(Quatorze
heures quatre minutes)
La
Présidente
(Mme Bouillé) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le
quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie, cet après-midi, afin de procéder aux consultations
particulières sur le projet de loi n° 43, Loi sur les mines.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Billette (Huntingdon) est remplacé par M. Bolduc
(Mégantic).
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Parfait. Merci beaucoup. J'ai besoin du consentement des membres de la commission pour
que l'on termine à 17 h 5, puisqu'on commence cinq minutes en
retard — par
ma faute, j'assume. Donc, j'ai le consentement des membres de la commission?
Merci beaucoup.
Cet
après-midi, nous allons entendre les représentants de la Société pour la nature
et les parcs du Canada, sectionQuébec
et Nature Québec, puis nous entendrons M. Gérald Lemoyne, maire de
Lebel-sur-Quévillon et Baie-James, et enfin la Conférence régionale des
élus de l'Abitibi-Témiscamingue.
Auditions (suite)
J'invite
donc nos premiers invités à se présenter et à faire leur exposé. Vous disposez
d'une période de 10 minutes. Bienvenue.
Société pour la nature et les
parcs du Canada,
section Québec (SNAP‑Québec) et Nature Québec
M. Simard (Christian) : Oui, bonjour. Merci aux membres de la commission.
Merci, Mme la Présidente, de nousrecevoir.
Je vais présenter rapidement : à ma gauche, Mme Sophie Gallais, chargée de
projet Aires protégées à Nature Québec; à ma droite, Sylvain
Archambault, de la Société pour la nature et les parcs, section Québec, ainsi
que M. Patrick Nadeau, qui est directeur général de la SNAP-Québec. Mon
nom : Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
Quelques mots sur
Nature Québec, un organisme qui oeuvre depuis 1981 à la conservation et à
l'utilisation durable des ressources. On
compte 5 000 membres et sympathisants et plus de 130 organismes de
conservation qui sontmembres de
Nature Québec à travers le Québec. On est membres, tout comme la
SNAP-Québec aussi, de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure
mine!, qui vous présentera son mémoire un peu plus tard au cours de la session.
Quelques mots sur la
SNAP. Patrick.
M. Nadeau (Patrick) : D'accord. Donc, la SNAP, c'est la Société pour la nature et les parcs.
On est égalementun organisme sans
but lucratif qui travaillons dans le milieu environnemental. On existe depuis
1963, donc cette annéeon célèbre
notre 50e anniversaire; depuis 2001 ici, au Québec. On travaille
principalement à la création d'un réseau d'aires protégées, autant
terrestre que marin, et à la bonne gestion de ce réseau-là d'aires protégées.
M. Simard (Christian) : Oui. On va lire simplement les recommandations.
Juste quelques mots d'introductionpour
dire que, dans le domaine des mines, le statu quo a assez duré, là. C'est le
troisième projet de loi, il doit être adopté.Je pense que, si on recherche le bien commun, il doit être adopté. Je pense
qu'il est encore possible de le bonifier, on estouverts pour discuter avec le gouvernement, les partis d'opposition et
même l'industrie sur certains éléments debonification qui pourraient être faits. Il ne s'agit pas de le changer,
là, de bout en bout. Je pense qu'essentiellement il est important
surtout de l'adopter rapidement, parce que la société québécoise ne peut pas se
permettre de voir mourir au feuilleton un troisième projet de loi, donc ce
serait, selon nous, irresponsable.
Donc,
dans cet esprit-là, nous faisons des recommandations de bonification avec la
SNAP. Première recommandation : Nature Québec et SNAP-Québec demandons d'éliminer la
préséance de la Loi sur les mines par rapport à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Donc, on aimerait voir abrogé l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et les articles 279,
280 et 281 du projet de loi n° 43. On pense qu'on peut établir des
mécanismes pour les territoires nordiques
afin de pouvoir déterminer des territoires aussi jugés incompatibles à l'industrie minière. Notamment, le projetde loi ne devrait plus prévoir de droit de veto arbitraire du ministre
ou de la ministre sur la détermination des territoires
désignés incompatibles à la suite d'un processus de planification et d'aménagement
des MRC.
M. Nadeau
(Patrick) : Donc, avis à l'opérateur du micro : Nous allons
alterner dans nos recommandations.
Donc, nous
demandons également au gouvernement de revoir le mode de consultation des communautésautochtones conformément à ses obligations constitutionnelles. Rappelons que la Cour d'appel du Yukon a jugé inconstitutionnelle l'émission de titres miniers
sans processus de consultation formel des communautés autochtones. L'Ontario,
Terre-Neuve-et-Labrador ainsi que les trois territoires canadiens ont présenté
des modèles intéressants dont le Québec pourrait s'inspirer.
M. Simard (Christian) : Pour trouver
l'équilibre entre la conservation et l'exploitation, certains outils sont actuellement disponibles pour permettre au ministre
des Ressources naturelles de suspendre un territoire aux activitésminières, d'arrêter des travaux pour des raisons d'utilité
publique ou de réserver un territoire permettant des activités sous
certaines conditions. Ces outils peuvent être bonifiés et mieux utilisés pour
permettre d'autres usages du territoire, notamment
en vue de la création d'aires protégées. Nous demandons au ministère des
Ressources naturelles d'affirmersa
volonté de contribuer à l'atteinte des objectifs québécois fixés en matière d'aires
protégées — les
objectifs officiels sont de 12 % d'ici 2015 — et d'indiquer
clairement dans le préambule du projet de loi cette intention.
• (14 h 10) •
M. Nadeau (Patrick) : Par ailleurs,
Nature Québec et la SNAP demandons que la nouvelle Loi sur les mines prévoie un mécanisme clair permettant de révoquer
ou de modifier les conditions d'application des titres miniers pourdes raisons d'intérêt public, notamment la
création d'aires protégées et la protection de la biodiversité. En ce sens, nousdemandons d'élargir la portée de l'article 82 de la loi actuelle — ou l'article 92
dans le présent projet de loi — en
remplaçant la notion d'«utilité publique» par celle d'«intérêt public» et en
permettant également l'application de ce pouvoir par le ministre du
Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs.
M. Simard
(Christian) : Nous
recommandons aussi la mise en réserve d'un territoire… Je
recommence : La miseen réserve
d'un territoire — article
304 de la loi actuelle, article 250 du projet
de loi — est un outil intéressant pour mener à la
création d'aires protégées. Toutefois, il semble sous-utilisé, au Québec, et sa
portée demeure encore trop limitée, n'affectant
pas les titres miniers existants. Nature Québec et SNAP-Québec
demandent que les réserves à l'État soientdavantage utilisées et
puissent s'appliquer aux claims miniers existants. Dans certains cas, l'État
devrait pouvoir révoquertout titre
minier se retrouvant dans une réserve à l'État pour des raisons d'intérêt
public. Dans d'autres cas, l'État pourraitpermettre aux détenteurs de titres miniers actifs de réaliser des
activités d'exploration minière sous certaines conditions,pour une durée maximale de quatre ans, afin de
confirmer ou non le potentiel minier de leurs claims. À l'issue de cettepériode, le territoire pourrait être
protégé si aucun potentiel minier n'est présent. Si un potentiel minier est
identifié, une évaluation indépendante et des consultations publiques
seraient tenues pour déterminer le meilleur usage.
En fait, ce
qui est important ici — et
je terminerai là-dessus — c'est
que, si on a un territoire d'intérêt pour créer une aire protégée, c'est
qu'on pense qu'au niveau de la biodiversité… Vous savez, si on veut faire du développement
durable, on doit s'assurer qu'il demeure des écosystèmes pour soutenir la vie,
hein, et, quand on fait des aires protégées,ce n'est pas pour le plaisir, mais c'est pour maintenir des écosystèmes essentiels
à la vie. Mais, dans certains cas, on pourrait,s'il y a un terrain, il y a un territoire
d'intérêt public, donc, si vous
voulez, qui est claimé, dire :
Vous avez quatre ans pourdéterminer
s'il y a un vrai potentiel, et il y aura débat public pour savoir quel est l'usage
le meilleur pour le Québec, soit l'exploitation de ce gisement ou la
création d'une aire protégée.
Enfin, en terminant, on a souligné que nos deux organisations
sont aussi membres de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! et on vous invite, je pense, dans un esprit
de débat et d'ouverture à la participation citoyenne,d'évaluer, de faire l'évaluation environnementale de tous les projets par voie
réglementaire. On entend parler des foisque, bon, l'industrie voudrait limiter ça à tous les projets au-delà de
3 000 tonnes par jour, et je
pense qu'il est important…Vous
savez, il y a des audiences publiques pour un parc éolien, pour la création d'aires
protégées, pour une marina, et jepense
que, lorsqu'on a une mine même de moins de 3 000 tonnes, c'est des impacts
majeurs, donc on ne devrait pas limiter ces choses-là. Donc, rapidement, par voie réglementaire, on peut faire
cette évaluation-là. Il y a une directive, une simple directive au
ministère de l'Environnement pour encadrer, là, les impacts et les effluents
des sociétés minières, et on pense que ça
devrait être par voie réglementaire et surtout qu'on ait les ressources
suffisantes autant pour ce projet de loique pour l'application réglementaire, des ressources suffisantes au sein
du ministère des Ressources naturelles pour pouvoir s'assurer de l'application
de ces lois et règlements.
Pour le
reste, nous vous invitons à voir le document en annexe, un document qui est
plus appuyé, là, sur lequels'appuient
nos recommandations, et aussi de porter attention au mémoire qui sera déposé
par la coalition prochainement. Merci beaucoup.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup, M. Simard. Nous allons donc
maintenant procéder à une périoded'échange
avec les invités en débutant par le groupe parlementaire formant le
gouvernement, puis par les députés d'opposition.
Il y aura 50 minutes d'échange : 24 minutes pour le groupe
formant le gouvernement, 26 minutes pour les députés de l'opposition.
Donc, Mme la ministre, à vous la parole.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, Mme la Présidente. Bienvenue. Merci à l'ensemble des gens de Nature
Québec et de SNAP, donc M. Simard, M. Nadeau, Mme Gallais
et M. Archambault.
Donc, je
voulais peut-être juste certaines précisions, parce que c'est vrai que ça fait
déjà le troisième projet de loi,donc
on a déjà eu l'occasion de discuter et de vous entendre, là, sur les
différentes recommandations, mais je voulais voirvotre interprétation. À votre recommandation 4,
lorsque vous dites, dans l'article 92, de remplacer la notion d'«utilitépublique» par la
notion d'«intérêt public», dans votre interprétation, qu'est-ce que couvre
«utilité publique»? Et qu'est-ce que vous voudriez faire couvrir en sus
pour changer la dénomination, pour appeler ça «intérêt public»?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :Je
vais inviter les représentants, donc, de la société et de Nature Québec à
répondre.
M. Archambault (Sylvain) :
Simplement que le terme d'«utilité publique» fait référence au terme anglais de
«public utility», et, dans la tête de beaucoup
de gens et dans la tête d'avocats à qui on a parlé, c'est difficile d'interpréterqu'est-ce que l'utilité publique. Est-ce
que c'est les pylônes électriques? Est-ce que
c'est un chemin de fer? Est-ce que
c'est une emprise d'autoroute… ou si ça peut aller jusqu'à une aire protégée,
un territoire comme ça?
Donc,
en employant le terme d'«intérêt public», qui est déjà défini dans le projet de loi, ça simplifierait beaucouples choses, et on pourrait exproprier non seulement pour utilité publique, mais intérêt public. L'idée, c'est de simplifier et d'ouvrir
la porte vers l'expropriation pour aire protégée, écosystème exceptionnel, etc.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Mme la ministre.
M. Simard (Christian) : Même le
gisement minier exceptionnel…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Ah! M. Simard.
M. Simard (Christian) : Oui,
excusez. Et même gisement minier… Le nom officiel, c'est le…
M. Archambault (Sylvain) : Oui, on retrouve…
M. Simard
(Christian) : …que vous avez
identifié dans le projet de loi, le territoire minier exceptionnel, je ne
sais pas exactement le terme.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, merci,
Mme la Présidente. Et, dans votre recommandation 5, la mise en réserve d'un territoire, vous dites que c'est
un outil intéressant. Et là je vois que vous proposez des additions, mais j'aimerais
que vous m'expliquiez un petit peu plus. Ce n'est pas clair pour moi, ce que vous proposez d'ajouter par rapport à la partie de mise en réserve, des pouvoirs déjà, là, existants
dans la loi.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M.
Simard (Christian) : Je peux
répondre. Et peut-être j'inviterai Sylvain à compléter éventuellement… ou Patrick.
La question
de ça, c'est qu'actuellement il y a une certaine confusion sur qu'est-ce que peut faire l'État dans unemise
en réserve de l'État. Dans certains cas, on pense qu'il peut y avoir, par exemple, une acceptation large dans la mise en réserve de l'État pour
raisons d'intérêt public ou d'utilité publique — on préfère, comme on
vous l'a dit, d'intérêt public — mais certains nous disent : Oui,
mais ça ne couvre pas les claims existants. Donc, pour nous, ce qui serait important,
c'est qu'il soit précisé dans le projet de loi les capacités d'une réserve à l'État.
Donc, pour
être clair, deux cas de figure. Il peut y avoir un territoire d'intérêt
public ou un territoire… par exempleune réserve écologique de haut niveau, et là
où il apparaît clairement que la mise en état… la mise en réserve de ce territoire-là pourrait être faite même d'une façon
arbitraire parce qu'il s'agit… Par
exemple, il pourrait s'agir d'un
territoire exceptionnel comprenant des espèces menacées qu'il faudrait
absolument préserver.
Dans un autre
cas, et ça, c'est le deuxième cas dont on parle dans cette recommandation-là, vous pouvez avoirune
zone d'intérêt pour une aire protégée qui est assez large, et,
dans cette zone d'intérêt pour une aire protégée qui estassez large, il y a des claims existants,
et là ce qu'on propose comme condition, c'est de dire : Dans ce
territoire-là qu'ondésire créer une
aire protégée, eh bien, on demande à ce détenteur de claim minier… on
leur donne jusqu'à quatre anspour accélérer les travaux d'exploration sur ces claims, dans ce
territoire qui a aussi un autre usage qui pourrait être réservé, celui
de la création d'une aire protégée, et il aurait quatre ans, le détenteur de
claim, pour faire l'exploration.
S'il n'y a pas de gisement intéressant, à ce
moment-là, il serait aire protégée. S'il y a un gisement intéressant, il y
aurait la possibilité… — et
c'est le mécanisme qu'on vous propose, c'est un mécanisme, je pense, d'intérêt public — eh bien, il pourrait y avoir, à ce
moment-là, examen public et choix
entre deux options : Est-ce qu'on
explore,et on soustrait un
territoire d'intérêt public, et on fait l'exploitation de cette ressource ou de
ce gisement, ou bien on faitl'aire
protégée, même s'il y a un gisement, parce qu'on juge que ce gisement-là n'est
pas si payant pour le Québec, pas si intéressant?
C'est,
finalement, des conditions supplémentaires qu'on propose à la mise en réserve
de l'État dans certains cas.Donc, ça
ouvre une possibilité et c'est moins… Dans certains cas, là, ça peut être moins
difficile. Et, à ce moment-là, onpeut
se permettre d'essayer d'avoir une solution intermédiaire qui permette de
vérifier un potentiel, pas seulement dire :Bien, il est là, même si on ne l'a pas prouvé. Et on peut, à ce
moment-là, faire un choix de société, l'exploitation minière ou
privilégier la création d'une aire protégée. C'est le sens de cet article-là.
Je ne sais pas si j'ai été clair, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Nadeau, vous vouliez ajouter?
M. Nadeau
(Patrick) : Oui. J'ajouterais tout simplement que, pour nous, on y a
longuement réfléchi, à cette formulation-là. Pour nous, c'est vraiment aller
chercher la question de l'équilibre, qui est un peu le thème de notre mémoire, là, c'est trouver l'équilibre entre la
conservation et le développement. Donc, vous remarquerez qu'on n'a pasfait la demande de révoquer, là, automatiquement
tous les claims là où il pourrait y avoir un intérêt pour la conservation.Donc, on a jugé que c'était justement une
formule qui permettait d'en arriver à cet équilibre là où il y avait de fortes
chances, justement, que le territoire soit important pour la
conservation.
• (14 h 20) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Parfait. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui. Il
y a mon collègue de Repentigny qui avait…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Le député de Repentigny? D'accord.
M.
McKay :
Merci. Bien, bonjour. Ça fait toujours plaisir de vous revoir en dehors d'aires
protégées et de parcs naturels.
Dans le communiqué qui accompagne votre mémoire,
vous mentionnez, là, à la fin du premier paragraphe : «Les deux organismes demandent au gouvernement du
Québec, avec l'appui de l'opposition, d'aller plus loin pour contrerla préséance des droits miniers.» Quand vous
écrivez ça, est-ce que vous laissez entendre que l'opposition serait prête àaller dans ce sens-là? Avez-vous des
indications à cet effet — parce que nous, on n'en a pas beaucoup, là — ou ce quevous mentionnez, c'est que ce serait la responsabilité du gouvernement d'aller
convaincre les oppositions qu'il faut mettre fin à la préséance des
droits miniers, là, qu'on appelle communément le «free mining»?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
J'invite les représentants de la société et de Nature Québec à répondre.
M. Simard
(Christian) : C'est sûr qu'on
avait déjà, via la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, priscontact avec les oppositions pour des
rencontres parce qu'on pense que ce serait important. Je pense que tout le
monde, hein, on est dans l'intérêt…
on recherche l'intérêt commun vers la meilleure pièce législative. Je pense qu'il
faut aller au-delà, là, des tactiques partisanes qui sont souvent… Dans
un contexte de gouvernement minoritaire, disons que la tentation est très forte. Mais, dans ce cas-ci, là, après trois projets
de loi, il y a moyen de le bonifier. Et on pense que ceserait acceptable parce que, sur certains égards,
ce qui était proposé puis accepté par le gouvernement précédent dans leprojet de loi n° 14, avec les amendements,
c'était de faire en sorte que, dans des périmètres urbains, il y avait une
possibilitéde droit de veto pour les
municipalités, de même que dans les aires de villégiature, et que ça concernait
aussi des claims existants.
Donc là, ici,
vous parlez de zones jugées incompatibles, des zones désignées incompatibles
par des MRC, mais çane s'applique
que pour les nouveaux claims. Nous, ce que ça nous fait comme curiosité, c'est
qu'à un moment donné uneMRC
pourrait, dans un territoire à haute valeur écologique, dire : Je veux en
faire un territoire protégé, ou mettre un zonagede conservation, mais pourrait le faire… peut-être pas du tout, parce qu'il
y a des claims existants, ou peut-être pour la moitié parce qu'il y a en
partie des claims existants et pas de claim.
Donc, il y a
une ouverture, je pense qu'il pourrait y avoir une ouverture, parce qu'elle a
déjà été acceptée dansles périmètres
urbains par l'opposition, de même que dans les zones de villégiature. Donc, j'ai
l'impression qu'il y a un«match» qui
pourrait se faire. Puis on a vu aussi des choses allant dans le même sens dans
le nouveau projet de loi — j'ai oublié le numéro, excusez-moi, M. D'Amour — qui a
été proposé, là, ou qui était à l'initiative du Parti libéral, entre autres, là. Donc, on voit qu'il y a des
possibilités de ça, mais, pour ça, il faut qu'il y ait un dialogue. On vous
invite audialogue. On va essayer de
le susciter nous-mêmes en toute bonne foi, j'espère, je ne veux pas
dire «en toute naïveté»,mais on
est… je pense qu'il y aurait moyen de faire quelque chose là-dessus. Et ça va
dans l'intérêt de tous et, je pense,quelque
part aussi dans l'intérêt des sociétés minières aussi, dans leur intérêt bien
compris, là, de l'activité minière. Quand on ouvre à ces choses-là, on fait en sorte que l'activité minière est
plus socialement acceptable, et ça favorise même l'essor de l'industrie,
selon nous.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Repentigny.
M.
McKay :
Oui. Bien, peut-être pour continuer dans la même veine, vous proposez de
laisser tomber le droitde veto
accordé à la ministre, qui pourrait autoriser, bon, en fin de course, une
activité minière dans un territoire qui serait désigné incompatible,
vous l'avez dit, par une MRC, mais c'est la responsabilité du gouvernement du
Québec de gérer ces ressources-là qui appartiennent à l'ensemble des
Québécoises et des Québécois. Puis d'ailleurs, dans votre recommandation
5, lorsque vous recommandez qu'on puisse, dans le fond, révoquer des titres
miniers sur la base de l'intérêtpublic,
bien vous ne voyez pas une certaine contradiction là? Le gouvernement pourrait…
doit laisser tomber son droitde
veto, son droit de… son devoir de gardien, de la saine gestion des ressources
collectives, le même droit sur lequel, je pense, vous vous appuyez pour
dire que, dans certains cas où il y a des claims existants, bon, l'intérêt
public, l'intérêt supérieur, là, réclamerait qu'on utilise ce droit-là. Donc,
vous ne voyez pas une contradiction entre ces…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M. Simard (Christian) : …votre
question…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Simard.
M. Simard (Christian) : Oui. Votre
question est très claire. C'est intéressant comme question.
Dans le cas… Ça nous apparaît pratiquement,
actuellement, ce qui est prévu dans la loi, comme pratiquement
undouble droit de veto, au niveau de la loi sur l'aménagement du territoire, parce
que déjà le gouvernement va mettre desorientations. D'ailleurs,
on vous inviterait à les mettre aussi de façon très transparente sur la table,
là, les orientations quiseront
envoyées aux municipalités régionales
de comté pour déterminer comment
déterminer des zones jugées incompatiblesà l'activité minière. Dans tout le processus
d'aménagement du territoire, on envoie des orientations, que ça soit pour ledéveloppement économique, les aires protégées, toutes les fonctions de l'État,
et les MRC prennent ces orientations-là enagriculture
ou autres puis les traduisent dans leurs schémas d'aménagement, et donc, ça, on
inviterait — puis
ça serait un souci de transparence — de les publier.
Et déjà le gouvernement accepte ou non le schéma d'aménagement
comme étant conforme ou non aux orientations. Ça se fait via le ministre
des Affaires municipales, après consultation avec les différents ministères. Ça
fait partie du processus normal de conformité dans un projet d'aménagement. De
rajouter un droit de veto absolu à la ministre des Ressources naturelles dans ce cadre-là, pour nous, ça nous apparaît
superfétatoire, donc ça ne nous apparaît pas… et çamet un blindage et ça diminue énormément la
crédibilité d'un processus, là, assez bien fait généralement, assez large deconsultation, dans le cadre de schémas d'aménagement :
des orientations claires, une certaine obligation de respecter cesorientations-là. On aimerait bien les
connaître. Il ne faudrait pas qu'elles soient trop restrictives, c'est-à-dire
que ce soit, avec ces orientations, pratiquement impossible de déclarer
des zones incompatibles. On espère que non.
Donc, on
pense que c'est non nécessaire d'avoir un veto du ministère là-dessus, et c'est
pour ça qu'on ne voit pas d'incompatibilité, M. le député de L'Assomption…
Une voix : …
M. Simard
(Christian) : …de
Repentigny, Repentigny — pas loin, par exemple — et donc… C'est le nouveau nom, je
pense, hein?
Une voix : …
M. Simard (Christian) : Non, ce n'est
pas… C'est deux comtés distincts, hein? Je pense que ma géographie politique
diminue. Donc, voilà.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Parfait. M. le député de Repentigny… ou Mme la ministre.
Mme
Ouellet : …aux
oppositions, puis on reviendra.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : D'accord.
Donc, on va le faire en blocs. J'ai besoin du consentement, par exemple.Est-ce que ça convient pour aller en blocs? Parce que
le temps… Parfait, parfait. J'ai le consentement de l'opposition, parfait. Merci. Donc, M.
le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci,
Mme la Présidente. Alors, d'abord,
pour le bénéfice de notre estimé collègue de Repentigny,on pourrait lui remettre une copie du projet de loi n° 197 que nous, on a déposé en novembre dernier.
Puis ce n'est pasfait de façon
plate, là, ce serait, je pense, un outil de travail, pour vous, qui serait intéressant, parce que notre position à biendes égards pour l'ensemble de l'œuvre a été
précisée, et on aurait peut-être sauvé huit mois, effectivement, si ce projet de loi là avait été appelé par le gouvernement.
Mais, une
fois que c'est dit, je tiens, d'une part, à rassurer M. Simard : il n'y a
pas de tactique, il n'y a pas d'esprit partisan qui anime l'opposition, du moins notre opposition, à ce moment-ci. On est d'accord pour qu'il
y ait un jour une loi revampée
sur la question minière au Québec.
Et il y a
eu 200 heures de commission, de travaux en commission lors du projet de loi n° 14. Vous avez participégénéreusement par vos propos, et bien d'autres, d'ailleurs,
ont préparé des mémoires, les ont présentés. Nous, on auraitaimé aussi que le projet de loi n° 14
soit adopté. Il y
avait toute la question
des redevances minières, c'était une
conditionsine qua non de l'opposition
à l'époque. Aujourd'hui, ce n'est plus une condition, mais on a un projet de
loi et on va essayer d'avancer, en autant que faire se peut.
Une fois que
ceci est dit, moi, j'aimerais que… Vous avez abordé tout à l'heure la question
de quatre ans, là, pourles zones.
Pourquoi quatre ans? Pourquoi pas trois? Pourquoi pas cinq? Je veux qu'on précise
ça tout de suite. Il y a peut-êtredes
éléments, des amendements qui pourraient être apportés à l'intérieur du projet
de loi, alors, pour que les choses soient claires, je pense, c'est
important de le faire à ce moment-ci.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
J'invite les représentants de la société et de Nature Québec à répondre.
• (14 h 30) •
M. Simard
(Christian) : Il existe… Et
peut-être Sylvain pourra préciser. Dans certains cas, au niveau fédéralsouvent, ce genre de situation dans les territoires
fédéraux, des fois il peut y avoir un délai de deux ans. Je dis ça de mémoire.J'espère que je ne serai pas contredit par
mon collègue, mon savant collègue, M. Archambault. Dans notre cas, on saitque, normalement, un claim minier, là, c'est
d'une durée de deux ans, renouvelable quand il y a des investissements et que les conditions sont remplies, et on pensait que… la logique
étant de permettre un temps raisonnable pour faire des travauxsuffisants, c'est-à-dire que l'équivalent, là, d'une
durée d'un claim renouvelé, donc le quatre ans, vient de cet aspect-là,qui nous apparaissait une durée raisonnable pour
faire des travaux suffisamment complets dans une région minière donnée
pour arriver à des résultats ou arriver à des non-résultats.
Donc, ça peut
aller jusqu'à quatre saisons, là, de travaux. Parfois, ce n'est pas toujours
facile après une saison,donc on
pensait que c'était quelque chose de raisonnable. On a jonglé avec l'idée de deux ans, mais on s'est
dit que, commeça, il y aurait
plus de chances d'en avoir le cœur net et de s'assurer qu'on puisse faire un
véritable choix, après quatre ans,c'est-à-dire qu'on prouve qu'il n'y ait pas de potentiel minier dans cette zone-là… ou il y en a
un, qui est exploitable ou non.Il y a du
travail à faire là-dedans aussi, même en termes de calcul de faisabilité,
et quatre ans nous apparaissait quelque
chose de raisonnable, allant dans le sens du bien commun.
Je ne sais pas si, Sylvain, tu veux rajouter ou…
M.
Archambault (Sylvain) :
Simplement rajouter que le ministère
des Ressources naturelles a déjà
appliqué desréserves à l'État, mais
il faut bien s'entendre, c'est toujours quand il n'y a pas de claim. On met une réserve à
l'État et on donne un certain délai pour faire les travaux.
Ça s'est appliqué dans le cas du parc national
des monts Otish. Ça s'est appliqué dans le cas du parc national Tursujuq, qui a été récemment décrété parc
national. Donc, à ce moment-là, on donnait six ans aux compagnies. Il n'y avait pas de claim, donc on offrait le
territoire aux compagnies : Venez explorer, on vous donne six ans,
avec des restrictions plus sévères compte tenu que ça va être un futur parc national, mais le délai, à ce moment-là, c'était six ans.
Nous, on a
jonglé avec deux, trois, quatre. On s'est dit que, bon, quatre, c'est peut-être
un petit peux moins… C'esttoujours négociable, mais deux renouvellements de
claim, à notre sens, c'est un bon
délai pour voir s'il y a du potentiel dans un territoire.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Vous disiez tout à l'heure avoir eu l'occasion
d'avoir tenu des discussions, des échanges avecl'industrie. Est-ce que ça a fait partie, cet élément précis là, des
échanges que vous avez eus? Est-ce
que, le quatre ans, vous
pensez… ou vous a-t-on confié que c'était une période suffisante?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M. Simard
(Christian) : Sur ce
point-là, on n'a pas eu, à ma connaissance, de discussion précise sur ce
point-là.Je pense qu'on va avoir des rencontres bientôt,
là, mais on n'a pas eu, sur ce point-là, de discussion, à ma connaissance ou
à ma mémoire, à mon… Oui.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Parfait. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Votre recommandation 2, vous demandez au gouvernement de revoir le mode de consultationdes communautés autochtones conformément à ses obligations
constitutionnelles. On ne va pas assez loin, c'est ce quevous… c'est ce que vous nous dites. J'allais
dire : C'est ce que vous semblez nous dire, mais vous ne semblez pas nous
le dire, vous le dites clairement.
Vous suggérez quoi exactement?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Les représentants de la société et de Nature Québec.
M. Simard (Christian) : Je vais y
aller là-dessus, M. D'Amour, député de Rivière-du-Loup.
M.
D'Amour : Témiscouata.
J'y tiens beaucoup.
Une voix : Vous allez y
arriver, vous allez y arriver.
M. Simard
(Christian) : Ce n'est pas
bien grave. Et donc ce qu'on veut répondre à ça, d'une façon assez claire,
c'est que tant… Comment je… Excusez-moi, mais j'ai un blanc pour la question.
Répétez-moi la question.
M.
D'Amour : Je disais
que, sur la question autochtone vous…
M. Simard
(Christian) : Oui. La question
autochtone, c'est qu'il y a eu un jugement, on fait référence au jugementdu Yukon. C'est-à-dire que, dans le projet de loi, on dit clairement qu'on veut consulter les communautés autochtones,
hein, c'est indiqué, puis c'est indiqué de…
mais, selon nous, c'est insuffisant. Et d'ailleurs le jugement, en
fait, ce quedit le jugement par rapport au Yukon, c'est que même malgré, là-bas… même si l'émission des
claims est très encadrée,même les
travaux d'exploration sont encadrés, le seul fait d'émettre des claims miniers
et de permettre des opérationsmême
de premier niveau, là, en termes de transformation, là aussi ça aurait dû faire
l'objet d'une consultation beaucoupplus formelle des sociétés, des communautés
autochtones, même si, dans les cas… dans les deux ou trois, au Yukon il y atrois
niveaux, là, d'intervention à partir du moment où on intervient dans un claim. Ce qu'on
se dit, c'est que ça va être déterminant, le jugement de la Cour suprême. Et
donc la Cour d'appel a dit : Il
y a une obligation de consultation
formelle.C'est une obligation
constitutionnelle, c'est une procédure qui doit être très sérieuse, et la
simple manifestation dans unprojet
de loi, là, de l'intérêt de consulter
les communautés semble insuffisante. Donc, il faut s'assurer, dans le projet de loiactuel, qu'il soit blindé contre une éventuelle décision de la Cour
suprême, et il faudrait s'inspirer de la Cour d'appel du Yukon pour
avoir des processus formels de consultation lors de l'émission des claims.
Au
Québec, contrairement, par exemple, à l'Alberta… Souvent, on dit : L'Alberta, c'est
le paradis, mais il n'y a pas de «free mining» proprement dit en Alberta. C'est
des permis qui sont octroyés pour l'exploitation, donc il n'y a
pasde claim. Ici, on fait du «click
and claim», on maintient la capacité de désigner sur carte des claims miniers.
Pour nous,c'est un peu incompatible
avec l'idée de consultation des communautés autochtones, parce qu'en ouvrant l'ordinateur,en faisant un clic, puis un claim, il n'y a pas
grand place pour la consultation autochtone dans ce geste automatique là.Et on dit : Attention! Feu jaune, feu
rouge peut-être. Il faut absolument que le projet de loi ne soit pas déclaré
inconstitutionnel.Ça nous a pris
trois projets de loi avant d'y arriver, on n'y est pas encore; il ne
faudrait pas qu'un fondement ou un panimportant du projet
de loi tombe sur une décision de la Cour suprême du Canada. Il y a moyen de faire
bien mieux en s'inspirant du
témoignage du Yukon.
Je ne sais pas si mes
collègues veulent ajouter des choses là-dessus.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. Nadeau.
M. Nadeau (Patrick) : Moi, je rajouterais peut-être
que ce n'est pas seulement
une question strictementautochtone, mais M. Simard parlait de tout ce qui entoure les activités
d'exploration. Donc, on vous a mentionné quelquesjuridictions, dans nos recommandations, qui, eux, ont développé un
certain gradient des activités d'exploration qui n'existepas encore dans le projet de loi ici, qui fait en
sorte qu'au-delà d'un certain seuil il faut déposer ses plans de travail pourpouvoir continuer. Et, ces plans de travail
là, il y a toutes sortes de formules qui peuvent justement être soumises à des
consultations ou des approbations.
Donc,
c'est une étape supplémentaire qui n'existe pas à l'heure actuelle. Donc, on
pense qu'il y aurait tout à faitlieu
ici, au Québec, de justement développer une espèce de gradient. Au-delà d'un
certain seuil, là, on demande le dépôt des plans de travail,
consultation sur ces plans-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Vous avez raison, je dirais, de nous éclairer sur
ce volet bien précis. Puis je me souviens, en maidernier, dans les heures… enfin, dans les jours
qui ont suivi le dépôt du projet de loi, les communautés autochtones ontréagi, nous ont fait part de leurs propos,
de leurs appréhensions, jusqu'à un certain point. En tout cas, moi, je note.
Nous notons de façon très sérieuse ce que vous nous dites à travers
votre recommandation 2.
Je veux aussi revenir
sur la recommandation 1. Enfin, je reviens sur les propos qui ont été les
vôtres tout à l'heure sur la question du
droit de veto, droit de veto qui prend beaucoup de place à bien des égards à l'intérieur
du projetde loi. Il y a une forme d'inquiétude
de notre part, une inquiétude qui est partagée. Peut-être pas sur les mêmes
niveaux que vous, en termes d'intervention, mais, sur la question de la
préservation des territoires, il y a là, à notre avis, une duplication, là. Il y a déjà des instances. Il y a
déjà, au niveau de l'aménagement, des outils très concrets qui font ce que çadevient un peu superflu, à notre avis, sur
la question du droit de veto. Puis vous employez des mots qui sont quand mêmeforts, là, droit de veto arbitraire de la
ministre… ou du ministre, peu importe. Alors, si vous voulez allez plus loin
là-dessus, je l'apprécierais beaucoup.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame messieurs.
M. Simard
(Christian) : Bon, dans ça, pour nous, ce n'est pas de limiter. On
comprend qu'un ministre ou la ministre, là…
Il ne faut pas personnaliser trop, parce qu'une loi, c'est fait pour quand même
un bon bout de temps, et ilpeut y
avoir… Mme Ouellet peut avoir une promotion, on ne sait jamais, ou changer de
ministère. Mais certainement,donc,
le pouvoir du ministre ou de la ministre là-dedans, donc, pour nous, ce n'est
pas de limiter. Dans certains cas, c'estjustifié, on l'a dit tantôt. Certains exemples au niveau des réserves à
l'État, là, je pense qu'on peut déterminer pour intérêtpublic. Nous autres, on suggère qu'il y ait ça.
Mais, dans le cas… On l'a expliqué. Dans le cas de la loi sur l'aménagement du territoire, c'est un peu mettre une ceinture
puis des bretelles en même temps, même si la ministre ne doit pas mettre
souvent de bretelles, j'en conviens, mais il reste que c'est quand même quelque
chose qui est inutile, selon nous.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Ce n'est pas une question, Mme la Présidente, mais
une nuance. Tout à l'heure, c'est le députéde Repentigny qui parlait de gestion des ressources. On a raison de
parler des régions et des ressources, mais là on parlede gestion territoriale, c'est autre chose. Que la
ressource appartienne à l'ensemble des Québécois, il n'y a pas grand mondequi va dire le contraire ici. Là, on parle
plus de territoire, hein, corrigez-moi si je me trompe, là, mais on parle de
gestion de territoire. C'est deux choses complètement différentes.
M. Simard
(Christian) : Oui. Dans ce cas-ci…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Les représentants de la société et de Nature Québec.
M. Simard (Christian) : Oui. Dans ce cas-ci, oui, c'est une gestion de
territoire, c'est pour ça que votre questionest large. Et on ne peut pas statuer : Tout droit de veto est
négatif, mais, dans ce cas-ci, il nous apparaît inutile. Mais on ne peut
pas, nous, faire un jugement, là, péremptoire.
Ce
qu'on… Et, si vous me permettez, notre mémoire, là, est véritablement sur la
question d'encadrer le «free mining»,et
la façon dont on le voit ici, c'est souvent perçu comme un dogme. J'ai vu des
représentants de l'industrie publier dansLe Devoir un texte
que le «free mining» n'existe pas, là, c'est comme l'homme sans tête de l'île
aux Grues ou, tu sais,la
chasse-galerie, on a dit ça dans le document publié dans Le Devoir.
Mais il est très, très clair que ça existe, que sur simpledésignation sur carte on peut et qu'on s'aperçoit
qu'au Yukon, en Ontario, en Alberta, à Terre-Neuve on a beaucoup mieuxencadré à la fois l'émission des claims et les
exigences liées à l'obtention d'un claim en termes de publication des travaux,en termes donc de rendre public, faire un
plan des travaux et de mettre des conditions qui sont réelles et des
consultationsselon les niveaux d'exploration.
Et on trouve qu'on manque une occasion là, on ne peut pas dire que… On manque
uneoccasion de s'ajuster aux
meilleures pratiques dans l'encadrement du claim minier, là. On pourrait, selon
nous, faire mieux.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Mégantic.
• (14 h 40) •
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, messieurs. Écoutez,
moi, je voudrais vous entendreun peu
plus sur, comment on dirait, les volumes de tonnage,
puisque vous nous dites qu'en bas de 3 000 tonnes par jourc'est aussi important, là. On peut bien
comprendre, dépendamment du type d'opération. Et vous allez un peu plus loin,vous avez parlé aussi de l'éolien, etc.
Donc, je voudrais vous entendre là-dessus, parce qu'il y a une définition que
vousavez élargie ici, là, qui… Puis,
qu'est-ce que vous considérez jusqu'où on peut aller, vous avez changé aussi la
notiond'«utilité» puis d'«intérêt»,
ce qui fait que les lignes hydroélectriques ou des accès de service… On
pourrait parler d'oléoducs ou d'autre chose aussi, là.
Est-ce
que vous pourriez définir cet environnement-là, lequel vous décrivez mais d'une
façon un peu floue pour moi, là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame messieurs.
M. Simard
(Christian) : …sur les questions tantôt d'«intérêt» et d'«utilité
publique», généralement «utilité publique» a
voirie, distribution, etc.; «intérêt public», ça donne une interprétation plus
large et ça permet justement des choses qui n'étaient pas prévues dans
cette notion. On a répondu à cette question-là.
Sur l'autre élément…
Rappelez-moi l'autre élément…
M.
Bolduc
(Mégantic) : Bien, le…
M. Simard
(Christian) : Les 3 000 tonnes, oui. Bon.
M.
Bolduc
(Mégantic) : …en dessous de 3 000 tonnes
par jour, par exemple, puis qu'on l'inclut dans le cadre réglementaire.
M. Simard (Christian) : Actuellement, vous savez, au-delà de 7 000
tonnes par jour, il y a audience publique; en bas de 7 000 tonnes,
il n'y a pas audience publique. Il y a même parfois encore des jeux où une
compagnie ou un gisement frôle et dépasse le 7 000 tonnes et annualise,
pour être sûr d'arriver en bas du seuil.
Donc,
ce qui est un peu tannant avec ces seuils arbitraires là comme le 3 000
tonnes, il faut quand même savoirque,
s'il était appliqué, il y aurait les deux tiers des mines qui seraient exclues
de l'évaluation environnementale, d'aprèsnos calculs, là. Il faut quand même… Ça veut dire que ce serait encore
seulement le tiers, à peu près, des mines au Québecqui auraient des évaluations environnementales. Ça
crée deux catégories de citoyens, deux catégories de droit environnemental.Pour ceux de plus de 3 000 tonnes,
est-ce qu'ils commencent à avoir des impacts sur l'environnement à 3 001
tonnes et il n'y en a pas à 2 999 tonnes? Ce n'est pas justifiable,
ça.
Et
on pense qu'il y a des impacts importants. L'activité minière, ce n'est pas une
activité, là, légère. Ce n'est pasde
l'agriculture urbaine ou biologique, là, c'est quand même quelque chose qui a
des impacts en soi. Et, pour nous, onpense
que, si une société fait une audience, des examens complets, là, pour des
marinas, pour des projets d'aire protégée,des examens publics complets pour des projets de 75 éoliennes, à ce
moment-là… Dès qu'un projet de mine s'appelleune mine, vous savez, déjà il y a une importance puis il y a des
impacts, donc on pense logique d'y aller. Et ce seuil de3 000 tonnes là, selon nous, est totalement
arbitraire, aucunement, là, ne se justifie d'un point de vue, là, d'impact
écologique.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, je me demande si, jusqu'à un certain point, vousne préconisez pas, je dirais, la présence de d'autres
critères. Parce que, là, on réduit le seuil de 3 000 tonnes à je ne saispas quoi, là, à un seuil qui est en dessous
de ça, mais on peut facilement comprendre que, si on construit une route, parexemple, et qu'il y a un certain volume de
tonnage et de déplacements, si on construit une carrière de granit, par
exemple,ou une carrière de sable
dans un secteur routier, on peut aussi faire sur une base relativement
annuelle, disons, un volumerelativement
conséquent. Puis là est-ce qu'on s'embarque dans un encadrement qui est
tellement complexe, vous savez,que,
pour faire une carrière ou arriver avec une carrière de granit, on se met dans
une situation qu'il y a un cadre beaucoup trop large pour l'impact du
milieu, là? Je ne comprends pas jusqu'où on descend avec ça, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Les représentants de la
société et de Nature Québec.
M. Simard (Christian) : Juste pour rappeler quand même peut-être à votre
souvenir… Vous êtes nouveau à lacommission,
je pense, oui, mais il demeure que les libéraux étaient totalement d'accord au
projet de loi n° 14 modifié pour être… d'assujettir tous les projets
miniers d'importance.
Honnêtement,
là, il faudrait que je vérifie. Je ne pense pas que notre recommandation ou que
le texte s'appliquait aux carrières et sablières.
Une voix :
…
M. Simard
(Christian) : C'étaient les carrières d'envergure, ce qu'on disait à
ce niveau-là. Donc, carrières d'envergure.
Là-dessus,
sur les carrières, il peut y avoir des discussions, mais, sur les projets de
mines, là, de mines et métaux, là, de façon claire, c'est l'ensemble des
territoires. Et c'est beaucoup plus simple, hein, au niveau légal que d'avoir deux systèmes de juridiction, en termes d'application,
là. Il n'y en a pas tant, de mines au Québec comme ça, là, tu sais, qui viennent en exploitation, ce n'est pas… donc
il est possible très bien de gérer ça par le Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement. Ça ne fait pas un double système, puis il n'y a pas d'arbitraire.
Et
le Parti libéral, le gouvernement libéral en avait été convaincu. Donc, j'espère
que vous serez solidaires de votre gouvernement, de votre ancien
gouvernement.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, j'essaie juste de nuancer ce que vous êtes en trainde nous dire, je comprends très bien. Ce que vous
dites, c'est que tout ce qui est mine devrait être sous un seul chapeau,puis vous êtes prêts à dire : Bien, les
carrières et les opérations de granit ou les autres choses, ce serait
discutable. C'est un peu ce que j'entends, là. Je veux juste m'assurer
que c'est vraiment de ça qu'on parle, là.
M. Simard
(Christian) : …ce que vous entendez.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Madame et messieurs.
M. Simard (Christian) : Oui, c'est ce que vous entendez. On parlait des
carrières d'envergure dans ce cas-ci.
M.
Bolduc
(Mégantic) : O.K. Mais, si on peut avoir une
mine de terres rares qui a un petit volume, un petit volumed'extraction, mais qui a une grosse opération… Je
ne sais pas si vous comprenez ce que je dis. Quand on arrive avec unemine d'or qui sort une tonne d'or par année, bien,
à un gramme à la tonne, là, ça ne va pas vite. Voyez-vous ce que je veux
dire, là…
M. Simard
(Christian) : Je vais vous dire oui, mais…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Un instant! Un instant!
M. Simard
(Christian) : Oui, excusez-moi, madame…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : C'est moi qui donne les
droits de parole. M. le député de Mégantic, terminez.
M.
Bolduc
(Mégantic) : J'ai complété, là. Je voudrais
avoir un commentaire là-dessus, parce que ce n'est pas clair, ce que
vous me dites.
M. Simard
(Christian) : Excusez-moi, Mme la Présidente.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Simard, vous êtes excusé. Allez-y.
M. Simard (Christian) : J'allais dire : C'est parce que je n'ai pas
l'expérience, mais ce n'est même pas vrai, ça fait que je ne dirai pas
ça. Mais faites-moi pas dire ce que je ne dis pas.
Justement,
c'était un très, très bon contre-exemple, dans votre argument, dans le cas de
mines de terres rares. Cesont des
fois des… Ça peut être des exploitations minières qui n'ont pas un si grand
gabarit mais qui ont des impacts majeurssur l'environnement. On l'a vu en Chine, ce genre de… Donc, ça montre d'autant
plus que même le tonnage ne justifiepas
l'impact, c'est-à-dire qu'un tonnage d'or ou un tonnage d'un autre type de
métaux, de fer, ce n'est pas la même chose,et tu peux avoir beaucoup moins d'impact, un 3 000 tonnes au niveau
du fer, beaucoup d'impact au niveau de l'or, puis un 1 000 tonnes
au niveau des métaux rares a énormément d'impact.
Donc,
votre argument milite plutôt en faveur de notre recommandation, c'est-à-dire qu'on
n'a pas à questionnerselon le nombre
de tonnes par jour, mais la règle générale, c'est que c'est soumis à un examen
public complet, d'autant plus que, dans certains cas, de plus petites
installations peuvent avoir des impacts plus grands que même des grandes
installations. C'est pour ça que ça doit être jugé selon un même processus,
puis c'est ce qu'on recommande.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Mégantic, en moins d'une
minute.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Écoutez, la question,
pour moi, c'est… Vous prenez un termequi
est relativement général, «impact». Ça aussi… C'est pour ça que moi, je parlais
peut-être de rajouter certains critères, un impact environnemental ou un impact… vous savez, sur un critère
pointu, un impact écologique, des choses comme ça, là. C'est pour ça que
j'essaie de préciser ça.
Mais moi, je vais arrêter, parce que je pense
que mon collègue ici avait une question aussi.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
20 secondes. Allez-y, M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin : Oui, Mme la
Présidente. La question est très facile. Vous dites : «Nature Québec et la
SNAP [...] déplorent que l'objectif
principal du projet de loi demeure de "favoriser"…» Ça m'a sauté aux
yeux tout à l'heure. Est-ce qu'un projet de loi, ce n'est pas là pour
favoriser l'activité pour laquelle il est dédié?
M. Simard (Christian) : J'aimerais
que vous me référiez exactement…
M. Morin : Page 4.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Je m'excuse, c'est parce que, là, la période
d'échange avec l'opposition officielle vient de se terminer. Je vous
invite donc à peut-être répondre brièvement, mais très brièvement.
Une voix : …
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Pardon?
Une voix : …
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Sans doute, oui, mais là je m'adresse
particulièrement aux représentants de la deuxième opposition officielle,
parce que c'est votre temps de parole pour l'échange. Donc…
M. Martel : Je vais le prendre.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Tout à fait. Allez-y, M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : Bien,
bonjour à vous quatre. Merci. Merci d'être là.
Première
question : De façon très, très objective, là, à votre avis, quels points
que vous amenez convergent avec ceux de l'industrie?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs. M. Nadeau.
• (14 h 50) •
M. Nadeau (Patrick) : Écoutez, ils
ne sont pas là pour se défendre, ça fait qu'on va s'essayer.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Nadeau
(Patrick) : Non, mais je pense que le mécanisme qu'on propose
en matière de… pour les réservesà l'État,
je pense que c'est un compromis qu'on a essayé d'aller chercher pour justement
aller chercher l'équilibre. Donc,comme
on vous le disait tout à l'heure, on n'essaie pas de bloquer systématiquement
tous les projets qui pourraient êtreen
conflit avec une zone d'intérêt pour la conservation, là, mais de donner un
délai fixe dans le temps. Vous savez, là même on concède qu'il va y
avoir des impacts environnementaux, parce que ce que ça fait en pratique, c'est
d'encourager l'industrie à aller explorer
dans cet endroit spécifique où on juge qu'il y a un intérêt pour la
conservation, mais on le faitdans
une période très limitée, puis après ça, s'il y a un potentiel, on pose la
question à la société. S'il n'y a pas de potentiel, on le protège.
Donc, je
pense que ça, c'est un compromis. Puis,
bon, là, comme on le mentionnait tout
à l'heure, on n'a pas parléde chiffres, on n'a pas parlé du quatre ans
précisément, mais je pense que c'est ce genre de compromis là puis de… cetéquilibre-là qui devrait pouvoir inspirer l'industrie, d'autant plus qu'il y a
des objectifs d'aires protégées qui existent auniveau
du gouvernement, des objectifs d'aires protégées encore plus ambitieux à l'échelle
internationale. Donc, si on est pour s'en aller vers ça, on espère que l'industrie
va faire sa part, là, à ce niveau-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Simard.
M. Simard
(Christian) : Oui. Pour
compléter peut-être, on pense que les recommandations vont dans l'intérêt de l'industrie minière bien
comprise, bien compris.
Je donnais l'exemple
de l'évaluation environnementale sur l'ensemble des projets. Quand il y a un examen public,
les chiffres sont sur la table, c'est transparent. Le degré d'adhésion une fois
le processus passé puis que le projet de loi est… pas le projet de loi mais le projet de
mine est accepté, après, donc, il y a une capacité, et, pour nous, ça civilise
le débat à travers un processus qui est le BAPE, avec des mémoires.
S'il n'y a
pas ça, bien, à ce moment-là, c'est des consultations ciblées. C'est le même
type, ici on ne l'a pas précisé,mais,
dans une des recommandations de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure
mine!, d'avoir un comité de suiviindépendant
sur les questions sociales et environnementales. Ça se réalise. Ça se réalise
même chez Rio Tinto, là, Raglan,la
mine Raglan, il y a ce genre de chose là. Et ça va très bien et ça va dans l'intérêt
de la société, tandis que… Ça peut paraître intéressant pour l'industrie :
Je vais avoir mon comité que je finance, qui ne parle que d'économie et dont je
contrôle les membres. C'est intéressant,
mais il y a un effet pervers à ça puis il y a un effet boomerang, c'est-à-dire
queça crée une méfiance dans la
population et ça crée des conflits continuels pendant toute l'exploitation,
tandis que c'estbien, penser en
termes de bien commun. Tu as un comité indépendant, la compagnie y participe,
les syndicats, la société, les groupes environnementaux, et on s'assure…
Puis ça existe en Ontario, ailleurs.
Quand c'est
bien fait, là, l'opération est d'autant plus facilitée, puis on évite des
guerres de ruelle puis on évite des conflits ouverts. Et je pense que
nos recommandations vont dans l'intérêt bien compris de l'industrie minière.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le député… M. le député de Nicolet-Bécancour. Excusez-moi.
M.
Martel : Merci,
Mme la Présidente. Je veux revenir à
ce que vous avez mentionné tantôt, que j'entendais puisje comprenais très bien, l'espèce de pouvoir qui
est donné au ministre après l'adoption
d'un schéma d'aménagement. Jeviens
du municipal, là. Un des griefs qu'on
avait par rapport à toute cette question-là, c'était justement que, par rapportà la Loi sur l'aménagement, la Loi sur les
mines avait prédominance. Est-ce que vous pensez qu'avec le projet de loi qui
est actuellement sur la table on apaise cette frustration-là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs.
M. Simard
(Christian) : Très rapidement, il y a une ouverture qui est faite qu'il ne faut pas négliger, là, dansle sens qu'on
peut… puis aussi peut-être un peu moins ciblé que périmètre urbain et zone
de villégiature, là, il y a une ouverture intéressante qui est faite
dans le projet de loi.
On pense qu'on pourrait aller plus loin que
cette ouverture qui est faite dans le projet de loi, là, avec les municipalités et on aurait pu aller plus loin dans l'encadrement, là. Par exemple, le plus fondamental, c'est qu'elle s'appliqueaux claims existants parce que, que ça s'applique
seulement aux territoires vierges de titres miniers, là… Puis il faut désignerdes zones incompatibles selon des
orientations gouvernementales. Ça commence à être précis puis plein, plein de
contraintes.
Donc, le même système, sans nécessairement un
droit de veto et en élargissant aux titres miniers existants, là, peut être
performant. Avec les effets de contrôle qui sont l'acceptation par le ministre
des Affaires municipales après consultation
des ministres, voir si le schéma est conforme aux orientations, je pense qu'on
peut vivre avec ça puis on pourraitavoir
un meilleur projet de loi. Ceci dit, il y a une ouverture qui est faite, parce
que ce n'est pas facile, cette question-là, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci beaucoup. J'invite maintenant la ministre à prendre la parole.
Mme
Ouellet : Oui, merci,
Mme la Présidente. Concernant ce
volet-là des zones d'exclusion… D'ailleurs, vousavez
participé, là, au groupe
de travail que j'ai mis sur pied, là,
avec les municipalités et les minières, où, dans le fond,on s'était entendus sur une question de zones incompatibles, zones compatibles sous
conditions. Je voudrais juste
préciser :Dans les schémas d'aménagement,
il y a toujours consultation de l'ensemble des ministères avant que le
ministère desAffaires municipales
fasse l'adoption du schéma d'aménagement. Et ce qui a été discuté avec le
ministère des Affairesmunicipales, c'est
concernant le volet spécifique minier, étant donné que, là, on ne parle pas que
de l'aménagement duterritoire en
surface, mais ça touche aussi au sous-sol, juste sur ce volet-là spécifique. Puis, à
l'intérieur des orientationsgouvernementales qui seront définies, et qui seront définies
en collaboration… — d'ailleurs, nous allons continuer, là, lecomité
de travail avec les gens du ministère
des Affaires municipales — qui seront définies avec
les gens du milieu, auniveau des
orientations, étant
donné que ça touche directement le ministère des Ressources
naturelles, on souhaitait que leministère des Ressources naturelles ait plus son mot à dire que la consultation, mais il y a déjà une consultation qui se fait de l'ensemble des ministères,
là, au niveau des schémas d'aménagement.
Sur la question
des claims existants, on a quand même prévu que les minières devront faire des travaux à l'intérieurdu deux ans et que, dans le cas des claims qui sont à l'intérieur des territoires jugés incompatibles, elles ne pourraient pas
maintenir leurs claims en payant, parce qu'il y a une possibilité de payer au
lieu de faire des travaux, donc pour que tranquillement on puisse élaguer la question
des territoires, là, qui… des claims qui pourraient être à l'intérieur des territoires
incompatibles, dépendamment comment les municipalités les définiront,
là. Et effectivement, avec les discussionsque nous avons eues, il y a
une ouverture de la façon de définir, là… On n'a pas spécifiquement mis «périmètre
urbain» ou «zone de villégiature». Il y aura, là, de la marge à l'intérieur
des orientations gouvernementales.
Donc, c'est
comme ça que ça a été abordé, donc un suivi beaucoup plus serré et pas de possibilité de maintenirles claims par
du financement, seulement que par des travaux. Donc, avec le temps, à un moment donné, les zones vont devenir claires au niveau des zones
incompatibles. Donc, c'est la façon dont ça a été prévu.
Vous parliez
de… Et là j'aimerais comprendre qu'est-ce
que vous souhaitez comme demandes supplémentaires,les meilleures pratiques qui
se font dans l'Ouest concernant les claims, donc les permis d'exploration. Nous
avons quandmême
ajouté beaucoup de demandes concernant la transparence, l'information, les titulaires de claims doivent obligatoirement
informer la municipalité et les citoyens de l'obtention de leurs claims. Même
si ça peut être disponible publiquement via les
systèmes, là, on doit informer les gens à l'intérieur d'un délai de
60 jours. Ils doivent également soumettre leurs travaux à l'intérieur d'un
délai de 90 jours.
Donc, vous
jugez que c'est insuffisant, ces dispositions-là? Qu'est-ce que vous proposez
comme nouvelles dispositions?
Et, lorsque vous proposez qu'au niveau du Bureau
d'audiences publiques en environnement ça s'applique également aux carrières d'envergure, j'aimerais que vous me définissiez
ce que vous entendez par «carrières d'envergure». Où est-ce que vous
mettez la ligne?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Les représentants de la société et de Nature Québec.
M. Simard
(Christian) : Oui. Il y a
certains éléments que je vais aborder et il y a d'autres questions que je réserverais, si c'est… que je vais donner pour la
coalition Québec meilleure mine, où ils ont étudié davantage certains
éléments, dont la question des carrières.
Juste préciser
peut-être, Mme la ministre : Nous étions au début du processus de
consultation, mais malheureusement,
vers la fin, ça s'est fait l'industrie minière et les municipalités seulement,
là. Mais c'est sûr que nousouvrons…
nous sommes très, très intéressés. S'il y a des consultations qui se
poursuivent sur les orientations gouvernementales, nous sommes tout à
fait disponibles et nous vous remercions de cette ouverture-là.
Maintenant,
ce qu'on dit, c'est que, oui, il y a des éléments qui sont nouveaux, qui se
rajoutent aux obligationsdes
propriétaires de claims. L'avis aux municipalités nous apparaissait quelque
chose qui est le minimum. On l'a vu dansle dossier des gaz de schiste, là, où, à un moment donné, on voit des
travaux sur le territoire d'une municipalité sans que la municipalité le
sache, là, tu sais. À un moment donné, il y a ça.
Les plans de
restauration ou les plans de travaux, la publication, on pense qu'il y a des
améliorations dans ça. On va vous suggérer ça via le mémoire de la Coalition
Pour que le Québec ait meilleure mine! de façon beaucoup plus préciseque nous, où on a surtout concentré ici au niveau
du « free mining» et des considérations sur la création d'aires
protégées.Donc, je vous invite… Et
je vais transmettre aux représentants de la coalition vos interrogations,
notamment au niveau des carrières d'envergure et sur… Puis même, à certains
égards, sur les plans de travaux, on pense que, de la façon dontla
pratique se fait, c'est à la fois trop demander et pas assez demander. Tel que c'est
demandé, ça ne correspond pas à laréalité
des travaux d'exploration, qui sont souvent, dans la saison d'exploration, là,
connus parfois seulement 60 joursavant, mais il y a moyen de rendre ces registres-là publics puis
faire mieux, et on aimerait vous le présenter. Puis, je pense,c'est
dans l'intérêt de tout
le monde, c'est plus applicable et
faisable. Il y a certains éléments qui nous semblent un peu
malhabiles et qui auraient besoin d'ajustements.
Maintenant,
comme on vous dit, on aurait aimé que vous alliez plus loin — et
très rapidement là-dessus — que
vous alliez plus loin que…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Simard, je m'excuse, mais… Mme la ministre.
• (15 heures) •
Mme
Ouellet : Je
comprends que vous dites qu'on
devrait aller plus loin. Certains éléments, vous dites que voustrouvez qu'ils ne sont pas… On a prévu plusieurs dispositions avec une meilleure transparence, avec plus d'information,
je vous en ai nommé quelques-unes. Du côté de l'exploitation, les plans de
restauration des sites doivent être rendus publics,
etc., donc il y a plusieurs éléments. Donc, pour moi, ce qui serait important…
Parce que, si vous me le dites engénéral comme ça, ça va être difficile de savoir
où sont les améliorations spécifiques que vous souhaitez avoir. Si vousme dites que vous jugez que ce n'est pas
suffisant, pour qu'on puisse voir si des améliorations sont possibles, il
faudraitsavoir c'est où que vous
jugez qu'il n'est pas suffisant et quelles sont les recommandations que vous faites d'améliorations spécifiques, parce qu'on en a
présenté plusieurs, là.
Dans l'ensemble du nouveau projet de loi sur les
mines, il y a des nouvelles mesures de transparence, d'information des citoyens, de comités de citoyens. Donc, moi, ce qui m'aiderait
et ce qui nous aiderait, l'ensemble des parlementaires, parce que suite
aux consultations particulières on va entrer dans l'étude article par article,
ça serait d'avoir spécifiquement où sont les points d'amélioration, qu'est-ce
que vous souhaitez spécifiquement.
M. Simard (Christian) : On va vous
en dire quelques-uns très précis, madame…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Simard, en quatre minutes.
M. Simard (Christian) : Oui, très rapidement. On va vous en dire
quelques-uns qu'on a dits, qu'on a dits dans d'autres mémoires, qu'on a
dits dans les mémoires de la coalition, qu'on a mis dans un document d'information
de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine! il y a déjà quatre ans
de cela, c'est-à-dire de classifier les travaux d'exploration par niveau d'importance, et, selon le niveau d'importance
du travail d'exploration, il y a consultation. Il y aun aspect qu'il peut y avoir même, dans certains cas,
quand c'est des travaux majeurs, audience publique. Il y a des plansde restauration, il y a des obligations qui sont
différentes en classifiant, comme ça se fait dans beaucoup de
juridictions, enclassifiant l'importance
des travaux, et, selon cette importance-là, il y a des exigences plus fortes
qui sont demandées.
Et ça, on
retrouve ça dans beaucoup de juridictions. Ontario, Yukon, Terre-Neuve ont ce
genre de pratiques deniveau 1, 2, 3,
A, B ou C, dépendant des endroits, et c'est très clair et c'est très
intéressant. Parce que le «free mining», ças'encadre. Comment s'octroie le titre minier? On voit avec intérêt que
vous avez la possibilité d'ouvrir pour des offresaux enchères de titres miniers, là, dans des
territoires issus de la connaissance géologique de Géologie Québec. C'est déjà quelque chose de bien. Ça
devrait être, selon nous, ce genre de pratiques là mais plus universalisées et,
dans le cas destravaux d'exploration,
une gradation. Et ça, on a fait des propositions très précises. Elles vont vous
revenir très, très bientôtvia la
Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, mais déjà dans les mémoires
de la loi n° 14, de la loi n° 79, dans le document d'information
Pour que le Québec ait meilleure mine on avait déjà des choses assez
précises à ce niveau-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Bien, je vais, à ce moment-là, voir le détail, là, avec le mémoire de Pour
que le Québec ait meilleure mine!. Puis les carrières d'envergure, c'est
la même chose?
M. Simard
(Christian) : Oui, oui. Pour
les carrières d'envergure, c'est plus précisément, là, des notions qui sont…
Mme
Ouellet :
Parce que la difficulté, du côté des carrières, sablières, c'est le nombre. Et,
le BAPE étant une organisation, on ne voulait pas non plus submerger,
vous comprenez.
M. Simard
(Christian) : On est
conscients de ça. C'est pour ça qu'on n'a pas dit, dans ce cas-là, là, toute
carrière et toute sablière.
Mme
Ouellet :
Donc, ça va être important pour nous, avoir une indication de qu'est-ce que
vous entendez par«de grande
envergure», parce que, comme vous le disiez plus tôt, sur le niveau actuel qui
existe au niveau des mines etcertains
niveaux suggérés, bien ce n'est pas toujours évident de tracer une ligne. Donc,
c'est pour ça que nous autres…Puis,
je pense, ça a été entendu d'ailleurs avec l'ensemble des parties dans le p.l.
n° 14 également, c'est un bureau d'audiences
publiques pour l'ensemble des projets miniers, donc, à l'avenir, là, ce qui est
proposé dans ce projet de loi là.Mais
là vous souhaitez l'élargir pour les carrières d'envergure. Moi, j'aimerais
savoir ce que ça veut dire en termes de nombre, donc c'est pour ça que
ça va prendre, là, le…
Moi, ça fait le tour. Je ne sais pas si j'ai des
collègues qui ont…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Madame messieurs, un droit de réplique en une minute? C'est ce qu'il reste.
M. Simard
(Christian) : Non, on vous
remercie. On redit notre offre de collaboration sur l'ensemble des partieset du gouvernement, et même vis-à-vis l'industrie,
parce qu'il y a peut-être des choses qui sont simplement de meilleur
fonctionnement qui aideraient tout le monde. Donc, on est disponibles pour
collaborer. Merci.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci à vous aussi.
J'invite maintenant le prochain invité à prendre
place à la table des témoins.
Et je suspends donc les travaux pendant quelques
minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 4)
(Reprise à 15 h 8)
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Nous reprenons donc les travaux. Bienvenue. Nous
accueillons M. Gérald Lemoyne,maire
de Lebel-sur-Quévillon et de Baie-James. Donc, bienvenue. Vous disposez d'une
période de 10 minutes pour faire votre présentation, qui sera suivie
par un échange. La parole est à vous.
Ville de
Lebel-sur-Quévillon
M. Lemoyne
(Gérald) :Alors,
mesdames messieurs, bonjour. D'abord, merci de nous recevoir pour qu'on puissedonner notre opinion et donner nos commentaires sur le projet de loi. J'ai eu
personnellement l'occasion depuis 2007…Avec en premier la stratégie minière, développement minier au Québec en
2007, après ça les deux projets de loi, j'ai eul'occasion de venir ici, en commission parlementaire, faire des
présentations et j'espère… pas parce que je prends maretraite, mais j'espère que c'est la dernière
présentation qu'on vient faire, parce qu'on espère que ce projet de loi là sera
adopté. On pense que l'industrie, le milieu a besoin d'avoir un encadrement
clair et prévisible, donc c'est important que l'ensemble des parties — et là
par «parties» je n'entends pas «partis politiques» mais des partenaires, je
devrais dire — puissent
s'entendre pour en arriver au meilleur consensus possible.
Et l'article 16
du projet de loi m'apparaît important, la question a été soulevée il y a
quelques minutes. L'objetd'un projet
de loi comme celui-là, c'est évidemment de favoriser le développement, donc,
dans un encadrement aussi,évidemment
il y a un encadrement, mais il faut, et c'est fort important et ça ne doit pas
être que des mots — l'objet
d'uneloi, c'est fort important — favoriser le développement de l'industrie
minière. J'ajouterai que ça devrait aussi favoriser l'investissement
minier, parce qu'un ne va pas sans l'autre, évidemment. C'étaient des remarques
très préliminaires.
• (15 h 10) •
Alors, je suis maire de Lebel-sur-Quévillon, et
c'est surtout à ce titre-là que je vais faire ma présentation aujourd'hui. C'est important de le faire comme
maire de la municipalité, parce que
le témoignage ou les commentaires que je vais vous apporter
sont des commentaires de quelqu'un qui vit dans le milieu minier, qui vit dans une
région de ressources et particulièrement au cours des
dernières années avec le milieu minier, mais je suis issu de l'Abitibi-Témiscamingue
originellement, d'une région minière, donc
qui a côtoyé l'industrie minière pendant toute sa vie. Je peux vous dire
aussique l'industrie minière, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, l'industrie minière des années… — j'allaisdire «1950», mais ça, c'est plus les années
de ma naissance, les années… bon, fin des années 40, d'abord,
M. D'Amours — est très
différente de ce qu'était l'industrie dans ces années-là, l'industrie aujourd'hui
est très, très différente. C'est importantde le mentionner, parce que malheureusement encore beaucoup de gens au
Québec voient l'industrie minière comme une industrie comme ils ont vu
dans des films — et
là je parle de toutes sortes de films — qui viennent décrire l'industrie
minière, mais l'industrie minière des années 50. On n'est plus là du tout
aujourd'hui.
Lebel-sur-Quévillon,
c'est une ville de 2 500 personnes qui n'a pas encore 50 ans,
qui a été fondée avec l'industrieforestière.
Et il y a eu une fermeture d'usine chez nous, et ce qui a permis à notre ville
de vivre, pas de survivre mais bien de vivre, c'est l'industrie minière. Et ce
n'est pas parce qu'on est dépendants, dépendants entre guillemets, de l'industrieminière… Contrairement à ce que peuvent
croire certains, ce n'est pas parce qu'on est dépendants de cette industrie-là
qu'on va dire la même chose qu'eux autres en tout temps.
Lebel-sur-Quévillon,
c'est une ville, mais c'est avant tout un milieu de vie. Un milieu de vie, c'est
un endroit où les gens ont choisi de
vivre. Et, dans la région, on a développé un slogan, chez nous, qui dit :
Développer pour habiter. Le développement sans habiter, évidemment, pour
nous, ce n'est pas la meilleure façon de faire les choses, on peut difficilement habiter un territoire si on ne le
développe pas. Et, le Québec, peut-être que vous n'avez pas eu la chance de levisiter, parce qu'il y a une grande partie
qui est au nord. Le Nord-du-Québec, là, des fois j'ai l'habitude de dire :
Combiend'entre vous ont déjà visité
le Nord-du-Québec? Le Nord-du-Québec, ça commence sur la route Transtaïga.
Alors, quiest allé au nord de la
Transtaïga? Évidemment, pas une fois ou deux à la chasse, là, parce que je vois
un chasseur, là, alors… Mais c'est donc un milieu de vie.
L'industrie
minière, c'est d'une très grande importance pour notre ville, pour notre région
mais pour l'ensembledu Québec. Ça a
permis de développer une grande partie du Québec, mais c'est aussi une
industrie qui a des retombées, de très grandes retombées ailleurs que
dans le milieu où se trouve la mine elle-même. Il y a beaucoup d'emplois de l'industrie minière qui sont situés dans les
grands centres, incluant évidemment Montréal. Donc, le projet de loi sur les
mines doit favoriser, comme il est prévu à l'article 16, le développement,
et je rajouterais, comme je l'ai mentionné, l'investissement.
On
traite, dans le document… Et vous aurez l'occasion d'entendre la région de la
Baie-James, qui viendra faireune
présentation aussi, et on traitera de façon beaucoup plus large l'ensemble du
projet de loi. Traités dans le documentqui a été déposé : le rôle des municipalités, la maximisation des
retombées, transparence, restauration des sites puis quelques autres
points.
On
accueille évidemment très favorablement le rôle du monde municipal à l'intérieur
du nouveau projet de loi.Là, par
contre, je veux simplement rappeler que… Dans notre région, le projet de loi
prévoit que le schéma d'aménagementsera
l'outil. Je veux simplement vous rappeler que, dans 60 % du Québec, il n'y
a pas de MRC puis il n'y a pas de schémad'aménagement, alors il faudra prévoir… Donc, tout le Nord-du-Québec,
Baie-James, Nunavik, il n'y a pas… ni de MRC.Il faut donc prévoir… Et il n'y en a pas, il n'y a pas de mesure
transitoire. En tout cas, dans ce que j'ai vu ou lu dans leprojet de loi, il n'y a aucune mesure transitoire
pour voir qu'est-ce qu'on va faire, parce qu'éventuellement, avec la nouvellegouvernance, il y aura un schéma d'aménagement,
mais on n'en est pas là. Le schéma, il n'y en a pas au moment où on se
parle. Donc, il faudra prévoir là une façon de faire les choses.
À l'article 252, la ministre peut fixer les
conditions et obligations. On pense… Encore une fois, comme je l'aidit dès
le début, le texte de la loi doit être clair et prévisible, c'est-à-dire qu'il
doit — c'est le
but d'une loi — encadrer
une activité, dans ce cas-ci l'activité minière. Donc, il faut le plus
possible… Et je comprends parfaitement, j'étais là quand… j'ai entendu les discussions qu'il y a eu tantôt. Il est évident
que le gouvernement du Québec, par le biais de laministre ou du ministre, a une responsabilité,
mais cette responsabilité-là — on a ça dans le monde municipal aussi — doitêtre encadrée et prévisible, c'est-à-dire que ça doit se faire à l'intérieur
de choses claires, donc des règlements qui devraient être clairs.
L'article
74, on parle de délai : 60 jours, 90 jours pour des
travaux — on va
essayer de faire ça vite. Nous, ce qu'ondit : 90 jours pour les travaux, notre expérience — et là je parle… c'est une question d'expérience — le 90 jours, il est derigueur. Alors, ce qu'on dit, nous, c'est qu'il
devrait y avoir une prévision pour dire que les travaux… Parce qu'il pourraitarriver un smatte à quelque part qui
dit : C'est 90 jours, puis il ne peut pas y avoir de travaux pendant
90 jours. On devraitdonner le
pouvoir aux municipalités, avec entente évidemment, mais aux municipalités ce
pouvoir de raccourcir ce délai-là.
Maximisation
des retombées, ça m'apparaît fort important. Le comité de maximisation, le nombre
de représentantsqui composent le
comité devrait être déterminé par entente avec le milieu, pas déterminé par l'entreprise
minière maisd'entente avec le
milieu. D'ailleurs, dans la pratique aujourd'hui, parce qu'on a des comités, on
s'entend avec les entreprisesminières
pour faire ces comités-là et on s'entend sur le nombre généralement, et les
représentants du milieu doivent êtrechoisis
par le milieu et selon la méthode que le milieu détermine, et non pas que l'entreprise
détermine. Et, dans la pratique,encore
une fois, je vais vous dire que c'est de même que ça fonctionne. Je n'ai pas vu
une compagnie minière arriver cheznous
puis dire : Voici de quelle façon vous allez choisir votre monde,
ou : Voici qui va être dessus puis… Ce n'est pas de même que ça marche, la vraie vie, là. La vraie
vie, c'est qu'on s'entend. On n'est plus en 1950, je vous l'ai dit d'entrée de
jeu.
D'ailleurs, au niveau
des retombées, c'est important… Il ne me reste pas beaucoup de temps, donc je
vais me permettre de parler du fonds, ce qu'on
a appelé le fonds minier, donc un fonds de développement pour le milieu hôte où
setrouve la mine. Et là, sans vous en
faire la lecture, je vous référerais peut-être au document de consultation qui
est actuellement public sur l'énergie,
à la page 78, où on vient très bien définir que le milieu hôte, c'est le
milieu avec lequel on doit prioritairement travailler. Je vous invite à
lire l'article 78.
Écoutez, je pense qu'on vous a
possiblement remis — on l'a
envoyé ce matin — possiblement
remis notre document. Alors, si vous avez des questions, je suis prêt à
y répondre.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup, M. le
maire. Donc, nous allons procéder à la période d'échange en débutant par
le groupe parlementaire représentant le gouvernement. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui. Bien, merci beaucoup, M. Lemoyne, d'être
présent avec nous. J'en profiterais peut-être, étant donné que vous
provenez d'une municipalité qui a déjà une histoire avec les mines… Si vous,
peut-être, pouvez nous illustrer avec les
cas — je crois
que vous avez deux mines sur votre territoire — ce qui a bien fonctionné puis ce qui amoins bien fonctionné, et pour nous aider à
dire où est-ce que, dans le projet de loi, là, il faut s'assurer que, là,
woups, il faut un petit peu mieux encadrer parce qu'il y a eu des
manques, pour s'assurer que dans le futur ça n'arrive plus.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Lemoyne.
• (15 h 20) •
M.
Lemoyne (Gérald) : Bien, on a des comités non seulement avec
les mines en opération, mais maintenant lescompagnies qui sont en exploration… Par exemple, je vous donne un
exemple et je reviendrai par la suite, mais un exemple,une compagnie qui s'appelle Géoméga, un projet de terres rares, qui sont en
exploration, un projet des plus intéressantspour
notre région, pour notre ville, pour notre région et pour le Québec,
avec qui on travaille et on vient de mettre en placeun comité de maximisation. Qu'est-ce qui fonctionne bien, c'est d'avoir un
comité. C'est aussi simple que ça, la réponse. Il n'y a rien de mieux
que le dialogue; il n'y a rien de pire que d'être chacun de notre côté à ne pas
se parler.
Et
je vous disais tantôt qu'on est… Aujourd'hui, les compagnies minières, les
compagnies d'exploration cheznous,
il y a principalement, là, quatre ou cinq compagnies qui sont soit actives
avec une mine ou avec des projets avancésen exploration, et dans tous
les cas, dans tous les cas, ces gens-là viennent nous rencontrer de façon
régulière, rencontrentnos
populations, ont fait des assemblées, même les compagnies qui sont en exploration
minière ont fait des assembléesd'information pour dire où étaient rendus les projets. Une
compagnie multinationale, la Nyrstar, qui, elle, est en opération,son conseil d'administration est venu chez
nous rencontrer des gens. Les gens de Géoméga, le conseil d'administration,ont fait des rencontres
publiques, ont tenu une assemblée de l'entreprise avec le conseil d'administration mais leur assembléeannuelle
à Lebel-sur-Quévillon, et qui a été ouvert au public. Et la transparence est la
clé du succès, et aujourd'hui les entreprises minières sont là.
Qu'est-ce qui ne fonctionne pas? On n'est pas
encore rendus là. Ce qui ne fonctionne pas, puis ça s'explique…Je dirais que ce qu'on a besoin dans le cas de l'industrie
minière, et j'en ai parlé brièvement, ce qu'on a besoin, c'est d'avoirun fonds, que j'appellerai, de diversification. L'expérience
nous prouve, dans un autre secteur, qu'on a besoin d'avoir ducash dans des milieux comme les nôtres. Les
entreprises minières au Québec se trouvent principalement dans trois régions,l'Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le
Nord-du-Québec, et on est loin des décideurs. Et, quand on travaille, parexemple, à la diversification, ce qui est
fort important… On reconnaît ça, on pense que l'industrie minière qui est là
est unapport important au niveau
économique, au niveau social dans nos communautés, mais on a besoin d'avoir des
retombées. Etj'aime, dans le
document de consultation, où on parle des hydrocarbures en particulier, mais où
on vient définir l'importancede
travailler avec le milieu hôte. Alors, ce qu'on dit, c'est : On a besoin d'avoir…
Mais, à partir des sommes d'argentqui
sont versées par les compagnies minières au gouvernement du Québec, on pense
que le gouvernement du Québec…Les
trois régions ensemble, on a d'ailleurs fait une conférence de presse à Québec
pour demander ça. Les trois régions, onveut avoir des fonds qui nous proviennent… qui vont nous permettre de
diversifier notre économie et aussi de faire face… Quand il arrive une
mine, un nouveau développement, dans le cas de l'industrie minière, qui a une
durée limitée dans le temps, c'est très
différent de l'industrie, par exemple, forestière, ressources renouvelables.
Là, ça a un début et ça a une fin. Alors, il faut qu'on ait les moyens d'abord
de faire face au développement et il faut aussi qu'on ait les moyens de
diversifier notre économie, parce qu'il nous faut bâtir des milieux de vie.
Et,
ces milieux de vie là qu'on bâtit, on les bâtit pour les gens qui vont venir
travailler dans l'industrie minière,mais
après il faut pouvoir continuer. Parce que je peux vous dire que les gens qui
choisissent de vivre dans nos milieux,ce
n'est pas des gens qui ont été obligés de venir, hein? Puis ceux qui vivent
dans nos milieux, c'est un milieu de vie. Etj'ai eu l'occasion de dire souvent : On souhaite que tout le Québec
ne vienne pas chez nous trop souvent, on a peur qu'ilsveuillent rester là toute la gang puis on ne veut
pas que tout le Québec soit là. Une petite gang, ça nous permet d'être… Bon.
Alors
donc, on demande — et c'est
une des demandes importantes — qu'à l'intérieur du projet de loi on prévoieque le gouvernement du Québec, à partir des
redevances, évidemment du fonds consolidé de la province, va créer desfonds qui vont permettre au milieu hôte… Et là
«milieu hôte» n'étant pas défini, parce que, dépendamment où on est, quand on
est à la Baie-James puis la mine est à, par exemple, Goldcorp, on n'est pas aux
côtés de Lebel-sur-Quévillon,mais c'est
dans notre milieu, à proximité de communautés autochtones, à proximité… ou dans
notre région. Donc, onveut pouvoir
créer des choses qui vont être permanentes, donc développement durable, c'est-à-dire
qui vont nous permettre, permettre à nos enfants et nos petits-enfants
de pouvoir vivre dans ce magnifique pays où on a décidé de vivre.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Oui. Sur un autre point, sur la transformation, donc, nous avons regardé ce qui
se faisait ailleursdans le monde, ce
qui se faisait au Québec. D'ailleurs, en Ontario, au Nouveau-Brunswick,
Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve,ils
ont des articles sur la transformation. Les articles que nous avons inscrits à
l'intérieur du nouveau projet de loi, je vousdirais même, sont plus précis que ce qui est
prévu, ce qui est inscrit actuellement au Nouveau-Brunswick, donc, étant donné qu'il y a différents types de minerai, il y a
différents projets miniers, ils ne sont pas tous situés à la même place avec
lesmêmes opportunités nécessairement
de transformation, et dépendant ce qui sera déjà transformé au Québec. Et c'est
pourça qu'on a inscrit un «peut»,
mais c'est bien défini dans le temps. Donc, c'est un pouvoir qui peut être
utilisé à l'émissiondu bail et qui
ensuite peut être réutilisé lorsque le bail est renouvelé, donc la première
fois après 20 ans; après 10 ans, après 10 ans, après
10 ans, comme les renouvellements sont de 10 ans.
Donc,
c'est quand même assez précis comme utilisation du pouvoir. Quand vous
dites : Il faut mieux préciser, j'aimerais comprendre qu'est-ce que
vous souhaitez qui soit mieux précisé.
M. Lemoyne
(Gérald) : …je vous dirais que par…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Lemoyne.
M. Lemoyne
(Gérald) : Je m'excuse. Par expérience, est-ce que chaque mine…
Puis là, évidemment, je fais beaucoup
référence à des juniors, par exemple, qui sont, de façon générale, des
compagnies québécoises qui vont se chercher du financement pour partir
une mine. Et de demander à chacun des projets…
Par
exemple, prenons dans le cuivre, là, pour prendre un exemple. Chacun des
projets, chacune des entreprises, on pourra lui demander de faire une étude de
faisabilité pour la transformation. Pour faire de la transformation,
évidemment,est-ce qu'il n'y a pas
moyen… Puis là je n'ai pas une solution magique. D'abord, les précisions, là.
Est-ce que ça portesur la seconde,
la deuxième, la troisième transformation? Est-ce que… Le projet de loi ne le
spécifie pas. On peut faireune étude
de transformation… Le projet de loi ne spécifie pas que le projet de
transformation doit se faire au Québec.Je comprends que c'est ça qu'on voulait dire, mais ce n'est pas marqué,
ce n'est pas marqué. Donc, il pourrait y avoir…Mais que chaque projet de chaque mine, une mine d'or par exemple, fasse
une étude de faisabilité pour la transformation, que chaque projet dans
une mine de zinc ou dans une mine de cuivre fasse un projet, il y a…
Je vous parlais tantôt de la compagnie Géoméga. On
travaille avec eux autres et on travaille sur le développement,
effectivement, parce que, le but recherché, il n'y a personne de plus que nous
autres qui cherche ça.
En
plus, on voudrait que vous rajoutiez dans votre projet de loi que la
transformation doit se faire le plus prochepossible de la mine. Et là ne venez pas me dire que ça n'a pas de bon
sens, parce que, je vais vous dire, ça n'a pas plus debon sens de dire, d'abord, que ça va être au
Québec. Alors, on pourrait-u dire : Ça doit se faire idéalement le plus
proche possible de la ressource?
Mais,
avec la compagnie Géoméga, on travaille, projet de terres rares dans ce cas-ci,
projet qui a un site exceptionnelpour
toutes sortes de raisons, avec des minéraux exceptionnels, et on travaille à
faire une usine de transformation, on ades discussions. On travaille aussi avec des universités, et ils ont mis
au point une façon de séparer les terres rares.Parce que c'est ça. J'entendais tantôt parler des terres rares et de
faire référence à la Chine. Évidemment, ce qu'on veutfaire, ce n'est pas du tout quelque chose de
comparable à la Chine. Le procédé qu'on est en train de regarder pour
construireune usine de transformation
à Lebel-sur-Quévillon — et on le fait avec la compagnie minière, on l'a fait en
collaboration avec des universités — c'est un procédé physique,
donc toutes les questions de pollution ne sont pas là.
Donc,
le principe en arrière de tout ça, on est en parfait accord. Maintenant, quand
je dis qu'il faut avoir plus deprécision,
est-ce qu'il est nécessaire que chacun des projets fasse une étude? Est-ce qu'on
ne doit pas mettre en place desmoyens
pour que globalement on puisse regarder la possibilité de transformer les
minéraux qu'on retrouve au Québec?Est-ce
qu'il n'y a pas là une responsabilité qui n'est pas strictement une
responsabilité d'entreprise mais qui est peut-être une responsabilité
plus collective?
Mme
Ouellet :
Oui. En fait, vous faites…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Mme la ministre.
• (15 h 30) •
Mme
Ouellet : Oui, merci, Mme la Présidente. En fait, vous
faites un peu écho à nos débats de vendredi dernieroù nous avons abordé cette question-là. Et juste
préciser dans un premier temps, parce qu'il y avait une certaine confusion
dans le milieu : L'étude de faisabilité, ce n'est pas dans la
détermination, la définition, là, comme peut le comprendre l'industrie minière dans ses différentes étapes. C'est
une étude de faisabilité économique et de marché. Donc, ce n'est pas une
étude d'ingénierie détaillée, là, comme ce qu'ils avaient initialement compris.
Et,
dans un deuxième temps, un n'empêche pas l'autre. Effectivement, nous avons eu
des propositions, là, de fairedes
études où sont les opportunités de transformation, mais, une fois qu'on a pu
identifier ça, mine par mine il y a aussiun intérêt à le faire. Dépendant qui est l'exploitant et dépendant d'où
se situe la mine, l'économique n'est pas nécessairementtoujours le même. Et, lorsqu'on dit «une étude
économique et de marché», bien on va convenir ensemble que, lorsqu'onparle de mines d'or, c'est assez rapide à faire
parce qu'il n'y a pas de transformation. C'est, en général, en lingots d'orpour les réserves. Mais, pour l'ensemble des
autres minerais, à ce moment-là, il peut y avoir de la transformation, que cesoit dans les minerais traditionnels ou non
traditionnels, mais ce n'est pas 100 % du minerai qui va non plus être
transforméau Québec. Donc, c'est
pour ça qu'on se disait : Bien, peut-être que l'utilisation des deux modes
nous permettrait d'avoir vraiment, là, un portrait global.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Lemoyne.
M.
Lemoyne (Gérald) : Bien, c'est un peu pour ça qu'on dit :
Est-ce qu'il n'y a pas là une responsabilité plusglobale? C'est dans ce sens-là que la question est
soulevée. Puis je n'ai pas entendu, malheureusement, les débats que vous
avez eus. J'aurais peut-être dû, ça aurait évité des questions peut-être.
Mais notre
façon de voir les choses, c'est que, pour nous, c'est important, c'est fort
important, il y a beaucoup d'emplois qui sont là. Par contre, je finis
le mémoire… ou on finit le mémoire en parlant de la place du Québec dans l'industrie minière. On est un très petit joueur,
il faut se rappeler de ça, hein? Beaucoup de gens au Québec sont surpris
influencer la planète avec la production qu'on
a, à mon point de vue, se trompent. En tout cas, ce n'est pas… Dans l'économie de marché, habituellement, quand tu
possèdes autour de 1 %, tu n'influences pas grand-chose, bon, ce quine veut pas dire qu'on ne doit rien faire,
évidemment. C'est pour ça que, même les milieux, on travaille avec les
entreprisespour aller vers ça. C'est
beaucoup plus… La base de ce document-là, pour nous, ça doit favoriser l'investissement
minier, ça doit favoriser le développement minier, puis on doit avoir
des règles qui sont claires et prévisibles pour ne pas que l'industrie qui finalement fait le développement…
que cette industrie-là se demande ce qui va arriver dans un an, deux ans,
trois ans, elle va être obligée de faire quoi. Donc, c'est ça. Des règles
prévisibles.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Nous allons donc procéder maintenant
à une période d'échange entre vous,M.
le maire, et le groupe parlementaire formant l'opposition officielle. M. le
député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour :
Alors, merci, Mme la Présidente. Alors, M. Lemoyne, très heureux de vous
retrouver en commission parlementaire.
Ce n'est pas la première fois; ce n'est probablement pas la dernière non plus.
Alors, vous êtes fidèle à votre réputation de grand défenseur de votre
territoire, puis on vous en félicite.
Dans le fond,
je veux revenir sur le débat qu'on a eu la semaine dernière. Et nous, comme
formation politique, on a proposé effectivement… puis on ne s'est jamais
parlé de ça, là, on a proposé une étude globale sur ce qui peut être transformé au Québec à partir de la matière
extraite au Québec. Puis, dans le fond, ça se fait déjà, là, je veux dire.
Est-ce qu'on ne pourrait pas non plus
importer des provinces autour de nous du minerai de façon à le transformer au
Québec?Et ce qu'on proposait puis ce
qu'on propose toujours… Puis, dans le fond, le modèle peut se bonifier au gré
des semaines et des mois, parce qu'on
va être ensemble pour un moment. Parce que ce n'est pas un petit projet de loi,
c'est un projetde loi dans lequel on
retrouve plus de 300 articles. On est en consultations particulières
encore pour un moment. Maisce qu'on
suggérait, la semaine dernière, c'est d'asseoir autour d'une même table les
représentants syndicaux. Notamment,il
y a le Syndicat des métallos qui est déjà sorti dans mon propre comté, lors d'un
congrès à Rivière-du-Loup il y a plusieursmois, en septembre, si je ne m'abuse, septembre, octobre l'an passé,
pour nous dire : Aïe! Faites de la transformation enrégion. Il s'en fait déjà, soit dit en passant,
que ce soit au niveau des tourbières, l'ardoise dans mon comté, et on s'est dit :
Bien, pourquoi pas récupérer la balle au bond? Ils font cette proposition.
Peut-être pourraient-ils être des partenaires financiers,
d'une part; d'autre part, évidemment, l'industrie. Et, pour coordonner l'ensemble
de cette démarche-là, bien,que le gouvernement
du Québec soit un partenaire, pour que financièrement ensemble, là, on puisse
définir le projet detransformation
au pluriel au Québec de façon à soutenir les régions. Puis évidemment je n'en
ai pas parlé, mais, commerégionaliste,
moi, j'ai une préoccupation… Nous avons, comme parti politique, une
préoccupation à l'effet que les régionssoient autour de la table, excluant, à mon sens, la participation
financière des régions, là, il faut être clair, mais faire en sorte qu'ensemble,
les partenaires, on puisse évoluer dans le sens de la création d'emplois.
Vous soulevez
un point qui est celui de transformer le plus près possible des sites miniers,
ce qui est tout à fait vrai. Moi, je
viens d'un secteur qui est le secteur agricole, et notre lait, dans les
régions, s'en va vers les grands centres, puisc'est comme ça. On regarde au niveau de l'abattage de nos animaux, c'est
souvent comme ça que ça se passe aussi. C'estcentralisé peut-être moins dans les grands centres, mais ça se fait
comme ça, alors je comprends votre préoccupation de régionaliste.
Sur l'idée
globale à être bonifiée, parce qu'on est là pour ça, là, je veux savoir, d'une
part, ce que vous en pensez,et, d'autre
part, tantôt, je vais revenir sur la question d'un fonds de diversification. Mais, sur la question de transformation,l'idée d'un partenariat, vous avez ouvert une
porte là-dessus, là, mais, si je pousse l'idée encore plus loin
que ce que vous avez amené il y a quelques instants, est-ce
qu'on peut s'entendre?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Lemoyne.
M. Lemoyne
(Gérald) :La
réponse, c'est oui. Ça vous surprend que ce ne soit pas plus long que ça, hein?
Moi,je pense que oui. Écoutez, l'expérience nous montre que, quand on assit des
partenaires autour d'une table, des gens quiont un intérêt, des gens qui ont un intérêt au développement, on les assoit autour d'une même table — je parle
des gensde l'industrie, je parle des
gens du milieu, je parle effectivement des syndicats — on va arriver à trouver les meilleuressolutions, encore meilleures que si chacun
de son côté… Puis là j'inclus l'industrie. Si l'industrie fait un travail, il y
auratoujours une critique pour
dire : Est-ce qu'ils ont vraiment voulu?, on a entendu ça dans le passé,
quand il y a des chosesqui se sont
faites, alors que, si on est assis autour d'une même table, on a les mêmes
choses, on voit les mêmes choses,des
gens intelligents, peu importe leur provenance, qui sont assis autour d'une
même table avec les mêmes renseignements,généralement, arrivent aux mêmes conclusions. C'est mon expérience.
Alors, il faut donc… Oui, je suis d'accord 100 % avec cette
affirmation-là. Assoyons-nous, regardons qu'est-ce qui peut être transformé au
Québec.
Évidemment,
au-delà du discours philosophique, là, que je me donne, évidemment, comme
régionalistes, on veutque la
transformation se fasse aux côtés de l'usine, dans notre ville, si c'est
possible. Mais, au-delà de ça, il y a un aspect économique, évidemment.
Il reste que, si on veut être sur l'échiquier mondial, on devra… c'est superflu
de le dire peut-être, mais on doit tenir compte de l'aspect économique,
évidemment.
Et, dans toute la question, ce qui n'a
pas été soulevé, une des choses les plus importantes… On parle beaucoupde développement durable. Et là, quand on parle de
développement durable, les uns parlent d'une chose, les autres parlentde d'autre chose, dépendamment de l'intérêt. Notre
prétention, dans nos milieux, c'est que ce qui doit être au centre deces préoccupations-là, c'est les êtres humains.
Quand on était en grandes difficultés chez nous, dans notre milieu, lorsd'une présentation j'avais dit : Si on
était des caribous forestiers, beaucoup de gens s'intéresseraient à nous
autres; nousne sommes que des
Quévillonnais, l'intérêt n'est pas très grand. Alors, ce que je dis, c'est :
L'être humain doit être au centre des préoccupations.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci, Mme la Présidente. Et, à travers cette
étude-là en regard de la transformation, moi, je suisd'avis qu'on pourrait même se permettre de gagner
du temps. On n'est pas obligés d'attendre un projet de loi pour initierune démarche comme celle-là… ou attendre l'adoption
d'une loi. On pourrait même le faire parallèlement. Ça enverraitun signal aux Québécois et ça enverrait un signal
aux régions du Québec, là où on retrouve des mines, comme quoi, bien,on est sérieux comme société, on veut du
développement minier. On veut bien l'encadrer, on veut surtout bien le soutenir.
Et j'espère que la proposition sera récupérée, qu'on la reprendra au bond pour
qu'on puisse initier une démarche dès maintenant. On n'a pas besoin d'attendre
l'adoption d'une loi, ça pourrait se faire maintenant.
Sur
la question de la diversification, hein, un fonds de diversification, je ne
pense pas… Puis, en tout cas, si vouspouvez
nous parler de chiffres, tant mieux, mais je ne pense pas que vous en soyez là.
Mais une crainte que je voudraismanifester
à ce moment-ci, une mise en garde, puis, comme région, vous devez réfléchir à
ça : Lorsqu'on parle d'un fonds de diversification, on a vu ça ailleurs,
là, puis on ne nommera pas d'exemple parce que le ton est bon, il faut le maintenir,mais il ne faudrait pas que ce soit un
recyclage d'argent, là, hein, un ramassis de programmes existants pour
dire : Voici,Lebel-sur-Quévillon,
là, il y a un fonds de diversification de x millions, puis on part avec ça.
Là-dessus, il y a un appel à la prudence pour que tout le monde soit
bien conscient, là, qu'il y a un enjeu.
Comment on le
définit? À partir de quel argent? Sur quelle base? Je ne sais pas si vous
pouvez aller plus loin là-dessus,
M. Lemoyne, mais moi, cette crainte-là, j'ose la manifester cet
après-midi, parce que c'est important. On l'a vuailleurs, là, dans des exemples récents, au cours de la dernière année.
On a vu une forme de recyclage de programme, là, hein, pour dire :
Bien, voici, là, on vous annonce ça. C'est un peu hasardeux comme démarche.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le maire.
• (15 h 40) •
M.
Lemoyne (Gérald) : Non, effectivement, ça ne doit pas être un
recyclage de programme. Les sommes d'argent,quand les trois régions ensemble on s'est présentés à Québec pour faire
une conférence de presse, ce qu'on a dit, c'estque l'argent doit provenir du gouvernement du Québec, parce qu'il retire
déjà des redevances, mais qu'on voulait s'asseoiren partenaires avec le gouvernement du Québec pour
dire quels seraient les montants qui seraient des montants qui seraientacceptables pour les uns et les autres et définir
aussi quels seraient les objets de ces fonds-là, à quoi serviraient les fonds.C'est de l'argent public. On ne veut pas que
ce soit donné pour que, dans un milieu, par exemple à Lebel-sur-Quévillon…pour refaire le toit de l'aréna, là. Ce n'est
pas là qu'on est. On est… Et là, encore une fois, d'avoir des règles quand ondonne… quand on nous remet de l'argent, dans
un milieu, il n'y a pas vraiment de problème à ce qu'on nous donne lesgrandes orientations, pas qu'on nous dise comment
on va faire telle affaire tel jour de la semaine puis… On n'est pas non plus des enfants, alors on veut avoir une certaine
latitude. Mais on comprend aussi parfaitement que l'argent public doit
être dépensé pour l'objet pour lequel il est versé.
Et
quels seraient les montants nécessaires? Moi, je pense qu'il y a des
discussions à avoir. Il y a des expériencesau Québec. J'ai eu l'occasion de rencontrer, sur des comités provinciaux
sur lesquels j'ai travaillé, des gens qui ont vécudes situations particulières, on a vécu chez nous
des situations particulières, et ensemble on serait sûrement en mesure
de déterminer quelle serait la meilleure façon au niveau des sommes et les
meilleures pratiques aussi.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Ça me fait plaisir de
vous rencontrer, M. Lemoyne. Moi, j'ai une
question. Je vais faire une espèce de rétrospective parce que vous avez une
expérience un peu unique à Lebel-sur-Quévillon. Parce que, quand l'usine
de papier a été fondée, avec l'ensemble des accessoires chimiques qui avaient été installés sur place, vous avez vécu
quelque chose d'un peu… je ne dirais pas «radical» mais un peu difficile.Puis est-ce que vous pouvez nous faire une
espèce de petit résumé, là? Je ne veux pas avoir un discours mais comprendre
un peu les enjeux que vous avez appris à partir de ça, puis après on reviendra
un peu à la transformation.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le maire.
M.
Lemoyne (Gérald) : Il y a deux choses, là. Si vous parlez… À l'intérieur
de l'usine de pâte qu'il y avait cheznous,
il y a eu aussi une usine chimique, à l'époque, qu'on appelait le «plant»
chimique, où on faisait du chlore, et un matinon s'est rendu compte… À un moment donné, on s'est rendu compte, parce
qu'il est sorti un film qui s'appelait Minamata,qu'on utilisait le mercure, une usine de
chlore-alcali, et on a travaillé… Je travaillais dans cette usine-là,
personnellement, et j'ai personnellement travaillé à fermer l'usine. J'ai
même travaillé donc à fermer ma job.
C'est un peu
pour ça que je vous disais tantôt : Ce n'est pas parce qu'on travaille
avec l'industrie qu'on va diren'importe
quoi puis on va faire n'importe quoi, là. Il y a des gens qui s'inquiètent puis
qui viennent nous dire qu'est-ce qui serait bon pour nous
autres. Ce n'est pas ça, là. On est capables, on est majeurs et vaccinés et on
est des gens responsables qui vivent dans un milieu. Il n'y a personne
qui veut détruire son milieu de vie.
Donc,
ce qu'on a fait, on a fait fermer cette usine-là, effectivement, et il y a eu
un certain nombre de jobs qui ontété
perdues dans la communauté. Par la suite, évidemment, il y a eu aussi une
fermeture d'usine, la fermeture de l'usinemais qui n'a aucun rapport avec la première fermeture, la fermeture d'une
usine de pâte qui était de loin le principal etpresque le seul employeur de la ville, où le reste de la communauté
dépendait de cette industrie-là. Et beaucoup de gensau Québec pensaient qu'on était pour fermer la
ville, comme on a fait à Gagnon ville il y a bien des années, mais je l'ai dit
d'entrée de jeu : Lebel-sur-Quévillon, ce n'est pas une ville; c'est un
milieu de vie, avec tout ce que ça comporte.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. La
raison pour laquelle je soulevais cette question-là… Je connais un peu l'historique
de Quévillon, là. Mais, dans la perspective de ce que vous avez appris dans ces
années-là, aujourd'hui vous nous parlez de
faire du développement durable, de la transformation, mais vous réalisez qu'il
y a uneespèce de complexité à l'intérieur
de cette transformation-là, comme vous l'avez vécu avec le mercure,
naturellement, là.Mais, pour moi…
Vous nous avez parlé d'un comité. Comment on va structurer ce comité-là? Vous
savez, surtout quandon parle de
terres rares, là, où aujourd'hui on se retrouve avec des propriétés que je
qualifierais de non définies, hein, on ne sait pas trop, là, quelles
sont les conséquences de ces produits-là sur la santé, on ne le sait pas,
quelles seraient les précautions que vous,
dans l'expérience que vous avez vécue… Comment
on habille ça avec des universités? Commenton habille ça pour s'assurer qu'on se donne tous les outils possibles et
imaginables, pour s'assurer qu'on ne reproduira pas ce genre d'erreur
là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le maire.
M.
Lemoyne (Gérald) : Bien, un exemple… Puis c'est un très bon exemple, la question des terres
rares. Quand ona commencé à
travailler avec Géoméga et qu'ils ont commencé à parler… Parce que,
bon, il y a un contrôle évident de laChine sur les terres rares, et, quand on a
commencé à parler de transformation au Québec, on a dit : Hin, hin! Les produitschimiques, là… Puis, c'est loin, tout est relatif,
là. Évidemment, c'est à 90 kilomètres de chez nous. Quand on est dansle Nord-du-Québec, 90 kilomètres, c'est dret à côté, là, hein?
Alors, on a dit : Ce n'est pas vrai qu'on va s'enligner avec laméthode qui existe actuellement, qui est la
méthode de séparation des terres rares en Chine, à partir du chimique. Et là ona dit ensemble : Est-ce qu'on peut regarder avec l'université ou avec des universitaires s'il n'y a
pas moyen de développerun autre système? Et là je laisserai à l'entreprise
le soin d'annoncer une méthode très révolutionnaire qu'ils ont trouvée — ilssont
venus, moi, j'ai eu plusieurs présentations — de faire la séparation des terres rares sans
utilisation de produits chimiquesmais
de façon physique. Il y a des Allemands qui sont aussi associés à ça. On est
dans le fond du rang, là, puis on vient à bout de faire ces affaires-là.
On
a travaillé sur des projets… d'autres projets, parce que, si on parle de
diversification, évidemment, on parlede
plusieurs projets. On ne peut pas parler d'un seul projet quand on parle de
diversification, c'est la base. On a travaillé aussi à la production d'éthanol.
La même chose. On a travaillé, là aussi, avec des universités.
Les
projets, ce qu'on a dit, par exemple, dans le… Quand on a commencé à travailler
à la relance de notre usinechez
nous, on a mis des conditions, on a dit : Il faut que ce soit un nouveau
produit avec des nouveaux marchés. Tout lemonde nous a dit : Vous êtes un peu virés fous. Ils ferment des
usines, puis vous autres, vous pensez… Bon. Mais on a…Donc, il faut que le milieu qui a un intérêt à ce
que son milieu continue à vivre soit associé à ça. Mais, pour faire ça, ons'est rendu compte qu'il nous manquait un
élément essentiel, c'est de l'argent. Et, quand on est situé à
Lebel-sur-Quévillonet qu'on doit se
déplacer vers le Centre-du-Québec parce que c'est là que sont les décideurs,
les décisions, bien il y a desdépenses.
Quand on veut travailler puis faire faire une étude sur quelque chose, il faut
payer. C'est impossible de faire çaavec
les taxes des contribuables seulement, surtout dans des circonstances où on
travaille… dans le cas d'une fermeturecomme
on a eu chez nous. Donc, dans le cas d'une mine, dans le cas du présent projet
de loi, ce qu'on dit, c'est : Mettonsen place des moyens qui vont permettre au milieu de se diversifier,
parce qu'une mine, quand ça arrive, on sait que ça vafermer. Et là c'est peut-être, je dirais, une
occasion de… Nous, on l'a réalisé de façon… à la dure, je dirais, mais c'est
aussi une façon que les milieux vont réaliser du besoin de diversifier leur
économie.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. Donc, vous me menez à mon autre
question, mais on va essayer de l'habiller un peu mieux. Parce que vous parliez
tout à l'heure de redevances et d'orientations, là, mais une de ces
orientations fondamentales là, c'est une
espèce de connexion avec le… appelons-le le milieu universitaire ou le milieu
compétent, là,O.K. Mais, pour vous,
ça, c'est une condition essentielle dans le succès d'un développement de ce type
de projet là parce que vous l'avez vécu, vous le vivez, puis c'est ça
que je voudrais entendre de votre part, là.
M. Lemoyne
(Gérald) : Bien, écoutez, quand…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le maire.
• (15 h 50) •
M.
Lemoyne (Gérald) : Il n'y a pas de recette. Moi, je ne crois
pas à ça, les recettes. Chaque milieu va développer la meilleure façon
de faire les affaires, et il ne faut pas nécessairement qu'on se connecte avec
le milieu universitaire. Dans le cas de chez nous, par exemple, ce qu'on dit, c'est : Qu'est-ce
qui nous distingue? Qu'est-ce qui fait qu'on aurait un avantage
compétitif? Parce que, si on n'a pas d'avantage, puis je suis en compétition
avec la Chine…
Au cours des
20 dernières années, j'ai souvent donné l'exemple des «frames» de
lunettes. On peut bien dire qu'onva
commencer à faire des «frames» de lunettes, des montures de lunettes chez nous,
bon, on va être en compétition avec la Chine. Celles-là, tu les paies
1 $ chez Dollarama, bon, on va être en… On n'a pas d'avantage compétitif.
Nous, l'avantage
compétitif qu'on a chez nous, c'est généralement en relation avec les
ressources. Évidemment, il y a tout
le tourisme aussi. Mais, dans ce cas-là, si on fait la même chose que quelqu'un
d'autre fait, bien, là aussi, peut-êtrequ'on va avoir un peu de difficultés, parce qu'eux autres ont une
expertise. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas possible,mais, bon, est-ce qu'on peut regarder pour le
développement de nouveaux produits? C'est ce qu'on a fait quand on a regardél'éthanol, la cellulose maintenant avec l'usine
de pâte. C'est ce qu'on fait avec les terres rares mais ce qu'on fait aussi
à quelques… il y a quelques autres projets
qu'on a. Et ce qu'on essaie de faire chez nous, c'est des projets où on va dansl'innovation, mais c'est important… Ce qui
est important, c'est de ne pas attendre que les autres le fassent à notre
place. Iln'y a jamais personne qui
va le faire à notre place. Sûrement pas de la façon qu'on voudrait que ce soit
fait, en tout cas.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. Je voudrais juste préciser, parce que,
là, vous dites : Le milieu universitaire, pasnécessairement. Comment vous voulez vous attacher
la compétence? Parce que, vous savez, Lebel-sur-Quévillon, desdoctorats en terres rares, ça ne doit pas courir
les rues, là, mais… Puis, d'un autre côté, vous voudriez avoir quelqu'unqui va vous dire : Écoutez, ça, ça a du
bon sens, ça, ça n'a pas de bon sens, etc., là. Puis ce que j'essaie de
comprendrede votre part, c'est
comment vous allez vous attacher, je dirais, chez vous, via, là, des redevances
ou des revenus. Comment vous allez attacher ça ensemble, là?
M. Lemoyne (Gérald) : Bien,
moi, je pense…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le maire, en 1 min 30 s.
M. Lemoyne
(Gérald) : On va essayer de faire ça, madame. Merci. Bien, c'est
relativement simple. Le milieuuniversitaire,
de façon générale, si on va dans de la recherche et du développement, le milieu
universitaire est sûrement le mieux placé. Comment on fait pour s'y
attacher, c'est fort simple. Il y a, par exemple, l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue qui travaille beaucoup chez
nous. Donc, on va travailler avec ces gens-là. Généralement, notreréflexe, c'est d'aller voir ces gens-là, et eux,
quand il n'y a pas les compétences là, ils vont nous référer à la bonne
université.C'est le milieu… Quand on
est en recherche et développement, en recherche mais aussi en développement, on
va vers lemilieu universitaire. Mais
il pourrait arriver que… Ce n'est pas nécessairement le milieu universitaire.
On a travaillé, par exemple, avec les centres, le CTRI, chez nous, du
cégep d'Abitibi-Témiscamingue. On a travaillé avec Biopterre, par exemple, que vous connaissez. Alors, on a
travaillé avec la compétence pour répondre à nos besoins, mais, dans tous cescas-là, ce qu'on a besoin, c'est d'avoir de
l'argent pour venir à bout d'aller chercher cette expertise-là, parce que ce n'estpas vrai qu'on a juste à demander puis… Ce n'est
pas si simple que ça, la vie, là. Alors, c'est dans ce sens-là qu'on a besoind'avoir un appui, et là on a une occasion, à
notre point de vue, unique de le faire à l'intérieur de ce projet de loi là. Il
y avaiteu dans le passé… Le gouvernement
du Parti québécois de l'époque avait fait un comité de maximisation des
retombéesdes ressources naturelles,
donc, et le rapport qui était sorti de ça à l'époque, c'était qu'une partie des
redevances devait revenir dans les régions ressources.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Je vous remercie beaucoup, M. le maire. Nous
allons maintenant procéder à la période d'échange avec le deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Bécancour-Nicolet.
M.
Martel :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le maire. Merci d'apporter votre
contribution cet après-midi.
Dans votre
préambule, vous avez exprimé une espèce de vœu que nous adoptions le projet de
loi le plus rapidementpossible. Moi,
j'aimerais savoir si ce souhait-là est motivé par des impacts, actuellement,
économiques. Est-ce que, devotre
point de vue, le fait de retarder l'adoption du projet de loi fait en sorte qu'il
y a peut-être des projets qui tardent à se développer?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le maire.
M. Lemoyne
(Gérald) : Absolument. La réponse, c'est : Absolument.
Écoutez, je vous disais tantôt que j'ai eul'occasion de rencontrer des conseils d'administration, mais j'ai eu
aussi l'occasion de rencontrer des groupes d'investisseursqui sont venus pour investir dans le milieu
minier, et le milieu minier nous demande d'être présents, parce que le milieu
où va se développer la mine, c'est chez nous. Ils nous demandent d'être
présents.
Et je me
rappelle de ce groupe australien qui… groupe d'investisseurs. Dans un échange
que j'avais, ils me disaient :Nous,
il y a un projet qui nous intéresse ici, à Lebel-sur-Quévillon, on est venus
voir ça, mais, pour l'instant, on met un«hold» là-dessus, c'est-à-dire qu'on n'investira pas, parce que les
conditions… Et ils me disaient : Nous, on fait du capitalde risque, et principalement dans les mines, mais
on n'investira pas actuellement parce que, quand on prend un risque,c'est un risque calculé, et, pour calculer le
risque, il faut savoir les conditions dans lesquelles on travaille. Et
actuellement on ne connaît pas les conditions dans lesquelles on va
travailler, c'est-à-dire les conditions de notre investissement. Ça va être quoi, l'industrie
minière? Ça va être quoi, les règles de l'industrie minière? Donc, difficile pour eux de prendrela décision d'investir, puisque les conditions
pour l'investissement ne sont pas connues. Alors, c'est aussi simple
que ça.
Donc,
oui, ça a pour effet… Évidemment, les projets, on est conscient qu'actuellement, les métaux, ce n'est pas ceque
c'était il y a quelque temps, mais en plus il faut mettre toutes les
chances de notre côté. Ne rajoutons rien. Assurons-nousd'avoir… évidemment de dire que ça doit être adopté dans les
meilleurs délais, ce qui ne veut pas dire qu'on doit acceptern'importe quoi ou faire n'importe quoi, mais ça veut dire que, chacun d'entre nous,
mettons tous les efforts nécessaires pour arriver au plus large
consensus possible.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel : Merci beaucoup. Et on va peut-être vous voler des
fois des bouts de la réponse que vous venez de donner, j'ai beaucoup
aimé.
Je
vais m'adresser plus au maire, la prochaine question. Tantôt, j'en ai fait part
aux invités au préalable. Avant,il y
avait la loi sur l'aménagement du territoire et la Loi sur les mines, et ces
deux lois-là ne se reconnaissaient pas. Laseule chose qu'on savait, c'est que la Loi sur les mines avait une
prédominance sur la loi de l'aménagement. Le projetde loi qu'on étudie, il vient un peu corriger ça,
sauf qu'il donne — puis la
ministre l'a expliqué tantôt — une espèce de pouvoir additionnel à
la ministre qui va être plus fort que le pouvoir des schémas d'aménagement.
Est-ce
que, de votre point de vue de maire, on voit là une amélioration dans le
pouvoir des municipalités, oui ou non?
M. Lemoyne
(Gérald) : Il y a une…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. Lemoyne, en une minute.
M.
Lemoyne (Gérald) : Oui, il y a une amélioration. Évidemment, on
a ce pouvoir qui n'existait à peu près pasauparavant, qui est beaucoup mieux défini. Est-ce qu'il est actuellement
suffisant? L'article 246 de la loi, à ma connaissance, de la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme, la LAU, n'a pas été… est encore là. Donc, il
y a encore ça.
Et,
dans le mémoire que je présente, on mentionne à la fin qu'il faut éviter le
plus possible de mettre «peut», Untel…ou
«le ministre peut», «peut». Bien, quand tu dis : Elle va peut-être ou il
va peut-être… bien là, ça, ça veut dire qu'onrevient à la question de tantôt. Les règles ne sont pas claires, puis on
ne sait pas ce qui va arriver. Malheureusement…Puis là je ne vais vraiment pas sur le fond, on n'est vraiment pas sur le
fond, mais il y a quelque chose qui a nui àl'investissement dans l'industrie minière, à mon point de vue puis le
point de vue de ceux à qui on a parlé : l'affaire deStrateco avec l'uranium. Quand on change les
règles du jeu en cours de route, à tort ou à raison, là, hein, je ne veux pasaller sur le fond, mais ça sème l'inquiétude.
Donc, mettons le plus possible les règles claires, mettons le plus possible lesrègles claires et prévisibles. On a besoin,
quand on fait un investissement, quand on décide de faire un investissement
commeceux-là, d'avoir des règles qui
sont claires et qu'on pense qu'elles sont là pour durer dans le temps, pas qui
changent, qui vont venir nous changer les règles du jeu en cours de
route.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci beaucoup. Je me tourne maintenant vers
Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui. Bien, j'ai eu l'occasion de poser plusieurs
questions. Je ne sais pas si mes collègues ont desquestions plus spécifiques. Nous, on a fait une
bonne tournée, là, sur les précisions sur les différents éléments du mémoire.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Bien, nous vous remercions beaucoup.
J'invite
maintenant les représentants de la Conférence régionale des élus de l'Abitibi-Témiscamingue
à prendre place à la table des témoins.
Et je suspends donc
les travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise à 16 h 1)
La
Présidente
(Mme Bouillé) : À l'ordre, s'il vous plaît! Nous entendons maintenant
les représentants de la Conférence régionale
des élus de l'Abitibi-Témiscamingue. Messieurs, bienvenue. Je vous invite à vous
présenter et à faire votre exposé. Vous disposez d'une période de
10 minutes, il y aura échange par la suite.
Conférence régionale des élus de
l'Abitibi-Témiscamingue (CREAT)
M. Warolin (Arnaud) : Parfait. Mme la Présidente, Mme la ministre, Mmes et MM. les députés,
merci de nous accueillir aujourd'hui. Je me présente : Arnaud
Warolin. Je suis le préfet élu de la MRC de Témiscamingue et je fais partie du conseil d'administration de la CRE. Je
vous présente, à ma droite, Luc Bélisle, notre directeur général, et, à ma
gauche, Patrick Charron, qui est notre analyste responsable du dossier minier.
Alors, c'est
un grand plaisir d'être ici parmi vous. Il y a déjà trois ans… non, deux ans,
on était venus aussi faire une présentation. On a eu le temps de bonifier
nos actions, alors j'espère que notre mémoire saura répondre à vos questions. C'est à la
fois un plaisir, et il y a aussi quelques inquiétudes, et il y a beaucoup d'espoir.
Et j'entendais ce que disait M. Lemoyne. C'est sûr qu'un des espoirs, c'est
d'arriver assez vite à une loi qui fasse consensus et qui nous permette d'avancer.
Comme
vous le savez, Mme la Présidente, l'Abitibi-Témiscamingue est une des trois
principales régions minièresdu
Québec avec le Nord-du-Québec et la Côte-Nord, et notre histoire est intimement
liée à celle de cette industrie. Depuisses débuts, notre région a donc vécu une relation particulière avec le
monde minier, profitant de ses bons coups et de sesbooms successifs, mais aussi en subissant des
crises et son lot de problématiques sociales et environnementales. Aujourd'huiencore, l'Abitibi-Témiscamingue profite d'une
filière minérale complète qui joue un rôle capital dans notre développement
et son économie, environ 10 000 emplois directement dans le secteur minier
et 370 entreprises. Donc, de la recherche fondamentale jusqu'aux services
miniers, on a vraiment toute la panoplie.
Au
cours des 10 dernières années, la conférence régionale des élus a investi
beaucoup de temps et d'argent dansdes
processus de concertation et dans des outils pour nous permettre de mieux
comprendre le monde minier et de nousfaire
des recommandations. Justement, cette commission, on a mis en place une
commission sur les ressources naturelleset le territoire, et différents forums et consultations nous ont permis
d'alimenter le mémoire qui vous est déposé aujourd'hui et de vous
transmettre, selon nous, de façon précise et fidèle les préoccupations de nos
concitoyens.
Alors,
avant de passer en revue les recommandations, il est important de préciser que
la population del'Abitibi-Témiscamingue
est globalement favorable à l'industrie minière. Avec le temps, avec les
impacts, avec le fait que toutes les familles ont des liens avec cette
industrie, on y est plutôt favorables.
Mais
la mentalité des citoyens, ces dernières années, a évolué, comme partout sur la
terre, et donc aujourd'hui ça ne veut pas dire qu'on accepte tout et n'importe
quoi de l'industrie minière. L'un des éléments importants, c'est qu'aujourd'hui les citoyens veulent être informés.
Et ça, c'est un élément crucial, être consultés, et ceci dès le début, leplus tôt possible dans les processus qui
doivent conduire à un possible projet de mine. Il en est de même des
communautés algonquines, qui sont nombreuses sur notre territoire.
Pour
résumer toutes ces attentes, dont vous avez entendu parler, j'imagine,
beaucoup, je voudrais vous rappelerquelques
valeurs qui alimentent la conférence régionale des élus et qui nous ont été
données par nos citoyens. Les premièresvaleurs, c'est d'assurer un legs d'un milieu sain et prospère pour les
communautés minières dans un projet; de respecter lescommunautés locales, les autochtones; de respecter
l'environnement, particulièrement en ce qui a trait à la protection de laqualité de l'eau et la restauration des
sites; d'avoir accès à une information neutre, crédible et accessible pour les
citoyenset citoyennes; d'avoir des
processus de communication honnêtes et continus; d'harmoniser les usages; et
enfin d'assurer une pérennité à long terme de l'industrie minière.
Alors, comme je le
disais, étant donné l'importance de cette industrie pour notre économie, il y a
un élément dont vous avez entendu parler, c'est
celui de la diversification de nos économies. Actuellement, l'Abitibi-Témiscaminguese retrouve au 14e rang sur les
17 régions administratives en termes de diversité industrielle. Pour
arriver à cette diversité,il nous
faut absolument des outils, des outils financiers mais aussi des outils
concertés pour aider à cette diversificationde cette économie et assurer l'après-mine. Donc, c'est un des éléments
majeurs. C'est pour ça que nous vous recommandonsde mettre en place des fonds régionaux capitalisés
à partir des revenus engendrés par l'exploitation des ressources minérales,ayant pour mission d'investir dans l'avenir
des communautés minières. Cette revendication est partagée par les trois
principalesrégions minières, soit l'Abitibi-Témiscamingue,
le Nord-du-Québec et la Côte-Nord, qui à elles trois totalisent 97,5 %
des investissements miniers au Québec.
Nous
vous demandons aussi que, dans ce processus-là, la conférence régionale soit
impliquée, parce que de ladiversification,
ça ne peut pas se faire à la pièce, souvent ça demande une cohésion
territoriale, ça demande une réflexion, et on pense que cet outil qu'on
a avec la conférence, chez nous, permettrait d'atteindre les objectifs en ce
sens.
En
terminant, avant de passer la parole à mon directeur général, qui va reprendre
nos recommandations, je voudraismettre
l'emphase sur l'importance, moi aussi, d'arriver rapidement à une loi sur les
mines. C'est un élément indispensable à la fois pour sécuriser les
investisseurs et non seulement dans le minier. Actuellement, je peux vous dire
que tous les investissements, dans tous les
domaines, il y a un frein, il y a un ralentissement, les gens attendent de voir
ce qui va arriver,et, pour nous, c'est
important de pouvoir clarifier, de pouvoir se baser sur du solide, de pouvoir
dire aux gens qui veulentinvestir
dans le minier mais aussi dans d'autres secteurs qu'ils sont les bienvenus et
que les règles sont claires pour tous. Donc, nous croyons qu'avec ce
projet-là, qui correspond en très grande partie à nos attentes, on devrait être
capable d'arriver rapidement à un consensus, et on vous invite en ce sens.
Alors, je passerais,
si vous le permettez, la parole à mon directeur général.
• (16 h 10) •
M. Bélisle (Luc) : Merci, M. Warolin. Le mémoire que la conférence régionale vous a
déposé contient 19 recommandations.
Je vais en passer quelques-unes, mais elles sont toutes aussi importantes les
unes que les autres.
Les
recommandations 3 à 6 concernent les enjeux d'aménagement du territoire.
La conférence régionale est favorable à l'utilisation
des schémas d'aménagement et de développement du territoire pour délimiter les
zones incompatibles avec l'activité
minière et les zones compatibles à certaines conditions. Plusieurs éléments
importants relatifs à cette mécanique
doivent être précisés, tels que les orientations gouvernementales qui dictent
la délimitation de ces zones ainsi que les conditions et obligations qui
pourront être imposées aux titulaires. Nous demandons que les orientations gouvernementales ainsi que les conditions et
obligations soient précisées préalablement à l'adoption du projet de loi etqu'elles aient fait l'objet d'une
consultation préalable des parties prenantes. Nous demandons aussi de retirer l'article 280qui permet au ministre des Ressources
naturelles de demander des modifications à un schéma en vigueur, puisque cela
court-circuite, selon nous, la mécanique qui est mise en place.
Nous avons quelques recommandations qui portent sur les comités de suivi et de maximisation. La conférencerégionale considère que la mise en place de tels comités est absolument
nécessaire. Toutefois, le suivi des projets minierset
la maximisation des retombées économiques sont deux objectifs bien différents,
et nous pensons que ces comités devraient être deux structures indépendantes et
séparées.
Les comités
de suivi devraient être des structures de communication et d'échange neutres et
dynamiques entreles citoyens, les
organismes concernés et les promoteurs du projet minier. Ils doivent permettre
l'intégration despréoccupations des
citoyens en amont du processus, longtemps avant l'émission du bail, et pour
toute la durée de vie duprojet
minier. Les préoccupations des citoyens et de la communauté doivent être
intégrées lors de la réalisation des étudesde préfaisabilité et de faisabilité du projet, notamment parce que ça
concerne l'élaboration des plans de restauration et deréaménagement. C'est pourquoi nous demandons que
les comités de suivi soient constitués bien avant la délivrance du bail.
Nous demandons aussi que les rôles et responsabilités des comités de suivi
soient précisés. Les paramètres dictant la création,
le fonctionnement, le financement de ces comités devraient être déterminés soit
dans le projet de loi ou dans les règlements qui vont en découler.
Quant aux
comités de maximisation, nous demandons au gouvernement de faire preuve de
flexibilité quant à la composition et
au fonctionnement de tels comités, puisque les différentes régions minières ont
chacune des réalités et des objectifs qui leur sont spécifiques en
matière de développement minier et en matière de maximisation. La conférence
régionale considère que, dans le contexte de l'Abitibi-Témiscamingue, la
création de comités de maximisation pour chaque
projet minier n'est pas pertinente ni stratégique. Nous recommandons plutôt d'utiliser
le comité de maximisation des retombées économiques, le ComaxAT, pour
coordonner les activités associées à la maximisation des retombées économiques. Ce comité rassemble déjà les
différents intervenants économiques du milieu et des secteurs concernés. Nous
croyons que cette approche…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci, M. Bélisle. Je vous invite à conclure.
M. Bélisle (Luc) : À conclure?
Écoutez, nous aurons le temps de passer… de répondre à vos questions. Nous
sommes à votre disposition aujourd'hui et dans les prochaines semaines pour y
répondre, à l'ensemble.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Je vous remercie. Nous allons d'ailleurs procéder à la période d'échange, en
commençant par le groupe parlementaire représentant le gouvernement. Mme la
ministre.
Mme
Ouellet :
Oui, merci, Mme la Présidente. Peut-être aller à une de vos recommandations
particulières, dansvotre
recommandation 12, où vous suggérez de réduire le délai minimum de
90 jours pour informer la municipalité. On aeu des discussions un petit peu plus tôt avec un
autre groupe qui est venu, Nature Québec, là, qui nous disait que c'était
bien important d'avoir un nombre de jours. Vous réduiriez ce nombre de jours là
à combien? Et avez-vous eu des discussions avez d'autres intervenants dans le
milieu sur ces délais-là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M. Bélisle
(Luc) : Mme la ministre,
nous avons eu des discussions entre autres avec les gens de l'industrie par
rapport à ce délai de 90 jours. Ce qui nous semble important, c'est que
les municipalités soient informées de la tenue prochaine des travaux. Dans la dynamique de financement de ces
travaux-là et de la réalisation, nous pensons qu'un délai de 90 jours est
un peu long, puisque des fois le financement est là pour réaliser rapidement
les travaux. On n'a pas statuésur un
délai minimum, là. Est-ce que c'est 60? Est-ce que c'est 45? Est-ce que c'est
30 jours? Nous sommes une conférencerégionale des élus, on n'est pas une municipalité, alors on n'a pas
statué là-dessus. Mais on pense que le 90, ça pourraitêtre réduit et atteindre l'objectif
qui est recherché en arrière, c'est-à-dire d'informer la municipalité des endroits où
sesituent les travaux. Il y aurait peut-être
à regarder, si on veut simplifier l'administration qui est exigée aux entreprises,de faire coïncider cette période-là avec d'autres
exigences qui peuvent exister au
niveau de la loi, soit envers le ministère de l'Environnement ou envers d'autres
organismes.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, merci, Mme la Présidente. Vous comprenez que,
dans la loi, il va falloir qu'on mette un nombre
de jours, donc… En tout cas, si jamais vous avez l'occasion de réfléchir et de
nous revenir avec des propositions… Parce qu'au sein du ministère, si on
a déposé 90 jours, c'est ce qu'on pensait qui était le plus utile, tant
pour les municipalités et l'ensemble des
travaux avec les mines. Si, à ce moment-là, vous dites : Ça peut être
réduit… Parce que,nous, ce qu'on
souhaitait, c'est que les municipalités puissent vraiment avoir le temps de
savoir que le projet allait se réaliser, puis, s'il y avait des
discussions à avoir avec la minière, qu'il y ait la possibilité de le faire.
Donc, pour moi, il serait intéressant de
savoir à combien de jours vous jugez le niveau raisonnable, parce qu'on est
dans du détail mais du détailimportant,
suffisamment important pour que vous jugiez nécessaire de nous proposer de
faire des modifications. Donc, çaserait
important, pour nous, de savoir à combien vous proposez de réduire ce délai-là
puis si vous êtes appuyés, là, par les municipalités de votre territoire
sur un nombre de jours.
Sur la recommandation 9 : «La
conférence régionale demande au gouvernement du Québec d'élaborer une mécanique permettant aux citoyens et aux municipalités d'avoir
accès à un accompagnement lors du développement de
projets miniers», bien c'est ce qu'on a tenté de faire par différentes
dispositions à l'intérieur de la loi : premièrement, l'information, le 60 jours de l'émission d'un
claim, le 90 jours des travaux, donc, parce que l'information est
disponible sur les sites Internet, mais on voulait être proactifs, que
la municipalité ait l'information, donc, dans une démarche d'accompagnement;
la question aussi des bureaux d'audiences publiques pour chacun des projets
miniers, avec la transparence sur les sites
de restauration de l'exploitation minière. Donc, il y a une série d'éléments
qui ont été ajoutés, là, à la loi, à l'intérieur du projet de loi, en
accompagnement, le comité de suivi environnemental et de maximisation des retombées économiques dont vous nous avez parlé,
donc je me demandais qu'est-ce que vous souhaitez de plus que ce qu'on a
déjà mis comme dispositions, là, à l'intérieur de la loi…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs…
Mme
Ouellet :
…du projet de loi.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Excusez, Mme la ministre.
Mme
Ouellet :
Excusez.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : C'est beau? MM. les
représentants de la Conférence régionale des élus de l'Abitibi-Témiscamingue.
M. Charron (Patrick) : Oui. Bien, en fait, l'ensemble des mesures
auxquelles Mme la ministre vient de référersont vues d'un bon œil par les parties prenantes qu'on a consultées pour
l'élaboration du mémoire. Par contre, ça ne couvre pas l'ensemble des
besoins.
Je
pense qu'un des besoins qui est mentionné, c'est par rapport aux gens qui sont
dans un processus de négociationavec
des promoteurs miniers pour l'acquisition de leur propriété, par exemple. Dans
les faits, je pense qu'en réalité c'estune pratique qui est plutôt exceptionnelle, c'est plutôt rare qu'une
compagnie minière va avoir à acheter des propriétéspour développer leur projet. C'est arrivé par le
passé et ça risque d'arriver dans le futur, donc, bien entendu, on est d'accord
avec cette mesure-là.
Par
contre, pour la majorité des citoyens qui sont concernés par le développement d'un
projet minier, ils vont vivre àproximité
du projet et potentiellement devoir vivre des conséquences ou des désagréments
de cette proximité-là avec ledéveloppement
d'un projet minier. Ces gens-là nous ont dit à plusieurs reprises se sentir un
peu laissés à eux-mêmes parrapport à
ça. Bien évidemment, oui, le fait que tous les projets miniers, maintenant,
vont devoir passer par le processusdu
BAPE va améliorer une certaine transparence par rapport aux différentes études
d'impact qui sont faites. Les comités de suivi, bien entendu, ont un
grand rôle à jouer, on croit, dans l'amélioration de cette situation-là. Par
contre, il faut comprendre que ces gens-là,
dans les contextes précis, ne sont pas des spécialistes du secteur minier et
ont besoin d'unaccompagnement, je
dirais, de type professionnel, pas nécessairement de type financier, pour avoir
à négocier avec un avocat, par exemple.
Mais,
quand on a des citoyens, pour donner un exemple précis, qui se présentent à une
assemblée publique par unpromoteur
minier, puis là il y a une étude d'hydrogéologie qui est présentée, où il y a
un spécialiste engagé par la compagnieminière
qui vient présenter son étude, où il parle d'un rabattement de la nappe
phréatique puis du cône de rabattementde
la nappe phréatique, ça suscite beaucoup de préoccupations au sein de la
population concernée, puis ils ne sont pascertains de bien comprendre nécessairement toutes ces études-là et les
conséquences que ça va apporter. Ils ont besoinde se tourner vers des professionnels qu'ils jugent neutres et
compétents pour pouvoir les rassurer, dans le fond, est-ce qu'ils tirent
les bonnes conclusions de toute l'information qui leur est présentée. Donc, par
rapport à ça, on considère qu'il y a un
besoin d'accompagnement qui pourrait, entre autres, être joué par les
professionnels au sein des ministèresconcernés,
que ce soit le ministère des Ressources naturelles ou le ministère du
Développement durable, de l'Environnement,de la Faune. Donc, ces gens-là ont, à notre avis, un rôle à jouer aussi
au sein des comités de suivi pour justement pouvoiraider aux citoyens à analyser l'ensemble des
informations qui leur sont présentées puis pour pouvoir les rassurer si, dansle fond, les études couvrent l'ensemble de
leurs préoccupations ou pouvoir les aiguiller pour savoir quelles informations
supplémentaires ils auraient besoin de savoir pour pouvoir répondre à leurs
préoccupations.
Donc,
oui, c'est des avancées, si je résume, mais il reste qu'il y a une grande
partie du besoin qui n'est pas couvert par ce qui est présenté par le
projet de loi, puis on pense qu'il y aurait des améliorations à apporter à ce
niveau-là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. Charron. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, merci, Mme la Présidente. Vous savez que,
dans le projet de loi, à l'article 198, il y a des dispositions qui
sont prévues pour les négociations s'il y a acquisition au niveau des
résidences. Donc là, on a prévu justement un
mécanisme d'encadrement, qui se fait déjà dans certains cas, là, de façon
volontaire, pour que les citoyenspuissent
disposer, là, de soutien financier à la négociation des ententes, donc pour qu'ils
soient bien conseillés. Donc, je pense qu'il y a un volet qui est
couvert de ce côté-là.
Et,
sur les autres volets, je vous entends bien, là, concernant, là, la présence du
MRN et du MDDEFP, là, dansles
différents comités où les citoyens sont également présents, pour être capables,
là, de faire le support au niveau de… desfois de la vulgarisation de certaines études plus scientifiques ou de
liens d'information, même d'explication de la loi, parceque, même si on a une loi… Nous, on la regarde dans le détail, mais ça ne
veut pas dire que les citoyens connaissent tous les détails, là. Donc,
je vous entends bien sur ce volet-là.
Je ne sais pas si j'avais…
si des collègues avaient des questions. Oui?
• (16 h 20) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Warolin, vous voulez rajouter quelque…
M.
Warolin (Arnaud) : Oui, s'il vous plaît, Mme la Présidente. Juste un élément, Mme la ministre. Justement,
on a de très bonnes relations avec les ministères, là, que ce soit le MRN ou le
ministère de l'Environnement, mais souvent, sur les comités de maximisation où
ils sont présents, ils n'ont pas la… on ne leur donne pas la possibilité de s'exprimer.
Donc, ils sont là souvent en écoute mais ne peuvent pas donner leur avis ou
aiguiller un citoyen qui a des questions. C'est
dans ce sens-là qu'il y aurait peut-être des moyens, des outils, sans avoir à prendre des
décisions à la place du ministère, mais pouvoir aiguiller, actuellement,
c'est quelque chose que n'ont pas nos fonctionnaires.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. M. le député de Repentigny.
M.
McKay : Oui, merci. Bien, bonjour. J'ai un intérêt
particulier pour votre recommandation 19 qui concerneles mesures de protection particulières pour des
eskers et moraines contenant de l'eau potable. Effectivement, vous soulignez, dans votre mémoire, qu'il y a
une disposition dans le projet de loi pour protéger les eskers. J'aimerais que vousnous en disiez un peu plus, là, sur les
modifications que vous proposez. Si je comprends bien, vous proposez, d'une
part,d'élargir… d'utiliser plutôt
le terme «aquifère granulaire», donc un terme plus générique, là, plus… qui
comprendraitd'autres types de sol ou
de sous-sol, et, d'autre part, d'avoir possiblement… Vous dites : «Nous
recommandons d'adopterdes modalités
qui pourraient s'apparenter à la réglementation entourant les travaux d'exploration
sur les plans d'eau ou en milieu humide.» Alors, j'aimerais en savoir
plus.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M. Charron
(Patrick) : En fait, le projet de loi, comme vous l'avez mentionné, prévoit certaines mesures pourla protection des eskers. Par contre,
entre une réserve à l'État qui est créée et, je dirais, ce qu'on propose, c'est
comme unélément qui est mitoyen, où
sans en arriver à une soustraction ou un jalonnement on peut quand même
permettre d'avoirdes claims sur les
eskers et certains travaux mais qui sont encadrés de façon, je dirais, particulière,
dû à la possibilité de captation d'eau potable sur ces aquifères
granulaires là.
Donc, ce qu'on
propose, nous, dans le fond, c'est qu'il y ait des règles qui s'apparentent aux
règles qui encadrentle forage, par exemple, sur un lac ou en milieu humide. Donc, ça implique notamment, là… ce n'est
pas l'ensemble, je neles connais pas
par cœur, malheureusement, mais notamment la récupération des boues de
forage. Ça implique une certaineforme de surveillance plus grande, étant donné qu'il y a un CA qui est associé… un certificat d'autorisation, pardon, qui
estémis pour ces travaux-là. Donc, il y a
une surveillance qui est plus, je dirais… plus étroite par rapport à ces travaux-là.
Donc, c'est
un peu ce qu'on entend par modulation. Donc, ce n'est pas d'exclure les travaux
miniers mais d'apportercertaines
modulations en fonction du caractère de potentiel de captation d'eau potable
pour les eskers et moraines, donc,qui
sont déjà identifiés, par ailleurs, dans certaines
planifications du gouvernement, dont le PATP, qui identifie des zones
précises où il devrait y avoir des modalités comme celles-là qui seraient
imposées.
M.
McKay : Merci.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Ça va pour la partie gouvernementale?
Une voix : Oui, pour le
moment.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Oui? Parfait. Donc, nous allons procéder à la période d'échange avec le groupe
parlementaire représentant l'opposition officielle. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci beaucoup.
Alors, messieurs, soyez les bienvenus à cette commission parlementaire.
Évidemment,
la recommandation n° 1, vous espérez que la loi soit adoptée dès cet
automne. Nous aussi. Il auraitpu y
avoir une loi sur les mines dès le printemps 2012. Ça n'a pas
été le cas, on le regrette, mais tout
de même on recommence l'exercice. Et j'ai eu l'occasion, en
fin de semaine, de jeter un coup d'œil aux mémoires qui avait été déposés
à l'époque, projet de loi n° 14. Il y a beaucoup de similitudes.
Mais, en ce
qui regarde le projet de loi sur lequel nous travaillons aujourd'hui, la recommandation 6 semble, à cemoment-ci, faire unanimité, là. Lorsqu'on parle de droit de
veto, enfin, de la ministre ou du ministre, ne serait-ce que sur leplan municipal, je pense que c'est tout à fait questionnable. Les municipalités, les MRC, les communautés, avec leurs
territoires, ont en main, je pense, les outils pour bien contrôler et bien
faire les choses.
Ceci dit, sur
les fonds régionaux capitalisés, ça, ça semble être, pour vous, une
préoccupation importante. Ça prend quelle
forme? On s'en va où exactement avec ça, les objectifs? Parlez-nous de ça parce que
c'est un volet important. Parce que je dois
dire que, de manière différente, d'autres nous en ont parlé aussi depuis le
début de nos travaux. Ça date de vendredidernier, c'est tout récent, là, mais on parle de fonds sous différentes
formes. Je voudrais savoir, de votre côté, comment vous l'envisagez.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Messieurs.
M. Warolin
(Arnaud) : Je vais faire une
entrée en matière puis je passerai la parole à M. Luc Bélisle. Commeje l'ai dit tout à l'heure, on a besoin de
penser à l'après-mine, on a besoin de se diversifier. On a besoin d'éviter tous
ces cycles, les cycles miniers qui sont… Il y a des cycles, et donc on
est forcément touchés.
Actuellement, on n'a pas les
outils pour pouvoir faire ce type de travaux là. On a travaillé très fort, on
pourra vousdéposer des travaux qu'on
a faits avec des firmes expertes. On est allés voir ce qui s'est fait à travers le
monde, donc on a beaucoup de littérature à vous fournir pour vous aider
à trouver la meilleure solution.
Nous,
actuellement, on sait qu'on a un besoin. Par contre,
on ne se positionne pas sur l'outil exact que ça pourrait prendre.
Parfois, on parle de redevances. Parfois, on parle de fonds. On comprend qu'il
y a des revenus en général de l'exploitation
des ressources naturelles et on essaie de trouver un outil pour que les territoires
puissent en retirer une juste part.
Donc,
peut-être que pourrait compléter M. Bélisle sur les
éléments plus précis, mais, à l'heure
actuelle, on n'est pas encore
arrêtés sur une méthode. On veut la travailler avec le gouvernement.
M. Bélisle
(Luc) : Tout à fait. À la page 8 de notre mémoire, on a quelques
éléments qui seraient à la base du fonctionnement d'un tel fonds. Donc, il y a
différents éléments, là : des objectifs clairs, des stratégies d'investissementharmonisées avec les différents organismes, des sources de financement multiples autant que possible, la pérennité de lacapitalisation. Ce qu'on a comme objectif,
dans le fond, c'est de disposer d'un outil qui va permettre de
travailler soitsur des conditions
propices à l'émergence de nouvelles activités en Abitibi-Témiscamingue ou dans
d'autres régions duQuébec — M. Lemoyne, juste avant, faisait la
même demande, et nos collègues de la Côte-Nord nous accompagnaient en
février dernier — alors
un outil qui sera suffisamment flexible pour répondre aux besoins des
différentes régions.
Ce
qu'on souhaite, c'est que ce soit aussi capitalisé à partir des revenus que
tire le gouvernement de l'ensemblede
l'activité minière. On a eu au printemps un débat important sur les redevances
minières. Pour notre conférence régionale,ce n'était pas la seule source d'alimentation de ce fonds-là, c'étaient
les revenus du gouvernement. Pourquoi? Parce qu'onconvient que les revenus qu'en tire le
gouvernement appartiennent à l'ensemble de la société québécoise, mais en mêmetemps il y a aussi un devoir du gouvernement
de s'assurer que l'ensemble des régions vivent bien. Alors, c'est pour çaqu'on se tourne du côté du gouvernement
plutôt que des compagnies minières, et certainement pas mine par mine à partir
d'une nouvelle taxe ou à partir d'une nouvelle redevance. Ce qu'on ne souhaite
pas, c'est que ça passe sous ce que j'appellerais
de l'achat de paix sociale. Ce qu'on ne souhaite pas non plus, c'est qu'en augmentant
des revenus à part et distincts provenant directement des entreprises
minières ça vienne modifier leurs politiques, par exemple, d'aide aux
communautés au niveau local. Alors, pour nous, il faut que ce soit vraiment des
choses distinctes et que ça vienne du gouvernement.
On
n'a pas établi non plus de montant. Évidemment, dans l'étude qu'on a commandée,
que notre commissiondes ressources
naturelles et du territoire a commandée, il y avait des scénarios pour essayer
de voir qu'est-ce que ça pourrait être, mais on n'est pas sur des
montants, on est plus sur le principe.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M.
D'Amour : Merci. Il serait tout de même intéressant si vous
pouviez effectivement, comme vous l'avez dit toutà l'heure, enrichir les parlementaires que nous
sommes, enrichir la commission de ces travaux-là qui ont été réalisés, cesétudes-là. Moi, j'aimerais bien, en tout
cas, les parcourir. C'est important à ce moment-ci, hein, on est devant un
projet deloi qui est important.
Alors, tout intégrer l'information, ce serait pour nous, je pense… En tout cas,
ce serait très apprécié.
Je crois que mon
collègue, Mme la Présidente, de la Côte-du-Sud veut intervenir.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Oui, M. le député de la Côte-du-Sud.
M.
Morin : Mme la Présidente, il me surprend, le député de
Rivière-du-Loup—Témiscouata,
il me donne la paroleimmédiatement.
Au niveau de restauration, réaménagement des sites miniers, vous êtes d'accord
avec le projet de loi, 1, 2, 3, mais la quatrième, l'obligation d'obtenir
le certificat d'autorisation et l'approbation du plan de réaménagement et de restauration avant la délivrance du bail minier,
je comprends très bien ce que vous dites là. Dans notre travail de tous les jours, il y a des certificats d'autorisation qu'on
attend un an et pour se faire dire non, genre carrières, et etc. J'aimerais
que vous en parliez ici pour sensibiliser la ministre à ce que vous dites là.
• (16 h 30) •
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs.
M. Bélisle
(Luc) : De la…
Une voix :
…
M. Bélisle (Luc) : C'est la recommandation 7? Merci. Bien, tout d'abord, au niveau des travaux de restauration, ilétait
question des comités de suivi qui doivent être saisis de
cette restauration-là. Normalement, ça passe aussi dans le processus d'audience
publique. Ce qui est important… Je m'excuse, vous allez devoir reformuler votre
question.
M. Morin :
Mme la Présidente, ma question est sur le…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député.
M. Morin :
Oui. Ma question est sur le certificat d'autorisation.
M. Bélisle (Luc) : Oui, d'accord.
M.
Morin : Vous êtes dans ma pensée en disant que ça prend trop de
temps, il faut faire attention.
M. Bélisle (Luc) : Oui, tout à fait. Ça, c'est une préoccupation qu'on a dans l'ensemble
de la mise en oeuvre desnouvelles
dispositions. Un projet minier, entre le moment où il y a les premières études
de faisabilité et la mise en production,
ça peut être de deux à quatre ans. Si on veut s'assurer d'une activité minière
compétitive et efficace, il y auraun
ensemble de moyens que les différents ministères devront mettre en place pour s'assurer
que les délais ne sont pas trop longs.
Et
là je reviens sur le processus d'audience publique et les décisions qui sont
prises par la suite, les demandes decertificat
d'autorisation aussi. Il y a une préoccupation importante, pour la conférence
régionale des élus, des délais quipourraient
être demandés et éventuellement aussi des changements qui seraient demandés
dans le plan de restauration.En même
temps, c'est difficile d'exiger d'une entreprise qui entame un processus d'exploitation
minière de prévoir, dans 30 ans, exactement ce qui devra être fait
pour restaurer l'ensemble du site minier et assurer que le site ne pose pas de problèmes environnementaux au niveau de la population.
Donc, il y a tout, là, un enjeu majeur pour permettre, là, que les plans
soient faits et que les certificats d'autorisation soient délivrés.
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Je veux juste souligner
à cette étape-ci que, si, comme organisme, la CREdésire soumettre des documents aux membres de la
commission, à la connaissance des membres de la commission, je vousinvite à les faire parvenir à la secrétaire de la
commission, et ce sera distribué à tous les membres pour que nous en prenions connaissance.
Parfait. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente.
Bonjour, messieurs. Il me fait plaisir de vous rencontrer et de discuter
de certains détails de votre présentation.
Premièrement,
le point que mon collègue vient de faire quant à l'obligation d'obtenir le
certificat d'autorisationpuis le
réaménagement et la restauration, est-ce que vous préconisez que l'ensemble des
fonds pour la restauration du site soient en place avant l'émission du
bail? La question est pointue, là, mais…
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs.
M. Warolin
(Arnaud) : C'est une très bonne question. Il y a plusieurs éléments
là-dedans, puis après je ferai compléter par
M. Charron, mais on est conscients qu'il faut s'assurer qu'on n'ait plus de
site orphelin, de site abandonné. Ça, c'est la prémisse de base.
Par
contre, de l'autre côté, on se retrouve souvent avec des projets avec des
juniors, et des juniors québécoisesnotamment,
qui ont de la difficulté à aller chercher du financement, qui ont déjà de la
difficulté à faire leur financementpour
leurs opérations courantes, de mettre en opération la mine. Donc, on ne
voudrait pas que cet élément-là vienne nuire à ces juniors-là.
Alors,
est-ce que c'est trois ans? Est-ce que c'est quatre ans? Est-ce qu'il y a des
processus qui peuvent être misen
place? C'est dans ce sens, vous comprenez, de dire : Il ne faut pas que ce
soient seulement des très grandes entreprisesqui ont la capacité de capitaliser en un, ou deux ans, ou trois ans des
montants très importants, des 20, 30, 40 millions,et que ça vienne empêcher des plus petits joueurs
de pouvoir faire du développement au Québec. Alors, dans ce sens-là, ilfaudrait qu'il y ait… On n'a pas l'outil, mais il
faudrait qu'il y ait une flexibilité ou un mécanisme qui permette de s'assurer
qu'on n'abandonne pas des sites mais qu'on ne vienne pas nuire à la
compétitivité de jeunes entreprises.
M. Charron
(Patrick) : Non, bien, en fait, je n'ai pas vraiment d'élément précis
à rajouter, je pense que ça résume très bien
la position de la conférence régionale. L'objectif qui est de s'assurer que la
société québécoise n'hériteraplus
jamais de sites abandonnés non restaurés, c'est une condition sine qua non au
développement minier, tant enAbitibi-Témiscamingue,
je pense, qu'au reste du Québec. Puis, l'ensemble des parties prenantes, il y a
un consensus fort autour de ça.
Par
contre, dans la mécanique d'y
arriver, bien là il y a toutes sortes d'opinions qui diffèrent. Nous, on
n'a pas demécanique à vous proposer.
On a simplement une préoccupation, comme l'a dit M. Warolin, de s'assurer que la
mécaniquerespecte les réalités de l'industrie
minière puis, dans le fond, que la mise en garantie des fonds représente…
concorde aux impacts réels qu'il y a sur le terrain.
Donc,
c'est sûr, comme disait M. Bélisle tantôt, si on demande à
une compagnie de mettre une mise en garantiepour une période de peut-être 30 ans, bien c'est difficile à prévoir. Il y a peut-être
moyen d'avoir une mécanique qui permetd'avoir…
dans le fond, s'assurer que ces sommes-là soient en garantie
sans nécessairement prévoir une période aussi loin dans le
temps.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, messieurs. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci. Puis c'est une observation qu'on a reçue d'une minière la
semaine dernière, dansle sens que,
si on mobilise des grosses sommes pour de longues durées, bien on peut dérentabiliser
le projet puis en fait le tuer carrément. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième
point, c'est le cas des petites carrières, par exemple une petite
carrière de granit qui serait obligée de mobiliser un capital
considérable, qui fait que la marge est telle que ça ne vaut pas la peine de
démarrer une carrière, parce qu'il n'y aura jamais d'argent qui va ressortir
positivement de là.
Donc, je fais juste faire ces deux
mises en garde là parce que ça, c'est peut-être quelque chose que moi non plus,
je n'ai pas la réponse. Mais vous soulignez ces points-là, puis ce que vous
nous dites, si je comprends bien, c'est : Donnons-nous la flexibilité de réaliser qu'il n'y a plus de site
orphelin, tout en s'assurant que l'entreprise peut vivre, peut exister,
en fait. C'est ça que je comprends bien, là?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs.
M. Warolin (Arnaud) : Tout à fait. Et en même temps c'est cette volonté de s'assurer qu'il n'y
ait pas un regroupement majeur dans les industries minières et qu'on ait
une diversité, plusieurs joueurs, plusieurs juniors qui proviennent de notre
région qui pourraient se lancer dans des projets d'exploration et d'exploitation.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Je
reviendrais à votre recommandation 19, où le député deRepentigny vous a parlé des eskers et moraines,
parce que j'ai l'impression que vous avez ouvert un autre sujet puis je veuxjuste vérifier si j'ai bien compris. Vous
avez parlé de l'eau… en fait de l'exploitation potentielle d'eau, O.K., qui
pourraitêtre retirée de ces eskers
et ces moraines-là pour en refaire, si on veut, une utilisation ou de la vente
directement. Puis je nesuis pas
convaincu que ça fait partie de l'opération des mines. Ça fait partie des
ressources naturelles, il n'y a pas de doute là-dedans, là, puis…
Est-ce
que c'est spécifiquement de ça que vous parliez pour l'ensemble de votre
territoire ou si c'est à l'intérieur du programme des mines spécifiquement
que vous parliez? Je veux juste clarifier ça, là.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs de la CRE de l'Abitibi-Témiscamingue.
M. Warolin (Arnaud) : Effectivement, l'eau, pour nous… On a une grande compagnie qui s'appelle
Eska, uneeau de très bonne qualité.
On a plusieurs municipalités qui tirent leur eau, d'une excellente qualité, de
ces aquifères, etsouvent ces
municipalités sont entourées de projets miniers. Alors, il y a une importance
capitale, à ce moment-là, de pouvoirpermettre
un développement minier mais de s'assurer de la qualité et de la protection de
ces aquifères et pour la population etpour
des possibles développements de diversification, hein? On pense à des eaux en
France, Evian, Perrier. Bon, bien il y a des protections, des systèmes
qui permettent de s'assurer que la valeur de ces eskers-là est protégée.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente. Je
voudrais revenir à la page 5. Quand on se met à parler de laconférence régionale des élus — ma question est en deux volets, on va faire
le premier volet — ou les
budgets, en fait, de CRRNT et la situation dans les coupures qui ont eu
lieu par rapport à ces budgets-là, est-ce que vous pourriez commenter?Est-ce que ça a eu un impact significatif dans
votre cas? Puis comment vous voyez ça dans la situation, là, où vous avez
besoin d'argent pour faire du développement?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs.
• (16 h 40) •
M. Warolin
(Arnaud) : C'est une très bonne question. Alors, je vais commencer, là
aussi. C'est évident, et M. Lemoyne
vous l'a dit tout à l'heure : pour pouvoir alimenter une population sur
des enjeux précis, sur des problématiquesminières particulières, ça prend des ressources, ça prend des contrats
avec des firmes spécialisées, ça prend du personnelcomme M. Charron ici pour alimenter nos
citoyens. Alors, si, d'un côté, on nous donne une responsabilité et que, de l'autre,
on se retrouve avec des coupures importantes, bien on doit faire des choix
stratégiques. Et c'est ce qu'on s'apprête à faire à la CRE dans les prochaines semaines. Avec les
coupures qu'on a eues, on va être obligés de faire des choix stratégiques et de
couper peut-être des éléments à des endroits où on ne devrait pas.
Alors,
est-ce que ça sera remplacé par d'autres éléments? Actuellement, on est encore
en attente de voir est-ce quele
gouvernement va pallier via d'autres programmes, mais actuellement nous aussi,
on est dans l'incertitude. Et l'incertitude,pour tous les bénévoles qui ont travaillé sur ces tables depuis des
années, eh bien, se faire dire, par exemple : Bien, il n'y aura
plus de table, ou : On n'aura pas de lieu pour faire cette
concertation-là, c'est un mauvais message qu'on leur laisse.
Mais
actuellement on ne dit pas qu'il n'y en aura pas, on dit qu'on attend de voir
comment est-ce que tout ça va seremettre
en place pour pouvoir appuyer ce besoin extrêmement important des citoyens d'avoir
accès à de l'informationde qualité.
Et la conférence régionale des élus, en Abitibi-Témiscamingue, on a une très
grande crédibilité par rapport auxdossiers
miniers, à la fois des minières et à la fois des citoyens. On veut garder cette
expertise puis on veut la développer.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, les coupures de 10 millions pour les deux prochaines années
vous affectent, comme ce matin on a vu aussi que la MRC dans la région de
Gatineau allait mettre à pied du personnel.
Pour vous, vous considérez que c'est absolument impératif, pour vous, de
maintenir ce personnel en place là.
Si
vous n'avez pas les budgets nécessaires, avez-vous des solutions ou si vous
demandez au gouvernement d'agirsur
ce budget-là? Là, je parle spécifiquement pour maintenir votre capacité à faire
face, justement, au développement minier de votre région.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs de la CRE de l'Abitibi-Témincamingue.
M. Bélisle (Luc) : Oui, je peux y
aller là-dessus. On a eu une rencontre au conseil d'administration, il y a deux semaines, où on a examiné le budget qui nous
est alloué dans le nouveau programme régional de développementforestier, on a fait une ventilation de ça, et ce
qu'il nous reste à faire, c'est une priorisation des travaux qu'on va mener.
Dans les décisions qui ont été prises par le conseil d'administration, il est
clair que la commission régionale sur les ressources
naturelles et le territoire va continuer de travailler sur l'ensemble des
ressources naturelles de notre région.Donc,
M. Charron va continuer de travailler sur les mines, et on va avoir des gens
qui vont travailler sur les forêts, sur l'eau souterraine, la faune et
les forêts, évidemment, et l'énergie.
En même temps, on a écrit récemment à Mme la
ministre, et il y a une rencontre qui s'en vient à la Table Québec-Régions, le 9 septembre, où je pense
que Mme la ministre est invitée, où on va échanger, l'ensemble des CRE,
sur ce programme-là et voir s'il y a des aménagements qui peuvent être faits.
Mais, au
niveau budgétaire, c'est clair qu'il y a des compressions importantes dans les
activités et de la commission régionale
sur les ressources naturelles, et de l'ensemble des tables de gestion intégrée
des ressources, et de l'ensemble desprojets
que les territoires vont pouvoir réaliser. Ça, on ne peut pas en faire autant
avec moins de ressources. Mais il n'y aura pas de mise à pied…
Une voix : …
M. Bélisle
(Luc) : Pardon. Il n'y aura
pas de mise à pied au sein de la conférence, là, avec la coupure de budget.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. Warolin.
M. Warolin
(Arnaud) : Il y a une
question de pérennité. Il y a une question d'expertise, on ne veut pas perdrel'expertise qu'on a. Et, là aussi, il faut
que le message qui est donné par le gouvernement soit un message sur du long
terme,parce qu'on ne peut pas nous,
dire : Allez-y, on va être coupés l'année prochaine, on va repartir, on va
revenir. Il y a unequestion de
crédibilité, de long terme, de développement, de travailler avec les
partenaires. Vous savez, ce n'est pas faciled'amener dans une même réunion des minières, des autochtones, des
environnementalistes et puis des élus. Ça prend dutemps, ça prend de la crédibilité puis ça prend
des ressources. Alors, on ne veut pas… C'est extrêmement important pournous, oui, on va le prioriser, mais c'est évident
que, si on coupe ici, il va falloir qu'on coupe d'autres domaines qui sontextrêmement importants aussi pour notre
développement. Donc, il faut trouver un outil. Là encore, on n'est pas dans le
comment, mais on est vraiment dans le principe fondamental de pouvoir garder
notre expertise sur le long terme.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
M. le député de Mégantic, en 30 secondes.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Écoutez, j'aurais aimé… Je m'excuse, on manque
de temps, là, mais j'aurais aimé qu'onprécise
un peu les rôles et responsabilités de la CRE et de vos MRC respectives. Et,
dans le… Comme on l'a vu tout à l'heure avec Lebel-sur-Quévillon, on
parle plus de MRC. Puis comment le rôle de la CRE en regard des MRC et des municipalités, parce que vous couvrez un territoire
immense… Comment ces redevances-là devraient fonctionner par rapport à
la CRE spécifiquement?
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. Cependant, vous pourrez toujours nous
faire parvenir ces renseignements-là, si vous le désirez. Merci,
M. le député de Mégantic. C'est maintenant la période d'échange avec le
deuxième groupe d'opposition. M. le député de Nicolet-Bécancour.
M.
Martel :
Merci, Mme la Présidente. Bonjour à
vous trois. Merci de votre présence. Merci pour le dépôt de votre mémoire.
Je ne reviendrai pas sur les déclarations que
vous avez faites au début — vous
avez un peu confirmé ce que M. Lemoyne a dit
avant vous autres — à
l'effet que de retarder le projet de
loi, ça peut avoir des impacts quand mêmeassez négatifs au niveau économique.
D'ailleurs, on a vu les chiffres du dernier mois au niveau de l'emploi dans la
région de l'Abitibi, qui ont été quand même assez catastrophiques.
Moi, je veux
revenir un peu à… Ce que je voulais vous dire, c'est que je l'ai entendu, c'est
pour ça que je ne vousle fais pas
répéter. Je veux revenir alentour de la recommandation 16. Moi, pour moi,
la région de l'Abitibi-Témiscamingue,c'est
un peu un des phares au niveau de l'exploitation minière. Je pense que vous
avez une expertise, vous avez un vécuqui
est très différent de beaucoup d'autres régions au Québec. Et, dans la
recommandation que vous faites, moi, je voisune certaine sagesse quand vous dites : La stratégie, là, par
rapport à la transformation devrait s'appuyer sur une visionpar filières plutôt que mine par mine, parce qu'on
sait que… On peut penser que les exploitants miniers, c'est des grossesentreprises, mais des fois c'est des entreprises
de plus petites dimensions, puis c'est peut-être intéressant qu'ils se mettent
les uns avec les autres pour développer la… pour faire une transformation.
Par rapport à
ça, moi, je vous emmènerais peut-être aussi un petit peu ailleurs. De viser la
transformation, est-ceque c'est… pas
ambitieux, mais est-ce que c'est réaliste? Compte tenu de l'expertise que vous
avez, vous êtes en mesurede dire si
c'est facile de faire de la transformation ou pas. Est-ce qu'on ne devrait pas
plutôt parler de raffinage plutôt quede
transformation? Je pense qu'en Ontario c'est beaucoup plus cet aspect-là, on
force les compagnies minières à faire du raffinage plutôt que de la
transformation. Est-ce que vous avez une opinion par rapport à ça?
M. Warolin (Arnaud) : Oui. Alors, c'est un excellent point que vous
amenez là. Effectivement, nous, l'approchepar filières… Et vous l'avez bien démontré. Le minier, on parle du
minier, mais c'est très vaste, hein, ça touche à la foisdes très petits projets puis des projets très
importants avec des multinationales. Les minéraux ne sont pas tous faciles à
transformer. Il y a aussi des infrastructures très coûteuses pour les
transformer.
On
va prendre l'exemple… Vous avez entendu parler de terres rares. On a aussi un
projet de terres rares plus ausud,
au Témiscamingue, avec la compagnie Matamec, en partenariat avec Toyota. Alors,
on voit que, là, on a des partenairesqui
pourraient être intéressants, mais faire une usine de transformation pour une
mine, ce n'est pas rentable. C'est troplourd. Ça demande de l'expertise, ça demande des professionnels, ça demande
une dynamique régionale. Alors, l'important,dans ce cas-là des terres rares, on se dit : Si jamais une filière
pouvait se mettre en place et que les partenaires pouvaienttravailler ensemble, bien on pourrait peut-être
faire émerger une transformation, pas forcément en Abitibi-Témiscamingue
mais peut-être à Montréal ou en Gaspésie. L'important, c'est que le Québec s'enrichisse
de ces éléments-là.
Actuellement, si on
veut transformer ces minéraux-là, il faut les envoyer en Asie. Alors, avec tout
ce qu'on a entendu, il est peut-être plus
sage et plus durable de regarder le dossier dans son ensemble pour une filière,
de se doter d'outils et d'aller en ce sens vers un site qui permettrait
de transformer ces minéraux-là.
Oui,
en Ontario… On est collés, nous, à l'Ontario, on regarde beaucoup ce qui se
fait ailleurs. Là aussi, ce n'estpas
toujours facile. Il y a une question d'investissement, il y a une question de
vision et de stratégie. Mais c'est quelquechose qui pourrait être tout à fait envisageable, d'aller au moins une
étape de plus, sans se dire : On va absolument allerjusqu'à la transformation de piles à combustible,
de… mais au moins de faire un premier raffinage ou un raffinage secondaire.
Ce seraient des options qui pourraient être intéressantes.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci. M. le député, en 45 secondes.
M.
Martel : Bien, merci pour la réponse, c'est très
intéressant. Je pense qu'on débloque un nouveau volet parrapport à parler plus de raffinage que de transformation.
C'est peut-être plus porteur, parce que concrètement les mines chezvous, au niveau de la transformation, à ma
connaissance… Est-ce qu'il y en a, de la transformation? Y a-tu des exemples
qu'on peut citer par rapport à ça?
• (16 h 50) •
M. Charron (Patrick) : Bien, en fait, l'exemple le plus probant, c'est
la Fonderie Horne située à Rouyn-Noranda,qui est pratiquement aussi vieille que la municipalité, mais c'est le
seul exemple de première transformation qu'on a enAbitibi-Témiscamingue. Puis, je pense, la raison pour laquelle, si on
remonte, là, un peu l'historique de cette fonderie-làpour… la raison pour laquelle elle a pu être mise
en place, c'est la grandeur exceptionnelle du gisement de la mine Noranda à
l'époque, qui a justifié les investissements pour construire cette fonderie-là.
Avec
les années, la Fonderie Horne s'est spécialisée dans un créneau de récupération
qui lui permet de maintenant, justement,
maintenir des activités, mais c'est un cas qui est spécifique.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Merci, M. Charron. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui, merci, Mme la Présidente. Donc, comme vous l'avez présenté, là, en début
de présentation, je pense que, comme plusieurs
autres intervenants, là, vous nous faites la recommandation que dès cet
automne il puisse y avoir une
adoption d'une nouvelle loi sur les mines, que c'est essentiel, là, avoir un
bon climat, tant au niveau des
investisseurs, des mines que des citoyens et des municipalités.
Moi,
je voulais avoir un petit peu plus d'informations. Vous parlez un peu plus
loin, là, à la page 16, de créer unguichet unique où l'ensemble des informations relatives aux droits
octroyés sur les territoires ainsi qu'aux utilisationsfaites de ces derniers seraient réunies. En fait,
je ne sais pas si vous le savez, mais il existe au ministère des Ressourcesnaturelles le GESTIM, qui est un logiciel qui
est accessible par Internet gratuitement, par tout le monde, qui donne l'ensemble de ces informations-là. Donc, j'aimerais
que vous puissiez me préciser, quand vous parlez de guichet unique,qu'est-ce que vous entendez par guichet unique et
qu'est-ce que vous souhaitez avoir comme information, là, sur le guichet
unique.
La
Présidente
(Mme Bouillé) : Messieurs de la CRE.
M. Bélisle
(Luc) : Oui. En termes de guichet unique, ce à quoi on pense, c'est un
endroit où l'ensemble des informations
relatives au régime minier seraient disponibles. Il y a beaucoup d'information
sur les différents sitesInternet des
différents ministères, par exemple le ministère du Développement durable,
Environnement, Faune et Parcs, sur toute la législation, les normes de
rejet, par exemple. Au niveau de votre ministère, il y a aussi de l'information,
GESTIM a de l'information beaucoup sur les
claims et qui sont les compagnies propriétaires de ces claims-là, mais ladifficulté, pour un citoyen qui n'est pas
habitué de naviguer dans ce domaine-là, c'est d'être capable d'avoir l'information.La personne est obligée, je dirais, de
magasiner, de butiner et d'aller voir un peu partout l'ensemble des
informations.On pense qu'il y aurait
avantage à ramasser ça dans un guichet unique et aussi peut-être à vulgariser,
par exemple, c'est quoi,les droits
des citoyens en regard des compagnies d'exploration minière qui viennent chez
eux, en termes de responsabilités,en
termes de remise en état, parce qu'il y a beaucoup de ça qui se fait dans notre
région, sans avoir à chercher beaucoup.Ça nous semble être un élément important. Et aussi, pour les entreprises
de l'extérieur, si elles étaient en mesure d'avoiraccès à de l'information sur les usages, l'occupation
du territoire, qui sont les occupants, que ce soit sur les terres publiquesou sur les terres privées, ce serait
probablement facilitant, pour ces entreprises-là, de mieux entrer en contact
avec l'ensemble de la population concernée par les projets.
Alors,
c'est ce à quoi on songe dans le cadre d'un guichet unique. On a réalisé une
étude, dans le cadre des travauxde
la commission sur les ressources naturelles, sur les besoins d'information de
la population régionale, et c'est ce queça nous dit. Les gens ont besoin d'une information ramassée, neutre,
interprétée et autant que possible, là, dans un endroitqui permettrait d'avoir toute l'information. Ça n'empêche
pas d'avoir des liens avec… pour ceux qui veulent en savoirplus, là, des liens sur des sites plus
spécifiques, par exemple des références à la Loi sur les mines ou la Loi sur la
qualité de l'environnement, mais il y a comme un besoin de base.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Oui,
merci, Mme la Présidente. Et finalement j'aurai probablement comme dernière
question… Puis on l'a abordé un peu plus tôt, là. Lorsqu'un projet
minier implique un déménagement de résidences, vous dites : «…ceux-ci doivent être pris en compte dans la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement.»Donc, juste un peu préciser parce que, lorsque le
projet est présenté, normalement, l'ampleur du projet est toujours présentéeen termes… Parce que, là, on demande à ce
que l'ensemble des projets soient couverts par le BAPE, au niveau des projetsminiers, donc l'ampleur du projet est
présentée, donc, avec ce que ça veut dire comme implications. Donc, je veux
justecomprendre c'est quoi, pourquoi
vous l'avez mis comme recommandation, là. Avez-vous une inquiétude que ce ne
soit pas fait?
M. Bélisle (Luc) : Mme la
Présidente, je peux y aller ou…
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Oui. Allez, messieurs.
M. Bélisle (Luc) : Ce dont on veut s'assurer,
dans la directive que le ministère du Développement durable va donner à l'entreprise,
c'est que cet élément-là, s'il se présente, il soit nommément identifié. Évidemment, on pense tousau projet Osisko à Malartic, où, là, les audiences
publiques ont… l'étude d'impact n'a pas couvert, si mon souvenir estbon, l'aspect déménagement des maisons, et je pense
que le BAPE disait qu'il n'avait pas autorité pour examiner cettequestion-là.
C'était une des recommandations, il me
semble, du rapport, mais c'est quelque chose aussi qu'on avait fournidans
notre mémoire précédent sur le projet
de loi des mines. Alors, ce qu'on
souhaite, s'il y a déplacement de résidences, c'est que ce
soit spécifié dans les directives qui sont signifiées au promoteur.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Ouellet : Merci,
ça répond bien. Merci beaucoup pour votre présentation.
M. Bélisle (Luc) : Merci beaucoup.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Est-ce qu'il y a d'autres questions de la part de la partie gouvernementale?
Mme
Ouellet : Moi, je
ne sais pas si j'ai des collègues… Non, ça fait le tour. Merci.
La
Présidente
(Mme Bouillé) :
Non? Bien, je vous remercie beaucoup pour votre présentation et la qualité de l'échange
qui a eu lieu.
Je vais donc signifier que la commission ajourne
ses travaux au mardi 3 septembre, à 9 h 30. Merci.
(Fin de la séance à 16
h 56)