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(Douze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs! Je
déclare donc la séance ouverte et je rappelle effectivement le
mandat de notre commission qui est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 15, qui est la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche et
modifiant d'autres dispositions législatives, suivi du projet de loi 34,
Loi modifiant la Loi sur le financement agricole au Québec.
M. le secrétaire, M. Comeau, est-ce que nous avons aujourd'hui
des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Bleau
(Groulx) remplace M. Lafrance (Iberville).
Le Président (M. Richard): bienvenue, mme bleau. alors,
m. le ministre, est-ce que vous avez certaines remarques préliminaires
avant l'étude article par article du projet de loi 15?
Remarques préliminaires M. Michel
Pagé
M. Pagé: M. le Président, je vais être
très bref puisque le projet de loi 15 est un projet
réimprimé qui a été effectivement
déposé en juin 1989 devant l'Assemblée nationale du
Québec. Il portait, si ma mémoire est fidèle, le no 160
à l'époque. Ce projet de loi qui a été
déposé contenait, prévoyait dans ses dispositions la
très grande majorité des articles prévus au projet de loi
15 tel qu'il est étudié aujourd'hui. Il a été
modifié en cours de route pour différents motifs. Dans un.
premier temps, pour un motif circons-tantiel, compte tenu que le premier
ministre du Québec, via le lieutenant-gouverneur, a appelé les
élections le 9 juillet dernier, des élections qui se sont tenues
le 25 septembre dernier où, encore une fois, les producteurs et les
productrices agricoles du Québec ont réitéré leur
confiance dans notre gouvernement, sauf dans certains comtés, comme dans
le comté d'Ar-thabaska.
Nous avons déposé un nouveau projet de loi. Ce projet de
loi a été déposé en décembre et, en
décembre, je m'étais engagé à ce qu'une commission
parlementaire puisse siéger pour étudier le projet avec les
intervenants du milieu, les quelque 30 groupes qui ont manifesté de
l'intérêt pour venir témoigner, qui ont effectivement
témoigné. Effectivement, la commission parlementaire a eu cours.
Je m'étais engagé de plus à faire en sorte que les
commissions par- lementaires se tiennent entre la première et la
deuxième lecture. De nombreux amendements ont été
apportés au projet tel que déposé en novembre dernier ou
en décembre dernier. J'aurai l'opportunité, dans le cadre de
l'étude article par article du projet de loi, de donner aux
députés et au public qui sont avec nous cet après-midi, de
donner, dis-je, les dispositions telles qu'amendées en rapport au projet
original. Et on a conduit le débat en deuxième lecture hier. On a
complété l'adoption de la deuxième lecture,
c'est-à-dire que le principe du projet de loi a été
adopté à l'unanimité des partis, d'ailleurs, hier,
à l'Assemblée nationale, sous réserve, cependant, comme le
dira très certainement mon collègue le député
d'Arthabaska, de la volonté de l'Opposition de voir des modifications
substantielles apportées à l'article 2 du projet de loi.
Alors, cela étant dit, M. le Président, c'est un projet de
loi qui, comme vous le savez sans doute, et comme l'ensemble des intervenants
le savent pertinemment, vise, dans un premier temps, à
réitérer la position gouvernementale qui est unanime, somme
toute, avec comme objectif de maintenir les plans conjoints, de leur donner
plus de corps, plus de pouvoirs; de définir, aussi, le cadre de
fonctionnement et de gestion des plans conjoints au Québec; de revoir
les pouvoirs de la Régie des marchés agricoles du Québec,
toujours dans une perspective que l'ensemble de la démarche soit plus
performante et qu'on soit capables, somme toute, de se donner de meilleurs
outils lorsque la loi sera en application - et j'escompte qu'elle le soit
très rapidement après son adoption - qu'on ait de meilleurs
outils, dis-je, pour qu'on ait une mise en marché mieux ordonnée,
mieux ciblée des produits agricoles québécois. De plus, ce
projet de loi vient créer ce qu'on appelle des chambres de coordination
et de développement, ce qui, j'en suis persuadé, constituera, si
les gens qui sont dans l'industrie sont de bonne foi, de part et d'autre... cet
outil constituera très certainement un des meilleurs véhicules
pour convier des segments de l'industrie à des objectifs communs,
conjoints et partagés par l'ensemble des intervenants.
Enfin, je m'étais engagé, après ma nomination par
le premier ministre comme ministre des Pêcheries, à faire en sorte
que l'ensemble du secteur des pêcheries puisse être couvert et
placé sous la juridiction de cette loi. Là aussi, on a
livré la marchandise. Alors, M. le Président, on a 203, 215
articles à étudier. Nous serons ici très probablement
jusqu'à minuit ce soir. Nous serons ici possiblement jusqu'à
minuit demain soir. Nous y serons le temps qu'il faudra pour que la loi soit
bien étudiée, bien analysée. Et je
termine ainsi mon propos liminaire.
Le Président (M. Richard): Merci, M le ministre. M. le
porte-parole officiel et député d'Arthabaska, M. Baril, est-ce
que vous avez des remarques préliminaires?
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. Ça va être
quand même assez bref, parce que le ministre a expliqué les points
saillants du projet de loi 15, et quand même je répéterais
ces points-là, c'est évident que l'Opposition officielle, depuis
le tout début de l'étude des mémoires qui nous ont
été présentés, a une position toujours très
claire, très nette. On a affiché nos couleurs, et pour ce qui est
du projet de loi, je veux juste signaler au ministre, en passant, que nous
avons demandé un éclaircissement de l'article 2, une modification
de l'article 2 tel qu'inscrit présentement dans le projet de loi. Nous
l'avons fait dès le début, mais, comme nous sommes l'Opposition,
si le ministre ne le modifie pas - je comprends et j'accepte l'ouverture qu'il
nous a offerte - de toute façon, dépendamment de l'amendement
qu'il déposera, si cet amendement ne nous satisfait pas, je veux tout de
suite préciser qu'on peut voter contre l'article 2, mais on n'est
absolument pas contre le principe de la loi 15, la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. C'est bien différent. Je ne
voudrais pas qu'on pense que l'Opposition est contre un projet de loi qui, je
l'ai dit et je le répète, est quand même fondamental pour
l'agriculture québécoise.
On va étudier, c'est évident, objectivement tous les
articles. On a plusieurs questions et éclaircissements à obtenir
de la part du ministre, puisqu'il y a plusieurs articles qui sont des articles
nouveaux. On pourra comparer avec l'autre loi, mais on va prendre le temps
qu'il faut, et je n'ai pas l'intention de faire exprès pour retarder
l'adoption ou l'étude de ce projet de loi. Je vais m'arrêter en
demandant, simplement, si, pour accélérer les travaux, le
ministre pourrait nous fournir un cahier des articles comparatifs avec la loi,
pas la loi 15, l'autre, pas la dernière loi 15, la loi actuelle en
vigueur. Même pas la loi 160, la loi en vigueur actuellement. Si
c'était possible de nous fournir ça. On ne l'a pas. On nous a
fourni une liste de modifications écrites, comme ça. Ça,
c'est sur le projet de loi 15 et je vous dis que c'est dur de se retrouver
là-dedans. Donc, si c'était possible, il me semble que ça
accélérerait les travaux. (12 h 45)
M. Pagé: O.K. Je vais m'assurer que vous puissiez
l'avoir...
M. Baril: Avant mardi.
M. Pagé: ...sinon à 15 heures, au moins à 20
heures ce soir; à 15 heures.
M. Baril: À 15 heures?
M. Pagé: Oui
M. Baril: On vous remercie.
Le Président (M. Richard): Ça va. Mme la
députée de Johnson, Mme Juneau, vous avez un commentaire
préliminaire ou une question?
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Compte tenu, M. le Président qu'hier je
m'étais préparée pour faire une intervention et que, en
Chambre, il y a eu des dispositions qui ont été prises autrement,
et je respecte ça, j'aimerais juste ajouter quelques mots aux propos de
mon collègue, qui est responsable du dossier. Simplement pour vous dire
que, chaque fois qu'on fait une loi, ici, à l'Assemblée
nationale, on fait une loi, finalement, pour aider quelqu'un. Parce que sans
ça on n'aurait pas besoin de faire de lois. Si tout allait bien et si
tout allait sur des roulettes, on n'aurait pas besoin de faire en sorte qu'il y
ait des lois qui soient déposées.
M. Pagé: C'est parfaitement exact. Mme Juneau:
C'est vrai, hein?
M. Pagé: C'est pour ça d'ailleurs qu'on fait moins
de lois qu'avant, parce que ça va mieux.
Une voix: On en fait des plus petites, par exemple.
Mme Juneau: Je ne sais pas. Si le ministre me laisse terminer, il
va voir à quoi je veux en venir. Quand on discute une loi, il faut
toujours penser à qui on va aider. Parce que, si c'est une loi qui brime
certaines personnes, à ce moment-là, c'est inquiétant
L'Opposition a un très grand rôle à jouer en ce
sens-là. Puis, quand on parle d'une loi en agriculture, on parle de 47
000 producteurs agricoles, à peu près, entre 47 000 et 50 000
producteurs agricoles. Dans la loi qui nous intéresse, aujourd'hui, on
parte aussi des 6 000 000 de consommateurs.
Donc, il est important, je pense, qu'on fasse très attention sur
l'ensemble des articles qu'on aura à étudier aujourd'hui. On est
passé en commission parlementaire, en écoutant les
mémoires des gens qui sont venus ici, à l'Assemblée
nationale, qui se sont déplacés, qui ont pris le temps
d'étudier la loi et de regarder ce qui faisait et ce qui ne faisait pas.
Je renchéris sur ce que mon collègue dit, puisque les 24
mémoires qui ont été présentés, M. le
Président, ainsi que les six autres groupes qui ont déposé
des mémoires, sans avoir le privilège de venir s'exprimer,
étaient pratiquement tous dans le même sens. C'est qu'il y avait
de bonnes correc-
tions, c'était bien, sauf que l'article 2 devrait être
modifié, en quelque sorte, pour que le système sort
corrigé, parce qu'on a déjà des plaintes devant les
tribunaux qui font en sorte qu'il y a des choses dans l'article 2 qui sont
inacceptables.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'espère que le
ministre va avoir une ouverture du côté de l'article 2, parce que
c'est vraiment cet article-là qui fait problème et nous allons
être très heureux si le ministre apporte les modifications qui ont
été demandées par les gens qui vivent, quotidiennement,
une situation et, en bout de ligne, comme le disait si bien notre critique,
hier, c'est le producteur agricole qui paye la note. Puis, on est ici pour
défendre les gens du milieu. Je pense que tout le monde comprend
ça. Moi, j'ai 1500 producteurs agricoles, dans mon comté, et je
vais vous dire une chose, je souhaite ardemment qu'il y ait des corrections
à l'article 2, tel qu'il a été stipulé. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Johnson. Maintenant, est-ce que ça sous-tend
qu'on est prêts à débuter avec l'article 1?
M. Baril: Oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous avez des
amendements à l'article 1, M. le ministre?
M. Pagé: M. le Président, avant, oui. Donc, au
début, à l'article 1, juste une chose, une très,
très brève question, là, et je vous assure que ce n'est
pas un piège que je veux vous tendre. Vous me dites, par la voix de
l'ensemble des députés, hier, par votre voix, Mme la
députée de Johnson, ce matin, que vous souhaitez des amendements
à l'article 2. C'est bien. D'ailleurs, je vais indiquer les
commentaires, tantôt, lorsqu'on y arrivera, et on y arrivera assez
rapidement, là. Vous me dites: Les gens m'ont demandé des
modifications. Mais le problème, c'est que les gens n'ont pas
demandé la même chose. On irait dans quel sens?
M. Baril: Écoutez, pour ce qui est de ma part, en autant
que l'article 2 soit clair et que les gens après... Ça, c'est
évident, comme vous le dites, il y en a qui ont demandé le
retrait - de retirer - ou l'abolition de l'article 2, d'autres nous demandent
de le clarifier. Bon, on sait de qui on parle. C'est évident que, comme
je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est au ministre de décider de
quel côté il penche mais actuellement, tel que
rédigé, l'article 2 est cause de multiples problèmes,
imprécisions et l'article n'est pas clair. Pour avoir parlé avec
les gens, on nous dit: Que le gouvernement, que le législateur nous
fasse des lois claires, nous plante des balises pour qu'on puisse fonctionner
dedans et, après ça, on sera assurés, lorsque ça
sera inscrit dans la loi, qu'on ne sera pas à tout moment...
M. Pagé: Confrontés à des
interprétations devant les tribunaux.
M. Baril: ...confrontés à dire: Est-ce qu'on va
être poursuivis devant les tribunaux? Je ne sais pas trop quoi mais, au
moins, que ça soit clair pour qu'on sache à quoi s'en tenir et on
investira en conséquence, tant d'un côté comme de l'autre.
Et comme je vous le dis, moi, c'est au ministre à décider ce
qu'il fait avec l'article 2 et lorsqu'il déposera son amendement, je
serai pleinement ouvert à en discuter à cette table, à
cette commission, et à vous donner mes impressions sur: est-ce qu'il
doit l'abolir, est-ce qu'il doit le clarifier? Actuellement, il est d'une
imprécision, je dirais, totale et...
M. Pagé: O.K.
Le Président (M. Richard): Mme la députée
de...
M. Baril: On avait aussi demandé au ministre de regarder
l'article 2 en parallèle avec la Loi sur les coopératives et
j'avais dit aussi pourquoi, à quelques reprises - il faudrait que je
remonte mes textes - nous autres, on se posait la question: Pourquoi dans la
Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche il y a un article qui, en tout cas, donnerait - je dis bien
"donnerait" parce que ce n'est pas clair - des privilèges aux
coopératives, ce que les autres entreprises ou les autres organisations
n'ont pas, pendant que les coopératives ont leur propre loi? C'est des
questions que j'ai posées au ministre. C'est dans ce sens-là
qu'on attend son amendement.
Le Président (M. Richard): Mme Juneau,
députée de Johnson.
Mme Juneau: J'avais demandé la parole, M. le
Président. C'était exactement ce que je voulais dire. C'est qu'en
comparaison avec la Loi sur les coopératives qui, elles, se sentent
protégées par cet article-là - c'est de ça qu'on a
entendu parler aussi - je me dis: est-ce que les coopératives ont le
droit de s'asseoir sur un privilège comme celui-là pendant que
les autres n'ont pas le droit de le faire? Il y en a qui demandent... Le
Conseil de l'industrie laitière demande de retirer l'article tandis
qu'un autre nous demande de le modifier mais, comme mon collègue le dit,
c'est au ministre de décider. C'est lui qui a été
élu au gouvernement. Vous nous le rappelez tellement souvent, M. le
ministre.
M. Pagé: Pas élu, non; nommé. Élu
député,
nommé ministre.
Mme Juneau: Oui. Vous formez le gouvernement avec...
M. Pagé: Je suis le représentant de la
couronne.
Mme Juneau: Vous nous le rappelez assez souvent en Chambre.
M. Pagé: Et l'Opposition est supposée être
nos joyaux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Les joyeux joyaux.
M. Pagé: Somme joyaux!
M. Baril: est-ce que le député de portneuf dit ou
veut dire par ses propos que si les ministres étaient élus il ne
serait pas là?
M. Pagé: Pardon?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Ah non! Au contraire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Bien, vous savez... Non, la seule crainte que
j'aurais, c'est la suivante et, là, c'est bien personnel. Vous me
demandez d'ouvrir un voile sur mon intimité.
Des voix: Ah!
Mme Juneau: Pas à ce point-là!
M. Baril: Ne le levez pas trop!
M. Pagé: La seule crainte que j'aurais, c'est d'avoir de
la difficulté à performer autant en termes de pourcentage de vote
comme ministre élu que comme député élu pour les
motifs suivants. Vous savez que j'ai... Les citoyennes et les citoyens de
Portneuf m'ont donné un appui très grand en 1989. Je suis le seul
député, toutes statistiques ayant été
étudiées et bien analysées, au Québec a avoir
reçu 70,6 % du support des électeurs dans son comté.
Mme Juneau: Bien, bravo! M. Pagé: Merci, madame.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: On espère que ça va se traduire...
M. Pagé: Alors je me dis: Peut-être que comme
ministre, si j'étais élu, j'aurais peut-être seulement 65
%, 64 %.
Mme Juneau: Peut-être que ça va se traduire par un
bienfait pour ceux et celles qui s'attendent d'avoir quelque chose en
comparaison avec votre pourcentage.
M. Pagé: Ah! C'est ça. Dans Portneuf, ça
bouge, madame. Ça bouge et ça va bien. L'article 1, M. le
Président?
Le Président (M. Richard): Oui. De toute façon, M.
le ministre, je suis très heureux de voir qu'on est à la
période des voeux communs. Je veux dire, très bien, ça
s'oriente bien pour l'étude du projet de loi, article par article.
M. Pagé: Si ça continue sur ce ton, il n'y a pas de
problème. Article 1.
Le Président (M. Richard): Article 1. Est-ce que vous avez
des amendements à cet article-là, M. le ministre?
M. Pagé: M. le Président, on a convenu, le
député et moi Je propose finalement à l'ensemble des
députés la démarche suivante. Je propose qu'on
échange et qu'on m'adresse toutes les questions relatives à
chacun des articles et qu'on attende à la toute fin de nos travaux
finalement pour les adopter.
M. Baril: Moi. je n'ai pas d'objection là-dessus, mais
j'aimerais aussi... Ça, on n'en a pas discuté tout à
l'heure. Est-ce que le ministre veut lire chaque article pour les
présenter ou nous expliquer juste le sens
M. Pagé: Je vais vous les présenter, oui.
M. Baril: II faudrait expliquer le sens des articles, etc
M. Pagé: Je vais expliquer le sens de chacun des
articles.
M. Baril: Comment que ça ne serait que pour le Journal
des débats
M. Pagé: On pourra échanger ensemble. M. Baril:
Oui
M. Pagé: Et, à la toute fin, on adoptera tous les
articles.
M. Baril: Je suis d'accord.
M. Pagé: Sauf l'article 2, où je vais vous demander
de suspendre l'étude, et je vous dirai pourquoi dans quelques minutes,
lorsque j'y
serai arrivé.
Le Président (M. Richard): Ça va. Alors, si vous
permettez, à l'article 1, on l'essaie pour se pratiquer.
M. Pagé: Parfait. Des voix: Ha, ha, ha!
Champ d'application
M. Pagé: Le titre I, M. le Président,
réfère au champ d'application de la loi, ce qui donne le cadre de
juridiction. Et on indique dans l'article 1, effectivement, que la loi
établit des règles qui permettent d'organiser de façon
ordonnée la production et la mise en marché des produits
agricoles et alimentaires et la mise en marché des produits de la
pêche. Alors, c'est une disposition de droit nouveau qui détermine
donc le champ d'application de la loi. Elle permet aux personnes et aux groupes
intéressés d'utiliser des mécanismes pour mettre en
marché des produits agricoles, aussi des produits marins. Ça,
ça réfère, évidemment, à l'engagement que
j'avais pris en décembre dernier. Ces gens-là peuvent se servir
de l'ensemble des dispositions prévues dans la loi pour établir
des mécanismes, des mécanismes de mise en marché, des
mécanismes de commercialisation pour qu'on soit plus efficaces, plus
compétitifs, etc. L'essentiel du champ d'application qui est
établi par l'article 1 prévoit, finalement, que les gens peuvent
se concerter, se regrouper, s'organiser et coordonner leur action pour faire
face à la compétition des marchés extérieurs.
Essentiellement l'article 1, c'est le champ d'application de la loi purement et
simplement.
M. Baril: Est-ce que l'article 1 de la loi 15 correspond à
l'article 2.1 de la loi actuelle...
M. Pagé: C'est un article nouveau.
M. Baril: ...qui dit que la présente loi a pour objet de
réglementer la production?
M. Pagé: Non, c'est un article de droit nouveau.
M. Baril: Comment?
M. Pagé: C'est une disposition de droit nouveau
complètement.
M. Baril: L'article 1 de la loi 15 actuellement, c'est du droit
nouveau.
M. Pagé: Oui. Il établit un cadre juridictionnel
général et global pour l'ensemble des secteurs agricole,
alimentaire et de la pêche. En fait, on se donne un pouvoir habilitant
par l'article 1 pour que... Je vais vous donner un exemple. Si on ne l'avait
pas écrit comme ça, il aurait pu arriver - je ne dis pas qu'il
serait arrivé mais il aurait pu arriver - que, par exemple, dans cinq
ans, un groupe mécontent d'une décision ou d'une politique
adoptée par une chambre de coordination et de développement dans
le secteur du sébaste dise, conteste l'existence même de la
chambre de coordination, parce qu'il n'y avait pas de pouvoir
général habilitant à l'article 1. Puis là les
procès recommencent devant les tribunaux. Alors, c'est un article qui
dit, somme toute, qui établit, qui donne le premier paramètre du
champ d'application qu'on veut le plus complet de la loi.
M. Baril: Si je compare l'article 2.1 de la loi actuelle avec
l'article 1 présentement écrit, les formulations sont pareilles
ou semblables, en tout cas. Mais, dans l'article 2.1, on ajoute: dans le
commerce interprovincial. Je ne pense pas qu'on retrouve ça actuellement
dans la loi 15, le commerce interprovincial. Est-ce que ce n'était pas
nécessaire d'écrire ça ou ça n'avait pas
d'utilité?
M. Pagé: C'est qu'il nous apparaît, sans
préjudice à ces bonnes gens qui ont adopté cette
disposition en 1979... En 1979, on a parlé pour rien dire, je pense,
nous croyons, et les juristes le croient aussi, pas seulement le ministre.
À l'article 2.1, on disait ceci: La présente loi a pour objet de
réglementer la production au Québec des produits agricoles et la
mise en marché des produits agricoles. Correct?
M. Baril: Oui.
M. Pagé: Sauf que l'interprétation donnée
à cet article-là, c'est qu'on parlait pour rien dire. Ce n'est
pas la Régie des marchés agricoles qui réglemente, c'est
le gouvernement qui réglemente et les producteurs eux-mêmes, via
les règlements qu'ils se donnent dans les plans conjoints. Et l'autre
élément, on se référait au commerce
intraprovincial. On n'a pas à se référer au commerce
intraprovincial, on a une juridiction qui est reconnue comme État, comme
gouvernement, à l'égard du commerce intraprovincial. Ce n'est pas
le Nouveau-Brunswick, puis encore moins Terre-Neuve, puis pas plus l'Ontario,
puis pas plus le gouvernement fédéral qui a affaire à
notre commerce intraprovincial. C'est ce pourquoi il nous est apparu, selon
l'avis des juristes et des conseils en loi, qu'il n'était pas opportun
de garder ce libellé, parce qu'on ne disait rien, et je vous donne
l'assurance que ça ne change absolument rien au pouvoir habilitant
prévu dans la loi, premièrement. Puis, deuxièmement,
ça ne constitue d'aucune façon, ni directe ni indirecte, une
limite au droit fondamental pour le Québec de donner, d'encadrer, de
réglementer, de légiférer et de régir, somme toute,
le commerce
intraprovincial.
M. Baril: L'explication me suffit. Le Président (M.
Richard): Ça va? M. BarH: Oui.
Le Président (M. Richard): M. le ministre, une question
technique, là. On revient en disant: Nous allons regarder chacun des
articles, sauf que, lorsqu'il y aura un article avec amendement...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Richard): ...à ce moment-là
on devra, je pense, l'adopter...
M. Pagé: Adopter l'amendement.
Le Président (M. Richard): ...effectivement, pour
s'assurer que l'amendement est bel et bien adopté avec l'article
amendé. En fait, lorsqu'il n'y a pas d'amendement, il n'y a pas de
problématique à dire, à la toute fin, par exemple, du
projet de loi: d'une façon globale, nous sommes favorables ou on adopte
l'ensemble des articles.
Mme Juneau: Oui.
Le Président (M. Richard): Sauf que, lorsqu'on va arriver,
pour des raisons techniques, à un article de loi qui aura un amendement,
il faudra qu'on adopte l'article, l'amendement et l'article, tel
qu'amendé, parce que, autrement, on va se retrouver à la fin de
la loi avec le risque d'avoir échappé des amendements, pour des
raisons techniques. Par contre, tout le reste du bloc, prenons
l'hypothèse...
M. Pagé: L'article sera amendé, mais ne sera pas
nécessairement adopté.
Mme Juneau: Ce n'est pas ça qu'il dit, là, M. le
Président.
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): Mais il faut qu'il soit
adopté, amendé.
Mme Juneau: Ce n'est pas ce qu'il dit, là.
M. Baril: Ça va prendre plus de temps de faire tous les
amendements après, adopter tous les amendements puis les articles, tout
ça, que...
M. Pagé: Bien, là, on n'a pas...
M. Baril: ...d'étudier le projet de loi.
M. Pagé: Donc, on adoptera un peu plus tard, en
séance, les articles non amendés.
Le Président (M. Richard): Oui, en bloc Oui, là,
ça pourrait...
M. Baril: Ceux qui sont amendés, eux autres?
Mme Juneau: Pour ma bonne compréhension, M. le
Président, ça veut dire qu'on va adopter les amendements, si je
me réfère à ce que vient de dire le ministre, sans adopter
l'article amendé?
M. Pagé: J'en ai six...
Mme Juneau: Oui, mais il faut clarifier ça, là.
M. Pagé: ...six, certain, sept, probable, sur 203.
M. Baril: M. le Président... M. Pagé: Sur
229
M. Baril: M. le Président, je sais qu'il faut suspendre,
je ne connais pas le terme, là...
Le Président (M. Richard): D'ici à 15 heures.
M. Baril: À 15 heures, on va s'entendre, O.K., au lieu de
négocier ici.
Le Président (M. Richard): Parfait, à 15 heures.
Ça va, d'accord. C'est seulement pour une raison technique.
M. Baril: Oui, oui.
Le Président (M. Richard): Je crois qu'il n'y a pas
mésentente, là, mais il faut partir sur la même
longueur.
M. Pagé: O.K Alors, je retiens que l'article 1 est
étudié Le débat est terminé, on aborde maintenant
l'article 2.
Le Président (M. Richard): L'article 2, en revenant,
à 15 heures.
M. Pagé: Ça marche!
M. Baril: Et moi, je retiens que le ministre a dit qu'il nous
fournirait pour 15 heures les cahiers comparatifs.
M. Pagé: Les mêmes cahiers que moi, d'ailleurs. >
M. Baril: c'est bien, je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Alors, merci, et nous revenons
ici à 15 heures, même salle. Et bon appétit, mesdames et
messieurs!
(Suspension de la séance à 13 h 4)
(Reprise à 16 h 8)
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, si vous le
permettez, la commission reprend donc ses travaux. Nous en étions
à l'étude article par article du projet de loi 15. Le
départ était fait. Nous en étions rendus à
l'article 2. J'ai l'impression que ça va ralentir un peu.
J'aimerais vous faire un rappel, M. le porte-parole, M. le ministre et
les membres de la commission. Vendredi, demain, à 15 heures, nous
recevrons, dans le cadre de l'étude détaillée du projet de
loi 6, Loi modifiant la Loi sur les courses de chevaux et d'autres dispositions
législatives, en audition l'Association des hippodromes du
Québec; à 16 heures, l'Association du trot et amble du
Québec; à 17 heures, la Commission des courses de chevaux du
Québec. Trois organismes que nous allons rencontrer demain à
partir de 15 heures.
M. Baril: Très bien.
Le Président (M. Richard): ça va. nous revenons
donc au projet de loi 15. nous en sommes à l'article 2. est-ce que
l'article 2 fait unanimité?
M. Baril: Oh! Je ne pense pas, M. le Président. Je vais
attendre pour voir...
Mme Juneau: Vous êtes téméraire.
Le Président (M. Richard): J'ai une foi profonde.
M. Baril: C'est un voeu pieux que vous avez fait, certain.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, on pourrait
évidemment passer un bon bout de temps sur l'article 2. On s'y est
référé longuement en commission parlementaire.
Essentiellement... Je vais vous lire l'article tel qu'il est actuellement dans
la loi - j'invite tous les membres à écouter attentivement - et
on va le lire ensuite tel qu'amendé et je vais faire un bref commentaire
par la suite.
L'article 2 original, somme toute, sauf une modification de concordance,
ou très minime, en 1974, dit ceci actuellement: "La présente loi
a pour objet de mettre à la disposition des producteurs et des
consommateurs un moyen supplétif de mise en marché
ordonnée et juste des produits agricoles..." Jusque-là ça
va bien. C'est clair. La présente loi met à la disposition des
producteurs et des consommateurs - ceux qui produisent et ceux qui
achètent - un moyen supplétif de mise en marché
ordonnée et juste. Personne ne peut être contre ça. Mais
là où ça cause problème c'est après, "...et
elle ne doit pas être interprétée comme moyen de
concurrencer l'organisation coopérative de la production et de la mise
en marché des produits agricoles. Ce principe doit guider l'application
de la présente loi pour ne pas gêner l'action du
coopératisme dans les régions et les secteurs où il peut
répondre efficacement aux besoins et afin de profiter autant que
possible du concours des coopératives pour l'établissement et
l'administration des plans conjoints dans les secteurs de production et les
régions où il est désirable d'en établir."
Ça c'est à peu près comme tenter de définir la
vertu en indiquant que la vertu est un état physique et spirituel qui
identifie l'être en autant que possible qu'il ne commette pas trop de
fautes. Ça ne serait pas très très clair mais c'est
ça que ça dit. C'est à peu près ça que
ça dit. Il ne faut pas se faire de cachette.
Il faut voir aussi le contexte dans lequel la loi a été
écrite. Je suis persuadé que la très grande
majorité, même des membres actuels, des jeunes membres des
coopératives actuelles se rappelleront, parce que,
généralement, leurs parents étaient bien enracinés
dans le mouvement coopératif agricole québécois. À
l'époque où ça a été écrit,
ça, ça a été écrit à un moment
où l'UCC était en train de s'organiser pour se donner des
structures de représentation, de représentativité pour
l'organisation des producteurs laitiers du Québec et,
parallèlement à ça, on avait nos coopératives. On
avait, dans les années soixante, presque autant de coopératives
qu'on avait de municipalités ou de comtés au Québec. Moi,
je me rappelle, il y en avait une petite dans mon village, la beurrerie chez M.
Picard. Le beurre se faisait chez nous. Le lait se faisait localement.
Généralement, on avait deux distributeurs de lait cru par
village. C'était de même que ça marchait.
Moi, je n'étais pas là - que Dieu m'en garde - en 1964, et
aucun des parlementaires qui sommes ici n'étions là. Moi, je
retiens que la volonté du législateur, à l'époque,
c'était très certainement de vouloir garder un niveau de
production, de transformation au niveau local, de protéger le concept au
niveau local, sauf que l'industrie coopérative a vécu des
mutations majeures et profondes et on n'a plus une coopérative par
village. On a cinq, au Québec, coopératives laitières. Les
coopératives sont devenues des entreprises progressives, dynamiques,
etc. Elles sont devenues des entreprises capables de concurrencer avec toutes
les autres entreprises de même nature au Canada, n'importe où
au
Canada, et on est parmi les mieux équipés en termes
d'équipement de production, de transformation, de réseau de
distribution au Canada, mais ça a changé et de beaucoup le
portrait de la coopérative d'hier et de la coopérative
d'aujourd'hui, c'est totalement différent.
Entre-temps, le syndicalisme agricole a été
consacré dans une loi adoptée par notre gouvernement en 1972 et,
parallèlement à tout ça, il y a aussi des entreprises
privées qui se sont développées. Des entreprises
privées qui jouent un rôle éminemment important dans
l'économie. Des entreprises privées qui achètent du lait
aussi. Des entreprises privées qui développent des
marchés. Qu'on pense à Lactantia, pas loin de chez vous, à
Vlctoriaville; qu'on pense à l'entreprise Saputo, qui est
présente partout sur le territoire. Chez nous, dans mon comté,
j'en ai des entreprises coopératives. J'ai Agropur d'un
côté, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, puis j'ai des
entreprises privées, puis ce monde-là, je pense que,
fondamentalement, il a les mêmes objectifs d'être plus fort, plus
performant, etc., mais il y a un peu de dualité. Puis la dualité,
bien, elle s'est vécue depuis un certain nombre d'années, plus
particulièrement en raison du développement de certains
créneaux.
Il ne faut pas se faire de cachette. En 1985, on produisait 36 %, 37 %
du fromage fin au Canada; puis, là, on a rattrapé l'Ontario, on
est rendu à 46 %, 47 %, tant et si bien que ça a amené des
mutations dans le lait. Il y a du lait qui, normalement aurait pu aller aux
coopératives pour faire du beurre, de la poudre de lait, puis, un peu
plus tard, vers 1987-1988, il aurait pu faire du mozzarella, parce qu'elles se
sont lancées dans le mozzarella, puis qui n'est pas allé
là, qui est allé plutôt vers les fromages fins, au
bénéfice des entreprises privées. Ça a
affecté, évidemment, des politiques comme la politique
fédérale, tout à fait légitime, mais cela a eu un
impact pour les coopératives, quand ils ont décidé de ne
plus subventionner l'entreposage du beurre puis de la poudre de lait, etc.,
ça a eu des impacts. Ça a eu aussi des impacts négatifs
sur les revenus des coopératives, sur les ristournes. Puis ces
gens-là, à un moment donné, se sont dit: Bien, nous
autres, on veut notre lait. Puis, en plus de ça, pour ajouter à
la complication, il y a des poursuites qui ont été prises.
J'aurais souhaité, moi, que la loi, on puisse la discuter de
façon beaucoup plus éclairée, en dehors du cadre d'un
conflit devant les tribunaux. Ça, je n'ai pas à commenter, je
n'ai pas un mot à dire là-dedans. D'ailleurs, il ne serait pas
prudent pour les parlementaires de commenter ce qui se passe devant les
tribunaux, mais je peux dire, cependant, que la situation idéale aurait
été de tenter d'étudier ces dispositions-là de
façon éclairée, sans être confrontés à
des situations conflictuelles, devant les tribunaux, ou encore en situation de
négociation, parce que, à la suite de mon invitation du 8
février - et ça, je l'apprécie au plus haut point - le
Conseil de la coopération laitière a accepté de s'asseoir
autour de la table avec le Conseil de l'industrie laitière et la
Fédération des producteurs de lait pour négocier une
nouvelle entente, une entente de trois ans et des paramètres plus
solides, inspirés par l'expérience des dernières
années. Agropur s'est laissée tirer la patte un peu mais elle a
fini par s'asseoir avec nous et j'ai très bon espoir qu'on puisse en
arriver à un règlement dans les meilleurs délais.
L'article, tel que modifié, vous l'avez devant vous. Il ne
définit pas la vertu avec beaucoup beaucoup beaucoup plus de
précisions que dans le texte antérieur. Tout le monde ou à
peu près, en commission parlementaire, j'en conviens, est venu nous
dire: On apprécierait qu'il soit retiré, qu'il soit
modifié, qu'il soit plus clair. Par contre, on doit dire - je le dis,
parce que c'est le cas - que privément on m'a dit: Bien, M. Pagé,
quant à le faire sauter, nous autres, on aimerait mieux que vous le
laissiez comme ça. D'autres m'ont dit: Le fait qu'il soit
imprécis est utile parce que toutes les parties hésitent à
y recourir. Alors, c'est là où nous en sommes. Si les
députés veulent connaître, par exemple, l'évolution,
comment le lait a été transité en 1988-1989 - je prends
les statistiques de 1988-1989, là - si le lait des producteurs
sociétaires, des membres des coopératives avait été
acheminé uniquement dans les entreprises de conditionnement ou de
transformation des coopératives, les coopératives
laitières du Québec auraient usiné 74 000 000 de litres de
lait en moins. Quant au fromage, ce qu'on appelle le pool 2,
c'est-à-dire les classes 3, 4 et 5, le lait qui s'en va à la
transformation, ils ont effectivement reçu moins de lait, ils ont
effectivement transformé moins de lait que leurs sociétaires en
produisent. Exemple concret, là: les producteurs membres des
coopératives pour le lait de transformation ont produit 1 500 591 000
litres de lait. Ils en ont transformé, dans les coopératives, 1
374 000 000 de litres. Donc, ils ont perdu, entre guillemets, 126 000 000 de
litres qui ont été acheminés vers les entreprises dites
privées. Sauf que, pour ce qui est du lait de consommation, le lait
qu'on boit, ils ont produit 253 000 000 de litres puis ils en ont
transformé 454 000 000. Donc, si on soustrait les deux chiffres, ils
auraient été globalement perdants de 74 000 000 de litres. Et
puis, depuis, ça a changé, évidemment. Alors c'est
ça. Oui, on pourra échanger.
M. Baril: Bon, effectivement, l'article 2... Tout le monde
comprendra que depuis le temps qu'on en parie également, s'il y a des
visiteurs qui sont avec nous pour entendre les discussions des parlementaires,
connaître l'orientation que le gouvernement va donner à cet
article... Est-ce qu'il le maintiendra, le modifiera, le retirera? On ne le
sait pas. Si cet article ne faisait pas de
problème, c'est évident que 80 % à 90 % des
mémoires qui nous ont été présentés n'en
auraient même pas fait mention. Et, je le répète, c'est
vrai, c'est évident que ça aurait été beaucoup plus
profitable pour la révision de cette loi si ça n'avait pas
été fait dans le contexte qu'on connaît
présentement. Mais ça, ce n'est pas le ministre qui l'a voulu, ce
n'est pas l'Opposition qui l'a voulu, ce sont les circonstances qui font en
sorte que tu te retrouves dans un contexte qui... Présentement, on est
obligés de vivre avec mais il faudrait quand même... et je pense
que c'est notre devoir de faire en sorte que ce contexte ne se
répète pas.
Si on regarde ça un peu froidement, les producteurs agricoles,
qui sont les mêmes producteurs membres de la Fédération des
producteurs de lait, entre autres, et membres des coopératives... pour
la plupart, ils sont membres d'une coopérative... Ce sont les
mêmes personnes qui se sont donné deux outils, qui ont
utilisé la Loi sur la mise en marché - entre autres, pour se
donner la formule des plans conjoints - pour unir leurs efforts pour essayer de
négocier et d'obtenir de meilleurs prix pour leurs produits. Et pour les
producteurs qui étaient sociétaires d'une coopérative, tu
avais deux façons de fonctionner. Les coopératives invitaient des
producteurs à être membres de la coopérative, à
devenir sociétaires et, par le fait même, à la fin de
l'année, il y avait un partage des surplus qui étaient
retournés en ristournes. Les compagnies privées, les laiteries
privées, qui étaient quand même nombreuses, elles, avaient
un autre système. Elles avaient leurs propres membres, elles aussi, et,
de temps en temps, allaient en chercher vis-à-vis des
coopératives, qui allaient en chercher vis-à-vis d'autres
laiteries. Et pour essayer de répondre à leurs demandes... Elles,
elles n'appelaient pas ça des ristournes mais des compensations - je ne
sais pas si c'est le terme exact qu'elles utilisaient - mais, en tout cas, on
donnait des surplus tant la livre parce que, à l'époque, on
parlait de livres de lait. Bon, c'est un petit peu le système qu'on
avait. Ça fonctionnait. Les producteurs... Puisqu'ils se sont
donné un outil qui s'appelle la Fédération, qu'ils ont
utilisé un plan conjoint pour unir leurs efforts pour négocier
ensemble de meilleurs prix pour leur lait... Parce qu'avant ça
c'était le propriétaire ou la laiterie qui faisait les premiers
pas ou c'était le producteur qui allait voir une laiterie et qui
changeait, mais... En tout cas, c'était assez stable quand même.
Mais on négociait individuellement le prix de notre produit. Et le
secteur laitier, ça été le secteur, je pense, au
Québec, qui a été le plus rapidement progressif. On a
évolué beaucoup. On a évolué rapidement dans ce
secteur-là parce que c'était une production propre au
Québec. On s'en allait là-dedans parce que c'était plus
stable que dans d'autres productions. Certaines personnes disaient qu'il
fallait réserver les céréales à l'Ouest et que
nous, il fallait faire du lait. Mais il ne faut pas embarquer
là-dedans.
Donc, les producteurs, par le biais des plans conjoints, puisque, pour
eux autres, c'était plus avantageux de mettre leurs efforts en commun
pour négocier le prix de leurs produits... En passant, ça s'est
fait aussi au niveau des producteurs de bois. On sait qu'au niveau des
producteurs de bois ils ont uni leurs efforts en commun pour aller
négocier le prix... Avant ça, c'était à la corde,
si on remonte un peu de quelques années, tant la corde au niveau des
compagnies. Aujourd'hui, c'est au cunit, je pense qu'ils appellent ça?
Au pied cube, au mètre cube qu'ils appellent ça aujourd'hui, mais
en tout cas... De toute façon, ça reste une corde pareil. Elle
n'a pas changé de volume. Mais on a chacun utilisé le moyen qu'on
pensait le plus efficace et le plus profitable.
Lors des dernières conventions de vente qui ont été
signées ou arbitrées par la Régie, la façon de
distribuer le lait, évidemment, pour que ce soit plus rentable, plus
profitable, je dois dire, pour le producteur, qu'il ait un meilleur
coût... Ensemble, on a établi différentes classes de lait
dans les produits qui se vendaient plus que d'autres. L'entreprise
privée et certaines coopératives ont suivi cette évolution
quand même assez rapide depuis les cinq ou six dernières
années. Juste à référer à Lactantia, chez
nous. Remarquez bien, Lactantia, chez nous, si on remonte - on n'ira pas
à 50 ans - dans les années soixante-dix, à peu près
à chaque année, elle étirait le hangar au bout pour
entreposer la poudre, comprenez-vous. Parce qu'on faisait beaucoup beaucoup de
poudre et beaucoup beaucoup de beurre parce que c'était payant.
Aussitôt que c'était fabriqué, tu recevais un chèque
de la Commission canadienne du lait et tu n'avais pas de problème.
C'était les producteurs qui payaient une grande partie de ces frais.
Mais Lactantia... Et je la nomme parce que c'est une entreprise de chez nous.
Je pourrais parler d'Agropur, à Plessisville, qui a une laiterie, une
entreprise chez nous. Donc, chacun a fait son bout, s'est adapté
à ce nouveau marché, a découvert de nouveaux produits, a
fait de la recherche et a essayé de fournir le marché, ce que le
consommateur voulait, ce que le consommateur désirait.
Malheureusement, il y a certaines laiteries qui ne se sont pas
adaptées d'une façon aussi rapide aux besoins du marché,
tout en reconnaissant qu'il faut qu'il y en ait qui continuent à
produire une certaine quantité de beurre; ça assure une certaine
régularité d'approvisionnement en beurre au niveau du
consommateur, etc. Mais je pense qu'il ne faut pas se cacher la
vérité. Comme je le disais, il y a des coopératives qui se
sont modernisées, qui ont découvert et fabriqué beaucoup
de nouveaux produits qui se vendent bien. Par contre, d'autres ne l'ont pas
fait, pour toutes sortes de raisons. Malheureuse-
ment, souvent, ce sont des coopératives ou des laiteries, en tout
cas, en région. Pourquoi n'ont-ils pas profité de l'occasion pour
moderniser leur entreprise? Ça, on pourrait en parler longtemps et en
discuter longtemps. Mais, de toute façon, il y a des administrateurs qui
sont élus par les membres...
Donc, si on regarde la formule des plans conjoints, le syndicalisme
agricole, puisque c'était le pouvoir qui lui était dévolu
par cette loi, a profité de ça et a évolué, je
dirais, plus vite, pour répondre aux besoins de ses producteurs ou de
ses membres, que certaines coopératives et certaines entreprises
privées qui n'ont pas évolué. L'agriculteur était
placé face à un choix, comprenez-vous, à l'effet de dire:
Moi, ma coopérative, j'y suis attaché. Ça fait mal,
actuellement, les chicanes qui se passent, entre parenthèses. Ça
fait mal au niveau des producteurs agricoles. Il ne faut pas se le cacher. Les
producteurs ont bâti, ont construit une organisation coopérative
solide au Québec, qui a fait ses preuves. Je suis certain qu'elle va
encore les faire, ses preuves.
Mais le producteur laitier est confronté lui aussi avec des
obligations soit financières ou économiques. Il est
confronté à ses obligations là. Il a un choix à
faire. Le choix qu'il a fait, c'est la Fédération, qui lui offre
un prix plus équitable pour son produit. Mais ça ne veut pas dire
qu'il ne veut plus rien savoir de sa coopérative. C'est ça qui
ennuie les gens, cette fameuse imprécision qu'il y a actuellement dans
le partage des pouvoirs, des responsabilités entre le mouvement
coopératif et le mouvement syndical. (16 h 30)
La loi, comme le ministre disait tout à l'heure, les arguments
qu'il apportait, c'était un peu clair et ce n'est pas trop clair. Dans
l'amendement qu'il a apporté, tel qu'il est proposé dans la loi
15, selon nous... D'ailleurs, 80 %, 90 % des mémoires qui ont
été présentés, ce n'est pas plus clair que
c'était avant. Parce qu'il y en a qui demandent carrément de la
retirer, d'autres demandent de l'amender, de la clarifier. Donc, on voit que
ça cause encore un problème tel que présenté dans
ce projet de loi. Même les coopératives demandent de modifier
l'article 2 tel que stipulé. Je sais que le ministre nous parle d'un
amendement possible. Je ne sais pas c'est quoi son amendement. J'aimerais
ça qu'il nous explique ou qu'il nous dise pourquoi il ne veut pas
prendre la décision tout de suite, trancher la question. Je dis: le
clarifier, le retirer, je lui laisse son choix, on en discutera après.
Pourquoi retarder encore? On ne peut pas retarder d'un mois, là, la
session finit le 22 ou le 23 juin, je ne sais pas, bon, le 22 juin. La
commission, on s'entend qu'au milieu de la semaine prochaine probablement que
tous les articles seront discutés, ici en commission. Donc, pourquoi
retarder de quelques jours encore pour nous déposer ce fameux
amendement, ou, en tout cas, nous faire connaître ses couleurs
réellement? Quand bien même que le ministre nous dit
qu'actuellement le comité est formé, que les négociations,
les gens se parlent, ça discute, bon, j'allais dire ça taponne,
mais, en tout cas, je ne suis pas là, je ne peux pas dire ça.
M. Pagé: Ça avance.
M. Baril: Ça avance, mais à quel rythme? À
quel rythme ça avance?
M. Pagé: Ça avance plus rapidement, me dit-on,
maintenant, que ça avançait au début du processus.
M. Baril: C'est possible, je ne doute pas de ça, mais en
tout cas. Ça va faire quoi, M. le ministre, que ça court ou que
ça marche au pas accéléré, ou que ça trotte,
peu importe comment ça va? Ça va faire quoi si l'article tel
qu'il nous est présenté reste tel qu'il est écrit comme
ça?
M. Pagé: Je vais répondre à votre question.
Non, c'est parce que je ne voudrais pas insulter ce jeune homme; si vous
m'écoutez, vous ne l'écouterez pas
M. Baril: J'ai deux oreilles.
M. Pagé: On a deux oreilles pour écouter, mais on a
une seule langue pour parler. Il faut parler moins...
Mme Juneau: C'est pour ça qu'il faut écouter plus
que parler.
M. Pagé: Vous faites bien ça, vous. Mme Juneau:
J'apprends.
M. Pagé: Je vais tenter de vous répondre le plus
ouvertement, comme je le pense. J'ai été très surpris,
moi, très surpris de la position adoptée par les instances
coopératives. Elles ont jugé opportun de soulever ou de s'appuyer
sur l'article 2 dans une situation où, effectivement, elles avaient vu
des volumes de lait partir de leurs sociétaires, entrer dans leurs
coopératives respectives pour être ensuite dirigés à
nouveau vers les entreprises privées. Là, je me
réfère à quoi? Je me réfère à 1987,
1988. Si on regarde les chiffres de 1989-1990, à partir de la
décision de la Régie des marchés agricoles du
Québec, vers le 15 on le 20 juin 1989, une décision qui venait
établir, maintenant, des règles du jeu renouvelées pour
l'approvisionnement en lait, avec des clauses garanties.. Avril, celle sur les
conditions de mise en marché, et celle en juin, c'est le transport. Si
on regarde l'impact de l'entente de 1989, de la décision de 1989 de la
Régie, qui a d'ailleurs été contestée par le milieu
coopératif, mais si je regarde les volumes, ici.
les coopératives, au total, ont vu en classe 4, la classe qui est
la plus contentieuse, soit dit en passant, d'août à
décembre 1988-1989, comparativement à 1989-1990, elles ont vu les
volumes passer de 60 677 000 litres à 81 455 000 litres, pour un volume
additionnel, avec la convention de la décision de la Régie en
avril 1989 pour une augmentation de volume de 34,24 %. Or, le message des
coopératives tel que je l'interprète et formulé depuis fin
1988, début 1989 disait: On perd notre lait et le lait qu'on produit, on
ne peut pas l'usiner et on pourrait l'usiner. Mais je m'excuse. Il ne
s'applique pas du tout. On ne peut pas soulever ça ou on ne peut pas
alléguer ça en vertu de la décision d'avril 1989. Les
chiffres sont là et ils sont clairs. Si on se réfère
maintenant à l'autre période - d'août à
décembre que je viens de donner là - de décembre à
avril maintenant, on parle cette année de 30,9 % d'augmentation. Pour
Agropur, c'est 34,1 %, pour Agrinove, c'est 24 % et, pour Nutrinor, c'est 48 %
de plus de volume et, pour Purdel, c'est moins 20 %. si on regarde maintenant
le privé, les entreprises à l'égard de qui le milieu
coopératif dit: elles sont venues nous chercher notre lait et c'est pour
ça qu'on est en difficulté, etc., regardons les chiffres dans les
mêmes classes. dans le privé, elles sont passées
globalement de 229 000 000 de litres à 234 000 000 pour un taux de
croissance de 2,23 % en moyenne, comparativement à taux moyen de 30,9 %.
lactantia est allée chercher 16,4 % plus de lait, saputo est
allée en chercher moins 4 %, à titre d'exemple. alors, moi je me
dis: l'argument à l'effet que la décision n'est pas bonne parce
que le lait de leurs sociétaires s'en va ailleurs ne tient plus si on
regarde l'évolution de la mise en marché du lait,
fédération des producteurs de lait, conseil de la
coopération et conseil de l'industrie laitière, depuis août
1989. premier élément.
Deuxième élément, je vous indiquais tantôt
que si... On se référait seulement à la classe 4. Si on se
réfère maintenant à toutes les classes, dans le pool 1, il
y a les classes 1 et 2 et, dans le pool 2, il y a les classes 3, 4 et 5. Si on
se réfère à l'ensemble des deux pools et si on applique le
principe qui est demandé par les coopératives, globalement, il y
aurait moins de lait à usiner parce que, dans les pools 1 et 2, ils ont
besoin plus que du lait de leurs sociétaires.
Troisième élément qu'il faut prendre en compte
aussi, la Loi sur la mise en marché qu'on étudie et l'article 2,
ça ne s'applique pas juste dans le lait. Ça s'applique à
l'égard des autres plans conjoints. Il y a des plans conjoints dans la
volaille, dans le porc, dans le grain, etc. S'il fallait, exemple concret, que
les porcs abattus, les poulets abattus par Bexel soient uniquement les poulets
des membres, j'ai l'impression que Bexel ne fonctionnerait pas beaucoup sur une
base hebdomadaire. Or, le principe qui est là, il est là pour
guider, pour donner certains paramè- tres. Mais si on l'applique de
façon sacro-sainte et intégralement, ça va causer
préjudice au milieu coopératif lui-même. Et l'objectif que
je recherchais le 8 février quand j'ai rencontré les gens, c'est
ceci: Qu'ils renouvellent une entente, pas d'un an cette fois-ci, de trois ans
parce que nous, on prévoit... On peut se tromper. On n'a pas la
prétention d'être infaillible au ministère. Mais on
prétend, et d'ailleurs les coopératives en sont conscientes et
l'industrie privée aussi, qu'on ne vivra pas les mêmes mutations,
les mêmes changements vers de nouveaux produits dans les cinq, six
prochaines années comme on l'a vécu à un rythme
accéléré depuis cinq ans. Donc, ça commande plus de
stabilité au niveau des approvisionnements. Entente de trois ans. La
proposition que j'ai mise sur la table comme ministre, que j'ai offerte
à l'industrie en espérant qu'elle s'en serve... je me
référais, entre autres, aux dispositions qui ont
été positives à l'ensemble de l'industrie dans la
décision arbitrale de la Régie d'avril 1989, avec comme objectif,
premièrement, qu'ils s'entendent, deuxièmement, qu'ils
arrêtent de se poursuivre entre eux autres, qu'ils abandonnent leurs
poursuites devant les tribunaux, leurs contestations qui sont coûteuses
et, troisièmement, qu'on adopte une nouvelle loi. Et, dans ça, on
a des mécanismes qui favorisent davantage la concertation, comme les
tables de coordination et de développement. Puis qu'on s'en aille avec
ça. C'était ça, mon objectif. Ça demeure mon
objectif. Et là, je réponds à votre question. Ce ne sont
pas des menaces, il n'y a rien là. Je vais être très clair
et je pense que vous allez être d'accord avec moi. Ce serait très
questionnable d'adopter la loi, qu'il y ait une entente et que le lendemain ils
continuent à se battre devant les tribunaux. Ça aurait
donné quoi de signer une entente, s'ils n'arrêtent pas de se
chicaner devant les tribunaux, le lendemain?
L'autre élément. Et là, je vous le dis: je vais
recommander qu'on n'adopte pas cet article-là tout de suite, qu'on
attende à la toute fin. Je dis bien: II est possible. Je pèse mes
mots. Il est possible que je présente un amendement au texte du projet
de loi, concernant l'article 2. Cet amendement-là, si j'ai à le
déposer, je le déposerai... Je dis bien: Si j'ai à le
déposer, je le déposerai soit ici, à la fin de nos
travaux, ou encore au moment de la prise en considération du rapport. On
peut prévoir que nos travaux finiront autour de mardi, ce qui voudrait
dire que mercredi, au moment de la prise en considération du rapport -
mercredi ou jeudi, quoi - un amendement pourrait être
déposé. Cependant, je suis conscient du caractère
imprécis de l'article jusqu'à maintenant. Les intervenants m'ont
dit que cette imprécision fait en sorte qu'on favorise à faire de
la conciliation parce que personne n'est sûr de l'interprétation
qui pourrait être donnée par les tribunaux dans le futur, etc. Par
contre, en contrepartie, je suis
conscient, toutefois, que si j'apportais une modification ça
pourrait inciter des coopératives à changer complètement
leur structure juridique et devenir purement et simplement des compagnies
privées. Et ça, je crois que la responsabilité du geste
qui est commandé quand on le pose, compte tenu des impacts majeurs pour
l'avenir de la structure de l'industrie, ça commande d'y
réfléchir jusqu'à l'extrême limite et selon tous ses
éléments.
Puis oublions les textes et oublions tout ça. Moi, je suis bien
conscient que, premièrement, les coopératives... Si on n'avait
pas eu les coopératives au Québec et si on n'avait pas eu cette
structure de personnes qui sont à la fois producteurs, qui ont
accepté de se conformer à des règles respectant les
principes du coopératis-me: formation, engagement,
bénévolat, et c'est comme ça que ça s'est
bâti, si on n'avait pas eu les coopératives, au Québec, on
n'aurait peut-être pas la même qualité de structure
d'industries de transformation des produits laitiers au Québec. J'en
suis bien conscient. Et on leur doit un profond respect. En contrepartie,
toutefois, il faut reconnaître que, parallèlement à
l'industrie coopérative, il s'est développé des industries
à capital-actions privées, qui appartiennent à des gens.
Et des gens qui sont aussi motivés que les coopératives vers
l'excellence, vers une performance et vers le fait de produire des produits qui
correspondent exactement aux besoins des consommateurs. Puis le rôle d'un
ou des gouvernements, ce n'est pas de dire: Toi, tu es sanctifié et,
toi, tu n'es pas sanctifié. Le rôle d'un gouvernement et d'un
ministre, c'est de tenter de faire en sorte que ces gens-là travaillent
le plus possible en harmonie, avec des objectifs communs.
Et on a une troisième partie - qui n'est pas la moindre - qui est
celle des producteurs laitiers. D'ailleurs, 61 % des membres de
l'exécutif de la Fédération des producteurs de lait, pas
seulement l'exécutif, mais du conseil...
Une voix: ...d'administration?
M. Pagé: Non, plus que ça. Au congrès des
producteurs laitiers, de la Fédération, qui s'est tenu au mois de
février dernier, 61 % des délégués au
congrès annuel de la Fédération des producteurs de lait du
Québec, 61 % de ces gens-là, que j'ai rencontrés au
Mont-Sainte-Anne, il y a deux mois environ, sont membres des
coopératives. Et il y a cette osmose entre la Fédération,
entre les producteurs et la coopérative. Puis les producteurs sur le
terrain, il ne faut pas se faire de cachette, sont aussi attachés
à leur Fédération, qui les défend, qui s'assure de
négocier des approvisionnements qui leur donnent les meilleurs prix,
qu'ils sont attachés à leur coopérative. Puis, ils sont
tannés, ce monde-là, de voir ces dualités. Ça,
ça favorise, évidemment, un rapprochement. Mais, pour que l'acte
soit consommé, il faut plus que se rapprocher, il faut se rencontrer.
(16 h 45)
Alors j'espère de tout coeur, moi, que dans les délais les
meilleurs on puisse en arriver à une entente et on va aviser en
conséquence. C'est ce pourquoi - et dites-vous bien que je ne veux pas
faire des cachettes et des menaces - je vous parle bien ouvertement. Et la
situation idéale commanderait, je crois, qu'on mette fin à ces
poursuites, à ces procédures entre eux; qu'on négocie une
bonne entente sur trois ans, tripar-tite, et qu'il y ait trois signatures en
bas. Pas juste deux, là, trois. Quatre, parce qu'Agropur se dit
orpheline. Et qu'on passe à d'autres choses, parce que tout le temps
qu'on a perdu et tout le temps que l'industrie a perdu, pendant ce
temps-là on est encore sujets à être agressés par
les États-Unis sur nos structures de contingentement. On a l'Europe de
1992 qui s'en vient On a des nouveaux marchés à
développer. Je regardais les petites entreprises comme chez vous, dans
votre comté, M. le député, Fromages d'Arthabas-ka... de
Warwick...
M. Baril: Fromagerie Côté.
M. Pagé: ...Fromagerie Côté. On a
travaillé avec ces gens-là. Ils exportaient, quoi, 500 000 $ de
fromage aux États-Unis, il y a quoi? Trois ans? Cette année, ils
vont en exporter pour 2 500 000 $, 3 000 000 $, à peu près. Une
entreprise privée qui s'est développée. Et qu'on pense
à des choses comme celle-là, autant dans le milieu
coopératif que dans le milieu privé. C'est mon objectif.
Alors, je suis confronté à ce problème-là.
C'est présent dans mon quotidien, dans mon esprit quotidiennement Et je
suis d'accord avec vous que le ministre va devoir prendre un positionnement
définitif dans des délais assez brefs. Je suis très
heureux que ces bonnes gens soient avec nous aujourd'hui Parce qu'on s'est
parlé sans agressivité et que je vous ai donné le tableau
au meilleur de ma connaissance.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Johnson.
M. Pagé: Alors, pour ces motifs, je demande qu'on suspende
l'étude de cet article-la et on y reviendra à la toute fin. Il y
aura des commentaires et des questions, pas de problème.
Le Président (M. Richard): Vous aviez un commentaire, Mme
la députée de Johnson? Mme Juneau.
Mme Juneau: Oui, juste un commentaire suite à
l'exposé du ministre. Au fond, on est bien conscient que lorsque
ça a commencé, que les coopératives... On comprend toute
la philosophie, mais aujourd'hui, non seulement les coopé-
ratives sont devenues en santé, plus qu'en santé, c'est
rendu des industries très fortes. Vous avez mentionné qu'il y
avait cinq coopératives qui sont... ça va très bien et
tout ça. Mais aujourd'hui les goûts des gens ont
évolué, aussi. Avant ça, quand l'industrie Lesieur s'est
construite, tous les producteurs agricoles, je pense, travaillaient pour faire
en sorte que leurs coopératives deviennent fortes, en santé et
que ça fonctionne bien. Mais aujourd'hui le public recherche des
fromages fins ou autre chose. Moi aussi, j'en ai des producteurs de fromage
privés dans mon comté. J'ai les fromageries l'Étoile, et
j'ai les fromageries Proulx, chez nous, qui sont des industries privées.
Puis eux aussi... Pardon...
M. Pagé: C'est du bon monde.
Mme Juneau: Bien, absolument. Puis eux aussi... On se demande
pourquoi favoriser...
M. Pagé: Le comté est à l'image de ses
entreprises.
Mme Juneau: ...à ce moment-là, dans l'article 2, ce
qui était très correct à l'époque où les
coopératives étaient en construction, mais pourquoi, aujourd'hui,
leur donner la faveur, leur donner une participation spéciale, dans
l'article 2? Pourquoi, à ce moment-là... En tout cas, moi, si je
me base sur ce qu'on m'a dit, ce que les gens qu'il y a chez nous m'ont dit, je
pense qu'aujourd'hui il faut se mettre aux années quatre-vingt-dix et
faire en sorte que si on considère que les coopératives ne sont
plus en danger, aucunement, de quelque façon, à mon point de
vue... Mais, à ce moment-là... puis que les gens ont
changé, ont évolué. Ils veulent autre chose que du lait et
de la poudre de lait. Ils mangent des fromages fins. À ce
moment-là, moi je me dis qu'eux aussi ils ont une bonne part. Vous avez
fait une belle démonstration, à part de ça, de
l'évolution de la fromagerie dans le comté de mon
collègue. Ça veut dire qu'ils ont pris de l'expansion et ils
veulent avoir leur place au soleil. Moi, je serais d'accord de faire en sorte
que, compte tenu de la situation, on leur donne cette chance-là
M. Pagé: Oui, en fait vous dites que ça leur donne
un avantage. Ils prétendent que ça leur donne un avantage. C'est
pour ça d'ailleurs qu'il y a un contentieux. Cependant, vous dites: Les
coopératives sont maintenant grosses, fortes, structurées, etc.
Ce sont de grosses entreprises, mais ça n'implique pas pour autant
qu'elles sont toutes riches. Et ça, je pense que ce n'est un secret pour
personne. Il y a une coopérative qui est plus grosse, plus riche, que
toutes les autres. Et le danger qu'il y a, c'est le suivant - et ça,
j'en suis bien conscient, comme ministre et c'est pour ça que je suis
très prudent - le danger qu'il y a, c'est que, si les
coopératives n'ont plus d'intérêt à être des
coopératives, elles se comporteront exactement et uniquement comme des
entreprises à capital. Et une entreprise à capital, ça a
du mérite, sauf que, quand tu es actionnaire d'une compagnie et que tu
as des choix d'industrie à faire, ça peut commander parfois des
fermetures d'entreprises à telle place et prendre telle entreprise et
l'intégrer à telle autre, à l'autre bout de la province,
par exemple. Ça, c'est dans la quotidien des entreprises.
Je reconnais que le concept, le principe d'une coopérative donne
un sentiment d'appartenance régionale plus sécure pour
l'économie régionale. Un exemple concret, les bonnes gens avec
nous aujourd'hui. Si Purdel, demain matin, décidait de fermer toutes ses
affaires dans l'Est du Québec pour s'en aller dans la région de
Montréal, bras dessus, bras dessous avec Agro-pur, j'ai l'impression que
ça brasserait un peu dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Et
ça ne brasserait pas seulement dans le public ou chez les travailleurs
et chez les journalistes, les membres eux-mêmes de l'Est du Québec
diraient: Un instant! Qu'est-ce que vous êtes en train de faire
là, vous autres là? Et ils ne référeraient pas
uniquement au coût de transport additionnel que ça impliquerait de
prendre le lait à Rimouski et de l'amener à Montréal. Ces
gens-là référeraient surtout à l'impact de la perte
d'emplois au niveau des régions. Il y a cet
élément-là qu'il faut prendre en compte. Il ne faut pas
penser - et ça j'en suis bien conscient - que les coopératives,
parce qu'elles sont bien structurées avec des entreprises de
transformation, qu'elles ont des réseaux de distribution de plus en plus
intégrés entre eux pour sauver des coûts, etc., ça
ne veut pas dire qu'elle sont riches pour autant. Ça ne veut pas dire
ça. C'est ce pourquoi d'ailleurs elles désirent s'intégrer
et intégrer certaines activités. Si elles ne sont pas riches,
dans certains cas, je vais aller plus loin, madame, je vais aller aussi loin
que de vous dire que, dans certains cas, si les coopératives se sont
retrouvées dans des situations de rentabilité moins grande ou de
plus grande vulnérabilité, en termes financiers, souventefois,
c'est venu de la concurrence qu'elles se sont faite entre elles. C'est
ça qui est malheureux.
Un exemple concret, trois plans de moz-zarella, si je me rappelle bien,
alors que le mozzarella était en croissance. Trois plans: Nutrinor, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, qu'on a subventionné, on a mis quoi? 400 000 $,
si ma mémoire est fidèle ou 300 000 $, peu importe. Ensuite,
Agrinove, à Québec, a lancé un plan de mozzarella et la
dernière cerise sur le gâteau, c'est Agropur, gros plan de
mozzarella.
Si on regarde maintenant l'utilisation comme sous-produit du lait pour
les veaux, Nutrinor, si je me rappelle, a bâti un plan.
Immédiatement après, Agropur en a bâti un aussi. Il y a eu
de ces dualités commerciales entre elles. Aujourd'hui, heureusement, les
coopératives disent: Un
instant. On est allées trop loin et on va tenter de rationaliser
nos opérations. J'ai dit chapeau à ça, moi, parce que...
M. Dinel, le président du Conseil de la coopération
laitière, est avec nous. J'ai dit chapeau à ça. C'est la
meilleure garantie pour maximiser vos investissements et diminuer aussi les
dépenses, arrêter de vous concurrencer sur les mêmes
marchés. Ça a été amorcé, mais encore
là, vous savez, quand vous avez, dans une famille de cinq, un des
enfants qui est beaucoup plus riche que les quatre autres, qui sont plus
modestes, c'est difficile qu'ils aient tous les mêmes manteaux de
fourrure au mariage, parce qu'il y en a qui ne sont pas capables de suivre.
Alors, c'est ça. Je vous parle bien ouvertement aujourd'hui, comme si on
était dans notre salon tous les deux.
M. Baril: Je vais essayer de ne pas trop vous
déranger.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Pagé: Faites! Faites!
Le Président (M. Richard): m. le député de
berthier aurait un commentaire. m. houde.
M. Houde: merci, m. le président. je félicite le
ministre de l'exposé qu'il nous a fait tantôt. je pense que
ça a éclairé beaucoup de...
M. Baril: Je vais tolérer cette fois-là, mais
après ça j'aimerais ça, M. le Président...
M. Houde: Ah bien qu'il y aille et j'irai après. Vas-y,
vas-y, j'irai après. C'est seulement 30 secondes.
M. Baril: Non, non. Je veux juste éclaircir tout de
suite...
M. Pagé: Avez-vous envie de vous chica ner?
M. Baril: ...un point en partant.
M. Pagé: Je m'excuse, je suis en train de lire un
mémo. Chicanez-vous pas, de grâce!
M. Houde: Non, non, mais... Ça ne me fait rien, moi
là.
Le Président (M. Richard): Non, non, le principe de
l'alternance...
M. Baril: On partait de votre salon avec Mme Juneau, M. le
ministre...
M. Pagé: Ah! O.K. O.K.
M. Baril: ...pour revenir en commission parlementaire. J'aimerais
ça que le président fasse respecter l'alternance. Je pense que
c'est une loi, une coutume en commission parlementaire. C'est juste ça
que je voulais dire. Ce n'est pas...
Le Président (M. Richard): Aucun problème,
alors...
M. Baril: Je peux laisser le député de Berthier,
pour cette fois-ci, mais...
Le Président (M. Richard): Aucun problème, c'est
seulement...
M. Pagé: Vous savez que le député de
Berthier n'a pas. .
M. Baril: Qu'il en profite.
M. Pagé: ...la réputation d'abuser.
M. Baril: Ah non, bien non, bien non!
M. Houde: Merci, M. le député d'Arthabas-ka.
D'abord, je voudrais féliciter M. le ministre pour l'explication qu'il
vient de nous donner. Je pense que c'est très bien pour l'ensemble des
gens qui sont concernés. Ma première question, j'aimerais savoir,
quand il parlait tout à l'heure de compétition.. De la
compétition dans les affaires, c'est bon jusqu'à un certain
point, pas au point de se détruire par exemple. Mais j'aimerais avoir le
point de vue, étant donné que les négociations semblent
bien aller, en ce qui concerne l'UPA. Qu'est-ce que l'UPA dit dans tout
ça à la suite des discussions qui se font actuellement?
M. Pagé: Ça va bien. J'étais dans mon
véhicule, en revenant de mon comté tantôt, j'étais
avec le président de la Fédération des producteurs de lait
au téléphone Ces gens-là aussi, la
Fédération des producteurs et les producteurs, sont
engagés dans toutes ces procédures; c'est eux qui sont
visés. Ils doivent se défendre mais pendant qu'ils font d'autres
choses ils ne font pas ça., pendant qu'ils font ça,
c'est-à-dire, ils ne font pas d'autres choses et puis ils souhaitent un
règlement tripartite où tout le monde va signer sans être
obligé d'aller demander à la Régie d'écrire les
derniers devoirs à la place de ceux qui ne veulent pas les
écrire. Et ils souhaitent une entente à moyen terme,
c'est-à-dire au moins trois ans eux aussi pour que...
M. Houde: C'est la meilleure façon.
M. Pagé: Ils sont assis autour de la table.
M. Houde: Bon, merci, continuez, M. le Président.
Le Président k:.". richard): merci, m. le
député de berthier. m. le porte-parole officiel, vous avez la
parole.
M. Baril: Ce qu'il est important d'éclaircir... Le
ministre fait beaucoup rapport, fait beaucoup de liens entre les
négociations qui se poursuivent actuellement et l'article 2. Moi, c'est
bizarre - on n'est pas d'accord là-dessus encore - je ne comprends pas
pourquoi le lien, le ministre tient tellement ou fait tellement ce
rapprochement entre les négociations actuelles et l'article 2 parce que
les négociations, que ça dure deux jours, trois jours ou si
ça ne dure qu'un après-midi, ce serait parfait, mais que
ça dure un mois, ça, c'est une chose. Et le ministre l'a dit: II
a demandé une convention pour trois ans. Après trois ans il va
faire quoi? La loi, elle, depuis 1974 qu'il n'y a pas eu un amendement en
profondeur. Ça peut prendre encore, je ne sais pas moi, trois, quatre,
sept, huit, je ne sais pas combien d'années à modifier la loi.
Donc, pourquoi ce lien-là avec les négociations actuelles? Les
négociations sont là, on peut toujours être en constante
négociation pour signer des conventions; en cours de route, même
tu peux décider de te rasseoir, les groupes peuvent décider de se
rasseoir, renégocier je ne sais pas quoi, les adapter au besoin, tandis
que la loi, le gouvernement ne peut pas arriver à tout moment, à
tous les six mois, trois mois, deux ans et dire: On va ramener la loi. Moi, je
dis que ça n'a pas rapport, les négociations actuelles, avec le
projet de loi. Le projet de loi, c'est un projet de loi à long terme
tandis qu'une négociation, c'est une entente à court terme que
l'on négocie. C'est pour ça, je me dis pourquoi retarder de
clarifier des choses et d'autant plus que le ministre, avec les chiffres qu'il
donne, ça n'a aucun rapport, ça n'a aucun rapport parce que les
coopératives laitières, elles, s'il y avait juste le lait de
leurs sociétaires, elles seraient perdantes
Là-dessus, il faut faire attention également aussi parce
que le ministre nous a donné tout à l'heure des chiffres, je
pense, d'ordre général au niveau du lait global au Québec,
au niveau du lait qui est dirigé au niveau des coopératives, etc.
Mais il faut faire attention parce que aussi, quand on regarde ça
froidement, souvent on prend les grosses coopératives - je n'en nommerai
pas pour ne pas les démarquer des riches ou des moins riches ou des
pauvres, en tout cas, je n'en nommerai pas...
M. Pagé: Elles ne sont pas pauvres.
M. Baril: ...mais non, non, je ne dis pas pauvres, mais en tout
cas tout le monde reconnaît qu'il y a une différence entre les
coopératives. Et le mouvement coopératif, souvent, prend les
coopératives qui sont le plus... Je vais oser dire performantes, en tout
cas, pour démontrer comment le système coopératif va bien.
Ça c'est parfait, c'est no 1, je n'ai rien contre ça. Mais par
contre, à d'autres occasions, on prend l'exemple d'autres
coopératives et souvent des coopératives en région pour
dire, pour définir - et on se l'a fait dire en commission parlementaire
et lorsqu'on rencontre des gens aussi - que la convention de vente du lait est
néfaste et qu'elle empêche le développement de ces
coopératives-là. Voyez-vous, il y a deux langages à
l'intérieur du même mouvement coopératif. (17 heures)
Et moi, le mouvement coopératif, je suis pour 100 milles à
l'heure, j'en suis un coopéra-teur; j'en suis un et je suis fier de
l'être. Mais tu es coopérateur ou tu ne l'es pas, hein? Ce n'est
pas à cause que moi, je suis membre d'une coopérative que...
Normalement, quand tu appliques le coopératif à l'horizontal, tu
ne dois pas te détruire toi-même et tu ne dois pas en utiliser un
pour te sortir et utiliser l'autre pour te caler. C'est pour ça que le
rapprochement ou le lien actuellement entre l'article 2 et les
négociations des conventions, moi, en tout cas, je ne vois pas de lien,
d'autant plus que majoritairement, les producteurs entre eux autres, le
ministre l'a dit, les producteurs de lait sont membres des coopératives.
Il me semble qu'il doit y avoir un moyen de s'entendre et de clarifier la loi
pour dire que les coopératives ont un rôle important à
jouer. Puis, la Fédération a un rôle important à
jouer. La Fédération, elle, ne fait pas de transformation. Elle
ne transforme pas le produit. Elle dirige le produit à une entreprise,
soit privée ou coopérative, où c'est le plus payant pour
elle. Quand je dis "pour elle", c'est pour ses membres.
Donc, ils ont chacun leur rôle à jouer. Je ne dis pas si la
Fédération, elle, s'en allait dans un... Bien, s'en allait, ou
actuellement transformait le lait elle-même, là, je dirais les
coopératives, ah! là, par exemple, ont possiblement plus raison
de crier et de dire wo là, ils sont en conflit d'intérêts.
Mais la Fédération ne transforme pas de lait. Elle fait juste le
diriger pour un prix plus équitable pour ses membres. Donc, où il
est? Quel lien le ministre, quel rapprochement il fait avec l'article 2?
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: Votre question est très, très
pertinente, parce qu'il n'est pas, à sa face même, apparent qu'il
peut ou qu'il doit y avoir une relation entre l'application de l'article 2 et
les négociations actuelles, sauf que je dois vous dire que, comme je le
disais d'ailleurs dans mon commentaire ce matin, comme je le disais en Chambre
hier aussi je crois, c'est malheureux que ces deux événements
arrivent en même temps.
Pourquoi il y a une importance en ce qui me concerne? C'est très
simple. Depuis 1985, suite à l'amorce de l'intégration des deux
laits,
etc., des ententes doivent être négociées. Depuis
1985, il n'y a jamais eu une entente qui a été
négociée par les trois. Depuis juin 1985. Jamais une entente n'a
été signée à la fois par la
Fédération des producteurs de lait, le Conseil de la
coopération laitière et le Conseil de l'industrie
laitière. Jamais. Il y a une négociation en cours actuellement.
Cette négociation va bien. S'il y a une entente tripartite, où
les trois, les coopératives, le privé et les producteurs signent,
ils auront fait la preuve qu'on peut régler la direction du lait et
l'approvisionnement des usines laitières au Québec avec cet
article-là
S'ils ne règlent pas, il suffirait qu'il n'y ait pas de
modification a l'article 2 pour que les coopératives disent: On vient de
gagner notre point, on maintient nos poursuites et on ne négocie plus.
Puis, il suffirait d'une modification à l'article 2 pour que les
industries privées puissent dire: On vient de gagner, on ne
négocie plus. C'est ça le problème devant lequel je suis
confronté comme ministre. Il ne faut pas se faire de cachette. C'est
ça, le problème.
M. Baril: Voulez-vous me répéter le dernier bout?
Juste le dernier bout.
M. Pagé: Je m'en vais tout vous répéter.
M. Baril: Non, non, non. Juste le dernier.
M. Pagé: Le dernier bout, c'est que, s'il y a une entente
tripartite, on fera la preuve que les gens sont capables de se comprendre, sont
capables de gérer le lait sans avoir à donner
l'interprétation devant les tribunaux de cet article-là. Parce
qu'il n'y a personne qui est sûr de gagner avec cet article-là. Il
est nébuleux. Ils feront la preuve que ça peut aller.
Toute modification peut aussi avoir comme effet - je ne dis pas que
ça va avoir comme effet, mais peut avoir comme effet - qu'une des deux
parties se bloque et que les poursuites reprennent de plus belle encore pour
cinq ans. Ça va coûter combien? Ça va avoir pris combien de
temps? 8 ans, 10 ans, 15 ans avant de se régler. Pendant ce
temps-là, qu'est-ce qu'on va faire?
M. Baril: Même si une convention se signe, les ententes
actuellement se signent, les trois, les quatre parties maintenant, les quatre
parties signent l'entente, qui nous assure ou assure les producteurs ou les
intervenants que les poursuites devant les tribunaux vont être
retirées?
M. Pagé: Je présume que tout ça va se
régler au moment des signatures, si entente il y a. Je vois mal qu'ils
signent une entente, exemple, le vendredi matin, 15 juin, et que le lundi
matin, 17 ou 18 juin, on dise: Bon bien coudon, on s'en va plaider. Ce serait
assez illogique, merci.
M. Baril: On s'en va plaider. Ils ont juste à ne pas
retirer leur plainte, leur demande, c'est-à-dire pas leur plainte, leur
demande. Ils vont passer au mois d'octobre qui vient. Ils n'ont qu'à
laisser traîner.
M. Pagé: Entre vous et moi, je verrais mal qu'on se marie
le vendredi et qu'on aille plaider sur la requête pour mesures
provisoires de la pension alimentaire le lundi.
M. Baril: Oui, mais s'il y a une des parties qui veut enfin...
Vous savez... Vous êtes avocat, M. le ministre, vous devez savoir
ça beaucoup plus que moi. Chaque partie a son avocat. Et chaque avocat
lui dit qu'elle a une bonne cause. Ça, ça doit être de
même que ça se passe. C'est toujours comme ça que ça
marche. D'ailleurs, pourquoi il y a des cours, pourquoi il y a des
tribunaux...
M. Pagé: Non, non. J'ai déjà dit comme
avocat, à un de mes clients, qu'on n'avait pas de cause.
M. Baril: C'est parce que... Pourquoi il y a...
M. Pagé: par contre, je peux vous confirmer une chose.
généralement, l'avocat dit: monsieur, vous avez perdu votre
cause. ou il dit: monsieur, j'ai gagné votre cause.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Après. . le ministre confirme...
Mme Juneau: De l'avocasserie.
M. Baril: C'est ça, voyez-vous. C'est pour ça qu'on
dit: Pourquoi il y a des tribunaux aujourd'hui? C'est parce qu'il y a des
hommes et des femmes de loi ou de droit qui, eux autres, pour leurs clients ont
chacun une bonne cause et tu as un juge au milieu qui tranche. Ça ne
veut pas dire que la cause de l'un était meilleure ou plus mauvaise que
l'autre. Ça dépend de la façon qu'elle a été
plaidée.
M. Pagé: Ce n'est pas obligé.
M. Baril: ...qu'elle a été plaidée pour que
le juge puisse prendre une décision aussi, probablement. En tout cas, je
ne m'embarquerai pas là-dedans. Comme je vous l'ai dit, je n'ai pas la
formation juridique que vous avez. Mais, de toute façon, si avec
l'argent II y a déjà plusieurs sommes d'argent qui sont
dépensées dans ça..
M. Pagé: Quelques centaines de piastres certain.
M. Baril: Quelques centaines de piastres,
oui, passablement, oui, certainement. il y a déjà
passablement d'argent d'avancé là-dedans et si une des parties ou
les parties, voyez-vous, eux autres, puisque le gouvernement n'a pas voulu
faire ses devoirs, n'a pas voulu prendre ses responsabilités, disent: on
va la faire trancher définitivement devant les tribunaux... ça
fait tout près de 20 ans que cet article-là est litigieux et on
ne sait pas ce qui se passe exactement. le rôle du législateur, il
me semble, en tout cas, c'est de rendre les lois les plus claires, les plus
précises. et souvent malgré la bonne volonté du
législateur, tu as toujours un avocat quelque part, m. le ministre, qui
cherche un trou dans la loi. essayons donc de boucher les trous pour
éviter ça. au moins, ils chercheront sur un autre article. je ne
sais pas où ils chercheront, mais celui-là, tout le monde veut le
voir clarifié, cet article. donc, arrêtons de nous baser sur des
conventions qui sont signées pour trois ans. après trois ans,
ça reviendra encore. peut-être que ce ne sera plus vous qui serez
là, mais ce sera votre successeur qui sera "pogné" encore avec
les mêmes problèmes. on m'informe aussi, m. le ministre, qu'il
peut y avoir des parties qui peuvent très bien profiter de l'occasion
pour faire préciser la portée de la loi pour les prochaines
négociations qui s'en viennent. c'est des choses qui sont possibles,
vous savez.
M. Pagé: Au niveau des poursuites là...
M. Baril: Parce que moi, je le dis, avec les sommés
d'argent investies là-dedans, et avec la volonté de certains
procureurs, je ne suis pas sûr que c'est parti pour retirer les demandes
devant les tribunaux, malgré que les producteurs, qui sont membres des
coopératives, qui sont membres de la fédération, ont
demandé à leurs deux organismes de s'asseoir et de mettre les
avocats de côté. C'est grave, M. le ministre, vous savez. Quand
les membres, majoritairement, demandent aux deux organismes de dire: Attendez
un peu, c'est fini, c'est nous autres qui payons, et qu'on continue pareil
devant les tribunaux, il y a quelque chose là, de quoi se poser des
questions.
M. Pagé: Là-dessus, concernant les poursuites, vous
dites que c'est une loi depuis 1964, etc. C'est le cas. Je vais demander
à Me Prégent qui est le président de la Régie, qui
est avocat, de vous donner l'expérience de contestation juridique de
l'article 2 et ça va vous démontrer que, jusqu'à
maintenant, chaque fois que quelqu'un a voulu la contester, il se sentait
tellement peu sûr de gagner qu'il a réglé avant de
plaider.
M. Prégent (Gilles): Je pense que vous avez bien
résumé la situation, M. le ministre. Effectivement, depuis les 20
dernières années - pour une période, un chiffre arrondi -
il est survenu à plusieurs reprises que des coopératives aient
voulu gêner l'action du plan conjoint - pour prendre un petit peu la
même expression qui est prévue dans la loi, mais dans le sens
contraire - en s'adressant aux tribunaux judiciaires. Dans certains cas,
ça donnait lieu à de très longs débats,
effectivement, dans d'autres, un peu moins. Mais, dans tous les cas, les
parties ont toujours fini par s'entendre. Et, lorsqu'elles se sont entendues,
ça comprenait aussi la décision de retirer les procédures
qui étaient engagées. Là, on est devant de nouvelles
procédures, bien sûr, qui ont été entreprises l'an
dernier.
M. Baril: Mais depuis...
M. Pagé: Mais ça ne s'est pas plaidé. Il n'y
a pas eu de jugement.
M. Prégent: Aucune n'a été plaidée
encore.
M. Baril: Juste une phrase et, après ça, je vais
passer la parole à ma collègue de Johnson. Juste pour vous dire
que c'est quand même - je vais reprendre cette expression, on va arrondir
les années, 20 ans, on va les arrondir vite - un abcès qui n'a
pas encore abouti depuis 20 ans. Et on a beau dire, à un moment
donné: On retire les plaintes, même si on ne se rend pas jusqu'au
bout, les frais encourus pour franchir, d'étape en étape, les
petits bouts qu'on franchit, c'est ça qui n'a pas de bon sens. Et je me
dis que c'est notre rôle à nous, législateurs, d'essayer de
clarifier ça et d'empêcher ça, dans l'intérêt
de l'ensemble des producteurs. Pourquoi laisser un article qui est ambigu? Tous
les intervenants, toutes les parties ne sont pas sûres de la justesse de
cet article-là, mais, par contre, ça sème le doute et
ça bloque l'investissement ou ça diminue l'investissement, tant
au niveau des coopératives qu'au niveau de l'entreprise privée,
à cause qu'on est dans une imprécision, on ne sait pas c'est quoi
ses droits. C'est pareil quand on s'en va sur la route et que la limite est
à 100 kilomètres. Mais 100 kilomètres, c'est marqué
juste à chaque 100 kilomètres. Entre les deux, est-ce que c'est
à 70 ou à 120 que tu dois aller? On est dans la même chose,
là. Tant l'entreprise privée que le mouvement coopératif
ne savent pas trop à quoi s'en tenir avec la formulation parce qu'on est
dans l'imprécision totale.
M. Pagé: C'est pour ça que je veux une entente.
C'est pour ça que mon ministère et moi, on travaille fort...
M. Baril: L'entente ne réglera rien, M. le ministre.
Ça va être une entente temporaire. C'est une entente de trois ans,
vous l'avez dit. Vous avez ou vous demandez, en tout cas, une convention de
trois ans. Après trois ans, ça va faire quoi? Que ce soit la
coopérative ou le propriétaire d'une entreprise privée qui
veut
investir et qui voit un débouché, il a fait de la
recherche, etc., et là il arrive, il y a un an et demi de la convention
de passé et il se dit: Là, il faut que j'investisse 1 000 000 $,
2 000 000 $, 400 000 $, peu importe le montant. Il se dit: À la
prochaine convention, est-ce qu'on va encore revenir à ce dont on
discute depuis 5 ans, 10 ans, 15 ans? Il va retarder, probablement, son
investissement jusqu'à ce que l'autre entente soit signée ou soit
conclue. C'est pour ça que je vous dis qu'actuellement on nuit au
développement tant de l'entreprise privée que du secteur
coopératif. Et ce sont les producteurs agricoles qui en font les frais.
Et, pendant ce temps-là, les dirigeants, que ce soit du Conseil de
l'industrie laitière, du Conseil de la coopération
laitière ou de la Fédération des producteurs de lait, au
lieu de chercher des solutions aux problèmes à venir au niveau de
la mondialisation des marchés, etc., bien, on s'obstine à coups
d'avocats et à coups de choses juridiques pour essayer de clarifier ou
de faire la job que le gouvernement ne veut pas faire.
M. Pagé: Oui. Sauf que, dites-vous bien ceci: Un
amendement à la loi ne pourrait pas être rétroactif aux
éléments qui sont contestés actuellement devant les
tribunaux.
M. Baril: Ça, oui.
M. Pagé: La meilleure façon, la meilleure garantie
de paix, si je peux utiliser le terme, c'est qu'il y ait une entente. Et comme
je vous le disais tantôt, je vois mal les parties signer vendredi le 15
et aller plaider lundi le 18.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Johnson, vous aviez une question? (17 h 15)
Mme Juneau: Tout à l'heure, le ministre nous a fait une
très bonne démonstration dans le sens qu'il faut absolument
améliorer cet article. Vous avez dit: Depuis 1985, on n'a pas eu
d'entente qui a été conclue entre les parties. Vous avez dit
aussi: Parce que l'article n'est pas bien défini, ça
empêche des gens d'intervenir des fois parce qu'ils ne savent pas trop
s'ils vont gagner ou perdre. Moi, je pense qu'il faut absolument qu'on clarifie
une situation une fois pour toutes. Si on la clarifie, on va empêcher
qu'il y ait d'autres problèmes qui se forment à l'horizon et qui
continuent. Parce que comme - j'étais pour dire: Jacques - M. le
député d'Art ha baska...
M. Baril: Je te permets.
Mme Juneau: ...disait tout à l'heure...
M. Pagé: Vous êtes vraiment dans votre salon.
Une voix: Vous êtes intimes, vous.
Mme Juneau: Disons qu'on se connaît. Comme le
député d'Arthabaska disait tout à l'heure, votre entente,
c'est trois ans. Donc, on va encore être au bout de rien. Je pense qu'il
est essentiel, compte tenu qu'on a justement le privilège de pouvoir
discuter de la réimpression d'une nouvelle loi, je pense qu'il va de soi
que l'on puisse faire en sorte que l'article en question, qui fait
problème...
M. Pagé: Je vais répondre à ça. J'ai
indiqué tantôt que, quel que soit le libellé de l'article 2
ou le contenu de la loi que nous sommes en train d'étudier actuellement,
mon objectif est que la loi s'applique, qu'elle soit adoptée le 21 juin
au plus tard, qu'elle soit sanctionnée et applicable quelques semaines
après. Supposons que demain matin on se retrouve ici. Effectivement, on
se retrouvera demain matin à 11 heures. Je présente un
amendement: Plus d'article 2. O.K? Supposons que je fais ça.
Un, les litiges actuellement soumis pour l'appréciation des
tribunaux ne sont pas pour autant réglés, au départ. Deux,
sans prêter d'intention, je ne prête pas d'intention, j'ai assez
d'expérience de la négociation pour vous dire que, si j'arrive
avec ça demain matin, j'ai l'impression que le Conseil de l'industrie
laitière et la Fédération des producteurs de lait
diraient: Maintenant, on est en meilleure position pour négocier. J'ai
l'impression que ça ne négocierait peut-être pas
très très vite. Trois, les coopératives pourraient
alléguer, en vertu de la Loi sur les coopératives, devant les
tribunaux, contester devant les tribunaux le droit qu'elles ont de recevoir le
lait de leurs membres. Parce qu'il y a aussi la Loi sur les
coopératives. D'où l'importance d'aller chercher une
première véritable convention signée par toutes les
parties. Qu'ils vivent ensemble trois ans, qu'ils s'habituent à vivre
ensemble sans se tirer les cheveux et se crêper le chignon, et là
je verrai s'il est opportun d'ici là de voir comment on peut
réaménager la loi, l'article 2, pour qu'il soit le plus garant de
paix dans l'industrie.
Mme Juneau: Mais, M. le Président, vous ne pensez pas que
ça appartient au législateur qui est en poste de faire en sorte
que, s'il y a un article qui fait problème, il faut non seulement
asseoir les gens ensemble pour discuter et qu'ils en arrivent à une
entente, mais il faut que le législateur puisse encadrer, de
façon positive, je pense, et diriger une négociation claire entre
eux autres.
M. Pagé: C'est ce pourquoi...
Mme Juneau: Moi, je pense que vous avez été
élu et nommé ministre de l'Agriculture...
M. Pagé: Je vais les prendre mes responsabilités,
madame. Ça ne veut pas dire que je dois les prendre aujourd'hui avant 18
heures. On a jusqu'au 21 juin. C'est possible que j'apporte des modifications,
je vous l'ai dit tantôt. Il est possible que j'apporte des modifications
à l'article 2. Cependant, quand j'apporterai ces modifications, moi j'ai
l'obligation de m'assurer de la portée de la modification et de l'impact
de la modification dans sa dynamique qui est l'industrie Si moi, j'ai une
industrie qui ne marche pas, c'est moi, comme ministre de l'Agriculture, qui
devrai "manager" le problème Et, madame, j'ai siégé neuf
ans dans l'Opposition, je sais ce que c'est. Quand on n'a pas à
"manager" un problème et qu'on n'a pas à le gérer et
à le régler, on peut s'inscrire en critique, on peut s'inscrire
en commentaire, on peut s'inscrire en soi, on peut s'inscrire en situation
déplorable, mais on ne règle jamais rien.
Mme Juneau: Bien oui mais, M. le Président, quand il y a
50 000 personnes qui disent la même chose, ce ne doit pas être
celui qui est tout seul l'autre côté qui a raison. Ces 50 000
personnes-là doivent avoir raison un peu.
M. Pagé: Bien non. Ils ne sont pas 50 000 contre un,
madame.
Mme Juneau: Mais non, c'est un exemple que je vous donne. Il y a
47 000, à peu près... Il y a 17 000 producteurs, mais je voulais
dire les producteurs agricoles en tout et partout... Producteurs laitiers, si
la plupart d'entre eux ne sont pas d'accord, ils doivent avoir raison, il
doivent avoir un peu raison.
M. Baril: Juste pour essayer d'aider la réflexion du
ministre le plus rapidement possible sur... Au début, il nous a
parlé qu'il déposerait peut-être un amendement au texte,
là il a posé la question à ma collègue de Johnson
en disant: Je vais retirer l'article 2...
M. Pagé: Si je retirais l'article 2.
M. Baril: ...en disant, je vais le retirer. Ce matin, vous disiez
je vais déposer un amendement au texte, cet après-midi vous
dites...
M. Pagé: Je vous ai donné un exemple, M. le
député, comme quoi, même en retirant l'article 2, ça
ne voulait pas dire pour autant que le droit des coopératives de
demander le lait de leurs sociétaires était nécessairement
éteint. Parce qu'il y a d'autres dispositions...
M. Baril: J'ai compris ça. D'ailleurs, j'ai
été le premier à vous signaler que les coopératives
avaient des lois spéciales à elles. J'ai été le
premier à vous le signaler. Donc...
M. Pagé: Je ne sais pas si vous avez été le
premier, je sais que...
M. Baril: ...ce n'est pas un fait nouveau pour moi de ce
côté là. Mais, de toute façon, ce à quoi je
veux en venir, c'est que les lois... Vous dites que ça négocie et
qu'ils vont signer une convention, puis une entente. Une convention, M. le
ministre, vous savez bien qu'elle est signée à partir des
avantages ou des articles de lois, elle est basée sur quelque chose, et
la loi, elle, c'est un cadre général qui doit être
établi pour tout le monde, puis il doit être égal pour tout
le monde. Et c'est à partir de ce cadre général que des
conventions ou des ententes sont signées. Et, actuellement, la
démonstration est faite que le cadre de négociation,
actuellement, le cadre est croche. Essayez d'installer une photo droite dans un
cadre croche, ça ne marchera pas, il va y avoir des coins blancs
à quelque part, puis il y en a d'autres qui vont dépasser. Donc,
la responsabilité du législateur, c'est de donner un cadre
légal, un cadre juridique, un cadre régulier, un cadre
égal pour tout le monde, et à partir de ça ils vont
négocier. Et là, quand bien même qu'ils négocieront,
puis qu'ils s'entendront, comme vous dites, je pense que vous avez dit que ce
serait la première fois que les parties signeraient ensemble une
convention. Bon! Admettons, qu'il y en ait une qui ne signe pas, la
Régie des marchés agricoles est là pour statuer. Elle a
déjà statué, puis une ou des parties prenantes, c'est
là-dessus qu'elle va en appel. Ça va donner quoi d'attendre, puis
de retarder, de dire qu'ils vont peut-être signer quelque chose et tout
ça? Même si on clarifie la loi, ça ne les empêchera
pas de signer quelque chose et de s'entendre, mais au moins ils vont savoir
à quoi s'en tenir, et tout le secteur, toute l'industrie, soit
privé, soit corporatif, ils vont savoir à quoi s'attendre, puis
ils vont dire, à partir du cadre général qu'on nous a
donné, c'est à partir de là, on a des balises de
plantées, notre chemin est tracé, il va falloir fonctionner
dedans. C'est sur ce point-là que je vous demande, M. le ministre,
d'essayer de hâter vos réflexions. C'est sur ça, M. le
ministre, que j'essaie de vous démontrer l'importance d'activer votre
réflexion pour nous arriver avec votre opinion. Comme je le dis,
enlevez-les, amendez-les, amendez le texte, ajoutez quelque chose, je ne sais
pas quoi, mais au moins clarifions-le.
M. Pagé: Je m'active dans ma réflexion.
Mme Juneau: Sortons de l'ombre, allons vers la lumière.
Qu'est-ce que vous en pensez?
Le Président (M. Richard): C'est des bonnes
intentions.
M. Pagé: Ça, ça se réfère
à ma définition de la vertu de tantôt.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Le salut est près de la lumière et
que la lumière soit. Alors, l'article 3, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, M. Dufour, vous avez...
M. Pagé: Je voudrais souhaiter la bienvenue au
vice-président de la commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation qui est de passage parmi nous cet après-midi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: De passage mais occupé dans d'autres
dossiers.
M. Pagé: Ça, je n'en doute pas.
M. Dufour: On s'active dans d'autres dossiers. Si le ministre
s'active dans la réflexion, nous autres on s'active dans l'action.
M. Pagé: J'aimerais bien voir ça, oui.
M. Dufour: J'ai assisté, M. le Président, au
dépôt de mémoires, ici en commission parlementaire, et je
me souviens qu'il y avait des problèmes qui étaient
soulevés par l'article 2, mais il y avait aussi des coopératives
laitières, je me souviens un peu, puisqu'elles nous avaient
sensibilisés, avant de déposer leur mémoire, aux
problèmes qu'elles vivaient dans la mise en marché puis dans la
production, le transport, etc. Hier, j'avais l'occasion de regarder la revue
Le producteur de Sait québécois, mai 1990, où les
producteurs ont un certain nombre de faits qu'ils rapportent, qu'ils ont
vécus durant l'année. Par exemple, pour la mise en marché
du lait, ils donnent toutes leurs représentations puis les façons
dont ils ont pu s'entendre avec les conventions de mise en marché. Tout
ça va jusqu'à un certain point, puis à un certain moment
donné, même s'ils sont allés à la régie de la
mise en marché du Québec, ils disent. "Le 30 août 1989, la
Coopérative fédérée du Québec dépose,
par l'entremise de ses procureurs, au Conseil exécutif du gouvernement
du Québec et au ministre de l'Agriculture une demande de révision
de la décision arbitrale 4875, rendue par la Régie des
marchés agricoles du Québec le 6 avril 1989. Cette demande est
toujours en attente en fin d'année." Ce que je veux essayer de
démontrer par ça, c'est qu'ils vivent des difficultés;
même quand ils s'entendent ou quand ils ont un arbitre qu'ils
choisissent, ils sont obligés de retourner au ministre. Et est-ce que
des cas comme ça, c'est réglé?
M. Pagé: Des cas?
M. Dufour: Un cas comme celui dont je parle, aujourd'hui? Est-ce
que ça c'est réglé? C'était: "...Coopérative
fédérée du Québec dépose, par l'entremise de
ses procureurs, au Conseil exécutif du gouvernement du Québec et
au ministre de l'Agriculture une demande de révision de la
décision arbitrale 4875...
M. Pagé: O.K. Ah, oui, c'est réglé.
M. Dufour: ...rendue par la Régie des marchés
agricoles du Québec..."
M. Pagé: C'est réglé, dans le sens que comme
ministre d'un gouvernement libéral depuis 1985, à la tête
du ministère... Jamais le Conseil des ministres n'a renversé une
décision de la Régie des marchés agricoles,
premièrement. Deuxièmement, j'ai signé un mémoire
acheminé au Conseil des ministres recommandant au Conseil des ministres
de ne pas donner suite à la demande de la Coopérative
fédérée du Québec. J'ai été
très occupé, à la fois comme ministre de l'Agriculture
dans le dossier du boeuf, le nouveau programme, etc., depuis quelques semaines,
quelques mois. J'ai été occupé aussi comme ministre des
Pêcheries. J'ai été occupé aussi comme leader du
gouvernement. Alors le mémoire devrait être soumis à
l'attention du Conseil des ministres, sinon la semaine prochaine - la semaine
prochaine c'est quoi, c'est le 13 - soit le 13 ou le 20 juin.
M. Dufour: Ce qui fait que...
M. Pagé: Et la recommandation est négative.
M. Dufour: O.K. Ça veut dire que même dans
l'état actuel des choses il y a des éléments qui ne sont
pas réglés avec la loi existante. Avec la loi qu'on
présente...
M. Pagé: on en présente une autre...
M. Dufour: est-ce que ça se réglerait plus
facilement?
M. Pagé: C'est pour ça qu'on en présente une
autre.
M. Dufour: bon. vous en présentez une autre. l'article 2,
si je comprends bien, c'est une reconduction d'un article qui existait
déjà auparavant.
M. Pagé: Mais avec des modifications. M. Dufour: Ce
qui me surprend un peu...
M. Pagé: Mais ce n'est pas sain que vous soyez toujours
surpris de même. Ça ne doit pas
être bon pour votre coeur, ça.
M. Dufour: Non, non. Moi je n'en souffre pas. On peut être
surpris et ne pas en faire une syncope.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça fait 28 ans que je suis en politique, vous
vous apercevez bien que je peux avoir été surpris souvent et je
n'ai pas eu de syncope encore. Non, je suis à l'aise avec ça.
Mais c'est bien plus surprenant, quand on entend des ministres: Je suis
étonné de la question. Des fois, ils disent ça à
leurs collègues qui leur plantent une question, ça arrive
à l'Assemblée nationale. Je suis étonné de la
question, de temps en temps ils disent ça, même si c'est un de
leurs collègues qui pose une question./.
M. Pagé: Je n'ai jamais...
M. Dufour: C'est arrivé hier ou avant-hier. Pas plus
longtemps.
M. Pagé: je n'ai jamais vu de question plantée
à l'assemblée nationale. j'ai vu des questions où les
députés essayaient de planter les ministres.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Ça, c'est un peu différent.
M. Dufour: Ha, ha, ha! Ceci étant dit...
M. Pagé: Puis souventes fois, ils se plantaient eux autres
mêmes.
M. Dufour: Ce qui m'étonne par rapport... M.
Pagé: Ça, c'est fréquent.
M. Dufour: Je ne serai pas surpris, je vais m'étonner.
M. Pagé: En tout cas, ne me faites pas une syncope
toujours, là, pas devant moi, parce que je serais nerveux.
M. Dufour: "La présente loi ne doit pas être
interprétée comme un moyen de concurrencer l'organisation de
coopérative..." D'habitude, une loi, c'est affirmatif, et fa tournure de
la phrase fart que vous ne devez pas interpréter que... Il me semble
qu'une loi, par elle-même, elle doit contenir son essence, ses buts, par
ses descriptions comme telles. Et comment on fait, en tout cas, ça c'est
un peu embêtant, parce qu'on en voit quelques-unes, des lois, on en voit
passer quelques-unes. Ça fait plusieurs sur lesquelles on
légifère dans les cinq dernières années, même
si vous en faites moins et mieux.
M. Pagé: Moins et mieux, c'est vrai.
M. Dufour: C'est pour ça que c'est l'année
où on refait les lois qui ont été faites dans les cinq
dernières années. On n'élaborera pas là-dessus. On
reviendra un jour là-dessus. Mais cette loi-là...
M. Pagé: J'aimerais ça que vous y soyez.
M. Dufour: On va le dire, on le dira, mais ce n'est pas le temps.
"La présente loi ne doit pas être interprétée..."
Pourquoi on est obligé de dire ça? Pourquoi cette loi-là
ne devrait pas être affirmative comme la plupart, comme toutes les lois,
ou en général? (17 h 30)
M. Pagé: Écoutez, je comprends que vous
étiez occupé dans des choses très importantes en
matinée et en début d'après-midi, mais je me suis
référé à l'origine de cet article 2 qui date de
1964. J'ai mis en parallèle le libellé de l'article 2 et sa
définition avec la définition de la vertu. Je suis
persuadé que votre collègue et ma bonne amie, Mme la
députée de Johnson, vont se faire un plaisir de vous informer de
ce parallèle et de la définition que j'ai faite de la vertu.
Mme Juneau: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Confirmez-vous ça, vous autres?
Mme Juneau: Oui, il serait peut-être mieux de
répondre à votre question.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: En fait, la loi, je ne me référerai
pas à tout ça, essentiellement, il y a 25 ans, en 1964... En
1964, vous étiez déjà un grand garçon, vous.
M. Dufour: II y a 26 ans. Ah oui.
M. Pagé: moi, je n'étais pas un grand
garçon. mais on m'a dit qu'il y avait des coopératives à
peu près dans tous les villages du québec. et en même
temps, c'était l'émergence de l'orientation syndicaliste de
l'ucc.
M. Dufour: Je me rappelle ça.
M. Pagé: D'ailleurs, le congrès de 1950 des
agronomes du Québec au Château - je n'y étais pas, je
venais d'arriver - le congrès des agronomes de 1950 au Château
Frontenac, c'était syndicalisme agricole ou coopératisme
agricole. La question se pose avec autant d'actualité aujourd'hui.
Ça, c'était en 1950. Le législateur en 1950, quand il a vu
qu'on mettait une loi de mise en marché des produits agricoles et que
les
producteurs pouvaient s'organiser et vendre le lait aux usines et que
les mêmes producteurs, pour plusieurs, étaient... Là, le
syndicalisme obligatoire agricole n'était pas créé. C'a
été créé en 1972 par notre gouvernement. D'autres
producteurs ou les mêmes producteurs étaient membres de leur
coopérative. Ils ont écrit l'article 2 un peu comme un bon
père de famille parlerait à ses enfants au bout de la table en
disant: Le lait des coopératives doit s'en aller... C'est-à-dire
que la mise en marché des produits laitiers via les producteurs, tout
ça, ça doit se faire, mais autant que possible il ne faudrait pas
que ça fasse mal aux coopératives. C'est ça que ça
veut dire.
M. Dufour: Mais vous avez parlé tout à
l'heure...
M. Pagé: Et ça, c'est devenu... M. Dufour:
Oui.
M. Pagé: ...aussi symbolique, cet article 2, chez un
certain nombre de producteurs agricoles ou de coopérateurs agricoles,
aussi symbolique que le crucifix dans les écoles pendant la même
période.
M. Dufour: Mais comme vous avez l'intention... Vous avez
déposé un projet de loi et, selon les informations que vous nous
avez données, vous avez l'intention ou, en tout cas, vous êtes en
train d'activer votre réflexion pour...
M. Pagé: C'est-à-dire que j'ai apporté des
modifications.
M. Dufour: Des modifications, bon.
M. Pagé: Et là, les circonstances ont fait que nous
sommes en train de voir la possibilité d'apporter d'autres
modifications, auquel cas, ça sera fait au moment de la prise en
considération du rapport et je le dirai à ce
moment-là.
M. Dufour: Mais si, en supposant que, oui, on est attachés
au libellé de l'article tel que fait depuis de nombreuses années
comme le crucifix dans les écoles dans le temps, mais ils ont
décollé les crucifix avec le temps, d'après ce que j'ai vu
aussi.
M. Pagé: Ils sont aussi présents dans nos
coeurs.
M. Dufour: Oui. Bien j'espère, mais il y en a que
ça ne dérange plus, entre vous et moi. En tout cas, il y a des
gens...
M. Pagé: Que Dieu ait soin de leur âme!
M. Dufour: Ha, ha, ha! Mais on sent pareil que vis-à-vis
une loi importante... Elle a quelques articles et, en même temps, il y a
beaucoup de temps qui sera consacré sûrement à
l'étude article par article. De la façon que vous activez votre
réflexion, est-ce que vous pensez que cet article-là pourrait
être libellé d'une façon différente, non seulement
en ajoutant des choses, mais en enlevant? Moi, j'ai compris tout à
l'heure qu'il n'y a pas... Vous me dites qu'elle n'a jamais subi, pas les
foudres, bien, les foudres de la justice. Elle n'a jamais été
mise... Elle n'a jamais été jusqu'au bout.
M. Pagé: Elle n'a jamais été
appréciée par la justice.
M. Dufour: Jamais été appréciée par
la justice et c'est difficile de changer quand ça va. Mais il y a un
certain mécontentement pareil qui subsiste et, si on ne le fait pas,
c'est comme une épée. On ne s'en sert pas mais elle est
là. Il faudrait peut-être qu'en 1990... C'est une des rares lois,
en tout cas, qui n'a jamais été aux tribunaux jusqu'au bout.
Ça sera une des rares.
M. Pagé: non, non. je ne pense pas que ma loi sur les
abeilles ait été contestée devant les tribunaux. je ne
pense pas que ma loi sur les étalons ait été
contestée devant les tribunaux.
M. Dufour: Mais elles n'ont pas 30 ans d'usage.
M. Pagé: Je ne pense pas que ma loi sur les mauvaises
herbes ait été contestée devant les tribunaux.
M. Dufour: Mais si on demandait au ministre s'il atout
rempli...
M. Pagé: S'il a déjà été
devant les tribunaux? Oui, comme avocat.
M. Dufour: ses fonctions sur les étalons. Si la loi sur
les étalons Si on demandait au ministre s'il a tout rempli ses
fonctions
M. Pagé: Oui. M. Dufour: Oui?
M. Pagé: Je commence à émettre des
certificats, là.
M. Dufour: De douce mémoire.. Mais, par rapport à
ça, vous me dites. Mais, en fait, elles n'ont pas subi, non plus, autant
l'usure du temps ou le temps ne les a pas aussi... ne leur a pas permis autant
de vivre certains problèmes. C'est sûr qu'une loi qui vient
d'être adoptée ou les lois d'un an ou deux ans, en règle
générale, ne causent pas de problème. En principe, et
ça
ne devrait pas. En tout cas, si c'est le cas, ce serait bien plate ou ce
serait ennuyeux parce qu'on serait obligés, souvent, de changer les lois
en conséquence. Mais celle-là, après 30 ans, c'est
surprenant. Parce qu'il y a des litiges. S'il n'y avait pas eu litige, on
n'aurait pas autant de représentations ou on n'aurait pas eu autant de
représentations concernant cet article. Parce que c'est surprenant le
nombre de mémoires qui y ont fait allusion, lorsqu'on a
étudié en commission parlementaire. Et même à la
lecture de la loi, on a encore des représentations pour nous dire: Bien,
soyez prudents, ou faites des choses par rapport à ça. Donc,
c'est un peu dans ce sens-là que je pense que, rendus en 1990,
peut-être que... Moi, ça ne me scandalise pas qu'une loi subisse
l'épreuve de la contestation ni de la justice parce que souventes fois
ça nous prouve qu'elle est bien faite, et ça permet aussi de
mieux répartir les responsabilités comme les obligations des uns
et des autres. Dans ce sens-là, c'est un peu la question que je vous
posais. Est-ce que, dans votre réflexion ou dans l'acti-vation de votre
réflexion, c'est possible qu'elle soit libellée
différemment?
M. Pagé: Oui.
M. Dufour: Et très différemment. Ça va.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Oui. Une question très rapide. Pourquoi le
ministre n'a-t-il pas reconduit le même libellé dans l'article 1
que dans le chapitre M-35? Pourquoi? Est-ce qu'il a essayé de faire
mieux? C'est quoi, les raisons? Dans l'ancien article, on parlait aussi des
consommateurs, et là on ne les retrouve plus dans le nouveau.
M. Pagé: Je vais demander à M. Prégent de
donner le commentaire là-dessus.
M. Prégent: Voici. Pour la première partie de
l'article actuel de la loi, on y avait des dispositions qui ne concernaient pas
en soi les relations coopératives-offices de producteurs. On avait donc
deux sujets différents dans un même cadre de loi. C'est pourquoi
on a enlevé une certaine partie que l'on retrouve mieux, maintenant,
dans l'article 1 qui établit le champ d'application. Par ailleurs,
l'expression, ou enfin, je dis bien l'expression "moyen supplétif" a
été enlevée parce que ça ne paraissait pas donner
un sens bien précis à ce qui était énoncé.
Supplétif, on ne trouvait pas que, sur le plan législatif,
ça avait un sens bien précis.
M. Baril: Si je me réfère au mémoire que les
coopératives nous ont présenté, les discussions qu'on a
eues en commission parlementaire, eux autres semblaient préférer
le mot "supplétif' à la définition qu'on a aujourd'hui.
Pourquoi n'avez-vous pas cru bon de ramener le terme "consommateur"? Est-ce que
vous m'avez dit que c'est parce que c'est ça qui est dans l'article
1?
M. Prégent: si je fais référence au mot
"consommateur", on y disait que la loi a pour objet de mettre à la
disposition des producteurs et des consommateurs un moyen supplétif de
mise en marché. il était difficile de voir où, dans la
loi, on trouvait que ça donnait aux consommateurs un moyen
supplétif de mise en marché.
M. Baril: Mais quand on parle de moyen supplétif, je
n'interprète pas, on discute ensemble, est-ce qu'on peut penser que ce
moyen supplétif qui sont les plans conjoints, ça peut être
supplétif à d'autres moyens que les producteurs ont actuellement,
entre autres les coopératives?
M. Prégent: Vous savez, dire - en tout cas, à mon
sens - que c'est un moyen parmi d'autres ou que c'est un moyen supplétif
à d'autres... Vous savez, je pense que c'est plus dans l'intention du
projet et, j'espère, du législateur - et ça rejoint
d'ailleurs les travaux de la commission de travail qui a
précédé la préparation du projet de loi - que les
plans soient un moyen, comme les coopératives sont un moyen, qui sont
mis à la disposition des producteurs. Il n'y en a pas un qui est
supplétif à l'autre. Ce sont des moyens que le législateur
met à la disposition des producteurs.
M. Baril: En tout cas, à mon humble avis, il me semble que
le fart que le mot "supplétif "... Quand on dit: "La présente loi
a pour objet de mettre à la disposition des producteurs et des
consommateurs un moyen supplétif de mise en marché
ordonnée..." Donc, si tu donnes un moyen supplétif pour faire
quelque chose, ça te permet, si tu as des moyens qui existent
actuellement, de t'en donner d'autres qui sont supérieurs... en tout
cas, supérieurs, mon terme n'est pas... Non? Ce n'est pas ça? En
plus des autres, en tout cas.
M. Prégent: Si vous permettez, je me demande si ça
ne peut pas avoir justement le sens contraire. Quand on dit que le plan est un
moyen supplétif à, ça veut dire que l'autre a
peut-être priorité.
M. Baril: Ah! oui. Alors...
M. Prégent: Ça peut être
interprété comme ça. Remarquez qu'il n'y a personne qui
l'a vraiment interprété de cette façon, mais ce sont des
sens qui peuvent être donnés. C'est pour enlever au moins une
incertitude ou une équivoque dans le cadre de cet article.
M. Baril: Donc, ça veut dire: Si le moyen qu'on a n'est
pas satisfaisant, on peut se donner un autre moyen. C'est pour ça qu'on
peut...
M. Prégent: C'est ça que ça voulait
dire.
M. Baril: Ça voulait... Est-ce précis? Est-ce
clair? O.K. Pour ce qui est de ma part, on peut...
M. Pagé: Article 3. M. Baril: Article 3.
Le Président (M. Richard): L'article 3, M. le
ministre.
M. Pagé: Cette définition de "mise en
marché" reprend intégralement celle de l'article 1 du chapitre
M-35. Elle énumère les principales activités visées
par les dispositions du présent projet de loi. Les définitions
qui apparaissaient dans l'ancien article et qui n'apparaissent pas dans
l'article 3 de maintenant, c'est que certaines étaient inutiles et les
autres, qui étaient utiles et nécessaires, sont définies
ailleurs dans la loi.
M. Baril: Pourquoi spécifie-t-on le produit agricole? Dans
l'autre loi, M-35, l'article finit par "l'écoulement de ce produit",
point. Pourquoi a-t-on ajouté "agricole"? Si on regarde l'article 1 du
chapitre M-35...
M. Pagé: C'est que le parcage ne peut pas se faire
ailleurs que dans les produits agricoles.
M. Baril: Ah bon.
M. Pagé: Même si j'étendais les mains au bout
du quai de Blanc-Sablon pour dire à toutes les morues: Venez-vous-en
ici, dans le même parc, elles ne viendraient pas.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a quelque chose qui n'est pas couvert
là-dedans?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Mais toutes les opérations me semblent
complètes. On n'oublie rien.
M. Pagé: En fait, toutes les activités agricoles,
la production, le droit de mettre en marché, le droit des plans
conjoints, la mise en marché du produit, sa commercialisation, les
règles de mise en marché, etc. Les produits marins aussi,
évidemment, tel que je m'y étais engagé en décembre
dernier.
M. Dufour: II y a même le financement.
M. Baril: Pour la compréhension, est-ce que cet article
s'adresse uniquement au parcage des produits agricoles? Il ne s'adresse pas
à d'autres choses?
M. Pagé: Non, non. Ça s'applique à toute la
loi. Ça peut aller jusqu'au rassemblement des animaux, d'un produit
agricole.
Une voix: Pour la pêche, sauf le parcage. M.
Pagé: C'est ça. Mme Juneau: Quoi?
M. Baril: Ça peut s'appliquer pour la pêche, mais
sauf le parcage, parce qu'on ne peut pas rassembler les poissons, ça a
l'air...
M. Pagé: C'est ça.
M. Baril: Mais ce n'est pas nécessaire d'ajouter la
pêche là-dedans?
M. Pagé: Non, non.
M. Baril: Non. Ils ont un chapitre qui couvre tout ça.
M. Pagé: C'est un produit. On entend par "mise en
marché" la classification, la transformation, l'étiquetage,
l'entreposage, l'offre de vente, l'expédition pour fins de vente, le
transport, la vente, l'achat, la publicité et le financement des
opérations ayant trait à l'écoulement d'un produit. Donc
ça, ça touche les produits agricoles et les produits marins,
ainsi que le parcage, dans le cas d'un produit agricole. Le parcage, le fait de
rassembler des boeufs, des porcs, etc., ça constitue une activité
de mise en marché.
M. Baril: C'est parce que, quand on lit l'article tel quel, il
donne l'impression que ça s'adresse aux produits agricoles.
M. Pagé: Non Le libellé, je pense qu'il est
correct.
M. Baril: Bon, s'il est correct, je me fie à vous sur ce
point, M. le ministre.
M. Pagé: Article 4.
Le Président (M. Richard): Article 4
M. Pagé: on arrive au titre ii, régie des
marchés agricoles et alimentaires du québec, chapitre i,
constitution et fonctions de la régie. 17 h 45, m. le président,
le leader de l'opposition m'a prié de vous soumettre qu'il
apprécierait si nous pouvions ajourner à 17 h 45, et je suis
disposé.
Le Président (M. Richard): Nous suspendons jusqu'à
20 h 15.
M. Pagé: Disons 20 heures pour 20 h 15, pour qu'à
20 h 15 on commence. Comme dans les scouts.
M. Baril: Sûr!
Le Président (M. Richard): Nous suspendons les travaux.
Retour ici à 20 h 15. Bon appétit, mesdames, messieurs.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
(Reprise à 20 h 34)
La Présidente (Mme Bégin): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux et,
si vous me le permettez, je vais rappeler le mandat de cette commission, celui,
entre autres, de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 15, Loi sur la mise en marché
des produits agricoles, alimentaires et de la pêche et modifiant d'autres
dispositions législatives. Lors de la suspension de cette commission,
nous étions rendus à l'article 3. L'article 3 a été
complété, mais nous avons suspendu son adoption jusqu'à la
toute fin. Donc, nous allons prendre maintenant l'article 4.
M. Pagé: Sauf que, Mme la Présidente, les
représentants et les gens de la Régie ont eu des échanges
avec M. le député de Duplessis pendant l'interpériode
prévue pour le souper et il nous apparaît qu'on devrait apporter
immédiatement une modification à l'article 3.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, nous allons
revenir sur l'article 3.
M. Pagé: Pour prévoir la question du parcage. Il
est possible qu'à l'avenir, en raison de l'ensemencement en eau
salée, on puisse avoir une commercialisation du produit suite à
un regroupement du produit dans les mêmes bassins, auquel cas il serait
nécessaire de ne pas limiter le parcage dans le cas uniquement des
produits agricoles, mais pour l'ensemble des produits. Trop fort ne casse pas.
Et on devrait présenter un amendement de façon à modifier
les troisième, quatrième et cinquième lignes de l'article
pour qu'elles se lisent comme suit: "...l'expédition pour fin de vente,
le transport, le parcage, la vente, l'achat, la publicité et le
financement des opérations ayant trait à l'écoulement d'un
produit."
La Présidente (Mme Bégin): On retire "ainsi que le
parcage".
M. Pagé: On a "...ayant trait à l'écoulement
d'un produit". On enlève "ainsi que le parcage, dans le cas d'un produit
agricole", parce que "parcage" a été placé dans la
troisième ou quatrième ligne.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'on parle de
l'amendement?
M. Pagé: Oui, on parle de l'amendement.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'amendement
présenté par M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation devrait se lire comme suit: Remplacer les
troisième, quatrième et cinquième lignes de l'article 3
pour qu'elles se lisent ainsi...
Une voix: Remplacer par les suivantes.
La Présidente (Mme Bégin): Remplacer par les
suivantes pour qu'elles se lisent ainsi. C'est ça? Donc,
là-dessus, M. le ministre, je vais vous laisser parler sur votre
amendement.
M. Pagé: Bien, j'ai donné les motifs à mes
collègues. Suite à des échanges avec le
député de Duplessis et aussi avec le député de
Gaspé, il serait opportun de ne pas limiter le parcage aux produits
agricoles parce que peut-être, éventuellement, et dans des
délais assez brefs, on devrait prévoir que le parcage de
poissons, entre autres, élevés en aquiculture, pourrait devenir
une fonction assujettie à la loi.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: À moins que je ne me trompe, dans les
années quatre-vingt-cinq, quand son prédécesseur parlait
du développement des pêches - puis je ne me rappelle plus quelle
loi on avait discuté - il nous faisait des démonstrations
à l'effet qu'on pourrait dans l'avenir... Peut-être que ça
se fait, remarquez bien, parce que je vous dis que le domaine des pêches,
ce n'est pas mon secteur, c'est le député de Duplessis qui s'en
occupe... Mais on nous démontrait que, dans l'avenir, il serait plus
facile de cultiver, entre autres, je me souviens, les huîtres et
peut-être d'autres sortes de crustacés, là, de cultiver
ça pas dans des bassins, mais dans la mer, en tout cas. Au lieu de
monter en haute mer pour aller cueillir ça, on les cultiverait sur
place.
M. Pagé: Oui.
M. Baril: L'amendement qu'on présente là, est-ce
que ça peut répondre à ce que je viens de dire?
M. Pagé: C'est-à-dire que ce serait
éventuellement un des éléments de mise en marché,
de l'aquiculture.
M. Baril: Bon. C'est parfait, ça. Mais est-ce
qu'on pourrait relire l'article au complet tel que...
La Présidente (Mme Bégin): Tel qu'amendé?
"On entend par "mise en marché" la classification, la transformation,
l'étiquetage, l'entreposage, l'offre de vente, l'expédition pour
fin de vente, le transport, le parcage, la vente, l'achat, la publicité
et le financement des opérations ayant trait à
l'écoulement d'un produit." Point final. C'est l'amendement.
M. Baril: D'un produit.
La Présidente (Mme Bégin): C'est l'amendement.
M. Baril: Donc, on enlève "agricole", c'est ça?
La Présidente (Mme Bégin): On enlève "ainsi
que le parcage dans le cas d'un produit agricole".
M. Baril: C'est ça, le doute qu'on avait tout à
l'heure. Je suis trop gêné. On aurait dû insister plus. Je
disais que, tout à l'heure, on avait insisté un peu, mais comme
je ne suis pas assez connaissant dans les pêches... J'aurais dû
continuer, persister plus à gratter le fond de cet article-là. On
aurait peut-être pu, ensemble, trouver quelque chose,
immédiatement avant 18 heures. C'est bien.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'amendement..
M. Pagé: L'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Bégin): L'amendement est
adopté?
M. Baril: Oui.
M. Pagé: L'article est adopté.
M. Baril: Pas l'article, on va...
La Présidente (Mme Bégin): Pas l'article, parce que
je pense, M. le ministre.,.
M. Pagé: O.K., l'amendement est adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Pour ce qui est de
l'article amendé...
M. Pagé: II est suspendu comme les autres.
La Présidente (Mme Bégin): ...on reviendra. Il est
suspendu. O.K.? On s'entend, donc nous allons maintenant passer à
l'article 4 de la loi.
Régie des marchés agricoles et
alimentaires du Québec
Constitution et fonctions de la Régie
M. Pagé: L'article 4, c'est strictement une disposition
qui confirme qu'à partir de l'actuelle Régie des marchés
agricoles du Québec un nouvel organisme est créé dont le
nom reflète l'action et le mandat dans le cadre du nouveau projet de
loi, c'est-à-dire les produits agricoles et alimentaires du
Québec, les produits alimentaires incluant évidemment les
produits marins.
M. Baril: Pourquoi, si on regarde le titre de la loi tel que dans
la réimpression, là, on lit: Loi sur la mise en marché des
produits agricoles, alimentaires et de la pêche, et ici, dans l'article,
dans ça, ce n'est pas écrit? C'est-u un oubli? C'est quoi,
là?
M. Pagé: C'est strictement pour un motif de
sémantique. C'est que la Régie est connue comme étant la
Régie des marchés agricoles du Québec. Elle devient la
Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Et,
s'il fallait ajouter "des produits marins du Québec", là ce
serait long, ce serait presque aussi long que ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et leader parlementaire du
gouvernement.
M. Baril: Ah bon!
M. Pagé: Ça ne cause pas de problème.
M. Baril: Ça ne cause pas de problème. Donc, le
titre de votre réimpression, il va falloir qu'il soit..
M. Pagé: Non, non Le titre de la loi, c'est la loi sur la
mise en marché des produits agricoles, alimentaires et marins, et la
Régie, elle
M. Baril: O.K.
M. Pagé: ...va être la Régie des
marchés agricoles et alimentaires.
M. Baril: C'est parfait. Je viens de comprendre.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce correct pour
l'article 4?
M. Baril: Oui
La Présidente (Mme Bégin): Donc, nous allons en
suspendre l'adoption. Nous allons maintenant passer a l'article 5 M. le
ministre.
M. Pagé: À l'article 5, essentiellement, on reprend
une partie de l'article 4 du chapitre M-35, qui établit le rôle de
la Régie dans le cadre
de la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de
la pêche, ainsi que les objectifs de son intervention, pourquoi la
Régie existe, quelles sont ses fonctions. Et le texte se lit par
lui-même: "La Régie a pour fonctions de favoriser une mise en
marché efficace et ordonnée des produits agricoles et
alimentaires, le développement de relations harmonieuses entre les
différents intervenants, le règlement de litiges qui surviennent
dans le cadre de la production et de la mise en marché de ces produits
en tenant compte des intérêts des consommateurs et de la
protection de l'intérêt public. "La Régie exerce les
mêmes fonctions dans le cadre de la mise en marché des produits de
la pêche."
M. Baril: Donc, c'est une autre formulation. Au lieu de... Dans
l'ancienne loi, on disait "les associations de consommateurs", entre autres.
Ici, on fait seulement mention de différents intervenants dont les
consommateurs ou d'autres peuvent être inclus dans...
M. Pagé: C'est ça, les producteurs et les
transformateurs, etc.
M. Baril: avant, dans l'ancienne loi, on disait que la
régie, entre autres, devait travailler "à coordonner les diverses
opérations de la mise en marché des produits agricoles et elle
collabore avec les producteurs, les organisations coopératives ou
professionnelles d'agriculteurs, etc. ici, on ne parle plus de collaboration
avec ces organismes-là.
M. Pagé: C'est que la loi sous-tend une collaboration
entre la Régie et ses organismes, sauf que... Exemple concret, on
disait: La Régie est également chargée d'exercer les
fonctions... "À cette fin, elle aide à orienter la production
agricole." La Régie n'a jamais orienté la production agricole. Et
ce n'est pas le mandat de la Régie. Je pense que c'est le mandat des
instances agricoles autres que la Régie, dont le ministère, dont
les producteurs, eux-mêmes regroupés dans leur association,
d'orienter l'agriculture, et non pas de la Régie.
M. Baril: Oui, mais je comprends...
M. Pagé: II faut dire qu'on parle d'un texte de 1964.
M. Baril: oui, mais là, vous, vous parlez d'orientation.
je suis d'accord avec vous que la régie, je ne pense pas que ce soit son
rôle d'orienter...
M. Pagé: Ce n'est pas dans ses mandats.
M. Baril: Non. Je suis d'accord avec vous.
Ce n'est pas son rôle d'orienter la production agricole. Mais moi,
je ne vous parle pas d'orienter, je vous parle de collaborer avec les
producteurs. Plus bas, là, trois lignes plus bas.
M. Pagé: Oui, oui.
(20 h 45)
M. Baril: C'est marqué: "Et elle collabore avec les
producteurs, les organisations coopératives, etc."
M. Pagé: Mais vous comprenez avec moi qu'elle ne pourrait
pas appliquer la loi sans collaborer avec les producteurs et les organismes.
Donc, on ne doit pas parler pour ne rien dire.
M. Baril: Oui. Des fois, c'est toujours utile de parler
pareil.
M. Pagé: Sauf que c'est un organisme quasi judiciaire,
là. Pour un organisme quasi judiciaire, ce n'est pas de collaborer avec
les groupes, c'est de régler des litiges. Ça sera aussi de
favoriser la concertation et la collaboration entre les groupes via les
chambres de coordination et de développement. On m'indique...
Écoutez, là, je n'en ferai pas un plat, mais les légistes
m'ont indiqué que ce libellé ne correspondait pas à la
réalité d'aujourd'hui.
M. Baril: Dans votre définition de collaborer, pour la
Régie, on dit que c'est dans ses fonctions. Ce n'est pas les termes que
vous avez utilisés. Je ne sais pas à quel article. On va y venir
plus loin, tout à l'heure, mais on dit qu'un plan conjoint devra
être soumis au ministre de la Justice avant... ou le règlement,
excusez. Il y a un article qui dit que le règlement d'un plan conjoint
devra être soumis au ministre de la Justice pour en vérifier la
légalité.
M. Pagé: On m'indique qu'il n'y a rien dans la loi qui dit
ça, M. le député.
M. Baril: oui. l'article 203, m. le... là, je vais loin,
à l'article 203, là, mais je veux faire le rapport avec
celui-là. est-ce que c'est une des collaborations que la régie ne
veut plus... l'article 203, je ne sais pas si le ministre me permet de le lire,
là. je ne veux pas sauter des pages, mais...
M. Pagé: Oui, oui, pas de problème.
M. Baril: "Les dispositions des sections III et IV, de la Loi sur
les règlements relatives à la publication et à
l'entrée en vigueur des projets de règlements et des
règlements ne s'appliquent pas aux plans conjoints..." Je ne sais pas si
j'ai le bon. Non, ça ne doit pas être celui-là. Ce n'est
pas celui-là. Il y a un article qui dit -c'est le texte tel que
formulé - qu'on oblige maintenant les offices à soumettre leurs
projets
de règlements au ministre de la Justice qui en vérifiera
la légalité avant leur entrée en vigueur.
M. Pagé: Où?
M. Baril: Bien, là, c'est ça que je ne sais pas,
à quel article.
M. Pagé: Parce qu'à 203, ce que ça disait...
M. Baril: Non, ce n'est pas 203.
M. Pagé: ...c'est que "les dispositions des sections III
et IV de la Loi sur les règlements..." La section III exige la
prépublication. Ça vient prévoir les conditions de
prépublication. Et la section IV prévoit les conditions
d'entrée en vigueur d'un règlement. Là, je dis ici que
ça ne s'applique pas aux règlements adoptés en vertu des
plans conjoints par les producteurs.
M. Baril: Bon, en tout cas, quand j'arriverai dessus, je vais le
ressaisir, je vais le retrouver. Mais, en tout cas, c'était pour savoir
si c'était, avant ça, une des collaborations que la Régie
apportait en même temps et que, là, elle ne veut plus l'apporter.
D'accord, je reviendrai d'abord plus tard pour le retrouver.
M. Pagé: O.K. L'article 5, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'étude est
terminée sur l'article 5. Nous allons...
M. Pagé: L'article 4.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 4? Nous
l'avons fait. Vous venez de faire l'article 5, M. le ministre, les pouvoirs de
la Régie.
M. Pagé: Ah! O.K. L'article 5.
La Présidente (Mme Bégin): O.K. Donc, nous allons
maintenant passer à l'article 6.
M. Pagé: L'article 5, donc, est étudié, mais
il est suspendu...
La Présidente (Mme Bégin): Oui, suspendu.
M. Pagé: ...pour l'adoption. L'article 6, ça
réfère uniquement au siège social. Ça reproduit
exactement l'article 5 du chapitre M-35. Le siège social de la
Régie est sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal ou dans son voisinage immédiat. Même chose pour un
bureau sur le territoire de la Communauté urbaine de Québec. Elle
peut siéger à tout endroit au Québec. D'ailleurs, elle
siège à l'extérieur de Québec et de Montréal
occasionnellement.
La Présidente (Mme Bégin): Pas de problème
avec ça, M. le député d'Arthabaska? M. Baril:
Comment?
La Présidente (Mme Bégin): II n'y a pas de
problème avec l'article 6?
M. Baril: Non, il n'y a pas de problème avec
ça.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, on va suspendre
son adoption pour plus tard.
M. Pagé: II est étudié. On en suspend
l'adoption.
La Présidente (Mme Bégin): Oui, article 7.
M. Pagé: Je croyais même que le député
d'Arthabaska allait me déposer un amendement pour que le siège
social soit à Victoriaville!
M. Baril: Voyons donc, M. le ministre! Je ne suis pas un
centralisateur comme ça!
M. Pagé: J'aurais peut-être eu un adjoint politique
qui aurait voulu aller travailler au siège social! Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bégin): Ha, ha, ha! M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Je suis sûr que je n'aurais pas eu gain de cause.
Le député de Berthier est ici et il aurait voulu avoir tout
ça chez lui.
M. Houde: Aie!
M. Baril: Comme je ne veux faire de peine à personne,
voyez vous...
M. Pagé: Parfait Très gentil!
La Présidente (Mme Bégin): Donc, maintenant, nous
allons passer à l'article 7.
M. Baril: Oui, madame.
M. Pagé: À l'article 7, c'est une disposition qui
reprend la composition de l'actuelle Régie des marchés agricoles:
huit régisseurs dont un président et trois vice-présidents
nommés par le gouvernement, selon les conditions que nous
déterminons, pour des mandats n'excédant pas cinq ans. Et on
stipule, comme dans tous les autres cas de mandats accordés ou
confiés par le gouvernement: "un régisseur - une
régisseu-re - demeure en fonction jusqu'à ce qu'il soit
nommé de nouveau ou remplacé", ce qui l'habilite dans ses
pouvoirs au-delà du délai de cinq ans.
M. Baril: Avant ça, c'était 10 ans, je
pense...
M. Pagé: Oui.
M. Baril: ...dans l'autre loi? C'était 10 ou 7?
M. Pagé: Dix.
M. Baril: C'était 10 ans?
M. Pagé: Généralement, c'était 10
ans.
M. Baril: Je parle du nombre d'années, du temps
n'excédant pas cinq ans. Vous savez ce que ça veut dire?
M. Pagé: c'est que le gouvernement, non seulement pour les
organismes relevant de mon ministère, mais aussi pour l'ensemble des
organismes gouvernementaux, a jugé que les mandats de cinq ans devraient
être confiés aux personnes occupant des fonctions nommées
par décret du conseil des ministres.
M. Baril: est-ce que ça veut dire, que "n'excédant
pas cinq ans", le ministre peut nommer une personne pour trois ans, deux ans,
quatre ans?
M. Pagé: Oui, c'est possible. Exemple concret... Je vais
vous donner un exemple. Supposons qu'il y aurait une dynamique ou un
surcroît de travail de décisions dans un secteur particulier et
que le ministre, quel qu'il soit, prévoyait sur avis de la Régie
que la personne ainsi nommée, c'est-à-dire que la fonction
devrait comporter la nomination de deux personnes pendant trois ans et une
après trois ans, il se pourrait qu'un des régisseurs soit
nommé pour trois ans et l'autre, pour cinq ans. Mais,
généralement on le nomme pour cinq ans, comme ça s'est
toujours fait. Et la personne - exemple concret - est nommée le 2
janvier 1990. Son mandat, en principe, se termine le 2 janvier 1995. Si, le 2
janvier 1995, il n'est pas renouvelé, elle continue en fonction
jusqu'à son remplacement.
M. Baril: Et est-ce que c'est...
M. Pagé: C'est une clause standard. C'est standard.
M. Baril: Non, mais quand, dans la loi actuelle, on marque pour
une période n'excédant pas 10 ans; dans l'autre, on marquait pour
une période d'au plus 10 ans. Ça revient aux mêmes choses.
Avant ça, est-ce que le ministre était obligé de le nommer
pour 10 ans ou bien s'il pouvait le nommer pareil pour trois ans, quatre ans,
cinq ans?
M. Pagé: II pouvait le nommer pour cinq ans, il pouvait le
nommer pour sept ans, il pouvait le nommer pour 10 ans. Mais maintenant, suite
à une décision du cabinet en, quoi, mai 1985, les gens sont
nommés pour cinq ans.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'article 6...
M. Pagé: On me dit que c'était même avant
nous.
M. Baril: Comment?
M. Pagé: On me dit que c'est une décision qui
origine avant la formation de notre gouvernement: cinq ans.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'article 7 est
étudié. Son adoption sera faite ultérieurement. Nous
allons maintenant passer à l'article 8.
M. Pagé: on reprend l'article 6 de la loi
précédente. c'est le gouvernement qui détermine le
traitement des membres, toutes les conditions de travail, le nombre de jours,
bon, etc., le nombre d'heures par semaine et le traitement. une fois que le
traitement est fixé, il ne peut pas être réduit.
M. Baril: Et, dans l'autre loi, on définissait le mandat
des régisseurs. Là, on va trouver ça dans des articles
plus loin, ou quoi? À l'ancien article 6, on définissait le
mandat des régisseurs. Il y avait les traitements. Mais, dans
celui-là on ne parle pas du mandat. On va retrouver ça plus
loin?
M. Pagé: On ne se référait pas à son
mandat dans la loi précédente.
M. Baril: Bien, c'est marqué: "Mandat des
régisseurs. Chacun des régisseurs demeure en fonction
après expiration de son mandat jusqu'à ce qu'il ait
été remplacé..."
M. Pagé: Jusqu'à ce qu'il ait été
remplacé ou nommé de nouveau. On ne réfère pas au
contenu du mandat.
Une voix: C'est la même chose.
M. Pagé: C'est la même chose: "Malgré
l'expiration de son mandat, un régisseur demeure en fonction
jusqu'à ce qu'il soit nommé de nouveau."
Une voix: L'article 7.
M. Pagé: Le mandat du régisseur, c'est de
s'asseoir, puis de décider en vertu des autres dispositions de la
loi.
M. Baril: Mais on ajoutait. "Le gouvernement peut toutefois
destituer un régisseur, pour cause, pendant la durée de son
mandat."
M. Pagé: Ça n'a plus besoin d'être dans la
loi, ça.
M. Baril: Ça n'a plus besoin d'être dans la loi?
Pourquoi?
M. Pagé: Dans la Loi sur l'exécutif, il y a une
disposition habilitante touchant toutes les personnes nommées par le
cabinet et tous les fonctionnaires qui sont nommés par une
décision du Conseil des ministres, que si la personne n'exerce pas ses
fonctions dans le cadre de l'art ou se place en conflit
d'intérêts, etc., elle peut être destituée pour
cause.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'article 8 est
étudié. L'article 9.
M. Pagé: Disposition de droit nouveau. C'est une
disposition de nature purement administrative pour préciser, finalement,
que la personne responsable de la direction des affaires du ressort de la
Régie mise sur pied par ce projet, c'est le président, c'est lui
qui est le boss. C'est lui qui voit à l'administration, à la
composition des rôles, à la gestion financière. C'est lui
qui se rapporte au ministre pour le respect., ou les besoins relatifs au
budget, etc.
M. Baril: II est difficile d'être contre ça, hein?
Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bégin): L'article 9 est
étudié?
M. Baril: C'est bien.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 10.
M. Pagé: C'est nouveau, ça. On indique: "Aucun
régisseur ne peut, sous peine de déchéance de ses
fonctions, avoir un intérêt direct ou indirect qui met en conflit
son intérêt personnel et celui de la Régie dans une
activité reliée à la production ou à la mise en
marché d'un produit agricole, alimentaire ou de la pêche, ni
représenter un groupe ou secteur visé par la loi. 'Toutefois,
cette déchéance n'a pas lieu si un tel intérêt lui
échoit par succession ou donation, pourvu qu'il y renonce ou en dispose
avec diligence."
Ce deuxième alinéa, il s'applique dans toutes les
fonctions, même, je crois, dans la Loi sur l'Assemblée nationale,
aussi, dans la Loi sur l'exécutif. Exemple, un ministre ne peut pas
avoir des revenus autres que des revenus de placement, à moins qu'il lui
arrive un actif par succession; là, il n'est pas pour
démissionner parce que le grand-père est mort. Alors, ce qu'il
fait, ce n'est pas compliqué, il en dispose avec diligence ou il le
place en fiducie sans droit de regard.
M. Baril: Vous me dites que c'est ce qui est défini dans
la Loi sur l'Exécutif. Est-ce que c'est le même libellé
dans la Loi sur l'Exécutif?
M. Pagé: ça doit être dans la loi sur
l'assemblée nat\ona\e.
M. Baril: L'Assemblée nationale?
M. Pagé: Oui II doit y avoir une disposition dans la Loi
sur l'Assemblée nationale. Le libellé peut changer d'une virgule
dépendamment de l'organisme, mais chacune des régies,
sociétés, organismes d'État a des dispositions analogues
concernant les membres qui agissent dans une fonction quasi judiciaire.
M. Baril: Est-ce que ça voudrait dire qu'un producteur
agricole, entre autres, ne pourrait pas être nommé
régisseur? Remarquez que ce n'est pas parce que je me cherche une job,
là. Ha, ha, ha!
M. Pagé: Pourquoi pas?
M. Baril: Pas pour le moment. Les électeurs...
M. Pagé: On ne sait jamais, dans deux ou trois ans. Ha,
ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Ah! Je vous ai bien dit: Pas pour le moment
M. Pagé: Parfait, Jacques.
M. Baril: Les électeurs du comté d'Ar-thabaska
m'ont confié un mandat et je vais le remplir, j'espère
M. Pagé: O.K. Je comprends. Tu vas bien le remplir,
à part ça.
M. Baril: Non, mais ma question est là pareil.
M. Pagé: Ton adjoint pourrait, là.
M. Baril: Non, mais sérieusement. Remarquez que je ne
voudrais pas
M. Pagé: C'était sérieux
M. Baril: Ce n'est pas de ça que je parle. Ma question est
sérieuse. Je sais que mon adjoint
est très sérieux.
M. Pagé: Un producteur actif ne pourrait pas.
M. Baril: Ne pourrait pas. C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 10 est
étudié. L'article 11.
M. Pagé: Tu ne peux pas être juge et partie!
M. Baril: Pour ce qui est du libellé de la Loi sur
l'Assemblée nationale, c'est-u ça que vous avez?
M. Pagé: Oui.
Le Secrétaire: C'est le même esprit.
M. Pagé: La loi dit, à l'article 65: "Un
député ne peut, directement ou indirectement, participer à
un marché avec le gouvernement, un ministère ou un organisme
public", exemple. Je vais les lire tous les trois. 'Toutefois, un
député peut avoir un intérêt dans une entreprise qui
participe à un tel marché à la condition que l'importance
de cet intérêt ou les circonstances entourant la conclusion du
marché ne permettent vraisemblablement pas la conclusion ou l'influence
indue."
Ça, c'est un exemple de succession. Le député, par
exemple, qui est bénéficiaire testamentaire pour un parent ou un
ami, qui est propriétaire d'un terrain en voie d'être
exproprié. Ça lui arrive, ça, de droit, comme suite d'une
situation de fait qu'il ne contrôlait pas. (21 heures)
M. Baril: Je pense que le ministre serait d'accord avec moi que,
lorsqu'on lit ça et qu'on dit: "avec diligence, il devra, je ne sais pas
quoi...
M. Pagé: Se départir.
M. Baril: ...se départir", c'est quoi, ça? Six
mois, deux ans, trois ans? Diligence, c'est...
M. Pagé: Diligence, c'est apprécié par les
tribunaux, ça.
M. Baril: Oui, c'est ça.
M. Pagé: Je vais vous donner un exemple. Ça
dépend des circonstances. Je suis persuadé, moi, que le
député ou le ministre qui se voit octroyer un actif immobilier,
exemple, par succession, il ne peut pas être propriétaire d'un tel
actif immobilier. Je suis persuadé que la diligence à disposer de
l'actif immobilier ne serait pas considérée ou
interprétée de la même façon selon que le bien
immobilier est à Mont- réal ou s'il est à Blanc-Sablon
parce que tu as un plus grand marché d'acheteurs à
Montréal qu'à Blanc-Sablon. Ça, c'est un exemple de
jurisprudence qui permet à un juge de traiter de la diligence.
M. Baril: C'est bien. C'est selon le cas. C'est selon la
façon dont le cas se présente.
La Présidente (Mme Bégin): C'est ça.
L'article 10, étudié. Article 11.
M. Pagé: C'est une disposition qui permet au gouvernement
de combler toute incapacité qui pourrait affecter le fonctionnement
normal de la Régie et au président de désigner sans
formalité un vice-président pour le remplacer à une
séance. Le texte dit qu'en cas d'incapacité d'agir d'un
régisseur, le gouvernement peut nommer une autre personne pour le
remplacer pendant la durée de son incapacité ou, si le
président prévoit être absent à une séance,
il désigne un des vice-présidents pour le remplacer.
La Présidente (Mme Bégin): Pas de problème
avec ça, M. le député?
M. Baril: Non.
La Présidente (Mme Bégin): Bon. Article 11...
M. Baril: On va bien dormir avec celui-là aussi.
La Présidente (Mme Bégin): ...étudié.
Article 12.
M. Pagé: II y a une disposition de droit nouveau. Je vais
demander au président d'expliquer, de mettre de la chair sur l'ossature
que constitue le libellé.
La Présidente (Mme Bégin): M. Bourget. M.
Prégent, je m'excuse.
M. Pagé: M. Bourget, c'est le chef de la police de
Sainte-Foy, ça.
La Présidente (Mme Bégin): Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: De Montréal. Là, il est revenu au
siège social de Québec.
M. Prégent: La première phrase stipule que la
Régie peut siéger en plusieurs divisions d'au moins trois
régisseurs, que l'on puisse, s'il y a des choses qui sont nombreuses
devant la Régie, siéger en même temps en plusieurs
divisions. On prévoit que, pour une disposition très
particulière, qui se retrouve au paragraphe d du premier
alinéa de l'article 46 de la Loi sur les producteurs agricoles,
le président ou un vice-président pourrait entendre seul une
telle matière. Il s'agit d'une fonction spéciale qui est
prévue à la Loi sur les producteurs agricoles et qui
détermine que, en cas de conflit sur le statut d'un producteur agricole,
la Régie est habilitée à le décider. En tout cas,
il a été considéré que c'était plus pratique
parce que les litiges se situent souvent dans des régions
éloignées, à partir de Montréal, où nous
sommes, ou de Québec, souvent en Gaspésie. Les litiges sont
presque toujours dans des cas un peu limitrophes entre qu'est-ce qu'un
producteur... On le sait, souvent, il faut évaluer les sommes d'argent,
les 3000 $ qui établissent le statut du producteur. Les problèmes
arrivent souvent dans des régions un peu éloignées.
Par ailleurs, ce n'est pas une chose qui est normalement bien difficile
à décider. Les faits sont assez faciles à vérifier
sur place. Il a paru qu'il était plus pratique et suffisant que des
choses de cette nature-là soient décidées par un seul
régisseur, mais on prévoit que ça doit être le
président ou un vice-président, c'est-à-dire une personne
habilitée à présider toujours les séances de la
Régie. Il est prévu ailleurs que toutes les séances de la
Régie doivent être, même si on siège en plusieurs
divisions, présidées par le président ou un des
vice-présidents. Alors, ici, on prévoit donc que soit le
président ou un des vice-présidents pourrait aller entendre une
telle matière.
M. Baril: La Régie se déplace pour aller en
région, dans des cas particuliers?
M. Prégent: oui, justement, pour apporter la justice tout
près des lieux, au lieu de faire venir un producteur de gaspé ou
de la sarre, la régie se déplace, se rend sur place.
M. Baril: Ça arrive-tu souvent?
M. Prégent: Quatre, cinq, six fois par année,
disons, qu'on va aussi loin.
M. Baril: Mais sur des causes particulières, comme vous
dites.
M. Prégent: Oui, de toute nature. La Régie entend
des arbitrages, par exemple, assez souvent, dans le secteur des bois de ferme,
en région...
M. Baril: Des droits...
M. Prégent: ...dans le Bas-Saint-Laurent, par exemple.
M. Baril: Des droits de ferme, vous dites? M. Prégent:
Les bois.
M. Baril: Ah, des bois, excusez-moi. M. Pagé: Des
boisés privés.
M. Prégent: Les boisés. Ce sont des arbitrages qui
se tiennent souvent en région. On en a un, justement, cette semaine,
à Trois-Rivières; la semaine prochaine, c'est-à-dire.
Alors, on se déplace, autant que possible, en région lorsque
c'est pratique et que ça accommode les producteurs et les industriels
impliqués dans des litiges. Mais, particulièrement pour
déterminer des statuts de producteurs, on tente, surtout quand il s'agit
de régions très éloignées, de se rendre, nous, sur
place. Seulement, s'en aller là, trois régisseurs, etc., pour
entendre un producteur qui va venir nous dire qu'il vend pour 3200 $ alors que
le représentant de l'UPA de la région va dire, lui, que c'est
2200 $, là, on croit qu'un régisseur, ce serait suffisant.
M. Baril: est-ce qu'il y a plusieurs agriculteurs, ou futurs
agriculteurs, qui contestent, justement, le statut d'agriculteur? ça
s'en va en augmentant ou en diminuant?
M. Prégent: Non, ça va C'est à peu
près, je dirais, stable. Il n'y en a pas plus qu'entre 10 et 15 par
année, à peu près.
M. Baril: C'est u souvent qu'ils ne veulent pas être
reconnus comme agriculteurs ou si c'est l'inverse?
M. Prégent: C'est souvent qu'ils ne veulent pas être
reconnus comme agriculteurs Assez souvent, ce n'est pas vraiment qu'ils ne
remplissent pas les conditions, mais c'est parce qu'ils ne veulent pas avoir
affaire avec l'UPA, comme ils nous disent.
M. Baril: Payer la cotisation. M. Prégent: C'est
ça.
M. Pagé: II y en a une couple d'eux autres qui sont venus
témoigner, là.
M. Baril: Oui, oui, oui. Ils veulent profiter des avantages, mais
ils ne veulent pas payer.
M. Prégent: Ils ne veulent pas payer
M. Pagé: C'est-à-dire, j'ai l'impression qu'ils ne
voient pas d'avantages, donc, ils ne veulent pas payer. Et ils en profitent
sans le savoir.
M. Baril: Ils ne les voient pas, mais ils en profitent.
M. Pagé: Ils en profitent C'est ça Adopté?
Bien, étudié?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin):
Étudié.
M. Pagé: Pour le bénéfice de mes
collègues, Mme la Présidente, j'aimerais lire... Je vais lire
certaines dispositions pour le bénéfice du député.
On va commencer par l'Assemblée nationale.
M. Baril: Vous avez les yeux perçants ce soir!
M. Pagé: Oui. L'article 72. "Un député
placé à son insu ou contre sa volonté dans une situation
de conflit d'intérêts n'enfreint pas la présente loi. "Il
doit toutefois mettre fin à cette situation au plus tard dans les six
mois qui suivent la date où il en a été informé."
Des exemples comme ceux auxquels je référais tantôt.
La Loi sur l'exécutif, maintenant. "Nonobstant toute loi à
ce contraire, aucun membre du Conseil exécutif du Québec - donc,
aucun ministre - ne peut être directeur ou administrateur d'une
corporation d'un caractère commercial, industriel ou financier, si
ladite corporation fait affaire avec le gouvernement du Québec,
directement ou indirectement, ou encore verse ou peut être appelée
à verser des impôts en vertu de la Loi sur les impôts."
Ça veut dire qu'un ministre ne pourrait pas être directeur
d'une corporation qui est susceptible de payer des impôts, sauf qu'il
pourrait être directeur, exemple, de la campagne de Centraide, selon moi.
C'est parce que c'est sans but lucratif, ce n'est pas susceptible d'être
imposé. Comme moi, je suis président de Nez rouge, dans mon
comté. 'Toute personne qui enfreint les dispositions de la
présente section est ipso facto et demeure, pendant deux ans, inhabile
à faire partie du Conseil des ministres et ne peut être
élue comme député à l'Assemblée nationale et
ne peut siéger en cette qualité; en outre, cette personne est
passible, tant que dure la contravention, d'une amende quotidienne d'au moins
100 $ et d'au plus 500 $ par jour, et, dans le cas de condamnation, le tribunal
doit, par le jugement final, étendre à cinq ans,
l'inhabilité ci-dessus décrétée" d'être soit
député ou ministre du cabinet.
Enfin, dans la Loi sur les courses de chevaux, qu'on va étudier
demain après-midi, la Commission des courses: "Un membre de la
Commission des courses qui exerce ses fonctions à temps plein ne peut,
sous peine de déchéance de ses fonctions, avoir un
intérêt direct ou indirect dans une entreprise qui met en conflit
son intérêt personnel et celui de la Commission. "Toutefois cette
déchéance n'a pas lieu si un tel intérêt lui
échoit par succession ou par donation pourvu qu'il y renonce ou en
dispose avec toute la diligence possible."
Ça veut dire, un exemple concret, qu'un commissaire à
plein temps, pas a temps partiel, de la Commission des courses n'a pas le droit
d'être propriétaire d'un cheval de course. Sauf que s'il lui
échoit, par succession, un cheval de course, la diligence, pour revenir
à l'exemple de tantôt, va être traitée par le
tribunal. S'il a un poulain de deux ans qui est allé 1 min 59s et qui
vaut, selon moi, environ 200 000 $, le juge va lui donner plus de temps pour le
vendre que s'il a un claimer à 3000 $. Parce qu'il y a plus d'acheteurs
pour des claimer à 3000 $ que pour un poulain de 250 000 $.
M. Baril: Si on pariait de vaches, je pourrais discuter avec
vous, mais des chevaux de course, là, je vais vous croire.
M. Pagé: Parler de vache, ça dépend de son
BCA et ça dépend de son MCR. Ha, ha, ha!
M. Baril: C'est pour ça que je vous le dis. Ha, ha,
ha!
La Présidente (Mme Bégin): Nous en étions
à l'article 12.
M. Pagé: Le MCR pour la vache, M. le président de
la régie. C'est le quota qui est important, ce n'est pas la vache. Le
MCR de la vache, ça, c'est important. Jacques va abonder dans le
même sens que moi.
M. Baril: Bien oui. C'est bien évident. Tu peux remplir
ton quota avec...
M. Pagé: Vous voyez, à la Régie, ils pensent
juste en fonction des quotas, eux autres.
M. Baril: J'allais dire: Tu peux remplir ton quota avec 10 bonnes
bêtes, tandis qu'un autre, ça va lui en prendre 25.
M. Pagé: C'est ça.
Une voix: Ah oui!
M. Pagé: Alors, l'article...
La Présidente (Mme Bégin): L'article 12.
M. Pagé: ...12, il est étudié, lui.
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): II est
étudié, l'article 12. Bon, nous allons donc maintenant passer
à l'article 13, sur le quorum.
M. Pagé: Le président a une voix
prépondérante en cas d'égalité des voix, comme
vous.
Une voix: Non.
M. Pagé: Non, c'est vrai, vous n'avez pas de voix
prépondérante. Vous votez. Vous voyez, mon président est
plus impartial que vous.
M. Baril: C'est beau, ça. Parfait.
La Présidente (Mme Bégin): Pas de problème.
L'article 13 est étudié. L'artice 14.
M. Pagé: "Les régisseurs - ça c'est
important - ne peuvent être poursuivis en justice en raison d'actes
accomplis de bonne foi dans l'exercice de leurs fonctions". Et,
essentiellement, on retrouve cette disposition-là dans l'ensemble des
législations de même nature, d'organismes quasi judiciaires, pour
que les régisseurs soient à l'abri de toute poursuite pour des
actes qu'ils accomplissent. Exemple concret: une injonction, demandant à
un régisseur de ne pas se prononcer sur telle décision, une
poursuite en dommages et intérêts parce qu'il a
décidé telle chose.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 14 est
étudié. L'article 15.
M. Pagé: Reproduction de l'article 9 de l'ancienne loi
C'est: "Le secrétaire et les autres employés de la Régie
sont nommés et rémunérés suivant la Loi sur la
fonction publique".
M. Baril: C'est beau.
Le Président (M. Bégin): L'article 15 est
étudié. L'article 16.
M. Baril: On n'a pas grand choix là-dessus.
M. Pagé: C'est une disposition administrative. Toute copie
d'un document qui émane de la Régie est authentique si elle est
signée ou certifiée conforme par le président, le
secrétaire ou une personne désignée à cette fin par
règlement de la Régie.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 16 est
étudié. L'article 17.
M. Pagé: À l'article 17, c'est l'article 17,
alinéa 1.
La Présidente (Mme Bégin): II y a juste un
alinéa.
M. Baril: II y en a juste un.
M. Pagé: O. K. Je m'excuse, c'est qu'on avait
étudié la possibilité d'une renumérotation, mais
ça reste l'article 17.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 17.
M. Baril: La seule modification que je vois, là: dans
l'autre, c'était marqué "sa rémunération" et
là c'est "son traitement" Quelle différence y a-t-il selon vous,
entre traitement et rémunération?
M. Pagé: Selon moi, ça ne change rien sur le
chèque, mais ça fait plus plaisir aux linguistes.
M. Baril: C'est plus français, je suppose. M.
Pagé: Oui.
M. Baril: Bon, on ne peut pas s'objecter à ça
encore.
M. Pagé: Surtout pas à ça!
La Présidente (Mme Bégin): L'article 17 est
étudié. L'article 18.
M. Baril: Nous nous en réjouissons.
M. Pagé: L'article 17 est étudié.
La Présidente (Mme Bégin): Oui, l'article 18.
M. Pagé: Même chose, pour combler un poste., "ne
peut excéder trois mois, des personnes pour agir à titre
d'inspecteur ou d'enquêteur pour la Régie". Et on fixe leur
traitement ou rémunération.
M. Baril: À l'article 18, quand c'est marqué "il",
"il peut aussi, à la demande de la Régie", c'est qui, ça,
"il"?
M. Pagé: C'est le gouvernement.
M. Baril: Faut-il aller voir l'article 17, pour ça?
M. Pagé: À l'article 17, on parlait du
gouvernement.
M. Baril: Pourquoi on ne marque pas "Le gouvernement"?
La Présidente (Mme Bégin): Mais c'est marqué
"Le gouvernement".
M. Baril: Bien non, à l'article 18, c'est marqué,
"il peut aussi".
La Présidente (Mme Bégin): Non, cest Le
gouvernement peut".
M. Pagé: "Peut nommer et adjoindre" (21 h 15)
M. Baril: Ah! Bien, là, oui Auquel on se fie? On se fie
à celui-là ou à celui-ci?
M. Pagé: Allez-y donc, maître. Monsieur parle en mon
nom.
M. Baril: Dans le cahier, là?
M. Régnier (Claude): Le cahier, l'argumentaire a
été fait...
La Présidente (Mme Bégin): Monsieur? Son nom?
M. Régnier: Claude Régnier, secrétaire de la
Régie.
M. Pagé: Je m'excuse. Ça va.
M. Régnier: L'argumentaire a été fait
quelques heures avant l'impression - il a été terminé
avant l'impression - sur informatique et c'est un peu ma faute. C'est que,
à cause du temps dont on disposait pour le faire, pour le remettre au
propre, il y a une ou deux coquilles qui se sont glissées. Ça,
c'en est une. Au lieu de "il peut aussi", c'est "le gouvernement peut, à
la demande". Dans le texte imprimé, c'est "le gouvernement peut".
M. Pagé: La loi est correcte. C'est le document qui n'est
pas...
M. Baril: Votre erreur est pardonnée ou votre oubli.
M. Régnier: Merci.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Une faute admise...
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que je dois en
conclure que l'article 18 est étudié, M. le
député?
M. Pagé: Oui. "Le gouvernement peut aussi...
M. Baril: Oui, c'est parce que j'avais... C'est ça. Je
voulais clarifier à savoir si...
M. Pagé: Oui. 18. "Le gouvernement peut, à la
demande de la Régie, nommer pour une période qui ne peut
excéder trois mois, des personnes pour agir à titre d'inspecteur
ou d'enquêteur pour la Régie. Il fixe leur traitement."
La Présidente (Mme Bégin): Bon. Article 18
étudié. Article 19.
M. Pagé: On a un papillon, ici? Une voix: Au texte
anglais.
M. Pagé: Au texte anglais. Où est-il, le texte
anglais?
M. Baril: Ah! Vous pouvez laisser faire pour moi.
M. Pagé: O.K. Alors, ici, on indique les motifs pour
lesquels la Régie peut réviser ou révoquer une
révision qu'elle a rendue: lorsque, par exemple, "est découvert
un fait nouveau qui, s'il avait été connu en temps utile, aurait
pu justifier une décision différente; "2° lorsqu'une personne
intéressée au litige n'a pu, pour des raisons jugées
satisfaisantes, se faire entendre; "3° lorsqu'un vice de procédure
est de nature à invalider la décision."
Or, dans le texte anglais, on reprend: "where a substantive or
procédural defect is likely to invalidate the décision". Alors,
à ce moment-là, nous devions enlever les mots "substantive or" et
on ne les a pas enlevés dans le texte final. Alors, je fais motion pour
qu'on modifie la version anglaise du projet de loi à l'article 19.
3° pour supprimer, dans la première ligne du paragraphe 3°, les
mots "substantive or".
La Présidente (Mme Bégin): Pour qu'il se lise:
"where...
M. Pagé: "Where a procédural defect is likely to
invalidate the décision".
La Présidente (Mme Bégin): O.K.
M. Pagé: Vous avez le texte? Il y en a des copies pour
tout le monde.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, M. le ministre
vient d'apporter un amendement au paragraphe 3° de l'article 19 afin de
supprimer les mots "substantive or", afin que cedit article se lise comme suit:
"Where a procédural defect is likely to invalidate the décision".
Voici l'amendement qui est proposé. Excusez mon anglais, mais...
M. Baril: Je ne vous obstinerai pas là-dessus, madame.
M. Pagé: C'est dans le texte anglais. Ça signifiait
un vice de fond ou un vice de procédure, "where a substantive or
procédural defect". Ça pouvait prêter à
confusion.
M. Baril: Ici, quand on parle... En tout cas, la version
française, ça semble être la même formulation. C'est
la même formulation. Il y a quelques mots qui sont changés, mais
qui veulent dire la même chose. Mais, si on résume, on veut dire
que la Régie peut quand même réviser...
M. Pagé: Par elle-même.
M. Baril: ...par elle-même. Ah!
M. Pagé: De sa propre initiative, elle "peut...
M. Baril: Non, mais, moi, ce que je...
M. Pagé: ...réviser ou révoquer toute
décision qu'elle a rendue." elle peut le faire par elle-même ou
sur la requête d'une personne ou d'un groupe.
M. Baril: Bien, c'est ça.
M. Pagé: C'est d'autant plus important de prévoir
la disposition comme quoi la Régie peut, par elle-même,
réviser qu'on ne prévoit plus maintenant de mécanisme
d'appel des décisions de la Régie.
M. Baril: Oui, c'est ça, là. Mais, quand
même, pour qu'un groupe ou un individu veuille demander une
révision à la Régie, il faut qu'il invoque des faits
nouveaux.
M. Pagé: C'est-à-dire que le droit de
révision d'une décision est encadré. Le requérant
devra soulever ou démontrer qu'il y a un fait nouveau qui, s'il avait
été connu, aurait pu influencer la décision autrement; le
requérant devant démontrer, par exemple, qu'une personne
intéressée qui aurait dû être appelée à
comparaître n'a pas pu se faire entendre ou, encore, qu'il y a un vice de
procédure.
M. Baril: Parce que cet...
M. Pagé: Je vais demander à Me Prégent
d'ajouter.
M. Prégent: Voici. Cette disposition a fait l'objet
d'examen par le ministère de la Justice et, en fonction de la Charte des
droits, ce sont les cas où, au ministère de la Justice, on
considère qu'un mécanisme qui a des pouvoirs comme les
nôtres peut effectivement ultérieurement réviser ou
révoquer ses propres décisions sans enfreindre les dispositions
de la Charte. C'est dans le cadre qui est déterminé ici.
M. Baril: Si on se réfère à la Commission de
protection du territoire agricole du Québec, lorsque la Commission a
été créée, l'individu avait droit d'invoquer une
demande de révision, mais il fallait qu'il apporte des faits nouveaux
qui, s'ils avaient été connus, etc. Souvent, c'était
difficile de définir ce qu'étaient les faits nouveaux que tu
avais apportés. Il pouvait y avoir... Remarquez que je n'ai jamais fait
une demande devant la Commission moi-même, mais, pour avoir eu plusieurs
cas qui m'ont été soumis, les faits que la personne apportait, ce
n'était jamais nouveau pour la Commission, en tout cas. Ils avaient vu
tout ça. Même si ce n'était marqué nulle part, ils
avaient vu tout ça, eux. J'interprète peut-être, mais, en
gros, c'était ça. Je vous dis simplement ce qui m'inquiète
un peu. Je ne sais pas si on ne peut pas s'entendre - on ne peut pas demander
une révision pour n'importe quoi - pour une cause que la Régie...
On pourrait inscrire: lorsqu'est découvert pour cause, je ne sais pas
quoi, un mot, en tout cas, pour changer ça, au lieu de dire juste "un
fait nouveau". Je vous dis qu'"un fait nouveau", c'est large en
démon.
M. Pagé: On se réfère à ces
dispositions-là par respect pour la Charte et on se réfère
aussi à ces dispositions comme étant l'encadrement ou le
libellé juridique prévu par le ministère de la Justice
dans le cadre de l'application de la loi en semblable matière.
M. Baril: Oui, mais si c'était inscrit. La Régie
peut pour cause...
La Présidente (Mme Bégin): M Prégent.
M. Prégent: On voit au texte explicatif que vous avez de
M-35, la loi actuelle, que ce texte date de 1986. C'a été fait
à l'occasion d'une révision d'à peu près toutes les
lois au Québec, à la suite de la Charte, pour les rendre le plus
acceptables possible à cause de cette Charte des droits. Si on se
rappelle, avant 1986, justement, c'est ce qu'on avait dans la loi des
marchés: que la Régie pouvait réviser ses décisions
pour cause. C'est tout ce qu'on disait. On ne disait pas quelle était la
nature des causes qu'on devait considérer. Les légistes et le
ministère de la Justice, les experts en droit constitutionnel du
ministère ont jugé que ce n'était pas conforme à la
Charte et il y a une certaine jurisprudence qui a été
établie depuis et qui semble d'ailleurs confirmer cette
interprétation. C'est à la suite de ça qu'on a introduit
le cadre que l'on voit ici et qui est celui que l'on considère, parmi
les constitutionnalistes, comme étant acceptable dans le cadre de la
Charte des droits.
M. Baril: Remarquez bien, je ne suis pas juriste, mais des fois
les légalistes et les personnes dans le droit constitutionnel sont durs
à suivre en démon. On en conviendra ensemble. Si ça avait
été formulé dans le sens que la Régie peut pour
cause réviser ou révoquer une décision ou je ne sais pas
quoi, il me semble que tu protèges encore davantage les droits des
individus ou des personnes, parce que - je dis ça selon ma pensée
- tu n'as pas à invoquer le fait qu'il amène un fait nouveau.
Ça peut être une interprétation. La Régie ou les
régisseurs peuvent avoir interprété un document ou une
situation qui, dans les faits, tout le monde est de bonne foi, n'a pas
été interprétée comme il faut. Mais ça ne
demeure pas un fait nouveau. Les faits sont là quand même
M. Pagé: Sauf que, si ce n'est pas encadré par un
libellé comme celui que je propose et qu'on dit que... Si on disait, par
exemple: La Régie peut, pour cause, ou peut, pour des motifs qu'elle
juge satisfaisants, réviser une décision, elle serait soumise
à un pourcentage très élevé de requêtes en
révision sur les décisions qu'elle a rendues, parce que le groupe
ou la personne qui est insatisfaite de la décision initiale, de la
première décision, demanderait, purement et simplement, de la
réviser, avec un engorgement des rôles et une lourdeur
additionnelle. Donc, c'est pour ça qu'il y a un cadre très
strict. L'organisme est là pour décider et il doit
décider. Une fois qu'il a décidé, ça doit
s'appliquer sauf que, pour des motifs bien identifiés, il peut
réviser. C'est ce qui s'applique.
Les constitutionnalistes sont durs à suivre, dites-vous, mais ils
sont très intéressants à entendre et très
importants à écouter.
M. Baril: Ça, je n'en doute pas. Mais quand on les
écoute une grande soirée de temps...
M. Pagé: On n'a pas besoin de somnifère!
M. Baril: II y en a qui se parlent depuis quatre jours, puis
ça n'a pas l'air d'arriver à une solution.
M. Pagé: Ah! Ça va bien aller.
M. Baril: On va passer à l'article 20, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Avant l'article 20,
l'amendement qui a été apporté au texte anglais est
adopté?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Sur l'article 19?
M. Baril: Vous ne m'obligez pas à répondre en
anglais, toujours?
La Présidente (Mme Bégin): Non, je vais me
contenter du français! Donc, l'amendement au texte anglais de l'article
19 est adopté. Pour ce qui est de l'article amendé, tel quel,
nous y reviendrons ultérieurement. Nous allons donc passer à
l'article 20.
M. Pagé: C'est la traduction d'une prescription au droit
de demander la révision. D'ailleurs, ça fart suite à des
demandes de l'Union des producteurs agricoles et des fédérations
administrant les plans conjoints, afin d'éviter des abus. Certaines
demandes ont été faites jusqu'à 10 ans après la
réglementation, me dit-on, dans le cas de la volaille.
M. Baril: Ils avaient oublié! C'est un gros oubli!
M. Pagé: Ça a pris beaucoup de temps pour trouver
le fait nouveau!
M. Baril: Oui, ils ont cherché longtemps!
M. Pagé: Comme il n'y en avait pas, ils y allaient pour
cause. Alors, c'est la traduction d'une règle de prescription. 180
jours, c'est quoi? C'est six mois. Ça nous apparaît suffisant pour
que la personne trouve le fait nouveau ou la personne qui n'a pas pu
témoigner, etc.
M. Baril: C'est bien.
La Présidente (Mme Bégin): L'article est-il
étudié?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 21. M.
Pagé: 20.1. Il y a un amendement-La Présidente (Mme
Bégin): Ah! un ajout.
M. Pagé: ...que je vais distribuer tout de suite. Et je
vais inviter mes collègues à le lire avant de le commenter.
La Présidente (Mme Bégin): Si vous me permettez,
pour le bénéfice de l'enregistrement des débats, je vais
lire l'article 20.1...
M. Pagé: Lisez!
La Présidente (Mme Bégin): ...qui s'ajoute
après l'article 20. L'article 20.1 se lit donc comme suit: "Le
gouvernement peut, de sa propre initiative et pour des motifs
d'intérêt public, suspendre, modifier ou annuler toute
décision de la Régie."
M. Baril: Ça...
M. Pagé: Mme la Présidente, c'est du droit nouveau.
Ce n'était pas prévu dans le texte original, premièrement.
Deuxièmement, ça a été le voeu manifesté par
la très grande majorité des intervenants qui ont comparu ici.
Troisièmement, et là, je veux bien le dire, ça ne doit pas
être interprété comme étant le rétablissement
d'un mécanisme d'appel devant le cabinet, le mécanisme d'appel
d'un groupe, d'une personne intéressée ou insatisfaite d'une
décision, parce que avec l'ancien libellé toute personne pouvait
demander au cabinet, au Conseil des ministres, de réviser une
décision de la Régie. Exemple concret: Mme Tartempion ou ne je
sais trop qui, Mme Giguère qui était à CJRP avant, qui est
mécontente d'une augmentation de 0,02 $ le litre dans le lait, pouvait
demander, personnellement, au Conseil
des ministres de réviser la décision et adresser un
mémoire au Conseil. Ça prêtait beaucoup à confusion,
ça. (21 h 30)
Ce droit d'appel, il a été institué en 1964 et il y
a eu plusieurs appels de logés. Moi, j'en ai eu, comme ministre, des
demandes d'appel, au moins, quoi, sept ou huit facilement, depuis cinq ans, si
ce n'est pas plus. Il y a des gens qui ont communiqué avec mon bureau,
convaincus qu'une fois qu'ils avaient logé, cette personne ou ce groupe,
un appel devant le Conseil des ministres, ils allaient être entendus,
avec leurs avocats, par le Conseil des ministres. Imaginez-vous donc! Ils
s'imaginaient probablement, parce que la table de délibération du
Conseil des ministres est un cercle, qu'ils allaient s'installer dans le milieu
du cercle avec leurs avocats, leurs papiers, leurs sténographes et je ne
sais trop, qu'ils allaient venir plaider devant nous, bon, ce qui n'est pas le
cas, mais pas du tout. Il n'est pas question que le Conseil des ministres
entende un groupe, ce n'est pas son rôle.
Alors, on ne rétablit pas ce droit d'appel, cette disposition
antérieure qui prévoyait un droit d'appel au Conseil des
ministres. Il est aboli purement et simplement. Sauf que les intervenants m'ont
dit à peu près ceci: M. le ministre, on croit que le gouvernement
devrait se garder un pouvoir de réserve d'intervention dans le cas
où, pour un motif d'intérêt public, il devrait modifier,
annuler ou suspendre une décision de la Régie. J'ai donné
suite aux représentations qui m'ont été faites et le
libellé est très clair. "Le gouvernement peut, de sa propre
initiative - donc, ça exclut le mécanisme d'appel - et pour des
motifs d'intérêt public, suspendre, modifier ou annuler toute
décision de la Régie."
M. Baril: Ce qui veut dire que vous n'avez pas besoin d'attendre
une plainte de M. ou Mme Giguère.
M. Pagé: Ah non! On n'a pas besoin d'attendre de plainte
de M. ou Mme Giguère, non, de personne. Le ministre peut, mais c'est
évident que le Conseil, lui, va se référer à la
recommandation du ministre responsable de l'application de la loi, ça va
de soi, du ministre de l'Agriculture en l'occurrence. Le ministre de
l'Agriculture, lui, devra faire des représentations, préparer un
mémoire comme suite d'une situation de fait et de droit qu'il juge
suffisamment préoccupante pour devoir la modifier et il faudra que ce
soit pour un motif d'intérêt public.
M. Baril: Ce qui veut dire que personne ne peut contester,
personne ni un individu, ni un organisme - ce qui se faisait
antérieurement - ...
M. Pagé: Non, c'est fini, ça.
M. Baril: ...ne peut demander au gouvernement de réviser
une décision de la Régie.
M. Pagé: C'est fini. M. Baril: C'est fini. M.
Pagé: Oui
M. Baril: Donc, c'est le gouvernement, de sa propre
initiative...
M. Pagé: De sa propre décision.
M. Baril: ...qui peut décider de dire: Bon, ça, je
suis d'accord ou pas d'accord.
M. Pagé: C'est ça, comme, d'ailleurs, ça
avait été fait par mon prédécesseur, sur le lait.
En quelle année, M. Prégent? En 1983? En 1982 ou 1983, le
ministre du gouvernement, à l'époque, avait décidé
de revoir une décision de la Régie pour diminuer le prix du lait
de consommation, l'abandon du prix de gros, c'est ça.
M. Baril: Antérieurement, un organisme ou un individu qui
demandait, par le biais du ministre, que le Conseil des ministres
révise...
M. Pagé: Généralement, il ne le demandait
pas au ministre. Il s'adressait directement...
M. Baril: Directement au Conseil des ministres.
M. Pagé: ...au Secrétaire général du
Conseil exécutif.
M. Baril: O.K. Mais est-ce que - comment est-ce que je dirais
ça? - le Conseil des ministres pouvait modifier une décision de
la Régie ou s'il pouvait juste dire oui ou non, on la rejette ou on
l'accepte, on l'entérine?
M. Pagé: Non, il pouvait la modifier.
M. Baril: II pouvait la modifier également.
M. Pagé: Oui.
M. Baril: C'est à quel... Est-ce que vous pouvez nous
fournir l'article?
M. Pagé: On va faire ça. M. Baril: À
quel article?
M. Pagé: "Les décisions de la Régie ne
peuvent être révisées que par le gouvernement." L'article
13 disait. "Sous réserve du pouvoir de la Régie de réviser
ses décisions en vertu de l'article 89, nonobstant toute disposition
législa-
tive inconciliable avec la présente, les décisions de la
Régie ne peuvent être révisées que par le
gouvernement "et" aucun des recours extraordinaires prévus aux articles
834 et 850 du Code de procédure civile..."
M. Baril: Quand on parle de révision - on disait: Le
Conseil des ministres peut réviser - est-ce que, dans le mot
"réviser", c'est inclus "modifier"?
M. Pagé: Oui, oui. M. Baril: Oui.
M. Pagé: Pouvait confirmer, annuler ou modifier.
M. Baril: II pouvait faire ce qu'il voulait avec.
M. Pagé: Oui.
M. Baril: Donc, là, on maintient, comment je dirais donc,
le même...
M. Pagé: On maintient le droit pour le gouvernement
de...
M. Baril: ...pouvoir, oui.
M. Pagé: ...modifier, annuler une décision.
M. Baril: De sa propre initiative.
M. Pagé: Oui. Et il ne peut pas le faire pour tout motif.
Il faut qu'il le fasse pour un motif d'intérêt public.
M. Baril: Ce sont des "technicalités" probablement. Mais
si, dans le mot "réviser" tout est inclus, pourquoi marque-t-on
"suspendre, modifier ou annuler"? Pourquoi ne prend-on pas la même
formulation? C'est parce que c'est plus français ou quoi? C'est plus
clair ou quoi?
M. Pagé: C'est plus clair. M. Baril: Plus clair.
Oui.
M. Pagé: Suspendre, modifier, annuler, oui. Ça
comprend tout. Exemple concret, surtout à l'égard de la
suspension parce que, si on avait mis uniquement le terme "réviser", il
n'aurait peut-être pas pu suspendre. Les tribunaux auraient
peut-être dit: Vous avez le droit de modifier, vous n'avez pas le droit
de suspendre. Par exemple, une décision prévoit une augmentation
du prix de tel produit ou telle condition de mise en marché
immédiatement et le gouvernement, pour un motif qu'il juge
d'intérêt public, préfère que l'application de cette
disposition soit uniquement dans un an, il pourrait le faire alors qu'avec une
notion de révision il ne pourrait pas le faire.
M. Baril: Vous n'avez pas peur des pressions. Ce sont de
très fortes pressions sur le dos du ministre, ça.
M. Pagé: Le ministre est capable de résister
à la pression.
M. Baril: Oui, ha, ha, ha! Vous ne serez pas toujours
là.
M. Pagé: S'il n'en tient qu'à vous, je comprends
que je ne serai pas toujours là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: écoutez, j'ai eu une dizaine de demandes
au moins à date et je n'en ai pas accepté une et la
onzième va passer dans le même moule.
M. Baril: Là, on n'aura plus besoin de demandes. C'est
vous qui allez décider. C'est vous qui allez être le...
M. Pagé: Oui, oui.
M. Baril: ...maître, le seul maître.
M. Pagé: Si j'ai résisté aux pressions alors
qu'il y avait un mécanisme, ça va être d'autant plus facile
de résister aux pressions alors qu'il n'y aura pas de
mécanisme.
M. Baril: C'est qu'avant, comme vous le disiez, les organismes ou
les individus n'avaient pas besoin de passer par vous. Ils s'adressaient
directement au Conseil des ministres, que vous avez dit, avant. Donc, la
pression n'était pas uniquement sur les épaules du ministre de
l'Agriculture.
M. Pagé: Elle revient toujours sur le ministre parce que
c'est évident que le cabinet, quand il a à décider d'un
appel, il réfère au ministre de l'Agriculture. H ne le demande
pas au ministre des institutions financières.
M. Baril: C'est bien, M. le ministre, Mme la Présidente,
excusez.
La Présidente (Mme Bégin): Donc...
M. Pagé: Alors, l'article 20.1...
M. Baril: On verra à l'usure si...
La Présidente (Mme Bégin): L'article...
M. Pagé: On verra à l'exercice.
M. Baril: À l'exercice. Ah! C'est plus
français.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 20.1 est
étudié, mais son adoption est suspendue.
M. Pagé: Mais là, on a un amendement. C'est un
amendement.
La Présidente (Mme Bégin): Non, ce n'est pas un
amendement comme tel. C'est plutôt...
M. Pagé: C'est un nouvel article.
La Présidente (mme bégin): c'est un nouvel
article.
M. Pagé: L'article 20.1 est suspendu.
La Présidente (Mme Bégin): O.K. Nous allons passer
à l'article 22.
M. Pagé: L'article 21.
M. Baril: L'article 21.
La Présidente (Mme Bégin): Oh! Je m'excuse.
L'article 21.
M. Baril: Vous voulez aller vite. Ha, ha, ha!
M. Pagé: C'est une disposition...
La Présidente (Mme Bégin): Article direct en
nullité.
M. Pagé: ...qui vient actualiser la jurisprudence
concernant le droit, pour les tribunaux de droit commun, d'intervenir dans le
déroulement des affaires portées devant la Régie, sauf
pour des questions de compétence. Comme on le sait, la disposition tient
compte du développement de la jurisprudence en matière
administrative et de l'opinion des auteurs, tant sur la portée
réelle de cette clause privative que sur son libellé. Alors, le
libellé est très clair. Il dit que sauf sur une question de
compétence, l'article 33 du Code de procédure civile ne
s'applique pas à la Régie et aucun des recours extraordinaires
prévus aux articles 834 à 850 du Code de procédure ne peut
être exercé ni aucune injonction accordée contre la
Régie ou ses régisseurs agissant en leur qualité
officielle, sauf pour une question de compétence.
On sait que l'article 33 du Code de procédure civile donne un
pouvoir général vague, vaste et habilitant à la Cour
supérieure du Québec de venir modifier, annuler, suspendre une
décision de tout organisme. Alors, nous, on dit: O.K. Ça
s'appliquera seulement dans les cas de contestation de compétence pour
ne pas, exemple concret... Je vais donner un exemple: la Régie
s'apprête à rendre une décision le vendredi 12
février au matin. Le jeudi soir, 11 février, un des intervenants
se présente devant la Cour supérieure, demande une injonction
pour empêcher la Régie de rendre sa décision, auquel cas il
faudrait que la Régie aille plaider sur l'injonction. Ça pourrait
même, dans certains cas, faire l'objet d'un appel, puis, là, ce
serait: "Sky will be the limit".
M. Baril: Ce que le ministre m'explique là, c'est-u
ça qui est prévu aux articles 834 à 850 ou bien si c'est
l'article 33?
M. Pagé: Oui, de 834 à 850. Ça peut
être un mandamus, 33, et, de 834 à 850, ça peut être
les différentes procédures qu'on dit exceptionnelles
prévues au Code de procédure civile. Un mandamus pour l'obliger,
exemple, à émettre un permis alors qu'elle a décidé
de ne pas l'émettre. Ça pourrait être... Il n'y a pas
d'habeas corpus, chez vous?
Une voix: Non.
M. Pagé: Ça peut être quoi? Hein?
Une voix: Un bref d'évocation.
M. Pagé: Un bref d'évocation C'est-à-dire
que ce seront des recours normalement prévus aux articles 834 à
850.
M. Baril: C'est beau pour moi.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, l'article 21 est
étudié. L'article 22.
M. Pagé: Ah oui! Ça, c'est la clause habituelle. Ce
n'est que la conséquence logique de l'article précédent.
C'est que, si jamais un bref était délivré... Exemple
concret: peu importe pour quel motif, là, un juge de la Cour
supérieure émettrait un bref d'évocation pour soustraire,
pour enlever à la Régie des marchés agricoles le droit de
juger d'une décision; même si la Cour supérieure n'a pas le
droit de le faire, supposons qu'un juge de la Cour supérieure le ferait,
immédiatement, la Régie peut aller devant un juge de la Cour
d'appel du Québec pour annuler sommairement tout bref d'évocation
délivré par le juge de la Cour supérieure En fait, c'est
une clause de surprotection additionnelle pour ne pas immobiliser un organisme
quasi judiciaire.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 22
étudié. L'article 23.
M. Pagé: C'est une notion de droit nouveau qui indique que
"l'exercice financier de la Régie se termine le 31 mars de chaque
année". Ce
n'était pas mentionné avant.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 23 est
étudié?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Article 24.
M. Pagé: On a un autre papillon au texte anglais de
l'article 24, où on dit... On réfère ici au fait qu'au
plus tard le 1er septembre de chaque année la Régie doit
transmettre au ministre un rapport de ses activités pour l'année
fiscale précédente, qui s'est terminée le 31 mars, et que
le rapport doit être déposé à l'Assemblée
nationale dans un délai de trente jours après sa
réception, si l'Assemblée nationale est en session, et, si elle
ne l'est pas, dans un délai de trente jours après l'ouverture de
la session. Ici, dans le texte anglais, on disait: "if it is not sitting,
whithin 30 days after the opening of the next session of resumption."
Alors on dit: Dans le texte anglais, remplacer dans les cinquième
et sixième lignes, les mots "after the opening of the next session or
resumption" par les mots "of resumption". Ce qui veut dire que, si
l'Assemblée nationale est ajournée, ne siège pas, le
rapport annuel doit être déposé dans les trente jours de la
réouverture. C'est ça.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Vous déposez
votre amendement?
M. Pagé: Dans le texte anglais.
La Présidente (Mme Bégin): O.K. Compte tenu du fait
que le ministre a lu l'amendement, est-ce que l'amendement est reçu?
M. Baril: Reçu
La Présidente (Mme Bégin): Adopté, je veux
dire.
M. Baril: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Pour ce
qui est de l'adoption...
M. Baril: Lu et compris.
La Présidente (Mme Bégin): ...de l'article 24
amendé, ça ira ultérieurement. Nous allons passer à
l'article 25.
M. Pagé: Alors l'article 24.
M. Baril: L'article 24, il faudrait le voir, oui.
La Présidente (Mme Bégin): Hein? C'est-u moi
qui...
M. Pagé: L'article 24 est étudié. La
Présidente (Mme Bégin): Oui.
M. Pagé: II a été amendé, dans sa
version anglaise.
La Présidente (Mme Bégin): Et l'amendement est
ajouté. C'est ça. L'article 25.
M. Pagé: Ça, ça se réfère aux
règles de régie interne. Les règles de régie
interne doivent être soumises au gouvernement, c'est normal. Elle peut
aussi édicter des règles de procédure et de pratique pour
instruire les affaires qui lui sont soumises. Évidemment, parce qu'on ne
peut pas changer les règles de pratique comme on change de bille dans le
stylo, là, les règles de pratique doivent être
publiées dans la Gazette officielle du Québec, puis elles
entrent en vigueur selon des dates déterminées.
M. Baril: Dans l'article actuel, ces règlements devaient
être soumis à l'approbation du gouvernement. Là, ça
ne semble plus le cas. Est-ce que...
M. Pagé: pas les règles de procédure, les
règles de régie interne seulement. (21 h 45)
M. Baril: je dis que dans la loi actuelle on dit: ces
règlements doivent être soumis à l'approbation du
gouvernement et entrent en vigueur à la date de leur publication dans la
gazette officielle du québec ou à toute date
ultérieure.
M. Pagé: Me Régnier va vous expliquer ça, M.
le député, il n'y a pas de problème.
M. Baril: Ah! O.K., je comprends. La même chose est
inscrite dans le paragraphe du haut, que je n'avais pas lu.
M. Pagé: Ça va, O.K.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 25 est
étudié. Nous allons passer aux pouvoirs de la Régie, avec
l'article 26.
Pouvoirs de la Régie
M. Pagé: C'est le pouvoir général de
régler tout litige survenant à l'occasion de l'exécution
d'un plan conjoint ou encore du fonctionnement d'une chambre de coordination.
Et ça reproduit essentiellement les dispositions de l'article 61 du
chapitre précédent. "La Régie peut régler tout
litige qui survient dans le cadre de l'application d'un plan conjoint ou du
fonctionnement d'une
chambre de coordination et de développement" et l'ancien texte
disait que "la régie possède, pour les fins de la mise en
marché des produits agricoles, le pouvoir d'arbitrer, décider,
ajuster et autrement régler tout différend". ici, on dit qu'elle
peut régler tout litige et ça couvre l'ensemble.
M. Baril: Donc, "la Régie peut régler tout litige
qui survient dans le cadre de l'application". Mais elle ne peut pas
régler les litiges avant que la convention soit adoptée.
M. Pagé: Oui, c'est dans...
M. Baril: Bien non, s'il n'est pas appliqué. "Tout litige
qui survient dans le cadre de l'application d'un plan", mais tant que le plan
n'est pas adopté...
M. Pagé: Elle est bonne, la question, là. M.
Baril: Écoutez, le plan conjoint...
M. Pagé: Est-ce que, dans le cadre de l'élaboration
d'un plan conjoint, par exemple d'un vote qui est contesté, la
Régie pourrait intervenir? Non? O.K., elle a des pouvoirs dans le cadre
du processus d'approbation du plan. O.K.
M. Baril: En vertu de ça, ici, on dit bien: "Dans le cadre
de l'application." Donc, tant que le plan n'est pas appliqué, la
Régie n'aurait le droit de rien faire. S'il n'est pas
approuvé.
M. Pagé: Je vais demander à Me Régnier.
M. Régnier: Ici, c'est le pouvoir général de
la Régie d'arbitrer tout litige.
M. Pagé: O.K.
M. Régnier: Dans le cadre de l'application d'un plan ou
d'une chambre de coordination et de développement. Il y a d'autres
pouvoirs spécifiques qu'on va voir, que vous allez découvrir
article par article, où elle a les pouvoirs d'intervention au niveau de
l'approbation et de l'entrée en vigueur d'un plan. Si, dans le cadre de
cette procédure-là, il survient un litige, eh bien, là,
comme c'est devant elle, c'est évident qu'elle a le pouvoir de le
régler. Mais l'article 26 lui donne simplement un pouvoir
général d'arbitre, de conciliateur, de n'importe quoi, de
régler de quelque façon que ce soit le litige.
M. Baril: Pour l'application.
M. Régnier: Dans le cadre de l'application d'un plan.
M. Baril: Ce que je dis, pour se compren- dre, dans le litige
qu'il y a sur les conventions qui sont en discussion actuellement...
M. Régnier: Elle a exercé son pouvoir. M.
Pagé: II n'y a pas de problème.
M. Régnier: Elle a rendu sa sentence arbitrale. Mais
ça peut être aussi des litiges entre deux offices qui administrent
des plans différents, mais pour des produits qui sont reliés, par
exemple des oeufs d'incubation et la volaille. Ça peut être entre
des producteurs et leur office dans le cadre de l'application d'un
règlement pris en application d'un plan.
M. Baril: C'est que, dans l'autre article avant, il me semble que
c'était plus précis. On dit: "La Régie possède,
pour les fins de la mise en marché de produits agricoles, le pouvoir
d'arbitrer, décider, ajuster et autrement régler tout
différend."
M. Régnier: C'est que le règlement des litiges
couvre l'arbitrage, couvre l'ajustement, couvre la conciliation, couvre
l'autrement régler. Alors, il a été choisi un vocabulaire
un petit peu plus large pour englober toutes ces
réalités-là. Ça peut être, effectivement, des
arbitrages, comme ça peut être une conciliation, comme ça
peut être formel ou informel. Il y a différentes façons de
régler un litige. Alors, la Régie a le pouvoir d'intervenir. Du
moment qu'il y a un litige, la Régie peut intervenir. Le pouvoir
d'arbitrer un litige dans le cadre d'une convention, vous allez le
découvrir un petit peu plus loin dans le cadre des conventions de mise
en marché. Ça va venir, ça.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Donc, article 26,
étudié. Article 27.
M. Pagé: Certaines personnes agissent, dans le cadre de
l'application d'un plan conjoint à l'égard des producteurs ou des
pêcheurs, comme un acheteur de produits visés tout en ne
l'étant pas véritablement Ça peut être, l'agent, une
coopérative de transformation, etc. De même, certaines personnes
peuvent participer, à titre d'associé ou de commanditaire,
à la production ou à la récolte du produit visé
tout en n'étant pas véritablement le producteur ni le
pêcheur. La Régie doit donc pouvoir établir, pour des fins
spécifiques, qu'une personne soit considérée comme
producteur ou acheteur pour qu'elle assume alors les droits et obligations du
statut déterminé. Alors, ça reprend presque
substantiellement, à quelques mots près, les dispositions de
l'article 69.
M. Baril: C'est beau
La Présidente (Mme Bégin): Article 27,
étudié. Article 28.
M. Pagé: Cette disposition reprend les dispositions qu'il
y avait à l'article 81 du chapitre précédent, qui permet
à la Régie d'intervenir radicalement dans l'application et
l'administration d'un plan ou d'une chambre, d'un règlement, d'une
convention ou d'une décision pour les suspendre ou et y mettre fin pour
toute cause qu'elle estime valable. Par contre, elle donne préalablement
avis de la date et du lieu où elle entendra les représentations
des personnes et elle publie la décision dans la Gazette
officielle.
M. Baril: Ça, est-ce que c'est à la suite d'une
demande d'un organisme ou d'un individu ou si d'elle-même la Régie
peut dire: Telle disposition d'un plan, ça n'a pas de bon sens ou je ne
sais pas quoi, moi, c'est...
M. Prégent: Ça peut se faire dans les deux
circonstances, c'est-à-dire sur requête de parties
intéressées ou de sa propre autorité. Il faut cependant
noter que la Régie doit, préalablement, donner avis aux personnes
intéressées qu'elle va considérer une telle chose de sorte
qu'elle ne peut pas prendre les personnes par surprise, disons.
M. Baril: Oui.
M. Pagé: Vous êtes-vous servis souvent de ce
droit-là?
M. Prégent: Une fois dans le cas du lait, il y a plusieurs
années, alors qu'on utilisait, selon nous, les contributions à
des fins indues.
M. Pagé: C'était quoi?
M. Prégent: II y avait une contribution spéciale
qui était prévue pour fins de publicité et on avait
plutôt formé un fonds pour se préparer possiblement
à acquérir des entreprises.
M. Pagé: Ouais!
M. Baril: Je pensais que c'était...
M. Prégent: Ce n'est pas tout à fait la même
chose. On considérait ça comme un développement de
marché, mais, enfin, on trouvait que c'était un peu tiré
par...
M. Pagé: Par l'élastique.
M. Prégent: ...l'élastique.
M. Pagé: Qui leur a pété sur le nez.
M. Baril: Oui.
M. Prégent: Ça ne se fait pas.
M. Baril: et vous aviez découvert ça. la
régie avait découvert ça par elle-même, par les
rapports, je ne sais pas, moi, de l'entreprise ou quoi?
M. Prégent: Oui. Bien, on avait déjà un
dossier et on a eu aussi des représentations qui nous ont
été faites.
M. Baril: L'argent a-t-il...
M. Prégent: Ordinairement, quand il se pose une action
assez importante pour que la Régie puisse intervenir pour aller changer
un plan, un règlement ou le suspendre, c'est parce qu'il se passe
quelque chose d'assez grave...
M. Pagé: De pas très catholique.
M. Prégent: ...dans le "shack" qui est connu. C'est
rarement aussi caché que ça.
M. Baril: Dans le cas que vous mentionnez, l'argent a-t-il
été remboursé, je ne sais pas à qui, aux
fournisseurs, aux membres ou, quoi, déposé aux bonnes
oeuvres?
M. Prégent: Non.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: On a envoyé ça au
presbytère.
M. Baril: À Nez rouge dans le comté de
Portneuf.
M. Prégent: On les a obligés à les utiliser.
On a pris en main les sommes. On a nommé une personne responsable pour
les administrer et pour quelles soient utilisées aux fins pour
lesquelles elles avaient effectivement été imposées,
c'est-à-dire à des fins de publicité et d'information.
M. Baril: On me signale qu'avant ça, si on regarde la
formulation de l'autre article, on dit: Avant d'appliquer le présent
article, la Régie doit donner, dans un journal agricole, un avis de la
date à laquelle, etc., et, ici, on parle de la Gazette officielle du
Québec.
M. Prégent: C'est la décision.
M. Baril: II nous donne avis de la date et du lieu.
M. Prégent: Dans la Gazette officielle du
Québec, c'est l'avis de la décision, indiquant la
décision prise. Si on suspend un plan, on donne avis dans la Gazette
que tel plan ou tel règlement qui a déjà paru dans la
Gazette préalablement est maintenu suspendu, disons. C'est
normal
qu'on doive publier ça à la Gazette.
M. Baril: Oui, mais quand la Régie va décider qu'il
y a quelque chose qui est louche quelque part...
M. Prégent: Oui.
M. Baril: ...vous nous avez dit que vous en avisiez l'organisme
avant.
M. Prégent: Oui, c'est l'avant-dernier alinéa: La
Régie donne au préalable avis...
M. Baril: "La Régie donne préalablement avis de la
date et du lieu où elle entendra..."
M. Prégent: "...de la date et du lieu où elle
entendra les représentations des personnes
intéressées."
M. Baril: À qui donne-telle cet avis-là?
M. Prégent: Aux intéressés.
M. Baril: Ce n'est pas public, ça?
M. Prégent: Ça dépend de la nature du
problème. Si c'est un problème qui concerne l'ensemble des
producteurs, la Régie en donnerait avis dans un journal pour que tous
les producteurs soient avisés, mais, si le problème ne concerne
que des individus, il n'est pas utile de mettre ça dans les journaux. On
avisera à ce moment-là les individus.
M. Pagé: Si un producteur se sentait lésé
parce que pas informé alors qu'il était directement
concerné, il pourrait recourir aux dispositions prévues
tantôt pour l'article sur la révision.
M. Baril: Ça fait un paquet de troubles pareil.
M. Pagé: Ils n'en font pas de trouble. Ils ne courent pas
après; ils en ont assez de même.
M. Baril: Ça, je vous l'accorde. Mais pourquoi a-t-on
changé ça? Pourquoi marquait-on avant "dans un journal
agricole11?
M. Prégent: Et qu'on ne le met plus? M. Baril:
Oui.
M. Prégent: Comme j'essayais de l'expliquer, dans
certaines circonstances, ce n'est pas de mise de mettre ça dans un
journal, parce que ça pourrait ne concerner qu'une ou des personnes.
Alors, ça nous apparaît préférable de le laisser de
cette façon-là pour qu'on puisse donner des avis qui sont
à la mesure des circonstances.
M. Baril: Quand c'est d'intérêt public, il me semble
qu'on pourrait dire que ce sera publié dans un journal agricole. Je ne
sais pas, mais il me semble que ce serait plus... Ne trouvez-vous pas?
Une voix: Même dans le Journal de Montréal,
puis la Gazette, il y a une façon différente de
l'interpréter.
M. Baril: Je dis un journal agricole. Dans le le Journal de
Montréal, à part le chien qui a été
écrasé au coin de la rue Berri et je ne sais pas quoi...
M. Prégent: Je pense qu'on doit être assuré
que la Régie n'a pas du tout intérêt à ne pas aviser
les intéressés de ce qui peut les intéresser, parce qu'on
sait très bien qu'ils auraient, de toute façon, des recours
après. Ce serait bien inutile.
M. Baril: Ce que j'ai dans la tête, remarquez bien... Vous
savez, aujourd'hui, notre système est compliqué et nos
producteurs - je ne dis pas qu'ils ne s'occupent pas de leurs affaires, ce
n'est pas ça que je veux dire "pantou-te" - sont "pognés"
à travailler dans leurs entreprises et à vérifier tout ce
qui se passe. Je dis qu'ils n'ont pas le temps de vérifier tout
ça. On parlait tout à l'heure d'épaisseur des conventions
de vente et des conventions de transport qui s'en viennent Ça me fait
penser à des contrats de travail de n'importe quelle centrale syndicale:
ça prend des techniciens pour venir à bout de comprendre les
2.3.4, etc. C'est pour ça que je me dis: À partir de ce que vous
mentionniez tout à l'heure: c'est arrivé une fois, ce que vous
dites. Je ne sais pas ce qui est arrivé. Vous dites qu'il y avait eu des
cotisations qui étaient perçues pour un effet et, en soi, elles
étaient appliquées à autre chose. Si la Régie avait
mentionné que, dans un journal agricole - au moins les agriculteurs
prennent le temps de lire ça - ça avait été
indiqué telle affaire, ça leur aurait ouvert les yeux et ils
auraient dit. Hein! qu'est-ce qui s'est passé là? Comment
ça se fait? Je n'ai pas surveillé assez mon affaire. Ça
leur montrerait à s'impliquer davantage au sein de l'administration de
leurs affaires. C'est une simple remarque que je fais. Il me semble qu'on n'est
jamais assez informé.
M. Prégent: Dans des circonstances comme celles-là
- et l'exemple que vous donnez en est un - c'est bien sûr qu'on donnerait
avis dans un journal agricole et, dans ce cas particulier que vous avez
cité, avis a été donné dans un journal
agricole.
M. Baril: Mais, parce que là c'était marqué.
Ça n'a pas rapport le fait que dans la loi c'était marqué
"dans un journal agricole" et là ça ne
l'est plus.
M. Prégent: Parce que avant on était obligé
de le faire dans tous les cas.
M. Baril: Oui.
M. Prégent: Comme je le dis, il y a des circonstances
maintenant... À cause de la Charte et tout ça, il faut faire
attention maintenant lorsqu'on donne avis, si ça ne concerne que des
individus, à ne pas faire état de ça dans un journal. On
ajoute maintenant, comme vous voyez, les chambres et les problèmes qui
peuvent survenir à l'intérieur des chambres; il n'y a
peut-être pas avantage non plus qu'avis en soit donné dans un
journal agricole. Ça peut ne concerner que les membres de la
chambre.
M. Baril: Est-ce qu'on crée un... M. Prégent:
Ça peut arriver.
M. Baril: Est-ce qu'on va créer un organisme pour
créer des problèmes?
M. Pagé: Non, mais avec l'application de la Charte des
droits, il faut faire très attention. Supposons qu'on donnerait un avis
avec une identification de certaines personnes dans le cas de certains litiges,
ça pourrait faire l'objet d'une poursuite.
M. Baril: En tout cas, moi...
M. Pagé: II faut se fier à la bonne foi de la
Régie. La Régie n'est pas là pour agir de mauvaise
foi.
M. Baril: Non, je n'ai aucun doute sur la... C'est un tribunal.
C'est un organisme qui a quasiment... Comment dit-on ça donc?
M. Pagé: Ils ont intérêt à ce que
toutes les parties soient entendues pour aller le moins possible en
révision.
M. Baril: Mais il me semblait que, si on avait écrit tout
de suite et dit: Lorsque c'est d'intérêt public, telle affaire
sera publiée dans un journal agricole, ça aurait
été plus clair, ça aurait rassuré ou je ne sais pas
quoi. En tout cas...
M. Prégent: Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir beaucoup
de débats sur ce qu'est l'intérêt public? Quand y a-t-il
intérêt public? Est-ce que c'est en cause?
M. Baril: De nature publique, monsieur. Bon, c'est beau.
M. Prégent: II y a des fois où ça l'est,
mais il y a des fois où c'est moins clair.
M. Baril: Vous êtes là pour juger. M.
Prégent: Les cas extrêmes... M. Baril: Vous êtes
là...
M. Prégent: ...ça va très bien pour juger si
c'est une question d'intérêt public ou non, mais il y a des fois
où il y a des zones grises.
M. Baril: Vous allez être obligés de juger pareil.
Vous avez dit tout à l'heure que, si c'est d'intérêt
public, de toute façon, on va décider si on publie ou si on ne
publie pas.
M. Prégent: Oui, mais ça ne donnerait pas lieu
à des procédures judiciaires juste pour le plaisir de prendre des
procédures judiciaires, par exemple, parce qu'on n'aurait pas fait...
Une personne qui n'est pas satisfaite pourrait dire: Écoutez, c'est une
question d'intérêt public même si ça ne concernait
d'ailleurs que quelques individus. Elle pourrait soutenir que...
L'intérêt public et l'intérêt du grand nombre, ce
n'est pas pareil.
M. Baril: Si l'inverse arrivait, une personne n'ayant pas pris
connaissance de ce que la Régie s'apprête à faire peut bien
invoquer la Charte et dire: Je n'ai pas été informée de
ça aussi. Donc, l'inverse est...
M. Prégent: C'est pour ça qu'on va être
prudent.
M. Baril: Ha, ha, ha! Bon, en tout cas, mon...
La Présidente (Mme Bégin): L'article 28 est
étudié. Est-ce qu'on pourrait vous suggérer de prendre une
pause?
M. Pagé: Oui, madame.
La Présidente (Mme Bégin): On va prendre une pause
de quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 3)
(Reprise à 22 h 16)
La Présidente (Mme Bégin): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation reprend ses travaux,
poursuit ses travaux. On avait seulement suspendu. Donc, nous étions
rendus, si je me souviens bien, à l'article 29. C'est exact? Nous allons
donc étudier l'article 29, M. le ministre.
M. Pagé: Alors, à l'article 29. C'est qu'on a
vu que l'office de producteurs peut prendre un règlement pour
contingenter la production du produit visé par le plan qu'il administre
et attribuer à chaque producteur une partie de cette production et le
contingent individuel aussi. Le pouvoir prévu à l'article 29 est
à l'effet que la Régie peut suspendre, réduire ou annuler
le contingent d'un producteur qui refuse ou cesse de remplir ses obligations en
vertu de la loi ou du plan qui le vise. Ça se réfère
à la partie, au paragraphe g de l'article 67 de la loi actuelle.
M. Baril: La présente disposition donne à la
Régie le pouvoir de suspendre, réduire ou annuler le contingent
d'un producteur qui refuse ou cesse de remplir ses obligations en vertu de la
loi. Ça peut être quoi, les obligations en vertu de la loi et du
plan? Juste un exemple.
M. Pagé: Payer ses contributions, se soumettre aux
règlements.
M. Prégent: Suivre son quota.
M. Baril: De toute façon, vous dites que c'est la
même chose que dans l'autre loi.
M. Pagé: Oui. On l'a déjà dans la loi
Mutatis mutandis.
M. Baril: Ça doit être ça.
M. Pagé: Comme on dit en latin.
M. Baril: C'est beau pour maintenant.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 29 est
étudié. L'article 30.
M. Pagé: une reconduction de l'article 89 et de l'article
76, avec l'ajout, cependant, d'une... "la régie peut, après avoir
donné à l'intéressé l'occasion d'être
entendu, prononcer la déchéance de tout administrateur d'un
office de producteurs ou de pêcheurs qui contrevient aux dispositions de
l'article 89 ou ne se conforme pas à une convocation ou à une
demande formulée en vertu du second alinéa de l'article 76.
'Toute décision de l'office à laquelle cette personne a
participé, après la déchéance prononcée par
la Régie, est entachée de nullité."
M. Prégent: Pour saisir la portée de cette
disposition, je pense qu'il faut voir l'article 89 du projet de loi, qui
stipule que "l'administrateur d'un office chargé d'appliquer un plan ne
peut être administrateur d'une entreprise de transformation ou de
commerce du produit visé sauf - bien entendu - si cette entreprise en
fait également la production."
En d'autres mots, pour empêcher les conflits
d'intérêts qui pourraient se produire, il est clairement,
maintenant, défendu... Un administrateur d'un office ne peut donc pas,
en même temps, siéger au conseil d'administration d'un office et,
également, être l'administrateur d'une entreprise commerciale que
l'office réglemente, finalement. Et, à l'article 30, c'est la
pénalité, si on peut dire, si un producteur était sur un
conseil d'administration et si, malgré les dispositions de l'article 89,
il se trouvait, aussi, sur un conseil d'administration dune entreprise de
transformation, la Régie peut alors intervenir et, comme on dit ici,
prononcer sa déchéance comme administrateur de l'office.
L'autre partie de cette disposition prévoit... C'est parce qu'on
prévoit à l'article 76 de la loi que, si un office ne tient pas
une assemblée générale ou s'il y a motif pour la
Régie de faire tenir une assemblée générale et que
l'office ne la tient pas, la Régie peut la convoquer. Et si l'office ne
le faisait pas ou si un président de la Fédération ou les
dirigeants de l'office ne se conforment pas à cette convocation, la
Régie peut alors intervenir.
M. Baril: Dans le dernier paragraphe, quand on dit: 'Toute
décision de l'office à laquelle cette personne" - qui peut
être déchue - "a participé, après la
déchéance prononcée par la Régie, est
entachée de nullité", ça veut dire... Admettons que la
Régie déchoit ou déchu... Comment est-ce qu'on dit
ça?
M. Pagé: Prononce la déchéance!
M. Baril: Prononce, merci donc! ...prononce la
déchéance d'un individu, ça veut-u dire s'il continuait
à siéger pareil? C'est ça?
M. Prégent: S'il continuait à agir quand
même, parce qu'on n'est pas capable d'aller le chercher physiquement.
S'il continue à agir là, en d'autres mots, il faut que ses
collègues du conseil d'administration lui fassent bien savoir qu'il ne
peut plus siéger si lui-même ne se retirait pas. Et la
pénalité, s'il continue, c'est que les décisions qui sont
prises par l'office pendant cette période-là où il
continuerait de siéger sont entachées de nullité.
M. Baril: Une personne pourrait continuer de siéger
même si un tribunal lui a dit: Tu n'as pas le droit d'être
là Tu es en conflit.
M. Pagé: Si, par une décision de la Régie,
la personne continue à siéger..
Une voix: Elle continue pareil!
M. Pagé: ...nous, envers et contre tous, quels sont les
moyens de l'en empêcher autres que ceux prévus à la
disposition de l'article 30 ici? "La Régie peut, après avoir
donné à l'intéressé l'occasion d'être
entendu, prononcer la déchéance de tout administrateur d'un
office de
producteurs ou de pêcheurs qui contrevient aux dispositions de
l'article... Toute décision de l'office à laquelle cette personne
a participé, après la déchéance prononcée
par la Régie, est entachée de nullité." Alors, la seule
façon de sanctionner, c'est de dire: Cette personne n'a pas le droit de
siéger au conseil d'administration de l'organisme. On ne peut quand
même pas mettre, nous, une police avec un fusil, un tire-pois, une corde
à balle ou je ne sais trop quoi, puis dire: Tu n'entreras pas là
et tu ne t'assoiras pas là.
On dit: C'est correct. Vous ne voulez pas nous respecter, parfait.
Toutes les décisions rendues par le conseil d'administration sont
nulles. Vous pouvez être certain qu'il ne gardera pas sa chaise
longtemps.
M. Baril: Je suis d'accord avec la sanction, mais la question que
je me posais: Comment une personne peut-elle continuer à siéger
sur un organisme quand un tribunal lui a dit: Tu n'as plus le droit
d'être là?
M. Pagé: Monsieur... M. Baril: Ça peut
arriver.
M. Pagé: ...rappelez-vous certains cas en relations du
travail relatifs aux syndicats oeuvrant dans le domaine des ascenseurs, il y a
12 ans.
M. Baril: Ils montaient, puis ils descendaient!
M. Pagé: Non, ils étaient assis sur la job. Il y
avait des décisions d'organismes à l'effet contraire.
M. Baril: C'est bien, Mme la Présidente, pour
l'article.
La Présidente (Mme Bégin): Pour l'article 30?
L'article 30 est étudié. L'article 31.
M. Pagé: La Régie peut exiger d'un office qu'il
soumette toute question relative à l'application de la présente
loi à l'attention de l'assemblée générale des
producteurs ou, selon le cas, des pêcheurs, d'un groupe ou d'une
catégorie déterminée établie selon l'article 84.
Cette disposition permet à la Régie d'apprécier, en tout
temps, l'opinion d'un groupe ou d'une catégorie de producteurs ou de
pêcheurs sur tout sujet relatif à l'application de la
présente loi. La Régie pourrait, par exemple, estimer qu'ils ne
peuvent valablement faire connaître leur point de vue à
l'intérieur des structures en place.
De droit nouveau, cette disposition s'inspire cependant de l'article 71
de la loi actuelle qui dit qu'un règlement adopté par un office
en vertu des articles 67 et 68 doit être soumis à la Régie
pour approbation et que la Régie peut apprécier, de la
façon qu'elle juge la plus appropriée, l'opinion des producteurs
sur ce règlement.
M. Baril: pourquoi insère-ton ce pouvoir nouveau à
la régie pour obliger les offices à la soumettre à
l'assemblée générale de leurs membres?
La Présidente (Mme Bégin): M. Prégent.
M. Prégent: Merci, Mme la Présidente. Si on regarde
à l'article 71 actuel...
M. Baril: Oui.
M. Prégent: ...vers la fin, vous allez voir qu'on a
l'équivalent, actuellement, puisqu'on y prévoit que, si on le
juge nécessaire, la Régie peut "obliger l'office à le
soumettre à l'assemblée générale pour
ratification." C'est qu'il faut bien penser que tous les règlements,
excepté ceux qui ont trait aux contributions, alors, tous les
règlements extrêmement importants tels le contingentement, une
agence de vente obligatoire, sont adoptés par le seul conseil
d'administration d'une fédération, d'un office de producteurs.
Cet office doit ensuite les soumettre a la Régie pour approbation. Or,
la Régie pourrait recevoir des représentations de personnes, de
producteurs, d'un groupe important de producteurs qui allégueraient
qu'ils n'ont pas été mis au courant, qu'ils n'ont pas
été consultés suffisamment ou que ça ne
représente pas vraiment la volonté de l'ensemble des producteurs.
S'il y avait des indices suffisants, peut-être, la Régie pourrait,
avant de rendre sa décision sur l'approbation du règlement
déposé, demander que l'on consulte l'ensemble des producteurs en
assemblée générale.
M. Baril: C'est la même chose que l'article 71, mais dit
autrement.
M. Prégent: D'une façon un peu différente,
oui, et plus large.
M. Baril: Ça doit être plus en français comme
ça, c'est supposé.
M. Pagé: Toutes mes lois sont dans un français
impeccable, correspondant aux plus hauts critères.
Une voix: Standards.
M. Pagé: Non, pas standards, aux plus hauts
critères.
M. Baril: Mais souvenez-vous de ce que monsieur... Je pense qu'il
s'appelait... Comment est-ce qu'il s'appelait? M. Guyard je ne sais pas comment
il s'appelait, le mardi, quand on est allés à la CPTA...
M. Pagé: CPTA.
M. Baril: ...CCPPA. Oh! Il y a un P de trop.
M. Pagé: M. Guyard.
M. Baril: M. Guyard, c'est ça. Il nous signalait qu'on
faisait plus attention à notre français qu'ils y font attention
eux-mêmes.
M. Pagé: Oui, c'est explicable parce que nous, nous sommes
entourés de 250 000 000 d'anglophones ou d'allophones,
premièrement. Deuxièmement, ça nous a obligés, au
cours des années, à développer des racines très
fortes pour la protection de notre langue, de notre culture, de nos coutumes,
de nos traditions, de nos moeurs, etc.
M. Baril: Mais, là, l'article
M. Pagé: Et, quand on va en France, on constate qu'ils
utilisent des termes soit anglais et, même dans certaines parties de la
France, des termes allemands, sur une base presque régulière.
M. Baril: Mais ce à quoi je veux en venir, c'est que
l'article 31 de la loi 15 aurait été écrit en
français de France.
M. Pagé: Non, quand même. Non, il est très
compréhensible, il est dans notre français.
M. Prégent: C'est la division des producteurs en gros.
M. Baril: Est-ce que le pouvoir de la Régie s'applique
uniquement en ce qui concerne l'article 84?
M. Prégent: Non, non. Il est prévu que la
Régie peut exiger que ce soit soumis à l'attention soit de
l'assemblée générale des producteurs ou des
pêcheurs...
M. Baril: Oui.
M. Prégent: ...ou soit encore d'un groupe si ça ne
concernait qu'un seul groupe parmi l'ensemble des producteurs, ou d'une
catégorie qui est déterminée à l'article 84 du
projet de loi, qui sont également des regroupements de producteurs.
C'est que, si une question ne concerne qu'un groupe de producteurs, on ne
soumettrait pas la question à l'ensemble des producteurs. On la
soumettrait au groupe de producteurs qui est visé par la question,
justement. Les producteurs naisseurs, par exemple, dans le plan du porc, si
c'est une question qui ne concerne que les producteurs naisseurs, ça ne
sert à rien de soumettre la question à l'ensemble des produc-
teurs de porc. on la soumettrait seulement aux producteurs naisseurs. (22 h
30)
M. Baril: O.K. C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 31 est
étudié. L'article 32.
M. Pagé: Alors, "la Régie peut, en tout temps,
soumettre au référendum des producteurs ou des pêcheurs
visés par un plan, tenu conformément à l'article 54, toute
question concernant ce plan ou son application." Et ça reprend,
essentiellement, l'article 88 de la loi actuelle.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 32 est
étudié. L'article 33.
M. Pagé: L'article 33, c'est une disposition qui reprend
l'essentiel de l'article 70 de la loi actuelle, qui permet à l'office
d'adopter une réglementation au bénéfice des producteurs
ou des pêcheurs, tout en tenant compte des exigences et des besoins de
leurs partenaires commerciaux. Alors, on dit ici: "La Régie peut
demander à un office de négocier toute matière pouvant
faire l'objet d'une règlement visé aux articles 92, 93, 97, 98 et
100 avec l'association accréditée ou, à défaut
d'accréditation, avec toute personne intéressée à
la mise en marché du produit qu'elle désigne. La Régie
peut déterminer que la procédure de conciliation ou d'arbitrage
prévue s'applique à défaut d'entente. Le présent
article s'applique même à une matière faisant l'objet d'un
règlement déjà en vigueur."
Des exemples. Le plus bel exemple, c'est dans le domaine de fruits et
légumes, le domaine des légumes, l'horticulture, où on a
une association de producteurs, une fédération, qui sont
habilités à négocier des prix, chacun de leur
côté.
M. Baril: Quand on dit: "négocier toute matière
pouvant faire l'objet..", elle négocie ça avec qui, avec les
acheteurs?
M. Pagé: Les acheteurs du Marché central, qui
négocient des critères de conformité des produits, par
exemple, que les salades soient dans des caissons de tant de livres. Une agence
de vente.
M. Baril: Mais pourquoi on est obligés de donner un
pouvoir à la Régie de dire à un office: Tu vas
négocier? Est-ce que ça arrive que des offices ne
négocient pas? Ils sont là, eux autres, pour représenter
les producteurs et avoir les meilleurs prix.
M. Prégent: II peut arriver qu'un office veuille choisir
de procéder par règlement plutôt
que par voie de négociation. Par exemple, pour établir une
agence centrale de vente obligatoire, il procéderait par voie de
règlement. Il peut apparaître opportun, pour que le système
fonctionne, que l'office en discute d'abord avec les acheteurs qui vont subir
des conséquences suite à la mise en place d'une telle
réglementation. Si l'office refusait de discuter avec l'autre partie, la
Régie pourrait lui demander et lui ordonner, au fond, de le faire.
M. Baril: Ce qui veut dire, si je comprends bien, avant qu'un
office se crée une agence de vente, la Régie peut dire: Avant de
vous donner une agence de vente, vous allez négocier avec ceux qui
vendent déjà.
M. Prégent: on pourrait. ça ne se fait pas dans
tous les cas, loin de là. parce que, dans la plupart des cas, les
offices sont assez prudents pour aller discuter avec les acheteurs. mais il
pourait arriver qu'ils ne le fassent pas.
M. Baril: On ne crée par une agence de vente pour le
plaisir d'en créer.
M. Prégent: Malheureusement, dans le passé, il y a
eu certaines expériences malheureuses. Je pense qu'on a appris, depuis
ce temps-là, d'ailleurs.
M. Baril: O. K.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 33 est
étudié. L'article 34.
M. Pagé: L'article 34, c'est à peu près les
dispositions de l'article 84 de la loi actuelle, qui donne à la
Régie le pouvoir de prendre des règlements pour obliger des
personnes engagées dans la mise en marché d'un produit
visé par un plan à s'enregistrer à un endroit selon les
modalités déterminées. C'est une question technique pour
la mise en oeuvre des plans.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 34 est
étudié. L'article 35.
M. Pagé: L'article 35, c'est une disposition de droit
nouveau, qui permet à l'office de négocier avec les personnes
mettant en marché la majorité du produit et de demander à
la Régie d'étendre aux autres les effets de la convention ainsi
intervenue. Dans certains secteurs ou certaines productions agricoles, un grand
nombre de personnes exercent la même activité de mise en
marché de produits visés par un plan et aucun organisme n'a
demandé d'être accrédité pour les représenter
comme le prévoit la loi. L'office qui administre le plan devrait donc
négocier individuellement avec chacune de ces personnes une convention
prévoyant les conditions générales annuelles de mise en
marché du produit. Dans quels cas, M. Prégent?
M. Prégent: Le bovin est un bon exemple, je pense. Il y a
250 acheteurs et il n'y a pas d'association accréditée pour
représenter l'ensemble de ces personnes, ce qui voudrait dire que
techniquement la Fédération devrait négocier chaque
année 250 conventions. Ça peut toujours se faire, j'imagine, mais
c'est encore plus difficile si un certain nombre d'acheteurs se refusent
à discuter. Il y a des procédures qui peuvent être suivies,
bien sûr, dans ces cas-là, mais qui deviennent beaucoup plus
longues. Ce qui est proposé, ici, c'est qu'une fois que la
majorité des acheteurs ou des acheteurs représentant la
majorité du volume auraient signé une convention avec un office
de producteurs, ce groupement-là, l'office pourrait alors demander
à la Régie d'étendre ça aux autres pour ne pas
obliger l'office à aller négocier avec 200 autres personnes qui
représentent peut-être 10 % du volume. Alors, on dit, à ce
moment-là: Voici, la Régie pourrait l'étendre par une
décision vu que la grande majorité l'a déjà
accepté.
M. Baril: Admettons... Vous dites, là, qu'il y a 250
acheteurs - pour prendre votre exemple - dans le boeuf. L'office réussit
à négocier, avec 100, 125 ou je vais mettre 126, un prix pour la
vente du produit, du boeuf. Ce qui veut dire que la Régie pourrait dire:
Le prix qui a été négocié avec ces 126
acheteurs-là, les 124 autres vont payer ce prix-là. C'est-u
ça?
M. Prégent: Pour autant que ces 126-là
représentent bien la majorité du produit...
M. Pagé: 50 %.
M. Prégent:... et après qu'on aura donné aux
126 autres l'occasion de se faire entendre. Il est dit qu'on doit les entendre.
On doit leur donner l'occasion de se faire entendre.
M. Pagé: L'opportunité de. S'ils viennent... M.
Prégent: S'ils viennent, bien...
M. Pagé:.. ils font des représentations et la
Régie décide. S'ils ne viennent pas, bien, ils ont
été avisés et ça s'applique.
M. Baril: Où voyez-vous ça quand vous dites la
majorité, quand la majorité se sera prononcée?
M. Prégent: Vers la fin du texte, "mettant en
marché la plus grande partie du produit".
M. Pagé: Donc, la plus grande, ce n'est pas la plus
petite.
M. Prégent: C'est la plus grande.
M. Pagé: La plus grande, c'est plus que la
moitié.
M. Prégent: C'est plus que la moitié.
M. Baril: Ça ne pourrait pas être, je dirais... Je
vais toujours prendre l'exemple: sur 250 producteurs...
M. Pagé: Acheteurs.
M. Baril: Des acheteurs, excusez. Sur 250 acheteurs, il peut y en
avoir 50 qui achètent 80 % du marché.
M. Pagé: C'est ça.
M. Prégent: C'est exactement ça.
M. Baril: donc, s'ils ont négocié avec ces
50-là, les 200 autres seront obligés de se fier aux... parce
qu'ils deviendront la majorité des acheteurs, ils sont 50.
M. Pagé: C'est-à-dire...
M. Baril: Est-ce que c'est la majorité des acheteurs ou la
majorité du produit?
M. Prégent: C'est la majorité du produit si on peut
s'exprimer ainsi.
M. Baril: Oui?
M. Prégent: Oui. L'exemple que vous donniez était
justement de cette façon-là. C'est que, s'il y a 50 acheteurs qui
transigent 70 % du volume, une fois que ces 50-là auront accepté,
l'office pourrait demander que la convention soit étendue aux 200
autres, s'il y a lieu, mais ces gens-là, bien sûr, auront
l'occasion de se faire entendre. Il s'agit d'accélérer le
processus d'extension de la convention parce qu'il faut penser que ça
peut être annuel et que c'est, en fait, annuel ces conventions.
M. Baril: Quand on parle de la plus grande partie du produit,
est-ce que c'est en volume, en têtes, en poids? C'est comment?
M. Prégent: Ça dépend du produit, mais c'est
ce qui représente la plus grande partie du produit. Si c'était
des oeufs, ça va être ceux qui auront le plus d'oeufs.
M. Baril: Ceux qui en casseront le moins. M. Prégent:
Le plus de douzaines. M. Pagé: Oui.
M. Prégent: Sinon, c'est au poids, j'imagine.
M. Baril: C'est la Régie qui doit décider
ça, quand on dit: C'est la plus grande majorité?
M. Prégent: Bien sûr, parce qu'elle ne peut pas agir
à moins qu'elle ne constate que ceux qui ont signé
représentent la majorité.
M. Baril: Ça, c'est nouveau. Avant ça, comment
ça marchait? Qu'est-ce que c'était? Il n'y en avait pas?
M. Prégent: ii n'y avait pas de disposition semblable et,
dans le cas du bovin, ils sont pris avec une série de personnes qui
n'ont pas de convention parce qu'ils n'ont pas le temps de faire le tour...
M. Pagé: Ils n'ont pas le capital pour le faire.
M. Prégent: ...et les plus petits acheteurs, dans la
plupart des cas, si on veut prendre cet exemple-là en particulier, ne
sont pas intéressés suffisamment pour se déranger pour
aller rencontrer la Fédération pour signer une convention, bien
souvent.
M. Baril: Quand vous parlez du domaine du boeuf, l'exemple que
vous prenez, et quand vous parlez d'acheteurs, est-ce que ce sont les
abattoirs, le marché public ou les encans d'animaux vivants?
M. Prégent: Les abattoirs, mais il y a des abattoirs,
comme on le sait, qui sont très importants, mais il y en a qui sont
très petits. Il y en a qui achètent, par exemple, une
demi-carcasse par semaine. Vous comprenez bien qu'ils ne sont pas très
intéressés à courir et ça n'a pas de bon sens non
plus de faire courir ces gens-là à travers la province pour venir
signer une convention.
M. Baril: Bon, O.K.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 35 est
étudié. L'article 36.
M. Pagé: Ça reprend les dispositions de l'article
83 de la loi actuelle, qui donne à la Régie le pouvoir d'exclure
un produit ou une variété d'un produit ou d'exempter une personne
ou une catégorie de personnes de l'application d'un plan conjoint
Évidemment, ça doit être publié dans la Gazette
officielle du Québec, avec toutes les règles que ça
implique et que ça comporte.
M. Baril: "Exempter de l'application totale ou partielle l'acte
constitutif d'une chambre "
M. Pagé: Exact. Exemple...
M. Prégent: C'est nouveau, cette partie-là parce
que c'est les chambres qui sont introduites.
M. Pagé: Oui. Le plus bel exemple... Je vais vous donner
un exemple concret: On sait que, dans le domaine des oeufs, c'est 40 000
poules, le quota maximal à l'heure actuelle. J'ai 40 000 poules: j'ai
mon quota. Mon père décède, puis il m'en laisse 40 000.
Pendant une certaine période, je vais en avoir 80 000. Il peut
être exempté jusqu'à ce qu'il ait transféré
une partie de ses quotas au bénéfice de son frère, ou de
sa femme, ou de je ne sais trop qui, ou d'une autre entreprise. C'était
dans la loi précédente, de toute façon.
M. Baril: O.K.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 36 est
étudié. Article 37.
M. Pagé: On se rappellera qu'en commission parlementaire
on avait prévu initialement dans le projet de loi, avant qu'il soit
modifié par la réimpression, un encadrement particulier de
façon à restreindre et, somme toute, à empêcher un
administrateur d'un office ou d'un plan conjoint d'agir en même temps
comme administrateur d'une agence, d'une compagnie de commercialisation, de
vente ou de mise en marché du même produit. On n'a pas de
multiples cas. On en a, à ma connaissance, deux. On a des exemples de
ça dans les domaines du bleuet, de la pomme de terre et de la pomme.
On part du principe que les producteurs sont membres de leur office, ils
paient des contributions à l'office. Cependant, parallèlement
à tout ça, il est possible qu'un nombre limité de
producteurs de cet office deviennent actionnaires d'une entreprise
procédant à la transformation, au conditionnement ou à la
mise en marché du produit. Il nous est apparu qu'il y avait un danger
très évident, assez grand de conflit d'intérêts.
Exemple concret: le président d'une fédération, qui est
aussi le président ou le vice-président, peu importe,
l'administrateur d'une compagnie qui, elle, met en marché le produit
régi par l'office. (22 h 45)
Alors, dans le texte original, on prévoyait - et on le
prévoit, d'ailleurs, à l'article 60 - une prohibition pour
l'office de faire du commerce, comme tel. Le mandat d'un office est de
défendre les intérêts des producteurs. C'est de
négocier des prix pour les producteurs. C'est de négocier les
conditions de mise en marché pour les producteurs. Ce n'est pas de
négocier, puis, en même temps qu'il négocie et qu'il
remplit ce mandat, de faire des affaires.
À l'article 89, on établit une prohibition pour
l'administrateur d'un office d'être aussi administrateur d'une entreprise
dans le même secteur, ce qui est normal, je pense. On ne veut pas que les
gens jouent avec le feu pour rien.
À l'article 128, on établit une prohibition d'utiliser les
contributions obligatoires pour une entreprise commerciale, c'est-à-dire
que les contributions dans ton office s'en aillent... L'UPA et certaines
fédérations spécialisées dans la pomme, la pomme de
terre, le grain, le bois, le lait se sont vivement opposées à ces
dispositions, parce qu'elles ont soulevé que c'était important de
tenter des expériences-pilotes. Elles se sont
référées aux moyens de mesurer l'efficience réelle
des entreprises dans leur mémoire. Elles se sont
référées à la nécessité de pallier
parfois aux insuffisances du marché. Elles ont indiqué que ces
dispositions pourraient mettre fin aux agences de vente volontaires actuelles
qui ne sont pas obligatoires, parce qu'il y en a. La plupart des autres
intervenants, soit les industriels, les transformateurs, les
coopératives et aussi l'UPA de Sherbrooke, évidemment, sont
d'accord avec ces prohibitions qui visent à éliminer ces
situations de potentiels conflits d'intérêts dangereux.
Alors, ce qu'on a fait, on a retenu le principe de maintenir ces
prohibitions pour éviter une situation de conflit
d'intérêts. D'ailleurs, l'UPA était d'accord pour
astreindre ces activités des offices à certaines contraintes. Par
contre, on convient, après analyse, qu'il pourrait se produire des
événements ou se présenter des circonstances où il
n'y aurait pas d'inconvénient à ce qu'un office puisse
déroger à la règle générale. Exemple: un
office de producteurs de bois pourrait contribuer à la mise en place
d'une usine de carton dans une région donnée. Ce ne serait pas
nécessairement des conflits d'intérêts.
Alors, ce qu'on prévoit ici: le projet de loi est modifié,
donc, pour permettre à la Régie d'exempter un office de ces
prohibitions si elle le juge nécessaire pour la mise en marché
ordonnée et efficace du produit, premièrement;
deuxièmement, dans l'intérêt général des
producteurs et, troisièmement, sans que ça cause de
préjudices sérieux aux autres intervenants. C'est le
libellé de l'article 37. Je prévois que cette
disposition-là est de nature à faire primer - comment dirai-je
- la logique et le gros bon sens au-dessus de deux principes qui semblaient
s'opposer dans un premier temps. Je pense que les gens vont être heureux
avec ça.
M. Baril: Quand vous dites "sans causer de préjudice
sérieux aux intervenants", les intervenants, c'est...
M. Pagé: Les acheteurs.
M. Baril: Est-ce que la même situation peut se produire
quand un office de producteurs d'une nouvelle production ou d'une petite
production qui n'a pas de marché, où le marché est
rare...
Souvent, tu n'as pas d'entreprise privée ou autres qui mettent en
marché ce produit-là - est-ce que, dans un cas semblable, la
Régie pourrait l'autoriser et dire: Bien, oui...
M. Pagé: Elle le pourrait, pour un motif
d'intérêt public, entre autres.
M. Baril:... pour être en mesure de vendre votre produit,
parce que c'est un produit qui...
M. Pagé: Exemple concret, prenons le lapin. Supposons que,
demain matin... Parce qu'on sait qu'on produit quand même beaucoup de
lapin, on produit 40 % du lapin au Canada, ici, au Québec maintenant.
Disons que, demain matin, on se retrouve dans une situation où il n'y a
plus aucun abattoir de lapin et que la Fédération ou l'office de
producteurs décidait d'investir dans un abattoir. A ce moment-là,
il faudrait une autorisation de la Régie et, pour un motif
d'intérêt public comme celui-là, sans présumer des
décisions de la Régie, je pense que la Régie analyserait
très sérieusement le dossier dans une perspective de
régler le problème.
En fait, je conviens que le texte initial était peut-être
exorbitant dans le sens qu'il établissait une règle stricte,
ferme et définitive. On a écouté les parties, puis on
s'est servi de notre bon jugement, puis de notre appréciation, puis on a
dit: On peut régler des problèmes. Et c'est ce qu'on propose.
Puis je pense que les gens vont être contents. L'UPA est pleinement
d'accord.
M. Baril: Bon! O. K.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 37 est
étudié. L'article 37 est-il étudié. M. le
député d'Arthabaska?
M. Baril: Oui, oui.
La Présidente (Mme Bégin): Oui, il est
étudié. L'article 38.
M. Pagé: L'article 37 est étudié. M.
Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Oui. L'article 38.
M. Pagé: À l'article 38, ça reprend une
partie des dispositions de l'article 82. Le deuxième alinéa
introduit de nouvelles règles de publication d'avis d'audience et le
troisième alinéa, des modalités d'intervention d'urgence.
On dit donc: "La Régie donne préalablement avis, dans un journal
agricole de circulation générale, de la date et du lieu où
elle entendra les représentations des personnes visées par ce
plan ou ce règlement". Et, à l'alinéa 3, on dit. "En cas
d'urgence, la Régie peut désigner la personne ou l'organisme
mentionnés au premier alinéa par une décision rendue
publique de la façon qu'elle juge appropriée. Elle tient
dès que possible l'audience prévue afin de confirmer ou de
modifier cette nomination. " Ça réfère, évidemment,
au cas où, si la Régie décide que c'est nécessaire
pour assurer l'application efficace d'un plan ou d'un règlement, elle
doit confier l'application de ce plan ou de ce règlement à une
personne ou à un organisme qu'elle désigne et qu'elle peut
remplacer. C'est une disposition supplétive dans ce cas-ci. C'est le
vrai terme.
M. Baril: La différence entre l'article 38 et l'article 82
de l'ancienne loi ou de la loi actuelle, c'est...
M. Pagé: Ça concerne les avis dans les journaux,
plus la procédure d'urgence.
M. Prégent: C'est une mesure d'urgence, plus d'avis.
M. Baril: Plus d'avis.
M. Prégent: On donne des avis. Les avis sont mieux
indiqués et on prévoit une intervention en cas d'urgence, ce
qu'il faut faire pendant peut-être une semaine avant que tous les avis
soient donnés. Ça permet d'intervenir rapidement.
M. Pagé: II peut arriver que, dans le cas de certains
produits, on doive intervenir comme ça sans laisser...
M. Baril: C'est beau, Mme la Présidente. C'est
étudié.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 38 est
étudié. L'article 39.
M. Pagé: L'article 39, ça reproduit essentiellement
l'article 8? C'est une disposition qui permet à la Régie de
s'assurer de la bonne garde des documents ayant trait à l'application
d'un plan ou d'un règlement et que la personne qui est
désignée, comme organisme, pour administrer le plan doit disposer
des informations nécessaires pour remplir adéquatement son
mandat. Donc, on peut prendre possession des actifs, des livres, des
procès-verbaux, des documents, etc., avant de les remettre à la
garde de la personne ou de l'organisme chargé de leur application en
vertu de l'article 38 une fois qu'il est choisi.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 39 est
étudié.
M. Baril: L'article 39 est étudié.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 40.
M. Pagé: L'article 40 reprend presque au complet les
dispositions de l'article 85. On dit ce que la Régie peut faire par
règlement. Elle peut "déterminer des activités de
production et de mise en marché d'un produit agricole pour lesquelles
elle requiert un permis; déterminer la durée, les conditions et
modalités de délivrance et de renouvellement de ces permis;
établir les catégories de permis en fonction des activités
de production et de mise en marché qu'elle détermine", les
classes, les variétés; "déterminer les droits et les frais
payables pour la délivrance et le renouvellement des permis". C'est une
disposition habilitante générale qu'on retrouvait dans la loi
précédente.
M. Baril: La loi disait: "La Régie peut, en outre, par
ordonnance..." Et là, on dit: "La Régie peut, par
règlement. C'est quoi la différence entre une ordonnance et un
règlement?
M. Pagé: On a enlevé les ordonnances dans la
loi.
M. Prégent: On s'est posé la question et on a
enlevé l'ordonnance.
M. Baril: Vous dites que vous vous êtes posé la
question et que vous avez enlevé "ordonnance".
M. Prégent: Oui. C'est parce que, dans la loi actuelle, si
vous voulez, on voit que la Régie peut parfois agir par règlement
et d'autres fois par ordonnance.
M. Baril: Oui.
M. Prégent: Alors, on a fait le ménage dans
ça et on agit toujours par règlement.
M. Baril: Juste par règlement.
M. Pagé: Le ménage, c'est le Verbatim.
M. Baril: C'est bien beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 40 est
étudié.
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 41.
M. Pagé: Ça comprend l'article 86 du chapitre M-35,
reproduction in extenso, qui réfère aux procédures d'avis.
Elle peut "suspendre, révoquer ou refuser de renouveler le permis de
tout détenteur" s'il ne respecte pas les conditions de
délivrance, s'il a été déclaré coupable
d'une infraction.
M. Baril: Ça, c'est le détenteur d'un permis...
M. Prégent: ...qu'on vient de voir.
M. Pagé: Oui.
M. Baril: Comment?
M. Prégent: C'est le permis qu'on vient de voir à
l'article précédent.
M. Pagé: À l'article précédent.
M. Baril: Ah! L'article précédent. O.K. C'est
bien.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 41,
étudié. L'article 42.
M. Pagé: L'article 42, c'est une disposition de droit
nouveau qui propose une règle uniforme pour l'entrée en vigueur
des ordonnances de la Régie. Dans certains cas, la...
M. Prégent: On est tellement habitué au mot
"ordonnance", j'imagine, que le mot est resté là, mais c'est des
règlements.
Une voix: Non, non, c'est "règlement".
M. Prégent: Qui?
M. Pagé: Ordonnances...
M. Prégent: C'est des règlements. C'est un
règlement.
M. Pagé: Ils ont fait le ménage du Verbatim dans le
texte, mais pas dans leur esprit.
M. Baril: Ah, ah!
M. Prégent: De vieilles habitudes, M. le ministre.
M. Pagé: De vieilles habitudes de jeunes légistes.
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Je ne voudrais pas être insultant envers M.
le président.
M. Baril: Mais la loi est correcte.
M. Prégent: Oui, oui, c'est juste dans l'explication.
M. Pagé: alors, "un règlement de la régie
entre en vigueur à la date de sa publication à la
gazette officielle du québec ou à toute date
ultérieure que la régie détermine." il n'y a rien
de bien bien contentieux dans ça.
M. Baril: Pourquoi vous dites que c'est du droit nouveau? Avant
ça, il n'y avait pas besoin de publier ça dans la Gazette
officielle du Québec? C'est quoi?
M. Pagé: Non, avant ça, ça n'était
pas une règle uniforme.
M. Prégent: Ce n'était pas uniforme. Des fois oui,
des fois non.
M. Baril: Ah bon! O. K. C'est beau. L'article 43. L'article 42
est étudié, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 42 est
étudié. Nous allons passer à l'article 43.
M. Pagé: L'article 43. Ces dispositions donnent à
la Régie le pouvoir d'intervenir à tous les niveaux d'un plan ou
d'un règlement pour ordonner à un office, à un producteur
ou à un organisme engagé dans la production d'un produit
visé par un plan de poser ou de s'abstenir de poser un acte
déterminé pour éviter d'entraver l'application du plan,
d'un règlement, d'une convention ou d'une sentence arbitrale. Or,
à ce moment-là, "toute décision prise par la Régie
en application du premier alinéa peut être homologuée par
la Cour supérieure sur requête de la Régie ou d'une
personne intéressée et devient, après homologation,
exécutoire comme un jugement" de la Cour supérieure.
Exemple concret: la Régie pourrait ordonner à une
entreprise de transformation de produits laitiers de respecter l'entente
intervenue entre les parties. Un exemple: l'entreprise doit livrer, par
exemple, du lait. Prenons une entreprise coopérative. L'entreprise
coopérative doit livrer du lait à une entreprise privée.
Elle le fait massivement, mais elle le fait le vendredi soir pour des motifs
qui sont les siens, mais qui ne vont pas dans le sens du respect de l'entente
intervenue où les "cédules" de livraison sont établies,
exemple, selon les saisons, etc. La Régie pourrait, plutôt que de
convoquer les parties et d'attendre qu'il y en ait un qui se plaigne,
intervenir de façon à faire rendre une décision par la
Cour supérieure et, une fois que la décision est rendue,
homologuée, bien...
M. Baril: Si elle ne se soumet pas à la décision,
c'est quoi les pénalités?
M. Pagé: c'est un mépris de cour. les
administrateurs pourraient se ramasser en arrière des barreaux et
être obligés de se faire livrer des oranges le dimanche.
M. Baril: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Non, sérieusement...
M. Baril: Mais la raison pourquoi je vous demande ça,
c'est parce que, tout à l'heure, j'ai été surpris. Disons
que, si la Régie dit à un administrateur. Tu n'as pas le droit de
siéger sur cet office-là, vous m'avez dit: II n'y a rien
là. Il peut continuer. Mais il n'y a rien là, en tout cas...
M. Pagé: II y a de quoi là.
M. Baril:... il peut continuer à siéger...
M. Pagé:... mais on n'a..
M. Baril:.. pareil et la Régie n'a pas de moyens
légaux pour le tasser de là.
M. Pagé: Mais la Régie, ce n'est pas une cour.
C'est un organisme...
M. Baril: Non, je comprends.
M. Pagé:... quasi judiciaire.
M. Baril: Oui, mais dans ce cas-ci?
M. Pagé: Dans ce cas-ci, c'est que la décision est
homologuée par la Cour supérieure.
M. Baril: Ah! O. K.
M. Pagé: C'est là que ça devient un jugement
de la Cour supérieure; donc, ça pourrait être un
mépris de cour.
M. Baril: Ah! O. K. C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 43 est
étudié. Nous allons maintenant passer au titre Mise en
marché des produits agricoles, et passer à l'article 44.
Mise en marché des produits agricoles
Dispositions générales
M. Pagé: Alors, c'est la définition de l'article 44
où on réfère aux dispositions générales de
la mise en marché des produits agricoles. On dit: "Le présent
titre s'applique à la production et à la mise en marché
des produits agricoles et alimentaires. "On entend par "produit agricole" tout
produit de l'agriculture, de l'horticulture, de l'aviculture, de
l'élevage ou de la forêt, à l'état brut ou
transformé partiellement ou entièrement par le producteur ou pour
lui, les breuvages ou autres produits alimentaires en provenant; le produit de
l'aquiculture est assimilé à un produit agricole. "
Alors, cette définition s'inspire du paragraphe h de l'article 1
du chapitre M-35; c'est ce à quoi on se référait
tantôt. Lorsqu'on a étudié
l'article 1, j'ai indiqué que plusieurs définitions, qui
n'apparaissaient plus dans l'article 1, apparaissent maintenant dans d'autres
articles et c'en est un exemple à l'article 44. (23 heures)
M. Baril: Les pêches, ce n'est pas nécessaire
qu'elles soient là.
M. Pagé: Ce n'est pas de l'alimentaire. M. Baril:
Voyons.
Une voix: C'est la deuxième coquille, je m'excuse.
M. Pagé: Ah! une deuxième coquille, mais dans la
loi, il est correct.
M. Baril: Bon, ah! Voyons.
M. Pagé: C'est ça, on réfère à
l'aquiculture. "Le produit de l'aquiculture est assimilé à un
produit agricole."
M. Baril: Ah! O.K.
M. Pagé: L'aviculture est en haut. Parce qu'on dit
"aquiculture", hein? Souvent, on est porté à dire...
Moi-même, je disais, au début, "aquaculture". Puis, c'est
"aquiculture". L'aquiculture: les huîtres, les moules, le saumon, les
pétoncles.
M. Baril: La pêche? Ce n'est pas nécessaire de
mettre ça, la pêche. Ça va aller dans son chapitre
particulier, à elle.
M. Pagé: L'aquiculture, c'est une méthode
d'élevage régie dans un cadre..
Une voix: ...aquatique.
M. Baril: Je sais que ce n'est pas la même...
M. Pagé: Non. ...régie dans un cadre de gestion
humaine, alors que les autres produits marins...
M. Baril: Le secteur de la pêche aura ses propres
dispositions pour les pians conjoints, c'est ça?
Une voix: Oui, 179. M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 44 est
étudié. L'article 45.
Plans conjoints M. Pagé: Ça reprend les
dispositions qui étaient prévues à l'article 16 du
chapitre précédent, qui étaient les critères de
base que doivent rencontrer les requérants d'un projet de plan conjoint
de mise en marché, minimum de 10 producteurs intéressés
pour constituer un office de producteurs.
M. Baril: Ça veut dire que 10 producteurs peuvent demander
la formation d'un plan conjoint. C'est ça?
M. Pagé: Oui.
M. Baril: Ça veut dire juste ça, cet
article-là?
M. Pagé: Oui.
M. Baril: C'est beau.
M. Pagé: Trouvez-vous que c'est assez?
La Présidente (Mme Bégin): L'article 45 est
étudié. Nous allons passer à l'article 46.
M. Pagé: Que c'est trop peu?
M. Baril: Aucune objection. Article 46.
M. Pagé: On reprend les dispositions de l'article 18
où "une association de producteurs peut également transmettre
à la Régie un projet de plan conjoint pour la mise en
marché d'un produit agricole." C'est possible qu'un certain nombre de
producteurs se soient déjà regroupés en association,
pendant un certain temps, pour les activités de mise en marché.
Et le syndicat ou la fédération décide de présenter
le plan conjoint.
M. Baril: L'article 45, ça, c'est l'autre article avant,
ce sont des producteurs qui ne sont regroupés nulle part, tandis que
l'article 46...
M. Pagé: Individuels, c'est ça.
M. Baril: ...c'est une association déjà existante.
C'est ça?
M. Pagé: Oui. Mais ce n'est pas reconnu comme association
représentative comme telle. Ça peut être un syndicat bona
fide.
M. Baril: II n'y a pas grand différence?
M. Pagé: Bien, exemple, vous pourriez avoir,
éventuellement, je ne sais pas, moi, le syndicat des producteurs...
Une voix: D'endives?
M. Pagé: ...d'endives, on n'en a pas 10.
Une voix: De lapin.
M. Pagé: De lapin. Ils ont une association et pourraient
demander l'application d'un plan conjoint.
Une voix: Le Syndicat des producteurs de tomate en serre.
M. Baril: Oui, mais si... En tout cas, c'est une
"technicalité". C'est parce que les membres de cette
association-là, ils pourraient très bien utiliser l'article 45 et
dire: On se regroupe en 10, puis on le forme pareil.
M. Pagé: ils pourraient, sauf que, s'ils sont 60, ils
vont... en fait, ils devraient y aller à titre individuel et non pas
à titre d'association ou d'organisme.
M. Baril: Ah! c'est pour faire du style. C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 46 est
étudié?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 46 est
étudié. L'article 47.
M. Pagé: L'article 47, c'est du droit nouveau. Ça
prévoit les différentes dispositions applicables pour le contenu
de la requête à être déposée devant la
Régie. Ça doit indiquer "les nom, adresse et occupation des
requérants; l'objectif qu'ils poursuivent" et les moyens qu'ils
entendent prendre pour le réaliser; "les nom, adresse et occupation des
administrateurs de l'office qui sera chargé d'appliquer le plan." Et, le
cas échéant, les motifs pour lesquels le plan proposé ne
devrait pas être soumis au référendum prévu à
l'article 53."
M. Baril: II devait y avoir ça avant dans la loi?
M. Pagé: Allez-y donc.
M. Régnier: C'est que les dispositions de M-35 ne sont pas
tout à fait claires entre la requête qui doit accompagner le
projet de plan et le projet de plan lui-même. Alors, dans un but de
clarification, il y a des choses qui doivent être dans la requête
qui accompagne le projet et d'autres choses qui doivent être, à
48, dans le projet lui-même. La désignation des requérants
et les choses qui vont avec, ça pourrait être dans le projet de
plan. Ça a été inclus dans la requête qui accompagne
le projet. En fait, comme tel, c'est une disposition de droit nouveau Ça
s'inspire de certaines dispositions qui étaient déjà
là dans M-35. Sauf pour 2°, "l'objectif qu'ils poursuivent", ce
n'était pas là, ça. M. Baril: C'est beau
La Présidente (Mme Bégin): Article 47,
étudié. Article 48?
M. Pagé: Alors, même chose. Ça précise
les renseignements qui doivent apparaître au projet de plan conjoint:
juridiction du pian, composition de l'organisme chargé de l'administrer,
modalités de nomination ou de remplacement des administrateurs
subséquents, mode de financement proposé, une partie des
renseignements fondamentaux qui permettent d'informer tant la Régie que
les producteurs intéressés de la portée territoriale du
plan, du produit touché, du mode de financement. Ça reprend
substantiellement l'article 19 de la loi actuelle.
M. Baril: Et, entre 48 et 47, c'est quoi la
différence?
M. Prégent: Ça, c'est la requête, tandis que
ça, c'est le projet de plan.
M. Baril: Un, c'est la requête qui accompagne le projet de
plan et celui-là, c'est le projet lui-même?
M. Pagé: C'est ça. Une fois que le projet est
accepté par la Régie, bien, toutes ces coordonnées
apparaissent au plan qui est publici-sé, on va le voir tantôt,
dans la Gazette officielle, et tout et tout.
M. Baril: C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Article 48,
étudié. Article 49.
M. Pagé: "Le projet de plan peut également indiquer
la constitution, la composition, la durée du mandat, le mode de
nomination et le remplacement des membres d'un comité consultatif."
Ça reprend les dispositions de l'article 19 Ce ne sont pas des
dispositions obligatoires, mais facultatives dans le cas d'un comité
consultatif.
M. Baril: Avant, on ne spécifiait pas autant de
modalités, d'obligations?
M. Pagé: Non Là, ce n'est pas des obligations.
M. Baril: Hein?
Une voix: C'est une possibilité.
M. Baril: Comment?
M. Pagé: C'est une possibilité. "Le projet de plan
peut également", pas "doit également".
M. Baril: Oui, mais avant ça, c'était une
obligation.
M. Prégent: Ce n'était pas une obligation,
c'était facultatif également, mais dans un cadre différent
de l'article. Les articles sont bâtis différemment aujourd'hui. Au
fond, les articles 47, 48 et 49 remplacent l'article 19 et on distingue entre
les choses qui apparaissent dans la requête, les choses qui doivent
apparaître au plan et le dernier, qui est une possibilité qu'on
peut ajouter. C'est pour ça qu'on ne pouvait pas le mettre dans les
autres articles avant. C'est parce que ça, c'est un comité
consultatif. Ils ne sont pas obligés d'en avoir un. C'est comme
c'était avant, sauf que c'est dit ailleurs.
M. Baril: O.K. C'est beau.
La Présidente (Mme Bégin): Article 49,
étudié. Article 50.
M. Pagé: Ça reprend presque intégralement
l'article 20 du chapitre précédent qui permet aux
requérants de bénéficier du dynamisme des organisations
syndicales ou coopératives déjà en place pour administrer
et appliquer le plan conjoint qu'ils proposent. On dit ici que "les
requérants peuvent, au lieu de spécifier la composition de
l'office, désigner pour appliquer le plan un syndicat professionnel
composé exclusivement de producteurs du produit agricole visé par
le projet ou une union ou une fédération de tels syndicats
professionnels ou une coopérative agricole." Ça permet, entre
autres, à une fédération de producteurs d'administrer un
plan, plutôt qu'à un office de producteurs.
M. Baril: Les administrateurs de ce... Mettons qu'on
désigne un syndicat pour appliquer un plan, un syndicat professionnel
composé exclusivement de producteurs. Mettons qu'on désigne un
syndicat pour appliquer un plan conjoint, c'est ça?
M. Pagé: Oui.
M. Baril: Bon. Les administrateurs de ce syndicat-là ne
peuvent pas être membres de l'office? Pour éviter les conflits
d'intérêts? C'est quoi tout à l'heure qu'on disait?
M. Prégent: Ici, ce qui est prévu, si vous le
permettez, c'est que...
La Présidente (Mme Bégin): M. Prégent. Je
m'excuse, mais c'est pour les Débats.
M. Prégent: Je m'excuse.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrive?
La Présidente (Mme Bégin): C'est parce qu'ils ne
savent pas qui parle.
M. Pagé: Ah! Que la lumière soit! Elle est.
M. Prégent: Le principe de base, c'est que les plans
conjoints sont administrés par des offices de producteurs au
départ, mais on sait, depuis maintenant fort longtemps, que les plans
peuvent également être administrés par des syndicats
professionnels ou des fédérations de syndicats professionnels.
C'est cet article-ci qui le prévoit, qui le permet. Alors, on y dit que
les requérants peuvent indiquer dans leur demande que le plan, au lieu
d'être administré par un office, par un organisme qui va s'appeler
l'office 'de producteurs X, va être administré par soit un
syndicat professionnel spécialisé ou une fédération
de producteurs spécialisés.
M. Baril: Ou une coopérative.
M. Prégent: c'est ça qui permet, par exemple,
à la fédération des producteurs de lait d'administrer le
plan conjoint du lait. c'est un organisme...
M. Baril: Ça pourrait être une coopérative
qui administre le plan conjoint du lait aussi.
M. Prégent: Spécialisée. Oui, ça
pourrait, bien sûr. Si c'est le choix des producteurs, c'est eux autres
qui vont voter sur le projet.
M. Baril: Je ne sais pas si ça réglerait le
problème.
M. Prégent: II faudrait le demander aux producteurs.
M. Baril: Oui. Bon, ça irait pour moi pour l'article
50.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 50 est
étudié.
M. Pagé: On avait convenu...
La Présidente (Mme Bégin): Oui, M. le ministre.
M. Pagé: L'article 50 est étudié. On avait
convenu, M. le député d'Arthabaska et moi, qu'on se rendrait ce
soir à l'article 50 et on va reprendre demain à 11 h 30
probablement.
La Présidente (Mme Bégin): Cette motion est
adoptée?
M. Baril: La quoi qui est adoptée là? La
Présidente (Mme Bégin): La motion.
M. Baril: La motion, oui. Oui, si c'est une motion.
La Présidente (Mme Bégin): Ha, ha, ha!
M. Baril: Je ne voulais pas adopter n'importe quoi là.
Une voix: Selon l'avis de la Chambre demain.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bégin): Donc...
M. Pagé: Selon l'avis de la Chambre demain, le leader va
pourvoir à...
Une voix: Alors, vers 11 h 30.
La Présidente (Mme Bégin): Alors, nous allons
ajourner nos travaux à demain...
Une voix: Selon l'avis de la Chambre.
La Présidente (Mme Bégin): ...selon l'avis de la
Chambre.
(Fin de la séance à 23 h 12)