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(Vingt et une heures trois minutes)
La Présidente (Mme Bégin): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation va débuter sa
séance. Je déclare la commission ouverte et rappelle à
cette commission le mandat qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 142, Loi modifiant la Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
d'autres dispositions législatives. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par Mme Dupuis (Verchères).
La Présidente (Mme Bégin): Merci. Maintenant,
j'inviterais M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation à nous faire part de ses remarques préliminaires
concernant ce projet de loi.
M. Picotte: Mme la Présidente, j'ai eu l'occasion
d'exprimer mes commentaires lors du débat qui a
précédé la commission parlementaire et je suis prêt,
quant à moi, à examiner les articles un après l'autre dans
le but de faire adopter ce projet de loi là dans les meilleurs
délais. Merci.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
Est-ce que, M. le député d'Arthabaska, vous avez quelques
remarques préliminaires concernant ce projet de loi?
Remarques préliminaires M. Jacques
Baril
M. Baril: Oui, j'en aurai quelques-unes. Surtout que le ministre,
en Chambre, lui, il a un privilège ou un droit de réplique que
moi, je n'ai pas. Et j'aimerais profiter de...
M. Picotte: Je vais en avoir un ici aussi, tantôt.
M. Baril: Ah oui! C'est vrai. Vous avez toujours le dernier mot
à dire, mais, au moins, quand on a le droit de parler, c'est toujours
ça qui équilibre un peu les forces.
J'aimerais juste rétablir certains faits et j'aurais aimé
ça le faire en haut parce que peut-être qu'il y a plus de gens qui
lisent ou écoutent les débats de l'Assemblée nationale que
les débats de cette commission. Ça s'équivaut peut-
être, mais en tout cas. J'aimerais d'abord rectifier tout de suite une
impression que, sans doute involontairement, le ministre a pu donner en Chambre
par ses propos, en disant: Écoute, là, les coûts
supplémentaires pour les agriculteurs, c'est à peu près 36
$ que ça va leur coûter par ferme - je pense que c'est ça,
le montant qu'il a donné, 36 $ par ferme - donc, il n'y a pas
grand-chose là et je ne verrais pas pourquoi ils crieraient. Et le
ministre signalait que n'importe quel résident aimerait ça, lui,
s'il y avait une partie de ses taxes foncières, sur sa maison, qui
étaient remboursées.
J'aimerais juste informer - comme je dis, c'est pour rectifier un peu
les choses pour ne pas que les agriculteurs passent pour des quêteux et
des "téteux", bon - pourquoi ce régime-là a
été mis en place, entre autres, au niveau du remboursement d'une
partie des intérêts. D'abord, c'est parce que, pour un
agriculteur, sa terre, c'est son revenu. N'importe quel ouvrier... Je vais
donner l'exemple d'un mécanicien qui s'achète des outils. Il vit
de ses outils, c'est son gagne-pain, ces outils-là, alors lui, il a le
droit de déduire de son impôt les taxes qu'il paie à
l'achat de ces outils-là. Donc, ce n'est pas un privilège qu'on
accorde aux agriculteurs, un remboursement d'une partie de leurs taxes
foncières. Je trouve excessivement important de démontrer
à la population que si, pour l'ensemble de leurs taxes et de leurs
impôts, ils paient des sommes d'argent pour le remboursement de ces
taxes, c'est parce que c'est reconnu que tous les agriculteurs, que ce soient
leurs terres, leurs animaux, que ce soit une culture sans sol ou avec sol,
c'est leur gagne-pain, c'est leur coffre à outils.
Deuxième spécification. Pourquoi, souvent, les
gouvernements accordent-ils une aide aux agriculteurs? C'est parce que tout le
monde, les économistes les premiers, le démontre que 1 $ investi
dans l'agriculture te rapporte de 2 % à 3 % dans les meilleures
années. Les meilleures années, pour 100 $ investis, ça te
rapporte de 2 $ à 3 $ par année. Je vous dis que ça prend
des braves en démon pour être capables d'investir en agriculture
quand on sait que, dans l'industrie, c'est en moyenne, bon an mal an, de 17 %
à 18 % de rendement de ton argent investi et que, dans le commerce,
ça monte jusqu'à 45 %, 50 % de ton argent investi. Donc, c'est un
peu pour une compensation que l'ensemble de la collectivité
québécoise se doit de supporter ces hommes et ces femmes qui sont
assez courageux pour risquer d'investir 100 $ alors que ça leur rapporte
2 $ ou 3 $ à la fin de l'année. Pourtant, c'est une mise au point
que moi, je jugeais
nécessaire de faire. Et, encore une fois, je ne présume
pas pantoute de la volonté du ministre d'avoir laissé
démontrer que c'est une faveur qu'on faisait aux agriculteurs et qu'en
réalité ils n'auraient pas besoin de recevoir ça, un
remboursement des taxes foncières. Mais je voulais définir
exactement le principe qui a guidé au tout début de l'application
de cette loi-là, dans les années cinquante, je pense, ça a
déjà été appliqué, le remboursement des
taxes foncières ou la fiscalité municipale.
Autre chose que j'aimerais savoir tout au cours de l'étude
article par article: Comment le ministre... Parce qu'il parle beaucoup que
cette réforme, ça va être pour éliminer les
parasites, tel que décrit, au niveau d'agriculteurs qui n'en
étaient pas, de personnes qui ne vivaient absolument pas de
l'agriculture et qui bénéficiaient pareil du remboursement des
taxes foncières: J'encourage le ministre à être capable de
les soustraire de l'application de cette loi, que ce soient des avocats, des
députés, des notaires, des dentistes ou des professeurs. C'est
vrai qu'ils n'ont pas d'affaire, s'ils n'en vivent pas, si ce n'est pas leur
principal revenu, à recevoir un remboursement. Mais comment le ministre
pense-t-il être capable d'éliminer ça efficacement avec
cette loi-là, quand on pense qu'il va falloir qu'il vérifie,
entre autres, au niveau des exploitations agricoles enregistrées dont la
superficie comporte plus de 25 % de sol improductif?
Dans le projet de loi - je ne sais pas à quel article, parce que
je l'ai lu - on dit que ça va être vérifié ou, en
tout cas, que ça va être applicable sur l'année
précédente. Quel mécanisme le ministre va-t-il pouvoir
mettre en place et à quel coût va-t-on pouvoir administrer
ça pour vérifier - je ne sais pas si ça va être
chaque année, mais, dans la loi, on dit que c'est sur l'année
précédente - qu'un producteur agricole a plus de 25 % de la
superficie de son exploitation qui n'est pas en culture? Je doute fort du
mécanisme qu'il va pouvoir utiliser pour enlever, justement, les
parasites du système qui bénéficient d'un remboursement et
qui, en soi, n'en ont pas besoin.
L'autre interrogation que je me pose c'est: Comment le ministre va-t-il
pouvoir faire, encore une fois, pour évaluer tous les ans, parce que le
nouveau régime est toujours basé sur le rendement de
l'année précédente... Quand le ministre dit que chaque
hectare de terre doit rapporter 150 $, il doit y avoir un rendement de 150 $
par hectare. Comment va-t-il faire pour vérifier ça à la
grandeur du Québec, que chaque acre de terre est, en moyenne,
cultivé ou pas cultivé? S'il y en a 10 % qui n'est pas
cultivable... Quand même tu voudrais forcer l'agriculteur à
cultiver, je dirais, un rocher qui traverse sa terre ou qui longe sa terre, une
partie de sa terre, quand même tu voudrais le forcer à cultiver
ça... Si le ministre inclut cette superficie-là dans les
superficies exigibles pour répondre à la loi, quel
mécanisme va-t-il pouvoir mettre en place pour être capable de
vérifier tout ça pour, encore une fois, enlever ceux et celles
qui n'ont pas affaire à avoir de remboursement?
Aussi, le ministre a semblé surpris tout a l'heure de constater
que l'Opposition, en tout cas, a accepté - pas accepté, comment
on dit ça? voté sur division? je ne sais pas quoi - a
accepté sur division le projet de loi, le principe du projet de loi en
Chambre. Le ministre a semblé un peu surpris de ça. Môme si
l'UPA est d'accord avec le projet de loi - je ne sais pas combien de rencontres
vous avez eues chez vous avec eux autres - moi, en mon âme et conscience,
je ne suis pas capable d'accepter une augmentation des responsabilités
financières qu'encore une fois on exige des agriculteurs et en plus, je
ne suis pas capable d'accepter un autre désengagement de l'État
face à l'agriculture. L'UPA, elle aura beau dire ce qu'elle voudra, elle
l'acceptera, mais moi, en tant que député d'Arthabaska et en tant
que représentant de l'Opposition officielle, je n'ai pas pu convaincre
et je n'ai pas voulu convaincre mes collègues de dire: C'est un bon
projet de loi pour l'agriculture. D'autant plus qu'avec les sommes d'argent
supplémentaires que ça exiger: du ministre de l'Agriculture dans
son budget parce qu'il va rembourser la partie que le MAM remboursait avant -
l'an passé, c'était environ 15 000 000 $ qu'il y avait, au MAM,
pour rembourser sa partie à lui - quelle assurance le ministre va-t-il
avoir ou a-t-il obtenu du Conseil des ministres ou du président du
Conseil du trésor qu'à chaque année un autre de ses col
lègues, que ce soit au niveau du ministre de l'Éducation, que ce
soit au niveau du ministre des Affaires municipales, ne décidera pas
d'amener une loi pour augmenter encore, comme ça s'est fait
dernièrement au niveau des taxes scolaires et comme ça se fait
présentement avec la réforme Ryan, sensiblement le coût des
taxes donc ça fait une charge supplémentaire au ministre de
l'Agriculture, et quelle assurance a-t-il pu obtenir du président du
Conseil du trésor que ces sommes d'argent que ça exigera sur son
budget, il les aura automatiquement comme sommes additionnelles, sur son budget
de chaque année pour ne pas que ça vienne gruge encore la petite
partie que je dis qu'il reste, à peu près 10 % de son budget qui
lui reste?
Non, non. Le ministre a l'air de reste surpris, mais ma question est
là pareil. On ne peut pas arriver, accepter et adopter n'importe quoi
sans en évaluer les conséquences. Vous l'avez vu vous-même
l'an passé, avec l'élargissement de l'assiette fiscale au niveau
des commissions scolaires; ça vous a coûté 10 000 000 $. Et
ce n'est pas vous qui l'avez voulue, cette réforme-là. C'est le
ministre de l'Éducation qui l'a présentée avec le
président du Conseil du trésor qui, lui, a dit: Bon, nous autres,
on permet aux commissions scolaires d'aller chercher
plus d'argent. C'est clair, ça? Les conséquences sont
où? C'est vous qui avez dû les absorber. C'est à peu
près 10 000 000 $ de plus dans votre budget que ça a
coûté l'an passé. Là, la réforme Ryan qui va
s'appliquer au niveau des municipalités à partir de 1993, entre
autres au niveau de la voirie rurale, au niveau de la police dès
l'année qui vient, ça va occasionner des sommes
supplémentaires de remboursement de taxes à votre
ministère et, déjà, votre marge de manoeuvre est
très mince parce qu'il y a 90 % de votre budget qui dépendent
uniquement des lois d'autres ministères: l'assurance-stabilisation, le
financement, le remboursement des taxes foncières et j'en oublie. Il ne
vous reste plus que 10 % de votre budget à administrer pour de l'aide
à la production ou pour être capable de pouvoir faire de la
recherche. (21 h 15)
Donc, si ce régime, dont on parle là, était en
place actuellement - votre ministère a dû faire des
évaluations, a dû faire des projections d'augmentation de budget -
j'aimerais connaître les chiffres. Connaissant la conscience de vos
fonctionnaires, ils ont dû regarder, vérifier, à l'avenir,
quelle sorte d'engagement ça pourrait occasionner sur votre budget. Sur
quelle base avez-vous calculé vos données pour arriver à
dire que ça va coûter à peu près 36 $ par
agriculteur?
Dans l'élimination des parasites, dans la recherche de
récupérer des sommes d'argent, le fait que la Commission de
protection du territoire agricole ait évacué de la zone verte 166
000 hectares de terre agricole, automatiquement c'est un plus. C'est un plus
pour vous, le fait que ça vous coûte moins cher. C'est un moins
pour l'agriculture parce qu'elle a perdu 166 000 hectares, mais, au niveau de
vos budgets à vous, c'est quand même 166 000 hectares. Si on
regarde le plafond à 475 $ par hectare, avec une moyenne de 1,39 $, je
pense, les 100 $ d'évaluation - la moyenne au Québec, c'est 1,29
$ ou 1,39 $ - le ministère, il a sauvé de l'argent. "C'est-u"
pour cette raison que la CPTAQ a les portes si grandes que ça pour
exclure du territoire agricole? Ce sont toutes des questions et j'aimerais
ça, en tout cas, avoir plus d'éclaircissement sur ces
points-là.
Je ne sais pas, Mme la Présidente, si le ministre a des
réponses à nous donner aux questions que je pose ou s'il aime
mieux, s'il préfère attendre quand on arrivera à chaque
article. Mais je vais terminer en disant que l'Union des producteurs agricoles
a écrit au ministre en date du 22 mai 1991 - ce n'est pas tellement loin
- demandant d'être entendue à cette commission, et en a fait
également parvenir une copie au président de la commission, au
vice-président ainsi qu'à moi-même. Le ministre nous a dit
tout à l'heure qu'il y a eu plusieurs rencontres avec l'Union des
producteurs agricoles, mais qu'est-ce que le ministre entend faire?
J'ai aussi pris connaissance d'une réponse qu'il a fait parvenir
à M. Proulx, le président de l'UPA. Il ne fermait quand
même pas la porte. Le ministre soulignait qu'il y avait eu plusieurs
rencontres, etc., mais il ne fermait pas la porte. Je l'ai ici. Il finissait en
disant: "Dans ces circonstances, je n'arrive pas à m'expliquer le sens
de vos remarques et je questionne l'opportunité de vous entendre
à la commission permanente de l'agriculture." Le ministre ne dit pas: Je
ne veux rien savoir de vous autres, mais le ministre a le droit, est en bon
droit de se questionner. Mais est-ce que le ministre se questionne encore ou
si, pour lui, c'est clair: le ministre n'a pas l'intention de les entendre,
qu'ils viennent nous dire s'ils sont contents ou bien s'ils sont
mécontents, ou bien féliciter, honorer le ministre? Qu'est-ce qui
va arriver avec ça?
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Je vais commencer, Mme la Présidente, par la
lettre que j'ai envoyée aux membres de l'UPA. Je n'ai pas l'intention de
les entendre en commission parlementaire, d'autant plus qu'après que le
président de l'UPA m'eut envoyé cette lettre-là du 22,
j'ai eu l'occasion, la semaine dernière, de le rencontrer et que mes
services ont eu l'occasion de les rencontrer tout un après-midi.
À partir de ce moment-là, c'est là que j'ai achemine ma
lettre au président de l'UPA. Je n'ai pas l'intention de les entendre
puisque l'ensemble du projet de loi fait partie d'un accord de principe.
À partir de ce moment-là, je pense qu'il serait inopportun de les
entendre. Voilà pour une première réponse au
député d'Arthabaska.
En ce qui concerne les commentaires, Mme la Présidente, je vais
reprendre l'essentiel des points qu'il a donnés en donnant rapidement
mon point de vue là-dessus et, par la suite, je pense que, quand on
arrivera à chacun de ces articles-là, on pourra avoir une grande,
une large discussion sur chacun des points.
D'abord, je pense que le député d'Arthabaska, dans ses
remarques préliminaires, aurait dû vous mentionner, Mme la
Présidente - et vous l'avez entendu, mais je vais faire le point, je
vais répéter le point quand même - que j'ai dit que
c'était à juste titre que l'État acceptait de rembourser
une partie des taxes foncières parce que - je ne voudrais pas utiliser
un gros mot - quand on a zone les terres au point de vue agricole, on leur a
fait, dans le fond, un vol monumental de leur fonds de pension. On est
obligé de dire ça.
M. Baril: De leur quoi?
M. Picotte: De leur fonds de pension futur.
C'était l'exemple classique que les gens nous donnaient. Bien
sûr, tout le monde sait ça. La preuve, c'est qu'on n'aurait pas
peur des spéculateurs si les spéculateurs n'étaient pas
des spéculateurs. On sait très bien que, dans toutes les
régions du Québec, les gens ont vendu leurs terres quatre fois et
cinq fois leur valeur à des spéculateurs pour faire du
lotissement. Ça, le gouvernement a décidé d'arrêter
cette hémorragie-là pour tâcher de garder nos meilleurs
sols agricoles. Bien sûr, l'agriculteur disait, avec raison: Si je la
vendais à un spéculateur pour faire du lotissement, je la
vendrais 300 000 $, ma terre, mais parce que je suis obligé de la vendre
pour ne faire que de l'agriculture et de la laisser dans le domaine agricole,
je vais la vendre seulement 100 000 $. Et là, quand je vous parle de
ça, je me reporte en 1976, 1977. Alors, c'est bien sûr que, si on
parlait de 300 000 $ dans ce temps-là, on peut parier de 1 000 000 $
aujourd'hui et de 500 000 $ et 600 000 $, aujourd'hui, pour la laisser en
agriculture. Je suis obligé de garder une juste proportion aussi. Et par
ce fait-là qu'il y avait vraiment une dévaluation de la terre
à cause qu'elle devait demeurer en agriculture, le gouvernement a
décidé à juste titre - je l'ai dit et je le
répète, et je n'ai pas honte de le dire et je ne pense pas
insulter personne - de rembourser les taxes, d'ajouter au principe du
remboursement des taxes. C'est encore plus vrai que dans le temps de Duplessis
parce que Duplessis pariait du coffre à outils, mais le coffre à
outils, bien souvent, il avait été... Vous savez, il y a bien des
choses qui ont été données à gauche et à
droite depuis l'histoire du coffre à outils de Duplessis. Ça,
c'est probablement les salopettes à Vautrin qui ont fait qu'on a
décidé de parier du coffre à outils, mais il y a eu bien
d'autres choses de dépassées que le coffre à outils, Mme
la Présidente, depuis ce temps-là.
C'était vraiment le fait que les terres des agriculteurs ont
perdu de la valeur quand on a zone ça. C'était un choix à
faire. C'était un choix à faire, exactement, oui. Il ne faut pas
connaître le monde agricole pour ne pas dire ça ou il ne faut pas
rester dans des endroits où il y avait des possibilités d'acheter
des terres et de faire du lotissement. On a décidé de rembourser,
à juste titre d'ailleurs; je suis d'accord avec ça. Je suis
d'accord avec ça. Et pariez à n'importe quel agriculteur... J'ai
eu justement l'occasion en fin de semaine d'en parier avec des agriculteurs qui
me disaient: Moi, ma terre, il n'y avait pas de relève. Le gars n'avait
pas de relève; il me pariait du zonage agricole et il me disait: Tu sais
que je la vendrais pour faire bien mieux que ça et bien plus que
ça. Il était collé sur le village où on
fêtait un anniversaire, il aurait pu vendre sa terre pour faire des HLM
et de la construction. Il aurait pu la vendre bien plus que ça. Il est
obligé de la garder pour l'agriculture. J'ai dit: Oui, bien, c'est le
choix qu'on a fait et on va le respecter ce choix-là. Maintenant, il y a
des compensations autres à cause de ça.
C'est un des gros points majeurs, Mme la Présidente. Je le sais,
on était ici, on en a discuté abondamment. D'ailleurs,
c'était l'argument, et on pourra relever toutes les gâtées,
de mon collègue, M. Garon, dans le temps, le député de
Lévis, qui disait: Oui, effectivement, H y a une certaine
pénalité à ça. Bien sûr qu'il y a une
certaine pénalité. Mais il faut que l'État compense quand
on oblige des gens à être pénalisés pour des
situations qu'on décide de façon collective. C'est une
décision collective, le zonage. Ce n'est pas une décision
individuelle. Ce n'est pas une décision de Garon. Ce n'est pas une
décision individuelle. C'est une décision collective. On a dit:
II faut protéger nos meilleures terres agricoles pour se nourrir dans le
futur. Mais ce n'est pas aux agriculteurs de faire les frais d'une
décision collective. Ils ne peuvent pas, à eux seuls, nourrir le
public sans avoir de l'aide. Ça a été ça, la vraie
décision. Et je l'ai fait dire à M. Garon à maintes et
maintes reprises, et je vais relever les galées, et je vais vous les
expédier à part ça, parce que je me rappelle très
bien de ça. C'est moi qui la critiquais, la loi sur le zonage agricole,
qui avais à la débattre ici. J'agissais, dans le temps, comme mon
collègue qui est en face. Il y avait Julien Giasson qui était
avec nous. Oui. Et, à ce moment-là, c'est ce qu'on a fait.
Ça, c'est une des raisons. Donc, moi, je n'ai pas de misère
à dire et je n'ai pas de misère à souscrire au fait qu'il
faut compenser pour ça. Je n'ai pas de misère à souscrire
à ça, qu'il faut compenser pour ça, parce que je pense,
moi aussi, je suis persuadé que ce n'est pas aux agriculteurs seuls de
faire des sacrifices collectifs pour nourrir le Québec sans avoir de
compensation. Moi. j'embarque là-dedans facilement. Je n'ai pas de
problème avec ça.
Les 150 $ par hectare, le député d'Ar-thabaska me dit:
Comment on va faire pour évaluer les 150 $ par hectare, puis se fier
à ça? D'abord, ces déclarations-là, H va y avoir
une fiche d'enregistrement qui va être faite, puis il va y avoir,
justement, une déclaration du producteur avec vérification, la
même chose qu'on fait à l'impôt. Il va y avoir des
vérifications qui vont être faites, ce qu'on appelle dans notre
langage à nous, entre guillemets, des "spot checks", et on va prendre
les déclarations des agriculteurs. On va se fier aussi, bien sûr,
à d'autres agriculteurs, qui vont nous rendre des bons services pour
nous dire qu'un tel ne peut pas bénéficier des choses. Ça
se produit souvent, ça. D'ailleurs, ça fâche bien des
agriculteurs de voir que d'autres peuvent retirer puis aller piger...
D'ailleurs, c'est ça qu'il faut aussi, responsabiliser l'agriculteur,
pour être bien sûr que ce qui lui revient lui revient de plein
droit puis qu'il va en bénéficier totalement, et non pas que ce
soient d'autres qui viennent le gruger et le manger. Donc, il y a des fiches
d'enregis-
trement, il y a des déclarations des producteurs et il y a des
vérifications qui vont être faites. Quand on parle des 150 $, on
va aller voir à même son revenu, Mme la Présidente.
Ça va être assez facile de vérifier ça.
Effectivement, je n'ai pas été surpris - je pense bien que
c'est une mauvaise impression, peut-être que ma mimique a surpris le
député d'Arthabaska en Chambre - de voir que l'Opposition pouvait
voter sur division sur ce projet de loi. Je n'ai pas été surpris
pour deux raisons. D'abord parce que j'ai été dans l'Opposition
suffisamment longtemps, Mme la Présidente, pour savoir que, quand on est
contre, on vote contre, on ne vote pas sur division. Sur division, ça
nous laisse toujours la porte ouverte pour voir en cours de route la
bonification du projet, les papillons qui seront apportés et
peut-être changer d'idée rendu à la fin. On n'est
même pas obligé de changer d'idée à la fin si on ne
veut pas changer d'idée. Mais c'est de notoriété publique,
d'ailleurs le député d'Arthabaska me l'a dit puis je le comprends
de plus en plus là-dessus, qu'il ne faut pas toujours,
évidemment, se fier à ce que défend l'UPA dans ces
choses-là. Même si l'UPA embarque là-dedans, comme il a
dit, il n'est pas certain que lui veuille embarquer là-dedans, puis moi
non plus, d'ailleurs je suis du même dire que lui là-dessus.
Alors, je n'ai pas de problème à regarder ça et je n'ai
pas été surpris.
Les transferts du budget, Mme la Présidente, là je vais
apprendre quelque chose au député d'Arthabaska, puis,
là-dessus, je ne le blâme pas, parce que lui n'a pas eu l'avantage
ou l'occasion - je ne sais pas si c'est un avantage en 1990 - d'être
ministre dans un gouvernement. Il a vu de ses collègues qui l'ont
été, mais pas lui. D'abord, les millions de piastres dont on
parle, c'est un transfert de budget du ministère des Affaires
municipales à l'Agriculture. C'est bien sûr qu'à la minute
où un ministère ne paie plus, il doit prendre les fonds qui lui
sont consacrés pour payer et les transférer à l'autre
ministère payeur, de un. Donc, ce sont des fonds qui nous ont
été transférés.
Au cas où le député d'Arthabaska ne le saurait pas,
Mme la Présidente, je vais lui mentionner qu'il y a des programmes dans
un gouvernement qu'on dit des programmes compressibles puis des programmes
incompressibles. Des programmes incompressibles, c'est ce genre de programme
là qui est, justement - ou des programmes, parce qu'on peut faire appel
à d'autres programmes - en vertu d'une loi. Celui qui vous parle, il n'a
pas le choix, il a fait voter une loi de l'Assemblée nationale pour
dire: Je rembourse les taxes à 70 %. Vous dites: Sur quoi vous vous
basez? Sur le compte de taxes. Vous me dites: Pouvez-vous me tirer aux cartes
pour savoir combien ils vont payer de taxes l'année prochaine? Non, je
ne peux pas vous tirer aux cartes. Je ne peux pas savoir ça, moi, parce
qu'il faudrait que je sois un phénix pas ordinaire pour savoir que, dans
chacune des municipalités du Québec, il n'y a pas un maire qui
n'augmentera pas les taxes ou qui va les augmenter pas plus que x %. Je suis
obligé de prendre ça comme ça vient. Ce n'est pas sorcier,
ça. C'est un autre palier de gouvernement. Mais il y a une chose qui est
certaine, c'est que moi, tous les ans, je m'en vais voir mon collègue,
le ministre, puis je lui dis: Sais-tu, les taxes ont augmenté de 8 %
à telle place, de 4 % à une autre place, de 5 % à l'autre;
le programme qui était de 16 000 000 $, cette année, il est de 23
000 000 $, puis il faut que tu me donnes 23 000 000 $ pour les payer, sinon je
suis obligé de revenir devant vous autres, puis d'abolir la loi, puis de
la changer. Et, là, c'est comme rien, vous allez vous en apercevoir
certain, la journée où vous serez mis à contribution pour
changer une loi. Je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui ait
décidé de changer la loi sans le concours de l'Opposition.
Ça suppose que vous dormiriez trop longtemps, puis durant trop de nombre
de jours. Ça suppose que vous ne vous apercevriez pas que je la
dépose à l'Assemblée nationale avant le 15 mai ou avant le
15 novembre. Ça suppose que vous ne vous apercevriez pas qu'on
l'amène pour discussion. Ça suppose que, quand on la discuterait,
il n'y en aurait pas un de vous autres qui serait là, que vous seriez
tous absents. Aïe! Sais-tu, ce serait une méchante catastrophe,
ça, pour l'Opposition dans un Parlement. Ça suppose que vous
seriez des endormis sur un maudit temps! Ça suppose que non seulement
vous ne feriez pas votre job, mais que vous seriez amorphes, que vous auriez
été piqués avec du chloroforme, endormis trois fois, puis
congelés. (21 h 30)
Alors, pour changer ça, on va être obligés de
ramener une loi ici. Si vous ne vous en apercevez pas là, si je trouve
le truc de vous en passer une sans que vous vous en aperceviez, ce ne sera pas
la seule que je vais vous passer. Ça va être le début d'un
temps nouveau.
Bien, ce n'est pas compliqué, ça, ce n'est pas dur
à comprendre, M. le Président, Mme la Présidente, je
m'excuse - je sais que vous n'avez pas l'air d'aimer ça quand je vous
appelle monsieur - c'est une loi. Alors, quand il y a une loi qui est
là, moi, je suis obligé de payer selon la loi. Et si, une
année, comme par hasard, pour toutes sortes de raisons, pour des raisons
x, y, z, un maire tombait sur la tête un bon matin et décidait de
monter un compte de taxes de 25 % et que les citoyens ne pouvaient pas
l'empêcher, moi, s'il y a des agriculteurs là-dedans, je serais
obligé de faire comme tout le monde et de payer 25 %. Je n'aimerais pas
ça, mais je dirais: C'est comme ça, je suis obligé de
payer. Je serais obligé de dire à mon collègue du Conseil
du trésor: Qu'est-ce que tu veux? Il y a eu des augmentations de taxes,
ça a passé de 16 000 000 $ à 23 000 000 $; il faut que tu
me
donnes 23 000 000 $, sinon je suis obligé de revenir en Chambre
pour changer la loi et dire: Désormais, ce n'est plus 70 %, ça va
être 50 %, ça va être 40 %, ça va être 30 %. Et
là, bien, je suppose que vous allez vous en apercevoir; peut-être
pas la députée de Verchères parce que ça ne fait
pas longtemps qu'elle est ici, mais vous, vous allez vous en apercevoir, c'est
certain, en supposant qu'elle, c'est son inexpérience qui ferait en
sorte qu'elle ne le verrait pas, malgré qu'elle le verrait assez bien,
elle aussi. C'est ça, la réalité, dans le fond. Alors, il
n'y a pas de miracle à ça.
Quand vous me posez une question comme ça, c'est parce que vous
n'avez pas l'air de penser qu'on est en train d'adopter une loi là et
qu'avec une loi on est obligés de payer ou bien il faut que je la
ramène devant vous pour dire: Modifions la loi; ce n'est plus 70 %,
c'est 50 %, puis 40 %, puis 30 %, puis 20 %, puis 10 %. Quand j'ai
changé la péréquation aux Affaires municipales, vous aviez
un de vos collègues qui était passablement bien
réveillé, le député de Jonquière, parce
qu'il m'en a parlé tout de suite, lui. Aïe! puis là,
c'était moins pire, je n'avais même pas besoin de changer la loi,
je n'avais rien qu'à passer un décret. Là, je suis
obligé de changer la loi, c'est encore bien pire. Vous vous en
êtes aperçus avec un décret imaginez-vous si je change la
loi!
Alors, c'est un programme incompressible. Et moi, plus il va monter,
plus le président du Conseil du trésor va être
obligé de me donner de l'argent, il n'a pas le choix, lui. Il n'a pas le
choix, c'est incompressible. À moins qu'il ne dise: Désormais, on
ne le paie plus, le 70 %. Mais si on ne le paie plus, vous allez en avoir
connaissance et je sais qu'à ce moment-là vous ne voterez pas sur
division en deuxième lecture, mais que vous allez voter contre. Je peux
même vous dire comment vous allez voter à part ça. Vous
voyez comme moi, je suis un bon tireur de cartes là-dessus, mais pas au
point de vous dire comment le maire X, Y, Z dans telle municipalité va
charger de taxes l'année prochaine; ça, je ne suis pas capable de
vous dire ça.
M. Baril: Je ne crois pas à ça, les tireurs de
cartes.
M. Picotte: Non, mais je suis certain que vous voteriez contre
si, demain matin, je vous disais: Aïe! je diminue ça à 50
%.
Alors, voilà, Mme la Présidente, en gros, ce que j'avais
à dire sur les points et, au fur et à mesure, puisque... Ah oui!
j'aurais peut-être dû vous dire: Comment se base-t-on... Il y a un
autre point dont le député d'Arthabaska m'a parlé. Il a
dit: Quand vous parliez des 36 $ tout à l'heure et des 24 $, où
prenez-vous ça, cette affaire-là? Bien, d'abord, on est
allé chercher des échantillons dans toutes les régions du
Québec qui disent à peu près ceci: Quelles sont les
contributions respectives des exploitations agricoles et du gouvernement selon
le régime actuel et le nouveau régime de remboursement des taxes
aux exploitations agricoles? On a dit: Le Bas-Saint-Laurent, dans le
régime actual, le total des taxes municipales et scolaires... Parce que
là, il faut se baser sur l'ancien régime et le nouveau
régime qu'on vous propose. On fait des chiffres sur ce qu'on connaissait
dans chacune des régions du Québec. Exemple: le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, selon le régime actuel, le total des
taxes municipales et scolaires se chiffre à 1227 $ cette année,
dans l'échantillon des fermes qu'on a pris. On dit: Évidemment,
dans le nouveau régime, en supposant que ce serait 1227 $, parce qu'il
faut se baser sur les mêmes chiffres, le remboursement du MAPAQ
était de 859 $ et on rembourserait 859 $, donc la compensation du MAM
serait de 0. La contribution des exploitants agricoles, c'est 368 $ sur 1227 $
dans le nouveau régime comme dans l'ancien régime, pour le
Bas-Saint-Laurent.
Québec, maintenant, la région de Québec. Là,
on va commencer à voir un peu de différence, parce que c'est
vrai, vous l'avez souligné et on en tient compte, d'une région
à l'autre, ce n'est pas pareil. Un hectare, Mme la députée
de Johnson disait ça, dans son coin, ce n'est pas la même affaire
que le montant d'argent par hectare. L'hectare, c'est la même affaire,
mais le montant d'argent, l'évaluation n'est pas la même au
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie qu'en Montérégie ou ailleurs.
Bon. Mais prenons ici, Québec, la région. Le total des taxes
municipales et scolaires actuel, c'est 1352 $. Le remboursement du MAPAQ est de
872 $, actuellement; en supposant qu'avec le nouveau régime c'est encore
1352 $, le remboursement serait de 962 $ avec le nouveau régime et il y
aurait une compensation du MAM de 107 $, ce qui ferait un total, en bas... La
contribution de l'exploitant agricole: avec l'ancien régime, il
était cotisé à 373 $; là, il va être
cotisé à 390 $, quand on regarde l'écart. Donc, ça
va lui coûter 17 $ de plus dans la région de Québec, lui,
avec le nouveau régime.
Allons dans la région de Trois-RMères que vous connaissez,
04. Trois-RMères, prenons la région 04. Alors, c'est une
région qu'on connaît plus tous les deux. Ça va vous donner
une idée à peu près de combien ça va vous
coûter à part ça. Ça va être "bad-luckant",
vous allez voir ça. Total des taxes municipales et scolaires en moyenne,
les fermes qu'on a prises pour l'évaluation, les moyennes, parce qu'on
en a fait... Combien en a-t-on répertoriées?
Une voix: 388.
M. Picotte: On a pris 388 fermes au Québec. Bon. Alors, la
moyenne actuelle des taxes municipales dans la région de
Trois-RMères est de 1122 $. En supposant que ça coûte
encore 1122 $ - c'est pas mal ça? - le remboursement
du MAPAQ, dans le régime actuel, est de 688 $ et serait, dans le
nouveau régime, de 814 $; la compensation du MAM, 139 $. Donc, pour
l'agriculteur, la contribution des exploitants agricoles était de 295 $
dans l'ancien régime, ça lui coûtait 295 $ et là,
ça va lui coûter 308 $. Ça va lui coûter 13 $ de plus
avec le nouveau régime.
Ça, bien, quand je regarde la différence, parce que je ne
vous les donnerai pas tous en détail comme ça, mais on pourra
vous fournir les chiffres, quand je vous donnerai ça, vous allez voir
que, dans le Bas-Saint-Laurent, c'est zéro cent; à Québec,
c'est plus 17 $; dans la Beauce, c'est plus 22 $; à Nicolet, c'est 24 $;
dans les Cantons-de-l'Est, 24 $; à Saint-Hyacinthe, 18 $; dans le
sud-ouest de Montréal, 16 $; en Outaouais, 13 $; en
Abitibi-Témiscamingue, région éloignée encore, par
comparaison, zéro cent; dans le nord de Montréal, plus 12 $; dans
la région de Trois-Rivières, plus 13 $; au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, zéro cent. Donc, pour trois régions,
Saguenay-Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue et Bas-Saint-Laurent, le
chiffre est nul. C'est ça que ça donne comme résultat
final, le régime actuel comparé à l'ancien régime.
Évidemment, on pourra vous donner, en cours de route, d'autres
explications si besoin il y a, pour éviter de donner toute une
série de chiffres sur... Alors, c'est fait sur le nombre de fermes qu'on
vous a mentionné tantôt.
Une voix: On a le détail des calculs dans chaque cas.
M. Picotte: Oui. Mme la Présidente, je vais vous
déposer ça - ce n'est pas un secret d'État, ça - si
on veut en faire des photocopies. C'est des exemples d'application du nouveau
régime de remboursement de taxes aux exploitations agricoles
enregistrées.
D'ailleurs, c'est tellement vrai que je voyais une des régions
où l'UPA a fait, entre autres... Un des permanents de l'UPA a pris notre
loi, il l'a examinée après discussion avec nous autres et il a
fait un tableau. On regardait ça et lui, la recommandation qu'il a faite
aux agriculteurs, il a changé d'idée, il a dit:
Dépêchez-vous d'accepter ça. C'est bien sûr, parce
qu'il y a des gens qui, aujourd'hui, vont même recevoir une avance. Ceux
qui paient 2000 $ et plus de taxes, ils vont recevoir leur chèque avant
de payer leurs taxes, ça fait que, s'ils peuvent le serrer un mois de
temps, un mois à 10 %, 2000 $, bien, ils vont faire un peu d'argent.
La Présidente (Mme Bégin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Picotte: C'est ça, la réalité, Mme la
Présidente. Alors, je vous dépose, bien sûr,
Bas-Saint-Laurent, Beauce, etc., des exemples qu'on a pris, fort explicatifs
d'ailleurs, de chacun des portraits que je vous ai fait tantôt.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
Document déposé.
M. Picotte: Et la deuxième partie, évidemment... Il
y a une partie pour le nouveau régime, que j'ai envoyée-La
Présidente (Mme Bégin): Oui.
M. Picotte: ...et l'autre, c'est l'ancien régime. Alors,
vous aurez les deux tableaux. Vous pourrez vous amuser avec ça cette
nuit pour nous revenir demain matin frais et dispos dans la discussion.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
Document déposé. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Mme la députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre
disait tantôt que les terres étaient dévaluées. Ce
n'est pas comme ça. Les agriculteurs, lorsqu'ils viennent nous voir et
qu'ils se plaignent, eux voient le problème inverse. De quoi ils se
plaignent? Ils disent: Finalement, nos terres sont mal évaluées,
sont surévaluées. C'est là qu'est le problème.
Cette loi-là ne vient pas régler ça du tout; elle vient
chercher de l'argent dans nos poches, mais elle ne règle pas du tout le
problème de la surévaluation des terres agricoles.
M. Picotte: Mme la députée, j'ai eu l'occasion -
vous n'étiez pas là - dans ma réplique, de le mentionner -
et je vais le répéter comme je l'ai dit, évidemment;
j'aime mieux le dire devant la personne que de le dire derrière elle -
quand vous dites ça là, vous faites une intervention qui
dénote, hors de tout doute, une ignorance totale de la situation. Ce
n'est pas compliqué. Laissez-moi vous l'expliquer parce que je l'ai dit
en Chambre et là vous allez le comprendre. Pourquoi traiter
l'agriculteur de façon différente de n'importe quel citoyen sur
ses taxes? C'est bien sûr qu'il y a une surévaluation dans
certains cas et je vais vous dire pourquoi à part ça. J'ai
été ministre des Affaires municipales, je sais de quoi je parle.
J'ai été ministre des Affaires municipales, et le gouvernement a
créé un Bureau de révision de l'évaluation
foncière. Parce que vous, comme moi, comme n'importe qui dans la
province de Québec, quand je reçois mon compte de taxes, si je
trouve que ma maison a été surévaluée...
Mme Dupuis: Je m'excuse, Mme la Présidente, mais je pense
que j'ai droit à 20 minutes. J'ai dit trois phrases et le ministre a
pris la
parole.
M. Picotte: Ah bien! non, je n'ai pas d'objection à vous
entendre.
La Présidente (Mme Bégin): O.K.
M. Picotte: Si vous ne voulez pas avoir de réponse et si
vous voulez parler 20 minutes, pas de problème.
Mme Dupuis: Ce n'est pas que je ne veux pas avoir une
réponse.
M. Picotte: Mais plus vous allez parier, évidemment, plus
il va y avoir des choses à vous corriger et plus vous allez dire de
bêtises.
Mme Dupuis: Mme la Présidente, le ministre peut bien dire
que je dénote...
La Présidente (Mme Bégin): Mme la députée de
Verchères.
Mme Dupuis: La phrase que je dis là, si ça
dénote une ignorance du dossier, ça ne vient pas de moi,
ça là. Ça, ça vient d'un syndicat de base, M. le
ministre. Ce n'est pas moi qui le soulève ce problème-là.
Je ne l'ai pas inventé de toutes pièces ce
problème-là. Vous pouvez bien dire que j'ignore le
problème des agriculteurs, mais je pense que les agriculteurs sont en
mesure de connaître leurs problèmes. Et quand ils disent que le
problème, c'est qu'ils sont mal évalués et qu'ils sont
surévalués, on peut bien comparer, M. le ministre,
l'évaluation à celle d'autres citoyens, mais les fermes
maintenant, c'est rendu des PME. Vous le savez. Vous le savez très bien
que c'est des petites entreprises. Qu'est-ce qui détermine la valeur
d'une entreprise si ce n'est pas la valeur de sa rentabilité? Les terres
agricoles pourraient peut-être, tant qu'elles sont en terres agricoles...
Pourquoi ne sont-elles pas évaluées sur la rentabilité
d'une terre agricole normale? Peut-être qu'il y aurait un peu moins de
spéculation. Au moment où elle ne l'est plus, ça c'est une
autre chose, mais au moment où c'est une terre agricole, les revenus ne
sont pas plus grands parce que c'est en Montérégie qu'en
Gaspésie. Mais c'est en fonction des spéculations des
"développeurs" et c'est ça qui fait... Quand un agriculteur me
dit que sa terre est surévaluée, c'est parce qu'il y en a un dans
le rang, qui était plus proche du village ou quelque chose comme
ça, qui a été dézoné, dont la terre a
été payée très cher par les "développeurs"
et là, ça fait une moyenne. Il y en a un qui vend sa terre
à un prix très élevé et là, ça fait
une moyenne pour les autres dans le même environnement.
Et là, les municipalités arrivent, elles ont besoin
d'argent - on le sait très bien, avec la réforme Ryan, qu'elles
vont avoir besoin d'ar- gent - donc ils vont être taxés en masse.
Ça va monter de combien? Là, le ministre dit 70 %, mais,
l'année prochaine, est-ce que ça va être 60 % et,
après ça, 50 %? Quand la porte est ouverte, ça va donner
quoi? Moi, je vous transmets le problème qu'ils nous ont dit. Pour
régler le problème, I faudrait d'abord qu'ils soient bien
évalués par des gens compétents. Qu'est-ce qu'ils nous
disent, les agriculteurs? C'est du "cheap labor". C'est des gens qui s'en
viennent et qui évaluent n'importe comment. Si au moins c'était
évalué par le gouvernement, peut-être qu'on pourrait avoir
une standardisation dans l'évaluation.
C'est ce dont je voulais faire part au ministre, mais je ne
tolérerai pas - oui, il peut bien le dire, le ministre - de me faire
dire que je ne connais pas le dossier du tout. Ce n'est pas moi qui l'invente.
Je transmets l'opinion d'un syndicat de base des agriculteurs de mon
comté qui sont venus me voir. Trois groupes sont venus me voir. Ils
craignent et is ont dit: Ça nous enlève le goût
complètement; plus ça va, plus c'est taxé. Ensuite, il y a
la réforme qui va arriver par-dessus ça et, après
ça, les taxes scolaires et toute l'autre série de taxes.
On est en train de les démotiver complètement. Et je pense
que c'est mon devoir de vous le transmettre. Ils ont bien cerné le
problème, Is ont fait faire des évaluations, puis Is ont dit: La
seule façon de régler le problème, c'est qu'on ait une
évaluation adéquate de nos terres; là, on est
surévalués. (21 h 45)
Vous comprendrez mon étonnement quand j'entends le ministre dire
que les terres sont dévaluées. Mais par rapport à quoi? On
peut bien prendre le problème inverse. Une terre de
développement, on sait très bien que c'est plus cher. On dit:
Bien, comparativement à ça... Mais est-ce que c'est pensable, M.
le ministre, que toutes les terres agricoles du Québec deviennent des
terres pour bâtir, puis des terres qu'on va remettre entre les mains des
"développeurs" pour bâtir? Ce n'est pas pensable, ça.
Ça fait qu'on ne peut pas inverser le problème comme ça et
dire que les terres sont dévaluées. C'est le commentaire que je
tenais à faire à M. le ministre, que je tenais à
transmettre au ministre. Merci.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, Mme la
députée de Verchères. M. le ministre.
M. Yvon Picotte (réplique)
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Je pense que la
députée ne sera pas lésée, elle a fini son droit de
parole. Elle peut continuer si elle veut, mais je pense que, moi, je vais
répondre ce que j'ai à répondre. Ça
témoigne, Mme la Présidente, d'une ignorance totale, et je dis
bien "ignorance totale", de la députée de m'apporter
ça et de mêler trois, quatre dossiers en même temps.
Moi, je veux bien croire que... Quand je lui ai dit que, quand on a voté
la loi du zonage agricole, il y a eu une dévaluation des terres,
ça, c'est hors de tout doute vérifiable. Bon. Qu'elle me dise
aujourd'hui qu'il y a des terres plus évaluées, ça, moi,
je ne l'ostine pas là-dessus. Je ne sais pas où elle chemine pour
ne pas comprendre ça. Il y a sûrement de quoi qui ne marche pas.
C'est la session intensive, mais on ne doit pas être si fatigué
que ça pour mêler ces dossiers-là. Moi, je ne l'ostine pas
là-dessus, je suis en train de lui dire... Puis je n'ostine même
pas les agriculteurs qui lui ont rapporté ça. Puis c'est
compréhensible qu'ils soient surévalués, ces
gens-là, parmi ceux qui sont surévalués, mais ce n'est pas
à cause qu'il y a des gens incompétents qui les évaluent,
Mme la Présidente. Ce n'est pas ça pantoute. Puis l'UPA l'a
même accepté d'ailleurs. L'UPA nous l'a dit tel quel. Je pourrai
le faire préciser.
Mme la Présidente, savez-vous pourquoi il y a des gens qui sont
surévalués, puis que ça les inquiète aujourd'hui,
mais que ça ne les inquiétait pas avant qu'on apporte la loi?
C'est facile à comprendre, bien facile à comprendre. On n'a pas
besoin d'avoir fait un gros cours classique pour ça, même pas
besoin d'avoir été à l'école longtemps, non plus,
pour savoir ça. Mme la Présidente, la raison est bien simple:
compte tenu que l'agriculteur ne payait pas parce que c'était le
ministère des Affaires municipales qui remboursait la
municipalité, quel intérêt l'agriculteur avait-il
d'arrêter de faire grimper l'évaluation de sa terre? Voyons donc!
Ça ne changeait rien dans son portrait, lui. Il n'avait pas à se
soucier de ça. C'est pour ça qu'on responsabilise
l'agriculteur.
J'ai été ministre des Affaires municipales et je sais de
quoi je parle. Mme la Présidente, au ministère des Affaires
municipales puis un peu partout, les évaluateurs sont des
évaluateurs agréés, qui ont des diplômes. Qu'ils ne
soient pas bons, ça c'est normal, il y a des députés qui
sont bons puis des députés qui ne sont pas bons, puis qui seront
éternellement pas bons, ça, on sait ça, puis des
curés pareil, puis des maires, il y en a de partout, des
évaluateurs, des avocats, tout le monde. Il y en a dans toutes les
couches de la société. Il y a des bons évaluateurs, puis
il y a des évaluateurs médiocres, puis il y a des
évaluateurs qui ne valent pas une maudite claque. Puis c'est justement
pour ça que le gouvernement a décidé de créer, puis
on n'a rien inventé, c'est vous autres qui l'avez décidé,
si ma mémoire est bonne - le Bureau de révision de
l'évaluation foncière. Je pense que c'a été
décidé par votre gouvernement; en tout cas, je dis ça sous
toutes réserves. Puis si vous avez décidé de faire
ça ou si le gouvernement, qui était le nôtre dans le temps,
a décidé de le faire - parce que je ne m'en rappelle plus
suffisamment là, ça fait trop longtemps que je suis ici, puis il
y a un petit bout que les dates là, j'ai déjà... Il y a
des dates qui se perdent en cours de route, mais c'est facilement
vérifiable.
On a créé le Bureau de révision de
l'évaluation foncière. S'il n'y avait pas eu des mauvais
évaluateurs, Mme la Présidente, on n'aurait pas
créé un bureau de révision. On aurait dit: Ils sont
tellement compétents, ils sont tellement bons, ils sont tellement ex
cathedra, ils sont tellement sûrs d'eux autres qu'on n'a pas besoin de
créer un bureau où le citoyen peut se plaindre. Puis j'ai vu un
paquet de citoyens, y compris celui qui vous parle, qui s'est
déjà plaint au Bureau de révision de l'évaluation
foncière pour d'autres citoyens, comme ministre des Affaires municipales
et non pas personnellement, dire: J'ai été trop
évalué; on me dit que ma maison vaut 110 000 $ et, moi, je
prétends qu'elle en vaut 90 000 $. Ils s'en vont devant le Bureau de
révision de l'évaluation foncière, Mme la
Présidente, puis le Bureau tranche et il dit: C'est vrai, il a raison,
ce n'est pas 110 000 $, c'est 90 000 $, ou ce n'est pas 110 000 $, c'est 96 000
$. Mais l'agriculteur qui était surévalué, il n'avait pas
intérêt à aller contester ça, il ne voyait
même pas passer son compte de taxes. C'est le MAM qui payait pour lui.
Alors, sa terre pouvait coûter deux fois, trois fois, quatre fois le
prix, il n'y avait pas trop de problème à ça. Maintenant
qu'il va être responsabilisé, on lui dit: Faites donc, mon cher
ami, comme tout citoyen: vous croyez que votre terre est
surévaluée, adressez-vous au Bureau de révision de
l'évaluation foncière comme tout le monde et vous allez avoir
justice. Là, peut-être que vous allez vous en foutre un peu moins
parce que ça, c'est dans le pot de l'agriculture. Comme c'est
pigé dans votre pot, vous avez intérêt à ce que les
gens n'exagèrent pas, à ce que vous ne vous fassiez pas voler
parce que, si vous ne vous faites pas voler, il va rester plus d'argent dans le
pot pour vous autres. Ah! là, ça va changer le portrait.
Moi, ça ne me surprend pas pantoute que vous... La seule affaire,
par exemple, il n'y a rien qu'une chose - je l'ai dit dans ma réplique
et si vous l'aviez comprise, vous n'auriez pas eu besoin de le faire ici, mais
je vous en sais gré quand même, vous avez le droit de le faire
trois, quatre, cinq fois, moi, je ne conteste pas ça. Je dis à
vos bons amis qui vous ont rapporté ça - il y a une
réponse classique à leur faire et ils ne peuvent pas être
contre ça: Si vous trouvez que vous avez été trop
évalués, ne dites pas que c'est des gens incompétents; si
vous n'avez pas utilisé les moyens d'aller contester ça, vous
êtes incompétents de ne pas l'avoir contesté, de vous
être fermé les yeux pour le laisser passer. La journée que
vous savez qu'on vous charge trop cher, c'est comme n'importe quel citoyen qui
reçoit une facture, on double sa facture et il dit: Bon, ce n'est pas
grave; ce n'est pas grave, je vais payer pareil même s'ils
ont doublé ma facture. Bien non! Là, il faut qu'il prenne
une part de responsabilités, il faut qu'il se dise: Aïe! moi, je
n'ai pas à dire: Y "es-tu" incompétent le gars qui a fait la
facture? Il m'a charge le double. Je dis: Non seulement il est
incompétent, mais je vais aller me faire donner justice parce que je ne
paierai pas le double. Mais si je paie le double et qu'il est traité
d'incompétent, je suis mauditement stupide, je suis cave et je n'ai pas
rien que ça comme défaut.
Alors, ce qu'il faut faire, ce n'est pas compliqué, c'est
responsabiliser l'agriculteur. Il ira contester son compte de taxes et
là, il va arrêter de se plaindre que son évaluation est
trop forte, qu'on l'a volé, qu'on l'a surexploité et il aura une
évaluation normale. Ou ses prétentions seront exactes et son
compte de taxes va diminuer, ou bien ses prétentions ne seront pas
exactes et ils vont dire: Mon ami, il n'y a pas eu de mauvais
évaluateurs, c'est vrai que ta terre vaut tant. Et là, il aura
ces 70 % pareil et il aura le retour de ses taxes, ça n'empêchera
rien, sauf qu'il ne laissera pas aller les affaires comme si, lui, ça ne
le dérangeait pas pantoute, comme s'il était dans la peau de
l'ours polaire qui est en pleine hibernation. Ce n'est pas compliqué,
ça. Alors, c'est pour ça.
Je termine par ça, Mme la Présidente, parce que je veux
être bien clair dans l'explication que j'ai à donner autant pour
Mme ma collègue que pour les agriculteurs qui lui ont apporté ce
cas-là. Je ne conteste même pas que des évaluations aient
été mal faites, je ne conteste pas ça, mais s'il faut
corriger la situation, il faut qu'elle soit corriger comme tous les citoyens
normaux la corrigent, il faut qu'elle soit corrigée par celui qui
reçoit son compte de taxes qui a la responsabilité de dire:
Aïe! tu me charges une piscine que je n'ai pas. J'ai vu ça, moi,
à des places, comme ministre des Affaires municipales. On lui avait
envoyé un compte de taxes, on avait surévalué sa maison
parce qu'on avait dit: Vous vous êtes bâti une piscine. Le gars a
dit: Venez voir et venez me dire où je la cache, ma piscine, parce que
je n'en ai pas. Ah, bien oui! il y avait une erreur. Sauf que, s'il avait
payé pour sa piscine même s'il ne l'avait pas, au bout de cinq
ans, il n'aurait pas pu dire: Ils m'ont volé le prix d'une piscine parce
qu'ils me font payer une piscine que je n'ai pas. C'était à lui
d'aller contester son compte. C'est pour ça que les mécanismes
sont faits comme ça et que les lois sont faites comme ça. Ils
donnent un droit aux citoyens de contester ça. Alors, là, vous
êtes en train de me dire que des agriculteurs se trouvent trop
évalués et qu'ils ne l'ont pas contesté. Moi, je leur dis
ceci: Mesdames, messieurs, mes bons amis, prenez vos responsabilités,
vous allez maintenant avoir la responsabilité d'aller contester votre
compte de taxes, comme tout citoyen normal doit le faire, pour tâcher
qu'il reste plus d'argent dans la cagnotte pour vous autres, les agriculteurs,
pour faire d'autre chose.
Donc, Mme la Présidente, moi, je ne conteste pas ça qu'il
ait été mal évalué, mais je me dis que ce n'est pas
en changeant les évaluateurs qu'on corrige la situation; c'est en
responsabilisant l'agriculteur qui, lui, doit voir à ses propres
affaires. S'il ne voit pas à ses propres affaires, il ne faut pas qu'il
soit surpris d'être mal évalué. D'ailleurs, il a tous les
mécanismes qu'il faut pour recorriger la situation.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député de Beauharnois-Huntingdon.
M. Chenail: Oui, juste pour appuyer les dires de mon ministre.
Madame parle des terres qui sont évaluées plus cher parce que le
gars, au village, a vendu la sienne plus cher et qu'ils ont fait la moyenne.
Normalement, les terres qui se vendent pour le développement sont en
zone blanche. Alors, ils ne se servent pas de ça pour les rôles
d'évaluation des fermes. Les terres qui sont au ras des villages qui
sont vendues plus cher pour le développement, c'est parce qu'elles sont
en zone blanche. Avant d'être député, moi, j'étais
maire et c'est de même que ça fonctionnait. J'étais maire
d'une région agricole et, en plus, je suis agriculteur. Comme le disait
le ministre, les prix des terres... Pas le ministre, je m'excuse, c'est madame.
Ce n'est pas vrai que les prix des terres sont égaux partout. Dans ma
région, chez nous, il y a des terres qui se vendent 4000 $ l'arpent;
à d'autres places, elles se vendent 200 $ l'arpent. Il y a ceux aussi
dont elle dit qu'ils sont surévalués. Je pense que les
agriculteurs, quand ils vont pour avoir un prêt agricole, ils sont
contents que leur terre soit évaluée à leur juste valeur.
Je sais que nous autres, chez nous, si les terres sont évaluées
à 1000 $ l'arpent et en valent 4000 $, ça ne fait pas notre
affaire quand on va au crédit agricole. Pour dire comme M. le ministre
le disait, ayant déjà été maire, les gens qui
pensent qu'ls sont trop évalués, normalement, il faut qu'ils le
contestent.
Je pense que c'est une très bonne loi qu'on est en train de faire
parce qu'on va enlever ceux qui retirent des fonds de l'agriculture et qui ne
les méritent pas. Ça, il y en a plusieurs. Ayant
été maire d'une paroisse, moi, je le sais, il y en a plusieurs.
Je pense que ça va être le temps de faire le nettoyage et que
l'argent revienne aux vrais agriculteurs. C'est tout ce que j'avais à
dire.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le
député de Beauharnois-Huntingdon.
M. Picotte: Mme la Présidente, juste pour ajouter à
ça. Le producteur de lait, dépendam-ment de l'évaluation
de sa terre, quand arrive le temps d'acheter du quota, il y a des gens qui
préfèrent être évalués de façon
différente, d'une autre façon. Donc, il a tout
intérêt à aller vérifier et à contester, des
fois, l'évaluation à la fois de sa terre et de tout ce qui se
passe. D'ailleurs, c'est un principe qui a été admis
d'emblée par l'UPA au point de départ. Ça a
été admis d'emblée par l'UPA au point de départ, en
disant: Oui, effectivement, il y en a des agriculteurs qui... Je ne dis pas
qu'il n'y en a pas. Il y en a des agriculteurs qui ont contesté leur
évaluation et qui ont gagné, mais c'est la minorité.
La Présidente (Mme Bégin): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Arthabaska, vous auriez certains
compléments de...
M. Baril: Oui. C'est une question, tout à l'heure, que
j'ai posée au ministre et, dans ses réponses, il a dû sans
doute l'oublier. Je lui demandais: Si ce régime, cette réforme
avait été appliquée cette année, l'année
où on se parle, combien son ministère aurait dû disposer de
budget pour remplir ses obligations, dans les crédits de cette
année, si la réforme avait été appliquée?
Avez-vous des chiffres sur ça?
M. Picotte: On va voir en cours de route, Mme la
Présidente, si le député d'Arthabaska n'a pas d'objection,
quand on arrivera vis-à-vis de ça, je pense qu'on a des chiffres.
Mais là, il faudrait essayer de les repérer. On a des chiffres
là-dessus.
M. Baril: O.K. Au niveau de la réglementation... On peut
toujours laisser le ministre prendre connaissance de...
M. Picotte: On parle de 16 000 000 $ et, l'an prochain, on parle
de 16 600 000 $. Là, on parle du MAM. Par contre, quand on parle de
l'ensemble du MAPAQ, c'est 39 047 000 $, en 1991-1992, et 49 028 000 $, en
1992-1993, comme prévisions.
M. Baril: Au niveau de la réglementation, parce qu'il y a
deux articles de la loi qui touchent la réglementation, est-ce qu'elle
est prête? Est-ce que c'est volumineux? Est-ce que cette
réglementation a été discutée avec l'Union des
producteurs agricoles dans vos nombreuses discussions?
M. Picotte: On en a discuté avec l'UPA, moi-même
j'en ai discuté et mes gens en ont discuté. Ce sont les
définitions, les projets de définitions qu'on a mis sur la table.
On en a discuté avec eux. Maintenant, il y a un projet de
réglementation qui est prêt. Il me reste, moi, à le
réévaluer. Je devrai, bien sûr, présenter un
règlement via le Conseil des ministres très bientôt sur
l'enregistrement des exploitations agricoles et sur le remboursement des taxes
foncières et des compensations. Il y aura une prépublication et,
dans la prépublication, les gens vont pouvoir faire leurs commentaires.
Après ça, il y aura la publication officielle. On a convenu avec
l'UPA que, dans la prépublication, elle serait mise à
contribution et qu'elle serait consultée avant d'adopter les
règlements.
La Présidente (Mme Bégin): D'autres remarques
préliminaires? (22 heures)
M. Baril: Une question rapide, parce qu'il n'y a pas d'article
comme tel qui revient à ça. Je reviens sur les budgets. Est-ce
que j'ai bien compris? Le ministre a dit: Si la réforme avait
été appliquée cette année, pour 1991-1992, c'aurait
été 49 000 000 $, ou si c'est pour 1992-1993?
M. Picotte: 39 047 000 $.
La Présidente (Mme Bégin): C'est l'année
prochaine.
M. Baril: C'est l'an prochain, le budget de l'an prochain est
de...
M. Picotte: 49 028 000 $.
M. Baril: Ça, c'est pour 1992-1993?
M. Picotte: 1992-1993. C'est une prévision.
M. Baril: Oui, oui, une prévision, je comprends. Ça
inclut...
M. Picotte: Si ça monte à 52 000 000 $, 53 000 000
$, 54 000 000 $ ou 59 000 000 $, on paiera le prix que ça
coûte.
M. Baril: Et ça inclut la somme totale. On ne peut plus
additionner celle du MAM, parce qu'il n'y en aura plus. Ça va être
transféré.
M. Picotte: Non, c'est ça. Ce sera un régime
unique.
M. Baril: C'est étonnant que vos prévisions soient
à 49 028 000 $. Donc, ce que le ministre vient de dire là
confirme un peu les chiffres que j'ai donnés tout à l'heure en
Chambre. Selon nos calculs à nous, le gouvernement économiserait
environ...
M. Picotte: 5 000 000 $.
M. Baril: ...j'ai bien dit environ, 5 000 000 $.
M. Picotte: Oui, mais je l'ai dit dans mon discours de
deuxième lecture qu'il y avait une économie de 5 000 000 $.
M. Baril: Je n'avais pas saisi. Excusez-moi.
M. Picotte: Ah oui! Bien, si on peut ressortir mon discours de
deuxième lecture...
M. Baril: Non, non, je vous crois. Je sais que vous avez
donné des chiffres à un moment donné. Vous avez dit: Pour
les agriculteurs, ça va coûter virgule, je ne sais pas quoi.
M. Picotte: 0, 6. 600 000 $. C'est un chiffre que j'ai
donné.
M. Baril: En plus.
M. Picotte: Mais c'est l'augmentation de 375 $ à 475
$.
M. Baril: O. K.
M. Picotte: Mais j'ai dit qu'il y avait une économie de 5
000 000 $. C'est normal, on en sort, d'ailleurs, carrément de ce
régime-là. On en sort des gens qui n'auront pas d'affaire dans le
régime. 5 000 000 $ seront économisés par les gens qui
n'auront plus d'affaire dans le régime parce qu'ils ne produisent pas
pour toutes sortes de raisons qu'on a...
On parle aussi, évidemment, quand on vous parle de ça, de
2 000 000 $ pour les 150 $ par hectare, de 1 000 000 $ pour la
pénalité pour superficie non productive, de même que de
l'économie due au passage du plafond de 375 $ à 475 $.
M. Baril: Vous faites une économie de 5 000 000 $ sur
différents critères, nouveaux critères d'application et,
entre autres, vous dites, à cause que vous allez en sortir du
régime. Comment se fait-il qu'avec la loi qui est appliquée
actuellement vous n'étiez pas capable de sortir ce monde-là du
régime?
M. Picotte: Parce que c'est la notion. C'est ça, la
différence. L'UPA souhaitait, eux autres, qu'on ne fasse pas une loi et
qu'on applique, autrement dit, la loi via les Affaires municipales, mais que ce
soient nous qui l'appliquions. Mais ce n'est pas possible, parce que c'est pour
les définitions. Nous, on fonctionne avec des définitions de
production agricole et un producteur agricole, pour nous, on sait ce que c'est.
Mais du côté du ministère des Affaires municipales, la
notion de ferme est large. Quand tu n'es pas en territoire pour faire du
lotissement, c'est considéré comme étant en territoire de
ferme. Donc, peu importe, si tu as une grande superficie de terrain qui est
zone vert, même si tu ne fais pas de culture ou quoi que ce soit, pour
eux autres, c'est considéré comme une ferme, point final à
la ligne. Alors, eux autres remboursaient selon fa notion de ferme alors que,
si on veut éliminer ceux et celles qui n'ont pas d'affaire
là-dedans, il faut évaluer ça en fonction de production
agricole et non pas en fonction de ferme, parce que tu as une ferme qui est sur
le terrain. À la minute où la ferme est là sur un terrain,
si elle ne produit pas, c'est ce qui fait qu'on le rembourse. C'est pour
ça qu'on ne pouvait pas aller du côté des Affaires
municipales, qu'il fallait ramener ça au MAPAQ.
M. Baril: on peut, mme la présidente...
La Présidente (Mme Bégin): on peut passer à
l'étude détaillée. il n'y a pas de motion
préliminaire. donc, nous allons passer à l'étude
détaillée du projet de loi 142. j'appelle l'article 1. à
l'article 1, en ce qui concerne... je pense qu'on va commencer par...
Étude détaillée
Loi sur le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation
M. Picotte: Je pense qu'on va lire l'article 1, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Oui.
Remboursement de taxes foncières et de
compensations
M. Picotte: Puis il y a des papillons qui vont arriver en cours
de route là. On essaiera de les poigner au vol, un à un.
Le texte du projet de loi à l'article 1: "La Loi sur le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (L.
R. Q.. chapitre M-14) est modifiée par l'insertion, après
l'article 36, de ce qui suit: "Section Vll. l "Remboursement de taxes
foncières et de compensations "36. 1 Dans la présente section,
à moins que le contexte n'indique un sens différent, on entend
par: "1° "bâtiment", "immeuble", "taxe foncière": un
bâtiment, un immeuble ou une taxe foncière au sens de l'article 1
de la Loi sur la fiscalité municipale - autrement dit, les mots
"bâtiment", "immeuble", "taxe foncière", on va les emprunter
à la Loi sur la fiscalité municipale; "2° "service municipal"
- qu'est-ce qu'on entend par service municipal? parce qu'il faut aller chercher
la même définition pour l'harmoniser avec le nouveau projet de
loi: le service d'eau, d'égout, de police, de
sécurité-incendie, de loisirs, d'activités culturelles, de
voirie, d'enlèvement ou d'élimination des déchets,
d'éclairage, d'enlèvement de la neige ou de vidange des
installations septiques, fourni par une municipalité ou une
communauté urbaine. " Autrement dit, on va chercher la définition
de service municipal et on y inclut tout ce qu'il y a comme service
municipal.
Cette disposition introduit des définitions de mots qui doivent
avoir le même sens que dans la Loi sur la fiscalité municipale vu
leur usage commun. Comme il s'agit de taxes municipales, il faut avoir les
mêmes définitions que dans la loi. Donc, on emprunte ce
vocabulaire-là pour le faire nôtre dans la loi actuelle dans son
article 1. Ça, c'est l'article 36.1, Mme la Présidente, et
j'arrête là. Ça va être déjà assez
compliqué de passer à autre chose après.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'il y a des
questions sur l'article 36.1?
M. Baril: Non, je pense que c'est assez clair.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'article 36.1, on
peut convenir qu'il est adopté?
M. Baril: Sur division.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté sur
division. Nous allons maintenant passer à l'article 36.2 pour lequel
nous avons reçu des amendements.
M. Picotte: L'article 36.2. Le texte du projet de loi, je vais
d'abord le lire, Mme la Présidente, si vous le souhaitez, pour fins de
compréhension, parce que, autrement, on finit qu'on se mêle tous.
Je vais lire d'abord l'article 36.2 avant d'arriver au 1° et aux autres
paragraphes. Je vais lire l'ensemble de l'article 36.2. "Le ministre rembourse
une partie du montant des taxes foncières municipales, des taxes
foncières scolaires qui n'excèdent pas le maximum fixé par
la Loi sur l'instruction publique (L.R.Q., chapitre 1-13.3) et des
compensations pour services municipaux à la personne qui est tenue de
les payer à l'égard d'une exploitation agricole: "1° - et
là, on va regarder le 1° et on va arriver au papillon, Mme la
Présidente, au premier papillon - qui est enregistrée
conformément à un règlement adopté en vertu de
l'article 36.15 au moment de la demande de remboursement et l'était
à un moment quelconque de l'exercice financier pour lequel..." C'est
quoi le papillon? Alors, le texte se lirait comme suit: "...pour lequel une
demande de remboursement est faite", et les mots, c'est: "une demande de
remboursement est faite". C'est ça, le papillon. Donc, ça se
lirait comme suit maintenant, Mme la Présidente, avec le papillon:
"1° qui est enregistrée conformément à un
règlement adopté en vertu de l'article 36.15 au moment de la
demande de remboursement et l'était à un moment quelconque de
l'exercice financier pour lequel - et voilà le papillon - une demande de
remboursement est faite". Donc, un premier papillon. J'arrête là
pour l'instant.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Baril: C'est clair. M. Picotte: C'est clair.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, on peut passer au
paragraphe suivant.
M. Picotte: À l'adoption du papillon, non?
La Présidente (Mme Bégin): Non. Je pense qu'on
serait mieux d'adopter l'article lorsqu'on l'aura tout vu.
M. Picotte: Dans son ensemble?
La Présidente (Mme Bégin): Ce serait plus facile,
je pense.
M. Baril: J'aimerais mieux adopter le papillon avant, selon
moi.
La Présidente (Mme Bégin): Vous aimez mieux
adopter...
M. Picotte: Oui, oui, on est mieux d'adopter un par un les
papillons parce qu'il va y en avoir plusieurs papillons.
La Présidente (Mme Bégin): Le premier paragraphe du
papillon est-il adopté?
M. Picotte: Adopté. M. Baril: Oui,
adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté, tel
qu'amendé. Adopté.
M. Picotte: Adopté, oui.
La Présidente (Mme Bégin): C'est un papillon.
M. Picotte: "2° - je vais lire l'article et je vais vous dire
c'est quoi le papillon - qui est comprise en tout ou en partie dans une zone
agricole établie en vertu de la Loi sur la protection du territoire
agricole (L.R.Q., chapitre P-41.1) au moment de la demande de remboursement et
l'était à un moment quelconque de l'exercice financier pour
lequel - et là, voici les mots - une demande de remboursement est
faite". Autrement dit, c'est la même chose que
précédemment. C'est pour ça qu'on arrive avec le papillon,
qui est identique d'ailleurs. On se comprend bien sur le libellé, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bégin): Ça va. M. Picotte:
Bon. Alors, j'arrête là.
M. Baril: Donc, c'est le même amendement que celui du
haut.
M. Picotte: C'est ça. Autrement dit, on va retrouver
ça partout. C'est ça, les papillons de ce bout-là. C'est
qu'on a remplacé les taxes foncières et les compensations ont
été payées", parce que c'est sur ça qu'on s'est
entendu avec l'UPA par la suite. Nous autres, on disait: Ça devra avoir
été payé; vous nous enverrez vos pièces
justificatives. Ils ont dit: Oui, mais dans le cas où il y a un gros
montant, on ne voudrait pas que nos producteurs supportent ça. On a
acquiescé à ça. Il faut enlever ça maintenant pour
dire: "pour lequel une demande de remboursement est faite". Donc, on n'exige
plus que ce soit payé. On dit: Vous nous envoyez une demande de
remboursement et on paie. C'est ça. Et il faut le corriger dans tous les
points.
M. Baril: je comprends. donc, l'agriculteur n'a pas à
attendre d'avoir payé la totalité de ses taxes ou de ses
compensations pour être capable de demander un remboursement.
M. Picotte: Quand il reçoit son compte de taxes, il a une
demande de paiement et il nous l'envoie tout de suite au lieu d'attendre et de
dire: Envoie-nous ton papier estampillé comme quoi tu as payé et
que ton chèque est passé. C'est sur ça qu'on s'est
entendus. Alors, il faut le corriger à chacun des paragraphes, sinon on
va revenir à ce qu'on ne souhaitait pas.
Une voix: C'est pour ceux qui ont en haut de 2000 $...
M. Picotte: Bien oui! pour ceux qui ont en haut de 2000 $,
ça, on l'avait mentionné.
M. Baril: Juste à titre d'information. Un agriculteur fait
une demande. Il reçoit le compte de sa municipalité, son compte
de taxes, II fait sa demande au ministère et, en cours de route, pour
toutes sortes de raisons, il ne paie pas ses taxes; il fait faillite ou Je ne
sais pas quoi, parce qu'il y en a, malheureusement, qui font faillite. On voit
ça surtout, à l'heure actuelle, chez les producteurs en
serre.
M. Picotte: La municipalité poursuit l'agriculteur.
M. Baril: Oui, mais l'agriculteur fait faillite. Ça va
être vendu pour...
M. Picotte: Alors...
M. Baril: Non, mais il va...
M. Picotte:... à ce moment-là, on ferait une mesure
administrative: on ferait un chèque conjoint, la municipalité et
l'agriculteur.
M. Baril: Oui, mais le chèque va être parti,
lui.
M. Picotte: non, on ferait un chèque conjoint,
municipalité et agriculteur. alors, quand il va avoir le chèque
dans les mains, la municipalité va être obligée de signer
comme lui.
M. Baril: Ça veut dire que tous les chèques vont
être faits conjointement ou seront conjoints.
M. Picotte: Pour la partie de ceux et celles qui doivent
être remboursés préalablement, avant le paiement de leurs
taxes.
M. Baril: Tous ceux et celles qui auront droit au remboursement
avant qu'ils aient payé la totalité de leurs taxes, le
chèque va être fait conjointement. C'est ça?
M. Picotte: on fait un chèque conjoint au nom de la
municipalité x, y, z et de monsieur: exemple: vous restez dans la
municipalité, vous, de...
M. Baril: Princeville.
M. Picotte: Princeville. On dit: On retourne un chèque
à M. Jacques Bar», de 2500 $. On sait qu'il n'a pas payé
ses taxes, parce qu'ilnous a envoyé sa pièce
justificative. Alors, on dit: Le chèque est fait au nom de la
municipalité de Princeville et de Jacques Baril, de sorte que, si
Jacques Baril l'endosse tout seul, I ne le changera pas et que, si la
municipalité l'endosse toute seule, elle ne le changera pas. Il faut que
les deux signent.
M. Baril: Et ça, est-ce qu'on retrouve ça dans la
réglementation ou quoi?
M. Picotte: On va retrouver ça dans la
réglementation.
M. Baril: C'est bien ça? Il a l'air d'y avoir de
l'animoslté, là.
M. Picotte: On me dit que l'UPA, c'était la
dernière chose qu'ils ne souhaitaient pas et qu'ils ne voulaient pas...
Ils menaçaient de toutes sortes de choses si on faisait des
chèques conjoints. Donc, on a encore plié là-dessus. C'est
pour ça, des fois, que les gens ont une mauvaise perception de
l'agriculteur. Ce n'est pas nécessairement à cause du ministre et
de vous. Mais, à force de toujours trop en demander sur tout, ça
finit que le simple citoyen décode qu'il y a toujours quelqu'un qui
chiale et qui n'est jamais content. Alors, on a dit: Oui, la
municipalité poursuivra. Voilà! Il n'y a pas d'autres
solutions.
M. Baril: Ça fait que là, il n'y aura pas de
chèque conjoint.
M. Picotte: Non. On va envoyer le chèque à
l'agriculteur et la municipalité poursuivra. Voilà!
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que je peux poser
une question? Au niveau de la Loi sur la faillite, est-ce que la
municipalité est une créancière privilégiée
par rapport aux autres créanciers du failli?
M. Baril: oui, sur certaines affaires, mais le problème,
ce n'est pas... moi, je ne m'en fais pas pour la municipalité. c'est que
si le chèque...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: La municipalité va avoir moyen de recouvrer
ça, elle, et, si ça ne fait pas, elle va vendre pour les taxes.
Ça fait qu'elle n'a pas de problème. Mais moi, je me dis... Ah!
je suis certain de ça, M. le maire, l'ancien maire peut le dire: une
municipalité, si quelqu'un ne paie pas ses taxes, elle va vendre. La
municipalité va faire vendre par la MRC. Ça, c'est bien clair.
(22 h 15)
Mais moi, ce à quoi je voulais en venir et ce sur quoi je voulais
questionner le ministre, c'était sur le fait que si - je vais dire un
chiffre - le ministère de l'Agriculture retourne 2000 $ à
Jean-Baptiste Rinfret, dans le rang je ne sais pas trop où, pour
remboursement de taxes, ça va être à son nom à lui.
La personne, elle va le changer ce chèque-là. Et là, quand
bien même la municipalité, elle, vendrait la terre, moi, ce que je
veux dire, c'est que le ministère de l'Agriculture aura payé 2000
$ à une personne qui va en avoir bénéficié pour un
autre but ou une autre raison que celle pour laquelle le chèque a
été émis. Là où je veux en venir, c'est que
le même ministre de l'Agriculture a modifié la Loi sur le
financement agricole, la prime à rétablissement pour
l'échelonner sur trois ans, parce qu'il disait qu'il y avait de la
fraude ou du laisser-aller là-dedans, qu'il y en avait qui formaient des
compagnies et des sociétés et, après qu'ils avaient obtenu
leurs 15 000 $ par individu, la société ou la compagnie
était dissoute et ils empochaient l'argent. Donc, dans
l'intérêt de bien gérer les deniers publics, le ministre a
dit: On va répartir ça sur trois ans, 5000 $ par année,
comme ça, on sera certain que l'agriculteur va continuer en compagnie ou
en société et que les deniers publics seront bien
dépensés ou seront dépensés aux fins pour
lesquelles ils ont été alloués. Là, on arrive dans
cette réforme-là et on dit: Maintenant, on va rembourser des
montants d'argent...
M. Picotte: Ce n'est pas pareil pantoute. M. Baril: Bien,
voyons donc!
M. Picotte: Bien non! l'autre, c'est du fictif. L'autre, c'est un
nom fictif qui nous était fourni. Quand on a découvert ça,
il y avait même des noms fictifs. Tandis que là, écoutez,
une faillite, ce n'est pas de la fraude. Une faillite, c'est la loi des
affaires. Là, ce n'est pas pareil.
M. Baril: Mais les noms fictifs que vous dites qui vous ont
été fournis, on vous a demandé combien il y en avait eu
pour être capable de resserrer l'étau, encore une fois, un tour de
plus. Vous n'avez même pas été capable de nous fournir les
chiffres et là, vous avez pénalisé l'ensemble des...
M. Picotte: On est sûr qu'on va encore s'en faire passer,
mais au lieu de s'en faire passer pour 15 000 $, on va s'en faire passer rien
que pour 5000 $. C'est ça, la différence. Parce qu'on va encore
s'en faire passer, il n'y en a pas de façon, à part mettre des
inspecteurs qui vont coûter plus cher que le régime. Si on met des
inspecteurs qui coûtent plus cher que le régime, ce n'est pas
grave. On n'a rien qu'à couper le régime et à mettre des
inspecteurs pour sentir le derrière de tout le monde.
M. Baril: Mais quand...
M. Picotte: C'est ça, là.
M. Baril: Un instant!
M. Picotte: Non, mais c'est ça.
M. Baril: quand on dit qu'on mettait des noms fictifs, les
notaires faisaient quoi là-dedans, eux autres? quand ils signent le
contrat...
M. Picotte: Quand on dit que c'était fictif, ce
n'étaient pas les noms... Des personnes allaient là et disaient:
Moi, dans six mois, je vais partir parce que je sais que j'ai d'autres choses
à faire. On ne peut pas présumer de-Mais ça devenait
fictif sur un méchant temps parce qu'il était associé
juste pour six mois. Donc, ce n'était pas bien bien une
présomption de vocation agricole trop trop réfléchie.
Ça devenait facile. Pour six mois, il s'installait là et, un coup
que le chèque était encaissé, comme par hasard, six mois
après, il disparaissait et il s'en allait à Montréal
travailler dans d'autres choses.
Alors ça, ce n'est pas pareil. Mais la Loi sur la faillite, c'est
une loi quand même commerciale. Je veux dire, quelqu'un fait faillite, on
n'est toujours bien pas... Écoutez, à moins que vous ne me disiez
aujourd'hui - et si vous insistez, si vous me présentez un amendement,
je vais l'accepter; si vous me présentez un amendement, je vais
l'accepter: On ne rembourse pas personne avant terme. Présentez-moi un
amende-
ment et je suis prêt à accepter ça. M. Baril:
Non, mais moi...
M. Picotte: Moi, je ne le présenterai pas. Je me suis
entendu avec l'UPA là-dessus.
M. Baril: Moi, je veux simplement... Comme je vous le dis, c'est
beau de s'entendre avec l'UPA, mais le ministre m'a tout défini,
comprenez-vous, il m'a quasiment fait un discours de je ne sais pas combien de
temps...
M. Picotte: Je le referais encore, d'ailleurs.
M. Baril: ...au niveau de l'Office du crédit agricole et
là, sur cette loi-là qui, selon moi, a les mêmes
implications, les mêmes impacts qui vont revenir à chaque
année... C'est un risque à chaque année, comprenez-vous,
pour un nombre indéfini d'agriculteurs. Je ne dis pas que tout le monde
fait faillite, heureusement.
M. Picotte: Mais entre nous, mon cher collègue...
M. Baril: Mais quand le ministre dit: Moi, je suis là pour
préserver les deniers publics, que là, il force les jeunes
agriculteurs à s'établir et qu'il dit: On va vous donner
ça sur trois ans, 5000 $ par année, pour être sûr
qu'on le donne aux bonnes fins, et que là, dans un autre projet de loi,
le ministre, toujours en préservant les deniers publics, dit: Ah non! on
fait un chèque, salut, bonsoir...
M. Picotte: Mme la Présidente, on a toujours eu une bonne
entente, le député d'Ar-thabaska et moi. On ne fera pas une
discussion aussi académique que ça dans le sens suivant. Dans ce
cas-là, si on voulait, on pourrait aller loin. En disant ça, si
on n'admet pas au point de départ qu'une faillite c'est une pratique
commerciale existante...
M. Baril: Oui.
M. Picotte: ...on peut même dire: On abolit l'Office du
crédit agricole parce qu'il peut y en avoir un qui va faillir à
un moment donné et on va perdre de l'argent. Tu sais, il ne faut pas
aller jusque-là. Je comprends que lui, il veut essayer de m'associer
à d'autre chose qui est carrément, à mon point de vue
à moi - et je referais le même discours... À partir du
moment où un beau-frère et une belle-soeur, pour venir chercher
15 000 $, s'associent et que, six mois après, ils sont disparus du
décor, j'ai pour le moins l'occasion de dire que la vocation agricole,
d'agriculteur n'était pas bien bien réfléchie, hein?
Ça, c'est un agriculteur, à mon point de vue, qui... Alors, il
faut carrément éliminer ces gens-là et, compte tenu qu'il
y en avait, on a dit: En donnant 5000 $, le pire qui peut nous arriver, c'est
de perdre 5000 $ au lieu de 15 000 $. Bon. C'est pour ça qu'on a fait
ça.
Maintenant, l'autre affaire, c'est une pratique commerciale. Bien,
à partir du moment où on dit: Le gars fait faillite, qu'est-ce
que tu veux? On est bien sympathique à ça, il a fait faillite,
mais il y a un recours. Nous, on a payé. La municipalité qui a
versé des services, qu'elle ait maintenant son recours. Comme il dit, la
municipalité ne perdra pas; elle va la mettre en vente pour les taxes
municipales. Donc, nous autres, il y a eu un service de l'agriculteur, parce
que, quand on va payer, il y a des services qui sont sur la ferme, ce sera
repris par un autre de toutes sortes de façons et il y aura quelque
chose qui va se passer quelque part. Mais on ne peut pas présumer
ça, c'est une pratique commerciale. On souhaite qu'il n'y ait personne
qui fasse faillite, mais on est pas mal certain qu'on va avoir pas mal moins
d'abus là-dessus. Je ne pense pas que, pour 2000 $ de taxes, un petit
compte de 2100 $ qu'il pourrait recevoir, le gars décide de partir sur
un Irip" en Floride, Mme la Présidente, sur un nuage rosé et
qu'il dise: Moi, mon exploitation, je vais me dépêcher de faire
faillite; j'aime autant perdre mon exploitation et garder les 2000 $ pour aller
à Miami. Ça ne fait pas tout à fait sérieux. Les
quelques points qui pourront arriver, c'est vraiment des gens qui seront sur le
bord de faire faillite. On dit: Bien, c'est une pratique commerciale; ce pauvre
diable, on aurait aimé mieux qu'il ne fasse pas faillite, mais il l'a
fait. On souhaite qu'il n'y en ait pas gros et on espère qu'il n'y en
ait pas gros, et il n'y en aura pas gros non plus.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député de Beauharnois-Huntingdon avait une question.
M. Chenail: Oui, juste comme il disait, comme ancien maire, j'ai
rencontré la Fédération de l'UPA de Saint-Jean-Valleyfield
et elle disait que ça avait bien de l'allure de faire le chèque
aux deux noms, puis là M. le ministre dit que l'UPA n'est pas d'accord
avec ça. Mais c'est normal parce que la tête n'est jamais d'accord
avec les pieds à l'UPA. Alors, c'est peut-être pour ça. La
Fédération de l'UPA de Saint-Jean-Valleyfield m'avait dit dans
mon bureau qu'elle voyait ça d'un bon oeil, faire les chèques aux
deux noms. Puis, un peu comme ancien maire, moi aussi, j'aurais vu ça
d'un bon oeil que les chèques soient faits au deux noms. Je pense que
ça aurait été normal.
M. Picotte: Ne vous en faites pas, mon cher collègue, je
vais aller bien plus loin que ça. La Fédération de l'UPA
dans ma région m'a proposé un modèle complètement
différent avec lequel l'UPA n'est pas d'accord, bien sûr. Mais
là, on n'est toujours bien pas pour prendre 36 modèles.
M. Chenail: Exactement.
M. Picotte: À un moment donné, il faut tirer une
ligne à quelque part. Eux autres, ils m'ont proposé bien mieux
que ça, ils ont dit: Pourquoi ne faites-vous pas de l'agriculteur un
citoyen normal? Sa maison, il la paiera comme tout citoyen normal, à 100
%; ses vidanges, il paiera comme tout citoyen normal qui fait ramasser ses
vidanges; ses bâtiments, il paiera ça. Je trouvais ça
intéressant et, quand j'ai ouvert la bouche pour parler de ça
à l'UPA, ah bien tabarnouche! c'est comme si j'avais fait sauter
l'édifice de Longueuil. À un moment donné, on tire une
ligne quelque part. On le sait bien, moi aussi je le sais, j'ai
écouté ce qu'a dit le député d'Arthabaska sur l'UPA
et moi aussi, j'ai des choses à dire que je pourrais dire sur l'UPA,
mais il faut vivre avec ça. Qu'est-ce que vous voulez? c'est un mal
nécessaire.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'il y a
d'autres questions ou est-ce qu'on peut passer à l'adoption? Pas
d'autres questions? Est-ce que l'amendement...
M. Baril: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bégin): Oui, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: ...vous semblez vouloir décider pour nous
autres.
La Présidente (Mme Bégin): Bien non, j'ai attendu
et il n'y avait pas de questions, donc j'en ai déduit que qui ne dit mot
consent.
M. Baril: On peut toujours réfléchir 10
secondes...
La Présidente (Mme Bégin): Ah bon! Je vais vous
laisser encore le temps, M. le député.
M. Baril: ...pour voir s'il va y en avoir d'autres ou pas. Non,
c'est quand même un point important que je trouve, parce que c'est
sûr que l'agriculteur qui faillit, il ne décide pas de faire
faillite à cause...
M. Picotte: Faites un amendement, je vais l'appuyer. Ce ne sera
pas sur division. Je vous écoute.
M. Baril: L'agriculteur ne fera pas faillite pour mettre 2000 $
dans ses poches, c'est bien évident, c'est bien clair, tout le monde va
comprendre ça. Mais, comme je le disais tout à l'heure, il y en a
certains qui, malheureusement, font faillite. Le ministre aura un montant
d'argent à donner à cette personne-là et le nouvel
acquéreur de cette ferme-là sera obligé de (es payer les
taxes, lui, à quelqu'un, il sera obligé de les payer à la
municipalité. Alors, lui, il va être en droit, probablement, de
réclamer une deuxième fois ces mêmes taxes là au
ministre de l'Agriculture. Donc, le ministre va payer deux fois le
remboursement des mêmes taxes.
Une voix: II va y avoir deux demandes, je ne suis pas sûr
qu'il va payer deux fois.
La Présidente (Mme Bégin): II me semble, M. le
député d'Arthabaska, que, quand quelqu'un vend ses terres, qu'il
fait faillite et que quelqu'un achète, il n'achète pas les
dettes, là. Une faillite, ça libère. C'est une question de
droit, mais je pense que ça libère.
M. Picotte: Puis, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bégin): Oui, monsieur.
M. Picotte: ...il faut ajouter aussi quelque chose là:
ça ne se fait pas si vite que ça. J'ai été ministre
des Affaires municipales aussi et je regardais ça dans les
municipalités, des fois ça prend deux ans et trois ans avant que
tout ça se fasse. Donc, la deuxième année, quand il va
recevoir un compte de taxes en double, c'est comme rien, nous autres, on va
sûrement se poser des questions. Ça ne se fait pas rapidement de
même; le gars reçoit son compte de taxes aujourd'hui et il dit:
Demain, je vais déclarer faillite, puis je pars en voyage. Non,
là, c'est un faux problème, entre nous. Si ce n'est pas un faux
problème, si vous croyez qu'on ne peut pas leur faire confiance à
ce point-là, à l'ensemble de ce monde-là, faites un
amendement, puis moi, je suis prêt à le recevoir.
M. Baril: On ne peut pas faire un amendement, le chèque
aux deux noms, ça va faire partie des règlements. Je ne peux pas
proposer un amendement sur des règlements que je ne connais pas.
M. Picotte: On peut le mettre dans la loi. Moi, je suis
disposé à le mettre dans la loi.
M. Baril: Bon. Je ne voudrais pas que les conséquences
brisent un ménage heureux entre le gouvernement et l'UPA.
Une voix: Pourquoi pas?
La Présidente (Mme Bégin): D'autres questions?
M. Baril: Pas pour le moment, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): On passe à
l'adoption?
M. Picotte: Donc, le papillon est adopté.
M. Baril: Oui.
M. Picotte: On saute sur le papillon.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'amendement qui
est apporté au paragraphe 2° du premier alinéa de l'article
36. 2, introduit par l'article 1, est adopté?
M. Picotte: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Nous
allons passer maintenant au paragraphe 3°.
M. Picotte: "3° qui a généré en produits
agricoles un revenu brut moyen d'au moins 150 $ par hectare compris dans la
zone agricole au cours de l'année civile qui s'est terminée avant
le début de l'exercice financier pour lequel une demande de
remboursement est faite, sauf si l'immeuble est devenu une exploitation
agricole au cours de cette année ou s'il est démontré au
ministre qu'ont été effectués, durant cette année,
des travaux de reboisement ou de mise en valeur devant contribuer à
produire ultérieurement un tel revenu. " Donc, encore une fois, Mme la
Présidente, c'est la même chose, mais il faut corriger; le
même papillon vole pour la troisième fois.
M. Baril: On va l'adopter au plus vite avant qu'il se repose,
celui-là, pour qu'on n'ait pas d'amendement à faire sur le
4°.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, le
troisième paragraphe de l'article 36. 2 est adopté?
M. Baril: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Nous
allons passer au paragraphe 4.
M. Picotte: J'ai l'impression qu'on va en avoir un
quatrième pareil. Il va se redéposer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: On est rendu, Mme la Présidente, dans le
paragraphe qui suit le paragraphe 3° et qui n'est pas intitulé
4°, qui est un paragraphe tout court. Du moins, moi, ce n'est pas ça
que j'ai. "C'est-u" 4°? Non, c'est ça.
Une voix: C'est un paragraphe.
Une voix: On est au quatrième paragraphe de
l'amendement.
La Présidente (Mme Bégin): Quatrième? M.
Baril: C'est correct, c'est correct.
M. Picotte: II n'y a pas de 4°, là.
M. Baril: Non, non.
La Présidente (Mme Bégin): Dans l'amendement, 9 y a
un 4°.
Une voix: Ça, c'est "remplacer, dans les troisième
et quatrième lignes du deuxième alinéa".
La Présidente (Mme Bégin): C'est ça.
M. Picotte: Je suis rendu, là...
Une voix: Au deuxième alinéa.
Une voix: Non, c'est un autre.
M. Baril: Hein? Le troisième a été
adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Hein? Mon Dieu!
M. Picotte: "La demande de remboursement doit être faite...
" Je n'ai pas vu de 4* encore devant ça...
M. Baril: Oui.
M. Picotte:... à moins que je ne voie pas clair. Regardez
en bas de votre... N'allez pas...
La Présidente (Mme Bégin): Moi. je prends...
M. Picotte: Non, non, mais regardez en bas.
M. Baril: C'est la loi là, le projet de loi.
M. Picotte: C'est le quatrième papillon, mais ça
n'a pas trait... Le no 4° en bas.
M. Baril: Là, c'est le projet de loi.
M. Picotte: Regardez là où vous avez l'index. Usez
ce paragraphe-là. Il n'y a pas de "4°" devant.
M. Baril: C'est le projet de loi qu'on discute.
M. Picotte: "La demande de remboursement... "
La Présidente (Mme Bégin): Oui, mais nous, on se
réfère au papillon que vous nous avez...
M. Picotte: Là, démêlez-vous...
M. Baril: On n'est pas rendu au papWon.
M. Picotte:... parce qu'on ne passera pas la semaine
là-dessus.
M. Baril: On n'est pas rendu au papillon,
Mme la Présidente. Là, il faut étudier le projet de
loi tel qu'il a été déposé à
l'Assemblée nationale. 1°, 2° et 3° ont été
adoptés, et on est rendus au paragraphe suivant le 3°, si j'ai
encore les esprits clairs, il est encore de bonne heure.
M. Picotte: Ce ne sera pas drôle à minuit, M. le
secrétaire.
La Présidente (Mme Bégin): Ça revient
à la même chose. C'est la même chose.
M. Baril: Comment, ça revient à la même
chose?
M. Picotte: On fait quoi, là?
La Présidente (Mme Bégin): Quatrième,
quatrième amendement...
M. Baril: Hein?
La Présidente (Mme Bégin): Quatrième
paragraphe.
M. Baril: O.K., quatrième paragraphe.
M. Picotte: En tout cas, moi, je le lis comme il est
marqué.
La Présidente (Mme Bégin): Ça revient
à la même chose.
M. Picotte: "La demande de remboursement doit être faite
par écrit au ministre au plus tard le 31 mars qui suit l'expiration de
l'exercice financier municipal ou scolaire, selon le cas, pour lequel une
demande de remboursement est faite et être appuyée des documents
et des renseignements requis par règlement." Un autre papillon. Appelez
ça comme vous voudrez, Mme la Présidente, l'important, c'est
qu'on l'adopte. (22 h 30)
M. Baril: Moi, ça me va.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, est-ce que le
quatrième paragraphe de l'article 1...
Une voix: De l'amendement.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que le
quatrième paragraphe de l'article 1 amendé est adopté?
C'est ça? Adopté?
Une voix: Là, on adopte les amendements. Adopté,
l'amendement.
M. Baril: Oui, c'est l'amendement qu'on adopte.
Une voix: Ce n'est pas le paragraphe.
M. Baril: Là, on adopte l'amendement, hein?
La Présidente (Mme Bégin): Oui, qui se trouve
à être le quatrième sur...
M. Baril: Oui. O.K.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté?
M. Baril: On adopte l'amendement, oui.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Bon. Le
cinquième.
M. Picotte: Maintenant, un autre paragraphe qui se trouve
à être le cinquième amendement, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bégin): C'est ça.
M. Picotte: ...mais qui, dans la loi, devient un paragraphe qui
dit ceci - bon, on se comprend, ce n'est pas pire: "La demande de remboursement
d'un supplément de taxes doit être faite par écrit au
ministre au plus tard le 31 mars qui suit l'expiration de l'exercice financier
municipal ou scolaire, selon le cas, au cours duquel la demande de
supplément de taxes a été expédiée."
M. Baril: Bon. Ça veut dire quoi, ça?
M. Picotte: Autrement dit, la décision du ministre qui
refuse une demande de remboursement parce que l'une des conditions
énumérées ci-dessus n'est pas respectée peut
être portée en appel devant la Régie des marchés
agricoles.
M. Baril: Ça, ça a l'air... Ça veut dire, je
pense, de mémoire là...
M. Picotte: C'est de préciser des dates.
M. Baril: Oui, oui, c'est ça. Je veux dire, avant
ça, de mémoire, si ma mémoire est bonne, un agriculteur
avait trois ans, je pense. Est-ce que ça se peut? Il avait trois ans.
S'il n'avait pas besoin d'argent pour mettre de l'argent de côté,
il ne demandait pas son remboursement de taxes. Il avait jusqu'à la
troisième année pour demander un remboursement.
M. Picotte: Mme la Présidente, peut-être bien que
ça va clarifier, je vais lire le commentaire. On me dit qu'il s'agit de
modifications de concordance avec les articles 36.7.1 et 36.7.2 qui seront
introduits par papillon. Conformément à ces nouveaux articles, le
ministre effectue des avances - ah! je viens de comprendre - sur le
remboursement et effectue des paiements alors que les taxes foncières
n'ont pas nécessairement été acquittées par le
producteur. En raison de ce fait, le texte doit être ajusté et ne
plus faire référence à des taxes payées. De plus,
il y a lieu d'ajouter l'alinéa pour disposer du remboursement
d'un supplément de taxes. Expliquez donc ça, puis
nommez-vous.
Mme Ferron (Solange): Solange Ferron, je suis avocate au
ministère de l'Agriculture.
L'alinéa qui a été rajouté, c'est pour
disposer du supplément de taxes. Le supplément de taxes pourrait
être imposé si, mettons, il y avait une modification au rôle
d'évaluation ou s'il y avait une construction, en cours d'année,
et qu'on devait remodifier le rôle. À ce moment-là, il faut
prévoir la date limite à laquelle cette demande de remboursement
là pourrait être faite. C'est parce que le supplément de
taxes pourrait également arriver suite à une décision
judiciaire, et tout ça. Alors, ça peut prendre un certain nombre
d'années. C'est pour ça qu'il ne fallait pas
nécessairement le lier avec l'alinéa précédent, qui
est dans le texte du projet de loi 142, qui disait que c'était le 31
mars de l'année qui suivait. Là, en fait, ça peut se
retrouver trois ans plus tard. Alors, c'est pour ça qu'on redonne un
délai, le 31 mars qui suit l'avis d'expédition du
supplément de taxes.
M. Baril: Mais quand il y a une décision juridique - je ne
sais pas comment vous avez dit ça, les termes exacts - vous dites que
ça peut prendre jusqu'à deux, trois ans, puis là, vous
dites que, par cette définition-là, ça reconduit pour une
autre année la date limite pour faire une demande.
Mme Ferron: C'est parce que, en fait, le supplément de
taxes n'est pas nécessairement avec le compte de taxes ordinaire; il
peut arriver par après.
M. Baril: Oui.
Mme Ferron: C'est pour permettre, justement, au producteur de
faire quand même une demande de remboursement pour ce supplément
de taxes là. Mais comme ce ne sera pas nécessairement
relié à l'exercice... SI on se place, mettons, à
l'exercice financier 1992, le compte de taxes va arriver en 1993, mais le
supplément de taxes pourrait arriver l'année suivante parce qu'il
y a eu construction pendant l'année 1993. C'est pour ça qu'on a
donné un délai supplémentaire, juste pour cette partie du
supplément de taxes. Ce ne sera pas nécessairement, à ce
moment-là, le 31 mars, avec le compte de taxes normal pour
l'année, mais on reporte ça à l'autre année. C'est
pour donner au producteur le temps de faire sa demande.
M. Baril: Je comprends votre objectif, II est tout à fait
louable, mais la question que je me pose, c'est: Est-ce que le délai est
assez long, en clair, puisque vous m'avez dit, tout à l'heure, que
ça peut prendre jusqu'à deux ans?
Mme Ferron: Oui, parce que le délai, on dit: "...au cours
duquel la demande de supplément de taxes a été
expédiée". Ça veut dire qu'à partir du moment
où le producteur reçoit sa demande de supplément de taxes,
il a jusqu'au 31 mars de l'année suivante.
M. Baril: Ah! O.K. O.K. O.K. Oui. O.K. Je comprends.
M. Picotte: II faut qu'il l'ait reçue.
Mme Ferron: C'est ça, il faut qu'il l'ait
reçue.
M. Picotte: II faut qu'il l'ait reçue.
Mme Ferron: C'est pour ça. Au contraire...
M. Picotte: Alors, s'il la reçoit rien qu'un an et demi
après, bien, il a jusqu'au 31 mars suivant pour nous faire la
demande.
Mme Ferron: C'est ça.
M. Picotte: Alors, il faut qu'il l'ait reçue. Tant qu'il
ne l'a pas reçue, on ne peut pas le pénaliser.
Mme Ferron: C'est ça. M. Baril: Oui, j'ai
saisi.
Mme Ferron: sans cet amendement-là, on perdait le droit,
pour le producteur, de lui rembourser ce supplément de taxes là,
s'il n'arrivait pas, justement, assez vite.
M. Picotte: Alors, là, il ne perd pas son droit, parce
qu'il ne l'a pas reçue.
Mme Ferron: C'est ça.
M. Picotte: Quand il va la recevoir, il a jusqu'au 31 mars.
Supposons qu'il la reçoive le 3 avril, il aura jusqu'au 31 mars de
l'autre année pour nous l'expédier. Donc, là...
M. Baril: Non, c'est à cause des...
M. Picotte: ...il ne peut pas y avoir d'erreur.
M. Baril: J'ai compris, c'est à cause des délais
juridiques, c'est ça. Mais c'est clair, j'ai compris. Je ne sais pas si
on va en faire mention plus loin, mais ce que j'ai énuméré
tout à l'heure, qu'un agriculteur peut revenir trois ans en
arrière ou deux ans en arrière, que ça peut attendre
jusqu'à la troisième année, une demande de remboursement,
est-ce que ça s'applique encore? Est-ce que ça va continuer
à s'appliquer ou si on va voir ça dans la réglementation?
À
quel article peut-on voir ça? "C'cst-u" dans la
réglementation ou si c'est dans le projet de loi?
M. Picotte: C'est un article plus loin, à ce qu'on me dit.
Je pense qu'on va retrouver ça dans un article plus loin.
M. Gagnon (Marcel): Actuellement, au lieu de trois ans...
La Présidente (Mme Bégin): Pourriez-vous vous
identifier?
M. Gagnon: ...pour réclamer les taxes, dorénavant,
c'est un an.
La Présidente (Mme Bégin): Identifiez-vous.
M. Gagnon: C'est l'équivalent de 15 mois. C'est
l'année...
La Présidente (Mme Bégin): Pourriez-vous vous
identifier, s'il vous plaît?
M. Gagnon: ...de la taxation plus... M. Picotte: Bien,
identifiez-vous! M. Gagnon: Excusez-moi! M. Picotte:
Identifiez-vous...
La Présidente (Mme Bégin): Oui,
identifiez-vous.
M. Picotte: ...et pariez devant le micro.
M. Gagnon: O.K. Marcel Gagnon. Actuellement, l'exploitant
agricole qui va réclamer ce remboursement de taxes aura de
l'année du dépôt de son compte de taxes jusqu'au 31 mars de
l'année suivante pour faire sa réclamation, ce qui donne
l'équivalent de 15 mois au maximum, actuellement, par rapport aux trois
années qu'il y a dans le régime actuel.
M. Baril: Savez-vous s'il y en avait beaucoup qui attendaient, je
ne sais pas pour quelle raison? Peut-être qu'il y en a qui n'aiment pas
ça faire leurs papiers, leur comptabilité. Est-ce qu'il y en
avait beaucoup qui retardaient de deux ans, de trois ans, jusqu'à la
troisième année?
M. Gagnon: Je peux répondre?
La Présidente (Mme Bégin): Oui, M. Gagnon.
M. Gagnon: Actuellement, on reçoit 80 % la première
année; 80 % des réclamations viennent la première
année, l'année même. La deuxième et la
troisième, ça représente, évidemment, 20 %; parlons
de 18 % et 2 %. 80 %, 18 % et 2 % sur les trois années, en ordre.
Ça va?
M. Baril: Donc, les agriculteurs devront se discipliner.
M. Picotte: Ou bien il faudra croire qu'ils n'ont pas besoin
d'argent.
M. Baril: Non, mais pourquoi... M. Picotte: Ils ne
réclament pas.
M. Baril: ...on ne donne plus ça, ces trois ans-là?
"C'était-u" des mesures administratives... Quels inconvénients
ça causait au ministère? C'est parce qu'il était
obligé de reconduire des budgets ou quoi?
M. Picotte: C'est parce qu'on trouve, nous autres, qu ils n'ont
pas de raison. Il faut un petit peu leur tracer cette ligne-là, ils
n'ont pas de raison de retarder de trois ans, parce que, même, ils sont
payés par avance dans certains cas, donc ils seraient
complètement fous de retarder de trois ans. Donc, nous autres, on dit:
C'est 15 mois, et on va les aviser en conséquence. C'est pour ça
qu'on fait ça. C'est une question de meilleure discipline.
Mme Dupuis: Mais il peut arriver des circonstances
particulières, par exemple un décès ou quelque chose du
genre.
M. Picotte: Oui.
Mme Dupuis: Est-ce qu'il y a des ouvertures ou s'il le perd
automatiquement? Il peut arriver des circonstances particulières...
M. Picotte: Oui, mais même avec un décès,
aujourd'hui...
Mme Dupuis: ...qu'on ne prévoit pas là.
M. Picotte: ...avec ce que fait le notaire pour la succession,
à moins que quelqu'un ne me dise qu'il va veiller le corps 15 mois de
temps, je ne pense pas... Non, ce n'est pas des cas-Mais on ne peut pas
prévoir tous les cas.
Mme Dupuis: Non, mais avant, c'était trois ans.
M. Picotte: On ne peut pas prévoir, non plus, tout...
Mme Dupuis: En vertu de quel motif on le lui a enlevé?
M. Picotte: Une loi, ça ne peut pas prévoir tous
les cas.
M. Baril: Adopté, l'amendement.
La Présidente (Mme Bégin): Le paragraphe 5
est adopté?
M. Baril: Adopté.
M. Picotte: Finalement, on discipline 20 % du monde, parce que 80
% font leur demande la première année. Donc, on demande à
20 % de se discipliner.
M. Baril: Ah oui!
La Présidente (Mme Bégin): Donc, le paragraphe 5
est adopté?
M. Baril: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Est-ce
que l'article 36.2 amendé est adopté?
M. Picotte: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté?
M. Baril: Là, Mme la Présidente, à titre
d'information...
La Présidente (Mme Bégin): Oui.
M. Baril: ...est-ce qu'on a adopté juste les amendements
et il faut revenir...
La Présidente (Mme Bégin): C'est ça, juste
l'amendement. Là, je vous demandais si l'article 36.2...
M. Picotte: Dans son ensemble est adopté.
La Présidente (Mme Bégin): ...amendé est
adopté. Ce qu'on vient de passer, les cinq amendements qu'on vient de
faire, je vais en faire un tout. Est-ce qu'il est adopté?
M. Baril: O.K. J'aurais d'autres questions.
La Présidente (Mme Bégin): Concernant l'article
36.2?
M. Baril: Oui, entre autres, le paragraphe 3°.
La Présidente (Mme Bégin): O.K. M. Picotte: Le
paragraphe 3°?
M. Baril: Oui, quand on dit: "3° qui a
généré en produits agricoles un revenu brut moyen d'au
moins 150 $ par hectare compris dans la zone agricole au cours de
l'année civile..." sur ces 150 $, pour évaluer ce revenu brut de
150 $ par hectare...
M. Picotte: Voulez-vous, je vais vous donner les explications
d'usage en premier?
M. Baril: Oui.
M. Picotte: Peut-être que ça va nous
éclairer.
M. Baril: C'est pour savoir comment le calcul va se faire. Si un
agriculteur, sur 200 hectares - je vous donne des chiffres de même - il
en a 10 ou 20 hectares qui sont incultes, qui ne peuvent pas être
cultives - je l'ai dit tout à l'heure, c'est du cap de roche, je ne sais
pas trop quoi, c'est de la "swamp", ce sont des terres humides, parce qu'il n'a
pas le droit de faire ce qu'il veut avec, non plus - si on inclut cette
superficie-là à l'intérieur de sa superficie totale et que
ça a comme conséquence de diminuer son revenu, qu'il est
inférieur à 150 $ par hectare, il arrive quoi?
M. Picotte: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Picotte: M. Réal Laforge va donner quelques
explications.
La Présidente (Mme Bégin): M. Laforge.
M. Laforge (Réal): Bien, voici. Les 150 $ par hectare,
effectivement, c'est pour tenir compte de la superficie de chacune des
exploitations agricoles du Québec et de la moyenne de chacune des
régions agricoles du Québec. Vous savez pertinemment que ces
moyennes de superficie varient selon les régions. Dans certaines
régions, c'est 60 hectares; dans d'autres, c'est peut-être 200;
dans d'autres, c'est 400. C'est pour éviter, effectivement, que certains
"gentle-men-farmers" n'achètent des domaines de 200, 300, 400 hectares
et produisent seulement sur 2 ou 3 hectares leurs 3000 $. Alors, effectivement,
à ce moment-là, ça permet à ces gens-là
d'aller chercher un remboursement de taxes sur l'ensemble de leur
propriété. Alors, les 150 $ par hectare seront multipliés
par la superficie totale de l'exploitation agricole.
M. Picotte: Oui, mais les 10 hectares, là...
M. Laforge: Les 10 hectares, finalement, ça ne fait pas
une grosse différence. 10 hectares sur 200, ça ne fera pas une
grosse différence.
M. Baril: Là, j'ai donné des chiffres de
même, remarquez bien. Une terre boisée, c'est inclus aussi.
Admettons qu'un gars, qu'une personne est propriétaire de 100 acres en
culture. Je ne veux pas dire que la forêt ne se cultive pas, mais pour se
comprendre, pour des fins de compréhension. Tu as 100 acres en culture
et tu en as 50 en boisé. Le boisé, il y a bien des agriculteurs,
aujourd'hui, qui l'ont, mais qui ne l'exploitent pas pour toutes sortes de
raisons: leur occupation principale, c'est l'industrie laitière
ou je ne sais pas quoi. Est-ce que les 50 hectares boisés sont inclus
dans le calcul des 150 $?
M. Laforge: C'est inclus, effectivement.
M. Baril: Bien, si ces 50 hectares boisés là ne
produisent pas?
M. Laforge: S'ils ne produisent pas et s'ils sont en mesure de
produire, ces 50 hectares-là - ou 50 acres, si on parle d'acres -
à ce moment-là, le producteur aura le loisir de démontrer
qu'il a effectué des travaux visant à produire, effectivement,
pour une moyenne de 150 $ par hectare. Donc, il aura à démontrer
qu'il a fait des travaux de reboisement ou encore de mise en valeur, dans son
boisé, qui vont l'amener à avoir un revenu de 150 $ par hectare.
À ce moment-là, on va calculer automatiquement les 150 $. C'est
indiqué dans un des articles du projet de loi, d'ailleurs. (22 h 45)
M. Baril: Ce sont des restrictions sévères. Comme
je vous ai dit tout à l'heure, il y en a qui en ont un boisé
parce qu'ils ont acheté la ferme au complet et ils ne vivent pas de
ça. Leur père ou leur grand-père faisait les deux et tout
ça, mais il y en a qui ne sont pas intéressés pantoute par
l'exploitation de la forêt. Je n'ai pas d'exemple, je n'ai pas de calcul
en tête, mais je doute fort que ça puisse nuire à
l'accessibilité du remboursement d'une partie des taxes foncières
parce qu'il y a une partie de sa ferme qui est en boisé et qu'il ne
cultive pas parce qu'il n'a pas le temps. Un gars qui a 150 vaches, vous savez,
il n'a pas le temps, le matin, de partir et d'aller se bûcher une corde
de bois ou je ne sais pas quoi.
M. Picotte: Non, mais il entretient, par exemple, son chemin. Il
fait son fossé. C'est de la valeur, c'est comptabilisé.
Une voix: Oui.
M. Picotte: II fait son fossé. Il n'arrêtera pas
où commence le bois en disant: Moi, là, je ne le fais plus, le
fossé.
M. Baril: Mais, M. le ministre, dans la pratique, ce n'est pas si
facile que ça.
M. Laforge: Finalement, si vous partez d'un gars qui a 150
vaches, on peut le calculer à combien, le revenu par vache, le revenu
brut?
M. Baril: Bien là, mon exemple n'était
peut-être pas bon pour 150 vaches.
M. Laforge: Si on calcule ça et qu'on multiplie...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Laforge: ...effectivement, par 150 vaches, à ce
moment-là il n'aura pas de problème à vivre avec cette
norme-là.
M. Baril: Je n'ai peut-être pas pris le meilleur exemple.
Vous avez raison, mais il y a quand même d'autres productions. Vous
savez, aujourd'hui - je vais revenir moi-même plus terre-à-terre -
vous allez prendre la production ovine, vous allez prendre la production de
boeuf aussi, le rendement, à l'heure où on se parle, ce n'est pas
épouvantable, vous savez. Bon. En tout cas, il y a d'autres productions
aussi qui, je ne le sais pas...
M. Laforge: Si on parle de production...
M. Baril: II me semble qu'on aurait pu trouver une autre
définition. Je ne me suis pas cassé la tête pour la
chercher, remarquez bien, pour la trouver, parce que ça arrive comme
ça, mais je crains que ça ne crée des ennuis à
certains producteurs agricoles, à des producteurs qui vivent de la
production agricole, que ça ne leur nuise pour avoir droit à leur
remboursement.
M. Picotte: Bien moi, Mme la Présidente, je ne vois pas le
même portrait que mon collègue d'Arthabaska. Je n'en connais pas
d'agriculteur dans mon comté - et, honnêtement, je n'en connais
pas et je serais curieux d'aller vérifier ça, mais je vais
essayer d'en trouver un cet été, pour être honnête;
j'en fais beaucoup, je passe l'été à me promener chez les
agriculteurs - qui n'entretient pas son chemin pour aller se bûcher,
à lui tout seul, une corde de bois pour lui-même, pour ses besoins
personnels. Ils vont tous bûcher l'hiver. Je n'en connais pas.
M. Baril: Entretenir un chemin!
M. Picotte: Entretenir un chemin, pour nous autres, c'est
suffisant. Bien oui!
M. Baril: Oui, mais écoutez, M. le ministre, entretenir un
chemin... J'en ai une ferme. Je vais ramasser la roche dans le champ et je vais
"domper" un voyage dans le chemin; je te dis que je vais avoir de la
misère à prouver que j'ai dépensé une fortune pour
faire mon chemin. Bon. C'est un exemple bien terre-à-terre là,
mais c'est ça ta vie pareil, comprenez-vous?
M. Picotte: Non, mais, pour nous autres, c'est de faire la
preuve, c'est suffisant. Nous autres, c'est suffisant de faire la preuve.
M. Baril: Oui, pour faire la preuve, je démontre une
dépense que je n'ai pas faite.
M. Laforge: Je peux peut-être donner un
complément d'information. On faisait référence tout
à l'heure à un échantillon de 388 fermes, un
échantillon scientifique. Dans cet échantillon-là,
effectivement, on s'est préoccupé de savoir, cette exigence
supplémentaire d'avoir 150 $ par hectare, ça allait
pénaliser combien de producteurs sur 388. Vous serez certainement
intéressé d'apprendre qu'il y en a seulement 4 sur 388 qui ont
été pénalisés.
M. Baril: Oui, mais si c'est quatre vrais agriculteurs, c'est
quand même quatre de trop.
M. Laforge: 4 producteurs sur 388, je pense que le pourcentage
est très faible.
M. Baril: Non, non, mais, en tout cas, c'est faible pareil, mais
c'est quand môme quatre agriculteurs qui vivent d'agriculture et c'est
peut-être ceux qui ont le plus de misère, le plus de
difficultés.
M. Laforge: Ça, en termes de vivre de l'agriculture, je
pense qu'il s'agit beaucoup plus de personnes qui ont des superficies
énormes et qui, effectivement, produisent sur très peu de cette
superficie-là.
M. Baril: Avez-vous fait des évaluations sur... J'aurais
aimé ça que mon collègue de Beauharnois-Huntingdon soit
encore ici, c'est dans son coin, ça. Il y a des terres noires qu'il faut
laisser reposer un certain nombre d'années parce qu'on me dit que
ça s'épuise vite, du sol de terre noire, surtout dans la culture
maraîchère. Là, elle ne produit pas beaucoup, une
superficie x, pendant que la terre repose.
M. Picotte: C'est considéré comme une terre
productive.
M. Baril: Oui, mais...
M. Picotte: II ne peut pas être pénalisé.
Oui, mais il est en train de la préparer pour qu'elle soit productive.
Entre nous, la personne laisse sa terre reposer dans le but qu'elle soit plus
productive, c'est évident.
M. Baril: Oui, pour qu'elle soit plus...
M. Picotte: D'ailleurs, il y a un appel. Je vais vous dire, ce
que vous souligniez tantôt, il y a un appel à la Régie des
marchés agricoles. Il a le droit d'avoir un appel, l'agriculteur, sur
une décision qui pourrait être rendue en disant: Moi, j'ai
travaillé mon chemin, et nous autres, on ne veut pas l'accepter. Il y a
un appel devant la Régie des marchés agricoles. Je vous dis
qu'avant qu'un ministre décide de contester ça, il va passer de
l'eau sous les ponts sur un méchant temps.
M. Baril: Oui, mais même si c'est un droit d'appel, c'est
quand même des ennuis.
M. Picotte: M. le député d'Arthabaska, je vous l'ai
dit, la seule façon de corriger ça, c'est de modifier la lof de
producteur agricole pour changer les 3000 $; ça, ça ne cause pas
de problème. Et vous savez pourquoi les gens ne veulent pas qu'on la
modifie. Donc, on trouve d'autres façons. Puis, je suis d'accord pour
vivre avec ça aussi. Ça peut avoir quelques inconvénients.
Si on ne veut pas enlever l'inconvénient suprême pour des raisons
x, y, z, bien, il faut accepter quelques petits inconvénients qu'il peut
y avoir. Puis nous autres, dans un souci d'équité, on donne un
droit d'appel. Alors, là, tu ne peux pas manger ton gâteau, puis
le garder pour demain.
M. Baril: II me semble qu'il y aurait eu moyen de trouver une
définition plus précise pour inciter les agriculteurs à
cultiver toute la superficie dont Ils disposent. Le revenu brut moyen d'au
moins 150 $ par hectare, II me semble que c'est une définition qui est
facile à faire. Mais quand tu arrives dans l'application, ça,
c'est une autre affaire.
M. Picotte: quand on parle de la superficie moyenne, c'est 90
hectares au québec. à 150 $, c'est 13 500 $ de revenu brut. vous
êtes un agriculteur émérite, vous, hein!
M. Baril: Non, mais ce n'est pas pour moi que je parle.
M. Picotte: Non, non, mais...
M. Baril: II faut toujours bien que vous vous mettiez dans la
tête que ce n'est pas pour moi que je parle.
M. Picotte: Non, je sais bien, mais 13 500 $ de revenu brut en
agriculture aujourd'hui, on ne peut toujours bien pas dire qu'on exagère
un peu.
M. Baril: M. le ministre, vous savez qu'aujourd'hui j'ai
été moi-même étonné, pas aujourd'hui mais
quand j'ai appris le pourcentage d'agriculture à temps partiel qui se
pratique au Québec. Il y a aux alentours de 17 000 producteurs sur 48
000 à peu près qui produisent de l'agriculture à temps
partiel et ça maintient une activité économique Importante
dans certaines régions. Je n'ai pas de chiffres, mais, pour la plupart
de ces 17 000 producteurs-là, je serais bien curieux de savoir c'est
quoi le revenu brut moyen de ces gens-là. Avec ce
critère-là qu'on leur impose, je ne suis pas sûr qu'en ce
qui concerne l'agriculture à temps partiel, qui est de plus en plus,
comment je dirais, pratiquée aujourd'hui, qui, je le
répète, maintient une
activité économique en région et maintient aussi un
usage, une culture des terres, des sols qui seraient, de toute façon,
laissés en friche, je ne suis pas sûr, je suis de plus en plus
certain que ces personnes-là vont avoir de la difficulté
énorme à se qualifier avec ce critère-là de 150 $
brut par hectare pour être capables d'avoir leur part de remboursement.
Et ça, ce ne sont pas des professionnels, ce ne sont pas des
députés, puis ce ne sont pas des ministres, puis ce ne sont pas
des avocats et des notaires, dans le domaine de l'agriculture à temps
partiel qui se pratique dans nos régions. En tout cas, moi, je ne
comprends pas...
M. Picotte: Écoutez, moi, vous ne me rendrez pas
sympathique à ça, définitivement. Moi, je me dis: S'il y a
une possibilité de 100 acres et qu'ils en produisent pour 10, on n'a pas
d'affaire à payer pour ça. On paiera pour 10. C'est ça.
Qu'ils les mettent en valeur leur ferme. On est sérieux quand on fait de
l'agriculture ou on n'est pas sérieux. Alors, moi, je n'ai pas de
sympathie pour ça, puis je n'ai pas l'intention de changer ça
parce que je dis: On va pénaliser ceux qui ne mettent pas leurs terres
en valeur. Ce n'est pas compliqué.
M. Baril: Non, mais un producteur à temps partiel, il peut
être...
M. Picotte: On va défrayer pour le prix, on va
défrayer pour ce qu'il met en valeur. On n'a pas d'objection à
ça. On va défrayer pour ça. Moi, je n'ai pas d'objection
à ça. On ne défraiera pas pour ce qu'il ne fait pas. On va
défrayer pour ce qu'il fait. Ça va peut-être bien l'inciter
à en faire plus.
La Présidente (Mme Bégin): Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Est-ce que le ministre pourrait me dire le revenu
brut moyen des...
M. Picotte: 24 000 $.
Mme Dupuis: C'est 24 000 $. Donc, de 24 000 $ à 13 000 $,
la marge n'est pas haute. Parce que le but que vous visez avec ça, c'est
d'empêcher des gens qui ont une grande terre de la laisser en friche pour
en cultiver juste une petite partie et d'aller chercher ça, les
"gentle-men-farmers". D'accord?
M. Picotte: Oui, puis des gens qui l'exploitent juste au
quart.
Mme Dupuis: Mais là, si, en voulant viser ça,
finalement, on arrive à en empêcher quand bien même ce
serait juste quatre, cinq ou six - puis II va y en avoir plus que ça -
au niveau du Québec, moi, je pense qu'en matière d'agriculture,
un mort c'est un de trop, là.
M. Picotte: Non, mais ce n'est pas ça qu'on dit. On dit:
Si vous produisez pour 25 arpents sur 100, on va vous payer pour 25 arpents sur
100; si vous produisez pour 10, on va payer pour 10; si vous produisez pour 90,
on va payer pour 90; et, si vous produisez pour 25 et que vous organisez votre
terre pour qu'elle soit productive pour les 75 autres en faisant des travaux
dessus, on va accepter de vous défrayer aussi. Donc, c'est une
incitation.
Mme Dupuis: Oui, mais il y a une base là. Il faut que ce
soit un revenu brut moyen d'au moins 150 $ par hectare.
M. Picotte: Ce n'est pas brut, à part ça, je me
suis trompé. C'est le revenu net, 24 000 $, donc le brut est plus
haut.
M. Baril: Oui, j'ai été surpris un peu. Je n'ai pas
parlé parce que j'étais attentif juste d'une oreille...
M. Picotte: Oui, mais c'est net, alors c'est encore pire que
brut. Ça veut dire que brut, il est à 30 000 $ et quelque
avancé.
M. Baril: Oui, mais c'est moyen.
Mme Dupuis: Si ça avait été à 24 000
$, la marge, elle n'aurait pas été grande. Vous allez en tuer une
gang là, il y en a un paquet qui ne pourront pas être
remboursés.
M. Picotte: Oui, mais il est net. C'est encore pire. J'aurais
dû vous dire 35 000 $. Donc, ça renforce encore ma position.
Mme Dupuis: C'est ça, il est plus élevé.
Oui, mais...
M. Baril: Je ne suis pas sûr. Dans vos nombreuses
discussions, vos rencontres avec l'Union des producteurs agricoles, quelle est
leur opinion là-dessus? A-t-elle accepté ça? Est-elle
d'accord avec ça?
M. Picotte: Elle est d'accord avec ça.
M. Baril: L'Union des producteurs agricoles est d'accord avec
ça.
M. Picotte: Oui.
M. Baril: Et elle est convaincue que ces 17 000 producteurs
à temps partiel, qui paient leur cotisation à l'Union des
producteurs agricoles, ça ne leur nuira pas?
M. Picotte: Non, mais elle a été d'accord pour
dire: On va rembourser les gens pour ce
qu'ils font et non pas pour ce qu'ils ne font pas, puis ce qu'Us ne
laissent pas faire.
M. Baril: Bien oui! mais un producteur à temps partiel, M.
le ministre, II produit pour ce qu'il fait. Il produit pour ce qu'il fait. Et
l'UPA s'oppose elle-même...
M. Picotte: Oui, mais s'il laisse la moitié de sa terre en
friche, on ne paiera pas pour la moitié qu'il ne veut pas mettre en
valeur. L'autre moitié qu'il ne veut pas mettre en valeur, on ne le
paiera pas pour ça; il ne veut pas la mettre en valeur, tant pis pour
lui. Mais s'il veut faire quelques travaux pour la mettre en valeur, pour
tâcher que son temps partiel devienne de plus en plus du temps plus
complet, nous autres, on n'a rien contre ça, au contraire.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Iberville, vous avez une question?
M. Lafrance: Oui, j'ai une question et ça touche l'inverse
de ce qui se discute là. Moi, dans mon comté, j'ai des faux
agriculteurs, dans le sens que ce sont des professionnels qui travaillent
à Montréal, qui ont des petites fermettes. Ils ont des petites
fermettes, mettons, de 20 hectares. Donc, avec le projet de loi, ils vont
pouvoir, en produisant encore 3000 $ dans le cas de 20 hectares, 20 fois 150 $,
être éligibles au remboursement des taxes, ce qui n'est pas
correct d'après mol, parce que ce ne sont pas des vrais
agriculteurs.
M. Picotte: En tout cas, 150 $ par hectare, ce n'est pas
compliqué, ça équivaut à la production d'une coupe
de foin par année, une coupe de foin par année. Mais ce n'est pas
la mer à boire, une coupe de foin par année.
M. Lafrance: Non, mais vous comprenez mon point, M. le
ministre?
M. Picotte: Oui, oui, je comprends tout ça.
M. Lafrance: Les gens qui travaillent à Montréal,
qui achètent juste la maison et une grange, ils
bénéficient des mesures pour l'agriculture.
M. Picotte: Oui, mais je me dis que, si, au moins, leurs 20
hectares qu'ils ont, ils les mettent en culture et qu'ils les exploitent, ils
méritent d'avoir des compensations, à mon point de vue. Mais
s'ils en ont 100 hectares et qu'ils en exploitent rien que 20, on n'est pas
pour les payer pour 100 hectares. On va avoir cette
équité-là.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Bon. Je ne sais pas si on adopte le 3° ou si on va
adopter l'article globalement, tout à l'heure?
M. Picotte: On est rendus globalement.
Le Président (M. Richard): Là, c'est, en fait,
l'article 36. 2, globalement, tel qu'amendé, éventuellement.
M. Baril: O. K. À 2°, d'abord, on dit que le ministre
rembourse une partie des montants... Je vais attendre une minute pour ne pas
que... O. K. ?
Le Président (M. Richard): O. K. ?
M. Baril: Bon. À 2°, on dit que le ministre rembourse
une partie du montant des taxes foncières municipales, etc., "qui est
comprise en tout ou en partie dans une zone agricole établie en vertu de
la Loi... " Le ministre peut-il expliquer ce qu'il veut dire par "comprise en
tout ou en partie"? Est-ce que ça veut dire que, s'il a la moitié
de sa terre qui est en zone blanche, le ministre va lui rembourser pareil la
partie qui est dans la zone blanche?
M. Picotte: Ça veut dire "en tout ou en partie",
uniquement la partie qui est en zone verte. On fait la distinction de la zone
blanche. Autrement dit, quelqu'un s'en va là, il veut faire
dézoner une partie de sa terre et il obtient son dézonage. On va
dire: Pour la partie qui est blanche, mon ami, on ne paiera pas pour ça,
mais pour la partie qui est verte, on va te défrayer. C'est ça
que ça veut dire "en tout ou en partie". Parce que là, on se
retrouverait à payer du monde qui serait dézoné, qui
serait en zone blanche et on les paierait quand même sous prétexte
qu'il y en a une partie qui est en zone verte. Alors, on fait cette
distinction-là. (23 heures)
M. Baril: Pourquoi n'a-t-on pas écrit d'abord que le
ministre rembourse seulement la partie en zone agricole?
M. Picotte: Ah bien! ça, c'est une question d'avocat.
Demandez ça aux avocats.
M. Baril: Ça, il me semble que ça aurait
été clair.
M. Picotte: Les avocats vont peut-être bien vous
répondre pourquoi on n'a pas écrit ça
différemment.
Une voix: Ah! je ne suis pas avocat.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Bon. Demandez ça aux avocats.
M. Bsrik Non, mais regardez, madame. À 2°, puisque tout le
monde convient que le ministre va rembourser les taxes seulement dans la partie
verte, la partie agricole, au lieu de dire "qui est comprise en tout ou en
partie dans une zone agricole" - moi, si je lis ça vite et si je
comprends ça un petit peu, je me dis: Bon, ça va être en
tout ou en partie - pourquoi n'écrit-on pas "rembourse seulement la
partie des taxes située en zone agricole"?
Mme Ferron: En fait, c'est évident qu'une exploitation
agricole peut avoir une petite partie en zone blanche.
M. Baril: Oui.
Mme Ferron: À l'article 36.3, auquel on n'est pas rendu,
mais tout à l'heure, on établit le prorata, le calcul qui doit
être fait pour départager les deux zones. La formulation qui a
été employée ici, c'était pour essayer d'illustrer
que l'exploitation pouvait être toute comprise dans la zone ou qu'elle
pouvait l'être en partie seulement. C'était vraiment ça qui
était visé.
M. Baril: II me semble qu'on ne se serait pas posé de
question si c'avait été dit et écrit à peu
près comme ceci: Le ministre rembourse une partie du montant des taxes
foncières municipales, etc., qui est comprise dans la zone agricole.
Pourquoi mettre "en tout et en partie? On dit: "comprise dans la zone
agricole".
Mme Ferron: Là, vous vous trouveriez peut-être
à exclure, à ce moment-là, les exploitations agricoles qui
ont une partie en zone blanche. À ce moment-là, du moment qu'il y
aurait...
M. Baril: Bien oui! mais, dans la zone blanche, on convient qu'il
ne paie pas, qu'il ne rembourse pas.
Mme Ferron: Non, mais on va payer, par ailleurs, la partie qui
est en zone verte.
M. Baril: Bien oui! c'est ça.
Une voix: Ce n'est pas le remboursement. C'est la
localisation.
M. Houde: M. le Président...
Mme Ferron: C'est ça, c'est au niveau de la
localisation.
M. Houde: ...est-ce que ça ne voudrait pas dire par
là, une partie dans la zone blanche, une partie qui est cultivable et
une partie qui n'est pas cultivable? C'est peut-être ça que vous
voulez dire? La partie qui est cultivable va être défrayée,
mais autre partie qui est la zone blanche, la zone non cultivable, disons, dans
une "swamp" - excusez, on emploie ce mot-là parce que c'est dans les
terres inondées - on ne peut pas aller cultiver là, donc c'est
peut-être cette partie-là que vous ne paierez pas. Est-ce que
c'est ça que ça voudrait dire plutôt qu'autre chose?
Non?
Mme Ferron: En fait, c'est une question de localisation. C'est
vraiment pour montrer où est l'exploitation agricole. C'est plus...
Une voix: La zone verte.
Mme Ferron: C'est ça. Ou elle peut être sur la
ligne.
Le Piésident (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: En fait, la grosse distinction, M. le
Président, ce n'est pas compliqué, c'est qu'on ne rembourse pas
la terre, on rembourse l'exploitation. C'est ça qu'il faut faire comme
distinction. Si on remboursait la terre, on pourrait dire ça comme
ça...
M. Houde: O.K.
M. Picotte: ...mais comme on ne rembourse pas la terre, qu'on
rembourse l'exploitation, c'est pour ça qu'on précise ça
de même.
M. Houde: Pas de problème.
M. Picotte: Les avocats ont vu ça comme ça.
M. Baril: Donc, on ne fera pas venir un juge pour décider
qui a raison entre moi et les avocats.
M. Picotte: Non.
Le Président (M. Richard): Non. On n'envoie pas ça
en Cour suprême. On arrête ça là.
M. Baril: C'est ça. Pour ce qui est de l'article 36.2 ou
de l'article 1, je ne sais pas comment vous définissez ça, M. le
Président, il serait...
Le Président (M. Richard): O.K. Ça va bien.
M. Picotte: À moins que mon collègue d'Arthabaska
accepte qu'on fasse venir le juge Beaulieu. Il lui a déjà
demandé une explication et il a eu la réponse qu'il a
obtenue.
M. Baril: Lui, M. le ministre, je l'attends la prochaine fois. Je
ne suis pas avocat, je vous l'ai dit et je le dis tout le temps, mais la
prochaine fois qu'il va venir me niaiser ici, je vous garantis qu'il va y
goûter.
Des voix: Ha. ha, ha!
M. Baril: Ça, s'il m'écoute... Vous pourrez lui
passer le message. Je vais lui montrer qu'en tant que président d'un
organisme il a des deniers publics à gérer et qu'il est redevable
devant l'Assemblée nationale. Ça, j'ai appris ça trop
tard, mais aujourd'hui je le sais. Donc, je l'attends sur ce point-là.
Vous pouvez être certain de ça, M. le ministre.
M. Picotte: On le fera revenir à un moment donné.
Moi, je veux assister à ça. On le fera revenir.
M. Baril: Excusez, mais il m'a niaisé une fois, il ne me
niaisera pas deux fois.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 36. 2, tel
qu'amendé, est adopté, M. le député
d'Arthabaska?
M. Baril: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. J'appelle donc
l'article 36. 3. On a un amendement.
M. Picotte: Un, puis deux, puis trois, M. le Président.
Un, ce n'est pas assez.
Le Président (M. Richard): Alors, on met le paquet.
Allons-y.
M. Picotte: On a eu des discussions après avec l'UPA. On a
plein de papillons. "36. 3 Les taxes foncières et les compensations
admissibles au remboursement sont celles qui sont devenues payables ou ont
été payées à la date de la demande de
remboursement, peu importe par qui, le cas échéant, elles ont
été payées. "
Bon, est-ce qu'on arrête là parce que, si je continue, il
va y avoir un autre papillon?
Le Président (M. Richard): on peut peut-être
arrêter là. c'est déjà assez mêlant. ce ne
sera pas long. ce ne sera pas long, m. le ministre.
M. Picotte: Autrement dit, on rajoute. Au lieu de dire: "... qui
ont été payées", on dit: "... qui sont devenues payables
ou ont été payées à la date de la demande de
remboursement". Ceux à qui on donne 2000 $ et plus, qu'on leur envoie
avec une pièce justificative, si on dit "qui ont été
payées", on va être contraire à ce qu'on a adopté
précédemment. Donc, c'est: "Les taxes foncières et les
compensations admissibles au remboursement sont celles qui sont devenues
payables ou ont été payées à la date de la demande
de remboursement, peu importe par qui, le cas échéant, elles ont
été payées. " C'est pour ça qu'on fait ce
papillon-là, encore une fois. M. Baril: Bon, ça devrait
aller.
Le Président (M. Richard): Allez-y pour le
deuxième, M. le ministre.
M. Picotte: Alors, le papillon est adopté?
Le Président (M. Richard): On va faire ça tout d'un
paquet, l'article 36. 3. Ce sera plus facile. On adoptera massivement.
M. Picotte: "Elles se calculent au prorata de la valeur des
immeubles situés dans la zone agricole et faisant partie de
l'exploitation agricole par rapport à la valeur totale de l'unité
d'évaluation. Ce prorata est établi selon l'avis
d'évaluation expédié pour l'exercice financier municipal
pour lequel une demande de remboursement est faite. " - et non pas la
formulation actuelle, c'est ça le papillon, "une demande de
remboursement est faite. Cet avis sert également quant aux taxes
foncières scolaires de l'exercice financier scolaire en cours au moment
de cette expédition. "
Et là, je pourrais continuer parce qu'on arriverait juste
à la fin. Je vais continuer l'autre paragraphe qui, lui, ne
nécessite aucun changement.
Toutefois, le ministre exclut du remboursement la partie du montant des
taxes foncières et des compensations attribuables aux immeubles faisant
partie de l'exploitation agricole et utilisés à des fins
résidentielles, commerciales, d'agrément, de loisir ou de sport,
à l'exception de celles attribuables à la résidence
principale de celui qui fait la demande de remboursement et des autres
résidences servant à loger les personnes participant aux
activités agricoles de l'exploitation agricole. " J'arrête
là.
M. Baril: Oui, on en a à digérer un peu,
là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): On ne vous croyait pas si
technique que ça, M. le ministre.
M. Picotte: Ah! si vous saviez! Si vous saviez comment j'aime
ça!
M. Baril: Dans le deuxième ou troisième paragraphe,
en tout cas celui qui dit: Toutefois, le ministre exclut du remboursement la
partie du montant des taxes foncières et des compensations attribuables
aux immeubles faisant partie de l'exploitation agricole et utilisés
à des fins résidentielles, commerciales, d'agrément, de
loisir ou de sport, " qu'est-ce que c'est ça? Je sais que, dans
l'ancienne loi, c'était marqué, mais j'aimerais ça savoir
c'est quoi.
M. Picotte: Prenons un exemple. Quelqu'un achète une
ferme; sur la ferme, il prend une grange, il n'exploite pas la ferme d'aucune
façon, il prend une grange et il dit: Je fais un théâtre
d'été avec ça. On dit: On regrette, nous autres, c'est
pour des fins de loisir ou des fins culturelles, on ne paiera pas, on ne
remboursera pas les taxes municipales pour ça. Quelqu'un dit:
j'achète une ferme, je n'exploite pas la ferme, mais je fais de
l'hébergement à la ferme, donc je loue un gîte aux
passants. Il fait de l'hôtellerie à ce moment-là. On dit:
Si tu fais de l'hôtellerie, on ne te remboursera pas les taxes parce que
tu n'es pas un agriculteur. Mais on dit: Si tu achètes la ferme et que
tu fais du travail à la ferme, que tu exploites ta ferme, et que les
gens viennent là pour voir comment se comporte une ferme, comment on
travaille sur une ferme, qu'ils peuvent même participer au travailleur
sur la ferme, c'est le genre de vacances que tu offres, là tu es un
agriculteur et nous autres, on va te défrayer; mais pas si tu prends la
place d'un hôtel, pas si tu fais un théâtre
d'été dans la grange, hein? Si tu sors le fumier de la grange et
que tu fais un théâtre d'été, bien, je regrette, tu
es un endroit de loisir, tu n'es plus un endroit qui fait de l'agriculture;
c'est bien beau ton décor, mais tu n'es pas un agriculteur. C'est
ça que ça veut dire, en fait. Un gars qui achète une ferme
et qui fait une pièce de théâtre, "Le laboureur
fatigué", ce n'est pas un agriculteur.
M. Baril: Un agriculteur qui utilise sa grange pour opérer
un théâtre d'été, ça doit être un
agriculteur à temps partiel, sans doute.
M. Picotte: Oui, sans doute. C'est ça que ça veut
dire.
M. Baril: Bon. C'est beau.
M. Picotte: On continue, parce qu'il reste un autre papillon, M.
le Président, le dernier paragraphe.
Le Président (M. Richard): II est tout petit, lui.
M. Picotte: "À l'exception de l'intérêt
prévu à l'article 248 de la Loi sur la fiscalité
municipale, les intérêts et les pénalités payables
ou payés - autrement dit, on avait dit "les pénalités
payés", mais, compte tenu que c'est payable parce qu'on peut devancer le
paiement, il faut rajouter "payables ou" - sur les taxes foncières et
les compensations en souffrance ne sont pas admissibles au remboursement."
Alors, on dit bien: "À l'exception de l'intérêt
prévu à l'article 248 de la Loi sur la fiscalité
municipale, les intérêts et les pénalités payables
ou payés sur les taxes foncières et les compensations en
souffrance ne sont pas admis- sibles au remboursement." Ça, je pense que
ça se comprend tout seul, M. le Président.
M. Baril: Je ne sais pas c'est quoi les exceptions prévues
à l'article...
M. Picotte: 248? M. Baril: ...248.
M. Picotte: On va avoir besoin d'un avocat encore. Me Ferron.
Mme Ferron: Ce sont les suppléments de taxes municipales
ou scolaires qui seraient dus soit suite à la modification du rôle
ou suite à la confection d'un nouveau rôle. Comme ça arrive
par la suite, il pourrait y avoir des intérêts. À ce
moment-là, les intérêts seraient remboursables.
M. Baril: Puis là, je pense que c'est au premier article,
les suppléments de taxes qui peuvent être décidés
par je ne sais trop qui, vous me l'avez dit tout à l'heure, par les
tribunaux ou je ne sais quoi. Y a-t-il de l'intérêt
là-dessus?
Mme Ferron: Oui. Ça couvre exactement le même cas,
parce que ça pourrait être soit suite à une confection de
rôle ou d'une modification du rôle d'évaluation. C'est ce
que prévoit, ici, ce dernier alinéa là. En fait...
M. Baril: Ce dernier alinéa là prévoit ce
qu'on a discuté tout à l'heure aussi.
Mme Ferron: Tout à l'heure, c'est ça. M. Baril:
C'est beau.
Le Président (M. Richard): Donc, l'ensemble des
amendements apportés à l'article 36.3 est adopté?
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article 36.3, tel
qu'amendé, est donc adopté.
M. Baril: Non, non.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article...
M. Baril: Non, non, non, M. le Président. Un instant! Pas
tout de suite. Les amendements, oui.
Le Président (M. Richard): Les amendements, oui.
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): Mais l'ensemble de l'article,
tel qu'amendé...
M. Baril: Je vais vous dire ça dans deux secondes.
Le Président (M. Richard): Ça va.
M. Baril: À l'article 36.3, deuxième paragraphe, on
dit: "Ce prorata est établi selon l'avis d'évaluation
expédié pour l'exercice financier municipal pour lequel les taxes
foncières municipales et les compensations ont été
payées." Le mot "compensations" revient dans plusieurs articles. Est-ce
que le mot "compensations" ou la définition de ce mot-là est dans
quelque article? Est-ce qu'H est défini quelque part? C'est quoi qu'on
veut dire par "compensations"?
M. Picotte: Mais là, ça a été...
Mme Ferron: Compensations pour services municipaux. L'article
36.2, premier alinéa.
M. Baril: Où? Veuillez répéter.
Mme Ferron: L'article 36.2, premier alinéa, on parle des
compensations pour services municipaux. À chaque fois qu'on parle du mot
"compensations", il faut comprendre que ce sont les compensations pour les
services municipaux.
M. Picotte: Pour les services municipaux.
Mme Ferron: C'est ça, et "service municipal" est
défini à l'article 36.1, 2°. On rembourse les services
municipaux sous forme de compensations.
M. Baril: Pourquoi on ne le reprend pas là? Pour
être clair, pourquoi, à l'article 36.3, on ne dit pas: "et les
compensations pour services municipaux", ou municipal, municipaux? Ce serait
clair.
Mme Ferron: Parce qu'il faudrait le traîner tout le long du
texte. C'est juste une question, à ce moment-là, de
sémantique, c'est pour ne pas alourdir le texte, parce que ça
reviendrait à presque tous les articles.
M. Baril: On en parle partout du mot "compensations". C'est pour
ça que...
Mme Ferron: C'est pour ça qu'on ne le remet pas chaque
fois, parce que ça alourdirait beaucoup le texte. Et comme à
l'article 36.2 on l'a déjà dit que ce sont des compensations pour
des services municipaux, que ces termes-là sont définis, on ne
les reprend pas.
M. Baril: Vous me dites que c'est défini à
l'article 36.1?
Mme Ferron: "Service municipal" est défini à
l'article 36.1...
M. Baril: Oui.
Mme Ferron: ...et quand on va à l'article 36.2, premier
alinéa, on dit: "Le ministre rembourse une partie du montant des taxes
foncières municipales, des taxes foncières scolaires (...) et des
compensations pour services municipaux".
M. Baril: D'abord, il aurait fallu plus de clarté à
l'article 36.1, avoir un 3° puis définir "compensations". Ça
aurait été clair, on aurait eu juste à revenir dans
les...
Mme Ferron: En fait, dans le texte actuel de la Lof sur la
fiscalité municipale, ce sont les mêmes formulations qui sont
employées. On parle toujours des compensations pour des services
municipaux. C'est un terme qui est employé en droit municipal.
M. Baril: c'est parce qu'h y a toujours place à
amélioration. ça ne veut pas dire parce que, aujourd'hui, c'est
écrit de même, que ça ne peut pas être mieux
écrit demain.
Mme Ferron: Mais le mot "compensations" comme tel n'a pas un sens
différent ici.
M. Baril: Dans le Code municipal, est-ce qu'on utilise juste le
mot "compensations" ou si on utilise les mots "compensations pour services
municipaux"?
Mme Ferron: Dans la Loi sur la fiscalité? On ne le
répète pas chaque fols.
M. Baril: en tout cas, il me semble que, pour une meilleure
compréhension et une amélioration de la clarté de nos
lois, sans le répéter à chaque article...
M. Picotte: M. le Président, moi, je ne me bats plus pour
ces choses-ià, parce que j'ai eu l'occasion d'en discuter à
maintes et maintes reprises avec mon collègue de la Justice qui me
répond toujours la même affaire: Le législateur ne parle
pas pour ne rien dire.
M. Baril: Non, sans parler...
M. Picotte: Donc, toutes les fois qu'on ajoute un mot qui est
déjà compris dans une définition, c'est parier pour ne
rien dire, de rajouter, et mêler davantage.
M. Baril: C'est parce qu'il n'est pas défini, M. le
ministre.
M. Picotte: Non, mais H est compris dans... (23 h 15)
M. Baril: II n'y est pas, dans les définitions.
M. Picotte: II est compris dans l'économie
générale de la loi. Alors, c'est les juristes qui nous disent
ça. Même si j'allais en Cour suprême demain pour dire que
ça n'a pas de bon sens, c'est ça.
M. Baril: Oui, les juristes, avec toute la confiance que je peux
leur faire, M. le ministre...
M. Picotte: Bien, c'est ça.
M. Baril: On est là pour légiférer, pour
essayer de rendre nos lois plus compréhensibles au niveau de la
population, pour qu'elle ait moins affaire, justement, aux juristes.
M. Picotte: Ce qu'ils nous disent c'est qu'à un moment
donné, quand on répète, on mêle trop les gens. Ils
sont d'avis contraire, eux autres.
M. Baril: Je fais une concession: sans répéter,
qu'on ajoute, à l'article 36.1, la définition des mots
"compensations pour services municipaux". Ça serait clair, ça
serait facile et ça il n'aurait pas à être
traîné et répété partout.
M. Picotte: On nous a dit que c'était
superfétatoire.
M. Baril: Ah Seigneur! que c'est des grands mots, ça,
hein? C'est beau, ça!
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Verchères, vous aviez un commentaire à ajouter?
M. Baril: J'aurais le goût de dire des choses, mais...
Mme Dupuis: mon collègue veut dire que là,
finalement, il n'est pas défini nulle part, alors on suppose que. mais
quelqu'un qui n'a pas eu affaire à d'autres lois et qui lit ça,
il dit... on se la pose tous la question.
M. Picotte: Mme la députée, je comprends ce que
vous dites, mais moi, je vous ai dit tantôt que je ne me battrais pas. Je
me suis battu au Comité de législation pour la même affaire
que vous. Des juristes m'ont dit la même affaire que vous et les avocats
nous disent que ce n'est pas nécessaire. Alors, quand bien même
j'irais en Cour suprême. Qu'est-ce que voulez que je vous dise?
Mme Dupuis: Oui, mais on sait très bien
qu'énormément de lois nous amènent directement chez les
avocats. Je pourrais vous en citer des lois qui sont tellement mal faites et
qui ne sont tellement pas claires que ça nous conduit directement dans
les bureaux d'avocats. Si, pour nous, ce n'est pas clair, si pour vous, ce
n'était clair, si pour les juristes, ce n'est pas clair et, à un
moment donné, si ça l'est seulement pour les avocats, il y aurait
peut-être moyen d'améliorer.
Mme Ferron: En fait, c'est parce que, dans le projet de loi, on
rembourse deux types de choses. On rembourse des taxes foncières et des
compensations. Les taxes foncières, bien sûr, c'est sur les
immeubles. Les compensations, c'est pour les services municipaux. C'est des
notions qui sont très connues en matière municipale, c'est pour
ça qu'on n'a pas besoin de les reprendre. Et si on rajoute à
l'article 36.3 l'expression "compensations pour services municipaux", il va
falloir la rajouter partout dans le projet de loi et ça risque
d'alourdir inutilement les textes.
M. Baril: Voyez-vous, à l'article 36.4, évidemment,
il revient encore le mot "compensations". Là, on dit: "La partie du
montant des taxes foncières et des compensations admissibles au
remboursement", et, à 5°, on ne parle plus que de "70 % du montant
des compensations". On ne parle plus de "admissibles". Le mot "admissibles"
fait quoi là, d'abord?
Mme Ferron: C'est parce qu'on sait que c'est des compensations
pour services municipaux.
M. Baril: Ah! vous autres, vous le savez.
Mme Ferron: II faut se référer à l'article
36.2, à ce moment-là, simplement.
Mme Dupuis: Mais il n'y aurait pas lieu, par exemple, à
l'article 36.1, d'ajouter un 3°, puisque vous définissez
"bâtiment" et "immeuble" et que vous définissez "service
municipal"? Il n'y aurait pas lieu de définir "compensations", ça
s'applique à quoi?
Mme Ferron: En fait, il faut faire attention parce que ces
termes-là sont également employés dans les lois
municipales et, si on se met à les définir ici, on peut
créer des incohérences avec les autres lois des affaires
municipales. C'est les raisons pour lesquelles au secrétariat à
la législation, au Comité de législation, on nous a dit:
Ce n'est pas nécessaire de le mettre parce que c'est suffisamment clair
du fait qu'on se réfère à des compensations pour services
municipaux. C'est toujours ça; ce sera toujours ça dans le texte.
Ça ne peut pas être des compensations pour d'autres choses. Le
"service municipal" est très bien défini. On a la
définition à l'article 36.1.
M. Baril: Je comprends la complexité de nos lois. Je ne
suis pas toujours d'accord, mais, en tout cas, il faut vivre avec. Le ministre
se souviendra sans doute que, l'hiver dernier, lors de l'étude d'une loi
- je ne me souviens plus
quel titre elle portait, mais c'était une loi qui touchait les
femmes en agriculture, le ministre s'en souvient sans doute - J'avais dit:
Puisque c'est une loi qui touche aux productrices agricoles, pourquoi on
n'ajoute pas "producteurs et productrices agricoles"? Et j'avais dit: Je
préviens le ministre que s'il s'informe à son contentieux, on
dira: Ce n'est pas faisable; c'est bien trop compliqué; il faudrait
faire changer toutes les autres lois. Le ministre - je l'apprécie -
avait démontré une grande ouverture et dit: Oui, c'est vrai qu'on
fait une loi spécialement pour les productrices agricoles et que, dans
le titre de la loi, c'est marqué producteurs agricoles. C'est une belle
logique, je sais bien. Mais il avait dit: Je vais vérifier ça et,
si ce n'est pas grand-chose, je vais présenter un petit amendement au
printemps et on va tout régler ça, la patente. C'est une bonne
idée, c'est pariait et ça va répondre aux besoins, tout
ça. On attend encore.
M. Picotte: M. le Président, c'est facile de
répondre à ça. Moi, j'ai assez de me battre pour aller
chercher des budgets; j'ai assez de me battre pour aller au Conseil du
trésor pour faire approuver des budgets. Je ne me battrai pas pour un
mot contre tous les législateurs et les avocats qu'il peut y avoir dans
l'appareil gouvernemental, et perdre trois semaines avec ça pour arriver
à un résultat nul. Je regrette, mais j'ai d'autres choses
à faire que de perdre du temps comme ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Ça ne va pas bien
à la "shop".
M. Baril: Non. En tout cas, il me semble - et le ministre, je
suis certain qu'il en conviendra - que ce serait si simple.
M. Picotte: J'ai déjà dit en commission
parlementaire que je remerciais Dieu tous les jours de ne pas m'avoir fait
avocat, alors...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse, vous qui êtes avocate. Ha, ha, ha!
Mme Bégin: M. le ministre, vous ne savez pas ce que vous
manquez.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bégin: Tout simplement, je voudrais peut-être
référer le député d'Arthabaska... Il y a tout de
même la Loi d'interprétation...
M. Baril: Bien oui, mais...
Mme Bégin: ...qui est une loi d'application
générale et, lorsqu'on ne sait pas comment définir un
terme, tel "le masculin inclut le féminin", encore du moins,
jusqu'à temps qu'on change la Loi d'interprétation... Mais on
pourrait peut-être répondre à la question du
député d'Arthabaska en le référant tout simplement
à la Loi d'interprétation qui est une loi d'application
générale pour toutes les lois du Québec.
M. Baril: Mme la députée de Bellechasse, si, moi,
j'en avais fait la proposition ou la suggestion, c'était d'abord et
avant tout pour qu'on reconnaisse l'implication et le travail de la femme en
agriculture et pour qu'elle se sente encore mieux impliquée, qu'elle ne
soit pas obligée d'aller voir une définition dans une autre loi
de ce que ça veut dire "producteur", "productrice agricole".
C'était dans l'intérêt des femmes que je voulais le faire.
Un point, c'est tout.
Mme Bégin: Je vous en remercie si c'est dans cet
intérêt-là.
M. Baril: Non, je vous comprends, mais je suis quand même
un petit peu étonné que votre rôle ou votre profession
d'avocate passe avant votre rôle de défense des droits des femmes
ou de la définition.
Ceci dit, M. le Président, puisqu'on ne peut pas se battre
indéfiniment ou qu'on ne veut pas - pouvoir, c'est une chose - se battre
indéfiniment contre des termes juridiques, l'article 36.3 sera
adopté sur division.
Le Président (M. Richard): Tel qu'amendé, sur
division.
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 36.4.
Pas d'amendement.
M. Picotte: À l'article 36.4, il n'y a pas de
papillon.
Le Président (M. Richard): On est sauvés.
M. Picotte: C'est tout un exploit. M. le Président, 36.4:
"La partie du montant des taxes foncières et des compensations
admissibles au remboursement que le ministre rembourse est égale au
total de: "r 70 % du montant des taxes foncières scolaires; "2° 100
% du montant que l'on obtient en multipliant la valeur totale des immeubles
situés dans la zone agricole et faisant partie de l'exploitation
agricole par l'excédent du taux d'imposition sur 2 %; "3° 70 % du
montant que l'on obtient en multipliant par 2 %, ou par le taux d'imposition
s'il est inférieur à ce pourcentage, la valeur totale des
immeubles visés au paragraphe 2°,
jusqu'à concurrence de 476 $ par hectare dans le cas du terrain;
"4° 100 % du montant que l'on obtient en multipliant par 2 %, ou par le
taux d'imposition s'il est inférieur à ce pourcentage, la partie
de la valeur du terrain visé au paragraphe 2° qui excède 475
$ par hectare; "5° 70 % du montant des compensations. "Pour l'application
des paragraphes 2e à 4e du premier alinéa,
le taux d'imposition est le pourcentage de la valeur totale des immeubles
visés à ce paragraphe 2° que représente la somme des
taxes foncières municipales admissibles au remboursement."
Cet article établit la partie du montant des taxes
foncières et des compensations que le ministre rembourse. En fait, les
nouvelles dispositions n'amènent aucun changement en ce qui concerne le
coût net des taxes pour les exploitations agricoles enregistrées
dont la valeur du fonds de terre est inférieure à 375 $ par
hectare. Pour toutes celles-ci, le compte de taxes ne subira aucune
augmentation, pas plus que la contribution de ces exploitations au paiement de
leur compte de taxes. Elles en payaient 30 % selon l'ancien régime et
elles continueront d'en payer 30 % en vertu des nouvelles dispositions.
En ce qui concerne les exploitations agricoles dont la valeur du fonds
de terre excède 375 $, elles verront leur compte de taxes augmenter,
mais la seule différence au niveau de leur compte net sera celle
attribuable à l'indexation du plafond de 375 $ à 475 $ par
hectare pour fins de remboursement. Pour une exploitation agricole
enregistrée de 100 hectares, cela représente une somme
additionnelle de 30 $ avec un taux d'imposition de 1 %. On peut suivre
l'application de l'article 36.4 avec deux exemples dont un se situe dans la
région de Saint-Jean-Valleyfield et l'autre dans le Bas-du-Fleuve. La
valeur du fonds de terre considéré est représentative de
chacune de ces régions et la superficie retenue, 100 hectares,
correspond, à peu de chose près, à la superficie moyenne
des fermes au Québec. J'ai eu l'occasion, M. le Président, de
distribuer tantôt tous les exemples possibles qu'on a fabriqués,
qu'on a faits, que vous avez entre les mains et qui représentent les
exemples qu'on peut aller trouver non pas pour les deux seuls exemples que je
viens de souligner, mais pour d'autres exemples aussi. Et il y a deux exemples
additionnels théoriques qui sont ici que, M. le Président, je
pense bien, il n'est pas nécessaire d'énumérer, en parlant
de portion de terrain et d'une autre portion de terrain, de taxes municipales,
etc., et il y a le remboursement avec le total qui, finalement, donne la
réponse aux excédents qu'on a mentionnés tantôt.
M. Baril: Je regarde, M. le Président, l'ancien article de
la loi, l'article 214, et je me questionne sur la nécessité
d'avoir compliqué ça d'une façon aussi poussée. Il
me semble que l'article 214 était clair. On aurait pu changer, pas le
mot, mais le montant, "375 $" par "475 $". Au niveau du 2 %, c'était
clair dans l'article 214 de la Loi sur la fiscalité municipale. Dans
celui-là, ii y a un bout c'est 100 %, l'autre c'est 70 %, toujours en
multipliant par 2, le facteur de 2 %. Je ne sais pas, là. J'aimerais
ça qu'on...
M. Picotte: on vient mettre dans la loi, m. le président,
la méthode de calcul exacte. il faut la mettre; maintenant qu'on a
différentes modulations, il faut mettre la méthode de calcul.
alors, c'est ça qu'on vient mettre dans la loi.
M. Baril: La méthode de calcul est changée avec la
Loi sur la fiscalité municipale. Pourtant, les 2 %, c'est encore
là-dedans. Les taxes foncières scolaires, c'est-à-dire,
sont remboursées à 70 %, c'était pareil dans l'autre loi.
Les taxes foncières municipales, on rembourse encore 70 %. Je comprends
qu'on rembourse à l'agriculteur la partie dépassant les 475 $ par
hectare, mais je trouve ça compliqué. Si je demandais à
quelqu'un, alentour de la table, à part les avocats ou les avocates, de
m'expliquer en deux mots chaque article...
M. Picotte: En deux mots ce ne serait pas assez.
M. Baril: Non, mais c'est ça, là. Je suis certain
qu'il y en a qui se poseraient des questions et qui diraient: Attends un peu
là; on va regarder ça, ce que ça veut dire. Vous ne
trouvez pas, M. le ministre, que c'est compliqué? Ce serait le
rôle du président de nous éclairer. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Je suis bien content de ne pas
être obligé nécessairement de voter comme président
et surtout de ne pas m'impliquer. Mais c'est vrai que c'est des beaux
pourcentages.
M. Picotte: Me Ferron, donnez des explications.
Le Président (M. Richard): Mais est-ce qu'il y a quelqu'un
qui va nous l'expliquer? Me Ferron, vous allez vous essayer?
M. Picotte: Me Ferron. Une explication d'avocate.
M. Baril: en tout cas, j'essaie de comprendre, mais il me semble
que, je ne sais pas, on aurait pu trouver une façon plus simple. je ne
sais pas.
Mme Ferron: En fait, ce qui est changé par rapport
à la Loi sur la fiscalité municipale, c'est que la Loi sur la
fiscalité municipale imposait des plafonds d'évaluation.
Là, on n'a plus ça.
C'est un plafond de remboursement que le ministère, finalement,
introduit ici, dans le projet de loi, qui est à 475 $ par hectare, et,
à partir de ça, on a modulé la façon de calculer.
Il y a une partie qui est remboursable à 100 %, l'excédent, et ce
qui est en bas de ça est remboursable à 70 %. Et la
deuxième distinction qu'il faut faire, c'est quand on a un taux
d'imposition qui dépasse 2 %; à ce moment-là, le
remboursement de l'excédent du taux d'imposition de 2 % se fera à
100 %. C'est ce qui complique un peu le système, effectivement, mais,
par ailleurs, ça donne dans son intégralité le calcul que
le ministre va faire pour rembourser les taxes des producteurs. La
différence, c'est vraiment au niveau de l'abolition du plafond
d'évaluation qui existe dans la Loi sur la fiscalité municipale.
Ça ne se retrouve plus. Maintenant, c'est des plafonds de remboursement.
(23 h 30)
M. Baril: Ce qui veut dire qu'une municipalité, elle va
pouvoir taxer plus que 2 % de la valeur de la propriété?
Mme Ferron: Elle pourrait le faire.
M. Baril: Elle va avoir le droit de le taxer...
Mme Ferron: C'est ça.
M. Baril: ...tandis qu'avant ça elle était
limitée.
Mme Ferron: Exactement.
M. Baril: Elle va avoir le droit de taxer plus que 2 %, mais
l'agriculteur, lui, il ne paiera pas plus que ces 2 % de la valeur. Ça
va être le ministère de l'Agriculture qui va le rembourser
à 100 %.
Mme Ferron: Ça va être remboursé à 100
%. C'est ça, exactement.
M. Baril: Je suis pas pire. J'ai réussi à
comprendre ça.
Mme Ferron: Vous êtes très bon. Des voix: Ha,
ha, ha!
Le Président (M. Richard): M. Laforge, vous vouliez
compléter?
M. Laforge: Simplement pour mentionner que c'était
difficile de procéder autrement et de le dire en d'autres mots parce
qu'il n'y a plus que le ministère de l'Agriculture, finalement, qui
intervient dans le remboursement et dans le total de l'opération.
Auparavant, on avait le ministère de l'Agriculture pour une partie du
remboursement et on avait également le ministère des
Affaires municipales qui compensait directement les
municipalités. Alors là, il faut tout faire dans une même
opération. C'est le même ministère qui intervient.
Ça devenait, à ce moment-là, très difficile de
faire autrement et de l'indiquer d'une façon différente.
M. Baril: Pour vous autres, ça va être un mode de
calcul simple, ça ne sera pas compliqué de décortiquer
tout ça? Si la municipalité charge plus que les 2 % de la valeur,
vous autres, vous en payez 100 % et, inférieur à ça, le
producteur paie. Ça, ça va être simple à faire pour
vous autres?
M. Laforge: C'est faisable. Avec des programmes informatiques,
maintenant, on peut faire bien des choses.
M. Baril: Vous allez pouvoir faire tout ce calcul-là et
rembourser dans 30 jours ou faire une avance dans 30 jours?
M. Laforge: Pour les avances, effectivement. Il n'y aura pas des
vérifications à tout casser pour les avances. Je pense que le
délai de 30 jours est facilement "rencontraWe". C'est une
vérification sommaire.
M. Baril: Au sujet des avances, avant que je l'oublie, l'avance,
c'est quoi? Je ne me rappelle pas si le ministre l'a déjà dit.
C'est 50 % du montant, 75 %? C'est quoi? 25 %? "C'est-u" fixé,
ça?
M. Gagnon: Si je peux me permettre. Marcel Gagnon.
Le Président (M. Richard): M. Gagnon.
M. Gagnon: l'avance pour les exploitations agricoles dont le
compte de taxes est supérieur à 2000 $, et c'est dans ce
cas-là que ça s'applique...
M. Baril: Oui.
M. Gagnon: ...va être versée en
égalité du montant du premier versement de taxes municipales.
Autrement dit, la première tranche du compte de taxes municipales va
être le montant de l'avance. Donc, c'est pour ça qu'on peut vous
dire que le montant va pouvoir être déterminé très
rapidement parce qu'on n'aura pas de calcul à faire sauf,
évidemment, la vérification du compte de taxes global, à
savoir s'il se classe dans les 2000 $ et plus ou dans les 2000 $ et moins.
Ça va?
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Verchères.
Mme Dupuis: M. le Président, en vertu, justement, de cet
article-là, les agriculteurs s'interrogent à savoir, par exemple,
l'effet que ça peut avoir pour un agriculteur qui a des terres noires
qu'il garde pour des réserves foncières futures. Est-ce que
ça va être calculé au même taux, et tout
ça?
M. Picotte: Oui, c'est ça que j'ai dit tantôt. On a
eu une question là-dessus. Il prépare son soi pour qu'il soit
plus productif plus tard. Il ne peut pas y avoir plus bel exemple comme quoi
c'est payable. C'est un prévoyant. On ne voudrait pas le payer s'il ne
le faisait pas, mais il le fait, alors on n'est pas pour le pénaliser.
On a le goût de le récompenser.
Mme Dupuis: Un autre agriculteur, par exemple, qui a une terre
qui n'est pas cultivable, il y en a une grosse partie qui n'est pas cultivable,
mais qui est en zone verte, qui est zonée dans une zone agricole,
qu'est-ce qu'il fait, lui? Comment il va être évalué,
celui-là?
M. Picotte: C'est ça. Il y a une franchise de 25 %.
Mme Dupuis: C'est quoi en réalité, là?
M. Picotte: S'il ne dépasse pas 25 %, il n'y a pas de
problème, il peut en appeler s'il trouve qu'on ne le traite pas
équitablement.
Mme Dupuis: S'il va en appel et que ça va contre la loi,
ii est fait. Il ne gagnera jamais ça. C'est bien beau aller en appel,
mais il va en appel contre une loi du gouvernement. Est-ce qu'il y a autre
chose que la possibilité d'aller en appel? C'est parce qu'il y a des
frais reliés à ça, aller en appel.
M. Picotte: Ça va être quoi à ce
moment-là? Il faut se poser la question. On en a des cas. Ça va
être quoi l'évaluation? Une terre non cultivable est
évaluée à quoi? 3 $ l'arpent? 4 $ l'arpent? C'est 75
$.
Mme Dupuis: II y a un problème, là. M. Picotte:
25 multiplié par 3, ça fait 75.
Mme Dupuis: On ne répond pas à cette
question-là tout de suite en arrivant à cet
article-là.
M. Picotte: On y répond, on dit: Si tu as 25 %, on ne paie
pas. On lui répond tout de suite, on lui dit: C'est non. On dit: Si tu
te sens lésé, tu peux aller en appel. Mais on dit: C'est non. On
dit: Ça représente 75 $.
Mme Ferron: En fait, l'article 36. 4 nous sert à faire le
calcul du montant des taxes qui vont être admissibles. Une fois que le
calcul va être fait, on va le voir un petit peu plus loin, l'article 36.
7 permet au ministre de faire une réduction s'il y a des superficies non
productives de plus de 25 %. Mais ce pourcentage-là sera établi
à partir du pourcentage qu'on obtiendra à l'article 36. 4, du
montant du calcul, finalement.
Mme Dupuis: Là, ce n'est pas une demande des agriculteurs,
mais je m'interroge. Peut-être que la question... vous me le direz si
ça ne se prête pas à ça. Dans mon comté, il y
a Saint-Hilaire et il y a des pommiers. Il y en a qui sont en zone verte et il
y en a qui ne sont pas en zone agricole. Qu'est-ce qui arrive avec mon
agriculteur qui, lui, gagne sa vie avec ses pommes, mais qui est
entouré... Ils sont tous venus se bâtir autour. Il a
déjà assez de problèmes de même; il n'est même
pas capable d'arroser ses pommes sans que les voisins chialent. Mais là,
il n'est pas en zone verte, lui, et il gagne son revenu, et il se
considère, lui, comme un agriculteur, finalement. C'est un pomiculteur.
Les pomiculteurs, est-ce qu'ils rentrent comme les agriculteurs et est-ce
qu'ils ont les mêmes droits? Comment les traite-t-on, ceux-là,
avec la loi?
M. Picotte: Alors, il faut qu'il demande à se faire
inclure dans la zone verte. On a le droit d'en sortir et on a le droit d'y
rentrer. Qu'il demande à se faire inclure dans la zone verte et il sera
dans la zone verte. Mais probablement que votre gars, quand vous allez lui
proposer ça, il ne voudra pas, il va fuir ça comme la peste. J'en
ai vu des gars comme ça qui sont venus se plaindre. J'ai dit: On va
demander de te faire inclure dans la zone verte. Il a dit: Ah! je ne veux pas
pantoute. Bien, si tu ne veux pas, accepte ton sort; tu ne peux pas manger ton
gâteau et le garder pour demain. Il ne peut pas être dans la zone
verte la journée où ça fait son affaire d'être dans
la zone verte et, le lendemain soir, s'il n'aime pas ça être dans
la zone verte, sortir de la zone. Ça ne se peut pas, ça.
Mme Dupuis: Non, mais...
M. Picotte: Oui, mais c'est comme ça. Offrez-y! Je vous
donne la réponse, c'est facile, arrêtez-le de chialer, ce
gars-là, et dites-lui: Fais-toi inclure dans la zone verte. Et vous
suivrez le dossier pour voir s'il va le demander. Je suis quasiment prêt
à gager ma paie qu'il ne le demandera pas.
Mme Dupuis: Je ne vous dis pas qu'il chiale, là. Je vous
dis que je m'interroge pour eux.
M. Picotte: Ah bien! ne vous interrogez pas, parce que lui, il
n'a pas l'air de s'interroger.
Mme Dupuis: Lui, il ne s'interroge pas?
M. Picotte: Non, il va peut-être bien même haïr
ça que vous m'ayez posé la question.
Mme Dupuis: Je sais qu'ils ont des mosus de problèmes, et
là, c'est à savoir s'il y a quelque chose de prévu dans la
loi pour ça. S'il n'y a rien, il faut...
M. Picotte: Oui, il y a quelque chose de prévu dans la
loi. Il peut demander d'être inclus dans la zone verte et, là, il
va bénéficier de ses taxes. Aucun problème.
Mme Dupuis: Oui, mais donnons un exemple, c'est
hypothétique... Non, ce n'est pas hypothétique, c'est
réel. L'hypothèse, c'est de savoir s'il va le demander et si
ça crée un problème pour lui.
M. Picotte: Ça, c'est sa décision à lui.
Mme Dupuis: II y a une rue, elle est toute bâtie,
supposons.
M. Picotte: Oui.
Mme Dupuis: Donc, ce n'est pas en zone verte, si elle est
bâtie, la rue.
M. Picotte: Non, mais il peut être inclus. Mme Dupuis:
Mais lui, il est pomiculteur.
M. Picotte: Mais il peut être inclus. S'il demande à
se faire inclure, lui, ils vont l'inclure.
Mme Dupuis: Uniquement lui.
M. Picotte: Bien oui! Il peut. Il le demande et...
Mme Dupuis: Son terrain peut être déclaré
zone verte uniquement pour lui...
M. Picotte: Bien oui!
Mme Dupuis:... et là, il peut l'avoir.
M. Picotte: Bien oui! Mais offrez-y et vous allez voir qu'il va
revirer de bord. Je vais faire un pari avec vous. Vous allez voir qu'il va
préférer ne pas avoir les taxes.
Mme Dupuis: O. K. Ça répond à ma
question.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: De quel article on parle?
Le Président (M. Richard): L'article 36. 4...
M. Baril: Parce que moi, j'ai été plus loin.
Le Président (M. Richard):... serait adopté? M.
Baril: Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division. J'appelle
l'article 36. 5...
M. Picotte: Bon, il y a un papillon pour toute...
Le Président (M. Richard):... et l'article 36. 6.
M. Picotte: L'article est supprimé. Ce n'est pas dur
à...
Le Président (M. Richard): Oui, c'est ça. C'est
pourquoi j'appelle les deux articles, 36. 5 et 36. 6.
M. Baril: Ils sont supprimés à cause des
amendements que le ministre a déposés...
M. Picotte: II sont supprimés tous les deux, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Magnifique!
M. Picotte: Je pense qu'on n'aura pas des grandes discussions
là-dessus.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des objections, M. le
député d'Arthabaska?
M. Baril: Pourquoi sont-ils supprimés? À cause des
amendements que le ministre a déposés tout à l'heure sur
les demandes...
M. Picotte: Les amendements ont été introduits
préalablement...
Une voix: Plus loin. M. Picotte: Plus loin.
M. Baril: Ils ont été introduits plus loin, ils
sont à venir.
Mme Ferron: C'est ça, 36. 7. 1. M. Picotte: 36. 7.
1.
M. Baril: Hé batêche! On supprime des choses et on
va voir tout à l'heure si on a bien fait ou pas. Pourquoi les
insérez-vous plus loin? Ça n'allait pas ou je ne sais pas
quoi?
Mme Ferron: la raison, vous allez voir que c'est juste une
question de logique de la loi. c'est qu'à 36. 4 on établit le
calcul du remboursement...
M. Baril: Oui.
Mme Ferron: ...à 36.7, c'est \z réduction que le
ministre peut faire pour des superficies non productives et, à 36.7.1,
qu'on va introduire par papillon, c'est le versement des avances. comme le
versement de l'avance, c'est plus logique que ça arrive à la
suite de la réduction et tout ça, c'est juste une question de
logique dans la loi. c'est pour ça qu'on l'a introduit après
l'article 36.7, c'est juste ça. oui, oui, on l'a juste changé de
place.
M. Picotte: Adoptez-vous la suppression sur division?
M. Baril: On va adopter les suppressions.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement...
M. Baril: L'amendement.
Le Président (M. Richard): ...supprimant les articles 36.5
et 36.6, est adopté?
M. Baril: Oui.
M. Picotte: Sur division.
Le Président (M. Richard): Sur division?
M. Picotte: Non, non.
M. Baril: Voyons!
Le Président (M. Richard): Non, pas sur division.
M. Picotte: Excusez. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Ça va. J'appelle donc
l'article 36.7.
M. Baril: On suit, on suit.
M. Picotte: Ah! mon Dieu!
Le Président (M. Richard): L'article 36.7.
M. Picotte: L'article 36.7?
M. Baril: Oui.
M. Picotte: Bon. À l'article 36.7, il y a un papillon,
évidemment, le contraire m'aurait surpris. On n'a pas besoin d'avoir
bien des mots pour instituer un papillon. Il s'agit de changer une virgule,
puis c'est déjà un papillon. "36.7 Le ministre peut
réduire la partie du montant des taxes foncières attribuables aux
terrains et admissibles au remboursement, du pourcentage équivalant
à la superficie non productive située dans la zone agricole de
l'exploitation agricole, lorsque celle-ci, à une date quelconque entre
le 1er juillet et le 1er octobre de l'année civile qui s'est
terminée avant le début de l'exercice financier pour lequel..."
Où il est, ce papillon-là?
M. Baril: C'est la même chose que tout à l'heure, le
même amendement.
M. Picotte: je sais bien que c'est la même chose, mais je
ne l'ai pas proche. on continue: "...pour lequel une demande de remboursement
est faite, est supérieure à 25 % de la superficie totale
située dans la zone agricole de cette exploitation, sauf s'il est
démontré au ministre qu'à une autre période de
l'année la portion excédant ce 25 % de la superficie était
productive." bien voilà!
M. Baril: Amendement adopté.
Le Président (M. Richard): Amendement adopté.
Est-ce que l'article 36.7, tel qu'amendé, porte à
réflexion?
M. Baril: Oui, j'aimerais ça que le ministre nous dise, en
autant de mots qu'il voudra, ça veut dire quoi, tout ça.
M. Picotte: La superficie non productive comprend, en plus des
surfaces en friche, les superficies occupées par les bâtiments,
les chemins de ferme, les affleurements rocheux et les marécages. Les
surfaces utilisées comme pâturage naturel sont
considérées comme des superficies productives. C'est productif,
ça. La pénalité reliée à la présence
de superficies non productives...
M. Baril: M. le ministre...
M. Picotte: ...excédant 25 %...
M. Baril: ...juste pour ne pas vous faire recommencer trop loin,
pourriez-vous juste reculer un petit peu, "et les macérages"?
M. Picotte: Les surfaces utilisées comme... Voyons! Les
affleurements rocheux et les marécages sont des superficies non
productives.
M. Baril: Ah bon!
M. Picotte: Les surfaces utilisées comme pâturage
naturel sont considérées comme des superficies productives. La
pénalité reliée à la présence de superficies
non productives excédant 25 % de la superficie totale est laissée
à la discrétion du ministre. Avant de l'appliquer, on donnera aux
exploitants agricoles en cause l'occasion de présenter leurs
observations. Ainsi, les superficies non productives excédant 25 %
d'une exploitation pour des raisons hors du contrôle de
l'exploitant ne devraient pas faire l'objet d'une pénalité. quand
c'est hors du contrôle de l'exploitant, ça ne fait pas l'objet
d'une pénalité. on pense ici, par exemple, à une
exploitation agricole dont 30 % ou 40 % de la superficie est composée de
crans rocheux ou de montagnes non cultivables. une montagne, elle est
naturelle, elle est là, il ne faut pas pénaliser le gars pour
ça; il y a une montagne, ii n'est toujours bien pas pour la
déplacer. donc, on ne peut pas pénaliser. même s'il y a 30
% puis 40 % de montagne sur la terre de quelqu'un, on dit: ii ne faut pas le
pénaliser pour ça.
M. Baril: Puis au niveau des marécages, vous dites que
c'est considéré comme une partie de la terre non cultivable.
M. Picotte: Oui, les affleurements rocheux et les
marécages qui sont sur la terre. Par exemple, si les affleurements
rocheux peuvent être enlevés pour que le sol devienne productif,
mais que le gars décide, lui, de ne pas enlever ces pierres-là,
on dit: Je regrette, mais tu ne veux pas faire de culture là-dessus, on
considère ça comme non productif.
M. Baril: Puis on va calculer pareil, dans cette
superficie-là, les 150 $ par hectare de revenu brut?
M. Picotte: Oui. (23 h 45)
M. Baril: ii y a des marécages que les gens - comment dire
- subissent. il n'a pas choisi d'avoir un marécage là. et il y a
des marécages à certains endroits que tu ne peux pas
égoutter pour toutes sortes de raisons. il y a des marécages qui
sont protégés, à part ça, par l'environnement, par
des règlements.
M. Picotte: Des frayères de maringouins.
M. Baril: Hein?
M. Picotte: Des frayères de maringouins.
M. Baril: Oui, oui, à peu près, mais ils sont
là pareil. Ce n'est pas lui qui les a voulus, ils sont sur sa terre.
Là, on va lui imposer pareil le calcul de cette partie de terre parce
qu'il ne la cultive pas. Il n'a pas le choix. Comme je le disais tout à
l'heure, il y en a des terres humides ou des marécages qui sont
protégés par les lois de l'Environnement et du MLCP.
M. Picotte: Ça, ça va être
considéré comme productif, là, tu sais, parce qu'on ne
peut pas, nous autres, défaire une loi qui protège quelque chose
là. Donc, c'est automatique, à la minute où on dit: On
protège le marécage. J'en ai, chez nous. Exemple: on appelle
ça...
M. Baril: Oui, c'est ça.
M. Picotte: Eux autres appellent ça des
"marégottes".
M. Baril: Oui.
M. Picotte: Je ne sais pas si ça a une signification. Des
"marégottes", c'est des marécages où il y a une
frayère et où l'Environnement dit: Vous n'irez pas toucher
à ça parce que, le printemps, les petits poissons vont faire
leurs amours dans ce coin-là. Sacrez-leur la paix! Laissez-leur
patience! N'allez surtout pas les voir pour ne pas les déranger. Donc,
lui, il n'a pas le choix, il est obligé d'endurer ça.
Nous, ici, c'est protégé par une loi. On va être
obligés de compter ça comme de la terre productive. On ne pourra
pas pénaliser le gars, sinon on lui dit carrément: Veux-tu ne pas
respecter une loi que le gouvernement du Québec a fait adopter?
Aïe! ce serait terrible. Le ministre qui ferait ça, il passerait en
première page de tous les journaux du Québec.
M. Baril: Pourquoi, d'abord, le ministre met ça dans la
loi?
M. Picotte: Oui, mais ceux qui ne sont pas
protégés, les marécages qui pourraient être
aménagés et tout ça, on dit, carrément: Un instant,
n'utilisez pas au moins la possibilité que ce soit non
protégé pour dire: Bien, ça devrait être
protégé ou, en tout cas, on ne veut pas l'exploiter. C'est
ça qu'on veut carrément sortir.
M. Baril: Hé batêche! C'est une loi a qui des
grandes implications, M. le ministre, en batêche! C'est sérieux.
C'est un chambardement et ça va être encore aux producteurs, aux
propriétaires, aux producteurs agricoles à faire la
démonstration - je vais être poli dans mes expressions - que ce
marécage-là ou ce trou-là, il ne l'a pas voulu et il n'est
pas utilisable, puis même s'il n'est pas protégé par
différentes lois ou différents règlements du
ministère, ça va être encore à lui de faire la
démonstration. Y en a-t-il gros de ça? Pourquoi on rentre
ça là-dedans?
M. Picotte: Entre nous, là...
M. Baril: y en a-t-il bien gros? y a-t-il une évaluation
de faite au québec pour le savoir? y en a-t-il trois, quatre qu'on veut
dire...
M. Picotte: Non, mais les vrais agriculteurs, entre nous, n'ont
pas la grosse partie de leur ferme en marécages et en affleurements
rocheux. C'est bien minime, là-dessus. Mais les gens qui achètent
une terre et qui ont intérêt à ne pas vouloir la cultiver,
eux autres, ils en ont peut-être bien pas mal de ça et ils ne
veulent pas y
toucher. C'est ces gens-là qu'on sort de là-dedans. Mais
les vrais agriculteurs, entre vous et moi... Si les trois quarts de votre terre
étaient en affleurements rocheux et en marécages, vous changeriez
de place certain ou bien vous demanderiez la permanence comme
député.
M. Baril: Ça ne se demande pas. Il faut que tu
l'acquiers.
M. Picotte: Bien non, mais tu sais...
M. Baril: II faut que tu l'acquiers ta permanence.
M. Picotte: Non, mais, dans le fond, c'est ça.
M. Baril: Et, encore là, c'est bien fragile.
M. Picotte: Ah oui! Mais, dans le fond, c'est ça, tu
sais.
M. Baril: Ils ne sont pas nombreux ceux que, comme votre
collègue, ça fait 35 ans qui sont là.
M. Picotte: Ah non!
M. Baril: Ils ne sont pas nombreux.
M. Picotte: Ils ne sont pas nombreux. Je suis rendu le
deuxième. Avec mes collègues Pagé puis Ciaccia, on est les
deuxièmes plus vieux de l'Assemblée nationale. Compte tenu que
ça marche par ordre alphabétique de comté, je suis le
deuxième, parce que Maskinongé est avant Portneuf, puis avant
Mont-Royal.
M. Baril: Mais je reviens à nos marécages, puis
à nos...
M. Picotte: Regardez, j'ai tous mes cheveux encore, puis je suis
le deuxième plus vieux. Je suis certain que Mme la députée
n'en fera pas aussi long que moi...
M. Baril: Ah!
M. Picotte: ...parce qu'elle va se tanner avant, je suis
sûr.
M. Baril: II ne faut pas prédire l'avenir, on ne sait
pas.
Mme Dupuis: Si les ministres sont trop tannants,
peut-être.
M. Baril: Elle peut commencer à aimer ça.
M. Picotte: Je tire aux cartes, puis je vais vous gager qu'elle
ne fera pas aussi long que moi.
M. Baril: Je ne crois pas à ça, de toute
façon.
Mme Dupuis: Qu'est-ce qu'il dit?
M. Baril: S'il tire aux cartes, tu ne feras pas plus long que
lui.
Le Président (M. Richard): Mais je sais qu'elle veut poser
une question, par exemple.
Mme Dupuis: Je sais ça, moi aussi.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Verchères, vous avez la parole.
Mme Dupuis: Oui. Si je lis les commentaires, finalement, cet
article de loi là, 36.7, c'est un incitatif à la mise en valeur
des terres, par exemple s'il y a de la roche. C'est ça?
M. Picotte: Vous allez peut-être bien en faire plus long
que je pense.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: On peut l'avoir encore pour une couple
d'années.
Mme Dupuis: Je l'ai connu bien avant qu'il ne me connaisse.
Ça fait longtemps que j'en entends parler, moi. C'est pour la mise en
valeur, c'est un incitatif à la mise en valeur. Après que
l'agriculteur, il y a toute une section de sa terre qu'il est arrivé
à remettre en valeur, par exemple, ça peut être un
boisé aussi, qui n'est pas un bon boisé puis qui ne
protège rien, ce n'est pas une zone tampon, et tout ça, puis
qu'il décide de récupérer, de défricher ce
coin-là, puis de le rendre plus productif, quelle que soit la forme que
ça prendra, est-ce qu'il faut qu'il retourne pour faire
réévaluer et tout? Le processus pour que cette partie de terre
soit, après, considérée comme cultivable et tout, est-ce
que ce sont des inspecteurs qui vont aller voir? Vous savez, après,
quand on a un portrait...
M. Picotte: C'est une déclaration qu'il nous fait.
Mme Dupuis: Oui.
M. Picotte: C'est une déclaration, c'est tout.
Mme Dupuis: Sur simple déclaration, vous le croyez sur
parole?
M. Picotte: Nous autres, on n'évaluera pas. Il nous fait
une simple déclaration. Si, un jour, il y a un inspecteur, qui y va
parce qu'ils vont faire des "spot checks", ils vont chez eux, ils
vérifient ça, et qu'il nous a conté une menterie,
on fera la même chose qu'on fait à un gars qui triche
l'impôt.
Mme Dupuis: Ça veut dire que ça va être
vérifié à tous les ans ça?
M. Picotte: Ah non! Mais jamais de la vie.
Mme Dupuis: Quand?
M. Picotte: Ah! Un "spot check".
Mme Dupuis: Non, non, ce n'est pas ça que je veux
dire.
M. Picotte: Vous, ça fait combien de temps que vous faites
vos rapports d'impôts?
Mme Dupuis: Ce n'est pas ça que je veux dire. Ça
veut dire que, si un agriculteur a tant d'acres, par exemple, une année,
vous ne trouverez pas anormal que, l'année suivante, il en ait un petit
peu plus. Maintenant, ça n'entre pas non plus - quand je parle des
boisés - en contradiction avec les règlements de la MRC?
M. Picotte: Bien non, on est obligé de respecter
ça.
Mme Dupuis: Là, il va y avoir confrontation?
M. Picotte: Non, parce que la MRC...
Mme Dupuis: L'agriculteur, vous lui donnez...
M. Picotte: Les schémas d'aménagement des MRC, ils
sont adoptés par le Conseil des ministres. Moi, je suis obligé de
donner un avis comme quoi la MRC ne vient pas à rencontre du
schéma d'aménagement. L'Environnement donne un avis comme quoi la
MRC ne vient pas à rencontre de, puis un autre, puis un autre. Donc,
c'est tout attaché, ça.
Mme Dupuis: Mais là, M. le ministre, ce n'est pas aussi
simple que ça.
M. Picotte: Vous croyez ça, vous? C'est moi qui les fais
adopter les schémas d'aménagement et les révisions de
zone, je sais un peu quoi...
Mme Dupuis: Je l'ai vécu dans mon comté ça,
moi. Un agriculteur a essayé de rentrer un petit peu dans son
boisé et d'aller défricher une bande pour rendre sa terre plus
productive.
M. Picotte: Oui, mais là, écoutez!
Mme Dupuis: Et là, il s'est frappé à la MRC
qui a dit non, parce que ça allait à rencontre... Et le directeur
général de la MRC m'a dit quoi?
Il a dit: Nous n'avons pas de politique de mise en valeur de nos terres
agricoles. Je vois un incitatif ici. Est-ce que ça, ça a
été prévu?
M. Picotte: Non, mais écoutez! Mme Dupuis: Aucun
incitatif...
M. Picotte: Peu importe que ce soit l'agriculteur, ou vous, ou
moi, peu importe, n'importe quel citoyen, à partir du moment où
la MRC fait son schéma, elle consulte, elle va voir les
municipalités, elle l'affiche, et les gens sont obligés de se
conformer à ça, qu'il soit comme il voudra... J'ai, dans
Maskinongé, ce qu'on appelle et vous connaissez ça - dans les
chemins, une langue de terre. Les gens ont adopté un schéma,
parce que c'est une zone inondable, et ils ont dit: Si vous passez au feu, vous
n'avez pas le droit de reconstruire, le schéma d'aménagement est
fait de même. Le citoyen, à un moment donné, il est venu me
voir. Il est allé se plaindre, il a été
lésé. On a trouvé un mécanisme et on a fait
modifier ça. Mais si la loi est adoptée, le schéma
d'aménagement est adopté, ni lui ni un autre ne peut aller
à l'encontre. Mais il faut que le citoyen suive aussi son conseil
municipal.
Le bois, c'est un produit agricole. Si la MRC décidait demain
matin, dans son schéma, que le bois n'est pas un produit agricole, la
MRC serait carrément dans l'illégalité. Ça ne
serait jamais accepté, automatiquement.
Mme Dupuis: Ce n'est pas réglé encore.
M. Picotte: Ce n'est peut-être pas réglé,
parce qu'il y a des litiges qui s'en vont en cour.
Mme Dupuis: Parce qu'on m'a dit: On n'a pas de politique de mise
en valeur de nos terres agricoles. Et là, je vois un incitatif. C'est
pour ça que je pose la question. Est-ce que ça a
été prévu, ça?
M. Picotte: Oui, c'est prévu. La personne qui laisse sa
terre en friche, on ne rembourse pas ses taxes. Ça en est un incitatif.
Si vous me dites: C'est le seul incitatif, là, ça ne marche plus.
Il y a plusieurs incitatifs. Donc, ça, ça en est un parmi tant
d'autres.
Mme Dupuis: Non, non, ce que j'appelle un incitatif de mise en
valeur de...
M. Picotte: II y en aurait bien d'autres, bien sûr.
Mme Dupuis: Ça veut dire que, s'il y a beaucoup de roches,
par exemple, il n'y a pas de réglementation là-dessus.
Enlève-les tes roches et il n'y a pas de problème. Mais quand il
y a des règlements très stricts, s'il va dans le boisé,
par exemple? C'est là.
M. Picotte: Ça, vous savez, c'est une autre grosse
discussion qu'on aura un jour. La journée où le gouvernement
dira: Ta terre, mon chum, tu l'as, mais tu es obligé de la cultiver, il
y a quelqu'un qui va crier sûrement au Québec: Hold-up! on est
dans un État socialiste, on ne peut pas faire ce qu'on veut avec nos
terres. Ça va venir un jour comme discussion, parce qu'on veut mettre
les terres en production.
Mme Dupuis: Bien...
M. Picotte: Oui, mais, tu sais, il y a encore une marge à
faire. Mais on n'est pas rendu là. Ça ne se fera pas ce soir, ni
la semaine prochaine. Mais ça serait un autre incitatif d'obliger tout
le monde qui achète une terre à produire.
Mme Dupuis: Sinon on charge le prix des taxes.
M. Picotte: C'est ça qu'on fait là. Mme Dupuis:
C'est ça.
M. Picotte: C'est exactement le pied qu'on met dedans. On dit:
Parce que tu ne produis pas, paf! Alors, là, vous venez de me dire
exactement que je fais une bonne affaire. C'est ça. Vous venez de me
donner la réponse.
Mme Dupuis: Une minute! Ça dépend.
M. Picotte: Vous dites: Si tu ne produis pas...
Mme Dupuis: Ça dépend.
M. Picotte: ...on va te charger des taxes.
Mme Dupuis: Oui, mais ça dépend.
M. Picotte: Bon, bien, c'est ce qu'on fait. On commence par
ça.
Mme Dupuis: Mais ça dépend comment c'est fait.
Ça, c'est une autre chose.
M. Picotte: Oui, mais ça... Écoutez. Charger des
taxes, il n'y a pas bien bien des façons: ou bien on ne les rembourse
pas ou bien on les rembourse. On n'est pas enceinte aux trois quarts ou
à la moitié; on est enceinte ou bien on ne l'est pas. On charge
des taxes ou on les rembourse. Si on les rembourse, il n'y a plus d'incitatif.
Si on ne les rembourse pas, on dit: Aïe, mon gars, tu n'as pas voulu la
mettre en productivité, ta terre, on te charge des taxes. C'est le
premier incitatif et c'est ça qu'on étudie ce soir. Dans le fond,
vous n'êtes pas si bête que ça, vous avez compris
ça.
Mme Dupuis: Partiez-vous avec l'hypothèse que, parce que
je suis une femme, je ne comprenais rien, quoi?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Ah! Ça n'a rien à voir avec les femmes.
J'ai déjà vu des hommes bien plus idiots.
Mme Dupuis: Ça fait deux ou trois fois que le ministre
fait des insinuations: Vous ne ferez pas longtemps en politique, vous
n'êtes pas si bête que ça, vous avez compris ça,
là. Là, je voudrais lui souligner: Est-ce qu'il a des
préjugés ou quoi là?
M. Picotte: Non, mais je vous regarde faire et je me dis qu'il me
semble que vous allez vous tanner avant. Je peux me tromper. J'ai le droit de
me tromper. Mais on en reparlera dans 15 ans, si Dieu nous prête vie.
Mme Dupuis: Là, je demanderais au ministre d'être un
petit peu plus...
M. Picotte: Mais ça n'a rien à voir avec une femme.
J'ai vu des hommes qui se sont fait battre bien avant des femmes.
Mme Dupuis: Je demanderais au ministre d'être un petit peu
plus respectueux, tout simplement, parce qu'à tout moment il dit: Elle
va se faire battre; elle comprend; ça m'étonne qu'elle comprenne,
puis elle comprend ça, puis...
M. Picotte: Non, j'ai dit que vous avez compris ça. J'ai
dit: Vous avez compris ça, et c'est vrai, le principe de la loi qu'on
fait, c'est qu'on taxe quand il ne veut pas la produire. C'est vous qui me
donnez la réplique après vous avoir expliqué ça
depuis deux heures. Vous me dites: Écoutez, s'il ne veut pas la mettre
en valeur, sa terre, la seule façon, c'est de le taxer. C'est exactement
ce qu'on fait ce soir.
Mme Dupuis: Mais ça dépend comment c'est fait.
M. Picotte: Je suis content que vous le souligniez parce que
ça fait deux heures...
Mme Dupuis: Ça dépend comment c'est fait, j'ai
dit.
M. Picotte: ...que je vous explique ça. Ça n'a rien
à voir avec vous, puis avec votre statut, puis avec votre paire de
lunettes, puis avec votre bracelet de montre. Ça n'a rien à voir
avec ça. Ça n'a rien à voir, et ce serait un de mes
collègues... J'ai fait pareil déjà avec M. Dufour et avec
d'autres. Ils ont peut-être la peau moins sensible, eux autres, mais
c'est ça, c'est comme ça. Quand on discute, on discute comme
ça. C'est ça, la vie parlementaire. Ça n'a
rien à voir avec une jupe puis une paire de pantalons.
Une voix: Adopté.
M. Baril: Non, non. Tu es bien pressé, toi?
Une voix: J'avais pensé que tu l'aurais adopté,
mais c'est elle qui voulait prendre la parole. C'est pour ça que je dis
ça.
M. Baril: Moi, je laisse tout le loisir aux personnes qui
m'accompagnent de pouvoir...
Une voix: Elle a posé une question, elle a eu une
réponse, à moins qu'elle n'en veuille encore.
Mme Dupuis: Avec respect.
M. Baril: ...intervenir sur toutes les interrogations qu'elles se
posent et auxquelles elles ont à répondre auprès de leurs
électeurs.
Une voix: C'est ça...
M. Baril: M. le ministre, je reviens à cet
article-là.
M. Picotte: Je vous écoute.
M. Baril: Croyez-vous honnêtement que vous allez être
capable, que le ministère va être capable d'appliquer ça?
Et je m'explique. Tout à l'heure, vous avez dit: Le député
d'Arthabaska, en tant qu'agriculteur, doit bien savoir que, s'il a une terre
avec un cap de roche, il va changer de place, il va aller cultiver ailleurs.
Bon. Dans ma production...
M. Picotte: Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit: Si les
trois quarts de sa terre sont en roche et en marécages, il va chercher
une place ailleurs, autrement sa terre ne sera par rentable.
M. Baril: En tout cas, moi, je peux vous dire...
M. Picotte: Vous êtes d'accord avec moi
là-dessus?
M. Baril: Ah! Dépendamment de la production que je veux
faire.
M. Picotte: Oui.
M. Baril: Je regarde dans mon propre comté - et je n'irai
pas loin encore, dans les Appalaches, chez nous, vous irez voir dans Chester,
Chesterville, Sainte-Hélène, Chester-Nord, etc. - il y a des
jolis coins où, je vais vous dire, il y en a des caps de roche et il y a
de très bonnes exploitations agricoles, en pas- sant, de très
bonnes exploitations agricoles. Dans Chesterville, j'ai - c'est une
façon de parler, ils sont situés dans Chesterville - quelques
producteurs caprins. Ils font du lait de chèvre. Il y a même une
fromagerie, la Fromagerie Tournevent, etc. Ils ont de grands espaces sur leurs
terres, le long de la rivière Nicolet; il y a des marécages qui
ne sont pas reconnus, qui ne sont pas protégés, mais c'est des
marécages pareil. Il y a des caps de roche. Je pourrais même vous
dire qu'il y a des roches assez imposantes. Bon. Ça fait partie de tout
ça. Comment pensez-vous que le ministère va être capable
d'évaluer ça, de dire: Toi, sur ta terre, on vient
d'évaluer ça, de calculer ça... "C'est-u" par photo
aérienne? Comment ça va marcher? Toi, tu as plus que 25 % de ta
terre que c'est du marécage et du cap de roche, puis, parce que tu ne
les mets pas en culture ou en production, bien, on te pénalise selon un
pourcentage x qui est établi par règlement. Ça ne sera pas
applicable, M. le ministre, cette affaire-là. Je pense qu'on part d'un
esprit, d'une volonté de pureté à outrance pour essayer de
régler des problèmes qui, en soi, n'existent pas ou de
régler des abus qui n'existent pas. Ce n'est pas là que sont les
abus, selon moi. Et je reviens à ma question. Tout en préservant
l'homogénéité du territoire, mon éleveur caprin
peut très bien vivre sur sa terre. Demain matin, il va y avoir un autre
producteur, il va la vendre, je ne sais pas quoi, il va faire autre chose que
de l'élevage caprin. Peut-être que la situation de ce nouvel
agriculteur-là va être encore pire que celle du premier, parce
qu'il va y avoir plus d'espace qu'il ne pourra pas cultiver à cause de
la nouvelle sorte de production qu'il va faire là. Comment votre
ministère va-t-il être capable de décortiquer tout
ça et d'insérer des pénalités ici et là? Ce
n'est pas applicable, cette affaire-là.
M. Picotte: M. le Président, je vais demander à M.
Laforge de donner les explications. Puisque ce sont des gens du
ministère qui vont exactement appliquer ça, il va vous dire
comment.
M. Laforge: évidemment, ce sera sur déclaration. en
fait, chaque année, avec la fiche d'enregistrement, il y aura une
demande de remboursement, évidemment, qui va être adressée
à chacun des producteurs agricoles. donc, quand on dit "producteurs
agricoles", c'est aux exploitations agricoles enregistrées. dans cette
demande de remboursement là, il y aura des espaces de prévus pour
que le producteur identifie ses surfaces non productives. ce qu'on vise avec
ça, effectivement, c'est de ne pas rembourser des surfaces non
productives, d'inciter à une meilleure utilisation de la zone agricole
protégée. les 25 %, finalement, c'est un pourcentage qui provient
des modèles. vous savez qu'on a fait des modèles à partir
de 1974 dans l'assurance-
stabilisation des revenus. Dans ces modèles-là, on faisait
des calculs sur les surfaces cultivées et on ajoutait un pourcentage de
20 % pour les superficies non productives pour tenir compte d'un pourcentage,
qu'on considérait normal à un moment donné, qui
n'était pas cultivé sur les fermes pour différentes
raisons, soit que c'était en coulées, en "swamp", occupé
par les bâtiments, occupé par les chemins de fer, etc.
Alors, on s'est dit: Le pourcentage doit correspondre à
l'ensemble des régions agricoles du Québec et il doit couvrir
l'ensemble des situations qu'on retrouve à l'intérieur du
Québec, donc qu'on retrouve à l'intérieur des
régions du Québec, qui sont très diversifiées. Vous
savez qu'à Saint-Hyacinthe, dans la région du sud-ouest de
Montréal également, les superficies sont cultivées
pratiquement mur à mur, beaucoup plus, par exemple, que dans des
régions comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean où on retrouve beaucoup
plus de coulées. Dans des régions comme les Cantons de l'Est et,
évidemment, d'autres régions, comme le Bas-du-Fleuve, la
vôtre également, on a d'autres types de superficies qui sont non
productives. Il y a des superficies qui sont en montagne ou qui sont absolument
incultes. Alors, on s'est dit que le pourcentage de 25 % correspondrait quand
même à un pourcentage qui pourrait permettre de régler la
plupart des cas dans l'ensemble du Québec, dans toutes les
régions du Québec.
Évidemment, pour les cas problèmes, le ministre
tantôt l'a indiqué, les cas problèmes ne seront pas
pénalisés. Quand un producteur pourra démontrer au
ministre effectivement que c'est absolument hors de sa volonté, hors de
son contrôle, que, sur 400 hectares, il y en a 200 et que ça
représente 50 % de l'ensemble de la superficie qui n'est pas cultivable,
c'est en cran rocheux, en montagne, bien il démontrera au ministre que
c'est absolument hors de sa volonté et, à ce moment-là, il
ne sera pas pénalisé.
Le Président (M. Richard): Alors, si vous permettez,
puisqu'il est 24 heures et que vous savez qu'on doit terminer nos travaux comme
commission à minuit, je me permets...
M. Picotte: II n'est pas 24 heures, il est 0 h 4.
Une voix: 0 heure.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, 0 heure, minuit.
Est-ce que nous adoptons cet article-là?
M. Baril: Non, non, non.
Le Président (M. Richard): On le reporte à demain,
tout simplement. Donc, les travaux reprendront demain, à 10 heures, dans
la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, le 5 juin. Sur ce, j'ajourne et je vous
souhaite une bonne fin de soirée, mesdames et messieurs.
(Fin de la séance à 0 h 4)