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(Seize heures trois minutes)
Le Président (M. Dufour): C'est l'ouverture de ia
séance de la commission. J'ai constaté le quorum. Le mandat,
c'est d'étudier le projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Dufour): M. le ministre, est-ce que vous
avez des remarques préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Middlemiss: Oui, M. le Président. En guise
d'introduction, je n'ai pas l'intention de reprendre au complet mon
intervention lors de l'étude du principe du projet de loi 21, mais
simplement d'en faire ressortir les points essentiels. Ainsi, il faut se
rappeler qu'en 1978, lors du dépôt du projet de loi 90, on avait
accordé à la Commission de protection du territoire agricole du
Québec le pouvoir de différer sa décision si la demande
dont elle était saisie pouvait nuire au processus d'élaboration
de la zone agricole. Il s'agit d'un pouvoir qui lui a été fort
utile lors des négociations de 1979, 1980 et 1981. On le retrouve au
deuxième alinéa de l'article 45.
Lorsqu'on a modifié la Loi sur la protection du territoire
agricole, en 1985, pour confier à la Commission le mandat de
négocier la révision de la zone agricole afin d'en arriver
à une certaine harmonisation avec les schémas
d'aménagement prévus par la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, le législateur n'a pas donné ce pouvoir à la
Commission de protection du territoire agricole. Comme je l'expliquais dans mon
discours du principe, le législateur estimait que la révision des
zones agricoles, intervenant en même temps que les travaux devant mener
aux schémas d'aménagement, il n'y avait pas lieu d'attribuer
à la Commission la capacité de différer une demande
particulière.
Cependant, force nous est de constater que le processus de
révision de la zone agricole n'est pas allé de pair avec
l'élaboration des schémas d'aménagement puis, à
toutes fins pratiques, nous avons assisté à deux
opérations en parallèle. Pendant tout ce temps, la Commission
continuait à rendre des décisions sur les diverses demandes qui
lui étaient adressées, même sur celles qui affectaient les
secteurs en voie de révision. De plus, les commissaires chargés
de la négociation devaient adjuger dans les demandes ponctuelles. Je
répète que les commissaires étaient obligés, parce
que l'obligation d'adjuger, c'est que la loi ne permettait pas de
différer une décision. Il fallait rendre une décision.
Donc, l'image de la Commission a passablement souffert de cette situation.
En juin 1989, le gouvernement du Québec décrétait
un moratoire en ce qui avait trait à la révision des zones
agricoles. Mon collègue, M. Michel Pagé, ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, avait chargé Me
Brière de présider un comité d'étude sur le
mécanisme de révision des zones agricoles institué en
1985, lui demandant, entre autres, de soumettre des voies de solutions ou des
recommandations pratiques justes et efficaces dans le but de renforcer la
transparence et la neutralité du processus de révision. Or, le
rapport du comité Brière a soumis que, dans le processus de
révision des zones agricoles, l'absence d'une disposition permettant
à la Commission de différer sa décision lorsque la demande
nuisait au processus de révision a nui à l'image de
neutralité de la Commission, d'où sa proposition ainsi
libellée.
Le Président (M. Dufour): On pourrait peut-être,
avec votre permission, si les membres de la commission... suspendre un peu les
travaux. Il semble que M. Baril serait demandé pour voter sur sa motion.
Il semble que ce soit le messager... C'est ça que vous nous dites?
Une voix: Oui.
M. Middlemiss: Bien oui, mais est-ce que c'est un vote pour tout
le monde ou seulement toi?
Une voix: Ce serait un vote pour tout le monde.
M. Middlemiss: Pour tout le monde, hein? Une voix: C'est
une motion de blâme.
Le Président (M. Dufour): D'habitude, ça
sonne-Une voix: S'il y a un vote, ça va sonner.
Le Président (M. Dufour): Ce n'est pas tout le monde? Mais
c'est le messager... On va suspendre un peu. Je suis surpris, ce n'est pas
habituel, c'est ça que j'ai posé comme question.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 13)
Le Président (M. Dufour): M. le ministre, vous avez
toujours la parole.
M. Middlemiss: D'accord. La recommandation de Brière,
c'est que la loi soit modifiée d'urgence pour y insérer une
disposition habilitant la Commission à différer jusqu'à ce
qu'un des décrets ait été pris l'examen de toute demande
particulière susceptible de mettre en cause le processus de
révision dans une MRC. Il s'agit là de l'essence même du
projet de loi 21 que l'on retrouve à son article 2. Ce pouvoir, la
Commission l'exercera non seulement à l'égard des demandes qui
seront déposées après l'entrée en vigueur du projet
de loi, mais aussi à l'égard des demandes déjà
déposées, n'ayant pas fait l'objet d'une audition avant cette
date. Cette décision étant, en quelque sorte, intérimaire
et de nature procédurale n'est pas susceptible d'appel. Seule la
décision finale qui réglera la question quant au fond sera
susceptible d'appel auprès du Tribunal d'appel. Ça, c'est
l'article 1.
Je vous invite donc à étudier ces dispositions, afin de
permettre à l'Assemblée nationale de les adopter dans les plus
brefs délais. Ainsi, la Commission pourra mieux exercer son mandat de
négociateur, dans le cadre de la révision des zones agricoles.
L'intérêt public l'exige. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole officiel de l'Opposition et député d'Arthabaska, M.
Baril, vous avez des remarques préliminaires?
M. Baril: Oui, elles seront très brèves, M. le
Président, du moins je l'espère, à moins que les
Idées ne fusionnent au fur et à mesure qu'on s'exprime. De toute
façon, je pense que, durant le temps qui m'a été
alloué en Chambre, au salon bleu, j'ai pris une heure pour exprimer, je
ne dirais pas, l'opposition à ce projet de loi, mais quand même
pour faire connaître, en tout cas, nos réticences face à la
volonté du gouvernement de partager concrètement ou efficacement
les terres agricoles.
Durant mon débat, j'ai soulevé aussi plusieurs questions
à savoir, actuellement, dans la révision des schémas
d'aménagement, combien il y a de protocoles d'entente qui sont, je ne
sais pas si je peux dire signés, ou qui sont en train d'être
négociés, et combien d'hectares la Commission s'apprête
à accorder, suite aux demandes de l'ensemble des municipalités,
sur la révision de leur schéma d'aménagement. On
connaît l'importance de ce réaménagement du territoire
agricole. J'en ai annoncé quelques-uns l'autre jour, mais ce n'est
qu'à partir de coupures de journaux. C'est sans doute qu'on ne peut pas
lire partout dans tous les comtés.
Aussi, j'avais soulevé un autre point, à savoir combien de
recommandations sur le rapport Brière étaient en application,
actuellement, et combien H en restait à appliquer. Il y avait 10, 12, 15
recommandations que M. Brière avait fartes. Actuellement, on est en
train de discuter de la seule mesure législative concrète qui
relève de l'autorité de la Commission. On sait que le rapport
Brière suggérait aussi d'implanter ou de réaménager
la fiscalité municipale pour essayer de - je vais utiliser le terme -
forcer les agriculteurs à cultiver leur terre. C'est quoi les intentions
du ministre là-dessus?
Aussi, il y avait un point que j'espère on va pouvoir
éclaircir, ou m'éclaircir, pour que je n'induise personne en
erreur, parce que ce n'est jamais mon objectif. C'est de me rassurer... Sur
quoi on peut se baser, concrètement, dans la loi 44 actuelle, qui peut
nous assurer qu'à chaque fois que les municipalités - je vais
dire - réviseront leur schéma d'aménagement - on dit que
tous les cinq ans la loi autorise les municipalités régionales de
comté à réviser le schéma d'aménagement -
c'est quoi qui peut nous assurer que tous les cinq ans on ne reviendra pas
encore gruger sur du territoire agricole en s'accaparant d'un espace de plus en
plus grand? Je donne ça de mémoire.
L'Union des producteurs agricoles était très
inquiète, elle aussi, à cet effet-là, parce qu'on disait:
Si on continuait le processus tel qu'il est établi ou qu'il fonctionne
présentement, d'ici cinq ans il ne resterait plus de territoire agricole
au Québec, parce qu'il aurait été tout inclus dans la zone
blanche. Donc, mon inquiétude à l'effet qu'à tous les cinq
ans on se retrouve ici encore en Chambre pour discuter du dézonage de
terres agricoles, ça semble être partagé par l'Union des
producteurs agricoles, parce qu'elle-même se pose encore ces
questions-là, à l'effet que, si on continue à inclure des
territoires agricoles dans les zones urbaines, on gruge davantage. Notre sol
québécois cultivable diminue de plus en plus. Donc, remarquez, M.
le Président, que je ne suis pas familier avec la procédure d'une
commission parlementaire, pour une étude article par article. Je ne sais
pas si le ministre peut ou pourra répondre à ces
questions-là, ou si je pourrai y revenir, je ne sais pas de quelle
façon, mais je me fie à votre rôle de président,
à votre jugement, pour m'indiquer comment on peut procéder pour
être capable d'avoir ces réponses-là.
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire, M. le
député d'Arthabaska, que, normalement, après les remarques
préliminaires, j'appelle l'article 1. Alors, à l'intérieur
des articles, je pense que M. le ministre, M. Middlemiss, peut répondre
à une partie de vos interrogations, mais H ne faut pas oublier que la
mécanique de cette lecture-ci, c'est d'aller étudier article par
article. Alors, ce que je ferais, suite à vos remarques
préliminaires, si elles sont terminées, c'est que
j'appelle l'article 1 et, à l'intérieur, je pense que M.
le ministre a entendu le sens de votre interrogation, et il pourra y amalgamer
les réponses et vous pourrez, aussi, l'interroger à
l'intérieur de l'article. Ça convient comme ça?
M. Baril: Oui.
Le Président (M. Richard): Je pense que c'est la meilleure
façon de... Alors, j'appellerais, à ce moment-ci, l'article
1.
M. Baril: Donc, M. le Président, pour ne pas retarder
indûment la commission et pour ne pas parier pour le plaisir de parler,
je vais arrêter mes remarques préliminaires et je reviendrai
à l'étude de chaque article, parce que je m'aperçois que
ce serait me répéter, de toute façon.
Le Président (M. Richard): Très bien. M.
Middlemiss, M. le ministre, vous êtes d'accord avec ça?
M. Middlemiss: Oui, oui.
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): On appelle donc l'article 1.
Normalement, vous allez expliquer, M. le ministre, ce que c'est que l'article 1
et, à l'intérieur de ça, s'il y a des interrogations, M.
le député d'Arthabaska, vous irez et... Alors, M. le ministre,
vous avez la parole pour la présentation, en fait, de l'article 1.
Appel d'une décision
M. Middlemiss: Oui, d'accord. L'article 1 se lit ainsi:
"L'article 21.04 de la Loi sur la protection du territoire agricole...
édicté par l'article 7 du chapitre 7 des lois de 1989, est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant: "Toutefois, aucun
appel ne peut être interjeté d'une décision rendue en vertu
de l'article 62.3." Cette modification proposée signifie qu'une
décision rendue en vertu de l'article 62.3 tel que proposé ne
pourra être portée en appel auprès du Tribunal d'appel en
matière de protection du territoire agricole. Il ne faut pas oublier
qu'une décision rendue en vertu de l'article 62.3 est de
caractère procédural et ne traite pas du fond de la demande. Elle
est, en quelque sorte, intérimaire. De plus, le Tribunal d'appel,
organisme différent et indépendant de la Commission de protection
du territoire agricole du Québec, n'est pas partie aux
négociations concernant la révision de la zone agricole entre une
MRC et la Commission. Il n'est donc pas en mesure d'apprécier les motifs
d'une telle décision, tout comme il peut ne pas être
approprié pour la Commission de dévoiler la stratégie de
négociation justifiant une telle décision. Le fait de suspendre
le droit d'appel dans le cas d'une décision rendue en vertu de l'article
62.3 permettrait donc à la Commission d'exercer pleinement son
rôle de négociateur. Tout ce que ça dit, c'est que,
même si on va en appel d'une décision de la Commission,
c'est-à-dire qu'on ne rend pas un jugement, le projet de loi a
préséance et l'appel ne peut pas être enregistré
contre ce refus.
M. Baril: Vous me le direz si je mêle les articles, parce
que je ne suis pas familier avec la procédure d'étude article par
article. C'est la première loi que je dois...
Le Président (M. Richard): II n'y a pas de
problème.
M. Baril: Ah! Ici...
M. Middlemiss: M. le député, on est les deux... On
va faire nos...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: Bon. On va faire nos premiers pas ensemble. Vous venez
de dire, M. le ministre, que le Tribunal d'appel ne peut rendre une
décision, si vous voulez, sur une décision qui a
déjà été rendue par le Tribunal de première
instance; c'est ça?
M. Middlemiss: C'est que le Tribunal d'appel a été
créé suite à la loi 100...
M. Baril: Oui.
M. Middlemiss: ...pour prendre des cas en appel. Maintenant, vu
que le Tribunal est là, on dit: Le projet de loi va même donner
à la Commission le droit de refus d'aller en appel de cette
décision-là. Premièrement, on dit que le Tribunal d'appel
ne fait pas partie des négociations qui donnent lieu aux zones
révisées selon la loi 44. Donc, n'étant pas partie de
ça et ne voulant pas aussi, peut-être, que la Commission soit
obligée de démontrer son jeu de négociation, parce que si
on va en appel... S'il y a des choses sur le plan technique que je ne peux pas
vous donner, le président de la Commission, M. Proteau, est ici,
à ma droite, et je lui demanderais, s'il y a des choses qu'il voudrait
ajouter sur le plan technique...
M. Baril: Regardez, je vais éclaircir ma question.
M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: Ce n'est pas parce que je veux sauter d'article mais,
à l'autre article, on parle-Une voix: Tout de suite
après...
M. Baril: On va les attacher ensemble. C'est pour ça que
je demande pourquoi l'un est avant l'autre et pas l'inverse. Parce que la
Commission ne peut rendre une décision sur une demande individuelle
lorsque les MRC sont en négociation. Ça, c'est un point. M. le
ministre me comprend?
M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: Bon. Ça, c'est une chose. En plus de ça,
on dit: Le Tribunal d'appel, lui, qui est une autre instance, ne peut non plus
renverser ni entériner, pour notre information, une décision que
la Commission aurait déjà rendue antérieurement.
M. Middlemiss: Non, non, tout ce que ça dit ici, on dit:
Premièrement, le projet de loi a pour but de donner à la
Commission le pouvoir de refuser de rendre une décision sur une demande
particulière.
M. Baril: Oui.
M. Middlemiss: O.K. Maintenant qu'on a créé, avec
la loi 100, un tribunal...
M. Baril: Oui.
M. Middlemiss: ...d'appel, là, on dit: O.K. Les gens
pourraient s'adresser au Tribunal d'appel et dire: Regarde, on va aller en
appel du fait que la Commission refuse de nous rendre une décision sur
notre demande particulière. Donc, on dit: Là aussi, il faut
fermer cette porte-là, et c'est ça qu'on fait. C'est ça le
but de tout ça. C'est de dire: La Commission a le droit de refuser de
rendre une décision, mais parce qu'on a un Tribunal d'appel, les gens
voudraient s'adresser au Tribunal d'appel et le Tribunal d'appel, on dit:
Là, lui non plus, il n'aura pas le droit de prendre en appel ce
refus-là.
M. Proteau (Jean): En fait, c'est que la décision rendue
par la Commission comme on dit dans les notes explicatives, c'est une
décision de nature procédurale uniquement. Ce n'est pas sur le
fond. Or, quand on tranchera sur le fond, s'il y a lieu, là, la
décision pourra être portée en appel. Je vais revenir sur
une chose que vous avez dite. Logiquement, on aurait peut-être dû
mettre ce qu'on retrouve à l'article 2 à l'article 1 sauf que, au
niveau de la logistique, on suit l'ordre des articles tels qu'ils vont se
retrouver dans la loi. Or, comme l'article 1 du projet de loi modifie l'article
21.04 de la loi, c'est pour ça qu'on le retrouve au premier article
alors que le deuxième article du projet de loi ajoute un article
à l'article 62.3. C'est purement une question de logistique.
M. Dufour: Avez-vous des exemples qu'il y a des procédures
qui pourraient remettre en cause le processus de révision? Dans le fond,
je trouve que l'article 1 et l'article 2, c'est difficile de les discuter
séparément parce que lorsqu'on a accepté l'article 1, on
accepte l'article 2 pratiquement. C'est rattaché et c'est clair. "Aucun
appel ne peut être interjeté d'une décision rendue en vertu
de l'article 62.3". Si on accepte ça, l'article 62.3, on a pratiquement
adopté l'article 62.3 sans le faire. C'est pour ça que je pense
qu'il faut avoir un petit peu d'ouverture. Je pense que M. le président
ne nous rappelle pas ça. Je pense que c'est bien normal qu'on le fasse
ensemble parce que l'objet d'une demande est susceptible de mettre en cause...
Ce n'est même pas... C'est hypothétique. C'est une question de
jugement que la Commission va exercer. Ce n'est pas nécessairement
réel et vrai. Et même si, dans son idée, c'est ça,
elle peut empêcher son jugement de procéder. Autrement dit, elle
diffère ses opinions. Mais de quelle façon, c'est quoi que
ça protège plus les intervenants le fait qu'on puisse
arrêter ces... qu'on ne prenne pas de décisions parce qu'il y a
quelque chose, une mécanique qui ne marche pas?
M. Middlemiss: Des exemples... Sans donner un exemple concret,
peut-être je pourrais demander à M. Proteau de nous en donner.
C'est que ça... Par exemple, une MRC est en train de négocier
avec la Commission sur un module que l'on veut sortir de la zone agricole.
Donc, on est en négociation. Entre-temps, un individu arrive et dans le
milieu de ce module-là, il demande une décision dans un cas ad
hoc particulier. Donc, la Commission décide sur une base individuelle
que M. Untel, son terrain, sort de la zone agricole et vient dans la zone
blanche. Mais le module, au niveau de la négociation entre la MRC et la
Commission suite aux exigences de la loi 44, ils vont sortir un module vert,
mais dans le milieu, on aura rendu une décision entre-temps de rendre
une terre dans le blanc ou vice versa. Ça pourrait être dans
l'autre sens qu'au niveau des négociations, il y a une zone blanche et
que la Commission et la MRC soient en train de créer à partir de
la zone agricole et qu'il y ait un individu qui reste dans la zone verte. Il
reste vert dans une zone... Disons que ça devient un "spot" zone
à l'intérieur d'un module qui est en négociation entre la
Commission et la MRC parce que c'est ça. La loi 44, dans la
préparation du schéma d'aménagement, avait aussi à
décréter une zone agricole révisée. Ça se
fait par négociation. Peut-être que M. Proteau pourrait vous
donner des exemples concrets où ces choses-là se sont produites.
Si on est en train de passer la loi... C'est que M. Brière, durant
l'examen du processus, en est venu à la conclusion que le fait que la
Commission pouvait prendre des décisions particulières dans des
demandes particulières, ça affectait carrément les
négociations de module entre la MRC et la Commission.
M. Proteau: En fait, pour compléter ce que M. le ministre
vient de dire aussi. Ce qui arrive, c'est que les critères qui
président à la révision de la zone agricole et qui
régissent la révision ne sont pas les mêmes que ceux qui
régissent l'examen des demandes ponctuelles. Or, au niveau de la
révision de la zone, on est obligés de tenir compte des besoins
de la municipalité, des axes de développement, d'une foule de
petites choses, là. Mais c'est différent de ce qu'on retrouve
à l'article 62 de la loi. Je peux vous donner des exemples. J'en ai
quelques-uns en tête où, récemment, le Procureur
général est intervenu pour nous demander de différer
l'étude de la demande dans le coin de La Malbaie, de mémoire,
c'est ça, La Malbaie, où à la périphérie de
la zone blanche, pour simplifier l'exemple, mais, en zone verte, on a
demandé l'exclusion d'un secteur. Je ne pourrais pas vous dire la
superficie. Ce n'était pas énorme mais ce n'était pas tout
petit non plus. Mais c'était juste à la périphérie.
Et comme on est en train de négocier la révision de la zone dans
la MRC de Charlevoix, c'était peut-être prématuré
d'autoriser éventuellement, parce que c'était le but de la
demande, d'obtenir l'autorisation pour utiliser ces terres-là à
des fins non agricoles. Ça peut être un autre secteur qui est...
Ça peut être un secteur qui est en voie de négociation
aussi et, sur lequel, il n'y a pas entente entre la MRC et la Commission.
Ça peut être un secteur, comme j'ai vu récemment, où
on nous demande d'autoriser l'usage non agricole d'environ 500 acres de terre
pour des fins de développement résidentiel. Au niveau des
négociations entre la MRC et la Commission, c'est un secteur qui n'est
pas demandé par la MRC. Donc, il est préférable que ce
secteur-là, avant qu'on rende une décision dessus, que la
négocation soit terminée pour permettre à la MRC, à
la municipalité, de jouer pleinement son rôle et à la
Commission aussi. C'est pour ne pas mélanger les cartes. C'est pour
éviter que, dans certains cas, ce que les négociateurs font d'un
côté soit défait de l'autre par des demandes individuelles
ou des décisions individuelles. Et qu'on arrive en négociation et
qu'on se fasse dire: Bon, bien, on ne parle plus de ce secteur-là. De
toute façon, c'est réglé. On a obtenu une autorisation,
une exclusion ou un usage non agricole.
M. Dufour: Mais, la difficulté que je vois
là-dedans, c'est que, tantôt, la Commission peut décider de
ne pas procéder et, d'autre tantôt, elle va procéder. Et,
là, il y a vraiment quelque chose d'arbitraire là-dedans. De
quelle façon... Si quelqu'un, par exemple, dit: Ce n'est pas vrai que
ça affecte le schéma d'aménagement complet. C'est juste
une question de détail. Là, on lui enlève le droit,
à la personne, même de négocier ou de discuter. Il pourrait
y avoir quelque chose d'un peu odieux par rapport à un processus
normal.
M. Middlemiss: Ça dit spécifiquement que la
Commission a le droit de refuser de rendre une décision...
M. Dufour: Oui.
M. Middlemiss: ...lorsque ça l'affecte. Si la demande est
faite, disons, dans une MRC à l'extérieur des modules en
négociation éloignés et ça n'a aucun effet,
à ce moment-là, la Commission ne jugera pas à propos de
refuser. Ils pourront rendre une décision parce que ça n'a pas
d'effet sur les modules qui sont en négociation.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Iberville, M. Lafrance, vous avez une question?
M. Lafrance: J'aimerais savoir, moi, quelle est la
fréquence de révision des zones agricoles de la part des MRC.
Est-ce qu'ils font ça sur une base permanente ou est-ce qu'il y a des
temps précis où ils le font? Et, est-ce qu'à ce
moment-là, ils avertissent la Commission qu'ils sont en instance de
révision?
M. Middlemiss: O.K. Je vais y répondre en détail.
La question m'a été posée tout à l'heure...
M. Lafrance: Ah, je m'excuse.
M. Middlemiss: Sauf que non. C'est que dans le moment, le
processus que nous sommes en train de faire résulte de la loi 44 qui a
été passée en 1985 qui profitait de l'occasion que les MRC
étaient en train de réviser leur schéma
d'aménagement, ils ont dit: Voici, après... Depuis 1978 que la
Loi sur la protection du territoire existe, maintenant, c'est peut-être
le temps de concrétiser ça et de finir, une fois pour toutes, les
négociations. Donc, c'est pour ça que l'exercice se fait. Et je
vais prendre l'occasion pour répondre au député
d'Arthabaska sur ce point-là. C'est que dans le projet de loi,
initialement, l'article 69.1 se lisait comme suit - et je peux peut-être
vous donner une copie de ça - : "Une municipalité
régionale de comté ou une communauté qui procède
à l'élaboration ou à la révision d'un schéma
d'aménagement peut adresser à la Commission une demande de
révision de la zone agricole". Ça, c'était le projet... Au
moment de la commission parlementaire, lorsqu'on est arrivés à
cette partie-là - et je vais vous lire les débats de
l'Assemblée nationale du 18 juin 1985 - M. Garon, qui parle, dit:
"L'article 17 touche l'article 69.1. L'article 69.1, c'est l'article 17.
L'article 69.1 édicté par l'article 17 du projet de loi est
modifié, premièrement par la suppression, dans la deuxième
ligne du premier alinéa, des mots "ou à la révision"." En
d'autres mots, on enlevait "la révision". Donc, c'était au moment
de l'élaboration. Ça veut dire qu'il n'y a pas d'autres
procédures possibles. Une fois qu'on
aura fini de faire les négociations qui sont en cours
actuellement, à ce moment-là, peut-être que dans le temps,
on jugera à propos, dans 10 ans, 15 ans ou 20 ans, ou peut-être
jamais, de revenir encore et de mettre un processus semblable en marche. Je
pense que ça répond à votre question dans ce
sens-là.
D'autres réponses à vos questions de tantôt.
M. BarU; Là-dessus, je ne sais pas, là.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: Sur cette question-là... Éventuellement,
lorsqu'une MRC voudra réviser - je ne sais pas pour quelle raison - son
schéma d'aménagement, est-ce que ce sera par législation
qu'elle devra procéder? Il faudra que le gouvernement rouvre la loi pour
réinsérer ou permettre cette nouvelle révision.
M. Middlemiss: On m'indique que l'article 65 de la Loi sur la
protection du territoire agricole donne à une municipalité ce
privilège de procéder à une demande. Une fois que ces
négociations-là vont être terminées, la
municipalité pourra adresser une demande, comme les individus le font.
Mais, cette fois-ci, ce serait la municipalité qui demanderait à
la Commission de décider sur un changement que eux proposent.
M. Baril: Sur quoi la Commission pourra-t-elle se baser pour dire
oui, on vous autorise à réviser?
M. Middlemiss: L'article 62, dans lequel sont les critères
normaux de membres individuels. D'accord?
Je vous donne un compte rendu afin de savoir où nous en sommes
avec les décrets. Depuis le 6 mars - si on inclut ce qui va se produire
ce soir - on aura eu 24 assemblées publiques qui vont nous permettre, on
dit certainement d'ici un mois ou deux, de réussir à avoir 24
autres décrets. Donc, il y a 24 MRC, suite à l'assemblée
de ce soir, et on présume que s'il n'y a pas plus de problèmes
que ceux qu'on a rencontrés, à date, dans les 23, on devrait
être dans une position d'émettre les décrets d'ici deux
mois, au maximum. Je dois dire qu'il y en a déjà quelques-uns qui
seraient prêts, dans un court laps de temps, à être
décrétés, suite à la révision et la nouvelle
procédure établie par le rapport Brière.
Une autre question: le nombre d'hectares. Je ne pourrais pas vous le
dire parce que n'étant pas... La seule chose que je peux vous indiquer,
c'est que, dans le rapport Brière, on indiquait le constat du
comité...: "La révision de la zone agricole, telle qu'entreprise
dans l'ensemble du Québec, ne met pas en cause l'impératif de la
protection du territoire agricole." On ajoute aussi: "À la fin du
processus de révision de la zone agricole, on estime à 194 957
hectares la réduction maximale de superficie de territoire
protégé par la Loi sur la protection du territoire agricole, soit
une réduction de 3 %. Donc, c'était l'estimé que, dans le
rapport Brière, on a fait.
M. Baril: 194 000...
M. Middlemiss: 194 957.
M. Baril: On est aussi bien de dire 195 000, hein?
M. Middlemiss: Oui, 195 000, qui représentent une
réduction de 3 % de ce qu'est présentement la zone agricole.
Présentement, la zone agricole est de 6 530 000 hectares, ce qui
représente 30 % du territoire habité. Donc, si on continue de
cette façon... et je ne pense pas qu'on a eu aucune surprise dans les
assemblées, jusqu'à maintenant, mais il semblerait qu'on ait eu
un consensus un peu partout sur l'entente entre la Commission et les MRC. Donc,
le nombre d'hectares qui vont sortir de la zone verte correspondrait à
ce qui est sorti d'une négociation. Je pourrai certainement donner les
chiffres exacts au député, une fois qu'on aura
préparé le décret, mais, présentement, ce serait
des hypothèses que je vous donnerais.
La fiscalité municipale, pour y arriver, il y a deux choses que
nous sommes en train de faire, mais, malheureusement, nous n'avons pas tout
à fait fini. On est en train de regarder encore toute la taxation des
fermes dans le but d'obtenir une taxation qui encouragerait à mettre en
valeur les terres en friche et qui ne donnerait pas aussi l'avantage à
des spéculateurs de bénéficier de rabais de taxes, que ce
soit par l'entremise du ministère de l'Agriculture, là, qui paie
70 %, ou bien du ministère des Affaires municipales, qui paie la
différence, au-dessus de l'évaluation de 375 $ l'hectare. Je
pense que, si on veut empêcher la spéculation et encourager les
agriculteurs à mettre en production des terres en friche, il va falloir
trouver les moyens de le faire. Donc, à ce moment-là, on s'en
vient - ils ne sont pas tout à fait prêts - avec des projets
à soumettre à l'Assemblée nationale.
Je pense que ça répond essentiellement aux questions
posées et, s'il y en a d'autres, je pourrai...
M. Baril: Non, mais je voudrais juste faire une remarque pour
dire que c'est dans le rapport Brière, je pense, que vous avez dit qu'il
y aurait, en gros, globalement, 195 000 hectares qui seraient enlevés du
territoire agricole. Ça représente 3 % de ce même
territoire. Remarquez que je trouve ça énorme quand même,
parce que 3 % de la superficie de l'ensemble du Québec, c'est vrai que
ce n'est pas gros, mais quand on
dit que le territoire agricole représente - de mémoire,
là - je pense, 2,4 % de l'ensemble du territoire, le territoire
cultivable représente, je pense, 2,4 % du territoire de l'ensemble du
québec...
M. Middlemiss: Non, c'est 4 %. M. Baril: Pardon?
M. Middlemiss: Les 6 635 000 hectares, c'est 4 % du territoire du
Québec.
M. Baril: Ah! mais ils en ont retrouvé quelque part, parce
que, voilà quelques années, ça représentait...
M. Middlemiss: D'après...
M. Baril: ...3,4 %. En tout cas, on ne "s'astinera" pas sur
quelques dixièmes, là, mais admettons 4 %.
M. Middlemiss: Mais on dit qu'on réduit ces 6 000 000 de 3
%, c'est ce qu'on fait, là.
M. Baril: Oui, je sais. Si on réduisait 3 % de 100 %, ce
ne serait pas beaucoup, mais là, on réduit 3 %des4 % de tout un
territoire.
M. Middlemiss: Non non, non non. On réduit 3 % de 100 % de
la zone agricole.
M. Baril: Oui oui, je sais bien.
M. Middlemiss: C'est que ce sont 195 000 hectares sur 6 535 000
hectares.
M. Baril: Oui oui, je sais, mais 6 535 000 hectares c'est quand
même seulement 4 % du territoire québécois.
M. Middlemiss: Oui.
(16 h 45)
M. Baril: Ce n'est pas beaucoup en terres, en territoires que tu
peux cultiver, ce n'est pas énorme, hein, mais, sur l'ensemble du
territoire québécois, il y a seulement 4 % du territoire qui est
cultivable, bon. De ce 4 %, là - je comprends que c'est 100 % du
territoire agricole - on soustrait 3 %. Ça commence à être
des terres! Et l'exemple que j'ai donné l'autre jour, là, hein:
195 000 hectares de terres, là. Ma ferme a 50 hectares et elle fait
vivre une famille et demie. Imaginez-vous, là! Je comprends que ce n'est
pas tout dans le même coin, que c'est un peu partout au Québec,
là, mais juste pour vous donner un exemple à savoir que, quand
même, on arrache du territoire québécois une
quantité, un potentiel énorme de culture, de possibilité
de cultiver le sol.
M. Middlemiss: O.K., oui, oui. Mais je pense qu'on assume en
partant que les 6 535 000 hectares, ce sont toutes des bonnes terres agricoles.
Mais je pense que, s'il faut regarder la façon que c'a été
fait en 1978, on a établi une zone d'après les niveaux par
rapport à la mer et puisqu'on a dit: Voici, la zone agricole qu'on a
décrétée. Dans cette zone-là, il y a des choses
qu'on est en train d'enlever dans la révision, ce sont des zones
déstructurées. Il y en a beaucoup. Il y a des cas dans des MRC
où ça représente 50 % de la superficie qu'on enlève
dans la zone agricole, jusqu'à 50 % dans certaines zones. Il y en a des
terres qui n'ont pas de potentiel agricole, on parle de trois, quatre, cinq ou
six. Celles-là, il faut les sortir; des carrières, des
sablières. Je pense que ça devient difficile d'évaluer
exactement quel est le pourcentage de bonnes terres agricoles qui vont
être affectées par ces changements-là. J'ai l'impression
qu'on ne pourra pas y arriver tant et aussi longtemps que, dans les 24
décrets... On pourra faire l'analyse des 36 qui déjà ont
eu leur décret, identifier combien d'hectares étaient des terres,
disons, un, deux, ou trois, et les mettre par catégorie. Mais essayer de
dire que c'est 3 % des bonnes terres agricoles, je pense qu'on n'a pas les
chiffres encore pour être capables de dire que c'est 3 % global de ce
qu'on avait zone agricole en 1978.
M. Baril: Comment expliquez-vous que, selon l'information qu'on a
lue dans les journaux, avec chiffres à l'appui, dans certaines MRC, la
Commission a offert jusqu'à trois fois plus que la MRC elle-même
en demandait? Les municipalités, je dois dire, elles doivent le
connaître leur territoire qui est déstructuré,
supposément, sur leur territoire, alors comment se fait-il que la
Commission arrive, puis que, dans certains cas, elle leur en offre trois fois
plus que les municipalités elles-mêmes en ont demandé?
Comment peut-on expliquer ça? On en donne plus que le client en demande,
pourquoi?
M. Middlemiss: Regardez, il y a toutes sortes de raisons, il y a
des... Par exemple, s'il y a une partie, soit des décisions
antérieures ou des milieux déstructurés. Ça,
ça explique beaucoup.
M. Baril: Oui, mais les municipalités, elles, leur milieu
déstructuré, si... J'en connais des milieux, comme vous dites,
déstructuré...
M. Middlemiss: Oui, mais...
M. Baril: ...et, à l'intérieur de ces milieux
déstructurés, il reste quand même un, deux, trois
agriculteurs, puis des agriculteurs très très prospères.
Ils vivent dans un milieu déstructuré, je suis d'accord, mais,
actuellement au moins, ils sont protégés, parce qu'ils font
partie de la zone verte. Ils sont protégés, il y a des
maisons
de chaque bord, mais les maisons qui sont chaque bord d'eux autres sont
obligées de respecter les lois agricoles. elles ne peuvent pas se
plaindre s'il y a des odeurs ou des bruits; quand la loi 90 est passée,
ceux qui étaient là devaient vivre avec ça. et là,
la commission, parce qu'on dit qu'il y a un territoire
déstructuré, chambarde ça et dit: tiens, ça va
être fini ça, on va mettre ça dans la zone blanche. mais le
pauvre patient qui est là, lui, je vous dis qu'il est très
inquiet. je ne peux pas vous dire, en nombre, combien ils sont, mais, moi, j'ai
eu des téléphones, des rencontres, des gens qui sont venus me
rencontrer, qui étaient très inquiets, parce qu'ils sont à
l'intérieur de la zone que la commission a offert à la
municipalité d'inclure dans la zone blanche, dans la zone urbaine, ils
se disent: nous, on va faire quoi là? est-ce qu'ils auront le droit, eux
autres, de redemander, de revenir devant la commission et de dire: nous autres,
on veut rester dans la zone verte. c'est tout ça. l'impact est
grand.
M. Middlemiss: D'accord. Au moins, qu'on puisse me donner un cas
spécifique où la Commission aurait sorti de la zone agricole un
agriculteur en production sous prétexte que c'était
déstructuré. Que la Commission, elle, suggère ou offre
à une MRC de sortir des terres ou des zones déstructurées,
c'est que, même s'il n'y a pas eu de demandes, les MRC ne l'ont
peut-être pas inclus. Elles ont dit: L'individu le demandera dans une
demande particulière et pourra avoir de la Commission le droit de
retirer cette parcelle de terre de la zone agricole. Et je pense qu'un des
exemples que vous avez donnés, c'était Vaudreuil. Vous avez lu un
article de journal concernant un monsieur de la MRC de Vaudreuil qui - je ne me
souviens pas des chiffres exacts que vous avez donnés, à ce
moment-là - où la MRC de Vaudreuil aurait demandé pour
1833 hectares, c'était la demande initiale, et il y a eu une demande
additionnelle de l'ordre de 1126 hectares, ce qui donnait une demande totale de
2959 hectares. Sur cette demande, 2148 hectares ont été consentis
et 4293 hectares - c'est là la partie - de proposés par la
Commission durant la négociation et, de ces 4293 hectares, H y avait
1962 hectares sans potentiel agricole.
M. Baril: Sur quoi se base-t-on pour dire "sans potentiel
agricole"?
M. Middlemiss: Bien, sur la classification 1, 2, 3 et 4. Ils ont
dit: Regardez, sur ces terres-là, il y avait 1962 hectares qui n'avaient
aucun potentiel agricole.
M. Baril: Oui oui, mais monsieur attenant. Avez-vous vu
monsieur...
M. Middlemiss: Non non, mais oui; mais regardez, là. Vous
posez la question, je vous donne la réponse. Il y a 1039 hectares qui
faisaient partie de décisions antérieures. On est rendu,
là, à presque 3000 hectares, dont 1292 hectares dont on dit que
c'était dans un contexte de développement agricole
défavorable. Donc, ce n'était pas dans le meilleur
intérêt de l'agriculture et, par rapport à où
c'était situé, de le maintenir dans ie... Et ça,
c'était principalement localisé entre l'autoroute 540 et
l'autoroute 20, à Vaudreuil. Donc, c'est pour ces raisons-là.
C'est pour ça que je vous dis que les montants qui sont enlevés
ne sont pas nécessairement... Il y a certainement des terres à
potentiel agricole mais ce n'est pas rentable de continuer à y faire de
l'agriculture parce que c'est enclavé ou pour des raisons comme
ça, et c'est ça que la Commission avait offert à la MRC de
Vaudreuil. Vous savez, si on regarde tous les montants, là, sur les 4200
hectares proposés, il y en a au moins... la majorité, vous
savez... il y avait 3000 hectares sans potentiel, dans des décisions
antérieures. Donc, il resterait 1200 hectares.
M. Baril: Non, c'est ça. C'est pour ça que je pose
ma question, à savoir: sur quoi on se base pour dézoner une
superficie, en disant: Bien, avec ça, là, il y a tel coin
où le potentiel agricole est nul ou est moindre? Ou: II n'y a pas de
potentiel agricole. Bon, comment définit-on le potentiel agricole?
Ce n'est pas nécessairement parce qu'un coin, ici, ne l'est pas.
Vous savez, quand on parle justement de vos fameuses zones, là, de sols
classés 5, 6 ou 7, bon, quand on parle de ces fameuses zones-là,
je l'ai dit l'autre fois, hein! Moi, chez nous, là - je reste dans les
Appalaches, au pied des Appalaches. Le comté d'Arthabaska est
situé dans les Appalaches, bon - les Appalaches sont classées 4
et plus, ça, les Appalaches, parce qu'elles sont dans les montagnes,
mais je vous invite à venir voir les belles terres agricoles qui sont
là, par contre! Et si on applique la loi, là, en disant: Bon,
ça c'est classé 4 et plus, la Commission va donc être moins
restrictive parce que c'est classé 4 et plus, et on va être
obligés de respecter la loi. Moi, je peux vous dire que vous faites tort
en démon à la protection du territoire, parce que ce n'est pas
à cause que c'est classé 4 que ce n'est plus bon. Il y a de
superbes, de magnifiques terres agricoles, voyez-vous! Et, là, ce n'est
pas parce qu'on dit actuellement que le potentiel agricole est moindre qu'on va
englober ça puis qu'on va étirer ça, comprenez-vous, de
chaque bord et profiter de ça pour dire: C'est un milieu
déstructuré parce que, ici - pour reprendre votre expression de
tout à l'heure - il y a une sablière, il y a une
gravelière. Eux autres, de toute façon, ils ont des droits
acquis, là. On a juste à les laisser là, ils peuvent
exploiter pareil, même s'ils sont en zone verte, ils pouvaient exploiter
pareil, ce sont des droits acquis. Ça ne donne
rien de les entrer de la zone blanche, ce n'est pas nécessaire,
ça. Bon. Là, on profite de l'occasion, autant - pour reprendre
l'expression que vous nous remettez souvent sous le nez à l'effet que,
en 1978 - pour prendre un pinceau puis peinturer le Québec en vert,
voyez-vous, autant, voyez-vous, pour eux autres, dans certains coins, vous
resaucez le pinceau dans la peinture blanche et vous y redonnez un coup, parce
que, supposément, il y a des territoires de déstructurés
et on en profite pour dire: On va régler le problème pour
toujours. C'est comme ça qu'on attaque le territoire agricole. C'est
important. Dans le contexte économique dans lequel on vit, dans le
contexte de la planète qui se dessèche de plus en plus, excusez,
ou qui se réchauffe de plus en plus, pour nourrir le monde, il va
falloir s'en garder, du territoire, quelque part. Même s'il est
déstructuré, il y en a, comme je vous dis, qui sont
prêts... Ils cultivent encore la terre là-dedans. Ils sont
prêts à cultiver. Ils la cultivent toujours. Mais ceux qui vivent
là, depuis 1978, ils savaient qu'ils étaient dans un milieu
agricole et qu'ils étaient obligés de respecter ce même
milieu. Comme une industrie est obligée de respecter certaines normes de
l'environnement et les citoyens qui vont se construire près d'un parc
industriel, même s'ils chialaient, plus tard, que les cheminées
arrivent là, et qu'elles crachent je ne sais pas trop quoi, le parc
industriel, il était là avant. Bon. Le parc agricole, c'est un
immense parc industriel également. Ça, ils le savaient. C'est
pour ça que je vous dis que je trouve que la Commission en a trop
englobé. Qu'on invoque le fait que c'est un milieu
déstructuré ou que c'est un potentiel agricole moindre... Vous me
permettrez d'avoir des doutes là-dessus, M. le ministre. Je dis que le
territoire agricole, on ne le protégera jamais assez. Le vrai territoire
agricole. D'autant plus qu'on sait que toutes les municipalités, ce
n'est pas typique uniquement au Québec, mais l'ensemble des
municipalités est allé s'établir dans la plaine du
Saint-Laurent. Chez nous, à Saint-Norbert, il n'y a pas grand
développement. Bon. Eux autres, à Saint-Norbert, le territoire
agricole n'est pas menacé, peut-être bien. Ce n'est pas là
qu'est le développement. À Victoriaville, c'est dans la plaine,
il y a des terres classées A-1; Princeville, c'est pareil; Plessisville,
c'est pareil. C'est là qu'on gruge, c'est là qu'on mange sur le
territoire classé A-1, souvent. Parce que les villes ont
été s'établir où c'était
défriché et ce sont les agriculteurs qui ont
défriché et qui ont draîné leurs terres. Là,
c'était facile. Tu arrivais, tu ôtais la couche arable et tu
mettais du sable, du gravier et ta rue venait d'être faite. Il n'y avait
rien d'autre à faire, l'agriculteur l'avait fait avant. On lui a
volé son sol. C'est dans ce milieu qu'on agrandit et qu'on permet encore
davantage d'agrandir, même à l'intérieur des milieux
déstructurés. C'est une remarque que je tiens à faire. Ce
n'est pas ce projet de loi qui va corriger ça. Nous autres, on le
répète: On considère que la Commission va trop loin dans
son acceptation d'agrandir le territoire urbain. Ce n'était pas comme
ça, avant. La Commission était plus attentive aux besoins de
l'agriculture.
Pour revenir, M. le Président, à l'article 1, comment
ça se fait... On dit, à l'article 1: Le Tribunal d'appel ne peut
pas rendre une décision - comment on appelle ça - on ne peut pas
interjeter une décision rendue en vertu de... Ce qui veut dire que,
à l'article 2, on dit que la Commission elle-même ne peut pas
rendre une décision lorsque les municipalités sont en train de
réviser leur schéma d'aménagement. C'est bien ça?
S'il n'y a pas de décision rendue par la Commission durant cette
période, comment ça se fait qu'il peut y avoir un appel qui va
s'en aller au Tribunal d'appel, si déjà la Commission ne peut pas
rendre de décision, elle, en vertu de l'article 62.3? On n'en rend pas
de décision. Le demandeur n'aura pas besoin d'aller au Tribunal d'appel
parce qu'il n'aura pas eu sa décision de la Commission. Est-ce que je
comprends bien?
M. Middlemiss: Non, non. C'est que la Commission, elle, on lui
donne le droit de refuser de rendre une décision.
M. Baril: Oui.
M. Middlemiss: Mais l'individu, lui, devant ce refus, voudrait
s'adresser au Tribunal d'appel. Lui voudrait s'adresser et on dit: Non,
même une demande adressée au Tribunal d'appel peut être
retardée jusqu'à ce que la négociation soit
terminée.
M. Baril: On va éclaircir autre chose. Le Tribunal d'appel
peut-il entendre une décision négative ou positive de la
Commission ou bien est-ce qu'il peut entendre une décision qui n'est pas
rendue de la Commission? (17 heures)
M. Proteau: II ne peut pas entendre une décision,
c'est-à-dire étudier un dossier sur lequel la Commission ne s'est
pas prononcée encore...
M. Baril: Bon.
M. Proteau: II peut entendre seulement un appel d'une
décision de la Commission ou d'une ordonnance.
Une voix: Voilai
M. Proteau: Ce qui arrive, c'est que la décision qui
pourrait être rendue en vertu de l'article 62 ou 63, c'est une
décision. Logiquement, ça devrait être porté en
appel, mais comme c'est sur une question de procédure, on ne s'est
même pas prononcé sur le fond de la demande.
M. Baril: Quand on dit "on", c'est.. M. Proteau: La
Commission. M. Baril: O.K.
M. Proteau: La Commission ne s'étant pas prononcée
sur le fond de la demande, le Tribunal n'est pas en mesure de rendre une
décision, à ce moment-là, sur la procédure pure et
simple et sur l'à-propos ou le non-à-propos de différer la
décision. La décision, il va y en avoir une, de toute
façon, au fond, lorsque le décret de zone agricole aura
été rendu et que la Commission rendra une décision sur la
demande initiale.
M. Baril: Donc, j'ai bien compris. J'ai bien compris.
C'était de là, ma question. Pourquoi, dans la loi, dit-on que le
Tribunal d'appel ou aucun appel ne peut être interjeté d'une
décision rendue en vertu de l'article 62, s'il n'y a pas de
décision?
M. Proteau: Non, c'est que la décision de reporter, de
différer sa décision, c'en est une décision. Là, on
n'a pas étudié l'article 63.2. La Commission va rendre une
décision intérimaire, mais c'est une décision dans ce
sens-là. C'est pour ça qu'il fallait éviter que la
décision intérimaire soit portée en appel.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, Mme la
députée de Bellechasse, Mme Bégin.
Mme Bégin: Je voudrais vous poser une question, si vous me
le permettez. Si je comprends bien, vous avez dit: C'est sûr que la
Commission de protection du territoire agricole peut émettre une
décision qui n'est pas appelable et qu'advenant le cas où il y a
décret et qu'à l'intérieur du décret il s'agit non
plus d'une zone verte mais d'une zone blanche, toute demande qui aura eu comme
sujet ce territoire-là qui est maintenant en zone blanche,
automatiquement, la Commission de protection du territoire agricole n'a plus
compétence parce que nous ne sommes plus dans une zone verte mais bien
dans une zone blanche et, à ce stade-ci, il n'y aura pas de
décision tout simplement. C'est seulement lorsqu'il y aura
décret, la zone ne sera plus blanche mais elle sera verte. C'est
à ce moment-là que les décisions qui auront
été suspendues reviendront devant la Commission de protection du
territoire agricole pour être jugées au mérite et, advenant
le cas où le demandeur est insatisfait de la décision de la
Commission de protection du territoire agricole, c'est à ce
moment-là qu'il pourra en appeler au Tribunal d'appel. C'est
ça.
M. Proteau: Oui, c'est ça. En fait, tous les dossiers
qu'on aura suspendus repasseront devant la Commission, mais ceux dont l'objet
de la demande sera sorti de la zone en vertu de la révision, à ce
moment-là, la Commission pourra se désister, c'est-à-dire
qu'elle va plutôt la rejeter parce qu'elle n'a pas compétence.
Mme Bégin: N'a plus d'objet.
M. Proteau: et sur chacune des autres demandes, à ce
moment-là, elle va rendre une décision qui pourra être
appelable devant le tribunal d'appel, au besoin, après.
M. Baril: Boni
Le Président (M. Richard): Est-on plus avancés
qu'on l'était?
M. Dufour: Ça veut dire qu'une zone qui serait devenue
blanche ne pourrait plus redevenir verte.
M. Proteau: Ça dépend. Si le propriétaire
veut que ça revienne en zone agricole, hypothé-tiquement, si
c'est un agriculteur en production, s'il demande que ce soit réinclus en
zone agricole, il y a une possibilité et la Commission, historiquement
et traditionnellement, a toujours été très, très
réceptive aux demandes d'inclusion en zone agricole de la part
d'agriculteurs.
Une voix: II y a des pénalités pour ça.
M. Proteau: Bien, ça dépend. Pour les terres
agricoles qui sont exclues dans le cadre de la révision des zones
agricoles, les pénalités qui sont prévues à la Loi
sur la fiscalité municipale ne s'appliquent pas. Par contre, si c'est
une terre qui a été exclue à la suite d'une demande
d'exclusion faite à la Commission, là, les
pénalités peuvent s'appliquer.
Le Président (M. Richard): Je dois dire que ça
s'est passé dans mon propre comté. Le fait, par exemple, que la
maison, que la résidence principale se trouvait dans une zone blanche et
le reste de la ferme dans la zone verte, le propriétaire a fait une
demande à la Commission et a dit à la Commission: Moi, je suis un
agriculteur, je suis un producteur et je ne veux pas me retrouver avec un
espace qui n'est pas dans la zone verte. Effectivement, la Commission a mis
l'ensemble de ses numéros de lots dans la zone verte sans pour autant
faire des "spots" zones. Ça s'est produit à quelques reprises,
dans mon propre comté. La Commission a accédé à la
demande en reconnaissant que c'était d'abord un producteur agricole et
que c'était son droit le plus strict de faire partie uniquement d'une
zone verte. Par contre, il y avait eu une demande, au début, pour qu'une
partie soit dans la zone blanche.
M. Baril: Pour accélérer, on va prendre moins de
temps à chercher, peut-être que M. Proteau le sait. Quel article
de la loi dit qu'un agriculteur peut faire une demande pour être
réinscrit dans la zone verte?
M. Proteau: C'est l'article de la loi... Attendez un peu. C'est
l'article 45, je pense, de mémoire. Ça va me revenir, mais je
sais que quelqu'un peut demander d'être inclus en zone agricole sans
problème. C'est une chose qui s'est faite couramment, dans les
premières années de la Commission; là, c'est plus rare, on
en a une de temps à autre.
M. Baril: Oui, mais lorsque les décrets seront
approuvés, possiblement qu'il y en aura d'autres qui reviendront le
demander.
M. Proteau: Oui. Je dois avouer que c'est très rare...
Ça fait près d'un an que je suis là, je pense qu'il y a
peut-être eu deux ou trois demandes que j'ai vu passer.
M. Baril: Je suis d'accord, mais, comme le ministre le dit depuis
un mois et demi ou deux mois, lorsque la révision des zones sera
approuvée, peut-être qu'il en arrivera d'autres qui voudront
être réinclus. Peut-être qu'il en viendra d'autres.
M. Proteau: Oui...
M. Baril: Si on me permettait, au lieu de... Est-ce qu'on dit
"adopté" ou "approuvé", je ne sais pas quoi...
Le Président (M. Richard): Je sais qu'on a traité
pas mal de l'article 1 et de l'article 2 qui s'imbriquaient. Normalement, ce
qui se passe, c'est qu'on demande... J'ai appelé tout à l'heure
l'article 1, on demande s'il est adopté et...
M. Baril: Oui, mais ce que je veux vous proposer, M. le
Président... Est-ce qu'on peut suspendre l'article 1, étudier
l'article 2 et, après ça, on les adoptera tous les deux pour
être certain de départager les choses?
Le Président (M. Richard): On peut les étudier en
même temps...
M. Baril: Tout approuver après, oui.
Le Président (M. Richard): ...comme on peut les approuver
dans un bloc, après. Il n'y a aucun problème.
M. Baril: Bon.
Le Président (M. Richard): Je ne dis pas s'il y avait 50
articles, là, c'est une autre affaire.
M. Baril: Oui, mais quand on tourne la page, c'est blanc, de
l'autre bord.
Le Président (M. Richard): On ne se perdra probablement
pas dans le dédale.
M. Baril: II y a de la place pour écrire autre chose.
Le Président (M. Richard): II y a une bonne partie
recyclable.
M. Baril: II y a de la place pour écrire le programme de
mise en valeur des terres.
M. Middlemiss: Ah, ça va bien. Est-ce qu'on passe à
l'article 2, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Oui, ça va, et on
reviendra d'une façon globale à la fin, comme vous le
suggérez, M. le député d'Arthabaska.
Examen de la demande
M. Middlemiss: O.K. L'article 2 se lit comme suit: "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 62.2,
édicté par l'article 21 du chapitre 7 des lois de 1989, du
suivant: "62.3. Lorsque de l'avis de la Commission, le projet faisant l'objet
d'une demande est susceptible de mettre en cause le processus de
révision de la zone agricole, la Commission peut pour ce seul motif
décider de différer sa décision jusqu'à ce que la
zone agricole soit révisée."
M. Baril: Ça revient aux explications que le ministre nous
fournissait tout à l'heure.
M. Middlemiss: Oui, c'est ça. Et ça suit. Vous avez
posé des questions concernant ce qu'on a fait avec les recommandations
du rapport Brière, cet article traduit la recommandation 2.2 du rapport
du comité Brière. C'est l'objet premier et unique du projet de
loi.
M. Baril: Le ministre peut-il m'informer... Le rapport
Brière, il avait je ne me rappelle plus le nombre de recommandations.
Combien y en a-t-il qui s'appliquent? C'étaient des recommandations non
pas d'ordre législatif, mais d'ordre administratif.
M. Middlemiss: On m'indique que, présentement, toutes les
recommandations touchant la transparence et la neutralité sont toutes
mises en pratique... Le seul domaine qui n'a pas encore été fait,
c'est le domaine touchant la fiscalité municipale.
M. Baril: Tout ce qui touche actuellement la spéculation
foncière, accommodation sur la spéculation foncière, dans
les recommandations du rapport, 4.1 et plus... On disait: "Pour mitiger
les effets de la spéculation foncière en zone agricole,
nous recommandons..." On peut toutes les lire, si vous voulez, mais il y en a
une page et demie. Je peux bien les lire. "Que le gouvernement réaffirme
le caractère de permanence de la zone agricole révisée;
"Que le ministre énonce et applique, le plus tôt possible, une
politique favorisant la remise en exploitation et le remembrement des terres en
friche dans les zones agricoles;" Je ne sais pas comment on va faire pour
appliquer cette dernière recommandation, si tout ce qui est
démembré, on le rentre dans la zone urbaine. Tu n'auras plus
grand remembrement à faire après.
À 4.3, on disait: "Que le gouvernement entreprenne la
révision en profondeur des décisions des lois fiscales..." C'est
ce que le ministre nous a dit, tout à l'heure. On attend après.
"Que le gouvernement envisage, entre autres, de permettre aux
municipalités d'imposer une surtaxe pour les terres agricoles non
cultivées, similaire à celles qu'elles peuvent imposer sur des
terrains vagues desservis, en milieu urbain;" J'aimerais ça
connaître l'opinion du ministre, à la recommandation 4.4.
On disait aussi, à 4.5: "Que les MRC, communautés et
municipalités s'assurent de la vigilance des évaluateurs
municipaux relativement aux valeurs des unités d'évaluation
inscrites au rôle ayant fait l'objet d'un changement de destination dans
une zone agricole;" II y a de beaux grands mots, là-dedans, mais...
Comment le ministre entend-il intervenir auprès des MRC pour que les
municipalités s'assurent de la vigilance des évaluateurs
municipaux?
À l'article 4.6: "Que dans l'attente d'une révision de la
fiscalité des fermes, le ministère des Affaires municipales
sensibilise les municipalités à la nécessité
d'appliquer les articles 216 et suivants de la Loi sur la fiscalité
municipale afin d'éviter que des spéculateurs
bénéficient des plafonds d'évaluation et d'imposition de
môme que des remboursements de taxes réservés aux
véritables exploitations agricoles;" Et ça, combien de temps? Le
ministre nous a dit tout à l'heure qu'il avait l'intention... Ils sont
en train de réviser ça. Mais on sait que les vrais
spéculateurs, ça ne prend pas de temps, eux autres, avant de s'en
accumuler une bonne réserve. Quand est-ce que le ministre entend
intervenir rapidement? Si c'est par une mesure législative, est-ce que
cette loi pourra être rétroactive? Que le ministre l'annonce.
Ça arrêterait, justement, ou ça découragerait les
spéculateurs. Bon, c'était une...
On finissait par: "Le comité est conscient que ses
recommandations, si elles sont adoptées, ne régleront pas tous
les problèmes qui ont été signalés. Il ne croit pas
toutefois souhaitable de recommander une modification radicale du mode actuel
de révision en raison de l'état d'avancement des travaux. Une
telle modification risque- rait fort de faire illusion sur les résultats
à venir car, peu importent ces modalités, la révision des
zones agricoles exigera toujours des intervenants, surtout en milieu
périurbain, qu'ils tranchent dans le vif entre les impératifs
actuels du développement urbain et l'intérêt que
présente à long terme le maintien de l'affectation de territoire
à des fins agricoles ou à des fins compatibles avec
l'agriculture." C'est une phrase importante: l'intérêt que
présente à long terme le maintien des affectations agricoles.
Souvent, trop de gens sont portés à regarder juste
à court terme. On dit: Bien là, aujourd'hui, la terre est en
friche. Ça fait trois ans, cinq ans, dix ans, donc, ce n'est plus
cultivable: tu envoies ça dans le milieu urbain. C'est ça, avoir
une vision à long terme, être capable de prévoir
l'utilisation de ces terres-là. S'il y a des terres qui ne sont pas
cultivées, ce n'est pas parce que les propriétaires ne veulent
pas les cultiver. Souvent, c'est parce qu'ils ne savent pas quoi faire avec,
à cause de la situation de l'économie agricole, actuellement.
Bon, j'aimerais ça écouter le ministre sur ça,
entre autres... Ce que le ministre a à nous dire.
M. Middlemiss: Quitte à me répéter, M. le
Président, sur le domaine de la fiscalité, au tout début,
j'ai indiqué qu'on était en train de travailler sur une nouvelle
façon pour la fiscalité, dans la taxation des fermes. On ne veut
certainement pas faire ça dans un vase clos. Il va falloir qu'on le
fasse avec nos partenaires, les mêmes partenaires qui nous ont permis,
à date, de procéder avec la nouvelle méthode
révisée des zones agricoles, soit les gens de l'UPA des deux
unions. Je l'ai dit dans mon discours, que les deux unions municipales ainsi
que l'UPA, si ça n'avait pas été de ces deux
partenaires-là, on n'aurait certainement pas réussi à
mettre sur pied une procédure comme on l'a réussi à date.
Je pense que les résultats eux-mêmes sont éloquents. Si on
vous dit que dans l'espace de six mois, on va réussir à avoir 24
décrets, lorsque ça nous a pris trois ans pour en avoir 36, je
pense que ça, en soi... Et donc, il ne faut pas le travailler en vase
clos, le projet de loi sur la fiscalité, dans le but, une fois pour
toutes, d'enlever la spéculation on de récompenser des
spéculateurs avec le remboursement des taxes qu'on a
présentement. On veut certainement en discuter avec l'UPA et les unions.
Une fois ceci établi, c'est que la mise en valeur des terres en friche
fait partie de cette même fiscalité-là. Est-ce qu'il n'y
aurait pas un facteur dans la taxation pour encourager ou inciter les
agriculteurs à avoir de moins en moins de terres en friche? Ça
fait partie de toute cette étude-là et c'est ça qu'on est
en train de faire.
Une chose que je voudrais dire au député, c'est que nous
sommes présentement en train de mettre en pratique le projet de loi 44 -
projet
de loi qui a été passé au mois de juin 1985 - et le
but était, pendant qu'on fait notre schéma d'aménagement,
qu'on puisse avoir un consensus du milieu, à savoir, quelles terres on
va sortir de la zone agricole. Et je dois vous dire qu'à date, tous les
décrets, et ceux qu'on va passer d'ici quelques semaines, vont
être le résultat d'une concertation entre la MRC et la Commission,
ainsi que l'UPA. Donc, tous les partenaires qui sont du milieu. On peut
certainement critiquer qu'il y en a peut-être trop ou pas assez, mais le
projet de loi voulait que cette concertation-là se fasse dans le milieu
et qu'on vienne à établir des zones agricoles
révisées, en espérant qu'on arrivera à une zone
agricole permanente pour enlever les pressions qui sont là, aujourd'hui,
de la part des spéculateurs et ainsi de suite.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, M. le
ministre, comme vous entendez, je pense que nous sommes appelés en
Chambre pour un vote. Alors, nous suspendons les travaux jusqu'après le
vote.
(Suspension de la séance à 17 h 9)
(Reprise à 18 h 1)
La Présidente (Mme Bégin): Compte tenu de l'heure,
la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 11)
La Présidente (Mme Bégin): Nous allons reprendre
les travaux de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation, qui a pour mandat de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 21, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. Je constate que nous avons quorum, donc,
nous allons poursuivre nos travaux sur l'étude détaillée
dudit projet de loi. M. le ministre.
M. Middlemiss: Oui. Au moment où nous nous sommes
quittés, Mme la Présidente, j'étais en train d'indiquer au
député d'Arthabaska que le processus que nous sommes en train de
terminer, au niveau de la négociation des zones agricoles
révisées, résultait du projet de loi 44 de 1985, et ce
projet de loi voulait que ce soit un consensus régional qui se
développe. J'aimerais ajouter que, à date, les 36 décrets
qu'on a déjà et les 24 que nous sommes sur le point de signer -
nous l'espérons, d'ici deux mois - sont un consensus des MRC et de la
Commission. Dans ce processus, il y a aussi consultation au niveau de l'UPA. Je
peux comprendre que le député d'Arthabaska trouve
peut-être, des fois, qu'on a trop de territoire qui sort de la zone
agricole, mais je suis convaincu qu'il ne voudrait pas fausser le projet de loi
qui voulait, lui, que ce soit un consensus. Et si on réussit à
avoir un consensus, une entente signée entre la Commission et la MRC,
suite à des discussions avec l'UPA, je pense qu'on vient
réellement de rencontrer le but visé par la loi 44. Et tant et
aussi longtemps, je pense, qu'on va avoir ce consensus-là et que la
Commission n'est pas obligée, elle, de forcer la MRC à accepter -
à date, ce n'est pas encore arrivé... À ce
moment-là, on pourrait dire: Peut-être. On pourrait se
questionner, à savoir: Est-ce que, réellement, la Commission
reflète bien la volonté du milieu? J'espère que ça
ne se présentera jamais. À ce moment-là, on aura, dans la
mesure du possible, rencontré le but visé de la loi 44.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, mais ça, je comprends qu'on ne peut pas
être contre le fait que la Commission vise ou a comme objectif d'avoir un
consensus; c'est bien évident. Mais aussi, il faut comprendre
qu'à la longue... Des fois, la procédure est tellement longue que
tu as les gens par l'usure. Et si les municipalités ne sont pas, je vais
dire, entièrement satisfaites ou d'accord avec ce que la Commission
propose ou les ententes qu'il y a eues, elles savent très bien que si
elles ne finissent pas par accepter ou approuver cette entente, ça va
retarder encore rétablissement de la zone ou le décret. C'est
pour ça que je dis que c'est certain que tout le monde vise à
obtenir le plus large consensus possible, mais on finit toujours par
reconnaître que c'est la CPTAQ qui a le dernier mot. Si la CPTAQ dit:
Moi, c'est ça, c'est ça - et là, je ne veux pas nier, dire
que les négociations ne sont pas correctes - mais, comme je vous le dis,
à la longue, on finit par avoir les gens par l'usure. Au niveau de l'UPA
- on l'a vu dans le passé - actuellement, avec toutes ces
négociations et toutes ces demandes, même les demandes
individuelles ou les demandes que les municipalités appuient, avec tout
le travail que l'Union des producteurs agricoles a à faire et les
présentations qu'il y a à faire, ça devient une
procédure longue et coûteuse pour l'Union des producteurs
agricoles. Ils sont en train de se monter des bureaux pour venir à bout
de défendre le territoire agricole face à cette même
Commission - là qui est supposée de le protéger,
voyez-vous? Ça fait qu'il faut tenir aussi compte de cette situation. Il
ne faut pas ignorer ça.
En tout cas, pour ce qui est de l'article 2, on dit: "Lorsque de l'avis
de la Commission, le projet faisant l'objet d'une demande est susceptible de
mettre en cause le processus de révision...", etc. Le ministre ne pense
pas que les
mots "est susceptible", ce n'est pas affirmatif, ce n'est pas, comment
je dirais, ce n'est pas décisionnel, ce n'est pas... Il me semble que si
le ministre disait: Lorsque de l'avis de la Commission - j'aimerais ça
avoir ses commentaires - le projet faisant l'objet d'une demande - à
titre de suggestion - qui met en cause le processus de révision de la
zone... Il me semble que ça, ça serait clair, ça serait
affirmatif, ça n'ouvrirait pas encore la porte à des
"peut-être pis tiens bien". Là, quelqu'un va faire une demande, H
va être obligé, comment je dirais, de prouver que c'est
susceptible ou pas, sur quel critère la Commission va se baser à
savoir si c'est susceptible ou si ça ne l'est pas... Il me semble que si
on disait "le projet faisant l'objet d'une demande qui met en cause le
processus de révision agricole", ça serait plus affirmatif, et
ça confirmerait encore davantage de dire: Ho, Ho! Attendez, les petits
gars, là! Je ne sais pas ce que le ministre en pense, là.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Regardez, la raison qu'on a "le projet faisant
l'objet d'une demande est susceptible", c'est que, vu qu'on est en train
d'amender le projet de loi 90 de 1978, on s'est servis des mêmes mots
pour que ce soit concordant. Je regarde, ici, dans la loi 90, à
l'article 45, l'article avait le même but que celui qu'on présente
ici. On a voulu garder la même chose, et je peux vous lire ce qu'on a ici
pour l'article 45: "La Commission peut autoriser, aux conditions qu'elle
détermine, l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le
lotissement ou l'alignation d'un lot. Lorsque de l'avis de la Commission, le
projet faisant l'objet d'une demande est susceptible de mettre en cause le
processus d'élaboration de la zone agricole..." Donc, on se sert de...
On a voulu garder ça, un peu; pour ne pas mélanger les gens, on a
gardé la même chose.
M. Baril: Non, mais...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Je comprends, mais avec l'expérience de la
Commission... C'est en 1978, ça? Ça fait 12 ans, là. Avec
l'expérience acquise avec les années, depuis 12 ans, je vous le
dis, là, il me semble que ça définirait encore davantage
l'orientation autant du gouvernement que de la Commission, de dire: Bon, bien
là, c'est encore plus sévère... Je ne sais pas si je peux
dire plus sévère, mais I me semble que le mot "susceptible" est
porté à interprétation. Ce n'est pas parce qu'en 1978 il
pouvait être bon, il pouvait être valable, qu'il l'est encore
aujourd'hui.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre?
M. Middlemiss: On ne peut pas, malheureusement, au moment de la
présentation, dire: Oui, ça va créer un problème.
On dit que c'est "susceptible", parce que ça dépend de la
décision de la Commission. Si la Commission décidait, dans une
demande particulière, de dire: Oui, cette parcelle de terrain, on va
l'exclure de la zone, mais que dans les négociations du module, on dit:
Non, on va la garder là... Mais on ne sait pas, tant et aussi longtemps
que la décision de la Commission... Donc, c'est pour ça qu'on dit
"susceptible". C'est "susceptible", pour autant que la décision qu'on va
prendre vis-à-vis de cette parcelle de terrain va être
différente de la décision qu'on va prendre pour le module qu'on
est en train de négocier entre la MRC et la Commission. On ne pourrait
jamais dire, tant et aussi longtemps que la décision n'est pas rendue.
Et on ne veut pas rendre la décision, c'est ça qu'on veut
éviter. C'est pour ça que c'est "susceptible", selon la
décision que la Commission va prendre vis-à-vis de ce
dossier-là en particulier
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Comment, en vertu de l'article 45, dans le
passé, la Commission interprétait-elle le mot "susceptible"? Il y
avait une demande et c'était susceptible de contrevenir à la
révision de la zone...
M. Middlemiss: C'était dans le même sens, j'ai
l'impression, qu'en 1978, quand la Commission négociait avec les
municipalités; on avait décrété une zone et il y
avait des négociations. Tant et aussi longtemps que ces
négociations n'étaient pas terminées, on ne savait pas
dans quelle direction on s'en allait. Donc, si on avait rendu une
décision dans les modules qu'on négociait, on était sujets
à faire des erreurs, qui ont été commises. Et c'est
ça qu'on veut éviter. C'est "susceptible", dans le sens que tout
dépend de la décision qu'on rend sur cette demande
individuelle.
M. Baril: Est-ce que vous pouvez me dire combien il y a eu de
cas? Est-ce qu'il y a eu des cas, d'abord? Combien y a-t-il eu de cas, en vertu
du deuxième paragraphe de l'article 45? C'est-à-dire que la
Commission a reporté ou n'a pas pris la décision, puisqu'elle a
jugé que ça pouvait être, que c'était susceptible de
mettre en cause le processus d'élaboration ou de révision.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Je vais demander à M. Proteau, le
président, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): M. Proteau.
M. Proteau: On n'a pas de statistiques pour 1979, 1980 et 1981.
En tout cas, s'il en existe, je ne les ai jamais vues. Tout ce que je sais,
c'est qu'il y en avait suffisamment. Il ne faut pas oublier, à ce
moment-là, que c'était municipalité par
municipalité et qu'on commençait vraiment. Je sais que ça
a beaucoup été utilisé, de telle sorte que même des
gens qui avaient laissé leur dossier là et qui ne sont pas
revenus à l'attaque se sont aperçus, en 1986 ou en 1987, qu'il y
avait des décisions qui n'avaient pas été rendues sur des
demandes qui avaient été différées en 1979, 1980 ou
1981. Je n'ai pas de chiffres. Je sais que c'était utilisé
couramment, par contre.
M. Baril: Vous avez dit que des demandes avaient
été...
M. Proteau: Différées, et qu'ils se sont
aperçus, à un moment donné, en 1986 ou 1987, selon ce
qu'on m'a dit, que ces dossiers n'avaient pas encore été
traités dans le cadre des demandes régulières,
n'étaient pas revenus devant la Commission à la suite du
décret de zone agricole. Ils les ont traités à ce
moment-là.
M. Baril: Pourquoi n'étaient-ils pas revenus? Parce que
les gens n'ont pas rappliqué?
M. Proteau: Ils n'ont pas rappelé, ou les dossiers ont
peut-être été égarés ou mal classés.
Je ne pourrais pas vous dire exactement. Tout ce que je sais, c'est qu'ils
avaient carrément été oublié et, à un moment
donné, on s'est aperçu qu'ils n'avaient pas été
traités. Actuellement, je peux vous dire que le Procureur
général est intervenu, en tout cas depuis le 1er février,
à 71 reprises, sur un peu plus de 2000 demandes qu'on a reçues
depuis cette date. Évidemment, ce sont des dossiers importants. Il
n'intervient pas sur des vétilles, des choses qui, à
première vue, ne causeraient pas de problème, comme on dit. Pour
le petit 100 par 100 au fond des bois qui ne met pas en cause la
révision de la zone ou qui n'aura pas d'incidence sur la
négociation, il n'intervient pas. Mais, pour les grandes superficies de
1000 hectares, 500 ou même peut-être 100, dépendant de la
situation, entre autres, si on est en périphérie de la zone
blanche actuelle, il peut se permettre d'intervenir. Il l'a fait. Mais 71
interventions sur 2028 demandes, du 1er février au 11 mai dernier, ce
n'est pas...
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Mais je ne comprends pas pourquoi le Procureur
général est intervenu, là.
M. Proteau: Cela a fait suite à une recommandation du
rapport Brière, la recommandation 2.3 qui disait que tant qu'on n'aura
pas, dans la loi, une disposition nous permettant de différer, le
procureur général devrait intervenir dans les cas où la
demande met en cause le processus de révision et, qu'au nom de
l'intérêt public, il devrait intervenir pour préjuger la
décision.
M. Baril: Merci de l'éclaircissement. C'est parce que je
ne me situais pas.
M. Proteau: C'est pour dire que c'est quand même un texte
de loi qui va nous être utile, mais qui ne sera pas utilisé
à outrance. La preuve, 71 dossiers, ce n'est pas volumineux.
M. Middlemiss: Je pense qu'il y a un élément qui
manque, dans ça, M. le président. C'est 71 demandes sur 2028,
mais ça touche combien de négociations de MRC? Je pense que ce
facteur-là est important.
M. Proteau: Ces 71 demandes touchaient toutes des dossiers...
M. Middlemiss: Les 24... Les 24 MRC ou...
M. Proteau: Ho! ça fait moins... 71, ça peut
être là... Je n'ai pas la répartition par MRC, mais
ça peut être toutes les MRC dans lesquelles on est en train de
négocier actuellement.
M. Middlemiss: Ça fait 24. M. Proteau: Vingt...
M. Middlemiss: 23.
M. Proteau: ...Oui, mais il y avait aussi d'autres dossiers en
négociation. Je pense, mettons, à la MRC des
Chutes-de-la-Chaudière, qui est en négociation, ou à la
MRC de Denis-Riverin où on négocie et où le Procureur
général pourrait intervenir. Alors, c'est peut-être dans 50
ou 55 MRC où ça peut se produire.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Comment une demande pourrait-elle affecter le processus
de révision? Peut-on avoir un exemple? Ou bien si elle ne l'affecte pas.
Qu'est-ce qui peut affecter une demande? Une demande, c'est de quelle
façon qu'elle peut affecter, elle, le processus de révision? Ou
bien sur quoi, comment la Commission peut-elle se baser pour dire que
celle-là l'affecte et l'autre ne l'affecte pas?
M. Middlemiss: Moi, je dirais que toute demande faite dans...
Disons qu'on va prendre, par exemple, un module. On est en train de
négocier ce module-là entre la MRC et la Commission, dans une MRC
X. Toute demande de changement dans ce module-là est susceptible
d'être soit en accord ou en désaccord avec la
décision rendue. Assumons qu'on dise que ce module-là,
c'est pour demeurer dans la zone verte et, entre temps, la Commission
libère cette propriété-là. Une fois que la
Commission aura complété ce module-là, il va y avoir une
tache blanche dans une tache verte, et c'est pour empêcher que des
causes... Ça, il y en a plusieurs. Les noms, je ne peux pas vous les
donner, mais il y en a plusieurs. C'est pour empêcher que des situations
comme ça se développent.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Art habaska.
M. Baril: Ni plus ni moins, ça serait qu'un nouveau
développement, ou un développement nouveau, ou une demande pour
l'établissement d'un développement dans un coin de la
municipalité serait demandé et que, lors de la révision du
processus, il y aurait entente ou il y aurait consensus à l'effet
que le développement doit se faire complètement de l'autre
côté ou je ne sais pas où. Est-ce que ça peut
être un cas comme ça?
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Non.
M. Proteau: Si vous voulez, je peux...
M. Middlemiss: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): M. Proteau.
M. Proteau: En fait, je vais vous donner un exemple. Je pense,
dans la MRC des Chutes-de-la-Chaudière, en ce moment, on a eu une
demande du développeur qui veut développer quelque chose comme
500 acres. C'est un secteur où la MRC ou la municipalité n'ont
pas fait de demande dans le cadre des négociations. Alors, c'est
très probable, si la loi n'est pas en vigueur à ce
moment-là, que le Procureur général intervienne pour nous
demander de différer l'étude de la demande tant que les
négociations ne seront pas terminées parce qu'il ne semble pas
que le développement aille dans ce sens-là. Ça peut
être des demandes qui portent sur des modules qui ont déjà
été, aussi, négociés, qui vont soit être
exclus dans le cadre du décret ou qui vont rester en zone agricole, mais
on ne sait jamais ce qui peut se produire. La demande peut porter sur
ça. Or, il est peut-être préférable d'attendre que
le décret soit en vigueur avant de se prononcer, s'il y a lieu. C'est
pour ne pas préjuger, d'une part, des négociations et de la
décision du gouvernement et c'est aussi pour ne pas préjuger ou
déjà orienter, si vous voulez, le développement autrement
que ce que ça peut être.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Art habaska. (20 h 30)
M. Baril: Est-ce qu'avec le temps et l'expérience de la
Commission, elle a regroupé certains critères pour
établir, justement, quelle demande peut être susceptible de
changer, de compromettre ou d'avoir une cause sur le processus de
révision? Et dans le sens est-ce que c'est une demande qui peut
être formulée pour - pour utiliser votre terme - que ce soit un
module contigu à la future zone urbaine périphérique dune
ville ou bien si ça peut être complètement un module qui
est situé à trois kilomètres plus loin? Est-ce que la
Commission a établi des critères pour dire si c'est contigu
à la zone possible qui sera établie bientôt, ou si c'est un
peu partout sur le territoire? Ou si c'est discrétionnaire à
chaque cause, à chaque demande?
M. Middlemiss: De façon générale, on dit
"susceptible", c'est d'affecter les négociations en cours. Si la demande
est de deux ou trois kilomètres du module et que ça n'a aucun
effet possible, à ce moment-là, j'ai l'impression que la
Commission ne ferait aucune intervention. D'accord, ce cas-là pourrait
être soumis et la Commission pourrait rendre une décision.
Où la Commission va vouloir, c'est que si la décision, qu'elle va
rendre sur cette demande-là, peut affecter, soit les
négociations, peut affecter les modules qui sont sur le point
d'être décrétés, à ce moment-là, la
Commission juge à-propos. Mais si ça ne peut pas affecter du
tout, bien la demande va être étudiée à sa juste
valeur à ce moment-là. C'est juste pour éviter de se
mettre dans une position où on dit: "oui" ou on dit: "non", dans les
négociations, suite à la loi 44, mais qu'entre temps on va
prendre une position différente par rapport à une demande
individuelle. C'est pour empêcher d'avoir des non-sens qui se produisent
pendant qu'on est en train de négocier des modules et qu'on prend des
décisions sur des demandes particulières.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Art habaska.
M. Baril: bon, en tout cas, je reconnais l'explication qu'on nous
a fournie, sur la définition de la raison d'être des mots "est
susceptible". maintenant, si on continue plus loin, dans le même
paragraphe, le même article, on dit: "la commission peut pour ce seul
motif décider de différer sa décision jusqu'à ce
que la zone agricole soit révisée." bon, si je demande pourquoi
on a marqué "peut", pourquoi on n'inscrit pas plutôt "doit", le
ministre va me dire que c'est ça qui était marqué dans la
loi en 1978. sur ça, je vais dire: ii a raison; c'est vrai que
c'était marqué. mais, encore une fois, il me semble que si on
ouvre la porte, on laisse la porte grande ouverte, à l'effet que lorsque
la municipalité, non pas la municipalité, la commis-
sion aura jugé qu'une telle demande peut être susceptible
de mettre en cause le processus, elle peut décider de reporter sa
décision, ou bien elle va dire: Je peux rendre quand même ma
décision. Donc, si elle juge que la demande est susceptible de mettre en
cause le processus, elle devrait, pour ce seul motif, ça devrait
être inscrit "doit" pour ce seul motif, décider de la
différer à plus tard.
M. Middlemiss: oui, si on dit "doit", j'ai l'impression
qu'à ce moment-là on enlève à la commission tout
pouvoir qu'elle peut avoir de décider de le faire ou de ne pas le
faire.
M. Baril: En 1978, lorsqu'on a voté la loi, que le
gouvernement a voté la loi en 1978, on ne savait même pas ce que
c'était, ce que ce serait... Les schémas d'aménagement
n'étaient même pas élaborés, il n'y avait rien. On
commençait au début. L'article 45 parle de l'élaboration
de la zone agricole, il ne parle même pas des schémas
d'aménagement; l'article 45, en 1978. Donc, là, et le rapport
Brière parle, d'accord, d'une plus grande transparence, de
neutralité; il parle d'une plus grande neutralité. Moi, je me dis
que ce serait au gouvernement de définir... Et, quand on dit... Vous
avez dit: il ne faut pas lui enlever ses pouvoirs à la Commission, je ne
veux pas lui enlever des pouvoirs, parce que ça va être à
elle de juger si c'est susceptible de mettre en cause le processus de
révision ou si ce n'est pas susceptible. Mais lorsqu'elle jugera que
c'est susceptible, eh bien, on dit, là: lorsque tu jugeras que c'est
susceptible, tu devras, pour ce motif, reporter ça à plus
tard.
Mais, là, c'est parce qu'on laisse la porte ouverte, comme je
vous le dis. Puis le ministre, là-dessus, devrait être attentif,
parce que... Pourquoi y a-t-il eu - je ne sais pas si c'était une
enquête ou une Commission - le rapport Brière? C'est parce qu'il y
a eu des troubles quelque part, il y a eu des problèmes quelque part. Il
y a un paquet de recommandations, là, comprenez-vous. Et il me semble
que le ministre devrait être davantage attentif à ça, puis
dire à la Commission: On vous laisse juger, à savoir si cette
demande-là est susceptible de mettre en cause le processus, et lorsque
vous aurez jugé que, effectivement, est susceptible de mettre en cause
le processus de révision, vous devrez reporter ça à plus
tard. Pour, en plus, empêcher des pressions qui peuvent venir
éventuellement de personnes qui seraient intéressées par
cette demande-là, à faire des pressions sur la Commission et sur
le ministre aussi, ou sur le gouvernement. Il me semble que ça
clarifierait davantage les choses. Le ministre et la Commission
s'enlèveraient des pressions. Ils diraient: Nous autres, le
législateur nous a dit que quand on juge que c'est susceptible de mettre
en cause le processus, on doit reporter ça à plus tard. Bon. On
le doit. Puis c'est ça de dire on a la volonté de protéger
notre territoire.
M. Middlemiss: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Que ce soit en 1978 où le gouvernement du
temps était en train d'élaborer une zone agricole... et qu'on se
serve de l'article 45. Le but de l'article, c'est de dire: Pendant qu'on est en
train de négocier une zone agricole ou qu'on est en train de
réviser une zone agricole, il n'y a pas une grande différence
entre le but et le processus. Ça se fait, là, la même
chose. Qu'on décrète une zone agricole et qu'on ait un article de
loi qui dise: Pendant qu'on est en train d'élaborer cette
zone-là, on serait mieux de ne pas rendre... s'il y a des
décisions individuelles, susceptibles d'affecter ce processus-là,
la Commission a le pouvoir de remettre ça jusqu'au moment où la
zone sera décrétée.
Qu'on ait fait ça en 1978 pour une zone agricole ou qu'on le
fasse à même le schéma d'aménagement qu'on est train
de préparer là, j'ai bien l'impression, M. le
député d'Arthabaska, qu'il n'y a pas une grande
différence. Le but c'est d'empêcher de prendre des
décisions individuelles qui pourraient fausser le processus qui est en
train de se faire. Que ça se soit fait en 1978, que ça se fasse
aujourd'hui, en 1985 ou en 1989, il n'y a pas une grande différence.
Mais pour revenir... Si on veut parler de la raison pour laquelle on a
eu le rapport Brière, il y a quelqu'un qui a soulevé qu'il y
avait des problèmes au niveau de la ville de Laval. Mais je pense que le
cas de la ville de Laval, on va essayer de le "clairer", une fois pour toutes.
Le 6 mars, il y a eu une assemblée publique. Et ce n'est pas moi qui le
dis. Il y avait des journalistes là. Et je lis dans La Presse du
mercredi 7 mars: Consensus autour du zonage agricole à Laval. Ce n'est
pas moi qui ai dit ça. C'est un journaliste qui était
présent, présent à une assemblée où il y
avait 425 personnes.
Et, si je ne me trompe pas, il y a eu 46 mémoires qui ont
été soumis. À part d'un mémoire qui était un
peu flou, les autres mémoires n'ont pas questionné du tout
l'orientation du schéma d'aménagement et de la zone agricole, une
zone agricole qui reflète exactement le but de la loi 44. L'Opposition,
c'est ça, c'est son rôle à jouer. Elle a voulu monter le
zonage de la ville de Laval et a voulu faire un spectacle.
Mais, aujourd'hui, la loi 44 a été respectée dans
Laval. Le consensus dans la ville de Laval résulte d'une
négociation entre la MRC de Laval entre l'UPA et la Commission... ont
décidé. Et on peut bien encore voir des squelettes un peu
partout. Et je l'ai dit avant et mon prédécesseur l'a dit aussi,
le ministre de la Justice l'a dit aussi. Si vous avez des preuves, de
l'information, qui démontrent qu'il y a eu des choses qui ont
été mal faites à Laval, apportez-les, les rensei-
gnements. On y verra. Mais, dans le moment, dans la ville de Laval...
J'invite le député d'Arthabaska à le dire, ça. On
peut faire un grand débat sur ça, on peut continuer à
trouver un petit peu toutes sortes de choses, mais est-ce que
réellement, en 1985, lorsque votre gouvernement a passé la loi
44, vous vouliez avoir un consensus? Oui ou non? Il y en a un consensus de
l'UPA, de la MRC, de la Commission qui s'entendent, 425 personnes vont
là, 46 mémoires. Qu'est-ce qu'il faut faire de plus?
M. Baril: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Bégin): M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: ...je ne veux pas, ce n'est pas mon intention de
reprendre tout le débat sur Laval, entre autres. Je pourrais en soulever
sur bien d'autres dossiers, mais, à Laval, ça a été
dit. Je n'ai pas les articles de journaux ici, aussi. Pourquoi l'UPA a-t-elle
signé? Elle voulait avoir la paix. Elle avait assez de temps et
d'énergie d'investis là-dedans, comme je l'ai dit, tout à
l'heure, je pense que c'était avant 18 heures, avant l'ajournement ou la
suspension. Elle était tannée. C'est rendu qu'ils sont
obligés de se monter des bureaux je ne sais pas si c'est d'avocats ou de
spécialistes, en tout cas, pour venir à bout de défendre
le territoire agricole. Ça, ça a été écrit
aussi dans les journaux et c'est une des raisons pour lesquelles l'Union des
producteurs agricoles a dit - vous l'avez eue par le temps, vous l'avez eue par
l'usure - : À force de revenir et de négocier, on est aussi bien
de leur donner ce qu'ils veulent; c'est un moindre mal, mais on espère
avoir la paix pour les 15 prochaines années. C'est un peu ça, en
gros, que l'UPA... C'est pour ça qu'on a réussi à avoir un
consensus, dans le cas de Laval, précisément.
Moi, je ne suis pas ici pour relever ce qui s'est fait de correct ou de
pas correct. Le débat a été fait et il n'a pas
été éclairci de toute façon. Il reste encore bien
des choses en suspens. Mais je vous le dis, je le répète: Moi, je
ne suis pas ici pour relever ce cas-là, mais je dis simplement, quand le
ministre dit: On a obtenu un consensus... Je suis d'accord qu'il a obtenu un
consensus, mais il l'a eu par l'usure. Ça, c'est l'Union des producteurs
agricoles elle-même qui l'a dit. Elle-même. Je pourrais fournir...
J'ai juste à fouiller dans mes papiers et je pourrai fournir au ministre
cette information. De toute façon, il l'a sans doute. Elle, elle a dit:
Au lieu de passer encore deux ans à négocier tout ça, avec
le temps et l'argent, on a d'autres choses que ça à s'occuper. Et
l'Union des producteurs agricoles est financée par les membres qui
finissent, eux autres aussi, par trouver que ça coûte cher.
Quand on parle d'un consensus, il faut être prudent. Je pourrais
en soulever d'autres cas au ministre, justement, concernant les fameux
consensus. Souvent les gens, même au niveau des municipalités,
disent: Si on n'accepte pas ce qu'ils nous proposent, on va se retrouver dans
deux ou trois ans et on est gelés, on n'est pas capables de rien faire
tant que le décret n'approuve pas notre plan. Bon! Ça fait que
sur l'histoire des consensus, il faut faire attention à ça.
Je reviens. Lorsqu'en 1978 la loi a été
élaborée, ce n'était pas du tout le même contexte
qu'aujourd'hui. Pas du tout le même contexte. Encore une fois, moi, je ne
veux rien reprocher, actuellement, au ministre qui a hérité d'un
dossier de son prédécesseur, un dossier qui était,
j'oserais dire, pourri. Mais, moi, ce que je lui demande, ce que je lui
suggère... Il s'arrangera avec après, au moins j'aurai fait mon
devoir de l'aviser, de l'informer. On s'est aperçus, à la longue,
qu'il y a des choses... Dans le rapport Brière, quand on parle de
neutralité, si tout le processus de révision avait
été fait - encore une fois, je vous le dis, je ne porte pas
d'accusation - dans la plus grande neutralité, bien, dans le rapport
Brière, il n'y aurait pas eu toute une série de recommandations
pour préserver davantage la neutralité de la Commission. (20 h
45)
En 1978, lors de l'élaboration des zones agricoles et de
l'élaboration des schémas d'aménagement, le gouvernement
n'a pas eu les problèmes que le gouvernement vit, actuellement, avec la
révision de ces zones. Il n'a pas eu ça ces
problèmes-là. C'est pour ça que je vous dis qu'en cours de
route, l'expérience aidant, comprenez-vous, démontrer ce que le
fonctionnement de la Commission, des négociations avec les intervenants,
comme je vous le dis et je ne charries pas... La Commission a le monde par
l'usure. Moi, ce que je propose au ministre, ce que je lui suggère,
c'est de dire que lorsque la Commission dira, décidera qu'une telle
demande est susceptible de mettre en cause le processus de révision,
bien, elle "devra", pas "elle peut". Vous allez encore avoir des pressions de
différentes personnes qui vont dire: écoute, même si c'est
susceptible, tu n'es pas obligé de le faire, tu peux juste le faire;
alors, dans mon cas, trouve-toi donc une raison pour rendre ma décision
tout de suite parce que ça fait mon affaire. C'est ça qui va
arriver, encore, des pressions. Tu laisses la porte ouverte à des
pressions auprès de la Commission et auprès du ministre. C'est
après des troubles que vous courez.
L'expérience que le gouvernement actuel a vécue depuis les
quatre dernières années, juste ça, devrait le convaincre
de dire: Écoutez un peu, tant qu'à rouvrir la loi, tant
qu'à faire un amendement, on va essayer de le faire le plus
précis possible, le plus clair, le plus net possible
pour ne laisser aucune pensée, aucun désir, aucune
susceptibilité aux gens de dire: Peut-être que si je fais des
démarches et que je demande, que je quémande, que la Commission
va dire: Bien, non. Ma demande, moi, ça ne met pas tout à fait en
cause, puis on va te l'accorder, ta demande. Je mets juste le ministre en
garde, je le préviens: II me semble qu'il devrait s'arrêter
là-dessus et regarder comment ça marche depuis quatre ans, mais
pas arriver et dire: En 1978, c'était comme ça. On est dans un
tout autre contexte.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, premièrement, je
dois dire que, dans le cas de Laval, j'ai eu l'occasion, avant la
réunion du 6 mars, de parler au président de l'UPA, M. Lacroix,
qui m'a indiqué... Je l'ai rencontré pour une raison tout
à fait différente de ça, et il m'a assuré que ce
qu'il y avait là, à Laval, c'était un consensus. Il ne m'a
pas dit qu'il avait été pris par l'usure. Moi, du moins, je vous
dis ce qu'il m'a dit à moi personnellement.
Vouloir dire que j'ai hérité d'un dossier pourri, je tiens
à corriger le député d'Arthabas-ka. Pour les gens de
l'autre côté de la table, c'était pourri, mais je pense
qu'on est en train de démontrer que, réellement, il n'y avait
rien là dans le sens... S'il y a quelque chose là, je le
répète encore, je vais dire à ces gens-là de nous
apporter la preuve et on prendra les mesures nécessaires pour s'assurer
que les gens qui auraient pu bénéficier de renseignements
privilégiés ou d'un traitement privilégié... que
justice soit rendue.
Maintenant, Mme la Présidente, je crois qu'il est impossible de
changer ces choses-là, et je demanderais donc de prendre le vote sur
l'article 62.3... l'article 2.
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député d'Arthabaska, votre temps est écoulé en ce
qui concerne l'article 2.
M. Baril: Est-ce qu'on a une limite de temps par article?
La Présidente (Mme Bégin): Vingt minutes. M.
Baril: Combien?
La Présidente (Mme Bégin): Vingt minutes. Si vous
pouvez conclure.
M. Baril: On a dit, au début, Mme la Présidente,
qu'on étudierait l'ensemble de la loi et qu'on prendrait un vote sur
l'ensemble de la loi. Un vote... Si je regarde ça, même si on
prenait un vote, on n'irait pas loin avec ça.
Je fais simplement la suggestion au ministre de le changer, mais, s'il
ne veut pas le changer, je le répète, je considérerai
qu'il est de mon devoir d'aviser le ministre ou de lui suggérer que,
à mon avis, il devrait changer le mot "peut" par le mot "doit". Si le
ministre dit: Ma loi est parfaite, je la laisse comme ça, moi, je ne
l'obstinerai pas, mais il faudrait faire attention parce que ça fait
plusieurs fois que le gouvernement... c'est dans plusieurs lois que le
gouvernement actuel légifère et il nous revient, six mois ou un
an après, avec une petite loi d'un article ou deux pour corriger, bien
des fois, ce que l'Opposition lui avait suggéré avant. Je fais
juste un rapport avec la loi 100 et je pourrais aller dans d'autres lois sur
d'autres ministères. On passe notre temps à amender des lois de
deux ou trois articles.
C'est tout simplement une suggestion que j'ai faite au ministre, mais
s'il considère qu'il n'y a pas de problème, que sa loi est bonne
et qu'il n'a pas vécu assez de problèmes depuis le processus de
révision de la loi, je ne sais pas ce qu'il attend, lui, pour... Je ne
sais pas comment on peut définir les problèmes qu'on vit. Je le
répète, s'il y a eu un comité spécial de
formé après un moratoire - le ministre avait même
décrété un moratoire - donc, c'est parce qu'il se passait
quelque chose à quelque part, hein? Et il y a un paquet de
recommandations qui ont été suggérées par le
comité Brière et je pourrais fouiller ici aussi et... si M. le
ministre m'en... je ne veux pas prendre indûment le temps de la
commission, mais je l'ai noté l'autre jour, il y en a un autre article
du journal, si le ministre cite les articles de journaux, qui dit très
bien, je le donne de mémoire: n'absout pas le gouvernement... Je l'avais
ici, je l'ai cité l'autre jour en Chambre... Comme de quoi que le
rapport Brière, en tout cas... Le titre c'était: Brière
n'absout pas le gouvernement, dans ça... Bon, je l'ai ici.
"Brière refuse son absolution", dans Le Soleil, le dimanche 17
décembre 1989. Donc si Brière refuse l'absolution du
gouvernement, il faut croire qu'il y avait quelque chose là-dedans,
hein? S'il n'y avait eu rien à nulle part, il n'aurait pas eu besoin de
dire ça. Ça fait qu'il faut faire attention sur les affirmations
qu'on peut porter dans tout le processus.
Mais, je finis, Mme la Présidente, en respectant votre
volonté, je ne sais pas si c'était vrai que j'avais vingt minutes
sur cet article, mais moi, j'ai fait part de mes commentaires. Si le
ministre... Puis je vous le dis, je ne tiens pas à demander le vote, je
suis tout seul contre, hein? Bon, ça fait que... Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: II y a un certain réalisme là-dedans.
Mais, si le ministre, puisqu'il l'a demandé, le vote, même si,
d'avance, je sais qu'ils vont l'emporter pareil, je le répète,
c'est qu'au moins moi, je me sentirai d'avoir... je me sentirai responsable
d'avoir fait mon devoir de l'Opposi-
tion en informant le ministre des dangers qui guettent ta Commission et
des dangers qui guettent le ministre sur des pressions qui proviendront
éventuellement de différents demandeurs, des pressions qui
viendront sur eux autres. Moi, c'était simplement pour dire: Tu attaches
ça comme il faut avec de la broche, puis on va avoir la paix avec
ça. Si le ministre dit: Non, nous autres, on aime ça avoir des
pressions, puis on aime ça que les gens viennent nous voir... Bon,
j'allais dire, ils s'arrangeront encore avec leurs troubles, mais ça
sera encore le territoire agricole qui en subira les conséquences, bien
des fois.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Mme la Présidente, c'est que, souvent, on
dit, lorsqu'on a une combinaison gagnante, on ne la change pas. Mais c'est la
même, et, en passant, c'est Me Brière qui l'a
suggéré, de prendre l'article 45 du projet de loi 90 de 1978. On
est en train, exactement, c'est une de ses recommandations qu'on est en train
de faire. Et si cette formulation, cet article, a réussi à
permettre à nos prédécesseurs d'établir,
d'élaborer une zone agricole, avec cet article-là, il semblerait
que ça ne leur a pas causé problème, pourquoi pas
continuer avec le même article? C'est la logique même qui dit de ne
pas changer une combinaison qui a bien servi.
La Présidente (Mme Bégin): Bon, est-ce que je dois
conclure que l'étude de l'article 2 est terminée? Est-ce que
l'article 2...
M. Baril: Non, non, Mme la Présidente, je vous
arrête tout de suite, là. Je n'adopterai pas, moi, en tout cas,
c'est ma part. Je ne l'adopterai pas parce qu'au début - et je pense que
vous étiez ici - au début, on a dit: On va étudier tous
les articles, puis après ça on va les adopter en bloc.
La Présidente (Mme Bégin): Ah, O.K.!
M. Baril: C'est ça qu'on a dit au début, je pense
bien, hein?
M. Middlemiss: Excusez-moi, Mme la Présidente, mais il me
semble qu'on avait les articles 2 et 1, et, à ce moment-là...
M. Baril: On a dit les articles 1 et 2. La Présidente
(Mme Bégin): Oui.
M. Middlemiss: O.K. On a demandé de dire, on va suspendre
l'article 1 et on va aller à l'article 2. J'ai suggéré,
moi, à la suite, de prendre les articles 1 et 2 ensemble.
M. Baril: Oui.
M. Middlemiss: Et si je me trompe, je suis certainement
prêt... Et on pourrait vérifier, mais il me semblerait que c'est
ça que j'ai dit.
M. Baril: C'est vrai, j'ai dit les articles 1 et 2 ensemble, on a
dit les articles 1 et 2 ensemble, et après ça on a dit: On peut
tout les étudier en bloc aussi, puis on va les adopter en bloc.
Remarquez, vous n'avez pas le gars pour faire un débat de
procédure.
M. Middlemiss: Non, non, non. M. Baril: Je vous avise tout
de suite. M. Middlemiss: Moi non plus.
M. Baril: je vous donne l'impression de la discussion qui a
été donnée au début et je ne suis pas le
procédurier à mort, je ne suis pas là pour faire perdre du
temps, je vous donne simplement mon affaire.
La Présidente (Mme Bégin): Non, non, mais vous
comprendrez aussi que je n'étais pas là...
M. Baril: Oui, madame.
La Présidente (Mme Bégin): Ça fait que si
vous vous entendez, moi, comme on dit: La pire des ententes vaut le meilleur
des jugements. Donc, si vous vous êtes entendus...
M. Baril: Ou quelque chose comme ça.
La Présidente (Mme Bégin): ...il n'y aura rien
là.
M. Middlemiss: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Oui, M. le ministre.
M. Middlemiss: Je demanderais peut-être à M. Proteau
d'émettre des commentaires à ce sujet.
M. Proteau: En fait, à l'article 62.3, quand on parle de
"susceptible", c'est une question d'évaluation. On n'a pas le choix. Il
faut évaluer indépendamment de ce que pourrait être la
décision finale sur le fond de la demande. Il faut évaluer si
c'est susceptible. Alors, qu'on mette "peut" ou "doit" par après,
ça revient au même. Ça ne changerait absolument rien mais,
comme M. le ministre l'a dit, on a déjà un texte qui a fait ses
preuves et qui ne semble pas avoir causé de problème en 1979,
1980 et 1981. La logistique juridique veut simplement que quand ça va
bien on garde les mêmes combinaisons pour... Comme on dit:
l'équipe gagnante, la combinaison gagnante, on la garde. C'est dans ce
sens-là.
M. Baril: M. le président de la Commission, je respecte
beaucoup votre opinion mais, moi, je persiste à dire que le contexte de
1978 n'est pas le même que le contexte de 1990. Ce n'est pas du tout la
même chose. S'il y a eu, encore une fois je le répète, mais
avec tout ce qui s'est passé... Ce n'est pas pour rien que M.
Brière nous a fait un paquet de recommandations. Même si
lui-même a demandé au législateur de reconduire ou de mieux
définir l'article 45, il ne nous dit pas comment le formuler. Il ne dit
pas comment le libeller. Moi, je dis simplement, ce que je suggère au
ministre, c'est de renforcer, je ne dis pas de l'affaiblir, au contraire, de
renforcer la portée de l'article 45 - un point, c'est tout - pour
s'éviter des troubles futurs. Je regrette, mais quand on dit que c'est
une mesure qui a fait ses preuves, c'est discutable, vous savez. C'est
discutable avec tout ce qui s'est passé, à aller
jusqu'à... Pourquoi le gouvernement a-t-il été
obligé de mettre un moratoire? Il y avait des choses à quelque
part qui ne marchaient pas. Si tout avait été correct partout,
s'il n'y avait eu aucun doute, le gouvernement n'aurait pas émis un
moratoire et demandé à un comité d'étudier tout le
dossier, comprenez-vous? En tout cas, moi, je vous dis simplement que je
maintiens ma suggestion, mais je laisse le ministre en juger de l'importance.
Je ne veux absolument pas, en tout cas, entériner le jugement ou
l'explication qu'il donne à l'effet que c'est une mesure qui a fait ses
preuves depuis 12 ans, que ça va bien et qu'on doit la continuer de
cette façon-là. D'autant plus, aussi, que je ne suis pas
prêt à entériner ce que le ministre a dit, que
c'était une recommandation de M. Brière qui nous dit de reporter
ça. M. Brière dit de le reporter mais il ne l'a pas
formulé, et c'est au législateur à formuler tous les
articles de chaque loi, chaque article de chaque loi. Moi, je lui ai
proposé un amendement ou un éclaircissement.
M. Middlemiss: Regardez, si c'est...
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: ...parce que, Mme la Présidente, le
député d'Arthabaska n'a pas confiance en la Commission... Disons
qu'on accepterait, au lieu de "peut", "doit", dans le contexte d'un manque de
confiance envers la Commission, la Commission, à ce moment-là,
pourrait dire: Ce n'est pas susceptible. Donc, je ne suis pas obligé
de... Ce n'est pas susceptible. C'est ça, la préoccupation. Moi,
j'assume de base que la Commission fait son travail. La Commission a fait son
travail de 1978 à 1981 dans l'élaboration d'une zone agricole, et
c'est la même chose. Que votre recherchiste vous dise que ce n'est pas la
même chose d'élaborer une zone agricole et d'élaborer une
nouvelle zone agricole à même un schéma
d'aménagement, ce n'est pas parce que c'est un schéma
d'aménagement que le processus d'élaborer ou de réviser
change les choses. Donc, si on a confiance en la Commission, on lui donne un
article qui lui donne le pouvoir de suspendre une décision si elle croit
que c'est susceptible d'affecter les négociations en cours, que ce soit
en 1978, que ce soit en 1990. C'est le même article qui donne le
même pouvoir à la même Commission. Donc, je ne vois pas
où on peut en finir avec "doit" au lieu de "peut". (21 heures)
M. Baril: Lorsque la Commission juge, établit que c'est
susceptible de mettre en cause le processus, c'est quel motif qui peut l'amener
à dire "je ne la rends pas, ma décision" ou "je la rends, ma
décision", après qu'elle ait jugé que ce n'est plus
susceptible?
M. Middlemiss: Comme je l'ai dit, lorsque la Commission trouve
que c'est susceptible, automatiquement, elle va le faire. Et automatiquement
elle va le faire, parce que c'est ça. Bien oui, mais si on n'a pas
confiance dans la Commission, si on pense que la Commission est là pour
jouer des petits jeux, à ce moment-là, même si on les
encadrait du mieux possible, on dirait encore que le cadre n'est pas assez bon.
Je donne l'exemple, on a réussi à le faire dans
l'élaboration de la zone. On peut certainement, avec le même
article de loi, faire la même chose.
M. Baril: M. le ministre. M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: Au fil des ans, vous savez très bien que les
gouvernements changent, les fonctionnaires, eux, continuent. Les commissaires
changent aussi souvent en fonction des gouvernements. Et quand vous dites...
Bien, si on fait le décompte des commissaires qui étaient avant
1986, en tout cas, la moyenne ne sera pas forte, là. Quand vous dites
"on fait confiance ou on ne fait pas confiance à la Commission", la
Commission, à notre avis, en tout cas, elle a changé d'attitude
à partir de directives que le ministre, votre
prédécesseur, a fait parvenir à la Commission. Je n'ai pas
la date ici mais je pense, de mémoire, que c'est le 23 ou le 26
septembre 1986.
M. Middlemiss: 1986, oui.
M. Baril: Je l'ai ici, ça va prendre cinq secondes. Tiens,
je l'ai ici, 23 septembre 1986.
M. Middlemiss: Oui, d'accord.
M. Baril: Hein, ma mémoire n'est pas pire!
M. Middlemiss: Oui, oui.
M. Baril: Alors, c'est à partir de là, à
notre avis, que tout a changé. Parce que, quand on
regarde les éléments de la politique gouvernementale en
matière de révision des zones agricoles, c'est à partir de
ces directives ou de cet énoncé de politique, ou
élément de politique, pour reprendre les termes exacts, que tout
a changé. Et on dit ici: "Lors de la révision de la zone
agricole, la CPTA devra, tout en protégeant le territoire agricole,
rechercher l'atteinte des objectifs particuliers suivants". Et là, il y
a quatre objectifs. Je ne veux pas les répéter inutilement. Le
premier dit: "Retrancher de la zone agricole les territoires qui sont
déstructurés, irrécupérables, ou utilisés
à d'autres fins que l'agriculture". Imaginez-vous, ici, ce dernier
élément-là "utilisés à d'autres fins que
l'agriculture". Dans l'immédiat, ils peuvent être utilisés
à d'autres fins que l'agriculture, mais pourquoi l'ont-ils
été à d'autres fins que l'agriculture? Et il peut y avoir
beaucoup de territoires qui peuvent être, qui auraient pu être
récupérables pour l'agriculture. Donc le premier article, c'est
tout de suite "retrancher".
Au deuxième, on dit encore: "Retrancher de la zone agricole les
territoires sans potentiel ou dont le potentiel biophysique n'est pas
susceptible de servir le développement - imaginez-vous - des
activités agricoles". C'est large, ça: "n'est pas susceptible de
servir le développement des activités agricoles dans un avenir
prévisible". Imaginez-vous, là, je te dis que tu ouvres la porte
en démon, là. Tout de suite, par là, tu vois l'importance
que le gouvernement donne ou veut donner à la protection du territoire
agricole.
L'article 3, encore: "Retrancher de la zone agricole les
érablières non exploitées présentant peu ou pas de
possibilités à des fins acéricoles".
Le quatrième article: "Répondre aux objectifs de
développement exprimés par les municipalités". Quand on
sait l'appétit vorace de certaines municipalités pour le
développement. Bon, c'est pour ça que je vous dis, M. le
ministre, qu'avec ces choses-là, je ne blâme pas, je ne veux pas
remettre en doute la confiance de la Commission, mais quand la Commission
obtient, sur papier, les orientations que le gouvernement veut donner, que le
ministre veut donner au territoire agricole, je vous dis qu'il me semble que
ça doit influencer drôlement, comprenez-vous? Ce n'est pas pareil
depuis, de 1978 - lors de l'adoption de la loi - à 1985, et de 1986
à 1990. Encore une fois, je préviens le ministre que c'est
uniquement pour lui enlever, à lui et à la Commission, des
pressions inutiles. Ça donne encore de l'espoir aux gens qui vont
être capables d'obtenir des choses que normalement le législateur
ne veut pas leur accorder.
M. Middlemiss: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Je suis heureux de voir que le
député d'Arthabaska nous a fait un énoncé de
politique...
M. Baril: Ce n'est pas le mien.
M. Middlemiss: D'accord. C'est que, Mme la Présidente, la
loi 44 nous a été présentée le 20 juin 1985 par le
gouvernement qui nous a précédé. Et, malheureusement, il
n'y avait pas de politique, comment procéder. Et, en l'absence de
critères objectifs pour guider les travaux de la Commission dans le
processus de révision, le gouvernement a chargé un comité
formé de représentants du MAPAQ, du ministère des Affaires
municipales, du Secrétariat à l'aménagement et à la
décentralisation pour établir de tels critères. Et c'est
le 23 septembre que les critères ont été établis.
Jamais, dans le processus de la loi 90, de 1978, il y avait une politique qui
avait été établie. Finalement, on a établi une
politique pour se guider, de quelle façon on devrait refuser ou accepter
certains changements. Donc, malheureusement, on n'avait pas de politique; on
s'en est donné une politique.
Mme la Présidente, je pense qu'on a démontré au
député que dans le cas de l'article 2, à moins qu'H ait un
amendement à nous proposer, nous croyons que ce n'est pas dans
l'intérêt et que ça ne changera pas du tout le projet de
loi de mettre "doit " au lieu de "peut" et je demanderais, si on veut accepter
tout en bloc, qu'on passe à l'article 3.
M. Baril: Mme la Présidente, je veux juste terminer...
M. Middlemiss: Sinon, je vais demander qu'on prenne le vote.
La Présidente (Mme Bégin): En tant que membre de la
commission, est-ce que je pourrais moi-même poser une question? Est-ce
que vous me permettez...
M. Middlemiss: Oui
La Présidente (Mme Bégin): M. le
député...
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Oui, bon. C'est parce que je
vous entends parler sur le "peut" et sur le "doit". Il me semble que si
le ministre disait: Lorsque de l'avis de la Commission - j'aimerais ça
avoir ses commentaires - le projet faisant l'objet d'une demande - à
titre de suggestion - qui met en cause le processus de révision de la
zone... Il me semble que ça, ça serait clair, ça serait
affirmatif, ça n'ouvrirait pas encore la porte à des
"peut-être pis tiens bien". Là, quelqu'un va faire une demande, H
va être obligé, comment je dirais, de prouver que c'est
susceptible ou pas, sur quel critère la Commission va se baser à
savoir si c'est susceptible ou si ça ne l'est pas... Il me semble que si
on disait "le projet faisant l'objet d'une demande qui met en cause le
processus de révision agricole", ça serait plus affirmatif, et
ça confirmerait encore davantage de dire: Ho, Ho! Attendez, les petits
gars, là! Je ne sais pas ce que le ministre en pense, là.
doivent être interprétés comme des "doit". Et je
crois que le "peut", ici, si on détermine que la CPTA en vient à
la conclusion que c'est susceptible d'affecter la révision de la zone
agricole, elle n'a pas d'autre choix que de la rendre... que de différer
la décision. À ce moment-là on n'a plus un "peut" mais on
a un "doit". Là-dessus, j'aimerais vous entendre, M. le ministre, et
peut-être...
M. Middlemiss: M. Proteau, s'il vous plaît. Je ne suis pas
un avocat.
M. Proteau: En fait, il y a plusieurs jugements, et il y a la Loi
d'interprétation, aussi, qui dit que dans certains cas le "peut" doit
s'interpréter comme un "doit". Dans le fond, c'est ce que ça
revient à dire ici, tout en laissant une certaine discrétion.
Parce que, toutes les fois où le Procureur général est
intervenu jusqu'ici, en se fondant sur l'intérêt public et en
disant que ça doit être différé, en ce qui me
concerne, c'est ce que j'ai fait et c'est ce que la plupart de mes
collègues vont faire également, lorsqu'ils vont être
confrontés à la demande. Mais en droit, Mme la Présidente,
l'interprétation m'ap-parait tout à fait logique, juste.
M. Baril: Moi j'apprécie et j'admire la grande
connaissance de Mme la Présidente surtout au niveau de la
jurisprudence.
La Présidente (Mme Bégin): Je suis avocate, il faut
dire. Ha, ha, ha!
M. Baril: Vous êtes avocate. Voyez-vous, on découvre
nos collègues. Mais avec l'expérience et les connaissances de Mme
la Présidente actuellement et avec ce que le président de la
Commission a confirmé, il me semble... Pourquoi s'obsti-ne-t-on à
maintenir le "peut"? On devrait le clarifier. On ne crée pas de
précédent. On devrait le clarifier, puis écrire "doit",
c'est tout. Tu ne laisses aucune porte. Tu ne laisses pas à penser
à personne. On nous confirme ça puis là, on s'obstine pour
la même chose, en plus, voyez-vous? Mais, en le marquant, en inscrivant
"doit", c'est clair, ça finit là. Tu fermes toutes les
portes.
J'aimerais juste relever un point. Tout à l'heure, le ministre a
dit: En 1985, le gouvernement a voté la loi 44 et il n'a pas
donné d'outils - il a utilisé le terme outils - d'orientation.
Comment la révision de la zone agricole du schéma
d'aménagement se fera-t-elle? Il faut savoir que le gouvernement du
Parti québécois, en 1985, l'Assemblée nationale, de
mémoire, n'a pas été rappelée, et c'a changé
de gouvernement. Donc, le gouvernement du Parti québécois n'a pas
eu le temps de donner les orientations sur la révision et
l'élaboration. Je doute fort, connaissant l'intérêt que le
Parti québécois a toujours eu pour la protection du territoire
agricole, qu'il arrive avec des orientations ou des directives, comme j'en ai
énuméré tout à l'heure. Je voulais simplement
mentionner au ministre qu'il faut faire attention. En 1985, le gouvernement du
Parti québécois est allé voter en juin, la Chambre n'a pas
été rappelée et il a perdu le pouvoir. C'est vous qui
êtes arrivés et c'est vous qui avez donné des directives,
tout à fait une autre orientation sur votre vision de la protection du
territoire agricole qui vous appartient à vous autres.
La Présidente (Mme Bégin): M. le ministre.
M. Middlemiss: Sur ça, Mme la Présidente, tout ce
que je dis, c'est que de juin à décembre, il y avait amplement de
temps, si on voulait mettre des balises ou une politique, pour les
établir. C'est lorsqu'on est arrivé et qu'on a tenté
d'appliquer la loi 44 qu'on s'est aperçu que, malheureusement, on
n'avait pas de politique et on a été obligé d'en
développer une. Est-ce qu'on en aurait développé une...
Est-ce que nos prédécesseurs en auraient développé
une s'il n'y avait pas eu la défaite ou non? Personne ne peut le savoir
parce qu'on ne fera pas face à cette situation avant bon nombre
d'années. En tout cas...
Mme la Présidente, si le "peut" peut être
interprété des fois comme un "doit", on utilise le mot "peut*. Je
pense que, par le fait même, s'il y a des "peut", on va les
interpréter. Et le président de la Commission dit: Oui, c'est un
"peut" qu'on va interpréter comme un "doit". À ce
moment-là, dans la loi... Je demanderais à M. Proteau de...
M. Proteau: Si vous le permettez. Dans le fond, ici, c'est que
même la petite décision qui touche une superficie de 100 par 100
dans le fin fond peut, à la rigueur, disons si on veut être bien
strict en droit et sur les faits, avoir une influence en négociation:
c'est une maison de moins qui va se bâtir dans le village. Donc, si on
met "doit" ou du moment qu'il y a une demande, on serait, à toutes fins
pratiques, liés, refusés ou ça ferait différer la
décision. Ça nous mettrait dans un cul-de-sac. Alors la
Commission, dans 61 MRC actuellement, ne pourrait rien faire à toutes
fins pratiques. Mettons 55 parce qu'il y en a quelques-unes qui n'ont pas
encore déposé leur demande. On ne pourrait rien faire, à
toutes fins pratiques, avec un "doit". Ça risquerait d'aller là,
disons, si on veut pousser le raisonnement assez loin. C'est dans ce
sens-là aussi, il ne faut pas oublier ça.
M. Baril: Là, on étire la susceptibilité en
démon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Proteau: Non, mais là, je vous dis: C'est
parce que... Dans les faits, pratiquement, nous autres, on dit que
ça n'a pas d'importance sauf que l'opposant qui n'est pas d'accord, le
voisin qui n'est pas d'accord pour avoir, je ne le sais pas, un autre voisin
à côté de lui, va dire: Bien ça, ça peut
nuire à la négociation et vous devriez refuser de
l'étudier, disons. À la rigueur, ça pourrait aller jusque
là. Donc, c'est pour ça qu'en donnant une certaine latitude
à la Commission, ça lui permet d'agir avec discernement, je
pense. Si je regarde les dossiers qui nous ont été
référés par le Procureur général, ce sont
des dossiers comme ça. Ce n'est pas la petite maison dans le fin fond
des bois ou la petite superficie qui est assez éloignée quand
même des modules ou des secteurs en train de se développer qui ont
fait des problèmes.
M. Baril: Donc, dans l'esprit du ministre, pour finir
là-dessus, lorsque de l'avis de la Commission, le projet faisant l'objet
d'une demande est susceptible de mettre en cause le processus de
révision de la zone agricole, la Commission doit automatiquement
différer sa décision. C'est ça?
M. Middlemiss: Oui.
M. Baril: Comment...
M. Middlemiss: Oui, c'est certain.
M. Baril: Oui. Bon.
M. Middlemiss: Oui, oui, c'est certain, parce que cette demande
est susceptible... Ce "peut" -et le président de la Commission l'a dit
lui-même - est interprété comme un "doit".
M. Baril: c'est parce que moi, je vous voyais faire un signe de
tête mais ceux qui vont vous relire n'auraient pas pu lire votre signe de
tête!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Middlemiss: D'accord, M. le député.
M. Baril: O.K.
La Présidente (Mme Bégin): Ça clôt le
dossier?
M. Baril: Oui, à l'article 3, c'est...
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'on adopte
l'article 2 immédiatement? On reviendra à la fin de...
M. Baril: On va revenir sur la fin.
La Présidente (Mme Bégin): A la fin?
M. Baril: Oui, oui. On va revenir sur la fin.
La Présidente (Mme Bégin): Alors, on va prendre
l'article 3.
M. Baril: Ça s'applique à toute demande
déposée au greffe.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 3.
M. Middlemiss: On revient à la fin ou bien on prend les
articles 1 et 2?
M. Baril: On prend l'article 3, on est rendu à l'article
3. On va revenir à la fin.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires sur chacun des articles?
M. Baril: Ce n'est pas long, j'ai fini.
M. Middlemiss: D'accord.
L'article 3: "Les dispositions de la présente loi s'appliquent
à toute demande déposée au greffe de la Commission de
protection du territoire agricole du Québec avant le (indiquer ici la
date d'entrée en vigueur) qui n'a pas fait, à cette date, l'objet
d'une audition."
Une voix: C'est un bon débat, ça.
M. Middlemiss: Donc, la date, c'est assez difficile pour nous
autres d'indiquer quand parce que, suite à la commission, on va
être obligés de retourner en Chambre pour la prise en
considération du rapport de la commission, la troisième lecture.
Je dois dire que le plus tôt possible qu'on aura cette loi, le mieux on
va suivre les recommandations du rapport Brière et on pourra
procéder sans demander au Procureur général
d'émettre...
M. Baril: Le ministre comprendra que ce n'est pas à cause
de l'Opposition si la loi n'est pas votée. Parce que là,
l'étude des crédits commence et je pense qu'on n'a pas le droit
d'appeler des projets de loi. Et, je pense que là-dessus, j'ai
été très clair avec le ministre à l'effet que j'ai
recommandé ou, en tous les cas, fortement conseillé à mon
parti de voter pour la loi. Donc, on n'ira pas en Chambre pour faire un...
comment on appelle ça?
Une voix: Un "filibuster".
M. Baril: ...un "filibuster". Je cherche le mot en
français. Une opposition systématique au projet de loi.
M. Middlemiss: Une obstruction.
M. Baril: Obstruction, obstruction. C'est ça. C'est bien.
Ça va pour l'article 3.
La Présidente (Mme Bégin): L'article 4.
M. Baril: Bien, ici, c'est la même chose.
La Présidente (Mme Bégin): Donc l'article 4, c'est
correct. Bon, si vous me permettez, je vais prendre les articles un par un.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Baril: Oui. Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Article 1,
adopté. Est-ce que l'article 2 est adopté ?
M. Baril: Sur division, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté sur
division. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Est-ce
que l'article 4 est adopté?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): est-ce que le titre du
projet de loi 21, loi modifiant la loi sur la protection du territoire
agricole, est adopté?
M. Baril: Oui.
La Présidente (Mme Bégin): Est-ce que la Loi
modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole est
adoptée?
M. Baril: Adopté.
M. Middlemiss: Adopté.
La Présidente (Mme Bégin): Adopté. Merci.
Cela termine donc le mandat que la commission de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation avait, à savoir procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 21. Cela
étant terminé, nous allons donc mettre fin à nos travaux
et ajourner ceux-ci sine die.
(Fin de la séance à 21 h 19)