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(Vingt heures douze minutes)
Le Président (M. Richard): Alors, mesdames et messieurs,
puisqu'on constate le quorum, ça me fait plaisir de vous souhaiter la
bienvenue. Je déclare donc la séance ouverte. Je vous rappelle le
mandat de notre commission: de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi numéro 6, Loi modifiant la Loi
sur les courses de chevaux et d'autres dispositions législatives. Est-ce
qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. On m'a
informé que M. Poulin (Chauveau) remplace M. Brouillette
(Champlain)...
Le Président (M. Richard): Ça commence mal, il
vient de partir.
Le Secrétaire: ...et que M. Paré (Shefford)
remplace M. Perron (Duplessis).
M. Baril: M. Garon remplacerait M. Dufour.
Le Secrétaire: Ah! Et M. Garon (Lévis) remplacerait
M. Dufour (Jonquière).
Le Président (M. Richard): Alors, M. le ministre, je vous
invite à faire vos remarques préliminaires, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires M. Michel
Pagé
M. Pagé: Alors, merci, M. le Président. Ça
va être bref. On a eu l'occasion, il y a quelques jours seulement,
d'adopter le projet de loi en deuxième lecture. J'ai tenté de
démontrer à mes collègues l'intérêt pour
l'Assemblée nationale du Québec de voir adopter ce projet de
loi.
Essentiellement, le projet de loi s'articule autour de certains
objectifs, le premier étant de conférer à la Commission
des courses du Québec l'ensemble des juridictions à
l'égard des courses, en ayant cependant à l'esprit qu'en vertu du
Code criminel du Canada seules les courses de chevaux peuvent faire l'objet de
paris et que ces formes de paris sont bien encadrées par des
dispositions à la fois législatives et réglementaires.
Dans un deuxième temps, l'objectif poursuivi par le projet est de
permettre au gouvernement du Québec de donner suite à un projet
de loi, aux amendements qui ont été apportés au Code
criminel canadien, permettant les paris hors pistes et accordant au
gouvernement et à la commission juridiction en semblable
matière.
Enfin, on profite de la présentation de ce projet de loi pour
actualiser certaines dispositions se référant à
l'encadrement réglementaire qui doit être donné aux fermes
d'élevage parce que, comme vous le savez très certainement, M. le
Président, les fermes d'élevage sont en développement au
Québec. D'ailleurs, le plan de relance de l'Industrie des courses de
chevaux dépend de la mise en place, au Québec, de centres
d'élevage en périphérie des milieux urbains ou des
concentrations urbaines, ou encore, tout au moins, près des grands
hippodromes du Québec. La tendance, au Canada, s'inscrit dans le
même sens que la tendance américaine, à savoir que, de plus
en plus, l'entraînement des poulains, des pouliches se fait dans des
centres d'entraînement qui sont extérieurs aux hippodromes, ce qui
a déjà amené la construction, l'aménagement de
centres d'entraînement privés et ce qui peut conduire
éventuellement à la mise en place de centres d'entraînement
reconnus par la Commission des courses du Québec.
Alors, je pense que le projet de loi, le débat de deuxième
lecture parle par lui-même. Ça termine ainsi mes propos.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole de l'Opposition, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président. D'abord, je tiens à
remercier mes collègues, membres de la commission, de venir discuter de
ce projet de loi qui, pour nous, a une certaine importance. Je dois vous dire
tout de suite au départ que c'est le premier projet de loi que je dois,
je ne sais pas si on peut dire défendre, mais que je dois discuter en
tant que critique en matière agricole.
M. Pagé: Auquel je dois contribuer.
M. Baril: Auquel je vais contribuer. Merci, M. le ministre. Vous
m'arrachez les mots de la bouche. Nous essaierons...
M. Pagé: Je vous les place.
M. Baril: Je suis d'une famille où l'on dit que je suis
dur à placer. Il faut faire attention.
M. Pagé: La famille ou vous?
M. Baril: Moi. Je suis descendant d'une famille qui est dure
à placer. On ne nous passe pas ce qu'on veut passer.
M. Pagé: Ça, je ne l'ai jamais prétendu, ne
connaissant pas votre famille, de toute façon.
M. Baril: Ah! Un jour. Nous sommes encore jeunes.
M. Pagé: J'espère que vous allez rn'lnvlter avec
nos collègues.
M. Baril: De toute façon, comme j'allais le dire, c'est le
premier projet de loi que j'ai à discuter avec le ministre, comme
critique de l'Opposition. Je dois vous dire que c'est nouveau pour moi;
môme si j'ai fait neuf années de parlementarisme, je n'ai pas eu
souvent à discuter comme je discuterai ce soir. J'essaierai, en tout
cas, de discuter ce soir de ce projet de loi qui est quand môme important
pour l'avenir des courses au Québec, important pour tout ce qui touche
et qui concerne les paris au Québec et, également, on peut dire
aussi pour tout ce qui peut éventuellement toucher à la
moralité publique.
Le thème principal ou l'article principal de tout ce projet,
c'est d'abord de changer ou d'enlever le mot "chevaux" de la Commission des
courses du Québec. À l'avenir, ce ne sera plus la Commission des
courses de chevaux. On va enlever le mot "chevaux" pour qu'elle devienne la
Commission des courses du Québec. Ici, nous, de ce côté-ci,
on se pose de sérieuses interrogations, surtout que dans le projet de
loi on ne retrouve absolument rien quant à ce que la Commission aura
dans un avenir indéfini. Quelle sorte de courses la Commission
aura-t-elle à réglementer? On ouvre la porte à toutes
sortes de possibilités.
Ce qui est d'autant plus intrigant, c'est que la Commission
réglementera différentes courses, selon le bon vouloir du
gouvernement, ce qu'il voudra lui accorder par décret gouvernemental.
Ici, par décret gouvernemental, nous, on se pose de sérieuses
questions, puisqu'il n'y aura pas place à discussion. Dans un
décret gouvernemental, après la parution dans la Gazette
officielle, il y a les délais voulus, le règlement s'applique
et c'est fini d'en par là. Comme on le sait, la Gazette officielle,
ce n'est pas le document de chevet de bien des personnes au Québec.
Souvent...
M. Pagé: En tout cas.
M. Baril: Je ne dis pas beaucoup.
M. Pagé: Vous ne parlez pas du samedi.
M. Baril: On comprend, d'ailleurs, que peu de personnes ne
puissent s'intéresser à ce genre de roman, si je peux dire,
à en prendre connaissance. Mais c'est un pouvoir que, nous, on
considère comme très important, que le gouvernement se donne,
sans être capable de le discuter en Chambre, sur la place publique. Comme
on sait que notre régime parlementaire est un régime
démocratique et que la voix de l'Opposition est là pour faire
entendre la voix du citoyen, de la citoyenne, et que sur un décret
gouvernemental II n'y a pas grand discussion... Souvent, ce qu'il y a de pire,
ce qui arrive après un certain nombre d'années, c'est que les
ministres et aussi les députés au pouvoir deviennent, ou
considèrent qu'ils connaissent la vérité et la vie et,
souvent, ils sont décrochés un peu de la réalité.
En même temps, souvent, ce sont les commissions ou les régies ou
les offices qui gèrent ou qui administrent toutes ces choses-là.
Pour toutes sortes de raisons discutables, on finit par convaincre le ministre
que ça nous prendrait un pouvoir de plus pour être capables de
mieux planifier ou de mieux gérer, de mieux organiser, de mieux
réglementer tel secteur. Donc, sur ce point-là, nous sommes
inquiets des pouvoirs que la Commission se donne pour l'avenir par le biais du
Conseil des ministres.
Aussi, on nous dit... On ne fait nullement mention de quelles sortes de
courses on envisage. Le ministre n'a fait mention d'aucune façon, non
plus dans sa présentation, de ce qu'il a dans l'idée ou est-ce
qu'il a quelque chose? Est-ce qu'il pense à quelque chose? Qu'est-ce
qu'il veut réglementer à l'avenir? Quelles sortes de courses
veut-il réglementer? On ne le sait absolument pas. Et on pense, nous,
puisque maintenant il y aura une Commission des courses du Québec qui
n'aura plus à gérer uniquement les courses de chevaux, qu'on peut
aussi bien, demain matin, arriver et commencer à régir les
courses d'automobiles, les courses de bicycles, de motoneiges, les courses qui
s'en viennent de plus en plus populaires, les courses de bicyclettes, les
quatre-par-quatre, les véhicules tout-terrain. Je ne voulais pas dire le
mot, l'anglicisme.
M. Pagé: C'est quoi en anglais?
M. Baril: Des VTT. Il y en a qui disent - ce n'est
peut-être pas un anglicisme - l'abréviation, en anglais: les
véhicules tout-terrain. Et ce sont des courses qui, souvent, s'en
viennent de plus en plus populaires. Plusieurs de nos organismes locaux, des
organismes bénévoles, organisent de tels genres de
compétitions, pour ne pas dire de courses, pour subvenir à leurs
besoins. C'est un moyen de financement. Si on commence à régir
toutes ces choses-là, pour un gouvernement qui se dit
anti-règlements, c'est quand même un virage assez important.
Aussi, dans le projet de loi, on permet aux hippodromes d'établir
des salles de paris. Et, en même temps, on prend connaissance que la
piste de courses de Montréal, Blue Bonnets, qui est... À peu
près 80 % du volume d'activité des courses
de chevaux au Québec, cela se passe à Blue Bonnets. Et
l'hippodrome nous dit qu'il peut fermer d'ici à deux mois, trois mois,
six mois. Entre autres, ce sont les propriétaires, le président
de la piste de courses Blue Bonnets qui, lui, tient beaucoup à
établir des salles de paris. Je me pose la question suivante: Si la
piste de courses, l'hippodrome Blue Bonnets, ferme ses portes, quand bien
même on la transporterait ou on établirait un autre hippodrome,
que ce soit dans l'est de Montréal ou dans je ne sais trop quel
comté, quelle région de Montréal, avant qu'on passe
à sa réalisation et que les chevaux puissent courir sur la piste,
il va se passer quand même un certain délai avant que le tout soit
établi. Et si, entre ça, on établit ou on commence
à établir des salles de paris sur les courses de chevaux et qu'il
n'y a plus de courses de chevaux à Montréal, sur quoi les gens
vont-ils pouvoir... Quelles courses... Sur les écrans, on pourra
dérouler... Sur quoi les gens pourront-ils miser?
Actuellement, la ville de Montréal a tout un projet pour
construire un développement résidentiel près de Blue
Bonnets, on ne sait vraiment pas qu'est-ce qui va arriver. Pour les
propriétaires d'hippodrome, est-ce que c'est plus important pour eux
autres d'établir des salles de paris que de voir au bon fonctionnement
des hippodromes? On sait que, dans le passé, le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a
dépensé des sommes d'argent importantes pour aider les
éleveurs de chevaux à avoir des chevaux d'une qualité
meilleure ou supérieure et, s'il n'y a plus d'hippodromes, plus de
pistes pour les faire courir, ça va avoir donné quoi d'investir
de l'argent pour essayer de relever la situation des courses de chevaux au
Québec?
Donc, ça, le ministre n'en fait pas mention. Nulle part dans la
loi, évidemment, ou dans la réglementation, on ne le sait
puisqu'on ne l'a pas. Est-ce qu'il y a eu des études de faites sur les
conséquences de l'établissement de ces salles de paris sur
l'avenir des hippodromes? Qu'est-ce qui va arriver quand on peut savoir comment
seront partagés les profits provenant de ces paris-là? Est-ce
qu'ils iront... Quel pourcentage ira aux propriétaires d'hippodrome?
Combien en restera-t-il pour les éleveurs et les
propriétaires-éleveurs? On ne connaît pas le partage et on
doute fort que, comme ça a fait dans d'autres États
américains, on ne mise beaucoup trop sur rétablissement ou les
revenus générés par les salles de paris et qu'on laisse
décliner l'avenir des courses comme telles, qu'on ne mette trop
l'accent, entre autres, sur la course, sur les salles de paris, qu'on mette
l'accent sur l'importance du cheval dans toutes les courses.
Aussi, dans le même projet de loi, on s'aperçoit que la
Commission veut émettre des permis pour des fermes d'élevage et
des centres d'entraînement. Encore là, pourquoi être
obligé d'émettre des permis pour des fermes d'élevage?
Pour en avoir discuté brièvement avec le ministre, il m'avait
dit: C'est, surtout, pour les fermes d'élevage qui veulent
commercialiser des chevaux à l'étranger. On ne voit pas ça
dans le projet de loi. On ne voit ça nulle part, et on a regardé
ça article par article. Ce n'est inscrit nulle part. Est-ce que la
réglementation en fera mention? On ne le sait pas non plus et,
même si c'était uniquement pour des fermes d'élevage qui
voient à la commercialisation des chevaux, je me demande, je me pose la
question, à savoir: Est-ce que c'est nécessaire, obligatoire de
détenir un permis, pour une ferme d'élevage? Parce qu'on sait
que, dans d'autres sortes d'élevage que le cheval, il y a beaucoup
d'exportations qui se font, et tu n'es pas obligé d'avoir un permis pour
vendre; pas vendre, mais garder des bêtes. Quand je pense à
ça, je parte des animaux laitiers, entre autres, le boeuf, entre autres;
il y a d'excellentes fermes d'élevage qui font de la commercialisation
à l'étranger et pas besoin d'avoir de permis comme tel, peu
importe la race, pour permettre de vendre des bêtes à
l'étranger. Chaque race a ses conditions, a ses règlements que
l'éleveur doit respecter, et c'est sur cette base là, au niveau
santé, entre autres, et d'autres qualificatifs, que tu es capable de
vendre à l'étranger, ou que tu n'es pas capable de vendre. Si tu
es un bon éleveur, que tu es capable de prouver, de te conformer aux
normes, aux règlements de ta race, tu n'as pas besoin de permis.
Pourquoi, ici, veut-on absolument établir une sorte de ferme
d'élevage avec des permis et d'autres qui n'auraient pas besoin de
permis? (20 h 30)
Également, je reviens sur les salles de paris, on n'a pas...
Est-ce que le ministre a fait des études là-dessus? On nous dit,
si on prend connaissance des journaux, que les études qui ont
été faites là-dessus ou qui sont en train de se faire
là-dessus, ça ne sera pas fini avant une couple d'années.
Pourquoi l'empressement actuel du ministre à passer cette loi pour
être capable de reconnaître l'établissement de salles de
paris sans qu'il y ait aucune étude de faite ou de terminée sur
ça? Qu'est-ce qui va arriver au niveau de ces salles-là?
Après ça, au niveau du fonctionnement, qui va vérifier le
bon déroulement de ces salles-là? Est-ce que ce sera la
Commission des courses du Québec? Est-ce qu'elle aura les inspecteurs
voulus pour le faire? Sur quels critères va-t-elle se baser pour
réglementer ces salles de paris? À qui et où, dans quels
endroits exactement ces salles de paris seront-elles établies?
Dans certains articles également, on nous mentionne qu'on
aimerait établir ces salles de paris dans les salles de jeux, les salles
vidéo qui existent actuellement au Québec. Et quand on sait que
les salles vidéo, c'est en majorité notre
jeunesse qui fréquente ces salles de jeux là, qu'est-ce
qui arrivera de la moralité? Qu'est-ce qu'on veut faire avec nos jeunes?
Je pense que c'est beaucoup plus Important de s'occuper de nos jeunes d'une
autre façon que de les forcer à miser sur des courses de chevaux
dans ces établissements-là, dans les salles de jeux, que de faire
autre chose. Il y a beaucoup d'autres emplois du temps où on peut aider
nos jeunes à se divertir que d'aller dans ces sortes de jeux.
Aussi, quelles sortes de courses la Commission pourra-t-elle permettre
lors de ces tournages ou ces exposés de films vidéo? Quelles
sortes de courses? Est-ce que ce seront des courses de chevaux, je vais dire en
"sulky" - je ne suis pas un spécialiste - ou bien des courses de chevaux
de selle? Quelles sortes de courses, on ne le sait pas. Est-ce que ce seront
des courses... Je reviens sur le fait que l'hippodrome de Blue Bonnets ferme.
Quelle sorte, qui, d'où... À quel hippodrome pourra-t-on faire
tourner pour que les gens puissent miser? Quand on sait, selon les
spécialistes, que les courses qui se tiennent en dehors du Québec
et du Canada sont beaucoup plus importantes, avec une qualité de chevaux
qu'on me dit beaucoup plus qualifiés parce que, les prix étant
plus élevés qu'ici au Québec, les gens peuvent
acquérir des chevaux d'une qualité supérieure, qui
coûtent beaucoup plus cher. Est-ce que, dans ces salles de paris, la
Commission permettra, entre autres - comment appelle-t-on ça - la
présentation sur les écrans de courses de chevaux qui viendront
d'Europe, des États-Unis, ou de cherche où?
Et aussi, quel genre de courses? Parce qu'on sait que les courses en
selle sont beaucoup plus populaires que les courses en voiture ou en "sulky" -
je ne sais pas le mot français: des courses sous harnais. Donc, avec
tout ça, on se dit: Qu'est-ce qui arrivera avec l'élevage des
chevaux au Québec? On a fait un effort pour aider les éleveurs
à améliorer leur situation et même, nous, on se pose des
questions, et les éleveurs eux-mêmes se posent des questions,
entre autres, sur les sujets que, mol, je viens de soulever. Entre autres, on
aimerait ça qu'on puisse avoir tous les éclaircissements
possibles que le ministre, j'espère, pourra nous fournir. Mais,
actuellement, ça fait deux fois que je le demande au ministre et on n'a
pas eu de réponse, encore, à toutes nos questions.
J'aurais aimé ça que ce projet de loi soit
déposé, d'abord, plus vite qu'un peu à la dernière
minute, même s'il n'est pas épais comme on dit; il n'y a qu'une
cinquantaine d'articles à vérifier, environ. Il y en a plusieurs
qui sont des articles de concordance, mais il y a plusieurs articles, quand
même, qui ont des conséquences importantes sur tout l'avenir de
l'élevage des chevaux, tout l'avenir des courses de chevaux au
Québec. Et on aurait aimé que ce projet de loi soit
déposé beaucoup plus tôt, pour qu'on puisse prendre plus
d'information auprès des gens intéressés, auprès
des gens impliqués dans les courses de chevaux, les fermes
d'élevage et les centres d'entraînement.
On va voir, M. le Président, puisque mon temps est
écoulé, au fur et à mesure qu'est-ce que ministre pourra
nous fournir comme information sur le projet de loi 6.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Maintenant, Mme Juneau,
députée de Johnson, vous avez spécifié que vous
vouliez faire des remarques préliminaires. Vous avez droit à 20
minutes, mais vous n'êtes pas obligée de les utiliser.
M. Garon: Je m'excuse.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Lévis.
M. Garon: Est-ce qu'il serait possible d'avoir copie - je demande
ça parce que le ministre est entouré de ses fonctionnaires - du
règlement sur les permis pour les étalons? Comme ça doit
être fait par le Conseil des ministres, est-ce qu'il y a eu un nouveau
règlement du Conseil des ministres ou si c'est le même
règlement qu'antérieurement? Est-ce qu'on pourrait en avoir une
copie?
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, le propos du
député de Lévis éveille chez moi des souvenirs
où, pendant des heures et des heures, il a eu à sensibiliser
cette Chambre et à se convaincre lui-même de l'importance de
l'encadrement donné aux étalons du Québec. Je lui
rappellerai très délicatement que ce n'est pas l'objet de la
présente loi, ce soir.
M. Garon: Non, c'est uniquement comme... Le Président
(M. Richard): Information.
M. Garon: Oui, la dernière version du
règlement.
M. Pagé: Je prends acte et je m'empresserai de communiquer
avec mon sous-ministre adjoint à la santé animale pour voir si on
peut satisfaire et couvrir complètement la demande du
député de Lévis et dans quel délai.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Johnson, vous avez la parole.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. M. le
Président, au début...
M. Pagé: Dois-je comprendre... Pour mon
bénéfice, dois-je comprendre que le député
de Lévis se réfère à un cas qui lui a
été soulevé ou vous êtes-vous acheté un
étalon récemment?
M. Garon: Non, c'était pour voir si la
réglementation avait évolué depuis que c'est le Conseil
des ministres qui détermine...
M. Pagé: La génétique...
M. Garon: ...la réglementation pour permettre aux
étalons d'accoupler.
M. Pagé: La génétique des étalons
évolue de façon très intéressante, Mme la
députée.
Le Président (M. Richard): Madame.
Mme Juneau: M. le Président, si ça ne
dérange pas trop de monde...
Le Président (M. Richard): Non. Ha, ha, ha!
Mme Juneau: ...j'aimerais ça avoir mon droit de
parole.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Vous avez droit à 20
minutes, maximum. Vous n'êtes pas obligée d'utiliser le maximum,
mais 20 minutes pour des remarques préliminaires, Mme la
députée de Johnson. Vous avez donc la parole.
Mme Juneau: Êtes-vous sûr, là?
Le Président (M. Richard): Oui, j'en suis certain. Je ne
changerai pas d'idée, Mme la députée.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président. M. le
Président, moi, j'ai bien écouté les paroles du
responsable du dossier de l'agriculture. J'ai bien compris au début
qu'il remerciait ses collègues d'être ici. Mais je dois vous dire
que j'ai fait un effort surhumain pour être ici et je vous explique
pourquoi. Dans les "clippings" de presse, dans les coupures de presse que nous
avons reçues, j'en ai une du Soleil datée du 4
décembre. On est aujourd'hui le 14 décembre. Déjà
le 4 décembre, Le Soleil annonçait: "Les paris hors des
hippodromes sont maintenant permis."
M. Pagé: C'est vrai.
Mme Juneau: "Faute d'avoir accès à des casinos,
mais toujours friands de jeux, les Québécois pourront
bientôt fréquenter des salons de paris exploités par les
hippodromes, sous l'autorité de la Commission des courses du
Québec." Je suis indignée en tant que parlementaire,
indignée que le ministre permette qu'il y ait des choses comme ça
qui s'écrivent quand les parlementaires, quand les membres de la
commission parlementaire de l'agriculture n'ont même pas eu l'occasion de
discuter une demi-minute du projet de loi que nous avons devant nous. C'est un
mépris du Parlement, un mépris des législateurs et c'est
inacceptable, M. le Président, inacceptable qu'un ministre responsable
nous fasse l'affront qu'il nous a fait. Je suis indignée en tant que
parlementaire qu'une chose de même se passe. C'est un mépris total
de tous les membres de la commission et j'inclus de la formation
ministérielle, M. le Président. Si le ministre veut faire ses
lois tout seul, qu'il décide et qu'il déclare aux journalistes
dix jours d'avance que c'était réglé, je m'excuse, mais on
n'a plus affaire ici, ni l'un ni l'autre, ni vous autres, ni nous. C'est une
insulte pour les parlementaires. C'est un mépris et je suis
insultée.
J'ai fait un effort pour venir ici parce que mon collègue l'a
demandé et parce que je suis membre de la commission parlementaire de
l'agriculture et, nonobstant ce que peut penser le ministre responsable de
l'Agriculture, je pense encore aujourd'hui que les parlementaires ont le droit,
le devoir de venir s'exprimer quand il y a un projet de loi qui est
présenté. Nous avons été élus
démocratiquement dans chacun de nos comtés. Pourquoi? Pour
défendre les intérêts des gens qui demeurent au
Québec. Et, si le ministre, par son arrogance, décide que nous
n'avons plus affaire dans les lois qu'il va mettre sur pied et déclare
aux journalistes que tout est entendu, messieurs, mesdames, nous n'avons plus
affaire ici. Je trouve ça regrettable, M. le ministre, et vous ne
devriez pas rire de ce que vous avez fait.
M. Pagé: Pour répondre à ça...
Mme Juneau: Pas tout de suite, je n'ai pas terminé, M. le
Président.
M. Pagé: M. le Président, je vais soulever une
question de règlement. On ne peut quand même pas se permettre de
dire n'importe quoi autour de cette table.
Mme Juneau: M. le Président, je sais lire, c'est le moins
que je puisse dire, je sais lire.
M. Pagé: Au moins ça.
Mme Juneau: Et dans un paragraphe... Écoutez, je ne vous
ai pas tout raconté. Écoutez bien. Le Conseil des ministres ne
s'est pas encore prononcé quant à l'implantation du salon de
paris même si le ministre Pagé a donné son
aval au projet en autant qu'il favorise le développement des
courses et même si le président de la Commission des courses,
Louis Bernard, en parlait il y a quelques jours à Montréal, alors
que se tenait un colloque sur l'avenir des courses de chevaux, comme d'un
projet à court terme.
Une voix: C'est présomptueux.
Mme Juneau: M. le Président, vous comprendrez que nous,
les parlementaires qui n'avons pas eu la chance de discuter d'un iota qu'il
puisse y avoir dans la loi, comment pensez-vous qu'on peut se sentir? Comment
le ministre peut-il prétendre que sa loi va passer quand il n'en a pas
discuté une seconde avec les membres de la commission de
l'agriculture?
M. le Président, j'en ai vu pas mal depuis neuf ans. Je n'en ai
peut-être pas vu autant que le ministre, mais ça va faire
bientôt neuf ans que je suis à l'Assemblée nationale et je
trouve ça honteux, indigne de la part de quelqu'un qui prétend
bien faire son travail et être responsable d'un ministère aussi
important que celui de l'Agriculture. J'ai 1500 producteurs agricoles dans mon
comté, j'en suis fière et j'essaie de les représenter
dignement. Ce qu'ils me disent et ce qu'ils veulent, j'essaie de le
véhiculer ici avec toutes les connaissances que je peux avoir. Je sais
que je suis limitée, j'en suis très consciente, mais j'essaie de
bien faire mon travail et je crois en la législation, en ce qui se passe
ici, au travail que nous avons à faire.
M. le Président, avant de prétendre que ces salons de
paris hors des hippodromes sont maintenant permis, il faudrait que nous tous
puissions poser les questions qui nous inquiètent. On en a plus d'une.
On ne sait rien, on n'a eu d'éclairage de personne, personne, M. le
Président. Il y a des gens très qualifiés qui auraient pu
venir. Si on avait eu le temps d'en parler et si on avait eu la chance de
pouvoir discuter avec ces experts, on aurait peut-être pu tout bonnement,
très facilement, amener ce qu'on pensait qui aurait bonifié
certaines choses dans le projet de loi. On n'a pas eu cette chance-là.
Le ministre a dit: C'est réglé, j'ai donné mon aval et les
autres feront ce qu'ils voudront.
M. le Président, jamais un parlementaire ne devrait accepter
qu'un ministre les traite de cette façon-là. Le ministre, avant
d'être ministre, était député et il a
été élu démocratiquement par sa population. Il a le
droit de parole égal, comme nous tous également. Il y a
peut-être une batterie de fonctionnaires en arrière de lui pour
l'aider et c'est correct, mais nous avons, avec nos maigres moyens,
essayé de découvrir les meilleures façons pour bonifier un
projet de loi pour que les gens ne puissent pas avoir trop de choses
négatives qui leur tombent sur la tête après que le projet
de loi aura été adopté. Nous avons un travail à
faire et nous voulons le faire comme il le faut, M. le Président, et je
ne pense pas qu'en commençant l'étude d'un projet de loi avec une
garantie du ministre aux gens des hippodromes, aux gens de chevaux, aux gens de
courses de chevaux, avec l'aval du ministre avant qu'on en ait discuté,
je ne pense pas que ça va faire une discussion très saine. En
tout cas, pour ma part, M. le Président, je voulais absolument que tous
les membres de la commission soient conscients de la claque dans la face que le
ministre nous donne avant de commencer à étudier son projet de
loi. Je vous remercie, M. le Président. (20 h 45)
Le Président (M. Richard): Merci, madame. Est-ce qu'il y a
des commentaires? Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? M.
le ministre.
M. Michel Pagé (réplique)
M. Pagé: M. le Président, si les conclusions
très graves, très graves auxquelles Mme la députée
de Johnson arrive étaient fondées, j'en serais
littéralement foudroyé mais, comme elles ne sont pas
fondées, je n'en suis pas foudroyé. La députée nous
dit: C'est comme une tape au visage que vous nous donnez, "une claque dans la
face" - je m'excuse, je vais reprendre ses propres termes, qui ne sont pas
nécessairement les miens. C'est une "claque dans la face". Moi, je vous
dirai que c'est exactement le contraire. C'est plutôt une tape dans le
dos.
C'est un témoignage... Le geste que je pose par le
dépôt de ce projet de loi, c'est un témoignage très
éloquent du profond respect que j'ai pour le parlementarisme
québécois, et je m'explique. Parce que, Mme la
députée, si le ministre responsable de la loi n'avait pas eu le
respect qu'il a du parlementarisme, il n'aurait pas présenté ce
projet de loi là, madame, et il aurait ouvert les salons de paris,
purement et simplement. Je comprends que nous sommes en période des
fêtes. Je comprends que le bureau du leader de l'Opposition n'est pas
content de la motion de suspension des règles que j'ai
présentée la semaine dernière. Je comprends que la
stratégie commande qu'un certain nombre de députés se
rendent disponibles pour intervenir, mais encore faudrait-il qu'on sache
exactement de ce dont on parie.
Vous nous dites: Les paris sont annoncés par le ministre avant
même que la loi ne soit adoptée. C'est honteux, c'est troublant,
c'est inquiétant, ça n'a pas de bon sens. Bon. Je vous dirai,
madame, je m'excuse que les paris pourraient être mis en place sans qu'il
n'y ait de législation et ce serait témoigner d'un manque de
respect évident à l'égard, premièrement, de
l'industrie et, deuxièmement, à l'égard des parlementaires
dont vous êtes, parce que depuis l'amendement adopté par le
gouvernement
canadien, modification apportée au Code criminel et qui
s'applique depuis le printemps 1989, la loi fédérale permet
à un gouvernement d'une province de mettre en place le système
par simple réglementation. Alors, que vous veniez nous dire aujourd'hui
que c'est honteux, c'est dramatique, c'est inquiétant, c'est une claque
dans la face, peu importe, je m'excuse, mais c'est non fondé.
Parce que nous, au Québec, il n'est pas et il n'était pas
dans l'intention du gouvernement du Québec d'amorcer le processus ou la
structuration de paris hors pistes sans que ces activités ne soient bel
et bien encadrées. Et elles seront encadrées par une loi
adoptée par l'Assemblée nationale, qui viendra établir des
règles du jeu qui donneront le mandat au gouvernement du Québec
d'y aller par procédure, par voie réglementaire, pour fournir
tout l'encadrement nécessaire, à quelles conditions, sous quelle
forme, selon quels paramètres, quels critères, etc., de tels
salons de paris hors pistes pourront opérer et je compte bien, en cours
d'étude du projet de loi article par article, répondre à
toutes les questions des députés. Mais encore faudrait-il
exactement qu'on sache de quoi on parle.
Mme Juneau: Est-ce que je peux demander une question au ministre,
M. le Président, dans ce cas-là s'il vous plaît?
Le Président (M. Richard): Moi, je vous le permets,
madame.
M. Pagé: Allez, allez, exécutez-vous.
Mme Juneau: Alors, si le ministre dit que c'est par respect qu'il
a amené la loi devant nous...
M. Pagé: Oui.
Mme Juneau: ...et qu'il n'était pas du tout obligé
de le faire, alors pourquoi le fait-il, s'il n'est pas obligé de le
faire?
M. Pagé: C'est pour être...
Mme Juneau: Pourquoi le passe-t-il par loi?
M. Pagé: ...certain que l'encadrement donné
à la gestion de l'activité ait fait l'objet non seulement d'une
réflexion, mais de discussions et de propositions formellement
déposées par le gouvernement à l'Assemblée
nationale du Québec et adoptées par les élus dont vous
êtes.
Mme Juneau: Alors, on n'aurait pas besoin d'être ici du
tout.
M. Pagé: Bien oui, madame. Procéder par voie
législative, madame - vous devriez le comprendre, vous avez neuf ans
d'expérience - procéder par voie législative, c'est
très différent que de procéder par voie
réglementaire. Votre collègue, le député
d'Arthabaska, tout à l'heure, dans son propos initial,
dénonçait les règlements en indiquant que les
règlements, lorsqu'ils sont adoptés, ne sont pas le
résultat d'échanges ouverts comme celui de l'Assemblée
nationale. Il dénonçait le fait que les règlements
étaient publiés dans La Gazette officielle et que La
Gazette officielle n'était pas le livre de chevet de la
majorité des Québécois, et c'est exact. Or, partant de
là, la création de la Commission des courses vient d'une loi.
C'est dans cette loi qu'on établit tout l'encadrement donné
à l'industrie et, pour être conséquents avec
nous-mêmes et pour être davantage pertinents dans notre
démarche, il était tout à fait indiqué que nous
procédions par des modifications à cette loi pour donner
l'encadrement nécessaire à la structure de paris hors pistes.
Alors, madame, vous ne perdez pas votre temps Ici. Vous faites oeuvre utile,
à moins que vous n'ayez la conviction personnelle de le perdre, auquel
cas je ne peux pas vous retenir. Mais, ceci étant dit...
Mme Juneau: Je suis membre de cette commission, M. le
ministre.
M. Pagé: Mais, bienvenue. Alors, participons sous
l'égide de la cordialité, de l'amitié, de la
jovialité.
Mme Juneau: Je suis indignée pareil que vous ayez
annoncé aux journalistes...
M. Pagé: Je n'ai pas annoncé, madame, j'ai
déposé un projet de loi.
Mme Juneau: En tout cas, ça ne deviendra pas un dialogue,
M. le Président. J'ai fait mon bout. Je vais laisser mes
collègues et...
M. Pagé: Madame... M. le Président, je retiens que
madame se satisfait non pas d'un dialogue mais d'un monologue.
Mme Juneau: Ne commencez pas ce petit jeu-là parce que je
suis là pour la veillée.
M. Pagé: Moi aussi.
Le Président (M. Richard): Je cède la parole
à M. le député de Shefford. M. Paré, vous avez la
parole.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Moi aussi je veux
participer à ce débat parce que j'ai quelques interrogations et,
même si ça risque
d'être court parce que la session ne sera pas très longue,
je tiens à poser des questions, à avoir des
éclaircissements sur un certain nombre de choses par rapport à ce
projet de loi là qui est symptomatique ou significatif.
Premièrement, j'ai une couple d'Idées comme ça, des choses
sur lesquelles j'ai des interrogations et j'espère que les
échanges qu'on va avoir vont apporter quelques réponses et des
éclaircissements.
Le ministre disait tantôt que maintenant, c'est permis de toute
façon par la loi fédérale qui a été
modifiée et, donc, que ce serait possible de le faire seulement par
réglementation. Ça, je vais y revenir tantôt mais oui,
c'est vrai que maintenant on le permet au niveau fédéral. Les
provinces ont seulement à s'ajuster. Elles peuvent le faire par
règlement ou par loi. Moi aussi, je dois dire que je
préfère par loi, en autant qu'elle soit déposée et
ensuite discutée, mais ça permet les courses de chevaux, et c'est
certainement parmi les questions qu'on va avoir à poser. On a le droit
de s'interroger à savoir quel genre de courses ça va concerner et
est-ce que c'est tout simplement d'amener ou de forcer le gouvernement
fédéral à reconnaître d'autres genres de courses par
une loi qui a été votée? On verra. On ne le sait pas, mais
on a le droit de se questionner et de s'interroger là-dessus et de la
poser, la question.
Ça permet les courses de chevaux et on parle ici d'une
modification du nom, finalement, la Commission des courses du Québec, et
on enlève la Commission des courses de chevaux du Québec. Donc,
où on veut s'en aller, je ne le sais pas, mais je pense qu'on est en
droit de le savoir, étant donné que nous sommes des
parlementaires et que nous avons à décider de choses qui
modifient le comportement des citoyens, il ne le faut pas l'oublier,
très souvent. SI c'est vrai que les gens ne sont pas friands et ne font
pas de La Gazette officielle leur livre de chevet, non plus qu'ils ne
font pas la môme chose du Journal des débats, c'est de
l'information que nous, on peut avoir, qu'on peut transférer ensuite; on
peut détenir un peu d'information et la transmettre. Donc, à ce
niveau-là, au départ, on dit que même si la loi permet les
courses de chevaux, nous, on peut aller dans d'autres genres de courses mais on
ne sait pas quoi. Mon collègue a pris des exemples tantôt. Est-ce
qu'on veut aller dans des courses de chiens ou autre chose? Je ne le sais pas,
sauf qu'on a le droit de s'interroger, de se questionner et surtout de
questionner le ministre sur ses intentions là-dessus.
Dans le projet de loi, on s'aperçoit aussi que là,
maintenant, on va y aller avec l'élevage hors hippodrome de plus en
plus. Donc, le ministre le disait tantôt ça va se faire de plus en
plus par des éleveurs ou des dresseurs privés et tout ça.
On a le droit aussi, au niveau économique, de se poser des questions,
mais ça veut dire qu'on va amener, qu'on va demander, qu'on va exiger de
plus en plus de paperasse, de permis, de licences, donc de contrôle. Je
dois dire que ça vient certainement dans le sens totalement inverse du
discours qu'on tenait il y a quelques années, mais qu'on ne tient plus.
Je dois dire qu'on ne l'entend plus du tout, ce discours-là, la fameuse
déréglementation. Eh! qu'on l'a entendu, ça! Ça
faisait partie, c'était quotidien, c'était journalier, ça
en était fatigant à un moment donné même. On se
rappellera le rapport Scowen et les autres où, tout ce dont il
était question, c'était de déréglementation,
déréglementation, déréglementation. Sauf que, si on
faisait la mesure des réglementations maintenant par rapport à ce
qu'elles étaient en 1985, on s'apercevrait probablement qu'en
quantité elles sont plus nombreuses, en épaisseur il y en a plus
et qu'il y en a, ça ne finit plus de s'ajouter. Là, on va en
rajouter encore. C'est pour ça que le fameux discours de la
déréglementation on ne l'entend plus, parce qu'on ne peut plus
comparer. On s'est aperçu qu'on réglemente plus qu'on ne l'a
jamais fait et on en a encore ici un bel exemple d'exigences et de contraintes
de toutes sortes qui vont coûter des sous. Quand je parie de sous,
ça ne coûtera pas seulement des sous aux contribuables via l'Etat
qui va demander plus d'inspecteurs, plus de vérifications, plus de
contrôles, mais aux citoyens qui vont devoir payer pour se procurer ces
mêmes licences, ces mêmes permis.
Donc, la réglementation ne sera pas simplifiée ici. On
pourra dire: II faut en faire de la réglementation. De toute
façon, on a tenu le discours, sauf qu'on l'a toujours tenu, nous autres.
Ça en prend si on veut être capable de savoir dans quelle ligne on
va, à quels critères il faut se plier, sauf que, là
maintenant, c'est, à mon avis, une augmentation importante de
réglementations qui viennent de s'ajouter encore une fois.
Il faut se poser la question au point de vue économique aussi des
conséquences des gestes qu'on pose par rapport à l'élevage
des chevaux, à ce que ça a comme effet sur le monde agricole, le
monde de l'élevage. Ça, mon collègue, le
député d'Arthabaska et porte-parole de l'Opposition, l'a
spécifié tantôt en demandant: Etant donné qu'on est
à la commission de l'agriculture, c'est le ministère de
l'Agriculture, on peut bien dire qu'on est intéressés aux paris,
aux courses, aux casinos, à tout ce qui concerne des paris. C'est
évident que ça peut être intéressant, plaisant,
stimulant, mais comme ministre de l'Agriculture et comme commission de
l'agriculture, ça va avoir quoi comme effet? Ça va donner quoi
comme emplois agricoles directs ou Indirects? Ça va faire quoi, surtout
quand on regarde - et ça, on ne les a pas Ici pour comparer - qu'il y a
eu une baisse des paris de 105 000 000 $ en 1986 par rapport à 1980,
donc
30 % dans les paris quand on parie des hippodromes et que les
assistances ont diminué de 1 200 000 pendant la môme
période, soit une baisse de 40 %? Est-ce qu'on va aider ça?
Est-ce qu'on va corriger ces lacunes, ces baisses, ces diminutions?
Je disais que, parmi les chiffres où on dit qu'il y a eu une
baisse de paris de 105 000 000 $ en 1986 par rapport à 1980 dans les
paris dans les hippodromes... Oui, mais attendez. En tout cas, vous pourrez
tantôt... Ce que je pose comme question, c'est le milieu. Je me rappelle
qu'une loi a été passée, ça ne fait pas bien des
années, et vous en étiez le parrain, pour sauver Blue Bonnets.
Est-ce que là...
M. Pagé: ...je m'excuse, il y a eu une mesure
réglementaire.
M. Paré: D'accord. Des décisions qui ont
été prises et dont vous étiez le parrain pour sauver Blue
Bonnets. Est-ce que, maintenant, on va prendre des mesures qui vont aller dans
le même sens ou si ce ne sera pas le contraire? Si maintenant on permet
des paris dans des salles ou dans des lieux qui sont hors pistes, que ce soit,
puis on le dit, dans des salies de jeux de casinos, dans des
téléthéâtres, que ce soit n'importe où et
dans n'importe quel endroit, ça veut dire que ça se passe en
dehors des pistes. Ça va amener quoi comme conséquence pour la
survie de ces mêmes pistes? Là, on dépose maintenant cette
loi-là dans une fin de session qui est une courte session. Donc,
normalement quand on amène ça, quand un ministre dépose
une loi dans une fin de session et dans une courte session en plus, on
s'imagine que c'est pour régler des urgences ou, en tout cas, que c'est
la priorité du ministère. (21 heures)
Alors, je dois vous dire que ça peut être quelque chose
d'important, mais ce ne sont certainement pas les demandes prioritaires des
agriculteurs et de leurs associations. Je les ai rencontrés et vous avez
dû les rencontrer aussi. Tous les députés ont eu la chance
et le plaisir de les rencontrer. Quand ils procèdent d'une façon
individuelle, c'est d'une façon locale ou régionale, sinon,
nationale, avec des demandes qui étaient très spécifiques,
que ce soit la modification à la loi 46 ou à la loi 49. Il y a,
dans le domaine agricole - je regarde mon collègue, le
député d'Iberville, qui va certainement être d'accord avec
moi - non seulement des problèmes graves, il y a des inquiétudes
majeures. On le sait, on avait juste à regarder les journaux de la
semaine passée, où il y a eu le congrès de l'UPA, pour
s'en apercevoir. Mais ce sont non seulement des inquiétudes normales,
des inquiétudes de rentabilité, ce sont même des
inquiétudes de survie. Et nous, on est ici pour parler de paris hors
courses, hors terrain, hors pistes de course. Je dois vous dire, c'est la seule
loi dans le domaine agricole qu'on va passer maintenant, malgré tout le
contexte qu'on est en train de vivre, toutes les inquiétudes qui nous
sont soumises de façon assez régulière par nos producteurs
agricoles, peu importe que ce soient des éleveurs ou des gens qui
cultivent la terre. Mais tous ont des inquiétudes.
Donc, on nous amène maintenant une loi qui est censée
être la loi agricole de l'automne, évidemment. Puis je dis bien
"la", parce que c'est la seule. Et, c'est ça. Pour les agriculteurs, ce
n'est pas un peu, c'est beaucoup, très inquiétant.
Je vais vous dire, surtout à la lecture de ce qu'a dit ma
collègue, la députée de Johnson, tantôt, ce qui a
paru dans Le Soleil le 4 décembre-Moi, je ne reviendrai pas ou,
en tout cas, pas très longtemps sur le fait qu'on l'ait annoncé.
Je vais donner le bénéfice du doute au ministre en disant que
c'est l'intention, par des déclarations, que son intention, c'est
d'aller dans ce sens-là. Juste un peu là-dessus, oui, faire des
commentaires dans la presse, c'est normal, sauf qu'on a le droit, au niveau
démocratique, de se questionner sur la façon d'agir, de temps en
temps, du gouvernement. Si c'était un cas isolé, ce ne serait pas
si pire, mais quand on regarde ce qui se passe avec la CSST... On a le droit de
se questionner sur le respect qu'on a des institutions. Et j'espère que
celui-là, on ne peut pas le mettre en parallèle ou l'ajouter, en
plus, comme un comportement qui vient bafouer les droits des parlementaires de
se faire bousculer, parce qu'une société d'État, dans une
stratégie, décide de nous imposer ce qu'elle a
décidé ou ce que le gouvernement a décidé aussi de
pouvoir forcer des parlementaires, en fin de session, pour une économie
où probablement que si on n'embarquait pas, bien, on se ferait accuser
d'avoir gaspillé les fonds publics, parce qu'il y a des dépenses
qui ont déjà été engagées puis même
faites. Je dois dire que ce n'est pas comme ça que la démocratie
doit être exercée par les parlementaires. Comme, nous, on est
juste victimes de décisions, ce n'est pas comme ça que ça
doit nous être imposé par un gouvernement.
Mais là où je veux en venir, et c'est à la lecture
des mêmes paragraphes que ma collègue de Johnson: "Faute d'avoir
accès à des casinos, mais toujours friands de jeux, les
Québécois pourront bientôt fréquenter des salons de
paris exploités par les hippodromes, sous l'autorité de la
Commission des courses du Québec." Vous allez me dire que ce n'est pas
long, mais c'est significatif, ça. C'est Jacques Dallaire, du Soleil.
Je dois vous dire, peu importe que ce soit, encore une fols, quelqu'un qui
est mal cité ou quelqu'un qui interprète, tout ce qui compte,
c'est que nous...
M. Pagé: Ça pouvait laisser croire que
c'était moi qui avais dit ça.
M. Paré: Oui, mais je ne suis pas...
M. Pagé: Alors, vous confirmez que ce n'est pas moi.
M. Paré: Je ne confirme rien, je lis. M. Pagé:
Bien, continuez à lire.
M. Paré: Je ne fais que lire le premier, parce que, quand
on connaît un peu la situation puis qu'on lit le deuxième
paragraphe... Le Conseil des ministres ne s'est pas encore prononcé
quant à l'implantation de salons de paris. Je comprends qu'il y a des
gens, puis je le sais, dans ma région, je suis môme de ceux qui
ont participé à des rencontres là-dessus, l'Implantation
des casinos... Et quand on sait la réponse qu'on a eue du ministre des
Finances en disant: Pas question, tant et aussi longtemps que je serai ministre
des Finances...
M. Pagé: Quand il s'agit de salons de paris à
Granby, ôtes-vous contre ou pour?
M. Paré: Je pourrai y revenir tantôt. Mol, je n'ai
pas fini mon idée, de toute façon, puis je n'ai pas fini mes
vingt minutes, puis j'aurai la chance d'y revenir. Ce que je dis, parce que
c'est une loi qui est déposée, c'est qu'on est en train de
discuter de quelque chose qui est amené normalement par le gouvernement,
donc approuvé par le Conseil des ministres. Est-ce qu'on n'est pas en
train... Puis ça peut être bon. Je vous le dis. Ce que je
conteste, c'est la façon. J'aimerais ça qu'on puisse entendre le
ministre des Finances là-dessus, à savoir ce qu'il pense de
ça. Est-ce qu'on est en train de lui imposer, par la porte d'en
arrière, des casinos qu'on ouvrira ensuite, avec le tapis rouge, par les
portes d'en avant?
C'est peut-être ça qu'on veut faire. Je ne sais pas si
c'est la bonne façon, par exemple, de le faire, si c'est correct. Mais,
connaissant la discussion, pour en avoir entendu parier puis en avoir eu
connaissance... Par rapport aux casinos, là on dit maintenant: Si on ne
peut pas ou le ministre des Finances ne veut pas maintenant des casinos, bien
faisons des salons de paris. Ensuite de ça, bien, on dira: Regardez, ce
n'est pas si pire, puis on va en amener. Ça peut être une
façon, ça peut être, pour ceux qui veulent des casinos,
tant mieux, une porte qui s'ouvre, mais je ne suis pas sûr que c'est la
façon, pour un gouvernement, de dire qu'on est transparent, ouvert et
qu'on permet la discussion sur des nouvelles institutions qui s'implantent.
Donc, de ce côté-là, moi je dis qu'on est bien
placés pour poser des questions là-desus. On a le droit de le
savoir, on veut s'en aller vers des ouvertures dans les paris. On y va comme
ça, mais est-ce que c'est déjà une ouverture vers les
casinos? Je dois vous dire, on est à la commission de l'Agriculture, on
n'est pas à la commission des institutions où on pourra entendre
le ministre des Finances se prononcer là-dessus par rapport à
l'implantation de casinos qui pourraient être amenés, à la
suite de cette porte qu'on est en train d'ouvrir sur les salons de paris.
Et là, ce n'est pas juste moi. Le ministre dit que ce n'est pas
lui qui l'a dit, mais moi, je ne fais que citer M. Jacques Dallalre, du journal
Le Soleil, qui ouvre cette porte. Donc, on n'est pas les seuls à
penser ça, on n'est pas les seuls à voir cette ouverture qui est
en train de se faire ou cette imposition qu'on est en train de faire au
ministre des Finances.
Donc, on a un projet de loi devant nous autres, qu'on va discuter, que
le ministère considère comme passé et acquis à la
suite des commentaires, en tout cas, ou de ce qu'on voit là-dedans. Je
ne sais pas s'il a été cité, mais je ne pense pas qu'il
ait contredit. La preuve, qu'il l'ait déposé et qu'on soit en
commission parlementaire, c'est qu'il a l'intention qu'il soit voté
avant la fin de la présente session pour mettre ça en
application.
Mais je reviens là-dessus en disant que c'est quand même un
peu, beaucoup spécial qu'on soit en train de parier de salles de paris,
comme ça, alors qu'il y a tant d'urgences en agriculture, quand on sait
qu'il y a 30 000 emplois de perdus depuis 1985 dans le milieu agricole,
directement, avec ce que ça a comme effet indirect, puis je pense que
tous les députés qui sont dans des régions rurales ou
semi-rurales sont là pour le confirmer. Ce n'est pas un domaine qui est
très florissant et en développement présentement, puis la
seule loi qu'on va discuter, ça va être sur des paris hors des
hippodromes.
C'est quand même spécial, c'est significatif. Ça
nous montre exactement l'orientation où on s'en va, avec toutes les
questions que j'ai posées puis d'autres qui vont s'ajouter à
mesure qu'on va y aller article par article. Ça nous montre qu'il n'y a
pas beaucoup d'intérêt pour l'agriculture comme telle et qu'il n'y
a pas beaucoup de clarté dans ce qu'on dépose, non plus.
Très souvent, il y a peut-être des choses qui sont amenées,
qui ne devraient peut-être pas l'être de la façon dont elles
sont amenées.
Si on veut des casinos, on ne devrait pas, à mon avis, être
à la commission de l'agriculture pour en discuter. Les salons de paris,
par rapport aux courses, peut-être, mais il ne faut pas oublier que, bon
on va avoir cette institution qui a déjà le contrôle des
permis d'alcool, la régie des alcools, qu'il y a d'autres permis qui le
sont par la Régie des loteries du Québec. Pourquoi est-ce qu'on
s'en vient multiplier encore une fois le nombre d'instances, de commissions, de
contrôleurs au niveau du gouvernement?
Ce sont toutes des questions qu'on doit se
poser: Pourquoi est-ce que c'est ça qui est la priorité
maintenant? Pourquoi est-ce la seule loi dans le domaine de l'agriculture?
Pourquoi fonctionne-t-on comme ça pour permettre des paris? Ce sont des
questions qu'on se pose parce qu'on a des inquiétudes et on veut bien,
étant donné que ça ne passera pas par
réglementation mais par loi, que les lois qu'on va voter... Parce qu'il
ne faut pas oublier que, comme législateurs, on doit les voter. Mol, je
dois vous dire: Avant de voter des choses, il faut les comprendre et on va
questionner.
Dans ce sens-là, comme je suis un de ceux qui ont
déjà participé à des réunions concernant
l'implantation de casinos, ça m'intéresse, les salles de paris,
aussi, et je suis ici pour savoir et je vais poser des questions au ministre
plus directement, article par article, on s'en va vers quoi par rapport
à ça. SI lui me pose des questions à savoir ce que j'en
pense, je vais aussi surtout lui en poser parce que, moi, je n'ai pas les
moyens, présentement, de passer des lois ou d'influencer le Conseil des
ministres directement alors que lui, il est dans la position tout à fait
inverse où non seulement il est là pour influencer le Conseil des
ministres, donner son idée, mais d'après ce que je peux voir il
est même là pour passer des lois qui vont dans le sens des paris,
des casinos et de tout ce qui concerne le jeu au Québec.
Donc, c'est ça qu'on est en train de faire. Là,
maintenant, on ne permet pas seulement de favoriser peut-être ceux qui
veulent s'occuper de l'élevage des chevaux. Je dis bien
"peut-être" parce que je ne suis pas sûr de voir dans ça
qu'on va aider même ces gens-là. Qu'est-ce qui nous dit que, dans
les salles où on va faire des paris, ce ne sera pas sur
télévision des courses qui vont s'effectuer à
l'extérieur du Québec, donc au détriment même des
gens du Québec dans le domaine des chevaux? Il y a des questions graves
à poser ici, et je pense que ça va nous prendre des
éclaircissements à toutes ces questions avant que nous, on ait un
consentement clair et précis à donner là-dessus.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Shefford. Je cède donc la parole à M.
Blais, député de Masson.
M. Yves Blais
M. Blais: Je vous remercie très humblement, M. le
Président. Je tiens à vous dire M. le Président, que je
suis un peu troublé d'avoir à faire des remarques normalement
très courtes, quand on arrive avec un projet de loi. Je suis
troublé de faire veiller l'homme qui nous apporte cette loi, mais je
suis très heureux de faire veiller le ministre qui l'apporte, parce
qu'il y a une grande différence entre les deux. L'homme lui-même
est très sympathique, gentil, aimable, mais iI est dans un parti qui
soutient des philosophies qu'il est obligé de défendre, souvent
contre sa propre volonté. Je qualifierais cette loi, M. le
Président, d'une loi très libérale, c'est-à-dire
qu'elle ouvre la porte au hasard, et c'est la façon dont le gouvernement
libéral gouverne. Ça va vraiment dans l'esprit avec lequel ce
gouvernement gouverne et légifère.
On ouvre, par cette loi, la porte aux jeux de hasard, comme le
laisser-faire dans l'industrie, dans tous les autres secteurs de la
société, le laisser-faire est là, et c'est un grand
symbole. C'est pour ça que nous, de l'Opposition, voulons que cette
loi-là ne soit pas une loi, même si elle regarde des jeux de
hasard, qu'elle ne soit pas votée par hasard. Nous allons la
discuter.
Il y a, dans cette loi, trois choses principales, mais, en premier lieu,
je tiens à dire qu'à la suite de la remarque de la
députée de Johnson, noble consoeur dans cette Assemblée
nationale, la réponse que le ministre lui a faite m'a laissé un
peu perplexe. Je suis d'accord sur le principe que le législateur doit
légiférer pour être transparent. Dans ce cas-ci, c'est
encore vrai qu'il pouvait, par réglementation, par décret
gouvernemental ou que sais-je encore, installer des salles de paris. C'est
vrai. Mais la loi que nous avons devant nous est une loi pour dire qu'on
légifère, mais tout ce qui est hasard n'est pas défini, et
dans l'article 7, et surtout l'article 107, tout ce qui est hasard n'est pas
défini, et on dit que ce sera défini par règlement.
Même "salle de paris" n'est pas définie dans la loi, et tout ce
qui porte sur le hasard n'est pas défini. Donc, c'est un papier qui nous
dit: II y aura des paris en salle, mais on ne définit pas ce que c'est.
C'est donc dire que la députée de Johnson avait parfaitement
raison parce que, même si le ministre peut le faire par règlement,
cette loi-là ne fait que confirmer qu'il a le droit de le faire par
règlement. Donc, on ne légifère pas sur les salles de
paris parce qu'on ne sait même pas... Et on dit que les mots "salle de
paris" seront définis par règlement plus tard, à l'article
107. À l'article 17, je m'excuse. C'est parce que je n'avais pas mes
verres, puis j'avais mis un crochet de trop.
Une voix: Un zéro de trop.
M. Blais: Alors, à l'article 17, tous les termes de
pari... Ce n'est pas le temps de discuter article par article, je ne sais pas
si on va se rendre à Noël avant d'arriver à l'article 17
mais, au cas où on ne s'y rendrait pas, je vais citer quelques mots.
Définir "ferme d'élevage" par règlement; "centre
d'entraînement" par règlement; définir "salle de paris" par
règlement; définir "licence" par règlement; définir
"licence de courses" par règlement. En fait, tout va être
défini par règlement. (21 h 15)
Cette loi - je m'adresse là au ministre de l'Agriculture - n'est
qu'un papier pour dire que le ministre pourra tout régler par
règlement. Alors, on aurait pu se passer de cette loi, en fait, et II
n'avait qu'à le faire par règlement, parce que la loi me fait
dire qu'il a le droit de le faire et ce droit-là, il le détient
déjà. C'est donc redondant.
Mais tombons quand môme dans les notes explicatives, dans les
remarques préliminaires. Il y a trois points majeurs qui frappent l'oeil
le moins averti des législateurs. En regardant, ça crève
l'oeil, il y a trois points. La Commission des courses change de nom. Ça
ne serait plus la Commission des courses de chevaux du Québec, mais la
Commission des courses du Québec. Ça, c'est un.
Deux, le droit de faire des salles de paris. Trois, donner des licences
à ceux qui font de l'élevage, le droit de la retirer et la
longueur de temps durant laquelle quelqu'un aura à subir le retrait ou
la révocation de sa licence. Prenons-les un par un. Le projet de loi
remplace le nom de la Commission des courses de chevaux du Québec par
celui de Commission des courses du Québec. Alors, on a ôté
le mot "chevaux". Ça veut dire qu'on ouvre la porte à tout ce
qu'il y a de courses. Si je comprends bien le texte, ça ouvre la porte
à toutes sortes de courses. Ça ne veut pas dire que le
législateur fera des courses de tout, des courses de pédalos, par
exemple - je ne pense pas - des courses de "sea-doo" ou je ne sais quoi, mais
ça ouvre la porte aux courses de chiens, de coqs ou de lapins, toutes
sortes de courses.
Le ministre peut s'en prévaloir par cette loi-là en
ôtant "chevaux" qui, dans nos textes législatifs, ne veut pas dire
poneys, parce que je me souviens qu'à la dernière loi qu'on avait
passée, à l'automne 1968, le 8 décembre, si je me souviens
bien, j'avais demandé au ministre, parce qu'il y a plusieurs hippodromes
de poneys au Québec... Ils n'ont pas droit à des paris, et puis,
à cette époque-là vous nous aviez dit, je pense - j'ai
amené des textes, mais et on le verra plus tard - que vous n'aviez pas
d'objection à ce que pour les poneys on puisse avoir des paris, selon la
volonté du législateur ou selon les recommandations de la
Commission, etc. Mais dans cette nouvelle loi-là on ne volt pas, de
façon spécifique, qu'il y aura des courses de poneys, mais
ça ouvre la porte à toutes sortes de courses. Alors, je
présume qu'on pourra avoir des courses de poneys.
Deuxièmement, ce projet de loi confie à la Commission des
courses du Québec le mandat de régir et de surveiller
l'exploitation de salles de paris. Et là, je ne suis pas troublé,
je suis presque dans la gêne de voir qu'on pourrait voter ça sans
explication, sans qu'il y ait des experts qui viennent nous dire ce que ce
sera, parce que faut-il se rappeler qu'il y a eu des
enquêtes qui ont coûté très cher
au gouvernement du Québec, des enquêtes très complexes,
très longues, très volumineuses et demeurées
secrètes dans l'ensemble des résultats, sauf un
résumé qui a sorti sur les casinos et sur les paris en
général. Je suis persuadé qu'à l'intérieur
de ça on partait aussi des salles de paris et des paris de courses, mais
ça n'a jamais été publié. On l'a gardé
secret. Dans le résumé, on disait qu'il est sûr, il est
évident et il va de soi que, quelles que soient les salles de paris ou
de casinos ou les salles de paris de courses, ça rapporte toujours
beaucoup au gouvernement qui en donne la permission à un groupe.
Ça rapporte beaucoup, de façon directe, at c'est vrai.
Cependant, l'apport financier direct provoqué par
ces salles de paris ou ces salles de paris de courses ou ces casinos
entraîne dans son sHIon, à cause de leur essence, à cause
de la façon intrinsèque selon laquelle c'est géré
et à cause des gens que ça attire, des conséquences
sociales horrifiantes. Il n'y a pas que des parieurs gentils. Il n'y a pas que
des mordus aimables du pari et des casinos. Il y a les parieurs véreux.
Il n'est pas nécessaire d'aller si loin. On n'en a pas, des casinos au
Québec, et regardez les revendeurs, ceux qu'on appelle
communément les "scalpers", dans les spectacles. Il y a ce goût de
tricher qui existe dans tous les pays du monde. Quand on permet des salles de
casinos ou des salles de paris, il y une sorte de monde qui se donne
rendez-vous dans ces endroits-là et, loin de rendre des services aux
localités, de façon générale, qui en sont
bénéficiaires, si on ne regarde que les entrées d'argent
directes, oui, mais les coûts sociaux sont énormes. Il y a d'abord
la force constabulaire qui doit être souvent quintuplée, si ce
n'est pas décuplée ou sextuplée. Et on dit partout que le
jeu n'en vaut pas la chandelle.
C'est comme les cigarettes. Il y a une grosse taxe sur les
cigarettes. Ça rapporte à peu près 750 000 000 $ au
gouvernement, mais ça coûte 1 500 000 000 $ pour soigner ceux qui
fument. Alors, la taxe sur la cigarette ne rapporte rien au gouvernement. Elle
coûte de l'argent au gouvernement.
Dans les casinos ou les salles de paris, qui doivent
être à peu près du même acabit, j'ai l'Impression
qu'on verrait exactement poindre les mêmes problèmes. C'est
souvent des rendez-vous de - II faut dire le mot - mafiosi et de beaucoup de
truands. Pas tous les gens qui s'y rendent, mais on a assez
d'expérience... Moi, j'ai 59 ans, je me suis promené à
travers le monde. Je suis allé dans des casinos, et puis ça
répond à un certain besoin de la nature. Mais les grandes villes
qui ont ça ont des problèmes énormes. Ce n'est pas
sûr, avec l'exemple qu'on a vu à Atlantic City
dernièrement, si c'est avec autant de joie qu'on voit les casinos se
développer là, à cause des problèmes que ça
apporte autour.
Je ne veux pas dire qu'en principe je suis contre les salles de paris,
loin de là. Mais j'aimerais beaucoup avant, puis je pense que c'est la
position de notre formation sur ce projet de loi là... C'est que nous
avions dit que n'étions pas de facto contre le principe, mais qu'il
fallait que nous soyons renseignés sur ce projet de loi là, que
nous en voyions les côtés positifs et les côtés
négatifs. Et, après ça, en commission parlementaire,
à l'étude et à l'éclairage que nous aurons, nous
prendrons une décision finale.
Ça, c'est la deuxième chose. La troisième chose,
c'est qu'on prévoit qu'une personne qui exploite une ferme
d'élevage de chevaux de course, un centre d'entraînement de
chevaux de course ou une salle de paris - une salle de paris, je comprendrais -
devra être titulaire d'une licence. Pour une salle de paris, je comprends
très bien. Mais pour une ferme d'élevage, un centre
d'entraînement, avoir des licences... Actuellement, il y en a beaucoup.
Les fermes d'élevage et les centres d'entraînement n'ont pas de
licence ou de permis. Si on vient avec une salle de paris et qu'on exige une
licence, c'est extrêmement normal. Mais, dans les deux autres cas...
Là, il va falloir commencer à faire la nomenclature, si ce n'est
que pour les chevaux de course, on devrait avoir une licence. Il ne faudra pas
qu'un cultivateur ait un gros percheron qui laboure en courant, parce que
ça va lui prendre un permis. C'est ça le problème qui
arrive, là. C'est: Où va-t-on trancher?
Je vois l'ancien ministre de l'Agriculture qui connaît beaucoup
les sortes de chevaux. J'en parlerai plus tard. Oui, les 84 conditions pour
être reconnu un géniteur chevalin au Québec, je m'en
souviens très bien. 84 conditions, je me souviens très bien de
ça. Mais là, on va avoir frappé encore un dilemme. Dans
les règlements qui vont être élaborés plus tard, si
on dit que les chevaux ou les centres d'entraînement ou les personnes qui
exploitent une ferme d'élevage doivent avoir une licence, donc une
licence où on émet un permis d'exploitation, il va falloir qu'on
définisse quelle sorte de chevaux ces gens-là
élèveront. Je suis persuadé que les gros percherons, on ne
voudra pas qu'ils aient un permis d'élevage là, ou du moins je
l'espère.
Mais là vient tout le problème des définitions. Et
là, on surréglemente. M. le Président, vous savez que nous
sommes excessivement réglementés déjà au
Québec. Peut-être que dans l'agriculture il y a beaucoup de
règlements. C'est peut-être un des secteurs les moins
réglementés, malgré tout. Mais il y en a beaucoup, des
règlements. Mais là, si on tombe dans l'élevage, je crois
qu'il faudrait qu'on intéresse l'UPA à ça pour voir si
elle est d'accord que tous les éleveurs de chevaux doivent à
l'avenir détenir un permis, quel que soit le genre de chevaux qu'ils
élèvent, de la façon que c'est indiqué, et puis
là, pour avoir le quota sur les chevaux aussi. On en viendra à un
contingentement et à un quota de chevaux et là, si on tombe dans
ces détails-là, j'ai bien l'impression qu'on va avoir beaucoup,
beaucoup de difficultés. On va parier des chevaux et on aura tort.
Alors, M. le Président, ça, c'est le deuxième
secteur de la loi. Le troisième a et le troisième b, c'est que la
Commission va avoir la permission de révoquer des permis, et les
conditions de révocation ou de refus ne sont pas connues dans cette loi.
Ça voudrait donc dire qu'on amènerait encore une autre
réglementation pour donner les conditions pour être
approuvé comme éleveur, pour être approuvé comme
ayant un centre d'entraînement, après avoir
déterminé quelles sortes de chevaux sont soumis à cette
loi, les chevaux de trot, les chevaux de galop, je ne sais pas. Il va falloir
qu'on le définisse. Il pourrait y avoir à l'époque de
Noël, aussi, les chevaux de bois, comme vous dites, M. le ministre. On
reste quand même sur notre appétit en lisant les notes
explicatives. C'est le moins qu'on puisse dire.
C'est que nous n'avons pas tout en main. Ça nous file un peu
entre les doigts pour pouvoir porter un jugement que je croirais
nécessaire pour un législateur, un jugement sain selon ce qu'il
possède comme information. Alors là, je me dois de dire, M. le
ministre... Je sais que ce n'est peut-être pas vous directement qui avez
écrit la loi. Vous avez probablement participé de façon
assez directe. Mais il y a des oublis majeurs parce que, au moins, on devrait
dire quelle sorte de chevaux, au moins, au départ. SI on regarde... On
n'étudie pas article par article, ça va être le 24
décembre. Mais si on regarde que tout va être fait par
règlement, eh bien là, ceux qui élèvent
déjà des chevaux, et là, je prends tous les cultivateurs
du Québec à témoin, est-ce qu'ils vont être
visés par cette loi? Chevaux ferrés, non ferrés, chevaux
de trait, il y a quelque chose d'un peu loufoque.
M. le Président, je ne veux pas m'éterniser sur ça
parce que je voudrais que nous progressions dans notre législation. Mais
ça me laisse très perplexe et je reviens en conclusion à
la première charge que je faisais, une charge très, très
modeste; c'est plutôt une mise au point. C'est que cette loi, en fait, si
on la regarde, n'est qu'une permission écrite au ministre de faire ce
qu'il peut faire actuellement par règlement; c'est qu'on lui dit: Vu que
vous avez le droit de faire une réglementation sur les salles de paris,
nous vous disons par cette loi que vous pouvez le faire, donc c'est redondant,
et les règlements, vous les sortirez et vous les publierez dans La
Gazette officielle. Alors, je comprends très bien que tantôt
vous disiez que vous n'aviez pas besoin de loi, mais c'est un peu comme ne pas
en avoir - j'exagère à peine - parce que les règlements
seront publiés plus tard pour définir tout ce qui concerne les
salles de paris, les chevaux de course, les nouveaux
droits de la Commission, ses nouveaux devoirs, etc. Ça viendra
tout par règlement. (21 h 30)
Alors, c'est pour ça, M. le ministre, que nous aimerions sur ces
points recevoir aussi, pour nous éclairer certainement, plusieurs
experts dans les jours qui viennent, et nous allons passer certainement
quelques heures sur cette loi, M. le Président, afin que nous fassions
notre devoir de façon très éclairée, très
rationnelle et avec la meilleure volonté du monde possible de
collaboration avec le ministre pour qu'il vole probablement sa loi un Jour.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Masson. M. le député de Lévis, M.
Garon, vous avez la parole.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, c'est une loi, celle qui est
présentée par le ministre, qui est très Importante,
puisque, comme l'a Indiqué avec beaucoup de justesse le
député qui vient de me précéder, elle embrasse
beaucoup. À toutes fins pratiques, avec une telle loi, on va pouvoir
faire courir n'importe quoi au Québec. Avant, les courses se (imitaient
aux chevaux et on peut imaginer des courses de n'importe quoi, puisque
maintenant II n'y a aucune limitation sur ce qui pourra courir et ce sur quoi
on pourra gager. Je me demande si c'est ça la société de
demain qu'on doit bâtir, si le Québec doit devenir une vaste
barbote. Je ne suis pas sûr de ça.
M. Pagé: ...qui détermine ça, M. le
député. M. Garon: Je ne suis pas sûr... M.
Pagé: C'est le Code criminel. M. Garon: Pardon?
M. Pagé: C'est le Code criminel qui détermine les
paris. Le Code criminel limite le droit aux paris aux courses de chevaux.
M. Garon: Ça n'a pas d'importance.
M. Pagé: Bien oui, ça a de l'importance. On ne
pourrait pas faire courir des mille-pattes, des lapins avec des paris. Les
paris sont autorisés au Canada uniquement pour des courses de chevaux et
pas n'importe quelle course de chevaux, des Standardbreds et des
Thoroughbreds.
M. Garon: À ce moment-là...
M. Pagé: Donc le Québec ne pourrait pas devenir une
vaste barbote, comme vous dites.
M. Garon: Ah! vous savez!
M. Pagé: Ah! je vous dis que non!
M. Garon: Aujourd'hui, avec les objectifs de faire de l'argent,
ils sont considérables les promoteurs de toutes sortes qui, pour une
piastre, sont prêts à faire bien des choses. Avec les demandes
répétées, renouvelées, incessantes de faire des
casinos, alors qu'on a des exemples, quand on voit ce qui se passe aux
États-Unis. Il y a eu une revue Time, il n'y a pas longtemps,
consacrée à Atlantic City pour montrer à quel point
Atlantic City était devenue une ville où il ne faisait pas
tellement bon vivre. Ce qu'ont mentionné les députés qui
m'ont précédé, ils ont indiqué à quel point
faire appel à tous les instincts, ce n'est pas nécessairement le
genre de société que les gens veulent avoir. Sous prétexte
de devenir de plus en plus permissifs, on est en train de bâtir une
société dans laquelle les gens sont de moins en moins heureux. Si
on regarde aujourd'hui certaines villes en Amérique du Nord où on
y est allé librement dans ces secteurs-là, aujourd'hui, II y a
beaucoup de gens qui ne voient pas ces villes comme des endroits
agréables pour élever une famille, faire une retraite, mais ils
sont devenus des lieux où on satisfait tous les instincts. Est-ce
ça le développement économique du Québec? Je pense
que ça mérite un débat qui doit être plus vaste que
celui qu'on essaie de faire actuellement dans une session escamotée
à la veille de Noël.
Je ne suis pas certain que ce soit le plus beau cadeau de Noël pour
les Québécois qu'une telle loi que présente le ministre,
sans en avoir analysé tous les impacts. Il serait important que l'on
puisse consulter des gens, parce que c'est un débat, au fond, de
société qu'on met en cause actuellement. Dans quelle
société veut-on vivre? Quel genre de société
veut-on au Québec? De quelle façon souhaite-ton que les gens
gagnent leur vie? Vous avez, par exemple, dans un article que je vois Ici, qui
est écrit tout petit, tellement petit que je vais le lire à la
loupe, on dit. Au sujet des salies de paris hors pistes, Marcel Jobin,
président de l'hippodrome de Québec dit ceci: "Les études
n'ont pas encore été complétées, j'ai l'impression
que nous n'y arriverons pas avant deux ans. Personnellement, je favorise
l'implantation de salles de paris dans les salles de jeux vidéo que le
gouvernement s'apprête à introduire au Québec." Le
contrôle des arcades dans les municipalités, est-ce que le
Québec sera de plus en plus une grande arcade où on peut gager au
maximum? Je ne suis pas convaincu que c'est ça que les gens souhaitent.
Au contraire, on se rend compte que, dans bien de ces endroits, on retrouve un
entraînement au crime et qu'éventuellement on fait
l'entraînement légal d'appétits qui ne mènent nulle
part, au fond.
Moi, je pense qu'il serait sage, au fond, de consulter davantage
concernant une loi comme celle-là. Il ne s'agit pas dans quelques
heures, à
la veille de Noël, d'adopter une loi qui va avoir des impacts
considérables et qui va donner des pouvoirs au gouvernement de faire
toutes sortes de choses, sans revenir devant le Parlement. Il y avait une
certaine sagesse autrefois de ceux qui obligeaient, quand on voulait augmenter
les pouvoirs des lois, de venir devant le Parlement à chaque fois.
Aujourd'hui, on se rend compte que de plus en plus de lois sont un cadre
général pour permettre à peu près n'Importe quoi.
Dans le fond, on est en train de se demander si on ne s'en va pas vers la loi
unique où on va dire: Le gouvernement fera ce qu'il voudra. Et on voit,
de plus en plus, dans les pouvoirs des compagnies, dans les pouvoirs des
sociétés, qu'on n'a plus besoin de venir devant le Parlement. Le
gouvernement fera ça.
On donne des pouvoirs généraux de modifier des secteurs
complets de la société dans laquelle on vit. Moi, je suis loin
d'être convaincu. Je suis même convaincu du contraire, qu'on ne
peut pas procéder de cette façon-là, que, de moins en
moins... Et la députée de Johnson a eu un cri du coeur important
quand elle a parlé des pouvoirs du Parlement qui sont des pouvoirs, au
fond, qu'il y ait des débats démocratiques en entendant les gens
concernant des changements qui vont survenir dans la société.
Aujourd'hui, de plus en plus, on a l'impression que le Parlement est un
genre de petit aquarium à poissons rouges qui ne dérange pas la
conversation dans le salon. Ils auront beau faire toutes les belles qu'on
voudra, les petits poissons rouges dans l'aquarium, si les gens ne les
regardent pas...
Une voix: Ils peuvent faire des courses.
M. Garon: Ils peuvent faire des petites courses dans l'aquarium,
faire des petites "stepettes", des petits sauts, des caramboles, tourner,
virevolter, se courir l'un et l'autre, se dépasser, se surpasser,
ça n'influence pas la conversation dans le salon. Puis on est en train
de se demander si le Parlement n'est pas en train de devenir, à ce point
de vue là, un être inutile, parce que la démocratie,
ça ne veut pas dire seulement le droit pour le Parlement de faire des
lois, de les analyser puis de consulter des gens, mais c'est aussi de les
exercer.
Actuellement, on se rend compte que de moins en moins on respecte le
pouvoir du législateur, que de moins en moins on consulte les gens, que
de moins en moins on respecte le règlement de l'Assemblée
nationale et que de plus en plus on cherche à faire toutes sortes de
"deals" ou d'ententes pour passer à côté des règles
parlementaires, alors que ces règles-là, essentiellement, ne sont
pas la uniquement pour les parlementaires eux-mêmes, mais aussi pour que
la population puisse intervenir dans le processus législatif.
Moi, je n'en reviens pas de voir les députés qui ont
l'impression que la population est assise chez elle à ne rien faire, en
attendant de voir les lois qu'on va lui présenter. Ce n'est pas vrai.
Les gens ont autre chose à faire. Ils font autre chose. Et on
présente des lois à la dernière minute, en essayant
d'obtenir des consentements pour les passer rapidement, sans que le monde ait
su qu'est-ce qui arrivait. Ce n'est pas normal; ce n'est pas ça, la
démocratie.
Le gouvernement aurait pu convoquer la session au 15 novembre, aurait pu
déposer ses lois d'avance et je pense-Une voix:...
M. Garon: non, je pense qu'une opposition digne de ce nom ne
devrait pas permettre d'adopter des lois qui n'ont pas été
déposées en temps utile.
Une voix: Ce n'est plus une session, c'est une concession!
M. Garon: Puis c'est une course. On pourrait dire que le
Parlement rentre dans la course, devient... On devient des...
Une voix: Une salle de paris.
M. Garon: On pourrait parier à quelle vitesse les lois
vont être adoptées sans respecter les règlements et les
ententes que les leaders pourront faire entre eux. Je pense, au contraire, que
ces ententes devraient être exceptionnelles. C'est rendu la règle
du jeu. On dit: II faut consentir. Aujourd'hui, de plus en plus, le Parlement
est devenu une série de félicitations insignifiantes.
Autrefois, au Parlement, le premier ministre souhaitait bonne fête
au député le jour de sa fête et beaucoup de
députés se levaient pour le remercier. Pour un grand nombre,
c'était la seule fois où ils se levaient dans l'année. On
a trouvé que c'était inutile, que c'était une perte de
temps et qu'on était mieux d'étudier les projets de loi.
Aujourd'hui, on est revenu à chaque fois qu'il y a un anniversaire.
Aujourd'hui, c'était le 20e anniversaire du ministère des
Communications. On pourra bien dire, par exemple, pour le ministère de
l'Agriculture - je crois que c'est le 130e anniversaire - parlons du 130e
anniversaire. Toutes sortes de voeux pieux, de discours inutiles, de
"pariottage" insignifiant alors que les véritables débats, ce
à quoi on devrait consacrer notre temps, sont escamotés.
Là, on souhaite bonne fête à toutes sortes d'affaires, on
rappelle toutes sortes d'anniversaires pour mieux rappeler qu'on ne sait pas
notre histoire, qu'on ne l'enseigne plus dans les écoles ou que notre
histoire a cessé d'être une matière obligatoire
d'enseignement. On aime bien, au Parlement, se faire croire le contraire
en se rappelant toutes sortes d'anniversaires qui ne sont pas des anniversaires
vraiment importants. Que le ministère des Communications ait 20 ans ou
21 ans, qu'est-ce que vous voulez que ça fasse aux citoyens? Ça
ne dérangera même pas les poissons de l'aquarium.
Par ailleurs, on va accepter d'adopter des lois à toute minute,
à toute vapeur alors qu'on devrait consulter les gens et leur demander:
Qu'est-ce que vous pensez de ça? C'est ça qu'on devrait faire.
C'est de dire aux gens: Qu'est-ce que vous pensez? Est-ce que vous voulez qu'au
Québec ça cesse d'être la Commission des courses de chevaux
du Québec pour devenir la Commission des courses du Québec et
qu'on ait des salles de paris partout, que les Québécois soient
des gageurs qui gagent? Je pense que c'est un débat de
société important.
Je regarde les heures d'ouverture des magasins, des fruiteries qui sont
devant le Parlement pour les heures d'ouverture, le gouvernement n'est pas
capable de se brancher. Là, par exemple, il est prêt à se
brancher dans quelques heures pour décider qu'on va pouvoir faire des
courses dans n'importe quoi. La loi est déjà là devant
nous, déjà mise en marche et on volt que le journal commence
à en faire état. On a vu récemment, également, que
la CSST avait fait imprimer ses "pamphlets" alors que les lois n'avaient
même pas été adoptées par le Parlement, comme si
c'était une formalité d'aller devant le Parlement. On est sur le
pilote automatique.
Alors qu'on est dans une période difficile sur le plan
économique, je suis un peu étonné même que le
ministre de l'Agriculture considère que ce soit ça sa
priorité, alors que le nombre d'emplois - on vient de le voir - en 1986,
depuis qu'il est là, il n'y a pas une année où il n'a pas
baissé. Il y avait 85 100 emplois dans l'agriculture en 1985; 2900 de
moins en 1986, la moyenne de l'année; 5900 de moins en 1987; 7000 de
moins en 1988 et là, on vient d'avoir les onze premiers mois de
l'année - c'est sorti hier - 12 900 de moins dans les onze premiers mois
de l'année 1989 par rapport à 1988. C'est un beau bilan! on est
rendus à une moyenne annuelle de 57 000 emplois au québec alors
qu'on avait une moyenne de 85 100 en 1985. beau succès! je vois les
fonctionnaires qui sont ici, ils doivent être fiers d'un ministère
de même qui réduit les emplois à un tel rythme. il n'y a
pas un ministère qui ait un tel succès comme ça, au
québec, de réduction d'emplois. il n'y en a pas un qui a
réussi dans trois ans, dans quatre ans, à diminuer le nombre
d'emplois du tiers au québec. il n'y en a pas un qui a réussi
cette performance exceptionnelle. c'est quelque chose, vous savez. additionnez
ça: 2900, 5900, 7000, 12 900. on va avoir le chiffre complet de
l'année dans un mois, on va pouvoir dire si c'est 12 900, 13 000 ou 13
100. Là, on ne pourra pas dire... En même temps, l'Ontario
augmentait l'emploi. Alors qu'on baissait - seulement, en 1989, actuellement,
18,4 % - en Ontario, on augmentait de 5,5 %. On aime ça se comparer
à l'Ontario. (21 h 45)
Là, on va sans doute faire courir les chevaux qu'on
n'élèvera pas. La situation économique, actuellement, dans
le domaine agricole au Québec, est désastreuse. Les
investissements périclitent, les emplois diminuent, et on voit un monde,
au fond, qui est découragé, désespéré, qui
ne sait plus à quel saint se vouer. Et là, on est devenu la Rome
des empereurs décadents, c'est-à-dire du pain et des jeux, pour
se cacher une réalité qui est triste. Le seul document qui a
été publié, qui marque "Le Québec cassé en
deux", démontre, actuellement, que dans le monde rural on est de plus en
plus dans la misère, on est de plus en plus dans la pauvreté et
qu'on participe de moins en moins à la richesse collective. C'est
ça qu'on montre, actuellement, que les chiffres démontrent dans
le document qui a été publié sous l'égide des
affaires sociales l'an dernier, auquel a participé le
député de Rouyn-Noranda, M. Rémy Trudel, pour
démontrer qu'au Québec on est de plus en plus pauvre.
On voit aujourd'hui l'annonce dans le domaine des affaires qu'on s'en va
chez le diable, qu'on est en pleine récession, que les routes s'en vont
en décadence, mais on va gager, on va jouer à la roulette. Je me
demande si c'est ça, notre société de demain, si c'est
ça qu'on veut faire. Il me semble que les gens auraient le droit de
venir... Les associations, par exemple, qui voient le Québec de demain,
ceux qui se demandent qu'est-ce que ça va être, le Québec,
dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans, ceux qui ont plus de projets que
de souvenirs et qui se demandent de quelle façon on veut voir se
développer le Québec, je pense que ces gens-là ont le
droit d'être entendus par le Parlement, par des commissions
parlementaires Mais ça, ça ne peut pas se faire en 24 heures,
à la veille de Noël. Ça peut se faire au début de
l'année 1990, prendre le temps qu'il faut pour étudier un projet
de loi qui a besoin d'être étudié parce que c'est loin
d'être certain qu'on veuille que les arcades des villes deviennent des
salles de paris. Je ne suis pas sûr de ça du tout. Je ne suis pas
sûr, non plus, que les parents qui ont encore des enfants... On peut bien
les écoeurer au bout, les parents, mais est-ce que c'est ça qu'on
souhaite pour leurs enfants, que les arcades de jeux vidéo deviennent
des salles de gageures? Est-ce que c'est ça qu'on veut? C'est ça,
la société qu'on veut bâtir? Je pense qu'ils ont un mot
à dire là-dedans. Les villes qui vont être prises avec les
problèmes ont un mot à dire là-dedans, les
municipalités régionales...
On parle de l'environnement, on se demande
si notre eau doit être plus propre, si notre air doit être
plus propre. Il faudrait peut-être se demander aussi si l'environnement
dans lequel nos gens vont vivre, dans les institutions qui vont les entourer,
doit être plus propre ou plus sale, si on veut avoir une
société où les divertissements vont être la gageure
ou si ça doit être autre chose.
Je pense que c'est une question, que c'est un débat de
société important. Je pense qu'on ne peut pas l'escamoter, qu'on
ne doit pas l'escamoter. Moi, je ne souhaite pas que le Québec devienne
un genre d'Atlantic City, je ne suis pas certain que c'est ça, l'avenir;
je suis même certain que ce n'est pas ça, l'avenir. J'aimerais que
d'autres viennent donner leur opinion pour nous dire comment ils voient
ça, un tel projet de loi, et avec tout ce qu'on anticipe
déjà, ceux qui sont les promoteurs, ceux qui pensent faire une
piastre avec ça, qu'ils commencent à nous dire ce qu'ils
entrevoient. C'est un peu énervant, ce qu'ils entrevoient. Moi, les gens
que j'ai vus, à date, concernant les arcades, ce n'était pas pour
les développer, c'était plutôt pour les réglementer.
Ceux qui sont venus me voir depuis que je suis député, ça
n'a jamais été pour leur donner plus d'espace, plus de latitude,
plus de liberté, c'était beaucoup plus pour les discipliner
davantage et, pour certaines, ne pas en avoir du tout.
C'est pour ça. que je pense que c'est un véritable
débat, à mon avis, qui est important. Pour l'avenir, je pense que
ce débat-là ne doit pas être escamoté. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): merci, m. le
député de lévis. est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? sinon... oui, m. le député
d'arthabaska.
Motion proposant d'entendre les représentants
de l'Association des hippodromes du Québec
M. Baril: M. le Président, vous comprendrez qu'avec toute
l'inquiétude que mes collègues ont, je me vois dans l'obligation
de déposer une motion qui se lirait comme suit: "II est proposé
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure la
commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 6, Loi modifiant la Loi sur les
courses de chevaux et d'autres dispositions législatives, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et qu'à cette fin elle entende les représentants de
l'Association des hippodromes du Québec."
Le Président (M. Richard): Vous déposez votre
motion préliminaire?
M. Baril: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Nous allons en vérifier
la recevabilité. Elle est recevable. Maintenant, comme proposeur, vous
avez droit à 30 minutes. Je vous donne donc la parole, M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril: Oui, M. le Président, comme je vous le disais,
tous mes collègues ont fait part de leurs inquiétudes face
à l'adoption de ce projet de loi, en vitesse, comme on dit,
déposé à la dernière minute, en dehors des
délais que l'Assemblée nationale s'était fixés.
Également, je prenais connaissance tout à l'heure des propos du
ministre envers ma collègue du comté de Johnson qui disait que,
sur ce projet de loi, à cause de l'importance de ce projet de loi, il ne
fallait quand même pas dire n'importe quoi et qu'on puisse
connaître un peu ce dont on parle et savoir un peu ce que l'on dit sur ce
projet de loi. Donc, avec un paquet d'inquiétudes, d'interrogations
qu'on se pose, à savoir, entre autres, sur l'établissement de
salles de paris au Québec, nous aimerions connaître l'opinion des
propriétaires d'hippodromes, à savoir, eux, ce qu'ils entendent
faire. Est-ce qu'ils sont en accord avec le projet de loi? Est-ce qu'ils sont
en accord avec les articles du projet de loi?
Moi, personnellement, je considère que dans tout le secteur des
courses de chevaux j'en ai encore beaucoup à apprendre,
évidemment. Si on veut voter logiquement sur chaque article de ce projet
de loi, je pense que la meilleure façon pour nous de mieux
connaître les tenants et aboutissants de ce projet, ce serait d'entendre
les propriétaires des hippodromes qui seront quand même
très impliqués au niveau de l'application de ce projet de
loi.
On est dans une situation où, je le répète, on dit:
L'hippodrome de Blue Bonnets va fermer. On dit qu'il y a des ententes avec le
gouvernement, qu'il ne fermera pas du jour au lendemain, même si la ville
de Montréal veut établir tout un quartier résidentiel et
un quartier commercial sur 146 acres de terrain si ma mémoire est bonne,
sur le site actuel de l'hippodrome Blue Bonnets. Il arrive quoi avec ça?
Si l'hippodrome ferme, sur quoi les salles de paris vont-elles se baser pour
présenter des courses? Ce sera quelle sorte de courses?
On sait que les hippodromes, actuellement, la loi les protège;
dans un rayon de 80 kilomètres, ils n'ont pas le droit d'avoir un
établissement de salles de paris autres que celles gérées
par eux, si ma compréhension est bonne du projet de loi. Donc, qui va
faire quoi? Comment vont-ils le faire? Pourquoi vont-ils le faire? À
quel endroit vont-ils le faire? Ce sont toutes des questions que je pense que
ces personnes, les
représentants de l'Association des hippodromes du Québec,
je suis convaincu qu'elles seraient enchantées de venir nous faire part
de leur opinion face à ce projet de loi, d'autant plus que, quand on
prend connaissance des écrits, des opinions que ces mêmes
personnes font aux journalistes ou qu'elles font connaître par le biais
des journaux, c'est loin d'être certain que ces gens-là sont
prêts à profiter de l'occasion que ce projet de loi leur
permettrait d'établir des salles de paris. D'ailleurs, comme on le dit,
dans un article du Soleil du lundi 4 décembre: "Aucune demande de
permis n'a été faite à ce jour. Les administrateurs
d'hippodromes paraissent très intéressés à
élargir leur bassin de clients, mais ils veulent d'abord mesurer la
rentabilité de pareille entreprise et en scruter toutes les implications
avant de s'engager dans cette nouvelle voie. " Donc, vous comprendrez que
même eux sont inquiets. On leur donne, par ce projet de loi, on leur
donnerait le droit, l'autorisation, la permission d'établir, je vais
dire, leurs propres salles de paris et même eux, ces gens-là, sont
Inquiets, ils ne sont pas certains, Ils ne connaissent pas toutes les
Implications. On nous informe que, présentement, II y a des
études qui se feraient sur la rentabilité et
l'établissement de telles salles de paris. On nous informe que ces
études ne seront pas disponibles avant au moins deux ans. Deux ans, M.
le Président, il peut se passer encore beaucoup d'eau... Il peut y avoir
beaucoup de chevaux qui vont courir encore, qui vont faire le tour des pistes,
les pistes qui resteront ouvertes. Qu'est-ce qui va arriver? Qu'est-ce que
cette étude-là va nous apporter? À quelles conclusions
vont-ils en arriver? Est-ce que c'est nécessaire? Est-ce que ça
va aider l'avenir des courses de chevaux? Est-ce que ça va aider les
propriétaires éleveurs de chevaux? On adopte un projet de loi
avant de connaître toutes les conséquences qui peuvent arriver
à la suite de l'adoption de ce projet de loi.
Maintenant, que deviendront ces salles de paris? Tout à l'heure,
mes collègues ont fait mention de l'établissement possible de
casinos. Je me souviens, 1982, 1983 et 1984, je crois...
M. Pagé: Le 1er octobre 1982.
M. Baril: De quoi voulez-vous faire mention?
M. Pagé: Du projet...
M. Baril: C'est parfait... Le ministre a une mémoire plus
grande que la mienne et peut-être qu'il a eu l'occasion de
vérifier dernièrement cette date mais, de toute façon, le
gouvernement avait déjà élaboré la
possibilité d'établir des casinos au Québec et il y a eu
un tollé de protestations de la part de nombreuses personnes à
l'effet que le Québec ne devait pas devenir une grande salle de paris,
une salie de jeux, etc., avec toutes les conséquences au niveau du
trafic de drogues, de prostitution et de toutes sortes de choses qui entourent
ces fameux casinos. Actuellement, on parle d'établir des salles de jeux,
encore une fois, quand les propriétaires eux-mêmes
hésitent, ne connaissent pas les implications de ces salles. Donc, il y
a toute la moralité publique qui entre en ligne de compte
là-dedans et c'est important de savoir qu'est-ce qui peut arriver. Si,
toutefois, l'hippodrome Blue Bonnets ferme, qui sera intéressé
d'établir dans la ville ou dans la région de Montréal une
salle de jeux? Ici, l'hippodrome de Québec a déjà fait son
lit. "Il est hors de question que nous tenions des salons de paris à
l'intérieur de notre territoire protégé", a dit le
propriétaire ou le président de l'hippodrome de Québec.
Donc, à quoi sert d'inscrire dans une loi, de voter pour une loi, un
article qui va permettre d'établir des salles de paris dont personne ne
veut? Même les personnes à qui on veut donner ce pouvoir de tenir
ces salles de paris n'en veulent pas. Donc, pourquoi arrive-t-on, juste avant
les fêtes, avant Noël, à la toute hâte, avec un projet
de loi alors que les personnes les plus touchées qui pourraient, selon
les études qui seront concluantes du côté positif ou
négatif, les personnes à qui on autorise d'établir des
salles de paris ne semblent absolument pas intéressées à
tenir et à ouvrir de telles salles de jeux? (22 heures)
Aussi, j'aimerais entendre les représentants de l'Association des
hippodromes du Québec, à savoir s'ils sont d'accord, eux, si la
demande de leur permis leur est refusée... C'est la commission qui aura
le pouvoir d'établir si dans six mois, un an, deux ans, trois ans - ils
ont jusqu'à cinq ans - de dire: Vous pouvez redemander. Là on va
vous autoriser à faire une nouvelle demande. Parce que la loi fait
augmenter les délais de un an à cinq ans. Je ne sais pas.
Pourquoi permettre, obliger les personnes à revenir? On leur fixe un
délai, s'il y avait quelque chose qui n'était pas correct dans
leur demande, soit parce que la salle ou l'écran n'était pas de
la bonne grandeur ou n'était pas situé dans le bon coin, ou parce
qu'il y avait une lumière au-dessus ou en-dessous ou à
côté. On ne sait pas où elle était. Si la personne
corrige ou se conforme à la réglementation qu'encore une fois on
ne connaît absolument pas, pourquoi donner un pouvoir à la
Commission de dire: Vous reviendrez dans six mois, sept mois, un an, quinze
mois, dix-huit mois - je ne sais pas - jusqu'à cinq ans; vous reviendrez
nous voir. Là on décidera si on peut vous émettre un
nouveau permis.
On parle aussi de pouvoir établir ces salles de paris... Selon -
attendez que je le trouve, le président du... Au sujet des salles de
paris,
Marcel Jobin, président de l'hippodrome de Québec dit
ceci: "Les études n'ont pas encore été
complétées, j'ai l'impression que nous n'y arriverons pas avant
deux ans. Personnellement, je favorise l'implantation des salles de paris dans
les salles de jeux vidéo. " Pourquoi? J'aimerais savoir pourquoi M.
Jobin, lui, aimerait avoir ça dans des salles vidéo. Les salles
vidéo, actuellement, comme on l'a mentionné tout à
l'heure, c'est réglementé par les municipalités. Je ne
suis pas sûr que les municipalités veulent avoir en plus ou
permettraient, ou voudraient avoir à réglementer, à
surveiller en plus des salles de paris. Ce n'est pas certain, ça.
Pourquoi lui, entre autres, M. Jobin, insiste-t-il tant pour que ce soit
établi dans des salles vidéo? Quand on parle de l'autonomie
municipale, qu'on veut respecter l'autonomie municipale, qu'on donne des
pouvoirs aux municipalités régionales de comté
d'aménager leur territoire, de décider ce qu'elles font ou ce
qu'elles voudraient faire sur leur territoire... Là on arrive avec une
loi qui va possiblement, selon la réglementation, si on se fie aux
volontés des personnes qui pourraient bénéficier de ce
pouvoir d'établir des salles de jeux, on va leur laisser le droit
d'aller, je vais dire, déranger les municipalités ou forcer les
municipalités à réglementer sur des pouvoirs où
elles n'ont absolument pas été consultées, ni les
municipalités... On va leur arriver avec ça sur la tête
tout à l'heure. On va dire: Tiens, on se dégage de cette
responsabilité et c'est vous qui vous en occuperez à
l'avenir.
Le gouvernement du Québec actuellement, le gouvernement
libéral, après cinq années de pouvoir a déjà
développé une attitude qui est difficilement défendable
démocratiquement. Vraiment, actuellement, depuis les cinq
dernières années, il légifère beaucoup, mais
seulement par petits bouts à la fois. On en a une preuve ici. On passe
des petites lois, deux ou trois feuilles, deux ou trois pages. Ce n'est grave,
c'est vite passé et il n'y a pas grande implication et on ne
dérangera pas grand monde là-dessus. Et on nous arrive
après ça avec une réglementation à la tonne, mais
cela n'entre pas en vigueur tout ensemble, tout d'un coup. On va faire
ça par petits bouts. Donc, on éc?ure - excusez le mot - on
achalë et on écoeure juste du monde par petits groupes à la
fois. Ça fait moins de manifestants qui viennent ici à
Québec. Ça fait moins de personnes qui puissent venir rencontrer
leurs députés pour leur dire: Attendez un peu, vous n'êtes
pas corrects, on est touchés par ça, vous ne répondez pas
à nos besoins. Actuellement, avec le projet de loi 6, le gouvernement
utilise cette même attitude de légiférer et de
réglementer plus tard. On nous dit que les règlements sont en
confection actuellement. Ils sont en train d'élaborer les
règlements. Si le ministre avait l'intention de déposer cette loi
avant la période des fêtes, pourquoi n'a-t-il pas demandé
à ses fonctionnaires de la préparer, la réglementation? On
aurait aimé ça la connaître, la réglementation!
Toutes les questions que mes collègues se posent Ici et qu'on va se
poser pendant un bon bout de temps, le ministre aurait été
beaucoup plus en mesure de nous dire c'est quoi: Tiens, là, sur tel
point, arrêtez de vous poser la question; tiens, la
réglementation, c'est ça, c'est ça que le Conseil des
ministres a l'intention d'approuver, c'est ça que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a l'intention de
proposer à ses collègues du Conseil des ministres pour
réglementer ce projet de loi.
Mais non, on légifère par petits bouts, juste par
réglementation ensuite. Je pourrais donner un paquet d'exemples. Au
niveau de la réforme de l'aide sociale, c'est ce qu'on a fait: on a
passé une loi qui a été décriée à peu
près par tout le monde, on a passé des règlements qui
entrent en application par périodes déterminées par
règlement, pareil comme la loi 6. Et, au niveau de l'aide sociale, on
s'apercevra qu'au mois d'août de l'an prochain, ce sera le grand coup,
mais au mois d'août, cette année, il y en a un bout qui est
entré en vigueur. Et, là, les citoyens et citoyennes qui ont
été touchés par cette loi, on s'aperçoit comment
est-ce que ces personnes-là sont durement touchées, sont
affectées.
Tout à l'heure, on parlait des critères de
définition pour connaître la qualité d'un étalon.
Bien, le gouvernement a réussi à élaborer 134
critères pour définir c'est quoi un assisté social; 84,
excusez! Mais, voyez-vous, pour un assisté social, on a trouvé
134 critères pour définir c'est quoi une personne qui peut
bénéficier de l'aide sociale. Je suis à la veille de les
avoir, ces 134 critères. Imaginez-vous, ça doit être
fantastique à voir!
M. Pagé: Je suis à la veille...
M. Baril: 134 critères pour définir c'est
quoi...
M. Pagé: Vous avez dit que vous étiez à la
veille de...
M. Baril: Je suis à la veille... M. Pagé:...
de les avoir?
M. Baril:... de les avoir, ces critères-là, pour
connaître c'est quoi.
M. Pagé: Ah, ah! O. K., parce que, tel qu'exprimé,
ça prêtait à confusion. Ça laissait entendre que
vous étiez à la veille d'être admissible, ce qui est loin,
je pense, des possibilités d'un agriculteur prospère du beau
comté d'Arthabaska, mais de la manière que vous l'avez dit...
M. Baril: Ça peut porter...
M. Pagé: Et là, si j'interviens, c'est pour le
bénéfice de ceux qui lisent le Journal des débats,
parce qu'on sait que le Journal des débats est un document
qui est lu.
M. Baril: Très lu.
M. Pagé: Vous avez dit, et je vais vous citer au texte:
"II y a 134 critères pour avoir le droit à l'aide sociale, puis
je suis à la veille de les avoir. "
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: D'avoir les critères, on comprend bien...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: On comprend bien...
M. Pagé: Bien oui.
M. Blais: Autrement dit, il est dans la course.
M. Baril:... ce que l'on veut comprendre.
M. Pagé: Non, mais c'est pour être certain que la
personne qui lira ça ne croie pas ça. Je peux témoigner
comme député, comme ministre de l'Agriculture, que l'agriculteur
prospère d'Ar-thabaska, engagé dans sa communauté, maire
de sa municipalité...
M. Baril: Ex.
M. Pagé:... pendant certaines années, retour en
politique... D'ailleurs, quand je lui ai dit... Il s'inspire un peu du
modèle français, ça assure une continuité, un
mandat de député, un mandat de maire, une carrière
politique.
M. Blais: Ça vous tente-il, la mairie, vous là?
M. Pagé: Motivez-vous, ça pourrait vous
motiver!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Baril: C'est comme...
M. Pagé: Certains sont présidents.
Une voix: Comme vous voyez...
M. Blais: Ça vous tente-t-il, la mairie dans Portneuf?
M. Pagé: Non.
M. Blais: Mol non plus. J'ai passé proche...
M. Pagé: J'ai cru comprendre que le député
de Lévis avait un oeil intéressé sur le Grand Lévis
regroupé.
M. Blais: Oui, ça, je pense qu'il y a du vrai
là-dedans, comme j'ai passé très près de me
présenter dans Terrebonne.
M. Pagé: Je ne sais pas s'il aurait l'appui du
Soleil!
M. Baril: Mais, connaissant la force du député de
Lévis...
M. Garon: Vous remarquerez que le soleil se lève du
côté de Lévis. C'est le vrai soleil.
M. Pagé: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Et il se couche du côté de
Portneuf!
M. Garon: Alors, iI y a toujours un côté du mur
à l'ombre, puis ce n'est pas le nôtre.
M. Pagé: Hein?
M. Garon: II y a toujours un côté du mur à
l'ombre mais c'est rarement celui...
M. Pagé: C'est Québec entre les deux.
Le Président (M. Richard): Avez-vous terminé, M. le
député d'Arthabaska?
M. Pagé: Non. Non, non, non! On s'excuse de la
digression.
M. Blais: M. le Président, point d'ordre.
M. Pagé: Et je fais motion, M. le Président, que ce
temps-là ne soit pas pris sur son temps de parole.
M. Blais: C'est ce que j'allais demander, M. le Président.
Il a droit à une demi-heure importante.
La Président (M. Richard): Ahnon, non!
M. Pagé: J'ai encore du courrier, continuez.
Le Président (M. Richard): Ah non! vous avez droit
à 30 minutes.
M. Blais: le temps de l'aparté ne doit pas être
compté sur son temps de parole, parce qu'il y a des choses d'une
extrême importance à faire voir à la commission ici.
voulez-vous ouvrir mon micro, m. le directeur général
là-bas, s'il vous plaît? il y a des choses très importantes
et il a droit à sa demi-heure, et je pense que nous tenons à ce
qu'il la prenne, m. le président.
Le Président (M. Richard): Oui, quoiqu'il ne soit pas
obligé de prendre 30 minutes, par exemple. C'est un temps maximum.
M. Baril: Non, mais vous comprendrez, M. le
Président...
Le Président (M. Richard): Alors, vous avez la parole, M.
le député d'Arthabaska.
M. Baril: Vous comprendrez, M. le Président, que 30
minutes, c'est vite passé, surtout quand on peut utiliser ces minutes
à essayer de convaincre le ministre. D'habitude, il a une oreille
très attentive...
M. Pagé: Oui.
M. Baril: ...aux revendications, aux demandes de tous les
députés. Juste pour aller dans la même veine que le
député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, qui
s'inquiétait de la position du journal Le Soleil sur le
député de Lévis, connaissant la grande force du
député de Lévis, vous savez que, même dans l'ombre,
par un temps nuageux, le député de Lévis peut se faire
élire comme maire, peut se faire élire comme député
dans son comté encore pour de nombreuses années.
Aussi, je tiens à remercier le ministre d'avoir clarifié
mes propos, pour être certain que ceux et celles qui liront avec
empressement les débats de cette commission présentement... Et
c'est dommage, en passant, que cette commission ne soit pas
télévisée. On pourrait constater l'intérêt
que le ministre de l'Agriculture met à écouter les propos des
parlementaires de ce côté-ci.
M. Pagé: ...soit dit en passant.
M. Baril: Ah! je n'ai nullement douté, M. le
Président! Mais, de toute façon, je voulais... Mon idée
était de démontrer qu'étant agriculteur de profession,
ancien maire et député maintenant, je n'ai nullement l'envie de
bénéficier de l'aide sociale. Je plains et je défends
corps et âme les personnes de mon comté qui sont obligées
de vivre de cette prestation - pour ne pas dire cette pitance - que le
gouvernement accorde actuellement à ce secteur de la population qui est
tout à fait défavorisé. Souvent, ce n'est pas parce qu'ils
veulent être là-dessus mais ce sont des gens qui n'ont pas le
choix. Et la société, souvent, fait en sorte qu'on ne leur donne
pas le choix de s'en sortir.
Donc, je disais que le gouvernement, dans une coutume, fait en sorte
qu'on dépose un projet de loi et, par le biais de la
réglementation, présentée, adoptée par le Conseil
des ministres, cela entre en application seulement par étapes. Par le
fait même, dans toute la réglementation qu'on nous déposera
un jour et dont on pourra prendre connaissance dans la Gazette officielle du
Québec, je m'empresserai certainement de la lire pour faire mes
propos au ministre, si toutefois ce projet de loi est adopté. Il sera
trop tard pour les personnes qui, je suis certain, nous voulons entendre, pour
faire connaître leur inquiétude, leur objection ou peut-être
leur position tout à fait en faveur de ce projet de loi.
Il me semble que le ministre sachant les représentants de
l'Association des hippodromes du Québec tout à fait d'accord avec
son projet de loi, il me semble qu'en n'ayant aucune objection, aucune
restriction, Ils demanderaient au ministre, oui, demanderaient aux
représentants de l'Opposition: Oui, dépêchez-vous, votez ce
projet de loi. On a besoin de ça demain matin pour vivre, pour telle ou
telle raison. On ne fera pas tort aux salles de jeux actuelles. On ne fera pas
tort aux municipalités. On n'ira pas modifier la réglementation
des municipalités. On n'ira pas chambarder tout ce monde-là. On
ne créera pas un environnement malsain où est-ce que ça va
s'établir. Il me semble que le ministre passerait des fêtes
meilleures. Il me semble que le ministre dirait: Là, j'ai la paix. Ces
gens-là m'appuient dans le projet. Ces gens-là ont convaincu
également tous les parlementaires alentour de la table, ont convaincu
l'Opposition de la nécessité et de l'importance de ce projet. Je
ferme ou je suspends ou je termine cette session - prenez le terme que vous
voudrez - en ayant la satisfaction du devoir accompli. (22 h 15)
Mais actuellement, ce n'est pas le cas. On ne semble pas avoir
consulté ces personnes parce que si toutefois on les avait
consultées, elles ne viendraient pas, ces personnes-là,
écrire dans les journaux leurs réticences à
l'établissement de ces salles de jeux, ces salles de paris. Ils
pourraient eux-mêmes dire comment ils voient, comment Ils pensent,
suggérer au ministre comment établir les pourcentages sur ces
salles de paris-là. Qu'est-ce qu'il reviendra des éleveurs
propriétaires, quel pourcentage restera-t-il aux hippodromes? Qu'est-ce
qu'il leur reviendra pour améliorer la race chevaline et ainsi de suite?
On pourrait nous établir toutes sortes de situations que ces
personnes-là connaissent et qui sont beaucoup plus en mesure que nous de
défendre, de nous faire connaître, de nous faire savoir. Il y a
sans doute d'autres points suite à différentes
questions qu'on pourrait tant de ce côté-ci de la table que
de l'autre côté... Je suis certain que les députés
ministériels seraient très intéressés
également de poser différentes questions à ces gens qui
pourraient venir de bonne grâce devant la commission pour répondre
à un paquet d'interrogations que nous, en tout cas, de ce
côté-ci de la table, nous voulons connaître.
Soyez certains que toutes ces questions, ces interrogations qu'on se
pose, on se les pose dans l'intérêt des Québécois et
des Québécoises qui auront à vivre avec
l'établissement de ces salles de paris, qui auront à vivre cette
réglementation, qu'encore une fois on ne connaît pas, que le
Conseil des ministres décidera à tort et à travers. Le
ministre, habile comme il l'est, devrait se méfier. Il devrait se
méfier et voir qu'en donnant des pouvoirs aussi larges à une
commission plus il leur en donne, plus Ils vont vouloir en avoir. Ça, ce
sont toutes les sociétés, les régies, les commissions.
Elles fonctionnent toutes de la même façon. Pour être en
mesure de justifier leur raison d'être, elles vont demander de la
réglementation davantage. Elles vont demander des assurances, des
critères. Elles vont élaborer un paquet de critères,
d'avantages.
C'est tout ça qu'on pourrait, en consultant les gens, en les
faisant venir ici... On a tout le temps. Ce n'est pas long, ça. On les
convoque et, j'en suis certain, ces gens-là demain sont ici et on peut
prendre connaissance de toutes leurs... Ils pourraient répondre à
toutes les Interrogations qu'on se pose actuellement, en tout cas, de ce
côté-ci de la table. Au lieu d'attendre ici, jaser et placoter
alentour de la table, le fonctionnement, selon mol, de la commission serait
beaucoup plus productif. On sortirait d'ici, tous et chacun, chacune d'entre
nous, beaucoup plus informés sur l'avenir des paris,
l'établissement des salles de paris au Québec et on pourrait
également voter avec beaucoup de fierté, beaucoup plus d'honneur,
appuyer ce projet de loi, le seul projet de loi, entre autres, que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, leader
parlementaire, a su déposer en Chambre qui concerne son
ministère. Il me semble qu'on serait plus en mesure de répondre
à une volonté et à répandre notre jeu de
parlementaire, qui est de répondre aux besoins de la population. C'est
pour cette raison, M. le Président, que je tiens
énormément à ce que le ministre, tel que le stipule ma
motion, de faire venir, d'entendre les représentants de l'Association
des hippodromes du Québec...
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Arthabaska. Avez-vous toujours l'intention, Mme la
députée de Johnson, d'intervenir sur cette motion?
Mme Juneau: Oui.
Le Président (M. Richard): Oui. Alors, vous avez la
parole, madame.
Mme Juneau: Absolument, M. le Président. Je vous ai
demandé la parole parce que j'ai bien l'intention d'intervenir. Vous
savez, M. le Président, d'habitude, il y a alternance. Est-ce qu'il y a
des gens du parti ministériel... Moi, je suis tout à fait
d'accord à les entendre. J'imagine que le projet de loi doit
intéresser aussi les membres du parti ministériel.
Le Président (M. Richard): Non. Je pense que l'alternance
ne sera pas mise en application. Vous avez la parole, Mme la
députée de Johnson.
M. Pagé: Elle pourrait l'être, M. le
Président, mais comme on présume que les propos de la
députée auront cette pertinence... Ça pourrait
peut-être ébranler mes collogues à qui je recommanderais
d'attendre d'avoir entendu Mme la députée de Johnson avant de se
forger une opinion définitive.
Mme Juneau: Vous les bâillonnez aussi, M. le ministre?
M. Pagé: Pardon?
Mme Juneau: Est-ce que vous bâillonnez les gens, vos
collègues?
M. Pagé: Non. C'est parce que je sens chez eux un
intérêt. Ils sont suspendus à vos propos.
Mme Juneau: Oui. Bien, tant mieux.
M. Pagé: et je sens que cette suspension s'appuie sur une
hypothèse comme quoi vous pourriez peut-être les influencer
à défaut d'influencer le ministre.
Le Président (M. Richard): Je tiens à
spécifier que, si quelqu'un d'autre veut intervenir, il n'a qu'à
lever la main. Il n'y a aucun problème.
Mme Juneau: Je vous remercie, M. le Président.
M. Pagé: Ou faire un signe.
Le Président (M. Richard): Oui, oui. C'est ça, une
indication quelconque.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: M. le Président, j'appuie totalement les
propos de mon collègue, le député d'Arthabaska,
responsable de l'agriculture, en ce qui a trait à pouvoir avoir
l'éclairage des gens
qui sont vraiment des experts en la matière. Je vous ai dit dans
une première intervention que, pour ma part, j'avais certaines limites
ou des limites certaines en ce qui a trait aux courses de chevaux. J'y suis
allée à quelques reprises, mais je ne peux pas dire que je suis
un "gambler" né. J'y suis allée pour voir ce qui se passait et
vous comprendrez qu'à Sherbrooke il y a déjà eu une piste
de courses et j'ai déjà participé à quelques
reprises aux courses. Je suis allée voir ce qui se passait; je suis
allée quelquefois à Montréal aussi.
M. Pagé: Là aussi, M. le Président, je
m'excuse, je ne veux pas être paternaliste ce soir, mais le propos de Mme
la députée prête autant à confusion que le propos du
député d'Arthabaska tantôt. Quand Mme la
députée dit: Je suis allée aux courses et j'ai
participé...
Mme Juneau: J'ai déjà participé aux
courses.
M. Pagé: Non, les seuls participants aux courses sont les
chevaux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: Comme spectatrice.
M. Pagé: Ah! "j'ai assisté".
Mme Juneau: Bon. Précision faite...
M. Pagé: Parce que, encore une fois, les gens qui
pourraient lire le Journal des débats, ça pourrait porter
à équivoque. "J'ai participé".
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Juneau: oui, comme de raison, les gens, m. et mme
tout-le-monde lisent ces briques-là, c'est incroyable. je suis tout
à fait d'accord.
M. Pagé: Oui. Pendant que les patates bouillent ou en
préparant le dîner.
M. Baril: C'est quand même intéressant, si ma
collègue, députée de Johnson, me le permet, de constater
l'intérêt du ministre. Il suit tous nos débats et c'est
intéressant de le voir. Je ne me suis pas trompé tout à
l'heure quand j'ai dit que le ministre était intéressé aux
propos qu'on lui apportait et à voir son projet de loi mieux
défini, mieux planifié.
M. Pagé: Si vous continuez, vous allez me convaincre et
vous allez être mal pris, parce que s'il faut qu'on convoque chacun des
groupes auxquels vous allez vous référer, vous allez trouver le
temps long, les amis.
M. Baril: Ça va nous faire un grand plaisir.
M. Pagé: Je sens chez vous un air des fêtes qui
semble vous animer.
M. Baril: Ah! il n'y a aucun doute là-dessus!
M. Pagé: Une certaine allégresse que je lis dans le
regard du député de Shefford, entre autres, qui, en plus de
vouloir des casinos, hésite à se prononcer pour ou contre les
paris hors pistes.
M. Baril: Pour donner une chance au gouvernement, depuis au moins
le 20 octobre on était prêts à revenir ici en Chambre. Vous
savez, quand même qu'on étirerait ça quinze jours ou trois
semaines après, on est tous prêts. On a été
élus pour ça, vous savez. Noël à Québec ou
Noël au Québec, c'est le même Noël, vous savez.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Shefford, est-ce que vous permettez à votre collègue, qui a un
commentaire à faire, de le faire?
Mme Juneau: De Johnson, je ne suis pas de Shefford.
Le Président (M. Richard): De Johnson, excusez-moi.
Mme Juneau: M. le Président, je ne sais pas ce qui se
passe. Chaque fois que je demande la parole...
Le Président (M. Richard): Vous avez de la
misère.
Mme Juneau: J'ai un problème important, d'après ce
que je peux voir.
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire, Mme la
députée de Johnson, que vous avez tout à fait raison, sauf
que votre collègue, député de Masson, a l'air d'insister.
Est-ce que vous lui permettez... Mais je reviens à vous.
Mme Juneau: Dans ma grande bonté, vous comprendrez.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée.
M. Blais: M. le ministre est d'une extrême
générosité. Pour que les choses soient réellement
claires dans le Journal des débats, je tiens à lui
préciser qu'il a fait un oubli majeur. Il n'y a pas seulement les
chevaux qui participent, il y a aussi les jockeys, parce que - voulez-vous
allumer ma lumière, M. le directeur, s'il vous plaît! - s'il n'y
avait pas de jockey, j'ai l'im-
pression qu'il n'y aurait pas de très belles courses.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Johnson, je ne permets plus à personne d'intervenir. Vous avez la
parole.
Mme Juneau: Je vous remercie.
M. Blais: Je suis tout de suite après, M. le
Président, mol.
Le Président (M. Richard): Après oui, |e vous fais
confiance.
M. Blais: Quand même! Je veux que ce soit...
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Johnson, vous avez la parole.
Mme Juneau: J'espère que vous avez toute autorité
pour me la donner. Je commence à en douter, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Moi aussi, mais je vous donne
la parole, madame. Ha, ha, ha!
Mme Juneau: M. le Président, tel que j'ai tenté de
l'expliquer tout à l'heure, je suis d'accord avec mon collègue,
le député d'Ar-thabaska, en ce qui a trait à la
présence des gens des hippodromes Ici, des représentants qui
viendraient par le fait même nous éclairer sur différents
articles que peut contenir la loi. Par contre, je lisais ici, il y a quand
même un éclairage important et je pense que ce n'est pas tout le
monde qui est au courant de ça. Ici, comme le déclarait M. Jobin,
président: "II est hors de question que nous tenions des salons de paris
à l'intérieur de notre territoire protégé."
Ça en est un éclairage qu'on n'a pas pu retrouver dans la loi. Il
était peut-être dans une loi antérieure. M. le
Président, je pense que M. Jobin pourrait aussi nous renseigner à
savoir s'il est préférable d'exploiter des salons de paris dans
des régions plus éloignées, ou pas, ou des régions
plus près de la grande ville de Montréal. Il y en a
déjà eu à Sherbrooke. Est-ce que ça veut dire que
par cette lof-là, on reviendra implanter des salons de paris à
Sherbrooke où Je demeure? Est-ce que ça veut dire qu'il y en aura
un peu partout? Je pense qu'il pourrait y avoir un éclairage important
de la part des personnes que mon collègue d'Arthabaska vient de demander
pour être entendues. Puis est-ce que c'est hasardeux d'en implanter dans
l'entourage des hippodromes? Est-ce que ça va faire en sorte, si on met
des salons de paris, même à 80 kilomètres de l'hippodrome
de Montréal, l'hippodrome existant, que les gens ne se
déplaceront plus pour aller à l'hippodrome, qu'ils vont rester
dans ces salons-là?
Donc, ce qu'on percevait comme entrée à l'hippodrome, les
concessions de restaurants et autres qu'il y a sur place, est-ce que les salons
de paris vont faire en sorte que ça va vider l'hippodrome? Vous savez,
des jours où la température est plus ou moins clémente,
les gens ne se déplaceront plus pour aller là. Ils vont rester
dans les salons de paris. Est-ce que, en faisant ça, on va jeter
à terre l'hippodrome même?
Je pense que ce sont toutes des questions auxquelles nous souhaiterions
avoir des réponses. Combien de personnes doivent idéalement
fréquenter ces salons pour en assurer la rentabilité? Est-ce que
le ministre est au courant? Est-ce qu'il a fait une étude interne?
Est-ce que ça existe? Si ça existe, pourquoi ne diffuse-t-il pas
cette étude-là pour qu'on sache que dans ce fameux salon de
paris, on peut avoir la permission d'aller tant de personnes à la fois.
Les personnes qui vont fréquenter les salons vont-elles être
obligées... Est-ce que les gens en bas de 18 ans vont avoir la
permission d'aller dans ces salons de paris? Si on les implante dans les
arcades, comment ferons-nous pour faire en sorte qu'il n'y ait que des gens de
18 ans et plus? Vous savez quels problèmes on a quand des jeunes vont
chercher de la boisson, qu'ils ont l'air d'avoir 18 ans et qu'on leur vend la
boisson. Est-ce que, parce qu'ils ont l'air un petit peu plus vieux, ils vont
avoir le droit de gager? Vont-Ils avoir le droit de gager?
On ne le sait pas, M. le Président. On ne le sais pas. Et je
pense que les gens qui vivent dans le milieu... Moi, je suis allée deux
ou trois fois aux courses, comme je vous l'ai dit. Je ne connais absolument
rien là-dedans. Mais les gens qui viendraient ici, ce seraient des
spécialistes, des gens qui vivent quotidiennement avec des courses de
chevaux, qui vivent quotidiennement avec des hommes de chevaux, avec des gens
qui connaissent l'ensemble des paris. Je sais qu'il y a la quineila, le pari
double et ainsi de suite. Je sais que...
Une voix: Elle gagne souvent la quineila, elle!
Mme Juneau: Je sais qu'il y a différentes choses comme
ça, mais c'est limite. SI on avait l'éclairage de
spécialistes, à mon point de vue, M. le Président, on
serait beaucoup mieux informés et je pense que des personnes
informées font en sorte que la loi qu'elles étudient sera une loi
qui va être vraiment positive pour l'ensemble des personnes qui vivront
sous le joug de cette loi. Quels investissements devra-t-on consentir? Est-ce
que les salons de paris devront idéalement avoir une entrée
distincte et pignon sur rue, ou bien va-t-on les inclure dans un bar, dans un
salon de vidéo, dans des arcades?
On n'a pas de réponse à ça.
Je pense que c'est, à mon point de vue, trop et trop peu à
la fois. C'est une loi qui nous est imposée, qui va être
imposée, parce que le ministre a dit qu'elle le serait. Il l'a
écrit sur le papier avant qu'on en parle. C'est une loi qui va
être imposée à des personnes qui, par habitude, vont
à l'hippodrome et qui, là, iront dans les salons de paris. Mais
à quel coût? Selon quelle réglementation? On ne le sait
pas. Il n'y a personne ici qui le sait, sauf peut-être le ministre et ses
fonctionnaires. Il se peut qu'ils aient des réponses que, nous, on n'a
pas encore. Mais s'ils les ont, je demanderais au président - puisque je
dois m'adresser à vous, M. le Président - que le ministre puisse
les déposer pour qu'on en prenne connaissance et peut-être
qu'à ce compte-là on va éviter que bien des questions ne
soient posées, puisqu'on prendra le temps de lire comme il faut les
Informations pertinentes. (22 h 30)
Je pense que l'Association des hippodromes du Québec devrait
aussi servir d'interlocuteur privilégié auprès de la
Commission des courses. Ce n'est pas juste nous; ça devrait être
un interlocuteur privilégié pour que eux, qui vivent
quotidiennement les courses au Québec, puissent l'informer de ce que
ça doit être, si vraiment on devra nous imposer des salons de
paris, si on devra nous imposer des permis, et si on devra nous imposer aussi
le contraire de ce qui existe aujourd'hui, c'est-à-dire changer
même le nom en Commission des courses du Québec.
M. le Président, je souhaiterais, comme mon collègue,
avoir la possibilité d'entendre l'Association des hippodromes du
Québec. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la
députée de Johnson. Maintenant, je cède la parole à
M. le député de Shefford.
M. Pagé: M. le Président, avant j'aurais une
question.
Le Président (M. Richard): Oui. M. le ministre.
M. Pagé: J'aurais voulu Intervenir avant, mais vous vous
étiez...
Le Président (M. Richard): Engagé.
M. Pagé:... engagé proprio motu pour ne pas dire
"voxi militari"...
Le Président (M. Richard): En tout cas, je m'étais
engagé.
M. Pagé:... à ce qu'elle ne soit pas interrompue.
Toutes ces questions, on pourra y répondre lorsqu'on arrivera à
l'étude article par article, Mme la députée.
Mme Juneau: Oui? Bon, tant mieux.
M. Pagé: Toutes ces questions... Est-ce qu'ils auront
pignon sur rue? Comme exemple concret, la possibilité que le pari hors
piste soit greffé à une activité d'arcades ou de machines
à Jeux, ça, iI n'en est pas question, mais pas du tout, jamais,
malgré le souhait formulé par le président de
l'Association des hippodromes. Ce que le président de l'Association des
hippodromes croit ou ce qu'il espérait, ce n'est pas
nécessairement ce que croit ou désire faire le gouvernement du
Québec. Là, vous me direz: Bien, raison de plus pour les
entendre. Juste une petite question: Selon vous, combien est-ce qu'il y a de
membres dans l'Association des hippodromes du Québec?
Mme Juneau: Je n'ai aucune idée, M. le Président.
Je ne suis pas en mesure de vous répondre. Je pense que vous
l'êtes beaucoup plus que moi pour me répondre. Ce sont des
questions que...
M. Pagé: II y en a quatre.
M. Blais: II y a cinq hippodromes.
M. Pagé: II y en a quatre.
Une voix: Jonquière sera fermé, demain.
M. Pagé: II est fermé, la licence a
été retirée.
Mme Juneau: Sherbrooke est fermé depuis quelques
années.
M. Blais: Depuis quand est-ce qu'il est fermé, celui de
Jonquière, M. le ministre?
M. Pagé: Depuis le mois d'octobre. M. Garon: II est
fermé pour l'hiver. M. Pagé: Le 12 août, au mois
d'août.
M. Blais: Ça n'ouvrira pas? C'est juste une question de
renseignement.
M. Pagé: C'est-à-dire qu'il n'a pas de licence.
M. Blais: Est-ce qu'il y a une raison majeure pour enlever leur
licence?
M. Pagé: Incapacité financière de
répondre aux engagements à l'égard du maintien du nombre
de programmes de la part des promo-
teurs.
M. Blais: Ah bon! Est-ce qu'il y a des discussions avec vous pour
une réouverture?
M. Pagé: Non.
Mme Juneau: II reste quatre hippodromes?
M. Pagé: Oui.
M. Baril: Ils ferment tous. On va établir des salles de
jeux...
M. Pagé: Ils ne ferment pas tous.
M. Baril: ...des salles de paris.
Mme Juneau: Ça va être pour parier sur...
M. Pagé: Le commentaire du député
d'Ar-thabaska témoigne, le moins que je puisse dire, d'une
méconnaissance inquiétante de l'industrie et j'espère
qu'il profitera de l'intersession pour établir un contact plus
étroit avec ces bonnes gens. L'industrie des courses de chevaux, au
Québec, c'est 10 000 emplois. Pour le bénéfice du
député de Shefford qui s'inquiétait tantôt...
Mme Juneau: M. le Président, si vraiment on a des
réponses aux questions que j'ai posées, j'en serais très
heureuse.
M. Pagé: ...qui s'interrogeait sur l'impact agricole,
juste l'achat des chevaux de courses par année au Québec, c'est
30 000 000 $.
Mme Juneau: Ça va me renseigner et je vais être plus
éclairée.
Le Président (M. Richard): Merci, madame.
M. Baril: L'expérience américaine a prouvé
qu'ils ont mis trop l'accent sur les salles de paris et qu'ils ont
laissé...
M. Pagé: Pourquoi? M. Baril: Pourquoi? M.
Pagé: On ne fera pas ça ici.
M. Baril: Qu'est-ce qui nous prouve le contraire?
M. Pagé: Ça, on va en discuter au moment de
l'étude article par article. Là-bas, leur erreur, entre autres,
dans l'État de New York, les paris diffusés à
l'extérieur ne généraient aucun revenu à
l'hippodrome et aucun revenu aux propriétaires de chevaux alors que
là, au moment de l'article en question, on va vous indiquer très
clairement l'intention du gouvernement. C'est très clair, c'est que le
montant, le volume d'argent parié dans le pari hors piste va être
ajouté au volume de paris de l'hippodrome. Autrement dit, ça va
être géré par l'hippodrome. Ça va être
très intéressant. En fait, c'est susceptible de sécuriser
les emplois, d'encourager l'élevage québécois parce qu'on
va présenter uniquement des courses en provenance du Québec.
C'est notre intention, sauf, évidemment, pour le Thoroughbred. On sait
que pour le Thoroughbred, il y a des courses qui viennent de l'hippodrome de
Woodbine en Ontario.
Mme Juneau: À quel pourcentage ça va être
géré par l'hippodrome? Il y a un pourcentage ou bien, j'imagine,
il faut que ces salles de paris fassent leurs frais.
M. Pagé: c'est-à-dire que la part de revenus pour
l'hippodrome de 1 $ parié dans un pari hors piste va être la
même part que le dollar parié à l'hippodrome. c'est 18
%.
Mme Juneau: En tout cas!
M. Blais: Ça, c'est mes Interrogations, M. le
ministre.
M. Pagé: Oui, mais ce n'est pas aux hippodromes à
répondre à ça, on va répondre à ça au
moment de l'étude par article. Autrement dit, c'est que vous... Je
comprends que vous êtes dans un processus assez particulier, mais si vous
vous donniez la peine de poser des questions au bon moment, vous auriez
davantage de réponses que de faire une course à relais, comme
vous le faites, sur des motions.
M. Blais: Si le ministre s'était donné le peine
d'Inclure dans sa loi plus de règlements, on les aurait
étudiés, ces impacts-là. Mais là, tout va
être administré par des règlements qu'on ne connaît
pas. C'est ça, le problème, c'est ça, l'inquiétude
de notre côté.
M. Pagé: Mais je suis prêt à répondre,
je bous.
M. Blais: Vous bouillez d'impatience.
M. Pagé: Si !e Journal des débats pouvait
refléter mes réactions physiques, je bous...
Une voix: Ça ne paraît pas...
M. Pagé: ...d'Impatience. Je suis calme!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: D'impatience non pas à l'égard de
votre procédure. Ça, c'est un droit fondamental.
Vous pouvez causer, parler, jaser, échanger, proposer, formuler,
amender et même voter, sauf que vous ne gagnez pas souvent, soit dit en
passant. Ça, c'est votre droit fondamental. Sauf que je bous
d'impatience de répondre à toutes ces questions qui vont vous
faire, j'en suis convaincu, mieux apprécier la démarche
gouvernementale, et surtout l'industrie des courses de chevaux.
Je termine, M. le Président, en vous invitant à
reconnaître le prochain député qui parlera sur cette
motion.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Masson, M. Blais, vous avez un commentaire?
M. Blais: Oui, une petite question. M. le ministre, dans votre
exposé que j'ai trouvé excessivement clair et
édifiant...
M. Pagé: Comme d'habitude!
M. Blais: ...vous avez dit que nous étions
embarqués dans un processus. Ça laisse sous-tendre que nous
mettons des objections, de l'obstruction à l'adoption de cette loi dans
la manière que nous procédons.
M. Pagé: Non.
M. Blais: Ce n'est pas ça que vous vouliez dire. Est-ce
que vous pourriez préciser?
M. Pagé: Ça laisse sous-tendre que vous
présentez des motions, une première pour entendre l'Association
des hippodromes. Ayant déjà assisté à de tels
processus où était participant le député de Masson,
je présume que la neuvième motion se référera
à l'obligation de faire venir l'Association des médecins
vétérinaires du Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est possible. De cette façon, vous voulez dire
que nous voulons faire de l'obstruction. Je tiens à dire une chose. Je
veux juste préciser, M. le Président, à peu près
quinze secondes... C'est vraiment pour éclairer la commission de
l'agriculture que nous voulons faire venir ces gens-là parce que si nous
voulions faire de l'obstruction à la loi, vu que ce n'est pas une
session, on est en concession, vous avez commencé après le 15
novembre, nous n'avons qu'à dire non en Chambre et la loi ne passe pas.
C'est vraiment pour éclairer, et surtout les nouveaux
députés, leur donner la chance de s'exprimer, parce qu'en
Chambre, c'est toujours un peu plus difficile, parce qu'il y a la caméra
devant nous. Ici, on peut donner libre cours à notre inspiration, rendu
qu'on est pertinent au projet de loi, et ça donne une expérience,
surtout que les députés de l'autre côté, les
députés ministériels, sont tous des députés
de zone rurale. Alors, je ne voudrais pas qu'ils considèrent les zones
comme des bébés zones rurales, mais des vraies zones rurales et
qu'ils parlent du projet de loi qui intéresse les agriculteurs
aussi.
Le Président (M. Richard): Je ne voudrais pas, M. le
député de Masson, vous empêcher d'intervenir sur cette
motion-tà tout à l'heure. Je voudrais laisser la parole, cette
fois-ci, à M. le député de Shefford, M. Paré. Vous
avez donc la parole pour les dix prochaines minutes, s'il vous plaît.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je ne sais pas si
je vais prendre les dix minutes, mais je veux juste dire que je vais appuyer la
motion...
M. Pagé: II ne prendra pas ses dix minutes, mais il va
faire son petit tour de piste.
M. Paré: Comme vous dites, M. le ministre! Je trouverais
important, surtout avec les commentaires que vient de faire le ministre,
d'entendre les gens de l'Association des hippodromes, et je vais vous dire
pourquoi. C'est sûr que cette loi-là n'a pas été
demandée par l'UPA ou par le monde agricole. Ce n'est pas une loi qui a
été demandée par les participants comme tels parce que les
chevaux, ça ne parie pas.
M. Blais: Mais on pourrait les faire venir quand même pour
qu'on voie les modèles et qu'on juge quelque chose qu'on
connaît.
M. Paré: On pourrait penser que cette demande vient des
gens, justement, de l'Association des hippodromes. Sauf qu'avec le commentaire
qu'a fait le ministre tantôt, une réponse ou un commentaire, aux
propos de ma collègue de Johnson on s'aperçoit que ce n'est pas
ça, ou, si c'est ça, Ils ne le volent pas exactement de la
même façon que le ministre, les gens des hippodromes, parce que le
ministre nous dit: Si le président de l'Association voit ça comme
ça, il ne le voit pas de la bonne façon. Il a le droit de le voir
comme ça, mais ce n'est pas comme ça que, nous, on va l'amener.
Donc, II est en train de dire que des gens concernés directement par le
sujet qui nous intéresse, les gens de l'Association des hippodromes, ont
une vue qui est différente du ministre par rapport à ce qu'on
veut implanter, par rapport à la structure de la réglementation
qu'on veut leur imposer. Je pense qu'on devrait les entendre, ces
gens-là.
Très souvent, on gagne du temps ou on gagne d'une autre
façon à écouter des gens à une commission
parlementaire. On l'a souvent
prouvé. Ça enlève, pour commencer, toute
ambiguïté. Plus on discute avec des gens, plus ça nous
permet de voir, de comprendre correctement ici avant de voter, parce qu'une
loi, normalement, on ne vote pas ça juste pour dire qu'il y a une
personne qui se lève et qui vote par solidarité
ministérielle ou, de notre côté, par solidarité de
parti. Il faut au moins savoir, à tout le moins les membres de la
commission, sur quoi on va voter. Ça nous permet d'enlever toute
ambiguïté par rapport à ce qu'on va voter, mais aussi pour
les gens qui, sans lire tout ce qui va se dire ici ce soir, par la suite seront
capables d'interpréter par rapport aux propos qu'on a tenus. Ça
permet aussi d'empêcher toute critique qui serait due juste à un
manque d'information ou à de l'interprétation erronée qui
pourrait être donnée.
Quand on discute avec des gens qui sont directement concernés,
qui nous donnent leur vision des choses... Si on avait le président de
l'Association ici, ce soir, lui aussi aurait des questions à poser et
vous auriez, M. le ministre, certainement, des commentaires à lui passer
pour lui faire comprendre que sa vision des choses n'est pas celle qu'il a
exprimée dans le journal et qu'il n'a pas la même que vous. Je
pense que c'est Important des discussions comme ça et ça
permettrait, si ce projet de loi est aussi bon que vous le dites - c'est
possible - s'il est aussi bon que vous le dites, est-ce qu'il y aurait une
meilleure façon de le faire connaître et de le promouvoir que d'en
discuter avec les gens directement concernés? Moi, je pense que non.
C'est une chance de le faire.
Pourquoi on s'empêcherait, dans un domaine aussi important...
J'entendais tantôt des chiffres qui sont révélateurs,
effectivement, ça concerne 10 000 travailleurs dans le domaine des
chevaux au Québec. Ça génère des revenus de 30 000
000 $ annuellement. Je pense que c'est suffisamment important pour qu'on en
discute et que ça ne passe pas tout simplement comme un petit projet de
loi sans effet, comme on en vote de temps en temps où on fait juste, je
ne sais pas, changer le nom d'un organisme ou rajouter une personne ou deux
à un conseil d'administration. Ce n'est pas ça qu'on fait
là. On est en train de modifier des choses qui touchent 10 000
travailleurs et des revenus de 30 000 000 $ par année et, probablement -
c'est ce qu'on espère, j'en suis certain - ce qu'on espère, c'est
que ça va devenir beaucoup plus important en termes de retombées;
sinon je ne pense pas qu'on serait ici ce soir en train de discuter d'un projet
de loi semblable.
Ça va au-delà de ça.
Mon collègue utilisait tantôt, en disant que c'est presque,
pas nécessairement un changement global de société, mais
ça aide à transformer des mentalités dans la
société lorsqu'on amène des choses semblables. On va
modifier des comportements, donc on change des façons de vivre, d'une
certaine façon, pour des gens qui sont concernés et avec l'effet
que ça a chez les autres.
Pourquoi, si ce domaine est si important, comme disait le ministre, on
se refuse à toute consultation alors que, dans d'autres domaines,
prenons les heures d'affaires, il y a eu consultation par-dessus consultation
et on vient de décider qu'il va y en avoir une prochaine au printemps?
Donc, dans des sujets, des domaines, on consulte, consulte et reconsulte, et
dans celui-ci on ne consulte pas, on ne permet pas aux gens de se faire
entendre, aux gens directement concernés qui non seulement nous
apporteraient leur vision des choses, mais viendraient aussi nous amener leurs
préoccupations, leurs demandes. Donc, l'éclairage dont on a
besoin et l'information que le ministre serait prêt à leur donner
aussi pour qu'à l'extérieur ces gens-là ne
véhiculent pas une perception qui n'est pas conforme à ce qu'on
veut amener comme loi, je pense que ce serait important d'amener toutes ces
informations parce qu'on a besoin de le savoir. (22 h 45)
Des fois, pas juste des fois, très souvent, les lois qu'on passe
ici ont des effets et il faut être capable de les évaluer.
Ça va avoir quoi comme effet pour les entreprises, les hippodromes? On a
des questions là-dessus et probablement qu'eux autres aussi auraient des
questions. C'est quoi les effets par rapport aux hippodromes? C'est quoi les
effets par rapport à ceux qui sont là pour l'élevage et
l'entraînement des chevaux? Ça va être quoi les effets par
rapport à l'État? Probablement que si on légifère,
c'est que l'État veut avoir des revenus de plus sur les paris. Ça
va être quoi les effets sur l'État? Ça peut amener aussi
des dépenses de plus. C'est quoi les effets par rapport aux
municipalités? Parce que si on ouvre des salles de paris dans
différentes municipalités, est-ce que ça va demander plus
de surveillance, plus de contrôle? Est-ce que ça va devoir...
Probablement que ça va devoir se conformer aux lois municipales, puisque
même les salles vidéo, ça relève d'une loi
municipale. Le ministre nous a dit: II n'y en aura pas là-dedans, mais
il va y avoir des salles qui vont devoir se conformer aux normes municipales.
Je pense que ça va avoir des effets sur le monde municipal. Donc,
ça va avoir bien des effets, mais on ne les connaît pas, on ne
nous dit pas exactement le but de la loi comme telle. Est-ce que c'est d'avoir
plus de retombées financières pour l'État, d'aider les
hippodromes à mieux s'en sortir, à faire plus d'argent? Je pense
que c'est important qu'on ait tout ça. Vous savez, on en a pris des
décisions comme gouvernement dans le temps et on se ramasse, quelques
années après, même si ça a été des
grosses affaires qui ont coûté très cher aux citoyens, on
se rend compte que, oui, on a un problème.
Un bon exemple, c'est le vélodrome qu'on a payé à
coups de centaines de millions, qui est très beau. On a dit, je me
rappelle et vous devez vous rappeler aussi les discours qu'on tenait, que
c'était important de se donner, dans une métropole comme
Montréal, des équipements sportifs. Il fallait que les gens qui
aiment le vélo et qui veulent en faire un sport puissent avoir un centre
de pratique quatre saisons à l'Intérieur. Pourtant, après
les Jeux olympiques, on s'est aperçu qu'on n'est pas capable de le
garder ou de l'utiliser et on vient de le transformer en biodome. Ça a
des effets, les décisions qu'on prend. Là c'est un biodome.
Est-ce qu'on a regardé les effets que ça va avoir sur les jardins
zoologiques déjà existants au Québec? Est-ce que c'est un
investissement qui va en faire mourir d'autres? Ce sont des questions qu'on
doit se poser. C'est la même chose là. On doit, je pense, savoir
dans quoi on s'embarque avant de voter. Ce n'est parce qu'on est dans une fin
de session, à quelques jours de Noël, qu'on doit laisser passer
ça sans aller au fond des choses.
Comme le ministre disait tantôt, ce qu'a dit le président
de l'Association, ce n'est pas ça pantoute qu'il a dans l'idée et
qui est contenu dans la loi. Ce serait normal que ces gens-là soient ici
pour discuter avec nous, pour qu'on ait tous, que ce soit le ministre,
l'Opposition, la population ou les gens de l'Association des hippodromes, au
moins la môme vision des choses, pour qu'on sache sur quoi on vote et
qu'eux sachent à quoi ils vont être contraints par la suite,
lorsque la loi va être votée.
Le Président (M. Richard): merci m. le
député de shefford. maintenant je cède la parole à
m. le député de masson, m. blais. vous avez la parole.
M. Yves Blais
M. Blais: Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
D'abord, j'appuie avec toute ma puissance la proposition, la motion du
député d'Arthabaska, responsable du dossier de l'agriculture pour
l'Opposition officielle. Je voudrais dire aussi au ministre de l'Agriculture,
des . Pêcheries et de l'Alimentation que j'aimerais beaucoup que ces
gens-là viennent ici, ne fût-ce que, premièrement, pour
féliciter le ministre. C'est assez rare que l'Opposition demande de
recevoir un groupe pour venir vous féliciter.
M. Pagé: Vous pouvez le faire en leur nom.
M. Blais: Je vais le faire. Vous allez voir, j'ai bien le tour...
Venir vous féliciter de les avoir sortis d'une impasse, les directeurs
d'hippodrome, d'une impasse financière où ils avaient beaucoup de
difficultés à joindre les deux bouts. Et vous avez, en 1987-1988,
modifié la taxation, les points de taxation, et vous leur avez, pour
ainsi dire, sauvé la vie. Vous avez sauvé la vie des courses et
des paris. Je l'admets bien volontiers et je vous sais gré et je vous
félicite en leur nom. Mais, cela dit, M. le ministre, j'aimerais qu'ils
viennent parce que là, certains d'entre eux - et je pense qu'il y en
aurait plusieurs - prétendent que par l'ouverture des salons de paris,
vous viendriez défaire d'une main ce que vous avez fait de l'autre. En
diminuant leur taxation pour leur permettre de vivre plus décemment, eh
bien, en faisant cette loi, en diminuant cette taxation vous leur avez permis
de souffler monétairement et de s'organiser non pas pour qu'il y ait
plus de monde aux pistes de courses, puisque ça n'a pas amené
plus de monde aux pistes de courses, mais ça a amené des paris
supplémentaires qui dépassent les 15 %, 16 %. Donc, les revenus
sont meilleurs et ça va mieux pour eux.
Cependant, j'aimerais qu'ils viennent vous faire une mise en garde et au
moins éclairer l'ensemble des parlementaires parce que, quand on volt
dans les journaux qu'un des principaux, des quatre principaux, c'est celui de
Québec... Il y a toute une série de questions qu'il pose. Il dit:
"L'hippodrome de Québec a déjà fait son lit; il est hors
de question que nous tenions des salons de paris à l'intérieur de
notre territoire protégé. " Il ne veut pas en tenir. Cependant,
il se contredit immédiatement après, dans sa déclaration,
en disant: "Ainsi, on installera deux guichets dans les locaux du casino qu'on
retrouve à l'étage du pavillon des congrès au site de
l'Exposition de Québec, comme essai. Pendant la période du
Carnaval, on répétera la même chose. " Alors, II dit, d'un
côté, qu'il ne veut pas en voir sur son territoire et,
après ça, il dit: On va faire deux essais provisoires pour voir
ce que ça donne, après avoir dit qu'il n'en voulait pas sur son
territoire. Mais il dit bien, par exemple, et on le voit dans l'article du
lundi 4 décembre, on donne des exemples de pistes de course de
notoriété mondiale: New York, aux États-Unis, Illinois...
Ça, c'est la patrie de Catelli, New York, hein!
Une voix: C'est ça, des nouilles...
M. Blais: Beaucoup de nouilles, oui, New York. Et, ('Illinois,
où l'implantation d'un salon de paris a provoqué une
désertion des hippodromes...
Une voix: C'est ça.
M. Blais: Alors, les propriétaires d'hippodrome, les
comités qui gèrent les hippodromes ont une certaine crainte
intérieure et compréhensible et M. Marcel Jobin en est la
manifestation journalistique et épistolaire parce qu'il dit qu'il ne
veut pas voir de tels salons - je ne sais
pas ce que ça ferait si c'était dans une cuisine qu'on
installait ça, mais en tout cas - de tels salons de paris sur son
territoire. Si J'étais propriétaire de pistes, eh bien, je me
poserais exactement les mômes questions, d'autant plus que
Jonquière vient de fermer. On parle aussi que ce n'est pas infini, Blue
Bonnets, il ne reste pas grand temps, dans son permis, Blue Bonnets. Ils vont
l'envoyer où? S'il y a encore une piste qui reste à
Montréal...
M. Pagé: ...dix ans avec une possibilité de
reconduction de cinq ans.
M. Blais: ...et ça peut fermer. Mais le temps des
consultations, de la façon qu'on répond à nos demandes,
ça peut prendre deux, trois, quatre ou cinq ans avant que le ministre
décide de faire venir ces gens-là, et, pendant tout ce
temps-là, la commission ne sera pas éclairée et ne pourra
prendre de position. Nous n'agissons que lorsque nous sommes sûrs de
notre coup. La sûreté est la gardienne de la sagesse
législative et pour que cette sûreté nous habite, il faut
absolument que nous ayons des gens qui viennent ici nous éclairer. C'est
pour ça que notre responsable, avec beaucoup de force, de dynamisme et
des arguments de taille, nous a sculpté toutes sortes de raisons; il a
ciselé par ses paroles toutes sortes de raisons pour que nous
acquiescions à sa demande.
M. le ministre dit qu'il pourrait peut-être être
ébranlé mais qu'il pensait plutôt que les gens de son
côté, qui forment la commission, les députés,
pourraient l'être peut-être avant lui. Ça ne serait pas
surprenant parce que c'est normal que la deputation ministérielle qui
est à la commission de l'agriculture, au nombre qu'ils sont - ils ont un
môme chiffre que nous de députés: 92 et 29, ce sont les
mêmes chiffres - aient des gens...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: ...de comtés agricoles pour en faire partie.
Alors, il y a le député d'Iberville, le député de
Bellechasse, le député de Berthier, le député de
Gaspé, qui ont sur leur territoire des cultivateurs et qui sont dans un
rayon, la plupart d'entre eux, d'ailleurs tous, susceptibles de recevoir de ces
salles de paris, et ça devrait les intéresser au plus haut point.
Je regarde la députée de Bellechasse: elle est tout ouïe,
tout oreilles, tout yeux, mais j'aimerais qu'elle soit tout verbe et toute
langue, aussi...
Une voix: Ha. ha. hal
M. Blais: ...pour que nous puissions connaître son
Idée et, au moins, les questions qu'elle se pose sur ce projet de loi
qui est, en soi, marécageux, ombrageux et qui n'est pas très
clair. M. le Président, je vais me garder quelques minutes pour faire
une proposition plus tard et je vais passer la parole à M. le
député de Lévis, si M. le Président le permet. le
président (m. richard): voulez-vous intervenir, m. le
député de lévis? vous notes pas obligé. oui. donc,
vous avez la parole, m. le député de lévis, pour les dix
prochaines minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: Je ne saurais résister à la tentation
d'appuyer le député d'Arthabaska qui a fait une proposition qui
est pleine de bon sens. On sent qu'elle vient d'un cultivateur, d'un
agriculteur. C'est une proposition qui est basée sur le bon jugement de
consulter les gens du métier avant d'adopter une loi dans leur domaine,
consulter les gens d'hippodromes, à plus forte raison s'ils ne sont pas
nombreux, ça va être plus facile. S'ils étaient 5000, on
dirait que c'est compliqué, mais comme ils sont quatre, on pourrait
consulter aussi celui qui a fermé ses portes.
Mme Juneau: Pourquoi a-t-il fermé ses portes?
M. Garon: Pourquoi a-t-il fermé ses portes? Une voix:
Jonquière?
M. Garon: Oui. On pourrait aussi le consulter - parce que c'est
un projet de loi pour l'avenir - pour lui demander si un tel projet de loi
avait existé, en quoi ça l'aurait empêché de fermer
ses portes ou est-ce qu'il aurait fermé quand même?
Une voix: Au plus vite...
M. Garon: On ne fait jamais d'erreur à consulter et dans
une société démocratique... Autrefois, les rois
consultaient peu parce qu'ils pensaient qu'ils avaient la grâce
d'État et ils considéraient que leurs sujets étaient des
nonos qu'ils ne devaient pas consulter. On a vu qu'après la prise de la
Bastille les rois ont cessé d'en faire à leur tête...
M. Blais: Ils ont perdu la tête.
M. Garon: ...puisque le peuple a demandé d'être
consulté et aujourd'hui c'est une tradition, c'est normal. Voyez-vous,
dans l'affaire des sages-femmes, par exemple, le ministre lui-même a
proposé qu'il y ait des consultations. Et je me rappelle à quel
point le ministre de l'Agriculture qui, à ce titre, était leader
gouvernemental, était très heureux de dire que son
collègue avait la sagesse de consulter dans un domaine nouveau
pour faire ressortir ce que pensaient tes gens qui seraient
touchés par le projet de loi qu'il proposait.
Aujourd'hui, je pense que le ministre de l'Agriculture devrait imiter
son collègue de la Santé et des Services sociaux et acquiescer
sans qu'il soit nécessaire de plaider sans arrêt pour entendre les
gens du secteur des hippodromes pour qu'ils puissent nous dire comment ils
voient ça, quelles sont leurs préoccupations, quelles sont leurs
difficultés. Je serais curieux, par exemple, de voir M. Campeau... Il a
des pertes considérables, de ce temps-là. Je voyais dans les
journaux financiers que ses pertes se chiffrent, dans le dernier rapport annuel
de ses entreprises, à quelques centaines de millions de dollars. Je ne
dis pas que c'est nécessairement dans le secteur des courses de chevaux
mais ce sont des pertes considérables. Il serait bon que les gens du
milieu viennent nous dire comment ils voient ça.
Il serait peut-être bon aussi d'entendre les gens de l'Ontario
où l'industrie des chevaux est assez dynamique. L'élevage du
cheval, entre autres. On peut voir à quel point au Québec, on est
en retard sur l'Ontario et voir de quelle façon l'industrie de
l'élevage du cheval s'est développée en Ontario. Est-ce
qu'on n'a pas plus développé les bourses pour l'élevage,
au fond, que les bourses pour les gageure? Est-ce que c'est l'élevage
des gageurs qu'on veut faire ou l'élevage du cheval au Québec? Il
est peut-être intéressant de savoir de quelle façon on veut
procéder, de quelle façon il serait le mieux de procéder
dans une société mieux organisée. (23 heures)
Le député de Masson, autrefois de Ter-rebonne fut, pendant
une certaine période de sa vie, un des plus grands promoteurs qu'il y a
eu au Québec. On peut dire que si l'industrie du disque et de la chanson
française a connu un tel essor, il en fut un des grands instigateurs.
Pourquoi? Parce qu'il avait du flair. Je me rappelle avoir assisté
à un spectacle avec lui et il me faisait ses commentaires sur chacun de
ceux qui faisaient une performance artistique.
M. Blais: On appelle ça nos poulains, d'ailleurs, dans le
domaine artistique.
M. Garon: II me disait ce qu'avait de spécial chacun, avec
un flair incroyable. Il a contribué à faire en sorte que beaucoup
d'artistes qui sont aujourd'hui connus ont pu aller se faire valoir sur les
planches d'une salle appelée d'un nom extraordinaire, "Le Patriote", et
qui, grâce à son talent, ont pu voir leur talent reconnu au point
de départ de leur carrière. Ce qui a contribué... S'il y
avait eu un tel homme, un tel Yves Blais dans le temps de Félix Leclerc,
peut-être que M. Félix Leclerc n'aurait pas été
obligé de se faire consacrer en Europe avant d'être reconnu chez
nous. Le député de Masson a pu faire connaître beaucoup de
gens ici. Ils ont été connus ici pour aller ailleurs.
Mais, pour réussir cela, il consultait beaucoup. Il ne se
gênait pas. Et tous ceux qui ont eu un grand succès consultaient.
Le ministre de l'Agriculture, qui a vu une telle baisse des emplois dans le
secteur agricole depuis qu'il est ministre - en 1986, 5987 de moins; 7000, en
1988; 12 900 de moins dans les onze premiers mois de 1989 - aurait
intérêt à consulter davantage puisque de cette façon
il apprendrait peut-être de ceux qui ont réussi des recettes pour
mieux faire développer un secteur dont il a la responsabilité.
Moi, je pense que, surtout après les échecs
répétés, au cours des dernières années, il
serait sain de demander l'opinion des gens. Vous remarquerez, par exemple, ce
qui m'a frappé au dernier congrès de l'UPA, que les producteurs
agricoles ont demandé, comme principale mesure de leur congrès,
de tenir des états généraux de consultation sur l'avenir
du secteur agro-alimentaire. Encore là, dans le même sens que le
député d'Arthabaska, au fond, d'établir un consensus, de
ne pas craindre de laisser les gens parler.
Je suis persuadé que le président, député de
Nicolet, ne peut pas s'objecter à une telle mesure, lui qui vient d'un
comté essentiellement agricole, peut-être le plus agricole de tous
les comtés du Québec. Il ne peut pas et ne pourra pas être
contre. Je souhaiterais même qu'il puisse se faire remplacer comme
président de la commission pour pouvoir voter sur la proposition du
député d'Arthabaska, pour contribuer à faire en sorte
qu'on vienne à faire entendre des gens qui vivent dans le milieu et qui
pourraient nous dire de quelle façon ils pensent que la loi va leur
aider ou leur nuire et, si elle les aide, dans quelle direction elle va les
aider pour voir si c'est ça vraiment que nous vouions faire au
Québec, ce que nous voulons développer.
M. le Président, je vous vois devenir songeur. Vous ne pouvez
pas, comme député de Nicolas, pas de Nicolas, mais de Nicolet. Je
comprends que c'est la Noël qui s'en vient, ça me fait penser
à Saint-Nicolas. Saint-Nicolas que je connais bien puisque c'est le
patron d'une municipalité de mon ancien comté. Je suis
persuadé que vous ne pouvez pas vous soustraire, comme
député de Nicoiet, à une obligation de voter sur une
proposition comme celle du député d'Arthabaska et je pense que,
quand viendra le moment du vote, ce serait souhaitable que vous vous fassiez
remplacer par un député urbain pour pouvoir contribuer à
faire en sorte qu'on puisse entendre les gens du domaine des courses pour
qu'ils puissent mieux éclairer les législateurs que nous sommes
dans l'étude de ce projet de loi. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de Masson,
vous
voulez Intervenir? Il vous reste quelques minutes d'intervention.
M. Blais: Oui, mais pour les quelques secondes qu'il me reste...
Le Présidant (M. Richard): Quelques secondes.
Motion proposant d'entendre les
représentants de la Société des
propriétaires
et éleveurs de chevaux Standardbred
M. Blais: II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure la commission permanente de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 6, Loi
modifiant la Loi sur les courses de chevaux et d'autres dispositions
législatives, des consultations particulières quant à tous
les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende la
Société des propriétaires et éleveurs de chevaux
Standardbred du Québec inc.
Le Président (M. Richard): Donc, c'est un
amendement...
M. Blais: C'est exact.
Le Président (M. Richard):... qui est effectivement
receivable. Alors, vous avez la parole, M. le député de
Masson...
M. Blais: Dix minutes?
Le Président (M. Richard): Trente minutes.
M. Blais: Trente minutes.
Le Président (M. Richard): Bien oui, vous n'êtes pas
chanceux.
M. Blais: Alors, trente minutes et, par la suite, les autres
intervenants ont droit à 10 minutes chacun.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, je tiens à dire une
chose, c'est que, lorsque l'on parle d'un projet de loi comme celui-là,
vous remarquerez, je suis toujours pertinent. Ça, vous n'avez jamais eu
à me rappeler à l'ordre sur la pertinence des propos. Si nous
parlons de chevaux, de courses de chevaux, etc., c'est sûr qu'on se doit
d'être pertinent, et c'est pour éclairer le projet de loi que nous
étudions que nous demandons que des gens viennent nous voir. Une chose:
ici, j'ai, M. le Président, un télégramme (copie originale
envoyée à M. Michel Pagé, ministre). "Objection: face au
retrait des mots "de chevaux" dans le projet de loi numéro 6.
Interrogation face à l'article 36. 2°: de quelle sorte de course
s'agit-il? Objection quant à l'émission de permis pour fermes
d'élevage. Copie à M. Jacques Parizeau, chef de l'Opposition.
Société des propriétaires et éleveurs de chevaux
Standardbred du Québec Inc. "
M. Garon: M. le Président, est-ce qu'on peut avoir une
copie du télégramme...
Mme Juneau: Mais oui, moi aussi j'aimerais ça.
M. Garon:... que vient de lire le député, parce que
je n'en avais...
M. Blais: C'est avec grand plaisir, M. le Président, nous
avons le droit maintenant...
Le Président (M. Richard): On pourrait suspendre pour cinq
minutes.
M. Garon: On pourrait suspendre...
M. Blais: Alors, nous allons le déposer et demander de
faire des copies, s'il vous plaît. C'est donc dire que ces gens demandent
à être entendus parce qu'ils ont des objections à
certains... Bon. M. le Président, vous n'êtes pas sans savoir que
la domestication du cheval a commencé 3000 ans avant
Jésus-Christ. C'est donc un animal domestique très connu et qui a
été un des grands serviteurs de l'homme à travers les
âges et les siècles.
M. Pagé: C'est le genre même de la
démocratie.
M. Blais: En fait, oui, parce qu'il était plus
ferré que plusieurs d'entre nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: II arrive ceci. M. le Président M. le
Président, vous me voyez venir sur le sujet.
M. Pagé: Ah! Au galop. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II va mettre sa bride, là, puis tu vas voir
qu'il va partir. Il ne pourra pas prendre le mors aux dents.
Le Président (M. Richard): Je constate... Je me
permettrai, comme président, de dire une chose puisque j'ai vécu
une autre commission qui touchait aussi les chevaux. Ça a toujours
été des commissions de grand intérêt.
M. Blais: Et toujours pertinentes, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Et toujours pertinentes.
M. Blais: Bon! Je ne voudrais pas partir de 3000 ans avant
Jésus-Christ, époque où nous avons construit le pont du
Gard en Europe pour alimenter en eau les troupeaux de chevaux qu'il y avait
dans ce coin-là, mais je tiendrais à dire que, pour les courses
mêmes, les premières courses de chevaux organisées pour
améliorer la race chevaline d'abord, c'était pour
améliorer...
M. Garon: L'étalon.
M. Blais: C'était, en fait, pour améliorer la race
chevaline qu'on a commencé à faire des courses. C'étaient
leurs... Comment est-ce que t'appelles ça? Les anabolisants de
l'époque étaient la course, pour les chevaux. Ça a
commencé, ça, où demeure notre reine, reine du Canada, en
Angleterre, au XVIIIe siècle, puis ça s'est transporté en
France - pour une fois, la France était en arrière de
l'Angleterre - au XIXe siècle. Elles sont pratique courante maintenant
dans de nombreux pays et les principales courses ont été
développées pour que nos chevaux répondent à des
besoins physiques qu'on leur demandait dans la course, un développement
de leur musculature, afin que leur gibbosité thoracique devienne plus
proéminente. Dans différents pays, nous avons eu des courses: le
trot, le galop, entre autres.
Je n'exclus pas quand même ici les chevaux d'autres types, mais
J'aimerais insister sur quelques sortes de chevaux pour que, vu que nous votons
ici une loi qui concerne le cheval...
Une voix: Point virgule.
M. Blais:... je pense qu'il serait de bon aloi que chacun des
parlementaires connaisse un peu les sortes de chevaux, un peu leur anatomie et
un peu leur façon de vivre.
Je m'apprêtais, M. le Président - j'avais peur que ce soit
irrecevable - à demander à la commission de
déménager en bas et que vous nous permettiez de présenter
à la commission différents types de chevaux pour que nous
puissions légiférer de façon plus
éclairée.
Le Président (M. Richard): C'est irrecevable.
M. Blais: C'était Irrecevable, bon. Alors je n'ai pas
osé mais, vu que nous ne pouvons pas voir les spécimens de visu,
j'aimerais vous les décrire de façon orale et verbale et
j'espère que, pour tous ceux qui prêteront une oreille, leurs
tympans vibreront à la compréhension et que moi, ma
verbalité sera assez expressive pour que vous retenassiez le principal
des qualités des différents chevaux.
Nous avons des chevaux de trait; nous avons des chevaux de course et
nous avons aussi différentes sortes de chevaux. D'abord, le cheval
à barbe.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est un cheval dont la spécificité est
surtout la selle. C'est un cheval de selle sobre et endurant, dont les origines
sont très anciennes. C'est un très vieux cheval, peut-être
de là son nom: cheval à barbe. Il pourrait être apparu en
Espagne, pour gagner ensuite l'Afrique du Nord. C'est un cheval
épagneul, en fait, d'origine et qui a séjourné pour son
développement - c'est un cheval noir - en Afrique. Je sais que la
plupart des députés de cette Assemblée, même si
notre repas national ici est, pour beaucoup, la fricassée... On ne
connaît pas l'Afrique assez et je sais bien que les chevaux qui ont
été élevés en Afrique, vous les connaissez
probablement très mal aussi. C'est pour ça que je vous en parle
pendant quelques secondes.
Il y a aussi ce mélange auquel M. Trudeau vous
réfère avec le peuple québécois, l'anglo-normand;
mais il n'a pas réussi durant le temps où il a été
au pouvoir. Ce cheval de selle français est apprécié pour
son excellent caractère. Il est très docile, un peu comme
certains députés de l'Opposition dont je fais partie. Très
complet, athlétique, il peut être utilisé pour toute forme
d'équitatlon. En fait, c'est un cheval d'équitation et il est
très chéri de ses chevaliers ou de ses cavaliers, appelez-les
comme vous voulez, ses Jockeys, parce qu'il est d'une grande, grande
docilité. C'est un cheval quand même de poids assez léger.
Il a les pattes assez filiformes, avec des rondeurs un peu proéminentes
aux genoux mais qui ne lui enlèvent pas son apparence; il a une
esthétique excessivement visuellement agréable à voir. (23
h 15)
Dans le cheval de selle, il y en a un qu'on appelle le pur-sang, c'est
très curieux, le pur-sang lui-même. Sélectionné en
Angleterre, le pur-sang est un cheval de course par excellence. Longiligne,
ça veut dire qu'il est très effilé comme un chien saucisse
un peu, il est très allongé. C'est pour ça qu'il est
souvent "winner".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: II pèse rarement plus de 500 kilos et peut
atteindre des vitesses de 70 kilomètres-heure. Donc, vous voyez qu'il
est très allongé et qu'il a une portée de sabot plus
longue que le percheron, bien sûr, qui est un peu gros...
Une voix: II est assez long qu'il part et qu'il arrive en
même temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Oui. Bon, dans les chevaux de selle, il y a ce qu'on
connaît très bien ici, le cheval arabe. C'est comme les chiffres
arabes, c'est très connu. Ce cheval de selle est à la fois
léger et résistant. Sa personnalité et ses aptitudes ne
lui valent que des éloges. Plus qu'une monture, on dit de ce cheval,
créé d'après la légende d'Allah - ça vient
de très loin, comme vous voyez, c'est le cheval d'Allah - qu'il est le
partenaire du cavalier. Facile à dresser, il apparaît souvent dans
les cirques. Autrement dit, ce cheval arabe fait partie d'une troisième
catégorie, un cheval de spectacle. Il a ce don inné en lui.
Vous savez, c'est inné chez les êtres humains, la
présence. Ça ne s'acquiert pas. Nous l'avons ou ne l'avons pas.
Lorsqu'on l'a, on peut la développer, surtout si on a un certain
cabotinage. Le cheval est de cette lignée. Le cheval arabe, c'est un
cheval de spectacle comme le pékinois est un chien de cirque. C'est
presque toujours un petit pékinois qui se promène en avant, dans
un cirque, là, pour mener les autres chiens. L'arabe est au cheval le
pékinois de sa race et H est meneur dans tous les cirques, en fait.
Vous avez le Shetland. Mais le Shetland, lui, c'est un cheval que le
ministre ne veut pas reconnaître dans sa loi. C'est un poney. Et ce
poney, c'est ce qu'il y a de plus approchant du vrai cheval. Le plus populaire
des poneys est parfois appelé cheval miniature, tant il présente
les caractéristiques du cheval, avec des qualités psychiques
comparables. Il a le psychisme très développé. Ça
veut donc dire que ce cheval est intelligent. Il n'a pas que l'Instinct. C'est
un cheval qui a une certaine intelligence et, si on pouvait comprendre les
paroles de son hennissement, peut-être qu'on pourrait lui
répondre. C'est le langage qu'on ne comprend pas des animaux. A quatre
ans, sa taille est d'un mètre environ. C'est donc dire que c'est un tout
petit cheval. Il n'est pas "overweight", parce qu'il est "under tall" ou
quelque chose de ce genre. Alors, si vous mettez...
M. Pagé: Est-ce que vous êtes déjà
allé à l'exposition de Saint-Hyacinthe? Il y a un
événement très intéressant avec les chevaux
miniatures.
M. Blais: Non, je ne l'ai pas vu.
M. Pagé: On appelle ça les "roasters".
M. Blais: Le?
M. Pagé: Les "roasters".
M. Blais: Ahl
M. Pagé: C'est le nom d'une course et je vous
invite...
M. Blais: J'aimerais beaucoup y aller avec vous, une bonne
fois.
M. Pagé: Je suis persuadé que le
député d'Arthabaska va se rendre à l'exposition de
Saint-Hyacinthe, l'an prochain, qui est un événement important
dans la vie des démonstrations agricoles, des foires régionales.
Je vous recommanderais d'y aller le samedi soir, où vous verrez de tels
chevaux miniatures que vous décrivez avec beaucoup de pertinence.
M. Blais: Oh! je vous remercie, M. le ministre. Mais il y a une
chose que j'aimerais...
M. Pagé: Plus de pertinence sur le cheval que sur la
motion.
M. Blais: Non, non, mais c'est pour que ces gens-là
viennent expliquer les sortes de chevaux, c'est pour ça que je veux
qu'ils viennent. Parce qu'eux autres, ils connaissent... Vous avez parlé
des "toasters", tantôt. Ils connaissent les "breads", eux autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Non, les "roasters".
M. Blais: Ah, excusez! Mais j'aimerais... Je parle de ce petit
cheval surtout pour les gens de l'Opposition parce que, de ce
côté-ci, on le connaît très bien. C'est que si jamais
vous décidez...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, encore une
fols, j'aimerais faire un relevé. Quelqu'un qui lirait le Journal des
débats serait peut-être porté à croire que le
député de Masson est du côté de la majorité,
en disant: Vous, du côté de l'Opposition, vous ne pensez pas comme
nous, de notre côté.
M. Blais: Ah! mais je ne voulais pas parler de pouvoir!
M. Pagé: Alors, que Dieu nous en garde, M. le
Président! Il ne faudrait pas que les propos du député
laissent place à une telle méprise.
M. Blais: Je veux dire ceux qui sont opposés à moi
dans la discussion. C'est dans ce sens-là, c'est dans le
deuxième. Mais je vous avise, les députés du pouvoir, que,
si jamais vous décidez de monter un de ces Shetland, n'apportez pas
votre selle normale, parce que les pattes vont vous traîner à
terre. Ça vous prend une selle qui se raccourcit. C'est mieux de
raccourcir la selle que vos jambes. Vous emmenez une petite selle.
Si vous avez une grande envie, n'allez pas là ce
jour-là.
Dans les chevaux, il y a aussi... Mais ça, ça ne participe
pas aux courses. On se demande pourquoi certains chevaux ne sont pas aptes
à faire partie des vedettes des hippodromes. C'est à cause,
souvent, de leur taille, de leur lenteur et souvent de leur force. Vous avez,
dans cette catégorie de chevaux, le cheval qu'on appelle l'ardennais.
C'est la principale souche de race de chevaux de trait en Europe. C'est un
cheval de trait. C'est un très joli cheval, d'ailleurs. Il n'est pas
aussi trapu, pour un cheval de trait, qu'on pourrait s'y attendre. Il ressemble
vaguement à un cheval de course, mais II est juste un tout petit peu
plus fort et ses muscles sont un peu plus, disons, fébriles lorsqu'il a
un effort à déployer.
Durement touché par les deux guerres mondiales parce que les deux
premières guerres mondiales en Europe... Vous savez, il y a une seule
chose où l'Europe est en avance sur nous autres, c'est l'heure. Alors,
durant les guerres ils se servaient encore de chevaux et beaucoup de ces
chevaux sont tombés sur les champs de bataille. L'ardennais a pourtant
survécu. C'est un des meilleurs chevaux de boucherie aussi. Même
si c'est un cheval de trait, cette race est excellente pour l'alimentation et
c'est d'alimentation qu'on parle ici en même temps que d'agriculture,
donc ça intéresse...
Il y en a un qui est assez gros, on l'appelle le boulonnais. C'est de
là qu'on dit de quelqu'un, ou d'une femme: II est boulon ou elle est
boulonne. Ça vient probablement de cette sorte de cheval. Il est
plutôt joufflu, il semblerait ventripotent, avec une crinière
assez large et aussi il porte à ses sabots et le long de sa
gibbosité, de ses pattes, une fourrure assez jolie. Lorsqu'il prend une
démarche assez galopante, c'est très joli à l'oeil. On
voit souvent, dans des films, un gros cheval qui galope et. ce galop est
toujours très harmonieux. On voit qu'il épouse la nature, son
sabot tombe toujours très à plat. Il possède la terre dans
ses sabots et dans son être chevalin. Ses caractéristiques, je ne
les connais pas toutes par coeur. Je dis ce que je sais de moi-même, mais
on me dit ici dans une note: Avant le développement des chemins de fer,
les boulonnais se rendirent célèbres en effectuant chaque jour
une étape de 120 kilomètres pour transporter les poissons de
Boulogne à Paris. C'étaient un peu les animaux nourriciers des
produits de la mer à la grande métropole française, Paris.
On parie justement de paris, alors M. le Président, c'est pertinent. Ils
continuent à travailler sur le littoral de la Manche, là
où il n'est pas possible d'utiliser la traction mécanique en
automne et en hiver. Alors, c'est un cheval de trait d'une grande force et
d'une grande serviabilité.
C'est bien sûr que je ne parierai pas du mulet ou de l'âne,
malgré que ce serait très pertinent à ce projet de loi 6
parce qu'il ouvre la porte à toutes les courses. On pourrait avoir des
courses d'ânes, des courses de mulets. On ne sait pas...
M. Pagé: Continuez, M. le député.
M. Blais: II y a aussi le cheval qu'on appelle le Camargue.
Celui-là, je vous dis, lorsque j'ai fait des recherches... Parce que,
quand on vient en commission parlementaire, on est obligé de se vouer
à toute une série de recherches pour, d'abord, demeurer pertinent
et pour avoir certains renseignements qui peuvent Instruire, ne fût-ce
que quelques instants, ceux avec qui l'on travaille. Chacun, dans nos
diatribes, nous avons des bouts que quelqu'un dit, qu'on ne connaît pas,
et on s'auto-instruit comme ça. On appelle ça l'autosuffisance
législative.
Bien que vivant en liberté, le cheval de Camargue ne descend pas
d'un ancien cheval domestique. Il serait peut-être le cousin du cheval de
Solutré, l'ancêtre des chevaux d'Europe centrale et occidentale.
Les chevaux de Camargue vivent toute l'année en bande de 40 têtes
sans recevoir de soins. Ils vivent souvent assez vieux. C'est donc dire que ce
sont des chevaux assez racés, qui ont une alimentation saine, qui ne
mangent rien de "cholestérolique". Ils font attention à ce qui
est dur pour leur foie, leur estomac, et même, on précise que dans
certains coins ils négligent de manger certaines herbes qui ont une
affectation de la vessie. Et c'est un cheval qui subodore, comme certains
animaux subodorent un champignon vénéneux, il subodore des
plantes qui peuvent nuire à ses organes internes. Mais on sent que c'est
un cheval très intelligent. Il y a une chose, aussi, dont il faut qu'on
parie. On sait bien qu'un jockey et un cheval, ça fait corps dans une
course et que, si l'un n'épouse pas bien l'autre, le résultat
peut être changé. Il y a une question... Nous autres on n'a pas
beaucoup de députés, pas ce de côté-ci, en tout cas,
pas le député de Lévis, il pourrait très
difficilement être jockey. Ça prend un poids très
léger pour être jockey, très, très léger.
M. Garon: Pour les chevaux belges, mol.
M. Blais: Bien, pour un cheval de trait, peut-être, mais je
ne voudrais pas être très exigeant ici, dans ma répartie,
mais pour des chevaux de course, ça prend des êtres petits, des
êtres plutôt petits. Mais II faut que l'un et l'autre... Une course
se gagne à deux, le jockey et son cheval. Autrement dit, le monté
et la monture. Et s'ils ne gagnent pas, les deux sont démontés.
Les deux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Les deux le sont. Il y a des polices comme ça,
aussi, qui sont toujours montées, mais quand ils ne gagnent pas...
Une voix: Ils enquêtent au fédéral.
M. Blais: ...ils ont des problèmes. Alors, pour que les
deux épousent les règles strictes de l'art de la course, il y a
des allures à donner au jockey, mais il y a des allures à donner
aussi au cheval. Et les gens qu'on voudrait avoir ici sont des
spécialistes, et j'espère que s'ils étaient là, et
s'ils viennent - je pense bien que vous allez accepter - ils ne me
démentiraient pas sur les quelques détails que je veux vous
donner.
D'abord, je vais commencer par le maintien et l'allure du cheval et,
s'il reste du temps, on parlera de l'allure et du maintien du jockey. Un bon
cheval doit avoir un bon équilibre déterminé par la
position de son centre de gravité. Alors, le cheval, de façon
naturelle, comme l'être humain, a le sens de la gravité et II sait
que, s'il ne gagne pas, c'est grave. Il a le sens de la gravité, alors
il se doit de gagner avec son jockey. Le sens de l'équilibre et de la
gravité, le cheval l'a de façon intrinsèque, il tient
ça dans son sabot, il tient ça dans sa croupe, et quelle
élégance lorsqu'il est anglaisé. Quelle
élégance! Je suis persuadé que le député de
Lévis, qui est un type qui va souvent dans les hippodromes, qui a vu
courir de façon majestueuse cinq ou six chevaux anglaisés...
C'est d'une beauté, M. le Président! Vous voyez tous les chevaux
s'en aller la queue droite et égale, c'est très joli. Anglaiser,
pour ceux qui ne le sauraient pas, ce sont les Anglais qui ont fait un
procédé... On coupe un nerf dans la queue, le "batte-mouches", et
la queue reste raide comme ça et donne beaucoup plus
d'élégance, surtout lorsque le cheval est au galop. Le cheval
peut adopter deux attitudes, la station debout et la station couchée. On
appelle ça le décubitus. Couché, c'est le
décubitus. Pour la station debout, j'ai oublié le terme, vous
m'excuserez, ce doit être le "deboucitus", mais j'ai oublié le
vrai terme. Lorsqu'il effectue des mouvements sur place, cela peut être
un "cabrè-re", une ruade - se cabrer, qu'on dit - un bond ou un
piaffé. Alors, le cheval, il faut qu'il y ait dans chacune de ses
attitudes, il faut que le jockey... On appelle ça, entre guillemets, les
Québécois, "dompter", mais en français, c'est "dresser".
Il faut qu'il le dresse, pour qu'il soit bon pour les courses, pour
répondre au projet de loi 6 que nous étudions là. Alors,
il faut qu'il apprenne à bien se cabrer, il faut qu'il apprenne à
donner des ruades de façon élégante et qu'il apprenne
à bien piaffer. Il y a une grande chanteuse qui piaffait bien,
aussi.
On classe les modes de déplacement du cheval en allures. Les
trois principales allures sont - le pas d'allure n'est pas là, je vous
le jure, M. le Président - le pas, le trot, le galop.
Alors, des courses au pas, ils sont rares les hippodromes qui font
ça. La course au pas, c'est assez rare. Les humains font ce qu'on
appelle la marche, la course, ce qu'on appelle le pas, la marche. On a eu des
Québécois qui ont gagné beaucoup... Mais les plus...
Même chez les humains, c'est le trot qui est le plus spectaculaire. Le
pas, H est à quatre temps en diagonale. La vitesse normale est de 100
à 110 mètres-minute, soit environ 6,5 kilomètres à
l'heure. Un homme marche à peu près à 4,5 ou 5
kilomètes à l'heure, au naturel. Le cheval, lui, c'est 6,5
kilomètres à l'heure. Il a une vitesse un peu plus forte parce
que, d'abord, il a quatre pattes, il peut marcher deux fois plus vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Et, ensuite, il a la jambée un peu plus
allongée. Il y a le trot, aussi. J'espère que ce n'est pas de
trop, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Non, il vous reste sept
minutes.
M. Blais: Bon, il y a le trot. Le trot et, dans les pistes de
course, on voit tout de suite... Oui, allez-y, allez-y.
M. Pagé: Avec la permission de M. le député,
compte tenu de l'heure, je proposerais, M. le Président, qu'on ajourne
purement et simplement nos travaux. Ça pourra permettre au
député de poursuivre ses recherches d'ici à ce qu'on
reprenne nos travaux.
M. Blais: Bon, moi je suis complètement d'accord, si ce
n'est pas un ordre de la Chambre de rester jusqu'à minuit, je suis
complètement d'accord, mais c'est à...
M. Pagé: Une fois que la commission a amorcé ses
travaux...
M. Blais: C'est à notre...
Mme Juneau: Non, c'est un ordre de la Chambre jusqu'à
minuit.
M. Pagé: ...elle est maîtresse de ses travaux.
Le Président (M. Richard): Je dois vous spécifier
que, par contre, la commission...
M. Blais: Je suis d'accord.
M. Pagé: La commission est maîtresse de ses
travaux.
Le Président (M. Richard): La commission est
maîtresse de ses travaux, effectivement. On
peut ajourner. Alors, sur ce...
M. Blais: Alors, il me resterait sept minutes...
M. Pagé: Oui.
M. Blais:... en reprise, M. le ministre.
M. Pagé: C'est ça, oui, oui.
M. Blais: Alors, ça ne sera pas de trop, je recommencerai
au trot demain.
Le Président (M. Richard): alors, sur ce, la commission
ajourne ses travaux. merci, mesdames, messieurs, de votre présence. nous
ajournons sine die.
(Fin de la séance 23 h 33)