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(Neuf heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, si vous le
permettez, je déclare la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Je vous
rappelle notre mandat. Le mandat de la commission pour cette séance est
de procéder à des consultations particulières et de tenir
des auditions publiques afin d'examiner la situation de la prévention de
la cruauté envers les animaux au Québec et l'opportunité
de légiférer en cette matière.
Le premier groupe que nous entendrons, ce matin, c'est le Groupe
d'étude et d'intervention en matière d'animaux en milieu urbain.
Si vous voujez prendre place, s'il vous plaît.
Il n'y a pas de remplacement, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Richard): Merci. Ces gens-là ne
sont pas là? Alors, ce n'est pas grave, gardons notre calme. Je demande
donc l'Association des services professionnels et sportifs d'animaux inc. Ils
ne sont pas là non plus?
Une voix: Oui, on est là.
Le Président (M. Richard): Allez, vous avez le droit de
réagir. Prenez place ici à l'avant.
(Suspension de la séance à 9 h 43)
(Reprise à 9 h 45)
Le Président (M. Richard): C'est effectivement
l'Association des services professionnels et sportifs d'animaux inc. Nous vous
devançons. Ceux qui arrivent et qui n'étaient pas au courant,
mademoiselle avait tenu le temps très bien. Je vous félicite,
mademoiselle. Puisque le premier groupe n'est pas là, alors on vous
devance et...
M. Picotte: Et on vous écoute.
Le Président (M. Richard): ...on vous écoute. Vous
connaissez la mécanique puisque vous êtes là depuis le
début, si ma mémoire est bonne. Pas avec le même costume,
mais vous êtes là depuis le début.
Association des services professionnels et sportifs
d'animaux inc.
M. Farmer (Gérard): Merci.
Le Président (M. Richard): Alors, vous avez la parole.
M. Farmer: M. le Président, j'aimerais présenter
notre comité. Vous avez à ma gauche Marie-France Labrecque,
secrétaire de notre organisation et aussi sportive dans le domaine
animal, plus spécifiquement le domaine canin. À ma droite, vous
avez Daniel Coutu, un des directeurs de notre Association, qui opère
aussi au niveau sportif, "Schutzhund" à l'entraînement canin.
André Côté, qui va arriver sous peu est aussi directeur et
entraîneur professionnel. On est tous ensemble. On est juste un petit peu
surpris de commencer si rapidement. Moi-même, Gérard Farmer,
président de l'Association, opérant un commerce de détail
et aussi un commerce de sécurité dans le domaine canin.
Alors, nous représentons ici l'Association des services
professionnels et sportifs d'animaux du Canada. Nous avons assisté aux
auditions de la commission depuis le début et nous y tenions fortement,
vu l'importance de l'opinion et de l'expertise des différents
intervenants, ce qui nous a permis de parfaire nos connaissances dans
différents domaines, tant au niveau bovin qu'au niveau volaille. Et
c'est pourquoi nous vous présentons aujourd'hui notre copie de
mémoire révisé, que nous aimerions vous présenter
ici. On vient juste d'avoir les copies d'ailleurs.
Le Président (M. Richard): ...nous distribuer
ça.
M. Farmer: Et si vous me le permettez, je vais vous le
présenter sous forme de lecture. Alors, M. le Président,
l'Association des services professionnels et sportifs d'animaux du Canada est
une association qui regroupe des écoles de dressage, des centres canins,
des entreprises de service de chiens de garde, des clubs sportifs, des
entraîneurs professionnels oeuvrant dans le domaine
cinématographique, de chiens-guides, de chiens pour handicapés et
de zoothérapie, des escouades tactiques canines spéciales de
police et autres personnes oeuvrant dans le domaine des animaux. Bref, la
majorité des gens oeuvrant commercialement ou par loisir dans le domaine
canin.
Notre Association a été formée dans le but de
regrouper les personnes dont l'expertise est
unique, complémenter les services et les ressources disponibles
afin de favoriser le bien-être des animaux.
Nous avons pris connaissance du document présenté par la
SPCA et, suite à notre étude, nous allons vous présenter
nos principales préoccupations. Le document déposé par la
SPCA, ci-après appelés le document et la Société,
vise à réglementer tous les établissements commerciaux.
Notre Association ne regroupe que des commerces légitimes. Il nous
apparaît important de préciser dès maintenant que nous
n'avons aucun lien de quelque nature que ce soit avec les chenils dits
clandestins, chenils que nous condamnons sévèrement au même
titre que la Société.
Les principales interventions de la Société peuvent
être regroupées en deux groupes: d'une part, elle intervient pour
faire cesser toute forme de cruauté envers un animal et, d'autre part,
elle récupère les animaux abandonnés par leur
propriétaire.
De nombreux cas de cruauté animale que nous retrouvons
cités à titre d'exemples dans le document originent des chenils
clandestins ou des particuliers. Les cas de cruauté animale
découverts dans les commerces légitimes sont extrêmement
rares. Les condamnations pour ce type de crime sont quasi inexistantes.
Comme plusieurs intervenants, nous sommes d'avis que tout commerce
responsable et légitime s'assure du bien-être des animaux dans le
but d'obtenir la qualité, le rendement et la rentabilité de son
commerce. De plus, la Société n'est jamais appelée
à intervenir pour récupérer des animaux abandonnés
par un commerçant légitime.
Il ressort du document que la Société veut s'ériger
comme étant la police, le poursuivant, le Juge, le jury et le bourreau
de la loi. La Société se présente comme étant le
seul expert multidis-ciplinaire et s'arroge des compétences des
professionnels reconnus, tels les vétérinaires, les techniciens
en santé animale, les chercheurs, chimistes et biologistes et autres
spécialistes du domaine animal. Cette ingérence est
déraisonnable et abusive. Elle ne saurait être sanctionnée
par le gouvernement.
Le document renferme malheureusement de nombreuses expressions vagues et
imprécises qu'il y aurait lieu de modifier ou préciser. Ainsi,
les termes "angoisse", "anxiété", "cruauté",
"détresse", "harasser", "harceler", "négligence", "surcharger",
"surmener" et "tourmenter" proposés par la Société sont
difficilement évaluables et quasi impossibles à définir,
tel que précisé précédemment par l'ordre des
vétérinaires. De plus, l'expression "douleur, souffrance,
blessures et anxiété" se retrouve régulièrement
dans le document. Comment le justiciable peut-il connaître
l'étendue exacte de ses obligations face à une expression aussi
imprécise?
Le document en est un aussi de nature pénale et non pas civile,
comme la Société aimerait le laisser croire. Il impose de
nombreuses obligations, prévoit des peines et des recours de nature
pénale et s'appparente à toutes les lois de nature pénale
et punitive en vigueur au Québec. À ce titre, la
Société semble s'éloigner de son objectif premier qui en
est un de prévention. De la nature de cette loi découlent de
nombreuses conséquences dont les principales sont et je les
énumère:
Premièrement, les pouvoirs accordés par la loi aux
organismes et aux inspecteurs doivent être restreints, raisonnables et
définis en fonction des libertés fondamentales prévues aux
Chartes québécoise et canadienne des droits et libertés de
la personne, le tout dans le cadre d'une société libre et
démocratique. En particulier, il faudrait tenir compte des droits et
libertés suivants: la protection contre les saisies et perquisitions
abusives; le droit au respect de la vie privée; la protection du droit
de propriété; la présomption d'innocence; et le droit de
travailler et de gagner sa vie.
Deuxièmement, le fardeau de la preuve incombe à la
Société puisqu'elle veut priver le citoyen de l'exercice de l'un
de ses droits. La Société doit assumer les obligations qui
découlent des droits qu'elle veut se voir conférer.
Malheureusement, elle propose le contraire dans le document.
Et troisièmement, le degré de preuve requis doit
être celui de la preuve hors de tout doute raisonnable.
En conséquence de ces droits, nous soumettons que le commerce de
chiens de garde doit être autorisé dans la mesure où les
animaux sont traités conformément aux dispositions de la loi
actuelle. L'article 15 de la page 11 n'est aucunement justifié et nous
citons: "Nul ne peut exploiter un service de location de chiens de garde ou de
chiens d'attaque."
La Société amène le public à confondre
chiens méchant et chien entraîné pour la garde et la
sécurité.
Tout comme la Société, nous condamnons le chien
utilisé pour combat animal. Ici, il est bien important de comprendre que
ce ne sont pas les races qui sont à condamner mais bien les humains
responsables de ces activités.
De plus, il y a une grande distinction à faire entre le chien
vicieux, débalancé psychologiquement et le chien
entraîné professionnellement à protéger une personne
ou un territoire.
L'entraînement professionnel fait appel à l'instinct
naturel animal et s'effectue dans le cadre d'un jeu.
Les services de chiens entraînés répondent à
un besoin dans le domaine des douanes, le service de police, dans le domaine de
la sécurité publique et privée ainsi que dans la recherche
de personne.
En général, dans le document, de nombreuses dispositions
accordent beaucoup trop de
pouvoirs et de discrétion aux inspecteurs de la
Société, plus d'ailleurs qu'il en existe en vertu de toute autre
loi similaire, telles la Loi sur la conservation de la faune, Loi sur la
protection du consommateur, Loi sur la protection de la jeunesse et la Loi de
police.
Nous croyons que le droit d'intervention des inspecteurs devrait
être limité au cas où l'inspecteur a des motifs
raisonnables et probables de croire qu'un animal souffre de maladies ou de
blessures et que les soins appropriés ne lui sont pas prodigués.
Dans tous les cas, un mandat de perquisition devra être obtenu
auprès d'un juge de paix, sauf si la survie de l'animal est
sérieusement compromise.
La Société demande à ce qu'elle-même, les
fourrières et les refuges d'animaux soient soustraits à
l'application de la loi en ce qui concerne les normes qu'elle considère
minimales pour la santé et le bien-être des animaux. Par exemple,
la grandeur des cages, les sorties quotidiennes, les soins prodigués par
vétérinaires. Elle demande également à ce que les
petits éleveurs soient exclus des dispositions de la loi qui concernent
l'élevage. Nous croyons que ces intervenants devraient plutôt
faire figure de chefs de file et donner l'exemple. La santé et le
bien-être des animaux exigent que tous les intervenants soient soumis aux
mêmes normes, sans exception. Les difficultés d'organisation et de
financement qui peuvent en résulter ne doivent pas préjudicier au
bien-être des animaux.
La Société est un organisme à but non lucratif dont
les opérations annuelles laissent voir un déficit important,
malgré la sympathie naturelle du public pour cette cause. Il est permis
de douter de sa capacité de gérer cette loi comme elle le
demande. La formation et la compétence, le mode de sélection et
la qualité réelle de son personnel sont inconnus et
méritent d'être évalués et précisés.
Il serait d'ailleurs peu souhaitable de confier la gestion d'une loi aussi
importante à un seul des intervenants du milieu.
Les dispositions contenues dans le document alourdissent outrageusement
le commerce des animaux. En imposant de nombreuses formalités
administratives, la Société veut s'intégrer à la
fonction publique du Québec, ce qui ne peut qu'alourdir grandement le
fardeau fiscal des Québécois. La Société propose
l'enregistrement des commerces animaliers dans le but d'en connaître
l'existence. Cette information est déjà disponible au niveau
municipal.
La Société propose aussi de nombreux permis chaque fois
qu'un commerçant désire promouvoir son entreprise ou utiliser un
animal. Nous constatons qu'il s'agit là du seul mode de financement que
la Société a développé, outre bien sûr les
amendes. Notre association s'objecte vigoureusement à ce que les
commerçants du domaine des animaux deviennent les bailleurs de fonds de
la Société, et ces charges risquent d'être perçues
comme une forme de taxation.
Lors de la présentation de notre premier mémoire, nous
vous soumettions que vous recevriez un commentaire, article par article, du
document présenté par la SPCA. Ayant tout au moins
étudié le document article par article, nous ne voyons pas la
pertinence, à ce moment-ci, de commenter ces articles. Et suite à
cette étude, M. le Président, nous vous présentons nos
recommandations.
Afin d'assurer une saine administration de la loi, principalement en ce
qui concerne les commerces de vente et de services canins, nous prônons
l'autoréglementation, selon des modalités qui pourraient
être similaires à celles existant dans le cas des corporations
professionnelles reconnues.
Et nous conclurons en vous disant que nous dénonçons
vivement la cruauté envers les animaux. Nous ne voyons pas la
nécessité d'élaborer une loi à ce sujet, car les
lois actuelles permettent de punir et par le fait même diminuer le cas
d'abus. nous croyons plutôt que les problèmes sont causés
par une minorité de gens sans scrupules opérant clandestinement
ou encore par un manque d'information du public.
À notre avis, la Société devrait conserver sa
vocation préventive, sans devenir punitive. Et la solution au
problème se trouve plutôt dans la responsabilisation et la
sensibilisation, l'information et l'éducation du public.
Les campagnes de sensibilisation portant sur les sujets tels que
violence familiale, MTS, sécurité routière, drogue, alcool
et environnement, ont souvent meilleur résultat qu'une
réglementation sévère. Une telle campagne pourrait
être élaborée en harmonie avec les gens du domaine
animalier, supportée par le gouvernement et présentée par
la Société.
Il ne faudrait pas croire qu'en surréglementant les commerces
légitimes, nous réussirons à éliminer les
clandestins et les illégaux. Au contraire, en rendant de plus en plus
onéreuse l'opération de commerces iégitimes, nous
pourrions de cette façon favoriser l'opération de commerces
clandestins.
Nous désirons ainsi remercier les gens de la
Société pour leur intervention qui aura enfin permis aux
différents intervenants du domaine animalier de discuter positivement,
afin d'arriver éventuellement à une meilleure conscientisation de
la cruauté envers les animaux. Et soyez assuré, M. le
Président, de notre entière collaboration et appui à toute
campagne d'information, de sensibilisation et d'éducation dans le
domaine animalier.
Alors, ceci représentait l'opinion des membres de notre
Association, et nous sommes maintenant prêts à répondre
à vos questions.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Farmer. M. le
ministre.
M. Picotte: Alors, merci, M. le Président. À
plusieurs égards, je pense que vous vous questionnez sur certaines
définitions. Vous faites des commentaires dans votre mémoire sur
certains termes qu'il nous semble, à première vue, à nous
aussi, un petit peu difficile de définir dans le but d'en faire une
législation et de voir jusqu'à quel point, jusqu'où on
s'arrête, jusqu'où on peut aller, et les difficultés de
l'application aussi d'une loi, dans des termes mêmes qui seraient bien
définis. (10 heures)
Mais, indépendamment de ça, vous faisiez allusion aussi
à la Loi sur la protection de la faune, que j'ai moi-même
modifiée à quelques reprises. Et vous avez totalement raison,
dans certains cas, on trouvait que j'allais trop loin, dans d'autres cas, on
disait que je n'allais pas assez loin. Mais il y a une chose dont il faudra
toujours se souvenir, c'est qu'il y a la Charte des droits et libertés
aussi qui existe au niveau canadien, au niveau québécois et qui
nous oblige parfois à aller en deçà même de la
volonté de ce que nous souhaiterions comme législateurs.
Généralement, dans toute loi qui est un peu sévère,
c'est la question d'ailleurs qui revient continuellement. Est-ce que vous avez
pris la précaution de vérifier avec la Charte des droits et
libertés jusqu'à quel point ça n'enfreint pas les droits
et les libertés des citoyens? Vous faites état, à un
moment donné, d'aller dans la vie privée des gens, bien
sûr, et d'aller dans leur milieu. Je ne pense pas qu'on veuille,
finalement, aller aussi loin que ça, même pas, je pense, du
côté de la Société. On ne veut pas, je pense... On
veut y aller dans le meilleur respect des Chartes et des droits. Je pense que
c'est connu de tout le monde et hors de tout doute. Il faudrait dissiper ce
doute-là, j'en suis persuadé, et les gens de la
Société nous en feront sûrement part à la fin dans
leur droit de nous reparler.
Je prends votre recommandation, l'autoré-glementation des
commerces pourrait-elle être applicable? Parce que vous avez bien voulu
vous dissocier, vous qui êtes, M. Farmer, en plus de ça, un
commerçant, et comme Association aussi, de tout ce qui s'appelle les
commerces, les chenils clandestins. Quand on parle d'une
autoréglementation, on va regarder les corporations professionnelles, il
y a une corporation professionnelle qui regroupe l'ensemble des professionnels
à l'intérieur... La Chambre des notaires, par exemple, regroupe
tous les notaires. Et bon, généralement, on ne devrait pas
retrouver de notaires clandestins sur les territoires où on peut
vitement les repérer dès que ça existe. Donc, ça me
semble, moi, à première vue, une recommandation
intéressante, mais jusqu'à quel point ça pourrait
être applicable? Et quelle est la proportion que vous faites des
commerces? Puisque vous êtes dans le domaine, vous avez sûrement
des concurrents, vous avez identifié des concur- rents de type
clandestin et des concurrents qui sont quand même bien
réglementés ou, en tout cas, qui ont une discipline, une
autodiscipline permettant de croire que tout est bien tenu. Comment faites-vous
la proportion, par exemple, des clandestins dans votre milieu face à
ceux qui se comportent civilement?
M. Farmer: À notre avis, la plupart des gens
opérant dans le domaine sont des gens qui opèrent de façon
légitime, et nous considérons que les opérations
clandestines sont vraiment minoritaires. On n'a pas l'impression que
l'opération clandestine est la majorité. Les cas qui sont soumis
de cruauté, les importateurs massifs d'animaux clandestins et les
chenils clandestins, oui, une fois de temps en temps, on verra, par les
journaux ou par n'importe quelle forme d'information, un chenil clandestin qui
opère. Mais ce n'est quand même pas là qu'est le plus grand
fournisseur d'animaux au Québec ou au Canada.
Je crois que les municipalités ont quand même certaines
réglementations. Il y aura peut-être toujours, dans un rang
caché quelque part en campagne, un gars qui aura un autobus ou quelque
baril avec deux, trois bouts de chaîne et une couple d'animaux
attachés là. Mais je crois que c'est peut-être au niveau
municipal qu'il faudra apporter une surveillance particulière avec la
coopération évidemment de la SPCA parce que ce sont les gens qui
sont chargés de surveiller la cruauté envers les animaux et on ne
voudrait pas leur enlever ce mandat-là, car leur vocation est
sûrement de prévenir cette cruauté-là. Mais je ne
crois pas que la proportion soit si importante que ça au niveau des
clandestins. Que ce soit au niveau des entraîneurs, que ce soit au niveau
des gens qui font le commerce des animaux, je ne crois pas que tout commerce
légitime ait intérêt... Et je pense qu'on en a bien
discuté toute la semaine à tous les niveaux, à tous les
genres d'entreprises dans le domaine animalier, tout commerçant
légitime ayant intérêt à bien servir sa
clientèle se doit de faire affaire avec des bons fournisseurs, parce
que, finalement, le problème revient toujours au vendeur. Alors, si tu
vends un animal qui n'est pas de bonne qualité et que tu as un client
qui est insatisfait, bien, évidemment, c'est toi qui es le premier
à subir les conséquences. Alors, il y aura peut-être
toujours un petit "peddler" qui va arriver et qui va vous vendre un chien
à rabais parce qu'il en a deux, trois, qu'il a ramassés dans la
rue. Mais je pense que tout commerce légitime, on a fait état des
animaleries, on a fait état des centres de dressage. À mon avis
et à notre avis, en fait, les animaleries sont des commerces qui doivent
être bien gérés, et je ne crois qu'à ce
niveau-là, sans avoir de chiffres, ce soit la majorité qui
opère clandestinement et qui fait vivre les clandestins, mais c'est
assez difficile de quantifier.
M. Picotte: Votre commerce, il se situe où? Vous
êtes situé à quel endroit?
M. Farmer: Dans le territoire de Montréal.
M. Picotte: Dans la région de Montréal. Bon.
Brièvement, parce que votre Association regroupe des écoles de
dressage, est-ce que vous faites du dressage? Vous vendez des chiens.
Ça, je le sais que vous vendez des animaux. Est-ce que vous faites du
dressage vous-même, vous autres mêmes?
M. Farmer: Je ne suis pas dresseur, personnellement.
M. Picotte: Non.
M. Farmer: Mais on peut faire le dressage, oui; notre commerce de
détail peut faire le dressage.
M, Picotte: Est-ce qu'il y en a beaucoup de commerces qui font
aussi le dressage? Et est-ce que vous êtes en mesure de nous dire...
J'aimerais ça que vous nous décriviez, brièvement, au nom
de votre Association et de vos membres puis des membres que vous
représentez, comment ça se passe. Est-ce que, d'abord, c'est
semblable et identique à ce que nous ont dit certaines autres personnes,
hier, sur le dressage qu'ils font des animaux, la même
problématique, qu'on essaie de dresser les animaux entre six et huit
mois pour que ce soit efficace? Est-ce que vous avez des choses à redire
là-dessus?
M. Farmer: On ne fera pas une présentation technique, M.
le Président.
M. Picotte: Non. Ce n'est pas ça qu'on veut non plus.
M. Farmer: O.K. Il y a différents intervenants, il y a des
professionnels, il y a des centres professionnels établis. Dans le
territoire de Montréal, les dénombrer, j'aurais de la
difficulté. Sur le territoire du Grand Montréal, il y a
peut-être 10 opérateurs de commerce, malgré que les
chiffres ne sont pas de source sûre. Il y a les sportifs, dans le domaine
de l'entraînement, puis il y a les professionnels. La plupart des
entraîneurs professionnels sont propriétaires de leur entreprise
ou travaillent au sein d'organisations légitimes, dans le territoire de
Montréal et au travers la province. Maintenant, les chiffres, je ne peux
pas vous les donner.
Pour ce qui est des techniques, on n'est pas ici pour prêcher pour
notre paroisse, à savoir si on a les meilleures techniques ou si on n'a
pas les meilleures techniques. A mon sens, c'est un peu comme au niveau de
l'éducation, les différents programmes sont
présentés par différents professeurs, et, en autant que je
suis concerné, si c'est fait de la bonne façon et à bon
escient, avec une bonne expérience, l'entraînement de l'animal est
bien fait. Encore une fois, dans tout commerce légitime, on se doit de
faire un bon travail, au même niveau pour les entraîneurs qu'au
niveau des autres commerces.
M. Picotte: Alors, vous vous approvisionnez de quelle
façon, vous, globablement, juste pour nous dire? Vous achetez des
chiens? Vous êtes associé à des éleveurs de
chiots?
M. Farmer: II y a des éleveurs d'animaux, il y a des
entraîneurs d'animaux. Dans notre Association, la plupart des gens
élèvent leurs animaux. Quant à nous, nos sources
d'alimentation sont surtout les centres de dressage autour du Grand
Montréal. N'étant pas compétiteur avec ces gens-là,
ils sont tous des fournisseurs. Alors, ils fourniront un animal qui est
entraîné, adulte.
M. Picotte: Alors, qu'est-ce que vous diriez à quelqu'un
qui se présente chez vous - juste pour connaître un petit peu de
quelle façon on opère - avec un jeune enfant, de jeunes enfants,
et qui souhaitent faire l'acquisition d'un animal? Vous, vous êtes
vendeur, vous souhaitez, évidemment, vendre un animal, mais sous quel
processus vous... Est-ce que vous vous intéressez, vous vous
inquiétez si ces gens-là vont être responsables par la
suite? Juste pour nous donner une idée. Je comprends que vous pourriez
très bien vendre un animal; vous êtes vendeur d'animaux, il n'y a
pas de problème. Mais quand on dit qu'on peut s'autoréglementer
et tout ça, j'imagine que vous devez avoir des gens qui se retrouvent
chez vous et qui peut-être n'ont jamais vu ou ont eu très peu
d'expérience avec l'achat d'un animal, d'un chien ou d'un chat ou
d'autres sortes d'animaux. Quel est le processus que vous utilisez? D'abord,
vous vérifiez si le client a un peu le sens des responsabilités.
Est-ce que vous le faites, d'abord? Et si vous le faites, est-ce qu'il vous est
arrivé de décourager des gens de s'acheter un animal parce que
vous pouviez présumer au point de départ que ça ne pouvait
pas fonctionner?
M. Côté (André): Alors, avec votre
permission, M. ie Président, je suis entraîneur de chiens
professionnel.
M. Picotte: Votre nom, s'il vous plaît, pour le service des
débats.
M. Côté (André): Mon nom est André
Côté. Je suis entraîneur de chiens, et il nous arrive,
évidemment, à l'occasion, de vendre des chiens également.
Dans la plupart des commerces légitimes, d'une part, le prix même
de l'animal va faire que la personne qui veut acheter sur un coup de tête
va être un petit peu découragée. Lorsqu'on parle de 350 $,
400 $ ou 450 $, on ne
parte pas d'un chien qu'on paie 40 $ dans un endroit ou qu'on
achète dans les petites annonces. La plupart des commerces s'assoient
d'abord avec le client et essaient d'évaluer avec lui pourquoi il veut
un chien, quelle race de chiens lui convient le mieux, parce que la plupart des
commerces légitimes offrent plusieurs races, des petits chiens, des gros
chiens. Alors, la plupart du temps, on s'assoit avec le client, on discute avec
lui pourquoi y veut un chien? Est-ce que c'est pour les enfants? Est-ce que
c'est pour les adultes? Quel type d'espace, quel genre d'exercice il peut
offrir à son chien et quel genre de soins il a l'intention d'apporter
à son chien? C'est sûr qu'on doit les informer sur les
vaccinations, sur l'alimentation du chien, sur la façon
d'entraîner un chien, de ne pas le frapper, etc. Alors, dans la plupart
des cas, M. le Président, il y a quand même une discussion qui a
lieu avec le client pour s'assurer que l'animal va être bien
traité par les propriétaires éventuels.
M. Picotte: Quel pourcentage de vos clients, par exemple, M.
Farmer, y a-t-il un pourcentage de vos clients qui regrettent après un
achat, une semaine, 15 jours, qui vous rappellent et qui vous disent: Moi, je
ne sais plus quoi faire avec ça, je ne sais pas comment... Y a-t-il un
certain pourcentage? Pouvez-vous évaluer ça?
M. Farmer: Je ne pourrais pas vous donner de chiffres
précis et je crois que si, au départ, le travail a
été bien fait au niveau de l'évaluation du besoin de la
famille et le besoin précis pour faire l'acquisition d'un animal...
Parce qu'il est évident que quand on se présente dans un centre
d'entraînement ou dans une école spécialisée de
dressage pour animaux, soit qu'on veut un chien compagnon ou qu'on veut un
chien pour la sécurité. Alors, il est évident quand on va
parier de chiens de sécurité qu'on va, premièrement,
s'informer s'il y a des enfants dans le foyer, quels sont les vrais besoins.
Si, par exemple, c'est quelqu'un qui - tu peux voir l'allure des gens qui
arrivent - a l'allure borgne un peu, tu peux penser que ça serait
à mauvais escient. Tu n'as pas l'intention de leur fournir un animal, tu
n'as pas l'intention de faire affaire avec eux autres. Tu veux aussi savoir
l'utilisation, pourquoi on utilise ces animaux-là. SI c'est pour la
protection de la famille. Ça peut être le cas d'une femme qui a
quitté son amant qui veut lui faire des problèmes. Alors, il y a
des femmes comme ça. Il y a même des chiens qui ont
été fournis par l'aide sociale à des femmes pour les
protéger contre des agressions de leurs amants. Alors, H est bien
important, au départ, que l'évaluation du besoin soit faite, de
l'environnement de l'animal, et ça, tout commerce légitime fait
cette évaluation-là.
M. Picotte: Maintenant, on a entendu parier aussi beaucoup
d'enregistrement. Moi, j'ai drôlement l'impression qu'il y a beaucoup de
personnes qui se font avoir par un animal qu'ils achètent avec promesse
d'enregistrement ou de papiers avec un gros prix. On n'est pas toujours capable
d'évaluer ça, les clients qui s'adressent chez vous, des chiens
de race et les enregistrements, vérifier aussi la
véracité, l'exactitude de l'enregistrement. Est-ce que vous, dans
votre expérience personnelle, quand vous vendez un chien qui est de
race, vous l'accompagnez immédiatement du certificat et des choses comme
ça? Est-ce que tout ça c'est donné en même temps ou
bien s'il y a des promesses comme on a entendues d'avoir un certificat deux
mois, trois mois, quatre mois après? Il vient, il ne vient pas, etc.
M. Farmer: M. le Président, n'étant pas un
spécialiste en conformation, j'aimerais laisser André parier de
ça.
M. Côté (André): Dans la majorité des
cas, c'est-à-dire dans tous les cas, c'est le Cercle canadien du chenil
ou du chien qui s'occupe de fournir les certificats officiels. Pour faire une
longue histoire courte, il faut d'abord que l'éleveur avise le Cercle
canadien du chenil de la naissance d'une portée, avec le nom du
père, le nom de la mère et le nombre de chiots. Cette
formalité-là, avant que ça nous revienne, prend environ 60
jours lorsque c'est bien fait, et, à partir de ce moment-là,
l'éleveur doit fournir un nouvel enregistrement au Cercle canadien du
chenil, l'informant de l'identité précise de l'animal et du nom
du nouveau propriétaire. Et ça aussi, ça prend à
nouveau environ 60 jours. Alors, quelqu'un qui est capable d'avoir des papiers
de chien avant quatre mois après la naissance de la portée, c'est
à peu près impossible à cause des formalités
administratives qu'on a et que tous ces documents-là doivent être
envoyés à Toronto. Mais, en général, les centres
légitimes vont fournir les papiers à l'intérieur d'un
délai de quatre à six mois après la naissance de la
portée. Alors, si vous achetez un chien d'un an, vous devriez
normalement avoir l'enregistrement immédiatement.
M. Picotte: Si je m'achète un chien de quatre mois, parce
qu'on a dit hier que. Moi, j'ai entendu que pour le dresser et avoir des
résultats intéressants entre six et huit mois au maximum, on peut
finir par avoir un chien à notre image et à notre ressemblance,
du moins de ce qu'on souhaite de lui. Ça veut dire que, moi, je pourrais
me retrouver facilement chez M. Farmer à m'acheter un chien, où
on me dit qu'il aura un certificat d'enregistrement. Je l'envoie se faire
dresser, il revient au bout de quatre, cinq ou six mois. Donc, je suis
obligé de faire un acte de foi envers la personne quand je
l'achète. (10 h 15)
M. Côté (André): Pas nécessairement,
M. le
Président. Les documents qu'on envoie étape par
étape à Toronto, on peut en garder des copies. Normalement, quand
vous achetez un chien dans un commerce qui opère de façon
professionnelle, il va vous remettre, avec le chien évidemment et avec
votre facture d'achat, une copie au moins de la preuve que l'enregistrement de
la portée a été fait. À partir de ce
moment-là, vous avez au moins la preuve que le commerçant a
entrepris les démarches pour enregistrer l'animal. Le mieux qu'il peut
vous fournir, c'est la copie des documents que, lui, a déjà
complétés et qui ont déjà été
envoyés au Cercle canadien du chenil. C'est le mieux que le
commerçant puisse faire pour rassurer son client comme quoi le processus
est en marche. Malheureusement, le processus est ainsi fait. On n'est pas
nécessairement d'accord à 100 % avec ça. on aimerait
ça que ça se fasse plus vite, que ça puisse se faire plus
facilement, mais, présentement, c'est le système qui est en
vigueur, et on est obligés de vivre avec nous autres aussi.
M. Picotte: On dit évidemment que les commerçants
peuvent, mais j'imagine que ça va sur demande aussi. Moi, j'imagine
facilement les gens qui vont s'acheter un chien. Quand on prend cette
décision d'aller s'acheter un animal, bien souvent, c'est comme quand tu
t'achètes une nouvelle auto. Tu as hâte, avant même qu'elle
passe la première inspection, d'aller te promener avec, de sortir. Tu es
déjà joyeux. Alors, j'imagine qu'il doit y avoir bien des gens
qui se font avoir. En tout cas, je dis que j'imagine. C'est ça qui
ferait en sorte que dans certaines réglementations, dans certaines lois,
il y aurait des obligations, au moins pour que le client soit aussi
protégé.
M. Côté (André): M. le Président, il y
a déjà des réglementations qui existent au niveau du
Cercle canadien du chenil, et, nous aussi, on est soumis à sa
réglementation. Or, si on néglige d'obtenir les documents ou de
fournir les documents de chiens pure race à un client, le Cercle
canadien du chenil va nous enlever notre certification, notre droit de vendre
des chiens pure race et on ne pourra plus vendre des chiens pure race. Alors,
on est quand même soumis. Il y en a de la réglementation. C'est au
niveau de la loi sur la généalogie et du Cercle canadien du
chenil que tout ce contrôle-là est effectué. Les
commerçants ne peuvent pas passer à côté de
ça parce que c'est le seul organisme autorisé par la 101 à
émettre un document attestant qu'un animal est pure race. si on ne le
fournit pas, si les clients se plaignent au niveau du cercle canadien du
chenil, on va perdre notre certification et on ne pourra plus vendre de chiens
pure race. je pense qu'il n'y en a plus de problème lorsque les gens
font affaire avec les commerçants légitimes. si les gens
achètent un chien sur le trottoir, c'est sûr qu'ils peuvent
s'attendre d'avoir un problème, mais le commerçant qui a une
place d'affaires, qui est quand même enregistré au niveau de sa
municipalité et qui paie ses taxes comme tout le monde, il ne peut pas
passer outre à ces obligations de fournir les enregistrements du chien
lorsqu'il a vendu un chien pure race, sinon il va se faire enlever son droit
d'en vendre purement et simplement.
M. Picotte: Vous avez un permis du Cercle canadien du chenil?
M. Côté (André): On a un numéro
d'enregistrement comme éleveur, avec les races qu'on
élève, et tout doit passer par lui. Alors, s'il a des plaintes,
c'est déjà arrivé dans certains cas qu'il a eu des
plaintes contre des commerçants, il communique avec le commerçant
et il lui dit: Vous fournissez les papiers ou on vous raye de notre liste
d'éleveurs. Vous n'êtes plus considéré comme un
éleveur, donc vous ne pouvez plus enregistrer de chiens.
M. Picotte: Résumez-moi donc les points principaux qui
feraient en sorte qu'on pourrait vous retirer votre permis demain?
M. Côté (André): Je pense que le point
principal, c'est le défaut de donner suite à la vente d'un chien
pure race, donc le défaut de fournir les enregistrements au
consommateur. Si le consommateur n'a pas ses papiers, le Cercle canadien du
chenil va nous donner peut-être un avis et, à ce moment-là,
on doit immédiatement corriger l'enregistrement de la portée et
lui fournir ses documents. Alors, principalement, c'est là que la
discipline s'impose au niveau des éleveurs. C'est qu'en vendant des
chiens pure race, II faut fournir le certificat.
M. Picotte: J'imagine qu'ils font des vérifications,
qu'ils ne fonctionnent pas uniquement sur plaintes. En dehors des plaintes,
est-ce que le Cercle canadien du chenil, de qui vous détenez un permis,
va occasionnellement, une fois, deux fois par année, une fois par deux
ans, aller vérifier chez vous si vraiment vous vous comportez comme vous
devriez vous comporter puisqu'il vous donne un permis?
M. Côté (André): Effectivement, tous les
éleveurs doivent obligatoirement tenir un registre d'élevage qui
peut être inspecté en tout temps par les gens du Cercle canadien
du chenil. Il faut également mentionner que, lorsqu'un chien pure race
est vendu, il doit obligatoirement avoir un numéro de tatouage et que ce
tatouage-là doit être fait par une tierce personne qui va signer
sur les enregistrements comme quoi c'est elle qui a tatoué l'animal. Or,
il y a quand même plusieurs personnes impliquées dans le
processus, et, en tout temps, le Cercle canadien du chenil peut venir inspecter
et les installations et les
registres d'élevage.
M. Picotte: M. Farmer, vous avez combien d'espèces ou de
spécimens et qui prennent combien de temps avant de se vendre? Il doit
arriver qu'il y a des chiens qui partent plus rapidement que d'autres. Vous en
gardez pendant combien de temps, dans le maximum, point de vue temps, âge
et...
M. Farmer: M. le Président, vu que la question m'est
adressée, n'étant pas un éleveur ni un vendeur d'animaux
au niveau du détail, je ne peux pas vous répondre à cette
question-là personnellement. Alors, peut-être que...
M. Picotte: Ou quelqu'un d'autre. M. Farmer: ...mes amis
Ici, là?
M. Côté (André): En général,
les animaux sont disponibles pour la vente à partir de l'âge de
deux mois, et, dépendamment des demandes, le chien peut demeurer au
centre canin jusqu'à l'âge de trois mois, quatre mois. C'est
sûr qu'il y a quand même aussi une demande pour des chiens plus
âgés, mais il est évident que tous ces chiens-là
voient des gens, la sociabilisation est faite; les chiens sortent tous les
jours; les chiens sont bien entretenus, ils sont bien nourris pendant toute
cette période-là. Mais il peut y avoir des chiens d'un an
disponibles dans un centre canin, ça peut arriver.
M. Picotte: Bon. Alors, ma question en arrive au fait que, bon,
c'est important d'avoir une chien de race pure, quand on veut avoir les
enregistrements, on l'a acheté pour ça, on veut avoir ça.
Mais ça fait six mois, huit mois, que vous avez un chien, il n'est pas
vendu, ça peut aller jusqu'à un an, à ce que vous me dites
là. Quelle certitude que j'ai, moi, si je vais l'acheter chez vous, que
vous me le livrez en excellente santé? Est-ce qu'au cours du temps que
vous l'avez eu, il y a un bilan de santé qui est rattaché
à ça? Est-ce que ce n'est pas plus important d'avoir un bilan de
santé du chien que d'avoir son certificat de race pure en allant
chercher le chien chez vous? C'est peut-être plus important dans
l'immédiat d'avoir un bilan de santé?
M. Côté (André): Évidemment, il est
difficile de fournir un bilan de santé journalier; l'éleveur va
quand même remettre un bilan de santé de l'animal. Il va
habituellement fournir aussi les certificats de vaccination, vaccination qui a
été faite par un vétérinaire, parce que c'est
sûr qu'un chien d'un an dans un chenil ou dans un centre canin, ça
a été vacciné à plusieurs reprises
déjà, surtout en bas âge, et il y a quand même la
garantie contre les vices cachés qui s'applique et le consommateur peut
facilement se rendre chez le vétérinaire. La plupart des centres
canins fournissent une garantie à peu près inconditionnelle de 20
jours, contre les maladies et pour la santé de l'animal. Alors, si
l'animal tombe malade à l'intérieur de cette
période-là, il y a une garantie écrite qui est
fournie.
M. Picotte: Dans ce que vous obtenez comme permis de
l'association dont vous avez fait mention tantôt, est-ce qu'il y a une
obligation aussi d'avoir des services de vétérinaire obligatoires
à certaines époques ou si on n'en tient pas compte?
M. Côté (André): Ce n'est pas prévu
présentement. Il n'y a rien de prévu, c'est quand même
laissé à la discrétion de l'éleveur. Sauf que tous
les éleveurs vont faire vacciner leurs chiens parce qu'ils ont
intérêt à ce que le chien soit en santé et qu'ils ne
veulent pas de mortalité. Ah! c'est sûr que si l'animal n'est pas
en santé, s'il est mal entretenu, s'il est dans ses excréments,
s'il ne mange pas bien, il va être malade; et s'il est malade, il peut
mourir. Et le but du commerce, ce n'est pas de faire mourir des animaux, c'est
de vendre des animaux et de satisfaire le client. Mais présentement, il
n'y a aucune obligation. Même les vétérinaires n'exigent
pas, c'est strictement en fonction de recommandations. Le
vétérinaire recommande, chaque fois qu'on fait vacciner un
animal, une date pour un rappel et un nouvel examen. Alors, on se fie à
nos vétérinaires qui nous disent comment soigner nos animaux.
M. Picotte: Ça va, M. le Président. Je veux laisser
la chance à mes collègues.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, l'objectif de la commission,
c'est d'entendre des mémoires sur ta possibilité de
légiférer pour empêcher la cruauté faite envers les
animaux. Et je comprends bien tout votre système, votre argumentation,
qu'au niveau de Tenregistrememt des chiens, ce soit bien fait, que les
consommateurs soient protégés contre l'achat qu'ils ont fait.
Mais sur tout ce que vous venez de nous dire, sur toute les gardes que vous
prenez absolument pour que celui qui achète un chien enregistré
qu'il soit enregistré, pensez-vous qu'on soit obligé de
légiférer pour protéger ça? La Loi sur la
protection du consommateur actuellement, elle doit couvrir ça? Si
quelqu'un a acheté un chien enregistré et au bout de trois mois -
trois mois ce n'est pas assez, c'est trop vite, ça prend au moins quatre
mois - au bout de six mois, il s'aperçoit que son chien n'est pas
enregistré on n'a pas besoin de légiférer pour ça.
Actuellement, la Loi sur la protection du consommateur
doit donner plein droit au consommateur. s'il est capable de
démontrer que ce n'est pas le bon chien qu'on lui a vendu, qu'il aille
aux petites créances et qu'il se fasse rembourser, je ne sais pas
quoi.
M. Côté (André): Effectivement,
présentement, autant la Loi sur la protection du consommateur que le
Code civil prévoient des recours pour les consommateurs. Je ne pense pas
qu'il y ait de problème présentement à ce niveau-là
dans les commerces de vente d'animaux. Je ne pense pas que ce soit un
problème au niveau de notre société que les gens n'aient
pas leurs papiers, parce que c'est très bien contrôlé,
autant par les recours civils que par le Cercle canadien du chenil.
M. Baril: Donc, tout ça en revient à dire que ce
n'est pas là effectivement qu'est le problème, c'est plutôt
de voir à obliger le vendeur à donner une information exacte ou
à vérifier la capacité de l'acheteur à garder la
bête, l'entretenir, en avoir soin adéquatement durant la
période où il l'aura. Sur ça, selon vous, est-ce que c'est
uniquement par le biais d'une législation qu'on peut améliorer la
situation de la cruauté envers les animaux?
M. Côté (André): En ce qui concerne les
informations qui doivent être prises d'un acheteur, on ne croit pas que
c'est par une législation qu'on peut imposer à un vendeur de
questionner son client et qu'on va imposer au client de répondre
honnêtement aux questions du vendeur. On pense plutôt que c'est par
des campagnes de sensibilisation et des campagnes d'information, entre autres
sur les obligations et les responsabilités du consommateur lorsqu'il
fait l'acquisition d'un animal. On ne pense pas que c'est à ce
niveau-là, au niveau de la vente, que les problèmes puissent
être réglés. Ce n'est pas en imposant aux vendeurs des
obligations d'information ou d'enquête auprès de leurs clients
qu'on va régler le problème de la cruauté envers les
animaux.
M. Baril: Vous reconnaissez sans doute qu'il y en a de la
cruauté envers les animaux. On nous fournit des coupures de presse, etc.
Donc, pour vous, à titre de suggestion, dans quel secteur pensez-vous
qu'il serait le plus urgent de légiférer, s'il y a obligation de
légiférer?
M. Côté (André): Si le gouvernement
décidait de légiférer, l'endroit peut-être où
il y aurait lieu d'intervenir - et on insiste là-dessus, on pourrait
même intervenir de façon très sévère - c'est
pour éliminer les commerces et les élevages clandestins, tels
qu'ils ont été décrits par la SPCA et par les autres
intervenants. Ce n'est pas au niveau des commerces légitimes qu'on
retrouve des cas de cruauté animale, en tout cas de négligence,
c'est beaucoup plus, au niveau des commerces clandestins. Alors, on est
entièrement d'accord pour que le gouvernement, s'il le juge opportun, M.
le Président, légifère pour les éliminer, ces
commerces clandestins là.
M. Baril: Mais vous l'avez répété à
plusieurs reprises, et d'autres aussi parlent beaucoup de commerces
légitimes et de commerces clandestins. Comment un commerce peut-il
être légitime, légalement, s'il n'a pas l'obligation
d'avoir un permis ou de s'enregistrer quelque part? Comment? Est-ce qu'on juge
ça à l'oeil qu'un commerce est clandestin, par la façon
dont il garde ses bêtes, qu'il entretient son commerce? Comment
jugez-vous ça?
M. Côté (André): Bien, il est
déjà prévu dans les lois municipales que toute personne
qui opère un commerce doit avoir un permis émis par la
municipalité, et dans la plupart des municipalités un permis de
chenil ou pour tenir des animaux, c'est un permis supplémentaire et
différent, à cause évidemment des problèmes
d'hygiène et d'odeurs qui pourraient exister. Alors, il y a
déjà pour les chenils et pour les centres canins deux permis qui
sont obligatoires dans la plupart des municipalités: le permis de
commerce et le permis de chenil. C'est déjà prévu, il y en
a déjà de la réglementation. C'est obligatoire à
peu près dans toutes les municipalités, à ma connaissance.
Alors, il y a déjà un permis qui doit être obtenu par
n'importe quel commerçant légitime qui a une place d'affaires
publique.
M. Baril: Mais voulez-vous dire que ce serait les
municipalités qui n'appliquent pas leur réglementation? (10 h
30)
M. Côté (André): Je pense qu'il serait
délicat ou difficile de répondre à cette
question-là. Je ne sais pas quelles sont les modalités de
vérification que les municipalités ont, je ne le sais pas.
M. Baril: Les municipalités, au niveau, M. le ministre, de
leurs plans d'urbanisme, quand même, elles sont obligées de
définir les secteurs: ça c'est commercial, zone commerciale,
industrielle, résidentielle, agroforestière, touristique, je ne
sais pas quoi. Et si - comment on dit ça donc? - l'ouverture, on va dire
ça, l'ouverture d'un chenil, est-ce que c'est à une fin
commerciale, est-ce que c'est à une fin touristique, bon... Ça
fait que si quelqu'un s'ouvre un chenil à une fin commerciale, dans une
zone résidentielle ou une zone agricole ou agroforestière, donc
il devrait être non conforme au plan d'urbanisme de la
municipalité. Si dans ma tête là, c'est...
M. Picotte: Mais, pour vous répondre mon
cher collègue, selon mon expérience comme ministre des
Affaires municipales, j'ai vu à quelques reprises, d'abord, des
municipalités qui ont des réglementations là-dessus. Hier,
on recevait un groupe là, le groupe de M. Milot entre autres,
l'avant-dernier groupe qu'on a vu je pense hier soir, et même, vous savez
des voisins se plaignent énormément. Un chenil, il aura beau
être clandestin, il y a des senteurs d'attachées à
ça, qu'on le veuille ou non. D'autant plus s'il est
négligé, c'est encore plus probant. Et j'avais quelqu'un moi qui
avait des chiens de course, dans une municipalité de mon comté,
qui a voulu même garder ça chez eux, et la municipalité par
réglementation l'a même empêché de les garder.
Ça à fait tout un débat de société
finalement, et puis il n'a pas été capable de garder ses
chiens.
Alors, c'est bien sûr qu'il y aurait de fortes chances que, dans
toutes les municipalités au Québec, il devrait y avoir une
réglementation. Est-ce qu'elle est respectée ou n'est pas
respectée? Ça c'est une autre paire de manches.
M. Baril: Admettons, là, que ce soient les
municipalités, ou en tout cas, que l'obtention d'un permis soit
obligatoire pour ouvrir un chenil ou un "pet shop". C'est quoi les
critères qui pourraient définir, même si tu détiens
un permis là, que ton chenil, t'es légitime... Puis là,
vous autres, on dit, selon moi, ma compréhension de votre
définition, là, si t'es légitime, t'es correct, puis si
t'es clandestin, tu tiens mal ton chenil, tu maltraites tes animaux.
Maltraiter, puis il faut définir c'est quoi maltraiter là. Le
fait de mal les soigner ou de mal les garder, voyez-vous, c'est
déjà là... C'en est une façon de maltraiter les
animaux.
Mais dans votre définition à vous autres là,
même s'il y avait un permis qui serait obligatoire pour tous les chenils
ou les commerces, les "pet shops", les animaleries, quelle définition
ferait qu'on pourrait dire: lui, il est correct, puis lui n'est pas correct?
Ça ne doit pas être facile.
M. Côté (André): Je vais vous donner un petit
élément de réponse. Habituellement je pense que, lorsqu'on
parle de chenils clandestins, ce sont des chenils qui sont cachés et
auxquels le public n'a pas accès. Ce sont vraiment des chenils qui sont
cachés, qui sont à l'écart, et il n'y a pas de place
d'affaires où le public peut se présenter ou même les
acheteurs de ces chiens-là. Que ce soient des "pet shops" ou d'autres
personnes, elles ne se présentent pas là. Il prend ses chiens
dans le bots, puis il les amène en ville, et puis, il les vend
là, comme on vous a expliqué, peut-être avec un beau
camion.
Alors, le critère de clandestinité, c'est vraiment que
l'opération d'élevage en tant que telle et de la tenue du chenil,
elle est cachée.
En ce qui concerne d'autres aspects de votre question, j'aimerais passer
la parole à notre président, qui pourra peut-être vous
donner un autre éclairage.
M. Farmer: Je pense que les points importants, lorsqu'on parle
d'installations aptes à recevoir les animaux, c'est un peu comme dans
l'élevage des bovins ou de la volaille, c'est-à-dire qu'il faut
avoir des lieux qui sont bien ventilés, facilement nettoyables,
facilement aseptisables aussi, c'est-à-dire qu'on peut arriver à
désinfecter, nettoyer et éliminer tout genre de
bactéries.
Je dois vous dire que, regardez n'importe quel genre d'animal, il y a
deux choses qu'on doit s'assurer qu'on fait lorsqu'on garde des animaux, que ce
soient des chiens, que ce soient des boeufs, les deux points les plus
importants, c'est l'entretien et la nutrition. Évidemment, le confort de
l'animal, c'est discutable. Encore une fois, les gens de l'ordre des
vétérinaires en ont parlé, les éleveurs de la
volaille en ont parlé, du confort. C'est difficilement
définissable. Il y a quand même des normes minimales. Ce qui est
important, c'est d'avoir des lieux propres, bien entretenus, avec des
bêtes bien nourries et bien soignées, tout comme l'élevage
des boeufs.
Quand on parle d'opérations clandestines, on ne peut même
pas appeler ça des chenils. Quand tu parles d'un autobus, pour moi c'est
un autobus, quand on parlera d'un chenil, on parlera d'un chenil. Une
étable, c'est une étable. Alors, tu vas rentrer dans une
étable qui est propre, qui est bien entretenue. Dépendant des
moyens et des compagnies, il y a des étables qui ont des mouvements
automatisés pour nettoyer et éliminer les excréments des
animaux. Il y en a d'autres qui sont encore obligés de le faire à
la main. La même chose au niveau des chenils. Il y a des systèmes
qui peuvent être nettoyés à la pression. Il y en a encore
d'autres qui nettoient. Le plus important, c'est la propreté, la
ventilation et l'alimentation dans une installation qui a pour but de retenir
les animaux.
M. Baril: est-ce que par ce que vous nous dites là, vous
voulez démontrer que tous ceux qui, actuellement, détiennent un
permis sont corrects, sont parfaits sur toute la ligne? juste le fait de
détenir un permis...
M. Farmer: M. le Président, je ne crois pas que le fait
d'avoir un permis automatise la bonne tenue d'un lieu commercial. Même
s'il y avait des lois, ça n'automatiserait pas non plus la bonne tenue
d'un lieu, même s'il y a des inspecteurs qui inspectent autant les
restaurants que... Il y en aura toujours des restaurants, à mon sens,
qui seront mal tenus. Il y en aura toujours qui seront bien tenus. Les mal
tenus seront condamnés, premièrement par le public normalement.
Dans notre domaine, je crois que le public est le plus grand "condamnateur",
c'est-à-dire que c'est le consommateur qui voit à la con-
tinuité dans ton entreprise. Tout comme dans les autres
élevages, si tu fais un bon élevage et tu sers bfen ton client,
tu vas être en affaires longtemps. Si tu fournis des animaux malades, ce
n'est pas long qu'on le sait. Alors, le fait qu'on ait un permis, non,
ça ne fait pas assurance qu'on va avoir une place bien tenue. Tout
à fait comme on peut avoir une licence d'alcool aujourd'hui, ça
ne veut pas dire que tu vas avoir un bar qui est bien tenu. Par contre, moi, je
crois que la municipalité est très impliquée. Et c'est
peut-être au niveau de la surveillance et de l'application des lois
municipales, parce que je suis convaincu qu'à peu près toutes les
municipalités, aujourd'hui, dans la province de Québec ont des
lois concernant les chenils. Je peux vous dire personnellement que ça a
pris cinq ans avant que je puisse trouver un endroit où j'ai pu obtenir
l'obtention de chenils. Ce n'est pas facile à obtenir, ça,
aujourd'hui, l'obtention d'un permis d'opérer un chenil dans une
municipalité. Même dans les parcs industriels, aujourd'hui, on ne
peut pas avoir, à cause de l'urbanisme, à cause de tout genre
d'opérations, il est difficile d'avoir ce permis. Par contre, du moment
qu'on a obtenu le permis, qu'on a fait les installations requises, aujourd'hui
c'est beaucoup plus sévère que c'était. Je crois que oui,
les villes, en conjointement avec les gens de la SPCA, ont tous leurs refuges
affiliés. Elles ont le devoir de surveiller et de répondre aux
plaintes présentement. Et je pense que tu as beau avoir un grand village
ou un petit village éloigné, je pense que s'il y a un autobus qui
a 32 chiens dedans, il y a au moins le voisin qui est au courant et qui est
incommodé par cette situation-là et qui en fait une plainte au
niveau de la ville, qui peut être vérifiée par les gens de
la ville ou par l'inspecteur municipal ou encore l'inspecteur... Toutes les
villes ont une forme de SPCA, si vous voulez, que ce soit la SPCA ou un
contracteur local qui a pour mandat de vérifier et de s'assurer qu'il
n'y a pas de cruauté envers les animaux et que les règlements
aussi sont respectés. Le "typical dogcatcher" de la ville...
Ah! On parlait d'enregistrement des animaux. On ne veut pas que tous les
commerçants enregistrent leurs animaux, mais je dois vous dire que dans
la plupart des villes, que ce soit Laval, Montréal, Longueuil, les
petits villages, les animaux doivent être enregistrés à la
ville. Il y a des licences qui sont vendues annuellement. Alors, en principe,
la ville connaît l'existence des animaux dans ses quartiers.
Peut-être pas tous, il y aura toujours l'individu, pour sauver son petit
cinq piastres par année ou son quinze piastres par année, qui ne
voudra pas déclarer le fait qu'il a un chat ou qu'il a deux chiens pour
sauver 15, 30 piastres, mais un jour, encore une fois, le petit "dogcatcher" de
la ville va peut-être le savoir, lui, qu'il en a un, chien, parce qu'ils
font ça à la journée longue. Ils font deux piastres de la
licence ou cinq piastres de la licence. alors, ils ont intérêt
à en vendre des licences. alors, ils s'assurent de savoir où ils
sont tous les chiens. us s'assurent de savoir qu'il n'y en a pas en
liberté non plus. alors, je crois que, oui, les villes sont au courant
et peuvent contrôler, avec une bonne surveillance et la
coopération de la spca, arriver à contrôler ces
opérations clandestines. et, au point de vue commerce, tout à
fait comme dans l'élevage, il y aura des commerçants qui feront
bien les choses, il y en aura peut-être qui ne les feront pas bien. on
n'a pas la conviction, nous autres, qu'en surréglementant, on va
éliminer ça. peut-être plutôt en informant par
exemple.
M. Baril: Vous, vous en avez un commerce, hein?
M. Farmer: Oui.
M. Baril: C'est genre "pet shop", tout ça?
M. Farmer: Ce qu'on a comme commerce au détail, c'est
plutôt alimentation et service de toilettage, entretien des animaux,
aussi pension pour animaux. À très petite échelle,
remarquez bien, mais c'est une entreprise de services, c'est-à-dire qui
voit à bien conseiller les gens au niveau de l'alimentation parce que
encore une fois, des commerces comme nous autres ainsi que les
détaillants... Nous autres, on n'est pas "pet shop" dans le sens qu'on
ne vend pas d'animaux. On fait tout sauf la vente d'animaux,
c'est-à-dire conseiller l'acheteur. Des gens vont venir chez nous, par
exemple, pour faire l'acquisition d'un animal. De un, dans certains centres,
pas seulement le nôtre, certains ne vendent pas d'animaux, ils vont se
référer à des éleveurs privés, des
éleveurs reconnus. Bien important encore, c'est toi qui fais la
référence. Alors, tu vas référer à quelqu'un
qui ne va pas nuire à ta réputation. On va conseiller, on va leur
demander quelle sorte d'animal. On ne peut pas empêcher quelqu'un de
s'acheter un cheval quand II a le goût de s'acheter un cheval. Par
contre, un coup qu'il l'a acheté, le cheval, là, il dit: Oui,
ça en mange du foin, ça, mon ami. Alors, on les conseille, on
leur donne les meilleures sources d'alimentation pour se procurer un animal.
À partir de ce moment-là, on va leur expliquer aussi qu'il sera
peut-être important d'éduquer cet animal-là.
Évidemment, on ne veut pas voir les gens se promener dans la rue et se
faire traîner d'un bord à l'autre de la rue, si ce n'est qu'au
point de vue respect de la société, quand on parle du
contrôle d'un animal, je pense qu'on ne veut pas voir notre chien sur le
terrain du voisin ou aller sauter sur la belle petite robe blanche de la
"matante" qui s'en va faire son marché ou qui sort du salon de coiffure.
Alors, l'éducation animale est importante. Là, on peut conseiller
les gens, les référer à de bonnes écoles
d'entraînement, et je pense que tous les bons fournis-
seurs... Je ne crois pas que ce soit vraiment au niveau des bons
fournisseurs qu'est le problème. Il y a des gens qui font le commerce
des animaux, que ce soit des vendeurs de vaches, de chevaux et de poules.
Alors, il y a des gars qui sont peut-être reconnus pour vendre des
mauvais chevaux, des picouilles et il y a peut-être des gars qui sont
reconnus. Il y a des chevaux que tu peux payer 50 $ et il y en a que tu peux
payer 2 000 000 $. Qu'est-ce qui fait la différence? C'est
sûrement le fournisseur et l'élevage. C'est la même chose au
niveau des chiens. Tu peux en recevoir un gratuitement, qui t'es donné
parce que la personne veut s'en défaire, ou tu peux aussi bien payer 10
000 $ pour un chien de race de qualité avec un bon
entraînement.
M. Baril: Si je vous posais la question, c'est parce que depuis
le début on ne nous fait pas une belle Image des "pet shops" et c'est
pour ça que... Je ne veux pas généraliser, mais, en tout
cas, plusieurs sont venus dire: Les "pet shops", c'est un peu effrayant, c'est
un peu terrible, etc. Donc, je voulais avoir votre opinion si c'était
vrai. Je pensais que vous étiez, justement, un propriétaire de
"pet shop".
M. Fariner: II y a des gens qui vont passer un petit peu plus
tard dans la journée qui auront...
M. Baril: Oui, c'est ça.
M. Fermer: ...plus le loisir que nous autres mêmes de vous
expliquer leurs opérations. Mais on ne peut pas dire que notre
association est d'accord pour déplorer les "pet shops". On va le faire
au même sens que tous les autres commerces. Oui, même dans les "pet
shops", il y a des bons et mauvais opérateurs, il y a des bons vendeurs
de tout et il y a des mauvais vendeurs de tout, peu importent les
règlements qu'on a.
M. Baril: Dans d'autres provinces - parce que le Québec
n'est pas la première, peut-être la dernière, à
légiférer - êtes-vous en mesure de nous dire si le fait que
ces provinces-là ou pays ont légiféré ça a
amélioré d'une façon sensible l'empêchement de la
cruauté envers les animaux?
M. Farmer: À part des chiffres qu'on a reçus cette
semaine, je ne pourrais pas vous donner d'autres informations.
M. Baril: Donc, vous, si je résume, vous seriez beaucoup
plus en faveur de mesures préventives que coercitives.
M. Farmer: Sensibilisation et responsabilisation,
éducation du public en général, parce que c'est toujours
le consommateur qui est ou bien servi ou mal servi ou biaisé. L'animal
est ici le centre de la discussion, c'est évident, mais je pense qu'avec
une bonne éducation et de bonnes campagnes de publicité on
réussira à éliminer la cruauté animale comme on
tente présentement d'éliminer la cruauté familiale. On
tente d'éliminer tout genre de méchanceté. Alors au
même sens, on croit à la même chose dans le domaine
animalier.
M. Baril: Pensez-vous que ça pourrait être le
rôle du gouvernement de faire de la prévention, sensibiliser,
information ou si c'est plutôt le rôle de groupes organisés
dans le milieu? (10 h 45)
M. Farmer: Je crois qu'on l'a bien décrit dans notre
mémoire. C'est que nous croyons à une sensibilisation du public,
préparée par les gens du milieu, supportée par le
gouvernement et présentée par la SPCA. Parce qu'il ne faut quand
même pas oublier une chose, la SPCA a des buts qui sont très
nobles. Ils sont là pour faire de la prévention de la
cruauté envers les animaux, et je pense que ce sont, jusqu'à
aujourd'hui, toujours les meilleurs porte-parole en ce sens-là. Ils ont
déjà quand même certaines campagnes qui ont pour but de
sensibiliser les gens. Je pense que, dans ce sens-là, en consultation
avec les gens du domaine animalier de tous les niveaux, que ce soient les
éleveurs de bovins ou les gens du monde canin ou félin, tout le
monde ensemble, avec un peu le support du gouvernement en ce sens-là,
peut-être on parte toujours de dollars quand on parle de sensibilisation
et de projets. C'est bien beau de dire qu'on va faire de la publicité et
qu'on va expliquer aux gens comment ça fonctionne, mais c'est des choses
qui demandent des sous. Je pense bien qu'à ce niveau-là, la SPCA
fait quand même des efforts assez importants pour récupérer
des sous. C'est peut-être à ce niveau-là que l'aide
gouvernementale pourrait être appréciée. C'est au sens des
dollars pour aider la SPCA qui, dans sa vocation, veut prévenir la
cruauté envers les animaux.
M. Baril: Je vous remercie de nous avoir fait part de votre point
de vue sur la possibilité de légiférer et on se
référera sans doute à des points de votre mémoire
si, un jour, le gouvernement décide de passer à l'action.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, au nom du gouvernement, je
voudrais vous remercier aussi pour votre mémoire. On aura sûrement
l'occasion de reparler ensemble de toute cette question suite à la
réflexion qu'on fera et pendant la réflexion qu'on fera. Je vous
remercie à double titre d'avoir accepté à pied levé
de remplacer l'autre groupe...
Le Président (M. Richard): Qui est arrivé.
M. Picotte: ...parce que sinon on se retrou-
verait... On est déjà même un quart d'heure en
retard sur notre horaire. C'est pour éviter, à la fin de la
journée, qu'il y ait des groupes qui se retrouvent à ne pas
être entendus. Pour moi, vous avez fait une formule de remplacement qui
est intéressante. Alors, merci de cette collaboration.
Le Président (M. Richard): Merci, mesdames et messieurs.
Je demanderais maintenant au Groupe d'étude et d'intervention...
M. Fermer: Merci de nous avoir entendus.
Le Président (M. Richard): ...en matière d'animaux
en milieu urbain, qui est arrivé, je pense, de prendre place
immédiatement, s'il vous plaît. C'est M. Malouf.
Groupe d'étude et d'intervention en
matière d'animaux en milieu urbain
M. Malouf (André): Bonjour, M. le Président.
Bonjour MM. et Mmes les commissaires. Je m'appelle André Malouf, je suis
directeur de recherche et d'information pour le Groupe d'étude et
d'intervention en matière d'animaux en milieu urbain. Je vous
présente mes collègues, Mme Harriet Schleifer, à ma
gauche, coordon-natrice pour notre groupe, et Mme Kathleen Logan, à ma
droite, recherchiste pour notre groupe.
Dans un premier temps, j'aimerais dire, M. le Président, que je
tiens à vous offrir, au nom de mes collègues et de
moi-même, nos excuses pour notre retard. Il semble y avoir eu un
malentendu au niveau des directions, et n'étant pas familiers avec la
ville de Québec, on s'est trouvés à rouler pendant une
demi-heure sans retrouver la place. Donc, on s'excuse pour le délai.
Le Président (M. Richard): Aucun problème.
M. Malouf: À la lecture de notre document, vous
n'êtes pas sans savoir qu'il y a un nombre de dossiers qui nous
préoccupent lorsque nous parlons de la condition animale au
Québec. En effet, le Groupe d'étude et d'intervention en
matière d'animaux en milieu urbain est un organisme basé dans la
région de Montréal. Fondé en 1984, notre organisme
travaille sur des projets visant à sensibiliser les gouvernements locaux
et le public à l'importance de protéger l'environnement, la mise
en valeur de la faune urbaine, le développement de solutions
humanitaires et écologiques entraîné par la présence
d'animaux en milieu urbain et le rôle important que l'animal joue dans la
vie des gens.
Montréal, avec son bassin important de population, est un lieu
d'opinions et de débats. Depuis près de six ans, en tant que
groupe populaire, nous constatons que les Montréalais et
Montréalaises deviennent de plus en plus sensibilisés
à la condition animale. En effet, les dossiers qui nous occupent sont
nombreux. Par exemple, depuis 12 ans, nous travaillons, en tant qu'individus,
à l'élaboration d'un programme de contrôle des naissances
pour régler le problème du surplus d'animaux de compagnie
à Montréal. Nous conseillons des locataires, souvent des
personnes âgées, dont le seul compagnon est leur chien ou leur
chat et qui ont souvent des problèmes avec les propriétaires
insoucieux de leur bien-être sur comment mieux négocier leurs baux
et régler leurs problèmes locatifs.
Dernièrement, nous avons soulevé la question de la
pollution animale dans le cadre des consultations sur le plan de la
propreté de la ville de Montréal. Nous avons été
saisis de la tenue de la présente consultation vers la fin de
février, mais nous n'avons été inclus à la liste
des organismes invités à venir participer à ses audiences
que durant la semaine du 21 avril 1991. Pour cette raison, nous sommes dans
l'impossibilité de vous soumettre un document approfondi sur la
question. En effet, au lieu de déposer un mémoire à la
commission, le présent document que nous vous soumettons devrait
être considéré comme un document de réflexion qui
énumère certaines de nos attentes. Nous espérons pouvoir
mieux alimenter votre réflexion.
L'Assemblée nationale a mandaté votre commission
d'entreprendre des audiences publiques sur la prévention de la
cruauté envers les animaux. À la suite du constat maintes fois
répété de cas flagrants de cruauté envers les
animaux, dans diverses régions de la province, la volonté
politique d'agir semble être renforcée pour corriger cette
situation. Nous sommes d'accord avec l'adoption de toute loi qui promeut le
bien-être animal au Québec. En effet, nous reconnaissons qu'il y a
une responsabilité évidente au niveau du propriétaire de
l'animal de lui procurer un minimum de bien-être.
Nous souscrivons d'emblée à l'analyse
déposée par la SPCA dans leur document d'étude pour un
projet de loi sur la protection des animaux au Québec. Nous croyons
fermement que seulement l'adoption d'une loi québécoise sur la
protection des animaux nous permettra de corriger la situation actuelle qui
prévaut dans la province.
Il est impératif, selon nous, que l'orientation de la commission
favorise une approche préventive au lieu de punitive. Pour arriver
à cette fin, il faut établir des normes minimales de soins envers
les animaux. L'élaboration et la mise en application de telles normes
devront faire l'objet d'une étude approfondie et nécessiteront la
coopération de tous les intervenants touchés par la question. En
toute évidence, nous devons songer à nous doter de structures
assurant le respect de ces normes.
Nous voudrions, en ce moment, reconnaître l'effort
déployé par la SPCA pour amener cette
question au niveau de la commission parlementaire. Au niveau des
structures d'implication et de financement, la mise en application d'une telle
loi devra être faite par une agence reconnue par le public et qui a
l'expertise requise, telle que la SPCA, par exemple.
Le Groupe d'étude et d'intervention en matière d'animaux
en milieu urbain peut facilement imaginer l'ampleur des sommes d'argent qui
devront être consacrées à l'application d'une telle loi.
Cet objectif, à nos yeux, pourrait être accompli via la
participation suivante. Dans un premier temps, des frais pour utilisateurs
d'animaux, l'établissement d'un tel régime, c'est-à-dire
le certificat d'enregistrement pour utilisateurs d'animaux. Dans un
deuxième temps, un soutien technique du gouvernement
québécois, c'est-à-dire que le gouvernement pourrait
fournir le support technique nécessaire à la gestion, à la
coordination et à l'émission des certificats d'enregistrement. Ce
support pourrait se traduire par l'établissement d'un bureau central et
l'embauche de fonctionnaires chargés de la gestion d'un tel projet.
Au niveau des gouvernements municipaux, par le biais de la Loi sur les
cités et villes, les municipalités assument déjà de
nombreuses responsabilités dans te domaine du contrôle animal. Il
nous apparaît logique qu'un pourcentage des revenus perçus de ces
activités, vente de licences pour animaux de compagnie, billets
d'infraction, et ainsi de suite, puisse être consacré à
l'application d'une loi sur la protection animale.
Le Groupe d'étude et d'intervention en matière d'animaux
en milieu urbain affirme depuis sa fondation la nécessité d'avoir
une loi québécoise sur la protection des animaux et le besoin de
se munir de structures et de programmes qui visent à la
responsabilisation des propriétaires et utilisateurs d'animaux. Ainsi,
toute réforme qui rencontrerait les objectifs que nous poursuivons
recevrait notre appui.
Le Groupe d'étude et d'intervention en matière d'animaux
en milieu urbain, en reconnaissant la nature urgente de cette
législation, demande au gouvernement du Québec et aux partis de
l'Opposition d'agir avec précipitation pour nous doter d'une loi
québécoise sur la protection des animaux. Nous reconnaissons
aussi que les structures nécessaires à la gestion, au financement
et à la mise en application d'une telle loi ne seront pas faciles
à établir. À cette fin, nous vous recommandons, par le
biais d'un processus de consultations secondaires, regroupant tous les
intervenants possédant une expertise, pouvant bénéficier
à l'élaboration d'une telle loi et à la
détermination des mécanismes nécessaires à sa mise
en vigueur. Des délais rigides au niveau du temps aussi devront
être établis afin d'obtenir une représentation juste de
toutes les parties concernées et ainsi de bâtir des fondations
solides pour soutenir le processus déjà enclenché.
Effectivement, le Groupe d'études et d'intervention en matière
d'animaux en milieu urbain soumet sa candidature à des comités
dont l'expertise serait bénéfique à la mise en place d'une
telle loi, si ces comités étaient créés par le
gouvernement en place aujourd'hui. Et cela termine ma présentation.
Le Président (M. Richard): Merci, M Ma-louf. M. le
ministre.
M. Picotte: Alors, merci, mesdames et messieurs, pour votre
mémoire que vous nous présentez. J'aurais deux questions à
toutes fins utiles, que je tire de votre mémoire. Vous dites, à
un moment donné: Nous croyons fermement que seulement l'adoption d'une
loi québécoise sur la protection des animaux permettra de
corriger la situation qui prévaut dans la province. Et vous parlez
d'urgence à un moment donné. J'ai cru entendre depuis le
début de nos délibérations avec différents groupes
qui sont passés qu'il y a des gens qui, évidemment, se comportent
de façon non acceptable, mais qu'il y a bien des gens aussi qui se sont
autodisciplinés là-dedans. Y a-t-il des choses, quand vous parlez
du caractère urgent, qu'est-ce qui est si terrible que ça qui
ferait en sorte que, demain, il faudrait à tout prix se
dépêcher d'agir?
M. Malouf: Bon. Je permettrais à ma collègue de
vous répondre à cette question-là.
Mme Schleifer (Harriet): Je me présente devant vous ce
matin en tant que représentant du Groupe d'étude et
d'intervention en matière d'animaux en milieu urbain, mais aussi je suis
la photographe qui a pris la plupart des images du dossier pictural de la SPCA.
La souffrance que notre société cause aux animaux m'assomme. Mais
ce qui m'étonne le plus, c'est la variété des endroits et
des établissements où on trouve la cruauté et la
négligence envers les animaux. Ce n'est pas seulement les
opérations clandestines où on la trouve, au contraire, c'est
partout qu'on la trouve. Vous avez jeté un coup d'oeil sur les photos
devant vous pendant peut-être quelques minutes, quelques instants; les
images vous choquent. Mais, par après, vous avez le choix de les ignorer
ou de les oublier. Pour les animaux qui en sont le sujet, par contre, ils
vivent cette misère pendant toute leur vie et c'est là qu'est
l'urgence dans cette situation. Plus de 100 000 Québécois et
Québécoises ont signé la pétition de la SPCA, se
montrant ainsi "connaissants" de la nécessité d'une
législation maintenant. Le témoin d'un tort assume la
responsabilité de le corriger. Vous êtes, mesdames et messieurs,
dès maintenant les témoins de la cruauté et de la
négligence envers les animaux. Et l'obligation de corriger la situation
reste donc avec vous autres. C'est bien beau de dire qu'il y a
déjà assez de contrôles, assez de règlements,
cependant, la
réalité est que tout ça ne suffit pas. À mon
avis, les gens qui traitent bien leurs animaux doivent accueillir la
législation qui met en valeur leur pratique et leurs normes. Pour les
autres, il nous faut une législation, un contrôle Juridique.
L'éducation du public seule ne peut pas accomplir la tâche si elle
n'est pas appuyée par une loi. (11 heures)
M. Picotte: Madame, écoutez, moi, je comprends ce que vous
nous dites. Je les ai vues d'ailleurs; je les ai examinées à
quelques reprises, les photos que vous nous avez acheminées. Mais je me
suis retrouvé même, le premier soir de la commission devant mon
écran de télévision où j'ai vu d'autres photos qui
m'ont attiré beaucoup de sympathie aussi dans d'autres domaines. Mais
quand on parle d'urgence, moi, c'est que je pense déceler qu'il y a une
situation telle que c'est aggravé à la grandeur du Québec.
Il y a toujours, on l'a dit tantôt, les gens y ont fait allusion, il y a
des réglementations qui existent. Il y a des permis qui existent, il y a
des permis de restauration. On est rendu qu'on a deux ou trois permis par
restaurant au Québec qui s'implantent. Moi, je ne pense pas que le fait
qu'on ait des permis nous empêche d'avoir des inspecteurs. Au contraire,
nos inspecteurs sont là et ils doivent avoir un rôle. Donc, je ne
pense pas qu'on enlève toute personne délinquante dans ce
domaine-là comme dans n'importe quel autre domaine, du fait qu'on ait
des permis, qu'on réglemente, etc. On va peut-être corriger un peu
la . situation, mais vous ne m'avez pas démontré, en tout cas
à toutes fins utiles, avec ce que vous m'avez dit qu'il y avait une
urgence nationale. Je n'ai pas compris ça. Si c'est ça, j'aurais
aimé qu'on me le démontre, mais je sais que vous ne pouvez
peut-être pas me le démontrer aujourd'hui, mais ça . serait
bénéfique dans les semaines qui viennent de nous acheminer
peut-être beaucoup d'autres cas qui viendront hâter notre
réflexion là-dessus.
Mme Schleifer: Malheureusement, ces cas sont assez nombreux.
M. Picotte: Oui, mais assez nombreux, ça veut dire quoi?
Quand on compare ça, assez nombreux... C'est évident qu'on
pourrait en passer peut-être bien 50 ou 60 dans les prochains mois, des
cas spécifiques à gauche et à droite, ici et là,
quand on considérera le nombre d'animaux qui sont vendus. Si
parallèlement à ça, aussi, on montrait les cas où
c'est bien tenu et où ça existe, peut-être qu'on ferait une
balance aussi des choses. Ce qui ne veut pas dire pour autant, par exemple,
qu'il n'y a pas de choses à corriger. Ça, j'en conviens. Mais,
moi, je plaide présentement l'urgence. Puisque vous nous avez
parlé d'une urgence quasi nationale, je plaide surtout l'urgence. Et moi
pour un, j'ai vu souvent le Parlement, ici, adopter des lois en toute urgence.
C'a rarement été nos meilleures lois. Toutes les fois qu'on a
suspendu même des règles pour adopter des lois d'urgence, elles
ont toujours été non seulement sévèrement
critiquées, mais elles ont toujours fait en sorte de venir, parfois
aussi, léser des individus dans leur vie quotidienne. Ce n'est pas les
meilleures lois qu'on a adoptées à l'Assemblée nationale
depuis 20 ans, de tous les gouvernements, quand on a agi avec
précipitation, au contraire. C'est la deuxième question que je
voulais vous dire. Moi, je pense que, quand vous demandez au gouvernement
d'agir avec précipitation, vous ne rendez service à personne. Ce
n'est pas au gouvernement finalement que vous ne rendez pas service. Vous ne
rendez pas service aux citoyens et à tous les citoyens, et je me dis: II
faut regarder ça sous un autre angle, un autre oeil. C'était
juste un commentaire que je voulais ajouter à ce que vous me disiez.
M. Malouf: Si je peux me permettre quelques réflexions sur
votre commentaire. Nous militons beaucoup sur la scène municipale. Nous
avons l'occasion fréquente de rencontrer les gens, de débattre
les questions qui touchent la condition animale à Montréal. Nous
trouvons que les cas dont on entend parler, les cas de saisie de la SPCA, les
cas de saisie dont on n'entend jamais parler des fois parce que la SPCA manque
de moyens, je pense que c'est une façon qui décrit un peu
l'urgence de la situation, cas après cas, après cas, après
cas, depuis plusieurs années. On en entend parler
particulièrement depuis deux ans dans les journaux, dans les
médias. Nous participons en tant que photographes pour la SPCA pour leur
donner un coup de main à ce niveau-là. Ce qu'on voit, ce n'est
pas des exceptions à la règle, ce sont souvent des cas flagrants
de cruauté. Les statistiques, je pense, de la SPCA sont très
éloquentes au niveau des plaintes qu'elle reçoit, au niveau des
enquêtes qu'elle fait. En 1990, 2509 cas d'enquêtes sur les genres
d'établissement. Les centres équestres, 107 cas de plaintes, en
1990, pour le Québec, les chevaux de calèche, 18 plaintes, 201
plaintes concernant les animaleries. Combien de cas ça va prendre avant
que ça devienne urgent aux yeux du gouvernement? C'est une question que,
nous, on se pose.
Au niveau de la question sociétale, je pense que le
Québec, que tes citoyens du Québec sont prêts pour une loi,
pour légiférer. Il ne faut pas seulement passer par des lois. Il
faut passer par des programmes de sensibilisation et de prévention,
c'est vrai, mais il faut aussi avoir des lois parce qu'il y a des gens qui ne
respectent pas la norme, qui ne respectent pas ce que la société
veut et ça mène souvent dans le cas des animaux à de
l'abus, à des cas d'abus flagrants.
À Montréal, je pense qu'une des choses qui nous ont
étonnés, c'est qu'au conseil municipal de la ville de
Montréal, il y a 32 membres sur 50 qui ont signé fa
pétition de la SPCA demandant
que le gouvernement québécois légifère.
Montréal est un centre important pour le Québec, un bassin de
population, comme on dit dans notre mémoire, très Imposant. Les
gens de Montréal ont bien dit, je pense, d'une façon très
éloquente, qu'on a besoin d'une loi. 32 membres du conseil municipal de
la ville de Montréal l'ont aussi dit, dont deux membres du comité
exécutif de la ville de Montréal. C'est des choses comme
ça qui nous entraînent à penser...
M. Picotte: Vous savez, M. Malouf, ça, ça ne
m'impressionne pas beaucoup, là, hein! J'ai traité, moi, avec les
conseils municipaux. Les 32 membres de la ville de Montréal, au lieu de
signer la pétition, ils seraient peut-être bien mieux de
s'attarder à faire une réglementation beaucoup plus
sévère sur leur territoire, parce qu'ils ont cette
possibilité-là. Ça, ça m'impressionnerait beaucoup
plus que de signer une pétition. Parce que signer une pétition,
il s'agit que son beau-frère en passe une contraire et on retrouve le
même nom des fois sur les mêmes pétitions. J'ai vu ça
souvent aussi dans ma vie politique.
M. Malouf: En effet, nous, nous demandons que...
M. Picotte: On ne peut pas se baser là-dessus pour
légiférer, nous.
M. Malouf: Nous, on se dit qu'il est important que tous les
niveaux de gouvernement participent à cette question-là,
participent avec les groupes populaires, participent avec les gouvernements
municipaux, avec le gouvernement fédéral à élaborer
une politique, une stratégie, une législation à ce
niveau-là. On est absolument d'accord que Montréal devrait
participer, que toutes les municipalités devraient participer aussi
à légiférer dans cette question, et c'est pour ça
que depuis plusieurs années, au moins depuis 1980, on fait nos
représentations auprès de la ville de Montréal pour agir
sur des questions très importantes, que ce soient les chevaux de
calèche ou que ce soit le surplus d'animaux ou autres. Des fois, c'est
très difficile, à ce niveau-là, de gagner, d'avancer,
d'avoir des réussites. Des fois, ça prendrait une intervention
d'un gouvernement supérieur pour nous aider à ce niveau-là
pour réussir à s'occuper. En effet, c'est la
responsabilité de tous les niveaux de gouvernement, de tous les
intervenants et de tous les membres de la société
québécoise de participer à régler ce
problème.
M. Picotte: Quand je vous disais tantôt, M. Malouf - et je
termine par ça, c'est un commentaire, pour donner la chance à
d'autres de poser des questions - que ça ne m'impressionnait pas
tellement, je pense que les calèches, dans la ville de Montréal,
pourraient être éliminées facilement par un
règlement municipal. Et vous devriez avoir la majorité,
j'imagine. Vous me parlez de 32 sur 50 et quelques, si ces 32 sont si
sérieux que ça dans la pétition qu'ils ont signée,
ils devraient commencer par donner l'exemple. Tout de suite, si c'est
présenté au conseil municipal de retirer les chevaux et les
calèches dans la ville de Montréal, vous comptez
déjà sur 32 appuis, je ne pense pas que ce soit battu au conseil
municipal. 32 sur 50 à peu près, c'est la majorité
ça. Ça prend la majorité plus un. Alors, ce serait
peut-être bien une bonne façon de nous donner l'exemple.
Peut-être que ce serait quelque chose que vous devriez travailler en
termes d'urgence auprès de ces gens-là. Imaginez-vous l'effet
d'entraînement que ça aurait si Montréal, avec vos 32
personnes qui ont signé votre pétition, décidait de
corriger la situation à Montréal. On importe ça à
Québec rapidement, nous autres, ici. On va aller voir M. L'Allier avec
ça et on va dire: Regardez l'exemple de Montréal. On va
déjà corriger pas mal de choses et ça va être bien
mieux que d'aller en précipitation de notre côté et
ça va être bien mieux aussi que d'attendre une législation
provinciale. Vous avez un outil extraordinaire entre les mains, les 32
personnes qui ont signé. C'est un engagement moral extraordinaire. Vous
devriez prendre la prochaine semaine pour les convaincre que ça ne prend
pas de temps passer un règlement pour éliminer ça. Vous
allez voir que ça va avoir un effet d'entraînement terrible au
niveau de la province. Alors, je n'ai pas d'autres commentaires, M. le
Président. Je vais laisser le soin à mes collègues d'en
faire autant.
Le Président (M. Richard): M le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, M. le Président. Vous êtes une
jeune association. Depuis 1984 que vous faites vos activités. Vos
activités semblent très bien ciblées. Entre autres, ce que
j'ai retenu, c'est que vous travaillez sur le contrôle des naissances des
animaux, parce que, ça, c'est un problème de plusieurs grandes
villes d'avoir une trop grande quantité de chiens et de chats un peu
partout, avec tous les inconvénients que ça peut apporter.
Donc, sur ce point-là, je pense que vous avez droit à des
félicitations parce que la plupart des gens qui sont venus ici nous ont
fait part qu'il faudrait mettre beaucoup l'accent sur la prévention.
Vous en faites présentement; vous semblez en faire. Est-ce qu'on peut
savoir quels moyens de financement vous avez pour accomplir le rôle que
vous faites présentement? Est-ce que la ville de Montréal vous
finance, vous supporte de quelque façon?
M. Malouf: On aimerait. En effet, on est un jeune groupe. On est
plus ou moins des bénévoles. On est tous des
bénévoles à ce niveau-là.
C'est dans notre temps après notre travail qu'on fait notre
travail. C'est parce qu'on croit fermement que cette implication pourrait mener
à des solutions intéressantes.
M. Baril: La ville de Montréal ne vous supporte
financièrement d'aucune façon?
M. Malouf: Non. Mais je ne vois pas où vous vous en allez
avec ça.
M. Baril: Ah! moi c'est juste pour vous donner...
M. Malouf: Vous seriez intéressé? Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Baril: Vous savez, M. Malouf, je respecte beaucoup les gens
qui donnent de leur temps bénévolement pour différentes
causes. Je suis toujours sensible au dévouement de ces
personnes-là et, comme vous l'avez signalé, il y a 32 conseillers
municipaux qui ont signé votre pétition, 9 du conseil
exécutif. Il me semble que si, eux, ils y croient aussi, ils devraient
d'abord - puis là je ne peux pas leur refouler le bébé -
parce que s'ils croient à vos actions, à votre oeuvre, commencer
par supporter financièrement un organisme qui aide la ville. Vous ne
faites pas ça pour vous, pour votre intérêt financier, vous
faites ça pour vos tripes, pour ce que vous croyez, et vous aidez les
autorités municipales à améliorer une situation.
C'était juste pour ça. Je ne veux pas aller plus loin que
ça. Je ne veux pas vous blâmer ou quoi que ce soit, au contraire,
je veux vous féliciter pour le travail que vous faites.
Mais, voyez-vous, le problème du législateur,
vous-mêmes, dans votre mémoire à la page 2, vous signalez:
"II est impératif que l'orientation de la commission favorise une
approche préventive au lieu de punitive." Moi-même,
personnellement, je l'ai répété, à la plupart des
intervenants j'ai posé cette question-là: Est-ce que ça
prend une loi pour faire de la prévention? Je comprends que... Si on
fait une loi qui favorise l'approche préventive plutôt que
l'approche punitive, comment pensez-vous être capable? Il y a toujours
des récalcitrants dans tous les milieux et si tu n'as pas
l'épée de Damoclès qui te pend au bout puis qui te dit: Si
tu ne te conformes pas à tout ce qu'on te suggère d'agir, de
fonctionner, tout à l'heure tu auras une pénalité, une
amende, quelque chose. C'est à ça que le gouvernement ou le
législateur est toujours confronté, et là même
population en a marre des lois et des règlements qui la
régissent. Voyez-vous? C'est tout ça aussi qu'il faut
considérer. Donc, pour qu'on soit capable de répondre à
vos voeux, de faire une loi qui a une approche préventive plutôt
que punitive, pensez-vous que, dans cette même loi, pour l'organisme ou
les organismes ou le ministère qui auront à l'appliquer, il
faudra qu'elle ait des dents quelque part, et aussitôt que tu mets des
dents quelque part, eh bien là, elle devient coercitive.
M. Malouf: En effet, quand on parle d'axer notre orientation sur
une approche préventive, ça ne veut pas dire éliminer
l'aspect punitif. En effet, des amendes plus sévères, un
contrôle plus sévère à ce niveau-là,
pourraient peut-être, croyons-nous, avoir l'effet de la prévention
aussi. Je pense qu'il faut se doter de structures qui nous permettent de
sensibiliser la population. Avec un régime, par exemple, de certificats,
on se donne l'opportunité de rejoindre les gens, les utilisateurs
d'animaux. Alors, leur laisser savoir que le gouvernement se préoccupe
de la question, dans ce sens-là, je crois fermement que s'ils savent
qu'il est important au Québec qu'on s'occupe de la condition animale, on
va commencer à s'occuper des besoins des animaux qu'on a en notre
possession.
Ceux qui sont récalcitrants, oui, il faut avoir des amendes, oui,
il faut avoir des moyens pour les punir, pour empêcher le problème
de se répéter. Actuellement, quelqu'un qui se fait traîner
en cour et est trouvé coupable de cruauté, il va avoir un ordre
de la cour lui disant qu'il ne peut pas avoir d'animaux pendant deux ans. Deux
ans plus tard, il répète la même chose. Qu'est-ce qui
empêche ce genre de chose dans la structure actuelle? En effet, nous
voyons aussi que les différents ministères peuvent travailler
conjointement avec leur expertise, dans leur domaine, pour essayer de rendre
ça un succès: le ministère de la Justice, pour
élaborer des stratégies pour essayer de s'occuper des
contrevenants; le ministère de l'Agriculture pour établir des
normes; différents autres ministères pourraient aider à
établir des structures de gestion au niveau des certificats. Nous
croyons qu'en travaillant ensemble à ce niveau-là puis aussi en
travaillant avec les municipalités, c'est un moyen de faire le travail
d'une façon efficace. (11 h 15)
Je veux faire un commentaire aussi au niveau de la question de la
pétition. On dit: O.K., il faut faire agir, les 32 conseillers qui ont
signé la pétition. Je ne peux pas répondre pour eux
vraiment. S'ils n'ont pas agi, j'en suis déçu, puis
j'espère qu'ils vont agir. Je pense qu'en ayant signé la
pétition, on les a sensibilisés, ce qui est une première
étape très importante. Et oui, M. le ministre, et oui, MM. les
commissaires et Mme la commissaire, on va continuer notre travail parce que le
travail est important, jusqu'à temps qu'on aboutisse à une
solution. Mais la signature des 32 conseillers quand on connaît un peu
l'image politique de Montréal depuis plusieurs années, avec le
RCM, avec la Coalition démocratique et autres, les citoyens participent
de plus en plus à la vie municipale. On n'élit pas
quelqu'un pour rien, on élit des gens qui sont
intéressants. Ça, ce n'est pas pour passer des commentaires
à d'autres niveaux de gouvernement, c'est seulement pour parler au
municipal. Les gens commencent à rentrer dans l'habitude de suivre les
dossiers, de parler avec leurs conseillers et autres puis prendre le temps de
signer une pétition semblable, je pense que ça reflète
aussi un peu les attentes de leur public, de leurs électeurs à ce
niveau-là, et c'est pour ça que je trouve que 32 signatures,
c'est très important qu'on en parle aujourd'hui.
M. Baril: Écoutez, tous les gouvernements, la plupart des
gouvernements en tous les cas, agissent souvent suite à la pression
populaire. Vous l'avez dit vous-même, le fait que le gouvernement ait
décidé d'entendre différents intervenants sur la
possibilité de légiférer afin de prévenir la
cruauté envers les animaux, c'est déjà un pas en avant. Et
plus la pression populaire nous démontrera la nécessité et
l'urgence d'agir... Mais moi, je suis toujours réservé à
englober tout dans une même loi. C'est pour ça que, souvent, je
pose la question: Quelle cible doit-on prévoir dans une première
législation? Est-ce qu'on doit tout englober, tous les secteurs
d'activité ou bien s'il y a des cibles qui sont plus urgentes que
d'autres? C'est quoi votre opinion?
M. Malouf: Je crois qu'une chose qui me vient à l'esprit,
actuellement, je pense que la plus importante des choses, c'est qu'au
Québec, les besoins fondamentaux des animaux ne sont pas
respectés, actuellement. On le voit dans les saisies dont on entend
parler dans les journaux, puis on le voit dans les causes dont on n'entend pas
parler parce que c'est difficile de faire des saisies des fois, d'amener des
gens en cour pour la cruauté, parce que les critères ne sont pas
assez bien définis à ce niveau-là, puis à cause de
l'absence d'une loi provinciale. Je pense qu'une des choses fondamentales,
c'est qu'H faut, au moins au début, s'assurer que l'animal
reçoive de l'exercice, de l'eau, de la nourriture
régulièrement, qu'il ait un abri qui soit vraiment un bon abri,
qu'il ait accès à des soins vétérinaires. Un animal
qui est malade devrait être traité, et ce n'est pas toujours le
cas, que ce soit pour des raisons financières ou autres. Je pense qu'il
y a des critères qui doivent être rencontrés.
Prenez en considération le citoyen qui lit le Journal de
Montréal. O.K., ce matin, il a lu, par exemple, on entend parier
d'un incendie dans une écurie, il y a 200 animaux qui sont morts. Trois
jours plus tard, c'est un autre incendie quelque part ailleurs. On n'a pas de
normes, actuellement, qui sont respectées pour assurer le respect des
besoins de l'animal, pour les sauver en cas d'incendie, par exemple. Quelqu'un
peut louer une ferme et ne pas habiter sur le terrain, garder ces animaux
là. Il peut garder des pro- duits inflammables dans une partie de la
grange qui risquent de poser une menace d'incendie. On n'a pas de
critères. En effet, quelqu'un m'a raconté qu'au Québec, on
a une loi qui dit qu'on ne doit pas cadenasser les portes de grange pour les
laisser libres, particulièrement en cas d'incendie. Partout, très
régulièrement, quand il y a une saisie, on voit des cadenas sur
des granges. Qui voit au respect de cette loi-là, en particulier? C'est
des choses semblables qui nous mènent à dire qu'on a besoin
d'agir à ce niveau-là.
M. Baril: Vous comprendrez que les exemples que vous venez
d'apporter, là, c'est vrai que c'est malheureux, c'est toujours triste
de voir dans les journaux que 200 porcs, 200 chevaux ou 150 vaches ont
péri dans un incendie. C'est sûr que c'est dramatique. Mais
comment faire, d'abord, pour prévenir qu'il n'y ait pas une bête
qui meure dans un incendie? Il n'y a pas beaucoup de propriétaires qui
sont accuses d'avoir mis le feu dans leurs granges ou dans leurs
étables. Et très malheureusement ça arrive, mais ça
arrive aussi chez les humains. Imaginez-vous donc qu'il y a des humains qui
meurent dans des appartements, pour toutes sortes de raison. Et là, il
faudrait faire attention un petit peu pour ne pas - comment je dirais donc -
traiter l'animal ou prévenir les dangers des animaux encore plus qu'on
ne le fait pour les humains. Il ne faut pas tomber dans l'extrême non
plus Ce qui fait que là, sur ce point-là, je ne veux pas dire
qu'il ne faut rien faire, mais définitivement, tu ne peux pas tout
prévoir non plus.
Sur ce, je vais terminer M. le Président, parce que nous avons un
autre organisme à entendre. Je veux vous remercier très
sincèrement d'être venus nous présenter, dans des
délais quand même assez courts, votre opinion sur la
nécessité de légiférer, et je vous souhaite un bon
séjour dans la ville de Québec, en espérant que ce sera un
séjour positif pour les buts et objectifs que vous visez. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci, M le
député d'Arthabaska. Un message final, M. le ministre.
M. Picotte: Oui, M. le Président. Juste pour ajouter, le
député d'Arthabaska le sait très bien, quand il y a un
feu, par exemple, dans une grange, une étable où on a des
animaux, même si les portes ne sont pas barrées, la
difficulté, c'est de sortir les animaux de là, ils ne veulent pas
sortir.
Une voix: Ils restent à l'intérieur.
M. Picotte: Et on fait tous les efforts voulus pour les faire
sortir, mais c'est démontré, c'est prouvé, loin de sortir,
ils rentrent vers le feu. Qu'est-ce que vous voulez, à moins de
faire
l'éducation des animaux et de vouloir leur donner un guide
quelconque... Non, mais, c'est ça la réalité, dans le
fond. Alors il faut faire attention dans tout ce qu'on veut faire et ce qu'on
veut préciser ou dire. On pourrait mettre ça facilement dans une
loi, avoir toutes les meilleures possibilités de sécurité
possible, mais il y a la bête aussi qui agit de telle et telle
façon, et on n'a pas trouvé le moyen encore de la faire
réagir. C'était uniquement pour apporter un correctif.
M le Président, moi aussi, je voudrais remercier mesdames et
messieurs...
M. Malouf: Si vous me permettez un dernier commentaire sur
le...
Le Président (M. Richard): II serait bien qu'il soit
court.
M. Malouf: Oui.
Le Président (M. Richard): Parce que, sinon, je ne le
permettrai pas. Allez-y, court.
Mme Schleifer: Oui, juste en terminant, j'aimerais souligner que,
pour nous autres, l'aspect le plus important de la loi en
général, c'est que c'est le reflet des choses que la
société trouve importantes. Et le manque d'une loi sur la
condition animale au Québec, ça veut dire à tout le monde
que les animaux n'ont aucune importance pour nous autres. Et c'est là
que je trouve qu'est le problème, et c'est là la
nécessité d'une loi.
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs...
M. Picotte: M. le Président, je laisse madame à son
propre jugement, mais la preuve, c'est qu'on fait une commission parlementaire
pour entendre ce que les gens nous disent. Depuis avant-hier il n'y a pas
beaucoup d'unanimité, là. Je n'ai pas vu tout le monde venir nous
dire: Oui, c'est effrayant, c'est épouvantable. Il y a même des
gens qui sont venus nous dire qu'ils se responsabilisaient, qu'ils avaient un
code d'éthique, et tout ça. Bon, jusqu'ici je n'ai pas eu de
preuve de contradiction de ça. Donc, dire que tout le monde au
Québec trouve qu'on n'a pas le respect des animaux, ce n'est pas si
évident que ça. C'est un jugement global, je vous le laisse,
c'est le vôtre, et moi, je peux en avoir un différent et les gens
peuvent évaluer le mien comme ils peuvent évaluer le vôtre.
Je n'irai pas plus loin que ça puisque notre temps est
écoulé, M. le Président, en les remerciant, bien
sûr.
Le Président (M. Richard): Sur ce, je vous remercie,
mesdames, messieurs, et je demande à l'Association...
M. Malouf: M. le Président, je vous remercie beaucoup pour
votre attention, MM. les commissaires, M. le ministre.
Le Président (M. Richard): merci. je demande à
l'association québécoise des agronomes en zootechnie de prendre
place, s'il vous plaît.
M. Picotte: Et si vous le permettez, M. le Président,
pendant que ces gens-là s'approchent, je voudrais donner une autre
information à la commission. On a pris hier des renseignements sur ce
qu'on nous avait souligné, les animaux qui entraient par camions, etc.
Nos renseignements nous disent ceci, après vérification faite,
à compter de 9 heures ce matin: il y a effectivement des chiens qui
viennent non pas du Texas mais du Kansas, et qui traversent la frontière
à Lacolle. En moyenne 60 chiots par semaine, âgés de deux
à trois mois, et habituellement de race pure. Environ 3000 chiots sont
ainsi importés par année du Kansas, mais obligatoirement
passés par la frontière de Lacolle. Ce sont quelques
importateurs, on me dit trois ou quatre Québécois qui commandent
des chiots par téléphone. Les chiots sont livrés à
Burlington, USA. Les acheteurs traversent la frontière pour prendre
livraison de leurs chiots, et ne choisissent donc que des chiots en
santé. Ils vont chercher des chiots et ils choisissent leurs chiots, et
après ça ils les amènent à la frontière. Les
autres chiots qu'ils n'ont pas choisi s'en retournent au Kansas. Ils entrent au
Québec, via Lacolle, après inspection vétérinaire
effectuée par Agriculture Canada.
Les conditions d'admission: premièrement, transport humanitaire
des chiots; deuxièmement, vaccination antirabique des chiots en haut de
trois mois d'âge, antirabique, c'est contre la rage;
troisièmement, certificat d'inspection vétérinaire
signé par un vétérinaire américain. Les
enregistrements officiels sont transférables des États-Unis au
Canada et le délai d'attente est d'au moins un mois. Et aucun chiot
malade n'a été retourné depuis deux ans, et ils n'ont
jamais vu de chiots morts à l'arrivée. Évidemment
ça se comprend, parce que j'imagine que le type qui s'en va de l'autre
bord, qui a acheté les chiots, puis qui les choisit, choisit d'en
prendre 10, s'il en choisit deux morts là-dessus je ne sais pas ce qu'il
veut faire avec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Alors, c'est comme ça que ça se passe.
Voilà, s'il en choisit des morts en tout cas, à moins que ce ne
soit pour faire des chiens-chauds ou je ne sais pas quoi là...
Le Président (M. Richard): Alors, merci de ces
détails additionnels, M. le ministre. Maintenant l'Association
québécoise des agronomes en zootechnie. Le porte-parole est M.
Duval. Alors
vous avez la parole M. Duval et on vous laisse pour votre message
d'introduction. Et par la suite vous connaissez la mécanique, le message
le plus concis possible, de façon à ce que nous puissions
intervenir au niveau du questionnement par la suite.
Association québécoise des agronomes en
zootechnie
M. Duval (Michel): Alors je vous remercie. Je voudrais d'abord
présenter mes deux collègues qui sont ici avec moi. On doit
s'excuser, il y a M. Farley qui devait nous accompagner et qui n'a pas pu se
libérer de ses obligations professionnelles aujourd'hui. Alors, à
ma droite, M. Daniel Diorio, qui est aussi le secrétaire de
l'Association; et à ma gauche, M. Sylvain Pagé, qui nous
accompagne pour la journée, pour la présentation de notre
mémoire.
Alors, M. le ministre, MM. et Mme les députés, je voudrais
vous remercier d'abord de nous accorder la chance de présenter notre
point de vue. Puis avant de débuter comme telle la présentation
de notre point de vue, je voudrais passer, peut-être définir un
peu quelques termes qu'on va utiliser tout au long de la discussion. D'abord on
va parler d'anthropomorphisme, qui est une tendance peut-être à
attribuer aux êtres et aux choses des réactions qui sont humaines.
On va parler de caudectomie, tout au long du texte, dans certains points sur
lesquels on va devenir un peu plus techniques, un peu plus tard, qui est une
opération chirurgicale qui consiste à couper en tout ou en partie
la queue d'un animal. On va parler d'équidés, ça, on va y
revenir, parce qu'il y a un point très spécifique du document de
la SPCA qui le mentionne, qui est une famille de mammifères
ongulés, aujourd'hui représentée par le genre equus
là, qui est à pattes terminées par un seul doigt qui est
représenté le plus couramment par le cheval, l'âne et le
zèbre. On parle d'éthoiogie qui est la science du comportement
animal. Et la zootechnie qui est l'étude scientifique de
l'élevage des animaux domestiques, de leur reproduction et de leur
adaptation à des besoins déterminés.
Alors, au cours de la dernière année, les médias
nous ont rapporté toutes sortes d'événements, quelques cas
de cruauté. Je pense qu'on en a parlé amplement ce matin. Alors,
c'est difficile dans une société comme la nôtre, une
société libérale, d'accepter des cas comme ça, soit
volontairement ou par négligence.
Cependant, ce qu'on tient à souligner, c'est que la
majorité des cas qui ont été soulignés dans les
médias, c'est des cas d'animaux, d'élevages d'animaux de
compagnie ou d'éleveurs improvisés là, ce qu'on appelle
des élevages de fond de cour. Dans aucun de ces cas-là
répertoriés, on n'a mentionné ou on a fait part de cas
d'élevage, de cas problème dans les fermes d'élevages
spécialisées là, propriétés
d'éleveurs professionnels.
Toute nouvelle loi pour la protection des animaux influencera
l'élevage d'animaux destinés à la production d'oeuf, de
viande et de lait. Alors, les intervenants du milieu de l'élevage
québécois aimeraient participer à cette
réflexion-là, pour aider la commission parlementaire à
bien cibler son orientation, parce que des décisions pourraient
être prises et puis ça pourrait affecter de façon
très dramatique l'élevage québécois.
Alors, notre association, l'Association des agronomes en zootechnie,
ça regroupe environ 140 agronomes qui oeuvrent dans le milieu de la
production. Il y en a autant du côté des entreprises
privées, des systèmes coopératifs, gouvernementaux et du
mouvement syndical aussi. (11 h 30)
Alors, nous, notre spécialité en tant qu'agronomes en
zootechnie, c'est adapter les technologies de production aux besoins
physiologiques et éthologiques des animaux, et ce, en harmonie avec les
exigences des consommateurs tant pour la qualité des produits que pour
la régularité des approvisionnements.
Ce qu'on voudrait souligner aussi, c'est que, dans notre
société moderne, malheureusement, il y a peu de gens qui
originent ou qui connaissent bien le milieu agricole. C'est donc important
qu'une consultation comme celle-là, où on vise à toucher
une réglementation qui peut toucher aussi les animaux d'élevage,
fasse appel à des spécialistes en élevage. Sur le
côté de la législation, on ne voudrait pas revenir
là-dessus, juste pour mentionner, par exemple, que le législateur
devrait faire attention pour bien cibler, comme on a dit tantôt, la
législation parce qu'elle peut mettre en péril la
compétitivité des élevages québécois.
Nous avons lu, nous aussi, avec intérêt, le document de
travail soumis par la SPCA Ce document souligne, dans son introduction, les
lacunes du système actuel, les moyens aussi par lesquels la SPCA propose
de les corriger. Tout au long de ce document-là, la SPCA mentionne la
notion d'inspecteur. Alors, ces inspecteurs voudraient ou la SPCA voudrait que
ces inspecteurs se trouvent investis de pouvoirs d'intervention. Alors, nous,
on s'est posé la question: Quel genre de formation vont-ils donner
à ces inspecteurs-là? Parce que tout au long du document, il
n'est aucunement fait mention du type de formation qui va être
donné à ces inspecteurs-là. Juste pour vous donner un
exemple, dans la région de Nicolet, que M. le député
devant moi connaît très bien, au cours de l'hiver dernier, un
éleveur laitier qui garde des animaux à l'extérieur durant
l'hiver a vu la Sûreté du Québec intervenir chez lui,
où elle a frappé à sa porte par deux fois, pour lui
demander de rentrer des animaux qui étaient à l'extérieur,
suite à des plaintes de citoyens. Ça, c'est parce que les
citoyens ne connaissent pas la
façon dont on va élever les sujets de remplacement dans
des bonnes conditions. Même s'ils sont à l'extérieur par
une température de moins 30 degrés, ces animaux-là vont
être dans des très bonnes conditions. Alors, quelqu'un qui n'a pas
de jugement ou qui n'a pas de formation ne peut pas être en mesure de
juger d'une situation comme celle-là.
Nous, on a porté notre étude sur la première partie
ou sur ce que le document nomme comme la loi sur la protection des animaux. On
a ignoré volontairement toutes les sections qui touchent les animaux de
compagnie, ces choses-là. Si vous permettez, on va commencer par
l'article 3b, qui est à la page 2 du document.
Ça mentionne la question de l'élevage des animaux en cage.
Pour nous, l'élevage des animaux en cage, dans certains types
d'élevage, c'est une nécessité autant du point de vue de
la qualité du produit que du côté innocuité,
prévention contre les infestations parasitaires, la réduction
d'utilisation de certains antibiotiques. On parle dans la pondeuse, par
exemple, de réduire les risques d'infestation par les salmo-nelles.
À l'article 3c, on mentionne la notion de bien-être des
animaux, qui devrait être remplacée dans cet article-là
carrément par la notion de confort, parce que confort et
bien-être, ça ne semble pas être des notions bien
définies dans la tête des gens de la SPCA.
Dans les articles 4, 5, 6 et 12, on mentionne la notion
d'anxiété. Alors, sans la définir, comme on l'a
mentionné précédemment, l'anxiété, pour
certains animaux, dans certains cas, ça peut être une
réaction tout à fait normale, par exemple, avant la mise bas, les
animaux vont être un peu nerveux, vont manifester des signes
d'anxiété. Alors, est-ce qu'on va pénaliser un producteur
dont sa vache va mettre bas parce qu'il la laisse faire de
l'anxiété? C'est là-dessus qu'on s'est
interrogés.
L'article 9, lui, mentionne la question de la caudectomie, de la
castration. Alors, pour nous, la caudectomie, par exemple, chez le mouton,
c'est une nécessité parce que la caudectomie va empêcher
l'accumulation de fumier après la queue des moutons et l'infestation par
des parasites; et dans le porc, la castration, c'est le consommateur qui oblige
les éleveurs actuellement à castrer parce que chez certains
mâles non castrés, la viande, lors de la cuisson, va
développer un très mauvais goût. On pense que l'utilisation
d'une anesthésie ne résoudra pas le problème parce que les
animaux vont avoir à subir des manipulations supplémentaires,
alors que, quand c'est fait dans des bonnes conditions, assez tôt chez le
porcelet, il n'y aura aucun problème.
L'article 19.3, la notion de bien-être revient encore ici. Elle
devrait être retirée. Les normes optimales d'élevage ne
sont pas bien définies. La Fédération des
sociétés canadiennes d'assistance aux animaux a compilé
une série de codes de pratiques pour le soin et la manipulation de
diverses espèces animales dans lesquels on retrouve des normes quant au
logement, à la manutention, à l'élevage et au transport.
Je pense que ces documents-là sont disponibles actuellement. Les gens
qui travaillent dans l'industrie, l'élevage, utilisent ces
codes-là au besoin.
L'article 19.5, à la page 6, nous, on voudrait que le mot
"agriculture" ne figure pas dans cet article-là, s'il est maintenu,
parce qu'on pense que l'élevage québécois est
déjà suffisamment réglementé avec toutes sortes de
choses, avec l'environnement, la protection du territoire agricole, la
protection sanitaire des animaux, la loi sur le financement. On est
déjà assez encombré avec toutes sortes de choses.
La pratique de l'écornage doit se faire avec la présence
d'un vétérinaire. C'est mentionné à l'article 19.6.
Nous, on pense qu'habituellement, c'est des choses que les éleveurs de
bovins, principalement, vont faire en collaboration avec le
vétérinaire, à la ferme.
L'article 19.8 touche la reproduction. Peut-être que dans
l'optique des gens de la SPCA, on veut éviter, par exemple, qu'on fasse
la reproduction d'un gros chien avec une petite chienne, mais si on
interprète un peu plus loin, pour nous, ça va jusqu'à
remettre en question l'insémination artificielle. Et
l'insémination artificielle, si on remet ça en question,
ça nous fait reculer de 40 ans dans l'élevage, autant du
côté des bovins que du côté du porc.
La section III, l'article 1, page 15. Il apparaît
préférable que l'on spécifie "animaux de compagnie" ou
encore que l'on mentionne "à l'exception des animaux d'élevage,
des animaux de la ferme". À la section IV, il faut remplacer
l'espèce équestre, parce que, équestre, c'est un sport,
alors qu'on devrait utiliser l'espèce chevaline ou la famille des
équidés.
À l'article 3, à la section V de la page 24, à
moins de spécifier les espèces animales visées, il faut
éliminer cet article, car il est non applicable. Aucune ferme de
recherche agricole ne fait l'élevage d'animaux spécifiquement
pour faire de la recherche. Alors, c'est des animaux qui viennent de
reproducteur. C'est des animaux conventionnels qui sont utilisés dans
cette optique-là.
Alors, en conclusion, nous sommes conscients de l'importance d'une loi
pour protéger les animaux contre la cruauté. Nous souhaitons que
la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation prenne
en considération les points suivants. Une loi pour la protection des
animaux influencera l'élevage des animaux destinés à la
production d'oeuf, de viande et de lait. Il est essentiel de bien faire la
différence entre cruauté et vision anthropomorphique du
bien-être. Les problèmes vécus par les animaux de
compagnie, les animaux de laboratoire, les chevaux, les chiens d'attelage et
les élevages
improvisés ne doivent pas être transposés sur la
ferme. Il faut éviter toute législation excessive et mal
ciblée. Il est nécessaire de faire évaluer toute nouvelle
loi sur la cruauté envers les animaux avec la collaboration des
spécialistes en élevage.
Enfin, je voudrais mentionner que la recherche en éthologie
animale, qui est la science du comportement, est de plus en plus accessible.
Les professionnels de l'élevage sont de plus en plus
préoccupés par ce côté-là, parce que
ça se reflète automatiquement sur les performances et les
résultats économiques des élevages.
En terminant, ce qu'on aimerait dire, c'est qu'on pense que la grandeur
et la valeur d'une nation, ça se reconnaît aussi à la
façon dont celle-ci nourrit ses enfants. Merci, M. le
Président.
M. Picotte: Alors, merci, M. le Président. Merci à
vous trois pour votre mémoire. Je reviendrai sur ce que j'ai dit depuis
une couple de jours, mais je pense qu'il est Important qu'on le sache. On a
remarqué que tous les gens ont peut-être été un
petit peu mal informés du fait qu'on avait l'impression qu'on venait
étudier un projet de loi article par article et que ce projet de loi
n'existe pas. Pour les fins de la cause, la SPCA a décidé, elle,
d'en présenter un. Moi, je lui en sais gré parce que, finalement,
ça permet aux gens... On l'a vu, tous les groupes qui ont tenté
d'analyser à partir de ça, il y a des groupes qui ont
corrigé ça en cours de nuit, parce qu'ils sont arrivés
avec un nouveau mémoire... Ils ont vu que ce n'était pas tout
à fait ça. Tous les groupes qui l'ont tenté ont
questionné plusieurs articles et ont dit: Ça, ça ne
pourrait pas s'appliquer. Comment on pourrait appliquer ça? Comment
pourrait-on faire ci? Comment pourrait-on faire ça? Pourquoi va-ton dans
tel détail? Pourquoi on ne va pas dans tel détail? Donc,
ça a été bénéfique, ça a
été heureux qu'il en soit ainsi. Ça nous montre encore
davantage la difficulté à légiférer.
Ça va être rapide, je vais m'en tenir uniquement à
une ou deux questions, puisque, effectivement, vous pariez beaucoup et vous
faites allusion à tout ce qu'on appelle la production animale. Vous avez
raison de dire qu'au niveau de l'agriculture, on est bien prémuni
là-dessus. On a une loi qui vient bien baliser ça. Ce n'est pas
évident qu'on retrouve dans des productions agricoles des choses qui
sont si répréhensibles que ça, mais pour les fins de
compréhension... Mais on a consulté là-dessus d'ailleurs,
parce que c'était un point que vous aviez souligné dans votre
mémoire. Moi, je prétends qu'il y a des groupes qui ont
été consultés. Peut-être que vous n'étiez pas
ici à ce moment-là, et je vous en sais gré, mais l'UPA est
venue se prononcer, non seulement au nom de l'UPA, mais de ses
différentes fédérations pour parier de ça. Donc,
fédération ou syndicat d'éleveurs
spécialisés, c'était compris à l'intérieur
du mémoire de l'UPA, on les avait invités dans ce sens-là
et il y avait d'autres associations aussi qui sont mentionnées, qui ont
été invitées et qui sont venues nous faire aussi des
commentaires; d'autres ont préféré ne pas en faire. Ce qui
ne vient pas du tout mettre en évidence que la journée où
le gouvernement décidera de légiférer de quelque
façon que ce soit, il faudra tout revoir ces gens-là, il faudra
même aller plus loin dans notre questionnement et plus loin dans nos
consultations, même provoquer, aller chercher des consultations de
groupes qui étaient peut-être même allergiques à
venir ici se prononcer ou qui n'ont pas senti le besoin de venir se prononcer,
parce que, eux autres, sachant déjà qu'ils ont quelque chose de
bien organisé, disent: Moi, je ne vais pas là, mais
peut-être que, nous, on sentirait peut-être le besoin d'aller
même chercher leur expertise. Ça, je pense qu'il faut le
souligner.
Est-ce que la grosseur des élevages, entre autres, qu'on retrouve
peut s'avérer problématique?
M. Duval: Est-ce que je peux vous demander d'en dire un peu plus
long ou d'élaborer votre question, s'il vous plaît?
M. Picotte: Je ne sais pas. Aujourd'hui, vous savez, on est
obligé évidemment de produire, avec la mondialisation des
marchés, et tout ça, en plus grande quantité. Avoir 100
poules dans un poulailler, ce n'est pas évident que ça peut faire
les frais de celui qui en vit et que ça peut aussi assurer une
qualité de produits aux consommateurs et tout ce que ça exige:
techniques nouvelles, etc. Donc, on est obligé de parler en fonction de
2000, 3000, 4000 élevages. Est-ce que, pour vous qui êtes des
spécialistes quand même en agronomie, la grosseur des
élevages qu'on connaît aujourd'hui est problématique pour
le bien-être des animaux?
M. Duval: Si vous le permettez, je vais commencer à
répondre et je pourrai offrir à un de mes collègues de
continuer. Pour nous, le problème auquel on fait le plus souvent face,
c'est avec les élevages de petite dimension ou de très petite
dimension qui sont souvent la propriété de gens qui n'ont aucune
connaissance ou aucune compétence du côté de la production
animale. Alors, ça fait des gens qui vont maintenir ces
animaux-là dans des conditions qui sont parfois déplorables,
alors que, quand on va aller chez des éleveurs qui sont
spécialisés où on va amener des élevages, bon, on
va parier du domaine de la pondeuse, de 10 000, 15 000, 20 000, 25 000, 30 000
pondeuses dans un complexe d'élevage. Ça amène beaucoup
moins de problèmes. On va parier déjà des producteurs
laitiers avec 40, 50, 60 ou 100 vaches. On n'a aucun
problème avec ça non plus. Mais quand on va avec quelqu'un
qui va garder deux veaux, une chèvre et deux brebis dans une
bâtisse, les conditions d'une chèvre ne sont pas
nécessairement les conditions d'un veau. On va mettre des lapins avec
ça. Ça ne convient pas nécessairement. Alors, les
éleveurs professionnels, eux, avec une dimension de ferme qui est
relativement rentable connaissent les conditions d'élevage de ces
animaux-là, parce que c'est ça qui fait foi de leur
rentabilité ou non, alors qu'un monsieur qui fait ça dans le fond
de sa cour avec deux lapins, trois chèvres, comme je le mentionnais
tantôt, c'est problématique.
M. Picotte: Non, je pense que ça répond bien aussi,
parce qu'on avait cerné ça un peu et ça vient corroborer
ce que d'autres organisations professionnelles nous ont dit au cours de nos
discussions. Vous savez, dans le fond, quand on regarde la loi des producteurs
agricoles, on dit que pour être reconnu producteur agricole, c'est 3000 $
de gains avec sa ferme. Alors, ça ne veut pas nécessairement dire
qu'on envisagerait d'augmenter le plafond, loin de là, mais vous semblez
nous dire finalement, que peut-être des plus petits élevages, des
élevages de fond de cour qu'on appelle, de gentleman-farmer, entre
guillemets...
M. Duval: Entre guillemets, oui.
M. Picotte: ...sont plus problématiques que n'importe
quelle autre production qui est bien balisée et bien balancée.
c'est cela finalement que je...
M. Duval: Si vous me permettez, M. le ministre, c'est un peu
comme quand on va, comme on l'a mentionné précédemment,
avec les éleveurs de chiens ou d'animaux de compagnie. Ceux qui font
ça comme hobby n'ont pas toujours nécessairement les
compétences ou les connaissances de l'élevage. C'est la
même chose pour les animaux d'élevage, les animaux de la
ferme.
M. Picotte: Je ne poserai pas d'autres questions, pas parce que
votre mémoire n'est pas intéressant, au contraire ça
recoupe exactement ce que d'autres organisations professionnelles nous ont dit
et nous ont souligné. Soyez certains et assurés que le ministre
de l'Agriculture au Québec va surveiller ça de très
près pour faire en sorte que, quand on parle d'élevage, quand on
parle de choses qui fonctionnent bien, qui sont bien balisées, qui sont
bien protégées dans une loi existante, tout le monde tienne
compte de ça au gouvernement avant de faire quelque loi que ce soit et
qu'on parle de cruauté, de déterminer la cruauté,
d'anxiété et de stress, et tout ça, je pense que vous
allez peut-être bien demander des expertises de professionnels avant de
déterminer le stress.
M. Duval: On vous en remercie, M. le ministre.
M. Picotte: Je vous remercie pour votre mémoire, je vous
remercie pour votre participation, et ce sera fait immédiatement, au nom
du gouvernement, et restez sur le "standby", comme on dit dans notre langage,
on va avoir à vous reconsulter avant d'agir.
M. Duval: Vous pouvez compter sur nous. Ça, vous pouvez
être sûr.
M. Picotte: On est certain de ça. Merci.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Oui. J'ai été très
intéressé par la présentation de votre mémoire,
surtout que je connais quand même assez bien le secteur de la production
animale pour être un producteur laitier moi-même. C'est important
que des associations comme la vôtre viennent renchérir sur ce que,
nous, nous pensons connaître, sous toutes réserves, parce qu'on
n'est pas la vérité et la vie, mais, en tout cas, c'est bon que
quelqu'un qui est dans le domaine, qui représente un groupe en
général, vienne renchérir nos dires ou nos pensées
là-dessus. Par contre, vous appuyez quand même la démarche
d'éliminer toute cruauté envers les animaux. Selon vous, de
quelle façon pourrait-il être plus efficace de l'éliminer
ou, tout au moins, de la diminuer?
M. Giorio (Daniel): effectivement, les cas de cruauté sont
des cas d'exception, surtout en agriculture. les intervenants qui tournent
autour...
M. Picotte: Voulez-vous vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Diorio: daniel diorio. l'ensemble des intervenants qui
touchent l'agriculture sont soit des agronomes, des vétérinaires,
des technologis-tes. règle générale, ça peut
être les personnes les plus aptes peut-être a déterminer si,
oui ou non, il y a une question de cruauté. mais, comme tel, c'est une
question de... ça arrive très rarement parce que l'ensemble des
entreprises agricoles au québec sont relativement bien
organisées. ce sont des professionnels. d'un autre côté, il
y a une question de rentabilité. un animal qui va être
maltraité ne performera pas. donc, l'agriculteur ne fera pas
d'argent.
M. Baril: Je comprends, mais ma question ne visait pas le secteur
de reproduction animale, elle visait les autres secteurs. Il ne faut pas
ignorer quand même qu'il s'en fait de la cruauté
envers les animaux en général. Je ne veux pas parler de la
section agricole, parce que je pense que tout le monde reconnaît
là-dedans que les gens qui en vivent vont faire attention à ce
qui leur fournit leurs revenus. Mais dans la société, quand
même, dans les autres secteurs de la société, il y a quand
même, soit par insouciance, méconnaissance ou infortune, de la
cruauté. Pour essayer de corriger, d'éliminer cette
cruauté-là dans les secteurs où il y en a, pensez-vous que
l'idéal c'est par une loi?
M. Duval: Je pense, M. le député, que la meilleure
méthode, c'est toujours la méthode de l'éducation, parce
que la méthode de la coercition ou de la répression, c'est
sûr que c'est une méthode à envisager, dans certains cas,
mais vous savez comme moi que, quand on se promène sur l'autoroute
à 140, tant qu'on ne se fait pas attraper, on roule à 140. Et
même si on a eu un billet d'infraction, la semaine suivante, on peut
passer sur la même autoroute puis se faire encore attraper à 140.
Alors que, si on éduque les gens qu'à 140
kilomètres-heure, on augmente notre risque d'accident... C'est le
même principe pour nous, du côté de la cruauté envers
les animaux, c'est une question d'éducation. Il va certainement devoir,
dans certains cas, utiliser des moyens de coercition, parce qu'il y a des gens
qui vont récidiver, mais de là à faire une loi
spécifiquement là-dessus, sur la cruauté envers les
animaux, c'est embêtant pour nous. Je peux vous dire s'il y a une
nécessité ou non, mais on pourrait, éventuellement,
modifier une loi, comme on en a déjà parlé
précédemment, qui pourrait être utilisée pour mettre
un cadre, peut-être un peu pour encadrer ça, le côté
du traitement de la cruauté envers les animaux.
M. Baril: Je n'ai pas la solution, mais si on regarde ça,
c'est toujours surprenant de voir les photos qu'on nous a fournies, même
dans les journaux, tout ça, c'est toujours impressionnant. Mais je me
dis, dans notre société qui est soi-disant civilisée,
comment peut-on arriver à attendre que les animaux soient à
moitié morts quand ils ne le sont pas, des cous quasiment coupés
ou tout brisés, sans que personne ne soit intervenu avant? Et comment
sensibiliser. C'est bien beau être dans le fond d'un rang, tout seul,
mais il y a quand même du monde qui passe partout, il y a des voisins
partout. Comment sensibiliser les voisins à l'indifférence sinon
à l'insouciance d'un propriétaire d'une bête qui est
là, puis qu'il faille attendre qu'elle soit à moitié morte
avant que la SPCA intervienne ou autre? Il me semble qu'il devrait y avoir
moyen au Québec d'informer la population - je vais oser dire - sur le
droit des animaux. Quelqu'un va voir ça, il va dire: Ah bien! "C'est-u"
de valeur. Mais peut-être qu'il ne saura pas où frapper, à
qui dire ou à qui dénoncer cet état de fait. Est-ce que
j'erre en disant ça, ou bien si c'est...
M. Duval: Non, je pense que ça fait partie d'un processus
d'éducation de la société, comme vous avez
mentionné, inciter les gens à dénoncer, c'est un peu comme
on a vu dans le dossier, par exemple, des enfants battus ou des
problèmes de cruauté ou des femmes battues? Il y a 15 ou il y a
20 ans, on n'en entendait presque pas parler, on n'entendait pas parler de
dénonciation; maintenant, on en entend parler
régulièrement, il y en a plein les journaux chaque semaine. Plein
les journaux, c'est relatif, on en entend régulièrement parler
dans les journaux. Je pense que c'est une chose qu'il va falloir, avec
campagnes de promotion et d'éducation au niveau du grand public en
général... C'est difficile de vous dire que ça va
régler le problème demain matin, mais je pense que c'est quelque
chose qui est à moyen terme, ce n'est pas quelque chose qu'on va
régler à court terme, parce qu'il y aura toujours des gens qui
vont passer à côté de la "track", si vous me permettez
l'expression.
M. Baril: Si le gouvernement décide de
légiférer, quel ministère, pensez-vous, devrait être
responsable de l'application d'une telle loi? Avez-vous une idée
là-dessus? Ha, ha, ha!
M. Duval: Nous aussi, on s'est posés la question, je peux
vous dire. Alors, si vous permettez, je peux répondre un peu à
l'envers. On a parler un peu plus tôt, au cours de cette commission
parlementaire là, de la Loi sur la protection sanitaire des animaux.
Alors, si c'était une modification de cette loi-là, ce serait
relativement facile de décider qui va faire l'application. Vous aviez le
Dr Rouleau, qui était ici mardi soir, qui pourrait tomber responsable de
cette application-là de la loi, c'est peut-être une des portes de
sortie envisagées, au lieu de faire tout le processus d'une nouvelle loi
avec toutes sortes de réglementations et toutes sortes de nouvelles
implications. C'est peut-être ce qui paraîtrait pour nous le plus
simple au niveau de la modification de la législation
québécoise.
M. Baril: Je vous remercie des informations
supplémentaires que vous nous avez amenées, ou des
confirmations.
M. Duval: Merci.
Le Président (M. Richard): Merci M le ministre.
M. Picotte: m. le président, bien évidemment, je
voudrais vous remercier, comme je l'ai fait tantôt, et vous dire de
rester disponibles parce qu'on va sûrement vous reparler dans les
semaines qui viennent pour regarder ça plus attentivement.
M. Duval: Merci, M. le ministre.
M. Picotte: Avant de terminer, M. le Président, j'aurais
peut-être une suggestion à faire. On me dit que le groupe de
l'après-midi qui aurait pu présenter son mémoire
immédiatement ne peut le faire pour des raisons, mais on comprend
ça, ils étaient cédulés à 15 h 30. Est-ce
qu'on pourrait demander à la commission de se tenir disponible pour 15
heures, 15 h 10, parce qu'on sait que, parfois, les affaires courantes à
l'Assemblée nationale, la période de questions se termine vers 15
h 5, 15 h 10? Compte tenu qu'on veut donner la possibilité d'une
quinzaine de minutes à la SPCA de nous livrer un message final et qu'il
faut à tout prix le gagner quelque part puisque ça doit se
terminer obligatoirement à 18 h 30, ce serait peut-être une
façon, si on recommençait vers 15 h 5, 15 h 10, après la
période de questions, en étant bien disciplinés ici, de
pouvoir gagner ces minutes importantes-là. Donc, il faudrait demander
aux gens qui ont à se présenter cet après-midi
d'être ici vers 15 heures, ça peut être entre 15 heures et
15 h 15.
Le Président (M. Richard): Entre autres, c'est
PIJAC-Québec qui était cédulé pour 15 h 30. C'est
vous, monsieur, à l'arrière, je pense. Alors, vous vous
présentez pour 15 heures, si c'est possible, s'il vous plaît?
M. Picotte: ...et essayer par la commission de rejoindre les deux
autres groupes pour qu'ils décalent eux aussi, et, à ce
compte-là, on pourra entendre la SPCA durant quelques minutes.
Le Président (M. Richard): Alors, bon appétit. Nous
suspendons nos travaux et nous reprendrons, après les affaires
courantes, vers 15 heures.
(Suspension de la séance à 11 h 54)
(Reprise à 15 h 13)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, je
m'excuse, vous aviez sûrement des conversations fort
intéressantes, mais je dois vous rappeler notre mandat qui est toujours
celui de faire des consultations particulières et tenir des auditions
publiques afin d'examiner la situation de la prévention de la
cruauté envers les animaux au Québec et éventuellement
l'opportunité de légiférer dans ce domaine.
Nous en étions à recevoir les gens qui représentent
le Conseil consultatif mixte de l'industrie des animaux de compagnie
(PIJAC-Québec). Or, c'est M. Sabourin? Alors, vous avez la parole, M.
Sabourin. Je pense que vous connaissez le truc.
M. Sabourin (Rénald): Oui.
Le Président (M. Richard): Alors, vous présentez
vos collègues qui vous accompagnent et vous synthétisez le plus
possible votre mémoire évidemment de façon à ce
qu'on puisse vous questionner. Alors, vous avez la parole, M. Sabourin.
Conseil consultatif mixte de l'industrie des animaux
de compagnie (PIJAC-Québec)
M. Sabourin: Je vous remercie. Notre présentation devrait
durer à peu près 20 minutes et on va passer à la
période des questions comme entendu. Alors, M. le Président, M.
le ministre, chers membres de cette commission, je tiens tout d'abord à
vous remercier, au nom de la division québécoise du Conseil
consultatif mixte de l'industrie des animaux de compagnie, que l'on appelle
aussi PIJAC Canada (Québec), de nous avoir permis aujourd'hui de
présenter notre point de vue sur la proposition de projet de loi
présenté par la Société pour la prévention
de la cruauté envers les animaux.
Sans plus tarder, je vais vous présenter les membres du
comité de direction provisoire de PIJAC Canada (Québec) ici
présents que vous entendrez durant la prochaine heure. Alors, à
mon extrême gauche, M. Laurent Brisson, propriétaire de boutiques
d'animaux de compagnie, possédant 25 ans d'expérience dans le
domaine. À mon extrême droite, M. Jean Cardinal,
propriétaire de boutiques d'animaux de compagnie, possédant 20
années d'expérience dans le domaine et 13 années
spécialisées dans le domaine cinématographique
relié à l'entraînement des animaux. Immédiatement
à ma gauche, Mme Karen Wehner, directrice de deux boutiques d'animaux de
type grande surface et possédant cinq années d'expérience
dans ce domaine. À ma droite, M. Louis McCann, ex-directeur pour les
services de la faune et les enquêtes à la SPCA de Montréal,
notre consultant et aussi ayant développé une expertise dans le
domaine de la garde d'animaux en captivité, des outils
législatifs et la mise en application de la réglementation. Ses
13 années passées à la SPCA apportent une perspective
globale à ce dossier. Et, deuxième a ma droite, Mme Corinne
Bruley, qui est notre secrétaire générale du comité
de direction. Ainsi que moi-même, propriétaire du plus grand
réseau de franchises dans le domaine des animaleries au Canada et
président de ce comité.
Avant de laisser la parole à M. Louis McCann qui va vous faire la
lecture des principaux points qui résument notre point de vue
général de la situation exposée dans le mémoire que
nous vous avons présenté, j'aimerais vous apporter notre vision
de la problématique de la cruauté et de la négligence
envers les animaux. Nous pourrions vous donner cette définition,
à savoir que la cruauté est un geste volontaire et intentionnel,
posé en vue de blesser physiquement ou psychologiquement un animal. Mais
est-
ce bien cette définition qui serait la même pour tous? Nous
savons tous que non, et ce débat pourrait être long.
La position de PIJAC en a toujours été une de
prévention, d'information et d'éducation, et nous croyons que le
débat devrait se situer à ce niveau. Compte tenu de cette
ambiguïté qui existe entre les notions de cruauté et
négligence, nous sommes d'accord à ce que le gouvernement
intervienne dans la mise sur pied de mécanismes législatifs et
d'encadrement visant à promouvoir une approche préventive.
Là-dessus, je veux bien laisser la parole à M. Louis
McCann. Merci.
M. McCann (Louis): Alors, M. le Président, encore une fois
au nom de PIJAC Canada (Québec), je remercie la commission de nous
accorder aujourd'hui l'opportunité de faire valoir notre point de
vue.
N'ayant pu mettre en place l'infrastructure nécessaire pour
réunir les opinions des différentes catégories de membres
de PIJAC Canada (Québec), autres que les boutiques d'animaux, nous avons
tout de même pu retenir le point de vue d'un établissement
spécialisé dans la fourni ture d'animaux pour la production de
documents cinématographiques, représenté aujourd'hui par
M. Jean Cardinal.
Nous parlerons donc aujourd'hui au nom des propriétaires de
boutiques d'animaux du Québec. Par contre, il nous semble évident
que tous les groupes directement visés par cette question puissent
participer grâce à leur vaste expérience à
l'élaboration d'un processus consultatif. Et c'est seulement de cette
façon que nous pouvons en arriver à un document de travail
sérieux et professionnel.
En résumé, la position de PIJAC Canada (Québec) en
regard de la proposition d'un projet de loi présenté par la SPCA
est la suivante. Nous croyons qu'il est nécessaire, et même plus
que souhaitable, qu'il existe au Québec une législation
spécifique pour la protection des animaux. Cela ne fait aucun doute.
Or, ce qui, à notre égard, est inacceptable dans le
présent contexte est que la proposition élaborée par la
SPCA soit un projet qui repose uniquement sur la perspective de ses membres,
une perspective restreinte qui ne fait pas état de la
réalité de plusieurs des autres groupes concernés.
L'ensemble des animaleries reconnaît sans difficulté qu'il
existe encore malheureusement des boutiques d'animaux qui ne respectent pas les
normes minimales auxquelles doivent s'attendre les consommateurs. Il serait
à souhaiter que l'application d'une nouvelle loi vienne éliminer
ce type de commerce qui ne fait qu'aggraver la réputation des autres
animaleries qui ont déjà tant de mal à changer l'image
dépassée du "pet shop" des années 1960.
PIJAC Canada (Québec) serait donc inté- ressé
ultérieurement à participer activement aux travaux d'un
comité consultatif et voit dans sa participation à la
présente commission parlementaire la première d'une série
d'étapes à venir dans ledit processus.
Pour vous résumer la situation, nous tenons tout d'abord à
vous informer qu'un bon nombre de boutiques d'animaux au Québec se
regroupent sous le PIJAC. M. Sabourin a déjà mentionné
l'origine et la définition des lettres. Nous tenons aussi à vous
informer du rôle fondamental que joue cet organisme sur le plan
international, depuis déjà plusieurs années.
Créé en 1970 aux États-Unis, PIJAC a mis sur pied
une unité canadienne, PIJAC Canada, le 3 mars 1988. La division
québécoise de PIJAC Canada n'a vu le jour que
dernièrement, suite à un besoin croissant manifesté par
l'industrie, provenant du désir sincère de ses membres à
être mieux encadrés dans leurs opérations.
PIJAC a donc été créé afin de traiter des
questions de législation et de réglementation concernant
l'industrie des animaux. Sa mission officielle est de promouvoir les
intérêts de l'industrie des animaux, de promouvoir et d'encourager
sa croissance et sa compréhension, de promouvoir la recherche dans le
domaine de l'élevage, des soins, de l'alimention, de la manipulation, de
l'importation, de la vente et de la possession d'animaux domestiques; aussi, de
promouvoir la reconnaissance internationale de l'importance de l'industrie des
animaux et des animaux eux-mêmes dans la société, et enfin
de servir chaque intervenant dans l'industrie des animaux et le public.
PIJAC est un organisme qui. d'abord et avant tout, est soucieux de la
protection des animaux et travaille dans ce sens depuis sa création. Il
tente d'atteindre ses objectifs par ses cours, ses manuels, ses expositions et
son implication dans le milieu.
Nous tenons à souligner l'importance de l'existence d'un
organisme tel que PIJAC de plus en plus présent sur la scène
internationale PIJAC Canada, PIJAC Australie, PIJAC Nouvelle-Zélande,
PIJAC États-Unis et maintenant PIJAC Canada (Québec) s'unissent
pour être le porte-parole de l'industrie des animaux de compagnie
Malgré tout, tant son existence que ses politi ques et son action dans
le domaine demeurent totalement exclues du projet de loi de la SPCA. Pourtant,
PIJAC Canada compte plus de 446 membres au Canada, dont 163 au Québec,
et met à la disposition de ceux-ci non seulement un guide de soins
vétérinaires destinés spécifiquement aux
détaillants d'animaux, mais également toute une série de
précieux outils utiles à la gestion d'un magasin. À ce
sujet, nous nous sommes permis d'apporter aujourd'hui le manuel de soins
vétérinaires mis à la disposition de tous les membres de
PIJAC Canada qui représente un des volumes les plus exhaustifs sur le
sujet. Nous profitons de l'occasion pour vous en remettre
une copie. Nous tenons à vous faire remarquer que ce volume est
utilisé à titre d'ouvrage consultatif par de nombreuses
sociétés humanitaires, dont la SPCA de Montréal. Les
normes contenues dans ce manuel découlent des recommandations d'experts
et sont en vigueur dans la majorité des animaleries en Amérique
du Nord. D'ailleurs, nous ne sommes pas sans remarquer que chez notre voisin du
Sud, il semble y avoir une continuelle concertation entre PIJAC et ses
détaillants avec la communauté, les législateurs, les
conseillers, les bureaux de contrôle des animaux et les organismes
humanitaires, concertation qui semble totalement inexistante au
Québec.
L'organisation PIJAC est reconnue par les fonctionnaires, les organismes
humanitaires, les environnementalistes, les organisations internationales,
à titre de porte-parole crédible autorisé par l'industrie
des animaux. Par ailleurs, j'aimerais vous résumer ici les principales
réalisations de PIJAC Canada, l'organisme national. PIJAC a
participé à une réunion avec l'Association canadienne des
vétérinaires pour développer des méthodes de
prévention en regard de l'importation de chiots de chenils clandestins.
Il s'est aussi impliqué dans une réunion avec la
Société humanitaire de Toronto dans le but d'offrir son aide de
médiation entre ses membres et la Société. PIJAC Canada
siège également, présentement, sur le comité de
révision portant sur la question du bien-être des animaux en
Ontario. PIJAC Canada analyse actuellement, en collaboration avec une
importante compagnie d'assurances, la possibilité d'offrir un plan
d'assurance sur les animaux à ses membres. Cette assurance serait
applicable uniquement aux membres de PIJAC respectant des standards
élevés d'opération.
PIJAC, de plus, organise annuellement une exposition réunissant
des individus de l'industrie provenant de partout à travers
l'Amérique du Nord et incluant approximativement la moitié des
animaleries du Canada. PIJAC a développé et a offert un cours, le
George Brown Course, d'une durée de 30 heures sur le soin et l'entretien
des animaux aux employés d'animaleries. Les représentants de
PIJAC Canada ont rencontré les responsables d'Environnement Canada
récemment pour assister ces derniers dans la planification de la
nouvelle législation fédérale, la Wild Animal Planned
Protection Act. PIJAC a demandé au ministre fédéral de
l'Agriculture de simplifier l'enregistrement et l'identification des chiens de
race au Canada. Une soumission a aussi été déposée
auprès du ministère du Tourisme, du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche concernant la garde d'animaux en captivité. PIJAC est
intervenu au nom de ses membres au sujet de produits pharmaceutiques pour les
poissons vendus par les animaleries en regard avec la loi
québécoise des pharmaciens. Enfin, PIJAC participe à
l'élaboration de la législation au niveau des lois
municipales.
Profitons de l'occasion pour vous brosser un bref portrait de
l'industrie des animaux au Québec. Une enquête de Statistique
Canada réalisée par la firme Compusearch démontre que les
dépenses totales au titre des animaux domestiques sont estimées,
en 1990, à près de 424 000 000 $ par année pour l'ensemble
des ménages québécois. De cette somme, près de 85
000 000 $ sont générés par les animaleries au
Québec annuellement. Le marché des boutiques d'animaux est donc
un marché important au Québec qui génère à
lui seul près de 1600 emplois directs, et ce, sans compter les emplois
indirects que représentent les autres intervenants de l'industrie,
notamment les fabricants, distributeurs, éleveurs, dresseurs, salons de
toilettage, les vétérinaires, etc., qui augmentent de
façon considérable ce nombre. Des chiffres importants que le
gouvernement ne peut ignorer.
Nous tenons également à souligner que PIJAC Canada
(Québec) compte des membres répartis à travers la
province, ce qui signifie qu'il représente les intérêts des
commerces concernés à l'échelle du Québec. Ces
animaleries ont grandement amélioré leur image depuis les 20,
même les 10 dernières années, souci croissant concernant
les conditions de garde des animaux, propreté, climatisation des lieux
spécifiques pour ce type de commerce, etc.
Conscients de ces nettes améliorations apportées au cours
des années dans le domaine des animaleries, nous avons voulu apporter
des éléments concrets à ce que nous avançons par un
tout récent sondage que nous avons réalisé auprès
des 350 animaleries au Québec, dont les questions étaient
particulièrement reliées à la proposition du projet de loi
de la SPCA. Même s'il s'agit d'un sondage maison, nous croyons que les
résultats obtenus sont valables et reflètent ce qui se passe
réellement dans le domaine au Québec.
Sur 350 questionnaires distribués, nous avons reçu 164
réponses, dont 149 ont été retenues pour les fins de
compilation des résultats, soit un taux de réponse de plus de 44
%, ce qui, de l'avis du Bureau de la statistique du Québec,
représente tout de même une bonne fraction de sondage. Comme vous
avez pu le constater, nous avons joint une copie du sondage en annexe au
mémoire. Puisque le détail de la compilation apparaît
déjà dans le mémoire, à la page 13, nous ne vous
ferons part ici que des points saillants résultant de notre
étude.
D'après les résultats du sondage, les propriétaires
d'animaleries ont en moyenne 8,12 années d'expérience dans le
domaine. 59,73 % des animaleries ont déjà reçu la visite
de la SPCA, pour un total de 2,4 visites par année. 95,97 % des
commerces gardent leurs chiens et chats dans des lieux ventilés. La
vente moyenne de chiens et chats par animalerie est de 124 chiens par
année et de 145 chats par année. 17 % des chiens sont
importés. Dans cette note, j'ouvre
une parenthèse, nous avons vérifié les
données d'importation, comme M. le ministre, auprès de
responsables d'Agriculture Canada aux postes frontières de Lacolle et de
Dorval. Et nous sommes heureux de constater que les chiffres mentionnés
par le ministre concordent avec les nôtres. Entre autres, le total pour
les deux postes frontières, pour la période de mai 1990 à
avril 1991, représentent 4847 chiens. Nécessairement, ces
données sont vérifiables et nous sommes prêts à vous
donner l'information, les noms des vétérinaires à
Agriculture Canada ainsi que leurs coordonnées. 93, 70 % des commerces
offrent une garantie à leurs clients, dont 18, 88 % offrent une garantie
de trois jours, et 46, 85 % offrent une garantie de plus d'une semaine. 72, 03
% des commerces offrent une garantie qui stipule une visite obligatoire chez le
vétérinaire. Et 76, 64 % des chiens sont achetés par les
commerces, déjà vaccinés, et 82, 96 des chiens
achetés par ces mêmes commerces sont déjà
vermifugés.
À la lumière de ces résultats, nous pouvons
affirmer qu'en 1991, les propriétaires d'animaleries ont une large
expérience dans le domaine; que l'organisation d'un commerce
d'animalerie respecte, dans la majorité des cas, les conditions
minimales acceptables de garde d'animaux; que les animaleries collaborent
étroitement avec les vétérinaires; et que les animaleries
offrent une garantie, le tout visant à offrir un service de
qualité supérieure.
C'est à ce niveau que les objectifs futurs de PIJAC Canada
(Québec) tendent à se réaliser: formation, garantie
uniforme, accréditation des fournisseurs, accréditation des
animaleries. Ça serait intéressant de voir, dans le futur, des
animaleries accréditées à un certain code
d'éthique. C'est certainement un des désirs chers de PIJAC.
Quant au contenu de la proposition du projet de loi de la SPCA, nous
avons dans notre mémoire donné notre point de vue sur les
articles, article par article, de ce qui nous apparaissait comme le plus
important. Nous tenterons donc ici de vous en faire un bref
résumé.
Tout d'abord, la proposition du projet de loi est à nos yeux un
outil de travail intéressant, qui peut servir de base aux travaux d'un
comité consultatif. Mais en regard de l'application de son contenu
proprement dit, nous avons plusieurs réserves. Tout d'abord, la
proposition de projet de loi considère tous les intervenants de
l'industrie sur un pied d'égalité, sauf dans le cas des
vétérinaires. Nous croyons que la plupart des problèmes de
fond que vit notre industrie - et c'a certainement été
témoigné par plusieurs gens qui sont venus vous rencontrer - se
situent au niveau des oleveurs d'animaux, particulièrement des chiens et
des chats.
Comment peut-on, dans un tel projet de loi, mettre sous l'égide
de la même réglementation les garderies, les établissements
de toilettage, les établissements d'élevage, les
établissements de vente d'animaux, les boutiques d'animaux, les zoos de
fraternisation, etc. ? Dans un tel projet de loi, nous croyons qu'il serait
absolument nécessaire de rédiger une réglementation
spécifique à l'endroit des éleveurs. Il faut comprendre
qu'il y a une nette distinction à faire entre les éleveurs
d'animaux et les marchands d'animaux. Les animaleries sont des
détaillants et non des grossistes, dont les principaux fournisseurs sont
les éleveurs. Et les questions d'animaux malades dans les animaleries
sont souvent en relation avec les sources d'approvisionnement.
C'est donc dire que, dans la proposition de projet de loi, on semble
avoir une très mauvaise compréhension de l'organisation de
l'industrie, car chaque domaine d'intervention doit être
réglementé en fonction de sa propre réalité. (15 h
30)
La proposition de projet de loi fait grandement mention des chiens, un
peu des chats et très peu des autres animaux, dont les animaleries ont
également la garde. Pourtant, la vente de chiens et de chats
représente un faible pourcentage des ventes globales dans une
animalerie, le plus gros pourcentage représentant la vente de
nourriture, d'accessoires et des autres animaux. Le fait que la proposition de
projet de loi néglige le sort de ces animaux indique de façon
évidente le manque d'informations à ce niveau.
La notion de certificat d'enregistrement. La notion de certificat
d'enregistrement fait ressortir plusieurs interrogations. Quels sont les
organismes visés par ce certificat? À notre avis, tous les
organismes de l'industrie devraient être soumis à l'application du
certificat. Nous sommes en accord avec le principe qu'il existe un certificat
d'enregistrement, s'il peut être utile, mais nous ne sommes pas d'accord
avec le fait de payer ce qui représente à nos yeux une taxe
supplémentaire.
On ne fait pas état des différents moyens qui vont
réglementer aussi les sociétés humanitaires et même
certaines cliniques vétérinaires ayant beaucoup de similitudes au
niveau de leurs opérations avec les marchands d'animaux. Seront-elles
régies par le projet de loi? Les sociétés humanitaires
seront-elles accréditées par d'autres sociétés
humanitaires? Les vétérinaires accréditeront-ils d'autres
vétérinaires? Qui verra à l'application de la loi dans
chacun de ces domaines?
En ce qui a trait au rôle qui est confié aux inspecteurs
mandatés, peut-on de façon réaliste s'attendre à ce
que ces derniers possèdent l'expertise nécessaire compte tenu du
vaste champ d'activités couvert par chacun des intervenants visés
par le projet de loi? PIJAC Canada (Québec) est en mesure de leur donner
cette formation, que ce soit au niveau des chiens, des chats, des oiseaux ou
des poissons, des autres petits animaux et des animaux exotiques. De plus,
le rôle de l'inspecteur, tel que décrit dans la proposition
du projet de loi, comporte beaucoup d'imprécisions qui peuvent
entraîner des abus.
La clause de garantie de 30 jours sans condition n'est pas applicable
telle que rédigée dans la proposition. Les
vétérinaires et sociétés humanitaires seraient-ils
disposés à offrir une telle garantie au moment de la vente d'un
animal? Nous tenons à souligner que l'industrie est déjà
en avance à ce sujet, et, de façon générale, les
boutiques d'animaux appliquent des clauses de garantie acceptables pour les
consommateurs.
Plutôt que d'exiger de l'exploitant et des employés d'un
établissement qui s'occupent d'animaux une expérience minimale
d'une pratique continue de cinq ans, nous croyons qu'un programme de formation
continue serait beaucoup plus approprié. En effet, ni l'industrie, ni
les vétérinaires, ni les sociétés humanitaires
n'ont les ressources qui répondent à ces exigences. D'ailleurs,
vous noterez qu'un programme de formation continue cadre parfaitement dans les
objectifs à moyen terme de PIJAC Canada (Québec).
En résumé, nous répétons que nous sommes en
faveur d'un projet de loi spécifique au domaine des animaux, que ce
projet de loi devrait être le fruit d'une concertation des intervenants
dans le domaine et qu'il est nécessaire de mettre en place une
réglementation spécifique à chacun des secteurs
d'activité, que les organismes choisis sous forme de comités
mixtes, par exemple, comme la SPCA, les gouvernements, le
vétérinaire, les organismes tels que PIJAC soient là pour
administrer l'application de la loi et aient une attitude propice à agir
et à bâtir plutôt qu'à réagir à des
situations négatives.
Vous retrouvez nos principales recommandations en regard de la
réglementation proposée par la SPCA en matière
d'utilisation d'animaux dans la production de documents
cinématographiques, en dernière partie de notre mémoire,
et M. Jean Cardinal répondra plus tard à vos questions, s'il y a
lieu.
Avant de terminer, nous répéterons que PIJAC Canada
(QUÉBEC) se porte volontaire pour faire partie d'un comité
consultatif visant à explorer et approfondir la problématique
faisant l'objet de la présente commission. Notre participation à
la présente commission n'est qu'un préambule au processus
réel de consultation qui devrait avoir lieu. Le document
présenté par la SPCA représente une base de travail qui
ouvre une porte au processus de consultation à tous les groupes
concernés. PIJAC Canada (Québec), de par la nature de son
existence, désire s'impliquer activement dans ce processus. Mais il y a
une chose importante qu'il ne faut pas oublier. La mise sur pied d'un projet de
loi ne réglera pas tous les problèmes relatifs à la
protection des animaux. Il faudra mettre en place les mécanismes
nécessaires pour sensibiliser, informer et éduquer la population
sur le sujet.
M. le Président, je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Picotte: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
vous remercier, chacun et chacune, pour votre mémoire qui est fort
intéressant. J'ai eu l'occasion de le parcourir avant la commission.
J'ai même eu l'occasion, il y a quelques instants, de regarder votre
manuel de soins vétérinaires. J'ai vu qu'on touchait beaucoup
d'espèces avec beaucoup de détails, force détails, fort
intéressants pour l'éducation de l'acheteur et du consommateur,
chose évidemment qu'on n'a pas retrouvé, en tout cas, depuis le
début; qui peut peut-être exister, mais, en tout cas, on vous sait
gré de nous en avoir fait part.
Vous faites aussi référence au fait que vous êtes en
faveur d'un projet de loi. Vous êtes prêt à vous impliquer
dans la mise sur pied d'un projet de loi. Ça aussi, on vous en remercie
à l'avance parce qu'on aura sans doute l'occasion de se revoir et d'en
rediscuter avec nos services. Vous favorisez la concertation des intervenants.
Moi, j'aimerais peut-être, avant d'aller un petit peu plus loin... Quand
vous favorisez la concertation des intervenants, il y a eu tellement de cas
disparates qui nous ont été soumis, croyez-vous que c'est facile
ou possible de favoriser la concertation de tous les intervenants dans ce
milieu-là? C'est souhaitable oui, mais est-ce que vous pensez que ce
serait une mince tâche? Comment évaluez-vous la concertation?
M. Sabourin: C'est évidemment une lourde tâche,
parce que, jusqu'à maintenant, chaque groupe s'est tenu distant de
l'autre et a essayé de faire ses choses d'après ses
méthodes et d'après ses façons de faire. Mais nous croyons
qu'à ce moment-ci, si l'enjeu est toujours sur la discussion de la
prévention de la cruauté envers les animaux, dans chaque domaine,
tout le monde est concerné par rapport à cette
problématique, comme on l'a mentionné. Et de discuter sur ce
sujet-là n'empêche personne de garder quand même une
certaine autonomie. Et nous pensons que dans une réglementation
possible, on peut garder une identité pour chacun. C'est ce que nous
croyons. Mais ça peut être un processus qui peut être assez
long.
M. Picotte: Vous faites aussi état d'une
réglementation spécifique à chacun des secteurs. Moi,
j'aimerais avoir beaucoup plus de précisions là-dessus quand vous
partez des secteurs, d'abord des secteurs d'intervention, des espèces
aussi, parce qu'on parle de réglementation pour les espèces.
Ça aussi, c'est assez laborieux, merci, surtout du côté des
espèces. Ça pourrait prendre des mois. Concertation et
réglementation au niveau des espèces, on peut se retrouver dans
le
temps facilement à 12,18 ou 24 mois.
M. Sabourin: Facilement, oui. J'aimerais peut-être pour
élaborer un peu plus que ça demander à M. McCann, qui a
quand même une grosse expérience au niveau de la
législation, de vous répondre là-dessus.
M. Picotte: Remarquez bien que j'y crois beaucoup à cette
approche de concertation, parce que le monde, dans tous les domaines d'ailleurs
où on travaille, on s'aperçoit que finalement toute la
chaîne - si on peut appeler ça une chaîne - dans quelque
domaine que ce soit travaille toujours en fonction d'avoir ce qu'il y a de
mieux. On n'a pas toujours les bons moyens ou la bonne façon pour le
réaliser, mais parfois il y a de l'ignorance aussi.
M. McCann: Oui.
M. Picotte: La concertation est un excellent moyen, à mon
point de vue, de travailler tous dans un même but et d'aboutir à
un résultat. Maintenant, on sait très bien que c'est plus
laborieux aussi. C'est pour ça que j'aimerais vous entendre davantage
sur la réglementation par espèce, la concertation dans son
ensemble.
M. McCann: Oui, si je peux me permettre, M. le ministre, je pense
qu'il y a un point qui est important à apporter, c'est que vous avez vu
beaucoup de groupes concernés et, si je peux utiliser le terme, de
pagaille ou de directions opposées. C'est un peu attribuable à la
situation dans laquelle cette commission-là et ce sujet-là se
sont développés. On en a beaucoup entendu parler, mais les gens
n'ont pas eu la chance, premièrement, soit de bien se préparer ou
analyser la question et, deuxièmement, n'avaient pas vraiment les
paramètres bien définis. Si, par exemple, on utilise un format
où on a un comité et des sous-comités en vue de
réglementations pour différents intervenants et qu'on leur donne
un encadrement très précis, par exemple, des normes minimales,
vous avez des gens dans le domaine de l'élevage qui vous ont
montré une technique d'élevage avec un collier, d'autres avec un
sifflet. Bon, ce qu'on veut, c'est une norme minimale. Je pense qu'avec un
meilleur encadrement et une meilleure définition de ce qu'on veut
obtenir de cette loi - parce que des exceptions et des variances, il y en aura
à ne plus finir - je pense que ces gens peuvent s'entendre. Dans un
délai raisonnable, ces gens-là peuvent se rapporter à ce
comité-là.
M. Sabourin: Je dois ajouter à ceci, M. le
Président, que nous avons, à l'intérieur de notre
organisation, différents groupes évidemment qui ne se sont pas
manifestés en masse à l'heure actuelle, étant donné
que l'organisation de PIJAC-Québec est quand même assez
récente.
Mais nous accueillons à l'intérieur de notre organisation
plusieurs groupes. Et ça amène déjà une
consultation et une concertation. Évidemment, il faut tout de suite
préciser que nous n'amènerons pas à l'intérieur de
notre organisation des chenils clandestins. Ils ne se montreront pas la face,
ils ne voudront pas savoir des choses qu'on veut leur apprendre. Et cet aspect,
c'est sûr qu'il va demeurer jusqu'à un certain point. Il faut
amener les gens à pouvoir le contrôler de l'intérieur. Je
pense que les groupes sont capables de le faire en se parlant, au
départ.
M. Picotte: Vous avez répondu à une autre des
questions que je voulais vous poser. Maintenant, énumérez-moi
donc les différents groupes qui font partie de votre organisation, en
général.
M. Sabourin: Alors, nous avons, à l'intérieur, des
salons de tonte et toilettage, certains éleveurs, nous avons aussi
certains fournisseurs des distributeurs qui font partie de l'industrie,
certains groupes humanitaires mais surtout au niveau national. À
Québec, c'est un peu récent, quand même. Il reste qu'il y a
eu un travail immense en peu de temps, et chez nous, il semble, en tout cas,
qu'il y ait une vision commune pour la plupart des animaleries qui
représentent, encore là, le plus fort groupe de PIJAC. En ce sens
que si on regarde l'évolution qu'il y a eu dans les 10 dernières
années, c'est immense. Vous savez, les statistiques, en 1985, au niveau
des chiffres de l'industrie, étaient d'environ 50 % de ce qu'on vous a
donné tantôt. Alors, en même temps que le volume a
augmenté, je dirais aussi que le professionalisme s'est
amélioré.
M. Picotte: J'ai remarqué que PIJAC, évidemment,
privilégie la sensibilisation.
M. Sabourin: Oui
M. Picotte: Vous l'avez souligné, d'ailleurs. Pensez-vous
que c'est possible, au niveau des animaleries? Parce qu'on a souvent entendu
parler d'animaleries, de "pet shops". Mettons à part les chenils
clandestins qu'on peut retrouver un peu éparpillés sur le
territoire. Mais quand on parle d'animaleries, on sait à quoi on fait
référence, généralement, et c'est assez bien
identifié. Alors, vous privilégiez, évidemment, la
méthode de sensibilisation. Est-ce que c'est possible d'amener les
boutiques d'animaux moins bien tenues, parce qu'il en existe... Il doit y avoir
différents degrés de conscientisation au problème, vous
devez remarquer ça même chez vos membres. Est-ce que c'est
possible, vous pensez, d'amener les animaleries, avec la sensibilisation,
à améliorer de beaucoup leur fonctionnement?
M. Sabourin: Définitivement.
M. Picotte: Est-ce que vous l'avez remarqué, d'ailleurs,
dans ce que vous faites, à date, avec des cas?
M. Sabourin: Oui, absolument. C'est quand même un groupe
où les membres se rencontrent au moins une fois par année,
à une exposition. Les gens se parlent. Évidemment,
l'élément compétition existe et existera tout le temps et
c'est sain pour les consommateurs. Maintenant, au niveau de la sensibilisation,
oui. Je dirais, à ce sujet-là: Vous savez, on fait face à
un public qui est de plus en plus critique, et la réponse de la
clientèle, du public, qui fait déjà un choix, incite les
gens qui ne sont pas corrects et qui font des choses qui sont en dehors d'un
minimal à sortir du marché. Et on l'a vu, ça.
M. Picotte: Faites-vous des campagnes de sensibilisation, non
seulement auprès de vos membres, mais des fois auprès du public?
Y a-t-il des choses, un peu, qui sont innovatrices, dans ce domaine-là,
depuis un certain temps? Je comprends que c'est un domaine qui est un petit peu
plus nouveau, là, mais chez des regroupements comme le vôtre - un
organisme comme le vôtre - est-ce qu'il y a déjà, sur la
table, des plans de mis en place pour tâcher de mieux informer le public?
J'ai vu que vous les informiez avec votre manuel, ce qui est excellent. Mais il
y a peut-être autre chose que vous avez en pensée ou en plan, qui
serait intéressant. Avez-vous songé à faire ce genre
d'exercice?
M. Sabourin: Alors, si vous vous référez à
une campagne de sensibilisation au niveau du public, c'est évidemment un
peu plus difficile parce qu'il y a une question de fonds et de sous.
L'organisation est quand même assez jeune, mais on a fait beaucoup de
sensibilisation et on continue à en faire. On pense que s'il y a un
problème à résoudre, il faut résoudre le
problème par l'intérieur. Alors, je pense qu'on ne devrait pas
entamer une campagne publicitaire ou de sensibilisation auprès du public
sans nécessairement faire un peu de nettoyage.
M. Picotte: Je vais vous poser une question de quelques milliers
de piastres, là. Si vous aviez, avec votre expérience, à
définir "cruauté", "négligence" et
"anxiété", comment le feriez-vous? En gros, là, je ne veux
pas avoir une définition de dictionnaire et scientifique, juste par
points de comparaison. (15 h 45)
M. Sabourin: Vous savez comment on a défini ça
tantôt. Pour nous, la cruauté est évidemment un geste
volontaire, un geste intentionnel en vue de malmener, que ce soit une
personne... mais dans le cas dont on parle, c'est un animal. C'est
évidemment difficile. Pour nous, par exemple, si on voyait une
animalerie agir maladroitement avec un animal vraiment dans le but de corriger,
par exemple, une pratique, et tout ça, évidemment, pour nous, ce
serait un geste de cruauté. Maintenant, on n'a pas vu de ces
choses-là. Il peut y avoir des cas de négligence. Une
négligence pourrait être, par exemple - et je vous dis qu'on n'est
pas d'accord avec ça -de mettre un animal en pénitence dans le
sens de lui faire sentir qu'on n'est pas d'accord avec un geste qu'il a
posé. Mais vous savez, ça, c'est des pratiques qui sont
très personnelles à chacun. À ce niveau-là, c'est
difficile de définir l'anxiété, c'est quoi
l'anxiété.
M. Picotte: Alors, je n'embarquerai pas dans le stress
évidemment non plus.
M. Sabourin: Non, malheureusement.
M. Picotte: Un établissement de commerce d'animaux devrait
obtenir un certificat d'enregistrement. Vous dites: Pourquoi ça devrait
obtenir un certificat d'enregistrement? Vous êtes opposé à
ça? Vous êtes d'accord avec ça? Vous avez des
réticences? C'est quoi au juste?
M. Sabourin: Bien, les réticences que nous avons d'abord,
c'est qu'il n'y a pas beaucoup d'explications alentour de cette
notion-là. Les commerces qui ont pignon sur rue ou dans un centre
commercial, qui opèrent légitimement comme commerce
enregistré, sont déjà connus. Si quelque organisme ou
gouvernement veut connaître la liste des membres et des animaleries en
général, c'est disponible, c'est quelque chose qui est connu. On
ne voit pas qu'un certificat d'enregistrement, pour nous, va changer quoi que
ce soit si ce n'est d'apporter des fonds à un organisme qui en a besoin.
Et, à ce niveau-là, nous, on pense qu'on est déjà
suffisamment taxés. Payer des montants supplémentaires, pour
nous, ce ne serait pas acceptable.
M. Picotte: Trouvez-vous qu'on aurait une meilleure protection de
tout ça en privilégiant plutôt des règlements de
type municipal qu'une législation d'ordre provincial?
M. Sabourin: C'est un peu ambigu à ce niveau-là
parce que nous croyons qu'une législation provinciale pourrait
être correcte et pourrait peut-être être administrée
au niveau municipal. Mais ce dont nous nous rendons compte, c'est que chaque
municipalité a des règlements très différents l'une
de l'autre. Alors, encore là, il ne semble pas qu'au niveau des
municipalités on s'accorde sur une façon de faire.
M. McCann: m. le ministre, si je peux ajouter à cette
réponse-là. dans les six dernières années à
l'emploi de la spca, une de mes responsabilités était la
collaboration ou le travail
avec les différents groupes gouvernementaux, dont les
municipalités. Vous savez comme moi que, d'après la Loi sur les
cités et villes, elles sont régies et ont certaines
responsabilités très bien définies en matière de
nuisance ou de contrôle animal. Vous seriez surpris du nombre de
municipalités qui ne sont pas au courant de leurs responsabilités
et qui, si elles le sont, ne s'en occupent pas. Il y a beaucoup beaucoup - on
l'a mentionné souvent durant les trois dernières journées
- d'éducation à faire. Je crois que la notion d'un concept ou
d'une loi au niveau provincial devrait être retenue puisque ça va
permettre d'apporter une uniformité. Sinon, c'est la pagaille, et
ça va tirer d'un côté et de l'autre. Il n'y aura jamais
uniformité.
M. Picotte: Est-ce que vous privilégiez, à ce
moment-là... Au niveau du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, je me rappelle que souventefois, on faisait appel à
celui qui vous parle dans le temps pour demander la fermeture d'un lac ou
empêcher qu'on utilise sur un lac des moteurs hors-bord, qu'on appelle,
à cause justement de la grandeur du lac, de sa capacité aussi, de
la pollution possible avec les moteurs à gazoline, etc. Et là,
ça devenait difficile parce qu'il fallait adopter une
réglementation non seulement dans chaque ZEC mais dans chaque territoire
et même préciser chacun des lacs, alors qu'il n'était pas
évident que les demandes avaient été faites uniquement
dans le sens que ça allait être intéressant pour le lac
mais peut-être plus pour la quiétude du riverain aussi, parce
qu'il y avait différentes demandes qui nous provenaient. Au lieu de
faire ça, moi, je me rappelle avoir fait un cadre général
de règlements, en laissant la possibilité à la ZEC, par
exemple, de s'en prévaloir. Et c'était la ZEC qui
décidait, non pas de faire un règlement, mais de prendre un
règlement bien établi, bien cadré, et de dire: Nous
utilisons ce règlement-là, et pour le Lac-des-Neiges, le Lac en
Coeur, le lac ci, et le lac ça, on applique la réglementation
là-dessus.
Est-ce qu'il ne serait pas, à ce moment-là, beaucoup mieux
encadrant d'arriver et de permettre aux municipalités d'avoir des cadres
réglementaires et que les municipalités puissent utiliser ces
cadres réglementaires là plutôt que d'avoir une foule de
règlements?
M. McCann: O.K. M. le ministre, je pense que, dans les exemples
que vous mentionnez, les ZEC, la question de l'utilisation du canot à
moteur pour fins d'utilisation de pêche, j'imagine, ou de
récréation, représente ou touche une des activités
vitales de la ZEC. Tandis qu'au niveau municipal, je peux vous assurer que le
contrôle animal n'est pas une activité vitale. Alors, ce serait
très difficile et très dangereux de laisser ça aux mains
des municipalités.
Je vous dis ça parce que je me base sur l'exemple, entre autres,
de la Loi sur les cités et villes et du contrôle animal qui est...
C'est très difficile de faire agir une municipalité, et vous
l'avez sans doute ou peut-être que vous l'avez vu au cours des
dernières années, quand elles réagissent, c'est
plutôt une réaction très hâtive et non
informée, par exemple les réglementations sur les chiens
dangereux - des réglementations qui sont inefficaces - et c'est en
rapport à une pression, et combiné à ça, à
un manque d'information. On se retrouve avec un outil de loi qui ne
répond pas aux besoins de la municipalité et du citoyen et aussi
de l'animal.
M. Picotte: Parce que j'ai vu souvent une municipalité ne
pas savoir quoi faire avec des plaintes. Évidemment, on ne se le cachera
pas la, quand on se retrouve devant un chenil qui est clandestin, je peux
concevoir qu'il y en a dans le bord des bois à la campagne, un petit peu
éloignés, ça existe, oui. Mais c'est rare que cest bien
caché du public, même en milieu rural, parce qu'il y a au moins
deux bonnes raisons. Quand on garde plusieurs chiots quelque part, ou plusieurs
chiens quelque part, il y a une question de senteur d'abord qui dérange
les gens...
M. McCann: L'odeur et le son.
M. Picotte: Les odeurs et le son, parce qu'un animal
généralement les chiens entre autres, ça jappe. Bon,
ça dérange la quiétude de certaines personnes. Ils ont
été souvent aux prises avec ça, mais ne sachant pas trop
quoi faire... C'est pour ça que je voulais avoir votre point de vue,
mais je suis content d'avoir au moins le point de vue que vous m'avez
exprimé.
Dans votre sondage, au tableau 7 entre autres, ça démontre
que dans la tranche des trois quarts et plus des commerces, 66 % des chiens et
chats de race bénéficient de soins vétérinaires.
Alors que dans la tranche de 0 %-25 % des commerces, les chiens et chats
croisés n'en bénéficient pas, à 50 %. Pourquoi tous
les chiens et chats ne devraient-ils pas avoir la même supervision dans
ce domaine-là?
M. McCann: M. le ministre, le PIJAC vous a approché
aujourd'hui et a ouvert ses portes, vous a mentionné un organisme qui
veut se prendre en main, un organisme qui vous a lui-même montré
ses faiblesses. Et c'est définitivement des chiffres qui sont
surprenants. J'ouvre une parenthèse, mon expertise, mon
intérêt lors de mon passage à la SPCA était les
animaux exotiques. Alors, les tâches de visites dans les animaleries et
dans les jardins zoologiques, c'est moi qui les faisais. Ça serait
mentir de dire qu'il n'y a pas une amélioration, une prise de conscience
qui est arrivée. Par contre, on ne touche pas à tous les
points.
Vous savez, on a mentionné un nombre de 201 plaintes
vis-à-vis des animaleries. Ce n'est pas une très bonne
représentation C'est mal
expliqué, et je vais me permettre de vous l'expliquer. Par sa
nature, la SPCA reçoit des appels de citoyens qui déposent une
plainte. D'après eux, ça n'est pas bon, d'après eux, c'est
cruel. La SPCA ne peut se permettre de ne pas enquêter toutes les
plaintes. Alors, il faut comprendre que dans ces 201 plaintes-là, il y a
eu des interventions qui ont été faites. Il y a eu des
interventions qui ont dû être poussées et des gens
peut-être amenés devant les tribunaux. Par contre, il y a des
interventions qui ont été faites via le dialogue. Les gens se
sont adaptés. Et encore plus important, il y a d'autres interventions
qui ont été faites et on s'est aperçu du
"non-fondé" de la plainte. Encore là, un manque d'information.
C'est très important. Il n'y a aucun doute dans mon esprit que les
animaleries s'améliorent. Vous savez, il y a une question que tout le
monde ne pose pas, mais moi, mon opinion personnelle depuis les trois jours,
c'est: Est-ce que les animaleries devraient vendre des chiens et des chats? Ce
n'est pas de répondre à la question. Ce n'est pas le but
présentement. Les animaleries, présentement, vendent des animaux.
Les animaleries depuis 10 années montrent des améliorations. Le
venue de PIJAC veut soutenir cette amélioration. On veut aller chercher
les gens qui sont plus difficiles à comprendre. On veut les
éduquer. Mais, M. le ministre, dans mon rôle à la SPCA -
parce qu'on porte plusieurs chapeaux, c'est un organisme humanitaire et il n'y
a pas beaucoup de personnel - j'allais dans les écoles. J'en ai fait de
l'éducation via les médias, via l'écrit, le visuel, dans
les écoles, de tous les âges, oui, c'est vrai qu'on touche
à une population. Mais il y a une grande partie de la population qui a
des idéologies ou une mentalité qui est ancrée. Ça
existe dans les animaleries aussi. C'est là qu'on demande l'intervention
et l'aide du ministère. Nous, de notre côté, on va soutenir
les gens, on va encourager les gens. Je ne sais pas si on devrait utiliser le
terme "punir", mais, en tout cas, on va leur faire comprendre, leur faire voir
la lumière, qu'il y a des avantages d'appartenir à un groupe
comme PIJAC, mais qu'il y a des critères à respecter.
Lors de mon séjour à la SPCA, il y a une idée qui
me trottait dans la tête, et je me suis dit: Ce "serait-u"
intéressant si, à un moment donné, on pouvait
accréditer les animaleries, un peu comme il y a 10 ans, les garages
n'étaient pas accrédités. Maintenant, s'il y en a un qui
n'a pas son estampe CAA, les gens n'y vont pas. Pourquoi ne pas établir
un code d'éthique pour les animaleries? L'organisme PIJAC me donne
l'opportunité de considérer un tel programme
d'accréditation. Alors, on touche tous les points. On amène les
gens au point de vue de l'éducation, au point de vue des avantages que
ça va leur rapporter, et, avec l'outil législatif, les
mentalités qui sont dures à convaincre, ça nous donnera un
appui additionnel.
M. Picotte: Moi, je reste persuadé qu'introduire une
législation, faire des règlements, ça va devenir
très difficile d'aller jusque dans la vie privée des citoyens
pour faire un contrôle.
M. McCann: Oui, mais, M. le ministre...
M. Picotte: Mais je suis persuadé cependant que... Prenons
uniquement la vente de poussins dans le temps de Pâques. Je trouve
ça terrible. Je trouve que c'est inopportun. Quand même on le
dirait, on ne le dira jamais assez.
M. McCann: C'est d'ailleurs inexistant, M. le ministre, sur
l'île de Montréal depuis une couple d'années.
M. Picotte: C'est ça, mais pas partout, pas partout.
M. McCann: Oui.
M. Picotte: J'ai même vu des hôtels ici, dans la
région de Québec, la fin de semaine de Pâques, qui, comme
attraction, vont mettre dans un petit coin de l'hôtel une couple de
canards et une couple de poussins, une couple de ci et une couple de ça,
et tout le monde s'en donne gaiement. Surtout qu'on est en ville, il y a des
gens qui n'ont peut-être jamais vu ça, qui s'approchent de
ça et... En tout cas, pour moi, je trouve que c'est complètement
dénaturé. Mais moi, j'ai bien plus crainte du citoyen qui va
s'acheter un poussin pour faire plaisir à son enfant dans le temps de
Pâques et je ne gagerais pas sur la durée de vie de ce
poussin-là, je ne gagerais pas sur sa longévité. Qu'est-ce
qui arrive avec le poussin quand on est rendu dans la maison, le dimanche de
Pâques au matin, alors qu'on veut aller tout le monde ensemble festoyer
chez le "mon oncle", la "ma tante", le grand-père et le
beau-frère? On se promène partout. On n'apporte pas le poussin
d'abord. On peut se retrouver au bout d'une couple de jours, on n'avait
même pas pensé qu'il avait besoin d'eau, qu'il avait besoin de
manger, qu'il avait besoin de soins. Et ça, ça va devenir
très difficile, à mon point de vue, à moins
carrément de dire qu'il ne se vend pas de poussins ou qu'il ne se vend
pas telle chose ou qu'il ne se fera pas telle chose, parce qu'à partir
du moment où on fait le suivi d'aller voir comment les gens se
comportent avec, ça va prendre une armée d'inspecteurs.
M. Brisson (Laurent): M. le Président, si je peux me
permettre de parler un peu au sujet des poussins et des canards, c'est un point
qui me sonne aux oreilles depuis un certain nombre de mois. À
Pâques, ça revient tout le temps. Le poussin, le canard, tu
entends ça régulièrement. C'est aussi frappant aux yeux du
public, je crois, que les photos que la SPCA se plaît à
montrer
aux gens pour stigmatiser les problèmes de l'industrie. (16
heures)
Moi, je crois, contrairement à ce que M. le ministre a
exprimé tout à l'heure, que le problème des poussins et
des canards est, pour ainsi dire - j'oserais avancer un chiffre sans avoir
vraiment fait une étude exhaustive - réglé à 99,9 %
dans toute la province de Québec. Les exceptions que vous pouvez voir,
M. le ministre, je vous assure, sont des exceptions d'individus qui ont
été chercher directement des poussins ou des canards à une
ferme, et non par l'entremise d'aucune boutique d'animaux, nulle part dans le
Québec. Ça, j'en suis absolument assuré. La
dernière place où on pouvait vendre des poussins et des canards
jusqu'à il y a environ deux ans, c'était dans ce qu'on appelle le
coin Langelier de la ville de Montréal. Toutes les autres
municipalités se sont donné le mot pour passer des
législations qui banissent ça. Je crois que, de toute
façon, même si PIJAC n'était pas encore oeuvrant,
l'industrie était tout à fait consciente du problème, de
la vision du public vis-à-vis les poussins qui ont même
été colorés à un moment donné. On trouve
tous ça abominable, et encore plus le fait d'être
stigmatisé vis-à-vis les poussins et les canards, alors que,
vraiment, aucun des membres de PIJAC... La majorité - je suis absolument
sûr de ce que je dis - les membres, en totalité, et ceux qui ne
sont pas encore membres de PIJAC ne peuvent pas faire les frais de la
discussion qu'on entame au sujet des poussins et des canards. Je crois qu'on a
beaucoup de torts, mais ce tort-là, on ne l'a plus.
M. Picotte: Écoutez, il ne faut pas se tromper. Moi, je
suis ici pour constater une situation de fait. Moi, je ne dis pas que c'est un
membre de PIJAC ou que c'est un membre d'une autre organisation, ou tout
ça. Les poussins, il s'en vend encore pas mal. Qu'ils proviennent
d'où ils voudront, ii s'en vend, et je me dis qu'on regarde une
situation qu'on ne règle pas dans un projet de loi, PIJAC ou d'autres
groupes. On va régler dans un projet de loi la vente de poussins en
général. Bon, tant mieux si vous autres, PIJAC, vous avez
conscientisé tout le monde, vos membres n'en vendent pas et font de la
prévention là-dessus. Je dis: Bravo, félicitations! Il
faudra bien vous envoyer un certificat si on a la certitude que c'est exact.
Mais il ne faut pas se mettre la tête dans le sable non plus et penser
qu'il ne se vend plus de poussins. On voit ça à pleine
télévision.
M. Brisson: Je crois, M. le Président, si vous me
permettez de...
M. Picotte: Ou bien il s'en vendait un maudit paquet si vous me
dites qu'il n'en reste plus quel %.
M. Brisson: Je crois, M. le Président, si je peux me
permettre de répondre au ministre, que je ne connais aucune animalerie -
et c'est le bon sens même qui parle - qu'il n'y a aucune animalerie qui
élève des poussins et des canards. Je pense que c'est un fait
absolument hors de tout doute. Et ce serait absurde de croire que les
animaleries, pensant faire de l'argent avec ça, voudraient continuer et
persister dans la vente d'un animal qui les a stigmatisées pendant
autant de temps. Je crois vraiment que le problème se situe plus au
niveau des agriculteurs, des cultivateurs. C'est assez curieux, dans les deux
derniers jours que nous avons passés ici, de voir que, dans plusieurs
cas, on a semblé vouloir opter pour peut-être séparer les
agriculteurs et les cultivateurs du projet de loi éventuel qu'on
pourrait faire. À ce niveau-là, je pense vraiment qu'il y a des
choses à voir, et au niveau des poussins et des canards, je crois
vraiment que, pour ce genre d'animaux là, ça devrait être
absolument décrié. Je pense qu'on le décrie tous, et le
seul endroit où on pourrait vraiment les tolérer, ce serait dans
des endroits qui sont acceptables pour eux. Comme vous le dites si bien, c'est
absolument impensable de garder un poussin ou un canard très longtemps
à moins d'être équipé pour le faire, ce que la
plupart des gens ne sont pas capables de faire.
M. Picotte: Bien, vous venez préciser davantage ce que je
dis et ce que je pense depuis le début, c'est que, vous savez, à
partir du moment... Ça devient facile, si c'est vendu dans une
animalerie, de dire: Vous n'en vendrez plus. Mais la journée où
on constate qu'il y a un problème au niveau des poussins et que ce ne
sont pas les animaleries qui les vendent, acceptons par principe, sans avoir
vérifié que ce n'est pas les animaleries qui vendent ça,
vous voyez jusqu'à quel point la loi doit être contraignante pour
aller jusqu'à questionner les individus. C'est ça, quand on parie
de faire une loi. Parce que, si demain matin, on fait une loi et qu'on retrouve
un paquet de poussins partout de la même façon, peu importe qu'ils
soient vendus par Jos Bleau ou Pierre Tartempion, ou peu importe le nom, pour
moi, un poussin vendu et acheté de même, pour fins d'utilisation
uniquement partiellement dans le temps de Pâques, entre autres... De
là, encore, l'exigence énorme quand on va
légiférer; il faut aller... Si c'est juste contrôler 3000
animaleries au Québec, ce n'est pas un problème. On vous chargera
ce qu'il faut en termes de permis et on ira vous contrôler, vous
inspecter. Il n'y a pas de miracle à ça. On sait très bien
que s'il y a une législation et qu'il y a coûts, ils vont
être refilés carrément dans la poche des citoyens. Si ce
n'est pas dans la poche des citoyens, carrément sur leurs taxes, ce sera
dans la poche des utilisateurs, en vendant un animal, ou ce sera dans la poche,
aussi, de ceux et celles qui obtiennent un permis. Donc, oublions ça,
en
partant. On dit: Contrôler 2000, 3000 animaleries, 1500, dans ce
sens-là, ce n'est pas un problème. Mais le problème, c'est
qu'à partir du moment où tu as une loi aussi, il va
sûrement se faire de la vente au noir, qu'on appelle, de la vente
clandestine. Parfois, c'est justement une loi qui vient forcer, dans certains
cas, la clandestinité parce qu'il y a des points que tu n'as pas
nécessairement prévu. Comme tu ne peux pas tout prévoir,
c'est là que tu viens d'ouvrir un maudit beau marché que tu ne
contrôles pas. Et pour le contrôler, ça te prend une
armée d'inspecteurs. Encore faut-il se rendre compte que ce ne sera pas
possible de contrôler tous les cas.
Alors, vous venez d'ajouter davantage au questionnement que je faisais
et à la perception que j'avais. Je me dis qu'il faudrait y songer deux
fois avant de légiférer en totalité.
M. Brisson: La seule suggestion que je peux vous faire à
ce stade-ci, c'est peut-être qu'étant donné que la SPCA
aura le dernier mot dans le débat qui nous intéresse, vous
pourrez peut-être leur poser la question à savoir si le
problème des poussins et des canards est encore vraiment existant au
Québec au niveau des 400 animaleries recensées; le chiffre peut
être...
M. Picotte: Ça, moi, je vous crois. Je n'ai pas besoin de
poser d'autres questions. Moi, je crois les gens sur parole quand ils viennent
ici et, quand j'ai des doutes, je vais vérifier les chiffres et je les
redonne le lendemain. Et à ce moment-là, vous me disiez
tantôt que vous étiez d'accord avec les chiffres que j'ai
donnés. Ça fait que les doutes que j'avais hier sur certains
organismes qui nous ont lancé des chiffres, j'ai raison de croire que
mes doutes étaient fondés et j'ai rétabli les faits comme
ça. Alors, sur les animaleries, je n'ai pas de doute là-dessus,
je pense bien. Mais ça va être une maudite job de me convaincre
qu'il ne se vend pas de poussins à Pâques. Ça, ça va
être une grosse job, de me convaincre, parce que je me promène un
peu - j'ai fait 146 000 kilomètres en auto, l'année
passée, à travers le Québec, je sors aussi dans le temps
de Pâques parce que, dans le temps de Pâques, je me promène
aussi - et j'en ai vu pas mal. Ce n'est pas évident qu'il n'y en a plus
de poussins. En tout cas, s'il n'y en avait plus, c'est tant mieux, mais moi,
j'en ai vu. J'ai de bons yeux habituellement.
Je vais terminer uniquement par une autre petite question. Vous affirmez
que le projet de loi vise les cas d'exception. C'est quoi, ça? Pourquoi?
Sur le document, vous faites référence, évidemment, au
document de la SPCA. Vous êtes d'accord qu'il y ait des exceptions ou
vous ne voulez pas qu'il y ait des exceptions, ou...
M. McCann: Non, ce à quoi on fait allusion, M. le
ministre, dans le mémoire, c'est que l'attention - et d'ailleurs, tout
le monde ne peut que réagir à l'évidence photographique
qui a été vue - traite un sujet qui est très important et
très présent, mais comme on a mentionné dans le
mémoire, il y a un vaste champ d'activités. Il y a beaucoup
d'autres situations que les usines a chiots, par exemple. Et c'est ça
qu'on veut apporter, non pas pour enlever l'importance de ces
atrocités-là, il faut que ce soit traité, mais il ne faut
pas non plus perdre de vue le reste des champs d'activités: les chevaux,
d'autres situations, les animaux, dont on a parlé, en agriculture,
etc.
M. Picotte: Quand on parle d'animaux, évidemment, vous
comprendrez l'attitude, je pense, de notre commission parlementaire. On n'a pas
spécifié d'espèces, on dit: Mandat de la commission:
examiner la situation de la prévention de la cruauté envers les
animaux au Québec. Alors, les animaux, ça en couvre large pas
mal, ça, de deux pattes à quatre pattes, ça couvre un bon
éventail, sauf que j'espère que personne n'a la
prétention, nulle part, qu'une loi pourrait être faite avec bien
des cas d'exception. Et il ne devrait pas y en avoir, des cas d'exception.
Quand une loi sera faite, moi, je pense que même la SPCA devra s'y
conformer. Même quand on ramasse des animaux et qu'on les garde à
un certain endroit, même si ça prend un certain délai de
temps ou à vie, il faudra se conformer à la loi comme tout le
monde. C'est ça, la réalité. On ne peut pas dire: Faites
une loi, c'est important, ça presse de faire une loi, mais, nous autres,
il ne faudrait pas que ça nous touche. À partir de ce
moment-là, ça donne quoi de légiférer? On en a, des
cas d'exception, présentement, c'est là-dessus qu'on chiale.
Alors, aussi bien, quant à créer d'autres cas d'exception,
laisser ces cas d'exception là.
M. McCann: M. le ministre, je crois que l'utilisation du terme
dans le contexte est définitivement à l'opposé,
c'est-à-dire qu'on n'est pas intéressé à une loi
qui va traiter des exceptions. On veut une loi qui va s'adresser et donner un
outil représentatif de tout le problème.
M. Picotte: C'est ce que je voulais vous faire préciser.
Je vous en remercie.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, j'aimerais d'abord ouvrir mes
questions dans ce sens que, depuis le début, surtout les clubs canins,
en tout cas, la perception que j'ai de leur témoignage n'est pas une
très bonne perception des animaleries. Vous étiez ici depuis le
début. Est-ce que c'est si atroce que ça, est-ce que c'est si
effrayant que ça dans l'ensemble des animaleries? Comment peut-on
définir une animalerie illégale, légale,
bonne, pas bonne? Vous avez lancé un chiffre tout à
l'heure, qu'H y en a à peu près 400 au Québec - on ne
s'obstinera pas sur le nombre - à peu près 400. Combien y a-t-il
de ces 400 animaleries-là qui sont membres du PIJAC?
M. Sabourin: Alors, nous avons 169 membres actuellement.
Évidemment, l'association provinciale, c'est-à-dire
PIJAC-Québec, est quand même assez récente; elle a
été formée surtout en préparation de cette
commission, de là l'importance pour nous d'avoir fait cette consultation
ou ce sondage afin d'arriver avec des chiffres précis à ce sujet.
Alors, à savoir combien d'animaleries sont en dehors d'une
éthique minimum, je ne pourrais pas vous le dire à ce moment-ci;
on n'a pas nécessairement des inspecteurs. Mais vous savez, on a des
rencontres et on a beaucoup d'informations qui se donnent. Alors, nous, on
constate par l'évolution du marché, par l'évolution des
consciences des gens qui travaillent dans les animaleries, qu'il y a une nette
progression à ce niveau-là.
M. Baril: C'est quoi, les conditions pour être membre du
PIJAC pour une animalerie?
M. Sabourin: Bien, ils doivent respecter un certain nombre de
choses. Entre autres, ils doivent être un commerce enregistré; ils
doivent être reconnus au niveau des gouvernements, des différentes
instances. Évidemment, on n'accepte pas de membres qui... Par exemple,
M. ou Mme Tout-le-Monde ne peuvent pas faire partie d'une association comme la
nôtre. Immédiatement, ils sont mis en contact avec l'organisation,
ils reçoivent le manuel des soins vétérinaires, ils sont
informés d'utiliser les critères qui sont nommés dans le
manuel et ils doivent payer une cotisation, évidemment, de 100 $
dès la première année.
M. Baril: Mais est-ce que quelqu'un qui est membre chez vous, H y
a une affiche, il y a une reconnaissance, pour se distinguer des...
M. Sabourin: Publiquement?
M. Baril: ...autres qui ne le sont pas et qui ont l'air à
avoir des doutes sur ça?
M. Sabourin: Vous voulez dire publiquement? Non. Il n'y a pas de
locaux ou d'emblème identifiant une animalerie comme étant membre
de l'association de PIJAC. Ça, c'est des questions que nous allons
débattre. Prochainement, nous avons une assemblée
générale afin d'instaurer des instances permanentes au niveau de
la province, avec un exécutif de 11 membres. De cet
exécutif-là, on va avoir sept membres provenant des animaleries
et quatre autres membres provenant d'autres groupes. Alors, deux membres qui
proviennent des distributeurs fournisseurs, des compagnies qui fabriquent, et
nous allons aussi avoir deux membres qui proviennent des éleveurs, des
salons de tonte, des dresseurs.
M. Baril: J'ai posé la question hier à un groupe,
et je me suis aperçu que ce n'était pas le bon; c'est pour
ça que je vous attendais. Quel avantage le propriétaire d'une
animalerie peut-il avoir ou obtenir à acheter une bête qui n'est
pas en santé ou qui est en mauvaise condition? Moi, je me dis -
c'était là qu'était ma question, mon interrogation
à moi, personnellement, en tout cas - puisqu'une animalerie est
là pour vendre des animaux...
M. Sabourin: En santé...
M. Baril: ...les effets du marché, les pressions, la
compétition du marché, est-ce qu'elle n'est pas suffisante pour
forcer les propriétaires à acheter des animaux en santé au
lieu d'acheter des animaux qui viennent d'usines à chiots, comme les
gens disent, d'usines clandestines? Qu'est-ce qui invite ces gens-là
à acheter n'importe quoi, n'importe où? (16 h 15)
M. Sabourin: Là-dessus, j'ai des statistiques qui
proviennent de notre association nationale à l'effet que, selon les
études, les analyses qu'ils ont faites, les usines à chiots,
à travers le Canada, ne répondraient à peu près que
de 5 % des chiots vendus. Maintenant, je ne peux pas vérifier ces
statistiques-là ici, au Québec. Il n'y a évidemment aucun
intérêt pour une animalerie qui est installée et - comme
vous l'avez vu dans les statistiques - dont les propriétaires ont
déjà, en moyenne, huit ans d'expérience, à faire
face à un public et à une clientèle qui deviennent de plus
en plus critiques et qui choisissent leurs commerçants. Alors, ce serait
agir à leur détriment que d'acheter et de vendre des animaux
malades.
M. Baril: À la page 16 de votre document - section des
statistiques - vous dites, ici, qu'il y a une compilation des résultats
en ce qui a trait à la façon de résoudre le
problème des animaux en santé qui ne se vendent pas. Et les
animaux qui sont vendus, 51,37 %; vendus à rabais, 20 %; qui ont
été donnés, 10 %; de retour, 9 %; qui ont
été envoyés à la SPCA, 5 %; et euthanasiés,
0,68 %. Pouvez-vous me commenter ça, ces statistiques-là?
M. Sabourin: En fait, ce sont des questions qui ont
été posées en rapport avec l'approche de la proposition du
projet de loi. Nous voulions savoir, par ces questions-là, quelle
était la réalité. En fait, ce sont les chiffres qui nous
ont été donnés à même la compilation des
répondants. Évidemment, "vendu", ça veut dire que c'est
vendu. Mais "vendu à rabais", souvent, ça arrive. Vous avez vu,
dans d'autres statistiques,
que le taux de rotation moyen d'un chiot dans une animalerie est
d'environ deux semaines. Ça veut dire qu'il n'y a pas
intérêt, pour aucune animalerie, à garder un chiot dans son
magasin beaucoup plus longtemps que deux semaines. On sait tous que c'est
coûteux; on a des installations qui coûtent cher, on a des loyers
qui coûtent cher. Alors, un propriétaire d'animalerie qui est
consciencieux et au courant des coûts va immédiatement poser le
geste de vendre cet animal-là le plus rapidement possible, en fait, de
lui trouver un propriétaire immédiatement. Je ne sais pas si
votre question va jusqu'à...
M. Baril: Regardez, là. C'est qu'on dit, ici: La
façon de résoudre le problème des animaux en santé
qui ne se vendent pas. Bon, ils ne se vendent pas, ils ne se vendent pas. Puis,
vous en avez 51 % qui sont vendus. Ils sont vendus à qui, s'ils ne se
vendent pas?
M. Sabourin: Oui. Corinne va vous répondre.
Le Président (M. Richard): Voulez-vous vous identifier et
nous dire votre nom, s'il vous plaît?
Mme Bruley (Corinne): Excusez-moi. Mon nom, c'est Corinne Bruley.
C'est juste pour vous apporter une petite information sur "vendu". C'est qu'il
y a 51, 37 % des répondants qui ont dit: Ça n'arrive pas,
j'arrive toujours à vendre tous mes animaux. C'est ça que
ça voulait dire.
M. Baril: Donc, il y en a plus de 50 % qui se vendent. Ce sont
les autres, après, qu'on ne sait pas. Puis ceux qui sont vendus à
rabais, ça veut dire qu'ils se vendent, eux autres aussi, au public.
M. Sabourin: Ils se vendent aussi. Mme Bruley: Mais
à rabais. M. Baril: Au public.
M. Brisson: Peut-être qu'un éclaircissement,
là, sur ce que je lis... Parce que j'ai quand même fait partie de
tout ça. Ces pourcentages-là, c'est un pourcentage strictement
sur les animaux qui ne se vendent pas. Alors, les animaux qui ne se vendent pas
- si je prends, par exemple, ma boutique - c'est un pourcentage qui est quand
même très faible. Règle générale, les chiens
qui ne se vendent pas ou les animaux qui ne se vendent pas, c'est parce qu'ils
ont eu un problème préalable. De temps en temps, vous êtes
obligé de faire soigner un animal et pendant plusieurs semaines.
Autrement, il n'y a aucun problème. Le problème se situe au
niveau d'un faible pourcentage et, sur ce pourcentage-là, il y a 50 % ou
51 % des animaux qui sont vendus, ou 20 % à rabais, ou 5 %. Mais c'est 5
% d'un pourcentage de peut-être 2 % des animaux qu'on vend.
M. Sabourin: En fait, c'était de connaître - pour
nous et aussi pour le bienfait de notre organisme - ce qu'on faisait avec les
animaux.
M. Baril: vous faites mention, aussi, que la spca visite
à peu près deux fois par année, fait le tour des
animaleries. est-ce que j'ai bien compris?
M. Sabourin: C'est une moyenne, oui.
M. Baril: Une moyenne. L'ensemble des animaleries, là.
M. Sabourin: Oui.
M. Baril: Les 400, à peu près,
identifiées.
M. Sabourin: Oui.
M. Baril: Bon. Est-ce que, dans ces tournées-là ou
ces visites-là, la SPCA donne des avertissements, suggère aux
animaleries de corriger certaines anomalies, ou si on fait juste passer puis on
constate?
M. Sabourin: J'aimerais que M. McCann réponde à
cette question-là. Il est très au fait de ça.
M. McCann: Écoutez, M. le député, j'ai
mentionné, d'une réponse à M. le ministre,
qu'effectivement, les visites de la SPCA dans les animaleries peuvent
être occasionnées de trois façons: En réponse
à une plainte, c'est-à-dire un appel acheminé ou quelqu'un
qui vient rencontrer un agent à la SPCA et l'informe d'une situation
que, lui, juge à enquêter. La deuxième chose est que la
SPCA fait aussi des visites de routine, c'est-à-dire que la SPCA aime
à visiter de façon constante, peut-être quatre fois par
année, trois fois par année. Oui, dans des situations, il y a des
problèmes qui sont vérifiables, des recommandations qui sont
faites et les animaleries - je ne peux pas vous dire dans quel pourcentage, je
n'ai pas les données - vont tout simplement remédier à la
situation. Comme je l'ai mentionné, dans des cas aussi, la plainte n'est
tout simplement pas fondée.
M. Baril: Mais est-ce que, selon vous, dans les animaleries, il y
a beaucoup de saisies d'animaux par la SPCA?
M. McCann: Je peux vous affirmer que non. M. Baril: II n'y
en a pas beaucoup? M. McCann: Non.
M. Baril: Donc, ce n'est pas là qu'est le problème
majeur. C'est plutôt au niveau des usines à chiots, que vous
appelez...
M. McCann: Comme mentionné dans l'allocution, ce sont les
usines à chiots. Vous avez demandé à plusieurs
intervenants, et je brûle d'anxiété que vous me demandiez
c'est quoi la définition d'usine à chiots. Ha, ha, ha! Une usine
à chiots, si je peux me permettre, M. le député...
M. Baril: Bien oui.
M. McCann: Une usine à chiots, c'est un
établissement où, tout simplement, la production d'animaux pour
but de commercialisation ou de vente prend préséance sur le
capital ou l'argent investi. C'est-à-dire que ça crée des
déficiences directement au niveau de la condition de garde, du type de
cage, de l'alimentation et des soins vétérinaires. Tout
ça, c'est mis de côté de façon à augmenter le
produit au coût le plus minime. Je pense que c'est ça, à
mes yeux, qui définit une usine à chiots. Un des meilleurs
exemples, c'est que, pour un individu qui opère une usine à
chiots, qui vend des chiens de race, le critère de sélection pour
avoir une bonne chienne qui va produire, qui va être une bonne
productrice, ce n'est pas la grandeur, la couleur, mais c'est plutôt le
nombre de chiots par portée et le nombre de portées par
année. Donc, vous pouvez avoir une chienne qui a une malformation
congénitale et elle est mise à la reproduction parce qu'on sait
qu'elle va donner huit petits bébés deux fois par année.
Et, M. le député, je n'ai pas besoin de vous mentionner ce qui
arrive quand la production baisse.
M. Baril: Puisque ces usines à chiots existent, c'est
parce qu'il y a un marché. Leur principal marché ou
débouché à eux, il est où, selon vous autres?
Est-ce que c'est du privé ou bien s'il passe par les animaleries?
M. McCann: Je pense que c'est difficile de répondre parce
que le terme "privé"... Je peux peut-être élaborer
là-dessus...
M. Baril: Bien privé... Moi, je pars et je m'en vais
acheter un chien dans une usine à chiots. C'est ça que je veux
dire, privé.
M. McCann: O.K. Je n'ai pas de statistiques pour vous dire qu'un
tel pourcentage... Effectivement, les usines à chiots ont un
marché dans les animaleries ou certaines animaleries. Ça, c'est
un fait. Par contre, viennent s'ajouter d'autres marchés: les individus;
les gens qui se promènent et qui vont voir et qui vont acheter
là; les regroupeurs, c'est-à-dire des gens qui vont acheter
eux-mêmes ces chiots-là pour ajouter à leur élevage
et qu'eux vont revendre. Et il y a aussi de ces gens-là qui,
nécessairement, alimen- tent un marché destiné aux
établissements de recherche. Il y a aussi une autre région qui
est très bien fournie en matière d'animaux provenant d'usines
à chiots, et ce sont les encans et marchés aux puces.
M. Baril: Ils vendent des chiens et des chats.
M. McCann: C'est ça. Ce n'est pas une structure
établie. On se rend à un endroit, on ouvre le hayon du
véhicule, on sort une cage grillagée, on met six chiots là
et on vend ça. Ce n'est pas réglementé. C'est une
situation mobile.
M. Sabourin: Je dois ajouter là-dessus, par
expérience, que j'ai vu moi-même des vendeurs de ce type-là
arriver dans des centres commerciaux - tous nos magasins, nous, sont dans des
centres commerciaux - arriver dans les stationnements de centres commerciaux et
vendre des chiots à notre nez. Écoutez, on ne peut pas faire la
police. On avertit la sécurité des centres commerciaux pour se
débarrasser de ces gens-là, évidemment pour
protéger un marché qui est le nôtre, puisqu'on a investi de
l'argent pour opérer. Mais je peux vous dire qu'on a vu de ces
cas-là.
Et il ne faudrait pas négliger l'aspect marché aux puces.
On peut vous nommer un bon nombre de gens qui opèrent à
l'intérieur. Ces marchés-là se font évidemment,
comme vous le savez, samedi et dimanche, et c'est non
réglementé.
M. Baril: Donc vos principaux compétiteurs, ou les
principaux compétiteurs des animaleries, ça serait les usines
à chiots. Est-ce que c'est exact de dire ça?
M. Brisson: Moi, je préférerais dire que c'est la
partie la plus nuisible de l'industrie, plutôt que de les voir comme des
compétiteurs. Je crois que, très, très à
côté de moi - j'habite à Chambly - situé juste
à côté, il y a un marché 5 Étoiles, à
Carignan; je ne sais pas si vous êtes familier avec cet endroit. J'ai
fait moi-même des plaintes qui ont abouti à M. McCann ou aux gens
qui sont en arrière de moi, concernant les chiots et les chiens qui
étaient présentés là par au moins trois
différentes personnes en avant et une à l'arrière de cet
énorme marché aux puces. L'état était absolument
lamentable. Ces ventes se faisaient, ou essayaient de se faire, à des
températures de 80 à l'ombre. C'était absolument
lamentable, navrant, et j'ai peine à croire qu'on puisse qualifier ces
vendeurs de chiens qui passent par l'entremise d'usines à chiots ou
autres comme des compétiteurs.
Je veux dire, on a pignon sur rue, comme on a pris le temps de le dire;
on paie des taxes, on offre des garanties de santé qui sont
écrites, qui sont solides et qui peuvent être, à
n'importe
quel moment, appliquées dans les cours du Québec. Et Dieu
sait que les gens n'hésitent pas à le faire avec la Loi sur la
protection du consommateur et la Cour des petites créances. Je ne peux
absolument pas admettre qu'on appelle ces gens-là nos
compétiteurs. Ce sont des gens qui se targuent de vendre des animaux au
même titre que nous, mais qui, en aucun cas, ne peuvent être
considérés comme des compétiteurs à ce qu'on
représente dans notre regroupement. Et, il faut bien le dire, comme M.
Sabourin l'a dit, que si on a seulement 169 membres au Québec, c'est
parce qu'on n'a pas encore touché tout le monde. Je crois que, quand
PIJAC aura passé sa première année d'existence, on sera
certainement capables de vous dire que le nombre des membres de PIJAC, ayant
pignon sur rue, aura certainement grandi fortement.
M. Sabourin: À ceci, j'aimerais aussi ajouter qu'il y a un
autre aspect de la vente, aussi, de ces gens-là qui passent
régulièrement des annonces dans les journaux. Vous n'avez
qu'à vérifier à ce titre-là, on en voit
beaucoup.
M. Baril: Pensez-vous qu'il y aurait moyen, ou il y aurait
possibilité - et si oui, laquelle - d'intervenir, que quelqu'un
intervienne avant de saisir des animaux dans une situation physique telle que
c'est catastrophique, c'est désastreux, c'est inhumain, ça n'a
pas de bon sens en soi, quand ils ne sont pas morts?
Est-ce que les lois ou les règles existant aujourd'hui ne
permettent pas que la SPCA, si elle le sait, puisse intervenir avant de voir
des photos de chiens à moitié mangés par d'autres, ou...
Je ne veux pas charrier, mais ce sont des photos qu'on nous a
présentées souvent, qu'on voit dans les journaux et à la
télévision.
M. Sabourin: Je répondrais ceci. C'est difficile pour nous
de commenter là-dessus, parce que, nous, on n'a pas cet exercice de
contrôle et de surveillance des chenils clandestins, évidemment.
Nous, on le fait par le biais de la sensibilisation de nos membres, et en
décourageant les gens qui sont en commerce et qui veulent rester en
commerce, et tenir une réputation, de faire affaire avec ces
gens-là. Alors, c'est plutôt par le découragement.
Moins il va y avoir de gens qui vont acheter de ces gens-là -
alors, encore là, on parte de sensibilisation - évidemment, ces
gens-là vont disparaître de la carte. Ça va peut-être
prendre un certain temps, mais c'est un effort concerté qu'il faut.
M. Baril: Je veux revenir un peu tout à l'heure sur
l'histoire des poulets de Pâques, là. Monsieur s'est
interrogé sur la provenance de ces poussins-là. La
connaissez-vous, la provenance de ces poussins-là? (16 h 30)
M. Brisson: Bien oui, je la connais. Je me suis permis de dire
à M. le Président, en réponse au ministre tout à
l'heure, que les poussins et les canards, je ne connais absolument personne
d'autre que des cultivateurs ou des éleveurs de poussins et de canards
qui les produisent. Vous pouvez les obtenir à un couvoir, mais c'est
l'équivalent. Il est évident que les couvoirs ont
été les sources d'approvisionnement des poussins et des canards
pendant de nombreuses années au Québec. Mais moi, je suis dans la
ligne directement impliquée depuis 1969. J'ai ouvert une boutique en
1980 et je n'ai pas vu un poussin et un canard dans ma boutique depuis 1982.
Jusqu'à 1982, je suis le premier à reconnaître qu'il y a eu
une certaine vente très très très strictement
réglementée dans ma boutique. Mais je suis pertinemment au
courant que le problème est absolument réglé depuis au
moins 1983.
M. Baril: C'est parce qu'il faudrait peut-être
définir c'est quoi un cultivateur, parce que, vous savez, aujourd'hui,
un éleveur de poussins, le gars qui achète des poussins, il a un
quota, lui. Il est contingenté. Il a un quota. S'il a un quota de 10 000
pondeuses, ça marche à la centaine de mille même, un quota
de production de poulet BBQ ou de poulet de gril - je ne sais pas comment on
appelle ça - moi, je ne comprends pas comment il se fait que ce
gars-là, avec la quantité de quota qu'il a à faire, va
être intéressé à vendre une petite boite de 100
poussins à côté, mon vieux, sur le marché de je ne
sais pas trop où. Ce n'est pas là qu'est son revenu. Mais
ça revient peut-être au niveau de la définition d'un
cultivateur, comme je dis des fois, qui a deux ânes, un cheval, deux
veaux et une chèvre. C'est peut-être là qu'il faudrait
voir.
Une voix: M. Cardinal va vous répondre sur ceci.
M. Cardinal (Jean): Si vous le permettez, M. le Président,
j'ai vécu l'expérience d'acheter des poussins. J'ai aussi
été obligé, un temps, d'en maintenir dans mon commerce,
parce que la compétition nous y forçait. Il y a un historique qui
s'est fait sur les poussins. Les poussins n'ont pas commencé dans les
animaleries, ils ont commencé dans les quincailleries à
l'époque. C'était des annonces pour la peinture. Ils coloraient
les...
Le Président (M. Richard): Où les preniez-vous vos
poussins?
M. Cardinal: Au couvoir.
Le Président (M. Richard): Avant qu'ils arrivent à
la quincaillerie.
M. Cardinal: Au Couvoir Simetin. À l'époque
où on prenait ces animaux-là, on payait 0, 20 $ le
petit caneton non débecté. On ne faisait pas
débecter le caneton parce que le client n'en voulait pas. On achetait
peut-être 50 à 100 poussins, dans mon cas à moi, et je vais
vous dire que ce n'était pas une tâche facile. Ça sent
mauvais à l'intérieur d'un magasin. Ce n'est pas bon pour tes
choses. Tranquillement, avec le temps... Moi, je suis sur la rive sud. Alors,
c'est sûr que j'ai eu des demandes pour des pintades, des oies. Les gens
de Saint-Jean-Baptiste, c'est des gens qui ont quand même des terres. Il
y a des gens qui sont pépiniéristes et qui ont des petits lacs.
Ils me faisaient la demande, et, de là à peut-être trois
ans, j'ai tenu ces animaux-là dans mon magasin.
Par contre, je peux dire qu'on a fait une éducation. Je
n'étais pas dans une région à logements ou encore dans une
ville-dortoir. J'étais dans une région où les gens ont des
rivières, une montagne, des terrains. Ce sont des pomiculteurs. Alors,
c'est sûr que, quand je vendais des pintades, c'était viable pour
eux de les garder plus longtemps. Mais, par contre, je peux vous dire une
chose. Ces animaux-là sont vendus, par exemple, à l'encan Comeau
à Saint-Hyacinthe, sur une base extraordinaire, ce qui confirme ce que
M. le ministre a dit. Il y a d'autres encans qui sont reliés au domaine
de l'agriculture, qui vendent ces animaux-là: les lapins, les poussins,
les canetons et les oies. Et même, il y en a d'autres qui vendent des
chiens dans ces endroits-là. Moi, je pense qu'on a fait notre devoir au
niveau des poussins et des canards. On a répondu à la demande de
la population. On a cessé. On l'a prouvé même, et je peux
vous dire que, sur I'île de Montréal, cette année, il ne
s'est vendu aucun poussin. Sur la rive sud, peut-être accidentellement.
Je n'ai pas vérifié. Mais je peux dire que la majeure partie,
maintenant, sont vendus dans les encans agricoles. Vous pouvez le
vérifier. À l'encan Comeau à Saint-Hyacinthe, vous irez le
lundi. Ils en vendent encore à ce temps-ci de l'année. Merci.
M. Baril: À la page 9 de votre mémoire, vous faites
mention que différents autres groupes se sont donné un code
d'éthique, mais vous écrivez, textuellement en tout cas, je vais
lire même le bout: "Jamais la SPCA ne semble avoir manifesté
à ce jour le désir de travailler conjointement avec les
animaleries pour, par exemple, bâtir un code d'éthique qui serait
valable pour les boutiques d'animaux, les éleveurs et tous les autres
intervenants dans le domaine, y compris la SPCA. " D'autres intervenants sont
passés avant vous. Les clubs canins se sont donné des codes
d'éthique très très sévères. Vous autres,
tout à l'heure, au début, je vous ai demandé si vous en
aviez. Vous m'avez laissé entendre que vous aviez un code
d'éthique. Qu'est-ce que vous voulez dire par là? "C'est-y" parce
que vous voudriez que la SPCA collabore pour redéfinir ou renforcer
votre code d'éthique ou quoi?
M. Cardinal: Si vous me permettez, il y a eu des essais de faits.
Récemment, il y a même des projets de magasins quatre
étoiles, cinq étoiles qui ont été mis de l'avant.
Ça a été rejeté parce que ça encourageait
les animaleries. Il y a des vétérinaires qui ont rencontré
des gens de la SPCA, qui ont soumis des plans d'assurance pour les animaux,
connexes aux maisons de la SPCA et aux animaleries. Le projet a
été refusé parce qu'il était offert à nous
en même temps. Ces vétérinaires-là sont revenus nous
voir. Ils nous ont dit: Jean, on a essayé, nous, d'offrir quelque chose.
Il y avait la stérilisation gratuite dans ce plan-là, ce qui
aidait énormément la SPCA. Nous, on était conscients que
c'était un bien, mais ç'a été refusé par la
SPCA. Vous pouvez même les questionner après. Ils l'ont, la
réponse pour ça Pourquoi ont-ils refusé ce plan-là?
Ça coûtait 75 $ ou 100 $ selon le type d'animal. Vous achetez,
vous avez une assurance pour les problèmes d'accident, de maladie, et
tout ça, avec 12 $ de déductible, et ça incluait la
castration ou encore la stérilisation de l'animal Pourquoi ç'a
été refusé?
C'est dans ce sens-là qu'on a essayé, nous, d'aider. Moi,
je trouvais ça fantastique, ce plan-là. Je l'avais accepté
avec les vétérinaires, mais ç'a tombé à
l'eau. Lui, c'était un monsieur qui avait cinq cliniques. Ce qu'on lui a
reproché, c'est que c'est un gars qui est peut-être à but
lucratif, comme nous. C'est quand même un très grand
défaut, je pense, dans le domaine des animaux.
M. Baril: Mais pourquoi? Il y a un bout que je ne comprends pas.
Pourquoi d'autres groupes sont-ils capables de se donner un code
d'éthique eux-mêmes, puis vous autres, il faut que vous fassiez
approuver ce code d'éthique par la SPCA? Pourquoi ne vous en donnez-vous
pas un? Et s'ils ne veulent pas l'approuver, ils ne l'approuvent pas.
M. Cardinal: non, on ne voulait pas faire approuver, on voulait
collaborer parce que c'est une jeune industrie, l'industrie des animaux de
compagnie.
M. Baril: Oui, mais ça empêchait quoi de vous
l'imposer pareil, ce code-là?
M. Cardinal: Mais c'est ce qu'on est en train de faire en ce
moment avec PIJAC. C'est ce qu'on essaie de faire. Écoutez, on est une
jeune industrie, on essaie de s'améliorer. Je ne pense pas que les gens
dans le domaine de la culture des volailles ont évolué du jour au
lendemain. Moi, on m'a reproché à la SPCA: Bien, Jean, tu viens
juste de commencer à faire
quelque chose parce qu'on a envoyé un projet de loi. C'est
complètement faux. Il y a 10, 11 ans, moi, j'ai travaillé pour
des boutiques; des tirants d'air, il n'y en avait pas avec les chiens. Il n'y
avait pas de vitrine en avant. Mais là, il y en a. Les magasins qui n'en
ont pas ramassent les sous pour le faire.
Je pense que notre mouvement a été très
généreux envers la SPCA, et on nous a toujours refusé la
collaboration entre les deux. Je pense que c'est important de collaborer avec
tout le monde. Moi, j'ai besoin autant d'un agronome que d'un
vétérinaire. Puis je vais vous dire que j'ai travaillé de
concert avec les vétérinaires dans mon coin et que ça a
très bien tourné. Mais je n'ai rien pu faire avec la SPCA. On m'a
toujours rejeté. J'ai souvent déclaré, moi, chez des
grossistes, des gens qui ne procédaient pas correctement. Tout ce qu'ils
ont fait, ils ont pris mon information, ils y sont allés et je n'ai
jamais eu de suivi après. J'aurais aimé ça, savoir ce qui
était arrivé, moi, à l'iguane de quatre pieds qu'ils
avaient ramassé dans un aquarium de quatre pieds. J'aurais aimé
ça. Mais c'est ça dont on a besoin, une collaboration entre tous
ces organismes. Piérard, qui est de la faculté, on a eu une
discussion avec lui; c'est un de mes clients à mon magasin. Et je dois
vous dire, monsieur, qu'il attend juste que ça finisse pour nous
rencontrer et qu'on s'aide ensemble. Je pense qu'on peut faire quelque chose
ensemble, c'est humain, et on est en train de grandir en ce moment.
M. Sabourin: Je peux ajouter à ceci, si vous voulez bien.
Évidemment, l'image a été véhiculée pendant
longtemps, et encore récemment, à l'effet que les animaleries ont
tous les péchés du monde. Évidemment, quand on tente de
véhiculer cette image-là, on n'essaie pas, du côté
d'un organisme comme la SPCA, en même temps, de se rapprocher de ce que
nous, on représente. Nous, on a toujours demandé à la
SPCA: Écoutez, au lieu de dire que toutes les animaleries ne sont pas
correctes, qu'elles font des choses croches, qu'elles achètent des
chiens malades ou des chiens importés, et ainsi de suite, ayez donc au
moins la décence d'avoir une approche positive en disant: Voici, il y en
a quelques-unes qui ne sont pas correctes et on peut les nommer. Mais dites en
même temps qu'il y en a qui sont correctes et que c'est la
majorité. Mais non, l'image publicitaire qu'on véhicule, c'est
que toutes les animaleries ne sont pas correctes.
M. Cardinal: Si vous me permettez, un instant, est-ce que vous
avez déjà vu, dans les médias, une seule fois, une
dénonciation ouverte avec le nom d'une animalerie, une fois? Je ne pense
pas. Vous pourrez vérifier.
M. Baril: Là, là-dessus, M. le Président, on
n'est pas en mesure de lire les journaux... On en lit beaucoup.
Une voix: Exact, c'est ça.
M. Baril: Vous savez, on en lit beaucoup, et souvent, ce qui
attire notre regard, ce qui arrête notre pensée, c'est lorsqu'on
voit, je le répète, comme je l'ai dit tout à l'heure, des
animaux qui, réellement, sont dans un état tout à fait
inacceptable, déplorable. Mais, en tout cas, ça me laisse quand
même songeur, cette difficulté de vous rapprocher, de vous faire
reconnaître, ou cette participation, cette collaboration au niveau de la
SPCA face à vous. Tout à l'heure, je suis certain qu'elle
viendra. Probablement qu'elle aura une petite réponse à nous
donner là-dessus. Je la souhaite beaucoup, énormément. Si
vous êtes là pour essayer d'améliorer la situation des
animaleries en général - et j'y crois - ça, c'est comme
dans tout autre secteur, on ne peut jamais arriver à la norme de 100 %,
c'est très difficile. Il y en a des bons, des moins bons, et des pas
bons pantoute, mais ça il y en a dans tous les secteurs. Mais, au moins,
en autant qu'on essaie tous ensemble d'atteindre l'objectif 100 %, c'est
déjà un but louable.
Une dernière question. Vous autres, vous souhaiteriez, si le
gouvernement légifère, qu'il légifère dans
l'ensemble des secteurs qui touchent tout ce qui bouge au Québec,
l'ensemble des animaux, à plumes, à poil ou n'importe quoi?
M. Sabourin: En fait, je pense qu'une législation comporte
beaucoup de travail et qu'on ne peut pas juste mettre des pansements sur des
bobos, je pense qu'il faut aller à la source. Et pour aller à la
source, nous préconisons une concertation de tous les intervenants dans
tous les domaines. C'est la seule façon pour arriver à quelque
chose.
M. Baril: Mais vous ne pensez pas que si le gouvernement essaie
de légiférer, de réglementer... Parce que la loi, c'est
une chose, mais il y a toujours des règlements qui s'ensuivent, et
ça c'est pire.
Une voix: Oui.
M. Baril: Vous ne pensez pas que si le gouvernement essaie
d'englober tous les secteurs, ça peut retarder l'application d'une loi
qui serait plus urgente dans des secteurs que dans d'autres, pour corriger ce
qu'on voit malheureusement trop souvent? Ça semble être un
problème plus grave là. La SPCA nous a fourni des photos,
d'autres organismes nous ont fourni des coupures de presse, nous autres, on en
voit passer à l'occasion. Si on essaie de tout englober dans un paquet,
ne pensez-vous pas - parce qu'il y en a qui nous ont même parlé
des habitats fauniques et des espèces menacées - si on essaie de
tout englober ça dans un projet de loi, que ça
retardera les urgences qu'il peut y avoir actuellement?
M. Sabourin: Bien, évidemment, c'est sûr, parce que,
de toute façon, ça prend une loi, mais s'il n'y a pas de
concertation, ça va être difficile, vous savez. Moi, je pense
qu'il risque d'y avoir de fausses victimes dans une loi jetée à
la hâte.
M. Baril: Écoutez, moi, au nom de l'Opposition officielle,
je vous remercie d'avoir bien voulu présenter votre mémoire. Je
vous encourage a continuer votre travail de regroupement des animaleries
à l'intérieur de votre association. C'est sans doute un moyen
excellent de sensibiliser et de discipliner les propriétaires
d'animaleries, et en même temps, très certainement, de refaire une
image plus belle, plus propre, plus présentable des animaleries.
Merci.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre.
M. Picotte: Également, M. le Président, je pense
que j'ai eu l'occasion de le mentionner tantôt, merci pour votre
mémoire, et on aura sûrement l'occasion d'en reparler dans un
avenir pas trop éloigné. (16 h 45)
Le Président (M. Richard): Merci, mesdames, messieurs.
Nous demandons à Mme Stephanie Brown, qui est présidente de la
Fédération des sociétés canadiennes d'assistance
aux animaux, de prendre place, s'il vous plaît.
We know, Mrs. Brown, you have a big problem. You never speak French?
Fédération des sociétés
canadiennes d'assistance aux animaux
Mme Marcellin (Hélène): Alors, M. le
Président, si vous me le permettez, mon nom est Hélène
Marcellin. Mme Brown m'a demandé d'intervenir pour les problèmes,
justement. Alors je vais tenter de vous aider.
Le Président (M. Richard): Excellent. Alors, Me
Hélène Marcellin va faire la traduction et la composition. Vous
ne faites pas la traduction du texte?
Mme Marcellin: Non.
Le Président (M. Richard): Seulement les questionnements
parce que ça, on a déjà ça ici. You have the next
15 minutes to do your presentation, if it is possible in that time. Go on.
Mme Brown (Stephanie): M. le Président, mesdames et
messieurs, bonjour. Malheureusement, je dois parler en anglais aujourd'hui.
Please receive some additional written material. On my right is
Hélène Marcellin, I am Stephanie Brown, President of the Canadian
Federation of Humane Societies.
We are an umbrella organization consisting of 112 member organizations
and branches in all provinces and territories of Canada. We have played a
leading role working with industry and government on a wide range of animal
protection issues.
Representatives from the Federation have practical in-laboratory
experience, as members of institutional animal care committees and as members
of assessment panels.
Other involvements include protection of animais used for entertainment
- rodeos, zoos, and aquaria - and issues such as trapping regulations,
transportation of animals, and wildlife. We have extensive experience in local
animal control problems and the adoption, spayneutering, treatment and
euthanasia of pet animais.
Our Federation is pleased to offer assistance today and recommendations
to the parliamentary commission with respect to the proposed provincial animal
protection legislation.
Animal protection legislation currently exists in all provinces except
Québec and Nova Scotia. In Québec, the means to legally protect
animais is lacking; the Criminal Code can do little more than punish a
perpetrator of cruelty after the fact. Enforcement of preventive laws to
protect animais is needed, with penalties when infractions occur.
The Canadian Society for the Prevention of Cruelty to Animais, Draft
Animal Protection Act and Regulations, has recognized the legislative vacuum.
The Canadian Federation of Humane Societies commends the CSPCA for preparing
and presenting this important draft animal protection legislation for
Québec.
One particularly contentious area of animal use is animais in
laboratories. Pain and suffering are component parts of much animal-based
research. For instance, animais are used in experiments involving burns, organ
transplants, neurology, psychology, cardiology, toxicity testing, drug
development, bacteriology, extreme environmental conditions such as cold, to
name but a few. For both moral and social reasons, ail those involved with, or
concerned about, labora-tory animal use, including governments, the scientific
community, animal protection organizations and the public must ensure ail
measures to reduce pain and suffering for experimental animais are undertaken.
Stringent controls are needed. However, there is no federal legislation in
Canada designed to protect laboratory animais. Canada is almost alone in
providing no national law. Legislation is well developed in most Western
European countries. Instead, the system which controls the care and use of
laboratory animals is the Canadian Council on Animal Care,
or CCAC. This is a scientists' voluntary peer review system, with a
Council composed of some 20 organizations, of which all but our Federation are
animal users or funders of research. We represent only 8 % of the membership
and we are easily and regularly outvoted on animal protection issues at
Council. Council makes guidelines and provides announced assessment visits to
research institutions every three years or oftener on occasion. CCAC has been
resistant to change necessary in our evolving times. Another problem with CCAC
is it attempts to both act as defender of research and as overseer of animal
research.
Other problems with CCAC are the extreme closed system and the
confidentiality. It is not accountable to the Canadian public which funds go to
the research. Procedures done to animals, physical conditions of animal
facilities, assessment reports, animal care committee activities and even the
names of the institutions are all secret. There are no penalties in law for
violating CCAC standards. The CCAC may request that granting agencies withhold
funding from institutions that are not in compliance with their guidelines, but
this sanction has never been employed, despite non-compliance continuing by
some institutions, and there are no sanctions for institutions which do not
receive Federal grants, just commercial companies.
Thus provincial legislation, with provision for the care and use of
laboratory animals, is a vital tool to provide standards and ensure
enforcement. The recently released report of the Medical Research Council, the
largest funder of biomédical research in Canada states: Legislative
backing can strengthen control systems, provincial or federal legislation can
confer greater authority both to the CCAC and to local animal care committees
and expand the capacity to apply, interpret and implement general principles
exposed in the legislation. The same MRC report also suggests CCAC's functions
should be expanded to include increased monitoring and greater use of sanctions
when institutions care and use do not meet established standards.
Since 1970, Ontario has had the Animals for Research Act, a
comprehensive law which sets standards for pound operations and laboratory
animal care and use. Regular inspections of research laboratories and pounds
are part of the enforcement. One of the stated purposes of the act was to
eliminate "dognapping", an on-going problem in Québec. Registration of
all laboratory animal suppliers was instituted to control pet theft. The same
registration is needed in Québec with inspections by the CSPCA. The
CCAC's program is predicated on effective review and monitoring at the local
level. Institutional animal care committees are considered the cornerstone of
the system because they are there to consider the use, the suffering and the
well-being of the animals. Therefore, it is essential that all animal care
committees function well. However, in practice, the committees function at
varying levels of effectiveness. These comities are responsible for monitoring
animal experiments through regular site visits. However, some committees do
not, and only one site visit per year is recommended, certainly not enough to
monitor a whole year's experiments. In most instances, public monies fund
research. Therefore, committee deliberations should be open and accountable to
the public. However, confidentiality prevents that. Animal care committees are
supposed to have at least one community member. However, a number of animal
care committees do not have a community member, despite the fact it is a CCAC
guideline. The proposed Québec legislation calls for committee
composition to consist of half the members who do not experiment on animals.
This is important to provide a multidisciplinary approach to decision making by
others besides those who use animals. A narrow spectrum of mainly scientific
views tends to consider proposals less critically than membership reflecting
both scientific and community attitudes. Not all animal care committees across
Canada are functioning to the required standards. It is reasonable to state
that Québec has the highest incidence of institutions with animal care
committees not functioning properly-
I am a member of the Canadian Council on Animal Care and have access to
all their reports. Following is a list of typical problems in Québec
laboratories from these reports. However, due to confidentiality, names of the
institutions are not provided. These are large, important, publicly funded
institutions and they have advanced notice of the visits from the CCAC.
Institution 1, 1988: no animal care committee. Institution 2, 1989:
institution does not have a protocol form which describes procedures done to
animals; also, the animal care committee still does not officially meet.
Institution 3, 1989: No veterinarian; animal care committee met one time in the
last two years; no community member on the animal care committee. Institution
4, in 1989: No community member on the animal care committee. Institution 5,
1990: No community member; dogs kept four years; exercise two times a week for
30 minutes. Institution 6, 1990: Only animal care committee chairperson and
technician review protocols, not the committee; inadequate postoperative
surgical care; no quarantine for surgical dogs. Institution 7, 1990: Community
member represents an agency funding the institution; very little veterinary
input. Institution 8, 1990: No minutes of animal care committee meetings; dogs
supplied on commercial basis by technician from another research center.
Institution 10, 1990: No community representation on animal care committee; no
protocols for teaching. And another recent problem in 1989, a Montréal
cégep dropped off by Purolator Cour-
lier unwanted research animals at the door of the CSPCA when the
cégep vacations started.
The Canadian Federation of Humane Societies recognizes the importance of
public accountability in matters related to the use of live animals in
laboratories. The public has the right to know the uses of animals in
experiments, the extent to which they are used, and the conditions under which
they are maintained. Openness fosters confidence; a close system does not. As
part of public accountability, there should be openness on the part of
institutional staff. Animal health technicians, or animal nurses, have daily
close contact with animals and are knowledgeable about the animals'condition.
Employees would be obliged, under the proposed Québec act, to present
up-to-date information and accurate information about conditions affecting
animals, and should not be subject to sanctions because of complaint about
animal neglect or abuse.
The controversy concerning pets in research has been subject of
emotional debate for many years. The debate centers on the appropriateness of
animal shelters as source of laboratory animals: release of pet animals is an
intrusion into the legitimate function of the shelter. Webster's Dictionary
defines shelter as "that which covers or defends; a protection or place of
protection; a refuge". Releasing pet animals to research is a betrayal of the
animal and a betrayal of the animal owner. Shelters are designed to be just
that: shelters. (17 heures)
The public has a right to the assurance that if they take an animal to a
shelter, that animal will be treated humanely, and in the best interest of the
animal. If the animal is released to research, that reassurance cannot be
given. "Pound seizure" is the forced release of animals from pounds authorized
by legislation. A strong argument against pound seizure is the detrimental
effect it has on the publics confidence in the animal control operation. Some
members of the public prefer to release animals onto the streets rather than
subject them to experimentation, thus undermining the effectiveness of the
animal control program.
Most provinces do not have pound seizure, and the trend is away from the
practice, as the public becomes aware of the implications. In Canada, recent
use of purpose-bred cats and dogs has increased while the use of pound source
dogs and cats has significantly decreased.
From the scientist's standpoint, there are distinct advantages to
purpose-bred animals. The U. S. National Institute of Health, the world's
largest funder of bio-medical research, has not used pound animals in its own
in-house research since the mid-1970's.
Many physicians oppose pound seizure, or use of "random-source" animals,
for both scientific and ethical reasons. Some of their arguments are: there are
good alternatives; it is not a humane way to treat humankind's best friend.
There are definitive problems in using pound animals, such as: no genetic
standardization for reproducible results; source is unknown, with unknown
medical history; unknown problems may confuse the experiment.
Other reasons to oppose pound animals are economic. When pound animals
are used, there are hidden costs. There is need for a quarantine period and for
conditioning. They may suffer from unknown illnesses.
Due to lack of animal protection legislation in Québec, and
resulting lack of registration of pound operators, there is a major problem
with theft of animals, or dognapping. The system lends itself to abuse.
Québec pound animals, and animals stolen off the streets, are
being sold in large numbers to research institutions in Québec, across
Canada and the United States. As more municipalities refuse to release pound
animals to research, and laboratories can not obtain animals locally, they will
readily purchase Québec-source animals, not questioning the animals'
origins.
Purpose-bred, not random-source, animals ensure better research. When
research animals are purpose-bred, healthy, and disease-free, use of fewer
animals can result, with lower costs.
When animals are used for research, the Canadian Federation of Humane
Societies recommends purpose-bred, not random-source animals. However,
regardless of the source of the animals, individuals or organizations that sell
animals for research purposes should be registered and regularly inspected,
just as the animal user in the researching facilities should be regulated and
regularly inspected, in Québec, there should be no legislative mandate
to release pound animals to research, and no pound animals should be shipped
outside the province.
Further, Québec legislation should ensure an animal receives
adequate veterinary care, including appropriate anaesthesia and analgesia; an
animal is used only once; research results are published in the broadest forum,
including justification for the use of animals; care standards which meet the
psychological and behavioral needs of each species are in place; an alternative
should have been sought, including a literature search prior to undertaking an
experiment; and the CCAC guidelines are met.
Provision of adequate veterinary care, with response within a reasonable
time frame for animals in distress continues to be a problem in some
Québec laboratories.
To ensure the fewest number of animals are used, the search for
non-animal technologies must be more than a passive activity.
The Québec draft legislation calls for a comprehensive literature
search for non-animal technologies in both English and French languages, and a
written report to the animal care committee to verify the search.
These are important considerations which place appropriate onus on the
animal user and animal care committee to ensure the objects of the research
could not have been attained without the use of live animals.
The established guidelines of the Canadian Council on Animal Care shall
be the standards under which animals are used in Québec laboratories. As
well, the Government of Québec may wish to make additional provincial
regulations affecting animal use, as it sees fit.
Animal-based research is expensive. However, lack of funds should not be
an excuse to fail to meet established standards, If any standards - including
trained animal users or care-givers, up-to-date physical facilities, or
adequate ethical review - cannot be provided, then animal-based research should
haft.
Before animal research is undertaken, training for researchers and
animal care-givers, is essential. However, training is not mandatory. Practical
hands-on training with demonstrated proficiency should be mandated provincial
requirements. As well, veterinarians who are specially trained in laboratorian
animal medicine are needed to oversee institutional animal care and use.
Regular provincial inspections of research facilities and animal
suppliers are required to ensure proper standards. The CSPCA has offered to
provide such inspections. Payment for such visits should be user-pay or
provided by the provincial government, not from charitable donations, the
source of CSPCA funds.
All animal-using research institutions and animal suppliers should be
registered. Registration will control sources of animals and help control
conditions under which they are produced.
The person to whom the registration license is issued shall be the
senior official responsible for compliance. That individual would receive
copies of all reports from CSPCA inspectors and CCAC assessment or
accreditation teams.
A list of ail animal-using institutions and laboratory animal suppliers
should be published annually by the Province of Québec.
In conclusion, our society is changing quickly. Its attitude toward the
environment and animals as a part of that environment evolves, we must be
responsible and responsive to change. In animal research, pain and suffering
are not exceptions. Please do not be convinced there is no pain or suffering in
laboratory animals, because there is. Suffering is suffering whether
experienced by human or an animal and there is still much to be done in
Québec to eliminate animal pain and suffering.
Provincial legislation to protect animals in Québec is urgently
needed. Enactment of legislation should proceed as quickly as possible by the
Province to ensure this protection is put in place.
Merci, messieurs.
Le Président (M. Richard): Merci, madame.
Mme Brown: M. le Président, le document, s'il vous
plaît, pour le comité.
Le Président (M. Richard): Vous avez un nouveau document
à ajouter? O.K.
Mme Brown: These are the reports of the Medical Research Council
of Canada about animal experimentation and the response from the Canadian
Federation of Humane Societies to the Medical Research Council of Canada's
report about the use of animals in experimentation.
Le Président (M. Richard): O.K. Thank you. We receive it.
Give then to all members. M. le ministre, vous pouvez questionner.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je voudrais vous
remercier, Mme Brown, pour votre mémoire, qui touche presque
essentiellement à la recherche comme telle. Pourtant, hier, nous avons
eu l'occasion de rencontrer et de discuter avec les recteurs des
universités et les Canadiens pour la recherche, et on nous a fait part
que même au Québec sans loi, alors qu'en Ontario il y a une loi,
ce sont les mêmes normes. On applique les mêmes normes au
Québec qu'en Ontario. Alors, pourquoi, si effectivement on a cette
certitude que les mêmes normes qu'en Ontario, sont appliquées au
Québec allons-nous légiférer, uniquement pour avoir un
outil de législation, et qui va venir faire quoi ou ajouter quoi? C'est
déjà un fait accompli selon ce qu'on nous a dit. Qu'est-ce que
ça viendrait ajouter davantage et quelle est l'urgence d'ajouter une loi
si on fait ça selon les mêmes normes qu'en Ontario?
Mme Brown: Mr. Minister, the legislation in Ontario has been very
important because it has ensured that all supply facilities are registered and
any institution which wants to purchase an animal for research must go to a
registered supplier, so they know the origin of those animals. In
Québec, you do not have such registration, for one thing. You do not
have the same regular inspections of institutions which you have in Ontario. In
Ontario, each institution is to be inspected four times a year minimum by the
Provincial Government. That is very important and it has helped to raise the
standards of labs in Ontario. There is no doubt about it.
Mme Marcellin: Si vous me permettez de reprendre
brièvement ce que Mme Brown a mentionné, c'est qu'en Ontario, on
connaît, à cause de l'enregistrement, la provenance des animaux
et, en Ontario aussi, les institutions sont inspectées au moins quatre
fois par année à
cause de la législation. C'est bien important et c'est ce qu'on
n'a pas ici, au Québec.
M. Picotte: J'ai eu l'occasion de questionner davantage sur ce
domaine-là les gens des universités et d'autres intervenants dans
le milieu, et on sait que les normes au niveau de la recherche sont
standardisées et sont assez exigeantes. On parle souvent d'animaux de
même croissance, de même grosseur. Il y a des nonnes assez
sévères pour arriver à des résultats de recherche
qui sont spécifiques et c'est déjà passablement
réglementé si je peux m'exprimer ainsi, parce que quelqu'un qui
arriverait en n'ayant pas respecté... Ecoutez, dans n'importe quelle
université au Québec, même si les chercheurs ne sont pas
soumis à une loi québécoise, s'ils arrivaient à
produire des recherches et le fruit de leurs recherches sans avoir
respecté des normes bien précises au niveau scientifique, on n'y
croirait même pas. Ils seraient complètement évacués
du champ de la recherche. Donc, moi, je me dis que ça fait partie des
mathématiques importantes en termes de résultats finaux des
recherches, et moi, en tout cas, je mets en doute une législation
additionnelle, surtout dans le domaine de la recherche. Je ne dis pas, si on
légifère, qu'il ne faut pas aller jusque-là et qu'il ne
faut pas baliser ça non plus, mais je me dis s'il y a un domaine
où, justement, il y a des choses qui sont scrupuleusement suivies, des
nonnes qui sont scrupuleusement suivies, c'est bien le domaine de la
recherche.
La méthode expérimentale, vous savez, ça existe.
Ça existe au Québec, ça existe en Ontario, ça
existe partout, c'est scientifique. Sur l'urgence, je ne vous suis pas du tout,
loin de là et bien loin de là. S'il y a un domaine où
c'est peut-être un peu moins urgent parce que mieux balisé, mieux
normé, plus scientifique et plus exigeant en termes de résultats
à cause du point de vue scientifique, c'est bien ce
domaine-là.
Mme Brown: Mr. Minister, it is not a question of high norms or
high standards in terms of the scientific aspect of the research. We are
talking about concerns for the animais, what happens to the animais when you do
things to the animais. There is pain and suffering. There is need to control
the pain and suffering when these procedures are done to the animais. (17 h
15)
Mme Marcellin: M. le ministre, Mme Brown a mentionné que
ce n'est pas une question de qualifier les normes pour ce qu'on fait comme
expériences aux animaux. C'est de s'assurer qu'il n'y a pas de douleur
ni de souffrance et c'est la vérification de cette douleur et de cette
souffrance-là. Ce n'est pas une question de standardisation des normes
de l'expérience comme telle.
M. Picotte: Hier, je pense qu'on a assez précisé
ces choses-là. Quand on est rendu dans les universités à
dépenser quelques millions de piastres uniquement dans le domaine pour
créer un endroit pour conserver ces animaux-là, leur assurer le
bien-être, etc., moi, je pense que, s'il y a un domaine, en tout cas,
pour lequel vous ne m'avez pas convaincu pantoute que c'est urgent, c'est bien
celui-là. Je regrette de différer d'opinion avec vous, ce qui ne
veut pas dire, évidemment, qu'il ne faut pas non plus regarder cela.
Mais, là-dessus, je diffère passablement d'opinion avec vous.
Dans un autre ordre d'idées, combien de chiens sont
utilisés en recherche et est-il possible que certains de ces chiens
proviennent des fourrières? Si oui, avez-vous des chiffres à nous
soumettre?
Mme Brown: Deux réponses. There is a problem in
Québec with the fact that animais are being taken off the streets and
used for research. That is one very important aspect which could be finished if
you had legislation. That has nothing to do necessarily with science itself, it
has to do with proper attainment of animais and the ethical aspect of what
animais are used for research. How many dogs...
Mme Marcellin: Maybe, let just me answer to that. Mme Brown
mentionne qu'au Québec, un des problèmes majeurs, c'est le
"dognapping", le chien pris sur la rue et, si on avait une législation,
ça éviterait ce problème-là. Ça a
plutôt affaire avec la source d'alimentation, d'où provient
l'animal, qu'avec l'animal en laboratoire.
M. Picotte: Ça, le "dognapping", hier, on l'a
souligné un peu. On en a parlé, pas nécessairement du
"dognapping", mais on a pu questionner les gens des universités. Vous me
dites ça, là, je veux bien vous croire comme ça, mais
j'aimerais bien que vous me donniez aussi quelques preuves un peu. C'est trop
facile de prendre ça à première vue et de dire: Une loi
viendrait faire en sorte qu'il y ait moins de chiens volés et on
risquerait moins de les retrouver dans le domaine de la recherche. Pour moi, ce
n'est pas évident. Ce n'est pas évident que demain matin, avec
une loi, il y aurait moins de vols de chiens et que ces chiens-là,
effectivement, quand ils sont volés, se retrouvent à la recherche
en plus. Moi, je pense que vous avez besoin de me convaincre davantage de ce
que vous dites avant d'embarquer là-dedans.
Mme Brown: O. K. There would be less dognapping if the
institutions had to purchase animais from suppliers that were registered. As it
is now, there is no standard for who sells the animais in Québec. As a
resuit, there are many animais available not only to institutions in
Québec, but also to institutions in other provin-
ces. They buy them in Nova Scotia, they buy them in Manitoba, they buy
them in all provinces. They come to Québec to buy them because they are
available. And why are they available? Because you have no control to oversee
that they are not being properly looked after. They passed a law. The most
important reason I understand in Ontario to have the law was to end dognapping,
because it was a problem 20 years ago. They recognized that there is problem.
They decided that it needed to be stopped. They passed the Ontario Animals for
Research Act to make sure it stopped. It did stop. Number of animals used?
Mme Marcellin: En bref résumé, Mme Brown vous
mentionne qu'il y aurait moins de vols au Québec si les institutions
s'approvisionnaient auprès d'une souce d'approvisionnement
enregistrée. Présentement, il n'y a aucun standard et les autres
provinces viennent s'approvisionner au Québec, parce qu'on n'a pas de
contrôle. Et en Ontario, justement, une des raisons pour lesquelles la
loi a été établie, c'était pour arrêter les
vols et pour avoir un contrôle sur la provenance des animaux.
M. Picotte: En tout cas, ce n'est pas un gros problème
ici, à ma connaissance, et les preuves ne m'ont pas encore
été faites. Moi, je veux bien dire que, oui, il se vole des
animaux, bien oui, il s'en vole en fonction des preuves qu'on nous fournit,
mais je pense qu'il ne faut pas prendre non plus les choses tout à fait
gratuitement. Ou bien on arrive avec un certain nombre de preuves et on dit:
Oui, ça se fait et ça se fait sur telle échelle, c'est
explicable. Nous, on n'a pas cette prétention-là. Peut-être
que vous avez des connaissances qu'on n'a pas, mais vous nous feriez bien
plaisir de mettre toutes ces connaissances et ces savants
renseignements-là sur papier et de nous les déposer pour qu'on
puisse vérifier l'ampleur de ça. Mais, comme ça,
directement, gratuitement, je suis obligé de l'écouter et d'en
faire avec ce que j'ai fait avec des chiffres hier, compte tenu que vous ne
pourrez peut-être bien même pas vérifier ces
chiffres-là, mais je ne suis pas convaincu de ça. On ne
légifère pas comme ça chez nous.
Mme Brown: Mr. Minister, I have an article here from the
Montréal Gazette which features Mr. René Martel who is the
owner of a company called Laka. Laka supplies animals all across the country to
many provinces besides Québec and, in this article, Mr. Martel indicates
that, yes, it does purchase animals, stray dogs and cats, from municipalities
of Brossard and Saint-Hubert and they have contract statements which say that
animals are not to go to research. But, nonetheless, they sell their animals to
Mr. René Martel and he, in turn, sells them to institutions across
Canada and to other institutions in the United
States.
Mme Marcellin: O.K. L'article de la Gazette,
M. le ministre, sur M. René Martel, dit que la firme Laka
fournit des animaux à travers le pays et qu'elle s'approvisionne
auprès des municipalités qui ont des contrats qui
défendent de remettre les animaux pour la recherche et, malgré ce
contrat-là et cette entente, les animaux sont effectivement remis
à diverses institutions de recherche.
Mme Brown: Remember also during my presentation I said that there
are institutions in Canada without animal care committees function-ning. This
is a very serious defect because the responsibility for the care and oversee is
all with the animal care committee at the local institutional level, and when
the local committee is not functionning, no protection is in place. The CCAC
comes only once every three years. If you had provincial inspections, it could
be like Ontario where they come four times a year and they consider how is the
animal care committee working, how are the other problems going.
Mme Marcellin: Ce que Mme Brown a mentionné dans son
discours d'ouverture, c'est qu'elle disait que c'était bien important
d'avoir un comité de bien-être animal qui fonctionne très
bien, car c'est ce comité-là qui est responsable du
bien-être des animaux. Le CCAC, par contre, ne recommande ou ne fait des
visites dans les laboratoires ou les institutions de recherche que seulement
une fois aux trois ans et annoncées, et on sait que si on avait une loi
provinciale comme en Ontario, ces visites se feraient quatre fois par
année et il y aurait une régularisation des comités de
bien-être et, à ce moment-là, une meilleure surveillance de
ces comités qui sont très importants.
M. Picotte: On aura sans doute l'occasion, M. le
Président, de requestionner, d'aller revérifier certains faits,
bien sûr, mais en ce qui concerne l'article de la Gazette,
ça non plus, ça ne m'impressionne pas trop, pas parce qu'il
est écrit sur M. Martel ou qu'il vient de la Gazette, c'est tout
simplement parce que, ça, c'est un bris de contrat. Il y a le civil pour
ça. Si une municipalité fait un contrat avec quelqu'un et dit:
Ça ne doit pas être revendu pour la recherche et qu'on a la
certitude que c'est revendu pour la recherche, le Code civil s'applique et
c'est un bris de contrat, et ça intervient entre des individus. Donc, je
pense bien que ça non plus ça ne m'impressionne pas trop, en
termes de l'urgence de légiférer et des choses comme ça.
Je regrette, mais ça me prend d'autres preuves que ça, moi, pour
arriver avec "un bras de fer" quand il arrive des situations semblables
à ça. Alors, M. le Président, moi, je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Art ha baska.
M. Baril: M. le Président, nous avons essayé de
comprendre, en tout cas, certains bouts du mémoire. C'est évident
que ce mémoire touche uniquement les animaux pour la recherche. Hier,
nous avons questionné nos représentants ou nos
spécialistes de la recherche au Québec. Le ministre a
abordé pas mal aussi différentes questions, mais est-ce que
madame pourrait me répondre, d'ordre général, la loi de
l'Ontario, est-ce qu'elle s'applique à des secteurs bien particuliers ou
bien est-ce une loi d'ordre général et tous les animaux sont
inclus dans la loi?
Mme Brown: All animals in research are under the Ontario Animais
for Research Act, also standards for pounds are established, which you do not
have here in Québec. So ail animais who enter pounds and who enter
research institutions are covered.
Mme Marcellin: Tous les animaux de recherche sont couverts par la
loi en Ontario. Il y a aussi des standards pour les refuges qui sont
établis dans la loi concernant les animaux de recherche.
M. Baril: Moi, ma question, madame c'était,
peut-être que je l'ai mal posée, là mais je voudrais savoir
si, en Ontario, tous les animaux d'élevage, de production agricole, sont
inclus dans la loi ou bien s'ils sont exclus? Je ne sais pas si vous comprenez
le sens.
Mme Marcellin: Pas seulement les animaux de recherche?
M. Baril: Non, tous les animaux de tous les secteurs.
Mme Brown: It includes all animals of all specles who are in
research laboratories, which could be frogs, monkeys, agriculture animais, if
they are used for research purposes. But it does not cover farm animais on the
farms. A person who raises animais for food purposes is not covered.
Mme Marcellin: Ça concerne les animaux de tous les
secteurs, mais qui sont utilisés pour des fins de recherche ou les
laboratoires.
Mme Brown: But also it covers pet animais who end up in
pounds.
Mme Marcellin: And who go in labs?
Mme Brown: No, not necessarily.
Mme Marcellin: Ça concerne les animaux qui vont dans les
laboratoires, mais ça concerne aussi les animaux qui vont finir dans des
fourrières et qui n'ont pas nécessairement à voir avec les
laboratoires. Ce sont les animaux qui vont finir dans les laboratoires, mais
aussi les animaux qui vont finir dans des fourrières qui, eux, n'ont
rien à voir avec les laboratoires. On couvre deux sujets.
M. Baril: Est-ce que les usines à chiots dont on parle
depuis longtemps ici sont couvertes par cette loi? Est-ce qu'elle empêche
ça, de maintenir des usines à chiots en opération? Ce
n'est pas inclus dans la loi ontarienne.
Mme Marcellin: Non.
M. Baril: Est-ce qu'il y en a des usines à chiots en
Ontario?
Mme Brown: it would corne under, not the Ontario Animais for
Research Act, but the OSPCA Act. The provincial Animal Protection Act would be
the way the puppy mill issues would be considered, but not the Animais for
Research Act.
Mme Marcellin: Ce serait couvert par la loi provinciale de
protection animale, pas la loi sur la recherche.
Mme Brown: II y a deux actes en Ontario.
M. Baril: II y a deux lois. Ah bon! Dans les recommandations,
à la fin de la troisième, est-ce que je lis et je comprends bien
quand madame nous dit qu'il faut qu'il y ait au moins 50 % des membres d'un
comité multidisciplinaire qui ne doivent pas être
propriétaires d'animaux? Si je lis bien, pourquoi exige-t-elle
ça?
Mme Brown: We think it is necessary to give a more
multidisciplinary view to things, because people who are users of animais have
certain interests in continuing that use. If you sit on an animal care
committee, presumably as a member of the community, you have a better overview
of things, you are concerned about health perhaps, you are also concerned about
animais, you look at things more objectively than just someone who would use
animais and who wants to continue the practice.
Mme Marcellin: II est nécessaire de donner une vision plus
multidisciplinaire parce que ceux qui utilisent les animaux, évidemment,
ont un intérêt directement dans cette utilisation. Alors, c'est
nécessaire d'avoir quelqu'un d'autre qui n'a probablement aucun
intérêt dans l'utilisation même des animaux, et qui sera
à ce moment-là plus objectif quant à ce qui se passera
relativement à l'expérimentation.
M. Baril: On vous remercie, madame, d'avoir
présenté ce mémoire.
Le Président (M. Richard): Ça va, M. le
ministre?
M. Picotte: Oui, merci Mme Brown de votre passage à la
commission. Je vais tenter de vérifier certains chiffres qu'on a
mentionnés tantôt, même si ça me semble un peu
difficile. On va scruter ça plus précisément du
côté des vols. Merci. (17 h 30)
Le Président (M. Richard): Oui, allez.
M. Baril: m. le président, est-ce que madame pourrait nous
faire parvenir les deux lois qui existent en ontario? est-ce que ce serait
compliqué?
M. Picotte: On les a.
M. Baril: On les a? O.K., c'est correct. Pas de problème,
on les a.
M. Picotte: On les a. Mme Brown: ...elles sont là.
M. Baril: Nous les avons, merci.
Le Président (M. Richard): Merci, madame. Thank you for
being hère.
Maintenant, le groupe du Conseil canadien de protection des animaux. Si
vous voulez prendre place, s'il vous plaît.
Alors, M. Brassard? Vous avez la parole. Vous connaissez la
mécanique.
Conseil canadien de protection des animaux
M. Brassard (André): M. le Président, permettez-moi
de présenter les membres qui m'accompagnent. À mon extrême
gauche, le Dr Richard Latt, qui est délégué par
l'Association canadienne de la médecine des animaux de laboratoire;
à ma gauche immédiate, le Dr Pascal Dubreuil, qui est un
chercheur aux Laboratoires Bio-Research de Senneville à Montréal;
à ma droite, le Dr Florent Depocas, qui est du Conseil canadien à
Ottawa et qui est un des directeurs adjoints des évaluations; et
à mon extrême droite, le Dr Pierre Potvin, qui est
délégué par la conférence des doyens des
facultés de médecine de la province de Québec. On
s'excuse, M. le Président, il nous manque un
délégué, il a dû, probablement, avoir un petit
pépin en cours de route.
Le Président (M. Richard): Si ce n'est pas par
décès, ce n'est pas problématique.
M. Brassard (André): M. le Président, dans la
période de questions, mes collègues auront droit de parole, bien
sûr, et je pourrai de temps à autre passer la parole à mes
collègues. Merci.
M. le Président, M. le ministre, c'est un honneur pour moi de
présenter à votre commission chargée d'examiner la
situation de la prévention de la cruauté envers les animaux au
Québec et l'opportunité de légiférer en cette
matière un mémoire au nom du Conseil canadien de protection des
animaux. Nous le présentons non seulement à titre de
président du Conseil canadien de protection, mais aussi au nom de tous
les collègues des comités institutionnels de protection des
animaux qui sont intimement liés au mandat du CCPA, concernant en
particulier l'éthique dans l'utilisation des animaux dans
l'enseignement, les tests de toxicologie et la recherche. Nous aurons
l'occasion de décrire ce mandat plus tard au cours de notre
intervention, de même que la contribution très importante que le
CCPA a fournie dans l'amélioration de la qualité de la recherche
exécutée dans les institutions canadiennes d'enseignement et de
recherche.
Puisque le Conseil canadien de protection des animaux interagit surtout
au niveau des institutions de recherche et d'enseignement, les
universités et les collèges, de l'industrie pharmaceutique, des
laboratoires et des instituts de recherche des différents gouvernements,
nous discuterons de la raison d'être de la fondation du CCPA, de son
cheminement et de ses réalisations depuis sa fondation, ainsi que de ses
vues sur le projet de loi sur la protection des animaux et règlements
que la Société pour la prévention de la cruauté
envers les animaux a présenté en mars dernier au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Le Conseil canadien de protection des animaux a été
fondé en 1968 grâce à l'initiative de la communauté
scientifique qui se souciait des soins humanitaires et de l'utilisation
responsable des animaux en recherche, dans l'enseignement et dans les tests au
Canada. Il a été formé en tant que comité de
l'Association des universités et collèges du Canada, ce qui a
permis l'accès à toutes les universités et à tous
les instituts de recherche utilisant des animaux au Canada. Le CCPA est, depuis
1982, une organisation privée incorporée, sans but lucratif. Son
support financier provient de subventions du Conseil de recherches
médicales du Canada et du Conseil de recherches en sciences naturelles
et génie du Canada aussi, bien sûr. Son mandat est demeuré
le même depuis le début, c'est-à-dire de travailler
à l'amélioration du soin et de l'utilisation des animaux à
travers tout le Canada. Les 20 organisations qui composent le Conseil canadien
de protection des animaux proviennent du milieu scientifique, de
l'éducation, d'organismes subventionnâmes, du gouvernement, de
l'industrie et de la fédération canadienne des
sociétés d'assistance aux animaux. Vous avez remarqué que
nous avons
placé en annexe, bien sûr, toutes les informations
pertinentes qui découlent de ce que nous allons dire pendant cette
présentation.
Le programme d'évaluation du CCPA s'appuie sur deux composantes
qui sont le fondement de son mandat, c'est-à-dire de travailler à
améliorer la qualité des soins et de l'utilisation des animaux
d'expérimentation au Canada. Il s'agit, d'abord, des comités
institutionnels de protection des animaux et, deuxièmement, des visites
d'évaluation des institutions affiliées au CCPA.
Le CCPA a été à l'origine de l'établissement
des comités institutionnels de protection des animaux, qu'on appelle
communément les CIPA, pour chaque institution à travers le
Canada. Il a établi des lignes directrices et recommandé des
mandats qui portent sur la composition, les pouvoirs et les
responsabilités des comités. Ces comités sont
composés de scientifiques représentant les départements
d'utilisateurs d'animaux, d'au moins un vétérinaire, d'un
représentant des facultés non utilisatrices d'animaux et d'un
représentant du public, qui est souvent un membre de la SPCA locale. La
responsabilité du CIPA concerne presque exclusivement l'étude des
protocoles de recherche et d'enseignement du point de vue de l'éthique
et, dans certains cas, du mérite scientifique. Avant que les animaux
soient utilisés dans un projet de recherche, le chercheur doit obtenir
l'approbation de son protocole par le comité, sinon il ne peut
entreprendre sa recherche. Pour aider les comités institutionnels de
protection des animaux à évaluer l'aspect éthique d'un
protocole de recherche ou d'enseignement, le CCPA met à leur disposition
des directives sur la classification des différentes catégories
d'interventions qui peuvent être faites sur les animaux. Ces
différentes catégories de techniques invasives en
expérimentation animale doivent être connues des chercheurs et des
professeurs, car elles sont issues de principes humanitaires et des lignes
directrices du Conseil canadien de protection des animaux décrites dans
le document intitulé Principes régissant la recherche sur les
animaux. De plus, le CCPA émet au besoin des lignes directrices ou des
politiques supplémentaires qui doivent être portées
à l'attention de tous les chercheurs et professeurs qui doivent en tenir
compte dans leur recherche, car la surveillance d'application de ces nouvelles
directives relève du mandat du CIPA. Il va sans dire que ce
comité, le CIPA, a le mandat d'exercer une surveillance constante du
déroulement des recherches, des projets de recherche, surtout en
s'assurant qu'on ne provoque pas de douleurs ou d'inconfort inutiles.
La philosophie de base du CCPA, qui est à l'origine de
l'établissement des comités institutionnels de protection des
animaux, s'est gagné une reconnaissance internationale. En effet, Mme
Christine Stevens, présidente du Animal Welfare
Institute des États-Unis et secrétaire de la United States
Society for Animal Protection Législation a déclaré au
CCPA: Vous devriez être fiers que le système canadien fasse
désormais partie de deux lois des États-Unis (le Animal Welfare
Act voté en 1966 et le Health Research Act de 1989), lesquelles exigent
la formation de comités institutionnels de protection des animaux. De
plus, le Biological Council of the United Kingdom a recommandé
(même si le Royaume-Uni a une longue histoire législative en la
matière) qu'on envisage l'établissement de comités
similaires à ceux du Canada. L'Australie a déjà
agréé à ce système des CIPA.
En octobre 1990, le Conseil de recherches médicales du Canada a
produit un document de travail sur l'utilisation des animaux en recherche, dans
lequel il recommande que l'appellation de comité institutionnel de
protection des animaux (CIPA) soit changée pour comité
d'éthique pour la recherche sur les animaux (CERA), mettant ainsi
l'emphase sur son rôle d'évaluer les aspects éthiques des
projets de recherche impliquant des animaux.
Le CCPA est responsable de l'évaluation des institutions
canadiennes en regard de tous les aspects de l'utilisation des animaux
d'expérimentation. Des évaluations formelles sont faites tous les
trois ans par des comités composés d'experts scientifiques (plus
de 180 au Canada) et de membres de la Fédération des
sociétés canadiennes d'assistance aux animaux
(représentée pas un membre de la SPCA locale). De plus, des
visites non annoncées peuvent être faites à n'importe quel
temps. Ces visites sont basées sur l'application des normes
décrites dans le "Manuel sur le soin et l'utilisation des animaux
d'expérimentation" - il y a en fait deux volumes là-dessus - et
sur des lignes directrices et des déclarations de principe que le CCPA
émet selon l'évolution des exigences scientifiques et
humanitaires. Les lignes directrices que doivent observer les équipes
d'évaluation lors des visites concernent le déroulement des
visites, les réunions avec les CIPA et les autorités des
institutions, la rédaction d'un rapport et la formulation de
recommandations. Si le comité visiteur juge, lors de sa visite
d'évaluation, qu'une expérience en cours doit être
interrompue pour des raisons humanitaires, il peut intervenir auprès du
CIPA et des autorités de l'institution pour faire arrêter
immédiatement cette expérience.
Le rapport du comité d'évaluation contient des
informations sur diverses réunions tenues lors de la viste
d'évaluation, des observations sur les protocoles expérimentaux
et l'état physique des installations, et des recommandations. Ce rapport
est soumis pour approbation aux membres du Conseil canadien de protection des
animaux au cours d'une des trois réunions annuelles tenues
habituellement en février, juin et octobre. Une fois que le conseil a
accepté et
entériné les recommandations, il les transmet à
l'institution avec une lettre du directeur des évaluations du CCPA,
stipulant certaines mesures que l'institution doit prendre pour respecter la
politique du CCPA sur la conformité et la non-conformité avec ses
lignes directrices auxquelles ont adhéré toutes les institutions.
En général, on doit ajouter que l'institution reçoit le
rapport avant la soumission au Conseil canadien de protection des animaux et
des actions, à ce moment-là, peuvent être entreprises
immédiatement, même avant que le conseil se réunisse lors
des réunions du conseil.
Les catégories de recommandations formulées dans les
rapports d'évaluation du CCPA, auxquelles se réfèrent les
équipes d'évaluation pour faire leurs propres recommandations
qu'elles soumettent au conseil pour approbation, vont de "élogieuse"
à "majeure". Les institutions sont tenues de donner suite aux
recommandations, puisqu'elles ont accepté d'agir ainsi au moment de leur
adhésion aux principes régissant la recherche sur les animaux et
aux lignes directrices du CCPA. Selon les catégories des recommandations
contenues dans le rapport d'évaluation, l'institution peut être
déclarée en conformité, en conformité provisoire,
en non-conformité provisoire ou en non-conformité avec les lignes
directrices du CCPA. L'état de conformité attribué
à l'institution est lié à une obligation, dans le temps,
de se conformer aux normes décrites dans le Manuel sur le soin et
l'utilisation des animaux d'expérimentation et aux différentes
lignes directrices du CCPA que l'institution n'aurait pas observées
depuis la dernière évaluation de ses installations,
c'est-à-dire trois années auparavant. Si une institution est
déclarée en non-conformité, le CCPA lui octroie une
période de temps prédéterminée, allant
jusqu'à trois mois, pour donner suite aux recommandations contenues dans
le rapport. Une fois que la période de temps prescrite est
écoulée, le directeur des évaluations du CCPA et le
président de l'équipe d'évaluation retournent visiter
l'institution pour constater sur place si on a donné suite aux
recommandations. S'il arrive que l'institution n'a pas donné suite aux
recommandations du rapport pendant la période de temps
prédéterminée, le CCPA informe, par lettre, les organismes
subventionnâmes de recherche, le CRM et le CRSNG, entre autres, que cette
institution est en non-conformité avec les lignes directrices du CCPA.
Ces deux organismes, à partir de ce moment-là, appliquent leur
politique concernant la non-conformité qui est la suivante: à la
réception d'une déclaration de non-conformité et
après avoir examiné la preuve dans sa totalité, le CRSNG
et le CRM se réservent le droit, soit séparément, soit
simultanément, d'informer de leurs préoccupations les
autorités compétentes de l'établissement de recherche en
cause et d'appliquer, s'ils le jugent nécessaire, les sanctions
financières ou autres qui relèvent de la compétence de
l'un ou l'autre conseil. Les sanctions en question peuvent être
appliquées peu importe que la non-conformité concerne ou non la
recherche financée par l'un ou l'autre conseil et elles peuvent aller
jusqu'au blocage ou au retrait des fonds de recherche à l'égard
de n'importe lequel ou de la totalité des programmes de recherche
financés par l'un ou l'autre conseil de recherche ou par les deux
à la fois, dans l'établissement.
Le Conseil canadien de protection des animaux a contribué depuis
sa fondation en 1968 à l'amélioration de la qualité des
soins et de l'utilisation des animaux d'expérimentation et, partant, de
la qualité de la recherche grâce à son programme
d'éducation. Voyons brièvement les outils pédagogiques que
le CCPA utilise pour aider les CIPA et les chercheurs à se conformer
à ses lignes directrices. Il y a le volume I du Manuel sur le soin et
l'utilisation des animaux d'expérimentation, qui traite des aspects
généraux des installations, du milieu, des soins, de
l'hygiène et de la sécurité, des normes chirurgicales, de
l'anesthésie et de l'euthanasie. Le volume II est consacré
surtout à l'hébergement, aux soins médicaux, aux maladies
infectieuses, etc., pour toutes les espèces d'animaux
d'expérimentation conventionnelle en plus des reptiles, des amphibiens,
des poissons, de certaines espèces d'oiseaux et d'animaux sauvages. Ces
deux volumes sont une source inestimable de connaissances, et toutes les
institutions canadiennes les utilisent comme source d'information de base sur
tous les aspects qui concernent le soin et l'utilisation des animaux
d'expérimentation. Ils sont le fondement du programme
d'évaluation du CCPA. Une édition revue et corrigée sera
disponible dès juillet de cette année. (17 h 45)
Deuxièmement, il y a le programme de cours sur les principes de
base de la science des animaux d'expérimentation pour les chercheurs
scientifiques, les techniciens animaliers et tout autre personnel de soutien.
Plusieurs institutions au Canada ont adapté ce modèle de cours
à leurs besoins de formation des étudiants,
particulièrement ceux de biologie et les étudiants inscrits aux
programmes de santé animale dans certains cégeps au
Québec, en particulier. Quelques institutions universitaires se sont
inspirées de ce document pour établir un programme de cours pour
les étudiants des 2e et 3e cycles.
Troisièmement, les principes régissant la recherche sur
les animaux, les lignes directrices pour les comités institutionnels,
les lignes directrices à l'intention des équipes
d'évaluation et le programme d'évaluation du CCPA ont
été largement diffusés dans un but éducationnel
auprès des personnes responsables et auprès de tous les niveaux
de personnel de toutes les institutions canadiennes de recherche et
d'enseignement.
Quatrièmement, les catégories de techniques invasives en
expérimentation animale, les catégo-gies de recommandation, la
politique du CCPA sur la conformité et la non-conformité et la
politique des organismes subventionnaires CRM et CRSNG concernant la
non-conformité ont certainement joué un rôle de
sensibilisation auprès des institutions, des enseignants et des
chercheurs en leur indiquant les normes auxquelles ils doivent adhérer
sans quoi on leur retirera le privilège d'utiliser des animaux pour des
fins académiques et de recherche. Nous y voyons là une incitation
à la recherche d'une meilleure compréhension des aspects
humanitaires dans l'utilisation des animaux d'expérimentation.
Cinquièmement, la publication de techniques et de connaissances
scientifiques nouvelles est transmise régulièrement aux
chercheurs, dès que celles-ci font leur apparition. Elles feront partie
des ajouts lors de la prochaine édition revue et corrigée des
volumes 1 et 2 du manuel.
Sixièmement, depuis sa fondation, le CCPA a participé
à d'innombrables ateliers portant sur des questions touchant des aspects
comme l'éthique en expérimentation animale et les solutions de
rechange tant au Canada qu'aux États-Unis. C'est ainsi qu'il a
été impliqué dans la réalisation d'un cours sur la
culture des tissus depuis ses débuts à l'Université de la
Saskatche-wan. Ce cours est offert aux chercheurs et aux étudiants
gradués dans le but de les sensibiliser à chercher des
méthodes de remplacement à l'utilisation des animaux en
recherche. À ce sujet, les organismes subventionnaires ont maintenant
des programmes de subventions de projets de recherches qui portent sur les
méthodes alternatives. C'est donc dire qu'il existe une volonté
de la part de ces organismes et du CCPA d'appliquer et de faire appliquer par
les chercheurs les objectifs des trois "R" de Russel et Birch,
c'est-à-dire la réduction de l'utilisation des animaux en
recherche, le raffinement des techniques expérimentales et le
remplacement par des solutions de rechange. À long terme, on peut penser
réduire considérablement l'utilisation des animaux
d'expérimentation, mais on ne pourra jamais se passer totalement d'eux
si on pense à certaines maladies dont on ne pourra jamais comprendre la
cause et le développement si on ne les étudie pas sur des
organismes vivants.
Septièmement, le CCPA a toujours supporté de façon
tangible des organismes comme l'Association canadienne pour la technologie des
animaux de laboratoire, voués à la formation du personnel
animalier qui oeuvre dans les institutions. Il lui a toujours paru essentiel
que les premiers intervenants auprès des animaux devaient avoir une
formation adéquate et l'ACTAL a justement été fondé
pour remplir cette mission.
Huitièmement, le système informatique du CCPA permet aux
comités institutionnels de mieux suivre l'évolution des
protocoles de recherche pendant l'exécution des expériences et
permet aussi au CCPA de faire des compilations statistiques sur le nombre
d'animaux utilisés en recherche. Le CCPA fournit à chacune des
institutions participantes une copie du logiciel qui est à la base de ce
système de gestion des protocoles de recherche. Dans les milieux
francophones, le programme est connu sous le sigle ARPMS. On a gardé le
sigle, mais le logiciel a évidemment été traduit en
français.
Neuvièmement, le CCPA publie un bulletin biannuel Ressource
qui est diffusé à travers toutes les institutions
canadiennes. Cette publication contient des informations destinées aux
chercheurs, informations qui souvent ne leur parviendraient pas autrement.
Même si le CCPA ne possède pas de pouvoirs légaux
pour mettre en application ses lignes directrices et s'il fonctionne sur la
base d'un programme de contrôle volontaire, son pouvoir de persuasion est
beaucoup plus puissant que n'importe laquelle des législations qui
aurait des règlements essentiellement punitifs, comme par exemple, les
amendes, la perte d'une licence, la perte d'agréments, la fermeture de
l'unité où y a eu délit, etc. En effet, par sa politique
de conformité, le CCPA peut interagir auprès des organismes
subventionnaires pour qu'ils privent l'ensemble de l'institution de ses
subventions de recherche. Essayons d'imaginer comment une institution,
connaissant les conséquences de son inertie, serait perçue par le
public et les gouvernements qui la subventionnent si elle était
privée de toutes ses subventions de recherche! Quelques institutions
canadiennes ont déjà été déclarées en
non conformité avec les lignes directrices du CCPA, mais aucune d'entre
elles ne s'est vu imposer le retrait de ses subventions parce que toutes ont
réagi à temps.
Toutes les institutions font des efforts considérables pour
trouver des moyens de se conformer aux lignes directrices du CCPA. Un exemple
de l'efficacité du système est celui rapporté par le
Toronto Star du 25 juin 1986. L'Université de Toronto avait
reçu l'ordre du CCPA de nettoyer ses installations de recherche, sinon
elle devait les fermer avant septembre. Le professeur David Mock, ancien
président du CCPA, en 1989-1990, était président du
comité institutionnel de protection des animaux de l'Université
de Toronto à cette époque et il a déclaré: Le CPPA
ne vous poursuit pas en cour, mais il a la capacité de se rendre jusque
dans votre porte-monnaie.
Une législation à l'image de l'Ontario intitulée
Loi sur les animaux destinés à la recherche, Lois refondues de
l'Ontario de 1980, chapitre 22, serait acceptable à la condition que le
mandat du CCPA ou de tout organisme similaire exerçant les mêmes
mandats au Québec soit renforcé. En effet, selon le document de
travail du CRM sur l'utilisation des animaux en recherche, la
législation manque de la souplesse que peuvent offrir des lignes
directrices, et la
meilleure approche pour le Canada, ce sont des lignes directrices
décrivant des principes solides en ce qui concerne l'éthique et
les procédés à appliquer à l'intérieur d'un
cadre juridique solide, à la fois fédéral et provincial.
Le document rapporte de plus que le simple fait de se conformer aux normes
minimales établies par la loi ne suffit pas à se libérer
de toute responsabilité en matière d'éthique. Les lignes
directrices peuvent prescrire une norme plus élevée que celle qui
peut s'inscrire dans une législation. Elles peuvent provoquer une prise
de conscience des valeurs en obligeant à formuler des jugements et
à résoudre de difficiles problèmes éthiques. De
plus, il est possible en vertu des lignes directrices de rectifier
immédiatement des situations non prévues par la loi et d'imposer
des sanctions non pénales efficaces.
C'est à partir de l'efficacité de son programme
d'évaluation que le CCPA estime qu'une législation est
incomplète, si elle n'est pas appuyée par un mécanisme non
punitif auquel sont rattachées des lignes directrices qui sont plus
exigeantes que la législation elle-même dans des domaines comme
l'éthique dans les protocoles expérimentaux. La
législation ne peut pas exiger, sous peine de sanction, l'application du
concept des trois "R", remplacement, réduction et raffinement. Le CCPA
a, cependant, toujours été alerte sur ce sujet, en aidant les
comités institutionnels de protection des animaux et les chercheurs
à trouver des méthodes. de remplacement et à s'assurer que
les animaux ne souffrent pas et qu'ils ne soient pas mis dans des situations
engendrant de la douleur ou de l'inconfort inutiles.
On se réfère souvent à la double loi de la province
de l'Ontario dont l'une couvre les actes de cruauté envers les animaux
et l'autre les animaux destinés à la recherche (Animais for
Research Act). La loi sur la protection des animaux de l'Ontario ne s'applique
pas aux institutions de recherche enregistrées et aux animaleries
titulaires d'un permis. Cependant, c'est la Loi sur les animaux destinés
à la recherche qui assure la qualité des soins aux animaux,
premier objectif, sur tous les aspects de recherche et d'enseignement à
travers un cadre de règlements. Les moyens pour atteindre le premier
objectif de la loi sont: l'enregistrement annuel des institutions,
l'application de standards et de procédures minimums,
l'élimination de douleurs inutiles et la création de
comités institutionnels de protection des animaux, et aussi, bien
sûr, on retrouve des inspecteurs vétérinaires et des
inspections non annoncées. Tout ceci est prévu dans la loi.
Cette loi prévoit que les chiens et les chats obtenus en Ontario
pour la recherche, c'est-à-dire cette recherche qui est approuvée
par les CIPA, doivent provenir d'établissements d'élevage,
d'autres installations de recherche et des fourrières municipales
soumises à des inspections.
De plus, la loi assure les propriétaires, dont les chiens et les
chats se retrouvent éventuellement dans les fourrières, d'une
période minimale d'hébergement, d'un suivi à la suite de
l'identification de l'animal et du retour à son propriétaire. Une
fois que la période minimale de trois jours d'hébergement qui est
obligatoire est expirée, les animaux peuvent être vendus à
une institution de recherche enregistrée qui en a fait la demande. La
loi prévoit même que l'euthanasie des chiens de fourrière
est prohibée dans ce cas-là.
Si la province de Québec devait passer une loi sur les animaux
destinés à la recherche, il faudrait que les animaux de
fourrière ou de toute autre institution similaire puissent être
dirigés vers la recherche sur demande. On sait que, chaque année
au Québec, on euthanasie plusieurs dizaines de milliers d'animaux dans
les fourrières municipales, alors que les institutions de recherche ont
énormément de difficulté à s'en procurer, et
à des coûts exorbitants. Si la loi garantit que ces animaux
devront être utilisés seulement en "aigu", quelle
différence y a-t-il à euthanasier un animal à la
fourrière ou dans un laboratoire après que l'animal a
été anesthésié? Le CCPA a toujours maintenu
qu'à cause des coûts exorbitants que la société doit
défrayer pour l'achat des chiens et des chats destinés à
la recherche au Canada, les animaux de fourrière devraient être
utilisés en recherche, diminuant ainsi les coûts investis par les
institutions.
Le CCPA verrait d'un bon oeil que la responsabilité de la mise en
application des règlements d'une loi sur les animaux
d'expérimentation soit faite exclusivement par des médecins
vétérinaires et non pas par les inspecteurs de la SPCA. Cette loi
devrait relever du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec qui aurait toute autorité en la
matière.
Le CCPA a déjà été appelé en
consultation en 1971, lorsque le ministère de l'Agriculture de l'Ontario
a préparé les règlements prévus dans sa loi de 1968
sur les animaux destinés à la recherche. Notre organisme serait
heureux d'offrir sa collaboration si le Québec se dotait d'une telle
loi.
M mes et MM. les commissaires et M. le ministre, nous n'avons pas la
prétention d'avoir traité à fond de tous les aspects d'une
législation de ce genre. Nous avons essayé de démontrer,
par contre, que le CCPA exerçait un rôle considérable dans
la transmission des connaissances et de l'information sur tous les aspects qui
touchent de près ou de loin à l'éthique en
expérimentation animale. Toutes les institutions de recherche et
d'enseignement à travers le Canada ont profité, à un
moment ou à un autre, de l'expérience acquise par le CCPA
grâce à son réseau de consultants scientifiques. Aucune loi
ne pourra remplacer ça. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre.
M. Picotte: Merci, M. le Président, M. Brassard et ceux
qui vous accompagnent. Votre mémoire est très intéressant.
J'ai eu l'occasion de le parcourir et j'ai même eu l'occasion de regarder
rapidement un manuel que vous connaissez sans aucun doute, le "Manuel sur le
soin et l'utilisation des animaux d'expérimentation" qui vient du
Conseil canadien de protection des animaux.
Vous êtes titulaires de normes qui semblent faire figure de proue
en matière de recherche. J'aimerais que, brièvement, vous nous
donniez un inventaire des lieux où vos normes s'appliquent, au point de
vue des provinces, au point de vue des États, et est-ce que ces normes
s'appliquent au Québec aussi à certains endroits? J'aimerais
ça que vous nous brossiez rapidement un inventaire de ces
lieux-là et, par la suite, j'aurai d'autres choses. Je pourrais
même ajouter à ce moment-là, concernant la situation en
matière de recherche aux endroits où vous supervisez, ceux que
vous faites, où les gens utilisent vos normes, comparativement à
l'Ontario, est-ce que chez nous ça se fait de la même
façon, est-ce qu'il y a des différences, etc.?
M. Brassard (André): Le Conseil canadien évalue, si
vous voulez, l'ensemble des universités à travers le Canada,
incluant évidemment celles du Québec. Tous les collèges
qui donnent des cours, par exemple, qui ont des programmes en santé
animale, par exemple, plusieurs institutions du gouvernement
fédéral, particulièrement dans les provinces de l'Ontario
et de l'Ouest, où il y a des stations d'agriculture
expérimentale, là où on utilise des animaux pour la
recherche. Évidemment, au Québec, ça s'applique en ce qui
concerne les organismes du gouvernement fédéral et, bien
sûr, l'ensemble des hôpitaux à travers la province de
Québec, tous les hôpitaux là où, évidemment,
il y a de la recherche utilisant des animaux. (18 heures)
II y a aussi toutes les compagnies de produits pharmaceutiques qui,
volontairement, ont demandé au CCPA, il y a déjà quand
même plusieurs années de ça, d'être
évaluées parce que, justement, pour elles, c'est important
d'observer des lignes directrices et des normes pour leur clientèle et,
bien sûr, pour le public aussi. Alors, ces compagnies de produits
pharmaceutiques, en général, ne doivent pas se permettre de ne
pas observer les lignes directrices, et volontairement, elles participent, si
vous voulez, elles font partie du programme d'évaluation du Conseil
canadien. De plus, M. le ministre...
M. Picotte:...
M. Brassard (André): ...excusez-moi, M. le ministre. En
plus, il y a un jardin zoologique, le Jardin zoologique de Montréal, qui
a demandé ces normes, que le Conseil canadien fasse des
évaluations à l'intérieur des conditions de garderie de
ces animaux-là et ensuite, bien sûr, tout ce qui concerne les
questions d'éthique et d'enrichissement de milieu pour ces
animaux-là.
M. Picotte: vous avez fait référence, à un
moment donné, dans votre mémoire, que vous avez dû rappeler
à l'ordre l'université de toronto. est-ce que ça vous est
arrivé au québec d'être obligés de rappeler à
l'ordre certaines institutions, ou même dans le domaine privé?
M. Brassard (André): Oui, M. le ministre. Nous avons
averti une université au Québec. Nous l'avons
déclarée en non-conformité. Ce qui veut dire, bien
sûr, qu'il y a des sanctions au bout de ça. Cette
université-là a réagi à l'intérieur du
délai fixé et elle a déjà investi, depuis deux ans,
à peu près 7 500 000 $ pour rénover ses installations et,
bien sûr, pour la construction de nouvelles installations.
L'Université de Sherbrooke, par exemple, grâce au Conseil
canadien, grâce aux évaluations du Conseil canadien a construit
une nouvelle animalerie qui sert pour la faculté de médecine et
pour l'ensemble du campus, au coût de 2 500 000 $.
C'est la résultante, bien sûr, des pressions
exercées par le Conseil canadien. De plus, lorsque ces
institutions-là font des rénovations majeures, elles consultent,
gratuitement, les experts du Conseil canadien. L'expertise est fournie
gratuitement, non seulement sur l'évaluation des plans, mais aussi sur
une critique de base des normes que ces institutions-là vont
appliquer.
Par exemple, vous avez l'hôpital Sainte-Justine, à
Montréal, qui a investi 1 100 000 $ pour ajouter une unité de
recherche comprenant les animaleries. Il y a le Centre de recherche
Sacré-Coeur de Montréal, qui a aussi consacré, a
budgété actuellement 4 500 000 $. Les constructions sont
déjà commencées pour construire deux étages
concernant les animaleries et les conditions de garderie des animaux.
M. le Président, M. le ministre, il y a quand même une
liste, si vous voulez, assez tangible de certaines de ces
réalisations-là. Je pense que les institutions, au Québec,
ont déjà démontré une bonne foi vis-à-vis
nos normes. Elles ne sont, en général, pas toujours contentes de
nous voir arriver lorsqu'on fait les évaluations, mais par contre,
l'apport d'expertise qu'on leur donne et aussi la crédibilité
qu'on leur donne vis-à-vis les organismes subventionnaires de recherche,
c'est un acquis pour ces institutions-là.
M. Picotte: On est rarement content lorsqu'on se fait
contrôler ou évaluer. C'était
pareil à l'école. Moi, quand j'étudiais, on se
faisait évaluer une couple de fois par année et même plus
que ça, mais quand arrivaient les examens, l'étape finale, on
n'aimait pas ça. Ça nous rendait toujours un petit peu inquiet,
et quand j'ai été professeur, j'ai fait la même
évaluation vis-à-vis mes étudiants. Ça, on n'aime
jamais ça.
Mais je me rends compte que, loi ou non, finalement, les gens se
disciplinent beaucoup et veulent à tout prix, au point de vue
scientifique... C'est ce que je soulignais un petit peu tantôt, à
l'intervenante précédente, c'est qu'au point de vue scientifique,
il y a des normes à respecter qui sont fort importantes. Je me
méfie, j'ai appris avec mes années d'expérience en cette
grande bâtisse à me méfier du ouï-dire, des articles
de journaux et de tout ce qui s'ensuit. Ce n'est pas toujours exact. Des fois,
ça fait l'affaire à certains moments donnés de nos
discussions, mais ça ne dure jamais bien bien plus que cinq minutes et,
parfois, ça ne nous rapporte pas toujours ce qu'on voudrait. Ça
ne donne pas le résultat souhaité à l'autre bout. Est-ce
que vous faites des visites? La fréquence des visites à ces
institutions-là, est-ce que vous les visitez d'abord quand ils font de
la recherche et est-ce qu'il y a un certain mécanisme de contrôle
à cet égard-là?
M. Depocas (Florent): Oui, il y a plus de 160 institutions au
Canada qui sont évaluées par le Conseil canadien de protection
des animaux. Ces visites sont faites de routine, tous les trois ans, mais
depuis quelques années, nous faisons aussi des visites à
l'improviste. Ça peut être chaque année ou selon le besoin
qui est perçu par le directeur des évaluations, à savoir
si sa visite sera utile ou non pour l'institution concernée.
M. Picotte: vous faites des visites tous les trois ans,
normalement, sauf que ça peut arriver plus fréquemment que
ça et ça arrive, effectivement, plus fréquemment.
M. Oepocas: Tous les trois ans, ce sont des visites
annoncées. Nous avertissons l'institution qu'une équipe de
personnes compétentes fera une évaluation complète de
toute l'opération, soit à partir des lignes hiérarchiques
de responsabilité, le fonctionnement des comités de protection
des animaux et les installations physiques elles-mêmes. Nous examinons
aussi les protocoles de recherche et, au besoin, nous questionnons les
chercheurs sur certaines techniques sur lesquelles nous aimerions avoir plus de
détails. Nous avons même, à l'occasion, demandé que
des comités spéciaux d'experts soient formés, des
comités formés d'experts du Conseil canadien de protection des
animaux et du Conseil médical de la recherche, pour qu'une certaine
recherche soit examinée plus en profondeur de façon à
déter- miner si l'objectif et l'expérience valaient la peine
imposée aux animaux. Parce que, dans toute l'activité
scientifique avec des animaux, il faut faire un jugement de valeur: est-ce que
le résultat qu'on veut obtenir ou qu'on recherche est en relation avec
l'agression sur l'animal? Et ce jugement de valeur, il est impossible de
légiférer là-dessus. Il faut examiner les circonstances
particulières dans chaque cas et arriver à un jugement qui,
ensuite, est accepté. Souvent, ces réexamens permettent au
chercheur de modifier ses techniques, d'utiliser un plus grand nombre d'animaux
moins souvent et, enfin, de minimiser, si on peut dire, les peines
infligées aux animaux.
M. Picotte: Je me suis laissé dire que plusieurs
institutions, sinon la majorité des institutions qui paient pour
certaines recherches, exigent de plus en plus que ceux qui exécutent la
recherche se conforment à vos normes. C'est exact? Vous avez pu
vérifier ça?
M. Dubreuil (Pascal): Oui. Permettez-moi juste de situer la
situation.
M. Picotte: Pourriez-vous vous identifier pour les fins du
Journal des débats?
M. Dubreuil: Pascal Dubreuil. Je travaille présentement
dans une compagnie à contrats qui compte 650 personnes. Pour vous situer
ce qu'est une compagnie à contrats, notre compagnie évalue les
médicaments ou les drogues de toutes les autres compagnies.
C'est-à-dire qu'une compagnie, une fois qu'elle a
développé sa molécule, qu'elle a prouvé que sa
molécule pouvait avoir une certaine efficacité, elle doit
démontrer que sa molécule n'est pas toxique. Ça fait
qu'à ce moment-là nous autres, comme compagnie à contrats,
on exécute le travail pour cette compagnie. Puis, comme compagnie
à contrats, on doit souvent répondre aux besoins de ces
compagnies qui, elles-mêmes, nous demandent d'être en accord avec
le Conseil canadien de protection des animaux et aussi le Conseil
américain de protection des animaux. C'est-à-dire qu'on est, nous
autres mêmes, contrôlés par l'agence canadienne et l'agence
américaine. Très souvent, lorsque les compagnies viennent pour
nous donner un contrat, c'est une demande majeure. Nous-mêmes, à
l'intérieur de la compagnie, on possède un conseil
d'éthique pour la recherche qui va être faite avant d'entreprendre
des études. Je pense que c'est majeur. Je pense qu'il n'y a pas une
compagnie qui va être intéressée à donner un contrat
à une compagnie ou à faire elle-même de la recherche dans
des conditions qui ne sont pas sécures pour elle. Je pense qu'on n'a pas
besoin d'élaborer plus là-dessus.
M. Picotte: Êtes-vous en mesure de nous
identifier ou de nous dire d'où proviennent, par exemple, les
chiens, les chats qui servent aux expérimentations? Est-ce qu'ils
viennent d'usines à chiens? Est-ce qu'ils viennent d'élevages
choisis qui fournissent des bêtes de qualité? Êtes-vous en
mesure de nous dire ça?
M. Dubreuil: Je pense qu'en industrie, dans notre cas,
étant donné qu'on est un laboratoire qui se rapporte
habituellement au HP6, qu'on doit donner rapport aussi au FDA, nos animaux
proviennent presque exclusivement de fournisseurs spécialisés.
Quand on est rendu à payer 500 $ pour un chien pour faire une
étude, je pense que ça vous renseigne. Ce n'est pas dans notre
intérêt de le mettre dans des conditions qui peuvent
être...
M. Picotte: Vous ne le ramassez pas quand il est
égaré?
M. Dubreuil: Qu'est-ce qu'il dit? Je n'ai pas compris.
M. Picotte: Vous ne le ramassez pas quand il est
égaré?
M. Dubreuil: Absolument pas. C'est des chiens beagles
croisés exprès pour ce type d'expérience.
M. Picotte: Vous ne vous en faites pas voler non plus?
M. Dubreuil: Disons qu'on a un système de
sécurité sur place qui est aussi fort que le vôtre.
M. Picotte: Au Québec, est-ce qu'on peut croire, entre
autres - parce que vous devez avoir une certaine expertise - que des animaux
sont utilisés inutilement pour des fins de recherche?
M. Brassard (André): Inutilement, M. le ministre?
M. Picotte: Oui, inutilement. Est-ce que vous avez des raisons de
croire qu'on pourrait utiliser des animaux de façon inutile pour des
fins de recherche ou si, vraiment, il y a une discipline et une rigueur
là-dedans qui est assez importante?
M. Brassard (André): Au Québec, dans les
institutions, aucun projet de recherche, aucune utilisation d'animaux ne peut
être faite à moins d'avoir un certificat de bons soins des animaux
de la part du comité local. M n'y a aucune recherche qui peut se faire
sans passer par le comité. Alors, si la recherche n'est pas jugée
essentielle et pertinente, le comité ne donne pas l'autorisation
à cette recherche-là de démarrer. Alors, c'est
prévu dans les lignes directrices, c'est les normes du Conseil canadien.
Ça, on peut s'assurer que... Évidemment, bien sûr qu'il
peut arriver des accidents où des chercheurs ou des individus peuvent
utiliser des animaux qui ne paraissent sous aucun contrôle parce qu'on
n'a pas l'information et qu'on ne peut pas la déceler. C'est bien
sûr qu'il peut arriver des erreurs, c'est bien évident, mais on
peut dire, on peut assurer, dans l'ensemble, que la très grande
majorité des animaux utilisés en recherche lest pour des raisons
importantes et que cette recherche-là est connue, tout au moins par les
comités de protection locaux d'animaux. Donc, là-dessus, à
notre connaissance, il n'y a absolument pas d'utilisation d'animaux pour le
plaisir.
M. Picotte: Les gens nous ont dit, au cours de nos discussions,
en ce qui concerne les différentes espèces utilisées en
recherche... J'ai été étonné de voir qu'on parlait
d'un pourcentage de chats et de chiens, en deçà de 1 %. C'est
exact, ça, ce qu'on nous a dit, d'après vos vérifications?
Pouvez-vous nous donner des détails là-dessus, sur les
différentes espèces, avec un pourcentage approximatif
d'utilisation?
M. Brassard (André): 95 % des animaux qui sont
utilisés en recherche au Canada sont des souris, des rats, des hamsters,
enfin, des petits rongeurs. L'utilisation des chiens et des chats,
malheureusement, M. le ministre, je n'ai pas vraiment le pourcentage exact. On
l'aurait sûrement à partir de la dernière publication de
Ressource qui vient juste d'aller à l'imprimerie. Je m'excuse, je
n'ai pas cette information-là.
M. Picotte: On a parlé hier de moins de 1 % pour les chats
et les chiens.
Mme Brown: Sur l'ensemble de l'utilisation des animaux,
sûrement. Il y a presque 2 000 000 d'animaux qui sont utilisés au
Canada et c'est sûrement autour de 1 % ou de 2 %, l'utilisation de chats
et de chiens.
M. Picotte: Des lapins, entre autres. Moi, je pensais que les
lapins étaient beaucoup plus utilisés que ça, mais on me
dit que c'est quand même un pourcentage très minime.
M. Brassard (André): C'est très minime... M.
Picotte: C'est exact aussi?
M. Brassard (André): ...comparativement à
l'ensemble.
M. Picotte: combien d'animaux au canada - je ne sais pas si vous
l'avez au québec, mais, en tout cas, au canada - sont utilisés
pour des fins de recherche?
M. Brassard (André): Au Québec, on utilise
approximativement 16 % du nombre total d'animaux. Ça veut dire
312 000 animaux au Québec dans l'ensemble de toutes les institutions sur
près de 2 000 000 d'animaux utilisés dans l'ensemble du Canada,
ce qui veut dire 16 %, à peu près, d'utilisation d'animaux au
Québec.
M. Picotte: En Ontario, combien en utilise-t-on? Vous ne savez
pas?
M. Brassard (André): Je m'excuse, M. le ministre.
M. Picotte: C'est correct. Non, c'est juste pour... Quand je
regarde le pourcentage, finalement, avec le ratio de la population, c'est bien
inférieur au ratio. Quand je regarde en termes de pourcentage, c'est
bien inférieur au ratio de la population aussi.
M. Brassard (André): II me fera plaisir, M. le ministre,
de vous fournir cette information-là si vous nous donnez la permission
de consulter notre bureau à Ottawa ces jours-ci. Écoutez,
ça nous fera plaisir de vous fournir les données exactes.
M. Picotte: J'aimerais ça que vous fassiez parvenir
ça à la...
M. Brassard (André): Sûrement.
M. Picotte: Le fait que le Québec n'ait pas encore de loi
là-dessus, ce qui ne veut pas dire, éventuellement, qu'il n'y en
aura pas, est-ce que c'est un irritant majeur? Est-ce que ça cause des
problèmes particuliers? Est-ce que vous avez dénoté ou
constaté des problèmes particuliers ou une carence sectorielle
dans le domaine de la recherche du fait de ne pas avoir de loi comme telle
encore au Québec dans le domaine de la recherche? (18 h 15)
M. Brassard (André): Dans le secteur de la recherche, une
loi aurait été inutile, par exemple, parce qu'on a
dénoté de la cruauté envers les animaux. Je ne crois pas
qu'on aurait pu utiliser une loi en ce qui concerne la cruauté faite aux
animaux dans le sens qui est perçu actuellement sur la définition
même de la cruauté. Évidemment, il y a plusieurs
interprétations. Je ne crois pas non plus qu'une loi aurait
apporté plus dans les institutions québécoises que ce que
le Conseil canadien a pu réussir à faire au niveau de nos
institutions, parce que là-dedans, il faut bien penser qu'il y a de
l'éducation à faire. Ça fait déjà 23 ans que
le Conseil canadien existe et ça fait 23 ans que les institutions
québécoises en font partie. Cette éducation-là, si
vous voulez, elle est permanente. Il fallait changer les mentalités
d'utilisation des animaux, il fallait créer ces comités
institutionnels de protection, il fallait convaincre les chercheurs que ces
comités-là n'étaient pas de la police, ni de la loi, ni
des organismes de surveillance des animaux. Il fallait convaincre les
autorités en place aussi que c'était important parce qu'elles ont
une responsabilité vis-à-vis de la société. Donc,
je ne vois pas en quoi une loi - évidemment, peut-être que c'est
hypothétique, ce que je dis - aurait établi ça, aurait
fait ça.
M. Picotte: Oui.
M. Depocas: D'après le Dr Flowers, qui a été
le directeur des évaluations du Conseil pendant plusieurs années,
la présence ou non d'une loi dans une province n'a rien à voir
avec la qualité de la recherche ou du traitement des animaux qui s'y
trouvent.
M. Picotte: Bon. En tout cas, ça répond à la
question, à l'interrogation que je me posais. Je me méfie
toujours de ça un peu, des lois. Fabriquer des lois, c'est de l'ouvrage
pour les politiciens, mais encore faut-il que ça corrige des choses
importantes à l'autre bout, que ça donne des résultats,
que ça balise des choses qui sont d'un laisser-aller
incontrôlable, finalement. Alors, c'est pour ça que je vous pose
la question. M. le Président, moi, pour l'instant, je n'ai pas d'autres
questions et je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse, avez-vous une question?
M. Picotte: Peut-être avant de poursuivre, avant de
l'oublier, je voulais tout simplement... J'ai omis tantôt de remercier
Mme Hélène Marcellin qui nous a servi d'interprète avec
Mme Brown. C'est bien du moins qu'on vous remercie bien amicalement.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse.
Mme Bégin: Merci, M. le Président. Je tiens
à remercier M. le député d'Arthabaska qui me permet de
procéder. À la lecture du document de Mme Brown, qui
représentait la Fédération des sociétés
canadiennes d'assistance aux animaux qui vous a précédés,
on peut lire à la page 3 de son document, et c'est moi qui le traduis,
que c'est sûr que le CCPA n'a pas de pénalité comme telle.
En loi, vous ne pouvez pas prendre des pénalités pour des
organismes ou des centres de recherche qui ne respectent pas vos standards,
mais vous pouvez tout de même faire des recommandations aux organismes
canadiens qui subventionnent ces centres de recherche là pour dire: Ces
organismes-là ne respectent pas vos standards. Ceux-ci peuvent retenir
les fonds, les sommes d'argent, mais que, selon le document de Mme Brown, cette
pénalité-là, à savoir de ne pas remettre l'argent,
n'aurait jamais été appli-
quée. tantôt, vous avez dit à m. le ministre qu'il y
a des institutions qui ne respectent pas vos règles, mais avez-vous
appliqué la pénalité, tout simplement dire à
l'organisme subventionnaire: ne le subventionnez pas, il ne respecte pas nos
normes? est-ce que vous comprenez bien ma question?
M. Brassard (André): Oui, oui, très bien. Je dois
vous dire qu'il y a une institution au Québec qui a été
déclarée en non-conformité avec nos lignes directrices, il
y a déjà deux ou trois ans de cela. Cette institution-là,
dans le délai prescrit, qui était autour de trois mois, a
réagi assez rapidement, justement pour que le Conseil canadien puisse
lever cette non-conformité avec les lignes directrices. La menace
était que, nous, le Conseil canadien, informions les deux organismes
subventionnâmes et que, eux, appliqueraient leur propre règlement
qui est de tout simplement suspendre toutes les subventions. On entend bien
toutes les subventions qui sont données dans l'ensemble de
l'institution, là. Ce n'est pas uniquement pour un projet de recherche
en particulier. Alors, ceci, évidemment, c'est beaucoup plus astreignant
que si c'était uniquement une loi punitive qui mettrait, par exemple,
une institution à l'amende pour ne pas avoir respecté certains
règlements.
Le Président (M. Richard): Alors, Mme la
députée, ça va?
Mme Bégin: Oui, c'était la question. Merci.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Art habaska.
M. Baril: Votre mémoire est très précis et
nous explique assez précisément la situation dans votre secteur,
mats j'aimerais revenir brièvement... Quand on passe en troisième
lieu, vous savez, on prend note de questions, mais, souvent, le ministre nous
épuise, hein? Bon. Mais je voudrais juste revenir sur ce qui pourrait
être clarifié davantage. On dit qu'il y a à peu près
1 % - je ne sais pas si c'est juste des chiens -des animaux qui proviennent des
fourrières qui sont utilisés pour la recherche.
M. Brassard (André): Je m'excuse, pas au
Québec.
M. Baril: Pas au Québec, vous dites? M. Brassard
(André): Pas au Québec. M. Baril: 1 %des...
M. Brassard (André): Je pense qu'on n'a pas de
données au Québec là-dessus.
M. Baril: Au Canada, d'abord, ce n'est pas ça que vous
avez dit?
M. Brassard (André): Ça serait peut-être en
Ontario, je m'excuse, je n'ai pas l'information exacte. Mais au
Québec...
M. Baril: Pardon, ce sont les recteurs d'universités hier,
il me semble, qui ont dit ça qu'il y avait à peu
près...
Une voix: On parlait de 1 % de chiens et de chats.
M. Baril: Qui provenaient des fourrières...
Une voix: Pas des fourrières, en tout, dans la
recherche.
M. Baril: On parlait de 1 % des chiens et des chats qui
étaient utilisés pour la recherche.
M. Brassard (André): C'est ça.
M. Baril: Ah, bon, bon, O.K. Mais, de toute façon, ma
question, quand même, est-ce que l'économie d'échelle
serait si importante, si le Québec légifère, qu'il
faudrait permettre absolument que les animaux des fourrières puissent
être utilisés sur demande?
M. Brassard (André): Ça, je ne voudrais pas vous
leurrer en vous donnant des statistiques et des chiffres, évidemment,
mais selon le nombre de chiens et de chats qui sont utilisés dans les
universités particulièrement, au coût exorbitant, la
plupart du temps, de 50 $ et de 100 $ et même, dans certains cas, de 200
$, si les institutions pouvaient avoir accès au bassin de ces
animaux-là, qui sont, de toute façon, euthanasiés, qui
seraient utilisés en aigu, ça veut dire à
l'intérieur de 24 heures, et toujours sous anes-thésie, on peut
imaginer la somme quand même assez importante d'argent qui serait
économisée. Maintenant, je ne peux absolument pas vous donner de
précisions là-dessus.
M. Baril: Mais est-ce que cette suggestion-là ne vient pas
en contradiction avec le mémoire qu'on a entendu de celle qui vous a
précédé, là, Mme Brown, qui disait qu'eux autres en
Ontario ils refusent toute utilisation des animaux provenant des
fourrières?
M. Brassard (André): Je m'excuse, M. le
député, la loi de l'Ontario sur l'utilisation des animaux en
recherche oblige les gens qui ont des animaux de fourrières, par
exemple, à les vendre à l'institution si elle le demande. Ils
sont obligés par la loi, en Ontario. J'ai la copie de la loi ici, si
jamais vous voulez... Alors, si les animaux ne sont pas réclamés,
par exemple, si on a une disponibilité de quelques centaines d'animaux
pendant une semaine dans les fourrières...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, seulement pour des
raisons techniques, là, parce que je vois des gens qui ont l'air
à s'agiter. Il n'y a aucun problème. Ce sont les cloches
seulement pour soit le quorum ou un vote en Chambre, mais il n'y a aucun
problème au niveau d'un incendie ou de quoi que ce soit. Ça fait
partie de la mécanique.
M. Brassard (André): O.K. M. le Président,
merci.
Le Président (M. Richard): Continuez.
M. Brassard (André): Alors si je me répète,
l'Ontario, dans sa loi sur l'utilisation des animaux d'expérimentation,
a prévu que les animaux de fourrières peuvent être
utilisés par les institutions, sur demande, après le délai
de trois ou quatre jours. Pendant ce délai-là, on essaie de
rejoindre le propriétaire ou, enfin, de voir à ce que le
propriétaire se manifeste. Les fourrières en Ontario sont, par la
loi, obligées de vendre ces animaux-là si les institutions le
demandent. Ce qui n'existe pas au Québec.
M. Baril: Alors, moi, je vous remercie pour vos réponses.
Je pense qu'essayer de trouver d'autres questions, ça serait d'user le
temps pour rien. Comme je le disais tout à l'heure, votre mémoire
est assez clair, précis. On pourra s'y référer
facilement.
Le Président (M. Richard): Alors, merci beaucoup; au nom
du ministre et des partis parlementaires, merci beaucoup de votre
mémoire. Nous redemanderions, s'il vous plaît, aux gens de la SPCA
de reprendre place pour les 10 prochaines minutes. Nous n'aurons pas de
questionnement, nous leur donnons l'opportunité d'apporter
peut-être certains commentaires avant que nous terminions ou que nous
ayons accompli le mandat que nous avons reçu de la Chambre. Alors, merci
beaucoup, messieurs.
M. Brassard (André): Merci, M. le Président, MM.
les députés.
Le Président (M. Richard): Remarquez, avant que les gens
prennent place, la raison, c'est par entente entre tous les membres de la
commission. À plusieurs reprises, il a été question du
document qui a été présenté - prenez place,
mesdames, messieurs - par les gens de la SPCA. On a jugé, de part et
d'autre, qu'il était peut-être équitable de laisser les
gens s'exprimer à nouveau durant 10 minutes.
Juste un instant, M. le ministre va s'ajouter à nous. Ça
ne sera pas tellement long. C'est pour une raison de santé qu'il est
sorti. La technique, souvent, pas seulement chez les animaux, devient
obligatoire.
M. Choinière (Alain): m. le président, est-ce que
je peux distribuer des documents qui sont utilisés pour
l'éducation et l'information au public?
Le Président (M. Richard): Excellent.
M. Choinière: Parce qu'il a été beaucoup
question de ça ces derniers jours.
Le Président (M. Richard): Nous les prenons avec
plaisir.
M. Choinière: Merci.
Le Président (M. Richard): Ah! Attendez un peu. Il
faudrait vous renommer, s'il vous plaît, pour que la console puisse
à nouveau vous identifier. Alors, vous, monsieur...
SPCA canadienne (suite)
M. Choinière: Alain Choinière, président de
la SPCA; Me Hélène Marcellin, à l'extrême droite,
secrétaire honoraire de la société; à ma droite
immédiate, Joan Clark, vice-présidente et présidente du
comité de législation, et Robert Lamarche, qui est chef
enquêteur à la SPCA.
Le Président (M. Richard): Parfait. Merci, mesdames,
messieurs. Nous recevons vos documents que nous distribuerons, des documents
pour des fins éducationnelles. Je m'excuse, où sont les
documents? Est-ce que quelqu'un les a pris? Non. On va aller les chercher. Ce
ne sera pas tellement long. Vous avez la parole, M. Choinière.
M. Choinière: M. le Président, je tiens à
remercier cette commission de nous avoir permis de faire une dernière
intervention pour ces auditions. Mes premières remarques s'adressent
à M. le ministre qui a répété à plusieurs
reprises que la commission ne siégeait pas pour étudier notre
projet de loi. Je comprends alors mal qu'on nous ait demandé si notre
document pouvait être utilisé comme document de base pour cette
commission et qu'il ait été distribué à tous avant
la commission. C'est, d'ailleurs, je crois, le seul qui ait été
distribué à tout le monde qui est intervenu dans la salle. Je
comprends aussi assez mal que le ministre ne soit pas arrivé avec des
propositions tangibles quant à ses intentions pour régler le
problème de la cruauté envers les animaux. On me dit que c'est
généralement le cas lors de commissions parlementaires de ce
genre. Est-ce que la tenue d'une telle commission n'est pas, par
définition, la reconnaissance d'un problème au Québec?
Par ailleurs, M. le Président, nous avons écouté
attentivement la présentation de chacun des intervenants et des
mémoires. Si l'on s'en
tient à l'essentiel de ce qui a été dit, nous
pourrions en conclure que tous aiment les animaux, tous éduquent ou ont
l'intention de le faire. Oui.
Le Président (M. Richard): Juste au niveau technique,
là...
M. Choinière: Oui...
Le Président (M. Richard): ...parce que ça
relève du secrétariat - parce que, là, j'admets qu'il n'y
aura pas de questionnement, mais comme président, ça, je vais le
faire - les documents ont été distribués à ceux qui
les ont demandés.
M. Choinière: Oui.
Le Président (M. Richard): II n'y a pas eu de distribution
systématique à l'ensemble des gens, en disant: Bien, voilà
ce que la SPCA a présenté. Regardez donc ça pour voir
qu'est-ce que ça fait. Pas du tout. C'est les gens qui les ont
demandés, au même titre que, pour le dernier intervenant qui est
passé, qui était le Conseil canadien de protection des animaux,
quelqu'un qui les aurait vus sur la liste pour venir ici aurait pu dire, vous,
entre autres: Voulez-vous, à la commission, nous donner une copie du
document, du mémoire du Conseil canadien de protection des animaux? Et
j'arrête là, vous pouvez continuer.
M. Choinière: Mais, malgré ça, on nous avait
quand même demandé notre permission pour qu'ils soient
utilisés complètement par...
Le Président (M. Richard): Ça, c'est normal, comme
à tout le monde, d'ailleurs.
M. Choinière: Parfait.
Le Président (M. Richard): À l'instant où
vous nous présentez un document public, il devient public...
M. Choinière: Parfait.
Le Président (M. Richard): ...à l'instant où
vous l'envoyez ici, là. Alors, n'importe qui y a accès et, sur
demande, nous en faisons la production.
M. Choinière: Parfait.
Le Président (M. Richard): Alors, vous continuez?
M. Choinière: Oui. Donc, je disais que notre constatation
pourrait être que tous aiment les animaux, tous éduquent ou ont
l'intention d'éduquer le public, tous sont des organes d'information
quand on écoute les associations. D'autre part, on pourrait aussi noter
que personne ne brutalise les animaux, personne ne néglige ou n'abuse
des animaux, personne ne profite ou n'exploite les animaux. C'est donc par
grandeur d'âme, faudrait-il conclure, et par amour des animaux qu'ils
opèrent dans ce domaine. On ne s'attendait évidemment pas
à ce que les associations viennent nous dire qu'elles prônent la
cruauté envers les animaux et nous ne croyons pas qu'elles le fassent
systématiquement. Cependant, il ne faut pas être dupes La
cruauté envers les animaux existe et elle n'est pas le fait de quelques
exceptions, de quelques fous, ou de quelques pauvres désoeuvrés.
(18 h 30)
Puisque vous nous en donnez l'occasion, j'aimerais répondre
à certaines questions qui ont été posées par la
commission et par les représentants qui ont déposé des
mémoires. D'abord, à tous ceux qui appuient notre demande de
législation, je dis bravo. Si la cruauté envers les animaux
n'existait pas et qu'il n'y avait pas besoin de prévenir cette
cruauté, est-ce que la plupart des groupes que nous avons entendus
endosseraient aussi massivement nos demandes de législation?
Notre demande doit-elle être interprétée comme une
loi punitive très sévère? Je vous le demande: Est-ce trop
sévère de retirer des animaux à quelqu'un qui les
néglige, avant de constater qu'il y en a qui sont morts ou qui
commencent à se manger entre eux? Est-ce une loi punitive trop
sévère que de donner des avertissements de non-conformité
qui énoncent ce qui doit être corrigé avant de saisir des
animaux? Est-ce que d'établir des normes minimales est trop
sévère ou trop punitif?
Nous reconnaissons que le commerce des animaux est une
réalité économique, mais d'affirmer qu'il existe une loi
universelle qui veut que les gens traitent bien leurs animaux parce qu'ils
gagnent leur vie de ce cheptel est loufoque. L'appât du gain, dans
plusieurs cas, est trop important pour tenir un tel discours. À ceux qui
croient que le CCPA a été créé avant que les gens
soient intéressés par les animaux, je répondrai que
celui-ci a été créé 100 ans après la SPCA. A
ceux qui parlent de visites régulières du CCPA dans les
laboratoires de recherche, je souligne qu'une visite régulière
aux trois ans, sur rendez-vous, ne rassure personne, surtout que, malgré
cela, plusieurs sont en non-conformité et que les membres du
comité sont tenus au secret. À ceux qui parlent des sanctions
possibles sévères du CCPA, je vous mets au défi de me
donner des exemples d'application de ces sanctions au cours des
dernières années. Aucune n'a été prise
malgré la non-conformité décrite dans les rapports
d'inspection de plusieurs laboratoires au Québec. À ceux qui
croient qu'une telle loi n'est pas nécessaire pour les laboratoires, je
soumets que l'Ontario a légiféré pour donner
force de loi aux règles du CCPA. Le problème n'est pas
avec les règles, mais l'application par les comités qui, souvent
au Québec, sont non existants, malgré ce qu'on a dit
aujourd'hui.
Au monde de la recherche, je pose la question suivante: Avez-vous
compris que nous ne voulons pas juger de la pertinence des expériences,
mais de la condition des animaux qui se trouvent dans vos laboratoires
derrière des portes fermées? À tous ceux qui croient que
nos enquêteurs ne sont pas qualifiés pour faire respecter cette
loi, je leur demanderai s'ils savent que les agents de la paix municipaux,
provinciaux et fédéraux demandent régulièrement aux
enquêteurs de la SPCA d'intervenir dans les cas de cruauté et que
même le ministère de l'Agriculture nous a demandé, dans le
passé, d'intervenir. Alors, croyez-vous que nos enquêteurs soient
non qualifiés? À tous ceux qui croient que la SPCA veuille
seulement éliminer ses concurrents pour la vente d'animaux, je dirai que
la SPCA n'a pas l'intention d'éduquer et d'informer. Elle le fait depuis
longtemps déjà. En effet, dans la dernière année
seulement, elle a reçu près de 20 000 demandes d'adoption.
À chacun de ces requérants, elle a donné de l'information
et elle a sélectionné des propriétaires responsables
à qui remettre des animaux.
La SPCA a rencontré au-delà de 1000 groupes
d'élèves au Québec. Elle a un programme obligatoire de
stérilisation des animaux adoptés. Elle a
stérilisé, directement ou indirectement par ses programmes, plus
de 50 000 chiens et chats au cours des trois dernières années.
Enfin, la SPCA doit vivre, jour après jour, avec la dure
réalité d'un vide juridique au Québec. Vous nous
demandiez: Doit-on légiférer ou éduquer? Je vous
répondrai: Les deux.
Je voudrais terminer en vous présentant trois cas récents
qui démontrent qu'une telle loi aurait pu prévenir la
cruauté. Dans le document qui vous a été passé avec
les photos, les photos 29, 30 et 31, un vétérinaire de formation
a des démêlés avec nous depuis 1976. Cinq visites et
saisies ont eu lieu chez lui. À chaque occasion, les lois nous
permettaient seulement de retirer les animaux qui étaient en
détresse grave. Seulement lors de la dernière saisie avons-nous
pu saisir tous ces animaux. Le constat de cet événement, 21
animaux depuis 1976 ont été saisis. Si cette loi provinciale
avait été en place, nous aurions pu, dès 1976,
arrêter ce carnage.
Deuxième cas que je vous soumets, photos aux pages 66 et
suivantes. En août 1990, nous visitions un chenil à
Sainte-Perpétue. Nous avons fait l'éducation de la personne, du
moins nous l'avons tenté. Nous avons recommandé des
améliorations à cette personne-là. En février 1991,
nous avons saisi 124 chiens qui vivaient dans des conditions pitoyables. 15
carcasses de chiens morts ont été découvertes. Une telle
loi nous aurait-elle permis d'intervenir avant? Oui.
Je vous soumets comme troisième et dernier cas les photos 33 et
34, surtout pour vous démontrer que ce ne sont pas toutes des petites
fermettes où on va faire des saisies. 50 veaux sont saisis, 14 carcasses
mortes sont ramassées. L'individu élève ces veaux pour une
grande entreprise dans le domaine de l'alimentation. À la saisie,
plutôt que de nous remettre les animaux, il a choisi de les vendre
à l'abattoir. Ces animaux, dans la condition où ils
étaient, pleins d'excréments, se sont retrouvés sur la
table des consommateurs après être passés à
l'abattoir. Le prévenu gagnait sa vie avec cet élevage.
En conclusion, M. le Président, nous constatons qu'il existe deux
sociétés distinctes au Canada lorsqu'il s'agit de
prévention de la cruauté envers les animaux, le Québec et
la Nouvelle-Ecosse et le reste du Canada. Le Québec et la
Nouvelle-Ecosse sont en effet les deux seuls qui ne protègent pas
légalement leurs animaux. Éducation ou législation? Nous
disons les deux. Quand? Nous disons le plus tôt possible. Quel en sera le
coût? Le même que notre coût actuel pour garder les animaux
que nous avons saisis au cours de la dernière année. Enfin, les
Québécois demandent cette loi et nous continuerons à la
demander jour après jour. M. le Président, je vous remercie de
l'attention que vous avez portée à notre projet.
Le Président (M. Richard): merci, m. choinière.
maintenant, m. le député d'arthabas- ka, est-ce que vous avez un
commentaire final, à la fin de nos auditions?
Remarques finales M. Jacques Baril
M. Baril: Est-ce que le ministre va... Comme commentaire final,
j'ai, d'abord, au nom de l'Opposition, été très
intéressé par tout ce qu'on nous a apporté ici. Je pense
que ma position, je l'ai fait connaître au cours des débats en
posant différentes questions aux organismes. Il est peut-être
évident que, pour remédier à certaines situations, il faut
faire quelque chose, mais je reste convaincu qu'il faut d'abord cibler des
secteurs bien précis où il y a urgence de... je ne sais pas si
c'est légiférer, réglementer, je ne suis pas un
spécialiste en la matière, mais je crois qu'il est
évident, il est urgent de cibler des secteurs et de remédier
à toutes sortes de situations que vous avez décrites et dont on
prend connaissance, aussi, dans les journaux, comme d'autres, trop souvent. Si
le gouvernement ou - là, je ne suis pas au gouvernement et je ne veux
pas engager le gouvernement, non plus - la société comme telle
pouvait se donner des mesures pour arrêter ce carnage, c'est
évident que tout le monde ou cette société ne s'en
porterait que mieux.
Je remercie tous les intervenants qui ont pu venir nous faire part de
leurs préoccupations.
C'est à nous de juger ou à faire les distinctions entre
tout ce qu'on nous a apporté. C'est évident que vous
représentez différents groupes. Vous avez chacun vos objectifs
à défendre, que ce soit économiques ou sociaux. Chacun,
vous le faites bien. Je vous encourage à continuer, mais ce sera
à nous, évidemment, les législateurs, de décider de
quelle façon on doit intervenir pour corriger des situations.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le ministre, pour le mot final.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je pourrais
également, comme ministre, comprendre mal, moi aussi, que des gens ne
comprennent pas qu'à toutes fins utiles le ministre est un intervenant
comme les autres à cette commission pour entendre les gens qui ont
à nous parler et que, s'il y a des questionnements à faire, qu'on
questionne la commission et l'Assemblée nationale sur les
différents documents. Mais je comprends mal, évidemment, qu'on
puisse refuser à tous ceux qui demandent d'avoir des documents de
pouvoir y avoir accès. Je comprendrais également mal que les gens
qui sont supposés savoir lire n'aient pas regardé le mandat de la
commission, exactement comme il était libellé. "Le mandat de la
commission, pour cette séance, est de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques afin
d'examiner la situation de la prévention de la cruauté envers les
animaux au Québec et l'opportunité de légiférer en
cette matière." Ça vient décoder automatiquement, pour des
gens qui saisissent bien l'implication et qui savent bien lire, qu'il y a deux
sortes de commissions parlementaires.
Il y a une commission parlementaire où on invite les participants
à venir nous éclairer sur la possibilité future de
légiférer; c'est ce que nous avons fait. Le ministre,
étant arrivé à cette commission avec des documents et
ayant déposé une loi, on aurait dit: Pourquoi, M. le ministre,
nous demandez-vous de venir vous éclairer sur une loi possible quand
vous avez une loi entre les mains, que vous déposez? Ça, c'est
une première sorte de commission parlementaire que nous avons tenue.
Il y a une deuxième sorte de commission parlementaire qui se fait
aussi au Parlement, c'est quand, entre la deuxième et la
troisième lectures, on décide, parce qu'il y a trop de
questionnement sur nos articles quand on en fait l'étude article par
article, de convoquer des organismes responsables à venir nous
éclairer davantage. Déjà, c'est un autre genre de
commission parlementaire puisque, là, il y a un projet de loi et qu'on
veut tout simplement préciser certaines choses à
l'intérieur du projet de loi. Je comprendrais mal, moi aussi, que des
gens soi- disant à la fine pointe de tout ce qui peut se passer, et
savants par surcroît, ne comprennent pas ce genre d'intervention. De
toute façon, là n'est pas l'essentiel de mon propos, M. le
Président.
On conviendra ensemble que tous ont endossé le principe
général en ce qui concerne la cruauté envers les animaux.
Je n'ai pas rencontré d'organismes qui sont venus ici, contrairement
à la prétention d'autres, nous dire: Oui, si les animaux peuvent
être traités cruellement, nous, on n'a rien contre ça parce
que c'est des animaux. Tout le monde embarquait dans ce grand
principe-là. Il y a évidemment des gens qui nous ont
accoutumés à ne pas avoir des vérités, à les
posséder seuls et à être ex cathedra dans ce
domaine-là. Alors, le principe général a été
accepté, M. le Président. Je n'ai pas compris que des personnes
ne voulaient pas s'y soumettre.
Il semble y avoir consensus aussi quant aux besoins d'éducation,
de prévention et de sensibilisation; c'est ce que j'ai cru comprendre un
peu partout, au niveau de tous les intervenants. On a eu l'opportunité
de les questionner aussi là-dessus et je pense qu'ils nous ont bien
répondu à cet égard-là. Je n'ai pas senti de
réticence sur ces points-là. Par contre, plusieurs intervenants
ont des réticences quant à l'établissement d'une
législation punitive et coercrttve qui réglementerait des
secteurs qui, selon les témoignages, ne vivent pas de problèmes
de cruauté. Ça n'a pas fait l'unanimité, bien sûr,
la loi punitive et coercitive. C'est ça qui nous permet, dans la sagesse
que doivent normalement avoir les législateurs - si jamais on peut
parier de sagesse -d'être en mesure d'évaluer ce point
important.
Ce serait facile, dans le fond, s'il y avait un organisme qui sait tout
de tout, qui connaît tout de tout, qui parle au nom de tout le monde et
qui possède la vérité tranquille, sans pouvoir le
questionner, ce serait facile, on s'appuierait sur lui et, mon Dieu, que le
paradis serait rendu sur la terre! Mais ça ne peut pas être
ça dans une société. Je regrette, ça ne peut pas
être ça. Une société, c'est composé d'une
foule d'intervenants, une foule des choses à dire, aussi
intéressantes les unes que les autres. Et, moi, je ne voudrais qualifier
aucun des organismes qui sont passés devant nous parce que je pense que,
dans chacun de ces organismes-là, il y a une volonté commune,
dans certains domaines, de modifier des comportements et des choses. Je ne
voudrais pas être le juge d'autres organismes; je laisse ça
à certains organismes qui peuvent se porter juges et garants du futur.
Ce n'est pas dans ma nature de faire ça comme ça.
Il reste encore plusieurs questions sans réponse. C'est tellement
vrai qu'à toutes les questions qu'on a posées: Est-ce que
ça doit être une loi? Par qui, d'abord, doit être
présentée cette loi-là?, on a eu des réponses fort
divergentes. Est-ce que ça doit être dans des secteurs
donnés? Est-ce que ça doit être des ajouts à des
lois existantes? Il n'y a pas beaucoup de monde qui nous a
répondu de façon catégorique là-dessus. Et
même les gens qui nous ont répondu ont eu des
intérêts quelque peu divergents sur diverses formes de
ministères ou sur une loi possible ou des sections à être
ajoutées à des lois. La plus belle preuve que tous ces gens qui
nous ont présenté... (18 h 45)
Je voudrais vous remercier, tous ceux et celles qui l'ont fait parce que
je sais que vous avez mis le coeur à l'ouvrage et que vous êtes
venus nous livrer l'essentiel de ce que vous croyez être des choses
intéressantes, sans juger qui que ce soit au préalable. Le
législateur a besoin de savoir ces choses-là. C'est pour
ça qu'il vous questionne. Il n'y a pas eu unanimité
là-dessus. Le législateur a besoin de savoir, quand on nous parte
de cruauté, quand on nous parle d'anxiété, comment vous
les définissez, cette cruauté et cette anxiété.
Et, pourtant, Dieu sait qu'à toutes les fois que, moi, j'ai
posé la question - et mon collègue de l'Opposition en a
posé souventefois, des questions - le premier élément
qu'on avait, c'était un petit sourire en disant: Vous me demandez de
définir quelque chose qui est presque indéfinissable. À
moins de croire que les politiciens sont des gens qui font des miracles, qui
passent outre... qui sont des lumières hors de l'ordinaire... On ne les
retrouve sûrement pas de ce bord-ci, j'imagine, d'après ce que
j'ai pu entendre tout dernièrement; on les retrouve ailleurs, dans un
autre secteur, c'est malheureux. Mais, quand on n'est même pas capable,
comme organisme, de nous définir des mots comme "cruauté" et
"anxiété" et qu'on veut, après ça, qu'une loi
vienne exercer des recours et qu'il y ait une recommandation qui en
découle, je pense que le législateur a le droit de prendre un
temps d'arrêt pour se questionner, aller requestionner, aller clarifier
ces choses-là. Et c'était la volonté que nous avions dans
notre mandat. On ne s'était pas donné d'autre mandat que
ça.
Je comprends mal qu'on n'ait pas vu ça comme ça, si
intelligents soyons-nous. Il y a plusieurs questions qui restent sans
réponse. C'est trop facile, après ça, de blâmer le
législateur de ne pas avoir été assez précis dans
ses lois pour arriver à d'autres problèmes qui compliquent
davantage les situations. C'est ça, la réalité de la vie -
on ne contera de peurs à personne - à moins de vivre dans un
autre monde, M. le Président.
Nous n'avons pas cerné l'ampleur, comme je le disais, du
problème de la cruauté. Personne n'a pu faire de
démarcation entre cruauté, négligence, définir le
bien-être et l'anxiété. On a même eu des gens qui
sont venus nous mentionner certains chiffres à la commission et, si on
les avait pris ex cathedra... C'est là que ça devient difficile.
Pourquoi, comme législateur, je croirais un organisme si ultra-puissant
soit-il, si ultra-divin soit-il? Pourquoi je croirais un organisme qui, lui,
semble posséder toute la vérité alors que d'autres
organismes bien pensants sont venus nous livrer leur message et qu'après
avoir revérifié leurs chiffres avec des autorités
compétentes on a pu, le lendemain déjà, constater que ce
n'était pas tout à fait exact, ce qu'on nous avait
mentionné? Je ne dis pas que ça été fait
volontairement. Bien non, je ne dis pas ça. Mais nous demandions
à être rassurés, nous demandions à avoir des choses
précises - c'est ça, une commission parlementaire - avant de
légiférer. C'est comme ça. Ça existe comme
ça. Donc, beaucoup de chiffres nous ont été fournis sans
être nécessairement validés.
Les négligents par ignorance, quels moyens seraient efficaces
pour rejoindre ces gens-là? Les négligents par ignorance et les
gens sans scrupule? On ne peut pas légiférer à
l'aveuglette. Il faudrait pouvoir s'appuyer sur des principes physiologiques ou
comportementaux, sur des faits concrets. Avant de légiférer, il
faudra procéder à d'autres consultations élargies parce
que des gens sont venus nous dire ici: Nous sommes disponibles pour continuer
à se parler, pour qu'on puisse aboutir à quelque chose
d'intéressant. C'est ce que j'ai ressenti comme consensus. Je n'ai pas
senti trop de personnes qui étaient opposées à ce qu'on
légifère, mais les gens ont évalué ça
à certains degrés.
Je pense qu'il n'y a rien de condamnable dans ce qu'on a fait. Au
contraire, je pense que de s'être prêtés trois jours
à cet exercice-là, c'est vouloir mieux légiférer.
J'ai entendu bien plus souvent, dans ma vie politique, moi, des gens me dire:
Le gouvernement, vous légiférez trop, vous faites trop de
règlements. Quand on dit: Nul ne peut ignorer la loi et qu'on a des
milliers et des milliers et des dizaines de milliers de règlements, on
peut l'ignorer. Et, toutes les fois qu'on a légiféré
rapidement, on s'est retrouvé dans des situations parfois chaotiques.
J'ai vu des gens qui nous ont dit: Vous devriez prendre plus de temps et
légiférer mieux. C'est ce qu'on a voulu se donner comme exercice.
Ce n'est pas mystérieux. Ce n'est pas condamnable, à moins de
posséder la vérité à nous autres tout seuls. Moi,
je ne la possède pas, de toute façon; donc, je ne l'imposerai pas
à d'autres. Et, quand j'aurai fait un certain consensus, j'essaierai de
tirer une ligne qui sera intéressante pour protéger les animaux,
parce que je suis un de ceux qui croient à ça. Je suis un de ceux
qui en ont eu. Je suis un de ceux qui ont essayé d'avoir un comportement
le plus humain possible.
Il faut identifier les personnes touchées par la loi et celles
qui devraient l'appliquer; en évaluer l'impact et les coûts. Il y
des gens qui nous ont déposé certaines choses pour nous dire:
Oui, les coûts pourraient être de tel et tel ordre. Il faut
évaluer ça, comme politiciens, parce que les coûts sont
pris à même la société, à même
les taxes, à même les utilisateurs ou à même
les gens à qui on charge des permis.
Donc, légiférer avec un coût possible, sur un
document qui nous a été déposé, sans prendre le
soin de bien l'analyser et de vérifier si ça répond aux
normes, si ça répond aux exigences, si le nombre d'inspecteurs
que ça prendra avec une loi parce que ça prendra des gens pour la
vérifier... À quoi servirait d'avoir une loi si on ne la fait pas
respecter? Je ne pense pas qu'on demande à nos élus publics de
vouloir faire ça à l'aveuglette, les deux yeux fermés et
dire: Les coûts, on les paiera après. Je n'ai pas
été habitué à ce genre de discours là et je
ne m'y prêterai pas. On dira tout ce qu'on voudra de moi, ça n'a
pas d'importance. Je ne m'y prêterai pas. Je vais commencer par
évaluer pour être bien sûr que la loi... Là-dessus,
je n'ai, je pense, d'ordre à recevoir de personne ni d'exemple à
me faire donner de personne. Le plus bel exemple, vous Irez voir la toi que
j'ai faite pour la protection de la faune. C'est des bibites, ça aussi,
c'est des animaux à quatre pattes. Je suis allé là. Le
reproche qu'on m'a fait, c'est d'avoir été trop
sévère, d'avoir chargé des amendes épouvantables,
d'avoir exigé la publication des condamnations dans les journaux. Alors,
je n'ai pas, je pense, à cet égard-là, à recevoir
de reproche de qui que ce soit, si intelligent soit-il.
J'ai pris la peine de consulter. Je suis allé dans le milieu de
la forêt avec mes agents de conservation; j'ai pris la peine d'aller au
Conseil du trésor afin de me faire donner l'argent qu'il faut pour avoir
un nombre additionnel d'agents de conservation pour être bien sûr
qu'en plus d'avoir une loi... Ça, ça va bien de se blanchir,
comme politiciens; on a fait une belle loi et on se promène avec notre
virginité sur les épaules en disant: C'est moi qui ai fait cette
loi-là. À quoi sert une loi si elle n'est pas opérante et
si, malgré toutes les dents qu'on a voulu lui donner, on n'arrive pas
aux objectifs qu'on s'est fixés?
Dans le domaine de la faune, allez voir, allez vérifier, les
chiffres sont là. Le cheptel a considérablement augmenté
dans nos forêts québécoises à la suite de la loi que
nous avons faite, les chiffres sont là. Ce n'est pas moi qui vous le
dis; ce sont des organismes responsables de la faune qui l'on dit. J'ai
associé ça d'une campagne antibraconnage: "Braconner, c'est
voler", parce que je croyais à l'éducation. J'ai fait les deux.
J'ai fait les deux parce que je trouvais ça important de faire les deux.
J'aurais pu faire uniquement une campagne. Ce n'était pas mon objectif,
parce que, moi, je croyais réellement que les animaux doivent être
protégés. Je croyais ça, je le crois encore. J'en suis
profondément convaincu.
Si vous voulez savoir comment se comportent des individus dans leur
foyer, regardez comment Hs traitent leurs animaux, les animaux qui sont
à côté d'eux. Et vous allez voir que ça va se
répercuter, bien souvent même, dans leur entourage
immédiat. Quand on traite mal son animal, le chien du voisin ou la
chatte de la voisine, n'allez pas voir ce qui se passe dans la maison. N'allez
pas voir comment on traite ses enfants, comment on se comporte avec sa femme;
moi, je sais ça. Je suis convaincu de ça. Je suis pleinement
convaincu de ça. C'est pour ça que je trouve parfois difficile
d'accepter de me faire faire des leçons à cet
égard-là.
Je vais prendre des décisions, bien sûr je vais prendre des
décisions. Je ne sais pas si elles seront, ces
décisions-là, intéressantes pour l'ensemble des groupes
qui vont venir, mais je vais prendre des décisions. Je vais
sûrement conseiller au gouvernement de prendre des décisions et,
d'ici trois semaines, un mois maximum, je livrerai exactement quelles sont mes
intentions et de quelle façon j'acheminerai ces intentions-là,
parce que je crois, encore une fois, à la protection des animaux. Ne
soyez pas inquiets. S'il faut être sévère, on le sera, mais
on a besoin d'être informés. C'est ça qu'on a fait comme
exercice, M. le Président.
Alors, bien sûr, je voudrais remercier tous les intervenants qui
sont venus nous donner leurs précisions. Je vous dis d'avance qu'on va
se revoir dans pas grand temps pour essayer, ensemble, de perfectionner
l'approche, de se donner un petit peu de temps, qui sera peut-être trop
long pour ceux qui sont pressés et trop court pour ceux qui ne sont pas
assez pressés, mais qui sera suffisamment intéressant pour
être bien sûr que, la fois qu'on va légiférer, si on
légifère, ou qu'on ajoutera des sections à des lois, ou
qu'on apportera des règlements, qu'on choisisse la bonne façon et
qu'on le fasse très bien, dans l'intérêt de ce qu'on veut
protéger. C'est ce qu'on souhaite, tout le monde. Ça, je l'ai
dit, ça a été une intervention commune, un objectif
commun, il ne faut pas que des animaux soient maltraités, il ne faut pas
qu'ils soient traités de façon cruelle. Un objectif commun. C'est
au moins un point où on n'aura pas de misère à discourir
parce que on en est tous conscients.
Alors, je veux remercier tous les groupes qui sont venus nous voir. Je
veux remercier aussi, bien sûr, la SPCA. Si j'ai rappelé à
quelques occasions que ce n'était pas le projet de loi de la SPCA qu'on
étudiait, c'était uniquement dans le but de rétablir des
choses parce que les gens ont pu avoir l'impression qu'on étudiait un
projet de loi en commission parlementaire. C'est tellement vrai que la SPCA se
questionnait - c'était l'essence même du début du propos de
M. Choinière - en disant: Je comprends mal que le ministre n'ait pas un
projet sur la table. Ça a peut-être été confondu
parce que, parfois, on écoute avant un projet de loi et puis, parfois,
on écoute pendant un projet de loi. Pendant un projet de loi, c'est un
projet de loi déposé. Donc, ce n'est pas surprenant que d'autres
organismes qui n'ont pas l'habitude de cette
enceinte particulière qu'est le parlement de québec
n'aient pas été au parfum de la connaissance qu'on
n'étudiait pas un projet de loi. j'ai senti le besoin de le rappeler
parce qu'il y a des gens qui nous disaient: bien, il ne faudrait pas faire
ça comme ça. on n'en est pas rendus à cette
étape-là.
Ça a été heureux, comme je l'ai dit à un
certain moment, ce genre d'attitude très compréhensible de la
part de la SPCA. Cette façon de procéder, que je ne condamne
d'aucune façon - parce que, moi, je ne suis pas ici pour condamner, je
suis ici pour apprécier les choses - a permis aux gens, peut-être,
ou à ceux qui vous parlent de déceler que, même à
l'intérieur des articles amenés dans un projet de loi qui
n'existe pas, mais qui avait été déposé, il y avait
matière à contestation de la part de groupes. Ce qui nous fait
dire, à nous, qu'il y a encore des discussions à faire. Si on
n'avait pas eu ça, on aurait pu douter davantage, mais, là, le
doute est moins ferme dans notre esprit.
Et, comme je l'ai dit, ne pas faire comme quelqu'un voudrait qu'on
fasse, ça ne veut pas dire laisser faire et ne rien faire. Alors, M. le
Président, je voudrais remercier tous les groupes, sans exception
aucune, les remercier de leur compétence, leur dire qu'on va avoir
affaire à eux encore; vous remercier, M. le Président, de
même que tous les membres de la commission qui nous ont assistés
durant ces travaux; remercier les gens de l'Opposition, le recherchiste, aussi,
de l'Opposition, mon recherchiste à moi aussi, les gens du Journal
des débats, les secrétaires, etc., de même que les
fonctionnaires, le Dr Yvan Rouleau, le Dr Hélène Caron, le Dr
Martine Bouchard, le Dr Alain Alain et M. André Cameron qui nous ont
assistés.
Et, finalement, M. le Président, je vous dis et je vous
répète en terminant que, d'ici quelques semaines, je vous ferai
part publiquement de mes intentions. J'ose espérer que les trois jours
que nous nous sommes permis de consacrer ensemble, le temps que nous avons fait
de façon la plus assidue possible, avec le plus d'ouverture possible, va
nous aider à avoir un cheminement intéressant pour tâcher
de corriger des situations qui ont, à mon point de vue,
déjà trop duré. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Merci,
M. le porte-parole officiel. Mesdames, messieurs, grand merci de votre
présence.
Sur ce, le mandat de la commission est donc accompli. Nous ajournons
sine die. Bonne fin de semaine, mesdames et messieurs.
(Fin de la séance à 18 h 59)