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(Vingt heures onze minutes)
Le Président (M. Richard): Je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Le mandat de la commission pour cette séance est
de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 120, Loi
modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Magnifique! Maintenant, pour ce
qui est des remarques préliminaires, je pense qu'on les avait
terminées lors de la première séance. Ça va, M. le
député de Duplessis?
M. Perron: Bien, disons, M. le Président, que, par
habitude, j'aurais beaucoup de choses à dire, mais je pense qu'on va
passer au projet de loi, à l'article 1. Je suis sûr que ça
va faire plaisir à Mme Whittom. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Je trouve ça sympathique
de votre part... et à l'ensemble des membres de la commission, je
devrais vous faire remarquer, probablement.
Étude détaillée Délivrance
et renouvellement de permis
Alors, à ce moment-ci, nous passons à l'article 1 du
projet de loi 120. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Vallières: Alors, M. le Président, à
l'article 1, selon le troisième alinéa de l'article 10... Est-il
nécessaire de relire l'article, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Pas nécessaire. Si tout
le monde le saisit et le comprend, là...
M. Vallières: Non? Je pense qu'à peu près
tout le monde... Est-ce que l'Opposition officielle a en main...
M. Perron: Peut-être pour les fins du Journal des
débats, M. le Président.
M. Vallières: Oui.
Le Président (M. Richard): Oui, vous avez le droit.
Allez-y.
M. Vallières: Alors, l'article 10 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments est modifié par
l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: «Aux fins de
l'application du troisième alinéa, le ministre peut, en outre des
facteurs reliés à la salubrité et à
l'hygiène, tenir compte, dans le cas de tout permis prescrit par les
paragraphes e et f du premier alinéa de l'article 9, de facteurs d'ordre
socio-économique notamment les sources d'approvisionnement, la
rationalisation, la stabilisation ou la viabilité de l'industrie,
l'innovation technologique, le développement régional, les
conditions de mise en marché ou les investissements publics. Le
présent alinéa s'applique également à tout permis
prescrit par le paragraphe 1 du premier alinéa de l'article 9 lorsque ce
permis est requis pour la préparation ou la détention d'aliments
contenant des produits marins ou des produits d'eau douce.»
Alors, selon le troisième alinéa de l'article 10, le
ministre peut exercer une discrétion d'intérêt public pour
refuser la délivrance d'un permis ou, en cas de délivrance, pour
imposer des conditions ou restrictions au permis. Depuis 1982, dans le cas des
permis d'établissements de préparation ou de conserveries de
produits marins pour fins de vente en gros, tel que prescrit par le paragraphe
e de l'article 9, le ministre a tenu compte de facteurs
socio-économiques pour refuser la délivrance ou pour imposer des
conditions ou restrictions concernant le type et le volume de produits à
transformer, le genre de transformation ou la provenance des produits.
Ces facteurs impliquent notamment des éléments
reliés au débarquement, aux établissements existants et
à leur capacité de transformation ainsi qu'aux investissements
publics, tel que précisé à la politique de
délivrance des permis d'usine de produits marins du 1er septembre 1992.
Il s'agit, par cette disposition, de clarifier et d'encadrer davantage le
pouvoir discrétionnaire du ministre en inscrivant explicitement la
dimension socio-économique dans la portée de
l'intérêt public.
Le Président (M. Richard): Parfait. Est-ce qu'il y a un
questionnement, M. le député de Duplessis?
M. Perron: Alors, M. le Président, comme je le mentionnais
lors de notre dernière rencontre en commission parlementaire, il est
clair que les facteurs d'ordre socio-économique qui sont apportés
touchent différents aspects qui sont inscrits dans le projet de loi mais
touchent aussi des aspects qui ne sont pas nécessairement inscrits dans
le projet de loi à cause du mot «notamment».
Les facteurs qui sont inscrits dans le projet de loi, on parle de
«sources d'approvisionnement, la rationalisation, la stabilisation ou la
viabilité de l'industrie, l'innovation technologique, le
développement régional, les conditions de mise en marché
ou les investissements publics». Cependant, antérieurement
à ce que je viens d'énumérer, il y a un mot qui est
inscrit, et on se rappelle très bien sa portée si on se rapporte
à l'accord du lac Meech, qui est le mot «notamment».
Alors, M. le Président, je voudrais apporter un amendement et, si
le ministre... Je voudrais apporter un amendement à l'article 1,
c'est-à-dire de supprimer, dans le premier alinéa, le mot
«notamment».
Le Président (M. Richard): Alors, vous déposez
l'amendement qui est effectivement, à l'article 1, de supprimer, dans le
premier alinéa, le mot «notamment». Qu'est-ce que vous en
pensez, M. le ministre?
M. Vallières: Le retrait du seul mot
«notamment» restreint définitivement la portée de
l'intérêt public aux seuls cinq facteurs qui seraient, à ce
moment-là, énumérés dans la loi. À ce
moment-là, ces cinq facteurs ne deviennent plus des orientations; ils
deviennent les seules balises ou critères d'analyse qui doivent en
découler. Alors, pour moi, M. le Président, le mot
«notamment» prend toute son importance parce que les facteurs qu'on
y retrouve sont indicatifs des préoccupations du législateur.
Le mot «notamment» vient préciser, sans restreindre
cependant, le type de facteurs socio-économiques visés par le
législateur, et, en cela, on atteindrait probablement un des objectifs
qui étaient poursuivis par certains collègues qui disaient, la
semaine dernière, qu'il ne faudrait pas revenir à toutes les deux
minutes avec des projets de loi, les uns après les autres, comme suite
à l'évolution du contexte des pêches, étant
donné que ceux qui sont autour de cette table le savent
très bien le contexte est évolutif.
Je pense que les termes qui ont été utilisés
là et le mot «notamment» le sont à dessein, afin de
donner à notre loi toute la souplesse dont elle a besoin pour faire face
à un contexte dans le secteur des pêches qui varie beaucoup dans
le temps. Les mots généraux qui sont utilisés là le
sont à dessein. Je pense qu'il ne serait pas sage, à ce
moment-ci, de retirer le mot «notamment». C'est la raison pour
laquelle, M. le Président, on ne peut pas être favorables à
la proposition qui nous est faite.
M. Perron: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le député.
M. Perron: ...suite à l'intervention que j'ai faite tout
à l'heure, je voudrais vous exprimer un autre oubli, un oubli que
j'avais fait lors de ma courte allocution se rapportant au mo
«notamment». Je voudrais vous spécifier que ce fameux mot
«notamment», on le retrouve à quelques reprises dans
l'accord de Charlottetown qui a été rejeté par la
population du Québec, et même du Canada.
M. le Président, ça a fait maintenant 17 ans, hier, que je
suis législateur ici, à l'Assemblée nationale. J'ai eu
l'occasion, au cours de ces 17 années, de voir des projets de loi qui
étaient présentés par des gouvernements, qui, très
souvent, par la suite, portaient à confusion parce que les projets de
loi n'étaient pas complets, les projets de loi faisaient en sorte qu'on
créait de l'ambiguïté à peu près partout, et
en particulier dans certains articles, ce qui amenait les gouvernements, que ce
soit le gouvernement du PQ ou le gouvernement du Parti libéral, à
revenir en Chambre de façon assez régulière pour modifier
certains articles d'une certaine loi pour, justement, permettre de clarifier la
loi.
Je voudrais revenir maintenant au mot «notamment». Dans le
projet de loi que nous avons en face de nous, je comprends que le ministre veut
protéger ses arrières à cause de toutes les erreurs qui
sont arrivées au cours des dernières années, en
particulier les erreurs se rapportant à l'émission des permis ou
à la non-émission des permis. Là-dessus, ce que, moi, je
comprends d'un bon projet de loi et d'un bon article d'une loi, c'est qu'on
soit clair et que le libellé soit net et précis. Et, lorsqu'on me
mentionne, lorsqu'on écrit dans un projet de loi le mot
«notamment», pour moi, il n'y a pas de précision
d'apportée. (20 h 20)
Si le ministre me disait aujourd'hui face aux six facteurs, six ou huit
facteurs, dépendamment de l'interprétation que l'on donne, face
aux six ou huit facteurs socio-économiques, d'ordre
socio-économique qui sont apportés... Si le ministre veut en
ajouter 12, ça ne me dérange pas. Mais ce que j'aimerais, c'est
le savoir dans la loi. Et là, avec le mot «notamment», c'est
qu'on va se ramasser avec de l'imprévu suite soit au
discrétionnaire ou à l'arbitraire du ministre, qui pourrait
ajouter à cet article-là, de son propre chef, par une
décision qu'il prendrait lui-même, ou qui serait
recommandée par ses fonctionnaires, ou qui serait recommandée par
un député ou par un ministre du gouvernement, qui serait
même recommandée par un député de l'Opposition, un
membre de l'Assemblée nationale, et n'importe quel ajout à
ça pourrait se faire sans que ce soit inscrit dans la loi, justement
à cause du mot «notamment». Et comme je déteste les
imprécisions et comme je veux savoir où je m'en vais en rapport
avec la législation, et Dieu sait qu'on en a fait de mauvaises, d'un
côté comme de l'autre, moi, je pense qu'il serait essentiel qu'on
puisse à la rigueur ajouter ce que le ministre voudrait bien ajouter
dans l'article, et on pourra le regarder ensemble, il n'y aura aucune
espèce de problème là. Mais ce qui me fait peur et
énormément peur, c'est le fameux mot «notamment».
Je ne sais pas ce que le ministre a à répondre à
ça. Je préférerais de loin que le ministre vienne nous
dire ce soir qu'on en ajoute, des facteurs socio-économiques, d'ordre
socio-économique, mais avec,
bien sûr, la restriction qu'on enlève le mot
«notamment», parce qu'à mon sens nos législations ne
devraient pas être ce qu'elles sont actuellement.
M. Vallières: M. le Président, je veux juste bien
préciser au député de Duplessis qu'avant qu'on introduise
ce projet de loi là, si on regarde la loi qui était là...
Il se plaint du fait que c'est peut-être un peu trop
général ce qu'on présente, mais combien ça
l'était, combien ça l'était au début! Et je suis
obligé de le référer à la politique de
délivrance des permis de transformation de produits marins qui est
publiée et qu'on publi-cise afin de pouvoir y référer, et
toute décision du ministre, qu'elle soit positive ou négative, ne
doit être motivée qu'en fonction de ces facteurs.
Alors, je ne nie pas et je ne veux pas faire croire au
député de Duplessis que la discrétion ministérielle
cesse d'exister; bien non, au contraire, elle continue d'exister avec le projet
de loi qu'on a devant nous, sauf qu'elle est balisée par certains
facteurs qu'on retrouve dans la loi, mais par toute une série de
critères opérationnels d'intérêt public que l'on
retrouve au nombre de 11, précisément à l'intérieur
de la politique d'émission de permis.
Je veux L cliquer au député de Duplessis que je ne suis
pas le premier à, finalement, ajuster la règle de
l'intérêt public. Les autres ministres qui m'ont
précédé, les gouvernements différents qui se sont
succédé ont agi de bonne foi à l'intérieur du
contexte qui existait à ce moment-là. C'est sûr qu'une
politique d'émission de permis dans un contexte où la ressource
est en grande disponibilité, dans un contexte où... Prenons, par
exemple, un contexte où, dans la région de Gaspé, il y
aurait, à l'intérieur des deux, trois prochaines années,
une diversification économique extraordinaire qui allait être
créée dans d'autres secteurs que le secteur, par exemple, de la
transformation de poisson. C'est sûr qu'à ce moment-là
l'avis ministériel pourrait très bien être différent
à cette époque-là qu'il ne l'est présentement. Je
pense que ce qu'on retrouve dans le projet de loi confère, nous donne
une certaine souplesse nous permettant, au fil du temps, de nous ajuster.
Je reconnais, par ailleurs, la volonté du député de
Duplessis de vouloir que ces choses-là soient les plus précises
possible, et, là-dessus, on se rejoint. C'est pour ça que j'ai
publié la politique de délivrance des permis. À mon avis,
je ne vois pas l'utilité d'inscrire dans la loi comme telle ces
différents critères. Il faut aussi se garder, à
l'intérieur des lois, la souplesse requise qui nous permet de nous
adapter aux diverses situations. Je veux rassurer le député de
Duplessis et mes autres collègues: un pouvoir discrétionnaire qui
existe, qu'on se donne à l'intérieur d'une loi pour un ministre
peut être exercé de bien des façons, mais très
différemment quand on vient le baliser à l'intérieur d'une
politique dûment publiée et dont tous les intervenants du milieu
et toute personne qui veut l'avoir l'a en sa possession, incluant ceux qui font
application pour obtenir des permis ou voir des permis modifiés. Et le
ministre ne peut pas, sur une base pure- ment subjective, sans raison, refuser
ou émettre un permis à quiconque en fait la demande.
Alors, j'invite le député de Duplessis à relire la
politique de délivrance des permis de transformation des produits
marins, et il verra que la précision qu'il recherche s'y retrouve. Je
veux indiquer au député de Duplessis que c'est exigeant; c'est
exigeant de publier ça, M. le Président. C'est ce qui oblige le
ministre, dans le fond, à rendre compte des décisions qu'il
prend, qu'elles soient positives ou négatives. Alors, je pense que
ça prend toute sa valeur et sa signification.
Une voix: ...
M. Vallières: Oui, c'est dans la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments. On indique, à l'article
14, que «le ministre informe, par écrit, la personne à qui
il refuse de délivrer le permis en lui exposant les motifs de son
refus». Alors, je voudrais enlever, M. le Président, au
député de Duplessis ses inquiétudes, bien que je comprenne
son point de vue, mais, moi, je lui dis qu'il est atteint autrement qu'en le
précisant à l'intérieur d'une loi, mais bien à
l'intérieur de notre politique de délivrance des permis, qui est
une politique publique.
M. Perron: M. le Président, sur le mot
«notamment», si vous me permettez, je voudrais lire un article
seulement, un alinéa seulement du «Rapport du consensus sur la
Constitution, Charlottetown». À c de «La clause
Canada», de 1, on mentionne: «le fait que le Québec forme au
sein du Canada une société distincte, comprenant notamment une
majorité d'expression française, une culture qui est unique et
une tradition de droit civil». Ce serait peut-être bon qu'il parle
justement à son collègue de la Justice qui déclarait, au
cours du référendum de 1992, qu'en ce qui le concernait
lui-même, le ministre Rémillard avait fini par reconnaître
qu'il ne s'agissait pas de pouvoir exclusif.
Deuxièmement, le ministre, qui vient de vanter sa politique
d'émission des permis, par son document intitulé «Politique
ministérielle de délivrance des permis d'exploitation
d'établissement de préparation de produits marins»... J'ai
mentionné tout à l'heure qu'il y avait six facteurs ou
peut-être huit, dépendamment de la façon qu'on le prend.
Est-ce que le ministre pourrait me dire pour quelle raison, dans son projet de
loi, il n'a pas mis au moins ce qu'il y avait à l'intérieur de sa
politique d'émission des permis? À la page 3, on mentionne des
critères opérationnels d'intérêt public: 5.1, les
sources d'approvisionnement on le mentionne là; 5.2, la nature
des opérations; 5.3, la capacité de traitement; 5.4, les
débouchés disponibles sur le marché
québécois ou extérieur; 5.5, la prévention des
dangers d'insalubrité; 5.6, l'équilibre
technico-économique à maintenir il en a parlé,
l'autre jour, de cet aspect-là face à une lettre qui avait
été écrite par M. Garon en 1984 ou 1985; 5.7, la
rentabilité; 5.8, l'innovation technologique; 5.9, la protection de
l'environnement; 5.10, les infrastructures
publiques; 5.11, la capacité opérationnelle de
l'exploitante ou de l'exploitant.
Le ministre a ça dans sa politique, mais, dans son projet de loi,
au lieu d'inscrire l'ensemble de ce qu'il veut vraiment faire, il inscrit six
facteurs principaux. Si on inclut les «ou» qui veulent dire d'autre
chose, à deux endroits, ça, ça fait six au total, mais il
y en a 11 facteurs ici. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas inscrit ces 11
facteurs au minimum dans le projet de loi lui-même?
M. Vallières: M. le Président...
M. Perron: Ce qui aurait clarifié d'autant plus l'article
1 qui nous concerne, en particulier à cause du mot
«notamment», de la présence du mot «notamment».
(20 h 30)
M. Vallières: Le libellé, M. le Président,
est plus général à l'intérieur de la loi que ce
qu'on retrouve dans la politique, et ce libellé-là vient, dans le
fond, donner des indications sur les préoccupations du
législateur. Ce qu'on retrouve là, dans le fond, vient
préciser la portée des facteurs socio-économiques, mais
pas de façon exhaustive. Je trouve normal que ce soit ainsi à
l'intérieur de la loi et je trouve intéressant que, en même
temps que cet article de la loi, on puisse référer aussi à
notre politique d'émission des permis qui, elle, dans les moindres
détails, dans tous les détails qu'on a pu penser, vient
préciser les différents facteurs, les différents
critères qui nous inspirent dans les décisions.
Je pense, M. le Président, que la flexibilité que nous
recherchons à l'intérieur de la loi n'empêche pas le
demandeur d'être traité avec toute l'équité requise.
Je vois mal pourquoi on devrait...
(Consultation)
M* Vallières: Et on remarque aussi dans le projet qu'on
retrouve, bon, six ou huit, huit termes un peu plus généraux
versus 11 dans la politique, mais il y a au moins deux ou trois des termes plus
généraux qui sont utilisés qui couvrent les trois autres
critères dont on se sert à l'intérieur de la politique
d'émission des permis, la politique ministérielle
d'émission des permis. Donc, je pense que le libellé qui est
là, dans le fond, répond aux préoccupations du
député de Duplessis parce qu'à l'intérieur de ce
qu'on retrouve là il est très facile d'établir que les 11
critères qu'on retrouve dans la politique sont inclus à
l'intérieur du libellé qu'on retrouve à l'article 1.
Évidemment, M. le Président, on pourrait peut-être
reprendre chacun des critères que l'on retrouve dans la politique
d'émission de permis et voir comment ils viennent recouper les facteurs
qui sont mentionnés à l'intérieur de l'article 1, et le
député de Duplessis verrait très bien que nos 11
critères s'y retrouvent, ça ne fait pas de doute.
M. Perrcn: M. le Président, là-dessus, justement,
le ministre a dit, au début de sa réponse, que ce qu'on
retrouvait dans la loi, c'étaient des guides pour des décisions
éventuelles. Alors, pourquoi, à ce moment-là, le mot
«notamment», s'il se sert de ça comme guide puis qu'il met
le mot «notamment» pour se protéger? Se protéger sur
d'autres choses, ou quoi?
Deuxièmement, en ce qui a trait à sa politique, il a
établi une politique, qui, à mon sens, n'était pas si mal
que ça, pour le 1er septembre 1992. Mais, lorsqu'on regarde la politique
elle-même, on se rend compte qu'elle n'est pas vraiment transposée
dans son ensemble dans la loi, puis c'est ça qu'on lui reproche. C'est
là que, moi, personnellement, je lui reproche ça. Dans la loi, il
a beau donner certaines explications pour essayer de se cacher en
arrière du paravent, là, et par rapport à ce qu'il y a
dans sa politique versus ce qu'il y a dans l'article 1, dans l'alinéa
qu'on discute actuellement, mais, M. le Président, ça aurait
été beaucoup plus clair si le ministre avait transposé sa
politique directement dans le projet de loi, les 11 dont on parle. Parce que,
s'il les a écrits comme ça, les 11, c'est parce que les 11
articles, qui étaient différents, expliquaient d'autant plus
l'ensemble de sa politique par rapport aux critères.
Mais il ne l'a pas mis dans son projet de loi. Puis, encore là,
ça va faire en sorte qu'il y a des gens qui vont se poser de
sérieuses questions, autant des législateurs, autant des
fonctionnaires que des gens dans le milieu qui vont faire des demandes de
permis ou qui vont se voir refuser des permis et qui vont se poser des
questions à savoir où a été prise la
décision du ministre.
C'est pour ça. Parce que, moi, puis je répète ce
que j'ai dit tout à l'heure, sa politique d'émission des permis,
mis à part quelques ajustements, elle n'était pas si mal. Elle
n'était pas si mal dès le début. Mais c'est que cette
politique-là a été amenée pour les raisons qu'on
connaît, puis la législation a été amenée
aujourd'hui pour les raisons qu'on connaît d'autant plus. Parce que c'est
clair que les refus de permis, les permis qui ont été émis
antérieurement, les décisions qui ont été prises
antérieurement, c'est clair que le ministre, de par le projet de loi,
veut s'abrier, parce qu'il est pris dans un dilemme.
Puis on a juste à regarder la cause Dubreuil. Si la cause
Dubreuil, le gouvernement ne gagne pas dans cette affaire-là, c'est
qu'il y a un paquet de monde qui pourrait revenir éventuellement, en se
servant de la jurisprudence, pour dire: Bien, c'est ça, c'est ça,
c'est ça, c'est ça. Vous nous avez refusé un permis le 4
avril 1992, mais, nous, maintenant, on veut l'avoir, le permis, puis on veut
l'avoir à tel endroit.
M. Vallières: M. le Président, c'est sûr que
ce qu'on retrouve dans le projet de loi, ici, avec le mot
«notamment», introduit de façon non limitative des facteurs
permettant d'asseoir les éléments d'une politique de
délivrance de permis. La loi vient donner un cadre qui va permettre
d'établir une politique. Alors, je ne suis pas surpris des propos du
député de Duplessis, mais, à partir du moment où on
veut se donner un encadrement législatif qui nous permet
d'établir une politique, bien, cet encadrement-là doit être
moyennement
plus général que ce qu'on retrouve dans le détail
à l'intérieur d'une politique plus exhaustive. Et c'est clair, je
veux dire, il n'y a pas de cachette là-dedans que les facteurs qu'on
retrouve à l'intérieur de la politique ne sont pas exhaustifs. Je
l'indiquais, à un moment donné, ça peut évoluer
dans le temps.
Je le disais, la semaine dernière, d'autres ministres peuvent se
décider d'en introduire d'autres. À ce moment-là,
j'espère qu'ils feront comme moi, c'est-à-dire qu'ils rendront
publics ces critères sur lesquels ils basent leurs décisions. Ils
rendront compte de leurs décisions, qu'il s'agisse de refus ou
d'acceptation de demandes de permis.
Alors, M. le Président, celui qui vous parle n'a pas les
mêmes inquiétudes que le député de Duplessis, parce
que nos critères sont très clairement définis, nos
critères opérationnels à l'intérieur de notre
politique d'intérêt public. Et je trouve tout à fait normal
que le libellé de l'article 1 soit, somme toute, un peu plus
général que les différents critères
opérationnels qu'on retrouve bien définis, noir sur blanc,
à l'intérieur de la politique qui a été rendue
publique en septembre 1992.
M. Perron: M. le Président, le ministre a
mentionné, tout à l'L-;ure, qu'on pourrait regarder les facteurs
d'ordre socio-économique qu'il y a dans son article 1 et les comparer
avec les 11 critères qu'il a inscrits, c'est-à-dire les
critères opérationnels d'intérêt public qu'il a
inscrits dans sa politique. J'aimerais bien qu'il me dise à quel endroit
il retrouve le développement régional comme critère, parce
que, à moins que je ne m'abuse, il n'y a rien là-dedans, dans les
11 critères, qui spécifie nettement, je dis bien nettement, le
développement régional. (20 h 40)
M. Vallières: Alors, M. le Président, c'est un bel
exemple, dans le fond, que le projet de loi s'adresse de façon plus
globale à une situation. Par ailleurs, on retrouvera, le
député de Duplessis retrouvera dans la politique
ministérielle, qui soutient comme telle la politique de
délivrance de permis à l'intérieur de nos orientations qui
ont été retenues, à l'Annexe A, un point qui nous indique
un des objectifs, qui est de protéger la transformation ou
préparation régionale et de stabiliser les approvisionnements.
C'est sûr, aussi, qu'à l'intérieur et, je dirais, dans
plusieurs critères qui sont définis dans la politique
ministérielle d'émission de permis on retrouve
intrinsèquement, je dirais, ce facteur, cette orientation de
privilégier le développement régional.
Évidemment, tout ce qu'on retrouve à l'intérieur
des critères socio-économiques, ce sont
généralement des conditions qui tiennent compte du
développement des régions. Alors, la question du
député de Duplessis, dans le fond, vient confirmer ce que je
disais tantôt, c'est-à-dire que le projet de loi comme tel
s'adresse de façon plus globale à la situation en région
maritime et sert d'assise, finalement, à la détermination de
notre politique d'émission de permis.
Par exemple, un des facteurs socio-économiques qu'on retrouve
fréquemment dans les usines de transformation qui sont situées en
région intérieure, c'est de devoir s'approvisionner en
région maritime, auprès d'usine et non pas directement
auprès des pêcheurs. Je veux dire, il n'y a pas de
préoccupation plus directe vis-à-vis du développement
économique des régions maritimes. Pourtant, ce n'est pas
précisément indiqué, là, mais c'est quelque chose
qui existe indirectement.
Évidemment, dans le cahier des orientations, à l'Annexe A
toujours, dans nos objectifs, il y a tout un chapitre qui traite des
régions maritimes, et je veux en citer une partie au
député de Duplessis qui dit que le secteur et les régions
maritimes doivent pouvoir compter sur une structure industrielle rentable,
capable de rivaliser avec la concurrence internationale, mais aussi de
desservir adéquatement les pêcheurs du Québec. Dans une
perspective de développement régional et de maintien des
populations dans les régions, tout en tirant profit de
l'omniprésence de l'activité de pêche, l'État a fait
le choix de privilégier la transformation des ressources marines dans
les régions où elles sont capturées.
Alors, pour moi, il n'y a pas de cachette là-dedans, et je suis
très heureux que le développement régional figure à
l'intérieur de l'article 1 de ce projet de loi. Et je veux rappeler
simplement au député de Duplessis que, même au niveau
international, dans les ententes de libre-échange, que ce soient dans
l'ALENA ou dans l'ALE, il y a déjà des dispositions qui
concernent précisément les produits marins afin de permettre aux
régions où s'effectuent les débarquements, où
s'effectuent les prises de pouvoir avoir des politiques régio-nalistes,
pour ne pas dire protectionnistes. Je pense qu'on devrait tous s'en
réjouir, pour les gens qui sont dans les régions maritimes, de
voir apparaître dans un projet de loi l'intention du législateur
de tenir compte de ce facteur-là.
M. Perron: M. le Président, le ministre, actuellement, est
en train de me dire que, mis à part lés critères qu'on
retrouve dans sa politique, au début de sa politique
ministérielle, il est en train de me dire qu'on retrouve ces
critères-là dans les annexes. Bien, à ce moment-là,
si les annexes sont si bonnes que ça, pour quelle raison le ministre ne
les a pas mises dans ses critères? Parce que, là, moi, je fais
une nette différence entre les critères opérationnels
d'intérêt public puis les orientations ministérielles.
C'est très différent. Alors, si le ministre voulait vraiment
faire quelque chose de bien dans son projet de loi, il aurait pu mettre au
moins l'ensemble des critères opérationnels
d'intérêt public, puis ajouter tout ce qui est bon dans son
document pour dire: Bon, on va clarifier l'affaire carrément dans le
projet de loi, dans l'article concerné, puis on va enlever le mot
«notamment», puis on va savoir où est-ce qu'on s'en va.
C'est sûr que le ministre, avec sa politique qu'il a ici, peut
charrier d'un bout à l'autre du document. Mais, moi, quand je la
regarde, la politique ministérielle, puis que je regarde à
l'article S de la page 3, au début du
document, puis qu'on parle des critères opérationnels
d'intérêt public et qu'on élabore qu'il y a 11 points,
alors il faudrait peut-être s'entendre, à un moment donné,
puis arrêter de se galvauder d'un bout à l'autre du document.
Parce que, s'il voulait mettre des critères régionaux à
l'intérieur de l'article 5, c'était à lui de l'inscrire
là à ce moment-là.
M. Vallières: M. le Président...
M. Perron: L'autre facteur aussi: à quelle place
retrouve-t-on la stabilisation ou la viabilité de l'industrie? Je veux
bien croire qu'il parle de stabilisation dans les entreprises, de stabiliser le
marché, de stabiliser l'industrie, de stabiliser la production, mais je
vous dis une chose, M. le Président, c'est que, pour un ministre du
gouvernement libéral, il n'est pas très, très
libéral quand il essaie de restreindre ça à sa
façon, quant à l'émission des permis.
M. Vallières: M. le Président, le
député de Duplessis doit comprendre une chose au départ
s'il veut qu'on ait une discussion éclairée sur cet article.
C'est que la politique comme telle, à laquelle il faisait
référence, comporte 11 critères qui ont tous, de
près ou de loin, une portée socio-économique. Ces
critères-là sont complétés, et je pense que c'est
à l'honneur du gouvernement libéral, par sept orientations
ministérielles qui indiquent à l'industrie et au Comité de
l'intérêt public de quelle façon sont
interprétés les critères. Je pense que ça va de
soi, et je ne vois pas en quoi, M. le Président, les 11 critères
qui sont là et les six ou sept orientations ministérielles qui
viennent guider l'interprétation des critères ne seraient pas de
nature à satisfaire le député de Duplessis, d'autant plus
que, dans les orientations ministérielles ça, c'est celles
de celui qui vous parle moi, je vous dis, à l'intérieur de
mes orientations, que je veux privilégier le développement
régional, que je veux favoriser d'abord les entreprises existantes. Bon.
C'est mentionné dans le document. Bien oui, c'est ce que le gouvernement
en place désire faire, et c'est écrit noir sur blanc.
Mais, M. le Président, on ne pourra pas tout écrire
ça à l'intérieur d'un texte de loi. Et, de toute
façon, je suis sûr que ça ne satisferait pas
complètement le député de Duplessis. Je pense que le
législateur doit se garder une certaine souplesse, tout en s'assurant de
l'équité procédurale qui doit s'appliquer dans tous les
cas de gens qui font des demandes de permis. Et ça aussi, le
député de Duplessis le remarquera, à l'intérieur de
notre politique, la façon dont on traite les demandes est clairement
indiquée, et ça aussi, c'est une façon nouvelle de le
rendre public et d'indiquer aux gens comment on veut procéder.
Alors, le député de Duplessis devrait, je pense, nous
féliciter et des orientations ministérielles et de notre
politique très claire d'émission de permis qui a
été l'objet d'une publication et qui a été
analysée par beaucoup de gens, d'ailleurs, qui, de façon
générale, se sont dits satisfaits de l'ensemble de ce qui est
présenté, là, à l'intérieur de notre
politique et de nos orientations.
M. Perron: M. le Président, une question au ministre. Dans
ses critères, à la page 4, il mentionne, à 5.5, la
prévention des dangers d'insalubrité. Est-ce que le ministre peut
nous dire à quelle place il retrouve ça dans son projet de loi ou
si c'est actuellement dans le projet de loi...
M. Vallières: Toute la réglementation qui
accompagne l'aspect salubrité et hygiène, là, est
existante, est disponible. Maintenant, ce dont on veut bien s'assurer ici,
c'est que, supposons que la demande porterait sur une augmentation importante
du volume, par exemple, dans une entreprise, il faut voir si la capacité
de traiter avec les installations existantes, qui ont déjà
été acceptées, parce que, si cette usine-là est
sous permis... Pour faire face à des bonnes conditions au plan de la
salubrité et de l'hygiène, il faut voir si cette augmentation qui
est demandée est une augmentation que les équipements en place
peuvent soutenir, parce qu'il pourrait arriver par exemple, s'il n'y a pas des
ajustements aux équipements en place, qu'on puisse tomber dans des
conditions de salubrité ou d'hygiène qui ne sont pas conformes ou
qui ne seraient pas conformes à la réglementation. Alors, c'est
sûr que le Comité de l'intérêt public analyse et
évalue la situation lors de pareilles demandes. (20 h 50)
Cette condition-là, pour le député de
Duplessîs, là, n'est généralement pas un
critère de refus, mais bien des conditions qui sont reliées au
permis, par exemple au niveau d'une capacité journalière de
transformer qui ne doit pas être dépassée, sans quoi les
installations qui seraient là ne seraient pas suffisantes. Ça
peut être pour traiter le produit comme tel ou peut-être aussi pour
traiter les déchets qui sont comme conséquents, là, du
traitement de la ressource. Alors, le Comité de l'intérêt
public se penche effectivement sur ce genre de situation et donne son avis au
ministre. Et, par la suite, on peut en faire part à l'entreprise.
M. Perron: M. le Président, sur cet aspect se rapportant
à la prévention des dangers d'insalubrité, on sait
très bien que, lorsqu'il arrive qu'un permis a déjà
été émis pour la transformation de tels produits, il peut
arriver qu'il y ait une demande de permis pour la transformation d'un autre
produit. Et il arrive fréquemment que dans la même usine on ne
puisse pas, à moins qu'il y ait des séparations formelles
à l'intérieur de l'usine, transformer, par exemple, du
salé avec du frais dans le même compartiment. Et, sur cette
question-là, c'est clair dans mon esprit que les informations que vient
de nous donner le ministre se rapportaient plutôt à
l'émission de permis additionnel que de permis demandé pour une
nouvelle usine ou pour une usine qui veut transformer un produit
spécifique. Les informations que vient de donner le ministre sont
là-dessus surtout.
D'autre part, c'est que, lorsque je regarde à
l'article 5.9, on lit ceci: La protection de l'environnement; les
investissements requis pour assurer le respect de la Loi sur la qualité
de l'environnement, de ses ordonnances aux règlements, notamment quant
au traitement des déchets liquides et solides provenant de la
préparation des produits marins ainsi qu'aux besoins d'approvisionnement
en eau potable ou autre. Dans la réponse que m'a donnée le
ministre par rapport à la prévention des dangers
d'insalubrité, moi, je pense qu'il faut faire une abstraction entre cet
article 5.5 là et l'article 5.9 que je viens de mentionner. Il y a une
certaine interrelation, très minime, mais cet article 5.9, qu'on ne
retrouve pas, quand on parle de la protection de l'environnement, dans
l'article 1, c'est-à-dire dans l'amendement qui est apporté par
le ministre à la loi actuelle, encore là, ça sera
laissé, quant à la protection de l'environnement, à son
bon jugement ou au jugement d'un autre des ministres du gouvernement.
C'est pour ça que je disais dès le début que les
critères qu'il y avait à la page 3, que j'ai
énumérés tout à l'heure, il me semble que ces
critères-là, on aurait dû les retrouver directement dans
l'article 1, d'une part. Et, si le ministre avait des intentions d'aller
chercher des choses dans l'Annexe A, dans l'Annexe B, il avait seulement
à le faire, pais à le mettre dans son projet de loi, puis
à enlever le mot «notamment» pour que la loi soit
claire.
M. Vallières: M. le Président, au niveau de la
prévention des dangers d'insalubrité, je veux indiquer au
député de Duplessis que cet aspect-là est une condition
sine qua non et préalable à l'émission du permis. Et,
même si tous les autres critères étaient rencontrés,
si celui-là ne l'était pas, il n'y aurait pas de permis.
M. Perron: C'est la loi de l'environnement qui s'applique?
Laquelle?
M. Vallières: P-29. C'est le principe même de la loi
qu'on a ici, de commercialiser un produit qui est dans état salubre.
M. Perron: Bien, c'est la loi actuelle sans amendement.
M. Vallières: Oui. Il y a les dispositions qui le
prévoient. C'est exact. Je veux rappeler au député de
Duplessis je le faisais tantôt qu'il y a tout un pouvoir
réglementaire qui accompagne la question de la salubrité et de
l'hygiène.
M. Perron: De par la P-29?
M. Vallières: Oui. On a le livre ici.
M. Perron: Ah! D'accord. O.K. Ça, c'est la loi
elle-même...
M. Vallières: P-29.
M. Perron: ...à jour? À jour... M.
Vallières: Celle de maintenant.
M. Perron: ...ainsi que les règlements qui
l'accompagnent?
M. Vallières: Oui. Loi et règlements sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
M. Perron: Est-ce qu'il serait possible qu'on en ait une copie,
de ces règlements-là...
M. Vallières: Bien, après nos travaux
d'aujourd'hui; on a une seule copie ici.
M. Perron: ...pour compléter? Oui, après. Oui.
Ça va.
M. Vallières: Vous savez qu'on est d'une ouverture
exceptionnelle.
M. Perron: Ah! M. le Président...
M. Vallières: C'est comme dans notre politique
d'émission de permis.
M. Perron: ...si vous saviez comment est-ce que le ministre est
ouvert à nos demandes! Moi, à ma connaissance, il y en a
seulement deux, ministres qui sont ouverts dans ce gouvernement-là, puis
c'est le ministre délégué aux Affaires autochtones et le
ministre délégué aux Pêcheries.
Le Président (M. Richard): II est ouvert, mais je ne suis
pas certain que votre amendement va passer.
M. Perron: J'ai la forte impression, M. le Président, que
je vais être battu par la majorité ministérielle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perron: Ils sont assez pour me battre, de l'autre bord.
M. Vallières: O.K. Alors, pour le député de
Duplessis, dans l'article 1, là, que je lisais tantôt, mais je
veux le reprendre, on dit: «Aux fins de l'application du troisième
alinéa, le ministre peut, en outre des facteurs reliés à
la salubrité et à l'hygiène ceux auxquels ont vient
de référer tenir compte [...] de», etc.
M. Perron: Bon, bien, écoutez, M. le Président, je
pense qu'on a assez fait le tour du mot «notamment», là,
puis des facteurs d'ordre socio-économique. Je regrette
énormément que le ministre ne veuille pas plutôt enlever le
mot «notamment», puis ajouter, pour clarifier l'article
lui-même, l'article du projet de loi lui-même...
En tout cas, on verra ce que ça va donner dans l'avenir, mais
j'ai l'impression qu'il y a des choses qui vont se faire galvauder,
peut-être dans un avenir assez rapproché, à cause que la
loi n'est pas claire. Cet article-là n'est pas clair.
Le Président (M. Richard): Alors, est-ce que l'amendement
du député de Duplessis est adopté ou...
M. Vallières: Non. Rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous demandez le
vote nominal ou si c'est assez évident?
M. Perron: Ah! je pense, M. le Président, que c'est assez
évident.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Perron: Je regarde en face de moi et...
Le Président (M. Richard): Je vous remercie d'avoir un
esprit pratique.
M. Perron: Je présume que, s'il y a égalité,
vous allez voter. Alors, je sais sur quel bord vous allez pencher.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Vous doutez de ma
neutralité? Ha, ha, ha! Maintenant, l'amendement est donc rejeté.
Est-ce qu'il y a d'autres questionnements sur l'ensemble de l'article 1? (21
heures)
M. Perron: M. le Président, on a parlé à
plusieurs reprises, depuis qu'on a commencé à discuter de ce
projet de loi, autant au salon bleu qu'en commission parlementaire, la semaine
dernière, du fameux Comité de l'intérêt public.
À mon sens, encore là, on retrouve ce Comité-là,
avec le nombre de membres concernés, à l'intérieur de la
politique ministérielle du gouvernement sans y mentionner les noms.
Alors, j'aurais un amendement à apporter, toujours à
l'article 1, qui serait le suivant: Que l'article 1 du projet de loi soit
modifié par: 1° le remplacement, par le premier paragraphe, des mots
«de l'alinéa suivant», par les mots «des
alinéas suivants» parce que vous pouvez comprendre qu'on en
ajoute un; 2° par l'ajout, à la fin de l'alinéa suivant, des
mots suivants: «Le ministre doit, avant de délivrer le permis,
tenir compte des recommandations formulées par le Comité
d'intérêt public des produits marins.»
M. le Président, je me reprends, parce qu'il y avait eu une
erreur de frappe. C'est: Que l'article 1 du projet de loi soit modifié
par: 1 ° le remplacement, dans le premier paragraphe, des mots «de
l'alinéa suivant» par les mots «des alinéas
suivants:»; 2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant: «Le ministre doit, avant de délivrer le permis, tenir
compte des recommandations formulées par le
Comité de l'intérêt public des produits
marins.»
(Consultation)
M. Perron: M. le Président, en fait, l'intention que nous
avons de ce côté-ci, c'est justement, comme le ministre est
parfaitement d'accord avec ça, de pousser la transparence jusqu'à
ce point où la loi soit la plus claire possible et où les
recommandations du Comité en question seront... disons que le ministre,
au moins, en tiendra compte et prendra sa décision
éclairée en fonction des recommandations du Comité. Parce
qu'il me semble que, n'étant pas dans la loi, encore là, le
ministre peut se promener d'un bord à l'autre de sa politique
d'émission des permis sans tenir compte de la loi, puis émettre
des permis à n'importe qui. Il peut modifier sa politique, puis garder
ça pour lui à l'interne, et puis, à cause de la loi,
surtout à cause de l'article 1 actuellement, là. À
l'article 1, le mot «notamment», il m'énerve. Je vous l'ai
dit tout à l'heure. Bon. J'ai demandé qu'il soit enlevé;
on ne l'a pas enlevé. On a été écrasés par
la majorité.
Alors, M. le Président, compte tenu de ça, qu'au moins les
recommandations du Comité de l'intérêt public, on en tienne
compte, que le ministre soit obligé d'en tenir compte.
Le Président (M. Richard): Ce ne sera pas long, là.
On va distribuer copie de votre amendement, M. le député de
Duplessis, si vous permettez, et il y aura réaction de la part de M. le
ministre.
M. Vallières: Alors, M. le Président, c'est bien
évident que la proposition du député de Duplessis vise
à soustraire la décision finale du ministre. Et, pour un, je
continue de croire pertinent que le ministre doive garder la discrétion
finale d'émettre un permis, toujours en tenant compte
là-dessus, je rejoins le député de Duplessis de ce
que le Comité de l'intérêt public lui fournit comme
information. Les gens qui forment le Comité de l'intérêt
public exécutent un travail de recherche, d'analyse en détail,
disposent de toute une batterie de données qui leur permettent de faire
des recommandations au ministre, mais il s'agit là de recommandations et
le ministre, par la suite, de façon éclairée, prend sa
décision.
Et, par surcroît, le député de Duplessis, dans
l'amendement qu'il propose... Pour la première fois, on retrouve,
là, dans le texte de la loi, qu'on référera au
Comité de l'intérêt public qui, de toute façon, n'a
pas été décrit nulle part à date dans la loi. Mais,
indépendamment de ça, je pense que ce qui est proposé par
le député de Duplessis est quand même dans la logique de ce
qu'il disait tantôt, parce qu'il disait que, «notamment», il
est bien contre ça.
Sauf que, en tout cas, moi, tant que je vais être ministre des
Pêches, je n'ai pas l'intention de me lier les mains littéralement
pour faire en sorte que, finalement, un comité, qui est là pour
me permettre de gérer la politique d'émission de permis,
malgré tout le respect que j'ai pour les fonctionnaires autour de moi,
dont certains font partie du Comité de l'intérêt public, je
ne voudrais pas être attaché nécessairement à leurs
recommandations. Ça deviendrait presque un pouvoir décisionnel,
de la façon dont c'est libellé ici.
Et, pour un, je continue... Au même titre qu'on ne retrouve pas
dans la loi tous les critères, au même titre, je n'ai pas
l'intention de retrouver dans la loi la définition du Comité de
l'intérêt public.
M. Perron: M. le Président, je n'ai pas demandé de
mettre dans la loi la définition du Comité de
l'intérêt public, là.
M. Vallières: M. le Président, je n'ai pas
l'intention non plus, avec la proposition du député de Duplessis,
de créer un tribunal administratif; ça équivaut presque
à ça, ce que nous propose le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, là, je ne comprends pas
le ministre. Moi, ce que je voudrais surtout avoir dans le projet de loi, c'est
le fait qu'il y ait un comité d'intérêt public bel et bien
formé de façon légale. On sait très bien que, si ce
n'est pas dans la loi, demain matin, la loi est passée, et le ministre
peut prendre sa politique ministérielle, tirer ça au bout de ses
bras et faire disparaître le Comité, s'il veut le faire
disparaître, ou quoi que ce soit. Alors, de ce côté-ci, on
dit: On reconnaît l'existence du Comité et on reconnaît que
ce Comité peut faire des recommandations au ministre, mais le ministre,
de par les décisions qu'il devra prendre, peut prendre la
décision qu'il veut quand même. Ça n'empêche rien,
ça, mais ce qu'on veut, c'est la présence du Comité de
l'intérêt public.
On ne marque même pas le nombre de membres; on pourrait l'ajouter,
M. le Président, comme sous-amendement, si on veut. On pourrait
même le créer de par la loi, exactement comme c'est écrit
dans sa politique lorsqu'on parle du Comité de l'intérêt
public. Pourquoi pas? Au moins, on serait assurés que le ministre prend
des décisions en rapport avec des recommandations qui seraient prises
par le Comité de l'intérêt public. Pourquoi pas?
(Consultation)
M. Perron: Si l'amendement est accepté, ça ne
balise pas du tout, du tout, contrairement... Non, non, ça ne balise pas
du tout les décisions du ministre, mais ça confirme dans la loi
qu'il y a un comité qui fait des recommandations au ministre. Et on
pourrait même dire: Par le Comité de l'intérêt public
des produits marins formé de cinq membres. On ne l'a même pas mis,
ça.
Et, d'ailleurs, M. le Président, je viens de me rendre compte
d'une chose; c'est que cet amendement-là étant
déposé et si le ministre l'accepte, c'est clair que je vais
revenir avec un sous-amendement qui va dire le nombre, sans nommer les
personnes, là, et sans donner leur provenance.
M. le Président, ça concerne les pêches
actuellement, ce de quoi on parle, et, si on arrive et qu'on laisse des portes
de grange ouvertes à à peu près n'importe quoi et que
n'importe qui peut passer, ou que tu peux passer trois, quatre
éléphants de large, bien là, ça ne marche plus. La
législation est tout croche, à ce moment-là. Quant
à moi, je tiens mordicus à la présence du Comité de
l'intérêt public.
Au moment où on se parle, si ce n'est pas inscrit dans la loi, on
peut le faire disparaître demain matin. On peut le faire
disparaître ce soir.
M. Vallières: Un ministre, M. le Président...
M. Perron: On peut le faire disparaître après
l'adoption de la loi.
M. Vallières: ...pourrait très bien... Bon! Dans ce
cas-ci, on s'adresse à un comité de gens qui sont là pour
donner des avis au ministre, des recommandations au ministre, mais, ça
aussi, ça pourrait... Et, moi, je n'ai pas crainte de ça, que
ça puisse évoluer dans le temps. Un bon matin, il se pourrait
très bien, si un jour très lointain le député de
Duplessis était ministre des Pêches au Québec, il pourrait
dire: Moi, je forme un comité d'intérêt public, qui est
formé de trois personnes qui viennent des régions maritimes, deux
fonctionnaires et deux députés, un de l'Opposition et un
député ministériel, qui va donner avis au ministre avant
qu'il en vienne à une décision finale sur une décision qui
a à être prise. Ça pourrait arriver. Et je comprends un
petit peu mal le député de Duplessis qui voudrait que, tout d'un
coup, on mette tout dans une loi, alors qu'eux autres... Je veux dire, je ne
leur en porte pas rigueur, mais ce n'était même pas écrit
nulle part, le fonctionnement de votre comité de l'intérêt
public, et tout ça.
M. Perron: Ah! ça, je le conçois. Je concède
ça au ministre, M. le Président.
M. Vallières: Donc, il y a déjà...
M. Perron: Mais on est en 1993. On était en 1985,
là!
M. Vallières: II y a déjà une grosse, grosse
marche qui a été faite, là, une grosse, grosse marche qui
a été faite en termes de transparence..
M. Perron: Oui, mais on a le droit de changer d'idée
aussi! (21 h 10)
M. Vallières: ...de précision. Pour un, je ne veux
pas attacher non plus tous mes successeurs et je veux garder de la souplesse.
Il s'agit ici d'une politique interne au ministère, à
l'intérieur d'un processus de décision qui, en bout de piste, va
faire en sorte que le ministre prend une décision
éclairée, comme suite aux recherches qui sont faites par le
Comité de l'intérêt public, qui apparaît dans une
politique.
Le député de Duplessis va bien revenir encore avec
d'autres points qu'on retrouve à l'intérieur de la politique de
l'émission de permis, mais elle est là, elle existe et,
effectivement, elle pourrait être modifiée, un peu comme le
Comité de l'intérêt public. S'il y a un de nos
fonctionnaires qui en fait partie qui change d'emploi, bien, il faut quand
même le modifier. On a ajouté, d'ailleurs... Je pense qu'on a
ajouté un membre depuis sa composition.
M. Perron: M. le Président, l'article en question ne parle
pas de personne sur le Comité de l'intérêt public.
M. Vallières: Alors, M. le Président...
M. Perron: M. le Président, je vais envelopper ça
d'une autre façon. Si nous avons la loi 120 en face de nous, c'est
pourquoi? C'est parce qu'il y a des décisions, qui ont été
prises antérieurement, qu'il veut faire entériner de par la
législation au cas où il y aurait des gens qui reviendraient
contre le gouvernement. Il y a des permis qui n'ont pas été
émis et où on sait très bien qu'il y a des
possibilités, que dépendamment du jugement qui est actuellement
devant la cour, éventuellement, de par la jurisprudence, toutes les
personnes à qui on a refusé des permis pourraient revenir et
dire: En fonction de telle jurisprudence, je demande l'émission du
permis que j'ai demandé il y a deux ans, trois ans passés.
Le ministre sait très bien qu'éventuellement... Dans sa
politique, il y a le Comité de l'intérêt public. Il n'y a
rien qui dit, si ce n'est pas dans la loi, que les recommandations du
Comité de l'intérêt public, qui pourraient être
bonnes, qui sont faites au ministre, ça, ça peut être
contesté en contestant le Comité. Voyons! Le ministre peut se
ramasser éventuellement avec des problèmes malgré ce qu'il
veut régler comme problèmes actuellement.
On sait, face à une législation qui n'est pas
complète, face à une législation qui a des trous dedans,
qu'on se ramasse avec des choses comme on se ramasse actuellement, au moment
où on se parle. Puis tout le monde alentour de la table, ici, on sait
pourquoi ce projet de loi arrive aujourd'hui, parce que n'eût
été d'une contestation en justice de la non-émission de
tels permis, on n'aurait probablement pas la loi devant nous.
Alors, c'est ce que je dis au ministre. L'amendement que je
cais actuellement puis je n'ai pas l'intention très
forte, là, d'aller apporter un sous- amendement à ça
ce qui est important, c'est qu'on inscrive au moins dans la loi
actuelle, c'est-à-dire dans la loi 120, cet amendement-là que
j'apporte. Puis je le fais bien plus pour la protection des législateurs
que je le fais pour la protection de qui que ce soit à
l'extérieur. Il me semble que ça va de soi, surtout quand on
regarde les contestations qui peuvent venir par la suite si on ne met pas tout
ce qu'on peut au moins dans ce projet de loi 120.
M. Vallières: M. le Président, la protection qu'il
faut se donner à l'intérieur du projet de loi que nous avons
devant nous, c'est la précision de la notion
d'«intérêt public». Et, si le député de
Duplessis veut rejoindre les objectifs qu'il vient de formuler, il devrait
donner son approbation au présent projet de loi.
Ça ne vise pas exclusivement la cause qui est pendante, à
laquelle il a fait allusion et dont je ne veux pas parler ici. La notion
d'«intérêt public» doit être
précisée pour assurer à l'État, dont nous sommes,
la capacité de contribuer à stabiliser l'industrie des
pêches, à assurer l'équilibre économique en
région maritime on l'a mentionné tantôt
à permettre une gestion efficace des permis, adaptée en fonction
de nos plans de pêche annuels, à harmoniser aussi le moindrement
nos politiques avec les provinces atlantiques.
Je mentionnais l'autre soir ce que certaines provinces, comme la
Nouvelle-Ecosse, ou le Nouveau-Brunswick, ou Terre-Neuve, ont fait:
éviter les déplacements d'emplois par de nouveaux projets qui se
réaliseraient au détriment des usines qui sont existantes et
également et on ne s'en cache pas protéger la
règle de l'intérêt public d'une interprétation
restreinte dans d'éventuels arbitrages par les tribunaux, mais somme
toute de permettre la structuration d'une activité économique
fondamentale au développement de certaines régions.
La proposition du député de Duplessis, je ne la vois pas
utile, M. le Président, dans le contexte. Je sais que le
député de Duplessis va essayer d'apporter une foule de choses
que, lui, considère comme étant des précisions, mais c'est
l'interprétation qu'il en donne. Pour nous, pour moi, celui qui vous
parle, ce qui est important, c'est de préciser cette notion
d'«intérêt public», et je pense que l'article qu'on a
ici est suffisamment clair, suffisamment précis et, par surcroît,
il est appuyé par une politique ministérielle d'émission
de permis qui comporte des orientations ministérielles qui peuvent
être l'objet de variations dans le temps.
M. Perron: Mais qui peut changer demain matin, M. le
Président.
M. Vallières: Comme elles l'ont été dans le
passé.
M. Perron: Je ne vois pas pourquoi le ministre est presque
offusqué de l'amendement que j'apporte, parce que ça existe
déjà. Il n'y a aucun pouvoir, sinon
un pouvoir de recommandation, dans cet article-là concernant le
Comité de l'intérêt public, pas plus qu'en a le BAPE
lorsqu'il fait des recommandations au ministre face à tel ou tel projet
en rapport avec l'environnement. Le ministre de l'Environnement peut refuser
à n'importe quel temps.
Je sais qu'il y en a qui ne sont pas contents en face de moi, mais
ça ne me dérange pas. Ça ne me dérange pas du
tout.
M. le Président, on sait très bien que le BAPE, suite
à n'importe quel projet qui est présenté lors d'audiences
publiques, peut faire des recommandations, que ce soit sur SM 3, que ce soit
sur la Baie James ou n'importe où, et le ministre n'est même pas
tenu de respecter les recommandations qui sont faites; il a le droit de prendre
la décision qu'il veut. Il n'est pas obligé de respecter les
recommandations. On parle de recommandations, on ne parle pas de
décisions; ce n'est pas pareil. C'est pour ça que je ne comprends
pas. Le ministre devrait clarifier cet aspect-là dans l'article 1 du
projet de loi 120 pour au moins légaliser l'existence du Comité
de l'intérêt public, sans aller plus loin que ça. Au moins
il aura ça.
On n'a pas dit de nommer le député de Nicolet
là-dessus ou le uéputé de Duplessis. Ce n'est pas
ça qu'on a dit. On a juste parlé... Et c'est clair,
d'après ce que j'apporte comme amendement: le ministre doit, avant de
délivrer le permis, tenir compte des recommandations formulées
par le Comité de l'intérêt public des produits marins.
M. Vallières: M. le Président, la loi comme telle
permet au ministre, lui accorde le privilège de s'entourer de
conseillers pour prendre ses décisions. Il peut le faire de façon
non officielle, avec un comité interne à peine connu, comme il
peut le faire de la façon dont nous l'avons fait, avec une politique
ministérielle et des orientations ministérielles dûment
publiées, une procédure établie, suivie, une
procédure qui s'applique à toutes les demandes qui entrent au
ministère. C'est ce qui a été fait.
La proposition du député de Duplessis s'attaque au pouvoir
discrétionnaire comme tel du ministre. Et ça, c'est un choix, M.
le Président, et je l'ai fait, ce choix-là. La loi me donne le
privilège de prendre des décisions, de les défendre
également sur la place publique jusqu'à l'Assemblée
nationale du Québec, et ce privilège-là que j'ai de
prendre des décisions, d'orienter le secteur des pêches, de voir
à son développement, de m'assurer de la durabilité des
gestes qu'on pose sur le terrain, je les ai prises, ces décisions, je
vais continuer de les prendre, et cette discrétion, je veux continuer de
l'exercer. C'est la raison pour laquelle je serai contre l'amendement qui est
proposé par le député de Duplessis, malgré les
arguments qu'il voudra bien faire valoir.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse.
Mme Bégin: Oui. Justement, moi, je milite un petit peu
selon les propos du ministre parce que je trouve que le pouvoir
discrétionnaire du ministre est tout de même balisé par la
loi. Dans l'article 1, qui vise à corriger l'article 10, on balise le
pouvoir discrétionnaire du ministre, et je pense qu'on n'a pas besoin
d'un comité...
M. Perron: Avec le mot «notamment»? Mme
Bégin: Bien...
M. Perron: Baliser les pouvoirs du ministre avec le mot
«notamment»? Voyons donc!
Mme Bégin: Oui, parce qu'on semble... M. Perron:
Bien voyons donc!
Mme Bégin: ...donner à la loi une directive en
disant que le ministre doit tenir compte de tel, tel, tel...
M. Perron: Voyons donc!
Mme Bégin: Oui. Bien oui! Et l'interprétation va
donner... Et c'est dans cette interprétation-là que je dis qu'ils
sont balisés, parce qu'on dit qu'il doit tenir compte. .. On ne dit pas
qu'il doit tenir compte de la couleur des yeux de celui qui va demander le
permis, on dit qu'il doit tenir compte des sources d'approvisionnement, de la
rationalisation. Donc, déjà là, c'est balisé. Donc,
dans ce sens-là, je ne pense pas que le deuxième alinéa
soit nécessaire, on l'a déjà balisé, et c'est faire
indirectement ce qu'on ne veut pas faire dans le premier alinéa, tout
simplement.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez de
répondre à la députée qui vient de s'adresser
à nous que ce n'est pas «balisé», c'est plutôt
«banalisé», ce qu'il y a là, surtout avec le mot
«notamment».
Mme Bégin: «Balisé». (21 h 20)
M. Perron: C'est plutôt «banalisé»,
c'est ça que je dis. Et, d'ailleurs, ce n'est pas pour rien que je
mentionnais tout à l'heure que le mot «notamment», il me
faisait peur. Le mot «notamment» peut galvauder à peu
près n'importe quoi dans cet article 1, n'importe quoi! Le ministre peut
ajouter de façon discrétionnaire ou arbitraire à peu
près n'importe quoi de ce qu'il veut.
Mme Bégin: Le mot «notamment» est indicatif
aussi.
M. Perron: C'est pour ça... Mme Bégin: II
est indicatif.
M. Perron: Ah! bien là, vous en parlerez au ministre de la
Justice, aux vôtres.
Mme Bégm: II est indicatif.
M. Perron: Ce n'est pas ça. Lui, il a dit que ce
n'était pas juste... En tout cas, je vais vous dire une chose, vous
êtes mieux de retourner en arrière. Et puis on va vous le passer
si vous voulez le relire, même les petites annotations en bleu,
là.
Mme Bégin: C'est les vôtres, ça vaut ce que
ça vaut. Ha, ha, ha! C'est surtout les vôtres.
M. Perron: On avait bien raison. Mme Bégin:
Ça vaut ce que ça vaut.
M. Perron: On avait bien raison parce que vous l'avez perdu,
hein?
Mme Bégin: Bien oui, mais... Aïe! On ne parlera pas
là-dessus, M. le député de Duplessis, parce qu'on en
aurait pas mal à dire. On va revenir sur le projet de loi, si vous me
permettez.
M. Perron: Non, mais le projet de loi parle de
«notamment» et il est là-dedans à plusieurs reprises
aussi.
Mme Bégin: C'est indicatif, M. le député de
Duplessis, là-dessus et je pense qu'on vient baliser le ministre dans sa
décision. On lui indique, dans l'analyse du dossier, les arguments dont
il doit tenir compte dans sa décision, et on les indique dans la
loi.
M. Perron: Oui. Mais, M. le Président, je vais le dire
pour la dernière fois: En mettant le mot «notamment», il n'y
a plus de balises. On a banalisé, à ce moment-là.
M. Vallières: Mais que fait le député de
Duplessis des facteurs socio-économiques indiqués dans la loi?
C'est indiqué. C'est nouveau, ça: les facteurs
socio-économiques, notamment. Est-ce qu'il ne s'agit pas là de
balises importantes? Ça traduit les orientations, ça traduit la
direction qu'on veut donner à nos décisions, et je partage le
point de vue de la députée qui vient de s'exprimer: ce sont
vraiment des balises qui sont là. Le député de Duplessis
devrait faire amende honorable et indiquer que c'est déjà
beaucoup, beaucoup, beaucoup mieux que ce qui se faisait auparavant, parce que,
auparavant, ça pouvait même être des balises politiques.
M. Perron: Ah oui! Comme c'est le cas actuellement. Même
avec l'établissement de votre politique.
M. Vallières: M. le Président, reconnaissons qu'il
s'agit là de précisions très importantes, qui n'ont jamais
été apportées dans le passé et qui viennent aussi
mettre hors de toi t doute la question de l'intérêt public
à l'abri de certaines interprétations qui pourraient être
très préjudiciables au secteur des pêches ou à des
gens qui font des demandes de permis.
M. Perron: M. le Président, il y a quelqu'un qui vient de
me montrer le document. En principe, ce document-là, je suis d'accord
avec. Mais je dis qu'à partir de ce document-là le ministre
pourrait mettre beaucoup de choses qu'il y a là-dedans à
l'intérieur du projet de loi que nous avons justement au niveau des
balises et à tous les niveaux qu'il voudra pour empêcher que se
créent des erreurs qui se sont créées dans le
passé.
Et les erreurs qui se sont créées dans le passé,
vous savez lesquelles, M. le ministre, vos collègues le savent et moi je
le sais, et mes collègues le savent aussi. Ce n'est pas pour rien que le
projet de loi est en avant de nous aujourd'hui, c'est pour empêcher qu'on
se ramasse avec d'autres causes Dubreuil, c'est ciair, d une part. Mais,
d'autre part, puisque nous avons un projet de loi 120, je ne vois pas pourquoi
on ne pourrait pas essayer de l'amener devant l'Assemblée nationale,
lorsqu'on va y retourner, le plus précis possible, et c'est pour
ça que je propose l'amendement concernant le Comité de
l'intérêt public.
Il me semble que, pour une fois qu'on a une belle occasion d'un peu
sortir la politique de ce dossier-là, du dossier de l'émission
des permis, qu'on a une belle occasion de le faire, pourquoi ne pas le faire?
Le ministre a toujours la discrétion de nommer les personnes qu'il veut
dessus. Mais, par contre, au moins, on aurait la présence du
Comité qui serait inclus dans la loi et qui confirmerait qu'il y a un
comité en place pour faire des recommandations au ministre.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Gaspé, vous aviez un commentaire?
M. Beaudin: Moi, j'ai comme l'impression que le
député de Duplessis attache beaucoup plus d'importance à
l'amendement qui vient d'être rejeté, sur le terme
«notamment», que sur son deuxième amendement.
M. Perron: C'est Mme la députée qui a
commencé à revenir sur le mot «notamment», ce n'est
pas moi, M. le député.
Mme Bégin: Non, non.
M. Beaudin: Parce que je ne pense pas, avec tout le respect que
je dois au député de Duplessis, qu'il croit sérieusement
qu'on pourrait adopter son deuxième amendement en ce qui concerne le
fait qu'on va donner une assise légale, à toutes fins pratiques,
au Comité de l'intérêt public. Alors, si je le mets dans la
peau du ministre des Pêches, je ne pense pas qu'il accepterait de
composer, ou de restreindre, ou de s'assujettir, parce que, en fait, ce que le
député de Duplessis recherche, à mon avis il pourra
me corriger, si je me trompe ce qu'il recherche, en fait, c'est de
reprendre son premier amendement dans un deuxième. Et là j'essaie
de faire le
lien entre le deuxième et le premier et j'ai de la misère
à le faire.
Je suis convaincu qu'avec l'expérience que le
député de Duplessis a... Je ne crois pas que son deuxième
amendement soit sérieux, parce que se serait évidemment
assujettir le ministre a un comité. Parce que, de toute façon, si
le ministre a l'occasion de s'en donner, des comités, qu'ils soient
inscrits dans la loi ou pas, s'il a l'occasion de s'en donner, des
comités consultatifs, c'est sa liberté de consulter qui il veut
quand il a à prendre une décision, y compris celle de
l'émission d'un permis. Encore une fois, je ne pense pas que le
député de Duplessis, avec l'expérience qu'il a, croit
sérieusement qu'on pourrait adopter ce deuxième amendement.
M. Perron: M. le Président, en réponse au
député de Gaspé, je crois vraiment, sérieusement,
que cet amendement-là pourrait être amené justement pour
clarifier la législation existante. Et, selon moi, il n'y a pas un
ministre dans un gouvernement, peu importe lequel, qui a toutes les
compétences nécessaires pour prendre des décisions dans
quelque dossier que ce soit en rapport avec des activités, par exemple,
dans le domaine des pêcheries. Écoutez, moi, je ne suis pas
pêcheur, je suis un ancien travailleur d'Hydro-Québec. Si vous me
parlez de disjoncteurs et si vous me parlez de paliers supérieurs et de
paliers inférieurs, je vais savoir de quoi je parle. Mais il y a bien
des fois, par exemple, au début de mon mandat... Et que tu sois ministre
ou que tu ne le sois pas, tu te pose des questions: C'est quoi une palanque?
C'est quoi un filet maillant? Et c'est quoi une cage à bourgots et c'est
quoi une cage à homards? Comment c'est fait, et tout ça? Bien, si
tu n'y vois pas et si tu ne fais pas du terrain, tu ne le sais pas c'est quoi.
Ce n'est pas pour rien qu'il y a des personnes qui ont les compétences
qui peuvent recommander à un ministre de quelque gouvernement que ce
soit la direction qu'il devrait prendre. Voyons! Ça existe partout, dans
tous les gouvernements, que ce soit en France, en Suède ou ailleurs,
ça existe.
Et, pour moi, le fait d'avoir dans la loi la confirmation du
Comité de l'intérêt public, ça n'a rien à
faire avec l'autre partie de la loi, surtout pas avec le mot
«notamment». Parce que le mot «notamment», là,
vous savez ce que je pense de ce mot-là. Il est là, vous avec
voté contre le fait qu'on l'enlève, bien il est là pour
rester, en ce qui me concerne, jusqu'à nouvel ordre. Mais j'aurais
préféré de loin qu'on l'enlève et qu'on ajoute
quand même peut-être 10, 12 ou 15 items, mais que ce soit clair
dans la loi. Avec le mot «notamment», on ne sait pas où on
s'en va; dans l'avenir on ne le saura pas.
Pour en revenir à mon amendement, M. le Président, moi, je
pense que le gouvernement devrait l'accepter. Je pense que le ministre devrait
l'accepter parce que ça confirme, il y a une obligation légale
d'avoir un comité de l'intérêt public; et ça j'y
tiens. Mais, si le gouvernement n'y tient pas, quand on prendra sa place, on
l'amènera. C'est tout. On le mettra dans la loi, puis probablement qu'on
va aller aussi loin que de dire que le Comité sera formé de cinq
membres, qu'il y aura un comité d'appel qui sera formé de trois
membres et que les décisions du Comité seront valables. On
pourrait même dire que, sur les cinq membres, il y aurait trois personnes
qui viennent du milieu des pêches, recommandées par le milieu des
pêches. Moi, je serais prêt à aller jusque-là, mais
le gouvernement ne veut pas. Alors, M. le Président, à partir du
moment où le gouvernement ne veut pas...
Je ne sais pas si mon collègue d'Arthabaska a quelque chose
à dire sur l'amendement que j'ai apporté, mais je peux vous
assurer que, si le gouvernement refuse de mettre ça à
l'intérieur du projet de loi tel que c'est libellé actuellement,
bien là, je ne le comprends plus. Parce que ça n'a rien à
faire avec l'autre paragraphe.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'amendement proposé par le député de
Duplessis? Sinon, on va...
M. Vallières: J'ai déjà fait part de mon
point de vue sur le sujet.
Le Président (M. Richard): ...porter un jugement sur
l'amendement. À ce moment-là, est-ce que l'amendement est
accepté?
M. Vallières: Rejeté. *
Le Président (M. Richard): Rejeté?
M. Perron: Vote nominal.
Le Président (M. Richard): Vote nominal? M. le
secrétaire, mettez-vous à l'exercice.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour l'amendement.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril: Pour.
Le Secrétaire: M. Vallières (Richmond)?
M. Vallières: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bégin (Bellechasse)?
Mme Bégin: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet-Yamaska)?
Le Président (M. Richard): Je m'abstiens.
Le Secrétaire: pour: 2 contre: 3
Abstentions: 1
M. Perron: Si ça avait été trois à
trois, il ne se serait pas abstenu. Je sais sur quel bord il aurait
été.
Le Président (M. Richard): Ah non! C'est certain que je ne
me serais pas abstenu, à ce moment-là. Ça aurait
été mon devoir de voter.
Donc, l'amendement est rejeté. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 1?
M. Perron: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): L'article 1 est adopté
sur division. Nous passons donc à l'article 2. M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Vallières: M. le Président, il s'agit ici d'une
disposition concordante à l'article 1, de façon à
permettre au ministre, lors du renouvellement d'un permis, d'exercer sa
discrétion d'intérêt public, selon les facteurs
prévus, en continuant de maintenir un processus constant d'ajustement de
toute condition ou restriction prévue au permis ou en procédant
à une imposition en fonction de l'actualisation des activités des
exploitants. (21 h 30)
Également, cette disposition est en concordance avec l'article 1
quant aux facteurs d'intérêt public fondant la discrétion
ministérielle de réduire à moins de 12 mois la
période de validité du permis délivré.
J'avais, entre autres, M. le Président...
M. Perron: Vous pouvez marquer «notamment» aussi aux
deux articles. Ça vous protégerait encore plus.
M. Vallières: J'avais, entre autres, M. le
Président, l'occasion de mentionner, au début de nos travaux la
semaine dernière, les écarts considérables qui existaient
entre les capacités autorisées à transformer, la
capacité réelle ou la capacité potentielle de transformer,
de même que les volumes de débarquements eux-mêmes.
Alors, je pense qu'il s'agit ici d'introduire une disposition qui vise
à tenter d'atteindre un certain équilibre entre les
débarquements effectifs et notre capacité de les transformer.
Ainsi, pour le Québec tout entier c'est quand même une
donnée, je pense, qui est de nature à aider mes collègues
à comprendre le pourquoi de l'ajout ou de la venue de cet article 2
dans le Québec, toutes espèces confondues, les volumes
autorisés sont de 93 154 tonnes métriques pour les
débarquements estimés, en 1993, de l'ordre de 60 000 t. Alors,
ces mêmes débarquements étaient de 69 000 t en 1992. Et on
constate, ;>ar ailleurs, que la capacité physique réelle de
nos entreprises permet actuellement de traiter une quantité de l'ordre
de 155 000 tonnes métriques. Alors, ça vous donne une idée
de la disproportion qui existe entre la capacité effective de
transformer, les capacités, les volumes qui sont autorisés
à l'intérieur des permis qui sont émis, et les
débarquements réels que l'on retrouve au cours de 1993.
Alors, il s'agit ici, donc, d'une disposition qui vise à
actualiser davantage nos permis. Actuellement, lors de l'émission des
permis, le ministre n'a pas cette capacité d'ajuster les volumes en
fonction de la réalité. Alors, il s'agit ici véritablement
d'un pouvoir nouveau que le ministre introduit dans son projet de loi.
M. Perron: M. le Président, juste quelques points de
clarification. Nous avons l'article 11 de P-29 qui a été
amendé par la loi de juin 1993, un ajout à l'article 11 de P-29.
À l'article 11, on lit ceci: «Tout permis expire douze mois
après son émission; il peut être renouvelé aux
conditions déterminées par règlement. «Le ministre
peut toutefois délivrer un permis pour une période moindre s'il
juge que l'intérêt public l'exige ou dans les cas prévus
par règlement.» «Ou dans les cas prévus par
règlement», ça, c'est un ajout qui a été
apporté à cet article-là en juin 1993, de cette
année. Je voudrais savoir du ministre s'il arrive fréquemment
qu'il émette un permis pour une période moindre que 12 mois, et,
si oui, dans quels cas? Quels sont les cas?
M. Vallières: Ce n'est pas fréquent, puis c'est
déjà arrivé, en autant que je suis concerné, il me
semble...
Une voix: ...
M. Vallières: ...c'est une condition au permis. Ce qui
arrive, c'est qu'il y a une condition au permis d'opérer pendant une
période moindre, pour terminer une année, par exemple. Je pense
que c'est arrivé au moins une fois, comme suite à une demande qui
m'avait été formulée. Mais on n'a pas, dans les
pêches, de permis de moins de 12 mois.
M. Perron: Les permis sont émis annuellement. M.
Vallières: Oui.
M. Perron: Mais, actuellement, il n'y a pas de permis en place
pour une période de moins de 12 mois. Par contre, comme disait le
ministre, il est possible que, dans le passé, il y ait eu des permis
d'émis pour une courte période.
(Consultation)
M. Perron: Ça va?
M. Vallières: O.K. Ça va.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait clarifier, ce qu'il
considère dans l'amendement à la loi actuelle qui est
apporté par la loi 120, l'article 2, qu'est-ce qu'il entend par
«restriction au permis»? Ça peut être quoi comme
restriction? Le tonnage transformé?
M. ValUëres: L'espèce.
M. Perron: L'espèce transformée?
M. ValUëres: La source d'approvisionnement.
M. Perron: Même la source d'approvisionnement.
M. Vallières: Oui. On a des exemples de permis où
l'approvisionnement est ciblé. Il y a les volumes journaliers,
également, qu'on retrouve dans certains permis qui sont
précisés, pas dans tous, mais dans certains permis.
M. Perron: Est-ce que le ministre a émis des permis se
rapportant à la transformation, sur le territoire
québécois, que ce soit par Gaspé Cured ou que ce soit par
des usines, pour le poisson frais, des permis qui ont été
émis pour transformer de la morue, par exemple, qui vient de
l'extérieur, que ça vienne du Venezuela ou que ça
vienne... Je sais qu'il n'y en a pas beaucoup qui vient de là, mais
surtout de la mer de Barents ou de la mer du Nord.
M. Vallières: Non. Il y a une entreprise qu'on
connaît qui a une condition à son permis, où le permis est
distribué un certain volume en approvisionnement à
l'intérieur du Québec auprès de pêcheurs
québécois. Mais c'est exceptionnel, là. C'est une. On le
retrouve dans un permis actuellement.
M. Perron: Mais pas qui viennent de l'extérieur.
M. Vallières: Pas strictement; intérieur et
extérieur. Il y a des volumes de mentionnés pour
l'intérieur et des volumes...
M. Perron: Non, c'est parce qu'il est arrivé dans le
passé que, par exemple, il y a des bateaux russes qui sont
arrivés avec des chargements de morue et qui ont été
transformés sur le territoire québécois. Ce ne serait pas
par Gaspé Cured, ça?
Une voix: SPN en particulier.
M. Vallières: Non, possiblement chez SPN.
M. Perron: SPN?
M. Vallières: Newport.
M. Perron: La société des pêches
Saint-Maurice?
Une voix: Newport. M. Perron: Newport.
M. Vallières: II faut dire qu'on n'a jamais
été obligés d'augmenter le volume de cette
entreprise-là pour traiter la ressource dont vous parlez, une ressource
qui pourrait être additionnelle. Alors, la façon dont c'est
décrit, ça pourrait être comme suit, puis ça fait
partie des conditions dont vous parliez tantôt: tant de tonnes de poisson
de fond dont x tonnes doivent provenir de pêcheurs du Québec, x
tonnes de poisson pélagique et x tonnes de crabe des neiges. Donc, si,
par exemple, on mentionne que le permis est de 10 000 t et qu'on mentionne que
7000 t doivent être en provenance de pêcheurs du Québec, on
considère que cette entreprise-là pourrait transformer 3000 t en
provenance d'autres sources que du Québec. Ça peut être
d'autres provinces aussi, de pays ou de provinces.
M. Perron: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): L'article 2, adopté sur
division. J'appelle donc...
M. Perron: Parce que c'est relié à l'article 10
pour lequel nous étions contre.
Le Président (M. Richard): Ah! Et maintenant, les articles
3 à 6 inclusivement, je pense, relèvent de votre collègue,
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Vallières: Oui. Je proposerais, M. le Président,
de les suspendre jusqu'à ce que mon collègue, le ministre de
l'Agriculture...
Le Président (M. Richard): Donc, nous passerions à
l'article 7.
M. Vallières: L'article 7.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ça vous
convient, M. le député de Duplessis?
M. Perron: Est-ce que, dans l'article... Ça va pour 3,
oui. On ne l'adopte pas aujourd'hui, là.
Le Président (M. Richard): On les suspendrait, en
fait.
M. Vallières: Les articles 3, 4, 5 et 6 seraient suspendus
jusqu'à une séance ultérieure où mon
collègue de l'Agriculture viendrait en débattre.
M. Perron: À ce que je sache, c'est l'article 4 du projet
de loi 120 qui modifie d'autres articles de la loi actuelle. Ça ne
touche pas les pêcheries, ça touche surtout... (21 h 40)
M. Valhères: Les amendes, le régime des amendes. .
M. Perron: Ça touche les amendes concernant l'alimentation et la
transformation.
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Même des produits de la mer.
M. Vallières: Même des produits marins.
M. Perron: Parce que c'est lui qui est en charge de
l'alimentation.
Le Président (M. Richard): Ça voudrait dire, en
fait, qu'on se reporterait à ce moment-ci à l'article 7.
M. Perron: L'article 7.
Dispositions finales
Le Président (M. Richard): Ça va? Nous suspendons
donc les articles 3, 4, 5 et 6 inclusivement, et nous appelons l'article 7. M.
le ministre.
M. Vallières: J'arrive, M. le Président. M.
Perron: Ça, c'est...
M. Vallières: Oui, je vais le lire au complet, M. le
Président. «Dans le cas de tout permis prescrit par le paragraphe
e du premier alinéa de l'article 9 de la Loi sur les produits agricoles,
les produits marins et les aliments, sont validés les permis
délivrés et renouvelés par le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation ou le ministre
délégué à l'Agriculture, aux Pêcheries et
à l'Alimentation avant le (indiquer ici la date de la sanction de
îa présente loi) dans la mesure où leur délivrance
ou leur renouvellement résulte de l'appréciation, par le ministre
ou le ministre délégué, de l'intérêt public
en fonction de facteurs socio-économiques dans l'application du
troisième alinéa de l'article 10 de cette loi. «Sont
également validées les décisions de refus de
délivrance de permis rendues par le ministre ou le ministre
délégué avant le (indiquer ici la date de la sanction de
la présente loi) en regard de tout permis visé au premier
alinéa et selon l'appréciation visée à cet
alinéa. «Le deuxième alinéa ne s'applique pas
à une décision de refus qui a été annulée
par un tribunal ou qui fait l'objet d'une cause pendante devant un tribunal le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi).»
Alors, cet article, M. le Président, permet de valider les permis
déjà émis ou renouvelés et les refus de la
délivrance en fonction de facteurs socio-économiques. La
validation ne s'applique pas à une cause pendante concernant un refus de
délivrance. Il s'agit donc de protéger et de maintenir les
orientations industrielles antérieures en tenant compte de l'application
de la règle de l'intérêt public effectuée
jusqu'à maintenant de façon à sécuriser les
exploitants titulaires de permis d'établissements de préparation
ou de conserveries.
M. Perron: M. le Président, je voudrais rappeler aux
membres de la commission parlementaire une partie de l'allocution que j'ai
faite à l'Assemblée nationale la semaine dernière se
rapportant à l'article 7. J'avais déclaré, à ce
moment-là, textuellement ceci. C'est que «les deux premiers
alinéas de l'article 7 et l'article 8 du projet de loi contiennent des
dispositions rétroactives qui sont tout à fait inacceptables dans
une société démocratique et qui confirment
l'incompétence de ce gouvernement en tant que gestionnaire
responsable... Rappelez-vous le tollé qu'avait provoqué la
disposition du budget du ministre des Finances, annoncée en mai dernier,
mettant en place deux nouvelles taxes rétroactives au mois de janvier
1993, même si elles n'entraient en vigueur qu'au mois de juillet de la
même année.»
M. le Président, j'avais mentionné, toujours dans mon
allocution, ceci: «Là où le bât blesse, c'est
lorsqu'on examine les premier et deuxième alinéas de l'article 7
et l'article 8. Si le but du premier alinéa de l'article 7 semble en soi
assez anodin, puisqu'il ne fait que valider l'octroi antérieur de permis
par le ministre, il introduit néanmoins la notion inacceptable de
rétroactivité... L'Opposition officielle ne souscrira jamais
à ce principe qu'elle considère des plus
antidémocratiques. «Le deuxième alinéa de l'article
7 est encore pire. Il vient valider rétroactivement le refus d'octroyer
des permis en fonction de critères d'évaluation qui, à
l'époque, n'étaient pas inscrits dans la loi, éliminant du
même coup toute forme de recours [...] à ceux [...] qui pourraient
estimer avoir été lésés et qui pourraient
maintenant chercher à obtenir réparation.»
J'avais posé, par la suite, une question au ministre à
laquelle je n'ai pas eu de réponse à date, mais je présume
que le ministre voulait me donner une réponse en commission
parlementaire. «En fait, combien de personnes de plus risqueraient de se
retrouver avec un permis d'exploitation si on n'appliquait pas cette
disposition de façon rétroactive?» Combien de permis ont
été refusés face à des demandes qui ont
été faites, mettons, au cours des deux dernières
années?
M. Vallières: Je pourrais donner au député
de Duplessis, peut-être depuis 1989, ça vous donnerait une
idée, mais on n'a pas de statistiques officielles.
M. Perron: Parce que, en fait, on pourrait avoir le nombre de
personnes qui pourraient prétendre avoir été
lésées dans leurs droits et revenir contre le gouvernement
à cause de cet...
M. Vallières: Bien, ces personnes ont toujours le
privilège de reformuler les demandes de permis également.
M. Perron: Ah! bien ça, je le concède, mais...
M. Vallières: Le ministère a formulé...
M. Perron: ...pas de contester la non-émission des permis
antérieurs.
M. Vallières: II y aurait eu, M. le Président,
quelque... C'est moins de 30 depuis 1989.
M. Perron: Est-ce qu'il les a par région? 30 permis
refusés. Dans quelle sorte de transformation ils ont été
refusés, ces permis-là?
M. Vallières: Oh! ça peut être dans tout.
M. Perron: Dans quels produits? Face à quels produits?
M. Vallières: Dans à peu près tout, dans
tout un éventail de produits. Dans certains cas, ça peut
être pour du crabe; dans d'autres cas, pour du
salé-séché. Il y en avait une vingtaine qui portaient sur
de nouvelles entreprises, si ça peut vous donner une idée, 21 qui
étaient des gens de nom elles entreprises qui voulaient s'implanter et
sept ou huit pour des modifications de permis existants qui auraient
été refusés également.
M. Perron: Sur un total de 30 au cours des deux dernières
années.
M. Vallières: Bien, on parle de 28. Je n'ose pas donner de
chiffre bien précis, mais on parle de 28, là, 28 refus, dont 21
pour de nouvelles entreprises et sept pour des ajouts ou des modifications
à des permis existants.
M. Perron: Quand le ministre parle de nouvelles entreprises,
est-ce que les bâtiments étaient là? Est-ce qu'il y avait
déjà eu de la transformation de produits dans ces
usines-là? Est-ce que les usines étaient conformes? Et les
raisons pourquoi ces permis-là ont été refusés.
Pourquoi?
(Consultation)
M. Vallières: Le permis s'adresse toujours à un
exploitant. Les différents motifs qui ont pu être
invoqués... il faudrait voir à l'intérieur de chacun des
refus, dans différentes espèces, pour ceux qui demandaient des
modifications d'un permis. Pour les autres, bien, c'est des refus d'ouverture
de nouvelles entreprises. Dans certains cas, j'imagine, certaines où les
bâtiments étaient déjà existants, c'étaient
des poissonneries qui voulaient devenir des usines de transformation. J'imagine
que certaines usines qui étaient là, dans certains cas,
étaient conformes au plan de la salubrité et de l'hygiène,
auraient pu l'être. (21 h 50)
M. Perron: Est-ce que le ministre a fait une évaluation,
à savoir combien de ces 21 ou 28 permis demandés, s'il n'y avait
pas de rétroactivité, auraient pu revenir devant la justice pour
obtenir gain de cause?
M. Vallières: Non, M. le Président. Et ces
gens-là, à l'exception de la cause qu'on connaît
déjà, qui en fait partie, je pense, des 28 cas... il n'y a pas eu
de tentative à ce niveau-là. Ce qui démontre aussi que, de
façon générale, sauf exception, la politique
d'émission de permis est généralement bien reçue et
respectée.
M. Perron: Est-ce que le ministre peut nous dire si, face aux
permis qui ont été refusés avant le dépôt de
cet amendement, il y en a qui ont renouvelé leur demande concernant les
permis qui ont été refusés? Est-ce que, dans les permis
refusés au cours, disons, des deux dernières années, il y
a des gens qui sont revenus voir le ministre pour réobtenir un permis
dans la même...
M. Vallières: Reformuler une demande identique?
M. Perron: Reformuler une demande de permis. Est-ce qu'il y en a
qui...
(Consultation)
M. Vallières: On me dit: Probablement une.
M. Perron: Laquelle?
M. Vallières: Mario Bouffard. C'est situé
où? (Consultation)
M. Vallières: Plutôt Alain Méthot et Bertrand
Bourget.
M. Perron: À quel endroit?
M. Vallières: À Percé.
M. Perron: À Percé. Dans quelle production?
M. Vallières: Fumé.
M. Perron: Fumé? C'était pour une usine qui
était déjà existante ou c'est une nouvelle usine
complètement?
M. Vallières: Une nouvelle opération.
M. Perron: Donc, ces gens-là, il y a peut-être deux
ans, avaient fait une demande de permis pour le fumé et ces
gens-là ont été refusés; ils sont revenus une
deuxième fois. Quand ça?
M. Vallières: En juin 1993.
M. Perron: En juin 1993, ils sont revenus pour demander un autre
permis dans la même production, toujours dans le fumé...
M. Vallières: Pour être refusés.
M. Perron: ...et ces gens-là ont été
refusés. Est-ce que ça a passé devant le Comité de
l'intérêt public?
M. Vallières: Absolument.
M. Perron: Et le Comité de l'intérêt public,
quelle était sa recommandation?
M. Vallières: Négative.
M. Perron: Négative. Oui, mais pourquoi on a refusé
le permis? Est-ce que c'était pour des critères
socio-économiques?
M. Vallières: Oui. M. Perron: Ah bon!
M. Vallières: Chaque motivation est axée sur des
critères de nature socio-économique. D'ailleurs...
M. Perron: Les 28 permis que vous avez refusés
étaient reliés directement aux critères
socio-économiques? Donc, par le fait même, ces
personnes-là, compte tenu de la politique de délivrance des
permis que nous avons ici et qui n'était pas dans la loi, c'est que ces
28 demandes-là auraient pu revenir en justice ou revenir dans une
nouvelle demande de permis?
M. Vallières: Les gens peuvent toujours revenir, M. le
Président...
M. Perron: Oui, je comprends.
M. Vallières: ...en demande de permis.
M. Perron: Oui.
M. Vallières: Maintenant, ce que je veux expliquer au
député de Dupiessis, c'est que...
M. Perron: Mais, là, ce que le ministre essaie de faire,
c'est d'empêcher la contestation des refus.
M. Vallières: M. le Président, ce que je veux
expliquer au député de Dupiessis, c'est que, depuis l'existence
de la politique d'émission des permis, depuis l'existence de la loi, ce
sont des critères socio-économiques qui sont utilisés et,
moi, comme les autres, quand on refuse un permis, c'est sur cette base, puis,
quand on en accepte un, c'est sur cette base-là aussi.
M. Perron: Mais ce n'était pas dans la loi.
M. Vallières: C'est-à-dire qu'une
interprétation qui est donnée de la loi est comme
celle-là. Alors...
M. Perron: Là, on l'a mis dans la loi. C'est ça,
l'amendement, là.
M. Vallières: Les critères
socio-économiques, c'est une précision qui vient s'apporter dans
la loi.
M. Perron: C'est ça, l'article 1 de la loi 120,
là.
M. Vallières: Je ne veux pas reprendre ce que je disais la
semaine dernière, parce que je sais que les gens n'aiment jamais bien,
bien ça, mais je pourrais relire des lettres de l'époque, de
1983, de 1984, de 1985, signées par un de nos bons amis d'en face, qui,
très clairement, utilisait, pour des refus, des critères de
nature socio-économique. Donc, je veux dire, moi, je ne fais pas le
saut, c'est ça, c'est comme ça.
M. Perron: Combien il y a d'entreprises qui ont des permis
actuellement?
M. Vallières: Juste avant la question du
député de Dupiessis. Peut-être qu'il pourrait nous
préciser ce qu'il voulait dire, dans son allocution sur l'adoption du
projet de loi à son principe, quand il disait, et je le cite: «Au
moins, ce que nous avons actuellement, que ce soit protégé et que
ce soit protégé de façon concrète.» Alors,
pour faire ça, il devrait être favorable à notre projet de
loi.
M. Perron: Non, c'est que c'est le principe de la
rétroactivité. Je vous l'ai dit tout à l'heure, quant
à moi, dans ce... Je l'ai dit à plusieurs reprises et, si vous
voulez que je reprenne tout ce que j'ai dit en rapport avec cet
aspect-là de la rétroactivité, je peux vous relire ce que
j'ai dit autant à l'Assemblée nationale qu'en commission
parlementaire l'autre soir. Si le ministre était arrivé avec son
projet de loi où il n'y aurait pas eu de rétroactivité, on
aurait peut-être eu une toute autre opinion.
M. Vallières: M. le Président, j'aimerais mieux
qu'on s'entende sur les termes qu'on utilise, parce qu'il ne s'agit pas de
rétroactivité ici, il s'agit de valider des décisions qui
ont été prises...
M. Perron: Bien, voyons!
M. Vallières: ...depuis 1982, 1983.
M. Perron: Valider rétroactivement, voyons!
M. Vallières: Parce que, M. le Président, toutes
les décisions qui ont été prises dans le passé
s'appuyaient sur des critères de nature socio-économique.
M. Perron: Non inscrits dans la loi.
M. Vallières: Et le mot
«rétroactivité» n'est pas employé dans les
articles qu'on a ici, ni dans celui qu'on a présentement, dans l'article
7. Le choix du mot a été de valider. Et, actuellement, les 118
permis émis représentent la répartition et le partage des
opérations de transformation, tant qualitativement que quantitativement.
Ils représentent, ces 118 permis, le portrait de l'adaptation du secteur
aux circonstances socio-économiques des dernières années.
C'est le portrait. C'est comme si, avant l'adoption de la loi, on prend une
photo de tout ça puis on dit: On le valide, tout ce qu'il y a en avant
de nous autres, exception faite de la cause qui est pendante.
M. Perron: II y a seulement une cause qui est pendante
actuellement?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Le ministre n'a reçu aucun avis à
l'effet que d'autres refus pourraient aller devant les tribunaux.
M. Vallières: Non.
M. Baril: M. le Président, on dit qu'il y a eu 28 refus
à des demandes de permis. Sur les 28, il y en a eu 21, ce serait des
nouvelles entreprises qui auraient demandé un permis. Sept,
c'était pour des agrandissements, des ajouts de bâtiments, etc.
Dans les sept entreprises, que c'était pour des ajouts de
bâtiments...
M. Vallières: Mais pas nécessairement des ajouts de
bâtiments, c'est des ajouts à des... Ça peut être,
par exemple, pour de nouvelles espèces ou des volumes additionnels. Ce
n'est pas pour modifier les installations existantes.
M. Baril: Est-ce que vous pouvez me dire, sur les sept qui ont
été refusées, pas pour les raisons qu'on connaît,
mais les demandes de permis dans les sept qui avaient été faites,
ce que le ministre vient d'expliquer, est-ce qu'on est au courant si ces sept
entreprises-là fonctionnent encore, sont encore en opération?
M. Vallières: Pour plusieurs, oui. Est-ce qu'il y en a
d'autres qui ne seraient pas...
(Consultation)
M. Vallières: Elles le seraient toutes.
M. Baril: Si le projet de loi n'était pas
rétroactif, est-ce que ces sept entreprises-là...
M. Vallières: C'est-à-dire, M. le Président,
si le projet de loi ne venait pas valider les décisions qui ont
été prises dans le passé.
M. Baril: Oui, mais il est rétroactif, pareil. On ne va
pas s'enfarger sur les mots, pareil. Il a un effet rétroactif. Bon. Si
le projet de loi n'avait pas cet effet rétroactif, est-ce que, à
cause qu'il y a un précédent de créé,
automatiquement ces entreprises-là, le ministre ne serait pas
obligé de leur émettre un permis?
M. Vallières: Non. Mais il n'y a pas de
précédent de créé, là.
M. Baril: Oui, mais, là, il y a eu un jugement de
rendu.
M. Vallières: Bien, je veux dire, il y a un appel qui a
été placé...
M. Baril: Oui.
M. Vallières: ...et j'invite le député
d'Arthabaska à suivre ça de près. Il y a des arguments qui
vont se faire valoir. Tout le monde pense avoir une bonne cause, incluant celui
qui vous parle.
(Consultation)
M. Vallières: Alors, M. le Président, il ne faut
pas présumer que tous ces gens-là, qui, de toute façon,
ont respecté la décision qui a été prise,
décideraient d'intenter des poursuites contre le ministère ou de
contester la décision. Il ne faut surtout pas présumer que le
ministère perdrait la cause qui est portée en appel. Je pense
qu'il faut en attendre les résultats.
M. Baril: Oui, mais, si le ministre... Je vais reprendre les mots
que le ministre a dit. Tout un chacun qui amène sa cause devant les
tribunaux pense qu'il a une bonne cause. Bon. On présume, en tout
cas.
M. Vallières: On présume que c'est comme ça.
M. Baril: Chacun a une bonne cause, hein. M. Vallières:
Oui.
M. Baril: Si le ministre lui-même prétend qu'il a
une si bonne cause que ça, ça donne quoi de mettre son projet
rétroactif, l'application de son projet rétroactif, s'il pense
même qu'il a une si bonne cause que ça? (22 heures)
M. Vallières: M. le Président, comme je l'indiquais
tantôt, notre projet de loi vise non seulement à valider toutes
les décisions qui ont été prises, mais s'inscrit aussi
dans un contexte global qui vient préciser à ce point, même
si le député de Duplessis est plus ou moins d'accord, la
volonté du législateur dans la loi qu'il sera dorénavant
à l'abri d'interprétation sur les critères
socio-économiques. Il m'apparaît qu'il ne serait pas raisonnable
de reprendre à zéro ce qui a pris une décennie à
façonner. Parce qu'il y a un paquet de décisions
là-dedans. J'en ai prises, moi, mais c'est minoritaire,
là. Les autres ministres avant moi en ont pris beaucoup plus que moi,
parce que sur le nombre... Je trouve qu'il serait dommage de ne pas
entériner ces décisions qui ont été prises. Puis le
contingentement actuel des opérations entre les différentes
entreprises, à mon avis, doit être confirmé, doit
être validé. Alors...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. VaUières: Oui.
Le Président (M. Richard): Puisqu'il est 22 heures,
puisque nous devrions nous retrouver ici ensemble demain matin, à 10
heures, au même endroit, alors, si vous me le permettez, à moins
que les gens insistent et personne n'insiste, à ce que je vois
nous ajournons donc à demain matin, 10 heures, au même
endroit. Bonne fin de soirée!
(Fin de la séance à 22 h 1)