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(Quinze heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation se réunit pour faire l'étude
du projet de loi no 30, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires.
Les membres de la commission sont: MM. Baril (Arthabaska), Beaumier
(Nicolet), Beauséjour (Iberville), Dupré (Saint-Hyacinthe),
Gagnon (Champlain), Garon (Lévis), Houde (Berthier), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) remplacé par LeMay (Gaspé);
Lincoln (Nelligan), Mathieu (Beauce-Sud), Vallières (Richmond).
Les intervenants sont: Mme Bacon (Chomedey), MM. Bisaillon
(Sainte-Marie), Blouin (Rousseau), Boucher (Rivière-du-Loup), Dubois
(Huntingdon), Mme Juneau (Johnson), MM. Lachance (Bellechasse), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Middlemiss (Pon-tiac), Picotte
(Maskinongé).
On demanderait de proposer un rapporteur, s'il vous plaît.
M. Mathieu: M. le Président, auparavant, est-ce le temps
de faire des changements?
Le Président (M. Champagne): Oui, s'il vous
plaît.
M. Mathieu: Avec la permission de la commission, M. le
Président, je voudrais substituer au nom de M. Vallières le nom
de M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Le Président (M. Champagne): Oui, cela va. M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mathieu: Et à la place de M. Middlemiss, M. Daniel
Johnson, député de Vaudreuil-Soulanges.
Le Président (M. Champagne): Oui, comme intervenant, cela
va. Est-ce qu'il y a d'autres changements? Donc, il n'y a pas d'autres
changements. Est-ce que vous pourriez désigner un rapporteur à la
commission?
M. Garon: M. Dupré, peut-être?
Le Président (M. Champagne): Le député de
Saint-Hyacinthe, M. Dupré, est rapporteur. Vous n'avez pas d'objections,
messieurs, il y a consensus?
M. Mathieu: Pas d'objections invincibles, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): M.
Dupré, député de Saint-Hyacinthe, sera le
rapporteur.
M. Garon: Le mouchoir rouge en poche, on dirait qu'il joue au
toréador.
Le Président (M. Champagne): Bien oui. M. le ministre,
avez-vous des remarques préliminaires au sujet du projet de loi no
30?
M. Garon: Non, M. le Président, je pense que nous sommes
prêts à procéder.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Beauce-Sud, est-ce que vous avez des remarques préliminaires à
faire?
Remarques préliminaires
M. Mathieu: Oui, M. le Président. Je voudrais
établir que, lors de l'étude des crédits, le ministre nous
avait dit que nous pourrions profiter de l'étude de ce projet de loi
article par article pour faire un tour d'horizon relativement à SOQUIA
et à ses filiales. Je crois bien que cela tient toujours.
Deuxièmement, je voudrais ajouter que le chef de l'Opposition, le
député de Bonaventure, a bien indiqué, hier, que nous
avons voté pour le projet de loi no 30 en seconde lecture, mais que nous
avons des réserves en ce sens que le projet n'est pas explicite sur
certains points. J'espère que de la discussion jaillira une certaine
clarté...
M. Garon: Jaillira la lumière.
M. Mathieu: ...parce que nous sommes un peu, a priori,
allergiques à la constitution de nouvelles sociétés
d'État, surtout que, dans la foulée du discours inaugural, le
premier ministre promettait une cure d'amaigrissement. Avec le projet de loi no
30, on crée deux nouvelles sociétés d'État et, avec
le projet de loi no 19, on en crée six, seulement pour deux projets de
loi. Maintenant, je dois dire que nous verrons de quelle manière nous
pourrons voter en troisième lecture selon la clarté, selon les
réponses qu'apportera le ministre. Nous
croyons qu'il y a quelque chose à faire dans le domaine des
pêches. Quant à la Société québécoise
des biotechnologies agroalimentaires, je pense que c'est vertueux de fonder une
société. Maintenant, il faudra être plus explicite, nous
convaincre de sa pertinence.
Je ne veux pas être plus long pour le moment, pour ne pas retarder
les travaux. Je vous avise, M. le Président, que j'aurai à
intervenir à l'Assemblée nationale cet après-midi - si
j'ai à quitter ma place ici, je ne voudrais pas que ce soit
interprété comme de l'obstruction - sur l'OCQ, l'office du crime
du Québec, M. le Président.
M. Garon: Cela est affilié au PLQ.
M. Mathieu: Non, c'est le fameux règlement de placement
dans la construction que le ministre du Travail et le gouvernement du Parti
québécois ont créé, ont imposé et qui ne
cesse de causer des injustices. Je ne voudrais pas que, si j'ai à
quitter pour une demi-heure ou trois quarts d'heure, ce soit
interprété comme étant un manque d'intérêt
envers cette honorable commission.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, à vous la parole.
Examen des activités de SOQUIA et de ses
filiales
M. Scowen: Oui, M. le Président. Avant qu'on puisse
étudier comme il le faut les nouvelles orientations de la
société, il est, pour moi, intéressant, même
important, même essentiel de comprendre un peu ce qui s'est passé
jusqu'à maintenant. J'aimerais, en guise de préambule, poser
certaines questions pour avoir certaines informations pour mieux comprendre le
rapport annuel de la société. Elles ne sont pas longues; si je
pouvais les poser immédiatement, cela pourrait peut-être permettre
que je comprenne mieux la nature des activités et des exercices
financiers antérieurs.
Le Président (M. Champagne): Je ne pense pas qu'il y ait
d'objection, M. le ministre.
M. Scowen: La première: vous avez, dans la liste des
compagnies associées, à la page 10 du rapport annuel de
1981-1982, une société qui s'appelle les Crustacés de
Gaspé Ltée, dont vous détenez 30%. Est-ce que vous pouvez
me dire quand cette participation dans cette compagnie a été
acquise? À quelle date?
M. Garon: Je pense bien que c'est avant la construction de la
nouvelle usine moderne qui doit être inaugurée bientôt.
M. Scowen: La date finale de la signature? Le décret,
c'était quand?
M. Garon: Le 27 janvier 1982.
M. Scowen: Le 27 janvier 1982. Et la signature finale de cette
entente?
M. Garon: Cela n'a pas dû être longtemps
après.
M. Scowen: C'était le 27... M. Garon: ...janvier
1982.
M. Scowen: Boni La date du décret, vous avez dit que
c'était le...
M. Garon: 27 janvier.
M. Scowen: ...27 janvier et la date du transfert des actions sur
le plan juridique.
Le Président (M. Champagne): Alors, on va attendre la
réponse. On va vérifier.
M. Scowen: Je continue. L'exercice financier, c'est le 31 mars,
je pense.
M. Garon: 1982.
M. Scowen: Tous les ans, c'est le 31 mars.
M. Garon: Tout le temps.
M. Scowen: Le 24 mars, un décret a été
adopté concernant l'achat des actions additionnelles de Sodispro. C'est
la date que vous m'avez mentionnée à la suite d'une question que
je vous ai posée en Chambre. Le 24 mars 1982, d'après le
ministre, il y avait un décret...
M. Garon: Une autorisation.
M. Scowen: ...une autorisation pour l'achat d'un nombre d'actions
pour porter la participation...
M. Garon: J'avais alors les documents.
M. Scowen: C'est cela que vous m'avez dit.
M. Garon: II faudrait se référer à ce que
j'ai dit exactement. Ce qui est arrivé, c'est que la transaction
n'était pas complétée.
M. Scowen: C'est cela.
M. Garon: Elle a été complétée
après l'exercice financier.
M. Scowen: Cela a été complété le 23
avril, d'après vous.
M. Garon: Ce que j'ai dit à ce moment, c'était en
fonction des documents que j'avais. Je n'ai pas les documents avec moi
actuellement.
M. Scowen: Je pose la question. J'aimerais avoir les dates des
deux événements dans le cas des deux compagnies.
Le Président (M. Champagne): D'accord. On va aller
chercher l'information et on l'aura tout à l'heure. C'est
peut-être difficile de l'avoir tout de suite.
M. Scowen: Je continue avec les questions. De toute façon,
j'ai un document de Dun & Bradstreet concernant les Crustacés de
Gaspé et je cite: "Also since June 1982, SOQUIA Québec holds 30%
of shares in subject and is represented by Jean-Louis Ferland as
Secretary-Treasurer. Ce sont les Crustacés de Gaspé.
M. Garon: En juin?
M. Scowen: Oui, "since June 1982". Il dit qu'au mois de juin
1982...
M. Garon: Je ne sais pas si vous avez déjà
été en affaires. Si vous avez été en affaires, vous
savez que les rapports de Dun & Bradstreet n'ont pas une très grande
précision.
M. Scowen: C'est cela. C'est pourquoi...
M. Garon: Si vous voulez référer à des
documents précis, ne vous référez pas à Dun &
Bradstreet; ils vous donnent des indications...
M. Scowen: Je ne suis pas certain que les déclarations de
Dun & Bradstreet sont précises; c'est pour cela que je vous pose la
question.
M. Garon: D'accord.
M. Scowen: La deuxième question, on attend les dates
précises dans les deux cas. Le rapport du Vérificateur
général, c'est le 16 juillet. C'est signé par M.
Rhéal Châtelain.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: C'est une date à la fois antérieure
à l'achat des actions dont on parle dans les Crustacés de
Gaspé et antérieure également de la date...
M. Garon: Pas antérieure, mais postérieure.
(15 h 30)
M. Scowen: Postérieure, excusez-moi. C'est
postérieur à l'achat des actions dans les deux compagnies. On
voit, à la page 10, une indication en ce sens que les actions des
Crustacés de Gaspé étaient achetées, mais on ne
voit aucune indication que le 16 juillet la participation de SOQUIA dans la
compagnie Sodispro ait été changée. Comment pouvez-vous
expliquer cela?
M. Garon: C'est très simple. Lorsque le
vérificateur vient faire sa vérification...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ...il vous le dit: J'ai vérifié.
Écoutez, il faudrait, quand même, que vous lisiez les rapports, au
moins. Le rapport du vérificateur, voici ce qu'il dit: "J'ai
vérifié le bilan de la Société
québécoise d'initiative agro-alimentaires au 31 mars 1982 - c'est
lui-même qui l'a dit - ainsi que l'état des résultats et
des bénéfices non répartis et l'état de
l'évolution de la situation financière de l'exercice
terminé à cette date."
Alors, lui, il étudie l'entreprise au 31 mars et il dit encore,
plus loin: "À mon avis, ces états financiers présentent
fidèlement la situation financière de la société au
31 mars 1982."
M. Scowen: Oui. Est-ce que, d'après vous, M. le ministre,
le Vérificateur général et le président de la
compagnie n'ont aucune responsabilité pour déclarer dans les
rapports annuels les événements subséquents à la
fin de l'exercice financier de la compagnie, mais antérieurs à la
date de la signature du rapport du vérificateur?
M. Garon: Ce que j'ai vu jusqu'à maintenant - cela fait,
quand même, presque sept ans que je suis ministre - c'est que les gens
ont toujours fait rapport à la date où l'année
financière s'est terminée. Alors, c'est un rapport pour
l'année 1981-1982 qui s'étendait au 31 mars et on donne la
situation telle qu'elle était au 31 mars 1982, mais pas
après.
Quant au Vérificateur général, je vais vous dire
bien franchement que je ne connais pas sa méthode de fonctionner. Vous
pourriez le lui demander personnellement, mais il semble, d'après ce
qu'il dit dans son rapport, qu'il vérifie à une date
donnée.
M. Scowen: Oui, c'est connu, c'est standard dans les
déclarations de tous les vérificateurs. Je veux simplement vous
citer quelque chose qui est assez connu, je pense. Je le soulève parce
qu'on cherche un peu à savoir ce qui se passe dans cette compagnie et on
a parfois de la difficulté. Ce ne sera pas long, M. le ministre, je
m'excuse.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que vous l'avez
trouvé?
M. Scowen: Oui, je l'ai trouvé. M. le Président, je
vous cite les règles existantes de l'Ordre des comptables du
Québec. Redressement des états financiers. "Certains
événements postérieurs à la date du bilan
fournissent un supplément d'informations relativement à des
éléments compris dans les états financiers ou mettent en
lumière des situations qui existaient dans une note
complémentaire dans laquelle on indique la nature de
l'événement et, dans la mesure du possible, une estimation de son
incidence financière. Les renseignements fournis à l'égard
des événements postérieurs à la date du bilan qui
ne nécessitent pas de redressement des états financiers doivent
comprendre une description de la nature de l'événement, une
estimation de son incidence financière, lorsqu'il est possible de le
faire, ou une déclaration indiquant qu'il est impossible de faire une
telle estimation." Et on continue.
Effectivement ce que je veux vous dire, c'est que - peut-être
n'êtes-vous pas au courant, mais vous êtes quand même
responsable pour cette société - il est clair qu'un
événement subséquent à la fin de l'exercice
financier, mais antérieur à la date de la vérification par
le Vérificateur général ou par le comptable
agréé doit être indiqué sous forme de note.
Avez-vous la date?
M. Garon: Je ne suis pas sûr. Je vais vérifier.
Voici la différence entre les deux. Dans le cas des Crustacés de
Gaspé, il y a eu une autorisation le 27 janvier 1982. Une lettre d'offre
a été acceptée le 27 février 1982; donc, à
ce moment-là, il y a un contrat. La transaction des actions est faite le
6 mai 1982.
M. Scowen: Le 6 mai?
M. Garon: Oui. Attendez un peu. Dans Sodispro, la
différence qu'il y a, c'est que l'autorisation du Conseil des ministres
est arrivée le 24 mars 1982 et...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ...le décret qui autorise SOQUIA a
été fait le 24 mars 1982; décret autorisant SOQUIA
à s'associer avec CCF à parts égales pour autant que les
deux parties conviennent d'une nouvelle convention d'actionnaires. La
convention d'actionnaires est faite seulement le 23 avril 1982, donc,
après le 31 mars. C'est pour cela que cela n'apparaît pas dans le
bilan.
M. Scowen: Oui, mais l'autre a été
complété le 6 mai et cela apparaît sur le bilan.
M. Garon: Mais non, il n'est pas complété.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas eu de contrat. Il faut qu'il y ait un
contrat. La lettre d'offre acceptée, donc il accepte qu'il y ait une
transaction. La transaction est faite. Vous avez fait une offre et elle est
acceptée, il y a une transaction.
M. Scowen: Excusez-moi. Alors, qu'est-il arrivé le 6
mai?
M. Garon: Le 6 mai? Il y a eu un contrat le 27 février par
l'acceptation de la lettre d'offre et la fermeture des transactions,
c'est-à-dire que les échanges d'actions ont eu lieu le 6 mai
1982. Il y a un contrat à la date du 27 février, c'est pour cela
que cela apparaît. Dans le cas de Sodispro...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ...il y a eu autorisation du Conseil des ministres le
24 mars.
M. Scowen: II y a eu une entente le 20 février.
M. Garon: Non, non.
M. Scowen: C'est ce que vous m'avez dit. Dans le cas de Sodispro,
à l'Assemblée nationale, vous m'avez dit que l'entente a eu lieu
le 20 février.
M. Garon: Non. Je vais vous relire le document que j'avais dans
les mains. Le 20 janvier 1982, il y a une entente entre SOQUIA et CCF par
laquelle les parties s'entendent pour diriger la compagnie comme si elles
étaient à 50-50 en attendant les autorisations officielles du
gouvernement du Québec. Le 24 mars 1982, il y a un décret
autorisant SOQUIA à s'associer à parts égales avec CCF
dans Sodispro Technologie, pour autant que les deux parties conviennent d'une
nouvelle convention d'actionnaires.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Puis, le 23 avril 1982, il y a une convention
d'actionnaires entre CCF et SOQUIA régissant leurs rapports sur une base
de 50-50. Donc, sur le plan juridique, la transaction apparaît le 23
avril 1982, à la suite de l'autorisation du Conseil des ministres.
M. Scowen: M. le Président, si je comprends bien, dans le
cas de Sodispro, l'entente est intervenue le 20 janvier et, dans le cas de
Crustacés, l'entente est intervenue le 27 février.
M. Garon: Non, non.
M. Scowen: Qu'est-il arrivé le 27 février?
M. Garon: Ce n'est pas la même chose. SOQUIA ne peut pas
faire ces actes. Le 20 janvier, il y a une entente entre SOQUIA et CCF par
laquelle les parties s'entendent pour diriger la compagnie comme si
c'était...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ...à 50-50, mais elles attendent des
autorisations officielles. Il n'y a pas vraiment 50% tant que les autorisations
ne sont pas arrivées, la loi exige cela. Alors, le décret est
adopté par le Conseil des ministres le 24 mars 1982. Les gestes
juridiques qui suivent cela arrivent le 23 avril 1982. Alors, la convention
d'actionnaires est signée entre CCF et SOQUIA...
M. Scowen: II y a la vente.
M. Garon: ...régissant les rapports sur une base de 50-50,
tandis que, dans l'autre cas, la lettre d'offre est acceptée le 27
février 1982. Il y a contrat à ce moment-là.
M. Scowen: Mais il n'y avait pas achat ou vente.
M. Garon: Bien oui. La transaction.
M. Scowen: Non. Si vous m'avez dit la vérité, la
vente a eu lieu le 6 mai.
M. Garon: Bien oui, mais avez-vous déjà
acheté des actions d'un courtier?
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Bon! Avez-vous remarqué que, lorsque vous
achetez des actions d'un courtier, le moment où vous les achetez et le
moment où vous faites le transfert comportent deux dates
différentes? Mais quand y a-t-il contrat?
M. Scowen: S'il vous plaît! M. Garon: Quand?
M. Scowen: S'il vous plaît! Une vente est une vente.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Un contrat est un contrat et une vente est une vente.
Ce sont deux choses différentes. C'est pourquoi ils ont deux noms
différents.
M. Garon: Une vente est un contrat. M. Scowen:
Qu'arrive-t-il entre un contrat et une vente? Il y a une période
entre les deux?
M. Garon: Oui. Dans le cas des Crustacés de Gaspé,
la lettre d'offre acceptée, le contrat date du 27 février 1982,
le contrat est fait à ce moment-là; le reste, ce sont des
formalités.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Tandis que, dans le cas de Sodispro...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ... il ne peut pas y avoir contrat avant l'autorisation
du Conseil des ministres.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Alors, l'autorisation du Conseil des ministres arrive
le 24 mars...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ... et les papiers qui suivent l'autorisation du
Conseil des ministres sont faits le 23 avril 1982.
M. Scowen: J'espère que vous réalisez, M. le
ministre, que vous prenez deux événements de nature
différente pour justifier les deux cas. Dans un cas, vous parlez de
l'entente...
M. Garon: Non.
M. Scowen: ... du Conseil des ministres. Dans l'autre cas, vous
parlez de vente.
M. Garon: Mais non. M. Scowen: Mais oui.
M. Garon: Mais non. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
On peut s'entendre pour diriger quelque chose tous les deux, paritairement,
sans être paritaires dans l'entreprise. Vous ne pouvez pas
apparaître là avec 50% des actions si vous n'êtes pas
paritaire dans l'entreprise.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Mais vous pouvez diriger quelque chose
conjointement.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Ce sont tous des actes légaux
différents.
M. Scowen: Oui. Mais qu'est-ce qui...
M. Garon: Vous ne pouvez pas arriver avec 50% des actions. Dans
l'affaire de Sodispro, l'achat de 50% des actions est réalisé le
23 avril 1982, tandis que, dans le cas des Crustacés de Gaspé, la
vente ou la transaction comme telle a lieu le 27 février 1982. Cela me
paraît assez clair. Je pense bien que le notaire, le député
de Beauce-Sud, pourrait vous expliquer cela.
M. Scowen: Laissez-moi parler. Est-ce que vous convenez que
toutes ces transactions, dans les deux cas, ont eu lieu avant le 16 juillet
1982?
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Est-ce que vous prétendez que le
Vérificateur général n'a aucune obligation de prendre des
notes écrites des événements subséquents à
la fin de l'exercice financier qui ont une importance pour la compagnie et qui
arrivent entre la date de sa signature et la fin de l'exercice financier?
M. Garon: Ce n'est pas moi qui contrôle le travail du
Vérificateur général. Il est censé être
comptable, suivre les règles de la comptabilité et faire son
rapport. Il dépend de l'Assemblée nationale; il ne dépend
pas d'un ministre. Il est nommé par l'Assemblée nationale.
M. Scowen: Est-ce que vous prétendez que le
président de la société qui signe - je pense que c'est lui
qui est censé connaître les conventions comptables normales - un
document ...
M. Garon: Oui.
M. Scowen: ... au mois de septembre n'a aucune obligation de
mentionner à son comptable que des événements
subséquents importants sont survenus non seulement avant la date
où il a signé, mais avant la date où le
Vérificateur a signé? J'aimerais connaître votre
réponse parce que, si elle est affirmative, cela aura un impact
très intéressant pour les présidents et les
vérificateurs des autres sociétés d'État.
M. Garon: Le Vérificateur général ne
dépend pas de moi. Ce n'est pas moi qui lui dis comment faire ses
rapports de vérification.
M. Scowen: Le président de la société
dépend de vous.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Oui. Alors, est-ce que vous êtes d'accord avec
le fait que le président d'une société d'État,
lorsqu'il regarde des rapports du Vérificateur général qui
négligent de mentionner des événements subséquents
importants, signe ces rapports sans porter ces événements
subséquents à l'attention du Vérificateur
général? Est-ce que vous êtes d'accord avec cela? Si vous
dites oui, je vous promets qu'on aura beaucoup de P.-D.G. des
sociétés d'État au Québec qui seront très
intéressés d'apprendre cela.
M. Garon: Ce n'est pas moi qui dis de quelle façon doit se
rédiger le rapport du Vérificateur général...
M. Scowen: Non, mais je parle de votre président.
M. Garon: ... et comment celui-ci doit fonctionner.
M. Scowen: Je parle de votre président. Est-ce que vous
êtes satisfait de ce qu'il a fait dans ce cas? Est-ce que vous pensez que
votre président a la responsabilité de porter à
l'attention de son comptable, le Vérificateur général, les
événements subséquents importants?
M. Garon: Je ne suis pas ici pour donner des opinions; je suis
ici... (15 h 45)
M. Scowen: Franchement!
M. Garon: Là, vous me demandez une opinion.
M. Houde: J'ai compris. Je n'ai pas à prendre la place du
ministre. D'abord, la position n'est pas la même et le salaire n'est pas
le même du tout. Il connaît tout. Envoyez, répondez! Si vous
n'êtes pas capable de répondre, dites oui, dites non, c'est tout.
On va passer à autre chose après.
M. Scowen: On va poser la question au premier ministre.
M. Houde: Vous êtes d'accord? C'est cela qu'il vous
demande. Êtes-vous d'accord, oui ou non?
M. Scowen: On va demander au premier ministre s'il est d'accord
avec vous.
M. Garon: Je n'ai pas à être d'accord ou pas
d'accord.
M. Houde: Répondez oui ou non. Oui ou non? C'est cela
qu'il veut savoir.
M. Garon: M. le Président, pourriez-vous aller faire
soigner le député de Berthier? Il est malade des nerfs. Il y a
des médecins pour cela. On les appelle des neurologues. Cela lui prend
une camisole de force. Il faudrait peut-être appeler. Il y a des
hôpitaux qui en ont à Québec.
Le Président (M. Champagne): Non, non, enfin... Voici,
d'après le député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Scowen: Je vais répéter la question pour qu'il
n'y ait pas de malentendu, si vous me le permettez.
Le Président (M. Champagne): C'est parce que, comme
président, je ne sais pas où vous voulez en venir. Je pense que
je n'ai pas à vous guider dans votre question, mais arrivez-y
directement. Je ne sais pas, là.
M. Scowen: Je ne voudrais pas m'éterniser. En
conséquence, je vais répéter très clairement et
brièvement la question et le ministre pourra répondre, s'il le
veut, ou non.
Il est évident, d'après les informations que le ministre
nous a soumises, qu'entre le 31 mars 1982 et le 16 juillet 1982, date à
laquelle le Vérificateur général a signé le rapport
annuel de SOQUIA, il y a eu des événements importants, notamment
concernant l'acquisition d'actions de la compagnie Sodispro. Le
Vérificateur général n'a pas fait mention de ces
événements dans une note qu'on appelle couramment, je pense, Note
pour événements subséquents. Au mois de septembre, le
président de SOQUIA a signé le rapport annuel de la compagnie et,
par la suite, effectivement, il a signé le rapport du
Vérificateur général; il l'a approuvé. Le
président savait certainement au mois de septembre que ces
événements avaient eu lieu et qu'ils avaient eu lieu même
avant que le Vérificateur général signe le rapport.
Est-ce que vous êtes d'accord ou non, M. le ministre, avec le fait
que le président de la compagnie, ayant eu connaissance de ces
événements, sachant qu'ils avaient eu lieu avant la signature du
rapport par le Vérificateur général, n'ait pas
porté ces événements à l'attention du
Vérificateur général pour lui demander de les inscrire
comme notes à l'intérieur du rapport annuel? Plus
généralement - je termine la question, M. le ministre, parce que
la deuxième partie est aussi importante que la première - est-ce
que vous êtes d'accord en général avec l'idée que le
président peut signer un rapport annuel quand il sait qu'il y a des
événements subséquents qui n'y sont pas notés?
Est-ce que vous êtes d'accord avec ce cas en particulier et avec le
principe général qui est en cause?
Le Président (M. Champagne): Enfin, j'essaie de
comprendre. Supposons que le Vérificateur...
M. Scowen: Le ministre aussi.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Garon: Quel est le geste qui, à votre avis, aurait
dû être mentionné? Ne parlons pas en général,
mais précisément. Quel est le geste, à votre avis, qui
aurait dû être mentionné et qui n'est pas mentionné
dans le rapport ou dans le bilan, ou par une note au bilan?
M. Scowen: Le geste précis dont je parle, c'est
l'événement qui est arrivé au plus tard le 23 avril, ou,
si vous préférez, le 24 mars, quand la participation de SOQUIA
dans la compagnie Sodispro a été augmentée de 50%.
M. Garon: Pas de 50%.
M. Scowen: Excusez-moi. Il y en a un deuxième: le fait
que, le 28 juin, date antérieure aussi à la date de la signature
du Vérificateur général, il y avait reprise de possession
par la Banque de Montréal de la compagnie Sodispro. L'augmentation des
parts à 50% et la reprise de possession de la société
avant le rapport du Vérificateur général. Êtes-vous
d'accord avec le fait que le président de la société n'ait
pas demandé au Vérificateur général de faire
mention de ces deux événements?
Le Président (M. Champagne): Pour mon information à
moi, c'est un peu personnel, mais en attendant qu'il trouve la réponse,
vous faites bien une distinction entre le vérificateur comptable et le
Vérificateur général? Est-ce qu'il y a une
différence là-dedans?
M. Scowen: Oui, Vérificateur général
à titre de comptable de la société.
Le Président (M. Champagne): À titre de comptable
qui le fait après, comme révision.
M. Scowen: Je fais référence à cette
signature ici, ce n'est pas compliqué. Ce sont des livres.
M. Garon: On peut avoir plusieurs hypothèses
là-dessus. Mais vous voulez dire que la prise de possession le 28 juin
par la banque aurait dû être notée?
M. Scowen: Deux choses, l'augmentation des parts le 23
avril...
M. Garon: Je pense que l'augmentation des parts fluctue...
M. Scowen: ... et la reprise de possession.
M. Garon: ... mais c'est plus compliqué que cela. S'il
faut que le Vérificateur général fasse des notes chaque
fois qu'il y a
un changement dans une entreprise - parce qu'il fait son rapport
après le 31 mars - je pense que le rapport annuel fera mention de
plusieurs choses. À la date du 16 juillet, quel est
l'événement qui est important? Quel est le montant qui est
important? Un an ou deux ans plus tard, c'est facile de regarder et de dire que
tel événement avait plus d'importance que tel autre, mais dans la
vie d'une entreprise il y a une série d'événements qui se
produisent qui ont une importance relative dans le temps, mais qui prennent
leur dimension longtemps après. Une prise de possession par la banque,
il y a bien des prises de possession qui ne sont pas des prises de possession
définitives. Voulez-vous me dire, à titre d'expert en finances,
que lorsque vous lisez un bilan d'entreprise et qu'il y a des filiales qui
participent à d'autres sociétés ou qu'il y a des parts
dans d'autres sociétés, les prises de possession de ces autres
entreprises-là sont indiquées dans le bilan?
M. Scowen: Écoutez, si... M. Garon:
Répondez-moi.
M. Scowen: Ma réponse est oui. Je pense que si les parts
d'une société sont augmentées de 34,4% à 50% et que
la société a une certaine importance, ce n'est pas une petite
affaire et si, par la suite, la compagnie, de toute façon, cesse ses
activités, est en faillite, il y a lieu de le mentionner. Si la
réponse est non, je vais reposer la question au premier ministre demain
parce que cela touche de nombreuses sociétés d'État.
M. Garon: On peut vous dire...
M. Scowen: J'aimerais avoir votre opinion parce que, si vous
pensez que M. Marier, le président, n'a pas de responsabilité
là-dedans, je vais demander au premier ministre s'il pense que, dans le
cas des autres sociétés d'État, les mêmes
règles doivent s'appliquer.
M. Garon: Si vous suivez les règles comptables normales.
Il y a d'autres activités. On me dit qu'au mois d'avril 1982 la Meunerie
Camirand a été vendue à Nutribec; est-ce qu'on aurait
dû l'indiquer? On donne le portrait exactement le 31 mars 1982.
L'année financière finit le 31 mars 1982.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Mais s'il faut conter l'histoire de chacune des
entreprises au moment où le Vérificateur général
fait son rapport, si le Vérificateur général fait son
rapport au mois de mai, au mois de juillet, au mois de septembre, à ce
moment-là il faudra avoir un rapport variant selon la date de
vérification du Vérificateur général. Je pense
qu'il y a des règles suivies par ceux qui sont dans l'administration
publique comme celle de faire leur rapport à telle date. Ils indiquent
la situation telle qu'elle est à cette date. Qu'il faille donner
quelques indications additionnelles, je pense bien que ce n'est pas mauvais,
mais de là à faire un procès lorsqu'il n'y a pas un
ensemble d'événements marqués entre la fin de
l'année financière et la date du rapport du Vérificateur
général, je vous ramène au rapport du Vérificateur
général. C'est lui-même qui l'a dit. Il a
"vérifié le bilan de la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires, SOQUIA au 31 mars
1982, ainsi que l'état des résultats et des
bénéfices non répartis et l'état de
l'évolution de cette institution financière de l'exercice
financier terminé à cette date. Ma vérification, dit-il, a
été effectuée conformément aux normes de
vérification généralement reconnues et a comporté,
par conséquent, des sondages et autres procédés que j'ai
jugés nécessaires dans les circonstances. À mon avis, ces
états financiers présentent fidèlement la situation
financière de la société au 31 mars 1982, ainsi que les
résultats de ses activités et l'évolution de sa situation
financière pour l'exercice terminé à cette date, selon les
principes comptables généralement reconnus appliqués de la
même manière qu'au cours de l'exercice précédent."
C'est signé: le Vérificateur général du
Québec, Rhéal Châtelain. Québec, le 16 juillet
1982.
M. Scowen: Ce que je veux, c'est que vous me donniez...
M. Garon: Alors, ce que vous devriez faire, c'est demander au
Vérificateur général s'il ne devrait pas indiquer certains
événements qui se sont passés entre la fin de
l'année financière qu'il analyse, dont il fait la
vérification, et la date de la vérification.
M. Scowen: Je vais vous lire - en terminant, j'espère - la
règle 06 de l'Ordre des comptables concernant les
événements subséquents ou postérieurs: "II faut
redresser les états financiers lorsque les événements
survenus entre la date du bilan et la date de la mise au point
définitive des états financiers fournissent un supplément
d'information à l'égard de la situation qui existait à la
date du bilan."
M. Garon: II faut redresser les états financiers, vous
avez dit?
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Redresser les états
financiers.
M. Scowen: Je continue.
M. Garon: C'est un mot assez fort: redresser les états
financiers.
M. Scowen: Je continue.
M. Garon: II ne s'agit pas de marquer une participation
différente.
M. Scowen: C'est la règle 10 maintenant: "On doit
présenter par voie de notes, et non en redressant les états
financiers, les événements survenus entre la date du bilan et la
date de la mise au point définitive des états financiers qui
n'ont pas trait à la situation à la date du bilan, mais a) qui
entraîneront des modifications importantes de l'actif ou du passif au
cours du nouvel exercice ou qui auront ou qui risquent d'avoir des
répercussions importantes sur les activités futures de
l'entreprise." Est-ce que vous prétendez que la reprise de possession de
Sodispro est quelque chose qui ne risque pas d'avoir des répercussions
importantes sur les activités de SOQUIA?
M. Garon: Ce que vous faites actuellement, c'est le bilan de
SOQUIA.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Ce n'est pas le bilan de Sodispro.
M. Scowen: Non, je parle de SOQUIA. Pour SOQUIA, cela n'a aucune
importance? Vous avez dit dans votre lettre aux créanciers que
c'était un événement très important pour SOQUIA et
que cela entraînera une perte immédiate de 3 300 000 $. Vous avez
effectivement dit, dans la lettre aux créanciers, que c'était
pour SOQUIA une affaire très importante. Vous l'avez dit. Voulez-vous
que je vous cite, car j'ai le texte ici?
M. Garon: J'ai dit que le 28 juin... C'est vrai.
M. Scowen: Vous avez dit aux créanciers de Sodispro que
c'était très important pour SOQUIA, cette perte. Maintenant, vous
me dites que ce n'était pas important pour SOQUIA.
M. Garon: Non, j'ai dit que SOQUIA était, au moment de la
reprise de possession, dans la même situation que les autres
créanciers. C'est cela que j'ai dit. Parce que les créanciers
avaient écrit et laissaient entendre que SOQUIA avait été
avantagée par la situation. J'ai dit dans la lettre que SOQUIA avait
été dans la même situation que les créanciers et
qu'elle n'avait pas été avantagée par les actions de la
banque. C'est cela que j'ai dit.
M. Scowen: Est-ce que vous prétendez maintenant que
l'événement qui est arrivé, l'augmentation de la part de
Sodispro suivie par la fermeture et la reprise de possession par la banque,
était une affaire qui n'était pas importante pour SOQUIA? Oui ou
non?
M. Garon: J'ai dit: Les mises de fonds des actionnaires dans le
capital-actions de l'entreprise de même que leurs prêts de second
rang n'ont actuellement de valeur que si la réalisation des biens par la
banque ou la vente de l'usine est faite pour une considération
supérieure à l'obligation de premier rang de 13 000 000 $. Vous
savez comme moi - je n'ai pas vérifié auprès du
vérificateur - qu'il signe sa lettre le 16 juillet 1982; il n'a pas
dû faire la vérification le 13 juillet 1982. Cela devait
être parti depuis un bout de temps. Quand le vérificateur fait son
rapport de vérification -on peut bien chercher des poux si on veut -il
signe sa lettre le 16 juillet. (16 heures)
M. Scowen: Événement postérieur.
M. Garon: Oui. Événement postérieur, sauf
que le vérificateur fait son rapport de vérification le 16
juillet, pour une vérification qu'il a faite au 31 mars. Je ne sais pas
si c'est au mois de mai ou au mois de juin, qu'il a faite, il faudrait
vérifier, mais il l'a faite à une période
donnée.
M. Scowen: Oui. Mais vous ne répondez pas. Est-ce que vous
pensez que cet événement postérieur, la repossession de
toute une compagnie dans laquelle vous aviez des parts très importantes,
était important pour SOQUIA ou pas important? J'aimerais avoir votre
opinion.
M. Garon: Je vous dis que ce qui apparaît au bilan, ce sont
des provisions. On me dit que là où cela peut apparaître
dans le bilan, c'est quand vous voyez, à la page 17 du bilan 1982,
"provision pour pertes sur placements". Il y a toujours un montant qui
apparaît chaque année en cas de pertes pour des actions...
M. Scowen: Les détails sont à la page 19. C'est
plus facile à lire à la page 19.
M. Garon: Puis?
M. Scowen: Vous avez les provisions pour pertes, à la
partie C. Je vois que, pour l'année, vous avez ajouté: solde pour
pertes, participation au capital-actions d'entreprises, 106 272 $. Est-ce que,
dans ces 106 000 $,
il y avait les 3 000 000 $ qui étaient prévus et que vous
avez mentionnés dans le cas de Sodispro? Est-ce que cette
partie-là est aussi faussée?
M. Garon: À ce moment-là, on ne pouvait pas prendre
le montant sur le montant complet de toute façon, puisque la transaction
n'était pas effectuée. Elle a été effectuée
au mois d'avril.
M. Scowen: Oui, mais vous dites que le 28 juin - je cite la
longue lettre que vous avez envoyée aux créanciers - la banque a
repris possession de Sodispro, entérinant une perte immédiate
pour SOQUIA de 3 000 000 $. Si cette perte immédiate est survenue...
M. Garon: Non, ce n'est pas exact.
M. Scowen: Je cite votre lettre. Je l'ai ici, quelque part.
M. Garon: C'est une façon de parler. M. Scowen: C'est une
façon de parler!
M. Garon: C'est une façon de parler. Il y a une perte tant
qu'il n'y a pas réalisation. Mais s'il y a réalisation, on
pense... Je l'explique un peu plus loin dans le document, où je dis
que...
M. Scowen: Oui, j'aimerais beaucoup...
M, Garon: ... tant qu'il n'y a pas réalisation, on ne peut
pas savoir quel est le montant de la perte. C'est seulement lorsqu'il y a
réalisation de l'actif qu'on peut quantifier la perte, sauf qu'on ne
pense pas -c'est pour cela que j'ai dit qu'il y a une perte immédiate -
que la réalisation de l'actif va permettre de rembourser les actions
ordinaires.
M. Scowen: C'est la longue lettre du ministre.
M. Garon: Ce que je vous dis, c'est la même chose.
M. Scowen: C'est la même chose. Vous avez dit...
M. Garon: Je suis allé à deux places. J'ai
parlé de cela à deux places.
M. Scowen: Vous pouvez peut-être répondre aux
questions directement. Est-ce que c'est vrai que, le 28 juin, il y avait
reprise de possession de Sodispro par la banque?
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Est-ce qu'à ce moment cela a
entraîné une perte immédiate - je vous cite - de quelque 3
000 000 $ qui sont votre part dans le capital-actions? C'est cela que vous avez
dit et vous êtes prêt à le confirmer?
M. Garon: C'est-à-dire qu'il y a une perte du
capital-actions parce qu'il y a reprise de possession, mais s'il arrivait que
la vente des actifs rapportait plus que ce qui est dû aux
créanciers, une partie pourrait être attribuée sur le
capital-actions.
M. Scowen: Vous étiez très précis sur les
pertes parce que vous vouliez persuader les créanciers que vous autres,
vous aviez souffert. Vous disiez: Nous autres, nous avons déjà
perdu au moins 3 300 000 $.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Vous avez dit cela, le 28 juin.
M. Garon: Ce que je voulais dire par rapport à eux autres,
c'est: Si vous autres, vous perdez, nous autres on perd, cela est sûr,
parce que, comme ils sont créanciers, ils vont passer avant les actions
ordinaires. Si vous autres vous perdez, nous autres, on est sûr de perdre
cela au moins. Parce que, lors des remboursements, les créanciers
ordinaires sont remboursés avant les propriétaires d'actions
ordinaires.
M. Scowen: Comment se fait-il que, sachant déjà le
28 juin que les pertes dans les participations au capital-actions des
entreprises, étaient au moins de 3 000 000 $...
M. Garon: Vous jouez sur les mots.
M. Scowen: Jouer sur les mots? Sur quels mots je joue, moi?
M. Garon: Je vous dis que la perte n'est pas quantifiée.
C'est cela que je vous dis. La perte n'est pas quantifiée. Elle ne peut
pas paraître à un bilan, vous ne savez pas ce que cela va
être exactement.
M. Scowen: Ce sont des provisions pour pertes. Ce ne sont pas des
pertes. Une provision pour perte, ce n'est pas une perte. Quand vous pensez que
probablement vous allez perdre, vous faites une provision pour perte. Il me
semble qu'à ce moment ce serait plus que normal d'ajouter à vos
provisions pour pertes la provision de ces 3 000 000 $. Oui?
M. Garon: Sauf qu'il y a une chose, c'est que, dans Sodispro,
SOQUIA n'a jamais eu beaucoup d'argent sous forme de capital-
actions.
M. Scowen: On parle de 3 000 000 $, il n'y a pas de discussions.
C'est vous qui l'avez dit. Moi je l'accepte, 3 300 000 $. Je vous demande
pourquoi le président de SOQUIA, le 15 septembre... Vous voulez que les
contribuables vous confient 40 000 000 $ de plus.
M. Garon: Écoutez, c'est facile. Vous parlez d'un bilan
qui se termine le 31 mars 1982 alors que le rapport du vérificateur est
fait le 16 juillet.
M. Scowen: Et il a été signé par M. Marier
le 15 septembre. On ne conteste pas ces dates.
M. Garon: J'ai la lettre de transmission d'un bilan au 31 mars
1982 vérifié, mais qui est transmis à ce moment.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: C'est facile, un an après, de dire qu'à
cette date il y avait tel montant parce que vous connaissez la suite des
événements. À ce moment, vous ne les connaissiez pas. Au
moment où vous analysez le bilan au 31 mars 1982, vous avez le portrait
tel qu'il est. Là, vous essayez de dire: C'est cela qui n'est pas exact,
ce n'est pas correct, c'est faux. Il n'y a pas un comptable qui fait cela
ainsi. Au 31 mars 1982, vous avez un bilan qui est à telle date. Vous
dites qu'à peu près tous les événements qui dans un
an vont paraître avoir de l'importance auraient dû paraître
à ce moment. Là, je dis que vous charriez.
M. Scowen: C'est ce que je veux savoir, si je charrie ou non;
parce qu'il y a un document de l'Ordre des comptables qui s'appelle
Événements postérieurs à la date du bilan. Ce n'est
pas moi qui l'ai écrit. Ce sont des règles.
M. Garon: De l'entreprise.
M. Scowen: Ahl d'accord. Alors, c'est une autre question.
M. Garon: Dans le bilan de l'entreprise, sauf que SOQUIA a des
participations dans une trentaine d'entreprises différentes.
M. Scowen: Mais SOQUIA est aussi une entreprise.
M. Garon: Oui. Ce que vous avez, c'est le bilan de SOQUIA.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Vous voudriez que le rapport comptable s'applique au
bilan de l'entreprise...
M. Scowen: Et de SOQUIA.
M. Garon: ... mais pas au bilan des filiales de l'entreprise.
M. Scowen: Je veux que cela s'applique à SOQUIA.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Si vous me dites que les règles comptables qui
s'appliquent à l'entreprise ne doivent pas s'appliquer aux
sociétés d'État, alors c'est une autre chose.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je dis.
M. Scowen: Bon! Si cela doit s'appliquer, je vous demande comment
il se fait que le Vérificateur général, avec la
connaissance du président, peut signer un document le 16 juillet quand
il sait qu'il y avait une perte de 3 300 000 $ probable...
M. Garon: Ah! Vous venez de dire le mot exact, "probable". Ce
n'est pas cela, un bilan.
M. Scowen: ... qui n'était pas notée dans une page
qui est consacrée précisément à enregistrer des
provisions pour pertes dans les participations au capital-actions. Comment cela
peut-il se défendre? C'était connu.
M. Garon: Non.
M. Scowen: Les règles comptables le prévoient. Le
président le savait. Si le Vérificateur général
n'était pas au courant il me semble que le président avait une
certaine responsabilité de l'informer. Est-ce que vous êtes
d'accord avec tout ce qui s'est passé?
M. Garon: Je ne suis d'accord d'aucune façon sur ce que
vous dites.
M. Scowen: Non.
M. Garon: Vous parlez d'une perte probable. Les rapports
n'indiquent pas des pertes probables ou des pertes possibles ou des profits
estimés. Ils sont une photographie de la réalité. C'est
dans la réponse qui a été faite aux créanciers de
Sodispro, qui est datée du 30 mars 1983, qu'on parle d'une perte
immédiate de 3 300 000 $. C'est parce que vous connaissez les
événements postérieurs. Cette lettre est datée du
30 mars 1983 par le directeur général adjoint; ce n'est pas moi
qui l'ai signée. Vous connaissez mieux les événements et
vous en
savez plus que vous n'en saviez à ce moment.
M. Scowen: Pouvez-vous me dire que, quant à vous, les
connaissances que vous aviez le 28 juin en ce qui concerne la liquidité
et la position financière de Sodispro n'étaient pas suffisantes
pour justifier une addition à cette provision probable pour pertes,
d'après les règles que vous utilisez normalement pour faire une
provision de ce genre?
M. Garon: Au 28 juin, vous venez d'avoir la prise de possession
par la banque; vous ne savez pas ce qui va arriver. Vous ne savez pas quel sera
le comportement des gens dans le dossier et vous n'êtes pas capable de
faire des prévisions à ce moment. Dans les semaines qui suivront,
vous serez capable de le faire, mais pas à ce moment.
M. Scowen: Je ne veux pas m'éterniser. En gros, vous
êtes satisfait de la façon dont le Vérificateur
général et le président de SOQUIA se sont comportés
dans la faillite et l'acquisition du capital-actions de Sodispro à la
suite de la date finale de l'exercice financier, mais avant le 16 juillet. Vous
êtes satisfait du comportement du président et du
Vérificateur général dans ce cas.
M. Dupré: M. le Président, avant que le ministre
donne sa réponse, le 28 juin, lors de la reprise par la banque - le
document est signé du 16 juillet - il est presque certain, sinon
certain, que le travail avait été fait.
M. Garon: II était déjà parti de chez le
vérificateur.
M. Dupré: II y a une série de compagnies et de
sociétés dans cela. Il est tout au moins presque certain
qu'à ce moment l'étude de toutes ces compagnies avait d'ores et
déjà été faite. M. Châtelain a signé
son rapport le 16 juillet. Tout cela ne s'est pas fait dans la même
journée. La reprise a eu lieu le 28; à ce moment, c'était
une possibilité. Si, une semaine après, il y avait eu reprise ou
revente à une compagnie pour 16 000 000 $; il n'y aurait pas eu de perte
prévisible.
M. Scowen: Je propose que le député s'informe
auprès de M. Châtelain quant à la signification de la date
de la signature d'un état financier d'une société. Il
découvrira très vite que, même si tout le travail a
été fait à l'avance, la personne qui signe a une
très grande responsabilité dès le moment de la date de la
signature. (16 h 15)
M. Dupré: Oui, je suis d'accord, mais n'oubliez pas que ce
n'est pas le bilan de 1983; il est signé en 1982, mais il finit au 31
mars.
M. Scowen: Je comprends cela. Je comprends tout cela. Est-ce que
le ministre est satisfait du comportement du Vérificateur
général et de son président dans le cas que nous avons
discuté maintenant en détail et en profondeur? Est-ce que vous
trouvez que c'est un comportement acceptable pour les dirigeants de nos
sociétés d'État?
M. Garon: Je n'ai pas à dire si je suis satisfait ou non.
J'ai à prendre acte que le Vérificateur général a
fait son travail et, si l'Opposition n'est pas contente du rapport du
Vérificateur général, qu'elle fasse comparaître le
Vérificateur général et qu'elle lui demande des
comptes.
M. Scowen: Mais êtes-vous satisfait du comportement du
président dans cette affaire?
M. Garon: Pourquoi?
M. Scowen: Est-ce que vous êtes satisfait de tout ce que le
président a fait ou n'a pas fait quant à aviser le
vérificateur ou à ne pas aviser le vérificateur?
M. Garon: Je n'ai pas à répondre à des
questions comme celle-là.
M. Scowen: Alors, effectivement, vous n'êtes pas capable de
dire oui.
M. Garon: Mais pourquoi me demandez-vous cela? Je n'ai pas
à répondre à de telles questions.
M. Scowen: D'accord.
M. Garon: Je vais vous poser une question. Êtes-vous
satisfait de votre chef?
M. Scowen: Ah! Je suis exceptionnellement satisfait de mon chef.
Je le dis sans ambiguïté.
M. Garon: Lequel?
M. Scowen: M. Gérard D. Levesque. Je note que le ministre
n'est pas capable de dire la même chose concernant son
président.
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, messieurs!
Il ne faudrait pas entrer dans ce sujet, M. le député.
M. Scowen: Je pense que, sur cette partie, c'est clair.
M. Garon: Non, il n'y a pas de rapport, ni pour ni contre.
M. Scowen: Est-ce que je peux poser
une autre question?
M. Garon: Vous posez des questions qui n'ont rien à voir
avec des jugements d'ordre moral sur des actes qui sont des actes comptables
faits par des comptables. Je n'ai pas à déterminer si les
comptables...
M. Scowen: Je parle du président.
M. Garon: Je prends acte du rapport comptable qui a
été fait par la firme comptable. Point. Si vous pensez que la
firme comptable n'a pas fait son travail, dites-nous que la firme comptable n'a
pas fait son travail et dites au Vérificateur général que
la firme comptable n'a pas fait son travail, qu'il y a des choses qui auraient
dû apparaître et qui n'apparaissent pas. Mais de là à
me demander d'apprécier le travail du Vérificateur
général ou le travail des comptables, c'est une autre
affaire.
M. Scowen: Mais ce n'est pas la question que j'ai posée.
J'ai demandé: Est-ce que vous êtes satisfait du comportement de
votre président? Est-ce que vous êtes satisfait qu'il ait tout
fait pour aviser le Vérificateur général des
événements subséquents ou pour ne pas l'aviser, selon le
cas, parce qu'on ne sait pas ce qu'il a fait? Est-ce que vous êtes
satisfait du comportement du président de SOQUIA dans le cas que nous
avons discuté?
M. Garon: Question hypothétique.
M. Scowen: Merci beaucoup. C'est la réponse que
j'attendais. C'est dommage que vous ne soyez pas capable de dire oui.
Le Président (M. Champagne): Alors, je pense que vous
vouliez...
M. Garon: Je n'ai pas à répondre oui ou non
à une telle question; c'est une question ridicule.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce a exprimé le désir de ne pas
étirer le débat.
M. Scowen: Une petite question qui ne suscitera pas de
débat. Est-ce possible d'avoir des détails sur les profits ou
pertes de chacune des compagnies associées? Parce que, dans le rapport
annuel, on a seulement les parts que vous détenez dans chacune, mais on
n'est pas capable, comme dans le cas de la SGF, de voir les profits ou les
pertes de chacune des filiales. Est-ce possible de l'avoir dans un
document?
M. Garon: Non, ce sont des compagnies privées et c'est
intentionnellement que la prise de participation n'a pas pour but de rendre
publique la situation de chacune des entreprises qui sont en concurrence avec
d'autres. Quand vous allez à la banque ou quand vous allez dans des
institutions financières privées, vous voulez que vos
données restent un peu confidentielles.
M. Scowen: Bon, d'accord.
M. Garon: C'est pour cela que, de cette façon, on n'essaie
pas d'étaler sur la place publique la situation financière de
chacune des entreprises qui font affaires avec une société
d'État. Autrement, il n'y aurait pas de fonctionnement possible pour ces
entreprises qui sont en concurrence avec d'autres.
M. Scowen: Est-ce que le ministre peut me dire comment il se fait
qu'entre 1981 et 1982 les coûts d'administration de SOQUIA ont
augmenté de 70% et les traitements, salaires et avantages sociaux de
40%, tandis que les frais de gestion ont augmenté de plus de 100%?
M. Garon: Au cours de cette période, les employés
de SOQUIA ont passés de douze à dix-sept.
M. Scowen: Le nombre d'employés? M. Garon: Oui.
M. Scowen: II est passé de douze à dix-sept
entraînant une augmentation de coût de 500 000 $? 100 000 $ par
personne?
M. Garon: II y a les augmentations des autres. Quand le nombre
d'employés augmente de douze à dix-sept dans un an, en même
temps, les douze autres ne sont pas restés au même salaire. Il y a
eu augmentation de salaire pour les autres.
M. Scowen: Est-ce que je peux demander au ministre de nous
fournir plus de précisions concernant, à la page 16, les frais
généraux et d'administration, l'augmentation des traitements,
salaires et avantages sociaux, loyer, frais de gestion et amortissement? Les
quatre éléments sont augmentés d'une façon
vertigineuse, en pleine crise économique, de 723 000 $ à 1 230
000 $.
M. Garon: On va les passer un par un. On ne fera pas de "chiard"
et d'analyse malhonnête.
M. Scowen: Absolument pas.
M. Garon: Alors, voici.
M. Scowen: On cherche l'analyse.
M. Garon: Traitements, salaires et avantages sociaux: cela passe
de 420 545 $ à 593 145 $. Alors, les salaires augmentent de...
M. Scowen: De 40%?
M. Garon: Non, pas de 40%.
M. Scowen: Non?
M. Garon: De 420 000 $ à 593 000 $, cela fait 173 000 $
divisés par 420 000 $. Je vais le calculer tout de suite.
M. Scowen: Cela fait 40%, je vous le promets.
M. Garon: Oui, 40%, c'est vrai. Vous passez de 12 employés
à 17 employés. Vous avez cinq employés de plus par rapport
à douze. Savez-vous que cela fait 40% d'augmentation d'employés
aussi? Quand vous passez de douze employés à dix-sept, il s'agit
d'un nombre d'employés qui augmente de 40%.
M. Scowen: Est-ce que le ministre peut justifier l'augmentation,
parce qu'on ne voit pas une augmentation équivalente dans le domaine des
profits de cette affaire? C'était quoi, l'idée...
M. Garon: Non, non.
M. Scowen: ... d'augmenter le personnel de 40%?
M. Garon: C'est parce que SOQUIA est une entreprise qui a
commencé ses activités...
M. Scowen: II y a longtemps?
M. Garon: ... à l'été de 1977. C'est une
entreprise qui n'avait pas un grand personnel et qui a augmenté son
personnel de 40% en 1981. Les traitements, salaires et avantages sociaux
augmentent de 40%. Cela m'apparaît tout à fait dans l'ordre.
M. Scowen: Cela a entraîné une augmentation de 100%
dans le loyer et l'entretien des locaux?
M. Garon: C'est le nombre des employés qui augmente. Le
local a été agrandi, ce qui fait qu'il y a eu une augmentation du
loyer qui existait. Alors, c'est pour cela.
M. Scowen: De 100%?
M. Garon: Pour cette année-là, oui.
M. Scowen: Pouvez-vous l'expliquer avec quelques détails?
Je ne veux pas faire de la démagogie, je veux avoir les
détails.
M. Garon: Je vous dis que c'est le loyer et l'entretien des
locaux. Cela ne peut pas être plus clair que cela.
M. Scowen: Je sais, mais comment le justifier?
M. Garon: Parce que le nombre des employés a
augmenté.
M. Scowen: Oui, je sais. Les réponses que le ministre me
donne ne sont pas du genre auquel on est habitué quand on pose des
questions aux dirigeants des sociétés d'État. Normalement,
ils viennent ici préparés avec des détails sur les
augmentations de dépenses: tant pour le loyer, tant pour l'achat des
meubles pour le président...
M. Garon: Oui, oui, c'est évident.
M. Scowen: ... tant pour le déménagement dans des
locaux plus luxueux.
M. Garon: On est dans le cadre de l'étude d'une loi et
vous ne nous avez donné aucun avis que vous vouliez poser des questions
sur le coût des loyers. Si vous vouliez poser des questions sur le
coût des loyers, c'était à vous de nous le dire hier ou
avant-hier: On va vous poser des questions sur le coût des loyers. On
vous aurait apporté la liste du prix des loyers.
M. Scowen: M. le ministre, je répète qu'il y a
d'autres choses à discuter aujourd'hui, mais on vous donne avis qu'on
aimerait avoir des détails sur les augmentations dans les quatres
titres: traitements, loyers, frais de gestion et amortissement des
immobilisations. Est-ce que vous pouvez nous les fournir dans des délais
raisonnables?
M. Garon: Oui. Je peux vous dire que le local est passé de
5000 à 9000 pieds carrés.
M. Scowen: De 5000 à 9000 pieds carrés. Mais il
faut aussi que vous essayiez de le justifier, parce que c'est presque deux fois
plus. Est-ce qu'on en avait besoin? Est-ce que vous avez
déménagé à un autre endroit?
M. Garon: Non, au même endroit. M. Scowen: Au
même endroit. M. Garon: Au même endroit. M. Scowen:
Un autre étage.
M. Garon: Quel est le prix des loyers habituellement? Vous
connaissez le prix au pied carré pour les édifices à
bureaux?
M. Scowen: Je pense que j'ai le droit de vous poser la question
quant au loyer que vous payez.
M. Garon: D'accord.
M. Scowen: Le ministre, accompagné par le président
de SOQUIA, me demande le loyer qu'il paie. Je trouve cela un peu curieux.
M. Garon: Non, je vous dis ceci: Le local est passé de
5000 à 9000 pieds carrés au prix de 10,60 $ le pied
carré.
M. Scowen: M. le ministre, vous pensez peut-être que ce que
je dis n'est pas pertinent, mais imaginez-vous si la population était
capable d'écouter les réponses que vous nous donnez aujourd'hui,
quant aux détails de vos activités. Vous demandez 40 000 000 $ de
plus aux contribuables du Québec.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Vous n'êtes même pas capable de nous dire
combien vous payez en loyer.
M. Garon: Oui, je vous l'ai dit. C'est à la population de
juger le Parti libéral. Je veux dire que vous avez la réputation
de poser des questions insignifiantes. C'est écrit dans tous les
journaux, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Scowen: Peut-être que si...
M. Garon: Voici ce que je vous dis. Ici, vous avez: loyer et
entretien des locaux. Les 48 000 $ passent à 97 000 $. Je vous dis que
les bureaux ont passé de 5000 pieds carrés à 9000 pieds
carrés, parce qu'il y a eu augmentation du personnel.
M. Scowen: De cinq personnes.
M. Garon: Non, parce qu'il n'y avait pas de salle de
conférence. Il y a maintenant une salle de conférence. Il y a six
personnes de plus à l'emploi de SOQUIA. Dans le temps, il n'y avait
qu'un président-directeur général; maintenant, il y a un
président.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ... et un directeur général qui n'est pas
la même personne.
M. Scowen: Oui, on voit les conséquences.
M. Garon: Puis, vous avez 9000 pieds carrés à 10,60
$ le pied carré. Je ne sais pas si vous avez déjà vu des
soumissions pour des locations de bureaux...
M. Scowen: Oui. Mais c'est la question que vous avez
doublé l'espace.
M. Garon: Pardon?
M. Scowen: Vous avez presque doublé, environ 90...
M. Garon: Oui, mais le nombre des employés a
augmenté considérablement...
M. Scowen: D'accord.
M. Garon: ... par rapport à ce qu'il y avait avant. Il n'y
avait pas beaucoup d'employés avant. Il n'y en a pas beaucoup, non plus,
aujourd'hui.
M. Scowen: Frais de gestion et divers, il y a une augmentation de
plus de 100%, de 240 000 $ à 514 000 $. C'est la vie en rose pour
l'administration de SOQUIA. Ils semblent avoir tout ce qu'il faut.
M. Garon: Pour une compagnie comme SOQUIA, qui est
équivalente à une compagnie de gestion par rapport à
environ 20 ou 30 entreprises - je n'ai pas le chiffre précis - il est
évident qu'il y a des frais juridiques importants, qu'il y a des frais
de gestion importants, qu'il y a des frais d'analyse importants. C'est ce que
vous retrouvez là, des frais de gestion et "divers", ce sont des frais
de voyage, des choses semblables.
M. Scowen: C'était aussi important en 1981 et ils
étaient à 240 000 $. Maintenant, ils ont doublé.
M. Garon: Oui, mais il y avait beaucoup moins de gens et beaucoup
moins d'entreprises aussi.
M. Scowen: Beaucoup moins d'entreprises en 1981 qu'en 1982?
M. Garon: En 1980, oui.
M. Scowen: Voulez-vous me donner le nombre des entreprises qui se
sont ajoutées depuis 1981 et 1982?
M. Garon: Pas en 1981 et en 1982, en 1980.
M. Scowen: Beaucoup plus? J'ai la liste ici, je pense.
M. Garon: II y a beaucoup plus de problèmes, si vous
voulez, plutôt que plus
d'entreprises. (16 h 30)
M. Scowen: Je pense que, si les problèmes sont en
montée vertigineuse, on doit se poser des questions.
M. Garon: M. le Président, tout le monde sait que 1981,
c'est l'année où les taux d'intérêt ont atteint 24%.
Au mois de juillet 1981, les taux étaient à 24%. Tout le monde
sait que, dans le domaine des affaires, à cause d'une politique de
maniaques du gouvernement fédéral, on a connu des taux
d'intérêt usuriers qui étaient des taux artificiels de la
Banque du Canada. Un grand nombre d'entreprises ont été en
difficulté. Tout le monde sait que l'année 1981 a
été, sur le plan des affaires, l'une des années les plus
difficiles à cause des taux d'intérêt
élevés.
Il a fallu travailler, avec plusieurs entreprises, pour essayer
d'améliorer leur situation, faire du redressement d'entreprises lorsque
c'était possible. Les entreprises qui demandent la participation du
gouvernement ou d'une société d'État dans leur
capital-actions sont habituellement celles qui ont besoin de fonds. Ces
entreprises, sur le plan du capital, ne sont pas surcapitalisées. C'est
ce qui occasionne un certain nombre de frais de gestion plus
élevés.
M. Scowen: Est-ce que je peux demander au ministre de nous
apporter, demain, les pages détaillées des dépenses
découlant des frais généraux et d'administration pour les
quatre rubriques: 1, traitements, salaires et avantages sociaux; 2, loyer et
entretien des locaux; 3, frais de gestion et divers; 4, amortissement des
immobilisations, en détail pour les années 1981 et 1982?
J'imagine que vous les avez, que vous avez un système de
comptabilité. Il faudrait faire des photocopies des pages pertinentes et
nous les fournir. Je pense que c'est clair.
M. Garon: Je ne vous fournirai pas des photocopies des pages; je
vais vous fournir des détails sur le traitement, sur les loyers, sur les
frais de gestion, sur l'amortissement des immobilisations.
M. Scowen: Mais tous ces éléments totalisaient 723
000 $ en 1981 et totalisent 1 230 000 $ en 1982; on voudrait tous les
détails qui expliquent les augmentations.
M. Garon: Oui. M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on peut maintenant
arriver au projet de loi? Ça va?
M. Dubois: Je voudrais aborder le début du projet de loi
dans les notes explicatives et non les articles.
Le Président (M. Champagne): D'accord, vous y allez de vos
commentaires sur le projet de loi. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Dans la poursuite de nos travaux, le premier
élément des notes explicatives du projet de loi no 30 est de
porter de 40 000 000 $ à 85 000 000 $... Mais pour SOQUIA, la
société d'État qui existe actuellement, il s'agit de
rajouter 15 000 000 $ de fonds social.
M. Garon: Oui, oui.
M. Dubois: II est question d'ajouter, pour SOQUIA
elle-même, sans parler des deux nouvelles sociétés qu'on
veut créer, 15 000 000 $.
Je voudrais, avant d'aller plus loin dans l'étude de ce projet de
loi, M. le Président, connaître les interventions de SOQUIA dans
diverses sociétés où elle a pris des actions, où
elle est intervenue. Vous comprendrez que le rôle qu'aurait pu jouer
SOQUIA dans certains dossiers est assez ambigu. Comme le ministre a
fraîches à la mémoire certaines discussions sur la
société Sodispro, j'ai l'intention d'aborder tout
particulièrement cette société dans le débat.
M. Garon: Je vous ferai remarquer que vous avez, hier, fait une
erreur dans votre discours parce que je n'étais pas présent
à l'inauguration de Sodispro, à l'automne 1981.
M. Dupré: Je peux en témoigner, j'étais
là.
M. Garon: Je n'ai pas manqué beaucoup d'inaugurations,
mais je peux vous dire...
M. Dubois: Est-ce que j'ai mentionné que le ministre
était là ou qu'il y avait là un ministre. Je sais qu'il y
avait des ministre présents.
M. Garon: Je n'étais pas présent.
M. Dubois: J'ai dit qu'on a fait l'ouverture avec pompes et
trompettes, mais je n'ai pas dit que le ministre était présent.
Du moins, je ne le crois pas.
M. Garon: Les pompes ont été faites, à ce
moment, par les dirigeants de Sodispro et non par le ministre qui
n'était pas présent.
M. Dubois: II y avait l'ex-ministre d'État au
Développement économique qui était présent et vous
vous en souvenez.
M. Garon: Je ne le sais pas, je n'étais
pas présent.
M. Dubois: Bien, les journaux en ont fait état, de toute
façon.
M. Garon: Beaucoup de gens du gouvernement fédéral
étaient présents.
M. Dubois; Possiblement, mais il y en avait du gouvernement
provincial aussi.
M. Garon: Ils étaient très nombreux. Quand il
s'agit de prendre le mérite d'un projet, les gens du
fédéral sont là pour le prendre et, lorsqu'un projet
tourne mal, on dit que c'est la faute du gouvernement du Québec. La
présence du fédéral disparaît d'un coup sec.
M. Dubois: II est question du projet de loi no 30, je crois, M.
le Président?
Le Président (M. Champagne): La parole est au
député de Huntingdon. À vous la parole.
M. Dubois: Étant donné que le ministre a
certainement frais à la mémoire les problèmes ou tout ce
qu'on peut soulever comme problèmes chez Sodispro, j'ai l'intention
d'aborder, tout à l'heure, ce dossier.
M. Garon: Dans l'ordre chronologique, le dernier qui a
donné sa participation à Sodispro, c'est le gouvernement du
Québec.
M. Dubois: De toute façon, je pense qu'on aura amplement
le temps d'en parler, si on passe trois ou quatre jours ici. Enfin, on
verra.
M. Garon: Je ne suis pas pressé.
M. Dubois: Moi, non plus. De toute façon, on ne part pas
avant le 23 juin, c'est sûr.
M. Garon: On ne partira pas avant le 23 juin, vous pouvez
être sûr de cela.
Le Président (M. Champagne): Allez-y donc, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Oui, M. le Président, je me fais arrêter
par le ministre à propos de tout. Alors..
Le Président (M. Champagne): Si vous voulez, M. le
ministre, écouter le député de Huntingdon avec beaucoup
d'attention.
M. Dubois: Premièrement, j'aimerais connaître de la
part du ministre la situation financière actuelle de SOQUIA. Puisqu'on
nous demande 15 000 000 $ additionnels, je veux savoir où ils iront,
s'ils sont affectés à des dossiers qui viennent d'être
traités ou que vous pensez traiter très bientôt. Est-ce que
ces 15 000 000 $ s'appliquent pour des déficits accumulés depuis
le dernier état financier? On a le portrait qui date de quinze mois.
M. Garon: Non, ce n'est pas possible parce que SOQUIA...
M. Dubois: Je vous demande où vont les 15 000 000 $. C'est
ma première question.
M. Garon: ...doit demander des autorisations pour investir les
fonds qu'elle investit. À ce moment-ci, sous forme de capital-actions,
il faut toujours, dans chaque cas, une autorisation du Conseil des ministres,
sauf qu'elle peut le faire sous forme de prêts d'actionnaires
également et, dans ce cas, elle n'a pas besoin d'autorisation du Conseil
des ministres, à moins que cela ne dépasse la limite pour les
prêts d'actionnaires.
M. Dubois: Est-ce qu'on pourrait connaître la situation
financière actuelle de SOQUIA.
M. Garon: On va l'avoir quand on va déposer le rapport au
31 mars.
M. Dubois: Le président de cette société a
certainement une idée du progrès des pertes ou des profits
réalisés depuis 14 mois. On a un état financier qui date
du 31 mars 1982.
M. Garon: On va le déposer un peu plus tard quand il sera
prêt.
M. Dubois: On a même dépassé l'année
financière 1982-1983. Alors, je suis sûr que le
président...
M. Garon: Le rapport au 31 mars 1983, actuellement, je ne l'ai
pas.
M. Dubois: Vous nous demandez de ratifier une demande de 15 000
000 $. L'année financière 1982-1983 est expirée.
M. Garon: Vous savez, quand on...
M. Dubois: Sans avoir des états financiers en mai, vous
devez avoir, ainsi que le président, une bonne idée de la
situation actuelle de SOQUIA, étant donné que l'année
financière est terminée.
M. Garon: Excepté qu'on ne dépose pas de bonnes
idées; on dépose des bilans vérifiés.
M. Dubois: Ce n'est pas cela que je vous demande; je ne vous
demande pas un bilan vérifié, je sais qu'il n'est pas prêt;
il est généralement prêt un an après.
M. Scowen: Normalement, on vous donne...
M. Dubois: Je pense bien qu'une société ou un
président doit savoir où il s'en va.
M. Garon: Vous savez, comme moi, qu'à l'Assemblée
nationale on ne dépose pas autre chose que des bilans
vérifiés et que, en commission parlementaire il n'y a pas de
dépôts.
M. Dubois: Donc, il est impossible de connaître la
situation financière approximative?
M. Garon: L'Assemblée va le savoir à l'automne
lorsqu'il y aura dépôt.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux porter à l'attention du ministre que
normalement...
Le Président (M. Champagne): Un instant, s'il vous
plaît! Je pense qu'il y avait une question du député de
Huntingdon. Il a toute une série de questions, je suppose.
M. Dubois: J'en ai pour deux ou trois heures.
Le Président (M. Champagne): D'accord. M. Dubois:
Des heures et des heures.
Le Président (M. Champagne): Alors, ce ne sont pas des
remarques préliminaires; ce sont plutôt des questions que vous
voulez poser.
M. Dubois: C'est-à-dire que je n'aborde pas les articles
du projet de loi comme tel.
Le Président (M. Champagne): Vous avez une série de
questions. D'accord.
M. Scowen: Je veux simplement porter à l'attention du
ministre que, normalement, quand nous sommes devant un projet de loi important
pour ajouter des fonds additionnels, le ministre ou le président de la
société n'hésite pas à nous donner
approximativement les plus récentes informations sur les
activités, les résultats des bénéfices et le bilan
de la société. C'est pour aider tout le monde à mieux
connaître le dossier. On accepte qu'il ne puisse pas nous donner les
résultats du dernier trimestre, mais au moins on a les plus
récentes informations. Après tout, ce sont les fonds publics et
c'est une société d'État. Tout ce qu'on demande, tout ce
que mon collègue demande, ce sont les plus récentes informations.
J'imagine que vous avez un pro forma pour la fin de l'exercice.
M. Garon: On ne déposera sûrement pas de pro forma
avant d'avoir les bilans vérifiés.
M. Dubois: On ne demande pas de dépôt, on demande
des indications.
M. Garon: Les indications, c'est que...
M. Dubois: Vous demandez, d'une part, 15 000 000 $.
M. Garon: ...la valeur réalisable des actifs est
supérieure aux engagements aux livres.
M. Dubois: Les pertes accumulées durant l'exercice
financier 1982-1983...
M. Garon: Chaque année, il y a une provision pour
pertes.
M. Dubois: Mais, est-ce qu'il y a des pertes qui dépassent
les provisions?
M. Garon: Des pertes...
M. Dubois: Est-ce qu'il y a des pertes qui dépassent les
provisions de l'ancien exercice financier? Vous avez des provisions pour
pertes, ici. Est-ce que les pertes accumulées dans le dernier exercice
financier, qui n'est pas encore présenté, dépassent les
provisions?
M. Garon: Le réajustement de provisions pour mauvaises
créances ou pour pertes, il y a toujours ça dans chacun des
bilans. C'est réajusté chaque année en fonction de la
situation.
M. Dubois: Cela ne répond pas clairement à ma
question.
M. Scowen: La question sur l'ajustement de l'année, on
sait que c'est ajusté chaque année.
M. Garon: Écoutez, SOQUIA n'a presque jamais perdu
d'argent.
M. Dubois: Les interventions ont toutes été bonnes
dans SOQUIA.
M. Garon: Non, il y en a qui sont mauvaises et il y en a qui sont
bonnes. Mais je vais vous dire une chose.
M. Dubois: On a le portrait de quatorze
ou quinze mois actuellement.
M. Garon: SOQUIA n'aurait pas dû, peut-être, investir
dans certaines entreprises risquées comme Désidratec dans votre
comté ou encore dans l'abattoir Durocher dans l'Outaouais. Vous
étiez bien content que SOQUIA intervienne pour maintenir un abattoir en
place, sauf qu'il y a eu des interventions risquées pour maintenir ou
pour essayer de mettre en place des infrastructures risquées qui
n'avaient pas les capitaux suffisants pour le faire. Il y en a qui ont
réussi et d'autres ont échoué parce que les interventions
de SOQUIA, d'une façon générale, sont des interventions
risquées. Toutefois, si on regarde le bilan complet, il y a plus de
revenus que de pertes. Cela a été exceptionnel quand il y a eu
perte.
M. Dubois: M. le Président, est-ce qu'il y a des besoins -
ma question est au ministre - immédiats en fonds? On nous demande 15 000
000 $, est-ce qu'il y a des besoins immédiats en fonds?
M. Garon: Nous y allons avec le projet de loi parce que le
capital-actions est utilisé.
M. Dubois: Totalement utilisé? C'est ce que je demande:
Est-ce qu'il y a des besoins immédiats en fonds pour d'autres
interventions projetées?
M. Garon: Le capital-actions a été
utilisé.
M. Dubois: Oui, mais est-ce qu'il y a des interventions...
M. Garon: Oui, j'ai mentionné que dans les pêches
nous avons l'intention de faire un projet pour l'implantation d'une usine
à Blanc-Sablon.
M. Dubois: Oui, mais ça, c'est par votre nouvelle
société. Je parle de SOQUIA, du montant de 15 000 000 $ que vous
demandez d'ajouter au fonds de SOQUIA même et non pas au fonds des
nouvelles sociétés que vous voulez créer, parce que c'est
45 000 000 $ en tout qu'on a. Mais pour SOQUIA, c'est 15 000 000 $, 20 000 000
$ pour les pêches et 10 000 000 $ pour les biotechnologies.
M. Garon: Non, ce n'est pas comme cela. C'est 45 000 000 $ au
total. On passe de 40 000 000 $ à 85 000 000 $; les pêches ont un
capital autorisé de 20 000 000 $.
M. Dubois: Puis, 10 000 000 $ pour les biotechnologies.
M. Garon: 10 000 000 $ pour les biotechnologies.
M. Dubois: II reste 15 000 000 $ pour SOQUIA.
M. Garon: Non, pas nécessairement. M. Dubois: Non,
45 000 000 $?
M. Garon: Si le montant de 10 000 000 $ ou celui de 20 000 000 $
n'était pas utilisé, il pourrait être utilisé pour
SOQUIA.
M. Dubois: Oui, mais vous avez la possibilité d'en
utiliser 15 000 000 $ parce que vous demandez 45 000 000 $ additionnels.
M. Garon: Si on utilise à 100% les 10 000 000 $ et les 20
000 000 $, mais si on ne les utilise pas à 100%, il va falloir revenir
avec un projet de loi pour des fonds additionnels lorsque les 45 000 000 $
auront été utilisés.
M. Dubois: Est-ce que, depuis l'état financier qu'on a en
main ici, il y a de nouvelles interventions de SOQUIA qui ont été
utilisées dans de nouvelles compagnies, de nouvelles
sociétés?
M. Garon: Oui, il y a des projets.
M. Dubois: Qui ne sont pas encore terminés ou qui sont
terminés?
M. Garon: II y a le bateau Lumaaq. Il y a eu l'acquisition du
bateau Lumaaq et, actuellement, il doit y avoir une entreprise qui est à
se former et on est à recruter des actionnaires pour les faire
participer à cette nouvelle entreprise qui possédera le Lumaaq.
Cette entreprise, éventuellement, sera fusionnée à celle
qui possède le Kristina Logos pour avoir une seule entreprise qui
possédera les deux bateaux qui vont dans les 200 milles pour
pêcher la crevette et la morue, sept mois de crevette et cinq mois de
morue.
M. Dubois: M. le Président, nous aurons l'occasion de
revenir plus tard dans l'étude du projet de loi sur les investissements
nouveaux que SOQUIA projette. Pour ma part, je voudrais tout de suite
m'attaquer au dossier des créanciers...
M. Garon: Lequel?
M. Dubois: ...c'est-à-dire l'Association des
créanciers de Sodispro Technologie Ltée. C'est un document qui
n'est pas secret puisque les 122 membres de l'Assemblée nationale en ont
reçu copie.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais que l'on comprenne
bien ce dossier tous ensemble et qu'on puisse aussi, de notre part, poser des
questions au ministre ou au président de SOQUIA puisqu'il semble que les
réponses que le ministre nous a livrées à
l'Assemblée nationale sont très ambiguës et ne correspondent
pas nécessairement à ce qu'on retrouve ici. Je ne mets pas en
doute la validité du dossier, ni la validité de vos
réponses, mais cela ne correspond pas du tout à ce qui est
inscrit ici. (16 h 45)
M. Garon: II y a beaucoup de choses qui n'apparaissent pas, non
plus, dans les deux documents.
M. Dubois: Possiblement. Je n'ai pas dit que c'était la
vérité absolue. Mais c'est ce qu'on cherche, on est ici pour
cela. Je pense que vous n'avez pas d'objection, M. le ministre, à
rechercher la vérité. Donc, le 2 juin 1983, l'Association des
créanciers de Sodispro Technologie Ltée adressait à
l'honorable Jean Garon, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, une lettre, plus un document qui ont pour objet l'affaire
Sodispro.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: On dit ici: "Depuis quelque temps, l'affaire Sodispro
prend de plus en plus d'ampleur et met en jeu la crédibilité
financière du Québec et la crédibilité
administrative de SOQUIA telle que gérée par M. André
Marier. "Dans notre lettre du 8 mars 1983, nous vous exposions les faits tels
que nous les avons vécus au jour le jour à titre de fournisseurs
de Sodispro et nous vous posions un certain nombre de questions à titre
de créanciers de Sodispro. "Malheureusement, M. le ministre, nous sommes
au regret de vous informer que les réponses que vous avez fournies, tant
dans votre lettre aux créanciers le 15 avril 1983 qu'à
l'Assemblée nationale les 19 avril, 17 et 19 mai 1983, sont
erronées et que ceux qui vous les ont transmises vous ont trompé
et, par voie de conséquence, ont trompé l'Assemblée
nationale et la population."
M. Dupré: Et la commission parlementaire.
M. Garon: Qui a écrit le document, d'après vous,
pour les créanciers?
M. Dubois: M. le ministre, ce document est signé et, tout
à l'heure, je vous dirai qui l'a signé. De toute façon,
vous connaissez ce document. Vous devez l'avoir lu.
M. Garon: Qui l'aurait signé?
M. Dubois: Ce n'est pas mon problème, M. le
Président.
M. Garon: Qui l'aurait rédigé?
M. Dubois: Je vous fais part d'un document qui est public. Ce
n'est pas secret. Vous en avez une copie. Votre président en a
certainement une copie et tous les membres de l'Assemblée nationale en
ont une copie.
M. Garon: Ah oui!
M. Dubois: Je continue, M. le Président:
"Évidemment, une telle accusation de notre part n'est pas faite à
la légère. Elle est fortement documentée, comme en
témoigne l'historique de Sodispro que nous avons reconstitué et
que nous joignons à la présente."
Je poursuis, M. le Président. C'est toujours la lettre que
faisait parvenir au ministre, l'Association des créanciers de Sodispro
Technologie Ltée. On dit ici: "L'affaire Sodispro est très
complexe, mais il ne faudrait pas que cette complexité serve de paravent
pour camoufler les évidences. Nous vous soumettons, M. le ministre, six
points majeurs qui constituent les éléments les plus troublants
de cette affaire. "SOQUIA, principal actionnaire de Sodispro. En premier lieu,
M. le ministre, vous tentez de minimiser la participation de SOQUIA en la
comparant à celle du gouvernement fédéral et en la
présentant comme très minoritaire dès le début. Or
il appert clairement que, dès novembre 1979, soit avant le début
de la construction, SOQUIA était le principal actionnaire de Sodispro.
Avec 33% des actions, SOQUIA possédait plus d'actions que n'importe quel
autre intervenant. Depuis septembre 1980, SOQUIA y occupait le plus grand
nombre de sièges au conseil d'administration, trois sur sept et elle
détenait une option de transformer une partie de sa créance en un
nombre plus grand d'actions." S'il y a des faussetés là-dedans,
qu'on me le dise, M. le Président. On est là pour rechercher la
vérité, je pense. "De fait, depuis janvier 1982, sa participation
s'élevait à 50%." Si on dit janvier 1982, M. le Président,
il y a un endroit où on peut se référer. J'imagine que le
président a le livre des minutes de la compagnie. Il y a eu une
convention d'actionnaires intervenue le 20 janvier 1982 entre SOQUIA et CCF
autorisant la répartition à 50-50 du capital sous la seule
condition résolutoire de l'acceptation du conseil d'administration de
SOQUIA et du gouvernement du Québec. En termes clairs, ceci signifie que
le transfert, lorsque approuvé par les autorités, serait
rétroactif au 20 janvier 1982."
Je poursuis, M. le Président: "Quant au rôle du
gouvernement fédéral, il s'est limité à celui de
donner des subventions." Si je me souviens bien, à l'Assemblée
nationale, vous aviez indiqué que le rôle du gouvernement
fédéral était le même que celui de SOQUIA.
M. Garon: Non, non. M. Dubois: Oui, oui.
M. Garon: Non. Ce que j'ai voulu dire, c'est que...
M. Dubois: Oui, mais dans des mots qui n'étaient pas tout
à fait précis, loin de là, d'ailleurs.
M. Garon: C'est évident, à l'Assemblée
nationale, quand vous avez une question rapide, vous donnez une réponse
rapide et vous ne pouvez pas entrer dans les détails. Sauf que je peux
vous dire une chose: Le projet a, d'abord, été endossé par
le gouvernement fédéral avant de venir au gouvernement du
Québec. C'est après de longues discussions que nous avons
accepté de participer au projet de Sodispro. D'ailleurs, je n'en fais
pas grief, au point de départ, je pense qu'il s'agissait en principe
d'un bon projet. Si vous regardez plusieurs déclarations du
président de la Commission canadienne du lait, lorsqu'il a fait rapport
au comité de l'agriculture à Ottawa, lui-même disait que ce
qu'il faut dans le projet de Sodispro, au fond, c'est que des gens acceptent de
perdre un certain montant d'argent pour que le projet reparte. Donc, le
gouvernement fédéral a été impliqué à
tous les niveaux, à tous les moments dans le projet, sauf que sa
participation, au lieu de se faire sous forme de capital-actions, s'est faite
sous forme de subventions ou encore de subventions pour les recherches.
M. Dubois: Vos propos à l'Assemblée nationale ne
laissaient pas entendre qu'il y avait une différence d'intervention
entre celle de SOQUIA et celle du fédéral.
M. Garon: Je peux vous dire que, comme...
M. Dubois: Je pense vous auriez intérêt à
relire vos propos...
M. Garon: Non.
M. Dubois: ...à l'Assemblée nationale.
C'était loin d'être précis.
M. Garon: Oui, mais...
M. Dubois: On disait que c'était à peu près
la même chose.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Les deux étaient intervenues, une pour 3 000
000 $, et l'autre pour 3 500 000 $, quelque chose comme cela.
M. Garon: Ce n'est pas dans ce sens. C'est que, comme promoteur
du projet, comme appui au projet, je dirais que la part du gouvernement
fédéral était aussi forte que celle du gouvernement du
Québec peut-être plus forte en tant qu'initiateur.
M. Dubois: Ce n'est pas de ce sujet que je voudrais
nécessairement parler, M. le Président, parce qu'il y a tellement
d'autres éléments sur lesquels on peut discuter longtemps.
M. Garon: Non, mais c'est la réalité.
M. Dubois: C'est ce qu'on recherche. On a parlé de nature
d'investissement.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Vous vous êtes servi de l'expression "même
nature d'investissement" dans vos propos à l'Assemblée
nationale.
M. Garon: Je n'aurais pas dû parler de "même nature",
mais de "même niveau d'investissement".
M. Dubois: Au niveau des chiffres.
M. Scowen: Vous avez parlé de "même nature".
M. Garon: Pardon?
M. Scowen: Vous avez dit "nature".
M. Dubois: Parce que, de toute façon, le gouvernement
fédéral ne possède pas d'actions dans Sodispro.
M. Garon: Oui, mais il y a une chose qu'il faut dire et il faut
être clair là-dessus: Quand SOQUIA intervient dans une entreprise
- je vais être très clair, je l'ai dit à plusieurs reprises
et je vais le dire encore ici - elle le fait comme actionnaire minoritaire;
elle ne dirige pas l'entreprise. Sa participation se fait sous forme de
capital-actions et, souvent, aussi de prêt d'actionnaires, parce que
c'est sa forme de participation. Dans certains cas, la Banque
fédérale de développement, par exemple, intervient sous
forme de prêt sans participer au capital-actions, mais souvent sa
participation sous forme de prêt est aussi décisive que celle de
SOQUIA comme participation sous forme de capital-actions. Je veux être
très clair. On peut regarder
plusieurs dossiers, qu'il s'agisse de la meunerie de Broughton, par
exemple, ou de différents endroits, je peux vous dire que la forme de la
participation n'est pas révélatrice de la nature de la
participation.
M. Scowen: Oui? Une participation au capital-actions et une
participation dette, pour vous, pour SOQUIA...
M. Garon: Non. Je dis en termes de...
M. Scowen: ...c'est quelque chose de même nature?
M. Garon: Non, j'ai dit la forme de la participation sous forme
de prêt ou sous forme d'actionnaire. Je veux dire, par même nature,
la même façon d'être un initiateur, de participer au projet,
de faire la promotion du projet, de contribuer à faire en sorte que le
projet fonctionne. Je peux vous dire: Que cela se fasse sous forme de
prêt, de subvention ou de participation au capital-actions, ce n'est pas
significatif.
M. Scowen: Si SOQUIA...
M. Garon: J'ai vu assez de projets jusqu'à maintenant pour
vous dire que, dans certains cas, SOQUIA a été le moteur; dans
certains cas, elle a été un appui, rien d'autre. Le moteur
était ailleurs, comme dans le cas de Désidratec. Le
député de Huntingdon peut nous en parler, c'est dans son
comté.
M. Dubois: Je suis d'accord.
M. Garon: Vous êtes d'accord? Qui a été le
moteur de Désidratec? C'est le gouvernement fédéral qui a
versé une subvention de 750 000 $.
M. Dubois: II y a treize dossiers.
M. Garon: Nous n'avions aucune part dans le projet au point de
départ. Désidratec a été voulue et mise en place
par le gouvernement fédéral. Toutefois, il lui arrive souvent
d'abandonner le projet en cours de route.
M. Dubois: M. le ministre, vous allez un peu trop loin, parce
qu'il y a eu environ 700 000 $...
M. Garon: 750 000 $ du gouvernement fédéral.
M. Dubois: ...750 000 $ du gouvernement
fédéral.
M. Garon: Nous, c'est environ...
M. Dubois: Alors, il y a eu plusieurs étapes. Ils ne l'ont
pas laissée tomber pendant des années. Je ne sais pas combien
d'investissements il y a...
M. Garon: SOQUIA a mis environ 200 000 $ dans le projet.
M. Dubois: II y a eu un premier investissement de 75 000 $ de
OSE, je pense, au début.
M. Garon: Mais pour essayer de la rendre fonctionnelle, parce
qu'il y avait déjà beaucoup de travail de fait.
M. Dubois: Le programme OSE avait mis 75 000 $ au tout
début.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Parce que le ministre, M. Marois, était venu
dans la région.
M. Garon: Oui, d'accord.
M. Dubois: II y avait ces 75 000 $ et les 200 000 $ dont vous
parlez.
M. Garon: Par la suite.
M. Dubois: L'investissement de 75 000 $ date du début.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Et il y a eu le gouvernement
fédéral.
M. Garon: Voici comment fonctionne le gouvernement
là-dedans. Je comprends où vous vous en allez. SOQUIA n'a pas agi
dans les dossiers comme une compagnie de gestion. Qu'est-ce que le gouvernement
a dit? Il a dit: II y a des projets et il y a un capital de risque. Je peux
faire trois choses. Je peux donner une subvention directe, je peux accorder un
prêt ou je peux participer au capital-actions. Il s'est dit: Avec SOQUIA,
je vais participer au capital-actions. Si cela ne marche pas, au lieu que ce
soit seulement une subvention et que je perde une subvention, j'aurai perdu des
parts au capital-actions. Si cela fonctionne, j'aurai un rendement sur mon
capital-actions et, éventuellement, on pourra me rembourser mon
capital-actions avec la valeur accrue des actions. C'était cela le
raisonnement, au lieu de dire: On donne tout simplement une subvention. Dans
certains cas, non seulement cela, mais la participation s'est faite sous forme
de parts privilégiées pour rendre possible un projet, mais sans
vraiment s'impliquer dans l'administration.
Il y a eu toutes sortes de formes de participations, mais ce que je veux
dire essentiellement, c'est que la participation
financière de SOQUIA sous différentes formes n'est pas
révélatrice du niveau de promotion du projet qu'occupait
l'entreprise d'État. Souvent, un projet pouvait être entrepris
conjointement avec le gouvernement fédéral qui, lui, disait: Je
vais verser une subvention. SOQUIA, au lieu de verser une subvention,
participait au capital-actions, mais c'était une façon de mettre
du capital sur lequel il ne serait pas nécessaire de
rémunérer immédiatement et d'aider souvent à la
gestion de l'entreprise.
M. Scowen: Si je comprends, cela veut dire qu'on ne peut pas
comprendre l'implication de SOQUIA dans un dossier quelconque en regardant
uniquement le pourcentage qu'elle détient dans les actions.
M. Qaron: On ne peut pas quoi?
M. Scowen: On ne peut pas comprendre l'implication de SOQUIA dans
tel ou tel dossier en regardant uniquement...
M. Garon: Le mot "implication" est trop vague.
M. Scowen: Quel est le mot que vous avez utilisé?
M. Garon: J'ai dit que la forme de participation de SOQUIA ne
révèle pas à quel point SOQUIA a pu contribuer pour faire
en sorte que le projet se réalise ou non. Elle révèle
l'aspect financier.
M. Scowen: Oui, mais elle ne révèle pas...
M. Garon: Elle ne révèle pas, par exemple, si elle
a été l'initiatrice du projet ou si elle a seulement
appuyé le projet financièrement. Je vais vous dire plus que cela:
II est déjà arrivé que j'ai demandé que le
ministère de l'Agriculture verse une subvention à une entreprise
et le Conseil du trésor a demandé que le montant que le
ministère de l'Agriculture voulait verser comme subvention, SOQUIA le
verse plutôt comme capital privilégié ou comme
capital-actions, parce que, si le projet rapportait éventuellement, il
pourrait y avoir un remboursement des fonds que l'État avait
fournis.
M. Scowen: Elle peut être l'initiatrice d'un projet
même si sa part dans le capital-actions est inférieure à
50%?
M. Garon: Je ne me souviens pas beaucoup qu'elle ait
été l'initiatrice de projets.
M. Scowen: Mais c'est vous qui l'avez dit.
M. Garon: Je ne me souviens pas de projets dont elle a
été l'initiatrice.
M. Scowen: Je veux seulement qu'on me le confirme: elle peut
être l'initiatrice -ce sont vos termes - même si sa part est...
M. Garon: Je n'ai pas dit initiatrice.
M. Scowen: Non?
M. Garon: Le rôle joué...
M. Scowen: Le journal va révéler que vous avez dit
initiatrice.
M. Garon: Écoutez!
M. Scowen: Je vous écoute.
M. Garon: Ce que je veux vous dire, c'est comment cela
fonctionne. Le rôle joué pour permettre un projet n'apparaît
pas dans la nature du capital-actions.
M. Scowen: Je pense que ce serait moins dangereux pour vous de
dire le contraire, de dire que la participation toujours minoritaire de SOQUIA
dans une entreprise révèle précisément...
M. Garon: Pas toujours.
M. Scowen: ...le rôle minoritaire et non initiateur que
joue SOQUIA dans ces compagnies associées.
M. Garon: Non, ce n'est pas cela que je veux dire.
M. Scowen: Non, ce n'est pas cela? D'accord.
M. Garon: L'idée d'un projet est excellente. On pense que
le projet devrait être aidé. Des gens vont s'adresser à
SOQUIA. SOQUIA ne peut pas participer à un projet, comme la
Société de développement industriel, sous forme de
prêt ou sous forme d'intérêts subventionnés. Ce n'est
pas de cette façon-là qu'elle procède. Sa participation se
fait sous forme de capital-actions. À la Banque fédérale
de développement, cela se fait essentiellement sous forme de prêt.
Il peut aussi y avoir du capital-actions.
M. Scowen: C'est d'une autre nature. M. Garon: Pardon?
M. Scowen: C'est une participation d'une autre nature.
M. Garon: C'est du capital-actions.
M. Scowen: Ce sont deux natures différentes.
M. Garon: Vous voulez dire prêts et capital-actions?
M. Scowen: Ah oui! M. Garon: Oui, oui. M. Scowen:
Oui?
M. Garon: Entendons-nous. On veut dire que c'est de même
nature ou non?
M. Scowen: Vous avez dit en Chambre que c'était de
même nature. Maintenant, vous êtes en train de dire que ce sont
deux natures différentes.
M. Garon: Je ne dis pas que ce sont deux natures, je dis que la
forme de participation... J'appelle cela la forme de participation...
M. Scowen: Je vais vous citer. (17 heures)
M. Garon: Pardon? On peut jouer sur les mots, cela ne veut rien
dire.
M. Scowen: Les mots ne veulent rien dire. Vous parlez maintenant
comme votre premier ministre.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas cela. Ce que je dis tout
simplement, c'est que la forme de participation, sous forme de prêt, de
capital-actions ou de différentes choses, n'est pas
révélatrice de la nature de la participation. C'est ce que je
veux dire.
M. Dubois: Au niveau des fournisseurs, M. le ministre...
M. Garon: Ce que je veux dire dans ce sens-là, c'est que,
dans le projet de Sodispro, le MEER a participé sous forme de
subvention.
M. Dubois: On est d'accord avec cela.
M. Garon: Et la Commission canadienne du lait a participé
sous forme de subvention pour payer des études de faisabilité ou
des études comme celles-là. En tant qu'initiateur du projet,
SOQUIA n'a pas eu un rôle pour Sodispro. C'est un beau projet, mais ce
n'est pas nous qui avons amorcé le projet. Le projet a été
amorcé beaucoup plus par la Commission canadienne du lait et avec les
groupes de promoteurs. D'ailleurs, ce sont eux qui avaient payé la
première étude de faisabilité, je pense. Je ne leur fais
pas grief et il ne s'agit pas d'essayer de leur jeter le blâme. C'est
tout simplement pour indiquer qu'il y avait des déchets de petit lait de
fromage et qu'il pouvait y avoir une valeur à ajouter si on pouvait
utiliser ce petit lait de fromage.
La Commission canadienne du lait a joué un rôle, le MEER a
joué un rôle et, comme ils manquaient de capitaux, les promoteurs
sont venus voir SOQUIA. Je dirais même plus, ils avaient demandé
une subvention au ministère de l'Agriculture. On a fait un
mémoire au Conseil du trésor pour avoir une subvention du
ministère de l'Agriculture pour rendre ce projet possible. Le Conseil du
trésor avait demandé d'avancer l'argent sous forme de
capital-actions privilégié. Le montant de 862 000 $ a
été avancé à Sodispro sous forme de capital-actions
privilégié parce qu'on disait: Si le projet est rentable autant
que les gens le disent, à ce moment-là, il y aura une
récupération quand l'argent rentrera dans l'entreprise. Par
ailleurs, s'il n'y a pas de récupération, l'argent ne sera pas
récupéré. C'est le raisonnement qui a été
fait.
C'est pourquoi je veux dire que, si on essaie de juger les
activités de SOQUIA uniquement sur une base de rentabilité
immédiate, on fait fausse route. SOQUIA n'a jamais été
administrée, depuis sa création, comme cela. Elle a
été administrée pour participer à des projets, pour
rendre des projets possibles en avançant des capitaux sous forme de
capital-actions ou sous forme de capital privilégié ou sous forme
de prêt d'actionnaires. Ces projets, sans l'existence de SOQUIA, auraient
été faits grâce à des subventions ou à des
prêts de la SDI.
M. Dubois: M. le Président, j'aimerais qu'on regarde le
rôle qu'a joué SOQUIA dans Sodispro particulièrement. C'est
pourquoi j'aimerais poursuivre la lecture de la lettre que l'association des
créanciers a envoyée.
M. Scowen: Ce n'est pas sa façon.
M. Garon: Je veux être bien clair là-dessus. Si on
essaie d'analyser le bilan de SOQUIA en disant: On examine le bilan et on voit
cela comme une entreprise ou une compagnie de gestion, une "holding company"
qui a des parts un peu partout et dont le but est de faire le maximum de
profits, ce n'est pas ainsi qu'a fonctionné SOQUIA. SOQUIA, c'est une
façon de participer financièrement, comme une
société de développement, si on veut, à des projets
auxquels, sans l'existence de SOQUIA, le gouvernement aurait pu participer en
versant des subventions ou en permettant ou en garantissant des prêts.
SOQUIA a été créée pour permettre ce genre de
financement. Si l'entreprise fait de l'argent, les fonds publics sont
récupérés à ce moment-là. Mais si
l'entreprise ne fait pas d'argent, les fonds publics ne sont pas
récupérés.
M. Scowen: Mais, quand vous décidez de faire un
investissement dans une compagnie du domaine agro-alimentaire, le
critère de rentabilité n'est pas le principal critère ou
même le seul critère?
M. Garon: C'est un des critères.
M. Scowen: Le principal?
M. Garon: Ce n'est pas le seul critère.
M. Scowen: C'est le principal?
M. Garon: Oui, mais la rentabilité immédiate n'est
pas le principal critère.
M. Scowen: Non, je parle de la rentabilité, point.
M. Garon: La rentabilité éventuelle. M. Scowen:
Oui.
M. Garon: Est-ce que le projet est bon, est désirable, est
souhaitable? Je vais vous donner des exemples. Par exemple, dans la
région de l'Outaouais, l'abattoir Durocher, entreprise qui, sans
l'intervention de SOQUIA, serait fermée. Autres exemples: l'Abattoir du
Témis, dans le Témiscouata, qui serait fermé sans
l'intervention de SOQUIA, l'Abattoir Dubé, dans la région de
Drummondville, qui serait fermé sans l'intervention de SOQUIA. Cela
permet de maintenir en place - d'ailleurs, il y a eu des interventions, dans
certains cas, de députés libéraux ou de
députés du Parti québécois -des infrastructures qui
sont nécessaires dans les régions. Comme, actuellement, on se dit
que la production augmente et que, par ailleurs, ces abattoirs doivent
s'implanter dans le milieu - et vous savez que manipuler des animaux, cela
suppose des capitaux importants - il faut aider ces entreprises pendant un
certain temps; autrement, elles ne passent pas au travers. Un support a
été apporté par SOQUIA qui aurait pu être
apporté sous forme de subvention, mais les décisions prises ont
été de recourir à SOQUIA parce que, en même temps,
SOQUIA peut aider à améliorer la gestion de ces entreprises.
Souvent, il s'agit de petites entreprises qui passent à un stade plus
avancé.
Vous savez, une entreprise qui abat 10 têtes par semaine,
comparativement à une autre qui en abat 100 ou 150, n'a pas tout
à fait le même genre d'activités. Ce n'est pas le
même genre de mise en marché; ce n'est pas le même genre de
fonctionnement. Beaucoup d'entreprises ont de la difficulté à
passer du stade de petite entreprise à celui d'une entreprise un peu
plus grande. SOQUIA vient jouer ce rôle et c'est pour cela que les
risques sont beaucoup plus grands. Si on fonctionnait seulement sur une base de
rentabilité, on n'aurait sans doute pas investi dans aucun de ces
abattoirs-là. Mais on le fait parce qu'on dit qu'il y a une
rentabilité possible à moyen terme, en les soutenant et en les
aidant sur le plan financier, sur le plan technique et sur le plan de la
gestion et de l'aide à la comptabilité. Cette aide a pour but de
faire en sorte que des infrastructures qui ne seraient pas possibles autrement
puissent voir le jour. Ce n'est pas une tâche facile.
M. Scowen: Est-ce qu'il y a quelque...
M. Garon: II est évident, à ce moment-là,
que vous prenez le risque de faire plus de faillites. Je vais vous dire une
chose...
M. Scowen: Est-ce qu'il y a quelqu'un de notre côté
qui a jamais suggéré que la rentabilité à court
terme doit être un objectif de SOQUIA? Jamais de la vie'.
M. Garon: Non, non, mais quand vous demandez...
M. Scowen: Je ne le pense pas. M. Garon: Un instant.
M. Scowen: Est-ce que quelqu'un l'a dit? Je pense que mon
collègue ne l'a jamais dit. La rentabilité à court terme
comme objectif absolu de SOQUIA, je pense qu'on n'a jamais parlé de
cela, jamais de la vie.
M. Garon: Tantôt, vous avez demandé comment il se
faisait qu'il y avait des frais de gestion si élevés.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: C'est évident. On n'est pas avec General Motors,
ni avec Bell Canada. On est avec des petites entreprises, on essaie de les
mettre au monde et de les aider à passer au travers. L'entreprise qui
vient voir SOQUIA pour obtenir de l'aide, pour avoir l'État comme
actionnaire avec elle, habituellement, c'est son dernier recours. C'est la
dernière place à laquelle elle s'adresse si elle ne peut avoir de
l'argent ailleurs. Il y aussi, dans certains cas, des gens sages. par ailleurs,
et le fonctionnement jusqu'à maintenant a été qu'on se
retirait facilement quand l'entreprise pouvait voler de ses propres ailes.
Exemple: la salaison Olympia, à un moment donné, a
décidé qu'elle aimait mieux rembourser SOQUIA et voler de ses
propres ailes pour ne plus avoir affaire à SOQUIA. Elle l'a fait, elle a
continué de fonctionner et c'est une très grande entreprise
maintenant, une des plus grandes entreprises du Québec. Ce
n'était pas cela au départ.
Dans certains cas, l'entreprise de développement réussit
et, dans d'autres, cela réussit moins et cela, pour un ensemble de
raisons. Parfois, il s'agit de mise au point technique plus difficile à
réaliser. Parfois, il s'agit de gestionnaires qui - comment dirais-je -
ne comptent pas autant leurs sous, qui établissent plus difficilement un
modèle de fonctionnement rigoureux et qui ont de la difficulté.
Parfois aussi, c'est que l'entreprise a de la difficulté à
s'implanter.
M. Scowen: Mais, finalement, l'objectif à moyen terme,
c'est la rentabilité?
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Et cet objectif n'a pas changé depuis 1981?
M. Garon: Non.
M. Scowen: Alors, il n'y a rien là.
M. Garon: Non.
M. Scowen: Le changement de mandat, ce n'est pas cela qui
justifie l'augmentation des frais et des dépenses?
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Le mandat n'est pas changé?
M. Garon: Non, je vous dis que les entreprises...
M. Scowen: Vous avez essayé de lier les deux?
M. Garon: Je vous ai dit tantôt que SOQUIA a
commencé à fonctionner à l'été de 1977. Elle
a fonctionné surtout en 1978, 1979, 1980. À ce moment-là,
les taux d'intérêt montent à 14%, 15%, 20%, 25%. Au mois de
juillet 1981, vous aviez des taux d'intérêt à 25%. Que les
frais de gestion aient été plus élevés qu'en 1981,
c'est vrai. En 1982, ils ont été plus élevés qu'en
1981, mais, en 1983, les prévisions sont beaucoup plus faibles qu'en
1982. L'année difficile qu'il y a eu pour ces entreprises-là a
été 1981-1982. L'aide apportée a donc été
plus considérable. Cela a coûté plus cher.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais poursuivre la
lecture des propos de l'Association des créanciers de Sodispro. Si vous
me le permettez, je vais poursuivre. Je suis rendu au sous-titre: SOQUIA,
gestionnaire de Sodispro.
M. Garon: Vous n'avez pas envie que ce soit les créanciers
qui poursuivent, s'ils ont des droits?
M. Dubois: En tout cas, c'est un dossier public, Sodispro; alors,
je pense qu'il est de notre devoir de questionner le ministre sur ce
dossier.
M. Garon: Si on revient à ce que vous disiez au
début, qui était le début de mon intervention, quand on
dit que SOQUIA peut être le principal actionnaire dans une entreprise
où il y a plusieurs actionnaires, cela ne veut pas dire que SOQUIA
dirige. Vous pouvez avoir dans une entreprise plusieurs actionnaires dont aucun
individuellement n'a plus de parts que SOQUIA, mais qui sont tous ensemble
promoteurs du projet et qui, eux, dirigent l'entreprise même si SOQUIA a
plus de parts qu'eux individuellement. Globalement, eux ont plus de parts que
SOQUIA, ce sont eux qui dirigent. Il ne faudrait, quand même, pas faire
de sophisme. À Sodispro, je peux vous dire que, lorsque le projet a
commencé à fonctionner, SOQUIA n'avait pas grand-chose à
dire; c'étaient les actionnaires et les promoteurs qui menaient.
M. Dubois: M. le Président, on veut faire la
lumière sur Sodispro. Je pense qu'il y a matière à poser
des questions à ce sujet-là. J'espère pouvoir obtenir des
réponses pertinentes.
Le Président (M. Laplante): II y a seulement une petite
chose qui m'embête, M. le député, c'est qu'il est
difficile - c'est pour cela que je vais continuer à être assez
large là-dessus - de respecter l'ordre de l'Assemblée nationale
qu'on a d'étudier le projet de loi no 30, article par article, et
d'entrer dans tout ce qui regarde SOQUIA, le dossier de Sodispro et de toutes
ces compagnies. Je pense que vous êtes capable, avec l'expérience
que vous avez, de vous en tenir dans vos questions au projet de loi.
M. Dubois: C'est très pertinent.
Le Président (M. Laplante): Je serai assez
élastique, mais je voulais vous en avertir. C'est mon devoir de
président de le faire.
M. Dubois: M. le Président, le premier objet du projet de
loi est de nous demander de ratifier...
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Dubois: ...des fonds additionnels de 45 000 000 $ à
SOQUIA. SOQUIA a des investissements dans 21 sociétés
privées. D'accord?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Dubois: Dans ce sens-là, nous
recherchons la façon dont sont investis ces fonds-là. On
nous demande des fonds additionnels. Jusqu'à ce que ce projet de loi
soit sanctionné...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Dubois: ...il y a déjà 40 000 000 $. On veut
savoir comment les fonds sont investis, quels genres d'investissements sont
faits par SOQUIA. Nous avons un dossier qui est très volumineux sur une
société où il semble y avoir des pertes
énormes.
Le Président (M. Laplante): Je voulais vous mettre en
garde pour qu'on s'entende bien là-dessus. Ce n'est pas dans une fin de
session qu'on peut bousculer les choses, je ne ferai pas cela. Je ne voudrais
pas ne commettre non plus, à cause des autres présidents qui ont
à nous remplacer. En somme, c'est toujours le même
président. Il ne faudrait pas faire le procès de Sodispro
ici...
M. Dubois: Non, non.
Le Président (M. Laplante): ...à cause
d'investissements nouveaux dans des filiales très bien
identifiées à l'intérieur du projet de loi où
SOQUIA veut investir. C'est juste cela. On prendra des questions relatives
à Sodispro, c'est sûr, mais je ne voudrais pas que cela soit une
affaire de développement de cette compagnie. D'accord?
M. Dubois: Je pense que c'est très pertinent étant
donné qu'on cherche comment s'investissent les fonds de SOQUIA...
Le Président (M. Laplante): Je suis d'accord avec
cela.
M. Dubois: ...et qu'il y a des pertes qui semblent...
Le Président (M. Laplante): C'est pour cela que je vous
dis qu'on va se situer sur la clôture, mais je ne voudrais pas qu'ici se
fasse le procès de Sodispro.
M. Dubois: Nous ne sommes pas...
Le Président (M. Laplante): C'est sur cela que je voudrais
être clair.
M. Dubois: ...une commission d'enquête. Nous avons le
président de SOQUIA. Nous n'avons pas la chance de le voir souvent, pas
plus d'une fois par année.
Le Président (M. Laplante): Je ne le connais pas, si vous
voulez me le présenter.
M. Dubois: M. Marier, président de SOQUIA.
Le Président (M. Laplante): M. Marier. (17 h 15)
M. Scowen: M. le Président, je voudrais seulement ajouter
un mot à ce qu'a dit mon collègue, parce que je suis intervenu
avant lui. Nous voulions, selon le rapport annuel, nous assurer que
l'administration de SOQUIA était assez solide pour nous permettre de
voter en troisième lecture pour une augmentation de son capital. Je
pense que le rapport même n'est pas très complet pour les raisons
de confidentialité, entre autres. Aussi, il y a certaines questions
qu'on pose quant à la vérité même du rapport annuel.
On est obligé d'aller un peu en profondeur dans cet aspect pour nous
assurer que nous pourrons voter en troisième lecture, comme on l'a fait
en deuxième lecture.
Le Président (M. Laplante): Je vais être large avec
vous tous. Prenez le temps que vous voulez. Je ne regarderai pas l'histoire de
20 minutes chacun. Ce qui me préoccupe le plus, c'est que Sodispro a des
affaires en cour actuellement, tel qu'énoncé par des questions
à l'Assemblée nationale. Quand un président sait ces
choses, il est obligé de faire attention ou de vous avertir sur ces
choses-là. Je ne voudrais pas faire une...
M. Dubois: M. le Président, il y a une saisie d'actifs par
la banque et cela s'arrête là.
Le Président (M. Laplante): C'est mon devoir de vous
mettre en garde là-dessus aussi. D'accord?
M. Dubois: D'accord. Je m'en tiens aux propos de l'association
des créanciers de Sodispro et je poursuis. Ces gens disent: "En
deuxième lieu, M. le ministre, vous déclarez: "II est inexact
d'affirmer que Sodispro a été administrée depuis l'automne
1981 soit par SOQUIA, soit par M. Gaston Béliveau, de la firme Ger-Inter
Inc. Une telle déclaration est contraire aux faits et même
surprenante de votre part. Il était de commune renommée
auprès de tous les intervenants chez Sodispro que M. Jean-Guy Judd, qui
assurait la gestion au jour le jour de l'entreprise, avait un mandat de SOQUIA,
et ce, depuis septembre 1981. M. Judd était le gérant qui
autorisait toutes les commandes et toutes les dépenses avant qu'elles ne
soient faites. M. Judd l'a, d'ailleurs, reconnu dans un témoignage
assermenté où il a fait une partie de la lumière sur le
rôle que lui et M. Gaston Béliveau ont joué dans l'affaire
Sodispro."
Sur cette partie de la lettre, j'aimerais poser quelques questions. Je
voudrais savoir quel fut le mandat exact de Mercure, Béliveau et/ou de
Gaston Béliveau et/ou de Ger-Inter et ou de Jean-Guy Judd dans Sodispro.
Quand a débuté le mandat qu'on
aurait donné et quand s'est-il terminé? Quel est le
coût de ce mandat?
M. Garon: Je vais demander à M. Saint-Pierre, qui a
vécu ces événements de plus près que moi, de vous
dire exactement les distinctions qu'il y a à faire dans tout cela.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, M.
Saint-Pierre parle au nom du ministre.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Laplante): C'est comme si c'était
vous qui parliez.
M. Garon: Je n'ai pas vécu ces événements et
il y a des distinctions assez importantes à faire.
Le Président (M. Laplante): Tout de même, il faut
s'entendre et que vous sachiez que M. Saint-Pierre en parlant parle en votre
nom.
M. Garon: Oui, je suis au courant de cela.
M. Dubois: Tout à l'heure, vous étiez en discussion
lorsque je posais mes questions.
M. Garon: On a compris.
M. Dubois: Oui. Les créanciers disent que le ministre
indique: "II est inexact d'affirmer que Sodispro a été
administrée depuis l'automne 1981 soit par SOQUIA, soit par Gaston
Béliveau ou la firme Ger-Inter." Mes questions sont celles-ci: Quel fut
le mandat exact de Mercure, Béliveau et/ou de Gaston Béliveau
et/ou de Ger-Inter et/ou de Jean-Guy Judd dans Sodispro?
M. Garon: D'abord, la venue de Gaston Béliveau dans un
premier temps et Jean-Guy Judd viendra dans un second temps. M. Gaston
Béliveau est venu quand nous avons demandé à M.
Béliveau d'être un des trois représentants de SOQUIA au
conseil d'administration de Sodispro. À l'automne 1981, il y a formation
d'un comité exécutif de trois personnes: Jean-Guy
Lauzière, Gaston Béliveau, qui représente SOQUIA, et
Jean-Pierre Gauvreau, également consultant et qui représente
l'autre actionnaire important, la CCF. M. Gauvreau est ingénieur pour
Lavalin. Le but de ce comité était de mieux informer le conseil
d'administration sur les problèmes que vivait déjà la
compagnie, à ce moment-là, de réalisation du projet et,
également, de gestion financière.
M. Béliveau, pour remplir son mandat du comité
exécutif, s'est adjoint un de ses employés, M. Jean-Guy Judd.
Pendant les premiers mois - on parle encore de l'automne - il a
été payé, à même ce mandat que nous donnions
à M. Gaston Béliveau, pour apporter, de l'"input" financier, car
M. Béliveau n'était pas là chaque jour. M. Judd faisait ce
travail et, en janvier ou fin décembre - si ma mémoire est bonne
- il est devenu un employé payé directement par la compagnie
parce qu'il avait remplacé le contrôleur de la compagnie. Or, son
rôle n'a jamais été celui d'un administrateur, d'un chef
d'administration, mais d'une partie d'un triumvirat qui était le
comité exécutif.
M. Dubois: On dit ici que, depuis septembre 1981, "M. Judd
était le gérant qui autorisait toutes les commandes et toutes les
dépenses avant qu'elles ne soient faites. Est-ce exact?
M. Garon: Si vous me permettez une comparaison chez nous, il y a
aussi un contrôleur qui doit parapher et voir à ce que les
dépenses soient faites en conformité avec un budget
approuvé. C'est son rôle. M. Jean-Guy Judd avait effectivement un
rôle de contrôleur.
M. Dubois: Le mandat de Mercure, Béliveau et
Associés, finalement, parce que c'est un mandat que vous leur avez
donné...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ...quand a-t-il commencé exactement?
M. Garon: Je pense, à quelques semaines près, que
c'est en août 1981. Il est probablement cité...
M. Dubois: Quand s'est-il terminé?
M. Garon: C'est Gaston Béliveau. Excusez-moi.
M. Dubois: Gaston Béliveau, c'est Ger-Inter.
M. Garon: Gaston Béliveau était notre
représentant.
M. Dubois: Gaston Béliveau n'est pas le
propriétaire de Ger-Inter?
M. Garon: II est un associé...
M. Dubois: Un associé de Ger-Inter.
M. Garon: ...de Mercure, Béliveau et Associés qui
possède une filiale qui s'appelle Ger-Inter.
M. Dubois: Et le principal actionnaire,
entre autres.
M. Garon: II est associé. Je ne pense pas qu'on puisse
parler de cette façon-là. Ils sont deux associés
principaux.
M. Dubois: Quand se terminait le mandat?
M. Garon: Nous avons retenu les services de Gaston
Béliveau en août 1981. La première réunion à
laquelle il a assisté était sans doute au début de
septembre 1981.
M. Dubois: D'accord. Quand s'est terminé le mandat que
vous aviez donné à Gaston Béliveau, s'il est
terminé?
M. Garon: II a été modifié, mais je ne sais
pas quand...
Le Président (M. Laplante): Allez-y! Approchez un
microphone. De toute façon, vous parlez toujours au nom du ministre.
M. Garon: On n'a pas le dossier complet avec nous pour trouver
les dates précises, mais il y a eu des modifications de mandat en cours
de route. Effectivement, notre position en termes de leadership dans
l'entreprise s'est modifiée à partir du printemps, date où
on a pris 50% de l'entreprise. Son rôle est devenu plus
prépondérant dans la gestion. D'abord, le comité de
gestion est devenu un comité de deux personnes.
M. Dubois: De gestion et de construction ou de gestion pure et
simple?
M. Garon: Non, non. On parle de gestion de l'entreprise qui avait
démarré ses activités, mais qui avait encore beaucoup de
rodage à faire.
M. Dubois: Quel était le coût du mandat? Ce mandat
est-il terminé?
M. Garon: Seulement pour préciser une chose. Pour SOQUIA,
cela a toujours été Gaston Béliveau, personnellement, qui
a été notre mandataire. Ce mandat s'est poursuivi et se poursuit
encore dans le sens que la compagnie, même si elle est techniquement en
faillite, a encore une existence comme telle. Il n'y a pas eu de
déclaration formelle de faillite.
M. Scowen: Est-ce que je peux poser une question
additionnelle?
M. Dubois: Oui.
M. Scowen: Par qui a été mandaté M. Jean-Guy
Judd lorsqu'il a été nommé au poste de direction de la
gestion quotidienne?
M. Garon: Lorsqu'il a été nommé à la
gestion quotidienne de l'entreprise?
M. Scowen: Oui, dans le rôle qu'il jouait, il était
mandaté par qui? Je comprends si vous voulez suspendre la séance
pendant quelques minutes.
M. Garon: Ce qu'on me dit, c'est qu'il y avait un comité
exécutif qui était formé des trois personnes qu'on a
mentionnées: Jean-Guy Lauzière, Gaston Béliveau et
Jean-Pierre Gauvreau, qui représentait, lui, la CCF, et les trois
avaient un contrôleur. Le mandat plus spécifique de Gaston
Béliveau était de s'occuper du volet financier, au sein du
comité exécutif. Le mandat de Jean-Pierre Gauvreau était
du côté technique. Il avait, par exemple, du côté de
la décision quand il s'agissait d'acheter de l'équipement, un
rôle prépondérant ou plus important au comité que
les deux autres.
Les trois qui formaient l'exécutif, cela veut dire, au fond,
qu'ils faisaient différentes opérations. Quand ils agissaient
comme exécutif, c'était juste comme exécutif. Après
cela, ils faisaient certaines opérations pour l'exécutif, pas
pour SOQUIA. C'est cela qu'il faut distinguer. Je pense que ce qu'on essaie,
c'est de faire dire que, quand les gens agissaient comme exécutif de
Sodispro...
M. Scowen: Je pose une question.
M. Garon: Je sais où la question veut aller. La question
veut faire dire que c'est SOQUIA qui menait, alors que ce n'était pas
SOQUIA qui menait.
M. Scowen: Non, non. Est-ce qu'il peut imputer des motifs? Est-ce
que c'est permis d'imputer des motifs à un député?
Le Président (M. Laplante): Je vous donnerai la chance,
s'il y a des choses inexactes, de répliquer.
M. Garon: II y avait un exécutif qui dirigeait. Dans
l'exécutif, il y avait un ingénieur de chez Lavalin, qui
était M. Gauvreau, et c'était le choix de CCF; il y avait M.
Béliveau. D'ailleurs, les gens de SOQUIA m'ont dit qu'ils avaient choisi
un homme comme M. Béliveau parce qu'ils considéraient que c'est
une personne qui était raide, qui était ferme et ils voulaient
justement quelqu'un qui soit ferme, pas quelqu'un qui soit mou. Il y avait M.
Lauzière, qui était un des promoteurs actionnaires du
début. Ces trois personnes se sont réparti des fonctions en tant
qu'exécutif, pas en tant que représentantes de CCF, pas en tant
que représentantes de SOQUIA, mais en tant que membres d'un
exécutif au niveau de Sodispro. À ce moment, dans la
répartition de ces fonctions,
on dit que M. Judd a assisté, a travaillé comme
contrôleur financier.
M. Scowen: Qui a mandaté M. Jean-Guy Judd pour faire ce
qu'il a fait?
M. Garon: Ce qu'on dit, au fond, c'est que les membres de
l'exécutif se répartissaient les fonctions. M. Béliveau,
lui, voyait plus à l'aspect contrôle et, pour l'assister dans ses
fonctions de contrôle, au nom de l'exécutif, comme
contrôleur - il faisait cela pour l'exécutif - il s'est fait
assister de M. Jean-Guy Judd.
M. Scowen: M. Jean-Guy Judd était mandaté par qui
pour remplir ses fonctions? (17 h 30)
M. Garon: Par le comité exécutif.
M. Scowen: De?
M. Garon: De Sodispro qui était un corps émanant du
conseil d'administration.
M. Scowen: De Sodispro.
M. Garon: II faut dire qu'il y a trois actionnaires, à
toutes fins utiles.
M. Scowen: On connaît la composition de la
société.
M. Garon: Attendez un peu. Il y a trois groupes d'actionnaires.
Un des actionnaires, c'est CCF; son représentant, c'est M. Gauvreau. Il
y a les promoteurs initiaux; le représentant, c'est M. Lauzière.
Il y a M. Gaston Béliveau qui représente SOQUIA. Les trois
ensemble, à cause de leurs talents particuliers, se répartissent
des fonctions dans l'entreprise, mais ils agissent comme exécutif.
M. Scowen: Si je comprends, M. Judd a été
mandaté par la compagnie Sodispro ou par l'exécutif de Sodispro
pour remplir ses fonctions. Est-ce vrai?
M. Garon: Son mandat a été entériné
par le comité exécutif de Sodispro.
M. Scowen: Le comité exécutif de Sodispro. Vous
savez certainement que M. Judd prétend le contraire. Il prétend -
et je peux vous citer précisément ce qu'il a dit -qu'il
n'était pas mandaté par Sodispro, mais par SOQUIA. Juste pour que
cela soit très clair, je vais citer sa déclaration. Si vous me le
permettez, je vais citer brièvement ce qu'il a dit. Je ne vais pas tout
citer, mais c'est ici. Il a travaillé pour régler certains
problèmes. C'est au mois d'octobre 1981 que son mandat a
été élargi. Au début, il avait un rôle de
surveillance et, après, il a obtenu le mandat de contrôler les
dépenses. D'abord, c'était de regarder; après,
c'était de contrôler, au mois d'octobre 1981. Quand on a
posé la question - et je ne vais pas tout citer, à moins que vous
ne me le demandiez - pour savoir qui effectivement a élargi ce mandat,
Sodispro ou SOQUIA, M. Judd a dit: Ce n'est pas Sodispro, c'est SOQUIA qui a
élargi ce mandat. Ce que vous dites est contraire à ce qu'a dit
M. Judd. Alors, parce que c'est le contraire et qu'il y a un doute là,
est-ce qu'on peut vous demander de nous donner les comptes rendus des deux
réunions du conseil exécutif de Sodispro, la première dans
lequel le mandat a été confié à M. Judd et la
deuxième où le mandat a été élargi, pour que
le doute disparaisse parce que M. Judd a dit très clairement sous
serment...
M. Garon: II n'y a pas un doute. Ce n'est pas un tribunal ici. On
ne fera pas d'enquête, il n'y a pas de juge. S'il y a des gens qui
pensent que ce n'est pas correct, qu'il y a quelque chose de pas correct dans
cela, qu'ils prennent des poursuites. Mais il reste ici que nous sommes
à une commission parlementaire. Je n'ai pas l'intention de jouer au
tribunal, je n'ai pas l'intention de jouer au procureur de la couronne ou au
procureur de la défense.
M. Scowen: Moi non plus.
M. Garon: S'il y a des gens qui ont des poursuites, qu'ils les
prennent; s'ils n'ont pas de droits, qu'ils nous laissent la paix.
M. Scowen: Mais, excusez-moi.
M. Garon: On n'ira pas voir à l'intérieur d'une
compagnie, alors que vous, vous n'étiez pas là et que moi, je ne
suis pas là, et essayer de déterminer ce qui se passait à
l'intérieur d'une compagnie dans la vie de tous les jours. Je regrette,
je n'embarquerai pas dans ce jeu.
M. Scowen: Excusez-moi, le point touche directement
l'Assemblée nationale et ses membres et je vais vous dire pourquoi.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: SOQUIA est une société
d'État.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: On parle de l'implication d'une société
d'État dans une de ses compagnies associées ou filiales. La
question est très pertinente...
M. Garon: Non.
M. Scowen: ... d'après nous de
l'Opposition...
M. Garon: Je pense qu'elle n'est pas pertinente.
M. Scowen: ... quant au rôle qu'a joué une
société d'État dans une de ses associées. Cela
touche non seulement cette compagnie, mais cela touche un principe qu'on peut
appliquer à toutes les autres. Nous avons une déclaration
solennelle assermentée de quelqu'un qui dit que c'est effectivement
SOQUIA qui a dirigé l'entreprise qu'on appelle Sodispro dès le
mois d'octobre 1981. Vous dites que ce n'est pas vrai. Alors, tout ce qu'on
demande, si ce n'est pas vrai, c'est que, pour rectifier toute
possibilité de doute, vous nous donniez les pages tirées de la
résolution dans laquelle Sodispro ou le conseil exécutif de
Sodispro a confié un mandat à M. Judd et, deuxièmement, la
résolution qui a élargi ce mandat. Autrement, on va rester avec
l'impression que M. Judd a raison. Ce n'est pas difficile à trouver.
Vous n'aurez qu'à faire une photocopie de deux pages d'un livre.
Le Président (M. Laplante): Là, je vais être
obligé d'arrêter tout cela. J'ai suivi assez longuement...
M. Garon: On n'est plus sur le bilan.
Le Président (M. Laplante): Vous devez prendre la parole
du ministre. Je fais allusion au ministre dans ce que ses fonctionnaires
viennent de déclarer aussi. Ils vous ont donné la composante de
Sodispro, les trois de l'exécutif, ils vous ont dit pourquoi M. Judd
était là. Je pense qu'il serait temps de passer à une
autre question.
M. Scowen: D'accord. Je vais y revenir seulement parce que la
question...
Le Président (M. Laplante): Cela prend l'allure d'un
tribunal et je demanderais aux recherchistes de quitter la table, s'il vous
plaît!
M. Scowen: Je termine.
Le Président (M. Laplante): Vous allez un peu loin pour
une commission qui veut étudier un projet de loi.
M. Scowen: Je termine en répétant pour que la
position du gouvernement soit très claire. D'après le ministre,
Jean-Guy Judd a toujours travaillé sous un mandat direct de Sodispro. Il
n'a jamais travaillé pour SOQUIA comme telle.
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai dit. M. Scowen: Oui. Il
n'a jamais été mandaté par SOQUIA pour diriger, de jour en
jour, ou exercer ses fonctions à l'intérieur de Sodispro.
M. Garon: Ce n'est pas ce que j'ai dit. N'essayez pas de me faire
dire des choses. Vous, vous savez où vous voulez aller. Vous allez
essayer de m'amener là en posant des questions subtiles. Ce n'est pas ce
qui s'est passé.
M. Scowen: On n'a pas droit à des questions subtiles?
M. Garon: Je comprends qu'on peut faire dire n'importe quoi
à des gens, alors qu'en réalité ce n'est pas ce qui s'est
passé. Il y a trois actionnaires, au fond, qui commencent à
être inquiets; deux, en tout cas, commencent à être inquiets
de ce qui se passe à Sodispro. Ils décident de former un
exécutif parce que leur confiance est moins forte qu'elle ne
l'était. Ils veulent voir ce qui se passe à l'intérieur et
ils forment un exécutif. Dans l'exécutif, il y a les actionnaires
du début, représentés par M. Lauzière, les
actionnaires de CCF et SOQUIA. Le représentant de SOQUIA, qui est Gaston
Béliveau, lui se fait assister dans son travail par M. Judd.
M. Scowen: II a été payé par qui?
M. Garon: SOQUIA payait Béliveau. Au début, Judd a
travaillé pour Béliveau, il remplaçait Béliveau, il
faisait du travail pour Béliveau. Mais, quand les gens de SOQUIA se sont
rendu compte qu'il travaillait beaucoup plus pour Sodispro que pour
Béliveau, ils ont refusé de le payer. Ils ont refusé que
les comptes incluent le salaire de Judd. Ils ont dit: Si Judd travaille pour
Sodispro, qu'il se fasse payer par Sodispro.
M. Scowen: Est-ce que le mandat de Judd était un mandat de
SOQUIA ou de Sodispro?
M. Garon: Un mandat de Sodispro comme contrôleur.
M. Scowen: À deux volets?
M. Garon: Comme contrôleur, il agissait pour Sodispro.
M. Scowen: Est-ce qu'il agissait pour SOQUIA dans un autre
rôle?
M. Garon: Je vais demander à M. Griffin d'expliquer
exactement cette relation. Elle est simple à comprendre, mais on peut
jouer sur toutes sortes de tableaux. Il faut l'expliquer clairement.
M. Scowen: En fin de compte, la
question à laquelle on cherche une réponse: Est-ce que M.
Judd n'a jamais travaillé dans l'une ou l'autre de ses nombreuses
fonctions pour SOQUIA?
M. Garon: II n'a jamais travaillé pour SOQUIA. Il a
travaillé du 31 août au 31 décembre pour Gaston
Béliveau, puis il a assisté le contrôleur de Sodispro tout
ce temps-là pour préparer les budgets et dans l'ensemble des
fonctions de contrôle. À partir du 1er janvier 1982 jusqu'au 28
juin 1982, il a travaillé et il était payé uniquement p'ar
Sodispro.
M. Scowen: Et Gaston Béliveau a toujours travaillé
pour Sodispro?
M. Garon: Non, non, Gaston Béliveau personnellement
était mandaté par SOQUIA.
M. Scowen: Par SOQUIA? Alors, au mois d'octobre, quand le mandat
de M. Judd a été amendé pour lui donner le contrôle
quotidien de l'exploitation de Sodispro, il était encore un
employé de M. Béliveau qui travaillait pour SOQUIA.
M. Garon: II travaillait pour assister le contrôleur de
Sodispro...
M. Scowen: II assistait, mais il était mandaté par
qui?
M. Garon: ... M. Mouton.
M. Scowen: Assister, ce n'est pas une question qui nous concerne
aujourd'hui. Le mandat de M. Judd était un mandat de M.
Béliveau?
M. Garon: II a été engagé par Gaston
Béliveau personnellement pour assister le contrôleur de Sodispro,
M. Mouton.
M. Scowen: Et le mandat de Gaston Béliveau
découlait de Sodispro ou de SOQUIA?
M. Garon: De la même façon que le
représentant de CCF n'était pas toujours là
personnellement.
Excusez-moi, je n'ai pas saisi.
M. Scowen: Alors, le mandat de M. Gaston Béliveau
découlait de SOQUIA?
M. Garon: Oui, Gaston Béliveau était le mandataire
de SOQUIA.
M. Scowen: De SOQUIA. Et M. Judd était un employé
de M. Béliveau qui était mandataire de SOQUIA.
M. Garon: De Gaston Béliveau, uniquement dans le but
d'assister le contrôleur.
M. Scowen: Oui, mais il semble qu'au mois d'octobre 1981 le
rôle de M. Judd a été changé. Je peux citer ce qu'il
a dit: "Le mandat dans sa forme originale était un mandat d'analyse,
à l'effet d'examiner la préparation du budget." C'est le mandat
original.
M. Garon: On vous a dit pourquoi tantôt. Les actionnaires
commencent à être soupçonneux.
M. Scowen: Oui.
M. Garon: Ils forment un exécutif où chacun est
représentant. Il y a Gaston Béliveau, M. Gauvreau et M.
Lauzière.
M. Scowen: D'accord.
M. Garon: Après, ils font des opérations comme
membres de l'exécutif.
M. Scowen: C'est cela, mais au départ...
M. Garon: De la même façon que vous pourriez le
demander pour M. Gauvreau qui, lui aussi, faisait des opérations
à l'intérieur et lui aussi se faisait assister pour les faire.
Mais tant que M. Gauvreau travaillait pour Sodispro, il ne travaillait pas pour
CCF.
M. Scowen: Mais si vous me le permettez, M. le ministre, je peux
terminer cette partie en 60 secondes parce que je pense qu'on arrive à
l'aboutissement de l'affaire. Avant le début de 1982, M. Béliveau
était mandataire de SOQUIA; est-ce vrai?
M. Garon: M. Béliveau était mandataire et il
l'était après, également.
M. Scowen: De SOQUIA?
M. Garon: M. Béliveau personnellement.
M. Scowen: Personnellement.
M. Garon: II n'est pas mandataire, c'est-à-dire qu'il est
nommé... Il représentait...
M. Scowen: Représentant, si vous voulez.
M. Garon: ... les intérêts de SOQUIA au conseil du
comité exécutif. Il y a trois actionnaires.
M. Scowen: II était le représentant de SOQUIA, M.
Béliveau?
M. Garon: Au comité exécutif.
M. Scowen: Et M. Judd, jusqu'en décembre ou en janvier
1982, si vous préférez...
M. Garon: Oui.
M. Scowen: ... était un employé de M.
Béliveau, représentant de SOQUIA.
M. Garon: Mais à titre de membre du comité
exécutif.
M. Scowen: À titre de membre, mais il ne
représentait pas l'exécutif, M. Judd représentait M.
Béliveau?
M. Garon: Écoutez, M. Béliveau est membre du
comité exécutif de Sodispro. Pour se faire assister à
titre de membre du comité exécutif de Sodispro, il engage
Jean-Guy Judd.
M. Scowen: Oui, mais au profit de SOQUIA.
M. Garon: Non. SOQUIA a nommé un représentant au
conseil d'administration.
M. Scowen: Cela, je le comprends.
M. Garon: Le conseil d'administration a
délégué un comité exécutif dont M.
Béliveau fait partie. (17 h 45)
M. Scowen: Le moment arrive où il faut ajouter M. Judd au
portrait. Deux possibilités peuvent survenir. M. Béliveau arrive
devant le conseil exécutif et dit: Je pense que nous trois devons
embaucher quelqu'un pour surveiller ce qui se passe et assister le
trésorier.
M. Garon: Assister le trésorier, c'est dans ce sens qu'il
a dit cela.
M. Scowen: C'est cela. Est-ce que nous trois pouvons avoir une
motion pour approuver la nomination de M. Judd comme mandataire du conseil
exécutif de Sodispro pour faire ce genre de travail? C'est une
possibilité.
M. Garon: Ce qu'il veut dire, c'est que ce n'est pas une
décision de SOQUIA, c'est une décision de l'exécutif.
M. Scowen: Une autre possibilité est que Béliveau
dit à SOQUIA, parce qu'elle est impliquée là-dedans:
Écoutez, je pense que, avec la permission du conseil exécutif, je
vais envoyer une personne pour me répondre en tant que membre du conseil
exécutif pour surveiller ce qui se passe au bénéfice de la
personne que je représente qui est SOQUIA.
C'est une distinction importante. Si je comprends bien, jusqu'à
la fin de décembre, c'était la deuxième. M. Judd
travaillait pour M. Béliveau et il ne travaillait pas pour le conseil
exécutif de Sodispro. Est-ce que je me trompe?
M. Garon: Oui, vous vous trompez.
M. Scowen: C'est un peu ce que vous m'avez dit tantôt.
M. Garon: M. Judd a travaillé pour Gaston Béliveau
- d'accord? - qui était membre du comité exécutif...
M. Scowen: Oui.
M. Garon: ...qui a été formé par le conseil
d'administration de Sodispro. Sodispro a toujours été au-dessus
de Jean-Guy Judd.
M. Scowen: Est-ce que M. Judd a travaillé pour un membre
du conseil exécutif ou s'il a travaillé pour
l'exécutif?
M. Garon: II travaillait pour l'exécutif, sous la
direction d'un des membres.
M. Scowen: Avec une résolution du conseil exécutif
disant que M. Judd était mandaté par l'exécutif de le
faire.
M. Garon: Une résolution globale avait été
donnée au comité exécutif pour l'embauche d'assistance
dont il avait besoin. Je ne peux pas vous le dire exactement. Il n'y avait pas
de résolution spécifique pour cela.
M. Scowen: II n'y en avait pas.
M. Garon: Excusez-moi, c'est à ma souvenance, parce qu'on
parle tout de même de...
M. Scowen: Oui. M. Judd travaillait pour M. Béliveau.
M. Garon: M. Judd travaillait pour un comité
exécutif dont faisait partie M. Béliveau; ce comité
exécutif était nommé par le conseil de Sodispro.
Oui, et ils se répartissaient les fonctions après.
M. Scowen: Est-ce que les rapports écrits ou verbaux
rédigés par M. Judd concernant l'évolution du dossier de
Sodispro étaient rendus à M. Béliveau ou à
l'exécutif?
M. Garon: À l'exécutif. M. Scowen: Toujours?
M. Garon: Toujours.
M. Scowen: II n'avait pas... M. Garon: À ma
connaissance.
M. Scowen: ...de communications directes avec M. Béliveau
comme tel?
M. Garon: II devait sûrement y en avoir. Ce serait
illogique qu'il n'y en ait pas.
De la même façon que les gens que M. Gauvreau devait
engager pour l'assister sur le plan technique devaient davantage se rapporter
à M. Gauvreau qui faisait un rapport à l'exécutif.
C'est exact.
De la même façon que ceux qui regardaient plus l'aspect
financier se rapportaient à M. Béliveau, qui, lui, faisait
rapport à l'exécutif, mais il fonctionnait comme
l'exécutif. Cela veut dire, au fond, simplement, que M. Judd ne recevait
pas ses ordres de SOQUIA.
M. Scowen: Je vais citer pour que cela soit clair. M. Judd dit:
"Je veux dire, que ce soit la construction ou que ce soit les
parachèvements, pour moi, en ce qui nous concerne, on était
concerné par les déboursés relatifs à la
construction et à l'exploitation. Question: Quand vous dites "nous" - il
a dit "en ce qui nous concerne" - référez-vous à Sodispro
ou à SOQUIA? Question de M. Judd: À l'effet de quelle question? -
Réponse: Au moment, par exemple, où on a élargi le
mandat." Il dit: C'est SOQUIA qui a élargi le mandat. C'est
effectivement SOQUIA. Vous voyez, les gens prétendent...
M. Garon: Les gens?
M. Scowen: Oui, les gens, sous serment, prétendent que,
depuis le mois d'octobre, c'était effectivement SOQUIA, par l'entremise
de M. Béliveau, par l'entremise de M. Judd, qui dirigeait l'entreprise.
Vous prétendez le contraire.
M. Garon: C'est exact.
M. Scowen: La réponse de M. Judd, dans son
témoignage, est très claire. Quant à lui, c'était
SOQUIA qui...
M. Garon: Pouvez-vous nous situer un peu? J'ai le texte ici.
M. Scowen: C'est à la page 18.
M. Garon: Écoutez, nous ne pouvons pas commencer à
faire le relevé des relations internes dans des entreprises où on
n'est pas présent.
M. Scowen: Merci, d'accord.
M. Garon: II y a toujours des limites!
Le Président (M. Laplante): Je vais être
obligé d'arrêter et de me conformer...
M. Garon: Je vais vous dire une chose, si des gens...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, une
minute.
M. Garon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Garon: Si des gens ont des droits et considèrent que
ceux-ci ont été violés, qu'ils poursuivent. Je peux vous
dire une chose: Sodispro, par exemple, a contesté le compte de l'avocat.
Elle est allée devant le syndic du barreau et ce dernier a donné
raison à Sodispro plutôt qu'à l'avocat.
M. Scowen: L'avenir de Tecnicor ne vous intéresse pas?
Le Président (M. Laplante): On va arrêter ça
là. Maintenant, nous allons passer aux notes explicatives du projet de
loi parce que nous avons débordé largement.
M. Dubois: Je veux faire état, M. le Président, des
notes écrites que l'Association des créanciers de Sodispro a
envoyées aux 122 députés de l'Assemblée nationale
du Québec.
Le Président (M. Laplante): Non, là, on ne
débordera plus là-dessus, si vous voulez.
M. Scowen: M. le Président, vous m'avez fait...
M. Dubois: Cela touche directement aux fonds publics. Il est
question de millions.
Le Président (M. Laplante): Non, écoutez.
M. Scowen: Une directive, M. le Président, s'il vous
plaît, très brièvement!
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux simplement signaler que vous m'avez permis
d'interrompre brièvement mon collègue qui est en train de faire
sa présentation pour obtenir une précision et cette
précision que j'ai essayé d'avoir ne doit aucunement
empêcher mon collègue de terminer ses commentaires parce qu'il ne
les a pas faits, je l'ai interrompu deux fois, avec votre permission. Je pense
qu'il a aussi droit à son intervention.
Le Président (M. Laplante): Je suis d'accord avec ces
commentaires. On a voulu
élargir un peu la commission pour essayer d'avoir une bonne
entente entre tout le monde. C'est de bonne guerre et je suis d'accord avec
ça, mais il serait temps, je crois, d'en venir à la portée
du projet de loi qui est là, le projet de loi no 30.
Si vous relisez les notes explicatives, il y a deux choses fondamentales
qui y sont incluses, soit la création de sociétés
nouvelles et l'obligation, pour SOQUIA, de faire des rapports annuels au
gouvernement sur un plan de développement avec ses filiales. On est
d'accord là-dessus?
M. Mathieu: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): C'est de bonne guerre qu'on
ait élargi un peu le débat pour certaines questions que vous
aviez posées à l'Assemblée nationale, mais là,
ça prend l'allure d'un interrogatoire qui, je pense, est...
M. Dubois: On n'a pas touché à 5% des questions
globales qui ont été soulevées à l'Assemblée
nationale sur ce dossier.
Le Président (M. Laplante): Je pense qu'il serait bon que
vous retourniez à l'Assemblée nationale avec cela.
M. Dubois: C'est pour ça, M. le Président, que j'ai
l'intention de continuer.
M. Mathieu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais ici soulever une
question de règlement. Lors de l'étude des crédits, la
dernière ou l'avant-dernière journée, nous avons
demandé au ministre d'avoir l'occasion d'interroger les dirigeants de
SOQUIA. Le ministre nous a répondu qu'il n'en était pas question
parce que nous ne l'avions pas fait au cours des débats
préliminaires, avant qu'on entreprenne les programmes l'un après
l'autre. Le ministre nous a dit: Le projet de loi no 3D sera bientôt
devant la commission parlementaire de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation pour étude article par article et vous aurez tout le
loisir d'interroger sur toutes les facettes que vous voudrez les dirigeants de
SOQUIA. Or, comme c'est une chose qui est extrêmement importante et qui
concerne les fonds publics, nous avons l'intention de nous prévaloir de
cette offre, M. le Président, qu'a faite le ministre. Probablement que
vous n'étiez pas ici à ce moment-là et je vous dis, M. le
Président, si je prends la parole du ministre qui nous a dit qu'on
aurait toute la latitude, que c'est ce que nous entendons faire
aujourd'hui.
M. Garon: M. le Président, soyons honnêtes. Je vous
demande seulement d'être honnêtes. Vous aviez vingt heures pour vos
crédits, quand vous avez demandé cela, il vous restait environ
deux heures. J'ai dit, on pourra, mais je n'ai pas l'intention de vous donner
encore vingt heures pour SOQUIA.
M. Mathieu: M. le Président, il ne restait pas deux
heures.
M. Garon: Non, non, il restait deux heures, on était dans
la petite salle, de l'autre côté. J'ai dit: Vous poserez les
questions que vous voudrez à SOQUIA, mais on ne fera pas vingt heures de
plus sur SOQUIA, là, je regrette.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, on va essayer
de jouer à Salomon un petit peu. Je ne peux faire aucun reproche au
député de Beauce-Sud s'il y a déjà eu entre vous
deux une espèce d'entente pour parler un peu de SOQUIA lors de
l'étude article par article du projet de loi. Mais est-ce qu'on pourrait
s'entendre sur un temps limité, par exemple, une demi-heure, trois
quarts d'heure, pour parler de SOQUIA et de son administration avant d'entamer
le projet de loi article par article?
M. Garon: C'est ce que j'avais proposé à ce
moment-là.
Le Président (M. Laplante): Je pense que ce serait juste
pour les deux parties.
M. Garon: On avait vingt heures pour les crédits et SOQUIA
n'est même pas dans les crédits du ministère, sauf que,
dans les remarques préliminaires, habituellement, on peut aborder tous
les sujets. Je me souviens de la première année, en 1977, on a
parlé pendant trois ou quatre heures de la Raffinerie de sucre, parce
que les députés étaient intéressés à
ce moment, à savoir quels étaient les contrats que la Raffinerie
de sucre avait avec Redpath, etc. Nous avions longuement discuté de ce
sujet.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, ce n'est pas
ça qu'il m'intéresse de savoir.
M. Garon: Mais laissez-moi finir. On a pris l'habitude de poser
des questions générales concernant les crédits du
ministère, qui débordaient même les crédits du
ministère, sauf qu'à la fin, rendu à la 17e ou 18e heure,
le député de Beauce-Sud a dit: On aimerait poser des questions
sur SOQUIA. J'ai dit: Au début de l'étude du projet de loi, vous
pourrez poser autant de questions
que vous voudrez, mais pas pendant vingt heures; on ne recommencera pas
à étudier les crédits deux fois. Alors, je me dis que,
s'il a des questions à poser, d'accord. On n'essaiera pas
d'établir des preuves pour des amis du Parti libéral qui sont en
dehors et qui ne sont pas capables de faire de preuves, qui ne sont pas
capables de prendre de poursuite.
M. Dubois: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, ce n'est pas
là la question que je vous ai posée. Oui, M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Quand le ministre dit: Les amis du parti, il y a des
milliers d'agriculteurs qui sont membres de la Coopérative
fédérée du Québec et la
fédérée est impliquée dans le dossier Sodispro pour
300 000 $. Alors, quand on parle d'amis du Parti libéral, d'une
façon privilégiée, ce sont les amis des deux partis, des
deux côtés de la table qui sont impliqués. Alors, je
voudrais que ce soit clair et précis.
M. Mathieu: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud, oui.
M. Mathieu: ...je voudrais bien dire au ministre qu'on
n'escamotera pas ici ces points-là. Cela fait à peu près
un an et demi que cela traîne dans le portrait, SOQUIA et toutes ses
filiales. Il y a des fonds publics engloutis là-dedans, on n'a jamais eu
l'occasion d'aller au fond du problème. Le ministre nous avait dit:
Lorsqu'on étudiera le projet de loi no 30 article par article, vous
poserez toutes les questions que vous voudrez. M. le Président, c'est ce
que nous entendons faire; il y a de la lumière à faire sur ce
problème de SOQUIA, de Sodispro et de toutes les autres filiales. Je
pense que c'est très pertinent au projet de loi no 30.
Qu'est-ce qu'on va faire avec le projet de loi no 30? On se
prépare à augmenter le capital de SOQUIA de 40 000 000 $ à
85 000 000$. Bien, avant de pouvoir donner notre consentement à cet
état de choses, nous voulons savoir de quelle manière ont
été administrés les premiers 40 000 000 $ pour voir si on
peut donner notre accord pour augmenter le capital à 85 000 000 $. C'est
dans ce cadre et je veux dire au ministre que cela n'ira pas bien s'il veut
cacher quelque chose, s'il ne veut pas qu'on aille au fond de l'histoire.
M. Garon: Vous ne vous prévaudrez pas de deux heures de
crédits.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Beauce-Sud. Une minute, s'il vous plaît! Je ne voudrais pas être
obligé d'être rigide sur l'application de 20 minutes par
intervenant - même pas par intervenant; je pourrais l'appliquer par
membre si je voulais - de la commission pour les remarques
préliminaires. Je ne veux pas jouer à ce petit jeu. Seriez-vous
consentants, des deux côtés, qu'à 20 heures, lorsqu'on
reprendra les travaux, on prenne une heure de débat sur SOQUIA et qu'on
essaie de vider cela dans cette heure et, après cela, qu'on commence les
travaux article par article? Il y a certaines questions que vous pourrez poser
encore là-dessus à l'étude article par article du projet
de loi. Vous avez l'habitude du parlementarisme actuellement. Je ne voudrais
pas m'enfermer dans un cul-de-sac dont on ne pourrait plus sortir et les deux
bords, à un moment donné, ne voudraient pas en supporter
l'odieux. C'est une offre que je vous fais qui mériterait d'être
discutée des deux côtés parce que vous avez l'ouverture
article par article, après cela, pour aller là-dedans.
M. Dubois: Pour ma part, je n'ai pas l'intention d'être
pris dans un carcan horaire. Si dans une demi-heure, à la reprise des
travaux à 20 heures, on a terminé le sujet Sodispro, d'accord; si
cela en prend deux, cela en prendra deux, mais je ne veux pas être
limité par une heure, nécessairement.
Le Président (M. Laplante): Je veux vous faire comprendre
qu'à l'intérieur de l'étude article par article...
M. Dubois: Je comprends votre intervention.
Le Président (M. Laplante): ...vous avez d'autres
ouvertures encore qui pourraient permettre de développer des questions
que vous auriez aimé poser; elles pourraient être posées
à travers cela.
M. Dubois: Ce qui va se faire aux notes préliminaires
permettra d'aller plus rapidement dans le reste du projet de loi. Cela revient
au même, M. le Président, parce qu'on a des questions
précises.
Le Président (M. Laplante): Ce que je ne veux pas, comme
président, c'est causer une espèce de jurisprudence dans le
projet sur le nombre de minutes durant lesquelles un député
parle. C'est cela que je ne veux pas causer. Je veux votre pleine
collaboration. Ce que je peux vous promettre en retour, c'est de le prendre
article par article et de s'en aller avec. S'il y a des questions, je pense
qu'on a été assez large, jusqu'à aujourd'hui, on va
prendre cela comme une petite famille. Je voudrais
continuer de cette façon-là. On pourrait se fixer une
heure, de 20 heures à 21 heures; ensuite, on commence à appeler
les articles et, à travers cela, vous aurez d'autres questions,
sûrement.
M. Dubois: M. le Président, on n'a pas beaucoup de minutes
de discussion, vraiment, sur le texte des créanciers de Sodispro qui
inclut des milliers de producteurs agricoles. En effet, via la
Coopérative fédérée, il y a 40 PME, incluant la
Coopérative fédérée du Québec. Ce n'est pas
une petite entreprise; c'est une très grosse entreprise. Je voudrais
seulement lire le texte des créanciers de Sodispro et essayer de faire
un peu de lumière.
M. Garon: Vous allez le lire?
M. Dubois: Ce n'est pas long. Il y a deux ou trois pages, mais
c'est sûr qu'à la vitesse où on va, cela va prendre des
heures.
M. Garon: Ce n'est pas l'étude des crédits.
Le Président (M. Laplante): S'il s'agit seulement de ce
texte, vous en avez pour 15 minutes.
M. Dubois: En lisant la lettre, des questions peuvent être
soulevées.
M. Garon: Oui, oui, mais...
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas que cela
prenne l'allure d'un procès, non plus, comme cela s'est produit tout
à l'heure.
M. Mathieu: Ce n'est pas procès.
M. Dubois: On ne met pas en doute la parole du ministre, ni celle
du président.
M. Garon: Oh non!
M. Dubois: En fait, si je pose une question et si le ministre ou
le président de SOQUIA peut y répondre, tant mieux!
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Garon: ...je vais vous dire une chose: II y a des
créanciers d'une entreprise qui ne sont pas satisfaits des paiements
qu'ils n'ont pas eus. Je me dis: Si ces gens ont des plaintes, des recours,
qu'ils les fassent valoir devant les tribunaux. C'est cela, la loi.
Excepté que ce ne doit pas être n'importe quelle
élucubration. Je peux bien aussi faire valoir les plaintes de Sodispro
à l'égard de l'avocat Lapointe, la contestation du compte devant
le syndic du barreau et c'est Sodispro qui a gagné parce qu'ils ont
trouvé que le compte était trop élevé. On peut bien
entrer là-dedans, sauf qu'on est dans le débat interne d'une
entreprise et s'il y a des recours à entreprendre, que l'entreprise les
fasse. On n'est pas alors dans l'étude d'un projet de loi demandant des
fonds pour SOQUIA; on est dans un débat interne entre une entreprise
privée et des créanciers.
Le Président (M. Laplante): Le temps est fini. Je vais
vous laisser sur ce point d'interrogation. On va suspendre nos travaux
jusqu'à 20 heures, mais j'aimerais que vous vous parliez pendant l'heure
du souper pour en venir à une entente; sinon, je serai obligé
d'appliquer le règlement comme dans toutes les autres commissions
parlementaires, chose que je ne voudrais pas faire, entre nous.
M. Mathieu: Si vous l'appliquez, cela ne veut pas dire que cela
va prendre moins de temps.
Le Président (M. Laplante): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 02)
(Reprise de la séance à 20 h 25)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'agriculture reprend ses travaux pour étudier
article par article le projet de loi no 30, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires.
Avant de commencer, on me demande s'il y a possibilité, vu que
cela a été fait cet après-midi - mais je demande encore la
permission des membres - de remplacer M. Baril (Arthabaska) par M. Marquis
(Matapédia).
M. Garon: Aucun problème.
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Adopté. On
avait commencé une petite discussion avant la suspension des travaux.
Vous allez voir que le président est très très docile. Je
vous avais demandé de réfléchir un peu sur ce que je vous
avais suggéré, sans vous y obliger. Je voudrais savoir si vous
avez une réponse à me donner.
M. Mathieu: M. le Président, ce serait notre intention de
collaborer efficacement, rapidement et de voir à ce que le projet de loi
soit adopté ce soir. Ce serait notre
intention, mais si les réponses sont aussi laborieuses que cet
après-midi... Il faut parfois trente secondes pour poser une question,
mais ça prend une demi-heure pour obtenir une réponse. Bien, il
ne faudrait pas qu'on ait ce handicap-là.
M. Garon: Je n'ai rien à répondre à
ça.
Le Président (M. Laplante): Je ne voudrais pas entamer de
discussion sur cela. Je vous demande si vous prévoyez...
M. Mathieu: Si on y allait de bonne foi, M. le Président.
Admettons qu'on commence et que ça va rapidement, on pourrait finir le
dossier et entreprendre ensuite la loi.
Le Président (M. Laplante): Vous prévoyez environ
combien de temps, seulement pour me donner un indice, si vous avez des
réponses à vos questions.
M. Dubois: Si les réponses sont assez rapides à nos
questions, M. le Président, ça va être assez court.
Le Président (M. Laplante): Qu'est-ce que vous appelez
"court"?
M. Dubois: Cela peut être entre une demi-heure et une
heure.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Dubois: Je ne veux pas être figé dans le
ciment.
Le Président (M. Laplante): Vous insistez sur une
coopération, sur une collaboration du ministre. D'accord.
M. Dubois: Oui, s'il y a une collaboration du ministre, ça
va être assez court.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre...
M. Garon: Oui, qu'est-ce que vous voulez savoir?
Le Président (M. Laplante): ...juste avant de recommencer,
la seule chose qu'on demande, c'est une coopération de votre part pour
des réponses courtes afin que la période dure entre une
demi-heure et une heure.
M. Mathieu: Ce que l'on conçoit bien s'énonce
clairement.
M. Garon: Cela ne me fait rien de faire des réponses
courtes ou des réponses longues, cela dépend des questions... Si
on me dit: Est-ce qu'il fait beau dehors? je vais répondre oui, mais si
on me pose une question plus complexe...
M. Scowen: Mais c'est la consultation parmi les membres de votre
équipe qui a pris du temps cet après-midi.
Le Président (M. Laplante): Dans ce cas-là, on
commence les travaux. La parole était au député de
Huntingdon.
M. Garon: M. le Président, c'est évident, quand
vous posez des questions sur des filiales de SOQUIA, que je ne participe pas
aux délibérations, qu'il faut que je m'informe auprès de
ceux qui sont là pour savoir ce qui s'est passé. Moi, je ne le
sais pas, je ne suis pas là.
M. Dubois: M. le Président, je comprends très bien
que M. le ministre ne peut pas connaître les réponses à
toutes les questions qu'on pose, mais ses principaux officiers sont ici, le
président-directeur général est ici. Je pense que peu
importent les créanciers, qu'ils viennent de Sodispro, qu'ils viennent
de Désidratec, ils se sont toujours sentis très appuyés
dans la vente de services ou de produits à une société
d'État où SOQUIA avait pris une partie des actions. Je pense que
le ministre devrait accepter cela parce que c'est un fait. Soyez honnête
avec ce dossier, M. le ministre. Les producteurs agricoles de mon comté,
par exemple...
Le Président (M. Laplante): Monsieur, écoutez,
j'aimerais autant qu'on commence...
M. Dubois: Je voudrais situer le dossier de nouveau. Cela
pourrait éclaircir bien des choses.
Le Président (M. Laplante): ...tout de suite; ça va
éviter d'autres discussions aussi.
M. Dubois: Non, je pense que ça pourrait même
abréger les discussions.
Le Président (M. Laplante): Vous voulez avoir des
réponses courtes, mais si on a une discussion au préalable,
ça peut apporter des réponses plus longues.
M. Dubois: M. le Président, je pense bien que j'ai le
droit de poser des questions au ministre. Je me rappelle le dossier Leahy; vous
le connaissez aussi bien que moi. Les producteurs se sentaient en confiance;
enfin plusieurs producteurs ont livré des pommes chez Leahy, disant:
L'État a une participation dans Leahy, nous sommes donc en confiance
parce que nous savons que nous serons payés, l'État est
là. C'est une compagnie où l'État participe. C'est dans la
tête des gens qui livrent.
La même chose est arrivée dans
d'autres dossiers. Par exemple, SOQUIA était omniprésente
à la construction de Sodispro depuis septembre, je dirais depuis octobre
1981.
M. Garon: À l'automne 1981 la construction était
terminée, à toutes fins utiles. L'inauguration a eu lieu quand?
Le 21 septembre 1981. Alors, ne nous contons pas d'histoires.
M. Dubois: M. le Président, SOQUIA était
omniprésente et vous aviez des gens qui représentaient les
intérêts de SOQUIA, par exemple, M. Gaston Béliveau, avant
même cette date.
M. Garon: À peu près à ce moment, mais la
construction était terminée.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, on va attendre
les questions et on va y répondre une par une, d'accord?
M. Dubois: Je voulais faire une mise au point. Lorsque SOQUIA
prend des actions dans une société privée, je sais qu'elle
n'est pas juridiquement responsable, mais dans leur tête, parce que c'est
une société d'État, les gens pensent qu'il n'y a pas de
problème, qu'ils seront payés. Je crois que vous avez entendu
cette remarque avant aujourd'hui.
M. Garon: Non.
M. Dubois: C'est nouveau, vous n'avez jamais entendu cela
avant?
M. Garon: Non. Les seules personnes qui m'ont dit cela, ce sont
les libéraux.
M. Dubois: Ah bon! C'est brillant de votre part, M. le ministre.
Je peux vous dire que vous êtes très brillant.
Une voix: Pas trop de fleurs.
M. Dubois: Les producteurs de pommes ne sont pas tous des
libéraux.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Ils vous l'ont dit sur le cas Leahy.
M. Garon: Ce que les producteurs de pommes ont reproché,
ce n'est pas cela. Ils ont reproché à la banque d'avoir attendu
que les pommes soient dans les entrepôts pour prendre possession. C'est
cela que les producteurs de pommes ont reproché.
M. Dubois: Voulez-vous que je vous dise ce qu'ils ont
reproché? J'étais présent à certaines
assemblées. Ils ont reproché à SOQUIA de ne pas avoir
avisé les producteurs que cette compagnie était en
difficulté financière, étant donné que SOQUIA avait
pleine connaissance du dossier.
M. Garon: On aurait dû mettre des annonces dans les
journaux?
M. Dubois: Non, non, pas des annonces dans les journaux, M. le
ministre. J'ai été présent dans des assemblées de
pomiculteurs et vos officiers principaux sont bien au courant du dossier. La
personne qui était au bureau de direction de Leahy et Fils dans le temps
- je ne sais pas qui - était au courant des états financiers,
était au courant que cette société allait mal. Elle
était au courant aussi que des pommes étaient livrées par
des producteurs à la même société. Les producteurs
se sentaient en confiance parce qu'ils se disaient: C'est une
société d'État. Tout ce qu'il y avait à faire
à ce moment, c'était d'aviser les producteurs de pommes qu'ils
prenaient un risque puisqu'ils étaient en confiance, et vous le saviez.
Ce n'est pas la banque que nous avons accusée; c'est le comportement de
SOQUIA. C'est seulement cela. Je me souviens très bien du dossier parce
que j'y ai participé.
Le sujet dont on discute actuellement, c'est Sodispro Technologie. J'ai
fait part de quelques commentaires écrits de la part de l'association
des créanciers. J'aimerais vous faire part de quelques commentaires qui
restent et poser quelques questions, c'est tout. S'il y a une collaboration de
la part du ministre, cela peut aller très bien.
Je cite l'autre partie du texte que je n'ai pas livrée encore.
Ces gens disent: "D'autre part, SOQUIA avait nommé M. Gaston
Béliveau, de Ger-Inter Inc., comme son représentant au
comité exécutif où il exerçait le leadership de
facto en étant responsable de la gestion financière de
l'entreprise." Ce ne sont pas mes propos, je veux bien le spécifier, ce
sont les propos de l'association. "D'autre part, SOQUIA avait confié un
mandat de gestion à Mercure, Béliveau et Associés,
dirigée par le même M. Gaston Béliveau qui à son
tour déléguait un de ses employés, M. J. G. Judd, pour
remplir le mandat. D'ailleurs, à cette époque, M. Judd ne faisait
pas mystère qu'il agissait pour le compte de SOQUIA; bien au contraire,
il en parlait abondamment pour inciter les fournisseurs de biens et services
à continuer de faire confiance à Sodispro. "M. le ministre, c'est
la combinaison de ces 2 éléments: la participation de SOQUIA
à titre d'actionnaire principal dans Sodispro et la gestion qu'elle y
exerçait directement, qui a incité plus de 40 firmes
québécoises à faire crédit à Sodispro". Et,
selon l'association, c'est, à son avis, "le point majeur de l'affaire
Sodispro, et SOQUIA, la responsable de la gestion, y a encouru une
responsabilité financière et morale
indéniable". Selon eux, SOQUIA a une responsabilité
financière et morale indéniable. "Vouloir s'en laver les mains en
se cachant derrière le voile corporatif et faire fi de cette
responsabilité entache gravement le crédit du gouvernement
québécois, tant au Québec et au Canada qu'à
l'étranger où résident les maisons mères des
filiales québécoises qui ont fait confiance à SOQUIA. "En
affaires, M. le ministre, il y a des situations qui dépassent le niveau
des arguties juridiques et qui relèvent de ce qui s'appelle la
crédibilité."
Après cela on parle des 2 800 000 $ versés au profit de
SOQUIA et de CCF. "M. le ministre, les fournisseurs ont été
trompés par SOQUIA quand M. Judd, le gestionnaire
délégué de SOQUIA, leur affirmait que la subvention de 2
800 000 $ qui devait être versée par le fédéral
servirait à payer les comptes dus". Selon eux, les 2 800 000 $ de
subvention du ministère de l'Expansion économique
régionale devaient servir, selon ce que leur avait dit M. Judd, à
payer les comptes dus. Vrai ou faux? Je ne sais pas. M. Judd avait caché
que la subvention était déjà transportée à
la Banque Nationale.
M. Garon: C'est toujours comme cela.
M. Dubois: Non, non. On parle d'un cas précis, M. le
ministre. Je ne vous dis pas que ce n'est pas toujours comme cela.
M. Garon: Bien oui, mais la pratique des affaires, c'est
cela.
M. Dubois: Cela dépend de ce que les gens disent aux
fournisseurs aussi. "En fait, les créanciers fournisseurs
réalisent aujourd'hui que c'est leur argent qui a permis de faire
tourner l'usine, ce qui constituait la condition essentielle au paiement de la
subvention de 2 800 000 $".
J'ai quelques questions, M. le Président. Premièrement, je
voudrais savoir si le document qui a été soumis au
ministère de l'Expansion économique régionale pour
l'obtention de la subvention fédérale pourrait être
déposé. Le document qui a été
présenté au ministère de l'Expansion économique
régionale pour recevoir la subvention de 2 800 000 $ pourrait-il
être déposé à cette commission?
M. Garon: On ne fait pas de dépôt ici.
M. Dubois: Je sais qu'on ne fait pas de dépôt ici,
mais...
M. Garon: Je n'ai pas ce document-là.
M. Dubois: ...je vous demande s'il peut être
déposé.
M. Garon: On n'a pas ce document-là.
C'est Sodispro qui a fait une demande qui, d'ailleurs, était
antérieure à la participation du gouvernement du
Québec.
M. Dubois: Étant donné que ce montant de 2 800 000
$ avait pour effet de réduire les engagements de SOQUIA, enfin les
signatures de garantie de prêts de SOQUIA...
M. Garon: Non, non, non.
M. Dubois: Automatiquement, s'il y a 2 800 000 $...
M. Garon: Ce n'est pas comme cela que cela marche.
M. Dubois: ...qui sont entrés à la Banque
Nationale...
M. Garon: Ce n'est pas comme cela que cela marche en
affaires.
M. Dubois: Écoutez, un instant! S'il y a 2 800 000 $ qui
sont entrés à la banque, indirectement ou directement, cela avait
pour effet de diminuer l'engagement de SOQUIA dans Sodispro. Quand je parle de
l'engagement, je parle des signatures pour les emprunts.
M. Garon: Cela ne marche pas comme cela. Quand une compagnie
obtient une subvention qui est payable après la fin des travaux,
habituellement, à la suite de la lettre reçue du gouvernement,
fédéral ou provincial, l'entreprise va escompter le montant
auprès de la banque, à moins que la lettre ne l'interdise. Il
m'est déjà arrivé de faire des lettres,
exceptionnellement, pour des raisons particulières, et de mettre une
clause qui ne permettait pas de le faire. Mais dans 99,9% des cas - on peut
mettre plusieurs 9 après - l'entreprise va escompter le montant
auprès de la banque et elle s'engage à verser le montant à
la banque quand elle recevra la subvention. Souvent, non seulement cela, mais
la banque vous avertit de lui envoyer le montant directement.
Dans ce cas-là, ce qui s'est apparemment passé, c'est que
le montant a été escompté auprès de la banque et,
quand le gouvernement fédéral a payé, par le
ministère de l'Expansion économique régionale, le montant
était escompté auprès de la banque.
M. Dubois: Selon les fournisseurs de Sodispro - on pourrait dire
de SOQUIA, mais disons les fournisseurs de Sodispro - leur créance a
permis de financer l'ouverture de l'usine, puisque, selon eux, M. Judd aurait
dit que ce montant servirait à les payer.
M. Garon: Je ne sais pas ce que M.
Judd leur a dit, s'ils se sont parlé entre eux. Mais s'ils ont
quelque chose contre M. Judd, qu'ils poursuivent M. Judd. Que voulez-vous que
je vous dise? Je ne peux pas répondre des actes de M. Judd. Je ne le
connais même pas, M. Judd.
M. Dubois: Si M. Judd représentait SOQUIA, SOQUIA serait
impliquée.
M. Garon: Bien oui, mais M. Judd ne représentait pas
SOQUIA. On vous l'a dit aussi.
M. Dubois: Oui, oui, je comprends, mais...
M. Garon: S'il y a des gens qui pensent qu'ils ont droit à
des recours, qu'ils les prennent. Quand SOQUIA a eu des recours contre
l'avocat, elle est allée devant le syndic du barreau pour faire
réduire le compte. Quand SOQUIA, par exemple, n'était pas
contente de l'entreprise Technicor, elle est allée... Ce n'est pas
SOQUIA, pardon, c'est Sodispro pour les deux cas, l'avocat et Technicor.
Pourquoi? Pour l'arbitrage sur des vices de construction? Pour des
problèmes de construction. Elle a fait valoir ses droits, comme la loi
le lui permet. Si vous dites qu'il y a des gens qui ont des recours contre l'un
des actionnaires, qu'ils fassent valoir leurs droits.
M. Dubois: M. le ministre, vous venez de parler du barreau qui
aurait tranché la question par l'entremise d'un avocat. Je ne me
souviens plus de son nom, mais je me souviens bien qu'il a
présenté un compte de 50 000 $ environ.
M. Garon: Oui. Il a été réduit à 35
000 $...
M. Dubois: Je peux vous dire une chose.
M. Garon: ...par le barreau.
M. Dubois: Ce n'est pas le barreau qui a réduit le
montant, parce qu'une offre de Sodispro a été faite.
M. Garon: C'est cela.
M. Dubois: Et, pourquoi elle a été faite?
M. Garon: C'est une offre qui a été faite par
Sodispro à 35 000 $.
M. Dubois: Et ce n'est pas le barreau qui a imposé cette
offre-là. Selon ce que j'en sais, ce n'est pas le barreau qui l'a
imposée.
M. Garon: Pardon?
M. Dubois: Ce n'est pas le barreau qui l'a imposée. Alors,
vous induisez encore cette commission en erreur.
M. Garon: Non, non. Le barreau a jugé l'offre raisonnable.
Des gens ont fait une plainte auprès du barreau et ils ont dit qu'ils
offraient 35 000 $. On a demandé des comptes détaillés
qu'on n'a pas reçus, le temps étant épuisé, et,
finalement, le barreau a tranché en disant que 35 000 $ était une
offre raisonnable. Mais, entre-temps, il y a eu reprise de possession par la
banque.
M. Dubois: M. le ministre, le 2 juin, la décision a
été prise par le conseil d'administration de Sodispro de fermer
les portes. Elles ne se sont pas fermées le 2 juin, mais vers le 28, si
je ne me trompe pas.
M. Garon: C'est que l'actionnaire qui était au...
M. Dubois: II y a deux actionnaires majoritaires
là-dedans. Bon.
M. Garon: II n'y a pas deux actionnaires majoritaires. Il ne peut
pas y avoir deux actionnaires majoritaires.
M. Dubois: Non, non, à 50-50 alors.
M. Garon: Bon. Il y avait un actionnaire qui était...
M. Dubois: CCF et SOQUIA.
M. Garon: Celui qui s'occupait de l'aspect technique au dossier a
décidé de ne plus investir.
M. Dubois: CCF et SOQUIA, ou CCF seul, ou SOQUIA seul, ou les
deux ensemble, ont décidé le 2 juin, selon ce que j'en sais, de
fermer les portes. Les portes se sont fermées vers le 28 juin, si je ne
me trompe pas.
M. Garon: Ils n'ont pas décidé de fermer les
portes.
M. Dubois: Ils ont abandonné la production.
M. Garon: L'actionnaire, CCF, a décidé de ne plus
investir dans l'entreprise.
M. Dubois: Oui, là-dessus je suis d'accord. Oui.
M. Garon: Et à la suite de cette décision de
l'actionnaire, qui a surpris les
gens, la banque a décidé d'en reprendre possession.
M. Dubois: Mais, il y a eu une décision le 2 juin, soit de
CCF, soit de SOQUIA, soit des deux, de fermer. Mais cela ne s'est pas
fermé le 2; cela s'est fermé le 28 à peu près.
Quand vous parlez du compte de l'avocat, moi, si j'étais un avocat avec
un compte de 50 000 $ en suspens et que j'apprenais que l'usine est
fermée et qu'on m'offre 35 000 $, je les prendrais. C'est bien sûr
que je vais les prendre plutôt que de tout perdre. Mais il ne les a pas
eus. C'est cela. Quand vous avez dit que le barreau a imposé un
règlement, c'est faux, M. le ministre.
M. Garon: Vous poserez la question en Chambre...
M. Dubois: C'est faux.
M. Garon: ...et je déposerai les documents.
M. Dubois: C'est faux.
M. Garon: II y a des dépôts de documents en Chambre.
Vous poserez la question et je déposerai les documents.
M. Dubois: II semble que la vérité, ce n'est pas
nécessaire ici, ni en Chambre, ni nulle part.
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez? Moi, je n'étais pas
là. Vous n'y étiez pas, vous non plus. Sauf que j'ai des
documents qui disent ce qui s'est passé. Si vous voulez, vous poserez la
question en Chambre.
M. Dubois: Vous n'avez pas le droit de déposer des
documents ici?
M. Garon: Non, je n'ai pas le droit de les déposer, mais
je suis prêt à les déposer en Chambre.
M. Dubois: Vous avez le droit de nous les fournir, les documents.
Vous le ferez alors.
M. Garon: Non, je les déposerai en Chambre.
M. Dubois: Déposez-les en Chambre, cela me fera plaisir,
mais j'aimerais que vous teniez votre promesse parce que vous en avez fait
d'autres promesses auparavant de déposer des documents en Chambre et
cela n'a jamais été fait.
M. Garon: Je vous dis de ne pas prendre de chance. Vous me
poserez la question et je vous donnerai les détails d'une note de
service que j'ai. Si vous voulez avoir la correspondance qui va avec cela, je
vous ferai parvenir la correspondance qui va être déposée
aussi.
M. Dubois: D'accord, j'aimerais l'avoir, M. le ministre. Vos
promesses de dépôt en Chambre, cela me rend un peu craintif parce
que je me souviens que vous aviez indiqué une fois que vous
déposeriez la réplique que vous enverriez aux créanciers
au moment où j'ai posé ma première question en Chambre sur
Sodispro et cela n'a jamais été fait.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Cela n'a jamais été fait.
M. Garon: C'est vrai, cela n'a pas été fait.
M. Dubois: Vous êtes d'accord avec moi que cela n'a pas
été fait?
M. Garon: II y avait assez de copies dans le décor que je
n'ai pas pensé...
M. Dubois: Alors, comment puis-je me fier à la parole du
ministre sur le dépôt de documents en Chambre?
M. Garon: Quand j'envoie à peu près 50 copies d'un
document, à chacun des créanciers...
M. Dubois: Quand on parle d'un dépôt en Chambre, ce
n'est pas un dépôt à 40 créanciers.
M. Garon: Voulez-vous que je vous lise la note sur le compte
d'honoraires de l'avocat?
M. Dubois: Vous pouvez y aller. (20 h 45)
M. Garon: On me dit ici: "Le groupe des promoteurs de Sodispro
Technologie Limitée, dirigé par M. Jean-Guy Lauzière, a
retenu lors de la formation de la compagnie les services de Me Pierre Lapointe
de l'étude Lapointe et Rosenstein, à titre de conseiller
juridique de Sodispro. Bien que SOQUIA n'était pas un intervenant au
dossier à cette époque, on peut retracer dans la documentation
que les mandats confiés à Me Lapointe étaient
variés: négociation et préparation du contrat, demande de
subvention, démarches auprès des organismes de financement, etc.
Nous avons pu retracer qu'entre juillet 1979 et juin 1981 des paiements furent
effectués à Me Lapointe pour un montant total de 120 122,24 $. La
documentation disponible ne nous permet pas de retracer les paiements
antérieurs à juillet 1979, s'il y en a eu. En sus des paiements
de 120 122,24 $ effectués à Me Lapointe,
celui-ci fit parvenir à l'entreprise deux autres comptes
d'honoraires qui auraient porté le total de ses services à 173
521,62 $. Un compte du 31 juillet 1981, du 1er au 15 juillet 1981, 29 684,27 $
et un autre du 31 décembre 1981, du 16 juillet au 16 décembre
1981, 23 715,11 $, pour un total de 53 399 38 $. Ces deux comptes ne furent
cependant pas payés par Sodispro car le conseil d'administration de
l'entreprise jugeant ces montants excessifs demanda plus de détails sur
la nature des travaux effectués et le temps travaillé. "En
réponse à cette demande, Me Lapointe fournit à
l'entreprise une nomenclature des travaux effectués, mais aucun
détail sur les heures travaillées. Le conseil d'administration de
Sodispro proposa alors un règlement pour un montant de 35 000 $. Me
Lapointe refusa toute discussion sur le sujet. La cause fut portée
à l'attention du barreau en avril 1982. Après que l'entreprise
eut fourni les informations additionnelles pour appuyer sa proposition, le
barreau répondit en juillet 1982 que l'offre de règlement de 35
000 $ était acceptable. Il était cependant trop tard car
l'entreprise était alors sous le coup d'une prise de possession et donc
insolvable."
Il y a une lettre du barreau datée du 20 juillet 1982: "Suite
à notre lettre datée du 13 mai 1982, la présente est pour
vous confirmer l'acceptation par Me Lapointe de votre offre de règlement
de 35 000 $. Je vous prie donc de lui faire parvenir votre paiement directement
à son bureau dès que possible. Notre intervention n'étant
plus requise dans cette affaire, nous fermons ce dossier. C'est signé
par le syndic adjoint, M. Dufort. C'était adressé à
Mercure, Béliveau et Associés, compétence de M. Jean-Guy
Judd.
M. Dubois: Cela ne prouve pas vos avancés, M. le ministre,
puisque j'imagine que l'avocat savait que l'entreprise fermait le 2 juin. Le 2
juin, la décision avait été prise de fermer l'usine. Quand
on a affaire à une usine fermée pour envoyer un compte, c'est
bien sûr qu'on accepterait n'importe quel règlement. Je suis en
affaires et je sais que, si une usine est fermée et qu'elle m'offre de
me payer la moitié de mon compte, je vais le prendre et cela va presser.
Je pense que cela ne confirme pas vos dires, les avancés que vous avez
faits cet après-midi.
M. Garon: La contestation du compte a été faite le
7 avril 1982 à Me Jean-Paul Couture, syndic. La contestation dit ceci:
"Honoraires professionnels réclamés par Me Lapointe, Rosenstein
et Associés. Cher monsieur, notre compagnie a reçu de Me
Lapointe, Rosenstein et Associés les comptes pour honoraires
professionnels ci-après, a) en date du 31 juillet 1981, pour un compte
de 29 684,27$; b) en date du 6 janvier 1982 pour un compte de 23 715,11 $. Nous
vous faisons parvenir sous pli photocopie desdits comptes. Nous trouvons
grandement exagéré le montant réclamé par ce bureau
d'avocats pour les services qui ont été rendus dans ce dossier et
nous sollicitons que le barreau fasse enquête à ce sujet et, au
besoin, qu'un conseil d'arbitrage soit nommé pour entendre les parties.
Si vous désirez obtenir des renseignements additionnels concernant cette
affaire, n'hésitez pas à communiquer avec le soussigné."
C'est signé Jean-Guy Judd. On constate qu'il y a des gens qui n'aiment
pas Jean-Guy Judd.
M. Dubois: Vous avez peut-être vos amis et vos ennemis, M.
le ministre.
M. Garon: Je n'ai pas d'amis et pas d'ennemis. Je ne connais
personne de ce monde-là. Je connais Me Lapointe, je l'ai
rencontré deux fois.
M. Dubois: On vous a fait état de ce dossier et votre
exposé ne confirme absolument pas les allusions que vous avez faites.
Cela ne confirme rien des allusions que vous avez faites. Il n'y a pas de
décision précise du barreau. S'il n'avait pas accepté le
règlement, je suis bien d'accord. Quand on sait que l'usine est
fermée ou qu'elle est sur le point de fermer - surtout que cela avait
été annoncé; la décision avait été
prise le 2 juin - je pense bien, M. le ministre, que, si vous étiez un
avocat de pratique privée et que vous étiez pris dans ce
dilemme-là, vous accepteriez le règlement et avec plaisir. Il ne
l'a pas eu. Je pense que cela n'a pas été payé. Je ne suis
pas sûr, mais...
M. Garon: Je peux vous lire la lettre de Jean-Guy Judd au Barreau
du Québec, du 5 mai 1982, qui considère que le taux horaire de
125,92 $ est trop élevé.
M. Dubois: Je ne suis pas ici pour défendre un avocat; je
vous dis que vous avez exposé des faits...
M. Garon: Non, je ne défends rien.
M. Dubois: ...mais ils ne sont pas appuyés par des
documents. C'est cela, le problème. Lancer des choses comme
celles-là, des accusations en l'air, cela va bien...
M. Garon: Ce n'est pas cela. Il n'y a pas d'accusations.
M. Dubois: Non, le barreau n'a pas tranché.
M. Garon: Le barreau a dû rencontrer lui-même Me
Lapointe et à la suite de la
rencontre des gens du barreau avec Me Lapointe, il était
prêt à accepter 35 000 $ que proposait Sodispro.
M. Dubois: À dû rencontrer, ou il a
rencontré, ou il lui a imposé. Il s'agit de trois choses. De
toute façon, c'est un petit détail.
M. le Président, selon l'association des créanciers, le 20
mai 1982, le fédéral paye le plein montant de la subvention et
l'usine ferme en juin 1982. Coïncidence, mais le 20 mai 1982, le
fédéral paye le plein montant de la subvention et l'usine ferme
en juin 1982. La décision de la fermeture a été prise le 2
juin, à moins que je ne fasse erreur. Est-ce qu'on peut me le confirmer
ou non? La décision d'abandonner la production, selon mes informations,
aurait été prise le 2 juin.
M. Garon: Le 2 juin, l'actionnaire CCF, alors qu'il a besoin de
plus d'argent dans Sodispro, décide de ne plus investir. Les gens qui
dirigeaient le projet étaient des promoteurs, des gens qui connaissaient
le domaine de la protéine, du lactose et toutes ces choses-là. Ce
sont des gens qui sont dans ce domaine. Les autres qui viennent et qui donnent
des subventions ou de la participation pour appuyer le projet ne sont pas les
leaders du dossier, car ce n'est pas leur domaine. Alors, CCF décide de
ne plus continuer dans ce dossier.
M. Dubois: Oui, je suis d'accord. Le 2 juin - je ne vous dis pas
que l'usine a fermé le 2 juin ou que la production a cessé le 2
juin - une décision aurait été prise de discontinuer la
production. Effectivement, je pense que c'est le 28 qu'on a abandonné
totalement, si je ne me trompe pas.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Mais le 2 juin, on aurait pris la décision
d'abandonner.
M. Garon: Qui on?
M. Dubois: Ce serait Sodispro, car on parle de Sodispro. Je ne
parle pas de SOQUIA, mais de Sodispro. Cela peut être par l'entremise de
SOQUIA, mais je ne le sais pas. Je vous dis que Sodispro ou le conseil
d'administration de Sodispro, les trois personnes nommées, aurait
peut-être pris...
M. Garon: Peut-être indirectement. M. Dubois:
Indirectement, c'est cela.
M. Garon: Ce qui arrive, c'est que les gens réclament de
l'argent additionnel et CCF ne veut pas mettre d'argent additionnel. Comme CCF
ne veut pas mettre d'argent additionnel, SOQUIA dit: Moi non plus, parce que je
ne suis pas le maître d'oeuvre du dossier. Essentiellement, ce sont ceux
qui connaissent le domaine des protéines et du lactose qui sont
responsables du dossier. S'il n'y a personne qui met de l'argent dans une
entreprise et qu'elle a besoin d'argent additionnel, qu'est-ce que vous pensez
qui arrive? La banque a dit: Si personne ne veut mettre d'argent avec les
actionnaires présents, je vais en reprendre possession.
M. Dubois: C'est certainement une coïncidence, M. le
ministre, que douze jours après la réception de la subvention
fédérale de 2 800 000 $ il y a une décision de fermeture
d'usine.
M. Garon: Non, la subvention était due, si ma
mémoire est bonne, depuis le 30 janvier. Ces subventions du gouvernement
fédéral sont versées alors que l'usine est en
opération pendant tant de temps.
M. Dubois: C'est bien sûr que, si on la ferme, on n'en
reçoit pas.
M. Garon: Elle pouvait être payée à partir du
30 janvier, mais il y avait des papiers à compléter. Comme
l'actionnaire CCF était en Europe et qu'il y avait des documents
à terminer, c'est cela qui a retardé, à ce qu'on m'a dit,
le versement de la subvention.
M. Dubois: Ce n'est pas cela que je veux dire.
M. Garon: Si les papiers avaient été remplis,
techniquement, la subvention aurait dû entrer à la fin de
janvier.
M. Dubois: Ce n'est pas cela que je veux dire, M. le ministre.
C'est qu'effectivement, l'usine avait intérêt à demeurer
ouverte jusqu'à la réception de la subvention. C'est bien
sûr que, si l'usine avait été fermée au mois
d'avril, le chèque ne serait pas arrivé le 20 mai. Le
ministère de l'Expansion économique n'envoie pas de subvention
à une usine fermée.
M. Garon: Avant que CCF annonce au mois de juin qu'elle
n'investissait plus d'argent là-dedans, personne ne savait qu'elle
n'ajouterait pas d'argent, selon ce qu'on me dit, parce que la CCF était
là avec huit ingénieurs de Hollande qui analysaient l'entreprise,
le fonctionnement technique, le rodage, etc. Il n'y avait aucune raison de
penser, au cours du mois de mai - à ce qu'on me dit, parce que je n'ai
pas rencontré ces gens - que CCF prendrait une telle
décision.
M. Scowen: Si...
M. Dubois: Non, non, tu es libre. M. Scowen: C'est
très court.
M. Garon: On dit que tous les cadres de CCF étaient en
faveur du maintien et qu'ils n'ont pas pu convaincre le conseil
d'administration de CCF, qui est une coopérative en Europe, qu'il devait
continuer à mettre de l'argent dans Sodispro.
M. Scowen: Comment se fait-il, M. le ministre...
M. Garon: On me dit qu'à la fin de janvier ils ont
donné 500 000 $ aux actionnaires promoteurs pour acquérir leurs
actions. Ils n'auraient pas donné 500 000 $ pour acquérir leurs
actions s'ils n'avaient pas l'intention d'embarquer. Entre-temps, le prix du
lactose avait baissé de presque la moitié. Il est passé de
0,42 $ à 0,17 $ la livre. Devant la perspective, à court terme,
de perdre de l'argent considérablement en mettant en marché du
produit additionnel, on a décidé de ne pas mettre d'autre argent
dans l'entreprise.
M. Scowen: Vous avez dit que c'était parce que CCF a
décidé de ne plus investir que vous avez décidé
d'arrêter parce que ce n'était pas vous qui connaissiez le dossier
et l'industrie, c'était CCF. Je crois que c'est cela que vous avez dit.
C'était eux qui connaissaient l'affaire et s'ils n'étaient pas
prêts à continuer...
M. Garon: Sur le plan technique.
M. Scowen: Sur le plan technique exactement. Si, sur le plan
technique, c'était CCF qui connaissait le dossier et non pas vous,
comment se fait-il que c'est Jean-Guy Judd qui a été nommé
pour diriger la construction et la mise en marche de l'entreprise quand il
n'avait aucune connaissance dans ce dossier? Vous aviez une compagnie
européenne qui avait des connaissances sur le plan technique. Comment se
fait-il que M. Judd a été la personne choisie?
M. Garon: M. Judd n'avait jamais fait cela.
M. Scowen: Oui, c'est cela.
M. Garon: Non. On vous a dit cet après-midi que, quand il
y a eu une personne au comité exécutif qui représentait
CCF, cela a été M. Gaudreau, un ingénieur de chez
Lavalin.
M. Scowen: Pourquoi quelqu'un de la compagnie, qui connaissait
déjà sur le plan technique le fonctionnement de l'affaire,
n'aurait-il pas été envoyé ici pour la faire
fonctionner?
M. Garon: C'est cela. Il y avait des gens de CCF qui venaient
régulièrement.
M. Scowen: Qui étaient là tous les jours, tous les
matins? Si j'avais une usine à mettre en marche...
M. Garon: L'ingénieur Gauvreau.
M. Scowen: ...compliquée, par exemple dans le papier de
toilette, et que je ne connaissais rien dans le papier de toilette, je
chercherais quelqu'un qui connaît la mise en marche des usines de papier
de toilette pour la faire fonctionner. Je ne nommerais pas quelqu'un d'une
compagnie qui n'a aucune expérience.
M. Garon: C'étaient des ingénieurs, ce
n'était pas M. Judd. C'étaient des gens qui faisaient partie de
l'entreprise sur le plan technique.
M. Scowen: Le mandat élargi de M. Judd, c'était de
faire quoi?
M. Garon: Le contrôle financier.
M. Scowen: II y avait déjà un comptable, il y avait
déjà un contrôleur!
M. Garon: Quand le contrôleur de la compagnie a
quitté, il a été engagé comme contrôleur,
pour agir comme assistant du contrôleur. Il a été
engagé par Sodispro pour agir comme contrôleur.
M. Dubois: Vous parlez de M. Judd? M. Garon: Oui, de M.
Judd.
M. Dubois: Ce que je trouve bizarre, c'est que vous avez M.
Gaston Béliveau et Mercure, Béliveau et Associés, parce
que Gaston Béliveau et Mercure et Béliveau, cela se tient
ensemble. Il y a l'autre société qui appartient
particulièrement à M. Gaston Béliveau...
M. Garon: Ger-Inter.
M. Dubois: ...Ger-Inter. Vous avez M. Judd qui est un
employé de Gaston Béliveau. Ce sont des liquidateurs. Je vais
vous dire en toute franchise et en toute honnêteté, M. le
ministre, que je trouve très bizarre qu'on prenne un liquidateur pour
administrer une compagnie agro-alimentaire aussi complexe que Sodispro. Cela me
dépasse. À moins qu'on ne me prouve que M. Judd, un
employé de M. Gaston Béliveau, ou Mercure, Béliveau et
Associés, ou Ger-Inter ont des connaissances particulières en
administration
d'une compagnie aussi complexe que Sodispro, je le comprends très
mal. (21 heures)
M. Garon: Je vous l'ai dit que les gens ont nommé trois
personnes. Ils ont formé le comité exécutif. Des gens
comme M. Béliveau, dans leurs fonctions, administrent des entreprises.
La liquidation, comme vous l'appelez, ce n'est pas nécessairement
liquider et vendre à l'encan, puis c'est terminé et chacun part
avec un morceau. Dans une période intérimaire, ils font
fonctionner l'entreprise en vue de la revendre comme une entreprise qui
fonctionne plutôt que de la liquider par morceaux. D'ailleurs, c'est
habituellement plus payant. M. Béliveau a été
désigné comme quelqu'un qui... Je vous l'ai dit cet
après-midi, même si je revenais sur la même affaire.
M. Dubois: Non, mais ce qui arrive, c'est qu'on retrouve souvent,
dans plusieurs dossiers qui sont reliés à SOQUIA, le nom de
Mercure et Béliveau. C'est un liquidateur en fait. La
spécialité de Mercure et Béliveau, c'est liquidateur. Je
me dis que tu ne peux pas être liquidateur, administrateur, gestionnaire,
contrôleur de compagnie et constructeur jusqu'à un certain point,
parce qu'on dit à un certain moment...
M. Garon: Mais non, ils n'ont pas construit.
M. Dubois: Cela a été affirmé que M. Judd
donnait son approbation pour l'achat d'un clou. Alors, il devenait quand
même un peu inséré dans la construction.
M. Garon: II donnait son approbation.
M. Dubois: Mais oui, mais oui.
M. Garon: II contrôlait les dépenses.
M. Dubois: En tout cas, si j'ai quelque chose à construire
demain matin, je ne prendrai pas des démolisseurs pour construire
quelque chose. Il me semble que cela se tient ensemble. En tout cas, c'est une
remarque que je voulais faire.
M. Garon: Non, mais celui qui décide d'acheter et celui
qui autorise l'achat, c'est deux affaires dans une entreprise. Celui qui prend
la décision d'acheter, c'est lui qui décide et qui
contrôle.
M. Dubois: Je trouve cela très bizarre. Dans le monde des
affaires...
M. Scowen: Quelle est cette distinction que vous faites? C'est
très intéressant.
M. Dubois: ... généralement, les compagnies de
construction ne se spécialisent pas dans la démolition et vice
versa. C'est cela que je trouve bizarre.
M. Scowen: II y a une distinction que vous faites entre la
personne qui décide d'acheter quelque chose et l'autre...
M. Garon: ... qui paye. Il faut que vous vous mettiez dans le
climat d'une entreprise qui...
M. Scowen: Oui, ce n'est pas compliqué. Je peux me mettre
dans ce climat facilement.
M. Garon: ... a fait des travaux d'un projet qui doit
coûter 8 500 000 $ et qui est rendue à environ 25 000 000 $. Les
gars ont beau avoir confiance, elle est diminuée pas mal. Ils ont envie
de voir ce qui se passe à l'intérieur. Ils nomment un
comité exécutif pour voir ce qui se passe à
l'intérieur.
M. Scowen: Très bien.
M. Garon: C'est là qu'il y a un contrôle des
dépenses pour voir ce qui se dépense exactement.
M. Dubois: Ce n'est pas au journal des Débats.
M. Scowen: Mais l'élément, c'est de regarder ce qui
se passe et de contrôler les dépenses.
M. Garon: Pardon? Pour vérifier si les dépenses
effectuées sont conformes aux décisions du conseil
d'administration.
M. Scowen: C'est tout ce que Judd a fait.
M. Dubois: M. le Président, j'ai dit que je serais bref,
je vais y aller rapidement. Je vais satisfaire vos demandes précises.
Ces gens-là s'adressent encore à M. le ministre et disent qu'ils
veulent "dénoncer l'alliance maintenant évidente qui a
existé et qui continue d'exister entre SOQUIA, Mercure, Béliveau
et Associés et la Banque Nationale contre les créanciers
fournisseurs. Au coeur de cette alliance, il y a le tandem Béliveau-Judd
qui, à travers les firmes Mercure, Béliveau et Associés et
Ger-Inter Inc., a agi depuis août 1981, tantôt pour Sodispro,
tantôt pour SOQUIA, tantôt pour la Banque Nationale, et
tantôt pour les deux, ou les trois en même temps, le tout toujours
au détriment des fournisseurs de bonne foi. "De nombreux exemples
viennent étayer cette affirmation. Plus haut, ils
référaient au paiement de la subvention de 2 800 000 $. Un autre
exemple est illustré dans
l'historique ci-joint où sont expliquées les tentatives
faites par le comité de relance de Sodispro mis sur pied par les
créanciers pour participer concrètement à la relance de
l'entreprise, tentatives qui ont toujours été
contrecarrées par Mercure, Béliveau et Associés, soit au
nom de SOQUIA, soit au nom de la Banque Nationale, selon les
circonstances."
Je pense qu'il y a des documents là-dedans qui sont assez
intéressants. Le ministre a certainement eu l'occasion de les lire. Il a
eu cela, mais je ne sais pas depuis quand. Il y a des choses
intéressantes dans le document qui est attaché à la
lettre. Je pense que vous avez eu l'occasion de les lire.
M. Garon: Rapidement, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise,
je ne suis pas là.
M. Dubois: Non, mais quand on parle du blocage que Mercure,
Béliveau a fait pour la visite de l'usine par Danmark Protein; il me
semble que c'est cela, je le dis de mémoire. Ces gens étaient
rendus à Montréal. Le ministre de l'Industrie et du Commerce est
intervenu une fois, si ce n'est pas deux. Cela a pris environ deux jours avant
que ces gens puissent visiter l'usine. Ils ont évoqué une panne
d'électricité, il y avait de l'eau dans l'usine. Selon certains
propos tenus par l'association, ce n'était pas vrai, mais en tout cas,
il y a eu, apparemment, un blocage systématique de la part de Mercure,
Béliveau à ce que l'usine soit visitée par Danmark
Protein. Est-ce vrai ou faux? Encore là, ce sont des propos qui sont
soulevés dans le document à l'appui de la lettre que vous a
envoyée l'association. En tout casl
M. Garon: Après qu'il y a eu prise de possession...
M. Dubois: C'est un dossier qui est très ambigu.
M. Garon: Non, ma lettre est d'une clarté foudroyante.
M. Dubois: Cette lettre est d'une clarté foudroyante,
certainement. La vôtre ne l'est pas, mais celle-là l'est. Je peux
vous dire cela, M. le ministre.
M. Garon: Soyez, au moins, cohérent.
M. Dubois: Je suis cohérent, je vous dis que cette lettre
est très évidente.
M. Garon: Quand la banque reprend possession, il ne faudrait pas
que vous interprétiez les gestes de quelqu'un qui est à l'emploi
de la banque six mois après la reprise de possession comme étant
des gestes de SOQUIA. Je pense que vous "charriez" un peu.
M. Dubois: Écoutez, Mercure, Béliveau, Gaston
Béliveau, M. Judd sont très près de SOQUIA. Je ne peux pas
dire que c'est loin de SOQUIA.
M. Garon: Quand la banque reprend possession...
M. Dubois: Quand ces gens reçoivent des mandats de SOQUIA,
ils ne sont pas loin du tout.
M. Garon: Quand la banque reprend possession et qu'elle nomme
quelqu'un pour gérer sa reprise de possession, cette personne travaille
pour la banque.
M. Dubois: II y a des intérêts divergents:
liquidateur, Gaston Béliveau, mandat de SOQUIA, Mercure,
Béliveau, liquidateur, représente la banque.
M. Garon: Pas en même temps.
M. Dubois: Le problème vient du fait que ce sont les
mêmes gens.
M. Garon: Soyez sérieux!
M. Dubois: Je suis sérieux. Ce sont les mêmes
gens.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple.
M. Dubois: Écoutez, Gaston Béliveau et Mercure,
Béliveau...
M. Garon: Vous trouverez cela bien curieux, mais quand arrive
quelqu'un qui est éleveur de porc...
M. Dubois: N'allez pas dans le domaine du porc.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret.
M. Dubois: On a entendu parler du porc.
M. Garon: Quand un éleveur de porc fait faillite, dans 90%
des cas la banque nomme celui qui était l'éleveur dont elle
reprend possession des actifs pour être en charge de la porcherie. C'est,
au fond...
M. Dubois: Ce n'est pas une porcherie, cette affaire.
M. Garon: ... le propriétaire de la porcherie qui est
saisie.
M. Dubois: On parle d'une affaire de près de 30 000 000 $.
Voyons donc! Ce n'est pas sérieux.
M. Garon: À ce moment-là, pouvez-vous dire qu'il y
a un conflit d'intérêts entre le cultivateur ou l'éleveur
et la banque?
M. Dubois: M. le ministre, vous faites des comparaisons farfelues
au maximum.
M. Garon: Non, mais c'est la réalité des
affaires.
M. Dubois: On parle d'un dossier de 30 000 000 $. Gaston
Béliveau a un mandat de SOQUIA. Gaston Béliveau est dans la
compagnie Mercure, Béliveau, il est dans la compagnie Ger-Inter.
M. Garon: Sauf que lorsqu'il y a reprise de possession...
M. Dubois: II représente la banque. Il représente
SOQUIA.
M. Garon: Non, pas en même temps.
M. Dubois: II y a un employé qui s'appelle Judd et vous
dites que ces dossiers sont bien différents.
M. Garon: Non.
M. Dubois: Bien, écoutez...
M. Garon: Si tous ces mandats avaient été en
même temps, vous pourriez dire autre chose. Je serais peut-être de
votre côté pour dire la même chose.
M. Dubois: Oui? Cela n'arrive pas souvent.
M. Garon: Mais quand ils sont un après l'autre, c'est
autre chose. La banque, habituellement, lorsqu'elle fait une reprise de
possession, essaiera celui qui connaît le mieux l'endroit pour le
gérer temporairement. La banque a décidé d'engager Mercure
et Béliveau pour pouvoir gérer sa reprise de possession. Mais
à ce moment-là, c'est la banque qui l'engage, ce n'est plus
SOQUIA.
M. Dubois: Mais SOQUIA n'a pas encore un mandat précis
avec Gaston Béliveau à ce moment? SOQUIA n'a pas un mandat
précis? Oui? On ne peut pas empêcher le même gars, le
propriétaire de la même chose de faire deux "jobs"
séparées, avec deux intérêts divergents. C'est ce
que vous voulez dire?
M. Garon: Techniquement, légalement, il n'y a pas de
faillite.
M. Dubois: Techiquement, cela peut être deux
entités, Mercure, Béliveau, Gaston Béliveau, je suis bien
d'accord là-dessus.
M. Garon: Non. C'est qu'il n'y a pas de faillite encore. La
banque n'a pas intérêt à mettre en faillite l'entreprise
dont elle a repris possession, par surcroît, parce qu'elle va se vendre
à l'encan et on n'obtiendra rien pour l'entreprise. Elle a
intérêt à ce que quelqu'un d'autre l'acquière pour
faire fonctionner l'entreprise. Dans ce sens-là, l'intérêt
de la banque est de vendre le plus cher possible; l'intérêt des
créanciers est de vendre le plus cher possible et l'intérêt
de SOQUIA est que l'entreprise reparte parce que, comme société
d'État, elle a pour but le développement. Tous ces
intérêts coïncident.
M. Dubois: M. le ministre, la banque a retenu...
M. Garon: Pensez-vous que la banque a intérêt
à ce que cela se vende le meilleur marché possible?
M. Dubois: C'est bien sûr que la banque veut
récupérer le maximum. Elle a engagé un liquidateur pour
représenter ses intérêts.
M. Garon: Oui.
M. Dubois: D'une part, elle a engagé un liquidateur pour
représenter les intérêts de la Banque Nationale.
M. Garon: Pour vendre les actifs le plus cher possible.
M. Dubois: II représente la banque, il agit à titre
de liquidateur de la banque. Elle n'est pas obligée de liquider tout de
suite parce qu'il n'y a personne qui va acheter l'usine, actuellement. On a
même bloqué automatiquement l'entrée de Danmark pour la
visiter. Personne l'a nié encore, en tout cas. Si vous pensez que cela
n'est pas vrai, que quelqu'un le dise.
M. Garon: II y a peut-être un certain nombre de questions
que vous devriez vous poser et que vous ne vous posez pas.
M. Dubois: Allez-y.
M. Garon: Je n'ai pas besoin de les poser. Je ne les poserai
pas.
M. Dubois: Allez-y. Si vous dites qu'il y a des questions que je
ne pose pas, dites-moi quelles questions vous voulez que je pose, d'abord.
M. Garon: II y a peut-être un certains nombre de questions
que vous pourriez vous
poser.
M. Dubois: On s'en pose des questions. J'en pose depuis deux
heures, des questions, avant le souper, en tout cas.
Le Président (M. Champagne): Je reviens. Je vous avais
donné le droit de parole vers 16 h 30, cet après-midi, cher
député de Huntingdon, et vous êtes encore à poser
des questions.
M. Dubois: Cela fait environ 10 minutes que j'ai commencé,
M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Ah, d'accord! Vous avez le
droit de parole, allez- y.
M. Dubois: M. le ministre, je comprends que vous êtes en
difficulté pour répondre à ma question. Mais, quand on
voit, d'une part, les intérêts de Gaston Béliveau dans la
compagnie Ger-Inter, dans la compagnie Mercure, Béliveau à titre
personnel, et qu'il devient mandataire de SOQUIA pour tenir l'usine ouverte ou,
enfin, maintenir le minimum que l'on peut faire pour qu'elle ne se
détériore pas et, d'autre part, qu'on voit que le même
principal actionnaire de Mercure, Béliveau est liquidateur pour la
banque, je vous assure que ces éléments sont un peu
contradictoires. Cela ne va pas ensemble trop trop.
M. Garon: La banque a peut-être un degré de
crédibilité différent pour les différents
intervenants que vous mentionnez.
M. Dubois: Je me demande comment il se fait que SOQUIA semble
poussée à retenir les services d'une firme de liquidateurs pour
faire de l'administration, de la construction et des fois de la liquidation.
J'imagine qu'il y a des firmes spécialisées dans la gestion
administrative et qu'il y a des firmes spécialisées dans la
démolition si on veut, dans la liquidation. Il y a bien des genres de
firmes, puis, quand on retient la même firme pour faire deux jobs bien
distinctes, c'est drôle. Surtout, c'est drôle de la part d'un
gouvernement ou d'une société d'État. On connaît,
quand même, la spécialité de Mercure, Béliveau.
C'est public, c'est connu que ce sont des liquidateurs et non des constructeurs
ou des gestionnaires. Ger-Inter, d'accord, mais depuis quand? C'est une
compagnie qui existe depuis trois ans, deux ans. Ce n'est pas une vieille
compagnie de gestion, Ger-Inter. C'est la propriété de Gaston
Béliveau principalement, qui est un liquidateur. Quand on dit qu'il n'y
a pas de conflit d'intérêts dans cette affaire,
écoutez!
M. Garon: Oui, si vous aviez le cancer, n'allez jamais voir un
docteur spécialisé dans le cancer, car il y a bien des cas qu'il
a manqués.
M. Dubois: Je ne l'aurai pas, le ministre va y passer avant moi
là-dedans. Ne vous en faites pas. De la façon dont il se comporte
dans se dosssier, il va y passer avant moi, certain. Cela peut le rendre
malade, ce dossier. Je ne l'espère pas, mais cela se pourrait.
M. Garon: On verra cela.
M. Dubois: On va voir cela tout à l'heure. Je n'ai pas
fini encore.
M. Garon: Vous allez voir.
M. Dubois: J'en ai pour trois ou quatre heures, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Vous êtes toujours dans
vos remarques préliminaires, comme entendu à 16 h 30, cet
après-midi.
M. Garon: Vous remarquerez qu'en pêchant dans de l'eau
trouble on prend rarement du beau saumon. On prend plutôt de la
barbotte.
M. Dubois: "Deep water stands still..." non! "Still water runs
deep." M. le Président, j'achève, je vais céder la parole
à un de mes collègues. Ce ne sera pas long. Je n'ai plus rien
à sortir en fait de réponses précises ici. (21 h 15)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va dire comme le premier
ministre, il ne pose pas les bonnes questions.
M. Dubois: Je suis bien conscient que la vérité ne
sort pas de l'Assemblée nationale, mais en tout cas. "En
cinquième lieu, M. le ministre, Sodispro a fermé ses portes non
pas à cause de la conjoncture économique", comme certains peuvent
le prétendre - c'est ce qu'ils disent - "mais bien à cause de
conflits entre SOQUIA et les autres actionnaires." Je sais qu'on en fait
beaucoup état dans ce dossier. La personne qui a présenté
ce dossier au nom d'une association de 40 personnes a dû sans doute
vérifier tous les faits parce que cette personne se mettait à
blanc. En signant le document, elle se met à blanc
indéniablement. Si elle a présenté un tel document
à titre personnel, parce qu'une association, ce n'est pas une compagnie
qu'elle représentait, j'imagine que les faits sont assez
précis.
M. Garon: C'est une compagnie, ils ont même du papier
imprimé.
M. Dubois: Ce n'est pas une compagnie,
c'est l'Association des créanciers. "Ces conflits, M. le
ministre, ont dégénéré en une véritable
bataille entre actionnaires, ce qui a mené tout droit à la
fermeture de l'usine."
M. Garon: J'aimerais bien savoir qui est leur avocat.
M. Dubois: Je ne le sais pas et cela ne me regarde pas. "De plus,
comme nous l'expliquons dans l'historique ci-joint, la faillite de Sodispro a
été causée en grande partie par une série d'erreurs
administratives et d'erreurs de jugement de SOQUIA." C'est toujours selon eux.
"En sixième lieu, M. le ministre, comment expliquer que les états
financiers de SOQUIA au 31 mars 1982..." On en a parlé tout à
l'heure. Je vais laisser tomber ce paragraphe parce que M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce en a parlé avec
beaucoup d'éclat.
En conclusion, j'aimerais que le ministre fasse la lumière sur ce
dossier, qu'il nous dise précisément quelles furent les
interventions de SOQUIA qui ont permis, qui ont facilité la fermeture de
l'usine. J'ai dit que je n'avais pas l'intention de lire le document en annexe.
Il y a du matériel là-dedans pour faire sursauter le ministre,
à moins qu'il ne l'ait pas lu. De toute façon, un jour, la
vérité sortira sur ce dossier, je l'espère.
Cela veut dire, en conclusion, que ce dossier ne semble pas du tout
limpide. Je ne porte pas d'accusation, mais ce n'est pas limpide, ce n'est pas
clair, ce n'est pas précis. J'aimerais qu'on puisse, dans nos
sociétés d'État, en arriver à une administration...
Je termine, M. le Président.
M. Garon: J'aimerais en profiter pour rétablir une chose.
M. Marier n'était pas à SOQUIA lorsque cette dernière a
pris des parts dans Sodispro, c'était Guy Normandin qui était
président de SOQUIA à ce moment-là.
M. Dubois: Je n'ai pas accusé M. Marier, j'ai
accusé SOQUIA de ne pas être limpide dans son administration, de
ne pas nous donner des comptes rendus clairs et précis. Je pense que les
réponses que le ministre a données en Chambre ne
reflétaient pas la vérité absolue. C'était
très ambigu. À la lecture de ce document, on voit que c'est
encore très ambigu et même plus ambigu qu'on ne le croyait. Je
laisse donc à mes collègues l'opportunité de continuer
sur. le dossier.
Le Président (M. Champagne): Au point de vue du
règlement, bien sûr, on est ici pour étudier le projet de
loi no 30, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires. Dans un premier
temps, il y a eu des remarques préliminaires et, dans un deuxième
temps, j'appellerais l'article 1.
M. Mathieu: M. le Président, je vous prierais de
reconnaître le député de Vaudreuil-Soulanges, je crois
qu'il aurait une question.
Le Président (M. Champagne): Une question du
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Garon: À l'article 1?
Le Président (M. Champagne): À l'article 1?
M. Mathieu: Avant de procéder à l'article 1.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le cadre des remarques
préliminaires. Je suis venu ici lors de l'étude de l'article sur
les grains.
M. Garon: On a, justement, un autre investissement à faire
dans votre comté. Voulez-vous qu'on le fasse ou si vous ne le voulez
pas?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous parlez de quoi?
M. Garon: Dans les endives, est-ce qu'on le fait ou si on ne le
fait pas? Si vous ne voulez pas qu'on investisse, on n'investira pas. Je vous
dis davance, par exemple, que, si ça va mal, on ne paiera pas les
dettes.
M. Dubois: De toute façon, de la façon dont
ça va, vous ne paierez rien.
Le Président (M. Champagne): La parole est au
député de Vaudreuil-Soulanges dans le cadre des remarques
préliminaires.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On regarde le rôle de
SOQUIA. On a regardé longuement Sodispro, on a regardé beaucoup
moins longtemps quand même - les montants en cause sont moins
élevés - les Abattoirs Soulanges. Je comprends cela. Il y a eu
une mise de fonds: 100% du capital-actions sont détenus par SOQUIA. Il y
en a pour 2 000 000 $. Il y avait comme partenaire financier, si on veut, mais
sous une autre forme, le CID.
M. Garon: Crédit industriel Desjardins (CID).
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est ce qu'on m'avait dit
à l'époque. Il me semble qu'ils ont mis au-dessus de 1 000 000 $,
facilement 1 400 000 $, 1 500 000 $ et, évidemment, la situation
était, depuis des mois, telle, au point de vue du volume
d'abattages qui se faisait là, qu'on perdait 55 000 $ à 60 000 $
par mois, une perte nette. C'est le CID qui mettait cela là-dedans, qui
montait son investissement sous forme de prêts, d'avances, etc.
SOQUIA, je pense bien, n'est jamais allée au-delà des 2
000 000 $ de mise de fonds originale qui était essentiellement l'achat
du capital-actions que détenaient les promoteurs, si on veut les appeler
ainsi, les gens qui ont lancé le projet, etc.
J'essayais de voir l'histoire, en reculant avec les gens qui
étaient là; il y avait, lorsque j'ai fait des rencontres, un
liquidateur sur place que le CID avait nommé. En l'occurrence, il me
semble que c'était une des filiales de Raymond, Chabot ou de Samson,
Bélair, enfin un bureau de comptables qui a un groupe de travail
à l'intérieur de cette société-là et qui
sont plutôt à faire de la gestion intérimaire et de la
liquidation. Ils cherchent également à administrer de
façon à vendre soit les actifs, soit les entreprises dans ce cas
précis.
En remontant un peu plus loin vers l'origine - ça se perdait dans
les souvenirs des gens qui n'étaient pas partis au premier geste de
SOQUIA - les gens n'étaient carrément pas là. Ils
n'étaient pas dans le portrait et ne pouvaient pas nous renseigner;
c'est la première occasion qu'on a ici.
Il me semblait que le ministre et les gens qui l'accompagnent pourraient
nous indiquer comment SOQUIA prend la décision d'aller investir environ
2 000 000 $ dans une entreprise de ce genre, qui s'est avérée
immédiatement et continuellement être d'une capacité
beaucoup trop grande pour le marché qu'elle comptait desservir. Elle n'a
jamais fonctionné à plus de 55% à 60% de capacité,
selon le souvenir d'employés qui étaient là depuis
longtemps. Ils se sont retrouvés le bec à l'eau. Il y a eu
fermeture en février. Je pense que le voisin, Interstate, a loué
certains actifs et les utilise pour de la mise en boîte de viande bovine.
Je me demandais, en remontant vers l'origine de la décision, comment on
fait confiance dans une société d'État à des gens
qu'on connaît ou qu'on ne connaît pas - c'est ce que je voulais
savoir - les promoteurs originaux qui ont peut-être laissé des
traces ailleurs, dans d'autres entreprises semblables. Ils mettent un projet
sur pied, ce sont eux qui construisent, qui sont propriétaires du
terrain, qui sont les courtiers pour le matériel de construction, qui
gèrent le projet, etc. Ils sont très très occupés,
ces gens-là, jusqu'au moment où SOQUIA achète leurs
actions ou leur participation, mais ils disparaissent. J'essayais de voir
quelle est l'expertise, à qui l'administration est confiée
après que les promoteurs, c'est-à-dire les gens qui connaissaient
ça théoriquement, sont partis. À qui l'administration
d'une telle entreprise est-elle confiée?
Comment se déroule la prise de décisions? Quel genre
d'études sont faites?
M. Garon: Au point de départ, les gens qui ont
travaillé dans ce projet là étaient: MM. Gibeau et Dion.
M. Gibeau, et si ma mémoire est bonne, est un ingénieur qui a
fait le tour des États-Unis en visitant un grand nombre d'usines
d'abattage et le concept qu'il a développé est censé en
faire l'un des abattoirs les plus modernes en Amérique du Nord. Ils
doivent importer le boeuf vivant pour l'abattre là, dans de l'abattage
à forfait. Ils sont, d'ailleurs, construits le long d'une voie
ferrée pour permettre, justement, l'entrée du boeuf, parce que
80% du boeuf qui est consommé au Québec est importé. Ils
estiment que l'existence de leur abattoir va susciter le développement
de l'élevage du boeuf plus rapidement et ils espèrent, avec le
temps, importer moins de boeuf et s'approvisionner davantage sur le
marché local.
C'était ça, en gros, leur projet. Ils avaient un client
à qui ils devaient vendre entre 65% et 70% de leur production, soit
Interstate dont l'édifice est construit dos à dos avec eux.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est contigu. Cela
communique.
M. Garon: Oui, cela communique avec les Abattoirs Soulanges.
Essentiellement, il y a eu des conflits entre les deux. Est-ce que cela
été le principal facteur?
Une voix: C'est un facteur qui a perturbé pas mal.
Le Président (M. Champagne): Voulez-vous vous identifier,
monsieur?
M. Garon: Michel Saint-Pierre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas nécessaire,
on le sait. C'est pour le journal des Débats.
Le Président (M. Champagne): Oui, c'est cela, c'est pour
le journal des Débats. M. Michel Saint-Pierre, à vous la
parole.
M. Garon: Je ne suis pas connu à ce point-là. Le
contexte d'intervention au départ, c'est que l'un des facteurs
était effectivement celui de l'importation du boeuf où il y avait
un manque de capacité d'abattage dans la région de
Montréal. Ce qui amplifiait le problème, c'est qu'il y avait eu
destruction en décembre 1977 du principal abattoir à forfait qui
s'appelait Palmont Packers dans l'Est de Montréal et qui abattait entre
2000 et 2500 têtes par semaine. Cela a créé
réellement une panique
parmi les entreprises qui étaient des distributeurs de viande
sans avoir un abattoir. Tous ne voulaient pas avoir un abattoir. Leur commerce,
pour ce qui est de la distribution et de la coupe, est bien différent de
celui de l'abattage qui est une activité assez
spécialisée; c'est un service, ni plus ni moins. Alors, il y
avait à cette époque-là un besoin d'abattoirs à
forfait, d'autant plus que la tendance semblait démontrer une croissance
assez sensible de la production bovine au Québec. Le programme
gouvernemental était en place et c'était une infrastructure qui
devrait graduellement et de plus en plus justifier son existence dans la
région de Montréal.
Mais le point de départ...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est le ministre qui
interrompt, pour le journal des Débats.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, à vous
la parole.
M. Garon: Le point important qui avait fait la distinction
à ce moment-là, c'était la disparition de Palmont Packers.
Je me souviens que j'étais assez hésitant parce qu'il y avait des
abattoirs régionaux et l'argument central pour l'intervention dans les
Abattoirs Soulanges, c'est l'abattage à forfait. J'étais
réticent parce qu'il y avait des abattoirs régionaux qui
faisaient de l'abattage pour le marché régional et, notamment,
les frères Billette, l'abattoir Legault, qui faisaient de l'abattage
pour des fins régionales. Mais je craignais que ces abattoirs ne
puissent nuire aux autres abattoirs. Le point important, c'était la
fermeture de Palmont Packers qui approvisionnait le marché de l'abattage
à forfait.
Je peux vous dire une chose aujourd'hui: Ce serait une bonne chose que
les Abattoirs Soulanges continuent parce que l'abattage à forfait, ce
n'est pas ce qu'il y a de plus payant comme abattage. Cela a fait en sorte que
plusieurs petits abattoirs régionaux sont entrés dans l'abattage
à forfait où, là, les gens qui ont un pouvoir d'achat
assez fort sont capables de séparer une "cenne" en quatre. Je vous dis
franchement que, personnellement, quand je vois un abattoir régional
faire de l'abattage à forfait, j'aime cela à moitié parce
que je sais qu'il ne fait quasiment pas d'argent avec cela. Si un
propriétaire d'abattoir s'oriente davantage vers l'abattage à
forfait et moins vers la découpe sur le plan régional, il peut
avoir des problèmes éventuellement. Souvent, des gens se laissent
entraîner à penser que leur commerce va avoir plus de volume,
qu'il va grossir. Mais grossir et avoir du volume, ce n'est pas
nécessairement synonyme de faire de l'argent. Dans ce cas-là, ce
qui avait remporté la décision - parce qu'on avait fait
recommencer le document à quelques reprises - c'était
véritablement la fermeture de Palmont Packers.
Cela aurait été une bonne chose pour toute l'industrie de
la viande au Québec que les Abattoirs Soulanges continuent, j'en suis
convaincu. C'est celui-là qui aurait fait l'abattage à forfait.
Il avait la capacité, le volume, et les abattoirs régionaux
auraient desservi plutôt un marché régional. Le
marché de la viande est très complexe. Les gens pensent que c'est
un marché simple, mais ce ne l'est pas. L'abattoir régional qui
vend pour le marché régional et le marché national ou un
autre qui fait de l'abattage à forfait, ce sont tous des réseaux
différents. On n'entre pas dans l'un ou l'autre indistinctement sur le
plan des revenus, de la rentabilité. Je ne l'ai pas vécu. Vous
pouvez dire, M. Saint-Pierre, ce qui s'est passé après. (21 h
30)
II y a eu une détérioration assez importante des relations
avec le principal client qui devait approvisionner 66% à 70% de
l'abattoir et qui a commencé à utiliser des abattoirs à
forfait autres pour faire baisser les prix. Il y a eu bris de contrat, il y a
eu énormément de démêlés. Des mises en
demeure ont suivi. Tout cela a fait que pendant six mois ou un an, il y a eu je
dirais sûrement un an, un climat assez trouble. Il y a eu des
périodes, des semaines où l'entreprise a cessé d'abattre
pour Interstate parce qu'elle réagissait à ce qui se passait de
l'autre côté.
Par la suite, l'entreprise a perdu de l'argent. On a dû
réinvestir pour la tenir à flot, dans un premier temps. À
un certain moment, on a voulu prendre l'initiative d'une discussion avec
d'autres entreprises qui pourraient mieux rationaliser l'opération.
C'est là qu'on est entré en discussion assez sérieuse -
qui nous est parue sérieuse à ce moment-là - avec les
Viandes Lépine, dans l'Est de Montréal, qui avait un abattoir
à Charlemagne qui fonctionnait à pleine capacité et qui ne
pouvait prendre de l'expansion à cause de sa situation
géographique. On a eu des discussions sérieuses avec eux à
un point tel qu'on faisait des plans de relocalisation. Finalement, tout cela a
achoppé parce que les frères Lépine eux-mêmes, qui
étaient les deux propriétaires - un à 51% et l'autre
à 49% - de l'entreprise, ont séparé leurs actions.
L'entreprise connaît depuis ce temps-là des difficultés
assez importantes. Aujourd'hui, l'entreprise Lépine est en lockout.
L'abattoir de Charlemagne ne fonctionne pas et tout le volume d'abattage qu'ils
font se retrouve chez les petits abattoirs à forfait qui sont bien
heureux de la situation. Ils sont heureux. Ils ont plus de volume, en tout cas.
Ce n'est pas tellement plus payant, mais ils ont un peu plus de volume.
Pendant cette période qui a duré
presque un an, on a supporté l'exploitation dans l'espoir de
pouvoir faire cette transaction. Quand on a eu l'évidence que cela ne se
ferait jamais, on a eu des pourparlers avec d'autres, avec toutes les
chaînes d'alimentation, avec les petits abattoirs Billette et Legault
dans le but de les intéresser à cette entreprise et que cela
devienne l'abattoir pour leurs opérations de distribution de viande.
Cela aussi a achoppé. Quand on a éliminé chacune des
solutions possibles, on a laissé tomber l'entreprise. On l'a remise
entre les mains du Crédit industriel Desjardins qui l'a fait fonctionner
pendant six à huit mois, si ce n'est durant un an. Le temps passe vite,
mais ils l'ont fait fonctionné pendant un bon bout de temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Beaucoup de faits ont été relatés par le ministre
ou le représentant de SOQUIA qui est à la table avec nous,
notamment le problème de capacité. Lorsque la situation s'est
présentée, qu'il y avait fermeture d'un gros abattoir, il y
avait, évidemment, à ce moment-là un manque de
capacité d'abattage. Ce que je viens d'apprendre de la bouche du
ministre, c'est que sa réaction initiale a été de dire que
cela créerait un aimant pour la production de boeuf
d'élevage.
M. Garon: Non, ce que les gens, les promoteurs
eux-mêmes...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est comme construire des
autoroutes pour que GM fasse plus d'autos.
M. Garon: Non, non. Je dis qu'un des promoteurs, M. Dion,
était sans doute le plus gros éleveur de boeuf du Québec
à ce moment-là. Il disait que la certitude d'un
débouché local aiderait à augmenter la production du
boeuf. Lui-même se proposait de stimuler l'élevage du boeuf dans
la région à l'aide de contrats avec les agriculteurs.
C'était un de ses projets. Initialement, il pensait s'approvisionner de
la même façon que Palmont Packers qui faisait de l'abattage
à forfait pour Interstate en important ses animaux par chemin de fer. Il
était, d'ailleurs, établi le long du chemin de fer pour cette
raison.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on parle de stimuler la
production et de se donner de l'équipement pour cela, j'avais
pensé qu'il fallait que les gens mangent du boeuf. Il faut stimuler la
consommation. On n'élève pas du boeuf parce qu'il y a une
capacité d'abattage, c'est bien évident. Les gens vont en acheter
pour en manger. Où se fait la jonction?
M. Garon: Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'on fait une
étude de marché avant d'acquérir un équipement
comme celui-là?
M. Garon: Non, les promoteurs qui ont fait cela ont dit que cela
aurait pour effet de développer l'élevage dans leur
région. Moi, j'étais du même avis que vous, je
n'étais pas persuadé que cela développerait
l'élevage. Eux le pensaient, en tout cas, ils le disaient. Ils avaient
pour but de remplacer Palmont qui, elle, importait ses animaux en grande partie
par chemin de fer ou camions. Eux voulaient l'importer par chemin de fer dans
une première phase, mais graduellement remplacer leur approvisionnement
par de l'élevage régional. Ils le souhaitaient. C'est ce qu'ils
mentionnaient. Je n'en dis pas plus que cela et ne m'en faites pas dire plus
que je n'en dis. Ce sont les paroles mêmes de M. Dion que je rapporte qui
était, d'ailleurs, membre de l'Association des parcs d'engraissement et
qui était un des cinq principaux éleveurs de boeuf du
Québec à ce moment-là. Je n'ai pas voulu exagérer,
mais on me dit que c'était le plus gros.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À sa face,
c'était un projet nécessaire, car Palmont avait
échoué.
M. Garon: Je dirais que, si Interstate et les Abattoirs Soulanges
ne s'étaient pas chicanés, cela marcherait encore aujourd'hui. Je
pense que c'est la principale cause de l'échec.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils se chicanaient sur le prix,
ainsi que sur le volume. C'était un marché extrêmement
concurrentiel.
M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les frais
généraux de fonctionnement de cette installation sont
considérables. Il faut l'avoir vu, car c'est toute une ligne de
production, d'abattage, de débitage.
M. Garon: Je pense qu'Interstate aurait dû être
intéressée à participer dans les Abattoirs Soulanges.
Initialement, c'est cela qui aurait dû être fait pour lier
davantage Interstate aux Abattoirs Soulanges. Je pense que les promoteurs des
Abattoirs Soulanges auraient dû le faire et que cela aurait
été une bonne chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela n'explique pas pourquoi
SOQUIA, avec l'argent de nos taxes, soit 2 000 000 $, l'a perdu.
M. Garon: Non, elle n'est pas arrivée avec 2 000 000
$.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'effet net.
M. Garon: Initialement, avec 175 000 $ d'actions et près
de 42% d'actions. Les prêts d'actionnaires étaient de 200 000 $.
Ils avaient 175 000 $ d'actions, 200 000 $ de prêt. Ce n'était pas
la grosse partie des coûts de cette construction. Encore là, il
faut dire une chose: La participation de SOQUIA se faisait à ce
moment-là par une entente écrite que l'argent était
avancé sous forme d'actions, sous forme de prêt. Au moment
où l'actionnaire déciderait qu'il ne veut plus avoir SOQUIA, il
rembourserait les actions de SOQUIA selon une formule qui était
établie dans le contrat. Il faut que ce soit bien clair: c'était
véritablement une forme de financement qui était conçue
comme une forme de financement. En tout temps, les actionnaires majoritaires
pouvaient se débarrasser de SOQUIA en rachetant les actions que SOQUIA
avait acquises dans l'entreprise pour leur permettre de financer leur projet.
C'était clair dans tous les projets.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
SOQUIA a appuyé un projet de développement, celui de doter
une région d'une capacité d'abattage.
M. Garon: Le projet n'est pas venu de SOQUIA.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je comprends.
M. Garon: II venait des promoteurs eux-mêmes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends. La participation
existe. À un moment donné, on décide de participer
à cette exploitation et on aurait attiré vers ce nouvel
équipement des animaux de boucherie de la région et même
d'au-delà. Il y avait déjà des abattoirs dans la
région. Qu'est-ce qui serait arrivé à ces gens-là
logiquement, à Billette et Legault?
M. Garon: C'est que Billette et Legault ne faisaient pas
d'abattage à forfait. Ce n'était pas le même genre
d'activités. Eux desservaient un marché régional. Ils ne
faisaient pas le type d'abattage pour ce type d'entreprise de cette
façon. Ils desservaient surtout un marché régional. Les
Abattoirs Soulanges sont venus pour desservir Interstate. C'était cela
leur but, ils se sont collés l'un à l'autre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce ne sont pas des
concurrents.
M. Garon: Ils ont été des concurrents. C'est devenu
des concurrents. Quand la chicane a pris avec Interstate, les Abattoirs
Soulanges ont essayé de vendre ailleurs. C'est devenu des concurrents.
Initialement, ce n'était pas conçu comme cela. C'était
conçu pour desservir essentiellement Interstate.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand SOQUIA met le pied dans
la porte et la main dans le tordeur, évidemment il tourne toujours. Cela
ne m'apparaît pas évident que, si c'est un bon projet, mais que le
privé et les promoteurs ne veulent pas toucher à cela,
nécessairement, la société d'État devrait se mettre
le nez là-dedans. Parce que là tu deviens responsable, tu es
très gros.
M. Garon: On peut parler de différents projets. On peut
parler de projets qui n'ont pas marché et on peut parler des projets qui
ont marché. Quand on a vu, par exemple, Nutribec qui achetait des
compagnies étrangères l'une par derrière l'autre pour
former un quatrième grand dans le secteur des moulées,
aujourd'hui, vous avez quoi dans le secteur des moulées? Vous avez
essentiellement Purina, Shur-Gain, la Fédérée et Nutribec.
15%, 20%, 25% du marché est occupé par Nutribec, qui avant
était occupé par Supersweet, Miracle, Masterfeed; elles ont
été achetées après. Ils les ont regroupées
et cela a été un succès. Ils ont acheté plusieurs
entreprises, ils les ont regroupées et cela marche bien. Aujourd'hui,
ils ont développé encore de nouvelles variétés. Des
moulées pour les chiens, des moulées pour l'élevage de la
truite; c'est ce qu'ils sont en train de développer actuellement parce
qu'on a développé l'élevage de la truite au Québec
entre-temps. On en produit 50 fois plus qu'en 1977. Cela vaut la peine de faire
une moulée pour les truites.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les lacs sont vides.
M. Garon: Cela est dû au fédéral, avec les
pluies acides. Il y a les pluies acides dans la juridiction
fédérale.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est vrai, je n'y avais pas
pensé! J'aurais dû y penser depuis que vous êtes à
table avec nous autres.
M. Garon: II y a des projets de développement qui n'ont
pas fonctionné. Vous êtes avec des gens...
M. Gagnon: M. le ministre, est-ce la faute du
fédéral si l'armée pratique le tir
dans certains lacs du Québec?
M. Garon: À Nicolet, ils tirent des coups de canon dans le
lac Saint-Pierre. Cela fait exploser les maskinongés et les brochets qui
sont en train de frayer. Indépendamment de cela...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, j'espère que c'est
indépendamment de cela.
M. Garon: Quand on est dans le développement, je vous
dirais plus que cela, je vous dirais que les projets dans lesquels on a eu des
difficultés ou qui n'ont pas fonctionné, souvent c'était
dû à une chicane entre les actionnaires, entre les promoteurs.
C'est arrivé, que voulez-vous? Vous ne pouvez pas le savoir d'avance. Si
le curé disait: Je ne marie personne parce qu'il y a des divorces. C'est
la même chose dans ces cas. On a des succès. Moi, je pense
à Salaison Olympia. C'est un beau succès. Au Québec, c'est
une entreprise vigoureuse qui aujourd'hui doit friser les 100 000 000 $.
Une voix: Qui dépasse.
M. Garon: C'est une réalisation. Nutribec, c'est une
réalisation. Je pense que la propriété de Culinar s'en
allait à l'extérieur du Québec et il y avait une grande
appréhension qu'une partie des activités s'en aille à
Winnipeg. L'action de SOQUIA, à ce moment, a permis de maintenir des
activités au Québec, en tout cas d'assurer le maintien des
activités au Québec au grand plaisir des gens de la Beauce. Je
comprends que le député de Beauce-Sud n'est pas reconnaissant.
C'est une intervention qui a permis cela.
M. Mathieu: Les emplois seraient là quand même.
M. Garon: Non, ils seraient partis à Winnipeg.
M. Mathieu: Un instant. Il y a des ventes qui se feraient
à Winnipeg, mais elles se faisaient là avant. Les emplois
seraient là quand même.
M. Garon: II y a d'autres domaines où cela a
été de beaux succès, mais il y a eu des domaines où
cela n'a pas marché.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela en est un, l'abattoir.
M. Garon: C'en était un.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous avez d'autres
expériences dans d'autres abattoirs, je ne peux pas croire.
M. Garon: Non, on a trois abattoirs qu'on maintient actuellement.
On a parlé des infrastructures régionales, cet après-midi.
Dans l'Outaouais, il y a l'abattoir Durocher. Dans le Témiscouata, cela
fait quand même un bout de temps maintenant. L'abattoir Dubé,
à Drummondville, où ça fonctionne. Les entreprises qui ne
faisaient pas d'argent... Actuellement, à Témis, je ne le sais
pas. (21 h 45)
Une voix: À Témis, c'est pas pire.
M. Garon: Ils flottent.
Une voix: Ils sont du côté du profit.
M. Garon: Ils sont du côté du profit. Les trois sont
du côté du profit. Ce sont des abattoirs régionaux. Quand
vous avez un abattoir qui prend de 20 à 25 boeufs par semaine, 50 boeufs
par semaine, s'il se modernise et en vient à prendre 100 et 150 boeufs
par semaine, l'entreprise trouve ça dur parce que ça prend un
plus gros fonds de roulement. L'entreprise est là, mais, quand il entre
150 boeufs par semaine à 1000 $ le boeuf - ce doit être à
peu près cela - ça prend un bon fonds de roulement. Ces
entreprises, qui étaient de petites entreprises auparavant,
financièrement sont serrées. Le rôle de SOQUIA est de les
supporter. C'est un de ses rôles, mais ce n'est pas son seul rôle.
J'en ai parlé lors de mon exposé sur la présentation de la
loi.
Le ministère a demandé de lui faire jouer ce rôle
pour aider à maintenir en place les infrastructures qui,
éventuellement, voleront de leurs propres ailes. Dans le cas du
Témis, il y a une partie de la viande qui s'en va au
Nouveau-Brunswick.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais globalement, il y a une
surcapacité considérable d'abattage au moment où on se
parle.
M. Garon: Une surcapacité?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Considérable. 40%? 35%?
M. Garon: On ne peut pas regarder cela de cette façon.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah, non? Même si je le
regarde comme ça, ce sera pareil.
M. Garon: C'est théorique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): La
capacité est occupée à 65%. Je m'excuse d'avoir dit
qu'il y avait 35% de surcapacité.
M. Garon: Non, non, ne vous excusez pas. Comment pourrais-je vous
expliquer cela?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Simplement en disant toute la
vérité.
M. Dubois: C'est pour cela que le ministre parle toujours en
acres et non pas en hectares.
M. Garon: Ces abattoirs sont localisés dans
différentes régions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une chance qu'ils ne sont pas
tous à la même place. Ce ne serait pas drôle.
M. Mathieu: II parle de verges au lieu de parler de
mètres.
M. Garon: C'est inégal quand vous dites 40%. Si vous
prenez Labbé, dans la Beauce, il agrandit encore actuellement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. M. Garon: II n'a
pas de surcapacité, lui.
M. Mathieu: Si Provigo, qui appartient à 30% au
gouvernement, pouvait acheter du boeuf québécois au lieu
d'acheter du boeuf albertain - je suis à la veille de vous parler de
cela - ça ferait du bien. Provigo appartient à la SGF dans la
proportion de 30% ou 33%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À la
Caisse de dépôt, oui.
M. Garon: La SGF n'a pas d'argent là-dedans.
M. Mathieu: Labbé, de la Beauce, ne peut vendre à
Provigo parce qu'ils reçoivent des ordres, chez Provigo, d'acheter du
boeuf de l'Ouest. Alors, ça va bien!
M. Garon: Je leur ai dit, à Provigo.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II est moins cher et il est
meilleur.
M. Mathieu: Et ils ne vous ont pas écouté?
M. Garon: Je ne dirige pas Provigo. Je leur ai dit qu'ils
devraient acheter plus de produits québécois, notamment, des
viandes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très bien, très
bien.
M. Garon: Par ailleurs, ils ont acquis un abattoir de porc qui
fonctionne maintenant à Saint-Valérien, dans le comté de
Johnson. Ils s'approvisionnent en partie avec leur propre abattoir. Maintenant,
quant au boeuf, moi aussi, je pense qu'ils pourraient acheter un peu plus au
Québec.
M. Mathieu: Allez-vous attendre de perdre le pouvoir? Est-ce nous
qui allons régler ce problème ou si vous avez l'intention de
faire quelque chose?
M. Garon: On en a fait un bout.
Le Président (M. Champagne): Je pense que le droit de
parole était au député de Vaudreuil-Soulanges afin de lui
permettre de poser des questions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Là où je voulais
en venir...
M. Mathieu: Excusez, M. le député.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...c'est qu'on reconnaisse
qu'il y a beaucoup de régions où il y a une surcapacité.
Ce n'est pas arrivé du jour au lendemain. Ce que je mets en cause, c'est
qu'au moment où cela a été fait on s'est lancé dans
un très gros projet avec les difficultés administratives que cela
comportait, avec la concurrence...
M. Garon: Je ne dirais pas que c'est là le
problème.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non?
M. Garon: Je verrais le problème dans le fait que le lien
entre Interstate et les Abattoirs Soulanges n'était pas assez
solide.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On revient toujours à
cela. Si c'était identifiable, dans le sens normal des affaires...
M. Garon: Cela remplaçait un abattoir qui venait de
brûler.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...il y avait un marché
captif, possiblement, et cela faisait l'affaire de tout le monde. On s'est
lancé dans un projet où cet aspect n'avait pas été
encadré comme il le fallait. On ne s'est pas assuré que cela
avait été fait.
M. Garon: Quoi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le mariage, si l'on veut, entre
le fournisseur et le client, soit Interstate et les Abattoirs Soulanges n'avait
pas été fait convenablement. C'est le genre de chose
qu'il ne faut pas nécessairement faire après plutôt
qu'avant, le ministre l'a dit lui-même. Les conventions qui peuvent
exister lorsqu'on se lance dans un investissement comme cela auraient du
être faites.
M. Garon: Ce qui est arrivé, ce sont des procès
entre les deux, des procédures. Ils n'ont pas respecté les
ententes qu'ils y avait entre eux. Il y avait des liens contractuels, il y
avait des contrats entre les deux. C'est justement ce qui est
arrivé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Y a-t-il eu des poursuites
judiciaires?
Le Président (M. Champagne): Monsieur, si vous voulez
intervenir, il faudrait...
M. Garon: II y a eu des menaces de poursuites judiciaires, mais
il n'y en a pas eu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est allé nulle part.
C'est resté dans la situation qu'on connaît, c'est-à-dire
qu'ils n'ont pas été capables de s'entendre, vous voulez
dire.
M. Garon: Ils s'étaient entendus, mais ils n'ont pas
respecté leurs ententes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a en un qui
n'approvisionnait plus l'autre et il y en a un qui n'achetait plus là.
Ils s'obstinaient sur les quarts de cent la livre.
M. Garon: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils s'obstinaient sur des
quarts de cent la livre. C'est la concurrence qui a joué pleinement et
le volume n'était pas là pour l'abattoir.
M. Garon: Je ne sais pas sur quoi, précisément, il
y avait désaccord entre les deux.
M. Lincoln: Heureusement qu'il y a des personnes qui arrivent,
cela n'existe pas de l'autre côté.
Une voix: Ici, on parle des abattoirs. M. Lincoln: On
parle des abattoirs.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, la
réponse.
M. Garon: M. Saint-Pierre va vous dire un mot parce qu'il a
vécu plus la vie interne de ces entreprises.
Le Président (M. Champagne): La parole est à M.
Michel Saint-Pierre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est la dernière
réponse, étant donné que c'est la dernière
question.
M. Garon: On avait un contrat avec Interstate qui nous assurait
d'un volume minimum de 400 têtes par semaine avec des ouvertures, si l'on
veut, ou plutôt un "gentlemen's agreement" qui faisait qu'on aurait eu
normalement la totalité des abattages d'Interstate qui étaient
d'environ 700 têtes; le minimum asssuré était de 400
têtes. On avait un abattoir qui avait une capacité
théorique ou qui avait une rentabilité qui commençait
à être intéressante à 900 têtes. Je
mentionnais plus tôt qu'on misait également sur la
récupération de volume qui était abattu ailleurs,
étant donné la fermeture de Palmont, qui était de 2500
têtes. C'étaient des hypothèses.
Par semaine. Par semaine, c'est cela. Au départ, notre
hypothèse était que 900 seraient facilement accessibles,
étant donné que 400 étaient un minimum pour ce qui est
d'Interstate, c'était écrit. Le contrat ne prévoyait pas
ce qu'il aurait dû prévoir, c'est-à-dire des livraisons
régulières tous les jours, de sorte que, pendant toute cette
période, on s'est fait jouer avec des volumes maximaux une
journée et, le lendemain, on ne livrait rien du tout. Le personnel
était là avec un contrat de travail qui garantissait 32 heures.
Donc, on était obligé de payer du surtemps le lundi et 32 heures
le mardi, alors que personne ne travaillait, et on recommençait le
mercredi. Cela s'est passé comme ça pendant environ un an.
C'était, finalement, jouer sur la marge, de sorte que, sur le plan
juridique, notre cause n'était pas très forte, mais on avait
simplement eu un contrat qui n'était pas assez hermétique,
croyant simplement que la bonne foi serait suffisante et qu'une bonne
poignée de main, cela fonctionnerait parfois, mais cela n'a pas
fonctionné. Il y a eu peut-être un peu de naïveté dans
ce cas. Ce contrat était tout de même négocié quand
on est arrivé. C'est un élément contenu dans le dossier
lors de notre intervention.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et que vous connaissiez comme
tel.
M. Garon: Et qu'on connaissait comme tel.
Ce n'était pas des poignées de main, c'était un
contrat.
Je disais que les 400 têtes n'étaient pas des
poignées de main - c'était un véritable contrat. Personne
n'avait pu prévoir qu'on jouerait à ce point avec un contrat qui
ne prévoyait que des dates ou des jours de livraison et des heures de
livraison. Alors, il se passait ce que je vous ai mentionné, c'est qu'on
pouvait avoir...
On avait fait un contrat de bonne foi.
...tout un volume le lundi et rien du tout le mardi et cela a
été ainsi tout le temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Juste en terminant, où
cela en est-il aujourd'hui? Est-ce qu'Interstate n'a pas pris les actifs ou
s'en sert ou les loue?
M. Garon: On nous dit, mais je ne voudrais pas qu'on
considère cela comme étant une vérité...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous n'êtes plus
là-dedans.
M. Garon: ...ou une information très informée, que
le CID a loué à Interstate les installations, mais recherche
encore un acheteur pour le prendre réellement en charge. Les conditions
de la location ne sont pas très intéressantes, semble-t-il. C'est
ce qu'on m'a dit.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et cela ne vous concerne
plus.
M. Garon: Pas du tout.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous vous êtes
retirés complètement.
M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup. Alors,
j'appelle l'article 1 du projet de loi no 30.
M. Mathieu: M. le Président, si vous le permettez...
M. Garon: Adopté.
M. Mathieu: Vous êtes pressé, monsieur!
M. Garon: On n'est pas pressé.
M. Mathieu: Si vous le permettez, étant donné que
j'ai un amendement au projet de loi, pour ne pas éterniser les
débats, je vais le soumettre immédiatement. Quand on arrivera au
point pertinent, ce sera déposé et ce sera connu. D'ici
là, les gens pourront se faire une idée. C'est un amendement qui
va concerner l'article 6 et qui dit ceci: "Que le paragraphe 21 de l'article 6
soit modifié en remplaçant dans les première et
deuxième lignes les mots "au même endroit que SOQUIA" par les mots
"à Gaspé". Alors, c'est pour changer le lieu du siège
social. Je vous soumets cet amendement et, quand on sera rendu là, on en
discutera. C'est parce que je veux le soumettre tout de suite à
l'article 6.
Le Président (M. Champagne): À l'article 6, je
reçois cet amendement qui se lit comme suit: "Que le paragraphe 21 de
l'article 6 soit modifié en remplaçant dans les première
et deuxième lignes les mots "au même endroit que SOQUIA" par les
mots "à Gaspé". Alors, nous sommes à l'article 1.
M. le ministre, avez-vous des remarques préliminaires pour
l'article 1?
Étude article par article
M. Garon: II n'y a pas grand-chose. C'est seulement le titre.
Le Président (M. Champagne): C'est seulement le titre. Le
titre est-il adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 2. M. le ministre.
Constitution de la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires
M. Garon: II n'y a rien de spécial.
Le Président (M. Champagne): II n'y a rien de
spécial.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Avant qu'on adopte un article qui a pour effet
d'augmenter d'une façon importante le fonds social de la
société, on a une certaine obligation de poser quelques questions
sur le fonctionnement et les orientations de la société, avec
votre permission.
Le Président (M. Champagne): Oui. M. Scowen:
Merci.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait
s'entendre que chaque intervention ne dépassera pas 20 minutes, comme le
règlement le demande?
M. Scowen: Certainement! M. Garon: Par intervenant.
Le Président (M. Champagne): Par intervenant, c'est
cela.
M. Scowen: Quand je regarde l'objectif de la
société - je le tire de votre rapport annuel - c'est "en appuyant
et en suscitant le développement d'entreprises québécoises
dans la transformation et la commercialisation de produits agricoles ou marins
du Québec." Si je comprends bien la situation de cette
société, c'est une société qui, d'après sa
performance ces dernières
années, ne doit pas exister. Je vous donne mes commentaires et
j'aimerais avoir les vôtres.
M. Garon: Oui.
M. Scowen: Premièrement, depuis 1977, il me semble que
tous les profits de cette société - et même plus que tous
les profits -sont venus de deux filiales que vous détenez à part
entière, qui ont été plus ou moins données à
la société et qui ne sont pas du tout dans le domaine
agro-alimentaire. Il s'agit, d'abord, du Centre de distribution de
médicaments vétérinaires qui est une société
qui existait même avant SOQUIA et qui a été
transférée à SOQUIA; deuxièmement, du Centre
d'insémination artificielle du Québec, qui a été
également transféré récemment pour rien à
SOQUIA et qui a accumulé depuis cinq ans des profits d'environ 1 200 000
$. (22 heures)
À moins que je ne comprenne pas, ces deux sociétés
existaient et peuvent exister à côté de SOQUIA et de son
mandat qui est le développement de la transformation et de la
commercialisation des produits agricoles. Ces deux sociétés n'ont
effectivement rien à faire avec le mandat de SOQUIA. Elles sont
là essentiellement, quant à moi, pour cacher les
problèmes, les pertes, les difficultés, le manque d'orientation
dans l'autre partie des opérations. Si je comprends bien, vous avez d'un
côté une société conçue pour vendre au
coût les produits vétérinaires, plus les frais
d'administration qui est devenue une vache à lait pour SOQUIA, parce que
vous avez changé le mandat pour la rendre rentable et, en
conséquence, pour permettre à SOQUIA de faire des profits.
Quand je regarde, de l'autre côté, les
sociétés dans lesquelles vous vous êtes installés
pour remplir le mandat qui est "le développement d'entreprises
québécoises dans la transformation et la commercialisation des
produits agricoles ou marins, si mes calculs sont bons, les pertes
accumulées depuis cinq ans sont de l'ordre de 650 000 $. Dans ce groupe
de 18 ou 20 compagnies, je trouve Culinar. Culinar est une
société qui existait avant que SOQUIA soit installée. Je
doute fortement que votre présence dans ce dossier, dans cette
compagnie, ait fait beaucoup pour "le développement d'entreprises
québécoises dans la transformation, etc."
J'aimerais seulement vous poser une question. Vous avez des
investissements totaux, dans les compagnies associées, de 25 000 000 $.
Quel est l'investissement de SOQUIA dans Culinar?
M. Garon: Environ 9 000 000 $.
M. Scowen: 9 000 000 $ sur 25 000 000 $. Votre part des
bénéfices pour l'année 1982 était d'environ
combien? 16 000 000 $?
M. Garon: De Culinar?
M. Scowen: Culinar. Votre part des bénéfices de
Culinar, les dividendes de Culinar.
M. Garon: La totalité?
M. Scowen: Non, pour l'année 1982.
M. Garon: 1981 ou 1982?
M. Scowen: 1982.
M. Garon: Vous n'avez pas 1982.
M. Scowen: Vous avez reçu, par exemple, des dividendes de
1 144 000 $; quelle partie de ces dividendes était de Culinar?
Le Président (M. Champagne): M.
Marier, si vous vouliez répondre.
M. Garon: De Culinar? M. Scowen: C'est cela? M. Garon:
535 000 $. M. Scowen: 535 000 $.
Le Président (M. Champagne): 535 000 $, oui.
M. Scowen: D'accord. Je mets Culinar de côté pour le
moment. Il y avait des dividendes de 1 100 000 $, dont 40% venait de Culinar.
Vous avez des investissements de 24 000 000 $, dont 9 000 000 $ dans Culinar.
Effectivement, quand je ramène la société à ses
objectifs, je mets de côté les médicaments
vétérinaires, je mets de côté l'insémination
artificielle, je mets de côté Culinar, parce que, comme je le
disais, je persiste à croire - vous pouvez me dire le contraire - que
vous n'avez contribué aucunement au développement de Culinar avec
votre investissement. C'est un investissement de portefeuille.
M. Garon: Si l'entreprise perd de l'argent, on contribue aux
pertes; si elle fait de l'argent, on ne contribue pas à ce qu'elle fasse
de l'argent.
M. Scowen: Non. Ce n'est pas le point que je soulève, M.
le ministre; j'espère que vous le comprenez.
M. Garon: Si je n'ai pas compris, quel est le point que vous
soulevez?
M. Scowen: Ce n'est pas cela. Je parle, si vous me le permettez,
de l'objectif de la société. Si l'objectif de la
société est d'investir dans Imasco, dans Culinar, dans General
Foods, dans Robin Hood pour constituer une espèce de "holding" dans le
domaine alimentaire, c'est une affaire. C'est une espèce de caisse de
dépôt alimentaire. Mais s'il s'agit de susciter, de
développer les PME québécoises dans le domaine
agroalimentaire, c'est une autre affaire. Je pose ces questions, si vous
voulez.
Le Président (M. Champagne): Posez vos questions.
M. Scowen: Excusez-moi, mais je pense que j'ai droit à
vingt minutes pour mes questions.
Le Président (M. Champagne): Non, non, ce n'est pas cela.
Mais quelle est votre question? Vous dites que vous avez posé une
question, mais il y avait deux ou trois intervenants. Quelle est votre
question, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Je ne suis pas certain d'être obligé de
clarifier mes questions à la demande du président, mais je vais
le faire quand même.
Le Président (M. Champagne): Mais si personne ne comprend
la question.
M. Garon: Ce n'est pas grave.
Une voix: De toute façon, on ne comprendrait pas la
réponse.
M. Gagnon: De toute façon, quelle est question qu'il
voulait poser?
Une voix: II sait ce qui l'attend.
Une voix: II ne se souvient plus de sa question, mais on peut lui
donner une réponse quand même.
M. Garon: Je pourrais lui dire, par exemple, d'être
cohérent.
M. Scowen: Non, non.
M. Garon: Dites-moi en quoi on est moins responsable avec 36% des
actions dans Culinar qu'on ne l'est avec 33% dans Sodispro?
M. Scowen: Vous allez voir.
M. Garon: À 33% dans Sodispro, il semble qu'on est
responsable de tout, mais à 36% dans Culinar, on n'est responsable de
rien.
M. Dubois: Ce n'est pas 33, c'est 50, M. le ministre.
M. Scowen: À la fin de mes vingt minutes, entre la 18e et
la 20e minute, je vais résumer avec quelques questions précises.
D'abord, je veux vous situer dans le cadre de ma pensée.
M. Garon: Ouais! cela va être quelque chose.
Une voix: Ah! Ce n'est pas facile.
M. Scowen: Non.
M. Garon: Cela va être flou.
M. Scowen: On a une société, SOQUIA, qui avait des
objectifs, que j'ai définis et je ne vais pas les répéter,
mais, effectivement, il s'agit d'aider le développement des petites et
moyennes entreprises et parfois des grandes qui agissent dans le domaine
agro-alimentaire. Je pense que j'ai d'abord fait la démonstration que
tous ou plus que tous les profits de cette société, SOQUIA,
jusqu'ici, découlent de deux compagnies qui n'ont rien à faire
avec le développement agroalimentaire, mais qui sont deux
sociétés...
M. Garon: Aie! Aiel C'est directement relié...
M. Scowen: Si vous voulez...
Le Président (M. Champagne): S'il vous plaît!
À l'ordre! La parole est au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Oui. Merci beaucoup. Surtout que mes vingt minutes
s'écoulent.
Le Président (M. Champagne): Oui, d'accord.
M. Scowen: Le centre des médicaments
vétérinaires existait déjà, on crée une
société pour le développement agro-alimentaire et on les
met l'une dans l'autre pour que la deuxième fasse quelques profits. Je
pense qu'il est difficile de dire que c'est une façon de respecter le
mandat de développer l'industrie agro-alimentaire au Québec.
L'affaire existait déjà. Quant à moi, la distribution des
médicaments n'appartient pas au domaine agro-alimentaire.
Peut-être pouvez-vous avoir une autre opinion et vous avez aussi droit
à vingt minutes pour l'expliquer. Je continue. C'est un peu la
même chose dans le domaine de l'insémination artificielle.
Troisièmement, pour les bleuets, je suis d'accord que c'est une affaire
qui...
M. Garon: Les quoi?
M. Scowen: De Saint-Bruno. M. Garon: Les quoi?
M. Scowen: Saint-Bruno, c'est une filiale qui est dans le domaine
agroalimentaire, quant à moi.
M. Garon: Les pommes?
M. Scowen: Les bleuets. Tous les profits et plus que tous les
profits, jusqu'ici, ont découlé des deux compagnies que j'ai
mentionnées, et ont pour effet de cacher dans la totalité de
l'affaire le fait que, dans le vrai domaine où vous devez vous
intéresser, quant à moi, s'il existe une raison d'être pour
la société, vous avez fait des pertes de 650 000 $. Quand je
demande quel est le rôle de Culinar dans ces 650 000 $, il est possible
de prétendre que le rôle de SOQUIA est d'investir dans des
compagnies comme Culinar. Si oui, j'aimerais avoir un peu d'explications. Si
vous enlevez les résultats de Culinar et que vous regardez seulement les
résultats de ce que vous avez fait dans les PME agro-alimentaires au
Québec, vous êtes obligé de constater que c'est la
catastrophe, le désastre, le désordre, la confusion et
l'incohérence.
Maintenant, vous n'êtes même pas capable, si vous vous
souvenez, M. le ministre, de nous expliquer comment les coûts
d'administration ont augmenté de 70% dans un an. Seulement un exemple,
j'ai vu pareille affaire pendant les années soixante. Il y avait la
Société générale de financement...
Le Président (M. Champagne): S'il vous plaît! On se
fait déranger par certains intervenants, pendant que M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce fait son exposé.
D'accord?
M. LeMay: C'est parce qu'il a dit qu'il allait résumer
à la 18e minute. On attend le résumé.
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaîtl M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Garon: Cela faisait longtemps qu'il faisait l'inverse. Il
posait des questions précises pendant deux minutes, puis il les
expliquait pendant dix-huit minutes. Là, on ne sait pas où il
s'en va.
M. Scowen: Si vous aviez la politesse élémentaire
de m'écouter, M. le ministre, vous constateriez - et vous allez le
constater, demain dans le journal des Débats - que les questions que je
pose, même si je les pose de façon détendue et
légère, sont très sérieuses parce qu'il s'agit du
mandat ou de la mission d'une société qui a déjà
avalé une dizaine de millions de dollars des contribuables et au
bénéfice de laquelle vous demandez l'approbation pour investir
encore 40 000 000 $. Alors, c'est sérieux. Si vous
préférez une façon plus sérieuse de
présenter mes questions, je vais arrêter de sourire en
parlant.
M. Garon: Cela ne paraîtra pas.
M. Scowen: Dans les années soixante, on a
créé une société qui s'appelle la
Société générale de financement. Quant à
moi, c'était à peu près la même chose, on a
décidé de se lancer dans le développement industriel en
général. Étant donné que la SGF n'avait pas
d'orientations très précises, on a commencé à
investir d'une façon importante dans toutes sortes de choses plus ou
moins rentables où les propriétaires risquaient de faire
faillite, où d'autres risquaient de vendre leurs actions à des
multinationales étrangères, ou encore pour toute autre
raison.
À la fin des années soixante, début des
années soixante-dix, on voyait que ça ne fonctionnait pas du tout
parce que le mandat n'était pas assez précis, que
l'administration n'était pas suffisamment compétente, que la SGF
avait acheté beaucoup de choses qu'elle n'aurait pas dû, qu'elle
n'avait pas d'orientations. Par la suite, des correctifs ont été
apportés par certaines personnes et, finalement, M. Guy Coulombe est
arrivé; il a mis un peu d'ordre dans la boîte et, aujourd'hui, on
est capable de comprendre ce qui se passe à la SGF. On est capable de la
critiquer, de la féliciter et au moins on a une idée de ce qu'ils
font.
Malheureusement, M. Coulombe n'est pas encore arrivé à
SOQUIP. Je suis certain que, s'il y vient un jour, il fera un nettoyage
très impressionnant. Pour le moment, on est avec d'autres personnes qui
sont probablement aussi compétentes, mais qui, jusqu'à
maintenant, n'ont pas démontré leur capacité de concevoir
quelque chose d'un peu plus précis que le bordel - allez voir à
la page 10 du rapport annuel - où on trouve des intérêts
dans la charcuterie française, les pâtisseries, le cidre, les
fabricants de pizza, le crabe des neiges, les crevettes, les aliments pour
chiens et chats, le lactosérum et les pâtisseries de pommes.
Qu'est-ce qui lie tout cela? C'est simplement qu'il y avait des
compagnies en difficulté dans le comté de Vaudreuil-Soulanges ou
quelque part et on est venu à leur rescousse. C'est exactement la
même situation, les mêmes événements qui ont
malheureusement créé cette malheureuse expérience qu'a
été la SGF.
Quant à moi, on est dix ans en retard dans notre façon de
concevoir et d'encadrer cette société. Je soulève ce point
parce que
c'est un tournant dans l'évolution de cette
société. Vous voulez doubler les parts sociales de la
société.
En 1978, on était un peu dans la même situation quand
Marine Industrie risquait de faire faillite. À la dernière
minute, le président de la SGF, qui en est le propriétaire, est
venu à l'Assemblée nationale et il voulait de l'argent. M.
Coulombe, le président, a dit: Écoutez, je vous promets que je
vais m'occuper de certains secteurs bien définis. Je vais m'occuper de
l'hydraulique, du pétrochimique et des pâtes et papiers et, si je
veux aller dans les autres domaines, je m'engage à venir devant
l'Assemblée nationale avec un raisonnement pour expliquer pourquoi on
doit maintenant s'installer dans la biotechnologie, l'aluminerie ou d'autres
secteurs. Il a rendu l'affaire un peu cohérente. Il avait aussi la
maîtrise du dossier. (22 h 15)
Je vois qu'il se passe quelque chose ici dans le dossier. Vous avez
proposé de créer deux filiales: une qui s'occupera des
pêches commerciales et l'autre qui s'occupera des biotechnologies
agro-alimentaires. Les sommes qui seront versées dans chacun de ces
secteurs sont précisées. Quel est le troisième secteur?
À moins que je ne comprenne mal, le troisième secteur, c'est tout
le reste. Je dois vous dire que je n'aime pas cela. Si vous voulez me dire que
les bleuets, la pizza, le cidre, les aliments pour les chiens et les chats, les
médicaments vétérinaires, la chose artificielle dont je ne
me souviens pas du nom, font tous partie de quelque chose qu'on appelle
l'agro-alimentaire et qu'on doit laisser les dirigeants de l'entreprise
investir un peu ici et un peu là, je ne suis pas d'accord. C'est une
autre manifestation de notre manque d'audace, de notre manque de
priorités. Quand vous avez 25 priorités, vous n'avez aucune
priorité. C'est un manque de rigueur dans la conception de la
société. Ce manque de rigueur quant aux secteurs ou aux objectifs
de la société est pour moi, tout simplement, une évidence
prima facie qu'on se retrouvera devant des pertes continuelles parce que les
décisions sont prises quant à l'investissement en fonction de
rien du tout.
Le Président (M. Champagne): M. le député,
il vous reste deux minutes.
M. Scowen: Deux minutes.
Le Président (M. Champagne): Oui, deux minutes sur vos
vingt minutes.
M. Scowen: D'accord. Je pose les questions suivantes au
ministre.
M. Garon: Vous allez avoir une réponse foudroyante.
M. Mathieu: II nous prépare une catapulte.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À la condition que vous
ne puisiez pas votre vocabulaire dans les bols de toilette ou les urinoirs
comme notre premier ministre, ce sera parfait.
Le Président (M. Champagne): Pouvez-vous poser votre
question, M. le député?
M. Scowen: Premièrement, est-ce que c'est vrai que la
totalité des profits de cette société jusqu'à
maintenant est venue du Centre de distribution de médicaments
vétérinaires et du Centre d'insémination artificielle du
Québec? Sinon, quel pourcentage est venu de ces deux organisations?
Deuxièmement, est-il vrai qu'à peu près 25% ou 35%
des profits sur le total des compagnies associées sont venus de Culinar
et que les autres sociétés que vous avez aidées
directement et que vous avez essayé de stimuler n'ont fait que des
pertes depuis le début de la société?
Troisièmement, quel est le secteur que vous voulez définir
pour les activités de la troisième partie de cette
société qui ne sera pas la partie des pêches, ni la partie
des biotechnologies agro-alimentaires?
Quatrièmement, avez-vous aujourd'hui un plan d'intervention pour
assurer que les investissements que vous cherchez seront des investissements
rentables à moyen terme, objectif que vous avez dit vous-même
partager avec moi comme un critère absolu pour la
société?
En terminant, comment pouvez-vous démontrer à mes
collègues et à vos collègues, qui sont aussi des
contribuables, que les fonds qu'on va ajouter la semaine prochaine au fonds
social de cette société ne seront pas perdus de la même
façon que les 10 000 000 $, soit presque la moitié des fonds
sociaux, qu'on a déjà versés dans cette
société ont déjà été perdus?
Ce sont mes cinq questions. Je pense que j'ai bien résumé
cela dans les deux dernières minutes. J'attends que le ministre nous
donne les réponses. Une dernière: Est-ce que vous pouvez nous
démontrer que cette société, dans ses interventions, va
faire quelque chose que les entrepreneurs québécois très
forts et très compétents ne sont pas capables de faire
eux-mêmes aujourd'hui?
Le Président (M. Champagne): M. le ministre, à vous
la parole.
M. Garon: M. le Président, le député de
Notre-Dame-de-Grâce aurait épargné du temps s'il avait lu
la loi sur SOQUIA. Il aurait vu SOQUIA qui a deux mandats. Il y a
deux objets prévus dans la loi à l'article 3 qui dit: "La
Société a pour objets: a) de favoriser l'implantation, la
modernisation, l'expansion, le développement, la consolidation ou le
regroupement des industries du secteur alimentaire; b) de participer ou
d'intervenir dans la production, la transformation, le conditionnement et la
commercialisation de tout produit relié au secteur agricole ou
alimentaire ou aux pêcheries commerciales."
Donc, c'est tout produit relié au secteur agricole.
Jusqu'à nouvelle information, la congélation des bleuets, c'est
relié à l'agriculture; la distribution des médicaments
vétérinaires, c'est relié à l'agriculture, à
tel point qu'il s'agit essentiellement d'activités qui ont
démarré au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. L'insémination artificielle aussi est
reliée à l'agriculture. Là encore, il s'agit
d'activités qui relèvent du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
Comme vous le savez, l'insémination artificielle a
été instaurée sous le régime de M. Duplessis, en
1948, puisqu'on fête cette année son 35ème anniversaire.
Cela a toujours été administré par le ministère. On
a dit: Maintenant que l'insémination artificielle a pris son rythme de
croisière, cette entreprise - puisqu'il s'agit d'une entreprise - avec
tant de têtes de bétail devra être administrée comme
une entreprise. Elle devra assumer ses frais puisqu'elle a atteint un rythme de
croisière. La preuve en est que l'entreprise, qui ne pouvait assumer ses
frais la première année alors qu'elle était au
ministère, puisqu'elle était administrée comme un service
sans perspective de rentabilité ou sans recherche de rentabilité,
fait des profits actuellement. Elle en fera plus dans l'avenir puisqu'on va
pouvoir commercialiser davantage directement ce qu'on commercialise souvent par
des intermédiaires ou des agences actuellement.
Le centre de distribution de médicaments
vétérinaires, qui subissait des pertes au ministère, fait
maintenant des profits d'une année à l'autre. Le centre de
congélation de Saint-Bruno fait, à ce qu'on me dit, pour
l'année 1982-1983, également des profits. Cela va paraître
dans le prochain rapport annuel qui va sortir. Donc, les trois filiales
à 100% de SOQUIA, qui étaient des services assumés par le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
sont administrées comme trois corporations différentes, trois
sociétés différentes, filiales à 100%, et font
toutes les trois des bénéfices. Dans le cadre de ces
activités, il y a de fortes chances que des activités se greffent
autour de chacun de ces trois réseaux, filiales de SOQUIA, comme la
congélation à Saint-Bruno, l'insémination artificielle et
la distribution de médicaments vétérinaires. Voilà
pour la première partie de la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Deuxièmement, l'analyse de SOQUIA. Là-dessus, le
député, à mon avis, ne fait pas une bonne analyse parce
qu'on ne peut pas analyser le bilan d'une société de
développement comme celui d'une compagnie de gestion. C'est le jour et
la nuit. SOQUIA a été conçue - peut-être pas
conçue - en tout cas, a commencé à fonctionner comme une
société de développement. À cet égard, il
faudrait la comparer à d'autres sociétés de
développement. C'est ce que je vais faire, M. le Président.
Donc, pour bien évaluer la performance de SOQUIA, il convient
également de la comparer à celle des autres organismes publics ou
privés qui ont un mandat de développement industriel par le biais
d'investissements en capital de risque. Il faut, évidemment, exclure de
ce groupe les institutions qui sont à la recherche de placements dans
des entreprises performantes et bien structurées dans l'unique but de
maximiser le rendement sur le capital investi.
La tenue, les 26 et 27 mai derniers, à Montréal, du
congrès de l'Association canadienne des sociétés
d'investissement en capital de risque - je souhaite que le Parti libéral
ait été représenté lors de ce congrès;
puisqu'il s'intéresse au développement économique, il
devrait assister au congrès qui concerne l'Association canadienne des
sociétés d'investissement en capital de risque a fourni,
justement, cette occasion d'entendre les points de vue des autres investisseurs
et de comparer les performances de chacun.
Cette association regroupe une trentaine d'organismes privés ou
publics qui font, sur une base régulière ou occasionnelle, de
l'investissement en capital de risque. À cette occasion, un consensus
fut établi sur le fait que, sur dix placements dans des entreprises en
développement, cinq se termineront par une perte sèche, trois
réussiront à survivre tant bien que mal et deux seulement
connaîtront un véritable succès. Cette situation
paraît normale et le jeu en vaudra la chandelle si les deux placements
à succès offrent un retour sur investissement suffisant pour
compenser les pertes encourues dans les autres et permettre un profit.
Ceci a également fait dire à plusieurs participants qu'il
est impossible de rentabiliser les opérations d'une
société de capital de risque ayant un mandat de
développement industriel, si celle-ci doit financer ses
opérations avec du capital emprunté. Ces sociétés
doivent, de toute évidence, financer leurs opérations à
même des souscriptions en actions, sinon les
obligations financières auxquelles elles ont à faire face
excèdent considérablement les revenus pendant les
premières années.
Quelques exemples seront utiles pour vérifier ces assertions.
Prenons, d'abord, la Banque fédérale de développement.
C'est un organisme, dont je suis persuadé qu'il aura toute la
crédibilité voulue auprès de l'Opposition. La Banque
fédérale de développement se présente comme le plus
important pourvoyeur de capitaux de risque au Canada. Cette banque
gouvernementale, qui s'appuie sur un réseau de 100 succursales
disséminées partout au Canada, a effectué, au cours des
cinq dernières années, 327 placements.
M. Scowen: SOQUIA est une banque...
M. Garon: Attendez un peu! Non, mais il y a 1b volet du placement
de risque. Donc, 327 placements qui totalisent 70 547 000 $. La valeur
comptable de ces placements, au 31 mars 1982, selon son propre rapport annuel,
n'était cependant que de 26 583 000 $. De 70 547 000 $ à 26 583
000 $, selon son propre rapport annuel. Sans connaître à fond les
mécanismes comptables utilisés par celle-ci, il est raisonnable
de croire que la perte moyenne des valeurs de ces investissements fut de plus
de 50%.
Prenons maintenant l'exemple d'une SODEQ, la SODEQ Beauce-Appalaches,
qui est généralement considérée comme la plus
performante des douze sociétés de développement des
entreprises québécoises créées selon la loi du
gouvernement du Québec. Au 30 septembre 1982, le rapport annuel de cette
SODEQ fait état de 18 investissements consentis depuis le début
de cette société, dont cinq furent radiés depuis.
M. Scowen: Je n'attendais pas de réponse.
M. Garon: La perte de valeur du portefeuille de placements
était de 38%. Ces exemples ne furent pas choisis parce qu'ils
constituent des cas extrêmes, mais plutôt pour démontrer
l'ampleur des difficultés éprouvées par les
sociétés d'investissement. En effet, notre liste d'exemples
pourrait s'allonger de quelques autres institutions si nous pouvions compter
sur des données financières fiables. Nous demeurons convaincus
que ces résultats auraient été du même type.
La performance de SOQUIA peut se comparer à celle de ces genres
de sociétés de développement. Au cours des cinq
dernières années, la société a effectué des
placements totalisant 43 000 000 $, dont la valeur s'établissait
à 32 226 000 $ au 31 mars 1982. Le total des pertes et de la
dévaluation des placements a donc été inférieur
à 25%. C'est un rendement beaucoup plus fort que celui de la Banque
fédérale de développement pour le même genre
d'opérations. En outre, SOQUIA était en mesure d'autofinancer ses
opérations à même les revenus de placements sous forme
d'intérêts-dividendes. Cette performance peut, il est vrai,
s'expliquer par le fait que, contrairement aux autres sociétés
d'État d'investissement qui évoluent dans tous les secteurs
d'activité, SOQUIA limite ses interventions au secteur agro-alimentaire,
ce qui lui permet de développer plus facilement une expertise. Il
convient également de mentionner que le secteur agro-alimentaire a
été moins affecté que d'autres secteurs économiques
par la récession au cours des dernières années.
Je ne voudrais pas aller trop loin, mais je voudrais continuer encore un
peu pour donner une meilleure explication. (22 h 30)
Une voix: Pourquoi ne pas répondre?
M. Garon: Je réponds exactement à cela. Une
évaluation des performances - qui potest capere capiat - doit
également être interprétée en fonction des
méthodes comptables utilisées pour la quantifier. Dans le cas de
SOQUIA, tous les placements sont montrés au bilan à leur
coût d'acquisition. Ce montant est annuellement diminué des pertes
encourues au cours de l'année et d'une provision pour pertes qui
s'établit après une évaluation de chaque dossier en
fonction des pertes éventuelles. Même s'il s'agit de la seule
méthode comptable utilisable dans les circonstances, nous devons
admettre qu'elle ne rend pas parfaitement justice à la
société car elle n'inclut pas la plus-value des placements qui
vont bien.
Ainsi, un placement comme celui détenu par SOQUIA dans Culinar
est montré à son coût d'acquisition de 10 000 000 $,
même si cette entreprise a connu une croissance intéressante au
cours des dernières années et que la valeur marchande de ses
actions a presque doublé. Ce profit potentiel, la société
ne l'inscrit pas à ses livres; elle ne l'inscrira à ses livres
que si elle vend son placement. Il en sera de même pour les actions que
détient SOQUIA dans des entreprises comme Nutribec, Cidrerie du
Québec, Snyder, etc., qui ont toutes une valeur aux livres
supérieure au prix payé par SOQUIA, mais qui ne sont pas
reflétées dans les bilans de SOQUIA qui est une
société de développement. Par ailleurs, les pertes ou les
pertes potentielles apparaissent immédiatement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un principe comptable.
Cela s'appelle être conservateur, M. le ministre; ce n'est pas une
invention de SOQUIA.
Le Président (M. Champagne): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Une entreprise comme celle-là, il est
évident qu'on ne peut pas l'évaluer sur un, deux ou trois
placements, parce qu'il s'agit de placements qui sont à peu près
tous des placements de risque. Mais les placements qui réussiront
doivent compenser les placements qui ne réussiront pas. C'est sur cette
base-là, je pense, qu'il faut l'analyser parce qu'on sait bien que, sur
un certain nombre de placements effectués, les risques étaient
considérables. Je mentionnais trois abattoirs régionaux où
les risques étaient considérables et où les banques
n'investiraient pas. Il y a seulement une société de
développement pour des fins de développement régional qui
va accepter d'investir dans une entreprise comme celle-là. Si c'est un
succès, ça va avoir assuré du développement
économique; si c'est un échec, les gens qui étaient
là auront trouvé de l'emploi et cela a souvent coûté
beaucoup moins cher au gouvernement que d'avoir gardé les gens sur
l'aide sociale. En termes de coûts économiques et de coûts
sociaux, avoir maintenu dans des endroits des entreprises qui n'auraient pas
fonctionné, cela donne au bout de la course, un rendement
socio-économique.
Dans le cas en question, on ne peut pas facilement évaluer,
après un si faible nombre d'années, les activités de
l'entreprise. Dans un précédent discours de deuxième
lecture, je mentionnais comme exemple la fromagerie de Corneville. Elle
n'aurait jamais démarré si SOQUIA n'était pas intervenue
dans la fromagerie de Corneville. Les gens, en cours de route, ont connu des
difficultés sur le plan technique. Ils ont vendu l'entreprise à
une autre entreprise, et SOQUIA est sortie de l'entreprise puisque les
acheteurs avaient, en grande partie, une participation étrangère
et que la participation de SOQUIA n'était pas vraiment
nécessaire. Nous avons donc demandé qu'ils nous rachètent
en même temps. Aujourd'hui, grâce à cette action, il y a
tant de millions de livres de fromage brie ou camembert qui sont
fabriqués au Québec, alors qu'ils étaient auparavant
importés. C'est le genre d'activité qui fait que, si vous
regardez la comptabilité, vous verrez peut-être, au point de vue
de la vente des actifs, un surplus d'environ 50 000 $. C'est aujourd'hui une
entreprise qui engage beaucoup d'employés et qui fabrique, avec une
valeur ajoutée de tant par année, dans la région de
Saint-Hyacinthe.
Concernant les profits ou les pertes des filiales, les
bénéfices nets des filiales étaient de 359 000 $ en 1982,
et les dividendes se chiffraient à 1 144 000 $. On ne peut pas dire que
les filiales sont la vache à lait de SOQUIA. Si vous regardez les
revenus totaux de Culinar, 535 000 $, et CDMV, 47 000 $, cela fait 582 000 $
sur des revenus totaux de 4 286 000 $. Les deux revenus de Culinar et CDMV
représentent 14,4%. Vous ne pouvez pas dire, à ce moment, que,
s'il n'y avait pas eu Culinar, SOQUIA n'aurait pas existé. Il faut
regarder les différents types de revenus. Il y a des
intérêts sur des prêts d'actionnaires qui ont
rapporté 2 773 000 $, des dividendes qui ont rapporté 1 144 000
$, des bénéfices nets des filiales, qui ont été 359
000 $. On va arriver à un profit total de 4 286 000 $, mais il y a des
entreprises qui, là-dedans, n'ont pas fait d'argent. Le rôle d'une
société de développement, c'est justement de mettre en
place des entreprises qui vont éventuellement payer des dividendes. Il y
en a un certain nombre qui n'en paient pas. Il y en a qui n'en paieront
jamais.
M. Scowen: Si vous continuez... M. Garon: Je n'ai pas
terminé.
Le Président (M. Champagne): II vous reste cinq
minutes.
M. Garon: Maintenant, on dit: Dans quels secteurs va-t-on
connaître le développement, au cours des prochaines années,
si on exclut les pêches et les biotechnologies? Dans le secteur des
pêches où les activités ont commencé, elles se sont
développées graduellement. Il y a des pôles de
développement que le député de Notre-Dame-de-Grâce
n'a pas semblé souligner, comme le pôle de développement
qui a été dans le secteur des moulées ou des
suppléments. Il y a trois entreprises dans le secteur des moulées
balancées. Dans le secteur de la nourriture, dans le secteur des
céréales pour alimentation animale, il y a un volet de
développement clairement identifié. Le secteur des viandes est un
secteur pleinement identifié, qu'il s'agisse d'abattoirs, de charcuterie
ou de l'utilisation des viandes. Si vous regardez les différents types
d'entreprises dans lesquelles a participé SOQUIA, vous trouvez
différentes utilisations pour les viandes, soit l'abattage, soit la
découpe ou la charcuterie qui sont tous des produits au niveau de
l'utilisation des viandes, de la valeur ajoutée aux viandes.
M. Scowen: Auriez-vous l'obligeance de préciser le montant
de l'investissement pour chacune de ces compagnies associées? Est-ce que
vous avez des objections? Le montant de l'investissement? Vous avez dit que,
dans le cas de Culinar, c'est 9 000 000 $. Est-ce qu'on peut avoir les
chiffres?
M. Garon: Je ne veux pas donner la valeur du capital-actions de
chacune des entreprises volontairement.
M. Scowen: Non. L'investissement que vous avez fait.
M. Garon: C'est pour cela que, chaque fois qu'on a émis
des communiqués de presse, on a toujours groupé le
capital-actions et les prêts d'actionnaires.
M. Scowen: Peut-on avoir un résumé de tout cela?
J'imagine que le montant investi en capital-actions et en placements par
compagnie n'est pas confidentiel.
M. Garon: Culinar, c'est public.
M. Scowen: Pour chacune, il ne doit pas y avoir d'objection.
M. Garon: Les autres sont des compagnies privées pour la
plupart.
M. Houde: Le Québec n'est quand même pas une
compagnie privée.
M. Scowen: Mais l'investisseur est une compagnie publique.
M. Houde: Celle-là, je la connais assez bien.
M. Garon: Oui. On ne veut quand même pas rendre publics les
comptes des compagnies privées qui font affaires avec SOQUIA. Je termine
mon exposé. Attendez votre tour. Je ne vous ai pas interrompu.
Le Président (M. Champagne): Un instant, les 20 minutes ne
sont pas écoulées.
M. Garon: J'ai parlé du secteur des viandes et des
céréales pour alimentation animale. Le secteur de l'horticulture
se développera aussi au cours des prochaines années. C'est
déjà commencé avec Snyder. Quand j'ai parlé,
tantôt, de céréales, avec Snyder, il y a d'autres
traitements envisagés, d'autres perspectives sont envisagées au
point de vue de l'horticulture. Je pourrais en indiquer un, par exemple;
tantôt, j'en ai dit un mot. La croissance du secteur des endives au
Québec va justifier un développement dans ce domaine. Les
transactions ne sont pas encore complétées. Je ne voudrais pas en
dire plus avant que la transaction soit complétée. Le secteur de
l'horticulture est un domaine où une percée va être faite.
Maintenant, il n'est pas impossible qu'il y ait des actions dues à
l'initiative des gens de milieu dans des projets qui sont intéressants
et que SOQUIA apporte sa contribution.
Le Président (M. Champagne): S'il vous plaît, M. le
ministre, rapidement pour terminer les 20 minutes.
M. Garon: Est-ce que SOQUIA va avoir le rôle de leadership
ou va venir appuyer des projets du secteur? Je dirais qu'il va y avoir les deux
cas. Il va y avoir des cas où l'initiative va venir du milieu en
souhaitant la collaboration ou la participation de SOQUIA et il y a d'autres
cas où SOQUIA va jouer le rôle moteur. J'ai indiqué, dans
le cas, par exemple, d'une usine éventuellement à Blanc-Sablon
pour traiter le poisson ou un séchoir, que SOQUIA sera appelée
à jouer le rôle moteur avec une participation locale qui est
d'ailleurs désirée. Les gens localement souhaitent qu'il y ait
une entreprise sur place qui vienne ajouter une valeur au poisson qu'ils
pèchent. Dans ce cas, il s'agira d'un rôle moteur, un rôle
de catalyseur, de regroupeur, d'assembleur pour faire en sorte que les
énergies régionales se concrétisent dans un projet.
Le Président (M. Champagne): Merci beaucoup, M. le
ministre.
Est-ce que l'article 2 est adopté?
M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Scowen: Est-ce que je peux demander au ministre, parce que je
pense qu'il n'a pas répondu, s'il a objection à nous fournir la
valeur de l'investissement en placements ou de toutes sortes dans chacune des
compagnies pour nous donner une idée de l'importance de l'implication
dans chacun de ces secteurs? La valeur de l'investissement initial? C'est
très difficile à comprendre ce qui se passe avec les
pourcentages. Je crois que la population aimerait beaucoup savoir combien elle
a investi de ses fonds - ce ne sont pas les fonds du ministre - dans le domaine
de la pizza et dans le cidre. Est-ce qu'il a une objection à nous
fournir ces informations?
M. Garon: Je ne suis pas capable de vous donner une
réponse immédiatement parce que je veux regarder les
conséquences qu'il peut y avoir à cela. Vous savez, dans le
domaine alimentaire, on peut dire qu'on investit dans le domaine de la pizza.
Que voulez-vous? Je trouve cela aussi digne d'investir dans ce domaine que dans
les essieux.
M. Scowen: Je n'ai rien contre cela; je veux savoir combien,
c'est tout.
M. Garon: Je vous vois revenir toujours sur la pizza. Que
voulez-vous? Les gens mangent de la pizza.
M. Mathieu: Vous, vous en mangez?
M. Garon: Aimeriez-vous mieux qu'on investisse dans des choses
que le gens ne mangent pas?
M. Scowen: Je veux avoir une idée de vos priorités.
Ce n'est pas difficile. C'est clair que l'investissement dans Culinar, ce n'est
pas la même chose que l'investissement dans...
M. Garon: C'est-à-dire que Culinar est justement
aussi...
M. Mathieu: Ils sont dans le spaghetti.
M. Garon: Ils sont dans le spaghetti, Culinar.
M. Scowen: Je n'ai rien contre le spaghetti. Je veux simplement
vous demander combien vous avez investi dans chacun de ces secteurs et dans
chacune des compagnies.
M. Garon: II faut être un peu plus prudent dans le
dévoilement des entreprises. On fonctionne avec ces entreprises un peu
avec une certaine confidentialité. S'il faut rendre cela public -
d'autant plus que vous savez le pourcentage d'actions qu'on a pris dans
l'entreprise - s'il faut dire à quel prix on les a achetées par
exemple, là, on révèle un peu le bilan de l'entreprise. Ce
sont pour la plupart des entreprises privées; ce ne sont pas des
entreprises publiques. De la même façon que la Banque
fédérale de développement ne vous dirait pas sur la place
publique quel est votre compte en banque, quel est votre fonctionnement
interne, je ne pense pas qu'on puisse dans ces cas, d'une façon
générale, donner tout le portrait de chacune des entreprises.
M. Scowen: S'ils acceptent un investissement des fonds publics,
j'avais pensé qu'ils accepteraient que le public ait le droit de savoir
combien ils ont investi.
M. Garon: Non, il y a des données regroupées. Quand
vous avez les données de la Caisse de dépôt, vous avez des
données regroupées, vous n'avez pas les données qui
permettent d'identifier chacune des entreprises normalement.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges. (22 h 45)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a la liste des quelque 225
compagnies publiques dans lesquelles on sait exactement le nombre d'actions
qu'elles ont et la valeur de réalisation. Je vais admettre avec vous
qu'on n'a pas la valeur originale, d'une part. La suggestion additionnelle que
je ferais peut-être, c'est celle-ci. Vous prétendez que vous
pouvez regrouper les produits horticoles, les aliments transformés et
les autres; les légumes congelés, c'est de l'horticulture. Le
crabe des neiges, on mettrait cela dans les aliments transformés,
à la rigueur, à moins qu'on ne retrouve cela dans les
pêcheries ou...
Dans ce sens, cela nous permettrait de voir - pour me rapprocher de ce
que mon collègue disait - quels sont vos véritables secteurs
d'intervention et comment vous encadrez cela. Si on a une importante
catégorie Divers, ce qu'on soupçonne comme étant
susceptible de se multiplier ou de s'agrandir, on va le voir tout de suite s'il
n'y a pas un regroupement logique. On peut bien dire: On est dans
l'horticulture, parce qu'on a des légumes congelés; on les
déshydrate aussi et on vend des semences à la rigueur, on fait de
la pâtisserie avec des pommes.
M. Garon: Vous avez la ventilation à la page 8.
M. Scowen: Par secteur.
M. Garon: Dans secteur d'activités. Au sujet de la
participation financière de SOQUIA, c'est classé selon le secteur
d'activités. Vous voyez notre intérêt pour le domaine des
viandes, des céréales, des fruits et légumes et des
produits laitiers.
M. Scowen: Lequel des secteurs parmi ces six domaines allez-vous
favoriser?
M. Garon: Je vous l'ai dit tantôt, je viens juste de vous
le dire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a "Autres": 1 600 000 $,
c'est cela, 15% et 16%, c'est dans Autres. Ce n'est pas nécessairement
petit.
M. Garon: II y a plusieurs choses.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, oui. C'était 1 900
000 $ l'année d'avant. Cela me semble une perte de 300 000 $, à
moins que vous n'en ayez vendu. Je n'ai pas entendu dire que vous ayez vendu
à droite et à gauche un tas de choses, quoiqu'il y avait quelque
8 000 000 $ deux ans avant. Il y a un changement considérable quelque
part. Il faudrait voir...
M. Garon: Ah! Ce sont les investissements chaque
année.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. L'évolution de la
participation.
M. Garon: Le total n'est pas indiqué.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était le genre de renseignements qu'on
cherchait. Vous prétendez vous comparer à des
sociétés d'investissement et de développement, etc.; SODEQ
n'est pas propriétaire de deux cartels comme l'insémination
artificielle et les médicaments vétérinaires, de
même que de la congélation des bleuets. Ce n'est pas courant.
C'est une grosse installation. Il n'y a pas beaucoup de concurrence. C'est
peut-être rentable; il y a peut-être eu une bonne récolte
aussi cette année-là, la meilleure récolte depuis 1966 ou
je ne sais quoi. Cela aide beaucoup à rentabiliser cette
année-là, c'est évident.
Dire qu'il y en a cinq qui vont faire patate, trois qui seront comme
cela et deux qui sont tellement rentables que cela va couvrir les pertes...
M. Garon: Ce n'est pas ce que je dis, je dis que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...ce n'est pas comparable.
Vous ne comparez pas dix investissements de même nature ou au même
stade de développement. Vous dites: Oui, mais c'est un volet. L'autre
volet, c'est Culinar. Trouvez-moi une société de "venture
capital" qui est dans des "blue chips". Par définition, elle ne sera pas
dans Culinar. Par définition, les sociétés auxquelles vous
prétendez vous comparer ne sont ni dans Culinar, ni dans Bell Canada,
dans rien de cela.
M. Garon: Non, non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, l'argument de mon
collègue, c'est que vous êtes dans des choses où c'est
rentable. Cela ne peut pas faire autrement, soit que c'est une grosse compagnie
bien établie, soit que vous participiez ou que vous ne participiez pas
à la gestion du conseil d'administration. Cela n'a rien à voir,
en réalité, avec les objectifs de la société, d'une
part, quand on regarde Culinar. Dans ce que j'appelle les deux monopoles, les
médicaments vétérinaires et le centre
d'insémination artificielle, je ne vois pas grand concurrence non plus,
n'est-ce pas?
M. Garon: Non, sauf...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et vous n'êtes pas du
"venture capital" en rapatriant à l'intérieur du cadre de SOQUIA
des choses qui existaient depuis des années au ministère.
M. Garon: Non, sauf que dans le cas du Centre de distribution de
médicaments vétérinaires il y a un "mark-up" maximal de
12% qui est autorisé par le ministre. On a déjà
demandé une augmentation additionnelle que j'ai refusée. J'ai
demandé, au contraire, d'être plus efficace, parce que je calcule
qu'on essaie de fournir par ce Centre de distribution des médicaments
vétérinaires les médicaments au meilleur coût
possible parce que les vétérinaires eux-mêmes...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Aux producteurs.
M. Garon: ...ne peuvent pas facturer un "mark-up" pour un montant
plus élevé que le pourcentage marqué quand ils revendent
le produit aux agriculteurs. Le Centre de distribution des médicaments
vétérinaires a été conçu aussi, en partie,
comme un service aux agriculteurs. Il ne peut pas faire tous les profits qu'il
voudrait. C'est la même chose pour l'insémination artificielle. La
liste de prix doit être approuvée par le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, parce qu'on est
conscient qu'il s'agit d'un monopole et que, ayant un monopole, si on pouvait
exiger n'importe quel prix, ce ne serait pas juste. Comme c'est un service, le
service est mieux offert de cette façon et, en même temps, il y a
un contrôle sur les prix pour que ce soit équitable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous n'êtes pas à
la veille de demander un prix qui vous assurera une perte, de toute
façon.
M. Garon: Le premier prix n'a pas été très
élevé. C'était un prix qui était abordable. On
demande bien moins cher que le député de Berthier quand il fait
du commerce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous n'en savez rien. Avez-vous
vu ses états financiers?
M. Houde: Mes états financiers sont privés, ce
n'est pas comme ceux qui sont là-dedans.
Le Président (M. Champagne): Si le député de
Vaudreuil-Soulanges a terminé, on donnera la parole au
député de Huntingdon.
M. Dubois: J'aurais une courte question à poser au
ministre, M. le Président. En ce qui a trait au dossier Semico, le
ministre a indiqué que c'était pour empêcher des Ontariens
de venir investir dans cette compagnie.
M. Garon: Non, c'est le contraire.
M. Dubois: Ou une prise en main des Ontariens.
M. Garon: C'est une entreprise qui avait été
achetée par les Ontariens, qui appartenait aux Ontariens, et parce qu'il
y avait des difficultés financières en Ontario dans l'entreprise
qui possédait cette
entreprise de céréales, nous avons profité de ce
moment pour nous faire faire une offre. Je peux vous dire que, lorsqu'on l'a
acquise, la compagnie ontarienne préférait qu'on ne
l'acquière pas. On l'a acquise pour rendre cette entreprise
québécoise, elle qui au fond faisait la multiplication de
céréales, de graines de semence, au Québec. Elle va
très bien.
M. Dubois: Ils sont plutôt distributeur de semences.
M. Garon: Non, ils ont des...
M. Dubois: Parce qu'ils ont des lignes comme les pesticides, les
semences de légumes Asgrow américain...
M. Garon: Oui.
M. Dubois: ...l'exclusivité de vos semences pedigree dans
l'avoine, l'orge et le blé, je crois?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Et en dehors de cela?
M. Garon: Des contrats sur le blé avec l'Université
Laval je pense, l'orge Sophie, des variétés qui ont
été développées au Québec, qui se sont
multipliées au Québec et qui sont mises en marché par
Semico au Québec et à l'étranger.
C'est SOQUIA qui l'a achetée. Si on avait vraiment voulu la
contrôler à 100%, on aurait facilement pu.
M. Dubois: Par la loi, vous ne devez pas détenir plus de
50% des actions.
M. Garon: Oui, mais on a acquis une entreprise de l'Ontario. Et
comme il y avait des gens qui travaillaient dans l'entreprise qui
étaient intéressés et qu'on aimait mieux voir l'entreprise
dirigée par des gens qui étaient intéressés, qui
étaient eux-mêmes des experts dans le domaine, on a
préféré vendre la majorité des actions à des
gens qui dirigent l'entreprise plutôt que ce soit SOQUIA qui ait la
majorité des actions.
On a rapatrié un centre de décision important au
Québec, qui peut servir de véhicule pour la distribution des
semences qui sont développées au Québec et vont
l'être de plus en plus. Avec le programme qu'on vient de mettre en place
cette année, il va y avoir 200 parcelles de démonstration au
Québec, c'est-à-dire une vingtaine de parcelles par
région, pour avoir des variétés mieux adaptées
à chacune des régions du Québec. Pour cela, il faut des
instruments. Il faut des véhicules pour mettre cela en place. À
part cela, il est évident qu'il y a un certain nombre de risques. Je me
rappelle un cours du père Lévesque où il enseignait la
morale et la technique de l'action. Il disait, en 1958...
Une voix: II est vieux!
M. Garon: ...ou en 1959: L'homme prudent n'est pas celui qui
n'agit pas; c'est l'homme qui agit et qui est prudent dans l'action. L'homme
prudent est celui qui agit. L'homme qui n'agit pas n'est pas un homme prudent:
il n'agit pas, il ne fait rien. Nous, nous agissons avec le maximum de
prudence, mais en prenant un certain nombre de risques.
M. Dubois: Non, je ne suis pas prêt à dire que
Semico est une compagnie de risque, parce que ce n'est pas vraiment du "venture
capital". Toutes les sociétés québécoises
privées dans le domaine, à peu près identiques à
Semico, réussissent très bien. Ce n'est pas un domaine aussi
risqué qu'un abattoir, je dirais.
M. Garon: Oui, je suis d'accord avec vous.
M. Dubois: Loin de là.
M. Garon: C'est moins risqué qu'un abattoir, je suis
d'accord avec vous.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans la mesure où on
pourrait accepter qu'on tombe entre les articles temporairement, M. le
Président, il m'est venu à l'esprit le problème de Slack's
de Waterloo, les champignons.
M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je l'ai visitée. Ils
avaient des problèmes considérables. Ils avaient fait de
l'expansion, à un moment donné: des centaines de milliers de
dollars, environ 1 000 000 $ même.
Le Président (M. Champagne): M. le député,
quand même, on est à l'article 3.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je comprends.
M. Garon: II y a consentement, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): II y a consentement?
J'accepterais peut-être une très courte intervention sur cette
digression.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce ne sera pas long. Ayant
visité cela, il y avait toute une série de problèmes. Il y
en avait un de financement pur et simple. Il y en avait un, à mon sens,
et c'est plus difficile à dire, à la face même du
président de la compagnie et du petit-fils ou du fils du fondateur. Mais
du côté du marketing ou de la commercialisation, du
côté de n'avoir pu caractériser ou distinguer la marque de
commerce comme en étant une de qualité, alors que le consommateur
ne différencie pas tellement les champignons et qu'il les achète
pas mal au prix, il y avait des lacunes de toutes sortes. Or, il avait fait
appel autant à des intervenants des ministères
fédéraux que provinciaux pour un programme d'aide. Il y avait
environ 200 employés qui risquaient de perdre leur emploi, et ils l'ont,
d'ailleurs, perdu depuis. Il paraissait qu'il y avait toute une série de
programmes possibles. Toutes sortes de ministères disaient, comme PECEC:
On va vous aider avec la main-d'oeuvre. Le gars disait que ce n'était
pas du tout son problème. Ce sont les employés les plus
productifs dans l'Est du Canada ou à peu près, même s'ils
sont les mieux rémunérés d'ailleurs, ce qui était
le cas. Le plan soi-disant Biron ne s'appliquait pas, en l'occurrence.
M. Garon: Le plan soi-disant Biron. Ah! Ah! Ah!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pardon?
M. Garon: Vous avez dit, le plan soi-disant Biron.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le soi-disant plan Biron ou le
plan Biron soi-disant, peu importe.
M. Garon: C'est Biron ou pas Biron, c'est pas soi-disant Biron,
mais le soi-disant plan.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si vous voulez. Je pense que
ces gens-là avaient contacté SOQUIA également pour voir
quel genre de programme d'aide pouvait être disponible. D'après
les réponses qui venaient des différents administrateurs de
programmes du ministère, il n'y avait pas de programme, au fond, qui
s'appliquait au problème auquel faisait face l'entreprise. Je ne sais
pas si c'est parce que je suis passé par là jeudi, mais vendredi,
c'était fermé. C'est aussi bête que cela. Le
député de Shefford prétend que c'est à cause de
cela. Il dit que cela montre comment les libéraux s'occupent du
développement économique.
M. Garon: Vous ne l'auriez pas dit qu'on s'en serait
douté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est complètement
ridicule, de la part du député de Shefford, de toute
façon. Ce que je lui ai dit...
M. Garon: Ils se sont dit: Si les rouges viennent nous voir, on
va être vraiment dans le "trouble".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Chose certaine, ils
étaient toujours dans le "trouble", même en ayant vu les
péquistes jusqu'à ce moment-là. Cela ne changeait
strictement rien, sauf que, du côté des programmes, il n'y avait
rien de fait sur mesure pour répondre à leurs besoins. Est-ce que
cela entre dans le mandat - peut-être une question théorique - de
SOQUIA, dans la mesure où cela concerne la transformation de produits
alimentaires? Il y a un problème de commercialisation, en plus du
problème de financement qu'il y avait pour les équipements, les
immeubles très chers qu'ils avaient bâtis alors que les taux
d'intérêt ont connu une hausse épouvantable, etc. Est-ce
que cela entre dans les attributions du mandat de SOQUIA de dire qu'on va
apporter l'expertise ou l'investissement nécessaire du côté
de la commercialisation? Il y a un problème de marque de commerce. Il y
a un problème de distinguer le produit sur les tablettes. Il y a un
problème d'emballage. Enfin, toutes ces choses font partie du
problème de la perte de marché au profit de l'Ontario et
même de Taiwan, de la Corée et de je ne sais trop où, qui
importent aussi des champignons. Est-ce que cela concerne les attributions de
SOQUIA? Est-ce que son mandat est de contribuer activement à la solution
de ce problème dans les entreprises semblables qui sont aux prises avec
un problème semblable de commercialisation de leur produit et de
financement?
M. Garon: Cela pourrait. D'ailleurs, ils sont allés voir
SOQUIA.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Garon: À la base, il y avait un problème qui
était difficilement soluble. C'est que les salaires payés
étaient beaucoup plus élevés que ceux des concurrents.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pourtant, ils ne s'en plaignaient pas. Selon la direction, ils
étaient très productifs. Cela n'a pas d'importance. Si on les
paie beaucoup, ils produisent bien plus.
M. Garon: Tellement productifs qu'ils n'avaient plus un sou. Ils
avaient dépensé tout leur argent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comment dites-vous?
M. Garon: Ils avaient dépensé tout leur argent. Le
patron n'avait plus un sou. Cela veut dire que, s'ils avaient été
aussi productifs que cela, il serait entré un peu d'argent. Ils
n'avaient plus d'argent. Ils avaient dépensé tout leur
argent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne parle pas de la
main-d'oeuvre. Le fonds de roulement avait été
dépensé par le financement de l'expansion de couvoirs - si on
appelle cela ainsi - pour la semence.
M. Garon: C'est ce que j'ai entendu dire dans le temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Garon: Les salaires payés étaient tellement plus
élevés, d'après ce qu'on me dit, qu'on pourrait parler du
double de ceux de leurs concurrents.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, dans certains cas.
M. Garon: Au moment où la fermeture est arrivée,
à peu près vers cette période-là, il y avait un
"dumping" épouvantable de champignons à des prix très
très bas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. (23 heures)
M. Garon: Tous ceux qui étaient intéressés
à investir de l'argent souhaitaient une participation des
employés pour que les employés se sentent impliqués dans
le projet. Les coûts de la main-d'oeuvre représentaient
près de 50% du coût d'exploitation. Alors, le facteur de la
main-d'oeuvre était tellement important dans l'entreprise que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est très intensif la
main-d'oeuvre, cela ne peut pas faire autrement.
M. Garon: Oui, sauf qu'on ne va pas se retrouver avec une usine
de champignons appartenant au gouvernement à 100%, car vous seriez les
premiers à nous dire: Comment cela se fait-il que vous êtes rendus
dans le champignon? Tantôt, vous avez donné l'exemple de la pizza.
Si on avait été dans le champignon, vous auriez donné
l'exemple du champignon. Dans le fond, je pense bien que SOQUIA n'aurait pas
été rébarbative...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je vous ai demandé
si c'est le genre de chose qui entre dans votre mandat. Je ne vous dis pas de
le faire.
M. Garon: Oui, c'est une chose...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si ce n'est pas rentable et si
cela n'a pas de bon sens à moyen terme, c'est ridicule.
M. Garon: ...qui pouvait être regardée par SOQUIA et
qui, de fait, a été regardée par SOQUIA. La question est
qu'il n'y a pas eu d'autres investisseurs. Ce qui était envisagé,
c'est qu'il y ait des participations d'un certain nombre d'investisseurs dont
les employés, des investisseurs locaux et SOQUIA. Finalement, cela ne
s'est pas encore concrétisé. Je ne dis pas que cela ne se
concrétisera jamais, sauf qu'actuellement ce n'est peut-être pas
encore assez mûr pour que cela se réalise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis heureux de voir que ce
n'est pas à cause de ma visite que cela a fermé dans ce cas.
M. Garon: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je suis heureux de voir que ce
n'est pas à cause de ma visite que cela a fermé.
M. Garon: Disons cela autrement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour le moment, personne n'a
aidé.
M. Garon: Disons que votre visite n'a pas empêché la
fermeture.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On peut le regarder comme
cela.
Le Président (M. Champagne): Alors, c'est fini pour la
digression. Est-ce que l'article 3 est adopté?
Une voix: Adopté. M. Mathieu: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Adopté. J'appelle
l'article 4.
M. Garon: C'est drôlement rédigé.
M. Mathieu: Ce sont des rédacteurs de Common Law.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si vous avez des commentaires,
on est prêt à les écouter.
M. Garon: Quand la loi a été faite, elle donnait le
même statut de fonctionnaires aux employés de SOQUIA. On voudrait
qu'à l'avenir les employés de SOQUIA n'aient pas le statut de
fonctionnaires. Mais, étant donné les droits acquis, cela ne
vaudra pas pour le passé, mais cela vaudra pour l'avenir. Donc, c'est
pour que les nouveaux employés n'aient pas le statut de fonctionnaires,
c'est-à-dire
que, si on est satisfait de quelqu'un, on le garde et, si on n'est pas
satisfait, on ne le garde pas. Il faut que cela fonctionne comme dans une
entreprise. Autrement, quand vous avez un fonctionnaire dans le gouvernement
qui est plus ou moins efficace, vous pouvez toujours le muter, mais dans
SOQUIA, c'est plus difficile. À ce moment-là, si vous avez
quelqu'un qui est sur un projet et qu'il ne fait pas son travail, c'est plus
coûteux qu'un employé de la fonction publique.
M. Mathieu: Vous pouvez le muter au ministère de
l'Environnement.
M. Garon: Oh! On pourrait l'envoyer comme recherchiste pour le
Parti libéral.
Le Président (M. Champagne): Une question du
député de Gaspé.
M. LeMay: Est-ce que ces employés auraient quand
même une espèce de convention collective ou un contrat ou
n'auraient rien du tout? Ils seraient toujours entre la vie et la mort selon
leur efficacité?
M. Garon: Non, non.
M. LeMay: II faudrait quand même une espèce de
sécurité pour ces gens.
M. Garon: Un règlement de société. Les
effectifs normes et barèmes comme dans les entreprises
privées.
M. LeMay: Les entreprises privées ont habituellement des
conventions collectives.
M. Garon: Pas nécessairement. Habituellement, quand
quelqu'un est bon, vous n'êtes pas intéressé à le
perdre.
M. LeMay: Non, non.
M. Garon: Ce serait un comportement normal. Quelqu'un qui n'est
pas efficace, par exemple, vous ne seriez pas obligé de le garder comme
si c'était un fonctionnaire avec la permanence. Dans l'entreprise
privée, les décisions sont pas mal plus rapides. Les risques sont
plus grands et les décisions sont plus rapides. Les activités ne
sont pas comme dans la fonction publique. Dans la fonction publique, je ne dis
pas que le travail d'un fonctionnaire n'est pas important, mais ce n'est pas le
même genre de décision. Dans l'entreprise privée, le
tempérament de ceux qui y sont est habituellement différent.
Le Président (M. Champagne): Alors, s'il n'y a pas
d'autres questions, l'article 4 est adopté. J'appelle l'article 5.
M. Garon: Avant, il y avait un budget de fonctionnement et un
budget d'investissements. On préfère établir un plan
triennal, mais approuvé annuellement. C'est-à-dire que, chaque
année, la société présenterait un plan pour trois
ans, mais qui se représenterait chaque année. Disons que, au 31
janvier 1984, on présente un plan pour les années 1984, 1985 et
1986, et, avant le 31 janvier 1985, il y aurait un plan pour les années
1985, 1986 et 1987, trois ans également. Le plan serait
présenté au gouvernement chaque année, mais comprendrait
trois ans de planification et la révision annuelle en y ajoutant un
an.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 5?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est seulement la question de
savoir pourquoi on parlait du ministre autrefois et qu'on parle maintenant du
gouvernement?
M. Garon: C'est moi qui avais mis le "gouvernement".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous ne vous prenez pas pour un
autre toujours?
M. Garon: Non. Si cela va au gouvernement, cela va au Conseil des
ministres.
M. Mathieu: Dans son esprit, c'est synonyme.
M. Garon: Non, je pense bien que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En matière d'agriculture
seulement.
M. Garon: Au gouvernement, cela va au Conseil des ministres. Cela
va passer normalement par deux comités: au Conseil du trésor
où il y a des analystes qui quelquefois ont tort et quelquefois ont
raison - mais je me dis que s'il y a tant de gens qui analysent cela au Conseil
du trésor, il y a des chances qu'ils aient quelques idées qu'on
n'avait pas, pas chaque fois, mais de temps en temps - également au
CMPDE, le Comité ministériel permanent du développement
économique, où un ensemble de ministres vont regarder le plan
triennal de SOQUIA, vont poser un certain nombre de questions. Ensuite, cela
ira au Conseil des ministres. Cela fait un filtrage qui permet une meilleure
cohérence avec l'ensemble des activités gouvernementales.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a le deuxième
paragraphe de la loi actuelle qui saute. C'est une drôle de disposition:
Le gouvernement peut destituer tout membre du conseil qui a acquiescé
à une dépense non prévue au budget, etc.
M. Garon: Où est-ce?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans la loi antérieure,
l'article 14 prévoyait cela. Cela saute maintenant. C'est-à-dire
que l'article 14 proposé par l'article 5 reprend en termes plus concis
...
M. Garon: Je ne vois pas pourquoi ils l'ont enlevé. Ce
sont plutôt des légistes qui l'ont enlevé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... et généraux
le premier paragraphe de l'article 14 de la loi actuelle et le deuxième
paragraphe qui existait n'existe plus, il est biffé complètement,
il disparaît.
M. Garon: C'était la pénalité si on ne
respectait pas le budget qui avait été approuvé par le
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
C'était la peine de mort.
M. Garon: Cela a été fait dans le temps des
libéraux.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'il y a d'autres
lois...
M. Garon: Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a pas de légiste
ici qui pourrait nous dire s'il y a d'autres lois qui sont comme cela.
M. Garon: C'est parce que le gouvernement s'est mis à
fonctionner différemment.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Depuis ou avant.
M. Garon: II a commencé à fonctionner sous forme de
plan triennal pour pouvoir fonctionner dans le même cadre que les autres
sociétés. C'est un rouage qui a été prévu.
Ce sont des plans de développement triennaux approuvés par le
gouvernement. On avait ce mécanisme. J'ai trouvé que
c'était un mécanisme plus ou moins intéressant,
personnellement. Quand on dit, par exemple, que cela prendra telle forme et
telle teneur, je me rappelle au début avoir demandé des budgets
d'investissement ou des budgets de fonctionnement présentés de
telle façon. Cela part, cela revient, cela repart, cela revient.
Finalement, la moitié de l'année est passée et tu n'as pas
encore approuvé le budget. J'ai préféré qu'on mette
dans la loi qu'ils ont le droit de présenter un plan triennal - SOQUIA
était d'accord avec cela -
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, d'accord, je ne veux pas
que vous allongiez là-dessus.
M. Garon: ... mais qui doit être présenté
avant telle date.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne veux pas que vous
répétiez cela. Non, c'était sur la disparition du
deuxième paragraphe de la loi actuelle que je m'informais.
M. Garon: C'est parce que ce n'était plus
nécessaire, c'est une sanction automatique. Je pense bien que si le
gouvernement peut destituer quelqu'un...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous n'êtes pas
obligé de l'écrire, autrement dit.
M. Garon: Oui, je pense que c'est automatique.
Le Président (M. Champagne): L'article 5 est-il
adopté?
M. Garon: Cela devait être, dans le temps, pour donner plus
d'autorité au budget qui était approuvé par le
ministre.
Le Président (M. Champagne): II est adopté par
l'Opposition. Est-ce que vous adoptez l'article 5?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Probablement, oui.
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 6.
M. Mathieu: II est cohérent.
Constitution de la Société
québécoise des pêches
Motions d'amendement
Le Président (M. Champagne): J'appelle l'article 6 et
l'amendement que je soumets tout de suite aux membres de la commission. Au
paragraphe 21 de l'article 6: "Que le paragraphe 21 de l'article 6 soit
modifié en remplaçant dans les première et deuxième
lignes les mots "au même endroit que SOQUIA" par les mots "à
Gaspé". Disposons tout de suite de l'amendement.
M. Garon: Je voudrais dire un mot là-dessus. Je pense que
ce ne serait pas...
M. Houde: Est-ce que le parrain pourrait dire un mot?
M. Garon: Allez-y donc!
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Mathieu: M. le député de Nelligan, voulez-vous
intervenir?
M. Lincoln: Je voudrais intervenir.
Le Président (M. Champagne): Sur l'amendement.
M. Lincoln: Je vais tout d'abord dire pourquoi je pense que cela
devrait être ainsi. Selon la logique et une vraie perspective d'avenir,
dans le monde des pêcheries, il n'y a pas d'endroit stratégique
mieux placé que Gaspé. Je suis certain que vous êtes
d'accord avec moi. À notre échelle québécoise, la
capitale de la pêche est Gaspé. La personne qui a dit cela, ce
n'est pas moi; c'est le premier ministre, M. René Lévesque, quand
il est allé faire un discours à Gaspé pour dire que la
capitale de la pêche maritime est Gaspé. Tout ce qu'il a fait,
c'est citer un fait existant. Le gros de la pêche est à
Gaspé. Vous-même établirez la Direction
générale des pêches en Gaspésie. Vous y avez
construit votre gros ministère, votre grosse "bebelle". C'était
en 1978. Vous avez bâti votre gros bâtiment bleu sur la
colline.
M. Garon: II est beau.
M. Lincoln: II est très beau. Il faudra mettre quelque
chose dedans. Vous allez créer une autre société
d'État. Le ridicule, c'est que vous disiez l'autre jour qu'on ne devait
pas tout nationaliser, tout prendre, tout centraliser. Comment
décentralise-t-on? On fait la DGPM, la Direction générale
des pêches maritimes en Gaspésie, c'est la capitale des
pêches. Le premier ministre lui-même fait un long discours dans
lequel il certifie la chose. Et là, que fait-on? On prend la direction
québécoise des pêches et on l'installe à
Québec. C'est un non-sens total. J'espère que le
député de Gaspé nous appuiera. Il serait inconcevable que
le député de Gaspé, qui vit au centre même des
pêches, de la pêche maritime, ne nous appuie pas dans notre demande
d'amendement afin de placer le siège social de la Société
québécoise des pêches à Gaspé.
Le Président (M. Champagne): M. le ministre.
M. Garon: Je pense que le député de Nelligan a mal
compris la structure qui sera mise en place. Il y a SOQUIA, qui a son
siège social à Québec, et il y aura une
Société québécoise des pêches qui sera une
filiale de SOQUIA. Dans cette Société québécoise
des pêches, il y aura un grand nombre de filiales. La
Société québécoise des pêches aura son
siège social au même endroit que SOQUIA puisqu'elle est la filiale
de SOQUIA, mais là-dedans se retrouveront des sociétés,
par exemple, la société qui exploitera l'entreprise à
Blanc-Sablon, Elle aura son propre conseil d'administration et son siège
social pourra possiblement se trouver à Blanc-Sablon. Les pêcheurs
qui feront partie du conseil d'administration resteront à Blanc-Sablon
et seront intéressés à faire partie du conseil
d'administration pour avoir une représentation. Les employés
aussi, peut-être, et les gens localement.
Il y a aussi les gens qui seront à Natashquan. S'il y a une
société à Natashquan, avec des actionnaires de là,
il y aura sans doute une filiale de la Société
québécoise des pêches à Natashquan qui pourra avoir
son siège social dans le territoire. Supposons que - ce n'est pas
décidé, il n'y a rien de décidé
éventuellement les actions détenues par la SDI dans
Madelipêche - c'est son seul investissement dans le secteur
agro-alimentaire - on décidait de les transférer à la
Société québécoise des pêches;
Madelipêche aurait son siège social aux
îles-de-la-Madeleine. SOQUIA a des investissements dans les
Crustacés de Gaspé, qui est une entreprise de
Grande-Rivière; lorsque la Société
québécoise des pêches sera formée, les actions
détenues par SOQUIA dans les Crustacés de Gaspé se
retrouveront dans la Société québécoise des
pêches, mais la filiale de la Société
québécoise des pêches aura son siège social à
Grande-Rivière. (23 h 15)
La Société québécoise des pêches sera
un peu l'entreprise coordonnant, stimulant, activant, contrôlant,
surveillant, aidant et conseillant les différentes entreprises filiales
dans les différents territoires du Québec. Comme ce sera une
filiale de SOQUIA à 100%, elle aura des comptes à rendre à
SOQUIA. Elle se retrouvera avec les analystes de SOQUIA qui, eux, iront sur le
territoire travailler avec des entreprises, qui, elles, auront leur
siège social dans les différentes parties du territoire maritime
québécois. C'est pour cela que, je pense que ce ne serait pas
très efficace d'avoir le siège social de la Société
québécoise des pêches à Gaspé. Des filiales
de la Société québécoise des pêches pourront
avoir leur siège social à différents endroits sur le
territoire.
M. Lincoln: M. le ministre, plus je vous écoute, plus je
suis convaincu du bien- fondé de notre amendement. Si vous dites que la
Société québécoise des pêches est presque une
extension, presque une jumelle de SOQUIA et que, parce que SOQUIA est à
Québec, il faut que toutes ses filiales soient là, sous son toit,
sous son contrôle presque direct pour question d'efficacité, moi,
je ne vous comprends pas du tout. Si je comprends bien ce qu'est la
Société québécoise des pêches, d'accord,
c'est une filiale de SOQUIA, mais est-ce que toutes les filiales
de SOQUIA doivent être là dans la maison mère et ne
jamais quitter la maison mère? Est-ce que vous allez me dire, par
exemple que si la SGF a son siège social quelque part, toutes ses
filiales doivent être au même siège social?
M. Garon: Non?
M. Lincoln: Bien non! Si on dit non, à ce
moment-là, il faut voir quelle est la façon la plus efficace si
la Société québécoise des pêches veut avoir
un impact sur le milieu même. Si on suit votre logique, comme le
ministère des Pêcheries se trouve à Québec, pourquoi
mettez-vous la Direction générale des pêches maritimes
à Gaspé? Vous allez peut-être me dire que ce n'est pas vous
qui avez fait cela, c'est M. Rodrigue Tremblay. L'autre jour, je vous ai
posé la question et vous ne m'avez pas répondu. En fait, on
pourrait dire, à ce moment-là, si votre logique tient bon, que
tout ce qui a trait à l'agriculture, parce que le ministère est
à Québec, doit se faire à Québec. Pourtant vous
mettez des centres à Saint-Hyacinthe. Quelle est la raison fondamentale
pour laquelle la Société québécoise des
pêches n'aurait pas son siège social à Gaspé? Le
fait que SOQUIA, la société mère, soit à
Québec, cela ne veut pas dire qu'elle doit y être aussi, surtout
si elle veut être autonome comme elle devrait l'être, si elle a son
conseil d'administration qui se détache de SOQUIA. Au contraire, c'est
très important qu'elle soit détachée. C'est très
important qu'elle soit autonome. C'est très important qu'elle
réalise son objectif premier, le développement des pêches
commerciales. Je ne vois aucune raison pour laquelle elle ne serait pas
à Gaspé avec la Direction générale des pêches
maritimes.
M. Garon: C'est mal saisir quel va être son rôle. Je
vous ai dit que les premiers investissements les plus importants vont
être sur la Basse-Côte-Nord. Les premiers qu'on va regarder
immédiatement, je peux vous dire que cela va être: Blanc-Sablon et
Natashquan. Qu'est-ce que cela donnerait, à ce moment-là, de
mettre le siège social à Gaspé, alors que les principaux
lieux d'activité, par exemple, les deux principaux bateaux dans lesquels
SOQUIA est actionnaire, le Kristina Logos et le Lumaaq qui doit partir pour la
pêche incessamment, vont se trouver sur la côte du Labrador? Les
principaux investissements qui vont survenir dans les prochains mois vont
être plutôt sur la Côte-Nord.
M. Lincoln: Mettez les bateaux sur la rue Samuel-Holland,
puisqu'ils sont possédés par SOQUIA, si on suit votre logique.
Gaspé est sûrement plus près de vos bateaux que
Québec.
M. Garon: Le siège social est l'endroit où on tient
les livres. Les décisions vont se prendre dans des réunions du
conseil d'administration de chacune des filiales.
Le Président (M. Champagne): Le député de
Beauce-Sud, ensuite, le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Mathieu: M. le Président, je suis tout à fait
estomaqué. Je ne sais pas si le ministre réalise ce qu'il est en
train de dire. D'abord, il est en train de désavouer le premier
ministre. Le député de Nelligan a cité l'éloquente
perspective du premier ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour moi, ce n'est pas lui qui
a dit cela. Il ne parlait pas de caca ni rien là-dedans. Cela ne devait
pas être lui.
M. Mathieu: M. le Président, je voudrais vous mentionner
que nous allons tenir mordicus à ce que notre amendement soit
reçu parce que, pour nous, le siège social des pêches doit
être à Gaspé, les décisions doivent se prendre
là. Et nous comptons bien que le député de Gaspé,
qui est adjoint parlementaire au ministre des Pêcheries, va nous appuyer
là-dessus.
Maintenant, un autre commentaire que je voudrais faire: Cette
Société québécoise des pêches, pourquoi le
ministre l'intègre-t-il comme filiale de SOQUIA? On va voir, plus tard,
que le ministre nomme trois administrateurs de la Société
québécoise des pêches, que SOQUIA en nomme trois, et que
SOQUIA nomme le président. On a l'impression que le ministre veut
prendre le contrôle de toute l'activité pour éviter que le
ministère des Pêcheries ne lui soit enlevé. Comme c'est un
ministère qui a vogué d'un ministère à l'autre, le
ministre veut saisir ce ministère et le mettre sous sa
bénédiction in aeternum. On a l'impression que c'est ça,
M. le Président.
Nous allons épuiser tous les recours qui sont prévus par
le règlement pour qu'une chose aussi fondamentale que notre amendement,
qui vise à ce que le siège social de la Société
québécoise des pêches soit à Gaspé, soit
acceptée.
Le Président (M. Champagne): Le député de
Vaudreuil-Soulanges, à vous la parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président,
j'ai été extrêmement surpris d'entendre le ministre nous
dire qu'un siège social est un endroit où l'on tient des livres,
où l'on ne retrouverait que des commis-comptables, si je comprends bien,
alors qu'il m'a toujours semblé que, pour avoir un sens, y compris le
fait qu'on situe l'action, si on
anticipe un peu, d'un conseil d'administration, composé de sept
membres qui auront à prendre des décisions, qui
théoriquement vont, on l'espère, avoir une expertise dans cette
entreprise...
M. Garant Ils sont à temps partiel, ces
gars-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sous cette réserve que
le ministre nous apportera peut-être, j'aurais l'impression que, si c'est
pour avoir un sens, il y aura du personnel, il y aura des gens plus
versés dans les pêches, dans l'administration des installations
portuaires, de l'équipement nécessité par cette
industrie-là, ce commerce-là, etc. Les gens seront plus
versés dans ce domaine que dans la vente des pizzas ou dans la culture
des bleuets.
Dans ce sens-là, il est primordial qu'un siège social soit
situé dans un endroit où l'on peut facilement s'alimenter
à des ressources humaines compétentes en la matière. Je
regrette de confondre le ministre, mais il sait lui-même qu'il y a
beaucoup de gens qui ont travaillé à des sièges sociaux.
Il en connaît, d'une façon ou d'une autre, j'en suis certain. Ces
gens-là ne sont pas des commis-comptables, ce sont des personnes qui
prennent véritablement les décisions. J'employais
précédemment le mot "coquille" dans le sens du droit corporatif
("corporate shell"). Il est bien évident qu'une coquille simplement
constituée, qui porterait le nom de Société
québécoise des pêches, au même endroit physique que
ce qu'il y a, au conseil de laquelle l'on trouverait quatre membres
désignés par SOQUIA, trois membres désignés par le
gouvernement, c'est une vue de l'esprit de commencer à dire que c'est un
conseil d'administration distinct. Et on ne nous a pas encore répondu
s'il reste du personnel propre à cette société-là.
S'il y a du personnel propre à cette société-là,
c'est un argument de plus pour que ce soit à Gaspé. S'il n'y en a
pas, c'est une invention pure et simple. Ce sont des mots écrits sur une
feuille de papier et qui vont amener tout le monde à confondre SOQUIA et
Société québécoise des pêches dans la
réalité, sauf les quelques commis-comptables que le ministre
s'est engagé à loger à cette adresse-là. De toute
façon, il y aura des gens de SOQUIA, des analystes qui vont regarder
par-dessus leur épaule, il vient de nous le dire.
Lorsqu'on décide d'institutionnaliser par le biais d'une
Société québécoise des pêches, la
coordination, l'orientation - enfin, les verbes étaient nombreux tout
à l'heure de la part du ministre - lorsqu'on choisit de faire ça,
on le fait avec un objectif concret. Si l'on veut actualiser l'objectif
concret, la meilleure façon, quand on parle d'un siège social
d'une entité distincte, c'est de se situer là où il y a un
besoin, là où les ressources sont situées. On l'a fait
pour la Direction générale des pêches. Le premier ministre
se plaît à répéter que c'est ça, le
député de Gaspé crie en Chambre que c'est ce qu'il lui
faut dans son coin. On est parfaitement d'accord avec lui, et si on doit
actualiser, de façon concrète, cette initiative-là, il
faudrait situer le siège social dans la région des pêches
maritimes au Québec, et c'est à Gaspé et non à
Québec. Ce n'est certainement pas dans ce coin-ci que l'on va être
plus près des chalutiers, qu'on va s'alimenter à l'expertise qui
va être nécessaire pour gérer, administrer, coordonner,
orienter - et j'en oublie, de ce que le ministre a dit - cette
action-là. Cela devrait être à Gaspé.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
M. Mathieu: À moins que le ministre veuille bien nous
annoncer que les sept administrateurs de la Société des
pêches seront les mêmes que les sept qui administrent SOQUIA.
Le Président (M. Champagne): S'il n'y a pas d'autre
intervention.
M. Lincoln: S'il n'y a pas d'intervention, j'aurais voulu poser
une question.
Le Président (M. Champagne): Un instant. M. le
député de Gaspé.
M. Lincoln: Allez-y. Allez-y.
Le Président (M. Champagne): D'accord. M. le
député de Gaspé.
M. LeMay: J'avais demandé la parole tantôt. Je pense
qu'il faut distinguer, M. le Président. Quand on a parlé de
décentralisation des pêches et de la DGPM, c'était pour
mettre des services à la portée des pêcheurs. Si on regarde
la Société québécoise des pêches, elle est
là pour faire de l'investissement surtout au niveau de l'industrie. Ce
qu'il faut comme membres de la Société québécoise
des pêches, ce sont des analystes, des spécialistes en finance,
pas en poisson. Ce sont des gens spécialisés en marketing, parce
qu'il est question d'investissement; ce n'est pas un service aux
pêcheurs. Alors, c'est pour cela qu'à la DGPM on va retrouver la
protection, c'est pour cela qu'on retrouve l'émission des permis de
pêche, tous les services qui touchent directement les pêcheurs.
Mais, par exemple, votre amendement me donne une idée que je trouverais
bonne. Je n'en ai pas parlé au ministre.
Une voix: Cela va venir.
M. LeMay: Je trouve que ce serait peut-être important qu'il
y ait, à Gaspé, une aide technique. Cela pourrait être - je
ne sais pas - un fonctionnaire qui fasse partie de la Société
québécoise des pêches et qui soit là en territoire
maritime pour venir en aide ou pour conseiller ceux qui pourraient avoir besoin
de l'aide de la société qu'on fonde. Cela pourrait être une
ou deux personnes, je ne sais pas. Ce serait peut-être important qu'en
territoire maritime il y ait une présence. Mais que toute la
société ait son siège social et administratif à
Gaspé, je n'en vois pas l'utilité, du moins pour les gens du
milieu. Je n'en vois pas l'utilité pour les pêcheurs. Je n'en vois
pas l'utilité même pour les industries, parce que la
Société québécoise des pêches sera
déjà présente à l'intérieur des conseils
d'administration de ces entreprises, comme dans le cas du crabe des neiges.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Allez-y avant. Je parlerai après.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan, c'est votre droit de réplique sur l'amendement.
M. Lincoln: Oui, sur l'amendement, parce que j'ai vingt
minutes.
Le Président (M. Champagne): Alors, il n'y aura plus
d'intervention après. Je vous le dis d'avance.
M. Lincoln: Allez-y.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Berthier.
M. Houde: M. le Président, d'abord, comme le
député de Nelligan va fermer la porte, je demanderai
immédiatement après qu'on prenne le vote parce que, tantôt,
on était trois contre quatre, c'est-à-dire que les personnes de
l'autre côté ont demandé d'en ajouter une pour qu'on soit
renversé. C'est ce que je regrette. Je ne sais pas comment le
député de Gaspé va voter, mais cela va être
difficile de voter avec nous pour être capable d'avoir le siège
social à Gaspé de la façon dont il s'est défendu
tantôt. Plutôt que de parler sans cesse, qu'on prenne le vote et
qu'on se fasse renverser, même si notre proposition a du bons sens, est
logique; même si c'est naturel de voir le siège social à
Gaspé plutôt qu'à Québec. C'est ce qu'on appelle la
centralisation au lieu de décentraliser.
M. Mathieu: II faut présumer que le gros bon sens va
vaincre.
Le Président (M. Champagne): Le droit de réplique
du député de Nelligan.
M. Lincoln: J'aurais voulu poser une ou deux questions au
ministre pour faire suite à ce que mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges a dit. Est-ce que la Société
québécoise des pêches va se tenir par elle-même?
À part le conseil d'administration, quel genre de personnel comptez-vous
mettre à la direction générale de cette
société? Je vois le député de Gaspé qui
sourit. Il a parlé d'investisseurs, il a parlé des financiers.
Que ce soit des investisseurs ou des financiers, il faudra que ce soit des gens
aptes à gérer un fonds de capital de 20 000 000 $ et qui sauront
investir. Il ne faudra pas que ce soit des technocrates ou des fonctionnaires
de Québec qui ne sauront rien des pêches.
Moi aussi, j'ai été dans le domaine des affaires, des
finances, comme mon collègue de Vaudreuil-Soulanges. Mais, demain matin,
si vous me mettez en charge de l'investissement agro-alimentaire, je n'en
saurai rien. J'aurais été bien mal choisi pour être
là. Tandis que, comme le soulignait mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges, si vous allez dans le milieu des pêches,
sûrement qu'il y a là des gens compétents - vous en
connaissez vous-même, le ministre en connaît lui-même
beaucoup - qui sont beaucoup plus disponibles, qui sont là dans le
secteur. Et c'est une façon pour le milieu de se prendre en charge. (23
h 30)
Si cette Société québécoise des pêches
est purement une extension de SOQUIA, comme le disait mon collègue,
pourquoi l'avoir créée? Si c'est SOQUIA et les gens de SOQUIA qui
décideront tout, si c'est une espèce d'estampe, où en est
le besoin? Pourquoi ne pas décider, à ce moment-là, de
prendre des fonds de SOQUIA et de les investir dans les pêches? Pourquoi
créer une société différente de SOQUIA ou une autre
filiale que vous allez ajouter à Québec? C'est la question que
nous vous posons. Où allez-vous trouver ces gens-là? Est-ce que
vous allez les trouver plus tard, à Québec, les
spécialistes dans les pêches? Ils sont assez difficiles à
trouver. Vous les trouveriez plus facilement à Gaspé pour mener
cette société. Qui va la mener, cette société? Quel
sera votre bureau de direction? Combien de gens vont mener cette
société? Après tout, ce sont des fonds assez importants
que vous injectez dans cette société. C'est une question.
Le Président (M. Champagne): Ah! C'est votre droit de
réplique. J'ai compris que c'était votre droit de
réplique, mais il peut quand même se terminer par une
question.
M. Lincoln: J'aurais voulu poser une question, je ne veux pas
aller beaucoup plus loin que ça. J'aimerais que le ministre nous dise ce
qu'il pense de la gestion de cette société. Je vais vous revenir
brièvement après qu'il aura répondu à ma
question.
Le Président (M. Champagne): Très
brièvement, M. le ministre.
M. Garon: C'est indiqué dans la loi. Le conseil
d'administration sera composé de sept membres.
M. Lincoln: Non, on ne parle pas de conseil, il y a une
différence entre le conseil d'administration et les gens qui
gèrent une société. Vous-même avez dit que
c'était un conseil d'administration à temps partiel, c'est
tout.
M. Garon: Je ne m'attends pas qu'il y ait beaucoup de personnel
dans cette Société québécoise des pêches,
mais je m'attends qu'il y ait un conseil d'administration où la plupart
des membres seront à temps partiel et non à temps plein. Ce ne
sont pas nécessairement des gens à temps plein qui doivent
être membres d'une conseil d'administration.
M. Lincoln: Mais qui s'occupe de cette société, M.
le ministre?
M. Garon: Un directeur général qui pourra occuper
des postes de direction dans plusieurs autres entreprises.
M. Mathieu: Y compris SOQUIA.
M. Garon: Pas nécessairement. Et je peux vous dire que, si
tout ce que nous anticipons se concrétise, il y aura des surprises
très agréables pour le miliieu des pêches parce que, dans
mon esprit, le siège social, c'est l'endroit où se trouvent un
certain nombre d'analystes, où se trouvent les archives, les documents,
mais ce n'est pas nécessairement le lieu de travail quotidien des
opérations. Dans le cas, par exemple, du Kristina Logos et du Lumaaq,
les opérations se font sur l'eau. Je crois qu'il n'y a qu'un
employé à terre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne veut pas un siège
social flottant, là. Ce n'est pas la question.
M. Garon: Un employé et demi, l'un à temps partiel
et l'autre à temps plein...
M. Lincoln: M. le ministre.
M. Garon: ...pour gérer ces bateaux-là, le reste se
passe sur l'eau. À Blanc-Sablon, par exemple, on va retrouver un conseil
d'administration d'une usine de Blanc-Sablon, mais celui qui va diriger
quotidiennement l'usine sera le gérant ou le directeur
général. Dans une Société québécoise
des pêches, on ne retrouvera pas plusieurs employés. Ce n'est pas
là que seront les employés, mais plutôt dans chacune des
filiales. Je ne m'attends pas qu'on retrouve plusieurs employés dans la
Société québécoise des pêches. Au contraire,
je m'attends qu'on en trouve très peu mais on en trouvera dans chacune
des filiales. Par ailleurs, des analystes vont étudier le comportement
de la Société québécoise des pêches et de ses
filiales. Mais le travail va se faire dans les filiales de la
Société québécoise des pêches qui
elle-même sera une filiale de SOQUIA. Dans mon esprit, ce n'est pas au
siège social que les activités se passeront. Les activités
vont se passer concrètement.
M. Mathieu: C'est à Montréal qu'on siège, ce
n'est pas à Québec.
M. Garon: ...sur le territoire maritime. On le verra dans
l'avenir et on constatera la grande sagesse qu'il y avait à constituer
cette Société québécoise des pêches qui
aurait dû être constituée depuis de nombreuses
années. On verra à quel point on mariera, dans un même
conseil d'administration, des gens qui s'occupent de la production et des gens
qui s'occupent des marchés, des gens qui sont plus forts dans la
production du poisson, d'autres qui sont plus forts dans la mise en
marché et il y a certaines personnes qui combinent les deux.
Pour qu'on trouve une heureuse compréhension de l'ensemble du
secteur des pêches, de la prise du poisson jusqu'à la table du
consommateur, pour retrouver tous ces gens réunis dans un conseil
d'administration - le siège social peut être le lieu d'une
réunion par année et non pas nécessairement le lieu de
réunion des différentes activités qui se passent dans
l'entreprise - il faut déterminer un siège social. Comme SOQUIA
est déjà là et a déjà un bureau, pour
minimiser les dépenses, cela pourra se faire d'une façon plus
simple à SOQUIA même, mais dans notre esprit les employés
ne se retrouveront pas en grand nombre au siège social, au
contraire.
M. Lincoln: Finalement, une dernière remarque. Tout ce que
je vais dire, M. le ministre, c'est ceci. Après vous avoir
écouté, je me demande si, malheureusement, notre amendement
n'aurait pas dû être rayer complètement l'article 6. C'est
malheureux qu'on ne l'ait pas fait parce que, plus vous parlez, plus je pense
que cette Société québécoise des pêches est
un "big show", c'est un trompe l'oeil. Vous ne savez même pas, à
ce stade-ci, si vous allez avoir un directeur général, s'il va y
avoir une équipe.
Vous parlez d'un siège social. Ce n'est pas le genre de
siège social que moi, j'ai connu quand j'étais dans le monde des
affaires privées. Ou c'est une société qui va faire
quelque chose, qui aura une direction, qui aura un objectif précis, ou
bien c'est une espèce de "show" que vous allez faire. Vous allez appeler
cela la Direction générale des pêches et c'est SOQUIA qui
va mener toute l'affaire. Vous allez avoir un petit commis qui va tenir les
livres et toute votre imagerie des pêches, c'est une affaire de carte
postale. Cela ne vit pas dans la réalité des affaires. On
s'explique maintenant pourquoi il y a tellement de filiales de SOQUIA qui vont
financièrement très mal. De toute façon, on a
proposé un amendement afin que le siège social soit à
Gaspé. Ce sera une raison, pour nous, symbolique de faire voir que cette
société va avoir une vie autonome de SOQUIA. On va le maintenir,
on va voter là-dessus. M. le Président, j'ai fini et il a
fini
M. Garon: M. le Président, je vais vous dire une
chose...
Le Président (M. Champagne): Voici, c'est son droit de
réplique et le député de Berthier avait demandé le
vote tout à l'heure.
M. Beauséjour: Question de règlement.
Le Président (M. Champagne): Oui, vous aimeriez un
consentement pour une dernière réponse.
M. Houde: M. le Président, je vais lui donner la
permission avant de demander le vote.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Beauséjour: Pourquoi?
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi. Je pense au groupe de
pêcheurs de Newport qui sont intéressés à participer
à la Société québécoise des pêches.
Est-ce qu'ils veulent que leurs activités soient mélangées
à celles des pêcheurs de la Côte-Nord, des
Îles-de-la-Madeleine ou d'autres secteurs de la Gaspésie? Non! Ils
vont vouloir qu'il y ait une filiale de SOQUIA dans laquelle la
Société québécoise des pêches aurait une
participation, mais que cette entreprise soit clairement identifiée
comme étant une entreprise de Newport, de la même façon
qu'ils voudront continuer à Grande-Rivière les Crustacés
de Gaspé - où il y a une participation de SOQUIA qui pourrait
être la participation de la Société
québécoise des pêches - dont les activités se
déroulent à 100% à Grande-Rivière. À
Blanc-Sablon, les gens qui investissent vont avoir un gérant, vont
vouloir que les profits de leur entreprise se retrouvent dans le bilan de leur
entreprise de Blanc-Sablon et garder les profits pour les gens de Blanc-Sablon
proportionnellement à la participation, aux actions qu'ils auront
à Blanc-Sablon et à celles de la Société
québécoise des pêches.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ne faites pas le tour du
Québec.
M. Mathieu: Comme Réal Caouette.
M. Garon: Sauf qu'on retrouvera un certain nombre de filiales
dans la Société québécoise des pêches et ces
filiales auront leurs activités, mais il y aura un agent de coordination
qui sera la Société québécoise des pêches
dont le siège social sera à Québec et dont les
activités se dérouleront sur le territoire.
Le Président (M. Champagne): II y a consentement pour la
dernière réponse. Quand même, le vote a été
demandé. Je retiens l'intervention du député d'Iberville
qui soulevait une question de règlement, je pense.
M. Beauséjour: M. le Président, c'était
simplement pour vous faire remarquer en toute politesse, que dans les
commissions parlementaires ou dans notre règlement je ne connais pas de
droit de réplique si ce n'est qu'un député a le droit de
parler pendant 20 minutes.
Le Président (M. Champagne): Non, nous sommes sur un
amendement.
M. Beauséjour: On n'a pas le droit de réplique dans
les commissions.
Le Président (M. Champagne): Voici, avant de passer au
vote...
M. Mathieu: Je voudrais poser une question brève au
ministre et elle n'engendrera pas de débat. Si un siège social
n'est pas important, premièrement seriez-vous prêt à
demander au Mouvement Desjardins de déménager le siège
social de Lévis vers un autre endroit? On voit que cela est
important.
Deuxièmement, tout ce que vous venez de dire, c'est
l'antithèse de ce que votre gouvernement a développé
lorsqu'il a dit: On va déménager la Direction
générale des pêches maritimes à Gaspé. La
démonstration que vous venez de faire en est l'antithèse
complète.
M. Garon: Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M. Champagne): Alors, le
vote a été demandé. Ce ne sont que les membres qui
ont droit de vote. Les membres de la commission sont M. Marquis
(Matapédia), M. Beaumier (Nicolet), M. Beauséjour (Iberville), M.
Dupré (Saint-Hyacinthe), M. Gagnon (Champlain), M. Garon (Lévis),
M. Houde (Berthier), M. LeMay (Gaspé), M. Lincoln (Nelligan), M. Mathieu
(Beauce-Sud) et M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
M. Mathieu: M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) n'est pas
membre.
Le Président (M. Champagne): M. Johnson est intervenant.
D'accord. Je vous soumets l'amendement au paragraphe 21, qui va se lire comme
suit: Au lieu de dire "au même endroit que SOQUIA" on verrait les mots
"à Gaspé".
Je demande quels sont ceux qui sont en faveur de l'amendement.
M. Gagnon: M. le Président, vous faites l'appel des
membres, puis on dit si on est pour ou contre.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Ceux qui sont en
faveur de l'amendement à savoir "à Gaspé"?
M. Gagnon: Faites seulement l'appel des membres et on va dire si
on est pour ou contre l'amendement.
Le Président (M. Champagne): M.
Marquis (Matapédia)?
M. Marquis: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre l'amendement. M.
Beauséjour (Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre l'amendement. M.
Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre. M. Garon
(Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre. M. Houde
(Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Président (M. Champagne): Pour. M. LeMay
(Gaspé)?
M. LeMay: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre.
M. Lincoln (Nelligan)? M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Champagne): Pour. M. Mathieu
(Beauce-Sud)?
M. Mathieu: Pour, M. le Président, pour les
pêcheurs.
Le Président (M. Champagne): Pour. Alors, voici le
résultat: cinq sont contre l'amendement et trois sont pour l'amendement.
L'amendement est rejeté.
Oui, M. le député de Berthier.
M. Houde: Avec l'intervention que le ministre vient de nous faire
pour nous convaincre de placer le siège social à Québec
plutôt qu'à Gaspé, je pense qu'on pourrait l'engager pour
vendre des réfrigérateurs à des Esquimaux. Il serait assez
bon pour cela.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Houde: II en a vendu à ses collègues. Je n'en
reviens pas.
Le Président (M. Champagne): L'amendement a
été rejeté. On peut revenir sur le paragraphe 21. On
pourrait peut-être procéder de cette façon. Revenons
à l'article 6.
M. Gagnon: À l'article 6, c'est cela.
Le Président (M. Champagne): D'accord, on avait
appelé l'article 6.
M. Garon: Quels sont ceux qui sont pour ou contre l'article
6?
Le Président (M. Champagne): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Mathieu: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Adopté sur division.
Alors, l'article 6 est adopté sur...
M. Lincoln: L'article 6 en entier?
Le Président (M. Champagne): Oui, on le demande de cette
façon-là.
M. Lincoln: Excusez. On a parlé seulement sur le premier
paragraphe; on devrait parler sur les autres aussi. J'aurais voulu soumettre un
amendement. Ah non, on a parlé seulement sur le paragraphe 21.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Nelligan, règle générale, on ne vote que sur l'article
principal; ensuite, par le fait même, tous les paragraphes sont
adoptés automatiquement. C'est la procédure habituelle.
M. Mathieu: C'est la Gaspésie qui m'intéresse.
Le Président (M. Champagne): C'est la procédure
habituelle, M. le député de Nelligan. Je demande une autre fois
si l'article 6...
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir?
Le Président (M. Champagne): Sur l'ensemble.
M. Lincoln: M. le Président, je suis très mauvais
en procédure et je veux bien l'admettre. C'est sûrement ma faute
de ne pas avoir saisi la nuance. J'avais l'intention de proposer un amendement
au paragraphe 24 de l'article 6. J'aurais voulu le proposer et je ne
réalisais pas qu'on allait adopter... (23 h 45)
M. Garon: On va voter paragraphe par paragraphe, ce sera plus
simple.
Le Président (M. Champagne): Oui, oui.
M. Lincoln: J'aurais préféré paragraphe par
paragraphe, parce que j'ai quelques questions à poser au ministre...
M. Garon: D'accord.
M. Mathieu: Consentement.
M. Lincoln: ...surtout après ses déclarations tout
à fait extraordinaires.
M. Garon: Allez aux paragraphes 21, 22, 23 et 24.
M. Lincoln: Au paragraphe 21.
Le Président (M. Champagne): D'accord. Considérant
qu'il y aura d'autres amendements, je vais demander si le paragraphe 21 est
adopté.
M. Mathieu: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Sur division. Le paragraphe
21 est adopté sur division. J'appelle le paragraphe 22 de l'article 6.
Est-il adopté?
M. Lincoln: J'aurais voulu poser une question au ministre.
Le Président (M. Champagne): Allez-y, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Vous allez mettre un capital de 20 000 000 $ dans
cette Société québécoise des pêches. Vous
avez dit, l'autre jour, en Chambre, qu'on aura 20 000 000 $ et qu'on ira
récupérer un autre montant de 20 000 000 $ des
sociétés privées ou d'autres intervenants dans le milieu
des pêches. Cela fera 40 000 000 $. Là, vous avez dressé un
fameux mirage. Vous avez déjà vos 40 000 000 $ et cela va vous
permettre d'avoir des investissements additionnels de 100 000 000 $.
M. Garon: De 60 000 000 $.
M. Lincoln: Ah non! Vous avez dit 100 000 000 $, l'autre
jour.
M. Garon: Non, non, j'ai dit qu'on va atteindre les 100 000 000
$.
M. Lincoln: Ah bon! Ah bon! Une autre façon. Tout d'abord,
vous dites qu'on va commencer les premiers projets à Natashquan et
à Blanc-Sablon.
M. Garon: Oui.
M. Lincoln: Dès maintenant, vous commencez les projets,
mais vous ne nous avez pas dit - je ne l'ai pas entendu -combien d'argent sera
dépensé. Où allez-vous trouver ces investissements
additionnels de 20 000 000 $ pour "matcher" vos 20 000 000 $?
M. Garon: Chez le peuple.
M. Lincoln: Chez le peuple. Ah bon!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Avec les taxes.
M. Lincoln: D'accord, chez le peuple. Une voix: Encore
d'autres taxes.
M. Lincoln: En plus, les 60 000 000 $ additionnels, où
allez-vous trouver tout cela? Est-ce que tout cela est encore un autre mirage
ou bien si c'est quelque chose que vous avez planifié? Est-ce que vous
avez mieux planifié cela que votre directeur général ne
l'a fait, quand vous ne savez même pas s'il sera en place ou non? Ou bien
est-ce purement "big talk"?
M. Garon: Quoi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "Big talk".
M. Lincoln: Est-ce que c'est "big talk"?
M. Garon: Big, quoi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): "Talk. T-a-l-k". Vous parlez
anglais, M. le ministre, quand même.
M. Lincoln: "Talk". Excusez-moi. M. Garon: Vous avez un
accent.
M. Lincoln: Oui, c'est mon problème. Est-ce que vous avez
des chiffres à l'appui? Est-ce que vous avez des analyses pour nous
démontrer que vous trouverez encore 60 000 000 $ en plus des autres 20
000 000 $? Où chercherez-vous tout cela? Est-ce que vous avez fait des
recherches? Qu'est-ce que vous avez fait? Vous rigolez. Ce n'est pas de la
rigolade. Vous dites qu'on ira récupérer 20 000 000 $. Ah bon!
Cela vous fait rire.
M. Garon: Oui. On va aller chercher l'argent dans les banques,
là où il y en a. Au fond, vous savez comme moi que, si on fait
une usine, par exemple, à Blanc-Sablon, supposons que l'usine
coûte 5 000 000 $, ce qui n'est pas impossible...
M. Lincoln: Vous ne le savez même pas encore.
M. Garon: Bien non! C'est évident. Mais on a actuellement
des études qui démontrent que...
M. Lincoln: Bien oui! C'est ce qu'on vous demande. Quelles sortes
d'études vous avez?
M. Garon: II y a des études qui ont été
faites par des firmes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Nommez-les!
M. Garon: Ah! Démon! Je n'ai pas apporté mon...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Déposez les études.
M. Garon: Comment s'appelle cette firme? Howe, c'est autre
chose.
Une voix: Voulez-vous déposer les études?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est quoi Howe, dites-nous le
donc.
M. Lincoln: Vous ne connaissez pas le nom de l'étude.
M. Garon: Je ne m'en souviens pas. CD. Howe. Mais ce n'est pas
cela. C'est pour le parc du gouvernement.
M. Lincoln: CD. Howe est mort, M. le ministre.
M. Garon: Oui, mais il y a un institut.
M. Lincoln: Ah bon! CD. Howe Institute.
M. Garon: Je ne me souviens pas du nom de la firme, mais il y a
une étude qui est faite sur les 15 entreprises qu'il devrait y avoir
à Blanc-Sablon. Actuellement, je ne sais pas où en sont rendus
les travaux, mais est-ce qu'on doit regrouper cela dans une même usine ou
dans deux usines différentes, un séchoir ou une usine polyvalente
ou les deux regroupés ensemble? Les gens qui travaillent actuellement
sur la rentabilité du projet regardent ce qu'on devrait retrouver: une
usine polyvalente, un séchoir dans deux activités
différentes ou regroupés dans une même usine. La
localisation idéale est à Blanc-Sablon. C'est actuellement
analysé par une firme qui est à faire des travaux à ce
sujet. À Natashquan également, des études ont
été faites, à savoir quel genre d'entreprise on devrait
retrouver à Natashquan. Des activités de transformation se font
déjà. Actuellement, à Blanc-Sablon, par exemple, il s'agit
d'une entreprise de Terre-Neuve qui loue un local, qui fait du salage de
poisson et transporte ensuite le poisson salé vers Terre-Neuve, pour le
sécher là-bas. Il y a déjà des activités qui
se passent là. Maintenant, des activités de transformation plus
poussée pourraient se faire sur place et permettre d'engager du monde.
Les gens de la place y sont intéressés et m'ont même
assuré, lors des rencontres que j'ai faites là-bas, qu'ils
étaient même intéressés à investir.
M. Lincoln: À Blanc-Sablon, ils ont 2 500 000 $ à
investir ou à Natashquan?
M. Garon: Ils n'ont pas 2 500 000 $, mais...
M. Lincoln: Mais vous venez de parler de 5 000 000 $.
M. Garon: Oui mais, vous savez, quand on forme une entreprise, il
y en a une partie ramassée sous forme de capital-actions, une autre est
obtenue sous forme d'emprunt, le reste, sous différentes formes de
placements par les pêcheurs ou par les employés. Tout cela, pour
entrer en discussion, mais on ne peut pas le faire avant d'adopter le projet de
loi. Quand on aura adopté le projet de loi, on va engager quelqu'un et,
à ce moment, on va faire les rencontres nécessaires pendant que
les études vont se terminer afin de voir quel genre d'entreprise
on va trouver là. J'espère qu'on va pouvoir faire cela le
plus rapidement possible. Moi, idéalement - je ne sais pas si cela va
être possible - j'aimerais que la construction commence cet automne.
C'est peut-être rapide un peu, mais ce serait l'idéal.
M. Lincoln: Cela va se faire cet automne. Vous ne le savez
même pas.
M. Garon: À Natashquan, il s'agit d'un projet qui serait
beaucoup plus petit parce que les volumes sont moins considérables et,
là aussi, j'espère que cela pourra se faire; on a
déjà le terrain, il appartient déjà au
ministère. Il ne s'agit pas de projets prévus pour la semaine des
quatre jeudis. Je n'aimerais pas aller aux prochaines élections avant
d'avoir réalisé ces projets.
M. Lincoln: Ah bon! C'est une affaire électorale. Vous
allez faire les projets en novembre. Vous ne connaissez même pas le nom
du groupe qui va faire les études...
M. Garon: Non, mais les gens savent...
M. Lincoln: Ah bon! Les gens le savent et vous, vous ne le savez
pas.
M. Garon: Les gens de Blanc-Sablon, que j'ai rencontrés,
à plusieurs reprises, savent qu'il s'agit de projets concrets. Ils
savent actuellement que des études se font par les firmes
d'ingénieurs pour un parc d'hivernement à Blanc-Sablon. Nous
sommes allés en appels d'offres au cours de l'été et les
travaux vont commencer à la fin de l'été pour faire un
parc d'hivernement à Blanc-Sablon. Ils savent également que nous
sommes en faveur de la construction d'un centre de transformation du poisson
à Blanc-Sablon et que nous allons réaliser ces objectifs.
Éventuellement, les poissons qui ne pourront pas être
traités à bord du bateau Kristina Logos, parce qu'il s'agit de
petites crevettes, pourraient l'être possiblement à Blanc-Sablon.
Je ne sais pas si vous avez regardé la carte du Québec, mais
à l'entrée du détroit de Belle-Isle se trouve Blanc-Sablon
qui est un avant-poste extraordinaire. Tout ce que j'espère, c'est que
le fédéral ne nous mettra pas de bâtons dans les roues
lorsqu'on va réaliser ce projet à l'intention des
Québécois.
M. Lincoln: Vous dites que vous espérez que ce ne sera pas
trop rapide. Vous allez dépenser de l'argent, plusieurs millions de
dollars à Blanc-Sablon sans même savoir, à ce stade-ci, qui
est en train de faire l'étude. Vous ne pouvez nous donner aucun
détail. Vous dites que c'est très concret, mais quand on vous
pose des questions...
M. Garon: C'est la firme Soma, je pense.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Saumon. C'est normal.
M. Lincoln: Saumon. C'est cela. Non, c'est sébaste. C'est
une firme dont vous ne connaissez pas le nom. Vous allez investir.
Vous-même pensez que c'est rapide...
M. Garon: Je connais le nom de la firme. Je ne me rappelle pas
comment cela s'écrit exactement, mais il me semble que c'est Soma. Ce
n'est pas important.
M. Lincoln: Vous allez dépenser de l'argent avant la
prochaine élection. Est-ce que vos remarques veulent dire que c'est une
espèce de société électorale? Vous allez
dépenser ces 20 000 000 $ avant les élections pour nous
éblouir avec un projet concret. Est-ce vraiment la réalité
des choses? Est-ce que vous n'auriez pas pu prendre un peu plus de temps pour
nous dire ce que vous allez faire avec cet argent?
M. Garon: Dans le domaine des pêches, nous avons mis en
place des instruments. Nous avons adopté une loi, en décembre
1981, la Loi sur les produits marins. Il y a des façons de faire de
l'argent, mais je préfère ne pas en faire comme cela.
Le Président (M. Champagne): Un instant, M. le
député de Berthier, vous n'aviez pas le droit de parole.
M. Houde: Question de directive, d'abord.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Berthier, vous n'aviez pas le droit de parole. Je ne sais pas pourquoi...
M. Houde: De quelle façon puis-je avoir la parole?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ils ont le droit de mentir et
ils ont le droit de dire n'importe quoi.
M. Houde: Alors, continuez, à charrier.
M. Garon: Quand on regarde le projet, nous avons
fonctionné d'une façon rationnelle.
M. Houde: Je vais lui boucher un trou, quelque part. Est-ce que
je le dérange, moi?
Le Président (M. Champagne): S'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Houde: Le ministre avance n'importe quoi.
M. Garon: Oui, mais qui donc m'a attaqué?
M. Houde: C'est moi qui lui parlais et il me retourne
l'appel.
Le Président (M. Champagne): Voici, vous n'aviez pas le
droit de parole; donc, vos propos ne sont pas enregistrés. On ne
répond à rien en fin de compte. M. le ministre, on va
espérer finir à minuit. Une courte réponse,
j'espère. M. le ministre, à vous la parole.
M. Garon: Nous avons de nombreux projets. D'ailleurs, vendredi,
je suis allé dans le territoire maritime annoncer d'autres projets avec
le nouvel adjoint parlementaire aux pêches. Nous serons ensemble dans son
comté et dans d'autres comtés pour annoncer des projets qui ont
atteint leur maturité dans le sens de la modernisation du secteur des
pêches, dans le sens de l'implication du milieu, dans le sens de la
collaboration avec la reprise en main des activités par les gens du
milieu. Un des projets, par exemple, pour la plus grande gloire des gens de la
Gaspésie, c'est la reprise en main des activités. Je suis
persuadé, quand on sera à Cloridorme pour annoncer la nouvelle
machine à glace avec un projet qui sera pris en main par la
municipalité, que les gens de Cloridorme vont sentir une certaine
fierté parce qu'avant tout le monde était après le
gouvernement. Tandis que là, le gouvernement va aider des gens
localement à assumer des responsabilités qui vont directement
dans le sens du développement du secteur des pêches au
Québec. Nous avons mis en place des instruments qui vont commencer
à rapporter d'une façon beaucoup plus rapide et c'est
déjà commencé. Au cours des prochaines semaines et des
prochains mois, cela va aller sans arrêt de pelletées de terre en
coupage de rubans, comprenez-vous.
M. Lincoln: C'est cela. Une voix: Je le savais.
M. Garon: Les projets déboulent parce qu'il y a des plans
qui se font. Dans tous les parcs d'hivernement, il n'y avait pas eu une
construction depuis 1968. Sous le Parti libéral ou sous l'Union
Nationale, de 1968 à 1981, construction zéro, en treize ans. Sous
le gouvernement actuel, les pêcheries ont été
rattachées au ministère de l'Agriculture seulement en 1980 et on
va inaugurer deux usines dans le parc de Grande-Rivière. Le parc est
quasiment plein. Il y en a une autre qui est en construction dans le parc de
Rivière-au-Renard. Trois usines dans les parcs industriels en l'espace
d'un an, alors qu'en treize ans il y a eu aucune usine. Cela fera au moins deux
coupures de rubans ou pelletées de terre. Il y aura une quatrième
pelletée de terre à Cloridorme aussi pour un autre projet qu'on a
annoncé. On est allé rencontrer la population avec le
député de Gaspé, toute la population avec le conseil
municipal au complet dans la salle paroissiale. On a parlé avec eux de
ce qu'ils voulaient et de ce qu'ils souhaitaient comme avenir. On a dit:
Impliquez-vous et on va s'impliquer. S'ils sont prêts à
s'impliquer et qu'on s'implique, il va y avoir un magnifique projet. On n'aura
pas besoin de glace à un prix élevé, on pourra avoir la
glace à meilleur marché et administrée par eux avec
l'implication de la municipalité. Je suis très fier de cette
réalisation. Auparavant, tout le monde était en train de
téter après le gouvernement. Les gens vont prendre leurs
responsabilités parce qu'on a confiance aux gens du territoire maritime
qui sont capables d'assumer des responsabilités. C'est cela qu'on veut
faire et c'est cela qu'on va faire. Je suis convaincu que c'est de cette
façon qu'on va passer à travers une modernisation du secteur des
pêches.
J'ai également rencontré un groupe d'industriels dans le
domaine du poisson salé et séché. Ces gens se sont
toujours coupé la tête les uns et les autres dans le passé.
Pour la première fois cette année, ils ont travaillé
regroupés pour vendre leur produit ensemble. Cela va exactement dans le
sens de ce que nous avons dit depuis le début, que les gens devraient se
regrouper pour faire de l'activité ensemble. Ils sont très fiers
de cela et ils veulent qu'on parle ensemble des projets d'avenir dans ce
secteur. C'est la situation dans le secteur des pêches. D'ici aux
prochaines élections - il reste encore deux ans ou deux ans et demi - on
a le temps de mettre en place véritablement notre politique des
pêches. Les gens diront aux prochaines élections: Nous voulons que
cela continue dans la même direction, ne changeons pas de
gouvernement.
M. Mathieu: N'oubliez pas de leur dire que vous avez voté
contre le siège social à Gaspé.
Le Président (M. Champagne): Est-ce qu'on pourrait
disposer maintenant du paragraphe 22, s'il vous plaît?
M. le député de Nelligan, avant que vous arriviez, on y
allait par article et vous avez demandé qu'on y aille par paragraphe.
Cela devient peut-être plus lourd et c'est une discussion qui peut...
M. Mathieu: On est habitué à la lourdeur, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): S'il y a consentement pour
reprendre tous les paragraphes.
M. Lincoln: Non, j'ai un amendement au paragraphe 24.
Le Président (M. Champagne): On va aller tout de suite
à votre amendement au paragraphe 24.
Quel est votre amendement, M. le député? (minuit)
M. Gagnon: Je m'excuse, il est exactement minuit.
M. Garon: Je suis prêt à continuer.
Une voix: Je suis fatigué.
M. Garon: J'aime autant qu'on termine.
Une voix: Allez-y! Le député de Champlain peut y
aller.
M. Mathieu: Allez-y, on sera plus pour voter.
Le Président (M. Champagne): Cela me prendrait un
consentement. Il y a un consentement pour combien de temps?
M. Mathieu: M. le Président, je suis prêt, en toute
bonne foi, à donner un consentement si les travaux sont susceptibles de
se compléter ce soir. Un instant, je voudrais demander au ministre s'il
est de son intention que nous adoptions le projet de loi article par article ce
soir.
M. Garon: J'aimerais autant. De toute façon, on pourrait
faire d'autres choses demain.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Mathieu: Nous avons l'habitude de collaborer efficacement.
Nous verrons, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Oui. J'entendais le
député de Vaudreuil-Soulanges proposer peut-être une
demi-heure.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour commencer. Il y a un beau
projet dans Charlevoix.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Champlain, voulez-vous commencer pour une demi-heure?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour commencer.
M. Gagnon: Pour une demi-heure.
M. Mathieu: À condition que le ministre ne soit pas trop
long.
Le Président (M. Champagne): Alors, nous allons entendre
votre amendement, M. le député de Nelligan...
M. Garon: À-t-on adopté les articles 22 et 25?
Le Président (M. Champagne): Enfin, on va y aller à
la suite de l'amendement.
M. Mathieu: Je préférerais qu'on adopte les
articles 22 et 23.
M. Garon: Oui et on ira à l'article 24 après.
Passons les paragraphes un par un.
M. Lincoln: Sur division.
Le Président (M. Champagne): C'est parce que cela va nous
sembler lourd après. S'il y a seulement un amendement à 24, on va
adopter l'amendement s'il doit l'être. Ensuite, on reviendra à
l'article 6 global.
M. Mathieu: M. le Président, pourquoi n'adoptons-nous pas
pour commencer l'article 22 et ensuite l'article 23?
Le Président (M. Champagne): Parce qu'on n'a pas fait
cette procédure pour les autres articles. D'accord?
M. Mathieu: Cela ne fait rien, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Alors, j'attends de la part
du député de Nelligan l'amendement au paragraphe 24 de l'article
6.
M. Lincoln: Cela sera trop difficile pour vous, M. le
ministre.
M. Garon: Allez-y donc.
M. Lincoln: Au paragraphe 24 de l'article 6, j'aurais voulu
ajouter les paragraphes suivants: "La Société
québécoise des pêches doit déterminer par
règlement les critères qui doivent servir de guides à
l'évaluation de la pertinence d'un projet aux fins de l'article 21,
lequel règlement doit être publié dans la Gazette
officielle du Québec. "La Société québécoise
des pêches ne peut en aucun temps détenir la majorité des
actions d'une entreprise constituée en corporation."
Le Président (M. Champagne): Voici l'amendement.
Pourrait-on en avoir d'autres copies?
Alors, je vais le répéter pour tous les membres de la
commission: "Que l'article 6 soit modifié en ajoutant les paragraphes
suivants après le paragraphe 24 - cela veut dire qu'on ne touche pas au
paragraphe 24 -
"La Société québécoise des pêches doit
déterminer par règlement les critères qui doivent servir
de guides à l'évaluation de la pertinence d'un projet aux fins de
l'article 21, lequel règlement doit être publié dans la
Gazette officielle du Québec. "La Société
québécoise des pêches ne peut en aucun temps détenir
la majorité des actions d'une entreprise constituée en
corporation."
M. Lincoln: Brièvement, au sujet de l'amendement, parce
que je n'ai pas envie de m'éterniser, car je crois que la chose parle
par elle-même. En fait, dans le projet de loi no 22, Loi modifiant la Loi
sur l'aide au développement touristique, qui a été
présenté par un ministre qui s'intéresse aux affaires et
qui, peut-être, a des informations que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation ne semble pas avoir, cette même
rubrique est inscrite. Je trouve que c'est une clause sécuritaire qui
est tout à fait logique dans ce cas.
L'amendement que j'ai suggéré au deuxième
paragraphe, soit que "La Société québécoise des
pêches ne peut en aucun temps détenir la majorité des
actions d'une entreprise constituée en corporation", encore une fois,
parle par lui-même. Il n'y a rien dans cette loi qui nous indique que
vous devez maintenir à 50% votre capital-actions dans une autre
corporation. Il n'y a rien qui dise que vous ne pouvez pas acheter, par
exemple, une société à 100%. Nous voulons que le milieu
soit impliqué et qu'il contrôle sa propre affaire. Nous ne voulons
pas que la Société québécoise des pêches
s'accapare de tout le milieu de la pêche, comme cela pourrait être
le cas si on ne mettait pas cette restriction.
Alors, j'espère que vous allez accepter notre amendement et que
vous verrez le bien-fondé de ces deux amendements qui ne changent en
rien les pouvoirs de la société d'agir avec l'objectif qu'elle
a.
M. Garon: Cela va?
Le Président (M. Champagne): Alors, M. le ministre.
M. Garon: Je vais dire brièvement que je vais voter contre
cet amendement pour la raison suivante. Je vois, encore là, un autre
règlement. Je partage avec l'Opposition le fait qu'il ne faut pas faire
trop de règlements inutiles. Je m'aperçois que l'Opposition veut
réglementer pour le plaisir de réglementer. Quand elle fait son
discours en Chambre, elle dit qu'on est dans un parti de règlements et
que le gouvernement veut toujours réglementer, mais c'est elle qui
propose des règlements additionnels qui sont inutiles.
Je comprends que, dans le cadre du projet de loi sur l'aide à
l'industrie touristique, il s'agit de programmes ou de critères pour
donner des subventions. On peut dire qu'il y aura des critères en vertu
desquels on pourra donner ces subventions. Mais, lorsqu'il s'agit d'une
société qui fera des investissements, on ne peut pas encadrer ces
investissements de la même façon. Quand on dit qu'on ne pourra
avoir plus que 50%, je vais vous donner un exemple concret d'une situation
où on se paralyserait, où on se donnerait des carcans inutiles.
Récemment, SOQUIA a acquis le Lumaaq. Une transaction s'est
présentée et l'opération financière s'est faite en
l'espace d'une semaine. Des gens ont même dit qu'ils n'avaient jamais vu
un gouvernement agir aussi rapidement. Il s'est écoulé une
semaine entre le moment où l'opération a commencé et la
réalisation de la transaction. Pourquoi? Parce qu'on avait la
possibilité d'acquérir un bateau pour environ 2 500 000 $. Un
bateau, comme valeur de remplacement, coûterait environ 7 000 000 $ ou 8
000 000 $.
M. Lincoln: Pourquoi l'ont-ils vendu? Il faut se demander
pourquoi ils l'ont vendu. C'est peut-être parce que le bateau ne valait
rien.
M. Mathieu: II a augmenté de prix depuis votre dernier
discours.
M. Garon: Le but n'est pas que SOQUIA ait 100% des actions. Mais
il faut trouver de nouveaux partenaires.
Actuellement, nous sommes à trouver de nouveaux partenaires dans
cette société. Actuellement, je pense qu'il y a trois groupes
d'investisseurs... C'est cela? Il y a quatre groupes privés, à
part SOQUIA, qui semblent maintenant intéressés. La
première semaine, on n'avait pas de groupe intéressé. Le
premier groupe, le groupe des Eskimos, c'est moi qui leur en ai parlé la
première fois pour leur dire qu'on souhaitait les avoir comme
actionnaires dans cette nouvelle société avec ce bateau et que
l'acquisition du bateau n'avait pas pour but de faire en sorte qu'ils ne soient
pas dans le secteur des pêches, mais qu'au contraire on aimerait qu'ils
participent. Il semble que les Eskimos formeront un groupe d'actionnaires pour
avoir une participation dans le bateau. Il y a d'autres groupes, depuis ce
temps, qui ont été approchés et qui sont
intéressés. Il y en a d'autres qui n'ont pas été
approchés et qui ont montré de l'intérêt.
Il fallait qu'il y ait une période transitoire. Je ne pense pas
que, au bout de la course, SOQUIA détiendra plus de 50%. Mais mettre un
tel carcan dans un projet de loi créerait une situation qui ne serait
pas bonne. Je pense que cela empêcherait de faire des opérations
souhaitables. Je pense qu'il y a déjà une directive au sujet
de
SOQUIA. Il pourrait y avoir une nouvelle directive au niveau de la
Société québécoise des pêches pour indiquer
la participation qu'elle pourra détenir, quand elle pourra
détenir plus de 50%. Il ne faudrait pas inscrire cela dans le projet de
loi, mais plutôt le faire dans le cadre d'une directive, qui est plus
souple, qui peut être modifiée facilement et déposée
à l'Assemblée nationale. Une loi est un cadre d'opération
trop rigide pour être efficace.
M. Houde: M. le Président, le vote.
Le Président (M. Champagne): Le vote est
demandé.
M. Mathieu: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Enfin, il faudrait que vous
vous entendiez avec vos collègues qui demandent le vote.
Une voix: C'est de nouveau la confusion.
M. Mathieu: M. le Président, je ne peux pas voter sur
l'article 6, paragraphes 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28 et 29.
Le Président (M. Champagne): Un instant. Voici la
procédure que nous suivrons...
M. Mathieu: Mais l'article 6 comprend tout cela.
Le Président (M. Champagne): Non, ce n'est pas cela. "Que
l'article 6 soit modifié en ajoutant les paragraphes suivants
après le paragraphe 24", c'est cela, l'amendement. On ne votera que sur
cet amendement.
M. Mathieu: Votons pour cela.
Le Président (M. Champagne): D'accord.
M. Garon: II faudrait qu'il y ait un caucus dans le Parti
libéral pour que vous accordiez vos violons.
M. Houde: Demandez le vote sur l'amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): D'accord. L'amendement en
ajout après le paragraphe 24 qui se lit comme suit: "La
Société québécoise des pêches doit
déterminer par règlement les critères qui doivent servir
de guides à l'évaluation de la pertinence d'un projet aux fins de
l'article 21, lequel règlement doit être publié dans la
Gazette officielle du Québec. "La Société
québécoise des pêches ne peut en aucun temps détenir
la majorité des actions d'une entreprise constituée en
corporation."
M. Marquis (Matapédia) n'est pas ici?
Une voix: II est parti.
Le Président (M. Champagne): M.
Beaumier (Nicolet)?
M. Beaumier: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre. M. Beauséjour
(Iberville)?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Champagne): Contre. M. Gagnon
(Champlain)?
M. Gagnon: Je pense que je suis contre.
Le Président (M. Champagne): M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Président (M. Champagne): M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Président (M. Champagne): M.
LeMay (Gaspé)?
M. LeMay: Contre.
Le Président (M. Champagne): M.
Lincoln (Nelligan)?
M. Lincoln: Pour.
Le Président (M. Champagne): M.
Mathieu (Beauce-Sud)?
M. Mathieu: Pour.
Le Président (M. Champagne): Cinq contre et trois pour.
L'amendement est donc rejeté. Nous revevons à l'article 6. Est-ce
qu'il y en a d'autres qui auraient des amendements?
M. Mathieu: M. le Président, à l'article 23, je
n'ai pas d'amendement, mais j'aurais un commentaire à demander au
ministre. Il est écrit que le conseil d'administration de la
Société québécoise des pêches est
composé de sept personnes. Trois seront nommées par le
gouvernement, trois par SOQUIA et le président sera nommé par
SOQUIA sur approbation du ministre. N'aurait-il pas été plus
simple de dire que c'est le ministre qui nomme tout ce monde-là?
D'abord, dans les faits, c'est ce qui arrivera.
M. Garon: C'est-à-dire que, dans les
faits, je pense que SOQUIA se forcera pour trouver des gens qui peuvent
siéger au conseil d'administration et qui seraient nommés par
elle. De l'autre côté, le gouvernement se forcera pour trouver des
gens pour y siéger et j'ai l'impression que, dans les faits, il y aura
consultation. Eux favoriseront tel genre de nomination, le gouvernement
favorisera tel genre de nomination et, finalement, on se retrouvera avec un
conseil d'administration qui tiendra compte de différents aspects. Cela
aurait pu être comme vous le dites. Comme il s'agit d'une filiale de
SOQUIA et que tout le conseil d'administration de SOQUIA est nommé par
le gouvernement, il y a donc une certaine responsabilité de SOQUIA par
rapport à l'entreprise filiale. Il est bon qu'un certain nombre
d'administrateurs puissent être nommés par SOQUIA. L'initiative
viendra de SOQUIA, mais après consultation. Il est évident qu'il
y aura consultation entre les deux.
M. Mathieu: En ce qui concerne le président, est-ce que
vous pouvez nous dire si le président de SOQUIA sera le président
de la nouvelle Société québécoise des
pêches?
M. Garon: Cela n'a pas été discuté
jusqu'à maintenant.
M. Mathieu: Ce n'est pas parce que je suis contre cela, remarquez
bien. Je vous pose la question, tout simplement.
M. Garon: On n'a pas encore décidé s'il y aurait un
président de la société et un président du conseil.
Il pourrait y avoir une distinction entre les deux présidents,
président de la société et président du conseil, de
sorte qu'il y ait un mariage qui tiendrait compte des différentes
possibilités. Ce n'est pas encore décidé.
M. Johnson (Vaudrcuil-Soulanges): Toujours sur l'article 23, on
voit à la nomination de six administrateurs et non pas sept. Comment est
nommé le septième?
M. Garon: Le septième, le président, est
nommé par SOQUIA, sur approbation du ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui et puis? Où est-ce
indiqué que le président est membre du conseil? Je demande cela
comme cela.
M. Garon: Le conseil d'administration est composé de sept
membres...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. M. Garon: ...dont
trois nommés...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Garon: ...par SOQUIA, trois nommés par le gouvernement,
et le président de la société est nommé par SOQUIA
sur approbation du ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Comment cela peut-il faire
sept membres au conseil? Cela fait six membres du conseil. Où est le
septième membre?
M. Garon: II est évident que le président...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est évident?
Voulez-vous partir d'ici avec une loi adoptée comme cela et devoir
nommer sept personnes? Le gouvernement en nommera trois, SOQUIA trois, et le
septième membre du conseil?
M. Garon: II est nommé par SOQUIA sur approbation du
ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bien non, c'est le
président.
M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le septième membre du
conseil est nommé comment? On va se comprendre. Ce n'est pas
écrit nulle part que le président de la Société
québécoise des pêches est un membre du conseil
d'administration. Il peut fort bien ne pas être membre du conseil
d'administration.
M. Mathieu: On va faire un amendement et ce sera l'Opposition qui
nommera le septième.
M. Garon: II est évident que le président de la
société, nommé par SOQUIA sur approbation du
ministre...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est évident dans votre
esprit, mais pas à la lecture, M. le ministre. Il m'apparaît que
vous ne pourriez pas, avec le libellé comme il se lit, nommer sept
personnes au conseil. Vous pourriez en nommer six facilement, c'est une affaire
de rien, et vous pourriez nommer un président, mais il ne serait pas
membre du conseil.
M. Garon: II est évident, à la lecture
même...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est évident que c'est
ce que vous voulez. On ne parle pas de l'esprit de la loi; on parle de nommer
de façon légale sept membres au conseil. Vous n'en voulez pas
six, vous en voulez sept. Vous pouvez en nommer trois,
SOQUIA peut en nommer trois. M. Garon: Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
SOQUIA nommera le président sur votre approbation.
M. Garon: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le président de la
société, pas le président du conseil. Il n'est pas membre
du conseil. C'est un président.
M. Garon: II est évident qu'il est membre du conseil. (0 h
15)
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Gaspé.
M. Garon: Si j'avais voulu dire autre chose, je l'aurais dit. Le
fait que cela soit écrit de cette façon, cela va de soi.
M. LeMay: M. le Président, en lisant le paragraphe, je
comprends qu'on parle de sept membres dans le conseil d'administration. On
décrit le mode de nomination de sept personnes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De six personnes.
M. LeMay: Non. Trois par SOQUIA, trois par le gouvernement et une
autre nommée par SOQUIA sur approbation du ministre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, M. le Président. Ce
n'est pas un septième nommé...
M. LeMay: Si vous regardez l'ensemble du paragraphe, sept postes
sont décrits.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je regrette. Il y a six
membres d'un conseil d'administration avec leur mode de nomination. On pourvoit
également au mode de nomination du président de la
société.
M. Garon: C'est le président qui est président du
conseil.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est évident dans
votre esprit. Sauf qu'il y a 30 secondes vous n'étiez pas sûr s'il
y avait un président de conseil ou un P.-D.G. On ne le sait pas,
à la lecture de l'article 23.
M. Garon: J'aurais dû être plus explicite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y a absolument rien qui
pourvoit à la nomination de sept membres de conseil.
M. Garon: J'aurais dû être plus explicite. Je l'ai
peut-être mal exprimé. Ce que je voulais dire, c'est que le
directeur général ne sera pas nécessairement le
président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): D'accord.
M. Garon: II pourrait être président et être
directeur général, mais le président pourrait être
différent du directeur général.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, c'est courant.
M. Garon: Le directeur général pourrait être
membre du conseil d'administration.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est courant; il n'y a pas de
problème là, sauf que - je vous le répète pour la
dernière fois - l'article 23 ne pourvoit qu'à la nomination de
six membres du conseil. Si vous voulez absolument adopter cela de cette
façon, ce sera sur division. Vraiment, ce sera sur division parce que ce
n'est pas faisable. On ne va pas coopérer. J'ai remarqué cela et
mon collègue aussi. Vous allez être mal pris avec cela lorsque
vous allez vouloir nommer vos sept membres. Il y a un membre que vous ne pouvez
pas nommer.
M. Garon: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si vous nommez le
président au conseil, en vertu de quelle disposition le
président, qui est votre septième dans votre esprit, sera-t-il
membre du conseil?
M. Mathieu: Je vous suggère de modifier cela et d'inscrire
quatre personnes nommées par le gouvernement et trois par SOQUIA. C'est
absolument nécessaire. Vous avez un vice considérable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si je peux me permettre...
M. Garon: Vous ne trouvez pas le même vice.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ...de la façon dont le
ministre comprend l'article 23, le gouvernement nommerait trois membres, SOQUIA
nommerait trois membres et le septième membre, le président, qui
est aussi membre du conseil d'administration, est nommé de la
façon prévue ici, donc, par SOQUIA avec approbation.
M. Mathieu: II faut absolument que
vous l'ajoutiez. Il y a un vice.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): S'ils veulent le faire sur leur
proposition. Il va vite, M. le ministre, des fois.
M. Lincoln: C'est rapide. M. Mathieu: C'est
improvisé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si vous insistez.
M. Houde: Cela va plus vite pour les faire que pour les
comprendre.
M. Garon: Pardon?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va pourvoir
séparément au mode de nomination des administrateurs. On peut,
à l'intérieur du corps d'administrateurs, choisir quelqu'un qui
va s'appeler le président de la société. C'est une autre
façon de le faire. On ne peut pas simplement dire: Le président
du conseil est nommé de telle façon. Cela ne règle pas le
problème à savoir s'il fait partie des six ou s'il est un
septième. On veut s'assurer qu'il y en a sept qui sont nommés et
non pas six, plus un président.
M. Lincoln: Si vous disiez: Le président de la
Société québécoise des pêches, qui est aussi
un membre du conseil d'administration, est nommé par SOQUIA, c'est
réglé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur approbation.
M. LeMay: Non, mais après "l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation", juste avant la dernière phrase,
si on ajoutait: Le président fait partie d'office du conseil
d'administration.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah! Cela, d'accord. C'est la
même chose.
M. Lincoln: C'est la même chose. Si vous ne faites pas
cela...
M. Mathieu: ...c'est le vice. M. Garon: C'est
automatique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
Gaspé saisit beaucoup plus rapidement que le ministre ce qui se
passe.
M. Lincoln: Si vous pensez que c'est automatique, votez pour cet
article, M. le ministre, et vous allez vous pendre avec un carcan.
Une voix: L'adjoint est plus prudent que le ministre.
Une voix: Ce n'est pas gentil.
M. Houde: C'est parce qu'il ne veut pas comprendre, car il
comprend très bien.
M. Mathieu: Levez-vous de votre banquette si vous voulez
parler.
M. Houde: C'est parce qu'il ne veut pas dire que ce n'est pas
correct.
M. Mathieu: Au lieu de grogner comme un...
M. Garon: Pardon?
M. Mathieu: Je ne dirai pas le mot. Votre collègue grogne
au fond de la salle. Le député de Terrebonne, pour ne pas le
nommer.
M. Garon: Je n'ai pas l'intention de présenter cet
amendement. Maintenant, lorsqu'on fera rapport, on peut faire des amendements
en troisième lecture.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous pourrez vérifier
avec vos légistes.
Le Président (M. Champagne): Cela va?
M. Garon: On va vérifier avec les juristes qui
rédigent les projets de loi pour savoir s'il serait
préférable d'avoir une formulation plus claire. En attendant, je
laisserais cela comme cela.
Le Président (M. Champagne): Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Champagne): Sur division, le paragraphe
23.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On n'est pas pour être
complice et adopter des lois quand elles sont mal rédigées. Cela
est défectueux.
Le Président (M. Champagne): Cela va. Est-ce qu'il y a
d'autres amendements au paragraphe? On est toujours à l'article 6.
M. Mathieu: Le paragraphe 25, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Sur le paragraphe 25, est-ce
qu'il y a des questions?
Constitution de la
Société québécoise
des
biotechnologies agro-alimentaires
M. Mathieu: On aimerait bien entendre
le ministre là-dessus. On ne sait pas BIO-AGRAL, ce qu'elle va
faire, cette patente. "Elle a comme unique objet le développement des
biotechnologies rattachées à l'agro-alimentaire."
M. Garon: Savez-vous ce qu'est la biotechnologie?
M. Mathieu: Non. On vous écoute pour s'instruire.
M. Garon: Je voyais quelqu'un tantôt avec un dictionnaire.
Je voudrais vous le passer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'est pas assez
récent.
M. Garon: La biotechnologie, c'est la technologie des petits
êtres vivants. Cela peut être des bactéries, cela peut
être des enzymes, habituellement. C'est très avancé sur le
plan biotechnologique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur le plan financier, cela
faisait dur.
M. Garon: Les biotechnologies sont des sciences très
avancées. Il faut que les gens qui y pénètrent soient
aussi avancés que la science qui les sous-tend. Il y a beaucoup d'avenir
là-dedans. C'est pourquoi nous voulons nous donner l'instrument afin de
pouvoir intervenir si c'est nécessaire. Je vais vous dire bien
franchement que je préférerais qu'on n'intervienne pas, que
l'entreprise privée puisse jouer son rôle. C'est évident
qu'il y a certains risques et que, pour la mise au point d'un projet concret,
à la suite de mises au point techniques pour posséder les
biotechnologies, une société d'État peut jouer un
rôle d'appui au secteur privé ou encore lancer certains projets
qui, éventuellement, pourront même être
développés par la société d'État
elle-même, si c'est nécessaire.
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Est-ce que le ministre a en vue, par exemple, le cas
de Ayerst, McKenna, compagnie de chercheurs qui est en train de quitter
Montréal pour les États-Unis? Est-ce qu'il voudrait
récupérer ce personnel? Est-ce que vous avez quelque chose comme
cela en vue?
M. Garon: Si les gens d'Ayerst, McKenna ont un projet, cela
pourrait... Ayerst, McKenna était plutôt dans le domaine de la
santé et ici, nous sommes en biotechnologie agro-alimentaire. Ayerst,
McKenna, d'après la répartition des fonctions qui a
été définie par le gouvernement, devrait plutôt
aller voir les gens de la SGF qui, elle, va s'occuper des biotechnologies dans
d'autres secteurs que le secteur agro-alimentaire.
M. Mathieu: Vous plaquez la compagnie là. Vous la mettez
au monde. La nouvelle société, mais vous n'avez pas de projet
précis, si je comprends bien.
M. Garon: Actuellement, non, pas de projets immédiats.
M. Mathieu: Vous avez des perspectives d'avenir?
M. Garon: II y a plusieurs projets qui sont envisagés,
mais si vous voulez parler de projets immédiats qui commenceraient
aussitôt qu'on aura adopté la loi, non pas aussi proches que
cela.
M. Lincoln: Quel genre de projets envisagez-vous, M. le ministre?
Vous créez une société. Sûrement qu'il y a un
objectif quelconque. Il y a sûrement un besoin.
M. Garon: II y a un besoin.
M. Lincoln: S'il y a un besoin, est-ce que vous pouvez nous
expliquer quel genre de projets vous envisagez et quel est
l'échéancier? Est-ce que c'est pour demain, après-demain,
dans six mois, dans huit mois ou dans un an?
M. Garon: Au point de départ, on n'a pas mis en place de
projets concrets visés par la mise sur pied de la Société
québécoise des biotechnologies agro-alimentaires.
M. Lincoln: M. le ministre, quel est le besoin actuel,
maintenant, de créer cette société, si vous ne pouvez
même pas nous expliquer quel genre de projets vous envisagez? Surtout
qu'il y a un ministère de la Science et de la Technologie qui a
été formé, justement, pour s'intéresser à
toute la question des biotechnologies. Est-ce qu'on n'attend pas qu'il ait fait
des études sur toute cette question? Vous commencez quelque chose sans
même savoir où vous vous dirigez. Pourquoi une nouvelle
société? Quelle est la raison pour la formation de la
société? Est-ce qu'on peut la laisser, pour le moment,
jusqu'à ce que vous en ayez besoin?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si je peux ajouter une chose,
je pense qu'une des filiales d'Armand-Frappier s'est lancée
là-dedans avec des intérêts privés et tout.
M. Garon: Oui, je ne suis pas pour remplacer les
intérêts privés.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui,
je vous comprends, mais cela existe déjà.
M. Garon: C'est tout simplement, dans une perspective de
développement, la mise sur pied d'une industrie ou d'une entreprise qui
va aller dans les biotechnologies agro-alimentaires. Le Conseil des ministres a
fait une répartition, qui agit et dans quoi et on m'a dit: Dans le
secteur agro-alimentaire, ce sera SOQUIA; dans les autres secteurs, ce sera la
SGF. Armand-Frappier, dans les projets privés où il y a des
subventions et aucune participation dans le capital-actions, on n'a pas besoin
de SOQUIA et de la SGF.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II fait la même chose
dans l'agro-alimentaire.
M. Garon: II y a une division agro-alimentaire. Un des principaux
clients d'Armand-Frappier est le ministère de l'Agriculture.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela doit, justement.
M. Lincoln: Comment conciliez-vous tout cela?
M. Garon: Le but n'est pas de remplacer ou de concurrencer
Armand-Frappier. Il ne s'agit pas de recherche, non plus; les projets de
recherche peuvent venir des fonds de recherche universitaires. Dans la loi - je
ne me rappelle pas le numéro, c'est 19 - il y a des fonds pour la
recherche universitaire. Il va y avoir aussi, normalement, des projets de
développement industriel. S'il y a des projets de développement
industriel, là, les promoteurs des projets pourront, dans le domaine
agro-alimentaire, voir SOQUIA pour ces fins.
M. Lincoln: Qui va vous conseiller? Par exemple, Armand-Frappier,
je peux comprendre qu'un institut de recherche et des hommes de science se
lancent dans la recherche agro-alimentaire mais vous, à votre
ministère, quels sont les spécialistes qui vont vous conseiller
dans les investissements qu'on va faire? Tout cela est tellement flou, on ne
sait même pas quel genre de choses on envisage pour l'avenir. Où
sont les spécialistes qui vont vous conseiller dans cette BIO-AGRAL?
M. Garon: Oui, mais nous, on n'est pas là pour faire de la
recherche.
M. Lincoln: Non, mais si vous n'êtes pas là pour
faire de la recherche...
M. Garon: La recherche est faite ailleurs.
M. Lincoln: ...qu'est-ce que vous allez faire de l'investissement
dans les biothecnologies?
M. Garon: Lorsque pour un projet de biotechnologie, la mise au
point technique sera faite et que le projet sera prêt pour un
développement industriel - souvent, dans ces genres de projets, les gens
qui ont développé le procédé, qui sont prêts
à investir, n'ont pas les montants d'argent suffisants pour
réaliser le projet - à ce moment, la Société
québécoise des biotechnologies agro-alimentaires pourra
intervenir pour participer au capital-actions afin de lui donner un coup de
main pour démarrer son entreprise.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on parle de
développement, on parle de développement commercial et
industriel, dans ce cas-là?
M. Garon: C'est cela. Et industriel.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pourquoi ne le dites-vous pas?
M. Garon: C'est cela que j'ai dit.
M. Lincoln: Comment évaluez-vous le risque? Par exemple,
si vous prenez Bio-Endo, la filiale de la SGF - la SGF va investir dans une
filiale appelée Bio-Endo - il y a certainement une évaluation de
risque qui est très compliquée. Moi, j'ai participé
à la commission parlementaire; tout le monde posait toutes sortes de
questions.
M. Garon: Je comprends pourquoi il dit cela. Il veut dire...
M. Lincoln: II y avait des techniciens -je ne sais pas combien de
techniciens -parce que c'était une question tellement compliquée
de savoir vraiment comment évaluer ce risque. Comment cela se place-t-il
dans votre BIO-AGRAL, comment évaluez-vous un risque d'investissement
dans ce secteur? Vous dites: Quand les gens cherchent du capital dans ce
secteur, on va les aider, on va investir. Cornent allez-vous évaluer le
risque de l'investissement dans ce secteur? Est-ce que c'est Armand-Frappier
qui fait vos recherches ou est-ce la SGF qui fera l'analyse? Est-ce que votre
propre ministère a les techniciens pour faire ce travail? (0 h 30)
M. Garon: II faut dire que, dans le domaine alimentaire, la
biotechnologie est utilisée dans plusieurs secteurs. Ce n'est rien
d'exceptionnel. C'est le secteur alimentaire qui actuellement utilise le plus
la biotechnologie.
Le Président (M. Champagne):
Messieurs...
M. Garon: Le député de Vaudreuil-Soulanges dit
qu'on aurait dû mettre "industrie" quelque part pour bien faire
comprendre qu'il s'agit de traitement bioindustriel. On avait, au
départ, écrit "la Société québécoise
des bio-industries agroalimentaires" et, comme "biotechnologies" est le terme
usuel employé, on a décidé de dire "Société
québécoise des biotechnologies agroalimentaires" pour ne pas
trouver un autre terme. Il s'agit uniquement de développement
industriel, mais il peut y avoir des projets de recherche et de
développement. En termes de développement, il pourrait
concrètement y avoir un montant d'argent affecté pour terminer
une mise au point technique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Recherche et
développement.
M. Garon: Oui, recherche et développement, mais il faut
voir tout cela dans le cadre de la loi de SOQUIA et de ses objets à
l'article 3, au début de la première loi. Le tout s'inscrit dans
ce cadre-là, qui est un cadre industriel ou de transformation.
Le Président (M. Champagne): Messieurs, il est minuit et
demi. Cela me prendrait encore un consentement. Le consentement n'est pas
accepté.
M. Gagnon: On achève. Pour combien de temps en avons-nous
encore?
Le Président (M. Champagne): C'est qu'on s'est
donné, plus tôt, une demi-heure et je pense qu'on arrive à
des sous-sous-questions. De la façon dont on est parti, ça va
durer peut-être encore une heure.
M. le député, on faisait des interventions. C'est qu'il y
en a qui veulent quitter.
M. Lincoln: Je ne suis pas le "boss".
Le Président (M. Champagne): M. le député de
Beauce-Sud, si vous disiez: Nous en avons pour dix minutes, ça irait
peut-être, je ne sais pas.
M. Mathieu: M. le Président, je ne peux pas prendre un
engagement comme ça.
Le Président (M. Champagne): Bien non, mais voici c'est
que vous êtes peut-être...
M. Mathieu: Je présume que dans quinze minutes nous aurons
fini parce que, pour les articles suivants, les commentaires seront identiques
à ceux que nous venons de faire pour la Société
québécoise des pêches.
Le Président (M. Champagne): Mais, si on recommence toutes
les mêmes discussions, on va se retrouver à 1 heure ou 2
heures.
M. Mathieu: M. le Président, je m'élève
contre ce que vous voulez nous imputer comme motifs. Vous semblez croire et
nous dire qu'on fait de l'obstruction ici ce soir. Il me semble que vous
interprétez mal ce qu'on a fait ce soir. S'il y a des gens qui ont
collaboré, je pense que c'est nous, devant une loi aussi complexe que
celle qu'on a là. Si vous voulez fermer le chantier, fermez-le?
M. Garon: Je pensais que la loi était simple.
Le Président (M. Champagne): Oui.
M. Gagnon: M. le Président, c'est moi qui ai
soulevé la question de règlement. Je ne vois pas
d'inconvénient à ce qu'on fasse encore une dizaine de minutes,
mais je n'ai pas l'intention qu'on se rende jusqu'à 2 heures ou 3
heures.
M. Garon: Non, il n'en est pas question.
M. Mathieu: Va te coucher si tu n'es pas content.
M. Gagnon: II n'en est pas question. Je suis membre de la
commission parlementaire et j'ai absolument le droit d'être ici.
M. Mathieu: Si les péquistes veulent faire de
l'obstruction, faire un "filibuster", on va les endurer.
M. Gagnon: Ce n'est pas le "filibuster" que je demande. Au
contraire, je demande combien il nous reste de temps.
M. Mathieu: Vous devriez vous parler entre vous autres.
M. Gagnon: Je m'excuse, M. le Président, est-ce que
j'avais la parole? Ce n'est pas de l'obstruction, je demande, au contraire,
pour combien de temps nous en avons encore. C'est tout simplement ça. Et
si on en a - je ne veux pas vous brimer dans votre droit de parole - pour trop
longtemps, on se reprendra demain.
Le Président (M. Champagne): C'est ça. Il s'agirait
de s'entendre sur le temps. Le député de Vaudreuil-Soulanges
parlait d'une demi-heure. Je pensais qu'il y avait un genre de consentement
là-desssus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, regardez où on en
est rendu!
M. Garon: Ça va bien.
M. Houde: Nous, on est prêt à continuer tous
ensemble.
Le Président (M. Champagne): Est-ce que le
député de Champlain accepte une autre période de dix
minutes, je ne sais pas? M. le député de Nicolet.
M. Beaumier: M. le Président, le député de
Beauce-Sud vient tout simplement de mentionner que ce qu'il aurait à
dire sur les autres articles, c'est ce qu'il vient de dire sur l'article qui
est là. S'il est pour dire la même chose, je me demande
jusqu'à quel point ça va en valoir la peine, M. le
Président.
Le Président (M. Champagne): Enfin, en tout cas...
M. Mathieu: M. le Président, c'est complètement
faux et nous aurions terminé s'ils n'avaient pas apporté leur
obstruction. Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit les articles sont au
même effet que ceux que nous venons de passer concernant la
Société québécoise des pêches. C'est
ça que j'ai dit, M. le Président.
Le Président (M. Champagne): Alors, d'accord.
M. Mathieu: Aures habet et non audiet.
Le Président (M. Champagne): On va supposer que ces
articles...
M. Garon: Non, aures veut dire "oreilles". Habet veut dire "il a
des oreilles".
M. Gagnon: Que ceux qui ont des oreilles entendent!
M. Mathieu: Et il n'entend pas.
M. Gagnon: On continue. Je donne mon consentement jusqu'à
moins quart.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le
député.
Le Président (M. Champagne): Sur le paragraphe 25, est-ce
qu'il y a encore des questions ou bien est-ce qu'on adopte le paragraphe 25? M.
le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aurais une dernière question, M. le
Président.
M. Gagnon: Pour être bien compris, j'ai dit jusqu'à
0 h 55, non pas 3 heures, ni 3 h 45.
Le Président (M. Champagne): J'ai compris que
c'était 0 h 45. M. le député de Beauce-Sud, une
dernière question.
M. Mathieu: Je voudrais demander simplement au ministre s'il a eu
une discussion avec son collègue du développement technologique
et scientifique.
M. Garon: Je pense qu'il y a plusieurs députés qui
aimeraient mieux ajourner et continuer demain après la période
des questions.
M. Mathieu: Je n'y vois pas d'inconvénient, M. le
Président. On a été assez gentils pour donner au ministre
sa loi ce soir. S'il ne la veut que demain, il n'y a pas de
problème.
M. Garon: II ne faudrait pas "bulldozer".
M. Gagnon: On est rendu à demain, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Devant l'obstruction des péquistes, on va
ajourner, M. le Président.
M. Beaumier: Le député de Beauce-Sud était
rendu trop colérique; alors, on va attendre à demain. On veut se
reposer.
Le Président (M. Champagne):
Considérant qu'il n'y a pas de consensus pour continuer, la
commission élue permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 37)