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(Dix heures douze minutes)
Le Président (M. Richard): Je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Le mandat de la commission pour cette séance est
donc de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 120,
qui est la loi suivante: loi modifiant la loi sur les produits marins et les
aliments.
Étude détaillée Dispositions
finales (suite)
Nous en étions à l'article 7. Je crois qu'il y avait M. le
député de... Bien, je ne sais pas trop qui était en
action...
M. Vallières: Tout le monde...
Le Président (M. Richard): ...ou en réaction.
M. Vallières: Tout le monde était en action, M. le
Président. Peut-être juste pour se remettre dans l'ambiance, vous
indiquer un peu comment je terminais hier soir. Finalement, ce qu'on fait avec
cet article de la loi, c'est comme si on prenait un portrait de tout ce qui
existe comme permis présentement et nous le validons, incluant les refus
qui sont et je veux le rappeler aussi à la base de
l'équilibre qui a été créé au fil des
années dans la répartition géographique des
opérations qui sont autorisées un peu partout en territoire
maritime. Alors, nous avions échangé de part et d'autre quelques
informations sur le sujet et, M. le Président, nous serions d'accord
pour qu'on puisse adopter, dès ce matin, cet article.
M. Perron: Alors, M. le Président, hier, lorsque nous
avons terminé la commission, nous étions en train de discuter des
28 permis qui avaient été refusés et qui se rattachent au
deuxième alinéa de l'article 7. Il y a 21 permis nouveaux qui
avaient été demandés, donc de nouvelles usines si ma
mémoire est bonne, et il y en a sept que c'était pour des
modifications au permis. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, dans les
sept pour modifications au permis, ça concernait quoi et quelles
usines?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le ministre.
Avant d'aller plus loin, seulement pour des raisons techniques, je voudrais
faire une petite modification dans l'ouverture de la séance, pas
à la loi, parce que, ça, je vous laisse ça, mais le projet
de loi 120, il est libellé comme ceci parce que j'ai
oublié un détail pour les galées, là: c'est la Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. J'avais fait abstraction des produits agricoles...
Une voix: Oh!
Le Président (M. Richard): ...qui sont, en fait, les
éléments je m'excuse, M. le député
d'Artha-baska des articles 2 à 6 inclusivement. Alors, je
corrige: la loi 120, c'est la Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles,
les produits marins et les aliments.
M. le ministre, vous avez la parole pour répondre, maintenant,
à l'interrogation de notre collègue, M. le député
de Duplessis.
M. Vallières: Dans un cas, il s'agissait d'un permis pour
transformation de la crevette. Dans un deuxième cas je remonte
à 1989, en passant, là, et non pas à deux ans; j'en donne
un peu plus que ce qu'on nous demandait hier, deux ans c'est un permis
d'ajout de volume de crevette; permis de salage, ajout de salage à un
permis déjà existant de frais congelé; congélation
de pétoncles; première transformation dans le homard; ajout de
volume dans le poisson de fond.
M. Perron: Ajout de volume dans le poisson de fond?
M. Vallières: Oui. Et crevette. Oui, il y a un autre
permis pour transformation de crevette. C'était pour un ajout de permis
de transformation de crevette.
M. Perron: Donc, est-ce que ça concerne sept usines
différentes?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Est-ce que ces sept usines-là sont toujours
existantes?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Donc, les permis sont toujours en force. Est-ce que le
ministre pourrait nous donner le nom des sept usines en question, comme je
l'avais demandé au début?
M. Vallières: Les Crevettes de Sept-îles,
Poissonnerie Fortier et frères, Les Fruits de mer Tourelle, Fruits de
mer de l'est du Québec, Gastronomie gaspé-sienne, Poissonnerie
Blanchette et Poséidon.
M. Perron: Le ministre peut me confirmer que, dans les 21
nouveaux permis demandés à ce moment-là, c'était
pour de nouvelles usines. Puisqu'on parle de nouvelles usines, est-ce que
c'était des usines qui avaient déjà été en
fonction, dans les 21?
M. Vallières: Attends un peu, là, pas nouvelles
usines, ce sont de nouvelles opérations. Ce que j'ai comme note
ici...
M. Perron: Nouvelles opérations...
M. Vallières: ...ce sont de nouvelles
opérations.
M. Perron: ...dans des usines qui performaient
antérieurement?
M. Vallières: Dans certains cas, oui. M. Perron:
Dans certains cas.
M. Vallières: M le Président, ce n'est pas nouveau,
cette façon de refuser, dans le fond, des demandes, qui le sont en
fonction de critères socio-économiques. Je veux juste donner
quelques exemples ici, si vous me le permettez, qui, par îa même
occasion, démontrent jusqu'à quel point c'est important de
valider non seulement les décisions positives, donc ce qui
apparaît dans les différents permis qui ont été
émis à ce jour, mais aussi les refus qui ont été
faits. c'est ainsi qu'en octobre 1984 en refusant, par exemple, à
pêcheries aux quatre chemins, pour une usine à port-daniel, un
permis, on le faisait sur la base qu'il y avait déjà suffisamment
d'usines pour traiter les produits débarqués, que c'était
un ajout d'usine et ainsi que ça créerait un maraudage venant
à rencontre de l'intérêt public. c'est un bel exemple,
ça, de facteurs socio-économiques qui , été
utilisé. on disait dans la lettre, à ce moment-là, qu'il
était alors primordial de favoriser les usines déjà en
place avant de favoriser l'implantation de nouvelles. î! était de
plus mentionné que le refus de la demande n'était nullement
lié à des aspects d'hygiène et de salubrité. et, on
disait même: et ce, même si vous étiez en mesure de
respecter !a réglementation sous tout autre rapport.
C'est un bel exemple. M. le Présiden:. de refus qui a
été donné par un de mes prédécesseurs, qui
était M. Garon à l'époque. Il y avait eu également
un refus signifié par M. Garon, en décembre 1934, à
Poissonnerie de New Richmond, pour du salé-séché. C'est
une usine qui est située à Sainte-Anne-des-Monts, pour un permis
de frais congelé ou semi-conserve. On invoquait le besoin de renforcer
la capacité concurrentielle des petites et moyennes entreprises qui
exploitent des usines déjà en place avant de songer à
favoriser l'implantation de nouvelles. Donc, un autre bel exemple, M. le
Président.
En déce. 'bre 1984 toujours, à Sainte-Flavie, pour une
usine ae frais congelé, le 4 février 1984 également,
à la Coopérative de transformation de produits marins de Newport,
pour un permis de crabe. On disait que l'ajout d'une nouvelle usine de crabe
créerait un maraudage des pêcheurs et déstabiliserait les
usines actuelles en processus de modernisation et de normalisation. Ces
dernières ont besoin de toute la ressource disponible pour optimaliser
leurs opérations. (10 h 20)
Alors, vous voyez, M. le Président et je pourrais
continuer à ajouter des décisions de mars 1984 de mon
prédécesseur cette énumération
démontre clairement qu'en l'absence d'une politique officiellement
annoncée ies pratiques de traitement des demandes de permis confirment
l'usage de l'application de critères à caractère
socio-économique ou technico-économique, donc de facteurs
socio-économiques pour le refus, et ce, tout aussi bien que pour ies
acceptations.
Alors, je pense, M. le Président, que le questionnement qui se
pose aujourd'hui sur ces refus pouvait tout aussi bien également se
poser, en fait, sur les 11 années d'application du régime. Et
leur validation m'ap-paraît tout aussi importante parce que ces
refus-là ont, au fil du temps, contribué à créer un
certain équilibre sur la base aussi de la répartition
géographique des usines qu'on retrouve en région maritime.
M. Perron: Alors, M. le Président, une chose qui est
remarquable, c'est que le ministre fait toujours allusion à des lettres
qui ont été signées par mon collègue de
Lévis en 1983, 1984, 1985. Est-ce qu'on pourrait avoir la teneur de
certaines lettres qui ont été signées par lui et par son
collègue antérieurement à lui?
M. Valiières: M. le Président...
M. Perron: Parce qu'il revient toujours là-dessus.
M. Vallières: Non, bien, les décisions...
M. Perron: 11 en a signé des refus lui aussi,
là.
M. Vallières: Oui, oui.
M. Perron: Bon.
M. Vallières: C'est ce que je dis.
M. Perron: Bon.
M. Vallières: C'est des exemples que je donne. Je pourrais
en donner une multitude, par tous mes prédécesseurs...
M. Perron: Oui mais pourquoi vous sautez toujours sur Garon?
M, Vallières: Non, non, non. Je veux dire, je ne saute pas sur M.
Garon. Non.
M. Perron: Oui, oui, oui. Vous avez tout ça dans vos
documents, là.
M. Vallières: Non, non. Je vous donne des exemples sur des
refus qui sont... M. le Président, j'ai le droit de tenter de convaincre
le député de Duplessis qu'il est important de valider ces refus
également, tous ceux qui ont été faits dans le
passé, y incluant ceux que j'ai pu moi-même signer et signifier
à des gens qui en faisaient la demande.
Je ne veux pas le faire de façon mesquine. Mais je veux qu'on
comprenne bien l'importance de cet article et l'importance de son adoption.
Parce que toutes ces décisions... Et loin de moi l'intention de
blâmer des gens pour les décisions qu'ils ont prises, loin de
là. Je dis même au député de Duplessis que ces avis
de refus, généralement, qui ont été faits dans le
passé par mes trois autres collègues qui m'ont
précédé depuis l'application de la politique, ont
contribué à établir cet équilibre qui est
nécessaire sur la localisation, sur la répartition
géographique des usines, par exemple, sur le fait aussi que... Je
comprends que, des fois, il faut en refuser. Tout le monde ne peut pas
être dans les espèces les plus lucratives. Si tout le monde se
lance dans le crabe, la crevette, ou le xiomard, ou dans le
salé-séché... C'est clair que les ministres, au fil du
temps, ont refusé des choses et vont devoir continuer d'en refuser. Et
puis je n'en donnerai plus d'exemples sur le député de
Lévis, là.
Mais c'est juste parce que je veux bien situer le fait que c'est sur un
étalement de 11 années, finalement. Et c'est pour
véritablement démontrer la pertinence de l'intervention qu'on a
ici à l'intérieur du projet de loi. Puis j'aimerais ça
convaincre le député de Duplessis que nous avons agi, que j'ai
agi en continuité. Puis, je veux dire, je ne reprocherai donc pas
ça à mes prédécesseurs, encore, puis non plus
à M. Garon. Au contraire, nous agissons dans la continuité des
décisions et je dirais des orientations qui étaient prises dans
le passé en se basant sur des facteurs d'ordre socio-économique.
Et c'est la raison pour laquelle il faut le préciser dans la loi
actuelle.
M. Perron: M. le Président, je voudrais rappeler au
ministre et à ses collègues qui l'accompagnent que je renouvelle
ce que j'ai dit antérieurement. C'est que, s'il n'y avait pas de
rétroactivité dans le projet de loi en question, j'aurais
beaucoup moins de problème à vivre avec et, au contraire, il est
probable que je l'accepterais d'emblée. Mais je ne peux accepter des
rétroactivités dans quelque loi que ce soit. Je n'ai jamais
été d'accord avec ça, pas plus quand j'étais
ministériel que dans l'Opposition. Je ne le serai pas plus aujourd'hui,
le 17 novembre. Je ne le serai pas plus aujourd'hui. Je n'ai jamais
été d'accord avec ça. Parce qu'il en va d'une
responsabilité ministérielle: quand il y a des décisions
qui sont prises ou qui ne sont pas prises et que la loi n'est pas claire
à ce sujet-là, bien je pense qu'un gouvernement doit apprendre
à vivre avec les problèmes qu'il a créés et qui ont
été créés par un trou dans la
législation.
Et ce que je voudrais savoir, c'est: le ministre, au cours de toutes les
années, depuis l'existence de cette politique qui était sur
papier mais non dans la loi... Parce que là on est en train de la mettre
dans la loi, cette politique-là, en partie, en tout cas, pas en tout,
mais en partie. Parce que, pour le restant, le ministre va pouvoir faire ce
qu'il va vouloir, puis ça, on le sait. Il n'y a même pas un
décret là-dessus. Combien, à peu près, de permis
depuis 1983 que ça existe, le Comité de
l'intérêt public ont été refusés?
Parce qu'on sait qu'il y a eu une période, à un moment
donné, où, compte tenu des contingents du fédéral
qui étaient permis... Parce que c'est le fédéral qui,
à compter de 1983, avait non seulement la juridiction
antérieurement au 11 juillet 1983, mais, le 11 juillet 1983, le
gouvernement fédéral a pris la juridiction de l'émission
des permis, donc l'abolition de l'entente de 1922. Et, depuis ce
temps-là, combien de permis, à peu près, ont
été refusés?
M. Vallières: Ce serait, M. le Président, un gros
à-peu-près, parce qu'on me dit qu'on n'a pas de statistiques
là-dessus, à moins que M. Vagneux, qui était là, je
pense, au tout début, puisse nous l'indiquer. Peut-être une
trentaine avant 1985.
Une voix: Soixante en tout.
M. Perron: II y en a 60 en tout depuis 1983?
M. Vallières: 1982-1983, oui.
M. Perron: Oui. Donc, il y en aurait 30 pour deux ans,
c'est-à-dire 1984-1985, 1983, 1984, 1985, et il y en aurait une
trentaine qui aurait été refusés par la suite.
M. Vallières: À peu près ça, oui.
M. Perron: Les permis qui ont été refusés,
les 30 permis qui ont été refusés sous le gouvernement
libéral, ces permis ont été refusés de quelle date
à quelle date, à peu près? Ça n'a pas
été au début parce que, au début, je pense que
l'émission des permis continuait à se faire à cause du
contingent fédéral, des quotas fédéraux qui
étaient émis à tour de bras à ce moment-là,
sans savoir ce qu'il y avait comme ressources.
Combien de permis ont été refusés, disons dans les
trois dernières années? Les trois dernières années,
on parle de 28, là, parce que, quand le ministre me parle de 21 nouveaux
permis refusés et de sept ajouts aux permis, ça veut dire 28.
Donc, sur les 30, il y en a 28 au moins qui auraient été
refusés au cours des deux, trois dernières années.
M. Vallières: Oui, essentiellement oui.
M. Perron: Donc, de 1985 à 1988, il y en aurait
juste deux ou trois qui ont été refusés? Ou
même en 1989.
M. Vallières: M. Vagneux m'indique qu'il y en aurait
peut-être une dizaine. Il faut dire que, pendant une certaine
période, il y a eu émission de permis, il y a eu une certaine
ouverture, où plusieurs permis, je pense, nouveaux permis ont
été validés et émis dans une période
où il y avait abondance de ressources ou, à tout le moins,
où on permettait une forte pêche. Alors, beaucoup de permis ont
été émis pendant cette période-là. Donc,
c'est aussi intéressant de voir que, à partir du moment où
la ressource devient plus rare, surtout dans le poisson de fond, comme au cours
des trois dernières années, plusieurs demandes de permis qui ont
été faites vis-à-vis des espèces plus
lucratives comme je vous parlais tantôt ont aussi
été l'objet de refus. Ça confirme la tendance et la
pression qui peut s'exercer à partir du moment où une
espèce est en réduction, une tendance des propriétaires
d'usine à faire des demandes de permis dans ces espèces plus
lucratives.
Je pense qu'à ce moment-là on doit évaluer
globalement la situation. Et, comme je l'indiquais tantôt, tout le monde
ne peut pas faire du crabe, et de la crevette, et du homard. Donc, les refus
sont peut-être plus fréquents pendant ces périodes de
rareté de la ressource.
M. Perron: M. le Président, dans le cas des refus,
à Tourelle, il y a l'usine qui a été achetée au
coût de 40 000 $ par un groupe au sein duquel se retrouvent un M.
Vallée et un M. Lévesque. Il y a à peu près une
semaine, le groupe Technomar ou technomarée a rendu publique une
étude qui dit que leur projet concernant le pélagique et les
espèces sous-exploitées était réalisable. Est-ce
que, dans ce cas précis, le ministre a refusé le permis ou
si...
M. Vallières: II n'y a pas eu de demande. M. Perron:
II n'y a pas eu de demande?
M. Vallières: II n'y a pas eu de demande de permis.
M. Perron: Donc, les gens sont propriétaires d'une usine
et ils n'ont pas de permis. Cette usine, est-ce que c'était celle qui
avait rapport avec Dubreuil?
(10 h 30)
M. Vallières: II me semble, oui.
M. Perron: Est-ce que le ministre est informé si les gens
qui...
M. Vallières: En fait, une nuance. Ils sont
propriétaires d'un établissement. On me dit qu'ils sont
propriétaires. Je ne sais pas si ça a été
vérifié, seulement, là, si ces gens-là sont
propriétaires. Sous toutes réserves. Moi, je ne le sais pas,
là, parce qu'il n'y a pas de demande...
M. Perron: Ils sont devenus propriétaires à quelle
date?
M. Vallières: Je ne le sais pas. On nous parle de... vers
le 31 mai
M. Perron: Cette année?
M. Vallières: Oui. Et, moi, je n'en sais pas plus,
dû au fait qu'il n'y a pas de demande de permis qui a été
acheminée au ministère. Donc, ça me permet peut-être
de rectifier ce qui avait été dit lors de notre première
séance, je crois, où le député d'Arthabaska, je
pense, avait dit que j'avais émis un permis, là. Il n'y a pas de
permis qui a été émis sur cet établissement.
M. Perron: Et il n'y a aucune demande de faite dans ce cas
précis?
M. Vallières: Non.
M. Perron: Est-ce que le ministre ou ses fonctionnaires ont pris
connaissance de l'étude de Technomar?
M. Vallières: Non. L'étude n'a pas
été faite pour notre compte, là; elle a été
faite pour le Conseil régional de développement, je pense, ou le
comité de survie. Alors, ce n'est pas rendu chez nous. J'imagine
qu'à la suite de cette étude les gens vont se manifester au
ministère, s'ils le jugent à propos.
M. Perron: J'ai déjà posé la question, mais
la réponse n'était pas claire pour moi. Dans le cas des
opérations de transformation des produits de la mer quant au poisson de
fond, est-ce qu'il y a des produits, actuellement, au Québec, qui sont
importés?
M. Vallières: Oui, oui, il y en a, définitivement.
J'ai même, cette année, mis un programme en place, là, vous
me le rappelez. Je vais être obligé d'en parler un petit peu, mais
rapidement.
M. Perron: Le programme de 2 000 000 $, là? M.
Vallières: C'est ça, 3 000 000 $... M. Perron: 3
000 000 $.
M. Vallières: ...où il y a achat de morue qui est
transformée, exemple, par la Société des pêches de
Newport, et puis aux îles-de-la-Madeleine, également...
M. Perron: Est-ce qu'il y en a qui sont...
M. Vallières: ...et par les gens du Gaspé Cured,
plus particulièrement.
M. Perron: Le Gaspé Cured?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Ça, c'est le consortium, là?
M. Vallières: Oui. Ils sont quatre, cinq; cinq
entreprises, donc, qui ont pris de la morue russe, là.
M. Perron: Et ça vient d'où, ce... Ah, ça
vient de la Russie?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: «C'est-u» le bateau qui rentre en
Nouvelle-Ecosse, ou s'il rentre au Québec?
M. Vallières: II vient débarquer au
Québec.
M. Perron: II vient débarquer au Québec. À
quel endroit?
M. Vallières: Sous toutes réserves, là, on
me dit que ça serait Chandler. À Newport également, le
même bateau russe.
M. Perron: Est-ce que, dans le programme de 3 000 000 $ qui a
été mis en place par le ministre, il y a des produits qui
pourraient venir, disons, d'autres instances que les Russes, par exemple qui
pourraient provenir du Chili, d'Amérique du Sud, ou encore de la mer de
Barents, ou d'ailleurs, de la mer du Nord, ou de la côte du Pacifique,
des États-Unis, ou quoi que ce soit? Est-ce qu'il y a des demandes qui
sont faites dans ce sens-là?
M. Vallières: La lettre d'offres pour la garantie qu'on
donne sur les prêts des entreprises ne mentionne pas la provenance de la
ressource. C'est de la ressource extérieure, mais pour des usines
existantes; la lettre d'offres ne mentionne...
M. Perron: Pour les usines existantes. M. Vallières:
Oui.
M. Perron: Maintenant, les usines existantes, oui, mais, moi, je
pense toujours à la question du... Si vous avez un promoteur qui, un
moment donné, a des sources potentielles par rapport à certains
approvisionnements qui pourraient venir de l'extérieur et que cette
personne-là n'a pas d'usine, si j'ai bien compris le ministre, c'est
qu'il n'émettra pas de nouveau permis dans ces cas-là; il va dire
à ces personnes-là: Vous allez faire transformer dans les usines
existantes. Pas de nouveau permis, donc pas de nouvelle usine, même si
cette personne-là serait passible d'avoir un contrat de plusieurs
millions de livres, un approvisionnement de plusieurs millions de livres qui
viendraient de l'extérieur, que ça soit de la morue russe ou que
ça soit d'autres endroits?
M. Vallières: En fait, au moment où on se parle, il
n'y a pas de problème à s'approvisionner à
l'extérieur. Là où se constitue le problème, c'est
plutôt sur la négociation des prix de cette ressource.
Évidemment, les programmes qu'on met de l'avant, on doit demeurer
prudents, aussi, pour éviter de créer certains problèmes
avec des aides qui pourraient être directes à l'achat de produits,
parce qu'on est quand même, là, au niveau international. Il y a
quand même des règles qui s'appliquent, soit pour éviter,
éventuellement, du dumping ou des réactions au niveau de la
structure des prix, comme tels, de la ressource. Et le programme qui a
été mis en place prévoit la rentabilité des projets
qui nous sont présentés. Donc, tout projet qui serait
présenté de cette nature-là devra l'être sur la base
de la rentabilité des opérations projetées.
M. Perron: Si je comprends bien, c'est que le ministre n'a plus
les mêmes craintes qu'il avait, il y a une couple d'années
passées, quand on parlait d'approvisionnement à partir de
l'extérieur. Parce que, il y a deux ou trois ans passés, au
début, lorsqu'il était ministre délégué aux
Pêcheries, il nous disait que la question de l'importation des produits
de la mer, quant aux poissons de fond, peu importe d'où ça
vienne, ce n'était pas rentable et ce n'était pas une de ses
priorités. Puis, tout à coup, il met un programme strictement
là-dessus, à cause d'une décision de baisse de
contingentement, de quota.
M. Vallières: Bien, de fait, je veux dire, c'est clair que
le contexte actuel est différent par le fait de la réduction, de
la fermeture, dans le domaine de la morue, complètement. Alors, c'est un
outil nouveau qui n'avait pas été pensé, à ce
moment-là, évidemment. Et c'est la preuve qu'on peut faire
preuve, et qu'on doit faire preuve de souplesse, à l'intérieur de
nos programmes, être capables de les réaménager en fonction
de l'évolution des situations.
Alors, cette réduction catastrophique au niveau du poisson de
fond nous a amenés à fournir des outils additionnels aux gens qui
voulaient s'approvisionner aux usines qui sont existantes. Maintenant, il faut,
quand même, s'assurer que les programmes, aussi, qu'on met de l'avant ne
viennent pas déstabiliser le secteur, pris dans son ensemble. Et les
mesures d'approvisionnement extérieur, comme celles que j'ai mise de
l'avant avec les 3 000 000 $ de garantie, là, le sont sur une base ad
hoc et ponctuelle.
M. Perron: Mais là où je ne comprends pas le
ministre, M. le Président, c'est qu'antérieurement c'était
non dans la très, très grande majorité de ces
cas-là il y a quelques années et, pourtant, les
usines fonctionnaient au ralenti...
M. Vallières: Mais les gens pouvaient
s'approvisionner.
M. Perron: ...à 40 %, 45 %, 50 % de leur
capacité de production. Et là, tout à coup,
à cause d'une décision de baisse de quota qui est prise par le
fédéral, le ministre met en place un programme de 3 000 000 $ en
garantie.
M. Vallières: M. le Président, les usines n'ont
jamais été empêchées de s'approvisionner en
ressource de l'extérieur pour combler leurs besoins.
M. Perron: Oui, mais le ministre n'y croyait pas. Parce qu'il a
fait certaines déclarations, antérieurement, à l'effet
qu'il ne croyait pas à ça, à cause des prix et des
coûts d'approvisionnement, etc.
M. Vallières: Au moment des déclarations,
c'était vrai. Le prix de la morue était, on m'indique, à
1700 $, 1800 $ la tonne.
M. Perron: Non, mais ça dépend, ça.
Ça dépend de l'endroit d'où ça provenait.
M. Vallières: Bien, c'est ça. Mais ça
n'empêchait pas des gens...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Gaspé.
M. Beaudin: II y a un élément bien important,
disons, dans la décision du ministre de mettre de l'avant un programme.
C'était en réponse à une demande spécifique des
transformateurs de poisson de fond qui, eux, avaient des contrats sur le
marché, avaient signé des contrats et qui, là, devant la
restriction du gouvernement fédéral, se trouvaient dans une
situation où ils ne pouvaient pas respecter leurs contrats. Parce que ce
n'est pas évident que la transformation de la morue
étrangère est une opération rentable.
M. Vallières: Peut-être que ça pourrait
intéresser le député de Duplessis, au niveau de cette
ressource, là, de faire un court historique sur les approvisionnements
qui ont eu lieu dans le passé, au niveau extérieur, des
expériences qui ont été tentées. Parce que, de
façon générale, c'étaient plutôt des projets
à caractère pilote. Il y a Pêcheurs unis du Québec,
il y a Fruits de mer de l'Est du Québec qui se sont
approvisionnés en crevettes, au début des années
quatre-vingt, à l'extérieur. Il y a eu, également, achat
de crevettes soviétiques portant sur plusieurs milliers de tonnes, avant
1988, par Purdel et Fruits de mer de l'Est du Québec. En 1986, 1600
tonnes de morue pour Société des pêches de Newport et 909
tonnes de morue et d'aiglefin pour Purdel en provenance de l'Union
soviétique. Et il y a également eu un certain nombre de projets,
dans les provinces maritimes, on m'indique, tels que ceux de la
Coopérative de Lamèque ou National Sea Products,
réalisés de façon non régulière. Alors, dans
chaque cas, il s'agissait de projets plus ou moins pilotes, et tous ces
projets-là avaient un caractère ponctuel et non récurrent,
comportant un niveau de risques assez élevé et d'une
rentabilité plutôt marginale. (10 h 40)
Alors, les expériences qui ont été menées au
Québec autant qu'ailleurs confirment que l'approvisionnement
extérieur ne peut constituer une opération durable et qu'il doit
plutôt s'inscrire en complément d'activités d'une
entreprise déjà existante.
Et l'aide dont parlait le député de Duplessis,
tantôt, je veux le mentionner, ne vise pas à suppléer, non
plus, au rôle habituel des institutions financières, mais
simplement à les inciter à donner, à fournir la marge de
crédit dont ont besoin les usines qui veulent s'approvisionner à
l'extérieur.
M. Perron: M. le Président, je ne comprends pas
qu'aujourd'hui le ministre puisse dire ça lorsque, le 16 septembre 1993,
il a déclaré ceci quant aux approvisionnements de
l'extérieur: Le Comité de l'intérêt public, qui
regroupe quand même des gens qui connaissent bien le secteur, m'indique
qu'il n'y a pas de fiabilité sur cet approvisionnement en provenance de
l'extérieur.
M. Vallières: Je viens de dire, M. le Président,
que... Je viens spécifiquement de le mentionner, ça n'a pas
changé. C'est-à-dire que l'expérience démontre,
dans tous les exemples que je viens de donner, que ça comportait un
risque élevé, que c'était une rentabilité qui
était marginale et que leur aspect, finalement, était de nature
ponctuelle et non récurrente. Donc, souvente-fois, plus souvent
qu'autrement, la ressource qui vient de l'extérieur vise à
suppléer un manque de ressource de façon conjoncturelle.
Ça a toujours été fait comme ça dans le
passé; donc, je ne nie pas ce que j'ai dit. Au contraire, je le
maintiens.
M. Perron: II y a...
M. Vallières: Mais ça n'empêche pas de mettre
à la disposition des industriels du Québec, qui en ont fait la
demande, un programme leur permettant, pendant cette période-là,
pour un temps donné, à partir du moment où la ressource
est disponible à un prix qui a de l'allure pour assurer la
rentabilité des opérations... Et, dans le cas du Gaspé
Cured, plus particulièrement, je pense qu'il est très important,
même si la rentabilité n'est pas considérable, de s'assurer
qu'on garde nos clients. Et ça, les députés autour de
cette table le savent tous. On sait très bien que l'absence, pendant un
an ou deux ans, sur certains marchés, dans un secteur donné,
comme la Gaspé Cured, par exemple, pourrait être catastrophique
pour récupérer ces clients-là par la suite, au retour de
la ressource.
Donc, je pense que le principal objet de la démarche que j'ai
faite et de la mesure que j'ai annoncée, c'était plus
particulièrement ciblé sur le Gaspé Cured. Si d'autres ont
pu s'en prévaloir, tant mieux. Mais je ne voulais absolument pas que les
marchés, qui sont très limités dans le domaine du
Gaspé Cured puis il y a une méthode, comme vous savez, qui
est artisanale, le
salé-séché, qui est reconnue internationalement...
Qu'on n'ait pas accès à ces marchés-là pendant une
période de un an ou deux ferait en sorte que les produits de
substitution qui sont faits ailleurs pourraient pénétrer ces
marchés-là et qu'on puisse, par la suite, ne pas y avoir
accès.
Alors, c'est le principal motif qui m'a inspiré et, ma foi,
d'autres s'en sont également prévalus. Je suis en train de
revoir, actuellement, l'ensemble de nos programmes; il y a des consultations
qui s'effectuent et il n'est pas impossible qu'on récidive à la
lumière de l'expérience qui a été tentée au
cours de la présente année et qui a été utile, on
m'indique, dans plusieurs entreprises du Québec.
M. Perron: M. le Président, pour revenir à l'usine
de Tourelle, qui est actuellement propriété de Vallée et
Lévesque, et lorsqu'on regarde l'ensemble du dossier, compte tenu de
l'étude du groupe de consultants Technomar, qui a rendu publique une
étude à l'effet que c'était réalisable par rapport
au projet lui-même et le tout se rapportant au pélagique et
à des espèces sous-exploitées, dans l'hypothèse
où le groupe en question pourrait, soit seul ou avec d'autres
intervenants, obtenir des garanties d'approvisionnement de l'extérieur,
est-ce que le ministre serait prêt à marcher là-dedans pour
créer des emplois à Tourelle puis ailleurs dans le coin, sans
mettre une obligation à l'effet que ces produits-là soient
orientés vers d'autres usines?
M. Vallières: Évidemment, M. le Président,
j'ai attiré votre attention, de même que celle des membres de la
commission, qu'on entre littéralement dans une discussion d'un dossier
qui est devant les tribunaux, mais je pense qu'on peut quand même aller
prudemment. ..
M. Perron: C'est pour ça que j'ai posé la question
de façon très prudente.
M. Vallières: ...répondre à la question.
M. Perron: Je n'ai pas nommé personne. Je parlais
d'intervenants qui sont là en place.
M. Vallières: Oui. C'est quand même une
question...
M. Perron: On parle de Vallée et Lévesque.
M. Vallières: ...qui est hypothétique. Il n'y a pas
de dossier, sauf que, si un dossier est soumis, il le sera via le Comité
de l'intérêt public; il sera analysé à la
lumière de son contenu et suivra son cours de façon
régulière jusqu'à une prise de décision par celui
qui vous parle.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, c'est que, le ministre, ce
n'est pas coulé dans le ciment en rapport avec des approvisionnements
extérieurs vers un endroit plutôt qu'à un autre
endroit.
M. Vallières: Vous voulez dire un endroit plutôt
qu'un autre endroit...
M. Perron: Écoutez, c'est que, si le ministre, dans ses
intentions, dit: II y a des approvisionnements de l'extérieur qui
pourraient arriver au Québec, et que ces approvisionnements-là,
le ministre n'a pas l'intention de les diriger à une usine, mettons
à Gaspé Cured ou à d'autres instances, que ça
dépend du dossier qui va lui être présenté, il peut
aussi bien dire oui, si jamais Vallée et Lévesque de Tourelle
s'oriente dans cet aspect-là, ou s'il y a un changement de
propriétaire, peu importe lequel. C'est que le ministre va regarder le
dossier de façon ad hoc et il va décider, à ce
moment-là, sans donner une obligation à l'effet que
l'approvisionnement s'en aille vers un autre endroit, dans une des usines de
Gaspé Cured, ou ailleurs.
M. Vallières: D'abord, je veux juste indiquer au
député de Duplessis que, concernant une demande éventuelle
de permis, au moment où on se parle, moi, je n'ai pas le droit
d'émettre de permis tant que... Parce qu'à date on fait appel
d'une décision, mais le jugement est respecté en ce sens que je
ne peux pas émettre de permis en usine dont vous parlez. Il faut
indiquer aussi que...
M. Perron: Tout est gelé dans ce cas-là, je pense,
hein?
M. Vallières: Oui, et mon intention est de respecter le
jugement de la cour, tant que l'appel n'aura pas été entendu.
Maintenant, il faut dire que le projet dont on parle, c'est un projet dans le
pélagique. Au niveau des approvisionnements de pélagique au
Québec, il n'y a pas de problème au moment où on se parle.
Par voie de conséquence, c'est plutôt, au niveau du
pélagique, une question de marché de ce produit-là qui
constitue un problème.
Donc, j'imagine que le Comité de l'intérêt public,
face à une demande hypothétique qui serait traitée
à ce niveau-là, aurait définitivement à regarder au
niveau du marché existant pour ce pélagique et que, ça,
ça entrerait en ligne de compte.
Maintenant, il faut voir aussi les porteurs du ballon, les porteurs du
dossier. Peu importe le dossier qui nous est présenté, chacun est
vu à son mérite et est analysé à l'intérieur
du secteur pris globalement. Mais, comme je l'indiquais au député
de Duplessis, à tous ceux... Et je le dis depuis trois ans que je suis
aux Pêcheries, c'est bien clair que je vais toujours essayer de
privilégier, dans le contexte dans lequel on est, d'attribuer la
ressource qui était existante aux entreprises qui sont
déjà en place afin de rentabiliser davantage leurs
opérations et de diversifier aussi leurs opérations dans
plusieurs cas.
Alors, ça, c'est une orientation qui est fondamentale et qui vise
à attribuer les activités à des entreprises existantes.
Mais c'est à l'intérieur de ça qu'on doit regarder
globalement les projets qui nous sont présentés, et chacun
revêt un caractère différent, et, des fois, un
caractère d'originalité qui mériterait d'être
considéré.
M. Perron: Moi, je parlais dans l'hypothèse de
Vallée et Lévesque, de Tourelle, qui sont propriétaires de
l'usine de Tourelle. Et, compte tenu de l'étude qui est négative
et si jamais ces gens-là eux-mêmes ou avec d'autres pourraient
avoir des approvisionnements de l'extérieur, je voulais savoir si le
ministre était ouvert à cette hypothèse par rapport
à Tourelle, directement à l'usine de Tourelle. Maintenant, le
ministre me répond ce qu'il veut. Il suit sa ligne à l'effet que
l'approvisionnement en poisson de fond devra aller dans les usines qui sont
déjà existantes, déjà opérantes. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? (10 h 50)
Est-ce que Vallée et Lévesque a eu de l'aide
gouvernementale pour acheter l'usine de Tourelle?
M. Vallières: Non.
M. Perron: Aucune aide. Et Vallée et Lévesque n'a
eu aucune aide financière non plus pour préparer son dossier
technique par le biais de Technomar?
M. Vallières: Pas de nous autres, non. Pas du MAPAQ.
M. Perron: Pas du MAPAQ. Alors, ça va, M. le
Président. Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): L'article 7, adopté sur
division. J'appelle donc l'article 8.
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Vallières: Oui, M. le Président. 8. La Loi sur
les produits agricoles, les produits marins et les aliments telle que
modifiée par la présente loi s'applique à toute demande de
délivrance ou de renouvellement de permis pendante devant le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ou le ministre
délégué à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à l'Alimentation le (indiquer ici la date de la sanction de la
présente loi) et qui, à cette date, n'a pas fait l'objet d'une
décision par le ministre ou le ministre
délégué.
En concordance avec les commentaires sous l'article 1, il s'agit, par
cette disposition, d'assurer que la discrétion ministérielle
d'intérêt public, telle que précisée, puisse
s'exercer dès l'adoption de la présente législation
correctrice dans le cas de tous les dossiers de permis alors à
l'étude. Plusieurs demandes sont en traitement au ministère,
conformément à la politique de délivrance des permis et
dans les délais prescrits.
M. Perron: Là, M. le Président, je ne comprends pas
que le ministre puisse mettre cet article dans la loi lorsque les demandes sont
devant lui, mais il n'a pas rendu aucune décision dans un sens ou dans
l'autre. Là, 11 veut se surprotéger, puis c'est vrai.
M. Vallières: Bien, c'est que, M. le Président, ces
permis-là, ces demandes de permis vont être sous l'égide de
la présente loi.
M. Perron: Est-ce que le Comité, dans ces cas... D'abord,
il y a combien de cas? Il y a combien de demandes de permis qui sont à
l'étude devant le ministère?
M. Vallières: Vingt-deux demandes en traitement.
M. Perron: Vingt-deux demandes en traitement.
M. Vallières: Dix pour de nouvelles opérations,
12pour des ajouts ou modifications de permis actuels.
M. Perron: Puis, dans le cas des ajouts, est-ce que c'est de la
transformation dans le cadre du pélagique ou des espèces
sous-exploitées ou si...
M. Vallières: De toutes sortes, j'imagine. M. Perron:
...c'est dans le poisson de fond?
M. Vallières: II me semblerait, à première
vue, qu'il y en ait pour tous les goûts. Il y en a pour toutes les
espèces, quasiment: crevette, crabe, poisson de fond.
M. Perron: Mais pourquoi est-ce que le ministre a mis cet
article-là là-dedans? Le fond de sa pensée, c'est quoi?
C'est que les permis... Il y a 22 demandes de permis, soit de modifications aux
permis ou encore de nouveaux permis, et il n'y a pas de décision rendue.
Est-ce qu'il y en a, là-dedans, qui sont passés au Comité
de l'intérêt public?
M. Vallières: Ces demandes, M. le Président, qui
sont actuellement ce que j'appelle dans le hache-viande, moi, qui sont en
traitement, vont être considérées à partir des
critères socio-économiques décrits dans la loi que nous
avons devant nous. Alors, ça vient dire que ces dossiers, qui seront,
dans certains cas, reçus, dans d'autres cas qui pourraient être
refusés, le seront en fonction de nos critères, tel
qu'établis à la loi.
M. Perron: Donc, c'est rétroactif là aussi. En
fait, c'est rétroactif.
M. Vallières: C'est-à-dire qu'ils s'appliquent
également aux permis qui sont présentement en traitement. Je
pense que c'est une chose qui... En tout cas, pour moi, c'est normal et
ça s'inscrit dans la foulée de...
M. Perron: Bien, pour le ministre, c'est normal, mais, pour moi,
ce n'est pas normal.
M. Vallières: Bon...
M. Perron: J'ai dit que la rétro, ce n'était pas
normal.
Maintenant, il y a des demandes de permis qui, actuellement, sont
à l'étude. Il y en a qui ont été
étudiées. Combien de ces 22 permis ont été
étudiés et où il y a eu des recommandations par le
Comité de l'intérêt public?
(Consultation)
M. Vallières: C'est parce que, dans le processus... Je
demande s'il y a des choses qui sont sur mon bureau, parce que, pour moi, quand
c'est recommandé, c'est rendu à mon bureau. Il n'y en a pas, au
moment où on se parle, qui sont rendus à mon bureau, à
l'étape d'être transmis au bureau du ministre.
Il y en aurait cinq ou six qui sont plus avancés dans le
processus que les autres.
M. Perroi';: Quand le ministre dit cinq ou six de plus
avancés dans le processus par rapport aux autres, c'est-à-dire
que c'est encore devant le Comité de l'intérêt public, si
j'ai bien compris?
M. Vallières: Ou c'est entre le Comité et... M.
Perron: Et votre bureau. M. Vallières: ...mon bureau.
M. Perron: Est-ce qu'il y en a qui sont en appel
là-dessus?
M. Vallières: On m'indique que, oui, il pourrait
probablement y en avoir là-dedans qui sont en appel. Oui.
M. Perron: II y en a sûrement, dans ces demandes de permis
là, les 22 dont on parle, où le Comité de
l'intérêt public va faire une recommandation négative, dans
certains cas, une recommandation positive dans certains cas. Selon ce qu'on
voit dans l'article 8 du projet de loi 120, c'est que le ministre veut se
protéger par rapport à une décision éventuelle
qu'il va prendre, puisque les demandes ont été faites
antérieurement à la passation de la loi. Donc...
M. Vallières: Ce sont les mêmes objectifs, M. le
Président, que ceux qu'on a décrits, finalement, dans l'article
7. Je pense qu'à partir du moment où on a un projet de loi devant
chez nous, c'est que, finalement, les critères dont on se sert sont de
nature socio-économique, comme inclus dans la politique, mais je pense
que la loi doit nécessairement couvrir également toutes ces
deman- des qui sont rendues à l'étape d'analyse ou de
décision. Alors, ça maintient une continuité qui est
nécessaire dans le traitement des demandes.
M. Perron: Alors, M. le Président, moi, je
considère que l'article 8 permet au ministre d'appliquer le
troisième alinéa de l'article 7 où il pourrait y avoir une
cause éventuelle devant les tribunaux, et il veut se protéger
là-dessus, au cas ou.
M. le Président, ce que je veux dire au ministre, c'est que, si,
dans les 22 cas qui nous concernent 10 plus 12, que vient de mentionner
le ministre ces gens-là ne sont pas satisfaits de la
réponse, ces gens-là, s'ils ne sont pas inscrits dans la loi, de
par l'article 8, ils sont passibles d'appliquer ce que c'est qu'on appelle une
poursuite. Ils peuvent aller en poursuite, à ce moment-là, contre
le ministre, en vertu de la loi actuelle, et ça va devenir une cause
pendante en vertu du troisième alinéa de l'article 7. C'est
ça que le ministre veut empêcher.
M. Vallières: S'il y avait une décision de refus.
Mais, comme, dans le passé, je veux dire, à date, il y a un avis
de contestation qui a été soumis, la cause qu'on connaît,
alors tous les autres refus qu'ils ont eus dans le passé, au même
titre que ceux qui sont là, pourraient être l'objet de recours de
la part des gens qui sont insatisfaits de la décision. L'introduction du
critère de facteurs socio-économiques dûment
mentionné dans la loi vient définitivement nous protéger
de ce genre d'interprétation que pourraient donner les tribunaux de
l'intention du législateur.
M. Perron: En tous les cas, moi, ce que je considère, de
par l'article 8, c'est que le ministre est en train de mettre au défi
les 22 entreprises qui ont demandé des permis. S'ils ont peur de se
faire dire non, bien, elles ne pourront pas aller devant les tribunaux tout de
suite, elles ne pourront pas y aller.
M. Vallières: C'est l'interprétation qu'en fait le
député de Duplessis, M. le Président.
M. Perron: Adopté sur division, M. le Président.
(11 heures)
Le Président (M. Richard): L'article 8, adopté sur
division.
Organisation des travaux
Maintenant, l'article 9, je pense que nous allons attendre que les
articles 2, 3, 4, 5 et 6 soient discutés avec le ministre de
l'Agriculture, M. Picotte. Or, sur ce, puisque nous savons qu'il n'y a pas de
disponibilité physique du ministre, M. Picotte, aujourd'hui, donc la
recommandation que je ferais serait à l'effet tout simplement d'ajourner
les travaux, et on recédulera une séance de la commission
parlementaire pour compléter le projet de loi 120, dans les articles 3,
4, S et 6 qui relèvent,
entre autres, du ministre en titre, du ministre de l'Agriculture.
M. Perron: L'article 9 relève de quel ministre? M.
Vallières: L'article 9, il faudrait aussi...
M. Perron: Est-ce que l'article 9 relève des deux
ministres ou s'il relève d'un ministre, et, si oui, lequel?
Le Président (M. Richard): Je ne sais pas. C'est
sûrement du ministre qui a présenté la loi.
M. Vallières: Alors...
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 9...
M. Vallières: ...on sera présents, à
l'article 9.
Le Président (M. Richard): Par contre, l'article 9,
normalement, c'est à la fin.
M. Vallières: Oui, c'est ça.
M. Perron: On ne peut pas l'adopter tout de suite, là.
Le Président (M. Richard): Le mot le dit.
M. Vallières: Non, non. On ne peut pas l'adopter tout de
suite.
Le Président (M. Richard): Alors, ça veut dire
qu'il faudra que vous soyez présent, M. le ministre...
M. Vallières: C'est ça.
Le Président (M. Richard): ...à la toute fin.
M. Vallières: Absolument.
M. Perron: M. le Président, avant de clore la commission,
je voudrais répéter ce que j'ai dit antérieurement, c'est
qu'en ce qui nous concerne, de ce côté-ci, il est très
important de noter qu'on n'est pas contre la rationalisation des effectifs ou
des usines. Je pense que c'est nécessaire qu'on la fasse, cette
rationalisation, en tenant compte de la situation actuelle et même des
abus du passé et des trois facteurs, en particulier, que j'ai
soulevés, lors de mon allocution à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire: des quotas énormes qui ont été
émis sans connaître la ressource, de la part du gouvernement
fédéral; c'est aussi la surpêche dans la zone
internationale; ainsi que, définitivement, ce que font les loups-marins
en rapport avec la morue elle-même, où il n'y a vraiment pas eu
d'étude de faite en rapport avec ça au cours des dernières
années.
Je pense que le ministre devrait comprendre que, si nous sommes contre,
c'est à cause de trois facteurs principaux: c'est le côté
exceptionnel du pouvoir discrétionnaire qu'il s'arroge à
l'intérieur de la loi; quant à nous, aussi, c'est l'improvisation
du projet de loi et, en ce qui nous concerne, ce projet de loi, le
ministre avait une belle occasion d'amener un projet de loi le plus complet
possible à l'Assemblée nationale pour qu'on puisse régler
énormément de problèmes législatifs qui vont
être causés par ce projet de loi parce qu'il y a encore des trous
qui demeurent à l'intérieur du réseau des pêcheries
et de la législation actuelle et, le troisième facteur, je
l'ai mentionné à maintes reprises, c'est la question de la
rétroactivité qui est directement impliquée par les
articles 7 et 8. Alors, merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci. Avez-vous un
commentaire, M. le ministre, avant que nous ajournions?
M. Vallières: Peut-être, M. le Président. Je
suis persuadé qu'à l'usage de cette législation que nous
adopterons prochainement mes collègues vont constater que ça aura
été une des mesures les plus structurantes adoptées au
cours des dernières années, pour le secteur des pêcheries
québécoises. Je demeure convaincu, malgré certaines
nuances apportées par le député de Duplessis et d'autres
collègues, que nous avons là un bon projet de loi pour l'ensemble
des territoires maritimes du Québec et pour l'ensemble du Québec.
Et c'est avec beaucoup de fierté que nous allons continuer à en
débattre et à se diriger vers son adoption à
l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais, je
l'espère.
Le Président (M. Richard): Merci, de part et d'autre.
Maintenant, puisque notre mandat n'est pas terminé, nous sommes
conscients de ça, donc nous ajournons sine die, en attendant un nouvel
ordre de la Chambre...
M. Perron: Pour la présence du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
Le Président (M. Richard): ...pour la présence du
ministre de l'Agriculture, et c'est aussi en fonction de chez vous; M. le
député d'Arthabaska, il faut qu'il soit présent.
M. Perron: J'espère, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, bonne fin de
journée, mesdames et messieurs.
(Fin de la séance à 11 h 4)