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(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, si vous
permettez, la commission va reprendre ses travaux. Je déclare donc la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation ouverte et je vous rappelle évidemment le mandat. Le
mandat de la commission pour cette séance est de procéder
à des consultations particulières et de tenir des auditions
publiques afin d'examiner la situation de la prévention de la
cruauté envers les animaux au Québec et l'éventuelle
opportunité de légiférer en cette matière.
Nous recevons le premier groupe, les représentants de l'Union des
producteurs agricoles: M. Gaudet, qui est vice-président de l'UPA pour
l'ensemble du Québec. M. Gaudet, vous connaissez la procédure.
Vous présentez votre collègue, l'avocat qui est avec vous, et
immédiatement, vous faites votre présentation, évidemment
la plus synthétisée possible. Vous connaissez la mécanique
des commissions parlementaires. Par la suite, il y a un questionnement de la
part de M. le ministre et de la part du représentant de l'Opposition
officielle. Or, M. Gaudet, vous avez la parole.
Union des producteurs agricoles
M. Gaudet (Pierre): Merci beaucoup, M. le Président. On a
déjà fait parvenir notre mémoire. Si vous étiez
d'accord, je vais introduire Me Michel Lord, qui est conseiller juridique
à l'Union. Comme c'est un très court mémoire, je pense que
la solution la plus rapide, c'est d'en prendre connaissance entièrement.
Je demanderais à Michel d'en faire la lecture, si vous voulez bien.
M. Lord (Michel C): Bonjour.
Le Président (M. Richard): Me Lord, allez-y.
M. Lord: Les gens de campagne ont une longue habitude de vie avec
les animaux. Ils connaissent bien leurs particularités, leurs besoins,
leur caractère. Ils sont pourtant parfois pointés du doigt par
certaines personnes qui leur reprochent certaines pratiques, celles
liées à l'élevage intensif notamment et surtout.
Aussi, c'est avec empressement que l'Union des producteurs agricoles a
accepté l'invitation des membres de cette commission de venir discuter
de la situation de la prévention de la cruauté envers les animaux
et de l'opportunité de légiférer en cette matière,
d'autant que nous n'avons aucunement honte de ce qui se passe sur nos
fermes.
Le mémoire que nous vous présentons, on le comprendra, se
limite aux seules questions concernant directement ceux et celles que nous
représentons. Quant au reste, bien qu'intéressés, nous
estimons qu'il revient aux personnes directement visées d'en
discuter.
L'Union des producteurs agricoles - les membres de cette commission le
savent fort bien - regroupe et représente officiellement l'ensemble des
producteurs et productrices agricoles du Québec. Dans ses rangs, on
retrouve donc la très grande majorité de ceux et celles qui font
profession de l'élevage d'animaux.
Personne ne peut nier la réalité. Les animaux sont parfois
cruellement maltraités, laissés à eux-mêmes sans
nourriture et sans soins. De façon assez régulière, les
manchettes des médias nous en présentent des exemples percutants.
Il faut également reconnaître la réalité d'animaux
qu'on entasse et emprisonne dans des appartements, la réalité
d'animaux qu'on dresse pour tuer et la réalité de chevaux de
calèche qui cuisent, avec leurs courses, sur le macadam, etc.
Mais sauf de rarissimes exceptions, nous croyons et soumettons que ces
actes ne sont pas le fait des professionnels de l'élevage, de ceux et
celles que nous représentons. Comme nous le mentionnions en début
de texte, nos membres connaissent bien les animaux et les élèvent
selon les règles de l'art. Ils et elles ont d'ailleurs tout
intérêt à les traiter correctement et avec soin, car leurs
revenus en dépendent directement. si des situations abusives ont pu se
produire dans le passé, nous sommes fiers des progrès tout
à fait remarquables qui ont été réalisés. il
suffit de parcourir les campagnes et de visiter nos fermes pour le constater.
des bâtiments propres et bien aérés, des animaux grassement
nourris et élevés dans des conditions sanitaires, avec un bon
suivi vétérinaire, etc. des éléments absolument
essentiels quand on vise rentabilité et qualité.
Certaines pratiques, pratiques bien particulières liées
à quelques productions de type intensif seulement, sont parfois remises
en question. Ce débat sur le sujet est loin d'être
réglé, si les opinions, même d'experts, varient à
l'infini, il faut au moins faire état de certains
progrès et d'une prise de conscience. Ainsi, nous menons, depuis
quelques années, une importante bataille visant la réduction de
ce qu'on appelle les tensions parasites, problème de source
électrique que nous estimons dommageable pour les animaux. de
même, certains de nos groupes - c'est le cas notamment des producteurs de
porcs -participent très activement à l'élaboration de
codes de pratique de soins et d'élevage destinés à
améliorer le bien-être des animaux. qui plus est, il nous faut
également reconnaître et avouer qu'un chambardement trop radical
des pratiques en cause signifierait à coup sûr la faillite
irrémédiable de toutes nos entreprises spécialisées
dans ces productions. une perte nette de plusieurs milliards de dollars par
année. et puisqu'il faudrait bien continuer à nous nourrir, il
nous faudrait massivement importer des animaux qui auraient été
élevés dans de mêmes conditions, mais ailleurs. *
On pariera sans doute également abondamment de l'abattage selon
le rite juif, autre sujet ' où les points de vue semblent
diamétralement opposés. Si l'Union des producteurs agricoles n'a
pas et ne croit pas devoir arrêter de position sur cette question, H
demeure que la communauté juive est en droit d'obtenir des produits
alimentaires et camés conformes à ses rites particuliers, et nous
comptons bien continuer à les leur fournir.
Après ce bref rappel des faits, il convient maintenant de
discuter de la nécessité ou de l'opportunité de
légiférer en cette matière. Tel que fort justement
présenté par la Société pour la prévention
de la cruauté envers les animaux, dans le document qu'elle
présentait récemment au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, il faut à cet égard d'abord
reconnaître que nos lois sont plutôt muettes sur le sujet. En fait
et pour l'essentiel, seul le Code criminel prévoit quelques dispositions
pertinentes.
Fait à noter cependant, de l'aveu même de la
Société pour la prévention de la cruauté envers les
animaux, il semble que ces quelques dispositions suffisent, à la
lumière de l'interprétation jurisprudentielle surtout, pour
réprimer les situations abusives, les cas les plus graves, à tout
le moins.
Ce constat étant fait et sachant que ce sont des objectifs
d'éducation et de prévention qui sont principalement poursuivis,
sans nous y opposer formellement, nous ne croyons pas qu'une législation
s'impose. Nous doutons même qu'il s'agisse d'un outil approprié
dans les circonstances, surtout si on vise une législation aussi large
et complète que celle proposée par la Société pour
la prévention de la cruauté envers les animaux, document que nous
avons eu l'opportunité d'examiner aux fins de l'exercice en cours.
En effet, on voudrait, dans une même loi et dans une masse de
textes réglementaires l'accom- pagnant, régir l'abattage, le
traitement de chiens dangereux, la responsabilité civile des
propriétaires, certaines règles de sécurité
routière, en outre un abécédaire très complet des
règles de l'art, animal par animal. Si les premiers points font ou
devraient faire l'objet d'une législation ou d'une réglementation
spécifique, les derniers sont choses qui s'apprennent plutôt que
de s'imposer par une loi.
Si jamais des interventions législatives étaient
malgré tout retenues, il nous apparaît qu'il serait vain et
inutile de vouloir les rendre applicables aux producteurs et productrices
agricoles. Pour ces derniers et dernières, les dispositions existantes
nous semblent suffisantes et nous croyons, à la lumière du
document, que ce point de vue est partagé par la Société
pour la prévention de la cruauté envers les animaux. Il faudrait,
à tout le moins, à moins de se limiter à quelques grands
principes généraux, tenir compte des particularités
propres à l'élevage en grand nombre.
Finalement, aux mêmes cas, nous nous interrogeons sur
l'opportunité d'en confier l'application au seul ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Diverses mesures
proposées, si elles étaient retenues, devraient plutôt
relever du ministre de la Justice, du ministre des Transports, du ministre des
Affaires municipales, etc.
En définitive et pour conclure, compte tenu des faits en cause et
des objectifs recherchés, l'Union des producteurs agricoles estime qu'il
y a davantage place à éducation et prévention,
plutôt qu'à législation et sanctions. Il ne suffit pas
d'aimer les animaux; il faut bien les connaître et en respecter les
besoins et habitudes.
Bien que dictés par des impératifs de rentabilité
et de qualité, les progrès remarquables réalisés
sur nos fermes ces dernières années tiennent, selon nous,
justement des efforts considérables de formation et de vulgarisation
coTï^jentis par nos ; fédérations, avec le précieux
concours d'universitaires, de vétérinaires et, bien sûr,
des professionnels du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. Nous comptons donc continuer, voire accentuer nos efforts en
ce domaine et nous espérons qu'il en sera de même pour nos
partenaires.
Et finalement, s'H est vrai, comme nous le rappelle la SPCA, qu'on
reconnaît la grandeur et la valeur d'une nation à la
manière dont celle-ci traite ses animaux, nous disons, à la
lumière de ce qui se passe sur nos fermes du moins, qu'il y a beaucoup
d'espoir pour le Québec. Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Richard): Merci, Me Lord M. le ministre,
vous avez un questionnement?
M. Picotte: Voici, M. le Président, j'aurai quelques
questions seulement Vous comprendrez qu'au fur et à mesure que les
mémoires nous
sont présentés, les mêmes questions reviennent un
petit peu et, parfois, on a eu de l'éclairage, dans d'autres domaines,
donc, on... Je m'abstiendrai de revenir sur des questions, entre autres qu'on
avait posées à d'autres et qui ont éclairé parfois
le débat. Je voudrais tout simplement, au niveau de votre
mémoire, vous souligner que certaines pratiques bien
particulières, liées à quelques productions de type
intensif seulement, sont parfois remises en question. Est-ce qu'on pourrait
avoir un petit peu plus d'élaboration sur ce paragraphe-là?
M. Gaudet: Bon. Ce qu'on considère, ce qu'on sent, nous
autres, comme pression, c'est dans certains types d'élevage. Prenons les
élevages de volaille, par exemple, ou concernant la production d'oeufs,
où la technique reconnue, dans le modèle actuel, où les
poules sont gardées en cage, c'est là qu'on a subi des
pressions.
Je voudrais juste vous dire que le volume d'espace ou le volume de
changement d'air dans l'entreprise, la façon dont l'alimentation passe
en avant de la cage, la façon dont l'évacuation des
excréments du bétail est faite maintenant, nous montrent que des
animaux qui sont en cage, mais qui ne sont pas sur un parquet humide, sont en
meilleure santé que des animaux qui seraient sur un parquet humide. Au
départ, on a peut-être eu des animaux qui étaient assez
tassés en cage, mais pour l'efficacité de la production
maintenant, avec les techniques qui sont développées, on a des
normes qui permettent d'avoir une performance de production économique
intéressante et qui permettent aussi au bétail d'avoir une bonne
durée de vie. C'était dans des productions comme ça
où on a senti plus de pression. Je vous dirai qu'on n'a pas eu beaucoup
de pression sur d'autres types d'élevage, quant à la façon
dont on fait l'élevage au Québec. Toutefois, moi, je vous dirai
que je suis aussi membre du conseil d'administration de la
Fédération canadienne de l'agriculture et au niveau de la
Fédération canadienne de l'agriculture, il y a une table de
travail, justement sur la question de la santé animale en regard de la
qualité de vie du bétail. Je vous dirai qu'une question comme
celle-là était taboue, il y a 10 ans passés, chez les
éleveurs au Canada et maintenant, c'est une question qui fait partie du
souci journalier de l'opération. Quand on est rendu, par exemple, dans
l'élevage bovin à mettre des tapis de caoutchouc sur les
planchers de ciment, on commence à avoir un soin particulier du
bétail. Quand on est rendu, par exemple, dans l'élevage de la
vache laitière, à faire la taille des sabots à tous les
deux ou trois mois... moi, je dois vous dire que je ne suis pas si vieux que
ça. J'ai 40 ans et quand j'étais petit gars, il n'y a personne
qui taillait ça, des sabots, nulle part. Or, ça veut donc dire
qu'il y a une évolution dans la profession agricole concernant le
bien-être du bétail.
Je ne vous dis pas que tout est parfait. Ça, je pense qu'il faut
être honnête et être capable de voir les choses en face
telles qu'elles se présentent. Toutefois, maintenant dans la
mentalité des producteurs, dans la mentalité de l'industrie
aussi, parce qu'il ne faut pas oublier qu'on compose avec une industrie, celle
qui transforme le produit, ça fait partie de l'évolution normale
des choses, maintenant.
M. Picotte: De toute façon, je pense que les producteurs,
entre autres, si on veut faire référence aux producteurs
puisqu'on parle plus spécifiquement de cet item-là, ont tout
intérêt à améliorer leur élevage et à
faire en sorte que l'animal soit le plus en santé possible, ait le plus
de bien-être possible, parce que c'est la production qui, au bout de
ça...
M. Gaudet: C'est une question d'efficacité, c'est une
question de qualité aussi pour les consommateurs. Parce que là,
il y a un autre élément qu'il faut ajouter en bout de ligne
aussi, c'est qu'on produit pour un marché, on produit pour
répondre à une qualité de produits. Or, les gens qui
consomment notre produit exigent une qualité. À partir de
là, les règles du jeu pour avoir un produit de qualité, on
est les premiers joueurs là-dedans et on a tout intérêt
à ce que ça soit bien fait.
M. Picotte: Un petit peu plus loin dans votre mémoire,
vous dites: Nous ne croyons pas qu'une législation s'impose. Nous
doutons même qu'il s'agisse d'un outil approprié dans les
circonstances. Bon, hier, j'ai fait référence au fait que dans
différents ministères, au ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, il y a une protection qui existe, une loi qui
existe pour protéger certaines espèces, certains types d'animaux.
À l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, bon, on a la
loi de la santé animale. Dans d'autres domaines aussi, il y a des bribes
de lois, en tout cas, qui existent ou des chapitres qui permettent de
protéger l'animal ou certaines espèces comme telles.
Quand vous dites qu'une législation, à votre point de vue,
ne s'impose pas nécessairement, est-ce que vous croyez cependant qu'on
pourrait peut-être ajouter des chapitres à certaines de ces
lois-là qui viendraient corriger la situation, plutôt que de
commencer à arriver avec une loi où on déterminerait une
foule de choses, y compris déterminer au point de départ ce que
ça veut dire cruauté, ce que ça veut dire
négligence, ce que ça veut dire anxiété, etc. C'est
quoi votre opinion plus pertinente là-dessus?
M. Gaudet: Écoutez, M. le ministre, en ce qui nous
concerne, on est favorable à un ensemble de mesures qui ont pour effet
que le bétail est en bonne condition. Ça, c'est notre
intérêt premier, comme éleveurs ou comme fournisseurs des
consommateurs au Québec.
Quand on dit, dans notre mémoire, qu'on ne croit pas que c'est
absolument nécessaire d'avoir une législation telle que celle qui
est proposée, on n'a pas, nous autres, considéré qu'on
devait faire le travail de proposer des amendements à ce qui avait
été mis sur la table.
Écoutez, moi, je vous dirais honnêtement qu'en lisant
certains articles de cette proposition-là, je me disais - puis ça
ne veut pas dire que j'ai le monopole de la vérité, moi,
là - que quand on est obligé d'écrire dans une loi comment
disposer de la niche du chien pour que la porte soit dans le sens contraire du
vent, du point de vue d'un producteur ou d'un éleveur, ce n'est pas dans
une loi qu'on marque ça, c'est à la régie du troupeau.
Je comprends, par exemple, l'objectif qui est recherché. C'est un
objectif de formation et d'information et, dans ce sens-là, ce que l'on
dit, nous autres, dans le mémoire essentiellement, c'est qu'on n'a
peut-être pas nécessairement besoin d'une loi pour faire un
objectif de formation et d'information. Dans un autre article que je lisais, on
dit qu'il faut qu'un cheval, par exemple, soit soigné au minimum soir et
matin, deux fois par jour. Écoutez, moi, quand je dis ça, je pars
à rire parce que c'est tout à fait naturel pour quelqu'un qui est
un éleveur de bétail à quelque part de savoir que si tu as
une bête, que tu ne la soignes pas et que tu cherches à gagner ta
vie avec cette bête-là, c'est garanti que tu ne gagneras pas ta
vie. Toutefois, on est bien conscient, on n'est pas complètement
innocent et on se rend compte bien facilement, parce qu'on suit l'opinion
publique à chaque jour, que c'est vrai qu'à certains
égards, il y a des animaux qui peuvent être maltraités
à des endroits.
Quand je vois, par exemple, la SPCA intervenir dans des chenils,
à différents endroits, je trouve qu'elle fait un très bon
travail quand ils font ça parce que c'est vrai qu'à certains
égards, il y a des animaux qui sont maltraités. Mais est-ce qu'il
y aurait d'autres avenues que celles que vous soulevez dans des
réglementations ou des additions aux lois existantes qui pourraient
permettre de corriger ça? Si oui, en ce qui nous concerne, on n'a pas
d'objection de fond là-dessus, mais de là à produire une
brique comme celle dont on a pris connaissance pour regarder quel serait le
modèle, je vous dirais très honnêtement qu'il y a beaucoup
de petits gars qui vont s'ennuyer parce que leur niche n'est pas du bon bord et
s'il faut que la toile relève parce qu'il vente, il y a des risques
majeurs, là.
Comment, de toute façon, sur le plan purement pratique - moi, je
vous aurais juste posé une question - pourriez-vous administrer une loi
comme celle-là? Je ne mets pas en cause l'intention qu'il y a en
arrière toutefois. Ça, je veux que ce soit bien clair. Je ne mets
pas en cause l'Intention, mais c'est un cahier d'élevage, ça. Et
si vous vous mettez à faire ça, comme gouvernement, bien,
attendez-vous à ce que dans beaucoup d'autres secteurs, il y ait du
monde qui vous fasse des propositions pour l'établissement de cahiers de
normes dans plusieurs champs d'activité, particulièrement en
agriculture. Mais j'étais ce matin avec les gens de l'industrie
forestière et ils auraient des propositions à vous faire eux
aussi, par rapport à des préoccupations qu'ils ont. Donc, ce
n'est pas sur le fond qu'est notre problème dans ça, c'est sur
les moyens, sur la méthode.
M. Picotte: Je l'ai dit hier, M. le Président, et je le
répète encore aujourd'hui, puisque même ce midi, j'ai eu
l'occasion de parier à certaines personnes et j'ai dû le
répéter. Il faut déjà savoir que la commission
parlementaire qui est ici n'étudie pas un projet de loi, n'a même
pas pour objet de regarder un projet de loi. Évidemment, la SPCA a
décidé, elle - et elle a bien fait de décider comme
ça, je ne remets pas ça en cause - de se faire un modèle,
de présenter un genre de projet de loi qui pourrait être
regardé par les parlementaires, mais c'est évident que ce n'est
pas une loi qu'on étudie, ce n'est pas un article de loi qu'on va
prendre, ce n'est pas un modèle nécessairement qu'on va prendre
dans son ensemble non plus. Bien loin de là, au contraire. Ça,
c'est le choix qu'a fait la SPCA. Nous entendons, nous, en commission
parlementaire les remarques sur une loi possible ou des choses à
être apportées, à l'intérieur des lois existantes,
pour nous aider à dire ce qu'on pourrait faire comme gouvernement, comme
Parlement, pour adopter des mesures pour éliminer la cruauté
envers les animaux. Donc, à partir de ce moment-là, je pense que
c'est important qu'on clarifie ça.
Je vais faire juste un dernier commentaire et si vous n'êtes pas
d'accord avec mon commentaire, vous aurez l'occasion de réagir et
après ça, je pourrai, M. le Président, céder la
parole à d'autres intervenants. Je comprends ou je crois comprendre,
effectivement, qu'en ce qui concerne... Il faudrait faire attention pour ne pas
mêler deux choses. Quand on parle des chenils, quand on parle même
de la vente de reptiles ou d'animaux qui se promènent un peu partout,
ça dérange drôlement un party quand on en voit arriver un
avec un boa dans le cou ou un serpent dans le cou. Bon. Ça, c'est une
section. Il ne faut pas importer ce modèle-là parce qu'H y a des
choses à corriger en fonction de l'ensemble de la production animale
comme telle et je crois comprendre que, finalement, on est tellement
discipliné dans le domaine dans la production, on a tellement de
règles du côté de la santé animale, du
côté de ce qu'H faut que ça rapporte en bout de piste,
qu'on a tout intérêt à avoir des animaux en santé,
avec un bien-être suffisant pour être en mesure de capitaliser
là-dessus.
Donc, on ne devrait absolument pas, dans un projet de loi comme
ça, aller carrément se mettre le nez du côté des
productions. S'il y a quelque chose à faire ou à être
amélioré du côté évolution, faisons-le
à l'intérieur de la loi de santé animale, protection de la
santé animale au niveau de l'agriculture et s'il y a d'autres choses
à regarder du côté des "pet shops" - excusez le terme - ou
du côté animalerie ou quoi que ce soit, bien, ça, ce sera
au législateur à voir où on doit le faire. C'est un petit
peu ce que je crois comprendre de l'ensemble des discussions que nous
avons.
M. Gaudet: Bien. Si vous permettez, M. le Président, juste
dire que l'essentiel de ce que vous dites me paraît tout à fait
légitime parce qu'il y a un bien-fondé dans cette
présentation-là et ça, je ne veux pas passer à
côté. Toutefois, par exemple, dans des créneaux du futur,
un futur qui n'est quand même pas si loin, quand on pense, par exemple,
actuellement, à des types d'élevage d'animaux qui sont
différents de ceux qu'on utilise actuellement. je vous donne des
exemples. quand on parle de l'élevage de cerfs de virginie, quand on
parie de l'élevage de sangliers qui répondent à un besoin
du marché actuellement, un marché qui est un peu à
l'état de développement, mais il y a un certain nombre de types
de bétail comme ça. il faudrait s'assurer, si on a à faire
une législation, que, par rapport à des créneaux de
développement, pour répondre à un besoin de consommation,
on ait des règles du jeu qui soient vivables. on n'est pas contre le
fait qu'il y ait des règles du jeu, mais il faut qu'elles soient
vivables. c'est juste ça. je pense que c'est ce que vous avez dit,
à toutes fins pratiques, dans votre présentation.
M. Picotte: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Arthabaska. (15 h 45)
M. Baril: Votre mémoire, d'après ma connaissance,
relève d'un grand réalisme, je crois, et c'est la nature
même des producteurs agricoles qui en fait l'honneur. Vous parlez dans
votre mémoire que, au lieu de... Vous ne voyez pas, en tout cas, la
nécessité, l'urgence de légiférer. Et si,
toutefois, le gouvernement se décidait à légiférer,
vous demandez que tout le secteur de l'agriculture soit exclus de cette
loi-là. Vous parlez également qu'il devrait y avoir plus de...
qu'on devrait mettre plus d'effort sur la prévention, l'information, la
sensibilisation de la population en général.
Comment pensez-vous que... De quelle manière cette
prévention, cette information, cette sensibilisation-là
pourraient se faire d'une façon plus adéquate présentement
parce qu'on me dit quand même qu'il y en a, de la prévention,
qu'il y en a de la sensibilisation qui se fait? Hier, le Club Canin Canadien
est venu nous dire... Eux autres, ils avaient l'air quand même assez bien
structurés et ils n'acceptaient pas n'importe qui. Ils
dénonçaient même des gens, de leurs propres membres s'ils
ne faisaient pas comme il faut. Pensez-vous que si la SPCA - et là, je
ne veux pas leur mettre toute la responsabilité - agissait comme une
autre... Admettons...
J'en ai une qui me vient en tête, l'association de la protection
des consommateurs - comment on appelle ça - l'APA, la protection des
automobilistes. Quand il y a un garage qui ne fait pas correct, elle le
dénonce et dit: N'allez pas là. Telle affaire, ça ne
marche pas. Pensez-vous que ça pourrait être un rôle qu'un
organisme quelconque pourrait jouer et que ça serait aussi, sinon plus
efficace qu'une loi?
M. Gaudet: Bien, écoutez, M. Baril. C'est évident
que ce qui nous frappe le plus, ce qui nous apparaît le plus visible,
à toutes fins pratiques, ce sont des exemples comme ceux qu'on a
mentionnés tout à l'heure. Je prenais l'exemple des chiens parce
que c'est celui qui revient le plus souvent, mais il pourrait aussi y avoir des
oiseaux qui sont maltraités. En tout cas, il y a un certain nombre de
types de têtes de bétail qui, à mon avis, sont des animaux
de compagnie.
Tu sais, quand vient le temps de Pâques, par exemple, et que, dans
les centres d'achats, ils vendent des poussins d'un jour, que ces
poussins-là s'en vont dans des familles... C'est très joli,
ça, là, les deux ou trois premières journées, mais
au bout de trois jours, quand c'est dans le salon, ça, là,
accoté sur le "chesterfield"...
Je vais vous dire de quoi. Il y a de quoi qui ne fait pas, là. Ou
bien il y a la mère ou il y a le père qui vient et qui trouve que
ça sent curieux dans la maison parce que ce n'est pas fait pour vivre
à la même place, ça, sur le plan pratique, avec pas de
conditions. Il faut qu'on dise, à quelque part, il faut informer les
gens qu'il ne reste pas petit oiseau et que le petit oiseau grandit. Moi, je ne
suis pas venu au monde à la grosseur que j'ai là, mais j'ai
profité avec le temps. Or, le bétail, c'est la même
affaire.
Comment on va informer les gens, par exemple? Il faut distinguer deux
choses. D'abord, il y a l'élevage agricole. L'information aux
producteurs - ceile-ià - elle circule tant et plus, autant par la
régie des troupeaux, autant par les politiques du ministère,
autant par les techniques d'élevage qui ont été
développées. Ça, il n'y a pas de difficulté,
là. Là où il y a une difficulté, c'est chez des
gens qui n'ont pas de connaissances, qui vont acheter du bétail, quel
qu'il soit, qui partent avec ça et après ça, ces
animaux-là sont en mauvaise condition plus souvent qu'au-
trement C'est vrai.
Est-ce que ça devrait être la responsabilité ou
est-ce que ça devrait être un des champs d'action de la SPCA? Je
ne peux pas, moi, pour un, donner des mandats comme ça ou... Je n'ai pas
d'objection à ce que ce soit ça, mais si c'est ça, il
faudrait aussi leur en donner les moyens. Comment on peut leur donner les
moyens? Là, vous me posez une question qui relève... qui est un
peu en dehors de ma compétence, à ce moment-ci. Mais si on
poussait notre réflexion plus loin, on pourrait possiblement être
capable de faire des suggestions ou des propositions là-dessus. Mats
c'est évident que les gens, surtout les gens des villes ou des
campagnes, là...
Il y a beaucoup de gens qui demeurent en campagne maintenant et tu sais,
la beauté du coq Bendy, à 6 h 30, le matin, au mois de juillet,
c'est très joli, sauf que, au mois de janvier, le même coq Bendy,
il faut qu'il soit gardé à la chaleur à quelque part. Si
tu le laisses dans la nature, au mois de septembre ou au mois d'octobre, il y a
des risques qu'il y ait quelqu'un qui ait les pattes gelées à
quelque part. Ça, c'est de la cruauté.
M. Baril: Toute l'orientation, pas de la commission, mais des
mémoires qui nous sont présentés ou la plupart, en tout
cas, et même la loi... Il faut dire que la suggestion de loi que la SPCA
nous a fournie en consultation, ça semble être plus orienté
vers des... C'est une loi punitive, une loi coercitive et non une loi qui va
favoriser la prévention. Vous semblez - en tout cas, vous
l'écrivez clairement... Selon vous autres, on n'a pas besoin de
légiférer pour avoir une loi coercitive. Vous l'avez
expliqué un peu tout à l'heure, mais est-ce qu'on a besoin de
faire une loi pour faire de la prévention?
M. Gaudet: Non. Ce n'est pas nécessaire de faire une loi
pour faire de la prévention, mais la prévention a besoin
d'être faite. Là, ce qu'il y a à décider, ce qu'il y
a à voir, c'est que... Moi, je pense que déjà,
aujourd'hui, à une table comme celle-ci, vous autres,
députés, ministres, vous soyez appelés à
réfléchir sur cette question-là, c'est déjà
un point intéressant probablement. Mais comment, par exemple, ça
doit se faire?
Vous m'avez posé une question précédemment sur la
question de l'information. Il y a là une clé importante qu'il
faut développer. Comment la développer? Est-ce que ça va
être les vendeurs qui vont donner aussi en même temps que l'oiseau
que tu vas vendre, le petit chien, le petit chat, le lapin ou le chinchilla qui
va fournir le cahier des charges avec? Ah! Peut-être que ce pourrait
être une formule, mais qui dit qu'il va être lu, le cahier? Qui dit
que la personne va savoir quand même comment se comporter parce que ce
qui est écrit dans le cahier, ça, on note...
En tout cas, moi, j'ai quatre enfants et je ne veux pas comparer mes
enfants à des animaux, mais quand ils sont venus au monde, ils n'avaient
pas de cahier avec eux et il n'y en a pas un des quatre qui était
pareil, à part de ça. Ça fait que même pour le
bétail, il y a des grandes règles, mais il y a, sur le plan
pratique - et je n'ai pas de démonstration à vous faire, M.
Baril... Vous connaissez suffisamment le milieu pour savoir qu'il y a des
informations minimales qu'il faut donner après. Il faut que les
personnes interviennent sur la base de leur propre compétence. Comment
développer la compétence? C'est une autre question.
M. Baril: Ça, vous me faites penser justement...
J'aimerais ça avoir réellement votre opinion. Je sais que vous
êtes capable de me la dire, de me la faire connaître très
clairement. Quand on parle de l'information par les documents, feuillets ou
pamphlets qui pourraient être distribués à quelqu'un qui
acquiert un animal, quelque chose, il y a une information qui se donne par le
ministère de l'Éducation, l'enseignement moral au
cinquième secondaire. Je ne sais pas si vous avez pris connaissance de
ce document-là. Moi, j'ai été sidéré - ah
oui! et encore, c'est pratiquement passé - et je me dis: Est-ce que
cette information-là qu'on donne à nos jeunes du secondaire V, en
enseignement moral, est une bonne information?
Quand on dit qu'actuellement - voyez-vous, je ne peux pas lire tout le
document -: L'élevage intensif du veau de lait illustre ces
procédés d'élevage, en voici une description sommaire.
À l'âge d'un jour ou deux, on l'enlève de sa mère.
C'est triste, quand on lit ça de même, c'est bien évident
que ça a envie de te fendre le coeur, vraiment. Bon. Mais après
ça, on dit: Là, on l'élève en cage. Il est
là 7 ou 8 semaines - je ne m'en rappelle pas - 8 à 10 semaines.
Après ça, il sort de là; il est tout ankylosé, il
n'est plus capable de marcher. On le traîne à l'abattoir, on
l'accroche par une patte, on le pend et on le tue à froid. C'est
écrit Ici, là. Bon.
Après ça, on dit qu'on pousse la recherche assez loin, la
génétique... On pousse les recherches en génétique
pour adapter des animaux à un environnement artificiel. Ainsi, on est en
train de mettre au point la poule sans plumes, la vache à pattes courtes
pour faciliter la traite. Ça, c'est écrit en toutes lettres;
là, je ne charrie pas. Et là, on a mis "et caetera" pour ne pas
en chercher d'autres.
Je me répète là-dessus: on informe nos jeunes
là-dessus et je pourrais vous en lire d'autres: Une, entre autres, que
je trouve épouvantable... On dit que nous, en Occident, la façon
d'élever notre boeuf _ là, vous m'excusez parce que je ne me
souviens pas des chiffres -ça prend tant de livres de
céréales pour faire une livre de boeuf. Le fait qu'on
élève du boeuf et qu'on consomme trop de boeuf, ça prive
les
gens de l'Orient, comprenez-vous, d'avoir des céréales
parce qu'on les consomme toutes et là-bas, ils crèvent de faim.
quand nous autres, on connaît les montagnes de céréales que
tous les pays ne sont même pas capables de vendre et ne trouvent pas
preneur. bon. en tout cas, c'est quoi, pour vous autres, une information comme
ça, et comment être capable de différencier le
bien-être d'un animal avec la cruauté d'un animal et aussi,
là, toute un... vous l'avez expliqué, tout à l'heure, vous
avez abordé le sujet avec notre système économique de
production, de productivité, de rentabilité, etc. en secondaire
v, je ne l'ai pas vu dans le document, mais la personne qui enseigne ça,
est-ce qu'en même temps, il lui dit ou il explique aux enfants c'est quoi
notre système d'opportunité? je ne sais pas si c'est vous - le
ministre l'a dit tout à l'heure - si on ne produit pas d'une certaine
façon, les autres vont nous rentrer dans le corps et nos producteurs
vont arrêter là. j'aimerais vous entendre un peu
là-dessus.
M. Picotte: Je voudrais juste donner une information à la
commission. Pour une livre de boeuf en moyenne, c'est 3,42 livres de
céréales.
M. Baril: Bon. Merci.
M. Gaudet: Vous venez de démontrer votre compétence
par rapport à l'alimentation du bétail.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gaudet: Bien, écoutez, M. Baril, je vous dirai juste
une affaire là, quand on pense qu'on veut élever des vaches
à pattes courtes parce que c'est plus facile de tes traire, ça
veut dire qu'on ne connaît absolument rien à la
réalité parce qu'il faut se pencher pour les traire. Plus elles
ont les pattes courtes, plus c'est un handicap. Il faut se pencher plus bas.
Ça veut dire que déjà au départ, on peut prendre
conscience que ça doit probablement être une erreur de frappe,
j'imagine.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gaudet: J'imagine que c'est une erreur de frappe.
M. Houde: De plus en plus, ce n'est pas mieux...
M. Gaudet: J'imagine qu'un oiseau pas de plumes, on fait juste
regarder les coûts de chauffage, par exemple, dans les poulaillers,
l'hiver. Si en plus, on le met tout nu dans la cabane, batêche! il y a
quelque chose qui ne fait pas dans la bottine, là, quelque part.
La question des veaux de lait, je comprends que si on regarde, on en
voit en masse, quand on les laisse venir au monde tout seuls, les veaux,
là, et puis qu'on ne s'en occupe pas... Il y a eu dernièrement un
cas qui a été soulevé en Estrie, où quelqu'un qui
était dans une mauvaise situation n'a pas pris soin de son
bétail. Bien, les veaux, quand personne ne s'en occupe, ils
crèvent. Ils ne crèvent pas tous, c'est sûr, mais le taux
de mortalité des veaux, s'il n'y a personne qui est là au moment
des vêlages... Puis n'importe quel éleveur sait que la
période de vêlage, par exemple, et puis les premières
journées ou les premières heures de vie d'un animal naissant,
c'est comme un bébé. Il faut en prendre soin. À ces
conditions-là, on procède comment dans les hôpitaux?
M. Picotte: On pourrait même dire, M. le Président,
que plus le pis d'une vache est haut du sol, moins il y a de danger pour la
mammite à ce moment-là. Et ça, c'est la santé de
l'animal...
M. Gaudet: Écoutez, moi, je ne pensais pas que ça
devait faire le sujet de notre discussion...
M. Picotte: Non, non, non.
M. Gaudet: ...mais en bout de ligne, tu sais si...
M. Picotte: Mais c'est pour dire qu'il y a des gens qui
produisent des documents qui sont complètement inconséquents et
puis ils ne savent pas de quoi ils parlent.
M. Gaudet: Mettons que c'est un manque de compétence de
quelqu'un, quelque part, mais ça nous indique, par exemple, qu'il y a de
quoi à faire. Ça nous indique qu'il y a une vulgarisation
à des gens qui - et j'imagine que le ministre de l'Éducation, qui
est un de vos bons amis, vous devriez prendre contact avec lui pour lui
indiquer qu'il y a des choses à changer là dans les manuels qui
sont utilisés.
M. Picotte: C'est déjà fait.
M. Gaudet: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Richard): Avez-vous autre... Ça va
aller.
M. Baril: Je voudrais, juste en terminant, faire remarquer
à Mme la députée de Bellechasse, je crois, que je n'accuse
personne, que je ne vous accuse pas d'avoir pondu ce document-là, mais
ça relève quand même du ministère de
l'Éducation. Et, c'est ça que j'ai demandé, en passant.
J'ai écrit au ministre Pagé, le ministre de l'Éducation,
pour lui demander quel bozo a pondu ça. Et à partir de quels
critères, quelles connaissances, quelle compétence justement
on
enseigne, on informe, nos jeunes des affaires comme ça.
Peut-être que c'est justifié et puis que c'est nous qui ne
connaissons rien, mais j'aimerais ça le rencontrer et puis qu'il m'en
fasse un petit peu la démonstration. Peut-être qu'on lui
apprendrait où se situe le pis d'une vache sur une vache.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Ça serait peut-être fondamental.
Une voix: Et "pis" après!
M. Gaudet: Oui, c'est parce que ça ne marche pas avec une
pompe, ça, là. Ça ne marche pas avec une pompe.
Si vous me permettez, M. le Président, je voudrais juste dire que
moi-même, si on réussit à se détendre un peu
à partir de ce que M. Baril nous disait, tout à l'heure, pour
démontrer l'absence de connaissances chez certaines personnes de ce
qu'est la réalité, je pense qu'il ne faut pas en rire. Il faut
prendre au sérieux des questions comme celles qui sont mises sur la
table, maintenant, et voir comment, sur le plan pratique, on continue
d'évoluer de façon à améliorer la qualité de
vie du bétail. Mais il faut aussi s'assurer que ces règles du jeu
qu'on va faire là, c'est des règles du jeu qui permettent aussi
de garantir aux consommateurs, en bout de ligne, un produit qui répond
à ses cahiers de charges.
Je vous dirai... je prendrai des exemples, j'ai vu des documents,
particulièrement en Europe, où, sur la question des poules
pondeuses, tout le monde disait que les poules pondeuses, il faudrait les
laisser en liberté. Bien, moi, quand j'étais petit gars, on en
avait des poules en liberté. Savez-vous où on ramassait les
oeufs? Bien, on les ramassait où est-ce que ça adonne. (16
heures)
Alors là, l'autre question, est-ce qu'on garde des poules juste
pour le plaisir de les voir ou bien on les garde parce que les oeufs qu'elles
pondent, on est intéressé à les manger le matin? Il y a un
équilibre à faire dans ces choses-là et toute forme... Si
jamais le gouvernement décide de faire une loi, bien, il faudra que le
projet de loi qui sera déposé tienne compte de cet
équilibre-là, tienne compte aussi qu'on est en Amérique du
Nord, tienne compte que si on veut avoir du poulet frais qui est
élevé chez nous, qui est transformé chez nous, il y a des
gens qui travaillent dans les abattoirs, il y a des gens qui sont dans des
réseaux de distribution, bien on ne pourra pas les élever dans la
nature à cause des conditions climatiques dans lesquelles on vit. En
même temps, ça ne veut pas dire qu'on peut les élever
n'importe comment à l'intérieur, mais il faudra tenir compte, si
on décidait de faire une législation, de quelque chose qui soit
équilibré.
M. Baril: Juste en terminant, M. le Président. Vous
comprendrez que si j'ai apporté cet exemple-là ce n'est pas
pour... On a pu s'amuser, on a pu en rire...
M. Gaudet: D'accord.
M. Baril: ...c'est mieux d'en rire que d'en pleurer, je pense
bien. Mais c'était justement pour démontrer, essayer de
démontrer en tout cas, les abus qui peuvent être
créés en légiférant dans un secteur, ou
légiférant trop rapidement dans un secteur, sans en
évaluer et en regarder toutes les conséquences. C'était
ça que je voulais démontrer par les exemples que j'ai
donnés. Je l'ai dit hier, je le dis aujourd'hui, je ne veux absolument
pas, moi non plus, ignorer la cruauté qui se fait envers les animaux.
Hier, j'ai bien mentionné que si le but de cette commission, entre
autres, était de sensibiliser la population à l'effet que la
cruauté, elle ne vient pas uniquement des agriculteurs, c'est eux autres
qui en font le moins, de la cruauté, parce qu'ils vivent de leur
bétail ou avec leur bétail. Souvent, quand tu vois dans un
article de journal que la SPCA a fait une descente, et on dit une descente chez
un cultivateur qui a trois ânes, un cheval, deux vaches et trois poules,
bien là il faudrait peut-être redéfinir c'est quoi la
notion de cultivateur. Là, je n'accuse pas la SPCA, c'est souvent la
presse qui fait la manchette, comprends-tu? Moi, ça me choque quand je
lis des affaires de même, parce que ce n'est pas ça la
réalité. Mais je ne veux pas ignorer qu'il s'en fait de la
cruauté envers les animaux et il faut prendre les moyens pour
l'empêcher, je suis formel là-dessus.
Au lieu de revenir, je vais vous remercier tout de suite pour votre
mémoire qui était quand même intéressant et pour les
réponses et les éclaircissements que vous nous avez
donnés. J'espère grandement, si le gouvernement veut un jour
légiférer, qu'on consultera tous les intéressés
avant que la loi s'applique.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le député de Berthier, vous
aviez une question?
M. Houde: Bien une question, peut-être juste un commentaire
pour apporter le fait que vous avez souligné tantôt pour les
poules pondeuses. Si vous avez remarqué, à ce que je sache,
ça fait plusieurs années que je suis là-dedans, et j'ai vu
seulement une fois dans les journaux qu'il y a eu des problèmes pour des
poules en cage qui n'avaient pas été soignées, qui
n'avaient pas bu, qui n'avaient pas mangé. Quand il n'y a pas de manger,
il n'y a pas d'eau, elle ne va pas en chercher, elle reste là. Mais une
chose que je peux ajouter, c'est que depuis un certain temps il y a eu une
éducation qui s'est faite, d'abord pour la santé de l'animal et,
deuxièmement, si ranimai est en santé, il va
donner des revenus. S'il est en santé, s'il boit de l'eau, s'il
boit de l'eau en petite quantité parce i que c'est dans une petite
"cup", le manger c'est la même chose, c'est distribué deux fois
par jour, trois fois par jour, quatre fois par jour dans bien des cas, ce qui
fait qu'il y a une éducation qui s'est faite là, d'abord pour
avoir un rendement, pour avoir des revenus, et je pense que ça aide
beaucoup les gens à faire plus attention.
Dans d'autres domaines, je sais que la SPCA fait un travail formidable,
mais dans des cas comme ça, s'il y a une éducation qui se faisait
à d'autres niveaux pour d'autres animaux, peut-être qu'on n'aurait
possiblement pas besoin de loi d'abord pour commencer et, comme vous le disiez
tantôt, peut-être apporter des points nouveaux dans les
règlements qui sont à l'intérieur, et je pense que
ça pourrait peut-être répondre à une certaine
attente de la population. C'est juste ça que je voulais apporter comme
commentaire.
Le Président (M. Richard): Merci. Un commentaire
final?
M. Gaudet: Bien, c'est qu'en entendant un certain nombre de
points de vue, d'opinions, et en prenant connaissance de ce que vous avez
mentionné, M. Baril, peut-être que la meilleure place pour faire
l'information et la formation, ce serait à l'école, au fond. Il y
a maintenant beaucoup de cours de sciences de la nature qui sont à
l'école, et moi, pour avoir des enfants qui sont à l'école
maintenant, je pense que ça pourrait faire partie du programme scolaire
de savoir comment traiter une bête. À ce moment-là, on
pourrait atteindre des objectifs très intéressants et dans un
délai relativement court.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre, est-ce
que vous avez un mot final?
M. Picotte: Oui, M. le Président. Dans ce qu'a dit le
député d'Arthabaska tantôt, j'ai le même volume que
lui et, quand je regarde la chasse sportive, il y en a des mûres et des
pas mûres. C'est un peu dans tous les domaines.
M. Baril: Je n'ai pas effectivement...
M. Picotte: Alors, sûrement qu'il y a une commission
scolaire qui a oublié d'évaluer son enseignement moral. D'abord,
c'est de l'enseignement moral, ça a remplacé le
catéchisme, d'après ce que je peux voir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Sûrement, M. le Président, qu'il y a des
gens qui se pencheront davantage là-dessus.
Je voudrais vous remercier, M. Gaudet et M. Lord, pour la
présentation de votre mémoire et je voudrais surtout vous assurer
que la journée où le gouvernement décidera de
légiférer, on aura pris bien soin, non seulement de regarder ce
que les gens nous ont dit ici, mais de mettre les intervenants à
contribution pour qu'on puisse bien baliser les choses et non pas se retrouver
dans une loi qui pourrait être complètement
déconnectée de la réalité, difficile d'application
et qui, finalement, viendrait casser les pieds de tout le monde et rendrait la
situation peut-être encore pire qu'elle existe présentement.
Merci.
M. Gaudet: Merci.
Le Président (M. Richard): Merci de votre présence.
Les représentants de la Conférence des recteurs et des principaux
des universités du Québec, est-ce que ces gens-là sont
arrivés? S'ils ne sont pas arrivés, on va passer à l'autre
groupe.
Alors, mesdames, messieurs, si vous permettez, nous allons devancer le
groupe les Canadiens pour la recherche médicale. Si mesdames veulent
prendre place, s'il vous plaît! Pour des raisons techniques que nous
comprenons, ils seront suivis par l'autre groupe à l'instant où
les gens seront arrivés.
Alors, madame, messieurs, vous avez la parole. Le premier intervenant se
présente et présente ses collègues. Immédiatement
après, vous avez entre 10 et 15 minutes pour la présentation de
votre mémoire et, comme vous savez, c'est l'échange, par la
suite, avec les parlementaires. Alors, vous avez la parole, madame.
Canadiens pour la recherche médicale
Mme Glenn (Joan): bonjour, m. le ministre, messieurs, madame. je
suis heureuse de représenter les canadiens pour la recherche
médicale, crm, à ces audiences publiques destinées
à entendre une proposition de législation et de
réglementation sur la protection des animaux pour la province de
québec. notre organisme apprécie l'occasion qui lui est offerte
de donner son opinion sur cette question directement reliée au soin et
à l'utilisation des animaux aux fins de la recherche. à ce titre,
j'aimerais faire une courte présentation des crm.
Les CRM sont un organisme national, mais à but non lucratif qui a
été fondé en 1976 et dont le premier but est de favoriser
une communication plus étroite entre les usagers et les pourvoyeurs de
recherche dans le domaine de la santé et de servir aussi comme
plate-forme d'expression aux intérêts et préoccupations de
ces deux parties. Aujourd'hui, 93 associations et environ 1000 personnes du
secteur public et scientifique sont des membres de notre organisation. Des
centaines de Canadiens sont abonnés à nos publications et
participent à nos divers programmes ou entrent en contact avec l'or-
ganisation pour obtenir des renseignements sur les sciences de la
santé.
Les CRM et leurs membres reconnaissent l'énorme contribution de
la recherche dans les secteurs de la santé au bien-être de la
société. Comme la majorité des Canadiens, nous surveillons
de près les progrès dans le domaine de la prévention et du
traitement d'un grand nombre de maladies et d'affections qui continuent
à faire des ravages chez l'homme et chez l'animal; nous veillons
à l'innocuité relative des produits que nous utilisons; nous
cherchons à identifier et à comprendre l'influence de
l'environnement et du mode de vie sur la santé.
Au moins pour ce qui est du futur immédiat, nous savons que ces
progrès dépendront en partie de l'expérimentation animale.
Toutefois, cette triste réalité ne nous empêche pas de
penser que l'utilisation des animaux en recherche reste un privilège
dont il faut prendre soin de ne pas abuser.
L'organisation des CRM a depuis toujours manifesté un
intérêt particulier à développer sa propre expertise
dans le domaine complexe du soin et de l'utilisation des animaux
d'expérimentation. Notre organisme est encore en train de
démêler de nombreux mythes et préjugés qui entourent
toujours cette question, mais déjà une bonne partie de nos
résultats sont pertinents à la discussion d'aujourd'hui.
D'abord, on regardera un peu le système canadien actuel de normes
et de contrôles. Depuis 1968, le Conseil canadien de protection des
animaux, le CCPA, est responsable de l'élaboration et de la supervision
à l'échelle nationale de normes et de contrôles relatifs au
soin et à l'utilisation des animaux d'expérimentation. Les autres
parties représentées à ces audiences vont aborder plus en
détail le mandat et les programmes du CCPA. Néanmoins, les CRM
souhaiteraient souligner certains faits, sur le Conseil, trop souvent
passés sous silence.
Le CCPA a pris naissance, en fait, en 1960, bien avant
l'émergence de tout l'intérêt public pour le
bien-être des animaux de laboratoire. Fondé par des chercheurs, le
CCPA continue de recevoir l'appui bénévole de scientifiques ayant
des compétences dans de multiples domaines. Le CCPA n'a
d'équivalent nulle part ailleurs dans le monde et il est reconnu depuis
longtemps pour son leadership en matière de protection des besoins et
intérêts des animaux de laboratoire.
Tous les centres de recherche, y compris les laboratoires privés,
bien qu'ils n'y soient nullement obligés, se soumettent volontairement
aux normes et aux contrôles optimums établis par le CCPA. Chaque
centre actuellement fait l'objet de visites régulières et
impromptues. Dans les cas de violation flagrante des normes, identifiée
par des comités d'évaluation, le CCPA exige l'arrêt
immédiat de la recherche ou de l'utilisation du laboratoire. Aucun
compromis n'est négociable lorsqu'il s'agit du bien-être des
animaux. Dans les cas qui ont trait plus spécifiquement à la
salubrité des lieux, le Conseil adopte une approche raisonnable et
réaliste pour demander les changements qui s'imposent. La manière
de procéder est donc très semblable à celle qui a cours
pour l'évaluation et l'amélioration du milieu de vie dans les
hôpitaux ou d'autres établissements semblables. (16 h 15)
Les comités institutionnels de protection des animaux, les CPA,
sont l'autre composante du CCPA. Introduits en 1968 au programme du Conseil,
ces comités, tant sur le plan du concept que de leur autorité,
constituaient, là encore, une première mondiale. Chaque CPA est
formé d'un vétérinaire, d'au moins une personne non
directement concernée par l'usage d'animaux et d'un membre du grand
public. Comme dans le cas des recherches portant sur des sujets humains, les
scientifiques qui font des expériences sur les animaux ont toujours
l'obligation de soumettre un protocole de recherche qui doit être
approuvé, dans le cas présent par le CPA. Le CPA est aussi
doté d'un pouvoir considérable sur les lieux. Il peut suspendre
toute procédure qu'il considère condamnable, mettre fin à
une utilisation des animaux qui serait non conforme au protocole établi
ou qui ferait souffrir les animaux et abattre par des moyens humains tout
animal dont la douleur ou la souffrance ne peuvent être
soulagées.
D'autres pays se sont dotés récemment de contrôles
et de normes minimales visant à protéger les animaux de
laboratoire. Dans l'ensemble, ces règlements sont similaires à
ceux déjà établis par le CCPA. La plupart de ces
initiatives prévoient aussi l'établissement de CPA. Il est
évident qu'aucun de ces systèmes n'est idéal.
L'organisation des CRM reconnaît qu'il y a place pour un
resserrement du programme du CCPA. Toutefois, rien ne permet de
prétendre que les programmes volontaires du CCPA sont inférieurs
à ceux établis dans d'autres pays. Cette opinion est d'ailleurs
partagée par M. Perrin Beatty, ministre de la Santé et du
Bien-être, qui, dans une lettre datée du 14 septembre 1990,
déclarait: Je pense aussi que le système de contrôle du
Canada tel qu'il est administré par le Conseil canadien de protection
des animaux est le meilleur au monde. Le Conseil peut compter sur mon entier
appui dans ses efforts et démarches et je ne crois pas qu'il faille
légiférer dans ce domaine.
Par rapport aux buts de la recherche et de l'expérimentation
biomédicales. Les animaux sont utilisés dans le but
d'améliorer la compréhension des processus de vie fondamentaux,
d'obtenir de l'information pour l'étude des maladies et
d'expérimenter des traitements potentiels, des interventions
chirurgicales et des instruments médicaux. L'innocuité relative
des produits que nous utilisons et la protection de la santé contre
certains risques potentiels dépendent aussi des études sur
les animaux. La réglementation fédérale oblige le
fabricant à prouver que ses produits sont sans danger et sont efficaces,
qu'il s'agisse d'additifs alimentaires, de médicaments ou de produits
cosmétiques. La réglementation gouvernementale oblige aussi la
pratique de certains tests.
Les ministères de la santé dans le monde entier, y compris
au Canada, exigent que les nouveaux médicaments soient soumis à
des essais prolongés et rigoureux, qui peuvent parfois durer une dizaine
d'années, avant d'en autoriser la vente. Un fabricant procède
d'abord à la vérification de l'efficacité et de
l'innocuité d'un nouveau produit par des moyens qui ne font pas appel
aux animaux. Suivant la réglementation gouvernementale, l'étape
suivante dans le processus de développement d'un nouveau
médicament consiste à en faire l'essai chez l'animal, tel que
préconisé dans les Lignes directrices sur les essais de
toxicité de la Direction des médicaments. Il faut alors
être en mesure de répondre à bien des questions. Le produit
est-il efficace pour traiter la maladie? Quels sont ses effets secondaires sur
d'autres tissus, sur d'autres organes dans le corps? Quelle est la posologie
qui va être adéquate? Quelle incidence peut-il avoir sur la
reproduction? A-t-il des effets négatifs réversibles? Ce n'est
que lorsque les essais sur les animaux ont permis de conclure à
l'absence de risques inacceptables du médicament que le gouvernement
permet de procéder à l'étape suivante, soit les essais
cliniques chez l'humain.
Le Bureau des produits biologiques de la Direction
générale de la protection de la santé s'occupe des
produits définis comme produits biologiques. La confirmation de
l'innocuité biologique, d'un vaccin par exemple, requiert aussi une
surveillance continue. Il arrive que certaines séries
d'expériences soient faites en double par les fabricants et le Bureau,
comme mesure de sécurité additionnelle, pour assurer
l'efficacité et l'innocuité des produits.
L'importance de l'utilisation des animaux. Un grand nombre de facteurs
incitent à une utilisation humaine et responsable des animaux de
laboratoire. En premier lieu, des animaux malades, mal nourris, logés
dans des conditions insalubres, maltraités ou souffrants ne sont pas des
sujets qui permettent d'obtenir des données scientifiques valables. En
outre, les pressions économiques sont là pour refréner
toute exploitation inutile des animaux. D'une part, l'achat et le coût
d'entretien des animaux de recherche sont prohibitifs et, d'autre part, la
masse de fonds destinée aux sciences de la santé est, en fait,
très limitée. Par conséquent, seules des études
bien conçues et susceptibles de fournir des informations utiles peuvent
espérer obtenir actuellement un financement. Et enfin, s'il était
possible d'obtenir l'information recherchée par des moyens plus rapides,
moins coûteux et aussi fiables que l'expérimentation animale, nul
doute que ces moyens seraient utilisés.
Le soin et l'utilisation des animaux d'expérimentation sont aussi
un domaine qui est en évolution. Avec l'avancement rapide des
progrès scientifiques, ce qui était concevable et courant il y a
25 ou 30 ans ne serait plus toléré aujourd'hui.
Il ne fait aucun doute que par ignorance des souffrances ont
été infligées, non intentionnellement, aux animaux de
recherche dans le passé. Mais l'expérience acquise dans la
science des animaux de laboratoire a permis de développer une approche
beaucoup plus rationnelle. Le nombre d'animaux a été
réduit et des espèces inférieures sont actuellement
utilisées; les méthodes d'expérimentation ont
été beaucoup raffinées afin d'éliminer la douleur
et l'inconfort des animaux et d'autres techniques ont été
implantées pour minimiser et, dans des cas possibles, pour remplacer
l'expérimentation animale. Ces principes de réduction, de
remplacement et de raffinement de l'utilisation des animaux de recherche,
appelés aujourd'hui moyens de substitution, existent en effet depuis
l'année 1959, au moins.
Bien des exemples de moyens de substitution mis au point par des
chercheurs sont utilisés aujourd'hui par d'autres scientifiques. Un
grand nombre de personnes pensent que ces méthodes de substitution
pourraient remplacer complètement la recherche animale; malheureusement,
cela n'est que rarement le cas.
C'est en 1949 que la technique des cultures tissulaires a fait son
apparition pour la première fois et ceci, dans le but de trouver une
meilleure protection contre la poliomyélite. Plus tard, un Canadien a
découvert un moyen de faire croître le virus dans du tissu
rénal de singe, ce qui rendait alors possible la production du vaccin
antipoliomyélitique plus rapidement et à moindre coût. Les
cultures cellulaires ont été développées pour des
raisons similaires. Depuis, ces deux techniques se sont raffinées et
sont utilisées de plus en plus souvent en recherche et en
expérimentation pour minimiser et remplacer l'utilisation d'animaux
vivants.
Les cultures sont aussi utilisées de façon extensive dans
les premiers tests de dépistage de toxicité des nouveaux
composés pharmaceutiques. Si ces tests indiquent qu'une substance est
trop toxique ou est encore inefficace, alors tes études sur le produit
sont interrompues. Les cellules dérivées des bactéries et
des animaux peuvent aussi servir à identifier des substances chimiques
qui causent des modifications dangereuses dans l'information
génétique de la cellule et qui risquent fort probablement
d'être des agents cancérigènes. Le cancer est toutefois une
maladie très complexe et il y a bien des substances chimiques reconnues
pour leur potentiel cancérigène chez les animaux et chez l'humain
qui
ne peuvent être identifiées comme telles par
l'expérimentation in vitro. Dans la recherche dans le domaine
cardio-vasculaire, les cellules cardiaques Individuelles peuvent servir
à déterminer l'effet d'un nouveau médicament sur le coeur.
Mais les cellules individuelles ne peuvent révéler les effets du
médicament sur la pression artérielle, sur les artères, ou
les reins, ou le cerveau, ou les autres parties du corps.
Les expériences sur des tissus animaux ou humains peuvent aussi
permettre de démontrer un effet positif sur un organe, mais les tests,
malheureusement, ne permettront pas de prédire l'éventail des
réactions susceptibles de se produire quand le médicament entrera
dans l'appareil digestif ou dans l'appareil circulatoire avant d'atteindre
l'organe cible. Donc, c'est pourquoi, en dernier lieu, tout nouveau
médicament doit être mis à l'essai sur un être vivant
dont les organes sont en interaction avant que l'humain ne puisse
l'utiliser.
Dans la mesure du possible, toutes les méthodes de substitution
doivent être utilisées et la recherche de nouveaux moyens
permettant de remplacer l'utilisation des animaux doit être
encouragée. Comme l'a dit le Dr Alan M. Gold-berg, directeur du Johns
Hopkins Center for Alternatives to Animal Research: La vague actuelle de
sensibilisation du public pour le bien-être des animaux a
contribué à accélérer les efforts destinés
à remplacer l'expérimentation animale par des moyens in vitro.
Toutefois, il est bien important de veiller à ce que trop de
précipitation dans la lutte pour cette cause ne mette en danger
l'intérêt et la sécurité du public. Comme en toute
chose, un juste équilibre est de rigueur.
Nul doute qu'il existe une tendance réelle vers la
réduction, le remplacement et le raffinement de l'utilisation des
animaux en recherche. Une revue de la documentation montre que depuis 1968 le
recours aux animaux a diminué de 40 % à 60 %. La diminution de
l'utilisation des animaux à des fins expérimentales est encore
plus frappante. La majorité des statistiques montrent une diminution
autour de 75 %. Encore selon le Dr Alan M. Goldberg, certaines compagnies ont
diminué de 89 % même l'utilisation des animaux.
Le recensement de l'utilisation des animaux du CCPA a été
modifié au fil des années, de sorte qu'il est difficile de
fournir des chiffres très précis. Néanmoins, les
données disponibles indiquent qu'entre 1977 et 1989 l'utilisation
globale des animaux a chuté d'environ 28 %, cela même si le nombre
de centres déclarés est passé de 94 à 147. Le
nombre d'animaux servant à des fins de recherches expérimentales
en 1989 représentait moins de la moitié du nombre d'animaux
utilisés par les seules compagnies pharmaceutiques en 1977. (16 h
30)
La législation et la réglementation sur la protection des
animaux. La Société pour la prévention de la
cruauté envers les animaux, la SPCA, est reconnue depuis longtemps pour
son expertise dans ce domaine. La Société reconnaît que la
majorité des centres qui ont recours à des animaux au
Québec le font de façon acceptable. Néanmoins, la SPCA
suggère que les efforts et les démarches visant à assurer
la protection des animaux sont entravés par l'absence de lois
appropriées. Les préoccupations de la SPCA méritent qu'on
s'y arrête un instant. Si les besoins et intérêts des
animaux n'ont pas été satisfaits et respectés, il est de
notre devoir, comme société, d'élaborer une approche
rationnelle et raisonnable pour corriger ces déficiences. Si la voie
légale devait être l'option retenue, l'organisation des CRM
recommanderait alors comme modèle la loi ontarienne de la
Société pour la prévention de la cruauté envers les
animaux et la loi sur l'utilisation des animaux en recherche.
Les CRM souhaitent, cependant, apporter quelques commentaires sur la
proposition de la SPCA.
Par rapport à l'Inspection, à notre avis, la SPCA a le
devoir de fournir des raisons et des faits solides pour justifier, comme elle
le propose, un droit d'inspection sans mandat de n'importe quel lieu où
se trouve un animal. Il existe d'autres lois comportant une clause
dérogatoire au mandat, mais elle s'applique à des circonstances
bien particulières. Dans toutes les lois revues par notre organisme, le
fait de pénétrer sur une propriété privée
sans mandat est expressément interdit.
Deuxièmement, à notre connaissance, la législation
qui a trait à la protection des animaux dans le monde entier est
appliquée par des vétérinaires du gouvernement.
L'organisme des CRM croit que son expertise professionnelle, celle des
vétérinaires du gouvernement, est indispensable à une
évaluation adéquate du soin et de l'utilisation des animaux de
recherche.
Par rapport aux animaux de recherche, la proposition de la SPCA
préconise l'utilisation exclusive d'espèces spécifiquement
élevées aux fins de recherche. En fait, la très grande
majorité des animaux de recherche sont élevés dans ce but.
Il y a seulement un minuscule pourcentage de la population animale qui est
constituée de chiens et de chats provenant de fourrières ou de
refuges et destinés à l'euthanasie.
Bien des organisations de protection des animaux et des groupes pour les
droits des animaux souhaiteraient voir totalement bannie cette source
d'approvisionnement. Dans une certaine mesure, leurs campagnes ont porté
fruit. Aux États-Unis, une douzaine d'États interdisent aux
fourrières locales de vendre des animaux aux centres de recherche. Seul
le Massachusetts interdit l'utilisation des animaux de fourrières
obtenus par des commerçants autorisés d'autres États. Il y
a aussi des restrictions qui ont été introduites au niveau
des
comtés et des municipalités.
Au Canada, il y a la loi de l'Université d'Alberta,
entérinée en 1966, qui oblige ses centres de recherche à
utiliser des chiens provenant des fourrières. Une permission
spéciale doit être obtenue pour procéder autrement. La loi
ontarienne sur l'utilisation des animaux en recherche interdit l'euthanasie
d'un animal saisi, si celui-ci a été réservé par un
centre de recherche reconnu. Dans les deux cas, des périodes de
détention précises sont prévues pour laisser un temps
suffisant à l'adoption ou à la réclamation de l'animal.
Les animaux ne sont jamais capturés.
La position du public sur ce point n'est pas claire. Les tentatives
visant à bannir l'utilisation des animaux de fourrières ont
échoué. Les enquêtes réalisées aux
États-Unis montrent que l'opinion publique est en faveur, en fait, de
l'utilisation des animaux de fourrières aux fins de recherche. En
janvier 1990, une enquête menée à Winnipeg a montré
que 85 % des participants considéraient comme acceptable le principe de
faire des études médicales sur les chiens non
réclamés et non adoptés comme part du processus
d'euthanasie. Lorsqu'on a demandé aux gens si la libération de
ces chiens non réclamés ne risquait pas de menacer
l'intégrité de la Winnipeg Humane Society, 83 % ont eu le
sentiment que non.
Si des chiens et des chats doivent être éliminés
parce qu'ils ne sont pas réclamés ou adoptés, il est
possible de le faire humainement dans le cadre de recherches médicales
qui portent sur des maladies graves, des maladies terminales. Le fait de
supprimer cette source d'approvisionnement ne contribuera pas à
responsabiliser les propriétaires d'animaux de compagnie, pas plus qu'il
ne contribuera à réduire le nombre d'animaux
éliminés dans les fourrières et les refuges. Il est clair
que le marché de l'adoption ne peut absorber tous les animaux non
réclamés. D'autres considérations entrent en jeu. Faute de
pouvoir faire autrement, les scientifiques remplaceront tous les animaux
provenant des fourrières par des animaux élevés aux fins
de recherche. L'organisme des CRM ne voit pas du tout comment le fait de
supprimer deux vies animales plutôt qu'une pourrait se justifier.
Par rapport aux responsabilités de la recherche, la SPCA demande
l'instauration de nombreuses mesures pour favoriser et promouvoir
l'accès à l'information sur la recherche. Bon nombre des mesures
suggérées sont, en fait, déjà en vigueur. Ainsi,
les demandes de bourses, d'octrois, doivent s'accompagner de toutes les
données scientifiques pertinentes afin d'éviter une
répétition inutile des recherches, que des animaux soient
utilisés ou non dans ces recherches. Les scientifiques assistent
à des conférences où ils mettent en commun leurs
informations. Les résultats de recherche sont publiés dans des
revues spécialisées et dans des magazines de vulgarisation et
sont rapportés de façon quotidienne dans tous nos médias.
Nous sommes littéralement submergés par la quantité
d'informations que nous recevons à nos bureaux des fondations et
organismes de subventions, des universités, des centres de recherche
privés et des organisations de santé bénévoles. Le
droit du public à l'information existe certainement. Néanmoins,
cette ouverture est menacée par l'émergence de groupes radicaux
qui souhaitent l'abolition pure et simple de l'utilisation des animaux à
des fins expérimentales.
Les vols, les actes violents, le vandalisme ont été
jusqu'à maintenant, heureusement, peu nombreux dans ce pays.
Néanmoins, comme leurs collègues à l'étranger, les
scientifiques canadiens sont de plus en plus réticents à parler
ouvertement des questions de recherche animale de crainte que les lieux
où ils travaillent ou même leurs familles ne soient l'objet de
représailles de la part d'individus qui, pour toutes sortes de raisons,
estiment que de telles tactiques sont nécessaires. Cette
préoccupation est partagée par plusieurs. En 1990, le commissaire
adjoint responsable de la Loi d'accès à l'information et de
protection de la vie privée a maintenu une décision du ministre
de l'Ontario de l'Agriculture et de l'Alimentation refusant à une partie
appelante le droit d'accès à une information appartenant à
15 centres de recherche privés. Le commissaire adjoint a conclu qu'en
dévoilant les dossiers, l'information tomberait dans le domaine public
et deviendrait, par le fait même, accessible à des individus et
à des groupes participant à des mouvements pour les droits des
animaux, y compris ceux qui pourraient choisir de promouvoir leur cause par des
actes de vandalisme.
Dans son Document de travail sur l'utilisation des animaux en recherche,
qui vient de sortir, le Conseil de recherches médicales du Canada
déclare: "...même si les institutions publiques ne peuvent se
payer le luxe d'une politique totalement transparente. Au minimum, il convient
de protéger les droits de propriété intellectuelle et
d'assurer une sécurité contre le vandalisme ou le vol, et il y a
de nombreux exemples où les processus de réglementation doivent
maintenir la confidentialité. Cela pourrait parfaitement bien
s'appliquer au CCPA tel qu'il est présentement constitué,
étant donné que les centres non financés par les conseils
de subventions se placent volontairement sous la surveillance des
systèmes d'inspection du CCPA."
Personne ne doit fermer les yeux sur les comportements radicaux, quelle
qu'en soit la cause. Bien que cela soit tout à fait regrettable,
l'existence de la minorité qui le fait est une réalité,
dont il faut tenir compte, en évaluant les responsabilités de la
recherche.
En conclusion, l'utilisation responsable des animaux par l'humain est un
principe qui dicte la conduite de la vaste majorité des gens, qu'ils
soient actifs ou non au sein de mouvements pour
les droits des animaux. Les scientifiques ont démontré
leur volonté de respecter leurs obligations face aux animaux de
laboratoire. Tout en reconnaissant qu'il y a place à
l'amélioration, il est important de tenir compte de la
nécessité de l'expérimentation animale pour faire
progresser la santé des humains et des animaux et pour assurer leur
sécurité. (16 h 45)
Les Canadiens pour la recherche médicale sont heureux d'avoir eu
l'occasion d'exprimer leurs vues sur cette très importante question. Les
CRM croient avec fermeté, et espèrent avoir
démontré clairement, que l'expérimentation animale est une
priorité au Québec comme dans le reste du Canada. Nous sommes
convaincus que nos commentaires contribueront à éclairer les
importantes discussions qui se tiendront sur l'instauration éventuelle
d'une législation sur la protection des animaux au Québec. Je
vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme Glenn. M. le
ministre, vous avez une question, ou des questions?
M. Picotte: Merci, M. le Président. D'abord, merci, Mme
Glenn, pour votre mémoire. Il est assez précis et dair dans
certains domaines, sur certains points auxquels vous avez fait allusion, sur
une possibilité de législation, en tout cas, avec certains
articles. Vous comprendrez bien que c'est un domaine où les membres de
la commission sont un petit peu plus méconnaissants, c'est un domaine
beaucoup plus scientifique où on est moins spécialisés
là-dedans. J'aurais, à toutes fins utiles, une seule question
à vous poser. Je suis heureux de constater cependant que, comme vous
l'avez souligné, dans vos statistiques, "l'utilisation globale des
animaux a chuté de 28 %, cela même si le nombre de centres
déclarés est passé de 94 à 147". Donc, il y a eu,
de ce côté-là, une baisse par rapport aux années,
évidemment. Et ça, je pense qu'on ne peut que s'en
réjouir.
Une seule question. Le contrôle de l'établissement et de
l'appareillage de laboratoire semble être assuré par les normes de
votre organisme, selon ce que vous nous avez souligné. Par contre,
devrions-nous réglementer sur les types d'expérimentation? Si,
toutefois, nous devions légiférer ou réglementer, est-ce
que sur les types d'expérimentation faites en laboratoire on devrait
réglementer, dépendamment du genre d'expérimentation que
vous faites, que vous souhaitez faire aussi?
Le Président (M. Richard): Mme Glenn, avant de
répondre, voudriez-vous, s'il vous plaît, pour les fins de la
transcription, présenter les gens qui vous accompagnent? S'il vous
plaît.
Mme Glenn: Oui. À ma droite, Mme Pat
Guyda, qui est la présidente du Conseil de recherches
médicales du Canada.
Le Président (M. Richard): Bienvenue, madame.
Mme Glenn: Mme Mary Lamontagne, qui est un membre de
l'organisation.
Le Président (M. Richard): Bienvenue, madame.
Mme Glenn: M. Jean-Paul Marsan, qui est représentant des
compagnies pharmaceutiques.
Le Président (M. Richard): Bienvenue. Alors, vous pouvez
répondre à la question de M. le ministre, s'il vous plaît.
J'espère que je ne vous ai pas fait oublier la question.
Mme Glenn: Je pense que c'était en rapport avec la
possibilité éventuelle de considérer une
législation par rapport aux types d'expérimentation faites sur
les animaux.
M. Picotte: Sur le type d'expérimentation que vous
faites.
Mme Glenn: En tout cas, personnellement, je pense que je
trouverais ça comme quelque chose de très difficile à
faire si j'étais dans vos souliers. Le type d'expérimentation, en
fait, est déterminé, évidemment, par les buts qu'on
poursuit dans une recherche et je pense, comme on a souligné, que le
recours aux expériences utilisant des animaux proprement dits est fait
quand on est rendus à une étape assez loin dans
l'expérimentation sur un produit ou un processus. Et c'est à un
moment où il n'y a que cette sorte d'expérimentation qui va
pouvoir nous donner les réponses qu'on cherche.
Comme je l'ai souligné, ce genre d'expérimentation est
excessivement coûteux et, devant les coûts montant en flèche
qui nous sont présentés en recherche, on a tout
intérêt à utiliser les systèmes plus simples, moins
coûteux, et ce n'est certainement pas le système avec des animaux.
Alors, je pense que la réglementation est faite à
l'intérieur par la nature du processus scientifique et par la nature des
questions qui sont posées. Est-ce que ça...
M. Picotte: Oui, mais j'ai bien compris aussi que vous n'aimeriez
pas être dans mes bottines. Je pense que vous avez parfaitement raison
là-dessus.
Juste une petite précision. Dans votre mémoire, vous
faites référence à: "Seul un minuscule pourcentage de la
population animale est constituée de chiens et de chats provenant de
fourrières ou de refuges et destinés a l'euthanasie."
Mme Glenn: Oui.
M. Picotte: C'est quoi, le minuscule pourcentage, si vous le
quantifiez?
Mme Glenn: Ah! Ça, là...
M. Picotte: C'est le mot "minuscule". Je voudrais que vous
remplaciez le mot "minuscule" par un chiffre.
Mme Glenn: Oui. Il y a des chiffres qui sont intéressants.
En tout cas, à ce qui a trait à des chiens et des chats, ici, au
Canada - j'essaie de vous trouver la page - il y a moins de 1 % des animaux de
laboratoire au Canada qui sont des chiens et des chats.
M. Picotte: Moins de 1 %?
Mme Glenn: Oui, oui. La vaste majorité des animaux
utilisés en recherche sont des souris et des rats. Ça constitue
au-delà de 60 %. Ensuite, il y a des poissons qui sont utilisés,
des poules, d'autres animaux. Mais les chats, 0,2 %; les chiens, 0,5 %.
M. Picotte: Et les lapins aussi, j'imagine. Mme Glenn: Je
m'excuse. M. Picotte: Les lapins.
Mme Glenn: Les lapins? C'est étonnant, l'utilisation des
lapins a été beaucoup réduite dans les dernières
années et remplacée par autre chose. Ils sont essentiels pour
certains genres d'expériences, en immunologie, etc. Mais il n'y a que
1,5 % des animaux qui sont des lapins.
M. Picotte: Donc, des souris et des rats en forte proportion.
Mme Glenn: C'est ça. Les souris, c'est 41,9 %; les rats,
20,3 %. Les souris sont plus petites; ça coûte moins cher.
M. Picotte: nous, au ministère de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, on préfère les retrouver
dans vos laboratoires que dans nos restaurants.
Mme Glenn: Oui, je suis sûre de ça. M. Picotte:
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Art habaska.
M. Baril Oui. Une première question: Est-ce que votre
groupe, les Canadiens pour la recherche médicale, fait de la recherche
aussi sur l'homme ou utilise l'homme pour la recherche?
Mme Glenn: Nous ne sommes pas une organisation qui fait de la
recherche, les Canadiens pour la recherche médicale. Comme je l'ai dit,
nous sommes une organisation bénévole...
M. Baril: Oui. D'abord, est-ce qu'il y a de la recherche qui se
fait sur l'homme - ce n'est pas juste sur les animaux - où l'homme est
utilisé à titre...
Mme Glenn: Ah oui, oui! Dans les recherches cliniques, bien
sûr, il y a des essais cliniques qui sont faits avec l'humain comme
sujet. Ce genre de recherche est très, très
réglementé par tous les comités d'hôpitaux, les
comités d'éthique, etc. C'est hautement...
M. Baril: À la page quatre, vous dites que notre
système... Attendez un peu que je me retrouve. Vous dites que nous avons
le meilleur système et, aussi, que d'autres pays ont une
législation et nous, on n'en a pas. Sur quoi vous basez-vous pour dire
qu'on a le meilleur système et on n'a pas de loi qui nous
régit?
Mme Glenn: Est-ce que c'est toujours nécessaire d'avoir
une loi pour avoir le meilleur système?
M. Baril: C'est pour ça que je vous pose la question.
Mme Glenn: Je ne pense pas.
M. Picotte: Elle vous a répondu par une question.
M. Baril: Quelle différence peut-il y avoir entre un
animal élevé en laboratoire et un animal qui vient d'une
fourrière? C'est quand même deux êtres vivants.
Mme Glenn: C'est deux êtres assez différents. Les
animaux qui sont les produits d'élevage ont, disons, un pedigree qui est
en général beaucoup plus connu et beaucoup plus
contrôlé. Si on prend des rats ou des souris, là c'est
excessivement contrôlé. Il y a même des grandes
organisations, une aux Etats-Unis, à Bar Harbor sur la côte du
Maine, en bas de chez nous, où il y a des lignes de souris où le
"breeding" a été fait pendant des années et des
années pour produire des animaux avec certains traits, etc. Alors, chez
les rats et chez d'autres animaux d'élevage, c'est comme ça. Ce
sont des lignes génétiquement plus pures et donc très
intéressantes pour la recherche parce que la variation, selon la
variabilité ou l'hétérogénéité
génétique, est minimisée.
Les animaux qui proviennent de fourrières sont,
évidemment, très très
hétérogènes.
M. Baril: Moi, je vous remercie aussi, au
nom de l'Opposition, pour la présentation de votre
mémoire. On aura sans doute l'occasion d'y revenir, de s'y
référer, si un jour le gouvernement décide de
légiférer, et il sera sans doute une bonne source d'informations
pour nous. Je vous remercie.
Mme Glenn: En tout cas, nous aimerions y être.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous avez un
message final?
M. Picotte: Au nom du gouvernement, M. le Président, je
voudrais remercier Mme Glenn et celles et celui qui l'accompagnent. On a
beaucoup d'intérêt à regarder votre mémoire. Moi,
l'ai appris passablement de choses, en tout cas en peu de temps, en
espérant que ça pourra nous servir éventuellement dans
notre réflexion future. Merci infiniment.
Mme Glenn: Merci beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci de votre présence.
Je demanderais maintenant aux représentants de la Conférence des
recteurs et des principaux des universités du Québec de prendre
place, s'il vous plaît.
M. Picotte: Me permettriez-vous, M. le Président, durant
que ces gens-là prennent place, on va les laisser venir, de vous livrer
une information que j'ai demandée à mes services en date d'hier?
Vous vous souviendrez qu'un groupe nous a rencontrés hier pour nous
parler des arrivées d'avions chez Delta Air Lines, avec des animaux. Or,
nous avons pris connaissance de ces faits-là. Nous avons
communiqué avec le ministère des Transports du Canada, les gens
des douanes, d'Agriculture Canada, nous avons fait les recherches
nécessaires, et voici la communication, que je voudrais vous donner,
avec Agriculture Canada en date du 8 mai, à 14 heures, c'est
aujourd'hui.
Alors, les chiens sont en provenance des États-Unis, qui arrivent
toujours à Dorval. Tous les chiens qui arrivent en provenance des
États-Unis arrivent à Dorval. Un aéroport. Les chargements
arrivent régulièrement, presque à toutes les semaines;
ça varie entre zéro à deux ou trois chargements par
semaine. Donc, le maximum de chargements, c'est trois; ça varie entre
zéro et trois chargements par semaine. Le plus gros chargement vu
jusqu'à présent, c'est le chargement de 52 chiots, donc 26 cages.
On n'a jamais vu, il n'est jamais arrivé, à ce qu'on nous a dit,
à Dorval, 150 chiots; le maximum, c'est 52 chiots, dans 26 cages, parce
qu'on va apprendre un petit plus loin qu'il n'y a jamais plus que deux chiots
par cage.
Chargement accompagné d'un certificat de santé qui
décrit chaque chiot identifié par numéro sur le collier,
et certificat signé par un médecin vétérinaire
américain. Durant les deux dernières années, pas plus de
quatre chiots trouvés morts à l'arrivée; durant les deux
dernières années, là, ils ont tous été
inspectés, à ce qu'on nous a dit. Quelques chiots souffrent,
à ce qu'on nous dit, d'hypoglycémie et reçoivent des
traitements, c'est-à-dire de l'eau sucrée, et sont "sur pied"
en-dedans de 30 minutes. Si les animaux ne sont pas en santé, ils sont
retournés au pays exportateur, ça ne s'est pas produit depuis les
deux dernières années. Le maximum de chiots par cage est de deux.
Chaque animal est examiné en plus à l'arrivée.
À propos de Delta Air Lines, on nous dit: II y a un
médecin vétérinaire d'Agriculture Canada qui est
responsable de l'inspection et des examens aux douanes, qui s'assure qu'il y a
une très bonne collaboration avec cette compagnie. Donc, il y a un
médecin qui est attitré quand ça arrive, il fart affaire
avec Delta Air Lines, il nous dit qu'il y a une très bonne collaboration
de cette compagnie. Les chiots transportés dans des compartiments
chauffés, en plus de ça, avec Delta Air Unes, pressurisés,
et la lumière est tamisée afin que les chiots dorment. Et Delta,
en plus, ne transporte pas de la mi-décembre à la mi-mars pour
éviter des problèmes reliés à la basse
température.
Donc, la conclusion: le transport déjà
réglementé s'effectue dans de très bonnes conditions et
est revérifié en plus de ça à l'arrivée,
à l'aéroport.
Voilà les renseignements que nous avons obtenus qui me semblent
être complètement contraires à ce qu'on nous a dit hier.
Donc, c'est bien important qu'on ait la vérité, et là, je
ne mets pas en doute, évidemment, ni ce qui a été dit
hier, ni eux autres. Moi, je prends les chiffres officiels et je me dis: Bon.
C'est important, en tout cas, qu'on sache les vraies choses quand on veut
légiférer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Oui. M.
le député d'Arthabaska. (17 heures)
M. Baril: Je pense que cette information-là est
importante, connaître les données exactes, parce que, avec ce
qu'on a entendu hier, moi non plus, je ne doute pas de personne, mais
là, c'est complètement contradictoire et ça nous laisse
sous l'impression de toute... Si on écoute juste les gens, si on prend
connaissance juste de ce que les gens nous apportent, on peut se dire: C'est
terrible, c'est effrayant ce qui se passe. Tout à l'heure, au groupe qui
était avant eux, j'avais une question que je cherchais et je
n'étais pas capable de la retrouver. C'était justement...
J'aurais voulu leur demander... Parce qu'on lit des documents et on dit: Les
animaux voient la recherche et sont - on va dire - maltraités parce que
les yeux ont enflé, les yeux pleurent. Ils ont l'air... les oreilles
abattues, etc.
J'aurais aimé ça qu'ils nous disent un peu si c'est vrai
que ça se passe de même ou si ce n'est pas vrai. Là, je
viens de m'en souvenir, mais trop tard.
M. Picotte: En tout cas, M. le Président, moi, c'est pour
ça que j'ai saisi l'occasion hier parce que je pense que l'obligation
que j'ai comme ministre, c'est d'être bien renseigné et d'aller me
chercher les vrais chiffres pour qu'on puisse connaître la
réalité des faits et des choses. Alors, je me suis fait un devoir
non seulement d'aller chercher les renseignements, mais de les transmettre
à la commission pour qu'ils soient consignés au Journal des
débats et qu'on puisse y faire référence, le cas
échéant, ou on voudra parfaire et continuer notre
réflexion. M. le Président, moi, je suis disposé
maintenant à écouter nos amis.
Le Président (M. Richard): Merci. Maintenant, ce sont les
gens qui représentent la Conférence des recteurs et des
principaux des universités du Québec. Je sais que c'est M.
Patrick Kenniff, qui est président de la Conférence et recteur de
l'Université Concordia, qui connaissait très bien la
bâtisse et l'appareil gouvernemental parce que vous y avez
contribué plusieurs années et que vous y contribuez à
nouveau aujourd'hui. Je vous ai mentionné aussi une petite contrainte
qui est reliée au cabinet du ministre et aussi à M. le
député d'Arthabas-ka. Vous pouvez résumer votre
mémoire, dont nous avons d'ailleurs pris connaissance, pour que, par la
suite, nous puissions échanger. Alors, vous avez la parole, M. Kenniff,
et vous présentez évidemment les gens qui vous accompagnent,
comme vous le savez, je pense, au niveau de l'appareil.
Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec
M. Kenniff (Patrick): Merci, M. le Président. J'allais
vous l'offrir, mais je peux commencer par dire que cette salle a
été rénovée, depuis le temps que j'ai le plaisir de
m'asseoir ici à maintes reprises. Je voudrais présenter les
membres de la délégation: le Dr Francine Ger-vais, qui est
professeure de médecine expérimentale de l'Université
McGill et qui est à ma gauche, ainsi qu'à ma gauche
immédiate, M. Denis Gagnon, qui est vice-recteur à la recherche
de l'Université Laval; à ma droite, M. Benjamin R. Simard, qui
est le directeur des animaleries de l'Université de Montréal.
Alors, je vais essayer de faire ce résumé assez
rapidement, M. le Président, compte tenu des contraintes de temps. Le
mémoire, les membres de la commission ont pu en prendre connaissance.
Nous avons tenu à comparaître devant la commission sur une
question qui est importante et qui engage la responsabilité de tous les
citoyens. Nous en sommes conscients.
Notre société, en vertu de son attachement aux principes
moraux dont elle se réclame, a le devoir de procurer aux animaux les
soins qu'exigent leur bien-être physique et comportemental. Evidemment,
les universités seraient régies par le projet de loi, s'il devait
être adopté. Ce projet de loi a été
préparé par la SPCA, puisque la section V traite plus
particulièrement, en 17 articles, des installations de recherche. Ce que
nous avons voulu faire, à travers notre mémoire, c'est de vous
faire état un peu de ce que les universités font
déjà en matière de protection des animaux utilisés
à des fins de recherche.
Depuis 1968, il existe le Conseil canadien de protection des animaux, le
CCPA, auquel adhèrent les universités. Ce Conseil a
été créé par un effort du Conseil de recherches
médicales et du Conseil de recherches en sciences naturelles et
génie, le CRM et le CRSNG, qui sont deux organismes subventionnaires qui
ont un rôle capital à jouer dans les efforts de subvention
à la recherche qui utilise des animaux.
Le CCPA a mis en place un mécanisme que nous décrivons
dans le mémoire, qui comporte un volet qui consiste à la mise sur
pied, dans chaque établissement qui utilise des animaux à des
fins de recherche, d'un comité institutionnel de protection des animaux.
Ce comité veille à l'application de normes qui ont
été élaborées par le CCPA. Ces normes sont
très importantes, comme vous avez pu le constater. On parle d'un manuel
qui a environ 350 pages de normes très sévères et
très strictes sur l'utilisation et la protection des animaux. Le travail
de chaque comité institutionnel est surveillé par le moyen
d'inspections périodiques. Les équipes d'évaluation du
Conseil canadien visitent les installations de recherche, examinent sur place
l'efficacité du comité institutionnel et s'assurent de la
conformité des installations et des pratiques d'utilisation des animaux
par rapport aux normes établies.
Le CCPA, évidemment, est un organisme volontaire. On peut se
demander quelle est la sanction, effectivement, de la non-conformité des
installations aux normes établies. Cela est très simple. C'est
que si les installations sont non conformes, le CCPA en avertit les conseils
subventionnaires, et les conseils subventionnaires retirent les subventions de
recherche aux organismes qui ne se conforment pas aux normes du CCPA.
Donc, lorsqu'un rapport du CCPA constate des déficiences,
l'établissement dispose d'un délai de six mois pour faire
connaître les correctifs qui ont été apportés. Mais
s'il s'agit d'une déficience majeure, qui présente un risque
sérieux pour la santé ou le bien-être des animaux,
l'équipe d'évaluation peut exiger qu'ils soient retirés de
l'installation en cause, et ils ont trois mois pour se conformer aux exigences
du comité d'évaluation.
Ce système fonctionne, je puis vous le dire, de façon
très efficace, puisqu'il y a des précédents, ici au
Québec, où des rapports ont recommandé des modifications
majeures aux installations ou même la construction d'installations
nouvelles. Je puis vous dire - et j'ai les données précises au
cours des dernières années - qu'il s'est dépensé
plusieurs millions de dollars pour les animaleries des universités. Je
pourrais, évidemment, comme nous sommes quatre établissements
représentés ici, utiliser ces quatre établissements comme
exemple: l'Université Laval, 1 250 000 $ investi au cours des trois
dernières années pour des travaux de rénovation et de
construction des animaleries sur le campus; l'Université McGill, une
animalerie importante qui est en voie de réalisation, 3 000 000 $
à 4 000 000 $ qui sont prévus en investissements au cours des
trois prochaines années; l'Université de Montréal qui est,
ça c'est à la suite d'une évaluation qu'a faite le CCPA,
il y a trois ans, avec un plan de 4 000 000 $, dont 2 000 000 $ auront
été dépensés à la fin de 1991; et
l'Université Concordia, uniquement pour les installations
utilisées par le Département de psychologie, 840 000 $ au cours
de la dernière année.
Je pense que c'est une indication quand même que le
mécanisme d'autoréglementation mis en place par le CCPA, porte
fruit. Évidemment, on a à s'Interroger et, à travers le
projet de loi, on peut s'interroger sur les principes de base qui animent une
telle législation. Ce principe, je pense, peut s'exprimer de la
façon suivante: c'est que l'utilisation des animaux en recherche est
acceptable, à la seule condition qu'elle contribuera à une
meilleure compréhension des principes biologiques fondamentaux ou qu'il
existe une probabilité raisonnable d'aboutir à l'acquisition de
connaissances susceptibles d'améliorer la santé des êtres
humains ou des animaux eux-mêmes.
L'application de ce principe implique que la recherche projetée
n'a pas déjà été réalisée ailleurs et
que les connaissances nouvelles seront partagées. Cela suppose
également l'adhésion aux conditions que l'on appelle les
conditions Rus-sell-Birch, dites des trois "R", la réduction de
l'utilisation des animaux, le raffinement des techniques expérimentales
et le remplacement par des solutions de rechange. Les solutions de rechange
sont des méthodes qui complètent ou remplacent
l'expérimentation animale. Dans l'enseignement, les modèles
informatiques se substituent à la manipulation d'animaux; au
laboratoire, on procède à des essais in vitro sur des cellules ou
tissus prélevés sur des animaux et cultivés dans des
milieux de synthèse artificielle.
Malgré d'excellents résultats, l'évolution des
techniques alternatives ne permet pas d'espérer que l'on pourra se
dispenser totalement de l'utilisation des animaux. Je pense que le principe
suivant, par lequel nous abordons cette question, c'est que
l'expérimentation animale est une nécessité
incontournable. Sans l'expérimentation animale, il serait impossible de
mieux comprendre et de vaincre des maladies comme le sida, la leucémie,
la maladie d'Alzheimer, les affections cardiaques, la dystrophie musculaire,
l'épilepsie et ainsi de suite.
Voilà... Mes excuses. Les progrès de la médecine
vétérinaire également pourraient être compromis si
on abandonnait l'expérimentation animale. Les découvertes que la
recherche sur les animaux a permis de réaliser, pour le compte des
humains, contribuent aussi à la bonne santé des animaux
domestiques, des animaux de ferme et des animaux sauvages. Citons parmi
d'autres bienfaits les produits de nutrition, plus de 80 médicaments, y
compris des antibiotiques et des vaccins contre les maladies infectueuses, des
techniques de chirurgie orthopédique, des greffes de la cornée,
l'implantation de stimulateurs cardiaques et les traitements contre
l'épilepsie et le diabète.
Je pense que ces principes étant énoncés, la
question qu'il faut se poser, c'est très simple: faut-il
légiférer? Je pense que le législateur doit partir du
principe qu'on légifère pour corriger un mal. Essentiellement, il
faut avoir un mal identifié et il faut que la législation apporte
un remède approprié. Nous estimons qu'en milieu universitaire, le
système mis en place par le Conseil canadien de protection des animaux,
depuis 1968, constitue une solution qui fonctionne bien à l'heure
actuelle. Pour employer l'expression anglaise bien connue. "If it ain't broke,
don't fix it."
Mais il peut s'avérer nécessaire, pour d'autres raisons,
d'envisager une intervention législative et, évidemment, je pense
que le milieu universitaire se dit disposé, prêt à examiner
et à collaborer avec le gouvernement et avec l'Assemblée
nationale dans un tel effort. Évidemment, on est conscients que dans ce
domaine-là, une législation n'a pas tout à fait la
même souplesse que le système actuel.
Si l'on doit cependant envisager une législation, on peut vous
suggérer, comme on le fait dans le mémoire, de se baser un peu
sur le modèle de l'Ontario, où il y a effectivement deux lois,
une loi générale, l'Ontario Society for the Prévention of
Cruelty to Animais Act, et une loi qui est destinée
particulièrement au domaine de la recherche, qui est le Animais for
Research Act. Cette deuxième loi est, à notre avis, le moyen le
plus approprié de s'assurer qu'en matière
d'expérimentation animale, toutes les installations de recherche, y
compris celles d'organismes ou d'entreprises privées, respectent des
normes analogues à celles que le CCPA applique aux installations qui
relèvent de sa juridiction.
Je dois dire cependant, évidemment, que lorsque le CCPA fait une
recommandation de retrait de subvention de recherche, c'est sur la base d'une
évaluation qui est faite de la recher-
i che menée ou des mesures prises envers les animaux dans un
établissement, tant à l'égard de la recherche qui se fait
pour les organismes subventionnâmes que la recherche qui se fait pour des
organismes privés. Donc, d'une façon générale,
même si une loi couvrait la totalité du champ, de façon
indirecte, par ricochet, à l'heure actuelle, les mesures de sanction
prises par le CCPA et les organismes subventionnaires couvrent aussi la
totalité du champ.
Nous avons à vous faire part de certains commentaires
précis - et c'est sur cela que je vais terminer - sur le projet de loi
et règlements qui est à l'étude ici. Il contient, dans sa
formulation, sa facture actuelle, des dispositions qui inquiètent
grandement les universités et qui devraient aussi inquiéter
l'ensemble de la société. En effet, si ce projet était
promulgué dans sa forme actuelle, il compromettrait gravement le
fonctionnement de nos installations de recherche. D'abord, en vertu de ce
projet de loi, la SPCA s'attribuerait des pouvoirs étendus qui nous
paraissent aussi exorbitants que dénués de fondement.
En particulier, les dispositions prévues à la section V de
ce projet seraient assujetties aux procédures d'enlèvement, de
saisie et de vente éventuels définies à la section VII,
qui confère aux inspecteurs de la SPCA le pouvoir d'entrer sans mandat
dans les établissements où se trouvent des animaux, en utilisant
la force si nécessaire, et d'émettre des ordonnances pour imposer
les mesures de correction ou de redressement qu'ils jugent appropriées.
En préconisant des méthodes répressives qui reposent sur
la menace et font appel à la force, le projet de loi de la SPCA vise,
sous le couvert de légalité, à compromettre
définitivement la recherche et l'expérimentation sur des
animaux.
Ensuite, le paragraphe 3 de la section V dispose que, et je cite: Nul ne
peut utiliser un animal vivant aux fins de la recherche, des tests et de
l'enseignement, à moins que l'animal n'ait été
particulièrement élevé à ces fins. Fin de la
citation. Nous nous objectons vigoureusement à cette obligation qui
paraît injustifiée. On voit mal à quel principe
obéit la destruction annuelle de quelque 200 000 animaux dans les
fourrières municipales du Québec, alors que les installations de
recherche connaissent des problèmes souvent aigus
d'approvisionnement.
Pour conclure, donc, M. le Président, si le gouvernement du
Québec décidait de procéder à l'élaboration
d'un projet de loi sur l'utilisation des animaux aux fins de l'enseignement, de
la recherche et de l'expérimentation, législation que nous
souhaiterions distincte évidemment d'un projet sur la protection des
animaux en général, il serait essentiel que les
établissements universitaires soient appelés à y
contribuer, compte tenu de l'expertise qu'ils possèdent et des
responsabilités qu'ils exercent dans ce domaine. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Kenniff. M. le
ministre. (17 h 15)
M. Picotte: Oui, merci M. Kenniff pour votre mémoire, de
même que ceux qui vous accompagnent. Vous aurez compris,
évidemment, que nous n'en sommes pas à l'étape de projet
de loi, d'étude article par article et, finalement, nous regardons, nous
évaluons ou vous réagissez, à toutes fins utiles, quand je
vous écoutais tantôt parler de certains points, à un projet
qui a été mis sur la table par un organisme qui avait tout le
loisir de le faire et qui a voulu sans doute acheminer ou provoquer certaines
réactions, dans le but d'avoir peut-être une meilleure expertise
de ceux et celles qui veulent se prononcer sur ce sujet-là. Or, on n'en
est pas là. Il y a encore un bon bout de chemin à faire avant
d'en arriver là, d'ailleurs.
J'ai souvent entendu, moi, comme profane, que quand on fait des
expériences en laboratoire pour faire avancer la science, qu'on utilise
des animaux, qu'on maltraite les animaux, que c'est de la cruauté. J'ai
toujours entendu dire que c'est épouvantable d'utiliser des animaux pour
la science. Moi, j'aimerais vous entendre parler là-dessus, ne serait-ce
que pour confirmer ce que j'ai déjà entendu dire ou pour
éliminer un mythe qui existe, je ne sais pas quoi. Vous êtes
encore mieux placé que nous pour être en mesure de nous dire
comment, dans quelles conditions ces expériences-là sont faites
et en quoi faut-il croire que ça pourrait être un objet de
cruauté pour les animaux ou, en tout cas, complètement
inacceptable d'utiliser ces animaux-là pour fins de recherche,
même si on sait que les buts sont louables.
M. Kenniff: M. le Président, en réponse à la
question de M. le ministre, je dirais d'abord... Je demanderais peut-être
à mes collègues de commenter, à partir de leur
expérience particulière dont, notamment M. Simard et Mme Gervais,
qui ont une expérience directe, et M. Gagnon aussi. D'abord, je pense
que notre mémoire établit comme principe que
l'expérimentation à l'aide d'animaux est destinée à
faire avancer la science pour le mieux-être de l'humanité et aussi
du règne animal, d'une certaine façon. Des exemples concrets sont
là. Je pense aussi que le domaine de la recherche scientifique a
évolué beaucoup, peut-être grâce à une
certaine sensibilisation qui a été faite de notre
société en général. Également,
l'amélioration des techniques a été sensibilisée au
besoin de mieux protéger les animaux qui sont utilisés dans ce
contexte-là.
Pour nous, il est un principe de base que l'utilisation des animaux en
laboratoire pour des expériences doit continuer, mais
deuxièmement, on doit être sensibles également à
améliorer le traitement de ces animaux-là lorsqu'ils sont en
milieu de laboratoire. Des moyens concrets ont été
adoptés, comme je vous l'ai dit. Le Conseil
canadien de protection des animaux a des normes très strictes sur
l'utilisation des animaux et on doit également respecter les trois
principes aussi que j'ai énoncés tout à l'heure. On
cherche à le taire et je pense que la situation actuelle est bien
meilleure que celle qui a pu exister, il y a plusieurs années.
Là-dessus, j'aimerais peut-être demander à mes
collègues de faire des commentaires plus précis, en
réponse à la question que vous avez posée, s'ils le
veulent bien.
M. Simard (Benjamin R. ): Je crois que... Une voix:
Voulez-vous vous présenter?
M. Simard: Benjamin Simard, directeur de la Division des
animaleries à l'Université de Montréal. Si on se fie
à l'image que veulent entretenir certains groupes dans notre
société, ce que vous dites là, bien, vous tombez dans le
panneau d'une certaine publicité qui est faite, alors que pour le
chercheur, il n'y a aucun avantage à avoir un animal qui n'est pas en
pleine santé, en bonne forme et bien alimenté, etc., parce que,
pour lui, c'est toute sa recherche qui est appuyée là-dessus.
Pour un bout de temps, toute l'expérimentation, c'est l'animal qui doit
porter ça. Donc, le chercheur n'a aucun avantage, aucun.
Malheureusement, c'est l'image qui existe dans le public et on doit se battre
un peu contre ça. Mais ce que vous voyez à ce propos-là,
ce sont des faussetés.
Dans nos protocoles, les protocoles qu'approuve le comité de
déontologie de l'Université, par exemple, tout est minutieusement
examiné: les anasthésiques, les analgésiques, les mesures,
les procédures chirurgicales, etc., etc. Alors, quand je vois ces
choses-là, je dis: Pardon, vous ne parlez pas de notre univers; vous
parlez d'un autre monde. Je ne sais pas où c'est, mais ça ne peut
pas se faire chez nous. Ce serait immédiatement rejeté par un
comité qui surveille chacun de ces gestes-là.
M. Gagnon (Denis): Denis Gagnon. J'aimerais ajouter, en
réponse à la question de M. le ministre, que si on prend
l'exemple de l'Université Laval - je suis responsable de l'utilisation
des animaux à l'Université Laval et dans ses centres hospitaliers
affiliés - vous allez comprendre facilement que s'il arrivait que des
gens puissent faire la démonstration d'une cruauté, d'actes
cruels envers les animaux, j'en porterais le fardeau et j'aurais à faire
la défense de ce qui se passe et à préciser des choses.
C'est pour ça qu'on s'est donné des comités. Bien
sûr qu'il a pu se passer, il y a longtemps, des actes qu'on aurait pu
appeler, qu'on aurait pu qualifier de barbares. C'est possible que ce soit
arrivé, ça. Mais depuis la création - on le
répète et on va le répéter souvent - du CCPA,
depuis le moment où chacune des universités canadiennes s'est
donné un comité institutionnel de protection des animaux, depuis
surtout le fait que la communauté de chercheurs universitaires et de
chercheurs hospitaliers a réalisé l'ampleur du problème,
je pense que toutes les mesures ont été mises en place. Je
finirais peut-être en vous disant que l'attention qu'apportent les
organismes subventionnaires... Je prends le Conseil de recherches
médicales du Canada comme exemple. L'attention que porte le Conseil
à ces situations-là est extrêmement importante.
Il m'est arrivé, comme responsable, si vous voulez, ici, à
l'Université Laval, d'être obligé de travailler avec notre
comité institutionnel et de vérifier si véritablement une
situation expérimentale était adéquate, si on devait la
maintenir et pourquoi on aurait dû la maintenir, et le faire en
concertation avec le Conseil de recherches médicales. Souvenons-nous que
c'est l'organisme qui régit un peu toute la recherche biomédicale
au pays. Ses règles, ses principes et ses préceptes sont
très stricts. Aujourd'hui, je vous le dis le plus honnêment
possible, une situation, ce qu'on pourrait appeler de la cruauté envers
les animaux en recherche universitaire, est impensable.
M. Picotte: II faut bien quand même dire que le
questionnement de certains groupes dans notre société et le
questionnement des individus aussi ont sûrement amélioré
une situation qui n'était pas celle que l'on retrouve aujourd'hui.
Ça fait combien de temps à peu près que vous avez des
règles du jeu quasi exemplaires, si on veut s'exprimer ainsi? Est-ce que
ça fait longtemps? Trois ans? Quatre ans? Cinq ans? Dix ans?
M. Gagnon: Beaucoup plus que ça. Depuis 1968, pour le
CCPA.
Mme Gervais (Francine): Le CCPA a commencé à donner
sa ligne de pensée par rapport aux différents organismes
subventionnaires à partir de 1968. Et puis, il est devenu de plus en
plus fort au point de vue application de ses règlements. Maintenant,
aucune demande de subvention aux organismes ne peut être faite si elle
n'est pas accompagnée d'un permis ou d'une revue par le comité
institutionnel, comme quoi la recherche et la façon que la recherche
devra être faite sont approuvées par le comité qui se doit,
finalement, de voir à ce que tous les animaux soient bien traités
dans l'animalerie et que les expérimentations aussi soient faites sans
cruauté aux animaux.
M. Picotte: Ce que je dois comprendre, M. Simard, dans ce que
vous nous avez dit tantôt, c'est que, finalement, les normes qui arrivent
et qui sont de plus en plus importantes l'ont été en fonction
même du souci de l'avancement de la recherche que vous avez faite. Vous
parliez d'un
animal en santé, tantôt, pour avoir de meilleures
recherches et arriver à de meilleurs résultats et de meilleures
expertises. Donc, ça laisse supposer qu'au fur et à mesure que la
science avance, les normes mêmes sont encore plus exigeantes parce que...
Est-ce qu'il y a un corollaire à ça?
M. Simard: Oui, et c'est une préoccupation de toute la
communauté scientifique, je crois, unanimement, qui se préoccupe
de ça de toute part. Moi, je fais partie du Conseil canadien de la
protection des animaux et je vois comment c'est partout. Maintenant, pour vous
le montrer, tout à l'heure, il y avait une question de M. Baril, je
crois, à ce propos-là ou c'était plutôt de vous:
Est-ce qu'il y a lieu de mettre des normes et dire qu'il y a des choses qui
sont faisables et des choses qui ne sont pas faisables? Le Conseil canadien a
déjà exprimé des réserves sur certaines
procédures.
M. Picotte: Comme quoi?
M. Simard: Comme, par exemple, l'utilisation de l'adjuvant de
Freund. Ça ne vous dit pas grand-chose, mais ça peut causer des
problèmes.
M. Picotte: Peut-être que si vous en dites un peu plus,
ça va me dire quelque chose.
M. Simard: C'est que, pour immuniser un animal, on met un
irritant. Ça se fait depuis des décades et des décades. On
met un irritant avec l'antigène, ce qui provoque une réaction
à l'irritation et entraîne en plus le système immunitaire
à produire plus d'anticorps. Ça cause donc des problèmes,
surtout qu'on faisait ça dans les pattes des animaux. Alors, il
boite.
Alors, on a dit: Non, c'est fini! On a dit: O.K., c'est fini. Tout le
monde, la communauté a dit que c'était fini. Mais on s'est
aperçus qu'il y avait des circonstances où il n'y avait pas
d'autre moyen que ça. C'est là que... On vous répondait
tout à l'heure que ce ne serait pas facile de mettre la ligne parce
qu'on met une ligne et après ça, on voit qu'elle n'est pas
applicable partout. Alors, on est obligés de la remettre un peu. Mais on
a sensibilisé toute la communauté universitaire, tous les
chercheurs par ça, si bien qu'aujourd'hui, avant d'utiliser l'adjuvant
de Freund, on se pose de drôles de questions.
On dit: Peut-être bien, mais il y a des choses qui sont... Un
cerveau, par exemple, bien, on ne peut pas faire croître ça dans
une boîte de pétri, dans une boîte en vitre. C'est dans la
tête d'un animal. Alors, inévitablement, il y aura toujours des
travaux qu'on devra faire in vivo et d'autres qu'on peut faire in vitro. Alors,
le souci de remplacement, de raffinement et de... voyons, les trois R,
là... c'est un souci qui nous préoccupe constamment et on essaie
de le pousser partout. Toute la communauté scientifique est
préoccupée par ça.
M. Picotte: Maintenant, en comparaison avec l'Ontario, là,
les recherches qui se font au niveau universitaire, au Québec, est-ce
qu'on est aussi avancés? Est-ce que c'est une comparaison qu'on peut se
faire? En Ontario, ils ont une loi et nous, on n'en a pas. Alors, est-ce qu'on
peut regarder? En tout cas, en comparaison avec l'Ontario, au niveau de la
recherche, là, on se situe où et comment, face à
ça... les universités québécoises?
M. Gagnon: C'est strictement la même réglementation
qui s'applique. Je sais qu'il y a une loi en Ontario, rnais au fond, c'est le
fait de la réglementation qui a été mise en place par le
Conseil canadien de protection des animaux, le fameux CCPA, et les
comités institutionnels - les comités universitaires de
protection des animaux - qui font que, partout au Canada, s'appliquent
actuellement les mêmes règles. Donc, oui, le Québec est
très largement avancé. Je me plais à croire que le
Québec est aussi avancé et, dans certains domaines, même
plus avancé que l'Ontario. Et là-dessus, ça ne cause
vraiment aucun problème.
M. Picotte: On a parlé avec le groupe
précédent des espèces d'animaux qui sont utilisées
en recherche. Est-ce que ce que nous a donné comme réponse, le
groupe qui vous a précédé, est aussi vérifiable
chez vous, en termes de pourcentage? Et...
M. Gagnon: Ah! Tout à fait. Je vais même vous faire
une confession, moi. J'ai fait ma maîtrise et mon doctorat à
McGill, dans le temps, au tout début des années soixante, et on
utilisait beaucoup les chats et les chiens, à ce moment-là.
Aujourd'hui, il faut vraiment que le chercheur ait un protocole de recherche
qui nécessite l'utilisation d'un chien ou d'un chat pour qu'on l'accepte
et qu'on y arrive. Il y a eu une réduction phénoménale de
l'utilisation des chats et des chiens dans le monde de la recherche
universitaire, depuis 20 à 25 ans. C'est vraiment sensationnel, cette
réduction.
M. Picotte: Donc, ça ressemble à ce qu'on nous a
mentionné tantôt.
M. Gagnon: Ah! Tout à fait.
M. Simard: Et une donnée, M. le ministre, qui est plus
imagée, je crois, que j'ai vue récemment, c'est en Suisse, dans
une région où on fait beaucoup de recherche - beaucoup plus que
nous, proportionnellement - et on disait qu'il s'utilisait un chien par 200
années de vie humaine.
M. Picotte: Combien? Un chien par...
M. Simard: Un chien par 200 années de vie humaine. C'est
un livre qui vient d'être publié, là, et je pense que c'est
un chat par 120 ans de vie humaine et un lapin par... On donnait ça par
quantité de vies humaines, de nombre d'années. Alors, il
s'utilise un chat par année pour 200 années de vie humaine.
M. Picotte: Une dernière question, pour l'instant. Est-ce
que vos clients de recherche - parce que vous avez des clients de recherche,
des gens qui vous demandent de faire des recherches - sont aussi soucieux,
respectueux et consciencieux du traitement que vous faites des animaux, en
termes de recherche?
M. Gagnon: Je présume que vous voulez faire la part des
choses entre la recherche qui est subventionnée par les organismes
gouvernementaux et celle qui est faite sous contrat. Que ce soit sous contrat,
que ce soit par subventions d'organismes gouvernementaux, les mêmes
règles s'appliquent - dans le monde universitaire, j'entends -
intégralement. Il n'y a aucune, aucune différence. C'est le
comité institutionnel, chez nous, qui s'occupe de voir à ce que
chacun des projets réponde à la réglementation qui est
celle du Conseil canadien de protection des animaux.
M. Picotte: M. le Président, moi, je m'excuse à
l'avance. Je devrai quitter quelques minutes pour aller défendre
quelques dossiers au Conseil des ministres. On vient de m'appeler. J'ai eu le
temps de poser mes questions et je vais tenter de relire attentivement, par la
suite, le restant des débats de la commission. Alors, je veux vous
remercier, au nom du gouvernement, de la présentation de votre
mémoire et vous dire que sans doute, vous serez mis à
contribution, vous, le monde universitaire, si jamais le gouvernement
décide d'ajouter des chapitres à des lois, d'apporter une loi,
une législation ou des règlements. Vous allez sûrement
être mis à contribution. Je pense que c'est important qu'on puisse
au moins utiliser vos compétences dans ce domaine bien précis.
Alors, merci de votre participation, au nom de mes collègues. (17 h
30)
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Arthabaska, vous avez la parole.
M. Baril: II faut que je vienne...
Le Président (M. Richard): C'était le dernier
groupe... Pour les fins de compréhension, c'était le dernier
groupe avant la période de souper. Nous reviendrons ici par la suite
à 20 heures, pour recevoir trois groupes en soirée: le groupe de
l'Association professionnelle des éleveurs et des éducateurs
canins du Québec; l'Association professionnelle des meuniers du
Québec; et nous terminerons ce soir avec l'Association canine de la
Mauricle, une très belle région. Alors, M. le
député d'Arthabaska, vous avez la parole.
M. Baril: Oui. À la page 4 de votre mémoire, au
deuxième paragraphe, on peut y lire: "Les quelque 150
établissements, centres et instituts de recherche qui tombent sous le
coup de cette exigence de conformité, ont signifié leur
volonté d'adhérer aux directives du CCPA. " Pouvez-vous expliquer
davantage combien vous avez de membres actuellement? Commment y en a-t-il qui
ont adhéré? Combien vous regroupez d'établissements?
"C'est-u" 150?
M. Simard: Toutes les institutions sont automatiquement sous la
surveillance du Conseil canadien de la protection des animaux. Maintenant, ce
qu'on veut dire ici, c'est qu'il y a d'autres centres de recherche qui ne sont
pas universitaires nécessairement, qui sont industriels, par exemple, et
qui ont souhaité faire partie de notre accréditation, de notre
système d'examens parce que, comme on le disait antérieurement,
c'est un système qui fait des preuves drôlement évidentes
à travers le monde. Plutôt qu'une législation, ce sont des
directives qui sont mises en vigueur et surveillées par des pairs.
Alors, c'est des gens à qui tu ne peux pas proposer des vessies pour des
lanternes. C'est des gens qui connaissent; ils sont au courant. Alors,
nécessairement, ils sont capables d'évaluer. Alors, même
l'industrie dit: Aie! Nous aussi, on aimerait être
accrédités par vous.
M. Baril: Combien, en tout, y en a-t-il de centres ou
d'établissements?
M. Simard: Je ne l'ai malheureusement pas en mémoire, mais
à travers le Canada, c'est quelques milliers. Au Québec ici,
c'est à peu près... je ne sais pas combien. Je n'ai pas ça
en fractions, là, par province, mais au Canada, je sais que c'est de
l'ordre de quelques milliers. Au Conseil canadien, Il y a de
représentés à peu près 20 grands groupes, des
institutions, des ministères, comme celui de la Santé, de la
recherche, etc., la Fédération de la société de
protection des animaux. Il y a 20 organismes qui forment le Conseil, qui
orientent le Conseil et qui donnent les orientations.
M. Baril: Donc, pour ma compréhension, là, vous
dites qu'il y a quelques milliers d'établissements au Canada et, sur
quelques milliers, il y en a 150 établissements qui ont
adhéré à votre groupe et qui s'engagent à appliquer
les directives du CCPA. Ce n'est pas ça?
M. Simard: Non. Quand on dit 150, c'est 150 que nous n'aurions
pas inclus dans nos normes et qui ont choisi de se faire accréditer par
nous parce qu'ils disent: Le système est vraiment bien.
C'est en dehors des centres de recherche institutionnels.
M. Baril: Sur les milliers qu'on ne sait pas, une couple de
mille, on ne sait pas exactement, là, combien d'abord...
M. Simard: 100 % parce qu'ils n'ont pas le choix. Les centres qui
ne veulent pas, ne peuvent pas accueillir des boursiers du CRSNG ou du CRM.
M. Baril: Tous les établissements? M. Simard:
Toutes les institutions. M. Baril: Les institutions. M. Simard:
Sans exception.
M. Baril: Mais il y a des centres privés qui ne sont pas,
qui ne font pas... C'est ça que vous voulez dire?
M. Simard: l'industrie privée, ça, eux autres,
c'est eux, les 150 qui disent: aie! ça nous intéresse, ça,
ce que vous faites là, vous autres. c'est sérieux votre
affaire.
M. Baril: Comment?
M. Simard: Ils trouvent que c'est très sérieux.
Alors, ils veulent...
M. Baril: Oui. Mais c'est ça, là, que... Je ne veux
pas vous embêter ou vous ennuyer, ou c'est moi qui ai de la
difficulté à comprendre: Sur ceux qui adhèrent à
vos directives, ceux qui n'adhèrent pas... Je vais essayer d'être
plus clair, c'est-u 50, 80?
M. Simard: Pour revenir avec les chiffres, au niveau du Canada,
je dis: il y a je ne sais pas combien, quelque chose comme 1500 institutions,
qui sont obligées d'adhérer. Eux autres, ils n'ont pas le
choix.
M. Baril: Oui.
M. Simard: Maintenant, ici au Québec, on a 150
institutions autres qui disent: Nous autres aussi, on veut adhérer
à ça, même si on ne fait pas partie des institutions
d'enseignement, on veut, nous aussi, être impliqués
là-dedans.
M. Baril: Mais il reste un pourcentage, comme vous dites, de ceux
qui hésitent. Ils ne veulent pas parce que vos directives seraient trop
sévères, trop dures.
M. Simard: Peut-être. Je ne le sais pas, mais si
l'industrie veut embarquer avec nous, ça veut dire qu'ils
s'aperçoivent que c'est sérieux, notre affaire.
Le Président (M. Richard): M. Kenniff.
M. Kenniff: Ça peut clarifier, M. le Président ...
Jo pense que c'est clair, au point de vue des établissements
universitaires, qui sont ceux que nous représentons, ou des centres, des
instituts affiliés. Ils doivent tous adhérer et ils
adhèrent tous.
M. Simard: C'est obligatoire.
M. Baril: Je comprends ça, là. Ça, je
comprends très bien ça que tous les établissements
universitaires ont une sorte d'obligation morale d'adhérer à
votre association.
Mais moi, ce que je voulais savoir, c'est les autres, là. Parce
qu'il s'en fait de la recherche ailleurs. Bon. Est-ce que ta recherche qui se
fait ailleurs - je ne connais pas ça, là, hein! Je pose des
questions. Vous êtes supposé être les spécialistes.
La recherche qui se fait dans les autres établissements, donc, qui n'est
pas sous vos directives, c'est quoi, c'est combien, combien en adhèrent,
de ceux-là qui y vont volontairement, mais qui ne sont pas des
établissements universitaires?
M. Kenniff: Je pense qu'on peut dire également que tous
ceux qui travaillent avec les universités, de près ou de loin, le
font parce que dans la mesure où les universités sont
associées, par exemple, à un centre de recherche privé ou
un centre de recherche gouvernemental, c'est que les normes du CCPA vont
atteindre l'organisme privé par le biais de l'université.
Si, par exemple, l'Université Laval faisait un projet conjoint
avec un centre ou un institut privé et que, dans la poursuite de ses
travaux de recherche, elle utilisait des animaux et que les normes suivies
n'étaient pas celles du CCPA, c'est que l'Université Laval
pourrait éventuellement perdre l'accréditation ou la
reconnaissance du CCPA, et, par la bande, perdre les subventions de recherche
qui viennent du gouvernement fédéral, à travers le Conseil
de recherches médicales et le Conseil de recherches en sciences
naturelles et génie. De sorte qu'il n'y a aucun intérêt
pour l'Université Laval de s'associer à un institut, et il n'y a
aucun intérêt pour l'institut de s'associer à
l'Université Laval, sans respecter les normes du CCPA. C'est un
mécanisme volontaire, mais qui a des dents.
M. Baril: Donc, vous ne pouvez pas nous donner, en pourcentage,
ceux qui ne font pas partie de...
M. Simard: Parce qu'ils ne relèvent pas de notre
juridiction.
M. Baril: Non, non. Mais d'abord...
M. Simard: Mais c'est plus rattaché au chercheur encore
parce que c'est le chercheur aussi qui perd son octroi. Alors, c'est
sérieux.
M. Baril; Selon vous, est-ce qu'il y en a, d'abord, qui
n'adhèrent pas? Il y en a des établissements qui font de la
recherche, là...
M. Simard: Bien, ça ne relève pas du tout de notre
juridiction.
M. Baril: Non, mais ils font de la recherche pareil.
M. Gagnon: II faudrait peut-être essayer de se comprendre,
là. On a réglé le cas des établissements
universitaires. On s'entend là-dessus. Tous les établissements
universitaires et collégiaux canadiens adhèrent au
système.
M. Baril: Oui, ça, j'ai compris ça, oui.
M. Gagnon: Bon. Dans le monde de la recherche ensuite, il reste
tout un ensemble de centres de recherche privés, de centres, par
exemple, les installations de recherche de l'industrie: l'industrie
pharmaceutique - on avait un représentant tout à l'heure -
l'industrie de la cosmétique et ainsi de suite, qui ont des centres de
recherche. Nous, on ne les connaît pas. Je ne peux pas vous dire
aujourd'hui combien H y a d'installations comme ça au Canada. Je ne peux
pas vous dire combien de personnes y travaillent. Ça peut être,
effectivement, des centaines et des centaines de personnes qui travaillent dans
ces établissements-là.
Ce qu'on peut vous dire, c'est qu'aucun de ces établissements
privés, qui ne serait pas lié par les normes du CCPA,
n'adhère aux normes du CCPA et ne fait partie du CCPA, n'accepte les
normes, un. D'autre part, beaucoup de ces grandes industries, si vous vous
référez au secteur privé, adhèrent non seulement au
CCPA, mais font aussi partie de certaines sociétés - et puis je
vais nommer la Fondation Morgan, par exemple, qui s'intéresse à
une chose, de trouver des modes alternatifs à la recherche,
voyez-vous.
Alors, sans être capable de vous donner le nombre exact de centres
de recherche privés qui peuvent exister au Canada, je n'en sais trop
rien, ma foi, mais je peux vous dire qu'il y a quand même un mouvement
important qui s'est fait de ce côté-là.
M. Baril: Mais ne pensez-vous pas justement que ceux qui
n'adhèrent pas, parce qu'il y en a qui n'adhèrent pas dans les
établissements privés, pensez-vous que ça ne serait pas
à partir de ces établissements-là qu'on pourrait
publiciser - je vais dire ça de même - ce que l'on voit dans les
journaux, à savoir qu'il se fait de l'abus au niveau de la recherche
où des animaux sont maltraités?
On lit des documents des fois, on nous dit que les animaux soumis
à la recherche, là, les yeux leur pleurent, c'est enflé,
les oreilles rabattues, ils ne mangent pas, ils souffrent d'anémie,
etc., tout ça.
Pensez-vous que ça ne serait pas à partir d'exemples ou de
cas concrets, qui se vivent dans ces établissements-là, qu'on
généraliserait la situation?
M. Simard: Si l'animal est dans cet état-là, moi,
je pose la question: Est-ce que c'est vraiment de la recherche qu'on fait?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Moi, remarquez, ce que j'essaie de clarifier, c'est ce
qu'on nous amène, c'est l'information qu'on nous amène, c'est
simplement ce que j'essaie de clarifier par des gens qui sont dans ce
domaine-là. Quel moyen autre voulez-vous que nous on ait puisqu'on n'est
pas dans ce domaine-là?
M. Simard: Nous, on ne le sait pas non plus.
Le Président (M. Richard): M. Kenniff.
M. Kenniff: M. le Président, je voudrais tout simplement,
si on peut tourner autour de cette question-là peut-être
longtemps, vous dire qu'en ce qui nous concerne et les domaines que nous
connaissons - M. Simard l'a dit tantôt, M. Gagnon aussi - ce genre de
choses là ne se passe pas. Ce que nous avons dit dans notre
mémoire, c'est que s'N s'avère qu'il y a des cas comme ça
et que ces cas-là s'avèrent suffisamment importants pour
nécessiter une législation, nous avons proposé des voies
de solution pour cette législation que nous croyons devoir s'adapter aux
exigences particulières de la recherche universitaire et aux
mécanismes de contrôle qui sont là présentement.
Ce serait parfaitement inutile pour l'État de faire de la
duplication, de répéter, de reproduire un système
d'auto-évaluation, d'autorégulation qui fonctionne bien à
l'heure actuelle. Mais si, effectivement, H y a des cas extrêmes qui
existent et qui sont identifiés et que, par conséquent, la
législation s'avère nécessaire, on souhaiterait que ce
soit suivant le modèle que nous avons proposé.
M. Baril: Vous êtes des recteurs d'universités. Moi,
je suis député, mais on est des humains avant tout. Si on sort de
notre titre, on est des humains avant tout et on lit les journaux; on voit ce
qui se passe même dans notre entourage. On voit trop souvent,
malheureusement, qu'il y a - on appelle ça des chenHs ou des animaleries
- des "pet shops" dont on dit beaucoup qu'il y a des
irrégularités. Les animaux
n'ont pas le bien-être qu'ils devraient avoir, ils n'ont pas
l'attention qu'ils devraient avoir, etc. i Du côté... Vous parlez
à l'humain ou aux humains de votre part. Pensez-vous que la situation
actuelle qu'on vit, qu'on démontre, qu'on voit, pas tous les jours dans
les journaux, heureusement, mais à l'occasion, pensez-vous que ça
oblige le gouvernement ou qu'il y a une nécessité de
légiférer dans ces secteurs-là?
M. Kenniff: M. le Président, en réponse à la
question, je pense que nous avons fait une distinction que je n'ai pas
perçue dans la question du député d'Arthabaska, une
distinction entre la situation qui peut exister dans un "pet shop", au centre
commercial, et la situation qui existe dans les animaleries des
universités.
À l'heure actuelle, il y a des normes qui sont établies
dans ce contexte-là, le contexte universitaire, et c'est pour ça
que nous avons fait valoir que, dans la mesure où la législation
s'avérerait nécessaire ou voulue par le gouvernement, que l'on
fasse la distinction entre un régime à mettre en vigueur par
rapport aux entreprises commerciales dans ce domaine-là. Mais on
souligne d'ailleurs toute une série d'aspects qui ne sont pas
réglementés par le projet de loi qui est à l'étude
ici, qu'il y a une loi qui s'applique à ces secteurs-là, mais
dans le domaine de la recherche, il y a des exigences particulières et
il y a des normes qui sont en vigueur à l'heure actuelle qui
nécessitent et qui justifient, comme on l'a fait en Ontario, une loi
différente.
Le Président (M. Richard): M. Gagnon.
M. Gagnon: M. le député d'Arthabaska semble se
préoccuper - et il a parfaitement raison - des cas de comportements
asociaux, des comportements antisociaux et ça existe. C'est vrai. Les
journaux nous en font mention, de temps en temps, de gens qui ont laissé
périr les animaux, souffrir les animaux et tout ça. C'est
véritablement un comportement antisocial. Quelle est la façon de
régler ou de réglementer ces comportements-là?
D'abord, je ne sais pas si, même avec une loi, on est capable de
régir des comportements antisociaux de cette nature-là et qui
sont inqualifiables, c'est bien sûr. Il s'agit de faire la mesure des
choses maintenant et de voir par quelle voie et par quel moyen on peut
prévenir et, s'il le faut, même punir des comportements comme
ceux-là. Mais je pense qu'on va convenir ensemble, j'espère qu'on
va convenir ensemble que c'est la très très infime
minorité des situations où on peut retrouver là des choses
comme celles qui sont décrites. J'en conviens, ça existe,
ça existera toujours. L'homme est l'homme. L'être humain est
l'être humain, je devrais dire. Et finalement, ces
comportements-là, ça peut toujours surgir s'il veut.
M. Baril: Heureusement que c'est une très très
petite minorité de gens qui agissent comme on l'explique, comme on
parie. Je vais terminer là-dessus, M. le Président, à la
page 3, au paragraphe en haut. M. Kenniff en a parié un petit peu tout
à l'heure. Vous suggériez d'avoir pu légiférer dans
d'autres secteurs. Mais à la fin du paragraphe, il dit... on peut y
lire: II ne nous appartient pas de nous prononcer sur l'opportunité
d'une législation dans ces domaines énumérés plus
haut. Néanmoins, on pourra s'interroger sur les motifs de ces omissions.
Pouvez-vous expliciter davantage sur votre interrogation?
M. Kenniff: On s'interroge sur les raisons qui ont poussé
les personnes qui ont rédigé le projet de loi à laisser de
côté, par exemple, si on veut une loi-cadre qui touche la
protection des animaux. Pourquoi on aurait laissé de côté
les établissements de reproduction et d'élevage des animaux
destinés à la consommation, par exemple, ce qui est très
important dans le domaine de l'agriculture, vous en conviendrez? Les pratiques
de chasse, aussi. Est-ce que c'est parce que ces domaines-là sont
déjà adéquatement réglementés ailleurs?
C'est possible. Pour nous, on ne voyait pas quelles étaient les raisons.
On a posé la question pour vous amener à peut-être poser la
question ou trouver la réponse. C'est possible que ce soit parce qu'une
réglementation adéquate existe déjà dans ces
domaines-là.
Le Président (M. Richard): Votre commentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, merci. C'est certain que si la SPCA avait
l'occasion ou était passée en dernier, probablement qu'on aurait
eu d'autres questions à lui poser, suite à plusieurs
mémoires qu'on entend. Mais là, ils sont déjà
passés. Je vous remercie, au nom de l'Opposition officielle, d'avoir
présenté ce mémoire et d'être venus nous faire
connaître vos préoccupations. On en prendra sans doute bonne note
à l'avenir.
Le Président (M. Richard): M. Kenniff, vous auriez...
M. Kenniff: Juste avant qu'on termine, M. le Président,
j'ai fait deux impairs de taille. J'ai omis de vous souligner, à la page
7 du mémoire, vers le milieu de la page, qu'il y a une coquille. M.
Gagnon y a fait mention. On a parié là de la Fondation J.C.
Edwards. Ce n'est pas la Fondation J.C. Edwards; c'est la Fondation Joseph F.
Morgan. Fautes de frappe.
Deuxièmement, avec le stress qui vient avec une comparution en
commission parlementaire, j'ai omis de vous présenter la directrice
générale de la Conférence des recteurs, Mme Claire
McNicoll, qui est assise derrière moi. Parce qu'il
y avait quatre fauteuils, c'est la cinquième membre de la
délégation. Je m'en excuse. Merci.
Une voix:... permet de s'asseoir pas loin de nous autres.
Le Président (M. Richard): Nous vous remercions, mesdames
et messieurs. Et sur ce, la commission suspend ses travaux. Nous revenons ici
à 20 heures, dans le même local. Bon appétit à
chacun et chacune d'entre vous.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, si vous
permettez, je déclare la séance ouverte et je vous rappelle le
mandat continu de notre commission qui est de procéder à des
consultations particulières et de tenir des auditions publiques, afin
d'examiner la situation de la prévention de la cruauté envers les
animaux au Québec et l'opportunité de légiférer
dans cette matière.
Mémoire déposé
Maintenant j'aurais un document à déposer, un
mémoire. Nous ne rencontrerons pas les gens, mais c'est un
mémoire de l'Association canadienne des cosmétiques et des
produits de toilette et les parfums, qui dépose un document sous la cote
M-2. Alors, les membres de la commission recevront copie, effectivement, de ce
document.
Nous recevons l'Association professionnelle des éleveurs et des
éducateurs canins du Québec. Alors, M. le Président.
Association professionnelle des éleveurs et des
éducateurs canins du Québec
M. Campbell (Luc): Luc Campbell.
Le Président (M. Richard): M. Campbell, je vous
cède la parole. Vous nommez les gens qui vous accompagnent et vous
commencez immédiatement en synthétisant, évidemment, votre
mémoire, et par la suite, pour que nous puissions échanger, de
part et d'autre, et surtout questionner. Alors, vous avez la parole, M.
Campbell.
M. Campbell: Avant de débuter mon mémoire, M. le
Président, j'aimerais remettre un document annexe qui est plus
explicatif sur les qualifications de nos références et de nos
sociétés comme telles.
Le Président (M. Richard): C'est bien. Il y a certains
groupes qui auraient dû avoir ces références-là
hier.
M. Campbell: M. le Président, à ma gauche est le
vice-président, M. Robert Duchesne; M. André Fournier, directeur
du comité d'élevage; M. Claude DeLadurantaye, directeur du
comité d'éducation canine; Mme Lucie Houde, présidente du
comité de déontologie; et Mme Hélène Forest
siégeant sur le comité d'élevage.
M. le Président, l'Association professionnelle des
éleveurs et des éducateurs canins du Québec, l'APEECQ,
remercie la commission pour avoir accepté notre demande de comparution
aux audiences sur la prévention de la cruauté envers les
animaux.
L'Association a pour objectif de regrouper les éleveurs, les
éducateurs ou toute autre personne intéressée au domaine
canin par les moyens suivants: - adopter des moyens pour encourager les
personnes intéressées à satisfaire aux exigences de la
certification cyno professionnelle canadienne. ltée; - encourager une
formation professionnelle reconnue; - adopter des moyens pour encourager les
membres et les personnes intéressées à respecter un code
d'éthique compatible à l'élevage et à
l'éducation canine; - adopter des moyens pour encourager les membres et
les personnes intéressées à respecter les normes
établies par une organisation reconnue dans l'enregistrement canin; -
adopter des moyens pour encourager les membres et les personnes
intéressées à s'impliquer auprès du public,
à des fins d'information et d'éducation, et à prendre part
à des programmes de zoothérapie; - adopter des moyens
destinés à encourager et; assister les personnes engagées
dans des activité relatives à ces objectifs; - adopter des moyens
pour encourager le membres et les personnes intéressées à
améliorer, protéger et encourager les relations humain-animal
pour le mieux-être des chiens, de leur propriétaires et de la
société dans laquelle ils cohabitent.
Les objectifs de la Certification cyno professionnelle canadienne
Itée sont les suivant: offrir un programme de formation axé sur
les connaissances scientifiques actuelles prodiguées par des
professionnels de la Faculté de médecine
vétérinaire rattachée à l'Université de
Montréal, l'Académie de médecine vétérinaire
du Québec ainsi que d'éducateurs et éleveurs
possédant les connaissances et ayant l'expérience pertinente dans
le milieu canin. Ce programme prépare le candidat à une expertise
dans le domaine de l'élevage et de l'entraînement canin, la
gestion de chenil, l'hygiène, les soins de base, l'aspect pratique de la
réalité canine. maintenant, m. le président, i'apeecq
aimerait faire les commentaires suivants sur leprojet de loi devant la
commission parlementaire, à savoir la prévention de la
cruauté envers les
animaux.
Premièrement, la section II, qui traite des différents
types de chiens, ne définit pas "chien de défense", "chien de
protection" ou "chien de Schutzhund". Ceci pourrait provoquer une confusion,
car les catégories définies ne sont pas assez précises.
Nous avons mis en annexe une définition proposée par M. Richard
Beaudet, en collaboration avec la Certification cyno professionnelle canadienne
Itée.
L'APEECQ recommande que les définitions comprennent toutes les
catégories de chiens dressés pour aider l'être humain
à se protéger ou à se défendre et que les articles
soient rédigés pour que toutes les catégories s'y
retrouvent clairement.
Deuxièmement, la section III traite des différents
certificats d'enregistrement. L'APEECQ ne croit pas que le fait d'obtenir un
certificat d'enregistrement, en faisant une demande écrite sur le
formulaire prescrit, puisse certifier la compétence du requérant.
Nombre de personnes oeuvrant dans le domaine canin emploient encore des
méthodes violentes et non conformes aux connaissances scientifiques
actuelles. Pour ces raisons, l'APEECQ recommande que toute personne
désirant obtenir un certificat pour oeuvrer dans te domaine canin
démontre sa compétence par l'obtention d'une reconnaissance
officielle.
Troisièmement, la section III, article 7, traite des
différents règlements que le gouvernement peut édicter.
L'APEECQ croit que la formation devrait aussi faire l'objet d'une
réglementation pour une meilleure relation humain-chien et une assurance
de service professionnel pour le citoyen. Nous recommandons d'ajouter un
deuxième paragraphe comme suit: "pour la formation professionnelle ou le
recyclage des éleveurs et des entraîneurs canins ou autres."
Quatre. Dans les règlements adoptés en vertu de la section
I portant sur les chiens, article 1, l'APEECQ est d'accord avec l'idée
d'exercice, de délassement et de contacts sociaux. Toutefois, le dernier
paragraphe qui débute par "Ceci s'applique aux" n'ajoute rien à
la définition du premier paragraphe, ou bien il est incomplet, car il ne
comprend pas les chiens dans d'autres établissements de commerce
d'animaux.
Cinquièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section I portant sur les chiens, article 2, l'APEECQ est d'accord qu'un
chien attaché de manière fixe à une attache trop courte ne
peut avoir assez d'exercice. Toutefois, le chien attaché à un
câble coulissant peut, dans certains cas, faire trop d'exercice et ainsi
mettre sa santé en danger et en souffrir. Pour ces raisons, l'APEECQ
recommande que le mot "attaché" fasse l'objet d'une définition
plus précise de façon à prévenir les abus que cette
loi cherche justement à éviter.
Sixièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section II portant sur les chiens de garde et les chiens d'attaque,
article 5, l'APEECQ recommande de changer le mot "précipiter" pour
"approcher" et le mot "plus" par "moins". Aussi, que le chien soit de garde ou
non, qu'il soit attaché à un câble coulissant ou non, la
distance à observer à l'intérieur du
périmètre doit être la même. L'article se lirait
comme suit: "Les chiens, s'ils sont attachés, doivent l'être par
un câble d'au moins 10 pieds et être capables de bouger librement
et l'extension maximale du câble ne doit pas permettre aux chiens de
s'approcher à moins de cinq pieds de toute clôture de
périmètre."
Septièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section III portant sur les établissements de commerce d'animaux,
etc., article 33 paragraphe a, l'APEECQ croit qu'il faut tenir compte du temps
nécessaire à une chienne ayant mis bas (normalement six mois)
pour recouvrer sa fourrure, condition et apparence nécessaires pour
avoir du succès en compétition de conformation, le seul endroit,
actuellement, pour faire valoir la qualité du produit.
Plusieurs éleveurs professionnels maximisent leurs efforts en
travaillant ainsi sans interférence sur la santé de l'animal.
Pour ces raisons, l'APEECQ recommande que l'article soit modifié comme
suit en ajoutant, après le mot "année", "les femelles
gardées à des fins de reproduction ne doivent avoir plus d'une
portée par année ou un maximum de deux portées par trois
chaleurs."
Huitièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section III portant sur les établissements de commerce d'animaux,
etc., article 2, paragraphes (2) et l'article 3, l'APEECQ croit que le
législateur devrait confier l'application de la présente loi aux
agents de la paix qui possèdent déjà des ressources
plutôt que de la confier à une organisation privée qui,
présentement, ne dispose sans doute pas des ressources
nécessaires. L'APEECQ recommande que le mot "société" soit
remplacé par "les agents de la paix".
Neuvièmement, les règlements adoptés en vertu de la
section III portant sur les établissements de commerce d'animaux, etc.,
article 33, paragraphe b, l'APEECQ croit qu'il faut tenir compte, dans le
domaine canin, de ce qui est admis et enseigné par les autorités
connues telles que Fox, Campbell, Pfaffenberger - à cet effet, je
recommande de voir l'annexe - soit que la huitième semaine en est une de
méfiance et de peur. Devant cette évidence, il ne faut jamais
laisser un chiot partir à cet âge. L'âge idéal pour
la séparation est de sept semaines. Ceci est de la plus grande
importance pour le comportement futur du chien adulte. Pour ces raisons,
l'APEECQ recommande que l'article soit modifié comme suit en retranchant
"huit" et en le remplaçant par "sept".
Dixièmement, dans les règlements adoptés
en vertu de la section III portant sur les établissements de
commerce d'animaux, etc., article 33, paragraphe c, l'APEECQ émet de
sérieuses réserves sur le transport avec la mère.
Onzièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section III portant sur les établissements de commerce d'animaux,
etc., article 33, paragraphe e, l'apeecq croit qu'il y a abus de la part de
certaines personnes qui font le commerce de chiens. toutefois, l'article ainsi
formulé pourrait créer une situation semblable de la part de
certains consommateurs, ce qui serait contraire à l'idée du
législateur. pour ces raisons, l'apeecq recommande de modifier l'article
pour y inclure des frais de 20 % du prix d'achat. une telle modification
pourrait éviter certains abus de part et d'autre.
En plus, un maximum de 20 jours suffit à couvrir les
périodes d'incubation pour les maladies virales. Pourquoi alors une
garantie de 30 jours? Certaines personnes, soit par négligence, soit
pour éviter des frais de vétérinaire, risquent, sur une
période aussi longue, de causer des problèmes sérieux
à tout animal qui, lors de son départ, pouvait être en
bonne santé. Également, il reste excessivement difficile pour un
vendeur de prouver la négligence ou le mauvais traitement souvent non
visible. Aussi l'APEECQ recommande de supprimer la dernière phrase de ce
paragraphe qui a peu ou pas d'impact.
Douzièmement, dans les règlements adoptés en vertu
de la section III portant sur les établissements de commerce d'animaux,
etc., article 34, paragraphe b, l'apeecq croit qu'un propriétaire de
chien ne peut s'opposer à ce que son animal porte une muselière.
le public en général n'a ni la formation, ni l'objectivité
nécessaire pour juger quand une situation peut devenir dangereuse, soit
par morsure, panique, instabilité émotionnelle ou autre. le port
de la muselière sur une courte période de temps ne crée
aucun danger pour l'animal. les chiens de course en portent pendant leur
période de travail. si, comme nous le recommandons plus haut, toute
personne désirant obtenir un certificat pour oeuvrer dans le domaine
canin démontre sa compétence pour l'obtention d'une
reconnaissance officielle, la mention "avec le consentement du
propriétaire" n'est plus nécessaire.
En terminant, l'APEECQ tient à souligner son appui à cet
important outil de travail nécessaire à l'établissement de
l'ordre et du respect à accorder à l'espèce animale.
L'APEECQ souligne aussi l'importance et l'urgence de l'adoption de ce projet de
loi. Encore une fois, je tiens à vous remercier, en mon nom et au nom de
mes collègues, pour votre attention. Nous sommes maintenant prêts
à répondre à vos questions.
Le Président (M. Richard): Merci. M Campbell. M. le
ministre, avez-vous des questions?
M. Picotte: Oui, M. le Président. Merci. On se rend
compte encore une fois - j'ose le répéter, mais je pense que ce
n'est pas inopportun - que le projet de loi, évidemment, qui a
été déposé comme outil de travail par la SPCA, a
dévié peut-être bien un petit peu les discussions que nous
avons en commission parlementaire; celui d'abord de faire une discussion libre
avec les gens, en tout éclairage, sur une possibilité de
légiférer et, par la suite, s'il y a une possibilité de
légiférer, de regarder plus techniquement des choses.
Alors, je me rends compte, évidemment... Et remarquez bien que
c'est un outil de travail fort intéressant de voir que vous avez
déjà, de par votre souci, analysé ce qui a
été mis sur la table et de nous donner plusieurs détails
qui sont techniques.
Ceci étant dit, M. le Président, avant de questionner
l'organisme comme tel, j'aimerais peut-être, à ce moment-ci de nos
travaux, faire part d'une réflexion que j'ai eue sur l'heure du lunch...
Peut-être qu'on pourrait permettre, s'il y a consentement de
l'Opposition, évidemment, et des membres de la commission... On pourrait
peut-être permettre, si on peut récupérer demain un quart
d'heure ou 20 minutes, à la SPCA, qui nous a présenté son
mémoire au début, de pouvoir, au moins durant les 15 ou 20
minutes qui resteraient à la fin de nos travaux, de venir nous livrer
leurs impressions sur les mémoires qui ont été
présentés. Pas sur l'ensemble des mémoires, mais venir
peut-être nous donner quelques idées en fin de commission.
Ça aurait pour effet d'avoir une juste répartie puisqu'on
en a parlé abondamment, tout au long de la commission, et de mettre un
point final sans pour autant qu'on soit appelé à les questionner,
mais qu'on écoute ce qu'ils ont à dire. Ça serait
peut-être une ouverture. Si on se dit ce soir que déjà
ça pourrait se faire demain, ça permettrait à la SPCA
d'avoir un quart d'heure, à la fin de la commission, de leur permettre
de se préparer en conséquence pour nous livrer leurs impressions.
Je ne sais pas ce que les. membres en pensent.
NR Baril: Sur ça, M. le Président, ça me
satisferait pleinement, d'autant plus que ça répondrait à
un voeu dont les représentants de la SPCA m'ont fait part Ils en ont
sans doute fait au ministre avant le repas, comme quoi ils auraient plusieurs
réponses à donner sur le paquet d'interrogations qu'on s'est
posées et différentes positions que d'autres organismes ont pris,
lors de la présentation de leurs mémoires. Alors, ça me
conviendrait pleinement. On serait encore davantage éclairés sur
la situation.
Le Président (M. Richard): Si ça vous va de part et
d'autre, dès demain, en présupposant autour de 18 heures, avant
la fin de nos audiences, on reverrait à nouveau les gens
représentant
la SPCA. Ils pourraient nous faire un commentaire et, si le temps nous
le permet, avoir peut-être un certain échange de façon
à compléter l'ensemble de nos travaux. Ça semble
convenir?
M. Picotte: Oui. Moi, je n'ai pas eu évidemment
d'échange avec la SPCA là-dessus parce que j'étais parti
au Conseil des ministres. Donc, peut-être qu'il était dans
l'intention de la SPCA de m'en parler, mais de toute façon, on n'en a
pas parlé. Je pense qu'après avoir examiné ça, avec
le cheminement qu'on fait depuis hier, je trouvais logique qu'on en arrive
à un tel consentement. (20 h 30)
Je dis à l'avance que ce n'est pas un débat qu'on veut
enclencher. On écoutera, évidemment, certaines répliques
ou certains points peut-être qu'ils veulent voir corrigés ou
certaines impressions qu'a pu laisser leur projet de loi, entre guillemets,
face à des organismes qui ont réagi. À cet
égard-là, on aura au moins une contre-répartie.
Ceci étant dit, M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Richard): Excusez. M. le
député d'Arthabaska, vous aviez un petit commentaire?
M. Baril: juste un petit mot, oui. je n'ai aucune objection. je
ne veux pas revenir sur ma position. je n'ai aucune objection, mais en
espérant que ça ne suscite pas le même intérêt
d'autres intervenants qui aimeraient rajouter peut-être quelque chose
à la fin. juste une mise en garde.
Le Président (M. Richard): Non, non. Je pense que je vous
comprends très bien, M. le député d'Arthabaska. C'est
limitatif, c'est peut-être privilégié même, mais
ça, c'est notre privilège à nous, effectivement, de faire
ce choix-là.
M. Picotte: C'est pour ça, M. le Président, que je
précisais. Nous, les parlementaires, on sait un petit peu plus, avec nos
règlements, ce que ça veut dire. Je précisais que
ça ne doit pas susciter de débat compte tenu du fait que les gens
se prononcent sur un projet qui a été déposé par
eux et qu'il est arrivé souvent le fait d'y faire
référence. Il y a peut-être des choses qu'on ne voulait pas
dire de cette façon-là, qui ont été mal comprises.
Donc, qu'on puisse corriger cette impression-là, oui. Si,
évidemment, ça suscite d'autres débats, bien, à ce
moment-là, on n'embarquera pas là-dedans parce qu'un autre
organisme va dire: Ouais, bien, ils nous ont mal compris, il faut reparler.
C'est le phénomène qui ne finit plus, finalement. Ce n'est pas
ça qu'on veut.
Le Président (M. Richard): On ne voudrait pas revoir, par
exemple, un groupe d'hier nous dire qu'il s'est trompé sur Delta Air
Lines. Ce n'est pas ça, là. On termine avec ia SPCA d'une
façon privilégiée. Alors, si vous permettez, on continue.
La SPCA, seulement par un signe de tête, ça vous convient? Grand
merci. On continue, M. le ministre, votre questionnement au groupe que nous
recevons.
M. Picotte: Je voudrais d'abord vous remercier pour votre
mémoire. J'ai eu l'occasion, d'ailleurs, d'avoir un appel de quelqu'un
de votre milieu, M. Duchesne, entre autres, et, par consentement, je dois le
dire, avec l'Opposition, on a accepte d'autres mémoires qui
étaient arrivés peut-être hors délai ou, en tout
cas, qui ne satisfaisaient pas à certaines obligations qu'ont les
règles de la Chambre. Par consentement, on a décidé
d'inclure les trois ou quatre organismes qui ne devaient pas être
entendus, mais qui le sont maintenant. Donc, tant mieux, ça nous donne
une autre occasion d'avoir des réflexions additionnelles sur l'ensemble
de ce que devrait être l'action du gouvernement dans le futur.
Votre mémoire est énorme, assez technique
évidemment. Vous faites mention, en page 19 de votre mémoire que
j'ai vu un peu plus loin, que la période de 6 à 8 mois est la
période propice pour le -conditionnement. J'ai cru déceler
qu'entre 6 et 8 mois c'est la période propice pour le conditionnement.
"Conditionner l'animal à fond", vous faites référence
à ça. Sauf erreur, le conditionnement est basé sur un
procédé qu'on appelle stimulus, stimulus-réponse. Vous
devez sans doute vouloir récompenser les bons comportements, puis pas
nécessairement punir, mais réprimander, si on peut s'exprimer
ainsi, les mauvais comportements. Donnez-moi donc plus de détails sur ce
genre de conditionnement que vous avez avec l'animal et comment ça se
passe, au moins pour...
M. Campbell: M. le Président, conditionner à fond,
les mots "à fond" sont excessivement importants quand on parle de 6
à 8 mois, parce que 6 à 8 mois, c'est l'âge où on
peut exiger beaucoup plus de l'animal. Ce qu'on préconise dans notre
document, avant, c'est-à-dire qu'on part de la première
journée pour se rendre à 6 à 8 mois, c'est une orientation
et c'est là que notre document fait référence à des
périodes précises, à savoir que certains endroits
où on se préoccupe peu de l'orientation du chien, il arrive
à l'âge de 6 à 8 mois où il a des problèmes
de comportement spécifiques: agressivité, nervosité,
anxiété. Et lors du conditionnement à fond de l'animal,
s'il n'y a pas eu une préparation préalable, l'animal devra subir
des conditionnements négatifs, alors que si on oriente l'animal en
partant, dès l'âge de 3 semaines, par de la prévention, par
des exercices spécifiques, on va
amener l'animal à obéir d'une façon positive en
utilisant le minimum possible de renforcements négatifs. Quand je parle
de renforcements négatifs, je parle de l'emploi de collier
étran-gleur, de collier à pointes, de collier
électronique. Un chien bien orienté en bas âge, avec une
personne qui a les compétences, peut s'éviter tous ces
sévices-là. C'est la raison pour laquelle nous insistons tant
pour la séparation à des âges spécifiques. On voit
en page 19, un tout petit peu plus bas: Pour la création de liens
amicaux: la troisième à la septième semaine, c'est
l'idéal; à la neuvième semaine, c'est déjà
un peu tard; 10 à 12 semaines, c'est moins efficace; et après 12
semaines, H y a des séquelles. C'est les raisons pour lesquelles, M. le
Président, nous insistons tant pour les périodes
spécifiques en bas âge, de façon à orienter l'animal
par un personnel compétent et par de l'enseignement, aussi,
professionnel, pour éviter que ce conditionnement à fond soit
fait avec des méthodes négatives, brutales et non normales.
M. Picotte: Bien, j'imagine que ça existe, des
méthodes négatives, encore. C'est quoi, les méthodes
négatives?
M. Campbell: Malheureusement, M. le Président, oui, il
existe encore des méthodes négatives. Pour les gens qui emploient
des méthodes négatives, c'est là où je disais plus
tôt dans mon mémoire qu'on devrait exiger des gens une
compétence ou un recyclage ou une éducation pour prévenir
ça, parce qu'il y a moyen de prévenir ça. Et les
méthodes négatives sont le collier électronique, le
collier à pointes; il y en a qui vont plus loin que ça, qui vont
jusqu'à battre, maltraiter l'animal, faire subir des sévices par
attache continue ou enfermer l'animal. Le chien est un animal social; si on
l'isole, on crée des problèmes d'"asociété", ce qui
amène des problèmes de morsure, d'agressivité au sein de
la population, comme on a vécu dans les dernières années.
C'est la raison pour laquelle il faut, en bas âge, orienter l'animal.
Mais pour pouvoir orienter l'animal, il faut éduquer et, pour
éduquer le public, il faut éduquer, premièrement, les
personnes qui travaillent dans ce domaine.
Quand la cyno professionnelle est venue au monde en 1989, on avait fait
une ouverture, on avait demandé aux gens qui avaient de
l'expérience de se présenter, avec une réduction... qu'on
leur ferait un examen préparatoire. Et on a posé la question:
À quel âge vendez-vous vos chiens? Tout le monde disait: Huit
semaines. Alors que c'est prouvé, dans les milieux scientifiques, que la
huitième semaine est le début d'une période de
méfiance et de peur. Alors, nos professionnels qui éduquent le
public vendent leurs chiots à huit semaines et risquent ainsi de causer
des problèmes, c'est ce qui amène les méthodes
négatives, alors que, si on travaille avec de la prévention, on
va éviter ce négatif-là.
M. Picotte: Bon. Maintenant, où faites-vous la distinction
entre punition et cruauté? Comment on détermine ça? Punir
un chien. Quand vous faites, justement, de l'élevage et du
conditionnement, c'est quoi la différence? Où est la
démarcation entre punir et être cruel?
M. Campbell: M. le Président, punir un animal, c'est quand
on est certain que l'animal a compris le comportement qu'on attend de lui et
qu'il ne l'exécute pas. Alors là, on peut punir l'animal et
l'animal va comprendre. Si on ne fait pas comprendre à l'animal ce qu'on
attend de lui et qu'on sévit contre lui, à ce moment-là,
ça devient de la cruauté parce qu'on exige quelque chose d'un
animal alors que celui-ci est dans une incapacité de réagir en
fonction de nos demandes puisqu'il ne comprend pas la demande. Donc, il y
aurait un processus éducatif avant. À ce moment-là, s'il y
a un processus éducatif avant, on parle de punition; s'il n'y a pas de
processus éducatif, on parle de cruauté. Maintenant, le mot
"cruauté", M. le Président, est bien vaste. Quand on parle de
donner un petit coup d'étrangleur sur un chihuahua et sur un
saint-bernard, c'est très différent. À ce
moment-là, c'est une question de logique et de bon sens.
M. Picotte: Donc, ça pourrait aller aussi loin que de
déterminer la cruauté en fonction de la grosseur du chien aussi,
là.
M. Campbell: C'est ça.
M. Picotte: "C'est-u" moins cruel de se servir d'un
étrangleur parce que le chien est gros et plus cruel parce que le chien
est petit? Je comprends qu'il y a des degrés. Mais vous voyez la
difficulté quand on arrive pour légiférer. Ça, moi,
je comprends ça. Je suis venu au monde en 1941, en pleine guerre. Je
sais ce que c'est que punir. Mais la marge est très très mince
entre punir un comportement et de la cruauté. C'est cette
démarcation-là qui n'est pas évidente et que j'aimerais...
Parce qu'il arrive sûrement, quand on fait du comportement, du dressage,
entre guillemets - si on peut appeler ça "dressage", je ne suis pas
sûr que c'est le bon mot qu'il faut utiliser - la marge est mince et
passablement mince de ce côté-là, et comment on peut juger
que c'est non cruel? En fonction de l'espèce, en fonction de l'animal?
D'ailleurs, quand vous conditionnez l'animal, par exemple, qui va être un
animal qu'on va identifier comme protecteur de son maître ou que le
maître veut qu'il soit protecteur d'une situation donnée,
jusqu'à quel point vous lui montrez, de façon positive, à
être vraiment d'attaque?
M. Campbell: M. le Président, au niveau du dressage, je
suis d'accord avec vous pour le terme. D'ailleurs, c'est la raison pour
laquelle l'APEECQ s'est appelée "éducateurs canins". Le
temps du dressage, en l'an 2000 - qui approche bientôt - c'est
fini. Ça devrait être fini. Malheureusement, il y a encore des
gens non compétents qui emploient des méthodes violentes.
Maintenant, comme je viens de le mentionner, si on donne une formation à
l'animal et qu'on le punit, à ce moment-là, on peut appeler
ça une punition, alors que, s'il n'y a pas une formation
préalable, ça devient de la cruauté, à mon sens, au
niveau de l'Association, de l'APEECQ.
Maintenant, il faut mentionner que l'APEECQ et la cyno professionnelle
dans ses méthodes d'éducation par rapport à ses
élèves préconisent l'emploi, en premier, du collier
ordinaire pour entraîner un chien, pour l'éducation, un collier
d'attache simple, pas un collier étrangleur, un collier simple, et du
"gentle leader", maintenant appelé "promise", qui est un outil de
travail, qui travaille de façon à respecter la façon dont
les chiens dominent les sujets inférieurs, c'est-à-dire serrer le
museau, écraser au niveau de la nuque, plutôt que l'emploi de
collier étrangleur, ces choses-là. On ne recommande nullement
l'emploi, d'ailleurs ce n'est pas enseigné au niveau de la cyno
professionnelle, l'emploi de collier à pointes ou de collier
électronique. L'outil de travail le plus négatif utilisé
est le collier étrangleur pour les chiens qui, justement arrivés
à l'âge de 6, 8 mois, ou un an, deux ans, trois ans, nous arrivent
avec des mauvais défauts. Ils n'ont pas été
orientés, ils ont des mauvais défauts. Donc, à ce
moment-là, un collier conventionnel ne pourrait pas être
utilisé. Par contre, le "promise" pourrait être utilisé.
Donc, dans notre enseignement, on montre aux gens comment utiliser ces
produits-là, ces outils-là.
Maintenant, en ce qui concerne défense, protection, attaque,
Schutzhund, l'APEECQ et la cyno professionnelle n'enseignent rien de ces
méthodes-là. Elles enseignent la garde. La garde pour nous, c'est
japper, avertir, aboyer pour indiquer au maître qu'il y a un intrus,
qu'il y a quelque chose. On demande à nos gens de bien expliquer.
D'ailleurs, vous allez voir dans le code d'éthique de
l'éducateur, dans l'annexe que je viens de vous remettre, qu'il y a un
avis en bas du code d'éthique où on mentionne au public, et ces
codes d'éthique là doivent être affichés chez nos
membres, que toute forme de défense, de protection ou d'attaque qui
pourrait être enseignée dans un endroit où il y a un membre
de l'APEECQ n'est pas encouragée ni supportée par la cyno
professionnelle ou l'APEECQ. On ne pourra pas enlever du jour au lendemain ce
type d'enseignement à la défense, à l'attaque ou à
la protection des chiens qui remonte à depuis longtemps, sauf que nous,
on veut entrer dans les écoles, les municipalités, faire de
l'éducation populaire pour montrer aux gens qu'il y a moyen de faire
baisser l'agressivité actuelle dans le domaine canin, et ce n'est
certainement pas en encourageant des méthodes de conditionnement
violentes qu'on va y parvenir.
Pour ces raisons, nous n'avons pas touché, dans notre
mémoire, M. le Président, à rien de ce qui concerne
l'attaque, la protection ou la défense, excepté qu'on a
demandé de les définir, de façon à ce qu'il y ait
précision quand on parle de défense, de protection, d'attaque ou
de Schutzhund.
M. Picotte: M. Campbell, il arrive sûrement que quelqu'un
va se retrouver dans une animalerie pour aller chercher un chiot ou un chien en
bas âge, qui a 4, 5, 6 mois, et essaie lui-même de le conditionner
à ce qu'il souhaite. Il ne réussit probablement pas à sa
volonté. Il va se retrouver, finalement, dans des endroits plus
spécialisés où il va dire: Est-ce que vous êtes
capables de conditionner mon chien? voici ce que je veux avoir avec mon chien,
je l'ai acheté pour ça; je voudrais qu'il soit comme ça et
je voudrais qu'il soit conditionné de cette façon-là.
Est-ce que vous avez remarqué, vous, que des animaux achetés dans
des animaleries, par exemple, comme ça, après un certain temps et
après que d'autres ont essayé, ont des comportements, justement,
négatifs? Si oui, est-ce qu'il y a plus de comportements négatifs
de ces animaux provenant d'animaleries? À ce moment-là, quelle
est la façon que vous utilisez pour le ramener, justement, ou le rendre
conforme à ce que désire son maître et à ce qu'il
vous demande?
M. Campbell: M. le Président, je pense, dans un premier
temps, qu'il faut revenir à ce que je mentionnais tantôt,
l'orientation, la préparation. Évidemment, peut-être que
les animaleries sont plus pointées du doigt, mais j'aimerais mentionner
qu'il n'y a pas seulement les animaleries; partout où on produit en
quantité des chiens, où on n'a pas le temps, où on n'a pas
le personnel nécessaire pour fournir l'éducation
nécessaire aux animaux en bas âge, c'est-à-dire entre 3 et
7 semaines, et on voit dans la charte, à la page 19, qu'après 12
semaines il y a des séquelles. Évidemment, les animaux qui ont
des séquelles, on peut travailler à les améliorer, mais
ils auront toujours des séquelles, par une mauvaise orientation en bas
âge. Le secret de la réussite dans le domaine canin, c'est
l'orientation en bas âge, et j'insiste sur le mot "orientation". (20 h
45)
Maintenant, le client qui arrive chez un professionnel et qui dit: Moi,
j'ai acheté ce chien-là, ce Rottweiler-là, pour faire de
l'attaque, et il est peureux, il fait pipi à terre, etc.; je veux que tu
le fasses... À ce momemt-là, c'est au professionnel à
être suffisamment professionnel et à avoir suffisamment
d'éthique pour dire à son client: Écoute mon ami, ton
chien ne parviendra pas à ça pour telle ou telle raison. Et c'est
la raison pour laquelle l'APEECQ et la cyno professionnelle, l'APEECQ, pardon,
a fait des codes d'éthique à cet effet, de façon à
ce que le
client sache que le professionnel qui est en face de lui va lui donner
un service adéquat. Le problème est entre les mains des
professionnels qui forment les chiens, puis qui devraient éduquer le
public.
Dans le moment, ces professionnels-là sont peu ou pas
compétents et, en plus, ne sont pas regroupés sous une
association qui met des normes et des balises précises pour que ces
gens-là se conforment à une éthique professionnelle. Dans
le moment, étant donné qu'on n'a pas de loi au Québec,
n'importe qui, du jour au lendemain, s'improvise éleveur ou
éducateur canin, sans connaissance de génétique, sans
connaissance du comportement animal. Et, sans vouloir attaquer la SPCA, dans
leur projet de loi qui, je le répète, est un outil indispensable
pour qu'on puisse bien travailler, on ne fait pas mention des périodes
critiques alors que c'est la base même, ces périodes critiques
là, c'est la base même du succès à long terme. On ne
pourra arriver à aucun résultat à long terme si on ne
tient pas compte de ces périodes d'évolution là.
M. Picotte: M. le Président, j'aurais bien d'autres
questions aussi, mais peut-être une dernière, pour permettre
à mes collègues d'avoir le privilège aussi de
questionner.
On a parlé d'enregistrement des établissements,
peut-être même des animaux à l'intérieur des
établissements, même des espèces à
l'intérieur. On a parlé de ça. Quand je dis: On a
parlé de ça, je ne fais pas référence au
mémoire de la SPCA, je parle de tous ceux qui sont venus nous parler. Il
y a des gens qui nous ont avancé toutes sortes de choses, qui nous ont
dit que, oui, on pourrait effectivement avoir des enregistrements à tous
les niveaux. Qu'est-ce que vous pensez de ça, vous?
M. Campbell: M. le Président, j'aimerais que M. le
ministre précise plus sa question, parce que j'avoue que je ne comprends
pas réellement le sens de sa question.
M. Picotte: Si on contrôlait, par exemple, le nombre
d'animaleries, le nombre d'usines à chiens, en disant: Ces
gens-là existent, ils sont à telle adresse. Bon. On les
identifie, ils ont un permis. Ils sont enregistrés, on leur donne un
permis. Et, à partir de là, après ça,
peut-être qu'on peut aller plus loin, parce qu'il y a des gens qui nous
ont même suggéré d'aller plus loin, au cours de ça.
Ils ont dit: Connaître non seulement les endroits où il y en a,
mais il y en a combien? Le nombre de chiens, des espèces, etc., pour
qu'on les retrouve quelque part, ces chiots-là ou ces animaux-là.
On va les retrouver quelque part dans le décor un bon matin. Donc, si on
veut les contrôler à première vue, il faut savoir où
elles sont, ces usines à chiens, où elles sont, les animaleries,
et avoir pas mal de détaHs là-dessus. Croyez-vous que ça
serait quelque chose qui viendrait améliorer de beaucoup la situation?
Une bonne affaire? C'est surtout ça que je veux savoir.
M. Campbell: Oui. M. le Président, je crois que tout
législateur qui mettrait un règlement restrictif imposé ne
ferait que semer la confusion. Si la réglementation est axée sur
l'aspect prévention et éducation du public, le public
lui-même va forcer les récalcitrants à se ranger à
l'ordre. Pour manger, aujourd'hui, il faut gagner des sous, puis pour gagner
des sous, il faut suivre la masse. Si la masse est éduquée, si la
population est éduquée, à ce moment-là ces chenils
clandestins là, ces animaleries qui produisent en surquantité,
puis il ne faut pas oublier non plus qu'il y a des éleveurs qui font
aussi un travail qui n'est pas réellement correct... À ce
moment-là, le public étant éduqué, la situation va
changer. Évidemment, c'est à moyen et long terme ce dont je vous
parle dans le moment. Sauf que mol, je crois que si on emploie des outils de
travail négatifs on ne va faire que semer de la frustration chez les
gens qui oeuvrent dans le domaine canin, créer des problèmes
encore plus grands.
Ce sont les raisons pour lesquelles notre mémoire, comme vous
avez pu le constater, est axé sur l'aspect préventif et sur
l'aspect enseignement, éducation populaire, de façon à
changer à moyen et à long terme la facette que les gens ont du
domaine canin à l'heure actuelle.
M. Picotte: Je suis content, évidemment, de vous entendre
là-dessus, parce que Mer, même moi, je faisais appel non seulement
aux animaleries ou à tous ceux qui possèdent des chiens pour fins
de revente, ou des animaux pour fins de revente, mais je disais: Bon, bien,
parfois il faut même aller questionner de beaucoup le consommateur. Il y
a beaucoup trop de gens, à mon point de vue, qui vont acheter rapidement
un animal dans une animalerie en disant: Mon fils ou mon jeune veut en avoir
un, ça va lui faire plaisir. On l'amène à la maison, puis
on a l'impression que ça marche "à batterie" ces
bibites-là, hein? finalement, qu'on n'a pas besoin de faire boire
ça, qu'on n'a pas besoin d'aider ça, cajoler ça de temps
en temps et en autant que le petit va le flatter un petit peu, une fois de
temps en temps, et si on part trois, quatre jours, on peut le laisser sur le
perron en arrière bien attaché après le poteau de la
galerie, et on dit: II va se débrouiller ce pauvre "pit", hein? Mais je
me dis: Ça fait un petit peu... Je suis content d'entendre votre
réponse. Ça fait référence à ce que je
souhaitais, moi aussi. Il faut même aller questionner le consommateur
dans sa capacité d'aller s'acheter un animal et de pouvoir en prendre
soin, de pouvoir lui donner les soins requis et le garder en santé, le
nourrir adéquatement, s'en occuper, finalement. C'est un être
vivant, bon. C'est un être vivant qui
demande parfois beaucoup d'attention autant que ça requiert
d'avoir de l'attention quand on a une famille. et on voit ça souvent,
d'ailleurs, des gens qui ont à se défaire de leur animal qu'ils
ont acheté, ils vont avoir une peine terrible. des fois, on se demande
s'ils vont avoir de la peine autant pour d'autres de leurs proches qui peuvent
disparaître. j'ai vu ça souvent dans mon entourage. je me dis:
bon, il faut questionner même cette capacité-là. donc,
l'éducation, à mon point de vue, est un outil fort important,
encore plus fort que la répression, encore plus fort que d'avoir un
outil coercitif, un outil qui va venir punir. il faut modifier un peu les
comportements, les mentalités et ça, ça se fait par
l'éducation beaucoup plus que par n'importe quel autre principe.
voilà, m. le président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, merci, M. le Président. Vous nous avez
présenté les besoins de votre secteur qui est le secteur surtout
canin, les éleveurs, les éducateurs canins du Québec. On
sait que le problème de la cruauté envers les animaux
s'étend à un secteur beaucoup plus large que le vôtre, mais
je comprends que vous, vous êtes venu nous faire part du secteur qui vous
touche, qui vous concerne plus particulièrement.
Pour continuer dans la même veine que le ministre vous a
questionné, pensez-vous que l'urgence d'agir dans ce secteur-là
est uniquement par législation? Quand on met toute l'emphase sur
l'éducation, l'information des gens, que ce soient vendeurs ou
acheteurs, qu'est-ce que tu fais avec un animal, avec une bête que tu
acquiers? vous ne pensez pas qu'il peut y avoir d'autres moyens d'information
et d'éducation que de passer une loi pour dire au monde: Qu'est-ce que
tu fais avec un chien ou un chat quand il arrive dans la maison chez vous?
M. Campbell: M. le Président, en ce qui concerne les
autres domaines animaliers, je ne peux réellement pas m'interposer en
professionnel parce que je n'en suis pas un. En ce qui concerne le domaine du
chien, ce que je sais, c'est qu'à l'heure actuelle le peu de vrais
professionnels qu'il y a dans le domaine canin ont de la difficulté
à survivre et à gagner l'argent qu'ils devraient gagner parce
que, un peu partout, ça pousse comme des champignons. N'importe qui
s'improvise éleveur ou éducateur canin du jour au lendemain. Si
le législateur sent le rôle d'interférer d'une façon
trop approfondie dans la domaine canin - les autres domaines, je n'y touche pas
- dans le domaine canin, il serait au moins utile de mettre certaines
réglementations de façon à, au moins, aider ceux qui
veulent faire la lumière sur les problèmes actuels, les
professionnels du milieu, au moins aider ces gens-là à pouvoir
travailler efficacement et à pouvoir gagner leur croûte tous les
jours sans avoir à se battre contre des compétiteurs qui ont peu
de connaissances et qui vont attirer le public avec des prix rabais. Le public
qui n'a pas la connaissance nécessaire s'oriente naturellement vers ces
gens-là et ça empire le problème plutôt que de
régler le problème. Donc, en ce sens-là, une
"légifération", oui. Jusqu'à quel point vous allez
légiférer? mais là, ce n'est pas mon rôle.
M. Baril: Moi, je vous comprends, monsieur, de défendre
votre secteur et je ne m'y oppose pas pantoute. Mais nous sommes ici pour
essayer de faire sortir - si vous me passez l'expression - du jus sur le
besoin, la nécessité de légiférer. Bon. Mes
questions, je ne voudrais pas que vous pensiez que je veux vous acculer au pied
du mur, etc. Mais vous défendez très bien votre position au
niveau économique, au niveau de la nécessité des
éleveurs et des entraîneurs canins, que s'il y en a d'autres qui
ne font pas leur job comme il faut, ils devraient être
éliminés du marché. Ça, au niveau
économique, je comprends très bien ça. Mais le but de la
commission c'est de vérifier la nécessité de
légiférer sur la cruauté faite envers les animaux.
Comprenez-vous? Et c'est pour ça que moi, je m'interroge beaucoup. Je ne
vous dis pas que je suis contre et je ne veux rien savoir. On est ici, nous
autres, pour sonder la population sur l'urgence de légiférer.
Et quand on parle de prévention, d'éducation, vous
savez... Je vais donner l'exemple du ministère des Transports qui a
passé toutes sortes de législations - tous les gouvernements en
viennent quasiment avec une à chaque session - pour être capables
de renforcer les amendes pour ceux qui ne respectent pas le Code de la
sécurité routière: que tu remontes les amendes, que tu
enlèves les points de démérite ou peu importe, on
s'aperçoit, avec les années, que le meilleur moyen, c'est des
campagnes de sensibilisation, des campagnes d'information massives au niveau de
la population sur les dangers que, si tu passes sous une lumière rouge,
tu sais les chances qu'il peut t'arriver et, si tu dépasses la
vitesse... Mais ce n'est pas juste de payer 100 piastres et perdre trois
points. Et, entre nous autres, vous savez, les lois que les gouvernements
votent, ce n'est pas un livre de chevet que tout le monde lit avant de se
coucher. Comprenez-vous? Bon, ça fait que la Gazette officielle,
c'est bien intéressant pour ceux qui suivent ça, mais ce
n'est pas l'ensemble de la population. Alors, c'est pour ça, moi, que je
voudrais que vous essayiez de nous donner, de justifier davantage les raisons
pour lesquelles le gouvernement doit légiférer pour
prévenir la cruauté envers les animaux et je voudrais un petit
peu, autant que possible, que vous poussiez, si vous êtes capable de
sortir de votre secteur. Je comprends qu'au niveau des éducateurs et pas
des dresseurs - il ne faut plus dire ça, ça a l'air
des dresseurs de chiens, je ne me rappelle pas le mot-Une voix:
Les entraîneurs.
M. Baril: Les entraîneurs, les entraîneurs de
chiens... À part ça, il y a d'autres choses. J'aimerais que vous
explicitiez davantage là-dessus.
M. Campbell: M. le Président, oui, pour moi, il y a une
urgence dans le domaine canin parce que si le Parlement ne
légifère pas les municipalités vont s'en charger et on a
vu, il y a quelques années, que certaines municipalités ont voulu
bannir des races de chiens. C'est comme mettre un "plaster" sur un poteau. Le
problème n'est pas là. Le problème est dans
l'éducation. Si les professionnels qui ont à oeuvrer dans le
domaine canin ont une formation adéquate, on va réduire cette
incidence d'accidents là. En réduisant cette incidence
d'accidents là, le public va être protégé, le public
va avoir des balises précises pour savoir où s'orienter.
Évidemment, l'aspect restrictif d'une loi, je l'ai mentionné
tantôt, ce n'est pas l'outil idéal de travail. Sauf que certaines
lois, certaines balises, certains contrôles comme, par exemple, l'alcool
au volant, ça n'empêche personne de prendre un verre sauf qu'on en
prend peut-être un de moins. Donc, une certaine restriction peut
être utile.
Maintenant, je dois vous mentionner qu'en ce qui concerne
l'éducation, au niveau de l'APEECQ, on veut aller enseigner dans les
écoles. Je l'ai mentionné tantôt, on veut enseigner aux
tout-petits pour que les enfants édu-quent les parents qui sont plus
vieux. On veut travailler au niveau de l'éducation. Maintenant, si on
n'a pas d'outils de travail, parce que n'importe qui, du jour au lendemain,
pourrait prendre l'idée de l'APEECQ et dire: Moi aussi, je m'en vais
dans les écoles enseigner, si on n'a pas de balises, bien,
évidemment, on va se retrouver dans le même cercle vicieux
qu'avant, c'est-à-dire que n'Importe qui, du jour au lendemain,
s'improvise professionnel, et les gens qui n'ont pas la compétence pour
juger qui est un professionnel et qui ne l'est pas, on se retrouve dans le
même cercle vicieux, c'est-à-dire une éducation
inadéquate et un problème qui continue de grossir parce que le
"plaster" n'a pas été mis à la bonne place.
M. Baril: Selon vous, l'application éventuelle ou une
éventuelle loi devrait relever de qui? L'application? Quel
ministère ou quel organisme? Parce que la SPCA nous a
présenté son projet de loi. Elle demandait, elle était
prête, en tout cas à certaines conditions, à voir à
l'application de cette loi, si j'ai bien compris. (21 heures)
M. Campbell: M. le Président, je crois que, dans le
moment, on l'a mentionné dans notre rapport, ce que nous, on
suggère, c'est que ce soit laissé entre les mains des agents de
la paix plutôt que de la Société et on se
réfère à mon article 8 où je dis que,
présentement, la Société ne dispose pas des ressources
nécessaires. Et quand je parte de ressources nécessaires, je
parle de connaissances au niveau compétences scientifiques, formation
professionnelle par rapport aux droits civils et aux droits de la personne, et
on l'a vu dans le mémoire que je dépose, alors qu'on ne tient pas
compte des périodes d'évolution qui sont primordiales pour
baisser cette incidence d'accidents qui arrivent au niveau de la
société. Oui, il faut protéger les animaux. Ce soir, on
est ici pour parler de la cruauté envers les animaux, mais il faut aussi
penser aux citoyens parce que si on légifère seulement du
côté protéger les animaux, le citoyen, lui, qui se fait
mordre, l'enfant qui se fait tuer et le vieillard qui se fait attaquer, il faut
le protéger, le public aussi. C'est la raison pour laquelle, nous, on
dit de remplacer les mots "la Société" par "les agents de la
paix". Parce qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas personne qui est
habilité à faire ça.
Maintenant, tout dépendra jusqu'à quel point vous
légiférerez. Si vous donnez des balises simplement pour orienter
le public, là c'est moins complexe que si on entre dans un projet de loi
aussi épais que ça. Là, ça dépend comment le
législateur va orienter son travail.
M. Baril: Est-ce que vous avez identifié les secteurs
où il serait le plus urgent de légiférer ou bien s'il faut
tout rentrer, de A à Z? Tout à l'heure, on nous a même...
Les recteurs des universités, je crois, eux faisaient partie de la CCPA,
eux autres nous mentionnaient que la SPCA aurait dû même parler des
habitats fauniques, des espèces menacées, etc. Pensez-vous qu'on
doit ouvrir l'assiette à tout ce qui bouge au Québec?
M. Campbell: M. le Président, je serais bien mal vu, dans
un contexte économique comme on a à l'heure actuelle, de dire que
le législateur devrait toucher tous ces domaines-là. Je pense,
par contre, qu'il faudrait au moins toucher les domaines les plus
importants.
Dans mon domaine, le domaine canin, je peux, à mon humble avis,
donner quelques recommandations pour aider la commission. Mais en ce qui
concerne d'autres animaux, j'avoue mon incompétence. Et je l'avoue. Je
ne peux me prononcer sur ce qui devrait être fait en ce qui concerne les
animaux exotiques, la faune, les poissons, ou ces choses-là. Ce n'est
absolument pas mon domaine. Je n'entends pas me déclarer
spécialiste du jour au lendemain pour me faire critiquer ouvertement.
Mon domaine, c'est le domaine canin essentiellement.
M. Baril: Comme ça, vous n'avez pas
d'opinion sur les animaleries, sur les "pet shops", pour bien se
comprendre.
M. Campbell: M. le Président, je n'ai pas d'idée
préconçue en rien dans tout ce qui concerne la
société, pas seulement au niveau animal. Je suis un homme ouvert
à tout ce qui s'appelle l'évolution. Je ne crois pas qu'il faut
entrer tout le monde dans le même sac, que ce soit un éducateur
canin, un chenil, un commerce d'animalerie, une "chatterie". Il y a des bons et
des mauvais partout. C'est justement dans ce sens que je verrais l'orientation
de la "légiféra-tion", c'est-à-dire donner des balises
pour aider à ce que, justement, les gens qui sont bien puissent faire un
bon travail au sein de la société.
M. Baril: Une dernière question, juste à titre
informel. Qu'est-ce qui vous distingue du Club canin canadien? Êtes-vous
le pendant québécois?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campbell: M. le Président, non. Non, je ne suis pas...
D'ailleurs, nos membres peuvent être membres du Cercle canin canadien ou
pas. C'est leur choix. Nous, ce qu'on fait, c'est de l'éducation. Le
Cercle canadien du chenil est habilité à enregistrer les chiens
et à réglementer ce qui concerne les expositions canines,
à savoir les expositions de conformation, compétition
d'obéissance, etc. On ne s'occupe même pas du chien croisé,
alors qu'on sait très bien qu'il y a des familles démunies qui,
pour le bien-être émotif de leurs enfants et de leur famille, vont
s'acheter des chiens croisés.
Et ça revient à ce que vous me posiez comme question. Je
n'ai rien contre les animaleries sauf que le travail doit être bien fait.
Le problème, c'est qu'actuellement on a un travail qui est mal fait
parce que n'importe qui s'improvise dans le domaine. Non, je n'ai rien contre
les animaleries en particulier. J'en ai contre le monde qui n'est pas
professionnel et qui se dit professionnel.
M. Baril: Si je résume votre position, c'est que vous
voudriez que le gouvernement, entre autres, réglemente la profession
d'éducateur ou d'entraîneur. Est-ce que ça se résume
à ça?
M. Campbell: M. le Président...
M. Baril: D'éleveur, d'éducateur canin.
M. Campbell: Oui. J'aimerais au moins que le législateur
puisse donner des normes ou des balises pour que les gens qui veulent
s'orienter dans le domaine du chien sachent qu'il y a des choses à
savoir. Qu'on ne s'improvise pas du jour au lendemain éleveur ou
éducateur canin. Pour être un bon éleveur, il faut au moins
connaître la génétique. Si on ne connaît pas la
génétique, on va produire des chiens malades. Et qu'on se fasse
avoir avec un chien qu'on a payé 50 $ parce qu'il est malade ou qu'on se
fasse avoir avec un chien qu'on a payé 1000 $ parce qu'il est malade, ce
n'est pas normal. Donc, c'est dans ce sens-là que nous, on verrait une
intervention du législateur.
M. Baril: Je ne sais pas si M. le Président me le permet.
Le monsieur à votre gauche, tout à l'heure, m'avait
signalé qu'il voulait s'exprimer. Je ne sais pas s'il a encore quelque
chose à...
M. Duchesne (Robert): Disons que moi, la seule chose que je
voulais mentionner tout à l'heure au sujet de la cruauté envers
les animaux, c'est que, justement, ceux qui ne sont pas professionnels puis qui
n'ont pas le sens, justement, de l'éducation, c'est ceux-là qui
jettent un discrédit sur les bons entraîneurs qui existent et qui,
à ce moment-là, discréditent la profession
d'éducateur et d'entraîneur canin. C'est ceux-là qui
représentent mal, qui vont mal entraîner tant les chiens de garde
que les chiens de... Puis, ce mauvais entraînement-là
entraîne des problèmes de comportement qui se reflètent
après ça au niveau du propriétaire, puis ce
propriétaire-là, étant donné qu'il y a des
problèmes de comportement avec son chien, il va dire: Bien là,
j'ai des problèmes, je vais l'envoyer; où vais-je l'envoyer mon
chien? Puis, il va l'envoyer à la SPCA pour le faire euthanasier ou
l'envoyer chez son vétérinaire. Alors, une des raisons pour
lesquelles nous autres, on est ici aujourd'hui, c'est pour que les gens qui
sont dans le domaine, les professionnels soient reconnus comme tels, puis que
ceux qui font une bonne job soient reconnus comme tels, puis prévenir du
même fait la cruauté et la non-nécessité, des fois,
de moyens non nécessaires.
M. Baril: Au nom de l'Opposition officielle, je vous remercie de
nous avoir fait connaître la perception de votre situation et de la
justesse de, éventuellement, légiférer en ce domaine.
Merci énormément.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le ministre, votre
message final.
M. Picotte: M. le Président, le moins qu'on puisse dire,
c'est que vous nous avez fait la démonstration que vous êtes, vous
autres, des professionnels, bien sûr dans votre domaine. On parle du
chien beaucoup, du côté canin, et c'est pour ça que j'ai
fait référence assez souvent depuis le début de la
commission à différentes espèces aussi parce que, bien
sûr, dans ce domaine-là, il y a ça. On parle des chiens, on
peut parler des reptiles parce qu'on en retrouve. On peut parler des chevaux
aussi parce qu'il y a
des gens qui vont sûrement travailler dans ce domaine-là.
Donc, ça fait plusieurs domaines en même temps. En tout cas,
ça, c'est la volonté de la commission de se pencher dans tous ces
domaines-là pour regarder ce qui, par après, devra être
fait.
Je suis resté un petit peu estomaqué, parce que je
n'étais pas ici vers la fin de la commission avant l'heure
d'ajournement, quand j'ai entendu mon collègue parler des recteurs des
universités. Vous savez, si ce n'est pas rendu à
l'université déjà, c'est inquiétant. Il y a une loi
qui protège l'habitat faunique au Québec. C'est celui qui vous
parie qui l'a passée comme ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Ça existe une loi de protection des habitats fauniques.
Mais curieusement, alors que tout le monde a applaudi quand on en a
présenté une, alors que tout le monde était d'accord pour
qu'on en présente une, alors que tout le monde m'a supplié d'en
présenter une, comme par hasard, quand ils en voient un en
arrière de la maison chez eux, dans un ruisseau, ils ne voudraient pas
que ça soit là pour le protéger, parce que ça a des
contraintes, ça. Si on protège un habitat faunique, ça
peut avoir une certaine contrainte sur les riverins qui ne doivent pas aller
jouer trop près du cours d'eau, qui ne doivent pas modifier des choses,
changer des comportements. Et là, on veut malheureusement imposer aux
animaux la façon de se retrouver à des endroits, tout en voulant
les protéger.
C'est curieux comme, des fois, les discours changent,
dépendamment si c'est en arrière de la maison chez nous, dans la
maison chez nous ou à côté de la maison chez nous.
Ça aussi, c'est important. Mais ça existe depuis longtemps. Les
recteurs des universités ont perdu une belle occasion de s'instruire
là-dessus. Une loi de protection des habitats fauniques, ça
existe. Ça existe, c'a été voté par
l'Assemblée nationale. C'a été discuté par
différents groupes de la société. J'ai même
réussi à faire le tour de force d'associer l'UPA, dans le temps,
à cette discussion où ce n'était pas évident, parce
que les agriculteurs sont drôlement pénalisés,
peut-être encore plus que les autres. Lorsqu'on retrouve une frayere dans
un ruisseau au bout de la terre d'un agriculteur, c'est sûr que ça
vient les pénaliser, mais les agriculteurs ont compris ça depuis
un certain temps. Évidemment, ça n'a pas été
facile, mais celle-là est faite. Mais ça existe
déjà. Je vous dis qu'on est encore loin de la coupe aux
lèvres, même si on a une loi. C'est un petit peu le principe que
tout le monde veut aller au ciel, mais levez la main ceux qui veulent mourir!
Je ne suis pas certain qu'il y a bien des mains levées en l'air. C'est
un petit peu comme* ça que le législateur est arrangé
parfois quand il fait des lois. Mais ceci étant dit, M. le
Président, c'est juste pour apporter une correction. Si j'avais
été ici, j'aurais bondi, évidemment, sur les recteurs.
Je voudrais vous remercier, M. Campbell, ainsi que ceux et celles qui
vous accompagnent. Vous avez un excellent mémoire. Vous nous avez fait
part de choses intéressantes. Vous allez sûrement aider à
notre profonde réflexion dans les mois qui vont venir.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska, vous aviez un court commentaire?
M. Baril: Oui, un court commentaire sur ce que le ministre vient
de dire. Comment je dirais, je comprends toute la raison; je ne veux pas le
blâmer d'avoir été absent, c'était justifié,
on s'était entendus ensemble avant souper. Mais je veux simplement lui
dire que ce n'est pas facile de faire parler des recteurs des
universités; si vous aviez été ici, vous auriez vu comment
j'ai essayé de soulever des lapins et qui partent après et ils
n'ont pas parti après rien. Je fais juste dire ça. J'ai
suscité beaucoup de réponses, beaucoup d'interrogations, je les
ai même regardés au point de vue humain aussi, et ils ont
semblé être tout à fait frigides. Comprenez-vous?
M. Picotte: Vous savez, le monde de l'éducation, je le
sais, je viens de là, est un monde très peu ouvert qui cherche
à garder ses secrets pour lui, sauf quand il les publie dans des manuels
remplis de faussetés.
M. Baril: Ah! Là, ça... M. Picotte:
Voilà. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Ça vous a sûrement
fait plaisir d'assister à cet échange-là. Merci beaucoup
à l'Association professionnelle des éleveurs et des
éducateurs canins du Québec.
M. Picotte: M. Duchesne, bon retour dans le comté de
Maskinongé.
Le Président (M. Richard): Je demanderais maintenant de
prendre place immédiatement, s'il vous plaît, à
l'Association professionnelle des meuniers du Québec. Merci, mesdames,
messieurs.
M. Campbell: M. le Président, en mon nom et au nom de
l'Association professionnelle, merci beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci. Mesdames, messieurs!
Est-ce Mme Couture?
Une voix: Mme Couture.
Le Président (M. Richard): Mme Couture. Je
pense que vous connaissez la mécanique. Vous présentez les
gens qui vous accompagnent et vous résumez, évidemment, votre
mémoire, parce que nous avons 20, 25 minutes à peu près
durant lesquelles on doit échanger aussi. Alors, je vous laisse
immédiatement la parole.
Association professionnelle des meuniers du
Québec
Mme Couture (Laurence): Merci. Je vous présente M.
André Pilon, directeur général de l'Association des
meuniers, et M. Christian Breton, directeur du Conseil. Et moi, Laurence
Couture, présidente de l'Association des meuniers.
Je vais vous nommer un peu la table des matières. Je vais vous
expliquer qui sont les membres de l'Association des meuniers, les raisons
motivant ce mémoire, la situation actuelle et l'opportunité de
légiférer.
L'Association des meuniers existe depuis 1961. Nous comptons en date
d'aujourd'hui deux catégories de membres: nous avons les membres actifs,
qui sont les fabricants d'aliments pour animaux et volailles, et les membres
associés, qui sont les fournisseurs d'intrants et de services. Au total,
nous représentons 225 membres, dont 100 actifs et 125
associés.
En plus du personnel cadre et de soutien dans chacune des entreprises de
nos membres, nous avons les ressources humaines spécialisées pour
bien contrôler toutes les productions dans lesquelles nous sommes
impliqués: près de 200 agronomes et techniciens agricoles
spécialisés en zootechnie, des vétérinaires et,
pour plusieurs, des nutritionnistes. Il va également sans dire qu'en
plus nous avons les ressources physiques et financières pour assurer le
mieux-être de toutes les productions animales à l'intérieur
de la réglementation actuelle. De fait, dans les secteurs porcin et
avicole, environ 40 % de ces productions sont contrôlées de
façon directe et indirecte par nos membres. Nous avons donc la ferme
conviction de représenter le regroupement d'individus les plus
qualifiés et crédibles pour bien informer les membres de cette
présente commission parlementaire.
Nous sommes heureux que le Secrétariat des commissions de
l'Assemblée nationale et le ministère de l'Agriculture aient
finalement accepté en toute dernière instance que nous ayons le
privilège de nous faire entendre. Même si nous reconnaissons la
qualité et la pertinence des informations des autres intervenants, nous
pensons que nos opinions peuvent fournir un éclairage peut-être
unique et différent des autres. (21 h 15)
S'il y a eu, et il existe encore des cas de cruauté, ce n'est
sûrement pas à l'intérieur des groupes que nous
représentons et qui sont reconnus comme les spécialistes, tant
dans leurs élevages que par l'éducation et la formation qu'ils
offrent sur une base continue et permanente à tous les autres
éleveurs et producteurs.
Avant tout, nous aimerions établir qu'il y a trois principales
conditions d'environnement dans lesquelles vivent les animaux: le
bien-être, la négligence et la cruauté. On peut
également établir qu'il existe deux types d'animaux: les animaux
domestiques ou de compagnie et les productions animales dites commerciales.
Nous avons la ferme conviction que, pour ces dernières, seules les
meilleures conditions de bien-être font partie intégrante de leur
environnement et ce, pour toute notre industrie.
De fait, il est tout à fait impensable que dans un marché
compétitif comme celui dans lequel nous vivons on puisse demeurer
productifs et rentables si on n'accorde pas les meilleures conditions
d'élevage et de bien-être à tous les animaux de nos
productions animales agricoles. La survie des producteurs agricoles en
dépend et la période de temps pour être acculé
à la faillite est très courte si les animaux ne peuvent performer
correctement. Pour ce faire, on doit leur fournir un environnement sain,
minimiser le stress et les aimer.
À notre avis, le problème de négligence dans notre
industrie représente donc une incidence infime et s'adresse donc aux
animaux domestiques ou de compagnie. Bien sûr qu'il peut arriver, comme
cela a été le cas récemment, que sur des fermettes ou dans
des résidences on ait pu constater des cas de négligence,
possiblement dus à un trop grand amour des animaux, et où on
hébergeait tous les animaux errants. Donc, possiblement, un manque de
ressources financières de la part des propriétaires pour les
nourrir convenablement. Une trop longue absence des lieux ou un
déséquilibre psychologique momentané des
propriétaires peuvent être également la cause de ces
négligences.
Tout compte fait, nous croyons que la SPCA s'acquitte actuellement
très bien de sa mission et qu'une campagne d'éducation continue
auprès du public devrait continuer à porter ses fruits. Ainsi, on
sensibilise la population pour prévenir et rapporter les cas de
négligence et de cruauté.
Dans le cas de l'opportunité de légiférer, nous
croyons également que nous sommes déjà suffisamment
astreints à une réglementation contraignante. De nouvelles
contraintes nous empêcheraient de maintenir notre
compétitivité face aux pays voisins et risqueraient de nous faire
perdre nos marchés d'exportation comme, par exemple, le porc que nous
exportons aux États-Unis, au Japon, en Nouvelle-Zélande et
partout dans le monde.
Toutes nouvelles réglementations se traduisent, pour nous, en
augmentation de coûts de production et nous ne croyons pas que les
associations de consommateurs soient prêtes à accepter des
augmentations du prix des denrées
alimentaires de base.
En conséquence, nous ne voyons donc pas là matière
à légiférer, étant donné qu'il y a le Code
criminel pour les cas de cruauté et d'abus, il y a tous les codes de
déontologie, des vétérinaires, des agronomes, des
chercheurs, il y a l'Institut canadien de la santé animale. Dans notre
cas, il ne sert à rien de tenter de solutionner un problème
marginal par une "légiféra-tion" lourde qui pourrait affecter
notre industrie, comme nous l'avons démontré.
Nous croyons cependant au bien-être des animaux, les
élevages agricoles en sont la preuve, et favorisons surtout
l'implantation par la SPCA de campagnes de sensibilisation pour prévenir
les abus.
C'est notre mémoire, monsieur.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Picotte: Merci, Mme Couture. M. le Président, j'ai eu
l'occasion de discuter, tout dernièrement, avec votre Association sur
d'autres problèmes puisque, comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, je rencontre les groupes qui
relèvent de ma compétence, et on a abordé le sujet de la
cruauté envers les animaux, la commission parlementaire. On l'a
abordé de façon informelle. Vous m'aviez dit que vous souhaitiez
venir en commission livrer votre message, alors je tiens compte de
ça.
Je n'aurai pas beaucoup de questions, finalement, à vous poser,
sauf un ou deux points que j'aimerais voir éclaircir davantage. Vous
faites référence, dans votre mémoire, à la page 5,
par exemple, en disant: Bien sûr qu'il peut arriver, comme cela a
été le cas récemment, que sur des fermettes... - des
petites fermes; si j'en déduis la définition de "fermette", c'est
sur des plus petites fermes - il peut y avoir des problèmes. Entre
autres, vous dites:... les ressources financières de la part des
propriétaires pour les nourrir convenablement sont peut-être trop
minimes, et tout ça. J'aimerais vous faire préciser davantage.
Est-ce que ça veut dire que quelqu'un qui est même dans la
production agricole, mais qui possède une plus petite ferme comme revenu
d'appoint, ou quoi que ce soit, est plus susceptible d'avoir des
difficultés et de laisser parfois des animaux - en termes de
définition, prenons-le dans le sens large du mot - dans des cas de
misère? Est-ce que c'est ça que vous avez voulu souligner ou si
vous parlez de "fermettes", des gens qui vont ramasser cinq, six, sept, huit...
Comme disait mon collègue, le député d'Arthabaska, un
cheval, deux ânes, trois poules et quatre lapins, c'est une
"fermette".
Mme Couture: C'est ça qu'on entendait, nous autres,
c'étaient des petites fermes comme ça, qu'il y avait un cheval,
une couple de chèvres et un mouton. Parce qu'ils n'ont pas le même
suivi que nos éleveurs. Nous autres, les éleveurs sont suivis par
les techniciens, les vétérinaires, ils sont suivis par toute
l'organisation. Quand tu as des fermes, des fermes ordinaires, tu as tous les
programmes alimentaires et nous autres, on suit ces producteurs-là,
tandis que ces petites "fermettes", qu'on appelle, n'ont pas beaucoup de suivi
technique. C'est fait pour leur loisir, en réalité.
Le Président (M. Richard): Vous aviez u commentaire
additionnel, M. Breton?
M. Breton (Christian): Oui. Je voulais ajouter qu'habituellement
ces fermes-là ne sont pas justement suivies par nos services ou par nos
organisations, ou même par notre Association, puis, bien souvent, ces
gens-là ou ces organisations-là n'ont pas les mêmes buts
que les nôtres, soit la production à des fins alimentaires. Alors,
il se peut qu'il y ait moins de ressources et qu'il peut y avoir plus de
négligence ou de cruauté surtout aussi par le fait que, des fois,
ils sont moins bien formés et moins bien à l'affût et aux
besoins des animaux.
M. Picotte: Donc, vous vous dissociez carrément,
finalement, de tout ce qui s'appelle, en termes d'élevage, production
agricole, de ce qu'on peut appeler les gens qui se retrouvent, en achetant une
maison de campagne, avec un lopin de terre et qui veulent garder, pour leur
plaisir personnel, une dizaine, une quinzaine d'animaux de toutes sortes dans
le but peut-être même de les consommer eux-mêmes. On voit
ça parfois, des gens dans le milieu rural qui vont élever un
porc, qui vont le faire abattre, qui vont le manger; des fois un boeuf, des
fois des lapins, en tout cas quelques animaux. C'est de ce stylelà que
vous parlez parce que vous dites, finalement, en termes de production agricole,
quand on est dans la production agricole, qu'il faut produire et qu'il faut
produire avec une qualité supérieure, avec la santé des
animaux, évidemment, qui va de pair pour avoir un coût de revient
intéressant pour ces produits et pour vivre de ça, il faut
évidemment être à la fine pointe des technologies et faire
en sorte que son troupeau soit le plus en santé. Je pense que ça
c'est clair et net dans votre esprit.
Le Président (M. Richard): M. Pilon.
M. Pilon (André J. ): Oui. en fait, M. le
Président, pour ajouter peut-être à ce que notre
présidente et notre directeur viennent de dire. Ces cas-là, ce ne
sont pas des cas qu'on voit chez nous, c'est plutôt ce qu'on peut lire
dans les journaux quand, accidentellement, on en trouve un cas semblable et,
encore là, ce sont des opérations... On n'appellerait même
pas ça des opérations, c'est plutôt, encore là, des
animaux considérés comme animaux de compagnie
tout simplement.
M. Picotte: Oui, mais si je vous pose cette question-là,
c'est parce qu'il faut faire attention aussi. Vous savez, pour être
producteur agricole au Québec, il s'agit d'avoir un revenu de 3000 $,
pour être reconnu producteur agricole. Ce n'est pas beaucoup 3000 $,
aujourd'hui. Et parfois, 3000 $, ça inclut quelqu'un qui est dans la
production, mais, entre parenthèses, mettons ça entre guillemets,
la production, ça veut dire quoi à toutes fins utiles? Je pense
qu'il faut bien se le préciser vis-à-vis ça.
Un autre point, un dernier. Vous dites: Nous ne voyons pas là
matière à légiférer. Parce que vous croyez,
j'imagine, que du côté de la protection de la santé animale
ou du côté du ministère de l'Agriculture on a une loi dans
ce domaine-là et que, finalement, ça répond aux besoins.
Il reste cependant que... Souhaitez-vous que dans certains domaines, les
animaleries, puisque ça existe, certaines races d'animaux qu'on peut
acheter et qui se gardent à la maison, souhaitez-vous quand même
que le législateur songe à y apporter des correctifs, ne
serait-ce qu'en ajoutant un chapitre à une loi quelconque en termes de
protection? Est-ce que vous voyez l'utilité de ça dans ce que
vous connaissez et que vous vivez?
M. Breton: C'est certain qu'il est très difficile de
donner une opinion là-dessus et de légiférer dans ce
domaine-là. Il est très difficile de départager,
jusqu'où on doit légiférer aussi. Est-ce qu'on doit
légiférer au niveau des animaleries? Est-ce qu'on doit aller
jusque dans les maisons des gens et dire: Bon, tu ne feras pas telle chose avec
un chien, tu n'auras pas le droit de garder tels animaux? C'est très
difficile de mettre une démarcation. Est-ce qu'on va avoir les
ressources pour aller vérifier vraiment et faire mettre en application
ces choses-là? Moi, je dis que quand c'est trop large, et c'est, je
pense, notre opinion, quand c'est trop large et quand ce n'est pas assez
précis, on ne devrait pas légiférer dans ce
domaine-là. On ne devrait pas, avant d'avoir un cadre vraiment bien
défini, on ne devrait pas légiférer.
Le Président (M. Richard): Merci. D'autres questions, M.
le ministre.
M. Picotte: Non, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Art habaska.
M. Baril: oui, juste, je ne dirai pas une, parce que des fois on
dit une et ça finit pas deux, trois. je vais commencer par une, en tout
cas, puis je pense que je vais m'adresser aux bonnes personnes, l'association
professionnelle des meuniers du québec. souvent, certains groupes ou
certains individus reprochent encore ou font des remarques - "C'est-u" vrai?
"c'est-u" pas vrai? vous allez probablement y répondre - qu'on utilise
beaucoup d'hormones de croissance dans l'alimentation animale pour que les
animaux soient, pas plus performants, mais progressent plus vite, croissent
plus vite, etc. "C'est-u" vrai ou si ce n'est pas vrai?
M. Breton: C'est faux. Actuellement, il n'existe pas
d'utilisation d'hormones pour la production d'animaux ou la production de
viande, ou d'oeufs ou de produits laitiers, actuellement, qu'on donne en
alimentation aux animaux.
Les programmes alimentaires, c'est sûr, sont calculés, sont
optimisés en fonction de la protéine, l'énergie, la fibre,
le gras. On a des optimisations de programmes, mais il n'existe pas d'hormones
comme telles qu'on donne aux animaux. Bien sûr, on parle beaucoup de
l'hormone bovine, qu'il y a des tests qui se font aux États-Unis.
Ça, actuellement, ce n'est pas encore approuvé nulle part, il n'y
a pas de tests. L'opinion publique est beaucoup là-dedans. Alors,
ça n'existe pas, ça.
Bien sûr, il existe aussi les implants pour les... La seule chose
qui existe, ce sont les implants bovins. Ce sont des implants qu'on met soit
dans les oreilles des bovins, qui sont utilisés pas de façon
générale, mais de façon irrégulière,
dépendamment des producteurs. La seule chose que ça fait, ce sont
des hormones naturelles, qui sont des implants à long terme, qui
libèrent une très petite dose peut-être. Mais dans
l'alimentation comme telle des animaux, il n'existe pas d'hormones
actuellement.
M. Baril: Je vous remercie de cet éclaircissement, parce
que, pour en avoir discuté personnellement avec différentes
personnes, puis je vous dis que je ne suis pas un spécialiste de
l'alimentation, mais je connais un petit peu le secteur, j'avais un peu votre
opinion et surtout j'avais dit aussi, que je me souvenais, c'est-à-dire,
que le gouvernement avait légiféré dans les années
quatre-vingt - je ne me rappelle pas quelle année - entre autres, pour,
je vais dire, sortir aussi la "médicamentation" au niveau des meuneries.
Un agriculteur ou un producteur qui a besoin de "médicamentation" pour
ses animaux, il faut que ça soit prescrit par son
vétérinaire, etc., tout ça. Mais la personne ou les
personnes avec qui je partais, encore une fois, n'avaient pas vu passer cette
législation-là. Et ça revient, pas à ma question,
mais à l'interrogation que je posais tout à l'heure au groupe
avant vous autres: Est-ce qu'il est important de légiférer si les
gens ne lisent pas ou ne prennent pas connaissance de cette
législation-là? Et, à la longue, ils vont finir par s'en
apercevoir, parce que si le ministère ou les groupes visés
arrivent à une place et qu'il y a une saisie, puis: Tu es ci, tu es
ça, puis là tu paies, la prison, etc.,
tout ça, bon... Là, ils vont dire: Wo! Là, il y a
quelque chose qui se passe, il est arrivé de quoi au Québec,
hein? Mais c'est tout là qu'est la question fondamentale. Est-ce
excessivement nécessaire, important de légiférer pour
informer, sensibiliser, éduquer le monde sur la cruauté envers
les animaux? C'est tout ça qui est le fond de la question.
Selon vous, en dehors de votre secteur, croyez-vous que c'est important
ou que c'est le seul moyen ou c'est le moyen le plus efficace, ou avons-nous
utilisé ou épuisé, c'est-à-dire, tous les autres
moyens de sensibiliser les gens sur ce que je viens de dire, pour ne pas me
répéter? (21 h 30)
M. Breton: C'est exact. Ce qu'on dit dans notre mémoire,
c'est ça. C'est un moyen de dernier recours, selon nous. On devrait
plutôt s'attaquer à des campagnes de sensibilisation, à
mettre de l'avant ou à faire valoir les lois qui sont déjà
là pour protéger le bien-être des animaux, dans tous les
domaines, que ce soit nutrition, que ce soit cruauté pour qui il y a
exactement le Code criminel, et par soit de la promotion, des campagnes de
publicité, de l'éducation dans les organismes ou, à la
rigueur, de l'éducation dans les écoles. Je pense que ce serait
des moyens à prendre avant d'avoir un moyen de dernier recours comme la
"fégiféra-tion".
M. Baril: Pour ma part, je vous remercie, au nom de l'Opposition
officielle, de nous avoir présenté votre mémoire bref mais
précis et assez succinct. Merci beaucoup.
M. Picotte: Moi également, M. le Président, je veux
remercier les gens qui nous ont présenté leur mémoire. Je
ferai sûrement appel à vos services parce qu'il n'est pas
évident non plus qu'on ne légiférera pas. Il y aura
sûrement des choses qui devront être faites. On aura besoin, dans
les semaines et les mois qui suivront cette commission-là, d'avoir
d'autres échanges sur la pertinence d'apporter des correctifs
quelconques et d'une façon quelconque aussi. Je vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Richard): Merci, madame, messieurs. Sans
plus tarder on demanderait à l'Association canine de la Mauricie de
prendre place. "Mauricie" qui est en fait la provenance d'origine de M. le
ministre, de M. le porte-parole officiel de l'Opposition et de moi-même,
qui demeurons et qui sommes originaires de la Mauricie-Bois-Francs-Drummond,
une des belles régions du Québec.
M. Picotte: Inutile de vous mentionner qu'on va vous porter toute
l'attention requise.
Le Président (M. Richard): Ça ne veut pas dire que
vous êtes gagnant en partant pot autant.
M. Picotte: Ça ne veut pas dire qu'on v vous
écouter. On va vous entendre.
Le Président (M. Richard): Ça peut être ui
préjudice favorable.
M. Picotte: On va vous écouter, mais c'es pas sûr
qu'on vous entende.
Vous amenez ce qu'il faut pour nou: dresser, vous!
Le Président (M. Richard): Ça comment mal!
M. Picotte: Vous avez choisi la couleur d( la laisse à
part de ça.
Le Président (M. Richard): Alors, ça va être
M. Vinet qui sera le porte-parole?
Association canine de la Mauricie M. Vinet (François):
C'est ça.
Le Président (M. Richard): Alors, M. Vinet, qui est
vice-président de l'Association canine de la Mauricie. M. Vinet, on vous
laisse présenter vos collègues. Je pense qu'on connaît M.
Tousi-gnant.
M. Vinet: Pardon?
Le Président (M. Richard): Présentez les gens qui
vous accompagnent. Par la suite, s'il vous est possible d'être le plus
court possible qu'on puisse porter des interrogations.
M. Vinet: D'accord. Alors, M. le Président, ça me
fait plaisir de vous présenter, à ma gauche, M. Robert
Tousignant, qui est président du Club du chien dressé de
Trois-Rivières et président du Club de Schutzhund de
Trois-Rivières; à mon extrême droite, M. Jean-Claude Milot,
président des courses de chien Châteaudun à
Cap-de-Ja-Madeleine et membre du Regroupement des coureurs du Québec;
à ma droite, M. Gaétan Campeau, président de l'Association
canine de la Mauricie et expert-conseil en matière de maniement et
d'élevage dans notre région.
Avant de débuter, on tient à vous remercier d'avoir
accepté de nous entendre.
Hier, M. Campeau et moi sommes venus écouter les quelques
délibérations et avons entendu M. Picotte insister, selon ce
qu'on a pu comprendre, sur le fait que cette commission se voulait consultative
à une éventuelle loi sur la protection contre la cruauté
envers les animaux et non pas une étude du travail déposé
par la SPCA de Montréal. Donc, on a dû refaire notre
devoir en toute hâte au courant de la nuit et ce matin. Donc, on
vous livre un petit travail.
Ce qu'on a remarqué hier, c'est que, souvent, les mêmes
questions revenaient. Donc, on va essayer d'y répondre assez
brièvement.
Il y a eu l'histoire des "puppy mills" versus les "pet shops". Nous ce
qu'on voit, c'est que les "puppy mills" sont des usines à chiens dont le
propriétaire est un être sans scrupule qui, souvent, cache ses
bêtes dans le bois, attachées aux arbres et ce, avec le strict
minimum d'eau, de nourriture et de soins médicaux. Les chiens ainsi
dissimulés se font piquer par des insectes sans répit et,
évidemment, la maladie arrive. Ils sont cachés également
dans des autobus hors de service et dans plusieurs autres endroits difficiles
à détecter. Les chiots naissent dans des conditions cruelles et
insalubres. Les "puppy mills", c'est également l'importation, souvent
des États-Unis, soit par camion, soit par avion. Mais je n'oserais pas
dire qu'ils arrivent morts, ici, par exemple. Je ne veux pas m'avancer sur des
choses qui ont été dites par d'autres. La principale source de
revenus de ces usines à chiens est en grande partie les animaleries, les
"pet shops", qui achètent à petit prix pour revendre à
gros prix.
Au Québec, nous avons un autre genre d'usine à chiens et
à chats et cela, en toute légalité. Et je veux parler ici
de la SPCA. En effet, en vendant ses animaux non stérilisés, elle
contribue involontairement à l'accroissement de ces bêtes en trop
grand nombre dans ses établissements. Et je m'explique. C'est que peu
importe la personne qui va dans un établissement de la SPCA, elle donne
20 $, elle a un chat, elle donne 40 $, elle a un chien, sans suivi, rien. Sauf,
peut-être, que le vétérinaire a vu la bête avant,
mais le nouveau propriétaire n'a aucun suivi. Les animaux ne sont pas
stérilisés, donc ce qui arrive, c'est que ces animaux-là
peuvent se reproduire et les rejetons peuvent se retrouver à la SPCA,
dans le cas des chiens, et peut-être même que la même
bête peut se retrouver une deuxième fois à la SPCA.
Si on parle des éleveurs particuliers, évidemment, il y a
toujours des exceptions, mais, en grand nombre, ils sont conscients du
problème et collaborent au contrôle des surplus de la population
canine: premièrement, en vendant les chiens à un coût
beaucoup plus élevé. Immédiatement, l'acheteur n'est pas
intéressé à laisser aller son petit chat ou son chien dans
le bois ou sur le coin d'une rue. D'autre part, il est interdit à la
clientèle, pour la plupart des éleveurs, de laisser se reproduire
leur chien sans le consentement du vendeur et cela, par écrit, par
contrat. Vous trouverez - on les a données, tout à l'heure - des
annexes montrant tout ça. Donc, s'il y avait peut-être une loi
à faire, ce serait peut-être d'obliger la SPCA à
stériliser ses animaux avant de les laisser aux nouveaux
propriétaires. Ce serait peut-être la base.
Une législation pour protéger les animaux est
nécessaire. Jusqu'à quel point? On se pose la question, depuis ce
soir, en écoutant. Trop d'animaux manquent de soins de tout genre, trop
d'animaux sont frappés inutilement jusqu'à ce qu'ils
obéissent par crainte, en employant des équipements tels que des
colliers à crampons, des bâtons électriques ainsi que des
fouets.
Alors, je vous remercie, messieurs, de votre attention et nous sommes
tout ouïe à vos questions.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, allez.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Merci aussi à
nos invités pour leur mémoire. Est-ce qu'on devrait, selon vous,
encadrer, dans un règlement possible ou futur, les chiens d'attelage,
par exemple, ou les chiens harnachés?
M. Vinet: Là-dessus, je vais laisser M. Milot
répondre à ça. C'est le spécialiste.
M. Milot (Jean-Claude): Le domaine des chiens attelés,
c'est un peu un monde semblable aux chevaux de course. Ce qui fait qu'on a des
chiens de course, c'est l'amour du sport et du chien. Le point où j'ai
remarqué, moi, qu'il y avait de la cruauté dans le monde des
chiens harnachés, c'est de la façon, quelquefois, dont les gars
gardent leurs chiens l'été. On voit souvent - on ne peut pas dire
en quantité énorme - quelques coureurs qui vont garder, par
exemple, sur un terrain isolé, quelques chiens et qui manquent de
cabanes parce que le gars, il a 20 chiens, mais il a 10 cabanes et 8
chaudières, ça fait qu'ils ont de l'eau de temps en temps. C'est
surtout sur ce point-là qu'on pourrait dire qu'il y a une certaine
cruauté qui serait à surveiller dans le monde des chiens
harnachés. Dans l'ensemble des courses de chiens, une grosse
éducation s'est faite avec les années parce qu'il y a 20 ans
ça ne ressemblait pas aux courses de chiens d'aujourd'hui. Il y a 20
ans, un chien qui faisait une erreur, il s'en souvenait plus qu'aujourd'hui.
Aujourd'hui, les spectateurs, les gens sont quand même
éduqués puis tu ne touches pas à un chien...
M. Picotte: Est-ce qu'ils avaient plus de mémoire dans ce
temps-là?
M. Milot: Non. Les chiens, aujourd'hui, sont mieux choisis pour
la course et les gens ne laissent pas faire ça. D'ailleurs, cette
année, aux courses de chiens, dans la région de Québec,
nous avons toujours eu des membres de la SPCA qui suivaient le Club d'attelage
de chiens du Québec. Dans les courses où je suis allé, on
n'a jamais eu de problème. La cruauté se situe surtout dans la
façon que les gars gardent leurs chiens. Souvent, le type - comme je dis
- n'a
pas les moyens d'avoir 20 chiens. Il a 20 chiens, mais il a 10 cabanes
et ça lui coûte cher de faire 10 autres cabanes. Il va attendre,
des fois, un mois ou un mois et demi avant de veiller à ce que chaque
chien ait une cabane et une chaudière. Avant de donner l'autorisation
d'avoir un chenil à un type, il devrait au moins avoir les moyens
d'avoir l'équipement pour garder ses animaux. Dans nos
municipalités, nous autres, quand on dorme un permis de chenil à
un type, on ne s'Informe pas si le type a les moyens. Ce n'est pas de notre
pouvoir de demander: As-tu les moyens d'avoir une cabane par chien?
M. Picotte: Dans de plus en plus de municipalités, par
exempte, on a vu certains propriétaires de chiens être soumis
à une réglementation assez sévère et même des
fois être limités, avoir des limites. Parfois même on dit
carrément: Chez nous, on ne garde pas de chenils ou dans telle partie,
etc. Ça, on voit ça de plus en plus. Je pense que
vous-même, vous êtes maire d'une municipalité?
M. Milot: Oui. Saint-Luc-de-Vincennes.
M. Picotte: Saint-Luc-de-Vincennes, et je ne sais pas si vous
avez des règlements chez vous.
M. Milot: Oui.
M. Picotte: Oui. Quelle sorte de règlements avez-vous? Ce
serait peut-être bien bon qu'on entende ça.
M. Milot: Nous autres, notre réglementation, elle est
assez large. C'est que tout chien doit être soit attaché, soit
dans un enclos, à cause des plaintes qu'on a eues. Parce que toutes les
plaintes que j'ai en tant que maire, ça concerne un chien qui est
errant, qui va dans le parterre du voisin ou qui court après la vache
d'un cultivateur qui a payé, quelquefois, 15 000 $, 20 000 $ pour une
vache de race. Le gars, il faut qu'il soit protégé. Moi, mon
voisin, personnellement, il élevait des dindes, il avait 30 000 dindes;
je ne pouvais pas me permettre qu'un de mes chiens partent pour aller faire un
tour là, ça m'aurait coûté une fortune. Ça
fait que moi, N faut que je protège mon voisin et il faut que je
protège mon chenil. Je suis donc organisé pour me protéger
et le voisin également. Les règlements municipaux font en sorte
qu'il faut que mon chien soit sous contrôle constant en campagne; je ne
suis pas en ville, moi.
M. Picotte: On a l'avantage d'avoir un maire Ici, d'une
municipalité en plus qui connaît un peu la race canine. Est-ce
que, selon vous, le fait d'obliger les gens à avoir des chiens
attachés, ce n'est pas une espèce de cruauté? Le
mot est fort, mais, en tout cas...
M. Milot: Non...
M. Picotte:... est-ce que ça ne peut pas lui causer de
l'anxiété?
M. Milot: Non, je ne crois pas. Moi, j'aime mieux voir mon chien
attaché que de le voir détaché et risquer de se faire
frapper par un camion, dans le rang où je demeure, ou aller faire des
dégâts chez le voisin. Je ne parle pas quand je suis avec le
chien. Je peux le détacher quand je suis avec lui; j'ai un
contrôle sur lui, quand je suis avec lui. Mais, si j'entre dans la
maison et que je laisse le chien un avant-midi complet tout seul alors que mon
voisin a 25 000 dindes, je risque bien des choses. Parce que le chien, il ne
raisonnera pas comme moi, lui. Le chien, lui, il va où c'est le plus
attrayant et, s'il voit les dindes l'autre bord, garanti...
M. Picotte: Vous n'allez pas où c'est attrayant de temps
en temps, là?
M. Milot: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Vous n'êtes pas attaché, vous,
là. Ha, ha, ha! Faudrait-il demander par exemple, à tous les
propriétaires de chiens de course d'enregistrer leur exploitation?
Est-ce qu'il faudrait demander ça?
M. Milot: Moi, je trouve que, dans le cas d'un type qui demande
un permis de chenil pour garder ses chiens, que ce soit des chiens de course ou
autres chiens, il devrait y avoir une certaine forme de contrôle, que ce
soit de la municipalité ou d'une organisation quelconque, afin qu'il n'y
ait pas d'abus. Comme je dis, dans ces domaines-là, souvent, il y a des
gens qui sont peut-être démunis, qui ont plusieurs chiens et qui
ne devraient pas avoir tant de chiens. Mais pour la course, ils sont
obligés d'en avoir plusieurs. Ça fait qu'eux autres, ils ne
s'occupent pas du nombre de... Mais ça, c'est des cas isolés,
parce que, aujourd'hui, au prix que ça coûte pour avoir un
attelage de chiens de course, les gars ne se permettent pas de maltraiter leurs
chiens.
M. Picotte: Votre association a combien de membres,
propriétaires de chiens, combien de propriétaires?
M. Campeau (Gaétan): L'Association canine de la Mauricie,
qui regroupe des éleveurs amateurs, ainsi que des gens, des cynophiles
qui ont comme loisir le sport canin, compte, en Mauricie, 200 membres.
M. Picotte: Qu'est-ce que votre association fait en termes
d'éducation ou de conscientisation? Parce que M. Milot nous disait
tantôt
qu'il y a des gens qui vont avoir 25 chiens et qui ont 10 cabanes et 8
chaudières pour les faire boire, donc qu'il y a un manque de ressources
quelque part. J'imagine que vous en avez aussi, bien sûr, de vos membres
qui ne sont pas nécessairement conformes à la bienséance
et à tout ce qu'il faut dans ce domaine-là, au bon comportement
et à l'éthique. Est-ce que votre association fait des choses pour
conscientiser ses membres? Est-ce qu'il y a une certaine formule qui vient
rappeler au membre que, finalement, il a aussi des devoirs envers ses animaux
qu'il a sous sa protection, qu'il veut bien voir courser pour assurer son
loisir ou les loisirs d'une partie de la population? Mais, est-ce qu'il se fait
des choses chez vous?
M. Campeau: M. le ministre, c'est que chez nous, nous ne sommes
peut-être pas les gens qui avons besoin d'une législation. Les
gens qui font partie de notre association sont des gens qui ont le chien en
amour et qui travaillent, soit en obéissance, en conformation, en
simulation de chasse, en schutzhund et dans à peu près toutes les
disciplines comprenant les chiens de traîneaux. Nous allons aussi
chercher seulement la qualité. (21 h 45)
La raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que nous sommes deux
entraîneurs dans la région qui possédons chacun une
école. Et on observe que, dans nos cours d'obéissance, 25 % des
gens qui suivent des cours sont des gens qui ont des chiens enregistrés,
que l'association, qui a passé devant nous autres, préconisait.
Il ne faut pas oublier que les 75 % des autres chiens que nous avons dans nos
cours, c'est seulement qu'une partie des chiens qui viennent d'endroits non
contrôlés qu'on appelle communément aujourd'hui des chiens
croisés ou des Heinz, 57 variétés.
Qu'est-ce que notre association vient faire pour aider? Nous avons une
revue, que j'aimerais vous distribuer, dans laquelle on instruit les gens, par
nos écrits et notre manière de fonctionner, à tous les
deux mois, en les orientant différemment, en les orientant, justement,
M. le ministre, pour ne pas qu'il leur arrive la même chose qui vous est
arrivée lorsque vous avez voulu acheter un chien. Ce n'est pas en lui
faisant des grimaces et un pied de nez qu'on va acheter un chien. Dans notre
revue, on indique aux gens exactement comment s'y prendre pour acheter un chien
de qualité sans se faire avoir. Naturellement, on se fera toujours
prendre par l'impulsion du moment, ça ne peut pas faire autrement. Mais
au moins il se fait ce que, depuis tantôt, on appelle sensibiliser les
gens à faire des meilleurs achats. C'est la raison d'être de
l'Association canine de la Mauricie.
M. Picotte: Quelles sont les deux maisons d'entraîneurs
dont vous faites état?
M. Campeau: C'est le Club du chien dressé ainsi que le
Club de Schutzhund de Trois-Rivières, l'Académie canine et
l'Association canine de la Mauricie.
M. Picotte: Par rapport à ce qui nous a été
dit antérieurement sur la façon de montrer à un chien
à obéir - on a parlé de 6 à 8 mois au maximum,
etc., j'ai même posé des questions sur les chiens qui peuvent
provenir parfois d'animaleries, après un certain nombre de temps,
où le propriétaire a tenté lui-même d'apporter les
correctifs qu'il souhaitait bien vouloir apporter et qu'il n'a pas
réussi, puis qu'on vous amène chez vous - est-ce que vous
réalisez, finalement, la même chose que ceux qui vous ont
précédé? Vous étiez ici quand le message a
été livré. Réalisez-vous à peu près
ou faites-vous les mêmes constats?
M. Campeau: M. le Président, si on est venus trois
experts, c'était pour que les trois parlent. Donc, je vais laisser la
parole à M. Tousignant.
M. Tousignant (Robert): Pour répondre un petit peu
à ce que vous dites, nous autres, les gens qui viennent à notre
école, disons qu'on passe environ 300 à 400 personnes par
année qui viennent suivre des cours, qui viennent voir comment faire
écouter leur chien, si vous voulez. Donc, les gens qui viennent chez
nous, la plupart ce sont des gens qui ont acheté un chien du voisin,
d'une animalerie, de la SPCA. Ça, la personne, quand elle arrive, avec
un chien ou quoi que ce soit, elle n'a pas de formation. Tout ce qu'elle veut
c'est d'être capable de le garder puis que le chien écoute. Si
elle n'est pas capable de le garder parce que le chien ne se comporte pas bien,
en jappant tout le temps, ou bien donc en grimpant sur les gens, ou bien donc
en ayant peut-être une attitude agressive... Ces gens-la, à un
moment donné, ils s'aperçoivent qu'ils ont un problème
puis, étant donné qu'ils aiment leur chien, bien ils
décident de venir à l'école pour apprendre quoi faire
avec. Quand les gens viennent chez nous, ils n'ont pas de formation
là-dessus. Nous, ce qu'on leur montre, c'est ce qu'ils devraient savoir
pour ne pas avoir de problème à garder leur chien puis comment se
comporter avec leur chien s'ils ont des problèmes.
M. Picotte: Vous informez, vous éduquez finalement la
personne.
M. Tousignant: On éduque la personne puis on lui montre
comment se comporter avec son chien. C'est la personne elle-même qui
entraîne son chien, finalement, dans ces cours-là.
M. Picotte: Vous tentez d'abord de modifier le comportement du
propriétaire.
M. Tousignant: Oui. On lui montre ce qu'il faut faire si,
admettons, le r: hlen grimpe sur les gens, ou si le chien jappe pour rien, ou
bien donc si le chien n'écoute pas quand on l'appelle, le chien se
pousse. À un moment donné, il faut avoir un contrôle
là-dessus, bien, c'est ça qu'on montre dans nos cours. Et puis,
concernant la brutalité dans ces cours-là, ce n'est pas là
que ça se passe la brutalité. Les gens qui viennent, qui
dépensent un montant d'argent pour venir entraîner un chien, c'est
parce qu'ils aiment ça d'abord puis qu'ils ont à coeur de le
garder leur chien. Ce n'est pas ces gens-là, je crois, qui vont montrer
de la brutalité.
Depuis peut-être 20 ans passés que je suis dans le domaine,
que je fais des compétitions là-dedans, je peux dire que les gens
qui font de la brutalité, c'est des cas d'exception là-dedans. Ce
n'est pas celui qui s'en vient entraîner son chien; lui, il apprend puis
il pratique ce qu'on lui montre, en fin de compte. La brutalité pour
moi, c'est sûr que je ne suis pas la conscience de chaque personne.
Qu'est-ce qui se passe derrière le garage chez lui? Je ne peux pas le
dire. Mais il reste une chose, c'est que les gens, en général,
qui viennent là, s'ils se donnent la peine de venir dans des cours ou
s'ils se donnent la peine d'entraîner un chien, ou simplement de
s'informer, c'est parce qu'il aime suffisamment ça pour en garder. Ce
n'est pas là qu'on va voir le gros de la brutalité.
M. Picotte: J'imagine que bon nombre de personnes qui vont chez
vous, évidemment, vont aussi chez vous pour vouloir apprendre au chien
à être propre dans ses comportements à la maison, etc. Il
doit y avoir une bonne proportion de ces gens-là. Est-ce que c'est plus
ou moins facile après un certain temps? Ce que je veux surtout savoir,
c'est si vous êtes du même avis un petit peu que ceux qui vous ont
précédé, pas les meuniers, mais les gens avant les
meuniers, à savoir que, quand un chien a dépassé un
certain âge, il devient de plus en plus difficile de changer ou de
modifier ses comportements.
M. Tousignant: Disons, que je n'embarque pas là-dedans
à 100 %. On partait qu'il fallait six mois, huit mois. On parle des "pet
shops"; les gens peuvent ramasser un chien n'importe où et avoir un bon
ou un mauvais chien. Des bons chiens, il y en a et il y a des mauvais chiens
aussi. Les gens vont dire souvent: C'est le maître qui est un bon
maître ou un mauvais maître, mais c'est plus que ça. Il y a
des bons chiens et il y a des mauvais chiens. Il y a des gens qui vont
s'acheter un chien parce qu'ils le trouvent beau et qu'il est bien timide quand
ils vont le chercher. Ils vont aller chercher le timide de la portée
parce que, lui, il a l'air de faire; pitié. Souvent, ce petit timide
là, ilva s'avérer être un petit peureux. Peut-être
que ce petit peureux la va être un petit chien agressif plus tard. En
prenant un peu plus de confiance, peut êre que sa peur va virer en
agressivité Ça fait que, tout de suite au départ, c'est
sûr qu'on peut bien éduquer ce chien-là. On peut partir du
bon pied avec. On peut modifier son comportement énormément. Mais
il y a des chiens qui ne sont carrément pas des bons chiens et la
personne qui vient d'acquérir un chien, si je m'aperçois qu'il
est une grosse source de problèmes éventuels, je vais
prévenir cette personne. Libre à elle, à cette heure, de
faire ce qu'elle veut du conseil, mais on la prévient.
Un chien d'un an, je vais vous dire une affaire, les gens vont
peut-être dire qu'il a déjà un paquet de défauts,
mais, si on le prend de huit mois à deux ans, je peux vous dire que
c'est certainement la période où on peut le mettre le plus
à notre main. Pas dans le sens d'être dur avec. Le chien est plus
adulte, il est plus mature et, à ce moment-là, c'est plus facile
de le travailler.
Si on élève un chien dans le but d'en faire un bon
chien... On importe des chiens des fois qui nous coûte très cher.
Pour notre part, pour le sport Schutzhund, on importe énormément
de chiens d'Allemagne pour essayer d'avoir les caractéristiques qu'on
veut d'un chien Schutzhund. Quand un chien nous coûte, au départ,
quasiment 1500 $ plus le voyage, tout le kit, on va s'en occuper, normalement,
de ce chien-là. C'est pour ça que je dis, moi, que la
brutalité, ce n'est pas là qu'elle est vraiment, dans le sport
d'entraînement. Je ne la vois pas là, moi. Je ne peux pas dire que
je n'ai pas vu des entraîneurs durs avec des chiens, mais, en
général, ce n'est pas là que je dirais qu'on voit le gros
de la brutalité. On va voir ça, je pense, plus chez les gens qui
n'ont pas suivi de cours, qui ne sont pas informés, qui ont
ramassé un chien qui ne leur a rien coûté ou pratiquement
rien et, là, ce chien est laissé à lui-même,
derrière la maison. C'est là qu'est la brutalité, je
pense.
M. Picotte: Une dernière question. M. Campeau, vous
êtes arrivé avec des équipements un peu... Quelle sorte de
démonstration vouliez-vous nous faire?
M. Campeau: M. le ministre, ce n'est pas que je voulais vous
faire une démonstration, mais, hier, vous avez posé des questions
à savoir c'était quoi un collier à pics, c'était
quoi donner des corrections à un chien. Moi, je fais de la
compétition en obéissance et j'ai trois chiens qui sont champions
canadiens en obéissance. Je dois vous dire que mes chiens sont
maintenant entraînés avec du nylon et non avec des chaînes.
On n'entraîne plus des chiens par la force. On a changé le
thème. Avant, on disait qu'un chien travaillait par instinct et,
maintenant, c'est rendu qu'on parle de l'intelligence canine. C'est beaucoup
plus intelligent qu'on peut le penser et
un chien est quatre fois plus exploiteur qu'un enfant.
Le Président (M. Richard): Avant de continuer, seulement
pour le bénéfice du Journal des débats, M. Campeau
vient de montrer aux membres de la commission un collier en chaîne et un
en nylon et il a l'intention de nous montrer... Je ne sais pas si c'est des
"traction aid" ou...
M. Picotte: Un étrangleur.
M. Campeau: Un collier à pics.
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Campeau: Un collier à pics dont on parlait hier.
M. Picotte: Étrangleur.
Le Président (M. Richard): II nous présente
maintenant un collier à pics et laissez-moi vous dire que ça
ressemble vraiment à ça.
M. Campeau: Disons qu'hier on a parlé du collier à
pics, ce que je ne recommande pas. Si je l'ai dans mon établissement,
c'est pour prouver aux gens que je peux le vendre, mais, dans les 15
dernières années, depuis que je donne des cours, je n'en ai
jamais vendu un et, si je vous passais celui-là, vous verriez qu'il est
tout rouillé. Mais si je n'ai pas de collier chez nous les gens vont
prétendre que c'est parce que je ne suis pas capable d'en vendre. Si je
mettais un collier comme ceci à un chien avec un haut degré de
sensibilité, disons un mastiff ou un saint-bernard, appartenant à
Mme la députée qui est là, je ne craindrais aucunement de
blesser le chien. Mais si je me revire de bord et que je vous le donne, M. le
ministre, là, ce n'est pas certain que, quand vous n'êtes pas de
bonne humeur après l'Opposition, le chien ne mangera pas une claque.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Vous avez suivi ma carrière politique,
vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campeau: J'ai même fêté votre
dixième anniversaire.
M. Picotte: Ha, ha, ha! Ça va faire 20 ans
bientôt.
M. Campeau: En vous faisant danser.
M. Picotte: Ah oui! Vous faites bien. Moi, je n'en
achèterai pas de ça.
M. Campeau: Moi, non plus. Ils ne sont pas à vendre, mais
je crois qu'on en avait parlé et nous voulions, ce soir, être
très pratiques. Nous sommes ici pour répondre, non pour vanter
notre affaire - on l'a vantée assez hier - mais plutôt pour donner
des réponses exactement à ce que les gens aimeraient savoir.
M. Picotte: Je trouve ça intéressant parce que, la
semaine dernière, je rencontrais, dans la rue, un jeune homme avec un
doberman. Un doberman c'est un chien, en tout cas, qui fait peur. Je ne sais
pas s'il est dangereux, mais il fait peur d'une certaine façon. Il ne
doit pas être plus dangereux qu'un autre si on a le tour de le manier et
s'il a été bien...
Une voix: C'est un bon chien.
M. Picotte: Oui, oui, c'est sûrement un bon chien. Moi,
j'ai déjà eu un boxer, d'ailleurs. La seule affaire que je
n'aimais pas c'était qu'il avait la queue coupée, mais il aurait
été le seul boxer, s'il avait eu une queue, à ne pas avoir
la queue coupée, alors... Je me suis bien amuser avec ça.
J'aimais bien ça. J'étais comme un enfant. J'ai dû m'en
défaire, évidemment, quand mon épouse a eu un enfant parce
qu'il n'était plus contrôlable dans la maison, il était
jaloux et je l'ai vendu à un couple de personnes âgées qui
l'a gardé jusqu'à la fin de ses jours, qui le dorlotait. Moi, il
me semblait avoir un comportement curieux avec la naissance d'un
nouveau-né dans la maison.
Mais, je disais au jeune, qui avait un collier étrangleur comme
ça et qui avait l'air de vouloir tirer pas mal fort: II me semble que
ton chien, tu ne dois pas lui faire bien bien du bien avec ton collier
étrangleur. Il m'a dit: Moi, on m'a dit que, si je n'avais pas
ça, c'était dangereux si jamais je l'échappais, qu'il
pouvait dévorer du monde. Ha! C'est pour dire que c'est une mauvaise
impression qu'on a souventefois d'avoir des appareils semblables à
ça. C'est important que vous nous le montriez et j'espère que
vous n'en vendez pas trop, si possible que vous n'en vendiez pas ou, à
quelqu'un qui voudrait l'acheter à tout prix, vous pourriez lui faire
essayer avant pour voir ce que ça donne, pour le faire changer
d'idée, j'imagine. Alors, moi, je n'ai pas d'autres questions, M. le
Président.
M. Campeau: est-ce que je pourrais répondre, juste une
question. c'est qu'hier on vous a induit en erreur. vous venez de parler de
boxer et de coupage de queue. moi, je suis un éleveur de schnauzers
miniatures et les queues sont coupées. il ne faudrait pas oublier que la
queue est coupée entre la troisième et la cinquième
journée, au moment où le chien n'a aucune sensibilité. il
est faux de dire qu'on doit faire des points. c'est la mère, par
instinct naturel, qui guérit la queue et les ergots. pour ce qui est
des oreilles, elles sont taillées vers l'âge de sept
à huit semaines. Ça dément un peu que nos chiens ne
peuvent pas être livrés avant la dixième ou onzième
semaine parce que les oreilles doivent être guéries au moment de
la livraison. J'étais censé, ce soir, amener un petit chien avec
les oreilles taillées pour prouver que ça ne fait pas mal au
chien et que le soir même qu'il se fait tailler les oreilles, il joue et
il mange. À n'importe quel temps que quelqu'un voudra le constater, vous
êtes bienvenu chez moi et ça me fera plaisir de vous faire une
démonstration.
M. Picotte: On ira plutôt vous voir. Vous auriez eu des
problèmes avec les gens de la sécurité ici.
Le Président (M. Richard): d'ailleurs, on m'avait
demandé la permission, quelqu'un de votre groupe. effectivement, c'est
interdit, du moins les animaux officiellement sont interdits.
M. Campeau: On l'aurait caché dans une boite, comme Hs ont
rentré des catalogues.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Vous avez été
très gentil de le demander avant. C'était mieux que d'arriver
avec le chien et que quelqu'un soit obligé d'attendre à
l'extérieur avec. Mais, c'est totalement interdit.
M. Picotte: Ou que nos gardiens maltraitent le chien dehors.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: C'est un autre gars de la Mauricie, vous n'êtes
pas réchappé.
Le Président (M. Richard): Ah oui! C'est un autre gars de
la même région.
M. Picotte: Un peu plus loin.
M. Baril: Bien oui! Je voulais juste...
Le Président (M. Richard): M le député
d'Arthabaska, vous avez la parole.
M. Baril: Je voulais juste signaler que, quand le ministre se
choque après l'Opposition, ça démontre que l'Opposition
commence à avoir raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: C'est parce que vous avez besoin d'être mordu
des fois
M. Baril: Oh! Ce serait plutôt l'inverse. Des fois, il faut
mordre le ministre pour qu'il commence à comprendre.
Le Président (M. Richard): Attention, messieurs, pour ne
pas biaiser le dossier là. Ha, ha, ha! (22 heures)
M. Baril: Vous avez parlé, dans votre mémoire,
d'une expression que moi, je vous dis que je ne connaissais pas, les "puppy
mills", ce doit être les usines à chiots, à chiens, je ne
sais pas quoi. Bon. Pouvez-vous me dire quel intérêt ces fameuses
usines à chiens peuvent avoir de fonctionner dans l'état que
plusieurs viennent nous décrire ici là, avec des chiens malades,
à moitié morts ou d'autres qui se font manger par d'autres?
Est-ce que c'est la majorité ça ou est-ce qu'il y en a un de
temps en temps et que c'est celui-là qu'on ressort de la gang? C'est
quoi qui arrive?
M. Vinet: C'est une minorité, mais je vais laisser M.
Campeau, qui est spécialiste en élevage, répondre à
cette question-ià.
M. Campeau: C'est que les manufactures de chiens, qu'on appelle
communément dans les journaux "puppy mills", sont exploités par
des gens qui opèrent clandestinement. On a un peu parlé des
autobus scolaires hier. Malheureusement, c'est que ces chiens-là sont
mal alimentés et puis assez souvent ils sont dans des bois où ils
se font manger par les moustiques et ainsi de suite. Ça ne coûte
rien pour produire parce qu'ils sont nourris avec des poules mortes, dans le
cas de plusieurs, ou encore, quelque chose qui est illégal, avec des
surplus de viande, des os achetés dans les boucheries. Ça prend
un permis spécial pour pouvoir acheter ça. Ces gens-là, je
ne sais pas comment ils font, mais ils peuvent se les procurer et ils les
nourrissent avec ça.
Donc, ça ne coûte rien pour les garder. Le monsieur en
question, il a un très beau camion et, quand il arrive à
l'animalerie ou au "pet shop", on ne pourrait jamais deviner que ça
provient d'une manufacture de chiens. Ce qui est encore plus grave, et puis
qu'on paie nous, Québécois, pour eux autres, ce sont les
Américains qui viennent du Texas avec des camions chargés de 350
chiens, et c'est déjà vendu d'avance.
Vous avez vu le CCC hier, j'en suis membre puis, moi, ma carte est
payée...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Donc, vous êtes certain de ne pas être
éliminé!
M. Campeau: C'est qu'aux États-Unis, ils n'ont pas besoin
d'avoir un numéro de tatouage. Donc, le monsieur arrive avec 350 chiens,
une pile d'enregistrements à peu près ça d'épais,
puis
il fait une distribution. il s'appelle jack, puis voici son
enregistrement; il s'appelle tom, voici son enregistrement. et la personne qui
achète ça, même si elle pense avoir acheté un chien
enregistré, elle vient royalement de se faire avoir. et, comme m. le
ministre le disait hier, après avoir visité certaines
animaleries, les prix sont très, très hauts.
M. Baril: Là, sur les 350 chiens qui arrivent des
États-Unis là, j'espère que le ministre va nous arriver
demain avec une autre preuve comme de quoi c'est vrai ou ce n'est pas vrai
là. Même si c'est des gens qui viennent de la Mauricie,
j'espère... Parce que, hier, on nous a dit là qu'il y avait 150
chiens qui arrivaient du même coup par voyage d'avion ou par vol d'avion,
puis que tu n'avais pas le droit d'en avoir plus que 2 par cage, mais qu'il y
en avait 5, 7, etc. et qu'il y en avait 100 de morts sur 150, bon.
Le ministre, après-midi, par le biais de son service de
l'inspection ou je ne sais pas quoi service, nous est arrivé et il a
rlémonti ces dires-là. Ça fait que j'espère que le
ministre va intervenir demain ou aussi tôt que possible pour dire si
c'est vrai que n'importe quel chien qui arrive des États-Unis, dans
n'importe quelle condition, peut entrer ici, venir compétionner...
Est-ce que c'est ça le libre-échange? En tout cas, j'aimerais
ça que le ministre prenne le temps de nous...
M. Picotte: Bien, ils doivent passer à la douane quelque
part. Ça provient du Texas, on va faire des vérifications.
M. Baril: Oui, c'est ça que je dis là, vous allez
vérifier ça.
M. Picotte: J'espère que les espèces sont
marquées aussi sur les certificats d'enregistement parce que, s'il
s'appelle Tom, que c'est un épagneul, puis que j'ai un boxer entre les
mains, ça va mal un peu.
M. Campeau: Oui, oui. Le monsieur achète un schnauzer...
C'est ça. Non, non. La race est respectée, mais le certificat
d'enregistrement ne l'est pas, parce que...
M. Picotte: Par quelle porte d'entrée que ça entre
ça? Avez-vous des petites idées?
M. Campeau: Moi, je n'ai pas la preuve où ça entre.
J'ai la preuve que des animaleries procèdent ainsi, pour en avoir
entendu parler par mes clients qui sont allé acheter un chien et
à qui on a dit: Bon, le camion va arriver cette semaine, ton chien va
être dessus. Et après avoir fait enquête auprès de
certaines personnes, qui naturellement ne nous soupçonnaient pas, eh
bien! oui, il y a jusqu'à 350 chiens dans un camion.
M. Picotte: Ils sont dans un camion, en tout cas, les chiens.
M. Campeau: Dans un camion. Et laissez-moi vous dire, M. le
ministre, qu'on peut passer des chiens aux douanes tant qu'on veut sans se
faire achaler.
M. Baril: C'est du marché noir.
M. Campeau: sans marché noir. chaque fois qu'on va
chercher des chiens, nous autres, aux états-unis, pour nous autres, on
ne nous interroge jamais.
M. Baril: Au tout début de votre mémoire...
M. Picotte: Les chiens ne jappent pas quand ils attendent aux
douanes non plus. Une chance!
M. Campeau: même s'ils jappent, on dit qu'on a des chiens
dans la boîte et ils nous demandent tout simplement si on a un certificat
contre la rage. c'est la seule chose qui est obligatoire.
M. Picotte: On va vérifier, M. le Président.
M. Baril: Au tout début de votre mémoire, vous
dites que la principale source de revenus des usines à chiens est en
grande partie des animaleries, "pet shop", qui achètent à petit
prix pour revendre à gros prix.
Moi, j'ai posé cette question-là hier. Vous allez me dire
que je reviens encore avec la même question, mais je ne peux pas
comprendre comment ça se fait qu'une animalerie va acheter une
bête en mauvaise condition à bas prix pour la revendre à
gros prix. Le marché de la concurrence dans l'animalerie doit exister
comme dans l'automobile, les supermarchés ou je ne sais pas quoi.
Comment se fait-il que quelqu'un qui veut acquérir une bête ne
sera pas plus intéressé à acheter une bête dans un
animalerie propre où les animaux sont en bonne santé, en bonne
conformation, etc.? Qu'est-ce qui motive un consommateur à acheter une
bête qui a l'air fou, qui est à moitié morte ou je ne sais
pas trop, à qui il manque la moitié du poil ou qui a les oreilles
battues. C'est parce qu'il ne connaît pas ça? C'est de
l'ignorance? C'est quoi?
M. Campeau: C'est qu'au Québec on constate que les gens
sont de 10 à 15 ans en arrière sur les autres provinces au point
de vue des connaissances canines. Comme on disait hier ou comme M. le ministre
disait, il n'y a pas assez de campagnes d'information aux gens pour
prévenir ces choses-là.
Les gens s'en vont sans savoir et, sur l'impulsion du moment, ils vont
acheter un chien
pour l'enfant. La preuve est là. Ils l'achètent long de
même, alors qu'il pèse trois livres, et ils n'ont jamais
demandé combien il pèsera lorsqu'il serait grand. Ils se
réveillent avec un mastiff qui pèse 225 livres et ils sont dans
un troisième étage.
Moi, j'ai même vendu un labrador après avoir dit à
la personne: Je ne peux pas te le vendre à l'essai. Elle demeurait
à l'île des Soeurs, dans un troisième étage. Je lui
ai dit: Ça lui prend de l'exercice. Elle a dit: On a tout ça.
Moi, je ne travaille pas et je vais avoir le temps de m'en occuper. Un mots
après, elle m'appelait et me disait qu'elle était pour me donner
le chien. Je suis retourné le chercher à Montréal au
troisième étage.
M. Baril: Sont-elles nombreuses ces usines à chiens ou
à chiots? Sont-elles nombreuses, au Québec? Est-ce que ce sont
uniquement les animaleries qui les font vivre? Avez-vous des chiffres ou des
données là-dessus? Est-ce que les animaleries s'approvisionnent
uniquement au niveau de ces fameuses usines là?
M. Campeau: Vous me demandez si on a des chiffres sur le nombre
de chiens. Est-ce qu'on a des chiffres sur les animaleries? Non. Mais on sait
qu'au Québec il y a 400 000 chiens présentement. Si vous faites
un calcul, il y a environ 60 % des chiens qui sont des chiens croisés.
Il faut qu'ils viennent de quelque part ces chiens-là. Quand je vous dis
400 000 chiens, c'est une étude qui a été faite par une
compagnie d'alimentation. Elle, elle le faisait dans le but de savoir quel
était le marché des produits alimentaires pour petits animaux au
Québec. Le montant qu'on vous a remis tantôt sur une feuille est
de 200 000 000 $ pour le Québec.
M. Baril: J'ai regardé les mémoires qui nous sont
présentés et, à moins que je ne me trompe ou que je n'ai
pas bien lu, je n'ai pas vu de mémoire qui serait présenté
par les - je ne sais même pas s'il y a une association -
propriétaires de ces fameux chenils. Savez-vous s'il y a une association
de cette gang-là? Sont-ils regroupés?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campeau: Naturellement, ils ne peuvent pas avoir...
M. Baril: Je ne dis pas... Écoutez, je veux être
clair. Je ne parle pas des "puppy mills". Je ne parte pas d'eux autres. Mais il
doit bien y en avoir des chenils qui sont conformes et qui répondent
à certains critères de qualité et de santé. Il doit
bien y en avoir quelques-uns au Québec. J'en connais quelques-uns. Je ne
vous dis pas que je suis spécialiste, mais j'en connais quelques-uns.
Mais, sont-ils regroupés en association eux autres ou si c'est toute la
même gang, j'allais dire de bandits, mais j'exagère
peut-être? C'est quoi votre définition de...
M. Campeau: Nous, M. le député, nous sommes ceux
qui représentont le loisir canin à but non lucratif. Demain soir,
si vous regardez sur votre feuille, vous allez avoir des gens ici qui
représenteront le loisir canin, mais à but lucratif. Donc, c'est
là que vous allez pouvoir discuter avec des gens qui, eux, font un
supertravail parce qu'ils ont des employés qui vendent des chiens, et la
majeure partie de leurs chiens est vendue par l'entreprise elle-même et
non pas par l'entremise d'une animalerie. Ces gens-là vont être en
mesure de pouvoir vous répondre.
M. Baril: Non, mais ceux dont vous me parlez, qu'on va recevoir
demain soir, c'est des propriétaires de chenils, c'est ça?
M. Campeau: C'est ça.
M. Baril: Bon. O. K., demain après-midi En tout cas, je ne
les avais pas définis comme ça, mais...
M. Campeau: Non, non. D'accord. Ce sont des entraîneurs
professionnels, c'est-à-dire qu'ils prennent un chien et vous
l'entraînent moyennant une certaine somme. ils gagnent leur vie à
entraîner des chiens et à vendre des chiens.
M. Baril: Mais est-ce qu'ils font seulement que les
entraîner ou s'ils les élèvent?
M. Campeau: Ils font l'élevage puis ils font
l'entraînement.
M. Baril: Puis dans votre tête à vous autres, la
définition d'un propriétaire de chenil, il faut que ce soit
ça: le gars, il entraîne les chiens et il les élève,
ou bien si un gars peut élever des chiens confortablement, sans - pas
sans être obligé, remarquez bien - avoir l'obligation de les
entraîner, etc. ? Ça se "fait-u", ça?
M. Campeau: Ah! certainement. Certainement que ça se fait.
Il y a des gens... Comme moi, je pourrais bien ne pas avoir une école
d'entraînement puis vendre des chiens pour mon loisir ou je pourrais
être encore plus gros, comme je connais des gens qui ont plusieurs
chiens, qui font un super-travail et puis qui vendent des chiens, oui.
Mais, en majorité, l'éleveur particulier, qui
n'élève pas plus de deux ou trois races, trouve un marché
pour ses chiens en faisant de la compétition ou encore dans les salons
d'élevage, comme il y en a eu un tout récemment, il y a deux
semaines, à l'Aréna 2 Glaces, à Val-Bélair. C'est
là qu'on fait la promotion, nous, les éleveur, de notre
élevage.
M. Baril: Vous nous avez dit que, depuis les 20 dernières
années entre autres, votre associa-j tion a évolué sans
loi. Ça, je n'en doute pas, vous nous en avez fait la preuve, la
démonstration, tout ça. Pensez-vous que c'est absolument
nécessaire de passer une loi pour faire évoluer, au même
titre les éleveurs de chiens et les chenils, les "puppy mills", comme
vous appelez? Pourquoi eux autres n'évoluent pas? Est-ce que ça
prend une loi pour les faire évoluer ou bien une sensibilisation, de
l'information, de l'éducation envers ces propriétaires-là?
C'est quoi votre opinion là-dessus?
M. Campeau: Le trafic a ralenti sur les routes quand on a mis les
amendes hautes. Si on est ici, ce soir, c'est qu'on appuie une certaine partie
du documentaire que la SPCA vous a soumis. Où, réellement, on
trouve que c'est, en termes peu propres, écoeurant de voir ça, ce
sont des gens comme on en a vu à la télévision. Ça,
ce n'est pas rare. Disons qu'il y a eu une grosse campagne qui est venue
appuyer juste avant le bill et on en a sorti beaucoup. Mais on devrait en
sortir à l'année, comme ça, parce que, malheureusement, il
y en a trop. On a vu ça l'an passé, à Saint-Emile,
où un monsieur avait une trentaine de chiens et puis les chiens
étaient nourris à tous les deux ou trois jours parce que le
monsieur payait un jeune de 14 ans, non responsable, pour aller donner de l'eau
ou du manger à ses chiens, puis que le jeune sautait des jours parce que
le "boss" ne vérifiait pas. C'est pour ça, ces causes-là,
qu'on a besoin d'une loi. C'est pour protéger les animaux contre ces
gens-là. Même si on allait les voir, même si on faisait une
campagne de sensibilisation, pour certaines gens, 1000 $, ce n'est pas
beaucoup, mais pour le gars qui fait ça au noir, qui est sur le BS, j'ai
une nouvelle pour vous autres. S'il vend, mettons... En tout cas, il y en a qui
vendent 200 à 250 chiens par mois. Vous multipliez ça par 200 $
puis vous venez de faire son revenu au noir.
M. Baril: Remarquez, je respecte votre opinion, mais je ne suis
pas sûr que les accidents sur les routes ont diminué uniquement
à cause des amendes. Il y a eu tout un...
M. Campeau: Oui, mais ça ne nuit pas.
M. Baril: Ah! mais il y a tout un programme de publicité
sur la sécurité routière le long des routes, à la
télévision, toutes sortes de dépliants. Tu vas acheter ton
permis de conduire puis ils te donnent un dépliant. On me signale
l'action de Nez rouge dans le temps des fêtes, je ne sais pas trop quoi,
en particulier. Bon. C'est tout des moyens qui ont sensibilisé la
population, sans nécessairement faire payer des amendes. Les amendes,
c'est peut-être pour les gens qui sont les plus durs de comprenure, pour
qu'on se comprenne bien entre nous autres. De toute façon, la preuve,
c'est que vous autres, votre groupe, vous avez évolué sans loi
depuis les 20 dernières années. Vous nous le dites, vous nous le
répétez et vous en êtes fiers. Je vous en
félicite.
Donc, c'est pour ça que je me dis: Est-ce possible que les autres
puissent évoluer sans une législation? Je termine
là-dessus, M. le Président. Avec une réglementation
sévère, pour essayer de ramasser tout ce qui se fait de pas
correct au Québec, ne pensez-vous pas, vous autres que, dans certaines
interprétations de la loi ou des règlements qui régiront
cette loi-là, vous ne serez pas ennuyés par ça, par
certains règlements, par certaines interprétations qu'on pourra
faire?
M. Campeau: Présentement, on parle de cruauté
envers les animaux et ce qu'on a pointé ici, depuis les deux
dernières journées, c'était réellement la
cruauté. Ça, ça ne viendra jamais nous ennuyer nous
autres. Ce qui pourrait nous ennuyer, ce n'est pas la cruauté, ce serait
qu'on vienne s'ingérer sans connaissance dans les sports canins. Parce
qu'il ne faudrait pas oublier que, si le mémoire qui est fourni par la
SPCA était entériné dans toute sa teneur, à ce
moment-là, il n'y aurait probablement plus de sports canins et on ferait
de nos chiens d'autres BS, c'est-à-dire des chiens qui sont à la
maison, qui dorment et qui ne font absolument rien. Pour renforcer ça,
j'aimerais que les gens... M. le ministre a eu l'occasion d'assister à
une course de traîneaux. Laissez les chiens attachés après
un camion; si vous n'avez jamais vu un camion se faire brasser, j'ai une
nouvelle. Les chiens, ce sont des athlètes. On n'a pas le droit de leur
enlever leurs loisirs.
M. Picotte: Vous savez, M. Campeau, dans le temps, moi,
j'étais d'une autre taille et je n'ai même pas osé
embarquer dans le traîneau, pour soulager le chien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Campeau: Oui, mais ça aurait peut-être fait du
bien. Vous auriez pu pédaler.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Oui. En terminant, M. le Président, je tiens
quand même à féliciter beaucoup l'Association canine de la
Mauricie d'avoir présenté son mémoire, de sa
sincérité et de son honnêteté à
répondre à nos questions au meilleur de sa connaissance et selon
ses connaissances. Je ferais juste signaler au ministre que je ne sais pas ce
qui se passe en Mauricie, mais le premier mémoire que l'Association
canine de la Mauricie a présenté, elle l'a présenté
à l'ex-ministre de
l'Agriculture, M. Michel Pagé, et son nouveau mémoire,
elle l'a présenté au président, M. Maurice Richard,
député de Nicolet. Donc, elle n'a pas présenté
ça au ministre.
M. Picotte: Bien, moi, je n'ai pas d'objection à
ça.
M. Baril: Non
M. Picotte: D'abord, ils ont compris, je pense, hier soir, Us
étaient attentifs, que ce n'était pas évident que
c'était celui qui vous parle qui devait légiférer. Donc,
ils ne voulaient pas faire un deuxième impair en autant de jours.
M. Baril: Ce sont des connaisseurs.
M. Picotte: La deuxième des choses, vous savez, je pense
qu'ils ont appris rapidement, à même nos
délibérations, hier, qu'on s'adresse toujours au
président.
M. Baril: Ah!
M. Picotte: chose certaine, c'est qu'ils ont compris aussi qu'il
ne fallait pas adresser leur mémoire à la spca puisqu'il ne
s'agissait pas d'un projet de loi.
M. Vinet: Je peux ajouter quelque chose aussi au
député d'Arthabaska.
Le Président (M. Richard): M. Vinet.
M. Vinet: Si vous regardez sur la deuxième page de notre
premier mémoire, vous verrez le nom du ministre, je pense.
M. Baril: Remarquez, là, c'était juste taquin.
M. Vinet: Je sais que c'est une taquinerie entre vous autres,
mais c'est parce que je me sens visé un petit peu aussi.
M. Baril: C'est une taquinerie, là. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Picotte: Moi, je n'ai pas de problème à vivre
avec ça. Moi, j'ai pris bonne note quand même de vos choses.
Le Président (M. Richard): Alors, ça va, Yvon?
M. Baril: Je n'ai pas voulu, là, faire de reproche
à qui que ce soit ou insulter qui que ce soit.
M. Picotte: Non, c'est en guise de taquine rie...
M. Vinet: Je ne me suis pas senti insulté.
M. Picotte: ...parce que le député d'Arthabaska et
moi, on se taquine souvent, même à la période de
questions.
M. Baril: C'est ce que j'allais dire. En tout cas, M. le
Président, je pense que, vu l'heure, on va arrêter ça
là.
Le Président (M. Richard): II est temps qu'on
arrête. Alors, sur ce, mesdames et messieurs, nous vous remercions. As-tu
un message?
M. Picotte: je voulais vous remercier, au nom du gouvernement, de
la présentation de votre mémoire qui fait avancer les choses. de
plus en plus, je pense, on réalise qu'il y a des choses à
corriger dans ce domaine-là et qu'on devra, un bon matin, s'asseoir
ensemble pour apporter les correctifs nécessaires. mais, comme je l'ai
toujours dit, entre rien faire et tout faire, il y a une marge et au juste
milieu est la vertu.
Le Président (M. Richard): Alors, merci, mesdames,
messieurs. Nous vous avisons que les travaux de la commission reprendront
demain matin à 9 h 30 pile, ici, dans la même salle, la salle
LaFontaine. Sur ce, nous ajournons nos travaux. Bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 22 h 20)