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(Vingt heures quatorze minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, je
déclare la séance de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ouverte.
Notre mandat, je vous le rappelle, c'est le suivant. C'est de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 23, Loi modifiant la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés. Nous en étions à l'étude article
par article.
Ah! ça vous tente, M. le secrétaire, de me dire qu'il y a
des remplacements, je gagerais.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. Arsenault.
Le Secrétaire: M. Blais (Masson) est remplacé par
M. Jolivet (Laviolette) et Mme Dupuis (Verchères) est remplacée
par Mme Caron (Ter-rebonne).
Loi modifiant la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles
alimentaires et de la pêche
Le Président (M. Richard): Bienvenue! Maintenant, nous en
étions à l'article 13. Nous avions suspendu l'article 8, qui
avait un amendement, et l'article 9.
M. Jolivet: On pourrait revenir sur l'article 8, si mon
collègue me le permet.
Une voix: Bien oui.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Alors, M. le député de
Laviolette, vous voulez revenir sur l'article 8?
Exemption des propriétaires d'au moins 800
hectares de forêt privée (suite)
M. Jolivet: Oui. En fait, M. le Président, il y aurait un
amendement qui viendrait colmater toutes les brèches dont on faisait
mention, la question des 800 hectares d'un seul tenant. Le ministre nous avait
proposé un amendement potentiel. Après vérification avec
le ministre des Forêts - parce que, là, je ne m'amuserai pas
à dire qu'on aurait dû l'inviter et peut-être qu'on aurait
eu les bonnes indications - il y aurait une possibilité de
réamender l'article déposé, à un premier niveau,
à la demande du ministère des Forêts et, en deuxième
lieu, par un amendement que j'aimerais apporter aussi, de façon à
régler la crainte que les producteurs de bois ont d'une entreprise qui
pourrait louer une autre entreprise et exploiter, à ce moment-là,
le bois récolté transformé. Il faut tenir compte aussi
d'un troisième amendement qui était celui du mot
«produit»; vous vous en souviendrez, on avait parlé de
l'érable, du sirop d'érable.
Alors, l'amendement proposé, au total, pourrait, à partir
de celui qui est déjà existant, se lire comme suit: Toutefois,
une personne ou une société qui est propriétaire d'une
forêt privée d'au moins 800 hectares d'un seul tenant - et
là, on ajouterait, après le mot «tenant», les mots
«et qui s'est engagée à respecter les plans
général et quinquennal d'aménagement visés au
paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 121 de la Loi
sur les forêts (L.R.Q., chapitre F-4.1)». C'est ce qu'on ajouterait
pour permettre au ministère des Forêts de ne pas être sur le
qui-vh/e, compte tenu qu'il y avait une crainte, dans le principe «trop
fort ne cassant pas», de voir disparaître l'obligation, pour les
entreprises qui ont des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, d'avoir à respecter les plans généraux et
quinquennaux. Donc, c'est un premier changement qu'il faudrait apporter: n'est
pas assujettie aux droits et obligations mentionnés au premier
alinéa à l'égard du bois récolté. On avait,
vous vous en souviendrez: «à l'égard d'un produit de cette
forêt visé par un plan conjoint». Donc, on ferait ici un
changement qui serait celui-ci: on enlèverait «d'un produit de
cette forêt» pour le remplacer par «à l'égard
du bois récolté dans cette forêt visée -
«ée», à ce moment-là, puisque c'est la
forêt qui est visée par un plan conjoint - si ce bois est
récolté...» Et ça continue en ajoutant ça:
«si ce bois est récolté pour elle-même et
transformé dans une usine qu'elle exploite.» À ce
moment-là, j'aurais changé les mots «qu'elle
exploite» par «dans une usine qui est sa
propriété.» Ça, c'est pour combler la crainte qu'ont
les syndicats de producteurs de bois de voir une usine, une compagnie, une
entreprise louer une usine et l'exploiter, à ce moment-là.
Donc, le texte, si vous voulez l'avoir pour qu'on le comprenne bien
comme il faut...
M. Picotte: M. le président, je pense que je vais vous
proposer un texte qui va respecter cet esprit-là et qui est
déjà fabriqué, qui est déjà fait et qui
pourrait nous permettre, en tout cas, de rallier l'ensemble de ce qui a
été dit.
M. Jolivet: Autrement dit, on retirerait l'autre pour le
remplacer par celui-là.
M. Picotte: C'est ça.
M. Jolivet: Ce serait plus simple.
Le Président (M. Richard): Ça, c'est parfait. On va
éviter de la paperasse.
M. Picotte: Je vous passerais la feuille. À ce
moment-là, ça pourrait...
Le Président (M. Richard): Là, on était
rendu au sous-amendement...
M. Jolivet: Ce qu'on ferait, c'est qu'on retirerait l'amendement
intégrant l'ensemble de ce que j'ai dit.
M. Picotte: C'est ça.
Le Président (M. Richard): Parfait. Donc, on retire
l'amendement qui était en discussion.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Richard): Et là, M. le ministre,
comme s'il ne s'était rien passé, présente...
M. Picotte: C'est ça.
Le Président (M. Richard): ...un nouvel amendement qui est
le suivant.
M. Picotte: À l'article 8, M. le Président, on
lirait ceci: Remplacer le deuxième alinéa proposé par cet
article 8 par le suivant: «Toutefois, une personne ou une
société qui est propriétaire d'une forêt
privée d'au moins 800 hectares d'un seul tenant, pour laquelle elle
s'est engagée à respecter un plan général et un
plan quiquennal d'aménagement forestier en application du
deuxième alinéa de l'article 121 de la Loi sur les forêts
(LR.Q. chapitre F-4.1), n'est pas assujettie aux droits et obligations
mentionnés au premier alinéa à l'égard du bois
récolté dans cette forêt visé par un plan conjoint,
si ce bois est récolté pour elle-même et transformé
dans une usine dont elle est propriétaire.» (20 h 20)
M. Jolivet: II y aurait une petite correction de français,
là: «visé», ce serait «ée», c'est
la forêt qui est visée. Ou c'est le bois? C'est ça, si
vous... C'est le bois qui est visé.
M. Picotte: C'est le bois qui est visé. Oui, c'est le
bois.
M. Jolivet: Alors, on va laisser l'accent aigu comme ça,
«é».
Donc, à partir de ça, M. le Président, si le
ministre a d'autres explications... sinon je peux argumenter maintenant.
Le Président (M. Richard): Ça va, M le ministre,
pour le dépôt?
M. Picotte: Non, je n'ai pas d'autre argument.
Le Président (M. Richard): Alors, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, avec tous les amendements qui
ont été apportés, ça clôt les craintes dont
je faisais mention depuis le début, quant au fait qu'il y a eu, comme je
vous le disais, une entente intervenue entre la Fédération des
producteurs de bois du Québec et les représentants de
l'Association des industries forestières du Québec qui ont
accepté, comme le disait mon collègue, le député
d'Arthabaska, un amendement à la loi qui vient faire une brèche
dans les plans conjoints.
Mon travail, comme député du comté de Laviolette et
représentant de l'Opposition, n'est pas d'empêcher des amendements
à des lois qui permettraient, à ce moment-là, de rendre
conforme au désir de l'entente intervenue entre les deux parties.
Cependant, nous avons voulu apporter ces amendements-là à
l'article de départ pour faire comprendre que, dans le contexte
où la décision va être prise par le gouvernement de
l'adopter, il fallait s'assurer qu'il n'y ait pas de problème majeur
à l'adoption de cet article.
Ça ne nous empêche pas, même si on est d'accord avec
les amendements qui sont apportés, parce que ça bonifie et
ça colmate les brèches, de dire que nous sommes contre
l'idée visée par l'amendement qui est apporté, tel que mon
collègue en faisait mention. C'est une première brèche
dont j'ai, dans mon for intérieur, des craintes quant à
l'utilisation que pourraient en faire des gens.
Je connais l'appétit vorace de l'Association des industries
forestières du Québec. C'est son droit. Je ne l'empêcherai
pas de penser comme tel, mais ce n'est pas notre position, sauf que les
syndicats, devant la crainte d'avoir des poursuites et de continuer ensuite les
poursuites, ont décidé, comme on dit, de mettre de l'eau dans
leur vin, donc de faire un compromis que nous ne pouvons pas accepter,
malgré toutes les corrections apportées à l'article de
départ. Parce que, à partir de ça, il n'y a rien qui nous
dit que l'idée première de l'Association des industries
forestières du Québec, qui est de faire complètement
disparaître le bois ici visé, le bois à pulpe, et la
demande des syndicats, concernant aussi le bois de sciage, de tous les plans
conjoints, sont inhérentes à l'adoption de cet article.
La crainte reste toujours profonde dans mon esprit que l'Association des
industries
forestières du québec pourrait utiliser ce premier pied
dans la porte pour essayer d'entrouvir complètement la porte. alors,
à partir de ça, m. le président, je suis heureux qu'il y
ait des amendements apportés à l'article. mais nous ne pouvons
quand même pas, malgré tout ça, voter pour l'article.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement, tel
que présenté par M. le ministre, est adopté?
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. Est-ce que
l'article 8, tel qu'amendé, est adopté? Sur division,
effectivement?
M. Baril: Bien, l'amendement devient l'article lui-même. Ce
n'est pas ça?
Le Président (M. Richard): Oui, c'est parce qu'il y a
deux... C'est le deuxième alinéa qui a été
modifié.
M. Baril: En tout cas, de toute façon...
Le Président (M. Richard): C'est rien qu'une question de
phraséologie. Donc, l'article 8, tel qu'amendé, est adopté
sur division. Ça va?
M. Baril: De toute façon, M. le Président, tel que
mon collègue de Laviolette l'a dit, les raisons pour lesquelles je suis
contre, malgré les amendements qu'on a apportés, c'est que je
garde la défense du principe de dire qu'à l'article 1 on fait une
loi pour un groupe de producteurs puis, à l'article 8, on fait une autre
loi pour un autre groupe de producteurs. C'est pour cette raison que l'article
sera adopté sur division.
Le Président (M. Richard): Maintenant, nous étions
rendus à l'article 13, et nous avions aussi suspendu l'article 9. Est-ce
que vous voulez qu'on aille à l'article 9 ou qu'on...
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'on pourrait
attendre, avant de revenir a 9, qu'on passe 15. Il y a une interrelation.
Alors, ça va être plus facile pour la compréhension.
Le Président (M. Richard): Alors, nous revenons donc
à l'article 13.
M. Baril: Le ministre avait dit... Je ne sais pas s'il a
l'information. On avait posé la question, à un moment
donné, quand on avait refait la loi 142, de mémoire, je pense,
sur la fiscalité municipale, qu'on avait fait sauter les plafonds au
niveau des taxes foncières municipales et, au niveau du scolaire, on
avait laissé le plafond à 325 $ ou 375 $ l'hectare. Le ministre
m'avait dit que c'était à cause d'une technicalité qu'on
n'avait pu le faire. Je ne sais pas s'il a sa réponse, là.
C'était quoi, la technicalité?
M. Picotte: non, je n'ai malheureusement pas la réponse.
il y a quelqu'un qui doit me la fournir, et je l'acheminerai à la
commission. je ne l'ai pas au moment où on se parle.
M. Baril: O.K. On peut passer à l'article 13, vous
dites?
Le Président (M. Richard): L'article 13. Nous
étions à l'article 13.
Office de producteurs (suite) Projet de
règlement
M. Picotte: L'article 13, M. le Président, c'est:
L'article 91 de cette loi est modifié par la suppression de la
deuxième phrase.
Évidemment, l'article 91 disait ceci: «L'office peut
soumettre à une catégorie de producteurs dûment
convoqués à cette fin un projet de règlement qui les vise
exclusivement. Si le projet de règlement est ensuite pris par l'office,
il est alors soumis à l'approbation de la Régie et entre en
vigueur selon la procédure prévue aux articles 101 et
102.»
Alors, cette procédure-là, maintenant, parce que nous
retirons la deuxième phrase, est prévue à l'article 101,
que nous allons étudier tantôt via l'article 15 du présent
projet de loi, où il est dit ceci... Si vous allez à l'article
15, deux pages plus loin, vous allez voir, en haut, ce que dit l'article 101:
«Tout règlement pris par un office est soumis à
l'approbation de la Régie. Elle peut vérifier de la façon
qu'elle juge appropriée l'opinion des producteurs sur ce
règlement et, si elle le juge nécessaire, obliger l'office
à le soumettre à l'assemblée générale pour
ratification.»
M. Baril: Dans le concret, ça fait quoi, ça?
Là, on se réfère à trois articles: l'article 9,
l'article 101 de la loi actuelle et l'article 13.
M. Picotte: Me Prégent.
Le Président (M. Richard): Me Prégent.
M. Prégent (Gilles): Voilà. M. le Président,
à l'article 13, comme on l'a fait d'ailleurs à d'autres articles
précédemment, on enlève les références qui
sont fartes à la publication, à l'approbation de la Régie
et à ce mécanisme-là, parce qu'il était
répété à certains articles et non à
d'autres. On pouvait se poser la question, parfois, à savoir si la
règle générale de la nécessité pour un
office de présenter ses règlements à la Régie pour
fins d'approbation s'appliquait dans tous les cas. Alors, pour enlever tout
doute à ce sujet-là, une modification est appor-
tée plus loin par l'article 15 du projet de loi et qui va avoir
pour effet de modifier l'article 101 où, comme vous voyez, à cet
article 15 du projet de loi, on ajoute, après «office», les
mots «en vertu de la présente loi». Si vous regardez
l'article 101 qui est en haut de la page et l'article actuel de la loi,
ça va donc se lire: Tout règlement pris par un office en vertu de
la présente loi. Alors, on ne se posera plus la question, à
savoir si tel règlement adopté par un office nécessite
l'approbation de la Régie ou non, parce que ça se trouve à
l'intérieur d'un chapitre, ça, actuellement. Certains
légistes pouvaient considérer que la nécessité de
soumettre à l'approbation ne s'appliquait qu'au règlement
apparaissant dans ce chapitre-là. Alors, pour qu'il n'y ait pas de
doute, à l'article 101 on dit maintenant que ce sont tous les
règlements adoptés en vertu de la loi, n'importe où dans
la loi.
Une fois qu'on a dit ça, ce n'est plus nécessaire de
répéter dans certains des articles, comme on le trouve à
91, à l'article 13 du projet de loi, que le règlement doit
être soumis à la Régie, si c'est dit aux articles 101 et
102 de la loi.
M. Baril: Ça, c'est tous les règlements
adoptés par un office.
M. Prégent: Oui.
M. Baril: Ce n'est pas les règlements adoptés par
la Régie...
M. Picotte: Bien non! Une voix: On ne le dit pas.
M. Prégent: Non. Ils nous sont soumis pour approbation.
Les nôtres, on adopte peu de règlements dans le cadre de cette
loi-là et, pour ceux que nous pouvons adopter, la Loi sur les
règlements s'applique. (20 h 30)
M. Baril: Dans la présente loi, l'office faisait quoi avec
ses règlements? Il était obligé de les soumettre pareil
à la Régie?
M. Prégent: Oui. Ça continue, c'est la même
règle qui se fait. Remarquez, c'est juste de la technique de
rédaction. Ça ne change rien à ce qui se passait et
à ce qui va se faire dans l'avenir. C'est la même chose qui se
faisait dans le passé. Sauf qu'en revisant la loi on en profite des fois
pour l'améliorer. Il y avait des doutes sur l'obligation, dans certains
cas, qu'ont les offices de soumettre les règlements parce qu'ils se
trouvaient dans d'autres chapitres que celui-ci. En corrigeant de cette
façon-là, il est clair que tous les règlements des offices
qui se retrouvent n'importe où dans la loi sont sujets à la
procédure générale: approbation de la Régie et
publication ensuite dans la Gazette, selon les articles 101 et 102 de la
loi.
M. Baril: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 14.
Pouvoirs réglementaires d'un office
M. Picotte: L'article 14, M. le Président: Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 100, du suivant:
«100.1 Pour favoriser la restructuration des conditions de production
d'un produit agricole, tout office peut, à l'égard du produit
visé par le plan qu'il applique, accorder par règlement une aide
financière aux producteurs qui satisfont aux conditions que
détermine le règlement.»
Il s'agit d'accorder à un office de producteurs la
possibilité de venir en aide aux producteurs les plus affectés
par des changements profonds qui peuvent frapper leur industrie. Cette
disposition vise, dans l'immédiat, les producteurs de lait et fait suite
aux recommandations des médiateurs spéciaux relativement au
regroupement des quotas. Elle est complétée par les articles
16,17 et 22 de ce projet de loi.
Rappelons que, l'an dernier, un groupe de médiation a
été créé, ayant pour mandat de proposer une
solution globale aux différends existant entre les producteurs de lait
de consommation et les producteurs de lait de transformation, concernant les
règles de répartition des recettes des ventes de lait. Le groupe
de médiation a déposé un rapport le 31 août 1991,
recommandant une solution globale à ces différends de
façon à en arriver progressivement à un quota unique et
à un prix unique, le 1er août 1996, tout en prévoyant la
mise en place d'un programme d'aide financière pour les producteurs les
plus affectés par l'application de ce rapport qui, par la suite, a
reçu, au cours d'un référendum, un appui très
majoritaire des producteurs de lait de consommation et des producteurs de lait
de transformation.
C'est un des articles qui viennent concrétiser certains points du
rapport de médiation, donnant la possibilité, évidemment,
à la Fédération d'agir dans certains cas, tel que l'a
soumis le comité de médiation.
M. Baril: M. le Président...
M. Picotte: c'est spécifique aux producteurs de lait, mais
d'autres fédérations pourraient aussi agir ainsi, le cas
éventuel, dans d'autres domaines.
M. Baril: M. le Président, au sujet de l'article 14, pour
moi, il cause un sérieux problème. D'abord, le ministre l'a
mentionné, l'automne dernier, pour solutionner les problèmes
conjoncturels dans le secteur laitier, le ministre avait nommé un
comité de médiation de trois personnes qui étaient, en
l'occurrence, son sous-ministre en titre, le président de l'Union des
producteurs agricoles et le secrétaire général de la
Coopérative fédérée du Québec. Ce
comité a effectivement proposé une solution à l'ensemble
des producteurs, qu'ils ont soumise par voie référendaire. Je ne
conteste absolument pas ce référendum. Je ne veux pas le
contester. Il a été tenu. Le ministre s'assoit sur ce
référendum pour dire que c'est démocratique. Il y a 80 %
des producteurs qui ont voté oui, dont 71 % étaient des
producteurs de lait de consommation. Je peux me tromper de 1 % ou 2 %, mais
c'était à peu près ça.
Je ne conteste nullement le résultat de ce
référendum. Ce à quoi j'en arrive dans cette loi... Ma
lecture de cet article fait en sorte que ça ne représente pas
exactement ce pour quoi les producteurs ont voté l'automne dernier, et
je vais m'expliquer. J'ai en main le rapport de médiation en 9 ou 10
points. Au point 9, et je vais le lire parce que je crois que c'est d'une
importance capitale pour clarifier ce que j'avance, on dit: «Mise en
place d'un programme d'indemnisation pour les producteurs détenant plus
de 25 % de leur quota en lait de consommation, au 31 juillet 1991, et qui ont
acheté des quotas de lait de consommation au cours des cinq
dernières années. En vertu de ce programme, ces producteurs
recevront, en un versement unique, une indemnisation basée sur la
différence entre la valeur du quota de lait de consommation et celle du
quota de lait de transformation et ajustée selon la date de transaction.
Le coût de ce programme ne pourra dépasser 25 000 000 $ et sera
financé par un supplément extraordinaire au prix du lait de
classe 1. La gestion de ce programme sera confiée à un groupe
indépendant de la Fédération des producteurs de lait du
Québec.»
Dans les notes explicatives qui s'ajoutent à cet
article-là, je le répète, ce sur quoi l'ensemble des
producteurs ont voté - je ne voudrais pas toutes les lire parce que
ça a plus d'une page - c'est très spécifique. Les
coûts sont déterminés en pourcentages, tant par
année. Je vais lire juste un paragraphe qui, je pense, est très
important: «Le groupe de médiation recommande qu'on verse aux
producteurs détenant plus de 25 % de leur quota en lait de consommation
et qui ont acheté des quotas de lait de consommation entre 1990 et 1991
- c'est ce que je disais au point 9 - une indemnité égale
à 100 % de l'écart observé en 1990 entre les prix des
quotas de consommation et les prix des quotas de transformation.
L'indemnité versée pour les transactions de quotas
effectuées en 1989-1990 sera égale à 80 % de
l'écart entre les prix des quotas. Des pourcentages de remboursement de
60 %, 40 % et 20 % seront utilisés pour les années 1988-1989,
1987-1988 et 1986-1987 respec- tivement. Selon les estimations
préliminaires, le coût d'un tel programme atteindra quelque 20 000
000 $.» Là, on dit que le groupe de médiation recommande
que cette somme soit déboursée en un versement unique:
«Étant donné le mode de financement proposé, le
coût du programme devra être plafonné à 25 000 000 $
(par un ajustement des pourcentages d'indemnisation). Étalé sur
cinq ans, le remboursement d'un tel montant exigerait un supplément
extraordinaire inférieur à 0,01 $ par litre. Le groupe de
médiation recommande que la gestion soit confiée à un
groupe indépendant de la Fédération des producteurs de
lait.» Donc, le rapport de médiation était très
clair.
L'automne dernier, au mois de décembre, dans la loi
spéciale que le ministre a voulu déposer et qui s'est
concrétisée, par la suite, avec un avant-projet de loi, on peut
lire, à l'article 2, et, encore, ça représente exactement
ce qui est inscrit dans le rapport de médiation, ce sur quoi les
producteurs, l'ensemble des producteurs ont voté... On sait que les
trois médiateurs ont fait une tournée du Québec pour
expliquer, dans chacune des régions, leur rapport. Il y a une multitude
de questions qui ont été posées par les producteurs et les
productrices aux représentants ou aux médiateurs, et on s'en est
toujours tenu à cette définition. Je me réfère
à l'article 2 de l'avant-projet de loi qui a été
déposé avant les fêtes. L'article 2 se lit comme suit:
«La Fédération des producteurs de lait du Québec
accorde, jusqu'à concurrence d'un montant global de 25 000 000 $, une
aide financière aux producteurs de lait détenant, le 31 juillet
1991, plus de 25 % de leur quota en quota de lait de consommation et qui, entre
le 1er août 1986 et le 1er juillet 1991, ont acheté de tels
quotas. À cette fin, elle crée un comité composé de
trois personnes qui lui sont indépendantes. Ce comité
détermine les autres conditions auxquelles doit satisfaire un producteur
pour être admissible à cette aide financière et les
modalités de calcul permettant d'établir, à l'égard
de chacun des producteurs admissibles, le montant de l'aide qui lui sera
accordée. Ce montant est versé en un seul versement. Les
conditions et les modalités de calcul déterminées par le
comité doivent être soumises à la Régie des
marchés agricoles et alimentaires du Québec qui les approuve avec
ou sans modification.» (20 h 40)
Dans la loi que le ministre nous propose aujourd'hui, l'article 14 dit:
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 100, du
suivant. Ça va faire l'article 100.1. «Pour favoriser la
restructuration des conditions de production d'un produit agricole, tout office
peut, à l'égard du produit visé par le plan qu'il
applique, accorder par règlement une aide financière aux
producteurs qui satisfont aux conditions que détermine le
règlement.» Encore une fois, tout est fait par règlement.
À l'automne 1991, les
producteurs se sont prononcés sur un projet de règlement
bien précis, sur des recommandations bien précises et, je le dis,
on a pris la peine de faire une tournée du Québec pour informer
l'ensemble des producteurs de quelle façon on leur proposait de
régler ce problème. Donc, aujourd'hui, on arrive avec le projet
de loi 23 qui, d'abord, ne fait nullement mention du maximum de 25 000 000 $.
Ça peut être plus, ça peut être moins. On ne dit pas
comment cette indemnisation... Je ne sais pas le terme qu'on utilise exactement
ici. L'aide financière, on parle d'aide financière aux
producteurs. On ne dit absolument pas si c'est 2 000 000 $, 3 000 000 $. Est-ce
que c'est 10 000 000 $, 25 000 000 $, 5û 000 000 $? On n'en parle pas.
Pourtant, les producteurs, eux autres, ils savaient que ça serait 25 000
000 $. Ça s'adressait à des producteurs qui ont acheté du
quota de lait de consommation durant les cinq années
précédentes. Donc, ça, c'était clair pour eux
autres. L'ensemble des producteurs a accepté ça. Mais, avec ce
projet de loi, avec le projet de loi dont on veut nous faire mention, on ne
parle absolument pas du maximum de l'aide financière. On ne dit pas
comment, on ne dit pas qui, comment, de quelle façon on va percevoir les
fonds pour indemniser ces personnes-là. On ne mentionne pas non plus
qu'il va y avoir un comité qui va être indépendant pour, je
ne sais pas si on peut dire surveiller, voir à l'application
intégrale du rapport de médiation, ce qui permettrait, cet
article, à la Fédération d'imposer une retenue
spéciale, additionnelle, que ce soit sur la classe 1 ou que ce soit sur
la classe 2. Tout en connaissant passablement les frictions qu'il y a entre les
deux sortes - c'est malheureux à dire - de producteurs, je suis loin
d'être certain que le rapport de médiation aurait
été accepté, l'automne dernier, avec le même
pourcentage si, dans le rapport, on n'avait pas été plus clair
que ça, ici, et je m'explique. Ça veut dire que, demain matin, la
Fédération pourrait arriver et dire: Nous autres, pour compenser
ou pour indemniser, pour apporter une aide financière aux producteurs
qui ont acheté du quota de consommation, je le répète,
durant les cinq années précédentes, on va imposer une
retenue ou une affaire extraordinaire qu'eux autres appellent ici une
contribution spéciale, on va imnoser une contribution spéciale
aux producteurs de lait de transformation pour indemniser les producteurs de
lait de consommation. Je ne sais pas si le ministre est conscient du
problème que ça créerait dans le champ. Je suis loin
d'être certain, comprenez-vous, que le résultat du
référendum aurait été le même si le
moindrement les producteurs de lait de transformation avaient pu s'imaginer,
à partir de cet article-là, que ce seraient eux qui
indemniseraient les producteurs de lait de consommation, ceux qui ont
acheté du quota durant les cinq dernières années. Pourquoi
on dit: Les cinq dernières années? Parce que, supposément,
selon les chiffres, dans une période de cinq ans l'investissement que tu
as fait pour l'achat de ton quota se rembourse par les revenus que ça
génère. Donc, pourquoi le ministre, dans le projet de loi 23,
à l'article 14, n'a pas réinscrit intégralement ce qui
était dans le rapport de médiation, ce qui était dans son
avant-projet de loi du mois de décembre et ce sur quoi l'ensemble des
producteurs se sont exprimés par voie démocratique? Je pense que
tout le monde le reconnaît, ça a été voté
majoritairement. Mais, si on veut être démocratique, il faut
l'être jusqu'au bout. Il ne faut pas faire voter les gens sur un rapport
et en appliquer un autre.
Si on applique ça tel quel, si on ne le clarifie pas plus que
ça, tant l'article 14, en passant, que l'article 16... Parce qu'on
reviendra plus loin, là... À l'article 16, c'est la même
chose. Même, l'article 16 est peut-être encore pire que l'article
14, mais... Je suis loin d'être certain qu'avec ce projet de loi le
ministre - comment je dirais donc - va donner un outil à la
Fédération ou un outil au milieu pour régler le conflit.
Je suis loin d'être certain de ça. C'est ces explications que
j'aimerais que le ministre m'apporte, qu'il me donne les raisons pour
lesquelles il amène dans le projet de loi 23 un article qui n'est
absolument pas clair, comme ça avait été défini
dans le rapport de médiation.
M. Picotte: M. le Président, c'est très facile
à comprendre. C'est très facile à comprendre. On vote une
loi-cadre, présentement. C'est une loi-cadre qu'on vote pour donner
à toutes les fédérations la possibilité de faire
ça, si on a à le faire un jour. Ne pas revenir à chaque
occasion avec une loi spéciale... Si on a besoin de le faire dans le
sirop d'érable, si on a besoin de le faire ailleurs, de le faire.
Écoutez, moi, je pense qu'à partir de ce moment-là la
Fédération des producteurs de lait... Il y a un rapport
là, ça fait référence dans les deux cas à un
rapport qui est écrit. Il y a évidemment, de la part de la
Fédération des producteurs de lait, M. le Président, une
résolution qui a été adoptée pour appliquer le
rapport.
M. le Président, des fois là, il y a des gens qui me
disent alentour de la table que, moi, je ne fais pas confiance aux producteurs.
Mais savez-vous que, d'après ce que je peux voir, j'ai plus confiance
que bien d'autre monde aux producteurs. Parce que la Fédération
des producteurs de lait va appliquer le rapport de médiation, il faut
qu'elle applique le rapport de médiation. C'est ce pour quoi elle est
mandatée. Elle va exactement proposer à la Régie le
rapport de médiation pour fin d'application.
Vous n'êtes toujours bien pas pour mettre dans une loi, M. le
Président, que tel pourcentage, et tel ou tel individu pourrait
être indemnisé, etc. Ce ne sont pas des modalités, on ne
peut pas mettre toutes ces modalités dans une loi. On ne peut pas dire,
à l'article 14 ou 15: On
inclut le rapport et ça fait partie de la loi, parce que c'est
une loi-cadre, M. le Président. C'est la seule et unique raison. Le
rapport de médiation va être appliqué à la lettre.
C'est ça. Ils sont mandatés pour appliquer le rapport de
médiation. Donc, il n'y aura pas un iota de changement, M. le
Président. C'est ça, l'explication.
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Ça va? C'est parce que
votre collègue avait demandé la parole. Allez-y, M. le
député d'Arthabaska. On reviendra, Mme la députée
de Terrebonne.
M. Baril: M. le Président, le ministre a beau dire que
c'est une loi-cadre... Bon. Un cadre, tu peux mettre l'image que tu veux dedans
après, ou la peinture que tu veux, après, dans le cadre, un coup
que tu as le cadre. Ça, c'est facile à dire. Mais il ne faut pas
se faire de cachette non plus. Le ministre conviendra que, cette loi, c'est
pour régler ou essayer de régler le problème dans le lait.
Bon. Le ministre ne peut pas nier ça.
Les producteurs qu'il y a en arrière, ils représentent les
agriculteurs. La plupart, c'est des producteurs de lait. Eux autres, j'ai
parlé à beaucoup aussi, beaucoup de producteurs. Quand je leur ai
lu ce qu'il y a dans la loi actuelle, l'ensemble des producteurs m'ont dit:
Ça ne se peut pas. Ça ne se peut pas, on ne croit pas ça.
Ce n'est pas là-dessus qu'on a voté. Ce n'est pas clair. C'est
pour ça que... Non, non. Le ministre a beau rire, il a beau dire que
ça ne se peut pas... Des fois, il est porté à dire qu'il y
a juste le député d'Arthabaska qui ne comprend pas. Bien,
là, je dois vous dire qu'il y a plusieurs producteurs dans le champ. Je
me sens un petit peu solidaire de cette façon-là, il y a
plusieurs producteurs qui ne comprennent pas la loi du ministre. Et c'est eux
autres qui vont en vivre les conséquences.
Moi, ma job ici, ce n'est pas d'essayer de créer le
problème dans le champ, c'est d'essayer de trouver... d'appuyer le
ministre, si possible, pour essayer de régler un problème, non
pas en créer d'autres. C'est ça, ma job à moi. Je vous
dis, avec l'ensemble des producteurs avec qui j'ai parlé... Je n'ai pas
charrié! Le ministre me connaît, je ne pense pas que je sois
considéré comme un menteur et un faiseux. (20 h 50)
Je m'appuie sur les articles du projet de loi qui sont très
clairs. On aura beau dire que c'est une loi-cadre... Après ça,
c'est la Fédération, ou l'office en tout cas, qui sera
chargé d'administrer ça. Ça là, moi aussi, je suis
au courant de tout ça. Les producteurs, ce qu'ils veulent, c'est que
soient réinscrits dans cette loi les objectifs visés,
l'explication qu'on leur a donnée lors des soirées d'information
qui ont eu lieu à travers tout le Québec. Tout ce qu'ils
demandent, c'est que le rapport de médiation soit respecté, soit
appliqué, soit inscrit en toutes lettres pour ne laisser aucune marge et
aucune interprétation à personne.
J'espère que le ministre est conscient du climat qui existe
actuellement au niveau des producteurs de lait. Il ne faudrait pas, par une
loi, je dirais, ambiguë, une loi pas claire... Je veux bien croire, moi,
qu'au niveau des avocats, eux autres, ils vont dire: Ah! Ça, c'est
parfait. C'est une loi-cadre, ça dit tout ce qu'on veut dire. Bon. Les
avocats, j'ai un grand respect pour eux autres; en autant que je puisse
m'ar-ranger sans eux autres, je vais vous dire, je pense que c'est profitable
pour tout le monde. Je ne veux pas dire que c'est une profession inutile, parce
qu'on est dans une société de droit, on est dans une
société de droit...
M. Jolivet: Mais les notaires, ce serait mieux! Les notaires, ce
serait mieux! Ils feraient de la conciliation.
M. Baril: On est dans une société de droit.
Justement, quand deux personnes ou deux groupes de personnes ne s'entendent
pas, là, tu as un avocat chaque bord qui, tous les deux,
défendent leurs clients, à tort ou à raison. Ce n'est pas
à moi à décider, je ne suis pas juge, puis je ne veux
surtout pas l'être. Mais chacun est convaincu du droit de chacun de ses
représentants. Puis là, tu as un juge, au milieu, qui tranche.
Puis là, quand le premier juge, lui, a tranché d'une
façon... Il y a toujours un groupe qui n'est pas content, c'est bien
sûr, parce que tu as un pour puis un contre. Il y a toujours un gagnant
puis un perdant. Puis là, tu as un autre tribunal. Tu t'en vas encore
plus haut. Là, ça prend encore trois, quatre ou cinq ans, puis
ça coûte des fortunes, comprenez-vous. Ça
éc?ure tout le monde, puis tu te retrouves, à la fin,
souvent, tout le monde est perdant là-dedans.
M. Jolivet: Sans problème réglé.
M. Baril: Et le problème n'est pas réglé.
Donc, moi, ce que je dis, ce que je demande au ministre... Pourquoi... C'est
quoi qui l'empêche de réinscrire... Je ne lui demande pas de
refaire toute la consultation, puis de réécrire le rapport de
médiation. Le ministre est responsable de cette médiation, c'est
lui qui a nommé le groupe. Son sous-ministre en titre en faisait partie.
Donc, le ministre a une grande responsabilité... et pour une meilleure
efficacité, pour une meilleure application et pour éviter les
problèmes qui vont survenir dans le champ. Et ce n'est pas moi qui vais
les susciter, parce que, déjà, certains sont au courant. Certains
sont au courant, tel que le projet de loi est inscrit. Puis les gens disent: Ah
non! Puis je vais vous dire, un terme que bien des Québécois
utilisent... Les
gens sont «débinés», parce qu'ils ont dit:
Nous autres, on étaient prêts l'automne passé. D'un parti
ou de l'autre, on était prêts à faire des compromis. Nous
en avons fait, des compromis. Mais là, on veut que le problème se
règle. Tel que la loi est inscrite actuellement, le problème ne
se réglera pas. Le ministre en crée, des problèmes,
à cause de l'ambiguïté de la loi ou de
l'interprétation qu'on peut faire de la loi. Heureusement, l'ensemble
des producteurs, l'ensemble du milieu ne sont pas tous des juristes. Leur
compréhension du projet de loi... Ils disent: C'est clair, ce n'est pas
pour ça qu'on a voté. Ce n'est pas ça qu'on a voté.
Je le répète, j'ai parlé à différents
producteurs qui détiennent différentes quantités de
quotas. Je vais vous dire, la plus grande réticence, elle vient au
niveau des producteurs de lait de transformation. Ils disent: Jamais! Jamais on
ne va payer pour indemniser les détenteurs de quotas de consommation.
Puis là, je ne veux pas extrapoler, parce que je pourrais en dire bien
plus long que ça. Mais je ne veux pas non plus prendre un temps
indu.
Donc, pourquoi le ministre ne laisse pas un petit peu la
légalité ou les juristes de côté pour dire...
M. Jolivet: Le gros bon sens aussi.
M. Baril: ...je veux que les producteurs, dans le champ, sachent
pourquoi on vote la loi. On veut que les producteurs se reconnaissent dans
cette loi-là, pourquoi ils ont voté, qu'ils retrouvent dans cette
loi ce pour quoi ils ont voté, puis on va régler les
problèmes, puis on va au moins faire tout notre possible, en tant que
législateurs, pour justement remédier aux problèmes. Donc,
pourquoi le ministre ne peut pas réinscrire... Qu'est-ce que ça
va déranger, ça? Qu'il prenne l'article 2 de son avant-projet de
loi du mois de décembre, même si c'était un avant-projet de
loi qui succédait à une loi spéciale. Même si c'est
un avant-projet de loi et que, celle-ci, c'est une loi-cadre, qu'est-ce qui
empêche le ministre de reconduire l'article 2, qui était
très clair? Il représentait le rapport de médiation.
Qu'est-ce qui empêche le ministre de reconduire cet article-là,
l'article 2, à l'article 100.1?
M. Picotte: M. le Président, c'est clair, je le
répète, c'est parce qu'on n'est pas à l'étape d'une
loi spéciale, on est à l'étape d'une loi-cadre qui va
permettre aux fédérations d'agir ainsi. M. le Président,
j'affirme, de mon siège, que les articles de loi que nous apportons
là-dedans vont faire en sorte de donner le pouvoir à la
Fédération de réaliser exactement ce qui est écrit
dans le rapport de médiation. Alors, pour ceux qui ont peur, n'ayez peur
de rien, je l'affirme de mon siège, enregistré au Journal des
débats: Ces articles-là permettent de traduire exactement
tout ce qui est dans le rapport de médiation et ce que les gens ont
accepté de voter.
M. Baril: M. le Président... M. Picotte: Et
voilà!
M. Baril: ...si vous permettez, quand le ministre dit «de
mon siège», je sais qu'en tant que politicien, quand quelqu'un dit
«de mon siège», c'est quelque chose. si...
M. Picotte: Écoutez, vous n'avez pas le droit... Vous avez
le droit de ne croire ni à mon siège...
M. Baril: Non, non, non.
M. Picotte: ...ni aux avocats ni aux juristes...
M. Baril: Ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Picotte: ...c'est votre problème. Vous avez le droit de
faire ça. Moi, je ne vous conteste pas, mais je vous dis que c'est comme
ça et voici comment on le traduit, M. le Président. Ah! Bien
sûr qu'il y a une divergence d'opinions: lui, il ne croit pas aux
juristes, il ne croit pas aux juges, il ne croit pas au siège du
député; moi, je le dis et je l'affirme, je crois aux
juristes...
M. Jolivet: Ce n'est pas tout à fait ça qu'il a
dit.
M. Picotte: ...et je crois ça. C'est tout simplement la
différence. Maintenant...
M. Jolivet: N'exagère pas.
M. Picotte: ...ça, je suis d'accord, il peut le faire. Il
peut faire à sa guise et il n'a, à ce moment-là,
qu'à voter contre pour des raisons x, y, z. Il n'y a pas de
problème à ça. Maintenant, il a le droit de croire que
ça peut se faire au bon sens au lieu de se faire juridiquement. Moi, je
pense qu'on n'a pas le droit de prendre de chance de ne pas le faire
juridiquement, parce que ça n'enlève pas la possibilité
à qui que ce soit d'aller devant les tribunaux. Ce n'est pas parce qu'on
vote une loi ici que les tribunaux sont barrés demain matin et que
personne ne peut y aller. Donc, on ne peut pas gérer ça par le
bon sens, on règle ça juridiquement, compte tenu que c'est
possible que ça aille devant les tribunaux.
Maintenant, bien sûr que, si le député d'Arthabaska
me demande: Aimez-vous mieux le bon sens que les tribunaux? je
préfère le bon sens aux tribunaux. Je préfère le
bon sens aux tribunaux. Mais, compte tenu que mon bon sens à moi et le
bon sens du député d'Arthabaska
peuvent être différents de temps en temps, bien, il faut
assez bien camper ça pour que quelqu'un puisse le trancher avec la
meilleure des logiques. Parce que je réalise que mon bon sens à
moi et son bon sens à lui, dans certains cas, ça se ressemble
beaucoup, dans la majorité des cas, ça se ressemble, je pense,
et, dans d'autres cas, notre bon sens n'est pas commun. Alors, à ce
moment-là, il faut camper ça juridiquement. Moi non plus, les
avocats, je ne me promène pas avec ça sur la rue, j'ai peur. Moi
non plus, je ne suis pas fort sur les avocats et je ne suis pas entouré
d'avocats, mais c'est des lois qu'on vote à l'Assemblée nationale
pour bien camper les sujets et décider que ça fonctionne. Ce
n'est pas d'autre chose que ça qu'on fait, M. le Président.
M. Jolivet: Votre garde du corps, ce n'est pas un avocat, si je
comprends bien.
M. Picotte: Non, sûrement pas, et je n'en ai pas besoin, je
pense que c'est lui qui a besoin de moi!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: M. le Président, si le ministre m'avait
laissé 30 secondes, il n'aurait pas eu besoin d'ajouter tout ce qu'il a
ajouté la parce que, ce que je voulais dire... Je ne doute pas de
l'honnêteté du ministre, quand il dit: Je mets mon siège en
jeu. Je ne doute absolument pas de ça. Mais, ce que je veux lui
rappeler, c'est que, dans six mois, dans un an, dans un an et demi, dans deux
ans, je ne le sais pas, moi, son siège, le député de
Maskinongé n'aura peut-être même pas besoin de le mettre en
jeu, il ne sera peut-être même plus là, volontairement ou
involontairement. Là, je ne veux pas douter, je n'extrapole pas non
plus, mais il faut être réaliste. Un homme...
M. Picotte: Laissez-moi ça entre les mains. M. Baril:
Non, non. Je ne veux pas vous...
M. Picotte: D'ailleurs, ça, c'est des affaires que je ne
confie pas à d'autres!
M. Jolivet: Même pas à Madeleine! M. Picotte:
Même pas à un avocat!
M. Baril: Je ne veux pas forcer le ministre, ce soir, pour qu'il
s'engage à dire: Oui, je me représente à la prochaine, ou
bien: Non, je ne me représente pas. Ce n'est pas ça pantoute.
Mais on sait qu'un poste électif doit faire face à la population
et, à tort ou à raison et d'une façon réaliste...
Je sais que le ministre n'a pas peur...
M. Jolivet: Le bon sens.
M. Baril: ...probablement qu'il n'a pas plus peur, lui, dans son
comté, que, moi, j'ai peur dans le mien. de toute façon, une
élection, c'est une élection.
M. Picotte: La seule façon de déterminer lequel des
deux aurait peur, il faudrait que vous veniez dans mon comté ou que,
moi, j'aille dans le vôtre!
M. Jolivet: Non, mais si le garde du corps fait un accident... Il
y a toutes sortes d'affaires qui peuvent arriver. Ce n'est pas un avocat,
mais...
M. Baril: Ce que je veux dire, c'est que, selon les rumeurs - on
dit qu'il n'y a jamais de fumée sans feu - c'est plus probable que le
ministre ne se représente pas, et non pas qu'il soit battu. Ça,
c'est les rumeurs. Ce que je veux dire...
M. Picotte: On ne peut pas fonctionner par rumeurs ici, à
l'Assemblée, parce que si vous saviez ce que j'ai entendu au sujet du
député d'Arthabaska en ce qui concerne sa position sur ce projet
de loi là, je suis certain que ce n'est pas vrai.
M. Jolivet: M. le Président...
M. Picotte: C'est rien que des rumeurs et on ne peut pas se fier
à ça.
M. Jolivet: ...pouvez-vous le régler, le problème
entre la rive nord et la rive sud, vous qui êtes des deux
côtés... du Saint-Laurent?
M. Picotte: II est en plein milieu! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: II est en plein milieu, lui! Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Baril: M. le Président... (21 heures)
Le Président (M. Richard): Vous étiez partis sur
les bons voeux, là, je vous laisse aller.
M. Baril: ...quand le ministre dit... Et je ne voudrais pas
ouvrir de polémique, je me suis convaincu en partant d'avance de garder
mon calme et je ne mettrai pas mon siège en jeu, la, mais si je perds
mon calme... Je vais garder mon calme, mais quand le ministre dit: Si le
député d'Arthabaska savait toutes les rumeurs que j'ai entendues
sur les positions qu'il y a sur ce projet de loi, je pourrais dire que les
premiers qui ont suscité ces rumeurs-là, c'est l'Union des
producteurs agricoles et certains présidents régionaux de la
Fédération des producteurs de
lait du Québec. Ils m'ont donné une chance, je vais vous
dire, parce qu'ils ont appelé leurs poteaux un peu partout et ils ont
dit: Appelez Baril. Ça n'a pas de bon sens. Il est contre les plans
conjoints. Il est contre l'application du rapport. Ça n'a pas de maudit
bon sens. J'étais content, ils m'ont donné une chance parce que,
moi, ça m'a donné la chance d'appeler les personnes parce que
ià, elles m'appelaient. Ça m'a donné la chance d'appeler
ces personnes-là pour leur dire: Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qu'il
y a? Elles disaient: Jacques - dépendamment des personnes qui parlaient,
beaucoup m'appellent Jacques et d'autres m'appellent M. Baril, mais ça,
je ne voulais pas le dire c'est le député de Bsrthier qui me le
fait dire - qu'est-ce qui se passe? Ça a l'air que tu es contre les
plans conjoints, ça a l'air que tu es contre les offices de
commercialisation. Ça a l'air que tu es contre le projet de loi, contre
le rapport de médiation. Je vous le dis, je remercie la
Fédération d'avoir fait ça. Ça m'a permis
d'expliquer ma position.
Et la position que j'ai expliquée, c'était au sujet de
l'article 1 et de l'article 8 qu'on fait une loi pour les gros et une loi pour
les petits. Et, au niveau de l'article 14, de l'article 16 et de l'article 22,
c'est là que ça m'a permis de dire, en lisant le texte, que leurs
informateurs s'étaient trompés de gars. Je l'ai dit ici en
commission. Ils seraient bien mieux de voir la Fédération des
producteurs de bois du Québec qui, eux autres, ont mis la hache - sans
jeu de mot - dans les plans conjoints du bois avec l'article 8
présenté présentement. Au niveau de ce projet de loi et du
rapport de médiation, quand je le lis - c'est là-dessus que j'en
viens, M. le Président - l'article 16 qui se réfère
à l'article 123 de la loi, qui dit ceci: «7° imposer -
ça, c'est l'office ou la Fédération des producteurs de
lait qui aura le pouvoir ou le droit, la compétence, appelons ça
comme on voudra, je ne m'enfargerai pas dans les mots - à l'ensemble des
producteurs ou à ceux qui satisfont à certains critères,
une contribution spéciale pour l'application d'un règlement pris
en vertu de l'article 100.1...» L'article 100.1, c'est celui qu'on vient
de lire, qui dit: «Pour favoriser la restructuration des conditions de
production d'un produit agricole, tout office peut, à i
ébard du produit visé par le plan qu'il applique,
accorder par règlement une aide financière aux producteurs qui
satisfont aux conditions que détermine le règlement.»
Ça, ça veut dire justement l'indemnisation, entre autres, qu'on
veut accorder aux détenteurs de lait de consommation qui en ont
acheté depuis les cinq années précédentes.
Supposément que c'est ça, si je m'en tiens au rapport de
médiation.
Donc, on dit «imposer, à l'ensemble des producteurs ou
à ceux qui satisfont à certains critères, une contribution
spéciale pour l'application d'un règlement pris en vertu de
l'article 100.1 et pour respecter les obligations contrac- tées à
l'égard du fonds spécial établi pour l'application de ce
règlement.» Ça, si je ne me réfère pas au
point 9 du rapport de médiation et aussi au point 5 du rapport de
médiation... Parce que, dans le rapport de médiation, on dit que,
sur cinq ans, à partir d'août 1991 à août 1996, il
devra y avoir un équilibre qui sera fait - on dit à partir
d'août 1992, je me suis trompé d'un an - une réduction
progressive de l'écart observé en 1991-1992 entre le prix net
moyen du pool I et le prix net moyen du pool II; là il y aura une
augmentation qui sera due à partir de l'augmentation obtenue au niveau
des consommateurs qui devront payer, qui sera appliquée au pool II pour
qu'en 1996 on arrive à peu près au même équilibre.
Je vais me permettre de lire le point 5 du rapport de médiation. On dit:
«À partir du 1er août 1992, réduction progressive de
l'écart observé en 1991-1992 entre le prix net moyen du pool I et
le prix net moyen du pool II. Cette réduction sera appliquée en
tranches mensuelles égales de façon à ce que
l'écart entre les prix moyens des deux pools, au 31 juillet 1993, ne
représente plus que 75 % de ce qu'il était en 1991-1992, qu'au 31
juillet 1994, l'écart ne soit plus que de 50 %, qu'au 31 juillet 1995,
l'écart ne soit plus que de 25 %, pour en arriver à un prix
unique pour les deux pools le 1er août 1996.»
On dit: «II est entendu que les sommes requises du pool I pour
faire ce rapprochement, exprimées en $/hl, ne pourront être
supérieures aux augmentations du prix du pool I à partir du 1er
août 1992. Si l'application de cette clause avait pour effet que la
réduction de l'écart, une année donnée, soit
inférieure à 25 % tel que prévu au paragraphe
précédent, il est entendu qu'au cours des années
subséquentes toutes les augmentations consenties au pool I seront
utilisées aux fins du rapprochement, tant que le retard ne sera pas
rattrapé.» C'est clair, ça.
Troisième paragraphe: «Étant donné
l'application du précédent paragraphe, s'il devait subsister un
écart entre le prix du pool I et le prix du pool II au 1er août
1996, cet écart sera éliminé par un paiement
d'égalisation au pool unique financé par un supplément
extraordinaire au prix du lait de classe I.» Donc, pour arriver à
uniformiser ou à diminuer les écarts entre le prix du pool I et
le prix du pool II, on se réfère tout le temps à une
augmentation du prix du lait du pool I.
Puis, dans d'autres articles qu'on a discutés les jours
précédents, on dit que la Régie des marchés
agricoles, dans sa décision sur l'augmentation du prix du lait, devra
toujours tenir compte, devra toujours se référer au rapport de
médiation qui dit qu'il y aura un pourcentage de l'augmentation qui sera
d'abord pour créer un fonds pour indemniser une catégorie de
producteurs qui sont les producteurs de lait de consommation, qui ont
acheté du quota les cinq années précédentes, et
qu'il y aura aussi une
augmentation pour participer au rapprochement des deux pools. Donc,
quand le ministre s'en vient nous dire: II n'y a pas de problème, c'est
une loi-cadre, je le réfère à l'article 16, 7°, qui
dit bien «imposer, à l'ensemble des producteurs ou à ceux
qui satisfont à certains critères...» On ne parle
absolument pas là-dedans de cette contribution-là ou de cette
augmentation de revenu pour compenser les deux problèmes que je viens
d'énumérer ou pour créer un fonds et, après
ça, diminuer les écarts. On ne parle absolument pas que les
sommes d'argent peuvent - pas peuvent, mais devront provenir d'une augmentation
du prix du lait à la consommation. Nulle part, dans le projet de loi, on
ne fait mention de ça.
C'est pour ça, M. le Président, que je dis que cette loi
ne fait nullement mention, ne tient nullement compte du rapport de
médiation, qui a été voté démocratiquement,
je ne veux nullement en douter. Je ne veux nullement remettre en cause ce
rapport de médiation, mais moi, tout ce que je dis au ministre, c'est
que jamais, jamais, il ne me fera voter une loi pour tromper les producteurs.
Parce que cette loi trompe les producteurs. Ils ont voté pour une chose
puis, dans la loi, on ouvre la porte. On ne «rouvre» pas la porte,
comme je le dis souvent, on ne fait même pas arracher les portes, on
arrache le pan de mur au complet pour permettre à l'office de faire
entériner par la Régie d'imposer à l'ensemble des
producteurs ou à ceux qui satisfont à certains critères
qui seront définis par règlement, parce que c'est ça qu'on
a vu à l'article 14. Quels producteurs ce sera? On ne le sait pas. Une
contribution spéciale pour l'application d'un règlement pris en
vertu de l'article 100. Donc, les articles 14 et 100 sont liés ensemble
et on ne peut les dissocier dans la discussion du projet de loi. (21 h 10)
Donc, c'est pour ça que, quand on me dit qu'il faut que ce projet
de loi passe, le ministre, il le passera son projet de loi. Il le passera, son
projet de loi, s'il veut, moi, je ne voterai pas pour parce que voter pour ce
projet de loi... Et ça m'étonne, d'ailleurs, ça
m'étonne du ministre parce que, je dois le dire comme je le pense et en
toute honnêteté et sincérité, c'est un gars qui,
habituellement, respecte l'opinion du monde et qui respecte la
démocratie. Mais là, par ce projet de loi, il fausse la
démocratie. Les producteurs se sont exprimés sur une chose et le
ministre applique par une loi une tout autre chose.
Je présume, pour avoir discuté avec bien des personnes,
que, malheureusement, la Fédération des producteurs de lait - et
je dis bien «malheureusement» - va avoir une difficulté
énorme à mettre en application le rapport de médiation sur
les deux points dont je parle. Une difficulté énorme à le
mettre en application en se basant uniquement sur l'augmentation du prix du
lait à la consommation parce que, la semaine dernière, ou
voilà 15 jours, le temps passe vite, je lisais encore dans les journaux
que le président de l'Union des producteurs agricoles disait
lui-même que le prix du lait était trop cher à la
consommation. C'est fort en démon.
Quand tu dis que, pour régler un problème, tu vas essayer
de faire compenser par un groupe de consommateurs qui n'ont rien à voir
là-dedans, tu vas faire régler un problème par eux autres,
et en même temps le président des producteurs agricoles dit que le
prix du lait est trop cher. Comment la Fédération pourra arriver
à justifier devant la Régie des marchés agricoles une
augmentation du prix du lait pour répondre aux deux voeux ou aux deux
souhaits que les médiateurs ont proposés aux producteurs
agricoles qui, eux, sont de bonne foi? Et, je vous le dis, plusieurs ont fait
des compromis là-dedans, et ils ont dit: II y a un problème. On
va faire des compromis. On va essayer de le régler, le problème.
On va voter pour le rapport de médiation. Les résultats sont
là, mais la Fédération ne sera... Je présume que la
Fédération ne pourra le mettre en application et c'est pour cette
raison que le ministre ouvre la porte pour que la Fédération
puisse, d'une autre façon, le mettre en application, le rapport, pour
qu'en 1996 le prix des deux laits soit le même ou soit égal, parce
que là on peut imposer à l'ensemble des producteurs ou à
ceux qui satisfont à certains critères une contribution
spéciale.
Et, je le répète, on ne fait nullement mention d'où
provient, comme dans le rapport de médiation, l'augmentation. Pour
solutionner le problème, ça va provenir d'une augmentation du
lait à la consommation. On ne fait nullement mention, dans l'article 14
et l'article 16 de cette loi, comment on va faire pour y remédier. On
donne plutôt une marge de manoeuvre énorme à la
Fédération et ça va être elle, la
Fédération, qui aura - ce n'est pas un cadeau ça, ce n'est
pas un bébé bien bien en santé qu'on est en train de
donner à la Fédération - l'odieux, tout à l'heure,
d'expliquer dans le champ, à ses producteurs, à ses membres
pourquoi ils sont obligés d'imposer une contribution spéciale,
une contribution extraordinaire pour essayer de remédier au
problème.
Donc, moi, je souligne, je dis, je demande au ministre de trouver un
moyen pour inclure dans son projet de loi 23 les deux articles que j'ai
demandés, qui représentent intégralement ce pour quoi les
producteurs ont voté lors du référendum de 1991, je
crois.
M. Picotte: M. le Président, je regrette pour mon ami le
député d'Arthabaska, mais il sera obligé de voter contre
ces articles-là parce que je n'introduirai pas deux autres articles. Ces
articles-là sont suffisants, bien balisants et donnent la garantie, en
ce qui nous concerne, que la volonté des producteurs va être
appliquée.
J'aurais bien des choses à dire, M. le Président, en
commençant peut-être par... Même si je sais que ce n'est pas
à mol à le défendre, qu'il n'a pas besoin de moi pour se
défendre, d'ailleurs, le président de Î'UPA, M. Proulx, il
est capable de se défendre lui-même. J'aurais souhaité au
moins qu'un de ses membres puisse ne pas le citer de façon aussi
cavalière que celle dont le député d'Arthabaska l'a fait.
Quand M. Proulx a fait sa déclaration sur le prix du lait à la
consommation, à ma connaissance, si j'ai bien écouté -
parce que je peux vous dire que j'écoute toujours très bien ce
que l'UPA dit, j'aime beaucoup porter attention aux termes - si je me rappelle
bien, M. Proulx faisait référence aux fameuses ristournes. On lui
pariait qu'il y avait des ristournes, des gens qui donnaient des ristournes
à des chaînes de magasins, pour avoir une meilleure
visibilité, une meilleure place sur les tablettes. Parfois, ces
ristournes-là, c'est 0,02 $,0,03 $ et 0,04 $...
M. Baril: c'est encore 0,016 $, en passant. m. picotte:...eto,15
$,0,16 $eto,17 $. M. Baril: oui.
M. Picotte: Bon. Alors, ce que disait le président de
l'UPA? Il disait: Le lait est déjà suffisamment cher et
élevé qu'on n'aurait pas besoin de payer ces
ristournes-là. Et le fait de diminuer ces 0,14 $, 0,15 $, si on ne les
donnait pas en ristourne aux grandes chaînes de magasins, ferait payer le
lait encore moins cher, à la consommation. Mais je n'ai pas compris que
M. Proulx disait que le lait était déjà trop cher à
la consommation, ici. Il est trop cher à cause de... Il défendait
le point de vue qu'il ne faut pas imputer aux producteurs agricoles le fait que
le lait soit cher quand il y a des ristournes comme ça. C'est ça
que défendait M. Jacques Proulx. À toutes fins utiles, quand je
regarde - je vous l'ai dit, M. le Président, j'ai donné les
chiffres la semaine passée - dans tout le Canada, dans les 10 provinces,
on est la troisième ou la quatrième province où le prix du
lait est le plus bas le litre et les trois litres. Alors, c'est faux de
prétendre... M. Prouix n'aurait jamais dit une chose semblable. Il l'a
dit en fonciinn des ristournes, mais il ne l'a jamais dit en fonction de ce
qu'a donné l'esprit du député d'Arthabaska. Et
lui-même, il le sait très bien, c'est un producteur. Alors, c'est
son président de syndicat. Il sait très bien que son
président de syndicat va le protéger amplement là-dessus.
Alors, il ne faut pas, je pense bien, donner, par la bande, une explication qui
pourrait permettre de croire que le président de l'Union des producteurs
agricoles trouve que le lait est trop cher à la consommation. C'est le
contraire, quand je compare à l'Ontario, la Colombie-Britannique et un
peu partout. On est parmi les trois provinces les plus basses, au niveau du
litre de lait. De un.
M. le Président, je veux bien croire, quand le
député d'Arthabaska me dit: Moi, je ne doute pas du ministre et
je ne doute pas de la bonne foi d'un tel, d'un tel. Mais si on ne doute de
personne, est-ce que je dois comprendre qu'on doute des administrateurs des
plans conjoints? Parce que c'est eux qui vont administrer ça. Et
là, le député d'Arthabaska se trompe, malheureusement,
quand il parle de l'article 16. L'article 16 porte juste sur l'administration
du fonds spécial. Il porte sur l'administration du fonds spécial,
l'article 16, il ne porte pas sur le rapport de médiation. Le rapport de
médiation, il est en train, d'ailleurs, de se mettre en place. Il porte
uniquement sur l'administration du fonds spécial, l'article 16. Et quand
il parle de 7°, bien sûr, 7°, ça vient dire quoi? On est
en train de voter une loi, là. On parle du 1er août 1996 comme
date d'échéance possible. Personne ne nous garantit que ça
va être mis en place le 1er août qui vient, à cause des
délais qui restent pour tâcher de le mettre en place. Est-ce qu'on
n'aura pas besoin de se servir de l'article 16, à un moment
donné, pour prolonger de six mois, pour finaliser le dossier? C'est
ça que ça veut dire, l'article 16. Il ne faut pas mêler les
choux, les raves et les betteraves. C'est ça que ça veut dire.
Oui, c'est ça que ça veut dire, l'article 16, quand on l'examine
et quand on regarde ce que c'est.
Il parle du pouvoir d'imposer de la Fédération. M. le
Président, le pouvoir d'imposer, ce n'est pas nouveau. Et on ne prend
personne par surprise quand on parle du pouvoir d'imposer. Ce pouvoir d'imposer
là, ça existe. Quand on parle du pouvoir d'imposer, au lieu du
pouvoir d'imposer pour faire de la publicité, comme ils ont le pouvoir
de le faire, là, on dit: Ils vont avoir le pouvoir d'imposer pour faire
la restructuration de leur domaine, de leur production, le pouvoir d'imposer
pour faire de la publicité, le pouvoir d'imposer pour faire la
restructuration du milieu, pour éviter que ce domaine-là
s'effrite et devienne, finalement, dans une position anormale qui permettrait
de mettre en péril beaucoup de gens. Alors, M. le Président,
c'est juste ça que ça dit. Et je dis bien amicalement au
député d'Arthabaska, parce qu'on a toujours fait de bons
débats civilisés entre nous et on va continuer d'en faire, je dis
bien amicalement au député d'Arthabaska: Nous avons la certitude
et la garantie, contrairement à sa prétention - il a le droit
d'avoir une prétention contraire à la nôtre, ce ne sera ni
la première, ni la dernière fois, et c'est normal, c'est fait
pour ça, les discussions - nous sommes certains, chez nous, que
l'application de ce projet de loi, qui est une loi-cadre, va permettre à
la Fédération d'agir dans ce qu'elle a à faire, avec ce
qu'elle s'est donné comme but, et de mettre entièrement en
application le rapport de médiation. Et c'est ça qu'on veut
concrétiser et qu'on veut faire, rien de plus et rien de moins.
Maintenant, ça va
permettre de le faire dans ce domaine-là. Si on arrivait plus
tard avec un autre domaine où il y a nécessité de le
faire, on aura une loi qui nous permettra de le faire dans l'autre domaine,
avec un rapport de médiation pareil, et ce sera ajustable et
ajusté en fonction des problèmes qu'on a à régler,
mais toujours avec une loi existante. C'est juste ça, M. le
Président, ce n'est pas d'autre chose. Et je pense que le
député d'Arthabaska, bien sûr, peut être d'avis
contraire. À ce moment-là, il a le pouvoir que lui
confèrent, évidemment, nos discussions pour dire: Bien, moi, je
suis d'avis contraire et je ne suis pas d'accord. Il l'a exprimé, il l'a
dit et, finalement, quand on aura fini d'adopter la loi, M. le
Président, il l'aura adoptée, bien sûr, avec division. (21
h 20)
Finalement, c'est un pouvoir qu'a le Parlement, mais je suis certain,
moi, personnellement, qu'autant le député d'Arthabaska que
l'ensemble des membres de la commission travaillent présentement en
fonction de faire en sorte que ce domaine-là progresse au lieu de
péricliter, et moi, je respecte ça, mais nous sommes d'avis
contraire en ce qui concerne les prétentions du député
d'Arthabaska.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous aviez un commentaire?
M. Jolivet: Ah! bien, juste...
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska, allez-y.
M. Baril: M. le Président, quand le ministre dit: II n'y a
rien de nouveau là-dedans, il ne faut pas mêler les choux, les
carottes et les betteraves ensemble. C'est une expression que je lui connais
bien. Il ne faudrait pas, non plus, qu'il mêle, avant 1996, le lait de
consommation et le lait de transformation ensemble parce qu'ils ne sont pas
rendus là. Et, à 7°, quand le ministre dit: II n'y a rien de
nouveau là-dedans à l'effet que les offices ont le droit
d'imposer des retenues pour la publicité, la commercialisation et 50
patentes, ça, je suis d'accord avec lui. Je ne suis pas nouveau dans
l'application des plans conjoints. J'en ai déjà vu un petit peu.
Je ne veux pas me vanter, mais j'en connais un petit peu, un petit bout en tout
cas. Mais si on lit bien 7°, qui se réfère à l'article
100, et je vais le lire lentement parce que j'espère, je souhaite
grandement que le ministre comprenne l'interprétation ou la lecture de
l'article. On dit «imposer, à l'ensemble des producteurs ou
à ceux qui satisfont à certains critères, une contribution
spéciale pour l'application d'un règlement pris en vertu de
l'article 100.1...» Quand on va voir l'article 100.1, on ne dit pas que
c'est pour payer pour de la publicité. On dit «accorder - l'aide
financière - par règlement une aide financière aux
producteurs qui satisfont aux conditions que détermine le
règlement». Ça se réfère au rapport de
médiation et c'est pour créer un fonds, et ce fonds, c'est pour
indemniser les producteurs de lait de consommation qui ont acheté du
quota cinq ans avant aujourd'hui. C'est ce que le rapport dit. La loi ne dit
pas ça.
Donc, quand le ministre dit: II n'y a rien de nouveau, l'office a
toujours pu imposer des droits ou des tarifs, des retenues pour faire de la
publicité - je ne sais pas quoi, moi - de la commercialisation, c'est la
même chose, ou imposer des retenues intraquota. Ça, je suis au
courant de ça. Mais là, ce n'est pas de ça qu'on parle. On
parle que les retenues que la Fédération va pouvoir imposer,
ça va être pour accorder une aide financière
spéciale aux producteurs qui ont acheté du lait.
Et la deuxième aide spéciale, ça va être
par l'augmentation... L'augmentation du prix du lait va être pour
augmenter le revenu du producteur de lait de transformation pour qu'en 1993 il
vienne égal à celui du lait de transformation. Je n'ai rien
contre ça, mais là, c'est que, par ça, l'office va
pouvoir... Tel que c'est inscrit ici, l'office va pouvoir faire une retenue sur
l'ensemble des producteurs ou sur un groupe de producteurs définis par
règlement qu'on ne voit pas. Tandis que dans le rapport de
médiation c'est clair, c'est écrit. Il va pouvoir l'imposer, il
va pouvoir référer à ça, et je ne parle pas de la
publicité. Il va pouvoir le faire pour répondre au voeu du
rapport de médiation.
M. Picotte: M. le Président, pour éviter que le
député d'Arthabaska se choque, il faudrait bien...
M. Baril: Ah! je ne me choque pas pantoute, je vous l'ai dit
tantôt.
M. Picotte: ...qu'il se dise qu'il faut qu'il connaisse toute la
loi au complet qui existe. Quand on va à la loi, au chapitre VIII:
«Le gouvernement peut, aux conditions qu'il détermine, modifier un
plan conjoint ou un règlement pris conformément au
présent titre pour assurer l'application des dispositions du
présent chapitre ou d'une entente conclue conformément à
celles-ci.» Au chapitre IX, M. le Président, quand on parle de
contribution, il est dit justement, en 6°, ça existe, ça fait
référence à ça, ça existe
déjà, «imposer une contribution spéciale pour
permettre à l'office de payer sa quote-part du fonctionnement et des
activités d'une chambre de coordination et de
développement.» Ça existe déjà, ce
pouvoir-là d'imposer, M. le Président...
M. Baril: Non, on ne parle pas dans ça, M. le
Président...
M. Picotte: ...et ce qu'il est important de préciser... Un
instant! Ce qu'il est important de...
Non, mais je fais référence à d'autre chose,
là... M. Baril: Bien oui.
M. Picotte: ...pour vous faire comprendre que ce n'est pas
nouveau, ça ne tombe pas du ciel.
M. Baril: Non.
M. Picotte: C'est ça. Vous n'avez pas besoin d'être
surpris de voir que...
M. Baril: Continuez, continuez, continuez.
M. Picotte: On n'a pas inventé quoi que ce soit.
M. Baril: Non, non. Continuez. Je vais vous laisser
continuer.
M. Picotte: M. le Président, à l'article 123:
«Les producteurs réunis en assemblée générale
convoquée à cette fin peuvent prendre des règlements
pour...» 1°, 2°, 3°, puis, 6°, pour imposer. Ça se
fait en assemblée générale, M. le Président,
à l'article 123, c'est prévu. Vous allez dire que c'est pour
faire du développement. Mais, M. le Président, la loi ne sera pas
dissociée. Ce ne sera pas un bout de loi qu'on va faire aujourd'hui qui
ne sera pas applicable en fonction d'une loi qui n'existe pas
déjà. On ne change pas toute la loi. On change des morceaux de
loi qui vont être amalgamés, qui vont être pris, puis qui
vont être pris en compte à l'intérieur de la loi, voyons
donc! Il ne faut pas que le député d'Arthabaska fasse le surpris
à ce point-là, parce qu'il est trop connaissant pour faire le
surpris comme ça, là. Il y a sûrement anguille sous roche.
Il connaît trop ça pour être surpris à ce
point-là.
M. Baril: Ce n'est pas ça, M. le Président.
M. Picotte: Puis, je ne voudrais surtout pas lui faire faire une
crise cardiaque, j'en ai besoin encore pour la fin de la session.
M. Baril: Oh! je pense que mon coeur est bon.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Je pense que mon coeur est bon. Mais le ministre s'en
tient...
M. Picotte: II ne faut pas que je vous laisse dire n'importe
quoi.
M. Baril: Non, non, non. C'est parce que le ministre s'en tient
à la loi 15. Il m'a lu des articles de la loi 15 que j'ai
étudiée article par article. Je la connais un petit peu, bon. Je
ne démens pas ce que le ministre dit là, mais, ce que le ministre
dit, c'est que, peu importe la fédération, dans n'importe quel
secteur, on a le droit de faire ça... Ça, là,
écoutez bien, il faudrait dire qu'il ne m'apprend rien en lisant
ça. Bon. Mais, ici, cette loi-là, on se réfère,
puis le ministre l'a avoué tout à l'heure, on se
réfère pour régler un problème dans le lait. Ce
n'est pas dans les choux, puis dans les carottes, puis dans les navets.
M. Picotte: Pour toutes les fédérations. M.
Baril: Non, non, non. M. Picotte: Oui, oui, oui. M. Baril:
Non, non, non.
M. Picotte: Pour toutes les fédérations, M. le
Président, c'a été dit clairement, c'est une loi-cadre
pour toutes les fédérations, mais, entre autres, il y a
déjà un problème dans le lait qui va être
réglé par ça. S'il y a un problème dans le sirop
d'érable, la semaine prochaine, il pourrait être
réglé par ça. S'il y a un problème dans une autre
production, dans un mois, il pourrait être réglé par
ça. C'est ça que ça veut dire, M. le Président.
Autrement dit, on fait un habit pour habiller le bonhomme, puis on
espère qu'il va le mettre plus qu'un soir quand il va sortir. Il n'est
pas obligé de le mettre tous les soirs, mais j'espère
qu'après une fois il ne pourra pas le jeter aux vidanges parce qu'il va
lui faire encore, M. le Président. C'est aussi simple que ça.
Une voix: Extensible. C'est un habit extensible?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: C'est aussi simple que ça. Voyons donc!
M. Baril: M. le Président, s'il n'y avait pas eu de
problèmes et s'il n'y avait pas de conflits dans le lait, pensez-vous
qu'on retrouverait ces articles-là?
M. Picotte: Bien non, on ne les retrouverait pas, M. le
Président.
M. Baril: Bon.
M. Picotte: S'il n'y avait pas eu de conflits dans le lait on ne
les retrouverait pas. Mais...
M. Baril: Bon.
M. Picotte: ...au lieu de faire une loi
spéciale chaque fois qu'il y a un problème, on fait une
loi maintenant pour éviter de faire une loi spéciale à
chaque fois qu'il y a un problème.
M. Baril: Bon.
M. Picotte: Et c'est bien sûr que, s'il n'y avait pas eu de
problèmes, M. le Président, on n'aurait même pas
pensé faire ça. C'est sûr et certain. Mais c'est de
même que le monde marche depuis que le monde est monde. Quand on corrige
une situation, c'est parce qu'il y a eu un problème. Personne n'y pense
avant. Avant que le premier homme au monde ait passé au feu, personne
n'a pensé de s'assurer contre le feu. C'est parce qu'un jour on a
pensé que le feu pouvait poigner chez nous qu'on s'est assuré.
Mais, s'il n'y avait jamais eu de feu dans le monde, personne ne se serait
assuré contre le feu, M. le Président.
Bien oui, il y a un problème dans le lait. On dit: II y a une
façon de le régler. On fait une loi spéciale et puis on le
règle. Mais, après ça, on s'est dit: Compte tenu qu'on ne
pouvait pas la faire adopter au mois de décembre parce qu'il n'y a pas
eu consentement, bon, comment, maintenant, on se comporte? Est-ce qu'on fait
une loi spéciale? Et, là est arrivé le problème du
sirop d'érable.
Vous voulez le savoir comment ça s'est passé? Je vais vous
le dire exactement. J'ai tenté de vous dire, mais il me semble que vous
ne l'avez pas décodé. Je vais vous le décoder au complet,
là. Il est arrivé le problème du sirop d'érable, et
puis on a dit au ministre: Ça n'a pas de bon sens comment ça se
passe dans le sirop d'érable. Il y a un plan conjoint, ça ne
marche pas, on est à peu près les seuls producteurs au monde. On
pourrait vendre à travers le monde et puis ça ne marche pas, on
en a 40 000 000 de livres de stockées quelque part. Et puis, on est
rendu qu'on bâtit des entrepôts pour mettre le sirop
d'érable dedans alors qu'on devrait le vendre, notre sirop
d'érable.
Bon, ils ont dit: Est-ce que tu pourrais, toi, comme ministre, faire un
autre comité de médiation pour arriver à trouver une
solution de la même façon que tu as essayé d'en trouver une
dans le lait? Alors, j'ai commencé à bâtir ça.
Là, on a dit: Bien, si on fait une loi spéciale dans le lait, si
on arrive puis qu'on est obligé de faire une loi spéciale dans le
sirop d'érable, puis une loi spéciale... Y a-t-il moyen qu'on
arrête de fonctionner par loi spéciale? On n'est pas mieux de se
donner un cadre juridique, et puis, à toutes les fois qu'on aurait un
problème, on pourrait le régler à travers ça.
Donc, c'est ça qu'on a fait. Puis ce n'est pas... Ça ne
mord pas plus que ça. Ce n'est pas différent de ça.
Ça va appliquer exactement le rapport de la médiation, puis
ça va permettre, dans un autre domaine où il y aura un
problème, d'appliquer un autre rapport de médiation qui pourrait
être différent. Et, tant mieux si on n'a pas besoin de s'en
servir, c'est parce qu'il n'y a pas de problèmes. Mais, s'il y a des
problèmes, par exemple, tant mieux si on l'a. Ça, c'est comme une
clé de sécurité. Il n'y a jamais personne qui va me faire
accroire qu'fl a besoin d'une deuxième clé pour sa maison. Mais,
si on en cache une quelque part, c'est parce qu'on a peur d'oublier la
première. Je n'ai pas besoin de deux clés pour ouvrir la porte de
la maison chez nous, moi, mais j'en ai trois. J'en ai trois, parce que si je
perds la première, je vais en avoir deux autres pour me dépanner.
Mais il n'y a personne qui me dit que... Rien qu'une clé c'est assez
pour entrer dans la maison chez nous, M. le Président. Ça serait
niaiseux d'en faire trois, mais j'en fais trois, parce que j'ai
réalisé que parfois j'avais besoin d'en avoir caché une
quelque part sur mon terrain, pour me permettre de rentrer chez nous au lieu
d'être obligé de revenir à Québec chercher
ça, ici, au parlement, dans mon bureau. Et voilà) (21 h 30)
Le Président (M. Richard): M. le
député...
M. Picotte: C'est rien que pour ça que ça s'est
fait, M. le Président. Ça ne s'est pas fait autrement que
ça. Et nous avons la certitude - je le répète, j'en suis
convaincu - que tout ça, ici, va permettre d'appliquer
intégralement le rapport de médiation pour lequel les producteurs
de lait se sont entendus. Et n'ayez aucune crainte, ça ne changera pas
d'un iota, ça va appliquer le rapport de médiation au complet, M.
le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous avez un commentaire?
M. Jolivet: Plus qu'un commentaire, M. le Président,
d'autant plus que le ministre m'ouvre une porte intéressante quand il
dit qu'avant les fêtes le projet de loi spécial n'est pas
passé, parce qu'il n'y a pas eu consentement. Je ne voudrais pas lui
rappeler les circonstances dans lesquelles on était placé et il
était lui-même placé puis les pressions qu'on a eues en bas
de l'escalier, ici, par des gens qui n'attendaient pas autre chose que le
jugement qui s'en venait. Alors, à partir de ça, il faut faire
attention. Disons toute la vérité. Si je comprends bien, c'est
tant mieux s'il n'est pas passé, parce que ça permet au ministre
d'en amener un autre. Et la question de mon collègue est toujours
pertinente. Cependant, ce que je crois comprendre, M. le Président, puis
mon collègue le comprend très bien aussi, c'est qu'il y a un
problème, le lait. Puis on essaie, à partir de ça, de
dire: Dans ce cas-là, profitons de la circonstance, on a plus de temps
pour l'étudier, pour le regarder. Puis là, je parle aux
députés du côté ministériel qui nous disent
qu'on doit mieux légiférer, puis moins, puis qu'on doit
légiférer pour avoir un
contrôle... Parce que, moi, je me rappelle le rapport Poulin puis
d'autres qui disent: On doit avoir un contrôle sur les projets de loi qui
sont devant nous autres. On doit avoir un contrôle sur ce qui va se
passer.
Bien, justement, par la loi qui est devant nous, on n'aura plus de
contrôle. Notre contrôle va être quoi? Il y a un
problème dans le sirop d'érable, comme le ministre dit. Faisons
un comité entre le ministre puis les gens. Essayons de trouver un
terrain d'entente, puis on arrivera, ici... On n'arrivera aucunement en
Chambre, parce que ça va se régler par les règlements. Et
là, les décisions vont être prises par les
fédérations et autres. Et vous croyez que c'est normal? Dans le
cas de l'article 8, qui est venu s'ajouter à l'intérieur du
projet de loi qui est là, de façon fortuite, c'était pour
régler un problème qui était justement intervenu entre
deux groupes. Et si, nous autres, comme hommes politiques ou femmes politiques,
nous n'avions pas eu l'occasion d'amender ce projet de loi pour le rendre plus
convenable, même si nous sommes contre le fait d'ouvrir les plans
conjoints, pensez-vous que ça aurait été
réglé à la satisfaction des deux groupes, vous?
Pensez-vous qu'il n'y aurait pas eu, comme le disait mon collègue, une
politique pour les riches puis une politique pour les pauvres?
Qu'est-ce que disait l'article 8, tel que libellé, M. le
Président? Il disait qu'en réalité c'étaient les
gros qui avaient encore gagné, une fois, contre les petits. Puis
n'eût été de notre intervention, puis même de nos
pressions sur la Fédération des producteurs de bois pour le
corriger, cet article-là... Je pourrais vous lire l'article que j'ai
reçu de la part de la Fédération des producteurs de bois,
disant: Dès le moment où l'article 8 est arrivé, nous
sommes d'accord. Mon collègue et moi, on a dit: Ça n'a pas de
maudit bon sens! On a appelé le monde. Je les ai vus à leur
assemblée générale à Trois-R Mères. Je leur
ai dit: Ça n'a pas de bon sens. Il faut corriger ça. Qu'est-ce
qui est arrivé, après? Là, les télégrammes
ont commencé à rentrer avec des amendements qu'ils apportaient
à cet article-là. Qu'est-ce qui est arrivé? On en a eu un
premier. Ce n'était pas satisfaisant. On en a eu un deuxième, ce
soir. Puis là, on vient de l'adopter. On a essayé - je le dis
bien - de colmater toutes les brèches. Je pourrais vous dire, M. le
Président, que, malgré tout ça, il me reste quand
même une autre crainte. Je voudrais vous dire de quelle façon je
la vois, cette crainte-là. Je vais vous la donner tout de suite. Je vais
retrouver mon texte. Vous allez voir qu'il y a une crainte majeure qui subsiste
dans mon esprit. Actuellement, savez-vous ce que c'est, l'entente entre la
Fédération des producteurs de bois du Québec puis l'AIFQ,
l'Association des industries forestières du Québec? J'aurais beau
dire comme la députée de Bellechasse, l'autre jour, qui disait,
c'a été dit ici: C'est sûr et certain que ça ne fait
pas force de loi parce que c'est des écrits, sauf que le juge peut s'y
référer. C'est ce que vous avez dit? J'ai bien compris
ça?
Bien, je vais vous dire une affaire. J'écoute, vous savez. Nous
croyons que les 800 hectares d'un seul tenant, à compter de l'adoption
du projet de loi, devraient être considérés comme un droit
acquis. Êtes-vous capables de me garantir que l'article qu'on a
adopté ce soir, vous autres... Quand j'ai dit qu'il y aurait une
brèche potentielle qui pourrait permettre à l'Association des
industries forestières du Québec d'aller plus loin, qu'on ne
l'aurait pas par le projet de loi, même adopté actuellement...
J'ai quand même une crainte, et je vais vous dire pourquoi. Quelle est
l'entente qui est intervenue entre la Fédération des producteurs
de bois du Québec puis l'Association des industries forestières
du Québec? La connaissez-vous, vous autres, les députés du
côté ministériel? Le savez-vous? Je vais vous le dire, moi.
Je le sais, moi. Je me suis informé; je sais de quoi je parle. Qu'est-ce
qui est marqué dans l'entente entre les deux parties? C'est que les 800
hectares d'un seul tenant, c'est ce soir, au moment où l'adoption de la
loi va être faite, ça veut dire dans deux ou trois jours... Quand
elle va être signée, seuls ces 800 hectares d'un seul tenant
devront faire partie de la possibilité pour les industries
forestières, si elles transforment le bois qu'elles vont récolter
sur leur propre forêt dans leur propre usine, d'être
considérés comme étant non soumis au plan conjoint. On se
reverra dans deux ans pour voir si l'AIFQ ne s'achètera pas d'autres
terrains ailleurs, les industries forestières, et qu'elles ne feront pas
des 800 hectares d'un seul tenant. On se reverra si elles n'auront pas
essayé, par l'intermédiaire de leurs avocats, d'aller contester
la loi, parce que la loi ne dit pas que c'est un droit acquis au moment de
l'adoption du projet de loi.
Je pourrais amener un amendement pour dire que, désormais, toute
nouvelle possibilité de 800 hectares d'un seul tenant ne serait pas
autrement que mis en place à l'intérieur du plan conjoint.
Êtes-vous capables de me dire, vous autres, si le projet de loi
adopté ce soir contient cette garantie-là pour le producteur de
bois? Non, je ne suis pas capable de vous le dire. Pour ce faire, il faudrait
que je fasse un amendement à la loi, encore, indiquant qu'à
partir du moment où la loi sera adoptée, signée par le
lieutenant-gouverneur, toute nouvelle participation par une entreprise d'achat
de terrains faisant 800 hectares d'un seul tenant serait en dehors du plan
conjoint. Je ne peux pas le dire, M. le Président. Je peux vous garantir
que ça va s'essayer, par exemple. Et je ne parle pas à travers
mon chapeau, je les connais.
Qu'est-ce que l'AIFQ veut? Elle veut définitivement que tous les
bois qui passent par la pulpe actuellement ou par le bois de sciage dans les
plans conjoints de l'Abitibi et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean - parce qu'il y en a là aussi, ce n'est
pas juste du bois de pulpe ici, du bois de sciage aussi - que ces
bois-là soient les seuls qui seront soumis à la loi. Si vous
n'êtes pas capable de me garantir ça, comment je vais être
capable de faire confiance au ministre en disant que la loi-cadre va
régler tous les problèmes? Je ne suis pas capable.
Moi, j'ai une responsabilité. Il peut y avoir des conflits dans
la société. Qui doit régler le problème? Est-ce que
ce sont les tribunaux, les avocats ou bien si c'est l'État, par
l'intermédiaire des députés à l'Assemblée
nationale? Bien moi, c'est de ça que je parle. Il y a un
problème, qui est les deux laits. Réglons-le. Pourquoi faire une
loi-cadre qui a pour but de dire: Tous les nouveaux potentiels ou
possibilités dans d'autres dossiers d'autres fédérations,
on n'aura même pas un mot à dire, comme députés de
l'Assemblée nationale? Ça va être le gouvernement en place,
par l'intermédiaire des règlements adoptés par la
fédération, qui va essayer de les régler, en sachant qu'il
y a quelqu'un qui va être arbitre en quelque part. C'est qui, cet
arbitre-là, si ce n'est pas l'État?
Bien, vous venez d'adopter, ce soir, un projet de loi qui ouvre des
portes immenses, si vous l'adoptez tel qu'il est là. On a le droit de le
dire, on a le droit de le penser. Moi, ce n'est jamais une loi de
fonctionnaires qui va me faire reculer sur les droits que j'ai, comme
député de l'Assemblée nationale, de défendre des
positions. Ça veut dire qu'à partir de maintenant, avec la loi
telle qu'adoptée, loi-cadre telle qu'elle est là, je n'ai plus un
mot à dire comme député. J'aurais beau... Même si le
ministre m'indique que les règlements, j'ai la possibilité de les
étudier, parce qu'il nous a fait cette ouverture au niveau de
l'étude des règlements, que, dans le futur, ça va
être la même chose, ce n'est pas lui qui sera ministre
continuellement. L'autre ministre qui ne voudra pas nous les faire regarder, on
ne les verra pas. Quel que soit le ministre. Je ne parle pas de parti
politique, je parle, si je regarde bien honnêtement un projet de loi,
c'est ça qui va arriver. Et moi, je vais donner mon aval à
ça? Non, monsieur!
C'est dans ce sens-là que je dis au ministre: Pourquoi veut-il
régler tous les cas potentiels qu'on ne connaît pas encore par
l'intermédiaire d'une loi-cadre, alors que nous sommes ici simplement
pour régler un problème qui est devant nous? Le ministre dit: On
ne sera pas obligé, toutes les fois, de revenir à
l'Assemblée nationale pour le régler. Moi, je dis que c'est une
bonne chose que l'Assemblée nationale se mette au travail pour regarder
des projets de loi comme ceux-là. Vous êtes capables, vous autres,
de l'autre côté, après toutes les exceptions que je vous ai
données, de me garantir que n'importe quel industriel qui
achèterait des boisés privés formant des blocs de 800
hectares d'un seul tenant, de me dire que, demain matin, après
l'adoption de la loi, ils vont être soumis au plan conjoint? Parce que ce
qu'on vient d'adopter, c'est qu'ils ne sont pas soumis au plan conjoint.
Lisez-le comme il faut. Ça veut dire que, demain matin, les compagnies
vont s'essayer. Comme elles vont s'essayer, elles vont prendre les avocats qui
sont ici ou ailleurs, capables de trouver la faille dans le projet de loi leur
permettant de dire: On a le droit. (21 h 40)
Qu'est-ce qui va arriver, M. le Président? Elles vont s'essayer
à une place; là, la Fédération des producteurs de
bois du Québec, qui vient de reculer un peu pour mettre un peu d'eau
dans son vin, va se retrouver encore devant un autre dilemme, et on va
dépenser de l'argent et on va dépenser de l'énergie; on va
accepter un autre amendement, on va demander à l'État de faire un
autre amendement et, finalement, on va se retrouver qu'il n'y en aura pas plus
de plan conjoint, ni dans le bois de sciage, là où il y en a, ni
dans le bois de pulpe, M. le Président. Ça, c'est la crainte que
j'ai. Je veux l'exprimer hautement, puis fortement.
M. Picotte: Le député de Laviolette a tellement
raison que ça fait quatre ou cinq fois qu'il nous l'exprime de la
même façon, et c'est son droit. Moi, je ne mets pas ça en
cause et personne n'a mis ça en cause, d'ailleurs. M. le
Président, je dis au député de Laviolette que c'est pour
ça, d'ailleurs, et c'est heureux que la démocratie existe. Le
ministre qui est là ne sera pas là tout le temps. Il y aura
d'autres ministres, il y aura d'autres ministres d'autres formations politiques
et ils se comporteront comme ils décideront bien de se comporter. Nous
avons choisi cette façon-là. Et moi, je dis, personnellement:
Ça, c'est ma personnalité, c'est ma façon de travailler.
On peut la contester, ça ne me dérange pas d'être
contesté. Moi, ça ne m'a jamais fatigué et ça ne
m'a jamais empêché de dormir d'être contesté et je
n'ai jamais été versant devant aucune contestation à part
de ça. Moi, je dis que je préfère, dans certains cas,
traduire une volonté exprimée par les gens qui s'entendent que de
traduire quelque chose de légal. C'est ça, dans le fond, que
ça a fait avec les producteurs de bois. C'est qu'au lieu de se retrouver
en cour on a dit: On fait une entente, on se regarde, on voit comment on peut
fonctionner. On traduit ça pour régler le problème au lieu
d'être en cour pour sept, huit ou neuf ans. Bon! Le député
de Laviolette m'a dit qu'il voit ça d'une autre façon. C'est son
problème. Quand il sera là, il fera bien ce qu'il voudra, puis
moi, je lui dirai ce que je voudrai. Mais, pour l'instant ce n'est pas lui qui
mène, c'est moi. J'ai décidé de faire ça. Ça
vient de s'éteindre.
La deuxième des choses, je dis que je prends la démocratie
de ce que les gens ont décidé dans les rapports de
médiation des plans
conjoints et je la traduis comme ça. Moi, je décide de
faire une Ici-cadre pour ne pas arriver... On ne se cachera pas la
vérité, M. le Président. Voyons donc! Disons donc les
choses clairement. Quand on a présenté une loi spéciale,
ce n'est pas l'Opposition officielle qui a refusé le consentement de
l'adopter. On sait très bien que ce n'est pas l'Opposition officielle.
D'ailleurs, c'est enregistré au Journal des débats.
Même si on voulait cacher ça, ça ne se cache pas, c'est
enregistré. C'est un nommé Libman. Bon! Mais, moi, je le sais de
par les discussions, par exemple, en arrière du trône que, la
première journée que je l'ai apportée, j'avais quasiment
un ensemble général à l'Assemblée nationale qui me
disait: Oui, c'est une maudite bonne affaire et il faut que ça se fasse
parce qu'il y a des limites. C'est ça qu'on m'a dit en arrière du
trône. Et, deux ou trois jours après, j'ai l'impression qu'il y a
d'autre monde, ici, alentour de la table à qui c'a fait l'affaire qu'un
nommé Libman se lève pour la bloquer, M. le Président. Je
ne dis pas que c'est une formation politique ou l'autre, il y en a
peut-être des deux côtés. Je suis honnête là
quand je dis ça. Je pense bien qu'on ne peut pas me reprocher
d'être «char-rieux» et on ne peut pas me reprocher aussi de
faire de la démagogie. Il y en a des deux côtés et
peut-être plus proche de nous autres qu'on pense, ce soir, à part
de ça. Bon!
Alors, M. le Président, ne nous cachons pas la tête dans ie
sable ce soir. Qu'on ne vienne pas nous dire ici, ce soir: Bien, faites-le donc
par loi spéciale. Mon oeil, par loi spéciale! Ça faisait
l'affaire de certains que ça ne passe pas, la loi spéciale. Puis,
là, on choisit une autre façon de le faire. Remettez-le en cause
si vous voulez, c'est notre prétention, c'est ça qu'on va faire
et on prendra le temps. On va le voter et on fera agir la démocratie
tout simplement comme ça. Il n'y a pas d'autre chose que ça.
C'est ça, la réalité, on ne se contera pas de peurs et on
ne se pétera pas de broue. Des deux côtés de la Chambre
ça faisait peut-être l'affaire de certaines personnes que
ça ne se vote pas, la loi spéciale.
Alors, à partir de ce moment-là, il y a un
problème, il y a une volonté de le régler. Il y a eu un
rapport de médiation. Il y a eu un vote des producteurs. Bien sûr,
ça n'a pas fait l'unanimité. Il n'y en a pas un qui est assis
autour de la table qui a eu 100 % des votes dans son comté et qui a eu,
à part ça, un pourcentage aussi fort de la démocratie.
Donc, nous avons choisi de faire ça. Si, un jour, c'est un autre parti
politique qui est aux rennes du pouvoir, il aura toujours la possibilité
de ramener ces mêmes lois, de les charcuter au complet, de les changer et
de les mettre à sa façon, à sa ressemblance et à sa
volonté et la population jugera tout simplement. Moi, j'aime beaucoup
mieux cette façon de procéder que toute autre façon.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous avez un autre commentaire?
M. Jolivet: Oui, important, M. le Président. Je ne veux
pas laisser passer le fait de l'automne passé ou de l'hiver
passé. En fait, il faut d'abord bien comprendre dans quelles
circonstances nous étions placés en termes de décision,
peu importe de quel côté de la Chambre nous étions. Le
projet de loi avait été déposé en dehors des
délais légaux. Donc, quand on a parlé d'une loi visant
telle décision, ce n'est pas une loi spéciale au titre d'une loi
spéciale d'urgence. Il faut bien en être conscient. C'était
une loi qui visait un problème particulier, qui avait pour but de
régler ce problème particulier. Donc, le mot
«spéciale» ici était bien différent de ce
qu'on entend quand on parle, ici, à l'Assemblée nationale, d'une
loi spéciale. Une loi spéciale a toujours pour but d'être
en dehors des délais, normalement. On est convoqué d'urgence pour
telle ou telle raison. On en a connu de ça. Mais ce n'était pas
ça. Ce n'était pas une loi spéciale. C'était une
loi qui visait un problème particulier, une loi qui réglait le
problème particulier.
Ce que le ministre a décidé de faire - et c'est son droit,
je ne le nie pas; ça ne veut pas dire que je sois en accord, cependant,
avec lui - c'est que s'il avait apporté un projet de loi réglant
spécifiquement la question des deux laits, dans les délais
requis, s'il l'avait présenté à l'Assemblée
nationale avant le 15 mai, il aurait pu, selon les délais habituels,
être adopté avant la fin de la session actuelle sans aucune
difficulté, M. le Président, avec le pouvoir, dont il fait
mention, de la majorité ministérielle. Que les gens - sans
vouloir les insulter - comprennent ou ne comprennent pas le projet de loi, ils
votent, point final, à la demande du ministre.
Deuxièmement, M. le Président, nous sommes devant un
projet qui, à partir d'un cas particulier, veut donner le pouvoir par
règlement, au gouvernement et aux fédérations, de
régler tout autre hypothétique problème pouvant être
celui qui surviendrait. Et, dans le contexte actuel, ce que j'ai voulu
expliquer dans la question des bois, ce n'était pas la première
fois qu'on le demandait. On aurait pu faire un projet de loi bien particulier
pour régler ce problème-là. Mais ce qu'on a fait, on a
profité de la loi qui est là pour l'insérer, et c'est pour
ça qu'il faut faire à ce projet-cadre une exception à
l'article 8. Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, c'est de même
qu'on est obligé d'agir, et c'est ce qui fait dire à mon
collègue que, quand c'est des gros riches par rapport à des
petits pauvres, bien, c'est toujours les gros riches qui gagnent dans cette
maudite affaire-là, puis, avec le danger que, dans l'avenir, ils gagnent
encore.
Alors, ce qu'on vient de nous donner, ce que j'ai comme problème
aujourd'hui et qui va survenir plus tard dans le bois, il n'y a personne qui me
garantit qu'avec cette loi-cadre, main-
tenant, on ne l'a pas réglé. Mais je suis, comme vous, M.
le ministre, un enseignant. J'essaie toujours de fesser sur le même clou
pour que les gens comprennent, puis, en plus, malheureusement, je suis un
ancien négociateur, connaissant un peu l'affaire de conciliation et de
médiation, ces choses-là. Pour vous dire, M. le Président,
que c'est ma conviction la plus profonde que, désormais, les
problèmes dont on a discuté sur la Fédération des
producteurs de bois ce soir puis les journées précédentes,
bien, c'est fini, on n'en parlera plus; ça va se régler par la
loi-cadre, puis la loi-cadre, moi, comme député, je ne la verrai
jamais. Et ça, ça m'inquiète énormément
parce que, de plus en plus, comme citoyens représentant des citoyens qui
ont des droits et des privilèges d'être défendus par des
gens qui sont nommés à leur place, eux autres viennent de
déterminer que, désormais, c'est devant le juge que ça va
se terminer, cette affaire-là, sans que le député n'ait un
mot à dire pour convaincre le ministre de changer la loi parce qu'il va
dire: Écoute, il y a une loi-cadre, c'est de même que ça
doit marcher. Je sais trop bien ça pour ne pas préserver mes
arrières.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: Moi aussi, je suis un ex-enseignant, mais pratique,
cependant...
M. Jolivet: Moi aussi.
M. Picotte: ...et je n'ai pas l'intention de finasser sur le mot
«spéciale». Tout le monde connaît la
différence, puis surtout les gens qui sont ici, ils vont finir par la
connaître, à force de nous voir travailler, la différence
entre les deux types de lois spéciales. Je n'ai pas l'intention de
répéter indéfiniment ou ad nauseam ce que j'ai à
dire, M. le Président. Je n'ai pas d'autre chose à dire que
ça, sauf: Soyons productifs puis regardons le projet de loi, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Baril: M. le
Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska. Étiez-vous pour proposer l'article 14, là, vous?
Pas vraiment, je pense?
M. Baril: Comme vous voudrez, mais, avant d'en proposer un...
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!
M. Baril: ...je veux relever des choses parce qu'il y a des gens
qui assistent actuellement à nos débats et qui n'étaient
pas là au début. Tout à l'heure, le ministre a dit, au
sujet des papetiè-res: On a amené la loi parce qu'on voulait
régler un problème puis on ne voulait pas que les gens se
retrouvent devant les tribunaux au niveau du bois. On a réglé le
problème puis on a fait un article 8. Baf! Bang!
Je vous ai fait dire, M. le ministre, je ne sais pas quel jour, qu'avec
la modification que vous avez apportée à l'article 1 de ce projet
de loi les papetières ne seraient plus allées devant les
tribunaux parce que, là, elles passaient dans le même dalot que
tout le monde. Je vous ai fait dire ça. Vous pourrez relever les
galées. Je ne veux pas vous faire mentir. C'est vous-même qui avez
dit ça, puis c'a été confirmé par le
président de la Régie des marchés agricoles du
Québec, qu'avec l'article 1 c'était suffisant, les
papetières ne pouvaient pas revenir puis elles allaient être
obligées de respecter les plans conjoints, pareil comme tout le monde.
(21 h 50)
Mais vous avez décidé de mettre un article 8 pour leur
faire un petit cas spécial, un petit cas de faveur dans votre loi-cadre.
Bon. Je tenais quand même à spécifier ça, à
rectifier ça, ou à faire comprendre aux gens qui n'étaient
peut-être pas ici au début que ça peut être amusant
d'entendre parler le ministre, avec la bonhommie qu'on lui connaît, et
tout ça, mais, à un moment donné, il y a des
vérités quand même qui doivent être dites, qui
doivent être rappelées en cette Chambre pour ceux...
Comment, ce n'est pas vrai?
M. Picotte: Ce n'est pas vrai, M. le Président, parce que
le député d'Arthabaska a oublié une chose. J'ai dit que je
traduisais dans cet article-là une entente et un compromis intervenus
entre des parties...
M. Baril: Ce n'est pas ça qu'on dit.
M. Picotte: ...qui m'ont sollicité pour le faire, M. le
Président.
M. Baril: Oui, oui. Mais là, le ministre est habile.
M. Picotte: Et, à partir du moment où on parle que
les gens, les gouvernements devraient écouter le monde et s'empresser
d'aller traduire la volonté populaire et tout ça, est-ce que
c'est du verbiage uniquement électoral, alors qu'un ministre essaie de
traduire la volonté populaire, la demande expresse des groupes de
réaliser? Et là, on dit: II ne devrait pas faire ça, M. le
ministre. Ça n'a pas de bon sens. Il n'a pas d'affaire à
écouter le monde, le ministre.
M. Jolivet: Ce n'est pas tout à fait ça.
M. Picotte: Et il pourrait amender sa loi et se sacrer de tout le
monde, et ça mettrait tout
le monde dans le moule, M. le Président. Je regrette, mais j'ai
traduit une volonté populaire. Il peut ne pas être d'accord avec
le fait que j'ai écouté les gens pour traduire une volonté
populaire, mais ça, c'est mon choix et c'est le sien, M. le
Président. Ça ne se négocie pas. C'est clair? Ça ne
se négocie pas. Mon choix, avec le sien, ne se négocie pas.
Je préfère, moi, faire affaire avec la base, les gens du
milieu qui me disent de me comporter de telle façon, plutôt qu'une
loi ex cathedra avec un article 1 blindé, qui ne viendrait pas faire
ça, mais qui pourrait nuire pour des années. Ça prendrait
peut-être 5 ans ou 10 ans avant que l'harmonie revienne là-dedans
et ios gens pourraient se détruire entre-temps, sous prétexte que
c'est ça. Ça, ça ne se négocie pas. C'est ma
prétention que je préfère faire ça.
Je ne dis pas au député d'Arthabaska, qui
préfère autre chose... Il préférera bien ce qu'il
voudra. D'ailleurs, je lui souhaite un jour de prendre ma place, si jamais
ça arrive, et il se comportera comme il voudra. M. le Président,
je dis: Ça ne se négocie pas, c'est ma prétention. Bon.
Vous ne pouvez pas m'enlever ça des tripes, je suis fait de même.
Ça fait 20 ans que je me fais réélire député
de Maskinongé parce que je traîne alentour du monde. Je m'enfarge
avec eux autres dans les plaques de trottoir, je les écoute, je leur
demande ce qu'ils veulent et j'essaie de faire le plus possible ce qu'ils
veulent. Et ça m'a l'air qu'ils ont compris ça depuis longtemps,
ils me réélisent.
Moi, je trouve que c'est une formule gagnante pour moi. Je la traduis,
comme ministre, comme je la traduisais avant. La même affaire quand on a
fait un sommet. On a essayé d'asseoir tout le monde ensemble. Ça
aurait été beau de mettre les producteurs agricoles et l'Union
des producteurs agricoles contre les transformateurs et contre ci et contre
ça, et se tapocher et se battre. C'est le contraire que je fais, moi,
dans ma vie. Je préfère ça. Bon. C'est mon choix.
Ça ne se négocie pas, M. le Président. Si d'autres ont
d'autres choix, ils feront comme ils voudront quand ils seront en
autorité de le faire. maintenant, ça ne les empêche pas,
évidemment, de s'exprimer, et je pense que c'est tellement vrai, m. le
président, que ça ne les empêche pas de s'exprimer que le
député de v laviolette a répété
six fois la même affaire depuis le début, et que d'autres vont
peut-être répéter la même chose. mais ça, on
est prêt à écouter ça parce que c'est ça, la
démocratie, m. le président. mais ça ne changera pas ma
façon de procéder. plus ça va, d'ailleurs, moins vous me
convainquez. au début, vous étiez partis peut-être pour
essayer de me convaincre un peu, mais là, plus ça va, moins vous
me convainquez. donc, là, je pense que ça va être un point
de non-retour, vous me convainquez moins de plus en plus, m. le
président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska et, par la suite, M. le député d'Iberville.
M. Baril: Connaissant la façon de fonctionner du ministre,
ça ne m'étonne pas de l'entendre dire: Plus vous allez, moins
vous me convainquez, parce qu'il y a toujours cette façon. Quand il
s'aperçoit qu'il est obligé de tomber sur la défensive, il
passe à l'attaque. Et quand il s'aperçoit que je commence
à le convaincre que son projet de loi n'a pas d'allure, sur certains
articles, là, il dit: Tout à l'heure, vous avez passé
proche de me convaincre, mais plus ça va, moins vous me convainquez. Je
vais vous dire une affaire. Il dit: J'ai écouté les gens, j'ai
écouté la Fédération des producteurs de bois qui
sont venus me supplier de passer cet article-là. Quand les
papetières ont rencontré ses collègues, quand les
papetières ont rencontré les représentants du premier
ministre - je ne sais pas si c'a été le premier ministre
lui-même; en tout cas, elles sont allées au bureau du premier
ministre: je ne sais pas si lui a rencontré les papetières - et
elles, les papetières ont demandé, pour ne pas dire exigé,
mais en tout cas elles ont demandé quels moyens on pourrait bien trouver
pour être exclues de ça, les plans conjoints, c'est des
bâtons dans les roues pour nous autres, c'est un ennui, ça n'a pas
de bon sens, si son gouvernement avait démontré la
fermeté, la conviction devant ces papetières, ces grosses
multinationales, il aurait dit: Les plans conjoints sont là, la loi est
là pour s'appliquer, les plans conjoints sont là pour s'appliquer
pour tout le monde et tout le monde est égal, tout le monde est sur le
même pied. Et ne pensez pas qu'on va ouvrir la porte pour vous exclure,
il n'est nullement question de ça, vous allez passer dans le même
dalot que les autres. Pensez-vous que, si le gouvernement avait eu cette
fermeté-là, si le gouvernement avait eu ce courage-là, de
dire à ces multinationales: Non, même si vous êtes gros,
vous allez respecter les lois des petits et des moyens, possiblement,
très possiblement, la Fédération des producteurs de bois
n'aurait pas supplié le ministre d'essayer de sauver les meubles en
présentant un article semblable? Si la Fédération s'est
sentie, probablement, obligée de faire ça, c'est parce qu'elle a
réalisé la faiblesse du gouvernement. Et probablement, au lieu de
tout perdre, on a dit: On va en sauver un petit peu. Mais si le gouvernement
avait été capable de chausser ses bottes et de les attacher comme
il faut, pour tout le monde, et de dire: C'est comme ça que ça va
marcher, on ne retrouverait pas un article 8 dans ce projet de loi
là.
M. Picotte: Je veux rassurer tout de suite le
député...
M. Baril: Et c'est de cette façon-là... Je
n'ai pas interrompu le ministre, là. M. Picotte: Non,
non... M. Baril: Non, non, mais...
M. Picotte: ...mais juste pour vous rassurer, je n'ai pas
rencontré les papetières, je n'ai rencontré personne avec
le bureau du premier ministre. Et si la Fédération des
producteurs de bois ne m'avait pas demandé rendez-vous pour me convoquer
à Montréal - ce que j'ai fait en dedans de 48 heures - pour dire:
C'est urgent, M. le ministre, il faudrait faire quelque chose, si elle ne
m'avait pas fait ça, je n'en aurais même pas parlé ici.
Mais, moi, ma job, c'est de parler avec les gens des fédérations
et c'est de parler avec l'UPA; ça, c'est ma job. Et je fais ma job, et
les autres, je ne m'en occupe pas et je ne participe pas à leurs
affaires. Moi, j'essaie de protéger les gens pour lesquels j'ai
été assermenté, et c'est ça que j'ai fait,
finalement, je n'ai pas fait autre chose que ça, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Ça me tenterait,
ça va dérider un peu, de faire un peu d'humour. Quand on voit
passer les sandwiches, ça veut dire qu'on a des tendances à
vouloir veiller tard. M. le député d'Arthabaska, vous
continuez?
M. Baril: M. le Président, ça ne changera pas ma
pensée, mes convictions à ce niveau-là parce que, si le
ministre parie à l'Union des producteurs agricoles, parle aux
fédérations, en tout cas, parie à tout le monde, je peux
lui dire que le député d'Arthabaska parie à pas mal de
monde, aussi. C'est autant mon droit que c'est le vôtre. Et on peut
avoir... Les informations que le ministre a, je finis toujours par les avoir,
de toute façon. On sait comment ça fonctionne, l'appareil
politique. Et je réaffirme que, si le gouvernement s'était tenu
debout face aux papetières, on n'aurait pas retrouvé un article 8
dans ce projet de loi. Ça fait que, quand le ministre dit qu'il a
amené l'article 8 uniquement pour empêcher les producteurs de
bois, les offices de producteurs de retourner devant les tribunaux... Il m'a
confirmé, dans une séance précédente,
qu'effectivement l'article 1 aurait empêché les papetières
d'aller devant les tribunaux. On n'aurait pas eu besoin de l'article 8.
L'autre chose. On dit - je reviens à ce que le ministre disait
tout à l'heure: C'est sûr que le projet de loi 23 ne nous apprend
rien, c'est une répétition de la loi 15, ou des articles de la
loi 15, et que les fédérations ont le droit d'appliquer ce
qu'elles veulent, comme il disait tout à l'heure. C'est vrai que les
fédérations ont le droit d'appliquer certains pouvoirs qui leur
sont accordés par l'article 15. Mais, dans cette loi-ci, on permet, on
renforce, on élargit les pouvoirs des fédérations qui vont
pouvoir appliquer les mêmes pouvoirs qu'il y avait dans la 15, sur autre
chose et différemment. Je ne veux pas me répéter et je ne
veux pas, surtout, arriver et dire, à minuit, ça ferait plaisir
au ministre... Je le sais que ça ferait plaisir au ministre si la loi
n'était pas adoptée, et on serait obligés de se retrouver
l'automne prochain; je le sais que ça ferait plaisir au ministre. Mais
je ne lui donnerai pas cette chance-là, lui faire plaisir. Moi, je vais
faire le débat sur mes articles, et le ministre, je le lui ai
déjà dit, il vivra avec sa loi. (22 heures)
Tout à l'heure, il a parié de sa loi spéciale,
qu'il n'y avait rien d'effrayant dans la loi spéciale, que tout
était normal et que c'est juste parce qu'il y a eu des décisions,
des consentements qui n'ont pas été accordés. Je ne la
lirai même pas, mais ceux et celles qui veulent l'avoir, je vais leur
fournir une copie de la lettre du bâtonnier du Québec. Je vais
fournir une copie de ce qu'il disait, en critiquant sévèrement la
loi spéciale, justement, que le ministre a voulu déposer au mois
de décembre. Il critiquait sévèrement cette loi-là.
Il disait qu'entre autres ça brimait des droits des citoyens. Ici:
«Cela est surprenant et susceptible de créer un dangereux
précédent.» Ce n'est pas Jacques Baril, c'est le
bâtonnier du Québec, M. Jean Paquet, qui écrit ça.
Je pourrais relever différents articles montrant que cette loi-là
critiquait le projet de loi spécial. C'est rare que le bâtonnier
ou le Barreau du Québec aille aussi loin que ça dans la critique
d'un projet de loi du gouvernement. Selon l'information que j'ai eue, selon les
personnes, de mon côté, qui ont eu à prendre connaissance
de différentes remarques que le Barreau du Québec a fait parvenir
au gouvernement, il paraît que c'est les remarques les plus
sévères que le bâtonnier ait fournies au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, en novembre dernier,
sur les conséquences de l'application de sa loi spéciale.
Je ne demande pas au ministre de ramener sa loi spéciale.
Ce n'est pas ça que je demande. Je lui demande de
réinscrire dans la loi 23, pour une plus grande clarté, pour,
justement, empêcher des groupes de producteurs de se retrouver devant les
tribunaux... Que le ministre l'interprète comme il voudra, les
producteurs n'ont pas voté pour cette loi-ci. Ce n'est pas pour
ça qu'ils ont voté, les producteurs. On est en train de tromper
les producteurs. Vous verrez: le ministre veut solutionner un problème;
on ne le solutionnera pas, vous allez en créer un autre. C'est
malheureux, parce que le rapport de médiation était quand
même accepté par une grande majorité - j'allais dire de la
population - des producteurs. Et là le ministre, au lieu de le
réinscrire intégralement dans la loi 23, il crée un
problème. Il va créer un problème, il va encore
recréer la discorde qui, malheureusement, a trop duré.
Donc, moi, M. le Président, je m'arrête ici.
Le ministre vivra avec les conséquences. Je regrette
amèrement de ne pas pouvoir participer davantage à solutionner un
problème que le ministre voulait solutionner lui aussi, mais qui va
empirer par son projet de loi 23.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Iberville, vous avez demandé la parole?
M. Lafrance: Oui, M. le Président, je retiens les paroles
de M. le député d'Arthabaska, à savoir qu'il veut essayer
d'éviter qu'on ne se retrouve à minuit sans avoir
progressé avec l'étude du projet de loi. Je remarque aussi qu'il
y a plusieurs répétitions et qu'on revient constamment sur les
mêmes éléments. En conséquence, j'aimerais proposer
l'adoption de l'article 14.
M. Baril: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: J'aimerais ça entendre ma collègue de
Terrebonne, qui représente une partie importante dans tout ce
débat, et une partie de la population, pour ne pas dire l'ensemble de la
population des consommateurs. On est en train de vouloir leur passer quelque
chose sur le dos, puis ils n'auraient pas droit de parole. Personne ne les
écouterait, personne ne les entendrait. Je crois que le rôle du
député, c'est de représenter, ici, à
l'Assemblée nationale, ou de faire valoir les droits des personnes, des
citoyens et des citoyennes. Je vous demanderais de reconnaître la
députée de Terrebonne, qui aurait des réactions à
faire connaître au projet de loi 23.
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez,
j'aurais une demande de suspension de quelques minutes, s'il vous plaît.
S'il n'y a pas d'objection, Mme la députée de Terrebonne, Mme
Caron, je vous céderai la parole dès que nous reprendrons le
travail. Une suspension de quelques minutes, pour des problèmes
techniques.
(Suspension de la séance à 22 h 4)
(Reprise à 22 h 14)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Avec joie, la commission reprend ses travaux.
Une voix: Avec joie. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Nous avions un petit peu
accroché à l'article 14. Je cède la parole à Mme
Caron, la députée de Terrebonne. Vous avec la parole, madame.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Avant que je quitte
cette commission pour aller faire un discours en Chambre sur la loi de
l'optomé-trie, j'avais signalé mon intention de parler,
évidemment, sur ces articles. Mais je traiterai ensemble - je pense
qu'on ne peut pas les dissocier, tout comme l'a fait mon collègue
d'Arthabaska - les articles 14,16 et 22.
Le ministre nous disait tantôt que son travail, c'était,
évidemment, d'entendre et de représenter les producteurs, et je
pense que vous comprendrez bien que le mien, à titre de porte-parole
officiel de la protection des consommateurs, c'est de faire entendre la voix
des associations de consommateurs et aussi, à titre de porte-parole des
corporations professionnelles, de faire entendre la voix des corporations
professionnelles puisque, sur le projet de loi 23, le bâtonnier s'est
prononcé - donc, une corporation professionnelle - et la
Fédération nationale des associations de consommateurs. Je vous
dis tout de suite, M. le Président, que je serai très
brève sur ce sujet.
Le bâtonnier avait exprimé, dès le
dépôt de l'avant-projet, ses craintes que la facture, finalement,
soit refilée au consommateur sans qu'il soit consulté dans le
rapport de médiation. Je pense que, ça, ça avait
été établi très clairement. Le ministre nous a dit
clairement que l'article 14 et l'article 16 que nous avons devant nous ont une
portée beaucoup plus générale que ce que présentait
l'avant-projet de loi 23. C'est une portée beaucoup plus
générale, donc le risque d'une facture pour le consommateur se
trouve à être augmenté.
On sait que l'article 22, à sa lecture... La Régie,
lorsqu'elle fixe le prix du lait par ordonnance, tient compte et de l'aide
financière de l'article 14 et de la contribution spéciale de
l'article 16; donc, elle tient compte de ces deux articles pour fixer le prix,
évidemment, les consommateurs vont être entendus - le ministre
nous l'a dit - mais on va tenir compte de ces deux éléments. La
Fédération nationale des associations de consommateurs,
lorsqu'elle avait déploré le fait de ne pas être entendue,
avait mentionné qu'on venait changer, finalement, les augmentations du
prix du lait, puisque, avec la loi actuelle, les augmentations du prix du lait
sont à partir des coûts de production, et ces coûts de
production excluent, entre autres, la valeur des quotas. Mais, par les nouveaux
articles que nous avons devant nous, on va maintenant fixer les augmentations
du prix du lait de consommation à partir des coûts de
restructuration de l'industrie, et non pas seulement des coûts de
production. Et c'est ce que permettent les articles 14,16 et 22.
On sait également que, dans son argumentation, la
Fédération nationale des associations de consommateurs avait dit
qu'elle aurait souhaité, bien sûr, être entendue, mais
qu'elle aurait souhaité davantage une solution de
rééquilibrage,
au niveau de la valeur des quotas, à plus long terme que les cinq
ans qui étaient prévus. Et, concernant le mécanisme de
compensation, finalement, on aurait préféré que cette
mesure compensatoire parte d'un fonds qui proviendrait de l'État
plutôt que par une augmentation des coûts aux consommateurs.
L'argumentation était très simple, M. le Président.
C'est que, finalement, le pouvoir d'achat des familles à faibles revenus
- et on sait que le lait, c'est un aliment essentiel - est beaucoup plus
faible, et toute augmentation du prix du lait sur ces consommateurs,
évidemment, ça peut être quelque chose d'assez difficile
à supporter. Alors que, lorsque la compensation financière
provient de l'État, elle est répartie, finalement, et ça
touche moins directement les ménages a faibles revenus.
C'étaient les commentaires que je souhaitais apporter à ce
point-ci, M. le Président, pour mentionner que les consommateurs
étaient bien conscients, tout comme le bâtonnier, qu'on ouvrait la
porte à des augmentations, non seulement des coûts de production
mais des coûts de restructuration. Et, puisque le ministre nous a dit que
la portée de 14 et de 16 était beaucoup plus grande - c'est un
cadre général - ça peut ouvrir la porte à une
succession d'augmentations de coûts pour les consommteurs. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Terrebonne.
M. Picotte: M. le Président, je dois dire, bien sûr,
à Mme la députée de Terrebonne, que je n'ai jamais entendu
aussi bien expliquée l'économie du projet de loi en
général. Je pense qu'elle a compris. Je pense que c'est un bijou
d'explication, M. le Président. Je dois lui rendre hommage, oui, de ce
côté là. Elle a exactement compris ce que c'est que la
philosophie, et on aurait intérêt, tous autant que nous sommes,
à s'en inspirer pour bien comprendre ce que c'est que la philosophie.
Donc, là-dessus, je pense, madame, que c'est exemplaire, ce que vous
avez expliqué, en termes d'économie du projet de loi, et je pense
qu'il n'y a pas un iota à retirer de ça.
Maintenant, dès le départ, pour répondre à
votre question, j'avais initié... Dès la première fois
qu'on m'a posé la question, à savoir si le gouvernement ne
pourrait pas, à même les fonds publics, intervenir
là-dedans, j'ai rejeté ça du revers de la main, parce que
je dis que ce sont les consommateurs de lait, les consommateurs de produits
laitiers qui font en sorte qu'avec leurs changements d'habitudes ils viennent
aggraver un problème du côté d'un surplus de gras. Donc, il
faut trouver une façon de régler ça via le
consommateur.
Maintenant, moi, ce que je souhaiterais beaucoup plus des consommateurs
- et je vais faire appel, bien sûr, aux consommateurs - c'est s'ils
voulaient travailler avec nous, du gouvernement, pour éliminer cette
maudite ristourne-là, de 0,14 $, 0,15 $, 0,16 $ pour avoir une meilleure
place sur les tablettes. Là, on a un point à faire. Je vous
promets que je vais m'attaquer à ça. La prochaine chose que je
ferai au ministère, ce sera de m'attaquer à ça, pour
casser ce système-là. Ça n'a aucun maudit bon sens, et
ça vient faire en sorte que les producteurs sont
pénalisés, dans le sens que les gens ont l'impression que c'est
le producteur qui va aller chercher un gros montant d'argent. Et c'est
ça que disait Jacques Proulx, justement. Ça n'a pas de bon sens
de donner cette image-là. Le producteur, lui, qu'il ait une meilleure
visibilité sur la tablette, ça ne lui donne pas une maudite cent
de plus dans ses poches. Donc, ça, c'est le deuxième point auquel
je vais m'attaquer. Je ne sais pas comment je vais prendre ça; s'il faut
que je le fasse par loi, M. le Président, je le ferai par loi. S'il faut
que ce soit spécial, ce sera spécial, mais je prendrai la
façon pour tâcher de protéger les gens, pour aller aussi
arrêter le cancer où il est, et mettre les vrais problèmes
à leur place. Et de un. (22 h 20)
On sait très bien que ça va prendre quelque chose de fort
pour faire ça, parce que, juste défendre à nos usines de
le faire chez nous, ça ne donnera rien. Si Sealtest de l'Ontario vient
le faire au détriment des nôtres, ils vont faire crever les
nôtres, en plus. Je ne sais pas ce que j'imaginerai, mais je pense que le
consommateur a aussi à frapper fort sur ce point là.
Et l'autre point, M. le Président, comme je le disais, compte
tenu qu'on est encore les plus bas - malgré que ce serait encore mieux
d'être encore plus bas que ça; si on éliminait les
ristournes, on tomberait peut-être les plus bas de toute la chaîne,
à travers les provinces - bien, ça va nous permettre,
évidemment, d'équilibrer ça. Je regrette, parce que, bien
sûr, si l'État avait été en mesure de
défrayer une partie des coûts, peut-être qu'on n'aurait pas
directement touché à une catégorie de consommateurs, mais,
ça, j'ai rejeté ça à cause du point important, au
départ, que ça nécessitait pas mal de piastres. Et je
voulais, évidemment, que le consommateur, ce soit lui qui
défraie, finalement, à cause de la situation
budgétaire.
Je termine en disant un point, cependant. Je sais que, sur cinq ans,
là aussi, on peut... Dans le fond, quand j'ai travaillé avec ces
comités du lait de transformation et du lait de consommation, si j'avais
écouté les transformateurs, il aurait fallu que ça se
règle dans la même année. C'est encore une affaire de
compromis qui est intervenue, sur cinq ans. Dans le fond, ce que j'entends
comme discours - et, l'autre fois, ce que j'ai entendu comme discours, à
la défense de M. Bernier ou, aujourd'hui, à la défense de
M. Blais, ou quoi que ce soit - c'est deux extrêmes: dans le fond, eux
autres, trouvent
que ça ne va pas assez vite pour l'opposé. Et c'est
là que se situent, évidemment, les gens qui sont moins d'accord.
C'est qu'à l'opposé il y en a qui trouvent que ça va trop
vite, et d'autres qui trouvent que ça ne va pas assez vite. Dans le
fond, c'est ça, la situation, et c'est pour ça qu'on a choisi
cinq ans comme compromis. Ce n'est pas une formule parfaite, mais c'est une
formule de compromis.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Très
brièvement. Je suis très heureuse d'entendre le ministre nous
dire qu'il va s'attaquer, en fait, au vrai problème. Vous vous
souviendrez, au niveau des remarques préliminaires, on l'avait dit, et
les consommateurs sont d'accord. Le problème, il est vraiment au niveau
des ristournes, et nous sommes d'accord. J'ai toujours dit - et je l'ai dit au
début, aux remarques préliminaires - que c'est à
l'avantage des producteurs et des consommateurs d'aller percer l'abcès
là où il est. Il est vraiment là. Et, puisque vous nous
dites que c'est votre prochain engagement, alors, je vous avoue que, pour les
consommateurs, ça serait vraiment régler le vrai
problème.
M. Picotte: J'en ai parié, d'ailleurs, à date, avec
un de nos ex-collègues à nous, qui était ici avant, Me
Yves Duhaime, qui était député de la belle région
de la Mauricie, qui est maintenant rendu avec NATREL On a passé une
bonne partie de l'avant-midi ensemble pour regarder toute cette
problématique-là et, entre autres, on a parié du
problème des ristournes. Et on se questionne, à savoir comment on
le fera, finalement, parce qu'on dit... Que je sois capable, à un moment
donné, de prendre une situation pour empêcher les usines du
Québec de le faire, je pourrais le faire, d'une certaine façon,
mais je ne serais pas capable d'empêcher les usines de l'extérieur
de venir mettre leurs produits et, eux autres, de venir chercher la concurrence
de ces usines-là. Donc, là, je suis en train de me creuser les
méninges, mais il faut à tout prix percer cet
abcès-là. Ça va être autant de gagné, et les
gens vont finir par comprendre que le producteur de lait, ce n'est pas vrai que
c'est lui qui est si gourmand que ça, quand on vend un litre de lait. Il
faut toujours bien mettre les priorités aux bonnes places, aussi.
Et voilà! Mais, bien sûr, c'est une formule de compromis,
dans le fond, et elle n'est pas parfaite. J'aurais peut-être
souhaité autre chose que ça, mais c'est ça qui arrive,
comme compromis, et je pense qu'il faut satisfaire déjà à
quelque chose qui pourrait ou qui va devoir ramener la paix, évidemment,
dans cette industrie-là, pour l'économie de l'industrie.
Le Président (M. Richard): Alors, main- tenant, mesdames,
messieurs, est-ce que l'article 14 vous intéresse toujours?
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 14 est
adopté sur division. Nous passons à l'article 15.
M. Picotte: 15, M. le Président. L'article 101 de cette
loi est modifié par l'insertion, dans la première ligne et
après le mot «office», des mots «en vertu de la
présente loi».
Tantôt, l'explication a été donnée par Me
Prégent, en conformité avec les articles 9 - si je me rappelle
bien - 15 et un autre article, pour dire qu'on utilisait «en vertu de la
présente loi» pour ne pas que ça soit
répétitif, M. le Président. Alors, j'ai,
évidemment, la même explication qu'on a donnée lorsqu'on
est arrivé à l'article 13, qu'on est ailé donner les
explications pour dire que, tout ça, ça se tient.
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 15, adopté.
Nous appelons l'article 16. M. le ministre.
M. Picotte: Là, je voudrais... 15 est adopté,
là?
Le Président (M. Richard): Oui, oui.
M. Picotte: Je voudrais introduire maintenant un nouvel article.
On ne l'avait pas passé, ça? Est-ce qu'on en a d'autres à
passer? J'aimerais ça qu'ils aient ça d'avance.
D'abord, on va vous le passer, M. le Président, s'il y a moyen de
faire distribuer ça, là.
Le Président (M. Richard): Donc, un nouvel article 15.1,
M. le ministre.
M. Picotte: Oui, ça serait 15.1, M. le Président.
Nous allons le lire ensemble: Insérer, après l'article 15,
l'article suivant - malgré que, vous le verrez, là, ce n'est pas
contentieux le diable. «15.1 Cette loi est modifiée par
l'insertion, après l'article 102, du suivant: "102.1 La Régie
fait publier tout règlement visé au paragraphe 1° de
l'article 71 dans un journal agricole de circulation générale sur
le territoire où s'applique le plan conjoint concerné, dans les
30 jours de la publication de ce règlement à la Gazette
officielle du Québec "»
Alors, vous vous rappelez qu'à l'article 9 on avait parié
de ça, puis j'ai dit: Je suis prêt à regarder ça; on
va suspendre l'article 9 pour regarder ça pour voir si on ne peut pas
faire quelque chose qui pourrait être intéressant. Alors, en fait,
je propose... Ça répond à un
questionnement que nous avions.
M. Jolivet: C'est pour éviter «Waste
Management».
M. Baril: Pourquoi fait-on publier ça 30 jours
après la parution dans la Gazette officielle du Québec, 30
jours plus tard?
M. Picotte: Bien, c'est parce que les gens ont 30 jours, quand on
publie dans la Gazette officielle du Québec, pour nous faire des
remarques, donc...
M. Baril: Mais, là, il va être trop tard; ça
va être 30 jours après. Ils ne pourront plus faire de remarques,
ça va être 30 jours après que ça aura paru dans la
Gazette officielle du Québec.
M. Picotte: Oui, mais la remarque, elle se fait à
l'occasion... C'est la Gazette officielle du Québec qui est
l'organe officiel, M. le Président.
M. Baril: Oui, je comprends.
M. Picotte: dans le fond, c'est pour informer les gens de ce qui
s'est passé, m. le président, et non pas pour prendre la terre de
chez nous comme si c'était la gazette officielle du
québec.
M. Baril: M. le Président, je comprends que la bonne
volonté ou le geste peut être louable, mais si on publie ça
dans un journal de circulation générale sur le territoire
où s'applique le plan conjoint 30 jours après que ça sera
paru dans la Gazette officielle du Québec, quelle chance le
pauvre patient va-t-il avoir de faire des représailles, si toutefois il
juge que le règlement n'est pas satisfaisant ou s'il veut avoir des
modifications? Il va déjà être trop tard, parce que
ça va être publié, et le délai - je ne sais pas si
on peut dire - d'opposition va être écoulé.
M. Picotte: Ce n'est pas de la même façon, M. le
Président. D'abord, ça émane de l'office, ça a
été discuté en assemblée des gens concernés,
ça a été accepté par la Régie, et c'est pour
ça qu'on veut informer, après ça, le public. C'est pour
ça qu'on ajoute ça. C'est un mode d'information,
évidemment. (22 h 30)
M. Jolivet: Juste pour expliquer - je ne veux pas
répéter encore une fois, je ne le répéterai pas -
je pourrais vous dire que, quand j'ai envoyé l'article 8 à des
syndicats dans le milieu, ils n'étaient pas au courant que ça
avait été discuté, ça. Et, je vous le dis, le
projet de loi était devant nous autres, là. Moi, je pense qu'il y
aurait peut-être moyen de regarder. Je comprends que les mots «dans
les 30 jours de la publication», ça peut être le lendemain,
ça peut être concomitant, mais c'est un délai. Pourquoi,
à ce moment-là, on ne dit pas «dans les 10 jours»,
pour combler le besoin de mon collègue? Parce que, ce que je crois
comprendre, c'est qu'il va falloir ajuster la parution dans la Gazette
officielle du Québec avec la parution d'un journal agricole de
circulation générale. Mais, si je prends La Terre de Chez
Nous, en particulier, sa publication est à toutes les deux semaines,
si je ne me trompe pas?
M. Baril: À toutes les semaines. M. Jolivet: À
toutes les semaines.
M. Picotte: On me dit que la meilleure chose qu'on pourrait
faire, c'est 20 jours au lieu de 30 jours, parce que, évidemment, quand
on parle de La Terre de Chez Nous, si on arrive une semaine où il
est trop tard pour qu'il soit publié et que ça passe 15 jours
après, là, on ne satisfait plus à nos exigences de 10
jours.
M. Jolivet: On dit que c'est à toutes les semaines.
M. Picotte: Oui, ça arrive toutes les semaines, mais c'est
comme chez nous. Je peux arriver le vendredi pour dire: Le prenez-vous? On dit:
Non, on ne le prend plus. Ça ne passera pas le jeudi suivant, ça
va passer rien que l'autre jeudi. On est décalé de 10 jours,
puis, là, on ne satisfait plus à la loi.
M. Jolivet: C'est parce qu'on espérait qu'il y aurait une
coordination entre la parution dans la Gazette officielle du Québec
et l'autre.
M. Picotte: Oui, ils vont essayer de faire ça, mais on ne
mettra pas ça en obligation, parce que, là, ça remettrait
tout en cause. C'est pour ça qu'on dit «dans les 30 jours»;
ça pourrait être fait la semaine d'après. C'est pour
ça qu'on dit «dans les 30 jours».
M. Jolivet: Dans les 20 jours?
M. Picotte: Si vous voulez 20 jours, on va changer le nombre pour
«20», puis je vais le relire pour ne pas faire un autre
amendement.
Le Président (M. Richard): Si tout le monde est d'accord,
pour pas...
M. Picotte: On ne fera pas un amendement sur ça.
Le Président (M. Richard): Alors, vous changez
«30» pour «20», à l'avant-dernière ligne,
«dans les 20 jours de la publication de ce règlement à la
Gazette officielle du Québec.» Est-ce que ça va,
comme nouvel article, est-ce que ça vous convient?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 15.1...
M. Jolivet: On a gagné 10 jours, là.
Le Président (M. Richard): ...qui est un nouvel article,
est donc adopté.
M. Picotte: Tant qu'on ne jouera pas dans les demis d'ici
à minuit, pour faire 19 jours et demi!
Le Président (M. Richard): J'appelle l'article 16. M. le
ministre.
M. Picotte: Mais ça se trouve à régler
l'article 9, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 9, qui
avait été suspendu, est adopté de fait?
M. Picotte: C'est pour ça qu'il avait été
suspendu.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 9 est donc
adopté?
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): Article 9, adopté. Je
reviens...
M. Picotte: Donc, 9, adopté. 15.1.
Le Président (M. Richard): Nous revenons à
l'article 16, M. le ministre.
M. Picotte: 15.1 est adopté. Bon. L'article 16, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je vous félicite, vous
n'avez jamais été aussi rapide! Article 16, M. le ministre.
M. Baril: Vous sous-estimez notre capacité, M. le
Président!
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!
M. Jolivet: D'autant plus qu'il y a encore des gros os!
M. Picotte: Vous auriez dû m'en parler, M. le
Président. Je vous aurais convaincu qu'ils sont capables d'être
rapides quand ils le souhaitent.
Le Président (M. Richard): Ah, je le sais!
M. Picotte: Je travaille avec eux, moi, depuis longtemps.
Le Président (M. Richard): II y a une jurisprudence
là-dessus! Ha, ha, ha!
Contributions des producteurs visés par un plan
conjoint
M. Picotte: M. le Président, l'article 16, c'est:
L'article 123 de cette loi est modifié par l'addition, à la fin,
du paragraphe suivant: «7° imposer, à l'ensemble des
producteurs ou à ceux qui satisfont à certains critères,
une contribution spéciale pour l'application d'un règlement pris
en vertu de l'article 100.1 et pour respecter les obligations
contractées à l'égard du fonds spécial
établi pour l'application de ce règlement.»
L'assemblée générale des producteurs pourra imposer
une contribution spéciale pour la restructuration de l'industrie. Cette
contribution sera versée dans le fonds spécial créé
aux fins de versement de l'aide financière. La réglementation
régissant cette contribution et ce fonds devra être
approuvée par la Régie - ça va de soi. Et, bien sûr,
les mêmes notes explicatives se retrouvent à 14, qu'on a fait
tantôt, et c'est tout ça qui touche l'économie de
l'ensemble. Alors, M. le Président, je ne donne pas d'autres
explications que celle-là, parce que c'est ça, finalement.
M. Baril: Celle-là, M. le Président, je vais vous
dire que, pour moi, en tout cas, elle est «rough» en démon,
puis ça me fait mal au coeur de la voir passer. Puis toute
l'argumentation que j'ai développée tout à l'heure, je ne
veux pas la reprendre; je pense que j'ai été assez clair ou,
j'espère, en tout cas, que j'ai été assez clair.
Le Président (M. Richard): Vous avez été
clair, M. le député.
M. Baril: Oui?
M. Jolivet: Vous le pensez?
Le Président (M. Richard): Oui, oui, oui, vraiment!
M. Jolivet: J'espère, et je le souhaite, mais pas assez
clair pour être entendu puis être compris!
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!
M. Baril: J'allais dire: Est-ce que je vous ai convaincu, vous,
au moins?
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!
M. Baril: Vous avez le droit de dire oui ou non! Je ne sais pas
à quel article... Je ne sais pas si c'était à
celui-là ou à un autre, ou si le ministre voudrait... Parce qu'au
niveau du rapport
de médiation, il y avait un dixième point. Je le
répète, cette loi-là, même si c'est une loi-cadre,
tout le monde reconnaît que c'est pour régler un problème
dans le lait. Et, au point 10 du rapport de médiation, le groupe de
médiation s'engageait quand même à s'impliquer dans le
processus d'information et d'implantation, jusqu'à sa phase finale.
Les producteurs qui ont confiance - je ne dis pas qu'ils ne l'ont plus
ou qui ont eu confiance, en tout cas, au médiateur, pour certains, leur
confiance allait jusqu'à dire: Puisque ces personnes-là vont
s'impliquer jusqu'à la phase finale... En tout cas, c'était plus
rassurant, puis les gens disaient: On espère beaucoup.
Comment et où pourrait-on au moins ajouter ça? Le ministre
me dira que ce n'est pas facile, c'est encore une loi-cadre, mais c'est pour
ça que je dis que si on s'était référé
davantage au rapport de médiation, les deux articles dont on a
discuté, si on avait repris le libellé de la loi spéciale
ou le libellé des points 10 et 5 du rapport de médiation, on
aurait pu facilement inclure le point 10 dans ce projet de loi.
(Consultation)
M. Baril: Le point 9, on me souligne qu'il est très clair.
On dit: «La gestion de ce programme sera confiée à un
groupe indépendant de la Fédération des producteurs de
lait du Québec.» Donc, c'était davantage une assurance qui
était dans l'avant-projet de loi, tandis que, là, encore... Je ne
voudrais pas que mes mots laissent entrevoir que je présume de la
non-efficacité de la Fédération des producteurs de lait
pour appliquer ça, mais le ministre est conscient que, dans tout le
débat qui s'est fait, il y a eu des craintes ou différents doutes
- je n'ai pas les mots pour le dire exatement - au niveau de
l'efficacité de la Fédération pour faire appliquer des
formules. Pour rassurer des gens, on disait que la gestion de ce programme
serait confiée à un groupe indépendant de la
Fédération des producteurs de lait du Québec, tandis que,
dans la loi, encore une fois, on ne retrouve pas ça. Ça
renchérit sur ce que je disais tout à l'heure, que le ministre
m'a dit, au début, que j'étais en train de le convaincre, mais,
en dernier, il semblait se convaincre lui-même. Mais c'est un autre point
important sur lequel les producteurs se basaient ou se fiaient pour voir
à la réalisation du rapport de médiation, qu'on ne
retrouve pas dans la loi et qu'on avait inscrit dans l'avant-projet de loi.
M. Picotte: M. le Président, je suis obligé de
donner les mêmes explications que tantôt: c'est une loi-cadre.
Maintenant, pour ne pas ternir notre amitié mutuelle, M. le
Président, je vais demander à mon sous-ministre de faire une
tentative d'explication de ce que j'ai dit tantôt et qui, je le souhaite,
pourra rassurer le député d'Arthabaska. Sinon, on sera
obligé de voter et de se comporter de la même façon que
tantôt. Alors, M. Lavoie.
M. Lavoie (Jean-Yves): En ce qui concerne l'article 16, comme M.
Picotte vient de le mentionner, je ne pense pas que j'aie à revenir sur
la justification d'une loi-cadre, mais j'aimerais parler un peu plus de la
justification de l'article 16 lui-même. À 14, on a permis à
la Fédération de se doter d'un fonds de restructuration. Si on
applique ce projet de loi-cadre au secteur laitier ou au dossier qui nous
intéresse, on lui donne le pouvoir de créer un fonds. À 22
- j'y vais dans l'ordre chronologique - la Régie va tenir compte de
cette volonté-là lorsqu'elle émettra une ordonnance sur le
prix du lait nature. Et à 16, on donne le pouvoir à la
Fédération d'aller chercher ce que la Régie a
accordé à 22 pour financer le fonds, parce qu'il faut se rappeler
qu'on n'a pas amalgamé dans le rapport de médiation les deux
pools de lait. Donc, ce qui sera inclus comme prélevé ou retenu
ou comme supplément extraordinaire au prix du lait nature appartiendra
techniquement aux gens du pool I. Il faudra, pour financer le fonds,
créer à 14 un prélevé voté ou
réglementé par la Fédération, et c'est ce qu'on
vient faire à 16. Comme le disait madame, tout à l'heure, les
trois sont interreliés.
M. Baril: Ça, M. le Président, je pense
qu'on avait compris tout ça. Je pense que c'est assez clair. Mais,
là, je ne parie pas de la même chose.
M. Picotte: C'est ça que ça dit, l'article. (22 h
40)
M. Baril: Non, non, non. Un instant, là! Le point 9 du
rapport de médiation dit: «La gestion de ce programme...» Le
programme, justement, le fonds qui sera créé - on parie du
programme, mais c'est le fonds qui sera créé, et on le dit ici,
c'est 25 000 000 $ - pour financer... en tout cas, sera financé... Un
fonds sera créé à partir de l'augmentation du prix du lait
du pool I pour indemniser ou compenser les producteurs qui ont acheté du
quota durant les cinq années précédentes. On dit que la
gestion de ce fonds-là sera confiée à un groupe
indépendant de la Fédération des producteurs de lait du
Québec. La loi qu'on a devant nous, elle autorise la
Fédération à créer ce fonds-là par des
demandes qu'elle fera en assemblée générale, et qu'ils
iront justifier devant la Régie, tout ça. Ça, là,
c'est tout clair. Mais, pour toutes sortes de raisons, comme je vous le dis,
que je n'aimerais pas trop expliquer parce qu'il y en a assez qui ont les
oreilles frileuses sur ce que je dis, je ne voudrais...
M. Picotte: Vous ne pariez pas pour moi, là.
M. Baril: Non, non, non. Ceux qui se
sentent visés ont compris. Je l'ai dit tout à l'heure, les
gens, les producteurs dans le champ, en tout cas, avaient des doutes sur le
fonctionnement de la Fédération. Et, encore une fois, ce n'est
pas moi qui le dis. Il y a eu tout un débat qui a été
fait, entourant la problématique des deux laits, et, pour rassurer le
monde, on avait dit - Les médiateurs; moi, je n'étais pas
là, je lis le rapport. Eux autres, ils disaient: Pour rassurer tout le
monde, ce fonds-là, il ne sera pas administré par la
Fédération, il va être administré par un groupe
indépendant de la Fédération des producteurs de lait. Ce
n'est pas moi qui dis ça. Je lis textuellement ce qui est écrit.
C'était la volonté du monde, et c'était la volonté
des médiateurs pour rassurer les gens sur un doute possible qu'ils
pouvaient avoir... pas un doute possible, un doute qu'il y avait là.
Là, on ne retrouve pas ça dans le projet de loi. Et c'est
pour ça que je vous dis, M. le ministre, que les producteurs dans le
champ, l'assurance qu'ils avaient eue par le biais du rapport de
médiation et toute leur foi et leur croyance, et appelez ça la
confiance qu'ils avaient mise dans ça et leur volonté de faire
des compromis de part et d'autre, je vous dis, M. le ministre, ça ne les
aide pas. Ça n'aide pas, le fait qu'on ne retrouve pas dans le projet de
loi ce que les gens ont voté, ce pour quoi les gens ont voté. Je
voudrais bien que le ministre comprenne que je ne cherche pas le trouble,
j'essaie d'en évite;, des problèmes.
Le Président (M. Richard): M. le sous-ministre, M. Lavoie,
vous avez la parole.
M. Lavoie: Pour avoir suivi d'une façon très
assidue tout le déroulement de l'exercice de médiation, je peux
dire que vous avez parfaitement raison sur la méfiance ou la
réticence de certains groupes de producteurs envers d'autres groupes de
producteurs. Et ceci, à mon avis, n'est pas vrai seulement à
propos du point 9 sur la mise en place du fonds d'indemnisation aux producteurs
du pool I, mais sur l'ensemble du rapport. Et je pense, entre autres, au point
5, qui est sans doute le plus déterminant, celui qui aura le plus
d'impact sur la rencontre des deux groupes de producteurs. Ce point-là,
comme les huit autres, puisque vous en avez mentionné deux, sur les huit
autres points du rapport de médiation, on n'en parle pas dans le projet
de loi qui est ici, parce que les huit autres points pouvaient tous être
mis en oeuvre par la Fédération dans le cadre de la loi actuelle.
Et c'est pour respecter, encore là, l'économie de la loi qu'on a
tout simplement ajouté dans le projet de loi les modifications
législatives nécessaires pour donner à la
Fédération le pouvoir d'appliquer 8 ou 9, ou la fin de 5, en
1996. Mais, tout le reste, la méfiance dont vous parlez, vous avez
raison, elle existait. Et, pourtant, si on prend les autres points,
malgré la méfiance, malgré l'ab- sence de
référence à ces autres points-là dans le projet de
loi, ils sont en oeuvre, ils sont en application.
M. Baril: Ça, je comprends ça. Mais pourquoi les
producteurs... Je ne dirai pas que les producteurs ont exigé, ils n'ont
rien exigé des médiateurs, mais pourquoi les médiateurs
ont-ils cru bon, ont-ils jugé bon, justement pour apaiser cette
méfiance ou diminuer cette méfiance, de dire aux producteurs...
Remarquez que je ne sais pas comment ils l'ont expliqué, comment ils
l'ont dit, mais si je lis ce qui est écrit ici, ils ont dit aux
producteurs: Pour vous rassurer sur l'application - quand même, c'est 25
000 000 $, là, pour créer un fonds; ça commence à
être du bacon, un peu - ça ne sera pas la Fédération
qui va administrer ça. On va avoir un groupe indépendant. Je ne
sais pas d'où il viendra, moi, ce n'est pas mes troubles, mais un groupe
indépendant de la Fédération va administrer ce
fonds-là.
Donc, je comprends, là, que les autres articles du rapport de
médiation, de 1... J'ai mentionné, moi, 5 à 9; ça,
j'ai compris ça. On ne parle pas de la même chose. Mais, sur un
cas bien particulier, bien précis, on avait dit que la gestion du
programme serait confiée à un groupe indépendant de la
Fédération des producteurs de lait. C'était clair, et vous
le reconnaissez qu'il y avait cette méfiance-là dans le
milieu.
Bon, là, dans ce projet de loi là, qu'est-ce qui va dire
aux producteurs... Qu'est-ce qui va apaiser cette méfiance-là de
la part des producteurs, dans la loi, puisqu'on dit que c'est la
Fédération qui va l'administrer? C'est ça. C'est vrai
qu'elle a un pouvoir. Dans le rapport, les médiateurs le savaient aussi
que la Fédération avait un pouvoir de l'administrer. Ça,
c'est indéniable. Mais, malgré ça, ils ont dit, tout en
reconnaissant qu'elle avait un pouvoir, que ça allait être
indépendant. Un groupe indépendant allait s'occuper de
ça.
M. Lavoie: La principale justification à la recommandation
de confier l'administration du programme à un tiers n'était pas
pour assurer la mise en oeuvre du programme mais pour s'assurer que les
modalités d'admissibilité, les définitions des types de
transactions - par exemple, les transactions entre père et fils ou
père et fille, les transactions ou les participations à du
capital-actions dans une entreprise - soient considérées de
façon adéquate ou objective. Parce que ce n'est pas le groupe
tiers dont on parle à la fin du point 9 qui va déclencher la mise
en place du programme ou qui va faire passer à la
Fédération les règlements le déclenchant, c'est
seulement ce groupe-là. Et il sera mis en place seulement pour s'assurer
que les modalités d'application sont faites de façon comptable ou
de façon «le plus en bon père de famille» possible.
Et, ces définitions-là, il n'était
pas possible d'en parler ou de les faire au moment de la
médiation.
M. Baril: En tout cas, ce que je vous dis, ce que je
répète, c'est que, là, on ne parle pas des
«gukJis», à savoir qui va avoir droit à ça.
Puis, ceux qui, lors d'un transfert de ferme, ont eu le quota global, est-ce
qu'eux autres vont avoir le droit d'être indemnisés ou bien si
c'est juste ceux qui ont acheté des parties bien complètes de
quotas pour augmenter leur pourcentage? Bon, ça, c'est une chose.
Mais, ici, on dit que la gestion de ce programme sera confiée...
La gestion, ce n'est plus... C'est le programme d'indemnisation, là. Je
ne veux pas répéter, lire l'article 9, vous le connaissez, je
pense, autant que moi, et je ne veux pas perdre du temps pour rien, mais c'est
pour administrer un programme de 25 000 000 $ durant 5 années. Et c'est
ce programme-là dont on disait qu'il serait administré par un
groupe indépendant. Ce groupe indépendant là, ça ne
sera pas uniquement pour dire qu'on va définir qui a droit, qui va
être indemnisé. C'est pour la gestion des programmes. La gestion
des programmes.
M. Picotte: selon l'esprit du rapport, m. le président, la
gestion, ça veut dire que c'est le comité qui va décider
qui est admissible au programme. c'est ça que ça veut dire, dans
le fond. c'est ça, l'esprit du rapport.
M. Baril: On dit: La mise en place d'un programme d'indemnisation
par les producteurs détenant, etc. Je pense qu'on coupe au couteau assez
vite, là. En tout cas, M. le Président, je vous le dis, le
ministre vivra avec ses problèmes. Mais je trouve ça de valeur -
je vous le dis, là, honnêtement - qu'on ne soit pas capable de
faire une loi plus claire, qui réponde aux voeux puis aux souhaits de la
population, aux voeux et aux souhaits des producteurs. Ils ont voté sur
une affaire, et là, dans une loi, on dit une autre affaire. Ce n'est pas
clair, puis je trouve ça de valeur, je trouve ça de valeur.
Il me semble que les producteurs, l'automne passé, ont fait un
bel effort pour régler le problème. De bonne foi, ils ont dit:
C'est correct; on est tannés et on est écoeurés de voir
deux groupes ou trois groupes - parce que, des fois, il y en avait trois, puis,
des fois, il y en avait quatre - se retrouver avec chacun son avocat a la Cour
supérieure, et ici et là. Ils ont dit: On va mettre fin à
ça, mais on va voter sur ce qu'on nous a proposé, qu'on trouve
acceptable, puisque ça a été voté avec les
pourcentages que l'on connaît. Bon. (22 h 50)
Puis, là, on arrive avec une loi, je le répète, qui
n'est pas claire. Je trouve ça triste d'induire les producteurs en
erreur. Un référendum, oui, c'est démocratique, je l'ai
dit et je le répète. Je ne veux nullement contester la tenue du
référendum, mais j'aurais aimé qu'on respecte ce
référendum. Cest ça que je trouve difficile et lourd: ne
pas être capable de traduire dans la loi ce pour quoi les
producteurs ont voté.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, avec tout le respect que j'ai
pour les juristes, bon Dieu! il me semble qu'en doit être capable de
faire des lois pour que le monde ordinaire comprenne aussi, qu'il soit capable
de les lire, les lois, qu'il ne soit pas obligé encore de partir avec
des avocats et de dire: Interprète-moi ça, toi, qu'est-ce que
ça veut dire, ça? Vous savez d'avance ce que les avocats vont
dire. Il y en a un qui va dire une chose, et l'autre va dire que ce n'est pas
ça pantoute. Ça va faire quoi? Ils vont se retrouver devant les
tribunaux. C'est ça que j'essaie de faire comprendre. Le monde
ordinaire, le ministre devrait se rendre compte, H me semble, qu'on est capable
de leur faire des lois, maudit! que les gars puissent lire ça et dire:
Oui, c'est correct, c'est ça que ça comprend. On a fait un
rapport simple, ici, et les gens ont compris. Les gens l'ont compris, ce
rapport-là, et la grande majorité a voté oui. Comment se
fait-il qu'on ne soit pas capable de traduire ce rapport-là dans un
projet de loi?
M. Picotte: M. le Président, écoutez, je n'aime pas
ce que je vais dire, mais je suis obligé de le dire. C'est
lui-même, le député d'Arthabaska, qui l'a dit, d'ailleurs;
je peux le répéter. Il a demandé au bâtonnier de se
prononcer sur la loi spéciale qu'on a déposée en Chambre.
Là, parce qu'on ne ramène pas la loi spéciale - le
bâtonnier nous a dit que c'était mieux de ne pas l'utiliser comme
ça - il nous dit: Mais pourquoi ne faites-vous pas la loi
spéciale? C'est vous-même qui avez demandé au
bâtonnier, et le bâtonnier nous a dit de ne pas la prendre.
Aujourd'hui, ne plaidez pas pour ça.
M. Baril: On charrie, mon cher ami.
M. Picotte: Je ne charrie pas, M. le Président, c'est
ça. C'est vous-même...
M. Jolivet: On est en agriculture, les charrues marchent.
M. Baril: M. le Président, la lettre du bâtonnier,
c'était, je vais vous dire, une réprimande sévère,
parce qu'on disait - encore une fois, je ne veux pas la lire toute; le ministre
l'a lue, et je ne veux pas prendre du temps pour rien - entre autres, dans la
loi spéciale, qu'on enlevait le droit aux producteurs d'aller devant les
tribunaux. Il y avait déjà des causes pendantes devant les
tribunaux, et on disait: Nous autres, les petits gars, on ne veut rien savoir.
On a enlevé ça, ce droit-là. Je vous le dis, je ne suis
pas avocat, tout le monde le sait... Dans la loi spéciale, c'est sur
ça, entre autres, que le
bâtonnier a dit: Ça n'a pas de bon sens!
Après ça, il y avait un autre item, au niveau des
consommateurs. Le bâtonnier disait: On devrait peut-être, au lieu
de... Bon, c'est ici: «N'y aurait-il pas lieu de publiciser
l'avant-projet de loi et d'inviter les associations de consommateurs à
venir en débattre dans le cadre d'une commission parlementaire?»
Ici, on disait: «Cependant, l'article 6 de l'avant-projet de loi fait en
sorte que la clause privative s'applique aussi à la
Fédération des producteurs de lait du Québec et au
comité créé en vertu du deuxième alinéa de
l'article 2. Cela est surprenant et susceptible de créer un dangereux
précédent.» Moi, je ne dis pas que, pour tout le projet de
loi, le bâtonnier a dit: Déchirez-moi ça. Il a dit que
c'était sur des articles bien précis. Puis le ministre ne peut
pas dire que j'invente quelque chose. Dans sa loi spéciale - qui a
été répétée dans son avant-projet de loi,
puisqu'il n'a pas pu déposer son projet de loi spécial -
l'article 2 est très clair, et il reprend intégralement ce qui
est écrit dans le rapport de médiation. Il y a un autre article,
dans l'avant-projet de loi, qui reprend aussi exactement tes mêmes
définitions, Jes mêmes expressions qu'il y a dans le rapport de
médiation.
Là, qu'il ne vienne pas me dire que j'ai dénoncé la
première loi et que je dis que le bâtonnier leur a reproché
tout ça. Il y a des articles de loi dont on n'a pas parié. Le
bâtonnier a pris position uniquement sur des articles qui, juridiquement,
créent des précédents dangereux. Je vois ici: Le respect
du processus judiciaire est attaqué, est atteint, n'est pas
respecté, etc.; atteinte au principe de non-rétroactivité;
application combinée des articles 2 et 5 à l'égard du
consommateur; limitation du droit du judi-ciable. C'était ça que
le bâtonnier disait.
Je ne voudrais pas que le ministre vienne dire, pour essayer de trouver
sa défense, ne pas être capable d'écrire simplement dans
une loi ce que les gens ont compris simplement. Ce que des personnes ont
été capables d'écrire, dans un rapport que les gens
pouvaient comprendre, ils ont été capables de l'écrire
simplement. Pourquoi, encore, écrit-on des choses dans une loi... Les
parties vont aller voir des avocats, puis vont dire: C'est quoi? Qu'est-ce que
ça veut dire, ça? Ça va être
interprété. C'est juste ça que je veux dire au ministre.
Pourquoi ne se donne-t-on pas la peine d'écrire clairement dans cette
loi-là ce pour quoi les gens ont voté? Ça n'a pas de bon
sens!
M. Picotte: Le député d'Arthabaska sait très
bien - ne nous contons pas de romances, ne nous faisons pas d'accroires,
regardons-nous dans un vrai miroir - lui comme moi, M. le Président, que
peu importe ce qui serait écrit dans le projet de loi... Le but, ce
n'est pas d'écrire quelque chose qui va empêcher le monde d'aller
devant les tribunaux, parce que, là, on se retrouverait à ce qu'a
dit le Barreau. Donc, ça, c'est le but premier. On ne
répétera pas quelque chose qui pourrait empêcher le monde
d'aller aux tribunaux, pour avoir les mêmes remarques. Et de un.
De deux, eh bien! le député d'Arthabaska aura beau faire
le discours qu'il voudra, il sait très bien, M. le Président, que
les irréconciliables, les deux groupes irréconciliables - il faut
appeler les choses par leur nom - le groupe Bemier puis le groupe Blais, les
irréconciliables, vont choisir la virgule mal placée pour aller
devant un tribunal. Rien que la virgule mal placée sera un objet pour
aller devant le tribunal. Donc, ne nous cassons pas les méninges pour
ça; disons-le simplement, puis ça va éviter d'y aller.
À plus forte raison, si on le dit simplement, c'est ça qui va
causer des problèmes pour aller devant les tribunaux. Il faut le dire
juridiquement pour être bien sûr que c'est inattaquable puis,
malgré que ce soit inattaquable selon la prétention de dizaines
d'avocats, ça va être attaqué pareil, fort probablement,
à cause que les irréconciliables ne sont pas
réconciliables, M. le Président, pour des raisons x, y, z.
Je ne dis pas autre chose, mais, moi, je dis que c'est comme ça
qu'on l'a fait, puis je pense bien qu'on refait le même débat
à 16 qu'on a fait à 14. On peut le faire, M. le Président,
mais je n'ai pas d'autres explications à donner que celles que je donne
là. Et, comme le dit si bien le député d'Arthabaska, je
suis prêt à vivre avec mon problème. Je vivrai avec mon
problème.
M. Baril: Voyez-vous, M. le Président, deux mots, deux
mots bien courts. Le sous-ministre reconnaît qu'il y avait une crainte au
niveau des producteurs. Il le reconnaît. Elle était fondée,
la crainte. Puis là on ne veut même pas réinscrire dans le
projet de loi une assurance pour apaiser cette crainte-là. En tout cas,
moi, l'article 16, M. le Président...
M. Picotte: m. le président, si le sous-ministre avait
juste ça à m'apprendre, je ne lui paierais même pas un
salaire pour qu'il reste sous-ministre, parce que je trouverais qu'il est
payé trop cher pour m'apprendre rien que ça. il n'aurait
même pas besoin de me le dire; je savais pertinemment, à
écouter les irréconciliables, qu'il y avait des craintes. je sais
ça, et j'espère qu'il ne gagne pas son salaire rien que pour
m'avoir dit ça, parce qu'il serait mieux de s'en retourner chez lui au
plus maudit!
M. Baril: Non. J'espère que le sous-ministre n'est pas
là pour dire juste ça au ministre, parce que le ministre avait
juste à lire le rapport de médiation; c'est marqué
à l'article 9, en toutes lettres.
M. Picotte: Ah oui! Bon! Bien oui! Ça n'avance pas plus.
Là, il faut avancer. C'est de
régler le problème; on prétend que la façon
dont on va le régler...
M. Baril: Surdivision, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 16 est adopté
sur division. J'appelle l'article 17.
M. Picotte: M. le Président, l'article 17, c'est:
L'article 124 de cette loi est modifié par l'insertion, après le
paragraphe 1°, du suivant: «1.1° un fonds spécial pour
l'application d'un règlement pris en vertu de l'article 100.1». La
même explication a été donnée à 14.
M. Baril: Surdivision.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle l'article 18.
M. Baril: Le ministre vivra avec les conséquences.
M. Picotte: L'article 18, M. le Président, c'est:
L'article 127 de cette loi est remplacé par le suivant: «Les
articles 101 et 102 s'appliquent aux règlements pris en vertu des
articles 123 et 126.»
Cette disposition précise la règle générale
concernant l'approbation par la Régie et la publication dans la
Gazette officielle du Québec de tous les règlements de
l'assemblée générale des producteurs relatifs à
l'imposition et au paiement d'une contribution exigée des producteurs.
La référence à l'article 124 de la loi est retirée
en concordance avec l'article 15 du présent projet de loi. C'est ce dont
on avait parlé antérieurement.
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 19.
M. Jolivet: On pourrait même faire ça sur
multiplication, au train où ça va. On multiplie les
divisions.
M. Picotte: 19, M. le Président. M. le Président,
je faisais le reproche à M. Prégent de ne pas avoir passé
les feuilles avant, mais on m'a dit qu'il avait parlé avec l'Opposition,
avant, de cet article-là. Donc, ils sont déjà
informés.
Le Président (M. Richard): Donc, on remplace l'article 19
par un autre?
M. Picotte: Je retire mes reproches, M. Prégent.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, nous
remplaçons...
M. Picotte: Mais je vois qu'il y a un changement de ministre,
parce que, dans le temps où M. Garon était ministre puis que
j'avais osé parler à un fonctionnaire, il avait dit au
fonctionnaire qu'il n'avait pas d'affaire à parler à
l'Opposition. Mais, vous, vous avez bien fait. Ça aide à la
compréhension du dossier.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, on remplace
l'article 19 par un nouveau?
M. Picotte: M. le Président, l'article 19... Qu'est-ce que
c'est ça, cette affaire-là?
Des voix: Ha, ha, ha! M. Picotte: Oui...
Une voix: Tout le monde en a excepté vous, M. le
ministre.
M. Baril: II faudrait que le ministre parle au président,
lui aussi.
M. Picotte: Je vous remercie d'en avoir parlé à
l'Opposition. Merci de m'informer à ce moment-ci.
M. Jolivet: C'est parce que, là, il ne faudrait pas faire
comme M. Vaillancourt: Qui a écrit mon discours?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Ne vous en faites pas, ceux qui me connaissent sont
capables de faire la différence.
M. Jolivet: O.K.
M. Picotte: Remplacer l'article 19 par le suivant, M. le
Président: L'article 131 de cette loi est modifié par la
suppression, dans les deuxième et troisième lignes, de ce qui
suit: «rendue en application de l'article 117».
En fait, nous proposions, dans le projet de loi, de modifier une
référence apparaissant à l'article 131 de la loi en
remplaçant le chiffre «117» par «118». Il s'agit
d'un problème de nature technique dans la rédaction des textes:
après examen, nos conseillers au ministère de la Justice croient
que cet article 131 serait beaucoup plus clair en y enlevant toute
référence à une autre disposition de la loi. Voilà
l'explication.
M. Jolivet: Donc, il n'est plus question de 117,118.
M. Picotte: Non.
M. Jolivet: C'est juste 117 qui est rendu en application.
M. Baril: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Donc, cet amendement-là,
qui est un nouvel article, est adopté. J'appelle l'article 20.
M. Baril: Ceux qui ne comprennent pas qu'on l'ait adopté
pourront toujours appeler le président de la Régie.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Puisqu'il nous l'a expliqué avant, ce
serait...
M. Picotte: Mais juste après que ce sera adopté
pour ne pas qu'on reproche à M. Prégent d'être en
conflit.
M. Baril: Ah! ça, M. le Président...
M. Picotte: 20, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 20.
M. Picotte: l'article 156 de cette loi est modifié par le
remplacement, dans la première ligne du premier alinéa, de
«des articles 154 et» par «de l'article». alors, c'est
pour retirer la référence à l'article 154, en concordance
avec l'article 15 qu'on a adopté. c'est de la concordance.
M. Jolivet: Adopté. (23 heures)
Le Président (M. Richard): L'article 20 est adopté.
J'appelle l'article 21.
M. Picotte: L'article 21, c'est: L'article 203 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la huitième ligne, du mot
«troisième» par le mot «premier».
Il s'agit d'une concordance avec l'article 7 du présent projet de
loi.
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 21 est adopté.
J'appelle l'article 22.
Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés
Dispositions diverses
M. Picotte: La Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés (L.R.Q., chapitre P-30) est modifiée par
l'insertion, après l'article 60, du suivant: «60.1 La Régie
tient compte, lorsqu'elle fixe le prix du lait par ordonnance en vertu du
paragraphe e de l'article 38, de l'application de tout règlement
concernant ce produit qui accorde une aide financière, impose une
contribution spéciale et crée un fonds spécial,
adopté en vertu de l'article 100.1, du paragraphe 7° de l'article
123 ou du paragraphe 1.1° de l'article 124 de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche (1990,
chapitre 13).»
Autrement dit, ça vient dire que la Régie, lorsqu'elle
fixe le prix du lait, tient compte de l'aide financière accordée
par un office de producteurs pour favoriser la restructuration de l'industrie.
Ça fait référence à tout ce dont on a
discuté et qu'on a adopté antérieurement. Ce
mécanisme complète les dispositions prévues aux articles
14, 16 et 17, dont on a discuté abondamment.
M. Jolivet: On ne va pas recommencer la discussion, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): C'est le voeu que nous
formulons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: ...essayer de convaincre encore, une dernière
fois.
M. Baril: M. le Président, est-ce que la Régie peut
utiliser ce même article-là pour régler d'autres
problèmes dans d'autres productions?
M. Picotte: M. Prégent dit non, et je dis non.
M. Baril: Bien. D'abord, est-ce que la Régie peut utiliser
ce même article pour régler d'autres problèmes qui
pourraient survenir dans le secteur laitier? On en a un, là, c'est les
deux laits. Tout à l'heure, ça pourrait en être un autre.
Je ne sais pas ce que c'est, moi.
M. Picotte: Non, M. le Président. M. Baril:
Pourquoi?
M. Prégent: La disposition, je pense, indique bien
à quelles fins l'amendement est apporté. On y dit que la
Régie doit, elle, tenir compte - et ça veut simplement dire
ça - de l'application de tout règlement concernant ce produit qui
accorde une aide financière, impose une contribution spéciale et
crée un fonds spécial adopté en vertu de l'article 100.1,
du paragraphe 7 de l'article 123, etc. Alors, on se réfère bien
spécifiquement à une application particulière.
M. Baril: À l'article 100.1, on dit bien: «Pour
favoriser la restructuration des conditions de production d'un produit».
On ne dit pas «la production laitière», on dit «d'un
produit». L'article 22 se réfère à l'article 100.1
qui dit «Pour favoriser la restructuration des conditions
de production d'un produit agricole, tout office peut», etc.
Donc, pour favoriser la restructuration de n'importe quelle production,
la Régie doit tenir compte du fonds qui aura été
créé, qui aura été décidé par cet
office de producteurs pour régler un problème. Puis, dans sa
décision d'augmenter les prix, il devra tenir compte de ça. Donc,
ma question est celle-ci: Ça ne veut pas nécessairement dire que
cet article ne s'applique pas pour régler des problèmes d'autres
productions? Puis, cet article-là, la Régie peut l'utiliser aussi
pour régler d'autres problèmes qui peuvent survenir dans le
secteur laitier, puis ce sera toujours le consommateur qui paiera, au bout.
M. Jolivet: Si je comprends bien, c'est la partie de la loi
spéciale qui est mise là?
M. Prégent: Bien, là, c'est parce qu'on ne touche
plus à la loi des marchés. On touche à la loi des produits
laitiers.
M. Jolivet: Je veux juste expliquer qu'il y a un autre article
comme ça dans la loi-cadre. Parce que, là, si on la regarde bien
comme il faut, la loi-cadre amène deux petits points spéciaux -
je la comprends comme telle - l'un sur les producteurs de bois puis l'autre
pour régler la question des deux laits. Dans la mesure où la
loi-cadre... C'est ça qui est le plus drôle, quand on la regarde
bien comme il faut. Elle est en même temps une loi qu'on appelle omnibus;
on touche à deux autres lois que la loi elle-même.
Je me souviens des discours faits par les gens d'en face, qui disaient
que les bills omnibus, c'était fini. On ne nous en passerait pas une
petite vite à la dernière minute. Mais c'en est un, là.
Oui, par les exceptions. Parce qu'une loi-cadre... Comment, par une
loi-cadre... On a des articles d'une autre loi, puis on essaie d'en passer une
petite vite à des consommateurs. C'est de ça que j'ai peur.
M. Picotte: Je comprends que le député de
Laviolette est peut-être bien moins familier. C'est par cette loi qu'on
fixe le prix du lait. C'est par cette loi-là. Un bill omnibus, tel qu'on
le connaissait dans le temps qu'eux autres étaient au pouvoir, c'est
qu'on profitait d'un bill pour amender n'importe quelle maudite autre loi, dans
n'importe quel domaine, y compris pour les chiens errants, M. le
Président. C'est ça, un bill omnibus.
M. Jolivet: Puis les vins dans les restaurants!
M. Picotte: Un instant, là! On va retourner à
l'école tous les deux, parce qu'on est habitués à
enseigner, mais on n'est plus des enfants d'école. C'était
ça, un bill omnibus. Mais c'est avec cette loi-là qu'on fixe le
prix du lait, puis qu'on parle du prix du lait. On ne parle pas d'un bill
omnibus pour changer les chandails du Canadien pour ceux des Nordiques.
Franchement!
M. Jolivet: On ne veut pas. Surtout pas Lindros!
M. Picotte: Oui, mais là...
M. Jolivet: M. le Président, je comprends ce que dit le
ministre, et j'ai bien compris le départ, mais ce n'est pas ça
que je voulais dire. Parce que, depuis le début, il nous dit: Nous avons
une loi-cadre. Une loi-cadre, normalement, doit fixer les cadres de toutes les
autres lois qu'elle va toucher ou de tous les problèmes qui peuvent
arriver. Mais, dans la loi-cadre, il y a deux petits articles passés en
vitesse, l'un pour régler le problème des producteurs de bois
avec l'AIFQ - sans vouloir répliquer puis rappeler ça
indûment - et un autre qui concerne le problème de refiler une
facture à quelqu'un qui s'appelle le consommateur. C'est rien que de
ça que je voulais faire mention, M. le Président.
M. Picotte: m. le président, le producteur transformateur,
il ne regarde pas juste le bois. il regarde la volaille. il regarde... c'est le
producteur transformateur, ça.
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Bien, c'est le producteur transformateur, c'est
ça. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Baril: On va revenir. On va revenir, si vous permettez, M. le
Président. On va revenir dans le lait pour ne pas faire trop
d'omelettes, en tout cas!
M. Picotte: C'est des oeufs! M. Baril: Hein?
M. Picotte: II ne faut pas trop casser des oeufs!
Le Président (M. Richard):...
M. Baril: Bonne idée! Merci, M. le Président, de
partager mon idée.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que, d'abord, on
pourrait demander à M. Prégent de répondre à
la dernière question que le député d'Arthabaska a
posée?
M. Baril: Ah! Il peut répondre à ma question, mais
je ne sais pas si c'est la dernière.
M. Picotte: Non, la dernière que vous avez posée.
Je n'ai pas dit «la dernière...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on se rappelle de la
question, oui?
M. Picotte: ...que vous devrez poser», j'ai dit «que
vous avez posée». Je suis un ancien professeur de français,
moi aussi!
Le Président (M. Richard): Alors, Me Prégent.
M. Picotte: De catéchèse, aussi!
M. Prégent: Pour tenter de répondre à cette
question...
M. Picotte: C'est prudent de dire «tenter»!
M. Prégent: Ha, ha, ha! Je n'ai aucune prétention,
n'étant pas professeur, moi! Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix:... Des voix: Ha,
ha, ha! Une voix: Follement!
M. Picotte: Vous comprendrez, M. le Président, ce que
voulait dire Me Prégent. C'est que, lui, n'est pas professeur, il est
seulement avocat. (23 h 10)
M. Jolivet: C'est parce qu'il y avait deux groupes que M.
Lévesque n'aimait pas trop, trop. C'étaient les professeurs puis
les avocats.
Mme Caron: Tout le monde voudrait bien être avocat, par
exemple!
M. Picotte: Voilà!
M. Prégent: Je pense, d'abord, qu'il n'est pas possible
que l'article 22 de ce projet de loi puisse s'appliquer à autre chose
que le lait. Ça, je pense que c'est évident en partant.
Même si on y fait référence à l'article 100.1,
où on mentionne, d'une façon générale, les produits
visés par des plans, il reste que cet article-là, qui modifie la
loi des produits laitiers, ne peut s'appliquer qu'au lait. Alors, ça ne
peut pas permettre à la Régie de se servir de cet
article-là pour, dans un autre plan conjoint que celui du lait, faire ce
que l'on dit dans cette disposition. Ça, c'est une première
question, je pense, qui est bien évidente.
Par ailleurs, ce qu'on peut faire en vertu de cette disposition-ci,
comme le dit justement, cette fois-ci, l'article 100.1, c'est qu'on peut
l'utiliser seulement pour les fins prévues à l'article 100.1, pas
pour n'importe quoi dans le lait.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron.
Mme Caron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Excusez, maître.
M. Prégent: Ce sont des questions de restructuration.
Mme Caron: C'est vraiment une question. Je pense que l'article
22, qui ajoute l'article 60.1 après l'article 60, dit bien que c'est
pour fixer le prix du lait; on s'entend. Sauf qu'on l'a mis là dans
l'intention de régler le problème actuel de la querelle du lait.
Est-ce qu'il pourrait y avoir un autre problème qui pourrait amener une
augmentation du prix du lait, et l'article 22 serait utilisé quand
même, pas pour un autre produit mais pour le prix du lait? On pourrait,
chaque fois qu'il y a un problème au niveau du prix du lait,
transférer la facture au consommateur, finalement.
M. Prégent: Je ne sais pas si j'ai la loi, la loi des
produits laitiers, pas loin... Ce n'est pas nouveau que la Régie puisse
fixer les prix du lait par un pouvoir d'ordonnance. C'est...
Mme Caron: Sauf que, là, elle va tenir compte de 14 et
16.
M. Prégent: ...là depuis très longtemps.
M. Jolivet: Sauf que l'État peut intervenir. M.
Prégent: De quelle façon?
Mme Caron: Sauf que, là, vous allez tenir compte de 14 et
16. Alors, est-ce que, pour régler...
M. Prégent: On y dit qu'on peut tenir compte de l'article
100.1, etc., pour les fins qui sont prévues dans ces
articles-là.
Mme Caron: Peu importe le problème... M.
Prégent: C'est les seules fins. Mme Caron: ...du prix du
lait. M. Prégent: Pardon?
Mme Caron: Peu importe d'où provient le problème du
prix du lait.
Une voix: Du secteur du lait. Mme Caron: Du secteur du
lait.
M. Prégent: II faut que ce soit, comme le dit l'article,
un problème de restructuration.
M. Baril: C'est autre chose. Ça veut dire que...
M. Prégent: Ça dit ce que la loi... J'allais dire:
Ça dit ce que la loi dit.
M. Baril: Oui, je comprends, c'est ça qui est notre
crainte.
Mme Caron: C'est ça.
M. Baril: Parce que, nous autres, on se dit: On veut
régler un problème. Parfait! Tout le monde est d'accord. Il
survient, malheureusement, un autre problème dans le secteur du lait
d'ici deux ans, trois ans. La loi dit: II faut faire ça, c'est une
loi-cadre, et on ne veut pas revenir avec une loi spéciale. Il survient
un autre problème dans le secteur du lait. La Fédération
fait une assemblée générale. Les membres décident,
par règlement, de créer un autre fonds ou un fonds pour
régler le problème. Elle s'en va devant la Régie, elle
demande encore une augmentation au niveau du prix du lait. La Régie
devra tenir compte de ce nouveau fonds - je vais l'appeler de même pour
notre compréhension - ou des besoins de la Fédération pour
créer ce nouveau fonds-là pour fixer le prix du lait au
consommateur. Donc, c'est toujours le consommateur, en bout de ligne, qui va
payer pour régler un problème. Comme le ministre le disait tout
à l'heure, je suis bien d'accord à l'effet de dire que le
consommateur en général a une part de responsabilité dans
les problèmes du lait, présentement, au niveau des habitudes de
consommation, mais, à un moment donné, il peut bien y avoir
d'autres problèmes qui surviennent et le consommateur n'a aucun rapport
avec ça; mais, là, c'est encore lui qui va payer. Donc, c'est
ça que je dis, moi. La Fédération peut créer un
autre fonds, et la Régie devra en tenir compte en vertu de l'article
22.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Bien, je vais attendre la réponse.
Le Président (M. Richard): Vous aviez une question dans le
même sens? Ça va? Maître.
M. Baril: Mais la loi permet ça.
M. Prégent: La loi dit bien toujours «pour une
restructuration». Quand on pense à la restructuration d'une
industrie, la restructuration de la production, même - je pense que la
loi le spécifie - ce n'est pas une chose, j'ai l'impression, qui se fait
tous les jours. Je veux dire, la restructuration de la production de toute une
industrie, ça ne se fait pas tous les jours. La loi dit qu'on en tient
compte. La Régie doit tenir compte de ce facteur-là, parmi
d'autres.
M. Baril: Ça, je comprends ça, mais...
M. Prégent: La Régie n'est pas obligée de
donner quoi que ce soit là-dessus.
M. Baril: Je suis d'accord avec vous, mais...
M. Picotte: Ce que dit, en clair, Me Prégent: II ne peut
pas y avoir deux, trois restructurations en même temps,
consécutivement, pour faire de la restructuration.
M. Baril: Ça, je sais ça, mais...
M. Picotte: Là, c'est chercher... Quant à
ça, on pourrait peut-être essayer de se forcer, tout le monde,
pour trouver une autre sorte de problème.
M. Baril: M. le Président, voyez-vous...
M. Picotte: II y en a au moins pour cinq ans, de restructuration,
voyons donc!
M. Baril: Moi, ce que je veux dire: Admettons que la Régie
ne tienne pas compte ou... Parce qu'on dit bien que «la Régie
tient compte»; en tout cas, ce n'est pas une obligation, «la
Régie tient compte». Bon, je comprends ça, ce
bout-là. Admettons des circonstances particulières. La
Régie n'en tient pas compte, de ce besoin-là, parce que, pour le
consommateur, ce n'est pas défendable. Je ne sais pas pour quelles
raisons, ce n'est pas à moi de justifier, mais, en tout cas, la
Régie ne tient pas compte des besoins de la Fédération
pour créer un fonds spécial pour une restructuration. Là,
la Fédération se retourne de bord et elle utilise l'article 16,
7°, et elle peut imposer à l'ensemble des producteurs ou à
une catégorie de producteurs qui satisfont à certains
critères, de, justement, combler ce fonds-là. C'est toute
l'argumentation que j'ai développée tout à l'heure.
M. Picotte: M. le Président, écoutez bien,
là. La Fédération dit: Je vais trouver une autre
façon de combler. Et elle va revoir la même Régie, dans les
mêmes circonstances, et elle lui dira: Vous savez, l'autre fois, vous
avez jugé bon de ne pas nous donner ça, pour des raisons x, y, z,
mais, dans le fond, essayez donc de perdre la mémoire pour cinq minutes,
parce qu'on va faire par la porte d'à côté ou d'en
arrière ce que vous ne nous avez pas permis de faire par la porte d'en
avant.
M. Baril: Le ministre n'a pas compris. Ce n'est pas ça que
je veux dire. D'abord...
M. Picotte: Je vous parte d'un exemple.
M. Baril: Non, non, non. D'abord, ce n'est pas à l'office
ou à la Fédération de dire: Même si la Régie
ne le permet pas, moi, je vais vendre mon lait 0,02 $ de plus le litre, ou 0,01
$, ou 0,075 $. Ils n'ont pas le droit de le faire. Il faut qu'ils aient
l'autorisation de la Régie. C'est elle qui fixe les prix. Bon. Moi, ce
que j'ai dit: le fait que la Fédération n'ait pas obtenu ce
qu'elle voulait devant la Régie, elle se revire de bord et elle utilise
l'article 16, 7°, puis... Voyons donc! Elle en a besoin pour
restructurer.
M. Picotte: Bien non! Bien non! Ce règlement-là
aussi doit être approuvé par la Régie. Voyons donc!
Là, il faudrait que tout le monde perde la mémoire, partout.
L'autre règlement va être approuvé par la Régie.
Là, ça ne marche pas. Ecoutez, il y a quelque chose que je ne
comprends plus, ou il est rendu trop tard; dépêchons-nous à
finir ça!
M. Baril: Oui. C'est ça que je dis. Le plan de
restructuration peut être payé par l'ensemble des producteurs, par
ceux qui sont visés par règlement. C'est ça que je
dis.
M. Picotte: ii va y avoir un autre règlement qui va se
retrouver devant la régie, m. le président. il va falloir
démontrer les besoins de restructuration, et on va se retrouver avec un
autre règlement devant la régie.
M. Baril: M. le Président, le ministre ne juge pas
à propos de limiter la portée de l'article 22 pour la
restructuration présente dans le secteur laitier. Ce n'est pas pour la
fusion des deux laits, ou je ne sais pas quoi. Le ministre ne juge pas à
propos de dire qu'on balise ça et que ça va être pour ce
problème particulier. Si, en cours de route, la Fédération
des producteurs de lait a besoin d'une autre restructuration ou a un autre
besoin, je ne sais pas, conjoncturel, ils ne pourront pas utiliser encore la
même chose, puisque tout le monde reconnaît que, cette
loi-là, c'est fait pour le problème qu'on vit actuellement,
présentement.
M. Picotte: je suis obligé de dire, m. le
président, que c'est vrai que je ne juge pas à propos de baliser
ça davantage. pour moi, c'est suffisant. vous avez raison.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette.
M. Baril: C'est parce que le ministre ouvre la porte à
toutes sortes d'autres choses, toutes sortes d'autres problèmes qui vont
survenir, qui vont créer du mécontentement. En tout cas! (23 h
20)
Le Président (M. Richard): M. le député
de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, j'ai deux petites remarques,
par des questions. S'il n'y avait pas eu le problème des deux laits,
s'il n'y avait pas eu de problème entre le Syndicat des producteurs de
bois et l'AIFQ, est-ce que l'article 22 et l'article 8 auraient
été nécessaires?
M. Picotte: 8, oui, ça aurait été
nécessaire, à ce qu'on me dit.
M. Jolivet: Pourquoi?
M. Picotte: Parce qu'on a dit qu'il y avait des problèmes.
On l'a expliqué, c'est vrai, une autre fois.
M. Jolivet: Non, non, je le sais. Non, ce n'est pas ça.
Vous avez mal compris ma question. Je recommence ma question.
M. Picotte: À cause des conserveries. On aurait
été obligés de l'utiliser à cause des conserveries
qui voulaient se dissocier. Et c'est encore plus gros, ça, que les
multinationales dans le bois.
M. Jolivet: Je reprends.
M. Picotte: Alors, oui, on en aurait eu besoin.
M. Jolivet: Moi, ou bien j'ai manqué un bout... Ça
se pourrait, mais ça me surprendrait bien gros, parce qu'il y a un bout
que j'ai compris - la conserverie - parce que j'avais amené ça
entre le bois et les carottes. Vous m'avez répondu que l'article 1,
c'était ce qui colmatait. Moi, je vous...
M. Picotte: 1 et 8.
M. Jolivet: non, non. ça, non! il faudrait que je relise
les galées, parce que les galées disaient bien le 1. le 8, on
disait que c'était une exception à cause du problème des
bois.
M. Picotte: M. le Président, quand on s'en va à
8... C'est facile d'aller le regarder, 8, il est là. Il est dans nos
cahiers, M. le Président. On n'a pas besoin de faire venir un messager
spécial.
M. Jolivet: Mais je ne l'ai pas eu, le cahier, moi.
M. Picotte: le premier alinéa de 8, il est
général, et c'est pour ça qu'on en a besoin. et le
deuxième alinéa, il est spécifique, et là ça
va directement dans le problème qu'on a.
M. Jolivet: O.K. Allons-y, d'abord!
M. Picotte: Ah voilà!
M. Jolivet: Ça veut dire que le deuxième
alinéa - parce que je savais qu'il y avait quelque chose - ne serait pas
nécessaire. S'il n'y avait pas eu de problème, il ne serait pas
nécessaire. O.K.?
L'article 22, s'il n'y avait pas un problème dans les deux laits,
serait-il nécessaire?
M. Picotte: Non, monsieur.
M. Jolivet: II ne serait pas nécessaire. Bon! Ce que
j'essaie d'établir depuis tout à l'heure, c'est qu'il y a une
loi-cadre que vous voulez établir, mais vous profitez de la loi-cadre
pour régler deux problèmes spécifiques.
M. Picotte: Dans le même secteur. Dans le secteur...
M. Jolivet: Bien, l'un dans le bois et l'autre dans le lait. Et
s'il y avait eu un troisième problème...
M. Picotte: Les producteurs transformateurs. Si ça
touchait les plombiers de la ville de Montréal, ils ne seraient pas
ici.
M. Jolivet: Non. Mais, ça, je comprends ça.
M. Picotte: Mais les producteurs transformateurs, c'est dans
notre mission, c'est dans nos problèmes, on embarque
là-dedans.
M. Jolivet: M. le ministre, ne déviez pas mon
discours.
M. Picotte: Mais non! N'essayez pas de me dire que c'est un bill
omnibus, ce n'en est pas un.
M. Jolivet: Non, non. Ce n'est pas ça que je veux dire, ce
n'est pas ça du tout que je veux dire. Ce que je veux dire, c'est qu'il
ne serait pas nécessaire. Donc, il aurait fallu utiliser quoi?
Laissez-moi finir. Dans le projet de loi-cadre, pour le régler, ce
problème-là, quels sont les articles qu'il aurait fallu utiliser?
Oui, mais écoutez, là. Demain matin... Là, vous me dites
que la loi prévoit tout ce qui s'en vient.
M. Picotte: M. le Président, ce qu'il faut que comprenne
le député de Laviolette, même à cette heure
tardive...
M. Jolivet: Je comprends vite.
M. Picotte: ...s'il n'y avait pas de problème nulle part,
on n'aurait pas besoin de ça.
Une voix: S'il n'y avait pas de... il faudrait l'utiliser
ailleurs.
M. Picotte: Bien oui, c'est ça. M. Jolivet:
Non.
M. Picotte: S'il n'y avait pas de problème nulle part, on
n'aurait pas besoin de ça.
M. Jolivet: Non, non.
M. Picotte: C'est parce qu'il y a un problème...
M. Jolivet: Non, non.
M. Picotte: ...et dans les producteurs transformateurs...
M. Jolivet: Non, non. M. Picotte: Bien oui!
M. Jolivet: Non, non. Là, vous ne m'aurez pas. Vous ne
m'aurez pas.
M. Picotte: Bien, voyons donc!
M. Jolivet: Vous m'avez dit depuis le début que vous
faisiez une loi-cadre. Une loi-cadre, c'est évident que je sais que vous
la faites actuellement parce que vous profitez du fait qu'il y a deux
problèmes. Ça, je le sais bien. Mais, ce que je veux juste vous
dire, c'est que si je les extirpais du projet de loi parce qu'il n'y a pas de
problème, on pourrait avoir une loi-cadre pareil pour prévoir des
choses futures, parce que, semblerait-il, gérer, administrer, c'est
prévoir.
M. Picotte: M. le Président, si la Régie fixait les
prix des concombres, du bois et du lait, on n'en aurait pas besoin, bien
sûr. C'est ça. Mais la Régie, elle fixe le prix du lait.
C'est ça qui fait que ça amène ça. Le
problème est au niveau des producteurs de lait; la Régie fixe le
prix du lait, et on se décide à solutionner un problème
par un comité qui a été mis sur pied, qui dit: On fait un
fonds spécial pour compenser sur une période de cinq ans. C'est
parce que la Régie fixe le prix du lait.
M. Jolivet: O.K.
M. Picotte: Mais si elle fixait les prix des concombres,
évidemment, on en aurait besoin pour les concombres. Si elle fixait les
prix du bois, on en aurait besoin pour le bois. C'est pour ça, M. le
Président, qu'il y a un problème.
M. Jolivet: Non, mais, c'est parce que, là, M. le
ministre, vous simplifiez le problème. Vous avez une loi-cadre. La
loi-cadre doit prévoir les
moyens de régler justement ce que vous dites. C'est ça que
j'essaie de vous dire depuis tout à l'heure. Là, ça adonne
bien, vous avez deux problèmes que vous insérez dans le projet de
loi. Mais, ce que j'essayais de voir, dans le contexte d'un problème
à venir, que je ne connais pas, quels sont les articles du projet de loi
qui permettraient de régler le problème, admettons, des
concombres? C'est ça que je veux savoir, parce que c'est une loi-cadre.
Est-ce qu'il va falloir venir par un amendement à la loi? Va-t-il
falloir avoir une loi spéciale, particulière de-vrais-je dire?
Comment devrais-je le régler?
M. Picotte: Par négociation générale. Si les
producteurs de concombres se donnaient un plan conjoint demain matin, M. le
Président, on aurait besoin de...
M. Jolivet: O.K. M. Picotte: C'est ça.
M. Jolivet: J'y vais, là, à ma deuxième
question, ma deuxième remarque. Je vous pose la question suivante:
Actuellement, il y 120 000 propriétaires de boisés privés
au Québec. Des 120 000 propriétaires de boisés
privés au Québec, il y en a 35 000, environ, qui sont des
agriculteurs. Tous les autres sont des propriétaires de boisés
privés, soit des industriels, avec raison sociale et cor.pagnie, ou des
individus. Ça veut dire qu'il y en a 85 000 qui, année
après année, ne mettent pas en production ou ne font pas de
travaux sylvicoles. Et je vous explique qu'il y a des discussions actuellement
dans des syndicats de producteurs de bois pour obliger tout le monde à
payer ce que ça coûte pour les individus qui, actuellement,
mettent en production ou font des travaux sylvicoles.
Je veux juste vérifier, en vertu de l'article 16, quand on dit:
«imposer, à l'ensemble des producteurs ou à ceux qui
satisfont à certains critères, une contribution spéciale
pour l'application d'un règlement pris en vertu de l'article
100.1», est-ce qu'il pourrait arriver que, jusqu'au bout, ce qu'on
appelle la «formule Rand», où tout le monde paie, peu
importe s'ils utilisent ou s'ils n'utilisent pas le service, ou mettent en
production leurs boisés... Est-ce qu'il pourrait y avoir quelqu'un,
quelque part, qui fasse ça sans qu'on ait le droit, nous, comme
État, comme législateurs, de parvenir à les empêcher
si on juge que ce n'est pas ça qui devrait être fait?
M. Picotte: Si les personnes ne mettent pas en marché, M.
le Président, il n'y a pas de quoi y venir; il faut qu'elles se mettent
en marché. Il faut que ça se mette en marché.
M. Jolivet: Mais, c'est parce que, moi, je lis bien le texte:
«ou qui satisfont à certains critères». Quels sont
les critères déterminés?
M. Picotte: De mise en marché.
M. Jolivet: Non, non, non. La loi ne dit pas
ça.
M. Picotte: C'est un critère de mise en marché.
M. Jolivet: La loi ne dit pas ça, je m'excuse, là.
La loi ne dit pas ça.
M. Prégent: C'est une partie; ça reste à
déterminer.
M. Picotte: Bien oui, bien oui, c'est clair. Tentez d'expliquer
ça.
M. Jolivet: Allez-y donc, voir!
M. Prégent: La loi dit qu'on peut imposer, en vertu de
cette disposition-là, à l'ensemble des producteurs ou à
ceux qui satisfont à certains critères, donc, à une
certaine catégorie des producteurs visés... Les producteurs
visés, c'est les producteurs qui vont mettre en marché.
M. Jolivet: Minute, là! «imposer à l'ensemble
des producteurs...».
M. Prégent: En partant, tout ça, c'est dans le
cadre, bien sûr, de la loi des marchés, d'un plan conjoint de mise
en marché. Alors, le plan s'applique lorsqu'il y a mise en
marché.
M. Jolivet: Ça, je comprends ça.
M. Prégent: Alors, pour qu'il y ait mise en marché,
il faut qu'ils vendent du bois, sans ça, il n'y aurait pas de mise en
marché. Alors, qu'ils soient dans les 85 000, dans les cent et quelques
milles ou dans les 35 000, aussitôt qu'ils mettent en marché, ils
peuvent être sujets, effectivement...
M. Jolivet: Est-ce qu'en vertu de la loi vous déterminez
juste les bois à pâte, en termes de coûts, ou les bois de
sciage aussi?
M. Prégent: Tous les bois. Je reprends. Dans certains
plans, ça vise tous les producteurs. Je dirais que, dans 75 % ou 85 %
des plans, ça vise tous les producteurs. Il y a certains anciens plans
conjoints qui ne visent que le bois qui s'en va à la pâte. Alors,
à ce moment-là, la loi ne s'applique pas à ceux qui ne
sont pas visés par le plan. Alors, ça ne s'appliquerait pas
à eux.
M. Jolivet: O.K. Parfait! M. Baril: M. le
Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Art ha baska.
M. Baril: Le président de la Régie, tout à
l'heure, si j'ai bien compris, nous a bien dit que l'article 22 pouvait
s'appliquer à toute restructuration de la production laitière,
toute forme de restructuration de l'industrie laitière au Québec.
Bon. L'objectif visé par ce projet de loi, entre autres, c'est de mettre
en application le rapport de médiation qui, lui, vise à atteindre
un rapprochement progressif des deux pools de lait. Ça, jusque
là, je ne me trompe pas en disant ça, j'espère. Bon. (23 h
30)
Puisqu'on reconnaît que l'article 22 est là pour appliquer
le rapport de médiation, en même temps, avec l'article 22, la
Régie peut l'appliquer pour différents programmes de
restructuration de l'industrie laitière. Bon. Là, il y a un
problème, mais qui dit qu'il n'y en aura pas d'autres? On ne le souhaite
pas, personne.
M. Picotte: II y en a pour cinq ans. Il y en a pour cinq ans, M.
le Président.
M. Baril: Non, mais... En tout cas, là...
M. Picotte: La restructuration est basée sur cinq ans.
M. Baril: Non, non. Ce n'est pas ça. Ce n'est pas
ça, M. le ministre. C'est vrai que la restructuration dont on parle
actuellement, il y en a pour cinq ans. Mais, justement, pour confirmer ce que
le ministre dit, pourquoi n'ajoute-t-on pas à cet article-là que
cet article s'applique uniquement aux problèmes actuels? Qu'on trouve le
mot, que ce soit une fois pour le rapprochement progressif des deux pools ou
qu'on dise que c'est pour mettre en application une partie ou le rapport de
médiation sur le rapprochement des deux laits. Là, on baliserait
ça, puis, là, on serait clair, puis ça répondrait
à ce que le ministre me dit.
M. Picotte: C'est la même réponse qu'on a dite, M.
le Président. On ne fait pas référence, aucunement, dans
le projet de loi, au rapport de médiation, parce qu'il va s'appliquer de
lui-même. On ne le fera pas plus à cet article-là qu'on ne
le fait ailleurs.
M. Baril: II me semble... Ne vous pressez pas, vous autres! C'est
facile de dire «adopté», puis «adopté».
Mais vous allez voir, tout à l'heure, vous allez avoir à
défendre, vous autres, devant vos producteurs, devant votre monde.
M. Jolivet: Oui, mais ce n'est pas sûr; ils vont se
sauver.
M. Baril: Oui? Bien, il faut faire attention, vous savez.
M. Houde: Trois, quatre ans, cinq ans... si on s'est
trompé. On verra, si on s'est trompé. Si tu ne fais rien, tu ne
te trompes jamais.
M. Jolivet: «Superman», ça va faire!
M. Baril: On ouvre les portes, ici, quand même assez
grandes. On ouvre quand même des portes assez grandes. Puis, je le
répète, c'est toujours, au bout de la ligne, le consommateur qui
va régler la facture. Moi, en tout cas, je veux mettre en garde le
ministre, puis je pense que le président de la Régie serait
plutôt favorable à baliser ça. Je ne veux pas
interpréter, mais il me semble que ça répondrait à
un voeu.
M. Picotte: Ne l'interprétez pas. De toute façon,
si, lui, il est favorable, moi, je ne le suis pas. Ça règle le
problème.
M. Jolivet: Bon, bien, c'est vous qui prenez la
décision.
M. Picotte: C'est ça. Et je veux bien dire au
député de Laviolette que je ne me sauverai pas quand ce sera le
temps de...
M. Jolivet: Je ne partais pas de vous, je parlais d'autres...
M. Picotte: ...l'expliquer. Je n'ai jamais eu l'occasion de me
sauver devant qui que ce soit. J'ai toujours eu l'occasion de prendre mes
responsabilités, puis ça me fait plaisir de les prendre, à
part ça.
M. Baril: Comme j'ai déjà dit...
M. Picotte: Je ne cours pas assez fort pour me sauver. J'aime
mieux rester sur place!
M. Baril: Comme j'ai déjà dit
dernièrement...
M. Jolivet: Je suis sûr que, pour vous, il n'y a pas de
problème!
M. Baril: Comme j'ai déjà dit dernièrement
au ministre, heureusement ou malheureusement, ce n'est pas lui qui va avoir
à vivre avec ça. Ça, c'est un autre point, c'est une autre
affaire. En tout cas, adopté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 22, adopté sur
division. J'appelle l'article 23, et nous avons un papillon, un amendement
à l'article 23.
M. Picotte: Un papillon. Les aviez-vous informés,
là?
Une voix: Ça, c'est l'explication, mais c'est le
même. Ils l'ont eu la dernière fois.
M. Picotte: Bon! Ah oui! on l'a passé l'autre fois
d'avant. M. le Président, l'amendement à
l'article 23 est le suivant: Remplacer le premier alinéa de cet
article 23 par le suivant: «Tout administrateur d'un office qui, à
la date d'entrée en vigueur de la présente loi, est dans la
situation d'incompatibilité prévue à l'article 89 de la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche (1990, chapitre 13), dispose d'un délai de trois mois,
à compter de cette date, pour mettre fin à cette
situation.»
Alors, à la suite des modifications apportées en
commission parlementaire à l'article 12 du projet de loi, il est devenu
nécessaire, pour fins de concordance, d'amener le texte proposé
à l'article 23 du projet de loi. On se rappellera qu'à l'article
12 du projet de loi, M. le Président, une modification a
été apportée pour y préciser que l'administrateur
d'un office dont les intérêts commerciaux sont incompatibles avec
la mission de l'office doit abandonner cette fonction. Et il est prévu
à l'article 23 du projet de loi un délai donné aux
personnes visées pour faire les choix nécessaires et abdiquer
l'une ou l'autre de leurs fonctions.
Il faut toutefois maintenant utiliser les mêmes expressions qu'au
nouvel article 12, et dire «un administrateur dans une situation
d'incompatibilité» plutôt que «le cumul» auquel
se réfère le texte actuel. Il s'agit donc d'une simple
concordance de texte.
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
23 est adopté. Est-ce que l'article 23 tel qu'amendé est
adopté? Adopté.
M. Baril: Qu'avez-vous dit, M. le Président?
Le Président (M. Richard): J'ai dit: L'amendement de
l'article 23 est adopté. Est-ce que l'article 23 tel qu'amendé
est adopté?
M. Baril: Vous comprendrez que je ne veux pas adopter n'importe
quoi!
Le Président (M. Richard): Non, vous avez raison.
M. Baril: Adopté. Adopté.
Le Président (M. Richard): Je suis conscient de votre
vigilance. J'appelle donc l'article 24, et c'est le dernier.
M. Picotte: La présente loi entre en vigueur le - la date
de sa sanction.
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté, sur division,
évidemment. Est-ce que vous avez une motion de renumérotation, M.
le ministre?
M. Picotte: M. le Président, je vous propose une motion de
renumérotation du projet de loi.
Le Président (M. Richard): Vous recevez mes
félicitations, M. le ministre!
M. Baril: On «a-tu» 20 minutes à parler
là-dessus?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Est-ce que le titre du projet
de loi...
M. Picotte: Rendu à cette heure-là! il reste 25
minutes.
Le Président (M. Richard): Maintenant, est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
Une voix: On n'a pas le choix. M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division, le titre aussi.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi tel qu'amendé...
M. Baril: Le titre, M. le Président, on peut
l'adopter.
Le Président (M. Richard): Pas nécessairement sur
division. Alors, O.K. Là, il y a de l'espoir. Le titre est
adopté.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi tel qu'amendé est adopté?
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, est-ce que vous
avez des voeux pour le...
M. Picotte: M. le Président, il me reste à vous
dire que je vous remercie pour avoir présidé nos travaux, ainsi
que ceux qui nous ont assistés, à remercier les personnes et les
collègues, ici, à la commission, pour leur travail constructrf,
à remercier tous ceux et celles qui nous ont accompagnés pour
nous aider à mieux donner les éclaircissements
nécessaires. Même s'il y a beaucoup d'avocats là-dedans,
bien sûr qu'eux autres aussi ont nos meilleurs remerciements - c'est un
mal nécessaire, M. le Président. Je veux remercier aussi mes
collègues, autant du pouvoir que de l'Opposition, et remercier les gens
qui ont été patients de venir écouter ces douleureuses
élucubrations.
M. Jolivet: «Élucubrations», que vous avez
dit! Ce n'est pas bon, comme mot. Ne dévalorisez pas notre
rôle de travailleurs autonomes.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska... Ah non! ne recommencez pas! M. le député
d'Arthabaska, vous avez la parole finale.
M. Picotte: C'est dit de façon positive, M. le
Président.
M. Baril: En deux mots, j'aimerais remercier mon collègue
de Laviolette ainsi que ma collègue de Terrebonne pour être venus
m'accompagner pour faire un travail...
M. Picotte: Elle est bonne. Elle comprend vite, elle.
M. Baril: ...judicieux pour essayer d'améliorer ce projet
de loi. Nous n'avons pas réussi, bien entendu, à modifier le
projet de loi pour qu'il représente exactement ce que les producteurs
ont voté, mais je souhaite sincèrement à la
Fédération des producteurs de lait ou à ses
différents comités de pouvoir mettre en oeuvre le rapport de
médiation tel que les producteurs le désirent pour, enfin, mettre
fin à ce conflit qui a trop perduré dans ce secteur-là. Je
vous remercie également, M. le Président, pour votre grande,
grande souplesse et la façon dont vous menez les travaux d'une
façon tout à fait efficace. Je remercie aussi M. Brochu, qui
m'accompagne, qui a toujours une analyse très judicieuse de chacun des
articles des projets de loi.
Le Président (M. Richard): Merci, mesdames et messieurs.
Puisque la commission a complété son mandat...
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui, M. le
député.
M. Baril: Je remercie aussi le silence de mes collègues
d'en face.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): puisque la commission a
maintenant accompli son mandat, nous ajournons sine die... excusez! on
n'ajourne pas tout de suite. m. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, quand vous dites ça,
«le silence», ça me fait penser à une vieille
expression que j'avais entendue, une fois, de Maurice Beilemare, mais qui ne
s'applique à personne ici, de l'ensemble de la commission, de toute
façon, pour ne faire aucun...
Le Président (M. Richard): C'est inquiétant.
M. Picotte: maurice beilemare disait: ii vaut mieux parfois, m.
le président, passer pour insignifiant en ne parlant pas que de parler
et de prouver qu'on l'est.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Sur ce, nous cessons de parler.
Alors, nous ajournons sine die, mesdames, messieurs.
(Fin de la séance à 23 h 39)