(Quinze
heures deux minutes)
Le Président (M.
Leitão) : À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'administration publique
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle — moi le premier — de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à
l'audition du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
sur sa gestion administrative et ses engagements financiers.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements ou des membres temporaires?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. Mme Hivon (Joliette) remplace M. Gaudreault
(Jonquière).
Le Président (M.
Leitão) : Bienvenue, Mme Hivon.
Très bien, alors nous débuterons, cet après-midi,
par l'exposé du sous-ministre du ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, puis le reste de la séance sera consacré aux échanges
avec les membres de la commission. Les
échanges se dérouleront par blocs d'une durée d'environ 10 minutes,
incluant les questions et les réponses, en alternance entre le
gouvernement et les oppositions, afin de permettre à tous les groupes
parlementaires d'écouler graduellement leur temps de parole.
Alors, j'invite donc
M. Blackburn à faire son exposé. Vous disposez de 10 minutes, et la
parole est à vous.
Exposé du sous-ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, M. Eric Blackburn
M. Blackburn (Eric) : Alors, M. le Président, Mmes et MM. les députés,
chers membres de la commission, bonjour.
Permettez-moi d'abord
de vous présenter les personnes qui m'accompagnent. D'abord, M. Robert
Bédard, sous-ministre adjoint au Loisir et au sport, Mme Anne-Marie Lepage,
sous-ministre adjointe à l'Éducation préscolaire, à l'enseignement primaire et secondaire, M. Steven Colpitts,
sous-ministre adjoint aux Relations interculturelles, autochtones et au
réseau éducatif anglophone, M. Éric Bergeron, à ma gauche, sous-ministre
adjoint aux Politiques et aux relations du
travail dans le réseau, M. Sylvain Périgny, sous-ministre adjoint à la
Gouvernance des technologies, des infrastructures et des ressources, Mme Geneviève Moisan,
sous-ministre adjointe aux Territoires, aux statistiques et à l'enseignement privé,
M. Simon Bergeron, sous-ministre
adjoint à l'Enseignement supérieur, Mme Catherine Ferembach, sous-ministre
associée à la Condition féminine, M. Martin Baron, directeur
général de l'aide financière aux études, Mme Stéphanie Vachon, secrétaire
générale, et Mme Nathalie Foster, directrice des communications.
L'équipe de gestion
est elle-même soutenue aujourd'hui par des membres de leurs unités respectives.
Toutes ces personnes, ainsi que tous les employés du ministère, font un travail
remarquable, et je tiens à les remercier sincèrement.
Ces gens ont tous à coeur la réussite de nos jeunes et de nos moins jeunes, et
je me sens privilégié de pouvoir compter sur leur expertise et leur
dévouement.
Je suis en fonction depuis un peu plus de deux
mois, et j'ai pu constater, particulièrement dans le cadre des travaux préparatoires à cette séance, le très grand
professionnalisme... le très grand professionnalisme — je m'excuse — de l'équipe ministérielle, et je suis fier
de les représenter aujourd'hui dans le cadre de cette opération de reddition de
comptes administrative. Je participe donc avec un grand intérêt aux travaux de
la Commission de l'administration publique portant sur la gestion
administrative de l'année financière 2018‑2019 du ministère de l'Éducation et
de l'Enseignement supérieur. Bien
que, pour la période visée, je n'étais pas le sous-ministre titulaire, je
tenterai d'être le plus précis possible lors
de mes présentations et de mes échanges, et je compte, évidemment, sur votre
indulgence pour me permettre de solliciter mes collaborateurs dans les
circonstances, au besoin.
Pour débuter, j'aimerais vous présenter
sommairement le ministère et ses secteurs d'activité. Le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur
offre sur tout le territoire québécois des milieux de vie propices à la réussite
éducative et à la pratique régulière d'activités physiques, de sports et de
loisirs. Ces milieux de vie sont inclusifs, sains et respectueux de la
diversité des personnes, de leurs besoins et surtout de leurs conditions.
Concrètement, ce que
nous avons en place est un système qui soutient la réussite des personnes tout
au long de leur vie, de la petite enfance à
l'âge adulte. Nos réseaux sont portés par l'engagement exceptionnel de tous les
acteurs et partenaires des milieux. Ces gens préparent des citoyens responsables,
compétents, créatifs mais surtout engagés.
Riche d'une
expérience de plus de 30 ans dans le réseau de l'éducation, je peux témoigner
avec conviction que les intervenants qui accompagnent nos jeunes au quotidien
et les adultes sont profondément et sincèrement animés par cette belle mission
qu'est l'éducation. Chaque année, plus de 1,8 million d'élèves et
d'étudiants fréquentent nos écoles, nos centres d'éducation des adultes, nos
centres de formation professionnelle, nos cégeps mais aussi nos universités.
Outre le personnel enseignant professionnel et de
soutien qui gravite dans leur environnement immédiat, ils sont soutenus
par plus de 1 300 personnes qui oeuvrent au ministère à mettre leurs
compétences et leurs habiletés au service de la population québécoise. Ces gens
travaillent avec nos partenaires des commissions scolaires, des établissements
d'enseignement privés mais aussi de concert avec les collèges et les
établissements universitaires.
En matière de loisir et sport, nous collaborons
avec de nombreux organismes, des fédérations sportives aux clubs locaux
et municipaux, en passant par les instances régionales.
Dans une perspective
administrative, le ministère est composé de huit secteurs d'activité ainsi
qu'une direction générale à l'aide financière aux études : alors,
l'éducation préscolaire, primaire... enseignement primaire et secondaire;
l'enseignement supérieur; gouvernances des technologies, des infrastructures et
des ressources; politiques et relations de travail dans le réseau; territoires,
statistiques et enseignement privé; relations interculturelles, autochtones et
réseau éducatif anglophone; loisir et sport, de même que condition féminine.
Ensemble, dans chacun
de leur champ d'expertise mais en complémentarité, les personnes travaillant au
sein de ces unités : orientent et planifient les services éducatifs
offerts sur tout le territoire en vue de répondre aux besoins de la population québécoise, informent la
population sur le rendement du système d'éducation et sur son évolution et sur l'atteinte des objectifs fixés,
sensibilisent et informent les citoyennes et les citoyens afin qu'ils adoptent un
comportement sécuritaire et de qualité dans la pratique d'activités récréatives
et sportives, contribuent à la formation des acteurs des domaines du loisir et
du sport et soutiennent leurs partenaires pour la mise en place d'un
environnement et d'un encadrement de qualité, soutiennent le développement et
assurent la cohérence des actions gouvernementales visant l'atteinte d'une société
toujours plus égalitaire, assurent une saine gestion des ressources allouées
par l'Assemblée nationale et leur répartition et, finalement, conseillent le
législateur et les autorités ministérielles.
Réalisations 2018‑2019.
J'aimerais maintenant faire état des réalisations du ministère dignes de
mention. Comme l'éducation est la propriété
du gouvernement... est la priorité du gouvernement, vous devinerez qu'elles ont
été nombreuses et variées.
Tout d'abord, à compter de 2020, tous les enfants
du Québec auront droit à la maternelle quatre ans. Cette offre de services bonifiée pour tous nos petits résulte
de travaux qui ont mené au dépôt du projet de loi n° 5 le 14 février dernier.
Rappelons que 106 classes additionnelles de
maternelle quatre ans ont été déployées dans le réseau scolaire en 2018‑2019,
auxquelles se sont ajoutées 266 classes ouvertes en septembre 2019. Au cours
des prochaines années, le déploiement se fera de manière progressive et dans le
respect du choix des parents et de la capacité d'accueil du réseau.
• (15 h 10) •
En 2018‑2019,
d'autres travaux législatifs ont été menés ainsi que des chantiers
réglementaires d'envergure. Je fais
notamment référence au projet de règlement pour bonifier le contenu des
apprentissages en enseignement à la maison, au projet de loi pour mieux baliser
les frais exigés des parents ainsi qu'au projet de règlement pour rendre
obligatoires deux récréations de 20 minutes par jour au primaire.
L'ensemble de ces mesures a permis au ministère de préciser certaines balises
et de rehausser certaines exigences, et ce, dans l'intérêt toujours prioritaire
des élèves. Certaines mesures budgétaires qui auront une incidence positive sur
la réussite et le bien-être des jeunes, mais aussi sur le soutien de ceux qui
les accompagnent ont aussi été annoncées lors du dernier budget.
Je fais d'abord
référence aux seuils de services minimaux dans les écoles et à l'ajout des
classes spéciales pour une offre de service
accrue et spécialisée. Mentionnons aussi le déploiement de bourses d'excellence
en formation à l'enseignement, le programme de mentorat pour les futurs
enseignants ainsi que l'ajout d'une heure gratuite d'activités parascolaires au
secondaire pour favoriser un mode de vie actif chez nos jeunes.
Une aide financière également accordée à
l'automne 2018 aux établissements en région du réseau des universités
du Québec afin de leur permettre d'exercer pleinement leur rôle de pôle de
développement socioéconomique régional.
J'ajouterais le
Rapport portant sur la révision du modèle de financement des établissements
collégiaux publics, publié en 2019, lequel a permis au ministère d'actualiser
le modèle de financement des cégeps.
Outre ces réalisations, je me dois de souligner
l'effort d'optimisation de nos processus déployés au sein du ministère
au cours de la dernière année dans une perspective d'amélioration de notre
gestion administrative. Moins flamboyants et plus techniques, ces importants
travaux nous ont néanmoins permis en 2019 de progresser significativement certaines façons de faire et nous en retirons tous
une grande fierté. Je peux citer notamment l'amélioration des processus qui sous-tendent l'élaboration des règles
budgétaires d'éducation, le suivi des dossiers interministériels ainsi que la gestion
des autorisations officielles du ministère.
En dépit de ces
importantes réalisations, nous sommes conscients qu'il y a place à
l'amélioration. Le ministère a été gouverné pendant quelques années en
l'absence d'un plan stratégique. Cette situation s'explique principalement par
de nombreuses réorganisations administratives, plusieurs changements à la haute
direction, par des projets de loi ayant eu des incidences sur la gouvernance
des réseaux et par la tenue de consultations sur d'importantes politiques
ministérielles.
Aussi, nous savons que l'actuel plan
stratégique 2017‑2022 a fait l'objet de certaines critiques, surtout en ce
qui a trait à ces nombreux indicateurs peu orientés vers les résultats.
Nous nous sommes engagés à apporter les correctifs nécessaires
pour le prochain plan, et, soyez certains, nous tiendrons parole.
Un exercice rigoureux a été mené, lequel a pris
appui sur les nouvelles orientations du Secrétariat du Conseil du trésor
et s'est déroulé en étroite collaboration avec ses représentants.
Cette révision, que
j'ai eu le privilège de mener à terme dès mon arrivée, a permis d'en améliorer
plusieurs aspects, notamment en rehaussant
l'optique ou le niveau de résultats visés, ainsi que la pertinence et la
qualité des indicateurs privilégiés
pour en mesurer l'atteinte. Nous serons d'ailleurs en mesure de dévoiler le
fruit de nos efforts dans un avenir rapproché, dans le respect des
échéanciers annoncés.
Aussi, nous prenons également la mesure de
certains défis qui sont les nôtres au regard de la prestation de services
aux citoyens. D'importants chantiers d'optimisation de certains de ces
processus sont en cours actuellement et laissent présager que des progrès
significatifs seront accomplis en ces domaines.
Enfin, je constate
donc que l'année 2018‑2019 a été fort remplie, que le carnet de commandes
des prochains mois est aussi ambitieux et
que plusieurs chantiers structurants mobilisent l'organisation. Je suis
convaincu que les équipes ministérielles
y prendront part avec coeur, guidées quotidiennement par la réussite et
l'atteinte du plein potentiel de tous les jeunes et la satisfaction de
nos clientèles.
J'entreprends ce mandat avec enthousiasme,
confiance et conviction. Les défis sont nombreux, à la mesure des attentes
élevées, mais légitimes, des citoyens, mais je suis également convaincu qu'en
gardant le cap sur notre vision rassembleuse, nous mènerons à bien cette
mission.
Je vous remercie, M. le Président. Nous sommes à
votre disposition, mon équipe et moi, pour répondre aux questions des
membres de la commission.
Le Président (M.
Leitão) : Très bien. Merci beaucoup, M. Blackburn. Et, oui, je
souhaite aussi la bienvenue à toutes les personnes de votre équipe.
Discussion générale
Alors,
nous sommes rendus à la période d'échange avec les membres de la commission.
Nous allons commencer par un bloc d'intervention du groupe parlementaire
formant le gouvernement. Donc, Mme la députée de, excusez-moi, Mme la
députée de Lotbinière-Frontenac...
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Oui.
Le Président (M.
Leitão) : ...et vous disposez d'un bloc de 12 minutes.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Merci. Bonjour, tout le monde. Donc,
moi, j'aimerais ça parler de la
maternelle quatre ans. Ma fille qui a... on se sert toujours un petit peu de
nos exemples personnels puis... Donc, moi, je voulais vous dire que ma fille, qui a maintenant 23 ans, elle a
commencé l'école à Toronto, et puis, à Toronto, en Ontario, il y a la
maternelle quatre ans obligatoire. Donc, ça a été une belle expérience pour
elle puis pour nous aussi. Puis, moi, je suis vraiment contente qu'on implante
la maternelle quatre ans ici, pas juste pour les milieux défavorisés, mais pour
tout le monde. Et puis, en plus, que ce soit au choix des parents, mais je suis
vraiment contente. Puis j'encourage les parents à inscrire leurs enfants à
l'école, à la maternelle quatre ans.
On le sait que, bien,
les jeunes de cet âge-là apprennent beaucoup par le jeu. Il y a déjà
beaucoup... plusieurs classes, de nouvelles classes dans mon comté puis...
bien, je pense que ça va être positif, parce que les listes d'attente sur les garderies, j'imagine que ça va se dégager
un petit peu, puis il y a certaines familles qui vont opter pour la maternelle quatre
ans, puis... donc ça va faire un petit peu plus de place dans les garderies.
J'aimerais vous entendre concernant le
dépistage précoce, puis qu'est-ce que ça va avoir comme impact, la maternelle
quatre ans, sur la réussite, le décrochage puis le taux de diplomation.
Merci.
• (15 h 20) •
M. Blackburn
(Eric) : Alors, merci. Écoutez, en fait, d'une façon très générale, on
sait que l'intervention précoce, hein, c'est une des stratégies à privilégier
pour augmenter les chances de succès de tous les enfants. C'est vrai pour le Québec, mais c'est vrai aussi partout dans le monde. On
va prendre la France, par exemple, qui, elle-même, a pris les
devants en inscrivant, dans leur curriculum, d'offrir des services aux enfants
à partir de trois ans. Et qu'est-ce qu'il
y a derrière ça? En fait, c'est au-delà, des fois, la tendance qu'on
pourrait avoir à associer la prévention pour les enfants en bas âge avec les milieux défavorisés, milieux
favorisés ou défavorisés, en fait, on ne peut pas s'assurer que tous les enfants,
dans ces âges-là, sont dans des environnements suffisamment stimulants pour
être en mesure de les préparer, en fait, à l'évolution rapide de ce que demande
l'école d'aujourd'hui avec les défis qui s'y présentent.
Je prends, à titre
d'exemple, au cours du début... au début de la présente année scolaire, quand
on a rentré dans chacune des écoles primaires au Québec, pour des centaines de
milliers de dollars de robot qui sont mis à profit, même dans les classes de
préscolaire et de primaire, on s'entend que, pour être en mesure de placer ces
enfants-là en contact avec l'évolution de la
technologie qui est la réalité d'aujourd'hui, leur chance de réussite est
intimement liée et tributaire du niveau de stimulation et de la qualité
des environnements dans lesquels ils auront grandi dans les premières années.
Et ce n'est pas vrai que la qualité... ce n'est pas toujours vrai, en fait, que
la qualité de ces environnements-là est intimement liée toujours aux indices de
défavorisation auxquels on fait souvent référence.
Donc, de rendre universel l'accès, dès quatre ans,
à des environnements suffisamment stimulants pour que les enfants soient capables de faire face aux défis que
présente l'école d'aujourd'hui, c'est un des plus beaux cadeaux qu'on pouvait
leur faire. Évidemment, l'image que je prends toujours, hein, un enfant, là, il
y a deux sphères sur lesquelles on va travailler,
on va travailler sur la partie plus rationnelle qui est à l'intérieur de son
cerveau puis on va travailler sur la partie plus émotionnelle qui va
rejoindre le coeur. Et en fait ces deux éléments-là sont intimement liés et, si
on veut s'assurer de pouvoir écrire les bonnes choses, je l'illustre de cette
façon-là, sur le disque dur qu'ils ont pour être en mesure... pour les rendre capables en fait efficacement, comme le fait, j'ose faire l'illustration avec un ordinateur, hein,
que le cerveau, le coeur soit capable d'avoir accès à toute l'information,
à toutes les sensibilités pour qu'il devienne... pour qu'il soit bien dans ce
qu'il est et qui soit efficace dans ce qu'il fait, dans les tâches qu'on lui
demande de faire, bien, évidemment, c'est à l'école qu'on va retrouver ces
environnements-là.
En
faisant ça de cette façon-là, pour répondre à votre question, comment ça vient
influencer la réussite, comment ça vient réduire les risques de décrochage, il
y a deux... de deux choses l'une. D'abord, si on est les premiers à écrire sur
ce disque-là et qu'on va écrire les bonnes choses de la bonne façon, l'arbre
des connaissances et des liens qui seront attachés les uns avec les autres
augmente ses chances de réussite parce que l'enfant va vivre de grands succès
auxquels il va s'accrocher. Donc, j'augmente ses chances de réussite.
Et sur la partie du décrochage en fait, puis je
vais faire un petit clin d'oeil sur ce que la recherche nous a enseigné
depuis le début des années 90, on sait que le taux de décrochage est
intimement lié à un indicateur qui est extrêmement fragile, qui est le niveau
de scolarité de la mère, de pouvoir avoir... Ça peut avoir l'air drôle de
l'amener comme ça, mais ça a été démontré et
c'est important de le prendre en considération. Alors, pourquoi on augmente les
chances de réduire le décrochage scolaire? C'est qu'on peut dès lors,
dès le moment où l'enfant entre à l'école en bas âge, le plus bas âge possible, on est déjà en mesure d'offrir des
services de soutien, d'accompagnement supplémentaire aux parents qui n'ont
pas eu les mêmes chances que les autres, qui
n'ont pas nécessairement eu la chance d'obtenir une diplomation, d'avoir un premier
diplôme pour avoir accès au marché du travail et compagnie.
Donc, dans nos écoles au Québec, on a tout un plan
de travail pour soutenir et accompagner ces parents-là, ces mamans-là,
pour les aider, en fait, à mieux accompagner leur enfant dans leurs
apprentissages — je
travaille encore sur la réussite — mais souvent ces parents-là on va les
retrouver en bout de course, parce qu'on a des programmes de soutien parental, on va les retrouver à l'intérieur de nos
centres d'éducation des adultes ou avec nos professionnels dans nos écoles
pour, parfois, les amener à aller chercher un premier diplôme et réduire les
risques de décrochage des enfants.
C'est un peu empirique, de ce que je vous raconte
comme histoire, mais c'est comme ça que c'est travaillé en fait sur le
terrain. Et quand vous regardez à quel point, dans les 10 dernières
années, les taux de diplomation ont augmenté, comment
les taux de décrochage ont diminué de façon importante — et principalement pour les garçons, on a des
succès qui sont intéressants — bien, évidemment, ce n'est
pas un hasard. C'est parce qu'au-delà d'un paquet d'autres choses que j'aurai
peut-être l'occasion de vous parler un petit peu plus tard, mais nécessairement
que ces éléments-là, attachés ensemble, font la différence.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci. Est-ce que le taux d'inscription pour
les enfants de maternelle quatre ans a été à la hauteur de vos espérances?
M. Blackburn
(Eric) : En fait, je vais faire appel à... Je vais faire appel à une
collègue qui pourra peut-être m'aider si
vous me permettez, M. le Président. Quelqu'un qui a suivi de près
l'évolution des inscriptions pourrait peut-être prendre le relais.
Mme Lepage.
Le Président (M.
Leitão) : ...en vous identifiant, s'il vous plaît.
M. Blackburn
(Eric) : Je vous remercie.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Bonjour, M. le Président. Bonjour, tout le monde.
Anne-Marie Lepage, sous-ministre adjointe au Secteur préscolaire,
primaire.
Effectivement, pour
répondre à votre question, l'offre de services en maternelle quatre ans cet
automne dernier a suivi un certain engouement. On peut dire qu'on a eu beaucoup
de demandes. En fait, l'intention était d'ouvrir 250 classes pour la rentrée
scolaire. Et, comme l'annonce a été faite assez tôt dans l'année, dès février,
ça a permis aux commissions scolaires et aux
écoles de déterminer dans quels lieux ils voulaient ouvrir les classes, dans
quelles écoles. Et ça a permis aux parents de pouvoir faire les
inscriptions assez tôt. C'est un avantage qui nous a effectivement aidés à
ouvrir non pas 250, mais 266 classes, donc, 16 de plus.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Merci. Est-ce que vous pouvez nous
parler un petit peu de comment le dépistage des difficultés pour les
enfants va être fait? Puis ça va être quoi, le support qu'ils vont pouvoir
avoir?
M. Blackburn (Eric) : Alors, le dépistage, on le sait, hein, sera fait
conjointement avec les enseignantes... les enseignants et enseignantes
du préscolaire ont reçu, dans le cadre de leur formation, un soutien et de la
formation plus spécifique, justement, pour identifier les éléments qui... je
dirais, les symptômes, je vais le dire comme ça, dans une classe qui viennent
nous alerter sur le fait qu'un enfant peut présenter des besoins particuliers
ou va... présente certaines difficultés. Mais
il y a aussi autour de lui un ensemble d'autres acteurs, des professionnels,
que ce soient les psychologues, que ce soit des orthopédagogues, et
autres.
Et au cours des dernières années, on le sait, dans
le réseau de l'éducation, le nombre de ressources qui ont été injectées pour s'assurer qu'on ait un seuil minimal de
ressources pour être en mesure de soutenir les enseignants et les éducateurs,
les éducatrices dans les équipes-écoles fait en sorte que l'identification des
difficultés des enfants, ce n'est pas l'oeuvre d'une seule et même personne,
mais c'est l'oeuvre d'une équipe-école, dont l'enseignant, les professionnels
qui sont autour, l'éducateur, parfois, qui est aussi dans la classe, qui est en
mesure d'observer, mais aussi les parents, qui vont venir en soutien pour soit confirmer des observations qui sont faites en
classe et qui vont venir aider l'équipe-école à poser le... je vais le dire comme ça, le bon diagnostic,
hein, à avoir la bonne appréciation de la nature des difficultés de ces enfants-là
et de placer autour lui, ensuite, durant son cheminement, les ressources qui
seront nécessaires pour l'accompagner dans ses apprentissages, autant sur le
plan académique que social, en relation avec les autres.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Est-ce qu'il me reste du temps?
Le Président (M. Leitão) : Une
minute.
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Parfait. Donc, concernant le taux de
diplomation, on sait qu'au Québec c'est moins élevé qu'en Ontario, par
exemple. À quoi vous vous attendez dans les prochaines années avec...
M. Blackburn
(Eric) : En fait, les
attentes sont élevées parce que les succès sont élevés. Tout à l'heure, je faisais
un petit clin d'oeil sur le rythme auquel
les résultats ont augmenté dans les dernières années. Et quand on regarde ce
qui s'est installé dans les dernières années, à l'intérieur de nos
écoles secondaires surtout, toutes les démarches collaboratives qui ont permis de mettre en place de meilleures
pratiques ou des meilleures pratiques, il a été démontré qui ont été inspirées...
Parce qu'on a travaillé beaucoup avec des acteurs d'autres pays, qui ont obtenu
de grands succès, dont l'Ontario aussi, et qui sont venus, en fait, nous
enseigner sur les éléments sur lesquels on devrait davantage investir pour
augmenter les chances de succès, bien, le...
Depuis qu'on a pris ce virage-là, quand on a
structuré la mise en place de ça, il y avait... on croyait que quelques
commissions scolaires pourraient adhérer à un projet comme celui-là dans un
horizon de deux à trois ans, mais c'est quand
même 67 commissions scolaires qui ont embarqué dans ce projet-là. Et l'effet
que ça a eu... Vous avez vu bondir, vous avez vu grandir les taux de
réussite d'une façon phénoménale.
Quand on se compare avec l'Ontario... je
dis : Il faut toujours comparer des pommes avec des pommes... l'Ontario
stagne, parce qu'en fait, quand on arrive dans des résultats en haut de
80 %, c'est... les points de pourcentage à aller chercher sont toujours
plus difficiles. Mais nous, on y est arrivé, dans le 80 %, donc ça va
ralentir un peu. Mais on peut être fiers de nos propres succès. Puis je dis
souvent aussi que nos critères de réussite ne sont pas nécessairement les mêmes. Donc, on ne compare pas des pommes avec
des pommes. On compare des fruits, mais ils ne sont pas tout à fait de
la même... de mêmes caractéristiques. Puis un élément aussi qui fait qu'on peut
discriminer...
Le Président (M. Leitão) : En
terminant.
M. Blackburn
(Eric) : ...c'est que leurs
taux de réussite sont à 50 %, les nôtres sont à 60 %. Ça fait que ça peut
faire varier aussi... c'est des éléments qui peuvent faire varier un petit peu
les différences.
Le Président (M. Leitão) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, ça veut dire tout pour ce bloc. On passe
maintenant du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent,
la parole est à vous pour 12 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Bienvenue. Je sais que je suis nouvelle, et que ma collègue est nouvelle, puis le sous-ministre adjoint... sous-ministre aussi est
nouveau, mais ma compréhension, c'est qu'ici on est bien dans une
commission apolitique, et l'objectif, c'est de faire aussi une reddition de
comptes, pour ceux qui se joignent à nous.
Alors, j'aimerais rentrer d'emblée, une fois que
ceci est dit... À votre allocution de départ, vous avez indiqué que tous auront droit, dès 2020, à la maternelle
quatre ans. Cette affirmation est basée sur quel projet de loi? Parce que,
dans le projet de loi n° 5, il n'y a pas une telle affirmation qui donne
le droit dès 2020 à la maternelle quatre ans.
• (15 h 30) •
M. Blackburn (Eric) : Si vous
me permettez, je vais demander à mon collègue, là, qui a travaillé davantage
sur le dossier du projet de loi n° 5. Excusez-moi, je me tourne de l'autre
côté.
Mme Lepage (Anne-Marie) :
Rebonjour.
Mme Rizqy : Bonjour,
Mme Lepage.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Donc,
pour répondre à votre question, je pense que la question en cause, c'est l'admissibilité.
Dans le fond, le projet
de loi n° 5 vient rendre les
enfants de quatre ans admissibles à la maternelle
quatre ans, mais ça ne veut pas dire qu'elle est disponible dans toutes
les écoles tout de suite, ça va être une implantation progressive. Donc, je
pense que c'est la nuance, peut-être, qui n'a pas été nécessairement explicite
dans l'allocution de départ, mais c'est
l'esprit du projet de loi n° 5, comme nous l'avons travaillé en commission parlementaire ensemble.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Je
vous en prie.
Mme Rizqy : Oui, tout à fait,
c'est un projet de loi qu'on connaît fort bien. Et c'est juste que, dans
l'allocution que nous avons reçu aussi copie, c'est vraiment marqué : Tout
d'abord, à compter de 2020, tous les enfants du Québec auront droit à la maternelle
quatre ans. Et puisque nous ne
voulons pas induire en erreur les Québécois qui nous écoutent, ce
droit-là, ils doivent bien comprendre que ce n'est pas un droit qui commence à
partir de 2020, sinon on risque d'avoir quelques poursuites, et vous savez que
ce n'est pas quelque chose qui est souhaitable, au Québec.
Tantôt, vous,
vous avez aussi parlé... à partir de 1990, vous avez fait état de recherches
qui disent que, selon certaines études, que vous n'avez pas déposées...
mais que, tout dépendamment du degré de scolarité de la mère, l'enfant pourrait
être plus à risque de décrocher. Vous vous rappelez sans
doute que les maternelles quatre ans ont été déployées d'abord en milieu
défavorisé pour, justement, venir donner une égalité des chances pour ceux qui
proviennent de milieux défavorisés.
Dans le
rapport qu'on a ici, on voit que, le déploiement des maternelles quatre ans en milieu défavorisé, votre objectif n'est
pas atteint. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous n'avez pas été en mesure
de l'atteindre? Et surtout comment vous êtes
en mesure de l'atteindre, avec le nouveau projet de loi n° 5 qui a été adopté, où est-ce qu'on doit continuer à prioriser le
déploiement en milieu défavorisé pour les maternelles quatre ans?
M. Bergeron (Éric) : En fait,
je vais m'avancer sur certains... certains éléments puis je demanderai peut-être
à ma collègue, là, de renchérir. Bien, en fait, ce n'est pas tout à fait une
science exacte, hein? On est dans un contexte, je parle de la planification
comme telle, là, de rejoindre tous les élèves de tous les milieux défavorisés.
C'est un objectif pédagogique, je le dirais comme ça, qui pourrait nous
permettre de rejoindre le plus possible d'enfants en milieux défavorisés et d'offrir des services à ces
élèves-là en priorité. Mais pour ce qui est, en fait, de... je dirais, de la mathématique
qui viendrait rejoindre votre question, là, je n'ai pas... j'ai un peu de
misère à y répondre. Je vais demander un petit coup de main de ma collègue,
encore une fois, là, qui a peut-être réfléchi à cette réalité-là dans les circonstances.
Mme Rizqy : J'imagine que vous
faites référence à Mme Lepage?
M. Bergeron (Éric) : ...
Mme Rizqy : Parfait. Mme Lepage, je pense que vous allez
devoir peut-être rester avec nous un peu plus longtemps à
cette chaise.
M. Bergeron (Éric) : Un petit
peu.
Mme Rizqy : On apprécie vos éclairages. Alors, si vous me
permettez, Mme Lepage, puisque vous étiez en déplacement, juste
pour que vous compreniez bien ma question, en ce moment, pour l'année 2018‑2019,
on devait déployer les maternelles quatre ans en milieu défavorisé. Maintenant,
ça indique que ça n'a pas été une cible qui a été atteinte. Avec le projet
de loi n° 5 qui est désormais adopté, vous devez
continuer à prioriser le déploiement en milieu défavorisé. Quel est votre plan de match?, parce que, tout d'abord, ça
n'a pas été atteint. Et maintenant comment vous allez remédier à la situation
pour vraiment implanter, d'abord et avant tout, les maternelles quatre ans en
milieu défavorisé pour, justement, atteindre l'objectif que le sous-ministre a
dit, qu'effectivement des gens que leur mère est peu scolarisée peuvent être
plus portés au décrochage et que la maternelle quatre ans pourrait être un
outil fort intéressant?
Mme Lepage (Anne-Marie) :
Alors, merci de m'accueillir à nouveau. Cette commission est très aérobique. C'est bon pour le coeur. Alors, dans le fond, le
plan de déploiement ne se fait pas juste au ministère, hein, il se fait en
collaboration avec les gens des commissions scolaires, des écoles.
Alors, c'est certain que l'objectif de viser d'abord les écoles en milieu
défavorisé pour desservir ces enfants-là a été communiqué clairement aux commissions
scolaires, qui sont d'ailleurs à compléter présentement un sondage sur leurs intentions pour la prochaine année. C'est très important
pour nous de rendre ça très clair et très explicite dans le sondage, en disant
combien d'écoles, d'abord, en milieu défavorisé et ensuite dans les autres.
Donc, ça, c'est le premier volet de la réponse, que je vous dirais.
Par rapport au fait que... votre commentaire à
l'effet que ça n'a pas été atteint cette année, dans le fond, c'est qu'on avait un objectif d'ouvrir 250 classes,
comme je le disais tantôt, toujours en milieu défavorisé, dans l'année en cours,
où on est présentement, en 2019‑2020, et on
a eu quand même la capacité d'en ouvrir plus dans les milieux 6 à 10, qui était
la définition de la défavorisation de cette année. Et on voit que les parents
ont été au rendez-vous, puisqu'il y a eu plus de demandes qu'on pensait ouvrir
de groupes préalablement.
Mais on ne veut pas les ouvrir n'importe
comment, on veut les ouvrir de façon systématique. C'est pourquoi il y aura aussi la prise en compte de d'autres
facteurs, comme, par exemple, la disponibilité des ressources, des ressources
humaines et des ressources, également, matérielles, par rapport aux locaux, par
rapport aux espaces physiques pour accueillir
convenablement les enfants de quatre ans dans les écoles. Alors, ces trois
conditions-là étant réunies, ça nous sert de base à établir les
attributions de groupes qui viendront par la suite.
Mme Rizqy :
En parlant de ressources, si on va... Présentement, en matière de ressources,
c'est quoi, votre plan de match pour la pénurie d'enseignants?
M. Blackburn (Eric) : Bien, si
vous me permettez, M. le Président, en fait, le plan de match pour le personnel
enseignant, il est en continu pour l'ensemble,
hein, des acteurs, pas seulement pour la maternelle, mais c'est pour l'ensemble.
On se
rappellera que les plus grandes difficultés ont été observées plutôt dans le
secteur de Montréal, hein, où les carences de main-d'oeuvre étaient plus
accentuées. Pour le reste du Québec, en fait, quand on regardait, là, les... puis je vais y aller avec des points de
pourcentage, mais ce n'étaient que des... je le dirais comme ça, des dixièmes
de pourcentages de postes non occupés,
auxquels on a dû faire face. Et ces quelques dixièmes là, quand on arrive à Montréal,
c'est vrai que, compte tenu de la population, ça fait quelques dizaines de
personnes, parfois, qui manquent à l'appel.
Mais, quand on regarde à long terme, avec
l'ensemble des étudiants qui sont inscrits dans des programmes, ce qui
devrait sortir prochainement des cohortes en cours, avec les... puis
M. Bergeron est à mes côtés, il pourra préciser, avec le nombre de suppléants qu'on a dans nos
banques et les personnes qui sont existantes, le taux de retraite qui s'en vient,
qui diminue un peu, à notre avis, dans
l'estimation qu'on en fait, on devrait être relativement en équilibre pour la prochaine
année scolaire.
Mme Rizqy :
Excusez-moi. En ce moment, il manque combien d'enseignants au Québec?
M. Blackburn
(Eric) : Vous permettez, M. le Président, que mon collègue puisse
donner une réponse?
Le Président (M.
Leitão) : En vous identifiant, oui.
M. Bergeron (Éric) : Oui. Bonjour. Éric Bergeron, sous-ministre
adjoint aux Politiques et aux relations de travail pour les réseaux.
Alors,
la question est large. Combien il manque d'enseignants? Comme vous le savez, il
y a plusieurs catégories d'enseignants au Québec. Actuellement, les
postes réguliers, temps plein, sont, de façon très générale, très, très... comblés partout à la grandeur du Québec. Il y a...
il reste quelques postes, dans la région de Montréal, pour lesquels il y
aurait encore quelques postes vacants, mais
ce n'est pas des gros pourcentages de points, comme vient de le souligner M. Blackburn.
Mme Rizqy :
Le Pr Maltais, qui est aussi maintenant en congé sans solde pour travailler au
cabinet du ministre, lui, a quand même
décrit qu'il allait manquer 3 000 enseignants d'ici les prochaines
cinq années dans le réseau de l'éducation, au niveau secondaire. Donc,
je ne pense pas que ce soient quelques postes qui sont à pourvoir. Mais, au
niveau primaire, ça va être combien de postes, dans les cinq prochaines années,
qu'il va falloir pourvoir?
M. Bergeron
(Éric) : Le nombre exact varie d'année en année en fonction des
clientèles, ça, c'est la première des choses
qu'il faut prendre en considération. La deuxième des choses, actuellement, la
responsabilité de combler ces
postes-là appartient à chacune des commissions scolaires du Québec, donc le
ministère n'a pas nécessairement le chiffre pour les cinq prochaines années au niveau de chacun des postes. On a la
clientèle qui... la prévision de clientèle, nous l'avons, mais pour ce
qui est de chacun des postes, c'est une responsabilité qui appartient à chacune
des commissions scolaires.
• (15 h 40) •
Mme Rizqy :
...je suis professeure et, à chaque fois que j'avais quelqu'un qui me parlait
de clientèle, je rappelais que c'étaient des étudiants, puis, dans ce
cas-ci, au niveau primaire, ce sont des élèves, dont il est question.
Et j'imagine que, lorsqu'on fait des prévisions
pour le nombre d'élèves et non pas de clientèles, on a quelque part le
souci de savoir combien qu'on va avoir d'enseignants. Surtout que le ministre
porte un double chapeau, celui aussi du
ministre de l'Enseignement supérieur, et qu'il doit aussi s'assurer d'un
arrimage au niveau du baccalauréat en enseignement pour s'assurer que, oui, effectivement, on a assez
d'étudiants sur les bancs d'école. Et, en ce moment, la banque de suppléance
est pas mal vide, et même au niveau de la direction d'école, ça commence à se
vider.
Alors, je répète ma
question : Si le Pr Maltais a déjà dit qu'il allait manquer, dans les
cinq prochaines années, 3 000 enseignants pour le secondaire, est-ce
que vous avez commencé ou est-ce que vous avez dans vos cartons l'intention de
commencer à chiffrer le nombre d'enseignants qu'il va nous manquer dans les
cinq prochaines années, notamment sachant
qu'on fait face à un choc démographique assez important au Québec et que
plusieurs départs à la retraite sont à prévoir?
M. Blackburn
(Eric) : Si vous me permettez, M. le Président, je vais prendre le
relais. En fait, vers la fin de la dernière année scolaire, il y a un chantier
qui a été ouvert en collaboration avec les recteurs de quelques universités,
dont l'Université de Montréal, Sherbrooke... oui, et Sherbrooke. C'est
Mme Barcelo, en fait, qui était sur ce comité-là avec nous, à ce moment-là, un exercice qui nous avait permis, en fait,
de faire une planification des travaux qui devraient être réalisés pour être en mesure d'estimer le plus
justement possible les carences et voir l'adéquation qu'il y avait entre les
deux.
Donc, ces travaux-là
se sont poursuivis, et autant du côté des universités que du côté du réseau des
commissions scolaires il y avait des devoirs que chacun devait faire, des
exercices pour s'assurer de retenir le personnel qui était là, de travailler... Il y a des exercices qui ont été
faits aussi pour assurer le retour au travail de personnes qui étaient à la retraite.
On a des directions d'école, maintenant, les
règles ont été changées, qui leur permettent de revenir, qui viennent
contribuer.
Et en fait il y a toute une autre stratégie,
aussi, celle qui touche, là, l'attraction et la rétention du personnel, qui est
mise en place. Et j'oserais vous lire quelques lignes par rapport à ça, au
nombre des initiatives qui se retrouvent et qui vont permettre, en fait, soit
d'augmenter le nombre de personnes qui pourraient s'inscrire dans les
programmes, qui auraient le goût de venir faire une reconnaissance d'acquis
pour aller se chercher un permis plus rapidement. Bref, il y a différents chemins, différents sentiers qui
peuvent être empruntés pour ceux et celles qui sont... qui ont une qualification
pour être en mesure d'accéder et de pouvoir
enseigner. Donc, tout ça ensemble devrait être en mesure de donner des résultats
intéressants.
Mais
il y a aussi tout le programme de bourses d'excellence accordées aux étudiants
en enseignement afin d'inciter les
étudiants du cégep ayant un bon dossier à s'inscrire dans un programme de
formation en enseignement puis d'encourager les étudiants universitaires
déjà admis à persévérer dans leur programme d'études. Cet élément-là devrait
être un autre ingrédient qui va augmenter
nos chances de succès, le programme de mentorat qui sera mis en place dès la
prochaine année... qui est mis en place cette année pour les enseignants
en début de carrière.
Mme Rizqy :
Ça, je suis très au courant. Mais qu'est-ce
qui me préoccupe, c'est de ne pas avoir la réponse du ministère de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur en matière de planification stratégique pour savoir le nombre
d'enseignants à pourvoir cette année, les années suivantes et surtout, j'attire
à votre attention, le taux de roulement dans
chacune des classes. Parce qu'avoir des enseignants en début d'année c'est déjà
difficile, mais d'avoir le même enseignant toute l'année, ça devient de
plus en plus compliqué. Et on sait que, pour la réussite éducative, la
stabilité est vraiment la clé de la réussite aussi.
M. Blackburn (Eric) : Ce que
vous dites est vrai, et c'est une préoccupation partagée.
Le Président (M. Leitão) : Peut-être
qu'on pourrait... on reviendra à ce sujet. Maintenant, on passe du côté
gouvernemental. M. le député de Portneuf, vous disposez de 12 minutes.
M. Caron : Merci, M. le
Président. Bonjour, messieurs mesdames, bienvenue. C'est un exercice
intéressant, mais rassurez-vous, tout le monde y survit. C'est intéressant pour
nous, pour vous, pour toute la population.
Vous l'aurez
peut-être reconnu, j'ai un accent européen. Moi, j'ai fréquenté l'école à
partir de deux ans et demi. J'ai survécu, j'ai eu une très belle enfance
et puis je n'ai raté aucun bon moment. Donc, une maternelle quatre ans, moi, je
me félicite d'une chose, c'est qu'en effet on ait consulté nos écoles et qu'on
n'ait plus attribué des classes, finalement, en fonction des codes postaux
uniquement, qu'on ait mis un petit peu d'humanisme dans cette solution.
Petite... juste une petite parenthèse, votre rapport
annuel fait 230 pages, c'est pas mal complexe pour trouver l'information, parfois. Est-ce que, pour l'année
prochaine, vous pourriez essayer de rendre tout ça un peu plus accessible
à toute la population? Ça aiderait bien du monde. C'était juste un petit
aparté.
Votre plan
stratégique, le plan stratégique actuel, finalement, 2017‑2022 est non
approprié, hein, on se rend compte qu'il y a beaucoup d'indicateurs,
mais on a d'énormes difficultés à mesurer les cibles. Je sais que vous
travaillez actuellement sur un nouveau plan stratégique. Ma première très
courte question, c'est : Est-ce que vous allez attendre 2022, la fin de celui-ci, pour mettre en
application le nouveau ou, dès que le vôtre sera prêt, vous allez le mettre en application?
M. Blackburn
(Eric) : Alors, M. le Président, si vous me permettez, effectivement, votre préoccupation est partagée, puis
les éléments dont vous avez fait mention ont été pris en considération dans les
travaux de réflexion et d'écriture du
nouveau plan stratégique, et oui, il
y aura un exercice d'arrimage pour favoriser une transition harmonieuse, je
vais le dire comme ça, entre ce qui était prévu et ce qui méritera
d'être retenu et pour lesquels on pourra poursuivre un certain nombre de
travaux.
Mais tout de
suite, d'entrée de jeu, tous les éléments, je dirais, à caractère un petit peu
clérical sur le format du plan stratégique, en réduisant le nombre
d'indicateurs, en s'assurant d'être un petit peu explicites sur certains libellés et de s'assurer d'une conformité, on le
disait d'entrée de jeu tout à l'heure, avec les bons conseils du Conseil du
trésor, ont été pris en considération dans
les travaux en cours, ce qui devrait rendre beaucoup plus accessible le plan stratégique
qui devrait être déposé prochainement.
M. Caron : Déposé, et on
n'attendra pas la fin de...
M. Blackburn (Eric) : Des mises
en oeuvre.
M. Caron :
Parfait. Dans tout ce qu'on peut lire, il y a pas mal de choses bien
intéressantes et puis aussi des chiffres qui peuvent parfois être un peu... pas épeurants, mais qui nécessitent
qu'on se préoccupe de la situation. Je notais qu'au secondaire l'effectif, dans trois ans, devrait augmenter de plus
de 18 %. Est-ce que... comment on a prévu de faire face à cette
situation?
M. Blackburn
(Eric) : En fait, la
planification se fait localement, dans... sur chacun des territoires de commission
scolaire, et l'ensemble des informations, en termes de besoin d'espace ou
d'espace actuel suffisant, le cas échéant, est documenté à l'intérieur d'un de
nos services. Et ces travaux-là, en fait, courent depuis quand même quelques
années pour nous permettre d'anticiper. Et l'ensemble des investissements qui
sont prévus dans la planification quinquennale pour être en mesure, le cas échant,
soit d'augmenter, d'agrandir certaines écoles ou, sur certains territoires, de
transférer certains services d'un bâtiment à
l'autre pour rendre disponibles, en fait, les espaces dont on aura besoin dans
nos écoles secondaires, présentement, sont faits et d'actualité.
Si vous me permettez, M. le Président, je
pourrais peut-être demander à mon collègue qui a les deux mains dans ce
chantier-là depuis quelque temps, peut-être, de préciser, et ça vous donnerait
davantage de réponses.
Le Président (M. Leitão) : Très
bien. En vous identifiant, s'il vous plaît.
M. Périgny
(Sylvain) : Oui, bonjour. Sylvain Périgny, sous-ministre adjoint à la
Gouvernance des technologies, des infrastructures et des ressources.
Effectivement,
le processus, c'est un processus qui est annuel, dans le fond. À chaque année,
on met à jour nos prévisions d'élèves
et on met en corrélation, dans le fond, les espaces qui sont disponibles dans
le réseau de l'éducation. Donc, de
par les prévisions d'effectifs, on constate que parfois, dans certaines
régions, il peut y avoir un écart entre les espaces qui sont disponibles
et les prévisions d'effectifs.
Donc, les commissions scolaires sont
invitées, dans une situation comme celle-là, à, d'une part, valider nos prévisions,
parce qu'il y a des éléments qu'on ne maîtrise pas, nous, au ministère, dans
nos prévisions, à savoir des développements peut-être
domiciliaires dans certaines municipalités, l'immigration dans certaines
municipalités également, donc les
commissions scolaires valident nos prévisions, et, une fois qu'on s'entend sur
les prévisions et le manque à gagner en
termes d'espace, elles sont invitées à nous soumettre des projets d'ajout
d'espace pour pallier aux déficits qui pourraient être prévus dans les
prochaines années.
À chaque année, on fait nos prévisions. Pour le
volet primaire, c'est des prévisions qu'on a de clientèles de cinq ans,
pour le volet secondaire, c'est des prévisions que nous avons de 10 ans.
Donc, il y a des investissements substantiels qui
ont été faits en juin dernier, dans le fond, 1,7 milliard qui a été
annoncé pour, justement, ajouter des espaces dans le réseau de
l'éducation... et visent, entre autres, à couvrir les besoins au secondaire
pour les prochaines années.
• (15 h 50) •
M. Caron :
Donc, il n'y a pas d'occasion d'être... Bien, vous anticipez tout ça de manière
sereine, et on abordera la situation dans trois ans, on aura tous les
moyens de faire face à la musique, finalement?
M. Périgny
(Sylvain) : Bien, effectivement, c'est... nous, on a tous les
ingrédients pour voir venir. Maintenant, on a les budgets, avec les annonces de
1,7 milliard qu'on a eues au dernier... en juin dernier pour les ajouts
d'espaces, effectivement. Les commissions
scolaires se sont fait confirmer les budgets pour
construire à la fois des écoles secondaires, agrandir les écoles secondaires, agrandir les écoles primaires mais
aussi en construire des nouvelles, selon les prévisions de clientèles
qui... et des espaces qui étaient disponibles dans chaque secteur.
M. Caron : Je ne sais pas si c'est vous qui allez répondre à
cette question, aussi, concernant le dossier du plomb dans
l'eau, hein? C'est un dossier qui a été... une question qui a été soulevée ce
matin encore à la période de questions. Le ministre
y a répondu. Peut-être aurait-il aimé développer encore plus. D'une
part, est-ce que... Donc, vous êtes en train de faire un état... ou est-ce que l'état de la situation,
l'état global de la situation est fait, ou vous y travaillez encore? Parce qu'on sent l'inquiétude des parents, et vous savez que ce qu'il y a de
plus précieux dans une famille, pour les parents, ce sont les enfants.
Et est-ce que vous vous entourez d'experts? Comment est-ce que
vous abordez cette situation pour la régler, finalement?
M. Périgny
(Sylvain) : Oui, effectivement, c'est un dossier dont je m'occupe également. On est en... L'état de situation n'est pas fait, dans le fond, sur la base
des... je dirais, des événements récents, où il y a encore des tests
ou des échantillons d'eau qui sont sortis
au-delà des normes acceptables. Le ministère a pris la décision... le ministre
a pris la décision de mandater les commissions scolaires pour faire l'analyse de tous les points
d'eau qu'on retrouve au sein du réseau de l'éducation. Donc, la démarche
est en cours. Donc, au fur et à mesure que les résultats vont nous être
acheminés par les commissions scolaires et le secteur, également, privé au niveau
scolaire, ils vont être évidemment rendus disponibles.
Donc, on est vraiment au début de la
démarche. L'échéancier qui a été fixé pour le volet... en priorisant les écoles
qui sont les plus vieilles, donc construites
avant — j'y vais de mémoire — 1981, l'échéancier pour identifier les
points d'eau et amorcer les travaux était au 30... est au 30 juin
prochain pour le volet primaire, et — j'y vais de mémoire — pour
les autres écoles, c'est à l'automne 2020. Donc, on est en plein coeur de
cette opération, actuellement, là, je dirais, d'évaluation du taux de
concentration de plomb dans l'eau de nos écoles.
M. Caron :
Je sais que la Commission de l'administration publique est apolitique, et je ne
veux pas embarquer dans tout ça, mais est-ce qu'on peut aujourd'hui dire que
nos anciennes écoles, qui ont peut-être manqué d'amour, sont les plus touchées
ou pas réellement? Puis est-ce qu'elles sont plus... est-ce que vous mettez
plus d'emphase, actuellement, sur les écoles primaires, parce que, peut-être,
les plus jeunes sont plus vulnérables? J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. Périgny
(Sylvain) : Oui. Dans le fond, c'est le... Et je ne suis pas l'expert
en plomb, mais évidemment j'apprends à connaître le dossier au fur et à mesure,
évidemment, de nos interventions dans ce domaine. Un des enjeux, c'est que les
matériaux utilisés dans la construction, avant 1981, de mémoire, pouvaient
avoir présence de plomb. Donc, l'élément de facteur de risque est peut-être
plus élevé dans cette catégorie d'écoles là. Et là ce n'est pas nécessairement parce qu'elles ont manqué d'amour, comme vous dites, mais davantage
de par les techniques, les matériaux utilisés à l'époque, donc ce pour
quoi on demande en priorité de cibler les écoles qui sont les plus âgées.
Je n'ai pas répondu à
votre première question, tout à l'heure : Est-ce qu'on est entourés
d'experts, dans le fond, dans ce dossier? Oui, effectivement, on travaille en
collaboration avec... oui, au niveau de l'Environnement, on travaille avec nos collègues de la santé publique. Donc, la
procédure qui a été transmise au réseau de l'éducation pour faire les tests
d'eau, dans le fond, c'est le résultat d'une démarche concertée avec nos
collègues du ministère, et on a également eu les conseils de Mme Prévost,
de l'Université de... j'ai oublié l'université, là, l'Université de Montréal...
Une voix :
Polytechnique.
M. Périgny
(Sylvain) : ...Polytechnique, Polytechnique, donc, qui nous conseille
dans nos démarches, qui est une spécialiste réputée en matière de qualité de
l'eau et de présence de plomb dans l'eau.
M. Caron :
Et est-ce que vous priorisez les écoles primaires? Est-ce que c'est plus
dangereux... Est-ce que c'est... De
manière évidente, je ne suis pas un spécialiste, médecin, mais est-ce que c'est
important de focaliser d'abord sur nos écoles primaires?
Est-ce qu'il y a une stratégie dans votre manière d'agir?
M. Périgny
(Sylvain) : Oui. On a demandé au réseau de prioriser les écoles
primaires, effectivement.
M. Caron :
O.K. O.K. Est-ce qu'il... C'est un grand dossier. C'est des contrats gré à gré
dont je voulais parler, et je sais qu'on
n'aura pas assez d'une minute pour en parler. Il y a un nombre élevé de
contrats qui sont accordés de gré à gré, même un nombre trop élevé, un
nombre qui nous paraît, nous, en tant que parlementaires, à la limite alarmant.
Comment vous justifiez ça?
M. Blackburn (Eric) : En fait, vous avez raison de se préoccuper de ce
dossier-là, c'est un dossier très sensible. Mais, en fait, les règles
actuelles qui s'appliquent sont celles qui sont en lien soit avec la sécurité
ou la santé. Quand un dossier met en cause la santé publique, c'est un des
critères, en fait, qui nous permettent d'octroyer un contrat sans
nécessairement aller en appel d'offres, quelle qu'en soit la hauteur.
Et je vais prendre à
titre d'exemple, dans un... bien, en fait, peu importe la nature pour laquelle
on irait, mais, si la santé publique est en cause et que, le fait d'aller en
appel d'offres, on retarderait indûment, des fois, l'achat d'équipement ou du renouvellement d'équipement pour
s'assurer qu'on protège la santé publique, le cas échéant, les conséquences pourraient être plus importantes.
Donc, c'est surtout vraiment le principal critère, c'est celui-ci. On ne
vous cachera pas qu'en éducation, on est toujours en vulnérabilité, en
sensibilité.
Vous parliez du plomb
dans l'eau. Effectivement, les femmes, les mères enceintes et les enfants en
bas âge sont les clientèles qui sont les plus vulnérables, et c'est pour ça
qu'en fait on va aller intervenir d'abord dans nos écoles primaires et dans les points d'eau les plus
proches ou, les enfants de maternelle et compagnie, même dans l'école, on va
prioriser les endroits où on veut intervenir.
Mais pour ce qui est
de l'octroi de contrat, en fait, il y a un regard, même s'il y en a beaucoup,
qui est toujours fait sur l'urgence de la
situation, l'urgence d'agir, la sécurité qui pourrait être compromise. Et, au
sortir de tout ça, il y a toujours
une validation, une contre-validation qui est faite aussi avec le Conseil du
trésor pour s'assurer que, si on ne va pas en appel d'offres public...
que ça se fait dans le respect des règles de l'art puis qu'on ne se mettra pas
à quelque part, là, en défaut, là, à l'intérieur du cadre réglementaire auquel
on doit se soustraire... se...
Le Président (M.
Leitão) : Merci beaucoup. C'est déjà tout. On y reviendra, j'en suis
sûr.
Alors, on retourne du côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Saint-Laurent? Très bien. Vous disposez
d'un bloc de 12 minutes.
Mme Rizqy :
Alors, j'aimerais bien revenir sur le plomb dans l'eau, car je ne suis pas bien
sûre d'avoir bien saisi tout ce qui a été dit. Premièrement, lorsque
vous dites que c'est une démarche concertée avec les différents ministères, en novembre 2018, il y a quand même une décision
qui a été prise d'éliminer de tester l'eau, dans le programme VisezEau. Alors, c'est qui qui a pris la décision d'éliminer
le volet recherche du programme VisezEau qui avait comme objectif de,
quand même, faire des tests et de la recherche sur la qualité de l'eau dans les
écoles du Québec?
• (16 heures) •
M. Blackburn (Eric) : M. le Président, je vais prendre le relais pour
le programme. En fait, effectivement, quand la situation s'est présentée, on s'est placés en position, je dirais,
d'apprenants, parce que, comme on n'avait pas l'expertise pour être en mesure de porter un jugement exact sur ce qui
devait être et comment ça devait être, bien, en fait, c'est de cette façon-là... vous parlez de
VisezEau, c'est de cette façon-là qu'on a pu rencontrer des personnes, on a
rencontré un certain nombre de
personnes qui avaient une expertise et qui nous ont accompagnés dans les
apprentissages qu'on devait faire.
Et, quand mon collègue disait qu'on l'a fait en
collaboration, bien, c'est parce qu'on l'a fait avec le ministère des Affaires
municipales, on l'a fait avec la
Santé, on l'a fait avec nos autres collègues qui avaient aussi de la
famille, également, qui avaient aussi des
environnements où les niveaux de risque étaient très élevés, pour être en
mesure de porter une appréciation qui
serait la plus juste possible sur ce qu'on devrait faire, dans quel ordre et le
comment aussi ça devait se traduire, ces actions-là. Parce que ça peut
paraître simple de dire qu'on va tester l'eau. Mais, quand on va tester l'eau, il y a aussi, si on veut avoir des
résultats qui sont justes, qui sont crédibles, qui vont nous permettre de poser un diagnostic puis
de poser les bons gestes sur les bonnes choses, ça nous prenait la bonne... il
a fallu faire les bons apprentissages. Donc, c'est comme ça qu'on a travaillé
avec...
Mme Rizqy :
Je n'en doute pas une seconde, mais ma question est assez précise.
M. Blackburn
(Eric) : C'est comme ça que VisezEau est arrivé dans le décor, en
fait.
Mme Rizqy :
Oui, mais ma question est assez précise. Parce que VisezEau, c'était vraiment
une bonne nouvelle, qui avait un objectif et dont notamment l'experte
que tantôt vous avez nommée, madame...
M. Blackburn
(Eric) : Prévost.
Mme Rizqy : ...Prévost... Provost, pardon, qui est une
sommité internationale, et d'autres chercheurs ont claqué la porte une fois que le volet recherche a été
retiré du programme VisezEau. Ça, ça arrive en novembre 2018. Et
ma question, puis ça en est une d'imputabilité, j'aimerais savoir, là-dedans, c'est qui qui a pris la décision d'éliminer le
volet recherche du
programme VisezEau. Est-ce que c'est le ministère de l'Éducation? Est-ce que c'est le
ministère de la Santé? Est-ce que c'est
le ministère des municipalités? Puis est-ce que quelqu'un, au ministère de
l'Éducation, savait que le volet recherche était éliminé puis que les
chercheurs avaient claqué la porte?
M. Blackburn
(Eric) : Mon collègue, M. le Président, si vous le permettez, va
prendre le relais.
Le Président (M.
Leitão) : Certainement.
M. Périgny
(Sylvain) : Donc, tout à fait. Lorsque j'ai fait référence, tout à
l'heure, au travail de concertation entre ministères et organismes pour
définir... c'était par rapport à la procédure qu'on a publiée pour faire les
tests selon les nouvelles normes retenues par le gouvernement.
Mme Rizqy :
...que la personne que vous faites référence, là, la méthodologie de travail,
elle la connaissait lorsqu'elle était aussi dans le comité VisezEau.
M. Périgny
(Sylvain) : Oui, c'est ça.
Mme Rizqy :
C'est pour ça... Moi, ma question, je veux juste savoir, au moment que la
décision est prise, comment vous avez pris... comment vous êtes arrivés à
prendre la décision d'éliminer le volet recherche.
M. Périgny
(Sylvain) : Personnellement, je ne participais pas. Je n'étais pas en
fonction dans les fonctions actuelles au
ministère en 2018. On fait les vérifications. Je ne crois pas qu'on était
partie prenante à ces travaux-là. Je crois, et là je ne veux pas
induire, évidemment, l'Assemblée en erreur, mais je crois que c'était piloté
par un autre ministère. Mais on fait les vérifications. Peut-être les gens qui
sont dans l'équipe qui ont l'historique pourraient m'informer davantage. Mais,
la référence à la collaboration, je faisais, ici, référence au document qu'on a
produit pour la procédure. Donc, malheureusement, je ne suis pas en mesure de
vous répondre pour l'instant pour automne 2018.
Le
Président (M. Leitão) : Peut-être si... Excusez-moi d'interrompre.
S'il y a quelqu'un dans la salle qui aurait cette information, ce serait
bien de l'avoir. Sinon, vous pouvez la faire parvenir au secrétariat de la
commission.
M. Blackburn (Eric) : Si vous me permettez, M. le Président,
effectivement, j'allais vous offrir qu'on puisse aller à la recherche de
cette information-là puis on va vous livrer la réponse, là, dans les prochains
jours.
Mme Rizqy :
Merci. C'est très apprécié, car la séquence des faits, c'est quand même très
important. Novembre 2018, il y a un
programme qui existe, de recherche, qui est retiré. Des chercheurs claquent la
porte. Par la suite, on a un mémoire fort étoffé, une étude qui était...
qui a été réalisée par l'Institut national de santé publique de Québec, février
2019, où est-ce qu'on parle justement de la
qualité de l'eau dans nos écoles primaires et secondaires. Et, là-dessus, on
voit, c'est très... très clair, là, que le taux est alarmant, élevé, et
que d'autant plus que les conséquences sont les suivantes : on augmente
l'hyperactivité chez les élèves et on diminue leur quotient intellectuel, et
ce, même lorsque le taux de plomb est faible, étant donné que c'est la
répétition.
Et, là-dedans,
lorsque j'ai entendu certains experts, ce n'est pas uniquement une question de
l'âge du bâtiment, il y a plusieurs autres
facteurs. L'étude, là, elle fait, oui, plus d'une centaine de pages à cause des
annexes, mais elle prend... il reste
environ 55 pages de contenu plus les annexes. Est-ce que quelqu'un, ici, l'a
regardée, cette étude? Parce que, moi, ça m'inquiète un peu de savoir
que la priorisation, c'est uniquement d'abord les vieux bâtiments et qu'on se
donne quand même jusqu'au mois de juin pour
faire la réparation, alors que depuis quand même cet été plusieurs écoles ont été
testées avec des experts, des professeurs,
mais, oui, avec La Presse, mais même, La Presse,
ça a été fait avec des experts.
Alors, j'aimerais savoir : Est-ce qu'on a
quand même un plan de match à très court terme pour venir pallier aux
écoles actuelles qu'on a déjà décelé des problèmes de travaux?
M. Périgny
(Sylvain) : Oui, tout à fait. Et, par rapport au niveau de
priorisation, on ne cible pas uniquement les
écoles qui sont plus âgées que 1981. Dans le fond, l'ensemble des écoles vont
passer au niveau des tests de la qualité de l'eau en termes de
concentration de plomb. Donc... Et ce pourquoi on a fixé juin 2020 comme
échéancier, c'est que, dans certaines...
c'est quand même, je dirais, un examen d'envergure qui est demandé aux
commissions scolaires. Et on sait aussi que, parfois, pour réaliser des
travaux correctifs, ça peut être quand même assez invasif. On doit peut-être
ouvrir les murs, on doit peut-être... Donc...
Mais ce qu'on sait,
c'est qu'actuellement nous avons la même information. Il y a des commissions
scolaires qui ont commencé à obtenir des résultats,
qui ont pris action, qui n'ont pas attendu juin 2020, ils ont pris action. Ils ont
parfois condamné des points d'eau. Parfois,
ils font couler l'eau le matin avant que les élèves arrivent. Donc, lorsqu'une situation
est détectée, d'emblée, les commissions scolaires agissent pour minimiser les
risques.
Mme Rizqy :
Êtes-vous au courant si, oui ou non, il y a déjà des sommes d'argent qui vont
être mises de côté pour les travaux plus importants,
et je pense notamment pour ceux qui sont plus en région et pour ceux
que c'est plomb, cuivre et voire arsenic?
M. Blackburn (Eric) : Si vous me permettez, M. le Président, en fait, oui, on s'est placés, puis vous avez pu voir, dans les communications qu'on a adressées au réseau, qu'on allait se placer en soutien avec eux
et pour eux. Le premier exercice qui
est à faire, en fait, c'était vraiment de faire un portrait réel de la situation.
Et, pour le faire, ce portrait-là, il fallait passer par l'échantillonnage,
hein, dans chacun des points d'eau, là où les personnes, les adultes et les enfants dans nos établissements scolaires peuvent aller chercher de l'eau pour boire. Il fallait faire
ce portrait-là d'abord, qui est en...
présentement, qui nous est acheminé au compte-gouttes, là, au fur et à mesure... Au fur et à mesure où ça rentre, on sera en mesure de mieux,
je dirais... de placer une réponse qui sera plus adéquate en fonction du
portrait de situation.
Mais, dans les
informations qui nous ont permis de privilégier cette voie-là, c'est que l'eau
qui circule, en fait, dans nos réseaux d'aqueduc municipal, entre autres, cette
eau-là est bonne, est excellente. Le problème se pose quand on arrive dans des résidences et dans les entrées
d'eau, et c'est également dans nos édifices publics, dans les entrées d'eau.
Le deuxième niveau,
c'est : Qu'est-ce qui se passe entre les entrées d'eau des immeubles et
les points d'eau où on va aller boire? Bien, qu'est-ce qu'il y a entre les
deux, on ne le sait pas, et, ça aussi, il faut... il faut faire... aller documenter cette information-là, parce que, dans
certains cas, probablement qu'on va condamner l'accès à l'eau, dans d'autres
cas, c'est un petit bidule qu'on va devoir
changer parce qu'il y a du plomb dans cet équipement-là. Et le plomb est apparu,
en fait, ce qu'on a appris, à quelque part
dans les années 70, où il était présent dans les divers équipements, là, qui permettaient
de raccorder, là, l'eau des établissements, que ce soient publics ou privés,
aux réseaux d'aqueducs municipaux.
Ça fait qu'il faut faire le portrait. On le fait
le plus rapidement possible avec les outils qu'on a. Et on n'attend pas d'avoir fini. On enclenche déjà le processus. On
s'est entendus avec... On vous disait, tout à l'heure, qu'on avait travaillé
avec les autres ministères, parce qu'il y a d'autres réseaux aussi qui ont des
édifices publics, les CPE et compagnie, où il faudra intervenir. Donc, nous, on
a déjà enclenché. On s'est entendus avec eux parce qu'on était prêts. On a...
Donc, déjà, on amorce les travaux pour faire diligence, et probablement que nos
collègues feront des apprentissages de ce qu'on va faire, puis la fin des
travaux va arriver plus vite par la suite. Voilà.
Mme Rizqy :
Avez-vous l'intention de ramener le volet recherche de VisezEau?
M. Blackburn
(Eric) : On va aller le valider avec nos collègues pour voir qu'est-ce
qui en est exactement, parce que je n'ai pas la réponse à votre question.
Le Président (M.
Leitão) : Je m'excuse, je dois interrompre. Les cloches sonnent, donc
nous sommes appelés à aller voter.
Alors, nous allons
interrompre les travaux, et on reviendra dans quelques minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 16
h 08)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M.
Leitão) : Très bien. Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons
nos travaux.
Et nous passons maintenant du côté gouvernemental pour un bloc de 10 minutes. On va s'ajuster parce qu'on a perdu un peu de temps... pas «on a perdu du temps», parce
qu'on a utilisé du temps en Chambre, donc on a ajusté nos temps de parole. Maintenant,
du côté gouvernemental, Mme la députée de Labelle, vous avez un bloc de
10 minutes.
Mme Jeannotte : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, M. le sous-ministre. Bonjour, mesdames et messieurs. En tant que... Dans mon autre vie, j'étais fonctionnaire. Alors, je profite de l'occasion pour remercier l'ensemble des gens
de la fonction publique qui
travaillent très fort. Je vous comprends, ce n'est pas facile, travailler dans
un secteur d'activité très
exigeant, le deuxième en importance au Québec. Puis ça m'a surpris, moi, là, de
voir que quand même 1 406 personnes ont... On peut le voir de deux
façons, gros ministère ou petit ministère, dans le fond, parce que moi, j'ai eu
l'occasion de travailler au palier fédéral, et ce n'était pas rare de
travailler dans des ministères où il y avait 4 000 personnes,
10 000 personnes, même. Donc, dans le fond, compte tenu de l'ampleur
du réseau, M. le sous-ministre, vous venez d'être dans vos nouvelles
fonctions, d'arriver dans vos nouvelles fonctions. J'imagine que la courbe d'apprentissage... ça fait seulement trois mois.
Premièrement, je vous souhaite bonne chance dans vos nouvelles fonctions.
Puis, dans le fond, qu'est-ce qui... Est-ce
que, là, au bout de trois mois... Après ça, j'irai dans... J'aimerais ça vous amener
totalement ailleurs. Je vais vous poser une
question sur le milieu autochtone, mais là, au bout de trois mois, je serais curieuse
de savoir quel est pour vous le défi le plus important après votre arrivée, là,
comme ça? C'est quoi qui vous frappe? Qu'est-ce qu'il, pour vous, est plus
important, là, qui va être le plus... le défi majeur, là, pour vous?
M. Blackburn
(Eric) : En fait... Merci, madame...
Mme Jeannotte :
La députée.
M. Blackburn
(Eric) : ...Mme la députée. Écoutez, j'ai quand même le privilège et
la chance d'avoir oeuvré dans le réseau de l'éducation élargi pendant plus
d'une trentaine d'années, ce qui m'a permis, en fait, de m'approprier l'ensemble des sphères des activités qui peuvent
se produire. Là, où je n'ai pas oeuvré, j'ai collaboré, que ce soit au niveau
collégial, universitaire. Et, à mon arrivée
ici, en fait, je vous dirais, le principal défi, et qui l'est encore un peu,
c'est surtout l'apprentissage
des structures et des mécanismes de communication, hein, qui sont complexes et
qui sont toujours, je dirais... C'est
un des éléments les plus fragiles dans nos organisations, les communications.
Quand des fois ça casse à quelque part, c'est parce que la communication
n'a pas bien circulé. Donc, ces mécanismes-là sont extrêmement importants.
Et le deuxième
élément qui est le plus grand défi, puis c'est vrai pour tout le monde, en
fait, c'est le caractère relationnel, hein?
Ce sont les personnes qui habitent nos organisations qui sont importantes,
je dirais, la réussite de toute organisation est directement tributaire de la qualité des ressources
qui les habitent et donc de les connaître, ces personnes-là, de savoir où elles sont et qui elles sont, pas seulement
ce qu'elles font, mais ce qu'elles sont, parce que c'est avec ça qu'on
va faire la différence. Et cet
apprentissage-là, en fait, il se fait bien et d'attacher ces relations-là que
ce soit solide, que la confiance s'installe, qu'on se mobilise ensuite,
puis qu'on se mette d'accord sur les priorités qu'on a à se donner.
Le dossier d'aujourd'hui
en est un beau, qui a mobilisé beaucoup de ressources en très, très, très peu
de temps, en moins d'une semaine et, en fait,
la collaboration qui s'est installée nous permet de relever des
beaux défis, même si ça nous amène dans des sentiers qui semblent
loin de la mission dans laquelle on est. Quand on parle du plomb, quand on parle du cuivre, quand on parle
d'éléments comme ceux-là, en fait, ça nous éloigne probablement de notre mission, ça nous
permet en fait de mettre en place de meilleures conditions de réussite pour nos
élèves, jeunes et adultes, les personnes qui habitent nos organisations et faire en sorte qu'ils vont vivre plus longtemps
en meilleure santé dans de meilleures conditions.
Mme Jeannotte :
On manque de temps, parce que je vous attraperais au bond sur plusieurs
éléments, mais j'aimerais vous amener sur la
stratégie en enseignement supérieur pour les Premières Nations et Inuits.
J'aimerais vous parler à présent... dans le fond, on parle... malheureusement,
le sujet est abordé lors d'une crise, puis c'est comme si on parlait d'un autre pays. Donc, les Premières Nations, plus
particulièrement le Nord-du-Québec, le Nunavik, le volet Enseignement supérieur, dans le rapport annuel de gestion 2017‑2018,
il était question, là, dans le fond, de plusieurs actions qui ont été
prises, et puis si on se réfère... je vais
vite, là, pour vous laisser la chance de parler. Dans le rapport de cette
année, à la page 54, il est dit... il
y a un communiqué de presse gouvernemental, là, qui avait mis en place une
instance de concertation qui traiterait de la question, puis j'aimerais
vous entendre parler de ce rapport-là, là, parce que, dans le fond, est-ce
qu'il y a vraiment une réelle volonté de concertation? Est-ce que les retards
qui sont causés par les communautés autochtones, selon vous, qu'est-ce qui...
on aimerait comprendre qu'est-ce qui ne fonctionne pas ou qu'est-ce qui
fonctionne.
Dans le fond, on
comprend que c'est le ministère qui a pensé à mettre sur pied cette stratégie
et on le félicite, mais c'est aussi le ministère qui a raté sa cible deux
années consécutives, alors que, dans le fond, cette stratégie devait être publiée en 2018, à moins que je me trompe,
là. Donc, ce serait intéressant d'avoir des explications sur cet enjeu-là,
s'il vous plaît, M. le sous-ministre.
• (16 h 40) •
M. Blackburn (Eric) : Ah! en fait... puis je vais faire un tout petit
bout, hein, parce qu'effectivement c'est un secteur d'activité qui est très
complexe à la réalité autochtone. Sur le plan culturel, c'est l'élément avec
lequel il est toujours le plus difficile de
s'accrocher, hein, pour des bonnes raisons. La réussite des individus réside vraiment
dans les relations qui s'installent entre elles et de ramener ces
éléments-là pour faire en sorte qu'on puisse bien faire atterrir les choses.
Les lunettes qu'on porte, de notre côté, ne sont pas toujours les bonnes
lunettes malgré qu'on puisse avoir les meilleures intentions du monde pour être capable de les faire atterrir, pour les
soutenir, les accompagner dans ce qu'ils vivent et dans ce qu'ils sont.
Maintenant,
une fois que j'ai dit ça, ça vient expliquer parfois, là, je dirais qu'on
manque la cible avec... compte tenu
de la complexité de la situation.
Par contre, je peux vous dire qu'il y a quand même
plusieurs éléments puis, si vous me permettez, je vais vous en lire
quelques-uns, qui nous permettent, là, vraiment, de se rapprocher puis de mieux
répondre à leurs besoins en soutenant, en fait, la mise en place de deux
projets pilotes de centres d'hébergement pour les étudiants autochtones.
On a élaboré des
initiatives et des projets visant la réussite et la persévérance scolaire et
des étudiants autochtones. Et ça, ça peut avoir l'air simple de notre côté,
mais, en fait, les facteurs de persévérance et de réussite chez nos voisins ne
sont absolument pas les mêmes que ceux qu'on a documentés pendant 20 ou
30 ans. Donc, il faut vraiment sortir
de nos conforts puis de ce qu'on a appris, et de s'asseoir avec eux, et de
regarder dans leur propre culture, dans
leur environnement, puis parfois en fonction des saisons, qu'est-ce qui fait en
sorte qu'à un moment donné la réussite n'est pas au rendez-vous, et
comment on pourrait mieux les accompagner, peut-être en d'autres temps et en
d'autres circonstances pour qu'eux aussi puissent goûter cette réussite-là.
Favoriser la mise en place de petites cohortes pour les élèves et les étudiants
autochtones, parce que des groupes de 22, il n'y en a pas... Oui, allez-y.
Mme Jeannotte :
Est-ce que vous allez le publier, le plan dont vous faites état?
M. Blackburn (Eric) : Je pourrais vous acheminer ces informations-là,
ça va me faire plaisir, là, au sortir de la rencontre d'aujourd'hui. On
parle de...
Le Président (M. Leitão) :
...le faites, excusez-moi, au secrétariat à la commission.
M. Blackburn
(Eric) : Bien sûr, bien sûr. C'est à vous que je m'adresse
collectivement.
De favoriser la réalisation de stages
d'enseignement en milieux autochtones, également, afin que les gens des fois
de chez nous qui vont travailler chez eux puissent aller s'imprégner de cette
culture-là et qu'ils répondent davantage à leurs besoins.
Et permettre l'embauche de ressources afin de
soutenir l'élève, l'étudiant, les parents dans leur cheminement scolaire.
Pour eux, de soutenir les adultes, pour soutenir les enfants dans leur réalité,
ça ne fait pas nécessairement partie de quelque
chose qui est acquis, qui est inné. Donc, il y a beaucoup de travail à faire de
ce côté-là... qui vienne expliquer les écarts, des fois, des cibles qu'on
voudrait atteindre.
Le Président (M.
Leitão) : Je m'excuse encore une fois, mais on nous appelle au vote une
autre fois. C'est notre devoir.
Donc, on doit
interrompre, encore une fois, la commission. On reviendra dans quelques
minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 16
h 42)
(Reprise à 17 h 02)
Le
Président (M. Leitão) : Très bien.
Alors, nous reprenons nos travaux, et donc la parole appartenait à la députée
de Labelle. Vous avez encore à peu près 1 min 30 s.
Mme Jeannotte : Bon, alors, rebonjour, M. le sous-ministre. Rebonjour, tout le monde. En 1 min 30 s, vous n'aurez
peut-être pas le temps de tout répondre, mais vous aurez le temps d'y réfléchir, à
la limite, et de me revenir si... au prochain bloc.
Alors, j'aimerais
aborder le volet enseignement primaire chez les autochtones. Au Nunavik, le
taux moyen d'enfants par femme est le double
que dans le Sud, c'est-à-dire que, nous, dans les basses terres... c'est-à-dire
chez nous, dans les basses terres du
Saint-Laurent, il y a eu un bond démographique considérable dans les années...
dans les dernières années.
Je cite un article du
Devoir datant du 13 août dernier, intitulé Au Nunavik, pas de
profs, pas d'école, de Sandrine Vieira,
et je cite : «Même
lorsque les enseignants sont engagés, les écoles peinent à les garder en poste.
Pour la période allant de 2013‑2014 à 2017‑2018, la
commission scolaire de Kativik a estimé les taux de rétention des enseignants
titulaires d'un poste permanent à temps plein à 53 %.» Le chiffre le plus aberrant reste, par contre, celui du décrochage
scolaire : 85,7 %, versus 13 % pour l'ensemble du Québec.
J'imagine que vous devez considérer comme nous
cette situation inacceptable. Le problème est complexe. Il ne touche pas évidemment uniquement votre ministère. Il y a
une pénurie de logements, des problèmes liés à la santé et aux ressources
familiales ou de travail social, nous en convenons. Mais quelles sont les
pistes de solution concrètes afin d'améliorer la situation le plus rapidement
possible, M. le sous-ministre?
M. Blackburn (Eric) : Alors, M. le Président, alors, la première chose
que je peux vous dire, c'est qu'on a mis en place, là, une table nationale sur la réussite éducative des élèves
autochtones. C'est une table qui est vraiment en partenariat avec
l'ensemble des acteurs des communautés, oui, autochtones, mais aussi de ceux et
celles qui habitent les territoires du Nord
connexes à ces mêmes territoires là. On pense à la Baie-James et compagnie.
Donc, on a cette table-là qui est déjà en place.
Et, pour les actions
plus concrètes qui ont été mises en place, au sortir, si vous me permettez, M.
le Président, je pourrai demander à mon
collègue qui est responsable de l'éducation des communautés autochtones de
pouvoir préciser davantage sur... donner des précisions sur le contenu
des travaux, si vous me permettez.
Le
Président (M. Leitão) : Peut-être au prochain bloc, puisque celui-là est
déjà terminé. Mais au prochain bloc, on pourrait commencer avec votre
collègue. Très bien.
Alors, on passe
maintenant du côté de la troisième opposition. Mme la députée, vous
avez 13 minutes.
Mme Hivon :
Parfait. Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le sous-ministre. Mmes, MM
les sous-ministres associés, adjoints et toute l'équipe, merci de vous
prêter à cet exercice fort important de reddition de comptes. Alors, moi aussi, j'ai eu cette chance d'évoluer dans la
fonction publique québécoise, j'ai même travaillé sur un plan stratégique
au ministère de la Justice, en cherchant les bons indicateurs, les bonnes
mesures de résultats. Je c'est que c'est parfois... ça entraîne quelques
casse-têtes parfois, mais c'est des exercices fort importants.
Moi, je voudrais parler, d'abord, de l'axe 2.1 de
votre plan stratégique, la prévention et l'accompagnement. Il y a, à
2.1.1, Intervenir tôt, et puis, dans cette rubrique-là, on parle du nombre de
nouvelles ressources professionnelles dans les écoles, qui est un enjeu très
important, 500 dès 2017‑2018. Ça, c'est la cible, puis résultats 2018‑2019, ça
dit «données non disponibles». Donc, je
voulais comprendre comment ça se fait qu'on n'est pas capables de mesurer le nombre
de nouvelles ressources professionnelles
dans les écoles? J'imagine qu'on est capable? Pourquoi ce n'est pas là, puis c'est
quoi, à peu près, le nombre de ressources qu'on a et qu'on prévoit avoir dans
les trois prochaines années?
M. Blackburn
(Eric) : En fait, le nombre de ressources en équivalent temps plein,
là, c'est une information, administrativement, qu'on peut récupérer à
l'intérieur d'un système qui s'appelle Percos, et il y a des dates, en fait, qui ne sont jamais sur le cycle de la même année,
à partir desquelles les données sont vraiment mises à jour, qui nous permettent vraiment, là, d'aller chercher l'équivalent temps
plein et d'évaluer les coûts de système qui viennent avec.
Mais je pourrais vous
dire que l'estimation, en fait, de ces... du nombre d'employés, je vais le dire
comme ça, on finit quand même par la récupérer en cours de route. Vous ne
l'avez pas dans votre document, mais j'ai une fiche ici, puis je pourrai vous envoyer l'information, M. le Président, si
vous le souhaitez. Alors, on dit qu'au total, ce sont plus de 1 800 nouvelles ressources qui seront
déployées dans le réseau de l'éducation en 2019‑2020, notamment 650 ressources
professionnelles, enseignantes et techniques qui permettront d'établir les
seuils minimaux de service dans les écoles et les
commissions scolaires. Et cette stratégie-là, elle est issue, vous vous en
souviendrez, avec le gouvernement précédent, il avait été mis en place
une planification sur cinq ans, où, à raison de 20 % par année, on
ajoutait les ressources, donc un équivalent
de 20 % pour l'an 1, la même ressource à un 40 %, un 60 %, pour
s'assurer qu'on ait minimalement une ressource à temps plein, un
équivalent, pour... dans chacune des écoles au Québec.
Mme Hivon :
Donc, 1 800 ressources nouvelles pour 2019‑2020?
M. Blackburn
(Eric) : Oui, pour...
Mme Hivon :
Puis, est-ce que vous avez, justement, le plan sur trois ans?
M. Blackburn
(Eric) : Bien, en fait, je vais me tourner vers mon collègue juste
pour aller vérifier le pointu. Mme Lepage?
Mme Hivon :
Ça peut... je peux vous poser une autre question pendant qu'on a... j'ai un
gros 12 minutes, hein, donc... Ça
fait que, le temps qu'on l'obtienne... Je suis dans le même tableau. Nombre de
nouveaux intervenants en soutien à l'enseignante ou à l'enseignant
titulaire, préscolaire, primaire et secondaire. Donc, on voit que la cible 2021‑2022,
7 200. Donc, c'est énorme, parce que je vois que les résultats 2018‑2019,
c'est 1 309. Donc, je comprends que pour dans deux ans... dans trois ans,
il va falloir, donc, avoir à peu près 6 000 ressources de plus, je lis
correctement?
M. Blackburn
(Eric) : Consolidées.
Mme Hivon :
Consolidées? De... C'est ça?
M. Blanchette
(Étienne) : C'est ça.
Mme Hivon :
O.K. Et donc, comment... c'est quoi le plan pour arriver à ce chiffre-là? Puis
l'autre chose, c'est parce que j'imagine
qu'il y a un ajout important pour les maternelles quatre ans, pour les fameuses
personnes qui vont venir soutenir... dans le cadre du duo de feu... qui
vont venir soutenir les enseignantes? Donc, j'aimerais ça savoir à quoi ces
ressources servent, puis est-ce qu'effectivement, il y a un gros ajout à cause
des maternelles quatre ans? Si oui, combien de ces ressources-là, parmi la
cible de 7 200, s'en vont là? Puis comment... c'est quoi le plan pour y
arriver?
M. Blackburn
(Eric) : Alors, on va demande à Mme Lepage de prendre le relais,
M. le Président.
Le Président (M.
Leitão) : ...
• (17 h 10) •
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Alors, bonjour, Mme la députée. On est dans le rapport
annuel. Évidemment, on était avec les
ressources qui avaient été ajoutées
en 2016‑2017 et on devait rendre des comptes sur ces
ressources-là, les 1 500 ressources de 2017‑2018. Et, comme
M. Blackburn l'a très bien expliqué, le plan pour se rendre à 7 200
était par bonds de 20 % à peu près par
année pour arriver à 7 200, à terme, du plan initial qui avait été imaginé
par le gouvernement précédent.
Donc, dans cet
esprit-là, le nouveau gouvernement a remodelé un peu ce plan-là mais est resté
quand même avec le concept des ajouts de ressources, ce qui fait en sorte que,
oui, effectivement, il y a des ressources professionnelles
qui ont été injectées au primaire, mais certaines aussi au secondaire, et le
tout pour permettre le soutien. La
maternelle quatre ans et le soutien à l'enseignante dans la maternelle quatre
ans, c'est effectivement des ajouts de ressources, mais c'est des ajouts
de ressources à cause des clientèles. Dans le fond, les enfants de quatre ans,
s'ils n'étaient pas, en maternelle quatre ans, on n'ouvrirait pas de classes
pour eux.
Alors, les ajouts de ressources professionnelles
ne sont pas des ajouts de ressources enseignantes pour la maternelle
quatre ans, là.
Mme Hivon :
O.K. Mais, juste une précision, il y a la première case de «ressources
professionnelles dans les écoles». Deux plus bas, «de nouveaux intervenants
en soutien à l'enseignante ou à l'enseignant». Moi, je faisais une... Je
pensais qu'il y avait une distinction entre ressources professionnelles,
orthopédagogues, tout ça, et là, nouveaux intervenants en soutien à
l'enseignante. Peut-être que c'est moi qui fais une distinction puis qu'il ne
devrait pas y en avoir?
Mme Lepage (Anne-Marie) : On se souviendra que, dans le premier plan, il y avait
aussi des ressources soutien, même en première année, pour les
enseignants. Donc, c'était dans cet esprit-là que c'était écrit à ce moment-là.
Mme Hivon :
O.K. Donc, c'est quoi, ces intervenants-là par rapport aux professionnels?
Mme Lepage (Anne-Marie) : Bien, ça peut être des techniciens en éducation
spécialisée qui viennent travailler avec
un élève qui a des problèmes de comportement, par exemple. Donc, il y avait,
dans le plan initial qui avait été développé, la capacité d'avoir des ressources additionnelles, qui pouvaient être professionnelles
ou techniques, auprès des enseignants, même au primaire.
Mme Hivon : O.K. Donc, moi, quand je lisais puis que j'excluais de
ça les ressources professionnelles parce
qu'elles apparaissaient dans une autre cible, ce n'était pas une bonne
lecture. Je devrais comprendre ce chiffre-là global comme incluant des professionnels...
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Exact.
Mme Hivon : ...des techniciens et, par exemple, des techniciennes en éducation à la petite enfance qui vont venir
soutenir les enseignantes, aussi. Est-ce qu'elles sont comprises là-dedans?
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Oui. Les techniciennes à la petite enfance...
Mme Hivon :
Pour maternelles quatre ans, mettons.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Pas pour maternelles
quatre ans. Les techniciennes à la
petite enfance qui auraient... les
techniciennes en éducation spécialisée, par exemple, il y avait
une mesure qui s'appelait coup de pouce, si je me replace à cette
époque, qui était pour les élèves de deuxième à sixième année qui avaient des
plans d'intervention. Et cette personne-là, qui était une technicienne en éducation
spécialisée, pouvait aider, avec le lien avec la famille, pour faire un trait d'union entre la famille et l'école pour
les élèves qui avaient des vulnérabilités particulières. Donc, c'est pour ça que le
type de ressources était varié. La maternelle quatre ans est arrivée en sus de
ça.
Mme Hivon :
...pas prévue dans le plan stratégie.
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Elle n'est pas dans ce plan stratégique là de cette
façon-là, non.
Mme Hivon :
O.K. Donc, deux questions. Combien vous prévoyez, donc, devoir embaucher si,
mettons, là, on avait cette case-là à jour, maternelles quatre ans, donc,
ressources en soutien aux enseignants, ça représenterait combien de ressources? Puis l'autre élément,
puisque vous m'avez dit que, là, il y a eu des réajustements, la cible de 7 200
maintenant ressemble plus à une cible de combien, puis on est rendu à combien
de pourcentage, l'atteinte de la cible?
Mme Lepage
(Anne-Marie) : D'accord. Donc, pour ce qui est de la maternelle quatre
ans, vous me demandez combien de ressources
sont prévues. Évidemment, le nombre de ressources, comme vous le savez, sont
tributaires du nombre de groupes qu'on ouvrira par année. Donc, ça, ça
sera connu au moment où les résultats du sondage auront été analysés puis qu'on aura une prévision du nombre de groupes
qui sont capables d'être ouverts par les commissions scolaires et que le ministre aura attribué un nombre de groupes,
une cible par commission scolaire, en visant d'abord les milieux défavorisés,
et ensuite les milieux socioéconomiques de 1 à 5. Ça, c'est pour la cible.
Par rapport à
l'atteinte de la cible de 7 200, comme je vous dis, évidemment, chaque
année budgétaire amène ses priorités. Il peut y avoir des fluctuations. Je ne
suis pas en mesure de vous dire aujourd'hui, là, on est où par rapport à ce
7 200 initial là de 2016‑2017, tel qu'il avait été imaginé.
Mme Hivon :
O.K. Mais cette cible-là... C'est parce que ça disait, pour 2021‑2022,
7 200. Donc, je comprends qu'on...
cette cible-là n'est plus nécessairement la même pour 2021‑2022. Je comprends
que c'est quelque chose qui a été décidé
il y a quelques années, il y a eu des changements depuis. J'étais juste
curieuse de savoir s'il y avait une nouvelle cible qui était nommée.
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Bien, ça fait partie des éléments qu'on regarde dans
notre futur plan stratégique et avec le
souci, comme le disait notre sous-ministre
à bon escient, de rendre les cibles peut-être un peu moins nombreuses mais plus faciles à suivre et plus précises pour
assurer un meilleur... parce qu'on en avait quand
même beaucoup, de cibles,
dans ce plan-là, on en convient.
Mme Hivon :
C'est ça. Puis c'est sûr que, quand on voit ça, je pense, vous allez en
convenir avec nous que, sur une cible de 7 200, on est, en 2018‑2019, à
1 309, on se dit qu'on est loin de la cible. Donc, ça donne un portrait un
peu inquiétant.
M. Blackburn
(Eric) : ...présentement, puis ça revient à... peut-être au début de
ma réponse, hein? L'information d'état de situation, à 2018‑2019, c'est
2 975 ressources embauchées, qui est la donnée, là. Donc, c'est notre départ, et, dans le prochain plan stratégique, il y
aura de nouvelles cibles qui seront identifiées, et ça, il faut mettre ça en
contexte aussi, comme disait Mme Lepage tout à l'heure.
En fait, les écoles,
dans les choix qu'elles font, vont parfois, en fonction des besoins, engager
des services professionnels, parfois des éducateurs et des éducatrices
spécialisés, puis, tributaires de la marge de manoeuvre qu'elles ont, elles
vont aussi parfois privilégier deux éducatrices plutôt qu'un professionnel pour
améliorer le niveau en termes de quantité de services dans l'école, puis que ça
répond davantage à leurs besoins.
Mme Hivon :
O.K. Moi, je vous formule un souhait, là, ça serait vraiment intéressant qu'on
puisse savoir c'est quoi, les cibles,
puis c'est quoi, les résultats, je dirais, professionnels puis plus soutien,
éducatrices à la petite enfance, parce que ça va devenir quelque chose
de très important dans les classes avec le déploiement des maternelles quatre
ans... éducatrices spécialisées aussi. Parce
que je pense que ça serait plus... en tout cas, plus clair pour savoir un peu
le type de service. Je vous formule ça puis j'ai plein d'autres
questions.
M. Blackburn (Eric) : Puis... Et, pour... juste pour clarifier, en
fait, parce que... Est-ce que vous avez des intérêts en particulier? Parce qu'on préfère laisser aux
écoles de faire un choix entre des éducateurs, des éducatrices et des
professionnels.
Mme Hivon :
Non, ça, je comprends. Ça, je comprends ça. C'est juste que, dans le suivi, je
pense que c'est intéressant de savoir, notamment, pour les maternelles quatre
ans, qu'est-ce que ça va représenter, qui on va chercher comme ressources humaines, qui on a dans nos écoles
pour donner ce service-là parce que je pense qu'il va y avoir un pas
pire défi de ressources humaines, on en a discuté amplement dans une autre
commission.
Donc, justement, je
voulais venir... je voulais continuer sur les ressources humaines. Je pense
qu'il me reste très peu de temps.
Le Président (M.
Leitão) : Une minute et quelques.
Mme Hivon :
Oh wow! Bon, bien, je voulais savoir si vous aviez fait des prévisions sur un
autre... toute la réforme de la gouvernance scolaire. Donc, on sait
qu'il va y avoir un jeu entre les centres de services scolaires éventuellement,
si le projet de loi est adopté, le ministère et les écoles.
Je
voulais savoir si vous aviez évalué comment il pourrait y avoir un besoin
supplémentaire de ressources soit au ministère, soit dans le niveau des
écoles, soit au niveau des... les fluctuations. Je ne sais pas si vous me
suivez... puisque les responsabilités vont être revues.
M. Blackburn (Eric) : En fait, il n'y a pas eu d'évaluation faite avec
un... je dirais, une lunette comme celle-là, parce qu'on ne prétend pas
à un résultat dans l'immédiat, mais, sur le fond, en fait, compte tenu qu'on
touche davantage à la gouvernance, ça ne
devrait pas faire modifier, sur le terrain, en fonction des besoins des élèves
et le nombre de groupes... de faire fluctuer le nombre de ressources,
là.
Mme Hivon :
Mais ça peut être du personnel administratif, tout ça, mais vous, vous estimez
que ça va rester égal dans chacun des milieux.
M. Blackburn
(Eric) : Ça devrait être relativement stable. Ça devrait être...
Mme Hivon :
Écoles stables, centre de services stables, ministère stable.
M. Blackburn
(Eric) : Tout à fait, tout à fait.
Mme Hivon :
O.K.
Le
Président (M. Leitão) : Très bien.
C'est déjà tout. Merci
beaucoup, Mme la députée. Donc, on revient du côté gouvernemental. Vous avez un bloc de
10 minutes, et c'est Mme la députée de Labelle. O.K.
Mme Jeannotte : Bien, je vais terminer. Dans le fond, j'aimerais
savoir, M. le sous-ministre, si un cégep à Kuujjuaq, c'est quelque
chose qui est envisagé, oui ou non, et après je céderai la parole à mon
collègue.
M. Blackburn (Eric) : En fait, il y a toujours des intentions
d'installer des services au niveau collégial dans les secteurs autochtones.
Je ne parlerais pas d'un cégep mais d'un point de services de niveau collégial
pour répondre aux besoins. C'est quelque
chose qui fait partie des orientations, là, pour s'assurer de vraiment être en
réponse aux besoins du milieu.
Mme Jeannotte :
Donc, on peut s'y attendre.
M. Blackburn (Eric) : On peut
s'y attendre.
Mme Jeannotte :
Rapidement? On...
M. Blackburn
(Eric) : Je n'oserais pas
dire rapidement, mais ça fait partie des cartons. C'est une préoccupation
que nous avons, là, de répondre. Même si les
besoins ne sont pas tous quantifiés à juste titre, c'est une préoccupation qu'on
a.
• (17 h 20) •
Mme Jeannotte : D'accord,
alors...
Le Président (M. Leitão) : M. le
député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci beaucoup,
M. le Président. Donc, d'entrée de jeu, bonjour à mes collègues de la banquette
gouvernementale, également aux collègues de l'opposition. Merci, M. le
sous-ministre d'être présent ici pour
votre... dans le fond, votre exposé, également les collègues sous-ministres adjoints et Mmes
sous-ministres adjointes également et l'ensemble de vos
collègues aussi.
J'aimerais peut-être
revenir sur un enjeu dont on a discuté précédemment sur... dans le fond, le
plomb dans l'eau dans les écoles et
les garderies. On sait qu'évidemment, c'est un élément qui est préoccupant pour évidemment
les citoyens de Chapleau,
pour les parents au Québec, je suis certain pour vous également,
pour l'ensemble des collègues ici. Il y a eu 11 cas, puis j'aimerais peut-être qu'on fasse un historique, là, vous et moi, ou...
Il y a 11 cas dans lesquels la norme a été dépassée entre septembre
2013 et septembre 2018. J'imagine que ça a peut-être allumé quelques signaux
d'alarme au ministère. Est-ce qu'il y a eu des actions qui ont été posées
précédemment sur cette question-là? Est-ce que vous avez connaissance de ça? Est-ce que vous avez de
l'historique par rapport à ça? J'aimerais juste savoir... sur la question qui est
quand même préoccupante.
M. Blackburn (Eric) : Alors, M.
le Président, là, compte tenu du «précédemment» dans la question, je vais me
retourner vers mon collègue.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
tout à fait, puis on peut faire un historique, là, avec votre collègue...
M. Blackburn (Eric) : Je vais
lui demander d'oser.
M. Périgny (Sylvain) : Oui,
oui, effectivement les 11 cas font... dans le fond, c'est les cas qui sont
ressortis dans le rapport de l'INSPQ. Donc, à partir du moment où ça a été
porté à notre connaissance, les actions ont été prises auprès des premiers responsables, dans le fond, les commissions scolaires concernées pour s'assurer qu'il y avait une prise
en charge qui était faite et des actions
correctives qui étaient menées. Donc, ce qui a été fait dans le fond... on a eu
la confirmation que les travaux
correctifs ou les... dans le fond les tests qui ont été faits suite aux travaux
faisaient en sorte que la qualité de l'eau était maintenant acceptable
en termes de concentration de... le taux de concentration de plomb dans l'eau
dans les écoles.
M. Lévesque (Chapleau) : Est-ce
que les correctifs ont été apportés?
M. Périgny (Sylvain) : Oui.
M. Lévesque (Chapleau) : Ce qui
m'amène également à un autre enjeu qui est quand même préoccupant, là. On se souvient très bien du monoxyde de carbone,
notamment à l'école des Découvreurs. Est-ce qu'à votre connaissance...
bon, il n'y avait pas de détecteurs à ce moment-là, est-ce qu'à votre
connaissance il y a eu d'autres cas par le passé peut-être en historique?
Avez-vous des idées, là, par rapport à ça?
M. Blackburn
(Eric) : Il n'y a pas de...
Je n'ai pas de... Moi, je n'ai pas de cas dans l'historique, là, en particulier
pour parler... pour le monoxyde de carbone, là, entre autres.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
exactement. Pas d'autres cas...
M. Blackburn (Eric) : Moi, je
n'ai pas d'historique en particulier par rapport à cette situation.
M. Lévesque (Chapleau) : O.K.,
mais, dans ces cas-là, il n'y avait pas nécessairement d'avertisseur à ce moment-là. Puis quelles sont peut-être
les différentes mesures... qu'est-ce que vous mettez en place, là, au ministère
actuellement pour assurer la population de cette situation-là et les parents
particulièrement, là?
M. Blackburn
(Eric) : Je vais... si vous
me permettre, je vais vous lire quelques messages qu'on a attachés en fait
pour répondre explicitement à cette question-là, M. le Président.
M. Lévesque (Chapleau) : Je
vous en prie.
M. Blackburn (Eric) :
Alors : «Cette situation, je vous dis, est très préoccupante et a reçu
l'attention immédiate du ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur. Une demande a d'abord été transmise
dès le 17 janvier 2019 à l'ensemble des
dirigeants des établissements d'enseignement afin qu'ils confirment la présence
des détecteurs de gaz dans chacun de leur
établissement et effectue des vérifications de la qualité de l'air ainsi que
des inspections de leurs installations utilisant des appareils à
combustion dans les plus brefs délais. Par ailleurs, face aux événements récemment survenus, d'autres situations ont été
mises au jour. En conséquence, une nouvelle demande d'information a été
transmise au réseau. En outre, le 5 février, la sous-ministre sollicitait
une collecte d'information précisément sur la qualité de l'air. Elle annonçait
alors une révision du document de référence sur la qualité de l'air dans les
établissements scolaires ainsi qui du guide de gestion afférent.
«Plus précisément, le 21 août dernier, une
autre directive adoptée par le Conseil des ministres stipule notamment que
l'ensemble des établissements du réseau devront être munis de détecteurs de
monoxyde de carbone jusqu'à... ils avaient jusqu'au 15 novembre pour
régulariser la situation. Une correspondance faisant état des consignes du
ministre, prévue à cette directive, a d'ailleurs été transmise aux réseaux
scolaires. L'ensemble de cette démarche s'est orientée vers un seul et même
objectif, c'était de mettre à la disposition des élèves et du personnel
évidemment, des installations saines et sécuritaires.»
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup.
M. Blackburn (Eric) : Ça
répond?
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui, parfait. Merci beaucoup. Peut-être... j'aimerais
peut-être retourner sur la question des maternelles quatre ans. Je sais
que, Mme Lepage, vous avez fait beaucoup d'exercices cet après-midi mais,
bon, peut-être vous pourriez venir nous entretenir également sur le programme
cycles qui est en développement. Je serais peut-être intéressé à vous entendre
sur ce programme-là, de quoi il en retourne, bien entendu.
M. Blackburn (Eric) : Si vous
permettez, M. le Président, on va demander à Mme Lepage de prendre le
relais.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Oui,
elle arrive.
M. Blackburn (Eric) : Elle est
là.
Mme Lepage (Anne-Marie) :
Imaginez-vous donc. Je commence à avoir... Dès que la question commence, je
commence à me dire : O.K., je vais me diriger.
M. Lévesque (Chapleau) : C'est
ça, vous avez fait beaucoup...
Mme Lepage
(Anne-Marie) : Bon, alors,
le programme-cycle. Effectivement, nous sommes à faire des travaux sur le concept d'un programme-cycles. L'ensemble des programmes au primaire
fonctionnent par cycles, première année, deuxième année, premier cycle,
etc. Et la maternelle cinq ans était toute seule, un peu orpheline. Maintenant
qu'il y a de la maternelle quatre ans, et qu'on tend progressivement vers un
accès universel, c'est intéressant de voir l'évolution de l'enfant à
l'intérieur d'un cycle. Alors, le concept du programme-cycle est donc né de cette
philosophie-là. Il vise d'abord le
développement global de l'enfant, bien sûr, dans toutes ses sphères d'activité,
les fameuses sphères où on sait qu'il y a 27 % des enfants qui ont
des vulnérabilités, mais au-delà de ça, l'approche du programme cycles est
aussi d'en faire une approche préventive, de
capitaliser sur le moment d'observation que peuvent faire l'enseignante, et l'éducatrice
spécialisée qui travaillent auprès des enfants dans la maternelle quatre ans,
et l'enseignante de maternelle cinq ans, peuvent observer des vulnérabilités et
intervenir dès alors sur ces vulnérabilités-là.
Donc, c'est vraiment dans cet esprit-là qu'on
travaille pour permettre une action concertée et donner le temps aussi aux
enfants de cheminer à l'intérieur de ces deux années-là, qui sont fondatrices,
comme un socle bien solide. Alors, c'est comme ça qu'on travaille. On le fait
avec beaucoup de rigueur, je vous dirais.
On avait un premier projet d'un programme
maternelle quatre ans qui avait été imaginé. Il a été bonifié à l'aide d'un comité d'experts qui travaille avec nous. Il
est aussi expérimenté dans des classes, avec des enseignants, des directions
d'école, des professionnels, qui nous font
part de leurs commentaires, le vécu terrain, finalement, du projet de programme.
Et tout ça fait en sorte qu'on va arriver, à
terme, avec une proposition de programme à faire au ministre, pour son
adoption, qui va tenir compte de la recherche, du côté de la pratique et,
vraiment, des ratés qu'on a pu observer, qu'on aura pu corriger. Et donc
un programme qui sera, somme toute, prêt pour l'approbation du ministre, ce
qu'on espère, à la fin de la prochaine année.
M. Lévesque
(Chapleau) : Donc, un suivi, là, sur deux ans pour les enfants de la
maternelle quatre ans, la maternelle cinq ans.
Mme Lepage (Anne-Marie) : Tout
à fait, tout à fait. C'est l'esprit.
M. Lévesque (Chapleau) : O.K.,
excellent. Peut-être une autre question, en lien avec les récréations. On sait que ça avait créé toute une commotion, là, le fait
d'ajouter une deuxième récréation. Normalement, ça tomberait sous le
sens qu'on permette, dans le fond, aux
enfants de pouvoir aller jouer à l'extérieur, de pouvoir, dans le fond, prendre
du temps pour, dans le fond, se
reposer et profiter également avec leurs amis. Comment... Après quelques mois,
comment ça s'articule? Est-ce que ça va bien? Est-ce que... Comment ça
se passe dans les écoles, dans le réseau?
M. Blackburn
(Eric) : En fait, M. le Président, si vous me permettez... Donc, dans
l'ensemble du réseau, là, la mise en
application des récréations, deux récréations de 20 minutes, ça se passe très
bien, en fait. Il y a quelques écoles ou
quelques commissions scolaires où ça a été plus difficile parce que, dans
l'organisation du travail, il y avait des éléments de conventions collectives, parfois, qui venaient
compromettre la réorganisation à l'interne. Maintenant, pour ces quelques
commissions scolaires là, il y a eu, je vais
le dire comme ça, des accommodements qui ont été mis en place pour une période
transitoire, mais qui devraient être régularisés pour la prochaine année. Mais
je vous dirais que, pour l'ensemble des commissions scolaires, il y a eu la
mise en place de ces récréations-là, mais vous savez que, depuis plusieurs
années, il y a déjà tellement d'autres
programmes où l'activité physique, hein, a été instaurée, les cubes énergie,
tout ce que vous... l'ensemble des
activités initiées par Pierre Lavoie, entre autres, hein, avec Le Grand Défi et
ses activités connexes. En fait, nos écoles bougent beaucoup plus
qu'elles bougeaient, et elles... je disais... j'oserais dire que les...
Le
Président (M. Leitão) : Très bien. Je m'excuse, nous avons atteint le
temps, puisqu'il ne nous reste pas beaucoup de temps. Donc, on revient
du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Saint-Laurent.
Mme Rizqy : Oui, merci.
Le Président (M. Leitão) : Un bloc
de 10 minutes.
• (17 h 30) •
Mme Rizqy :
Merci. J'ai l'impression qu'on est aux études des crédits, et non pas à la CAP.
Je rappelle que nous, les députés, on a différentes fonctions, dont
représentation, législateur, mais aussi contrôleur, et qu'à la fin on doit
faire un rapport dans cette commission.
Alors, si on
va maintenant... Juste pour faire quelques suivis avec vous. En ce qui a trait
à votre vision pour la réussite postsecondaire, dans votre rapport, qui
est quand même assez volumineux, c'est très silencieux, la réussite postsecondaire. Pour nous, effectivement, la
maternelle quatre ans, c'est superimportant. Mais, jusqu'au doctorat et pour
se rendre, ça nous prendrait une vision
aussi pour les études postsecondaires. Là-dessus, est-ce qu'on peut vous entendre
davantage?
M. Blackburn
(Eric) : Bien sûr.
Alors, M. le Président, si vous me permettez, en fait, je vous confirme qu'il y a une intention vraiment de pouvoir
travailler sur la réussite éducative des élèves aux niveaux collégial et universitaire.
L'objectif derrière ça, un peu en continuité, en fait, avec tous les travaux
qui ont été faits aux préscolaire, primaire, secondaire,
où on a pris du temps pour, je dirais, revisiter qui étaient les élèves qu'on
accueillait, quelles étaient leurs
caractéristiques, quels étaient leurs besoins et qu'on puisse, en fait,
actualiser l'offre de services. Puis, quand je parle d'offre de
services, ça ne veut pas dire que j'ai besoin de réécrire le programme de
formation, mais surtout la façon dont on offre des services pour répondre aux
besoins. Bien, en fait, pour l'enseignement collégial et universitaire, une
intention — puis
ce seront des choses qui seront à mettre en place — c'est vraiment
d'amorcer des travaux sur le plan de la réussite pour non seulement les amener
aussi à revisiter qui sont les personnes qui fréquentent leur établissement et quelle est la nature des services qui y sont
offerts, mais aussi de regarder comment ces services-là pourraient être mieux
offerts à une société qui évolue bien
différemment de ce qu'elle était quand l'organisation actuelle des services a
été mise en place, mais de la questionner, cette offre-là, pour qu'elle
puisse davantage répondre, surtout de ce temps-ci, là, à l'immédiateté des
besoins de main-d'oeuvre et voir si on ne peut même pas revoir, à l'intérieur
du curriculum, certaines formations pour
qu'elles puissent être disponibles. Je pousse la réflexion jusqu'au bout, hein?
Est-ce qu'on peut la penser différemment
pour faire en sorte qu'on puisse sortir, à quelque part sur le marché du
travail, des travailleurs qui répondraient davantage, là, à des besoins?
Mme Rizqy : L'enjeu, ici, ce
n'est pas de penser différemment, c'est d'y penser, tout court. Puis là,
présentement, dans votre rapport de plus de 200 pages, bien, en matière
d'études postsecondaires, c'est très silencieux. Est-ce qu'il y a une indication qu'il y a peu d'intérêt? Et, là-dessus,
je me pose la question, car on ne voit pas d'indicateurs de réussite, on
ne voit pas d'indicateur de taux... d'augmenter le taux de diplomation, on ne
voit pas d'indicateur d'augmenter le nombre de ressources pour la détresse
psychologique chez nos jeunes étudiants. Est-ce que, ça, c'est quelque chose
que vous réalisez que c'est absent de votre rapport?
M. Blackburn
(Eric) : Oui. En fait, vous
avez tout à fait raison quand vous dites qu'il y a des éléments qui sont
absents du rapport pour des raisons que je dirais sur une base, que ce soit
culturelle ou historique, où ils n'étaient pas autant documentés qu'ils l'étaient à l'enseignement préscolaire,
primaire, secondaire. Mais je peux vous dire que ces éléments-là,
maintenant, sont considérés et vont faire partie de priorités qui vont être
mises en place pour, en fait, vraiment mieux répondre aux besoins des nouveaux
élèves qui arrivent puis, comme vous le dites, avec des difficultés qui sont
différentes de ceux qui étaient là, mais en revoyant aussi la façon dont on
offre des services pour s'assurer qu'on puisse mieux répondre à leurs besoins.
On ne parlait pas de EHDAA au niveau collégial il n'y a pas si longtemps. Aujourd'hui, on en parle. Le modèle de financement
a été revu l'année passée avec les cégeps pour répondre à cette réalité-là
maintenant où il est reconnu qu'on a des
élèves, qu'on a des étudiants qui arrivent au... En fait, quand ils sortent du secondaire
puis qu'ils arrivent au collégial, ils ne
perdent pas leurs difficultés, mais avant ce n'était pas reconnu. Maintenant,
on est capables de les suivre puis
on... dans les règles... les nouvelles règles budgétaires, il y a une
reconnaissance de ça, ce qui fait qu'il y a eu des ajustements dans les
allocations puis dans les modèles de financement des cégeps pour être en mesure
d'y répondre.
Mme Rizqy : En
effet, on a vu, l'hiver dernier, que
le formulaire avait changé pour justement ces élèves, et c'était très compliqué de pouvoir avoir droit à cette aide financière. Je suis contente de voir que, par
la suite, une fois que ça a
été mis en lumière, vous avez ajusté le tir.
Toutefois, maintenant, on se rend compte qu'au niveau de ceux qui ont
droit à l'aide financière aux études pour des raisons humanitaires... Lors
des études de crédits détaillées, c'était clair, ma question, je voulais
savoir : Comment se fait-il qu'il y avait des dossiers très détaillés?
Clairement, l'étudiante en question avait le
droit à de l'aide financière pour des raisons humanitaires et elle
faisait partie d'un lot d'un peu plus de 350 qui avaient été refusés.
Là-dessus, est-ce que
vous avez un plan? Car, au niveau du taux de réponse, c'est assez faible, de l'aide
financière. Le téléphone... écoutez, c'est rendu que Revenu Canada répond plus rapidement que l'Aide
financière aux études. Et, d'autre
part, c'est que, pour des raisons d'aide
humanitaire, certains dossiers, on ne voit pas pourquoi qu'ils sont refusés.
La réponse est excessivement laconique de la
part de l'Aide financière aux études. C'est un paragraphe,
une ligne pour dire : Votre
dossier est refusé, alors que le dossier des étudiants est étoffé, pour en
avoir vu quelques-uns. On n'a pas d'indicateur
clair, objectif, de façon non arbitraire.
Pensez-vous que, ça,
c'est une pratique qui devrait changer et d'avoir vraiment des critères
objectifs et surtout transparents et publiés
pour avoir enfin une façon de standardiser les réponses et de rendre ça public?
Au fond, en caviardant, évidemment, le nom et les dossiers, mais, à tout
le moins, on a une règle de droit qui s'applique à tous au Québec.
M. Blackburn
(Eric) : En fait, pour répondre à votre préoccupation, ce chantier-là
nous préoccupe beaucoup. Effectivement, quand on prend en compte le rapport, on aimerait
mieux que ce ne soit pas ça qui soit écrit dans ce rapport-là.
Maintenant, on prend
acte de tout ça, et, dans les réflexions actuelles des modifications puis des
changements qui doivent être opérés, ces éléments-là sont considérés, et on
arrivera bientôt avec des changements qui vont permettre de non seulement
réduire des temps, mais aussi de s'assurer que ceux et celles qui ont droit et
qui ont besoin puissent avoir des réponses, des réponses plus rapidement puis de
façon, effectivement... Vous dites «publiques», hein? Qu'elles soient connues, ces règles-là, et qu'elles soient diffusées à
plus grande échelle pour qu'on puisse rejoindre le plus grand nombre de
personnes possible.
Mme Rizqy : Aussi, que sa décision soit rendue publique en
caviardant, évidemment, toutes données sensibles, un peu comme à
l'instar de... C'est comme, au fond, une décision administrative, tout cela, et
on peut avoir des réponses excessivement
troublantes de la part de l'Aide financière aux études. Et, l'an dernier, c'est
quand même 22 millions de dollars qui
étaient retournés au Conseil du trésor, qui étaient dans l'enveloppe de l'aide
financière aux études, et, pendant ce temps-là, il y a environ 350
étudiants, pour des raisons humanitaires, qui se sont fait refuser l'aide
financière aux études. C'était ma question l'hiver dernier, lors de l'étude de
crédits. On m'a dit qu'on allait me revenir là-dessus. J'espère que vous allez
revenir, parce que c'est clair que je vous reviens encore cet hiver sur cette
question, et j'espère que vous aurez un plan stratégique.
Maintenant,
j'aimerais savoir qu'est-ce qui en est maintenant pour le processus
d'amélioration de la révision du programme collégial.
M. Blackburn (Eric) : Pour l'ensemble du curriculum au collégial, les
discussions sont faites... bien, il y a un chantier présentement avec l'ensemble de la Fédération des
cégeps et, en collaboration avec les directeurs généraux, il y a, je dirais,
une réflexion qui est en cours présentement, comme un peu, je le disais tout à
l'heure, pour actualiser non seulement l'offre
de service, mais aussi la mettre au goût du jour avec, entre autres, un beau
projet qui s'en vient, là, qui va toucher la formation à distance, on va
parler... puis qui va répondre davantage...
Mme Rizqy :
Je ne suis pas sur la stratégie numérique ni le «e-campus», je parle vraiment
du contenu du cursus scolaire. Vous
en êtes rendus où dans les discussions? Est-ce que vous avez déposé un rapport?
Est-ce qu'on aura l'occasion de pouvoir avoir une séance de travail
là-dessus?
M. Blackburn
(Eric) : J'avais mal saisi votre question.
Mme Rizqy :
D'accord.
M. Blackburn
(Eric) : Vous me pardonnerez.
Mme Rizqy :
Il n'y a pas de souci.
M. Blackburn (Eric) : Je vais demander à mon collègue de voir qu'est-ce
qui a pu être fait par rapport à cette situation-là tout de suite. Je vous présente Simon.
Mme Rizqy :
Bonjour, Simon.
Le Président (M.
Leitão) : C'est bien. M. Bergeron.
M. Bergeron
(Simon) : Oui, bonjour. Simon Bergeron, sous-ministre adjoint à l'Enseignement
supérieur.
Mme Rizqy : Ma question, c'est vraiment au niveau du cursus scolaire. On comprend tous qu'il y a
une révision qui a été demandée du programme
collégial. On aimerait savoir vous êtes rendus où dans vos étapes, quels sont
les cours que présentement vous avez terminés, quels sont les cours que vous n'avez pas terminés,
et quand est-ce qu'on va avoir une séance de travail, et quand est-ce
que vous allez rendre public le rapport.
M. Bergeron (Simon) : O.K.
Bien, en fait, le...
Le Président (M. Leitão) :
M. Bergeron, si vous pouvez vous identifier au micro, s'il vous plaît.
M. Bergeron (Simon) : Oui,
bonjour. Simon Bergeron, sous-ministre adjoint à l'Enseignement supérieur.
Je veux juste peut-être être certain de bien
comprendre. Est-ce qu'on parle d'un programme en particulier ou de la révision
du processus de révision des programmes? Parce que c'est...
Mme Rizqy : La révision du
processus.
• (17 h 40) •
M. Bergeron (Simon) : O.K., la
révision du processus, parfait. Alors, écoutez, je pense que c'est une question
importante qu'on... pour laquelle, justement, le ministère a travaillé beaucoup,
depuis quelque temps, pour justement accélérer toute la question de la révision
des programmes. Donc, on a, à ce chapitre-là, révisé les processus au ministère
pour les faire à l'intérieur d'une période de 18 mois, à partir du moment où le
besoin était bien identifié. D'ailleurs, c'était
un engagement qui faisait partie de la Stratégie nationale de la main-d'oeuvre.
Dans ce contexte-là, il y a un certain nombre de programmes qui ont été
effectivement révisés de cette façon-là. D'ailleurs, le programme de
physiothérapie ou la production horticole et
la technologie de l'échographie, c'est tous des programmes pour lesquels c'est
fait, le processus a été implanté,
puis, dans ces cas-là, on a été capables de réviser les programmes à
l'intérieur de 18 mois. Je vous dirais même, dans le cas d'échographie,
on a presque réussi à le faire en dedans de 12 mois.
Il y a quatre
autres projets présentement qui sont dans... pour lesquels, maintenant, on
applique le nouveau processus avec
les consultations qu'il faut de nos partenaires, parce que, pour faire ça, on a
besoin de l'implication de nos partenaires, et il y a quatre projets qui
sont présentement en cours et pour lesquels on va être en mesure d'arriver puis
de le faire en 18 mois. Donc... Mais,
une fois qu'on a dit ça, on sait qu'il y a toujours des améliorations qui sont
possibles puis on veut continuer.
Mme Rizqy : Quels sont les
quatre projets en cours, s'il vous plaît?
M. Bergeron (Simon) : Les
quatre projets qui sont en cours, j'ai... Attendez un petit peu, je vais les
retrouver. Ça, c'est...
Une voix : Les réponses s'en
viennent.
M. Bergeron
(Simon) : Les réponses s'en viennent. O.K. Alors, oui, c'est la
technique de l'électronique, il y a la
technique de logistique de transport et il y a technique de physiothérapie qui
sont ceux qui sont présentement en cours. Puis, le quatrième, il faut
que je le recherche, pour le quatrième, mais je...
Mme Rizqy :
Et, pendant que vous cherchez, le programme préuniversitaire, c'est celui qui,
je crois, a été un peu plus difficile dans la révision et celui où
est-ce que tant le collégial et l'universitaire sont appelés à travailler
très... de façon très étroite. Ça, vous en
êtes rendus où? Et est-ce que vous êtes en mesure de nous informer promptement
dans ce dossier?
M. Bergeron (Simon) : Oui,
bon...
Mme Rizqy : Compte tenu que
surtout que ce programme préuniversitaire, nos étudiants québécois, dans ses
prérequis, c'est non seulement pour les universités québécoises, mais aussi
pour les universités à l'international. Notamment, dans le bac en mathématiques
et informatique, il y a un impact assez majeur dans cela.
M. Bergeron (Simon) : Oui. M.
le Président...
Le Président (M. Leitão) :
Rapidement...
M. Bergeron
(Simon) : Oui, M. le
Président. Là, c'est certain que, pour la question de la... quand c'est le temps
de réviser les D.E.C. préuniversitaires, le processus est beaucoup... est plus
compliqué parce que, bon, c'est certain que, ces programmes-là, d'abord, on les
revise moins souvent. Et il y a beaucoup d'arrimage qui doit être fait aussi avec le milieu universitaire pour être certain que
ces programmes-là vont toujours bien répondre aux prérequis, parce que, souvent, c'est des prérequis pour le milieu
universitaire. Et donc le processus du 18 mois, je vous dirais, on le vise
moins pour les questions des
programmes préuniversitaires, mais ça ne veut pas dire qu'on n'essaie pas,
justement, de travailler mieux et
impliquer encore plus rapidement l'ensemble des partenaires pour arriver plus
vite aux solutions. Mais je vous dirais que, présentement, il y a des travaux importants qui sont faits pour sciences
de la nature et aussi pour sciences humaines, et, dans ces deux programmes très importants... et c'est... c'est ça,
c'est... le ministère est en train de les réviser. Et il y a des prochaines étapes,
là, importantes qui vont venir pour la mise en... pour éventuellement arriver à
avoir des programmes qui vont pouvoir être mis en oeuvre.
Le Président (M. Leitão) : Très
bien.
M. Bergeron (Simon) : Donc, on
est vraiment à la révision de ces deux programmes-là.
Le Président (M. Leitão) : Très
bien. Merci beaucoup, M. Bergeron. Alors, on passe du côté gouvernemental
pour un dernier bloc de 10 minutes. M. le député de Rivière-du-Loup—Témiscouata.
M. Tardif : Merci, M. le Président. Collègues, mesdames et
messieurs. M. Blackburn, merci d'être ici en cette fin
d'après-midi.
Écoutez,
quand on ferme la période des questions, évidemment, il y a beaucoup de sujets
qui ont été traités, ça devient... mais il y a quand même encore
beaucoup de matière. Je vais vous dire, tout d'abord, que, oui, il a été un
bout de temps qu'il n'y avait pas de plan stratégique dans le passé.
Actuellement, on a un plan stratégique. Les gens de la commission le savent. La première réaction que j'ai eue ce
matin, quand on a eu fini de travailler là-dedans, c'est : Ouf! Ouf! Dans le
sens que c'est très vaste, c'est très
éparpillé, et vous comprendrez que je viens du milieu des affaires, parfois
difficile à évaluer, pour ne pas dire très difficile à évaluer.
Donc, la question, c'est que vous avez arrêté
votre choix sur 100, le nombre de 100 cibles stratégiques. Moi, je voudrais savoir comment vous pensez ou comment
vous souhaitez réellement atteindre... atteindre le nombre de cibles. Sur 100, là, je ne suis pas certain qu'on va tous
les atteindre, mais j'aimerais vous entendre dire quelles seront vos démarches
pour nous aider à aller vers cet objectif ou ces objectifs.
M. Blackburn (Eric) : Ma
première réponse, M. le Président, si vous me permettez, je suis tout neuf...
M. Tardif :
Moi aussi.
M. Blackburn (Eric) : ...mais
il n'y en aura pas 100 dans le prochain. Ça, c'est ma première réponse. En
fait, dans les réflexions actuelles, effectivement, vous avez tout à fait
raison. Tu sais, il y a deux critères, là, qu'il faut prendre en considérations dans une planification stratégique, là :
il y a le critère du réalisme et du réalisable, là, réalisme étant ça se fait, plus l'autre, on va se donner les
moyens de le faire. En fait, cette réflexion-là, elle est actuellement dans
l'actualisation de la planification stratégique pour en venir... Puis on
travaille beaucoup en collaboration avec le Conseil du trésor, qui nous amène aussi ses préoccupations, et, en
harmonie avec eux, on va arriver avec un nombre d'objectifs qui vont nous
permettre, effectivement, de se concentrer
sur ce qui pourra vraiment faire davantage la différence. Et, quand on se reverra
pour une reddition de comptes, ce sera plus réaliste et ça aura été plus
réalisé aussi, également.
M. Tardif : Je suis très heureux de vous l'entendre dire. Ça
me réconforte, à quelque part, parce que, je me dis, ça ne se peut pas,
là. On a mentionné le nombre de personnes qu'il y avait dans votre ministère.
Je me disais : Non, c'est impossible,
là, que ces gens-là arrivent à faire ça. C'est... Il fallait de la potion
magique, pratiquement, pour arriver à réaliser ça, là.
M. Blackburn (Eric) : Bien, si
vous me permettez, en complément, M. le Président, en fait, on... le
ministère de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, là, c'est des chantiers, là, à l'infini, hein? C'est
d'une immensité. Puis, peu importe ce qui se passe dans l'environnement,
l'éducation est toujours interpelée. Si la santé bouge, l'éducation bouge, l'emploi bouge, l'éducation bouge, bref, à chaque
fois qu'il y a quelque chose qui bouge à quelque part, on est là. Ce qui
fait qu'avec la meilleure volonté du monde on
essaie toujours d'aller se donner des indicateurs qui vont nous permettre de contribuer aux responsabilités qu'on a pour tous
les acteurs qui tournent autour puis qui ont... qui dépendent de nous aussi : sortir la main-d'oeuvre, la former,
bref, alors... mais cette réflexion-là, pour le prochain tour, vous allez voir
que ça va être ramassé.
M.
Tardif : On parle ensemble,
là, c'est sûr que, pour le ministère de l'Éducation, lorsque j'ai pris connaissance
de ça, ce matin, avec les collègues, je me
disais : Pour un ministère qui est supposément en mesure d'évaluer la formation
qu'on donne à nos enfants puis à nos plus grands, disons qu'on s'est donné...
on s'était permis une bonne zone grise du côté évaluation. Mais là, on parle
pour parler, j'ai bien compris ce que vous m'avez répondu, j'ai bien compris.
Toujours dans ma période de questions, vous
comprendrez, on l'a mentionné tantôt, puis j'y reviens, nous, ici, on est apolitiques, donc les échanges, quand on
est dans cette commission-là... puis on devra faire un consensus sur des
lignes pour finaliser notre rapport après votre rencontre, et je pense que
c'est important.
Maintenant, je
reviendrais sur les propos, et évidemment je ne reprendrai pas tous les propos
de la députée de Saint-Laurent parce que,
là, j'en aurais pour un bon bout de temps, mais celui, le dernier, concernant
le programme d'étude. Et là, quand je vous dis qu'on est apolitiques,
quand, au niveau du Protecteur du citoyen, on vous pointe, on n'est pas satisfaits du retour que vous donnez, entre
autres, là, puis je vais juste m'arrêter sur cette thématique-là, que vous donnez
aux étudiants qui ont besoin de prêts et bourses, je n'entrerai pas dans la
partie fonctionnement des demandes de prêts et
bourses, mais, il me semble qu'un retour d'appel ou de l'information à donner
m'apparaît comme étant minimaliste, là, dans une
institution ou dans un ministère comme le nôtre, surtout quand on fait affaire
à des gens qui veulent poursuivre leurs études et, pour une raison x, y, n'ont
pas nécessairement le sous pour le faire. Donc, ici, j'aimerais vous entendre,
parce que ce n'est pas la première année que ça arrive, semble-t-il, j'aimerais
vous entendre parler concrètement : Qu'est-ce
qu'on va faire? Qu'est-ce qu'on va faire pour aider ces gens-là? Puis là vous
comprendrez que c'est une question de coeur, quand ces étudiants-là...
Puis je suis un ancien professeur du collégial également, donc c'est un niveau
que je considère également important, là, dans vraie vie. Parce qu'on peut
pelleter longtemps en termes de pédagogie, mais, si on n'est même pas capables
de franchir les portes de l'institution parce qu'on n'a pas l'argent ou le
ministère ne nous a pas donné de réponses en termes d'information, pour moi, il
y a un gros problème.
• (17 h 50) •
M. Blackburn
(Eric) : En fait, M. le Président, permettez, je vais vous dire deux
choses. Un, on va... on fait notre mea
culpa, d'une part. Deux, on va s'engager réellement. Et je partage votre
sensibilité, si vous pouvez... vous pouvez être certains de ça. Mais, en fait, merci pour les éléments de réponse,
mais il y a des choses qui ont été faites dans l'intervalle, mais il y en aura d'autres aussi qu'on va faire,
là, parce qu'effectivement c'est un élément de préoccupation, là, qu'on ne
peut pas négliger.
Dans ce que j'ai à vous présenter aujourd'hui,
puis je pourrai vous l'acheminer également par écrit, là, si vous le souhaitez, mais, en fait, des
mesures permettant d'augmenter la capacité de réponses : ajout de postes
de 29 effectifs sur deux ans, dont 21
proviennent de disponibilité du ministère et huit proviennent du secteur de
l'aide financière aux études; les
postes provenant du ministère ont déjà été octroyés à l'aide financière aux
études; on embauche des étudiants sur une base annuelle; la formation a
été révisée et scindée en trois blocs afin de rendre les préposés disponibles
plus rapidement sur les lignes. En lien avec
la révision de la formation, l'acheminement des appels a été modifié afin de
regrouper les raisons d'appel à haut
volume et simples à traiter. Ce regroupement évolue en cours d'année afin de
correspondre aux différents événements en lien avec la demande d'aide ou
le maintien de cette dernière.
Compte tenu du peu d'expérience de l'équipe de
préposés, de nombreux efforts sont investis en assurance qualité et
formation. Leurs connaissances sont ainsi mieux développées, ce qui contribue à
diminuer le temps de traitement des appels et évite des appels subséquents pour
valider l'information. La mise en place d'un processus de planification des
effectifs est en cours afin de prévoir la demande de la clientèle et d'y
répondre.
Sur le plan dimensionnement du centre d'appel,
afin d'établir la demande de la clientèle pour ensuite pouvoir évaluer
les besoins en effectifs pour y répondre, réalisation d'un mandat ayant pour
but d'augmenter la capacité de traitement automatisé — donc on fait appel à des ressources externes
afin de libérer les ressources pour répondre aux appels — et nous traitons plus de 70 %
des dossiers de façon automatisée maintenant.
L'autre mesure
permettant la diminution du nombre d'appels maintenant, l'accent
est de prioriser le traitement des demandes
d'aide financière afin de rendre l'aide dans le délai imparti. La
simplification de cette communication à grand volume destinée à la
clientèle a été réalisée en 2017-2018. 11 communications de plus ont été
simplifiées au cours de 2018-2019. Alors, il y en a quelques autres...
M. Tardif :
Non, ça... Je comprends que...
M. Blackburn
(Eric) : En fait, le chantier est ouvert.
M. Tardif : Je comprends qu'on est sur le
mode solution. Puis c'est un sujet que le Protecteur du citoyen n'aura pas besoin de réidentifier dans les prochaines années.
M. Blackburn
(Eric) : Il reste des défis, on va le
reconnaître, mais on va y travailler.
M. Tardif :
Oui. On est sur le mode solution, très bien.
M. Blackburn
(Eric) : On s'engage à le faire.
Le Président (M.
Leitão) : Très bien.
M. Tardif :
J'ai fait... Oui?
Le Président (M.
Leitão) : Une minute. Une minute, là. On est... On y est, là.
M. Tardif : O.K., une petite minute rapidement. Écoutez,
oui... vous savez, dans la construction des écoles, parfois, les
délais... Non, je recommence. Dans la construction des écoles, les délais sont
trop longs. Alors, moi, j'aimerais vous entendre : Est-ce qu'il y a des
moyens, est-ce qu'il y a des solutions sur lesquelles vous travaillez pour
pouvoir accélérer ces délais de construction là au niveau des écoles?
Le Président (M.
Leitão) : Si vous pouvez y aller rapidement.
M. Blackburn
(Eric) : En fait, la réponse est oui. Il y a toute une planification
qui a été... qui est en cours présentement.
Puis c'est fait à grande échelle avec plusieurs collaborateurs pour faire en
sorte qu'on accélère les processus de la cueillette de besoins d'abord, à plus long
terme, en lien avec l'évolution des effectifs et, stratégiquement, des critères
qu'on s'est donnés et qu'on a partagés avec
d'autres experts pour être en mesure d'identifier rapidement les besoins et de
sortir, effectivement, les appels d'offres et d'aller le plus rapidement.
On a une contrainte
majeure, la disponibilité de la main-d'oeuvre sur le marché présentement qui se
raréfie parce qu'elle est déjà très occupée,
qui ne nous aide pas. Il y aura toujours le fait que des travaux des écoles,
des constructions, ça se fait dans une grande période estivale, ça fait
que le temps des travaux est toujours très court. Ça ne nous aide pas non plus. Mais il y a quand même, à très, très
grande échelle, un gros chantier avec nos collègues d'autres secteurs d'activité
pour qu'on puisse accélérer, puis peut-être que Sylvain pourrait vous en
donner...
Le Président (M.
Leitão) : Malheureusement, c'est tout le temps que nous avons, parce
que nous allons passer du côté de l'opposition officielle pour un dernier bloc
de sept, huit minutes.
Mme Rizqy :
Merci. Si on revient dans le rapport du Protecteur du citoyen, vous avez vu,
dans la dernière année, l'augmentation
de cas où est-ce qu'il y a eu de l'intimidation, cyberintimidation, ainsi
que... Vous n'êtes pas sans savoir que lorsqu'un élève a, dans son
téléphone, par exemple Facebook, des images d'un autre élève, de nudité, c'est
un acte criminel, car on est en possession de pornographie juvénile. Des
parents l'ont appris lorsque la police est allée cogner à leur porte. Et, dans le secteur public, par exemple à Sherbrooke, on a
vu qu'il y a eu déjà des programmes qui ont été lancés pour faire de la
sensibilisation et de l'éducation.
Par contre, dans le secteur privé, le Protecteur
du citoyen a reçu plusieurs plaintes où est-ce que les parents des victimes
avaient très peu d'écoute, très peu d'outils pour les accompagner, et que même,
dans certains cas, ce sont les victimes qui étaient invitées à quitter l'école.
Il y a eu plusieurs recommandations qui ont été faites par le Protecteur du
citoyen, mais on indique que vous n'avez pas suivi toutes les recommandations.
Est-ce qu'il y a un motif?
M. Blackburn
(Eric) : Je vais aller me chercher un peu d'aide. Ça ne sera pas très
long, si vous permettez.
Des voix :
...
M. Blackburn
(Eric) : Et, dans intervalle, en fait, c'est un dossier qui nous
préoccupe beaucoup, pour lequel on a eu à
investir du temps, là, dans ma courte période, pour être en mesure,
effectivement, d'agir adéquatement sur ces situations-là, celles qui
avaient été les plus publicisées.
Maintenant, pour répondre plus spécifiquement à
votre question, je vais demander à ma collègue, peut-être, de vous
donner un bout de réponse, en se présentant en premier. C'est bien ça, M. le
Président?
Le Président (M.
Leitão) : Tout à fait.
Mme Moisan (Geneviève) : Alors, bonjour. Geneviève Moisan, sous-ministre
adjointe des territoires, statistiques et enseignement privé.
Donc, à la suite de certains événements que je
n'ai pas besoin de nommer plus précis mais dont certains à Québec, il y
a effectivement toute une démarche qui a été faite. On a procédé à l'embauche
d'une personne qui est dédiée pour le
secteur privé, en appui à ce qui se passe déjà, là, au réseau public, pour
travailler à accompagner mieux le réseau privé, en formation, notamment.
Et également, dans les recommandations du Protecteur du citoyen, ce qui nous a
été demandé beaucoup, c'est d'améliorer la
façon, je vous dirais... l'uniformisation de nos façons d'intervenir dans les
différents cas. Donc, on a effectivement travaillé là-dessus.
Il a été dit
également publiquement qu'il y aurait un projet de loi qui serait déposé sous
peu pour la question du protecteur de l'élève et qu'il couvrirait
l'enseignement privé.
Mme Rizqy :
O.K. Si vous me permettez, je veux juste lire un passage du protecteur :
«En ce qui concerne la politique de
traitement des plaintes, le ministère s'est dit d'avis que la mise en place
prévue d'un protecteur de l'élève ayant compétence pour traiter les plaintes
concernant les établissements d'enseignement privés était susceptible de régler
la situation.
«Or, le Protecteur du citoyen est d'avis que,
malgré l'éventuelle mise en place d'un protecteur de l'élève, ce qui
requerrait une modification législative, l'implantation des recommandations
formulées à ce sujet est requise afin que les
parents puissent être rapidement assurés de recevoir un traitement adéquat de
leur plainte lorsqu'ils s'adressent au ministère.
«Le ministère s'est rallié à l'avis du protecteur
à l'effet qu'un changement administratif devrait être accompagné de
l'élaboration d'une politique de traitement.»
Donc, la
recommandation 1 et la recommandation 4 du protecteur ne sont pas encore
suivies. Est-ce que, ça, vous avez un motif de ne pas suivre les
recommandations? Il y avait cinq recommandations du Protecteur du citoyen, qui a vraiment réfléchi à cette question, qui a
rencontré les victimes, qui a rencontré les parents et différents établissements...
Oui, allez-y.
Mme Moisan (Geneviève) : Oui. Est-ce que je pourrais vous demander de me
dire lesquelles, en fait? Parce que je ne l'ai pas sous les yeux.
Mme Rizqy :
Alors, voulez-vous que... Je vais vous lire les cinq recommandations :
«1. Élaborer et mettre en oeuvre une politique de
traitement des plaintes à l'égard des établissements d'enseignement
privés en prévoyant spécifiquement la procédure applicable dans les situations
d'intimidation;
«2. Se doter de balises nous permettant de
déterminer à quel moment il devient justifié de transmettre l'information
au ministre pour la décision quant à la tenue d'une enquête;
«3. Réexaminer, à l'aide des balises déterminées
aux recommandations 2, la pertinence de référer la liste de dossiers
concernés au ministre pour qu'il prenne une décision;
«4. Transmettre systématiquement à tous les
plaignants un accusé de réception qui explique clairement et de façon détaillée le rôle, les pouvoirs et les limites du
ministère dans le cadre du traitement d'une plainte concernant un établissement
d'enseignement privé;
«5. Faire un rappel écrit auprès des personnes
concernées sur la nécessité et l'importance de consigner des notes
évolutives dans les dossiers des plaintes concernant les démarches et les
échanges effectués avec les établissements, les citoyens ou autres personnes
interpelées.»
• (18 heures) •
Mme Moisan (Geneviève) : Alors, écoutez, effectivement, on a travaillé sur
les plans 1, 3, 4 et 5. Je vous dirais qu'on a beaucoup avancé. Donc,
effectivement, il y a un accusé-réception qui, désormais, est automatiquement
transmis.
On a aussi travaillé beaucoup — c'est un système qu'on appelle sentinelle,
là, au ministère de l'Éducation — à mieux documenter chaque plainte
quand elle est reçue et on a travaillé à former notre personnel pour que les
mêmes questions soient posées aux gens, qu'il y ait une balise écrite et que ce
soit mieux documenté dans les dossiers.
Donc, toutes ces
recommandations-là qui ont été proposées par le Protecteur du citoyen ont été
mises en place, et on continue à y
travailler. C'est évolutif. À chaque fois qu'il y a du nouveau personnel qui
entre en fonction, on essaie réellement de mieux les former à cette
réalité-là.
En
sus de ça, on a travaillé, comme je vous dis, à vraiment développer des formations
auprès du réseau puis on a travaillé aussi avec la Fédération des
établissements d'enseignement privés à essayer de sensibiliser encore davantage les établissements privés à la
nécessité, bon, évidemment, d'avoir le plan de lutte à l'intimidation, et elles
sont toutes obligées par la loi de
l'avoir, mais on a également tout mis un... en fait, un système en place pour
en évoluer... en évaluer, de manière,
je vous dirais... en fait, aléatoire mais plusieurs cas à la fois par année,
évaluer la qualité des plans qui nous
sont déposés.
Et on travaille beaucoup aussi... parce que ce
n'est pas simplement d'avoir un plan, mais c'est bien la mise en oeuvre
au sein des établissements, donc par la formation, à faire en sorte que ça
s'améliore.
Sur la question, en fait, des balises qui nous
amènent à passer vers l'enquête, on travaille beaucoup avec... le travail
qui va être fait pour le protecteur de
l'élève et on va s'arrimer davantage pour
s'assurer que ce soit fait. On a également financé avec la fédération... Oui.
Mme Rizqy :
...protecteur des élèves, c'était quelque chose qui était quand même nommé
aussi par le ministre ainsi que le Protecteur du citoyen comme étant un outil essentiel. Est-ce que
vous avez... Sans faire aucun outrage au Parlement, est-ce que vous avez commencé à plancher sur un projet de
loi, car il était dû pour l'automne? L'hiver frappe à nos portes.
M. Blackburn
(Eric) : Si vous me permettez, en complément...
Mme Rizqy :
Oui, absolument.
M. Blackburn (Eric) : ...et effectivement, vous avez raison, il y a vraiment
un réel protecteur de l'élève qui sera institué,
hein, officiellement, doté de pouvoirs d'intervention accrus, notamment
dans le cas d'intimidation, ayant compétence tant le réseau public
que privé, doté de leviers additionnels, notamment en matière de médiation.
Donc, il y aura nécessairement un projet
de loi qui vous sera soumis éventuellement qui va venir, à quelque part, répondre à vos questions. Puis, s'il
y a des éléments de préoccupation que vous voulez nous partager, si... en souhaitant qu'on ne les échappe
pas.
Mme Rizqy :
Bien, en fait, puisque le temps est écoulé, je vais vous le dire très sincèrement,
mon souhait, notre souhait, je pense
que je parle pour tout le monde ici, notre souhait, c'est que ça soit déposé le plus rapidement possible. C'est dans l'intérêt
des enfants, des parents qui vivent un stress assez important. Lorsque leurs
photos se retrouvent dans les réseaux sociaux, c'est vraiment des vies qui sont
scrapées.
M. Blackburn
(Eric) : C'est un sujet d'actualité pour nous.
Mme Rizqy :
Ce n'est pas juste un sujet d'actualité.
M. Blackburn
(Eric) : Bien, il est travaillé d'actualité, oui.
Mme Rizqy :
D'accord. O.K., d'accord. Je comprends. Je comprends maintenant le sens de
votre propos.
M. Blackburn
(Eric) : Voilà.
Mme Rizqy : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Leitão) : Très bien. Merci beaucoup. Écoutez, nous
sommes à 18 h 1 min. Alors, M. Blackburn et toute
votre équipe, je vous remercie de votre collaboration aux travaux de la
commission.
Je dois
cependant vous mentionner que la Commission de l'administration publique va se
réunir d'ici la fin de la présente
période de travaux, donc d'ici le 6 décembre, pour adopter les premiers mandats
de l'hiver 2020. La commission pourrait...
et c'est quelque chose qu'on discutera ensemble, la commission pourrait alors
se donner le mandat de vous entendre à
nouveau. Je mentionne ceci parce que nous avons manqué de temps aujourd'hui,
nous avons eu plusieurs interruptions. Il
y avait plusieurs sujets qui ont été soulevés par notre bureau de recherche
qu'on n'a pas pu aborder. Donc, on se réunira en commission... en séance de travail et on pourrait probablement vous
convoquer à nouveau tôt à l'hiver 2020. Mais je veux vous remercier pour
votre présence, pour votre patience, étant donné les interruptions qu'on a
eues.
Et alors, là,
la commission suspend ses travaux quelques minutes avant de se réunir en séance
de travail afin de statuer sur les observations, conclusions et
recommandations à la suite de cette audition. Merci beaucoup à tous.
(Fin de la séance à 18 h 03)