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(Dix heures une minute)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Le mandat de la commission
pour cette séance est de procéder à l'interpellation du
député d'Arthabaska, M. Baril, adressée au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. Picotte, et aussi
ministre responsable du Développement régional, sur le sujet
suivant: les orientations du gouvernement du Québec en matière
agricole.
M. le secrétaire, est-ce que nous avons des remplacements ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Beaudin
(Gaspé) est remplacé par M. Forget (Prévost) et M.
Brouillette (Champlain) est remplacé par M. Camden
(Lotbiniè-re).
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
secrétaire.
Maintenant je vais vous rappeler certaines lignes de direction en ce qui
a trait à l'interpellation. Je me permets de vous rappeler
brièvement le déroulement d'une séance d'interpellation.
Dans un premier temps, le député qui a demandé
l'interpellation, le député d'Arthabaska, M. Baril, aura un temps
de parole de 10 minutes, suivi du ministre, M. Picotte, pour également
les 10 minutes suivantes. Par la suite, des périodes de cinq minutes
seront allouées selon les séquences suivantes: un
député de l'Opposition officielle, une réplique ou un
commentaire du ministre, un député du groupe ministériel
et, 20 minutes avant midi, j'accorderai 10 minutes de conclusion à M. le
ministre, M. Picotte, et un temps équivalent à M. le
député d'Arthabaska, M. Baril.
Je vous signale également que si un intervenant ne prend pas ou
n'écoule pas totalement les périodes de 5 ou 10 minutes qu'on lui
aura allouées, cela ne veut pas dire que ça va réduire
d'autant la durée de l'interpellation. Finalement, le débat ne
peut, à moins d'un consentement de part et d'autre, ce dont je doute,
dépasser midi, quelle que soit l'heure du début des travaux de la
commission.
Sur ce, M. le député d'Arthabaska, M. Baril, vous avez la
parole pour les 10 prochaines minutes.
Exposé du sujet M. Jacques Baril
M. Baril: Je vous remercie, M. le Président. Je remercie
également le ministre pour sa participation à cette
interpellation. Je voudrais tout de suite, au départ, je vais dire
"amicalement", informer - et j'espère qu'on finira de la même
façon dans deux heures - le ministre et député de
Maskinongé que la plupart des points que j'apporterai durant cette
période qui nous est allouée, il ne faudrait pas que le ministre
les prenne comme - je ne sais pas si je peux dire "une attaque" - une attaque
à lui-même.
Je comprends, je considère que le nouveau ministre de
l'Agriculture prend un dossier qui n'est pas facile. Le premier ministre lui a
confié un dossier dans une période où, sans aucun doute,
son prédécesseur était très heureux de partir.
D'ailleurs, ça faisait un an qu'il le disait. Aussi, je suis certain
d'une chose, le nouveau ministre n'aura pas - je ne crois pas en tout cas, ce
n'est pas parti pour ça - la facilité que son
prédécesseur a eue durant cinq années, cinq longues
années à rencontrer les agriculteurs, leur parler durant au moins
une heure sans rien leur dire, puis réussir à se faire
applaudir.
Je ne suis pas sûr que le ministre actuel ait cette même
habileté, tel que je le connais et je ne dis pas ça pour le
déprécier. Absolument pas. Parce que je sais que le ministre
actuel a son franc-parler, plus que son prédécesseur, et c'est
dans ce sens-là que je veux faire part d'habileté du ministre
à parler une heure de temps sans rien dire.
J'ai entrepris, cet automne, une tournée de toutes les
régions du Québec: Gaspésie-Bas-Saint-Laurent,
Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue, Beauce,
Laurentides-Lanaudière, Centre du Québec; j'ai rencontré
les représentants de l'Union des producteurs agricoles dans certains
coins et dans certaines régions j'ai rencontré des
représentants de coopératives, des groupes de jeunes en
agriculture, des groupes de femmes pour me donner un portrait global de
l'état de l'agriculture au Québec.
Son prédécesseur, le ministre de l'Agriculture, me disait
toujours que l'agriculture va bien, que l'agriculture se porte bien, qu'on a
des programmes efficaces répondant aux besoins de l'ensemble des
régions, que tout est parfait comme dans le meilleur des mondes et qu'il
y avait juste le député d'Arthabaska qui ne comprenait rien -
ça, remarquez bien que ça ne me froissait pas parce que je serais
porté à dire ou
à poser la question: Lequel des deux comprenait le moins, hein?
Et cette tournée a confirmé toutes les appréhensions que
nous avions sur l'état de l'agriculture actuellement
Et partout dans les régions, on (tous expliquait, on nous posait
la question si nous, en tant qu'Opposition, on pouvait savoir ce qu'est
l'orientation du gouvernement en agriculture. C'est bien évident que ce
n'est pas à moi à donner l'orientation du gouvernement. De toute
façon, moi-même je ne le sais pas s'il y en a une orientation.
Hein? On a dénoncé dans toutes les régions le
libéralisme du gouvernement actuel et le mode de "productivisme"
pratiqué par les libéraux qui fait en sorte que l'agriculture -
on donnera des chiffres tout à l'heure - s'en va de plus en plus en
déclinant.
Les régions se vident, les productions diminuent. Les programmes
existants, les producteurs ne sont pas capables d'en profiter pour toutes
sortes de raisons - j'y reviendrai aussi tout à l'heure - et le
gouvernement est très fortement sensible aux demandes de financement des
gros complexes et souvent, quand quelqu'un arrive avec un petit projet ou un
projet moindre, il n'a pas une oreille attentive, comme le gouvemement devrait
avoir Je peux donner à titre d'exemple, parce que j'aime beaucoup parler
à titre d'exemple, que le gouvernement du Québec a
financé, a subventionné la construction d'un immense complexe
serricole dans le comté de Portneuf qui a créé, suite
à l'établissement de ce complexe, d'immenses problèmes au
niveau de l'ensemble des producteurs en serre au Québec, surtout au
niveau des producteurs de tomates.
Nous avons rencontré un producteur de kiwis en serre à
Joliette, à Saint-Thomas, et j'invite le ministre à aller voir
ça. Il va sans doute être étonné, comprenez-vous,
étonné, du rendement, du potentiel que cette production-là
a pour le Québec. Le propriétaire nous disait qu'il est
allé voir le gouvernement pour essayer de bénéficier du
programme de construction en serre, mais le gouvernement lui a dit: II faut que
tu te construises au moins une quinzaine de serres - 1 300 000 $ ou 1 500 000 $
- sans ça, c'est trop petit pour nous autres Lui, ce n'est pas ça
qu'il voulait, II voulait commencer par deux serres avant. Et il l'a fait tout
seul. Il l'a fait, je dirais, de peine et de misère, mais il l'a fait
tout seul. Il va son chemin. Au niveau du support technique - il y a une
difficulté épouvantable à avoir du support technique je
pense que le ministère de l'Agriculture ne croit pas à cette
production ou n'y croit pas parce que le projet est trop petit.
Partout dans les régions, les groupes nous ont
démontré que le gouvernement a abandonné le partenariat
entre l'État et le monde agricole et, à chaque fois, la loi 49,
la fameuse loi 49 votée par ce gouvernement, est revenue. En fait,
c'était un des principaux sujets de discussion parce que, pour la
première fois, le gouverne- ment mettait fin à un partenariat
véritable entre le monde agricole et l'État puisque les
agriculteurs sont maintenant entièrement responsables en matière
de faillite agricole.
C'est ça, M. le Président. Entre autres, les agriculteurs,
ça fait un an, un an et demi qu'ils demandent au gouvernement de revenir
sur cette loi, d'enlever cette loi pour stimuler au moins les agriculteurs et
les agricultrices à ne pas. que le gouvernement doit démontrer
qu'au moins il a un respect et qu'il veut partager les risques avec les
agriculteurs. C'est bien évident que, plus le gouvernement se
désengage, moins le gouvernement sera intéressé à
supporter l'agriculture.
Aussi, on nous a démontré à plusieurs reprises que
l'agriculture n'est plus considérée comme un secteur de
développement économique parce que, dans chaque région, on
nous disait: Tu présentes des dossiers, tu présentes des projets
et tu n'as aucune oreille attentive à nulle part, il n'y a pas
d'investissement qui se fait. L'ancien ministre de l'Agriculture
lui-même, à mon grand étonnement, comprenez-vous, a
annoncé, lorsqu'il a laissé le ministère, ou a dit
à son premier ministre qu'il voulait avoir enfin un ministère
à vocation économique, de développement économique.
Ce n'est pas dos farces! Ça faisait cinq ans qu'il en avait un entre les
mains, comprenez-vous, et il ne s'en était même pas
aperçu!
Donc, c'est juste pour vous donner une petite idée de comment
votre prédécesseur a pu amener l'agriculture dans l'état
où elle est présentement. Le ministre, en arrivant - son
orientation à l'époque, il y a cinq ou six ans - avait dit: Nous
allons consolider les acquis. Imaginez-vous que c'est tout un avenir,
ça, de consolider les acquis. On a tellement consolidé les acquis
qu'on a arrêté, on a gelé le développement et on a
laissé crever ceux qui commençaient, ceux qui partaient
différentes productions. On les a laissés littéralement
tomber. on nous a dit également, au niveau de la protection du
territoire agricole du québec, que, maintenant, depuis que le
gouvernement est en place, suite aux directives que le ministre de
l'agriculture a fait parvenir à la cptaq, ce sont les agriculteurs ou
l'upa qui a l'odieux de la preuve. c'est elle, l'upa, qui doit justifier
maintenant, devant la cptaq, pourquoi la cptaq doit refuser une telle
autorisation. en plus de ça, il y a le fameux tribunal d'appel qui,
selon les chiffres qu'on nous a tournis, rejette, renverse environ 30 % des
décisions déjà rendues par la commission de protection du
territoire agricole en faveur de l'agriculture. donc, les agriculteurs, je vais
vous le dire, à certains endroits, nous ont même dit: il va venir
un temps où nous allons demander complètement l'abolition de la
loi sur la protection du territoire agricole parce qu'on n'y croit plus. on n'y
croit plus et nous, les agriculteurs, nous sommes obligés de respecter
cette loi pendant
que n'importe quel développeur peut arriver, en n'importe quel
temps, et se faire autoriser par la Commission. Là-dessus, le
président suit beaucoup plus les orientations du gouvernement qu'il ne
fait respecter la loi..
L'arrivée du nouveau ministre de l'Agriculture, je peux vous dire
qu'elle est loin de rassurer les agriculteurs au niveau do la protection
réelle des terres agricoles.
Sur ce, je pense que mes 10 minutes sont écoulées. On y
reviendra plus loin; j'aurais eu beaucoup d'autres choses à ajouter.
Le Président (M. Richard): merci, m. le
député d'arthabaska, m. baril. m. picotte, comme ministre, vous
avez les 10 prochaines minutes pour votre intervention.
Réponse du ministre M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je voudrais
également souhaiter la bienvenue à tous mes collègues, au
député d'Arthabaska qui a fait cette demande d'interpellation, de
même qu'à son recherchiste, ainsi qu'à tous ceux et celles
qui nous accompagnent et qui vont sans doute faire; on sorte que nos
débats soient plus fructueux.
Je voudrais plus précisément remercier le
député d'Arthabaska pour la façon et pour le ton avec
lesquels il aborde colle discussion là. Je pense que c'est important et
je vais lui dire tout simplement que la façon d'aborder le débat
est une façon, à mon avis, hautement responsable dans les
circonstances Je ne me serais pas nécessairement attendu à
ça, mais je pense que c'est comme ça qu'il faut faire quand on
veut parler d'agriculture et de son développement
général.
Pour satisfaire le député d'Arthabaska, j'aurai l'occasion
tantôt, après ces quelques 10 minutes et dans différentes
interventions auxquelles je ferai partie, pendant les cinq minutes que j'aurai,
de revenir sur les points qu'il a bien sûr suscités dans une
première prise de contact et de position face à ce débat.
Mais, compte tenu qu'on veut connaître les orientations du gouvernement
du Québec en matière agricole, il me permettra de lui livrer,
durant les prochaines huit minutes et demie, un message plus structuré
pour qu'on saisisse bien les orientations et, par la suite, je répondrai
à plusieurs des questions auxquelles il a fait référence
tantôt. (10 h 15)
C'est bien sûr que l'agriculture joue un rôle de premier
plan, tant dans l'ensemble de l'économie québécoise que
dans celle de chacune de nos régions. C'est pourquoi, assurer son
dynamisme et Sa stabilité a constitué une priorité, selon
ce que nous croyons au gouvernement, et l'intervention gouvernementale s'est
effectué en concertation avec les agriculteurs et agricultrices en
s'appuyant sur les quatre grands piliers de la politique agricole qui sont les
suivants: Le programme du Parti libéral, M. le Président, et du
gouvernement, bien sûr, faisait état du financement agricole,
parlait de stabilisation des revenus agricoles, de la protection du territoire
agricole et de l'aide au développement et à l'amélioration
de la productivité. C'est évident qu'on aura, bien sûr,
puisque le député d'Arthabaska a fait part dans au moins deux de
ces cas-là de divergences d'opinion, et c'est tout à fait normal
et je respecte ça...
Je vais surtout vous mentionner ce que je crois être la
réalité des faits depuis que nous sommes au pouvoir.
L'intervention gouvernementale était d'autant plus nécessaire que
le secteur agricole était et est en pleine mutation. La guerre
commerciale entre les principaux pays producteurs, la mondialisation des
marchés et la redéfinition des règles commerciales avec
nos principaux partenaires constituent autant d'éléments qui
rendaient impératif un appui solide au gouvernement du Québec,
aux producteurs et aux productrices agricoles.
Les dépenses importantes, bien sûr, dans ce secteur
là, M. le Président. Malgré un contexte budgétaire
difficile, les ressources consacrées au secteur agro alimentaire ont
connu une croissance importante au cours des dernières années.
Qu'il me suffise de rappeler, par exemple, que les dépenses de transfert
- et j'aurai l'occasion de donner un tableau plus précis
là-dessus - les aides financières directes aux intervenants, ce
qu'on appelle les dépenses de transfert, c'est ce qu'on donne eu
paiement aux agriculteurs et non pas ce qu'on fait chez nous en
déduisant les frais de ceci et les frais de cela. Les dépenses de
transfert et les aides financières directes aux intervenants du secteur
agricole ont connu une croissance moyenne de 9, 7% entre 1986 et 1990, pour
atteindre 458 000 000 $.
Et ça, je suis obligé de me référer à
la comptabilité des gouvernements. En 1976, on faisait des transferts
aux producteurs pour 99 000 000$, en 1980, 219 000 000$. Je ne donne pas
chacune des années, parce qu'on n'aura pas le temps de discuter de tout
Mais je pige au hasard En 1984-1985, 303 000 000 $. Il y avait eu une nette
progression du côté du gouvernement précédent aussi,
de 99 000 000 $ à 303 000 000 $. Et, depuis que nous sommes là,
c'est passé de 303 000 000 $ à 470 000 000 $.
Effectivement, laisser prétendre qu'en agriculture, il s'est fait
moins de choses ou qu'on a moins donné aux agriculteurs, bien sûr,
c'est ignorer une partie de ces chiffres-là. Et, moi, là-dessus,
je veux rendre hommage aux gouvernements qui se sont succédé
depuis une décennie, M. le Président. On voit que l'agriculture a
pris une proportion intéressante, passant de 99 000 000 $ de transferts
à 470 000 000 $ aujourd'hui.
Et le gouvernement libéral, notre gouvernement, n'est pas en
reste, puisqu'il y a eu, durant les quatre ou cinq dernières
années ou tout près, 9, 7 % de hausse, beaucoup plus que le
coût de la vie, en termes de transferts. On a uniquement fait
bénéficier du coût de la vie, les transferts aux
agriculteurs, en disant: On gèle à 4 % ou 5 %. Ça a
joué entre 4 % et 5 %. Je pense qu'on est obligés de dire aux
gens qui veulent bien comprendre la situation et aux agriculteurs eux
mêmes: Vous avez eu une gratification de transferts de 9, 7 %, deux fois
supérieure au coût de la vie.
Ce n'est pas suffisant, ce ne sera jamais suffisant. Je n'ai pas connu
de clientèles, depuis que je suis en politique, en 20 ans de vie
politique, qui m'ont dit: C'est assez, M. le ministre, arrêtez de nous en
donner Je n'ai pas connu ça et je n'en rencontrerai pas non plus. Mais
la réalité est là. Il faut bien se dire que la
Régie des assurances agricoles a versé plus de 1 000 000 000 $ en
compensation aux producteurs agricoles et que l'Office du crédit
agricole a octroyé un montant de 300 000 000 $ en rabais sur les
intérêts, durant cette même période. Donc, depuis
cinq ans, la Régie des assurances agricoles: 1 000 000 000 $ aux
agriculteurs; on parle de 1 000 000 000 $. Ce n'est peut-être pas
encore suffisant, ni à la satisfaction de tout le monde, mais, 1 000 000
000 $, c'est beaucoup. Et 300 000 000 $ en rabattement d'intérêts
par l'Office du crédit agricole, durant la même période,
pour l'agriculture, 300 000 000 $, ce n'est pas si mal en quatre ans.
Cet effort financier de grande envergure s'est accompagné d'une
amélioration significative de la gestion du budget du ministère
de l'Agriculture. En effet, la portion du budget qui n'a pu être
utilisée, qui s'est élevée jusqu'à 11 % des
crédits totaux financés en administration, a presque disparu au
cours des dernières années. Là-dessus, on a un meilleur
bilan, je dois l'avouer. En 1976-1977, les crédits
périmés, au ministère de l'Agriculture, c'était 10,
6 %, en 1980-1981, 5, 4 % de crédits périmés Et je choisis
des dates pour rendre justice à tout le monde. J'aurais pu prendre
uniquement les gros chiffres, mais je choisis des chiffres... On va passer, par
exemple, à d'autres années: 1982-1983, c'est presque 12 %
de crédits périmés. En 1985, au moment du départ de
nos amis - 1984-1985 et la fin de l'année 1985 parce qu'on est
arrivés en 1986, pour dire le vrai - c'était 9, 3 % et 8, 8 % de
crédits périmés. Qu'est-ce qui s'est passé en
1987-1988? 3 % de crédits périmés En 1988-1989, 4, 1 % de
crédits périmés et, en 1989-1990, l'estimé que nous
avons, c'est 2, 4 % de crédits périmés.
C'est trop facile, des fois, de faire un gros budget d'agriculture au
début de l'année, d'en périmer pour 10 % et dire:
Regardez, on a mis tant d'argent là dedans, regardez si on est un
bon gouvernement. Et tnoi, peut être que, pour satisfaire lus gens et
pour faire du trompe l'oeil, je serais peut être bien mieux de dire au.
ministre des Finances: L'année prochaine, donnez-nous donc 200 000 000
$, mais venez nous en chercher 240 000 000 $. On passerait pour des gens qui
ont beaucoup d'argent, mais, à toutes fins utiles, il n'en reste pas
à la fin de l'année. Alors, les périmés ont
passé de 10 % et 12 %, dans le temps de l'ancienne administration,
à 2, 4 % comme estimé, au moment où je vous parle. El dans
tout le régime libéral, ça s'est toujours situé en
bas de 5 %. C'est une performance qui n'est pas dédaignable.
Évidemment, l'idéal, c'est qu'il n'y ait pas de
périmés; on va s'entendre là-dessus. Mais quand je regarde
la performance d'un peu tout le monde et si je regarde ça depuis une
grosse décennie et plus, bien notre performance n'est pas si mal. Ce
n'est pas la perfection; la perfection, c'est de l'autre côté,
apparemment, et ni le député d'Arthabaska ni moi, on est
pressé d'y aller, bien sûr. La perfection, c'est en haut et on
préfère rester en bas pour un bon bout de temps, du moins je le
souhaite en ce qui me concerne et je le souhaite pour tous ceux qui m'entourent
aussi.
Alors, il y a eu des crédits périmés de 11 %, on
est rendu à 2, 4 %. La province de Québec est la province,
à l'intérieur du Canada, qui investit le plus dans le
développement de son agriculture. On va participer à des
discussions bientôt, les gens vont se réunir lors d'une
conférence fédérale-provinciale. Ils sont en train
d'inciter les autres provinces à participer à de l'assurance
stabilisation, alors que nous autres, on en paie les deux tiers. Ce n'est pas
des farces. Alors, encore là, on fait figure importante dans tout
l'échiquier agricole au Canada.
M. le Président, je m'arrête ici. J'ai fait à peu
près, peut-être un dixième de ce que je voulais dire, mais
on a encore une heure et demie, ça va être intéressant.
Merci.
Le Président (M. Richard): Je n'ai aucun doute, M. le
ministre, que vous utiliserez ça dans le futur, comme possibilité
Maintenant, je vais transférer la parole à M. le
député de l'Opposition, M le député d'Arthabaska.
M. Baril, vous avez la parole pour les cinq prochaines minutes.
Argumentation M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Cinq minutes, il va
falloir apprendre à se condenser, ce n'est pas facile. De toute
façon, je ne veux pas soulever une guerre de chiffres avec le ministre,
mais, sur tout ce qu'il vient de nous démontrer, comme quoi les budgets
ont augmenté considérablement, qu'il n'y a pas de crédits
périmés à comparer avec les années du Parti
québécois et pour les transfert:, qui sont allés
directement à
la production, il faut faire attention. Je pense qu'il y a
peut-être deux philosophies différentes. Le Parti
québécois, de 1976 à 1985, avait une volonté
très ferme de développer l'agriculture. Il y a eu beaucoup
d'argent qui a été investi directement à cause dé
la volonté du gouvernement, que ce soit au niveau de la
commercialisation ou au niveau de la production.
Tandis que, si on regarde les cinq dernières années du
Parti libéral, l'argent ou les transferts directs, comme le ministre les
appelle, qui ont été accordés, pour la plupart ou, en tout
cas, un fort pourcentage du budget a été accordé à
cause des lois, des lois qui sont là et qui sont appliquées, au
niveau, entre autres, du financement agricole et au niveau de la stabilisation.
C'est là que se fait toute la différence.
Je reviens au début, quand j'ai dit que le gouvernement
libéral est arrivé et qu'il a dit: On va consolider les acquis:
C'est ça qu'il a fait, il s'est satisfait de ce que le Parti
québécois avait fait. Il a dit: Le Parti québécois
a amené l'agriculture jusqu'à un certain niveau, ça va
bien, c'est parfait, numéro un, on est content de sa job, mais nous, on
va arrêter ça là. Là, en arrêtant d'investir
dans la commercialisation et dans la production, automatiquement, le
gouvernement n'est pas plus regagnant parce que ça lui coûte
énormément cher en stabilisation. N'importe qui, dans la
société, qui se prend de l'assurance, ce n'est jamais pour faire
de l'argent. L'assurance-stabilisation est là, heureusement, uniquement
pour pallier au manque à gagner entre le coût de production et le
prix de revient. Moins le gouvernement investit dans la production, moins le
gouvernement investit à l'aide à la production, je parle, et
moins le gouvernement investit dans la commercialisation, plus ça va lui
coûter cher au niveau de l'assurance-stabilisation et plus l'agriculture
va être en déclin au Québec.
C'est ça la philosophie que, le gouvernement, il faudrait qu'il
ait. J'ai des chiffres ici. Uniquement les programmes, les dépenses qui
ont été accordées directement à l'aide à la
production - je ne passerai pas toutes les années parce que, dans mes
cinq minutes... Je vais arrêter vite. Je vais juste faire une moyenne
entre le Parti québécois de 1981-1982, le total des
dépenses directement reliées à la production... Sous le
Parti québécois, de 1981-1982 à 1985-1986, il y a eu pour
525 000 000 $ versés directement à la production, en dollars
constants, en dollars de 1981 et, pour le Parti libéral du
Québec, de 1986-1987 à 1990-1991, toujours en dollars de 1981, il
y a eu 329 424 000 $ - on va laisser les grenailles - ce qui veut dire que sous
le Parti libéral il y a pour 195 000 000 $ de moins versés
directement à la production. C'est ça qu'on ressent partout dans
les régions, que les agriculteurs et les agricultrices nous disent, ce
désintéressement de l'État face à l'agriculture Et
les chiffres sont réels Ils sont réels, ici.
Au niveau de la commercialisation, sous le Parti
québécois, dans les mêmes années que j'ai
nommées tout à l'heure, il y a eu 176 959 000 $ versés
directement pour l'aide à la commercialisation des produits
agro-alimentaires et sous le Parti libéral, au niveau de l'aide à
la commercialisation, 166 536 000 $. Donc, encore là, t'as un moins.
T'as un moins de 10 422 000 $. Et, voyez-vous, les deux principaux axes
importants de développement de l'agriculture, on les retrouve... C'est
significatif, les chiffres que je viens de vous donner, et j'invite le ministre
à réfléchir sur ça. Ce n'est pas tout de dire:
Notre gouvernement fait ci et fait ça. Il faut regarder de quelle
façon il dépense cet argent-là. Et c'est ça qui est
important et c'est là que tu peux découvrir l'implication et la
volonté d'un gouvernement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Maintenant, M. le ministre, est-ce que vous
avez une réplique?
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui, M. le Président, d'abord, avant de lui
parler de mes propres orientations depuis que je suis à la tête de
ce ministère, je voudrais tout simplement, quand on parle de production,
etc., lui souligner qu'il n'y a pas eu de "trompe-consommateurs" finalement en
1985 quand le gouvernement libéral a pris le pouvoir parce qu'on avait
dénoncé - et je me rappelle, j'étais celui qui jouait le
rôle du député d'Arthabaska dans l'Opposition - le fait
qu'on croyait ou qu'on voulait l'autosuffisance, comme philosophie du Parti
québécois dans le temps, cette autosuffisance à outrance
et un peu partout sans considération aucune. Et on a constaté -
je pense que c'est son propre gouvernement qui l'a constaté, je me
rappelle après... Et ce n'est pas la faute du gouvernement comme tel, si
on a eu une crise majeure dans le domaine économique, c'était une
crise qui était largement partagée par plusieurs pays, mais le
gouvernement a constaté qu'il était probablement beaucoup trop
généreux dans tous les domaines et qu'il devait faire des
meilleurs choix. Donc, on avait déjà commencé à
faire des meilleurs choix. Et je le disais avec un petit peu d'humour, tout en
sachant que ce n'était pas possible, mais il faut éviter la
tentation de ceux qui pourraient penser que produire des citrons au
Québec pourrait être rentable. Je veux bien que les gens se
lancent dans diverses productions, mais il faut quand même aussi avoir,
comme gouvernement, des orientations, et leur dire que parfois ils prennent des
risques formidables, pour ne pas dire dangereux, quand ils décident de
se lancer dans une production où on n'est pas tout à fait
prêts chez nous à avoir des programmes dans ce sens-là et
voir s'il y a une rentabilité impressionnante et
intéressante en bout de piste. Et ce qui arrive souvent dans ces
choses-là, c'est que les gens décident d'y aller pareil et quand
ils sont mal pris, ils ont uniquement l'État comme recours et nous
disent: Ça n'a pas de bons sens, ça ne marche pas. Alors que
nous, on est là aussi pour orienter des politiques agricoles dans un
contexte qu'on vit. On sait très bien que l'argent n'est pas fabricable,
n'est pas fabriqué, ne court pas les rues et ne pousse pas dans les
arbres. (10 h 30)
Je me rappelle du contexte des pommes, on pourrait en parler des pommes.
Quand on est arrivés au pouvoir, on en avait produit des pommes et il
aurait fallu changer le vendredi: au lieu de manger du poisson, revenir
à l'ancienne mode, pour dire: II faut manger rien que des pommes le
vendredi pour tâcher d'écouler notre production, parce que les
marchés, ce n'était pas si évident que ça. Ce n'est
pas si facile que ça et on ne peut pas le faire comme ça.
Ceci étant, les orientations sont les suivantes, M. le
Président, en ce qui me concerne. Pour les prochaines années,
c'est la conservation des ressources afin d'assurer leur
pérennité pour les générations futures. Ça
va être important de parler de conservation des ressources et d'assurer
la pérennité future.
La gestion des entreprises pour préserver notre capacité
concurrentielle, ça aussi, c'est important, la gestion des entreprises
parce que les gens, aujourd'hui... Ce n'est pas des farces, vous savez, le
jeune qui arrive en agriculture, il faut regarder ça d'une autre
façon pour tâcher de l'aider au maximum et ça, je suis
d'accord là-dessus parce qu'on lui met entre les mains des capitaux de
400 000 $, 500 000 $ et 600 000 $, ce n'est pas rare. C'est toute une
entreprise. C'est plus qu'une petite et moyenne entreprise dans certains cas.
Je pense qu'on doit penser en fonction de la préparation et en fonction
d'autres choses maintenant, et la formation, il ne faut pas négliger
ça.
La production d'aliments de qualité, afin de mieux saisir les
occasions sur les différents marchés. On sait que les
marchés sont plus ouverts maintenant. Donc, il faudrait être
à la fois non seulement producteurs, mais être performants et
avoir quelque chose de qualité, bien sûr, pour que les gens
achètent nos produits. Il n'y a pas de miracle à ça. Le
consommateur fait des choix lui-même aujourd'hui; il va magasiner et il
fait un choix.
La dynamisation des communautés régionales menacée
de déstructuration. Je pense que l'UPA va en parler d'ailleurs avec les
états généraux et on va se promener un peu partout pour en
discuter. Je pense que ça aussi, il va falloir penser à
ça, M. le Président.
Enfin, la valorisation de l'image du secteur afin d'y attirer les
ressources nécessaires à son développement. Ce sont les
points majeurs, mis à part tout ce qui se fait et ce qui va continuer de
se faire, ce sur quoi on va se pencher davantage; on va avoir des orientations
plus précises et aider tout ce secteur agricole.
Ceci étant dit, M. le Président, bien sûr qu'on aura
l'occasion de revenir sur les chiffres en ce qui concerne le
développement industriel et les développements qui se font. Il ne
faut jamais oublier qu'il faut aller chercher une partie de la
Société de développement industriel qui collabore et pour
laquelle on fait des prêts. Ce sont des chiffres qu'on n'a pas au
ministère de l'Agriculture, mais si on les imputait au ministère
de l'Agriculture quand ils sont fournis par la SDI, on verrait que les chiffres
n'ont plus la même signification. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): merci, m. le ministre. je
cède la parole maintenant à m. le député de
lotbinière, m. camden, vous avez la parole pour les cinq prochaines
minutes.
M. Lewis Camden
M. Camden: Merci, M. le Président. Je vous entretiendrai,
au cours des prochaines minutes, sur un élément important en
agriculture, soit la conservation des ressources. Au cours des dernières
années, la principale préoccupation du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a été de
cerner les causes de dégradation des ressources dans le but de
développer des modes de gestion adaptés aux diverses conditions
rencontrées
Afin de résoudre les nouveaux défis posés par la
conservation des ressources, le ministère a déjà
réalisé plusieurs actions. Un programme d'aide aux producteurs et
productrices en conservation et gestion du sol et de l'eau a permis la
stabilisation des sites d'érosion, l'établissement de brise-vent,
la mise en place de travaux reliés à la gestion
intégrée de l'eau et au reboisement.
Pour contrer de façon efficace les problèmes reliés
à l'assainissement des eaux en milieu agricole, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec et le
ministère de l'Environnement du Québec ont uni leurs efforts pour
mettre sur pied un programme commun d'intervention dans la gestion des fumiers.
Ce programme ayant débuté en 1988 comprend un important volet
concernant l'aide financière à l'entreposage des fumiers; 388 000
000 $ sur 10 ans seront investis dans ce programme. Des sommes importantes
seront consacrées également à la recherche des volets
concernant la gestion des surplus de fumier; la promotion et la
démonstration de bonnes pratiques de gestion seront mises en application
prochainement.
Le ministère a participé à la table de concertation
sur la conservation du sol et de l'eau. Celle-ci a été mise en
place afin d'actualiser la réflexion et de promouvoir cette importante
question. Elle regroupait le ministère de l'Agriculture du Canada,
l'UPA, le collège
MacDonald, l'Université Laval et l'Ordre des agronomes. Cette
table de concertation a témoigné du nouvel esprit qui anime le
milieu face à la conservation des ressources et la protection de
l'environnement.
L'Entente auxiliaire Canada-Québec sur le développement
agro-alimentaire a consacré un volet majeur à la conservation des
sols. À la suite de la mise en place de la politique du ministère
sur la conservation des sols et de l'eau, une vaste campagne de promotion a eu
lieu dans l'ensemble des régions. Celle-ci s'est
concrétisée par de l'animation lors des expositions agricoles
régionales et locales de même que par la tenue d'un colloque
provincial et lors, aussi, de nombreuses sessions de formation.
Afin de s'attaquer de façon plus spécifique aux
problèmes de dépérissement des érables, un centre
de recherche en acériculture a été mis sur pied et plus
particulièrement dans la région des Bois-Francs. Celui-ci a
permis de former un noyau de chercheurs et chercheuses de disciplines et de
provenances diverses. Le ministère s'est aussi impliqué dans le
secteur de l'agriculture biologique par la préparation d'un plan
intégré d'intervention auquel il consacre 3 000 000 $ sur trois
ans afin de répondre aux besoins d'information des différents
intervenants et intervenantes de l'agriculture biologique. Il a facilité
l'accès et l'utilisation du Centre de documentation en agriculture
biologique du collège MacDonald. Les producteurs et productrices ont
également été encouragés à adopter des
techniques agricoles plus respectueuses de l'environnement par la promotion de
méthodes nouvelles.
La protection du territoire agricole constitue l'un des fondements de la
politique agricole québécoise. La loi 100 a confirmé
l'objectif premier de la Loi sur la protection du territoire agricole, soit de
préserver le sol agricole tout en assurant une protection accrue aux
meilleurs sols et en sécurisant les producteurs et productrices dans la
poursuite de leurs activités en zone agricole. La loi 100 a
apporté plusieurs modifications dont les principales sont: la refonte
des critères de base des décisions de la Commission de protection
du territoire agricole en critères obligatoires et
complémentaires; la création d'un fonds de défense pour
les producteurs et productrices agricoles a été un
élément majeur de cette politique; la création d'un
tribunal d'appel des décisions de la Commission de protection du
territoire agricole à l'intention des citoyens et citoyennes et
l'introduction d'une possibilité de recours à un commissaire
aviseur neutre et impartial pour les producteurs et productrices agricoles
s'estimant lésés par certaines réglementations municipales
leur imposant des contraintes indues dans la poursuite de leurs
activités en zone agricole. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député
d'Arthabaska, M. Baril, vous avez la parole.
M. Jacques Baril
M. Baril: Le ministre doit être content de ne pas
être obligé de répondre à l'interpellation du
député de Lotbinière parce que je ne sais pas comment il
ferait pour répondre parce qu'il n'y a pas eu de questions de
posées. Et pourtant, je connais le comté de Lotbinière,
voisin du mien, il y a de nombreux problèmes que les agriculteurs vivent
dans Lotbinière. Je pourrais reprendre point par point. Quand on parle
du programme d'amélioration de la gestion des fumiers, 385 000 000 $ sur
10 ans, j'aimerais ça que le ministre dise combien il y a de
dépensé actuellement. C'est au début qu'il faut que
ça se dépense. Les programmes durent à peu près
trois mois par année et, après ça, on coupe ça, et
ils disent: C'est fini cette année. De toute façon, ce n'est pas
à moi à répondre, c'est au ministre à le faire.
Mais je vais revenir sur les programmes de stabilisation. Si l'on
regarde dans les cinq dernières années que le Parti
libéral a été au pouvoir, ils ont modifié quand
même la loi sur la stabilisation, et les règlements, mais ils les
ont modifiés pour en donner moins et malgré ça, ils en
donnent encore plus. C'est ça qui est difficile à comprendre ou
à justifier de la part du gouvernement de dire qu'il aide l'agriculture.
On ajoute des critères de productivité, on se sert davantage de
ces critères pour donner moins d'argent et on en donne plus. On peut
vous donner des chiffres là. J'aimerais ça si le ministre, entre
autres, tout à l'heure, pouvait me répondre: Combien ça a
coûté en stabilisation du fait que le gouvernement a
accepté d'intégrer, justement, les "intégrateurs" et
d'inclure les "intégrateurs", les producteurs de porc
"intégrateurs"? Combien ça a coûté au gouvernement
cet ajout-là, juste ça? J'aimerais ça avoir des chiffres
là-dessus. Ça fait un petit bout de temps que je coure
après et je ne les ai pas. Mais il faut noter que les dépenses de
stabilisation ont plus augmenté depuis l'arrivée au pouvoir des
libéraux. Entre 1981-1982 et 1985-1986, le ministère de
l'Agriculture avait versé, en dollars constants, 210 000 000 $ pour
l'assurance-stabilisation et, en 1986-1987, le même ministère a
dépensé, toujours en dollars de 1981, parce qu'il faut toujours
se ramener là, 438 000 000 $. Voyez-vous la marge? C'est pratiquement le
double. C'est plus que le double. Il a versé 438 000 000 $ pour les
mêmes fins, soit 108 % de plus que pendant la période
précédente. Alors que la part du budget de la stabilisation,
entre 1981-1982 et 1985-1986, dans le budget total du MAPAQ, était de 12
%, elle est de 22 % entre 1986-1987 et 1990-1991. Voyez-vous, la part du budget
uniquement allouée à la stabilisation, elle aussi, en
pourcentage, a doublé au niveau du
ministère. Et c'est sur ça que je veux amener le
ministre.
Comment le ministre peut II faire pour essayer de remédier
à cette situation? Je le répète, je l'ai dit tout à
l'heure, ce n'est pas en se prenant une assurance que quelqu'un pense faire de
l'argent et vivre là-dessus. Quelqu'un qui se prend une assurance, c'est
juste pour être capable d'amoindrir les pertes durant une période
difficile. Mais on s'aperçoit que, durant les cinq dernières
années, la stabilisation est en augmentation constante. Comment le
ministre pense-t-il pouvoir essayer de diminuer cette augmentation vertigineuse
des dépenses dans la stabilisation? Le ministre ne reconnaît-il
pas qu'il est anormal que le budget du MAPAQ ait été
utilisé de plus en plus pour payer du financement agricole de la
stabilisation?
Au niveau du financement aussi, la part en pourcentage du budget est
énorme; elle est énorme, comprenez-vous? Je fais juste souligner
en passant que, durant la crise de 1981-1982, le gouvernement du Parti
québécois avait ajouté pour prévoir la hausse
énorme des taux d'intérêt qui est due au
fédéral. Cette année, on n'a rien fait de plus et on prend
ça à même les budgets du ministère. Le ministre ne
reconnaît-il pas que le développement d'une agriculture forte et
prospère exige des mesures pour améliorer et renforcer la
viabilité du secteur agricole? Comment le ministre pense-t-il corriger
ça avec les orientations qu'il vient de nous dire tout à l'heure,
qui sont des orientations de conservation de la ressource et tout ça.
Ça fait longtemps qu'on entend parler de ça. Il n'y a rien de
neuf là-dedans; c'est des beaux discours, la conservation de la
ressource. On a commencé à en parler, nous autres, dans notre
temps. Là, on est rendu cinq ans plus tard et le ministre revient avec
ça et, là, il en fait un de ses thèmes, une de ses
orientations.
Le Président (M. Richard): M. le ministre. M. Yvon
Picotte
M. Picotte: M. le Président, j'ai bien l'impression qu'on
ne s'entendra sûrement pas sur les chiffres, mais, de toute façon,
je pense que l'important, ce n'est pas de s'entendre sur les chiffres, mais
surtout de s'entendre sur le terrain avec les gens pour tâcher
d'améliorer la situation.
Mais je vais revenir sur certains points qui me semblent importants. Le
député d'Arthabaska a parlé, à un moment
donné, tantôt, de commercialisation et de 100 000 000 $ au niveau
de la stabilisation dans le temps que le Parti québécois
était là. 100 000 000 $ Mes fonctionnaires sont ici; à
moins qu'ils aient tous perdu la mémoire, 100 000 000 $, ils n'ont
jamais connu ça dans la commercialisation. Ça ne s'est jamais
produit Mais, de toute façon, ne faisons pas faire de chicanes inutiles
aux chfffres et procédons plutôt en regardant ensemble la
philosophie qui nous préoccupe de part et d'autre.
Voyez vous, on a encore environ 20 000 000 $, tout près de 27 000
000 $ probablement cette année qui vont être
dépensés par le ministère de l'Environnement pour aider
l'agriculture et qui ne sont pas comptabilisés. Je n'aurais pas haï
ça, moi, que la SDI, qui aide et finance beaucoup d'activités
agricoles, nous envoie sa part de budget et qu'on comptabilise ça
à l'agriculture Vous verriez qu'il y a beaucoup plus d'argent que
ça en agriculture. Et le ministère de l'Environnement qui va
mettre 388 000 000 $ sur 10 ans, 27 000 000 $ l'an passé et possiblement
environ 40 000 000 $ cette année, si on ajoutait ça au budget de
l'agriculture, vous verriez qu'on est beaucoup plus performants encore que la
visibilité qu'on a. (10 h 45)
Mais quelle différence d'opinion y avait-il entre vous autres et
nous autres? Ça, c'est important qu'on se le dise. Vous autres, vous
aviez choisi une politique, et moi, je ne critique pas ça, les choix.
Les choix, les gouvernements les font et, après ça, c'est les
gens qui critiquent Quant arrive une élection, les gens font leur choix
sur les choix que les gouvernements ont faits pour eux, et là, ils
décident soit de nous garder ou de nous envoyer chez nous. C'est la
démocratie et on doit vivre avec ça, et moi, je suis heureux de
vivre dans un régime comme ça. Mais je me rappelle que, dans
votre temps - et j'avais critiqué ça de façon
sévère - votre politique, vous autres, c'était non pas
d'aider les producteurs à assainir leur environnement, mais de les
enlever de la production. Vous aviez décidé, à
L'Assomption, entre autres, d'acheter des porcheries et de dire: Vous polluez
là, vous vous en allez; on va vous acheter et vous allez vous en aller.
Mettre 25 000 000 $, 30 000 000 $ et 40 000 000 $ là-dedans, tasser les
gens complètement de la production. Nous, on a une autre philosophie et
on s'est retrouvés, comble de stupéfaction pour l'ensemble du
monde, dans la situation où ces mêmes agriculteurs-là,
qu'on avait expropriés de L'Assomption, se sont déplacés
à cinq kilomètres plus loin pour s'en bâtir une autre.
C'est ça qui s'est passé. Si vous aviez, dans le temps,
décidé de mettre de l'argent, ne serait-ce que 25 000 000 $ ou 30
000 000 $ par année... Je comprends que, demain matin, les gens
aimeraient mieux qu'on leur dise: On a 388 000 000 $ cette année
à mettre pour vous autres pour assainir la pollution agricole Ça
serait effrayant; un gars serait populaire pour le restant de ses jours. Ce
n'est pas possible, ça Ça ne se peut pas, ça. Mais entre
ce que nous faisons, avec 25 000 000 $ ou 30 000 000 $ par année pour
aider la classe agricole, dans le domaine de son assainissement, et entre ce
que vous, vous faisiez, exproprier les porcheries pour qu'ils aillent se
bâtir à cinq
kilomètres plus loin pour continuer, sans politique
d'assainissement, de polluer, moi je pense que là-dessus ça se
défend bien.
Encore là, moi je pense que le discours du député
de Lotbinière était non seulement à propos, mais je suis
satisfait qu'il l'ait apporté parce que c'est une dimension que l'avais
oubliée. C'est une dimension que j'avais oubliée.
Maintenant, revenons à la stabilisation. La stabilisation, vous
savez, c'est un outil que les producteurs et productrices agricoles au
Québec ont voulu se donner en priorité. Je parlais encore cette
semaine... J'ai parlé ce matin avec le président de l'UPA
provinciale, et j'ai parlé cette semaine avec d'autres gens des
fédérations, qui me disaient: M. le ministre - parce que je dois
aller aux négociations du GATT en début de décembre, en
Belgique - écoutez, l'Office du crédit agricole, la
stabilisation, il faut que vous fassiez une guerre à tous crins pour ne
pas qu'on perde ces choses-là. Ce sont nos meilleurs outils.
Qu'on nous dise aujourd'hui: Écoutez, la stabilisation va manger
une grosse part. Bien oui, on a choisi cet outil-là. Et si on n'avait
pas choisi cet outil-là, si les agriculteurs me disaient: Mais tout ce
que vous mettez dans la stabilisation, enlevez ça de là et puis
mettez ça dans des programmes plus régionaux et des programmes
provinciaux, moi, je suis prêt à faire le "deal" avec eux autres,
je suis prêt à discuter de ça. Maintenant, ils le savent et
j'ai eu l'occasion d'en discuter. M. le vice-président de l'UPA, M.
Pierre Gaudet était à mon bureau, hier, au bureau du
sous-ministre chez nous. Ils savent qu'il y a un certain ménage à
faire du côté de la stabilisation. Ils ont la bonne volonté
de le faire et on va le faire, ce qui, bien sûr, nous permettra de faire
aussi autre chose. Je pense que là-dessus, il y a un ménage
à faire; on va le faire et vous allez voir que ce ne seront pas
uniquement des orientations de phrases, ça va être du concret qui
va se vivre. C'est déjà commencé, d'ailleurs.
Je pense que c'est fait dans un esprit non seulement très amical,
mais dans un esprit de collaboration la plus franche. Merci, M. le
Président. J'ai atteint ma limite, je pense.
Le Président (M. Richard): Peut-être pas votre
limite, mais votre limite de temps sûrement.
M. Picotte: Je faisais allusion au temps.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Prévost, M. Forget, vous avez la parole pour les cinq prochaines
minutes.
M. Paul-André Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Pendant cinq minutes,
je vais vous parler de la gestion des entreprises. Le défi de
l'agriculture québécoise d'aujourd'hui réside
désormais dans la rentabilisation des productions plutôt que dans
l'expansion de leur capacité de production. Le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a mis en place, au
cours des dernières années, plusieurs Initiatives et programmes
permettant d'atteindre l'accroissement du niveau de productivité et la
consolidation des acquis. Devant un marché saturé pour plusieurs
productions agro-alimentaires, la dynamisation de l'industrie agro-alimentaire
québécoise a passé par le développement de
production non traditionnelle.
À cet effet, quelques productions ont été retenues
car elles possédaient certains avantages comparatifs. Un nouveau concept
d'aide a été mis en application pour appuyer le
développement de ces productions. Il s'agit des pians d'intervention
intégrée, relevant des stratégies émanant non plus
de l'étude à la pièce de diverses contraintes freinant le
développement d'un secteur, mais plutôt d'une analyse globale de
sa problématique. Ce concept peut être élaboré lors
d'une consultation visant la concertation de l'ensemble des intervenants et
intervenantes d'un secteur donné.
Des plans d'intervention pour la période de 1909 à 1992,
prévoyant des investissements importants, ont été mis en
application dans les productions suivantes: horticulture ornementale, 3 000 000
$; agriculture biologique, 3 000 000 $; blé d'alimentation humaine et
fève de soya, 1 400 000 $; et culture abritée, 3 000 000 $.
Classée au cinquième rang des productions agricoles,
l'horticulture ornementale est en pleine croissance au Québec. La mise
en oeuvre du plan intégré s'est traduite jusqu'à
maintenant par la création d'un centre de développement de
l'horticulture ornementale, une corporation sans but lucratif, dont les deux
principaux partenaires sont le ministère et la Fédération
interdisciplinaire de l'horticulture ornementale. De plus, le plan a permis la
mise en place de nouvelles infrastructures d'enseignement
spécialisé en horticulture à l'Institut de technologie
agroalimentaire (ITA) de Saint-Hyacinthe via un programme de formation
intitulé "Production en pépinière". L'introduction d'un
mécanisme d'inventaire des produits de pépinière
disponibles au Québec permettant de regrouper les produits offerts, la
diffusion de cette information, l'organisation d'une campagne de promotion et
la poursuite du programme Téléphone vert jusqu'en 1992 sont
autant d'actions qui ont favorisé l'amélioration de la
commercialisation dans cette industrie.
Pour soutenir le développement des cultures abritées, le
ministère, en plus de mettre en place un plan d'intervention
intégré, a accordé une aide financière. Ces
investissements ont servi à consolider les acquis des secteurs afin
d'augmenter leur compétitivité et de poursuivre le rafermissement
de sa structure de mise en
marché. Afin de réduire l'usage des pesticides et
d'assurer la promotion de la lutte biologique, des actions particulières
de recherche, de transfert technologique et de démonstration ont
été entreprises. Une spécialisation en serriculture a
été intégrée au programme de formation en
horticulture à l'ITA de Saint-Hyacinthe. La formation du Club de
producteurs illustre également le dynamisme du secteur des cultures
abritées.
Est-ce qu'il me reste encore du temps?
Le Président (M. Richard): A partir de maintenant, il ne
vous en reste plus...
M. Forget: II ne m'en reste plus.
Le Président (M. Richard):... malheureusement.
M. Forget: Alors, M. le Président, je vous remercie
beaucoup. J'aurais eu beaucoup de choses à dire. Merci.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Prévost. M. le député
d'Arthabaska, M. Baril, vous avez la parole.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. J'aimerais
clarifier deux points, tout de suite, au départ. Le premier point, c'est
que le ministre nous a dit que ses fonctionnaires n'avaient jamais vu ça
au ministère de l'Agriculture, 100 000 000 $ et quelques à la
commercialisation. Il a entièrement raison, mais mes... Je fais
attention, là. Moi, c'est une moyenne des cinq... C'est le total..
Excusez, ce n'est même pas une moyenne. C'est le total de la
période des cinq dernières années. Je veux être...
Je veux que ces messieurs comprennent bien que je n'ai pas dit 176 000 000 $ ou
170 000 000 $ par année. C'est le total de la période de votre
règne et de notre règne. II y a un manque de 10 000 000 $ pendant
votre règne.
L'autre chose, c'est au niveau de la stabilisation. Je veux être
bien clair au niveau de la stabilisation. Il ne faudrait pas que le ministre
pense que je suis contre le programme de stabilisation, contre les programmes
de stabilisation. Ce n'est absolument pas ça que je veux dire, mais j'ai
voulu essayer de démontrer au ministre que ce n'est pas uniquement avec
des programmes de stabilisation qu'on développe l'agriculture. Les
programmes de stabilisation, c'est un support. Je le répète,
c'est un support nécessaire au maintien de l'agriculture dans des
périodes difficiles, mais tu ne peux pas vivre là-dessus à
tous les ans et éternellement. Et c'est ça que je dis et que
j'essaie de faire comprendre au ministre: Quel virage il va prendre pour
essayer de développer l'agriculture au lieu de j'allais dire de
l'étouffer dans son état actuel. C'est ça que je veux
dire. Au contraire, je suis pour la stabilisation. Au moins, il fallait qu'il
reste ça, mais je ne veux pas...
Une autre affaire. Quand on parle des programmes de gestion des fumiers,
et on est revenus sur les porcheries et tout ça, j'aimerais ça
que le ministre me réponde aujourd'hui. Depuis environ un an, la
Fédération de l'UPA de Lanaudière demande de l'aide du
ministère de l'Agriculture pour engager des personnes ou des agronomes
qui sont spécialisés dans ce secteur pour préparer et
vendre au niveau du producteur agricole un plan d'utilisation des fumiers. Les
compagnies d'engrais chimiques, elles, ont leurs vendeurs sur la route et les
gens qui ont du lisier de porc de trop, entre autres, demandent une aide
financière de la part du ministère de l'Agriculture pour
être capables de vendre ce fumier avec des méthodes d'utilisation
des fumiers. J'aimerais ça que le ministre nous dise ce qu'il entend
faire parce que, pour eux, c'est fondamental.
Lo ministre était contre notre politique d'autosuffisance Jo
pourrais revenir sur plusieurs points, mais le temps, malheureusement, ne m'est
pas alloué pour ça. Le ministre était contre notre
politique d'autosuffisance; c'était son droit. Nous, on est allés
dans ce secteur, dans ce domaine, parce qu'on y croyait et l'agriculture a
connu un développement phénoménal et ça a fait ses
preuves. Le gouvernement, lui, est arrivé en place et il a dit: Moi,
j'arrête de progresser, j'arrête de faire progresser l'agriculture,
le Parti québécois l'a fait, il l'a rendue à un certain
niveau, c'est parfait; moi, je consolide l'oeuvre du Parti
québécois. Ça, c'était votre position en 1985 quand
vous êtes arrivés au pouvoir. C'était votre choix et je le
respecte. C'était votre choix et je n'ai pas à vous
l'enlever.
Mais si on regarde la situation de l'agriculture, aujourd'hui, on
fonction de vos objectifs do 1985, c'est un échec. C'est un
échec, votre politique de consolidation et je vais vous le prouver. Si
on évalue la performance du gouvernement en fonction de ses propres
objectifs, on constate que le produit intérieur brut du secteur agricole
a diminué, en termes réels, de 2, 8 % - ça, c'est les
chiffres du ministère - depuis 1985. alors que le produit
intérieur brut de l'ensemble de l'économie
québécoise a augmenté de 17 %, lui En d'autres mots, le
secteur agricole perd du poids, de l'importance dans l'ensemble de
l'économie du Québec depuis 1985.
Le secteur agricole a perdu 28 000 emplois au moins depuis 1985, soit 33
% de l'ensemble de la main-d'oeuvre Les recettes monétaires des
agriculteurs ont baissé de 8 % en dollars constants depuis 1985 Le
revenu moyen a baissé de 18 %. Les investissements, c'est évident
que si les revenus baissent les gens ont moins d'argent pour investir et il y a
une inquiétude qui est
créée actuellement, parce que les gens sentent un
désintéressement du gouvernement face à l'agriculture.
Donc, il y a une diminution de 37 % par année depuis 1985 par rapport
à la période de 1981 à 1985. Donc, c'est un échec,
votre politique de consolidation des acquis, M. le ministre, et c'est pour
ça que je vous demande: Comment redonner la confiance aux agriculteurs
et aux agricultrices pour qu'ils reprennent le goût d'investir, au lieu
d'essayer de vous acharner à dire: On se contente de nos objectifs et on
était justifiés de penser comme ça? Les chiffres sont
là, M. le ministre; on ne peut pas passer à côté de
ça. Ils ne sont pas de moi, ils sont de votre ministère en plus
de ça.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'on va continuer
de discuter de façon sereine pour, bien sûr, placer les choses
dans leur réelle perspective aussi. C'est pour ça que je me suis
toujours refusé à faire des guerres de chiffres sur le produit
intérieur brut, le produit à l'extérieur et à
l'intérieur et partout, parce que, généralement... On
pourrait en discuter longtemps et on n'aura pas fait avancer l'agriculture d'un
maudit pouce. Ça, je trouve ça un peu dommage, mais, en tout
cas...
D'abord, je répondrai à une première question que
le député m'a posée. Il y a eu une entente avec le MENVIQ
et, à partir du 1er avril 1991, il y aura 20 agronomes qui vont
être dans les trois régions - Beauce,
L'Assomption-Lanaudière, si vous le souhaitez, et Saint-Hyacinthe -
pour, justement, inciter les agriculteurs dans la politique du fumier, comme il
m'en a parlé. Alors, ça, ça va entrer en ligne de compte
le 1er avril. L'entente a été signée avec le
ministère de l'Environnement et notre ministère. Le paiement, je
ne le sais pas, on pourra en discuter. C'est payé par le MENVIQ. Alors,
ce seraient encore des fonds qui n'apparaîtront pas chez nous, mais qui
serviront à l'agriculture et dont on devra faire un jour le bilan
complet. Alors, c'est déjà un point que m'a soumis le
député et auquel je donne réponse. (11 heures)
Maintenant, on a parlé du produit intérieur brut et de
tout ça. Moi, je voudrais vous lire une partie des perspectives
agricoles de 1990, un document officiel que j'ai avec moi, sûrement le
document auquel s'est référé le député
d'Arthabaska pour me donner les chiffres. Je vais vous parler de ceci: Selon
les perspectives agricoles du troisième trimestre publiées
récemment par Agriculture Canada - donc pas par nous et, si ce n'est pas
par nous, ça doit être des chiffres plus objectifs - le revenu net
agricole réalisé en 1990 devrait s'élever à 875 000
000 $ au québec, où il est en baisse de 4 700 000 000 $. on est
au moins d'accord avec le député d'arthabaska qu'on est en baisse
de 4 700 000 000 $ par rapport aux résultats de 1989. comparé
à 1989-1990, il y a une baisse de 4, 7 %. il s'agirait, même avec
ça - et écoutez bien ça, parce que ça aussi c'est
important - d'une des meilleures performances au pays, l'agriculture au
québec où, en moyenne, la réduction prévue serait
de 24, 7 %. alors que, partout dans l'ensemble canadien, il y aura une baisse
de 25 %, nous, la baisse sera de 4, 7 %. évidemment, ça ne me
réjouit pas. j'aurais préféré une hausse chez nous
et une baisse ailleurs. ça ne me réjouit pas, mais je suis
obligé de constater que, malgré tout, notre performance n'est pas
si méchante, parce qu'il y a une baisse de 4, 7 % chez nous, puisqu'il y
en a une de 25 % dans l'ensemble canadien.
C'est une question de conjoncture. C'est impossible... Et là,
j'accepterais des reproches si un disait: Ça a augmenté partout
et ça baisse chez vous, II y a quelque chose qui ne marche pas, mais
ça a baissé partout, puis ça a moins baissé chez
nous que partout ailleurs. Il doit y avoir quelqu'un qui fait bien sa job
quelque part. Disons que ce n'est pas le ministre de l'Agriculture - vous ne
pouvez pas me dire ça, vous êtes dans l'Opposition - c'est une
affaire de réglée, mais, au moins, mettons ça sur le
compte des agriculteurs qui disent qu'ils performent bien, que ce n'est pas si
pire que ça, puisqu'on est pas mal moins affectés dans nos
revenus à cause d'une bonne performance de l'agriculture.
Maintenant, on va faire une réflexion ensemble, tous les deux,
bien rapidement. Au moment où tous les gouvernements cherchent des
piastres, où tous les individus ne sont pas volontaires pour aller faire
signer des pétitions par leurs concitoyens et concitoyennes dans leur
rang, dans leur quartier, dans leur village pour leur dire: On fait signer une
pétition pour demander aux gens d'augmenter nos taxes et nos
impôts pour se donner plus de programmes en agriculture, au moment
où la piastre est rare à tous les paliers de gouvernement, il
faut que des gens comprennent que le budget de l'agriculture ne peut pas
continuellement hausser sans qu'on ne fasse du ménage à
l'intérieur de la stabilisation. Là-dessus, probablement qu'on
sera d'accord - l'UPA, du moins, l'est avec moi - on a commencé les
discussions pour faire du ménage du côté de la
stabilisation parce qu'il faut que ça arrête que la stabilisation
vienne chercher la plus grosse part du gâteau et qu'il n'y ait plus
d'argent pour faire du développement. C'est ça qu'il faut contrer
et arrêter. L'UPA est d'accord avec moi là-dessus; on a eu une
première discussion là-dessus hier à mes bureaux, pas avec
moi, mais avec mes collaborateurs, et je pense, bien sûr, M. le
Président, que c'est le défi de l'avenir et on va le relever,
parce qu'il y a une volonté de le relever de part et d'autre. Ça,
c'est
important, mais il faut que tous les deux soient sur la même
longueur d'ondes et tant mieux s'il y en a un troisième maintenant qui
s'appelle l'Opposition.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Iberville, M. Lafrance, vous avez la parole pour les cinq prochaines
minutes.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. C'est toujours avec
une satisfaction renouvelée que je me joins à toute discussion
touchant l'agriculture, moi qui suis membre de la Commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation et qui représente le grand
comté d'Iberville où on retrouve les terres les plus fertiles de
notre province. Je m'en voudrais, d'ailleurs, de ne pas saisir l'occasion pour
saluer tous les agriculteurs et agricultrices du comté d'Iberville, leur
réitérant toutes mes préoccupations et mon application
à supporter leur juste cause.
En effet, j'ai eu l'opportunité, dans ma vie professionnelle, de
vivre sur d'autres continents et j'ai été ainsi en mesure de
constater jusqu'à quel point notre peuple est choyé de disposer
d'un territoire géographique vaste, d'un sol riche et fertile et d'un
climat tempéré permettant fondamentalement de nous procurer
à peu près tout ce dont notre société a besoin en
matière alimentaire, en plus d'aider et d'apporter un appui majeur
à notre économie.
En fait, je pense que peu de peuples peuvent ainsi se prévaloir
d'autant de potentiel agricole et d'une si belle diversité agricole sur
son propre territoire. Et nous pouvons donc en être très fiers. Il
va de soi qu'une des premières préoccupations du gouvernement
actuel - comme l'a d'ailleurs mentionné M. le ministre voilà
quelques minutes - est de protéger, sauvegarder et même
améliorer la qualité des aliments. Et c'est sur cet aspect
précis que j'aimerais souligner les interventions fondamentales du
ministère. Tout d'abord, une des plus récentes actions du
ministère en ce sens a été la mise sur pied d'un
système de certification des appellations de produits alimentaires
appelé Québec Vrai. En effet, l'avènement de toute une
gamme de produits alimentaires présentant des attributs particuliers a
amené un questionnement sur l'authenticité de ces
caractéristiques, d'autant plus qu'il n'existait pas, jusqu'à
tout récemment, de normes officielles ou de mécanismes reconnus
en matière de certification des appellations.
C'est donc là une mesure importante pour protéger
l'authenticité de nos produits agricoles. Ensuite, et afin de
protéger les consommateurs et d'assurer à l'industrie une
reconnaissance pour ces produits possédant des caractéristiques
spécifiques, le ministère a mis sur pied un système de
certification. Ce système repose sur la volonté des entreprises
d'un secteur donné de définir des normes de production et de
contrôle de leurs produits et d'assumer les coûts du contrôle
effectué par un organisme indépendant.
Ensuite, comme nous le réalisons sûrement, tous les
consommateurs et consommatrices exigent, de plus en plus, des aliments sains et
exempts de résidus de pesticides. Afin de répondre à cette
exigence et ainsi maintenir les marchés de nos produits agricoles, une
stratégie phytosanitaire visant à réduire de moitié
l'utilisation des pesticides en agriculture d'ici 10 ans sera mise de l'avant.
Cette stratégie sera mise en place avec la collaboration des partenaires
et, évidemment, de tous les intervenants.
Enfin, l'actualisation de la réglementation demeure une
priorité pour le ministère. Ainsi, la Loi sur les produits
laitiers et leurs dérivés sera modifiée afin d'introduire
la notion d'essayeurs à la ferme, d'exempter une fabrique de
l'obligation d'avoir un essayeur à son service et d'extensionner la
durée de la fermeture d'un établissement insalubre Finalement, le
ministère a également mis en place les éléments
d'une stratégie de responsabilisation de l'industrie face à la
qualité des aliments et développé des approches
préventives.
Une promotion des sessions de perfectionnement en matière
d'hygiène et de salubrité a été faite auprès
des commissions scolaires, des détaillants en alimentation, des
restaurateurs et des enseignants et enseignantes de cuisine professionnelle et
d'alimentation nutrition. Il va de soi que l'UPA, dans le cadre d'une entente,
a collaboré au suivi de toutes ces inspections.
M. le Président, je réalise que mon temps est
terminé et j'aimerais, en concluant, vous dire que ce sont là
quelques-unes des mesures mises de l'avant par le gouvernement actuel afin de
sauvegarder la qualité de nos aliments et ainsi maintenir les
marchés pour nos produits agricoles Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Iberville. M. le député d'Arthabaska, M.
Baril, vous avez la parole.
M. Jacques Baril
M. Baril: M. le Président, je vais juste passer un
commentaire sur ce que le ministre m'a dit tout à l'heure, et je ne dis
pas en contestant mes chiffres, parce que je pense qu'il n'est pas un
économiste et moi non plus. Donc, on ne s'obstinera pas
là-dessus. Mais juste un principe aussi dont il faut se souvenir. Quand
tu veux te comparer ou t'améliorer, il faut que tu te compares à
mieux que toi et non à un moindre que toi. Et il me revient un proverbe
qui dit: Quand je me regarde, je me désole et quand je me compare, je me
console.
Ceci dit, je vais essayer d'aborder des problèmes au niveau de
l'ensemble des régions du
Québec. Lors de ma tournée des fédérations
régionales de l'UPA,. plusieurs problèmes particuliers, dans
chacune des régions, ont été soulevés. Quand on
pense, au niveau de la transformation - et le mot n'est pas trop - la situation
est catastrophique, en Abitibi-Témiscarmingue, en
Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Beauce et en
Mauricie. La situation est catastrophique parce que c'est inadmissible que les
gens de la Gaspésie, qui restent sur la pointe, à Maria ou je ne
sais pas où, soient obligés de descendre leurs bêtes ici,
à Saint-Romuald, pour être capables de les vendre. C'est
inadmissible. Ces producteurs-là perdent déjà 200 à
250 livres de poids sur chacune de ces bêtes-là quand ils arrivent
ici. Et c'est la même chose en Abitibi-Témiscamingue. Ça
n'a pas de bon sens que ces gens-là soient obligés de partir,
aller faire abattre leurs animaux en Ontario ou les descendre à
Montréal. Au Lac-Saint-Jean, on nous a dit qu'au niveau de l'agneau, je
crois, et une autre production, on est obligés de descendre dans le
comté de Charlevoix pour les faire abattre. Ça n'a pas de bon
sens qu'on ne soit pas capable de maintenir un abattoir régional qui est
capable de répondre aux besoins de ces régions-là. Les
gens déplorent fortement que la production régionale sorte des
régions pour être transformée ailleurs.
Le ministre est sans doute sensible - parce que je sais que c'est un
régionaliste - et conscient que les gens sont obligés de partir,
de transporter - je vais dire comme je dis souvent - d'user les boîtes de
"truck" et de maganer les routes pour descendre à Montréal, les
faire abattre et transformer ailleurs. Les régions se vident au niveau
de la main-d'oeuvre. Tu perds un dynamisme important dans ces
régions-là où ils sont affectés. On nous a fait
part de la volonté du gouvernement; c'est cette volonté qu'on ne
sent pas. En Gaspésie, lors du dernier sommet économique, on
avait commencé - les gens, là-bas - pour essayer de s'en sortir,
à présenter un projet au niveau de la transformation du poisson
à l'état primaire. Là, on nous a dit: C'est fini,
ça, l'état primaire, la première transformation, il n'y a
plus d'avenir là-dedans, il faut que vous vous en alliez dans la
transformation tertiaire. Ah bien!, là, ils ont dit: C'est correct. On
retrousse nos manches, on présente des projets au niveau de plats
préparés - remarquez, je ne suis pas un cuisinier -
mêlés avec des légumes et toutes sortes de choses
là-dedans. Là, ils ont dit: On présente ça au
gouvernement. Le gouvernement dit: Ah! Bien, là, ça n'a pas de
bon sens, c'est bien trop gros, votre projet, vous n'êtes jamais capables
de produire tout ça chez vous. Pourtant, on nous a dit - et je vous
l'avoue bien honnêtement - qu'il y a 30 ans, la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, c'était un des plus gros producteurs
de pommes de terre au Québec. On dit: On a déjà produit
des pommes de terre, ici, tant que les gens en voulaient, là, on nous
dit: Vous n'êtes plus capables de faire ça. Et du fait que ces
gens-là soient obligés de transporter leur bétail d'une
façon extraordinaire sur une longue distance, les gens délaissent
de plus en plus la production, la production bovine entre autres, qui
utiliserait d'immenses territoires agricoles qui sont laissés en
friche.
J'aimerais connaître l'orientation du ministre, la volonté
du ministre d'essayer de remédier à ça. Le gouvernement
est obligé de payer ces gens-là de toute façon, sur l'aide
sociale ou sur le chômage, et on vide les régions. Il semble n'y
avoir aucune volonté gouvernementale de corriger ça. J'aimerais
aussi, si le ministre le veut bien, qu'il me donne son intention au niveau de
la mise en valeur des terres en friche, depuis le temps qu'on en parle. Est-ce
que le ministre va continuer à appuyer l'orientation qui semble
donnée par ce gouvernement-là de replanter et de reboiser les
terres en friche, ce qui, pour moi, est un scandale? Ce n'est pas de replanter
un arbre qui est un scandale, mais bien quand, dans la même
génération, on a défriché, épierré
une terre au complet et on voit replanter des arbres sur ces sols-là qui
ne seront productifs que dans 50 à 60 ans. C'est un scandale, quand on
sait qu'il y a tellement de territoires qui sont là pour être
reboisés, qui seraient utilisés au reboisement.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. M. le ministre, vous avez la parole.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'aurai l'occasion,
dans ma conclusion, de parler abondamment de régionalisation. J'ai
gardé ce point-là, d'autant plus que je suis maintenant
coiffé de ces deux titres-là, de ces deux chapeaux-là,
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et ministre
reponsable du Développement régional au Québec. J'aurai
abondamment l'occasion d'en parier. En ce qui concerne, les régions,
plus précisément, mon collègue d'Iberville, tantôt,
me faisait part que, dans sa prochaine intervention, il a l'intention,
justement, de parler un petit peu de ce genre de choses-là. Mais on y
reviendra. (11 h 15)
Un petit mot, avant de parler d'un secteur dont on a parlé au
préalable, plus précisément... Moi, je ne suis pas
surpris. Quand le député d'Arthabaska dit qu'il a fait des
tournées dans les régions et qu'il a rencontré des fois
des gens qui ont dit: Bien, le gouvernement nous a dit: Écoutez, il faut
aller dans la deuxième ou la troisième transformation -
probablement que c'est moi qui leur ai dit ça quand j'étais
ministre délégué aux Pêcheries - et qu'il y avait de
l'avenir dans ce domaine-là, bien sûr, qu'il y a de l'avenir dans
ce domaine-là. Mais il faut faire
attention, parce qu'on est obligé de constater une chose. Depuis
que Mme Brigitte Bardot a fait une lutte épique du côté de
la protection du phoque, vous savez ce qui se produit depuis ce
temps-là? Les pêcheurs vont à la pêche et ils ne sont
plus capables de prendre de poisson parce que les bébés phoques
avalent la morue en quantité industrielle. Il n'y a presque plus de
morue du nord. Mais c'est ça la réalité; ce n'est pas moi
qui ai inventé ça. On a protégé les phoques.
Vous savez, quand on va déstabiliser la nature de quelque
façon que ce soit, la nature, c'est pas mal plus intelligent que l'homme
et la nature se fait justice elle-même. On a protégé le
phoque, maintenant on a pas mal moins de morue du nord. Ce n'est pas vivre dans
un autre pays que de se rendre compte qu'il y a eu des luttes
épouvantables entre les différents pays pour aller dans la zone
K, et dans la zone J et dans les zones F et Z; c'est parce qu'on ne savait pas
comment les appeler, c'est sur l'eau, et on les a baptisées comme
ça. Mais tout le monde revendi que d'aller dans la même zone parce
qu'il n'y a plus de poisson.
Voyez-vous, au moment où on se parle, comment justifier
qu'un gouvernement soit stupide au point d'aller mettre... et de ne pas
dire à des promoteurs: Vous allez en trop gros parce qu'il faut que vous
ayez du poisson pour faire des plats? Je veux bien, moi, mais si vous vendez
des plats de brocoli, ne nous dites pas que vous faites du poisson
usiné. Ah! vous voulez faire du poisson avec du brocoli et des patates,
c'est bien beau, c'est bien bon, je le sais, d'autant plus que, quand on est au
régime, on trouve ça meilleur. Mais qu'est-ce que vous voulez que
je vous dise? Il faut bien avertir les gens que le projet dans lequel ils
embarquent présentement, il y a un danger, parce qu'il faut commencer
par avoir la ressource première, vous savez. Quand on n'aura plus de
poisson, ça va aller mal pour en faire, des plats usinés, dans le
domaine du poisson. Qu'un gouvernement dise aux gens: Faites attention; ce
n'est pas méchant. Bien, en tout cas, s'il ne le dit pas, le
gouvernement, c'est qu'il ne joue pas le rôle qu'il doit jouer.
Je comprends le député d'Arthabaska de m'avoir
parlé un peu, tantôt, de perte de confiance dans un secteur qui
est en décroissance, lui-même est un producteur laitier. On sait
que ce secteur-là est un petit peu en décroissance. Je le
comprends quand il dit ça. Par contre, il faut regarder tous les
secteurs qui viennent contrebalancer bien des choses. Je vais vous donner des
exemples, je pense que c'est important qu'on se le dise. Dans le secteur
primaire, on a opté pour la stabilité et la
sécurité. On a demandé de la stabilisation des revenus et
de la gestion de l'offre. Ça, c'est dans le secteur primaire, un secteur
dans lequel oeuvre le député d'Arthabaska et il s'y
connaît, je suis convaincu.
On a opté aussi ça, ç'a été une
motion, unanime de l'Assemblée nationale, il ne faut pas ignorer
ça, en février 1990 - pour la protection de nos marchés de
production laitière et/ou agricole. On a opté pour ça. On
a fait ensemble, face au GATT, un effort commun là-dessus. Ces
marchés sont soit en diminution dans le secteur laitier ou en
légère croissance, 3, 4 %, dans le secteur agricole. En
conséquence, avec la croissance de la productivité sur les
fermes, il faut s'attendre à une diminution du nombre de fermes et
possiblement de l'emploi, bien sûr, c'est un secteur qui est en
décroissance. Nombre de fermes laitières, en 1961, 80 500; en
1986, 17 600; en 1990, 14 200; et, en l'an 2000, des prévisions de 10
000. C'est un secteur en décroissance.
Dans le futur, c'est quoi? La croissance va venir de l'augmentation ou
de la valeur ajoutée dans les secteurs de la transformation et de la
distribution. Ce phénomène est déjà amorcé.
Alors, on pourra comparer l'emploi, en 1985, dans ces secteurs-là, face
à 1990, des investissements et des ventes.
Le prochain sujet d'intervention, M. le Président, je le dis
à l'avance, je parlerai de ces secteurs-là qui sont en hausse et
du nombre d'emplois; vous allez voir qu'en bout de piste, il n'y a personne qui
est perdant, sauf que les secteurs changent un peu et la croissance est dans un
sens et la décroissance est plutôt dans l'autre.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Je
cède la parole maintenant à M. le député
d'Iberville, à nouveau M. Lafrance.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. Comme
mentionné dans ma première intervention et représentant
avant tout un comté agricole, j'ai particulièrement à
coeur de promouvoir les particularités régionales en
matière agricole et c'est sur cet aspect que j'aimerais cibler mon
intervention et ainsi répondre au député d'Arthabaska qui
s'est arrêté, voilà quelques minutes, à des points
précis sur ce sujet. C'est donc dans cette perspective que le
ministère a procédé à une réforme en
profondeur de ses programmes d'aide aux producteurs et productrices agricoles
en collaboration avec ses partenaires. Afin de s'adapter et d'adapter les
politiques et programmes gouvernementaux aux particularités
régionales, les interventions en régions ont fait l'objet d'une
attention particulière Trois programmes de bonification de l'aide du
ministère en régions périphériques ont
été mis en place. Ainsi - et M. le député
d'Arthabaska faisait allusion à cette région, voilà
quelques minutes - la région de l'Abitibi-Témiscamingue est un
exemple, car elle a bénéficié d'une aide
supplémentaire de 1 900 000 $ via un programme innovateur fait
en collaboration avec l'UPA. Ce programme possède la
caractéristique d'être plus souple et de mieux s'adapter aux
besoins particuliers des entreprises agricoles de la région. Une
consultation auprès de la clientèle de ce programme a permis de
constater la pertinence et la satisfaction reliées à cette forme
d'aide.
De plus, les régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie,
des Îles-de-la-Madeleine, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la
Côte-Nord ont également reçu une aide supplémentaire
par la bonification de certains programmes réguliers et l'ajout de
nouveaux volets touchant plus particulièrement les productrices et
producteurs laitiers de même que la relève agricole. De plus, dans
le cadre des programmes d'aide à la production agricole 1990-1993,
considérant que toutes les régions agricoles du Québec
présentent un caractère particulier en raison des conditions
climatiques, de la géographie et des conditions socio-économiques
qui leur sont propres, le ministère entend également tirer profit
au maximum des capacités des ressources de production.
Les programmes intitulés Initiatives régionales visent
donc à saisir les opportunités de production et de marché
spécifiques à chacune des régions et à renforcer la
position concuren-tielle des exploitations agricoles sur les marchés
intérieurs, lesquels, comme on le sait, sont constamment en mutation.
Par ailleurs, selon les besoins, et dans certaines régions plus
particulièrement, le ministère pourra intervenir
adéquatement auprès des entreprises de faible rentabilité
localisées dans des zones menacées d'une forte baisse
économique. Plus de 3 000 000 $ seront alloués annuellement
à la mise en oeuvre des initiatives régionales afin de tenir
compte des particularités et des priorités d'action
régionales.
Il importe également de souligner que le ministère
reconduit le programme d'Aide au transport du bétail, lequel engage un
budget annuel de 500 000 $. Ce programme vise la mise en marché
collective des animaux d'abattage. Il est accessible aux exploitations
d'élevage des régions périphériques ainsi
qu'à celles de la région de Charlevoix et de l'Outaouais.
Des programmes spéciaux ont également été
mis en place pour favoriser la reconversion des producteurs et des productrices
de betteraves sucrières et de tabac. Ces derniers faisaient face
à des problèmes structurels de rentabilité ou de baisse de
la demande.
Enfin, et très brièvement, puisque le temps
s'écoule très rapidement, le financement agricole est un apport
indispensable au développement de l'agriculture et le gouvernement le
reconnaît pleinement. Il y a d'ailleurs des modifications qui sont
apportées aux programmes de financement agricole qui ont pour effet de
favoriser une accessibilité plus grande au crédit et de voir
progresser l'établissement de la relève. M. le Président,
je conclurai donc - et j'espère que ces points répondent aux
points soulevés par le député d'Arthabaska, - en disant
que ce sont là des mesures concrètes, avec des chiffres à
l'appui, prouvant la grande sensibilité du ministère afin de
s'ajuster aux particularités et aux besoins agricoles dans chacune des
régions. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Iberville. M. le député d'Arthabaska, vous
avez la parole.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, j'aimerais aborder deux sujets bien précis,
bien particuliers. Un, entre autres, sur... Comment le ministre entend-il -
puisqu'il y a eu un changement de ministre - respecter, je vais dire, les
engagements de son prédécesseur? On sait que lorsque la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles a été
modifiée en 1986, pour permettre à la relève de
bénéficier d'une aide à l'établissement de 15 000
$, le ministre s'était engagé à verser, aux femmes de 40
ans et plus, durant une période bien précise, ces 15 000 $ pour
combler une injustice qui a toujours existé au niveau des femmes
collaboratrices. L'ex-ministre de l'Agriculture, M. Pagé, s'était
engagé publiquement à remédier à cette
situation-là. Au printemps, le 14 mai dernier, il s'était
engagé à mettre sur pied un programme d'aide à
l'établissement pour les femmes de 40 ans et plus. Il devait
dévoiler ce programme avant le 1er septembre. Mais voilà que le
ministre est revenu sur sa parole. Après plusieurs concessions de la
Fédération des femmes en agriculture pour qu'un programme
spécial soit mis sur pied, après plus de trois ans de pourparlers
avec le ministre, ils en étaient arrivés à une entente. Le
ministre s'était entendu sur une formule qui était de 6 300 000
$, je crois, pour les trois prochaines années. J'aimerais que le
ministre nous parle de cet engagement de son prédécesseur. Quand,
comment et de quelle façon entend-il répondre à cet
engagement-là de son prédécesseur?.
Aussi, au niveau de la loi 49, la loi qui touche le financement
agricole, on sait que lors d'une modification, en 1988, le gouvernement du
Québec avait augmenté considérablement la participation de
l'agriculteur ou du demandeur, pour créer un fonds en cas de faillite.
Avant ça, le gouvernement, je dirais, garantissait les faillites en
agriculture et, suite à ce changement, à ce
désintéressement du gouvernement, face à l'agriculture,
aujourd'hui, les agriculteurs et les agricultrices paient 1, 85 % du budget
pour créer un fonds en cas, qu'un jour, quelqu'un fasse faillite. C'est
une mesure tout à fait injustifiable. C'est beau de maintenir un certain
partenariat, de dire: Si vous faites votre part, on va faire notre part, mais
cette seule mesure, partout dans les régions où nous sommes
allés, fait en sorte
que les agriculteurs et les agricultrices, aujourd'hui, se sentent
uniquement responsables des difficultés qui peuvent survenir en
agriculture et en plus, déjà, quand ceux et celles qui font une
demande d'emprunt ont à supporter un coût, une remise annuelle
très élevée et, on plus de ça, la plupart, à
95 %, sont obligés d'emprunter mémo pour payer cette prime
là de 1, 85 %, c'est inadmissible, injustifiable. En terminant,
j'espère et je demande si le ministre a l'intention d'aller annoncer le
retrait de cette mesure-là au congrès de l'UPA qui se tiendra au
début de décembre.
Le Président (M. Richard): Merci, M...
M. Baril: Ce serait une grande victoire pour les agriculteurs et
les agricultrices si le ministre allait annoncer cette mesure, ce retrait, un
revirement de son gouvernement face à cette mesure qui est tout à
fait déplorable, tout à fait injuste. (11 h 30)
Le Président (M. Richard): M le ministre, avez-vous un
commentaire?
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui, M. le Président. Merci beaucoup. Je vais
revenir dans quelques minutes à ce que m'a demandé le
député d'Arthabaska. Je vais uniquement terminer le
phénomène que j'avais déjà commencé en ce
qui concerne la balance des secteurs. Vous savez, l'agro-alimentaire, c'est
maintenant... Il faut comptabiliser tout le secteur de l'agro-alimentaire,
comme un tout. Il faut regarder le secteur primaire, le secteur de la
transformation et le secteur de la distribution. C'est comme ça que
finalement on peut faire un bilan et voir si nos interventions sont
justifiées et justifiables. Et en plus, je pense que le
député d'Arthabaska le sait très bien, on est sujets aux
choix des consommateurs. Le consommateur a fait des choix différents
depuis déjà quelques années. Le consommateur est davantage
un amateur de restaurants, il choisit des mets plus raffinés dans
certains cas, il va chercher des plats préparés à
l'avance, etc. Donc, dans ce secteur-là, si on ne s'ajuste pas à
un moment donné, on va avoir de sérieux problèmes. Quand
on regarde ça, et je vais lui donner des chiffres de 1990 mais sous
toute réserve; il peut y avoir quelques petites différences mais
pas beaucoup parce que le rapport n'est pas encore terminé pour
l'année 1990. C'est quasiment une primeur que je lui donne.
J'aurais pu baser mes chiffres sur 1989 mais on m'aurait dit: Oui, mais
depuis un an! Parlons de 1990 en vous disant que ce sont des chiffres
préliminaires qui ne bougeront pas beaucoup de ce que je vais vous
mentionner. Dans le secteur des emplois, en 1985, en agriculture, secteur
primaire il y avait 78 000 emplois. En 1990, on parle de 65 000. Donc, une
perte dans ce secteur Dans le secteur de la transformation des produits
alimentaires, des produits agricoles, on avait en 1985, 56 000 emplois; on en a
60 000 présentement, un gain. Dans le secteur de la distribution, on
avait 196 000 emplois et on en a en 1990, 206 000, donc, encore un gain
là Quand on balance les secteurs du côté emploi et qu'on
regarde ça dans un tout, en 1985, on avait 330 000 emplois
créés par le secteur agricole et en 1990, on en aura environ 331
000. Donc, il n'y a pas eu de perte, il y a eu un gain, c'est tant mieux. Mais,
il n'y a pas eu de perte quand on le prend uniquement à un certain
niveau basé sur ce qu'on appelle le secteur primaire. Regardons les
investissements en millions maintenant. En agriculture, 525 000 000 $
d'investissements en 1985; 566 000 000 $ en 1990. En transformation, 230 000
000 $ en 1985; 345 000 000 $ en 1990, un sérieux bond! Et en
distribution, 132 000 000 $ en 1985; 187 000 000 $ en 1990. Si bien que
lorsqu'on regarde les investissements en millions, en 1985, il y en avait pour
887 000 000 $ et en 1990, on en a pour tout près de 1 100 000 000 $, 1
098 000 000 $. Donc, encore là on n'est pas en reste et on n'est pas en
perte quand on regarde les secteurs.
Maintenant les ventes en termes de milliards de piastres. L'agriculture
au point de vue ventes, 3 200 000 000 $ en 1985; 3 600 000 000 $ en 1990, une
augmentation. La transformation, 8 800 000 000 $ en 1985; 11 000 000 000 $ en
1990. La distribution, 12 900 000 000 $ en 1985; 16 200 000 000 $ en 1990.
Alors, quand on regarde ça et qu'on fait le total on est, bien
sûr, nettement en avance et au deça et il y a une nette
progression tout le temps. C'est intéressant parce qu'il faut s'ajuster
à tout ça et il faut voir ce secteur non seulement en termes
d'agriculture mais de transformation et de distribution, donc, pas uniquement
le secteur primaire.
Je vais être d'accord avec le député d'Arthabaska,
la loi 49 suscite beaucoup de mécontentement chez les agriculteurs. J'ai
eu l'occasion de les rencontrer, j'ai eu l'occasion de rencontrer certains
groupes qui sont venus me voir et je les en remercie. J'ai eu l'occasion
d'avoir une bonne discussion avec les gens de l'UPA provinciale
là-dessus, quelques jours après ma nomination. Et
évidemment, j'ai fait comprendre aux gens, il faudra le comprendre comme
ça, qu'on ne pourra pas mettre des centaines de mille piastres dans les
mains des gens aujourd'hui sans accepter que ces gens-là aient une
formation adéquate. Donc, j'ai proposé certains accommodements
aux gens de l'UPA qui sont en train d'y réfléchir. On devrait me
revenir dans les prochains jours là-dessus pour me dire si oui ou non ma
proposition est acceptable et on verra. Mais je vais vous dire une chose; on
fait des pas de part et d'autre et s'il n'y a pas de bonne volonté, au
mois de décembre je leur dirai:
Ou bien la loi 49 elle n'est plus, ou bien la loi 49 vous allez vivre
avec et on n'en parie plus! Vous me connaissez. Je vais dire, on n'en parle
plus. On n'en parlera pas éternellement de la loi 49. Ou on fait des
accommodements présentement tout le monde si on saisit cette
occasion-là, tant mieux. Ou bien non on n'en parlera plus, elle restera
là et on passera à d'autres choses. Si non on va parler rien que
de ça et on va oublier de développer le secteur.
En plus de ça, les agriculteurs, j'ai eu l'occasion de les
rencontrer et je voudrais féliciter une femme de notre région
à nous deux, d'ailleurs, Mme Solange Fernet-Gervais, qui a
été nommée l'agricultrice de l'année, une femme qui
a été impliquée un peu partout. Je pense que c'est une
belle occasion pour la féliciter et pour vous dire que c'est vrai qu'en
agriculture, les femmes en haut de 40 ans ont fait de nombreuses concessions et
beaucoup de compromis. Quand mon prédécesseur a quitté, il
était avec ça au Conseil du trésor et je recommence les
discussions avec le Conseil du trésor. Je souhaite que les gens
comprennent les bonnes choses parce que, effectivement, elles ont fait de bons
compromis pour obtenir ce qu'elles veulent obtenir et c'est une autre de mes
priorités avec la 49. Voilà!
Le Président (M. Richard): merci, m. le ministre, m.
picotte. je cède maintenant la parole, pour les cinq prochaines minutes,
à m. le député de berthier, m. houde.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci, M. le Président. D'abord, ce matin, je
suis très heureux de prendre quelques minutes pour parler de
l'agriculture en tant qu'adjoint parlementaire au ministre de
l'Agriculture.
Rappelons d'abord les problèmes. Le ministère a mis en
place divers conseils consultatifs, conseil d'économie et de gestion
agricoles, conseil en aquiculture et des pêches du Québec,
comité d'animation et de perfectionnement en gestion agricole; des
travaux de consultation de partenaires en vue de la création de
l'institut du porc; le travail exécuté conjointement avec le
secteur agro-alimentaire en vue de la mise en place des procédés,
structures de contrôle et d'inspection pour améliorer la
qualité des produits agro-alimentaires; la convocation par le
ministère d'une table de concertation sur la main-d'oeuvre agricole. Par
ailleurs, le ministère a pris un certain nombre de décisions qui
ont conduit à une participation accrue du secteur privé.
Dans le développement de l'industrie agro-alimentaire
québécoise, prenons, par exemple, les tabaculteurs de mon
comté et de la région de Lanaudière, qui se prennent en
main. Par exemple, ils font actuellement la culture de mini- carottes et ils
sont en discussion actuellement pour faire la transformation de la tomate. Des
résultats obtenus, mentionnons également la création d'une
corporation pour administrer le programme d'analyse des troupeaux laitiers du
Québec, l'obtention de la participation du secteur privé au
financement du programme Lait-école, la mise sur pied d'un programme
d'aide à la recherche dont le financement est assuré
conjointement par le secteur privé et le ministère, et j'en
passe.
L'aide accrue à la relève. Afin de mieux définir
les contraintes à l'établissement, les modalités
d'intervention et le rôle des différents partenaires, le
ministère a procédé à une consultation devant mener
à l'élaboration d'un cadre d'intervention en matière
d'établissement. Celle-ci met l'accent sur les conditions d'accès
et de succès pour ceux et celles qui s'établissent.
L'intégration des agricultrices comme partenaires sur les exploitations
agricoles a été favorisée par diverses mesures d'animation
et de formation. Il en est résulté l'établissement d'un
nombre sans précédent de femmes. Ainsi, pour la période de
1987-1990, 55 % des 5500 bénéficiaires de la subvention à
l'établissement de l'Office du crédit agricole ont
été des femmes. Je voudrais saluer, en passant, les agriculteurs
et les agricultrices de mon comté et de la région de
Lanaudière qui, je pense, aujourd'hui se sont pris en main, surtout la
relève, lorsque le gouvernement actuel a haussé de 8000 $
à 15 000 $ l'aide à l'implantation sur les fermes agricoles pour
les jeunes.
Un nouveau programme a été mis en place par le
ministère pour encourager les jeunes à planifier leur
établissement et à se doter d'une formation adéquate de la
saine gestion d'une exploitation agricole. Une aide financière est
offerte pour inciter à la préparation de dossiers
d'établissement. De plus, un programme d'attestation d'études
collégiales répondant davantage aux besoins de la relève
agricole a été offert par l'Institut de technologie
agro-alimentaire de Saint-Hyacinthe. Ces mesures ont facilité
l'établissement de jeunes de mieux en mieux formés.
Un programme particulier destiné aux futurs exploitants et
exploitantes et intitulé La relève agricole a permis d'accorder
une aide financière aux groupes de jeunes de la relève qui
veulent organiser des activités de formation. À cela, se sont
ajoutées toutes les activités d'encadrement que fait le personnel
agronomique et technique dans la région qui assiste les jeunes dans la
préparation de leur dossier d'établissement.
La formation agricole. Une campagne de promotion de carrière en
agro-alimentaire s'est poursuivie en utilisant différents médias
d'information. Pour aider les jeunes à concrétiser leur projet de
s'établir en agriculture, le ministère a mis à leur
disposition un document intitulé Mon dossier d'établissement,
leur permettant une meilleure préparation. Le ministère a
procédé à la mise en place du Comité d'animation et
de
perfectionnement en gestion agricole. Le Comité regroupe six
organismes promoteurs. Je ne les nommerai pas parce que je n'ai pas tellement
de temps.
En conclusion, ce bref survol permet de constater que beaucoup d'actions
ont déjà été réalisées. Les
différents partenaires ont l'habitude de travailler en concertation. Il
faudra miser sur des acquis pour mieux faire connaître le secteur
agro-alimentaire et son potentiel. En terminant, je voudrais, si vous me
permettez, M. le Président, rassurer le député
d'Arthabaska étant donné que le député de Berthier
travaille d'abord ses dossiers, fait des demandes, fait des
représentations auprès du ministre concerné dans
l'agriculture, aussi bien auprès des femmes que des hommes et des
jeunes, et lui dire que, lorsque j'ai terminé un dossier, j'ai de bons
résultats que je peux transmettre aux agriculteurs et agricultrices de
ma région, plus particulièrement de mon comté parce que le
député d'Arthabaska est venu dans la région de
Lanau-dière, il y a environ deux, trois semaines pour dire que le
député de Berthier travaillait, mais que ce n'était pas
facile.
Je peux lui dire que les gens sont rassurés dans mon comté
et dans ma région; je travaille et ça va bien. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Je vous félicite, M. le
député. Maintenant, je transfère la parole au
député d'Arthabaska, M. Baril, qui est porte-parole en
matière agricole pour l'Opposition.
M. Picotte: M. le Président, je pense qu'on a besoin d'un
consentement pour dépasser de cinq minutes là.
Le Président (M. Richard): Oui, si on veut respecter les
dix minutes.
M. Picotte: Bon, aucun problème. Pas de
problème.
M. Baril: c'est parce que, moi, j'avais élaboré mes
cinq minutes en fonction du temps qui m'était alloué. mais
là, vous avez parlé beaucoup.
M. Picotte: Allez-y tout de suite, on n'aura pas besoin de six
minutes.
M. Jacques Baril
M. Baril: Je ne veux pas vous reprocher ça. Juste en
passant, il me semblait que, quand j'étais passé dans le
comté de Berthier, j'avais été gentil pour le
député de Berthier Je disais que ce n'était pas facile,
dans le contexte actuel, pour tous les députés, de
défendre des dossiers. En tout cas, il me semblait que j'avais
été gentil. Mais je veux parler, là, dans les cinq
dernières minutes qui me sont allouées, de différentes
décisions que le gouvernement a prises, qui affectent
énormément les régions. Une, entre autres, au niveau de la
tarification sur les rapports d'analyse. J'aimerais ça que le ministre
m'en dise un mot. C'est bien sûr, qu'il y a toujours des questions de
budget, mais c'est fondamental pour des régions - certaines des
régions périphériques surtout - parce que certaines de ces
régions-là n'ont même pas de laboratoire privé. Et
ceux ou celles des régions qui ont un laboratoire privé, les
agriculteurs sont inquiets parce que le ministère de l'Agriculture est
utilisé un peu comme moyen, si tu veux, de garder une certaine - je vais
dire - justice au niveau des rapports un certain équilibre au niveau des
rapports, et les agriculteurs craignent beaucoup que certains rapports puissent
être faits en fonction do co que la compagnie vend elle-même.
J'aimerais ça que le ministre pense à ça,
réfléchisse sérieusement aux impacts négatifs que
l'augmentation des tarifs pour les analyses dans un laboratoire. . Selon
certains, ça pourrait participer à fermer même ces
bureaux-là, parce qu'on constate qu'il y a beaucoup moins de demandes
à cause, entre autres, du temps ou du délai que ça prend
pour venir à bout d'avoir le résultat d'une analyse. On nous dit:
Ça prend jusqu'à deux mois, deux mois et demi, trois mois.
Ça, je pourrais même témoigner en preuve que c'est vrai le
temps, le délai que ça prend dans certains bureaux pour avoir un
rapport d'analyse.
Une autre affaire, au niveau des programmes agricoles. Au niveau de la
région de l'Abitibi et de deux MRC dans votre région, M. le
ministre, deux MRC de la Mauricie, il y a des programmes régionaux et,
lorsqu'un producteur ou une productrice fait application à ces
programmes-là, automatiquement, s'il bénéficie que ce soit
de 5000 $ ou de 10 000 $, il est exclu des programmes nationaux pour les trois
prochaines années. Et c'est encore là, M. le ministre, une
injustice face à cette région, et à deux MRC dans votre
région J'aimerais que le ministre, encore une fois, regarde ça
attentivement ce projet-là
Au niveau du drainage, des travaux mécanisés de drainage,
on me dit et c'est vrai: C'est assez inadmissible la politique que le
gouvernement a mise puisqu'on impose à des jeunes qui partent en
agriculture de faire tous leurs travaux de drainage en l'espace de cinq ans,
quand on sait qu'au début, quand tu pars une entreprise, tu as toujours
plus de difficultés et, évidemment, tu as moins d'argent
disponible pour investir. On nous demande d'augmenter cette
période-là jusqu'à dix années au moins pour que les
gens puissent en bénéficier
Un dernier sujet, parce que je sais que le temps passe vite, un
problème qui date déjà depuis au moins - pas le
problème, mais un engagement que son prédécesseur avait
pris - un an et demi, et il y a des lettres... Son prédéces-
seur avait confirmé par lettre... L'Union des producteurs
agricoles, M. Proulx, avait confirmé à la
Fédération des producteurs de bovins, M. Laurent - Gilles Laurent
- que le ministre interviendrait rapidement; sans ça, la production de
boeuf, c'en était fini au Québec. On se retrouve un an et demi
plus tard et on n'a pas encore trouvé la possibilité de
répondre à cette production de boeuf au Québec, aux
besoins de cette production-là, pour sauver cette production. La
production de boeuf diminue considérablement au Québec et
j'aimerais, en terminant, M. le Président, conclure en posant une
question très claire au ministre
Premièrement, est-ce qu'il pourrait annoncer ça la semaine
prochaine lors du congrès de la Fédération des producteurs
de boeuf, ici, à Québec? Ce n'est pas loin. Premièrement,
est-ce que le ministre sera présent? Et, deuxièmement, est-ce
qu'il a l'intention formelle de réaliser cet engagement-là de son
prédécesseur pour sauver une production importante chez nous? Et
je répète ce que j'ai dit tout à l'heure, une production
qui pourrait s'amplifier parce que selon les chiffres que j'ai obtenus on
serait rendus à produire seulement 8 % de nos besoins en viande bovine
au Québec... au niveau du boeuf. Ça n'a pas de bon sens! Pendant
qu'on se casse la tête à utiliser nos terres en friche, à
mettre en valeur nos terres en friche, on pourrait inventer facilement toutes
sortes de possibilités qui sont là pour augmenter cette
production. Et cette production-là, entre autres, est une des raisons du
repeuplement, de l'occupation de notre territoire en régions. J'aimerais
ça avoir des réponses bien précises si le ministre pouvait
nous répondre à ces trois ou quatre... (11 h 45)
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska, je vous remercie. Je cède la parole, pour son message
final de 10 minutes maximum, à M. Picotte, ministre de l'Agriculture du
Québec.
Conclusions M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui, M. le Président, et compte tenu
que c'est ma dernière intervention, vous me permettrez, en tout premier
lieu, d'abord de remercier les gens que je ne vous ai pas
présentés, que j'aurais dû vous présenter
possiblement au début, mais qui m'accompagnent: M. Jean-Yves Lavoie,
sous-ministre chez nous; M. André Vézina; M. Régis
Bouchard aussi, du ministère. Je remercie mes collaborateurs, bien
sûr: Mme Bédard, M. Lacoursière, M. Fillion ainsi que mes
collègues députés de Berthier, de Lotbinière, de
Prévost et d'Iberville qui sont intervenus dans le débat et qui
démontrent jusqu'à quel point on est sensibilisés de ce
côté-ci à l'agriculture et que c'est en groupe qu'on
voulait intervenir et démontrer aux agriculteurs que leurs
problèmes sont les nôtres et que leurs problèmes nous
préoccupent dans certains cas. Je veux remercier aussi mon
collègue, le député d'Arthabaska. Je pense que ça
inaugure bien parce que tant et aussi longtemps qu'on aura de bonnes
discussions comme celle de ce matin, je pense qu'on va pouvoir faire profiter
la classe agricole et l'ensemble du secteur agro-alimentaire au Québec
de bonifications dans nos interventions. Alors, merci au député
d'Arthabaska et à son recher-chiste. Je pense que ce matin
c'était un débat non seulement valorisant mais très
important pour l'avenir.
J'arrive maintenant, M. le Président, à titre de
conclusion, à vous dire d'abord, deux choses rapidement. Un point. On a
parlé de tarification tantôt, et de rapports d'analyse. Je pense
que c'est une doléance de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean -
partout - mais c'est surtout eux qui m'en ont parlé. Vous savez, il faut
bien se dire une chose, il n'y a pas grand-chose de gratuit
présentement, et le montant qu'on charge ne paie même pas le
transport. Quand on paie le transport... Prenons une firme comme Purolator ou
les autres firmes - parce que je ne voudrais pas faire de commercial - ce qu'on
demande ne paie même pas le transport de l'analyse. Il faut être
réaliste et je pense que ce n'est pas là-dedans que les
agriculteurs nous demandent de mettre de l'argent, d'autant plus qu'on sait
très bien qu'il n'y a rien de gratuit.
Mais, moi, je dis ceci et, là, j'arrive à des perspectives
d'avenir. Comment penser que le gouvernement va toujours mettre de l'argent
dans des choses si on ne commence pas par regarder le ménage qu'il y a
à faire alentour de nous? On a, au Québec, environ 75 bureaux
régionaux et locaux dans le domaine agricole. On va se le dire entre
nous, c'est beaucoup trop. C'est beaucoup de structures et beaucoup trop avec
les moyens modernes et technologiques qu'on a aujourd'hui. Le
député d'Arthabaska le sait comme moi; il est assis dans son
bureau, ici, à Québec, et en l'espace d'une trentaine de
secondes, il va envoyer ce qu'on appelle communément un "fax" à
sa secrétaire qui est assise dans son bureau à Arthabaska. Si
elle était à Montréal ou si elle était à
Miami, il pourrait lui envoyer la même chose à peu près
dans le même temps. Des moyens rapides et modernes, sauf que quand on
commence à parler d'enlever des bureaux locaux et régionaux,
d'enlever de l'argent dans les structures pour les mettre dans du
développement agricole, là, comme par hasard, les gens disent.
Bien, là, ça va me faire plus loin pour aller là. J'ai
questionné quelques agriculteurs. J'ai dit. Vous allez combien de fois
au bureau de l'agriculture dans l'année? La majorité m'a dit:
Une, deux ou trois fois. On maintient des structures qui coûtent des
millions alors qu'on peut très bien, aujourd'hui, avec la technologie
nouvelle, avoir des renseignements et
faire ça beaucoup plus rapidement, sans avoir à se
déplacer la plupart du temps. Mais quand on parle de fermer certains
bureaux, bien, là, vous savez, les agriculteurs vont voir leur maire.
Les maires passent des résolutions; les résolutions partent de
là et vont à la MRC; la MRC nous envoie des résolutions.
Ils vont voir leur député et le député dit: II
faudrait fermer des bureaux. Tout le monde, quand on s'assoit... Je suis
certain que le député d'Arthabaska est d'accord avec moi. Si on
s'assoyait ensemble pour dire comment on rationaliserait et que ce serait
intelligent de le faire, il serait d'accord pour dire qu'il faut rationaliser,
qu'il y a beaucoup trop de bureaux, sauf que le député va
probablement me dire ça: Oui, c'est vrai, il faudrait le faire, mais il
ne faudrait pas fermer le mien. Il y en a qui en ont deux, c'est encore pire.
Il y en a deux.
Alors, c'est en fonction de faire le ménage dans ces choses, dans
ces bureaux J'ai porté ça à l'attention de l'UPA à
qui j'ai dit: II faudra faire une profonde réflexion là-dessus et
ne pas charrier inutilement si on fait de la rationalisation pour remettre de
l'argent dans les productions agricoles. Ça, je pense qu'il faut penser
que plus on aura de structures, moins il y aura de l'argent qui ira à
l'agriculture. Ça, je l'ai dit. Moi, je l'ai toujours cru, partout
où j'ai passé. Quand j'étais professeur d'école, je
me suis toujours dit: Une chance qu'il y a des enfants, s'il n'y en avait pas,
je ne serais pas capable d'être enseignant. Quand tu es directeur, c'est
pareil. S'il n'y avait eu qu'une classe, on n'aurait pas eu besoin de
directeur. S'il n'y avait pas d'agriculteurs, on n'aurait pas besoin d'un
ministre de l'Agriculture.
Ça veut dire que toutes nos politiques doivent être faites
en fonction de l'agriculteur. Tout l'argent qu'on met, il faut que ce soit
drainé - puisque c'est un mot intéressant en agriculture, le
drainage - il faut que ce soit drainé vers l'agriculteur et non pas dans
des structures inutiles, à coup de millions Ça, il faut le
comprendre, c'est un objectif. Il faut comprendre aussi qu'il y a du
ménage à faire. On va se poser de sérieuses questions
entre nous et on va se le dire: II y a 42 000 agriculteurs au Québec ou
à peu près, sauf que quand on fait le remboursement foncier au
niveau des impôts puis des taxes, on en rembourse 61 000. Il y a 19 000
personnes quelque part qui bénéficient de quelque chose qui est
forcément enlevé à l'agriculture. C'est enlevé
à l'agriculteur. Il y a tout de suite une économie de 13 000 000
$ 14 000 000 $, 15 000 000 $ à faire là. Mais plus il va y avoir
de gens qui vont bénéficier de programmes agricoles sans
être des agriculteurs, moins les agriculteurs vont en avoir sur le
terrain. C'est comme ça qu'il faut penser C'est sûr que c'est
difficile d'arriver et de dire: Toi, tu produis juste un acre de mais, ou toi,
tu as fait toutes les entourloupettes voulues et nécessaires pour avoir
3000 $, pour avoir une carte de producteur agricole pour
bénéficier de... Eh bien, tu viens enlever de l'argent aux vrais
agriculteurs. C'est ce que j'appelais, entre guillemets, ce genre d'agriculteur
là, qui voulait vendre le plus possible 3000 $ de n'importe quoi
alentour de chez lui, quitte à retourner de l'argent au gars
après, pour avoir une carte de producteur agricole, un agriculteur de
salon. Cet agriculteur-là avec une carte vient tout simplement
pénaliser l'agriculteur, comme le député d'Arthabaska, ses
fils et sa relève, qui ont besoin d'avoir des programmes pour se
développer.
Un deuxième point important, en plus de ces
ménages-là, le ménage des assurances-stabilisation aussi,
parce que ce n'est pas évident qu'il y a des gens qui ne
reçoivent pas des choses, pas parce qu'ils n'en ont pas besoin avec la
forme de règlements et de lois qu'on a, mais le problème c'est
qu'il y a du ménage à faire là-dedans pour être bien
sûr qu'on regarde qui est un vrai producteur agricole et comment il doit
en bénéficier, quitte à faire des gradations
là-dedans.
L'autre point, c'est la régionalisation et, en passant, la
régionalisation des productions. Je veux mettre l'emphase sur la
régionalisation des interventions, même au niveau de la
définition des programmes Je corrige le député
d'Arthabaska; peut-être qu'il a eu une mauvaise information. Ce n'est
sûrement pas lui qui l'a inventée, c'est parce que quelqu'un le
lui a dit. Mais on me dit, chez nous, au ministère qu'il y a seulement
la région de l'Abitibi-Témiscamingue où ils
reçoivent 5000 $ et qu'ils n'ont pas droit à d'autres programmes
provinciaux. Dans la région de la Mauricie, il faudra qu'on me le dise:
Si jamais quelqu'un leur a dit ça, il leur a donné une mauvaise
information parce que ce n'est pas exact, ils ont le droit d'avoir des
prêts. Mais je sais que ce n'est pas.
M. Baril: Mais en Mauricie, c'est eux-mêmes qui nous l'ont
dit, l'UPA de la Mauricie.
M. Picotte: Oui, mais, en tout cas, c'est parce qu'ils ont eu une
mauvaise information et je sais que ce n'est pas le député
d'Arthabaska, je ne vous en fais pas grief, au contraire, mais je pense qu'il y
a peut-être des gens qui ont véhiculé ça et qu'ils
n'auraient pas dû le véhiculer dans notre coin. Mais ce n'est pas
exact, selon ce qu'on me dit au ministère. Je pense que ça aura
été au moins bénéfique d'apprendre ça ce
matin et je remercie le député d'Arthabaska de l'avoir
souligné, ça nous permet de corriger parfois des mauvaises
impressions qui peuvent avoir lieu sur le terrain.
Alors, je suis un de ceux qui va vouloir, bien sûr, laire de la
régionalisation dus Interven- tions, même au niveau de la
définition des programmes, parce que c'est comme ça que
l'agriculture est et nous demande d'être dans le
futur. Ça, ça va demander une collaboration intense de
tous les intervenants, et je sais à l'avance que j'aurai la
collaboration de tous ceux et celles qui interviennent dans ce
domaine-là.
Maintenant, je veux rassurer le député d'Arthabaska et les
agriculteurs, en général, sur un point. La Loi sur la protection
du territoire agricole a été votée au Québec.
J'étais un de ceux qui étaient d'accord avec la Loi sur la
protection du territoire agricole. Je suis d'accord avec la Loi sur la
protection du territoire agricole et je dis que toute modification à
cette loi-là devrait être faite en fonction., s'il y a des
modifications à y être apportées. Je pense que l'UPA en
aurait quelques-unes, d'ailleurs, à nous demander, peut-être
mineures, mais, en tout cas, ça devrait être fait en collaboration
avec les gens du milieu et ça doit être fait.
Pourquoi est-ce que je ne l'ai pas fait dans les cas de la Reynolds, M.
le Président? C'est facile et je vais le dire. C'est facile. Ce
dossier-là a été commencé en 1985, alors que la loi
100 a été votée bien après ça, et il y avait
une injustice. On ne pouvait pas dire: Après 1988, compte tenu que c'est
une nouvelle loi, retournez chez vous. Il y avait déjà des
démarches de faites, et j'ai joué le rôle qui était
le mien. Mais je veux rassurer les gens là-dessus, je suis
persuadé qu'à toutes les fois qu'on aura des discussions
civilisées, à quelque niveau que ce soit - ça vaut pour
une fédération régionale comme pour n'importe qui - avec
celui qui vous parle, les gens seront les bienvenus. Sinon, on discutera avec
des agriculteurs Moi, ça ne me fait rien que les gens chez nous soient
en chicane avec moi. Je vais aller d'étable en étable, M. le
Président, et vous allez voir que je vais en faire autant que si
j'allais uniquement à une place pour me chicaner.
Je n'irai pas me chicaner une deuxième fois, c'est sûr, et
je n'irai plus les voir s'ils veulent se chicaner. Je vais les laisser se
chicaner tous seuls. Mais je vais sûrement faire en sorte que les
agriculteurs ne soient pas pénalisés. Je vais aller les voir chez
eux. Ils me connaissent d'ailleurs Je les ai tellement vus depuis 20 ans qu'ils
vont être heureux de me recevoir. Ils m'offrent même à
dîner, mais je suis obligé d'en sauter parfois.
Alors, je n'ai pas de problème avec ça. Mais je veux
donner la certitude que la loi de zonage ne sera pas touchée et que, si
elle est touchée, elle sera touchée en fonction des
paramètres et des discussions que nous aurons avec les partenaires qui
le sauront et qui vont participer à ça.
M. le Président, je termine là. J'aurais bien d'autres
choses à dire, mais on aura d'autres occasions..
Une voix: Les producteurs de boeuf.
M. Picotte: Ah oui, le boeuf! Le boeuf, on s'est entendus pour
une partie d'une solution à date. Nous aurions souhaité avoir une
entente globale. Mais ça urge, ça aussi, comme décision et
on s'est entendus pour une partie de la solution. Donc, j'ai demandé
à mon collègue du Conseil du trésor d'examiner
pertinemment le fait que nous puissions intervenir dans une partie, pour
éviter l'hémorragie, et qu'on continue, par la suite, dans une
autre partie, à discuter avec cette fédération-là,
pour l'amélioration de la productivité, etc., pour faire un plan
global. Alors, moi aussi, je souhaite que, dans les meilleurs délais, je
sois en mesure de leur donner des bonnes nouvelles parce que je pense qu'on ne
peut pas laisser une industrie semblable à celle-là avec des
difficultés qu'elle ne sera probablement ou peut-être plus capable
de surmonter, si le temps est trop long pour elle. Et je remercie le
député d'Arthabaska - M. le Président, vous allez me
permettre ça - d'avoir porté tous ces faits-là à
mon attention. Je les connaissais déjà, mais, je pense, qu'on
puisse le faire ensemble et qu'on puisse travailler ensemble.. Parce qu'il y a
des points, des fois, qui sont ajoutés qui nous permettent, bien
sûr, d'avoir un meilleur éclairage, c'est normal. Et ce genre de
discussion-là est tellement intéressante et civilisée que
je souhaite qu'on en ait d'autres et on en aura d'autres.
Le Président (M. Richard): Alors, M. le ministre de...
M. Picotte: M. le Président, merci d'avoir
été chaleureux, accueillant, tolérant et d'avoir
présidé nos débats avec brio.
Le Président (M. Richard): Vous êtes bien bon.
Merci, M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, M. Picotte. Maintenant, pour votre message final, M. le
député d'Arthabaska, qui êtes le critique officiel en
matière d'agriculture au Québec, M. Baril, vous avez la parole
pour les 10 prochaines minutes. (12 heures)
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président, D'abord, je tiens à
dire que l'échange que nous avons eu cet avant-midi, en tout cas, moi,
me plaît, me satisfait, même si on n'a pas eu toutes les
réponses. Mais, en tout cas, on savait qu'on ne les aurait pas toutes,
c'est bien clair. Non, j'apprécie. Peut-être que l'échange
que nous avons eu est moins spectaculaire que si l'échange avait
été plus virulent, plus fort. Je sais que, d'un côté
comme de l'autre, on aurait pu se lâcher, mais, de toute laçon,
ça n'aurait peut-être pas plus réglé les
problèmes et ça aurait fait monter la pression pareil.
Mais sur ça, quand même, je vais tout de
suite dire au ministre que moi, je suis bien prêt, je suis bien
ouvert à collaborer pour aider l'agriculture à se
développer ou à répondre aux besoins. Mais je vais vous
dire, après une année d'expérience dans l'Opposition, je
suis un petit peu plus méfiant. Je suis méfiant de nature,
ça fait que je n'ai pas de misère à l'être plus.
Parce que quand M. Parizeau m'avait nommé responsable du dossier
agricole, votre collègue, M. Pagé, m'avait informé que
j'aurais toute sa collaboration et que ce serait beau, ce serait effrayant
comme ce serait épouvantable. Et au cours du temps, au cours de
l'année, j'ai été un petit peu déçu parce
que je lui ai apporté, quand même, des dossiers qui étaient
tout à fait justifiables - comprenez-vous - et ça a fait comme
dans d'autres choses. Je ne voulais pas avoir un traitement de faveur, ce
n'était pas pour moi, de toute façon, c'était pour les
agriculteurs, pas nécessairement juste de mon comté puisque
l'ensemble du Québec... En tant qu'Opposition, je dois couvrir
l'ensemble du Québec. Ces dossiers ne sont pas arrivés plus
à terme, ça m'a refroidi un peu dans mes démarches ou dans
mes amitiés, entre parenthèses, avec le ministre de
l'Agriculture. Bon!
Dans les sept ou huit minutes qu'il me reste, je vais quand même,
moi aussi, aborder globalement un peu ce que nous avons discuté et ce
que je n'ai pas eu le temps de discuter cet avant-midi. En premier lieu,
j'aimerais... Le ministre nous a fait, tout à l'heure, un grand
exposé sur l'agriculture à temps partiel. Je vais inviter le
ministre à être prudent quand il parle de l'agriculture à
temps partiel. Vous savez, aujourd'hui, selon les chiffres de l'Union des
producteurs agricoles, c'est entre 15 000 à 18 000 producteurs, je
pense, qui font de cette activité qu'est l'agriculture, une
activité à temps partiel. Je n'ai pas les chiffres en
mémoire, mais c'est quand même un impact économique
important, très important. Je souligne tout simplement qu'avant d'aller
trop loin, le ministre devrait étudier, approfondir le dossier, et se
demander: Pourquoi y a-t-il des personnes qui font de l'agriculture à
temps partiel? Dans quelles régions, principalement? Je suis d'accord
avec le ministre, parce que je ne suis pas le genre de gars, moi non plus,
à favoriser, je vais dire, un professionnel quelconque qui fait de
l'agriculture à temps partiel. Non, non, là-dessus, je suis
d'accord avec le ministre. Par contre, le ministre devrait...
M. Picotte:... c'est de ça que je parlais.
M. Baril: Oui, bien.. Il n'y a peut-être pas 15 000 ou 18
000 professionnels qui font de l'agriculture à temps partiel. On me dit
que c'est un dossier important. Je le dis et je le répète, c'est
bien amicalement que je demande ou que je souligne au ministre - ce n'est
même pas une demande - de faire attention avant de trop s'embarquer
là dessus pour, je vais dire, dénoncer entre parenthèses,
ce mode d'agriculture qui prend de l'ampleur au Québec. Avant de dire on
laisse ça là ou en s'en occupe moins, il faudrait regarder dans
quelles régions ce mode d'agriculture est le plus pratiqué.
Le ministre aussi a abordé, brièvement, le dossier de la
Reynolds. Je sais que c'est un dossier qu'il a à coeur, qu'il a
défendu. Il nous parlait... Ce dossier-là a été
commencé avant l'application de la loi 100. Ça ne change rien
dans les faits, M. le ministre. Ça ne change rien parce qu'avant la loi
100, la Loi sur la protection du territoire agricole existait quand même.
Si tu appliques les critères de la loi 90 qui a été
votée en 1978, les secteurs exclusifs n'étaient pas
spécifiés, mais l'agriculture était quand même
protégée. Et la Commission avait un rôle important à
jouer, et c'était un mot qu'on a entendu répéter
pratiquement à l'infini, la CPTA essayait de garder ou de conserver
l'homogénéité du territoire. Et jamais dans le dossier
dont on parle présentement... Dans le secteur où la Reynolds
voulait aller s'implanter là où le gouvernement voulait que la
Reynolds aille s'implanter, si on avait appliqué la loi 90 telle qu'elle
avait été votée en 1978, ça n'a rien à voir
avec la loi 100... Ça n'a rien à voir avec la loi 100. Et je l'ai
dit et je le répète, si le gouvernement avait réellement
voulu, comprenez-vous, obtenir cet investissement-là ou si le ministre
avait réellement voulu tout faire, tout mettre en oeuvre pour attirer
cet investissement-là chez lui, il aurait, sur son propre territoire, il
aurait pu lui suggérer ou l'inviter à aller s'établir dans
d'autres secteurs qu'en plein dans un champ de maïs ou un champ de
céréales. Ça aurait fait la même chose et
aujourd'hui peut-être que dans son comté il y aurait
déjà 250 ou 300 emplois parce qu'il n'aurait pas
créé d'ennuis à cette compagnie-là.
Dans un autre dossier que le ministre connaît bien aussi, parce
que j'ai eu à le défendre, moi comme responsable dans
l'Opposition et lui comme ministre des Affaires municipales, c'est le dossier
de Lauralco, le ministre connaît toutes mes réticences face
à cette loi spéciale là que le gouvernement a
passée et, déjà, on m'a fait parvenir cette semaine que la
compagnie a déjà fait une demande à la CPTA pour utiliser,
imaginez vous, cette fameuse zone tampon pour créer un stationnement. On
dit un stationnement temporaire Ce n'est pas des farces, M. le ministre. La loi
n'est même passée; c'est encore en troisième lecture. Je me
souviens que le président, M. Proteau, avait dit: La CPTA n'a rien
à voir là-dedans, dans cette loi-là; nous autres, on n'a
rien à voir. J'avais dit: C'est le bras dans le tordeur. Et la CPTA
aurait dû se baser sur un jugement qu'elle avait rendu
précédemment pour opposer une fin de non-recevoir a cette
loi-là parce que ça n'avait pas de bon sens Et la loi 259 n'est
même pas votée
ici en troisième lecture que, déjà, la compagnie
demande, de mémoire c'est six acres, je pense, dans la zone verte pour
faire un stationnement temporaire. C'est de la foutaise. Imaginez-vous, ils
vont tasser ça. Il y a du bois, qu'on me dit, c'est là; on va
arracher tout ça; on va enlever tout ça; on va mettre du gravier,
peut-être du béton, je ne sais pas quoi. Après ça,
il n'y a aucune mesure pour dire qu'on va remettre ça à
l'agriculture, pendant qu'ils ont je ne sais pas combien d'acres, en face de
leur usine, qui sont dans le parc industriel, dans la zone blanche. Voyez-vous,
ça n'a pas de bon sens, M. le ministre, cette faiblesse, cette mollesse
que le gouvernement a de ne pas vouloir respecter la Loi sur la protection du
territoire agricole.
Quand le ministre a parlé de la fermeture des bureaux de
renseignements agricoles, encore une autre chose, c'est vrai que c'est facile
à dire ça: On ferme les bureaux. Surtout que, depuis un certain
nombre d'années, je rencontre les fonctionnaires chez nous, comme je les
rencontre dans d'autres régions, et ils n'ont pratiquement plus de
programmes à administrer ou que des programmes avec des critères
tellement difficiles à administrer que les agriculteurs sont rendus
qu'ils ne se rendent même plus au bureau parce qu'ils disent: Ça
ne donne plus rien, on n'est jamais capable de rentrer dans les
critères. Les gens s'écoeurent et ils restent chez eux.
Un régionaliste comme le ministre devrait faire attention en
fermant les bureaux régionaux, parce que, vous savez, que ce soit un
bureau du ministère de l'Agriculture ou un autre bureau, c'est une sorte
de moteur dans les régions qui maintient une activité.
Donnons-leur donc de l'ouvrage et je dis au ministre qu'à mon avis, ce
serait peut-être plus important de diminuer son personnel dans sa boite,
ici au 200, et de l'envoyer dans les régions, plus près du monde
encore, pour qu'il donne des conseils à ces hommes et à ces
femmes qui sont là pour nourrir le monde.
J'aurais aimé ça aussi avoir plus de temps pour que le
ministre nous dise où en est rendu le dossier sur les 50 000 000 $ que
le gouvernement fédéral a alloué au Québec au
niveau de son programme d'aide à la sécheresse. Je ne sais
où on en est rendu dans ces négociations-là. J'aurais
aimé ça que le ministre... Oui, c'est un programme que le
fédéral avait établi ce printemps; de 500 000 000 $ pour
l'ensemble du Canada, et qu'il nous revenait 50 000 000 $ pour le Québec
J'aurais aimé que le ministre puisse faire le point sur cet
item-là, entre autres.
On aurait pu, avoir eu plus de temps, aborder la situation des
négociations du GATT et, sur ça, j'aurais aimé ça
demander, vu qu'on en arrive à l'étape finale des
négociations et avec les dépôts du gouvernement
fédéral dont les gens se sont on dits satisfaits, mais ils sont
très prudents parce que c'est un dépôt préliminaire,
au ministre s'il a l'intention de renforcer la délégation du
Québec à Genève pour qu'il soit informé, j'allais
dire à la journée mais au moins à la semaine, des
négociations qui se passent là, parce que le résultat de
ces négociations-là, tout le monde reconnaît que ce sera
crucial pour l'avenir de l'agriculture au Québec.
Sur ça, je pense, M. le Président, que mon temps est
écoulé. Je tiens à remercier le ministre. S'il avait une
bonne réponse à me donner sur les 50 000 000 $, je lui donnerais
deux minutes pour me répondre.
Le Président (M. Richard): Ah bien! vous avez le droit, M.
le ministre, allez-y.
M. Picotte: Je sais que vous êtes tellement...
Le Président (M. Richard):... flexible.
M. Picotte:... favorable à l'agriculture, que vous
passeriez même la journée avec nous, M. le Président, j'en
suis convaincu.
Le Président (M. Richard): Tout à fait!
M. Picotte: Tout simplement pour vous dire ceci: Les signatures
ont été faites hier. Il reste maintenant techniquement une
signature de l'un de mes collègues à apposer et tout est
réglé. C'est 25 000 000 $. Tout est signé maintenant.
M. Baril:...
M. Picotte: Sur les tomates, les concombres, les animaux à
fourrure...
Une voix: Le plus gros morceau étant les producteurs de
céréales.
M. Picotte:... et les producteurs de céréales. Bon!
C'est en gros ce volet-là en Ge qui concerne ça. Et en ce qui
concerne le GATT, d'abord il y a des gens chez nous qui y vont assez
régulièrement. M. Lavoie, qui vient de venir nous parler il y a
deux minutes, y est allé tout dernièrement encore. Alors, on
envoie des fonctionnaires en termes de renforcement occasionnellement quand il
y a des discussions plus pointues de certains côtés, à
Genève. Je dirai immédiatement au député
d'Arthabaska que j'ai exigé de la délégation canadienne,
puisque d'autres collègues seront là, que je sois moi-même
présent aux discussions en Belgique au début de décembre
pour être bien certain que nos intérêts seront bien servis
et bien sauvegardés. Alors, je serai là. Je le dis d'avance, s'il
y a des questions à me poser à l'Assemblée, il ne faudra
pas qu'il compte sur la première semaine de décembre.
M. Baril: Je pensais que vous vouliez
m'inviter!
M. Picotte: peut être. je vais regarder ça
peut-être que la commission de l'agriculture pourrait y aller, m. le
président. merci, m. le président, de votre tolérance et
continuez de parler d'agriculture comme vous l'avez fait si bien à
bécancour, la semaine dernière, en ma présence avec des
agricultrices. ça a été fort remarqué et fort
impressionnant!
Le Président (M. Richard): Merci, M le ministre et M. le
porte-parole en agriculture. Maintenant, la commission a accompli son mandat.
Nous ajournons donc sine die. Merci, mesdames et messieurs.
(Fin de la séance à 12 h 12)