
Dans quelques mois, et peut-être que c'est déjà fait, il y aura des unités de
négociation où il y aura plus de travailleurs non-résidents que de
travailleurs résidents, alors vous imaginez les prochains contrats de travail
qui vont demander qu'on facilite le
transport, qu'on facilite l'exportation des richesses de Port-Cartier vers, et
là je ne veux pas accuser personne, Brossard, Verchères ou ailleurs au
Québec.
Alors,
actuellement, la compagnie choisit, cette compagnie-là en particulier, de payer
tous les frais de voyagement. Ça leur
coûte, ce qu'on comprend, moins cher. Et surtout ce n'est pas dans la
mentalité. C'est même un défi actuellement d'assurer que notre nouveau donneur d'emplois, FerroQuébec, comprenne
bien que l'installation des cadres supérieurs sur le territoire est un
gage de succès d'une entreprise. Alors, c'est devant ça qu'on se retrouve, et
on ne parle pas de construction, on parle d'industrie.
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme Léger) : ...Mme
Doyle. Essayez de raccourcir...
Mme Doyle (Violaine) : Ah! désolée.
La Présidente (Mme Léger) : ...pour
donner l'opportunité...
Mme Doyle (Violaine) : Vous devez
faire ça, madame...
La Présidente (Mme Léger) : Je sais.
Oui, je vais vous faire ça. D'accord. Mme la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Mme Doyle, vous
avez parlé que, bon, la Société du Plan Nord, il faut qu'elle soit efficace, il
faut qu'il y ait un lieu de décision
qui soit à proximité des projets et que c'était ensemble qu'on réussissait. Je
vois que c'est un peu comme ça avec la grande industrie qui s'installe
dans des communautés telles que la vôtre.
Hier
aussi, on a parlé beaucoup du bureau de commercialisation. Vous savez qu'on va
vraiment faire le travail quand on va
arriver dans le projet de loi article par article, parce que, là, on ne nous
dit pas où il va être situé, quelle sera exactement... on connaît un peu sa mission. Mais, hier, dans les
groupes, je pense que c'est les gens de Lebel-sur-Quévillon qui nous ont dit que ça serait bien d'avoir deux
bureaux de commercialisation, parce que, d'abord et avant tout, moi, je pense sincèrement que le bureau de
commercialisation doit faire connaître, M. Gauthier l'a expliqué, aux
entrepreneurs, aux gens du milieu
qu'est-ce qui s'en vient pour la suite des choses en termes de contrat. Donc,
le bureau de commercialisation, les
gens de Lebel-sur-Quévillon voyaient qu'il soit installé dans deux pôles.
Présentement, là, je ne le sais pas,
qu'est-ce que le ministre donnera comme orientation à ce bureau. Moi aussi, je
veux que le bureau de commercialisation
serve, d'abord et avant tout, à notre monde. Je pense qu'il y en aura pour tout
le monde, quand le fer montera puis que les projets seront au
rendez-vous, pour ne pas que ça se fasse comme on a vu par le passé... Autant avec le chantier hydroélectrique de la Romaine, ce
n'était pas nécessairement... Vous savez que l'eau embouteillée ne vient
même pas de la Côte-Nord? Ça n'a pas donné les résultats qu'on pensait, ce
n'était pas au rendez-vous.
Vous avez
parlé de fractionnement des contrats. Est-ce que vous seriez d'accord pour
qu'on ait deux endroits ciblés pour implanter les bureaux de
commercialisation?
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : J'hésite à répondre à cette question, je n'en mesure pas
tous les impacts, mais je rappelle simplement les grands principes, et
vous les avez bien indiqués : assurer que les contracteurs des milieux
soient bien informés, qu'ils puissent
s'organiser et que les contrats qu'on donnera tiendront compte de ce qui se
passe en région, de ce qu'il y a déjà en région mais aussi facilitent le
développement.
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
Mme la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Dernière question.
Vous avez un quai à Port-Cartier, si je ne m'abuse, dont la municipalité est
propriétaire. C'est un quai qui... parce
qu'on parle beaucoup qu'on va investir, hein? La Société du Plan Nord va avoir
des sommes importantes à investir. On parle
déjà de l'étude de faisabilité, 20 millions de dollars pour le troisième
chemin de fer par la suite. On parle beaucoup d'investir dans les routes, dans
les aéroports, mais vous avez un quai à Port-Cartier qui pourrait être un quai multifonctionnel, parce
que, Port-Cartier, dans tout le développement nordique, je crois aussi
qu'il est un incontournable.
Est-ce que
vous sentez que le gouvernement libéral, présentement, est à l'écoute et est
conscient du potentiel du quai à Port-Cartier?
La Présidente (Mme Léger) : Mme Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : Cette fois-ci,
je vais vraiment laisser M. Gauthier répondre. Le quai de
Port-Cartier, il l'a porté pendant 20
ans, madame, sur ses épaules, envers et contre tous. Alors, j'espère qu'il aura
une réponse complète à vous donner.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
il faut une réponse satisfaisante pour la mairesse. M. Gauthier.
Mme Doyle (Violaine) : Ah! je suis
sûre.
M.
Gauthier (Bernard) : Mme la Présidente, c'est beaucoup de pression. Simplement pour vous dire
qu'on a beaucoup d'espoir avec la nouvelle politique
maritime. Les gens sont sensibles à la situation géographique puis à l'importance maritime que Port-Cartier a dans l'échiquier de la
voie maritime du Saint-Laurent. Le quai de la ville de Port-Cartier, ça a
été une infrastructure qu'on a obtenue
par la bande. Donc, c'était l'achat de l'infrastructure, tout ce qui
est développement forestier à Port-Cartier. Donc, on en a hérité, on
l'a payé, et maintenant ça nous a permis de faire un levier de développement, entre autres, pour
accueillir FerroAtlantica.
Ce
qu'on dit simplement : Il
faut investir dans les ports en
général au Québec et il
faut investir en particulier à
Port-Cartier. Et c'est plusieurs
millions de dollars qu'on a besoin
collectivement. Au même titre qu'on met de l'argent sur les autoroutes,
il faut mettre de l'argent sur notre autoroute bleue.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Marie-Victorin, deux minutes.
M.
Drainville : Oui.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dans un instant, on va avoir les
représentants d'Arcelor qui vont
venir nous parler, et donc on va leur poser la question du «fly-in/fly-out». Je
suis certain que vous connaissez la
réponse qu'ils vont nous donner.
Alors, j'aimerais bien que vous nous disiez, une fois qu'ils nous auront donné
cette réponse-là, vous, vous
réagiriez comment à la réponse qu'ils vont nous donner, parce qu'ils
vont nous donner un certain
nombre d'arguments justement pour justifier. Ils ne font pas ça pour mal faire,
je suis certain. Arcelor, ils doivent se dire :
Il y a des raisons économiques, il y
a des raisons financières qui font
que le «fly-in/fly-out», c'est la solution pour nous, enfin, que c'est une pratique qu'on utilise.
Et donc j'aimerais vous entendre, dans les deux minutes qui nous restent...
un peu les arguments, mais surtout les
solutions. Comment vous répondriez à la compagnie qui dit : On n'a pas
bien, bien le choix, c'est comme ça qu'il faut
faire? Est-ce que vous, vous avez des solutions qui pourraient à la fois
répondre à vos préoccupations d'une occupation
dynamique, dans le fond, de votre ville avec des gens qui restent chez vous
puis qui contribuent à votre communauté, et les arguments plus financiers ou
économiques, sans doute, que la compagnie risque de nous servir?
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, Mme Doyle.
Mme
Doyle (Violaine) : J'espère que je vais pouvoir rester à leur
présentation, mais ce n'est pas le cas, hein? Je vais simplement vous dire que, un, je n'ai pas eu l'occasion
de m'adresser directement aux décideurs d'ArcelorMittal pour leur parler du problème de «fly-in/fly-out». Par contre, je vous rappelle que, lorsque
les décideurs sont à l'extérieur
de la région, on trouve des solutions à l'extérieur de la région. Lorsqu'un développeur
vient exploiter les ressources naturelles
d'une région, il doit être conscient et conscientisé qu'il le fait dans une communauté.
Cette communauté-là l'a précédé, va l'aider à réaliser un
projet, un succès mais va être là encore. Voici ce que j'ai à dire là-dessus.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'est tout le temps que nous avons
pour l'opposition officielle. Maintenant, nous passons au deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Merci, Mme la Présidente. Salutations aux collègues
députés. Madame, monsieur, soyez les bienvenus à votre Assemblée nationale. C'est une question que je pose à tout le
monde parce que nous, à la coalition, on s'interroge : Nous croyons au développement du Nord, au
développement des richesses naturelles, on croit au Plan Nord, mais on
se demande tout le temps : Est-ce qu'on a besoin d'une société d'État ou
est-ce qu'un secrétariat, un bureau dans un
ministère ferait tout aussi bien l'affaire? Alors, tout en reprenant votre
souhait, que vous souhaitez évidemment
que ce soit chez vous, est-ce que ça ferait une grande différence pour vous que
ce soit un secrétariat ou une société d'État?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Doyle.
Mme
Doyle (Violaine) : J'ai tendance à vous répondre impulsivement que
oui, puisqu'on dit que cette société-là pourra acquérir des infrastructures, les développer, le faire en
partenariat. Alors, pour nous, ça sonne comme une musique qu'une société
ait les moyens de le faire. Ça va plus loin, il me semble, qu'un secrétariat.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Bien. Alors, je reprends votre propos. Tout à
l'heure, quand vous avez dit qu'il n'y avait uniquement que deux employés du gouvernement du Québec qui
vivent à Port-Cartier... ce n'est pas sans rappeler : en 1983, quand
l'Iron Ore avait fermé Schefferville, le
président de l'Iron Ore avait dit : Le seul investissement du Québec à
Schefferville, ça avait été
l'implantation de la Société des alcools du Québec. Bref, on était là pour
ramasser de l'argent et non pas pour faire
vivre la communauté. On comprend aussi que l'État, ce n'est pas lui qui va
développer le Plan Nord, ce n'est pas lui qui va développer le Nord. Ce n'est pas le gouvernement qui va
développer les mines, c'est l'entreprise privée qui fait ça. Le rôle du gouvernement, c'est d'accompagner les
entreprises et d'accompagner surtout les gens qui feront vivre l'entreprise,
donc les citoyens, les travailleurs, dans leurs besoins.
On
a connu une première vague de plan nord il y a trois, quatre ans. Vous avez été
confrontés à des difficultés. Je le
sais, je vous ai visités. Quelles leçons tirez-vous de ces événements-là par
rapport à ce qui s'en vient, lorsque, nous le souhaitons tous, par
bonheur, il y aura un nouveau boom minier qui fera en sorte qu'on pourra
développer notre plein potentiel?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Doyle.
Mme
Doyle (Violaine) : Je vous dirais, proximité, connaissance du milieu,
sensibilité aux défis et, dans le cas de la municipalité, je vous dirais, prudence, prudence. Entre ce que les
grands donneurs d'ordres annoncent et ce qu'ils livrent, il y a souvent
un écart. Mais également il faut être proactifs. Nous avons, je vous le dis,
des projets d'eau potable et d'assainissement
des eaux qui sont en marche, alors qu'on n'a pas nécessairement les habitants,
parce que nous croyons sincèrement que nous allons les accueillir.
Nous devons donc être
prêts.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau. Ah! M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. À mon tour de vous saluer. Bonjour, Mme Doyle,
M. Gauthier. Bienvenue à l'Assemblée nationale. Vous avez abordé, tout à l'heure, la question
du conseil d'administration. On peut constater
dans votre mémoire que vous souhaitez qu'une majorité
des membres du conseil
d'administration habite sur le
territoire du Plan Nord. Est-ce
que, dans votre perspective, si jamais il y avait
des gens qui étaient spécialisés dans les questions nordiques mais
qu'ils ne résidaient pas sur le territoire du Plan
Nord, ils devraient être
comptabilisés à l'intérieur
des huit membres ou non si on est dans une perspective de 15 membres du conseil
d'administration?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Doyle.
Mme
Doyle (Violaine) : Je vais vous dire ce qui est écrit : que les
gens doivent habiter le territoire, ce qui ne met pas de côté les
spécialistes. Je pense qu'il y a des spécialistes qui habitent certainement
dans les grandes villes, mais on ne les
considère pas nécessairement, ces gens-là, représentatifs des communautés du
Plan Nord. Pour vraiment les
représenter, il faut y habiter, connaître les défis qui sont les leurs. Et je
n'enlève rien à la compétence de certaines personnes qui peuvent connaître
le Nord, mais habiter ailleurs...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Puis, au niveau de la répartition au niveau des
communautés, quelle est votre vision sur le plan des localités, supposons, concernées où le Plan Nord va se
développer versus les sièges qui pourraient être attribués aux nations
autochtones?
Mme Doyle
(Violaine) : Nous n'avons pas fait de comptabilisation. Je pense qu'il
est important que le gouvernement
s'assure, nous l'avons dit, d'une représentativité géographique technique
d'habitation sur le territoire. Les communautés autochtones, étant
elles-mêmes très concernées, doivent faire partie de ce conseil
d'administration là. Et, honnêtement, on a
suggéré 15 membres pour permettre d'avoir une meilleure représentativité,
également une meilleure discussion autour de la table.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Et puis vous abordez dans votre mémoire la
question de la règle de l'alternance, dans les nominations des membres,
qui devrait être envisagée. Est-ce que vous considérez que ça devrait être des
règles d'alternance au niveau d'un mandat?
Est-ce que ça devrait être des règles d'alternance aussi au niveau de la
représentativité régionale? De quelle façon vous envisagez ça?
Mme Doyle
(Violaine) : Honnêtement, on n'est pas allés si loin, mais on a
compris que le Plan Nord, c'était pour 25
ans. Alors, si je compte bien, 25 ans, c'est au moins six mandats. Alors, je
crois que plusieurs gouvernements pourraient s'y retrouver. Ce qui est important, et c'est vraiment... je blague,
mais je ne blague pas en disant : Au-delà des gouvernements, au-delà des plans qui pourront être modifiés,
assurons-nous que les communautés soient bien représentées. Je n'irai pas
jusqu'à vous dire : Au bout de deux
ans, au bout de trois ans. Je pense que ça, très rapidement, on va trouver une
alternance qui permette aux
municipalités d'être représentées, également aux différents enjeux d'être
amenés autour de la table, au-delà des gouvernements, au-delà des
partis.
La
Présidente (Mme Léger) : Et, au-delà de ces six mandats, il vous
reste, vous, une minute, M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans le
mémoire, vous n'abordez pas la question de l'assemblée des partenaires. J'aimerais vous entendre. Parce que, dans
l'éventualité où ce ne serait pas possible d'avoir, supposons, la moitié du
conseil dont les personnes sont issues... ou qui résident sur le milieu,
au nord du 49e parallèle, quelle est votre vision, là, de l'assemblée des partenaires et sur la portée de ses
pouvoirs? Actuellement, ils peuvent faire des avis au conseil d'administration,
mais le conseil d'administration n'est pas lié.
La Présidente (Mme Léger) : 30
secondes environ, Mme Doyle.
Mme Doyle
(Violaine) : Au niveau de l'assemblée des partenaires, je sais qu'elle
est multiple, en fait les gens proviennent
d'à peu près tous les milieux. Par contre, je peux difficilement vous parler de
celle qui existait, puisque la ville
de Port-Cartier n'y était pas appelée, à être sur cette assemblée-là. Mais je
pense que l'assemblée des partenaires est
une garantie, un peu comme le conseil des sages, de s'assurer qu'encore une
fois, au-delà des gouvernements, on puisse s'assurer que les milieux et
les différents enjeux soient bien représentés tout au long du parcours.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, Mme Doyle. Je dois vous dire que, du
côté de l'opposition officielle, le député
de Marie-Victorin, c'est le porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'énergie, de ressources naturelles et
de développement nordique, et le député de Chauveau est le porte-parole du
deuxième groupe d'opposition en matière d'énergie et de ressources
naturelles. J'ai oublié de mentionner ça tout à l'heure, lorsqu'ils ont parlé.
Merci infiniment, Mme Doyle, M. Gauthier. Alors,
merci de votre présentation. On va suspendre les travaux quelques instants, le
temps que l'autre groupe puisse venir s'installer.
(Suspension de la séance à 10 h 55)
(Reprise à 10 h 57)
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, je rappelle que la commission est
réunie afin de procéder à des consultations particulières et aux
auditions publiques sur le projet de loi n° 11, Loi sur la Société du Plan
Nord.
Alors, nous recevons le
comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie et des mines. Alors, vous
allez vous présenter, si vous voulez bien,
et présenter les gens qui sont autour de vous, M. Luc Baillargeon, le directeur
général, et vous aurez 10
minutes de présentation.
Comité sectoriel de
main-d'oeuvre de
l'industrie des mines (CSMO Mines)
M.
Baillargeon (Luc) : Effectivement. Donc, M. Arcand, ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, Mme Léger, présidente de la
commission, Mmes, MM. les membres de la commission, dans un premier
temps, nous aimerions remercier la CAPERN de nous donner l'opportunité, au
Comité sectoriel de main-d'oeuvre de
l'industrie des mines, d'émettre des suggestions sur la mise en place de la
Société du Plan Nord. Avant d'aller
plus loin, j'aimerais remercier mes administrateurs, M. Steve Gagné, qui est
directeur Leadership et performance chez ArcelorMittal, et M. Réal
Valiquette, coordonnateur régional Québec du Syndicat des métallos, de me
supporter aujourd'hui et d'être avec moi. Ça
fait que, malgré des agendas surchargés, mes membres du C.A. ont réussi à venir
pour vous démontrer que la mise en place de la Société du Plan Nord est
un must pour le CSMO Mines.
Donc, d'entrée de jeu, le Comité sectoriel de
main-d'oeuvre est favorable à la mise en place de la Société du Plan Nord. Dans
le cadre de la mission que la société pourrait se donner, notre organisation
pourrait la supporter en accompagnant et en
appuyant les communautés locales et autochtones dans leurs projets de
développement — on parle, naturellement, toujours de l'aspect de formation et de développement de
la main-d'oeuvre — en conseillant le gouvernement sur toute question que celui-ci a
soumise — on parle toujours de l'aspect formation et
développement de la main-d'oeuvre — et
exécutant tout autre mandat relatif toujours à la formation et au développement
de la main-d'oeuvre que le gouvernement pourrait lui soumettre.
• (11 heures) •
Donc, il y a
un autre élément aussi que nous avons apprécié quand on a regardé un petit peu
les mandats possibles que pourrait se
donner la société en devenir, c'est qu'on a apprécié qu'aucun élément, de près ou de loin, relié à l'aspect
de la formation et du développement de la main-d'oeuvre ne figure dans la possible mission de la société
en devenir. Il s'agit
d'une excellente façon pour nous d'éviter le dédoublement, et puis on vous
assure de notre collaboration, autant que faire se peut, là-dedans.
Donc, notre
Comité sectoriel de main-d'oeuvre de l'industrie des mines, on est le 29e sur 29 au Québec,
donc, nous avons été créés en 2006. Notre mission, c'est d'être un
centre de réflexion, de concertation et d'action visant à équilibrer l'offre et
la demande de main-d'oeuvre compétente pour contribuer à la viabilité et au développement
de l'industrie des mines. Donc, comme la majorité des mines en devenir vont être sur le territoire
du Plan Nord, c'est sûr qu'on a beaucoup, beaucoup d'intérêt là-dedans. Donc, notre vision, c'est d'être un acteur
indispensable dans le développement
d'une main-d'oeuvre répondant aux
besoins du secteur minier, être perçu par l'industrie comme un modèle pour
le développement des compétences en milieu de travail et pour la
qualification des travailleurs, la reconnaissance des compétences et
l'intégration de nouveaux bassins de main-d'oeuvre, ce qui va être très important
pour la Société du Plan Nord.
Donc, nos
mandats, c'est de développer l'offre
de formation continue, identifier les besoins de l'industrie en matière de gestion des ressources humaines, élaborer des
mesures permettant la stabilisation
de l'emploi et la réduction du chômage dans
le secteur, prendre en compte les problématiques des clientèles cibles au plan de l'emploi et
proposer des pistes d'action et
assurer la circulation de l'information dans le secteur. C'est tous des éléments dont la Société du Plan Nord va avoir besoin au
niveau de la formation et de la main-d'oeuvre.
Au niveau de
notre budget, c'est que la totalité du budget de notre organisation provient de
la Commission des partenaires du marché du travail, la CPMT. C'est un
organisme qui se rapporte au ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Cette entente-cadre, dont le budget annuel est de 400 000 $, est
utilisé pour défrayer les dépenses courantes
de notre organisation... Cependant, en janvier dernier, la CPMT a informé le
CSMO Mines que son budget serait amputé
de 33 000 $ par année, pendant trois ans, à compter de l'année
financière 2016‑2017. Dans les faits, s'il n'y a aucun changement, notre organisation se retrouvera avec
un budget de 3 000 $ pour l'année financière 2018‑2019. C'est sûr
que, dans ce contexte-là, il sera
impossible pour le CSMO Mines d'appuyer la Société du Plan Nord dans ses
diverses obligations reliées à la mission de notre mandat.
Au niveau de
l'équipe du CSMO, il y a quatre personnes qui y travaillent, on a des gens qui
sont au niveau de la coordination des projets et de notre site Internet...
Une voix : ...
M.
Baillargeon (Luc) : Cinq minutes? O.K., d'accord, on va accélérer,
madame. Donc, nos clientèles cibles : les entreprises minières, les associations minières, les entrepreneurs
miniers, les explorateurs miniers, carrières, centrales syndicales, chercheurs d'emploi, étudiants en
processus de choix de carrière et réorientation de carrière et organismes
et ministères, donc, la Société du Plan Nord également.
Donc, la
Société du Plan Nord et le CSMO Mines, partenaires dans un contexte de
formation et de développement de la
main-d'oeuvre. Bien que le secteur minier soit présentement dans un creux de
cycle où l'or est à 1 250 $ l'once et le fer oscille aux alentours de 80 $ la tonne,
nous ne pouvons prédire à quel moment et à quelle vitesse les prix de ces
métaux vont rebondir, mais en effet
ça peut retourner quand même assez rapidement. Si on se retrouvait avec une
accélération soudaine des besoins
mondiaux en matières premières, on pourrait se retrouver rapidement dans un
cycle haussier. La Société du Plan Nord doit donc être prête à faire face à cette situation
en matière de formation et de développement de la main-d'oeuvre. Le CSMO peut l'appuyer grandement
s'il possède les effectifs et les budgets pour le faire. Afin que les minières puissent compter sur des ressources
humaines en quantité et en qualité, plusieurs clientèles devront être prises
en considération. Puisque la majorité des
mines en devenir seront situées sur des territoires autochtones, il est
essentiel que les membres de ces
communautés soient invités à se former pour occuper des emplois reliés
directement à ce secteur ou à des emplois périphériques.
Puisque les
projets miniers sont connus, les communautés ciblées sont déjà sensibilisées.
Il faudra donc identifier les membres de ces communautés-là intéressés à
des emplois miniers et valider, auprès de ces derniers, leurs acquis académiques. En effet, peu d'emplois miniers à
pourvoir nécessitent une scolarité inférieure au secondaire V ou au
diplôme d'études secondaires, et à
l'occasion une équivalence de secondaire V peut suffire, par exemple.
Parmi les clients potentiels qui
seront évalués, il peut arriver que certains d'entre eux n'aient pas le goût de
poursuivre leurs études pour obtenir un diplôme d'études secondaires. Cependant, s'ils possèdent une formation
de secondaire III, ils pourraient être intégrés sur le projet DREAM.
Le projet DREAM, c'est un projet que le CSMO a mis en place, dont l'acronyme
désigne Développement Rétention Emploi Autochtone dans le secteur
minier, puis qui vise l'intégration des autochtones et des Inuits au marché
du travail.
Il y a 80 métiers que le CSMO a recensés dans
les trois phases minières : l'exploration, la mise en valeur et l'exploitation. C'est sûr que tous les emplois qui
vont être à créer ne pourront pas être créés par les communautés autochtones, donc il va falloir se pencher vers
d'autres volets, d'autres clientèles cibles, qui sont les Québécois
issus de l'immigration, les femmes,
et puis il ne faut pas oublier non plus la main-d'oeuvre conventionnelle.
On parle également de relève de main-d'oeuvre. Nous autres, un
de nos mandats, c'est de sillonner les écoles pour faire en sorte d'intéresser les jeunes aux opportunités qui existent dans le
secteur minier. Donc, les gens des centres de formation professionnelle sont
rencontrés et ainsi que les gens des secondaires III, IV et V où on a mis
en place, avec la Boîte à science, une trousse pour simuler des expériences en exploration minière. Ça fait que c'est
très, très apprécié des groupes scolaires et en gros, bien, ça donne une idée des opportunités qui
existent dans le secteur minier pour ces étudiants-là qui sont en processus
de choix de carrière.
Donc, la
Société du Plan Nord et le CSMO, partenaires dans un contexte d'estimation des
besoins de main-d'oeuvre. Le CSMO Mines, avec ses partenaires des
directions régionales d'Emploi-Québec de l'Abitibi-Témiscamingue, de la Côte-Nord, et du Nord-du-Québec, et de l'institut
national des mines du Québec, a embauché, en 2011, la Table jamésienne de concertation minière pour effectuer un
recensement des minières en matière de main-d'oeuvre. Par la suite, la firme
a procédé à l'estimation des besoins de
main-d'oeuvre dans le secteur minier au Québec, et ça, c'est très, très
important pour le secteur minier et
la Société du Plan Nord en devenir parce qu'en fin de compte ça nous permet de
voir un petit peu quels sont les pics
qui vont être atteints et dans quels secteurs d'activité, quels métiers, et
tout ça. Donc, pour les maisons d'enseignement,
pour les régions, et tout ça, c'est un must. Et là, présentement, on est en
train de faire la mise à jour de cette étude-là.
La Société du
Plan Nord est dans un contexte de support aux entreprises minières.
Présentement, dans le secteur minier,
c'est plus difficile parce que le cycle baisse, mais, quand ça va reprendre, on
va pouvoir appuyer la Société du Plan Nord dans les salons, et tout ça.
On va être en mesure également de continuer...
La Présidente (Mme Léger) : En
conclusion.
M. Baillargeon (Luc) : Pardon?
La Présidente (Mme Léger) :
Conclusion.
M. Baillargeon (Luc) : Conclusion,
pas de problème.
La Présidente (Mme Léger) : En cinq
secondes.
M. Baillargeon (Luc) : Cinq
secondes? Bien là, je ne fais pas de miracle.
Que ce soit
lors d'un cycle haussier ou d'un cycle baissier, comme c'est le cas
présentement, le CSMO Mines a fait la
preuve qu'il pouvait offrir un support aux minières et aux chercheurs d'emploi
dans toutes circonstances. Il ne fait
aucun doute que la Société du Plan Nord devra composer avec les aléas économiques.
La nouvelle société pourra compter
sur l'appui du CSMO Mines, dans la mesure de ses moyens, pour affronter les
nouveaux défis liés à la formation et
au développement de la main-d'oeuvre pour aider les habitants, les communautés
ainsi que les minières qui s'établiront sur le territoire du Plan Nord.
Merci de votre accueil.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'était de tout rendre ça, rentrer ça
en 10 minutes. Alors, maintenant, nous passons du côté du
gouvernement pour une période de 17 min 30 s en échanges avec
vous. Alors, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, député
de Mont-Royal, à vous la parole avec votre équipe.
M.
Arcand : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. M. Baillargeon, M. Gagné, M. Valiquette, encore
une fois, bienvenue parmi nous aujourd'hui. Je pense que vous jouez un
rôle extrêmement important parce que je pense que la qualité de la
main-d'oeuvre, c'est ce qui est fondamental dans la réussite du Plan Nord et
dans l'attrait que certaines entreprises
peuvent utiliser. Et, je voudrais vous rappeler, vous avez cité, entre autres,
sur l'importance de l'éducation, particulièrement au sein des communautés
autochtones... puis je vous rappelle que, dans le budget 2014‑2015, on a
annoncé des investissements fort
importants, près de 100 millions de dollars, dans lequel certains projets
auprès des communautés et des
commissions scolaires cries, Kativik, et autres... on parle d'agrandissements
d'école, on parle d'intégration, on parle de construction de centres
d'éducation des adultes.
Maintenant,
moi, la question fondamentale qui a été aussi abordée par le député de
Marie-Victorin tout à l'heure sur la
question évidemment du «fly-in/fly-out», de l'importance de pouvoir avoir des
travailleurs qui demeurent sur place, j'aimerais
que vous me parliez de cette
expérience-là et des enjeux que ça pose, des défis que ça pose et qu'est-ce que le gouvernement pourrait faire pour améliorer la situation.
• (11 h 10) •
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. Baillargeon, vous vous adressez à la
présidence.
M.
Baillargeon (Luc) : Alors,
quand on regarde ça, c'est sûr que la mise en place de structures qui existent déjà puis...
en tout cas, l'appui à ça, pour faire en sorte que les
autochtones puissent intégrer le marché du travail, ça, ça va être un plus. Parce que c'est sûr que le
«fly-in/fly-out» est une problématique pour certains organismes, et tout ça. Par contre,
il ne faut pas oublier une chose quand on parle du «fly-in/fly-out», c'est que
c'est l'aspect le plus économique de la chose. Parce que, quand on a un aéroport à gérer, comparativement à
mettre en place, par exemple, des infrastructures municipales, et tout ça, c'est très, très
différent. Et, quand on regarde un petit peu à quels endroits se trouvent les
projets miniers au Québec, bien c'est
un peu ça, les projets miniers ont été construits via un aéroport, et tout ça,
mais, au niveau d'amener une infrastructure municipale, ça peut être
très, très problématique.
Puis moi, je pense
que, quand on regarde les choses dans leur ensemble, au niveau gouvernemental
il y aurait beaucoup, beaucoup de coûts
reliés à ça, ça fait que c'est pour ça que... C'est sûr que le «fly-in/fly-out», ce n'est peut-être pas
la solution idéale, mais, quand on regarde sur l'ensemble, ça va être pas mal
plus avantageux au niveau des coûts d'y aller avec cette façon-là. Mais, comme je vous le
mentionne également, si on travaille davantage avec les communautés
autochtones, bien c'est sûr qu'il va y avoir
moins de «fly-in/fly-out» parce que ces gens-là vont pouvoir intégrer le marché
du travail minier qui est en périphérie de leurs demeures.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand : Donc, ce qui a été invoqué hier... certaines
personnes ont invoqué la nécessité de mettre des balises, là, pour avoir, à la fois, de l'achat local, avoir également
des façons d'encourager évidemment les travailleurs de demeurer sur place, particulièrement dans des
villes comme Sept-Îles ou Port-Cartier. Est-ce que vous voyez des
éléments dans ça dans lesquels il pourrait y avoir une certaine forme de
contrainte, où ça serait contre-productif?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Baillargeon.
M.
Baillargeon (Luc) : Merci,
madame. Quand on regarde ça, c'est sûr que, la contrainte, je ne pense pas que c'est quelque chose qui soit une solution viable à court terme. Parce que,
si les compagnies qui font des affaires dans le Nord font en sorte qu'il y ait des retombées maximums au niveau
des achats et des locations et toutes
sortes de choses comme ça, dans les régions périphériques, je ne pense pas que ça pose de problème comme tel. Mais je ne crois pas que c'est en forçant les compagnies, des choses comme
ça qu'on va être en mesure de trouver une solution. C'est sûr que, s'ils
sont fortement encouragés, bien on va trouver le compte, là, de part et
d'autre, je pense.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand : Si j'avais simplement à vous demander
c'est quoi, le défi numéro un au
niveau de la main-d'oeuvre actuellement dans le Nord, à
travers toutes les priorités, là, qu'est-ce qui est le plus urgent à régler?
M.
Baillargeon (Luc) : La formation, monsieur, la formation, parce que,
si on veut faire en sorte que l'intégration du plus de gens possible se réalise dans le secteur minier, il faut
absolument axer sur cet élément-là pour que le plus de gens possible puissent aller chercher un
secondaire V. Parce que, si on ne fait pas ça, on va être obligés
d'importer beaucoup de main-d'oeuvre.
Et, si on importe de la main-d'oeuvre, à ce moment-là c'est du «fly-in/fly-out»
parce que ces plans miniers là vont être très éloignés et ça va apporter
des irritants. Ça fait que c'est un petit peu de cette façon-là que la
formation pourrait faire en sorte de diminuer les pressions.
M.
Arcand :
D'accord.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, on donne la parole. Oui, M. le député d'Abitibi-Est,
c'est à votre tour.
M. Bourgeois :
Mme la Présidente...
La
Présidente (Mme Léger) : Et vous me regardez si vous voulez avoir la
parole, hein, ne vous gênez pas, si vous voyez que ça s'allonge.
M. Bourgeois : Merci, Mme la
Présidente. Donc, merci, messieurs. Je vais continuer un peu dans l'optique... Vous nous avez parlé que vous sillonnez la
province pour, justement, s'approprier à la fois tous les besoins mais aussi,
je présume, en même
temps, l'intérêt de la population en lien avec les opportunités que représente la possibilité de faire carrière dans le domaine minier.
J'ai
aimé aussi l'aspect que vous avez amené, qu'il y a quand même trois phases
importantes dans un développement minier : à la fois la première
partie, qui est l'exploration, qui détermine certains profils de travailleur, qui détermine aussi le profil de la réalité du
travail en tant que tel, d'aller sur des sites en exploration; la mise en
valeur, qui, je pense qu'on peut
dire, touche plus le volet peut-être, aussi, aspect de construction du site,
donc, qui interpelle un autre profil
de travailleur; et puis finalement l'exploitation, l'exploitation, qui, elle...
quand on parle de la mise en valeur, on peut parler de zéro à
36 mois, tandis que, l'exploitation, on peut parler de plusieurs années,
hein, ça peut varier de cinq à 25, 50 ans. Dans certains cas, les annonces
sont faites au départ pour des projets qui sont de 10, 15 ans, puis finalement ça fait 50 ans que la mine opère.
Cette réalité-là, donc, vous vous l'êtes appropriée auprès de l'industrie aussi,
auprès des travailleurs. Est-ce que cette
réalité-là, si on compare à il y a cinq ou 10 ans, l'évolution qu'il y a,
le changement... Parce que, des
mines, il s'en est développé par le passé au Québec. Des projets, il s'en est
travaillé plusieurs, et là on ramène beaucoup le phénomène du
«fly-in/fly-out», il y a des réalités qu'on voit dans nos régions, qui sont
différentes.
Et
comment votre comité, dans le fond, analyse cette situation-là de ces
changements-là? D'où ils proviennent? Est-ce que c'est des changements
dans la société, au niveau des travailleurs ou des entreprises?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Baillargeon.
M.
Baillargeon (Luc) : Merci. Quand on parle du «fly-in/fly-out», c'est
uniquement en fonction de la localisation du plan minier. Ça fait que c'est sûr que, comme j'ai mentionné d'entrée
de jeu, la majorité des mines en devenir vont être en territoire éloigné, donc ça va être difficile de mettre en place
des infrastructures municipales autour de ça, mais ça n'empêche pas, par exemple, que des achats
puissent se faire par les minières ou les explorateurs en périphérie. Ça, c'est
une chose.
Au
niveau du changement au niveau de la formation, je ne sais pas si c'est le but
de votre question, M. Bourgeois, mais,
en fin de compte, qu'est-ce qui arrive, c'est que c'est de plus en plus
mécanisé au niveau de l'industrie minière et c'est un petit peu dans ce sens-là qu'on rentre de plus en plus de
hautes technologies, et tout ça. C'est la raison pour laquelle on demande de plus en plus de formation dans le
secteur minier. Parce que, quand on regarde, il y a beaucoup de gens qui sont formés sur des simulateurs. On est en
train de travailler... on a un projet de simulateur présentement. Donc, pour
embarquer derrière un simulateur, bien ça
prend quand même certaines aptitudes. C'est sûr qu'il y en a qui pensent encore
que c'est un jeu vidéo qu'on voit dans une
arcade, là, mais c'est pas mal plus compliqué que ça, et ça demande vraiment,
là, des connaissances, là, de base, et être en mesure de continuer d'apprendre,
ça, c'est important aussi.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Abitibi-Est, non?
M.
Bourgeois : Peut-être que monsieur voudrait compléter, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le député d'Ungava?
M. Valiquette
(Réal) : Est-ce que je peux répondre?
La Présidente (Mme
Léger) : Ah! Oui, M. Valiquette.
M.
Valiquette (Réal) : Votre question portait aussi sur le passé,
qu'est-ce qui peut expliquer cette situation-là.
M.
Bourgeois : Cette différence-là.
M.
Valiquette (Réal) : Exact. C'est qu'il faut comprendre aussi que,
présentement... Il y a eu un exode aussi de la main-d'oeuvre, hein? Vous comprendrez que les gens qui allaient
étudier à l'extérieur, ils ne reviennent pas. Il n'y a pas d'université sur la Côte-Nord. Je fais juste une
parenthèse. Mais ça, ça entraîne aussi que les gens s'en vont vers les grands
centres. Donc, la jeunesse s'est en allée
plus vers les grands centres urbains, que ce soit Québec ou que ce soit
Montréal. L'autre chose aussi qui
peut expliquer le phénomène, c'est aussi pour les départs à la retraite. Il va
y avoir 30 %, dans l'industrie
minière, 30 % des gens qui sont éligibles à la retraite. Ça ne veut pas
dire qu'ils vont partir. Ils sont éligibles à la retraite. Donc, ça prend un remplacement de main-d'oeuvre, et le
bassin de main-d'oeuvre sur la Côte-Nord baisse. J'entendais la tantôt
la mairesse de Port-Cartier qui disait que la population avait baissé. Bien, il
y a un exode.
Maintenant,
en ce qui concerne le «fly-in/fly-out», là, ou communément appelé... en fait,
le vrai terme, là, c'est le «navettage»
de la main-d'oeuvre, là, en français, en bon français, donc, le navettage de la
main-d'oeuvre, lui, en tant que tel, c'est
sûr qu'il encourage, encore là, l'exode. Ça encourage l'exode. C'est qu'étant
en manque de main-d'oeuvre sur la Côte-Nord
qu'est-ce que les entreprises ont dû faire? C'est justement se tourner vers les
grands centres. Et les gens des grands
centres, bien ils ne veulent pas nécessairement aller déménager sur les
endroits éloignés. Plus que ça va, plus que les mines s'éloignent. Donc,
ils ne veulent pas s'en aller vers ces endroits-là.
Donc, il y a
un côté pratique, mais ça crée deux catégories de travailleurs dans les
entreprises. Et les syndicats avec
les entreprises sont assis, justement, pour négocier des clauses dans les conventions collectives, mais
tu as quand même
deux catégories : tu as la catégorie des résidents qui bien sûr,
à ce moment-là, sont toujours inquiets de perdre les services qu'ils ont déjà; et ceux qui font le
navettage, justement, bien, ils ne consomment pas sur place, comme
expliquait la mairesse, puis, à la place,
vont aller dans les grands centres, là où ils demeurent. Donc, ça, c'est ce
côté-là.
Aussi,
ce qui explique, avant, écoutez, dans les années 50, 60, les entreprises
s'établissaient avec des infrastructures. C'est eux qui faisaient toutes les infrastructures,
les routes, les écoles, les hôpitaux. Ils ont tous contribué à créer des infrastructures. Maintenant, les routes se
rendent jusqu'à la Côte-Nord, donc l'accessibilité est plus facile, mais par contre, comme on disait tantôt, au risque de me
répéter, en s'éloignant, on doit exploiter plus loin. Si vous allez jusque
dans la fosse du Labrador, c'est encore plus loin, donc, à ce moment-là, c'est
sûr qu'il y a des plans qui vont avoir du navettage.
Mais est-ce que le navettage est nécessaire sur tous les sites miniers? Pas
certain, parce qu'il y en a qui sont près des grands centres. Ça, c'est
la différence entre les deux.
• (11 h 20) •
La Présidente (Mme Léger) : Oui. M.
le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Peut-être une
complémentaire, Mme la Présidente, si vous me permettez.
La Présidente (Mme Léger) : Oui,
allez-y.
M.
Bourgeois : Donc, dans l'évaluation que vous avez faite sur la réalité
actuelle, pas de nouvelle mine, il y a déjà
des besoins énormes en termes de renouvellement de la main-d'oeuvre compte tenu
des départs à la retraite puis des nouvelles
technologies, c'est ce que j'en comprends. Et est-ce qu'il y a une distinction,
dans vos évaluations, entre cette situation-là et le potentiel
qu'amènera un développement minier plus important, par exemple, dans le cadre
de la réalisation de projets, là, plus spécifiques au développement du Plan
Nord? Est-ce que vous avez fait une distinction?
La Présidente (Mme Léger) :
M. Baillargeon.
M. Baillargeon (Luc) : Oui. On est
en train, M. Bourgeois, de faire une étude sur l'estimation des besoins de
main-d'oeuvre et on va prévoir, là, les
projets que la Société du Plan Nord pourrait avoir, là, sous son égide. Ça va
être pris en considération au niveau
du nombre de projets, au niveau du potentiel de travailleurs ainsi que des
types d'emploi qu'on va retrouver dans ce secteur-là. Ça fait qu'on est
en train de faire ça. Ça devrait sortir d'ici la fin de l'année,
M. Bourgeois.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Ungava, vous avez à peu près 3 min 30 s.
M.
Boucher : Alors, bienvenue, messieurs. Je veux revenir sur le
navettage. En passant, je vous félicite. «Fly-in/fly-out», c'est un terme qui m'irrite depuis des mois, puis je
n'avais pas d'autre façon de le désigner, ça fait que je vous félicite,
ce matin, puis je vous promets de répandre la bonne nouvelle à l'avenir.
Alors, je
vais vous parler de navettage. C'est sûr que, bon, vous dites que les sites
miniers sont de plus en plus éloignés,
en région isolée. Si on prend la mine de Stornoway, par exemple, le site de
Raglan, d'autres sites... ce ne serait pas
raisonnable, et pensable, et même souhaitable, par exemple, qu'une ville
s'établisse autour de la mine de Stornoway. Je pense que, tu sais, ça fonctionnerait bien pendant 10 ans,
20 ans, puis un jour la ville fermerait, puis ça serait Gagnonville
version 2.0. Il ne faut pas ça. Mais,
d'un autre côté, ce navettage nécessaire là doit-il se faire obligatoirement ou
automatiquement à partir de Montréal,
de Québec, de Rouyn? Si on prend, par exemple, la ville de Chibougamau, qui est
située à quelques centaines de
kilomètres au sud de Stornoway, est-ce que ça veut dire que, pour eux, il n'y
aura pas de travailleur... il n'y a pas
de famille qui va aller s'installer à Chibougamau parce que monsieur ou madame
aura un emploi à Stornoway? Est-ce qu'il n'y a pas moyen d'avoir des
aménagements?
Je vais vous
donner un autre exemple puis après ça je vais vous laisser aller. Il y a une
mine qui s'est installée un peu au nord de Matagami. C'est du navettage,
des horaires rotationnels, un camp minier. Jusque-là, il n'y a aucun problème, sauf que le navettage se fait à partir
de Rouyn. Donc, les gens doivent partir de Matagami, s'en aller prendre l'avion à Rouyn, aller faire sa rotation, revenir
à Rouyn, retourner à Matagami. Conclusion : il y a beaucoup de familles
qui ont déménagé à Rouyn. Donc, ça a donné
quoi à Matagami d'avoir cette mine-là près de chez eux? C'est là-dessus
que je voudrais vous entendre, là.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Baillargeon.
M.
Baillargeon (Luc) : Merci. Écoutez, c'est sûr que difficile pour moi
de répondre pour Stornoway Diamonds. Par
contre, j'aurais le goût de vous dire que cette minière-là va bénéficier quand
même, là, d'un élément très important parce que, dans un premier temps,
Stornoway Diamonds devrait embaucher beaucoup d'autochtones de nation crie. Pourquoi? Parce que, dans le passé, il y avait une
mine qui s'appelait Troilus, et, Troilus, quand elle a fermé ses portes,
il y a beaucoup de gens qui sont devenus
disponibles, et Troilus, c'était un précurseur qui a embauché beaucoup d'autochtones
de nation crie. Donc, automatiquement, ça, c'est un plus.
Deuxièmement,
écoutez, c'est sûr que présentement
le quartier général de Stornoway, qui est à Longueuil, a une très grosse antenne du côté de Chibougamau. Encore là, je ne peux pas parler pour
Stornoway, mais je serais très surpris s'il n'y avait pas de monde de
Chibougamau qui travaillait là.
M. Boucher :
Je ne voulais pas parler de Stornoway en particulier, mais plus du principe du
navettage entre les grands centres puis les régions limitrophes, qu'on
parle de Sept-Îles, de Port-Cartier, de Chibougamau, de Matagami, comment ces villes-là, qui sont quand même
relativement proches, même si c'est loin quand même, peuvent bénéficier de ces emplois situés à
400, 500 kilomètres au nord, que ça ne soit pas juste du monde... Tu sais,
aller prendre l'avion à Montréal ou à
Québec pour aller travailler au nord de Matagami, par exemple ou... Comment
vous voyez ça? Comment il y a moyen d'amener des familles au Nord tout
en continuant le navettage, là?
La Présidente (Mme Léger) : En
15 secondes, M. Baillargeon.
M. Baillargeon (Luc) : En
15 secondes. Écoutez, c'est une question assez existentielle pour répondre...
Une voix : ...
M. Baillargeon (Luc) : Oui, vas-y.
M. Gagné (Steve) : Peut-être un des...
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. Gagné.
M. Gagné (Steve) : ...Mme la
Présidente. Un des secrets, c'est de rendre les communautés attractives. On ne réussira pas, je pense, en étant coercitifs, mais,
en étant attractifs, donc en ayant des communautés qui sont attractives pour les employés mais aussi et autant pour leurs
familles, ça va rendre des gens... Ah! bien, peut-être que, finalement, Port-Cartier, ce n'est pas si loin, peut-être que
Sept-Îles, ce n'est pas si loin. C'est sûr qu'il y a des endroits plus loin que
d'autres, là, mais il y a ça aussi qu'il ne
faut pas perdre de vue, là. Et les entreprises ont leur chemin à faire, les
communautés aussi.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. Gagné. Maintenant, nous
passons du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Duplessis,
10 min 30 s pour votre formation politique.
Mme
Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour MM. Baillargeon, Valiquette, Gagné. Bienvenue à
l'Assemblée nationale.
Je pense que,
pour les gens qui nous écoutent puis pour mes collègues, moi, je vais faire une
mise au point. Je ne pense pas qu'il
y ait des gens qui veulent qu'on crée d'autres villes. Ce qu'on veut, c'est que
les villes qui existent déjà, qui
vont sûrement connaître un boom minier, et on le souhaite tous, au cours des
prochains mois ou des prochaines années, celles-ci puissent continuer à se développer, à s'épanouir, à faire en
sorte d'améliorer la qualité de vie des citoyens et des citoyennes.
J'ai appris
un nouveau mot ce matin de la part de M. Valiquette. On ne parlera plus de
«fly-in/fly-out», on va parler de
navettage. Bien, du navettage ou du «fly-in/fly-out», mes chers messieurs, moi,
je n'ai jamais cru que c'est comme ça
qu'on développe une communauté. Vous savez, Sept-Îles, quand elle s'est
développée avec IOC, Rio Tinto, Fer et Titane, Havre-Saint-Pierre, on appelait ça la rue granite. C'était la rue des
«big bosses», qu'on disait dans le temps, parce que les «big bosses», ils restaient sur place. Ils
s'intégraient à la communauté. Quand la municipalité... quand la santé, l'éducation, il y avait des problèmes, il y avait
quelqu'un qui répondait au nom de la compagnie. Ce n'était pas marqué : Pesez sur le 1 puis allez à Londres ou à Montréal
au siège social, vous allez peut-être avoir une réponse. Et ça, je pense
que tous les maires et les mairesses qui
font partie du développement nordique qui sont concernés par le développement
nordique vont vous dire qu'il faut qu'elles
servent d'abord et avant tout aux communautés. On n'est pas contre le
développement minier.
Et je lisais
tantôt un article sur... à Fermont. Vous savez, les compagnies minières, on l'a
dit, là, quand ça commence puis le
boom est là, le minerai, il faut qu'il sorte à l'autre bout puis il faut qu'il
sorte assez vite, merci. Donc, la municipalité de Fermont, là, même si la ville appartenait à Québec Cartier dans le
temps, puis après à Arcelor presque en totalité, elle n'était pas prête à répondre à la demande. Donc,
les compagnies, oui, il y a de la formation, mais les compagnies, parce qu'elles avaient un besoin de main-d'oeuvre
urgent, elles disaient : Bien là, comment on va faire pour trouver le
petit gars puis qui va vouloir venir
commencer sa vie à Fermont? On va lui offrir du «fly-in/fly-out», on va lui
offrir une bonne cédule, puis après,
bien, on va le shipper en avion. On va lui offrir des campements, puis en plus
on va le nourrir. À Fermont, vous
savez, moi, je suis allée, là, il y a 25 ans. Quelqu'un m'avait dit :
Il n'y a pas de cimetière à Fermont, hein? Il y avait juste une génération. Maintenant, là, ceux qui ont
pris leur retraite, c'est des grands-papas, des grands-mamans, et leurs enfants travaillent à la mine. Ils veulent
demeurer là. Moi, je suis allée, là, de six mois en six mois, là, c'est
exponentiel, le développement qu'il y a, et je donne cet exemple-là.
Tantôt,
M. Baillargeon, vous avez dit : Oui, mais, vous savez, quand on gère
des aéroports... À ma connaissance, je
ne pense pas qu'il y a beaucoup de compagnies minières qui gèrent des
aéroports. J'aimerais vous entendre là-dessus. Et, oui, c'est difficile pour certaines compagnies, mais je ne pense pas
qu'ils gèrent des aéroports. Et, je pense, quand il y a une volonté
qu'une compagnie s'installe dans un milieu, on doit y mettre des efforts.
On a rencontré des gens hier qui ont parlé de
moyens coercitifs. Le ministre vous en a fait référence. On a même parlé de donner des crédits d'impôt pour que
les gens viennent s'installer chez nous. Ce n'est pas vrai, là. Nous autres, on dit : On est un petit peu, pas mal, beaucoup le garde-manger du Québec.
Je veux bien, moi, que les ressources naturelles,
elles servent à l'ensemble des Québécois et des Québécoises, pas de problème avec ça, mais ce n'est pas vrai qu'on va voir des villes où on ne sera pas capables
de mettre nos infrastructures à niveau parce qu'on a des compagnies
qui veulent la rentabilité à tout prix, puis
qui ne s'investiront pas dans la communauté. Puis vous
êtes sur le comité de la main-d'oeuvre, on va former notre monde.
Je donne l'exemple de Sept-Îles,
où le cégep de Sept-Îles a fait des avancées phénoménales. On est en lien
avec l'Université du Québec à
Chicoutimi, ils sont collés. Je suis désolée, là, que
l'institut nordique... j'espère, le ministre a montré
une petite ouverture hier où on va les mettre à contribution. Mais ils sont
collés avec les minières puis ils travaillent avec vous autres aussi pour connaître les besoins de notre main-d'oeuvre. Ça fait que ça, là, c'était mon petit laïus en tout début, parce
que ça me fâche tellement quand j'entends tout ça, là. Des fois, là, c'est plus
fort que moi.
Je veux revenir...
• (11 h 30) •
La Présidente (Mme
Léger) : Restez sereine, Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard :
Pardon?
La Présidente (Mme
Léger) : Restez sereine, Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Ah! je reste sereine, mais, quand c'est pour défendre mon monde, vous
savez comment je peux...
Une voix :
...être tigresse.
Mme Richard : Tigresse. Vous avez parlé, M. Baillargeon, beaucoup
des autochtones, beaucoup, beaucoup des autochtones.
Moi, j'ai sept communautés autochtones sur mon territoire. Je peux vous dire,
je leur ai dit... d'ailleurs, ils sont venus en commission
parlementaire, je leur ai dit bravo parce qu'elles savent négocier. Elles
négocient, avec les minières, des
redevances, elles négocient des contrats puis elles négocient de la formation
puis de l'employabilité par la suite.
Et nous, on regarde le train passer, puis après il est rendu à l'autre bout,
puis on n'a pas un passager qui a pris le train. Méchant problème.
J'aimerais vous
entendre M. Baillargeon. Qu'est-ce que vous pensez des communautés qui ne sont
pas des autochtones, qui veulent travailler
chez eux, qui veulent faire en sorte qu'eux autres aussi ont peut-être
des amis à l'extérieur qui voudraient aller travailler? Est-ce qu'un
crédit d'impôt, c'est bon? Peut-être pas des mesures trop coercitives pour faire en
sorte que les compagnies minières aient un esprit d'engagement.
Être un bon citoyen corporatif comme on voyait par le passé,
là, hein... Même à Sept-Îles, la rue Arnaud, là, c'étaient toutes des maisons
des «big bosses» d'IOC. On ne voit plus ça, on ne voit même plus un boss.
Comment on fait? Comment on fait pour continuer avec le développement nordique, la
création de la société qui va investir en termes de milliards pour que les communautés de tous
les territoires concernés, on puisse former notre monde, qu'ils
demeurent chez nous et en attirer d'autres parce qu'on aura une bonne qualité de vie?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Baillargeon, vous adresser à la présidence.
M.
Baillargeon (Luc) : Bien sûr.
Écoutez, je pense que vous avez une excellente question,
mais, malheureusement, ce n'est pas le mandat du Comité sectoriel de main-d'oeuvre d'y répondre, Mme Richard, dans le sens que nous, on est là pour la formation, et tout ça. C'est sûr qu'on a
dû répondre à beaucoup de questions sur le navettage aujourd'hui, et ces
choses-là, mais même ces choses-là, c'est un peu à l'extérieur de notre mandat.
Ça
fait que je pourrais bien vous répondre, mais je pense qu'au niveau du CSMO, là, on serait vraiment, là,
hors mandat.
La Présidente (Mme
Léger) : Mme la députée de Duplessis. Oui, M. Valiquette.
M.
Valiquette (Réal) : Oui. Mme Richard, écoutez, de toute façon, M. Roy,
le directeur des métallos, va être ici après-midi,
vous allez pouvoir lui reposer la question. Lui, il va se faire un plaisir de
vous répondre parce qu'effectivement le mandat... J'aurais aimé qu'on parle beaucoup plus de formation, c'est
notre mandat, mais M. Daniel Roy va se faire un plaisir de vous
répondre. Mais je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites, par contre.
L'autre
chose, je voudrais juste apporter un point qui est bien important sur la
formation. M. Baillargeon, tantôt, l'a
adressé, la Commission des partenaires du marché du travail a réduit
l'enveloppe de 400 000 $ à 300 000 $ pour être réduite de 33 000 $ par année. Et ça,
là, dans un contexte où on parle de développement du Nord, d'un Plan Nord, bien,
écoutez, c'est tout simplement inacceptable.
Nous, on est contraires à cette décision-là. Si on fait un projet de loi, si on
fait une loi, on fait un projet spécial de
société pour l'avenir du secteur minier au Québec, bien il va de soi que la
formation doit suivre. On doit
préparer l'avenir, donc ça prend aussi un mandat spécial pour le comité
sectoriel des mines. On ne peut pas
rester comme ça à attendre. Quand je vois au niveau... puis je fais juste
une comparaison comme ça, au niveau fédéral, ils viennent juste de sortir, là, un comité qu'ils appellent
Entrée express. Bon, pour les travailleurs immigrants, ils vont reconnaître les métiers, ils vont pouvoir
les... mais nous, là, je veux dire, on a plein de gens sur place. Mme Richard
l'a souligné, on a plein de gens sur place
qui sont là, qui attendent de travailler dans les régions minières et qui
souvent n'ont pas les équivalents ou
n'ont pas les métiers, et ils attendent juste ça, d'avoir de la formation. Il y
a ces gens-là. Il y a les gens aussi
du Québec qui attendent, justement, ce projet-là avec anxiété. Alors, je vous
demande de bien vouloir adresser cette
demande-là : d'arrêter de vouloir couper, là, dans la formation pour
l'avenir de nos jeunes ou l'avenir du Québec.
La
Présidente (Mme Léger) : Mme la députée de Duplessis. Puis, M. Gagné,
on va vous laisser le temps de répondre.
Mme
Richard : Je vais vous
laisser le temps, M. Gagné. Oui, M. Valiquette, j'attends avec impatience de pouvoir échanger avec M. Daniel Roy cet après-midi.
Par contre, si j'ai abordé le navettage, le
«fly-in/fly-out», c'est que, lors de l'allocution de M. Baillargeon, celui-ci a quand même
donné des exemples des autochtones. Il a quand même dit que des moyens coercitifs, ce n'est pas ça qui faisait
aider. Et je sais que, tous les trois, vous avez quand même une très grande
expérience autant de développement minier que de la formation, que tout ce qui se passe dans les régions
concernées par le développement nordique. M. Gagné.
M. Gagné (Steve) : Oui. Mme la
Présidente, je veux mettre en contexte. Je participe aujourd'hui, avec mes deux collègues, en tant que coprésident patronal
du Comité sectoriel de main-d'oeuvre, mais je suis en même temps un employé d'ArcelorMittal Exploitation Minière
depuis près de six ans. Donc, au
niveau du développement de la main-d'oeuvre, je suis directeur Leadership et performance, tout
ce qui s'appelle le développement de la main-d'oeuvre et, un peu à l'image de la députée, Mme
Duplessis... Mme Duplessis; Mme Richard...
Mme Richard : C'est correct, j'aime
ça.
M. Gagné (Steve) : C'est un peu ça
après le temps, hein?
La Présidente (Mme Léger) : De toute
façon, vous vous adressez ici, là.
M. Gagné (Steve) : Excellent. Merci.
Je veux mettre quelque chose en contexte.
C'est facile, faire des généralités, hein, tout
le monde est comme ça, personne n'est comme ça. Mais, chez ArcelorMittal Exploitation Minière, je veux mettre
en contexte que la moitié de notre haute direction réside à Port-Cartier,
O.K.? Pour moi, c'est important de le dire.
On a notre vice-président Ingénierie qui demeure à Port-Cartier. On a notre
directeur général au niveau du chemin de fer et du port — donc,
il a un titre de directeur général, mais en réalité il se rapporte au
président, c'est comme un vice-président — il demeure à Port-Cartier. On
a notre directeur général de Mont-Wright — c'est quand même 1 700 employés à
Mont-Wright — il
demeure à Fermont. Donc, il faut le mettre en contexte aussi.
Oui, c'est
vrai, notre président demeure à Montréal. Jusqu'à il y a un mois, mon patron,
le vice-président Ressources humaines,
demeurait à Port-Cartier. Il faut mettre ça en contexte aussi. Et puis
j'hésitais à le dire, j'en parlais à mon directeur général, mais il faut que je le dise également,
puis je ne veux pas aller parler à l'encontre de ce que ma mairesse a dit parce
que je demeure à Port-Cartier avec ma
famille depuis six ans, à Port-Cartier on n'a pas de navettage. On a du
navettage à Mont-Wright, mais on n'en
a pas à Port-Cartier. Donc, je pense qu'il fallait que je le mette en contexte.
C'est important pour positionner la business aussi.
La
Présidente (Mme Léger) : C'est tout le temps que nous avons. Je vous
remercie. Alors, je vous remercie pour votre présentation. D'ailleurs,
est-ce que vous pourriez transmettre votre présentation? Parce qu'on n'avait
pas le mémoire. Vous n'avez pas déposé de
mémoire. Alors, ça va
être possible que vous le remettiez au secrétariat. Bien, merci. Merci, M. Gagné. Merci, M.
Baillargeon. Merci, M. Valiquette.
Je suspends
les travaux, le temps que l'autre groupe vienne s'installer. Je demande à la Confédération des syndicats nationaux...
(Suspension de la séance à 11 h 38)
(Reprise à 11 h 40)
La
Présidente (Mme Léger) : On
va défaire la tradition. Il y a beaucoup d'hommes ici, puis ça parle pas mal.
Alors,
merci. On reprend nos travaux. Alors, nous recevons la Confédération des syndicats nationaux. M. Létourneau, bienvenue, avec les gens de votre équipe. Vous avez une présentation de
10 minutes. Je vous demanderais, pour les fins d'enregistrement, au
départ, de nous présenter les gens qui vous accompagnent.
Confédération des
syndicats nationaux (CSN)
M.
Létourneau (Jacques) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. M. le
ministre, les députés, les gens de l'opposition, ça nous fait extrêmement plaisir d'être ici aujourd'hui. Je suis accompagné de Judith Carroll, qui est
adjointe au comité exécutif de la CSN;
Donald Rheault, qui est président du Conseil central de l'Abitibi-Témiscamingue; mon ami Guillaume Tremblay, qui est président du Conseil
central de la Côte-Nord; et Engelbert Cottenoir, qui est président du
Conseil central du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Et moi-même, Jacques Létourneau, président de la CSN...
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
bienvenue.
M.
Létourneau (Jacques) : Alors, ça nous fait extrêmement plaisir de
participer à cette commission parlementaire sur la Loi sur la Société du
Plan Nord.
Si je suis
accompagné aujourd'hui de trois présidences de conseils centraux, c'est parce
que nos conseils centraux sont
directement impliqués sur les territoires concernés par le développement
éventuel du Plan Nord, et pas juste impliqués parce qu'on représente des travailleuses et des travailleurs qui sont syndiqués
à la CSN dans différents secteurs d'activité économique, que ce soient le réseau de
l'éducation, la santé, le secteur privé, le secteur de la construction, donc on
en représente, sur les trois
territoires, plus de 30 000, mais aussi et surtout parce que la CSN, pour
ceux et celles qui ne le savent pas,
ce n'est pas qu'un agent négociateur de conventions collectives et
d'application de conventions collectives dans les milieux de travail, mais on intervient aussi sur les questions
de développement social, de développement économique. Et, pour nous, c'est extrêmement important de pouvoir
s'exprimer dans le cadre de cette commission et de faire des interventions, oui, bien sûr, sur le
projet de loi qui est déposé mais aussi et surtout sur la réalité dans les
différentes régions, sur les
questions de développement économique et surtout sur un éventuel plan nord qui
va avoir pas juste des conséquences sur le plan économique, mais qui va
en avoir aussi sur le plan social.
C'est clair,
d'entrée de jeu, pour nous, avant de passer la parole à mes collègues, que
nous, on considère que le développement économique, ça doit se faire
dans une perspective de développement durable. Donc, c'est sûr que les questions environnementales, l'implication des
communautés et des populations, pour nous, c'est quelque chose qui est
fondamental, pas juste les travailleuses et travailleurs, mais les citoyens et
les citoyennes en général. Le concept de l'acceptabilité
sociale, c'est quelque chose, pour nous, qui est bien beau en théorie, là, mais
qui, dans la pratique, n'est pas
toujours évident, surtout quand on parle des relations avec les communautés
autochtones. Alors, nous, vous allez le voir, on met beaucoup l'emphase sur cette question-là parce qu'on pense que
non seulement le développement du Nord québécois, ça va s'inscrire sur la longue portée,
c'est-à-dire qu'on parle de nos richesses naturelles, donc les richesses
naturelles ne vont pas partir en se
sauvant à la course demain matin, là, si on ne les exploite pas tout de suite,
mais, en même temps, on pense que, si
on veut que ça fonctionne puis que ça se fasse dans une perspective de
développement durable, il faut que ça se fasse dans l'acceptabilité puis
que ça se fasse aussi et surtout avec l'ensemble des communautés.
Alors, je vais laisser la parole à Guillaume
pour la deuxième partie de cette intervention.
M. Tremblay (Guillaume) :
Merci, M. le président. Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Léger) :
Guillaume, c'est M. Tremblay, ça.
M. Létourneau (Jacques) : M.
Tremblay.
La Présidente (Mme Léger) : Bonjour,
M. Tremblay.
M.
Tremblay (Guillaume) :
Bonjour, Mme la Présidente. Merci de nous recevoir. M. le ministre, les députés,
merci tout le monde.
Écoutez, je
vais être bref, la Côte-Nord, c'est 235 000 kilomètres carrés sur
1 300 kilomètres de côte qui vit des richesses naturelles
depuis environ 75 ans. Depuis que la Côte-Nord existe, on s'est développé
autour des richesses naturelles, notamment
les richesses forestières, hydroélectriques, et maintenant des mines. Moi, je
vous dirais que le défi qu'on a à
chaque jour pour les 95 000 habitants qui résident sur le territoire,
c'est de donner des services à la population, des services de proximité. Et, ce qu'on voit, au cours des dernières
années, avec les modèles de développement que les gouvernements amènent
sur le territoire, c'est-à-dire des modèles qui sont autour de l'austérité,
tout ça, ça amène des difficultés pour
donner ces services-là de proximité. Puis en même temps, quand on fait des annonces
de vouloir implanter un plan nord sur
le territoire pour justement continuer ce modèle de développement là de
richesses naturelles, ça amène toutes
sortes de défis avec la population qui réside actuellement sur le territoire,
qui a droit à ces services-là et les gens qui viennent d'un peu partout
pour prendre les richesses naturelles qui sont sur notre territoire.
Ça fait que
moi, je m'arrête là, je ne vais pas plus loin, mais je vous dirais qu'en termes
de défi, là, nous, ce qu'on souhaite,
c'est de s'assurer que la population qui y réside, les 95 000 habitants
qui sont évidemment répartis sur un grand territoire... de toujours s'assurer qu'ils puissent avoir des services
en santé, en éducation mais également des ministères forts pour s'assurer qu'on soit capables de
développer ce territoire-là tout en s'assurant que les gens qui y vivent y
trouvent leur compte au niveau des services.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Létourneau.
M. Létourneau (Jacques) : Oui.
Engelbert.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Cottenoir.
M. Cottenoir
junior (Engelbert) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Écoutez, pour ce
qui est du Saguenay—Lac-Saint-Jean, nous,
on est une région qui est assez centrale, il y a 73 % de notre territoire
qui est couvert par le territoire du Plan Nord, et nous avons beaucoup d'attentes, je parle de l'ensemble de la
population, les travailleurs, les gens d'affaires, par rapport au Plan
Nord, au niveau des retombées.
Nous, à la
CSN, on prône une politique de développement industriel et manufacturier qui
est intégrée. Pour nous, le Plan
Nord, ça peut être potentiellement une opportunité, mais ça dépend toujours de
quelle façon que c'est organisé, de
quelle façon c'est structuré. Et c'est pour ça que, par rapport à la Société du
Plan Nord, on a certaines inquiétudes, là, en termes de... si on veut, de moment où est-ce que c'est mis en branle
parce que, pour nous, les objectifs du Plan Nord ne sont pas encore assez clairs, assez bien définis pour s'embarquer
tout de suite dans la création d'une société du Plan Nord, là, qui
serait véritablement, là, bien organisée et bien centrée. Parce que ce qui
arrive aussi, c'est que les activités, les pouvoirs,
les rôles, le champ d'action, etc., de la Société du Plan Nord, pour nous, là,
ça demeure encore très, très, très abstrait, dans
le sens que, bon... mais, par rapport aux filiales où 49 % des gens, là,
peuvent provenir du secteur privé, avec des
rôles dévolus, avec... On comprend que ce seraient des mandats dédiés, là,
rattachés à ça. Mais, le fait reste, c'est que, pour nous, là, ça ouvre une ouverture, là, qui pourrait être
potentiellement intéressante avec la contribution de tout le monde, sauf qu'à partir du moment où est-ce
qu'à la base, au départ, c'est plus ou moins bien défini, ça nous semble
précipité, on a des inquiétudes, là, par
rapport à la suite des choses puis à la gouvernance de ce type d'organisation
là.
Aussi,
au niveau de la cession d'actifs, aussi, on est un peu inquiets. Là, les actifs
que pourrait avoir, là, la Société du Plan Nord, c'est sûr que, pour
nous, c'est vague et, pour nous, ça ne devrait jamais se faire sans
l'approbation du gouvernement, du ministère,
en deçà de la valeur réelle établie lors de son transfert à la société ou à sa
valeur comptable au jour du
transfert, et ce, au montant le plus élevé des deux, parce qu'il faut s'assurer
du maximum de retombées, là, pour l'ensemble
de la société québécoise, là, du Plan Nord. Et la Société du Plan Nord et ses
filiales, ça en fait partie également.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci, M. Cottenoir. M. Rheault.
M. Rheault (Donald) : Oui. Bonjour. Merci, Mme la
Présidente, M. le ministre. Alors, moi, je vais intervenir surtout sur les partenaires, la commission des partenaires qui va être créée, l'assemblée des partenaires, au niveau du
Nord.
Alors,
bon, on salue cette initiative, évidemment. Nous croyons que ça va enrichir les
réflexions, les décisions de la
société, mais on pense que cette instance, elle doit avoir toute son
indépendance. Ça doit être nommé par le ministre, par le gouvernement, les gens qui vont composer
les partenaires du Nord, alors, et non par la société elle-même. Alors,
cette assemblée doit être composée de 15 personnes, et il doit y avoir une
représentativité, là, au niveau des gens qui habitent
le territoire, hein, au niveau des autochtones, les communautés locales
également, le milieu universitaire, ainsi que les gens du Nord québécois, et d'autres groupes de la société, entre
autres les organisations syndicales, devraient en faire partie. Alors, il doit y avoir une
répartition, aussi, juste au niveau de la présence des femmes sur soit la
commission ou la société d'État.
Alors, vraiment, une répartition équitable au niveau des femmes, je pense que
c'est une prémisse, là, au niveau de
la CSN. Bon. Cette assemblée ne doit pas être seulement qu'une assemblée
consultative, elle doit faire des recommandations
auprès du gouvernement, auprès du ministère. Ça, je pense que c'est tout à fait
à propos. Elle ne doit pas non plus,
cette société-là, cette assemblée-là, se soustraire de la responsabilité du
gouvernement, alors elle a un devoir de
représentativité mais n'a pas à faire les obligations du gouvernement dans ses
responsabilités. Alors, c'est sûr qu'on ne peut pas se substituer non plus, cette commission-là, auprès des
communautés autochtones, hein, des peuples autochtones. Ce n'est pas
nous qui vont aller négocier de nation à nation. Je pense, ça, c'est important
de le retenir également.
On
le sait que, bon, le développement minier, c'est un apport important au niveau
de la communauté, au niveau de
l'apport avec le développement économique, mais je pense que tout le
développement social également, le développement environnemental doivent être aussi dans ses obligations. Je vais essayer
de faire ça rapide parce qu'il me reste quelques secondes.
Alors,
pour nous, le projet de loi, ça traduit une vision gouvernementale du
développement des territoires nordiques. Nous nous inquiétons du peu de place octroyée aux peuples autochtones et
aux communautés locales. Alors, nous nous inquiétons aussi sur le sort
réservé aux ressources naturelles qui seront extraites de ce territoire. La
mise en place du bureau de commercialisation
nous semble une mesure bien faible pour s'assurer que les peuples autochtones,
tout comme les Québécoises et les Québécois, retirent pleinement
l'usufruit de leur... de ce qui lui appartient en...
Alors,
nous recommandons que... visent le développement du Nord québécois en harmonie
avec la volonté de plus en plus
grande de la population qu'il se fasse dans la perspective de développement
durable respectueux des générations actuelles
et futures. Elles cherchent également à assurer une implication des citoyennes
et citoyens dans la prise de décision tout au long du processus d'un projet
minier afin qu'un consensus social s'en dégage. Alors, merci beaucoup.
• (11 h 50) •
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Merci beaucoup. Alors, nous passons du
côté du gouvernement, alors c'est le
ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, député de Mont-Royal. Juste
avant, je dois avoir le consentement des
membres de la commission pour une dizaine de minutes supplémentaires. Alors, au
lieu de terminer à 12 h 15, vers 12 h 25, est-ce que
j'ai le consentement?
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Léger) : Ça va? D'accord. Alors, M. le ministre, pour 16 minutes.
M.
Arcand :
Oui. O.K. Alors, merci infiniment. Je vais aller assez rapidement, quand même.
M. Létourneau, bienvenue parmi nous. Mme
Carroll, M. Tremblay, M. Rheault et M. Cottenoir, bienvenue, encore une fois, à
cette commission parlementaire.
J'essaie
de comprendre, là, puis j'ai vu... Dans votre mémoire, en fait, vous dites...
écoutez, vous faites une liste des
choses qui sont difficiles actuellement dans les régions nordiques : la
pénurie de logements, la hausse du prix des loyers, des maisons, la pénurie de personnel dans certains
établissements de santé, etc., dans les commerces, les problèmes de «fly-in/fly-out», maintenant qu'on a le nouveau
mot, le «navettage». Alors là, maintenant, on a donc tous ces problèmes-là.
Ça fait
maintenant depuis quatre ou cinq ans qu'on parle du Plan Nord, et je comprends
certaines des difficultés, mais ne
pensez-vous pas qu'il serait temps, à un moment donné, qu'on coordonne l'action
et que, justement, le rôle de la Société
du Plan Nord, c'est véritablement d'avoir une meilleure coordination, de faire
un peu le lien? Parce qu'un des problèmes
qu'on a dans le Nord, au-delà de n'importe quel problème, c'est qu'il y a
beaucoup de joueurs, il y a beaucoup d'intervenants, il y
a les municipalités, les entreprises, les communautés autochtones. Et je pense
qu'aujourd'hui on a une chance unique
de pouvoir réussir à créer cette société-là. Parce que, même parmi les groupes
qui, pour moi, pourraient être les
plus négatifs par rapport à ça, c'étaient, entre autres, ceux qui ont témoigné
vendredi, il y avait les Naskapis et les
Innus, et je dois vous dire que globalement, évidemment, avec toutes les
restrictions qu'ils peuvent avoir, mais leur message était somme toute
assez positif, dans l'ensemble.
Alors, ma question, c'est... je veux juste bien
comprendre votre position sur la création de cette société-là. Je comprends, avec les balises, là, qu'il faut y
mettre, là, on comprend bien ça, mais je voulais être bien sûr de bien saisir
votre opinion là-dessus.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Létourneau.
M.
Létourneau (Jacques) : Bien, écoutez, en principe, on n'est pas contre
la création de sociétés d'État pour assurer, justement, une meilleure
coordination puis une meilleure planification du développement.
Nous, on dit,
à ce stade-ci : C'est peut-être un peu rapide dans la mesure où les
objectifs que l'on poursuit et surtout les
moyens qu'on va se donner pour faire en sorte que ces objectifs-là soient
poursuivis ne sont pas très clairs, et, dans ce sens-là, peut-être qu'on serait dus pour avoir un bon débat sur la
finalité du développement du Plan Nord, à quoi ça sert, dans quel contexte ça s'articule et avec
quels acteurs ça doit s'articuler. Donc, sur le principe de la création d'une
société d'État où, éventuellement, on balise
puis on paramètre ses mandats tout en respectant les réalités des différents
ministères qui sont mis à contribution ou
encore des acteurs locaux, on pense que, dans le temps, on aurait peut-être
besoin, en amont, d'un débat plus de
fond sur la portée réelle et le sens à donner sur le développement du Grand
Nord. Je ne sais pas si, Guillaume, tu veux ajouter là-dessus.
M. Tremblay (Guillaume) :
Bien, moi, la question que je me pose...
La Présidente (Mme Léger) : ...pour
les besoins d'enregistrement, tout le temps.
M.
Tremblay (Guillaume) : Excusez-moi, madame. Bien, moi, la
question que je me pose... Jacques parlait de clarté. Là, on rajoute un joueur supplémentaire quand on rajoute la
Société du Plan Nord. Il y a déjà des ministères qui interagissent par rapport au développement des
richesses naturelles sur le territoire et également il y a des ministères qui s'assurent de donner des services à la population.
Ça va-tu le jouer, ça, le rôle de la Société du Plan Nord? Est-ce
qu'ils vont se subjuguer à ces ministères-là
pour prendre les décisions, mettons, en lien avec les services de santé, en
éducation, etc.? Quand il va y avoir
une problématique en environnement, par rapport au développement des richesses
naturelles, quel rôle vraiment va jouer la Société du Plan Nord par
rapport à tout ça?
Ça, on est
d'avis, ensemble, que ce n'est pas clair, clair à ce niveau-là, puis, dans les
autres moutures du Plan Nord qui avaient été annoncées, on avait tout le
temps cette question-là sur la clarté vraiment du rôle qu'elle doit jouer.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Vous ne pensez pas qu'à ce stade-ci le rôle de
coordination... Justement, moi, je suis sur le comité ministériel
sur le Plan Nord, c'est 14 ministères. Vous ne pensez pas qu'à un moment
donné ce n'est pas important d'avoir un peu
de coordination? Le rôle n'est pas... de la société... Ce n'est pas de se
substituer au ministère, mais au moins de coordonner l'action. Les maires des municipalités, entre autres, je me rappelle de la première mouture du Plan Nord,
se sont plaints pendant longtemps,
ils ne savaient pas où appeler : J'appelle quel ministère,
etc. Là, au moins, il va y avoir une société
qui va être en mesure de coordonner l'action, qui va pouvoir guider les gens à
l'intérieur, et je pense que c'est ça qui est recherché.
Deuxièmement, puis je vais rapidement, mais,
au-delà de la vision, on a un conseil d'administration avec des membres indépendants, une assemblée
des partenaires qui va se vouloir la plus représentative possible. On a
expliqué aux nations autochtones également
que ce serait une discussion de nation à nation. Je n'ai pas besoin de vous
dire jusqu'à quel point on se l'est fait dire. Sur le plan environnemental, on va revenir avec la protection du 50 % du territoire pour le développement.
On a donc tous ces investissements-là également qui vont être importants pour
l'avenir. Et moi, j'étais sous
l'impression qu'il y avait... et l'ensemble des intervenants, en tout cas
jusqu'ici, les municipalités, les gens qui sont venus sont venus nous dire, de façon générale, qu'ils étaient
passablement d'accord, que c'était quelque chose qui était absolument
nécessaire.
Alors,
moi, je voulais juste très bien comprendre les enjeux. Et je respecte évidemment
ce défi-là, mais probablement qu'une
grande partie de ces enjeux-là, justement, c'est parce qu'il n'y a jamais eu
d'organisme de coordination. Alors, c'est
ça qui était mon objectif. Et je voulais voir, pour vous, si j'avais à définir
le principal enjeu... parce que vous avez fait une liste très importante, mais, pour vous, quel est le principal
enjeu dans le succès éventuel du Plan Nord et de la réussite de ce
défi-là?
La Présidente (Mme Léger) :
M. Létourneau.
M. Tremblay (Guillaume) :
Bien, moi, je vous dirais que c'est des...
La Présidente (Mme Léger) :
M. Tremblay.
M. Tremblay (Guillaume) :
Excusez-moi. Moi, je vous dirais que c'est de préparer les communautés à
recevoir un développement comme celui-là.
Puis
ce qu'on a vu des dernières moutures du Plan Nord, c'est que les communautés
n'étaient pas prêtes à recevoir ça
parce que... C'est pour ça qu'on parle, entre autres, là, des services à la
population mais également en termes de coûts des loyers, tout ce que ça amène, comme la main-d'oeuvre qui arrive de
l'extérieur, qui n'est pas résidente là-bas. Ça, ça fait en sorte que ça crée comme deux statuts de
résidents sur la Côte-Nord, là. On en parle depuis un bon bout, là, au niveau
du navettage, là. Ça, moi, je pense que l'État ou le gouvernement du Québec,
peut-être avec, justement, la Société du Plan
Nord... Elle, elle devrait agir pour s'assurer de supporter les communautés de
la Côte-Nord à être prêtes à recevoir des
investissements comme ça. Moi, ce que j'ai vu dans le passé, c'est que j'avais
l'impression que le gouvernement supportait
plus les entreprises à venir s'y installer, ce qui n'est pas pas correct, là,
en passant, mais moi, je trouvais qu'il manquait de support au niveau
des communautés. Moi, je pense que le défi est là.
M.
Arcand :
Je suis d'accord avec vous. C'est clair qu'au départ, en 2010‑2011, il y avait
comme une réaction à un boom minier,
et ça, je pense que c'était clair, et tout le monde reconnaît... Mais je pense
qu'au moment où actuellement on a un
peu de temps pour se préparer c'est probablement la meilleure approche que l'on
peut faire actuellement compte tenu
qu'il y a tout un travail, là, de repérer les prochains investissements, les
nouveaux défis et vraiment de travailler à ces investissements-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Tremblay. M. Létourneau.
M. Létourneau
(Jacques) : Oui, bien, peut-être, Engelbert Cottenoir.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Cottenoir.
• (12 heures) •
M.
Cottenoir junior (Engelbert) : Pour la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, ça se prépare depuis un certain
temps. Les entrepreneurs sont à l'affût,
nous sommes à l'affût. Il y a des éléments d'infrastructure qui ont été faits,
mais il manque un élément. La politique industrielle et manufacturière à
laquelle je référais tantôt, là, si on veut faire faire véritablement un
développement nordique qui va profiter aux communautés, c'est celle-là.
On
prend notre région : il y a déjà de l'aluminium, il y a de l'énergie, il y
a du lithium en haut, il y a des mines de
lithium. C'est là que ça s'intègre. Il y a de la terre rare à Saint-Honoré, en
plus du niobium. Il y a tout ce qu'il faut pour, par exemple, développer l'industrie automobile électrique, etc. On est
une région comme ça. C'est d'avoir une
vision puis d'avoir un véritable
plan. Et là, à ce moment-là, les retombées pour les communautés,
à partir du moment qu'on inclut de la
deuxième, troisième transformation, nous, en tout cas, à la CSN régionale, on
pense que ça va avoir une incidence importante
sur les communautés puis le développement économique d'une région comme le
Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ça, je peux vous le dire.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Létourneau.
M.
Létourneau (Jacques) : J'ajouterais que, dans le fond, le modèle qu'on
doit prioriser, ce n'est pas le modèle du passé.
Ce
qu'on veut, dans le fond, c'est que les entreprises qui viennent s'installer au
Québec pour exploiter les richesses naturelles
correspondent et répondent à ce qu'on se donne comme objectifs en termes de
retombées pour nos sociétés. Alors, longtemps, on a considéré le nord du
Québec comme étant l'affaire des grandes multinationales, sans aucune considération pour les populations locales, puis
les travailleuses, puis les travailleurs. On va chercher le minerai, on l'amène
ailleurs pour le transformer. Donc, quand on
parle de vision de développement économique respectueux d'enjeux sociétaux
comme les questions d'environnement, on pose aussi la question de la deuxième
puis de la troisième transformation.
Je
vais vous donner un exemple bien concret. Moi, je suis allé rencontrer des gens
puis des partenaires du secteur de
l'industrie chimique au Québec, qui est une industrie quand même importante, où
on a effectivement fait la présentation, devant les entreprises puis devant les syndicats, qui sont partenaires,
justement, dans ce secteur d'activité là parce que le taux de syndicalisation est important, de ce qu'on
fait comme exploitation minière à Havre-Saint-Pierre qui est transformée
une première fois chez Fer et Titane à Sorel,
qui l'est une deuxième fois chez Kronos et qui finit dans la pigmentation
des pots de peinture qu'on utilise puis
qu'on vend chez Sico. Et moi, j'avais quelqu'un de Deloitte qui était assis à
côté de moi, qui me disait : Ça,
c'est quelque chose qu'on devrait cloner, c'est quelque chose sur lequel on
devrait réfléchir. Oui, bien sûr, il
y a l'exploitation des richesses naturelles, mais on s'est donné les moyens,
justement, de faire de la première puis de la deuxième transformation
dans une filière qui fonctionne plutôt bien et qui repose sur le dialogue entre
les communautés, entre les entreprises puis entre les travailleuses puis les
travailleurs.
Donc,
je pense que ça, c'est un élément sur lequel, je pense, il faut absolument
tabler. Et, quand on dit : Besoin de
coordination, c'est-u, aujourd'hui ou demain, une société d'État, chose qui est
certaine, c'est que c'est sûr que ça prend plus de planification stratégique intégrée. Ça ne peut pas être le
laisser-faire, le laisser-aller économiques. Ça, ça nous apparaît assez évident que l'État a un rôle à
jouer, les partenaires ont un rôle à jouer, puis il y a une imputabilité qui
relève des entreprises, puis des travailleuses, des travailleurs, puis
des communautés.
La Présidente (Mme
Léger) : Oui, M. Tremblay.
M. Tremblay (Guillaume) :
Bien, peut-être, par rapport à ce que vous disiez, M. le ministre, au niveau du
timing, là, on va dire ça comme ça,
là, de vouloir s'implanter là par rapport au fait que, là, au niveau du boom
minier, c'est un peu plus tranquille,
peut-être, que, là, il y a un moment intéressant de regarder ces questions-là,
mais je regarde tout ce qui est annoncé
de votre gouvernement actuellement en termes de compressions budgétaires, le
projet de loi n° 10... puis là je vais prendre simplement l'exemple de la santé puis de l'éducation parce que
moi, je distingue le projet de loi n° 10, là, au niveau des
structures puis des compressions qui sont annoncées, qui sont toujours
présentes, là.
Sur
la Côte-Nord actuellement en santé, là, on est les pires, les pires de toutes
les régions en termes de recours à la
main-d'oeuvre externe, recours au temps supplémentaire obligatoire et recours à
l'assurance maladie au niveau des travailleuses,
des travailleurs qui travaillent en santé et services sociaux. Donc, s'il n'y a
pas d'investissements qui sont faits
à ce niveau-là, parce que, tantôt, je parlais des services qui sont importants
pour la communauté, bien moi, je vous dirais
que c'est pour ça que je vous dis que le terrain, là, le support du gouvernement
est important à ce niveau-là. Puis en
éducation aussi, en termes de diplomation au niveau des jeunes qui sont sur la
Côte-Nord, on est également les pires.
Ça
fait que moi, je pense qu'il y a tout un travail à faire là, puis moi, je pense
que ça doit venir de l'État, ça, de vouloir
supporter, là, ce que je vous disais tantôt, au niveau du support des
communautés. Puis, si, à ce moment-là, là... Avec le portrait qu'on a actuellement au niveau des annonces qui sont
faites par votre gouvernement, moi, je pense qu'on est à problèmes à ce
niveau-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Ungava ou de Dubuc? M. le député de Dubuc.
M. Simard :
Il reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Léger) : Trois minutes, avec les échanges compris.
M.
Simard : D'accord. D'abord, j'en profite, justement, pour faire du
pouce sur ce que le dernier intervenant vient de donner. Je veux saluer M. Létourneau ainsi que ses collègues, merci
de votre présence, merci de votre mémoire, que je trouve extrêmement sévère, soit dit en passant,
Mme la Présidente, mais quand même je vais faire du pouce sur ce qui vient d'être dit. Je veux poser une
question : Est-ce que vous comprenez le pourquoi que le gouvernement pose
ces gestes-là, au moment où on se
parle, de se poser des questions sur tous les programmes? Et ne croyez-vous pas
que c'est parce que les Québécois
n'ont plus la capacité de payer, que vos membres n'ont plus la capacité de
payer? Parce que vos membres, c'est des Québécois. J'aimerais vous
entendre là-dessus.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Létourneau.
M.
Létourneau (Jacques) : Bien là, on peut se transformer en commission
sur la fiscalité ou sur la révision des programmes, je n'ai pas de
problème. On y va, d'ailleurs, rencontrer M. Godbout cet après-midi, là.
Mais,
écoutez, nous, on ne partage pas du
tout le postulat gouvernemental sur l'état des finances publiques. Alors,
c'est clair que, quand on pose la question
du développement économique, il faut poser la question du développement social puis le développement de nos programmes et de nos services publics. J'étais avec quelqu'un du
Conseil du patronat du Québec, en fin de semaine, dans un débat, qui
disait : Je ne comprends pas pourquoi vous vous agitez sur la question des
inégalités sociales, au Québec c'est là où les inégalités sociales sont le
moins élevées. Et je lui ai rappelé que, si les inégalités sociales étaient peut-être moins élevées qu'aux États-Unis,
c'est parce qu'il y avait 40 %
de taux de syndicalisation puis il y
avait des services publics, des programmes sociaux qui nous avaient donné le
filet de sécurité sociale pour justement vivre la crise de 2008 de façon
moins dure que d'autres l'ont vécue.
Alors,
dans ce sens-là, c'est sûr que nous, quand on voit les programmes de
compressions en santé, en éducation, dans
l'ensemble du filet de sécurité sociale au Québec en train de s'installer, ce
que Guillaume est en train de vous expliquer, c'est qu'on est déjà compressés. Moi, j'ai fait le tour du Québec le
printemps dernier, et les travailleuses, les travailleurs du réseau de la santé nous le disent, toutes
catégories confondues, ça fait 25 ans qu'on soumet les services publics puis
les programmes sociaux aux
compressions budgétaires. À un moment donné, là, le monde ne sont pas capables
d'en prendre plus. Ça fait que, si tu veux être capable d'assurer,
justement, un développement intégré de ton économie puis de tes sociétés, bien ça te prend un filet de sécurité
dans les régions. Donc, nous, on n'accepte pas que, sous prétexte de situation
financière catastrophique... Parce qu'on ne
partage pas ce point de vue là sur la question de l'état des finances publiques
en ce moment. Au contraire, on trouve que le Québec s'en tire bien. Oui, il
faut s'occuper de nos finances publiques, oui, il faut atteindre, à un moment donné, le déficit zéro quand on retrouve,
justement, les niveaux de relance économique. Oui, il faut s'occuper de la dette, mais pas au prix d'entraîner un
déficit social en déconstruisant puis en détruisant les programmes puis
les services qu'on s'est donnés.
Alors,
là, je sais bien que ce n'est pas la place pour parler de fiscalité, mais,
puisque la question m'a été posée, ça me fait plaisir d'y répondre.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Ungava, on n'a que 10 secondes.
M.
Boucher : ...une question qui prenait plus de temps que ça. Vous êtes
bien encadrés : Saguenay—Lac-Saint-Jean, Abitibi,
Côte-Nord. C'est un petit clin d'oeil. Moi, mon comté, c'est Ungava :
Chibougamau, Chapais, Matagami puis tout
ce qui est en haut. On parle de négliger les communautés locales. Souvent, bon,
justement, le Plan Nord, ça se divise entre la Côte-Nord, l'Abitibi, le
Saguenay, puis le reste est oublié. Je veux vous entendre là-dessus, là.
Qu'est-ce que vous pensez de ça?
La Présidente (Mme
Léger) : On n'aura pas le...
M. Boucher : Même votre structure
représente ça.
La
Présidente (Mme Léger) : On n'aura pas le temps, mais je sais que M.
Rheault va... le président du Conseil central de l'Abitibi-Témiscamingue—Nord-du-Québec.
M. Rheault (Donald) : Oui.
La
Présidente (Mme Léger) : O.K. Alors, je passe maintenant à
l'opposition officielle. Mme la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, Mme la
Présidente. Madame, messieurs, bonjour, bienvenue à l'Assemblée nationale.
J'ai écouté
avec grand intérêt vos propos. Vous avez fait une description réelle de ce
qu'était le premier Plan Nord, de ce
que la Société du Plan Nord devait être dans sa première mouture, et pour la
suite des choses, par contre, je voudrais pouvoir en discuter avec vous. La Société du Plan Nord, son principal
mandat, c'est de coordonner l'action gouvernementale sur le territoire. Ce que j'ai compris de votre
part, c'est que vous ne voulez pas, puis moi non plus, qu'elle se dédouble,
exemple, du ministère de la Santé ou de
l'Éducation. Sauf que, pour les municipalités, entre autres, ou les entreprises
qui se retrouvaient sur le territoire
du Plan Nord, quand il arrivait ce qui est arrivé avec le boom qu'on avait
connu... Exemple, en santé, je prends
l'exemple que vous connaissez bien, si on avait un apport important de
travailleurs et de travailleuses qui arrivaient à un endroit x, le
système de santé souvent était mis à contribution parce que c'étaient des gens
qui fréquentaient plus les urgences ou le Service de psychosocial, etc. Donc,
des fois, ce n'est pas un ministère qui bouge beaucoup,
celui de la Santé. Je pense que c'est le pire. Donc, pour moi, la société... ou
chez nous, dans le temps, quand le
Parti québécois était au pouvoir, c'était le secrétariat, on avait un accès
direct pour faire bouger directement le système de santé, en exemple, le ministère de la Santé, de dire : Bien là,
il faut que tu corriges telle ou telle faille à certains endroits.
Moi, c'est en
ce sens-là que je vois le principal mandat de la Société du Plan Nord, c'est de
coordonner. Moi, je ne dis pas :
Il faut qu'elle coordonne peut-être le développement minier, de voir avec les
gens au niveau de la main-d'oeuvre, au
niveau des contrats, mais il faut qu'elle coordonne l'action gouvernementale
des différents ministères sur les territoires visés par le Plan Nord. On
est d'accord avec ça?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Tremblay.
• (12 h 10) •
M. Tremblay (Guillaume) :
Bien, moi, Mme la Présidente, si la société vient coordonner pour supporter les
populations, pour s'assurer d'avoir des entrées au ministère puis que, là, on
est capable de répondre aux besoins de la population,
moi, je pense qu'on y trouve notre compte. Puis, peut-être, puis c'est à titre
d'information, puis je me pose une
question, dans les dernières moutures
qu'on a vues passer, parce qu'on parlait qu'il y avait différents
ministères qui avaient à agir par
rapport à ces questions-là puis la coordination n'était pas facile, mais, au
niveau régional, en tout cas, nous, chez nous, sur la Côte-Nord, il y a
eu une table de créée, la CAR, si ma mémoire est bonne, là, où il y avait ces
ministères-là qui se rencontraient puis qui se parlaient régulièrement justement
pour coordonner ce développement-là qui arrivait.
Mais moi, je
suis toujours sur la question de supporter les communautés.
Puis, si la Société du Plan Nord agit à ce titre-là puis on va être capable de donner des entrées au ministère pour
répondre aux besoins de la population, moi, je pense qu'on y trouve
notre compte.
La Présidente (Mme Léger) : Mme la
députée de Duplessis.
Mme
Richard : Je peux vous
assurer, M. Tremblay, que, de ce côté-ci de la table, c'est la priorité, c'est
d'abord et avant tout d'aider les communautés qui sont prises souvent
avec des problèmes, que ce soit en santé, ou au niveau municipal, ou autres.
Une question,
et après je cède la parole à mes collègues. Vous avez dit que vous ne croyez
pas beaucoup au bureau de commercialisation, ça ne pouvait pas être un si bon outil que ça.
Hier, on a eu des gens qui nous ont dit que peut-être que le bureau de
commercialisation... tout le monde le dit, hein, il faut qu'il serve aux entreprises
des milieux concernés. Peut-être que ça serait bien d'avoir deux bureaux de
commercialisation, qu'ils soient en lien direct puis que les gens des milieux puissent aussi avoir l'information par
rapport aux grands donneurs d'heures d'ouvrage. Il pourrait avoir le rôle
aussi d'intervenir pour fractionner certains
contrats parce que les petites entreprises, souvent, chez nous, comme on dit,
elles n'ont pas les reins assez solides au
niveau, hein, de l'argent, des fois, à avoir comme chiffre d'affaires. Pour
être capables de soumissionner sur
des contrats, souvent, là, ça vous prend, hein, de très gros chiffre
d'affaires, et on n'a pas des entreprises qui gèrent des centaines de millions
de dollars... on n'en a pas beaucoup, là, sur nos territoires par année.
Donc, comment
vous verriez ce... Parce que, là, dans le projet de loi, nous, comme
vous, de ce côté-ci, là, on ne sait pas trop où le ministre va aller avec le bureau de commercialisation. Est-ce
qu'il y en aura un? À quel endroit? Il y en aura deux? Quel sera son rôle, exactement? Donc, dernière question : Le
meilleur bureau de commercialisation, selon vous?
Une voix : Judith?
Mme Carroll (Judith) : Oui. Bien, écoutez,
on n'a pas...
La
Présidente (Mme Léger) : Mme Carroll.
Mme
Carroll (Judith) :
Excusez-moi. On n'a pas dénoncé le bureau de commercialisation, on a dit que
c'est une initiative qui peut être
intéressante, mais la fonction du bureau en est une d'information auprès des
entreprises sur les besoins des
entreprises qui sont au Nord par rapport à ce que les entreprises du Sud
peuvent aider. On dit surtout que ça, ça
ne peut pas se substituer à des obligations qui devraient être là, plus fortes,
faites aux minières d'assurer la transformation.
Donc,
il y avait déjà des modifications qui avaient été amenées
dans la Loi sur les mines pour obliger l'étude de faisabilité quant aux transformations. Ces
mesures-là ont été amoindries jusqu'au moment de l'adoption de la loi. Donc,
il faut que le gouvernement s'assure, dans le cadre de sa politique, d'une politique industrielle
forte, qu'il y a transformation. M. Létourneau donnait l'exemple tout à l'heure. On pense que
c'est des projets comme ceux-là qui sont structurants pour le Québec. Et donc oui au bureau de
commercialisation, mais quelque chose de bien davantage plus fort, plus
structurant pour le Québec serait nécessaire, à notre point de vue.
La
Présidente (Mme Léger) : M. le député de Marie-Victorin, porte-parole de l'opposition
officielle en matière
d'énergie, de ressources naturelles et de développement nordique.
M. Drainville :
Il reste combien de temps, madame?
La Présidente (Mme
Léger) : Quatre minutes.
M. Drainville : Merci. Bienvenue. Je partage votre point de vue, que, si on a moins d'inégalités au Québec, c'est parce qu'on a un filet social ambitieux et qu'on a
un taux de syndicalisation plus élevé qu'ailleurs. Je tenais à le dire comme
ça, en passant.
J'ai
beaucoup aimé votre discours sur la transformation. Vous
savez que, dans la nouvelle Loi sur les mines, on a réussi à faire
introduire un article, on a réussi à faire voter un article dans la Loi sur les
mines, qui a été votée sous le Parti
québécois avec la collaboration de la
CAQ, je tiens à le dire, toujours. Alors, il
y a un article qui permet au gouvernement d'obliger, hein, les entreprises à faire de la transformation. Là, on
n'est plus là, nous autres, pour s'assurer que cette transformation-là
se fasse, mais ce que j'ai compris dans votre discours, c'est que vous
souhaiteriez que le gouvernement se serve de cet article-là quand c'est
applicable, quand c'est possible, puis, idéalement, c'est possible le plus
souvent possible, de favoriser la deuxième et troisième transformation sur
notre territoire, parce que, comme vous l'avez dit, c'est des très beaux emplois qui sont
créés chez nous, plutôt que de laisser partir le minerai à l'état
brut. Puis vous avez donné l'exemple
de la QIT. Moi, j'ai été élevé en face de Sorel avec les cheminées de la QIT et
j'avais beaucoup de gens de chez nous qui travaillaient à la QIT,
qui prenaient le bateau soir et matin pour aller travailler là. Puis effectivement ça a permis à bien des familles de bien vivre. Et c'était du minerai qui
arrivait du Nord, justement, puis qui venait se faire transformer chez
nous, puis ça a permis, donc, à plusieurs générations de travailleurs de bien
vivre.
Alors, j'aimerais
juste ça que vous enchaîniez un peu plus sur la question de la transformation
puis la volonté politique, dans le fond, que
ça va prendre pour qu'on ait plus de transformation au Québec, parce que moi,
je pense que c'est extrêmement important. Puis, en passant. M. Tremblay, j'ai beaucoup
aimé également votre discours sur le fait qu'il faut que le développement du Nord ne se fasse pas juste au bénéfice des entreprises, il faut qu'il se fasse
tout autant, sinon plus, au bénéfice des communautés qui sont installées
sur ce territoire-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Létourneau.
M.
Létourneau (Jacques) : Oui. Bien, rapidement. Puis mon ami Guillaume
veut intervenir, donc je vais aller à l'essentiel.
Vous
savez, au Québec depuis 10 ans, on a perdu 160 000 emplois dans le secteur
manufacturier industriel pour des
raisons qu'on connaît, là, et là, pour une fois, on va être d'accord, pour des
problèmes pas juste conjoncturels, mais structurels de par évidemment les effets des politiques canadiennes
notamment sur la valeur du dollar qui ont faire en sorte que nos entreprises n'ont pas été capables de
compétitionner avec le phénomène de la mondialisation puis de l'intégration
des économies nationales. Cela dit, une fois
qu'on a constaté effectivement qu'on a perdu de bons emplois permanents et syndiqués, on s'aperçoit qu'à côté on a créé
beaucoup d'emplois dans le secteur des services privés qui sont,
malheureusement, souvent des emplois mal payés, atypiques, temporaires.
Donc, ce n'est pas de ça qu'on veut comme développement économique et social au
Québec.
Alors, évidemment, on
ne peut pas poser la question du secteur manufacturier industriel comme on l'a
posée il y a 35 ou 40 ans. Il y a des
emplois qui sont partis en Chine, qui sont partis au Mexique, qui ne
reviendront peut-être jamais. Mais, en même temps, on est convaincus...
et ça, je vous invite à consulter, tous partis confondus, la politique manufacturière et industrielle qu'on a déposée il
y a à peine deux ans dans le cadre de nos instances confédérales, qui porte
justement sur ces créneaux-là, et ces
secteurs, et les vecteurs d'activité qui sont promoteurs et qui pourraient
effectivement nous permettre de faire
de la deuxième, de la troisième et même de la quatrième transformation et de
faire en sorte qu'on crée des emplois
de qualité, des emplois décents et des emplois durables pour le Québec, avec
les retombées que ça peut avoir dans
les coffres de l'État quand ces gens-là paient des impôts et les retombées que
ça peut avoir sur le développement économique quand les gens consomment
et participent à l'activité économique.
La Présidente (Mme Léger) : Je vais
redonner la parole au député, puis, peut-être, vous pourrez conclure. M. le
député de Marie-Victorin.
M. Drainville : En conclusion, pouvez-vous cibler
le «fly-in/fly-out»? Je sais que vous avez des choses à dire là-dessus.
M. Tremblay
(Guillaume) : Bien, le «fly-in»...
La Présidente (Mme
Léger) : M. Tremblay.
M.
Tremblay (Guillaume) : Merci. Le «fly-in/fly-out», c'est un
cancer pour la Côte-Nord, un véritable cancer, ça crée deux statuts de résidents sur la Côte-Nord, puis moi, je pense
que... Puis il y a beaucoup d'entreprises... Moi, ce que j'entendais, là, ce que j'entends souvent par
rapport au Plan Nord, c'est qu'on dit qu'il y a des pénuries de main-d'oeuvre
puis on doit avoir recours au «fly-in/fly-out» pour régler ce problème-là. Moi,
là, je peux vous dire qu'au niveau des minières,
parce que les minières ont beaucoup ce discours-là, là, il n'y en a pas, de
pénurie de main-d'oeuvre, dans les minières.
Ils ont des banques de noms de 2 000 noms. Je ne peux pas croire qu'un
jeune de Sherbrooke ou de Montréal, avec
les conditions de travail qu'ils donnent, ne sera pas intéressé à s'en venir
rester sur la Côte-Nord, puis y vivre, puis rester là. Je pense que je
n'ai plus de temps, Mme la Présidente. Excusez-moi.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Merci. On passe au deuxième groupe
d'opposition. M. le député de Chauveau, porte-parole du deuxième groupe
en matière d'énergie et de ressources naturelles, à vous la parole.
M.
Deltell :
Combien de temps?
La Présidente (Mme
Léger) : Vous avez 6 min 24 s.
M.
Deltell :
Parfait. Merci, Mme la Présidente. Messieurs, madame, soyez les bienvenus à
votre Assemblée nationale.
Tout
simplement reprendre un peu sur le propos de mon collègue de Marie-Victorin,
qui parlait de la Loi sur les mines,
avec laquelle on a travaillé, qui a été adoptée, soit dit en passant, avec le
concours aussi de l'actuel parti ministériel. Oui, en effet, on avait inscrit dans la loi l'obligation de faire de la
deuxième et troisième transformation parce que, pour nous, c'était essentiel. À ma connaissance, la loi
n'a pas été prorogée, la loi est toujours en vigueur, donc on n'a pas à s'inquiéter. Vous êtes là, vous êtes au pouvoir,
vous avez la loi en main, et c'est à vous de l'appliquer, et je n'ai aucune
indication comme quoi ça ne sera pas
appliqué. Alors, ne faisons pas peur, on a assez de problèmes comme ça que n'essayons
pas de nous en inventer des nouveaux.
Messieurs
et madame, je pose la question à tout le monde, et c'est une question qui est
très ouverte. Nous, on est d'accord
avec le principe de développer le Nord, de développer le plein potentiel de nos
richesses naturelles. Il faut que ce
soit fait correctement, en harmonie avec la population, en harmonie avec
l'environnement, tout ça, mais il faut le faire, le développement. Et on est d'accord aussi avec le concept, le principe
du guichet unique. Je vous entendais parler tout à l'heure, de dire : Bien, si on a un problème
dans une communauté, on appelle à une place, puis après ça ils nous envoient
dans le ministère approprié. Ça, là-dessus, pour nous, on est tout à fait
d'accord. Donc, le principe qui est soutenu par ce projet de loi là, c'est ça en fait, c'est de créer
une société d'État qui devient une espèce de guichet unique, une cinquantaine
de personnes, les meilleures sources un peu
partout à travers le gouvernement, les 14 ministères concernés, comme le
disait le ministre tout à l'heure, où, là,
on met les forces vives, tout le monde ensemble, puis on travaille dans la même
direction, puis, quand il y a un besoin précis, hop, on s'en va au ministère,
mais on sait où s'adresser.
La
question qu'on se pose, nous autres : Ça prend-u une société d'État pour
ça ou un secrétariat ferait aussi bien l'affaire? Une société d'État, on
parle d'une nouvelle structure, on parle d'un conseil d'administration, on
parle de 15 membres d'un conseil
d'administration pour gérer 50 fonctionnaires. Est-ce qu'on a besoin d'une
société d'État? Je vous pose la question.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Létourneau.
• (12 h 20) •
M.
Létourneau (Jacques) : Oui. Bien, rapidement. On y a répondu dans
notre mémoire. Dans le contexte
actuel, compte tenu des enjeux qui sont liés, justement,
à la question du développement du Nord québécois, on pense qu'on a de la marge de manoeuvre
dans le temps pour, justement, faire le travail en amont sur les questions
d'acceptabilité sociale, s'assurer que, les entreprises qui viennent
s'installer, ça se fasse dans le respect des normes environnementales puis dans le
respect des populations, puis des sociétés en général,
puis des objectifs qu'on se donne, comme société québécoise.
Est-ce que
cette coordination-là, ultimement, doit se faire dans le cadre d'une société d'État? Si c'est bien balisé puis paramétré et que cette société d'État
a les responsabilités puis les mandats qui sont similaires à d'autres sociétés d'État,
nous, ça ne nous pose pas un problème fondamental. Maintenant, c'est clair que la question
de la coordination entre les
intervenants, qu'on soit sur le palier national, régional ou local, ça nous
apparaît comme étant l'esprit et l'essentiel de la démarche qui doit
présider au développement du Plan Nord.
M.
Deltell : Est-ce que
vous pensez que ce travail-là de coordination peut se faire par un secrétariat ou ça prend absolument, obligatoirement, une société d'État, 15
membres...
M.
Létourneau (Jacques) : Bien,
c'est parce que, si vous créez... Oui. Bien, si vous créez un secrétariat, il risque d'avoir à peu près
les mêmes fonctions puis les mêmes responsabilités puis il risque de poursuivre les mêmes objectifs.
Donc, qu'on l'appelle secrétariat ou société d'État, nous, ça nous importe peu. Ce qui est important, c'est de s'assurer
que la planification se fasse de façon
intégrée et qu'elle se fasse en
fonction d'objectifs qui sont clairement établis par l'ensemble des
partenaires du milieu, que ce soit au niveau local, régional ou au niveau
national.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Restons dans la perspective d'une société d'État
parce que c'est le projet de loi puis il y a les articles, là, 29, 50, et compagnie, qui parlent d'une assemblée des
partenaires et d'un conseil d'administration. 15 membres au
conseil d'administration. Souhaitez-vous être membre de ce conseil
d'administration? Si oui, combien de personnes?
M.
Létourneau (Jacques) : Bien, nous, on le dit dans notre mémoire, là.
On parle évidemment de gens issus de la
communauté et on parle aussi, effectivement, de gens provenant du mouvement
syndical, des communautés autochtones, mais
aussi et surtout, et on insiste là-dessus, de gens qui viennent de la place,
là, hein, qui viennent du milieu. Et là on se comprend sur cette idée-là
surtout quand c'est des entreprises puis qu'on parle de filiales avec une bonne
portion d'intérêts privés dans les filiales.
On veut s'assurer non seulement que les gens soient indépendants, mais
représentatifs des milieux puis des secteurs d'activité, là.
M.
Deltell : Sur 15 membres, vous souhaitez qu'il y en ait
combien qui soient directement reliés au monde syndical?
M. Létourneau
(Jacques) : On parlait d'une personne.
M.
Deltell :
Un sur 15. O.K.
M. Létourneau
(Jacques) : On parlait d'une personne.
M.
Deltell : Dans l'association... Pardon. Décidément, j'ai un
problème avec ce mot-là. L'assemblée des partenaires, vous avez dit tout à l'heure : On ne veut pas
que ce ne soit que consultatif, mais on veut que ça fasse des recommandations.
La nuance est quand même... Elle existe, là,
mais j'aimerais vous entendre là-dessus. Parce qu'ultimement ce n'est pas
l'assemblée des partenaires qui va décider,
prendre position, c'est la Société du Plan Nord. Alors, c'est quoi, pour vous,
la différence entre être consulté
puis faire des recommandations? En bout de ligne, là, c'est la même personne
qui va décider de l'autre bord, là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Létourneau.
M. Létourneau
(Jacques) : Bien...
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Carroll.
Mme
Carroll (Judith) : Si vous permettez. C'est parce que ce qu'on
comprend du projet de loi, c'est qu'il y a, d'une part, le conseil
d'administration, d'autre part, l'assemblée des partenaires.
Pour
ce qui est de l'assemblée des partenaires, les membres sont nommés par la
Société du Plan Nord, ce avec quoi on
est en désaccord. On considère que ça doit demeurer une responsabilité du
gouvernement, de nommer les membres, et
que ces membres-là de l'assemblée soient des membres qui soient représentatifs
des différents milieux. Le projet de loi
prévoit aussi que l'assemblée des partenaires est un lieu de consultation au
bénéfice de la société. Ce que nous, on dit, c'est que, non, on doit aller plus loin que ça. L'assemblée des
partenaires doit pouvoir faire des recommandations, et ces recommandations-là doivent être non seulement
acheminées à la société, mais aussi au gouvernement, ce qui, à notre sens, a beaucoup plus de force et de portée. Ça ne peut
pas être qu'un lieu qui permet de dédouaner en disant : Oui, les consultations ont été réalisées. Il faut que ces
consultations-là soient réalisées, je dirais, dans le respect des normes
habituelles et que ça ne soit pas
seulement au bénéfice du conseil d'administration, mais bien aussi au bénéfice
du gouvernement, puisqu'en bout de ligne c'est le gouvernement qui doit
demeurer redevable de l'application et de la réalisation du Plan Nord.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'était tout le temps que nous avions.
Nous passons maintenant à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Vous avez trois minutes pour...
Mme
Massé : Bonjour, mes collègues. Bonjour, chers présentateurs. Heureuse
de vous voir là. Dans un premier temps, je tiens vraiment à souligner
que j'étais très heureuse de voir dans votre mémoire toute la préoccupation par
rapport à la question des femmes. Je pense
que la moitié de la planète ou la moitié du Québec est peu considérée dans ces
développements-là. Et je pense qu'il faut qu'on se le rappelle. Et, dans ce
sens-là, je vous remercie de nous l'avoir rappelé, y incluant, comme le disait M. Tremblay, la nécessité de bien
développer les services nécessaires pour accueillir du développement,
parce qu'entre autres c'est surtout des jobs de femmes, hein? On va se le dire
entre nous, là.
Vous avez
fait état, dans votre présentation, de la question de l'acceptabilité sociale à
quelques reprises, tantôt, nous
rappelant la nécessité de prendre le temps de se donner collectivement une
vision commune de la finalité du Plan
Nord. Puis
j'imagine que là-dedans ça incluait aussi de se donner le temps de définir un
peu l'acceptabilité sociale, qu'est-ce qu'on
y entend. Si je vous demandais : Pour vous, est-ce que c'est un concept
qui est flou... Vous avez semblé tantôt dire qu'il était clair, tantôt dire qu'il était flou. Est-ce que c'est un
concept qui est flou? Et sinon est-ce qu'on doit jouer un rôle pour
mieux le définir dans, justement, ce travail-là de réflexion en amont?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Létourneau. M. Tremblay.
Une voix : ...
M.
Tremblay (Guillaume) : Merci, Mme la Présidente. Moi, ça fait
longtemps que je demande au gouvernement du Québec de légiférer là-dessus, sur l'acceptabilité sociale, parce que
c'est un outil, justement, qui va servir aux communautés quand il va arriver un projet ou un promoteur, mettons, un
promoteur minier ou tout autre promoteur qui arrive puis qui débarque. Puis on a cet exemple-là, entre autres,
actuellement, du côté de Sept-Îles, avec Mine Arnaud où la population est polarisée, divisée sur cette
question-là parce que... moi, je pense qu'on n'a pas pu se servir d'un outil
comme ça qui aurait pu, entre autres, aider.
Je pense, entre autres, là, aux élus de cette ville-là, là. Ça aurait pu être
un outil auquel ils auraient pu se servir justement pour, après ça,
faire un travail auprès de leurs citoyens puis de leurs concitoyens pour travailler cette question-là. Puis moi, là, ça fait
longtemps qu'on dit au gouvernement du Québec : Est-ce qu'on pourrait légiférer sur cette question-là,
nous donner cet outil-là? Moi, je pense que ça presse parce que de plus en
plus on parle de ce mot-là. C'est un mot qui
est un peu galvaudé, là. Tout un chacun y donne son interprétation. Mais je
pense que ça va prendre de l'État une définition beaucoup plus claire pour
qu'on puisse se servir de cet outil-là.
La Présidente (Mme Léger) : Quinze
secondes, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Bien, j'apprécie beaucoup l'idée du débat de fond sur la
finalité parce que j'entends à travers ça que vous questionnez la
finalité du projet, actuellement, du développement du Plan Nord.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, Mme la députée de... Je salue aussi le
député de René-Lévesque, qui est avec nous aussi aujourd'hui, très
concerné par la question.
Alors, merci
beaucoup. Alors, M. Létourneau, M. Tremblay, M. Rheault, M. Cottenoir, Mme
Carroll, merci de votre présentation. On se revoit...
M. Létourneau (Jacques) : Merci
infiniment.
La
Présidente (Mme Léger) : On se revoit cet après-midi. Alors, à
12 h 15, à ce que je peux voir... Et on suspend les travaux
jusqu'à ce moment-là.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 15 h 50)
La
Présidente (Mme Léger) :
Alors, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie
et des ressources naturelles ouverte.
Alors, je vous redemande encore, s'il
vous plaît, toutes les personnes dans la salle, de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires et s'assurer aussi que tous ceux qui accompagnent... et en arrière des gens qui sont nos invités et en
arrière des parlementaires, nous avons une caméra aussi, donc s'assurer que
vous suivez bien, tout le monde, les travaux de notre commission parlementaire.
Alors, nous recevons, avec nous, comme invités,
la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Bienvenue, M. Boyer, au plaisir. Vous avez 10
minutes pour intervenir, et après je vous donnerai le temps, là, d'une façon
plus claire, à tout le monde, parce qu'on doit réajuster le temps. On a le
consentement pour aller jusqu'à 18 h 15 et le consentement de faire
des ajustements pour que notre horaire... J'ai rencontré les porte-parole.
Alors, on va s'assurer d'ajuster notre temps pour qu'on puisse arriver.
Alors, si
vous voulez, pour les enregistrements, présenter les gens qui sont avec vous,
et vous avez 10 minutes d'intervention.
Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec (FTQ)
M. Boyer (Daniel) : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je suis Daniel Boyer, le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Je suis
accompagné de Daniel Roy, directeur québécois du Syndicat des métallos
affilié à la FTQ, et de Mme Lise Côté, directrice au Service de la recherche, à
la FTQ.
Bien, merci
beaucoup de nous permettre de présenter nos positions sur la Société du Plan
Nord. Je lisais vite le titre du
communiqué qu'on a émis aujourd'hui. Je pense que ça résume bien la position
qu'on a : oui à la création de la Société
du Plan Nord, à la condition d'en faire un véritable instrument du
développement durable du Nord. Vous savez, la FTQ représente près de 600 000 travailleurs et travailleuses
dont plusieurs oeuvrent sur ce grand territoire situé au-dessus du 49e parallèle, travaillent dans le secteur des
ressources naturelles, de l'énergie, de la construction, du secteur
manufacturier, sans oublier les travailleurs et travailleuses qui assurent les
services privés et publics si essentiels à la qualité
de vie et à la vie en société, notamment dans les villes de Sept-Îles,
Baie-Comeau, Havre-Saint-Pierre, Fermont ainsi que les villages des communautés des baies James, d'Hudson et
d'Ungava. En somme, des dizaines de milliers de membres de la FTQ
travaillent dans les régions directement concernées par le Plan Nord, soit le
Nord-du-Québec, la Côte-Nord, l'Abitibi-Témiscamingue et une partie du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Dans le cadre
de ses activités, la FTQ s'est toujours intéressée au développement
socioéconomique des régions du
Québec. En ce sens, le développement du territoire nordique présenté dans le
Plan Nord nous interpelle. Selon nous, ce
modèle de développement, dont la Société du Plan Nord sera la courroie de
transmission, doit absolument servir les communautés autochtones et non
autochtones sises sur le territoire et ultimement l'ensemble des Québécois et
des Québécoises. Dans ce mémoire, la FTQ se
déclare favorable à la création de la Société du Plan Nord, dont le mandat
général consiste à développer l'immense territoire situé au nord du
Québec. Cependant, nous posons des interrogations et des modifications qui nous semblent absolument
nécessaires pour assurer le développement durable du territoire nordique
du Québec.
Il y avait
une première série de recommandations que vous retrouvez à la page 3 de notre mémoire.
Je vous les lis :
«Il importe de s'assurer que le Plan Nord soit
synonyme de retombées sociales et économiques, de même que d'améliorations des conditions de vie des
communautés autochtones, des populations de la Baie-James, du Nord-du-Québec,
de la Côte-Nord, de l'Abitibi-Témiscamingue
et du Saguenay—Lac-Saint-Jean
et de l'ensemble des Québécois et Québécoises.
«Pour ce
faire, la FTQ demande que le gouvernement se dote d'une nouvelle vision globale
pour le développement du territoire
nordique du Québec qui mette en application les principes de développement
durable présents dans la Loi sur le
développement durable de 2006. Ces principes devraient aussi être inscrits dans
la Loi de la Société du Plan Nord.
«La FTQ estime que le Plan Nord, comme toute
politique gouvernementale, doit être évalué périodiquement. Nous demandons que le gouvernement établisse un
premier bilan pour s'assurer notamment que les mesures actuelles répondent avant tout aux besoins des communautés
et non seulement à ceux des entreprises minières. Dans la réalisation de ce bilan, nous réclamons qu'il mette à
contribution la table des partenaires et la Table des partenaires autochtones
qui le conseillent depuis le début.»
On dit aussi
que c'est une mission qui embrasse trop large. On faisait une recommandation.
Et là on s'interrogeait, à la lecture
du projet de loi, sur les pouvoirs de la société. Est-ce que c'est un
supraministère qui a préséance sur les autres ministères? C'est ce qu'on semblait décoder, mais on s'interroge sur le
bien-fondé d'accorder à la Société du Plan Nord des pouvoirs aussi étendus. Puis on s'en inquiète. Que le ministre
persévère ou non dans cette voie, il importe de clarifier les responsabilités de chaque administration publique afin d'éviter les chevauchements de responsabilités et de prévoir des mécanismes d'arbitrage en cas de mésentente
ou de conflit.
Sur ce, je
vais céder la parole à Daniel Roy, qui va vous entretenir, entre autres, de la
maximisation des retombées économiques, et aussi de la composition de la
société, et des différentes problématiques du Plan Nord.
La Présidente (Mme Léger) : M. Roy.
M. Roy
(Daniel) :
O.K.
Bon, bien, bonjour, tout le monde. Ça me fait plaisir d'être avec vous. Comme le
président de la FTQ vient de vous
l'indiquer, je suis directeur québécois du Syndicat des métallos, Syndicat des métallos
qui représente la vaste majorité des travailleurs syndiqués sur
le territoire québécois dans le secteur minier. Nous sommes à Fermont, nous sommes au Havre-Saint-Pierre, nous sommes à
Raglan, dans le Nunavik, nous sommes en Abitibi, partout. Partout sur le territoire minier du Québec, nous y sommes
présents. Et, voilà trois ans, dans la première mouture — je vais le dire de même — du Plan Nord, on avait, nous, en congrès...
notre thème, c'était Développons avec vision, ça fait que ça dit
beaucoup.
Nous, on est,
bien sûr, vous comprendrez, pour l'emploi dans le secteur minier. C'est un
secteur qu'on défend ardemment, avec
conviction, mais on veut le faire avec vision aussi, c'est-à-dire pas de
n'importe quelle façon. Une de nos
revendications, voilà de ça trois ans, à la première table des partenaires pour
le Plan Nord était d'avoir un siège, et c'est toujours une revendication
pour nous d'avoir un siège maintenant dans ce qu'on va appeler l'assemblée, là,
des partenaires et au conseil
d'administration de la Société du Plan Nord parce que nous sommes le syndicat
présent dans ce secteur-là, nous
sommes la voix des travailleurs de ce secteur-là. On a une expertise tout à
fait indéniable, qu'elle soit régionale,
qu'elle soit par les besoins des communautés, les besoins des travailleurs et
des travailleuses dans les régions. On
a une bonne connaissance, par expérience, du navettage aussi, dépendamment des
régions du Québec, minières, et, comme
je vous le dis, on veut avoir une place là. Nous, on croit, et on l'a dit
depuis quelques années, qu'on a maintenant dans la nouvelle Loi des
mines la possibilité pour le gouvernement de faire de la transformation avec
nos ressources naturelles. Nous, on dit, aux
métallos, on dit : De la mine à l'usine. On a des minéraux du futur qu'on
pourrait développer des créneaux
d'avenir dans notre secteur manufacturier et relancer, justement, le secteur
manufacturier plus au sud. On a une vieille revendication chez ArcelorMittal,
de construire, à Contrecoeur, une usine à poutrelles d'acier. C'était justement
pour faire de la transformation ici, au
Québec. Je prends un autre exemple : Québec Lithium, qui vient,
malheureusement, de fermer, Québec
Lithium où est-ce qu'on aurait sorti le lithium du Nord, on l'aurait amené à
Valleyfield, c'était le projet de
faire des batteries pour les voitures hybrides. On est capables de développer
des secteurs novateurs dans l'économie pour créer des emplois, et c'est
du nord au sud. Ça fait qu'il y a des filières, là, très importantes.
Je sais qu'on
me fait signe. Un exemple que je veux qu'on se rappelle tous : Noranda, à
l'époque, qui était dans les régions minières du Québec. Noranda a
construit des usines manufacturières dans l'est de Montréal et dans le coin de Valleyfield. Les mines sont fermées par
épuisement. Les usines manufacturières ont survécu aux mines. Ça fait qu'on
croit qu'en investissant puis en forçant les
compagnies à construire des usines de transformation au sud... au nord, c'est
possible aussi, mais
au sud il y a moyen de générer de l'activité économique pour plus tard, à plus
moyen et plus long terme. Ça fait que c'est notre point de vue.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer.
M. Boyer
(Daniel) : Bien, écoutez, je peux juste terminer en disant :
Écoutez, la position traditionnelle de la FTQ
concernant le développement de nos ressources naturelles doit respecter trois
conditions. Je vous dis, ça fait depuis des années qu'on maintient cette prémisse-là : premièrement, le
développement doit se faire dans le respect de l'environnement, dans le respect des communautés et avec de justes
retombées économiques. De justes retombées économiques, là, ça inclut les redevances, mais ça inclut également des
emplois de qualité, de deuxième et de troisième transformation. Je pense
que, si on respecte ces trois critères-là,
bien, bien évidemment qu'on va être favorables au développement de nos
ressources naturelles. Merci.
• (16 heures) •
La
Présidente (Mme Léger) : Bien, merci beaucoup, M. Boyer, M. Roy, de
votre présentation. Alors, nous passons
maintenant, dans la répartition du temps, là, qu'on réussit à faire avec un peu de
retard... 13 minutes pour le gouvernement; 7 min 50 s, l'opposition
officielle; 5 min 10 s pour le deuxième groupe d'opposition, si
on enchaîne puis qu'on y va.
Alors,
M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources naturelles, député de Mont-Royal, à vous la parole pour cet
espace de temps.
M.
Arcand :
Merci, Mme la Présidente. M. Boyer, M. Roy, Mme Côté, bienvenue cet après-midi
à l'Assemblée nationale.
Je
tiens tout de suite, peut-être, d'entrée de jeu, de vous rassurer sur le rôle
de la Société du Plan Nord parce que, quand
on regarde l'article 5, il est assez clair qu'elle n'est pas là pour se
substituer au ministère. Je pense qu'elle a d'abord et avant tout... et c'est la première mission, qui
est un rôle de coordination au niveau de la mise en oeuvre des orientations
que le gouvernement va décréter, donc que les ministères vont décréter, d'une
part; également, la coordination de la réalisation
de certaines infrastructures; de l'accompagnement des communautés locales. Pour
avoir vécu, moi, la première version,
si on veut, du Plan Nord en 2010‑2011, combien de municipalités ne savaient pas
exactement où appeler, quoi faire. Et
je rappelle encore une fois que, sur le comité ministériel, il y a 14
ministères impliqués, alors il y a quand même beaucoup de gens qui font
partie de ça, il y a beaucoup d'interventions. Et il nous est apparu assez
rapidement qu'un organisme de coordination était tout à fait essentiel dans la
réalisation. Et je vous remercie d'ailleurs de vous déclarer favorables à la création de la Société du Plan
Nord. Et je comprends les éléments d'inquiétude que vous pouvez avoir à ce
niveau-là.
J'ai
une question pour vous qui, à ce stade-ci, me semble importante : Quelle
est, d'après vous, la condition gagnante la plus importante pour qu'on réussisse au niveau du Plan Nord? Est-ce
qu'il y en a une qui est priorisée par rapport à une autre?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Bien, écoutez, je vous dirais, bien, je vais faire un petit peu de
pouce sur ce que vous amenez.
Quand
vous parlez d'une condition gagnante, je vous dirais, j'ai déjà dit, à la
blague, sur le développement du... sur le Plan Nord, dans le passé, de
l'ancien gouvernement libéral... Puis je reprends vos propos. Vous dites que
cette société-là est créée dans le but de
coordonner, c'est un organisme de coordination, que les municipalités ne
savaient pas où appeler, quoi faire.
J'avais dit à la blague : Il y avait un Plan Nord. On savait où est-ce
qu'il était, le Nord, mais on cherchait toujours le plan. Là, je vous avoue
que je suis rassuré.
Donc,
dans un premier temps, je vous dirais qu'on est rassurés parce qu'on crée une
société, mais en même temps on a de
grandes inquiétudes, de grandes inquiétudes parce que, je vous dirais...
Écoutez, la première chose qu'on a en tête, là, c'est qu'il ne faut pas se vider de nos ressources puis envoyer ça dans
des pays émergents. Il faut obliger les entreprises à transformer ces matières premières, ces
ressources-là ici, au Québec, dans le but justement de créer des bons emplois,
des bons emplois plus permanents que
ceux qui sont dans les mines. On le sait, bon, on vide une mine, là, la mine
est vide, c'est terminé, on passe à
autre chose, alors que, quand on crée des emplois de deuxième et de troisième
transformation, Daniel l'a mentionné,
bien c'est des emplois qui peuvent perdurer au-delà de la durée de vie d'une
mine, au-delà de la durée de vie des ressources qu'on a dans notre Nord
québécois.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Roy.
M.
Roy (Daniel) : Peut-être pour faire un peu de millage sur votre
question, moi, je vous dirais qu'un des enjeux, puis je vous l'ai dit
tantôt, c'est d'impliquer toutes les parties concernées, toutes les parties.
La
voix des travailleurs et travailleuses est très importante à l'intérieur de la
Société du Plan Nord. Moi, je pense que
c'est un élément déclencheur important et je vous dis pourquoi. Je ne parle pas
en non-connaissance de cause. Je regarde dans un dossier qui est très publicisé présentement à la grandeur du
Québec depuis peut-être un an, deux ans, le dossier de Mine Arnaud à Sept-Îles, sur la Côte-Nord, où
est-ce que d'emblée nos vis-à-vis patronaux nous demandent de siéger, puis on siège, sur un comité régional pour Mine
Arnaud. On a une expertise qui est reconnue par les gens qui sont en face
de nous, on a nos idées, notre vue
là-dessus, puis je pense que c'est ce qu'on demande d'avoir. Il me semble que
c'est un élément important aussi.
Et, l'autre bout que
je dois vous dire, qui est important, moi, là, j'en parle partout, du secteur
minier, ça nous habite, ça fait partie de
notre ADN, le Syndicat des métallos, c'est nos membres, et, partout où est-ce
que je vais à en parler à des groupes qui se questionnent, qui ont des oppositions à certains points
de vue, quand j'y vais puis je leur parle de la transformation, de la relance
de notre secteur manufacturier, de la mine à l'usine, je vous jure que, dans
les yeux de ces gens-là, il y a des
pétillements, les yeux s'ouvrent. On peut, avec notre sous-sol québécois, créer de la richesse au Nord et au Sud, donner de bons emplois à des
générations à venir. Moi, je pense qu'il
faut avoir une vision du Québec.
Ça, c'est des éléments accrocheurs quand on en parle.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Le fait, d'ailleurs, d'investir avec Gaz Métro comme on l'a fait il y a quelques
semaines — Investissement Québec a
mis de l'argent dans un projet avec Gaz Métro pour éventuellement amener le gaz naturel liquéfié, là, sur la Côte-Nord — est-ce que
ce n'est pas quelque chose justement qui va aider à garder possiblement des usines
pour la seconde et troisième transformation?
M. Roy
(Daniel) : Tout à fait. Moi, j'ai toujours dit publiquement, sur la Côte-Nord
et ailleurs, que ça prenait du gaz naturel sur la Côte-Nord pour produire, faire de la seconde
transformation. Oui, moi, je suis tout
à fait en accord avec ça.
M.
Arcand : J'aimerais savoir qu'est-ce que vous pensez de
l'idée du bureau de commercialisation. Parce
que je lis un peu le document et j'essaie de comprendre un peu. Est-ce que
vous avez une opinion favorable à l'idée d'avoir un bureau de commercialisation, que les entreprises,
que les donneurs d'ordres puissent savoir ce qui est disponible,
etc.?
La Présidente (Mme Léger) : M. Roy?
M. Boyer? M. Roy.
M. Roy (Daniel) : Un premier bout
sur le fait que... bon, ce que vous nous dites, c'est que les fournisseurs
régionaux, un peu, soient au courant. Moi, je pense que oui, c'est tout à fait
souhaitable pour que les gens puissent se positionner
dans le développement. Mais en
même temps vous devez comprendre qu'il y a
beaucoup de travail, dans les sites miniers, que des travailleurs miniers sont capables eux-mêmes d'accomplir. Il ne faut pas créer une
sous-traitance à outrance. Mais, oui, que, régionalement, les gens
soient capables, les entreprises, les travailleurs, de s'approprier l'économie
possible, le travail possible dans ces plans-là, tout à fait, ça doit être
connu.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : D'accord.
Peut-être qu'il y a un collègue qui aurait quelques questions, peut-être?
M. Bourgeois : Moi, j'aurais...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Pardon, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Léger) : La
présidente est toujours là.
M.
Bourgeois : Oui, bien sûr, Mme la Présidente. Je veux continuer un
petit peu sur le bureau de commercialisation. Évidemment, votre réaction est en lien dans le processus, surtout quand
on est dans le mode opération d'un site minier. Mais, en préalable, il y a toute la phase d'exploration, il y a toute la
phase aussi de mise en opération, évidemment, qui interpelle d'autres
types de travailleurs, d'autres expertises. Donc, le fait de faire connaître
rapidement aux grands donneurs d'ordres qui
vont venir sur le territoire, parce que dans certains cas, effectivement, ce
sont des acteurs qui sont bien connus
au Québec, mais, dans d'autres cas, c'est des acteurs qui viennent d'ailleurs
dans le monde, donc, ce principe-là d'avoir
un bureau de commercialisation permettant de mieux faire connaître le
territoire et également l'ensemble de la capacité du Québec à répondre à ces projets-là, en lien avec vos mandats
que vous avez auprès de vos membres, y voyez-vous certains éléments qui
rejoignent vos ambitions aussi en termes de centrale syndicale?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boyer.
M. Boyer
(Daniel) : Bien, écoutez, si
ça a trait à de l'expertise qu'on n'a pas ici, on a une certaine ouverture,
mais, avant toute chose, et ce qu'on
ne retrouve pas autant dans le Plan Nord que dans le projet de loi de la
Société du Plan Nord, on ne retrouve
rien qui oblige les entreprises à utiliser de la main-d'oeuvre locale ou encore
qu'on fasse appel obligatoirement à
des fournisseurs locaux. Ça, on ne retrouve pas ça. Et on pense que, d'abord et
avant tout — puis là
c'est les membres qu'on représente, c'est
des travailleurs des régions données — il faut faire appel, d'abord et avant tout,
aux travailleurs des régions données, aux
fournisseurs de services dans ces régions-là également, dans un premier temps. Bon, si c'est de l'expertise qu'on n'a pas ici, au
Québec, ou qu'on n'a pas dans la région, qu'on regarde à l'extérieur. Mais,
avant toute chose, il faudrait favoriser la
main-d'oeuvre locale, il faudrait favoriser les entreprises locales qui sont
capables de donner les services puis de faire le travail.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Dubuc, pour 2 min 30 s avec les échanges.
M. Simard : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, madame, messieurs, dans votre mémoire, vous parlez, bon,
des infrastructures beaucoup et puis
vous dites dans un endroit, parce que, là, je ne veux pas que personne perde le
temps à trouver, là, que les
infrastructures sont faites pour les entreprises qui, nécessairement, ne
servent pas les milieux. Vous donnez comme exemple la route des monts
Otish, O.K.?
Et
puis la question que je veux vous poser à ce moment-ci... Vous savez, dans le
Plan Nord, il y a les mines, il y a aussi le domaine de la faune et puis
bien sûr le domaine hydroélectrique, éoliennes, etc. Mais effectivement il y a
une route qui est en train de se construire,
elle va servir au domaine minier, mais par la suite, bien sûr, on pourra, tout
au long de cette route, développer
des projets fauniques, il faut bien se le dire, des zecs, ou autres, qui auront
accès au territoire parce qu'il faut avoir accès au territoire,
également, bien sûr, la possibilité d'amener des éoliennes, parce qu'on sait
qu'amener une éolienne en hélicoptère, c'est bien compliqué, même que ça ne se
fait pas. Et, à ce moment-là, on va pouvoir
développer le territoire avec d'autres choses que de l'électricité, très
souvent, sur des projets, environnementalement, qui sont difficiles.
J'aimerais
vous entendre. Est-ce que vous pensez que, nécessairement, le fait d'ouvrir un
territoire avec des routes pour,
justement, favoriser, dans un premier temps, des projets particuliers va nous
permettre d'aller plus loin au niveau du développement de ce milieu-là?
J'aimerais vous entendre à ce sujet-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Ça, c'est mon «oui, mais». C'est mon défaut de syndicaliste, que
voulez-vous. Non, mais, écoutez, si
on avait un plan à moyen puis à long terme, mais on n'a pas ça... Là, ce à quoi
ça ressemble, c'est qu'on fait des ententes avec des entreprises pour
construire, pour une seule unique entreprise, pour un seul et unique projet,
des infrastructures. Et ça, vous comprendrez
que, quand on prend l'argent des contribuables — on l'entend souvent par les temps qui courent, là — quand on prend l'argent des contribuables
pour faciliter des entreprises qui, bien souvent... l'argent leur sort
par les oreilles, faciliter l'implantation de ces entreprises-là, on a un
problème, on a un problème.
Par
contre, quand c'est vu plus à moyen et à long terme, et là vous parlez du
développement d'une région puis de l'accessibilité
de cette région-là et de certains services éventuels dans cette région-là,
écoutez, on peut avoir une certaine ouverture.
Mais, encore là, il faudrait faciliter, il faudrait négocier avec ces
entreprises-là. C'est eux qui ont un intérêt, on en a un aussi, comme
Québécois, à développer le Nord puis nos richesses...
La Présidente (Mme
Léger) : ...Boyer. Merci, M. Boyer.
M. Boyer
(Daniel) : ...mais eux ont un très grand intérêt, et on devrait les
mettre à contribution.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci. C'est tout le temps qui était dévolu pour le gouvernement. On est à l'opposition
officielle maintenant.
Je laisse la parole à Mme la députée de Duplessis. Nous avons, de ce côté-là,
7 min 3 s.
Mme
Richard : Merci, Mme la Présidente. Mme Coté, M. Boyer, M. Roy, bienvenue à l'Assemblée nationale.
À
la page 6 de votre mémoire, vous faites un constat pour lequel je suis en
accord. Quand vous parlez de ce qu'avait été le Plan Nord, je vous
dirais, première version, vous parlez, entre autres... vous faites même
référence au chantier hydroélectrique de la rivière Romaine, tout ce que ça a causé
comme, j'appelle ça, moi, des dommages collatéraux aux communautés.
Vous terminez le deuxième paragraphe en disant aussi que, le navettage, souvent c'est
des personnes, hein, qui utilisent des services sans participer à leur financement
puis qui augmentent les problèmes sociaux puis tous les problèmes qu'on peut retrouver
dans une communauté. Quand on prend l'exemple de Fermont, ils se sont
retrouvés pas mal au dépourvu.
Puis
je vais faire rapidement parce
que mon collègue
le député de Marie-Victorin veut aussi poser des questions.
Que devrait-on faire pour la suite des
choses pour éviter... Quand la reprise sera au rendez-vous, entre autres, au niveau du fer, quand le boom minier va reprendre puis
qu'on pourra faire de la transformation aussi chez nous, je le souhaite,
quelle erreur il faut éviter? Et ensuite on
a entendu des gens, au cours de la consultation, qui nous ont dit, justement
pour éviter le «fly-in/fly-out», le
navettage, qu'on devrait peut-être avoir certaines mesures incitatives au
niveau de certaines compagnies pour,
justement, favoriser notre main-d'oeuvre locale. Pourriez-vous me donner un exemple où on pourrait inciter les
compagnies?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer. M. Roy?
M. Roy (Daniel) : Bien, je dois vous dire que le navettage, c'est un sujet assez
d'actualité, on en entend parler saprement, mais tout n'est pas noir
puis tout n'est pas blanc là-dedans.
Moi,
étant un natif de Sept-Îles, je connais un petit peu ça, les régions du Québec
et la Côte-Nord, moi, je vous dirais
qu'il y a deux sortes de navettage. Il y a celui dans les communautés
existantes qui ont leurs infrastructures, qui ont leurs écoles, qui ont leurs systèmes de garderie, qui ont des
infrastructures. Ça n'a pas d'allure dans ces situations-là, ça n'a pas d'allure. On fait deux sortes de
citoyens, deux classes de citoyens : il y a les gens qui travaillent là...
Je prends des exemples bien concrets
de la vie. J'ai besoin d'une paire de jeans, bien, je vais aller les acheter à
Rimouski, je retourne chez nous. Je
ne fais pas vivre le commerçant local. Bon, c'est un petit exemple, mais
ramenez-le à l'échelle que vous voulez. Cependant, quand vous allez à
Raglan, dans le Nunavik, c'est un site minier. Quand même qu'on rêverait de construire une ville là, là, les travailleurs n'en
voudraient même pas. Ça fait qu'il faut démêler les choses. Il y a des places,
c'est inacceptable, et il y a de places que c'est acceptable. Ça fait que ça,
il faut démêler ça clairement.
Ça fait que moi, je pense qu'il faut
avoir le souci de répondre aux besoins des régions. Le boom minier à Fermont
dans la dernière mouture, ce qui est arrivé,
là, ça a créé des déséquilibres épouvantables, Port-Cartier aussi, Sept-Îles
aussi. Présentement, à Sept-Îles, on
attend l'annonce, que les gens espèrent tous, de Mine Arnaud parce qu'il y a à
peu près 300 de nos membres qui ont perdu leur emploi et qui espèrent se
retrouver du travail là. Le prix des maisons s'est gonflé comme ça n'existait pas auparavant. Les gens ont
payé cher, ils ne sont plus capables de les revendre, le marché a baissé.
Écoutez, là, à Sept-Îles, là, il y a, je pense,
c'est... je lisais, dernièrement, 80 maisons que les institutions
financières ont reprises. Pas gros,
80? Dans une ville comme Sept-Îles, c'est immense. Ça fait qu'il y a un besoin
criant de relance. Et, pour revenir au navettage, bien... Excusez-moi, je
pourrais en parler longtemps.
La Présidente (Mme
Léger) : Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard :
Merci à M. Roy. Mais juste oui ou non aux mesures, peut-être, coercitives via
l'industrie, peut-être, minière, entre
autres, que je prends comme exemple pour favoriser la main-d'oeuvre locale?
Juste oui ou non, parce qu'il faut que je cède la parole à mon collègue.
M.
Roy (Daniel) : ...il faut favoriser la main-d'oeuvre locale, puis je
m'explique. Regardez, là, il faut la favoriser, la main-d'oeuvre locale. Il y a des expertises des fois qu'il faut aller
chercher ailleurs, mais, de façon pointue, oui, il faut la prioriser. Et
j'aurais aimé vous parler un peu du chemin de fer, mais, en tout cas, s'il y a
une question, j'y répondrai.
La
Présidente (Mme Léger) : Vous reviendrez, vous reviendrez. M. le
député de Marie-Victorin, porte-parole de
l'opposition officielle en matière d'énergie, ressources naturelles et
développement nordique, à vous, vous avez à peu près trois minutes.
M. Drainville :
Merci, Mme la Présidente. Bienvenue. Sur l'usine, de la mine à l'usine, vous
disiez que ça suscite beaucoup d'enthousiasme et d'espoir auprès des
personnes à qui vous en parlez.
Vous
dites dans votre mémoire que toute aide gouvernementale devrait être assujettie
à une exigence de retombées économiques
et même une exigence de transformation de nos ressources. Vous faites référence
à la Loi sur les mines. Puis
effectivement on a inséré, dans la nouvelle Loi sur les mines, une poignée par
laquelle le gouvernement peut exiger de
la transformation, mais vous souhaiteriez que ça aille un peu plus loin, que ça
soit même obligatoire. Donc, j'aimerais ça qu'on en discute un peu, même si on a très, très peu de temps. Et
vous avez donné également des exemples dans votre mémoire, dans votre
exposé tout à l'heure.
Est-ce
que vous voyez d'autres possibilités comme celle-là où on pourrait prendre le
minerai puis le transformer chez nous dans des projets concrets qui
aideraient à renforcer notre base manufacturière?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Roy? M. Boyer? M. Roy.
M.
Roy (Daniel) : Moi, je pense que, oui, on a dans la loi, maintenant,
la possibilité, au gouvernement, d'exiger de la transformation. Mais, je le
répète, on aura le gouvernement qui sera là, ça prend une volonté politique
pour le faire. Et moi, je pense qu'il
y a des propriétaires de mine qui sont prêts à le faire, mais, s'ils ne sont
pas contraints, ils ne le feront pas.
Et puis il y a des minéraux que c'est impossible, il n'y en a pas, de
transformation à faire. Quand même qu'on voudrait faire des joncs avec l'or, là, le monde ne se
marie plus, ça fait que ça ne donne rien, là. Ça ne donne rien, ce n'est plus
ça, là, qui...
L'or,
c'est une valeur refuge, c'est autre chose. Mais, le minerai de fer, depuis la
nuit des temps qu'on dort au gaz, il
me semble qu'on pourrait les forcer à faire des choses. Regardez, le chemin de
fer qu'on veut construire de la fosse du Labrador à Sept-Îles : quelques problèmes. Il y a déjà des
compagnies privées qui... Est-ce qu'on va les concurrencer avec un
chemin de fer gratuit, payé par l'État, qui amène le minerai à Sept-Îles, dans
le port, pour l'envoyer dans les pays émergents?
Tout un questionnement. Si on le fait, on devrait exiger des retombées économiques,
on devrait exiger des retombées en termes d'emplois, faire travailler
nos enfants à nous autres.
Ça,
c'est important. C'est ça qu'on devrait exiger de ces compagnies-là. Et après,
s'ils ne le font pas, ils vont le rembourser, le chemin de fer. Ça, il
faut avoir de la pogne.
La Présidente (Mme
Léger) : Il reste quelques secondes, 20 secondes, M. le député.
M. Drainville :
M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Bien, je vous dirais sensiblement la même chose. C'est un peu bizarre,
c'est une drôle de journée, parce
qu'on sort de la commission sur la fiscalité, puis je vous dirais qu'on a
mentionné la même chose. Nous, on n'a
aucun problème à aider des entreprises en autant que c'est des entreprises qui
ont des projets novateurs et créateurs d'emplois.
Donc, d'aider des multinationales qui ont bien des sous puis qui vont créer des
projets, puis de la job, puis de la relance
économique ici, on n'a pas de problème. Mais, en bout de piste, il va falloir
qu'ils paient leur juste part d'impôt lorsqu'ils feront des profits, par
exemple. Et c'est ce qu'on a dit...
La Présidente (Mme
Léger) : Merci, M. Boyer.
Une voix : ...
La Présidente (Mme Léger) :
Merci, Merci Boyer. Je dois donner la parole au deuxième groupe d'opposition.
Alors, 4 min 42 s, M. le député de Chauveau, porte-parole pour
l'énergie et ressources naturelles.
• (16 h 20) •
M.
Deltell : Merci, Mme la Présidente. Messieurs, madame, soyez
les bienvenus à votre Assemblée nationale. Je partage votre point de vue sur la transformation. D'ailleurs, en
d'autres temps, j'avais même exigé
qu'il n'y ait pas une mine qui s'ouvrait s'il n'y avait pas de
transformation, jusqu'à ce qu'à... à l'époque c'était Raymond Bachand... m'explique qu'il y a des minerais, entre autres,
que c'est impossible, comme vous le disiez tantôt, là. Je ne parle pas du
jonc de mariage, là, mais qu'il y a des minerais...
Une voix :
...
M.
Deltell : O.K.
Mais que le minerai... il y a des minerais que c'est tellement
exigeant, la transformation, qu'il y
a juste une place au monde où ça se fait ça. Malheureusement, je ne me
souviens pas du minerai en particulier, mais je sais qu'on en a au Québec, puis, techniquement, on n'avait pas le choix.
Mais que la loi existe, la loi incite, j'entends votre appel pour dire : Il faudrait peut-être avoir un peu plus de
coercition là-dessus, mais il faut quand
même laisser une mesure à chacune des entreprises,
mais on comprend votre point de vue, et moi, je suis dans le même esprit que vous,
il faut que ce soit rentable en deuxième et troisième transformation, et on
partage la même vision.
Un peu comme vous
aussi, nous, on est d'accord avec le principe qui sous-tend la création de la Société
du Plan Nord, c'est-à-dire que, oui, on est capable de rassembler les
meilleures énergies de tous les ministères possibles dans un chapeau qui permettrait d'aller de l'avant, développer notre plein
potentiel, donner de l'emploi à nos gens, faire travailler nos gens, contribuer à la création de richesse.
Mais la question qu'on se pose, nous,
c'est : Est-ce que ça prend nécessairement une société d'État pour faire ça? Et je vous pose la question :
Est-ce que, selon vous, on serait capables d'atteindre les mêmes objectifs sans nécessairement avoir une
société d'État? Est-ce qu'un secrétariat, comme il y avait sous l'ancien
gouvernement, est-ce qu'un secrétariat serait capable d'atteindre ces mêmes
objectifs-là ou ça prend absolument une société d'État indépendante avec 15
membres sur un conseil d'administration pour gérer 50 personnes, et tout ça?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Écoutez, je ne le sais pas. Je ne le sais pas, mais une chose est
certaine, c'est qu'il faut que les actions soient coordonnées. Est-ce
que c'est par la Société du Plan Nord, par un secrétariat, par le ministère,
qui pourrait coordonner davantage? Puis je l'ai mentionné à la blague tantôt,
ne laissons pas le projet du Plan Nord aller comme
ça, sans outil, sans mécanisme de coordination, sinon ça sera voué à l'échec.
Je l'ai dit tantôt, là, on sait où est-ce qu'est le Nord, on cherchait le plan, là, mais c'est exactement ça. Là,
je souhaite qu'avec cette Société du Plan Nord on aura effectivement un plan, qu'on aura des actions
coordonnées dans le but justement de faire un développement correct de
notre Nord québécois.
M.
Deltell : Sur le principe d'avoir un bureau... enfin, un
guichet unique qui va permettre de coordonner tout ça, de mettre tous
les efforts dans la même direction, d'avoir les meilleures personnes de tous
les ministères dans un seul chapeau... sous
un seul chapeau, pardon, et qu'eux puissent aller voir après ça leurs collègues
dans les ministères, est-ce que ça, ce principe-là, ça vous plaît?
M. Boyer
(Daniel) : On a dit oui.
M.
Deltell :
O.K., mais... Oui? Non, c'est parce que, justement, je sentais que vous aviez
de quoi à ajouter.
M. Roy (Daniel) : C'est ça. On a dit oui, puis moi, je pense qu'on a des ressources
naturelles au Québec. Il s'agit de
les coordonner avec vision, puis on peut relancer l'économie du Québec dans
bien des régions du Québec. Ça fait que, oui, il faut coordonner nos
activités, il faut avoir un plan de match, il faut avoir un chef qui livre le
plan de match. Ça fait que c'est ça.
M.
Deltell :
Ça vous prend-u un conseil d'administration absolument de 15 personnes pour
gérer ça?
M. Roy
(Daniel) : Ah! 15 personnes, je ne sais pas.
M.
Deltell :
Mais ça vous prend-u un conseil d'administration puis toute cette lourdeur-là?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Je ne le sais pas, mais on a des doutes également sur la composition du
C.A. et de l'assemblée. Écoutez,
quand on parle de personnes indépendantes, de personnes non indépendantes, je
ne sais pas qui est indépendant et
qui est non indépendant. On a également... on l'a mentionné, on pense qu'il
devrait y avoir une place pour les représentants des travailleurs et des travailleuses. On pense qu'il devrait y avoir
une place également pour les représentants des nations cries, du peuple
autochtone.
Moi, je pense
que ce n'est pas une mauvaise idée. Est-ce que c'est trop gros? Peut-être. Je
pense que ce n'est pas une mauvaise
idée, en autant que les gens qui siègent autant au C.A. qu'à l'assemblée aient
une certaine expertise puis qu'on définisse c'est quoi, être indépendant
et non indépendant.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, pour
2 min 30.
Mme Massé : 2 min 30.
La Présidente (Mme Léger) : Avec les
échanges.
Mme Massé : Bonjour. Bien oui, on s'en
vient, on va y arriver.
Alors, bien,
merci d'être là. Bien sûr, moi, je vais aller directement, vous comprendrez, en
deux minutes, à ma question.
On parle d'un besoin de relancer les régions,
donc pas seulement d'avoir un plan de développement du Nord, mais de vraiment
une relance des régions concernées, avec une vision. Ça, c'est clair, c'est
entendu. J'aimerais vous entendre sur deux choses. Que diriez-vous de l'idée
d'un fonds de diversification, comme un peu ça s'est fait dans le Centre-du-Québec, pour, justement, diversifier,
que tout ne s'appuie pas sur les ressources naturelles, mais peut-être sur la
première, deuxième, troisième transformation? Et, s'il vous reste du temps,
j'aimerais vous entendre parler du train.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. Boyer.
M. Boyer (Daniel) : Je vais laisser
le train à Daniel, mais je vous dirais que, sur un fonds de diversification, écoutez, on dit oui aujourd'hui à la Société du
Plan Nord. On espère, et j'espère beaucoup, beaucoup, que ça ne s'arrête
pas là, la relance économique, là. Oui, on
développe le Plan Nord, mais on veut véritablement
développer chacune des régions du Québec, chacun des secteurs d'activité
du Québec. Puis, quand on insiste sur la deuxième et la troisième transformation, notre secteur manufacturier a été tellement
mis à mal depuis la crise de 2008, il
faut à tout prix recréer des bonnes jobs dans ce secteur d'activité économique là, et c'est par
la deuxième puis la troisième transformation qu'on va y arriver.
Bon, bien, le train, je vais laisser plus ça à
Daniel.
La Présidente (Mme Léger) : M. Roy.
M. Roy
(Daniel) : Du train de la
fosse du Labrador à Sept-Îles? Bon, bien, moi, comme je l'expliquais tantôt,
je pense que, si le gouvernement va de l'avant puis il injecte des argents
publics là-dedans, bien on doit exiger des choses pour les citoyens puis les citoyennes. Ce n'est pas bien,
bien compliqué, c'est ça. Vous savez, là, de la pogne, on en a plus qu'on pense. Je regarde à Raglan, dans le Nunavik,
c'est la compagnie Glencore qui est là, et il y a une entente avec les Inuits, c'est une loi, ça fait partie de notre convention collective. Et la compagnie, elle a l'obligation d'embaucher
25 % d'Inuits pour maintenir son permis d'exploitation de la mine parce
qu'on est en territoire inuit.
Ça marche.
Ils ne se sont pas sauvés. Ils la veulent, la ressource, ils en ont besoin. Ils
ne se sont pas sauvés. Les Inuits
n'étaient pas prêts tout de suite à faire face à des métiers spécialisés, ils
sont après apprendre des métiers. Il y a des conditions là. Puis je vous dirais même que, dans la convention
collective, dans notre convention collective, les Blancs qui viennent de
l'extérieur de ce territoire-là, les Inuits ont une ancienneté préférentielle
sur nous autres.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci, M. Roy. Ça met fin à la présentation — merci
beaucoup — de la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. M. Boyer, M.
Roy, Mme Côté, merci beaucoup.
Je suspends
les travaux quelques instants pour permettre au Conseil régional de
l'environnement de venir prendre place, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 16 h 27)
(Reprise à 16 h 28)
La
Présidente (Mme Léger) :
Alors, merci. Alors, je souhaite la bienvenue à M. Sébastien Caron, le directeur général du Conseil régional de l'environnement de la Côte-Nord. Alors, bienvenue. Vous avez 10 minutes de
présentation, alors à vous la parole.
Conseil régional de
l'environnement
de la Côte-Nord (CRECN)
M. Caron
(Sébastien) : Alors, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, merci de m'entendre aujourd'hui. Je vais spécialement saluer
Mme Richard, évidemment, la
députée de ma région, et donc rapidement
faire un résumé de ce qui est présenté dans le mémoire qui a été soumis
à la commission.
Tout d'abord, je souhaite dire que, pour nous, c'est important que le développement du Nord québécois puisse démontrer
et réellement faire atterrir le concept de développement durable. Et, plutôt que de le voir comme un élément de défi, on a choisi de le voir... évidemment,
c'est un élément de défi, mais on a choisi de le voir comme une opportunité.
C'est-à-dire qu'on voit, un peu partout au Québec, ce qui se passe actuellement
avec les projets de développement, l'opposition que ça peut susciter, et on pense que, justement,
le Plan Nord peut être, d'une certaine façon, un modèle, peut
permettre de développer
un modèle de développement qui réponde aux aspirations des Québécois
et des Québécoises, notamment
en matière de durabilité, de développement durable.
• (16 h 30) •
Je
rappelle que le Vérificateur
général... ou plutôt le Commissaire
au développement durable, dans son dernier rapport du printemps, nous disait que, dans l'ensemble
des vérifications effectuées, il ressort des lacunes quant à la
recherche d'un développement durable et que le virage vers le développement
durable se fait attendre. Donc, c'est cette année.
Je
pense que ce projet-là peut permettre, malgré tous les défis, d'arriver à un
réel projet de développement durable. Et
évidemment il y a un défi, hein? Je le souligne dans le mémoire,
on le souligne dans le mémoire, les entreprises... les principaux
modes d'exploitation qu'on voit sur le territoire du Plan
Nord, ce sont principalement des activités extractives. Ça veut dire qu'on va chercher des ressources, on les transforme
très peu. Et donc ça crée un défi, particulièrement dans le
cas des ressources minières, puisqu'évidemment ce sont des ressources qui sont non renouvelables. Et
donc il y a des gens qui vont
prétendre, par exemple, qu'on ne peut pas parler de durabilité quand on parle
d'exploitation de ressources non
renouvelables. Pour nous, ce n'est pas le cas. Ce qu'on pense, c'est qu'il
faut, par exemple, s'assurer que les retombées de cette exploitation-là, elles génèrent des effets à long terme
bénéfiques pour la société, parce qu'il ne faut pas oublier que le but du développement, l'objectif de tout
développement doit être d'améliorer la qualité de vie des citoyens. Donc,
c'est dans cette optique-là qu'il faut, donc,
développer. On insiste aussi sur le fait qu'il faut opérationnaliser ce développement
durable là. Actuellement, on a une loi sur le développement durable, on a une
volonté affichée de durabilité dans la
plupart des projets gouvernementaux, mais, malheureusement, quand on arrive sur
le terrain, c'est difficile à
l'opérationnaliser. Donc, ça va un peu dans le sens de ce que disait d'ailleurs
le Commissaire au développement durable. On pense notamment que la
Déclaration des partenaires du Plan Nord, déclaration qui avait été travaillée
dans le précédent exercice, peut être une
base intéressante pour identifier les principes, notamment, de durabilité qui
doivent être à la base du développement nordique.
Deuxième
élément, donc, mieux intégrer les valeurs multiples de la société québécoise et
des communautés. En lisant le projet
de loi, on est capable de voir des... disons, certains éléments qui peuvent
être intégrés. Je pense que c'est essentiel
de mieux intégrer ces valeurs-là, et il y a plusieurs façons dont on peut le
faire, par exemple, au niveau du conseil d'administration de la société
et au niveau de l'assemblée des partenaires.
Donc,
rapidement, les quelques points qui étaient inscrits au mémoire. Elles doivent
inclure, de manière générale, des membres représentant une pluralité
d'opinions et de valeurs. Spécifiquement, les valeurs associées à l'objectif de
développement durable énoncé doivent en faire partie, donc des représentants
des sphères économiques, des sphères sociales,
des sphères environnementales. Elles doivent faire une place importante à des
représentants des régions concernées. On
a parlé tantôt de l'importance des communautés, donc, que les gens, autant les
autochtones que les non-autochtones, qui
sont présents dans les régions associées au Plan Nord puissent faire partie de
ces instances de gouvernance. Et elles doivent
être soumises à des règles de gouvernance qui assurent à la fois la
transparence, on en a parlé encore une fois, le respect des règles
d'éthique et protègent notamment contre les conflits d'intérêts, la collusion,
la corruption.
Enfin, ce plan-là
doit favoriser un développement du Nord qui réponde aux aspirations des
Québécois, et des Québécoises, et des
populations locales. Les gens qui m'ont précédé ont parlé d'effets sur les
communautés locales, par exemple, du
«fly-in/fly-out», du développement tel qu'il a été pratiqué dans les dernières
années. Il faut éviter de maintenir des
modèles de développement qui ont des effets néfastes sur nos populations
locales. Il y a un nombre important d'enjeux qui renvoient la question de l'acceptabilité sociale dans ce chantier.
Je pense que c'est un élément extrêmement important et c'est une des raisons pour lesquelles il faut
voir le Plan Nord comme un chantier qui va permettre de développer des approches et des outils nécessaires et saisir
l'occasion de développer un modèle de développement qui saura susciter, donc,
l'adhésion des Québécois, des Québécoises et des populations locales.
Quelques indices ou
quelques pistes d'action qu'on avait inclus au mémoire, sur la conservation de
50 % du territoire. Donc, réviser le
cadre normatif. Il y a des efforts qui ont été faits dans les dernières années
pour réviser ce cadre normatif. On a
parlé de la Loi sur les mines, de la Loi sur l'aménagement durable du
territoire forestier. Il faut continuer cette révision-là. Je suscite votre attention au fait que le régime
forestier actuel n'est toujours pas complet. On n'a toujours pas publié la stratégie d'aménagement durable des
forêts, qui doit être le coeur de ce régime-là. Développer des stratégies
nationales. Je pense, entre autres, à une
stratégie nationale de conservation qui inclut à la fois, oui, la mise en place
d'aires protégées, la Stratégie
québécoise sur les aires protégées, par exemple, mais les éléments de
planification écologique qui étaient prévus au Plan Nord.
La
mise en valeur aussi des aires de conservation est importante. Comment on fait
connaître ces aires de conservation
là, leur rôle et leur importance à la population québécoise, mais aussi à la
population à l'extérieur du Québec? Parce
que la question de l'acceptabilité sociale repose aussi sur ces éléments-là.
Donc, des guides de saines pratiques, promotion ou imposition des normes
de certification, d'accréditation. Je pense, entre autres, à l'UQAT qui
travaille présentement... l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue qui
travaille présentement sur le développement durable
au niveau des entreprises minières. Donc, c'est des éléments qui peuvent mener
à des trucs intéressants. Application rigoureuse
du... concept, pardon, d'écoconditionnalité. Donc, quand le gouvernement met
des sous dans un projet, il faut absolument
qu'on s'assure qu'on le fait avec les meilleures conditions possible en termes
d'acceptabilité environnementale, notamment.
Renforcement de la capacité d'intervention et de contrôle des ministères.
Actuellement, on voit un peu un effet
inverse. Donc, autant le ministère de l'Environnement que les gens au niveau de
la Faune doivent être capables de faire les contrôles nécessaires pour
s'assurer qu'on est vraiment dans une optique de développement durable.
Et,
finalement, amélioration importante des bénéfices sociaux et sociétaux liés aux
activités de développement. Donc,
c'est essentiel, particulièrement quand les ressources sont non
renouvelables — les gens
qui m'ont précédé ont parlé de la question de la
transformation des ressources — donc de s'assurer que les effets seront
les plus importants possible et surtout qu'ils seront possibles à long terme.
Donc, ça conclut finalement les grands points
que je souhaitais traiter avec vous aujourd'hui. Merci.
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
M. Caron. Alors, nous passons du côté du gouvernement. Alors, M. le ministre de l'Énergie, des Ressources naturelles
et député de Mont-Royal, à vous la parole pour 11 min 45 s pour
votre formation politique.
M.
Arcand : Merci. Bon
après-midi, M. Caron, et bienvenue ici, à l'Assemblée nationale. Dans vos
déclarations, vous voudriez que la
déclaration des partenaires soit incluse, la déclaration, donc, de 2011 des
partenaires soit incluse à l'intérieur
de la loi sur le Plan Nord. C'est une demande similaire que plusieurs groupes
environnementaux ont faite. Est-ce que vous vous êtes tous consultés
là-dessus ou...
M. Caron
(Sébastien) : Bien, en fait, on ne s'est pas tous consultés, par
contre c'est un élément qu'on avait discuté effectivement et qu'on avait ramené de l'avant, d'ailleurs, dans la
proposition du précédent gouvernement. C'est-à-dire que, pour nous, évidemment, quand il y a une
concertation qui est établie puis que les gens travaillent à développer un
certain nombre de principes qu'ils considèrent importants pour le développement
du Nord, on pense que ça devrait avoir
plus de valeur que ça en a eu jusqu'à maintenant. C'est-à-dire qu'on a
travaillé pour établir des consensus, on arrive avec une déclaration de principes et on ne la retrouve pas nulle part.
Donc, effectivement, ça serait intéressant de le voir soit en préambule
de la loi ou d'une façon ou d'une autre, du moins de voir ces principes-là.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Vous dites que le
projet devrait mieux définir les structures de gouvernance. Alors, on parle
d'un conseil d'administration entre
neuf et 15 personnes, majorité des membres indépendants, plus une assemblée des
partenaires dans laquelle il y a un certain nombre de balises déjà,
c'est-à-dire la représentation des principales communautés, des principaux
intervenants, etc. Est-ce qu'il y a quelque chose qui manque, d'après vous?
M. Caron
(Sébastien) : Bien, en fait, nous, on avait de la difficulté à voir comment...
Par exemple, le conseil d'administration,
on parle de gens indépendants, mais, comme on disait, il y a un souhait que ces
gens-là proviennent de milieux
diversifiés, qu'il y ait une pluralité d'opinions et qu'on retrouve, par
exemple, autant des gens qui proviennent du milieu environnemental que des groupes sociaux. C'est plutôt, je
dirais, dans la composition qu'on souhaite voir plus de détails; même
chose au niveau de la table des partenaires. C'était dans ce sens-là qu'on
abordait la question.
M.
Arcand : Et, au niveau de
l'assemblée des partenaires, quel type de représentation vous voyez pour les
groupes environnementaux?
M. Caron
(Sébastien) : En fait, il faut dire qu'il y a eu, dans les deux
gouvernements précédents, des modèles qui
ont été différents. Chacun avait ses qualités et ses défauts. Je dirais que les
éléments qu'on a repris en points de forme sont ceux qui sont importants pour nous, c'est-à-dire que les milieux
locaux et régionaux soient représentés. Donc, ça prend des acteurs de ces milieux-là autant au niveau environnemental que
social mais également
des acteurs nationaux qui ont, par exemple, une expertise à apporter sur
les questions de conservation, par exemple, de protection de la biodiversité,
etc.
• (16 h 40) •
M.
Arcand : Je sais que votre
organisme a été aussi impliqué dans, par exemple, les alternatives au mazout.
Tel que l'on existe — vous avez été dans ce domaine-là — est-ce qu'on pourrait voir... D'après vous,
est-ce que vous croyez, par exemple, au gaz naturel liquéfié? Est-ce que
vous voyez des possibilités intéressantes pour avoir des éoliennes également?
Est-ce qu'il y a des choses dans ça que vous voyez qu'elles pourraient se faire
assez rapidement?
M. Caron
(Sébastien) : Effectivement, on travaille, et les conseils régionaux travaillent depuis plusieurs
années maintenant sur les alternatives au pétrole de manière élargie, le gaz naturel. Effectivement,
dans les entreprises où il faut une
flamme, disons-le comme ça, donc, il y a très peu d'alternatives
actuellement au mazout lourd. C'est un produit, le mazout lourd, qui est extrêmement polluant, qui
génère des effets environnementaux, bon, qu'on a pu voir, entre autres, avec le déversement à Cliffs, à Sept-Îles, dans la
dernière année. Donc, il y a
des enjeux environnementaux qui pourraient être répondus, disons, par un
accès au gaz naturel.
Au-delà de
ça, le gaz naturel est effectivement très intéressant du point de vue environnemental, évidemment il est très intéressant d'un
point de vue coût pour les entreprises aussi en termes de compétitivité. Nous,
c'est moins notre domaine d'expertise, mais
je rappellerais quand même un principe d'efficacité énergétique qui
est extrêmement important, qui est la bonne source d'énergie à la bonne place. Si on amène du
gaz naturel sur Côte-Nord pour fournir des industriels qui, autrement, utilisent du mazout lourd, c'est extrêmement intéressant. Par contre, dans d'autres usages, il y a
d'autres types d'énergie qui sont
plus intéressants. Et donc c'est un peu le principe qu'on défend. Mais, oui, tout à fait, on suit ce dossier-là avec beaucoup
d'intérêt, je dirais même qu'on participe à ce dossier-là, à la réflexion
autour de ce dossier-là, la question du gaz naturel puis de la desserte.
On est très favorables à la desserte.
Maintenant, on a un message qui nous semble
double actuellement, c'est-à-dire on a le message qu'il y a une opportunité, qu'il y a des gens qui
souhaitent amener du gaz naturel sur la Côte-Nord; en même temps, avec le projet Énergie Est, on a le message que la capacité de transport de
gaz naturel de l'Ouest vers le Québec, et donc l'approvisionnement en gaz naturel
du Québec, pourrait être menacée. Donc, on a ces deux
messages-là qu'on entend actuellement, et ça nous préoccupe, je vous dirais.
M.
Arcand :
Je pense que le député de Mégantic a quelques questions.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le député de Mégantic, à vous la parole.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre. Bonjour, monsieur.
Écoutez, moi, j'aurais une couple
d'éléments à vous entendre. Vous dites que vous vous êtes positionnés clairement
sur, finalement, un moratoire permanent pour le développement de l'uranium, entre autres. C'est bien clair. Vous venez de nous parler
un peu du développement de... aussi de l'utilisation du pétrole, où vous avez certains doutes. Est-ce qu'il y a d'autres éléments comme
ça? Par exemple, les terres rares, vous savez, il y a
certains éléments toxiques là-dedans, etc. Quelle est votre position par
rapport à ces éléments-là, dans le sens général, là?
M.
Caron (Sébastien) : Je vous
dirais que ça amène plusieurs questions, la question que vous posez. Le premier
élément, la raison pour laquelle on s'oppose à l'exploitation de l'uranium,
c'est qu'on en a fait, au meilleur de nos connaissances, là, le regroupement, l'ensemble des conseils
régionaux de l'environnement, une analyse basée sur le cycle de vie de cette filière-là, qui implique des coûts
énergétiques et économiques à très,
très, très long terme pour gérer les déchets
des centrales, vous comprendrez, avec des bénéfices à plus ou moins long terme...
c'est-à-dire que c'est très court, même
on pourrait dire, le bénéfice de cette filière-là. Donc, d'un point de vue de
développement durable, on considère que c'est une filière qui n'est pas
durable.
Dans
le cas du pétrole, c'est autre chose, c'est-à-dire qu'on est encore dans un
principe d'efficacité énergétique dans
ce cas-là, c'est-à-dire que c'est une ressource dont on a de la difficulté...
comme société, on est très dépendants, on a de la difficulté à s'en
passer. Par contre, il y a des opportunités intéressantes pour déplacer le
pétrole, pour le remplacer par des types d'énergie qui sont beaucoup
plus durables, qui sont beaucoup plus intéressants.
Je
reviens sur le dernier élément de la question. Actuellement, notre réflexion
sur la question des terres rares, par
exemple, on a amorcé une réflexion, mais on n'a pas pris de position dans ce
cadre spécifique là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, l'autre chose, c'est qu'on a parlé beaucoup
ici, à la commission, dans les
derniers jours, de deuxième et de troisième transformation. Ça
aussi, ça comporte certains risques environnementaux, comme vous le
savez très, très bien. Est-ce que votre groupe a pris des positions là-dessus?
M.
Caron (Sébastien) : Je
dirais que de manière générale on est évidemment favorables à la deuxième, troisième
transformation parce qu'effectivement ça génère des retombées dans les
communautés. Évidemment, il n'y a pas d'activité
de ce type-là qui ne pose pas un certain nombre de risques, puis il faudra les
évaluer en temps voulu, là, quand il y aura des projets sur la table.
Par contre,
certainement dans beaucoup de cas, les risques environnementaux ne sont pas
seulement locaux, c'est-à-dire qu'il y a des
risques globaux, hein, les émissions de gaz à effet de serre, etc. Et c'est clair pour nous que, réaliser
des activités qui peuvent bénéficier, par exemple, d'énergies propres — on
pense au Québec — avoir
des industries, par
exemple des industries de transformation de l'aluminium, qui produisent
des produits au Québec plutôt que de les produire avec du pétrole, du charbon ou d'autres types
d'énergie à l'étranger, évidemment on est très favorables à ça. Et, dans ce sens-là, je vous dirais que de manière générale on est favorables
à la deuxième, troisième transformation, ce qui ne veut pas dire, pour un projet précis, qu'on serait nécessairement
d'accord. Mais c'est un peu la position que je pourrais
vous dire.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Mégantic, il reste encore trois minutes.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. À la page 3, vous
parlez de développement durable et du Plan
Nord et vous dites : «Toutefois,
si l'on se limite au cas du Québec, dans les dernières années, les rapports du
Commissaire au développement durable
et, plus largement, ceux du Vérificateur
général ont mis en lumière des
lacunes importantes, à différents niveaux, et concernant
divers dossiers.»
Est-ce que
vous pourriez élaborer un peu là-dessus puis nous éclairer sur vos préoccupations dans ce segment-là?
M.
Caron (Sébastien) : Bien, effectivement. Évidemment, je ne veux pas nécessairement entrer dans
chacun des principes, là, de développement durable, mais je vais en prendre un, par exemple la question de l'efficacité économique. Bon, le rapport du Vérificateur général sur le
domaine minier, par exemple, il y a quelques années, qui remettait en cause les gains économiques que pouvait faire le Québec, par exemple, avec ses investissements dans ce domaine-là... Donc, est-ce que,
par exemple, les redevances... on soulignait, entre autres, le fait que peu de redevances étaient versées à l'État.
Donc, c'est
un des éléments, par exemple, mais je souligne quand même que le dernier
rapport du Commissaire au développement durable nous disait qu'on était loin de l'atteinte de ce
qu'on peut appeler le développement
durable, de manière sociétale. Puis, pour nous, c'est extrêmement important parce
qu'il n'y a pas d'autre façon de voir le développement durable, c'est-à-dire
qu'il faut que ce soit une société ou minimalement une communauté qui décide de
développer durablement puis qui met
les efforts pour le faire. L'approche projet par projet ne nous semble pas une
bonne approche quand on parle de
développement durable. Donc, on pourrait, par exemple, analyser 10 projets et
dire : Ces 10 projets là nous semblent durables, là, avec une grille d'analyse, et par contre ce qui nous
manquerait au-delà de ça, c'est les effets cumulatifs de ces projets-là sur le
milieu, etc. Donc, c'est un exemple que je donne mais qui explique un petit peu
la position qu'on a.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Vous semblez voir
qu'il semble y avoir une déficience significative
à travers l'applicabilité, je dirais, là, du développement durable à travers
des éléments que vous nous mettez là. Est-ce
que votre groupe a pris des positions là-dessus ou est-ce qu'il a des
recommandations à faire sur comment on pourrait rendre plus efficace
l'application du développement durable dans le cadre où on va mettre en place
une société du Plan Nord qui a pour objectif
de coordonner l'ensemble de ces ministères-là? Donc là, vous avez une
opportunité en or, là, de nous faire des recommandations.
La Présidente (Mme
Léger) : ...10 secondes.
M.
Caron (Sébastien) : Oui. Je
rappelle que je fais le même constat que le Vérificateur général, et, pour
mieux l'appliquer, je pense,
il faut mieux intégrer les usages, il
faut nécessairement plus de
concertation, plus d'ouverture, et je
pense que la société se doit d'être inscrite dans une lignée qui va vers ça,
là, vers ces principes.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci, M. Caron. L'opposition officielle, maintenant, pour
7 min 3 s. Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. Caron, bienvenue à l'Assemblée nationale. Merci également
pour votre présentation. M. Caron, vous
venez de la grande région de Sept-Îles, la grande région de la Côte-Nord,
donc vous connaissez bien le territoire, les défis auxquels nous devons
faire face.
Comment
concilier l'environnement et le développement
économique? On en a parlé avec les
groupes qu'on a reçus. Vous savez,
dans certains milieux... je prends aussi l'exemple de Sept-Îles
qui, en ce moment, au
niveau économique... ce n'est pas ce
que c'était il y a à peine deux ans, à peine un an et demi. Souvent, moi, je
l'ai toujours dit puis je le dis encore
aujourd'hui, je pense que c'est les gens qui habitent ce territoire qui sont à
même d'avoir toute l'information pour décider
de leur avenir, mais ce qu'on voit de certains groupes environnementaux, c'est
souvent des gens de l'extérieur, plusieurs
diraient «des gens qui vivent sur Le Plateau», qui veulent décider pour nous
autres. Ils ont beaucoup d'«exposure», les
médias courent après eux dans les corridors, ils disent une phrase, puis ceux
qui habitent le territoire, on paraît pour des gens qui veulent harnacher toutes les rivières, c'est comme si on ne
vivait pas en harmonie avec la nature, ce qui est complètement le
contraire.
On
est des hommes et des femmes de nature qui aimons faire les sports d'hiver, les
sports d'été, etc., mais il y a des
projets, et ça devient de plus en plus controversé, pas nécessairement, et
c'est ça pour mes collègues parlementaires, pas nécessairement dans les régions directement concernées, mais on
dirait souvent que ces débats-là se font à l'extérieur des régions.
J'aimerais,
parce que le temps nous manque souvent, mon collègue le député de
Marie-Victorin veut vous poser quelques questions... Comment concilier
l'environnement et le développement économique d'une région?
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme
Léger) : M. Caron.
M.
Caron (Sébastien) : Très
grande question. Je dirais que ce n'est pas toujours le cas. Par contre,
vous avez fait un portrait quand même que je partage en partie, mais ce
n'est pas toujours le cas. Je vous donne l'exemple de Sept-Îles, où effectivement on sent qu'il y a un ralentissement. Par contre, on compare à 2012,
et j'ai l'impression de voir un
médecin qui est devant un patient puis qui dit : Oh! le coeur est passé de
200 battements-minute à 85, on va le perdre. Juste comme exemple.
Actuellement, donc, on sent qu'il y a polarisation, et c'est ce que je sens beaucoup
dans les communautés. Il y a
polarisation au-delà de ces enjeux-là, et la question que je pose, pour
répondre à votre question, c'est... Quand, effectivement, on sent que l'ensemble des projets ou une bonne
partie des projets qui sont présentés ne reçoivent pas l'aval des populations ou génèrent de l'opposition de
manière importante, le problème, ce n'est probablement pas uniquement
le projet, c'est-à-dire que c'est peut-être
le mode de développement. Puis quand je dis : On parle de développement
durable, ça se fait à l'échelle des sociétés. C'est pour ça que je dis qu'il
y a une opportunité. Je pense que le Plan Nord peut s'inscrire dans une volonté réelle de développement durable et susciter
l'adhésion des Québécois et des Québécoises. Et ça, ça
va permettre à ces projets-là d'avoir une plus grande... disons, un accueil
plus favorable dans les milieux. Mais il
y a encore beaucoup
d'éléments. Je nommais la question de... Aujourd'hui, vous parlez de
forêts à des gens. M. et Mme Tout-le-monde, on ne le connaît pas, le nouveau régime. Ce qu'on entend comme histoire,
c'est les histoires qui datent, des fois, de 20, 30 ans, puis les gens
ont l'impression que, sur le terrain, ça se passe encore comme ça.
Donc,
tant qu'on n'aura pas une stratégie d'aménagement durable des forêts et un
cadre normatif qui plaisent à la population
puis qui répondent à ses aspirations, qui a l'impression que ça le protège
comme citoyen... bien on va avoir de la difficulté à faire accepter les
projets. Je pense que c'est comme ça qu'il faut voir les choses.
La Présidente (Mme Léger) : Merci. Maintenant,
la parole est au député de Marie-Victorin, porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'énergie, ressources naturelles et développement
nordique.
M. Drainville :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : 3 min 20 s, à peu près.
M. Drainville : Merci. Bienvenue. Dans votre mémoire, à la page
4, le dernier paragraphe, vous parlez d'un «flou considérable concernant les intentions gouvernementales actuelles».
Est-ce que vous faites référence à l'engagement de consacrer 50 % du territoire du Plan Nord
à la protection de l'environnement, au maintien de la biodiversité et à la mise
en valeur du patrimoine naturel et à le protéger des activités industrielles?
C'est-u de ça dont vous parlez?
M.
Caron (Sébastien) : Notamment.
En fait, le problème qu'on a, c'est de comprendre si ces engagements-là... ou, en
tout cas, ces intentions-là, qui
étaient présentes en 2011, sur lesquelles on a consulté des gens, si elles sont
toujours valides actuellement. Quand on pose les questions, par exemple, aux gens des ministères, on nous dit : Bien, c'est une
orientation. Donc, il y a un certain flou, là. Je ne dis pas...
M. Drainville : Mais ça ne vous tente pas de profiter de ce
moment pour poser la question au ministre? Il pourrait peut-être vous
répondre.
M.
Caron (Sébastien) : Bien, en
fait, je la posais dans le mémoire, effectivement : Est-ce que ces orientations de 2011 tiennent toujours? La question, on la
pose parce que c'est difficile pour nous d'évaluer un projet de loi comme celui-ci sans savoir
dans quel cadre il s'insère. Je dirais que c'est la réflexion qu'on avait quand
on a écrit le mémoire.
M. Drainville :
Peut-être qu'on aura la réponse du ministre lors de son temps de parole, lors
de la prochaine présentation. En tout cas, je l'invite bien respectueusement à
nous la donner s'il l'a.
Par ailleurs, moi, ce
que je sens dans votre mémoire, c'est que vous dites oui, mais c'est un
gros «oui, mais». Il y a un gros «mais», là, qui accompagne votre... Puis
on a pas mal de ça, d'ailleurs, depuis le début de la commission.
C'est comme si les groupes qui viennent, ils
ne veulent pas vraiment dire non au gouvernement, là, tu sais. Ils
savent qu'ils sont là pour quatre ans,
ça fait que, tu sais, ils se ménagent un peu, ils ménagent notamment
leurs relations avec le gouvernement. On peut dire que c'est normal, là, tu sais,
mais, tu sais, c'est enveloppé, c'est des longues phrases, là, puis tu cherches les... mais on comprend qu'il y a
quand même des réserves, des réticences, un questionnement, un doute, une
hésitation. On comprend-u un peu qu'il y a quelque chose comme ça un peu entre
les lignes, là, ici?
M.
Caron (Sébastien) : Je vous
avouerais que je n'ai pas écouté l'ensemble des débats de la commission,
mais...
M. Drainville : Non, non, mais mettons que je trouve que vous
représentez assez bien cette approche «oui, mais».
M. Caron
(Sébastien) : Bien, en fait, moi, je vous dirais que peut-être l'enjeu
qu'on avait quand on a écrit le mémoire puis
quand on s'est positionnés... Il faut dire que les délais sont extrêmement courts, vous le comprendrez, mais un des enjeux qu'on avait, c'est : on parle d'un projet de loi qui est extrêmement... je dirais, qui est dans l'ordre du moyen.
C'est-à-dire, la société, pour nous, ce n'est pas ce qu'il y a
d'important. Pour nous, ce qui est important,
c'est clair, c'est d'inscrire son travail dans une optique de développement
durable.
M. Drainville : Et c'est pour ça que vous souhaitez — parce que, là, madame va nous couper bientôt...
Mme la Présidente — ...
La Présidente (Mme
Léger) : ...M. le député.
M. Drainville :
...c'est pour ça que vous souhaiteriez que le principe de durabilité soit
inscrit beaucoup plus clairement dans le projet de loi, n'est-ce pas?
M. Caron (Sébastien) :
Tout à fait, tout à fait.
M. Drainville :
Et vous dites que la Déclaration des partenaires du Plan Nord, ce serait une
bonne source pour s'inspirer?
M.
Caron (Sébastien) : Bien, notamment, pour inscrire des principes qui
ont fait l'objet d'un consensus sur la façon dont on doit développer le
Nord.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. C'est tout le temps que nous avons.
M. Drainville :
C'est ce que je vous avais dit.
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, M. le député de Chauveau, le
porte-parole de la deuxième opposition en matière d'énergie et
ressources naturelles, à vous la parole pour 4 min 42 s.
M.
Deltell :
Merci, Mme la Présidente. M. Caron, soyez le bienvenu à votre Assemblée
nationale.
Moi aussi, je
m'inscris dans le «oui, mais», mais pas parce que ces gens-là ont été dûment et
démocratiquement élus pour quatre
ans — et nous
sommes démocrates à temps plein, alors je salue leur élection — mais bien plutôt parce qu'on est tous d'accord pour développer le plein potentiel
de notre richesse naturelle du Nord et on est tous d'accord pour que ça se fasse correctement, en respect avec les
lois environnementales, avec la préoccupation de la... pas la persévérance,
mais que ça dure longtemps dans le temps, de
la pérennité — voilà,
c'est le mot que je cherchais — et aussi pour que tous puissent en bénéficier. Et, quand je dis «tous»,
c'est tous les Québécois, pas uniquement au Sud, pas uniquement au Nord,
mais tous les Québécois.
Maintenant,
nous, on a une question qui est de nature très structurante, là,
c'est-à-dire : Est-ce qu'on a vraiment besoin d'une société d'État pour coordonner tout cet effort du
développement du Nord? Et donc je vous pose la question, M. Caron :
Est-ce que, selon vous, ça prend absolument une société d'État pour coordonner
tout ça, avec un conseil d'administration de
15 membres pour 50 fonctionnaires, ou, au contraire, on serait capables
d'atteindre les mêmes objectifs, avec vos préoccupations particulières,
mais à l'intérieur d'un secrétariat?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Caron.
M. Caron
(Sébastien) : En fait, c'est une excellente question. Je vous
avouerais que je ne peux pas dire que c'est nécessaire.
Est-ce que je
crois que ça peut permettre d'atteindre les objectifs? Probablement. C'est sûr
que ça va dépendre beaucoup de mes
préoccupations sur la composition. C'est-à-dire que, si effectivement ce
conseil d'administration là est représentatif
de l'ensemble des valeurs qui doivent être présentes, on pense que ça peut
faire... ça peut aider, disons, à mieux
intégrer. Est-ce qu'on pourrait le faire autrement? Probablement. Moi, comme je
vous dis, là, le projet de loi, il est beaucoup
dans une optique mécanique où on crée une société d'État, mais, pour moi, il
manque quand même un cadre. En tout
cas, j'ai encore un flou au niveau du cadre, puis c'est plus avec ce cadre-là
que je serais capable de dire : Bien, oui, certainement que ça prend une société d'État. On ne pense pas que
c'est négatif, hein? On est plutôt positifs par rapport à l'approche,
mais il y a quand même des questionnements à avoir.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : ...Mme la Présidente. À mon tour de vous saluer. M.
Caron, bonjour. En fait, vous avez abordé un petit peu la question du
conseil d'administration à l'instant. Vous dites que le conseil
d'administration devrait être représentatif
des valeurs portées. Je comprends que vous désirez que le conseil
d'administration ait une sensibilité particulière au développement durable.
Quels
seraient les critères, pour vous, à développer? Les critères de sélection, la
composition? Quelle est votre vision à ce niveau-là?
M. Caron
(Sébastien) : C'est sûr qu'il faut que le conseil d'administration
soit indépendant. Maintenant, il faut définir
ce que ça veut dire, «indépendant». Pour nous, c'est clair que les gens qui
doivent se retrouver autour de ce conseil d'administration là, ça devrait être normalement des gens issus
d'organismes d'intérêt public, c'est-à-dire qu'ils sont là pour défendre
l'intérêt public des Québécois et des Québécoises et c'est dans ce sens-là
qu'ils font leur travail d'administrateurs de la Société du Plan Nord.
M. Jolin-Barrette : Donc, je
comprends que c'est davantage des acteurs de la société civile, vraiment, qui
seraient prédéterminés, avec une certaine indépendance, avec des critères
définis.
M. Caron (Sébastien) : Tout à fait.
C'est ce qu'on souhaite.
M.
Jolin-Barrette : O.K. Vous avez abordé également dans votre mémoire la
question de la protection du domaine nordique
à hauteur de 50 % puis vous utilisez les termes «opérationnalisation du
développement durable». Donc, concrètement, qu'est-ce que ça signifie?
• (17 heures) •
M. Caron
(Sébastien) : Je reviens à un élément important du mémoire qu'on avait
déposé en 2011. Pour nous, c'est
clair que protéger 50 % du territoire et adopter une approche, disons,
écosystémique, là, c'est-à-dire de planification écologique, ça ne
suffisait pas à dire : On est dans un mode de développement durable.
Ce sont
évidemment des éléments extrêmement importants, la conservation des écosystèmes
dans le Nord est un enjeu qui nous
tient à coeur, par contre c'est bien plus ce qu'on va faire à l'extérieur de ce
50 % là, dans le reste du territoire, qui va déterminer si on est dans un mode de développement durable, plus
que la protection elle-même du 50 %. Et, dans ce sens-là, oui on a une préoccupation pour la
protection du territoire, mais on a une préoccupation pour tout ce qui va se
faire autour puis quel mode on va utiliser pour s'assurer du développement
durable. Moi, je pense qu'au niveau de la planification...
hein, on sait que la société aura à faire un certain nombre de planifications,
c'est à l'étape de la planification, je crois, qu'on peut le mieux
intégrer les éléments, les principes de développement durable.
La
Présidente (Mme Léger) : ...alors, merci, M. Sébastien Caron, du
Conseil régional de l'environnement de la Côte-Nord, alors, merci de
votre présentation et des échanges.
Je
suspends les travaux quelques instants pour permettre au groupe de la MRC de
Minganie de venir s'installer en avant, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 17 h 1)
(Reprise à 17 h 2)
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, bienvenue, M. Noël, préfet, bienvenue,
de la MRC de Minganie. Vous avez un 10 minutes de présentation. Pour les
besoins d'enregistrement, nous présenter la personne qui vous accompagne.
MRC de Minganie
M. Noël
(Luc) : Bonjour. Je m'appelle Luc Noël, je suis préfet de la MRC de la
Minganie. Je suis accompagné de M. Berchmans Boudreau, qui est maire de
Havre-Saint-Pierre.
Mme la
Présidente, Mmes et MM. les parlementaires, je suis très heureux d'être ici
aujourd'hui et d'échanger avec vous à
partir de notre expérience passée sur la nouvelle gouvernance proposée dans la
Loi sur la Société du Plan Nord. Géographiquement,
la MRC de la Minganie est située presque à l'extrémité nord-est du Québec. Nous
sommes une des grandes MRC du Québec
en termes de kilomètres carrés, et notre population abrite moins de 6 500
personnes, donc aussi une des moins
populeuses. Notre MRC compte huit municipalités, dont une d'exception, l'île
d'Anticosti. Il y a aussi, sur notre
territoire, deux communautés autochtones, soit Nutashkuan et Ekuanitshit. Ce
que nous voulons partager avec vous,
c'est notre expérience sur le projet hydroélectrique de la rivière Romaine. On
n'avait jamais vu, dans toute l'histoire du Québec, un projet de la société d'État de cette envergure aussi près
d'une aussi petite communauté. Au départ de la Romaine, j'étais président à la commission scolaire de la
Moyenne-Côte-Nord et aussi sur le comité des impacts collatéraux de l'aménagement du complexe hydroélectrique de la
rivière Romaine, et M. Berchmans Boudreau était déjà maire de
Havre-Saint-Pierre à cette époque.
À la lumière de la lecture du projet de loi, si
la Société du Plan Nord aurait été en place lors du début du chantier Romaine, en 2009, nous aimons à croire
que l'anarchie aurait été moins grande et que nos communautés et ceux
qui l'habitent auraient été mieux supportés par nos gouvernements. Le projet
Romaine était souhaité, mais nous ne connaissions
pas l'ampleur d'un tel tsunami sur nos fragiles structures, que ce soit en
santé, en éducation, en économie, en
logement, en transport, sur le communautaire, le social et aussi pour nos
aînés. Les demandes fusaient de partout. Toutes les problématiques sont devenues exacerbées. Nous n'avions plus assez de
gens et de ressources pour répondre à l'ensemble de ces problématiques. Face aux multiples demandes de nos partenaires,
il a fallu mettre en place une cellule de crise que nous avons nommée le
comité des impacts collatéraux. Nous avons rencontré à l'époque la vice-première
ministre du temps, Mme Normandeau, qui nous a fourni un émissaire qui devait
être un facilitateur, mais les résultats n'ont pas été probants.
Pour nous, à
la lumière de ce que nous avons vécu, nous pouvons déclarer aujourd'hui qu'à
situation d'exception il faut des mesures d'exception. Il est nécessaire
d'avoir — vous
excuserez le terme anglais — une
«fast track» pour solutionner les problèmes
dans nos communautés lorsque d'aussi gros projets se présentent. Les ministères
doivent devenir des collaborateurs,
et je crois que c'est ce que nous offre la Loi sur la Société du Plan Nord. Il
faut que les ministères soient ouverts à l'innovation et que la société
aide en ce sens en accompagnant les communautés qui accueillent les projets.
Chez nous, en
Minganie, on a documenté l'impact du projet hydroélectrique sur la rivière
Romaine. Notamment, une étude de
l'Institut national de la santé publique du Québec constate qu'il est difficile
pour les familles monoparentales dont
40 % sont à faibles revenus d'assurer l'alimentation de base pour couvrir
leurs besoins nutritionnels parce que le coût du panier à provisions
nutritives représente un trop grand pourcentage de leurs revenus. Le ratio des
prix de vente sur l'évaluation municipale
est le plus élevé à Havre-Saint-Pierre, soit 153,6 %, comparativement à
Sept-Îles, 133,7 %; ou Baie-Comeau,
121 %; et Forestville, une ville de grandeur sensiblement égale à celle de
Havre-Saint-Pierre, à 119 %. À
cela il faut ajouter le coût de l'essence, le coût de construction plus élevé
en Minganie, les distances et certains commerces accessibles juste à Sept-Îles : garages, vêtements. On a eu une
perte de ces services chez nous, en Minganie. Il faut considérer aussi le coût du panier de services total pour un
ménage, pas juste les éléments pris séparément, donc, une détérioration graduelle de notre tissu social, un accroissement
des inégalités sociales, d'autant plus pour nos personnes âgées qui ne se sont plus sur le marché du travail, donc des
revenus qui ne sont plus correspondants. L'écart entre ceux qui ont pu avoir
accès à des emplois bien rémunérés ou à des
contrats lucratifs et les personnes défavorisées qui n'ont pas profité d'une
augmentation de revenus s'est creusé en renforçant la situation de précarité et
d'isolement. Les femmes aussi se retrouvent
particulièrement désavantagées, pas nécessairement dans l'accès à l'emploi,
mais par le manque de places en service
de garde. Chez nous, en Minganie, il n'y a pas de cégep et encore moins
d'université, donc les commerces au détail qui ont un important besoin de main-d'oeuvre se retournent vers les
élèves du secondaire : commis d'épicerie, pompistes, et ce, vers l'âge de 12, 13 ou 14 ans. La
persévérance scolaire en a pris un coup. L'hébergement : un trois et
demie, entre 800 $ et 900 $.
Je pourrais
vous amener plusieurs autres exemples avant de passer la parole au maire
Boudreau, mais je voudrais, en
conclusion, pour le projet de loi de la Société du Plan Nord, féliciter le
gouvernement qu'il y ait perspective de développement durable et de contribuer au développement intégré et
cohérent. Pour nous, ce serait de la musique à nos oreilles, pour notre
MRC, l'intégration de l'île d'Anticosti, surtout avec le projet majeur de
Pétrolia, qui est en cours d'exploration actuellement,
d'autant plus qu'elle fait partie de notre MRC et de notre région
administrative. Sur la recherche et le développement, l'acquisition de connaissances
du territoire et la maximisation des retombées économiques, nous y
souscrivons totalement, c'est essentiel.
Au niveau du
bureau de commercialisation; d'accord, mais trouvons une façon que les régions
y trouvent leur compte au niveau des
contrats-cadres. Au niveau de l'assemblée des partenaires; une formule
intéressante, mais il faut que la
communauté d'accueil y soit représentée. Ça prend des antennes où les projets
se réalisent pour faciliter l'information. Il faut que le rural y soit
présent, pas uniquement les villes parce qu'elles ont le poids du nombre.
Finalement,
au sujet du «fly-in/fly-out», la navette, la fameuse navette, il faut, si on
veut tenter de minimiser cet impact-là,
il faut rendre nos milieux de vie attrayants, avec un coût de vie acceptable,
des infrastructures sportives, et aussi faciliter l'accès aux études
supérieures serait une formule, pour nous, gagnante.
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
M. Noël. Maintenant, M. Boudreau.
• (17 h 10) •
M.
Boudreau (Berchmans) : Oui. Mme la Présidente, Mmes et MM. les
parlementaires, bonjour. Permettez-moi, au début, de situer notre
municipalité par rapport au développement nordique.
Moi, je suis
maire de la municipalité depuis novembre 2009, et, quand je suis arrivé en
poste, venait de débuter, depuis le mois de mai, le projet des centrales
de la rivière Romaine, donc ce mégaprojet de construction, le premier projet du Plan Nord, selon les acteurs politiques
de l'époque, un si grand chantier de construction dans notre cour arrière,
avec une population attendue de plus de
2 000 travailleurs en période de pointe et une proximité avec notre
communauté et ses services, donc
notre population de 3 500. Par la suite, en 2010, le premier ministre
Charest est venu annoncer une phase
d'expansion de la minière Rio Tinto, Fer et Titane incluant l'ajout de quelque
80 nouveaux emplois et une prolongation de la durée de la mine pour les
40 prochaines années. Notre mine deviendrait centenaire.
Tout ça, sans
oublier que les nouveaux barrages de la Romaine généreraient environ 80 autres
emplois permanents pour l'opération de ces installations. Voilà la
prospérité attendue pour notre communauté avec en toile de fond une société du
Plan Nord annoncée en grande pompe,
une société de proximité et de support aux municipalités. Depuis ce temps, une première
société remplacée par un secrétariat de courte durée, le temps de quelques
annonces incluant notre région, et voilà maintenant une troisième
version du développement du Nord, le projet de loi n° 11.
Notre municipalité souscrit à ce projet de loi principalement sous l'aspect d'un développement
intégré et cohérent du territoire
du Plan Nord dans une perspective de développement durable et
d'un accompagnement des communautés locales en contribuant à maximiser
les retombées économiques. C'est extrait de vos notes explicatives. Au sujet de
la structure de la Société du Plan Nord, assurons-lui une simplicité de fonctionnement qui lui permette d'être
au service de ces communautés
d'accueil. Définissons des règles de
conduite basées sur trois mots incontournables : proximité, cohérence
et accompagnement. Nous préconisons une
proximité de la structure physique mais aussi une proximité des acteurs qui
doivent démontrer une connaissance parfaite
du territoire et de ses composantes. Le conseil d'administration et l'assemblée
des partenaires doivent être représentatifs
des milieux d'accueil, des communautés qui occupent et qui habitent le
territoire du Plan Nord. Peu importe
le projet que nous tentons de réaliser, nous sommes en contact avec plusieurs
ministères, et notre capacité d'agir
dépend beaucoup de la cohérence des décisions prises par chacun. L'expérience
du comité de coordination ministériel sur la Côte-Nord, sans être
parfaite, a démontré sa raison d'être.
Quant à
l'accompagnement, nous souhaitons voir tous les paliers de décision à la même
vitesse, celle de répondre aux
besoins des communautés dans l'intérêt collectif. Les entrepreneurs, les
municipalités et le gouvernement sont souvent sur la même route mais à des vitesses différentes. Notre municipalité a
agrandi, sans attendre l'apport du gouvernement, son secteur de terrains résidentiels, son parc de maisons mobiles et son
parc industriel. Cependant, nous attendons toujours notre deuxième
installation de CPE, annoncée mais reportée en 2020, ce qui nuit grandement au
recrutement d'une main-d'oeuvre nécessaire à notre développement.
L'accompagnement
des communautés ne peut se faire sans une modulation des programmes
gouvernementaux, que ce soit par une adaptation de ces programmes ou une
contribution de la Société du Plan Nord. Dernièrement, pour obtenir une acceptation de la Société d'habitation
du Québec d'aller en appel d'offres pour une construction de 20 logements
dans le cadre du programme AccèsLogis...
La Présidente (Mme Léger) : En
conclusion, M. Boudreau.
M. Boudreau (Berchmans) : Oui. Je
peux continuer? Il me reste juste un petit bout.
La Présidente (Mme Léger) : En
conclusion.
M.
Boudreau (Berchmans) : O.K., juste un petit bout. Donc, on a dû, comme
municipalité, investir 950 000 $ comme part du milieu. C'est inacceptable
pour une municipalité de 3 500 de population.
Il est
inscrit dans la mission de la Société du Plan Nord que celle-ci peut réaliser
des activités de recherche et de développement ainsi que des activités
d'acquisition des connaissances du territoire ou y contribuer. En lien avec la disponibilité d'énergie produite par la mise en
service des centrales du complexe hydroélectrique de la rivière Romaine,
nous solliciterons votre accompagnement et votre contribution dans la recherche
et le développement de nouvelles activités économiques pour une diversification
de notre économie dans un cadre de développement durable.
En terminant, je reviens sur le principe du développement intégré. Un bon
développement économique ne peut se
faire en silo, il doit s'accompagner d'un développement équilibré entre
l'environnement, le social, le culturel et le sportif, sans oublier le
capital humain au coeur des décisions. Merci.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Merci, M. Boudreau. Est-ce que votre
présentation, parce qu'on n'a pas, là, de
mémoire... Vous n'avez pas déposé, nécessairement, de mémoire. Est-ce que votre
présentation peut être disponible pour le secrétariat, là, qu'on puisse...
M. Noël (Luc) : ...la faire
parvenir, Mme la Présidente.
La Présidente
(Mme Léger) : Merci beaucoup. La parole est au gouvernement. M. le
ministre de l'Énergie et Ressources
naturelles, député de Mont-Royal, alors, à vous la parole pour
11 min 45 s pour votre formation politique.
M.
Arcand : Alors, M. Noël, M.
Boudreau, merci de votre présentation, je pense qu'il y a des éléments extrêmement intéressants, puis, comme on a reçu
quelques félicitations et que c'est plutôt rare, on va toutes les prendre,
les félicitations qu'on a pu recevoir de votre
part. Et on est conscients des enjeux. Et je voudrais simplement que vous
m'expliquiez. Au départ, sur la question,
vous avez dit à un moment donné : Il faut que le rural soit présent. Je
présumais, là, au sein de l'assemblée
des partenaires. Je ne sais pas de quelle forme... Si vous pouviez m'expliquer
qu'est-ce que vous voulez dire par ça
sur un plan pratique. Est-ce que ça veut dire que, si, par exemple, à
l'assemblée des partenaires, il y a une
municipalité... disons, quelqu'un de la municipalité de Sept-Îles se retrouve
là, ça prendrait quelqu'un aussi de la région de Havre-Saint-Pierre. Ou
comment vous voyez ça, exactement?
La Présidente (Mme Léger) : M. Noël.
M. Noël
(Luc) : M. le ministre, la région de la Côte-Nord est une très grande
région, comme vous le savez, et, lorsqu'on parle de la Côte-Nord, bien sûr on
parle de Sept-Îles et de Baie-Comeau, mais, sur la Côte-Nord, la Moyenne,
la Haute et la Basse-Côte-Nord, c'est
totalement différent, le niveau de vie, ou la qualité de vie, ou les services
que l'on peut recevoir. Et, si juste
Sept-Îles parle ou Baie-Comeau, c'est sûr que pour nous, les petits milieux, on
n'a pas notre mot à dire dans le
développement qu'on aimerait, souhaité ou souhaitable pour notre région. C'est
dans ce cadre-là qu'on voudrait avoir
notre place. Lorsque ces projets-là affectent nos communautés ou affectent
notre MRC, c'est à ce moment-là qu'on
voudrait avoir un mot à dire pour pouvoir au moins représenter les gens de
notre région et vous manifester leurs besoins et ce qu'ils veulent
avoir.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Quand vous parlez
également de... tout plan économique doit prévoir un plan d'accompagnement
social... On a annoncé, au mois de juin, par exemple, des plans pour la
formation des groupes autochtones, le premier ministre
a parlé, éventuellement, de redevances qui pourraient aller aux municipalités,
on parle d'amélioration des services. Est-ce que c'est de ça dont on
parle actuellement?
M. Noël
(Luc) : Bien, c'est sûr, quand on parle de l'accompagnement social, si
je regarde au niveau de la santé, depuis
la venue du Plan Nord... On ouvrait, à peu près, annuellement 500,
600 dossiers en 2008 dans notre petit centre de santé. Actuellement, en 2012, on est rendus à
937 ouvertures de dossier, donc ça met une incroyable pression sur nos
petites infrastructures. Et nos équipes de
travail ou nos petites infrastructures, ce n'est pas des équipes de cinq, six,
c'est souvent une ou deux personnes.
Donc, d'autant sur le milieu ça a un impact important, et c'est de là qu'on
demande un appui aussi. Avec une
société comme celle du Plan Nord, bien on espère que, justement, ce genre
d'événements là sera pris en compte.
M. Boudreau (Berchmans) : Est-ce que
je pourrais juste vous rajouter quelque chose là-dessus?
M.
Arcand : Oui.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Boudreau.
M.
Boudreau (Berchmans) : Au niveau du social, là, c'est vraiment important, puis, je
pense, c'est une condition essentielle à l'acceptabilité sociale. C'est que,
le projet économique qui débarque, si les garderies, ça ne fonctionne
pas, tout ce qu'est le volet
communautaire, ils perdent leurs employés, ils s'en vont travailler, tout ça,
ça fait que les gens viennent en beau
maudit après le projet, puis, au lieu d'être réceptifs au projet, ce qu'ils
font, c'est de combattre le projet. Je
pense que tout le volet social est très important, d'accompagner le
volet économique.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Par
exemple, si je prends le projet
d'Hydro, la Romaine, non
seulement sur le plan économique, mais est-ce qu'il y a eu, sur le plan social, des choses qui ont été faites ou qui ont
amélioré ou ça a été vraiment beaucoup de «fly-in/fly-out» ou de navettage?
M.
Boudreau (Berchmans) : Sur
le plan social, ce qui a été fait, ça a été fait par la municipalité, ça n'a pas été fait par l'accompagnement du gouvernement comme
tel. Et je pense que le volet le plus important qu'on aurait dû régler à cette époque-là,
c'est le volet des garderies, et on n'a pas été capables de le régler. Donc,
ça, ça a eu un impact majeur sur le dossier.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Boudreau. M. le ministre?
M.
Arcand : Oui.
La Présidente (Mme Léger) : Ou
M. Noël?
M. Noël
(Luc) : On n'est pas nécessairement contre le «fly-in/fly-out». Il y
en a trois sortes, de «fly-in/fly-out». Le temps de la construction, bien sûr... On comprend que, lorsqu'on
amène 2 000 personnes pour construire un chantier comme la
Romaine, il faut que ces gens-là retournent chez eux à un moment donné, donc,
on ne les a pas tous à Havre-Saint-Pierre.
Mais par contre il ne faut pas que ça soit une méthode de fonctionnement, parce
qu'on a des infrastructures qui sont
petites mais qui sont quand même coûteuses, et, lorsqu'on augmente
temporairement le «fly-in», bien,
lorsqu'ils font le «fly-out», nous, on est pris avec les infrastructures. Et
c'est là notre problématique. Puis on a mis beaucoup de pression, et nous,
on se ramasse avec les sommes à payer pour ces chantiers-là.
La Présidente (Mme Léger) : Moi,
j'aimais ça, M. le ministre, qu'il parle des services de garde.
M.
Arcand : Vous êtes
supposée être neutre, là, vous, là.
La Présidente (Mme Léger) : Je
trouve ça intéressant.
M.
Arcand : Vous êtes
supposée être neutre.
La Présidente (Mme Léger) : C'est
intéressant. Allez-y, M. le ministre.
M.
Arcand : O.K. Mais comment
vous voyez une façon de réagir par rapport à ça? Y a-tu quelque chose qui peut
être fait? Comment vous voyez le...
M. Boudreau (Berchmans) : Est-ce que
je peux répondre, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Léger) : Oui.
Allez-y, M. Boudreau.
M.
Boudreau (Berchmans) : Si je vous donne l'exemple, là, des quatre
barrages de la Romaine, on travaille avec Hydro depuis le début pour s'assurer que les emplois permanents, les
emplois qui vont rester après la construction pour l'opération des barrages... que les gens s'installent.
On est conscients que tous les gens ne peuvent pas venir de notre coin de
pays, mais on veut que les gens qui viennent
travailler chez nous s'installent chez nous. Et actuellement Hydro-Québec
a mis en place des conditions où les gens
s'installent. Il y a la moitié, à peu près, des emplois qui sont comblés
actuellement, et c'est des gens qui s'installent dans notre milieu, des
gens qui sont déménagés d'ailleurs qui viennent s'installer.
Et ça, on
n'est pas fermés à ça, on est très ouverts
à ça, mais on ne veut pas des gens qui arrivent le lundi et qui s'en
vont le jeudi.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : O.K. Bien,
je vais laisser la parole à mon député. Juste terminer sur deux éléments, cependant,
d'information. La première, pour le député de Marie-Victorin, lui dire que le 50 %,
c'est toujours dans les cartons, bien sûr, de protection du territoire. C'est
toujours une question, parce que j'ai joué dans ce film-là il y a quelques
années, et évidemment c'est une
question souvent d'équilibre, de discussions à y avoir. Comme, il doit le
savoir très bien, par exemple, dans
la région du Saguenay, qui est une région forestière, il est clair qu'il y a
des enjeux parce que les gens ne veulent pas avoir 50 % et ne pas avoir accès à la forêt. Alors, il y a
toute une question d'équilibre à faire entre les régions plus au nord, la protection du caribou, etc., mais il est
clair que notre objectif, c'est 50 %. Alors, ça, c'est important qu'on
comprenne ça.
Deuxièmement,
on me rappelle ici qu'en 2011‑2012 il y avait eu un fonds pour la réalisation
d'initiatives régionales locales qui était géré par la Direction de la
coordination du Plan Nord, qui a payé pour l'agrandissement du CPE à
Havre-Saint-Pierre. Est-ce que c'est exact?
M. Boudreau (Berchmans) : Est-ce que
je peux répondre à ça?
M.
Arcand : Oui.
Allez-y, donc.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boudreau.
M.
Boudreau (Berchmans) : Oui,
ça s'est fait, mais il a fallu que la municipalité prenne 200 000 $
de dans ses poches pour le mettre dessus pour réaliser le projet. Donc,
oui, ça, c'est une collaboration où le Plan Nord à l'époque a mis des sous et la municipalité en a mis, mais, si
la municipalité n'était pas intervenue encore à cette époque-là, le dossier
n'aurait pas avancé, il n'aurait pas été réglé.
La Présidente (Mme Léger) : Je le
savais qu'on reviendrait sur les services de garde, M. le ministre.
M.
Arcand : O.K. Mais
je vais laisser la parole parce qu'on manque de temps, là.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. le député d'Abitibi-Est, c'est à vous la parole. Il vous reste environ
quatre minutes.
M.
Bourgeois : Merci, Mme la Présidente. Bien, messieurs, bonjour. Il me
fait extrêmement plaisir de m'adresser à
vous. Dans un passé pas si lointain, on a été de proches collaborateurs en lien
avec, justement, le projet de la Romaine.
Moi,
j'aimerais ça aussi qu'on puisse élaborer un petit peu plus avec cette
réalité-là compte tenu du fait que dans votre territoire vous vivez effectivement cette situation-là
particulière du navettage mais dans les deux sens, c'est-à-dire le navettage qui s'est fait en lien avec le projet
de la Romaine et le navettage qui se fait depuis maintenant bien longtemps
avec QIT dans l'exploitation de son projet
et qui, dans le fond, se perpétue. Je pense que, de ce côté-là, vous êtes à
même de nous amener des éléments
importants en termes de dynamiques qui peuvent influencer notre réflexion,
puisque vous avez, j'oserais dire, vécu les bons et les mauvais côtés
dans deux situations comparables.
Premièrement,
dans le cadre du projet de la Romaine, l'établissement des paramètres de base,
au départ, avec un grand donneur
d'ordres comme Hydro-Québec, pour vous, est-ce que l'accompagnement d'une
organisation comme la Société du Plan
Nord, c'est quelque chose qui pourrait être important ou vous croyez que le
milieu était suffisamment outillé pour répondre à ce type de situation
là?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boudreau.
M.
Boudreau (Berchmans) : Bien, le milieu n'était pas très bien outillé
pour répondre à ça. On l'a dit tantôt, on
a un petit milieu avec peu d'infrastructures, peu de ressources, donc, d'être
sur la même voie qu'Hydro-Québec et avec les spécialistes qu'ils ont,
non. C'est sûr qu'on n'était pas prêts à ce grand projet là.
Une société
du Plan Nord ou peu importe la structure qu'elle va prendre, là, c'est le genre
d'élément qu'on aurait besoin pour nous aider à avancer dans ce genre de
grand projet là, surtout avec une coordination et une cohérence au niveau de l'ensemble des ministères. Vous savez
comment c'est, là, quand on veut développer un projet, on veut juste
agrandir un parc de maisons mobiles, puis le temps d'avoir le certificat
d'autorisation pour construire, ça prend assez de temps que nos gens peuvent être partis, là. Ça fait que la
coordination, celle qu'on a eue sur la Côte-Nord avec la CAR, la
commission administrative de la Côte-Nord, ça nous a aidés beaucoup, à
l'époque, à aider certains dossiers.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est, 1 min 20 s.
M. Bourgeois : Oui. Est-ce que vous
auriez tendance à dire que c'était plus facile avec le gouvernement qu'avec
Hydro-Québec?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boudreau.
M.
Boudreau (Berchmans) : Ce n'est pas les mêmes dossiers qu'on travaille
là. Avec Hydro-Québec, ils sont là, ils ont un mandat de faire des
barrages au meilleur coût possible. C'est des négociations d'affaires que tu
fais avec Hydro-Québec et c'est vraiment des
négociations d'affaires, tandis qu'avec le ministère c'est par rapport à des
lois et des règles.
Peut-être
juste rectifier quelque chose dans ce que vous avez dit tantôt au niveau du
«fly-in/fly-out». Rio Tinto n'a pas
de «fly-in/fly-out», là, à part que certains postes qui sont à Sorel, mais le
reste, là, c'est des employés qui sont installés, permanents.
M. Bourgeois : Mme la Présidente, je
faisais le parallèle, mais quand même les travailleurs partent de Havre-Saint-Pierre et se rendent sur le site de la
mine. Donc, moi, je fais ce comparable. Le navettage, c'est un navettage qui est différent, qui se fait à
l'intérieur même de la Minganie,
tandis que l'autre, c'est un navettage qui se fait entre l'extérieur de
la Minganie et la Minganie. C'est pour ça que je pense...
Une voix : C'est 80 %.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boudreau. M. Noël.
M. Boudreau (Berchmans) : Bien, le
navettage...
La Présidente (Mme Léger) : M.
Boudreau. Excusez-moi.
M. Boudreau (Berchmans) : Le
navettage, quand la personne vient coucher chez eux le soir, ce n'est pas du
navettage, là. Tu sais, on a la même chose avec Rio Tinto. On a des gens qui
restent à Longue-Pointe-de-Mingan, c'est à 45 kilomètres de chez nous. Mais ils
viennent faire leur chiffre de travail puis ils retournent coucher chez eux
après. Donc, ça, ce n'est pas du navettage, là, en tout cas sur notre
définition à nous autres.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'est tout le temps que nous avons.
Maintenant, on va vers l'opposition officielle pour
7 min 3 s. Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Noël, M. Boudreau. Vous savez, moi, je suis là depuis 2003. Donc, le chantier hydroélectrique de
la rivière Romaine, c'était quand même le Parti libéral qui était au pouvoir,
il y avait une belle opportunité à cette époque-là,
avec le chantier Romaine, de faire, comme on dit, beaucoup, beaucoup de millage avec ce projet-là. La Société du Plan
Nord n'était pas en place, mais il y avait vraiment, aussi, un laisser-aller,
les communautés, on les laissait à elles-mêmes. Et vous n'êtes pas sans savoir,
mes chers messieurs, parce que vous m'avez
accompagnée à plusieurs reprises, qu'on a fait plusieurs pèlerinages à Québec
pour avoir le quartier général, pour que
s'installe le quartier général à Havre-Saint-Pierre, parce que c'est ça, du
développement durable, via notre société d'État et qu'on a passé à un autre gouvernement, et c'est le Parti
québécois qui a été capable de dénouer en très, très peu de temps avec Hydro-Québec. Il a juste fallu leur
dire que ce n'étaient pas eux autres qui allaient décider de tout et leur
dire : On va installer le quartier
général à Havre-Saint-Pierre, ça va créer 80 emplois, et c'est comme ça. Au
moins, on aura toujours bien gagné ça en Minganie. Je veux juste que
vous le confirmiez pour mes amis parlementaires.
M.
Boudreau (Berchmans) : Bien, je l'ai mentionné tantôt dans mon texte.
Quand j'ai dit : «Un secrétariat de courte durée, le temps de quelques annonces incluant notre région», ça
comprenait ça. J'aurais pu les mentionner, mais ça comprenait ça.
Mme
Richard : Parfait. Je
voulais qu'on le précise. On a été 18 mois, mais on a été capables de livrer la
marchandise en peu de temps.
J'ai une
intervention. Après, je laisse la parole à mon collègue. De un, les CPE,
j'aurai l'occasion d'en discuter avec
le ministre sûrement, peut-être, dans un corridor pour lui expliquer que le
problème, il n'est pas réglé, il est loin d'être réglé.
La Présidente (Mme Léger) : M. Noël.
M. Noël
(Luc) : ...actuellement on a 240 noms sur la liste d'attente, ça fait
qu'il y a des parents qui ne peuvent pas
travailler puis on perd des parents dans notre région. Ça, c'est sûr que, pour
nous, c'est un problème en Minganie.
La Présidente (Mme Léger) : ...
Mme
Richard : Bon. Dernière
intervention. Soit M. Noël ou M. Boudreau y répondra : Comment vous voyez...
Bon, nous, c'est sûr qu'il y a du temps de passé, on ne peut pas rattraper les
années du projet hydroélectrique de la Romaine, mais je pense que le
gouvernement présentement devrait de servir de cet exemple-là, parce qu'on a eu
des dommages collatéraux qui sont encore...
on en a encore des soubresauts encore. Vous savez, on parle qu'on va couper
dans les CLD, on va couper dans les
carrefours jeunesse-emploi, on va couper dans la conférence régionale des élus,
on fait la fusion des CSSS... des
commissions scolaires... M. Noël, vous êtes un ancien président de commission
scolaire, tout comme moi. Vous savez
quelle importance avec... la Minganie s'est battue pour garder sa commission
scolaire. Tout est sur la table. Les
groupes communautaires puis les CPE, entre autres, qu'on veut aussi, on ne sait
pas comment tout ça va atterrir. Et,
en même temps, on va créer la Société du Plan Nord, où, à elle, on va aller
frapper à un guichet unique puis lui dire :
Bien là, il y a quelque chose qui ne va pas parce que ton ministre de la Santé,
là, maintenant, il a fait juste un pôle dans ma région. La ministre de
la Famille? Bien là, plus de place en garderie à nulle part sur mon territoire.
Est-ce que vous trouvez que c'est cohérent avec
une vision gouvernementale d'habiter son territoire puis de développer le Nord?
La Présidente (Mme Léger) : M. Noël.
M. Noël
(Luc) : Je vous dirais que je ne ferai pas de surprise à personne
aujourd'hui en disant qu'on a un grand bouleversement
d'annoncé dans nos infrastructures. Je pense qu'on le vit en santé, en
éducation, et on voit les annonces qui vont se passer. C'est sûr que ce
genre de bouleversement là, ça se traduit dans nos populations par une perte d'expertise et une perte de proximité. Et, pour
moi, la proximité au sujet de tous les grands projets qui se développent dans
la région, c'est un des piliers à
l'acceptabilité sociale parce que cette proximité-là nous amène une acquisition
de connaissances. Donc, c'est certain que c'est important, la proximité.
Et, pour nous, la Société du Plan Nord, telle
qu'on la voit actuellement, là, si elle se déploie de cette façon-là, avec une assemblée des partenaires, et que nous,
on peut s'y retrouver, à tout le moins, pour avoir une «fast track», pour
échanger sur nos problématiques et être
accompagnés dans ces problématiques-là, on est favorables à ce genre de déploiement là. Mais, comme je vous l'ai dit, on a
vécu l'anarchie au début du projet Romaine, et ça a été problématique
pour nous.
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
M. Noël. M. le député de Marie-Victorin, porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'énergie, ressources naturelles et développement
nordique, pour 2 min 30 s.
M.
Drainville : Ça va
être juste court, court, court. Merci d'être là. Écoutez, vous avez des
attentes immenses par rapport à cette
société-là. La FTQ parlait d'une espèce de ministère du Nord, hein, la Société
du Plan Nord, une sorte de ministère
du Nord, puis là je vous entends dire... Puis c'est comme si vous pensiez, là...
ou, enfin, que vous espériez qu'ils vont
vous régler le problème des CPE, ils vont vous régler le problème du logement,
ils vont vous régler le problème du navettage,
ils vont vous régler tous les problèmes, cette Société du Plan Nord là, là.
Puis moi, j'ai l'impression que vos attentes sont tellement grandes,
j'ai peur que vous soyez déçus un petit peu.
Puis je n'ai
pas de conseil à vous donner, vous êtes maire depuis quelques années déjà,
puis, vous, ça fait longtemps, monsieur...
excusez-moi, j'ai... M. Noël, que j'ai rencontré lorsque je suis allé à Sept-Îles,
vous êtes un homme qui défendez avec
coeur votre Minganie, mais allez donc chercher vos places en CPE, là, comme
tout de suite, là, allez chercher ça tout de suite, là, parce que moi, je pense, vous avez une bonne position de
négociation présentement. Je pense que vous avez une bonne position de négociation. Puis moi, je n'en reviens pas, je
n'en reviens pas que ce ne soit pas encore réglé, tu sais, un projet de CPE qui est à ce point
important. Puis ce n'est pas parce que la députée de Duplessis n'a pas essayé
de le régler, là. Je la connais
assez, là, hein, puis elle dit qu'on l'avait réglé, c'est ça. Mais en tout cas
j'espère que vous ne serez pas déçus,
parce que j'ai l'impression que cette Société du Plan Nord là, ça va être...
dans votre esprit, elle va incorporer un
ministère de la Famille, un ministère des Affaires sociales, un ministère de la
Santé, un ministère du Développement économique, ça va être... J'espère
que vous ne serez pas déçus. C'est tout ce que je peux vous dire.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Noël, 30 secondes.
M. Noël
(Luc) : C'est ce qu'on réclamait au niveau du projet Romaine, c'est ce
qu'on voulait. On voulait que les ministères...
M. Drainville : ...avec
Romaine?
M. Noël
(Luc) : On voulait que les ministères travaillent ensemble. Bien, on
espère que ce ne sera pas la même chose.
On a des énormes besoins, on a une région très fragile, et c'est certain que,
si on voit poindre à l'horizon un genre de solution aux problématiques
que l'on vit dans notre région, on va l'utiliser.
M. Drainville : Je ne vous
blâme pas, hein? Mais, dans le fond, ce que vous dites, c'est que :
J'espère que le gouvernement libéral a appris de ses erreurs à Romaine puis
qu'il ne les répétera pas avec la Société du Plan Nord.
M. Noël (Luc) : Ce sont vos paroles.
M. Drainville : Mais ça vous
faire rire.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Merci bien. Deuxième groupe
d'opposition, M. le député de Chauveau et porte-parole pour l'énergie et
ressources naturelles.
M.
Deltell :
Mme la Présidente, M. le préfet, M. le maire, soyez les bienvenus à votre
Assemblée nationale. Mme la Présidente,
vous allez être contente parce que je veux parler des CPE, parce que j'ai eu le
bonheur de me rendre chez vous il y a
quatre ans de cela, en d'autres temps, puis j'en ai gardé un vif et un beau
souvenir et je me souviens très bien de la préoccupation que les gens avaient, particulièrement pour les CPE. Puis
je constate que non seulement ça ne s'est pas amélioré, mais ça s'est
empiré.
Et, pour moi,
là, c'est exactement ça dont on doit parler actuellement dans ce projet de loi
là, parce que, comprenons-nous bien, là, ce n'est pas le gouvernement
qui va développer les richesses naturelles. Ce n'est pas le gouvernement qui va creuser les mines, ce n'est
pas le gouvernement qui va ouvrir les mines. Le travail premier et entier
du gouvernement, c'est d'assurer le cadre
législatif, le cadre financier et surtout le cadre social du développement du
Nord. Et, quand on parle des CPE,
c'est la première priorité que doit avoir le gouvernement, c'est de s'assurer
que les populations soient bien
desservies par les services publics, que ce soit pour les CPE, que ce soit pour
les écoles, que ce soit pour la santé,
que ce soit pour le transport, que ce soit pour les services sociaux. C'est ce
pour quoi on est ici. On n'est pas ici pour dire à tel investisseur : Venez, venez développer le Nord. Il va le
faire s'il y a un marché potentiel. Puis, s'il n'y a pas de marché, il
ne viendra pas. Puis, si les prix sont en bas, il ne viendra pas développer
puis, si les prix sont en haut, il va venir.
Ce n'est pas la job du gouvernement. Notre travail à nous, les parlementaires,
c'est de s'assurer que les gens qui vivent
là-bas et ceux qui veulent y vivre aient les services de qualité. Puis, ce que
je constate, je suis allé il y a quatre ans, la situation s'est empirée. On pourrait faire de la politique en
disant : Ils n'ont rien fait, eux autres, pendant un an et demi de
temps. Ils ont amélioré, mais ils n'ont pas amélioré totalement. On n'avancera
pas plus.
Alors, moi, ce que je vous dis : C'est à
vous de saisir la balle au bond. Un peu comme le disait le député de Marie-Victorin tantôt, vous avez le gros bout du
bâton, là, c'est là, c'est à ce moment-ci que la game se passe. C'est là
que vous avez le pouvoir pour dire au
gouvernement actuel... Puis, si c'était un autre, ce serait pareil, là, puis je
ne veux pas faire de partisanerie
avec ça. Mais c'est notre travail à nous, les parlementaires, de s'assurer que
vous ayez les services. Ce n'est pas
à nous autres à développer le potentiel, le plein potentiel économique, c'est
l'entreprise privée qui fait ça, mais
c'est à nous d'assurer ça. Messieurs, faites votre travail, puis notre
responsabilité à nous, c'est d'être attentifs à vos demandes.
Top priorité, c'est quoi? CPE, écoles, santé,
services sociaux? C'est quoi?
La
Présidente (Mme Léger) : M. Noël. M. Boudreau?
M.
Boudreau (Berchmans) : Bien, juste répondre. Pour nous, actuellement,
la priorité à régler, c'est les CPE. C'est vraiment là qu'est la
priorité.
M.
Deltell :
...places?
M. Noël
(Luc) : 240 places.
M.
Deltell :
290 places. Ça prend combien, Mme la Présidente?
M. Noël
(Luc) : 240 plus un autre...
La Présidente (Mme
Léger) : Je vais rester neutre.
M.
Deltell :
Ça veut dire combien de...
La Présidente (Mme
Léger) : Aidez-moi à ce que je reste neutre.
M.
Deltell :
Combien d'éducatrices, ça, là, là?
M. Noël
(Luc) : Je ne le sais pas, mais c'est...
M.
Deltell :
Par six? Divisées par six?
M. Noël
(Luc) : Actuellement, on a, sur une liste, à Havre-Saint-Pierre, 240
noms, et il y en a une à Longue-Pointe-de-Mingan; petit CPE de 21 places en
développement. C'est la problématique que l'on vit au niveau du CPE
actuellement en Minganie. C'est certain que c'est un problème pour nous, c'est
un problème pour les parents.
M.
Boudreau (Berchmans) : On est très heureux, il y a un festival de la
poussette chez nous. Donc, dans la rue, il y a beaucoup de poussettes qui se promènent. Bien, on est très
contents de ça, mais, en même temps, on a des gens qui ne peuvent pas travailler, on a des gens qui... Ils
vont être rendus à l'école, puis on n'aura pas eu le CPE encore, là. C'est
ce qu'on a vécu avec une génération, il ne
faudrait pas faire la même chose avec l'autre. C'est pour ça qu'on l'a mis dans
ça, parce que, pour nous... Et, si vous avez remarqué, j'ai bien insisté d'un
développement intégré, le mot «social», pour moi, il est très important. Le développement économique, c'est un atout,
mais ça ne peut pas être un silo, il faut être capables de développer autour de ça. Puis, si on n'est pas
capables d'amener nos communautés jusqu'à là, mais on fait faux bond, puis
l'acceptabilité sociale n'est pas là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau, une minute.
M.
Deltell : Bien, écoutez, le message est clair au
gouvernement. Si on y croit, au développement du Nord, le premier mandat du gouvernement, c'est d'assurer
que les services sociaux, services de santé, notre job à nous autres, ce
pour quoi on est élus... c'est que ce soit
fait correctement. N'ayez pas peur, là, l'entreprise privée va venir développer
s'il y a moyen de faire de l'argent, puis,
oui, il y a moyen de faire de l'argent, puis tout le monde a moyen de faire ça.
Mais notre job à nous autres, c'est de
s'assurer que les services sociaux, ce pour quoi on est là, santé, éducation,
transports, services sociaux, ce soit bien fait.
Alors, vous avez une
priorité actuellement, il y a un besoin de 290 places en garderie. On ne vous
parlera peut-être pas de 290 places demain
matin, on se comprend, mais il y a un besoin, et, si le gouvernement est
sérieux dans son désir de vraiment développer le Nord, avant de le
chanter, on va l'habiter correctement.
M.
Noël (Luc) : ...c'est 80 à Havre-Saint-Pierre et 21 à Longue-Pointe,
parce que, là, je ne veux pas que vous partiez avec 290.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. Noël, merci, M. Boudreau,
respectivement, pour la MRC de Minganie, alors, de votre présentation.
Je
suspends les travaux quelques instants pour permettre à l'Association minière
du Québec à venir s'installer.
(Suspension de la séance à
17 h 38)
(Reprise à 17 h 40)
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
On reprend nos travaux.
Alors, nous
recevons maintenant l'Association minière du Québec, et je souhaite la
bienvenue à Mme Josée Méthot. Bienvenue.
Elle est la présidente-directrice
générale et elle est accompagnée
d'autres personnes. Alors, je vais demander à Mme Méthot — vous
allez avoir une présentation de 10 minutes — mais, juste pour les fins de l'enregistrement, de nous présenter les gens qui vous accompagnent.
Association minière du
Québec (AMQ)
Mme Méthot (Josée) : Alors, à ma
gauche, je suis accompagnée de M. André Lavoie, qui est notre directeur Communications et affaires publiques, et, à ma droite,
M. Mathieu St-Amant, le directeur adjoint aux communications et affaires publiques, qui m'accompagnent ce soir.
La Présidente (Mme Léger) : Allez-y.
Mme Méthot
(Josée) : Alors, Mme la Présidente, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je suis heureuse de
prendre la parole devant vous aujourd'hui au nom de l'Association minière du
Québec.
Il était important pour nous d'être entendus en commission
parlementaire, puisqu'il ne fait aucun doute dans notre esprit que le secteur minier aura un rôle extrêmement important à jouer dans le développement du Nord québécois.
En ce sens, l'Association minière du Québec tient à saluer la relance du Plan
Nord annoncée par le gouvernement du Québec,
projet qui contribuera, sans contredit, au développement socioéconomique du Québec toujours dans une perspective de développement
durable. Dans cette optique,
l'Association minière est d'avis que la création de la Société du Plan Nord assurera la meilleure
coordination possible dans le déploiement des divers projets.
Avant d'aller
plus loin, permettez-moi de vous
présenter brièvement l'Association minière du Québec. Fondée en 1936, l'Association minière du Québec agit à titre
de porte-parole de l'ensemble des entreprises minières productrices de métaux et de minéraux et de leurs
installations, des entreprises métallurgiques, des entrepreneurs miniers et des
entreprises minières en développement
et en exploration sur le territoire québécois. Peuvent également devenir
membres maintenant de l'association
les fournisseurs, les organismes sans but lucratif, et les institutions, et
tous les partenaires évidemment du
secteur minier. L'Association minière a pour mission de promouvoir, soutenir et
développer de façon proactive une industrie
minérale québécoise responsable, engagée et innovante. À titre indicatif, plus
d'une dizaine de nos membres sont
actuellement actifs déjà sur le territoire du Plan Nord. On parle des
exploitations minières actuelles, évidemment, et on compte également une vingtaine de projets miniers en développement
qui représentent plus de 30 milliards de dollars en investissement minier, faisant ainsi, je le
répète, de l'industrie minière un joueur clé dans l'atteinte des objectifs du
gouvernement.
Si on parle maintenant, plus spécifiquement, de
la Société du Plan Nord, l'Association minière du Québec ne questionne pas la décision gouvernementale de
créer une nouvelle société d'État plutôt qu'un secrétariat au Plan Nord,
comme c'était l'intention sous le
gouvernement précédent. L'AMQ, l'association, croit que les deux formules
peuvent avoir leurs avantages et
évidemment leurs inconvénients également mais que la plus grande stabilité face
aux changements politiques et
l'indépendance de la société, lui permettant évidemment d'avoir une vision à
beaucoup plus long terme, rendent plus pertinent le choix de constituer
une société d'État.
L'Association
minière du Québec profite de l'occasion pour manifester évidemment son vif
intérêt à obtenir un siège au conseil
d'administration de la Société du Plan Nord et de ses filiales évidemment quand
ce sera pertinent par rapport au
développement minier. Aussi, afin que l'information circule à tous ses membres et
que la société obtienne un portrait global
des préoccupations, enjeux et besoins de l'industrie minière, l'association
juge essentiel qu'elle obtienne également un siège à l'assemblée des
partenaires de la Société du Plan Nord.
Dernier point
en ce qui concerne les commentaires dits plus généraux de l'AMQ sur le projet
de loi, et ça concerne la protection du territoire. Comme le
gouvernement a souvent mentionné qu'il désirait protéger 50 % du
territoire du Plan Nord, l'AMQ est d'avis
qu'un important travail de caractérisation et d'acquisition des connaissances
s'avère essentiel avant de procéder à
quelque protection que ce soit. Ne protégeons pas une superficie, mais bien ce
qui doit être protégé. Il importe de
se donner la chance de mieux connaître les richesses du Nord avant de geler le
territoire à tout jamais ou à très
long terme. Ainsi, l'association juge primordial que cette question soit
adressée dans les orientations gouvernementales et qu'elle ne soit pas
enchâssée dans la loi.
Sur le
contenu, maintenant, du projet de loi plus précisément. Tout d'abord, à
l'article 4, sur la mission de la société, il est évident que l'Association minière souhaite être consultée au
moment de la définition des orientations, puisque, selon nous, c'est à cette étape que les
réelles intentions du gouvernement seront connues. Toujours concernant sa
mission, l'association s'inquiète sur le
pouvoir qu'aura la Société du Plan
Nord de contribuer à maximiser les retombées économiques générées par la
mise en valeur des ressources naturelles sur le territoire du Plan Nord,
puisque l'industrie minière favorise déjà
l'achat local, et ce, même si aucune disposition légale ne l'y oblige. Et j'y
reviendrai, sur la maximisation un petit peu plus tard. Bien, on y
revient tout de suite.
Avec près de 4 000 fournisseurs québécois, il
serait injuste actuellement de ne pas reconnaître cette sensibilité de l'industrie minière, qui a déjà été évidemment
bien exprimée, de reconnaître qu'on a des fournisseurs partout au Québec.
L'AMQ se questionne donc sur le terme
«maximiser» et lui préfère celui d'«optimiser». L'AMQ craint que l'exigence
d'une telle maximisation ne se fasse au
détriment de la rentabilité, voire de la compétitivité des sociétés minières,
mais également de la compétitivité du
Québec. Il n'est pas avisé d'imposer un modèle unique selon lequel les sociétés
minières devraient acheter localement
ou régionalement à tout prix. L'industrie est favorable à évaluer toutes les
opportunités pour favoriser et accroître les retombées locales et régionales de
l'activité minière en collaboration étroite avec tout organisme ou
institution impliqué dans le développement économique. En contraignant une
entreprise à acheter ses produits et services dans les régions où elle exerce
ses activités, cela pourrait nuire à tous les fournisseurs qui sont déjà
établis ailleurs au
Québec et qui ont, au fil des ans, développé une expertise fort enviable, sans
compter que ce n'est pas vraiment une façon de créer des entreprises
durables.
Dans la même veine, il ne serait pas acceptable,
pour l'Association minière du Québec, que le bureau de commercialisation que
souhaite créer le gouvernement puisse choisir, en lieu et place de l'entreprise
concernée, le fournisseur avec qui elle
devra faire affaire ou se substituer aux ententes conclues entre les
entreprises et les communautés locales. Les sociétés minières doivent
pouvoir conserver leur libre choix de leurs fournisseurs. Il va sans dire que l'Association minière ne s'oppose pas aux
objectifs et aux mandats de ce bureau si, et seulement si, son rôle est limité
à faire connaître les besoins sans
restreindre pour autant la liberté des compagnies en regard du choix des
fournisseurs ou de la méthode
empruntée pour les sélectionner. Il en va de la compétitivité des entreprises
et de l'attractivité du Québec auprès des investisseurs.
La
disponibilité des infrastructures a aussi un rôle à jouer dans cette
compétitivité du secteur minier au Québec, et en ce sens l'association a
vu d'un bon oeil l'annonce, dans le dernier budget, d'une étude relative à un
nouveau lien ferroviaire pour la fosse du
Labrador. On le sait, des infrastructures sont déjà en place sur le territoire
du Plan Nord, et certaines sont
partagées entre les sociétés. Et l'Association minière est d'accord que la
Société du Plan Nord agisse à titre de médiateur à défaut d'entente entre les
parties mais se questionne sur la façon dont seront désignées les
infrastructures et quels types
d'infrastructure seront concernés. L'association aimerait évidemment obtenir
plus de détails sur cet aspect. Aussi,
qu'en est-il si une entente n'est pas obtenue en regard des infrastructures
publiques à 100 % concernant notamment leur entretien et leur utilisation? À titre d'exemple, certains membres
de l'Association minière ont vu des règles d'utilisation des infrastructures d'Hydro-Québec être modifiées
au cours des quelques dernières années, créant quelques situations problématiques sur leurs opérations.
Malheureusement, le projet de loi semble muet sur le processus de médiation ou
de résolution de conflits potentiels concernant les infrastructures
publiques.
L'association
tient aussi à attirer l'attention de la commission sur le processus de
médiation et d'arbitrage qui existe déjà
au niveau fédéral pour les infrastructures interprovinciales. Alors, ce qu'on
ne veut pas, c'est qu'on crée une double juridiction en la matière, dans ce cas-ci. Dans le même ordre d'idées,
l'association ne s'oppose pas à la fixation de droits exigibles pour l'utilisation d'une infrastructure
sous la responsabilité de la société en autant que ces droits soient
raisonnables et qu'ils tiennent compte de l'utilisation qui en est
faite, de la capacité de l'utilisateur.
La Présidente (Mme Léger) : En
conclusion.
• (17 h 50) •
Mme Méthot (Josée) : Alors, on parle
plutôt d'un processus d'utilisateur-payeur plutôt qu'une taxation.
En
conclusion, on le sait, le Plan Nord
est un important projet de société qui aura les impacts sur plusieurs décennies
à venir, et le secteur minier aura
inévitablement un rôle important à jouer dans le développement économique qu'il
engendrera. Il s'avère donc essentiel
de prendre le temps d'assurer une mise en oeuvre qui tienne compte des
particularités du secteur minier
québécois, notamment en ce qui concerne les spécificités que comporte
l'exploitation des ressources minérales en territoire nordique, que ce soient l'éloignement des marchés, les coûts
d'opération, la disponibilité de la main-d'oeuvre
qualifiée, l'absence des infrastructures et l'énergie, afin d'assurer et
maintenir, voire augmenter la compétitivité des entreprises qui ont choisi le
Québec pour mener leurs activités.
L'Association
minière voit donc d'un bon oeil la création d'une entité chargée d'assurer le
développement cohérent du territoire
du Plan Nord. L'AMQ a maintes fois répété l'importance que le gouvernement affirme clairement que l'industrie minière est la bienvenue au
Québec afin d'instaurer un climat favorable permettant d'attirer les
investisseurs. Merci.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci beaucoup. C'était tout un exercice de vitesse. Alors, nous
allons maintenant du côté ministériel :
11 min 45 s. M. le ministre de l'Énergie et Ressources
naturelles, député de Mont-Royal, à vous la parole.
M.
Arcand : Bien,
Mme Méthot, M. St-Amant, M. Lavoie, bienvenue, encore une fois,
à cette commission parlementaire.
J'y vais tout de suite, là, vous me... Ma première question, c'est : D'abord, quel est
l'état de la situation? Tout le
monde lit que l'industrie minière vit une période difficile. Est-ce que,
d'après vous, le Québec est un endroit compétitif au niveau de
l'industrie minière?
Mme Méthot
(Josée) : Un endroit
compétitif. Actuellement, on a besoin de rétablir, je vous dirais,
l'attractivité du Québec auprès des
investisseurs, et en ce moment il reste encore certains climats d'incertitude.
Et, on le voit, les climats d'incertitude
qui peuvent avoir été créés soit par le BAPE sur l'uranium, par exemple, par rapport à, aussi, des discussions avec, je vous dirais, les
Premières Nations ajoutent un climat d'incertitude.
On le sait,
les deux dernières années, on a vécu un changement de régime d'impôt minier et
une nouvelle loi sur le développement minier, dont la Loi sur les mines.
Maintenant, il nous reste à préciser encore de la réglementation qui découle de cette Loi sur les mines là, alors il
reste encore des précisions à faire. Maintenant, est-ce que l'incertitude est la même? On
voit quand même que la loi est là et on a une loi maintenant, on a un cadre
juridique connu. Et, on le sait, maintenant qu'on regarde les marchés, dans certains minéraux
les marchés reprennent, dans d'autres c'est plus difficile, alors, on l'a vu. Il y a des rapports sur... de
l'Institut de la statistique qui est sorti cette semaine, justement,
sur la baisse au niveau de
l'exploration. Bien, s'il n'y a pas d'exploration minière au Québec, il n'y aura
pas la mine de demain aussi. Alors, ça, ce n'est pas, donc, à
sous-estimer, l'impact de ce qui s'est produit.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand :
Je veux vous rassurer sur la question, là, du 50 %. Il est clair qu'il y a
des territoires protégés qui sont
clairement identifiés de toute façon et il y
a un délai quand même important pour
le reste pour s'assurer, justement... parce
que j'ai vécu dans ce dossier-là beaucoup, et il est clair qu'on ne va pas annoncer la
protection d'un territoire si on n'a pas
fait la caractérisation et si on ne veut pas se retrouver dans quelques années
avec une mine en lieu et place, là. Alors, ça, là-dessus, je pense que
les gens sont très conscients de la problématique.
Maintenant, je n'ai
pas mon dictionnaire à côté de moi, mais «maximisation des retombées
économiques» et «optimisation», là, j'essaie
de comprendre ce que vous voulez dire. Pourquoi un, d'après vous, serait plus
favorable que l'autre?
Mme Méthot (Josée) : Bien, selon nous, quand on optimise, on s'assure que ça soit
gagnant-gagnant, on s'assure qu'on
tient compte aussi de la réalité économique, de la réalité de la compétitivité.
Quand on entend «maximisation», c'est-u
60 % ou c'est-u 100 %? Et là c'est là que nous, on se pose des
questions. Et on préférerait «optimiser» parce qu'on trouve que c'est beaucoup
plus réaliste dans notre contexte que d'utiliser le mot «maximiser» parce qu'effectivement
«maximiser», «le maximum», pour certains,
c'est 100 %; pour d'autres c'est peut-être un peu moins. Mais, dans ce cas-là, à ce
moment-là, on pense que «le maximum» pourrait générer des inconvénients qu'on
n'a pas besoin.
M.
Arcand : Donc, si je lis l'essentiel de votre mémoire, ce
que vous demandez, c'est un petit peu plus de liberté. Parce que, là, aujourd'hui, on a discuté...
hier et aujourd'hui, entre autres. Il y
en a qui veulent même
imposer l'achat local, veulent avoir des critères en ce sens-là. Vous,
vous n'êtes pas d'accord du tout avec ça?
Mme Méthot (Josée) : Nous, ce qu'on demande, c'est plus de flexibilité. Mais on le sait déjà,
les sociétés minières font déjà des
achats locaux, travaillent déjà ici, et ils ont tendance à le faire parce qu'ils veulent aider les gens qui vivent localement, qui sont souvent déjà des employés locaux, etc. On le sait, ça se fait déjà,
mais on ne veut pas créer une autre économie, alors qu'on a aidé des sociétés à se développer.
Il y a eu énormément de développement au
niveau de l'expertise des équipementiers en Abitibi, par exemple. Maintenant, est-ce
qu'on va essayer de développer des
nouvelles sociétés qui vont les
concurrencer, alors que ces gens-là, leurs concurrents devraient être à
l'étranger? On devrait plutôt les aider à aller vers l'international
pour aider encore plus le Québec.
Également,
dans un contexte des entreprises locales, on ne veut pas non plus créer des entreprises
dépendantes d'une société minière qui
pourrait être là. Hein, on le dit, un projet minier, bon, c'est... puis il y en a
qui peuvent être très, très
longs, d'autres qui peuvent plus courts. Mais, si on fait de la concurrence, en
fait on fait une... on ne fait pas,
excusez-moi, un «level playing field», là,
dans le sens qu'on favorise l'entreprise locale puis on paie plus cher, ce
n'est pas lui rendre service à long
terme, à cette entreprise-là, parce que, quand le projet minier ne sera plus
là, elle ne sera plus compétitive sur le marché, et ce qu'on veut, puis
on l'a dit, c'est créer de la durabilité, là.
M.
Arcand :
O.K. Maintenant, sur la question, toujours, d'attractivité, si on veut, de
l'industrie, pourriez-vous me dire...
Actuellement, sur la question des redevances, parce que nous n'avons pas changé
le principe, là, de redevances, vous
êtes actuellement dans des détails de négociation, si je comprends bien. À ce
niveau-là, vous avez certaines applications, je pense, qui sont en train
d'être discutées?
Mme Méthot (Josée) : Bien, en fait, en ce moment, nous sommes en
discussion évidemment avec le ministère du Revenu parce que maintenant on sait que les droits miniers devraient
relever, à partir de l'an prochain... avec les gens du ministère du Revenu. On n'a pas requestionné le
régime de redevances quand on s'est fait poser des questions. Je pense que, quand vous êtes arrivés, quand le
gouvernement actuel est arrivé au pouvoir... et on a fait le débat. On a fait
le débat en public. On a fait le débat
sur le régime des redevances. On en a un maintenant, on va apprendre à vivre
avec. Évidemment, il y a des détails
qu'on se dit : Il y a peut-être des précisions, peut-être des petits
ajustements à y faire au niveau des
crédits d'impôt, au niveau des allocations, mais on ne s'oppose pas au régime
de redevances qui a été mis en place l'an dernier.
M.
Arcand :
Merci. Je pense que le député de Pontiac...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Pontiac, à vous la parole, maintenant.
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Bienvenue. Moi, je lisais
votre mémoire puis je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce
que je lisais. Parce que vous êtes l'Association minière du Québec. Alors, moi,
je pensais lire un mémoire qui disait «minons, minons», qui disait :
Faisons du développement économique. Le fameux «drill, baby, drill», là, des républicains, c'est ce que je pensais
trouver dans votre mémoire, mais il y a un gros «mais» à ce oui-là, et c'est tout ce qui entoure la
question du développement durable, de un, de l'acceptabilité sociale, de deux.
Alors,
peut-être qu'on peut commencer par le développement durable, parce qu'on a
entendu beaucoup des groupes qui sont
venus avant vous dire que, bien que la Société du Plan Nord, bien que le projet
de loi et tout ce qui en découlait... que
la Loi sur le développement durable s'y appliquait, ils voulaient que ça aille
plus loin. D'après vous, est-ce qu'on a besoin de s'inquiéter, est-ce
que c'est nécessaire ou est-ce que c'est satisfaisant comme c'est?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Méthot.
• (18 heures) •
Mme Méthot (Josée) : Alors, il faut comprendre qu'on a un cadre réglementaire, en
environnement, assez sévère, on est
encadrés par 20 lois et pas loin de 60 règlements. Alors, je pense qu'on a un
encadrement qui est déjà là, mais on a aussi une
volonté. On a aussi une volonté. Les mines d'aujourd'hui, ce n'est pas les
mines d'il y a 50 ans, et on a une volonté.
Et on le sait très bien, que, pour obtenir l'acceptabilité sociale de nos
projets, on doit travailler dans une perspective de développement
durable, et on a plein d'exemples qui démontrent qu'on le fait déjà.
D'ailleurs,
et en plus de ça, l'Association minière a annoncé, en juin dernier, l'adoption, au Québec, la prise en charge de l'initiative vers le développement minier durable dans le but
de travailler avec les minières. On
leur donne un certain temps dans le but de mettre ça en application chez
eux.
Alors,
le développement durable, ça a commencé et devient maintenant une priorité, est
une priorité pour les sociétés minières.
On en parle très souvent, du développement durable. L'acceptabilité sociale, je
vous dirais qu'on en parle à chaque réunion
de conseil d'administration. Et, dans toutes nos réunions, qu'on parle de
n'importe quel sujet, qu'on parle de santé, sécurité, qu'on parle d'environnement, qu'on parle d'énergie,
aujourd'hui les minières le savent et d'ailleurs l'ont démontré à
plusieurs égards, ça fait partie de notre réalité, et on travaille dans ce
sens-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Pontiac.
M.
Fortin (Pontiac) : Oui. Donc, pour vous, là, des groupes comme le
Conseil régional de l'environnement de la Côte-Nord, qu'on a entendu
tantôt, qui disait que... et je regarde dans le mémoire, qui dit qu'il existe
des multiples exemples où les volontés
affichées de durabilité ne se sont pas concrétisées, là, au moment de
l'opérationnalisation des projets... Ce n'est pas nécessairement exact
dans la réalité que vous vivez sur le terrain, là, au jour le jour.
Mme Méthot (Josée) : Nous, ce n'est pas ce qu'on constate. On voit énormément de choses qui
se font, qui ne sont pas connues, ne
sont pas remarquées. On n'a peut-être pas su, je vous dirais, se vendre assez
sur les belles choses qui se font dans
l'industrie minière, hein, ça me fera plaisir de m'asseoir puis de vous en
parler, si on veut, mais effectivement
des belles initiatives qui ont été mises en place par des sociétés minières,
par des comités avec les citoyens mais
aussi des initiatives de réhabilitation de sites. Je pense, entre autres, un
exemple, à Agnico-Eagle, qui a utilisé un ancien parc à résidus orphelin, qui l'ont utilisé pour leur propre
projet, plutôt que de créer un autre parc à résidus, pour gérer leurs propres résidus miniers, maintenant
ont restauré, réhabilité un site orphelin. Alors, il y en a, des exemples comme
ça. Alors, vous voyez, je pense qu'on travaille déjà dans ce sens-là.
La Présidente (Mme
Léger) : 20 secondes.
M.
Fortin (Pontiac) : ...peut-être l'opportunité tantôt en réponse peut-être à la question de quelqu'un
d'autre, là. Mais la FTQ a parlé d'obligation de transformation au Québec.
Donc, si vous avez l'opportunité plus tard dans votre présentation, j'aimerais
ça vous entendre là-dessus.
Mme Méthot
(Josée) : O.K.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci. Maintenant, nous passons à l'opposition officielle. M. le député de Marie-Victorin, le porte-parole en énergie, et ressources
naturelles, et développement nordique. Sept minutes.
M. Drainville : Merci
beaucoup. Merci, Mme la Présidente.
Bienvenue. Content de vous revoir. Je suis un peu comme vous, moi, je me
pose des questions sur l'article 7 puis j'aimerais ça avoir votre avis.
Est-ce que,
selon vous, le gouvernement veut régler un problème particulier avec cet article-là?
Parce que, juste pour que les gens
qui nous écoutent nous suivent un peu, là, l'article 7 dit : Toute
personne peut utiliser une infrastructure
désignée par le gouvernement dont la propriété est — résumons — privée si elle est située sur des terres
publiques — grosso
modo. Donc, si le gouvernement
désigne une infrastructure, mettons, un port, hein, mettons, un port, alors le
gouvernement dit : Ce port-là,
je le désigne, à ce moment-là, même s'il est privé, toutes les personnes
peuvent l'utiliser, et, bon, la condition, c'est qu'il soit situé sur
des terres publiques.
Première
question : Quand vous avez lu ça, est-ce que vous vous êtes dit : Il
veut régler un problème en particulier avec cet article-là?
Mme Méthot
(Josée) : Pas régler un problème en particulier. Nous, on croit que le
rôle de médiateur peut certainement aider tout
le monde à travailler ensemble. Et d'ailleurs, dans l'article, nous, ce qu'on
se disait, c'est qu'on... On l'a dit,
qu'on aimerait ça savoir de quelles infrastructures on parle quand on parle des
infrastructures désignées par le gouvernement. On comprend
qu'éventuellement il va y avoir une liste. C'est ce qu'on comprend.
M. Drainville :
Bien, c'est parce qu'on n'est pas encore dans la médiation, là, en tout
respect, on est juste sur une
déclaration de principes, dans le premier paragraphe, qui dit : Si le
gouvernement désigne l'infrastructure, même si elle est privée, on donne le go pour que ce soit
utilisé par tout le monde, en autant que ce soit sur des terres publiques.
Alors là, moi, je me dis : Ça se
pourrait-u, mettons — je pose
la question — que le
gouvernement veuille régler la question du port de Sept-Îles et toute la
problématique autour de Cliffs? Ça se peut-u que ce soit ça?
Mme Méthot (Josée) : Bien, écoutez, là, moi, je ne prétendrai pas des intentions du gouvernement là-dedans, je pense
que le gouvernement a son idée.
M. Drainville : Non, non, mais vous avez le bras long, l'industrie, vous avez le bras
long. Je suis sûr que vous avez posé des questions au gouvernement. Ils
ne vous ont pas donné de réponse à cette question-là?
Mme Méthot
(Josée) : Nous, on pense que plusieurs...
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Méthot.
Mme Méthot (Josée) : ...excusez-moi, Mme la
Présidente. Nous, on pense qu'il y a
plusieurs infrastructures qui peuvent
être concernées par une situation comme ça, qu'on parle d'une voie ferrée, qu'on
parle du port, qu'on parle d'une route,
qu'on parle d'un aéroport, par
exemple. Alors, dans ce contexte-là,
on croit que d'avoir la Société du
Plan Nord, qui peut agir auprès des entreprises
dans les cas d'ententes ou dans le cas qu'il
n'y a pas d'entente... nous croyons
que d'avoir ce rôle-là peut vraiment
aider. On l'a dit dans notre mémoire, on n'a pas la liste de ces infrastructures-là, nous, et on imagine qu'éventuellement il y aura une liste de types d'infrastructure
et on sera en mesure également, à ce moment-là, de la commenter.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député.
M. Drainville :
O.K. Dans votre mémoire, à la page 8, dans la section Commentaires, vous parlez
des règles d'utilisation des infrastructures
d'Hydro qui ont été modifiées au cours de la dernière année, et ça a créé une
situation problématique pour certains de vos membres. Pouvez-vous nous
dire exactement de quoi on parle ici, là?
Mme Méthot (Josée) : Bien, c'est un exemple qu'un de nos membres nous a cité. Quand on parle
des aéroports, par exemple, d'Hydro-Québec...
M. Drainville :
O.K., un aéroport appartenant à Hydro-Québec.
Mme Méthot (Josée) : ...c'est ça, par exemple. Alors, dans ce cas-ci, on se disait :
Bien, si la Société du Plan Nord aurait
été là, elle aurait pu aider peut-être à avoir une meilleure entente dans ce
cas-là. Si une infrastructure privée, parce que, là, on parle d'infrastructure... Dans l'article, on parle d'une
infrastructure entièrement ou partiellement privée. Alors, si on a un problème au niveau d'une entente sur
une infrastructure publique, on a dit : Bien, pourquoi pas que la société
puisse également, dans ce cas-là, intervenir?
M. Drainville :
C'est un très bon point. Puis d'ailleurs il faut se poser la question :
S'ils veulent inclure, dans le projet
de loi, les infrastructures privées, que ce soit complètement ou partiellement
privé, pourquoi est-ce qu'ils ne mettent pas aussi les infrastructures
publiques? C'est un peu la question que vous posez.
Mme Méthot
(Josée) : Exactement. C'est la question qu'on pose.
M. Drainville :
Bon, c'est très bien. Vous, de façon générale, par exemple, cette troisième
ligne de chemin de fer, là, qui
pourrait être construite, là, pour avoir accès à la fosse du Labrador,
l'industrie, de façon générale, est-ce qu'elle est plutôt du genre à dire : S'il est pour y
avoir une infrastructure comme celle-là, on aimerait ça être les propriétaires,
nous, le secteur privé, nous, les
entreprises privées, ou on aimerait mieux, comme c'est des gros
investissements, partager les coûts
avec l'État, quitte à ce qu'évidemment on soit obligés d'accepter des
contraintes qui viennent avec une propriété mixte? C'est-à-dire on n'est plus nécessairement 100 % boss du
chemin de fer dans ce cas-ci parce qu'on a dû partager les coûts avec
l'État. C'est quoi, votre philosophie là-dessus, vous?
Mme Méthot
(Josée) : On n'a pas une philosophie précise. Moi, je vous dirais que,
quand on regarde les infrastructures, la
propriété des infrastructures, les investissements à y faire, évidemment il
faut toujours se comparer à d'autres
juridictions minières. On veut s'assurer que le Québec soit compétitif puis
qu'on ait des beaux projets miniers, au
Québec, qui se développent. Donc, on n'a pas de philosophie puis on verra...
Nous, ce qu'on croit, c'est : on le verra aux résultats de l'étude
de faisabilité, justement, comment est-ce qu'on peut arriver, justement, à
financer, ou à être partenaire, ou à ne pas
l'être, dépendant... On le verra avec les résultats de l'étude de faisabilité.
Mais une chose est certaine : quand
on étudie les projets miniers actuels qui sont sur la table, on se rend bien
compte que les infrastructures actuelles ne suffiront pas à la demande, à la demande de transport. Alors, il va
falloir, si tous les projets se réalisent, avoir d'autres moyens pour le
transport. Alors, cette troisième ligne peut être intéressante.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député, une minute.
M. Drainville :
Donc, juste par un oui ou par un non. Dans le fond, ce que vous nous dites,
c'est qu'on veut l'infrastructure. Le mode
de propriété, on est flexible. Ce qui est important, c'est que, quand on a
besoin d'une infrastructure, elle soit construite. On s'entend
là-dessus?
Mme Méthot
(Josée) : C'est ça.
M. Drainville : Parfait.
Merci.
La Présidente (Mme
Léger) : Il reste 30 secondes, mais... La députée de Duplessis.
Mme
Richard : ...vous souhaiter
la bienvenue à l'Assemblée nationale. Juste vous dire que j'aurais aimé ça
pouvoir discuter avec vous sur le
bureau de commercialisation, parce que vous dites qu'il faut donner le choix
aux compagnies minières avec les
entreprises, mais je voulais juste rappeler que souvent, puis je l'ai dit et je
le redis, les communautés autochtones
négocient avec les minières, il faut qu'ils fassent affaire avec leurs
entreprises à eux, il faut qu'ils achètent localement, il faut qu'ils forment leur monde puis il faut qu'ils les
embauchent. Ils sont beaucoup plus avancés que nous à négocier avec les
compagnies minières.
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
Mme Richard : Merci.
La
Présidente (Mme Léger) : Maintenant, le député de Chauveau, deuxième
groupe d'opposition, porte-parole de l'énergie et ressources naturelles,
à vous la parole.
M.
Deltell :
Merci, Mme la Présidente. Madame, messieurs, soyez les bienvenus à votre
Assemblée nationale. Ça me fait
plaisir de vous revoir. D'ailleurs, pour la petite histoire, vous êtes le
premier groupe que j'ai rencontré lorsque mon chef m'a nommé porte-parole pour les ressources naturelles, et j'en
suis fort heureux. On s'est vus il y a quelques semaines... en fait, quelques jours... plutôt, il y a deux semaines, et
je vous avais demandé : Avez-vous fait votre tête sur le fait que ce soit une société d'État ou une autre
institution? Je vois que vous avez répondu à la question en disant que la
société d'État offre une plus grande
stabilité, une vision à long terme et dépolitise l'avenir du développement du
Nord. Bon. D'accord. J'accueille
votre propos et je vous en remercie. Mais comment pensez-vous qu'on peut
dépolitiser l'action de la Société du
Plan Nord quand on sait que les 15 membres du conseil d'administration sont
nommés, selon l'article 29, par le gouvernement?
Donc,
ultimement, c'est de toute façon toujours le gouvernement qui a des comptes à
rendre, et le gouvernement est dûment
élu par la population et est issu d'un parti politique. Donc, comment
pensez-vous que la Société du Plan Nord peut se mettre, entre guillemets,
à l'abri des interventions politiques?
Mme Méthot
(Josée) : Bien, écoutez,
nous, on croit qu'il y a une certaine distance, qu'il y a plus de distance pour
une société d'État qu'il y en aurait pour un secrétariat à cet effet-là.
M.
Deltell :
Par contre, un secrétariat relève directement de la fonction publique, du
ministre, bien entendu, mais c'est de la fonction publique. Donc, vous ne
pensez pas que, justement, on serait mieux servis? Puis je pose la question,
là. J'ai ma petite idée derrière la tête, mais, fondamentalement, je
pose la question ouverte : Vous ne pensez pas qu'un secrétariat est
justement plus à l'abri des orientations politiques partisanes qu'un
gouvernement peut instituer?
Mme Méthot (Josée) : ...
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Méthot.
Mme Méthot (Josée) : Pardon.
M.
Deltell :
Ce que je veux dire par là, c'est qu'une société d'État, lorsque tous les
membres du conseil d'administration
sont nommés par le gouvernement... ultimement c'est le gouvernement qui les nomme,
puis il nomme généralement les gens
qui pensent à peu près de leur même bord, c'est comme une tour de Pise — puis en soi, je veux dire, les gens ont été dûment élus, là, je n'ai pas de
misère avec ça — alors
qu'un secrétariat, ça relève essentiellement de la fonction publique puis du ministre en poste. Donc,
comment vous pensez qu'on dépolitise l'action dans une société d'État
versus le secrétariat?
Mme Méthot
(Josée) : Nous, on pense que
c'est bien important qu'il y ait une certaine indépendance par rapport aux différents ministères parce qu'on sait très
bien que ce qu'on a besoin, c'est d'un corps de coordination, de médiation
au niveau des discussions avec tous les ministères impliqués dans des projets.
Et, à ce titre-là, on trouve que de sortir l'institution,
l'organisme, d'un ministère pourra lui donner peut-être plus de portée, plus
d'indépendance, parce que sinon c'est toujours une question de qui
est-ce qui a préséance sur qui.
M.
Deltell : Alors que
la société d'État, étant donc un peu en marge des 14 ministères concernés...
Mme Méthot (Josée) : Voilà. En
porte-à-faux. C'est ça.
M.
Deltell :
...je dis «14» parce que le ministre nous a instruits tout à l'heure à l'effet
que le comité ministériel était formé
de 14 ministres, donc des 14 ministères, permettrait une meilleure
coordination. Donc, en cas de médiation, celui qui décide en bout de ligne, il décide pour la société et non pas
en fonction de son ministère, duquel il ressort, duquel il retourne.
Mme Méthot
(Josée) : Voilà.
M.
Deltell :
O.K. J'aimerais revenir à la question de mon collègue de Pontiac — merci, je ne voudrais surtout pas vous débaptiser : Obligation de
transformation. J'aimerais vous entendre là-dessus. Est-ce que vous pensez
qu'on doit, peut-être ne pas obliger, mais, à tout le moins, inciter
fortement à la transformation?
Mme Méthot (Josée) : Bon. D'abord,
j'aimerais préciser qu'il y a quand même eu une étude de faite sur la transformation au Québec en 2013, une étude qui a
démontré qu'il s'en faisait déjà, de la transformation, quand même au Québec. Et ici on transforme des minéraux qui
ne sont même pas produits ici, par exemple le cuivre qui est transformé à la Fonderie Horne. Alors, il se fait déjà de la
transformation. Et également je pense que, la discussion, on l'a eue aussi
dans la discussion au niveau du projet de
loi n° 43 mais aussi avec la loi qui a été adoptée sur les mines. On sait
très bien qu'il y a des dispositions qui sont déjà prévues dans la loi
maintenant, pour la transformation.
Alors, c'est
toujours une question de s'assurer de la compétitivité par rapport aux autres
juridictions minières. Alors, on sait qu'il y a une possibilité au
niveau des métaux émergents.
La Présidente (Mme Léger) : Une
trentaine de secondes.
Mme Méthot
(Josée) : On sait qu'il y a
des possibilités de transformation au niveau des nouveaux métaux, le
lithium, on parle des terres rares, etc., parce que ce n'est pas des marchés
qui sont déjà développés. On pourrait miser là-dessus
beaucoup plus que de s'attaquer à des marchés déjà amplement développés. Et
aussi il faut être proches de la clientèle, et la clientèle, elle n'est
pas ici, elle est, dans plusieurs cas, en Asie.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, Mme Méthot. Alors, merci à
l'Association minière du Québec. Mme Méthot, M. St-Amant et M. Lavoie,
alors, je vous remercie pour votre présentation.
Mais, sur ce,
la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, et
vous pouvez laisser vos choses ici si vous voulez les laisser.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
(Reprise à 19 h 31)
La
Présidente (Mme Léger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons commencer, débuter nos travaux. Alors,
nous reprenons nos travaux.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de procéder à des consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet
de loi n° 11, Loi sur la Société du Plan Nord.
Nous recevons
ce soir les représentants de l'Association de l'exploration minière du Québec et d'Innovation et
Développement Manicouagan. Alors, pour le début, on a une présentation devant nous.
Alors, l'Association de l'exploration
minière du Québec, M. Frank Mariage,
bonjour. Alors, pour les fins de l'enregistrement, je vais vous demander, avant de commencer, de nous donner les noms des gens qui
vous accompagnent, et après vous allez avoir 10 minutes pour faire
votre présentation. Alors, bienvenue, M. Mariage, à vous.
Association de
l'exploration minière
du Québec (AEMQ)
M. Mariage
(Frank) : Bonjour. Alors, tel que souhaité, Frank Mariage, président du conseil d'administration
de l'Association d'exploration minière du Québec et spécialiste en droit minier
associé du cabinet d'avocats Fasken Martineau;
à ma gauche, Valérie Fillion, géologue et directrice générale de notre
association; à ma droite, M. Mathieu Savard, qui est — tu m'excuseras, Mathieu, mais... — géologue principal chez Mines Virginia, une
société d'exploration qui oeuvre dans
le Nord québécois depuis plus de 20 ans; et, à ma gauche, M. Alain
Poirier, qui est directeur de projet au sein de notre association.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
bienvenue.
M. Mariage
(Frank) : Merci. Mme
la Présidente, M. le ministre, messieurs dames les députés membres de cette
commission, chers participants et collègues,
au nom de l'Association d'exploration minière du Québec, je désire remercier
le gouvernement du Québec de nous avoir invités à venir vous faire part de nos
positions.
Mme la
Présidente, le 11 mai 1965, le projet de loi créant la SOQUEM était
déposé par un de nos plus grands visionnaires
en matière de développement de nos ressources naturelles, M. René
Lévesque. Cela a contribué à faire émerger une véritable filière
minérale québécoise dont l'expertise jouit d'une reconnaissance internationale.
Notre filière, qui maintient, bon an, mal
an, plus de 3 000 emplois en exploration seulement, est le fer de lance
d'une industrie qui contribue, dans les bonnes années, évidemment, pour
plus de 7 milliards au produit intérieur brut du Québec.
L'AEMQ
souscrit pleinement à la mission de la Société du Plan Nord, qui vise à
contribuer, dans une perspective de développement durable, au
développement intégré et cohérent du territoire du Plan Nord en conformité avec
les orientations définies par le gouvernement du Québec
relatives au Plan Nord. L'association offre sa pleine coopération au gouvernement dans l'objectif de bien adapter le
présent projet de loi aux défis de la filière minérale au nord du
49e parallèle. L'AEMQ appuie l'adoption rapide de ce projet de loi ainsi
que la mise en place diligente de la société.
Nous souhaitons aborder avec vous aujourd'hui
trois points particuliers. Premièrement, la problématique de l'accès au territoire. Selon les données du
ministère des Ressources naturelles, au 31 décembre 2012, le total du
territoire du Québec sous contrainte et actuellement soustrait à
l'exploration minière représente un total dépassant 24 % de l'ensemble du territoire du Québec. Rappelons
qu'en 2015 les aires protégées couvriront un total de 12 % du territoire
québécois, ce qui portera, à ce moment, à
près de 30 % le total du territoire sous contrainte ou soustrait à
l'exploration minière, et ce, sans connaître la valeur réelle de ce que
le sous-sol peut receler.
Tout projet
législatif sur la conservation du patrimoine naturel et sur le développement
durable du territoire du Plan Nord qui viserait à restreindre 50 %
du territoire situé au nord du 49e parallèle à toute activité industrielle
ferait passer le territoire total sous
contrainte à entre 51 % et 55 % de l'ensemble de la superficie du
Québec. Nous n'avons pas d'exemple d'autres nations qui auraient fait ce
choix. Déjà, le nombre de titres miniers, mieux connus sous le nom de claims
miniers, connaît depuis quelques années une chute importante, ayant passé de
237 000 claims actifs en 2012 à 158 000
au mois d'octobre 2014. Cela s'explique notamment par le contexte économique
difficile mais également par le
contexte propre au Québec. L'instabilité réglementaire et fiscale ainsi qu'une
application aléatoire et lourde de ceux-ci expliquent la situation actuelle. Quant aux mines en activité sur le
territoire du Plan Nord, celles-ci couvrent présentement 3/1000 de 1 % de son territoire. L'AEMQ ne
voit pas de contradiction entre le plein développement minier et la protection
adéquate du territoire nordique.
Deuxième
point que nous aimerions aborder avec vous : l'accès aux infrastructures.
La quantité d'infrastructures au nord
du 49e parallèle pouvant desservir les entreprises est déjà limitée.
Considérant l'immensité du territoire, il nous apparaît déraisonnable
qu'une société d'État ou privée puisse ralentir le développement nordique du
Québec. Pour le développement de tout de
territoire au nord du 49e parallèle, nous croyons qu'il est fondamental
que le gouvernement, les sociétés
d'État et tout autre copropriétaire d'infrastructure publique puissent offrir à
l'ensemble des utilisateurs du territoire
un accès tarifé, équitable et connu à ces infrastructures essentielles. L'AEMQ
recommande que le gouvernement du
Québec décrète le caractère collectif de ces installations ainsi que de
l'ensemble des infrastructures existantes, et les installations stratégiques à venir — les chemins de fer, ports, etc. L'AEMQ
demande que l'article 7 du projet de loi soit modifié afin d'y
inclure les infrastructures actuelles appartenant au gouvernement ou a toute
autre société d'État.
Troisième et
dernier point : l'acquisition des connaissances. Depuis les
années 60, une véritable filière minérale a émergé au Québec largement dominée au début par un leadership assumé
par le secteur public, la SOQUEM, le ministère des Ressources naturelles, etc., ainsi que les entreprises majeures.
Cette filière se caractérise aujourd'hui par une importante cohorte composée de centaines de PME et de
milliers d'individus qui assurent le leadership de l'exploration du territoire
et de l'acquisition de connaissances géoscientifiques. Les budgets
d'exploration de la filière minérale dépassent très largement, et depuis longtemps, ceux du gouvernement du Québec, de son
ministère des Ressources naturelles et de son entité : Géologie Québec. La diffusion des connaissances des
travaux de géologues gouvernementaux nous apparaît, dans le contexte de cette loi, comme un enjeu
important. C'est l'ensemble des résultats de leurs travaux qui doit être rendu
public. Ceci suppose également une
diffusion uniforme aussitôt l'information colligée. Ainsi, l'ensemble des
ressources publiques qui ont... pardon, qui y sont consacrées doivent
être destinées à assurer un meilleur appui aux sociétés d'exploration, l'objectif étant que les bases de données
géologiques puissent contribuer efficacement à de nouvelles découvertes. Il n'y
a pas de raison qui puisse justifier la retenue de ces renseignements
obtenus avec des fonds publics.
Afin
d'assurer une cohérence et une efficacité dans le développement et la
dissémination efficace de la connaissance géophysique du territoire du Plan Nord, l'association propose que la
Société du Plan Nord encadre, dirige ou supervise les activités de Géologie Québec. Le budget de
Géologie Québec doit être impérativement concentré vers l'exploration préliminaire, l'acquisition des connaissances et à
appuyer les sociétés d'exploration. À ce chapitre, le Québec doit s'inspirer
des autres provinces canadiennes afin de
demeurer concurrentiel en rendant notamment l'information générée par Géologie Québec
publique aussitôt que disponible.
Pour
conclure, sachez que vous pouvez compter sur notre association pour contribuer
à l'adoption du projet de loi et à sa
mise en oeuvre. Nous vous remercions, Mme la Présidente, de l'occasion que vous
nous avez accordée de vous présenter nos recommandations.
• (19 h 40) •
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. Mariage. Sans vous reprendre,
je veux juste, pour les besoins de ceux qui nous écoutent... ce n'est jamais le gouvernement qui vous invite
dans une commission parlementaire. Le gouvernement fait un projet de loi, dépose un projet de loi, une demande de processus
qu'on a à faire, mais c'est l'Assemblée
nationale et c'est le Secrétariat des commissions, qui est de nature non partisane, qui a à
s'assurer des travaux. Alors, c'est une petite différence mais qui est importante
entre l'Assemblée nationale et le gouvernement.
Alors, maintenant,
nous passons au ministre de l'Énergie
et des Ressources naturelles, député de
Mont-Royal, qui a une période de 11... On est rendus
à combien de temps? 17 min 30 s.
M.
Arcand : Merci. Bienvenue à tous ceux qui sont avec nous
ce soir. M. Mariage, M. Savard, Mme Fillion et M. Poirier, c'est un plaisir de vous recevoir
ce soir, et je dois vous dire que votre association représente
certainement un élément extrêmement important dans le succès du Plan Nord, parce que,
même si ce n'est pas seulement, le Plan
Nord, une question économique où on ne parle que de mines, il est clair que
vous jouez quand même un rôle extrêmement important.
Et je
regardais votre mémoire et j'essaie de comprendre votre angoisse sur la question
du 50 % du territoire. Je
pense que vous avez eu différentes
déclarations qui ont été faites par le passé par le premier ministre, entre
autres, qui a eu
l'occasion de dire, entre autres, que nous allions procéder étape par étape. Je
connais assez bien le dossier, étant ministre de l'Environnement durant
un certain nombre d'années. Nous avions une partie du territoire qui avait déjà
été définie comme étant un territoire où il
devait y avoir des aires protégées, mais il y a une grande partie de ce
territoire-là qui, de toute façon... où il doit y avoir de la
caractérisation. Et puis il est clair qu'il n'est pas question pour l'instant
de décréter la protection d'un territoire
sans qu'il y ait eu évidemment une analyse des sols et des possibilités
évidemment qu'il y ait, je dirais, un accès minier si jamais on pense
qu'il y a une mine à tel ou à tel endroit.
Alors,
j'essayais de voir quelle était votre angoisse par rapport à ça, parce que,
même dans la version précédente, on
s'était donné jusqu'en 2035 pour pouvoir essayer de décréter ce territoire. Et
je voulais juste bien comprendre, là, quelle était votre problématique
par rapport à ça.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Mariage.
M. Mariage
(Frank) : Je vais
laisser le soin à mon collègue Alain Poirier, de notre association, de répondre
à cette question.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Merci, Mme la
Présidente. «Angoisse» est peut-être un terme un eu fort. Évidemment, on a
une certaine inquiétude, puisque seulement
17 % du sous-sol québécois est connu, malgré le fait qu'on y travaille
depuis quand même plus de 100 ans.
Donc, ce n'est pas quelque chose qui est magique, qui se fait facilement, ça va
demander beaucoup d'efforts, beaucoup
de travaux et beaucoup de sommes d'argent pour réussir à connaître le plein
potentiel du Québec.
Dans la
précédente mouture, je pense, c'était le projet de loi n° 65, qui avait
été présentée, il y avait une référence aux activités industrielles. Selon les définitions que nous, on en
comprend, l'exploration minière n'était pas une activité industrielle, mais l'exploitation en devenait une.
Donc, vous allez comprendre que c'est difficile pour une entreprise qui veut lever des fonds et faire des travaux
d'exploration de dire : Bien, on peut faire l'exploration, mais, si on
découvre un gisement, pas sûr qu'on
peut le mettre en place. On a bien noté ce que le premier ministre a dit, la
déclaration du premier ministre et
celle du ministre des Ressources naturelles aussi. On trouvait important de le
rappeler, que c'est une situation qui, nous, nous préoccupe.
Vous savez,
pour atteindre le 20 %, puisque c'est ça qui est visé, là, 20 %
d'aires protégées sur le territoire du Plan
Nord, on parle de 132 000 kilomètres carrés qui devront être décrétés
aires protégées dans les six prochaines années. C'est beaucoup de
terrain, c'est un espace qui est gigantesque, O.K.? On n'est pas contre le fait
qu'il y ait ce type de protection. Nous
l'avons déjà écrit et nous l'avons dit, on est en accord avec le 17 %
total au Québec, suivant l'accord de
Nagoya, mais évidemment on est prudents dans notre approche parce qu'on se
dit : Il ne faudrait pas qu'une mine Éléonore ou une mine Raglan se
retrouve dans une aire protégée sans qu'on ait eu la chance de faire les
travaux.
M.
Arcand : Je vous comprends. Je
vous comprends très bien et je me rappelle même avoir eu des discussions
avec Hydro-Québec, hein? Il y a des rivières
sur lesquelles il y avait eu des possibilités de protection, puis on a bien
vérifié avec Hydro-Québec :
Est-ce que vous allez faire un barrage,
à un moment donné, dans tel, ou tel, ou tel secteur? Je pense que là-dessus on est d'accord, et puis, de toute façon, je n'ai pas devant moi l'agenda législatif, mais, si on devait
repenser encore à protéger le
territoire, comme c'est notre volonté de le faire, il y aura certainement un nouveau projet de loi qui va être déposé, vous aurez l'occasion
de vous faire entendre et vous aurez l'occasion de pouvoir en rediscuter.
Maintenant,
sur la question de l'article 7, dont vous avez parlé, ce que je
comprends, actuellement, c'est que vous avez des problèmes d'accès à certaines infrastructures d'Hydro-Québec. Et, dans les éléments, entre
autres, que vous avez, vous avez des problèmes d'accès, entre autres, là, dans certains... vous aviez, en tout cas, je ne sais pas si
c'est encore le cas, des problèmes d'accès aux aéroports LG 3,
LG 4 et Fontanges, et semble-t-il que vous voulez stabiliser ou de la prévisibilité à ce niveau-là. Est-ce que je vous
comprends bien ou s'il y a autre chose en plus que les problèmes reliés à
Hydro-Québec?
La Présidente (Mme Léger) :
M. Mariage.
M. Mariage (Frank) : Mme la
Présidente, M. Mathieu Savard va répondre à cette question.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Savard.
M. Savard
(Mathieu) : Évidemment, on ne développe pas le Nord sans infrastructure,
et puis présentement c'est difficile d'avoir accès à ces
infrastructures-là qui ont été développées dans années 80, fin 90
également. Et puis, vous savez, le coût
d'exploration, entre autres, à la Baie-James, dans le Grand Nord, c'est encore
pire, c'est très élevé. Moi, je fais
ça depuis plus de 15 ans, puis, à l'association, on a beaucoup de membres
qui font ça également. Et puis, bon, on sait que, récemment, il y a
beaucoup d'infrastructures qui sont devenues, si on veut, inaccessibles pour
plusieurs des membres, et puis ça nous
concerne beaucoup. Si on n'a pas accès à ces infrastructures-là ou aux
infrastructures futures, c'est sûr que ça limite le développement du
Nord, particulièrement en exploration, où est-ce que les coûts le long des infrastructures... On parlait, tout à l'heure, de
la mine Éléonore, qui s'est développée pas loin d'infrastructures en bordure
d'un réservoir. Il y a d'autres découvertes
qui ont été faites le long des infrastructures, puis il y a une raison assez
simple, c'est que le coût est beaucoup moins élevé le
long de ces infrastructures-là, si on veut, dans un rayon d'une dizaine de
kilomètres de ces sites-là. Aussitôt qu'on
s'éloigne de ça, les coûts explosent. On peut parler de quatre fois le prix,
cinq fois le prix, donc le territoire devient inaccessible. Puis on
parle aussi des futures infrastructures.
Donc,
on ne parle pas seulement d'Hydro-Québec, il y a plein de joueurs sur le
territoire, il y a plein d'infrastructures qui ne sont pas toujours
accessibles, puis c'est un enjeu majeur pour nos membres.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Je pense que vous pouvez comprendre que pour les futures infrastructures je
pense qu'il y a des choses qu'on peut faire.
Ce qui est toujours difficile sur le plan légal, c'est ce qui s'est
fait avant, où il y a toujours des espèces de droits acquis. Mais je
pense que c'est un bon exemple dans lequel l'existence d'une société du Plan
Nord pourrait certainement contribuer à
améliorer la situation et à réunir les parties pour trouver, justement, des
terrains d'entente sur ces
questions-là. Alors, je pense que c'est un des éléments qu'il m'apparaît
important à vous souligner parce qu'on est
tout à fait conscients du défi d'infrastructure qu'il y a au niveau du Plan
Nord, et il faut donc travailler à cet élément-là. Nous, l'article 7 était justement dans le but
de vous faciliter la tâche. Alors, je veux juste qu'on soit clairs, on va le
regarder. Si ça peut être bonifié sur une base légale qui est acceptable,
on va le regarder de façon importante.
Est-ce qu'au fil des années dernières vous avez eu
à payer des tarifs qui vous apparaissaient abusifs dans certains cas?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Mariage.
M.
Arcand :
Pour avoir accès, justement, est-ce qu'il y a eu des tarifs qui ont été...
La Présidente (Mme
Léger) : M. Poirier.
• (19 h 50) •
M. Poirier (Alain) : La question, elle n'est pas sur les tarifs abusifs mais sur plutôt
tout le processus pour accéder aux infrastructures.
L'exemple
que nous avions tout à l'heure sur l'utilisation des aéroports, c'était tarifé dans le temps. Les
gens, les explorateurs payaient les
frais, et il n'y a personne qui est venu rechigner. Les frais
étaient connus d'avance, et tu fais
le choix d'utiliser ces
infrastructures-là ou pas. Maintenant, c'est devenu un peu plus nébuleux, si on
pourrait dire, donc des fois on tombe plus avec des négociations, puis
tout ça.
Et,
nous, ce qu'on demande, ce n'est pas que ça soit gratuit, loin de là, ce qu'on dit,
c'est : L'ensemble des infrastructures
qui sont peu nombreuses doivent être maximisées, et il doit y avoir une
tarification qui est connue de tous.
On pense que tous ceux qui utilisent les
aéroports doivent payer le même prix, que ce soient les chasseurs, le tourisme,
ou peu importe, y compris les explorateurs, mais qu'il faut que ce soit connu
d'avance. Et la référence qu'on fait sur l'article 7, c'est : Oui, on est contents que l'article 7
ouvre cette porte-là, mais, si, du point
de vue législatif, ce n'est pas
possible d'aller plus loin, bien,
minimalement, que ça devienne une préoccupation pour les dirigeants de la Société du Plan Nord qu'il y a un travail important
à faire.
À
la Baie-James, il y a quatre détenteurs de route qui sont différents.
C'est un peu illogique. Et ça va être le même
problème sur la Côte-Nord et probablement dans le Nord-du-Québec. Ça fait qu'il y a quelque chose à faire à ce niveau-là
pour maximiser les infrastructures que nous avons déjà, que les entreprises sont prêtes à payer un juste prix, minimalement
que le prix soit connu d'avance puis qu'ils puissent faire le choix en
conséquence de les utiliser ou pas.
M.
Arcand :
Donc, ce que vous avez besoin, c'est de la prévisibilité.
M. Poirier
(Alain) : Tout à fait.
M.
Arcand :
Parfait. Le député d'Abitibi-Est.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Mme la Présidente. Vous avez parlé de maximisation, c'est
un sujet qui m'intéresse toujours beaucoup. Vous ne nous avez pas parlé beaucoup
du bureau. Je croyais que, peut-être, dans vos discussions, vous aviez eu l'occasion d'échanger au niveau du bureau de
commercialisation. Quand même, votre industrie fait appel à plusieurs profils
de fournisseurs et de contracteurs. Vous voyez ça comment, la mise en place
d'un bureau de ce type-là en lien avec les opérations de vos membres?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Poirier.
M. Poirier (Alain) : C'est une excellente question. On a regardé attentivement le bureau de
commercialisation. Il manque un peu d'informations, pour être honnête, pour essayer de bien voir son ampleur. Mais nos
explorateurs sont sur le territoire
du Plan Nord depuis fort longtemps, mais c'est sûr que
d'avoir un support ou une aide supplémentaire va aider. Advenant qu'il y ait une hausse des financements et plus de travaux
sur le territoire, je
pense, ça va être important d'avoir une porte sur laquelle on
peut aller cogner pour pouvoir être plus facilement efficaces sur le territoire.
Comme
M. Savard disait tout à l'heure, dans le Nord, tout coûte cher. Souvent, c'est le
double du prix de l'Abitibi, en
partant. Et, aussitôt qu'on sort de 10, 15 kilomètres d'une infrastructure, les coûts explosent totalement parce
qu'on utilise
des hélicoptères, des avions, des foreuses en aluminium, et etc. Ça fait que
c'est quand même important, mais on n'a pas rien de négatif à prime abord par rapport à ça. On aimerait ça en
avoir peut-être un peu plus comme informations avant d'avoir une idée
très claire.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Oui. Dans le même sens, vous dites : On aimerait ça
cogner à une porte. Elle devrait être où, cette porte-là? Vous n'avez pas nécessairement fait allusion à la localisation
de la société en tant que telle, au niveau de ses bureaux.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Poirier. Non? M. Mariage.
M. Mariage
(Frank) : ...mémoire, on suggère que le siège social soit situé
à Montréal, qui est déjà une capitale économique et un carrefour important pour le Nord québécois. Beaucoup
de raisons... évidemment, beaucoup de sociétés de
services, équipementiers, évidemment, Hydro-Québec y est, Gaz Métro, les sociétés
de capital. Pour toutes ces raisons, nous
privilégions Montréal. Mais quand
même nous sommes, en tant qu'association, ouverts à ce que le siège social soit
situé ailleurs. Mais nous pensons que Montréal est l'endroit idéal pour le
siège social de la Société du Plan Nord.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Dans le même
ordre d'idées, au niveau des bureaux satellites, j'aimerais ça avoir un
peu plus votre position là-dessus,
parce que Montréal serait votre choix, en termes opérationnels, pour vos membres, mais en
lien avec la réalité du territoire et des communautés qui habitent ce
territoire-là.
La Présidente (Mme Léger) :
M. Mariage.
M. Mariage
(Frank) : Bien, moi, je vous dirais, autant que vous croyez
que ce soit nécessaire dans les grandes régions, évidemment...
Alain, je ne sais pas si tu veux...
M. Poirier (Alain) : Oui. Bien,
nous, dans le mémoire, ce qu'on adressait...
La Présidente (Mme Léger) : ...enregistrement
en même temps.
M. Poirier (Alain) : Excusez.
M. Mariage (Frank) : Je
m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Léger) :
Excusez-moi.
M. Poirier (Alain) : On s'excuse, Mme
la Présidente. Évidemment, on parle de territoires de 1,2 million de kilomètres carrés. Nous, on recommandait, advenant
que le siège social soit à Montréal, qu'il y ait quand même des bureaux satellites — un dans le Nord, évidemment, dans...
Nord-Est et un dans le Nord-Ouest — pour que les gens puissent voir ou avoir un contact directement aussi avec les gens
de la société. Donc, un à Chibougamau
et Baie-Comeau ou à Sept-Îles, mais je n'embarquerai pas dans ce débat.
La
Présidente (Mme Léger) : De territoire.
M. le député d'Abitibi-Est, il reste encore 2 min 50 s, à peu près.
M.
Bourgeois : Je comprends que
vous étiez prêt à embarquer dans le débat sur la localisation de la Société du Plan Nord, mais pas dans les
bureaux satellites. On en discutera, hein, on pourra aller un peu plus loin
là-dessus un peu plus tard. Au niveau de la...
La Présidente (Mme Léger) : C'est
sûr que la députée de Duplessis, elle va réagir, on la sent...
M. Bourgeois : Oui, elle est très...
La Présidente (Mme Léger) : Allez-y,
M. le député.
M.
Bourgeois : Du côté de la
participation à l'intérieur de la structure en tant que telle, votre position par rapport à la représentativité à la fois de votre organisation mais des autres
groupes d'intérêts, vous voyez ça comment, la mise en place dans les
deux types de structure qui sont proposés dans la Société du Plan Nord et...
La Présidente (Mme Léger) :
Mme Fillion.
Mme Fillion (Valérie) : Là, vous
parlez du conseil d'administration ou du bureau de...
M. Bourgeois :
Conseil d'administration et le conseil des partenaires.
Mme
Fillion (Valérie) : O.K.
Bien, nous, on pense que c'est important qu'il y ait une bonne représentation
des gens de l'exploration bien sûr
parce que c'est la base et on travaille sur le territoire depuis longtemps.
Donc, c'était notre seule
recommandation, c'est qu'il y ait une bonne représentation du milieu de
l'exploration. Parce que, vous savez, c'est une filière. Donc, l'exploration, c'est beaucoup d'entreprises de
services, donc il y a quand même... tout le monde est là.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Mais, Mme la
Présidente, vous comprenez que le Plan Nord, c'est un plan pour un ensemble
d'acteurs dans plusieurs secteurs. On parle d'activités économiques au niveau
de l'industrie minière, il y a l'industrie forestière.
Vous êtes au niveau de l'exploration, il y a des gens qui sont au niveau de
l'exploitation, il y a d'autres groupes d'intérêts. Donc, par exemple,
dans une filière comme Stelmine, qui devrait être là au niveau du secteur
mines?
La Présidente (Mme Léger) :
M. Mariage.
M. Mariage
(Frank) : Bien,
écoutez, qui devrait être là? Nous croyons, comme nous avons expliqué, Mme la
Présidente, que le secteur de l'exploration...
du moins, nous sommes ici pour parler de l'exploration minière. Je ne veux
pas me désigner le porte-parole de
l'industrie forestière ou des autres industries. L'exploration minière est au
début du processus. On parle d'un
territoire qui demeure largement inexploré, avec un potentiel énorme, des gens
qui sont sur le terrain, qui ont
contribué, justement, à créer les futures Éléonore, les mines Éléonore, et
c'est pour cette raison-là que nous croyons que l'exploration minière
doit être bien représentée au sein de l'association.
Cela ne veut
pas dire que les autres industries devraient être absentes. Nous sommes
évidemment prêts à travailler avec
tous les partenaires qui vont faire du Plan Nord un succès, mais, compte tenu
de l'importance que nous croyons qu'a l'exploration
minière pour le développement futur des sites miniers du Plan Nord, nous
croyons qu'une bonne représentation serait adéquate.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'est tout le temps que nous avions du
côté du gouvernement. Maintenant, on passe à l'opposition officielle
pour 10 min 30 s. Mme la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, Mme la
Présidente. Madame, messieurs, bonsoir, bienvenue à l'Assemblée nationale.
C'est sûr que
j'ai sursauté quand j'ai vu que vous aviez situé le siège social à Montréal et
qu'en plus, bien, vous parliez de nos
sociétés d'État qui avaient leurs principaux sièges sociaux à Montréal, mais je
vois que par contre vous n'avez pas
quand même des si bonnes relations que ça avec notre société d'État
Hydro-Québec et vous voulez quand même être à proximité d'eux à Montréal
au niveau des... Vous comprenez...
La Présidente (Mme Léger) : Je ne
suis pas contre ça, moi, Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Bien, vous comprenez
que moi, je suis en...
La Présidente (Mme Léger) : Non, je
vous agace, je vous agace.
• (20 heures) •
Mme
Richard : Je le sais, mais
je suis en complet désaccord avec cette position. Comme je dis, on peut peut-être gagner la guerre, mais il y a des batailles, des
fois, qu'il faut céder. Moi, je cède cette bataille-là au gouvernement parce
que je sais que c'est un gouvernement
majoritaire et que le siège social, à 99,9 %, sera établi à Québec. Bon.
Si ça doit donner une meilleure
coordination de l'action gouvernementale, soit, je suis presque sûre de ça,
mais, en tout cas, on verra bien et on
travaillera article par article pour avoir des antennes satellites sur le
territoire du Plan Nord, et moi, je voudrais qu'il y en ait à Chibougamau, à Baie-Comeau, à
Sept-Îles, à Port-Cartier. Je veux qu'il y en ait partout où, le développement
nordique, particulièrement ces régions-là
sont touchées. C'était juste une petite mise au point que je voulais vous faire
parce que j'ai beaucoup de respect pour votre association.
M. Poirier
en a fait mention, vous êtes présents dans le Nord depuis des décennies. Oui,
le 50 % ne peut pas être décrété
comme ça sur notre territoire. Il n'y a pas de caractérisation, on ne connaît
pas ce que renferme notre sous-sol, puis
je pense que vous nous aidez par les travaux que vous faites en termes
d'exploration. Ça a des coûts extrêmement élevés. Moi, je connais des
gens, des hélicoptères, ils ont amené ça, puis la foreuse, puis, en tout cas,
c'est toute une organisation. Vous
connaissez ça mieux que moi, là. Et vous avez d'ailleurs donné des chiffres,
qu'est-ce que ça coûtait, on le voit,
d'une région à l'autre. Donc, je pense que vous nous aidez à connaître notre
territoire, puis on le souhaite tous, en
tout cas, moi, dans la région d'où je viens, qu'on puisse trouver des mines.
Moi, je voudrais qu'on trouve une mine d'or à Blanc-Sablon pour pouvoir
amener la 138 jusqu'à ce bout du monde.
Ceci étant
dit, mon collègue de l'Abitibi-Est, c'est ça, vous a parlé du bureau de
commercialisation. Vous faites quand
même affaire avec des gens qui habitent notre territoire. Vous savez que moi,
pour une députée du coin de pays, je
le dis tout le temps : Duplessis, c'est un incontournable dans le
développement nordique. Et on a vu les ratés... quand le prix du fer était plus haut que ce qu'il est
maintenant. Je pense qu'il est rendu à 80 $, 85 $. C'est-u ça?
80 $? Bon, il bouge un peu, mais
il ne bouge pas en montant. Le reproche, principalement, qu'on faisait, c'est
que nos entreprises n'en ont pas profité, notre monde n'a pas travaillé,
et tout ça.
Au niveau du bureau de
commercialisation, on ne sait pas trop, lui non plus, où il va se situer,
comment ça va fonctionner. Vous, est-ce que vous le voyez comme un guichet
unique qui... c'est là où les grands donneurs d'heures d'ouvrage passent, parce que, là, le gouvernement a déjà une vision des
projets qui s'en viennent, et qui fait le lien avec, d'abord et avant tout, les entrepreneurs des
régions concernées ou l'ensemble du territoire? Comment vous voyez ça, le
bureau de commercialisation?
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, M. Mariage, juste avant, excusez-moi,
la réponse, j'ai une information à vous
donner. La ville de Québec informe la population qu'un avis d'ébullition de
l'eau potable est émis à titre préventif, et on recommande aux gens de ne pas boire l'eau des pichets actuellement.
Alors, on regrette. On est allés s'informer au secrétariat.
Mme Richard : Et nous ne prendrons
pas de café ce soir.
La Présidente (Mme Léger) : Il y a
un problème d'eau, là, actuellement, alors évitez les pichets. Alors,
excusez-moi, allez-y, M. Mariage. C'était une information pertinente et
importante.
M. Mariage
(Frank) : Donc, avant
de céder la parole à M. Poirier, si jamais j'ai des hallucinations, je dois
trouver ça parfaitement normal. C'est ça? D'accord.
La Présidente (Mme Léger) : On va
vous ramener à l'ordre.
M. Mariage (Frank) :
D'accord.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Oui. On va vous
rassurer. Pour nous, ce n'est pas tellement un grand débat, d'où va se situer
le siège social. Ce qu'on dit, c'est que ça en prend un et que la société
puisse aller de l'avant. C'est surtout ça, notre préoccupation.
Pour qu'est-ce
qui est des bureaux, le bureau commercial, oui, c'est important qu'il soit sur
le terrain, là, le plus près possible. Nous, les explorateurs, comme je disais,
ça fait longtemps qu'on est dans le Nord, on est déjà assez bien équipés, mais ce n'est pas nécessairement évident.
Vous savez, le secteur de l'exploration ne va pas très bien dernièrement,
il ne va même pas bien du tout. Cette année,
c'est excessivement difficile, mais c'est aussi une occasion pour mettre en
place des sociétés ou des mesures qui
vont aider quand ça va redémarrer et pour être peut-être moins surpris s'il y a
un nouveau boom, où est-ce qu'on va être mieux préparés, et le
gouvernement serait aussi mieux préparé.
Mme Richard : Dernière petite
question.
La Présidente (Mme Léger) : Mme la
députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci. Vous avez
parlé beaucoup des infrastructures puis, entre autres, qu'elles devraient
servir... moi, je pense qu'elles
devraient servir autant l'exploration minière qu'aux villégiateurs et surtout
quand l'État paie une partie de ces infrastructures.
Donc, vous savez qu'on va de l'avant, en tout
cas, je le souhaite, c'est ce qu'on a entendu, j'espère que ça va concrétiser, avec l'étude de faisabilité,
20 millions pour le troisième chemin de fer à Sept-Îles, et je souhaite
également que, si on va vers la construction, ce soit genre utilisateur-payeur,
et ça, je pense que vous êtes favorables à ça et qu'il puisse servir. Parce qu'à Sept-Îles on a un
problème présentement. Vous trouvez un gisement, à un moment donné il y a
une entreprise qui est intéressée, eh bien,
elle doit faire affaire avec cinq intervenants avant d'être capable de
descendre le minerai soit dans la
fosse du Labrador... le quai de Sept-Îles, là. C'est un sérieux problème. Et je
pense que vous avez sensibilisé le
ministre. Il faut plus que le sensibiliser, il va falloir qu'il y ait des
actions concrètes qui soient faites. Mais vous devez être d'accord avec
l'étude de faisabilité, le troisième chemin de fer, l'utilisateur-payeur.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier. M. Mariage.
Mme Richard : Ou M. Mariage. Un ou
l'autre.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Mariage.
M. Mariage
(Frank) : Je vais jouer les cartes un peu, je vais prendre
la question. Écoutez, on a expliqué au début, suite à la question qui nous avait été
posée. Je pense que l'industrie est tout
à fait pour la question
d'utilisateur-payeur. On ne peut pas s'inscrire contre le projet d'étude
de faisabilité. Ça va permettre le développement de projets miniers.
Le principe
d'utilisateur-payeur, on est tous d'accord avec ça. Encore une fois, tantôt, dans
votre question, Mme la
Présidente, on a parlé de faire affaire avec cinq entreprises distinctes
pour transporter le minerai. On répète, c'est une question de prévisibilité pour
nos membres. Alors, l'accès aux infrastructures, l'utilisateur-payeur mais aussi la
prévisibilité, c'est ça qui va faciliter la chose.
Mme Richard : Merci
beaucoup. Mon collègue va prendre le relais.
La Présidente
(Mme Léger) : Alors, M. le député de Marie-Victorin, le porte-parole de l'opposition
officielle en matière d'énergie, ressources naturelles et développement
durable.
M.
Drainville : J'ai
plusieurs questions très techniques, ça fait que je vais essayer de poser vite
mes questions, puis donnez-moi des réponses courtes, si possible.
Sur
l'utilisation, j'ai de la difficulté à comprendre, vous nous dites : Ces
services sont utilisés depuis plusieurs décennies pour des raisons d'efficacité et de sécurité. Dans le
paragraphe d'avant, vous dites : Si tu n'as pas de contrat avec Hydro-Québec, tu te vois dans l'impossibilité
de les utiliser. Donc, est-ce à dire, quand vous dites : Ces services sont
utilisés depuis plusieurs décennies, vous
dites : Si tu as un contrat depuis plusieurs décennies, ça marche, tu as
accès aux infrastructures, mais, si
tu n'as pas de contrat, ça ne marche pas? Et ce que je comprends, c'est que,
dans certains cas puis peut-être plusieurs cas, Hydro-Québec refuse de
donner le contrat ou de signer le contrat. C'est-u ça?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Question simple,
mais la réponse pourrait être longue. Vous savez, il y avait une entente tacite,
si on pourrait dire, avec l'utilisation des
aéroports, particulièrement, si vous vouliez utiliser un aéroport, vous
informer quand, durant la semaine,
cet aéroport-là était ouvert, parce que ça n'arrive pas à tous les jours. On ne
peut pas atterrir à n'importe quelle heure, il y a un encadrement très,
très précis pour des règles de sécurité, etc. Donc, la société d'État facturait aux entreprises qui utilisaient les
services cette journée-là pour les services qu'ils avaient à utiliser, ce qui
était tout à fait correct. Il y a eu
une modification dans la politique faisant en sorte que les entreprises qui ne
détiennent pas de contrat avec la
société d'État ne pouvaient pas utiliser ces infrastructures-là, donc ce qui
mène les entreprises à devoir négocier avec Hydro-Québec pour pouvoir
utiliser les infrastructures.
M.
Drainville : O.K.
Mais donc, si tu avais un contrat, tu les informais à l'avance, tu te posais,
ils te facturaient. En résumé, c'est ça?
M. Poirier (Alain) : Oui.
M.
Drainville : Et là ce
que vous dites, c'est que les sociétés qui voulaient avoir un contrat pour
pouvoir se poser à un moment donné
puis payer pour se font dire : Non, on ne t'en donne pas, de contrat, on
ne donne pas d'accès. C'est ça?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Ce n'est pas tout à fait ça. En réalité, Hydro-Québec a dit : À l'avenir, si vous voulez utiliser nos infrastructures, on vous demande d'avoir une entente avec nous, O.K.?
Ils n'ont pas systématiquement bloqué tout
le monde, etc. Ça fait que les entreprises qui ont des projets dans ces
secteurs-là doivent faire des démarches auprès d'Hydro-Québec pour pouvoir
obtenir l'autorisation avant l'utilisation des infrastructures.
M. Drainville : O.K. Mais ce
que vous dites, c'est qu'avant, quand qu'il y avait une telle demande, elle
était acceptée. Maintenant, elle ne l'est plus nécessairement, c'est ça?
M. Poirier (Alain) : Elle n'est plus
automatiquement acceptée.
M.
Drainville : Avant, elle était automatiquement acceptée. La
règle générale, c'est que c'était accepté, et il y avait un contrat qui était négocié.
M. Poirier
(Alain) : Non, c'était selon
les règles fixées par Hydro-Québec, que nous, on n'avait aucun problème avec, donc
nos entreprises, donc des plages très précises d'utilisation et du matériel qui
pouvait...
M. Drainville : O.K. Puis là,
pour l'avenir, ils disent : Cet accès généralisé n'existe plus, tu dois maintenant
négocier un contrat avec moi pour pouvoir avoir accès aux infrastructures.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M.
Poirier (Alain) : Bien, oui,
on pourrait résumer ça comme ça, mais ce n'est pas toujours
aussi simple. Évidemment, tu
sais, les gens se connaissent dans ce secteur-là, ça fait qu'il y a
des échanges qui sont faits. Nous, ce qu'on souhaite, c'est que ça soit
le plus transparent possible, et que la tarification soit connue de tous, et
que chacun puisse l'utiliser évidemment selon les règles qui s'étaient établies
à ce moment-là.
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
mais c'est tout le temps que nous avons.
M. Drainville : Ça ne nous
aide pas pour l'étude article par article, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de...
M. Drainville : Mme la
Présidente, «time out»...
La Présidente (Mme Léger) : Pardon?
M.
Drainville : ...donnez-moi juste 10 secondes. Je trouve ça
très technique. Quand on va arriver à l'étude article par article, il va falloir qu'on comprenne exactement
c'est quoi, le problème, pour qu'on puisse avoir un texte de loi qui règle le problème, puis j'espère que M. le ministre, en qui j'ai beaucoup de confiance, va s'assurer qu'on ait les réponses
à ces questions très techniques, parce que, sincèrement, ce n'est pas simple.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. M. le député de Chauveau, porte-parole du
deuxième groupe d'opposition en matière d'énergie et ressources
naturelles, à vous la parole pour sept minutes.
• (20 h 10) •
M.
Deltell :
Merci, Mme la Présidente. Me Mariage, messieurs, madame, soyez les bienvenus à
votre Assemblée nationale. Je tiens à
vous remercier parce que vous avez été cheville ouvrière il y a un an,
lorsqu'on a lancé la perche au gouvernement
pour pouvoir avoir une loi sur les mines, et vous avez travaillé très fort pour
que, justement, on puisse avoir cette loi-là, et je vous en remercie à nouveau.
J'ai deux questions.
En fait, j'en ai une principale, puis après ça une autre principale mais avec
plusieurs sous-questions. Je vais
vous poser la question que je pose à tout le monde qui vient
ici : Est-ce que vous pensez qu'on a absolument
besoin d'une société d'État pour avoir une société du Plan Nord? Et je
m'explique. Nous, on est d'accord avec
le principe du guichet unique, on est d'accord avec le fait qu'on regroupe les
meilleurs éléments de tous les ministères au
sein d'un même chapeau ou sous un même chapeau, mais est-ce qu'on a vraiment besoin d'une société d'État avec un conseil
d'administration de 15 membres pour
gérer 50 fonctionnaires ou est-ce
qu'un secrétariat, un bureau, un département précis dans un ministère,
avec le même mandat, pourrait tout aussi bien faire ça mais avec plus de
flexibilité parce qu'il ne serait pas enchâssé à l'intérieur d'une
société d'État?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : On n'a pas
vraiment réfléchi à la pertinence que ce soit un bureau, un secrétariat ou
autre chose. En réalité, ce que les
explorateurs ont de besoin, c'est une organisation qui va coordonner, et qui
est sur le territoire, et qui va être
visionnaire du développement des infrastructures. Et c'est ça qu'on a surtout
de besoin. On n'a pas vraiment pris
beaucoup de temps à réfléchir sur quel type d'organisation ça devrait être. Je
pense que ça relève plus des parlementaires, là, que de nous. Nous, on
veut que ça fonctionne. C'est un peu simple, là, mais on veut que ça marche.
M.
Deltell :
Bien. Je veux revenir sur la question de l'article 7 puis de... Vous savez, ce
qu'il y a de beau dans notre métier,
c'est que plus on en apprend, plus on se rend compte qu'on ne sait pas
grand-chose. Et moi, je ne savais pas du
tout qu'Hydro-Québec pouvait même penser faire des misères aux industries
minières qui voulaient développer le Nord à LG 2 ou à LG 3. Je ne peux même pas m'imaginer qu'ils aient pu
vous faire ça. Puis, quand je dis «vous», là je pense à l'ensemble des Québécois, parce que vous, bien
vous donnez de l'ouvrage à du monde puis vous permettez l'exploitation
de nos richesses naturelles, payez des redevances, et tout ça.
Moi, il
me semble, dans ma tête à moi, les sociétés d'État sont là pour l'ensemble des
citoyens puis pas pour protéger leur
chasse gardée. On a souvent dit qu'Hydro-Québec avait pris de l'enflure au fil
des années au point de devenir l'État dans
l'État puis ils se permettaient des choses que l'État n'aurait pas permises, et
ça, c'est un bel exemple... ou un triste exemple, plutôt. Moi, je ne
comprends pas qu'Hydro-Québec puisse vous faire des misères. Et je reviens un
peu aux questions de mon collègue de
Marie-Victorin. J'aimerais que vous nous précisiez ça. Vous avez parlé, tout à
l'heure, de quatre détenteurs de
route à la Baie-James. C'est qui, les quatre détenteurs? Comment ça se fait que
ce n'est pas ouvert à tous? Moi, je
peux tout à fait comprendre qu'une entreprise privée qui développe un chemin,
comme par exemple un chemin
forestier, ou tout ça, dise : Bien là, regarde, si tu l'emploies, si tu
prends mon chemin, mon grand, tu vas payer une redevance. Ça, je comprends ça, il faut que ce soit balisé pour ne
pas qu'ils vous envoient une facture de 1 million à chaque kilomètre que vous franchissez, mais il me
semble qu'il va de soi qu'une fois qu'on a les infrastructures, bon Dieu, tout le monde en profite, sinon ça va être
burlesque et ridicule. On va avoir deux voies une à côté de l'autre, on va
avoir deux aéroports un à côté de
l'autre. Torbinouche, ça coûte déjà assez cher de même, il faut être logique,
puis particulièrement de la part de nos sociétés d'État. J'aimerais vous
entendre là-dessus.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M.
Deltell :
Faites-vous plaisir, là, parce que, moi, ça va me faire plaisir.
M. Poirier
(Alain) : Je n'irai pas
jusque-là. Écoutez, pour ce qui est des routes, effectivement il y a beaucoup
de serments de route qui appartiennent à
différents... MTQ, Hydro-Québec. On utilise les routes qui sont sur les
barrages. Il y a les villages cris,
il y a évidemment des bouts de route qui sont sous la responsabilité du
ministère des Ressources naturelles.
Le problème
n'est pas tant qu'il y en ait plusieurs et qu'ils se côtoient, c'est plutôt
dans la coordination de tout ça, et
dans l'entretien, et dans l'organisation. Je donne un exemple assez
simple : la mine Selby. Il y avait une mine Selby où est-ce que le MTQ a
décidé d'abandonner le tronçon de route qui relie le réseau à la mine Selby.
Mais là ça pose un problème important
à l'entreprise qui détient le parc à résidus pour ses entretiens, puis tout ça,
et c'est assez préoccupant. Évidemment,
ça coupe pour nous, explorateurs, une route d'accès à un secteur qui est quand
même assez important, et probablement que, s'il y avait eu une
concertation beaucoup plus large au début, il y aurait eu des choix peut-être différents qui auraient été faits. Ça fait que,
quand on revient en disant : L'importance du développement des
infrastructures est de maximiser celles qui sont en place, bien c'est un
peu de ça qu'on parle.
Ça fait que
ce n'est pas toujours simple, évidemment c'est un peu complexe, mais il y a
moyen de faire mieux avec les
infrastructures dans le Nord, et je pense que ce serait un des rôles majeurs de
la Société du Plan Nord de s'assurer qu'il y ait un développement
cohérent au niveau des infrastructures.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Chauveau.
M.
Deltell :
Dans l'exemple que vous nous avez donné, il y en a trois qui relèvent
directement du gouvernement : le
ministère des Transports, le ministère des Ressources naturelles, Hydro-Québec.
Villages cris, je comprends que c'est un
peu différent. Mais ça relève de la même autorité : le gouvernement du
Québec. Et donc, partant de là, pour nous, c'est logique que vous ayez accès, qu'on prévoie une somme relativement
correcte, de part et d'autre, là, qu'on ne vous exploite pas puis que vous n'en profitiez pas à rabais, là,
parce qu'on comprend que construire une route là-bas, ce n'est pas comme
construire une route dans le Sud. Je ne dirais pas «à Montréal» parce que ça a
l'air que ça coûte plus cher à Montréal qu'ailleurs. Mais, bon, souhaitons
qu'on ait réglé ce problème-là au cours des derniers mois. Mais on comprend ça.
Mais est-ce que vous vous sentez, entre
guillemets, exploités par la société d'État?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Poirier.
M. Poirier
(Alain) : Je ne pense pas
qu'on va répondre oui à cette question-là, puisqu'il nous reste du travail à
faire avec Hydro-Québec quand même. Non. On
est surpris, assurément, qu'on pourrait dire. Et on a très bien entendu le commentaire du ministre tout à l'heure sur les
infrastructures futures, et je pense que le ministre est aussi sensibilisé
aux infrastructures actuelles, même si elles
sont grand-pèrisées, si on pourrait utiliser l'expression. Je pense qu'il y a
du travail à faire et les gens qui
vont piloter la Société du Plan Nord, bien, vont avoir du travail, mais je
pense que c'est un bon défi à relever.
M.
Deltell :
Alors, en terminant, mes chers amis, simplement un petit clin d'oeil à mon ami
le ministre. Alors, je pense qu'il a
bien entendu mon appel d'assurer une belle collaboration avec Hydro-Québec
là-dessus et je pense qu'il n'aura pas besoin de passer par la Régie de
l'énergie pour se faire comprendre. Merci.
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
M. Mariage, Mme Fillion, M. Poirier et M. Savard, de l'Association de
l'exploration minière du Québec, merci beaucoup de votre présentation et
d'avoir été ici avec nous ce soir.
Alors, je
suspends les travaux quelques instants pour permettre à l'Innovation et
Développement Manicouagan de venir prendre place, s'il vous plaît.
(Suspension de la séance à 20 h 17)
(Reprise à 20 h 19)
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, on reprend. Nous recevons l'Innovation
et Développement Manicouagan (CLD). Alors,
M. Claude Martel, qui est le préfet de la MRC de Manicouagan, maire de la ville
de Baie-Comeau et président du conseil
d'administration d'ID Manicouagan, alors, si vous voulez nous présenter la
personne qui vous accompagne... et vous aurez 10 minutes pour faire
votre présentation avant de faire les échanges.
Innovation et
Développement Manicouagan (CLD)
M. Martel (Claude) : Je voudrais
aussi, si vous me permettez, madame, d'abord vous saluer, M. le ministre,
madame, madame de Duplessis, notre voisine, vous saluer personnellement parce
que j'ai eu l'honneur de travailler avec
votre père en 1981 dans une équipe du tonnerre. On va passer. Je voudrais aussi
rajouter, madame, dans la présentation, pas parce que j'aime les éloges, mais vous dire aussi que je suis
président de la Fondation économique Manicouagan, qui dispose d'un capital d'investissement très
important, de l'ordre de 15 millions, dont 4 millions sont disponibles
pour des projets qui pourraient intéresser la Société du Plan Nord.
• (20 h 20) •
C'est que j'aimerais vous présenter, juste avant
de vous présenter Mme Lemieux, qui va vous présenter le mémoire, vous lire un petit extrait qui vient d'un monsieur que
plusieurs d'entre vous connaissez, Serge Bouchard, dans la préface d'un de ses livres : «Il ne faut
jamais laisser aux autres le soin de dire son pays. Le risque est trop grand de
subir le regard pressé du passant, de se voir dans un miroir déformant,
à la limite de n'être plus que l'ombre de soi-même. [...]Depuis Cartier, le monde n'a pas changé. À l'extérieur des murs de
la métropole, tout est flou, tout est région. Or, une région n'est
intéressante que si elle rapporte de l'or [et] de l'argent.»
Vous comprendrez que tout à l'heure,
suite aux commentaires de nos amis, qui voient la société à Montréal... qu'on
s'y oppose fortement. J'inviterais donc madame à présenter un peu la position
de notre région.
Mme Lemieux (Carole) : Carole Lemieux, directrice générale d'Innovation
et Développement Manicouagan (CLD). Mme
la Présidente, notre mémoire a été cosigné par mon organisation, Innovation et
Développement Manicouagan (CLD), la
Chambre de commerce de Manicouagan, la MRC de Manicouagan, la ville de
Baie-Comeau et la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau.
Nous
saluons la volonté du gouvernement provincial de développer l'immense potentiel
du territoire nordique. Forts de la
désignation réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka, les
intervenants de ce territoire souhaitent voir le développement se faire en accord avec les principes de
développement durable. Ils souhaitent également que les citoyens de la Manicouagan soient partie prenante
des décisions ayant un impact sur leur collectivité. On l'a déjà mentionné
à cette table, contrairement aux éditions
précédentes, nous voulons être plus présents. Nous avons repris les missions de
la société et nous les avons commentées.
Coordonner
et contribuer à la mise en oeuvre des orientations. Nous comprenons que le
développement du Nord doit servir
aussi au Sud. Nous croyons que, dans une perspective de développement durable,
les retombées économiques doivent
être accessibles aux entreprises et aux citoyens du territoire touché par
l'extraction des ressources naturelles. Étant donné la complexité de cette coordination Nord versus Sud et économique
versus sociale, nous sommes donc favorables à l'implantation d'un organisme pouvant avoir un point de vue plus global
de l'ensemble des ressources disponibles, des limites du territoire, des aides ou appuis gouvernementaux pouvant être
mis à la disposition des promoteurs et communautés.
Pour
ce qui est de la coordination de la réalisation d'infrastructures, nous sommes
d'avis qu'il faut désenclaver les
territoires et les rendre accessibles à de futures infrastructures. Innovation
et Développement Manicouagan propose d'ailleurs
l'option d'une infrastructure de transport de minerai pouvant relier la fosse
du Labrador à l'accès de marchés internationaux
par le fleuve ainsi qu'aux entreprises de transformation québécoises par notre
traversier-rail. De plus, la prise en
charge du port fédéral de Baie-Comeau par le milieu vise ces mêmes objectifs de
développement du plein potentiel de
cette infrastructure. D'ailleurs, la communauté de Pessamit a démontré son
intérêt à être partenaire de ce projet, et nous croyons que la Société
du Plan Nord devrait également l'être.
Pour ce qui est
d'accompagner et appuyer les communautés, la société devrait également jouer un
rôle dans l'analyse des impacts des projets.
Ceci permettrait d'apporter un regard objectif et d'accompagner les promoteurs
dans leurs choix quant à la façon
d'enraciner leurs projets dans le territoire et peut-être même d'influencer le
lieu d'implantation de ces projets.
Réaliser
des activités de recherche et développement. Nous souhaitons vous aviser que la
Manicouagan recèle des organismes
ayant déjà compilé des données en lien avec la nordicité et travaillant déjà à
la recherche et l'acquisition de
connaissances. Nous croyons que la société devrait les intégrer à l'atteinte de
sa mission. Je vais vous les nommer : le Centre de recherche Les
Buissons, le Centre d'expérimentation et de développement en forêt boréale, le
cégep de Baie-Comeau et le Consortium
Innovation technologique Énergie Côte-Nord. Il est à noter que la Côte-Nord est
la seule région du Québec sans
université. L'investissement dans un institut nordique du Québec dans cette
région serait un point de départ afin
de faire intervenir des intervenants, des chercheurs, des enseignants sur le
terrain. L'installation de cet institut au nord du 49e parallèle
permettrait une synergie et un transfert de connaissances vers les communautés
nordiques.
Contribuer
à maximiser les retombées économiques générées par la mise en valeur des
ressources naturelles. Le positionnement
stratégique la Manicouagan et de ses infrastructures de transport permet déjà
d'acheminer aisément les ressources
naturelles vers le sud du Québec. L'approvisionnement de la Côte-Nord en gaz
naturel, on en entend souvent parler,
permettra de plus grandes retombées pour la population locale en offrant à des
promoteurs la possibilité d'effectuer une deuxième ou une troisième
transformation près des sites d'extraction.
Nous
voulons aussi vous parler du bureau de commercialisation. Nous croyons qu'il
est important de coordonner les
besoins des grands donneurs d'ordres
et l'offre de services des sous-traitants. ID Manicouagan joue déjà, d'ailleurs, ce rôle avec ses entrepreneurs locaux. Afin d'assurer une présence des entreprises
établies sur le territoire du Plan
Nord à ces futurs chantiers, les organismes de développement doivent
être partie prenante du bureau de commercialisation.
Sur
le plan du plan stratégique, nous croyons que les réflexions devant conduire à
un nouveau plan stratégique doivent
s'élargir au-delà de l'exploitation des ressources naturelles et prévoir des
actions pour une multitude de créneaux économiques.
Le territoire nordique offre un grand potentiel de développement par ses
industries touristiques, bioalimentaires et celle des énergies
renouvelables.
Finalement,
pour la mission organisation et assemblée des partenaires, considérant que la
Manicouagan représente le quart de la population du territoire nordique
et 35 % de celle de la Côte-Nord, les intervenants habitant au-delà du 49e parallèle connaissent mieux que quiconque ces
réalités, nous recommandons que les experts sectoriels proviennent des organisations régionales. Afin d'assurer un développement cohérent avec les capacités et compétences de son territoire, nous offrons à la société la participation des intervenants issus du territoire en action sur le terrain. Cette participation doit se refléter autant sur
les sièges du conseil d'administration qu'à ceux de l'assemblée des
partenaires.
Un
petit mot sur le siège social de la Société du Plan Nord. Nous croyons que la
ville de Baie-Comeau constitue l'emplacement
optimal pour le siège social de la société. En implantant la société dans une
ville nordique, le gouvernement provincial
transmettrait un signal fort aux populations du Nord à l'effet que le
développement se fera pour et par elles. Nous avons déposé d'ailleurs, déjà, un dossier de candidature à M.
Robert Sauvé, indiquant les avantages
de Baie-Comeau. J'aimerais aussi souligner les autres atouts de la
Manicouagan pour ce qui est du Plan Nord : elle est traversée par les deux seuls axes routiers de la Côte-Nord,
soit la 389 et la 138; elle dispose d'un aéroport régional, d'un port; plusieurs terrains de gabarit industriel
sont disponibles; et, M. Martel vous le mentionnait tout à l'heure, nous avons
des forces uniques au territoire, entre autres la Fondation économique
Manicouagan.
En
résumé, nos recommandations. Le siège social de la Société du Plan Nord doit s'implanter dans une ville du Nord offrant les meilleures
synergies et les coûts de fonctionnement les plus bas. Baie-Comeau peut en être
une. Les sièges sociaux du conseil d'administration et de l'assemblée des partenaires de la société
doivent majoritairement être occupés par des membres habitant le 49e
parallèle, et la Manicouagan doit être représentée proportionnellement à sa population.
La société doit reconnaître et intégrer les organisations et les outils mis en place par les régions nordiques. Les infrastructures adéquates doivent être disponibles — route,
port, gaz naturel, chemin de fer. La société doit s'assurer, par l'intermédiaire de son bureau de commercialisation, d'inclure des
processus permettant des retombées significatives pour les entrepreneurs,
les travailleurs établis sur le territoire du Plan Nord. La société ne doit pas
limiter ses champs d'activité à l'extraction des ressources naturelles, mais
également assumer un développement durable du territoire, et finalement l'institut nordique du Québec doit avoir
des antennes dans les régions et servir de lieu de transfert de connaissances
bidirectionnel entre les universités québécoises et les communautés nordiques
locales et autochtones.
La Société du
Plan Nord sera une organisation bénéfique aux régions incluses dans le
territoire du Plan Nord si elle assure une coordination saine des intérêts
parfois divergents... qu'un essor durable du Nord se fera si elle élargit ses
champs d'action et que la Manicouagan a
beaucoup à offrir au Plan Nord par ses infrastructures, ses entrepreneurs. Elle peut
également aider la société dans le choix de ses orientations en étant présente sur les tables l'alimentant. Baie-Comeau s'avère un emplacement de choix pour le siège social.
Le Plan Nord doit se faire par et pour ses communautés, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci, Mme Lemieux. Merci, M. Martel. Merci aussi du clin d'oeil que vous avez
fait à mon père, Marcel Léger. Je suis toujours
sensible, dans le fond, et même surprise après son décès, depuis 21 ans
déjà.
Alors, je
cède la parole maintenant au ministre
de l'Énergie et des Ressources naturelles, député de Mont-Royal, pour 17 min 30 s pour votre équipe.
• (20 h 30) •
M.
Arcand : Merci infiniment. Mme Lemieux et M. Martel, bonne
fin de soirée. J'ai quelques questions pour vous et, par la suite, je
pense, c'est le député d'Ungava qui aura certainement des questions également à
vous poser.
D'abord, je vous dirais que, d'entrée de jeu, tout
de suite, là, la question de l'étude de faisabilité, il est clair qu'on va regarder aussi la question
de Baie-Comeau, là. Ce n'est pas juste une étude de faisabilité
pour un chemin de fer, là, Sept-Îles vers la fosse du Labrador, la question
de Baie-Comeau va être aussi regardée. Alors, je voulais juste vous
sensibiliser sur cette question-là.
Deuxièmement, sur la question de la recherche, vous savez, on a confié le
mandat principal de l'institut nordique à l'Université Laval parce
que c'est l'Université Laval qui a le centre d'études nordiques probablement le plus avancé.
Mais tous les chercheurs travaillent
ensemble. Et, si on a des projets de recherche qui peuvent se faire, que ce
soit avec l'Université du Québec ou encore le cégep de Baie-Comeau, par exemple, je veux dire, il est clair qu'on ne se limitera pas en disant : Écoutez,
c'est seulement les chercheurs de l'Université Laval, là. C'est
toute la communauté québécoise. Alors, je voulais juste préciser cela de
façon importante.
Autre élément
également qu'il, pour moi, est important
de dire, d'abord, tout à
l'heure, on a eu une discussion
avec le député de Chauveau
sur toute la question, là, des
routes, et, une chose est claire, c'est que, d'abord, lorsqu'on parlait du chemin de la Baie-James, là, un chemin qui est
construit en terres publiques, là,
bien c'est automatiquement public, peu
importe qui l'a construit. Et la question, donc, ce n'est pas un problème d'accès nécessairement, c'est un problème d'entretien parce que tout le monde, comme vous le savez, là-dedans
se renvoie la balle, puis Hydro-Québec est tannée de payer toute seule, puis ils veulent que le
ministère des Transports embarque,
puis d'autres qui disent : Il faut que les Cris embarquent, puis il y en a d'autres qui disent : Il faut que les
utilisateurs embarquent. Et c'est justement pourquoi
on crée la Société du Plan Nord. C'est pour
pouvoir coordonner. Plutôt que ça tombe entre plusieurs chaises, à un moment
donné ça prend un organisme pour
dire : Voici, il faut que ça se règle,
puis, à notre avis, voici la recommandation que nous faisons au gouvernement, vous devriez le régler de telle, telle
et telle façon. Voilà pourquoi, à notre avis, une société du Plan Nord peut être utile. Puis je
demanderais au député de Borduas de pouvoir informer le député de Chauveau
de ce que je viens de dire sur cette question-là.
Alors, moi,
la question que je voulais bien comprendre de votre part, Mme Lemieux,
c'est : Comment vous voyez exactement
l'assemblée des partenaires? Comment vous voyez cette composition-là? J'ai
retenu le fait que vous faites campagne
pour que Baie-Comeau soit l'endroit où le siège social doit être, mais, au
niveau de l'assemblée des partenaires, qu'est-ce que vous voyez comme
assemblée générale?
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Lemieux.
Mme
Lemieux (Carole) : Bien, en
fait, je veux d'abord vous remercier, M. le ministre, de nous mentionner que
l'étude sur le chemin de fer inclura
Baie-Comeau, parce que, dans les communications officielles que nous recevons
du gouvernement, Sept-Îles seulement est mentionnée. Et je voudrais
mentionner aussi que les institutions universitaires doivent avoir cette volonté de laisser des retombées du savoir dans nos
milieux et non pas seulement venir les étudier et retourner chez elles.
Pour ce qui
est de l'assemblée des partenaires, si vous permettez, M. Martel, c'est une
question de représentativité. On a
des spécialistes. Comme je le mentionnais, il y a des gens qui ont travaillé
sur le terrain depuis plus longtemps que moi au niveau de la nordicité et ont une connaissance du territoire
exceptionnelle, et je pense qu'il n'y a pas personne qui peut mieux connaître un terrain que celui qui
l'habite. Donc, on veut seulement qu'elle soit proportionnelle. On a vu,
dans la dernière table qui avait été
composée, zéro représentant de la Manicouagan était à la table. Il a fallu se
battre pour en
avoir un seul. Donc, on veut que cette représentativité soit là, au meilleur de
la connaissance des gens, selon les secteurs d'activité. Comme je vous le mentionnais, il n'y a pas seulement les
ressources naturelles qu'on voudrait voir représentées là, mais
également les autres secteurs économiques.
M. Martel
(Claude) : Si vous me permettez de compléter, on...
La Présidente (Mme
Léger) : M. Martel.
M.
Arcand :
Certainement.
M. Martel (Claude) : L'article 51 nous questionne sur le nombre. On ne sait pas combien de
personnes devraient être là. Est-ce
que, chez nous, les gens vont être représentés? Je pense aux autochtones, à
titre d'exemple. Puis, si vous me
permettez, je ne sais pas si c'est la coutume, ça m'amène aussi à vous amener à
réfléchir sur les articles 29 et 99, sur la nomination des membres du conseil d'administration où, si on applique
99, on va avoir des gens sans expérience ou sans connaissance de notre milieu.
Je voudrais porter à votre attention ce phénomène-là, l'article 29, qui,
d'après moi, est corollaire avec 99.
Pour la première composition, c'est un peu le ministre qui nomme. Ça fait que
c'est nos inquiétudes sur les
partenaires ainsi sur le conseil d'administration, où les personnes pourraient
émaner simplement de fonctionnaires sans...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Oui, je comprends ce sentiment-là. D'abord, premièrement, le ministre ne
décidera pas de se lever un matin
puis nommer les gens, là. Je veux que vous compreniez très bien qu'il va y
avoir certainement des consultations importantes
qui vont se faire. Et je pense que, dans les articles de loi, c'est quand même
relativement balisé, où on parle qu'il
va y avoir des gens de tous les milieux. Donc, on ne peut pas juste avoir des
fonctionnaires, il faut qu'il y ait des
gens du milieu de l'industrie, il faut qu'il y ait des gens des municipalités, des
gens des communautés autochtones,
etc. Alors, c'est clair dans notre esprit, là. La difficulté, probablement, va
être d'essayer d'inclure tout le monde
à l'intérieur de ça, parce qu'évidemment, si on parle de Baie-Comeau, bien il
va falloir parler de Sept-Îles, puis il
va falloir parler de Chibougamau, puis il va falloir parler de
Lebel-sur-Quévillon, puis de Kuujjuaq, puis d'autres régions, puis là il va falloir inclure les minières puis
d'autres municipalités. Alors, il est clair qu'il va y avoir là un équilibre
qui va être délicat. Et nous, on voit
ça... je pense, c'est entre 15 et 25, à peu près, qu'on voit au sein de
l'assemblée des partenaires et un conseil d'administration entre neuf et
15, selon le cas.
Sur
la question de la compétence et de l'indépendance surtout, je pense que le
point important, c'était le point d'indépendance, sauf qu'on s'est donné
une marge de manoeuvre sur cette question-là parce qu'on comprend que le territoire est relativement vaste en superficie
mais petit en nombre, et donc on ne veut pas se retrouver à pénaliser quelqu'un
qui n'aurait pas le critère d'indépendance
absolue. C'est pour ça qu'on a été... mais on aura l'occasion certainement,
avec les collègues, de pouvoir en discuter.
Plusieurs personnes
nous ont parlé de la possibilité même de scinder le bureau de
commercialisation, d'avoir deux bureaux de commercialisation. Qu'est-ce que
vous pensez? Comment vous voyez l'évolution de ce bureau-là?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Lemieux.
Mme Lemieux
(Carole) : Bien, en fait, ce qu'on mentionne dans notre mémoire, c'est
qu'on travaille déjà activement à cette
coordination entre les grands donneurs d'ordres et les entrepreneurs. Même avec
les entrepreneurs du Sud, on organise
des missions, tout ça. Donc, on a quand même une compétence comme CLD et
également avec la CRE dans ce domaine-là. On est à travailler un bottin
d'entreprises qui va permettre de retracer facilement les entreprises pouvant soumissionner. On pense que Baie-Comeau,
encore là, est un bon pôle pour ça, plusieurs entreprises ont une très grande compétence au niveau des grands chantiers.
Donc, M. le ministre, consultez-nous, c'est ce qu'on vous demande.
M.
Arcand :
Très bien.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre. Je vous invite à parler à la présidence.
Mme Lemieux
(Carole) : Oui.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci.
M.
Arcand :
Alors, merci beaucoup. Je pense que le député d'Ungava a certainement des
questions pour vous.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Merci beaucoup, Mme la Présidente. En passant, moi aussi, je
me souviens de votre père — je ne suis pas si vieux que ça, mais je m'en souviens très
bien — un
illustre personnage.
Le Plan Nord, bon, on parle, depuis deux jours,
1,2 million de kilomètres carrés, mais, sur ce 1,2 million de kilomètres carrés, il y en a 860 000 que
c'est directement le comté d'Ungava, donc 72 % du Plan Nord se passe chez
nous, dans mon
jardin, dans ma cour, autour de la maison. Vous parliez tantôt, là, bon, que
vous souhaitiez ou que vous voyiez un
siège social établi à Baie-Comeau. Vous avez vendu votre ville puis votre
région de belle façon, puis je ne reprocherai jamais à un curé, là, de prêcher pour ses paroissiens, loin de là, mais
vous ne pensez pas que, bon, Rouyn-Noranda pourrait nous dire la même chose, qu'Amos pourrait nous
dire la même chose? Ce n'est quand même pas des inconnues dans le secteur minier. Le Nord, ils ont déjà entendu
parler de ça une fois ou deux, là. Donc, comment vous voyez ça, là, vu de votre
côté, là?
La Présidente (Mme
Léger) : M. Martel.
• (20 h 40) •
M. Martel
(Claude) : Oui. Peut-être pour répondre un peu. On se positionne comme
ville qui offre une ouverture sur le Nord, c'est évident.
Hier,
j'écoutais les intervenants. Ce que je veux vous dire dans le développement du
Nord : il n'y a pas juste des grandes
minières, il y a des juniors également. Mais je regarde sur mon territoire, qui
est un territoire immense, un territoire qui appartient, de tradition,
aux autochtones, il y a deux projets. Ces deux projets-là, d'après moi, vont
être créateurs d'emplois locaux plus qu'une
minière qui fait l'extraction du fer, le met dans des bateaux puis l'envoie en
Chine. Je pense que le développement
du Nord va se faire aussi avec des juniors qui vont penser aux collectivités
locales. Associé, comme on a dit tout à l'heure, à un développement
touristique important, je pense que c'est...
L'autre
élément qui m'amène aussi à militer en faveur de ma ville, c'est qu'on veut
toujours faire ça toujours dans l'esprit
de la loi. D'ailleurs, je regarde ici : La société a pour mission, dans une perspective de
développement durable, de contribuer au développement. Je veux vous dire
que ma région et ma ville en particulier, on a déjà une politique du développement durable. On a déjà même, avec la multinationale
Alcoa, mis sur pied un fonds qui aide aux collectivités. On a même exporté le modèle à Bécancour, à Deschambault, où,
le développement durable, on y croit chez nous. Ma ville Ma voix, je vous invite à aller voir sur
Internet, est un projet extraordinaire où les citoyens, en forum, viennent nous dire ce qu'ils veulent, où après ça les
jeunes viennent nous dire... Puis, à partir de ça, 400 000 $ sont investis chaque année
par la Fondation Alcoa, qui fait que je pense qu'on est un exemple dans ce
domaine-là.
Puis,
tout à l'heure, on a parlé un peu des régions. Je peux vous dire aussi, puis
ceux qui ont connu Baie-Comeau, que
c'est une ville ouverte, ouverte à l'accueil des gens. Baie-Comeau a été
longtemps un chantier important au Québec, on le sait, aujourd'hui vit des difficultés économiques un peu lourdes,
vous le savez, dans la forêt, vous avez vu un peu le problème avec Résolu, mais on a quand même une
ville qui est encore extrêmement accueillante puis qui possède les atouts, les atouts pour permettre au ministre
Arcand de faire mentir Mme Richard, que la société n'est pas nécessairement
à Québec.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le député d'Ungava.
M.
Boucher : Remarquez que je n'ai absolument rien contre Baie-Comeau,
mon plus jeune est natif de chez vous et présentement, ce soir, à
Kuujjuaq en train de travailler à l'aéroport, là. Mais ne pensez pas que c'est
un vote contre Baie-Comeau, au contraire, là...
M. Martel
(Claude) : Non, je ne le prends pas comme ça, là.
M.
Boucher : ...j'essaie de faire un portrait global. Vous parliez plus
tôt, bon, du bureau de commercialisation. Vous parliez, c'est ça, il y a des grands projets, des mines qui vont
investir plusieurs centaines... si ce n'est pas le milliard de dollars avec des grandes entreprises puis des
firmes d'ingénierie, des mégafirmes d'ingénierie, mais il y a des plus petits
projets, vous l'avez dit vous-même tantôt.
Puis même cette grosse mine-là, le jour qu'elle sera en fonction, elle aura
besoin peut-être de services ménagers, de roulements à billes, de pièces
de rechange, de machinerie, etc.
Comment
vous voyez, là, le rôle de ce bureau-là? Puis pensez-vous qu'un bureau de
commercialisation qui serait situé à
Baie-Comeau, par exemple, pourrait jouer un rôle efficace du côté de
Chibougamau, ou le contraire? Comment vous voyez ça, là?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Lemieux. M. Martel.
M. Martel (Claude) :
Oui. Hier, j'écoutais parler des gens, là, puis on parlait de retombées. J'ai
beaucoup de difficultés avec l'esprit de clocher des régions.
Je
suis dans une grande région. Ce qui est terrible, ce qui est négatif dans nos
régions, c'est de créer cet esprit de clocher.
Je suis un maire d'une ville qui est située dans la grande région du Nord. Pour
moi, on est tous unis au développement
du Nord. Ça fait que, le bureau de commercialisation, quand j'ai vu ça dans la
loi, mon réflexe, ça a été de dire :
Baie-Comeau, depuis des années... Il n'y a pas grand monde ici qui ne
connaissent pas Baie-Comeau autour de la table, là. J'ai voyagé un peu, j'ai été à la retraite 10 ans de temps.
Tout le monde me disait : Mon beau-frère a travaillé là. Ah! mon beau-père connaît ça, Baie-Comeau. Ça a
été une terre d'accueil, on a été ouverts, les grandes compagnies sont venues. Un bureau de commercialisation, ça doit
être ouvert sur l'ensemble du Québec puis, on veut aller plus loin, sur le
monde aussi. Tu sais, on oublie, là, qu'on
signe des ententes avec nos voisins puis qu'il faudrait juste prendre nos
affaires chez nous puis ne rien
prendre chez eux. Il faut faire attention, là. Quand on est en business, on
l'est comme il faut puis on pense aux partenaires qui sont autour de
nous. Moi, je pense, c'est ma vision, puis...
M.
Boucher : Mais, pour la proximité, je me mets dans la peau d'un petit
fournisseur ou d'un petit commerçant situé
à Chapais, par exemple, qui, lui, aurait peut-être un bien qui pourrait être utile
dans une mine, pour lui, ce ne serait pas
difficile de faire affaire avec une organisation située à Baie-Comeau puis
dire : Bien, moi, je vends des roulements à billes, puis est-ce que mes roulements peuvent être utiles, ou etc.? Tu
sais, sans esprit de clocher, sans dire : On n'achète pas là, on
achète juste là, là, pour la facilité de tout ça, là, pour que ça marche, là...
La Présidente (Mme Léger) : M.
Martel.
M. Martel
(Claude) : Je ne comprends
pas nécessairement que les billes sont à Baie-Comeau, je comprends qu'on a l'ouverture de l'aider, de lui dire : C'est
là qu'il est, le produit. Tu sais, je ne m'attends pas, moi, qu'une ville comme
Baie-Comeau soit capable de fournir tout ce
qu'il faut pour l'industrie minière. Il ne faut pas rêver en couleurs, là,
hein? On le voit avec nos grandes compagnies. Ils font affaire
constamment avec l'étranger parce que ceux qui placent Baie-Comeau, c'est quand même une aluminerie qui est quand même
importante, avec trois machines à papier et un moulin à papier qui éprouve des difficultés aujourd'hui à
cause de la tordeuse, là, du bourgeon d'épinette. Mais c'est quand même des compagnies qui sont proactives aussi. Ça fait
que je ne vois pas de difficulté à s'ouvrir puis que ce bureau-là s'ouvre
également à inciter les gens à faire affaire avec d'autres entrepreneurs.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Ungava, 1 min 20 s, à peu près.
M.
Boucher : On parlait tantôt,
bon, de la table des partenaires, vous disiez : Les populations
autochtones. C'est sûr qu'à un moment
donné, bon, on ne peut pas avoir un représentant par organisation, par ville, par syndicat, il va manquer de
sièges à quelque part autour de la table ou ça va prendre une plus grande
salle; un des deux.
Vous parliez
tantôt que la représentation devrait être proportionnelle aux populations.
C'est sûr que, seulement, tu sais, dans mon comté au grand complet, il y a à
peu près la population totale de Baie-Comeau seule à la région. Vous ne pensez pas que, si on y va de ce sens-là, ça va
plus comme régionaliser, ça va devenir le plan nord-est et non pas le
Plan Nord? C'est là-dessus que j'aimerais vous entendre.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Lemieux.
Mme
Lemieux (Carole) : Au niveau
du bureau de commercialisation, j'aimerais seulement vous dire que, peu importe le lieu, l'important, c'est que nos
entreprises soient représentées, autant les vôtres que les nôtres. Je pense que
c'est notre importance.
M. Boucher : Ça, je suis d'accord
avec vous.
Mme Lemieux (Carole) : Ça fait que
c'est important là-dessus pour nous.
Pour ce qui est de la représentativité, comme je
le mentionnais, c'est que, dans la première mouture, on était tout à fait
absents. On croit avoir des savoirs et des connaissances du territoire par nos
institutions qui sont là, et les institutions
vont en fonction de la population qui est là également. Les directions
régionales de plusieurs ministères sont chez nous. Donc, au lieu de prendre un fonctionnaire de Québec pour le
faire, pourquoi ne pas prendre un fonctionnaire de Baie-Comeau qui travaille sur le territoire et
connaît les spécificités nordiques? Donc, c'est le point, là, donc une question
de... plus vers l'est, plus vers l'ouest, mais plus de dire : On a les
compétences sur le terrain.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. C'est tout le temps qui est dévolu de
la partie ministérielle. Maintenant, à l'opposition officielle pour une
période de 10 min 30 s. Mme la députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, Mme la
Présidente. Bonsoir, M. Martel, Mme Lemieux, bienvenue à l'Assemblée nationale.
M. Martel,
moi aussi, j'aimerais me tromper sur l'implantation du siège social. Vous
savez, M. Martel, je le dis souvent,
la région de la Côte-Nord, c'est une très grande région, deux comtés, des
spécificités qui nous sont propres dans chacun de nos milieux. Je ne voudrais pas qu'on retombe dans nos anciens
débats : Est-ce que ce sera Baie-Comeau? Est-ce que ce sera Sept-Îles? Est-ce que ce sera
Port-Cartier? C'était plus facile pour mon collègue, il avait juste Baie-Comeau.
Moi, j'étais prise un petit peu entre Sept-Îles puis Port-Cartier. Ça a été une
période difficile. On va voir comment le ministre
se positionnera. Moi, de ce que j'avais compris, dans l'ancienne mouture, on
parlait beaucoup, en tout cas, du P.D.G., de l'administrateur de cette
société. C'est sûr qu'en bout de piste c'est le ministre qui va donner les
grandes orientations, il va avoir le bras
long, là, mais il va quand même y avoir un administrateur de cette société, et
nous, on était même jusqu'à aller à
dire qu'on était prêts à l'accueillir sur notre territoire, on était prêts même
à lui trouver une maison. C'est
tellement vous dire comment on voulait la Société du Plan Nord, et on n'avait
pas défini d'endroit précis. Par la suite,
vous savez que, quand... On n'a été au pouvoir quand même que 18 mois
seulement, mais nous, on est arrivés avec le Secrétariat au
développement nordique, où on avait dit : On a livré la marchandise. La
priorité, c'était d'aider les communautés
qui avaient été prises avec un boom économique sans précédent puis qu'il
fallait que, vraiment, on mette à niveau certaines infrastructures. Et
on avait dit : Il y aura des antennes satellites. Il y aura des antennes
satellites à Chibougamau, Baie-Comeau, Sept-Îles et Port-Cartier, tout ça est
en négociation.
Moi,
je pense que c'est tout à fait louable, et vous faites bien, et, oui, je
connais Baie-Comeau, j'ai encore de la famille
à Baie-Comeau, mon père a travaillé à Baie-Comeau le temps du colonel
McCormick. Je sais que vous avez des infrastructures adéquates. Tous nos bureaux
régionaux, souvent, on est jaloux aussi un petit peu à l'autre bout, à l'est.
Donc, vous avez tous les outils pour...
qu'on pourrait implanter la Société du Plan Nord à Baie-Comeau, mais, en tout
cas, on verra comment le ministre se comportera avec l'implantation du
siège social. Moi, je favoriserais plus en tout cas les antennes satellites, ce qui permettrait à chaque région, comme chez
vous, à Baie-Comeau, comme chez moi, à Sept-Îles, Port-Cartier, Chibougamau, d'être capable d'avoir...
pas juste dire : On vous donne une antenne satellite pour dire : On a
quelqu'un, vous êtes sur la mappe, là, comme
on dit, un rôle vraiment accru, être capable vraiment de faire le lien avec
la société et avoir un certain pouvoir. Je
pense que le pouvoir ne doit pas... Je suis pour la décentralisation, donc je
ne suis pas non plus pour une
centralisation en région. C'est ce que je voulais mettre au point ce soir. Je
souhaite que tout le monde soit gagnant dans ça.
On a parlé beaucoup du bureau de commercialisation. Je ne veux pas trop
élaborer là-dessus. Vous y avez répondu, Mme Lemieux. Je suis d'accord
avec vous. On verra article par article, mais il faut que ça serve d'abord et avant tout
à nos entrepreneurs, hein? Il y en a,
des entreprises de chez vous qui font affaire aux chantiers
Romaine, puis on en est bien contents.
Quand toute la région se porte bien, comme on dit, d'un bout à l'autre, que le
courant passe, tout le monde est très content.
Ce
que j'ai été étonnée, c'est par
rapport à la... on parle de la table
des partenaires, quand vous avez dit que vous n'aviez pas une
représentation, vous n'étiez pas là, il n'y avait personne de chez vous.
• (20 h 50) •
Mme Lemieux (Carole) : Alors, on a dû, Mme la Présidente, demander au
gouvernement d'inclure une place à la Manicouagan, et un seul représentant a été
nommé in extremis, qui était Jean-Philippe Messier, directeur général de la réserve mondiale de la biosphère Uapishka-Manicouagan.
Mme Richard : Et même avec toutes les directions générales qui se
retrouvent chez vous? Je pense au ministère
des Transports, au MAMROT, etc. Bon. Bien, ça me désole d'apprendre, là... Je
vous avoue que ça, ça m'a échappé.
M. Martel
(Claude) : Est-ce que vous me...
La Présidente (Mme
Léger) : ...Mme Lemieux?
Une voix :
Non, zéro représentant.
La Présidente (Mme
Léger) : On peut vous entendre...
Mme Richard :
Non, j'avais compris, Mme la Présidente, j'avais compris.
La Présidente (Mme
Léger) : D'accord.
M. Martel
(Claude) : Est-ce que, Mme Léger, vous me permettez de... J'aurais
voulu réagir un peu à ce que Mme Richard...
La Présidente (Mme
Léger) : Allez-y, M. Martel, si Mme la députée...
M. Martel (Claude) : Mme Richard, je voudrais vous dire que chez nous on n'est pas jaloux
quand une minière s'ouvre chez vous.
Quand Ferro a décidé de choisir Port-Cartier, j'ai pris la peine de féliciter
la mairesse puis j'ai parlé avec le
président de la compagnie. Ce qu'on a eu, c'est un développement régional qui s'installe sur la Côte-Nord, on en est contents. Comme tout le monde ici, on est toujours
contents quand c'est dans notre cour. Mais, je veux dire, au niveau de l'esprit régional, que je pense
à Mine Arnaud... j'ose croire que, quand que Mine Arnaud va opérer, il y aura
de la place pour les travailleurs du
Nord chez Mine Arnaud, que ça ne soit pas juste des chasses gardées, surtout qu'Investissement Québec a des parties importantes
là-dedans.
C'est
ça, le développement puis la croyance à une région. Moi, en tout cas, j'y crois fortement. Je suis un leader d'une MRC puis je suis le leader d'une ville, puis, ce message-là, je le
répète constamment au niveau de mon territoire.
La Présidente (Mme
Léger) : Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Je suis tout à fait d'accord avec vous, M. Martel. Mes propos ont été mal
interprétés. Moi aussi, je ne suis pas jalouse puis je ne pense pas...
mais je voulais juste mettre dans le contexte. Vous n'étiez pas maire de Baie-Comeau à cette époque, mais vous savez très bien que, lorsqu'il
a été question de l'implantation
de la Société du Plan Nord, ça a créé
beaucoup de remous dans nos communautés respectives, et je disais : Je ne
veux pas retremper dans ça. Et je
crois à une concertation régionale. Nous ne sommes pas très populeux sur la
Côte-Nord, c'est plus de 1 200 kilomètres de côtes. S'il n'y a pas de concertation de Tadoussac à Blanc-Sablon, incluant
Schefferville, île Anticosti, on est mal partis. De un, on est deux députés à l'Assemblée nationale qui représentons
cette grande région et on ne fait pas juste traverser la rue et changer
de comté.
Je vous remercie beaucoup. Puis je vais céder la
parole à mon collègue le député de Marie-Victorin.
La
Présidente (Mme Léger) : M. le député de Marie-Victorin, porte-parole
de l'opposition officielle en matière d'énergie, ressources naturelles
et développement nordique, à vous la parole pour 4 min 30 s.
M.
Drainville : Oui.
Merci, Mme la Présidente. D'abord, si j'ai bien compris, M. le ministre, le
troisième lien ferroviaire pour
relier la fosse du Labrador ne serait pas nécessairement un lien reliant la
fosse à Sept-Îles. Je pense que vous avez, dans vos commentaires, ouvert
à d'autres possibilités, à d'autres scénarios.
M.
Arcand :
C'est-à-dire qu'on regarde toutes les options actuellement.
M.
Drainville : Parce
que je voulais juste attirer l'attention des membres de la commission sur le
communiqué du
21 octobre 2014 : Le gouvernement du Québec s'associe à des
partenaires privés pour la réalisation d'une étude de faisabilité sur le lien ferroviaire vers la fosse
du Labrador. Alors : «Le
ministre [...] représenté par le [...] s'associent afin de mener à bien
une étude de faisabilité relative à un nouveau lien ferroviaire pour améliorer
l'accès à la fosse du Labrador depuis le port de Sept-Îles.»
Je voulais juste préciser ça. Vous dites
maintenant que ça ne sera pas nécessairement le port de Sept-Îles.
M.
Arcand : Non, je
dis qu'il peut y avoir des accès également possibles à Baie-Comeau. C'est ça
que je dis.
M. Drainville : Avec?
M.
Arcand : On regarde toutes les
options. Alors, ça, ça peut être quelque chose qu'on regarde actuellement, oui.
M.
Drainville : O.K.
Très bien. Donc, juste pour être sûr, Mme la Présidente, parce que, je pense,
c'est important que les gens de
Baie-Comeau le sachent pour ne pas qu'il y ait de malentendu, là, donc, ça
voudrait dire que le lien pourrait partir
de la fosse, mais il pourrait y avoir... éventuellement, ça pourrait se
séparer, un chemin... il pourrait y avoir un tronçon vers Baie-Comeau
puis un autre vers Sept-Îles?
M.
Arcand : Il peut y
avoir ça.
M.
Drainville : O.K. Très
bien. Merci d'être là. Vous êtes les premiers à nous parler de diversification
de l'économie du territoire nordique
et... en tout cas, à ma connaissance, vous êtes les premiers — j'ai peut-être manqué un bout — et je trouve ça intéressant. Vous
dites : Au-delà de nos ressources naturelles, on a une industrie
touristique, on a un potentiel
bioalimentaire, on a évidemment le potentiel lié aux énergies renouvelables,
donc il faut voir le territoire nordique
non pas seulement avec la perspective d'une mise en valeur de ses ressources
naturelles, de ses métaux, de ses forêts,
etc., mais il faut voir également d'autres secteurs économiques qui pourraient
être développés. Et vous dites : La Société du Plan Nord devrait se
charger de ça, ça devrait faire partie de son mandat.
Je veux juste
vous dire, au fur et à mesure où les gens viennent témoigner devant cette
commission, les attentes face à cette
société-là ne cessent de s'accroître. Là, à la fin, là, ça va être
essentiellement un État dans l'État, là. Je veux dire, cette société-là
va devoir s'occuper des problèmes sociaux, va devoir faire de la
diversification, s'occuper des infrastructures
de transport, mettre au pas Hydro-Québec, faire de la deuxième et troisième
transformation. Vous comprenez ce que
je veux dire? Je me demande si ça ne va pas finir par une grande déception,
tout ça, parce que je sens que les attentes sont très, très grandes. Il vous reste probablement, à peu près, une
minute pour répondre. Est-ce que vous êtes conscient de ça, M. le maire?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Martel.
M. Martel
(Claude) : Oui. Ce qui me
fait plaisir en lisant la loi, c'est que la société peut être un partenaire. Quand je voyais, dans Le Soleil, l'article... M. D'Amour disant
que Québec pense aux ports de mer, Baie-Comeau, c'est un port où on veut reprendre la direction parce que le
fédéral veut s'en débarrasser. Que la Société du Plan Nord décide d'être
un partenaire avec la corporation du port,
ça serait extraordinaire, pas parce qu'on a besoin de l'argent de la société,
mais on a besoin de son influence, de
sa capacité de rayonnement. C'est ça que ça veut dire. On n'a pas peur, nous,
de la Société du Plan Nord.
La Présidente (Mme Léger) : Mme
Lemieux.
Mme
Lemieux (Carole) : La
diversification, on y travaille depuis 2008. On est conscients, et Mme Richard
le sait certainement, l'industrie
minière est haussière, baissière, et de façon de plus en plus rapide. Si on ne diversifie pas notre économie, ça ne fonctionnera pas, le Plan Nord. Il
va y avoir des bonnes années, il va y avoir des mauvaises années, mais
ça prend d'autre chose.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, Mme Lemieux. Maintenant, nous passons
au deuxième groupe d'opposition. Je laisse la parole à M. le député de
Borduas pour sept minutes.
M.
Jolin-Barrette : Merci, Mme la Présidente. Alors, bonsoir, Mme
Lemieux. M. Martel, bonsoir. Vous avez abordé,
tout à l'heure, l'institut de développement nordique, de connaissances
nordiques. Je voulais savoir comment vous l'envisagez, parce qu'on voit
que présentement, bon, c'est l'Université Laval qui a la charge, tout ça.
Est-ce que vous voudriez des campus délocalisés?
On parle au niveau de la formation universitaire, de la formation
professionnelle technique.
Dans quelle perspective vous le voyez? Et, deuxièmement, est-ce que vous voyez
plusieurs sites d'implantation, puis comment la ville de Baie-Comeau
pourrait répondre à l'implantation d'un site?
Mme Lemieux
(Carole) : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme
Léger) : Oui, Mme Lemieux.
Mme Lemieux (Carole) : Pour la question du savoir, informez M. d'Ungava
que je viens de l'Abitibi-Témiscamingue, donc, il y a un très beau
modèle, effectivement, d'université là-bas où il y a des pavillons dans chacune
des villes qui permettent de diffuser le
savoir. Comme je le mentionnais tout à l'heure, les chercheurs viennent sur le
terrain et repartent avec leur bagage
de connaissances. On veut que ces savoirs-là restent chez nous, donc ça prend
des enseignants et des chercheurs qui restent chez nous. Donc, des
pavillons, je pense qu'ils seraient une bonne solution pour permettre une étendue sur tout le territoire, mais on doit
mettre... Puis il y a déjà des acteurs, comme je le mentionnais tout à l'heure,
un CEDFOB, un Centre de recherche Les
Buissons ou un CITEC qui travaillent déjà là-dessus. Donc, on peut permettre
une synergie entre les savoirs à ce moment-là.
M.
Jolin-Barrette : Donc, concrètement, vous voulez développer un réseau
puis le joindre à celui déjà en place afin de vous assurer que les
connaissances restent sur le terrain puis que l'expertise soit dans le Nord.
Mme Lemieux
(Carole) : Tout à fait.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui. Je vous amènerais maintenant sur la question du
conseil d'administration ainsi que l'assemblée des partenaires.
Dans votre mémoire,
vous soulignez que vous souhaitez que la Manicouagan représente 25 %... en
fait, elle représente 25 % de la population nordique, et que sa
représentativité devrait être de cet ordre au niveau du conseil d'administration de la Société du Plan Nord, et
même chose au niveau de l'assemblée des partenaires. Comment
réconciliez-vous le poids des autres régions avec les Premières Nations ou
peut-être avec les... Dans le projet de loi actuellement, on parle de
l'expertise de certaines personnes qui seraient nommées en fonction de leurs
compétences.
Comment
vous réconciliez ça, là? Parce que, dans le fond, il faut essayer d'inclure
tout le monde au niveau de l'assemblée
des partenaires puis d'avoir le conseil d'administration le plus large possible
pour que la société soit le mieux gérée possible. Puis j'aurais une
sous-question par rapport à la gouvernance de cette société-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. Martel.
• (21 heures) •
M. Martel (Claude) : Concernant le conseil d'administration, on n'a aucun problème avec la
proposition gouvernementale. La
question ou le questionnement qu'on a, c'est : Ça prend quelqu'un qui
connaît le milieu nordique. Si on
applique aveuglément l'article 99, ça pourrait être du monde, surtout le
premier conseil d'administration, qui n'ont jamais vu la Côte-Nord. À l'heure actuelle, j'ai un problème de tordeuse
d'épinette. Je pense qu'il y a des fonctionnaires à Québec qui n'ont jamais vu de forêts mangées par
la tordeuse. Mais, tant qu'ils ne la verront pas, on n'est pas capables
de régler les dossiers. C'est ça que ça veut dire, dans les faits.
Concernant
la société, ma préoccupation, je l'ai dit au ministre tout à l'heure, c'est
d'avoir des gens qui connaissent bien
le Nord : le Nord chez M. le député, le Nord chez nous, le Nord à
Sept-Îles. C'est ça qui est important. C'était ma crainte de 99, 29 pour
le premier conseil d'administration. La deuxième, les partenaires, peut-être
que vous pourriez compléter, si vous me permettez?
La Présidente (Mme
Léger) : Mme Lemieux.
Mme Lemieux (Carole) : Comme on l'a mentionné, c'est une question de
compétence et de connaissances du territoire.
Le 25 % est un indicateur pour ne pas revenir au zéro où on était la
dernière fois. Donc, à compétences équivalentes, on veut que ce soient
des gens du Nord qui soient à la table.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Mais donc, sur le pourcentage, vous n'êtes pas
nécessairement fermes, vous voulez avoir une représentativité.
Mme Lemieux
(Carole) : Proportionnelle.
M.
Jolin-Barrette : O.K., de façon proportionnelle. Même chose au niveau
des gens qui sont là, il faut qu'ils connaissent
le Nord. Moi-même, je n'ai jamais vu une forêt qui a été affectée par le mal
dont vous parlez. Cependant, est-ce que vous êtes fermes également sur
le fait de résider au nord du 49e parallèle?
M. Martel (Claude) : Je n'ai pas
compris.
M.
Jolin-Barrette : Au niveau de la résidence des individus.
La Présidente (Mme Léger) : M.
Martel.
M. Martel
(Claude) : Bien, écoutez,
c'est un peu difficile, ça, hein? Je pense que, quand on dit : Les gens
connaissent le Nord, il faut quasiment être
sur le territoire, mais... croire que c'est une obligation en soi. Mais Mme Richard a sorti un élément important tout à
l'heure qui doit attirer votre attention : beaucoup de centres
administratifs sont à Baie-Comeau. Il
y a déjà des connaissances sur le territoire qui est un... On parlait
d'avantages tout à l'heure. C'en est un, atout, que certains centres
administratifs sont déjà dans notre ville; des économies substantielles pour
l'État.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Au niveau des infrastructures, bon, le développement
du Nord, ça amène plus de trafic, plus de
volume, si je peux dire. Vous faites référence à la réfection des routes 138,
389. Au niveau municipal, est-ce que le Nord a un impact dans votre municipalité? Et comment suppléez-vous au
plus grand nombre de personnes qui viennent habiter chez vous, tout ça?
Est-ce que vous avez des problématiques sociales en fait associées au
développement?
La Présidente (Mme Léger) : M.
Martel.
M. Martel
(Claude) : Regardez,
présentement, la ville de Baie-Comeau... Écoutez, en 1980, il y avait 28 000 habitants dans la ville de
Baie-Comeau. Mon premier mandat de maire, en 1994, il y en avait 26 000.
Celui-là que je viens de reprendre,
il y en a 22 000. La même infrastructure est là : quatre glaces
artificielles, une équipe de hockey junior,
une salle de spectacle. Il ne manque rien, comme organisation, un peu comme la
plupart des villes qui sont présentes ici,
là, que vous représentez. Il y a tout ce qu'il faut. On est une ville
organisée : programmes de développement, taux de taxation acceptable. Écoutez, il y a près de 100 organismes
à Baie-Comeau qui reçoivent des subventions de la ville, il y a des
partenaires avec la ville de Baie-Comeau. C'est pour ça que je vous dis que
c'est important.
Notre ville
est capable d'accueillir la Société du Plan Nord sous ses infrastructures, au
niveau de ses routes aussi, également.
On a un projet. Juste à titre d'exemple, on finalise un projet de filtration de
l'eau, de 70 millions en compagnie des gouvernements fédéral et provincial. Ça fait que c'est une ville
organisée, comme Sept-Îles, comme beaucoup de villes qui sont ici, là.
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
Cinq secondes.
M.
Jolin-Barrette : Je vous remercie d'être venus nous présenter votre
mémoire. Je vous souhaite une bonne soirée et un bon retour.
Mémoires déposés
La
Présidente (Mme Léger) : Avant de conclure et de remercier nos
invités, je dois déposer les mémoires des personnes et organismes qui
n'ont pas été entendus lors des auditions : j'ai ici l'Association
canadienne de l'énergie éolienne CanWEA, la
Genesee & Wyoming Canada Inc., le Grand Conseil des Cris, l'Union des
municipalités du Québec et Nature Québec, qui sont... Alors, je dépose
pour la commission ces mémoires-là.
Merci
beaucoup, pour Innovation et Développement Manicouagan (CLD). Mme Lemieux et M.
Martel, alors, merci de votre présentation.
Et je lève la
séance. Et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci et bonne fin de soirée!
(Fin de la séance à 21 h 5)