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(Quinze heures dix minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux pour étudier
article par article le projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives.
Les membres de la commission sont: M. Baril (Arthabaska), M. Beaumier
(Nicolet), M. Blouin (Rousseau), M. Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon
(Champlain), M. Garon (Lévis), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M. Maltais (Saguenay),
M, Ciaccia (Mont-Royal).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), M. Bisaillon
(Sainte-Marie), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Dubois (Huntingdon),
Mme Juneau (Johnson), M. Lachance (Bellechasse), M. LeMay (Gaspé), M.
Middlemiss (Pontiac), M. Picotte (Maskinongé).
Nous étions rendus à l'article 44. Vous aviez rouvert
l'article 43. C'est cela?
Inspection, saisie et confiscation (suite)
M. Lincoln: Oui, avec la permission du président et le
consentement du ministre, on avait justement rouvert l'article 43. On discutait
l'article 43.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Garon: Pourquoi vouloir le rouvrir?
M. Lincoln: On a rouvert l'article 43 parce que, quand on a
discuté des articles 40 et suivants, on a procédé
très vite et nous avons manqué une question que je voulais
soulever, qui est la question du délai additionnel de 90 jours. J'ai
demandé au ministre: Est-ce que vous pouvez nous donner une
rationalisation de la chose? Il a discuté avec ses experts et on nous a
dit: Regardez l'article 44, cela va expliquer l'article 43. Donc, l'article 44
rend l'article 43 encore plus ridicule. Alors, on avait laissé au
ministre et à ses experts le soin d'en discuter.
M. Garon: Le but est de conserver la saisie parce qu'il peut
arriver qu'un juge ne puisse se rendre pour des questions de température
et que les 90 jours soient passés. Si les 90 jours sont passés,
la saisie tombe. La saisie est valable pour une période de 90 jours. On
peut ainsi obtenir de prolonger la saisie.
M. Lincoln: M. le ministre, on le réalise, c'est la raison
que vous nous avez donnée hier. Le point est que nous avons dit hier que
90 jours, en prenant même la limite extrême du temps, c'est trois
mois. Cela vous donne sûrement le temps voulu. Ce que nous ne voulions
pas permettre, c'est que vous ayez une latitude de six mois qui pourrait faire
qu'un pêcheur perde toute une saison de pêche. C'est beaucoup trop
de demander, six mois au lieu de 90 jours; 90 jours, c'est déjà
beaucoup.
M. Garon: Quand vous trouvez que 90 jours, c'est long, je vous
dirai que, lorsque j'étais candidat dans Charlevoix en 1973, ils avaient
des avis d'expropriation depuis dix ans et ce n'était pas encore
réglé. Vous dites que trois mois, c'est court devant les
tribunaux et, pour faire vos expropriations, vous demanderez à M.
Mailloux combien cela lui prenait d'années. Cela lui prenait quatre ans,
cinq ans ou six ans, parfois plus longtemps, pour faire des expropriations.
Alors, un délai de trois mois devant les tribunaux, habituellement,
c'est plutôt un délai court.
M. Lincoln: M. le Président, on ne parle pas
d'expropriation. On parle d'une saisie. On ne parle pas d'expropriation du
Queen Mary. On ne parle pas de cela. On parle d'une saisie de produits
périssables, tels que les produits de la pêche mêmes, en
plus des équipements de pêche, des casiers, etc. C'est ce dont on
parle. Ce qu'on dit, c'est que si vous n'avez pas réussi à
régler l'affaire en trois mois, vous ne devez pas demander trois autres
mois, si, par exemple, cette saisie n'était pas justifiée, pour
une raison ou une autre, que le pêcheur avait une justification et qu'en
fait il gagne son procès, si vous gardez six mois, c'est dire qu'il a
perdu toute une saison de pêche. On trouve que c'est injuste.
M. Garon: Mais là, cela va dépendre de
l'infraction. Ce ne sont habituellement pas des choses fréquentes. S'il
arrive que ce soit
nécessaire, le faire pour une autre période de 90 jours,
ce sera très exceptionnel. Normalement, si le propriétaire en a
besoin, il peut demander à tout moment à un juge de paix - c'est
l'article 44 - que le bien lui soit remis.
M. Ciaccia: Pourquoi les obliger à entreprendre ces
démarches? Vous avez déjà les 90 jours. (15 h 15)
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: L'expérience dans l'application des lois,
c'est que, lorsque vous permettez des abus et des prolongements,
invariablement, cela arrive parce que, pour une raison ou pour une autre,
quelqu'un peut toujours trouver une raison pour dire: Bien, écoutez, on
va remettre cela. Le juge est pris peut-être à un autre endroit et
il se trouve une raison pour prolonger la saisie. Pourquoi placer la personne
dans cette situation? On ne vous demande pas l'impossible.
M. Garon: Bien non, mais vous avez accepté un article
semblable dans le projet de loi 9 sur la conservation de la faune.
Une voix: Pas moi.
M. Ciaccia: On n'était pas là, nous.
M. Garon: À l'article 43, il s'agit du fait qu'on est dans
un territoire bien spécial. Dans le territoire de la
Basse-Côte-Nord, il n'y a pas de routes. L'hiver, il y a seulement
l'avion. L'été, c'est le bateau ou l'avion. Il n'y a pas de
lignes régulières. On est dans le territoire des
Îles-de-la-Madeleine, de la Gaspésie, un territoire un peu
exceptionnel. Il peut arriver que 90 jours ne soient pas suffisants.
À ce moment, on peut faire la demande à un juge, qui peut
refuser. Le juge est là justement pour protéger le saisi. Ce
n'est pas la règle. C'est exceptionnel.
M. Lincoln: Moi, je voudrais proposer un amendement sur la
période additionnelle. Qu'on y remplace les mots "90 jours" par les mots
"15 jours".
M. Garon: Cela n'a pas de bon sens. Aimeriez-vous venir sur la
Basse-Côte-Nord? Je vais vous y amener.
M. Blank: Je vous ai dit, M. le ministre, que j'ai voyagé
en avion aussi souvent que vous.
M. Garon: Non, pas en avion. Je vous amènerai, cet hiver,
quand on va débarquer à quelques milles de la piste d'avion et
vous ferez du tapecul pendant quelques milles pour aller rencontrer le monde,
parce qu'il n'y a pas de routes.
M. Lincoln: Hier, vous m'avez dit...
M. Garon: L'hiver, c'est en "skidoo" qu'on se déplace.
M. Lincoln: ...que votre raison pour demander cette prolongation,
c'était pour que le juge de paix se rende sur place.
M. Garon: II peut ne pas être là.
M. Lincoln: Cela va lui prendre 3 mois pour parcourir ces
routes?
M. Garon: Non, il organise un rôle. Il peut arriver que le
rôle ne fonctionne pas, parce qu'il a été retardé
par le voyage ou que c'est l'autre qui devait venir qui ne peut pas venir.
Supposons qu'il y a des avocats dans cela. Il peut arriver que ce soit le juge
qui ne puisse pas venir. Cela peut être le saisi qui ne peut pas y aller.
Cela peut être le poursuivant, le saisissant, qui ne peut pas venir.
Pourquoi? Parce que la température est très incertaine sur la
Côte-Nord en particulier.
M. Maciocia: M. le ministre, nous allons proposer un amendement
qui, j'en suis sûr, est recevable. On propose que les mots "90 jours"
soient remplacés par les mots "15 jours".
Le Président (M. Desbiens): Votre proposition d'amendement
se lirait de la façon suivante:
Au premier paragraphe, 3e ligne de l'article 43, remplacer le nombre
"90" par le nombre "15". C'est cela?
M. Maciocia: Oui.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
reçu.
M. le ministre.
M. Garon: Je n'ai rien à dire sur l'amendement. Je suis
prêt à voter sur l'amendement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: D'accord. J'ai donné tous mes arguments. J'ai
dit au ministre qu'il m'avait présenté l'article 44 comme
expliquant l'article 43. Donc, si c'est cela sa raison, qu'il faut plus de
temps au juge de paix pour se rendre sur les lieux, comment le juge de paix,
sous l'article 44, pourrait-il se rendre là? Cela n'a pas de sens si on
prend l'article 44 pour justifier l'article 43.
Alors, nous sommes prêts à voter.
M. Ciaccia: Vote nominal.
Le Président (M. Desbiens): Le vote est
demandé.
M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril (Arthabaska): Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Desbiens): En tant que président,
je suis donc appelé à trancher; je voterai contre. L'amendement
est rejeté. Est-ce que l'article 43 est adopté?
M. Lincoln: L'article 43 est adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): L'article 43 est adopté
sur division. J'appelle l'article 44. Est-ce que l'article 44 est
adopté?
M. Lincoln: L'article 44 est adopté sur division.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur division.
Article 45?
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez nous donner quelques
secondes?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. Ah!
Excusez.
M. Lincoln: M. le ministre, pouvez-vous nous expliquer l'article
45 plus en détail?
M. Garon: "Tout bien saisi par un inspecteur ou un agent et dont
le propriétaire ou le possesseur légitime est inconnu ou
introuvable, ou le produit de la vente d'un tel bien, est
confisqué..."
M. Lincoln: Pourquoi est-ce qu'il est confisqué 90 jours
après le jour de la saisie?
M. Garon: Parce qu'on va essayer de le trouver pendant ces 90
jours.
M. Lincoln: Alors, qu'est-ce qui arrive si on ne le trouve pas
pendant ces 90 jours et que vous avez un autre délai de 90 jours? Est-ce
que cela ne rejoint pas...
M. Garon: À l'expiration des 90 jours, il est
confisqué. On ne retrouve pas le propriétaire. Par exemple, vous
saisissez des agrès de pêche qui seraient supposés avoir
une bouée et qui n'en ont pas - supposons des cages à pêche
- selon des standards et des règles. Il y a une bouée, mais ce
n'est pas la bouée standard qui identifie le propriétaire. Vous
saisissez cela. Si c'est un braconnier, vous comprenez bien qu'il n'ira pas
dire: C'était à moi, le grément que vous avez saisi. Il va
laisser porter. Au bout de 90 jours, il n'arrivera rien. Vous n'aurez pas
trouvé celui qui est propriétaire parce qu'il ne se sera pas
présenté, que son nom n'est pas marqué sur la cage ni sur
la bouée; alors, ce sera confiqué et ce sera vendu.
M. Lincoln: Mais, M. le ministre, il faudrait être
concordant et équitable des deux côtés. Quand un bien est
saisi selon l'article 43, vous vous donnez une période additionnelle. Le
juge peut décider d'une période de 90 jours additionnelle,
n'est-ce pas, pour les raisons qu'on a discutées avant. Ici, on donne 90
jours; après cela, vous en disposez selon vos instructions. Pourquoi, si
vous n'avez pas trouvé le pêcheur et qu'il y a une
présomption quelconque, ne peut-on pas, par concordance, donner encore
90 jours avant qu'on vende son bateau, par exemple, ou quoi que ce soit?
M. Garon: Je vais vous dire franchement: Si le gars s'est fait
saisir ses agrès et qu'il ne s'est pas préoccupé
d'annoncer que c'était à lui dans 90 jours... La première
chose que quelqu'un fera lorsqu'il a perdu ses agrès comme cela, c'est
précisément d'aller au Service de la protection. C'est
habituellement ce que les gens vont faire. S'il n'y va pas dans 90 jours, il y
a quelque chose qui ne va pas. Je suis convaincu que quelqu'un qui n'y est pas
allé dans 90 jours, n'ira jamais. Il n'ira pas se présenter
là.
Voyez ce qui arrive. Des choses comme cela, cela provoque
l'agressivité du monde. Nous sommes en train d'assister à un
massacre!
M. Lincoln: Est-ce que cela fait partie du débat?
M. Garon: Non, mais les "pôles" se
mettent à tomber.
Une voix: Les murs en tremblent.
M. Garon: II va falloir faire venir un exorciste
tantôt.
Le Président (M. Laplante): Ce n'est pas marqué
dans l'article 45.
M. Garon: Cela attire le malheur, des chaises rouges comme
cela.
Le Président (M. Laplante): L'article 45 est
adopté. J'appelle l'article 46.
M. Ciaccia: C'est "confisqué, à moins que, dans les
dix jours qui suivent la date de la saisie, la personne qui entend le
revendiquer n'ait signifié..." Comment cette personne va-t-elle savoir
qu'elle a ce droit? Je remarque que, lorsque vous vous donnez des
délais, vous vous donnez des délais de 90 jours, plus 90 autres
jours. Vous vous donnez six mois et, à la minute où cela devient
un droit, là, c'est dix jours. N'est-ce pas la même
température pour lui, la brume, les avions et tous les problèmes
qui s'y rattachent? Non?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. C'est écrit
à 46: "Tout produit aquatique saisi par un inspecteur ou un agent pour
le motif qu'il a été pêché dans les eaux du domaine
public par une personne qui n'est pas concessionnaire d'un droit visé
dans la section II du chapitre I..."
M. Ciaccia: Continuez.
M. Garon: Vous voyez ce que c'est?
M. Ciaccia: Ce n'est pas là le problème.
M. Garon: "...ou le produit de la vente d'un tel bien, est
confisqué à moins que, dans les dix jours qui suivent la date de
la saisie, la personne qui entend le revendiquer n'ait signifié au
Procureur général une action à cet effet."
M. Maltais: Comment conservez-vous le produit?
M. Garon: C'est du poisson. S'il n'intervient pas dans dix jours,
il va falloir acheter du parfum. On a saisi du poisson dans ce cas-ci.
M. Maltais: Vous allez le garder à quel endroit?
M. Garon: Dans un réfrigérateur.
M. Maltais: Parce que, si le gars le réclame dix jours
après...
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Garon: Habituellement, la personne va savoir
immédiatement que son poisson a été saisi.
M. Ciaccia: Ce n'est pas seulement le produit; c'est le produit
de la vente aussi. Cela peut être de l'argent aussi, le produit de la
vente. Vous vendez pour de l'argent.
M. Garon: Je comprends.
M. Ciaccia: II va avoir seulement dix jours. Vous devez admettre
que le délai est un peu restreint.
M. Maltais: Vous pourriez lui donner 60 jours au moins.
M. Garon: II semble que toutes les lois qui ont ce
mécanisme ont ce délai.
M. Ciaccia: Cela se peut que les autres lois aient ce
mécanisme, mais ce ne sont pas les mêmes circonstances. Vous
continuez toujours à nous dire que c'est une situation dans ce
territoire qui est différente des autres. Il faut que vous ajustiez les
délais non seulement en faveur du ministre mais aussi en faveur du
contribuable, de la personne qui est affectée.
M. Garon: Cela ne me fait rien de prolonger le délai.
M. Ciaccia: Habituellement, ces délais sont
interprétés avec rigueur. Le onzième jour, c'est fini et
il n'y a plus de droit.
M. Garon: Oui. Mais que verriez-vous comme délai?
M. Ciaccia: 90 jours.
M. Garon: C'est un peu long 90 jours, quand même, pour du
poisson saisi.
M. Ciaccia: Mais non, c'est le produit. Pas seulement le poisson.
Vous allez vendre le poisson. Vous n'allez pas garder le poisson 90 jours.
M. Garon: Sur la Côte-Nord, on va le vendre à
qui?
M. Ciaccia: Tout votre projet de loi est rédigé
dans ce sens-là.
M. Garon: Non, non.
M. Ciaccia: C'est le produit de la vente. Vous vous donnez le
droit de le
vendre immédiatement.
M. Garon: Si on peut le vendre, mais on va le vendre à
qui, ce poisson qu'on a saisi?
M. Ciaccia: Que vous le vendiez ou que vous ne le vendiez pas,
les 90 jours n'affecteront pas cela.
M. Garon: Ah! On ne peut pas mettre 90 jours.
M. Ciaccia: Eh bien, donnez un autre délai un peu plus
raisonnable.
M. Garon: Trente jours? M. Ciaccia: Trente jours.
M. Garon: On peut faire un amendement et écrire trente au
lieu de dix.
M. Ciaccia: Je propose un amendement pour changer dix jours pour
trente jours.
M. Garon: C'est raisonnable. Je trouve cela court, moi aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, vous proposez un amendement pour qu'à la cinquième
ligne le mot "dix" soit remplacé par le mot "trente".
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Laplante): La motion du
député de Mont-Royal est-elle adoptée?
M. Garon: Adopté. (15 h 30)
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Maintenant,
est-ce que l'article 46 est adopté tel qu'amendé?
M. Ciaccia: Sur division.
M. Lincoln: Attendez un instant. Avant d'adopter l'article 46,
tout cela a trait encore à la question du droit de donner des
concessions. Est-ce que ces concessions...
M. Ciaccia: Ah oui, le problème. M. Garon:
Pardon?
M. Lincoln: ...que vous ne définissez pas font partie du
domaine public? C'est toujours le même gros problème, cela. Le
domaine public n'est pas défini. On n'a aucune idée de quel genre
de concessions il s'agit, comment vous allez les donner, dans quelles limites,
dans quel endroit, etc. Est-ce que cette section-là a trait à
l'aquaculture ou à toutes les pêches commerciales? Parce que cela
parle de la section II du chapitre I.
M. Garon: Cela couvre les deux.
M. Lincoln: Mais si cela couvre les deux, raison de plus.
M. Garon: Non, il ne s'agit pas d'aquaculture. Il s'agit des eaux
à marée et des eaux sans marée.
M. Lincoln: Eh bien, raison de plus encore.
M. Garon: La pêche commerciale.
M. Lincoln: C'est le chapitre II, aquaculture commerciale?
M. Garon: Pardon? Section II du chapitre I.
M. Lincoln: Ah oui! Section II, c'est-à-dire toutes les
concessions dans les eaux à marée et sans marée du domaine
public.
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: En fait, cet article-là soutient toute la
question de votre censé droit d'aller donner des concessions dans des
territoires dont vous vous appropriez à gauche et à droite dans
les eaux à marée, sans même nous dire ce qu'ils vont
être. C'est toute l'argumentation qu'on a faite que cela va créer
toutes sortes de problèmes juridiques certains.
Tout l'article 46 ne tient pas debout parce qu'il assume que vous avez
les pouvoirs de donner les concessions. On parle, par exemple, d'un
"concessionnaire d'un droit visé." Une personne qui n'est pas
concessionnaire d'un droit visé pourrait être un pêcheur du
Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve, du Québec qui n'a pas pris un permis
selon votre conception de ce que devrait être une concession. Cela
pourrait être un pêcheur du Québec qui détient un
permis fédéral et refuse de prendre un permis de ce que vous
désignez comme concession, ou un pêcheur du Nouveau-Brunswick ou
de Terre-Neuve. Cela s'applique à eux.
Quelle juridiction aurez-vous sur eux, dans ces conditions-là?
Cela revient à tout l'argument de base. On ne peut pas accepter
l'article 46, c'est sûr. C'est tout à fait inacceptable.
Le Président (M. Laplante): L'article 46, tel
qu'amendé, est adopté sur division. J'appelle l'article 47.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez me donner un peu de temps,
parce qu'il y a quelque chose dans l'article 47?
On dit, à l'article 47: "Tout inspecteur ou agent peut ordonner
l'isolement, la mise en quarantaine, le traitement ou, avec l'autorisation du
ministre, la destruction, dans le délai qu'il indique, de tout ou partie
des produits d'un établissement piscicole: 1° si ces produits sont
atteints d'une maladie contagieuse ou parasitaire déterminée par
règlement; 2° si l'exploitant ne se conforme pas aux normes
applicables à son établissement ou à ses activités
ou aux conditions, restrictions ou interdictions de son permis ou s'il n'est
pas titulaire d'un permis l'autorisant à faire cette production ou cet
élevage."
Parlez-vous d'un genre de pisciculture gouvernementale? Est-ce de cela
que vous parlez?
M. Garon: Comment dites-vous cela? Des établissements
piscicoles, pas des piscicultures gouvernementales.
M. Lincoln: D'après ce que je comprends, le Conseil de la
production animale du Québec, le CPAQ, ne vous a-t-il pas demandé
de faire une loi cadre pour la pisciculture, où il aurait droit de
regard sur toutes les piscicultures, sur toute la question de contrôle de
l'élevage et des permis, etc?
M. Garon: Le Conseil de la production animale?
M. Lincoln: Oui, c'est cela que les pisciculteurs m'ont dit.
M. Garon: Le Conseil de la production animale.
M. Lincoln: Le ministre ne savait même pas que cela
existait.
M. Garon: Ce que vous me dites ne me dit rien.
M. Lincoln: L'autre jour aussi, vous m'avez dit que cela n'avait
pas de bon sens quand on a parlé de l'UPA. Après cela, je vous ai
produit un télégramme de l'UPA.
M. Garon: Non, non.
M. Lincoln: Je ne dis pas que je suis un expert en pisciculture
ou que j'en sais plus. Tout ce que je veux vous dire, c'est que j'ai
rencontré des gens de ce milieu qui sont venus me voir. Ils me disent
que, sous l'article 47...
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: ...il y avait eu une demande faite pour une loi-cadre
sur la pisciculture par le Conseil de la production animale du Québec
à votre ministère.
M. Garon: Qu'est-ce que c'est, le Conseil de la production
animale?
C'est l'organisme qui s'occupe de documenter les gens, de conseiller le
ministre sur différentes politiques.
M. Lincoln: Vous ne savez pas que cela existe, ce conseil?
M. Garon: On ne me conseille pas souvent, je présume.
Une voix: C'est un organisme pour informer les gens, pour
vulgariser. Je parie que c'est subventionné par le ministère.
M. Lincoln: M. le ministre, tout ce que je peux vous dire, c'est
que je n'ai pas inventé cela. J'ai fait ces notes avec beaucoup de soin.
Ces gens sont venus me voir, ils m'ont dit...
M. Garon: Qui?
M. Lincoln: Le Syndicat des pisciculteurs. Les
représentants du Syndicat des pisciculteurs m'ont dit qu'il y avait une
section d'aquaculture qui fait partie du Conseil de la production animale du
Québec, qui est supposé être une espèce de conseil
pour, sans doute, vous faire des recommandations.
M. Garon: Non, non. Le Conseil de la production animale, c'est un
organisme qui, auprès du ministère, fait des guides de
production.
M. Lincoln: Écoutez, en tout cas, je vais suivre cela avec
le Syndicat des pisciculteurs.
M. Garon: Suivez.
M. Lincoln: Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce conseil,
le CPAQ, a suggéré une loi-cadre sur la pisciculture entourant
toute la question - c'est écrit là -de santé, de
certification sanitaire. Eux, ils voudraient pouvoir contrôler cela par
une loi-cadre où les pisciculteurs et ce milieu auraient droit de regard
plutôt que d'avoir cela inclus dans votre loi où vous auriez le
contrôle. C'est ce qu'ils m'ont dit.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. C'est pour cela que cela
existe. Ils font des guides de production.
M. Lincoln: Quand j'ai parlé de cela, vous avez dit que
cela n'existait pas.
M. Garon: Non, non. Ce que je n'ai pas compris, c'est lorsque
vous avez dit que le Conseil de la production animale avait
suggéré une loi. Je connais le Conseil de la
production animale au ministère et le travail qu'il fait, mais je
ne pouvais pas comprendre ce que vous me disiez parce que cela ne me disait
rien.
M. Lincoln: Écoutez...
M. Garon: M. Landry, qui est ici, me dit qu'il fait
lui-même partie du groupe de pisciculture et d'aquaculture sur les
productions animales.
M. Lincoln: II y a un groupe d'aquaculture au Conseil de la
production animale. Là, on arrive beaucoup plus près du
sujet.
M. Garon: Non, non. Écoutez, on va replacer les choses
dans leur contexte. Il y a un ministère qui s'appelle le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui a la
responsabilité de la conservation de la faune. Ce n'est pas l'UPA ou un
syndicat de l'UPA qui a la responsabilité de la conservation de la
faune. C'est clair comme de l'eau de source. Que voulez-vous?
M. Lincoln: M. le ministre, ce n'est pas ce que j'ai dit. Je n'ai
jamais contesté cette question.
M. Garon: Alors, tout ce qu'on vous dit, c'est que, actuellement,
l'inspecteur... Lisez l'article 47.
M. Lincoln: Oui, je l'ai lu.
M. Garon: Bon. Le Syndicat des pisciculteurs aurait
peut-être dû voir un avocat au lieu de voir un agronome. "Tout
inspecteur ou agent peut ordonner l'isolement, la mise en quarantaine, le
traitement ou, avec l'autorisation du ministre, la destruction, dans le
délai qu'il indique, de tout ou partie des produits d'un
établissement piscicole: "1° si ces produits sont atteints d'une
maladie contagieuse ou parasitaire déterminée par
règlement; "2° si l'exploitant ne se conforme pas aux normes
applicables à son établissement ou à ses activités
ou aux conditions, restrictions ou interdictions de son permis ou s'il n'est
pas titulaire d'un permis l'autorisant à faire cette production ou cet
élevage."
Antérieurement, c'était le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche qui émettait les permis. Maintenant, les
permis seront émis par le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, mais on devra voir à ce que
certaines normes au point de vue sanitaire soient respectées. Ces normes
viendront du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui
a la responsabilité de la conservation de la faune en vertu de la loi 9.
Tout cela doit se voir dans un ensemble et c'est cela qu'on va administrer.
Je sais que, dans le passé, il y en a qui ont pensé faire
émettre des permis par la Régie des marchés agricoles.
Cela ne tient pas debout. Que voulez-vous que je vous dise? Ce sont des permis
qui ont un but bien précis, plus vaste et beaucoup plus complexe qu'un
permis de mise en marché. Actuellement, c'est cela qu'on doit respecter.
Essentiellement, c'est le contrôle sanitaire de la production et on sait
qu'une épidémie dans un cours d'eau pourrait se propager
rapidement s'il n'y avait pas de contrôle sanitaire. Il s'agit
essentiellement du contrôle sanitaire. C'est une responsabilité
gouvernementale, ce n'est pas une responsabilité syndicale.
M. Lincoln: C'est exactement ce dont on parle. On ne parle pas de
permis, on parle de contrôle sanitaire. C'est ce dont cet article parle.
Tout ce que je vous ai dit - je ne sais pas pourquoi vous êtes
allé discourir sur toutes sortes de choses à la fois -
très simplement, c'est que les pisciculteurs, qui me semblent savoir ce
qu'ils font... Je vais vous citer le nom de la personne qui a envoyé le
télégramme relatif au projet de loi 48, M. Louis-Philippe
Fillion, président du Syndicat des pisciculteurs...
M. Garon: Fillion.
M. Lincoln: Laissez-moi finir.
M. Garon: C'est son garçon.
M. Lincoln: Ah bon! C'est son garçon. Lui ne sait rien.
Son garçon ne lui dit pas ce qu'il fait.
M. Garon: Je n'ai pas dit qu'il ne savait rien.
M. Lincoln: II doit sûrement savoir quelque chose. C'est ce
qu'il m'a dit et j'ai pris des notes; sûrement qu'il n'a pas
rêvé. Il m'a dit: Cet article devrait beaucoup plus logiquement
faire partie d'une loi-cadre sur la pisciculture, comme l'a demandé le
CPAQ. Je lui ai demandé ce que c'était. Il m'a dit: M.
Landry...
Selon vous, ce n'est peut-être pas vrai. Je vais y revenir. Je
parle devant la commission, j'ai le droit de parole et, si ce n'est pas vrai,
ce n'est pas vrai. Mais je vais m'informer auprès de M. Fillion parce
qu'il m'a l'air de savoir ce qu'il fait. Il m'a dit qu'à son
comité agricole, c'est une recommandation que la section aquaculture a
faite.
M. Garon: À qui?
M. Lincoln: Sans doute à vous, puisque c'est le
conseil...
M. Garon: Sans doute. À qui vous a-t-il dit qu'il avait
fait la recommandation? Vous avez dit que vous aviez pris ces notes avec
beaucoup de soin.
M. Lincoln: Je dois dire que je n'ai pas inscrit cela, mais
est-ce que...
M. Garon: Ah!
M. Lincoln: ...le conseil n'avise pas le ministre? Est-ce que ce
n'est pas votre ministère qu'il avise?
M. Garon: Le conseil fait des guides de production.
M. Maltais: II n'est pas là pour vous conseiller?
M. Garon: Des guides de production pour les cultivateurs.
M. Lincoln: Pour qui?
M. Garon: Je ne me rappelle pas que le conseil ait fait des
recommandations à des fins sanitaires.
M. Lincoln: Je vais revenir là-dessus, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Est-ce que l'article
47...
M. Lincoln: Attendez, M. le Président. On va voir; je vais
revenir là-dessus.
M. Garon: J'ai ici avec moi le responsable du service des
productions animales du ministère auquel se réfère ce
conseil-là...
M. Lincoln: Alors, le conseil se réfère au
ministère.
M. Garon: ...et le responsable du service de la pisciculture, qui
est membre du comité, qui me disent qu'il n'y a pas eu telle chose. Que
voulez-vous?
M. Lincoln: L'autre me dit qu'il y a eu quelque chose; je vais
m'enquérir.
M. Garon: Je n'ai pas dit qu'il y avait eu quelque chose, j'ai
dit qu'il n'y avait pas eu telle chose que vous avez dite. (15 h 45.)
M. Lincoln: J'ai dit qu'ils parlaient d'une loi-cadre sur la
santé et la certification sanitaire. C'est ce que je vous ai dit, une
loi relative à la pisciculture par rapport à la santé et
à la certification sanitaire. Ils veulent avoir une loi-cadre qui leur
donne un droit de regard sur cela. Ce qu'ils contestent, c'est l'autorisation
que vous vous donnez par cet article 47 d'aller faire telle ou telle chose. Ils
s'opposent au pouvoir que vous vous donnez d'aller contrôler la
certification sanitaire. Ils disent que cela aurait dû faire partie d'une
loi-cadre comme cela a été suggéré par la section
de l'aquaculture du Conseil de la production animale du Québec.
Si vous pensez qu'ils rêvent, je vous demande si on ne peut pas
suspendre l'article 47 et y revenir. Je veux obtenir des renseignements
additionnels puisque vous me dites que je dis des bêtises.
M. Garon: Je ne dis pas que vous dites des bêtises. Je dis
que j'ai ici avec moi M. Conrad Bernier, qui est le directeur du service des
productions animales au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation.
M. Lincoln: II est infaillible, lui?
M. Garon: C'est à lui que ce comité se
réfère. Si quelqu'un a une recommandation à faire, il va
la faire à M. Bernier qui va l'acheminer au sous-ministre adjoint et au
sous-ministre en titre qui va me l'acheminer normalement. J'ai aussi M.
Pierre-Louis Landry qui est responsable au service de la pisciculture ou de
l'aquaculture, l'élevage du poisson, et qui siège à ce
comité. Qu'est-ce que je peux vous dire de plus?
M. Lincoln: Je vais faire motion, M. le Président.
M. Garon: II y a peut-être eu confusion dans ce que vous
avez discuté...
M. Lincoln: Non, non.
M. Garon: ...entre une loi-cadre et un programme sanitaire. Il y
a eu des discussions sur un programme sanitaire pour qu'on administre la
même chose, entre le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a d'autres lois qui affectent ce
groupe?
M. Garon: Oui, la Loi sur la conservation de la faune.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, êtes-vous d'accord pour qu'on adopte sous réserve
l'article 47, quitte à y revenir quand vous aurez des informations
additionnelles?
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): On le rouvrira à ce
moment, s'il y avait quelque chose.
M. Lincoln: Si le ministre est d'accord, je suggère qu'on
le suspende. Cela vaut la peine d'être discuté.
M. Garon: Pas suspendre. On va l'adopter sous réserve.
Le Président (M. Laplante): On va l'adopter sous
réserve...
M. Garon: On a déjà l'article 14 sur lequel on doit
revenir.
Le Président (M. Laplante): ...pour que vous puissiez y
revenir.
M. Lincoln: À quoi cela sert-il d'adopter et de revenir?
À ce moment, c'est adopté, cela ne sert à rien. J'aurais
voulu qu'on discute.
Le Président (M. Laplante): Non. Quand on dit rouvrir,
cela veut dire que, si vous voulez en changer la teneur, vous êtes
capable de revenir.
M. Ciaccia: De changer la teneur.
Le Président (M. Laplante): Oui, oui. C'est juste pour
laisser les portes ouvertes pour les fins du journal des Débats. Cela
vous permet d'aller chercher l'information voulue de part et d'autre pour en
continuer après cela l'étude.
M. Garon: II y a une chose très claire qu'on doit
comprendre. C'est très complexe. Vous voyez, même le conseiller
juridique du ministère de l'Environnement est là et il surveille
ce que nous faisons.
M. Lincoln: J'espère qu'il vous surveille. La personne qui
vous a surveillé tout à l'heure, j'espère qu'elle va vous
surveiller.
M. Garon: Je peux vous dire que, dans cela, il y a des
arrangements et des aménagements à trois ministères pour
des fins de responsabilités différentes. Je l'ai
déjà expliqué à plusieurs reprises au syndicat des
pisciculteurs, mais que voulez-vous...
M. Lincoln: Ils ne comprennent pas, ils sont bêtes.
M. Garon: ...ils ont de la misère à saisir la
complexité!
M. Ciaccia: Comment la coordination se fait-elle? Ils sont
assujettis à toutes sortes de différentes lois pour les
mêmes choses.
M. Garon: C'est, parce que, dans ces cas...
M. Ciaccia: Peut-être que c'est cela qu'ils demandent.
M. Garon: ...il y a trois ministères qui ont
juridiction...
M. Ciaccia: C'est cela qu'ils demandent.
M. Garon: ...le ministère de l'Environnement, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il
y a eu une coordination qui a été faite dans l'adoption de ces
lois entre le ministère de l'Environnement, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est un sujet qui est
complexe: le fond de l'eau est concerné, l'eau est concernée et
les poissons sont concernés. Les poissons voyagent facilement, vous
savez que la maladie peut être contagieuse.
M. Lincoln: Excepté les poissons du Québec, cela
s'arrête sur votre ligne imaginaire. Cela s'arrête quand vous en
donnez l'ordre.
Le Président (M. Laplante): L'article 48, adopté
sur division, sous réserve d'y revenir si le député de
Nelligan en sent le besoin.
M. Garon: M. le député de Nelligan, on va lui payer
un petit voyage sur le dos d'un dauphin.
M. Lincoln: M. le ministre, on va revenir à cela. Tout ce
que je voulais vous dire, c'est que la loi-cadre qui est suggérée
est une loi-cadre sur la santé et la certification sanitaire, seulement
cela.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Cela n'a rien à faire avec les permis. La
loi-cadre qui avait été suggérée sur la
santé et sur la certification sanitaire, c'était cela. Il faut
tout mettre dans une loi-cadre. C'est cela qu'il a dit.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Adopté?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté avec la
permission de revenir sur cela...
M. Garon: Qu'est-ce que cela a à faire avec cela?
M. Lincoln: Cela a affaire à la certification et au
contrôle sanitaires. L'article 47 a affaire à cela. "Si
l'exploitant ne se conforme pas aux normes applicables à son...
M. Garon: Pourquoi avez-vous besoin d'une loi pour faire un
contrôle sanitaire des piscicultures?
M. Lincoln: Parce qu'eux, ils ont peur de vous donner
l'autorisation...
M. Garon: Ce ne sont pas eux qui donnent des autorisations.
M. Lincoln: Pardon?
M. Garon: Ils ne donnent pas d'autorisations.
M. Lincoln: "Avec l'autorisation du ministre." La loi vous donne
l'autorisation, pas eux.
M. Garon: Oui, et puis?
M. Ciaccia: II n'y a pas de critères, il n'y a pas de
normes.
M. Lincoln: II n'y a pas de critères.
M. Ciaccia: II y a une présomption de preuve et de
culpabilité; c'est vous qui allez déterminer.
M. Lincoln: On ne sait même pas quelles sont les
normes.
M. Ciaccia: Non? Relisez l'article 47.
M. Garon: Lisez l'article 47 comme il faut. Je vais vous lire
l'article comme il faut.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Garon: "Tout inspecteur ou agent peut ordonner l'isolement, la
mise en quarantaine, le traitement ou, avec l'autorisation du ministre, la
destruction, dans un délai qu'il indique, de tout ou partie des produits
d'un établissement piscicole."
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: "1 si ces produits sont atteints d'une maladie
contagieuse ou parasitaire déterminée par règlement."
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Si on remarque une maladie dangereuse
déterminée par règlement, ils vont dire dans ce
cas-là: Procédez à la destruction immédiate, c'est
trop contagieux.
Il va falloir qu'une maladie soit déterminée par
règlement. Que pensez-vous qu'il arrive pour les maladies agricoles par
exemple, la brucellose ou des choses comme cela? La même chose.
Dans le cas des poissons, cela va être la même chose que pour les
animaux. "2 si l'exploitant ne se conforme pas aux normes applicables à
son établissement ou à ses activités ou aux conditions,
restrictions ou interdictions de son permis ou s'il n'est pas titulaire d'un
permis l'autorisant à faire cette production ou cet élevage."
M. Lincoln: Qui détermine tout cela? Est-ce que c'est vous
ou le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche?
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: Qui détermine le 2°?
M. Lincoln: Est-ce que c'est le procureur de l'Environnement ou
quoi?
M. Garon: S'il ne se conforme pas aux normes, les normes sont
indiquées par règlement.
M. Ciaccia: II peut y avoir une différence d'opinions. Qui
va déterminer cela?
M. Lincoln: C'est cela qu'ils vous disent: S'il y avait une
loi-cadre qui situait toutes ces questions-là, ce serait mieux. C'est
cela qu'on vous dit.
M. Garon: C'est cela, la loi.
M. Lincoln: C'est cela la loi, c'est cela qu'ils n'aiment
pas.
M. Garon: Que ce soit dans celle-là ou dans une autre, ils
ne l'aimeront pas plus. Qu'est-ce que c'est que cette affaire-là?
M. Lincoln: Ce sera une loi qui va coordonner l'affaire. On a
peur de tous les pouvoirs que vous allez prendre, que vous allez gruger au
ministère de l'Environnement, au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Vous, vous êtes le grand ténor de
toute l'affaire. C'est de cela que les gens ont peur; ils ont peur de vous,
avec raison.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 48.
M. Garon: Écoutez, s'il y a eu développement des
piscicultures au Québec, c'est parce que j'ai changé les lois,
j'ai fait des programmes, j'ai fait du développement. Tous les
pisciculteurs disent que c'est sous le présent gouvernement, sous le
ministre actuel
à part cela, que le développement des piscicultures s'est
fait au Québec. Et vous pensez qu'on va donner du crédit agricole
à des gens pour faire des piscicultures et que, de l'autre
côté, on va aller détruire les piscicultures. Voyons
donc!
M. Lincoln: Mais, pourquoi vous envoient-ils ce
télégramme, eux? Pour faire joli? Le P.-D.G. de l'UPA.
M. Garon: C'est pour justifier leur existence.
M. Lincoln: Ah bon! C'est pour justifier leur existence. Je vais
leur dire cela, alors. Le président de l'UPA et le président des
pisciculteurs, c'est pour justifier leur existence qu'ils envoient un
télégramme disant qu'ils ont des craintes à propos de la
loi 48. Il faut être sérieux.
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: Ce n'est pas gentil.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas une
responsabilité syndicale de contrôler la santé; c'est une
responsabilité gouvernementale.
M. Lincoln: Ils ne disent pas non. Ils disent qu'ils veulent une
loi cadre. Ce ne sont pas eux qui vont faire la loi.
M. Garon: Vous avez un règlement-cadre. C'est la
même chose.
M. Lincoln: Ah non, le règlement-cadre que vous allez
faire, ils n'en veulent pas.
M. Garon: II y a le règlement-cadre et je vais vous dire
pourquoi. Il y a trois ministères impliqués...
M. Lincoln: Justement.
M. Garon: ...où il va y avoir des réglementations.
II va y avoir des réglementations de l'Environnement à suivre. Il
y a des réglementations qui concernent la conservation de la faune. Il y
a des réglementations qui concernent le ministère. Il y a des
choses qu'ils vont devoir respecter et, dans le cas des piscicultures, c'est
très délicat. C'est plus délicat encore que pour la
production agricole. Qu'est-ce que vous voulez? J'ai essayé à
plusieurs reprises d'expliquer cela, mais on a de la misère à
comprendre.
M. Lincoln: II y aura les règlements. M. le ministre, je
sais que c'est bien amusant pour vos experts; ils trouvent cela bien rigolo.
Mais nous, on ne trouve pas cela trop amusant.
M. Garon: C'est parce qu'un fonctionnaire me disait qu'il y avait
trop de ministères.
M. Lincoln: C'est formidable!
M. Ciaccia: C'est vrai cela. Je suis d'accord avec lui.
M. Lincoln: Moi, je suis d'accord avec lui, mais cela ne me fait
pas rire; cela me fait pleurer. Oui.
M. Baril (Arthabaska): On enlève deux
ministères.
M. Lincoln: Oui, on enlève deux ministères. Mais
là, les ministères clés...
M. Garon: Est-ce que le président du Syndicat des
pisciculteurs du temps vous a déjà dit que les pisciculteurs
avaient demandé que les permis soient émis par le ministre de
l'Agriculture? Il ne vous a pas dit cela?
M. Lincoln: Non, non.
M. Garon: II aurait dû vous le dire. Je ne sais pas qui a
présenté cette proposition en assemblée
générale, mais les pisciculteurs ont demandé que les
permis soient émis par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation du Québec.
M. Lincoln: M. le ministre, pour revenir à cette affaire,
vous parlez...
M. Garon: Je vais vous dire ce qui peut les fatiguer le plus.
C'est que les étangs de ferme vont être sous la
responsabilité du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, parce qu'on considère qu'un étang de ferme, c'est
beaucoup plus une activité de loisir que de production de poisson pour
aller sur le marché. Et c'est ce qui, je pense bien, les inquiète
le plus. Mais, qu'est-ce que vous voulez? Moi, je ne peux pas bâtir un
empire.
M. Lincoln: Mais, vous avez un empire. Vous bâtissez tous
les jours.
M. Garon: Parce que l'élevage du poisson pour les fins
d'aller sur les tables des consommateurs, des hôtels et des restaurants,
c'est une responsabilité du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Mais on a développé
plusieurs étangs au Québec - un grand nombre - et le Syndicat des
pisciculteurs trouvait même qu'il y en avait trop. Aujourd'hui, nous ne
nous occupons plus des étangs. Les étangs vont dépendre du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je pense bien
que le syndicat ne peut
pas être aussi bien exaucé que cela.
M. Lincoln: Vous avez parlé des règlements. Il y
aura de la réglementation du ministère de l'Environnement, du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et de votre
ministère.
M. Garon: Non, non.
M. Lincoln: Vous n'avez pas dit cela?
M. Garon: Non, non, je n'ai pas dit cela. Il faudrait comprendre
comment les rouages fonctionnent exactement. C'est vrai que c'est complexe.
Vous avez le ministère de l'Environnement qui est responsable de la
salubrité de l'eau. Tout a été concentré dans un
seul ministère qui est responsable de l'eau, au complet, au
Québec. On fait donc affaires avec le ministère de
l'Environnement. Quand, par exemple, dans les élevages d'animaux, il y a
des dangers de contamination de l'eau, celui qui fait les règlements,
c'est le ministère de l'Environnement et nous sommes soumis à
cela. Parfois, on peut essayer de trouver de nouvelles formules mais, tant que
les formules existent, on fait affaires avec le ministère de
l'Environnement qui est responsable de l'eau et du bassin hydrique ou du fond
hydrique.
Vous avez ensuite le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche qui a la responsabilité de la conservation de la faune, de
protéger la faune, les habitats fauniques et tout cela. C'est sa
responsabilité.
À côté, vous avez un ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a la
responsabilité, lui, de favoriser et d'aider le développement de
la production commerciale, de produits marins et d'aliments. Dans cette
production, il peut y avoir des problèmes de santé qui impliquent
les trois ministères concernés. Par exemple, il y a
l'élevage en promiscuité. Si l'on est une personne dans une
grande pièce, il y a moins de danger de maladie que si l'on est
cinquante dans la même pièce. Dans une grange, quand il y a
plusieurs animaux dans la même pièce, il y a plus de danger de
maladie que s'il y a une seule vache dans la même pièce. Dans un
étang, s'il y a, à l'état naturel, quelques truites
seulement, il y a moins de danger de maladie que si dans un étang il y a
beaucoup de truites comme dans des élevages commerciaux. Parce qu'il y a
un surpeuplement par rapport au peuplement normal dans la nature. Or, la
protection sanitaire des lieux touche, à différents
degrés, ces trois ministères.
Pour simplifier la question, on veut établir un programme
sanitaire et respecter certaines normes sanitaires. Mais, sous des chefs
différents, les trois ministères sont intéressés.
Les inspecteurs du ministère de l'Environnement vont pouvoir y aller.
Cela ne veut pas dire qu'ils vont toujours être là, mais ils
pourront y aller. Les inspecteurs du ministère pour la conservation de
la faune vont pouvoir y aller. Mais, pour éviter un grand nombre de
permis et tout cela, on a convenu que celui qui administrerait le permis, ce
serait le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il verrait à ce que les normes, au point de
départ, conviennent, avant de donner le permis. Mais, en cours
d'opération, en tout temps, les gens pourront aller voir sur les lieux
si les normes sont respectées. Mais cela, c'est essentiellement une
responsabilité gouvernementale et, comme il s'agit de la juridiction,
pour différentes fins ou pour différents aspects, de trois
ministères, on a pensé qu'un programme sanitaire qui conviendrait
aux trois ministères était la meilleure façon de le faire.
(16 heures)
C'est pour cela que je vous disais, hier, lorsqu'on parlait de
repeuplement, que je ne tenais pas à administrer le repeuplement. Mais
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, sachant que
les gens qui ont des piscicultures sont intéressés à
vendre les poissons pour fins de repeuplement, parce que c'est plus payant, a
indiqué qu'il souhaitait que, dans le cadre de normes émises par
son ministère et qui seraient respectées par les piscicultures,
le permis puisse indiquer qu'ils ont le droit de vendre du poisson pour des
fins de repeuplement, mais à la condition de respecter les normes. Ces
normes seraient vérifiées par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mais elles viendraient
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et seraient
vérifiées au point de départ avant d'émettre un
permis. C'est une coordination qui a été faite entre les
ministères, qui n'est pas facile, mais c'est ce que souhaitent
véritablement les pisciculteurs.
J'ai dit, quand j'ai rencontré les pisciculteurs à
plusieurs reprises, à quel point ce domaine était complexe. Je
n'ai pas eu le sentiment de toujours avoir été compris au point
de vue de la complexité du problème. Je pense que cette loi va
aider à clarifier considérablement les juridictions de tout le
monde et l'implication de chacun.
M. Lincoln: M. le ministre, si vous avez expliqué cela aux
pisciculteurs comme vous nous l'avez expliqué, je comprends qu'ils
restent avec tous les doutes qu'ils ont maintenant. C'est bien confus, toute
votre affaire entre le MLCP, le ministère de l'Environnement et votre
propre ministère, les normes que vous appliquez. Ce que les gens
cherchent, c'est une espèce de loi-cadre qui va coordonner tout cela,
pour avoir la
certitude qu'il y ait un équilibre dans cela et l'assurance que
vous n'allez pas vous ingérer dans quelque chose qui regarde quelqu'un
d'autre comme vous l'avez fait plusieurs fois. C'est de cela que les gens ont
peur.
M. Garon: Vous êtes le premier à chialer qu'il y a
toujours trop de règlements et toujours trop de lois et vous en demandez
tout le temps.
M. Lincoln: Ce n'est pas nous qui en avons demandé. Je
vous ai dit que les pisciculteurs ont dit qu'ils en avaient demandé. Ce
n'est pas moi, je n'en sais rien. Je ne vais pas faire l'expert dans quelque
chose que je ne connais pas. Je peux vous dire que j'ai parlé à
ce monsieur et j'ai pris des notes. Il était très clair que cela
existe. On va revenir sur cela. On a pris cela sous réserve et on va
revenir sur cela plus tard.
M. Garon: Je dois dire une chose. M. Lincoln: Cela vous
tracasse?
M. Garon: Cela ne me tracasse pas, mais il doit être
très clair...
M. Lincoln: Cela vous tracasse la conscience?
M. Garon: ...qu'avec l'adoption de ces lois ceux qui vont avoir
des étangs de ferme pour les fins de pêche à des fins de
loisir vont relever du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Ceux qui vont relever du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation sont essentiellement ceux qui vont
produire du poisson pour des fins de consommation à la table, donc, des
plus grandes productions normalement.
Le Président (M. Laplante): D'accord sur l'article 48?
M. Lincoln: L'article 48 est adopté sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 48 est adopté
sur division.
Réglementation
J'appelle l'article 49. Chapitre V. Réglementation. Il y a un
amendement qu'on propose.
M. le ministre, expliquez votre amendement à l'article 49,
chapitre V, s'il vous plaît.
M. Garon: II y a un autre amendement. L'article 49, paragraphe 7,
deuxième ligne est modifié en ajoutant un "s" à la fin du
mot "commerciale".
M. Lincoln: Vous êtes généreux ces
jours-ci.
M. Garon: Nous sommes des perfectionnistes.
M. Maltais: Camille Laurin a dû la réviser.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Laplante): L'amendement est
adopté. Est-ce que vous prenez l'article normalement, paragraphe par
paragraphe?
M. Lincoln: Oui, s'il vous plaît. D'abord, M. le
ministre...
M. Garon: Pour le député de Saguenay, j'ai dit un
"s" je n'ai pas dit "fesse".
M. Maltais: J'ai bien compris, c'est pour cela que Camille Laurin
a révisé la loi.
Une voix: Vous demanderez cela à votre collègue de
Duplessis.
M. Ciaccia: II faudrait téléviser cette
commission.
M. Maltais: Je vais vous dire une chose, cela "poigne" plus que
les "s".
M. Garon: Pardon?
M. Maltais: Cela "poigne" plus que les "s".
M. Garon: Où cela?
Le Président (M. Laplante): Ne tournez pas cela à
mal, les fesses, le "poignage"...
Une voix: On est rendu dans le poisson encore.
Le Président (M. Laplante): Là, on est rendu dans
le poisson.
M. Maltais: Cela commence à sentir fort.
Le Président (M. Laplante): Nous allons prendre le premier
paragraphe. Sera-t-il adopté?
M. Lincoln: M. le ministre, si nous pouvons revenir sur la terre,
s'il vous plaît? On dit: "Le gouvernement peut par règlement..."
C'est cela que le chef de l'Opposition vous a demandé. Par l'article 49,
vous vous donnez dix pouvoirs différents. C'est dans la
réglementation. Avez-vous un projet de règlement? Pouvez-vous
nous montrer quels seront les cadres de ce
règlement? Est-ce que vous pouvez nous donner une idée de
ce que cela va être? Vous avez des pouvoirs; vous pouvez édicter
des normes relatives à la construction, à l'aménagement,
à la production et à l'élevage. On ne sait pas du tout
où vous voulez en venir. Vous pouvez obtenir des pouvoirs immenses. On
ne sait pas du tout quel genre de limites, quel genre de critères, quel
genre de barèmes vous aurez.
M. Garon: Si vous voulez, on devrait voir cela alinéa par
alinéa.
Le Président (M. Laplante): C'est ce qui était
entendu.
M. Lincoln: Oui, oui, c'est ce qui était entendu.
M. Garon: Commençons par le premier. Le
Président (M. Laplante): D'accord.
M. Garon: "Le gouvernement peut, par règlement: 1 fixer la
redevance exigible d'un concessionnaire." S'il veut avoir un permis, donc il y
a un montant à payer pour le permis.
M. Lincoln: C'est sûr que c'est une chose normale. Le
permis qu'ils ont maintenant est émis par le ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, n'est-ce pas?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: D'accord. Quelqu'un qui a un permis aujourd'hui du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, est-ce que ce
permis, à l'expiration, vous est transféré si c'est de la
pêche commerciale? C'est transféré. Alors, il y aura des
permis qui seront émis par le ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche ou par votre ministère. Est-ce que c'est cela?
M. Garon: Non, non. Lorsque le règlement va être
adopté, il prévoira, par exemple, qu'on peut reconnaître
avant la fin de l'année les permis existants du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche mais qu'à l'avenir ils seront
renouvelés par le ministère.
M. Lincoln: Est-ce que tous les permis vont passer par vous
maintenant?
M. Garon: Pour ces fins-là. Les permis de pêche
commerciale dans les eaux à marée ou dans les eaux sans
marée, de même que les permis pour l'aquaculture commerciale. Si
vous faites une aquaculture personnelle, que vous avez un petit étang
devant chez vous pour faire de la pêche, ce sera alors le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche parce que c'est
un petit étang pour votre amusement. Si vous voulez avoir un
étang pour permettre au public de venir pêcher moyennant
rémunération, cela va relever du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Si vous voulez avoir un étang pour
permettre au public de venir pêcher, mais, également, de faire
autre chose, comme produire du poisson pour la consommation humaine, alors vous
pouvez dépendre des deux ministères. Si vous voulez faire
seulement l'élevage du poisson pour en vendre sur le marché, aux
restaurants, aux épiceries ou aux grossistes, vous dépendez alors
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Si vous voulez, en même temps que vous faites cela, produire du poisson
pour les fins de repeuplement, vous dépendez du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Si vous faites du
repeuplement pour des fins de la table, c'est-à-dire aux fins de la
consommation par les acheteurs, à des fins commerciales ou encore pour
un étang de ferme, vous pouvez dépendre des deux
ministères selon que vous êtes dans le cas du loisir ou dans le
cas de la vente commerciale.
M. Lincoln: II faudra peut-être un petit lexique pour
expliquer tout cela.
M. Garon: Non, c'est très simple.
M. Lincoln: On pourra consulter les 365 pages.
M. Garon: C'est très simple.
Le Président (M. Laplante): Le premier paragraphe est
adopté, mais j'aurais aimé que tu poses une question au
député de Kamouraska-Témiscouata sur les étangs, il
aurait peut-être donné une réponse.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
II n'y a pas eu de question.
M. Ciaccia: M. le député de
Kamouraska-Témiscouata, votre étang ne relève pas
du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Non, parce que ce n'est pas commercial.
M. Ciaccia: Ah! Vous êtes chanceux, vous ne faites pas
affaires avec lui, c'est le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
C'est cela.
M. Ciaccia: II y a moins de problèmes.
Le Président (M. Laplante): Je ne vous conseille pas
d'aller pêcher chez lui.
M. Garon: II envoie des graines de moulée dans l'eau pour
voir sauter les truites.
M. Maltais: Vous allez lui émettre un permis pour
cela.
M. Garon: Non. Le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Maltais: Mais s'il met des graines dans l'eau.
M. Garon: Oui. C'est au ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche, justement, pour les fins de protection sanitaire pour
qu'il ne contamine pas les cours d'eau.
Le Président (M. Laplante): On peut passer au paragraphe
2.
M. Lincoln: C'est la grosse question au paragraphe 2,
"déterminer les engins et les installations destinés à la
pêche commerciale dont le ministre peut autoriser la fixation ou le
dépôt sur une portion de la rive ou du lit des eaux du domaine
public." Tout cela est tout à fait flou; on ne sait pas ce que c'est que
le domaine public, on ne sait pas jusqu'où va le lit, quels sont les
engins. Est-ce que vous pouvez nous donner une idée de ce que vous avez
en vue?
M. Garon: Oui. C'est une définition qui va ressembler
à celle qu'on retrouve dans le règlement fédéral
qui parle des engins. Ce qu'on entend par engins fixes ou fixés au sol,
ce sont des engins qui sont rattachés.
M. Lincoln: Cela va plus loin parce qu'on dit
déposé aussi.
M. Garon: Déposé, oui.
M. Lincoln: Hier, vous nous avez dit que vous aviez exclu les
chaluts et les grattes à pétoncles. Quoi d'autre allez-vous
exclure?
M. Garon: On n'exclura pas; on va mentionner ce qui est
couvert.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous dire ce qui est couvert?
M. Garon: En gros, ce seront les trappes, les cages, les palans,
les filets.
M. Lincoln: Tous les filets?
M. Garon: Les filets attachés au fond ou attachés
à la grève.
Le Président (M. Laplante): Y en a-t-il d'autres?
M. Garon: En gros, c'est cela.
M. Lincoln: Et vous ne voulez toujours pas nous dire quelles sont
les limites des eaux du domaine public à marée?
M. Garon: Du domaine québécois.
M. Lincoln: Depuis hier, vous avez commencé à
définir cela un peu plus et on réussit à voir cela un peu
mieux. Si on vous montrait une carte de votre ministère, vous pourriez
nous montrer un peu ce que vous avez en vue. Peut-être que si on ouvrait
la carte, on verrait que vous avez déjà pris la moitié de
la baie des Chaleurs. Peut-être que vous pourriez nous dire où
vous vous en allez.
M. Garon: Bon, eh bien...
M. Lincoln: Alors, délimitez votre territoire. Ce sera
intéressant.
M. Garon: J'ai une vieille carte.
M. Lincoln: Je vais vous donner une nouvelle carte.
Peut-être que vous pourrez inscrire cela.
Le Président (M. Laplante): Ce sont toutes des lignes
imaginaires.
M. Lincoln: Non, mais lui, il va rendre cela réel.
Le Président (M. Laplante): Comment pouvez-vous voir les
lignes là-dessus?
M. Lincoln: Vous pourriez peut-être tracer votre territoire
à l'aide d'un crayon pour nous donner une idée.
M. Gagnon: M. le Président, est-ce que cela peut
s'imprimer au journal des Débats là où le ministre va
donner les coups de crayon sur la carte?
Le Président (M. Laplante): Au moins le bruit du
crayon.
M. Lincoln: Non, M. le député de Champlain, je
comprends votre inquiétude, mais c'est une question bien importante
parce que toute cette loi tient à la façon dont on définit
le domaine public et le territoire.
M. Gagnon: D'accord!
M. Lincoln: On voudrait avoir une idée de la part du
ministre. Hier, il nous a donné des petites bribes verbalement; on
voudrait
maintenant qu'il nous situe un peu sur la carte ce qu'il a en vue.
M. Gagnon: D'accord! Je veux bien qu'il l'inscrive sur la carte,
mais là où je ne comprends pas votre question, c'est que je
préférerais une définition des limites sur le territoire,
parce qu'au journal des Débats l'inscrire sur la carte...
M. Ciaccia: Excepté qu'une fois qu'il l'a inscrit sur la
carte, il pourrait décrire où la ligne va, aux fins du journal
des Débats, et on saurait la latitude, la longitude, le nom...
M. Gagnon: Là, on se comprendrait certainement mieux.
M. Garon: C'est une carte qui vient de la
Nouvelle-Écosse.
M. Lincoln: C'est pas bon? Leurs cartes ne sont pas bonnes?
M. Garon: Avez-vous remarqué à quel point la
Nouvelle-Écosse utilise un papier luxueux? Les libéraux disent
souvent que le gouvernement du Québec dépense de l'argent pour du
papier. Regardez-moi cela. C'est du glaçage.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce qu'on peut revenir à la
question du domaine public et des eaux territoriales? Vous avez commencé
à nous donner quelques idées, hier. Pouvez-vous nous
définir cela un peu mieux, parce que je suis sûr que, depuis hier,
vous avez eu le temps de réfléchir à cela? Vous avez dit:
La moitié de la baie des Chaleurs. Pouvez-vous nous donner une
idée par rapport au golfe Saint-Laurent, par exemple, jusqu'où
vous allez? (16 h 15)
M. Garon: C'est complexe.
M. Lincoln: C'est complexe. Vous avez sûrement une
idée dans votre tête. Dans cet article, on parle de fixer par
règlement toutes ces choses. Pouvez-vous nous donner une idée de
ce que vous avez en tête? Tôt ou tard, il faudra que ce soit
indiqué. Vous ne le savez pas?
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Jusqu'à présent, vous ne savez
pas...
M. Garon: Quoi?
M. Lincoln: ...quelles sont les limites de votre domaine public
et du territoire québécois selon la loi 48?
M. Garon: Vous savez, il y a une partie du territoire qui n'est
pas contestée du tout et il y en a d'autres qui le sont plus. Il y a des
opinions différentes.
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Et il y a des parties où ce n'est pas
contesté du tout.
M. Lincoln: Ce n'est pas ma question.
M. Garon: Pour la moitié de la baie des Chaleurs, ce n'est
pas contesté.
M. Lincoln: Alors, la moitié de la baie des Chaleurs. Et,
dans le golfe?
M. Garon: Dans le golfe vous pouvez descendre loin et il n'y a
aucune contestation.
M. Lincoln: Jusqu'où allez-vous?
M. Garon: Jusqu'à l'île d'Anticosti il n'y a aucune
contestation.
M. Lincoln: Oui. Disons, par rapport aux
Îles-de-la-Madeleine, est-ce que vous dites que tout ce qui est à
l'ouest des Îles-de-la-Madeleine est dans votre territoire par rapport
à l'application de cet article ou si cela va au-delà, à
l'est des Îles-de-la-Madeleine, tant de milles ou quoi? Comment
déterminez-vous cela? Est-ce que vous êtes perdu en mer ou si vous
revenez? Les Îles-de-la-Madeleine sont au milieu du golfe. Est-ce que
vous dites que vous allez plus à l'est des Îles-de-la-Madeleine,
tant de milles ou quoi? C'est cela, le territoire des concessions?
M. Garon: C'est une question qui évolue.
M. Lincoln: Je sais, mais on est en train de discuter un projet
de loi qui va devenir loi.
M. Maltais: Les frontières évoluent? M. Garon:
Bien oui.
M. Maltais: Elles marchent avec la marée.
M. Garon: C'est une question qui évolue.
M. Lincoln: Je sais que cela évolue, mais bientôt
vous aurez fait un règlement, M. le ministre. C'est une question de
semaines. Tout ce qu'on vous demande, c'est si vous allez jusque-là
ici?
M. Garon: Ah! Nous avons l'intention de l'appliquer par
étapes.
M. Lincoln: Ah bon! C'est par étapes. M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous dire quelle sera la première
étape?
M. Garon: La première étape va sûrement
couvrir la moitié de la baie des Chaleurs.
M. Lincoln: Bien oui. Vous l'avez déjà dit deux ou
trois fois.
M. Garon: Sûrement le golfe Saint-Laurent jusqu'à
l'île d'Anticosti.
M. Lincoln: Jusqu'à la pointe est de l'île
d'Anticosti.
M. Garon: Sûrement.
M. Lincoln: C'est-à-dire que les es -si vous prenez la
carte - vont être à l'est de cela. Il faudra que votre territoire
de concessions commence là. Sans doute que cela va être sur la
côte du Québec ici. C'est un territoire ici, M. le ministre? Que
faites-vous? Au moins cela, la première étape, ici sûrement
non? Le sud de la Basse-Côte-Nord, disons jusqu'à Blanc-Sablon, il
y a un peu de territoire.
M. Garon: On verra ce qui va être plus ou moins difficile
d'application. C'est un nouveau système. On ne veut pas l'appliquer d'un
coup sec. Il y a plusieurs versions. Il y en a qui disent qu'on devrait
l'appliquer plus largement en commençant; d'autres disent moins
largement. Je pense qu'on va l'appliquer entièrement, mais dans un
territoire plus restreint, mais ce n'est pas encore déterminé. Je
vais aller au Conseil de ministres avec le règlement.
M. Lincoln: Est-ce que vous allez le présenter au Conseil
des ministres pour qu'on sache? Parce que nous allons à
l'aveuglette.
M. Garon: Dès que le règlement sera rendu au
Conseil des ministres et adopté par lui, il sera publié. Vous le
saurez.
M. Lincoln: Non, non. On veut savoir maintenant un peu quelles
sont vos intentions. Vous nous demandez de voter pour un projet de loi qui vous
donne le pouvoir de faire un règlement, mais on ne sait pas ce que sera
le règlement. Alors, en attendant, on essaie de savoir dans les grandes
lignes ce que vous avez en vue. Est-ce que vous présentez trois choix de
territoire?
M. Garon: La première étape va sûrement
couvrir tout le territoire pour lequel il n'y a aucune contestation.
M. Lincoln: Lequel exactement? Lequel, selon vous?
M. Garon: Pour la moitié de la baie des Chaleurs
jusqu'à l'île d'Anticosti, il n'y a aucune contestation.
M. Lincoln: Jusqu'à l'est de l'île d'Anticosti.
M. Garon: Je ne peux pas vous dire le point exact.
M. Lincoln: L'île d'Anticosti.
M. Garon: II faudrait que je voie la ligne. La ligne va
être décrite. Je ne peux pas vous le dire comme cela. Ce sera une
ligne précise qui va être tracée entre la Gaspésie
et la Côte-Nord. Ensuite, nous allons appliquer le règlement par
étapes.
M. Lincoln: Vous allez agrandir votre territoire petit à
petit. Vous allez peut-être réclamer un peu de la mer à
l'est des Îles-de-la-Madeleine à l'étape 2 ou 3. De quoi
cela dépendra-t-il?
M. Garon: C'est un nouveau système. On ne peut pas arriver
et appliquer un nouveau système dans tout le territoire et courir le
risque d'avoir des problèmes. On va l'appliquer en fonction de ce qu'on
sera capable de faire la première année.
M. Maltais: Sur quelle période allez-vous appliquer la
réglementation? Sur combien d'années à peu
près?
M. Lincoln: On parle de la cartographie, des limites.
M. Garon: Cela dépendra un peu de notre capacité de
le faire.
M. Lincoln: Juridiquement? M. Garon:
Administrativement.
M. Lincoln: Du point de vue de la protection, des patrouilleurs,
du contrôle c'est cela que vous dites?
M. Garon: Non, le nombre de casiers par endroit, la
délimitation des territoires.
M. Maltais: Pour fins de discussion, si l'étape...
M. Garon: Par exemple, vous êtes un pêcheur
d'oursins. Vous êtes intéressé à vous faire
concéder une partie du territoire où vous pourrez pêcher un
certain volume chaque année. Vous êtes intéressé
à cette pêche; vous vous équipez pour cette pêche
à condition d'avoir un territoire réservé.
Comme nous avons un territoire, nous allons pouvoir vous dire qu'on vous
donne un territoire réservé pour la pêche aux oursins
à condition que vous ayez des équipements fixes. On ne donne pas
le droit de pêche; on donne le droit d'utiliser un territoire pour des
fins de pêche. Ce n'est pas nous qui concédons le droit de
pêche, c'est le gouvernement fédéral.
M. Lincoln: Vous situez les concessions par rapport au fond de la
mer.
M. Garon: C'est cela. M. Lincoln: Selon vous.
M. Garon: Nous allons faire des concessions de terrain.
M. Maltais: Si vous appliquez votre programme sur deux ans, la
première année, pour ceux qui pêchent là, il n'y a
pas de problème. Comment les pêcheurs en haute mer qui sont dans
les zones-problèmes fonctionneront-ils?
M. Garon: Pardon?
M. Maltais: Vous dites que votre réglementation sera
appliquée sur trois ans. Lors de la première année, tout
va très bien dans les eaux où il n'y a pas de problème.
Dans les eaux où il y a des problèmes, qui aura des
problèmes, comment cela fonctionnera-t-il pour le pêcheur?
M. Garon: Non, idéalement, il faudra en arriver à
établir un territoire à la suite de discussions politiques. Les
provinces avaient accepté, en 1964, une délimitation des
territoires. Idéalement, ce serait là le territoire.
M. Maltais: Vous avez dit vous-même tout à l'heure -
et vous l'avez répété - que la phase 2 peut
entraîner des problèmes de délimitation. On est d'accord
là-dessus? Non, il n'y a pas de problème; il n'y a pas de
contestation nulle part. Il va y en avoir.
M. Garon: II y a toujours des théories
là-dessus.
M. Maltais: Mais pour ceux qui vont pêcher là,
comment cela fonctionnera-t-il l'an prochain?
M. Garon: Dans ces endroits-là?
M. Maltais: Oui, dans les endroits à problème.
M. Garon: On va indiquer dans quelle partie on applique le
règlement. Le règlement couvrira des parties exactement comme le
gouvernement fédéral qui parle des eaux à marée. On
va dire: Voici, le règlement est mis en vigueur et il couvrira tel
territoire.
M. Maltais: J'imagine que ce ne sont pas les pêcheurs du
Québec qui vont contester ces zones-là. Ce sont les
pêcheurs des autres provinces qui vont venir pêcher dans les eaux
à problème, s'il faut les appeler ainsi. Vous allez les
réglementer comment vis-à-vis des autres?
M. Garon: De qui?
M. Maltais: Les pêcheurs des autres provinces.
M. Garon: Ils vont devoir demander un permis, comme les
autres.
M. Maltais: S'ils ne veulent pas, vous saisissez les
équipements, la même chose?
M. Garon: Ce qui va être souhaitable, c'est que le
Nouveau-Brunswick, par exemple, adopte une loi semblable pour son territoire
et, ensuite, qu'on fasse une entente.
M. Maltais: Terre-Neuve et l'Île-du-Prince-Édouard
aussi, les pêcheurs en haute mer?
M. Garon: Ce serait l'idéal.
M. Maltais: Y a-t-il eu des démarches envers ces trois
autres provinces?
M. Garon: J'en ai glissé un mot, hier, à la
conférence fédérale-provinciale. J'ai commencé
à aborder le sujet, mais je voudrais, dans une autre rencontre avec ces
provinces, pouvoir leur expliquer davantage le fonctionnement.
Elles ont des copies du projet de loi et elles ont posé un
certain nombre de questions, par les ministres des provinces, hier, lors de la
rencontre à Ottawa.
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut procéder article par article
en descendant?
Le Président (M. Laplante): Ensuite, on l'adoptera en
bloc?
M. Garon: II est évident que toutes les provinces vont
avoir les yeux tournés sur le Québec pour voir si on peut
fonctionner de la façon dont on veut fonctionner. C'est pourquoi je ne
suis pas intéressé à ce qu'on aille prendre un territoire
trop grand en partant et qu'on ait des problèmes d'application parce
qu'on en a pris trop grand. J'aime autant qu'on restreigne l'application, mais
qu'elle soit très fonctionnelle et que les gens disent: Ça
marche numéro un.
Alors, les autres provinces verront à quel point c'est
intéressant.
Le Président (M. Laplante): Troisièmement, M. le
député?
M. Lincoln: Le troisièmement et le deuxièmement,
c'est exactement la même chose.
Le Président (M. Laplante): Même chose.
M. Lincoln: C'est tout ce qu'on a discuté avec le
ministre.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Quatrièmement?
M. Garon: C'est accepté là?
Le Président (M. Laplante): Non. On va l'accepter d'un
bloc.
M. Lincoln: Comment voulez-vous qu'on accepte cela, M. le
Président, quand vous ne pouvez même pas nous dire quel territoire
vous avez en vue? Tout cela est une affaire d'expérimentation.
Le Président (M. Laplante): C'est pourquoi on va au
quatrièmement.
M. Lincoln: Quatrièmement, "édicter des normes
relatives à la construction, à l'aménagement et à
l'équipement d'un établissement piscicole". Cinquièmement,
"édicter des normes relatives à la production et à
l'élevage, dans un établissement piscicole", etc.
M. Garon: "...des poissons, des amphibiens, des
échinodermes, des crustacés ou des mollusques, de leurs oeufs,
produits sexuels ou larves, de même que des normes relatives au
transport, à l'état vivant, de ceux destinés à la
consommation".
M. Lincoln: Les pisciculteurs m'ont dit que les quatrième
et cinquième paragraphes les tracassent beaucoup. Toute la question de
juridiction entre les ministères, toute la question possible d'une
loi-cadre qui aurait trait à la santé, à la certification
sanitaire...
M. Garon: II y a trois choses très importantes
là-dedans. Premièrement, la santé; deuxièmement, la
protection de la faune par la propreté, l'hygiène, dans les
piscicultures; troisièmement, éviter le braconnage, faire en
sorte que le réseau soit étanche pour qu'il n'y ait pas de
braconnage. Tout cela se tient.
M. Lincoln: Enfin, on a discuté cela longuement à
l'article 47.
M. Garon: Les gens qui travaillent dans le domaine de la faune
manifestent une certaine résistance à la consommation ou à
la commercialisation d'espèces qui existent à l'état
indigène au Québec parce qu'ils craignent qu'un certain
braconnage puisse être effectué et les produits de braconnage
commercialisés.
Nous devons donner les assurances que le poisson qui sera
élevé commercialement, dans les piscicultures, pourra être
commercialisé dans un réseau étanche qui ne permettra pas,
si les gens font du braconnage, que le produit du braconnage puisse être
commercialisé. Cela prend des normes, des conditions de
commercialisation respectées. C'est très important.
M. Lincoln: Hier, quand j'ai lu le télégramme de
l'UPA et du Syndicat des pisciculteurs, vous avez dit que vous alliez causer
avec eux. Allez-vous discuter toute cette question avec eux avant que cette loi
soit adoptée, très bientôt?
M. Garon: Mais ce n'est pas dans la loi qu'il y a des
problèmes, c'est dans les règlements.
M. Lincoln: Non, non. Ils disent dans la loi, M. le ministre; je
vous ai lu le télégramme.
M. Garon: Je comprends cela. (16 h 30)
M. Lincoln: On a des inquiétudes à la suite de
l'étude des projets de loi 48 et 49 que l'Assemblée nationale
s'apprête à adopter rapidement. Le projet de loi 48
prévoit, entre autres, que "le gouvernement peut, par règlement
édicter des normes relatives à la production et à
l'élevage, dans un établissement piscicole, des poissons (...) de
même que des normes relatives au transport, à l'état
vivant, de ceux destinés à la consommation." C'est de cela qu'on
parle présentement. Vous m'avez dit que vous étiez prêt
à les rencontrer. Est-ce que vous allez les rencontrer avant qu'on en
ait fini avec ce projet de loi, pour discuter avec eux afin que vous preniez
connaissance de leur inquiétude, de leur angoisse?
M. Garon: Oui, l'ai dit hier, je vous ai répondu hier.
M. Lincoln: Oui, vous me l'avez dit hier, mais je vous le demande
maintenant. Vous parliez de cela, quand vous avez dit: Oui, on va les
rencontrer, mais quand allez-vous leur parler? Avant que ce projet de loi soit
adopté, pour qu'on puisse apporter des changements, si
nécessaire, en troisième lecture, ou quoi? Parce que, là,
je suis sûr
que vous n'avez rien écouté. Vous allez accepter cela
parce que, pour vous, c'est comme cela, c'est tout. Mais eux, ils ne sont pas
contents, puisqu'ils citent ce même paragraphe 5: "Édicter des
normes relatives à la production et à l'élevage, dans un
établissement piscicole." Ils ne sont pas d'accord avec cela, avec ce
pouvoir que vous avez par règlement. Quand est-ce que vous comptez les
rencontrer?
M. Garon: Vous en avez qui voudraient avoir le moins de normes
possible. Par ailleurs, les gens de la faune voudraient avoir tellement de
normes que ce ne sera plus possible de faire l'élevage pour la
commercialisation du poisson. Qu'est-ce que vous feriez entre les deux?
M. Lincoln: J'aurais rencontré ces gens, je les aurais
écoutés.
M. Garon: C'est ce que je vais faire aussi.
M. Lincoln: Oui'. C'est ce que je vous demandais.
M. Garon: Je vous l'ai dit hier.
M. Lincoln: Vous allez faire cela avant que cette loi soit
adoptée?
M. Garon: Avant qu'elle soit adoptée en troisième
lecture, oui!
M. Lincoln: Ou allez-vous en rester là?
M. Garon: On a laissé une couple d'articles en suspens et
on doit revenir dans une semaine ou la dernière semaine, avec le projet
de loi 49. On pourra voir ces deux articles au début de l'étude
du projet de loi 49. On pourra faire ces deux articles à ce moment.
J'aurai le temps de les rencontrer entre-temps.
M. Lincoln: Je vais leur dire cela, pour qu'ils vous rappellent
ces petites promesses.
M. Garon: Je ne fais pas de promesse. M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Je n'ai fait aucune promesse. Ce n'est pas vous qui
êtes chargé de mon agenda.
M. Lincoln: Si ce n'est pas une promesse, qu'est-ce que c'est
alors?
M. Garon: Vous n'êtes pas chargé de mon agenda. Si
vous leur dites que je vais les rencontrer et que vous avez obtenu une
rencontre, je les rencontrerai juste après.
M. Lincoln: C'est gentil.
M. Garon: Vous n'êtes pas chargé de mon agenda.
M. Lincoln: Je n'ai jamais dit que j'étais chargé
de votre agenda. Tout ce que je vous ai demandé, c'est si vous allez les
rencontrer. Vous me dites oui. Après, vous me dites que ce n'est pas une
promesse. Alors, c'est quoi?
M. Garon: J'ai dit: C'est mon intention de les rencontrer.
M. Lincoln: Ah bon! C'est votre intention.
M. Garon: Habituellement, les syndicats de producteurs qui me
demandent des rencontres, je les rencontre à peu près tous, sans
exception. Je ne peux pas vous dire si ce sera ce soir ou demain ou
après-demain.
M. Lincoln: Ah non! Mais cela va être très
bientôt?
M. Garon: Ah oui! Très bientôt.
Le Président (M. Laplante): L'article 49, 6e
paragraphe?
M. Lincoln: "Édicter des normes relatives à la
culture et à la récolte commerciales de végétaux
aquatiques." Cela pourrait se faire à quel endroit?
M. Garon: On a fait des expériences sur les algues dans la
baie des Chaleurs afin de voir si la récolte des algues en mer influence
le milieu marin. Parce que les algues peuvent pousser assez haut. Est-ce qu'on
doit couper les algues à deux pieds, à trois pieds ou à un
pied? Et les animaux marins qui vivent sur le fond, les crustacés, les
différentes espèces, est-ce qu'ils sont affectés par ces
coupures d'algues? Éventuellement, on songe à permettre la
récolte d'algues dans le fond marin mais, maintenant, pour que la
récolte des algues ne perturbe pas les milieux marins, il va falloir
prévoir des saisons. Il faudra établir certaines conditions pour
la récolte pour ne pas perturber le milieu marin.
M. Lincoln: Ce sera encore une affaire de permis que vous allez
vous donner l'autorisation d'octroyer.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Oui. C'est la même chose, vous avez pris ce
fond marin, c'est vous qui donnerez les permis pour les cultures de
végétaux aquatiques. Vous allez également délimiter
où cela va se faire, qui va le faire
etc. Le fédéral n'aura rien à voir
là-dedans.
M. Garon: On est dans l'agriculture marine.
M. Lincoln: L'agriculture marine sera aussi à vous. Vous
avez l'agriculture terrestre, l'agriculture marine. Graduellement, vous allez
dire...
M. Garon: Pas l'agriculture, mais la culture marine.
M. Lincoln: La culture marine.
M. Garon: La récolte marine, pour être plus
précis.
M. Lincoln: La récolte marine. Vous entrez dans la
récolte marine.
M. Garon: C'est ce qu'on dit ici: "Édicter des normes
relatives à la culture et à la récolte commerciales de
végétaux aquatiques".
M. Lincoln: Alors, là, vous apportez quelque chose
d'autre, en plus. Vous allez donner les permis pour les végétaux
aquatiques dans les territoires marins que vous allez situer
vous-même.
M. Garon: Domaine public québécois.
M. Lincoln: Le domaine public québécois qui va
être établi par étapes, graduellement. Il va commencer
à l'île d'Anticosti, après cela, il va aller au large des
Îles-de-la-Madeleine. Après cela, vous allez dire: Bon, nous avons
une limite territoriale qui va être à douze milles des
Îles-de-la-Madeleine. On aura exproprié ces territoires, alors on
va donner un petit lopin de terre dans la baie des Chaleurs pour les
récoltes aquatiques. C'est cela, le principe?
M. Garon: Cela a un certain sens.
M. Lincoln: Alors, celui qui voudra faire une culture de
végétaux aquatiques dans la baie des Chaleurs, sans le permis de
l'empereur lui-même, ne pourra pas le faire, n'est-ce pas?
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Sans un permis venant de vous, cela ne pourra se
faire. Si, par exemple, cela devenait quelque chose, dans l'avenir - on parle
de cinq ou six ans - de rentable et qu'un pêcheur du Nouveau-Brunswick ou
quelqu'un intéressé à la culture des
végétaux aquatiques venait faire une culture dans votre
censé territoire, à ce moment, il aurait besoin d'un permis de
votre part, n'est-ce pas?
M. Garon: Oui. Idéalement, M. le député de
Nelligan, il faudrait que le Nouveau-Brunswick adopte une loi semblable. Je
souhaite qu'il en adopte une semblable.
M. Lincoln: Justement.
M. Garon: Je souhaite que l'île-du-Prince-Édouard
adopte une loi semblable. Je le souhaite pour la Nouvelle-Écosse et
Terre-Neuve. Je souhaite même que les territoires marins soient
très bien précisés. Il y a déjà eu, une
entente interprovinciale en 1964 et, à ce moment-là, celui qui
négociait pour la Nouvelle-Écosse, c'était M. Kirby
lui-même.
Les limites territoriales de chacune des provinces, idéalement,
devraient être établies par le gouvernement fédéral
avec entente avec les provinces. Cela devrait être établi d'une
façon officielle, où il n'y aurait pas de contestation d'aucune
façon. C'est cela qui serait l'idéal.
M. Lincoln: Mais, si c'était l'idéal, pourquoi
n'avez-vous pas commencé par cela?
M. Garon: Vous savez, comme moi, que nous avons actuellement
à Ottawa un gouvernement qui souhaite la disparition des provinces.
M. Lincoln: Bon, d'accord. Là, on va revenir à la
disparition des provinces. Mais les provinces qui ne sont pas disparues, comme
la vôtre et la nôtre...
M. Garon: Mais vous, vous aurez le choix aux prochaines
élections parce qu'on va avoir établi des permis...
M. Lincoln: La vôtre, c'est la nôtre. C'est la
même.
M. Garon: ...on va avoir organisé des droits sur des
terrains marins. Vous, vous pourrez prendre l'engagement que vous allez nier
tout cela, ou vous allez dire: Nous allons continuer dans la même ligne
de faire valoir les droits des Québécois sur leur territoire.
M. Lincoln: Écoutez, disons qu'on assume, aux fins de la
discussion pour le moment, qu'on a des territoires provinciaux. Là, vous
avez un territoire, le Nouveau-Brunswick aura son territoire, Terre-Neuve aura
son territoire. Pourquoi ne commencez-vous pas, si vous voulez faire valoir
cette notion, par en discuter avant de soumettre un projet de loi? Vous n'avez
même pas le règlement prêt pour nous dire où ce
territoire, que vous assumez ou que vous pensez assumer, se
délimite.
L'autre qui est affecté, lui aussi va discuter du territoire que
vous voulez vous approprier. Si vous dites que c'est dix milles
à l'est des Îles-de-la-Madeleine, peut-être que lui
qui est ici et qui vient pêcher ici ne va pas accepter cela. Est-ce que
ce ne serait pas commencer d'une façon logique que de voir ce qu'en
pensent d'abord les autres provinces au lieu de faire une loi par laquelle, de
façon arbitraire, vous allez dicter presque le territoire, dans votre
esprit, que vous envisagez?
M. Garon: Je vous dirai que, dans certaines provinces, des gens
ont trouvé à la conférence
fédérale-provinciale notre projet de loi très
intéressant. Fiez-vous sur moi, je vais l'expliquer dans les provinces
maritimes. J'ai l'intention d'expliquer aux gens des provinces maritimes
l'intérêt qu'il peut y avoir dans une loi comme
celle-là.
M. Lincoln: Dans un pays fédéral, qui est encore
fédéral pour le moment, le gouvernement fédéral qui
a la responsabilité, d'après la constitution, sur les
pêches, n'est pas présent dans toute cette affaire. Vous allez
expliquer votre projet de loi aux autres provinces.
M. Garon: Non. Je vais vous dire une chose. Le
fédéral acceptera vraiment de discuter sérieusement des
pêches quand les provinces occuperont tous les droits qui leur
reviennent. J'étais là, hier, où chacun doit
quémander au ministre fédéral, qui nous a dit, qu'avant de
venir nous rencontrer il avait rencontré le cabinet. Donc, on
était là dans le fond un peu, pour un exercice de style,
où les décisions étaient déjà prises. On va
sans doute donner une ressource à la Nouvelle-Écosse. Parce qu'on
veut négocier un autre projet et qu'on veut avoir l'adhésion de
la Nouvelle-Écosse sur un autre projet on va sans doute lui donner
accès à 20% des ressources du golfe qui, traditionnellement, ont
été exploitées par des Québécois. Les usines
ont pêché au Québec seulement 32 000 tonnes
régulièrement au cours des années, avant 1970 et
après 1970; en 1976, c'était rendu au plus bas à 6 000
tonnes. Alors que cela augmente actuellement, on décide d'établir
un quota immédiatement, d'en concéder une partie à la
Nouvelle-Écosse avec des bateaux de plus de 100 pieds qui vont venir
pêcher dans le golfe parce qu'on veut avoir, au plan
fédéral, l'adhésion de la Nouvelle-Écosse qui a
exigé d'avoir accès aux ressources qui appartiennent
traditionnellement aux
Québécois. C'est quelque chose! Tout cela avec 74
députés sur 75 au Québec, avec un ministre
fédéral des Pêches qui demeure dans le territoire
maritime.
M. Baril (Arthabaska): On défend les droits des Canadiens.
S'il en reste...
M. Garon: Alors, j'ai dit: À propos de la morue du nord,
alors qu'il va y avoir un quota de 266 000 tonnes, on a le droit à
combien, nous? On a droit à 2 000 tonnes. Eux, sur 50 000 tonnes de
poisson rouge dans le fleuve, ils auront droit à 10 000 tonnes.
M. Lincoln: Ah! Que ce soit juste ou que ce soit très
injuste - et je le conçois très bien - est-ce que vous pensez que
la loi 48 est la façon de régler des litiges? Est-ce que vous
pensez que la loi 48 est la façon de rétablir ce qui pourrait
être inéquitable? C'est cela qu'on vous demande. Est-ce que la
façon de faire cela, c'est de dire: Moi, j'ai un plus grand territoire?
L'autre va dire: J'ai un territoire ici, et ainsi commencera une bagarre
juridique. C'est cela qu'on vous demande. C'est cela, le fond de toute la
question. On ne peut pas croire que la seule façon de faire cela, c'est
de faire une loi qui établisse des choses qui vont apporter une plus
grande contestation que maintenant encore. Est-ce là la façon
dont vous concevez la défense des intérêts des
pêcheurs québécois?
M. Garon: C'est en occupant des juridictions qui appartiennent au
Québec.
M. Lincoln: Bien, c'est étonnant, car ces gens-là
sont aussi de bons Québécois. Ils vous envoient des
télégrammes à vous et à nous pour dire qu'ils ne
sont pas d'accord là-dessus.
M. Garon: Ils ne disent pas cela, ils se posent des
questions.
M. Lincoln: Ils se posent des questions. Bien, relisez le
télégramme.
M. Ciaccia: Ils vous demandent de ne pas adopter la loi.
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: Ils vous demandent de ne pas adopter la loi
avant...
M. Lincoln: Ils parlent de leur inquiétude face au projet
de loi 48 que l'Assemblée nationale s'apprête... Ils parlent
d'inquiétude et vous disent de ne pas adopter trop rapidement votre
loi.
M. Garon: L'inquiétude, je comprends, c'est un projet de
loi nouveau. Ils ne savent pas exactement quels vont être les
règlements.
M. Lincoln: Personne ne le sait. M. Garon: On va les
rencontrer.
M. Lincoln: Vous-même, vous ne le savez pas; on essaie de
vous demander qui
connaît ce règlement. Personne ne le sait. On est là
en commission parlementaire, vous nous traitez comme si nous étions des
enfants d'école, parce qu'on essaie de vous le demander. Vous ' donnez
des permis dans les eaux du domaine public qui sont immenses, des permis pour
la culture de végétaux aquatiques, vous avez des droits de regard
sur tout le fond marin. Vous ne pouvez pas nous dire où cela va, le
domaine public. Vous dites: On va faire cela par étapes, peut-être
que cela ira à l'île d'Anticosti, peut-être que cela ira aux
Îles-de-la-Madeleine, peut-être qu'il va y avoir une étape 1
et une étape 2. C'est cela qu'ils demandent.
M. Garon: Non, non, ils ne demandent pas cela; ils sont dans la
pisciculture commerciale dans le territoire agricole.
M. Lincoln: Ils ne demandent pas exactement ce que je me demande.
Ils disent que vous allez, par règlement, édicter toutes sortes
de normes; ils disent qu'ils ne connaissent pas le règlement. Nous aussi
nous disons: On ne connaît pas le règlement, parce que tout, dans
cette loi-là, va s'appliquer par des règlements que personne ne
connaît. C'est cela qu'on demande: un peu plus d'explications.
M. Garon: On va le leur montrer, le règlement, quand il va
être rédigé.
M. Lincoln: Ah bon! Quand il va être rédigé
et qu'on aura adopté l'autorisation que vous vous donnez sous le
chapitre de...
M. Garon: Non.
M. Lincoln: ...l'article 32.
M. Garon: Écoutez une chose: quand on fait de la
pisciculture... J'en ai visité des piscicultures. (16 h 45)
M. Lincoln: Ce n'est pas que la pisciculture, c'est toutes les
autorisations que vous donnez. Ce n'est pas que la pisciculture, c'est par
rapport aux concessions, c'est par rapport aux engins et stations de
pêche, c'est les conditions, les restrictions, les interdictions
relatives à l'utilisation d'une portion de la rive ou du lit de la mer,
c'est la pisciculture, c'est les normes relatives à la culture des
végétaux aquatiques, c'est les catégories de permis, ainsi
que les droits et conditions. Ce sont toutes les autorisations que vous vous
donnez par la loi, tout cela par règlement, et on n'a même pas une
idée même des grandes lignes du règlement que vous allez
faire. Après, vous allez dire: Vous avez adopté ma loi et, un
mois après, on va vous donner le règlement.
Mais le règlement, vous pouvez le changer comme vous voulez,
n'importe quand. La loi est difficile à changer. Le règlement,
vous pouvez le changer n'importe quand. Vous pouvez l'étendre beaucoup
plus, vous donner plus de pouvoirs encore.
M. Garon: Et puis?
M. Lincoln: Et puis, c'est cela qui tracasse les gens.
M. Garon: Pas vraiment. M. Lincoln: Pardon!
M. Garon: Les pisciculteurs surtout ont confiance au
ministre.
M. Ciaccia: C'est pour cela que vous...
M. Lincoln: C'est pourquoi ils vous ont envoyé un
télégramme pour vous dire qu'ils n'étaient pas
contents.
M. Ciaccia: ...avez reçu un télégramme.
M. Garon: C'est au sujet des cotisations, c'est normal. Je peux
vous dire une chose...
M. Lincoln: Ce ne sont pas les bons pisciculteurs!
M. Garon: Non, ils font leur travail de syndicat, ils sont
inquiets. Un syndicat, par définition, c'est un peu inquiet, parce qu'il
revendique quelque chose. Je peux vous dire une chose: Le syndicat des
pisciculteurs a une grande confiance au ministère de l'Agriculture et au
ministre, parce qu'il sait que le développement des piscicultures s'est
fait sous le gouvernement actuel. Il y avait environ 80 000 livres de poisson
élevé au Québec en 1977. Aujourd'hui, nous en sommes
presque à 2 000 000 de livres. Vous ne croyez pas qu'ils se sentent un
peu en sécurité avec le gouvernement actuel?
M. Lincoln: Ils rafolent de vous. Tout le monde raffole de vous,
tout le monde est content, mais tout le monde nous dit se tracasser beaucoup
avec vos lois 48 et 49.
M. Garon: Qui vous a dit cela?
M. Lincoln: Ces gens-là. M. Proulx, qui est
président-directeur général de l'UPA...
M. Garon: M. Proulx est allé vous voir?
M. Lincoln: II m'a téléphoné à deux
ou trois reprises. Il m'a demandé ce qui se passait à la
commission. Est-ce que le ministre a déposé des
règlements? Il me demande également quels sont les progrès
de
cette commission. Vous me dites que vous le voyez tellement souvent,
pourquoi ne lui dites-vous pas vous-même ce qui se passe?
M. Garon: Est-ce M. Proulx ou M. Fillion qui vous a
téléphoné?
M. Lincoln: Les deux. M. Proulx aussi, M. Jacques Proulx,
président de l'UPA.
M. Garon: Qu'est-ce qu'il vous a demandé? Des
détails sur les règlements.
M. Lincoln: Quand M. Proulx ou M. Fillion vous
téléphonent, je pense que vous leur dites ce que vous voulez; moi
aussi. Tout ce qu'ils m'ont demandé, ce sont des renseignements sur ce
qui se passait avec ces lois 48 et 49, s'ils pouvaient croire qu'il y avait une
chance d'avoir la commission parlementaire que nous avions demandée en
Chambre. Je leur ai dit: Connaissant le ministre de l'Agriculture, la chance
est de zéro, parce que c'est quelqu'un qui se fait une opinion et qui ne
la change jamais, qui est trop têtu pour permettre une commission
parlementaire pour écouter les gens. Cela, c'est ma perception.
Autrement, si vous étiez tellement ouvert aux idées des
autres, si vous aviez des règlements préparés, si vous
aviez quelque chose que vous vouliez que les gens sachent, vous auriez
donné une chance aux pêcheurs, aux producteurs d'usine, aux
travailleurs des pêcheries, aux pisciculteurs, à tous ces gens de
se faire entendre. C'est cela qu'on vous a demandé.
M. Garon: Les pêcheurs! M. Lincoln: Pourquoi
pas!
M. Garon: Les pêcheurs côtiers, les pêcheurs
hauturiers dans le territoire maritime.
Je vais vous poser une question. J'aimerais avoir votre réponse.
L'élevage du saumon, des moules, des huîtres dans le territoire
maritime devrait-il se rattacher au secteur des pêches ou au secteur de
l'agriculture? Cela devrait-il se rattacher aux pêcheurs en
Gaspésie ou aux cultivateurs de l'UPA?
M. Lincoln: M. le ministre, je ne pense pas que nous soyons ici
pour arriver à des questions.
M. Garon: Non, mais j'aimerais cela. M. Lincoln:
Écoutez!
M. Garon: Vous ne faites que poser des questions.
M. Lincoln: Non, je...
M. Garon: Pourquoi ne le ferais-je pas? Je vais vous poser
quelques questions pour voir si vous allez pouvoir me répondre.
M. Lincoln: Donnez-moi une chance de vous répondre et je
vais le faire.
M. Ciaccia: Quand vous serez dans l'Opposition après la
prochaine élection, là, vous pourrez poser des questions. Mais
là, vous êtes ministre et vous devez répondre aux
questions.
M. Lincoln: De toute façon, pour répondre à
votre question, ce que j'aurais fait...
M. Garon: Je vais vous dire la réponse.
M. Lincoln: Vous m'avez posé une question. J'aurais
écouté les intervenants du milieu pour savoir ce qu'ils
pensent.
M. Garon: Je fais toujours cela.
M. Lincoln: Ah oui! Vous faites toujours cela. Oui, cela en a
l'air.
M. Garon: Encore cette semaine, je vais partir pour faire deux
autres réunions de consultation dans la région du
Bas-Saint-Laurent. J'en ai fait deux la semaine dernière. La semaine
d'avant, j'en ai fait trois.
M. Ciaccia: Vous consultez après avoir adopté le
projet de loi?
M. Garon: Non. Je dis: Voici le programme que nous avons fait.
Dites-moi ce que vous en pensez. On a fait des changements sur l'élevage
du boeuf. On est rendu actuellement à trois réunions; une
à Lévis, une à Drummondville...
M. Lincoln: On est rendu dans le boeuf là.
M. Garon: ...une à Buckingham. Vendredi j'étais
dans le Bas-Saint-Laurent. Quand j'aurai fini mes tournées, j'aurai
rencontré, au minimum, environ 1500 éleveurs de boeuf.
M. Maltais: Y a-t-il moyen de retourner aux baleines?
M. Garon: Cela dans six assemblées. Je vais vous dire une
chose: Au cours des deux prochaines années, je vais être sur la
route sans arrêt pour consulter le monde sur tous nos programmes. On
vient de mettre en vigueur, cette année, quatre programmes majeurs qui
représentent plus que cent quelques millions. Les gens de l'Opposition
ont trouvé fatigant un programme de
35 000 000 $ lors de notre premier mandat. Là, on vient de mettre
en vigueur un programme de subventions de 50 000 000 $; dans le boeuf, s'il
s'agit d'un programme de subventions de 25 000 000 $; dans les plates-formes
à fumier, un programme de subventions de 32 000 000 $; et on vient
justement d'annoncer la banque de terres avec un budget de 20 000 000 $; et 15
000 000 $ de subventions d'intérêt...
M. Lincoln: M. le Président...
M. Ciaccia: La pertinence, M. le Président! Peut-on
revenir à l'article 49?
M. Lincoln: M. le Président, la pertinence, l'article
49.
M. Garon: Là, je vais me promener pour voir si les
programmes fonctionnent...
M. Lincoln: Peut-être que...
M. Garon: ...s'ils défoncent les budgets...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Garon: Je vais consulter sans arrêt.
Une voix: Retour aux baleines.
M. Garon: Convaincre les agriculteurs que l'autosuffisance doit
atteindre 70% pour les céréales d'ici à trois ans.
M. Lincoln: Oui.
M. Ciaccia: Excellent.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, M. le député
de Nelligan. Je reviens à l'aquaculture commerciale. Je vais aller voir
chacune des municipalités de la Gaspésie...
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: ...pour dire: Nous sommes prêts, au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
à financer une pisciculture à saumon par village.
Une voix: Ah!
M. Garon: On va faire cela sur la Côte-Nord, tous les
villages de la Côte-Nord, une pisciculture par village.
M. Lincoln: Mais faites vite avant que vous ne soyez plus
là.
M. Garon: Vous pensez que ces gens-là vont dire: On a peur
de vos normes? Les normes vont être là pour encourager le
développement économique et faire en sorte que les gens puissent
travailler chez eux. Après qu'ils auront élevé le saumon,
s'ils peuvent le fumer de place en place...
M. Maltais: Adopté, adopté.
M. Garon: ...le saler, le sécher, le travailler....
M. Ciaccia: Est-ce le même discours que vous avez fait
à Jonquière?
M. Garon: ...le mettre en boîte, en canne, en tout ce que
l'on voudra, pour que tout le monde travaille.
M. Ciaccia: Est-ce le même discours que vous avez fait
à Jonquière?
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: C'est le même discours que vous avez fait
à Jonquière?
M. Garon: Je ne suis pas allé à
Jonquière.
M. Lincoln: Maintenant, je comprends... M. Ciaccia:
À Compton?
M. Garon: À Compton, je suis allé faire un tour par
amitié pour Noël Landry.
M. Lincoln: Oui. Mais cela a bien réussi.
M. Garon: II ferait un excellent député,
d'ailleurs.
M. Lincoln: Oui, mais, M. le Président, écoutez, on
a envie de revenir à la loi 48.
M. Garon: Vous ne pouvez pas empêcher un professeur de
devenir un bon député.
M. Lincoln: Est-ce que vous pouvez dire au ministre
d'arrêter ses péroraisons?
Le Président (M. Laplante): Oui, mais il vous faudra
aller, vous aussi...
M. Lincoln: Oui, d'accord.
Le Président (M. Laplante): ...à 7°. On est
rendu là: "déterminer dans quelles eaux..." On est loin en bibite
des végétaux aquatiques.
M. Baril (Arthabaska): M. le Président...
M. Lincoln: Non, non, j'ai la parole, excusez-moi.
M. Baril (Arthabaska): ...une question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, vous rappelez le
ministre à l'ordre afin que l'on parle du sujet. Il répond
à une question de l'Opposition. L'Opposition l'accuse de ne pas
consulter le monde. Il vient de démontrer à cette commission de
quelle façon il consulte le monde par toutes sortes de tournées.
Qu'on ne vienne pas lui dire...
M. Lincoln: M. le Président....
Le Président (M. Laplante): Je suis bien d'accord... Une
minute!
M. Garon: Je vais vous donner un autre exemple.
Le Président (M. Laplante): Pas tous ensemble. M. le
ministre, une minute.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, à
l'ordre! À l'ordre!
M. Lincoln: Si le ministre ne revient pas à l'ordre, je
prends mes bagages et je pars. Je n'ai pas envie...
Le Président (M. Laplante): À l'ordre!
M. Lincoln: ...de discuter de toutes ces affaires.
M. Garon: Vous ne voulez pas que je vous donne des
réponses.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan, au paragraphe 7 de l'article 49 sur les algues. On était loin,
n'est-ce pas?
M. Lincoln: Oui. J'ai envie de dire au ministre, qui a
parlé de centaines de millions de dollars...
Le Président (M. Laplante): Ah non! Une minute.
M. Lincoln: ...qu'il aurait pu consacrer un...
Le Président (M. Laplante): Là, si vous
continuez!
M. Lincoln: ...petit peu plus d'argent au budget de la
pêche où vous périmez 22% par an. C'est un scandale. Il n'y
a même pas 20 000 000 $ pour toute la pêche maritime dans le
Québec et vous allez vous vanter d'aller donner de l'argent à
droite et à gauche. C'est un scandale, ce budget de la pêche au
Québec!
M. Baril (Arthabaska): II n'y avait rien d'organisé.
M. Lincoln: C'est cela, il n'y a rien d'organisé.
M. Baril (Arthabaska): Vous avez fait quoi à
l'époque où vous étiez là, vous?
Le Président (M. Laplante): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Lincoln: II a un budget de 30 000 000 $ et il périme
25% du budget par an.
M. Garon: Je vais vous dire une chose...
Le Président (M. Laplante): M. le député...
À l'ordre! M. le député...
M. Lincoln: Après cela, vous criez avec vos cent
millions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan...
M. Lincoln: Le budget de la pêche, c'est un scandale au
Québec.
M. Garon: Non.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, un moment,
s'il vous plaît!
M. Garon: II a parlé, est-ce que je peux avoir mon
tour?
Le Président (M. Laplante): Non, non, je ne permettrai pas
que le débat aille plus loin.
M. Lincoln: N'importe quel jour, s'il veut faire un débat
sur le budget de la pêche, je vais être content.
Le Président (M. Laplante): Écoutez, vous
étiez prêt à vous en aller tout à l'heure si on ne
revenait pas à l'ordre.
M. Garon: Bon.
Le Président (M. Laplante): Vous continuez. Là, on
va parler des algues, s'il vous plaît!
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous autre chose à
dire sur les algues?
Une voix: Après cela, on va parler des
écrevisses.
M. Garon: Les écrevisses sont en demande dans le lac
Saint-Pierre.
Le Président (M. Laplante): Les algues, M. le
ministre.
M. Garon: On va faire le développement des
écrevisses.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre!
M. Garon: On va pouvoir avoir de beaux plateaux
d'écrevisses, comme en France, lorsqu'on arrive dans les
restaurants.
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'aimerais avoir votre collaboration, s'il vous plaît!
M. Garon: Oui, mais donnez-moi mon tour; vous ne me donnez jamais
la parole.
Le Président (M. Laplante): Non, non, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je crois que nous avons fait
le point.
Le Président (M. Laplante): Vous avez fait le point.
M. Lincoln: Le huitième, le neuvième et le
dixième, c'est la même chose.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Onzièmement?
M. Lincoln: Attendez un instant. Le huitième: Le ministre
détermine "les catégories de permis ainsi que les droits,
conditions, restrictions ou interdictions relatifs à chaque
catégorie". Il n'a même pas la juridiction pour déterminer
les catégories de permis sans avoir au préalable une
espèce d'entente avec le gouvernement fédéral qui,
à ce qu'on sache, a encore la juridiction sur les pêches maritimes
au Québec et ailleurs au Canada. Alors, c'est tout à fait de la
fiction, il se donne des pouvoirs tout à fait arbitraires qui vont
sûrement être contestés.
Pour tout l'article 49, c'est la même chose. Vous parlez encore,
à 11° , d'une loi-cadre sur la santé et les certificats
sanitaires...
M. Garon: Non, regardez le paragraphe 11. Voyez à quel
point c'est bien fait: "déterminer les maladies contagieuses ou
parasitaires donnant lieu aux mesures prévues à l'article 47."
C'est comme si, par exemple, on disait: On ne mettra pas un animal en
quarantaine parce qu'il a un petit rhume. On met en quarantaine un animal qui a
une maladie contagieuse, qui peut contaminer d'autres animaux. Vous savez, dans
le domaine, les animaux sont quasiment mieux protégés que les
humains!
Le Président (M. Laplante): Est-ce que l'article 49,
de...
M. Garon: Dans le domaine océanique.
M. Ciaccia: Dans le 12°, vous établissez même
les amendes par règlement.
Le Président (M. Laplante): ...1° à 12°
sera adopté? Adopté sur division?
M. Lincoln: Nous allons vous demander un vote nominal sur tout
l'article 49.
Le Président (M. Laplante): Vote nominal sur l'article
49.
M. Garon: Je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Laplante): On a demandé le
vote.
M. Garon: Comment, un vote nominal?
M. Lincoln: On va prendre un vote nominal sur l'article 49.
Le Président (M. Laplante): M. Baril (Arthabaska), pour ou
contre?
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, c'est quoi?
M. Garon: II veut nous faire voter.
M. Maltais: II faudrait savoir pour quoi on vote.
M. Baril (Arthabaska): Pour l'article 49? Je suis pour. Il
faudrait savoir pour quoi nous votons!
Le Président (M. Laplante): M.
Beaumier (Nicolet)?
M. Beaumier: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Blouin
(Rousseau)?
M. Blouin: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Dupré
(Saint-Hyacinthe). M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Laplante): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
M. Garon: Quand les municipalités du comté de
Saguenay viendront me demander d'avoir un projet dans leur comté, je
dirai: Je ne peux pas parce que le député est contre?
M. Maltais: C'est cela, on leur expliquera pourquoi nous sommes
contre.
Le Président (M. Laplante): Quatre pour, trois contre.
Article 49, adopté.
M. Garon: À ce moment, vous ne voulez pas qu'on fasse de
développement dans votre comté? Vous avez des piscicultures?
Une voix: Cela ne leur en donnera pas plus.
M. Garon: Non, mais souhaitez-vous qu'on fasse des piscicultures
dans votre comté? Parce qu'il y a déjà des
municipalités qui nous ont indiqué qu'elles étaient
intéressées, dans votre comté, M. le
député.
M. Maltais: II y en a plusieurs qui sont
intéressées et c'est normal à part cela, c'est un endroit
où il y a des poissons.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur
division.
M. Garon: Vous ne voulez pas qu'on le fasse?
M. Ciaccia: Oui, il veut que vous le fassiez.
M. Maltais: Oui, je veux qu'on le fasse.
M. Ciaccia: II le veut.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 50, M. le
ministre.
M. Ciaccia: N'argumentez donc pas comme des enfants!
Le Président (M. Laplante): Article 50: "Le gouvernement
publie un projet de règlement à la Gazette officielle du
Québec, avec avis qu'à l'expiration d'une période d'au
moins 30 jours suivant cette publication il pourra être adopté
avec ou sans modification." M. le député de Nelligan, l'article
50 est-il adopté?
Une voix: Cela va nous donner la chance de gagner des
comtés après cela.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle le
chapitre VI. Dispositions pénales. Article 51? Il y a des modifications
proposées à l'article 51 par le ministre.
Dispositions pénales
M. Garon: Toute bonne loi doit être respectée, il
faut alors trouver des dispositions pénales.
Le Président (M. Laplante): Vous avez une modification
auparavant à l'article 51.
M. Garon: Oui, il y a un amendement. "L'article 51 est
modifié par le remplacement, dans la première ligne du premier
alinéa, du chiffre 14 par le chiffre 13."
M. Ciaccia: Avez-vous des explications là-dessus?
Le Président (M. Laplante): Des explications,
pourquoi?
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas superstitieux!
M. Garon: C'est parce que cela réfère au bon
article.
Le Président (M. Laplante): Vous avez des commentaires, M.
le député de Nelligan?
M. Lincoln: Je crois que c'est le montant des amendes. Si, par
exemple, vous avez un pêcheur qui est un individu établi sous
forme de corporation, au lieu de l'être sous son nom individuel, comme
cela peut arriver dans beaucoup de cas, ne pensez-vous pas que l'amende qui
s'applique à une corporation est alors trop forte? Si c'était une
grosse corporation, ce serait de 3000 $ à 30 000 $, mais si vous avez un
individu qui transige ou qui fait de la pêche sous forme de corporation,
ne pensez-vous pas que
cette amende est alors beaucoup trop forte?
M. Garon: Habituellement, quand ils sont regroupés en
corporation, ils sont plus qu'un.
M. Lincoln: Pas nécessairement, ils ne sont pas
obligés d'être plus qu'un; un type peut avoir une corporation et
être seul.
M. Garon: Habituellement, c'est le cas.
M. Lincoln: Est-ce qu'on ne devrait pas...
M. Garon: II appartiendra au juge d'en tenir compte. (17
heures)
M. Lincoln: Non, mais c'est parce que vous avez un minimum.
Une voix: Un minimum.
M. Lincoln: Peut-être que votre minimum dans le cas des
corporations devrait être de 1000 $ à 30 000 $. Comme cela, si un
individu est établi en corporation, comme c'est le cas de beaucoup de
gens qui s'établissent en corporation, le juge, à ce moment,
mettra l'amende minimale, mais votre minimum est de 3000 $ comparativement
à l'individu pour qui le minimum est 1000 $. C'est oui ou c'est non.
M. Garon: C'est oui.
M. Lincoln: C'est oui, quoi?
M. Garon: C'est oui que l'amende est plus forte lorsqu'il s'agit
d'une corporation.
M. Lincoln: Je vous répète la question. Il y a
tellement d'individus... Si une seule personne, pour des fins, par exemple, de
limiter sa responsabilité...
M. Garon: Cela ne se produit pas si souvent que cela.
M. Lincoln: Écoutez, si un type allait voir n'importe quel
avocat, c'est cela qu'il va lui recommander de faire, d'avoir une corporation
pour pouvoir limiter ses responsabilités en loi. Tout de suite, il fera
une corporation. Il y a de multiples exemples de cela. Mais lui, il transige
sous une corporation, mais c'est un individu qui est un seul pêcheur, qui
a un bateau. À ce moment, lui va payer un minimum de 3000 $. Un individu
qui n'est pas établi en corporation -ce qu'on ne devrait pas encourager
qu'il fasse; nous, on devrait encourager qu'il se forme en corporation - lui, a
un minimum de 1000 $. Pourquoi ne mettriez-vous pas un minimum de 1000 $ pour
la corporation?
M. Garon: Écoutez, il faut être sérieux. Dans
le cas de l'article 11, 12 et 13 ou 31, essentiellement cela touche les gens
qui pêchent sans permis, qui exploitent les piscicultures sans permis ou
qui font la récolte des végétaux aquatiques sans
permis.
M. Lincoln: Selon ce que vous appelez, vous, des permis.
M. Garon: Ce sont des gens, selon l'article 31, qui nuisent au
travail des inspecteurs, des analystes ou des agents dans l'exercice de leurs
fonctions ou refusent de leur obéir. Moi, je pense que, si on fait des
lois, comprenez-vous, et qu'on met des amendes négligeables quand les
gens contreviennent aux lois, ce qui arrive, c'est que les lois ne sont pas
respectables et ne sont pas respectées, non plus. Tandis que quand les
amendes sont un peu plus élevées...
M. Ciaccia: On vous l'avait dit. Vous auriez dû donner
raison la première fois. Quand les lois ne sont pas respectables, elles
ne sont pas respectées. Vous avez raison. Quand vous mettez des clauses
comme celle-là et que vous avez des problèmes de juridiction,
avec la discrétion du ministre et le règlement, vous faites des
lois non respectables et c'est pour cela qu'elles ne sont pas
respectées.
M. Garon: Ce sont des permis. Si vous faites de la pêche
sans permis, vous voudriez que ce soit 10 $ l'amende?
M. Lincoln: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Ciaccia: Pas du tout.
M. Lincoln: Ce n'est pas cela le point.
M. Ciaccia: Vous passez toujours à côté de
l'argument, vous. C'est fantastique, cette affaire-là.
M. Garon: II s'agit de récidive. Quelqu'un va
récidiver...
M. Lincoln: C'est la même chose pour l'amende principale
qui serait de 500 $ au lieu d'être de 200 $ comme minimum. En plus de
quoi? Toute cette clause a trait au permis. Les permis de quelqu'un qui
pourrait peut-être avoir un permis tout à fait valable. Par
exemple, un permis fédéral. Il a un permis fédéral
qui est légal, mais vous, vous insistez pour qu'il ait un permis du
Québec. Est-ce que vous l'obligez à aller en cour même s'il
a un permis fédéral?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Le permis fédéral n'est pas
suffisant.
M. Lincoln: Ah bon! Depuis votre loi 48. Mais c'est suffisant
aujourd'hui.
M. Garon: Quand elle sera adoptée, mise en vigueur et
appliquée.
M. Lincoln: Est-ce que c'est une loi pour protéger les
pêcheurs ou pour rendre la chose encore plus difficile, pour les
punir?
M. Garon: Pour protéger les pêcheurs qui travaillent
dans le cadre de la légalité.
M. Ciaccia: C'est pour punir ceux qui font affaires avec le
gouvernement fédéral. Ah oui.
M. Garon: Non, on reconnaît la juridiction du
fédéral. Je n'ai jamais nié la juridiction
fédérale dans les pêches, d'aucune façon.
M. Lincoln: Excepté que vous situez une juridiction
nouvelle pour vous, à laquelle vous attachez un permis et à
laquelle vous attachez des pénalités qui peuvent aller, d'abord,
si c'est une corporation, un individu ou deux ou trois pêcheurs qui
transigent comme une corporation, ce qu'ils devraient faire, jusqu'à
5000 $ et, en récidive, jusqu'à 30 000 $.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Pour des permis que vous donnez vous-même, que
vous établissez vous-même, qui ne sont pas existants maintenant.
Vous trouvez que cela est équitable et vous trouvez que c'est comme cela
qu'on protège des pêcheurs. Les pêcheurs vont être
bien contents, sûrement.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Ils vont être sûrement bien contents de
savoir que maintenant avec le permis qu'ils ont, qui est tout à fait
valable, ils ont besoin d'un deuxième permis et, s'ils ne veulent pas
prendre le deuxième permis, ils vont être condamnables, s'ils sont
une corporation, à une amende allant de 5000 $ jusqu'à 30 000 $.
Ils vont être bien contents de cela, c'est sûr. C'est la vraie
protection des pêcheurs.
M. Garon: Les pêcheurs savent que le gouvernement qui paie
la moitié de leur prime d'assurance sur leur bateau, c'est le
gouvernement du Québec. Vous savez, des primes d'assurance, cela peut
monter jusqu'à quelques milliers de dollars. C'est quelques centaines de
dollars jusqu'à quelques milliers de dollars. Quand je dis quelques
milliers, pour des bateaux de 65 pieds, ce sont des primes qui tournent autour
de 10 000 $ par année. C'est le gouvernement du Québec qui en
paie la moitié. C'est le gouvernement du Québec qui paie 35% de
subvention pour la construction des bateaux. C'est le gouvernement du
Québec qui fait des prêts sans intérêt, ou à
bas taux d'intérêt.
M. Lincoln: Excepté pour Jean-Paul Paradis dont vous
n'avez pas signé le contrat.
M. Garon: Jean-Paul Paradis? Pourquoi?
M. Lincoln: Parce que vous ne l'aimez pas et qu'il est
président des Pêcheurs unis.
M. Garon: Non, non.
M. Lincoln: Mais signez-le alors.
M. Garon: Jean-Paul Paradis aura une lettre d'offre une fois que
les modifications au programme auront été faites.
M. Lincoln: Mais seulement, c'était trop étonnant
de voir que les autres qui avaient fait une demande en même temps que
lui, eux, ils ont eu leur prêt déjà.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez, c'est arrivé
ainsi!
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous voulez, oui! Justement, vous
faites des lois pour vos amis et des lois pour ceux que vous n'aimez pas.
M. Garon: Je vais vous poser une question: Pensez-vous que je
savais que le 11 juillet 1983, M. De Bané allait faire son annonce?
M. Lincoln: M. le ministre...
M. Garon: Dites-nous cela. Pensez-vous que j'étais au
courant? On m'a réveillé, le matin, pour me le dire. Après
une semaine de vacances, j'ai reçu un appel téléphonique
tôt le lundi matin pour me dire: De Bané donne une
conférence de presse. Tu vas recevoir un appel
téléphonique des journalistes. Je n'étais pas au courant,
je n'avais aucune idée. Ce qui est arrivé, que voulez-vous, c'est
le gouvernement fédéral qui a décidé de changer les
règles du jeu.
M. Lincoln: Mais la coïncidence a voulu que les deux autres,
qui ne vous embêtent pas, eux, leur convention de prêt a
été signée avant le 11 juillet. Mais celui qui est
président d'une corporation, par coïncidence, a passé
après le 11 juillet et c'est resté sur votre bureau
jusqu'à présent. Une espèce de vengeance personnelle, et,
après cela, vous
allez dire que vous protégez les pêcheurs.
M. Garon: Non, on est en train de changer le règlement. On
est en train de changer le programme.
M. Lincoln: Ah oui! Oui, oui. Changer le programme.
M. Garon: Je suis convaincu que, si quelqu'un s'assure à
une compagnie fédérale, la compagnie fédérale va
vouloir lui subventionner ses assurances, pour avoir cette
fierté-là.
M. Lincoln: Alors, est-ce qu'on peut...
M. Garon: Jamais je ne croirai qu'il va falloir qu'ils
dépendent du gouvernement du Québec pour subventionner les primes
d'assurance de leurs pêcheurs. Pensez-y une minute, le gouvernement du
Québec, c'est autant d'argent des taxes du Québec qui est
à nous autres.
Le Président (M. Laplante): Qu'est-ce qu'on fait avec
l'article 51 tel qu'amendé? Sur division?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 52.
M. Garon: 52. Il y a un autre amendement.
Le Président (M. Laplante): Vous avez un amendement,
oui.
M. Garon: L'article 52 est modifié par le remplacement,
dans la deuxième ligne du premier alinéa, du chiffre "14" par le
chiffre "13".
Le Président (M. Laplante): Chiffre chanceux,
ça.
M. Garon: Après cela, vous ne pourrez pas dire qu'on
n'amende pas.
Le Président (M. Laplante): Amendement adopté.
Maintenant, l'article 52, M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Si quelqu'un qui commet une infraction se fait
poursuivre un jour, s'il commet une nouvelle infraction, est-il passible d'une
amende chaque fois? Lorsque vous parlez d'amendes de 200 $ ou 500 $ dans le cas
d'individus ou de corporations, est-ce répété, ces 200 $,
500 $? Est-ce une nouvelle infraction chaque fois, chaque jour qu'il n'a pas de
permis, par exemple? Pouvez-vous nous situer cela exactement?
M. Garon: Où voyez-vous cela, vous?
Le Président (M. Laplante): L'article 52, monsieur.
M. Garon: Des pénalités quotidiennes, il n'y en a
pas là.
Le Président (M. Laplante): II se réfère
à l'article 55.
M. Garon: Ah bon! Plus loin.
Le Président (M. Laplante): C'est plus loin, cela.
L'article 52 tel qu'amendé est adopté sur division?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 53. "Lorsqu'une corporation commet une infraction à la
présente loi ou à un règlement, l'administrateur,
l'employé ou le représentant..."
C'est la même chose, cela? Une concordance avec les
pénalités?
M. Lincoln: Attendez un instant, M. le Président. M. le
ministre, pourquoi parlez-vous de l'employé ou du représentant?
"Lorsqu'une corporation commet une infraction à la présente loi
ou à un règlement...", n'est-ce pas un administrateur ou un
officier de la compagnie qui est responsable? Là, vous allez
jusqu'à l'employé ou au représentant de la corporation.
Est-ce que cela ne va pas beaucoup trop loin?
M. Garon: C'est parce que, dans ma tête, c'est souvent
l'employé.
M. Lincoln: Mais selon le droit corporatif, selon
l'équité même, je ne vois pas pourquoi la pêche
serait différente d'une corporation.
M. Garon: En ce qui concerne la pêche, vous avez le
capitaine du bateau et les aides-pêcheurs qui sont des employés du
pêcheur; ils ont un statut particulier, un peu, sur un bateau. On ne
voudrait pas que cela devienne une façon d'éviter la
pénalité.
M. Lincoln: Pour une corporation.
M. Ciaccia: Pour une corporation. On ne parle pas de la situation
que vous décrivez.
M. Lincoln: Vous parlez d'une corporation.
M. Ciaccia: Pourquoi allez-vous contre l'employé si c'est
une corporation? Cela devrait être, à ce que je peux comprendre,
l'administrateur, mais pas l'employé.
M. Garon: Les relations avec les employés sur un bateau de
pêche sont souvent très particulières. Les employés
ont des intérêts personnels, ils participent au pourcentage des
prises. Leur salaire n'est pas établi en fonction d'un travail horaire,
ce n'est pas 10 $ ou 5 $ l'heure, c'est souvent un pourcentage des prises.
L'employé bénéficie d'infractions aussi.
M. Lincoln: Comment peut-il bénéficier d'une
infraction?
Une voix: Un employé à contrat.
M. Garon: De plus, c'est l'article habituel qu'on retrouve dans
les lois; il trouve vraiment son application ici.
Avez-vous des conseillers juridiques, au Parti libéral?
M. Ciaccia: Non seulement avons-nous des conseillers juridiques,
mais on vous a souvent fait part d'opinions qui ont été
confirmées par les tribunaux dans des cas où vous avez
refusé de donner une opinion ou vous alliez à l'encontre de
l'opinion de vos conseillers. Nous avons des conseillers juridiques, de bons
conseillers juridiques, ne vous inquiétez pas.
M. Lincoln: Par exemple, dans le cas de la loi 30, vous aviez
laissé passer une coquille qui aurait pu vous causer pas mal
d'embêtements. C'est nous qui avons suggéré de revoir le
nombre de membres du conseil d'administration.
M. Garon: Laquelle?
M. Lincoln: La loi 30. Je ne peux pas vous donner l'article
exact, mais si vous me donnez le temps...
M. Garon: Une loi sur quoi?
M. Lincoln: Sur la Société québécoise
des pêches. Vous lirez cet article. C'est mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges qui vous a souligné une erreur de rédaction
qui vous aurait causé toutes sortes de problèmes.
M. Garon: Oh! J'ai voulu vous être agréable.
M. Lincoln: Hein?
M. Garon: J'ai voulu vous être agréable.
M. Lincoln: Oui!
M. Garon: Cela vous faisait plaisir de dire la même chose
dans d'autres mots.
M. Lincoln: Ah, oui!
M. Garon: Quand je peux être agréable à
l'Opposition, cela me fait plaisir. Je me dis: Ce sera un échange de
bons procédés.
Le Président (M. Laplante): Article 53, adopté sur
division.
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 54.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté sur division
aussi?
M. Garon: L'article 54 concerne le complice.
M. Lincoln: C'est le complice, ça va.
Le Président (M. Laplante): D'accord, adopté.
Article 55? C'est ici que vous devriez poser votre question de tout à
l'heure, M. le député de Nelligan.
M. Garon: D'abord, si une infraction visée à
l'article 54 se poursuit durant plus d'un jour, elle constitue une infraction
distincte pour chaque jour ou fraction de jour durant laquelle elle se
poursuit.
Une voix: Adopté.
M. Garon: "Malgré l'article 12 de la Loi sur les
poursuites sommaires, les infractions distinctes peuvent être
décrites dans un seul chef." (17 h 15)
M. Ciaccia: Quelle est la raison pour le deuxième
alinéa?
M. Garon: On ne peut pas faire une poursuite pour chaque jour
d'infraction. Il y a une amende qui peut être perçue...
M. Ciaccia: Non, c'est...
M. Garon: ...pour chaque jour d'infraction. On veut pouvoir les
regrouper sous un seul chef plutôt que sous plusieurs chefs.
M. Ciaccia: II pourrait y avoir plus d'une infraction et,
à ce moment-là, vous allez avoir une accusation.
Le Président (M. Laplante): C'est l'avis des avocats.
M. Ciaccia: Pardon?
Le Président (M. Laplante): C'est l'avis des avocats.
M. Ciaccia: S'il l'enlevait, il n'en a pas besoin.
Le Président (M. Laplante): II vous faut des revenus
quelque part.
M. Garon: C'est parce que la Loi sur les poursuites sommaires dit
qu'il doit y avoir une infraction par chef. Il faudrait faire une infraction
pour chacun des jours, alors que là on pourrait regrouper les
infractions pour les différents jours sous un même chef.
M. Ciaccia: Vous amendez même la Loi sur les poursuites
sommaires avec ce projet de loi.
M. Garon: Pas vraiment.
M. Ciaccia: Pas vraiment, malgré l'article 12.
M. Garon: On dit qu'il y aura une application particulière
dans ce secteur-là. C'est pour que cela coûte moins cher de frais.
On veut que cela coûte moins cher de frais pour que les justiciables
paient les amendes et non les frais.
M. Ciaccia: Ça ne coûtera pas moins cher de
frais.
M. Garon: L'administration de la justice, de cette façon,
se ferait plus rapidement.
M. Ciaccia: Ce sont des arguments qui ont été
utilisés par plusieurs qui voulaient contourner la justice: c'est fait
plus rapidement, c'est fait plus vite. Celui qui reçoit ce genre de
justice-là préférerait peut-être que ce ne soit pas
aussi rapide.
Le Président (M. Laplante): L'article 55 est-il
adopté?
M. Garon: Sur division.
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Laplante): L'article 55 est adopté
sur division. J'appelle l'article 56.
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Chapitre VIl,
dispositions diverses et transitoires.
Dispositions diverses et transitoires
M. Lincoln: À l'article 57, pourquoi avez-vous
changé l'article original de la loi pour biffer "accorder des
subventions aux pêcheurs"? C'est le changement?
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Pourquoi?
M. Garon: Parce que normalement les pouvoirs d'un ministre se
retrouvent dans la loi du ministère. Ils n'étaient pas dans la
loi du ministère et on a simplement rapatrié l'administration de
la Loi sur le crédit aux pêcheries maritimes qui était
administrée par le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
qui était le ministère des pêches auparavant. Le pouvoir
n'a pas été mis dans la loi constitutive du ministère. De
la même façon que c'est inscrit pour l'agriculture, ce sera
marqué dans la loi constitutive du ministère.
M. Lincoln: À ce moment, pourquoi...
M. Garon: "...peut, conformément au règlement
adopté à cette fin par le gouvernement, prendre en charge une
partie du coût des emprunts effectués par les pêcheurs, les
personnes, les sociétés ou les organismes visés dans
l'article 5." Autrement, on pourrait faire des choses pour l'agriculture qu'on
ne pourrait pas faire pour les pêcheries. C'est un article qui pourrait
être avantageux pour le secteur des pêches.
M. Lincoln: Là, vous le transférez, d'accord, mais
le pouvoir était déjà là. Dans l'article actuel,
vous pouvez prendre en charge une partie du coût des emprunts, vous avez
aussi le droit d'accorder des subventions. Là, pour tout ce qui reste,
vous continuez à prendre en charge les emprunts, mais vous biffez les
subventions. Vous dites que c'est en faveur des pêcheurs, mais
c'était déjà là. Cela existait
déjà.
M. Garon: Mais ce n'est pas si simple que cela.
M. Lincoln: Peut-être que le ministre ne sait pas ce qu'il
y avait déjà dans la loi.
M. Garon: Pour ne pas faire plusieurs lois, on les a
combinées en une seule.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord avec cela, mais pourquoi
avez-vous retiré les subventions?
M. le ministre, qu'il n'y ait pas de malentendu. Ce n'est pas la
question de transfert à cette loi-ci. Les articles sont à peu
près les mêmes dans les deux cas. Dans l'ancienne loi, cela dit:
"Afin de favoriser le développement des pêcheries maritimes, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation - c'est
vous - peut, conformément au règlement adopté pour cette
fin par le gouvernement, accorder des subventions aux pêcheurs,
personnes, sociétés ou organismes visés dans l'article 5
ou
prendre en charge une partie du coût de leurs emprunts."
Là, vous répétez la même chose, mais vous avez
biffé les subventions aux pêcheurs. C'est la question qu'on vous
pose. Vous avez transféré l'article en biffant les subventions.
Cela nous fait nous demander si graduellement vous allez donner des emprunts,
ce qui sera plus rentable pour vous, et ne pas offrir de subventions. C'est ce
que nous vous demandons. Vous avez biffé les subventions. Donnez-nous la
raison pour laquelle vous avez retiré cela, c'est tout.
M. Garon: II n'y a jamais eu de subventions données en
vertu de la Loi sur le crédit aux pêcheries maritimes, ce qui est
plutôt une loi de prêts aux pêcheurs. Alors que les
subventions ont été plutôt données en vertu des
programmes de la loi du ministère, là on veut...
M. Lincoln: J'avais découvert cela. Je voulais savoir si
vous connaissiez la loi.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: J'avais découvert cela à l'article
59.
Le Président (M. Laplante): L'article 57,
adopté.
J'appelle l'article 58.
M. Garon: Cela fait longtemps que c'est fait. Au début,
vous avez vu quatre lois différentes. On a décidé de
combiner cela dans deux lois.
M. Lincoln: L'article 58 est une concordance avec l'article
57.
Le Président (M. Laplante): C'est cela. M. Garon:
Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. J'appelle
l'article 59.
M. Lincoln: L'article 59.
Le Président (M. Laplante): On va l'adopter...
M. Lincoln: Ah non, l'article 59, excusez. C'est de la dynamite.
Je vais commencer par le dernier paragraphe. Il y en a plusieurs qui s'opposent
à cet article.
M. Garon: Qui?
M. Lincoln: Je vais vous le dire. Plusieurs nous ont
téléphoné. Tout d'abord vous avez le dernier paragraphe:
"Le ministre peut, avec l'autorisation du gouvernement, acquérir de
gré à gré, louer ou exproprier tout bien ou droit
réel immobiliers nécessaires à l'exercice de ses
fonctions." Est-ce que cela veut dire que pouvez aller dans n'importe quelle
usine exproprier demain matin? Avant, selon l'article 2, vous n'aviez pas ces
pouvoirs d'expropriation.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Mais pourquoi vous prenez cela maintenant?
Qu'avez-vous en tête en expropriant? Vous êtes tellement une
espèce d'accapareur, vous prenez toutes sortes de choses, vous saisissez
ici, vous saissisez à droite, les gens que vous n'aimez pas, vous les
punissez. Alors, cela nous fait peur. Vous n'aviez pas ce pouvoir avant.
M. Garon: ...
M. Lincoln: Oui, très bien, mais dites-moi...
M. Garon: Vous rappelez-vous cela? M. Lincoln:
Traduisez.
M. Garon: La crainte de Dieu est le commencement de la
sagesse.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Ciaccia: Mais vous n'êtes pas Dieu.
M. Lincoln: Maintenant, vous vous prenez pour Dieui Je savais que
cela allait arriver, je le savais.
M. Maltais: C'était juste une question de temps.
Le Président (M. Laplante): On va l'envoyer
bientôt.
M. Lincoln: Bientôt, vous allez prendre toute la mer et
tous les océans.
M. Ciaccia: J'ai hâte de vous voir marcher sur les
eaux.
M. Lincoln: Cela va être un peu difficile.
M. le ministre, pour revenir sur la terre, on va laisser un peu le ciel
parce que vous êtes seul dedans, nous on n'est pas encore dans cette
catégorie céleste.
M. Garon: Vous vous en êtes éloignés un peu
en changeant de chef.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous dire pourquoi, dans l'article 2 de
la loi actuelle, vous n'avez pas ce pouvoir d'acquérir de gré
à gré, louer ou exproprier tout bien ou droit réel
immobiliers nécessaires à l'exercice de vos fonctions et pourquoi
vous vous donnez ce pouvoir presque immense d'expropriation?
M. Garon: Vous avez raison. C'est un pouvoir exceptionnel, qui
est rarement utilisé, mais qui peut être nécessaire dans le
secteur des pêches parce que, quand vous développez des havres de
pêche, vous n'avez pas les terrains disponibles. Vous n'êtes pas
comme sur une route qui a deux milles de long, où vous pouvez
bâtir n'importe où. Souvent, dans une municipalité, il y a
un havre. De la place pour faire de l'expansion, il n'y en a presque pas. J'ai
vécu une expérience incroyable à Newport où, il y a
deux ou trois ans, j'étais allé, à la demande des
pêcheurs, avec des gens qui les accompagnaient, voir un site pour un parc
d'hivernage. Les pêcheurs étaient là, j'ai "marché"
le site avec eux et ils ont dit qu'il devrait y avoir un parc d'hivernage
à Newport. J'ai dit: Si ce que vous me dites est vrai, s'il n'y a pas
d'autres arguments contradictoires de la part des fonctionnaires de mon
ministère, je trouve que cela a du bon sens.
Parmi les gens qui m'accompagnaient, il y avait le secrétaire de
la municipalité. Quand il a vu que je trouvais que c'était une
bonne idée, il s'est viré de bord avec d'autres personnes, puis
il a acquis le terrain à 0,02 $ le pied. Quand on est arrivé pour
acheter le terrain de gré à gré, pour faire le parc
d'hivernage - des sites de parcs d'hivernage dans une municipalité, il
n'y en a pas plusieurs et il n'y en n'a pas dans toutes les
municipalités - il a fallu exproprier, c'est-à-dire acheter. On
est arrivé pour acheter, on a vu à ce moment qu'une compagnie
avait été formée et que les terrains avaient
été vendus 0,02 $ le pied deux ans auparavant. Le premier prix
qu'on a demandé au ministère des Travaux publics, c'était
0,75 $. Les discussions ont duré longtemps, cela a retardé le
projet d'un an ou deux. Finalement, cela était rendu à 0,11 $ et
il y a eu expropriation parce qu'on a offert 0,05 $. Il me semble que deux fois
et demi le prix dans deux ans, c'était raisonnable.
M. Ciaccia: II y a eu expropriation. Pourquoi ajouter le pouvoir
d'expropriation dans cette loi-ci? Le gouvernement a ce pouvoir.
M. Garon: II s'agissait d'un parc d'hivernage. Il y a plusieurs
choses dans le secteur des pêches. Vous pouvez avoir besoin d'un site. Il
n'y a pas plusieurs sites dans le secteur des pêches. Dès fois, il
s'agit de débarquement de bateaux. Si vous décidez de faire un
débarquement à tel endroit, il peut y avoir des
possibilités d'ensablement. Vous ne pouvez pas trouver des sites
partout. Développer un havre de pêche, vous ne pouvez pas faire
cela partout.
M. Ciaccia: Mais le gouvernement a déjà ce pouvoir.
(17 h 30)
M. Garon: Écoutez bien. Ce qui a retardé les
pêches au Québec, c'est qu'avant 1968 le gouvernement a fait des
parcs de pêche à la Rivière-au-Renard, à
Grande-Rivière, à Paspébiac et, évidemment,
certaines influences politiques ont dû jouer parce que tous les parcs du
gouvernement sont restés vides. Il n'y a eu aucune construction entre
1968 et 1981. Les premières constructions ont eu lieu en 1982, à
Grande-Rivière, grâce au programme de modernisation des
pêches du gouvernement actuel, annoncé en février 1981.
M. Maltais: Oui, qui a coûté...
M. Garon: Deux usines ont été bâties dans le
parc de Grande-Rivière et il y a eu un petit projet dans le parc de
Rivière-au-Renard, cette année, au printemps. Mais il n'y a pas
véritablement de place. Alors, au lieu d'avoir comme politique d'envoyer
toutes les usines dans les parcs d'hivernement au bénéfice de
seulement deux ou trois municipalités, alors que les usines ne veulent
pas aller là, on veut avoir une politique qui va être beaucoup
plus décentralisée pour que, dans les endroits où c'est
possible, où l'approvisionnement est suffisant, il soit possible de
bâtir des usines ou des équipements de débarquement dans
les meilleurs endroits parce qu'il y a des coûts
considérables.
M. Ciaccia: M. le ministre, je ne veux pas vous
interrompre...
M. Garon: Alors, pour cela, il peut être nécessaire
d'utiliser l'expropriation.
M. Ciaccia: Pour cela, le gouvernement a déjà un
pouvoir d'expropriation...
M. Garon: Non, non, un instant. Le gouvernement n'a pas le
pouvoir d'expropriation. Si demain matin, on veut utiliser des terrains pour
bâtir des usines privées, il n'y a pas de pouvoir d'expropriation.
Les Travaux publics ne peuvent pas exproprier pour n'importe quelle fin.
M. Lincoln: M. le ministre, le pouvoir d'expropriation est un
pouvoir exceptionnel...
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: ...que vous vous donnez sous prétexte que
l'industrie de la pêche est tellement unique qu'on a besoin de se donner
cela. Je pense que n'importe quel ministre aurait pu aller rationaliser toute
la question de l'expropriation en se donnant ce même pouvoir. C'est un
pouvoir dangereux. Par
exemple, pour le moment, vous avez un litige avec toute l'affaire de De
Bané...
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: ...des Pêcheurs unis du Québec. Vous
auriez pu rentrer dedans, exproprier telle ville si cela ne vous va pas parce
que c'est sous le plan fédéral, etc. C'est cela qui fait
peur.
M. Ciaccia: Le libellé de votre article est très
dangereux.
M. Lincoln: Mais c'est inconcevable que, comme ministre, vous
puissiez avoir des pouvoirs tellement vastes que, selon votre perception
à vous, vous allez exproprier à droite et à gauche, si
quelque chose ne cadre pas dans vos idées. C'est impossible que les gens
ne soient pas protégés. C'est pourquoi la Loi sur l'expropriation
rend l'expropriation tellement difficile et tellement tortueuse, tellement
compliquée, tellement bureaucratique, tandis que, là, vous vous
donnez des pouvoirs, vous pouvez exproprier partout où cela ne va
pas.
M. Ciaccia: À l'exercice de vos fonctions...
M. Lincoln: C'est purement arbitraire.
M. Ciaccia: ...c'est n'importe quoi, cela. Il n'y a pas de
restrictions?
M. Garon: Pour les pêches, pour le développement des
pêches.
M. Lincoln: Selon votre conception. M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Selon votre conception du développement des
pêches. Si demain matin, vous n'êtes pas là...
M. Garon: Je ne développe pas les pêches pour
moi-même. Et, à part cela, cela prend une autorisation du
gouvernement.
M. Lincoln: Ah oui! On dirait qu'ils ont refusé beaucoup
de vos requêtes jusqu'à présent.
M. Garon: Je suppose que vous aimez mieux quand le gouvernement
fédéral acquiert Mingan?
M. Ciaccia: Non, si vous aviez agi plus vite, vous auriez pu
l'acquérir, vous aussi, Mingan. Cela n'a rien à voir avec
cela.
M. Garon: Avec cela, on va pouvoir agir plus vite.
M. Ciaccia: Non, cela n'a rien à voir avec cela du tout.
Vous faussez le débat.
M. Lincoln: Écoutez, M. le ministre, si vous parlez de
l'affaire du gouvernement fédéral, pour le moment, on s'en fout
de toute l'affaire du gouvernement fédéral.
M. Garon: Pardon?
M. Lincoln: Si le gouvernement fédéral a des
pouvoirs extraordinaires ou exceptionnels, qu'il les change. Si j'étais
au Parlement fédéral, je dirais exactement la même chose.
Si un ministre de là-bas a des pouvoirs abusifs, cela ne veut pas dire
que vous, vous devriez avoir des pouvoirs abusifs. Si quelque chose
là-bas n'est pas normal, cela ne veut pas dire que, pour vous, ce
devrait être normal. Tout ce qu'on vous dit, c'est que ce serait abusif
pour vous d'avoir des pouvoirs qui vont à l'encontre de la Charte des
droits du Québec, de toutes les chartes des droits canadiennes, et que,
demain matin, sous prétexte du développement des pêches,
vous puissiez dire: Bon, je vais exproprier telle usine, je vais exproprier tel
bâtiment ou quoi que ce soit, sans passer par les rouages habituels parce
que vous avez ce droit-là. Tout ce dont vous avez besoin, c'est d'avoir
l'autorisation du gouvernement et il n'y aura aucun problème, c'est
certain. Vous allez avoir à convaincre quelques collègues et vous
allez pouvoir exproprier presque n'importe quoi.
M. Garon: Mais le secteur des pêches est particulier.
M. Lincoln: Comment les pêches...
M. Garon: Je vais vous dire une chose. Quand le gouvernement
fédéral a exproprié Mirabel, les 93 000 acres...
M. Lincoln: Regardez tous les tracas que cela a apportés
et tous les problèmes que cela a causés.
M. Garon: Pourquoi? Non, ce n'est pas cela. Il y a eu un abus.
Sauf que, pour des fins d'aéroport, il y a un pouvoir d'expropriation
parce que les aéroports ne peuvent pas, normalement, être
logés n'importe où. Là, dans le secteur des pêches,
vous avez, par exemple - demandez-le au député de Duplessis, au
député de Saguenay ou au député de Gaspé qui
pourraient peut-être vous en dire un mot - un territoire côtier
avec des escarpements et des havres, des endroits où on fait du
développement marin, des embouchures de rivières, et que vous
n'avez pas la marge de manoeuvre que vous voulez si vous n'avez pas de pouvoir
d'expropriation, vous allez faire comme par le passé,
c'est-à-dire y aller au petit
bonheur.
M. Ciaccia: Le gouvernement a un pouvoir d'expropriation. Je peux
vous le trouver ici.
M. Garon: Pas à n'importe quelle fin.
M. Ciaccia: Vous venez de mentionner que vous voulez le pouvoir
d'expropriation pour le retourner au secteur privé. Vous voulez vous
donner le droit de faire du chantage.
M. Garon: Non, mais pour les fins du développement des
pêches et non pas pour n'importe quelle fin.
M. Ciaccia: Mais l'exemple que vous nous avez donné avant,
c'était d'exproprier un terrain pour que vous puissiez le remettre
à quelqu'un dans le secteur privé.
M. Lincoln: Selon votre évaluation subjective de la
chose.
M. Garon: La principale fonction du ministre des Pêcheries
du Québec, c'est le développement des pêches au
Québec. Mais s'il n'a pas le pouvoir de le faire... Les endroits sont
limités. Ce n'est pas dans tous les endroits. Pour le parc du
gouvernement, par exemple, à Newport, les pêcheurs avaient
trouvé un bon site. C'était le meilleur site. J'ai cherché
d'autres sites avant d'aller à l'expropriation. Je vais vous dire une
chose: Si on avait pu aller ailleurs, on y serait allé, et vite. Je
trouve inadmissible, que ce soit le secrétaire d'une municipalité
qui joue ce râle et qui, en plus, reste à l'emploi de la
municipalité.
M. Ciaccia: Vous l'avez exercé, votre droit
d'expropriation.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: Sans cette loi.
M. Garon: Non, parce que dans ce cas-là on pouvait le
faire. Or, dans plusieurs municipalités, il n'y a pas d'autres sites
véritables. C'était de loin le meilleur site. Quand vous
implantez une usine, avec une zone de débarquement du poisson, il y a
plusieurs facteurs dont vous devez tenir compte: les vents, les marées,
est-ce qu'il sera facile de débarquer sans briser le bateau? Il y a une
foule de choses dont il faut tenir compte. Alors, dans l'accès au
territoire, vous n'avez pas de marge de manoeuvre tant que cela. Vous savez
qu'aujourd'hui tout le monde essaie de se bâtir proche. On est
obligé de mettre une clôture parce que des gens voudraient se
bâtir quasiment dans le parc. Cela prend certains pouvoirs; autrement, il
n'y aura jamais de développement des pêches. Si l'on veut jouer au
"giddy-giddy" dans le secteur des pêches, on ne le développera
jamais. Il faut, à un certain moment, prendre le taureau par les cornes
et dire: Le développement va se faire et ce sera pour le bien-être
de la communauté.
M. Lincoln: Bon, c'est vous qui en décidez. Vous savez ce
que vous me rappelez?
M. Garon: Non.
M. Lincoln: J'ai vécu en Afrique.
M. Garon: C'est tout le contraire.
M. Lincoln: On disait que c'est pour le bénéfice
des colonisés qu'on faisait cela. C'est pour leur bénéfice
qu'on faisait cela, mais c'est nous qui décidions.
Nous, tout ce qu'on vous dit, M. le ministre, c'est de penser un peu
à l'inverse. Là, vous allez avoir des pouvoirs d'expropriation
selon des normes que vous allez appliquer selon votre subjectivité,
selon votre appréciation de ce qui est bon pour le développement
des pêches. Or, peut-être que votre vision subjective des choses ne
sera pas la même que celle de la personne que vous allez exproprier.
Là, selon la loi, vous allez avoir des pouvoirs immenses que, justement,
la loi situe dans certains cadres généraux pour empêcher
que cela n'arrive. Vous allez vous accorder des pouvoirs exceptionnels que vous
admettez vous-même, parce que vous dites que le domaine de la pêche
est exceptionnel. Mais c'est une farce parce que chaque ministre, le ministre
de l'Environnement, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
tous peuvent faire une rationalisation pour faire la même chose. Chacun
de ces ministres, dont le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
pourrait dire: Oui c'est bon pour telle ou telle chose.
Vous citez le cas de Mirabel, et on peut voir tous les problèmes
que cela a causés. Ce n'est pas du tout la même chose parce
qu'à Mirabel ce fut exproprié pour une chose publique, pour un
aéroport public, tandis que là, vous ne vous limitez même
pas à cela.
M. Garon: Je ne peux pas parler parce que c'est devant les
tribunaux.
M. Lincoln: Excusez.
M. Garon: Je dois vous dire une chose: Ce que vous dites, c'est
inexact.
M. Lincoln: Excusez, vous avez pris l'exemple. Je vous dis que
cela a causé
tellement de problèmes que vous prouvez la chose contre laquelle
on essaie de vous mettre en garde. Là, vous avez un pouvoir
d'expropriation qui est presque illimité parce que vous nous avez dit
que vous pouvez aller saisir une terre pour installer là une usine
privée, par exemple, une coopérative qui n'est même pas une
entreprise publique, mais une institution privée. Vous pouvez aller
saisir quelque chose qui est là si, dans votre conception, ce n'est pas
ce qui est le mieux pour le développement des pêches. Ce sont des
pouvoirs inacceptables, ce sont des pouvoirs qui vont contre les droits de la
personne. Ce sont les pouvoirs qui vont contre la Charte des droits de la
personne du Québec. Comment voulez-vous avoir des pouvoirs qui demandent
le droit d'aller exproprier n'importe quoi, selon ce que vous jugez bon ou
mauvais pour les pêches? C'est seulement votre jugement ou le jugement de
quelques fonctionnaires qui vont vous dire: II faut faire ceci, il faut faire
cela. Qu'arrivera-t-il si vous avez tort? Est-ce que vous ne vous trompez
jamais? Je sais que vous avez dit que vous êtes presque Dieu, mais
même le pape s'est déjà trompé il y a un certain
temps. Il s'est trompé au point de vue... Comment s'appelle-t-il celui
qui a dit que la terre était ronde?
Une voix: Galilée.
M. Lincoln: Sur Galilée il s'est trompé. Dans le
domaine de la pêche, je sais que vous avez les réponses à
tout. Mais si un jour vous arriviez à vous tromper et que vous fassiez
une expropriation qui pénaliserait quelqu'un et qu'après coup
cette personne se fait exproprier parce que vous avez des pouvoirs presque
illimités, pensez-vous que c'est juste? Croyez-vous qu'à titre de
ministre vous devriez mettre cela dans une loi? Le fait même que vous
mettiez cela dans la loi, c'est cela qui rend les gens craintifs à ce
sujet. Ils se demandent pourquoi vous mettez cela dans la loi.
M. Garon: J'ai répondu à cela.
M. Lincoln: Vous avez bien mal répondu.
M. Garon: On dit que c'est la crainte de Dieu qui est le
commencement de la sagesse.
M. Lincoln: Ah oui!
M. Garon: Non pas la crainte des hommes.
M. Ciaccia: II y aurait de l'anarchie dans l'application des lois
si à chaque ministère chaque ministre devait s'attribuer des
pouvoirs que vous venez de vous attribuer dans ce projet de loi. Ne me donnez
pas comme raison qu'il s'agit de la pêche et que c'est différent.
Chaque ministère peut dire la même chose. Le ministre des Affaires
culturelles peut dire que les musées, le domaine culturel, c'est
différent du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, c'est vrai. Au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme on peut dire que c'est différent que celui du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Chacun pourrait s'attribuer des pouvoirs
semblables, ce serait de l'anarchie et de l'abus total. Ce n'est pas de cette
façon qu'on peut au gouvernement...
M. Garon: Avez-vous accepté les pouvoirs pour les habitats
fauniques?
M. Ciaccia: Pardon?
M. Garon: Avez-vous accepté les pouvoirs pour les habitats
fauniques? Vous avez accepté pour les habitats fauniques.
M. Ciaccia: C'est abusif, aussi.
M. Garon: Cela a été adopté en quelle
année?
M. Ciaccia: Pour des fins spécifiques. Mais ce n'est pas
cela que vous faites ici.
M. Garon: Non, non.
M. Ciaccia: "À l'exercice de ses fonctions." "Le ministre
peut exproprier, louer..."
M. Garon: En 1972, vous avez adopté les droits
d'expropriation pour des réserves écologiques.
M. Ciaccia: Mais c'était spécifique. Ici, ce n'est
pas ce que vous dites.
M. Garon: Pour garder le territoire comme réserve, vous
l'avez adopté.
M. Ciaccia: Ce n'est pas cela ce que vous dites.
M. Garon: Pour développer les pêches aujourd'hui,
vous trouvez cela abusif. Voyons donc!
M. Ciaccia: Non, M. le ministre, ce n'est pas cela que vous
dites. Vous dites "à l'exercice de ses fonctions". Si dans vos
fonctions, au sujet de l'affaire Paradis qu'il vient de mentionner, vous voulez
lui donner un coup de masse sur la tête, vous prenez cet article et les
abus sont incroyables. Ne me citez pas la Loi sur l'environnement, parce que
là ce sont des pouvoirs d'expropriation très spécifiques
pour des
réserves écologiques. Ce n'est pas cela que vous dites
ici. Ici, c'est pour vos fonctions. Comme vous allez le juger, cela pourrait
être n'importe quoi. Vous pourrez exproprier un bateau, exproprier un
terrain pour situer une usine, ce qui va avoir des conséquences pour
l'avenir qui seront assez sérieuses pour l'ensemble. C'est vous qui
allez décider cela. Ce n'est pas le même genre de pouvoirs
d'expropriation qui sont contenus dans les autres lois.
M. Garon: Un bateau, ce n'est pas un bien immobilier.
M. Ciaccia: II y a certains équipements...
M. Garon: Par définition, cela bouge.
M. Lincoln: Oui, si c'est un bateau sur terre, peut-être
que cela serait...
M. Ciaccia: Un instant. Il y a certains équipements qui
sont rattachés à la terre, cela peut être immobilier par
destination. Vous le savez comme moi.
M. Garon: Oui mais...
M. Ciaccia: Mais cela ouvre la porte à toutes sortes de
choses.
M. Lincoln: Peut-être quand un bateau est sur la terre. Il
y a des questions qui se posent sur cela aussi. Un bateau dans l'eau, non, mais
si un bateau était déménagé sur terre,
peut-être que cela deviendrait un bien immobilier. (17 h 45)
M. Garon: Vous supposez que M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation pourrait vouloir abuser.
M. Ciaccia: Dieu! On ne pourrait jamais s'imaginer celai Tous les
télégrammes qu'on reçoit d'abus...
M. Garon: Vous avez été avocat, vous. M.
Ciaccia: Oui.
M. Garon: Toute personne est présumée être de
bonne foi. Pourquoi le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ne pourrait-il pas être présumé de bonne
foi?
M. Ciaccia: Oui, mais on regarde l'expérience des six
derniers mois.
M. Garon: Pardon?
M. Ciaccia: Vous pouvez être de bonne foi et causer les
pires injustices au monde, de bonne foi.
M. Garon: Quelle expérience?
M. Ciaccia: Tous les télégrammes qu'on a
reçus, les plaintes, le cas de M. Paradis qu'on vient de citer. Ne
commencez pas à dire...
M. Garon: Ce n'est pas ma faute.
M. Ciaccia: ...que tout va bien dans votre ministère.
M. Garon: Le gouvernement fédéral a changé
les règles du jeu.
M. Ciaccia: Non, non.
M. Garon: Nos programmes seront modifiés en
conséquence pour qu'il n'y ait pas de chicane.
M. Lincoln: Oui, oui, il ne faut pas qu'il y ait de chicane:
seulement le pauvre type, lui, souffre. M. le ministre, peut-être que je
ne suis pas un spécialiste de la pêche ou de la pisciculture, mais
tout ce que je sais depuis que je m'occupe de cette affaire, une semaine
après l'autre, depuis le début de cette année, c'est qu'il
y a eu des contestations dans le domaine des pêches, il y a eu la
pêche en retard, il y a eu les usines fermées à
Rivière-au-Renard et ailleurs pendant un certain temps, il y a eu toute
la bagarre avec les Pêcheurs unis, il y a eu la saisie des bateaux de
Madelipêche, il y a eu la prise...
M. Garon: La vente.
M. Lincoln: Vous appelez cela la vente; cela a été
une saisie.
M. Garon: On en a vendu deux autres récemment.
M. Lincoln: Oui, vous n'avez pas vendu, vous avez saisi deux
autres.
M. Garon: On en a vendu deux autres.
M. Lincoln: Saisi deux autres. Le gouvernement a passé
cela à SOQUIA, c'est une saisie.
M. Ciaccia: Ne nous dites-nous pas qu'il n'y a pas eu d'abus.
M. Garon: Si je vous finance un bateau et que vous ne me payez
pas pendant quelques années, la loi dit que la façon d'exercer
mon droit de créancier, c'est de vendre le bateau. Combien faut-il
d'années durant lesquelles votre emprunteur ne paie pas avant que vous
puissiez vendre le bateau?
M. Lincoln: En tout cas, ce n'est pas la question.
M. Garon: Si je n'avais pas fait cela, vous m'auriez
accusé de ne pas protéger les fonds publics.
M. Lincoln: Ah non!
M. Garon: Je trouve même que j'ai trop tardé.
M. Lincoln: Oui. Vous avez voulu...
M. Garon: Je vous dis bien franchement que mon seul regret, c'est
d'avoir trop tardé.
M. Lincoln: En tout cas, tout ce qu'on sait, c'est que, depuis un
an, il y a eu toute sorte de remous à tort ou à raison. On pense
que, si on vous donne des pouvoirs pareils qui sont abusifs, exceptionnels,
vous pouvez vous servir de ces droits pour faire presque n'importe quoi. Vous
pouvez exproprier des biens immobiliers; cela vous donne une latitude immense,
selon votre perception de votre fonction comme ministre. C'est tout à
fait inacceptable. Si quelqu'un conteste cette affaire par rapport à la
Charte des droits et libertés canadienne ou québécoise, je
suis sûr qu'il gagnera son procès. Je ne peux pas croire que vous
puissiez dire: Selon ma fonction de ministre, je crois que telle chose doit se
faire là. S'il y a un bâtiment, je vais l'exproprier pour le
détruire ou quoi que ce soit. Si demain matin, vous bâtissez une
nouvelle usine à Newport et que vous décidez que l'autre usine
gêne le système, vous pouvez l'exproprier, la faire
disparaître ou n'importe quoi. Vous pouvez, demain matin, exproprier
n'importe quelle usine; l'usine de Rivière-au-Renard parce que c'est
Pêcheurs unis et que le plan fédéral vous gêne, parce
que dans votre perception propre, ce serait mieux que vous preniez toute cette
affaire en main. Il y a toutes sortes d'exemples qu'on pourrait vous donner.
Peut-être que vous le faites de bonne foi -nous sommes d'accord avec cela
- mais si votre bonne foi n'est pas objective... Selon vous, c'est objectif,
mais tous les gens sont subjectifs, je suis subjectif, vous êtes
subjectif et nous sommes tous subjectifs. Vous prenez une décision qui,
selon vous, est de bonne foi, une décision qui, selon vous, est
rationnelle, mais le temps prouve que ce n'est pas rationnel et, alors, c'est
trop tard. Vous avez exproprié quelque chose, vous avez causé des
préjudices à des gens.
M. Ciaccia: Vous pourrez décider d'exproprier une usine
qui appartiendrait aux Pêcheurs unis pour la revendre de gré
à gré, selon vos conditions, à une coopérative.
C'est vous-même qui allez décider cela. Quelle sorte de recours va
avoir la personne après votre projet de loi? Voyons! Dans votre
idée, vous êtes de bonne foi, mais les conséquences de
cela, la protection des droits de ceux qui sont affectés? Cela n'a pas
de bon sens de faire une loi de même.
M. Lincoln: Est-ce que c'est cela que vous avez à
l'idée? Je suis sûr que c'est cela que vous avez en tête. Je
vous vois venir avec cette affaire; tout de suite quand j'ai vu cela, je me
suis dit...
M. Garon: Vous avez été en Afrique, vous supposez
le pire.
M. Lincoln: Oui, je suppose le pire parce que j'ai vu le pire.
Avec vous, depuis que je m'occupe des pêches, je vois le pire tous les
jours.
M. Ciaccia: II y a une raison à supposer le pire.
M. Lincoln: M. le ministre, laissons l'Afrique; pour le moment,
on revient aux Pêcheurs unis.
M. Garon: Cela fait combien d'années?
M. Lincoln: Cela ne fait rien. Est-ce que c'est cela que vous
avez à l'idée?
M. Ciaccia: D'exproprier...
M. Garon: ...aux bons endroits.
M. Lincoln: Est-ce que c'est possible que ce soit cela? Est-ce
que c'est une des choses que vous pourriez faire?
M. Garon: On ne peut pas présumer.
M. Ciaccia: Dites-vous que vous ne le ferez pas? Nous donnez-vous
l'engagement?
M. Garon: Je ne dis pas que je ne le ferai pas.
M. Ciaccia: Pardon? M. Lincoln: Ah!
M. Garon: Je ne dis pas que je ne le ferai pas ou que je le
ferai.
M. Ciaccia: Ah! Vous dites que vous ne le ferez pas.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous donnez une garantie que cela ne
s'applique pas aux Pêcheurs unis, par exemple?
M. Garon: Non. Je ne dis rien.
M. Lincoln: Ah! Là, cela nous rend encore plus
craintifs.
M. Ciaccia: Cela nous sécurise.
M. Lincoln: Vous ne faites pas les choses par accident, M. le
ministre. Vous faites la loi 48 délibérément. Petit
à petit, vous avez commencé à nous raconter votre petit
programme. Vous avez tout cela dans la tête. Le règlement est en
train de se préparer. Vous avez quelque chose en tête pour y
mettre cette clause. Ce ne sont pas les réserves écologiques que
vous cherchez. Les réserves écologiques, c'est une autre chose,
c'est pour le bien de tous, tandis que là...
M. Garon: C'est pour le bien de tous dans les villages où
on va intervenir.
M. Lincoln: Selon votre perception.
M. Garon: Vous souvenez-vous quand vous...
M. Lincoln: II y a des conseils de réserves
écologiques.
M. Garon: ...m'avez combattu sur les aboiteaux de Kamouraska?
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Je vais vous donner le résultat. Aux
élections qui ont suivi, on a eu presque 75% du vote dans
Kamouraska.
M. Lincoln: Cela ne veut rien dire.
M. Garon: De plus, écoutez bien, il vient de
paraître maintenant un rapport scientifique fait par des gens qui ne sont
pas présumés être mes amis personnels; ce sont les
fonctionnaires du ministère des Pêches et des Océans du
Canada. Ils ont contredit les fonctionnaires fédéraux qui
étaient contre les aboiteaux de Kamouraska et ils ont contredit toutes
les associations qui ont pété de la broue et qui ont dit: Les
aboiteaux de Kamouraska ne nuisent en rien à l'environnement; au
contraire, ils aident la formation des marelles. C'est quelque chose.
Pendant deux ans, vous n'avez pas plaint le ministre. Vous auriez
dû dire: Je m'excuse de vous avoir "magané" inutilement. Non, vous
auriez dû dire: J'ai induit le peuple en erreur; cela a été
imprimé; cela a coûté de l'argent pour imprimer ce que j'ai
dit. Vous auriez dû même vous excuser à cause des fonds
publics, d'avoir pris des pages, pris du temps à l'Assemblée
nationale et à la télévision pour m'accuser, alors
qu'aujourd'hui le peuple de Kamouraska a parlé fort en disant: Le
ministre de l'Agriculture a raison. Ensuite, il y a les études de ceux
qui sont considérés non pas comme mes amis personnels. Je ne suis
certainement pas "at arm's length"...
M. Lincoln: Oui, avec Jean-Paul Paradis.
M. Garon: ...avec le ministère des Pêches et des
Océans du Canada. Le ministère des Pêches et des
Océans a dit au sujet des aboiteaux de Kamouraska: II n'y a aucun
problème là. Ils ont été très bien faits les
aboiteaux de Kamouraska.
M. Ciaccia: On ne parle pas de cela.
M. Garon: Aujourd'hui? Rien. La population de Kamouraska est
heureuse. Les canards sont heureux. Il n'y en a jamais eu autant. Le
gouvernement fédéral m'a combattu. Il y a Roméo LeBlanc
qui m'a écrit des lettres; M. Roberts aussi.
M. Ciaccia: Vous avez fait un sondage auprès des
canards?
M. Garon: Tous ces gens-là m'ont écrit des lettres.
Savez-vous ce qu'ils ont fait cette année? Ils ont donné une
subvention à une association pour mettre une maison sur un terrain en
contrevenant à la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. Ciaccia: La pertinence.
M. Garon: Et pour dire quoi? Pour faire croire que l'aboiteau
avait été fait par eux alors qu'il était payé par
le gouvernement du Québec à 100%. C'est quelque chose.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Ciaccia: M. le ministre, je veux vous poser une question. Avec
le pouvoir que vous avez dans le droit d'expropriation, de la façon que
vous le libellez, vous pourriez décider demain, en toute bonne foi, que
le secteur privé ou Pêcheurs unis du Québec, cela n'entre
pas dans les meilleurs intérêts de ce que vous voyez comme le
développement des pêches. Vous pouvez les exproprier et dire: Je
vais prendre ces usines. Je vais prendre les biens immobiliers et je vais
transformer cela en coopérative ou donner cela à un autre
secteur. Qu'est-ce qui vous empêcherait de faire cela avec ce
pouvoir?
M. Garon: Le député de Mont-Royal n'est pas
familier avec le secteur des pêches parce qu'il se rendrait compte que
dans le territoire les producteurs indépendants considèrent
qu'actuellement je suis leur meilleur défenseur.
M. Ciaccia: Mais vous avez refusé...
M. Garon: Ils craignent beaucoup plus les interventions du
ministre fédéral...
M. Ciaccia: ...de donner un engagement que vous ne le ferez
pas.
M. Garon: ...que les miennes. Pardon?
M. Ciaccia: Vous avez refusé de prendre l'engagement que
ce n'est pas votre intention.
M. Garon: S'il y a un droit en expropriation, c'est pour
l'utiliser si c'est nécessaire.
M. Ciaccia: Ah! Oui. M. Lincoln: Ah bon!
M. Ciaccia: C'est moi qui ne connais pas les pêches.
M. Lincoln: C'est cela, le petit pot aux roses.
M. Garon: Pourquoi?
M. Lincoln: C'est cela que vous cachez. Je suis sûr que
vous avez un dessein derrière la tête.
M. Garon: Ils me prennent pour le diable!
M. Lincoln: Mais oui.
M. Ciaccia: C'est parce que vous vous appelez le bon Dieu trop
souvent. Cela nous fait penser à l'autre côté de la
médaille.
M. Garon: Le député de Nelligan disait que je me
faisais craindre. Je lui ai dit: Le proverbe dit que la personne qu'il faut
craindre, c'est Dieu. La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse.
C'est bon de craindre Dieu. Il ne faut pas craindre les hommes.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, je vais
vous donner...
M. Ciaccia: Vous vous donnez des pouvoirs plus que Dieu a dans
cet article. Dieu n'a pas le pouvoir d'exproprier tel que vous l'avez
là.
M. Lincoln: M. le ministre, à part vos petits amendements
où vous avez ajouté un "s", changé 13 pour 14, les petites
bebelles, il n'y a rien d'important que vous avez concédé
là-dessus. Est-ce que vous êtes prêt à biffer cette
clause qui n'a aucun sens dans une loi?
M. Garon: C'est un article très important.
M. Ciaccia: Fais une motion pour l'amender.
M. Lincoln: On fait une motion pour que cet article... On va
trouver un amendement.
Le Président (M. Laplante): Je comprends le sens de votre
amendement. Il est recevable.
M. Garon: C'est une autre affaire.
Le Président (M. Laplante): Voulez-vous voter
là-dessus?
M. Ciaccia: Oui. Un vote nominal.
Le Président (M. Laplante): Un vote enregistré
sur...
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Laplante): ...l'amendement du
député de Nelligan de biffer le troisièmement de l'article
59...
M. Lincoln: Oui, le troisièmement.
Le Président (M. Laplante): ...qui se lit comme suit: "3
par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Le ministre peut,
avec l'autorisation du gouvernement, acquérir de gré à
gré, louer ou exproprier tout bien ou droit réel immobiliers
nécessaires à l'exercice de ses fonctions."
M. Lincoln: Notre amendement est... M. Ciaccia: De le
biffer. M. Lincoln: ...de le biffer.
Le Président (M. Laplante): De le biffer. C'est bien ce
que j'ai dit, M. le député de Nelligan. M. Baril (Arthabaska),
pour ou contre?
M. Baril (Arthabaska): Je serais contre.
Le Président (M. Laplante): Vous seriez contre. Dans ce
cas, je vais changer de colonne. M. Beaumier (Nicolet)? M. Blouin (Rousseau)?
M. Dupré (Saint-Hyacinthe)? M. Gagnon (Champlain)? M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Laplante): M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Laplante): M. Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Une voix: ...M. LeMay?
Le Président (M. Laplante): II n'a pas été
inscrit.
M. Ciaccia: Non, il n'est pas inscrit.
Le Président (M. Laplante): II n'est pas inscrit. Alors,
vous allez forcer le président à voter.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est une grosse
décision à prendre. Là, c'est trois pour et trois
contre.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Je serai contre. Motion
rejetée. Article 59, adopté sur division?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Laplante): Merci. Article 60?
M. Garon: Est-ce qu'on est d'accord pour finir ou si vous voulez
revenir ce soir à 20 heures?
Le Président (M. Laplante): II vous reste neuf articles.
Voulez-vous donner quinze minutes pour les neuf articles?
M. Baril (Arthabaska): Ce n'est rien.
Le Président (M. Laplante): On est capable, quinze
minutes. Avec la bonne collaboration de l'Opposition.
M. Lincoln: On a l'article 64 sur lequel on a des notes.
M. Garon: On est rendu à l'article 60.
M. Lincoln: Je sais, mais je vous dis qu'on a des notes sur
l'article 64.
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'il y a l'article
12 qui n'a pas été adopté, non plus.
M. Garon: Non. L'article 14 et il y a aussi l'article 2 qui
était resté en suspens. On pourrait revoir cela, lorsqu'on
étudiera la loi 49. Cela nous donnerait le temps.
Le Président (M. Laplante): II n'y a pas de
problème à l'article 60?
Une voix: Non.
Le Président (M. Laplante): Article 60, adopté.
Article 61?
Une voix: Pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Article 62?
Une voix: Pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Je préférerais
que ce soit le député de Nelligan qui dise qu'il n'y a pas de
problème là-dessus.
M. Lincoln: Dans la loi, on avait "transformation des produits
agricoles". Vous ajoutez "ou alimentaires". Pourquoi?
M. Garon: C'est parce que, lorsque le ministère est devenu
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
il n'y a pas eu de changement dans la loi sur le ministère. Alors,
plutôt que de faire une loi spécialement pour cela, on profite de
l'occasion pour faire les concordances qu'on aurait dû faire à un
moment donné.
M. Lincoln: Et vous enlevez "dans une zone qu'il
désigne".
M. Garon: Où cela?
M. Lincoln: "Dans une zone qu'il désigne". Dans l'ancienne
loi, c'était "dans une zone qu'il désigne". Vous avez
enlevé cela.
M. Garon: C'est la première fois que j'entends parler de
cela.
Le Président (M. Laplante): Dans l'ancienne loi, c'est
écrit...
M. Garon: À quel article est-on?
Le Président (M. Laplante): Article 62. Vous avez
enlevé ces mots.
M. Garon: On me dit que c'est parce que c'était
inutile.
Le Président (M. Laplante): Vous aimez mieux revenir
à 20 heures?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas, on va suspendre
les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise de la séance à 20 h 18)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux pour l'étude
article par article du projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et
l'aquaculture commerciales et modifiant d'autres dispositions
législatives.
Avant de commencer nos travaux, j'aurais besoin d'un consentement pour
inscrire le député de Gaspé qui a réussi à
s'échapper de la tempête pour remplacer M. Dupré, de
Saint-Hyacinthe.
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Desbiens): Y a-t-il consentement?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Desbiens): II y a consentement. Vous en
étiez au développement des secteurs agricole et alimentaire,
à l'article 62.
Le Président (M. Laplante): On avait commencé
à discuter de l'article 62.
M. Garon: Je voudrais faire une remarque préliminaire,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Laplante): Je pensais que les remarques
préliminaires étaient passées, puisqu'on est rendu
à l'article 62.
M. Garon: En cours de route, il y a eu des affirmations qui ont
été faites et il est bon de les corriger. Le député
de Nelligan a affirmé à plusieurs reprises que je sortais des
politiques comme des lapins de mon chapeau, comme le fait le magicien Mandrake.
Je dois dire qu'au contraire je suis à l'écoute de la population.
Je vais vous en donner la preuve encore une fois.
Dans un mémoire officiellement présenté non pas
à moi personnellement mais à la commission parlementaire
concernant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune le
Syndicat des pisciculteurs du Québec a dit ce qu'il voulait. Je vous lis
tout de suite l'article à la page 6. "Le syndicat demande donc au
gouvernement du Québec...
M. Lincoln: Vous lisez la mauvaise ligne.
M. Maltais: Non, non. Elle est bonne, celle-là aussi.
M. Garon: ...l'adoption d'un plan conjoint de mise en
marché et les consultations effectuées auprès de tous les
producteurs ont permis d'établir un consensus très fort à
l'effet que les pisciculteurs exigent que le contrôle de
l'émission des permis de production soit désormais sous la
responsabilité du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation par le biais de la Régie des marchés
agricoles."
M. Lincoln: C'est très différent. J'ai aussi cette
résolution-là.
M. Garon: Écoutez bien. "La principale raison soutenant
cette exigence est que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ne peut exercer quelque forme de contingentement de permis que ce
soit, alors que la Régie des marchés agricoles peut le faire en
vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la Loi sur la mise
en marché des produits agricoles. Il nous semble également
évident que la juridiction du ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche en ce qui concerne les pisciculteurs privés est
maintenant anachronique, compte tenu de l'évolution des activités
piscicoles vers l'agro-alimentaire. Le syndicat demande donc au gouvernement du
Québec, dans un premier temps, d'amender l'article 42 de Loi sur la
conservation de la faune de façon à ce que les
établissements piscicoles privés ne soient plus soumis à
l'obligation d'obtenir un permis du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, que la juridiction relative à ces permis soit
transférée au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation par le biais de la Régie des
marchés agricoles du Québec." "Dans un deuxième temps,
pour qu'il y ait concordance entre la Loi sur les pêcheries et la Loi sur
la conservation de la faune, le syndicat demande également au
gouvernement de faire les démarches nécessaires pour obtenir du
gouvernement fédéral que soit modifié l'article 2 du
règlement de pêche du Québec, de façon à ce
que le ministre chargé de l'application du règlement dans le cas
des piscicultures soit désormais le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation." Vous voyez donc que l'industrie
piscicole est à la croisée des chemins; associée, au
début, à la gestion de la faune, elle est maintenant fortement
intégrée à l'agro-alimentaire.
Ce que je veux vous dire, c'est que les
pisciculteurs, au cours des dernières années, ont
manifesté le souhait d'être régis par le ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est pour cela que
la décision qui a été prise est d'y rattacher tous ceux
qui sont vraiment concernés par l'agro-alimentaire, c'est-à-dire
ceux qui produisent de la truite pour la mettre sur le marché de la
consommation humaine. Quant à ceux qui ont des étangs de
pêche pour faire pêcher les touristes, les villégiateurs,
les gens qui aiment pêcher dans un étang parce que c'est plus
facile que de courir les bois pour pêcher du poisson - surtout avec les
pluies acides que le gouvernement fédéral n'a pas réussi
à contrôler comme il aurait dû le faire puisque c'est
international et interprovincial - comme il s'agit vraiment de fins de loisir,
ils seront administrés et régis par le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Je pense qu'en faisant cela on
démarque les deux fins des piscicultures qui vont se rattacher au
ministère dont ils doivent relever.
Deuxièmement, une autre affirmation a été faite au
point de vue d'une loi-cadre de la santé piscicole. Il n'a jamais
été question de cela dans tous les débats qui ont eu lieu.
Il y a eu des discussions au CPAQ, où on a parlé de
médecine préventive, de programmes sanitaires
québécois en pisciculture. Je peux vous lire un compte rendu du
comité agricole du 15 avril 1982: "Programmes d'amélioration
sanitaire des piscicultures québécoises. M. Robert
Péloquin mentionne que tous les programmes d'amélioration
sanitaire des élevages québécois sont sur une base
volontaire et à la suite d'une demande écrite de la part du
producteur. En septembre, il y aura une semaine de cours intensifs à des
vétérinaires du gouvernement qui oeuvrent déjà en
médecine préventive dans les différentes régions de
la province. Ces derniers seront en mesure d'appliquer un programme sanitaire
québécois en pisciculture. L'élaboration
détaillée de ce programme fera l'objet d'une prochaine
réunion du sous-comité."
Une voix: Elle n'a pas eu lieu.
M. Garon: Elle n'a pas eu lieu. Cependant, il y a eu des
rencontres entre les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture des
Pêcheries et de l'Alimentation et du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche pour en arriver à des propositions pour un
plan de santé piscicole au Québec. C'est pour cela qu'on parle
d'un programme de santé piscicole où les différents
intervenants se seraient concertés. C'est cela qu'on veut mettre en
place et c'est cela dont il a été question. Je n'ai pas vu de
document concernant une loi-cadre sur la santé piscicole.
Je n'ai pas voulu, parce que vous avez eu des conversations avec des
gens et j'ai été poli, nier ce que vous aviez dit. La
mémoire est humaine; les ordinateurs faillissent, la mémoire peut
oublier. Je n'ai pas dit un mot, mais on s'est informé entre-temps et il
ne semble pas qu'il y ait eu une telle chose que des projets de loi sur la
santé piscicole.
M. Lincoln: Tout d'abord, vous m'avez dit tout à l'heure:
Est-ce que vous avez demandé aux pisciculteurs si eux-mêmes
n'avaient pas demandé des permis par le biais du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec? J'ai
demandé cela aux pisciculteurs qui m'ont répondu exactement ce
que vous avez lu dans le mémoire que vous avez cité. La seule
différence, c'est qu'ils m'ont dit: Les permis qu'on a demandés,
c'était au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation par le biais de la Régie des marchés agricoles. On
m'a dit: Le ministre sait très bien aussi qu'au sommet du Québec
on avait passé une résolution à cet effet, que l'autre
jour j'ai citée moi-même, qui dit: "Que le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
reconnaisse officiellement le Syndicat des pisciculteurs. Que le ministre de
l'Agriculture permette à la Régie des marchés agricoles de
rendre des décisions en conformité avec les demandes
légitimes des producteurs quant aux permis. Que le MLCP légalise
la commercialisation de la truite mouchetée d'élevage." Eux, ils
ne nient pas que la Régie des marchés agricoles relève de
vous. Mais ce qu'ils ont demandé, ce qui est très
différent, c'est que cela soit fait au moyen de la Régie des
marchés agricoles, pas par le ministère. Et ce n'est pas cela que
votre loi fait.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Alors, justement, c'est cela qu'on vous
demandait.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: C'est l'objection qu'ils avaient formulée.
N'essayez pas, parce que je ne connais pas l'agriculture, de me passer un petit
sapin et de me dire: Ah oui, ce sont eux qui ont demandé cela. Ce qu'ils
ont demandé et ce sur quoi vous avez glissé très
intelligemment, c'est que ce soit fait par le biais de la Régie des
marchés agricoles. Ils me disent, eux, que c'est une chose bien
différente qu'ils ont demandée.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Ils n'ont pas demandé des permis par votre
entremise.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Ils ont demandé des permis par l'entremise de
la régie.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Et ce n'est pas cela que votre loi leur donne.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: C'est pourquoi ils s'opposent à cette
affaire-là.
M. Garon: Mais, oui, justement, il faut commencer par
démarquer les affaires.
M. Lincoln: Alors...
M. Garon: Je veux finir. Là, on démarque les
affaires.
M. Lincoln: Ah oui.
M. Garon: S'il s'agit d'étangs pour la pêche, cela
ne relève pas vraiment de mon ministère. Ce sont des
activités de pêche pour fins de loisir; cela relève, en
réalité, du ministère du Loisir; ce sont des loisirs.
M. Lincoln: Nous sommes d'accord là-dessus.
M. Garon: II s'agit de loisirs. Bon. Alors, ceux qui vont relever
de nous, ce sont ceux qui font la mise en marché du poisson qu'ils
élèvent pour mettre sur les tables des consommateurs, des
restaurants, des hôtels. Il s'agit d'une autre chose. Eux, ce qu'ils
souhaitaient au fond, c'est un contingentement des étangs de ferme.
Alors, s'ils veulent un contingentement des étangs de ferme, ils devront
s'adresser au ministre du Loisir, parce qu'il ne s'agit pas d'une
responsabilité du ministre de l'Agriculture.
M. Lincoln: Tout ce que je veux vous dire, c'est que le permis
dont vous avez le contrôle ici, ce n'est pas exactement ce qu'ils ont
demandé. Le mémoire que vous avez lu confirme exactement ce
qu'ils m'ont dit. Ce qu'ils demandaient, c'était le contrôle par
la Régie des marchés agricoles. Vous n'êtes pas d'accord
là-dessus parce que vous dites quelque chose de différent. Ne
dites pas que c'est ce qu'on a dit; ce n'est pas cela qu'on a dit.
M. Garon: Oui, mais la question est très simple. Je
voudrais qu'on soit précis. D'abord, on doit commencer par faire voter
des gens qui sont dans ces domaines-là. Des gens qui élevaient de
la truite arc-en-ciel se sont voté des juridictions sur tout le poisson.
Je regrette, mais on ne peut pas voter des juridictions en rapport avec des
domaines dans lesquels on n'est pas. On ne me fera pas demander à des
gens d'embarquer dans le Syndicat des pisciculteurs de truite arc-en-ciel alors
qu'on va élever du saumon en Gaspésie. Il y a toujours des
limites. Si on élève des moules aux Îles-de-la-Madeleine,
c'est une autre affaire. Essentiellement, les gens dont il est question sont
dans l'élevage de la truite arc-en-ciel. Bon. La truite arc-en-ciel peut
être élevée pour différentes fins. Dans les
étangs de ferme, il ne s'agit pas d'un élevage pour le
marché de la consommation. Cela relève du ministre du Loisir. Si
les gens qui vont dans des étangs de ferme constatent qu'il y en a trop,
qu'il devrait y avoir moins de permis d'étangs de ferme, ils en
parleront au ministre du Loisir. Ce n'est pas ma responsabilité; je n'ai
pas affaire à cela et je ne veux pas avoir affaire à cela. Alors,
on a départagé les responsabilités. C'est une
activité de loisir. Il faut être précis. On va me reprocher
après cela de vouloir faire des empires alors qu'il s'agit d'une
responsabilité qui regarde le ministre du Loisir, et je suis d'accord
qu'il assume cette responsabilité-là. (20 h 30)
Maintenant, pour les élevages du poisson pour la consommation, je
pense à des piscicultures comme Truite Saint-Mathieu, en Abitibi,
où on élève un volume considérable de truite, ou
à des élevages importants dans le bout de Mégantic, comme
M. Henri Latulippe. 65 tonnes Saint-Mathieu, cela commence à être
du jus ou du poisson, à lui seul, dans sa pisciculture. Cela veut dire
qu'il y a deux types d'activités: la pêche pour fins de loisir et
la production de truite pour la consommation humaine. Il s'agit aussi de
marchés différents et il faut respecter cela.
On veut développer des élevages de toutes sortes de
produits marins. On voit des amphibiens, des échinodermes, des
crustacés, des mollusques, des poissons; enfin, tout ce qui vit dans
l'eau peut être élevé. On va parler plus tard
d'écrevisses dans le lac Saint-Pierre, de belles grosses
écrevisses. Pensez-vous que ce ne serait pas beau de pouvoir
développer cela? Je vois le député de Mont-Royal qui me
regarde d'un oeil sceptique. C'est cela qu'on veut faire. Je l'ai
expliqué, cet après-midi, pour le saumon, par exemple. Soyez
sérieux une minute!
M. Lincoln: Non.
M. Garon: Bien, je réponds à votre question.
M. Lincoln: Je ne vous ai pas posé de question sur le
saumon et les écrevisses.
M. Garon: Pensez-vous qu'on doive embarquer de force dans un
syndicat
d'éleveurs de truites des éleveurs de saumon de la
Gaspésie qui vont à des embouchures de rivières, pour une
partie, dans des projets municipaux communautaires alors qu'il n'y a pas un
éleveur de saumon qui a voté sur un plan conjoint? Voyons, il
faut être réaliste! Deuxièmement, quel est le circuit
commercial qui va faire cela? Normalement, ils vont passer par le réseau
des circuits commerciaux, d'entreprises de transformation qui sont
déjà en place dans ces municipalités. Il ne faut par
créer un réseau parallèle. C'est ce qui est en cause
actuellement.
Je comprends que le député de Nelligan parle de ces
choses, mais il n'a pas encore tout le détail de ces questions qui sont
très complexes. Il y a beaucoup de gens impliqués dans cela et
surtout quand on parle de ces élevages, moi, je vois environ 100 ou 200
piscicultures à saumon tout le tour de la Gaspésie. Chaque
rivière à une pisciculture à saumon. Sur la
Côte-Nord également, sauf dans le comté de Saguenay
où, apparemment, le ministre est contre.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, votre mise au
point a été faite. Avez-vous d'autre chose à rajouter qui
ne demande pas de débat?
M. Ciaccia: Le président nous rappelle à
l'ordre!
M. Lincoln: Moi, je voudrais ajouter, sur la question de la
loi-cadre que ces gens ont apportée, qu'ils m'ont expliqué
exactement ce qu'ils voulaient dire. Peut-être que le terme loi-cadre
n'est pas le bon mais c'est ce qu'ils m'ont dit. Ils parlaient d'un programme
conjoint. Ils m'ont dit que, le 25 août 1980, il y avait eu un rapport du
Dr Guy Cousineau, doyen de la faculté de médecine
vétérinaire de Saint-Hyacinthe, qui avait transmis la
recommandation d'un programme de santé des poissons pour les
pisciculteurs du Québec.
Le 16 avril 1981, M. Pierre Giner, qui était alors
secrétaire du Comité d'aquaculture, envoyait à M.
Ferdinand Ouellet, votre sous-ministre, la recommandation du Comité
d'aquaculture du CPAQ et transmettait en même temps une copie du
programme de M. Cousineau qui suggérait une sorte de programme de
coordination de toute la question de santé et de contrôle
sanitaire.
Le 15 avril 1982, comme vous l'avez cité vous-même, le
comité aquicole du CPAQ avait un document qui faisait
référence à la même chose. Dans le rapport annuel de
1981-1982 du CPAQ, page 33, on mentionne la question du dossier de la
santé animale, référant à tous les rapports
incluant celui de la pisciculture. Toute l'intervention était afin de
faire un programme-cadre, ce qu'ils appellent une loi-cadre, qui rassemblerait
tous les éléments de la question de santé et de
contrôle sanitaire. Ce qu'ils vous reprochent, c'est de faire cela dans
un petit article de cette loi, au lieu de faire quelque chose qui traiterait de
toutes les questions. Par exemple, ils me disent que les rapports qu'ils ont
étudiés, le rapport du Dr Cousineau et les autres, parlent des
questions d'assurance, d'indemnisation des étangs qui peuvent fermer
pour cause de maladie, etc. Ils disent que cela va beaucoup plus loin que ce
que vous essayez de faire ici par votre petit article de loi qui vous permet de
faire, à votre discrétion, des contrôles dont ils ne
connaissent pas les barèmes et les critères. C'est leur
position.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, nous ne
reprendrons pas le projet de loi. En premier lieu, vous aviez des
rectifications à faire, vous aviez une réponse. On vous a
donné une autre chance. Une minute! Le député de Nelligan
a commencé. J'appelle l'article 62.
M. Ciaccia: C'est un bon président.
M. Lincoln: À l'article 62, on parle ici de toute la
question des pêcheries, de l'aquaculture commerciale. Pourquoi cela
est-il dans l'article 62? Cela devient une espèce de
méli-mélo de toutes sortes de choses. On parle toujours des
pêcheries, de l'aquaculture. Pourquoi changez-vous cela ici? Pourquoi
avoir ajouté "alimentaire"?
M. Garon: J'attends que vous me donniez la parole, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le ministre, c'est
à vous la parole sur l'article 62.
M. Garon: C'est moi qui l'ai?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Garon: Merci, M. le Président. Pour combien de
temps?
Le Président (M. Laplante): Pour expliquer votre
article.
M. Garon: À l'article 62, je vous ai expliqué,
avant la suspension, qu'on prévoyait faire quatre lois et qu'on a
condensé cela dans deux lois. On a voulu en profiter pour changer
à ce moment quelques dispositions du ministère qui se rattachent
aux secteurs qu'on couvre. On en a profité pour ajouter les mots "des
produits agricoles ou alimentaires". Lorsque le ministère a
été organisé, on a transféré des
responsabilités du ministère de l'Industrie et du Commerce
au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, mais on n'a pas fait tous les changements qu'il fallait faire.
On en a profité ici pour faire quelques modifications de routine, pour
que les choses soient mieux faites. C'est pour cela qu'on a a ajouté "ou
de transformation des produits agricoles ou alimentaires", parce que c'est le
cas.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Garon: On traite de ces questions avec la
responsabilité alimentaire.
Le Président (M. Laplante): C'est très bien.
Adopté?
M. Lincoln; Adopté.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 63.
M. Lincoln: Je vois que le ministère de l'Environnement
n'est pas ici pour défendre son article. À l'article 63, il se
donne des pouvoirs de "déterminer les endroits où il est interdit
d'utiliser une portion de la rive ou du lit des eaux du domaine public..."
Là, on ne dit pas si ce sont les eaux à marée ou sans
marée, si c'est pour le domaine hydraulique ou si c'est pour les
questions écologiques, on ne parle pas du tout de cela. Il peut aussi
"déterminer quels sont les engins ou installations, destinés
à la pêche commerciale, dont la fixation ou le dépôt
sur une portion de la rive ou du lit des eaux du domaine public est
interdit".
Il prend, lui aussi, des prérogatives dans le domaine des eaux
publiques, qu'il ne définit pas du tout. Maintenant, ce n'est pas
seulement vous. Au moins vous, vous m'avez expliqué votre affaire.
Là, on est obligé d'accepter des pouvoirs beaucoup plus
étendus du ministère de l'Environnement, qui amende les articles
10 et 11 des pouvoirs de son ancienne loi. Il se donne d'autres pouvoirs pour
cadrer avec votre loi. Il ne vient même pas les défendre ici.
C'est la même chose dont on a parlé avant. Qu'est-ce que c'est, le
domaine public? De quelles eaux parle-t-il? Quel droit a-t-il pour aller
interdire ou ne pas interdire?
M. Garon: Le gouvernement, dans la proposition de ce projet de
loi, dit que, au lieu de se référer à trois ou quatre
ministères, les gens, pour obtenir des concessions pour faire la
pêche, des concessions pour déposer leurs équipements sur
le sol du domaine public québécois, comme ce sol relève du
domaine hydrique... Vous me regardez d'un air sceptique.
M. Ciaccia: Est-ce que votre conscience vous trouble? Je n'ai
rien dit. Dites la vérité.
M. Garon: Je suis toujours étonné quand des gens
qui portent des lunettes regardent par-dessus leurs lunettes. Je trouve que ce
n'est pas... À toutes fins utiles, c'est le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec qui va accorder les
concessions, mais, s'il arrivait, pour des fins d'environnement, que le
ministre de l'Environnement veuille déterminer certains endroits
où il interdirait d'utiliser une portion de la rive ou du lit des eaux
du domaine public pour y fixer ou y déposer des engins ou installations
destinés à la pêche commerciale, il pourrait le faire.
M. Lincoln: Même dans la mer?
M. Garon: Oui, dans le domaine hydrique, parce qu'il a la
responsabilité du domaine hydrique, le fond marin,
propriété du Québec. Il pourra interdire d'utiliser le
fond des eaux, le lit des eaux pour y déposer des engins et des
installations destinées à la pêche commerciale.
C'était, au fond, la façon dont le gouvernement a
décidé que le ministre de l'Environnement assumerait ses
responsabilités en pouvant interdire, pour des fins de protection de
l'environnement, dans le cadre de la loi de son ministère, par
règlement, par arrêté, de déposer des engins de
pêche.
M. Lincoln: Mais son territoire va beaucoup plus loin que son
territoire actuel. Vous nous avez délimité votre territoire; vous
vous êtes accaparé la moitié de la baie des Chaleurs.
M. Garon: Je n'ai pas terminé.
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Attendez un peu.
M. Lincoln: Ah bon! Vous allez plus loin que cela.
M. Garon: Je n'ai pas terminé. Deuxièmement, il
peut aussi "déterminer quels sont les engins ou installations,
destinés à la pêche commerciale, dont la fixation ou le
dépôt dans une portion de la rive ou du lit des eaux du domaine
public est interdit." C'était dans l'arrêté publié
à la Gazette officielle du Québec. Comme c'est de la
responsabilité du domaine hydrique, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation donnera des concessions. Si le ministre de
l'Environnement, qui est responsable de l'environnement et du domaine hydrique,
pense qu'il est important d'interdire de déposer des engins à
telle place ou telle
sorte d'engin à tel endroit, il pourra le faire parce que c'est
lui qui a la responsabilité du domaine hydrique, en publiant ses
interdits à la Gazette officielle du Québec. Ainsi, la
responsabilité de l'environnement est respectée et l'initiative
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
du Québec...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Nelligan.
M. Garon: ...n'est pas bloquée.
M. Lincoln: Par rapport à un engin qu'on ne devrait pas
déposer ou par rapport à un endroit quelconque du fonds des eaux
à marée - disons que c'est la mer - où on ne devrait pas
pêcher ou déposer des engins ou des cages à crabes, est-ce
que cela s'applique aussi aux pêcheurs qui ont des permis
fédéraux ou aux pêcheurs d'autres provinces? Est-ce que le
ministère de l'Environnement a ce droit, d'après votre loi?
M. Garon: Non. En déterminant les engins qu'on ne pourra
pas installer ou les endroits où les engins ne pourront pas être
installés, au fond, c'est le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui ne pourra pas installer...
M. Lincoln: Non, non.
M. Garon: ...donner de permis.
M. Lincoln: Ce n'est pas cela qu'on vous a demandé. C'est
selon les permis que vous avez donnés ou que vous n'avez pas
donnés. Mais quelqu'un qui a un autre permis qu'il croit valide, qui est
un permis fédéral ou un permis qui a été
émis à un citoyen d'une autre province, est-ce que
l'arrêté du ministère de l'Environnement, d'après
votre interprétation de ce nouvel article, s'applique à lui?
Qu'est-ce qui se passe à ce moment-là? Qui a le droit de saisir
cet engin qui a été mis dans un endroit que le ministère
de l'Environnement a décidé de déclarer tabou? Qui vient
contrôler cela? C'est vous?
M. Garon: Les deux. M. Lincoln: Les deux.
M. Garon: Mais comme nous avons un Service de protection, ce sera
nous sans doute.
M. Lincoln: Ah bon!
M. Garon: Le ministère de l'Environnement pourra aussi
faire respecter ses règlements.
M. Lincoln: D'après ce que je comprends, c'est votre
ministère et le ministère de l'Environnement qui ont un droit de
contrôle sur les endroits et les engins de la pêche, même
dans les eaux à marée dans le territoire du domaine public que
vous avez décidé être votre territoire, n'est-ce pas?
M. Garon: C'est cela.
M. Lincoln: Est-ce vous qui allez décider des limites du
territoire ou si c'est vous et lui ensemble?
M. Garon: C'est le gouvernement.
M. Lincoln: Ah bon! Le gouvernement. En fait, sur le projet de
règlement pour les limites, est-ce que le ministre de l'Environnement va
aussi participer à ce travail ou si ce sera vous?
M. Garon: II va y participer comme membre du Conseil des
ministres. S'il souhaite interdire l'utilisation du fond marin à des
activités de pêche commerciale, il pourra le dire et
également interdire de déposer tel type d'engin à tel
endroit s'il pense que cela peut nuire à l'environnement.
M. Lincoln: Oui, mais les deux sont impliqués, vous et
lui.
M. Garon: C'est cela. (20 h 45)
M. Lincoln: Les deux sont impliqués. Alors, toute la
question a trait au domaine public qui n'est pas défini. Alors, vous
allez définir les limites de ce domaine public par règlement.
S'il est intéressé à la question -il est
intéressé, autrement il n'aurait pas les pouvoirs, qui va
décider de l'étendue de ce domaine public? Est-ce que ce sera
vous?
M. Garon: Le gouvernement.
M. Lincoln: Oui, oui, vous m'avez déjà dit cela,
mais qui va faire l'esquisse du règlement? Est-ce que ce sera votre
ministère ou les deux ministères ensemble?
M. Garon: Cela sera sans doute mon ministère.
M. Lincoln: Votre ministère. Y a-t-il un projet de
règlement en ce sens?
M. Garon: Oui. Les fonctionnaires y travaillent.
M. Lincoln: Les cartographes, les gens qui font les cartes?
M. Garon: Non, il n'y a pas de cartographes.
M. Lincoln: Mais comment est-ce que
ce sera délimité, tout cela? Pouvez-vous nous en donner
une idée? Est-ce que ce sera des descriptions de latitudes et de
longitudes?
M. Garon: Cela pourrait être cela.
M. Lincoln: Mais ne pouvez-vous pas nous donner une idée
plus claire? Dans quelle direction se dirigent-ils quand ils font ces
règlements?
M. Garon: Cela ne se dirige pas dans cette direction
actuellement.
M. Lincoln: Dans quelle direction se dirigent-ils?
M. Garon: De quelle façon les permis d'utiliser le fond
marin peuvent être accordés.
M. Lincoln: Bien oui! C'est ce que l'on vous demande. Vous nous
avez dit que ce sont eux, par exemple, qui font des cartes et qui
délimitent les terrains.
M. Garon: Oui, mais les espaces marins québécois
ont des noms. Alors, on peut utiliser des noms et on peut utiliser
différentes formules quand on veut les déterminer. Il s'agit que
ce soit clair. Ils sont en train de travailler là-dessus.
M. Lincoln: Alors, ce n'est pas clair pour le moment.
M. Garon: Oui. Si je dis en Gaspésie, dans l'anse de
Barachois. Les gens savent où est l'anse de Barachois.
M. Lincoln: Non, mais on vous parle de la limite
extérieure.
M. Garon: Si je dis, par exemple, à une telle distance du
rocher Percé, en face du village de Percé, en allant vers
l'île Bonaventure, les gens savent où c'est.
M. Lincoln: Cela va être comme cela?
M. Garon: Mais il s'agit de le mettre clairement.
M. Lincoln: Mais vous allez sûrement avoir des
paramètres et des balises pour situer l'étendue du domaine
public?
M. Garon: Cela se fait déjà comme cela. Pour la
pêche au homard, c'est déjà dit de cette façon.
M. Lincoln: Oui.
M. Garon: Actuellement, quand les gens ont le droit de
pêcher dans un endroit le homard, c'est un endroit précis. Ils
n'ont pas le droit de placer leurs cages n'importe où.
M. Lincoln: On comprend cela très bien. Le
ministère de l'Environnement, en dedans des limites du domaine public,
aura un droit de regard, en fait un droit de veto, sur les installations et sur
les concessions par rapport à l'environnement, par rapport aux questions
écologiques.
M. Garon: Oui. Il sera responsable du domaine hydrique...
M. Lincoln: Oui, oui, oui, d'accord!
M. Garon: ...mais en tant que ministre de l'Environnement; pas
pour des fins autres que l'environnement.
M. Lincoln: D'accord! Vous aurez juridiction sur la pêche
commerciale pour les permis quant à l'utilisation du fond de la mer. On
parle de la mer.
M. Garon: Oui, c'est moi qui vais donner les concessions. C'est
le ministre des Pêcheries qui va donner les concessions.
M. Lincoln: Oui, oui, on ne retire aucun de vos droits
là-dessus. Il y aura sûrement une balise extérieure. Je ne
vous dis pas que vous allez dire aux pêcheurs: Allez pêcher sur un
tel banc ou dans telle baie. Mais, à un moment donné, vous allez
être obligé de situer un peu cela, comme dans n'importe quel pays.
Par exemple, au Canada aujourd'hui, on sait où les zones cessent. Il y a
une limite quelconque. Est-ce que ce sera tant de milles à partir de
telle latitude et longitude? Comment allez-vous exprimer cela pour qu'on sache
où se situe votre territoire entier? Comment allez-vous
déterminer cela? C'est ce qu'on vous a demandé plusieurs fois.
Essayez d'avoir une idée du genre de description que vous allez donner
à ce territoire.
M. Garon: Cela dépend du type de pêche: pour la
pêche au homard, ce sera plus précis; pour la pêche au
crabe, ce sera plus extensif; pour les trappes à morue, ce sera plus
précis; pour la pêche aux palangres ou aux filets, ce sera plus
large.
M. Lincoln: Mais au départ, si vous dites qu'un
pêcheur d'une autre province, par exemple, ne peut pas venir pêcher
dans votre domaine public sans permis, il faudra que vous définissiez
une limite extérieure de ce domaine public. C'est ce que j'essaie de
vous demander, pas les divisions internes de ce domaine public. Le
ministère de l'Environnement devra savoir quelle est l'étendue de
son domaine. C'est ce que nous cherchons.
M. Garon: Vous avez raison.
M. Lincoln: Oui, je sais que j'ai raison, mais ne pouvez-vous pas
nous dire ce que c'est?
M. Garon: C'est cela qu'on va lui donner comme droits. On va lui
dire: Vous pouvez poser vos filets sur le sol québécois dans
telle zone.
M. Lincoln: Qu'est-ce que c'est, le sol québécois?
L'étendue du sol québécois? Par exemple, on sait que le
sol québécois, la terre ferme, cela s'arrête à la
limite de la terre. Cela s'arrête là. Pour la mer, on ne le sait
pas. Vous ne l'avez pas défini. Dans les eaux à marée dont
vous réclamez le fonds parce que, selon vous, c'est à vous,
jusqu'où est-ce que cela va? Quand on vous l'a demandé, vous avez
dit: Étape par étape. Lorsqu'on vous a posé cette
question, on ne savait pas que le ministre de l'Environnement aussi
était dans cela.
M. Garon: Nous sommes tous les trois là-dedans.
M. Lincoln: Ah bon! II y en a trois.
M. Garon: Le ministre de l'Environnement, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Lincoln: Non, mais lui...
M. Garon: C'est plus facile. On a réussi à
s'entendre, les trois ministères concernés, au gouvernement.
M. Lincoln: S'ils ont réussi à s'entendre avec
vous, c'est sûrement beaucoup.
M. Garon: Je m'entends souvent avec beaucoup de monde.
M. Ciaccia: La seule raison pour laquelle ils ont réussi
à s'entendre, c'est qu'ils ont eu besoin d'un projet de loi pour
établir l'entente. Vous ne pouvez vous entendre entre
vous-mêmes.
M. Garon: Non, mais c'étaient des
responsabilités...
M. Ciaccia: Cela prend un projet de loi.
M. Garon: ...qui incombent à différents certains
ministères dans le respect des juridictions ministérielles.
M. Ciaccia: Quand je regarde l'article 62, vous donnez
l'impression que vous vous êtes fait un autre allié, le
ministère de l'Environnement, pour bloquer une juridiction
fédérale. En effet, vous allez pouvoir dire que vous avez
amendé la loi pour donner au ministère de l'Environnement un
droit spécifique de dire: On va interdire les engins, installations,
etc., destinés à la pêche commerciale dans tel ou tel
endroit. C'est une autre façon additionnelle, peut-être même
contournée, de dire: On va donner ce droit au ministère de
l'Environnement et ce ne sera pas seulement moi, pas toujours moi, le ministre
de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Pêcheries qui me
lèverai à l'Assemblée nationale pour dénoncer le
gouvernement fédéral ou agir contre le gouvernement
fédéral. De temps en temps, on va faire agir le ministère
de l'Environnement pour des raisons d'environnement. Publiquement, ce sera plus
plausible et on ne pourra pas seulement m'accuser. Pour quelle autre raison
donneriez-vous ce droit spécifique au ministère de
l'Environnement quand, dans la loi, il a déjà ce droit sur la
gestion du domaine hydrique?
M. Garon: Parce que c'est lui qui est responsable.
M. Ciaccia: Vous lui donnez spécifiquement, sans
définir les limites, le droit de prohiber certaines installations, qui
pourrait s'appliquer contre un permis fédéral, contre un permis
qui serait octroyé par une autre juridiction. C'est vraiment ce que vous
faites dans l'article 62.
M. Garon: Non. C'est parce que c'est lui qui est responsable du
domaine hydrique.
M. Ciaccia: Oui, mais il l'est.
M. Garon: Le gouvernement n'a pas voulu changer la
responsabilité du domaine hydrique.
M. Ciaccia: II est responsable du domaine hydrique. Vous n'avez
pas besoin d'amender la loi et de lui donner ces pouvoirs spécifiques
dans l'article 62.
M. Garon: Oui.
M. Ciaccia: S'il est responsable du domaine hydrique, il est
responsable. D'après les normes du ministère de l'Environnement,
il pourrait établir certaines normes, mais vous allez
spécifiquement lui donner certains droits qui pourraient contrer
vraiment une juridiction fédérale ou un permis qui serait
octroyé par une autre juridiction.
M. Garon: On n'y a pas pensé quand on a fait cela.
M. Ciaccia: Oh! Je serais bien surpris.
M. Lincoln: Je pense qu'il y a beaucoup de choses auxquelles vous
n'avez pas pensé effectivement. C'est pourquoi on y revient. Vous n'avez
pas pensé aux conséquences de vos actes.
M. Garon: Vous dites que je n'y ai pas pensé et le
député de Mont-Royal dit qu'il serait bien surpris que je n'y aie
pas pensé.
M. Ciaccia: Non, non. Écoutez.
M. Garon: Vous pouvez vous faire un caucus.
M. Ciaccia: Non, non. Le député de Nelligan a dit:
II y a beaucoup de choses auxquelles vous n'avez pas pensé. Il n'a pas
dit que c'était spécifiquement celle-là. Il a dit: II y a
beaucoup de choses auxquelles vous n'avez pas pensé. Je suis d'accord
avec lui - on est solidaire là-dessus - et il est d'accord avec moi pour
dire que vous y avez peut-être pensé plus que vous ne
l'indiquez.
M. Lincoln: Est-ce qu'on peut vous poser une autre question parce
que c'est très difficile de vous faire causer sur des choses
importantes? Vous parlez de toutes sortes de "bebelles", mais, quand arrive la
question clé de ce projet de loi, vous refusez de parler. Vous parlez
des oiseaux que les Italiens mangent et voient des écrevisses.
M. Ciaccia: Des avions dans la brume, des voyages dans le
Nord.
M. Lincoln: C'est toujours la brume. Cela revient toujours
à la nourriture, mais là on veut parler de... Écoutez. Si,
par exemple, le Québec était à la veille de
l'indépendance et que vous - là, je vais faire plaisir à
mes collègues - étiez en train de négocier le territoire
de la mer comme une première étape de négociation, quel
genre de limites auriez-vous situées? Parce que c'est sûrement ce
que vous avez dans la tête dans cette affaire, de situer une limite
préalable où vous pourrez avoir la marge de manoeuvre de dire:
Bon, c'est là, ma mer; mon territoire, c'est cela. Vous devez
sûrement savoir ce que c'est.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Peut-être auriez-vous pu nous en donner une
idée.
M. Garon: Oui. Je vous l'ai dit.
M. Lincoln: Alors, jusqu'où est-ce que cela va?
M. Garon: Personnellement, en étant cohérent avec
les gouvernements antérieurs -cela a été fait par Jean
Lesage en 1964 et cela a été respecté par l'Union
Nationale, par le Parti québécois - le territoire qui a
été accepté entre les provinces du territoire maritime en
1964, car il y a eu une entente entre les provinces, en 1964, qui couvre le
Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse,
l'Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve et Québec, je pense
que ce partage est valable. Je souhaiterais personnellement qu'il soit
entériné par le gouvernement fédéral de sorte qu'il
n'y ait plus d'imbroglio. Je pense que c'est cela qui serait souhaitable.
M. Lincoln: Dans cette entente...
M. Garon: Je ne m'attends pas que le gouvernement actuel à
Ottawa y souscrive beaucoup, parce qu'il souhaite voir la disparition des
provinces. Je pense qu'un nouveau gouvernement peut envisager d'établir
des responsabilités dans la répartition du territoire marin entre
les différentes provinces comme il y avait eu entente en 1964. À
ce moment-là, M. Michael Kirby était le négociateur de la
Nouvelle-Écosse.
M. Lincoln: En 1964, on a un rapport ici qui indique qu'il y
avait sûrement des négociations afin de situer des zones de
pêche, etc., pour les différentes provinces. Ce dont on vous
parle...
M. Garon: II n'était pas question de pêche à
ce moment-là.
M. Lincoln: ...c'est quelque chose de spécifique.
M. Garon: II n'était pas question de pêche.
M. Lincoln: Ah bon! Ce n'est pas une question de pêche.
M. Garon: À ce moment-là.
M. Lincoln: II faudrait que vous montriez toutes ces
études, etc. Pour le moment, ce qu'on veut situer, c'est exactement le
fond de la mer que vous réclamez, la limite extérieure du fond de
la mer.
M. Garon: Je vous ai dit que ce qui serait idéal, ce
serait cela.
M. Lincoln: Avez-vous les coordonnées sur cette
étude du dossier?
M. Garon: Je suis persuadé que M. Gérard D,
Levesque, qui a été membre du gouvernement à ce
moment-là, pourra vous dire de quoi il s'agissait. Il doit
sûrement se
rappeler cette décision importante du cabinet en 1964. Je pense
que lui-même était ministre à ce moment-là.
M. Lincoln: C'est étonnant. Ce serait intéressant
que vous déposiez à la commission le document dont vous parlez
pour ceux d'entre nous qui n'étaient pas dans le cabinet de M. Lesage.
C'est à peu près cela, votre balise actuelle, pour votre
règlement? C'est de cela que vous allez vous servir?
M. Garon: Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que le territoire, tel
qu'il devrait être défini, à mon avis, devrait respecter
l'entente. Je comprends qu'il y a des parties qui sont reconnues
officiellement, où il n'y a pas de doute, que personne ne conteste. Il y
a d'autres parties où il y a des théories. Cependant,
idéalement - là-dessus, vous avez raison - le partage du sol
marin devrait être fixé d'une façon précise, de la
même façon que les provinces l'ont défini entre elles en
1964 en prenant la ligne des points équidistants de leur territoire.
Le Président (M. Laplante): Article 63, adopté sur
division. J'appelle l'article 64. Sur l'article 64, M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté, de concordance.
Article 65?
M. Lincoln: Pourquoi est-ce pris sur le fonds consolidé du
revenu pour la fin de l'exercice? Pouvez-vous nous dire combien va coûter
toute votre petite "bebelle"? La prise de territoire, les pouvoirs
additionnels, les inspecteurs additionnels et une couronne sur votre
tête, sans doute, pour montrer votre nouvelle autorité comme chef,
l'inauguration... (21 heures)
M. Garon: 1534 à 1984, cela serait beau avec le Jacques
Cartier des temps modernes.
Je ne pense pas que cela prendra véritablement des fonds parce
que les fonds sont déjà au ministère.
M. Lincoln: Les fonds sont...
M. Garon: Je ne pense pas. Il s'agit de mesures exceptionnelles;
je ne m'attends pas qu'on utilise l'article 65 puisque nous avons
déjà le Service de la protection au ministère.
Le Président (M. Laplante): L'article 65 est
adopté. Article 66, adopté. Article 67?
Une voix: Adopté
Le Président (M. Laplante): Adopté. Maintenant,
avant d'adopter...
Une voix: Article 67.
Le Président (M. Laplante): Oui. Je pensais que
c'était celui qui prendrait le moins de temps.
M. Garon: L'article 66 est adopté à
l'unanimité.
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Garon: Je vous remercie de votre confiance.
Le Président (M. Laplante): Je ne crois pas que l'article
67 pose de problème. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je trouve triste qu'on ait à suspendre la
charte des droits. C'est ce qui est écrit: "La présente loi a
effet indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de
la Loi constitutionnelle de 1982."
M. Garon: Comment cela?
M. Ciaccia: Pour l'information du ministre, c'est l'article 275
de la Charte canadienne des droits et libertés.
M. Lincoln: Est-ce que vous n'auriez pas pu créer un
précédent et, pour une fois, montrer que vous croyez dans les
droits de la personne?
M. Garon: J'aime mieux la charte québécoise parce
qu'elle est plus généreuse pour les femmes.
M. Lincoln: Ah oui! Excepté quand on la suspend, comme
dans la loi 111.
Le Président (M. Laplante): L'article 67 est adopté
sur division?
M. Lincoln: Sur division, oui.
Le Président (M. Laplante): Avant de se rendre à
l'article 68, je pense qu'il y avait un article qui avait été
suspendu...
Articles en suspens
M. Garon: Deux.
Le Président (M. Laplante): ...et un adopté sur
division. Je pense que c'est l'article 12.
M. Garon: Les articles 14 et 49.
Le Président (M. Laplante): L'article 47
n'a pas été suspendu.
M. Garon: II a été adopté sous
réserve.
Le Président (M. Laplante): II a été
adopté à condition que, s'ils veulent y revenir, les membres
peuvent le faire et si on devait l'étudier à nouveau, on le
ferait.
À l'article 14, M. le député de Nelligan, je ne
sais pas ce qui s'est passé.
M. Lincoln: Je pense qu'à l'article 14 le ministre voulait
laisser cela jusqu'à la présentation du projet de loi 49.
Le Président (M. Laplante): Présentement, on peut
l'adopter.
M. Garon: On l'a laissé en suspens et, quand on aurait
fini, à l'article 68, on reviendrait à l'article 14 et, lorsqu'on
commencera l'étude de la loi 49, pour en faire la deuxième
lecture, dès les premières minutes, j'aurais un amendement
à proposer sur l'article 14, mais je voudrais avoir le temps de voir le
juriste.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas,
M. Garon: Je voulais faire une consultation entre les deux
ministères pour faire quelques retouches et je n'ai pas eu le temps de
voir...
Le Président (M. Laplante): Pour être conforme
à tout ce qui se passe dans les commissions parlementaires, on ne peut
pas adopter le dernier article, 68. Je vais suspendre les travaux et, lorsque
vous reviendrez pour l'article 14, vous adopterez l'article 68. Parce que
l'article 68 dit: La présente loi entre en vigueur à telle date,
etc.
M. Garon: Elle n'entre pas en vigueur. Donc, il faut adopter
l'article 68.
Le Président (M. Laplante): C'est la fin; c'est une
coutume: quant au dernier article pour l'entrée en vigueur, si tous les
articles ne sont pas adoptés, on ne l'adopte pas.
Je ne sais si vous avez d'autres remarques avant que la commission
termine ses travaux.
M. Lincoln: Je voudrais poser une question. On ne peut pas parler
de l'article 68 maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je crois que ce ne serait pas
sage si on ne l'adopte pas, mais si vous avez d'autres remarques avant de
finir.
M. Lincoln: Non.
Le Président (M. Laplante): Parce que j'avais promis
qu'à l'article 47 vous pourriez revenir si vous aviez voulu, mais je
crois que le débat a eu lieu.
M. Lincoln: D'accord.
Le Président (M. Laplante): Maintenant, on va suspendre
les travaux sine die.
M. Garon: C'est cela. On terminera au début de la
prochaine commission parlementaire qui nous réunira pour l'étude
du projet 49.
M. Lincoln: On pourrait avoir une commission parlementaire
entre-temps qui donnerait l'occasion aux pêcheurs, aux travailleurs
d'usines et aux pisciculteurs de se faire entendre.
M. Garon: Ce n'est pas nécessaire.
M. Lincoln: Je crois que ce serait bien valable.
M. Garon: Vous pourriez les rencontrer sans cela.
M. Lincoln: Si vous êtes tellement populaire, cela va
consacrer votre popularité.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Lincoln: Non, mais si vous étiez...
M. Ciaccia: Même après dix ans, cela aurait
été une expérience.
M. Garon: Après 10 ans?
Le Président (M. Laplante): On s'entend.
(Fin de la séance à 21 h 5)