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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, je
déclare la séance de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ouverte. Notre mandat est le suivant: La
commission a pour mandat, cette séance-ci, l'étude
détaillée des projets de loi suivants: le projet de loi 23, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés; par la suite, le projet de loi 27, Loi sur la
Société de financement agricole et modifiant d'autres
dispositions législatives.
M. Arsenault, M. le secrétaire, est-ce que nous avons, ce matin,
des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Dufour
(Jonquière) est remplacé par M. Chevrette (Joliette); Mme Dupuis
(Verchères) est remplacée par Mme Caron (Terrebonne) et M. Perron
(Du-plessis) est remplacé par M. Jolivet (Laviolette).
Le Président (M. Richard): Bienvenue. Maintenant, je me
suis permis de faire distribuer aux membres de la commission un mémoire
que nous avons reçu, ce matin, de la ferme Agro-Bio, de Fortierville.
Pour fins de dépôt, vous devez avoir copie, sinon vous allez
recevoir, dans les prochaines minutes, copie de ce document.
Passons donc aux remarques préliminaires. Dans l'ordre, M. le
ministre, vous avez la parole pour les prochaines minutes.
Remarques préliminaires M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'ai eu l'occasion, je
pense, de faire mes remarques préliminaires lors de l'adoption du
principe de ce projet de loi, tel que je le fais à chacune des
occasions. Je suis prêt, M. le Président, à commencer
l'étude article par article. Je voudrais, au point de départ,
donner au secrétaire de la commission les quelques amendements ou
modifications qui seront apportés à l'intérieur même
du projet de loi, suite a des consultations ou à des propositions que
nous ont faites certains organismes. Nous avons jugé qu'il était
important d'apporter peut-être certaines petites modifications. Alors, je
vous dépose immédiatement, M. le Président, des papillons
qui seront étudiés au fur et à mesure de l'étude de
nos projets, mais ça permettrait à chacun des parlemenaires d'en
prendre connaissance beaucoup plus tôt que de les déposer au fur
et à mesure. Voilà!
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Alors,
nous déposons copie de ces modifications-là. Merci pour vos
remarques préliminaires. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait, 30 secondes, suspendre les
travaux? Je vais vous dire pourquoi. Ça pourrait conditionner nos
remarques préliminaires, dépendant des papillons. On pourrait
peut-être ajourner quelques minutes pour le temps au moins de les
lire.
Le Président (M. Richard): Bonne recommandation! Nous
suspendons quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 16)
(Reprise à 10 h 20)
Le Président (M. Richard) Maintenant, M. le
député d'Arthabaska, vous qui êtes le porte-parole officiel
en matière agricole, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui. M. le Président, j'aurais quelques
remarques au sujet du projet de loi 23 où on a certaines questions
à poser au ministre. D'abord, le projet de loi 23, à l'article 1,
touche l'application des plans conjoints au niveau des producteurs
transformateurs et aussi le projet de loi est sur ça, ce premier
article, au niveau du producteur transformateur. On va avoir des questions
à poser, dans le sens qu'on semble être plus sévères
pour de petits producteurs qu'on ne peut l'être pour de gros producteurs.
Entre autres, l'article 8 en fait mention au niveau des papetières ou
des grosses compagnies.
Aussi, le projet de loi définit le droit de vote des producteurs
lors de référendums ou d'assemblées. Le même projet
de loi permet aussi à la Régie de charger des tarifs sur des
services rendus. À ce niveau-là, ça m'inquiète
fortement puisqu'il y a un nombre quand même assez important de demandes
qui sont faites au niveau de la Régie par des producteurs
transformateurs qui veulent transformer à la ferme leurs produits.
Ça prend évidemment un permis spécial, un permis de la
Régie. Sans connaître actuellement ces tarifs-là, ça
pourrait possiblement empêcher certains producteurs de faire de la
transformation à la ferme ou sur leur ferme.
Quand on regarde le fonctionnement coutu-mier de la Régie, avec
la tenue d'audiences, admettons qu'il y a, je ne sais pas, quelqu'un qui
demande un permis et qu'il y a sept ou huit opposants avec chacun leur
procureur, ça peut s'étirer facilement... Des fois, la
Régie tient des audiences une couple de jours. Combien ces
audiences-là coûteront-elles, à la fin, au producteur? On
ne le sait pas. J'espère que le ministre pourra nous donner un
aperçu des coûts engendrés par ces nouveaux tarifs que la
Régie devra imposer au niveau des demandeurs quelconques. Aussi, on sait
que la Fédération, l'Union des producteurs agricoles, ou
différentes fédérations sont souvent demandées
à être amenées devant la Régie. Si on regarde
dernièrement, l'automne dernier, je crois, ou en 1991, le temps que la
Régie a pris pour venir à bout de décider du plan conjoint
au niveau des producteurs de sirop d'érable, si la
Fédération des producteurs de sucre et de sirop d'érable
avait eu à payer la note au complet dans la situation financière
où ils sont présentement, je ne suis pas sûr que ça
aurait amélioré encore leur situation à ce
niveau-là.
Donc, je pense beaucoup plus que cet article-là est une entrave
à la commercialisation, au développement de l'agriculture, au
développement de nouveaux produits et à la transformation de
nouveaux produits. On connaît l'habitude du gouvernement d'imposer
beaucoup plus souvent des taxes indirectes que d'avoir le courage et l'audace
d'imposer des taxes directes. Donc, je crois qu'ici c'est un autre moyen
très bien détourné pour, encore une fois, faire payer le
contribuable pour un service que le gouvernement du Québec a rendu
depuis la création de la Régie des marchés agricoles.
Un point de la loi qui, je pense, est un point majeur, c'est que cette
loi va permettre de mettre en application une partie du rapport de
médiation dans le conflit sur les deux laits. Il y a plusieurs articles
qui traitent de ce conflit qui perdure depuis trop longtemps
déjà. À ce niveau, le projet de loi 23 reprend quelques
articles de l'avant-projet de loi qui avait été
déposé en décembre dernier. En passant, cet avant-projet
de loi, dans notre système parlementaire, dans notre système
démocratique, allait excessivement loin au niveau du respect des droits
de tout citoyen. C'est pour cette raison, entre autres, uniquement sur le point
légal, que j'avais demandé, en date du 20 décembre, l'avis
du Barreau au sujet de l'avant-projet de loi qui devait mettre en application
le rapport de médiation. Comme je l'ai dit, je trouvais qu'au niveau
légal le gouvernement ne respectait aucunement la démocratie. Je
vais vous lire, M. le Président, la lettre que j'écrivais au
bâtonnier, Me Jean Paquet. «Le 18 décembre dernier, le
ministre Yvon Picotte a présenté à l'Assemblée
nationale du Québec un avant-projet de loi intitulé Loi
concernant l'application du plan conjoint des producteurs de lait du
Québec. Cet avant-projet de loi contient des dispositions limitant les
recours pouvant être exercés devant les tribu- naux et visant
à écarter toute demande d'indemnité pouvant
résulter du seul fait de l'application de cette loi. «Notre
régime démocratique repose sur le partage et l'équilibre
des pouvoirs politiques et judiciaires. Les gouvernements doivent respecter les
limites du droit puisque cela constitue un élément fondamental
dans notre système démocratique. En outre, notre système
démocratique doit permettre à tous les citoyens de saisir les
tribunaux afin de faire reconnaître leurs droits établis par les
lois. Certaines dispositions de l'avant-projet de loi soulèvent de
sérieuses interrogations sur le plan du fonctionnement de nos
institutions démocratiques et du droit des citoyens de recourir aux
tribunaux avant de faire valoir leurs droits. «La Loi sur le Barreau et
le Code des professions confèrent au Barreau des responsabilités
importantes envers la protection de l'intérêt public. En outre,
dans une société démocratique reposant sur le partage et
l'équilibre des pouvoirs politiques et judiciaires, le Barreau a la
responsabilité morale d'intervenir lorsque les principes sur lesquels
s'appuie notre régime démocratique sont transgressés. En
vertu de votre mandat découlant de l'application des lois qui vous
régissent et des responsabilités morales du Barreau dans une
société de droit, j'aimerais connaître votre opinion sur
l'avant-projet de loi intitulé Loi concernant l'application du plan
conjoint des producteurs de lait du Québec. Je précise que le
gouvernement a évoqué la possibilité de convoquer
l'Assemblée nationale du Québec en janvier 1992, afin de
procéder à l'adoption de cet avant-projet de loi.»
Sur ça, le bâtonnier du Québec m'écrivait, en
date du 10 février 1992, au sujet du projet de loi concerné. On
me disait: «Nous avons pris connaissance de votre lettre du 20
décembre 1991 concernant le sujet en titre et nous vous faisons les
commentaires suivants. «Votre démarche nous a permis d'amorcer
plus rapidement l'étude de cet avant-projet de loi, lequel aura fait
l'objet de nos réflexions puisque nous avons l'habitude de
réagir, lorsque c'est nécessaire, face à toute
législation qui concerne l'agriculture et l'alimentation. «C'est
ainsi qu'en avril 1988 le Barreau du Québec formulait ses commentaires
sur la Loi sur la mise en marché des produits agricoles et qu'en mars
1990 il intervenait sur la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles et alimentaires, le projet de loi 15. «Nous vous invitons
à prendre connaissance de la copie de la lettre ci-jointe que nous
adressons au ministre Yvon Picotte qui pilote cet avant-projet de loi. Ce que
nous avons constaté à la lecture de l'avant-projet de loi
justifiait que nous adressions nos commentaires au ministre.»
M. le Président, je vais vous lire la lettre que le
bâtonnier écrivait au ministre, suite à la
question que je lui posais. Je vais la retrouver dans ma tonne de
papiers. Je pensais que je l'avais mise dessus, mais... La voici! En date du 10
février, le Barreau du Québec écrivait au ministre Yvon
Picotte. «M. le ministre, nous avons pris connaissance de l'avant-projet
de loi concernant l'application du plan conjoint des producteurs de lait du
Québec. Nous souhaitons par la présente vous faire part de nos
préoccupations. Nos commentaires porteront sur le respect du processus
judiciaire, sur l'atteinte au principe de non-rétroactivité, sur
l'effet de l'application combinée des articles 2 et 5 à
l'égard du consommateur et sur les articles 6 et 7 qui limitent les
droits des justiciables. «Le respect du processus judiciaire. La
décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires
du Québec portant le numéro 5481, rendue le 5 novembre 1991 et
que vise à annuler l'article 8 de l'avant-projet de loi, fait
présentement l'objet d'un recours en évocation. Le respect du
processus judiciaire et la crédibilité de nos institutions
exigent que cet avant-projet de loi, s'il devait être adopté, ne
s'applique pas aux causes pendantes. S'il devait s'appliquer, cela
constituerait une entorse inquiétante au principe de la
séparation des pouvoirs et jetterait un discrédit sur le
processus judiciaire. L'avant-projet de loi devrait donc prévoir un
article qui mentionnerait de façon spécifique que ces
dispositions ne s'appliquent pas aux causes pendantes devant les tribunaux. (10
h 30) «Atteinte au principe de non-rétroactivité. Nous
avons maintes fois défendu ce principe auprès du
législateur. Nous le réitérons chaque fois que
s'insèrent dans des projets de loi des dispositions dont la
portée législative comporte un effet rétroactif dans le
temps et risque de créer une injustice pour le justiciable. Ce principe
est basé sur le concept de la primauté du droit. Il se fonde sur
le fait que le justiciable doit être informé à l'avance des
lois qui doivent guider son comportement. Or, il nous semble que l'avant-projet
de loi comporte, en ses articles 1, 8 et 9, une atteinte à ce principe.
D'autant plus, faut-il le rappeler, que l'article 203 de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche et
modifiant d'autres dispositions législatives a pour effet de soustraire
à l'application des dispositions des sections III et IV de la Loi sur
les règlements, relatives à la publication et à
l'entrée en vigueur des projets de règlement et des
règlements, les plans conjoints, les projets de règlement et les
règlements qui peuvent être pris par une assemblée
générale de producteurs, un office ou une association
accréditée, ainsi qu'aux règlements qui peuvent être
pris par la Régie relativement aux qualités requises d'un
producteur et les conditions qu'il doit remplir pour être un producteur
intéressé. «Ceci a pour effet que les règlements
visés à l'article 1 de l'avant-projet de loi n'ont pas
été soumis aux règles de publication qui, s'ils y avaient
été, auraient conféré au justiciable la
possibilité d'en prendre connaissance et de formuler ses commentaires,
si nécessaire. Donc, prévoir la possibilité que soit
appliquée rétroactivement une loi qui vient légaliser un
règlement soustrait aux règles de publication nous semble de
nature à affecter les droits fondamentaux des justiciables.
«Application combinée des articles 2 et 5 à l'égard
du consommateur - ce sont ces articles, entre autres, qu'on retrouve dans le
projet de loi 23 actuellement. Ils ont été modifiés un
peu, mais on retrouve le même principe de base qui est ramené dans
le projet de loi 23. L'article 2 prévoit que la Fédération
des producteurs de lait du Québec accorde, jusqu'à concurrence
d'un montant global de 25 000 000 $, une aide financière aux producteurs
de lait détenant certains quotas. L'article 5 stipule que la
Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec
tient compte, lorsqu'elle fixe le prix, de l'application des règlements
visés à l'article 1 et de celle des articles 2 et 3. «Ceci
nous amène à formuler un commentaire qui touche le traitement
réservé au consommateur. Nous appréhendons que l'effet
combiné de ces deux articles risque de faire supporter par le
consommateur le financement de l'aide prévue à l'article 2.
Déjà, nous regrettions, en avril 1988, dans nos commentaires sur
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, que le consommateur
soit le laissé-pour-compte. Nous réitérons ce regret, en
mars 1990, dans notre mémoire sur la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles et alimentaires. Comment financera-t-on cette aide,
sinon par une augmentation du prix du lait? C'est le consommateur qui, en bout
de ligne, paiera la facture qui, d'après nos renseignements, pourrait se
traduire par une augmentation de 0,01 $ à 0,02 $ sur le litre de lait.
N'y aurait-il pas lieu de publiciser l'avant-projet de loi et d'inviter les
associations de consommateurs à venir en débattre dans le cadre
d'une commission parlementaire? «Limitation des droits des justiciables.
À l'article 6, nous constatons que cet article prévoit une clause
restrictive de juridiction. Clause privative: malgré qu'il s'agisse
d'une limitation au droit des justiciables de contester la
légalité de certaines décisions devant les tribunaux, il
en existe dans plusieurs textes législatifs québécois.
D'ailleurs, une clause presque identique est prévue à l'article
21 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires
et de la pêche et modifiant d'autres dispositions législatives.
Cependant, l'article 6 de l'avant-projet de loi fait en sorte que la clause
privative s'applique aussi à la Fédération des producteurs
de lait du Québec et au comité créé en vertu du
deuxième alinéa de l'article 2. Cela est surprenant et
susceptible de créer un dange-
reux précédent. Il est reconnu que ce type de clause est
fréquemment utilisé dans un texte législatif de
portée générale. Tel n'est pas le cas de cet avant-projet
de loi qui vise à régler un problème précis entre
les producteurs de lait de consommation et les producteurs de lait de
transformation. «Or, prévoir une clause privative à
l'égard d'actes posés par un syndicat privé, en
l'occurrence la Fédération des producteurs de lait du
Québec, et un comité nous apparaît être un
précédent extrêmement dangereux. Qu'il suffise de
prévoir cette clause dans un autre contexte que celui qui nous occupe,
soit, par exemple, les relations de travail, et il devient facile d'imaginer
les conséquences que ce précédent risque d'engendrer.
«À l'article 7, cet article que l'on peut qualifier de clause
d'exonération a pour effet d'empêcher toute réclamation qui
pourrait être produite du seul fait de l'application de la
présente loi. Ceci nous amène à nous interroger sur le but
visé par le législateur qui désire faire adopter cet
article. Cette clause d'exonération vise, semble-t-il, à
empêcher un groupe de producteurs de se prévaloir du principe
qu'il n'y a pas d'expropriation sans indemnité. Ce principe est
consacré à l'article 407 et nous devons rappeler que la
jurisprudence a reconnu le droit, pour le législateur, de déroger
à cet article, mais à la condition qu'il démontre
clairement sa volonté de le faire. Ainsi, on ne dérogera au
principe de l'article 407 que si le législateur prévoit, de
façon expresse, que l'expropriation sans indemnité est permise.
«Nous souhaitons que ces quelques remarques vous seront utiles et nous
sommes disposés à vous fournir toutes les informations que vous
jugerez utile de recevoir afin de corriger les difficultés que nous
avons notées.»
Il note qu'une copie m'a été envoyée puisque j'ai
été le premier à faire part de ces inquiétudes au
Barreau.
Donc, M. le Président, comme on peut le voir, au mois de
décembre dernier, l'inquiétude que l'Opposition avait, au niveau
de la légalité de l'application de cette loi, était bien
fondée puisque l'organisme, au Québec, qu'est le Barreau nous a
fait part de ses commentaires. Je reste étonné que le
député de Maskinongé, ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, ait pu signer cet avant-projet de loi,
que son nom soit inscrit au nom de cet avant-projet de loi puisque,
habituellement, le député de Maskinongé est plus
respectueux de notre système démocratique et plus respectueux des
droits des citoyens. Bien entendu, M. le Président, nous allons faire
connaître notre position sur différents articles de ce projet de
loi puisque - j'y reviendrai plus tard parce que le temps doit achever - de
toute façon, ce projet de loi ne répond pas exactement au rapport
de médiation qui avait été accepté par la
majorité des produc- teurs et dont le ministre se dit souvent si fort
d'un appui, d'une position qui avait été votée par
référendum.
Comme je l'ai dit, j'ai lu et relu, en fin de semaine, à
plusieurs reprises, l'avant-projet de loi; j'ai relu le rapport de
médiation; j'ai relu le projet de loi 23. À certains endroits, on
s'aperçoit que ce n'est pas sur ça que les producteurs et les
productrices agricoles ont pris position, l'automne dernier, en votant pour une
solution de compromis qui, soit dit en passant, ne fait pas et ne peut pas
faire, évidemment, l'affaire de tout le monde.
Je reviendrai, M. le Président, en détail, soit article
par article ou à d'autres occasions.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska, M. Baril. Maintenant, je cède la
parole à M. le ministre, M. Picotte, pour des remarques.
M. Yvon Picotte (suite)
M. Picotte: Oui. M. le Président, je pense bien que je
n'aurai pas à refaire l'image ou la situation que nous connaissons dans
le domaine du lait au député d'Arthabaska. Il la connaît
aussi bien que moi, aussi bien que nous, aussi bien que tous les producteurs au
Québec, cette situation qui perdure, qui fait en sorte qu'il y a deux
prix dans le lait, avec les mêmes exigences de la part du gouvernement,
les mêmes exigences de qualité, etc. Cela fait en sorte qu'au
détriment d'un autre groupe il y a un groupe qui paie la note plus
sévèrement ou de façon plus salée. Ça, je
pense bien que je n'aurai pas à faire cette
démonstration-là au député d'Arthabaska. Si j'ai
à la faire, il me requestionnera de façon additionnelle et
j'essaierai de la lui faire, mais je suis persuadé que je n'ai pas
besoin de lui faire cette démonstration-là.
Deuxième point, M. le Président, j'ajouterai
immédiatement que c'est, pour une bonne partie, les consommateurs qui
décident de modifier leur comportement, qui décident de changer
leurs habitudes et qui décident de causer des problèmes dans un
domaine où on a avantage à ce qu'il y ait le moins de chaos
possible. Ce n'est pas encore aux députés qui sont ici, alentour
de cette table, que j'ai à le démontrer. Plus
précisément, je pense que, si on faisait uniquement le bilan,
dans le comté même du député d'Arthabaska, des
usines qu'il peut y avoir là, au niveau d'Agropur, des fromageries,
etc., je pense que ce n'est pas non plus aux députés alentour de
cette table, aux députés ruraux que je devrais faire la
démonstration que de laisser perdurer une situation qui mettrait en
péril et en danger cette industrie importante se traduirait
forcément, au niveau des travailleurs et des travailleuses, au niveau
économique, au niveau des pertes d'emplois dans chacune de nos
régions du Québec, par un résultat catastrophique.
Je voudrais cependant, M. le Président, pour nous
rafraîchir la mémoire - je pense que c'est important qu'on se la
rafraîchisse de temps en temps - mentionner tout ce qui a
été fait dans ce dossier-là. Je pense bien que ce n'est
pas le caprice de celui qui vous parle, que ce n'est pas le caprice du
gouvernement et que ce n'est pas le manque de consultation et que ce n'est pas
le manque de discussion qui ont fait en sorte que nous puissions décider
d'apporter les modifications que nous apportons aujourd'hui dans ce projet de
loi, plus précisément, et qui ont fait en sorte qu'on
dépose le projet de loi. (10 h 40)
Disons, au point de départ, que, si on a déposé un
projet de loi au mois de décembre, c'est qu'il y avait une situation
d'urgence. Tout le monde le reconnaissait: il y avait là une situation
d'urgence. Ce qui nous a guidés dans ce dépôt de projet de
loi fait référence à tout un processus que j'avais mis en
place. On se souviendra, quand je suis arrivé en fonction à ce
ministère, qu'il y avait un problème particulier du
côté du lait, problème fort important, fort épineux,
qu'il fallait régler. À ce moment-là, j'avais exigé
que les fédérations régionales, dans le domaine du lait,
m'adressent une demande, de façon unanime, les 14
fédérations pour mandater un comité pour aller discuter
avec les producteurs pour voir de quelle façon on pourrait régler
le problème. Il y a eu quelques hésitations au début. On
m'a même demandé de ne pas accepter l'unanimité, et j'ai
refusé. S'il n'y pas eu l'unanimité des 14
fédérations à vouloir travailler ensemble pour
régler le problème, je regrette, mais on va continuer de faire ce
qui se fait là. Donc, il y a eu, un bon matin, 14 résolutions qui
sont tombées sur mon bureau, M. le Président, me demandant de
mandater un comité. J'ai même exigé du comité que
parmi les représentants il y ait un représentant de l'UPA et,
plus précisément, j'ai exigé que ce soit le
président de l'UPA; j'ai exigé qu'un membre d'une
coopérative - c'était M. Dumais, de la
Fédérée - fasse partie du comité et j'ai
mandaté mon sous-ministre en titre pour faire partie du comité,
pour examiner les solutions.
Le travail du comité, M. le Président, s'est soldé
par 20 séances de rencontre, minimum. On peut en avoir oublié 1
ou 2, mais il n'y en a pas eu en bas de 20. Il peut y en avoir eu 22, mais il y
a sûrement eu 20 séances de rencontre pendant la rédaction
du rapport final. Quatorze syndicats, formant la Fédération des
producteurs de lait, bien sûr, ont été consultés; le
regroupement des producteurs de lait de consommation a été
consulté; le regroupement Solidarité, un prix un lait a
été consulté. Il y a eu une vingtaine de séances
d'information à travers le Québec où le comité
s'est déplacé. Non pas le comité au complet, mais un des
membres du comité est allé rencontrer, dans chacune des
régions du Québec, 7000 producteurs. Il y en a eu 7000 sur 13
000,
M. le Président, mais les 13 000 ont été
invités. Les 6000 qui ne se sont pas présentés avaient
sûrement d'excellentes raisons, mais ils ne peuvent pas nous mentionner
qu'ils n'avaient pas été invités et qu'ils ne pouvaient
pas aller dire ce qu'ils avaient à dire. Il y en a eu 20, dans toutes
les régions du Québec, présidées par un des membres
du comité pour répondre à toutes les questions, 7000
producteurs. J'ai même exigé, M. le Président, que l'UPA
fasse une consultation par vote, pour tâcher d'aller déterminer la
volonté des producteurs de régler le dossier. Donc, il y a eu un
référendum. On parle beaucoup de référendum, on
fait signer des pétitions pour qu'il y en ait; nous autres, on n'a pas
eu besoin de faire signer des pétitions et on en a tenu un. On a
demandé à l'UPA de tenir un référendum, où
83 % des producteurs sont allés voter. C'est encore meilleur qu'une
élection provinciale. Je suis certain que c'est peut-être plus
fort que le pourcentage de voteurs qu'il y a eu dans le comté
d'Arthabaska, aux dernières élections pour élire un
député. 83 % des gens se sont prévalus de leur droit de
vote. Bon! c'est normal aussi. Que ce soit chez eux, chez nous, c'est pareil.
Chez nous, je pense qu'il y a eu 79 %...
Une voix: ...voter.
M. Picotte: Ah oui! Mais ce n'est pas long, des fois, se faire
des adversaires. Vous savez ça. Ce n'est pas bien long. Ça change
vite. Il faut faire attention à ça.
M. Chevrette: ...les producteurs de cabotins, est-ce qu'il s'en
fait?
M. Picotte: Bien sûr! Ou bien on a juste à ne pas
vouloir faire leur volonté, puis ça fait pareil. C'est du pareil
au même.
Alors, M. le Président, 83 % des producteurs se sont
prévalus de leur droit de vote. Ce n'est pas 100 %, mais il y en a 83 %.
C'est plus que l'ensemble des députés ici qui ont eu des
pourcentages et c'est majoritaire. 71 % des 83 % qui se sont prévalus de
leur droit de vote, M. le Président, ont accepté le rapport de
médiation, le rapport du comité. Si on veut faire le pourcentage
des transformateurs, puis du lait de transformation, puis du lait de
consommation, ça se recoupe aussi assez dans la même proportion.
Des 71 % en faveur, 72 % des transformateurs étaient d'accord avec le
rapport du comité, puis 71 % des producteurs de lait de consommation
étaient d'accord avec le comité. Donc, on parle de 70 %. Il n'y a
pas beaucoup de monde non plus dans tous les domaines démocratiques qui
peut se vanter d'avoir été élu à 70 % ou 72 % ou
d'avoir eu une sanction de 70 % ou 72 % des gens. Alors, c'est le travail qui a
été fait par le comité de médiation.
C'est une situation d'urgence, parce qu'il y
avait les groupes qui se prévalaient - à bon droit aussi,
ce que je n'ai jamais refusé à qui que ce soit, ce n'est pas
à moi de le refuser - d'aller devant les tribunaux, M. le
Président, quand nous avons souligné tout ça, une
requête entre autres. Il y a eu deux jugements, M. le Président.
D'abord, un premier jugement où, bien sûr, il y avait une
requête de la part de certains producteurs pour bloquer le rapport de
médiation ou l'application du rapport de médiation. Ils se sont
présentés devant la cour. Évidemment, le juge les a
déboutés, bien sûr; il a donné raison... Mais la
conclusion disait ceci: La requête est en sursis. Il n'est qu'à
deviner le chaos administratif dans lequel se verraient immédiatement
plonger plus de 13 500 producteurs de lait du Québec, soit un retour
à l'anté-comité de médiation et à un
caphamaùm indescriptible débouchant sur des situations plus ou
moins absurdes et un cul-de-sac impensable, si jamais ces producteurs-là
réussissaient à empêcher que le rapport de
médiation, M. le Président, se réalise. C'est la Cour
supérieure. Ce n'est pas une décision de la Régie et ce
n'est pas une décision d'un appel qu'on a fait à quelque instance
que ce soit, c'est la Cour supérieure. Et il y a un premier jugement qui
nous a donné raison. Bien sûr, nous avions déposé
notre loi avant le jugement, parce que nous avions une situation d'urgence.
Malgré tout, M. le Président, il y a eu une première
décision du juge qui reconnaît la situation d'urgence.
Elle-même reconnaît la situation d'urgence.
Il y a eu aussi une requête en évocation, M. le
Président. Le tribunal est saisi d'une requête en évocation
tenue par la requérante. C'est le Regroupement provincial pour le
maintien des droits des producteurs de lait inc, qui s'appelait Regroupement,
avec évidemment quatre producteurs à leur tête qui
étaient dûment mentionnés à l'intérieur de la
demande qui mentionnaient que la Régie des marchés agricoles et
alimentaires du Québec n'était pas habilitée,
évidemment, à procéder comme on souhaitait que ça
procède, M. le Président. Alors, bien sûr, ce que ça
a donné comme résultat, c'est qu'encore une fois la Cour
supérieure a rejeté ces prétentions-là de la part
des producteurs. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion, M. le Président - je
déposerai la lettre, je ne la lirai pas au complet, je pense que tout le
monde sait très bien lire - le 9 avril, de répondre
personnellement à M. le bâtonnier Jean Paquet sur ses
préoccupations. Je dépose la lettre. Les membres de cette
commission pourront en prendre connaissance. (10 h 50)
Je terminerai en disant que nous retrouvons, dans le présent
projet de loi, les points principaux pour faire en sorte que la Régie
puisse être mandatée pour faire appliquer ce que nous souhaitons
qui soit applique. Vous remarquerez, M. le Président, que ça
touche cinq articles à l'intérieur du projet de loi, d'autant
plus que, maintenant qu'il y a des juges qui se sont prononcés, le
questionnement du Barreau, les points qui étaient questionnés par
le Barreau ne se retrouvent pas à l'intérieur de notre projet de
loi. On mandate tout simplement la Régie, maintenant, pour être
habilitée à faire ce que nous souhaitons qu'elle fasse, ce qui
fait suite au rapport de médiation, ce qui fait suite au jugement de la
cour.
M. le Président, c'est dans cet esprit que nous avons
travaillé, et c'est dans cet esprit-là que j'entends continuer de
travailler. Je pense que c'est le meilleur service qu'on pourra rendre aux
gens, évidemment, tout en sachant que, même si les gens sont en
faveur à 70 %, 72 %, 75 %, il y a toujours quelque 20 % qui ne seront
pas nécessairement d'accord. C'est comme ça en démocratie.
Je suis persuadé, moi pour un, comme ministre de l'Agriculture au
Québec, qu'il faut apporter cette solution dans les meilleurs
délais, M. le Président, parce qu'il en va d'une industrie
importante, d'une industrie majeure. On ne peut pas se permettre, parce que
nous ne prendrons pas de décision, parce que nous n'unifierons pas le
prix du lait qui traîne depuis déjà trop longtemps, de
mettre en péril une industrie où il y aurait non seulement de
nombreux emplois qui pourraient être perdus, mais aussi où,
à toutes fins utiles, les producteurs pourraient être mis en
danger par une situation qu'on laisserait conflictuelle, et qui a
déjà été trop conflictuelle à mon point de
vue. Merci.
Le Président (M. Richard): merci, m. le ministre.
maintenant, je cède la parole à m. le député de
joliette. m. chevrette, vous avez la parole.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Vous me permettrez
d'apporter une correction, M. le Président, à ce que le ministre
a dit en partant, à la fin de son exposé, puisqu'il fait
référence à des jugements. Ce sont deux jugements de forme
et non de fond. Ce n'est pas sur le fond des choses. Donc, ça ne classe
pas pour autant un dossier parce qu'il y a un jugement de forme. Il faut bien
se comprendre. Sur le fond des choses, c'est un peu là-dessus que je
veux parler. C'est sur le fond des choses. Pardon?
M. Picotte: est-ce que le député me permettrait
juste de dire que ça répond, justement, à l'argumentation
de fond du barreau. c'est surtout là-dessus.
M. Chevrette: Ce n'est pas la question du Barreau. Moi, je parle
au niveau des groupes qui ont reçu des jugements. Ce sont des jugements
de forme et non de fond. Donc, le problème reste tout entier sur le
fond, et c'est sur le fond
que je veux intervenir par rapport aux principes fondamentaux.
Tout d'abord, je vais partir du sujet sur lequel vous avez
insisté le plus, à l'effet qu'il y a eu un
référendum - c'est une question de fond, ça - qui a
amené du monde à s'exprimer. C'est assez facile de s'exprimer
quand tu n'es pas gros touché. Moi, un référendum
démocratique quand tu n'es pas touché ou que tu es touché
si peu au détriment d'autres, c'est comme si on demandait à
l'Assemblée nationale - sur 125 députés, il y a 90
libéraux et une trentaine de péquistes - tu leur demandes: Qui
voulez-vous qui gouverne le Québec à la prochaine
élection? Ils sont 90 contre 30. Voyons! C'est aussi tata que ça
comme question. Quand tu touches fondamentalement à une question de
fond, il me semblait que l'entente Trudeau de décembre 1979 assurait que
c'étaient les individus concernés, touchés qui devaient
s'exprimer, non pas tout le monde «at large». C'était
marqué «quels qu'ils soient» à part ça, dans
l'entente Trudeau, et je m'en suis payé la lecture en fin de
semaine.
Deuxième chose sur le référendum. Moi, je pense que
ce n'est pas parce qu'un groupe s'exprime sur le fond que ça
enlève des droits fondamentaux à un autre groupe. Il y a trois
ans, ici, en cette Chambre, moi, j'ai été un des seuls à
me battre pour le droit de propriété des propriétaires
ambulanciers. La CSN, à l'époque, disait que ça valait
à peu près 25 000 $, que ça n'avait pas d'allure, que
c'était ci, que c'était ça, et que le gouvernement devait
procéder. Et le gouvernement procédait à l'expropriation
sans indemnité. Je vous ai dit que ça ne marcherait pas, et
ça n'a pas marché non plus. Les permis des propriétaires
ambulanciers se sont vendus, par la suite, jusqu'à 110 000 $, avec un
droit d'expropriation. On ne peut pas, comme législateurs, se baser sur
des consultations qui peuvent enlever des droits fondamentaux à des
groupes, sans s'assurer qu'il y ait un processus normal pour des
indemnités normales. C'est une question de droit, ça même.
Ça se plaide, ça. Ça se discute aussi.
D'ailleurs, j'écoutais le ministre et j'étais surpris
qu'on ne soulève pas ces questions de droits fondamentaux là.
Moi, si vous disiez, ce matin: Toutes les précautions ont
été prises dans le projet de loi pour que les droits fondamentaux
soient respectés», je vous dirais: On va regarder la chose.
D'ailleurs, dans le rapport de médiation, on définissait les
catégories de producteurs qui pouvaient recevoir des indemnités,
qui étaient identifiées. C'étaient ceux qui avaient tant
de quotas et ceux que ça faisait tant d'années qu'ils en avaient
acheté, etc. Là, c'est très large, on ne sait pas comment
ça va être, par règlement. On ne sait pas comment.
D'ailleurs, ce même référendum dont on parlait
tantôt, ça aurait été intéressant qu'il soit
tenu conformément à ce qui est marqué dans le plan
conjoint. C'est supposé être un plan fait par la Régie.
Comment ça se fait que ça n'a pas été fait par la
Régie? J'espère qu'on va nous répondre là-dessus.
Si c'était la Régie qui était responsable de tenir le
référendum, pour les producteurs visés, j'aurais
aimé entendre M. Prégent pour savoir qui aurait eu le droit de
vote au référendum, à ce moment-là.
Et parlant de M. Prégent, M. le Président, j'ai une
question quasi de privilège à soulever à ce
compte-là. J'ai appris, en fin de semaine, qu'il a assisté
à des séances de médiation comme président de la
Régie, des rencontres avec le ministre et des gens concernés,
alors qu'il était appelé à siéger sur un tribunal.
C'est un tribunal sur lequel il assiste et il a des décisions à
rendre. C'est très sérieux, ça. Comment peut-il, comme
membre d'un tribunal administratif, assister à des rencontres avec des
opposants, lui qui aura à se battre et à rendre des
décisions basées sur un jugement de valeur qu'il a à se
donner? En assistant ainsi, il entérine a priori toute décision
gouvernementale et, plus que ça, de l'argumentaire d'un groupe qui est
majoritaire pour le moment au détriment d'un groupe d'opposants. Je n'ai
jamais vu ça, comme membre d'un tribunal, prendre la chance d'aller
siéger à des rencontres du genre et, de facto, se mettre en
position de vulnérabilité par rapport aux décisions que tu
as à rendre après. Il est tout aussi responsable des
consommateurs, des opposants, comme de ceux qui sont pour, sur un tribunal
administratif. Je sais qu'il a assisté, avec M. Lacoursière et
avec d'autres, à des rencontres. Si vous avez besoin d'affidavits, on
vous en fournira. Et ça, à mon point de vue, c'est se placer en
état de vulnérabilité pour quelqu'un d'un tribunal
administratif, ce que je n'accepte pas. C'est comme si on demandait à
des gens du tribunal d'appel, la CALP, par d'exemple, d'aller rencontrer un
groupe de travailleurs accidentés et d'essayer de négocier avec
eux autres! Il est en position de juge. Quand on est juge et qu'on doit tenir
compte de tous les secteurs, on ne peut pas se prêter à des
rencontres de médiation, de consultation ou même d'information.
C'est très grave, sur le plan du principe du droit, ce que je
soulève là. On ne me dira pas le contraire, M. le
Président. On a pris la peine d'étudier carrément les
pouvoirs des tribunaux administratifs. Il faut se placer au-dessus de tous les
groupes. Autrement, tu sers l'appareil politique, quand tu fais de la
médiation, quand tu es en état de devoir trancher au-dessus des
groupes. Les tribunaux administratifs ne sont pas là pour servir les
pouvoirs politiques, quels qu'ils soient. (11 heures)
Je dis ça, c'est une question de principe et non pas une question
partisane en faveur d'une position ou d'une autre position. Sur les deux laits,
on est aussi malheureux que vous pouvez l'être de l'autre bord de la
table. Il n'y a personne qui souhaite des chicanes comme celle
qui se vit présentement. Ça, c'est clair. Et tout le monde
a hâte de voir finir ça. Ça aussi, on est d'accord. Mais
ça ne veut pas dire, par exemple, qu'on va y aller au-dessus des
principes fondamentaux, qu'on va y aller au-dessus de l'empiétement de
droits de groupes. Non, monsieur! Tu peux être tout aussi bien en faveur
du rapport de médiation, intégralement, et dire: C'est bien
regrettable, mais, s'il y a un droit qui existe, on ne doit pas, comme
législateur, empiéter sur les droits qui existent pour chacun des
groupes.
Ça, c'est notre rôle fondamental autour de la table, Ici.
Et c'est pour ça que moi, j'aimerais questionner. J'aimerais questionner
non pas seulement le ministre, mais questionner les gens qui sont
impliqués, les deux opposants. Au moins qu'on en ait deux groupes, un
pour et un contre, et qu'on nous dise carrément, au bout de la table:
Voici quelles sont nos prétentions sur les droits. Voici quelles sont
nos prétentions à nous, d'autre part, ceux qui sont d'accord.
Qu'on le sache exactement. Et c'est à la lumière des positions
des deux que tu peux prendre une position éclairée comme
législateur. Mais je m'en voudrais, moi, de voter pour quelque chose si,
sur le fond des choses, l'Assemblée nationale vient empiéter sur
des droits fondamentaux. Parce que moi, je me souviens, dans l'histoire des
laits... Ça fait 16 ans que je suis à l'Assemblée
nationale. Quand il y en a qui achetaient du lait de consommation, il y en a
qui se bidonnaient et ils les traitaient de caves. Aujourd'hui, ils ne les
traitent plus de caves. Aujourd'hui, ils veulent que les gens s'en
départissent carrément. C'est drôle, ça. C'est une
position que j'ai vécue, ça. Je me la suis fait expliquer aussi.
Donc, moi, je voudrais avoir le son de cloche pour ne pas enlever de droits
fondamentaux à des Individus. Ça, j'espère que c'est
clair.
Quant au premier principe que mon collègue a traité, le
principe du règlement de la fameuse clause de l'article 1 par rapport
à l'article 8, j'aimerais savoir pourquoi l'industrie forestière
ou papetière, ils sont exclus facilement, eux autres. Pourquoi n'y
est-on pas allé par la loi du ministère des Terres et
Forêts? Pourquoi y va-t-on par le biais de l'Agriculture? Il me semble
qu'on a deux poids, deux mesures dans la même loi. Parce que quelques-uns
ne payaient pas, c'étaient des producteurs agricoles, au même
titre qu'un producteur forestier est considéré comme un
producteur agricole, là, on les rentre de force et, quand tu arrives aux
papetières, sept articles plus loin, là, tu les sors
allègrement. Est-ce que ça dépend de la puissance des
lobbies, ça? Ça dépend de quoi? J'aimerais qu'on me le
dise, au bout de la table. Parce que tu ne peux pas avoir deux poids, deux
mesures dans une même législation. Si on fait ça pour une
puissance, bien, on le fait pour les deux puissances. C'est parce que ça
fait un principe de justice qui ne tient plus bien bien quand on
légifère. Sur le plan législatif, on ne peut pas
démontrer de l'incohérence dans nos textes. Il faut au moins que
ça soit cohérent dans les textes; après ça, les
tribunaux pourront nous dire qu'en voulant être cohérents on l'a
été. Mais, prima facie, au premier coup d'oeil, si
l'incohérence saute aux yeux, il faut au moins savoir pourquoi.
«C'est-u» le fruit d'un lobby puissant auquel vous avez
cédé pour exprimer l'article 8 par rapport à l'article 1?
C'est peut-être le fruit d'une entente. D'après ce que j'ai
compris, c'était une entente. Bien, si c'est une entente, qu'on nous le
dise. Je veux savoir pourquoi je légifère.
Donc, 1 et 8 me semblent contradictoires, et j'aimerais qu'on me
l'explique comme il faut. Je fais la suggestion au ministre de permettre
à deux groupes, un qui est pour le projet de loi et l'autre qui est
contre, pour qu'on sache les motifs, les prétentions légales,
qu'on les écoute avant de prendre une position ici.
Quant à l'autre point, bien, je pense que j'ai été
très clair, à mon point de vue, sur la perception du rôle
que M. Prégent peut avoir joué. Au-delà du fait qu'il
n'aurait pas dit un seul mot, sa présence comme membre d'un tribunal,
à mon point de vue, à ce genre de rencontre de
réconciliation de coeurs... je pense que ce n'est pas le rôle d'un
tribunal administratif de se placer en état de
vulnérabilité. Ça, c'est ma conviction. Je ne sais pas ce
que je ferai avec ça, mais je regarderai ça.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: Oui, M. le Président. D'abord, permettez-moi
de relever certains points. Quand le député de Joliette dit:
Ouais, il y en a un groupe seulement qui... Il dit: Quand on questionne les
deux groupes et qu'il y en a un groupe de touché, c'est bien sûr
qu'ils sont noyés à l'intérieur de... Est-ce que je
pourrais lui faire remarquer, au député de Joliette, que 72 % du
monde de la consommation des producteurs de consommation, se sont
prononcés en faveur, en faveur du rapport de médiation? C'est un
groupe, ça, dont il tente de prendre la défense. 72 % du monde
s'est prononcé en faveur. C'est assez majoritaire à
l'intérieur de ce groupe-là aussi. Quand même on les aurait
questionnés, eux autres, tout seuls, c'était 72 %.
La deuxième chose, je pourrais dire au député de
Joliette que les deux groupes étaient, bien sûr, mis en cause
là-dedans, parce que j'ai toujours compris du monde du lait de
transformation, pour la majorité d'entre eux, qu'ils voulaient voir ce
règlement-là régler ce litige-là beaucoup plus
rapidement que ce que propose le comité de médiation. Mais il ne
faut pas s'imaginer que les gens du lait de transformation étaient
heureux de cette médiation-là, parce que eux voulaient avoir
ça dans la même année, ils ne voulaient pas avoir ça
sur une période de
cinq ans. Donc, ils n'étaient pas plus heureux, eux autres, non
plus, et ils ont dû faire des concessions, la même chose. Donc, il
ne faut pas se mêler et il faut bien départager, et c'est pour
ça que c'est départagé, M. le Président.
Le député de Joliette a dit que ça fait 16 ans
qu'il est ici. Bien, moi, ça va faire 20 ans bientôt, et j'avais
prévu ça un petit peu, ce genre de question là, M. le
Président, et c'est pour ça que nous avons
départagé les votes. 72 % du monde du lait de consommation s'est
dit en faveur du rapport de médiation et 71 % du monde du lait de
transformation s'est dit en faveur du comité de médiation, donc
la majorité des deux groupes de producteurs. On les aurait pris
séparément et on serait arrivé à ce
résultat-là, parce que c'est comme ça qu'ils ont
voté. Alors, je pense qu'il ne faut pas, non plus, induire les gens en
erreur sur la possibilité que c'est tout un groupe qui a voté
d'un bord et l'autre groupe a voté de l'autre côté. Et si
vous voulez savoir pourquoi les gens de la transformation ont voté
seulement à 71 %, donc 1 % de moins que les gens de la consommation,
c'est parce que les 39 % qui ont voté contre le rapport de
médiation, eux autres voulaient le voir réglé dans la
même année au lieu de le voir réglé sur une base de
cinq ans. C'est pour ça qu'il y a des gens qui se sont prononcés
et qui n'étaient pas tout à fait d'accord, M. le
Président.
Maintenant, on parle de fonds d'indemnisation pour enlever des droits
fondamentaux. C'est justement de ça dont il est question dans la loi. On
crée un fonds d'indemnisation, et c'est la Fédération des
producteurs de lait qui présentera à la Régie des
marchés une réglementation pour faire selon les désirs des
producteurs. Écoutez, c'est assez spécial, merci, ça. Non
seulement on ne bafoue pas les règles du jeu, mais il y a un fonds
d'indemnisation qui est créé. C'est pour ça qu'on met
ça dans la loi, pour créer un fonds d'indemnisation pour ne pas
leur enlever des droits, parce qu'ils ont droit à de l'indemnisation,
premièrement. Donc, il y a un fonds d'indemnisation qui est
créé - c'était la préoccupation du
député de Joliettte - et, en plus de ça, c'est la
Fédération des producteurs de lait, donc tout le monde
concerné, qui va présenter un règlement à la
Régie pour faire en sorte que les désirs des producteurs se
retrouvent à l'intérieur de ce règlement-là. C'est
encore bien plus fort que le règlement que, moi, je pourrais
présenter, avec mes fonctionnaires. C'est encore bien plus fort parce
que c'est la Fédération même et c'est les producteurs qui
vont amener le règlement. Alors, je ne vois pas beaucoup, grands droits
de bafoués à l'intérieur de ça. Je ne vois pas de
démocratie amputée non plus. Je vois plutôt avoir
utilisé la démocratie à outrance, et ce n'est pas
méchant qu'on utilise la démocratie à outrance. Ça
arrive tellement souvent, parfois qu'on est tentés de la bafouer, ce qui
fait que ce n'est pas méchant qu'on puisse en faire des consultations
«at large» et qu'on puisse aller plus loin que ça.
Maintenant, je dis au député de Joliette que, moi, je ne
donnerai pas mon consentement pour écouter des groupes. Je les ai
écoutés, les groupes; on les a écoutés partout. On
ne recommencera pas à écouter des groupes encore et à
demander à ces gens-là de revenir se chicaner; c'est
déjà assez pénible pour eux. Et Dieu sait s'il faut savoir
ce qui se passe dans le champ pour savoir comment c'est pénible pour eux
de se chicaner alors que ça met en danger, justement, leur industrie
majeure, leur portefeuille, et ça met en danger tout ça. Alors,
bien sûr que, M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'écouter des groupes.
Pour les deux autres points particuliers, d'abord, si vous me le
permettez, avant de dire que, d'aucune façon, nous n'avons
demandé... D'abord, moi, je n'ai pas eu de réunion avec M.
Prégent, personnellement. Donc, des réunions avec le ministre,
pour rencontrer des groupes, pour leur faire des mamours ou faire de la
médiation, ça n'a pas existé avec celui qui vous parle,
premièrement. On n'a jamais demandé, ni au ministère ni au
cabinet du ministre, à la Régie de faire des consultations et
d'aller essayer de convaincre du monde. On n'a jamais demandé ça.
On n'avait jamais demandé de faire autre chose que la job pour laquelle
ils sont habilités. D'ailleurs, Me Prégent est un avocat, je
pense qu'il est capable de se défendre lui-même, de se
défendre tout seul, et il est capable de dire exactement quel rôle
il a joué là-dedans. Il y a des processus et une procédure
à suivre si vous voulez mettre l'intégrité d'un membre
d'une commission en cause, vous devez prendre vos responsabilités et
faire ce qui s'impose pour tâcher de dire ce que vous avez à dire.
Et ça, bien, libre à chacun des membres de cette Assemblée
de se comporter comme il le désire. Encore là, de la
démocratie libre, et la démocratie veut qu'on puisse le faire.
(11 h 10)
Je vais demander, dans un premier temps, à Me Prégent de
vous parler, bien que je pourrais vous en parler, d'abord, de la Loi sur les
forêts en ce qui concerne les papetières, et il faut dire que
c'est un sujet qui s'en allait en cour, ça, avec les papetières
et l'UPA. Ça s'en allait en cour, et c'est à la demande
même de l'UPA qu'on nous a demandé: Est-ce qu'on peut s'asseoir
ensemble, l'UPA, les papetières, regarder la Loi sur les forêts,
regarder toutes ces lois-là, et vous proposer quelque chose qui soit
acceptable pour tout le monde? Alors, ça, ça a été
fait encore. Ça a été fait, plutôt que d'aller en
cour où quelqu'un aurait, d'une façon ou d'une autre,
gagné et l'autre, perdu. Plutôt que d'aller en cour, ils ont dit:
On va s'asseoir, on va s'asseoir avec les deux ministères, et on va vous
proposer une façon de procéder qui va respecter la Loi
sur le ministère des Forêts, qui va respecter la
Régie, qui va respecter nos droits comme producteurs et qui va respecter
aussi ce que les papetières ont à faire. Ça, ça a
été déposé il y a déjà pas mal de
temps. On l'a retardé de deux ans pour permettre aux gens de s'entendre
et de nous proposer une solution. Donc, je veux bien qu'aujourd'hui ce ne soit
pas la bonne solution, mais je n'ai pas trop de craintes, à savoir que,
quand les producteurs comme tels, les papetières et les deux
ministères se sont assis et ont pris même plus de temps pour
tâcher de trouver une solution, c'est encore préférable
à toute solution législative qu'on pourrait trouver. Bien
sûr que nous, après, on est obligés de la
légiférer parce qu'on ne peut pas laisser aller ça comme
ça, mais c'est exactement comme ça que ça s'est
passé.
Si M. Prégent veut rajouter, M. le Président, j'aimerais
qu'on permette à M. Prégent de répondre aux questions
auxquelles il a à répondre. Il a été mis en cause,
et moi, je ne peux pas répondre pour lui. Lui, j'espère qu'il va
répondre de ses actes et de ses faits. Mais je tiens à dire
immédiatement que d'aucune façon, jamais, ni au ministère,
ni chez nous au cabinet, on n'a demandé à M. Prégent de
jouer un rôle qui n'était pas le sien et de jouer un rôle
qui pouvait être un rôle de conciliateur. Ce n'est pas sa job, il
n'a pas d'affaire là-dedans, et on lui demande de se mêler de ses
affaires et, nous autres, on se mêle des nôtres. Voilà.
Le Président (M. Richard): Me Prégent.
M. Prégent (Gilles): Merci, M. le Président. Je ne
sais pas si l'on veut, d'abord, avoir des réponses sur le fait que le
ministère des Forêts... On en tient compte dans le cadre de cette
disposition de la loi. C'est effectivement à la suite de longs
pourparlers entre la Fédération des producteurs de bois et
l'industrie forestière en général et à la suite de
la difficulté particulière que l'on retrouve avec les grands
possesseurs de terrains privés. Les grandes sociétés
forestières sont, comme on le sait, également
propriétaires de grandes étendues de forêt privée.
Plusieurs des règles que les offices de producteurs en
général veulent appliquer vis-à-vis de ce qu'on pourrait
appeler les propriétaires forestiers ordinaires, pour faire opposition
aux grandes sociétés forestières, ne se retrouvent pas du
tout dans les mêmes circonstances, particulièrement parce que les
propriétaires de terrains forestiers de plus de 800 hectares sont
astreints à des obligations très sévères
déjà - enfin, relativement plus sévères - en vertu
de la Loi sur les forêts. On a demandé de tenir compte de
ça, particulièrement parce que ce que les offices de producteurs
recherchaient avant tout, c'était d'assurer que sur ces
terrains-là on ne coupe pas plus de bois que s'ils étaient des
producteurs ordinaires; en d'autres mots, que l'équivalent d'un
contingentement ou d'une coupe rationnelle en fonction de la possibilité
forestière s'applique dans ce milieu-là aussi bien que chez les
propriétaires de boisés privés.
La solution a été celle-là: ça a
été de faire référence, justement, à la
disposition de l'article 121 de la Loi sur les forêts, qui impose
déjà toute une série d'obligations, dont celle de la coupe
rationnelle en fonction de la possibilité forestière est
déjà prévue. On a donc considéré que
ça devrait suffire pour remplir les besoins d'une mise en marché
ordonnée qui est le but visé par la loi des marchés d'une
façon générale. C'est donc pour ça que l'exception
est faite, pour les entreprises forestières particulièrement. Il
faut dire que d'autres grandes entreprises au Québec ont demandé
également des exemptions, mais, comme elles ne se retrouvaient pas dans
le secteur forestier et qu'il n'y avait donc pas les mêmes mesures de
protection, de coupe rationnelle, on n'en a pas tenu compte dans le texte qui
est proposé ici.
M. Chevrette: Est-ce que je peux poser une question, parce que
c'est peut-être important? Je savais que c'était au niveau d'une
entente. Mais c'est au niveau du principe. Prenez le producteur biologique, il
transforme pour lui-même son propre produit, tout comme le jugement
accueille la requête, le document que vous citiez tantôt. C'est
marqué: Dit et déclare que le bois prélevé sur les
forêts privées de la requérante est destiné
exclusivement aux usines de pâtes et papiers, il a son bois puis il
l'utilise chez lui. Quelle est la différence entre le producteur
biologique qui transforme son produit pour lui, pas plus, pas moins, exactement
comme le producteur de bois privé... Comment se fait-il qu'il y a une
différence au niveau des principes à ce moment-là, puisque
la papetière, elle transforme son produit à elle, comme le
producteur biologique fait, et il y en a un qui va payer et l'autre ne pourra
pas payer? Au niveau du principe, c'est ça que j'essaie de comprendre.
Est-ce que c'est parce qu'il y a une entente au-delà des principes ou
bien si les principes sont conciliables? C'est ça que je veux
savoir.
M. Prégent: Vous me permettez, monsieur? Non, je ne pense
pas que les principes soient conciliables. il n'y a pas de différence
entre l'exemple que vous donniez dans le secteur laitier et une entreprise de
transformation. Un abattoir de volaille qui est propriétaire d'immenses
troupeaux de volaille, qui est visé également et qui produit dans
son poulailler du poulet qu'il abat dans son abattoir, il va être
visé, comme dans le passé...
M. Chevrette: Puis le producteur de carottes, le producteur de
petites fèves, c'est ses terres...
M. Prégent: Et des producteurs de n'importe quoi. La seule
exception qui est faite, le principe, c'est que tout le monde qui produit est
visé par le plan.
M. Chevrette: Sauf les papetières.
M. Prégent: Sauf, à cause de la Loi sur les
forêts, les papetières. C'est parce qu'on ne retrouve pas ailleurs
des lois spéciales ou spécifiques pour un secteur
spécifique qui prévoient des choses similaires à ce qu'on
voit à l'article 121 de la Loi sur les forêts.
M. Chevrette: La Loi sur les forêts, elle dit quoi
là-dessus?
M. Prégent: Elle dit que les propriétaires
forestiers d'un seul tenant qui... Je peux vous lire la disposition: Lorsqu'il
s'agit d'un propriétaire d'une forêt privée d'au moins 800
hectares d'un seul tenant... Vous le trouvez, M. le député,
à l'article 8 de votre cahier, à l'endos de la page
précédente, la disposition actuelle de la Loi sur les
forêts. On y voit donc que le propriétaire d'une forêt
privée d'au moins 800 hectares d'un seul tenant doit avoir un plan
général d'aménagement forestier et un plan quinquennal
d'aménagement forestier confectionnés et signés par un
ingénieur forestier et approuvés par le ministre. Il est
également tenu a l'entretien de chemins forestiers et il est
également tenu à contribuer de façon importante pour les
feux de forêts qui, on le sait, sont des dépenses importantes. En
somme, il a été, j'imagine, considéré que, d'une
façon générale, les dépenses qui sont
assumées par une telle entreprise sont l'équivalent au moins de
ce qu'un producteur paie normalement pour l'application d'un plan conjoint.
C'est appliqué aux fins que l'on prévoit.
M. Chevrette: Mais ça n'aurait pas été plus
simple de modifier la Loi sur les forêts, à ce
moment-là?
M. Prégent: Bien, en tout cas, je ne crois pas...
M. Chevrette: C'est parce qu'à l'intérieur... Je
vais m'expliquer, M. Prégent.
M. Prégent: O.K.
M. Chevrette: C'est que les producteurs de carottes et de petites
fèves, c'est la même chose, ils seront assujettis au plan
conjoint, si j'ai bien compris, en vertu de l'article 1. Parce que vous avez eu
des poursuites par certains producteurs de carottes et de petites fèves.
Vous avez été déboutés devant les cours, et
ça en est arrivé à vous obliger à mettre l'article
1 qui dit: Dorénavant, j'ai une assise légale; un producteur de
carottes, de petites fèves, ne pourra plus se prévaloir de la loi
existante parce que, là, j'ai une assise légale en vertu de
l'article 1. Je comprends que c'est par déduction. Vous dites: Les
forêts, ceux qui font des chemins qui servent à la
villégiature après, participent aux feux de forêt, à
la sécurité en forêt, on a calculé... Mais c'est par
déduction. À ce moment-là, pourquoi ne pas aller au niveau
des terres et forêts pour faire l'amendement, alors que, dans un projet
de loi où on traite l'ensemble des producteurs québécois,
on devrait les traiter sur un pied d'égalité? Un gars qui va
produire des carottes, c'est à lui, puis il les met en boîte, lui
va payer le plan conjoint. L'autre qui est producteur au même titre en
vertu de la Loi sur les producteurs agricoles, les forêts rentrent
dedans, lui est exclu. C'est pour ça que je posais la question: Pourquoi
ne pas avoir exclu, ou le définir différemment au niveau des
terres et forêts, par rapport à une loi très
cohérente quant à la production agricole comme telle? (11 h
20)
M. Prégent: D'abord, c'est peut-être pour bien
marquer que le principe, ça s'applique vraiment à tout le monde,
y compris aux entreprises forestières qui ont même plus de 800
hectares. S'ils ne livraient pas à leur entreprise, ils continuent
d'être visés. Alors, c'est donc une exception bien pointue,
excusez l'expression, qui vise spécifiquement un cas particulier
où il s'agit d'une entreprise qui coupe sur ses boisés et qui
envoie à son usine. Si ce n'est pas ça, ils continuent
d'être visés par le plan conjoint et, donc, à toutes ses
autres obligations. Pourquoi le trouve-t-on ici en plus plutôt que dans
la Loi sur les forêts? D'abord, c'est une technique législative,
mais je crois que c'est l'endroit pour faire une exception à la
règle, parce que, finalement, c'est une exception à la
règle générale, la règle générale
étant que le plan s'applique vraiment à tout le monde, et on y
prévoit qu'il y a une exception. Si c'était ailleurs, on lirait
cette loi-là qui établit en principe que ça s'applique
absolument à tout le monde et on ne verrait pas qu'il y a une exception
là. Alors, ça paraissait plus à la fois facile pour s'y
référer et faire l'exception particulière, et
également au point de vue limpidité du texte, que de retrouver
ici, justement, l'exception qui est faite à la règle et pourquoi
on la fait. Surtout en se référant à ce qu'on avait
simplement décrit, sans se référer à la Loi sur les
forêts, on aurait pu se poser la question: Qu'est-ce que ça fait
là? Je pense qu'en faisant référence à la Loi sur
les forêts on voit bien que, là, on fait appel à toute une
autre série d'obligations statutaires ce qui, par ailleurs, fait cette
exception-là.
M. Chevrette: La question que j'avais posée...
M. Prégent: Sur l'autre.
M. Chevrette: Pourquoi le référendum n'a-t-il pas
été tenu par la Régie?
M. Prégent: J'allais dire, et ça va peut-être
rejoindre un petit peu l'autre sujet qui va venir, j'ai hâte d'y arriver,
vous comprenez?
M. Chevrette: Je ne suis pas maître de vos
réponses.
M. Prégent: J'ai hâte d'y arriver. J'allais dire que
ce n'était pas de nos oignons.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Prégent: vous savez, ce
référendum-là n'était pas un
référendum fait en vertu de la loi, ce n'était pas fait en
vertu d'une chose comme...
M. Chevrette: Ça ne vous a pas été
demandé?
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: Non, ça ne leur a pas été
demandé, parce que c'était un exercice bona fide. Ça a
parti d'un exercice bona fide, d'un désir des producteurs de vouloir
arrêter de se chicaner, de vouloir arrêter de se détruire
entre eux, et de dire: Qu'est-ce qu'on peut faire ensemble? Donc, l'exercice
est parti bona fide comme ça. Ça ne leur a pas été
demandé, ça ne leur aurait pas été demandé
non plus. Dans tout le processus, on a suivi le même processus pour faire
en sorte d'arriver par la suite à un certain consensus. Et si,
effectivement, à la suite du référendum tenu, on avait eu
des résultats complètement contraires, on aurait
décodé que les gens, finalement, aimaient mieux faire perdurer la
situation qui existait et on les aurait laissé faire comme ça.
C'est ça. Mais c'est parti sur un exercice de bonne foi, parce que les
gens n'en peuvent plus; il faut aller leur demander, autant d'un
côté comme de l'autre. D'ailleurs, c'est tellement drôle
que, quand on questionne les deux côtés, ils nous disent qu'on a
raison. Mais, par contre, ça ne devrait pas être comme
ça.
M. Chevrette: Je suis content que vous disiez ça. Parce
qu'il y a des gens qui sont venus en groupe dans chacun de nos bureaux, vous le
savez. Ils venaient en groupe, puis ils disaient: II faut que ça passe;
Picotte va déposer quelque chose, il faut que ça passe. Cinq
minutes après, ils nous appelaient, individuellement, pour dire: II faut
que ça bloque. Individuellement. C'est pour ça que vous
comprendrez que...
M. Picotte: J'ai vu ça en politique tout le temps de ma
vie.
M. Chevrette: ...je suis assez à l'aise ici de dire ce que
j'ai à dire. Puis j'en attends certains qui vont venir me dire
après: Ouais, mais tu comprends, je fais partie du groupe, je fais
partie de l'exécutif, j'étais obligé de dire ça.
Puis, après ça, ils t'appelaient et ils te suppliaient: Bloque
ça. Ce n'est pas une question de bloquer pour le plaisir de bloquer,
c'est une question de comprendre tous les aboutissants de ça. Puis ceux
qui arrivent à mon bureau avec trois chapeaux, je n'aime pas trop
ça. J'aime ça avoir l'heure juste, puis j'essaie de la donner,
l'heure juste.
M. Picotte: M. le Président, je pense que le
député de Joliette est fait sur le même moule que le
député de Maskinongé. J'ai toujours dit que je me
méfie toujours, depuis que je suis en politique, des gens qui me mettent
la main dans le dos. Bien souvent, on cherche le mou pour planter un poignard.
Et ce n'est pas toujours pour nous dire qu'on est beau, fin et
«smart». Hein! C'est comme ça que ça se passe dans la
vraie réalité. Il y a des gens qui viennent nous dire des choses
en groupe et, individuellement, ils nous appellent pour nous...
M. Chevrette: Supplier.
M. Picotte: ...affirmer le contraire. On leur dit:
Écoutez, vous avez accepté le processus que c'est votre
Fédération qui a signé en votre nom, votre
Fédération qui a passé une résolution, c'est le
processus que vous avez voulu qu'on se donne. Et on s'est tous dit ça
à travers. Il ne faut pas, un coup que le processus est en marche, qu'on
vienne nous dire après ça: Bien, moi, je n'étais pas
d'accord avec ça, mais parce que c'est ma belle-soeur qui me l'a
demandé, j'ai tâché d'embarquer là-dedans pour ne
pas lui déplaire. Ça ne peut pas marcher de même dans la
vraie vie, surtout pas quand on a des enjeux économiques. Quand c'est
juste des enjeux pour avoir du plaisir, on peut s'amuser avec tout ça.
Mais, quand c'est des enjeux économiques, quand on sait très bien
qu'il y a un danger réel demain matin, et je le dis, comme je l'ai
toujours mentionné, M. le Président... Tu sais, le ministre de
l'Agriculture qui serait arrivé au Québec pour dire: Moi, les
plans conjoints, puis votre plan conjoint, j'ai l'intention de tout modifier
ça, de changer ça, il aurait été crucifié
avant d'ouvrir la bouche. Hein! Est-ce qu'on n'est pas en train, en laissant
perdurer une situation comme ça, de mettre en danger le plan conjoint
qui est si cher aux producteurs et qu'ils vont faire eux autres mêmes ce
qu'un ministre aurait pu leur faire et qu'ils auraient pu crucifier? C'est
ça, la réalité. Moi, je dis: II faut que je les mette en
garde de ça.
Maintenant, moi, personnellement, je vais vous dire une affaire: Si
ça ne passe pas, moi, je ne ferai pas un débat à tout
casser là-dessus. Si
les gens n'en veulent pas, je vais retirer ça et je vais laisser
aller ça comme ça s'en va. Mais on s'en reparlera dans six mois,
huit mois, maximum. Je vous dis que j'ai des informations qui pourraient vous
dire que, dans six mois, il y a du monde qui ne vaudra pas cher dans le champ
tout à l'heure. Bien, moi, je ne ferai pas une lutte à tout
casser. Ne vous imaginez pas que je vais me battre, puis que je vais
m'en-gueuler et que je vais faire tout ça. Pantoute! Pas question! Moi,
j'ai mis ça parce que je pense que ça reflète la
réalité. Vous n'en voulez pas? Je vais le retirer. Vous avez rien
qu'à me faire une proposition de retirer ça, on va retirer
ça. Mais moi, je ne retravaillerai plus là-dessus. Et on en
reparlera dans six ou huit mois, on fera chacun son examen de part et d'autre
et on dira: Voici ce que ça a donné comme résultat. Et je
ferai peut-être bien ce que ma grand-mère a fait et ce que bien
des grands-mères au Québec ou bien des grands-pères ont
fait antérieurement - parce que ce n'est pas uniquement les
grands-mères, les grands-pères aussi - qui se sont dit: J'aurais
donc dû.
M. Chevrette: J'aurais donc dû. Dans le résultat du
référendum, avez-vous analysé le pourcentage de ceux qui
ont voté? Par exemple, on sait qu'il y a 25 % des producteurs laitiers
qui détiennent plus de 50 % du quota du lait de consommation. Est-ce que
vous avez fait des proportions dans les 71 %? Parce que celui qui a 10 litres
de lait de consommation, il a le même vote que celui qui a 75 % de ses
quotas ou qui a 100 % de ses quotas dont c'est du lait de consommation. Est-ce
qu'il y a eu des proportions de faites au niveau de ces chiffres-là?
M. Picotte: M. le Président, je vais demander à mon
sous-ministre, M. Jacob, qui, lui, était un des membres du
comité, d'apporter peut-être encore plus d'explications sur ce qui
s'est fait. M. le Président, je pense qu'à ce moment-là on
aura exactement, peut-être, des réponses, ce que souhaite avoir le
député de Joliette.
M. Chevrette: II faut s'entendre: c'est 75 %, 80 %, parce qu'ils
ne peuvent pas avoir 100 %. Est-ce qu'il y a eu des proportions de faites parmi
ceux qui, majoritairement, avaient des quotas de lait de consommation par
rapport à celui qui pouvait avoir seulement 10 litres, par exemple?
M. Jacob (Guy): D'abord, il faut savoir que c'était une
consultation générale et non pas un référendum avec
toutes ses règles précises, comme ça aurait pu
l'être dans le cadre de la Régie, et pour plusieurs raisons.
D'abord, le groupe de médiation est un groupe sans assise légale
officielle, est un groupe mis en place à la demande des syndicats de
base pour tenter de promouvoir ou de suggérer une façon d'arriver
à un règlement du dossier du lait.
La seule façon qu'on avait d'identifier, à partir des
listes officielles de la Fédération des producteurs de lait, on
a: lait de consommation, quiconque détient un litre de quota de
consommation ou plus, et lait de transformation, celui qui ne détient
aucun quota de lait de consommation. C'était la seule façon de
départager les gens à l'intérieur des
résultats.
M. Chevrette: Donc, il pouvait y avoir... C'est parce que
j'essaie de juger les réactions des producteurs présentement. Si
je ne détiens qu'un, deux ou dix litres, le règlement actuel
m'avantage.
M. Jacob: Oui.
M. Chevrette: Si je détiens la majorité de mon
quota de lait de consommation...
M. Jacob: C'est-à-dire...
M. Chevrette: ...le règlement me désavantage.
Est-il exact qu'il peut y avoir jusqu'à 7000 producteurs qui pourraient
potentiellement être avantagés par rapport à 3500, par
exemple? (11 h 30)
M. Jacob: À partir du moment où quelqu'un
détient plus de 25 % de son quota en lait de transformation... La
formule proposée était neutre pour ceux qui détenaient 25
% de lait de transformation...
M. Chevrette: Consommation.
M. Jacob: ...de lait de consommation, et 75 % de lait de
transformation. C'était le point de neutralité. Tous ceux qui
détiennent...
M. Chevrette: Mais combien il y en a - ça, ça doit
être des statistiques connues - combien il y a d'individus de 25 % et
moins? C'est ça que je veux savoir. C'est parce qu'il y a des
règles élémentaires en démocratie. Vous ne
demanderez pas à un gars de s'autoflageller. Si le règlement
avantage 7000 producteurs dès le départ, comment voulez-vous
avoir, sur le plan des règles de la démocratie, un tantinet de
justice apparente ou d'apparence de justice? C'est ça que je veux
savoir.
M. Picotte: M. le Président, je vais demander à M.
Jacob de donner les chiffres...
M. Chevrette: Moi, c'est les chiffres. M. Picotte: ...et
les pourcentages.
M. Jacob: Les chiffres officiels qu'on avait au 2 juillet 1991.
Il y a 10 producteurs de lait de consommation qui détenaient 90 % de
l'ensemble de leur quota en lait de consommation; 98 qui
étaient à 80 % et plus de leur quota total en lait de
consommation; 622 producteurs... Ça c'est toujours cumulatif, hein?
M. Chevrette: O.K.
M. Jacob: 622 qui détenaient 70 % et plus de leur quota en
lait de consommation; 1459 qui détenaient 60 % et plus en lait de
consommation; 2901, 40 % et plus; 3522, 30 % et plus - puis là, à
30 %, on est rendu à peu près au point de neutralité -
4649 qui détenaient 20 % et plus. Donc, le «break-even», le
seuil est quelque part entre 4600 et 3500, donc probablement autour de 4000
producteurs...
M. Chevrette: Sur 10 000.
M. Jacob: ...sur 13 500...
M. Chevrette: Sur 13 000.
M. Jacob: ...sur 13 649 exactement, selon le recensement de cette
date-là, détenaient plus de 25 % de leur quota en lait de
consommation.
M. Chevrette: est-ce que c'est péjoratif de dire: ceux qui
ne détiennent aucun quota de lait de consommation, c'est à peu
près l'équivalent de ceux qui détiennent 50 % et plus?
M. Jacob: Non. Il y avait, de mémoire, un peu moins de
3000 producteurs qui ne détenaient que du lait de transformation, qui
étaient des non-intégrés.
M. Chevrette: Donc, eux autres, au départ, là, ils
avaient droit de vote pareil.
M. Jacob: Oui.
M. Chevrette: Bon.
M. Jacob: Mais...
M. Chevrette: Donc, il y en a 3000, au départ, qui ont
tout avantage, eux autres, à 100 %, de voter en faveur du
règlement. Prenons maintenant ceux de 0 % à 25 %. Combien il y en
a, deO %à25 %?
M. Jacob: Bien, autour de 4000.
M. Chevrette: Ça fait donc 7000, au départ, qui ont
tout avantage.
M. Jacob: Non, non. Ça, c'est cumulatif, là.
M. Chevrette: Oui, c'est ça que je dis. C'est cumulatif.
Si vous me dites 4000 plus 3000, ça fait 7000.
M. Jacob: Non, non, non. En tout et partout, il y a 4000
producteurs à peu près qui détenaient moins de 25 %.
Ça inclut ceux qui détenaient 0 %, ça.
M. Chevrette: Mais il y a 25 % à 30 %. Combien il y en a,
vous avez dit, à 30 %?
M. Jacob: II y en a 4649 qui détenaient moins de 20 % et
3500 qui détenaient moins de 30 %. On n'a pas les 25 %, là. La
ligne 25 %, on ne l'a pas. Mais elle se situe quelque part entre 3500 et 4600
qui détenaient moins de 25 % de lait de consommation, incluant les 0
%.
M. Houde: Ça devrait être 13 600...
M. Chevrette: 13 500, 13 600.
M. Jacob: Qui serait de 13 650.
M. Houde: Ça ferait à peu près, quoi, 30
%...
M. Jacob: II faut se ramener dans tout le contexte, là,
où il y avait eu un comité ad hoc, où il y avait eu une
proposition, un règlement voté par la Fédération de
responsabilisation du lait de consommation à partir de ce qu'on appelait
les 4 900 000 $. Résolution subséquente où c'était
responsabilisé à partir de la base 0, et ça,
c'étaient largement les producteurs de lait de transformation. Et
ça, ça les amenait Immédiatement à peu près
à la formule: un prix, un lait. Très rapidement. Et quand vous
dites que ces gens-là n'avaient rien à perdre, les 3000, ces 3000
étaient ceux qui, précisément, à l'assemblée
générale de la Fédération des producteurs de lait,
avaient réussi à faire passer le règlement à base
0. Eux autres aussi perdaient. Dans toutes les assemblées publiques
qu'on a faites, ils étaient aussi vocaux que les gens de la
consommation.
M. Chevrette: Ah! je sais que ça a changé. Sur
ça, je ne m'obstinerai pas avec vous. J'ai rencontré les deux
groupes. Il y en a qui étaient d'accord avant, mais ils n'étaient
plus d'accord après. Puis ils ont changé. Ah! c'était le
micmac.
M. Jacob: Oui. Puis on a mis aussi, pour ces gens-là qui
ne détiennent pas de lait de consommation, qui sont des
non-intégrés, l'obligation, à partir de 1993, de respecter
les mêmes règles de construction, de distance, de
salubrité, etc. Ils perdent, eux autres aussi. Eux autres aussi, ils ont
des exigences ou des impositions qu'on leur a données. Alors, ce n'est
pas vrai de penser que la gang de la transformation ou ceux qui étaient
largement en transformation ont voté naturellement pour. Il y avait
aussi des obligations qui leur étaient imposées...
M. Chevrette: Mais eux autres, c'est juste
parce qu'ils trouvaient que ça n'allait pas assez vite, si ma
mémoire est fidèle.
M. Jacob: Bien, parce que ça n'allait pas assez vite et,
pour les 3000 non-intégrés, parce qu'à partir de 1993 ils
vont devoir accepter de faire les investissements pour se normaliser, comme les
10 000 autres, ou sortir de la production. C'est aussi simple que
ça.
M. Picotte: M. le Président, c'est pour ça qu'on a
vu, d'ailleurs, de ces producteurs-là vendre ce qu'ils appelaient leur
petit quota de 150... faire encan et vendre leur petit quota, face à
toutes ces obligations-là. Il y en a eu à date. Il y a eu une
hâte de ce côté-là. C'est pour ça qu'un jour
il faut que ça s'harmonise le plus rapidement possible et qu'on
enlève cette disparité-là, parce que c'est l'industrie qui
est pénalisée dans tout son ensemble. Les deux doivent faire des
efforts, bien sûr.
M. Houde: D'ailleurs, ils sont bien conscients aussi, et qu'ils
fassent des efforts, tous les deux, pour arriver à un lait, un prix.
M. Chevrette: M. Prégent avait hâte de parler. Moi,
c'est parce que je dois quitter, puis j'aimerais ça que... Tout d'un
coup j'aurais à rétorquer.
Le Président (M. Richard): Ça vous ferait de la
peine s'il ne s'exprimait pas. Me Prégent.
M. Prégent: Merci, M. le Président. Vous
comprendrez qu'après avoir été au sein de cet organisme
depuis plus de 25 ans, ça fait un peu monter la pression que de penser
que non seulement je puisse être en situation de conflit
d'intérêts ou que je pourrais même donner l'apparence
d'être en conflit d'intérêts ou de ne pas remplir mes
fonctions correctement... Mais, enfin, ce sont des questions qu'on peut poser,
et je vais sûrement tenter de répondre de façon
satisfaisante.
Je ne sais pas si ce dont on faisait... D'ailleurs, on le voit,
peut-être de façon bien physique ici, par la défense du
projet de loi, ce n'est pas pour rien que le sous-ministre, je pense, de
l'Agriculture est là aujourd'hui, et le contentieux du ministère
de l'Agriculture, c'est que, même si ça se retrouve tout à
l'intérieur de notre loi, il y a certaines dispositions qui nous
concernent, nous. Mais il y en a d'autres qui sont plutôt le
résultat d'actions différentes, dont celles qui ont trait au
lait. Vous voyez que la défense vient d'ailleurs que de chez moi.
Nous tentons toujours, à la Régie, de tenir cette
distinction de nos fonctions. Vous comprendrez que ce n'est pas toujours facile
pour un organisme que d'être à l'écoute des gens, d'une
part, et d'être un organisme qui décide, par ailleurs. À
moins de se monter dans une tour d'ivoire où on serait loin de la
population qui est visée, ce que je pense qu'on doit éviter, nous
tentons d'être à l'écoute et de parler à plus de
monde, à toutes sortes d'occasions, effectivement, et bien souvent,
quand ce sont eux qui nous le demandent, bien sûr.
Au cours des derniers 25 ans, j'ai rencontré tout le monde dans
le monde agricole, à peu près, à diverses occasions, qui
m'a fait des représentations de toutes sortes, et il serait bien
difficile de ne pas faire cet exercice-là. Quant à ce dont on a
fait état, je ne sais pas si l'on fait référence, parce
que ce n'était pas très spécifique, à des
rencontres qui auraient eu lieu jeudi et vendredi derniers, parce que je ne
sais pas, à part ça, ce dont on pourrait parler.
Je n'ai jamais rencontré, que je sache, avec le ministre...
D'ailleurs, je dois dire que, depuis qu'il est le ministre de l'Agriculture, je
ne vous ai pas vu souvent, M. le ministre, de toute façon, pour
n'importe quoi. Ha, ha, ha!
M. Picotte:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Et c'est volontaire, M. le Président, ce que
j'ajoute à ça, parce que c'est trop facile de se bidonner
vis-à-vis de ça.
M. Chevrette: Non, non, non, ce n'est pas pour ça qu'on
rit.
M. Picotte: C'est volontaire, M. le Président. Moi, je
veux une nette démarcation entre ces organismes quasi judiciaires,
autant de la CPTAQ... D'ailleurs, le président de la CPTAQ pourrait se
vanter de la même chose que vous, de ne m'avoir à peu près
jamais rencontré.
M. Chevrette: Non, ce n'est pas là-dessus.
M. Picotte: Parce que j'aime mieux voir ça avec une gaule
de 14 pieds, M. le Président, ces organismes-là. Je les laisse
faire leur ouvrage. Je ne veux pas toucher à ça, d'aucune
façon. Mon Dieu! que c'est dangereux!
M. Prégent: D'ailleurs, je dois dire qu'on a
été choyé de la même façon par tous les
ministres dans le passé. Je pense qu'on a toujours respecté le
rôle que notre organisme a essayé de remplir dans le milieu
où on est.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas à ça que je me suis
adressé, M. Prégent. Je me suis adressé, à savoir
si vous aviez rencontré des groupes, au moment où la loi avait
été adoptée, pour expliquer le fonctionnement d'une loi.
C'est très différent.
M. Prégent: Oui, effectivement. (11 h 40)
M. Chevrette: Vous savez très bien que, quand c'est
spécifique à un projet de loi - et je vais m'expliquer, moi aussi
- tant que le législateur ne s'est pas prononcé, et que vous avez
d'autant plus, que vous aurez d'autant plus à statuer en fonction de
nouveaux pouvoirs... Parce que c'est une taxe à la consommation que vous
allez devoir fixer par la suite, une taxe à la consommation qui vous
sera imposée par le législateur en fonction d'une fin
spécifique. À partir de là, je prétends que la
Régie des marchés agricoles doit attendre que le
législateur fasse son nid et, après ça, entendre en tout
état de cause l'ensemble des intervenants. Parce que vous savez
très bien, par exemple, que les ACEF du Québec pourraient aller
présenter des plaidoiries devant vous, n'importe quand après. Les
opposants pourraient aller devant vous après. N'importe qui pourrait
aller devant vous après. Et c'est ma surprise d'avoir entendu que M.
Prégent, avec M. Lacoursière, a rencontré des groupes,
alors que le Parlement n'a pas encore statué et que la Régie,
spécifiquement, aura à écouter, sur le fond, des
plaidoiries pour rendre des décisions. Ça m'apparaît, sur
le plan du processus juridique, extrêmement dangereux. Moi, c'est la
première fois que j'entends ça. Et je trouve que c'est de vous
placer, non pas... Je ne vous ai pas parié de conflit
d'intérêts. C'est vous qui en avez parié. Moi, je vous dis
qu'un tribunal ou quelqu'un d'un tribunal administratif qui a à rendre
des sentences ne peut pas se placer en situation de
vulnérabilité. C'est clair. Et ce n'est pas une cachette, je le
fais au vu et au su de tout le monde.
M. Prégent: Merci de l'avoir précisé. C'est
parce que je ne savais pas exactement l'occasion à laquelle vous faisiez
référence. Je vois, par ces renseignements additionnels, de quoi
il s'agit. Effectivement, jeudi et vendredi, j'ai eu une rencontre, avec M.
Lacoursière, de deux groupes, un groupe de producteurs de lait et un
groupe de consommateurs. Vous pourrez peut-être obtenir des mêmes
personnes les renseignements à l'effet que, dès l'ouverture de
cette rencontre, j'ai bien indiqué tant à M. Mailloux, dans un
cas, ou M. Bernier, qu'aux gens de l'Association de consommateurs que ma
présence n'était limitée qu'à fournir des
renseignements d'ordre juridique sur la signification légale des
dispositions prévues dans le projet de loi et que ma seule intervention
était là-dessus pour qu'ils saisissent bien - parce que
eux-mêmes le demandaient, à bien saisir ce que ça
signifiait que de dire telle chose dans la loi, et: Je vais vous le dire... Il
y a eu des argumentations d'autre nature, bien sûr, avec M.
Lacoursière, auxquelles je n'ai pas participé. Vous pourrez
demander, encore là, aux mêmes personnes qui, j'en suis certain,
vont vous le confirmer. Ça ne s'est limité qu'à des
informations d'ordre juridique sur la signification des dispositions
prévues dans une loi, comme de raison, qui nous intéresse,
puisque c'est notre loi constituante.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, si je reviens, M.
Prégent ne s'en serait tenu qu'à des explications juridiques, il
n'est pas pour là pour expliquer les avant-projets de loi et les projets
de loi. Il est là pour appliquer des législations. Il est
là pour exécuter des diktats du Parlement. On se comprend bien?
Je n'ai jamais vu un tribunal commencer à donner des informations en
présumant que la loi sera adoptée telle quelle. Voyons! C'est
faire fi du Parlement. Si ça fait 25 ans que vous êtes dans la
structure, vous savez pertinemment que le ministre pourrait modifier, ce matin,
la loi. Il pourrait modifier les avis juridiques que vous avez donnés
aux groupes, puisque ça va être d'autres choses après. Je
pense que vous avez le droit, comme président d'un tribunal
administratif du genre, de donner votre perception des lois votées. Vous
oeuvrez dans tel cadre et, d'ailleurs, dans toutes vos sentences par la suite:
Fort de tel pouvoir qui nous est conféré en vertu de la loi,
voici ce que la Régie dit. Ce n'est pas ça là. Vous
êtes dans le processus politique, le processus politique parce que la loi
n'est pas adoptée. Que M. Lacoursière rencontre tout le monde,
lui, c'est son rôle. Il a le droit de dire: Voici les intentions de mon
ministre et voici pourquoi on s'en va de même. Ça, je trouve
ça normal. Mais je vous avoue très honnêtement que c'est la
première fois qu'il m'est donné de piloter un projet de loi
où je vois un président d'un tribunal aller se mêler
d'interpréter quelque chose qui n'est pas voté. Voyons, bon Dieu!
Ça, c'est le processus purement politique, alors que votre rôle,
il n'est qu'administratif. Ça, je trouve ça très imprudent
et je ne trouve pas ça correct. Vous n'êtes pas un attaché
politique. Vous n'êtes pas dans la structure politique. Vous devez vous
placer au-dessus de tout groupe d'intérêts pour pouvoir rendre des
sentences les plus correctes possible par la suite. Et ce n'est pas ce que vous
avez fait. C'est mon devoir de le dire comme je le pense. On peut être en
désaccord avec ce que je dis, mais je suis persuadé que j'irais
voir le Barreau pour avoir un avis légal sur ce que je viens de dire,
puis il dirait: Vous avez entièrement raison, M. le
député.
Il y a une nette différence, et vous le savez très bien -
ce n'est pas à vous que je vais le dire, vous le savez plus que moi - il
y a une nette différence entre un processus politique conduisant
à l'adoption d'une loi et un rôle de responsable de
l'administration des diktats politiques. C'est très différent. Je
vous avoue que je suis pour le moins déçu pour le moment.
Une voix:...
M. Chevrette: Juste 30 secondes. D'ailleurs, il y aurait
peut-être une question pour même
renchérir sur ma position. Il n'y a pas des audiences qui vont se
tenir au début de juillet sur des règlements qui viendront suite
au rapport de médiation et qui ne sont pas encore en vigueur? Et vous ne
serez pas appelé à trancher, à ce moment-là?
Comment pouvez-vous, en toute logique, avoir participé à cela?
Moi, je vous avoue que ça me dépasse.
M. Prégent: II y a effectivement des audiences qui sont
censées avoir lieu au début de juillet, qui ne sont pas
nécessairement concernant les dispositions prévues dans ce projet
de loi, qui sont des continuations de procédures déjà
commencées en fonction de réglementations déjà
devant la Régie et qui ne sont pas modifiées, et qui ne seront
sans doute pas modifiées non plus, que je sache, à la suite de ce
qui est prévu dans ce projet de loi ci.
M. Chevrette: Mais je vous ai demandé une question
très directe: Trouvez-vous ça normal, oui ou non?
M. Prégent: Ça me paraît effectivement normal
que, lorsqu'un organisme prépare une loi, qu'il prévoit la
rédaction de ce qu'on veut y dire, si un groupe veut savoir: Coudon,
qu'est-ce que vous voulez dire par ça? on lui fournisse tout simplement
l'information pour qu'il saisisse bien ce que l'on veut dire par ça.
C'est tout ce qu'on lui dit. On ne défend pas le bien-fondé de ce
qui est prévu là. On ne défend pas que ça a du bon
sens ou que ça n'a pas de bon sens, d'aucune façon. Ce n'est que
de dire: Ça, ça veut dire telle chose.
M. Chevrette: Mais, M. Prégent...
M. Prégent: Et ça arrive fréquemment que des
organismes de producteurs ou de consommateurs, mais surtout de producteurs
parce qu'ils viennent plus souvent, viennent nous voir et nous demandent des
choses de cette nature-là...
M. Chevrette: Sur des lois votées.
M. Prégent: ...à toutes sortes de périodes.
Même, je peux...
M. Chevrette: Mais, dans un processus...
M. Prégent: Même dans des projets dans le
passé, j'ai eu... (11 h 50)
M. Chevrette: Je reviens sur le processus législatif. Je
ne vous ai pas demandé de ne pas renseigner le monde un coup qu'on a
voté des lois et des règlements, c'est votre rôle. Mais,
dans l'établissement du processus législatif, c'est très
différent, là. On n'essaiera pas de détourner mes paroles
à moi, là. Qu'un groupe de consommateurs vous disent: Qu'est-ce
que ça veut dire, tel règlement voté? suite à la
publication du ministre, c'est votre rôle de dire: Le règlement,
c'est ça; si vous ne faites pas ça, bien, il y a quelqu'un qui
statuera. C'est votre rôle de dire: II a été voté
telle chose à l'Assemblée nationale en juin 1992. Ça,
c'est votre rôle. Mais on n'est pas dans ces circonstances-là, M.
Prégent. On est dans un processus d'adoption d'une législation
où la Régie des marchés agricoles sera, par la suite, en
situation d'appliquer une législation. Vous n'êtes pas là
pour expliquer les intentions du législateur avant qu'il en arrive
à la conclusion de son jugement politique. Vous êtes là
pour appliquer le jugement politique du législateur après qu'il a
voté la loi. Et que vous répondiez que c'est normal, je suis
très surpris, après 25 ans. Parce que j'en ai rencontré un
joyeux paquet de sous-ministres, de directeurs de sociétés
d'État et de juges à la Commission des transports, et tout, puis
je ne les ai jamais vus dans le décor durant le processus d'une votation
d'une politique. Je les ai vu après, par exemple, quand ils ont
appliqué cette politique. Et je vous dis très honnêtement,
c'est très surprenant, pour ne pas dire plus.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, libre au député
de Joliette de porter le jugement qu'il voudra bien. D'ailleurs, c'est fait
pour ça, les discussions que nous avons, et, si lui juge qu'il y a eu
abus de la part de qui que ce soit, il y a sûrement des dispositions qui
sont mises à la disposition de chacun des parlementaires se sentant,
évidemment, lésés ou se sentant... le vrai mot, c'est
«lésé», par une rencontre ou une décision. Et
sûrement que le règlement de l'Assemblée nationale
prévoit, à ce moment-là, de faire les choses en bonne et
due forme, comme il nous est donné, à nous, aux parlementaires,
de le faire. Alors, je pense que le député de Joliette pourrait y
réfléchir.
Maintenant, moi, ça ne me scandalise pas trop trop pour une
raison bien simple. Vous savez, la Régie était appelée
à préparer une loi. Il faut expliquer le contexte dans lequel
ça fonctionne aussi. Il faut vivre sur la terre, les deux pieds sur la
terre, et il faut vivre aussi au même rythme que tout le monde. La
Régie était appelée à préparer une loi. Il y
a deux groupes qui nous disent: Nous, avant que vous votiez votre loi, bien, on
voudrait être entendus. On me demande de les entendre en commission
parlementaire. Je dis: Non, j'en ai assez entendu et je ne vous entendrai pas
en commission parlementaire, sauf que nous sommes prêts à vous
rencontrer pour voir si les arguments que vous utilisiez, vous allez les
utiliser encore. Eux autres, ils disent: On va être accompagnés de
nos avocats et on aimerait que vous ayez quelqu'un qui a bâti le projet
de loi pour répondre à ça. Bon. Moi, dans le vrai monde
et
la vraie vie des choses, ça ne m'apparaït pas si abusif que
ça; au contraire, ça ne m'apparaït pas abusif du tout, et
ça m'apparaït essayer de donner un petit peu de clarté sur
ce qui est rédigé.
Maintenant, on sait très bien que, demain matin, le
président de la Régie ou n'importe quel autre, si on
décidait... Demain matin, si on décidait de retirer, M. le
Président, les cinq articles sur le lait, comme on en discutait
tantôt... Si on me propose ça, moi, tantôt, je vous dis que
je vais les retirer. Bon. Si on décidait de proposer ça, c'est
bien sûr que toutes les discussions qui ont pu avoir lieu, elles ne
s'appliqueront pas, et le législateur aura décidé de ne
pas le faire. Je ne me sens pas bien, bien mal pris parce qu'il y a quelqu'un
qui est venu expliquer que tel projet, rédigé de telle
façon, il l'avait fait dans telle situation. Je ne me sens pas mal pris
et je ne pense pas...
Alors, moi, je suis du même avis que le président de la
Régie, M. le Président. Je pense que lui n'a pas fait autre chose
que de faire son devoir. À ce moment-là, je me dis: Si on n'est
pas satisfaits de ces explications-là, et il se peut qu'on ne soit pas
satisfaits de ces explications-là, il se peut que des gens soient d'avis
contraire que nous, bien, on utilisera les canaux normaux qui nous sont permis
pour le faire.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas d'avis contraire, M. le ministre.
Ce n'est vraiment pas dans le sens que vous le dites. Ce n'est pas une question
parce qu'on est contre, sur le fond, ou pas. On est dans un processus...
M. Picotte: Non, non, je parie de la situation de M.
Prégent.
M. Chevrette: ...quasi judiciaire, la Régie. Il aura
à se prononcer, lui, même sur la légalité des
règlements. Il va être obligé de se prononcer, quand des
avocats vont aller plaider pour des groupes, sur la légalité des
règlements. C'est très sérieux ce que je dis. C'est loin
d'être... Ce n'est même pas relatif, dans le fond, au projet de
loi. Mais je suis surpris que quelqu'un responsable d'un tribunal administratif
quasi judiciaire, qui a à se prononcer par la suite sur la
légalité même des règlements, par exemple de la
médiation, se prête à des rencontres où des gens
opposants essaient de faire valoir leur idée avant que vous ayez fait
votre lit final. Quand vous aurez fait votre lit final sur le plan
législatif, la Régie n'aura pas d'autre alternative que
d'appliquer le jugement final, la sanction du Parlement. Mais c'est un tribunal
quasi judiciaire, ça. Quand tu te mêles de donner des avis avant
même que ce soit sanctionné, de quoi as-tu l'air, comme groupe qui
va aller se présenter devant la Régie, si le président a
présumé de la légalité de tout avant même que
la loi soit votée et que les règlements sont
déposés? Il y a un principe élémentaire en droit
qui est l'apparence de justice. Et ça, là, je m'excuse, mais
c'est très sérieux comme débat. On ne parie pas de 56
folies en l'air, là. Comment voulez-vous qu'un groupe se présente
devant vous après pour plaider si vous êtes en train d'expliquer
ce que le ministre veut? Le ministre, il veut ce qu'il voudra; c'est le
Parlement, ça. Et, après ça, vous appliquerez selon votre
conscience à partir des diktats du Parlement. Mais tu ne te prêtes
pas à des jeux avant, parce que ça, c'est devenir un bras
politique, et la Régie des marchés agricoles n'est pas un bras
politique, c'est un tribunal administratif qui a le devoir de se brancher sur
des décisions gouvernementales. Et moi, je vous dis que c'est
très grave.
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'on mêle
deux choses. Jamais, et je veux reprendre ça parce que je ne peux pas
laisser passer ça, jamais, au grand jamais, selon ce que m'a dit M.
Prégent, M. le Président, jamais il n'est allé mentionner
aux gens ce que le ministre voulait.
M. Chevrette: II explique.
M. Picotte: II est allé expliquer la rédaction de
la loi telle qu'elle était rédigée par la Régie,
juridiquement. Il n'est pas allé dire: C'est ça que le ministre
veut puis ça devrait passer comme ça.
M. Chevrette: Bien, voyons!
M. Picotte: Mais il faut bien faire cette distinction-là
aussi. Maintenant, je dis au député: Bien sûr, s'il en a
contre l'attitude et qu'il prétend que M. Prégent, le
président de la Régie, a dépassé et a agi de
façon non respectueuse, bien, il sait très bien qu'il peut se
prévaloir de ce dont il peut se prévaloir à
l'Assemblée nationale. On mettra tout le processus en marche et on fera
juger ça. On invitera les gens qui sont venus là et on verra qui
il a défendu. Et, dans ces cas-là, M. le Président, on
sait comment on doit se comporter à l'Assemblée nationale et on
doit l'utiliser de cette façon-là.
M. Chevrette: Oui, puis c'est le poids du nombre, un peu comme
votre référendum qui décide.
M. Picotte: Ah!
M. Chevrette: Mais ce n'est pas ça. Le respect du
processus politique, s'il y en a un qui comprend ça ici, c'est lui, M.
Prégent. Quand bien même ce serait la Régie qui aurait
rédigé le projet de loi, il sait très bien que ça
n'appartient pas à la Régie, tant et aussi longtemps que les
législateurs ne se sont pas prononcés sur ça. Et depuis
quand un tribunal administratif se met-il à expliquer des projets de
loi? Il explique des lois, il explique des règlements, mais il n'a pas
à
intervenir dans le processus préalable à l'adoption de
lois. C'est faux, ça, et, si c'est un nouveau système, qu'on nous
le dise, parce que ça n'a jamais été ça de toute
l'histoire du Parlement. Même si la Régie avait
rédigé vos articles, M. le ministre, tant et aussi longtemps que
le lieutenant-gouverneur en conseil n'a pas apposé sa signature, le
projet de loi appartient au ministre et à l'appareil politique. C'est au
lendemain de l'adoption et de l'entrée en vigueur. On pourrait
décider que tel article ne rentre pas en vigueur, et il n'a rien
à faire durant ce temps-là, lui. Le jour où l'article
entre en vigueur, il a le devoir de l'interpréter, à plus forte
raison il ne peut pas se placer en situation d'interprétation tant et
aussi longtemps que le processus législatif n'est pas fini. Il me semble
que ça va de soi dans nos règles du Parlement. Je m'excuse, on va
être obligé d'ajourner, mais on se reprendra là-dessus.
M. Picotte: M. le Président, brièvement, je pense
qu'il faut être sérieux aussi, là, quand on dit des choses
comme ça.
M. Chevrette: Mais c'est très sérieux.
M. Picotte: M. Prégent est justement assis à
côté de moi, et c'est le député de Joliette
lui-même qui lui a demandé, tantôt, d'expliquer ce que
ça voulait dire dans la loi au niveau de la Régie...
M. Chevrette: Ah! mais, là, il est ici. M. Picotte:
...il l'a fait et il l'a expliqué.
M. Chevrette: C'est vous, d'abord, qui lui avez passé la
parole, ce n'est pas moi.
M. Picotte: Si on n'adoptait pas ça, M. le
Président, est-ce que, parce que M. Prégent est assis à
côté de moi et qu'il donne des explications au
député de Joliette, il est mon bras droit au niveau politique?
Bien, voyons donc! Ça tombe sous le sens...
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président... M. Picotte:
Ça n'a pas de bon sens... M. Chevrette: ...question de
règlement.
M. Picotte: C'est que vous voulez retarder le temps, ou quoi que
ce soit.
M. Chevrette: Non, non.
M. Picotte: Et si vous avez dit, vous aviez dit que vous pouviez
avoir des affidavits tantôt, M. le député de Joliette,
bien, ayez le courage de faire ce que vous devez faire, amenez vos affidavits,
et on jugera le cas.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. D'abord, ce
n'est pas moi qui ai demandé à M. Prégent de parler, c'est
M. le ministre, le premier, qui a donné la parole.
M. Picotte: Bien oui.
M. Chevrette: Deuxièmement, je ne suis pas un intervenant,
moi. Moi, comme député à l'Assemblée nationale,
j'ai à définir une loi. Mais je ne suis pas un groupe
d'intérêts. Il a rencontré des groupes
d'intérêts et non pas des parlementaires. C'est très,
très différent, ça, vous le savez très bien. C'est
deux choses complètement différentes. Il peut, ici, le ministre,
faire venir quelqu'un pour expliquer un fonctionnement, mais le ministre ne
pourrait pas prendre M. Prégent pour défendre sa loi. Il a
à l'appliquer après, lui. (12 heures)
M. Picotte: Je ne veux pas partir de polémique, M. le
Président, mais j'estime que M. Prégent a fait autant son devoir
en expliquant aux producteurs agricoles, parce qu'ils ont le droit de savoir,
ça les concerne hautement, ce que veut dire la façon dont c'est
rédigé... Il a eu autant d'égards envers ces
gens-là qu'il en a eu avec le député de Joliette
tantôt. Et moi, si vous me permettez, comme député, je ne
veux pas mettre de barrière et surtout pas de rang au niveau d'un
député et au niveau d'un producteur agricole. Pour moi, c'est des
gens qui ont besoin de savoir et qu'on doit informer. Alors, moi,
personnellement, je ne serai jamais fâché, M. Prégent, que
vous alliez expliquer à des producteurs agricoles des choses qui les
concernent et comment la Régie a rédigé ça. Vous
pouvez le faire, vous avez ma bénédiction, je ne vous en ferai
jamais de reproche. C'est aussi important d'informer un producteur agricole que
d'informer un député de l'Assemblée nationale. Merci, M.
le Président. Bon appétit!
Le Président (M. Richard): merci, mesdames et messieurs.
puisqu'il est midi, nous ajournons donc nos travaux sine die. nous attendrons
éventuellement un autre ordre de la chambre pour continuer le travail de
l'étude du projet de loi 23.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 15 h 23)
Le Président (M. Richard): Vous me permettrez de
déclarer la séance de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ouverte, et je vous rappelle à
nouveau le mandat de notre commission, qui est le suivant: Pour cette
séance, c'est de procéder à l'étude
détaillée des projets de loi suivants: projet de loi 23, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, alimentaires et de la pêche et ia Loi sur les
produits laitiers et leurs succédanés; par la suite, le projet de
loi 27, Loi sur la Société de financement agricole et modifiant
d'autres dispositions législatives. Nous en étions, ce matin, aux
remarques préliminaires, et je donnerai donc droit de parole à
Mme la députée de Terrebonne, Mme Caron.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors, si j'ai
demandé à une de mes collègues de pouvoir la remplacer sur
cette commission, c'est, évidemment, M. le Président, à
titre de porte-parole de l'Opposition officielle en matière de
protection du consommateur. Je pense que le projet de loi que nous
étudions aujourd'hui, le projet de loi 23, touche directement et
indirectement les consommateurs, et qu'il y a lieu de faire, évidemment,
entendre leurs voix.
Il est évident que la situation est urgente. Il est
évident que, comme législateurs, on se doit d'apporter une
solution aux problèmes qui perdurent depuis beaucoup trop longtemps.
Ça ne servirait à rien de se fermer les yeux, autant comme
consommateurs que comme législateurs, sur le conflit qui touche les deux
regroupements, c'est-à-dire ceux qui produisent le lait de consommation
et ceux qui produisent le lait de transformation. Cependant, M. le
Président, les délibérations que nous avons eues ce matin
me démontrent que, souvent, le conflit se résume à
regarder deux aspects du problème, alors qu'on oublie le
troisième aspect qui est extrêmement important, celui des
consommateurs.
Le discours du ministre, ce matin, à quelques reprises, nous a
dit, et je cite, qu'il avait voulu «faire de la démocratie, et de
la démocratie à outrance». Lorsque je parle de
démocratie à outrance, je pense qu'il faut absolument aller
jusqu'à ce troisième aspect du problème. Si on veut
vraiment faire de la démocratie, il faut, bien sûr, écouter
les deux regroupements touchés, mais aussi le troisième
regroupement, qui s'identifie plus difficilement mais qui touche l'ensemble des
consommateurs québécois.
Le ministre nous a dit aussi qu'avec le fonds d'indemnisation, ce fonds
tiendrait compte des désirs des producteurs puisqu'il serait
présenté par la Fédération, donc que leurs droits
ne seraient pas bafoués, sauf que je veux m'assurer que les droits des
consommateurs ne seront pas bafoués non plus. Le ministre nous a
même dit, et je cite - j'avoue que cette phrase m'a fait un petit peu
sursauter - «Les consommateurs qui décident de poser des
problèmes». Comme si, en fait, le projet de loi que nous avons
devant nous, le projet de loi 23, c'était la faute des consommateurs;
c'est eux qui posent problème, c'est eux qui posent problème par
les choix de consommation qu'ils font, et le ministre se retrouve aux prises
avec ce problème-là et doit légiférer. Justement,
si le ministre considère que les consommateurs sont responsables du
problème, il y aurait peut-être lieu qu'ils fassent partie de la
solution et qu'on les entende.
Est-ce que les consommateurs sont véritablement concernés
par le projet de loi 23? Si on regarde l'avis de Me Paquet, le bâtonnier,
il semble considérer qu'ils en font partie. Alors, je vais me permettre
de rappeler seulement les trois principaux paragraphes qui touchent les
consommateurs, et rappeler au ministre que cette lettre du bâtonnier date
du 10 février 1992 - donc, il y a déjà quelques mois - et
qu'entre le 10 février 1992 et l'étude du projet de loi
aujourd'hui, article par article, le ministre aurait eu amplement le temps
d'entendre les consommateurs.
Donc, je cite les trois paragraphes du bâtonnier.
«Déjà, nous regrettions, en avril 1988, dans nos
commentaires sur la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
que le consommateur soit le laissé-pour-compte. Nous
réitérions ce regret en mars 1990 dans notre mémoire sur
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles et alimentaires.
«Comment financera-t-on cette aide, sinon par une augmentation du prix du
lait? C'est le consommateur qui, en bout de ligne, paiera la facture qui,
d'après nos renseignements, pourrait se traduire par une augmentation de
0,01 $ à 0,02 $ sur le litre de lait.» Et il concluait: «N'y
aurait-il pas lieu de publiciser l'avant-projet de loi et d'inviter les
associations de consommateurs à venir en débattre dans le cadre
d'une commission parlementaire?»
Le ministre s'est étendu longuement sur le rapport de
médiation, sur les rencontres - plus d'une vingtaine de séances,
à ce qu'on nous a dit - où les deux regroupements ont
été entendus. Pourquoi n'a-t-on pas entendu, à ce
moment-là, les consommateurs qui étaient aussi concernés,
tel que l'avait demandé, je le rappelle, le 10 février, le
bâtonnier?
Toujours sur la même question: Est-ce que les consommateurs sont
véritablement concernés? Si j'examine le projet de loi article
par article, je dois convenir, M. le Président, qu'ils sont,
effectivement, directement concernés, d'abord par les notes explicatives
- et je vous référerai aux deux derniers paragraphes des notes
explicatives du projet de loi 23: «Ce projet de loi autorise, par
ailleurs, un office de producteurs à accorder, aux conditions qu'il
détermine, une aide financière à des producteurs
affectés par la restructuration de leur industrie et, à cet
égard, prévoit la possibilité d'imposer une contribution
spéciale aux producteurs et d'établir un fonds spécial.
(15 h 30) «Enfin, ce projet prévoit que la Régie tient
compte de cette aide financière, ainsi que de cette contribution
spéciale et de ce fonds spécial, lorsqu'elle fixe le prix du lait
par ordonnance prise en vertu de la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés.»
Et lorqu'on examine les articles, article par article, on
s'aperçoit, évidemment, que le consommateur est directement
concerné. Si je regarde l'article... Évidemment, le Barreau
faisait référence aux articles 1, 2, 3 et 5, mais si on regarde
également l'article 6, lorsqu'on dit: «La Régie peut, par
règlement, déterminer un tarif des droits, honoraires, frais et
dépens applicables aux demandes qui lui sont soumises et aux services
qu'elle rend», c'est bien évident que la facture, elle, va
être transférée aux consommateurs.
Si on examine également les articles 14, 16 et 22, et
principalement l'article 16 qui fait appel au mécanisme de compensation,
il apparaît très clairement que, pour ce mécanisme de
compensation, on fera directement appel aux consommateurs. J'aimerais faire une
petite parenthèse là-dessus. Lorsqu'on parle des droits des
consommateurs, ce n'est absolument pas une attaque aux producteurs. Ça,
ça m'apparaît très clair, mais je sais que ce n'est pas
toujours clair pour les différents intervenants. Dans une
société, on doit examiner l'ensemble du problème. Et
prendre la défense du consommateur, ça ne veut pas dire attaquer
les producteurs. Les producteurs ont besoin des consommateurs, et les
consommateurs ont besoin des producteurs. Et, ça, c'est très
clair.
Mais lorsqu'on examine plus particulièrement un article plus
pointu, par exemple, par rapport au prix du lait... C'est évident qu'il
faut regarder l'ensemble de la chaîne de production lorsqu'on parle du
prix du lait. Il y a les producteurs; il y a aussi la tranformation, et il y a
aussi la vente au détail. C'est un angle qu'on néglige beaucoup,
parce que je suis convaincue qu'au niveau du coût pour les consommateurs,
du prix du lait, le dernier élément, vente au détail, est
un élément extrêmement important, et qui rapporte souvent
beaucoup plus que les augmentations que les producteurs peuvent demander. Et,
cet aspect-là, on n'en tient pas compte, et c'est très
regrettable, parce que, dans le prix qu'on charge aux consommateurs, il y a cet
élément-là, et il est important.
D'ailleurs, faut-il le rappeler, le 27 mai dernier, l'UPA, l'ACEF de
Québec, la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec, la FNACQ, dénonçaient le prix du
lait en disant: Le lait est trop cher. Mais la démonstration qu'ils
faisaient à ce moment-là n'était aucunement par rapport
aux coûts des producteurs. Ce qu'on nous donnait comme information, c'est
qu'on rappelait à quel point les consommateurs étaient
pénalisés par rapport au régime des ristournes. Il est
évident que toute la lumière n'a pas été faite sur
ce sujet et, par rapport aux ristournes, on ne parlait pas de 0,01 $ ou 0,02 $
le litre, on parlait bien davantage de 0,08 $, ou 0,12 $, ou 0,16 $ le litre,
qui sont payés par les consommateurs. Et, jusqu'à maintenant, je
n'ai absolument pas entendu un seul mot là-dessus, M. le
Président.
Est-ce que les consommateurs eux-mêmes se sentent concernés
par le problème? Cela m'apparaît évident, puisque la FNACQ,
la Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, a fait une demande en bonne et due forme au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour être
entendue avant l'étude article par article du projet de loi 23.
Effectivement, le 3 juin dernier, M. Beaudoin, le coordonnateur du
comité agro-alimentaire, et la présidente, Mme Lise Pilon,
demandaient au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation à être entendus, ici même, en commission
parlementaire, avant l'étude article par article du projet de loi. Donc,
ils se sont sentis concernés.
Le ministre nous a fait part ce matin que, concernant la
réglementation, il y aurait des audiences qui seraient tenues au
début de juillet sur la réglementation. Est-ce que les
consommateurs seront entendus au moment de la réglementation? Nous
n'avons pas de réponse, à ce moment-ci, sur le sujet.
Le ministre nous a également informés du
référendum qui a été tenu, des différents
sondages qui ont été faits, que les producteurs ont eu la chance
de s'exprimer, mais jamais je n'ai entendu que les consommateurs
eux-mêmes avaient été consultés. Et, pourtant, ils
seront directement concernés - je le rappelle - par la facture,
principalement par le fonds d'indemnisation, selon la mesure compensatoire qui
a été demandée par le ministre.
M. le Président, lorsqu'on souhaite étudier un projet de
loi aussi délicat que celui-là - et, je le répète,
le dossier n'est pas un dossier facile; il n'y a rien de facile à
prendre, comme décision, dans ce dossier-là, et on a entendu des
intervenants, sauf les consommateurs - comment peut-on ne pas tenir compte de
ceux qui devront payer la facture? J'avoue que je m'étonne du silence
ministériel de ce côté-là.
M. le Président, je vous ai clairement démontré que
de nombreux articles touchaient directement les consommateurs. Je vous ai
parlé des articles 2 et 5, je vous ai parlé de l'article 6, je
vous parlerai maintenant de l'article 14. L'article 14 du projet de loi 23, je
le cite: «Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 100, du suivant: «100.1 Pour favoriser la restructuration des
conditions de production d'un produit agricole, tout office peut, à
l'égard du produit visé par le plan qu'il applique, accorder par
règlement une aide financière aux producteurs qui satisfont aux
conditions que détermine le règlement.»
Est-ce que les consommateurs sont concernés? Oui, M. le
Président.
L'article 16: «L'article 123 de cette loi est modifié par
l'addition, à la fin, du paragraphe suivant: «7° imposer,
à l'ensemble des producteurs
ou à ceux qui satisfont à certains critères, une
contribution spéciale pour l'application d'un règlement pris en
vertu de l'article 100.1 et pour respecter les obligations contractées
à l'égard du fonds spécial établi pour
l'application de ce règlement.»
Est-ce que les consommateurs sont concernés par ce fonds? Oui, M.
le Président.
Article 22: «La Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés est modifiée par l'insertion, après
l'article 60, du suivant: «60.1 La Régie tient compte, lorsqu'elle
fixe le prix du lait par ordonnance en vertu du paragraphe e de l'article 38,
de l'application de tout règlement concernant ce produit qui accorde une
aide financière, impose une contribution spéciale et crée
un fonds spécial, adopté en vertu de l'article 100.1, du
paragraphe 7° de l'article 123 ou du paragraphe 1.1° de l'article 124
de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et
de la pêche.»
Donc, M. le Président, la Régie, lorsqu'elle va fixer le
prix du lait, elle va tenir compte de tous ces
éléments-là. Donc, c'est évident que les
consommateurs ne pourront faire autrement qu'être touchés, M. le
Président.
Alors, en conclusion, le ministre a consulté, il a
déposé un rapport de médiation, mais un groupe
extrêmement important - c'est-à-dire les consommateurs - n'a pas
pris part à ce rapport de médiation; il y aurait lieu de les
entendre avant de poursuivre, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée. M. le ministre, vous avez un commentaire?
M. Picotte: Oui, M. le Président. J'aime bien
réagir à chaque occasion, quand je peux réagir, d'autant
plus qu'il y a pas mal de points à corriger, M. le Président. Mme
la députée s'informe, à savoir si les consommateurs seront
consultés. Alors, je pense que si on connaissait bien la loi de la
Régie, on saurait qu'obligatoirement la Régie doit consulter en
audiences publiques les consommateurs avant l'augmentation. Et, ça,
c'est obligatoire. Ce n'est pas «peut», ce n'est pas
«peut-être bien», ce n'est pas non plus «non». Ne
mêlons pas les choses. La loi est là, et la Régie doit
faire sa job. Une loi ne vient pas empêcher la Régie, quand elle
fixe le prix, de se dissocier de ce qu'elle doit faire. Elle doit
obligatoirement, en audiences publiques, écouter les consommateurs.
Donc, je pense que si on l'avait lue, à ce moment-là, la loi de
la Régie, on saurait exactement que les consommateurs vont être
consultés, automatiquement. (15 h 40)
M. le Président, il faut refaire un peu aussi l'histoire pour
mentionner... Et je répète et je redis - et je ne suis pas
gêné de l'avoir dit, M. le Président - que les 12 % que
nous avons eus de pénalité dans le domaine du lait, au point de
vue coupure de quotas, sont dus au changement d'habitudes des consommateurs
à manger et à prendre moins de matières grasses, à
consommer moins de beurre, à consommer moins de lait à fort
pourcentage de gras, etc. Il faut bien se dire qu'il y aura sans doute aussi,
d'ici à la fin de l'année, une autre coupure de 5 % à 6 %.
Ça, c'est le changement d'habitudes des consommateurs qui fait en sorte
qu'il y a une certaine pénalité. Alors, je pense qu'il faut le
mentionner.
Maintenant, on aura beau dire bien des choses en ce qui concerne le prix
du lait, M. le Président, mais on pourrait et on devrait savoir
qu'à travers le Canada, quand on fait du comparable... Parce qu'on fait
du comparable, à travers le Canada. On s'est donné une gestion de
l'offre dans le domaine du lait, et on va regarder un petit peu ce qui se passe
ailleurs. Combien vaut un litre de lait dans d'autres provinces canadiennes, M.
le Président? En Colombie-Britannique, un litre de lait, c'est 1,26 $;.
en Alberta, c'est 0,98 $; en Saskatchewan, 0,97 $; au Manitoba, 1,19 $, comme
maximum; en Ontario, à Toronto, 1,81 $ et à Ottawa, 1,62 $, avec
un minimum, dans d'autres coins, de 0,99 $. Non, je m'excuse! Ontario, 1,81 $
à Toronto et 1,62 $ à Ottawa. Au Québec, il y a une
fourchette entre 0,99 $ et 1,06 $; Nouveau-Brunswick, 1,28 $, un litre de lait;
Nouvelle-Ecosse, 1,32 $; île-du-Prince-Édouard, 1,18 $;
Terre-Neuve, 1,43 $.
Quand on se compare, là, et on parle du consommateur, on peut
dire qu'il a été écouté peut-être plus
souvent qu'à son tour, à la Régie, quand on a fait des
audiences publiques. Parce que les producteurs ont toujours demandé
beaucoup plus, en termes d'augmentation. Les consommateurs ont toujours voulu
avoir moins, et je pense qu'ils ont eu sûrement une oreille assez
attentive, à la Régie.
Alors, c'est pour ça, M. le Président, que, dans les 10
provinces canadiennes, on se retrouve les troisièmes plus bas de
l'ensemble des provinces canadiennes pour le prix du litre du lait. Quand on
compare, il y a parfois jusqu'à 0,26 $ et 0,80 $ de différence,
pour un litre de lait, d'une province à l'autre. C'est plus bas chez
nous qu'ailleurs. Je ne suis pas tout à fait mal à l'aise de
parler de ça. Il faut bien savoir ça, et il faut bien se dire, M.
le Président...
Et, à cet égard-là, je pense que je dois rendre
hommage à mon collègue, le député d'Arthabaska,
qui, la semaine passée, dans une des études du projet de loi
à l'Assemblée nationale, se lançait dans une diatribe
pour, justement, critiquer sévèrement un représentant des
consommateurs qui trouvait que ça coûtait trop cher et qu'on
chargeait trop cher, que l'augmentation du prix du lait était excessive.
Et, moi, je vais être bien d'accord avec le député
d'Arthabaska là-dessus.
Une voix:...
M. Picotte: Non, non. C'est les consommateurs du Québec au
lieu d'autres consommateurs. Quand on parle des consommateurs, entendons-nous,
là. On a beau changer de groupe, c'est un consommateur qui consomme.
M. Chevrette: Ce n'est pas tout à fait le même.
M. Picotte: On va appeler les choses... Ils ne sont
sûrement pas venus ici nous parler parce qu'ils buvaient autre chose que
du lait. Parce que, s'ils avaient voulu nous parler d'autre chose que du lait,
ils seraient venus nous parler de la bière, ou d'autre chose. Si cette
association de consommateurs là est venue nous parler du prix du lait,
c'est parce que c'était du lait qu'ils consommaient. Et ils ne doivent
pas être si embrumés que ça, là. Ça fait
qu'on voudra bien faire les comparaisons qu'on voudra, mais on va se dire -
puis je vais être d'accord avec le député d'Arthabaska
là-dessus - qu'il y a des gens qui ont une facilité à se
plaindre qui est fort étonnante.
M. le Président, je termine en disant ceci. Mme la
députée a fait référence à quelques
articles. Oui, ça tombe sous le sens. Je n'aurais peut-être
même pas besoin de m'y référer, mais je pense qu'on va le
répéter quand même, c'est important. A l'article 14 de
notre projet de loi, auquel elle a fait référence, c'est
marqué: «Pour favoriser la restructuration des conditions de
production d'un produit agricole, tout office peut..,» Ça
s'adresse aux offices, «tout office peut». Quand on se retrouve
à l'article 16, M. le Président, on dit: «imposer, à
l'ensemble des producteurs». Je veux bien qu'on impose des choses aux
producteurs, mais il n'est pas nécessaire d'aller consulter d'autres
personnes pour imposer les producteurs parce que, généralement,
quand on fait d'autres sortes d'impositions, on ne consulte pas
nécessairement les producteurs non plus, et ils auraient peut-être
bien avantage, dans ce temps-là, à dire des choses. Quand il se
retrouve en audiences, le consommateur, peut-être que le producteur
aurait avantage à dire autre chose aussi. Alors, c'est imposé aux
producteurs, donc, encore là, je pense que c'est clair dans le texte, on
n'a pas besoin de le préciser.
Je suis bien d'accord avec Mme la députée que, à
l'article 2, le consommateur, évidemment, est pris à partie
là-dedans et devra, justement, être pris à partie
là-dessus. Je «re-répète», M. le
Président, que la loi de la Régie oblige, et non pas
suggère, et non pas propose, et non pas essaie de, mais oblige à
faire des audiences publiques et, par le fait même, oblige à
écouter l'Association des consommateurs sur ce qu'ils ont à dire
dans la fixation du prix du lait.
Voilà pourquoi, M. le Président, quand je fais toutes ces
comparaisons-là, y compris avec le prix du lait - je pense que,
ça, c'est assez éloquent - je pense qu'évidemment on a
fait tous les efforts, dans le passé, pour protéger le
consommateur et, là-dessus, je pense que la Régie a bien fait ses
devoirs. J'espère et je pense qu'elle va continuer à les faire.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole maintenant, toujours pour des remarques
préliminaires, à M. le député de Laviolette. M.
Jolivet, vous avez la parole.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je m'excuse si je
n'étais pas ici ce matin, mais mon travail m'obligeait à
être à Trais-Rivières, dans notre région, que vous
connaissez, que le ministre connaît très bien, pour une
rivière qui fait notre orgueuil, qui est la rivière
Saint-Maurice. Il y avait des barrages avec les Attikameks, dans le Nord, alors
j'étais avec Hydro-Québec, ce matin, et avec les
représentants du groupement de défense de la rivière
Saint-Maurice.
Mais j'avais demandé à être inscrit à cette
commission, parce qu'il y a un article du projet de loi qui est de ma
responsabilité, comme porte-parole de l'Opposition, soit celui des
forêts. Dans ce sens, j'aurais quelques remarques à faire et je
veux poser, peut-être, au ministre, des questions qui permettraient
d'éclaircir l'ensemble de cet article-là et, en même temps,
peut-être, si les réponses de la part du ministre ne sont pas
satisfaisantes, compte tenu que ça touche plus spécifiquement la
question du bois, si son collègue, le ministre des Forêts, pouvait
nous l'expliquer, en teneur, au niveau des forêts elles-mêmes,
puisque ça touche, par le biais, la Loi sur les forêts.
Dans ce contexte-là, M. le Président, l'article qui est
devant nous mérite d'être bien situé et bien balisé
pour remplir le rôle qu'on veut bien lui donner, comme article, et
s'assurer, par le fait même, qu'on ne vienne pas, par le biais, amender
déjà une autre loi ou, même, dans cette loi-là,
permettre que, si on amendait une autre loi, l'effet escompté par le
projet de loi, tel qu'il est devant nous, aurait un effet inverse et
même, je devrais dire, pervers quant à l'objectif recherché
par l'article 8.
On sait que cet article a pour effet de soustraire certaines entreprises
aux obligations d'un producteur pour le bois provenant des forêts
privées. Donc, ça touche bien le secteur des forêts
privées. Il faut distinguer ici la forêt privée, où
c'est un individu qui est propriétaire, donc, une forêt
privée individuelle, par rapport à une forêt privée
de compagnie. Je donne des exemples que vous connaissez très bien: PFCP,
chez nous, ou Domtar, ou Kruger, ou Consol ont des forêts qui sont leur
propre propriété et, en conséquence, elles sont
touchées par le projet de loi.
On dit: «et transformé dans une usine qu'elle
exploite». Donc, on voit bien, ici, suite à des discussions qui
avaient eu lieu, en particulier dans le secteur de la région de
Québec, où les syndicats de producteurs de bois de la
région avaient fait des représentations qui ont finalement abouti
devant le juge, par rapport à l'interprétation qu'eux
mêmes, comme syndicats, offices, pouvaient donner à la loi que
nous avons devant nous, sur la mise en marché des produits par rapport
à ce que l'entreprise, qui est la compagnie forestière, donnait
comme interprétation.
Donc, suite à ces décisions du juge, il fallait trouver
une solution. Il y en avait deux, à mon avis. Il y a celle qui
prévaut à l'article 1 de la loi, où on dit très
bien que: «La Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche est modifiée par l'addition, à
la fin, de: ", que ces opérations soient faites à des fins de
vente ou non."» (15 h 50)
Si je prends bien l'article 1 du projet de loi actuel et que je
l'applique, disons, à une compagnie qui a des champs de carottes - je
prends ça comme exemple; j'ai cru comprendre que, ce matin, cette
discussion a eu lieu, mais j'aime bien la resituer dans le dossier - ça
veut dire que le fait qu'elle soit propriétaire d'un champ de carottes
ne lui donne pas le droit d'être en dehors des plans conjoints, si je
comprends bien, par l'article qui est là. C'est ce que j'ai cru
comprendre de la discussion qu'il y a eu ce matin.
La deuxième partie, c'est quand je m'en vais à l'article
8. À l'article 8, bien, c'est tout à fait l'inverse. On semble
faire, par l'article 8, une exception. Cette exception-là, si on la
situe dans l'histoire, dans le temps, est due au fait que les syndicats, les
organisations syndicales au niveau des forêts sont un peu tannées
d'avoir à toujours reprendre le même discours, à faire les
mêmes batailles. Une décision a été rendue devant le
juge, ici, à Québec, qui fait que, finalement, il y a une
concession qui semble être faite, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas, que ce soit par les syndicats ou que ce soit par le ministre responsable
des Forêts qui a probablement demandé au ministre de l'Agriculture
d'inscrire dans cette loi, puisque c'est lui qui a la responsabilité de
la loi, cet article-là, mais qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille
pas, il y a une forme de concession aux industries papetiè-res en
particulier, parce que ce n'est pas des scieurs qui demandent ça, pour
le moment, soyez-en bien conscients. Donc, pour moi, il s'agit d'une concession
importante aux papetiè-res, qui ont toujours refusé de se
soumettre à l'application du plan conjoint des producteurs de bois.
Cette disposition, on nous avait dit, à un moment donné,
que ça toucherait juste la région de Québec. Mais, moi,
comme elle est libellée, je n'ai jamais compris ça. J'ai compris
que c'est à la grandeur du Québec que ça va s'appliquer,
désormais. Donc, je pense bien que c'est ça qui est
indiqué. Alors, il y a des conséquences à cette
application-là sur l'application du plan conjoint pour les producteurs
de bois de tout le Québec, en entier.
Nous avons fait des consultations. Nous avons vérifié
auprès de la Fédération des producteurs de bois du
Québec, qui nous indique, au premier abord, qu'ils sont d'accord avec
l'amendement qui est proposé dans le projet de loi. Nous avons
vérifié auprès de l'Association des industries
forestières du Québec, et, eux, toujours dans la même veine
de leur demande de toujours aller plus loin, d'ouvrir une porte et, une fois
ouverte, d'aller plus loin dans la chambre ou dans la cuisine - si on est dans
une chambre, on a une cuisine de l'autre bord - ils veulent aller plus loin.
Et, eux, ils voudraient, d'une façon ou d'une autre, que soit exclu
complètement le bois de cette loi-là, parce qu'ils disent, eux
autres, que ce n'est pas, pour eux, un produit agricole.
Le bois n'est pas un produit agricole. On ne recommencera pas la
discussion, à savoir si le bois... À l'époque, on en
faisait mention. On disait: Vu que c'est sur 60 ans, sur 40 ans, sur 90 ans -
ça dépend de la sorte de bois que nous avons - ce n'est pas un
produit agricole qu'on coupe à la fin de la saison et qu'on replante le
lendemain matin. Donc, ce n'est pas considéré comme un produit
agricole, dans leur tête à eux, même si la majorité
l'a toujours associé, à l'époque, à un produit
agricole. On parlait de fermes agro-forestières, de fermes
forestières, de gens qui travaillaient la forêt dans ce
sens-là, et je dois dire que je m'amusais toujours à dire, il y a
quelques années - et je continue à le dire aussi - qu'il fallait
cultiver la forêt. Alors, en parlant de cultiver la forêt, il y a
des gens qui disaient, comme agents forestiers: Aïe! On ne peut pas parler
de même, ce n'est pas de même. Aujourd'hui, on emploie ça.
On dit: La forêt doit être cultivée, doit être
travaillée comme un produit qui doit être amené à
son maximum, mais au lieu d'être une année - un hiver, un
printemps, un été, un automne - c'est pendant 60 ans.
Donc, à partir de ça, si je prends la position de
l'Association des industries forestières du Québec, eux autres,
ils demandent de préciser, au paragraphe 2° de l'article 8, qu'il
s'agit d'une forêt soumise à un plan d'aménagement
visé au paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article
21. Ça, c'est la demande de l'Association de l'industrie
forestière du Québec. Elle est compréhensible dans la
mesure où, s'ils demandent ça, ils demandent, au bout de la
course, finalement, que ça disparaisse complètement de la
loi.
Alors, ce n'est pas notre position, je vous le dis d'avance, et, en
conséquence, je fais
mention de ce qu'ils nous ont dit par communiqué, par lettre, par
rapport à ce que, maintenant, je vais vous dire, et qu'il faut
interpréter pour s'assurer qu'effectivement la porte d'entrée
qu'on vient d'ouvrir n'a pas pour but de faire disparaître de cette loi
des plans conjoints, l'ensemble de la forêt au Québec, au niveau
de la forêt privée, qu'elle soit une forêt privée
possédée par un individu, et même, dans certains cas,
possédée par une entreprise qui ne l'utiliserait pas pour ses
besoins à elle, de sa propre industrie.
Alors, il y a des questions qu'il faut poser quand on lit l'article 8
comme tel. Qu'est-ce que dit l'article 8, pour bien le situer? Je vais y
arriver. L'article 8 modifie l'article 59. Donc, si on lit l'article 59 de la
loi actuelle, il dit: «La personne ou société qui est
à la fois un producteur du produit visé par le plan et
engagée dans la mise en marché de ce produit est assujettie aux
droits et obligations de l'un et de l'autre.» Qu'est-ce que vient faire
l'article 8? Il vient modifier cet article 59 en ajoutant des alinéas,
ce qui devient un deuxième alinéa à l'article 59 actuel.
Il dit: «Le présent article s'applique même si la personne
ou la société agit par l'entremise d'un agent, d'un mandataire ou
d'une compagnie ou société dont elle est actionnaire ou
sociétaire. Il s'applique également même si la personne ou
la société s'entend avec toute autre personne ou
société pour que celle-ci procède pour elle à
l'opération concernée.» Ce qui veut dire que, dans les
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestiers actuels, nous
pouvons avoir, sur un même territoire, trois, quatre intervenants, et les
trois, quatre intervenants, au lieu d'être les trois, quatre sur le
même territoire, demandent à une personne, physique ou morale, de
faire le travail à leur place pour remplir les conditions du contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers. Et, en
conséquence, elle le fait pour et au nom de l'entreprise. Elle lui coupe
son bois, elle l'envoie à son usine et elle aménage le territoire
pour que, dans 40 ans, 60 ans, il y ait encore du bois la. «Toutefois,
une personne ou une société - ce qui devient l'alinéa 3
à l'article 59 - qui est propriétaire d'une forêt
visée au paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article
121 de la Loi sur les forêts n'est pas assujettie aux droits et
obligations mentionnes au premier alinéa à l'égard d'un
produit de cette forêt visé par un plan - j'aimerais bien savoir
ce que c'est; est-ce un plan d'aménagement? Qu'est-ce que c'est?
-récolté pour elle-même et transformé dans une usine
qu'elle exploite.»
Quand je vois ça, je commence à me poser de
sérieuses questions, parce que je m'en vais à l'article 121 de la
Loi sur les forêts, maintenant - parce qu'il faut bien la situer - et on
dit qu'il s'agit des exigences du producteur forestier - parce qu'il y a deux
sortes de producteurs forestiers: les producteurs forestiers individuels et les
sociétés morales. Donc, «2e s'il s'agit d'un
propriétaire d'une forêt privée d'au moins 800 hectares
d'un seul tenant - les gens comprennent ce que ça veut dire quand ils
sont dans le milieu, un plan général d'aménagement; c'est
bien ça qu'on indique, alors que, tout à l'heure, ce
n'était pas spécifié dans l'article, mais il est ici -
forestier et un plan quinquennal d'aménagement forestier
confectionnés et signés par un ingénieur forestier et
approuvés par le ministre.»
Donc, les questions qu'il faut se poser, c'est celles-là que je
pose au ministre, qui aurait intérêt à y répondre
pour notre satisfaction, sinon, on va avoir des problèmes quant à
l'acceptation de l'article lui-même; sinon, il devrait y avoir des
amendements pour le clarifier. Qu'est-ce que veut dire, d'abord, à
l'article 8, le mot «exploite», à la fin des modifications,
du changement qui est suggéré à l'article 8? Quand on
prend l'article 8, on dit: Le mot «exploite», ça veut dire
quoi, ça? Est-ce que ça signifie qu'il doit être
propriétaire, ou s'il pourrait louer temporairement une usine? Et je
donne un exemple.
Stone Consolidated, chez nous, est propriétaire d'une usine qui
s'appelle Stone, à Grand-Mère, Laurentides. O.K.? Au bout de la
course, est-ce qu'elle pourrait, pour les besoins du jeu qui pourrait se jouer,
faire en sorte qu'elle sorte continuellement des plans conjoints, louer une
usine de Crête, à Saint-Sévère, mettons, dans le
sciage, et déterminer qu'à partir de ce moment-là elle
pourrait même faire, sur les contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestiers, le travail de Crête, et faire en sorte
qu'au bout de la course Crête puisse rentrer du bois par
l'intermédiaire de la Consol, sans avoir, en aucune façon, les
garanties pour les gens de participer au plan conjoint ou pas? Là, j'ai
donné un exemple dans le sciage, mais je vais aller plus loin.
Je vais aller dans l'usine PFCP, à Trois-Rivières, qui est
en train de fermer. Admettons que, pour une raison ou pour une autre, elle loue
ça, pourrait-elle, compte tenu qu'elle a loué l'usine PFCP
à Trois-Rivières, faire les travaux et exploiter le bois de
pâte pour cette usine-là, alors qu'elle n'est pas
propriétaire et qu'elle n'exploite pas l'usine comme telle? Parce
qu'elle ne l'exploite pas, elle la loue, cette bâtisse-là.
Pourtant, elle pourrait aller faire le travail dans le bois et aller chercher
le bois en conséquence. Quelles sont les garanties qu'on lui donne?
En deuxième lieu, il faudrait clarifier la situation des 800
hectares d'un seul tenant. Quand on a, à l'article 121 de la loi
actuelle des forêts... Si, demain matin, on ne l'inscrit pas dans la loi
des marchés, est-ce que ça pourrait permettre, à ce
moment-là, au ministre des Forêts, en faisant un amendement
à sa propre loi, de couper ça, de le diminuer, de faire en
sorte que, finalement, plus de gens pourraient être non assujettis
au plan conjoint? Donc, il faut absolument préciser les «800
hectares d'un seul tenant» dans la loi sur les marchés, celle
qu'on a devant nous, sinon, on est à la merci d'un changement potentiel
du ministre des Forêts, n'importe quand, pour annuler des plans conjoints
dans d'autres secteurs d'activité au Québec. (16 heures)
Troisièmement, le propriétaire de forêt, j'ai
l'impression que ça doit être le propriétaire du fonds de
terrain, j'imagine, celui qui non seulement est propriétaire du bois
debout, mais à la fois propriétaire du terrain. Il me semble que
c'est la définition même de propriétaire. Mais, si ce n'est
pas clarifié, est-ce que ça veut dire qu'un détenteur de
coupe, celui qui a un droit de coupe, celui qui a un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestiers, est
considéré comme un propriétaire de forêt, puisqu'il
a, une fois qu'il a coupé le bois... Vous vous souvenez qu'en vertu de
la loi des forêts, aussitôt que j'ai coupé le bois, il
n'appartient plus au ministère, ce bois-là, il m'appartient. La
preuve que vous avez actuellement, c'est la dispute du bois qui a
été coupé par les gars de PFCP, qui est, actuellement,
dans le bois ou sur la rivière, puis on ne sait pas trop quoi faire
avec. Puis le ministre dit: Je vais peut-être donner la permission
à la compagnie de le vendre à l'extérieur du Québec
- si j'ai bien compris.
Alors, moi, j'aimerais bien savoir: Est-ce que le propriétaire de
la forêt, ici, c'est le propriétaire qui a le fonds de terrain? Si
un propriétaire est considéré comme étant celui qui
est détenteur d'un droit de coupe, j'aurais un problème, parce
que, qu'est-ce qui arriverait avec un groupement forestier? Parce que ça
existe, ça, des groupements forestiers, dans le Québec, qui ont
des secteurs de 800 hectares et plus d'un seul tenant, mais qui sont,
actuellement, sous convention d'aménagement avec le ministère des
Forêts. Alors, si c'était ça qui était la
définition de «propriétaire», ça serait un
gros problème, parce que ça commencerait à exclure pas mal
de gens du plan conjoint. Et, ça, vous savez, la bataille qu'il y a eu
avec les groupements forestiers puis les sociétés sylvicoles ou
les producteurs de bois. Alors, je ne voudrais pas que, par la loi, on vienne
régler un autre problème que celui qu'on cherchait à
régler.
Quatrièmement, si un propriétaire... Admettons, prenons
comme acquis que le propriétaire dont il est question ici, dont il est
question dans la loi, c'est bien clarifié, c'est le propriétaire
du fonds de terrain. Si ce propriétaire possède 800 hectares et
plus d'un seul tenant, ça, on comprend ce que ça veut dire;
ça veut dire qu'il n'y a personne qui soit au milieu, c'est d'un
kilométrage à l'autre kilométrage; ça, c'est 800
hectares d'un seul tenant. Mais il décide d'acheter...
Selon la loi de la ministre de l'Énergie et des Ressources,
secteur des terres, on est en train de vendre actuellement des lots
épars. On peut même, dans certains cas, vendre des lots
in-tramunicipaux, après consultation avec les MRC. Même si les
gens disent qu'on ne devrait pas les vendre, il s'en vend pareil. Ces
terrains-là, ces lots intramunicipaux ou encore les lots épars,
même, du ministère de l'Agriculture, qui existent encore,
pourraient être remis en production forestière. À ce
moment-là, est-ce que, du fait que je possède une fois 800
hectares d'un seul tenant, je serais habilité à ajouter à
mes 800 hectares d'un seul tenant tous les lots épars que
j'achète? Si c'est ça, ça n'a pas de bon sens, encore.
Est-ce que c'est ce que veut dire le texte? Sinon, il faudrait le
clarifier.
Il me semble que, logiquement, mes 800 hectares d'un seul tenant, si la
loi le dit, seraient non soumis au plan conjoint, à condition que
l'industriel qui a ses propres lots amène le bois dans sa propre usine
et non pas dans d'autres usines. Il faudrait, à ce moment-là,
exclure automatiquement tous les lots épars qui viendraient s'ajouter,
sinon, ça n'aurait pas de bon sens, parce qu'on serait en train, encore
une fois, de mettre le pied dans l'étrier, puis de monter sur le cheval
bien rapidement. On va ouvrir la porte, puis on va l'ouvrir
complètement, parce que vous savez qu'une porte doit être ouverte
ou fermée. Elle ne peut être les deux, sinon, elle est
entrouverte, mais elle est encore ouverte pareil.
À ce moment-là, est-ce la forêt qui est exclue, ou
bien c'est le propriétaire de la forêt qui est exclu? Alors,
j'aimerais bien qu'on réponde à ces questions-là, parce
que ça va impliquer probablement des amendements au projet de loi. Si ce
n'est pas ça que ça veut dire, et compte tenu que c'est une loi
qui touche tout le secteur de la forêt au Québec et qu'il y a,
dans le contexte difficile que l'on connaît, des précautions
à prendre, aussi bien pour le présent que pour le futur... C'est,
M. le Président, les remarques que j'avais à faire au ministre,
en espérant qu'il pourra répondre le plus possible, le mieux
possible aux interrogations que j'avais.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Picotte: Commençons par un premier point, M. le
Président, où, dans le deuxième alinéa de l'article
8, sa modification, on parle d'un «produit de cette forêt
visé par un plan». C'est évident que c'est un plan
conjoint. On parle des plans conjoints, ici. Alors, ça ne touche pas un
plan de terre, ou quoi que ce soit, c'est un plan conjoint. Ça, je viens
préciser ça, on parle des plans conjoints.
En ce qui concerne le premier point, par la suite, en ce qui concerne le
mot «exploite»,
«exploite» ne fait pas obligation à la
propriété du plan. Ça ne fait pas obligation à la
propriété du plan. Quelqu'un peut très bien, en location,
procéder comme on l'a dit, comme le député l'a
mentionné dans son exemple, avec cependant l'obligation que les bois
proviennent de ces forêts. Alors, il peut très bien louer, par
exemple, un bâtiment, mais il faudra à tout prix qu'il utilise les
bois provenant de ces forêts pour les transformer.
En ce qui concerne le deuxième point, les 800 hectares, nous
sommes prêts, nous, à le clarifier ou à le proposer,
à y ajouter pour avoir davantage de précision. On n'a pas
d'objection à ça. Et la même chose en ce qui concerne les
forêts privées.
En ce qui concerne le dernier point, M. le Président, je vais
demander à Me Prégent d'y apporter, peut-être, certaines
nuances juridiques.
M. Chevrette: Si vous me permette?, une chu»». SI le
principe dit «Trop fort no casso pas», est-ce que le mot
«plan», Ici... Compte tenu que, dans la loi des forêts, c'est
un plan d'aménagement, serait-il bon, dans ce cas-ci, de mettre
«plan conjoint»? Ça clarifierait la situation.
M. Picotte: D'abord, on verra, à la lumière des
juristes, pour voir si on doit l'ajouter ou le préciser. En cours
d'étude de l'article, on verra ce que nos juristes auront à dire
là-dessus. Moi, je n'ai pas d'objection à l'ajouter, sauf qu'on
nous dit souvent que les avocats n'aiment pas faire de la
répétition. Alors...
M. Chevrette: Eux autres, ils se gardent des plaidoiries, par
après.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Picotte: II y en a même qui peuvent travailler pour un
député, et travailler pour du privé aussi, en même
temps. Il n'y a pas de problème à ça. On peut s'attendre
à tout des avocats.
Bon. Alors, M. le Président, le dernier point, évidemment,
c'est, bien sûr, le point plus précisément au niveau
juridique. Je voudrais demander à Me Prégent de vous le
spécifier davantage.
M. Prégent: M. le Président, d'abord, pour,
peut-être, préciser aussi ce qui est exclu, c'est-à-dire
est-ce que c'est la forêt ou le propriétaire, le texte doit, je
pense, vouloir dire qu'il s'agit du propriétaire. On dit bien «une
personne ou une société». Si c'est la personne qui est
visée par le plan, c'est cette personne-là qu'on doit exempter,
si vous voulez, par la législation. Alors, c'est ce que le texte, en
tout cas, dit, actuellement.
Maintenant, pour les droits de...
M. Jolivet: M. le Président, ce qu'il dit là... En
tout cas, on aura la chance d'y revenir, mais je veux bien le clarifier tout de
suite, parce qu'il dit: Le propriétaire qui possède une fois une
forêt de 800 hectares d'un seul tenant; si c'est lui qui est exclu,
ça veut dire que, là, vous allez avoir la prolifération de
gens qui vont acheter des terres ici et là. Et, à ce
moment-là, ça se dissocie du plan conjoint. Là, vous venez
d'ouvrir une méchante porte. C'est une vraie porte de grange. On y
reviendra, Me Prégent.
Une voix: C'est des battoirs. M. Jolivet: On y
reviendra.
M. Picotte: M. le Président, au fur et à mesure
qu'on va préciser certains amendements, on y fera
référence, à ce moment-là, dans l'étude du
texte.
M. Jolivet: C'est correct. C'est parce que...
M. Picotte: Maintenant qu'on saisit ce que veut dire le
député de Laviolette, il s'agira de préciser le texte
quand on sera rendu à l'article 8. On ne commencera pas...
M. Chevrette: Quand on a rencontré les producteurs de
bois, les gens du syndicat, je suis sûr qu'ils n'ont pas compris
ça. S'ils avaient compris ça...
M. Picotte: Bien, ceux de Québec...
M. Chevrette: ...ils auraient fait des lobbies, eux autres aussi,
pour fermer les portes de grange.
M. Picotte: Ceux de Québec nous ont justement
signifié ça il y a quelques jours, à ce qu'on nous a dit.
Ils s'inquiétaient là-dessus.
M. Jolivet: Oui. C'est parce que c'est suite au...
M. Picotte: Alors, quand on regardera, évidemment,
l'article 8, M. le Président, on tiendra compte de tout ça.
Le Président (M. Richard): Maintenant, est-ce que vous
êtes intéressé à prendre la parole, M. le
député d'Arthabaska?
M. Baril: Oui, M. le Président. Si vous m'autorisez.
Le Président (M. Richard): Absolument, M. le
député! (16 h 10)
Motion proposant d'entendre la
Fédération
des producteurs de lait, la
Fédération
nationale des associations de consommateurs
et le Regroupement provincial pour le
maintien des droits des producteurs de lait
M. Baril: En vertu de l'article 244 de nos règlements,
j'aimerais faire la motion suivante: «Que la commission permanente de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 23, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Fédération des producteurs de lait du Québec, la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec et le Regroupement provincial pour le maintien des droits des
producteurs de lait.»
Le Président (M. Richard): On va regarder la
recevabilité de votre motion, M. le député.
M. Baril: J'ai même pris...
Le Président (M. Richard): On n'est pas chanceux;
malheureusement, ça va être recevable, j'ai l'impression.
M. Baril: Comment, «pas chanceux»?
Le Président (M. Richard): Non, non, c'est une opinion
personnelle.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous vouliez dire par là?
Votre neutralité s'en va où, vous, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Non, non, non. J'ai dit...
M. Baril: J'ai même pensé à vous. J'ai fait
faire des copies à peu près pour tout le monde, pour sauver du
temps, voyez vous.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député. J'en prends connaissance, et je vais vous dire la
recevabilité. C'est effectivement recevable, M. le député
d'Arthabaska. Vous avez tout à fait raison.
M. Jacques Baril
M. Baril: Merci, M. le Président. Le contraire m'aurait
étonné. Donc, à cette heure-ci, si l'Opposition officielle
demande à entendre les différents intervenants que j'ai
cités dans la motion, c'est parce que différents parlementaires,
différents intervenants, que ce soit du milieu agricole ou au niveau des
consommateurs, aimeraient connaître plus en détail le fond de tout
ce problème. Ce qui ressort depuis un an et demi, deux ans, de cette
fameuse chicane des deux laits... Je pense qu'avec tous les débats qui
ont suivi cette fameuse chicane, il y a beaucoup plus de personnes qui ont
essayé de trouver des coupables qu'essayé de trouver une solution
au problème.
Moi, en particulier, j'aimerais entendre la Fédération des
producteurs de lait, parce que c'est elle en particulier qui va avoir à
administrer le rapport de médiation qui est entériné en
partie dans ce projet de loi. J'aimerais ça que la
Fédération des producteurs de lait vienne ici pour informer les
parlementaires, pour qu'on sort en mesure de prendre une décision plus
éclairée, pour connaître d'où ce fameux
problème est parti. Comment est-on arrivé aujourd'hui à
cette chicane, comme je le disais tout à l'heure, dans les milieux
ruraux? Il y a des gens qui ne se regardent même plus; des voisins qui,
avant, s'échangeaient entre eux autres du temps, de la machinerie, qui
faisaient partie des mêmes coopératives de machinerie, qui
faisaient partie des syndicats de gestion, et là les directeurs ou les
présidents des syndicats de gestion sont obligés de faire deux
assemblées pour ne pas que la chicane «pogne» durant
l'assemblée. On a vu ça l'automne dernier. Ils devaient faire une
réunion pour les producteurs de lait détenant un quota de
consommation, et tenir une deuxième assemblée pour les
producteurs de lait de transformation parce que, sans ça, les
assemblées n'étaient absolument pas dirigeables.
Donc, M. le Président, regardons un peu la situation. Comme je
dis, ce n'est pas dans ma pensée actuellement d'essayer d'accuser qui
que ce soit, au contraire, mais je pense que j'ai suivi ce dossier depuis
déjà plusieurs années, et j'aurais certaines questions, et
mes collègues, sans doute, auraient certaines questions à poser
à la Fédération sur l'application de cette loi que nous
avons devant nous. Entre autres, comment la Fédération des
producteurs de lait va-t-elle pouvoir administrer le fonds qu'on va vouloir
créer par cette loi? Comment la Fédération va-t-elle
administrer ce fonds qui est basé, entre autres, sur une augmentation du
prix du lait à la consommation, quand, tout dernièrement, le
président de l'Union des producteurs agricoles, M. Jacques Proulx,
disait que, déjà, le lait était trop cher? Comment la
Fédération des producteurs de lait va-t-elle être capable
d'aller devant la Régie, en audiences publiques, pour demander encore
une augmentation du prix du lait à la consommation?
On sait que, selon la formule proposée, d'ici aux cinq prochaines
années - ou jusqu'en 1996, il reste quatre ans; déjà un an
d'écoulé - il y a un fonds spécial qui devra être
créé par l'augmentation du prix du lait à la consommation,
qu'on dit être à peu près entre 0,01 $ et 0,015 $. Et, par
cette loi, on impose déjà une décision à la
Régie, parce qu'on dit que la Régie devra
tenir compte de la création de ce fonds, ce qui veut dire que,
bon an, mal an, si la Régie veut appliquer la loi à la lettre,
elle devra, dès le départ, consentir 0,01 $ ou 0,015 $
d'augmentation que le consommateur paiera, non pas pour en faire
bénéficier le détenteur d'un quota de consommation mais
pour en faire bénéficier le producteur qui détenait un
quota de lait de transformation. Donc, il y aura une augmentation qui sera
accordée pour une catégorie de lait, mais qui sera
appliquée sur une autre catégorie de lait. Et je me pose souvent
la question: Comment peut-on faire autrement que par une loi pour
légaliser un tel système? Habituellement, quand la Régie
accorde une augmentation sur une production, elle ne s'applique pas sur une
autre production; c'est pour la production qui a été
visée.
Deuxième chose, si on extrapole un peu puis qu'on applique la loi
telle quelle, dans la pratique, ça veut dire que les détenteurs
d'un quota de lait de consommation, d'ici à 1996, n'auront aucune
augmentation de leurs revenus, puisque l'augmentation qui sera
décrétée par la Régie ira uniquement au niveau des
détenteurs de quotas de transformation. Donc, que le ministre me donne,
ou me suggère, ou qu'il me dise quel secteur, quel groupe dans la
société va accepter que, d'ici aux quatre ou cinq prochaines
années, il n'y ait aucune augmentation de ses revenus à cause
d'une loi qui vient d'être adoptée, et qui donne pleins pouvoirs
à la Régie d'imposer cette augmentation a une autre
catégorie de producteurs que celle pour laquelle elle a
été acceptée?
J'aimerais ça aussi, M. le Président, avoir les gens de la
Fédération devant nous pour qu'ils nous fassent un
résumé, comme je le disais; je ne dirais pas 20 ans ou 50 ans en
arrière, mais uniquement comment ça s'est passé au niveau
de la fusion, au début des années quatre-vingt, des deux
fédérations de producteurs de lait. Pour ceux et celles qui ne
savent pas ou qui n'ont pas suivi le débat depuis de nombreuses
années, avant, il y avait deux fédérations. Il y avait la
Fédération des producteurs de lait nature et la
Fédération des producteurs de lait de transformation. Et, en
1979, il y a eu quand même un rapprochement qui a été
réalisé, et il y a eu des ententes qui ont été
signées entre les deux fédérations qui devaient fusionner
par le biais de cette entente-là. Et, cette entente, on l'appelait
«l'entente Trudeau». C'était un avocat qui était
spécialisé dans le droit agricole. Je dis
«c'était», parce que, M. Trudeau, maintenant, depuis
quelques années, n'est plus de ce monde, malheureusement.
C'était, je pense, une renommée, un type reconnu dans le droit
agricole, dans les lois agricoles. En tout cas, il était arrivé
à faire s'entendre les deux fédérations, les
représentants des deux fédérations qui ont signé,
d'ailleurs, des ententes qui ont été incluses dans la formule de
plan conjoint qui a été publiée dans la Gazette
officielle du Québec et qui, aujourd'hui, fait force de loi. Et
comment la Fédération - j'aimerais ça, savoir - peut-elle
actuellement se rendre responsable de modifier et d'appliquer un plan conjoint
sans avoir eu à respecter les ententes préalables qui avaient
été signées entre toutes les parties? Et aussi, on va
imposer, on va modifier le plan conjoint sans avoir poursuivi toute la
procédure normale d'une telle modification d'un plan conjoint. (16 h
20)
Et, si on regarde, pour être bien précis, M. le
Président, on dit d'abord que les dispositions de l'article 49 -
ça, c'est sur les droits acquis - ne peuvent être modifiées
que par voie de référendum auprès des producteurs
détenant un quota de lait de consommation au moment de la tenue de ce
référendum, et que toute modification doit être
approuvée par au moins les deux tiers des producteurs qui ont
voté lors de ce référendum; et la moitié de ces
producteurs devront alors avoir voté. Plus loin, cet article-là
se réfère, évidemment, aux ententes qui avaient
été conclues en décembre 1979 concernant la mise en
marché du lait au Québec. C'est les ententes Trudeau, dont je
vous parlais. On définit même, dans ces ententes-là, dans
la Gazette officielle, dans les règlements sur les quotas des
producteurs de lait, ce qu'est un producteur de lait de consommation.
Cet avant-midi, le sous-ministre nous a dit que, lors du fameux
référendum consultatif, il y a des producteurs de lait qui
pouvaient détenir seulement un litre de lait par jour de consommation.
Pourtant, à l'article 9 des règlements sur les quotas des
producteurs de lait, on a même pris la peine de définir ce qu'est
un producteur de lait de consommation. On dit: «Nul n'est admis comme
producteur de lait de consommation sans détenir un quota de lait de
consommation d'au moins 100 litres de lait par jour et un quota de lait de
transformation d'au moins 600 kg de matières grasses par
année.» Donc, c'est pour ça que je dis que la modification
du plan conjoint n'a pas été respectée à la lettre.
Je comprends la raison pour laquelle il faut voter cette loi, pour être
capable ou être en mesure de mettre en place le rapport du comité
de médiation.
Si on regarde un peu, comme je l'ai dit tout à l'heure, avec
cette mauvaise compréhension du dossier... Regardons dans le
passé tous les efforts que les producteurs de lait de consommation ont
mis en place pour être capables, pour être en mesure, d'abord, de
se découvrir, de percer le marché de la consommation. Et,
souvent, ces producteurs, dans le passé, ont été, je
dirais, considérés ou ont été traités
d'à peu près tous les noms, parce qu'il a été une
époque où les prix, évidemment, ont changé. Il y a
eu une époque où, pour les deux quotas ou pour les deux sortes de
production, les revenus étaient équivalents, dépendamment
des années, puisque, avant les années soixante-dix, le
détenteur d'un
quota de lait de consommation n'avait pas droit aux subsides laitiers
fédéraux.
J'aimerais ça, comme je vous le dis, que les représentants
de la Fédération viennent nous expliquer d'où part ce
problème-là, au lieu de dire que les producteurs de lait de
consommation, c'est des ci, c'est des ça. Leur seule
responsabilité, aujourd'hui, c'est de partager ce bénéfice
accumulé, si on peut dire, ou cet ajout de bénéfices
accumulés au fil des ans; qu'on vienne partager ça avec le
producteur de lait de transformation. Tout le monde reconnaît
qu'aujourd'hui le problème est là et qu'il faut arriver à
une solution. Ça, tout le monde reconnaît ça. Que ce soit
le producteur de lait de consommation ou le producteur de lait de
transformation, tout le monde reconnaît qu'il faut arriver à une
solution pour arriver à une seule catégorie de producteurs. Mais,
je le répète, il faut faire attention à la façon
dont on va procéder.
Il y a des personnes qui, au fil des ans, ont accumulé un avoir
et, aujourd'hui, par le biais de cette loi-là, suite au rapport de
médiation, on va diminuer largement ces droits qu'ils ont acquis au fil
des années. On propose une compensation pour les détenteurs d'un
quota de lait de consommation qui ont acheté du quota durant les cinq
dernières années seulement. Tous les autres, on passe la
serviette, on passe la brosse là-dessus, et on dit: Vous autres, ce
n'est pas grave. Même si vous avez fait rire de vous autres dans le
passé, même si vous avez dû répondre à
certaines exigences qui étaient très fortes à
l'époque - des fois, ça me ferait plaisir de pouvoir en
énumérer quelques-unes, mais le temps va me manquer - on ne tient
absolument pas compte de tout ça aujourd'hui. On dit: Bon, demain matin,
on va tous vous mettre sur le même pied d'égalité. Sur
ça, je pense qu'on s'entend.
On est capable de s'entendre, mais c'est sur la façon de
procéder. Tu as une partie des producteurs de lait de transformation qui
n'ont jamais voulu, au fil des ans, dépenser temps et argent pour,
justement, acquérir une partie du quota de consommation. Il y en a
encore quelque 3000, comme on l'a dit ce matin, qui ne détiennent aucune
quantité de lait de consommation. Et le pire, M. le ministre, c'est que,
suite au rapport de médiation, quelques-uns de ceux-là - je ne
sais pas par quel regroupement ou je ne sais pas quoi - ont demandé
à être exclus - parce que, là, ils vont être
obligés de le faire - des normes de conformité au niveau de la
salubrité ou, en tout cas, les exigences de votre ministère - qui
sont correctes; je ne dis pas ça pour les dénoncer - qui ne
voulaient même pas dire: là, nous autres, maintenant qu'on est
obligés, on ne voudrait même pas être obligés de se
conformer à tout ce à quoi les autres se sont conformés
depuis 10, 15 ou 20 ans. comprenez-vous? donc, tout ça pour vous dire
qu'il y a des gens des deux côtés - et je ne suis pas prêt
à dire que les gens sont de bonne foi - qui ont essayé plus de
trouver des coupables que de trouver une solution.
J'aimerais ça aussi être capable de poser mes questions
à la Fédération des producteurs de lait, à savoir
comment elle va faire pour appliquer cette loi, qui, de toute façon, en
passant, n'est pas exactement le rapport de médiation sur lequel les
producteurs ont voté? Que ce soit un référendum
consultatif, que ce ne soit pas un référendum qui a
été demandé par la Régie, que la Régie
tienne un référendum tel que le stipule la loi... Bon, admettons
que le référendum est là, et que le ministre dise: Bien,
c'est un référendum, et il y a tant de producteurs qui ont
voté pour. Moi, je m'en vais par là, et je m'en vais avec
ça. Je suis sûr, riche de ça, et, moi, j'applique
ça. Comment la Fédération va-t-elle être capable de
vivre avec ce qu'elle a vendu l'automne passé aux producteurs, tel que
le rapport de médiation et ce qui est dans la loi aujourd'hui, qui n'est
pas pareil? Ce n'est pas pareil; il y a des points qui ne sont pas pareils.
Même, l'avant-projet de loi qui avait été
déposé en décembre, lui, représentait, sur certains
articles, exactement le rapport de médiation.
Tandis que, là, aujourd'hui, on revient avec une loi, et il y a
des changements. Entre autres, on ne parle plus, dans ces articles, d'un fonds
qu'on évalue a 25 000 000 $. Là, on n'en parle plus. On dit que
ce sera échelonné sur une période de cinq ans, mais il
reste quatre années. Là, on ne parle plus de temps, on ne parle
plus de durée, ce qui veut dire que ces sommes ou cette contribution
spéciale, extraordinaire, pourra être appliquée à
l'ensemble des producteurs de lait ou à des catégories de
producteurs qui seront déterminées par règlement.
Les règlements, bien entendu, nous autres, les
députés, on ne voit jamais passer ça. Bien entendu! Ce
sera la Fédération, ici, qui les fera, ces règlements, de
toute façon. Est-ce que ces règlements-là, la
Fédération sera obligée, elle, de les faire voter en
assemblée générale? On ne sait pas. Ou par
référendum? On ne sait pas. De toute façon, on ne fait
nullement mention dans ce projet de loi de quelle façon les producteurs
vont être cotisés, et lesquels de ces producteurs. Je ne suis pas
sûr, moi, que... Si les producteurs de lait de transformation lisaient
ça aujourd'hui, ils pourraient aussi bien dire: Mais, comment? On va
être cotisés, nous autres aussi, par une contribution
extraordinaire, comme on l'appelle? Si on regarde le projet de loi tel qu'il
est écrit actuellement, ce sont toutes des choses qu'il est tout
à fait possible d'envisager.
Donc, je pense que si on s'en donnait la peine, ça ne prendrait
pas une semaine pour entendre les organismes qu'on vient de mentionner, qui
sont intéressés par l'application et qui devront vivre avec les
conséquences de ce projet-là, avec les conséquences de
cette loi-là. Et on pourrait être plus en mesure,
nous-mêmes,
de prendre une décision, peut-être de bonifier le projet de
loi d'une façon qui serait plus acceptable, qui serait plus profitable
à l'ensemble des producteurs et qui serait plus facile aussi
d'application par la Régie elle-même. (16 h 30)
Donc, M. le Président, si on voulait, de notre côté,
l'Opposition, on a un paquet de motions. On a un paquet de motions à
déposer pour entendre différents organismes. Là, le
ministre ne pourra pas dire que je ne suis pas de bonne foi, j'en ai
demandé trois d'un coup. J'aurais pu demander un organisme à la
fois. J'espère que le ministre va apprécier notre bonne foi et
qu'il acceptera d'entendre ces trois organismes, parce que le ministre est
aussi au courant que moi de la procédure parlementaire et il sait
très bien que, j'allais dire, ses petites menaces qu'il nous a faites
à matin, on n'embarque pas trop facilement dans ça et que nous
sommes capables de vivre avec nos décisions.
Encore une fois, l'Opposition est prête à collaborer,
l'Opposition veut collaborer avec le gouvernement pour essayer justement de
régler ce problème de producteurs, mais on ne veut pas collaborer
de n'importe quelle façon, parce que là on pense solutionner un
problème, que ce soit au niveau du consommateur, que ce soit au niveau
des producteurs, mais je ne pense pas que l'on touche au fond du
problème, au fond de la situation. Ma collègue de Terrebonne l'a
mentionné tout à l'heure, entre autres, au niveau des ristournes
qui sont accordées aux détaillants. Nulle part on ne fait mention
dans cette loi-là et dans le rapport de médiation comment essayer
de solutionner l'ensemble du problème. Je trouve tout à fait
aberrant que des transformateurs soient obligés de payer entre 0,10 $,
0,15 $ et jusqu'à 0,16 $ le litre de lait pour s'acheter un petit espace
de tablette qui ne profite absolument pas aux consommateurs et qui ne profite
absolument pas aux producteurs non plus. Les seuls à qui ça
profite, c'est au niveau des transformateurs qui, eux, normalement, sont
supposés être capables d'opérer à l'intérieur
de la fourchette de prix qui leur est accordée par la Régie. Ces
sommes d'argent qu'on évalue entre 30 000 000 $ et 40 000 000 $ par
année en ristournes sur le marché noir, ça n'a aucun
rapport avec... Dans les solutions apportées, on ne fait nullement
mention de solutions à apporter justement au niveau de ces correctifs
pour essayer de corriger la situation au niveau des ristournes qui sont
accordées aux détaillants de nos chaînes
d'alimentation.
On aurait beaucoup plus après discussions avec ces
différents organismes-là. Sans doute qu'on pourrait davantage
approfondir le sujet, qu'on pourrait davantage clarifier. La
Fédération nous dirait d'une façon claire si elle est
capable de vivre, si elle est capable d'appliquer ce rapport-là, ce dont
je doute, j'en doute. Je veux bien être de bonne foi, mais je ne suis pas
certain que la Fédération va être capable de mettre en
place et d'appliquer, de faire vivre le bébé qu'on est en train
de lui donner là. Je suis pas mal certain qu'à un moment
donné elle va manquer de souffle aussi. Le ministre a eu beau dire
dès le départ de la formation du comité de
médiation: Je vous fournis un comité pour mettre ça en
place, mais moi je ne m'en occupe pas. Je ne mets pas une cent
là-dedans, arrangez-vous avec votre problème.
Là, encore une fois, on fait payer au consommateur un
problème dont il n'est nullement responsable au niveau du prix. Je
comprends qu'au niveau de la consommation, la consommation a chuté, mais
je l'ai dit l'autre jour, c'est surtout à cause des fameux
diététiciens et des fameuses diététiciennes qui,
juste le fait de frôler le frigidaire, s'il y a une livre de beurre
dedans, tu peux prendre 10 livres ou ton taux de cholestérol va monter
tellement haut que ça va devenir dangereux. On est rendu qu'on fait
accroire à des jeunes de 12, 15, 16 ans d'arrêter de boire du lait
parce que leur taux de cholestérol est excessivement élevé
ou que c'est dangereux qu'il monte trop. Ça n'a pas de bon sens, on a
charrié de tout bord tout côté, et je pense qu'on n'a pas
mis assez d'information au niveau du consommateur, des associations de
diététistes, tous ces groupes-là, sur les
conséquences économiques, sur tout ce que leur information
charriée a causé au secteur agricole, au secteur laitier.
Donc, M. le Président, je pense qu'en pouvant discuter avec ces
gens-là on va être capable d'être mieux informé, on
va pouvoir être capable d'amener possiblement des modifications. Pour
certains groupes qui n'ont pu, selon eux autres, ils nous disent qu'ils n'ont
pu se faire entendre, ça serait une façon, ici, de pouvoir les
entendre. L'Assemblée nationale est là, est ouverte au public,
nous sommes dans un système démocratique. D'ailleurs, je l'ai
mentionné ce matin, le Barreau mentionnait qu'on devrait tenir des
audiences publiques avant de voter ces lois pour être capable de mieux
mesurer l'ensemble de l'opposition de différents groupes ou de la
position de différents groupes. Et j'invite, je réitère ma
demande au ministre. On est capable de déterminer un temps. J'ai
demandé trois groupes, on peut dire: C'est une heure chacun. Ça
va prendre trois heures, on va vider la question et ça va être
beaucoup plus rapide, après, pour étudier le projet de loi
article par article que de s'entêter à dire: Moi, je ne veux rien
savoir, j'ai tout compris. J'ai rencontré toutes sortes de monde, je
connais tout le problème. Puis, on va voter ça. Salut! Bonsoir!
Puis, après ça, allons jouer avec.
C'est une façon, je pense, trop simpliste de la part du ministre
de refiler le dossier aux autres tout en se vantant, de dire: Moi, j'ai fait ma
job, j'ai fait mon possible, j'ai formé un comité. Il en est
responsable, mais on s'aperçoit très bien que, de bonne foi, sans
aucun dou-
te - je ne veux pas mettre en doute la bonne foi des personnes qui
formaient ce comité - en cours de route ce qu'ils ont proposé,
légalement, tu ne peux pas le faire à l'intérieur des
structures actuelles. Donc, ça prend une loi spéciale ou des
modifications aux articles de loi pour être capable d'entériner ce
que trois personnes ont proposé pour essayer de solutionner un
problème. Je doute fort que ce problème sera solutionné de
la façon qu'on l'amène présentement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas l'intention, bien
sûr, vous comprendrez, d'accuser de mauvaise foi le député
d'Arthabaska, loin de là. C'est son privilège, d'ailleurs, de
vouloir entendre des organismes et je pense qu'il peut s'en prévaloir
sans être taxé par qui que ce soit de quelque abus que ce soit.
Alors, là n'est pas mon intention de penser que les gens n'agissent pas
de bonne foi à l'intérieur de ces discussions-là.
J'ai, cependant, M. le Président, entendu presque mot à
mot ce que j'ai entendu, dans mes nombreuses sorties à travers le
Québec, par des producteurs ou par des groupes. Finalement, toutes les
fois qu'on veut parler de ça, M. le Président, on veut refaire le
grand débat. On sait très bien que le prérequis du
comité qui avait été mis sur place pour régler
cette situation-là, le prérequis était basé sur des
compromis. Ça, je pense qu'on l'a mentionné ce matin. Je le
mentionne encore, c'est un prérequis, ce sont des compromis. Des
compromis, parce que trancher une question, quelle qu'elle soit, pourrait
forcément causer des problèmes à quelques-uns, bien
sûr.
Alors, M. le Président, c'est sur cette base de compromis - je ne
veux pas me répéter et je ne veux pas répéter ce
que j'ai dit ce matin au sujet du comité qui a été mis en
place et de la consultation qui a été faite. C'est probablement
un des dossiers, M. le Président, dans tous les dossiers agricoles qui
ont pu être traités depuis plusieurs années, un des
dossiers qui a fait le plus, où on a assisté à la plus
vaste consultation de tous les membres, de tous les milieux et de tous les
groupes. J'ai rarement vu aussi un dossier comme celui-là qui, soit dit
en passant, a pris bien sûr quelque temps à discuter et a
demandé beaucoup d'énergie et beaucoup d'efforts à trois
personnes qui étaient complètement de domaines différents
mais qui connaissaient, évidemment, bien ce domaine-là, aller
recueillir aussi, en majorité, des résolutions. (16 h 40)
À la dernière assemblée annuelle de la
Fédération des producteurs de lait, ils ont adopté une
résolution en ce sens, à une très grande majorité,
M. le Président. On me demande: Est-ce que la Fédération
est au courant et est-ce qu'elle peut mettre ça en place, etc.? Ils
savent de quoi ils parlent, ils en ont discuté abondamment et ils ont
adopté une résolution en ce sens. On voudra me dire que la
résolution n'a pas été à l'unanimité, mais
quand attendons-nous, au Québec, que des résolutions se fassent
à l'unanimité pour qu'on puisse procéder à des
changements? Ça ne se voit que très rarement. Tant mieux, quand
ça se voit, M. le Président, c'est parfait! Mais quand ça
ne se voit pas, ça ne peut pas empêcher le monde de fonctionner et
l'univers de tourner.
Au conseil général de l'UPA, M. le Président... Je
me rappelle, j'étais là, au conseil général de
l'UPA. Il y avait 1200 membres de l'UPA. Il y a eu encore une résolution
en ce sens qui a été adoptée, passée et
acceptée à une très grande majorité. Je pense que
quand on parle de la Fédération des producteurs de lait, quand on
parle du conseil général de l'UPA, M. le Président, on
doit parler d'un domaine qui concerne plus particulièrement les
agriculteurs.
Ai-je besoin de répéter que tous les règlements de
fonctionnement du Fonds devront être approuvés par la Régie
et, par le fait même, tous les intervenants pourront se faire entendre,
comme c'est de coutume et comme c'est l'obligation qu'a la Régie
d'écouter, en audiences publiques, tous les intervenants sur, bien
sûr, les règlements à y être apportés.
Le discours, finalement, M. le Président, que j'ai entendu... Je
me retrouve au mois d'août, entre août et novembre 1990, où
j'entendais les mêmes discours. C'est évident, M. le
Président, que ça fait contentieux. C'est évident, M. le
Président, que ça prend des compromis de part et d'autre. C'est
évident qu'il y aura des gens, même à l'intérieur
des compromis, qui ne seront pas tout à fait satisfaits. C'est
évident qu'après la consultation, la large majorité
s'étant prononcée, avec le pourcentage que j'ai mentionné,
bien moi, je me sens satisfait, même si, bien sûr, il va rester
certaines blessures face à certains individus.
Je veux bien, M. le Président, qu'on parle des ententes Trudeau
de 1980, mais je voudrais aussi qu'on sache qu'il n'est pas question d'enlever
la propriété du quota, M. le Président. Ce dont on parle
ici - parce que c'est encore basé sur des prérequis de compromis
- c'est, bien sûr, de diminuer ou d'enlever certains privilèges
rattachés aux quotas. Bien oui, c'est ça, la difficulté!
Ça n'enlève pas du tout les quotas aux gens, mais ça leur
enlève certains privilèges.
On a dit qu'il y a même des gens qui n'ont pas voulu se conformer,
M. le Président. Bien sûr, ils ont fait une demande au
comité pour dire: Nous, on ne voudrait pas, dans une transformation, se
conformer. Le comité n'a même pas reçu ça, M. le
Président. Les gens devront se conformer à la loi. Ce n'est pas
le ministère de
l'Agriculture qui va dire tout simplement aux gens: Vous ne vous
conformez pas à la loi. S'ils ne se conforment pas, ils feront
exactement ce qu'ils doivent faire. Quand on a besoin d'un permis de taxi au
Québec, qu'on achète un permis de taxi au Québec, on ne
peut pas vendre son permis par la suite, puis espérer faire du taxi
parce qu'on a une automobile. Alors, c'est la même chose dans certains
domaines où des gens, peut-être, ont la prétention de ne
plus avoir besoin de certains prérequis. Alors, ça a
été refusé par le comité de la médiation.
Maintenant, bien sûr aussi qu'on parie d'un cadre de loi, M. le
Président. Ce que nous faisons ici, nous adoptons un cadre de loi dans
lequel vont s'inscrire des règlements pour pallier et satisfaire aux
exigences de la loi, règlements qui seront encore entendus par la
Régie. Donc, ça va se faire par réglementation.
M. le Président, on demande d'entendre trois groupes. On
pourrait, bien sûr, en entendre beaucoup plus que ça - trois
groupes - parce qu'il y a d'autres groupes qui ont la prétention qu'ils
aimeraient être entendus. Qu'est-ce qu'on fait du groupe
Solidarité, un prix un lait? Pourquoi on ne les entendrait pas, M. le
Président?
M. Chevrette: Faites un amendement...
M. Baril: ...à d'autres. Je vous dis, on en a une
série. On a tout ça, là.
M. Picotte: Oui, bien, je vous dirai pourquoi, après.
J'arrive à ma conclusion, là. Je peux finir ma conclusion
à moi, puis je vous dirai pourquoi j'arrive à la conclusion, M.
le Président.
Alors, M. le Président, quand on parle du consommateur... On va
demander au consommateur 0,01 $ le litre, M. le Président, de
défrayer une partie - 0,01 $ le litre - alors que je vous ai fait la
démonstration que, dans toutes les provinces canadiennes, on est parmi
les trois provinces les plus basses au niveau de l'achat du litre de lait, au
Québec.
M. le Président, je ne voudrais pas, moi, à la suite de la
vaste consultation, créer d'autres distorsions et créer des
injustices en n'écoutant pas d'autres groupes. Là, ouvrir la
porte à d'autres groupes, comme on dit, «faites des
amendements», on pourrait avoir autant d'amendements qu'il y a de groupes
puis, possiblement, autant d'individus par la suite.
Alors, M. le Président, pour ces raisons, je serai obligé,
moi, comme député de Maskinongé, et de mon siège,
de voter contre la proposition qui est devant nous. Merci, M. le
Président.
M. Baril: M. le Président, juste...
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Oui, M.
le député d'Arthabaska.
M. Baril: Juste quelques mots. Pourquoi le ministre,
actuellement, il ne parle plus de droits acquis des producteurs, il parie de
privilèges? S'il parle de privilèges, pourquoi, dans les ententes
Trudeau, on définit c'est quoi, des droits acquis, on ne parle pas de
privilèges? Pourquoi le ministre peut changer des droits acquis en
privilèges, sans en modifier les règlements, ce qui est paru dans
la Gazette officielle du Québec? Ça ne marche pas,
ça.
Si le ministre transfère des droits acquis en privilèges,
il faudrait qu'il commence par les faire adopter, présenter un
règlement quelque part pour les faire modifier dans la Gazette
officielle du Québec et, après ça, ça
s'appliquera. Donc, qu'on arrête de dire, le ministre, qu'on
enlève des privilèges à quelqu'un. Ce n'est pas des
privilèges, c'est des droits acquis. Ils sont très bien
définis dans la Gazette officielle du Québec. Je n'invente
rien en disant ça.
Pourquoi le ministre n'a pas fait respecter, n'a pas fait appliquer la
formule des plans conjoints pour toute modification à un plan conjoint?
Pourquoi le ministre n'a pas fait respecter ça? C'est tout écrit,
dans les lois et les règlements, comment un office peut faire pour
modifier un plan conjoint? Pourquoi il faut faire ça par une loi
spéciale ou insérer des articles spéciaux dans une loi?
C'est ça que je lui posais dans mes affaires. Pourquoi on arrive, pour
régler un problème, qu'on change les ordres du jour, qu'on change
la procédure normale de toute modification? Là, en plus, le
ministre vient dire que ce n'est pas des droits acquis, c'est des
privilèges. Là, il faudrait qu'il commence par changer ce qu'il y
a dans ces papiers-là et discuter avec tout le monde parce que
ça, c'est des choses officielles.
M. Picotte: Je n'ai pas besoin de répéter, M. le
Président, quand bien même le député d'Arthabaska me
poserait toujours les mêmes questions, je vais lui donner toujours les
mêmes réponses. M. le Président, c'est un problème
qui perdure et le prérequis pour tâcher de régler ce
problème-là, c'est basé sur des compromis. À partir
du moment où on dit que c'est basé sur des compromis, je pense
qu'on a tout de suite la réponse, immédiatement, ce que ça
veut dire, M. le Président. Voilà!
Le Président (M. Richard): Toujours sur la motion de M. le
député d'Arthabaska, M. le député de Joliette. M.
Chevrette, vous avez la parole pour les 30 prochaines minutes. Je m'excuse, 10
minutes. Je m'excuse, vous n'êtes pas le proposeur.
M. Chevrette: Ce n'est pas 20?
Le Président (M. Richard): C'est une motion de... un
instant... O.K. Étant une motion de forme, vous avez droit à 10
minutes, M. le
député.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: C'est bien, je ne me chicane pas.
M. le Président, les articles 14 et 16 de la loi 23 touchent
carrément à des pouvoirs de portée générale
et non pas spécifiques à la Fédération des
producteurs de lait. Je m'excuse, on vient de donner à la
Régie... Les avocats de l'UPA, je suis surpris que l'UPA ait
laissé passer ça, parce qu'on est en train de donner un pouvoir
à la Régie de portée générale et non pas
seulement pour régler un litige. On donne à la Régie,
dorénavant, le pouvoir d'autoriser des restructurations et de
prélever des cotisations pour l'ensemble des offices ou des productions.
Puis je ne suis pas avocat, là, mais la lecture, quand on lit les
articles 14 et 16, ça, c'est clair que ça devient des pouvoirs de
portée générale pour l'ensemble des secteurs.
Je ne suis pas sûr que l'UPA, moi... ou bien si elle ne l'a pas
vu. Si elle l'a vu, je suis surpris qu'elle le laisse passer.
Deuxièmement, si elle l'a pas...
M. Picotte: Je peux poser une question? C'est juste pour
m'assurer que j'ai bien compris. Vous dites: tout pouvoir à la
Régie.
M. Chevrette: Non non. J'ai dit: on donne à la
Régie, dorénavant, à l'article 16, aux
fédérations... Les articles 14 et 16: «Pour favoriser la
restructuration des conditions de production d'un produit agricole, tout office
peut...» Dorénavant - vous allez voir où je vais venir -
tout office pourra prélever une cotisation, pourra préparer,
d'abord, un règlement qu'elle fera approuver, en autant que les
producteurs satisferont à des demandes. Donc, dorénavant, tout
office, j'ai bien compris?
M. Picotte: II faut que l'office, l'assemblée, parce que,
quand on parle de l'office, il faut que l'assemblée
générale accepte ça. Après ça, ils s'en vont
devant la Régie. Donc, c'est à l'office qu'on donne des
pouvoirs.
M. Chevrette: Non non, je ne dis pas le contraire.
M. Picotte: O.K.
M. Chevrette: Je dis que, dorénavant...
M. Picotte: C'est ça que je voulais comprendre. (16 h
50)
M. Chevrette: ...«toute restructuration des conditions de
production», quel que soit le secteur, on pourra, en autant qu'on
dépose un règlement à la Régie, y aller pour dire:
II faut indemniser tel secteur, tel autre secteur. Elle donne aussi, cette
loi-là, qui est de portée générale, qui n'est pas
limitée aux producteurs de lait... Dorénavant, on a seulement
qu'à «faker» ou à «framer» une
restructuration, puis on s'en va à des cotisations spéciales pour
ceux qui répondent à des critères. Ça, c'est clair
dans l'article 16, page 6 du projet de loi: «7° imposer, à
l'ensemble des producteurs ou à ceux qui satisfont à certains
critères, une contribution spéciale». Donc, vous êtes
en train de donner l'équivalent de la formule Rand dans le syndicat,
dans le Code du travail. En autant qu'il invoque les mots
«restructuration de la production», vous venez d'introduire,
dorénavant, une assise juridique permettant à tout groupe qui
veut se restructurer, la possibilité, à des offices, d'imposer
des cotisations spéciales à des producteurs. Et ça, je le
répète, ce n'est pas spécifique au lait, ça. C'est
pour ça que mon collègue disait qu'éventuellement, si vous
vouliez régler la question des laits, il aurait peut-être
été mieux d'y aller par une loi spéciale parce que vous
attaquez tantôt, des clauses de portée générale et,
tantôt, des clauses de portée particulière.
Et je continue. La Régie... Quand vous arrivez à la
Régie, vous la limitez, cependant, dans l'augmentation du lait. Parce
que ce n'est pas dans toutes les productions où vous pouvez vous rendre
au consommateur, parce que la Régie a des assises exclusivement sur le
lait de consommation. Là, vous êtes beaucoup plus
spécifique. Vous dites: Elle va étudier... Pour toutes les
productions qui se restructurent... Là, vous êtes très
très très généreux: Cotisez-vous entre vous autres,
restructurez-vous, chicanez-vous, imposez vos cotisations spéciales, il
n'y a pas de problème. Dans le cas du lait, comme la Régie,
avant, n'avait que le pouvoir exclusif de juger en fonction du coût de
production, la Régie n'avait pas d'autre alternative que
d'écouter les preuves, les plaidoiries en faveur des coûts de
production. Dorénavant, vous donnez à la Régie, en vertu
de l'article 22 (60.1), le pouvoir de se prononcer non pas... Et ça,
c'est le jugement du tribunal quasi judiciaire dont je vous parlais ce matin,
la Régie. Dorénavant, la Régie des marchés
agricoles aura le pouvoir, en ce qui regarde le lait de consommation, de se
prononcer non seulement en vertu des coûts de production, mais aussi des
coûts de restructuration. C'est ça qu'elle dit, la loi.
Donc, vous élargissez le champ sur lequel devra se baser la
Régie. C'est pour ça que je trouvais important, ce matin, que le
tribunal quasi judiciaire ne soit pas à cette table et ne rencontre pas
du monde, parce que c'est un vrai tribunal qui aura à se prononcer,
même sur le quantum de la restructuration. Ça va très loin,
ça. D'autant plus que, dans le rapport de médiation, le quantum
de la restructuration, il était fixé. Dans l'avant-projet, le
quantum de la restructuration était fixé. Dans votre projet,
le
quantum de la restructuration, il n'est pas fixé. Qu'est-ce que
ça veut dire, ça? Il pourrait être de 30 000 000 $, il
pourrait être de 50 000 000 $. Ce n'est pas là-dessus que les
producteurs ont voté. Ils ont voté sur des sommes
précises, avec des indications précises. D'autant plus, ce n'est
pas le comité neutre qui va s'occuper de gérer les 25 000 000 $
comme c'était marqué dans l'avant-projet, comme c'était
marqué dans le rapport de médiation, ce sur quoi ils ont
voté. C'est l'Office qui va s'occuper du fonds. Le fonds, on ne sait pas
de combien, et le pouvoir appartient à la Régie. C'est la
Régie des marchés agricoles qui va décider du quantum,
d'une restructuration, alors que vous me dites que c'est le fruit de
compromis.
Un compromis, là:.. Quand on fait un compromis entre égaux
et qu'on se chicane, on fixe des règles précises. Comme c'est
là, moi, je n'ai aucune garantie juridique légale que la
Régie des marchés agricoles ne s'écartillera pas, on ne
sait pas. Il n'y a rien qui me le prouve. Jusqu'où elle va
s'arrêter? Si elle s'arrête à 10 000 000 $, parce qu'elle
juge que c'est suffisant, elle pourrait s'arrêter à 10 000 000 $.
Sur quoi ont voté les producteurs? Est-ce qu'ils seraient d'accord pour
que ça s'arrête à 10 000 000 $, si ça en prend 25
000 000 $ pour régler le cas? Vous ne le savez pas? Ce n'est pas pour
rien qu'on veut les entendre. C'est pour ça qu'on veut faire la
proposition, pour entendre au moins les tenants de deux thèses. Ce n'est
pas vrai, ce n'est pas ça que dit le projet de loi. Ça fait 16
heures qu'on fait dans cette Chambre. Depuis 16 heures, j'ai appris que quand
ce n'est pas écrit et que c'est un pouvoir discrétionnaire qui
est accordé... C'est un pouvoir discrétionnaire qui est
accordé à la Régie, clairement. S'il y a une preuve
tangible de faite et que ce n'est pas écrit, les producteurs ont
voté sur du concret, sur du précis, quand ils ont eu le
résultat, et ils ont voté même pour une structure. Les gens
ont dit: II ne faut pas que ce soit l'Office, on se chicane. Il ne faut pas que
ce soit la Fédération. Il faudrait que ce soit géré
par des gens neutres. C'est ça qu'ils ont dit. Oui oui. Et il y en a qui
ont dit: Si c'est géré par du monde neutre, au moins, on va... M.
Jacob, votre adjoint, à votre droite, c'est lui qui a écrit
ça avec M. Proulx et un autre. C'est qui le troisième-Une
voix: Proulx.
M. Chevrette: Jacques Proulx, j'oubliais le boss d'un citoyen de
mon comté qui est ici. La Régie a donc un pouvoir ultime. Ou bien
elle va les retourner chez eux faire leurs devoirs, et la chicane va perdurer
longtemps. Elle pourrait, c'est un pouvoir de portée
générale. Je suis convaincu de ça, moi. Pourquoi on
n'écrit pas, comme dans l'avant-projet de loi, les sommes
précises? Qu'est-ce qui s'est passé entre-temps pour qu'on
l'enlève? Qu'est-ce qui s'est passé depuis le rapport de
médiation pour qu'on transforme la gestion par des personnes neutres;
c'est géré dorénavant par la Fédération. Je
ne sais pas, moi. Mais le rapport de médiation, il était
préparé par du monde, et c'est ça qui a fait l'objet d'un
référendum. Ce n'est pas autre chose. Et on ne retrouve pas la
même chose.
Deuxièmement, est-ce que c'est à la demande de la
Fédération des producteurs de lait ou si c'est la Régie
des marches agricoles qui demande d'élargir ça à
l'ensemble des secteurs de production, les pouvoirs de portée
générale que vous avez? Parce que, dorénavant, en vertu
des articles 14 et 16, est-ce qu'on pourra me répondre, en vertu des
articles 14 et 16, si ce n'est pas exact, que c'est ces pouvoirs de
portée générale, dorénavant, qui vaudront pour
l'ensemble des offices ou des fédérations? Ce n'est pas
limité exclusivement à la Fédération des
producteurs de lait? Donc, on vient d'introduire la notion de capacité
de se restructurer pour chaque office et d'imposer des cotisations
spéciales pour la restructuration à chaque office, sauf que la
Régie n'aura pas le pouvoir, dans le cas des autres restructurations, de
l'imposer aux consommateurs. C'est seulement dans le cas de la production du
lait que la Régie obtient un pouvoir de fixer un prix aux consommateurs
pour payer le coût de la restructuration. Mais, dans les autres secteurs
de production, restructurez-vous, on pourra vous imposer, à chaque
producteur qui répond à certains critères des
règlements... C'est ça, fondamentalement, que dit la loi.
Ça serait intéressant d'entendre la Fédération des
producteurs de lait pour voir si c'est clair pour eux, ce qu'il y a dans 23, et
si ça les satisfait, et entendre les autres pour voir si notre
compréhension va dans le même sens qu'eux ou pas. Ce n'est pas
plus que ça et pas moins que ça.
Moi, je prétends que 14 et 16 débordent carrément
le dossier que nous avons entre les mains. Les articles 14 et 16 sont
étendus à l'ensemble des secteurs de production ou des offices ou
des fédérations - appelons-les comme on voudra - et ils sont tous
touchés potentiellement par ça. La Régie, d'autre part,
obtient un pouvoir pour transférer l'addition ou la facture du
coût de la restructuration aux consommateurs. C'est comme ça que
j'interprète la loi, et il n'y a pas d'autre manière de
l'interpréter. C'est bien marqué à l'article - je vais
vous le dire - 60.1. «La Régie tient compte, lorsqu'elle fixe le
prix du lait - ça, c'est clair que ce n'est pas... - par ordonnance en
vertu du paragraphe e de l'article 38, de l'application de tout
règlement concernant ce produit qui accorde une aide financière,
impose une contribution spéciale et crée un fonds spécial,
adopté en vertu de l'article 100.1». (17 heures)
Donc, en vertu de l'article 100.1, il y a une restructuration dans le
secteur du lait. Donc, la Régie a le pouvoir d'en refiler une partie
aux
consommateurs, en vertu de l'article 60.1 de l'article 22. Si c'est
ça, notre compréhension, moi, j'aimerais bien questionner les
gens à partir du rapport de médiation sur lequel ils ont
voté, par rapport à la loi que nous avons, et écouter
trois groupes, une heure chacun, ça pourrait simplifier et
réduire beaucoup le temps des travaux, ici.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Ce serait un avantage.
M. Picotte: M. le Président, je vais reprendre juste la
dernière partie du député. Je voudrais rappeler au
député de Joliette que l'article 22 dit: «La Loi sur les
produits laitiers et leurs succédanés». C'est pour
ça qu'on parle des produits du lait. Il saura qu'on doit tenir compte
des coûts de production dans le coût du lait. C'est le seul endroit
où on parie de ça, et c'est dans les produits laitiers,
là. Dans d'autres domaines, M. le Président, il n'y a rien qui
nous oblige à tenir compte des coûts de production. C'est
spécifique au lait, c'est pour ça qu'on fait
référence à ça. Maintenant, je veux bien
reconnaître l'habileté du député de Joliette...
M. Chevrette: Pas 14 et 16, c'est de portée
générale.
M. Picotte: Je vais arriver avec tout ça. Je vais tout
vous ramasser ça, là. Je veux bien reconnaître
l'habileté du député de Joliette, M. le Président,
comme vieux parlementaire, ici, à l'Assemblée nationale, mais
j'en ai vu quelques-unes, moi aussi, depuis que je suis ici. J'ai
été quelques années dans l'Opposition, ça fait que,
moi aussi, je suis capable un peu d'en parler et d'avoir ce genre
d'habileté là, M. le Président.
On nous dit, au point de départ: Bien, pourquoi ne pas faire une
loi spéciale? Il y a eu une loi spéciale qui a été
déposée au mois de décembre, tout le monde s'en
rappellera. On nous dira: Bien, oui, ça n'a pas été
bloqué par nous; ça a été bloqué par un
autre. Sauf qu'on trouve, finalement, que c'est toujours le même monde
qui travaille toujours pour la même affaire. On est obligés de
savoir ce qui se passe dans les corridors. On n'est pas sourds, muets,
aveugles. On sait ce qui se passe dans les corridors de l'Assemblée
nationale. Alors, M. le Président, on n'a pas pu l'adopter, la loi
spéciale. Tout le monde le sait. Donc, aujourd'hui, on veut bien me
faire l'entourloupette ou l'habileté de dire: Ça devrait
être une loi spéciale. Pourquoi, maintenant, on retrouve ça
comme formule générale?
D'abord, il n'y a pas de cachette à ça. Je vais lui dire
tout de suite, là, il n'y a pas de cachette à ça. Ce n'est
pas la Régie qui a voulu se donner ce pouvoir-là et ce n'est
personne d'autre. C'est le ministre qui a exigé que ce soit à
l'intérieur de la loi et que ça puisse servir pour d'autres
choses. Exemple: II y aura un comité de médiation qui va
être mis sur pied dans le sirop d'érable pour les mêmes
raisons. On sait pourquoi à part ça, pour les mêmes
raisons. Alors, comme il n'y a pas de lois spéciales qui ont
été adoptées à cause des circonstances que tout le
monde connaît et que je ne décrirai pas, bien, là, on le
met dans une loi générale. On ne prend pas l'entente du lait
uniquement pour ça parce que, dans la loi générale, elle
pourrait servir à toutes sortes de choses.
La seule chose, cependant, M. le Président, c'est que la
Fédération, elle est tenue d'appliquer le rapport de
médiation. Ça a été voté, ça a
été accepté. Elle est tenue de faire adopter le rapport de
médiation. Donc, dans le domaine du lait, il n'y aura rien de
changé. La Fédération ne pourra pas nous présenter
des règlements qui vont originer d'ailleurs que du rapport de
médiation. Elle est liée par ça. Donc, il n'y a rien de
changé dans le lait, sauf qu'on ne précisera pas uniquement dans
le lait, parce que c'est notre intention, si on en a besoin, un jour, de
l'appliquer aux produits maraîchers et au sirop d'érable. C'est de
se donner un article où on pourra l'utiliser quand ça nous
semblera bon de l'utiliser.
Je termine tout simplement en disant ceci: Moi, quand je parle de
restructuration, M. le Président, je pense que je n'ai pas de
misère à confier aux producteurs, aux fédérations,
parce que les fédérations, c'est l'ensemble des producteurs,
elles représentent les producteurs... Moi, je n'ai pas de gêne, je
n'ai pas de misère à confier aux producteurs la restructuration
de leur domaine. S'il y a quelqu'un qui est peut-être bien plus capable
de le faire que n'importe quel autre, n'importe quel Jos Bleau qui pourrait en
parler sans trop en connaître, M. le Président, c'est bien les
fédérations. Les gens se sont donné, justement, des
fédérations, ils se sont donné tout ce qu'il fallait, en
termes de mécanismes, pour être en mesure de bien gérer
leur structuration, et, moi, ça ne me gêne pas de leur confier
ça. C'est ce qu'on fait, M. le Président. Je comprends que
ça peut être différent de ce que souhaite, de ce que pense
l'Opposition. C'est de même dans un régime parlementaire. On aura
l'occasion de voter par la suite, mais on se pliera, chacun de son
côté, de part et d'autre, aux décisions qui seront prises,
M. le Président. C'est comme ça que ça se passe, mais ne
mêlons pas des choux et des raves. On se donne un droit pour d'autres
possibilités d'offices qui pourraient s'en servir. Oui. Il n'y a pas de
cachette, tout le monde le sait, et si tout le monde ne le savait pas,
là, j'espère que tout le monde le sait, à partir de ce
moment-là.
L'autre point, M. le Président, bien sûr, comme dans
l'entente du lait, la Fédération est tenue de faire appliquer le
rapport de médiation
qui est bien connu - ça aussi, tout le monde le sait - elle devra
proposer les règlements en conséquence à la Régie
pour tâcher que ça s'applique dans le domaine du lait, tel que le
rapport de médiation. Si on le fait dans le sirop d'érable et si
on le fait dans les produits maraîchers ou ailleurs, on verra dans le
futur, mais on aura cette loi-cadre pour tâcher de l'administrer. Alors,
M. le Président, ce n'est pas plus compliqué que ça.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole à Mme la députée de Terrebonne. Mme
Caron, vous avez la parole pour les 10 prochaines minutes.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: M. le Président, évidemment, si
l'Opposition avait voulu utiliser des motions dilatoires, on aurait pu, avec
ces trois groupes qu'on jugeait prioritaires, prendre trois heures pour
présenter nos motions, alors que, ce qu'on propose, c'est de prendre
trois heures pour entendre les groupes principalement concernés.
Je pense que, quand on parie de la Fédération des
producteurs de lait du Québec, quand on parle du Regroupement provincial
pour le maintien des droits des producteurs de lait et quand on parle de la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec, on parle des trois principaux groupes concernés. Le
ministre nous a répété, tantôt, dans ses remarques,
que le comité avait été mis en place, qu'il y avait eu
consultation, mais je répète que, sur ce comité où
il y a eu consulation, les consommateurs n'étaient pas
représentés.
Le ministre a voulu laisser entendre tantôt que les articles 14,
16 et 22 ne touchaient aucunement les consommateurs. Ils ne les touchent pas
directement, mais ils les touchent indirectement et c'est très clair.
Puisque le ministre nous a déjà annoncé ses couleurs,
c'est-à-dire qu'il refusait d'entendre les groupes, je me permettrai de
lui lire: et l'argumentation de la Fédération nationale des
associations de consommateurs du Québec va exactement dans le même
sens de mon intervention tantôt, de l'intervention de mon
collègue, le député de Joliette, leader de l'Opposition,
puisque, effectivement, les articles 14, 16 et 22 touchent directement les
consommateurs.
La FNACQ déposait, ce midi, en communiqué de presse, sa
position par rapport au projet de loi 23. La FNACQ nous disait: La FNACQ
s'oppose aux articles de loi qui pourraient entraîner une augmentation du
prix du lait de consommation pour les consommateurs. La
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec s'oppose aux articles 14, 16 et 22. Et là, je
précise. Le ministre nous dit, à l'article 22, que la
Régie va entendre les consommateurs, évidemment. Mais l'article
22 dit bien que la Régie devra tenir compte des articles 14 et 16. Donc,
elle devra tenir compte des coûts de restructuration. C'est très
clair, ça aussi. C'est facile de régler un problème
lorsqu'on refile la facture aux consommateurs.
Donc, je poursuis, M. le Président. La Fédération
s'oppose aux articles 14, 16 et 22 du projet de loi 23 qui auront comme
conséquence, entre autres, de permettre une augmentation du prix du lait
de consommation sur la base de coûts de restructuration de l'industrie,
alors qu'actuellement la loi prévoit que les augmentations du prix du
lait de consommation aux producteurs reposent sur les coûts de
production, en excluant, entre autres, la valeur des quotas. Ces articles
pourraient entraîner une augmentation du prix du lait de consommation au
détail, en 1996, et même auparavant, de l'ordre de 0,01 $ le litre
en plus des augmentations qui pourraient être consenties par la
Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec sur
la base actuelle de l'évolution des coûts de production. Le
ministre nous a confirmé tantôt que ça peut être
élargi à d'autres produits. Donc, les consommateurs risquent
d'avoir des factures dans d'autres produits essentiels aussi.
Pour la FNACQ, régler, en partie, par ce moyen, le
problème des prix différents payés aux producteurs pour le
lait de transformation et le lait de consommation - entre parenthèses,
la querelle sur les deux laits - revient à faire payer aux consommateurs
un problème de producteurs. Et moi, je me permets d'ajouter ici que,
lorsqu'on parle des coûts et des augmentations aux consommateurs, on
oublie toujours les maillons du centre, c'est-à-dire la transformation
puis la vente au détail. Ça, on ne vient pas le régler par
le projet de loi 23 et la plus forte augmentation des coûts pour les
consommateurs, ce n'est pas les producteurs qui en profitent, je le
répète, ce sont souvent les détaillants, c'est la vente au
détail, c'est là. Quand on se parle de ristourne de 0,16 $ le
litre, tu ne parles pas de 0,01 $ le litre là. Ça, c'est
important de le répéter. Les augmentations pour les
consommateurs, c'est aussi les autres maillons de la chaîne. Puis,
ça, on ne vient pas le régler, le problème, ici.
Je poursuis, M. le Président. La Fédération
rappelle que les consommateurs et leurs associations n'ont jamais
été consultés à ce sujet et que nous n'avons pu
nous faire entendre à la commission parlementaire qui siège
actuellement. Nous avons demandé officiellement d'être entendus la
semaine dernière, à l'intérieur de travaux de celle-ci,
mais le bureau du ministre Yvon Picotte a refusé. La FNACQ demande de
nouveau d'être entendue par la commission. La Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec est active depuis
de nombreuses années dans le domaine agro-alimentaire. Entre autres,
elle s'intéresse fortement à tout ce qui touche les aliments
essentiels, à leur qualité et à leur
prix. Dans le domaine du lait de consommation, nous participons depuis
de nombreuses années aux audiences publiques de la Régie des
marchés agricoles et alimentaires du Québec. (17 h 10)
La FNACQ ne partage pas du tout les vues de l'Association des
consommateurs du Québec, l'ACQ, qui conteste le système de
gestion de l'offre. Au contraire, elle évalue de façon positive
ce système. À son avis, le système a fait ses preuves,
entre autres, dans le domaine du lait où les consommateurs
québécois peuvent compter sur un lait de qualité
supérieure au lait américain et à un prix comparable,
quand on compare les prix sur les 20 dernières années. Ce n'est
donc pas dans une optique de remise en question que la FNACQ intervient, mais
une optique de défense des intérêts des consommateurs
à l'intérieur de ce système qui a fait ses preuves, tant
pour les producteurs que pour les consommateurs.
M. le Président, puisque la FNACQ fait référence
à l'ACQ, lorsqu'on étudie le dossier des consommateurs, on sait
qu'il y a plus d'une soixantaine d'associations de consommateurs. L'ACQ est une
association de consommateurs. Quand on parle de la FNACQ, on parie d'une
Fédération d'associations de consommateurs, donc de neuf groupes
de consommateurs qui sont réunis ensemble, qui ont donc une
portée qui est bien différente. Et je tiens à rappeler
que, dans la plupart des dossiers que j'ai eu à traiter, que ce soit
l'heure d'ouverture des commerces, et même la TVQ, la taxe de vente, on
se rappellera, l'ACQ a toujours eu une position contraire aux 59 autres
associations de consommateurs, autant pour l'heure d'ouverture des commerces,
pour ie projet de loi 23, que pour la taxe de vente. Donc, il faut examiner
exactement la portée des deux types d'associations. On se parie d'une
fédération et non d'un seul groupe de consommateurs.
Je poursuis, M. le Président. Bien des problèmes auraient
pu être évités si on avait envisagé une solution
auparavant au lieu de la laisser se dégrader. Ce n'est pas aux
consommateurs à payer pour ça. Aussi, vaudrait-il mieux
prévoir une solution de rééquilibrage de la valeur des
quotas à plus long terme que les cinq ans prévus, et
prévoir, si nécessaire, un mécanisme de compensation
supplémentaire dont les fonds viendraient de l'État. Pourquoi?
Parce que l'État a participé au groupe de médiation - pas
les consommateurs - et parce que, si elle est nécessaire, une
compensation financière supplémentaire financée par
l'État fait moins mal au pouvoir d'achat des personnes et familles
à faibles et modestes revenus que si elle vient des revenus de
l'État qui proviennent en bonne partie d'un impôt sur le revenu
moins régressif que la dépense des ménages pour le lait de
consommation.
Cette contestation actuelle de la FNACQ aurait pu être
évitée si notre association avait été
consultée en bonne et due forme auparavant dans le processus de solution
du problème, et si on donnait les moyens aux associations de
consommateurs de participer plus étroitement à l'évolution
des dossiers en agro-alimentation, en particulier dans le domaine des aliments
essentiels pour la population.
Et je me permettrai de rappeler, M. le Président, que la
Fédération nationale des associations de consommateurs est
impliquée depuis ses tout débuts dans le dossier de
l'agro-alimentaire. On se rappellera les démarches qu'ils avaient
faites... Et, au niveau des aliments essentiels, je me permets de rappeler,
pour démontrer à quel point la FNACQ est crédible dans ce
dossier-là, que lors de la campagne sur la réglementation des
prix des aliments de base 655 groupes communautaires avaient donné leur
appui à la Fédération nationale des associations de
consommateurs. Donc, on ne se parie pas d'un groupe qui est très
limité et qui n'a pas de portée au niveau du Québec. On se
parie d'un groupe qui a des assises partout à travers le Québec.
D'ailleurs, on sait très bien que, parmi les groupes qui composent la
Fédération nationale des associations de consommateurs, on a des
groupes dans l'Estrie, Granby, Québec, Baie-Comeau, Port-Cartier,
Sept-lles, et qu'il y a aussi ie Mouvement pour l'agriculture biologique qui
fait partie de la FNACQ.
On sait que la FNACQ s'est signalée principalement, depuis plus
de 12 ans, dans tous les dossiers qui ont touché à
l'agro-alimentaire, la réglementation des aliments de base. Ils ont fait
des interventions aux audiences de la Régie des marchés agricoles
du Québec. Ils ont participé aux différents comités
consultatifs, tel que celui du MAPAQ sur les normes relatives au réseau
de commercialisation des viandes. Ils sont intervenus sur les heures
d'ouverture des magasins d'alimentation, et ils ont également pris des
positions, déposé des études sur l'irradiation des
aliments, l'agriculture biologique, l'inspection des viandes, la protection de
l'environnement et l'étiquetage des produits alimentaires.
Je rappellerai d'ailleurs que c'est en 1981 que la
Fédération nationale des associations de consommateurs du
Québec a concentré ses activités dans le champ de la
réglementation des prix. Ils ont siégé, en 1984-1985, sur
le comité consultatif de la Régie, et ils ont travaillé
sur le maintien du contrôle du prix du lait. C'est eux, également,
qui ont participé aux travaux sur l'étiquetage des aliments.
Donc, je pense que la Fédération nationale des associations de
consommateurs a une crédibilité, M. le Président. Puisque,
sur le comité consultatif, ils n'ont point été entendus,
je pense qu'il serait peut-être temps de les entendre avant de passer
à l'étude article par article. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de terrebonne. m. le ministre... :
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Richard): ...j'ai l'impression que vous
voulez intervenir.
M. Picotte: M. le Président, juste préciser trois
petits points, entre autres, parce que ça fait une couple de fois que
j'entends ça. Dans le projet de loi, ce n'est pas indiqué par
«devra tenir compte» mais bien «tient compte», M. le
Président. La Régie ne devra pas tenir compte, elle pourra tenir
compte. Alors, «tenir compte», évidemment, ça ne veut
pas dire nécessairement de trancher de cette façon-là.
Ça lui donne une marge de manoeuvre. Donc, il faut bien faire attention
entre le «devra» et le «tient compte». Ça, c'est
important de le préciser. Si elle devra, bien, c'est obligatoire, M. le
Président. Alors, ce n'est pas ça qui est dans le texte de
loi.
Alors, le lait est le seul produit où le prix est fixé. Je
l'ai mentionné tantôt en disant: Est-ce qu'on va retrouver
ça dans d'autres produits? Bien, le seul endroit où le prix est
fixé, c'est dans le lait. Alors, comme on n'a pas l'intention, puis
qu'il n'y en a pas, je pense bien que les gouvernements n'ont pas l'intention
de fixer des prix ailleurs dans d'autres domaines. Mais je pense que,
là, c'est une crainte non justifiée. M. le Président, je
répète que faire payer une partie de ce problème-là
par les consommateurs qui, eux autres, ont créé une partie du
problème, quand on est si bas que ça dans le litre de lait, M. le
Président, pour moi, je ne peux pas dire, là, que j'ai un cas de
conscience particulier.
J'étais un petit peu sensible aux arguments des
députés, tantôt, qu'on pourrait peut-être
écouter certains groupes, mais là, je pense que Mme la
députée m'a convaincu qu'il ne fallait pas que je le fasse. Elle
a dit, elle-même... On parle d'un groupe de consommateurs, il y en a 60.
Il ne faut pas mêler ça, M. le Président. C'est justement
dans le but de ne pas être injuste parce que je sais très bien ce
qui pourrait se passer. J'aurais peut-être bien une trentaine d'autres
groupes qui me demanderaient d'être entendus, et sous quel principe je
dirais: Non, il ne faut pas les entendre...
Mme Caron: Si le ministre ne sait pas faire la différence
entre une fédération puis un groupe, il y a un
problème.
M. Picotte: Je vous ai laissée finir, laissez-moi donc
finir, s'il vous plaît, là. Puis, il y aurait peut-être des
fédérations, M. le Président, régionales aussi qui
souhaiteraient être entendues, puis être réentendues pour
venir réexprimer les mêmes choses, puis venir approuver, ajouter
davantage pour bien faire valoir leur point. Alors, M. le Président, je
vais résister. Avec ce dont m'a convaincu même ma collègue
de Ter- rebonne, je vais * résister à voter pour cette
motion-là parce que je pense qu'elle a fait la démonstration,
bien sûr, qu'il pourrait y avoir de nombreux autres groupes. On se
retrouverait dans la même situation et on serait rendus, à la fin
de la session, à écouter des groupes encore, puis on n'aurait pas
réglé le problème. Il est plus urgent que ça. Donc,
je remercie ma collègue - et c'est pour ça que je l'ai
écoutée attentivement - de m'avoir convaincu qu'il ne fallait pas
que je vote pour ça, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Juste une petite minute-Le Président (M.
Richard): Allez-y.
M. Baril: J'ai dit, tout à l'heure, au ministre que s'il
veut, je suis prêt à discuter avec lui sur quelques groupes
à entendre. Après ça, quand bien même il y en aurait
25 autres qui voudraient se faire entendre, je serai avec le ministre pour
dire: Non, on a fait un choix. C'est tel tel groupe, un point c'est tout. Que
le ministre ne vienne pas dire qu'on va en entendre 25, je vais être avec
lui pour dire: On a décidé ensemble d'en entendre 3, 4 ou 2, un
point c'est tout. Les autres, pour toutes sortes de raisons, ça va
être de la répétition.
M. Picotte: M. le Président, les groupes qui ne seront pas
entendus et qui voudront se faire entendre n'iront pas demander au
député d'Arthabaska pourquoi on n'a pas voulu les entendre. Ils
vont tout simplement venir me voir, puis ils vont m'appeler, puis ils vont
continuellement me demander pourquoi je n'ai pas souhaité les
entendre...
M. Baril: II me les enverra. Vous me les enverrez.
M. Picotte: Bien sûr. M. le Président, pour
éviter tout ça, je vais voter contre la motion.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laviolette, vous voulez intervenir sur la motion.
M. Jolivet: Si vous me le permettez, oui.
Le Président (M. Richard): Je vous laisse les 10
prochaines minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, j'écoutais le ministre
tout à l'heure, puis, en réponse au député de
Joliette, il disait: II va falloir qu'on se branche. À un moment
donné, il y a eu une loi spéciale, ça n'a pas
fonctionné. Là, je ne voudrais pas mettre la faute sur quelqu'un,
mais, en
tout cas, ça n'a pas fonctionné. Ce que j'avais cru
comprendre de mon collègue, ce n'était pas de dire qu'il y avait
une loi spéciale dans le sens qu'on connaît dans notre
règlement. La loi spéciale prévue par le règlement
dit que, si elle n'est pas déposée avant le 15 mai ou avant le 15
du mois de décembre, elle ne peut pas être adoptée avant la
fin de la session, c'est-à-dire le 21 décembre ou le 23 juin. (17
h 20)
Ce que mon collègue - en tout cas, c'est ce que j'ai compris -
voulait dire, c'est que c'était une loi particulière dans le sens
du mot «spéciale», c'est-à-dire une loi qui est
prévue selon le règlement, déposée selon nos
règlements, aux dates voulues, mais permettant, à ce
moment-là, l'adoption du projet de loi. On se souvient des raisons pour
lesquelles des pressions avaient été faites à
l'époque pour éviter que la loi ne soit adoptée. On sait
le procès qui est en cours, etc. En fait, finalement, on sait pourquoi
il y a eu, dans le cas de la loi spéciale proposée après
les dates, énormément de pressions qui ont été
faites sur les députés. J'avais beau me promener dans les
corridors, j'en rencontrais toujours un qui me harcelait pour me dire: Comment
ça se fait que vous avez empêché ça? Tout à
coup, à un moment donné, il harcelait un député
libéral, la même chose. Tout le monde a été
harcelé pendant l'espace de trois ou quatre jours, à
l'époque. On s'en souvient. Donc, moi, ce que je comprenais, c'est que
c'était une loi particulière.
Ce que le ministre a semblé dire après... C'est pour
ça que la venue de certains groupes, dont mon collègue fait
mention, aurait pu être utile. Là, le ministre semble dire non,
mais, en tout cas, essayons de voir s'il y a moyen de le convaincre davantage
de revirer sa position et de voter en faveur de la proposition. C'est que je
comprenais que le ministre disait: Bon, O.K., on ne sera pas pris au
dépourvu dans le futur, parce qu'on va le mettre dans une loi
générale, de portée générale. Là, la
décision sera prise d'une façon différente de celle qui a
été prise, à savoir qu'il faut amender des lois pour la
rendre conforme ou, du moins, faire une loi spéciale pour la faire
adopter. On connaît le détail de nos lois. Quand elles sont de
portée générale, si on ne prévoit pas tout, on a
quelques problèmes. Alors, un moyen de le régler, c'est de passer
par la formule réglementaire. Là, je me pose toujours des
questions parce que le gouvernement qui est en face de nous, à ce
moment-ci, c'est le même, il me souvient, qui était dans
l'Opposition en 1983-1984-1985 et qui, en 1985-1986, nous a fait la
leçon, semblerait-il, en nous disant qu'il y aurait moins de lois avec
moins de règlements. On légiférerait moins et mieux,
surtout que, dans notre mieux, il y aurait moins de réglementation. Et
là, ce que j'ai comme impression, c'est que ce n'est pas ça
pantoute qui se produit. On a de plus en plus de lois-cadres, dans lesquelles
est inscrit: Le ministre pourra, par règlement... La
Fédération pourra, après avoir adopté un
règlement, le faire adopter par la Régie, etc. On le voit dans
différentes lois, ce n'est pas la première loi. À toutes
les fois, je me fais un devoir de le rappeler. Je suis comme un bon vieux
grand-père qui dit: Je vous le rappellerai toujours, et je vous l'avais
dit que ce n'était pas possible d'agir autrement si vous vouliez, comme
gouvernement, essayer de couvrir tous les cas. Les difficultés que nous
avons de légiférer actuellement ne datent pas d'aujourd'hui,
là, mais elles se sont amplifiées avec le temps.
De plus en plus, les gens demandent, les gens sont exigeants. À
ce moment-là, nos lois qui sont de portée générale
n'arrivent jamais à couvrir tous les cas particuliers. Là, c'est
l'inverse. C'est que le ministre part d'un cas particulier, et j'ai cru
comprendre dans son argumentation, tout à l'heure... Dans le sens
suivant, il disait: Si d'autres cas arrivent, on aura l'occasion de pouvoir les
régler plus facilement parce que la loi nous le permettra. On passera
par d'autres formules que de passer par un amendement à la loi, par une
loi spéciale. C'est de ça, moi, je pense, que les gens ont
besoin: de venir parler avec le ministre, avec les membres de la commission
parlementaire.
Est-ce que c'est une bonne solution que de faire des lois-cadres,
lesquelles lois-cadres amènent tellement de réglementation que,
finalement, comme le disait mon collègue de Joliette, tout à
l'heure, nous ne prenons presque jamais connaissance de ça parce que
seuls les gens concernés en arrivent à suivre le dossier. Puis,
nos recherchistes à nous nous indiquent qu'il y a telle, telle chose...
C'est toujours à la dernière minute, souvent, qu'on apprend qu'il
y a proclamation d'un avis dans la Gazette officielle, proclamation qui
dure un laps de temps, faisant la consultation puis, après ça,
proclamation pour en arriver à l'adoption finale du règlement,
puis la mise en place.
Je vous dirai mieux que ça. J'ai une garderie, chez moi - j'en
fais mention parce que c'est passé dernièrement, sa
réglementation. Ils ont su par l'Office de garde, à
Montréal, qu'il y avait un règlement qui devait arriver, qu'il
était supposé avoir déjà été
promulgué comme projet en consultation. Vous ne le croirez pas, mais
c'est la personne qui l'a dit à l'individu de la garderie chez nous.
Elle lui a dit: Je te le dis parce que le ministre ne semble pas vouloir que
ça se sache trop trop, cette affaire-là. Puis, il n'en fera pas
une grosse grosse publicité.
Alors, la seule place où les gens ont la capacité d'en
prendre note et de le connaître, c'est dans la Gazette officielle du
Québec. C'est pas tout le monde qui lit ça, la Gazette
officielle du Québec. Je suis sûr que vous ne la lisez pas
toute, vous. Vous demandez à votre personnel de la lire, et s'il y a
quelque chose qui intéresse votre dossier, quelque chose dans le coin,
de vous en faire mention, et c'est normal.
Vous avez un cas qui s'est produit chez nous, Waste Management, qui
annonçait à toutes les municipalités une augmentation du
coût du transport des déchets à leur site d'enfouissement
sanitaire, dans Le Devoir. Il n'y a pas grand-monde à
Grand-Mère, à Shawinigan et à Trois-Rivières qui
lit Le Devoir. Il y en a - tant mieux! - mais pas tous ceux qui
devraient peut-être le lire. Mais, qu'est-ce qui est arrivé? C'est
qu'aucune des municipalités ne l'a vu, parce que, Le Devoir, il
n'y a pas grand municipalités qui semblent le lire. Vous savez ce qui
est arrivé, la bataille qui est allée jusqu'en Cour
supérieure pour déterminer si, oui ou non, le règlement
était valide ou pas. On leur a dit à toutes les étapes
que, malheureusement, c'était à eux de lire Le Devoir.
Bien là, c'est ça que je dis, moi: Si le ministre nous
arrive avec une loi-cadre, qui va être intéressé à
lire ça et à suivre ça? Ça va être des
organismes comme les fédérations. Tout à l'heure, le
ministre disait: une fédération régionale. Je n'en connais
pas bien bien, des fédérations régionales, je connais
juste des fédérations au niveau du Québec, mais pas au
niveau régional. Je connais des associations régionales, mais pas
des fédérations. Mais, ces gens-là, eux autres, ils
regroupent tout l'ensemble de la population qui est désireuse, par les
organismes régionaux locaux... À ce moment-là, ils ont une
plus grande représentativité qu'un petit groupe local. C'est de
cela que ma collègue, la députée de Terrebonne, faisait
mention tout à l'heure, à l'effet qu'un organisme qui
représente l'ensemble de tous les autres organismes est plus important
qu'un petit organisme de rien du tout qui, malheureusement, représente
un petit groupe seulement, mais qui, à mon avis, mérite autant,
sauf que quand on a à décider si on doit entendre des
regroupements, c'est ceux-là qu'on demande normalement, parce qu'ils
sont supposés avoir fait de la consultation dans leur milieu.
Mais je vous dirai, M. le Président, que l'attitude du ministre
de refuser d'entendre les trois organismes dont on a fait mention m'incite
peut-être à essayer de le convaincre de l'utilité de le
faire, parce qu'on a la question du lait qui est arrivée devant nous -
on en a fait mention l'an passé. Vous avez les organismes qui concernent
les consommateurs et ceux qui sont du Regroupement provincial pour le maintien
des droits des producteurs de lait. Alors, à ce moment-là, M. le
Président, il me semble que le ministre devrait réviser sa
position et accepter la position qui est la proposition de mon collègue
d'Arthabaska.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Laviolette. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur la proposition du député d'Arthabaska? M. Baril?
Sinon...
M. Jolivet: C'est la période où on va demander un
vote.
Le Président (M. Richard): ...est-ce que vous voulez le
vote nominal...
M. Jolivet: Oui, oui, certainement. Ah oui!
Le Président (M. Richard): ...ou si vous nous faites
confiance?
M. Jolivet: Ah oui!
Le Président (M. Richard): Le vote nominal?
M. Jolivet: Bien oui.
Mise aux voix
Le Président (M. Richard): Alors, M. le secrétaire,
s'il vous plaît, si vous voulez nommer les députés?
Oui. Là, vous savez qu'en partant, le parti
ministériel...
M. Jolivet: Oui, oui, on le sait.
Le Président (M. Richard): O.K. ça va.
M. Jolivet: Vous allez gagner pareil, on le sait, ça.
Le Président (M. Richard): Non, ce n'était pas dans
ce sens-là, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, mais vous avez toujours une majorité,
pareil.
Le Président (M. Richard): C'est ça.
M. Jolivet: Même si on est cinq, puis qu'il y a juste
quatre votes, on a juste quatre votes.
Le Président (M. Richard): Vous avez trois votes,
effectivement.
M. Jolivet: Bon, on a trois votes. On est trois.
Le Président (M. Richard): C'est ça, c'est dans ce
sens-là.
M. Jolivet: O.K.
Le Président (M. Richard): Ça varie, comme vous le
savez, d'une commission à l'autre, effectivement.
M. Jolivet: C'est ça.
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Pour? M. Baril?
M. Baril: Oui.
Le Secrétaire: Mme Caron?
Mme Caron: Oui.
Le Secrétaire: M. Jolivet?
M. Jolivet: Oui.
Le Secrétaire: Contre?
M. Jolivet: II y en a peut-être pour...
Le Secrétaire: M. Picotte?
M. Picotte:...
Le Secrétaire: Mme Bégin?
Mme Bégin: Oui.
Le Secrétaire: M. Lafrance?
M. Lafrance: Contre.
Le Secrétaire: M. Brouillette?
M. Brouillette: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin.
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Une abstention: M. Richard.
Le Président (M. Richard): La motion est
rejetée.
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais une motion. J'ai le
droit?
Le Président (M. Richard): Vous avez le droit.
Motion proposant d'entendre le ministre des
Forêts sur l'article 8
M. Jolivet: Excusez-moi. Oui. «Que la commission permanente
de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation souhaite, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 23, Loi
modifiant la Loi sur la mise en marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, la présence du ministre des Forêts pour
l'entendre sur la teneur de l'article 8.»
Le Président (M. Richard): Juste en prendre connaissance,
s'il vous plaît! Merci.
M. Jolivet: Vous allez être bienvenu, monsieur, si vous
voulez parler sur la recevabi- lité. M. le Président, vous savez
bien que j'ai fait un souhait. C'est une motion. Le souhait n'implique pas
l'obligation, sauf que si la commission le souhaite, le ministre pourrait venir
en commission. Alors, le but de la motion est de faire un souhait, puisque nous
ne pouvons pas commander, nous ne pouvons pas obliger. Ça prend une
motion du leader ou du ministre lui-même en Chambre. Alors, le souhait
est toujours possible.
Le Président (M. Richard): C'est bien. C'est recevable
comme motion. Vous avez donc les 30 prochaines minutes, maximum, pour expliquer
la raison pour laquelle vous souhaitez la présence du ministre des
Forêts.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, nous avons eu l'occasion, le
ministre des Forêts et moi, puisque je suis son porte-parole dans
l'Opposition - je devrais dire son critique à l'Opposition - de parler
des problèmes qui confrontent l'ensemble des producteurs au niveau du
bois, tous les plans conjoints. (17 h 30)
Vous avez vu, par les questions que j'ai posées... D'ailleurs, on
m'a indiqué qu'il y aurait peut-être des amendements à la
loi actuelle qui est présentée devant nous, parce qu'il y aurait
fort probablement des ambiguïtés. J'ai eu l'occasion, jeudi
dernier, au congrès de la Fédération des producteurs de
bois du Québec, de rencontrer différents syndicats locaux ou
régionaux et j'ai parlé avec des gens de la teneur même de
l'article 8. De prime abord, vous savez que l'article 8, comme tel, a fait
l'objet d'un compromis entre la position actuelle des syndicats des producteurs
de bois qui disent que c'est le produit qui, en vertu des plans conjoints, est
visé, et non pas les individus, et non pas les propriétaires.
C'est pour ça, dans mes questions de tout à l'heure, qu'il
est important de bien clarifier qu'est-ce qui est prévu par une loi de
mise en marché, par les plans conjoints, par la loi de la mise en
marché. C'est quoi? C'est le produit. Ce qui est visé par la loi,
c'est le produit. Ce n'est pas le propriétaire; ce n'est pas un
regroupement de propriétaires. C'est le produit.
Alors, à partir de ça, qu'est-ce qui se produit
maintenant, justement? C'est que la loi qui est devant nous semble faire
exception. On semble davantage viser le propriétaire que le produit
lui-même, pour l'extraire du plan conjoint. Ça, M. le
Président, c'est une porte ouverte à des abus
épouvantables. On commence par le bois. Il n'y a rien qui nous indique
que ça ne sera pas le lait, plus tard, que ça ne sera pas autre
chose. Pourquoi, aujourd'hui, on vient mettre expressément dans la loi
un amendement sur la question du bois? C'est parce qu'il y a des
pressions énormes qui sont faites pour en arriver un jour
à faire en sorte que le bois ne soit plus dans la loi de mise en
marché et qu'en conséquence seule la loi du marché
détermine le prix du bois.
Ça, ça fait suite, M. le Président, à toute
la question des difficultés des papetières. On a dit, dans le
dossier du comité de concertation d'action sur les difficultés
des papetières, quatre choses. Qu'est-ce qui était le... J'allais
dire le début. Je ne devrais pas dire le début. Qu'est-ce qui est
le... Quels sont les problèmes - je vais le prendre de même - qui
font que notre produit se vend moins à l'extérieur, appelé
en tonnes de papier journal, en tonnes de papier recyclé, peu importe
c'est quoi? C'est le coût de la fibre. Deuxièmement, c'est le
coût de la main-d'oeuvre. Troisièmement, c'est le coût du
transport. Quatrièmement, c'est le coût de
l'électricité ou de ce qu'on appelle l'énergie. Ça,
c'est les quatre grandes raisons qu'on donne. Jamais on ne va dire que le
problème des papetières, c'est le fait qu'elles n'ont jamais
investi dans la restructuration de leur industrie, qu'elles n'ont jamais
investi dans la rénovation de leurs machines. On met la faute sur tous
les autres. Un des problèmes qu'on a visé dès le
départ, c'a été le produit bois fibre.
Qu'est-ce qu'on a fait cette année? On a joué sur deux
choses. La Régie s'est décidée en donnant à Kruger
et à Consol 1,14 $ le mètre cube additionnel. Les compagnies
Kruger et Consol ont dit: On ne paiera jamais ça. Les gens ont fait des
pressions sur les entreprises qui sont les papetières pour qu'elles
acceptent ce montant-là. Elles ont refusé. Qu'est-ce qu'elles ont
dit? Elles ont dit: Si on est obligé de payer 1,14 $, bien, le contrat
qu'on a de signé avec vous autres sur le volume, bien, il ne marche
plus. Quand on n'est pas capable de jouer sur le prix, on joue sur le volume
et, au bout de la course, c'est toujours le petit propriétaire qui a un
problème. Le petit propriétaire se sent, en bon
québécois, «squeezé». Il est comme un citron
pressé de part et d'autre, parce qu'on veut, à long terme, faire
disparaître de la loi de la mise en marché des plans conjoints
toute la question du bois au Québec.
Alors, des procès se sont intentés pour en arriver,
finalement, à dire que la Régie n'avait pas, sur certains points,
à prendre des responsabilités qu'elle avait prises et, en
conséquence, les compagnies forestières ont gagné.
Fatigués, tannés de dépenser de l'argent, de mettre leurs
énergies dans ça, les syndicats ont dit: Bon, O.K., on est
prêts à faire des concessions. Ils ont accepté des
concessions. Ça m'a surpris, je vous le dis d'avance. Je l'ai dit
à mon collègue: Je ne comprends rien. Parce que, partout
où j'ai fait la tournée au Québec, à ce
niveau-là, je me suis toujours retrouvé avec des gens qui
disaient: Ne touchez pas aux plans conjoints, ne touchez pas à ce qu'on
appelle la pitoune pour le bois de pâte. Puis même,
déjà des gens veulent aller extensionner leur droit de la pitoune
vers la bille de 8 pieds, 12 pieds, 16 pieds pour le sciage.
Voilà que, dans un projet de loi, on arrive avec un article... Et
là, je voudrais questionner le ministre, puis voir si, vraiment, il est
conscient du problème qu'il est en train d'ouvrir, pour le long terme,
sur le marché des bois. C'est évident que, quand on regarde tout
le marché du bois, actuellement, les forêts privées au
Québec, c'est à peu près 10 % de la superficie au
Québec. Et ça, ça comprend aussi bien les gens du
privé que les compagnies. Ces 10 % mettent en marché environ, bon
an, mal an, là, 25 % de la mise en marché de l'ensemble des bois.
Parce que le public, c'est une chose, puis le marché lui-même...
Sauf que les entreprises forestières ont toujours soustrait de la loi
des marchés leurs propres boisés privés. C'est là
qu'était le gros problème de la discussion devant les
tribunaux.
Alors, les gens ont dit: O.K., correct, on est prêts à
concéder une chose. On est prêts à concéder que les
entreprises papetières, parce que c'est de celles-là surtout
qu'il est question ici, prennent leur bois privé. Sans passer par le
plan conjoint, elles l'amènent à leur usine. Mais, là,
avec ce que j'ai comme information, avec ce que j'ai glané un peu
partout, des inquiétudes se sont levées. Parce que, de prime
abord, quand on leur a dit que c'était ça, les gens ont dit:
O.K., c'est correct, on règle le problème.
Mais, quand on lit l'article tel qu'il est libellé, là,
j'ai des gros doutes. Parce que j'ai l'impression - et je le crierai haut et
fort à ce moment-là - que, compte tenu de ce qui s'est dit
à Trois-Rivières, en fin de semaine passée, jeudi en
particulier, le ministre des Forêts, là, il a besoin de venir
s'expliquer ici. Parce que le ministre des Forêts, je ne suis pas
sûr qu'il soit quasiment vendu aux entreprises papetières,
là. Parce que, quand il est allé dire à
Trois-Rivières que c'était bon pour l'ensemble de toutes les
industries au Québec que PFCP ferme, il a peut-être dit une chose
qu'il pense réellement, ce qui est inquiétant. Ou c'est parce
qu'il a été malhabile, je ne le sais pas. Mais une chose est
certaine, c'est qu'il a découragé bien du monde dans la
région. Venir dire que c'était une bonne chose que PFCP ferme,
puis il n'était pas question, dans sa tête à lui, qu'il y
ait des acheteurs, alors qu'on sait, nous, qu'il y a deux acheteurs potentiels,
ça décourage du monde qui travaille actuellement à
relancer l'usine, ça.
J'aimerais bien l'entendre, moi, pour qu'il vienne me dire qu'est-ce qui
se passe dans un contexte où un propriétaire de boisé
privé, entreprise en particulier de 800 hectares d'un seul tenant,
puisse additionner à ça tout le reste. Parce que là, il va
s'acheter du bois tout à l'heure dans le Québec. Puis les bois
qui sont en train de se vendre en lots épars, les boisés
privés, les lots, là, ça va se vendre à des
compagnies, ça, demain matin. Puis ils n'auront pas tort, dans le
contexte actuel, de le faire, là, parce qu'on leur laisse la porte toute
grande ouverte pour le faire.
J'aimerais questionner le ministre pour savoir si c'est bien ça
que je comprends. Parce que si c'était ça que je comprenais,
là, je serais mal pris au nom des gens que j'essaie de défendre
ici. Quand j'ai fait ma tournée au Québec, je l'ai dit. Puis,
d'ailleurs, je n'ai pas peur de le dire ici même, puis de le
répéter à plusieurs occasions. Est-ce que c'est une bonne
chose que la Régie des marchés agricoles soit responsable du
coût de la fibre au Québec au niveau du bois? Dans le contexte
actuel, je dis oui, mais dans un contexte de changement, ah! là, je ne
suis pas sûr. Là, peut-être que la loi du marché
devrait être une possibilité. Qu'est-ce que ça prendrait
pour ça? Ça prendrait des bois qui sont des lots intramunicipaux,
actuellement mis sous contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestiers, qu'ils soient transférés à des individus,
à des groupes, à des MRC, à des groupes de gestion en
commun, peu importe la formule qui sera retenue, pour faire une gestion
différente. Les lots épars pourraient être
transférés à eux avec, bien entendu, si c'étaient
des individus, de l'aide au niveau du crédit forestier qui devrait
être remis, alors qu'il est dans un moratoire actuellement. Ou encore,
ça pourrait être des formules envisagées au niveau de la
forêt dite publique, celle limitrophe aux municipalités. (17 h
40)
Je vous donne juste cet exemple-là. La forêt limitrophe,
incluant l'ensemble de tous les lots intramunicipaux, les lots épars et
les boisés privés, c'est environ, actuellement, là, dans
ce qu'on a comme approximation au niveau de ce qu'on appelle 50
kilomètres d'une municipalité, 21 000 000 d'hectares au
Québec. Si je prends de ces 21 000 000 d'hectares, là, tout ce
que je pourrais enlever, parce que je fais des parcs, des réserves
écologiques ou autres, fauniques, écologiques ou encore parce que
je veux protéger les routes, je veux protéger les
rivières, les lacs... admettons que j'enlève 6 000 000
d'hectares, puis que, dans cette forêt-là, j'en enlève
encore un autre bout pour toutes sortes de raisons, finalement, j'arrive
peut-être à 12 000 000 d'hectares.
Admettons que j'aie 12 000 000 d'hectares mélangés,
là, puis que je fasse un travail intensifié dans ce
secteur-là, puis que je le mette à 2 mètres cubes par
hectare par année. Ça me donne 24 000 000 de mètres cubes,
annuellement, d'accroissement de productivité. Ça veut dire que,
si vous connaissez un peu l'ensemble du bois - puis le ministre pourrait nous
répondre sur ça pour voir si c'est réel ou pas - mais,
actuellement, feuillus, résineux, dans tout l'ensemble de la forêt
québécoise, aussi bien dans le nord que dans le sud, ce qui est
de la forêt habitée, qu'on appelle forêt de banlieue, on va
chercher à peu près 36 000 000 de mètres cubes. Ça
fait que, imaginez-vous, si on est capable d'aller en chercher 24 000 000 dans
une formule intégrée de toutes nos richesses renouvelables dans
le milieu, fauniques, récréotouristiques, les petits fruits
sauvages, floristiques qu'on appelle, et la faune, et l'arbre lui-même,
on arrive a une possibilité de recréer dans le milieu une
forêt habitée intensifiée intéressante.
Et là, dans ce contexte-là, si je privatise, soit par la
mise sous gestion, par bail location à long terme avec
possibilité d'achat du terrain ou vente directe du terrain, si je fais
ça, M. le Président, je peux augmenter la forêt
privée, là, au niveau du Québec, sous cette
formule-là, à 20 %, 20 % du territoire mis sous une formule
nouvelle de travail forestier. On en arrive fort probablement à un
marché d'environ 35 % à 40 %. À 35 %, 40 % de la mise en
marché des bois au Québec, on est fort probablement dans un
milieu où, là, on pourra dire une chose.
L'entreprise, de quoi elle a besoin? Elle a besoin de recevoir un bois
de qualité, elle a besoin de recevoir un bois en quantité
suffisante. Quand tu en as besoin le mercredi, ce n'est pas le jeudi, donc, en
temps voulu. Et là, on pourra peut-être parler du prix du
marché. Mais, dans un contexte changé, pas dans le contexte
actuel. Alors, tout ça ensemble...
Est-ce que le contexte actuel nous amène à accepter la
proposition telle qu'elle est là? J'ai des doutes. J'ai des questions.
J'ai des réticences. Le ministre des Forêts pourrait venir nous
renseigner, nous indiquer quelle est sa vision de l'avenir en ça parce
que c'est important. Vous avez, actuellement, à travers le
Québec, 120 000 propriétaires de boisés privés.
Puis, sur 120 000, bon an, mal an, n'étant pas toujours les mêmes,
il y en a 25 000 par année qui aménagent leur forêt ou qui
mettent la mise en marché. Alors, à ce moment-là, M. le
Président, nous sommes dans un contexte où il faut
protéger le petit contre le gros, tout en sachant qu'ils ont
déjà fait des concessions importantes.
Qu'est-ce qui est arrivé avec le 1,14 $? C'est que les gens, au
lieu de le mettre en vigueur à la date prévue par la
Régie, ils ont décidé de le mettre plus tard, presqu'un an
plus tard. Qu'est-ce qu'ils ont accepté? Ils ont accepté d'avoir
un volume plus petit. Même si le contexte actuel leur permettait d'en
donner davantage, ils ont accepté des choses. Mais là, là,
assez, c'est assez pour presser le citron, là.
Alors, le ministre des Forêts serait-il capable de venir nous
indiquer si, dans la loi telle qu'elle est là, il n'est pas en train de
faire une brèche importante, brèche qui permettrait, à ce
moment-là, dans le bouclier qui est celui qui protège le
propriétaire de boisés privés au Québec
actuellement, s'il n'est pas en train justement d'amener dans l'esprit des gens
un changement majeur sans changer la teneur des forêts au Québec
dans ce qu'on appelle la forêt
habitée, la forêt de banlieue?
J'ai eu l'occasion de faire le tour du Québec, M. le
Président. J'ai eu l'occasion de discuter avec beaucoup de personnes. On
a eu un colloque à l'Université Laval sur cette question, puis je
peux vous dire que les gens, dans le contexte même de ce que le ministre
lui-même, qui est responsable de l'Office de planification et de
développement du Québec, qui est changé maintenant et qui
est de développement régional, le sait très bien et, hier
soir, pas plus tard qu'hier, la réunion de l'UMRCQ l'indiquait à
peu près dans ce sens-là. Les gens veulent se prendre en charge,
en main dans le milieu, mais il ne faut pas les empêcher de le faire,
puis il ne faut pas, surtout, leur mettre des bois dans les roues, si je veux
prendre cette expression des bois, M. le Président, mais le ministre des
Forêts serait à même de nous dire qu'il a un esprit de
développement régional.
Il serait à même de nous dire qu'il ne vient pas à
ce moment-ci, par le moyen d'une loi qui n'est pas la sienne, demander à
un autre ministre qui, même s'il a la connaissance - et je suis sûr
que le ministre qui est devant moi a la connaissance de la Régie des
marchés agricoles, mais c'est parce que l'autre partie, s'il n'a pas eu
l'occasion d'en discuter avec son collègue... Peut-être qu'il l'a
fait, mais nous, on n'a pas eu l'occasion de lui poser directement les
questions, et ça, ça m'inquiète. Ça
m'inquiète pour tous ceux qui sont dans le bois, ici, là.
Tous les députés qui connaissent comment fonctionne le
marché du bois pourraient le dire. L'an passé, compte tenu de la
conjoncture, le ministre qui a décidé de baisser les allocations
de bois de 18 % à tout le monde l'a fait, mais également à
tout le monde. Ça veut dire que, si j'en coupais 18 % de moins sur la
forêt publique, il fallait que le gars de la forêt privée en
coupe 18 % de moins, puis que la personne qui était dans le sciage en
fasse 18 % de moins, puis l'autre qui est dans les copeaux en fasse 18 % de
moins.
Ce n'était pas si juste que ça, à mon esprit, mais
le ministre n'avait pas d'autre choix parce qu'il n'a pas voulu amender la loi
des forêts. S'il avait amendé la loi des forêts, il se
serait donné une marge de manoeuvre parce que c'est différent
d'un milieu à l'autre: sciage, déroulage, copeaux ou billes sur
la forêt publique. Et là, il aurait agi autrement, le ministre des
Forêts, mais il a pris la façon la plus simple, c'est 18 % pour
tout le monde. Sauf que vous allez convenir avec moi que l'usine de pâtes
et papiers, l'an passé, quand bien même j'aurais dit 18 % de
moins, puisqu'elle a fait 100 % de ce dont elle est capable de faire, compte
tenu de la conjoncture, elle a quand même coupé 100 % de ce dont
elle a besoin. Ce n'est pas 100 % de ce qu'elle aurait pu couper, mais de ce
qu'elle avait au moins besoin, tandis que le propriétaire de
boisé privé, lui, peut-être qu'on n'aurait pas dû le
baisser pour l'empêcher de couper plus pour des besoins qu'il avait,
lui.
Alors, à ce moment-là, M. le Président, c'est une
façon linéaire, injuste, quant à moi, de corriger une
situation. Est-ce que le ministre des Forêts ne pourrait pas venir? Il y
a deux façons. C'est, premièrement, de faire le souhait qui est
là. Je ne peux pas faire autrement, M. le Président, en vertu du
règlement. Je ne peux pas l'obliger à venir, vous le savez
très bien. Sans ça, si j'avais marqué: J'exige que le
ministre soit présent, vous m'auriez refusé ma motion. Alors, en
mettant le souhait, c'est parce que je savais que c'était ce que les
membres de la commission pourraient, en termes de vote, proposer, et pour
l'article 8 seulement. Je ne lui demande pas d'être présent
continuellement. Pour l'article 8, il pourrait venir défendre cette
partie-là, puis nous garantir qu'il ne ferait pas de changements dans sa
loi à lui, 150, qui est la Loi sur les forêts, et, en
conséquence, il mettrait des garanties dans la loi de la mise en
marché sur les 800 hectares et plus.
L'autre façon, c'est que le ministre qui est devant nous,
comprenant notre message, pourrait dire, même si la motion était
battue - admettons qu'elle est battue: Je pense que c'est une maudite bonne
idée qu'il vienne. Je pense que ça serait bon qu'il vienne. Puis
même, le ministre pourrait dire, en réponse à la demande
que je lui fais: Écoutez, ça ne sert à rien de passer au
vote, M. le député, je suis d'accord avec vous, puis je vais
demander à mon collègue, je vais dire que, moi aussi, je souhaite
qu'il vienne, puis fort probablement, le ministre sera content de venir, puis
il sera ici pour défendre cet article 8, puis il sera ici pour vous
donner toutes les informations nécessaires et pertinentes. Même si
je sais que les gens de la Régie pourraient me donner des informations
intéressantes, c'est, pour moi, une garantie supplémentaire parce
que le ministre représente l'autorité finale dans ce
Parlement-là avec le Conseil des ministres et le premier ministre.
Et ça, je pense que c'est important qu'on comprenne l'objectif
que j'ai. L'objectif que j'ai est bien simple. Ce n'est pas le mien, c'est
celui de ceux qui m'ont dit jeudi passé: II faut absolument qu'on ait
les assurances voulues pour que l'article soit accepté, M. le
Président. Et ces gens-là, je les ai rencontrés au
congrès à Trois-Rivières, jeudi matin, puis je vous dis
que ça s'est parlé, puis les gens, ils disaient: Écoute,
là, on a des craintes, on ne pensait pas que c'était ça.
On s'était fait dire que c'était pour corriger une situation. On
a accepté le compromis, mais là, on s'aperçoit qu'une fois
le compromis fait, ce n'est plus simplement le doigt dans le tordeur, c'est
quasiment le bras jusqu'au coude, là, puis le collet arrive
bientôt. Je pense que les gens, là, ils ne l'ont pas vu venir
comme ça. (17 h 50)
Alors, vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que,
lorsqu'il y a des propositions qui sont faites, puis que ça passe par le
comité de législation, il y a un bout qui nous échappe si
on n'a pas l'occasion d'y voir au moment précis. On est là,
à ce moment-ci, à l'étude article par article, à
l'étude détaillée du projet de loi, pour faire valoir ces
points de vue là.
Je pourrais argumenter encore plus longtemps, M. le Président,
mais je pense que l'argumentation que j'ai faite devrait, à mon avis,
être apte à convaincre mes collègues, le ministre qui est
devant nous et ses collègues de l'opportunité de faire venir le
ministre des Forêts. Je ne sais pas... Si le ministre pouvait me
répondre... S'il me disait oui tout de suite, ça réglerait
mon problème, mais je ne suis pas sûr, là. J'ai
l'impression qu'il m'écoute, mais qu'il a l'air d'être
réticent. Je ne sais pas si vous êtes de mon avis, monsieur...
M. Picotte: M. le Président, écoutez. J'ai
écouté les doléances du député de Laviolette
et bien sûr que je vais voter contre la motion parce qu'à sa face
même, il l'a mentionné, on se sert de l'article 244. Quand on
arrive à son application, on est obligé de se
référer à l'article 164. Le ministre pourrait se
désister. Il faudrait envoyer une convocation par écrit, etc.
Ça pourrait prendre 15 jours, M. le Président, et on se
retrouverait, finalement, à la fin de la session.
Alors, moi, bien sûr que je vais faire part des doléances
du député de Laviolette, tantôt, à mon
collègue. Je vais le voir justement à 18 h 15 et je vais lui
faire part des doléances, et je vais lui dire qu'évidemment tous
les députés sont bienvenus à la commission, y compris le
ministre des Forêts qui est le bienvenu. Si ça change quelque
chose, tant mieux. Sinon, M. le Président, il y a un ministre du
gouvernement qui est assis ici à la commission, qui doit répondre
au nom du gouvernement, et c'est celui qui vous parle. Je tenterai de le faire
de la meilleure des façons.
Je ne dirai pas autre chose, M. le Président, sauf vous dire que
je pense que c'est une formule pieuse, bien sûr, et c'est un voeu.
Évidemment, moi, je vais voter contre en soulignant que je ferai part
à mes collègues de ce qu'on a mentionné.
M. Jolivet: M. le Président, justement, je demandais au
ministre... Je voulais avoir sa réponse parce que je sentais qu'il
était en train de regarder avec ses responsables quoi donner comme
réponse. Parce que je m'attendais à cette
réponse-là. Mais je fais plus que de dire que c'est un voeu,
là. Un souhait, là, c'est plus qu'un voeu. Un voeu, c'est un voeu
pieux. Je comprendrais si on était à la messe, hier matin,
là, mais ce n'est pas ça que j'ai fait. Ce que j'ai voulu faire,
c'est plus qu'un voeu; c'est un souhait.
Alors, le souhait, on pourrait le détourner, M. le
Président, en disant que ce souhait-là, ça prend une
convocation, puis ça prend des délais. Loin de moi de vouloir
faire ça, là. Je pense que le ministre a raison. Je ne veux, en
aucune façon, utiliser un délai prévu par notre
règlement pour retarder la commission parlementaire. Moi, je pense que
ce qu'on peut faire, là... Il reste cinq minutes, on peut suspendre
jusqu'à 20 heures. Durant le souper, M. le ministre pourrait contacter
son collègue, lui demander s'il est intéressé.
Moi, je comprends le ministre. Puis, il a raison. Je ne veux, en aucune
façon, lui enlever le devoir et le droit qu'il a. Il représente
le gouvernement, et ça, je suis sûr. Ça, je pense que je
l'ai dit. Il connaît sa loi, il connaît ses affaires. Ce n'est pas
ça. Je voulais juste m'as-surer, en termes de discussion, si le ministre
des Forêts, qui est souvent ici le soir, en Chambre... On va
siéger probablement encore tard cette nuit; il est toujours disponible,
il est toujours là. S'il prenait quelques minutes pour venir nous
l'expliquer, au moment où on arriverait à l'article 8... Moi, je
dis: Si le ministre peut nous donner une réponse à 20 heures, ce
serait intéressant.
M. Picotte: M. le Président, c'est vite donné. On
vient de me donner la réponse. Le ministre des Forêts n'est pas
ici et ne sera pas ici, sauf peut-être tard dans la soirée ou
demain matin. Alors, la réponse est vite donnée. Il ne sera pas
ici ce soir, bien sûr.
M. Jolivet: Non. Là, je n'accepte pas ça de
même. Parce que moi, je dis... Le ministre, il vient d'ouvrir ça
vite parce qu'il pense qu'on va finir ça à minuit, les articles,
là. Mais l'article 8 pourrait être suspendu, le temps que le
ministre vienne. Il peut venir demain.
M. Picotte: Non. J'ai compris ça, là. Il ne faut
pas s'imaginer que le député de Laviolette n'a pas besoin,
contrairement à ce qu'il peut faire avec d'autres, de m'expliquer bien
longtemps. Moi aussi, j'ai compris ça que la loi n'est pas
adoptée.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Ah! J'ai eu peur.
M. Picotte: Mais ce que je veux faire comprendre au
député de Laviolette, c'est qu'on n'a pas besoin d'ajourner pour
les cinq minutes qui restent, M. le Président, parce que je ne pourrai
pas lui donner la réponse avant demain matin. Donc, utilisons notre
temps de parlementaires comme il se doit, puis passons à autre chose
pour les cinq autres minutes, M. le Président. Il y a d'autres
intervenants sûrement.
Le Président (M. Richard): m. le député
d'arthabaska, vous signifiez que vous voulez intervenir sur la motion de m. le
député lavio-lette?
M. Jacques Baril
M. Baril: Bien oui, M. le Président. Avec les cinq minutes
qui restent, j'espère... En tout cas, je pourrais renchérir sur
tout ce que mon collègue de Laviolette a dit pour convaincre le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour que lui
convainque le ministre des Forêts, son collègue, à venir
ici à cette table. Pas nécessaire de venir ici à 18 h 15,
là. Il n'est pas ici ce soir. On va l'attendre demain. Il n'y a pas de
problème. De toute façon, sur l'ensemble des organismes qu'on
veut inviter, ce n'est pas compliqué, ça. On a juste...
Si on s'entend sur trois, quatre organismes, deux, trois organismes, on
les invite. Je l'ai dit au ministre tout à l'heure: On convoque tout ce
monde ce soir et, à 9 h 30 demain matin, on commence ici à
siéger, on les entend. Puis si on en fait venir trois, une heure chacun,
à midi et demi, fini et, dans l'après-midi, on commence à
étudier le projet de loi article par article. Mais j'aimerais ça
entendre...
M. Picotte: M. le Président, juste vous demander une
directive. Je ne sais pas si j'ai mal compris tantôt. Il me semble que,
si on a procédé à un vote, ai-je bien compris qu'on
n'acceptait pas par le vote, c'est-à-dire que la motion avait
été refusée, donc qu'on n'entendait pas d'organismes?
Ai-je bien compris ça? S'il a bien compris ça, M. le
Président, il n'est pas question de les convoquer durant l'heure du
souper pour qu'ils viennent à 8 heures, j'imagine.
Le Président (M. Richard): Vous voulez dire, M. le
ministre, de recevoir des groupes en audition? Non, ça, je pense que
c'était plutôt un rappel que M. le député
d'Arthabaska refaisait.
M. Baril: Ah oui! C'est ça. J'ai dit: Si le ministre... on
s'entend...
M. Picotte: C'est débattu. On ne s'entendra pas. C'est
débattu.
M. Baril: là, il nous a dit... tout à l'heure, on
en a voté trois, mais, pour l'information du ministre, il nous en reste
encore une dizaine à convoquer.
M. Picotte: Je n'ai pas de problème avec ça,
moi.
M. Baril: Ça fait qu'il faut faire attention aussi. On est
patients, vous savez.
M. Picotte: Je n'ai pas de problème avec ça, puis
je ne suis pas pressé. Je n'ai pas de problème avec ça. Je
ne suis pas pressé, puis je n'en entendrai aucun.
M. Baril: Nous autres non plus, parce qu'on ne fera rien...
M. Picotte: Ça fait que c'est vite fait, vous le savez
d'avance.
M. Baril: Bon! Puis-je parler ou bien si vous voulez prendre les
cinq minutes qu'il me reste?
M. Picotte: Non, non. Pas de problème.
M. Baril: Si vous voulez que je vous fournisse des arguments pour
convaincre votre collègue, laissez-moi au moins parler.
M. Picotte: Ha, ha, ha!
M. Baril: Mais, si vous partez d'avance de l'hypothèse: Je
n'ai pas besoin de lui parce que, s'il vient ici, tout d'un coup il compromet,
par ce qu'il dit, ce que moi, je veux faire dans la loi, avec lequel je suis
d'accord. Moi, j'aimerais ça entendre le ministre des Forêts nous
dire comment est-ce qu'il s'est pris pour convaincre la
Fédération des producteurs de bois de se faire organiser comme
ça, comme ils vont être organisés avec ce projet de loi
là. C'est extraordinaire. Je suis étonné, comprenez-vous,
que la Fédération des producteurs de bois du Québec
accepte une modification majeure.
On va se retrouver, d'ici à deux, trois, quatre, cinq ans au
maximum, et les plans conjoints dans le bois, ne pensons plus à
ça. Ne pensons plus à ça avec cette ouverture-là.
Ici, c'est fini, c'est fini. Puis, pour des gens qui sont là - en tout
cas, les gens de l'UPA sont supposés être là - pour
défendre les plans conjoints, ils se font, pour être polis,
organiser par cette loi-là et ils sont consentants. Aïe! Ce n'est
pas des farces!
Moi, en mon âme et conscience, même si la
Fédération est d'accord avec ça, moi, au moins, je n'aurai
pas de reproches dans le futur, vis-à-vis des autres producteurs de
bois, de dire: Comment ça se fait que le député
d'Arthabaska a voté ça, adopté ça et qu'il
était d'accord avec ça? Ça n'a pas de bon sens, pour une
fédération - je le répète - d'être contre les
plans conjoints, parce que c'est ça, en acceptant ça, ici, cette
formule-là, ils sont contre les plans conjoints, d'ici à deux,
trois ans.
Et plus que ça. Comment le ministre s'est-il pris pour convaincre
la Fédération que pour corriger - je dis bien
«corriger» - le problème qui était localisé
dans la région de Québec on l'étende à la grandeur
du Québec? Parce que c'était la Fédération des
producteurs de bois de la région de Québec qui était prise
avec un problème avec les papetières d'ici, hein!
M. Picotte: Je ne voudrais pas que ça soit pris,
d'ailleurs, sur le temps du député d'Ar-thabaska. Il pourra
continuer après 20 heures, bien sûr, M. le Président. Je
trouve ça spécial un peu parce que, vous savez, ce n'est pas mon
collègue qui a convaincu la Fédération. C'est la
Fédération qui a été obligée de convaincre
mon collègue d'accepter ces amendements-là pour se
protéger. C'est la Fédération qui a fait quelques voyages
pour convaincre mon collègue, qui n'était pas convaincu et qui ne
voulait pas modifier quoi que ce soit. Ça fait que c'est vrai que c'est
un petit peu difficile à comprendre, M. le Président, à
partir du moment de ce que me dit le député et à ce que
j'ai assisté comme discussions, M. le Président.
M. Baril: M. le ministre, je veux bien croire mon
collègue, le député de Maskinongé, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mais j'aimerais
entendre ça de la propre bouche du ministre des Forêts, que mes
oreilles entendent ça de la propre bouche du ministre concerné,
à l'effet que c'est la Fédération des producteurs de bois
qui est venue convaincre le ministre d'amener un amendement de même qui
met fin, en quelque sorte, sur une période à très court
terme, aux plans conjoints dans la production du bois au Québec. C'est
fort, c'est fort.
M. Picotte: Ce n'est pas mon collègue des Forêts qui
était en demande là-dedans. C'est la Fédération
qui, depuis un an et demi, M. le Président, à toutes les
semaines, nous appelle pour dire: Mais quand est-ce que vous allez amener ce
projet de loi là avec l'amendement qu'on a là. C'est elle qui
s'est assise avec mon collègue pour le convaincre, parce que ce
n'était pas comme ça. Alors, ce n'est pas le ministre des
Forêts qui est en demande là-dedans, parce que lui, il
était loin d'être en demande; il ne voulait même pas qu'on
touche à ça, M. le Président.
C'est la Fédération qui est en demande depuis un an et
demi, M. le Président, et qui me reproche, à tous les six mois,
de ne pas l'avoir amené depuis trois sessions. C'est assez curieux,
merci! Ha, ha, ha! On peut se dire ça tout en souriant quand même.
(18 heures)
Le Président (M. Richard): Je ne veux pas vous
déranger-Une voix: Dérangez-nous,
dérangez-nous.
M. Picotte: Vous ne nous dérangez pas, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je ne veux pas vous
déranger parce que vous êtes bien parti, mais... Ha, ha, ha!
Oui.
M. Baril: Mais, M. le Président...
M. Picotte: Vous ne nous dérangez pas.
M. Baril: ...deux petites minutes, là, parce que le
ministre a volé de mon temps pas mal, après vous, hein! C'est
quand même... je le répète: C'est quand même
étonnant et j'aimerais ça, je le répète, que le
ministre vienne tout nous dire ça, que ça fait un an et demi que
la Fédération des producteurs de bois fait des pressions sur lui
pour abolir le plan conjoint des producteurs de bois, hein. Moi, j'aimerais
ça...
On reviendra peut-être plus tard, en demandant à la
Fédération des producteurs de bois de venir s'expliquer. Mais,
comment se fait-il... Le ministre m'a fait perdre mon filon.
M. Picotte: On n'est pas sorti du bois.
M. Baril: Je vais demander, M. le Président,
l'ajournement. Je vais partir à 20 heures...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: M. le Président, juste...
M. Baril: Ou la suspension, je ne sais pas quoi.
M. Picotte: ...M. le Président, une demi-minute, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, allez-y.
M. Picotte: II y a même l'avocat de l'UPA qui est ici et
qui pourrait témoigner de tout ça, M. le Président. Je
pense que...
Une voix: On va le convoquer. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Ça tombe sous le sens, M. le Président,
mais j'espère que le député d'Ar-thabaska va avoir
l'occasion de glisser un mot à l'avocat de l'UPA en passant. Ça
va être assez intéressant.
M. Baril: Non, mais j'allais dire: Peut-être que la
Fédération des producteurs de bois est arrivée à
cette conclusion-là en voyant très bien la
non-détermination du ministre des Forêts à ne plus croire
à l'application des plans conjoints. Ça peut être ça
aussi. Mais j'aimerais ça me faire dire ça par le ministre.
Le Président (M. Richard): Alors, mesdames et messieurs,
bon appétit...
M. Picotte: Ce n'est pas tout à fait ça.
Le Président (M. Richard): ...nous suspendons et nous
revenons ici en pleine forme, à 20
heures, mesdames et messieurs. (Suspension de la séance à
18 h 2)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Richard): Je déclare la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte. Je vous rappelle à nouveau le mandat de la
commission: étudier deux projets de loi. Rien de certain que ça
se réalise ce soir, mais il s'agit du projet de loi 23, la Loi modifiant
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de
la pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés. À la suite du projet de loi 23, le projet de
loi 27, la Loi sur la Société de financement agricole et
modifiant d'autres dispositions législatives.
Nous en étions à la deuxième motion, qui est une
motion présentée par notre collègue député
de Laviolette, M. Jolivet, qui était la suivante: «Que la
commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation souhaite, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 23, la Loi modifiant la Loi sur la
mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche
et la Loi sur les produits laitiers et leurs succédanés, la
présence du ministre des Forêts, M. Albert Côté, pour
l'entendre sur la teneur de l'article 8 du projet de loi 23.»
C'est M. Baril, député d'Arthabaska, qui avait son droit
de parole. Il restait quelque chose comme environ 5 minutes à M.
Baril.
M. Baril: Oui, M. le Président. Je vous remercie de
me donner la parole. Comme je le disais avant l'ajournement ou la suspension,
je ne sais pas quel terme qui est utilisé, mais, de toute façon,
on est parti deux heures, pour les besoins de la cause. La raison pour laquelle
j'appuyais la motion de mon collègue de Laviolette, à l'effet de
rencontrer le ministre des Forêts à cette table, c'était
pour qu'il vienne encore une fois nous expliquer de lui-même ce que son
collègue de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
semblé nous dire, tout à l'heure, que ça faisait depuis un
an et demi que la Fédération des producteurs de bois demandait au
ministre un amendement à cette loi pour régler une situation qui
existait dans la région de Québec, suite à un article de
la loi qui, il semblerait, n'est pas assez précis.
D'ailleurs, on retrouve dans le jugement qui a été rendu,
parce que les parties en cause... l'office des producteurs de bois de la
région de Québec était allé en cour pour le respect
de l'application du plan conjoint au niveau des papetières en cause,
entre autres. Le juge disait justement que, s'il rejetait la demande de
l'Office, c'est parce que la loi n'était pas précise, elle
n'était pas assez précise.
J'aimerais ça poser la question au ministre, à savoir
pourquoi il précise, dans le projet de loi actuel, effectivement, la loi
avec l'article 1. Il la précise, la loi, avec l'article 1, qui
répond au jugement de la Cour supérieure et de la Cour d'appel,
à l'effet que la loi n'est pas précise. L'article de la loi n'est
pas précis. Par la loi 23, on précise justement à
l'article 1 qu'est-ce que couvre le plan conjoint, effectivement. Et là,
ça ne peut être plus clair. Mais, malgré ça, je le
répète, je suis étonné que la
Fédération demande au ministre d'ajouter ou d'inscrire un article
8 au projet de loi 23 qui, malgré l'éclaircissement à
l'article 1 d'où s'applique un plan conjoint, on exclut, malgré
ça, les papetières, entre autres. Non seulement on les exclut
uniquement au niveau de la région de Québec, mais on les exclut
au niveau de l'ensemble du territoire québécois.
Je le répète: C'est étonnant parce qu'il me semble
que l'UPA, avec raison, depuis le temps qu'elle défend l'application des
plans conjoints, une de ses fédérations, elle, va à
rencontre de la position de la confédération de l'Union des
producteurs agricoles en disant que, pour ce qui est du plan conjoint au niveau
de la forêt ou du bois, au niveau de l'ensemble des papetières, et
peut-être, tout à l'heure, ce seront les usines de sciage
également, on dit: Non, nous autres, on ne veut pas que ça
s'applique.
Mon collègue de Laviolette l'a très bien expliqué
tout à l'heure. Avec la revente des lots intramunicipaux, tout à
l'heure, la plupart de ces lots seront achetés par ces grosses
compagnies, et l'application du plan conjoint, dans le bois, d'ici à
quelques années, il n'en sera plus question. Ça va, encore une
fois, je vous le dis, à rencontre de l'orientation et de la
défense d'un des quatre piliers de l'agriculture
québécoise que la confédération de l'Union des
producteurs agricoles défend, soit l'application et le respect des plans
conjoints dans leur intégrité. (20 h 20)
Donc, j'aurais aimé, encore une fois, que le ministre vienne nous
dire complètement si c'est vrai, ce qu'on nous dit. Et là, je ne
l'interprète pas, c'est le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui nous a dit lui-même, tout
à l'heure, que c'est la Fédération qui suppliait
pratiquement le ministre d'inclure cet article, soit l'article 8, au niveau du
projet de loi 23. Donc, c'est quand même assez surprenant que cette
unité à l'intérieur de l'Union des producteurs agricoles
s'effrite au niveau d'une Fédération qui, elle, veut... J'allais
dire: Quel marchandage il y a eu entre le ministre, entre les compagnies, entre
la Fédération? Quel marchandage a-t-il pu y avoir pour que la
Fédération des producteurs de bois fasse une telle demande au
ministre?
Je pense que c'est seulement en acceptant que le ministre des
Forêts vienne répondre à nos
interrogations qui sont justifiées, je pense, à cette
commission, qu'on serait plus en mesure de clarifier la position du ministre,
du gouvernement dans cette loi-là, si, vraiment, ça dépend
d'une demande formelle de la Fédération des producteurs de
bois.
Donc, M. le Président, j'appuie fortement la demande de mon
collègue de Laviolette et je suis optimiste de nature.
J'espérerais que le ministre nous dise enfin: Oui, c'est correct, j'ai
parlé à mon collègue. Il était supposé le
rencontrer à 20 h 15, je pense, ou 18 h 15... à 18 h 15.
J'espère qu'ils ont eu une bonne conversation entre eux pour que le
ministre des Forêts prenne au moins une demi-heure, trois quarts d'heure
pour venir nous expliquer la situation ici, à cette commission.
Le Président (M. Richard): Je constate que vous êtes
très optimiste, M. le député d'Ar-thabaska,
évidemment.
M. Baril: II le faut.
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha! Est-ce que vous
avez un commentaire, M. le ministre?
M. Picotte: Trop optimiste, M. le Président. M. Baril:
Hein?
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Trop optimiste, M. le Président. D'abord,
juste vous apporter une clarification, M. le Président. Quand on vient
préciser ça dans la loi, ce n'est pas bien, bien
compliqué. Je pense bien qu'on ne nous demande pas de faire des classes
de papetières dans la région de Québec et de ne pas
vouloir étendre ça au niveau du Québec, M. le
Président, pour faire... On fait le cas d'exception. C'est ça
qu'on précise. Il ne peut pas y avoir deux classes de papetières,
une dans la région de Québec, et puis d'autres hors de la
région de Québec. Voyons donc! On n'a pas besoin de faire venir
le ministre des Forêts pour comprendre ça.
Maintenant, M. le Président, bien sûr, cette
première demande origine d'une demande de rencontre que j'ai eue de
façon urgente avec l'UPA, où on m'avait convoqué au mois
de janvier 1991, où il était urgent, dès ce printemps qui
suivait, c'est-à-dire le printemps 1991, d'apporter des amendements pour
protéger et sauver leur plan conjoint. Il y a eu beaucoup de discussions
durant ce temps-là. Il y a eu des ententes, M. le Président. On
s'est assis tout le monde ensemble et le libellé qu'on met
là-dedans, c'est le libellé sur lequel on s'est entendu entre les
papetières, l'UPA, le ministère, la Régie, notre
ministère et le ministère des Forêts.
Donc, M. le Président, c'est tout ce qu'on fait. On valide
ça. Alors, c'est ça qu'on vient faire. Alors, M. le
Président, je n'ai pas changé d'idée: je voterai contre la
motion de mon collègue de Laviolette.
Le Président (M. Richard): D'autres intervenants? M. le
député d'Arthabaska? D'autres intervenants sur la motion?
Une voix: Non.
Le Président (M. Richard): Non. Est-ce que la motion est
adoptée ou si...
M. Jolivet: Bien, on va faire un vote, hein. On va prendre le
temps de faire un bon vote.
Le Président (M. Richard): Vote enregistré...
M. Jolivet: Si elle était adoptée, nous en serions
réjouis, M. le Président. Mais, là, il semblerait que
non.
Mise aux voix
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire,
allez-y.
Le Secrétaire: M. Baril (Arthabaska)?
M. Baril: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: M. Picotte (Maskinongé)?
M. Picotte: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bégin (Bellechasse)?
Mme Bégin: Contre.
Le Secrétaire: M. Lafrance (Iberville)?
M. Lafrance: Contre.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Président (M. Richard): Alors, c'est donc
rejeté. Est-ce qu'il y a d'autres motions ou remarques
préliminaires?
M. Baril: M. le Président, vous pouvez toujours
considérer ça comme des remarques préliminaires ou je ne
sais pas quelle définition vous pouvez y donner, mais comme je pense que
nous avons un projet de loi qui s'adresse d'abord à la classe agricole
et que, connaissant ce milieu comme étant un milieu très concret,
et vu
l'obstination du ministre à vouloir n'entendre aucun groupe,
aucune personne, je l'informe, uniquement a titre d'information, que, si on
avait voulu... le ministre est très conscient que, si on avait voulu, on
aurait pu retarder encore le processus d'au moins deux jours.
On avait en liste, entre autres, l'association des ACEF; on aurait
aimé ça venir l'entendre dans cette commission. Il y avait la
Fédération des producteurs de bois du Québec, bien
entendu, qu'on aurait aimé, comme on dit, entendre. Il y avait l'Office
des producteurs de bois de la région de Québec, qui est
concerné spécifiquement dans le litige qui les concerne au niveau
des papetières dans la région de Québec. Il y avait aussi
le Barreau du Québec, que nous aurions aimé entendre puisque,
déjà, ils ont pris position dans le projet de loi ou la loi
spéciale du mois de décembre, qu'on aurait aimé entendre
sur les articles 2 et 5, entre autres je pense, de ce projet de loi. Il y avait
également le groupe Solidarité, un prix un lait qu'on aurait
aimé aussi entendre à cette commission, parce qu'on connaît
la dernière intervention qu'ils ont faite dernièrement. Il y
avait l'Association des consommateurs du Québec, ce cher M. Alain
Paquet, que le ministre a mentionné tout à l'heure, que j'aurais
aimé questionner sur le projet de loi, et j'aurais aimé ça
questionner sur les orientations ou sur la défense de ces associations
de consommateurs ou de ces consommateurs que lui défend. Ça
aurait été une bonne occasion.
On avait aussi l'Association des industries forestières du
Québec qu'on aurait aimé qu'elle vienne nous expliquer pourquoi
elle veut être exclue de l'application des plans conjoints pendant que,
dans d'autres et même au niveau de l'aménagement de la
forêt... On aurait aussi aimé entendre les transformateurs
privés et les coopérateurs, les transformateurs
coopérateurs. On aurait aimé ça les entendre aussi sur un
problème qui se vit présentement dans ce milieu-là, dans
ce secteur-là, dont je fais une mention cet après-midi, entre
autres, au niveau des... Comment on appelle ça, donc? Pas des primes...
de 0,10 $ à 0,16 $ le litre de lait...
Une voix: Les ristournes.
M. Baril: Les ristournes qu'on doit accorder aux
détaillants sur le prix du lait. On aurait aimé ça
questionner le mouvement coopératif sur sa vision à lui de
l'application des plans conjoints. On aurait aimé ça aussi
entendre l'association des détaillants indépendants qui aurait pu
venir nous expliquer c'est quoi, pour eux autres, cette exigence de demander
aux transformateurs de déposer une ristourne au niveau des produits
laitiers.
Comme le ministre l'a suggéré, on aurait très bien
pu inviter l'avocat de l'Union des producteurs agricoles, M. Lord, qui
était ici présent - je ne sais pas s'il l'est encore - à
venir nous faire part peut-être de la position de l'Union des producteurs
agricoles face au projet de loi 23. Mais je le répète: Nous
essayons, nous aussi, d'être productifs, d'être concrets, et le
ministre aura, bien entendu, la responsabilité de l'application, de la
réalisation ou de la non-réalisation des objectifs visés
par ce projet de loi. Comme nous gardons, nous maintenons, c'est-à-dire,
nos restrictions sur certains principes, sur certains pouvoirs qu'on donne
à l'office, sur certaines exigences que cette loi accorde à la
Régie, nous gardons les mêmes restrictions. (20 h 30)
Je souhaite que ce projet de loi puisse régler l'application du
plan conjoint dans le lait ou qu'il essaie d'unifier ces deux groupes de
producteurs, mais c'est avec beaucoup de scepticisme que je crois que la
Fédération réussira à appliquer le rapport de
médiation ou réussira à appliquer les pouvoirs ou les
hypothèses de solution qui sont abordées dans ce projet de loi.
Mais, je le répète, c'est le ministre qui va vivre avec. Nous
essaierons, article par article, bien entendu, de l'améliorer, le projet
de loi, mais si... Encore une fois, nous sommes minoritaires dans l'Opposition
et, puisque le gouvernement s'est engagé à vouloir
supposément régler le problème... Je le
répète, le ministre se targue de dire «je vais
régler le problème», mais il refile le problème
à d'autres. Lui, il n'a aucun engagement de la part de son gouvernement.
Il dit: S'il y a indemnisation, ce sera les consommateurs qui paieront. Le
projet de loi nous apprend aujourd'hui que si ce ne sont pas les consommateurs
qui paieront, ce sera l'Office qui, lui, en sera chargé. On lui donne la
possibilité d'imposer à l'ensemble des producteurs ou à
une partie des producteurs une retenue spéciale ou un droit
spécial pour compenser une partie des producteurs qui pourraient
être lésés suite à l'application de ce projet de loi
ou à l'application du rapport de médiation.
Donc, quand on regarde ça, de toute façon, au niveau du
rapport de médiation, on s'aperçoit que c'est une partie des
producteurs qui vont s'indemniser eux-mêmes. Ça, c'est... En tout
cas, je ne veux pas revenir là-dessus. On concrétise dans ce
projet de loi certaines choses et, je le répète, je suis loin
d'être certain que lors du vote qui a été pris l'automne
dernier, lors du référendum, les résultats auraient
été les mêmes si les personnes qui ont voté avaient
voté sur ce projet de loi. Lors du référendum qui a
été demandé l'automne dernier, les producteurs votaient
sur des choses bien précises. Ils votaient sur des choses bien
précises qu'on ne retrouve pas dans ce projet de loi. Je ne suis pas
certain que les producteurs qui détenaient des quotas de consommation ou
des quotas de transformation seraient aujourd'hui en accord et que le
résultat serait le même avec ce projet de loi qui dit que
l'Office, si la Régie l'y autorise, peut faire une retenue autant sur le
lait de
transformation que sur le lait de consommation pour compenser un groupe
de producteurs qui sera défini par règlement.
Donc, quand le ministre se targue de dire: Le tout a été
accepté par référendum, que 80 % ont voté dont 72 %
détenaient des quotas de lait nature... Je l'ai dit cet
après-midi, dans le règlement, on dit: Un détenteur de
quota de consommation, il faut qu'il ait 100 litres-jour. Le sous-ministre nous
a dit, un des trois membres du groupe de médiation a dit qu'un
producteur qui détenait un litre par jour, ça suffisait, et que
c'était considéré comme un producteur de lait de
consommation. Donc, on change les règles du jeu, je dirais, sans aviser,
sans consulter personne.
La raison pour laquelle nous, nous avons demandé... Et, ce matin,
j'ai commencé de bonne foi en demandant tout de suite d'entendre trois
intermédiaires, trois organismes dont deux, entre autres, avaient fait
une demande spécifique au ministre. Nous, nous en avons ajouté un
volontairement, soit la Fédération des producteurs de lait du
Québec, considérant que c'était important de l'entendre
sur ses possibilités, sur sa façon de voir les choses, comment
elle pourrait appliquer cette loi-là.
Le ministre, c'est sa liberté, c'est sa décision de dire:
Je sais tout. J'ai entendu parler tout le monde. Je connais tout le dossier par
coeur; donc, ce serait une perte de temps, inutile de faire revenir chacun de
ces organismes pour qu'ils reviennent se chicaner ici à la table. Il
n'était pas question que personne se chicane. Je pense bien que dans
notre Parlement ici, les chicanes sont... Les voix peuvent être
haussées de temps en temps, mais on finit toujours par s'entendre. Donc,
si le ministre pense que la vérité, la vie... Je vais finir en
disant que le ministre vivra avec sa vérité et sa vie, et le
temps nous dira effectivement si le ministre aurait été mieux de
consulter, de faire venir différents intervenants pour les entendre
à la table pour possiblement améliorer, bonifier son projet de
loi pour qu'il puisse répondre davantage et possiblement régler
d'une façon plus réaliste, d'une façon plus
concrète, d'une façon plus durable le conflit qui perdure depuis
déjà trop longtemps dans le milieu agricole.
Sur ce, M. le Président, je le répète, l'Opposition
a agi de bonne foi. Maintenant, si on voulait, on pourrait, comme je vous l'ai
dit, faire venir chacun de ces intervenants. Que ce soient mes collègues
ou moi, nous aurions une demi-heure pour présenter chacune des motions.
Chacun de mes collègues et moi, nous aurions 10 minutes de plus pour
parler. Si tu additionnes les 10, 15 minutes que le ministre peut prendre... Et
peut-être qu'un jour on aurait pu soulever un lièvre et que ceux
qui sont en face de nous autres auraient pu parler au moins 5 minutes. Mais, en
tout cas, c'est libre à chacun de parler. On se serait retrouvés
facilement dans deux jours.
Donc, nous avons agi de bonne foi en pensant que le ministre ferait au
moins une petite ouverture. Mais puisqu'il ferme la porte au complet, il n'est
pas dans notre intention de faire, je vais dire, perdre davantage le temps
à cette commission et faire perdre davantage le temps aux intervenants
qui sont ici dans cette salle. Et nous allons commencer l'étude article
par article du projet de loi 23.
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais... Le
Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: ...à tout le moins apporter certains
commentaires. Je dois dire au député d'Arthabaska, au cas
où il ne l'aurait pas saisi, mais je suis certain qu'il en a saisi la
portée, que l'ensemble des recommandations du comité de
médiation est mis en place et va être mis en place. Tout ce qui
reste à faire, M. le Président, c'est l'indemnisation. Moi pour
un, si le député d'Arthabaska veut faire une motion de retrait du
projet, je n'ai pas de problème avec ça, les gens ne seront pas
indemnisés, tout simplement.
M. Baril: C'est facile à dire, ça!
M. Picotte: Les gens ne seront pas indemnisés, tout
simplement. Moi, je n'ai pas de difficulté à vivre avec
ça, M. le Président. C'est tout simplement ce que ça fait,
dans le fond, et ce serait faire perdre à un groupe donné des
montants d'argent, des sommes qui leur sont dues. Je pense qu'il est
important... Je pense que je dois préciser ça.
Bien sûr, M. le Président, je ne me serais pas battu encore
longtemps pour tâcher d'indemniser des gens comme ça. Vous pouvez
être sûr de ça. Ça aurait duré encore
possiblement une heure et on aurait très bien pu, M. le
Président, prendre une autre décision, compte tenu que le
comité de médiation... Ce qui a à être mis en place
est déjà mis en place et ça va faire objet de cour par la
suite, on le sait très bien. On verra ce que ça décidera,
M. le Président, d'une part.
D'autre part, M. le Président, je pense que j'avais bien
flairé dans le fond, vous l'avez vu et vous l'avez compris comme moi.
Mais probablement que le député d'Arthabaska, ce n'est
sûrement pas de la mauvaise foi, mais il l'a réalisé
lui-même. C'est pour ça que son discours a pu changer durant
l'heure du souper. Il m'a dit: Nous voulons entendre uniquement trois
organismes, M. le Président. Mais il y avait des motions de
préparées pour en entendre une demi-douzaine et plus. Pourquoi?
Parce qu'il a réalisé sans aucun doute, et ce n'est
sûrement pas par mauvaise volonté, que de commencer à
entendre un organisme, c'est d'entendre la multitude d'organismes qu'on a
déjà entendus et avec
lesquels le comité a eu des discussions, et que ce n'est pas
possible d'entendre trois organismes et de fermer la porte. C'est ça la
réalité, M. le Président. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? Et moi, je l'ai perçue. Bien, à ce moment-là,
tout simplement je dis: Je n'ai pas voulu ouvrir la porte pour aucune
considération, parce que ça aurait été de
léser des organismes qui auraient souhaité être entendus
même s'ils ont déjà été entendus. C'est la
raison pour laquelle j'ai voté contre la motion, M. le
Président.
Je dirai en dernier lieu que j'ai toujours été celui qui a
été capable de vivre avec ses décisions, j'ai toujours
été celui qui a été capable de prendre ses
responsabilités depuis que je suis en politique, et ça ne me
fatiguera pas de prendre celle-là, pas plus que d'autres que j'aurai
à prendre dans le futur. Ce n'est jamais intéressant de prendre
des responsabilités et de trancher des situations qui sont comme
celle-là, mais l'avenir dira si effectivement on aura pu sauver des gens
d'un marasme qu'on n'a pas souhaité, personne. Moi pour un, ça
entre dans mes fonctions, et je n'ai pas eu de pression de qui que ce soit pour
régler de la façon dont je l'amène. Je l'ai fait au
meilleur de ma connaissance, en écoutant le plus de monde possible, en
allant chercher le plus de lumière possible, M. le Président, et
je vous prie de me croire, ma conscience sera des plus tranquilles à la
suite de l'adoption dudit projet de loi, si telle est la volonté de
l'Assemblée nationale. Et je vous en remercie. (20 h 40)
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): Alors, j'appelle donc l'article
1. M. le ministre.
Loi modifiant la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles,
alimentaires et de la pêche
Champ d'application
M. Picotte: M. le Président, l'article 1 du projet de Loi
sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche, (1990, chapitre 13) est modifié par l'addition à la
fin de: «, que ces opérations soient faites à des fins de
vente ou non».
Voici maintenant l'explication. Je vous mentionne que M. Prégent,
qui m'accompagne, ou mon sous-ministre, dans certains cas, pourra toujours
répondre aux questions et donner des explications additionnelles, si tel
est le voeu de la majorité des membres de la commission ou des membres
de cette commission. Pas le voeu de la majorité mais de chacun des
membres de la commission. Il faut lire ensemble les amendements apportés
par le présent article ainsi que par l'article 8.
Lors de la refonte de cette loi, en 1990, il y était introduit
une disposition précisant que la personne ou société qui
est à la fois un producteur du produit visé par un plan et
engagé dans la mise en marché de ce produit est assujettie aux
droits et obligations de l'un et de l'autre. À la suite de jugements
rendus par les tribunaux judiciaires, il est devenu nécessaire
d'apporter des modifications à ce texte. Ces amendements ne modifient
pas le principe de 1990, M. le Président, mais il apporte des
précisions nécessaires pour qu'un producteur, même s'il
transforme son produit sans qu'il n'y ait au préalable une
activité de mise en marché, soit tenu aux obligations
imposées par un office ou une assemblée générale de
producteurs, tels le contingentement, les contributions financières et
les agences de vente obligatoires. S'il existe une situation
particulière pouvant justifier une exemption à la règle
générale, la Régie a déjà les pouvoirs
nécessaires à cette fin. Donc, c'est ce que possède la
Régie.
Par ailleurs, il y a lieu de faire exception pour toute entreprise
propriétaire de terres boisées de 800 hectares et plus d'un seul
tenant, si elle récolte le bois et le transforme dans une usine qu'elle
exploite. Ces terrains boisés sont déjà visés par
le paragraphe 2° du deuxième alinéa de l'article 121 de la
Loi sur les forêts (L.R.Q., chapitre F-4.1) et cette disposition assure
un contrôle de la production et de la mise en marché de ces bois
sous le contrôle du ministre des terres et forêts.
M. Jolivet: Des forêts.
M. Picotte: C'est ça.
M. Jolivet: Pas des terres.
M. Picotte: Des forêts, c'est-à-dire, oui.
M. Jolivet: Ne nous mêlez pas.
M. Picotte: Retirons le mot «terres», M. le
Président, pour dire «le ministre des Forêts.»
M. Jolivet: Ha, ha, ha!
M. Picotte: alors voilà, m. le président, les
explications de cet article premier. et si nécessaire, m. le
président, m. prégent pourra apporter des éclaircissements
additionnels.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, l'article 1, évidemment,
fait partie du débat de fond sur l'application des plans conjoints. On a
fait, je pense, largement référence durant le courant de la
journée que ce... Je pourrais dire «ce gouvernement», parce
que même si le ministre dit:
C'était suite à une demande de la Fédération
des producteurs de bois, ce n'est pas la Fédération des
producteurs de bois qui passe la loi, c'est le gouvernement qui en est
responsable. Et là le gouvernement applique sa politique de deux poids,
deux mesures: Une politique pour les petits puis une politique pour les gros.
On dit: Les petits, vous autres, vous allez passer dans le canal, puis les
plans conjoints, vous allez respecter ça de a à z. Quand on
arrive au niveau des gros, on dit: Vous autres, vous êtes gros, vous
êtes forts, vous êtes plus impressionnants que les autres, vous
autres, on va vous exclure. Et ça revient exactement à ce qu'on
disait tout à l'heure. Pourquoi le ministre applique cette politique de
deux poids, deux mesures?
Et juste en passant, sur la conclusion que le ministre a apportée
au niveau des notes préliminaires. Le ministre dit: Moi, je m'en fous.
Il dit: Que l'Opposition présente un amendement, puis je vais tout
retirer ça et puis moi, ça ne m'empêchera pas de dormir. Je
comprends quand le ministre dit ça: Ça ne m'empêchera pas
de dormir. Je comprends. Parce que l'application de ce projet de loi n'aura
aucun effet sur sa situation à lui, puis sur la situation de la plupart
des gens, ici, à l'Assemblée nationale. Ce sont les producteurs
agricoles et les consommateurs qui auront à subir les
conséquences d'un tel projet de loi. Et je trouve ça un peu, je
vais dire, irresponsable qu'un ministre ne se préoccupe pas des
retombées qu'un tel projet de loi peut avoir au niveau de l'ensemble des
consommateurs et des producteurs du Québec.
Aussi, le ministre dit: Je savais. Je savais, le député
d'Arthabaska sans doute était de bonne foi. Il a dit: On va s'entendre
sur 3 organismes. Et, là, il dit: II est après en demander 15. Je
n'ai pas induit le ministre en erreur. Dès le départ je lui ai
dit: Si on s'entend ensemble, si on convient ensemble de faire venir à
cette table 2, 3 ou 4 organismes - je n'ai pas dit 25, mais 2, 3 ou 4
organismes - on va mettre tous les autres de côté et je vais
être solidaire avec sa position à lui. S'il y en a 25 autres qui
demandent à être entendus, on va dire: L'Opposition, le
gouvernement, si le ministre avait été d'accord, nous avons
décidé d'inviter 3, 2 ou 4 intervenants à cette table, et
on s'en tient là. Je pense que là-dessus le ministre pourrait
confirmer, en tout cas, que quand le député d'Arthabaska dit
quelque chose, le lendemain, il ne dit pas le contraire. Il s'en tient aux
engagements qu'il a pris.
Et c'est pour ça que l'article 1, c'est un article fondamental au
niveau de ce projet de loi. Je prenais connaissance, d'ailleurs, des documents
que le ministre nous a fait parvenir pour la préparation du sommet qui
va avoir lieu les 11, 12, 13 ou 10, 11, 12 - je peux me tromper d'une
journée - et qui parlaient entre autres au niveau de différents
secteurs, à différentes étapes. Au niveau des plans
conjoints, entre autres, on disait dans ces documents de présentation
que les plans conjoints devraient s'adapter à la réalité
d'aujourd'hui et qu'on devrait connaître un peu plus de souplesse dans
l'application des plans conjoints, et également, à cause de la
libéralisation des marchés, la mondialisation des marchés,
que nous sommes - remarquez que ce n'est pas écrit comme tel dans le
document, mais le ministre reconnaîtra mon langage - que nous sommes
pognés avec une réglementation qui est peut-être
exagérée ici au Québec et que nous devrons, dans un avenir
rapproché, revoir notre réglementation si on veut que nos
entreprises soient plus concurrentielles, ou soient concurrentielles pour faire
face aux marchés étrangers.
L'article 1 nous rappelle cette dure réalité que chaque
gouvernement a appliquée d'essayer de réglementer davantage. On
réglemente pour essayer de pogner tout le monde ensemble. Peu importe
dans quel secteur, on dit: II y a un canal, il y a un dalot de fabriqué,
de coulé, et tout le monde va rentrer dans le dalot. Ceux qui sont en
dehors du dalot, on vous avise tout de suite qu'à la prochaine occasion
on va réglementer, on va passer une petite loi et vous aller rentrer
dans le dalot.
Ce n'est pas ça qu'on appelle s'adapter au marché et
à la réalité d'aujourd'hui. L'article 1 du projet de loi
nous démontre clairement que c'est pour viser, entre autres - je ne dis
pas que c'est juste celle-là, mais entre autres - une ferme qui est dans
le comté de Lotbinière, à Fortierville, des producteurs
agrobiologiques, et aussi quelques producteurs transformateurs de carottes et
de fèves vertes, qu'on m'a dit, qui sont en même temps des
producteurs et des transformateurs, ce qui correspond exactement au même
type d'entreprise, mais à une échelle moins grande que les
papetières, entre autres. C'est la même sorte de producteurs. Les
papetières sont des producteurs transformateurs. Les papetières
disent: Nous, on n'achète pas le bois, on ne vend pas notre produit
brut, on le transforme nous autres mêmes. Mais elles vendent leur
matière première transformée, par exemple. Leur
matière première transformée, elles la vendent. Pareil
comme ces producteurs agricoles d'une ferme biologique qui transforment leur
propre lait biologique et le vendent; ils mettent en marché un produit
transformé qui est le fromage biologique. Et je sais que la
Fédération, à plusieurs reprises, a essayé de les
inclure dans le plan conjoint. Eux, ils disent: On ne peut pas, on n'a pas
d'affaire dans le plan conjoint parce que, d'abord, le lait dont on a besoin,
la Fédération ne peut pas nous le fournir. Le ministre
connaît la formule: Chaque usine de transformation, son lait doit lui
être transféré par la Fédération des
producteurs de lait. La Fédération, elle, dit qu'elle ne peut pas
me fournir le lait dont j'ai besoin parce que, pour faire un produit
biologique, il faut que je m'assure que mon lait soit
produit d'une façon biologique. Donc, je produis mon propre lait,
je transforme mon propre lait et je n'ai aucun rapport avec la
Fédération des producteurs de lait. (20 h 50)
En plus, dans leur définition à eux, pour démontrer
davantage qu'ils ne sont pas des producteurs au même titre que les
autres, ils n'ont pas droit au subside fédéral. Parce qu'on dit
que la loi sur les subsides fédéraux est claire: Nous ne livrons
pas de lait à une usine laitière, nous ne recevons aucun prix
d'une usine laitière, donc pas de subside.
Donc pourquoi le ministre vient-il aujourd'hui, entre autres, refermer
davantage l'étau sur ces producteurs à qui la
Fédération, je le répète, ne peut fournir le lait
dont ils ont besoin. Et c'est avec des catégories, des sortes de
producteurs, de transformateurs comme ça, entre autres, qu'on va pouvoir
davantage diversifier, diversifier nos marchés, qu'on va pouvoir
davantage répondre aux besoins du marché.
Il ne faudrait pas demander à je ne sais pas quelle usine - je ne
veux pas faire de cas particulier - il ne faudrait pas demander au groupe
Natrel, Lactel, Lactantia ou Sealtest de faire le même produit qu'ils
font actuellement. C'est un produit bien spécifique au niveau des
produits biologiques qui connaissent une percée assez importante par les
temps qui courent. Aussi, de plus en plus... Toujours dans les documents du
ministre... C'est intéressant de lire ça des fois, les documents
fournis pour la préparation des sommets. On dit qu'il y a une
arrivée importante de différentes ethnies au Québec et
qu'on a un marché à couvrir qu'on ne couvre pas suffisamment
présentement, et que nos transformateurs devraient davantage s'appliquer
à répondre à ce marché qui est chez nous. Il ne
faut pas penser qu'il faut traverser les lignes américaines, avec toutes
les affaires de douane possibles, de libre-échange et 50 patentes
semblables et le GATT, on a un marché chez nous. Entre autres, les
différentes ethnies qui consomment des produits selon leur goût,
selon les coutumes qu'elles ont dans leur pays. Ça ne donne rien
d'essayer de leur imposer nos coutumes alimentaires. Elles ont une grande
difficulté à obtenir ces produits de chez eux. Elles paient
excessivement cher, celles qui sont capables d'en obtenir.
Nous, on a des producteurs et des productrices, on a des usines de
transformation qui sont capables de répondre à ces besoins, mais
à cause de la rigidité qu'on veut bien apporter aux plans
conjoints... Et je vais tout de suite prévenir le ministre, parce que je
le connais un peu moi aussi. Il ne faudrait pas que le ministre tout à
l'heure, dans ses commentaires, me fasse dire que le député
d'Arthabaska est contre les plans conjoints. Je l'avertis tout de suite, ce
n'est pas ça pantoute. Mais il faudrait voir à une plus grande
souplesse. Plusieurs intervenants regar- dent davantage l'application de nos
plans conjoints depuis un certain temps avec l'adaptation aux marchés,
avec l'ouverture des marchés et la modification des marchés qu'on
vit depuis certaines années pour voir s'il n'y aurait pas place à
amélioration de l'application de nos plans conjoints.
Donc, ici, le ministre a une très belle occasion non seulement de
donner la chance à la Fédération d'améliorer
l'application des plans conjoints, mais le ministre profite de l'occasion pour
fermer la porte davantage. Dans ses notes explicatives à l'article 1, il
mentionne lui-même que cet article 1, on va le retrouver à
l'article 8, et ça exclut les papetières, ça exclut tout
ce qui est sous le contrôle du ministère des Forêts. C'est
fort en démon, vous savez! Quand on voit ça, je le
répète, tu as une politique de deux poids, deux mesures. Je ne
comprends pas pourquoi le ministre se rend responsable d'une décision
qui, selon moi, est aussi injuste envers différents producteurs qui se
comparent facilement, soit les producteurs transformateurs de produits
alimentaires, ou les producteurs transformateurs au niveau du bois de papier,
entre autres. Pourquoi on a une politique de deux poids, deux mesures comme
ça? Et bien que ce soit la Fédération des producteurs de
bois, selon le ministre, qui supplie le gouvernement de passer une chose
semblable, moi, je me dis que le ministre doit avoir une ouverture d'esprit
plus grande, doit avoir une vue plus générale, plus large de
l'application des plans conjoints. Et si le ministre avait
démontré ou démontrait davantage une volonté ferme
d'application des plans conjoints pour tout le monde, il n'aurait pas exclu un
secteur au détriment des autres. Tu fermes la porte ou tu la rouvres.
Comme on a dit cet après-midi, tu ne peux pas laisser la porte
continuellement entrebâillée. Là, il la ferme pour un
groupe et il la rouvre pour l'autre. Et c'est ça qui n'a absolument
aucun bon sens. C'est pour cette raison qu'au niveau de l'article 1 je demande
au ministre, en terminant, s'il a des amendements à apporter à
l'article 1 pour ne pas reconnaître deux types de producteurs ou deux
types différents de production ou deux types différents
d'application d'un plan conjoint.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, effectivement, pour
répondre à la dernière interrogation de mon
collègue, il n'y a pas d'amendement qui sera apporté à
l'article 1. Je dirai tout simplement à mon collègue: Je veux
bien qu'il parie de petites fermes de légumes, mais le moins qu'on
puisse dire, quand on parie de petites fermes de légumes... On fait
référence à Nabisco, à Pillsbu-ry et à
Giant. Et, dans certains cas, ce sont des multinationales plus grosses que
certaines papetières. Pour des petites fermes, c'est assez logique d'en
parier. Mais c'est de ça dont il est
question, les petites fermes de légumes, M. le Président:
Pillsbury, Nabisco et Giant, et ce sont des petites fermes? Il faut faire
attention, quand on énumère des choses, M. le Président,
pour parler des vraies choses.
Je dois vous dire aussi que je connais des entreprises comme Cayer,
comme Saputo, qui fonctionnent à l'intérieur du système
établi, M. le Président. Elles font certaines choses, mais elles
fonctionnent à l'intérieur du système établi qui
est le nôtre. Agropur pourrait très bien invoquer le fait qu'elle
transforme juste le lait de ses sociétaires et vouloir procéder
autrement qu'on procède présentement et sortir du système.
Parce qu'elle transforme juste le lait de ses sociétaires, Agropur,
j'espère qu'on ne pense pas que c'est une petite coopérative, M.
le Président, et que ce sont des petites fermes. C'est ça la
réalité. La Fédération a même reproché
dernièrement à la Régie de donner trop de permis depuis
trois ans. Parce qu'on en donne des permis. Alors, j'en connais beaucoup de
producteurs de lait biologique. Ils ont des quotas et ils fonctionnent à
l'intérieur du système.
En ce qui concerne le cas soulevé plus précisément
par le député d'Arthabaska, Agro-Bio, je me refuse à toute
discussion là-dessus puisque c'est un cas qui est en cour, et je n'ai
pas l'intention qu'on utilise ce que j'ai à dire ou ce que je dirais
pour faire en sorte que le procès n'ait pas lieu ou quoi que ce soit.
Alors, là-dessus, je serai coi.
M. Baril: M. le Président. J'étais au courant que
ce dossier-là était en cour, mais comment ça se fait que
pendant que c'est en cour le ministre change la loi? Quelle explication il a
à donner là-dessus? Pourquoi il n'attend pas la décision
des tribunaux? Ça va faire quoi?
M. Picotte: On ne change pas la loi pour Agro-Bio, nous autres,
ici. Agro-Bio continuera, elle, à faire les démarches qu'elle a
à faire. Nous autres, on fait la loi tout simplement pour être
bien balisés. Alors, ça n'a rien à voir avec Agro-Bio, M.
le Président.
M. Baril: mais le ministre refuse d'en parler et il change les
données. cet article, pourquoi le ministre l'amène? pourquoi le
ministre amène cet éclaircissement à l'article...
M. Picotte: Je viens de l'expliquer, M. le Président:
À cause des jugements de cour qui ont eu lieu et qui permettraient
à des multinationales de se soustraire. Je viens de l'expliquer il y a
deux minutes. Il y a des jugements de cour et, avec ces jugements de cour,
ça permettrait à Nabisco, à Pillsbury, à Giant,
à Green Giant, ça permettrait à Agropur de pouvoir se
dissocier et sortir du système, M. le Président. C'est pour
ça que je modifie la loi. (21 heures)
M. Baril: Pourquoi Nabisco, General Food et Agropur - je ne sais
pas, toute cette gang-là - pourquoi vous ne les rentrez pas dans
l'article 8 d'abord? Pourquoi vous faites une exception uniquement pour les
papetières?
M. Picotte: M. le Président, c'est même pas du
comparable.
M. Baril: Bien voyons! Que le ministre m'explique ça.
Pourquoi ce n'est pas comparable?
M. Picotte: Bien voyons!
Le Président (M. Richard): Je tiens...
M. Picotte: On ne parle pas de la même chose, M. le
Président, on est à l'article 1.
Le Président (M. Richard): ...à rappeler aux
membres de la commission que l'article 35 est très précis.
À l'instant où vous parlez d'une affaire qui est devant les
tribunaux, d'un organisme quasi judiciaire ou qui a fait l'objet d'une
enquête, je dois vous avertir, comme président, de faire
très attention.
M. Picotte: M. le Président, j'ai dit que je ne ferais pas
de commentaires. Je vais m'en tenir à ça.
M. le Président, ce n'est pas compliqué. Est-ce que vous
souhaitez qu'on sorte tous les plans conjoints de ces secteurs-là? C'est
ça que vous souhaitez quand on va toucher à l'article 8, plus
loin? C'est pour ça qu'on ne fait pas du comparable, ça ne peut
pas se comparer. Si la demande du député est de sortir tous les
plans conjoints de ces secteurs-là, moi, je veux bien. Qu'on m'en fasse
la demande officielle et on verra. On fera un amendement. On peut les sortir.
Moi, je n'ai pas d'objection. S'il veut me présenter un amendement, je
suis prêt à l'étudier à son mérite, M. le
Président, mais en temps et lieu. À ce moment précis, il
faut comparer les vraies choses, M. le Président.
M. Baril: Pourquoi, M. le Président, le ministre se fie
toujours sur l'Opposition pour écrire ses lois? Ce n'est pas à
nous autres. On n'est pas ici pour faire les lois, on est ici pour en discuter.
C'est à vous autres à écrire les lois.
M. Picotte: Je vous l'explique. Elle est correcte, la loi. Nous,
nous prétendons qu'elle est correcte; sauf que vous, vous
prétendez qu'elle n'est pas correcte. Bien, je veux dire: Faites-nous
des propositions. C'est vous autres qui prétendez qu'elle n'est pas
correcte, nous autres on prétend qu'elle est correcte.
M. Baril: Qu'est-ce que le ministre prétend qu'il va
arriver avec cette entreprise-là? Est-ce que la Fédération
des producteurs de lait va
être...
M. Picotte: Quelle entreprise?
M. Baril: Agro-Bio. La ferme Agro-Bio.
M. Picotte: II n'y a aucun commentaire à faire, M. le
Président.
M. Baril: Ah! Mais ça, c'est facile. Pourquoi, d'abord, le
ministre amène la loi?
M. Picotte: Je viens de vous l'expliquer, c'est pour...
M. Baril: Là, le ministre amène la loi et il dit:
À cause que c'est devant les tribunaux, vous n'avez pas le droit d'en
discuter. Mais la loi va se voter pareil, . elle. Quelle alternative, nous
autres, il nous reste, là, pour savoir ce qui va arriver dans une
entreprise semblable suite à l'application de cette loi-là? Ils
ont déposé un mémoire. Ils le savent qu'ils sont en cour
et ils ont déposé un mémoire. Eux autres, ils en
parlent.
M. Picotte: M. le Président, je répète que
l'article 1 n'a pas pour objet de traiter de ce cas-là du tout.
Ça a pour objet tout simplement de faire en sorte que, dans le domaine
des légumes et dans d'autres domaines où les gens pourraient se
soustraire au régime qui existe, dans les oeufs de consommation, dans
les oeufs d'incubation, dans la volaille, dans le bois, dans le bovin, le veau
de grain et le veau de lait, dans le porc, dans les fruits et légumes,
dans les pommes de terre et dans les pommes ordinaires, M. le Président,
les gens dans tous ces secteurs-là pourraient s'y soustraire et c'est
pour ça qu'on apporte l'amendement. Ce n'est pas pour d'autres
considérations que ça. Alors, à partir de ce
moment-là, on apporte l'amendement pour ça. Alors, faites-moi pas
parler d'un autre sujet.
M. Baril: M. le Président...
M. Picotte: Je vous parle de ces sujets-là, c'est pour
ça qu'on apporte l'amendement.
M. Baril: ...je ferme le dossier de la ferme Agro-Bio. Je ferme
le dossier. Je ne parlerai plus de celui-là. Avec cet article-là,
qu'est-ce qui arrive d'une ferme qui veut fournir à ses clients,
à ses clientes un produit biologique et que le lait, que la
matière première pour être capable de fabriquer et de
mettre en marché ce produit-là, ça prend un produit
automatiquement biologique et que la Fédération des producteurs
de lait ne peut lui fournir ou ne peut lui garantir une matière
première qui est reconnue, qui rencontre les exigences de produits
biologiques? Qu'est-ce qui arrive?
M. Picotte: Je vais lui donner un exemple tout de suite qu'il
connaît et qui est dans son propre comté, on n'a pas besoin
d'aller chercher loin: M. Dubois, qui est dans son propre comté, qui
fait du lait biologique, fonctionne à l'intérieur du
système. Il a un quota, il transforme et il produit. C'est ça. Il
fait ça. Les gens font ça. Ils en font partout, c'est comme
ça. Alors, il fait exactement ce que d'autres font.
M. Baril: Je ne veux pas faire de cas personnel, mais le cas de
M. Dubois, que je connais très bien aussi, c'est parce qu'il ne
transforme pas tout son lait à son entreprise. Donc, il est
obligé d'en mettre une partie en marché et c'est là que la
Fédération intervient. Donc, il ne faut pas mêler non plus
les... Moi, je parle d'une ferme qui transforme à 100 % son produit qui,
en l'occurrence, peut être du lait ou un autre légume biologique,
un produit biologique, qui transforme à 100 % son produit, sa
matière première et qui met en marché. Et là,
qu'est-ce qui va arriver avec votre projet de loi? Maintenant, cette
personne-là va être obligée de... C'est quoi les avantages?
Pourquoi elle va payer pour un plan conjoint dont elle n'utilise nullement les
services ou tout ce qui peut arriver ou bénéficier d'un plan
conjoint? Un plan conjoint, c'est pour mettre en commun ta mise en
marché au lieu de le faire individuellement. Lui, il le fait
individuellement et il transforme son propre produit, la ferme dont je parle.
Je ne parle pas de celle qu'on dit qui est devant les tribunaux. C'est facile
de se rabrier et dire: Ah! ça, c'est devant les tribunaux, je n'en parle
pas! Mais l'article de loi reste là, lui.
M. Picotte: Je n'en crois pas mes oreilles, M. le
Président! Ça veut dire qu'on pourrait accepter que n'importe qui
puisse transformer son produit sans quota, partirait une usine, peu importe
laquelle, un produit sans quota, qu'il pourrait transformer ça et vendre
son produit, M. le Président? On pourrait laisser installer ça
partout. C'est ça qu'on est en train de me dire. Moi, je ne pense pas
que le député d'Arthabaska veuille défendre un point comme
ça, mais s'il veut le défendre, il le défendra bien s'il
le veut, M. le Président, mais je ne pourrais pas laisser personne,
n'importe où au Québec, prendre un produit, transformer son
produit sans quota et laisser implanter ça un peu partout sous
prétexte que c'est possible de le faire, qu'il transforme son produit et
le vende. Ça ne peut pas fonctionner comme ça. C'est parce que
nous sommes d'avis contraire, M. le Président. Vous êtes libre
d'avoir l'avis contraire à nous, mais nous sommes d'avis contraire
à ça, nous. Bon. C'est tout. C'est ça la
différence. Nous sommes d'avis contraire. Nous croyons que les gens qui
doivent oeuvrer dans ce domaine-là doivent fonctionner à
l'intérieur d'un système établi et nous y croyons
fermement. C'est juste ça la distinction.
M. Baril: Pour être capable de mettre en marché un
produit visé ou un produit quelconque, la personne doit d'abord faire
une demande à la Régie des marchés agricoles pour obtenir
un permis de mise en marché, etc. Lorsque la Régie accorde ce
permis à ce groupe de producteurs ou à ce producteur,
automatiquement, il y a des normes, il y a des conditions à respecter de
qualité, de salubrité, etc. Mais après qu'il ait obtenu
son permis... Et le ministre l'a dit tout à l'heure, la Régie
émet une multitude de permis annuellement. Ça veut dire, si
j'interprète - moi aussi, je dis que je n'en crois pas mes oreilles -
que le ministre est à la veille de limiter l'émission des permis
de la Régie à différents producteurs qui veulent faire
leur propre transformation?
M. Picotte: Non, à la condition qu'ils oeuvrent dans un
système établi, on ne limitera rien, M. le Président. Mais
s'ils fonctionnent dans un système établi avec un quota. Avec un
quota. C'est ça le système établi.
M. Baril: Un système établi dans des conditions...
Je l'ai dit tout à l'heure, je le répète: Le
système établi, tout le monde reconnaît... de plus en plus
de gens aujourd'hui reconnaissent que le système établi va
demander plus de souplesse pour s'adapter au marché d'aujourd'hui. Et
dans vos propres documents, on retrouve ça. Est-ce que ça veut
dire que le ministre n'a même pas lu ses documents, que ce n'est pas lui
qui les a préparés et qu'il n'est pas d'accord avec? On demande
plus de souplesse. Et là le ministre dit: Là, ça va
être rigide. Je le répète: II va y avoir un dalot et tout
le monde va entrer là dedans et il n'y a pas personne qui va passer
à côté de ça.
M. Picotte: M. le Président, on ne fera pas le sommet de
l'agriculture en commission parlementaire. S'il y a des choses à
changer, quand il y aura des consensus, on verra. Pour l'instant, on n'en est
pas là. Pour l'instant, il y a un système établi; on
fonctionne avec le système établi et, s'il faut amender les lois,
on les amendera plus tard. Ça, ce n'est pas un problème. Je pense
bien que tout le monde aura la possibilité de les amender. Pour
l'instant, le système établi est comme ça. Et c'est pour
ça, c'est que nous sommes d'avis contraire à lui, qu'est-ce que
vous voulez! (21 h 10)
Je comprends que le député d'Arthabaska veuille le faire
et, moi, je n'ai pas d'objection à ça, mais s'il me demande des
raisons, c'est parce que nous sommes d'avis contraire à ce qu'il
mentionne. C'est tout simplement ça, la différence, et ça
ne sera pas la première fois que ça se produit. Quand
j'étais dans l'Opposition, j'étais d'avis contraire à mon
collègue, M. Garon, quand j'étais critique, et il a passé
des lois pareil et on a vécu avec ça. Je suis sûr qu'il y a
des lois qu'il a passées dans ce temps-là qu'on a
été obligés d'amender, et il y a des lois qu'on passe qui
devront être amendées, et c'est comme ça! Les lois ne sont
plus adoptées ad vitam aetemam amen, M. le Président. C'est parce
que nous sommes d'avis contraire. Ce n'est pas compliqué.
M. Baril: Le ministre peut-il me dire combien de causes pendantes
peuvent être devant les tribunaux que cet article peut toucher?
M. Picotte: On me dit possiblement trois ou quatre. On me dit
qu'il y a une entreprise de légumes et des papetières, entre
autres.
M. Baril: Oui. Les papetières, on règle leur cas
avec l'article 8. On n'est pas rendus là, mais les papetières, on
règle... Comment?
M. Picotte: Ils sont en appel, l'appel va se poursuivre.
M. Baril: Bien oui, mais il ne faut pas... Il faut faire
attention, là. le jugement, au niveau des papetières dit que
c'est parce que la loi n'était pas claire. bon. c'est ça que le
jugement dit. mais là, on le clarifie pour un groupe de producteurs,
à l'article 1, puis on exclut les autres à l'article 8. ah! c'est
ça, là!
M. Picotte: C'est ça, M. le Président. On
éclaircit l'article 1 puis, rendu à 8, on donnera les
explications qu'il faut donner à ce moment-là.
M. Baril: Mais là, ça va faire quoi, là, au
niveau des personnes? Vous avez dit qu'il y a trois, je pense, trois ou quatre
causes devant les tribunaux, là. En tout cas.
M. Picotte: On me dit «environ quatre».
M. Baril: Trois ou quatre causes, là. Ça fait quoi,
ça, dans la vie, là, que tu aies des causes pendantes devant les
tribunaux? Les gens sont allés devant les tribunaux à partir de
règles établies et, en cours de route, le gouvernement se
décide de changer ces règles-là. Ça veut dire quoi,
là, concrètement, la procédure puis ces causes pendantes
devant les tribunaux que les gens vont être obligés de ramener
chez eux?
M. Picotte: On me dit que dans toutes les lois comme ça,
M. le Président, ils risquent que des appels soient abandonnés et
que la loi s'applique par la suite. C'est ça qu'ils risquent, M. le
Président.
M. Baril: Ça, là, justement, c'est une façon
facile de régler le cas de trois, quatre causes pendantes, cinq. Quand
même il n'y en aurait qu'une! En cours de route, là, on leur dit:
Vous
autres, vous êtes allés devant les tribunaux puis, les
petits gars, vous vous êtes trompés parce que, moi, en cours de
route, je change le processus; puis là, vous êtes aussi bien
d'abandonner ça parce que là, quand le juge prendra sa
décision, il va dire: Lorsque vous avez fait votre demande,
c'était tel règlement ou telle loi qui s'appliquait, mais
là le législateur a décidé de changer ça,
puis je vous enlève automatiquement vos droits parce que là vous
contestez absolument pour rien. Et là, moi, je suis obligé de me
fier à la nouvelle loi qui est acceptée, qui est votée par
l'Assemblée nationale.
Donc, je considère que le ministre, il y va un peu vite et il
brusque un peu les choses parce que là, selon moi, il brime les droits
d'individus qui, de bonne foi ou légalement, eux autres, sont
allés devant les tribunaux sur des choses bien concrètes. Et
là, par cette modification-là, le ministre présume
déjà de la décision des tribunaux parce que, avant que les
tribunaux décident, il dit: Moi, avant que les tribunaux
décident, je vais boucher le trou, s'il y a un trou. S'il y a un
trou.
M. Picotte: M. le Président, ce n'est pas tout à
fait ça. Je pense bien qu'il faut ramener le député
d'Arthabaska au bon sens. Ce n'est pas ça. Il y a eu un jugement de la
Cour supérieure. Les gens sont allés en appel, mais il y a eu
déjà un jugement. On sait ce que les tribunaux ont à dire
là-dessus, il y a eu des jugements rendus. Il me demande pourquoi on
fait ça à ce moment-ci? C'est pour éviter, au lieu d'en
avoir 4, qu'il n'y en ait 60, 70 ou 80 dans tous les secteurs que je vous ai
nommés: les oeufs de consommation, les oeufs d'incubation, la volaille,
le bois, le bovin, le porc, les fruits et légumes, la pomme, la pomme de
terre. C'est pour éviter ça, parce que demain matin il pourrait y
en avoir une multitude puis on serait obligés, un jour, de venir la
corriger parce qu'on nous dirait encore dans les jugements que ce n'est pas
assez clair. Puis là, bien, le député d'Arthabaska dirait,
la journée où on veut les corriger, dans un an ou deux: Bien
là, vous lésez 60 firmes au lieu d'en léser 4. Mais on
sait déjà ce que pense la cour, elle nous a dit que notre article
n'était pas assez clair. La Cour supérieure nous l'a dit. On
n'apprend rien, là. On n'a rien inventé. On prend ce qui existe
puis on clarifie tout simplement ça pour éviter d'en avoir 60, 70
ou 80 encore, M. le Président, dans tous les domaines que je vous ai
mentionnés. C'est tout simplement ça.
M. Baril: Dans quelle cause et dans quel secteur les tribunaux
ont rendu une décision?
M. Picotte: Les fruits et légumes, puis le bois, entre
autres.
M. Baril: C'est qui, les causes pendantes, actuellement? Le
ministre peut-il les nommer?
M. Picotte: Moi, je ne les connais pas.
M. Jolivet: On peut les sortir. Tout à l'heure?
M. Baril: Ça ne doit pas être secret, ça?
Même si c'est devant les tribunaux, on doit être capable de savoir
qui est inscrit là.
M. Picotte: II y aurait Daishowa, l'Office des producteurs de
bois de la région du Québec...
M. Jolivet: C'est la même chose. De Québec.
M. Picotte: De Québec, oui. Est-ce que j'ai dit «du
Québec»?
M. Jolivet: Oui.
M. Picotte: Excusez. L'Office des producteurs de bois de
Québec. On me dit qu'il y a un producteur de volaille, je pense, puis
dans le domaine du légume, la Fédération des producteurs
de légumes de transformation.
M. Jolivet: m. le président, est-ce qu'il y a quelqu'un
qui va parler de l'autre côté, qui a une question? parce que je
voulais juste l'alternance, pour savoir si...
Le Président (M. Richard): Non, je ne pense pas que
l'alternance cause problème, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Non. D'ailleurs, je dois vous dire dans ce
cas-là, si vous me donnez le droit de parole...
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha! Oui, ça
va.
M. Jolivet: C'est parce que je dois dire que c'était la
même chose la semaine passée sur un projet de loi auquel on nous a
amené la guillotine à l'Assemblée nationale. Aux
dernières nouvelles, les gens de l'autre bord ne parlaient pas beaucoup,
mais on a fait un maudit travail comme Opposition, de telle sorte
qu'aujourd'hui, ça négocie. Notre travail n'était pas si
mauvais que ça, hein? On a passé trois jours à essayer de
convaincre le ministre qu'il faisait fausse route. J'espère qu'on ne
prendra pas trois jours pour convaincre le ministre, actuellement, sur certains
points, qu'il fait fausse route.
Je prends l'article qui est là, devant nous autres, l'article 1.
Moi, j'ai bien compris le ministre, puis j'ai essayé de saisir
convenablement ce qu'il nous disait. Il a dit: L'article qui est là,
c'est parce que ça fait suite à des procès qui ont
été intentés entre différents intervenants, dans
les fruits et légumes, d'une part, et dans le bois, d'autre part. Dans
le cas du bois,
ça a été un peu plus loin, mais je me retrouve dans
un contexte où là, je vois que l'article 1... Le ministre a dit:
On parlera de l'article 8 tout à l'heure. Mais, moi, je veux en parler
tout de suite parce que ça a des effets sur l'article 8. D'ailleurs,
dans les explications qu'il nous a données tout à l'heure, il en
a fait mention. Cet article 1 est à l'opposé de ce qu'on va
retrouver dans l'article 8. Ce que je crois comprendre, le ministre nous dit:
Parce qu'il y a des gens qui ont contesté le pouvoir de la Régie
de faire telle et telle chose, ou des organismes de faire telle et telle chose
au niveau du plan conjoint, donc de soumettre au plan conjoint des gens, par
l'article qui est là - vous m'expliquerez si j'ai bien compris - on me
dit que dans le cas des fruits et légumes, en amenant cet
amendement-là, on oblige tout le monde à passer par
l'intermédiaire du plan conjoint. C'est bien ce que je comprends. Cet
article-là, l'article 1, vient donc clarifier la loi, laquelle
clarification oblige les gens qui sont propriétaires de terrain - je
parle des carottes, comme l'exemple que je prenais cet après-midi -
propriétaires d'un champ de carottes avec une usine de transformation
à eux, ils n'ont pas le choix, il faut qu'ils passent par
l'intermédiaire du plan conjoint. La clarification qui est amenée
ici, c'est ça que ça veut dire.
Dans le cas du bois, cet article-là ne s'appliquera pas puisqu'on
va arriver avec l'article 8, lequel article 8, qui fait suite aussi à un
procès intenté entre Daishowa et le syndicat de l'Office des
producteurs de bois de Québec. Là, il y a eu un compromis qui est
arrivé. Et c'est là que j'ai de la difficulté a
comprendre. Je l'ai dit d'ailleurs à la Fédération des
producteurs de bois. J'ai rencontré Jean-Marc Drolet au congrès,
j'ai rencontré des gens que vous connaissez dans notre coin:
André Trépanier, du Syndicat des producteurs de bois de la
Mauricie. Tout le monde nous disait: II ne faut pas que ça passe comme
ça. Il faut qu'on ait des assurances. On aura l'occasion d'y revenir
à l'article 8. Mais, moi, il me semble que c'est essentiel. Pourquoi,
à ce moment-ci, faire une exception pour le bois? Si je comprends bien,
c'est parce qu'il y a du monde tanné, écoeuré de voir
qu'on n'appliquait pas le plan conjoint dans le secteur du bois à
pâte - parce que c'est là qu'il s'applique, dans le contexte qui
est là - tanné de voir ça. Au lieu de continuer des
procès puis des procès puis des procès, ils ont
décidé de laisser tomber en disant: On va faire un compromis. Ce
compromis-là était ce qui se passe actuellement.
La crainte que j'ai - et j'ai le droit de l'avoir avec d'autres - c'est
qu'en ouvrant à ce moment-ci on ouvre pour le futur. C'est-à-dire
que, moi, je suis de l'Association des industries forestières du
Québec, admettons. Admettons que je sois là. Moi, je serais
content du premier pas qui est là; j'en voudrais plus, je voudrais
qu'ils soient exclus complètement. Je voudrais, au lieu du plan
conjoint, que ce soit le plan d'aménage- ment. J'irais plus loin. Alors,
c'est ce qu'ils voudraient. Ce n'est pas ce que la loi dit, cependant. Je dis
bien ça, que ce n'est pas ce que la loi dit. Sauf que la recherche que
j'ai, c'est: Plus je vais faire de pas, plus je vais avancer vers ma
décision finale qui est celle de ne plus en avoir pantoute, d'obligation
de passer par la Régie pour les plans conjoints. Alors, moi, je me dis:
Pourquoi faire des cas d'exception? Est-ce que, en réponse à la
question, le ministre pourrait me dire: Oui, c'est parce que - comme il me le
disait à 17 h 45 cet après-midi - c'est la
Fédération des producteurs de bois qui le demande? Mais pourquoi,
à ce moment-là, ne pas prendre les moyens pour que la loi soit
respectée? Quelle est la raison qui fait que la Régie n'a pas les
pouvoirs d'obliger les propriétaires de boisés privés,
entreprises ayant des entreprises de transformation, à faire la
même chose? (21 h 20)
Le ministre semble dire qu'il y a une grosse différence entre le
bois et l'organisme, le gars qui fait du pois vert. J'aimerais bien savoir
ça. Avant d'aller plus loin dans ma discussion, je voudrais bien savoir
pourquoi l'un est plus dur à appliquer que l'autre. Quelle est la raison
majeure qui fait que cette partie-là va s'appliquer pour corriger les
difficultés actuelles dans les fruits et légumes en particulier,
dans les causes qui sont pendantes ou terminées ou à venir, alors
que dans le bois, ce n'est pas le même traitement? J'aimerais avoir une
réponse avant d'aller plus loin dans mon argumentation.
M. Picotte: Étant donné que la Régie est
chargée de l'application de la loi, on va demander à la
Régie pourquoi c'est plus difficile d'application, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Me Prégent vous avez la
parole.
M. Prégent: M. le Président, je ne sais pas si
c'est effectivement plus difficile ou moins difficile d'appliquer la loi dans
ce secteur-là, parce que je peux vous dire que ce n'est pas facile de
l'appliquer dans bien des secteurs. Ceci étant dit, l'on sait que les
modifications qui ont été apportées à la loi,
à l'article 1, puisque c'est là que l'on est au départ, en
tout cas, c'est pour corriger ou pour éclaircir ce que certains
tribunaux, la Cour supérieure a trouvé pas suffisamment clair. Et
ce qu'on reprochait, c'est qu'il n'y ait peut-être pas de vente de
spécifique qui se produisait et, à ce moment-là, le plan
conjoint ne s'appliquait pas du tout.
Or, on sait qu'il y a nombre de productions, et parfois fort
importantes, qui sont contrôlées par des entreprises de
transformation, que ce soit... M. le ministre en a fait état
tantôt, inutile de répéter tous ces secteurs-là.
D'où, donc, la nécessité de bien préciser ça
dans la loi pour ne pas que les diverses fédérations qui
administrent
des plans conjoints se retrouvent devant la même situation que
celle qu'a dû endurer, si je puis dire, certains offices de producteurs
de bois et la Fédération des producteurs de légumes de
transformation.
M. Jolivet: Juste pour vous arrêter là. Dans un cas
comme dans l'autre, les fruits et légumes d'une part, ou le bois, la loi
était la même, c'est-à-dire qu'ils devaient passer par le
plan conjoint pour la mise en marché. On s'entend?
M. Prégent: C'est ce que l'on croyait que la loi disait
jusqu'à présent, et c'est ce qui est mieux précisé
par l'article 1.
M. Jolivet: O.K. Donc, prenons pour acquis que c'est ce qu'on
croyait qu'elle disait, de telle sorte que dans le cas des fruits et
légumes, je ne pense pas qu'il y ait eu de grosses contestations, sauf
peut-être des individus qui ont commencé à le faire. Ils
commencent à le faire. Dans le bois, c'a été plus qu'une
contestation, c'a été une non-application, c'est-à-dire
que les entreprises forestières se foutaient bien de ça, elles,
elles passaient directement à leur usine et disaient: II n'y a personne
qui va m'obliger à ça, ce qui a amené le procès
dont on a fait mention tout à l'heure.
Et là, il y a deux distinctions qui se font: On solidifie la loi
et on la clarifie pour les producteurs de fruits et légumes, puis parce
qu'on a eu une demande de la Fédération de bois, parce qu'il y a
eu une entente entre les deux compte tenu de la difficulté
d'application, on amène l'article 8 qui fait une exception. Est-ce que
c'est de même que je dois comprendre ça?
M. Prégent: Si vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Prégent: ...d'abord, il faut dire que les
difficultés d'application dont vous faites état ne se situent pas
seulement dans le bois. Et ce n'est pas seulement des industries
forestières qui ont dit: Nous autres, on ne suit pas ça et on
s'en fout. De grandes entreprises dans le domaine de la transformation de
légumes ont dit la même chose et c'a forcé la
Fédération à aller devant les tribunaux depuis 10 ans pour
essayer d'avoir une décision. Alors, c'est la même
réaction, si vous voulez, qui est intervenue dans les deux cas. Dans ces
deux cas pratiques. Comme on disait tantôt, on pourait craindre que
ça se poursuive ailleurs si on ne corrige pas la situation tout de
suite.
M. Jolivet: Qu'est-ce qui nous garantit que l'amendement qu'on
apporte va le régler chez les uns et ne le règle pas chez les
autres, qui s'appellent le bois, de telle sorte qu'il faille amener l'article
8?
M. Prégent: Je n'ai, quant à moi, pas de doute que
ça va le régler pour tous les cas. La même loi dit la
même chose pour tous. Elle va s'appliquer aussi bien... Si on prend
l'article 1, elle s'applique aussi bien au secteur des légumes qu'au
secteur forestier.
M. Picotte: Parce que c'est à l'intérieur de notre
loi tandis que, là-bas, il y a une Loi sur les forêts aussi.
M. Prégent: C'est seulement dans le domaine forestier
où il y a une autre loi...
M. Picotte: Qui s'applique.
M. Prégent: ...qui entre en jeu. On ne la retrouve pas
ailleurs, cette situation-là, où le législateur et un
ministère qui...
M. Picotte: II n'y a pas une loi pour les légumes
ailleurs. Il n'y a pas une loi pour les oeufs ailleurs. Il n'y a pas une loi
pour les veaux de grain ailleurs. Il y a une loi qui est la même loi pour
tous ces secteurs. Sauf que, dans le domaine du bois, il y a deux lois: il y a
la nôtre, avec les plans conjoints d'application, celle dont nous
parlons...
M. Jolivet: Mais la Loi sur les forêts... M. Picotte:
...et il y a la Loi sur les forêts.
M. Jolivet: ...ne parle pas de mise en marché. La Loi sur
les forêts, tout ce qu'elle dit, c'est que pour avoir le droit de couper
un arbre au Québec il faut que tu aies, dans le domaine public, un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestiers,
c'est-à-dire un contrat qui te permet d'aller chercher du bois sur le
domaine public et de l'aménager en conséquence. Mais dans le
domaine privé la Loi sur les forêts n'a aucune emprise sur la mise
en marché, n'a aucune emprise - même j'irais plus loin - sur la
coupe des bois. Il y a, dans le domaine privé actuellement des coupes
abusives, des coupes à blanc abusives, et ça n'a rien de commun
à voir avec l'obligation. Le ministre ne peut pas actuellement forcer
quelqu'un qui a une forêt privée, par la Loi sur les forêts,
à ne pas la couper. D'ailleurs, il ne veut pas embarquer dans ça.
Alors, il faut faire attention. C'est la mise en marché, aussitôt
que j'arrive au niveau de la mise en marché dans le contexte des bois
à pâte. Mais dans le contexte des bois de sciage, n'importe qui
peut couper à blanc son affaire et envoyer ça au scieur; il n'y a
personne qui l'empêche de faire ça. Sauf que la pression faite par
les gens amène les gens à ne pas faire ça, mais il y en a
qui le font. D'ailleurs, on veut de
plus en plus, au niveau des producteurs de boisés privés,
avoir une loi qui empêche la coupe abusive; je ne dirai pas la coupe
à blanc, parce que la coupe à blanc peut être
nécessaire dans certains cas, mais la coupe abusive, c'est-à-dire
une coupe simplement pour faire de l'argent.
Alors, dans ce contexte-là, quels sont les moyens que vous avez,
pour les producteurs de fruits et légumes, de pouvoir vous assurer que
la loi va être assez forte pour les empêcher de continuer à
vouloir aller devant les tribunaux pour faire interpréter la loi? Quels
sont les moyens que vous avez qui sont différents de ceux du bois?
M. Prégent: M. le Président, d'abord, on n'a aucun
moyen d'empêcher les gens d'aller devant les tribunaux, et je pense que
le législateur ne voudrait pas non plus le faire, j'imagine, à
moins de circonstances bien exceptionnelles. Ce n'est pas le but. Le but est
ici de rendre la loi si claire que ce serait inutile pour les gens d'aller
devant les tribunaux pour essayer de la faire préciser, parce qu'elle
est déjà tellement évidente. C'est ce que le nouveau
texte, à l'article 1, veut faire. Quant au secteur forestier, vous savez
- vous savez peut-être même mieux que moi - que le ministère
des Forêts, pour les propriétaires de boisés de 800
hectares et plus d'un seul tenant, les oblige à avoir des plans
d'aménagement, etc., et de coupe sur une base rationnelle qui
équivalent à ce qu'on pourrait appeler un contingentement dans le
secteur de la forêt privée ordinaire. Ça ne se fait pas
selon les mêmes critères, bien sûr, parce qu'on n'est pas
dans le même genre d'environnement, si je puis dire, on n'est pas non
plus dans des lots de la même grosseur, mais le but est toujours le
même, en tout cas, au moins en théorie, tant pour les syndicats de
producteurs, quand ils ont du contingentement, que pour le ministère des
Forêts: c'est d'avoir une coupe rationnelle dans une région
donnée. Alors, en soi, ces deux fins sont atteintes...
M. Jolivet: Disons...
M. Prégent: ...de deux façons différentes.
Quant à la mise en marché dont vous parliez il y a un instant,
bien sûr, là, on est devant une entreprise qui coupe sur son
propre terrain. La mise en marché, elle la fait bien sûr chez
elle. C'est le seul cas, d'ailleurs, qui est prévu ici. Et là, je
ne puis que répéter ce que M. le ministre disait tantôt,
c'est que c'est à la suite de longues discussions, aussi bien par les
syndicats des producteurs, en particulier, que la Fédération des
producteurs, que le ministère des Forêts et le ministère de
l'Agriculture et la Régie, au fond... que ce mécanisme-là
a été jugé satisfaisant. (21 h 30)
M. Jolivet: Oui, je sais, je sais. Il y a deux choses d'abord que
je veux dire. Premièrement, quand j'ai dit empêcher, je ne voulais
pas dire empêcher, parce qu'il n'y a personne qui peut empêcher
quelqu'un d'aller devant les tribunaux. Ce que je voulais dire, c'est
empêcher dans le sens de le rendre tellement clair qu'il ne serait pas
utile de l'utiliser. On dépenserait de l'argent, et le juge dirait:
Écoutez, vous avez dépensé de l'argent pour rien, c'est
clair, net et précis. Vous me dites que l'article qui est là le
clarifie. Bon. Premier point.
Deuxièmement, quand on est un propriétaire de boisé
privé au Québec, pour avoir le droit de recevoir de l'aide
gouvernementale pour aménager le terrain, il faut, à ce
moment-là, avoir un plan simple de gestion, mais quand on a 800 hectares
et plus, c'est plus qu'un plan simple de gestion, c'est un plan de gestion qui
indique ce qu'on va faire avec. D'une façon ou d'une autre, il y a des
gens qui, au Québec, achètent des terrains, des lots, puis le
lendemain matin pour un profit rapide le coupent à blanc
complètement, puis le vendent sur le marché. Eux autres,
après ça, revendent le fonds de terrain, parce qu'ils sont
propriétaires du fonds de terrain, à quelqu'un d'autre, qui
demande ensuite au ministère des Forêts de l'argent pour
réinvestir, pour remettre du bois dedans en le replantant. Je vous dis,
ça, c'est des problèmes qui doivent être
réglés par une défense au Québec de faire des
coupes abusives. Là, ce n'est pas facile, même si les producteurs
privés de l'Estrie en particulier demandent des choses semblables. Ce
n'est pas facile de mettre en place une telle chose pour un État qui
désire ne pas intervenir dans le secteur.
Mais, quant au reste, ce que vous dites au niveau des bois par rapport
à tous les autres, c'est qu'il y a eu entente. Je le comprends qu'il y a
eu entente. Ça, je ne le nie pas. J'ai parlé de cette
question-là encore ce soir, à l'heure du souper, avec des gens de
l'UPA. Je sais qu'il y a eu des ententes, sauf que je me demande: II y a eu des
ententes pourquoi? On leur dit que dans la loi actuelle ça va être
difficile d'appliquer la loi et même d'appliquer l'article 1 pour eux
autres. En conséquence, c'était mieux pour eux autres de
s'entendre, sinon ils auraient été poignes encore dans le
même problème, puis des procès par dessus
procès.
Alors, moi, je me dis que même s'ils sont d'accord - je pense
parler au nom de certaines personnes qui le disent - il faut, à ce
moment-là, le clarifier davantage. Je reviendrai à l'article 8,
parce que l'article 1 ne me donnera pas satisfaction d'une façon ou
d'une autre. À l'article 8, j'espère avoir les réponses
aux questions que j'ai posées cet après-midi, puis avoir les
amendements requis. Là, ce qu'on a dit aux syndicats, en fait, à
l'Office des producteurs de bois de Québec, pour régler leur
problème, puis par rapport à ce que pourrait donner l'article 8,
il y a une marge qui est dangereuse, et ça, je pense qu'ils ne sont pas
prêts à
l'accepter. Il faudra avoir les correctifs en conséquence.
Alors, sur l'article 1, moi, M. le Président, j'ai dit ce que
j'avais à dire. On attendra maintenant le résultat des autres
articles à venir.
M. Baril: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Dans les notes explicatives, au troisième
paragraphe, on dit là - ces amendements qui sont apportés -
à l'article 1: Cet amendement ne modifie pas le principe de 1990, mais
il apporte des précisions nécessaires pour qu'un producteur,
même s'il transforme son produit sans qu'il n'y ait au préalable
une activité de mise en marché, soit tenu aux obligations
imposées par un office ou une assemblée générale de
producteurs, tels le contingentement, les contributions financières et
les agences de vente obligatoires. S'il existe une situation
particulière pouvant justifier une exception à la règle
générale, la Régie a déjà les pouvoirs
nécessaires à cette fin.
J'aimerais ça, là, que le ministre nous explique ce que
ça veut dire les pouvoirs qui sont définis, qui sont
décrits, ces pouvoirs qui appartiennent à la Régie
actuellement, là.
M. Picotte: Me Prégent.
M. Prégent: M. le Président, en effet, la
Régie possède, et ce depuis, j'allais dire toujours mais, en tout
cas, fort longtemps, le pouvoir d'exempter des personnes de l'application d'un
plan, d'un plan conjoint ou d'un règlement ou d'une convention
émanant de l'application d'un plan conjoint.
Alors, c'est une possibilité légale, bien sûr,
à laquelle on se réfère ici. Ça s'applique dans des
cas particuliers, à des personnes ou des groupes bien particuliers qui
peuvent demander à la Régie, pour des motifs qu'ils croient
valables, d'être exemptés donc de l'application, par exemple, d'un
règlement de contingentement. Nous en avons accordé certaines,
d'ailleurs, au cours des années. Ce n'est pas commun, je veux dire ce
n'est pas courant, parce que, là, si on se met à exempter tout le
monde de l'application des règlements, on aurait beaucoup de demandes,
j'imagine. Mais c'est une possibilité qui est déjà
prévue à la loi, qui est déjà dans le cadre de la
loi depuis longtemps et qui serait ouverte, par exemple, dans ce cas-ci,
à des personnes qui voudraient faire valoir qu'elles sont dans une
situation particulière, différente. Ce sont les normes que la
Régie a utilisées dans le passé, dans ses
décisions. Il s'agit qu'une personne se trouve dans une situation
particulière et différente des autres producteurs pour faire
valoir que, dans son cas, il y aurait des motifs valables justifiant de
l'exempter.
M. Baril: Dans les trois ou quatre causes pendantes qu'on a
mentionnées tout à l'heure, est-ce qu'il y a eu une demande
placée devant la Régie pour, justement, être exclu de
l'application des plans conjoints?
M. Prégent: Non.
M. Baril: II n'y en a pas eu. Il faut s'adresser au ministre.
Excusez-moi, M. Prégent, ça ne me fait rien que ce soit vous qui
répondiez, mais, est-ce que le ministre peut nous donner des exemples de
producteurs qui pourraient être - je ne sais pas si c'est dans le secret
des dieux - exclus de l'application d'un plan conjoint?
M. Prégent: Si je me rappelle bien, il y a eu un cas
d'exemption accordée, dans le secteur de la volaille, à une
entreprise qui était dans la production de volaille et qui a fait
l'acquisition d'une usine de transformation. À cause des dispositions du
règlement d'agence de vente centrale de la Fédération des
producteurs de volaille, tous les producteurs étaient censés
livrer leurs produits à des usines auxquelles ils livraient au moment de
l'entrée en vigueur du règlement, de telle sorte que ce
producteur, nouvellement propriétaire d'une usine, ne pouvait pas livrer
son produit à son usine, mais était obligé de l'envoyer
à une autre, à cause des dispositions de la
réglementation, comme elle se lisait. J'espère que vous comprenez
bien la situation.
Il faut dire que cette entreprise-là avait un quota de
production. Elle voulait, bien sûr, transformer son produit dans son
usine. Elle a fait une demande d'exemption de l'application du règlement
d'agence de vente à la Régie pour qu'elle puisse prendre
livraison de son propre produit, le transformer dans son usine, ce que nous lui
avons accordé, il y a à peu près deux ans, un an et demi,
à peu près. C'est un exemple d'ordre pratique.
M. Baril: M. le Président, comme je le soulevais tout
à l'heure, je trouve difficile qu'on vienne modifier par une loi un
processus régulier ou un processus normal, qui est en cour
présentement, soit des causes pendantes devant les tribunaux. Suite
à une information que j'ai obtenue de nos conseillers juridiques, on me
dit que c'est excessivement rare que ça arrive, que le gouvernement
modifie l'état du droit par une loi. Quand, justement, ça arrive,
comme le cas présentement, on insère un article dans les
dispositions transitoires de la même loi qui exclut d'une telle loi les
causes pendantes. Je ne sais pas si c'est assez clair pour le ministre.
J'aimerais que le ministre y songe sérieuse-
ment. On dit que la nuit porte conseil. On pourrait suspendre l'adoption
de l'article 1 et on reviendrait demain, après réflexion et
peut-être information que le ministre pourrait prendre lui aussi. Selon
l'information qu'on m'a fournie à l'effet que c'est excessivement rare
qu'on modifie l'état du droit en cours de route, peut-être que ce
sera important, peut-être que le ministre jugera important qu'on utilise
cette forme-là, que, dans les dispositions transitoires, on exclura les
causes pendantes, actuellement, qui sont devant les tribunaux. Je crois que
ça pourra rendre justice aux intervenants qui, de plein droit, sont
allés en appel, à tort ou à raison - en tout cas, c'est
les tribunaux qui décideront - sur un point de loi qu'eux pensaient
être en droit de demander. (21 h 40)
M. Picotte: M. le Président, c'est nous autres qui allons
en appel. On ne sera pas offusqués de ne plus retourner en appel. C'est
nous autres, dans le cas présent, qui allons en appel. Nous autres, il
faut s'enlever de la tête que c'est fait pour une personne en
particulier. C'est fait pour clarifier des jugements qui existent. S'il y a des
cas particuliers qui veulent s'adresser à la Régie, parce qu'on
dit que la Régie a déjà les pouvoirs nécesaires
pour exempter quelqu'un, bien, ils s'adresseront à la Régie. Il y
a déjà cette prévision-là. Donc, on n'a pas besoin
de réfléchir plus longuement, M. le Président, parce que
c'est nous qui allons en appel. S'il y a des cas particuliers, ils n'auront
qu'à s'adresser à la Régie. La Régie peut exempter
des cas. Ils n'ont qu'à faire la demande. C'est déjà
prévu dans la loi. À ce moment-là, ça suivra son
cours. Alors, nous, nous ne sentons pas le besoin d'aller davantage questionner
qui que ce soit, M. le Président, à cause de cette
situation-là.
M. Baril: Puisque le ministre dit... Je reprends ma question.
Dans les quatre causes pendantes, est-ce que c'est le ministère qui est
en appel - je ne sais pas si c'est le ministère ou la Régie -
devant les tribunaux?
M. Picotte: C'est la Régie.
M. Baril: Pour les quatre causes pendantes.
M. Picotte: Trois causes.
M. Baril: C'est ça. Je sais que le ministre ne veut pas
parler d'une situation, d'un cas particulier, d'un cas qui est justement une
cause pendante, là, mais, quand même, il y en a une, là. Il
y en a une cause qui n'a pas eu de décision. La Régie n'est pas
allée en appel, donc il n'y a pas eu de décision rendue encore.
Donc, cette cause-là qui est pendante, s'il n'y a pas eu de
décision, s'il n'y a pas eu de...
M. Picotte: Je vous l'ai expliqué, M. le Président.
On veut clarifier le texte compte tenu qu'on connaît les choses, pour ne
pas se retrouver, demain, avec deux autres et, après-demain, avec cinq
autres et ce ne serait jamais le temps de le régler. C'est ça, la
réponse, M. le Président. Maintenant, même en clarifiant
l'article, ça n'empêchera pas des gens d'aller encore durant 50
ans en cour avec la Régie, M. le Président. Ça
n'empêche pas ça, d'aucune façon. Donc, on ne sent pas le
besoin de clarifier davantage.
M. Baril: Là, on ne parle pas de la même chose. On
parle de la même, mais je pense qu'on se comprend mal. Moi, je ne dis pas
que si la loi est claire... On la clarifie, la loi, hein? Mettons que l'article
1 est adopté, et supposément que c'est clair. Les gens n'iront
pas... Il n'y en aura pas 25, 30 dans les années à venir qui vont
aller devant les tribunaux...
M. Picotte: Bien, c'est pour ça qu'il faut la
clarifier.
M. Baril: ...un instant - pour faire appliquer un article de loi
qui n'est pas clair. C'est ça que les autres jugements disaient:
L'article n'est pas clair. Là, on clarifie la loi. Donc, tu vas
empêcher automatiquement d'aller devant les tribunaux. La loi va
être claire. Mais à l'heure où on se parle, il y a au moins
une décision qui n'est pas rendue, puis ce qu'on m'a dit, c'est que
c'est excessivement rare que le gouvernement modifie l'état du droit.
Dans notre état de droit, si tu n'es pas satisfait d'une décision
d'un tribunal administratif, tu vas devant un tribunal judiciaire. C'est ce que
certains commettants intimés ont utilisé. Ce droit-là,
c'est à eux autres. Pour préserver ce droit-là, puisque la
décision n'est pas rendue, le gouvernement ajoute toujours des mesures
transitoires qui excluent les causes pendantes devant les tribunaux. Alors,
là, il y en a une où la décision n'est pas rendue. S'il
exclut celle-là, ça ne veut pas dire qu'il va exclure les 25
autres qui s'en viennent. C'est celle-là qu'il exclut.
M. Picotte: Ça ne se compare pas, M. le Président,
parce que la cause qui est pendante, pour laquelle il n'y a pas eu de jugement,
elle sera jugée en droit, au moment où elle a intenté sa
poursuite, avec la loi qui existait à ce moment-là et non pas
avec l'amendement qu'on a fait. Donc, à ce moment-là, je ne vois
pas le problème. Elle sera jugée en fonction de ça. Les
causes pour lesquelles il y a eu jugement, présentement, bien, on dit:
On va clarifier ça parce qu'il y a eu jugement. S'il y a une ou des
causes qui ne sont pas jugées présentement, quand le juge va
juger cette cause ou ces causes-là, il va les juger en fonction de la
loi existante au moment où cette personne-là s'est inscrite en
cour. Donc, le changement qu'on a
apporté ne viendra pas influencer le juge, puisqu'il va juger
ça avec l'ancienne loi, m. le président, et il va rendre un
jugement. à ce moment-là, je ne vois pas que personne soit
lésé.
M. Baril: Là, le ministre, je ne sais pas qui
l'informe.
M. Picotte: Mes avocats.
M. Baril: Mais il n'a pas le même avocat tout le temps,
hein? C'est pour ça que, d'ailleurs, dans nos tribunaux, il y a un juge
parce qu'il y a toujours deux avocats sur un bord qui ne disent pas la
même chose et le juge tranche au milieu.
Une voix: Vous avez le contentieux et le ministère de la
Justice là.
M. Baril: Non, non, mais le ministre nous a dit tout à
l'heure, tout bonnement, que les causes qui sont pendantes... Suite à
l'adoption de la loi, ils auront juste à retirer leurs causes, un point
c'est tout.
M. Picotte: Bien oui, celles qui sont en appel.
M. Baril: C'est ça que le ministre a dit tout à
l'heure.
M. Picotte: Celles qui sont en appel. Oui, celles qui sont en
appel.
M. Baril: Mais vous n'avez pas fait de distinction tout à
l'heure. Vous avez dit...
M. Picotte: Ah non! Bien là, je vous le dis. Si je n'en ai
pas fait, je m'en excuse, mais je vous le dis.
M. Baril: Ils auront juste à retirer les causes qui sont
là, un point c'est tout.
M. Picotte: Bien, je vous le dis, là. Si je n'ai pas fait
la distinction, je vous le dis, là.
M. Baril: Oui, mais, c'est où, ça? Dans quel code
c'est écrit qu'un juge va décider sur les lois qui sont
existantes et que tu changes ça en cours de route, puis ça ne
s'appliquera plus?
M. Picotte: On va vous trouver ça. Ça s'en vient.
Regardez, il y en a quatre ici. Alors, à l'article 13 de la Loi
d'interprétation, M. le Président, c'est: «Quand une
disposition législative est remplacée ou refondue - c'est clair
ça - les titulaires d'offices continuent d'agir comme s'ils avaient
été nommés sous les dispositions nouvelles; les
corporations formées conservent leur existence et sont régies par
les dispositions nouvelles; les procédures intentées sont
continuées, les infractions commises sont poursuivies et les
prescriptions commencées sont achevées sous ces mêmes
dispositions en tant qu'elles sont applicables.» Voilà. En
avez-vous un autre à part ça?
M. Baril: Mais, admettons que les...
M. Picotte: On me dit que, si on voulait justement que la
nouvelle disposition s'applique dans le cas des causes qui ne sont pas
entendues, il faudrait faire un amendement pour dire qu'on veut que les causes
qui sont là soient assujetties à la nouvelle loi. On ne le fait
pas, justement, pour protéger les individus. C'est le contraire qu'il
faudrait faire.
M. Baril: Admettons que les causes pendantes actuellement
auraient gain de cause devant les tribunaux. Mettons. Justement, sur
l'application de l'ancienne loi, il y a des droits qui leur sont reconnus
devant les tribunaux. Bon. Ça, c'est une chose qui est faite.
Après l'adoption de cette loi-là, est-ce que la Régie
pourra intervenir en fonction de la nouvelle loi et dire: Maintenant, vous
n'avez plus vos droits parce qu'on a modifié la loi, puis dans cette
loi-là, vous êtes obligés de vous conformer?
M. Prégent: M. le Président, la réponse sera
brève: Non. Ha, ha, ha!
M. Baril: Excusez, je ne l'ai pas entendue.
M. Prégent: La réponse sera brève: Non. La
personne a été jugée et si elle gagne devant les
tribunaux, on ne peut... La Régie, pas plus que personne d'autre, ne
peut aller dire le contraire de ce qu'un tribunal judiciaire aura dit. Il aura
acquis quelque chose en vertu du jugement.
M. Baril: Pour quelle raison, d'abord, le gouvernement dans
certaines lois exclurait-il dans les mesures transitoires certaines causes
pendantes? Pourquoi fait-il ça? Pour le «fun»?
M. Prégent: Les gens du ministère de la Justice
pourraient peut-être répondre.
(Consultation)
M. Prégent: Vous comprenez que là on est dans de la
légistique. Il faut faire appel à des légistes du
ministère de la Justice.
M. Baril: M. le Président, je ne veux pas dire qu'on
oublie ça, mais ma collègue de Terrebonne aurait un certain
questionnement sur l'article 1. Mais je tiens à revenir sur la
précision, sur ce que j'ai avancé.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron, sur l'article 1
toujours.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Le ministre, à
quelques reprises, nous a parlé des habitudes des consommateurs, ce qui
semblait être la source du problème. Je pense qu'il faut
être conscient qu'effectivement les consommateurs ont adopté de
nouvelles habitudes de consommation. Je ne comprends pas pourquoi on devrait
pénaliser ces nouvelles habitudes de consommation. Parmi ces nouvelles
habitudes, il y a de nombreux consommateurs qui, par choix, pour leur
santé, parce qu'ils en sont convaincus que c'est effectivement meilleur,
demandent de plus en plus des produits biologiques. Cette clientèle,
elle est là, elle existe, c'est une réalité. Nous avons un
choix, comme société: Ou pour ce besoin-là, la
réponse sera donnée par des producteurs d'ici, ou la
réponse sera donnée par des producteurs de l'extérieur.
Personnellement, et je pense que c'est aussi l'opinion du ministre, je pense
que c'est important que pour cette production-là, on donne
réponse ici, chez nous. (21 h 50)
Ça fait déjà plusieurs années que les
consommateurs ont entrepris cette démarche, qu'ils se sont
interrogés. On a vu autant par les émissions, autant à la
radio, télévision, revues spécialisées, une
augmentation en flèche des magasins d'aliments naturels, et tout
ça, relié, bien sûr, au souci environnemental et au souci
de santé. C'est deux soucis qui sont devenus une préoccupation
chez les consommateurs, et je ne pense pas qu'on ait à pénaliser
les consommateurs qui font ce choix, qui est une qualité de vie. C'est
évident que depuis qu'on retrouve ces produits, depuis quelques
années... Vous vous souviendrez les premières années, les
coûts étaient beaucoup plus élevés que pour
n'importe quel autre produit qu'on pouvait acheter dans les marchés
d'alimentation. C'est évident que, dès qu'on parlait d'aliments
naturels ou d'aliments biologiques, on voyait l'augmentation des coûts
monter en flèche. La clientèle ayant augmenté, des
producteurs ayant décidé de répondre à cette
demande, on a vu une légère diminution de ces produits.
L'article 1 m'inquiète parce que si on décide d'assujettir
ceux qui produisent les produits biologiques, c'est évident que
ça va se traduire par une augmentation des coûts pour les
consommateurs. Ça ne peut pas être autrement. S'ils ont des
coûts supplémentaires, ils vont, évidemment, refiler la
facture aux consommateurs. C'est certain, ça ne peut pas faire
autrement, d'autant plus, il faut le rappeler, que ceux qui produisent les
produits biologiques n'ont pas de subventions, n'ont pas de subsides. Donc,
c'est le consommateur qui, une fois encore, va payer la facture. Est-ce qu'on
doit lui faire payer la facture parce qu'il choisit? Il peut se tromper. Je ne
veux pas porter de jugement là- dessus, mais le consommateur qui fait ce
choix d'aliments, il est parfaitement convaincu qu'il vient s'aider au niveau
de la santé. Il est parfaitement convaincu, aussi, qu'il vient
réduire les coûts de santé de notre système de
santé, qui est tellement dispendieux.
Moi, j'aimerais entendre le ministre de l'Agriculture sur cet aspect par
rapport à l'augmentation des coûts des consommateurs sur les
produits biologiques, parce que c'est automatiquement ça qu'on va
retrouver.
M. Picotte: M. le Président, je n'ai pas de commentaires
à faire là-dessus, d'aucune façon. Ça n'a rien
à voir avec l'objet du projet de loi et ça n'a rien à voir
avec la clarification. Il y a des produits biologiques qui fonctionnent, qui
ont des permis de la Régie et qui fonctionnent en toute liberté.
Ça vient uniquement clarifier l'article 1. Donc, je n'ai pas à me
prononcer davantage sur si le consommateur doit être
pénalisé ou pas. Moi, je suis persuadé que le consommateur
doit payer pour ses goûts et ses caprices en juste proportion. J'ai dit
ça déjà, je le répète et c'est tout ce que
j'ai à dire là-dessus, M. le Président. Là, on
clarifie l'article 1 qui n'a rien à voir avec l'objet de la question de
Mme la députée.
Mme Caron: M. le Président, je parle effectivement de
l'article 1 et, là, le ministre est vraiment... Depuis le début,
on a parlé sur l'article 1. On a bien exprimé la
différence entre ceux qui produisaient à des fins de vente ou non
et on sait très bien qu'au niveau des produits biologiques, la personne
qui produit son propre lait pour fabriquer ses produits biologiques - je
m'excuse - mais ça regarde l'article 1. Et ça, c'est très
clair. Mon collègue a parlé sur le même sujet et
c'était l'article 1, M. le Président. Lorsque le ministre nous
dit qu'il n'a pas à s'intéresser aux caprices des consommateurs,
je pense que, lorsque des consommateurs font des choix, il y a
déjà une différence de coût pour les produits
biologiques et, par son article 1, il vient ajouter un coût additionnel.
Si lui ne le voit pas, je pense que les consommateurs, eux, le voient, et je
pense que ceux qui produisent les produits biologiques, eux aussi le voient, M.
le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Iberville, vous aviez un commentaire?
M. Lafrance: C'est un commentaire, oui, M. le Président.
Je regardais l'heure. Il est 22 heures, et ça me rappelais que nous
avons commencé nos travaux à 10 heures ce matin. Nonobstant le
temps qu'on a mangé et qu'on a pris pour les affaires courantes, nous en
sommes encore à l'article 1, après 12 heures.
Mme Caron: Eh oui!
Le Président (M. Richard): Je dois reconnaître que
c'est un bon constat. Vous comprenez que je n'ai pas de contrôle
là-dessus. Est-ce que vous avez terminé votre intervention, Mme
la députée de Terrebonne?
Mme Caron: Oui, M. le Président.
M. Picotte: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: ...Me Prégent pourrait tenter de donner une
réponse à Mme la députée de Terre-bonne.
Le Président (M. Richard): Me Prégent, vous avez la
parole.
M. Prégent: M. le Président, je pense qu'il faut
voir que cette disposition de l'article 1 vise toute personne qui est à
la fois producteur et transformateur d'un produit. Ça ne s'applique pas
particulièrement à des producteurs de produits biologiques ou
d'autres spécialités. Par ailleurs, si on pense surtout aux
producteurs de lait dans le secteur biologique, parce qu'il y en a dans
différentes productions, ceux que nous connaissons, en tout cas, et qui
produisent, qui font des produits de nature biologique, suivent les
réglementations. Nous avons encore accordé tout
dernièrement des permis à la Régie, ou la Régie a
accordé des permis tout dernièrement à des personnes qui
veulent faire des fromages de type biologique. Ce sont des gens qui suivent, et
qui ont déclaré qu'ils suivaient toutes les
réglementations, par exemple, de la Fédération des
producteurs de lait et du plan conjoint en vigueur.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska, est-ce que...
M. Baril: Oui, M. le Président. Ce dont ma collègue
de Terrebonne faisait mention, c'est que si les producteurs ou un producteur
d'agriculture biologique - même si le ministre ne veut pas en parler on
va en parler pareil... Le producteur visé par l'intervention de la
députée de Terrebonne... On dit: Si ce producteur est
obligé de se conformer à l'application des plans conjoints, s'il
est obligé de payer un contingentement, s'il est obligé de payer
des contributions financières, de payer des agences de vente
obligatoires, dont il ne se sert pas, bon, pour toutes sortes de raisons, c'est
évident que ces coûts additionnels là que lui est
obligé de payer vont se refléter sur le prix de son produit, donc
automatiquement sur le prix payé par le consommateur. Il ne pourra sans
doute absorber uniquement à lui seul cette augmentation de coût.
Pour compenser cette augmentation, ça se reflétera dans le prix
de vente de son produit, et peut-être que son produit deviendra, je ne
sais pas moi, moins productif.
Je pense que c'est dans ce sens que ma collègue de Terrebonne
voulait intervenir. D'ailleurs, elle l'a dit. Ça se
référait exactement à l'article 1. Donc elle
n'était pas sortie du décor du projet de loi. Elle était
dans l'article 1 comme moi je le suis depuis un certain temps et que d'autres
de mes collègues le sont, et que le ministre l'est. Je voulais juste
clarifier la position ou expliciter davantage la position de ma collègue
de Terrebonne pour appuyer ses dires à l'effet qu'effectivement, il y
aura un coût qui se répercutera sur le prix que le consommateur
devra payer.
M. Picotte: M. le Président, tout le monde pourrait nous
dire ça, effectivement. Fromage Victoria pourrait nous dire ça.
Il y en a d'autres qui oeuvrent dans ce domaine-là et qui vont avec les
coutumes établies et les normes établies. Je regrette, mais c'est
comme ça. Moi, je ne changerai pas ce principe-là...
M. Baril: Fromage Victoria, ce n'est pas la même chose
pantoute.
M. Picotte: ...et je ne parlerai pas du cas en particulier,
puisqu'il est devant les tribunaux. (22 heures)
M. Baril: Fromage Victoria, le ministre le reconnaîtra, ce
n'est pas la même situation pantoute. Aïe! écoutez un peu,
Fromage Victoria, tout son lait lui est fourni par la Fédération.
Ce n'est pas le même cas pantoute que celui dont on parle ici. Il
faudrait parler de cas comparables. Ce n'est absolument pas la même chose
pantoute. En tout cas, je ne veux pas en dire davantage sur le cas de Fromage
Victoria, mais je pourrais parler d'autres transformateurs aussi qui utilisent,
ou qui profitent d'autres circonstances, qui sont en contravention directe avec
l'application des plans conjoints. En clair, je veux faire
référence à l'achat sur le marché noir auquel
certaines laiteries se soumettent volontiers. Pendant que certaines laiteries
achètent du lait au noir, que des producteurs vendent,
évidemment, au noir, là, on laisse courir dans le milieu gue ce
sont des camions de lait qui viennent des Etats-Unis et on laisse entrer du
lait aux États-Unis. On a juste à vérifier les camions. La
plupart de ces camions-là qu'on dit qu'ils viennent des
États-Unis proviennent du fond des rangs. Alors, si le ministre
m'embarque sur différents sujets ou sur différentes comparaisons,
on peut en parler un peu.
M. Picotte: M. le Président, j'apprécie ça
du député d'Arthabaska parce que toutes les fois que ces
situations-là m'ont été dénoncées, on a fait
enquête. C'est le devoir de tout citoyen responsable, s'il a connaissance
de choses qui se font au noir, M. le Président, et à plus
forte
raison un membre de l'Assemblée nationale, de nous les
dénoncer dans les meilleurs délais, sinon c'est participer au
système du marché noir. Alors, j'incite le député
d'Arthabaska, s'il a en tête des noms permettant de dire qu'il se fait
des choses au noir, à nous le dire. Mais, moi, je suis persuadé
qu'il n'y en a peut-être pas. À ce moment-là, il nous l'a
souligné par des ouï-dire ou des entend-dire. On sait ce que
ça veut dire des ouï-dire et des entend-dire. S'il y en a, qu'il se
dépêche à nous le dire pour qu'on fasse enquête et
s'il n'en a pas, considérons que c'est du ouï-dire et on sait ce
que ça vaut, du ouï-dire.
M. Baril: Là-dessus, le ministre... Je sais que la
Fédération a même fait des poursuites. Vous savez, il faut
s'entendre. Les ouï-dire... Il y a des producteurs... Je dirais même
que ceux qui ont crié le plus fort pour le règlement du conflit
dans les deux laits, ceux qui disaient que les producteurs de lait de
consommation étaient des abuseurs du système parce qu'ils
déversaient du gras dans la transformation - et je ne nie pas ça
- c'étaient eux autres qui vendaient à grands coups de camions et
de réservoirs à lait du marché à des laiteries au
noir. Comprenez-vous? Là-dessus, je suis sûr de ce que
j'avance.
Je ne suis pas la police de la Régie, moi. Je ne suis pas la
police du ministère et ce n'est pas mon rôle d'être la
police non plus. Mais il y a une question que je me pose a ce niveau-là.
La Régie doit, elle, vérifier, au niveau de chacunes des
laiteries, l'utilisation du lait qu'elle reçoit pour savoir si le lait
que la laiterie a reçu est utilisé dans la classe pour laquelle
elle en a fait la demande à la Fédération. Je ne sais pas
quel trou il y a dans le système, mais la Régie, lors de ses
vérifications, si une laiterie dit que ça lui prend telle
quantité de lait pour telle classe ou telle classe, il me semble que la
Régie doit vérifier la quantité de lait transformé
dans telle ou telle classe. S'il y a plus de produits transformés dans
une classe pour la quantité de lait qui est entrée, il me semble
qu'il y a un problème quelque part. Est-ce que la Régie n'a pas
les moyens pour contrôler tout ça exactement? Où est le
trou dans le système? Je ne le sais pas, mais la Régie est
là. C'est son devoir de vérifier si le lait, dans chaque
laiterie, a été utilisé pour la classe dont la demande a
été faite.
M. Picotte: M. le Président, ça tombe bien parce
que le président de la Régie est ici. Donc, expliquez-nous vos
trous, mon cher président.
M. Prégent: Nous espérons sincèrement que
nous n'en avons aucun, bien que l'imagination humaine soit toujours grande.
Nous avons, comme le député le sait, un système de
vérification très élaboré de toutes les
réceptions, dans toutes les usines du Québec, qui doivent
rapporter mensuellement toutes les utilisations qu'elles font dans chacune des
classes et démontrer qu'elles ont agi conformément, en plus, aux
conventions que leurs associations ont signé avec la
Fédération, de telle sorte que les demandes de lait, par exemple,
qu'elles font sont conformes à ce que les conventions
précisent.
Ça ne veut pas dire qu'il n'y a jamais d'infraction. Bien
sûr, si on fait des vérifications, c'est parce que c'est parfois
nécessaire de constater les infractions qui peuvent survenir. Lorsqu'on
les trouve, on prend les procédures qui s'imposent, bien sûr.
M. Picotte: Je suis pour le moins surpris, M. le
Président, parce que je me suis déjà fait reprocher par le
député d'Arthabaska de parler de certains producteurs qui
utilisaient mal les fonds publics, à un moment donné, les 15 000
$. Aujourd'hui, lui, il me parle des producteurs qui font du noir.
J'espère qu'on ne se fera pas des reproches mutuels sur ce que font les
producteurs, M. le Président.
M. Baril: Absolument pas. Ce n'est pas la même chose
pantoute. J'ai reproché au ministre qu'il accusait les jeunes de la
relève d'être partis avec les 15 000 $ qu'il avait donnés
au niveau de l'établissement. Je lui ai répété
à maintes reprises...
M. Picotte: Là, ils font du noir.
M. Baril: ...et il sait très bien lui-même que ces
15 000 $ qu'il donne pour l'aide à l'établissement, la personne
qui en bénéfie doit, soit s'acheter du quota, soit se conformer
aux normes de l'environnement, soit faire de l'investissement au niveau du
drainage, en tout cas, pour que ce soit plus productif. Lorsqu'il part,
malheureusement, après six mois, un an, deux ans, c'est peut-être
parce qu'on l'a découragé bien des fois sur d'autres moyens. Cet
investissement, ces 15 000 $ que le ministre lui a accordés, que ce soit
une conformité au niveau de l'environnement ou un investissement pour
que sa ferme soit plus productive, c'est un investissement qui reste dans
l'agriculture. L'exemple que je donnais souvent, je disais: Quand le jeune
part, il ne part pas avec la fosse à fumier dans sa poche d'en
arrière. Elle reste sur la ferme. C'est pour ça que je disais que
ce n'est absolument pas pareil.
Moi, ce que je viens de dire au ministre, il le sait très bien.
D'ailleurs, le président de la Régie le sait très bien
aussi. Il y a eu des poursuites entreprises par la Fédération. Je
pourrais lui dire en privé, parce que je ne veux pas non plus faire...
Ce ne sont pas des choses publiques. Ce n'est pas à moi à rendre
ça public. Il le sait très bien. Mais je n'ai pas dit que
l'ensemble des producteurs est comme ça. Ce n'est pas ça que j'ai
dit pantoute. Mais la situation est là quand même.
M. Picotte: C'est la même chose pour moi, M. le
Président. Je ne lui ai jamais parié de l'ensemble des jeunes
aussi. Alors, je pense que ça s'équivaut.
M. Baril: Ce n'était pas la même chose. Vous me
disiez... Les 15 000 $ à l'établissement s'appliquaient à
tous ceux et celles qui y avaient droit au niveau de l'étalement.
Là, on revient sur la loi de financement et on en jasera plus tard. On
glisse.
Le Président (M. Richard): Je vous donne beaucoup de
latitude, au niveau du temps, au niveau de tout ça.
M. Baril: Oui. C'est parce qu'on m'a averti qu'il fallait aller
de l'autre côté, parce qu'il y aurait un vote. Je ne sais pas, M.
le Président, si vous avez été informé.
Le Président (M. Richard): Non. Pas encore.
M. Picotte: M. le Président. On aurait une réponse
à ce qu'a demandé le député d'Arthabas-ka.
M. Baril: Oui. O.K.
Le Président (M. Richard): Me Prégent.
M. Prégent: C'est un peu ce qui a été dit
tantôt. La Loi d'interprétation dont le texte a été
lu établit la règle à l'effet que pour les affaires en
cours, avant qu'il y ait jugement en Cour supérieure, par exemple, c'est
la loi au moment où l'instance a pris naissance qui s'applique. On fait
remarquer que si le contraire était la règle, ça
équivaudrait à une application rétroactive de la loi.
C'est comme si la nouvelle loi s'appliquait rétroactivement au moment
où a pris naissance le problème. À ce moment-là, la
loi doit justement être très précise pour dire qu'elle a
une application rétroactive. Lorsqu'il n'y a pas de disposition qui le
précise, c'est la loi telle qu'elle était au moment où
l'action a pris naissance qui va guider le juge dans sa décision.
M. Baril: donc, ce que vous nous dites, en clair, pour ma
compréhension, c'est que les causes pendantes ne sont pas
affectées par ce projet de loi.
M. Prégent: Celles qui n'ont pas été
jugées en Cour supérieure encore, oui.
M. Baril: Advenant que ces personnes-là obtiennent gain de
cause, la Régie ne pourra pas revenir après avec cette loi et
dire: Maintenant, c'est cette loi-là qui s'applique. C'est ça
qu'on a dit tout à l'heure.
M. Picotte: Ils ont gagné et il y a un droit acquis.
M. Prégent: C'est ce que nous avons dit tout à
l'heure, oui.
(Consultation)
M. Baril: On me souligne que vous avez dit que les causes qui
sont en Cour supérieure ne sont pas visées par ça.
Maintenant, les autres causes, qui sont en...
M. Picotte: En appel. M. Baril: ...Cour d'appel...
M. Picotte: C'est nous qui avons interjeté appel de la
décision, parce que ça ne nous était pas favorable.
Là, on clarifie la loi. On n'ira plus en appel. On va retirer nos appels
ou bien il y a quelque chose qui ne marche pas dans notre système.
(Consultation)
M. Picotte: On va en appel parce qu'on a perdu. Là, on
précise la loi. On n'a plus besoin d'aller en appel, on précise
la loi. (22 h 10)
M. Baril: Bon. Je réitère ma demande de tout
à l'heure, le ministre ne voudrait pas la laisser en suspens?
M. Picotte: Non, M. le Président, je ne sens pas la
nécessité de ça. J'ai eu suffisamment de gens qui m'ont
conseillé, le ministère de la Justice, le Bureau des lois, et les
avocats de la Régie. Alors, pour moi, c'est clair, M. le
Président.
M. Baril: Pourquoi dans d'autres lois on inscrit ce que j'ai dit
tout à l'heure? Est-ce que ça veut dire que les autres ministres
n'avaient pas les bons avocats pour les informer? On ne prenait pas de
chance...
M. Picotte: II faudrait nous donner des exemples, parce qu'on
nous a dit, nous, que ça ne se faisait pas comme ça dans notre
domaine. Alors, voilà.
M. Baril: Le domaine agricole est un domaine particulier, mais au
niveau des...
M. Picotte: S'il y a des lois à effet rétroactif,
c'est une autre paire de manches. Mais, nous, ça n'a pas d'effet
rétroactif, et on ne le précise pas, d'ailleurs. On me dit que
quand c'est des lois à effet rétroactif, bien là, il faut
le dire. Ça n'a pas effet rétroactif chez nous, parce qu'on n'a
pas cette clause de rétroactivité.
M. Baril: Bon, de toute façon, M. le Président,
ça ne surprendra pas le ministre, je vais voter contre l'article 1,
parce que selon moi, je le répète, c'est un régime de deux
poids, deux mesures. Dans les notes explicatives, on fait même mention
qu'il faut regarder dans l'ensemble, le tout, l'article 1 et l'article 8.
Le Président (M. Richard): Je mets donc aux voix l'article
1. M. le secrétaire.
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division, ça va.
Adopté sur division. J'appelle l'article 2.
Constitution et fonctions de la Régie
M. Picotte: L'article 2, M. le Président, fait
référence évidemment à l'article 5 de la loi qui
existe déjà: L'article 6 de cette loi est modifié par
l'addition, à la fin du premier alinéa, des mots «ou dans
son voisinage immédiat.»
En fait, c'est qu'actuellement la Régie a son siège social
sur le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, mais elle
peut aussi être située dans son voisinage immédiat. Elle
est également tenue d'avoir un bureau sur le territoire de la
Communauté urbaine de Québec dont le bureau est situé
actuellement à Sainte-Foy, et elle a un bureau à Lévis
aussi.
En vue de rationaliser ses opérations et de diminuer les
coûts, la Régie veut regrouper son personnel. Elle étudie
présentement l'endroit le plus approprié, et, dans les
circonstances, le bureau pourrait être à Lévis, parce
qu'à Lévis il y a déjà un laboratoire sur place et
qu'on a besoin justement de ce laboratoire-là. Il s'y trouve aussi... Il
s'agit aussi des anciens bureaux de la Régie des grains, donc maintenant
fusionnée à la Régie des marchés. Le coût
imputable au déménagement du laboratoire, entre autres, est
élevé, et il serait sans doute préférable d'y
installer les employés actuellement à Sainte-Foy. Toutefois, il
n'y a pas actuellement les espaces nécessaires pour tous, mais il est
probable que dans un an, et après l'affectation de certains
employés, il sera possible de faire ce changement.
Alors, voilà pourquoi nous amendons cette partie-là. C'est
parce que, effectivement, ça situe les bureaux à
l'intérieur de la loi. Alors, si on veut se permettre d'aller à
l'extérieur de la Communauté urbaine, c'est-à-dire de
l'autre côté du fleuve, il faut amender la loi, même si
c'est à côté, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ça vous
convient, M. le député d'Arthabaska?
M. Baril: Adopté.
Le Président (M. Richard): Ça va sûrement
convenir au député de Lévis. J'appelle l'article 3.
M. Picotte: Oui, ça fait référence, M. le
Président, à l'article 7 de la présente loi, là, de
la loi actuelle de la Régie, mais qui est, bien sûr, maintenant 3:
Cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 7, du
suivant: «7.1 Le gouvernement peut, s'il juge que l'expédition des
affaires de la Régie le requiert, nommer tout régisseur
supplémentaire pour le temps qu'il détermine.»
Alors, cet amendement permet au Conseil des ministres de nommer
auprès de la Régie, pour une période
déterminée, des régisseurs additionnels qui seront
chargés particulièrement de régler les litiges
résultant de décisions prises dans le cadre de la Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
concernant des remises de taxes municipales et scolaires.
On a réalisé, M. le Président, qu'avec le
rapatriement des taxes, la remise des taxes municipales et scolaires au
ministère - ça, c'était fait auparavant par le
ministère des Affaires municipales; maintenant, c'est fait par nous - il
y a des gens qui peuvent s'adresser à la Régie pour loger un
appel de la décision et, à ce moment-là, la Régie
manque de personnel pour être en mesure de donner un bon service et de
répondre le plus efficacement possible, le plus rapidement possible
à ceux qui en appellent.
Donc, on se donne l'autorisation, avec ça, M. le
Président, de nommer des régisseurs supplémentaires, pour
un temps donné, dans le but de régler des dossiers à la
satisfaction de la clientèle. Ça pourrait être, entre
autres, un spécialiste en fiscalité, si nous avons besoin d'un
spécialiste en fiscalité. Alors, c'est pour donner une meilleure
efficacité au système, M. le Président.
M. Baril: Vous vous rappelez, c'est le projet de loi 145, ou 148,
ou 146, qu'on avait voté, je pense, l'an passé...
M. Picotte: Le projet de loi 142.
M. Baril: Peut-être. Le projet de loi 140 quelque...
M. Picotte: 142.
M. Baril: Sur les taxes municipales, les taxes scolaires que le
ministère doit rembourser maintenant, au lieu que ce soit le
ministère des Affaires municipales qui donne une compensation au niveau
des municipalités, on a fait sauter les plafonds, puis c'est le
producteur qui paie et c'est le ministère de l'Agriculture qui rembourse
le producteur. Je ne me souviens pas, rappelez-le-moi... Qui peut aller devant
la Régie? Est-ce que c'est le producteur? Le producteur peut aller en
appel à cause d'une hausse de taxes trop
élevée ou quoi?
M. Picotte: Oui, le producteur qui ne serait pas satisfait de la
remise ou de l'indemnisation qu'on lui accorde, parce qu'on sait qu'on regarde
les grandeurs de lots maintenant, etc., il a un droit d'appel à la
Régie.
M. Baril: La loi ne disait-elle pas que c'était au
ministre, qu'on appelait au ministre? Il me semble que la loi disait que
quelqu'un qui... On dit, je vous donne ça de mémoire...
M. Picotte: Le ministère, évidemment, décide
quelle remise de taxes on fait, donc, moi, je décide, comme ministre,
quelle est la remise de taxes, mais si la personne n'est pas satisfaite de ma
décision, on lui donne la possibilité d'aller en appel de la
décision du ministre. Si elle venait en appel devant le ministre,
à ce moment-là, comme je ne prends pas un coup depuis 13 ans,
ça serait difficile pour moi de dire que j'étais chaud à
ce moment-là, pour changer d'idée. M. le Président, je ne
peux pas demander l'appel au ministre s'il a pris la décision de
rembourser et dire: Je ne suis pas satisfait de ce que le ministre m'a
donné. Je demande au ministre de revérifier sa décision.
On lui donne un appel qui permet de s'en aller à la Régie pour
tâcher qu'il ait vraiment justice.
M. Baril: La loi disait... C'est parce que je ne me rappelle plus
les chiffres. Ça prend un rendement à l'hectare. Je vous avoue
que je ne me souviens absolument pas si c'est 125 ou... En tout cas, je ne vous
dirai pas de chiffres, je ne m'en rappelle pas. Ça prend un rendement
à l'hectare pour avoir droit...
M. Picotte: 150 $ l'acre... M. Baril: 150 $ l'acre.
M. Picotte: ...de rendement. Si moi, je dis, comme ministre que
je ne trouve pas qu'il a 150 $ de rendement - moi, je prétends ça
- et que lui me dit que oui, qui va régler ce litige-là, sinon la
Régie? Ça ne peut pas être le ministre, il vient de dire
que, lui, il prétend qu'il n'en a pas pour 150 $. C'est pour ça
qu'il y a un appel à la Régie.
M. Baril: C'est inscrit dans la loi 140 quelque, dont on parlait
tout à l'heure?
M. Picotte: Le projet de loi 142.
M. Baril: Le projet de loi 142. J'avais saisi qu'il y avait un
appel, si quelqu'un... Admettons que le ministère dit: Selon les normes,
on considère que tu as un rendement inférieur à 150 $
l'acre - je pense que c'est ce que le ministre a dit, un rendement
inférieur à 150 $.
Le gars, lui, ou le propriétaire dit: Écoutez un peu, j'ai
50 acres sur ma terre où c'est de la savane, j'ai 10 acres où
c'est de la rocaille, etc. Puisque le ministère additionne l'ensemble de
ma propriété pour établir mon rendement à l'acre,
ça n'a pas de bon sens, j'ai 50 % de ma superficie qui est non
productive. Donc, je demande au ministre de réviser l'application de la
loi ou je ne sais pas quoi.
M. Picotte: Regardez, M. le Président, ce que disent les
deux articles en question. L'article 36.13 du projet de loi 142 (1991, chapitre
29), M. le Président, dit: «Doit être écrite et
motivée la décision du ministre qui refuse une demande de
remboursement au motif que la condition prévue au paragraphe 3° de
l'article 36.2 n'est pas respectée, qui effectue une exclusion
prévue au troisième alinéa de l'article 36.3 ou qui
effectue une réduction prévue à l'article 36.5. Une copie
de cette décision est transmise à la personne qu'elle
vise.»
Donc, moi, je dis: Vous n'avez pas 150 $ de rendement l'acre, c'est ma
prétention. Je rédige ça et je dis: Donc, dans ces
cas-là, je ne vous indemnise pas, je ne vous rembourse pas. Ça,
c'est l'article 36.13. Je suis obligé de donner ma décision
écrite. (22 h 20)
À l'article 36.14, maintenant, voici ce qu'on dit: «Une
personne peut interjeter appel, devant la Régie des marchés
agricoles et alimentaires du Québec, d'une décision du ministre
visée à l'article 36.13 - donc, l'article que j'ai lu
précédemment. «Un régisseur peut entendre seul et
décider d'un appel d'interjeté en application du premier
alinéa. «Toute décision rendue par la Régie en vertu
du présent article est finale et sans appel.»
Alors, voilà les deux articles en question du projet de loi
142.
M. Baril: Actuellement, si une personne n'est pas satisfaite de
la décision du ministre, elle va en appel devant la Régie. Est-ce
qu'il y a eu des appels logés maintenant? On ne le sait pas encore.
M. Picotte: Ça doit être parce que notre travail est
bien fait, M. le Président.
M. Baril: Vous avez l'air préoccupé par les appels
qui peuvent se présenter, parce que si vous modifiez la loi et que vous
ajoutez des commissaires...
M. Picotte: Non, non, M. le Président, je ne suis
préoccupé d'aucune façon, mais on sait très bien
que quand on a fait adopter cette loi-là, l'agriculteur disait: Vous ne
pouvez pas me permettre de payer un montant x, y, z durant un certain temps? Il
y en a que c'est des gros
montants qu'ils paient et ça peut prendre trois, quatre, cinq,
six mois avant que je sois remboursé, et c'est moi qui supporte
ça. Donc, on s'est engagés à défrayer en dedans de
30 jours. Si on lui donne un appel, il ne faut pas le faire poireauter durant
un an de temps pour tâcher de dire: Le ministre a pris une bonne ou une
mauvaise décision. Il ne faut pas le laisser attendre. Donc, c'est tout
simplement par souci d'efficacité, M. le Président.
Maintenant, la journée où on se retrouverait devant un
paquet d'appels et qu'eux n'auraient pas le temps de le faire, on ferait quoi?
On dirait: II faut venir amender la loi devant l'Assemblée nationale
pour engager du monde pour donner un service. On est aussi bien de
prévoir ça au cas où ça arrive et d'avoir ça
prêt plutôt que de venir amender la loi. Vous savez ce que
ça veut dire amender la loi? Depuis 10 heures ce matin qu'on est
là-dessus et on est rendus à l'article 3. Alors, ça peut
vouloir dire l'automne prochain ou six mois après, M. le
Président. C'est pour ça. Tant qu'à amender la loi, on le
fait aussi en même temps pour se donner ces prévisions-là
si jamais ça arrive.
M. Baril: Combien est-ce qu'il y a de régisseurs,
actuellement?
M. Picotte: Huit.
M. Baril: Est-ce le maximum permis par la loi?
Une voix: Oui.
M. Picotte: II faut comprendre aussi que, s'il arrive des
problèmes particuliers, il n'y a pas nécessairement des
régisseurs qui sont fiscalistes. Comme il n'y a pas de régisseur
fiscaliste, on ferait quoi pour entendre une cause et vraiment donner justice
à la personne qui, sur un point de vue fiscal, nous conteste? On ferait
quoi? On demanderait à un régisseur qui est là, qui
connaît autre chose, qui a bien de la bonne volonté, mais... On
dirait: Bien, on aurait besoin peut-être d'engager un fiscaliste pour
trois mois ou pour six mois. Bien, on le ferait. Là, on ne pourrait pas
le faire avec ça. On serait obligés de prendre un
régisseur qui est là et qui n'a peut-être pas toutes les
compétences nécessaires en termes de ce problème-là
en particulier pour y répondre.
M. Baril: Je trouve la prévoyance du ministre un peu
exceptionnelle. Je ne sais pas si c'est les entrées de demandes de
remboursement qui sont à l'étude présentement qui peuvent
laisser voir que la décision du ministre peut être
contestée par les intervenants qui lui fait dire...
M. Picotte: II n'y en a pas eu.
M. Baril: ...qu'il n'y a pas de problème, là, mais
qu'on prévoit que, si un jour il y a un problème, on aura le
«plaster» pour mettre sur le bobo.
M. Picotte: M. le Président, prenons pour acquis
qu'à un moment donné il pourrait y en avoir, qu'il y en aurait
qui entreraient à ce moment-ci et qu'eux autres ne seraient pas capables
de les traiter pour des raisons x, y, z, et qu'on se retrouverait au mois
d'octobre où, nous autres, on n'aurait même pas prévu
ça, puis on se retrouverait au mois d'août ou septembre en disant:
Bien, là, on ne peut pas y donner suite, M. le ministre - parce qu'on
aurait des demandes - pour des raisons x, y, z. Moi, pour présenter mes
modifications de loi devant le Conseil des ministres, je dois faire adopter
ça avant le 15 août pour amener des amendements. Alors, là,
est-ce que ça veut dire qu'on pourrait se retrouver au printemps
prochain? Pourquoi ne pas le prévoir?
Là, je vois le député d'Arthabaska, en recherche de
questions à l'Assemblée nationale, me poser une question, au mois
d'octobre, pour dire: Oui, mais qu'est-ce que le député attend?
C'était supposé bien fonctionner. Qu'est-ce qu'il attend pour
indemniser les producteurs? Il y en a 126 qui attendent après ça.
Pense-t-il que les producteurs ont les moyens d'attendre après
ça? Là, au lieu de dire: Le ministre, on trouve qu'il est
prévoyant peut-être bien un peu trop, dans ce temps-là, on
me trouverait négligent. Alors, que je fasse quoi que ce soit, M. le
Président, je serai prévoyant ou négligent. Entre les deux
termes, j'aime autant être prévoyant que négligent.
M. Baril: Mais c'est un oubli que le ministre a fait quand on a
voté le projet de loi 142. Si on faisait un appel à la
Régie, le ministre aurait dû penser: Bien là, si je
prévois des appels là, peut-être qu'il n'y aura pas assez
de régisseurs, donc, je vais amender tout de suite la loi. C'est un
oubli ou c'est un...
M. Picotte: M. le Président, c'est la loi de la
Régie qu'on amende, ici, là. Dans le temps, on faisait une loi
pour la fiscalité. On ne pouvait pas greffer ça puis dire:
Pouvez-vous sortir ça de là et envoyer ça là-bas?
M. le Président, là, c'est la loi de la Régie qu'on
touche. Cette fois-là, on touchait la loi de la fiscalité
à 142. Aujourd'hui, on fait la loi de la Régie.
M. Baril: Oui, mais souvent, dans les lois, on voit ça,
là: loi modifiant telle affaire et diverses dispositions
législatives. Ça fait qu'à la fin tu as un paquet
d'articles, souvent, qui sont des articles de... Certains, ce sont des articles
de concordance, d'autres, des dispositions transitoires au niveau d'autres
lois. En tout cas, de toute façon, le problème, s'il y a un
problème, il
sera réglé.
Est-ce que, dans un cas bien précis, une commission scolaire,
actuellement... Je vous le dis, j'ai plusieurs écrits, des lettres
là-dessus, des demandes que des commissions scolaires m'ont faites
à l'effet que quand le ministre a modifié le projet de loi 142
pour faire sauter les plafonds, enlever les plafonds au niveau de
l'évaluation foncière municipale, il n'a pas fait sauter les
plafonds au niveau de la taxation scolaire. Les commissions scolaires se
disent: Comment ça se fait qu'à l'autre il a faut sauter les
plafonds au niveau des municipalités, puis là, nous autres, on
est encore fixé a 375 $ l'acre? Est-ce que le ministre, encore
là, ça a été un oubli ou si ce n'était pas
dans son intention d'augmenter les plafonds au niveau de la taxation
foncière scolaire? Est-ce qu'une commission scolaire pourrait aller
devant la Régie sur une telle demande?
(Consultation)
M. Picotte: On m'a dit, M. le Président - peut-être
que demain, là, on permettra aux gens de chercher ça - que non,
ce n'est pas un oubli de notre part, c'est parce qu'on ne pouvait pas le faire
au moment où on a fait la loi, à cause de technicalités
particulières. C'est pour ça qu'on ne l'a pas fait, M. le
Président. Maintenant, on vérifiera quelles
technicalités.
M. Baril: De faire sauter les plafonds, là?
M. Picotte: On ne se souvient pas de mémoire de quelles
technicalités, là, que...
M. Baril: Ce que vous n'avez pas pu faire, c'était de
faire sauter les plafonds, là. C'est ça qu'on veut dire?
M. Picotte: C'est ça. Au niveau des commissions
scolaires.
M. Baril: Bon. J'aurais une dernière question, mais j'ai
peur qu'on me réfère à un article plus loin, là.
C'est au niveau des droits que la Régie va pouvoir exiger ou imposer.
Admettons qu'un producteur n'est pas satisfait d'une décision rendue par
le ministre ou son ministère, puis qu'il va en appel devant la
Régie parce qu'il n'est pas satisfait de son remboursement. Est-ce que
là... C'est quel article, ça, l'article au niveau de... le
gouvernement. C'est l'article 6?
M. Picotte: Vous allez voir, M. le Président, on va
arriver à l'article 6 là-dessus, à un moment
donné.
M. Baril: Oui, oui, mais... Est-ce qu'un tel tarif va pouvoir
s'appliquer sur une demande semblable?
M. Picotte: Ça a bien des chances que oui.
M. Baril: Ça a bien des chances que oui. Donc, ça a
peut-être bien des chances aussi d'éliminer certaines
demandes.
M. Picotte: M. le Président, ça va être un
montant de 20 $, peut-être. Alors, quand on parle d'un montant de 20 $
pour aller en appel, là, tu sais ce que je veux dire. On ne fait pas
affaire avec des gens qui sont nécessairement sur le bien-être
social non plus, là, et l'aide juridique, etc., quand on parle de 20
$.
M. Baril: En tout cas, je reviendrai à l'article 6 sur
ce... Donc, actuellement, c'est gratuit, ça. C'est ça. On
reviendra à l'article 6.
M. Picotte: Oui, oui. C'est gratuit.
M. Baril: Donc, est-ce qu'on suspend l'article 3 pour d'autres
informations ou bien le ministre va nous...
M. Picotte: Non, non. On vous donnera les informations demain sur
la technicalité, là. Mais ça n'empêche pas d'adopter
l'article 3, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Baril: Adopté. (22 h 30)
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 4. M. le ministre.
Pouvoirs de la Régie
M. Picotte: II y a un amendement, M. le Président,
là-dessus que je vous ai passé dès ce matin de bonne
heure.
Le Président (M. Richard): Alors, nous avons un papillon
dont vous avez copie, les membres de la commission.
M. Picotte: Un papillon, M. le Président. Vous allez voir
que ce n'est pas difficile, le papillon, M. le Président. Je ne pense
pas qu'on se mêle en disant ça. Ça disait: L'article 33 de
cette loi est modifié par le remplacement, dans la troisième
ligne du premier alinéa, de «et 100» par «, 100 et
100.1». Alors, on demande, M. le Président, de supprimer cet
article 4. C'est ça, le papillon. On supprime l'article 4. Pourquoi?
Cette modification proposée à l'article 33 de la loi - parce
qu'on fait référence à l'article 33 de la loi existante de
la Régie - voulait assurer la concordance avec la disposition
ajoutée à l'article 100.1 prévu à l'article 14 du
présent projet de loi.
Normalement, les matières qui peuvent faire
l'objet de règlement d'un office de producteurs sont sujettes
à l'article 33 de la loi en vertu duquel la Régie peut obliger
cet office à négocier les dispositions du règlement avec
les acheteurs. C'est d'une application exceptionnelle, mais parfois cette
mesure est utile lorsque les circonstances le justifient. Dans le
présent cas toutefois, il s'agit d'une réglementation d'un office
de producteurs accordant à des producteurs une aide financière.
Alors, il n'y a donc pas lieu de soumettre cette disposition à une
négociation avec les acheteurs et à l'article 33. Dans les
circonstances, M. le Président, il faut retirer l'article 4. On me dit
que ce serait une distraction du rédacteur.
M. Baril: L'erreur est humaine.
M. Picotte: C'est pour ça qu'il faut se méfier. Les
amendements qu'on apporte tard, des fois les distractions sont plus
nombreuses.
M. Baril: On va l'adopter.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement est
adopté? Et, si c'est le cas, est-ce que l'article 4, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Picotte: On adopte l'amendement de le retirer, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Oui? M. Baril:
Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 4, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle donc maintenant l'article 5.
M. Picotte: Ça fait référence à
l'article 37 de la loi actuelle, M. le Président. L'article 5 dit:
L'article 37 de cette loi est modifié par le remplacement, dans la
deuxième ligne du troisième alinéa, de «à
l'article 18» par «au premier alinéa de l'article 19».
Il s'agit de corriger une erreur de référence apparaissant dans
la loi édictée le 22 juin 1990.
Voyez-vous, on a réalisé qu'à cette
époque-là il y a une erreur qui a été commise, et
on la corrige maintenant.
M. Baril: Toujours en fin de session. On fait trop vite nos lois.
On n'a pas le temps de les étudier comme il faut.
Le Président (M. Richard): Mais celle-là va
être bonne.
M. Picotte: On ne peut pas dire que celle-là s'est faite
bien vite.
Le Président (M. Richard): Celle-ci va être
bonne.
M. Baril: Oui, mais attendez un peu.
M. Picotte: On ne peut pas dire que celle-là s'est faite
bien vite, c'est l'exception.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Si on avait fait venir des intervenants, des ententes,
ils nous auraient peut-être signalé cette erreur-là.
Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 5 est adopté.
J'appelle donc l'article 6.
M. Picotte: L'article 6, M. le Président. Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 41, du suivant:
«41.1. La Régie peut, par règlement, déterminer un
tarif des droits, honoraires, frais et dépens applicables aux demandes
qui lui sont soumises et aux services qu'elle rend.» Alors, comme les
autres organismes et ministères, la Régie doit pouvoir imposer et
percevoir des droits sur les requêtes qui lui sont formulées ou
les services qu'elle rend. Les montants en seraient déterminés
par règlements qui seront mis en vigueur conformément à la
Loi sur les règlements. Les fonctions de la Régie sont multiples,
mais on peut les diviser généralement en fonctions quasi
judiciaires et administratives. Dans le premier cas, elle reçoit des
demandes visant à régler des conflits divers, en plus des
arbitrages prévus à la loi et qui ne feraient pas alors l'objet
de tarification puisqu'il s'agit du seul moyen statutaire de régler un
litige. Donc, on dit qu'en ce qui concerne les arbitrages prévus
à la loi, ce n'est pas sujet à tarification.
La Régie règle les différends entre les producteurs
et leur office de producteurs - par exemple, des problèmes de quotas,
d'agences de vente centrales, etc. - pour lesquels des droits raisonnables - on
parle d'environ 75 $ - pourraient être chargés et être
imposés, et la tenue d'audiences sur ces sujets est dispendieuse. Donc,
on parle de 75 $ qui pourraient être chargés quand il y a tenue
d'audiences.
Par ailleurs, la Régie doit faire des enquêtes pour les
offices de producteurs relativement à l'application de leurs conventions
et règlements. Les offices ne peuvent en effet examiner, par exemple,
les livres des acheteurs. La Régie prévoit imposer des frais
couvrant partiellement les coûts des salaires et du transport. Ils
pourraient, au départ, être de 75 $ par jour et par
vérificateur. On dit que le coût réel est de 190 $ à
250 $; là, on parlerait de 75 $ par jour à être
chargés. La Régie fait également la surveillance du
paiement du lait suivant son utilisation. Il s'agit d'une fonction
administrative qui est essentiellement pour le bénéfice des
producteurs et des transformateurs, nécessaire à l'application
des conventions et règlements en
vigueur. Le coût est de plus de 450 000 $ par année. Des
discussions sont présentement en cours avec les associations de
producteurs et de transformateurs pour un partage de ces coûts. Ils
pourraient évidemment s'appliquer dès cette année, lorsque
la loi sera adoptée, mais il y a des discussions qui se font avec, bien
sûr, les associations de producteurs et de transformateurs. L'intention,
évidemment, que nous avons, c'est, avant d'adopter quelque
réglementation que ce soit, qu'une table soit formée pour
tâcher qu'on puisse discuter de tous ces coûts-là. Un coup
qu'on aura un accord de principe, nous irons par règlement pour
tâcher de les faire adopter.
M. Baril: On n'a pas les chiffres devant nous. Le ministre a dit
que ça peut coûter annuellement, non pas à la
Fédération, mais pour toutes les audiences qui sont tenues au
niveau des plans conjoints du lait, si j'ai bien saisi, 450 000 $ par
année. C'est ça?
Une voix: Non. Ce n'est pas ça. M. Baril: C'est
quoi, les 450 000 $?
M. Picotte: Je vais demander à Me Prégent de vous
donner les détails des coûts assumés par la Régie au
moment où on se parle.
M. Prégent: M. le Président, ce coût de 450
000 $ s'applique spécifiquement aux frais que nous devons encourir pour
tout le service de surveillance du paiement du lait suivant son utilisation.
Quand on s'est référé, tantôt... c'est-à-dire
l'obligation, pour chaque entreprise québécoise, de faire la part
et, pour nous, d'aller vérifier dans les livres des acheteurs si les
renseignements donnés sont véridiques, sinon faire effectuer les
remboursements nécessaires. À la Régie, nous avons une
équipe assez importante à ce sujet, avec l'équipement
nécessaire. Les frais actuels, donc, sont d'environ 450 $ par
année.
M. Baril: 450 000 $. Est-ce que la grille du - je vais appeler
ça de même - partage de ces coûts est établie
présentement? Est-ce que les intervenants vont payer en proportion des
groupes qu'ils représentent ou... Sur quelle base le partage des
coûts va-t-il être établi?
M. Prégent: Alors, à la Régie, on a
l'intention de le faire en discussion avec les partenaires. Au fond, ce sont
des partenaires... Au fond, c'est un travail qui est fait en grande partie pour
eux, c'est-à-dire pour les industriels et les producteurs, puisque
ça les assure que les conventions qu'ils ont signées s'appliquent
correctement, par exemple. Alors, nous avons déjà
commencé. Ça fait déjà plusieurs réunions
que nous avons eues avec la Fédération des producteurs de lait,
d'une ¦ part, les associations de transformateurs, d'autre part, et les
coopératives laitières également, pour d'abord en discuter
le principe et, ensuite, pour tenter d'en établir le montant.
Peut-être que je peux dire que, sur le principe, on comprend que c'est un
coût important et qu'ils doivent peut-être en partager le
coût. C'est un premier acquis, si je puis dire. Il reste à
établir quel montant ils seraient prêts à verser. Ce n'est
pas encore établi pour la raison suivante: c'est qu'ils ont
demandé, et à juste titre, que l'on fasse un nouvel examen de
notre système pour établir s'ils ne pourraient pas accomplir les
mêmes faits à moindre coût, se disant que, s'ils doivent en
assumer, en tout ou en partie, le coût, ils voudraient bien s'assurer que
c'est le système le moins coûteux possible pour remplir toutes les
fins que l'on doit remplir. Alors, un comité de travail a
déjà été établi avec du personnel de notre
organisme et des représentants de chacune des parties
précitées, les producteurs, les coopératives, les
transformateurs, pour établir des moyens d'améliorer ou de rendre
plus facile le régime. Déjà, il y a des propositions
d'ordre concret qui vont, semble-t-il, nous être faites très
prochainement, me dit-on, pour diminuer les coûts en cause, les parties
tentant de s'organiser autrement pour s'échanger entre eux plusieurs des
renseignements qu'ils possèdent déjà et qu'il ne serait
peut-être pas nécessaire de faire transiter, si je puis dire, par
la Régie. (22 h 40)
Alors, il y a beaucoup d'aspects techniques d'informatique en cause qui
pourraient faire que ces coûts-là pourraient diminuer de
façon importante d'ici un an à peu près. On a convenu de
ne pas établir de montants tant qu'on ne sera pas capables
d'établir peut-être le nouveau coût qui peut être de
beaucoup inférieur à celui-là ou de façon
importante, en tout cas, inférieur à celui-ci. À ce
moment-là, on pourra discuter du partage des coûts. C'est
l'élément dans les enquêtes de la Régie qui est de
beaucoup le plus dispendieux de tous.
M. Baril: Pour vous, les vérifications que vous faites au
niveau des usines laitières, ça ne fait pas partie de vos
enquêtes? Ce n'est pas une enquête, ça? C'est une
vérification normale? C'est quoi que vous déterminez, pour vous,
une enquête?
M. Prégent: On peut effectivement donner le titre ou
l'autre. On appelle ça ordinairement une vérification, parce que
c'est un travail permanent de vérification que nous effectuons chez
toutes les entreprises, à l'année. Chez nous, on appelle
«enquête» plutôt des enquêtes spora-diques ou
spécifiques pour trouver un fait particulier.
M. Baril: Merci.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron, vous avez la parole.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Puisque l'article 41.1
s'applique aux demandes et aux services, est-ce que ce tarif s'applique
également dans le cas des associations de consommateurs qui sont des
associations à but non lucratif?
M. Prégent: Ça n'a été établi
d'aucune façon. Mais, déjà, on peut prévoir que,
dans la réglementation que nous allons examiner plus tard, les
organisations à but non lucratif n'auraient pas de frais à
payer.
M. Picotte: On ne peut pas le prévoir, M. le
Président. Ce sera prévu qu'elles n'auront pas de frais à
payer, les associations à but non lucratif. Quand même!
Mme Caron: J'avoue que j'apprécie davantage la
réponse du ministre. Elle est plus catégorique.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Je suis toujours assez catégorique.
M. Prégent: II peut l'être plus facilement que
moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Je pense que M. Prégent ne reviendra pas sur
ma décision.
Mme Caron: Parfait.
M. Prégent: Ce n'est pas sujet à appel, ce genre
de...
M. Picotte: Ce n'est pas sujet à appel.
Mme Caron: Oui, c'est vrai, on aurait pu l'écrire dans la
loi, effectivement.
M. Picotte: Non. Je pense que c'est par voie de règlement
qu'on fait ça. À partir de ce moment-là, cependant, on l'a
dit à l'intérieur des discussions de la loi. Je pense que
ça devient plus facile.
Mme Caron: C'est ça. On conserve les textes.
Le Président (M. Richard): Est-ce que ça convient,
pour l'article 6?
M. Baril: non. tout à l'heure, m. prégent a dit
qu'on pourrait charger ou que ça pourrait coûter 75 $ par jour
à un organisme pour venir participer à une audience.
M. Picotte: C'est moi qui ai dit ça... M. Baril:
Ah! c'est vous!
M. Picotte: ...mais M. Prégent va donner les explications,
surtout sur les détails de ce que sont des frais couvrant partiellement
des coûts de salaires et de transport en ce qui concerne l'application de
leurs conventions et des règlements, et les offices qui ne peuvent en
effet être examinés, par exemple, devenir des acheteurs, etc.
Alors, je pense que Me Prégent va pouvoir donner les détails de
ce que ça peut coûter. En fait, dans les us et coutumes, il peut
très bien nous expliquer comment ça se passe et ce que ça
coûte.
M. Prégent: Nous faisons déjà des
vérifications, des inspections spécifiques pour des offices de
producteurs dans divers domaines. Que ce soit dans les oeufs, que ce soit dans
la volaille, plus particulièrement dans la volaille parce qu'il y a eu
beaucoup de problèmes sur les quotas pendant un certain nombre
d'années, ce qui est pas mal rétabli. Dans le secteur forestier.
Tous les secteurs font appel, de temps à autre, à notre service
d'enquête parce que, dans certains cas, les offices eux-mêmes ne
peuvent pas aller chercher les renseignements dont ils auront besoin pour
assurer l'application de leurs propres règlements ou de leurs
conventions, surtout lorsqu'il s'agit d'aller voir les livres d'un acheteur,
par exemple. La loi ne leur permet pas, bien sûr, d'aller voir ces
livres-là. La loi permet à la Régie de le faire.
Ainsi, ça donne ouverture à un droit, pour un office, de
lui transmettre les renseignements nécessaires pour qu'il puisse exercer
ses droits. Ces enquêtes-là sont très, très
dispendieuses parce que, encore là, c'est difficile. Nous avons, encore
là, initié des discussions avec les principales
fédérations qui font appel à notre service
d'enquête. Comme je le disais tantôt, plusieurs ont fait appel,
mais il y en a trois ou quatre qui le font de façon plus
fréquente, particulièrement dans la volaille, dans la
forêt, dans les pommes, par exemple. Alors, nous avons commencé
des discussions avec ces fédérations-là pour nous entendre
sur un tarif. Nous avons, nous, établi des coûts qui oscillent
autour de 200 $ par jour, parfois beaucoup plus, ça dépend des
distances à parcourir, etc., et nous avons convenu de commencer des
discussions à des niveaux beaucoup plus bas que ça, de 50 $
à 75 $ au départ. Nous verrions ensuite, au cours des
années subséquentes, s'il y a lieu d'augmenter ces
coûts-là, mais le montant dont nous avons discuté avec les
fédérations impliquées jusqu'à présent sont
de cet ordre-là.
M. Baril: 75 $ par jour.
M. Picotte: C'est une prévision, M. le
Président, qu'on fait. Tout ça est sujet à une
table, à discussion pour qu'on s'entende sur les prix avant d'aller
passer les règlements. On prévoit, nous, que ça pourrait
être 75 $ par jour. Après discussion, ça pourrait
être 90 $, ça pourrait être 60 $, mais ce sera fait par
discussion, M. le Président.
M. Baril: Quelqu'un demande un permis, une entreprise demande un
permis. Comment appelez-vous ça? Appelez-vous ça un permis
artisanal ou un permis à la ferme? C'est quoi, le terme?
M. Prégent: On n'a pas de terminologie
particulière. Ce sont tous des permis d'exploitation de fabrique
laitière.
M. Baril: II me semblait qu'il y avait une affaire familiale
là-dedans.
M. Prégent: Les gens, dans le milieu, leur donnent parfois
des titres particuliers lorsque c'est limité à l'utilisation du
lait sur la ferme. Mais ce n'est pas une appellation qui émane de nous.
On a seulement un type de permis.
M. Baril: Pour la demande d'un tel permis, vous êtes
obligés de tenir une audience. Bon! Quand vous dites 75 $, ça
pourrait coûter 75 $ par jour, mettons.
M. Prégent: Ce n'est pas ça.
M. Baril: Ce n'est pas ça que vous voulez dire? Je vois
vos signes, vous savez.
M. Prégent: Je manifeste trop ouvertement mes
réactions.
M. Baril: Non. Je voudrais savoir. Quelqu'un qui demande
justement une sorte...
M. Picotte: Le député d'Arthabaska est visuel, il
est bien visuel.
M. Baril: quelqu'un qui demande un permis, pour obtenir un permis
d'opération d'une usine laitière, combien ça peut lui
coûter, en gros, en deux mots?
M. Prégent: Je peux vous répondre tout de suite
là-dessus qu'il n'y aura probablement pas de tarif additionnel dans ce
secteur-là parce que nous avons déjà, en vertu de
dispositions dans une autre loi, dans la loi des produits laitiers, le pouvoir
d'imposer des tarifs dans ce secteur-là. Ils sont déjà
prévus. Il n'y en a pas pour les audiences. Ils ont des tarifs annuels
à payer pour le permis. Tous les détenteurs de permis doivent
payer sur une échelle, selon les diverses activités qu'ils
exercent, des montants annuels qui sont déjà
déterminés en vertu de la Loi sur les règlements.
Ici, ce que l'on veut dire quand on parle d'enquête, c'est
plutôt lorsqu'on envoie un ou des enquêteurs, dans le champ, aller
faire une enquête dans les livres de telle entreprise pour
découvrir si, effectivement, elle a payé, par exemple, aux
producteurs le prix qu'elle est censée avoir payé
conformément à la convention en cours. Ça peut être
d'aller voir si un producteur a plus de poulets dans son poulailler que son
quota. Ça peut être d'aller voir chez un acheteur s'il a retenu
les contributions comme il est supposé le faire et s'il les a remises
à l'office de producteurs. C'est ce genre d'enquête dont on parle
ici, qu'on donne l'exemple d'enquête. (22 h 50)
M. Baril: Vous dites souvent que les tarifs seront, pourront en
tout cas, seront établis surtout au niveau des enquêtes que la
Régie peut être amenée à faire. Mais, si on regarde
l'article de la loi, il ne parie nullement d'enquête. Il parle de
«déterminer un tarif des droits, honoraires, frais et
dépens applicables aux demandes qui lui sont soumises et aux services
qu'elle rend.» Donc une demande, quelqu'un vous fait une demande pour
l'obtention d'un permis, c'est une demande.
M. Picotte: Oui, mais quelqu'un nous fait une demande
d'enquête, c'est pour ça qu'on dit: C'est une demande. Alors,
à partir d'une demande, on dit: On fait enquête. Alors, la
personne qui s'adresse à nous, elle fait une demande de quelque chose,
donc elle fait une demande d'enquête, entre autres.
M. Baril: Bien oui, ce qui veut dire qu'à chaque fois
qu'un intervenant fait une demande à la Régie, automatiquement
ça devient une enquête?
M. Picotte: Bien non, pas nécessairement.
M. Baril: Bien oui, parce que, là, moi, j'ai dit:
Quelqu'un fait une demande pour l'obtention d'un permis, là vous m'avez
dit: Cette personne-là fait une demande pour l'obtention d'un permis,
donc il faut faire une enquête. Ça devient un tarif.
M. Picotte: C'est déjà réglementé.
Ça existe, ça, on le fait déjà. Il demande un
permis et il paie déjà. Ça, c'est du déjà
fait, ce qui fait qu'on n'en parle pas. On n'est pas pour le charger deux fois.
Ça ne doit pas être ça que vous souhaitez qu'on fasse.
M. Baril: Vous chargez le prix du permis...
M. Picotte: Oui, mais c'est compris là-dedans...
M. Baril: ...annuel.
M. Picotte: C'est ça qu'on dit. Nos intentions, on ne lui
chargera rien, parce que c'est compris dans le prix du permis. On
considère ça dans le prix du permis. Il paie chaque année
et on ne veut pas lui charger autre chose. Il paie déjà un permis
et on calcule qu'on doit lui donner des services parce qu'il nous paie un
permis. C'est pour ça que, ça, ce n'est pas là-dedans,
c'est exempt.
M. Baril: Je comprends l'explication que vous me donnez, je vous
comprends très bien, mais ce n'est pas ce que le texte
reflète.
M. Picotte: C'est dans les règlements qu'on va le voir, M.
le Président.
M. Baril: Oui, mais, les règlements, je ne les vois pas
ici.
M. Picotte: Bien oui, c'est pour ça que je vous dis...
M. Baril: Si j'applique la loi à la lettre, ce n'est pas
dit que tous ces tarifs-là vont être inclus à
l'intérieur d'un permis que la Régie accordera. Moi, si
j'interprète ça ici, ça veut dire qu'à chaque fois
que je fais une demande à la Régie, une demande pour l'obtention
d'un permis, je vais payer le prix du permis. Ça, c'est une chose, mais
le fait que la Régie va être obligée de tenir des audiences
pour savoir si elle doit m'émettre un permis ou me le refuser ou peu
importe, parce qu'il y aura d'autres intervenants qui pourront s'y opposer,
bien là, la Régie pourra me charger tant par jour pour la tenue
d'audiences, si je lis l'article tel qu'il est ici, tel qu'il est inscrit, dont
on discute. Je veux bien croire ce que vous me dites, que ce n'est pas
ça, mais je suis obligé de m'en tenir au texte de la loi, donc
c'est très large. Demain matin, dans six mois, dans un an, le ministre
peut arriver et dire: Bien, l'article est là et on l'applique.
Chargez.
M. Picotte: M. le Président, c'est une formule standard
qui est dans toutes les lois où on va charger un montant. C'est une
formule standard. Après ça, on y va avec la loi des
règlements qui existe. Il y a une loi des règlements qui existe,
alors... la loi des réglementations. Donc, c'est ça qu'on fait,
M. le Président. C'est usuel. On se comporte comme on doit se comporter.
C'est comme ça. Maintenant, cela n'empêche pas,
évidemment... et c'est pour ça que je l'ai fait. J'aurais pu dire
au député d'Arthabaska, au début: On n'a pas d'idée
de ce que ce sera, les coûts, on verra; ça va faire en discussion,
et on verra plus tard. Mais j'ai pris la peine - connaissant le questionnement
du député d'Arthabaska, je savais qu'il me poserait la question,
et je voulais au moins lui .donner certaines balises - de lui dire: Voici
quelles sont nos intentions, mais ce sera discuté à une table
avant d'être passé en règlement. Donc, c'est ce que je
fais, M. le Président.
M. Baril: Le ministre conviendra que, depuis un certain temps,
les contribuables sont suffisamment taxés indirectement par
différentes sortes de permis ou de tarifs qu'on impose un peu partout.
Juste à me référer au niveau des permis que le ministre a
rendus obligatoires au niveau de chaque établissement qui manipule des
aliments: 215 $ pour tout le monde en général, peu importe quoi.
Ça en est un tarif, ça, qui ne parle pas, qui n'est écrit
nulle part. Mais, avec l'article tel qu'il est écrit, tel qu'il est
formulé ici, demain matin le ministre peut arriver et dire:
Écoutez, on est à court d'argent, on a besoin d'argent, j'ai des
compressions, j'ai des demandes à faire, j'ai des demandes à
répondre au Conseil du trésor, le fameux Trésor me demande
de compresser mes dépenses, les organismes gouvernementaux
s'autofinancent le plus possible, donc je suis obligé d'imposer des
tarifs ou des frais, des honoraires, qui sont applicables aux demandes qui sont
soumises à la Régie. Et ça, les demandes... Pour moi, une
demande de permis, ce n'est pas une demande d'enquête. Je vais payer le
prix de mon permis, mais je vais être obligé de payer aussi pour
la tenue des audiences particulières. C'est pour ça que je vous
dis qu'à l'intérieur de l'article, tel qu'il est inscrit, le
ministre a une marge de manoeuvre assez grande pour faire un peu ce qu'il veut
là-dedans.
M. Picotte: M. le Président, nous croyons que, les
services, ça se paie. C'est notre prétention. Ça se peut
qu'on se trompe. La population nous jugera en temps et lieu. Alors, nous
croyons - c'est notre philosophie - qu'un service doit se payer et nous vous
ajoutons qu'on va en discuter avec les gens à la table, avant de
présenter un règlement. C'est ce à quoi je peux m'engager.
Maintenant, lui peut me dire qu'il trouve qu'on en charge trop; moi, je peux
peut-être trouver qu'on n'en charge pas assez et je peux peut-être
trouver comme lui qu'on en charge trop. C'est une philosophie qu'on a. Les gens
vont devoir juger ça un jour, et ils jugeront, M. le
Président.
Nous croyons qu'au lieu d'augmenter l'impôt sur le revenu à
tous les ans, où tout le monde paie, on préfère que les
gens qui s'adressent à nous pour avoir des services puissent
défrayer leur part sans exagération. C'est sûrement des
choses qui peuvent opposer leur philosophie à la nôtre, mais c'est
comme ça. On le fait la visière levée, on dit: C'est comme
ça.
M. Baril: Je vais vous poser une question suite à un
exemple. Je vais vous donner un exemple bien concret. En tant que particulier,
qu'individu, je suis au courant, je présume en tout cas, qu'il se fait
de la fraude quelque part.
J'ai parlé tout à l'heure du lait au marché noir.
Moi, je porte plainte à la Régie. Je lui demande de faire
enquête là-dessus. La Régie va-t-elle m'envoyer un
compte?
M. Picotte: D'abord, si quelqu'un nous avise que quelqu'un
contrevient à la loi, M. le Président, on va jouer le rôle
qui est le nôtre et on ne lui chargera pas d'argent parce qu'il nous a
avisés que quelqu'un contrevenait à la loi. Il y a toujours bien
une limite! C'est comme ça. Ce n'est pas un service qu'il nous demande
de lui rendre, c'est un service qu'il tente de rendre à la
société et à d'autres qui peuvent être
lésés chaque bord de lui. Écoutez, prêtez quand
même un minimum de jugement aux gens qui l'administrent!
M. Baril: Tel que stipulé, je le répète,
c'est quand même le bar ouvert. Quel est l'objectif visé par le
ministre? Est-ce que la Régie s'auto-suffise?
M. Picotte: L'objectif visé est que nous croyons qu'un
service qui est demandé à un organisme, à un tribunal, peu
importe lequel - ça s'applique à la Régie comme a d'autres
- nous croyons qu'il doit y avoir au moins une certaine partie des coûts
défrayés par celui qui demande ce service. Nous croyons
ça, c'est notre principe, au lieu de faire payer ça par
l'ensemble des taxes des citoyens, en augmentant l'impôt sur le revenu.
Nous croyons ça. Peut-être que c'est différent de nous. Si,
un jour, vous êtes à notre place, j'espère que vous
changerez ça pour être conforme avec l'esprit de vos principes.
Mais nous croyons que c'est comme ça. Alors, nous disons: On le fait
comme ça maintenant.
M. Baril: je ne défends aucun principe. j'essaie de voir
ou de clarifier où le ministre veut en venir et à quel
coût, combien ça va coûter. c'est ça que je veux
savoir.
M. Picotte: Je pense que le député d'Ar-thabaska ne
peut pas me reprocher de ne pas avoir été clair, de dire pourquoi
on le fait et de lui avoir donné certaines balises et dire que rien ne
sera adopté avant qu'il y ait une table pour qu'on puisse faire accepter
les règlements. On ne pouvait pas être plus clair que ça.
Je pense que ce n'est pas à moi que vous pouvez reprocher de ne pas
dire, visière levée, les vraies choses, M. le Président!
On m'a même demandé tantôt ce qui va arriver avec les
associations à but non lucratif. Alors, M. le président ne le
savait pas trop, trop; moi, j'ai dit: Je le sais. On ne lui chargera pas, parce
que c'est à but non lucratif. On ne peut sûrement pas me reprocher
de ne pas être clair!
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne, Mme Caron, vous aviez une question?
M. Baril: Je ne vous ai pas fait de reproches!
M. Picotte: Non, mais je vous explique.
M. Baril: Vous m'ouvrez la porte pour que je vous en fasse.
M. Picotte: Non, non.
Mme Caron: M. le Président. Effectivement, tel que
libellé, le texte m'apparaît, à moi aussi,
extrêmement ouvert. Pour avoir fait la réforme du Code civil avec
plus de 4000 articles, j'avoue qu'on essayait de circonscrire un petit peu
plus. Effectivement, il va y avoir un règlement, sauf que le texte reste
toujours là: «aux demandes qui lui sont soumises et aux services
qu'elle rend.» Le président nous a parié surtout en termes
d'enquête. Donc, ce seraient surtout, à ce moment-là, des
demandes. Mais, par rapport aux services qu'elle rend, est-ce qu'il pourrait
nous dire un petit peu ce que le législateur pense par rapport aux
services? Au niveau des demandes, ce sont plutôt des enquêtes, mais
par rapport aux services? (23 heures)
M. Prégent: Celui qu'on a à l'esprit lorsqu'on
utilise cette expression, c'est justement le service de la vérification
du paiement du lait qui est un service que nous rendons, croit-on, aux parties
qui ont convenu des conventions en cours dans le secteur laitier. En fait,
cette vérification-là ne se fait pas pour l'État. Ni la
Régie ni le ministère n'auraient besoin de faire les
vérifications pour l'État. Mais les parties signataires des
conventions, elles, elles ont besoin d'assurer une surveillance du paiement du
lait, suivant son utilisation et conformément aux conventions. C'est un
service qu'on leur rend.
Mme Caron: Est-ce que vous pensez à d'autres...
M. Prégent: C'est dans cet esprit-là que...
Mme Caron: Est-ce que vous pensez à d'autres types de
services?
M. Prégent: C'est l'exemple particulier que nous avons en
tête.
Mme Caron: Et, au niveau des demandes, est-ce que vous pensez
à autre chose que des enquêtes?
M. Prégent: II pourrait y avoir des frais. Encore
là, ce sera suite aux discussions avec les organismes qui appliquent les
plans, ainsi qu'avec les associations d'acheteurs et, si l'on veut, avec celles
des consommateurs. Mais, oui, il pourrait y
avoir des tarifs pour autre chose que des enquêtes, pour des
requêtes devant la Régie, pour certains types de requête,
particulièrement quand ce sont des litiges entre parties qui ne sont pas
des litiges, je dirais, dont les parties doivent obligatoirement venir devant
la Régie. Par ça, je prends l'exemple d'un arbitrage. Là,
les parties n'ont pas le choix ou au moins une ou plusieurs des parties,
à part la requérante, n'ont pas le choix de venir devant la
Régie, parce que la loi les y oblige. Alors, je pense que ce serait mal
placé que de prévoir une tarification dans des cas comme
ça. Mais il y a un litige entre une fédération et un
producteur sur l'attribution d'un quota. Il peut s'agir d'une chose qui vaut
plusieurs centaines de milliers de dollars, qui fait l'objet d'un litige entre
la fédération des producteurs ou entre deux producteurs. On
pourrait considérer qu'il s'agit là d'un différend d'une
autre nature et qui pourra faire l'objet d'une certaine tarification. Parce
qu'il faut tenir des audiences, il faut retenir des salles, etc. Nous nous
rendons aussi sur place, dans la région au moins, pour entendre les
parties, pour être accessibles le plus possible. Alors, il y a beaucoup
de frais. Il n'est pas question de charger les frais réels, ce serait
impossible, mais au moins d'avoir certains frais qui restent, eux aussi,
à établir avec les fédérations lorsque nous les
rencontrerons sur ces éléments-là. Ça pourra
commencer à faire des discussions... Nous n'avons pas commencé
nos discussions là-dessus.
Mme Caron: Au niveau des délais, c'est sûrement
variable d'une enquête à l'autre, d'une requête à
l'autre, d'une vérification du paiement à l'autre, mais est-ce
que vous avez certaine moyenne... On parle de 75 $ par jour, mais est-ce qu'on
a une moyenne, au niveau, par exemple, de la vérification du paiement,
du nombre de jours ou...
M. Prégent: c'est bien difficile de l'établir,
parce que c'est tellement différent de l'un à l'autre. ce n'est
souvent pas très long, je veux dire, deux ou trois jours.
M. Picotte: C'est un petit peu, dans le fond, comme la cour, M.
le Président. Des fois, on a un litige. Je me rappelle très bien.
J'étais allé en cour pour témoigner sur un dossier. On
m'avait convoqué et on m'a dit: Tu va passer, au plus tard, à 11
h 30, midi moins le quart, parce que la première cause, c'est quelque
chose de rapide, ça va se faire... On a été là
trois jours, M. le Président. Et là, j'ai eu peur en maudit. J'ai
dit: La cause sur laquelle j'ai été appelé, j'en ai pour
une maudite mèche à être là, parce que c'est
épouvantable, le litige, comparativement au premier litige que j'avais
eu l'occasion d'écouter. Quand c'est arrivé à notre
affaire, les deux avocats s'étaient entendus et ça a pris cinq
minutes. J'ai eu l'impression qu'ils s'étaient trompés.
C'était la nôtre qui ne devait pas prendre de temps et la leur qui
devait prendre du temps, et on m'a expliqué ça à l'envers.
En tout cas, je n'ai jamais rien compris, mais je sais que j'ai
été là beaucoup plus longtemps à écouter les
autres que j'ai été là pour témoigner. D'ailleurs,
ils n'ont même pas eu besoin de moi. Finalement, j'ai été
là trois jours pour rien. En tout ça, ça m'a donné
une expérience. C'est pour ça qu'à ce moment-là, M.
le Président, ça devient difficile de dire: Ça peut se
faire dans une journée, ça peut se faire en trois jours. C'est
bien difficile, les causes sont tellement différentes.
Mme Caron: C'est bien évident, M. le Président,
qu'on s'attend qu'au niveau de la Régie, c'est moins précis que
ça et qu'on essaie de régler ça le plus rapidement
possible. On ne peut pas faire se rendre les personnes deux, trois jours, au
coût de 75 $ par jour, pour rien.
M. Picotte: Vous savez, des fois, on a requête par-dessus
requête. Je me rappelle dans le temps du plan conjoint du sirop
d'érable qu'on a voulu mettre sur pied. C'est épouvantable, le
nombre d'avocats qui est passé là, assez pour faire rougir une
vraie cour, assez pour faire rougir à peu près l'ensemble du
Barreau canadien, le nombre d'avocats qui sont passés là avec des
requêtes. C'est encore surprenant. J'ai l'impression que le Palais de
justice de Trois-Rivières nous aurait enviés pour cette
époque-là.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): L'article 6 est adopté
sur division. J'appelle donc l'article 7, qui est un article très en
vogue, le référendum.
Plans conjoints Référendum
M. Baril: Au moins, eux autres, ils en tiennent.
M. Picotte: M. le Président, l'article 7 fait
référence à l'article 54. L'article 54 de cette loi est
remplacé par le suivant: «54. Pour tenir le
référendum, la Régie détermine, par
règlement, les qualités requises d'un producteur et les
conditions auxquelles il doit satisfaire, à une date
déterminée, pour être un producteur
intéressé. Chaque producteur intéressé a droit
à une voix, sauf si son exploitation est soumise à un
régime juridique déterminé par règlement de la
Régie, auquel cas le producteur a droit à deux voix. «La
Régie dresse la liste des producteurs
intéressés et détermine: «1° les endroits
où cette liste peut être consultée; - parce qu'il faut bien
indiquer où on peut consulter la liste pour être bien certain que
les gens ont droit et qu'on respecte leur droit - «2° le délai
accordé à tout producteur dont le nom aurait été
indûment omis ou inclus dans la liste pour faire effectuer les
rectifications nécessaires;» - un petit peu, M. le
Président, ce qu'on faisait avec la Loi électorale, permettre au
moins à la personne d'aller voir si son rang est inscrit sur la liste,
sinon lui donner un temps pour tâcher de se faire inscrire, donc, un
délai - «3° le délai accordé pour contester la
qualité de producteur intéressé de toute personne dont le
nom apparaît sur cette liste; - parce qu'on peut contester,
évidemment, la qualité de producteur intéressé -
«4° le délai accordé pour contester le nombre de voix
allouées à un producteur intéressé; - encore
là, on dit qu'il y a un nombre de voix qui lui est accordé, donc
il y a des gens qui pourraient contester ça, et il faut donner un
délai à ça - «5° la procédure pour rendre
publique la liste définitive des producteurs intéressés.
«Après l'accomplissement de ces formalités, la Régie
dresse la liste définitive des producteurs intéressés et
la rend publique. Cette liste ne peut être contestée.» Un
coup qu'elle est rendue publique, après avoir donné tous ces
délais-là...
Alors, la Loi sur les producteurs agricoles a été
modifiée en 1990 en y ajoutant les articles 19.1 et 19.2 qui permettront
à une association accréditée, l'Union des producteurs
agricoles dans le présent cas, de prévoir que les producteurs
regroupés en corporation ou en société ont deux votes
plutôt qu'un seul au cours de leur assemblée
générale. Puisque la presque totalité des plans sont
administres par des organismes affiliés à l'UPA, des
assemblées générales tenues en vertu de ces deux lois se
tiennent en même temps. Il y a lieu d'éviter la confusion qui
pourrait résulter d'une situation où les mêmes producteurs
devraient voter d'une façon différente, selon le sujet, au cours
de ces assemblées.
On se rappellera d'ailleurs que nous avions discuté de ça
lors d'une loi, ensemble, ici, à l'Assemblée nationale, que nous
avions adoptée pour permettre, avec la nouvelle façon,
d'organiser des fermes, au Québec, où on a des conjoints, des
conjointes, des associés. On donnait un droit de vote où ils
étaient parfois deux, trois ou quatre producteurs associés, puis
ça créait une certaine injustice. Donc, on avait modifié
ça pour permettre à tous ceux qui participaient à la ferme
d'avoir un droit de vote et d'aller dire ce qu'ils ont à dire. Le
remplacement proposé assure la concordance nécessaire, tant lors
des référendums tenus auprès des producteurs qu'au cours
des assemblées générales de producteurs.
Quand on a modifié ça, on savait qu'on viendrait en
modification à la loi et, évidemment, de la Régie. Compte
tenu qu'il peut y avoir des producteurs qui ont à voter lors d'un
référendum, à partir de ce moment-là, on leur donne
les mêmes droits qui existent présentement dans leurs droits
d'affiliation avec, bien sûr, leur association de producteurs, tel que
nous l'avions fait. Donc, c'est de la concordance. L'amendement apporté
à l'article 11 du présent projet de loi est au même effet.
On verra ça un petit peu plus loin.
M. Baril: Cette modification-là, M. le Président,
est-ce qu'elle est faite en fonction...
M. Picotte: En fait, ce qu'il y a de nouveau, M. le
Président, pour donner une précision... Ce qu'il y a de nouveau,
quand on regarde ça, c'est à partir de... Quand vous regardez
l'article 7, 54, à partir de la cinquième ligne, ce qui est
nouveau, c'est: «son exploitation rendue soumise à un
régime juridique déterminé par règlement de la
Régie, auquel cas le producteur a droit à deux voix.»
Ça, c'est nouveau. Après ça, 1°, 2° et 3°,
c'était de l'existant. Le paragraphe 4° est nouveau,
c'est-à-dire que c'est le délai accordé pour contester le
nombre de voix allouées à un producteur intéressé.
Alors, c'est ça qui est nouveau, finalement, dans tout cet
article-là: les deux lignes et un mot au premier paragraphe, et le
paragraphe 4°, évidemment, dans toute la nomenclature de l'article
en question. (23 h 10)
M. Baril: Le dernier paragraphe en bas, 54, qui dit que la liste
ne peut être contestée, c'est nouveau?
M. Picotte: Ça existait déjà. M. Baril:
Ça existait déjà.
M. Picotte: Oui. «Cette liste ne peut être
contestée...», ça existait déjà...
NI. Baril: O.K., oui, oui.
M. Picotte: ...dans la présente loi, en haut, quand vous
regardez en haut...
Une voix: L'avant-dernier. M. Baril: O.K. je l'ai vu.
M. Picotte: ...sauf qu'il n'était pas au même
endroit. Il était à l'avant-dernier paragraphe au lieu
d'être au dernier paragraphe. C'est une nouvelle rédaction pour
éviter la confusion.
M. Baril: Je veux y croire.
M. Picotte: Vive les rédacteurs, et non pas
les réacteurs!
M. Baril: Ces modifications-là, c'est pour les rendre
conformes? Je ne sais pas si c'a été fait, si c'a
été voté à l'assemblée
générale de l'Union des producteurs agricoles qui, justement,
définit le nombre de cotisants par ferme. Avant ça, si tu
étais enregistré ou en compagnie, si c'étaient trois,
quatre ou cinq membres, chacun payait sa cotisation à l'Union des
producteurs agricoles. Par contre, ce n'est pas tout le monde qui avait le
droit de vote, je crois. Ça fait plusieurs assemblées
générales de l'UPA, congrès, c'est-à-dire,
où on parle de modifier ça. Est-ce pour se conformer au dernier
congrès de l'UPA qui dit qu'il n'y aura pas plus de deux personnes par
corporation ou société ou...
M. Picotte: M. le Président, je pense que c'est pour fins
de concordance à la loi 98 qu'on a adoptée, on s'en souviendra -
je l'ai souligné tantôt - et, évidemment, ça fait
référence aussi à la catégorie de producteurs dans
la Gazette officielle, le règlement qui a été
adopté, les règlements de l'UPA qui ont été
adoptés le 18 décembre 1991, où il est dit: «3. Les
producteurs se divisent selon les catégories suivantes, en fonction du
régime juridique auquel est assujettie leur exploitation: «a)
"producteurs individuel": tout producteur qui est une personne physique;
«b) "coopérative": tout producteur qui est une coopérative
régie par la Loi sur les coopératives; «c) "corporation":
tout producteur qui est une corporation, quelle que soit la loi qui la
régisse; «d) société d'exploitation agricole": tout
producteur qui est une société au sens du Code civil et tout
regroupement de personnes qui est une société au sens du Code
civil, qui fait la preuve à l'association accréditée
qu'elle est constituée au moyen d'un contrat écrit et
engagée dans la production d'un produit agricole.»
Le député d'Arthabaska se demandait si le débat
avait été fini et avait été adopté, c'est
dans la Gazette officielle. C'est passé depuis le 18
décembre 1991. Quatre catégories.
M. Baril: Pourquoi est-ce que le ministre nous a dit, à
l'article 54, tout le bout qu'il nous a dit qu'il était nouveau...
M. Picotte: Que quoi?
M. Baril: Pourquoi il ne lirait pas tout l'article? On dit:
«Chaque producteur intéressé a droit à une voix,
sauf si son exploitation - et on nous dit que c'est à partir de
là que c'est nouveau - est soumise à un régime juridique
déterminé par règlement de la Régie».
Pourquoi on ne se réfère pas à ce qui est publié
dans la
Gazette officielle? Pourquoi faut-il que ce soit un
règlement qui est déterminé par la Régie? Donc,
ça veut dire qu'on pourrait éventuellement avoir deux sortes de
règlements: un par le congrès, qui est rendu officiel en
étant publié dans la Gazette officielle, et un autre
règlement qui pourra être, lui, élaboré,
défini par la Régie?
M. Picotte: M. le Président, je pense que Me
Prégent va pouvoir l'expliquer parce que c'est la Régie qui
établit, évidemment, les règles du
référendum et ça fait référence à un
autre article 11 qu'on va voir. Alors, Me Prégent, donnez donc
l'explication d'usage.
M. Prégent: M. le Président, effectivement, ici
c'est la Régie qui l'établit parce que c'est la Régie qui
donne les règles pour les fins du référendum. C'est un
référedum que la Régie tient. Dans le contexte qu'on y
voit, la Régie donne à ce moment-là toutes les
règles pour la tenue du référendum qu'elle tient. Alors,
c'est pourquoi on voit que la réglementation émane ici de la
Régie. On va retrouver une disposition un peu similaire à
l'article 11 du projet de loi, dans un autre contexte qui est exactement au
même effet. On va y voir que ce ne sera plus la Régie parce que,
justement, ça ne sera plus la Régie qui va agir, ça va
être un office de producteurs. Ça va être, à ce
moment-là, l'office qui va l'établir. Ici, comme c'est la
Régie qui donne les règles du référendum, bien,
c'en est une parmi les autres. Bien sûr, on connaît le choix que
l'organisme accrédité en vertu de la Loi sur les producteurs
agricoles, c'est-à-dire l'UPA, a fait puisque c'est nous qui avons
approuvé, en vertu de cette loi-là, le règlement dont on
vient de faire état et qui prévoit les modalités de la
réglementation. Il serait bien difficile pour la Régie de faire
autre chose que ce qu'elle a déjà approuvé ailleurs, en
vertu d'une autre loi.
M. Baril: Oui, mais pourquoi on ne l'écrirait pas tout de
suite? Je comprends que le président de la Régie dit: Ça
serait difficile d'appliquer une autre règle de fonctionnement qui est
reconnue habituellement par le milieu agricole, qui est appliquée au
milieu agricole, mais pourquoi on ne l'écrit pas ici, d'abord, si la
Régie est d'accord et reconnaît que, ce qui est
décidé et ce qui est appliqué dans le milieu agricole,
c'est elle qui l'approuve?
M. Picotte: Parce que, M. le Président, s'il y avait des
changements à la réglementation un jour, à cause d'une
catégorie qui arriverait... On parle, par exemple, de producteurs
à temps partiel qui pourraient être acceptés, ou des choses
comme ça - je dis ça de même, sous toutes réserves -
et qu'il arrivait un changement à la réglementation, il faudrait
amender notre loi toutes les fois, donc c'est dans une réglementation
à côté. C'est pour ça.
M. Baril: Oui, mais un producteur à temps partiel a droit
à un vote ou bien il n'y a pas droit. On ne peut pas dire: Un producteur
à temps partiel, il a droit rien qu'à un demi-vote.
M. Picotte: Non, mais je donne un exemple, M. le
Président. Je donne un exemple comme ça. Je peux imaginer
n'importe quel exemple. Je n'en imaginerai pas parce qu'il pourrait y avoir une
cinquième catégorie qui s'ajoute au fil du temps, qui pourrait
être suggérée. Je ne le sais pas, moi, je ne peux pas
l'imaginer, mais ça pourrait être possible. Comme c'est à
l'intérieur d'un règlement et que l'autre serait à
l'intérieur d'une loi, il faudrait amender la loi toutes les fois, si le
règlement changeait. Peut-être que ça n'arrivera pas,
peut-être que ça va arriver, mais vous me demandez le pourquoi, je
vous donne les raisons du pourquoi.
M. Baril: À mon avis, on voit ça trop souvent. J'ai
été au pouvoir, moi aussi, et vous étiez de l'autre
côté, à l'Opposition. Vous aviez raison de dire au
gouvernement: Pourquoi ne mettez-vous pas ça dans la loi? J'ai souvent
vu et entendu M. Garon dire à ses fonctionnaires: Ce que vous mettez
dans les règlements, mettez ça dans la loi, je ne me ferai pas
poser de questions, j'aime ça clair. Amenez-moi tout ça dans la
loi. Il y a bien des fois, quand il y avait des règlements, ils
s'organisaient pour les déposer en même temps que la loi. Que
ça soit fait au vu et au su de tout le monde. On voit de plus en plus
souvent, dans différents articles - on pourrait les relever - quasiment
à chaque article, on dit toujours «déterminé par
règlement». C'est agaçant, ça, vous savez.
Le projet de loi 27 qu'on va étudier tout à l'heure sur le
financement agricole, c'est à peu près tout par règlement
et tout par règlement. Le président vient de nous dire qu'il n'a
pas d'objection, lui. De toute façon, c'est lui... Je dis «c'est
lui», c'est la Régie qui approuve le fonctionnement que
l'organisme agricole se donne, que ce soit au niveau d'un
référendum ou d'une élection que les
fédérations peuvent tenir. Ces règlements-là sont
approuvés par la Régie. Donc, il nous dit: Ça va
être à peu près les mêmes. Bien, qu'on le dise dans
la loi. Au lieu de dire «déterminé par règlement de
la Régie», qu'on dise, je ne sais pas, moi... «soumis
à un régime juridique, tel que défini dans la Gazette
officielle» ou je ne sais pas, ce que le ministre a mentionné
tout à l'heure. Ça va être clair. Tout le monde va savoir
à quoi s'en tenir.
M. Picotte: On a décidé de le faire par
règlement, M. le Président. Moi aussi je sais ça, mais on
a décidé de le faire par règlement.
M. Baril: II ne peut y avoir de modifications majeures. Il n'y a
pas 25 sortes de régimes juridiques au niveau agricole. Un coup que tu
as passé les coopératives, que tu as passé les compagnies,
que tu as passé les sociétés, que tu as passé les
corporations ou je ne sais quoi, il ne t'en reste plus gros là. C'est
quoi, ça, cette phobie de tout faire par règlement? Je veux bien
croire que le ministre dit: On a décidé ça, mais il me
semble que, d'habitude, le ministre est plus souple que ça. Tout par
règlement, par règlement et par règlement! Je le
répète, les députés législateurs, on ne voit
jamais passer ça, ces crimes de règlements là, nous
autres, et tu changes ça selon le gré du vent. Quand les
agriculteurs, les milieux agricoles ou d'autres milieux sont habitués de
fonctionner selon une procédure établie dans la loi, tu ne
changes pas ça tous les jours. Pourquoi cette obstination de ne pas
vouloir faire comme il se faisait auparavant, dire «tel que défini
dans la Gazette officielle...» Je ne sais pas ce que le ministre
m'a lu tout à l'heure, c'est clair, tout le monde va savoir c'est quoi.
Ce n'est pas la Régie qui va définir elle-même un
règlement qui va être appliqué tout à l'heure. (23 h
20)
M. Picotte: M. le Président, on me dit qu'on ne peut pas
dire «tel que défini dans la Gazette
officielle...»
M. Baril: Bien, je ne sais pas quoi, moi. Trouvez les termes. Je
vous l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas moi qui écris les
lois. Si on veut être plus clair, qu'on dise c'est quoi, les
régimes, quelles sortes de régimes. C'est cette histoire de
toujours règlement, puis règlement, puis règlement! Tu as
un gouvernement qui a fait un comité sur la
déréglementation. Je ne sais pas comment il a défini... il
y avait 12 000 ou 13 000 pages de réglementation et de
mémoires.
Une voix: C'est Reed Scowen.
M. Baril: Oui, oui. Reed Scowen, il n'est plus ici, mais
ça ne fait rien, on est «pogné» pareil avec les
règlements. Puis le gouvernement réglemente davantage! Ça
n'a pas de bon sens. On va être rendu tout à l'heure à 15
000, 20 000 pages de règlements. Une chatte peut perdre ses petits
là-dedans, c'est épouvantable! Oui, c'est ça. Tout
à l'heure, on n'aura plus rien à faire ici, en Chambre. Il n'y
aura plus de lois. Ça va être rien que des Gazette officielle
que tu vas avoir à lire par temps perdu, quand tu t'ennuieras de je
ne sais qui, que tu seras triste à mort puisque tu voudras te suicider,
tu vas lire la Gazette officielle. Ça va être ça, le
rôle du député tout à l'heure. Je ne sais pas ce que
c'est que cette manière de tout le temps légiférer par
règlement, puis par règlement.
M. Picotte: M. le Président, tout ce qu'on pourrait dire,
c'est qu'il faudrait faire ça selon le règlement de l'UPA qui
apparaît à la Gazette officielle. Je comprends qu'on n'aime
pas les
règlements, je ne les aime pas plus que lui, moi non plus. Mais,
à toutes les fois qu'on légifère, ça prend des
règlements. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Baril: On mentionne que, le projet de loi 23, il a 7 articles
sur 24 que ça va tout être fait par règlement, 7 sur 24. Ce
n'est pas des farces! C'est facile d'arriver et de dire, en réponse
à un député de l'Opposition: Bah! on n'est pas capable. Ce
n'est pas faisable, arriver et dire «tel que défini par le
règlement voté par l'UPA».
Moi, je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas moi qui
écris les lois. C'est votre job d'écrire les lois. Mais il me
semble que, si vous demandiez à vos fonctionnaires: Vous allez
m'écrire ça d'une façon précise, qu'on se retrouve
là-dedans, comprends-tu, et puis que le législateur, quand il
vote une loi, il va savoir ce qu'il vote, comprends-tu.
Là, on vote des lois-cadres, comme vous dites, puis tu ne sais
rien. Tu ne sais rien. N'importe qui va chambarder ça tout à
l'heure. À un moment donné, quelqu'un va venir pour appliquer
quelque chose: Maudit! Le règlement vient de changer, je ne le savais
pas. Là, toutes les démarches que tu auras pu faire en pensant
défendre des droits quelque part, il va se frapper la tête sur un
mur en apprenant, à un moment donné, que le règlement
vient de changer. Pas entendu parler de ça, c'a été
publié dans la Gazette officielle. Point, arrange-toi avec
ça. L'éditeur de la Gazette officielle tout à
l'heure va finir par faire de l'argent avec les règlements qu'on
passe.
M. Picotte: II y a une Loi sur les règlements, M. le
Président. Donc, on satisfait à la Loi sur les
règlements.
M. Baril: Bien oui, mais ce n'est pas une réponse.
M. Picotte: Si on veut la changer, on la changera. Alors, vous
marquez votre dissidence là-dessus. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? On le fait comme ça pour l'instant, parce qu'il n'y a pas de
meilleure façon, selon nous, même si on n'aime pas ça.
M. Baril: Le ministre en a-t-il cherché? A-t-il
demandé à ses fonctionnaires? On peut suspendre. J'ai
déjà vu, moi, à l'étude article par article des
projets de loi...
M. Picotte: On ne suspendra pas, M. le Président.
M. Baril: Bien non. Là, le ministre est assis dans son
fauteuil et il dit: Moi, je ne suspends rien, je ne suspends rien. Ma loi est
parfaite; je ne changerai rien, je m'en vais avec ça. J'ai
déjà entendu, dans d'autres lois, le ministre dire à ses
fonctionnaires: Assoyez-vous donc à une table, et regardez donc pour
voir si on pourrait mettre ça plus clair. Ça s'est fait. Ce n'est
pas une position de repli du ministre, ce n'est pas une position de faiblesse,
de je ne sais quoi. C'est plutôt une position d'ouverture d'esprit, de
dire: On va regarder ça pour voir si on peut être plus clair. Moi,
c'est ce que je demande au ministre. Non pas arriver et dire: On a une Loi sur
les règlements, et on respecte la loi.
M. Picotte: M. le Président, je réponds, comme
ministre, que, moi, ça me satisfait d'avoir des réglementations
dans ces domaines-là et dans d'autres projets de loi en particulier. M.
le Président, je réponds que ça me satisfait. C'est ce que
je souhaite. Alors, je veux bien que le député me dise qu'il
n'est pas d'accord avec moi, mais, à partir du moment où il me le
dit, moi, je dis: C'est ce que je souhaite.
M. Baril: Pourquoi, M. le ministre, quand vous étiez dans
l'Opposition, vous dénonciez à outrance les règlements?
À cette heure, vous êtes au pouvoir, vous dites: Moi, ça me
satisfait; je suis bien là-dedans, je me sens à l'aise. Je vis
bien dans les règlements. Quelle sorte d'évolution rapide vous
avez faite en passant d'un côté de la Chambre à
l'autre?
M. Picotte: De temps en temps, il faut changer, il faut modifier.
C'est ce que vous faites, vous autres aussi.
M. Baril: Oui, mais il faut que tu modifies pour le mieux, il
faut que tu t'amendes pour le mieux, pas pour le pire.
M. Picotte: Bien, moi, je prétends que c'est pour le
mieux. Vous prétendez que c'est pour le pire. Donc, M. le
Président, mettez ça aux voix. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise?
M. Baril: Ça dépend dans quelle position tu te
retrouves, pour dire que c'était pour le mieux ou pour le pire.
M. Picotte: Et voilà!
Le Président (M. Richard): Ce n'est peut-être pas
une mauvaise idée, par exemple, de... Avez-vous d'autres questions sur
l'article 7? Vous en auriez une, M. le député de Laviolette?
M. Jolivet: La question des règlements, moi, je ne perds
jamais une occasion d'en parler. J'arrive de l'autre bord. Je m'excuse si j'ai
été absent. J'avais deux discours à faire de l'autre
côté. Moi, la question des règlements, c'est toujours la
même chose. En tout cas, je n'ajouterai pas davantage parce que j'ai
hâte d'arriver à l'article 8 et de discuter de ça. Je pense
qu'on arrive à ce niveau-là, mais je vous dirai que, par
règlement, pour un gouvernement...
Je me rappelle toujours Reed Scowen et Paul Gobeil. J'ai assez
mangé de discours de leur part pour nous dire que ça n'avait pas
de bon sens. Là, je rappelle simplement ce que le député
d'Arthabaska dit du ministre qui est de l'autre côté, alors qu'il
était à l'Opposition avec ses collègues. Je me souviens du
ministre de l'Environnement actuel qui était virulent sur cette
question-là, dans le temps; de Reed Scowen, qui est devenu ministre
responsable d'une petite affaire, dans le temps. Vous vous en souviendrez, il
aurait pensé à être... Enfin, je ne veux même pas
dire qu'il était ministre, je ne me souviens même pas s'il
était ministre. Il était attaché comme adjoint,
plutôt, au premier ministre. Malheureusement, il n'a jamais
été nommé ministre, ou heureusement, je ne le sais pas.
À l'époque, la seule job qu'il avait à faire,
c'était de faire un rapport pour dire qu'on fait sauter les
règlements. On diminue le nombre de règlements et on met de
l'ordre dans tout ça, vous vous en souviendrez. Combien de fois on s'est
fait dire ça?
Finalement, on se retrouve avec plus de règlements qu'on n'en
avait avant. Même si on en enlevait, en plus. Alors, moi, je dis qu'il y
a des choses qui peuvent être plus difficiles les unes que les autres,
mais d'autres peuvent être plus faciles à corriger. Mon
collègue a raison. Peut-être que, compte tenu qu'on ne terminera
pas l'étude de ce projet de loi ce soir, est-ce qu'on pourrait suspendre
l'article, demandant d'y réfléchir, et on pourra y revenir?
Ça se fait souvent, c'est une suspension d'article. L'article
étant suspendu, on pourrait y revenir par une décision d'ici une
journée ou deux.
M. Picotte: M. le Président, je dis et je
répète que je souhaite que ça se fasse par
règlement. Je ne veux pas y réfléchir, je souhaite que
ça se fasse par règlement. On peut bien me parler de Reed Scowen
et de M. Gobeil, mais tous les deux ne sont plus ici. Donc, ils n'ont pas
convaincu grand monde, ils sont déjà partis.
M. Jolivet: bien, ils n'ont pas convaincu, m. le
président... ils ont convaincu d'une chose, c'est qu'ils ont
passé une loi. la loi n'est pas appliquée.
M. Baril: Ils se sont fait toute une popularité aux
yeux... Votre parti s'est fait toute une popularité aux yeux du public,
à l'effet de dire: On va déréglementer puis, vous allez
voir, on va mettre de l'ordre là-dedans. Ça a poigne dans le
milieu. Mais reparlez-en aujourd'hui au milieu et allez expliquer ça,
votre affaire. Vous êtes bien dans les règlements, vous vivez
très bien là-dedans puis vous aimez ça. C'est tout un
changement de cap. Comment est-ce que - le ministre peut-il me le dire,
ça ne prendra pas toute la nuit - qu'il peut nous décrire,
combien peut-il y avoir de régimes juridiques dans le milieu agricole?
La liste ne doit pas être si longue que ça, à moins que je
ne m'y connaisse pas trop là-dedans, à moins qu'on veuille en
inventer.
M. Picotte: Vous parlez de la réglementation, des
quatre...
M. Baril: Non. Regardez ici, on dit...
M. Picotte: II y en a quatre. On les a
énumérés tantôt.
M. Baril: «Soumise à un régime juridique
déterminé», vous dites qu'il y en a quatre. Lesquels?
M. Picotte: Non, mais vous me parlez des quatre fonctions de
producteurs pour les voix, c'est ça que je vous réponds. Les
quatre, ce sont ceux qui sont énumérés, je vous les ai
dits: producteur individuel, coopérative, corporation et
société d'exploitation agricole.
M. Baril: II y en a quatre, là. Ça prend une ligne
de plus. Au lieu de marquer «par règlement», c'est eux
autres.
M. Picotte: oui, mais je ne souhaite pas le faire, m. le
président. je ne souhaite pas le faire. pour l'instant, c'est moi qui
suis ministre de ça, m. le président, et je ne souhaite pas le
faire.
M. Baril: Est-ce que ça veut dire, M. le ministre, qu'on
va aller dans des articles, plus loin, tout à l'heure, puis, si la
Régie décidait de tenir un référendum au niveau des
producteurs de lait, elle pourrait définir par règlement ceux qui
ont le droit de vote?
M. Jolivet: Oui, exact.
M. Picotte: On va le retrouver, M. le Président, dans la
loi. C'est indiqué, ce que la Régie peut faire, dans la loi. Il
s'agit de la lire.
M. Jolivet: Lisez-le donc.
M. Baril: On va en profiter, on a... (23 h 30)
M. Picotte: On va le retrouver. M. le Président. Pendant
que le député de Laviolette était absent, je l'ai lu.
Alors, je peux le relire. Évidemment, je sais qu'il origine du monde de
l'éducation. Il a peut-être besoin de se le faire relire. Je vais
le relire, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Si vous y tenez, M. le
ministre, faites la lecture.
M. Picotte: Bien, ce n'est pas moi qui y tiens. C'est une
demande, M. le Président.
M. Jolivet: Moi, je n'étais pas là pour savoir ce
qui est arrivé.
M. Picotte: Alors, vous vous imaginez comment il ne faut pas
multiplier trop, trop la loi. Je l'ai lue une fois et ça n'a pas
été compris. S'il faut ajouter des choses à
l'intérieur de la loi, ça ne viendra pas faciliter la
compréhension des gens qui la lisent. M. le Président, l'article
54 de cette loi est remplacé par le suivant: «54. Pour tenir le
référendum, la Régie détermine, par
règlement, les qualités requises d'un producteur et les
conditions auxquelles il doit satisfaire, à une date
déterminée, pour être un producteur
intéressé. Chaque producteur intéressé a droit
à une voix sauf si son exploitation est soumise à un
régime juridique déterminé par règlement de la
Régie, auquel cas le producteur a droit à deux voix. «La
Régie dresse la liste des producteurs intéressés et
détermine: «1° les endroits où cette liste peut
être consultée; «2° le délai accordé
à tout producteur dont le nom aurait été indûment
omis ou inclus dans la liste pour faire effectuer les rectifications
nécessaires; «3° le délai accordé pour contester
la qualité de producteur intéressé de toute personne dont
le nom apparaît sur cette liste; «4° le délai
accordé pour contester le nombre de voix allouées à un
producteur intéressé; «5° la procédure pour
rendre publique la liste définitive des producteurs
intéressés. «Après l'accomplissement de ces
formalités, la Régie dresse la liste définitive des
producteurs intéressés et la rend publique. Cette liste ne peut
être contestée.»
J'ai eu l'occasion de dire que les trois dernières lignes plus un
mot de l'article 54 ont été des choses ajoutées à
la loi existante, et le paragraphe 4° est ajouté à la loi
existante. Alors, c'est ce que j'ai lu tantôt, et c'est ce que je relis
maintenant.
M. Jolivet: J'avais tout lu ça tout à l'heure. Ce
n'est pas ça qu'est la question. Moi, j'ai compris, de la part de mon
collègue: La Régie détermine, par règlement, les
qualités requises. Moi, j'ai cru comprendre c'était quoi, les
qualités requises? Ce n'est pas ce que vous venez de lire, là. Ce
n'est pas ça que j'ai compris.
M. Picotte: Bien, si vous aviez été ici, vous
auriez lu que, dans la Gazette officielle...
M. Jolivet: Écoutez, si vous l'avez dit, je ne le
demanderai pas, mais, comme mon collègue l'a demandé...
M. Picotte: Bien, je l'ai lu. C'est ça. Je l'ai lu
tantôt, dans la Gazette officielle du 18 décembre 1991:
Déterminer par règlement quelle catégorie de producteurs a
droit de vote avec le nombre de votes.
M. Jolivet: C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
M. Picotte: Ça a été lu.
M. Baril: Juste pour rectifier les affaires, quand le ministre
dit que ça a été lu tout à l'heure, ce qu'il a lu,
c'est les règlements que l'UPA a décidés en
décembre 1991, je crois, qui ont été publiés dans
la Gazette officielle. Là, on parle d'autre chose.
M. Picotte: Et on va se donner les mêmes règlements
pour ne pas avoir deux systèmes, M. le Président. C'est la
Régie qui les a adoptés. Elle n'est pas pour se donner un autre
règlement pour son référendum parce que, elle, elle a
adopté un règlement pour le référendum...
M. Baril: Bien, qu'on le marque.
M. Picotte: ...qui viendrait à rencontre de ça.
M. Baril: Qu'on le marque.
M. Picotte: Bien, là, on dit: On ne souhaite pas le
marquer. On va faire nos règlements à la Régie. C'est
ça que ça veut dire. On ne le souhaite. Est-ce clair?
M. Baril: Parce que ceux de l'UPA ne sont pas bons?
M. Picotte: Pardon?
M. Baril: Parce que ceux de l'UPA ne sont pas bons.
M. Picotte: ce n'est pas parce que ceux de l'upa ne sont pas
bons, c'est parce qu'ils peuvent changer et, nous, on pourrait peut-être
bien ne pas vouloir changer. c'est aussi simple que ça. voyons donc!
l'upa, c'est l'upa, et la régie c'est une autre affaire. on ne veut pas
le faire.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse, Mme Bégin.
M. Picotte: Je n'ai pas d'objection à ce que vous me le
demandiez jusqu'à minuit pour tâcher qu'on termine la commission
et qu'on revienne une autre fois. Ça, je sais qu'on va revenir, mais on
ne veut pas le faire.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, Mme la
députée de Bellechasse.
Mme Bégin: Tout simplement, je voudrais peut-être
répondre au député d'Arthabaska qui semble trouver qu'on
accorde trop de pouvoirs à la Régie en disant qu'elle aura le
pouvoir de réglementer. Moi, je pourrais lui dire que, tout simplement,
la Régie des marchés agricoles, comme telle, est un organisme,
selon moi, délégué avec des pouvoirs
délégués. Comme telle, je pense que son cadre, que sa loi
définit très bien dans quel ordre sont ses compétences.
Comme telle aussi, il ne faut pas se leurrer, c'est que la Régie des
marchés agricoles a acquis une certaine expertise dans le domaine. Je
pense qu'elle peut peut-être plus que le gouvernement... Il faut tout de
même de souvenir que le gouvernement peut toujours retirer son pouvoir de
délégation, mais elle a peut-être plus d'expertise que le
gouvernement comme tel pour émettre des règlements. Il ne faut
pas se leurrer non plus. Un règlement est toujours plus facilement
modifiable qu'une loi et on peut plus facilement adapter un règlement
à une réalité qu'un projet de loi. Vous savez comme moi
qu'une loi est plus difficilement...
M. Baril: Votre position, votre réaction m'étonne
à cause de votre formation juridique, entre autres.
Mme Bégin: Bien oui, mais on réglemente toujours,
M. le député d'Arthabaska. Au niveau de la loi, il y a deux
façons de réglementer: la façon d'une loi et la
façon par règlement. L'une est aussi bonne que l'autre. Moi, ce
que je voulais dire, c'est que la Régie, par son expertise, est
peut-être mieux que quiconque informée du domaine dans lequel
elle...
M. Jolivet: M. le Président, qu'est-ce qu'on fait, nous
autres, comme députés, ici, ce soir, là? Là, j'ai
un gros problème parce que, ce qu'elle est en train de me dire, c'est
exactement la discussion qu'on a eue l'autre soir, ici, avec d'autres
personnages. C'était toute la question de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Vous pensez que la
Commission de la santé et de la sécurité du travail, c'est
elle qui reçoit le travailleur chez nous, dans notre bureau, vous? Puis
c'est elle, pourtant, qui passe des règlements. C'est ça qu'on
contestait. C'est ce qu'on disait au ministre du Travail, l'autre soir, que
ça n'avait pas de bon sens, ce qu'il était en train de passer,
parce que ce n'était pas une loi pour aider le travailleur
accidenté ou la travailleuse accidentée; c'était une loi
pour régler le problème des fonctionnaires de la CSST. Je n'ai
rien contre la Régie. Mais il me semble que, moi, j'ai un pouvoir de
décision, comme député, puis d'influence. Ce sont toutes
ces décisions-là. Si je n'ai pas ça, je suis quoi, moi,
dans ça?
Mme Bégin: Vous l'avez, M. le député.
M. Jolivet: Non, je ne l'ai pas. Mme Bégin: Oui,
vous l'avez.
M. Jolivet: Je ne l'ai pas parce que, un règlement...
Mme Bégin: Oui, vous l'avez.
M. Jolivet: ...je ne l'ai pas, le pouvoir.
Mme Bégin: Vous l'avez.
M. Jolivet: je donne carte blanche à quelqu'un de proposer
par règlement, dans la
gazette officielle, avec prépublication et publication. il
ne faut...
Mme Bégin: Vous avez votre pouvoir. M. Jolivet:
Quel pouvoir j'ai?
Mme Bégin: Vous avez le pouvoir de toujours retirer ce que
vous avez délégué.
M. Jolivet: Bien, je m'excuse. Je m'excuse!
Mme Bégin: Oui. Ah! bien oui! Ça, par exemple.
M. Jolivet: Je m'excuse! S'il faut que je passe par la loi,
moi... Lui, il va passer par le règlement comme responsabilité de
la Régie, comme la responsabilité de la CSST. Qu'est-ce que la
CSST a voulu amener? C'est de régler son problème de
déficit sur le dos des travailleurs en prenant la pensée des
entrepreneurs. Qu'est-ce que ça a donné comme résultat?
Regardez la négociation qui se fait. On s'est fait guillotiner ici, en
commission parlementaire, la semaine passée. Ils devaient l'amener, la
discussion, ce soir, puis ils ne l'ont pas amenée. Pourquoi? Parce que,
nous autres, on savait que la pression qu'on faisait, c'était dans le
but, justement, d'aider les travailleurs et les travailleuses à
régler le problème d'eux-mêmes et non pas de la CSST. Puis
ce n'est pas par règlement qu'on va le régler. Je comprends la
députée de nous dire ça aujourd'hui. Elle, elle est
obligée de le dire: c'est ça qui est marqué dans la loi.
Mais moi, je peux lui dire, par exemple, parce qu'il y a des discours que j'ai
entendus de ce bord-ci, alors que j'étais de votre côté,
madame. Je peux vous dire qu'on en a mangé, des rinces, à
l'époque, puis on expliquait la même chose que vous expliquez.
Mme Bégin: Ha, ha, ha! On change un côté, on
change...
M. Jolivet: Malgré tout ça, on a
décidé, à ce moment-là... Non, mais c'est vrai.
C'est ce que mon collègue disait tout à l'heure. Mais
nous autres, on n'a pas passé une loi, par exemple. Nous autres,
on n'était pas des gens qui ont passé la loi qui est devant nous.
La loi dit: On doit réglementer moins, on doit même, dans certains
cas, ne pas réglementer. On vous dit simplement: Mettez-la en pratique,
votre loi. C'est vous autres qui l'avez passée, la loi. Aïe! Je
vous donne juste l'exemple qui s'est passé au niveau des services de
garde. Il a fallu que quelqu'un, à l'intérieur de l'Office des
services de garde, qui n'était pas d'accord avec le ministre, indique
à des gens des garderies de se surveiller parce qu'il se passerait
quelque chose. Puis moi, j'ai essayé. Ça m'a pris une semaine et
demie. Je suis député, ça m'a pris une semaine et demie
pour avoir le règlement qui était pour être publié
dans la Gazette officielle. Je suis député. On me dit que
j'ai le droit de regard, puis on m'a refusé, à moi, le document
en me disant que ça ne me regardait pas. Tant et aussi longtemps qu'il
n'était pas dans la Gazette officielle, ça ne me regardait
pas. Je m'excuse. J'étais au courant puis je suis allé le
chercher. Je suis monté très haut pour aller le chercher.
Ça n'a pas de bon sens qu'on nous dise, à nous,
députés: Ça ne te regarde pas! C'est un règlement.
Ce n'est pas de tes affaires. Imaginez-vous qu'en plus, s'il faut que je
demande à mes employés de lire la Gazette officielle,
parce que je n'ai pas toujours le temps de la lire, pour m'assurer que, ce
qui regarde les dossiers que j'ai à travailler, j'ai au moins
l'assurance de l'avoir bien vu, sinon je vais me faire accuser de quelque
chose: ne pas me tenir au courant. J'essaie de me tenir au courant, moi.
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 7, qu'est-ce
qu'on fait avec ça?
M. Baril: Bien, qu'est-ce qu'on fait avec ça? Je reviens
sur la déclaration étonnante de la députée de
Bellechasse, je crois...
Mme Bégin: Bien oui, c'est de Bellechasse. Vous pouvez
croire parce que c'est de Bellechasse.
M. Baril: Comment?
Mme Bégin: Vous pouvez croire parce que je suis de
Bellechasse.
M. Baril: Bien, c'est ce que je dis.
Mme Bégin: Oui, oui, mais ce n'est peut-être
pas...
Une voix: La députée de Bellechasse, je crois.
Mme Bégin: Oui.
M. Baril: Bien, je crois... Si j'avais dit «la
députée de Montmagny-L'lslet» ou je ne sais trop quoi...
J'aurais très bien pu me tromper de comté. J'ai dit: Je pense que
c'est... Je ne veux pas me tromper, mais je pense que c'est le comté de
Bellechasse. Je vais vous dire, Mme la députée, je ne suis pas le
genre de gars qui cherche ses mots trop longtemps pour parler, parce que je
n'ai pas le bec trop pointu. Je m'aime comme je suis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Ça fait que...
Une voix: J'espère.
M. Baril: ...je ne me forcerai pas trop...
Une voix: Très important.
M. Baril: Je ne me forcerai pas trop pour essayer de bien
parler...
M. Picotte: C'est de vous embrasser le matin qui doit être
dur.
M. Baril: Si tu parles trop bien, tu finis par bien
«perler», comprends-tu? Bon. Ça fait que...
M. Picotte: Si vous vous aimez comme vous êtes, c'est de
vous embrasser le matin qui doit être dur.
M. Baril: Ah! ça, de grâce! M. le ministre. Ha, ha,
ha! Mais je reviens sur cette étonnante déclaration de la
députée de Bellechasse, M. le Président, qui, en tant que
législateur, transfère son droit à une régie, en
voulant dire: Moi, ça ne me regardait pas. Le rôle de
législateur de voter des lois, moi, ce n'est pas ma job. Nous autres,
les députés, on ne sait pas comment écrire ça, des
lois. Ça fait qu'on laisse ça aux fonctionnaires, puis eux autres
vont s'arranger avec ça. Après ça, c'est elle qui va
être obligée de justifier, au niveau de ses électeurs, de
son public, pour quelle raison tu as un maudit règlement et que
quelqu'un s'enfarge dedans. Là, on dira: Ah! je n'ai pas vu passer
ça! C'était un règlement. Aujourd'hui, elle vient
renchérir et elle vient dire: Moi, c'est parfait.
Mme Bégin: M. le député.
M. Baril: Elle entérine ce que le ministre dit: C'est
parfait, les règlements. Moi, je vis bien là-dedans et ça
s'en va bien là-dedans. On ne publicise pas ça. Les
fonctionnaires font ça; c'est des gens qui ne peuvent pas se tromper,
les fonctionnaires.
Mme Bégin: M. le député. (23 h 40)
M. Baril: Je l'ai dit tout à l'heure: L'erreur est
humaine. Les fonctionnaires, tout à l'heure, à deux reprises, je
crois... Je crois, il ne faut pas que j'utilise ça, excusez ce
mot-là. Je pense, si ma mémoire est bonne, que les fonctionnaires
tout à l'heure ont dit: On s'est trompé deux fois. On a fait des
erreurs. On enlève ça, on efface ça. On ne leur a pas
chanté de bêtises et on ne leur a pas dit: Quel droit vous avez
utilisé pour vous tromper? Vous vous êtes trompé, vous avez
fait une erreur, bravo, merci. On efface ça, on continue, puis on s'en
va. Mais, là, la députée a dit: Non, les fonctionnaires,
on est sûrs, on est certains, c'est attaché à toute
épreuve, ils ne se tromperont pas. Il y a juste eux autres qui
connaissent ça. Nous autres, on n'a pas besoin de voir ça, les
règlements.
Mme Bégin: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Baril: On n'a pas besoin de voir les lois, nous autres.
Mme Bégin: Ce n'est pas ça.
M. Baril: Pourquoi vous ne voulez pas vous garder des pouvoirs
qui sont justement...
Mme Bégin: On a le pouvoir de...
M. Baril: ...le rôle des députés de
légiférer, de passer les lois et d'avoir des lois les plus
claires possible? C'est ça qu'on demande. Le président l'a dit
tout à l'heure. Il a dit: Ça va être les mêmes
règlements parce que c'est nous autres qui les approuvons, ou qui les
entérinons, ou qui les légalisons, les règlements de
l'UPA. Ça va probablement être les mêmes. Qu'on les
écrive, ce n'est pas compliqué. Qu'on les écrive dans le
projet de loi, qu'on définisse les régimes. H y en a quatre que
le ministre a nommés. Qu'on fasse les nôtres, ceux de l'UPA. Ce
n'est pas plus compliqué que ça. On ne demande pas la fin du
monde, on n'invente pas les boutons à quatre trous. Le président
de la Régie dit: Ceux de l'UPA, c'est nous autres qui les approuvons et
c'est comme ça que ça fonctionne. Ceux de l'UPA, que la
Régie dise, puisqu'elle les approuve: Maintenant, on fait ces
règlements-là ou ces conditions-là. On les fait
nôtres, puis on les écrit dans notre loi. Ça va être
clair, on va arrêter de s'obstiner, puis on va s'en aller sur quelque
chose de précis.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse.
M. Baril: Ce n'est pas un manque de confiance face à la
Régie, au contraire.
Mme Bégin: Tout simplement, je pense que le
député d'Arthabaska m'a mal comprise. Tout simplement ce que j'ai
dit tantôt, c'est que le gouvernement conserve toujours son pouvoir de
reprendre la délégation qu'il a accordée. Il a
accordé des compétences à la Régie. Si la
Régie ne cadre pas avec la politique gouvernementale pour une raison ou
pour une autre, on a toujours le pouvoir de reprendre les pouvoirs qu'on a
délégués.
M. Baril: C'est un processus qui est long, ça.
Mme Bégin: Moi, je peux vous le dire, M. le
député. Vous me dites: On n'a qu'à marquer qu'on s'en
remet aux règlements. Tantôt, vous avez dit: On a rien qu'à
marquer qu'on s'en remet aux règlements de l'UPA...
M. Baril: J'ai dit: Qu'on les définisse.
Mme Bégin: Mais l'UPA peut aussi changer ses
règlements et on va être pris.
M. Baril: Qu'on les définisse.
Mme Bégin: Qu'on soit d'accord ou non, ça va
être dans la loi et on va être pris avec. Donc, pourquoi ne pas
laisser ce pouvoir discrétionnaire à la Régie de juger si
les règlements de l'UPA, pour une raison ou pour une autre... Je ne dis
pas qu'aujourd'hui les règlements de l'UPA ne sont pas bons,
peut-être qu'ils sont excellents. Mais, dans un an ou dans deux ans, si
la loi dit qu'il faut s'en référer aux règlements de
l'UPA, peut-être que, dans deux ans, les règlements de l'UPA ne
seront plus à date.
M. Jolivet: On changera la loi. On fera un amendement à la
loi.
Mme Bégin: À ce moment-là, je pense qu'il
faut laisser tout de même une certaine discrétion à la
Régie, tout en sachant très bien que le gouvernement a toujours
le pouvoir de revoir la loi.
Le Président (M. Richard): M. le ministre et, par la
suite, Mme la députée de Terrebonne.
M. Picotte: m. le président, je ne comprends pas vraiment
la discussion, dans le sens que... la députée de bellechasse a le
droit d'avoir son opinion là-dessus.
M. Baril: Oui, oui. On lui laisse.
M. Picotte: Bien sûr, on peut lui dire qu'on ne comprend
pas qu'elle ait cette opinion-là, comme l'a fait le député
d'Arthabaska, mais la moindre des choses qu'on peut dire, c'est qu'elle a le
droit et le devoir d'exprimer qu'elle préfère que ce soit fait
par règlement, et d'autres ont le droit de dire qu'ils n'aiment pas
ça, des règlements.
Une voix: Je ne lui vole pas son idée.
M. Picotte: Une loi où tout serait dedans et que ce serait
encore beaucoup plus compliqué que d'avoir une loi avec des
règlements où on peut se référer, je ne vois pas ce
que ça change, en ce qui me concerne. De toute façon, M. le
Président, c'est libre à chacun d'émettre l'opinion qu'il
veut bien émettre là-dessus, et je respecte ça de part et
d'autre. Je vous donne la mienne en vous disant que, moi, je ne changerai pas.
Je veux que la Régie ait son propre règlement sur ça, sur
un référendum qu'elle doit tenir, et non pas se
référer à un autre règlement qui pourrait
être ailleurs, qui pourrait être changé à un moment
donné, puis qui nous captivera de ce qu'on voudrait ou de ce qu'on ne
voudrait pas faire. Alors, je souhaite ça, M. le Président. C'est
aussi simple que ça.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je pense que personne
ne peut contester que le législateur peut modifier une loi puis enlever
des pouvoirs à la Régie. Mais le ministre lui-même nous a
dit tantôt à quel point c'était long, comme
procédure, de modifier, puis qu'il préférait parfois que
ce soit inscrit, à un moment donné, des changements dans la loi,
plutôt que de revenir modifier le projet de loi. Lorsqu'on disait
tantôt qu'il y a 7 articles sur 24 qui font référence
à des règlements, j'aimerais préciser que l'article qu'on
étudie présentement, l'article 7 qui vient modifier l'article 54,
dans le premier paragraphe on fait référence deux fois aux
règlements, M. le Président, pas seulement une fois, et là
il faut le redire. À l'article 54, au premier paragraphe: «...la
Régie détermine, par règlement, les qualités
requises d'un producteur et les conditions auxquelles il doit
satisfaire...»; et, dans le même paragraphe: «Chaque
producteur intéressé a droit à une voix sauf si son
exploitation est soumise à un régime juridique
déterminé par règlement de la Régie».
Je pense qu'il y a peut-être abus dans le projet de loi. Ce qu'on
essaie de dire, ce n'est pas très compliqué, M. le
Président, on trouve que plus on légifère, on avait dit
qu'on devait moins réglementer, mais plus on légifère,
plus on regarde les projets de loi qu'on nous dépose, plus ce sont des
projets de loi par règlement.
M. Baril: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Est-ce que nous...
M. Baril: ...j'aurais quelques petits mots encore.
Le Président (M. Richard): Allez-y, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Des éclaircissements. Peut-être qu'ils
pourraient faire changer... je ne nommerai personne. Peut-être qu'ils
pourraient faire changer l'idée de certaines personnes alentour de la
table. Si on regarde ça, d'abord on dit que la Régie
déterminera, par règlement, les régimes juridiques qu'elle
voudra bien reconnaître. On va y aller concrètement. Admettons que
- donnons un exemple - la Régie veut tenir un référendum
sur, je vais dire, l'application du rapport de médiation. On a un bel
exemple. On a tout ça ici. Le rapport de médiation.
C'est la Régie qui, elle-même, va définir quels
producteurs, et en quel nombre, vont avoir droit de vote. Il y a des
régimes où ils peuvent avoir droit à deux votes, d'autres
un vote, d'autres peuvent en avoir trois. On ne sait pas. Ce n'est pas
marqué. C'est un ou deux. Bon. Un vote ou deux votes, et elle peut
déterminer aussi quelle catégorie de producteurs va avoir le
droit de voter pour telle chose. Ça veut dire que si la Régie
veut absolument que le rapport du médiateur soit accepté tel que
le gouvernement le désire, elle-même peut arriver et peut aller
jusqu'à exclure des agriculteurs qui seraient intéressés
à voter sur le référendum tenu, mais ils seront exclus par
la Régie parce qu'elle aura déterminé, par
règlement, qui aura droit de vote au niveau de tel
référendum. C'est pour ça, M. le Président, que si
la Régie, si c'était écrit dans la loi
«déterminer le droit de vote par régime», le ministre
en a nommé quatre, tout à l'heure. Bon. Et je le
répète. Il a dit: C'est ceux de l'UPA, qu'il a nommés
là. Admettons qu'on convienne ensemble qu'on fait nôtres ces
définitions-là, celles que l'UPA définit, qu'on les fait
nôtres, on inscrit dans la loi et la Régie aura à tenir
compte de ce dont le législateur lui a dit de tenir compte dans la
loi.
Ce n'est pas une confiance aveugle envers un organisme gouvernemental,
comprends-tu, qui, lui, je le répète, peu importe quel organisme
gouvernemental, n'a aucun compte à rendre au public. C'est toujours
l'homme et la femme élu qui, lui ou elle, a à tenir compte des
décisions au niveau du public. Y a-t-il quelque chose de plus choquant,
de plus enrageant quand, nous, en tant qu'élus, nous avons à
justifier une décision qu'un gouvernement a prise par règlement?
Mon collègue de Laviolette, tout à l'heure, en a parlé.
Quand la CSST décide de changer, par règlement, une telle
affaire, c'est nous autres qui avons à justifier cette maudite patente
là que bien des fois les fonctionnaires ont fait ça pour se
sauver du temps ou pour clairer du monde littéralement pour qu'ils ne
soient plus embarrassés de ça. (23 h 50)
Ça n'a pas de bon sens, laisser à des organismes
paragouvernementaux des pouvoirs qui reviennent aux législateurs. C'est
pour cette raison que je me dis que le ministre, dans un
esprit d'ouverture, de compréhension - il reste 10 minutes - il
pourrait dire: C'est correct. Je vais regarder ça cette nuit. Je vais
demander à mes fonctionnaires demain matin, au petit déjeuner,
qu'ils regardent ça, quelle formulation on pourrait faire. Les
députés de l'Opposition m'ont convaincu que le législateur
devrait se garder plus de pouvoirs au niveau de l'administration des lois et
non arrêter de tout réglementer et se débarrasser. Le
gouvernement, actuellement, se débarrasse de sa job en faisant par
règlement tout ce que, normalement, on pourrait faire plus facilement
par une loi.
Dans le premier paragraphe, ma collègue me faisait mention
qu'à deux reprises, à deux reprises, on réglemente. Dans
un seul paragraphe. On réglemente dans un seul paragraphe. Ça n'a
pas de bon sens, c'est de la réglementation à outrance dont on ne
sait pas ce que ça va nous apporter.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je ne demanderai à
personne d'y réfléchir cette nuit. Même, je leur ordonne de
ne même pas y penser.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Je ne souhaite pas que ça se fasse autrement
que par règlement. Je ne le souhaite pas comme ministre. Alors, l'autre
arbitrage qu'il reste à faire au député d'Ar-thabaska,
c'est d'écrire au premier ministre pour lui demander de changer le
ministre de l'Agriculture qui ne veut pas obtempérer à ses vues.
Je ne le souhaite pas et je vous défends d'y penser durant la nuit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Avec le temps que ça prend au premier ministre
pour prendre une décision, on va avoir le temps de se rendre à la
deuxième élection avant qu'il y ait une décision qui soit
prise par lui.
M. Picotte: Et voilà!
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 7 est
adopté?
M. Baril: Sur division, bien entendu.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
Nous appelons donc l'article 8. M. le député Laviolette.
Obligations
M. Jolivet: On pourrait peut-être le commencer, mais, avec
toutes les demandes que j'ai au niveau de l'article 8 concernant les amende-
ments, est-ce que ce serait le temps de voir s'il y a des amendements
potentiels?
M. Picotte: M. le Président, je pense bien que le
député de Laviolette aurait pu me permettre de parler pour que je
puisse les déposer. Celui-là, évidemment, on aura toute
l'occasion... S'ils veulent garder leur énergie pour y
réfléchir cette nuit, ils auront tout le temps voulu pour
déposer, à l'article 8, un projet d'amendement, un amendement qui
tiendrait compte de certains points, des points dont on doit ou dont on peut
tenir compte - ce que nous a souligné le député - et c'est
l'effort que nous avons fait pour tenir compte de ces points-là. Alors,
M. le Président, je vais vous demander... et je m'excuse,
évidemment, de l'écriture, non pas qu'elle ne soit pas belle,
parce que c'est une agréable main d'écriture qui l'a fait, mais,
compte tenu que ça a été fait à la main, je
m'excuse que ça ne soit pas dactylographié pour le
déposer. Je vais le lire tout simplement, M. le Président, et
bien sûr qu'on aura toute l'occasion voulue pour y
réfléchir par la suite.
Alors, en ce qui concerne le projet de loi 23, Loi modifiant la Loi sur
la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche et la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, l'article 8: Remplacer le deuxième
alinéa, édicté par cet article 8, par le suivant:
«Toutefois...» Évidemment, on se rappellera qu'on a le
premier alinéa qui est inscrit et qui ne semble pas contesté;
donc le premier alinéa qui reste là. Le deuxième
alinéa se lirait comme suit, M. le Président: «Toutefois,
une personne ou une société qui est propriétaire d'une
forêt privée d'au moins 800 hectares d'un seul tenant n'est pas
assujettie aux droits et obligations mentionnés au premier alinéa
à l'égard d'un produit de cette forêt visé par un
plan conjoint, récolté pour elle-même et transformé
dans une usine qu'elle exploite.»
Alors, voilà le dépôt de l'amendement que je fais.
Remarquez, M. le Président, que l'article 8, évidemment, conserve
le premier alinéa et est remplacé le deuxième
alinéa par l'amendement que je viens de vous soumettre.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a des
réactions?
M. Jolivet: On va le regarder plusieurs fois, M. le
Président, parce que ça demande des vérifications des
questions que j'ai posées. Je vais faire les consultations qui
s'imposent - ça va aller à demain matin - auprès des gens
concernés pour voir ce qu'ils en pensent.
Le Président (M. Richard): Est-ce à dire que vous
termineriez...
M. Jolivet: Bien, je suggérerais, oui, qu'à ce
moment-là...
Le Président (M. Richard): ...les travaux à moins
cinq au lieu de minuit? Je ne pense pas que personne s'en plaigne.
M. Jolivet: Ça ne changera pas grand-chose.
M. Picotte: Je ne pense pas que ça cause de
problème particulier.
Le Président (M. Richard): Non, ça ne cause pas de
problème majeur. Vite avant que quelqu'un ne change d'idée! Nous
ajournons sine die.
(Fin de la séance à 23 h 55)