(Quinze heures treize minutes)
Le Président (M. Rochon) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'administration publique ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre
la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à
l'audition du Secrétariat du Conseil du trésor sur le rapport 2014‑2015
du président du Conseil du trésor et ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes concernant
l'application de la Loi sur l'administration publique.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements ou
des membres temporaires?
Le Secrétaire : On a M.
Villeneuve (Berthier) qui est remplacé par M. Lebel (Rimouski).
Le
Président (M. Rochon) :
Merci. Nous débuterons par l'exposé du secrétaire
du Conseil du trésor, M. Jean. Le
reste de la séance sera consacré aux échanges avec les membres de la
commission. Les échanges vont se dérouler comme c'est l'usage, là, par blocs d'une durée d'environ 10 minutes, incluant
les questions et les réponses, en alternance entre le gouvernement et
les oppositions.
Alors, M. le
secrétaire, je vous invite à nous présenter les gens qui vous accompagnent puis
à faire votre exposé. Vous disposez de 10 minutes. M. Jean.
Exposé
du secrétaire du Conseil du trésor, M. Denys Jean
M. Jean (Denys) : Merci, M. le
Président. Bonjour. D'abord, bonjour à vous, bonjour aux membres de la
Commission de l'administration publique ainsi qu'au personnel du secrétariat.
Je suis
accompagné par des collaborateurs, comme vous l'avez vu. J'ai, à ma droite M.
Reno Bernier, secrétaire associé à la
révision permanente des programmes et à l'application de la Loi sur
l'administration publique; à ma gauche, Mme Renée Berger, directrice générale de la révision permanente des
programmes; à mon extrême droite, Mme Carole Blouin, directrice générale de l'encadrement gouvernemental des fonctions
d'évaluation de programme et de vérification interne. Et, en arrière de
moi, j'ai Mme Laplante, qui est la directrice du bureau du secrétaire.
Alors, M. le
Président, bien entendu, c'est avec beaucoup
de plaisir que je vous retrouve. C'est toujours un plaisir de retrouver les membres de la Commission de l'administration publique.
C'est donc avec beaucoup d'intérêt que j'ai reçu l'invitation que vous m'avez transmise pour
examiner le rapport d'application de la Loi de l'administration publique
du président du Conseil du trésor.
C'est
d'autant plus intéressant que, qu'on le veuille ou non, ça sera sans doute ma
dernière occasion de voir la CAP
avant la prochaine législature. Alors, en sortirai d'ici avec des leçons à
retenir de vos bilans de travaux, sans doute, des dernières années. Je
me ferai un plaisir de retenir ça.
Donc, la Loi
sur l'administration publique, M. le Président, comme vous le savez, instaure
un cadre de gestion axé sur les
résultats, qui met en priorité la qualité des services aux citoyens et qui
reconnaît le rôle important des parlementaires que vous êtes à l'égard
de l'action gouvernementale et de l'amélioration des services.
Mon principal
objectif aujourd'hui est donc de faire en sorte que nos échanges puissent vous
appuyer dans cette démarche. J'ai l'intention d'aborder trois sujets,
dans le fond, dans mes notes d'introduction.
D'abord, je voudrais revenir sur la raison
d'être du rapport du président sur l'application de la Loi de l'administration publique. Je me permettrai, M. le
Président, de déroger un petit peu au mandat que vous avez eu. Vous avez
eu un mandat sur le rapport 2014‑2015. Mardi
dernier, le président a déposé le rapport 2015‑2017, mais je pense qu'il
est possible de faire d'une pierre trois
coups, c'est-à-dire de comparer 2015‑2017 à 2014‑2015 et de tirer des leçons de
ces trois années-là. Et finalement, bien, je
vais essayer de dégager un certain nombre de perspectives sur la suite des
choses.
Pourquoi un
rapport d'application? Bien, c'est en raison de l'article 28 de la Loi de
l'administration publique, qui établit
clairement la responsabilité du président du Conseil du trésor de déposer
annuellement à l'Assemblée nationale un tel rapport.
Donc, pour bien comprendre le contenu du
rapport, je pense qu'il nous faut revenir à l'économie de la Loi de l'administration publique. Cette loi-là instaure
aux articles 1 et 2 ce qu'on appelle un cadre de gestion axé sur les
résultats, un cadre qui prévoit à l'article
2 notamment la prise en compte, dans les choix de gestion des ministères et des
organismes, des attentes exprimées par les
citoyens en fonction des ressources disponibles, l'atteinte des résultats en
fonction d'objectifs préalablement établis, la reconnaissance du rôle de
sous-ministres et des dirigeants d'organismes dans l'exercice des contrôles relatifs à la gestion axée sur les
résultats, une reddition de comptes qui porte sur la performance dans
l'atteinte des résultats, une utilisation optimale des ressources de
l'administration gouvernementale.
À
cette fin, la loi, vous le savez, fait obligation, aux conditions qu'elle
détermine, aux ministères et aux organismes en service direct à la population et aux entreprises de se doter d'une
déclaration de services aux citoyens à l'article 6, et à tous les ministères et organismes assujettis de
disposer d'une planification stratégique pluriannuelle à l'article 8, et
de produire, à chaque année, un rapport annuel de gestion à l'article 24.
Dans l'état
actuel des choses, c'est-à-dire au moment où on se parle, tous les plans
stratégiques visés qui étaient échus
en 2017‑2018 ont été renouvelés. Par ailleurs, les ministères et les organismes
en service direct aux citoyens et aux entreprises possèdent une
déclaration de services aux citoyens tel que prescrit par la loi, et 75 % des
déclarations ont cinq ans et moins d'existence.
Finalement,
tenus de produire un rapport annuel de gestion, on constate que tous les
ministères et organismes ont procédé au dépôt dudit rapport à l'automne
dernier.
Par ailleurs, je vous rappelle qu'en 2011, à
l'instigation de la Commission de l'administration publique, le Secrétariat du Conseil du trésor a développé un
indice concernant l'application des meilleures pratiques en matière de gestion axée sur les résultats. Depuis 2011‑2012,
cet indice, qui est construit autour de 10 composantes, est compilé et
publié à chaque année dans le rapport
concernant l'application de la Loi sur l'administration publique déposé par le
président du Conseil du trésor. Donc, depuis
cette date, à travers cet indice, nous sommes en mesure de constater les
progrès et les reculs des ministères
et organismes dans le déploiement des meilleures pratiques en gestion axée sur
les résultats. C'est donc, pour l'essentiel, l'objet de nos échanges
aujourd'hui.
• (15 h 20) •
Si on regarde
le rapport 2015‑2017, qui a été déposé par le président du Conseil du trésor
mardi dernier, et qu'on le met en
parallèle avec le rapport 2014‑2015, sur lequel vous avez le mandat de
travailler, vous allez constater que
l'indice global concernant l'application de la gestion par résultats — là,
je vous réfère à la page 71 du rapport 2015‑2017 — s'est
détérioré au cours des deux dernières
années, passant de 80,1 % en 2014‑2015 à respectivement 72,8 % en
2015‑2016 et à 72,3 % en 2016‑2017.
Vous devez savoir qu'au début de cet indice le global se situait à 60,7 %.
La détérioration s'explique notamment
par une baisse des résultats de 2014‑2015 à 2016‑2017 dans quatre des 10
composantes de l'indice, à savoir l'association
entre les résultats obtenus et les ressources utilisées, les activités
d'évaluation de programme, le plan d'action organisationnel en soutien à la planification stratégique, les attentes
signifiées et l'évaluation de rendement. Par ailleurs, malgré une augmentation de cinq points, la
composante portant sur les activités d'audit interne demeure faible à
42,9 %.
Finalement,
on peut noter qu'en matière de préoccupation de services aux citoyens les ministères
et les organismes mènent des activités
requises à un bon niveau et que, malgré l'absence de plan d'action organisationnel pour certains, les ministères et
organismes disposent à 88 % d'outils de suivi des résultats de leurs
planifications stratégiques. On peut également
constater que l'étalonnage et la gestion des risques sont des pratiques
largement déployées. En somme, le rapport 2015‑2017 permet de constater que les progrès réalisés depuis 2011‑2012
sont fragiles et qu'il est requis d'accentuer nos efforts et nos travaux
visant à consolider et à améliorer les pratiques de gestion axées sur les
résultats.
Avant
d'aborder les perspectives en particulier, vous me permettrez de vous suggérer
un préalable. J'ai remarqué, depuis
quelques années, que le thème le plus courant porte sur la performance des
ministères et des organismes. Selon les critères d'appréciation que vous avez vous-mêmes définis, pour être
jugée performante, une organisation doit réaliser des activités qui couvrent l'ensemble de sa mission,
atteindre ses objectifs stratégiques, produire des services aux citoyens
de qualité, exercer une gestion adéquate des
ressources. En conséquence, la question qui vient, c'est la suivante :
Est-ce qu'un cadre de gestion axé sur les résultats, tel que le prescrit
la LAP, répond adéquatement à l'intérêt que vous portez à la performance des
ministères et organismes qui, vous en conviendrez, a une portée plus large? La
question est ouverte.
Quant aux
perspectives plus particulières, je ferai le point d'abord sur la planification
stratégique. Nous avons été actifs,
dans la dernière année, au niveau des plans stratégiques des ministères et
organismes, dont plusieurs n'étaient pas à jour et ne répondaient pas aux standards de qualité attendus. Ainsi,
nous avons déployé un plan d'action pour s'assurer de la mise à jour et de la qualité des plans
stratégiques des ministères et des organismes. Je vous rappelle que le plan
stratégique du Conseil du trésor 2016‑2019, qui a été déposé en mai 2017,
s'engage à ce que 100 % des plans stratégiques des ministères et organismes soient renouvelés à leur échéance. Nous avons
émis de nouvelles directives en juillet 2017 pour resserrer le processus, avons implanté un
mécanisme de suivi continu et développé des services d'accompagnement et
de conseil pour soutenir les ministères et les organismes.
Les résultats ont été concluants puisque
100 % des plans stratégiques qui étaient échus en 2017‑2018 ont été renouvelés, ce qui représente un total de 33 plans
stratégiques pour cette seule année. Et on ne s'est pas contenté,
sachez-le, de renouveler les plans
stratégiques, on s'est intéressé aussi à leur qualité. Il faut savoir que
chaque plan qui est soumis au Conseil du trésor avant l'approbation du
gouvernement et son dépôt à l'Assemblée nationale fait l'objet d'un examen
rigoureux. Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Rochon) : Je
m'excuse de vous interrompre. En fait, il ne vous reste plus de temps.
M. Jean (Denys) : Alors, merci.
Le
Président (M. Rochon) : Non,
mais je souhaite savoir si mes collègues sont d'accord pour consentir à ce
que vous poursuiviez.
M. Jean (Denys) : On peut arrêter...
Des voix : ...
Le Président (M.
Rochon) : Alors, nous sommes d'accord pour que vous poursuiviez deux
minutes encore, M. Jean. Allez-y. Allez-y.
M. Jean (Denys) : C'est la première
fois que je suis autorisé comme ça, et je vais en profiter.
Alors donc,
chaque plan, avant d'être déposé à l'Assemblée
nationale, passe au Conseil du trésor puis est examiné sur la base d'un certain nombre de critères définis permettant de
s'assurer qu'ils sont de qualité et complets. Notamment, on s'assure que chacun des plans contient des cibles
intermédiaires et aussi que les indicateurs qui sont mis dans le plan de
stratégie permettent de mesurer les effets
ou les retombées des activités suggérées. C'étaient d'ailleurs
deux préoccupations, je pense, de la Commission de l'administration
publique.
Au chapitre
de la déclaration des services aux citoyens, le Conseil du trésor examine les
déclarations de services aux citoyens
au moment où il examine les plans stratégiques. Normalement, la déclaration
vient avec le plan stratégique. On intervient
régulièrement auprès des ministères et des organismes pour améliorer leurs
déclarations de services aux citoyens. L'an
passé, on a fait 17 interventions, si ma mémoire est fidèle. Ça nous a permis
de constater, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, qu'il y avait 25 % de déclarations de services aux
citoyens qui étaient passées date cinq ans. Et aussi on a constaté qu'il y avait un certain nombre de faiblesses dans
les déclarations de services aux citoyens qui nous sont proposées, de
telle sorte qu'on est en train de déployer un plan de travail pour améliorer la
qualité des déclarations de services aux citoyens. Je vous regarde, je pense que
j'ai bouffé ma minute.
Discussion
générale
Le
Président (M. Rochon) : Vos deux minutes, en effet. Et je vais passer,
M. Jean, au bloc d'échange avec les députés
ministériels dans un premier temps. C'est ainsi que va se poursuivre l'audition
du Secrétariat du Conseil du trésor sur
le rapport 2014‑2015. Il n'est, en effet, pas interdit de parler avec vous du
rapport plus récent, et très, très, très récent. Vous l'avez déposé mardi, alors vous imaginez bien que nous n'avons pas
eu le temps de jeter sur ce dernier rapport, là, le regard très fin que
nous aurions voulu. Alors, M. le député d'Orford, d'abord.
M.
Reid :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Écoutez, moi, je profiterais peut-être
du fait que vous êtes dans quelque
chose de plus général pour vous demander d'aller un petit peu loin et de nous
en dire un peu plus, parce qu'une des préoccupations...
Autrement dit, il y a d'autres collègues, puis peut-être moi aussi, on posera
des questions plus précises, là, sur...
mais, d'une façon générale, je voudrais situer ma question dans le contexte où
la Commission de l'administration publique
a des partenaires, entre guillemets, parce que son objectif est le même
objectif que le Conseil du trésor, que la vérificatrice et même que la
Protectrice du citoyen. Et donc, de plus en plus, on voit, depuis quelques
années, un rapprochement important, intéressant et une articulation
intéressante de ce côté-là.
Et moi, je
dois vous dire que c'est avec un grand plaisir que j'entends certaines des
choses que vous dites, vous pourrez
peut-être continuer à en parler, là. Quand vous dites que vous accompagnez et
que vous exigez, par exemple, qu'une stratégie
ait un certain nombre d'éléments de qualité, j'aimerais ça peut-être que vous
nous donniez quelques exemples là-dessus,
parce que c'est quelque chose où nous, on regarde et on se sert, quand on fait
notre travail pour les différents ministères
et organismes, on se sert d'un plan stratégique, on examine le plan
stratégique, on examine aussi, donc, dans le contexte des rapports qu'on est tenus de regarder et d'analyser et on se
rend compte, au cours des années, que c'était souvent très inégal. Donc,
il n'y avait pas nécessairement de norme, il n'y avait pas nécessairement un
suivi de très près.
Et, quand on
entend, puis je suis certain que les autres membres de la commission aussi, que
vous avez mis en place des processus
dans lesquels vous faites un examen rigoureux de ce qu'il y a dans les plans
stratégiques, c'est quelque chose qui
nous promet à nous, même si moi, je n'y serai plus, mais aux membres de la
commission d'avoir, dans le futur, des éléments
qui correspondent plus à une norme générale, à une qualité générale aussi,
qu'on ne trouve pas toujours, quelles que soient les raisons, qui
peuvent être bonnes, là, mais...
Et, dans ce
sens-là, moi, j'aimerais peut-être que vous nous en parliez un petit peu plus,
de ça, puis peut-être ça va nous
amener à d'autres questions, par exemple, celle de l'accompagnement ou du
non-accompagnement. Quel rôle, vous, sentez-vous
que vous avez quand on pense à la préparation des rapports annuels de gestion,
qui, eux aussi, sont souvent extrêmement inégaux d'un organisme à un
autre?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
• (15 h 30) •
M. Jean
(Denys) : ...M. le Président. D'abord, il faut, je pense, situer le
tout dans une perspective historique, dans la foulée de la commission Robillard. La commission Robillard avait
beaucoup insisté sur la performance de l'État. D'ailleurs, le titre du dernier rapport, c'était là-dessus.
Et, dans ses recommandations, elle recommandait au gouvernement de se
doter d'une unité dédiée à l'évaluation puis
au soutien de la performance de l'État. C'est ce qui a présidé, d'ailleurs, à
la mise en place d'un sous-secrétariat du Conseil du trésor dédié à la
question.
À partir de là, le défi était de savoir comment on
améliorait, dans le fond, notre implication dans les domaines comme la planification stratégique,
la déclaration de services aux citoyens, le rapport annuel de gestion, et d'autres
choses qui ne sont pas dans la LAP mais qui supportent la performance.
Au niveau de la planification stratégique, parce
que vous conviendrez avec moi que le premier instrument de performance, c'est la planification stratégique,
établir où je m'en vais puis que c'est que je vais aller chercher comme résultat, alors là, on s'est dotés, dans le fond,
d'un mécanisme d'analyse. Il y a six critères. Chaque fois qu'on reçoit
une planification stratégique, on la passe à travers six critères bien précis
pour s'assurer que la qualité du plan est là.
M.
Reid : ...excusez-moi, on avait un groupe, des analystes qui
font ça?
M.
Jean (Denys) : On a une
équipe spécialisée, c'est madame, ici, qui s'occupe de la question.
Alors, chaque planification stratégique est reçue, analysée sous l'angle de six critères.
Par exemple, est-ce que c'est conforme à la Loi sur l'administration publique? Est-ce que le plan est cohérent avec les orientations
gouvernementales puis avec les recommandations de la CAP ou du
Vérificateur général? Est-ce que les indicateurs sont de qualité, sont
pertinents? Est-ce qu'ils sont SMART,
c'est une technique, ça, qu'on appelle, pour s'assurer que l'indicateur est vraiment
de bon niveau. Est-ce que les
priorités gouvernementales sont bien enregistrées? Puis est-ce que c'est
cohérent aussi avec l'allocation des ressources? Par
exemple, les orientations en gestion des ressources humaines, en gestion des ressources
financières... On analyse donc la planification stratégique sous ces six critères-là et, à partir de là, on
recommande au Conseil du trésor d'accepter ou non ou de recommander ou
non la planification stratégique au Conseil des ministres.
Le
Président (M. Rochon) :
...parlé tantôt de «madame, ici», on peut peut-être identifier Mme Renée
Berger, qui est directrice générale de la révision permanente des programmes. M.
le député d'Orford.
M.
Reid : ...poser
une question, si vous voulez, parce que c'est elle qui
pourrait répondre à la prochaine question, c'est... J'ouvre une petite porte que d'autres vont certainement prendre aussi, c'est que des organismes ne sont pas tous de la même taille et n'ont pas tous les mêmes ressources.
Alors, est-ce que cette analyse-là se fait de façon différenciée selon
l'organisme?
M. Jean
(Denys) : La planification stratégique... excusez-moi...
M.
Reid :
M. le président voulait faire répondre madame, mais...
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean ou Mme Berger.
M.
Jean (Denys) : M. le Président... une planification stratégique n'a
pas de différence, que vous soyez gros ou petit, c'est un plan stratégique. C'est sûr que, si vous êtes petit,
vous en couvrez moins, votre mission est plus petite. Mais une
planification stratégique, au départ, c'est le même truc.
Ceci
étant dit, vous avez raison d'évoquer le fait qu'il y a des ministères qui sont
moins bien dotés. Parce qu'une planification
stratégique on ne fait pas ça à toutes les semaines. Chez nous, l'équipe de
madame appuie les ministères, les accompagne, les guide, les soutient et
les aide à passer à travers le processus de planification stratégique.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
CCC'est récent?
M. Jean
(Denys) : Renée? 2016?
Mme Berger
(Renée) : Oui.
Le Président (M.
Rochon) : Mme Berger.
M. Jean
(Denys) : Automne 2016.
M.
Reid : Donc, on peut s'attendre effectivement que les
nouveaux lots de programmes, de rapports, etc., de plans stratégiques
qui seront analysés par la commission seront plus réguliers, ou, enfin, de
qualité généralement la même.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : On peut escompter, M. le Président, que les prochains
rapports de planification... D'ailleurs, déjà, ceux qui ont passé cette année ont fait l'objet du traitement que
j'appelle le traitement, là, très serré. On peut s'attendre à ce qu'ils
soient de meilleure qualité.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Est-ce qu'il reste un peu de temps?
Le Président (M.
Rochon) : Oui, oui, M. le député d'Orford, allez-y.
M.
Reid : Parce qu'automatiquement... mon collègue me
mentionnait ici qu'automatiquement la qualité des plans stratégiques va avoir une influence sur la qualité
de ce qu'on reçoit, nous, à l'autre bout, du rapport annuel de gestion,
et qu'on analyse. Alors, comment est-ce que
vous faites, peut-être, pour... en quelques mots, on y reviendra plus en
détail, mais nous dire un peu, globalement,
comment est-ce que vous faites pour s'assurer que ce lien-là va se faire aussi
avec vous et que cette qualité-là va aussi avoir un accompagnement ou...
Comment vous voyez ça, là?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, d'abord, si, par exemple — prenons l'exemple des indicateurs — les indicateurs
de résultats, qu'on appelle les indicateurs d'effets-impacts, ou de réalisation
terrain des activités sont plus précis, vous allez voir, dans le rapport annuel
de gestion, une meilleure information du résultat des activités des ministères
sur la réalité qu'ils voulaient corriger.
Moi, je peux vous dire qu'aujourd'hui... c'est-u 80 % des organismes qui sont déjà dans les indicateurs effets-impacts, là?
Alors donc, ça, de ce côté-là, ça va être plus clair pour vous.
Par ailleurs,
le rapport annuel de gestion, c'est un enjeu en soi, vous le savez. C'est un
rapport... D'ailleurs, vous nous
avez demandé, vous, en 2017, de nous pencher, en collaboration avec le Vérificateur général, sur le contenu du rapport annuel de gestion. On a fait un exercice. Il y a
un défi de rendre ce rapport-là convivial, utile, pertinent, et on aura un
travail à faire avec vous pour s'assurer justement
que le rapport soit connecté avec l'amélioration de la planification
stratégique.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député d'Orford.
M.
Reid :
Si, pour faire ça, il y a besoin d'accompagnement, comme ce que vous faites
pour les plans stratégiques, est-ce
que ça veut dire qu'on n'est pas encore rendus là, que vous allez attendre
d'avoir une meilleure idée de ce que vous voulez exiger de la part des
ministères?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : D'abord, pour le rapport annuel de gestion, au moment où on
se parle, là, on ne changera rien, parce que, dans le fond, le rapport
annuel de gestion, il est profilé pour répondre aux parlementaires que vous
êtes. Actuellement, puis on se le dit entre
nous, là, on a une discussion à avoir sur le contenu. On a eu d'ailleurs des
échanges ici là-dessus. Il y a des enjeux à
discuter. Le jour où on aura arrêté le contenu, on va s'intéresser à la forme
que vous voulez recevoir. À ce moment-là, nous, on va faire comme on
fait chaque année, pousser des directives aux ministères ou organismes pour qu'ils respectent les attentes de
la Commission de l'administration publique en matière de rapport annuel
de gestion.
Le
Président (M. Rochon) : On se le dit, M. Jean. On se le dit plus
qu'entre nous puisque ce sont des auditions publiques et diffusées, de
manière sonore, sur le Canal de l'Assemblée nationale ou, en tout cas, sur son
site Internet. M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Bien, en fait, l'idée, donc, de... une fois que ça, ça va être fait, est-ce que
vous pensez que c'est... Parce que la
question qui se pose toujours un peu, c'est... Bon, le Conseil du trésor doit
délimiter son action, parce que, bon, ce n'est pas infini, les ressources. Et, pour cette question-là, quand on
aura au moins la nouvelle forme, une nouvelle version de rapport annuel de gestion, est-ce que vous pensez
faire un processus, un peu ce que vous faites avec, par exemple, des
organismes plus petits, moins dotés de ressources, avoir un peu d'aide du
Conseil du trésor pour avoir une espèce de qualité moyenne assez... une qualité
générale assez bonne?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, effectivement, ça fait partie de nos
approches nouvelles, c'est-à-dire qu'on est plus en soutien maintenant, en conseil puis en accompagnement aux
ministères, surtout les ministères qui ont moins de capacités ou de ressources. Alors, on est là. Les
unités, que M. Bernier gère, servent justement à soutenir ces
ministères-là.
M.
Reid : Très
intéressant.
Le Président (M. Rochon) : 40
secondes, M. le député d'Orford.
M.
Reid : Ça va aller
pour cette question.
Le
Président (M. Rochon) : Ça va? Alors, on va passer maintenant au bloc
d'échange avec l'opposition officielle. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : Oui. Bonjour, M. Jean,
Mme Berger, M. Bernier et Mme Blouin, bonjour. Écoutez, c'est une question qui me tenaille depuis ce matin, je vais
vous la reposer. On a deux rapports. Il y en a un qui a été déposé, puis
là on l'analyse, c'était le rapport 2012‑2014, c'est bien ça?
Une voix : ...
M.
Bourcier : 2014‑2015, excusez-moi, oui, oui, c'est parce que je
retourne en arrière. Et il y a 2015‑2017 qui arrive aujourd'hui. Là, je regarde l'article 28 de la Loi sur
l'administration publique, prévoit que le président du Conseil du trésor doit déposer, «chaque année, un rapport
concernant l'application de la [...] loi». Alors, pourquoi le retard?
Vous pouvez nous expliquer ça? Pourquoi le
retard de certains dépôts de documents? Vous arrivez là, avez-vous des
explications?
Le
Président (M. Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Deux explications, monsieur. D'abord, il y a eu des
difficultés de compilation. Vous savez, c'est important que les données soient correctes, là, hein, si on veut rendre
ça public. Deuxièmement, depuis le président Coiteux, il y a eu plusieurs ministres qui se sont succédé.
Puis, à chaque fois qu'on arrivait à en convaincre un de le déposer,
bien, il s'en allait. Moi, c'est ce que j'ai
vécu. Puis, ceci étant dit, ce n'est pas une bonne raison, mais ça fait partie
des explications. Et là je peux vous
dire, par exemple, que, le prochain, il va être prêt à l'automne prochain,
parce qu'on est déjà en cueillette d'information auprès des ministères
et des organismes.
Le
Président (M. Rochon) : Monsieur, vous parlez évidemment du prochain
rapport, pas du prochain président du Conseil du trésor.
M. Jean
(Denys) : Non, le prochain rapport.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui, mais il y a une constante, là. Vous me dites que ça va
être cet automne, mais il va y avoir un nouveau ministre. Est-ce que ça va être à temps encore ou il va y avoir
un délai occasionné par un changement de ministre de quelque parti que
ce soit, mon cher monsieur? C'est très important de...
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Regardez, ce que je contrôle, moi, c'est la production
du rapport. La désignation du prochain président du Conseil du trésor,
ça ne m'appartient pas.
Le Président (M.
Rochon) : Monsieur...
M. Jean
(Denys) : Moi, je serai prêt à l'automne prochain.
Le Président (M.
Rochon) : Bien, M. le député de Saint-Jérôme.
• (15 h 40) •
M.
Bourcier : En espérant qu'il soit de bonne humeur avec ce que vous
allez déposer, j'imagine. Ça devrait être le cas, oui?
J'ai
regardé dans le document aussi au niveau de la convention de performance,
d'imputabilité en temps de gestion. On
avait plusieurs organismes au 31 mars 2015, en fait, il y avait
huit conventions qui étaient en vigueur, et là il y avait le Bureau des
infractions, là, je ne vous les nommerai pas tous, là, mais il y en a moins. Et
là on va tomber dans un autre domaine
en 2015‑2017, on nous a dit qu'il y
en restait trois. Premièrement,
première question : Pourquoi il y en a moins? Et la
sous-question : Pourquoi Emploi-Québec n'est plus là?
Le Président
(M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Bon, d'abord, premièrement,
effectivement, vous avez raison de constater qu'il y en a moins; on est
rendu à trois, là, qui sont en fonction. Cette section de la Loi de
l'administration publique là est à réfléchir parce qu'honnêtement on ne peut pas
dire que ça a donné des résultats qu'on espérait. Il n'y a
pas nécessairement beaucoup d'intérêts
ou de ministères qui se sont pointés pour utiliser ces mécanismes-là. Pourquoi?
On ne le sait pas, on va l'analyser puis
on va se poser des questions. Pourquoi Emploi-Québec a sorti, la raison exacte,
Reno, est-ce que tu l'as?
Non, hein? Je pense qu'ils ont revu l'aspect légal
d'Emploi-Québec, ce qui fait en sorte qu'il n'était même plus possible, pour
lui, d'être dans cette section-là de la Loi de l'administration
publique.
Le Président
(M. Rochon) : Est-ce que M. Bernier veut compléter?
M. Reno Bernier. Non.
M. Jean
(Denys) : Veux-tu ajouter quelque chose?
M. Bernier
(Reno) : Non, je pense, c'est clair.
Le Président
(M. Rochon) : Alors, M. le député de Saint-Jérôme?
M. Bourcier :
Oui. J'attends toujours la lumière, M. le Président, mais pas la lumière de la
réponse, mais la lumière rouge.
Excusez. Quels résultats... vous aviez dit dans votre réponse que vous avez
espéré des résultats. Quels résultats vous auriez espérés? Vous
attendiez des résultats qui ne sont pas venus. J'essaie de...
Le Président
(M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Bien, M. le Président, quand la loi a été modifiée pour
introduire ce mécanisme-là, là, il y avait, je présume, des gens qui se disaient : Il y a là un potentiel de
gestion administrative intéressant. Entre vous et moi, là, quand il n'y a rien que trois organismes au gouvernement du Québec
qui utilisent ces mécanismes-là, on est légitimés de s'interroger sur la validité de ça. Est-ce que l'idée des ententes de
gestion, telle que c'est proposé là, c'est une mauvaise idée? Je ne pourrais pas vous le dire. Mais est-ce
que la mécanique pour les mettre en place, il y a peut-être des
difficultés qui empêchent les gens de s'y
intéresser? Alors, moi, je vous dis qu'on est rendus au stade de se poser de
questions sur ces dispositifs-là
Le Président
(M. Rochon) : Député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Pour mon bénéfice personnel, M. Jean, est-ce qu'ils sont libres d'utiliser
ces ententes-là ou c'est le secrétariat qui les impose?
Le Président
(M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Ils sont libres, ça vient d'eux. Ils peuvent nous faire une
demande, dire : Moi, je voudrais bénéficier
de cette entente de gestion là. Et là, à ce moment-là, il y a comme une espèce
d'entente pro forma entre le Conseil du
trésor et l'organisme dans laquelle on dit : Bien, écoute, voici la façon
dont tu vas te gouverner administrativement. Parce que, dans le fond, l'intérêt de ces ententes-là, c'est de donner
aux organismes des allégements administratifs. C'est ça, l'intérêt. Et
ça vient de l'organisme, et c'est cas par cas entre le Conseil du trésor et
l'organisme.
Le Président
(M. Rochon) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Alors, si je comprends bien, quand ils se retirent de ce genre de convention
là, ils ont plus de lourdeur administrative. Est-ce que je suis en droit de
penser comme ça?
M. Jean
(Denys) : C'est une décision qu'ils prennent. Lourdeur administrative,
c'est relatif. Est-ce qu'il y a des gains
à en avoir moins? Est-ce qu'il a des gains à en avoir plus? On ne le sait pas.
Mais une chose est sûre, c'est que, quand ils se retirent, c'est parce qu'ils n'ont plus d'intérêt à être dans ce
système-là. Et moi, je vous dis honnêtement, comme secrétaire du Conseil du trésor, il faut se poser
des questions sur ces dispositifs-là parce que ça ne donne pas les
résultats escomptés, là.
Le Président
(M. Rochon) : M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Bien, je vais laisser la parole au...
Le Président
(M. Rochon) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Merci. Merci et bonjour, tout le monde. Ce matin... mais c'est
peut-être une question qui n'est pas exactement dans le rapport, là,
mais ça m'intrigue. On parle de services aux citoyens, de déclaration de
services aux citoyens, puis vous avez parlé
aussi que vous regardez si les plans respectent les priorités du gouvernement.
Est-ce qu'on peut retrouver, dans vos
analyses, l'élément du déploiement des services en région? Est-ce que, pour
vous, c'est quelque chose qu'il faut
analyser? Quand vous... les ministères, le service qu'il y a aux citoyens,
est-ce que la préoccupation du déploiement en région, du service de
proximité, c'est analysé?
Tu
sais, j'ai... pour le voir dans l'Est du Québec, là, il y a des ministères, je
pense à la Régie du logement, il n'y a presque
plus de personnes là pour offrir le service. C'est souvent centralisé. Je vois
des gens qui ont besoin de services ou d'informations
pour l'environnement, et on se fait dire que, le ministère en région, il est
moins équipé, il a envoyé beaucoup de
personnel qui a été centralisé. Pour moi, il y a un impact sur le service aux
citoyens. Ça fait que ce que cet élément-là... Puis, en plus, le
gouvernement s'est donné une priorité d'occupation du territoire.
Ça
fait que cette préoccupation-là ou cette idée que le service aux citoyens doit
être non pas centralisé à Québec ou à Montréal, mais qu'il soit présent
partout sur le territoire, est-ce que c'est analysé par vous et à travers les
plans stratégiques des ministères?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, je répondrais au député que le
déploiement du service, ministère par ministère, ça relève du ministère. Ce n'est pas au Conseil du trésor à dire... Il y
a des décisions d'opportunités gouvernementales et ministérielles à
dire : Moi, je déploie les services de telle et telle unité, à travers le
Québec, de telle manière.
Nous,
ce qu'on regarde, c'est, quand il y a un service à quelque part, est-ce que les
objectifs de qualité qui ont été fixés...
D'abord, il y a-tu des objectifs de qualité? Puis est-ce que ces objectifs-là
ont été rencontrés? Puis est-ce que les citoyens sont satisfaits? C'est ça qu'on regarde. Maintenant, qu'on ait
10, 15, 20, trois bureaux régionaux, ça, c'est vraiment la décision du
ministère, là.
Et,
vous le savez comme moi, M. le député, vous avez l'expérience, il y a une
philosophie gouvernementale là-dedans
aussi, hein, sur l'occupation du territoire ou le déploiement des services en
région. Services Québec est là, là, pour faire du service en région, mais nous... Ce que je vais regarder, moi,
c'est : Est-ce que le service qui est là, il est de qualité, puis que les citoyens sont satisfaits, puis que
les objectifs qui avaient été annoncés, mettons, en termes de délais ou
de... sont rencontrés?
Le
Président (M. Rochon) : ...Rimouski.
M.
LeBel : Oui, mais, en même temps, si on répond à vos questions, est-ce
que les services sont de qualité, en termes
de délais, est-ce que c'est là, est-ce que c'est accessible... C'est des
questions que vous vous posez? Le fait que le service soit décentralisé, déconcentré ou pas, ça a un impact sur la
qualité du service? Je veux juste savoir : Quand vous analysez des plans stratégiques ou... avec madame,
là, quand vous aidez les ministères, et tout ça, est-ce que cet
élément-là, cette vision d'un service, de
services de proximité, plus proche des... pour réagir, est-ce que c'était pris
en considération? C'est pour ça que
je posais la question, c'est... Je sais bien que chaque ministère va savoir
comment il déconcentre ses services
ou pas, mais, à mon avis, ça a un impact ou ça vient... sur la qualité des
services, le fait qu'ils soient déconcentrés ou pas.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Encore là, ce que je vais surtout vérifier, c'est...
Si, par exemple, vous avez une orientation gouvernementale sur l'occupation du territoire ou encore sur le
déploiement des services en région, je vais m'assurer que la planification stratégique respecte l'orientation
du gouvernement. Ça, je fais ça dans la planification stratégique,
comprenez-vous? Quand j'arrive pour regarder
la déclaration de services aux citoyens, là, je vais aller vérifier si la
qualité du service dispensé à tel ou tel endroit rencontre les attentes
puis que les citoyens sont satisfaits.
Mais, pour revenir à votre question — parce que là, je vous écoute puis je
commence à mieux comprendre, là — moi, je vais regarder dans la planification stratégique... Mettons, tu as un
ministère avec des services décentralisés. Est-ce que ta décentralisation est conforme à l'orientation du
gouvernement dans le déploiement des services en région? Si ce n'est pas
conforme, je le rappelle à l'ordre. Mais ça, c'est à la planification
stratégique.
Le Président (M.
Rochon) : Alors, merci, M. le député de Rimouski. On va retourner du
côté du gouvernement, et je passe la parole au député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Je vais faire un petit bout. Vous avez parlé tantôt... Mon
collègue en parlait, les rapports qui sont inégaux d'une année à l'autre, souvent, puis là que vous avez mis en
place, là... Vous êtes là présentement pour les soutenir. Puis, avec le temps, vous pensez qu'on va être
capable d'avoir des rapports un petit peu plus égaux. J'aimerais ça
savoir, moi, là, quelque chose... le nombre d'employés que vous avez. Et puis,
ces équipes-là, comment ça fonctionne, le recrutement?
Parce qu'on voit que le taux de départs volontaires est quand même à
19,4 % pour 2016‑2017. Ça m'a frappé un petit peu, là, c'est... Sur
cinq ans, on trouve à renouveler complètement, là, tous les employés.
Donc,
j'aimerais ça savoir, un, le nombre d'employés que vous avez, le personnel que
vous avez. Et puis est-ce que vous
avez des équipes... vous avez expliqué un petit peu, tantôt... vous avez des
équipes spécifiquement formées pour venir en aide aux organismes, pour
les supporter?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, le Conseil du trésor, au total, c'est
600. J'ai 30 personnes dédiées à travailler à la performance. Les équipes de M. Bernier, là, c'est une trentaine de
personnes. Il faut voir que c'est récent comme unité, là, c'est en
développement. Et c'est ces gens-là qui appuient les ministères et les
organismes.
Quant
au taux de départs, moi, il ne m'inquiète pas dans la mesure où il y a quand
même des départs à la retraite là-dedans
qui étaient prévus. Et, en plus de ça, bien, on est quand même dans un
phénomène de pénurie de main-d'oeuvre, là, où la compétition est énorme
pour se garder des ressources.
• (15 h 50) •
Le Président (M.
Rochon) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Là-dessus, la question de la main-d'oeuvre, donc,
vous avez du recrutement à faire, mais est-ce que, comme c'est souvent le cas pour des services de
finance dans les entreprises et les organisations, est-ce que vous avez
du recrutement interne de ministères qui se fait chez vous?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Reid :
Autrement dit, les 19 %, est-ce qu'il y a du monde là-dedans qui sont
simplement partis dans un ministère?
M.
Jean (Denys) : Oui, oui, par une bonne proportion. Parce qu'il y a de
la mobilité beaucoup à l'intérieur du gouvernement du Québec, hein?
M.
Reid : Puis, en général, ça veut dire que vos personnels
sont appréciés. Quand on aide de proche, comme ce que vous êtes en train de faire, des entreprises,
en étant proche d'elles, et des employés, des organisations, des
ministères... et on les aide à développer
des nouvelles approches, souvent, c'est là que les gens se font des contacts et
c'est là qu'ils se font offrir des emplois. Est-ce que c'est un
phénomène que vous avez vu ou que vous anticipez?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : C'est un phénomène, M. le Président, qu'on constate
régulièrement. C'est un phénomène qu'on n'apprécie pas parce qu'on perd
notre monde de qualité, mais que voulez-vous? Ça fait partie de la vie.
Le Président (M. Rochon) : Alors, M.
le député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci, M. le Président.
Bonjour, M. Jean, bonjour, mesdames et monsieur, madame en arrière.
Il me fait plaisir aujourd'hui... j'ai un paquet
de questions, mais je voudrais commencer sur un segment relativement simple, c'est celui de l'indice d'application de la
gestion, vos 10 éléments. Vous avez expliqué, dans votre présentation, la variabilité. Après l'utilisation
de cet indice d'application là, depuis six ou sept ans, là, est-ce que
vous êtes en position de dire que cet indice-là doit être maintenu, modifié,
amélioré? Parce qu'il semble y avoir certaines limites à l'intérieur de ça. Mais il faut toujours être
prudent quand on veut changer des choses, si on ne leur a pas extrait, si on
disait, la viande de dedans, là, ce qui
était bon puis qui était valable pour voir... nous faire passer la prochaine
étape. Je pense qu'il faut continuer
à poursuivre jusqu'à tant qu'on arrive à un point de maturité qui nous permet
de grandir à la prochaine étape. Où
en êtes-vous à l'intérieur de ça? Puis, s'il y a lieu, quelles sont les
intentions, s'il y a des changements que vous prévoyez?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, d'abord, premièrement, on veut exploiter au
maximum l'indice tel qu'elle est. Vous
avez vu, par exemple, qu'il y a des indicateurs qui nous disent, par exemple,
qu'on devrait se préoccuper d'un certain nombre de choses pour essayer
de redresser un certain nombre de situations.
Ceci étant
dit, on est en réflexion, on a même un chantier d'ouvert sur l'idée de
remplacer cet indice-là par un indice qui
serait plus un indice de performance des ministères et des organismes. On
ambitionne à essayer de mettre en place, d'ici fin 2019, peut-être, une espèce d'indice qui nous permettrait...
parce que, je l'ai évoqué tout à l'heure dans mon texte, on parle de plus en plus de performance des
ministères et des organismes. L'indice qu'on a devant nous, c'est un
indice d'utilisation des bonnes pratiques de
la gestion par résultats. Ce n'est pas qu'elle n'est pas utile, là. Mais, si on
se met dans une perspective de
performance, est-ce qu'on ne devrait pas avoir un indice qui est plus près de
l'idée de la performance, un?
Deuxièmement, aussi un indice qui pourrait permettre aux ministères et
organismes de se comparer les uns aux autres dans des domaines communs pour pouvoir... puis, d'ailleurs, les
parlementaires peut-être pourraient bénéficier de cette espèce de classement de ministères et organismes
en matière de performance. Puis, ultimement, bien, ça permettrait aussi aux ministères et organismes d'améliorer leur
performance. Parce que l'indice nous permettrait de détecter les
déficits de performance.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Mégantic.
M.
Bolduc : Un des éléments difficiles à l'intérieur de cet indice-là,
puis on en voit rapidement les limites, si on parle des... en fait, je
pense qu'il y en a 70, ministères et organismes, puis je ne...
Une voix :...
M. Bolduc : Pardon?
M. Jean (Denys) : 66.
M. Bolduc : 66, puis, ici, on parle
de 55 ou 56 qui participent à ça, là.
M. Jean
(Denys) : 65. M. le Président, il y a 65 ministères, je pense, qui ont
répondu au questionnaire, mais il peut arriver que, sur un domaine x,
ils n'aient pas répondu. Parce que c'est une réponse volontaire, hein?
M.
Bolduc : Oui. Mais, fondamentalement, c'est que, quand on regarde ce
genre d'indice là, il y a toujours la question
de l'interprétation, il y a toujours la question de comment il mesure. Donc, il
y a une série d'erreurs qui font
qu'on arrive à une sommation de résultats
qu'il devient un peu précaire d'interpréter, parce que les gens n'ont pas
tous défini de la même façon, n'ont pas regardé les indices de la même façon et qu'à la fin, étant donné que les missions, la diversité, la quantité de gens, etc., fait que tout ça, là, fait
un bruit de fond qui est plus ou
moins important. Comment vous y
retrouvez-vous à partir de ça? Parce qu'on n'a pas le bruit ou, si vous
voulez, la variabilité de la
compréhension, de l'analyse, etc.? Qu'est-ce
que vous faites avec ça quand il y a
des indices, par exemple, et on l'a vu à l'intérieur de votre
présentation, où il y a quand
même une évolution,
puis, des fois, elle peut devenir négative? Vous expliquez cette partie-là.
Mais, tout ça, ça nous indique juste qu'il y a
une variabilité, puis cette variabilité-là, ça devient un frein au développement, O.K.? Comment vous
gérez ça?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Bien, d'abord,
M. le Président, c'est toujours compliqué, un indice composite, hein, parce que, d'abord, c'est de trouver les
meilleures composantes, les mesurer adéquatement puis surtout leur donner une valeur relative,
une valeur d'importance relative. Ceci étant
dit, l'indice qui est là, l'intérêt... Mais, vous avez raison, il y a
un bruit de fond.
L'intérêt que j'y vois, c'est qu'elle nous permet de nous alerter sur des
tendances. Dans les 10 indices, là, celui qui est le plus frappant pour moi, là, comme
secrétaire du Conseil du trésor, quand je regarde le résultat
depuis le début, là, c'est l'audit interne.
M. Bolduc :
C'est le?
M. Jean
(Denys) : L'audit interne.
M. Bolduc :
O.K.
M.
Jean (Denys) : Quand on
demande aux ministères et aux organismes : Faites-vous des activités
d'optimisation des ressources dans le cadre
de l'audit interne?, on est toujours en bas de 50 % depuis le début. Et ça, ça vient conforter ce que Mme la Vérificatrice générale prétend sur le sujet, puis ça donne de l'appui à
son rapport. Et, nous, ça nous légitime, là, pour intervenir dans ce
domaine-là.
Maintenant,
on doit la prendre, mais on doit la gérer aussi comme étant des tendances. Je
vais vous donner un exemple. Si, demain matin, l'étalonnage diminue de
10 % d'une année sur l'autre, c'est peut-être parce qu'il y a de
l'étalonnage qui a été prévu pour l'année prochaine. Comprenez-vous? Ce n'est
pas nécessairement un défaut qu'il n'y ait
pas d'étalonnage. Demain matin, par exemple, si j'avais une baisse prononcée
des activités en gestion de risques, là, je commencerais à m'inquiéter comme secrétaire du Conseil du trésor, alors que là c'est relativement élevé. C'est comme ça que je le gère, M. le Président, l'indice.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je pense que l'interprétation que vous nous
donnez, qui est plus une analyse qualitative, là... On ne fait pas une
analyse quantitative avec une... comment je dirais ça, donc... une moyenne mathématique, etc., c'est beaucoup
plus des caractéristiques qualitatives qui vous permettent, comme vous le
dites, d'orienter des tendances, O.K.? Puis, dans cet aspect-là...
Une voix :
...
M.
Bolduc : ... — oui,
de mesurer les tendances — dans
cet aspect-là, c'est très bien. Mais est-ce
que, pour... Puis peut-être
que nous aussi, on aimerait bien ça. Il
y a de certaines variables, là, qu'on
aimerait aussi voir. Comment est-ce qu'on peut interagir avec vous? Est-ce que
vous avez une mécanique qui va nous permettre éventuellement... Je ne dis pas exclusivement
la Commission de l'administration publique, mais les élus, là, du gouvernement.
Parce que cette mission-là d'être
gardiens, si on veut, de la gestion du personnel, qui remplit en fait, là,
donne les services à la population, c'est quelque chose qui est un peu
abstrait pour beaucoup d'élus. Comment vous, avec votre expérience, vous voyez
ça...
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean...
M. Bolduc :
...ce besoin-là des députés?
Le Président (M.
Rochon) : En une trentaine de secondes, M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Bien, écoutez, c'est... je pense qu'il faut qu'on vous
outille pour que vous sachiez, sur les 66
ministères et organismes, là, c'est qui qui sont dans la cohorte du haut, des
plus performants, puis qu'est-ce qu'il fait qu'ils sont plus performants
que les autres, puis c'est qui, ceux qui sont en bas, puis pourquoi ils sont en
bas, puis qu'est-ce qu'ils mériteraient de
prendre en haut pour s'améliorer, parce qu'à la fin du jour la performance,
c'est une garantie de base de la qualité de service aux citoyens.
Le
Président (M. Rochon) : Merci. On va maintenant passer au bloc
d'échange avec la deuxième opposition. M. le député de La Peltrie.
• (16 heures) •
M.
Caire : Merci, M. le Président. Bonjour, M. Jean, M.
Bernier, Mme Berger, Mme Blouin, Mme Laplante, qui était en punition
hier.
Vous
avez donné une amorce de réponse à ma prochaine question. Mais vous êtes un
fonctionnaire d'expérience, et je
vous connais assez pour savoir que vous ne parlez pas pour rien dire. Quand vous dites : Est-ce qu'un cadre de gestion... puis je veux vous citer au mot, là... Est-ce qu'un
cadre de gestion axé sur les résultats répond adéquatement à l'intérêt
que vous portez à la performance des
ministères et organismes?, j'aimerais ça savoir ce que vous voulez dire exactement,
parce que j'ai l'impression, là-dedans, que
vous mettez la performance et les résultats en opposition... puis, si je me
trompe, corrigez-moi, là, mais... alors que
j'ai l'impression qu'un est tributaire de l'autre. Donc, qu'est-ce que vous
voulez dire exactement?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean (Denys) : M. le
Président, je pense que l'un est dans l'autre. Le résultat est dans la
performance. Tu peux avoir le
meilleur résultat du monde, mais avoir géré de manière non optimale, hein? On
peut penser, M. le député, par exemple, que vous mettez beaucoup,
beaucoup, beaucoup de ressources sans vous assurer qu'elles soient utilisées de
manière efficace. Vous allez chercher vos
résultats. Bravo, le résultat, mais l'efficience n'est pas là. Et là je pense
qu'il va falloir recalibrer, entre vous et
moi, la part du résultat sur les autres enjeux de performance. Mais je n'exclus
pas le résultat, je l'inclus dans la notion de performance.
Le Président (M.
Rochon) : ...La Peltrie.
M.
Caire : Dans le
fond, vous dites, on peut être efficace sans être efficient. Et ce que vous
nous dites, ce que vous nous invitez
à faire, dans le fond, c'est à ne pas vérifier exclusivement
l'efficacité, mais s'assurer que tout ça a été fait de façon efficiente.
Parfait. Maintenant, comment on fait ça?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Et c'est là qu'arrive...
Le
Président (M. Rochon) :
Juste pour qu'on puisse... j'invite à ce qu'il n'y ait pas de sous-commission
en marche en même temps que la commission. Allez-y, M. Jean.
M.
Jean (Denys) : C'est là
qu'arrive l'idée, M. le député, de s'entendre sur une définition de ce que c'est
que la performance, la performance d'un ministère et d'un organisme.
M.
Caire : Pour ma compréhension, M. Jean, quand vous parlez,
juste pour que... les mots ont un sens. Vous parlez de la performance, vous parlez de l'efficience,
puis, les résultats, vous parlez de l'efficacité. pour qu'on s'entende
pour le discours. O.K. Parfait, merci.
M.
Jean (Denys) : Alors, qu'est-ce que c'est, un ministère, un organisme
performant? Vous, vous avez donné, ici, à la Commission de l'administration, une définition, il y a quelques
années déjà. Est-ce que c'est toujours la bonne? Est-ce qu'elle ne mériterait pas d'être revue? Une fois
qu'on s'est dit ça, c'est quoi, les instruments maintenant qu'on devrait
mettre en place pour s'assurer, justement,
d'atteindre cette performance-là? Actuellement, dans la Loi sur
l'administration publique, on parle de la
planification stratégique, de la déclaration de services aux citoyens et du
rapport annuel de gestion. On ne
parle pas, par exemple, du plan annuel de gestion des infrastructures. On peut
se dire, par exemple, que, dans le domaine
de la santé ou dans le domaine de l'éducation, les orientations stratégiques
des deux ministères en maintien d'actifs ne sont pas négligeables, font partie de la performance, hein? Dans la
LAP, on ne parle pas non plus d'audit interne, hein? On ne parle pas non d'évaluations de programmes,
ainsi de suite. Il y a des choses qui ne sont pas là, qui mériteraient
peut-être d'être encadrées dans un cadre de
gestion que j'imagine plus large, plus axé sur la performance, les deux
derniers étant des outils d'amélioration de
la performance. C'est un peu ça, le concept que j'ai. Maintenant, et puis en
conséquence, le fameux rapport de l'application de la LAP, M. le député
ou M. le Président, là, à ce moment-là, il vient calibrer la performance des
ministères et des organismes. Là, c'est la réflexion du secrétaire du Conseil
du trésor.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député.
M.
Caire : Mais donc, si on prend ça à l'origine, est-ce que
vous diriez que le premier outil, puis je me doute un peu de la réponse, c'est le plan stratégique? Vous
avez dit tantôt : Bon, on est à jour au niveau du dépôt des plans
stratégiques. C'est bien. Mais vous avez
rajouté quelque chose qui, à mon avis, est fondamental, vous avez dit :
Non seulement nous avons déposé les
plans stratégiques, mais nous nous sommes assurés de leur qualité. Puis ça,
j'aimerais vous entendre là-dessus,
parce que, pour moi, c'est fondamental. Vous avez parlé de vos six critères, du
critère SMART... Donc, j'aimerais vous
entendre sur depuis combien de temps on a mis ça en place, jusqu'à quel point
les plans stratégiques répondent aux critères
que vous avez mis en place. Mais, surtout, M. le secrétaire, en tout respect,
qu'est-ce qu'il arrive si vous êtes devant un plan stratégique qui visiblement ne répond pas à ces critères-là?
Quel est le pouvoir de contrainte, je dirais, du Conseil du trésor à dire à un ministère ou à un
organisme : Refaites vos devoirs sur la base de tels, tels, tels critères,
qui sont des critères objectifs, là?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, bon, les six critères, je pourrai y
revenir. Je peux vous dire qu'on applique ces critères-là depuis l'automne 2016. Et, étrangement, là, avant ce
moment-là, ce n'était pas le Conseil du trésor qui était responsable de ça, c'était le Conseil exécutif. Ça
nous a été donné à l'automne 2016. Qu'est-ce qu'il arrive si un...
D'abord, premièrement, il y a du travail qui
se fait avec les officiers du ministère, là. On s'assure... On travaille avec
eux autres. D'abord, on...
M.
Caire :
Ça, c'est le groupe à Mme Berger, j'imagine.
M. Jean (Denys) : Oui.
M.
Caire : O.K.
M. Jean
(Denys) : Mme Berger, là, elle les part au début. Dès qu'ils initient
leur démarche de planification stratégique, elle
est avec eux. Elle les suit continuellement. Quand ils ont une proposition de
planification stratégique, ils nous
l'envoient de manière préliminaire. Nous, on l'analyse à travers nos six
critères. Si ça ne fonctionne pas, c'est retourné, c'est corrigé, revu. Et, quand ça arrive au
Conseil du trésor, si jamais ça ne fonctionne pas puis qu'on a tout fait,
nous, administrativement pour le faire
corriger, bien, on recommande au Conseil du trésor de dire au Conseil des
ministres que cette planification stratégique là ne doit pas être
acceptée et approuvée. Et ça, bien, c'est une grosse décision.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : O.K. Donc, je comprends que, quand vous analysez un
plan stratégique, il y a l'aspect quantitatif, donc les ressources humaines, les ressources
financières qui seront attribuées aux différents objectifs du plan, parce que
j'imagine, évidemment, qu'on parle
d'objectifs mesurables et quantifiables. Qualitatif, vous dites : Bon,
bien, est-ce que les objectifs sont réalistes? Est-ce qu'ils sont
suffisamment ambitieux? Parce qu'il peut y avoir une tentation d'avoir des
objectifs facilement atteignables. Donc,
est-ce que... En fait, je pose la question : Est-ce que vous êtes en
mesure de dire : Bien, ça manque
un peu d'ambition, tout ça, vous êtes capables de faire mieux, compte tenu des
ressources qui sont attribuées?
Et
il y a un élément que je n'ai pas entendu, probablement qu'il est là, mais
est-ce qu'il y a un critère de temps? Est-ce
qu'il y a des échéanciers? Parce que, tantôt, on parlait d'indicateurs de
performance intermédiaires. Donc, j'imagine qu'il y a un critère de temps aussi dans la réalisation des objectifs,
qui fait en sorte que le plan stratégique, il est acceptable ou il n'est pas acceptable. Au-delà de la durée
même du plan stratégique... Je pense qu'il doit être entre trois et cinq
ans, selon la loi, mais, dans un objectif en
particulier, est-ce qu'on pourrait dire : Bon, bien, écoutez, cet
objectif-là, sincèrement, vous êtes capables de réaliser ça en deux ans,
même si le plan, lui, s'échelonne sur cinq ans. Je ne sais pas si vous comprenez vraiment... vous cernez la question, là?
Êtes-vous capables d'aller aussi loin dans l'analyse d'un plan stratégique?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : C'est-à-dire qu'on peut arriver à établir ou à
déterminer que, par exemple, un objectif... Si, par exemple, vous avez une planification stratégique
sur cinq ans puis vous avez un objectif que vous réalisez en deux ans,
on peut dire que votre ambition est réduite, hein?
M.
Caire :
Je comprends.
M.
Jean (Denys) : Alors, on le signale au ministère. Il révise ses
affaires. Puis, s'il ne les révise pas, on le signale au Conseil du trésor. Mais l'objectif à atteindre, c'est de la
farine du ministère. C'est lui qui décide : Je veux aller là. Les moyens que tu alignes puis la façon claire que
tu le présentes, nous, on vérifie, on s'assure que c'est bien, correct,
que les indicateurs sont corrects. Ça, c'est ce qu'on fait.
M.
Caire : Mais, en même temps... Vous dites : C'est la
farine du ministère. J'en conviens, mais vous avez dit, dans votre
présentation : Un des critères, c'est de s'assurer que le plan stratégique
va s'arrimer aussi avec les politiques du gouvernement,
les objectifs du gouvernement. Donc, oui, le ministère a une marge de
manoeuvre, on va le dire comme ça,
sur la définition de ses objectifs, mais, en même temps, vous avez, j'imagine,
la prérogative de dire : Par rapport à la politique gouvernementale,
on n'est pas là, là.
Le Président (M.
Rochon) : En 45 secondes, M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Un bel exemple, M. le député, je vais vous le donner,
c'est l'éducation. On a reçu récemment le plan stratégique du ministère de l'Éducation après que le gouvernement a
adopté une politique sur la réussite scolaire. Une des premières choses qu'on s'est assuré, c'est que l'engagement
gouvernemental sur la réussite scolaire soit traduit correctement dans la planification stratégique.
Donc, quand on vous dit qu'on regarde les politiques, c'est ça. Tu sais,
je veux dire, vous avez annoncé une
politique, est-ce que votre planification stratégique la supporte, elle
l'appuie? C'est ça, le travail des... C'est fait, ça, par nos équipes.
Le Président (M.
Rochon) : Merci. On revient au bloc ministériel. M. le député de
Mégantic.
• (16 h 10) •
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. M. Jean, on est en train de discuter sur l'indice
d'application. Et je vais maintenant... On a
établi un peu où vous en êtes, là. Je voudrais aller un peu plus loin puis voir
comment on veut évoluer puis je vais vous donner quelques exemples. Je
vous donne l'exemple, là, en fait, de la création du CSPQ, la nouvelle version des technologies de l'information, qui doit
être, pour vous, un paramètre
dramatiquement important qui va altérer, changer les façons de travailler dans beaucoup de ministères
et qui va mettre des éléments de contrôle qui sont... appelons-les différents, ou qui vont changer la nature de
la séquence de travail. Et puis là on va rester au niveau, pour tout de suite, là, on descendra un peu plus tard, mais est-ce que la mécanique des changements qui ont été mis en
place va apporter, dans l'évaluation de l'indice d'application et les évaluations
globales, une révision? Parce que, tôt ou tard, ces éléments-là vont s'intégrer à l'intérieur de ministères
et d'organismes, et vont s'étendre. Comment on va percevoir ça? Puis comment
on va le voir si ça marche ou si ça ne marche pas?
Le
Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Alors, M. le Président, je pense d'abord que la performance de l'organisme qu'est le
CSPQ, c'est une chose, mais...
M. Bolduc :
Ça, c'en est une.
M. Jean
(Denys) : C'est une chose. Maintenant,
si le gouvernement du Québec disait : Demain matin, là, sur tel
type de gestion technologique, le CSPQ doit faire la chose, et que moi, je
reçois une planification stratégique qui va à l'encontre
de cette orientation-là, je suis légitimé de rappeler le ministère ou
l'organisme à l'ordre. C'est un peu comme ça que je vois ça.
L'autre
élément, si vous me permettez, M. le Président, dans l'analyse que l'on fait
des planifications stratégiques, on s'assure que les ressources de toute
nature soient correctement gérées, y compris les ressources en technologie de l'information. Donc, la planification stratégique,
elle doit respecter les politiques gouvernementales en technologie de
l'information.
Le Président
(M. Rochon) : M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Ça va bien, sauf... puis j'entends très bien ce que vous me dites. Mais là où
nous, on se fait, comment je dirais,
attaquer sans avoir de possibilité de réponse, c'est d'être capable d'arriver
puis de dire : Bien, les technologies de l'information, on investit des milliards, puis là je vous donne un point
de vue, là, externe, puis on n'est pas loin de la réalité, mais on
investit des milliards là-dedans, puis ça ne produit pas grand-chose. Puis là
je comprends que, dans le plan stratégique, l'élaboration
des programmes, etc., mais il y a quand même un lien interactif pareil critique
entre l'outil et la performance de
l'employé, et de s'assurer que l'employé a la formation adéquate pour
travailler avec l'outil. Si on prend quelqu'un
qui a juste une éducation primaire puis qu'on lui fait faire de la
programmation, il va peut-être bien y avoir une dichotomie assez significative. Puis là j'amplifie le problème, bien
naturellement, mais est-ce que cet aspect-là de la gestion des ministères et organismes vous concerne à ce
niveau-là entre les deux éléments critiques qui s'appellent, un, les
outils de travail, et, deux, le personnel qui exécute les tâches?
Le Président
(M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Oui, parce que, dans le fond, quand on va regarder
l'utilisation des ressources humaines, quand on va regarder, là, on va faire une analyse sur la façon dont le
ministère utilise ses ressources humaines, on va s'intéresser à est-ce qu'il a, par exemple, une planification de
main-d'oeuvre. On va s'intéresser : Est-ce qu'il a une évaluation de
la compétence de son personnel. Est-ce qu'il a investi dans la compétence de
son personnel? Est-ce qu'il a mobilisé son monde? Ça, ça fait partie des
intérêts qu'on a quand on regarde les planifications stratégiques.
Le Président
(M. Rochon) : M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Dans le rapport annuel, puis là je ne sais pas si on...
Je ne peux pas commencer à m'attaquer
et dire qu'est-ce qu'on veut voir dans un rapport, mais je vous donne, pour
moi, l'élément que, quand on regarde,
par exemple, les programmes de la santé — puis vous avez vu tous les changements qu'on
a faits, on a fait des politiques, on
a fait plusieurs lois qui ont pour objectif d'améliorer la productivité, de
moderniser les outils et de donner un meilleur
service à la population, améliorer la qualité de vie des Québécois, là, en
français bien clair — à
travers tout le bruit de fond, à
travers tout ça, là, les gens, il y a beaucoup de critiques, il y a des
pressions syndicales, il y a des gens qui ont des commentaires, comment on fait pour s'y retrouver?
Puis nous, on n'a pas accès à l'interne de la machine, là. Puis je ne
dis pas ça méchamment. Je dis ça, c'est la
réalité de notre quotidien. On ne s'en va pas voir les fonctionnaires puis
demander aux gens comment ça marche ton affaire puis ça va-tu mieux, ça va-tu
pire, etc.
Donc,
on doit, pour comprendre, se fier à des gens comme votre ministère, qui peuvent
nous donner des indicateurs globaux
et des informations, sans être, comment je dirais, individuelles, des
organismes, des structures, des opérations, de l'efficience, du rendement, de la productivité. Mais ça, ce n'est pas
ici, là. On est beaucoup plus à un niveau plus haut, plus élevé, je dirais, de stratégies, de programmes,
d'applications, d'orientations, etc. Comment on va faire pour aller plus
loin?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, moi, je pense que la perspective est
la suivante. On commence par se dire : La planification stratégique doit être alignée sur des indicateurs de
résultats, des indicateurs d'effets/impacts, d'extrants. Et, après ça, quand on aura travaillé ensemble sur le
rapport annuel de gestion, le résultat de ces indicateurs-là va être communiqué dans le rapport annuel de gestion. Je
pense que c'est ça, la voie de l'avenir. Par exemple, je ne le sais pas,
moi, je m'engage à régler
10 000 cas par année, O.K.? À la fin, au rapport annuel de gestion,
je dis que j'ai réglé 10 000 cas. Maintenant, la différence entre 10 000 cas intrants puis le
10 000 cas extrants, c'est que, si tu peux à 10 000 cas,
mais tu en as 40 000 en «backlog», que
tu fais 10 000 cas parce que tu n'as pas de «backlog», on n'est pas
dans le même résultat.
Il
faut arriver, je pense, puis c'est ça, le travail qu'on essaie de faire avec
les ministères, puis on y parvient pas mal, à ne sortir pratiquement exclusivement — ce n'est pas donné, là — que des indicateurs d'extrants. J'investis
1 million pour régler un problème, le problème, il est passé de A à B,
puis il est mesuré. Ça, c'est la première affaire.
La
deuxième affaire, puis c'est le chantier qu'on vous a parlé tout à l'heure, le
meilleur critère pour savoir si tes services
sont de bonne qualité, c'est la réaction des citoyens. Il faut que les
citoyens... puis les méthodes pour consulter les citoyens sont variables. Il y a plusieurs méthodes pour consulter
les citoyens, mais il va falloir... puis, moi, personnellement, je trouve que les déclarations de services aux
citoyens, cinq ans, c'est un peu long. Peut-être que, cinq ans, dans
certains domaines, c'est correct, mais dans,
d'autres domaines, ils devraient être plus fréquents, parce que les choses
varient, la société varie, la
démographie varie, ainsi de suite. Et les méthodes pour savoir si les citoyens
sont satisfaits, nous, on en recommande,
on ne les prescrit pas. Peut-être qu'à un moment donné il va falloir aller plus
loin que ça puis les prescrire.
Petite réflexion.
Je suis une petite organisation, faire des «focus groups» puis faire des
enquêtes téléphoniques, ça coûte
quelque chose. Peut-être que le Conseil du trésor — puis là je parle tout haut puis ils ne
m'aimeront pas — pour avoir un service, là, à quelque part...
pour aider les ministères qui n'ont pas la capacité d'aller chercher ce
truc-là, là.
Le Président (M. Rochon) : ...vos
collaboratrices et collaborateurs, M. Jean.
M. Jean (Denys) : Et voilà.
Le Président (M. Rochon) : Oui,
d'accord. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci. C'est très clair, ce que vous nous dites, je pense que
c'est très fondamental dans la mission qu'on vous donne à vous dans le
sens que, si vous regardez l'ensemble et que vous faites une évaluation des
plans stratégiques, des objectifs, des
programmes, etc., il est normal qu'on aille plus loin puis qu'on regarde les
outils, la performance des employés,
leur niveau d'éducation et les indices de productivité, parce qu'à la fin d'une
journée... puis je n'ai pas besoin de
faire une thèse de doctorat pour vous expliquer que, si vous regardez un paquet
de ministères et d'organismes ou si vous regardez sur une base de 10
ans, la durée d'attente pour le règlement d'un problème ou d'un dossier
particulier est en croissance continuelle. On peut prendre la CPTAQ, la société
d'habitation, les contrats de logement, il y en a toute une panoplie.
Je ne sais
pas si vous voyez ça, puis, si vous le voyez, est-ce qu'il y a quelqu'un
quelque part qui fait quelque chose sur l'ensemble de ce problème-là?
Puis je veux juste qu'on regarde ça de façon claire pour qu'on puisse dire
demain qu'est-ce qu'on a besoin pour le voir et le corriger.
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
• (16 h 20) •
M. Jean
(Denys) : M. le Président, je me permettrai, en toute amitié, de faire
remarquer au député que la durée d'attente
s'allonge, mais la durée d'exigence augmente, le nombre d'exigences augmente.
C'est parce qu'à un moment donné il
va falloir aussi qu'on ait une balance, parce que les exigences qu'on fait aux
citoyens puis aux entreprises sont de plus
en plus nombreuses, et je pense que les parlementaires puis les gouvernements
demandent aux fonctionnaires, aux administrateurs de s'assurer que les
exigences sont respectées.
Alors, vous
avez deux exigences à vérifier, c'est une chose, vous en avez 30, c'est une
autre affaire. Donc, il y a un phénomène
de longueur. Et ça, c'est un enjeu qu'il n'est pas rien qu'au Québec, hein, il
est occidental. Une fois qu'on a dit ça,
c'est un défi pour chaque ministère et organisme de se donner des indicateurs
de performance. Et, quand on regarde... moi, j'ai un citoyen qui a besoin d'un service, puis il y a un phénomène de temps dans le service, bien, il va falloir
que je m'engage, comme ministère,
à agir sur le temps, à m'engager à donner un résultat puis à mettre les
moyens en dessous pour le régler. Et je pense
que la déclaration de services aux citoyens puis la planification
stratégique sont des beaux
outils.
Le Président (M. Rochon) : ...de
Mégantic annonce qu'il y reviendra. M. Jean, on va passer maintenant à l'opposition
officielle. M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Je vais revenir sur
mon histoire de tantôt parce
que ça m'intéresse beaucoup.
Souvent, tu sais, vous parlez de
Services Québec, là, puis je ne veux pas faire de blâme, mais
c'est souvent, on va dire, il faut que les services soient donnés en région puis... mais on est devenus... c'est de plus en plus par Internet, par téléphone, par... et il y a moins de services, moins de
personnes qui offrent les services directement dans les...
Le Président (M. Rochon) : Je
m'excuse. Je m'excuse, M. le député de Rimouski, retenez votre question.
La commission va devoir suspendre ses travaux quelques
instants, il y a un vote qui est appelé au bleu. Nous reviendrons immédiatement
après.
(Suspension de la séance à 16 h 21)
(Reprise à 16 h 40)
Le Président (M. Rochon) :
Alors, la Commission de l'administration publique reprend ses travaux, reprend
l'audition du Secrétariat du Conseil du trésor sur le rapport 2014‑2015 du
président du Conseil du trésor et ministre responsable de l'Administration gouvernementale et de la Révision permanente des programmes concernant l'application
de la Loi sur l'administration publique.
Et, quand nous nous sommes quittés, le
député de Rimouski allait entreprendre son échange avec le secrétaire du Conseil
du trésor. Alors, M. le député de Rimouski, la parole est à nouveau à vous.
M. LeBel :
Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Rochon) : Je ne me souviens pas de votre question. Peut-être
vous non plus, d'ailleurs. On va voir.
M.
LeBel : Je vais travailler là-dessus. Bien, c'est ça, j'étais en
train de dire: Moi, ça me préoccupe beaucoup, là, puis, surtout, depuis quatre ans, là, que je suis
député, je vois un peu la situation dans les régions, puis je trouve que,
souvent, les services pour l'accès aux
ministères, ça devient de plus en plus difficile. Des fois, pour des bonnes
raisons, on se dit qu'avec les
nouvelles... tu sais, on peut y aller par Internet, par toutes sortes de
façons, puis on rend le service quand même, mais on s'aperçoit que le service est moins là. On parlait de la Régie
du logement, tantôt, mais il y a d'autres ministères.
Des
fois, on peut... puis je ne sais pas, dans votre analyse des résultats, mais,
si je prends l'exemple de... on a vu ça dans les journaux récemment, deux personnes qui partent de La Matanie et
il faut qu'ils fassent de l'hémodialyse, ils vont faire de l'hémodialyse à Rimouski. C'est sûr
qu'ils ont un bon service, c'est parfait, mais il faut quand même qu'ils
fassent quasiment 100 kilomètres,
aller-retour, deux fois par semaine, tu sais, c'est... il y a, quand même,
quelque chose là, à mon avis, qui
n'est pas un bon service aux citoyens. Je donne ça comme exemple, c'est que le
résultat est bon, mais ça fait en sorte
que nos citoyens des régions sont moins bien, à mon avis... ont moins accès ou
sont moins bien servis que les citoyens des villes. Puis ça, c'est dans
toutes les régions, là.
Ça
fait que, tantôt, vous m'avez dit que, dans la planification, pour certains
ministères, vous allez vous assurer, vous poser la question : C'est comment que tu vas déconcentrer tes
services puis tu vas déconcentrer ta... C'est correct, c'est correct de le faire comme ça, mais est-ce que...
après, comment vous faites l'évaluation de tout ça, comment... est-ce
qu'il y a un bilan qui est fait de ça? Et comment c'est fait, ce bilan-là ou
cette évaluation-là?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Alors, faisons l'hypothèse, M. le Président, faisons
l'hypothèse que le gouvernement du Québec a des orientations sur la déconcentration, la décentralisation des
services en région. Faisons cette hypothèse-là, faisons l'hypothèse qu'un ministère donne des services, et
il arrive avec une planification stratégique. Première chose qu'on doit vérifier : Est-ce que ton déploiement de
services est conforme aux orientations du gouvernement? Première des
choses. Ensuite, est-ce que, dans ta
déclaration de qualité de services aux citoyens, tu as prévu les mesures...
D'abord, tu as-tu mesuré les attentes
des citoyens, première chose, tu as-tu mesuré les attentes? Deuxièmement, tu
as-tu pris des mesures pour donner un
service de qualité? As-tu pris des engagements sur la qualité de service, puis
comment tu fais pour aller vérifier si tes
clients sont satisfaits du service que tu as donné? Ça, c'est les deux choses
sur lesquelles nous, on va travailler. C'est comme ça qu'on va aborder
votre préoccupation.
Maintenant,
qu'il y ait de la dialyse, mettons, à Gaspé... d'ailleurs, moi, je trouve que
c'est bon pour eux autres qu'ils
aillent à Rimouski, pour nous, là, mais ça, c'est une autre question, hein? Et
je vous rappelle que, dans la loi, là, c'est marqué «la prise en compte, dans les choix de gestion, des attentes
exprimées par les citoyens en fonction des ressources disponibles».
C'est toujours là qu'on arrive avec une espèce de difficulté.
Mais,
moi, ma job, c'est ça. Si vous avez un gouvernement qui dit : Voici
comment on déploie le service en région, le ministère se présente... As-tu respecté l'orientation du
gouvernement? As-tu ce qu'il faut pour mesurer la qualité puis le niveau
de service que tu t'engages à donner?
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : C'est sûr que ce n'est pas bon pour moi plus, l'affaire de la
dialyse, puis je sais que ce n'est pas ça que vous avez voulu dire, là, je vous connais assez pour savoir que ce n'est
pas ça que vous avez dit. Parce que c'est quand même quelque chose, hein, pour les personnes, là, qui ont besoin de ça,
de faire les 100... Et il y a des cas comme ça. Puis moi, j'ai sorti cet exemple-là pour montrer que le
résultat est bon, ils ont le service, mais il y a un impact, du fait
qu'ils sont en région, il faut qu'ils
fassent 100 kilomètres, 150 kilomètres pour aller chercher le
service, et ça, à mon avis, ça devrait s'analyser.
Et
vous dites : Les attentes des usagers... Là, si je regarde dans le
rapport, le dernier, là, pas celui-là que vous venez de déposer, l'autre, l'analyse... dans le
graphique 10, vous dites : Les «organisations ayant intégré certaines
étapes dans la démarche d'élaboration
de leur planification stratégique»... L'analyse des attentes des usagers,
40,7 % en 2014‑2015, ce n'est
pas beaucoup. Puis, à Consultation auprès des clientèles, vous dites : Il
faudrait consulter les clientèles, mais ce n'est pas beaucoup mieux, là, c'est 49,2 %. Puis, quand on regarde le
rapport que vous venez de nous déposer, l'analyse des attentes des usagers, on est rendu à 45 %,
puis la consultation auprès des clientèles, on est rendu à 27 %. Il y a quand
même des questions à se poser. Moi, je ne
veux pas blâmer personne, là, mais j'essaie de voir comment on peut faire, dans
un État comme l'État du Québec qui est
une... c'est grand. Comment on peut faire... puis, quand on parle de services
aux citoyens, puis quand on parle d'attentes
des personnes, comment on peut faire pour prendre en considération le
territoire puis le fait qu'il y a des situations différentes dépendamment des
territoires? C'est ça, le fond de ma question.
Le
Président (M. Rochon) : Le député de Rimouski référait, pour sa
question, au rapport sur lequel porte cette audition, là, 2014‑2015 et,
enfin, référait au plus récent déposé mardi. M. Jean.
M. Jean (Denys) : Sur la
question de la mesure des attentes des citoyens puis de la mesure aussi de la
satisfaction des citoyens, il faut faire
attention, parce qu'il n'y a pas... la théorie veut que tu ne mesures pas les
attentes et la satisfaction à chaque
année. Il y a un horizon de mesure, comprenez-vous? Moi, je pense qu'à
l'intérieur de trois ans... parce que les attentes des citoyens, là, elles ne varient pas en 24 heures, là, tu
sais. Le fondement des attentes est assez stable. Pour chaque ministère
et organisme, c'est ça, le défi. Moi, j'ai un bassin de clients qui ont besoin
d'un service xyz, de telles caractéristiques.
Ce service-là est influencé par tels facteurs. Considérant tout ça, c'est quoi,
le délai de mesure idéal? À combien... Dans quel horizon je retourne
voir pour les attentes? Dans quel horizon je retourne voir pour mesurer la
satisfaction? Et ça, ça fait partie des enjeux qu'on a. Je vous ai annoncé tout
à l'heure qu'on allait réfléchir, là, sur les déclarations
de services aux citoyens. Ça fait partie de la réflexion qu'on devra faire. Il
va falloir que les ministères se donnent
comme une espèce d'analyse de sensibilité à la variation des attentes et la
satisfaction des citoyens par rapport aux services qu'ils donnent. Et donc, quand vous prenez les résultats tels
qu'ils sont, ils peuvent être faussés en raison de cette perspective
d'horizon là.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Rimouski.
M.
LeBel : Mais je reviens au fond de ma question, dans le fond. Puis je
pense qu'on pourrait faire un débat assez long, là, sur comment on donne des bons services aux citoyens
indépendamment de la région qu'ils peuvent venir. J'essaie de voir comment, dans nos rapports, puis dans les
plans stratégiques, puis dans les éléments d'analyse des services aux citoyens, comment on peut prendre en compte mieux
l'aspect territorial, l'aspect des régions plus... dites éloignées?
C'est ça, un peu, que j'essaie de trouver
comme... Tu sais, il y a des... J'ai vu d'autres cas comme ça... Vous parlez de
Services Québec. À une certaine époque, le
gouvernement s'était entendu avec les centres d'action bénévole pour donner aux
aînés de l'information pour les rapports
d'impôt, n'importe quoi. Il y avait une entente avec le gouvernement qui...
puis ça passait par les conférences régionales des élus, à l'époque, les
CRE, et on finançait les centres d'action bénévole pour qu'ils donnent les
services. On a aboli ça puis on donne ça à Services Québec.
C'est sûr que
Services Québec, il n'est pas installé au coin de la rue, puis la personne qui
demeure à Sainte-Anne-des-Monts n'a pas
accès à... Ça fait que, à mon avis, ça peut améliorer le service au citoyen.
Mais c'est ce genre de situation
là... c'est à mon avis... mais est-ce que ce genre de situation là pourrait
être mieux analysée, mieux... Pour s'assurer qu'encore, comme je le dis,
tout le monde, indépendamment de la région d'où tu viennes, tu as des bons
services.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
• (16 h 50) •
M.
Jean (Denys) : Moi, M. le Président, je soumettrais au député
qu'effectivement il y a peut-être une réflexion à faire. La question aussi qu'il faut vraiment...
C'est la qualité du service versus la façon dont il est donné. Moi, je
vous écoute, puis je vous connais, là, en
plus, je sais que vous êtes un adepte du contact personnel, donc, pour vous,
dans votre tête, un service public,
ça prend un contact avec quelqu'un. Or, vous savez que, dans notre monde, puis
ce n'est pas moi qui vais vous faire une leçon, parce que,
technologiquement, je suis nul, là, mais, dans notre monde, de plus en plus, il
y a des services électroniques très
efficaces, beaucoup plus efficaces que de se déplacer puis aller voir un
guichet d'un service quelconque.
Services Québec, pour
ce que j'en connais, travaille sur les deux aspects. O.K.? Ils travaillent sur
les services électroniques, d'ailleurs, ils
ont récemment mis en place ce qu'on appelle Accès UniQc, là, où maintenant vous
pouvez avoir accès aux services du
gouvernement avec votre NIP bancaire.
Vous n'avez plus besoin du fameux cliqSECUR. Et aussi ils mettent des
bureaux multiservices. Bon. Moi, j'ai eu l'occasion justement récemment, parce
que j'ai eu un événement personnel, de me déplacer pour aller au centre de
services ici, là, et puis tu peux parler à la Régie des rentes, tu peux parler à la Société de l'assurance
automobile, tu peux parler à n'importe qui au gouvernement.
Est-ce
qu'on peut déployer ça davantage? M. le député, c'est une orientation
gouvernementale. Moi, ce que je vais faire, M. le député, si le
gouvernement, disons, fait ça mur à mur, je vais aller voir s'il y a de la
qualité.
Le Président (M. Rochon) : Merci. Je regrette, votre bloc d'échange est
terminé. Vous aurez l'occasion d'y revenir. On retourne au parti
ministériel, M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. M. Jean, vous avez dit quelque chose
tout à l'heure qui est très fondamental, puis je vais essayer de l'élargir pour qu'on génère un autre niveau de
discussion. Vous avez dit qu'en même temps qu'on nous donne... qu'on a de plus en plus de temps d'attente, il y a de plus
en plus de complexité ou de variables qu'il faut prendre en considération pour en arriver à une décision. J'entends ça,
je le comprends, mais c'est aussi un peu ironique. Puis je m'explique. Regardez, on peut prendre un
cas simple, Desjardins, qui avait 1 000 comptoirs, à peu près un par
paroisse, municipalité au Québec, qui
maintenant est rendu en bas de 400, puis je pense qu'ils sont même en bas de
300. Ça veut dire qu'ils ont quand même fermé 700 points de service dans
la dernière décennie, ou à peu près, là. Je vous donne cet exemple-là. L'ensemble des entreprises globales
mondiales augmentent leurs performances année après année de quelques
pour cent, excédant continuellement l'inflation, O.K.?
Au
gouvernement, on semble un peu divergent par rapport à ces tendances-là. Puis
là je ne veux pas dire que nous, on
est bons, ça, ce n'est pas bon, puis ça, c'est bon. Je veux juste vous dire que
c'est différent. Dans ma tête à moi, là, j'ai une difficulté de conciliation où le service régional ou les services au
gouvernement ont toujours tendance à se complexifier pour en arriver à une qualité de service, quand,
dans l'ensemble des services globaux... puis prenez Amazon.com, vous
ouvrez l'Internet, je veux ça, clic, la carte de crédit, fini, deux jours
après, il est chez vous. Indépendant d'à peu près n'importe quoi, à peu près.
Mais, au gouvernement, on n'est pas
dans cette espèce de dynamique là. On semble dans une dynamique plus inverse. Ça fait que moi, ma préoccupation, c'est
dire... puis là je pourrais comprendre que vous avez un rôle à jouer
partiel là-dedans, à partir des stratégies,
des orientations de l'organisation, et le ministère a une responsabilité
d'exécution et de suivi, de contrôle, etc., puis même de consulter sa
clientèle, comme vous le mentionnez si bien... mais comment on s'assure... puis là on a l'outil technologique,
là, qu'il faut mettre là-dedans, puis ça devient un peu compliqué, puis
on y perd notre latin, pour ne pas le dire
autrement, O.K., parce que tout ça, là, on a l'impression que c'est un
capharnaüm désorganisé.
Puis
vous, ici, aujourd'hui, là, c'est bien important, essayez de nous faire, au
moins, une vision qui fait qu'il y a une organisation là-dedans et qu'on
peut dialoguer pour voir, un, comment le comprendre; deux, comment l'améliorer;
et trois, comment on va faire pour donner un
meilleur service à notre population. Puis moi, je vous l'ai dit tout à l'heure
puis je vais vous le répéter: Dans ma tête à
moi, la mission du gouvernement, c'est d'améliorer la qualité de vie des
Québécois. Ça fait que, quand on fait
quelque chose, on devrait se poser la question : Est-ce que ça, ça
améliore la qualité de vie des Québécois? Si la réponse est non, on ne
devrait peut-être pas le faire.
Comprenez-vous
ce que je dis, là? J'ai fait un grand détour, là, mais j'essaie de cerner le
problème pour l'identifier, pour qu'on essaie de jaser de ça, là, d'une
façon rationnelle.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, d'abord, performance privée,
performance publique, il y a des nuances à faire. Je pense qu'il y a des missions de l'État qui sont
difficiles à calquer, là, sur le modèle Desjardins, ou sur le modèle...
parce que c'est des missions sociales
fondamentales qui, par définition, sont coûteuses et dont le bénéfice est difficile
à mesurer. Desjardins, quand il ferme
des guichets automatiques, il a fait un calcul d'opportunité économique. Le
gouvernement ne peut pas toujours faire ce genre de calcul. Ça, d'abord,
c'est la première chose. C'est ça, ça nous limite un peu.
Deuxième élément :
oui, je pense que l'État peut améliorer sa performance, encore faut-il qu'il la
mesure. Et, aujourd'hui, moi, je suis, je pense, légitimé de vous dire
que, si j'avais un niveau de performance de l'État à vous donner, j'aurais de la difficulté à le faire. Tu sais,
j'aurais de la difficulté à vous dire, par exemple, je ne sais pas, moi,
l'unité de production de services publics x coûte y, puis que, si je
fais tel geste, elle va coûter z.
Par
ailleurs, même les débats que vous avez autour de cette table-là, on soulève la
question : C'est quoi, le niveau de service qu'on donne?
J'ai des élus qui me
disent pousser beaucoup l'électronique puis le numérique puis j'ai d'autres qui
disent : N'oubliez pas qu'il faut qu'il y ait des contacts humains. Il y a
un équilibre à trouver entre ça.
M.
Bolduc : Je suis
parfaitement d'accord, mais on est ici aujourd'hui pour vous écouter pour voir le statut de
la situation, comment on peut mieux échanger
puis comment on peut vous aider à atteindre les objectifs qu'on
recherche tous ensemble.
Vous
savez, au fond, là, puis vous avez raison, puis je ne veux pas dire que
Desjardins puis les entreprises, là, internationales
ont la solution puis nous autres on ne l'a... Ce n'est pas ça que je dis, puis
vous avez raison qu'on ne donne pas
le même genre de services puis on n'a pas les mêmes objectifs.
Mais c'est facile à dire quand Desjardins a 95 % de ses transactions qui sont faites électroniques,
mais le comptoir n'a pas beaucoup d'utilité puis le guichet automatique non plus. Ça fait que, dans l'image globale, là, ça
devient un peu moins pertinent. Mais, au Québec, puis je pense qu'on
en parle dans les régions, la personne au
fond du rang de la petite municipalité, là-bas, là, en pratique, elle a le droit
aux mêmes services que le résident du centre-ville de Montréal.
Puis
là on a un petit problème de dichotomie quant à l'accessibilité, O.K., puis tout le monde comprend ça puis même quand cette personne-là s'est installée,
ça, là, elle comprenait ça.
Et,
dans nos régions, on voit souvent des gens qui sont dans des régions puis qui
décident de s'en aller en ville pour des raisons de santé ou des raisons
fonctionnelles qui font que leur qualité de vie est affectée négativement.
Ça,
on comprend tous ça, là, mais comment on peut établir des barèmes, des mesures,
des outils qui vont nous permettre de donner à la bonne personne le bon
service?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean?
M.
Jean (Denys) : M. le Président, c'est un gros défi, un gros défi. Je
pense que les attentes des citoyens sont faciles à mesurer, sont connues, peuvent être précisées, mais, la
livraison des services, on atteint toujours des limites, aussi,
financières, de capacité.
M. Bolduc :
...c'est clair.
M. Jean
(Denys) : Alors, il faut faire des choix d'opportunités.
M. Bolduc :
Mais...
M.
Jean (Denys) : Excusez-moi M. le député, mais, par exemple, la
technologie, l'utilisation de la transaction électronique amène
Desjardins à revoir le nombre de guichets automatiques en région.
Les
services électroniques gouvernementaux ne donnent pas nécessairement le même
résultat parce qu'il y a une nécessité d'une présence gouvernementale en
région et d'un accompagnement des citoyens.
Donc, l'analyse, dans le fond, que vous faites
puis que je pourrai faire se heurte à cette différentielle-là.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. La question de fond c'est : Où est-ce que, dans nos indices, dans
nos outils de travail... parce que ce
qu'on est en train de faire, c'est d'essayer de dire : Bien, comment on se
retrouve à l'intérieur de ces
outils-là et quels sont les correctifs ou les modifications que l'on devrait y
faire pour s'assurer qu'on donne un meilleur service, qu'on mesure mieux
ce qu'on fournit à la population et qu'on définit où sont, je dirais, les
points d'ancrage qui limitent la qualité et la quantité de services que la
clientèle a besoin ou que le citoyen moyen a besoin?
Ça, c'est
tout là qu'est le problème, là, on ne sait pas trop comment le mesurer, vous
l'avez dit vous-même, hein? De comment mesurer tout ça, là, à la bonne
place puis on bon endroit, ce n'est pas évident.
Puis on a des
appareils de plus en plus puissants, on arrive avec des tomographes puis des
appareils qui coûtent 2, 3, 5 millions, mais c'est entendu qu'on
n'en aura pas un par municipalité. O.K.?
Mais tout le monde a un téléphone dans sa poche arrière, ça fait que peut-être qu'il y a moyen de connecter les
deux outils, hein, pour en arriver à un compromis de services.
Voyez-vous
ce que je veux dire? C'est qu'il faut trouver une façon de faire, il faut
rénover notre outil de travail, il faut
rénover un peu l'éducation, la
performance et la façon de faire. Est-ce
qu'il y a des paramètres là-dedans
qui vont nous aider à faire ça?
• (17 heures) •
Le
Président (M. Rochon) : Vous
avez 10 secondes pour nous dire si vous comprenez ce que veut dire le député de Mégantic.
M. Jean (Denys) : Je comprends puis
je répondrai que ce qu'il y a là ne servira pas à votre thèse.
Le Président (M. Rochon) : Bien.
Alors, cet échange va se poursuivre plus tard. On retourne du côté de la
deuxième opposition, au député de La Peltrie
M.
Caire : Merci, M.
le Président. M. Jean, bon, on se disait : La première étape, c'est
d'avoir un bon plan stratégique. La deuxième étape, c'est la réalisation de ce plan-là. Et vous faites une distinction très claire entre
l'efficience et l'efficacité. Vous dites : On met beaucoup
d'emphase sur l'efficacité, peut-être pas assez sur l'efficience. Comment
peut-on mesurer l'efficience? Et est-ce que
le département de Mme Berger est équipé de critères ou est à travailler à des
critères pour mesurer l'efficience?
Parce que
c'est facile, pour un administrateur, de dire : Voici, j'ai un objectif
à atteindre, il est mesurable, j'arrive à l'échéance, donc là je vais mettre un maximum de ressources
pour atteindre mon objectif parce
que, sinon, j'aurai peut-être
une mauvaise note en fonction de ce critère-là.
Donc, au niveau du Secrétariat du Conseil du trésor,
est-ce que vous êtes équipés pour mesurer l'efficience? Et, si oui,
comment?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Bien, d'abord, premièrement, M. le député, une fois que tu
as fixé ton objectif de résultat, tu dois
déployer des ressources pour y parvenir, hein? C'est là que vient la question
de l'efficience. Est-ce que tes ressources sont déployées en quantité et en qualité optimale? Puis là on intervient
avec l'évaluation de programme puis la révision de processus.
Et c'est dans ce sens-là que l'équipe de
madame...
Des voix : ...
M. Jean
(Denys) : C'est Carole. L'équipe de Mme Blouin travaille à amener les
ministères à toujours challenger leurs
processus d'affaires. J'ai un service à livrer, j'y mets 2 millions. J'ai un
processus qui me coûte 2 millions. Est-ce que ce processus-là ne
peut pas être optimisé pour me coûter, mettons, 1,5 million tout en
gardant mes objectifs de livraison de services?
À ce stade-ci
du dossier, moi, j'ai vu... puis ils me corrigeront, là. Vous savez qu'on a une
directive sur l'évaluation de
programme. D'ailleurs, l'évaluation de programme, ce n'est pas rien que le
programme, hein? C'est les activités aussi, donc ça embrasse les processus. On a, pour les trois prochaines
années... je pense, c'est 400 quelques initiatives d'évaluation de programme et de processus qui sont annoncées
par les ministères et les organismes. Nous, on suit ça, on suit les
résultats, puis on mesure les résultats. Et
moi, je pense que c'est par ça qu'on va aller chercher de l'efficience et de
l'efficacité dans la livraison des services publics.
Le Président (M. Rochon) : Est-ce
que vous souhaitez, Mme Blouin, et, si ça vous sourit, M. le député de La Peltrie, compléter, Mme Blouin étant à
l'encadrement gouvernemental des fonctions d'évaluation de programme et
de vérification interne?
Mme
Blouin (Carole) : Bien, M. Jean a bien traduit ça. Effectivement, la
directive en évaluation nous a permis, à l'analyse des différents plans pluriannuels qu'on a reçus des
ministères, de recenser plusieurs activités de planification et
d'évaluation, et on a un grand rôle d'accompagnement à jouer auprès des
ministères pour les aider, surtout dans les méthodologies, pour bien mesurer l'efficacité. Et
ensuite, quand on voit qu'il y a une efficacité de programme, là on peut
aller plus loin et en mesurer l'efficience. Donc, il y a différentes techniques.
On les accompagne dans ça.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Mais je comprends de ce que vous me dites qu'on peut
mesurer par des critères de performance l'objectif, donc l'efficacité, mais que l'efficience, on va plutôt
l'évaluer sur la réalisation de l'objectif. Donc, on ne peut pas établir un critère, par exemple... je vais
peut-être prendre un exemple un peu bébête, mais... on peut penser, par
exemple, qu'au ministère du Revenu on
voudrait traiter un certain nombre de plaintes. Vous parliez, tout à l'heure,
du «backlog». Ce genre de critère là
peut-il être établi de façon générale ou est-ce qu'il faut vraiment dire :
Non, chaque programme doit être révisé,
chaque prestation de service doit être analysée, et c'est sur cette base-là
qu'on va être capable d'évaluer si on a été optimal ou non? Il existe
des critères d'efficacité, mais il n'existe pas de critère d'efficience, dans
le fond.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, il n'y a rien qui empêcherait de se doter
de références générales, tu sais. Il n'y a rien qui nous empêcherait, comme Conseil du trésor, de recommander aux ministères d'avoir comme objectif une espèce de
référence générale dans la livraison des services publics et dans le
coût de revient à l'unité de production. Il n'y a rien qui nous empêche de
faire ça. On pourrait savoir, par
exemple, que, si notre recommandation est x, le ministère est x plus un, bien, il faut qu'il travaille
sur le un pour se ramener sur le x. Il n'y a rien qui empêche ça, et c'est à ça
d'ailleurs qu'on travaille actuellement, là. On essaie de voir c'est quoi, effectivement, l'initiative, là, tu sais, le levier pour amener un ministère
à aller véritablement vers ce résultat-là.
M.
Caire : Donc, je
comprends que la réponse, c'est : Oui, on peut le faire. Et le Conseil du trésor entend se doter de ces outils-là à travers l'organisation de
Mme Blouin.
Vous
avez parlé tout à l'heure, M. Jean, d'audit interne. J'ai compris de
votre commentaire qu'il s'en faisait, mais peut-être
pas suffisamment au
niveau des ministères.
Jusqu'à quel point, parce qu'on parle de 50 % à peu près, là, si j'ai bien compris?
M. Jean
(Denys) : 42,9 %. Dans 17...
M.
Caire :
O.K. Donc, un petit peu plus de 40 %.
M. Jean
(Denys) : 49,2 %.
M.
Caire : Donc, qu'est-ce qui serait... Bien, est-ce qu'on
vise le 100 % dans ce cas-là? Est-ce que c'est réaliste? Sinon, qu'est-ce qui serait un objectif
intéressant pour les ministères visés par le Conseil du trésor? Jusqu'à quel
point êtes-vous capable de vous assurer, même, je dirais, presque d'amener les
ministères à avoir plus de sensibilité sur les questions d'audit interne?
Le Président
(M. Rochon) : M. Jean.
M.
Caire :
Parce que la qualité passe aussi par ça, là, selon ce que j'entends, là, de ce
que vous dites.
M. Jean
(Denys) : Oui, vous avez raison. M. le Président, le député a raison,
l'audit interne est un outil d'amélioration
de la performance non négligeable. Nous, ce qu'on constate, c'est que les
ministères font beaucoup d'audits de
conformité, mais peu d'audits d'optimisation des ressources. Et les audits
d'optimisation des ressources, c'est ça qui permet d'améliorer
l'efficacité, d'être plus efficace. Or, on constate, puis d'ailleurs on
travaille là-dessus, parce que rappelez-vous
que la Vérificatrice générale s'est penchée sur la situation de l'audit
interne, hein? On a travaillé d'ailleurs avec Mme Leclerc là-dessus. On est tout à fait à l'aise avec toutes
les recommandations qu'elle a déposées en août, je crois, dernier à la CAP. Et,
déjà, nous, on a un plan de travail pour mettre en oeuvre ces
recommandations-là. Ces
recommandations-là passent, je vais... Ils vont m'aider si j'oublie des choses.
Premièrement, actuellement, on a une orientation en audit interne. On veut en
faire une directive. Deuxièmement, on...
M.
Caire :
Pour ma...
M. Jean
(Denys) : Oui?
M.
Caire :
Une directive, est-ce que ça amène une certaine contrainte?
M. Jean
(Denys) : Oui.
M.
Caire :
O.K.
M. Jean (Denys) : C'est
différent, là. C'est vraiment une directive du Conseil du trésor.
M.
Caire :
O.K. Ce n'est pas une recommandation.
M. Jean (Denys) : Non.
M.
Caire :
C'est : Vous faites ça.
M. Jean (Denys) : C'est comme
ça.
M.
Caire : O.K.
M. Jean
(Denys) : On veut aussi revoir toute la question des comités d'audit
interne. Et Mme Leclerc est très, très sensible, hein, à la présence des comités d'audit interne. Donnez-moi
donc votre truc. Je n'oublie rien, là. Il y en a quatre ou cinq, là.
Le Président (M. Rochon) : Bon,
justement, pardonnez-moi, M. Jean.
M. Jean (Denys) : Ah! je pense
que ce n'est pas trop loin, là.
Le Président
(M. Rochon) : Non, pas du tout. C'est parce que, là, vous venez
de parler de votre truc, justement, là. Et je me posais la question à savoir s'il n'y a pas un document ou des
informations pouvant intéresser la commission... sont colligées. Alors,
vous venez de me dire que...
M. Jean (Denys) : On pourra
vous le déposer.
Le Président (M. Rochon) :
...vous allez déposer.
M. Jean (Denys) : C'est un
projet de plan de travail, M. le Président, qu'on va vous déposer.
Le Président (M. Rochon) : Oui.
Alors, vous allez le transmettre au secrétariat, M. Jean?
M. Jean (Denys) : Oui, à
votre...
Le Président (M. Rochon) :
D'accord. Merci infiniment.
M. Jean (Denys) : Donc,
encadrer l'audit interne avec une directive.
M.
Caire : Elle
parlait d'audit externe aussi.
M. Jean
(Denys) : Oui, on va revenir là-dessus. Renforcer aussi la capacité
des ministères à faire de l'audit interne, là, ça prend un minimum de ressources. Ça prend des unités bien situées
dans l'organisation. Ça, c'est important. L'autre élément aussi, c'est les fameux comités d'audit
qu'il faut constituer. Et finalement, aussi, c'est bien de s'assurer qu'effectivement la Vérificatrice générale, sa
porte d'entrée, c'est l'audit interne de l'organisation. Et c'est là-dessus
que Mme Leclerc insistait beaucoup.
Un des enjeux
qu'on a rencontrés, ce n'est pas tous les ministères et les organismes qui ont
la capacité de faire tout ça. Et là
on travaille à l'idée, comme au fédéral... Par exemple, au fédéral, quand ils
ont... Je pense, c'est 100 millions?
Une voix : Oui.
M. Jean
(Denys) : En bas de 100 millions de budget, l'audit interne est
centralisé. Alors, nous, on est en train d'essayer de voir comment on
pourrait avoir un modèle, là, propre au Québec pour ça.
Le Président (M. Rochon) : M.
le député de La Peltrie. Vous avez une minute.
M.
Caire :
Oui. Hé! mon Dieu! En fait, j'ai deux questions très rapides que je vais
condenser. Donc, l'audit interne, est-ce
qu'on ne pourrait pas parler de révision de programme permanente, mais à
l'intérieur des ministères, d'une certaine façon, supervisé ou avec la
collaboration du Conseil du trésor? Et jusqu'à quel point les administrateurs,
dans chaque ministère, ont la latitude pour mettre ces outils-là en application?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean,
en 30 secondes.
M. Jean
(Denys) : Moi, je pense
qu'en révision permanente de programme,
on est engagé là-dedans parce que tous les
ministères doivent se doter d'une planification pluriannuelle d'évaluation de
programme. En plus de ça, nous, comme Conseil du trésor...
• (17 h 10) •
M.
Caire : Mon point était que l'audit interne pourrait aussi
être l'évaluation de programme permanente, transiter par ces groupes-là.
M. Jean
(Denys) : Je pense effectivement, vous avez raison, il faut que
l'audit interne devienne un outil d'amélioration du même niveau que
l'évaluation de programme.
Le Président (M. Rochon) : Merci. On
retourne du côté des députés ministériels. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : On est en train d'essayer de définir, M. Jean, le passage
entre quels sont les indices, les outils, les façons de mesurer qui vont nous donner la vraie image. On en parle, je
pense qu'on est en train de les décortiquer tout simplement, là, mais
les audits internes, vous avez parlé de la révision permanente des programmes,
est-ce que vous pourriez nous parler un
petit peu des objectifs que vous visez avec la révision permanente des
programmes? Et comment on va voir
évoluer cette révision interne là qui a pour objectif, j'imagine, d'améliorer
les processus et de faire un focus sur l'objectif
qui est de livrer un meilleur service aux citoyens? Je voudrais juste que
vous... allons là-dedans puis voir comment ça, ça se fait.
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : En matière, M. le Président, en matière d'évaluation et
révision de programme, parce qu'une fois
que tu as évalué, tu peux être amené à réviser, hein? D'abord, programme, ce
n'est pas rien que programme, hein, c'est activité aussi de toute nature, là. Ça peut être un processus de
livraison, ce n'est pas nécessairement un programme normé, là, donc c'est large. On travaille puis, pour
faire les choses simples, pour éviter les mots trop complexes, on travaille
à deux niveaux.
On travaille
au niveau des ministères. Chaque ministère doit disposer d'un plan triennal
pluriannuel d'évaluation de programme,
qui doit avoir un plan à long terme pour évaluer ses programmes ou ses
activités. Et il évalue à partir d'une analyse
de risques, un, ou encore il le fait à la demande du Conseil du trésor. Parce
qu'il arrive souvent qu'on reçoit, nous, des demandes au Conseil du trésor pour soit mettre en place un programme
ou modifier un programme, et la décision du Conseil du trésor, c'est de dire : Oui, mais, dans deux ans, j'ai
besoin d'une évaluation du programme. Ça, c'est le premier niveau
d'intervention.
Le deuxième niveau d'intervention, c'est plus ce
qu'on appelle la révision stratégique de programme. Et là il y a un historique à faire. Dans la foulée de la
commission Robillard, le gouvernement a lancé 16 projets de révision de programme ou de révision d'activité qui ont donné,
je pense, des résultats de 2 milliards, là. Par exemple, la fusion,
pour aboutir à la CNESST, ou Retraite Québec,
ou le pacte municipal, ou des choses de même, là, La Financière agricole,
la révision du réseau de la santé, c'est toutes des choses, ça, qui ont abouti
là.
Là, on est
parti dans une seconde phase de révision de programme, qui est une phase de
révision stratégique de programme,
qui est une phase qui nous amène à revoir 12 programmes de services aux
citoyens. D'ailleurs, le président du Conseil du trésor les a rendus
publics dans la stratégie de dépenses 2018‑2019. On travaille à revoir des
services aux citoyens. Et, dans ce
dossier-là, là, c'est le Conseil du trésor qui est le maître... bien, le maître
d'oeuvre, qui pilote l'opération. Nous, on travaille avec chacun des
ministères concernés pour qu'il livre la marchandise.
Un exemple.
On a répertorié 248 programmes de soutien aux handicapés au gouvernement du
Québec. Alors là, on travaille avec
les ministères concernés puis on travaille avec l'Office des personnes
handicapées à voir si on ne peut pas faire
mieux. On sait par ailleurs que, quand on règle une succession, c'est très
complexe, hein? Ça aussi, ça fait partie d'un projet qu'on a, là, parce qu'on veut vraiment simplifier les procédures
de succession pour les citoyens. Puis il y a d'autres cas comme ça, là.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci. Là, on
s'attaque vraiment, là, on est vraiment dans quelque chose de très intéressant. Vous avez parlé des 16 projets pour 2,2 milliards. Ma compréhension là-dedans... puis là, dans les
16 projets, puis je comprends que la somme
est 2,2 milliards, mais ce n'est pas tous des montants d'argent
tangibles, c'est-à-dire que ce n'est pas des économies qui se
traduisent en billets de banque, à quelque part, là, directement.
M. Jean (Denys) : Oui. Oui,
monsieur.
M. Bolduc : Le 2,2?
M. Jean (Denys) : Oui, monsieur. M.
le Président...
Le Président (M. Rochon) : Oui. Oui,
M. Jean.
M. Jean (Denys) : ...c'est des économies
fermes, réalisées, qui ont libéré les sommes de 2,2 milliards qui ont
permis d'être réinjectées dans d'autres services, dans d'autres dépenses.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci. Maintenant, les 12 projets, qui est la phase II, là, si je comprends
bien, pour les services aux citoyens... Le premier, ça allait relativement bien,
parce que, là, on parlait de dollars. Là, on parle de services aux citoyens.
Est-ce que vous avez des mesures qui sont
comme celles-là, vérifiables, mesurables, tangibles? Puis là vous avez
parlé de 248 programmes de handicapés. On va aller où, avec ça, on va-tu finir avec
10, 20, 50, 100 ou peut-être 300, je ne sais pas, là? Mais est-ce que vous avez des objectifs, à
regarder ça? Ou la même chose pour les successions, il y en a pour
quelques centaines de millions, là, où on va avec ça?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Je pense que, là, on est plus dans l'efficacité des
services, hein? Puis je voudrais aussi, M. le Président, que le député me donne une chance,
parce que les 12 projets, ils ont été annoncés au mois de mars, je ne
peux pas déjà lui dire le résultat.
Mais
une chose est sûre, c'est que, déjà, nous, on a des instruments de mesure,
c'est qu'on s'est donné des... on a calibré, dans le fond, on veut
calibrer le résultat du travail qui va être fait.
Je
vais vous donner un exemple qui est relativement simple : il y a beaucoup
de ministères et d'organismes qui font
des activités de recouvrement. Il y a un ministère dont c'est la spécialité,
c'est Revenu Québec. On est en train de regrouper toutes les activités de recouvrement du
gouvernement du Québec à Revenu Québec. On estime économiser
50 millions par an. Ça, c'est notre
indicateur de mesure. Puis les collègues de Revenu Québec, là, ils vont signer
ça de leur sang.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Mégantic.
M. Bolduc :
M. Jean, je n'essaie pas de vous attraper, ce n'est pas ça, le point.
M. Jean
(Denys) : ...
M.
Bolduc : Le point intéressant... Puis là il y a aussi, j'imagine, un
facteur temporel, dans ces projets-là, là, par exemple, les successions ou les règles en deux ans, quatre ans, six ans,
huit ans, etc., là. Mais là vous nous avez dit que vos indicateurs sont déjà définis pour vous permettre,
dans chacun de ces 12 projets là, d'arriver à des variables. Est-ce que
ça, c'est le genre de variable que l'on va voir dans vos futurs rapports du
président du Conseil du trésor?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, ça va être plus dans le plan
stratégique de gestion des dépenses qu'on rend public annuellement. Vous savez que le président du conseil rend
publique une petite brochure, là, il donne des orientations budgétaires, il y a toujours une section
là-dessus, sur la révision de programme. C'est là-dedans qu'on va donner le
décompte de l'avancement des 12 projets dont on vous parle.
M. Bolduc :
Les 16 projets quantifiés à 2,2 milliards, est-ce qu'ils sont dans le 2018‑2019?
M. Jean
(Denys) : Ils étaient dans le précédent.
M. Bolduc :
Dans le 2018‑2019... non, le...
Une voix :
...
M. Bolduc :
Pardon?
M. Jean
(Denys) : Il est-u dans celui-là?
Mme Berger
(Renée) : Le résultat, oui.
M. Jean
(Denys) : Oui, le résultat est dans...
Mme Berger
(Renée) : Mais il était dans les précédents. Dans les trois
précédents.
Le Président (M.
Rochon) : Je ne suis pas sûr que la dernière réponse ait été
enregistrée, hein, alors...
M. Jean
(Denys) : Mme Berger va vous préciser...
Le Président (M.
Rochon) : Oui. Alors, Mme Renée Berger, qui est directrice générale de
la révision des programmes, vous avez la parole.
Mme Berger (Renée) : La stratégie de gestion des dépenses, la dernière, a fait état des
résultats de 2,2 milliards et des
revenus supplémentaires de 455 millions qui ont résulté, mais les projets
ont été annoncés dans les trois stratégies de gestion de dépenses
précédentes, c'est-à-dire 2014‑2015, 2015‑2016, jusqu'à 2016‑2017.
M. Bolduc : ...résultats
de ces trois années d'activités là, c'est le 2,2 milliards. Maintenant,
dans les projets, est-ce qu'il est
trop tôt pour nous parler des grands vecteurs ou des mesures que vous avez dans
les 12 que vous avez commencés? Et là
je parle juste, c'est quoi, le facteur temps, le facteur... vous avez parlé
d'un projet de 50 millions, là, qui va... en fait, en s'en allant à Revenu Québec, on sauve
50 millions. Est-ce que tout ça, là... si c'est disponible, là, je ne veux
pas vous forcer à donner de
l'information confidentielle, mais on veut juste comprendre, parce que ça,
c'est vraiment, ce que vous dites là, pour nous faire comprendre, mais
moi, j'aimerais ça qu'on le voie là-dedans, ça, parce que c'est votre
performance.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean, vous avez 40 secondes, vous pourrez revenir plus
tard aussi.
M.
Jean (Denys) : ...parce que je ne pourrai pas vraiment répondre au
député, je n'ai pas... à ce stade-ci, on n'est pas rendus là encore.
M. Bolduc :
O.K. C'est clair.
Le
Président (M. Rochon) : Est-ce que vous avez une autre brève question
ou une brève remarque? 25 secondes.
• (17 h 20) •
M. Bolduc :
Non, mais, pour moi, là, je vais revenir avec un niveau de profondeur, parce
que la révision des programmes permanente, là, est en train d'amener des résultats concrets et
solides, et je vois que vous avez un plan pour aller encore plus loin. Donc, on va prendre un peu plus de temps puis regarder,
bon, bien, là, on a une étape un de faite, on arrive à l'étape deux, comment vous voyez ça dans le temps, là? Comment
ça va évoluer? Puis, après la prochaine, on reviendra puis on reparlera
de ça.
Le
Président (M. Rochon) : Alors, c'est une question annoncée, vous
êtes chanceux, vous avez des questions à l'avance. Alors, on retourne du
côté de l'opposition officielle. M. le député de Rimouski. On retourne en
région.
M.
LeBel : Oui, effectivement. M. Jean, vous disiez tantôt que j'étais
un adepte du contact humain. C'est bon, effectivement.
Une voix :
...développer, Harold?
M.
LeBel : Je vais continuer à le développer. Il y a une commission
que... la même commission, récemment, on accueillait... on parlait des
résidences privées pour aînés, puis on accueillait les gens du ministère de la
Santé puis le logement, l'habitation, et on
disait à des aînés qui se ramassent en résidence privée, on leur donne, pour
qu'ils se débrouillent avec les
baux... on leur donne un guide, puis là on a de la misère à trouver le guide,
il est long à préparer, puis on va leur donner un guide pour qu'ils... Mais la personne aînée, là, qui regarde
le guide, puis elle se ramasse avec un bail qui... c'est difficile, se retrouver. Ça fait que la meilleure
façon pour l'aider, c'est le contact humain, personnel, de quelqu'un qui
va aller vous voir, qui va... Et ça, ça restera toujours, puis je crois à ça.
Puis
tantôt, ce que vous disiez... vous dites : Maintenant, on va prendre un
NIP puis on appelle à telle place. Je vais vous dire, là, vous n'êtes pas le seul dinosaure dans ce monde, là, qui
ont de la misère avec ce genre de... Ce n'est pas évident. Puis on a une population qui est
vieillissante. Dans le Bas-Saint-Laurent, une personne sur quatre, 65 ans et
plus. Ça fait qu'il faut se coller aussi aux
réalités des populations. Et je ne suis pas certain que ce réflexe de dire
qu'il faut aller vers le Net puis les méthodes modernes, tout ça, tout
ça va remplacer les services des personnes.
Et
je me... c'était ça, le fond de ma question, je vais laisser mon collègue
continuer, mais, pour moi, l'État québécois doit être présent dans les régions du Québec, doit être présent partout
pour donner des services, pour accueillir des personnes qui ont besoin de services. L'été passé, là, la
Régie du logement, c'était très compliqué, avoir des informations, parce
qu'il n'y avait pas de service en région, et
il y a quelque chose là-dedans qui... On ne peut pas accepter que, dans des
régions, il y ait moins de services
parce qu'ils sont en région. C'est un peu pour ça. Et j'essayais de voir, dans
vos planifications stratégiques... je comprends que, dans la
planification, ça pourrait être inscrit, mais il faut s'assurer du suivi.
M. Jean
(Denys) : ...commentaire.
Le Président
(M. Rochon) : Oui. M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Si je reprends le cas, là, du CHSLD, alors, manifestement,
le ministère a un enjeu d'information de sa clientèle, hein?
M. LeBel :
Pour résidences privées.
M. Jean
(Denys) : Oui. Il fait le choix de faire un guide. Vous, vous pensez
que... À un moment donné, il va mesurer la
satisfaction de ses clients, là, puis il va apprendre que son guide, là, ne
fait pas l'affaire. C'est pour ça que la déclaration de service à la
clientèle est importante. Maintenant, il faut la pousser jusque-là,
comprenez-vous?
Le Président
(M. Rochon) : Ça, c'est une hypothèse que vous faites, là,
M. Jean.
M. Jean (Denys) : Bien oui.
Une voix :
Tout ça.
Le Président (M. Rochon) :
D'accord. M. le député de Rimouski.
M. LeBel : Non.
Le Président (M. Rochon) : M.
le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui. Alors, moi, je m'intéresse... Puisqu'on travaille sur deux rapports en
même temps, là, je vais vous annoncer mes couleurs, je reviens dans la
section des redditions de comptes. Et vous savez que les demandes en matière de redditions de comptes, autant pour les
types d'organisations, sont les mêmes, O.K., c'est... pour les grosses
ou les petites organisations, ce sont toutes les mêmes. Et puis, dans le
document, justement, qu'on nous avait soumis, on soulignait qu'à plusieurs reprises la commission des affaires publiques
a suscité la nécessité de mener une réflexion à ce sujet-là. Alors, ça n'a pas l'air juste pour les
petits organismes, qu'eux autres doivent déployer de plus grandes
ressources pour répondre aux mêmes exigences
que les plus grosses organisations. Alors, qu'est-ce que vous pouvez faire,
vous, pour aider une organisation, je ne sais pas, qui aurait sept, huit
ou 10 employés à temps complet, là, pour, justement, leurs redditions de
comptes?
Le
Président (M. Rochon) : Alors, d'abord, que personne ne croie,
là, qu'il y a une nouvelle commission de créée, la commission des
affaires publiques, là... la Commission de l'administration publique.
M. Bourcier : Excusez-moi.
Le Président (M. Rochon) :
M. Jean. Non, mais puisqu'on est dans l'efficacité, là.
M. Bourcier : Oui, oui. Je
m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Rochon) :
Allons-y.
M. Jean (Denys) : Je pense, M.
le Président, pour répondre au député, qu'on doit d'abord convenir... bon. Rappelons-nous que le rapport annuel de gestion,
c'est un outil de gestion pour les parlementaires, hein? C'est sûr qu'il est utile pour le ministère, là, mais à la base même, puis la loi le dit, là,
il sert à l'examen de la performance des ministères et des organismes.
La première étape pour nous, c'est de savoir qu'est-ce qu'on met dedans, parce
que les petits organismes, en plus de
ne pas être équipés pour le faire, il y a une masse d'information à fournir.
Donc, première étape, M. le député, qu'est-ce qu'on retient dans ce
rapport-là? Ça, ça va être un défi qu'on aura ensemble.
Deuxièmement,
quelle forme ça devrait prendre pour répondre aux attentes que vous avez? Quand
on demande une information, là, elle
peut prendre différentes formes, là. Il faut s'entendre sur la forme. Et moi,
je vous dis tout de suite, là : Autant
on l'applique, on l'applique pour la planification stratégique, autant on
l'applique puis on veut l'appliquer pour l'audit interne, autant on est en mesure d'appliquer un soutien aux
petits organismes en matière de rapport annuel de gestion. Moi, personnellement, je ne suis pas capable de
vous dire, M. le député... Supposons, par exemple, qu'on convient, vous
et moi, qu'un rapport standard, là, c'est 15 informations. J'aurais de la
misère à vous dire que, parce que je suis petit, l'information suivante n'est pas nécessaire. Je pense que c'est le
minimum, 15 informations, pour une organisation publique.
Maintenant,
on va adresser, excusez-moi l'expression anglaise... nous, le conseil, on va se
mettre à l'ouvrage puis on va
appuyer, par des outils, par de l'accompagnement, les organismes qui n'ont pas
la capacité de fournir ces informations-là. Ça, on est prêt à le faire. Mais la première étape, M. le député,
c'est qu'est-ce qu'on veut dans ce rapport-là puis quelle forme ça doit
prendre.
Le
Président (M. Rochon) : Il y a une réflexion qui a été entamée par le
précédent comité directeur. M. le député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Aussi, toujours dans le domaine des redditions de
compte, depuis le 1er avril 2017, la Régie du cinéma est abolie et a été, excusez-moi, absorbée, là, ou intégrée au
ministère de la Culture. Alors, comment va-t-on faire pour vérifier les redditions de compte de cette
organisation-là? Ou encore, je vous donne une autre suggestion, si,
exemple, une organisation a un plan
stratégique sur cinq ans et qu'elle est abolie ou intégrée à une autre, comment
va-t-on faire pour faire un suivi sur ces organisations-là?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, le député soulève une question fort
intéressante sur la planification stratégique. Savez-vous c'est quoi, un des enjeux qu'on a? C'est le caractère
statique des planifications stratégiques. Traditionnellement, une planification stratégique, tu adoptes ça, là,
pour trois ans puis, après ça, tu ne touches plus à ça. Or, la vie n'est
pas ça. Les choses changent.
Un des enjeux
qu'on a dans le système, c'est de trouver une mécanique pour qu'un ministère ou
un organisme qui vivrait, par
exemple, une espèce d'intégration ou d'absorption, là, pourrait ajuster sa
planification stratégique en cours de route. Ça, d'ailleurs, on est en train d'y
réfléchir, comment arriver, là... et ce n'est pas négligeable, parce que la
planification stratégique est adoptée par le
gouvernement, déposé à l'Assemblée nationale... alors, jouer dedans, là, en
cours de route, va falloir qu'on balise notre intervention pour que ce
soit sérieux.
Mais il reste
tout de même que là où vous avez le ministère de la Culture, ils viennent de
vivre un changement de réalité.
Comment gérer cette réalité-là, là? Ça, c'est un enjeu. Ceci étant dit,
techniquement, moi, je suis le ministère de la Culture, je m'occupe de
tout, sauf du cinéma, puis là il y a un organisme qui s'occupe du cinéma qui
disparaît. Mais normalement le cinéma s'ajoute à ma mission, puis, dans ma
planification stratégique, je déploie mes objectifs, mes orientations en
cinéma.
Le
Président (M. Rochon) : M. le député de Saint-Jérôme. Ça va être un
court métrage : il vous reste 1 min 40 s.
M.
Bourcier : Eh! mon Dieu! O.K. Bien, écoutez, je vais vous parler du
départ d'Emploi-Québec, évidemment, de la
liste de convention de performance et d'imputabilité. Qui va maintenant veiller
à l'imputabilité d'Emploi-Québec? Qui va s'occuper de vérifier... Est-ce que c'est eux? Est-ce qu'ils vont se
faire une autosurveillance? Un autocontact humain? Expliquez-moi ça, là.
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Je pense, écoutez,
peut-être que je me trompe, mais mes collègues me disent qu'ils relèvent — c'est dans le portefeuille du ministère Travail, Emploi, Solidarité sociale,
donc Emploi-Québec, normalement — du MTESS. Donc, ça va être le ministère Travail, Emploi, Solidarité sociale qui
aura à s'assurer qu'Emploi-Québec livre la marchandise selon les
engagements qu'il prend, là.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier : En terminant, avec les
mêmes critères que les vôtres?
M. Jean (Denys) : Moi, je vais
recevoir une planification stratégique d'Emploi-Québec...
• (17 h 30) •
Une voix : Du MTESS, oui.
M. Jean
(Denys) : ...du MTESS. Quand le MTESS va m'envoyer sa planification
stratégique, il va y avoir une section
emploi, là, Québec, je vais analyser cette section-là avec les mêmes critères
que ceux que j'utilise pour n'importe lequel ministère et organisme.
M. Bourcier : Merci.
Le Président (M. Rochon) : 15
secondes, M. le député de Saint-Jérôme. Avez-vous une remarque? Non?
M. Bourcier : Non, pas du tout.
C'était correct, merci.
Le Président (M. Rochon) : Alors, M.
le député d'Orford, du côté du gouvernement.
M.
Reid :
Merci. On va passer un petit moment avec des questions qui sont des questions
qu'il ne faut pas poser, d'habitude,
et mon collègue reviendra, parce que c'était intéressant, la suite des
questions. Vous avez parlé de plan stratégique statique, et tout ça,
puis moi, j'avais une question que j'étais... prise en note, là.
Dans une carrière antérieure, j'avais passé à
travers... au début des années 90, j'avais passé à travers toute la littérature sur le contrôle, etc., et il y avait
un article assez intéressant qui disait que, souvent, les plans stratégiques
statiques, c'était une façon de se donner...
ou, d'abord, de donner à notre conseil d'administration, pour une entreprise...
il parlait surtout des entreprises...
l'illusion que la direction contrôle. Et non seulement c'était ça, mais que,
dans certains cas, c'était: les
administrateurs d'une organisation se donnent, avec un plan stratégique,
l'impression qu'ils sont à la bonne place, en contrôle de la situation, etc., ce qui, avec votre commentaire que vous
venez de dire, effectivement, peut effectivement avoir une certaine valeur, puisque, quand on se donne un plan
stratégique qui est statique pendant trois ans ou cinq ans, puis que le monde change à toute vitesse, bien, c'est
peut-être plus une illusion qu'on s'est donnée qu'un véritable contrôle,
qui ne s'ajuste pas à la réalité, qui dépasse...
Alors, moi,
j'aimerais ça, à la lumière de ce que vous venez de donner comme commentaire,
voir ce que vous avez à dire sur cet
élément-là. C'était un chercheur américain qui parlait de ça, un plan
stratégique, c'est un peu comme une illusion de contrôle qu'on se donne.
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Je ne le qualifierais pas d'illusion, mais, je pense, c'est
une mésadaptation. Parce qu'un plan stratégique
est fondé sur l'analyse d'un contexte interne et externe. Ta ligne, à partir de
ton évaluation, ta planification stratégique... si ton contexte interne
ou externe change, puis que ta planification stratégique demeure la même, il me
semble que tu es
déphasé, personnellement, je crois. Alors, c'est ça, le défi qu'on a, comment
trouver une mécanique pour que la
planification... pas pour s'amuser à la changer parce que je n'attendrai pas
mes cibles, là, mais, si jamais il y a un changement d'orientation gouvernementale... ça peut arriver, un
changement... ou, encore, mes clientèles, les besoins de mes clients changent, puis moi, je suis toujours avec
la planification qui s'en va par là, puis mes besoins de clients sont
par là, comment je fais pour arranger ça pour que ça se fasse correctement et
proprement?
M.
Reid :
Dans le fond, si je comprends bien, c'est que ce n'est pas une illusion à
partir du moment où on veut mesurer
et contrôler, puis là on se donne des outils pour que la mesure ait un sens par
la suite, parce qu'il y a des... C'est très intéressant. Mais c'est sûr qu'on a une différence de 20, 25 ans,
l'article en question puis aujourd'hui. Le monde change plus vite
aujourd'hui encore, donc ça me paraît encore plus important.
Deuxième
question. Trois petites minutes par question. Au 10e anniversaire de la Loi sur
l'administration publique, on avait
eu une belle journée de réflexion, qui s'est un petit peu... qu'il y avait eu
beaucoup, beaucoup de choses intéressantes, le matin, à entendre, surtout de la part de certains sous-ministres. Et
je ne sais pas où vous étiez, si vous étiez sous-ministre d'une organisation à ce moment-là. Vous n'étiez
pas au Conseil du trésor. Et évidemment le Conseil du trésor était la
cible de beaucoup de commentaires, et je
vais juste vous en donner un. Tantôt, vous parliez de la réussite scolaire. Je
me souviens d'une sous-ministre, vous
savez probablement c'est qui... mais qui avait fait une belle intervention dans
le groupe où j'étais, et disait,
grosso modo, ceci : Est-ce qu'on ne pourrait pas nous dire : Le
résultat, on veut que ce soit tel niveau de réussite scolaire, puis d'arrêter de nous mesurer puis de
nous contrôler sur les inputs qu'on va mettre là-dedans pour en arriver
là?
Donc, c'est
tout le dilemme que, souvent, quand on contrôle, on contrôle la sortie, mais,
en fait, on contrôle l'entrée aussi,
les inputs, ce qui fait que les personnes ne peuvent pas faire de décisions
véritablement de... Il n'y a pas une véritable délégation parce qu'il faut toujours demander la permission au grand
frère, qui est le Conseil du trésor, entre guillemets, là, de :
Est-ce qu'on peut faire ça ou est-ce qu'on ne peut pas?
Alors, où
est-ce que vous en êtes aujourd'hui? Parce que ça avait tourné un petit peu en
queue de poisson, cette affaire-là.
Le matin, ça avait été très, très bien. Il y avait eu quelqu'un qui avait fait
un sommaire le midi, puis là tout le monde
s'était éteint l'après-midi. Les seuls qui ont parlé, c'était la ministre puis
le président de la Commission de l'administration publique, alors...
Mais est-ce
que ça, ce problème-là, existe? Est-ce que vous le sentez? Vous l'avez vécu,
comme sous-ministre? Avec l'expérience que vous avez, je pense que c'est
une occasion unique qu'on a, que j'ai de vous poser la question.
Le
Président (M. Rochon) : Alors, bien que nous soyons en après-midi, je
suis sûr que ça va être très intéressant. M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Moi, je pense qu'il... J'ai vécu ce genre de situation là.
Je pense qu'il existe moins, ce genre de situation là, pour deux raisons. Premièrement, je pense que, de plus en
plus, avec les planifications budgétaires triennales, là, ça nous permet
de mieux voir venir d'avance les coûts de système, les changements, et ainsi de
suite, un.
Deuxièmement,
il y a une discipline... en tout cas, moi, en près de 30 ans de carrière,
là, je constate qu'il y a une discipline
beaucoup plus forte sur le calibrage financier des politiques et orientations
des ministères et des organismes. Je me
souviens une époque, moi, où on lançait des politiques sans chiffre, là. Ça ne
peut plus se faire aujourd'hui. Donc, il faut que ça rentre dans le cadre financier. Maintenant, ça va être quoi, le
nombre de décrocheurs scolaires qui vont diminuer? Ça, c'est le ministère qui s'occupe de ça. Les
argents pour y parvenir puis l'efficacité ou l'efficience des moyens qui
vont être mis en place, nous, ça nous intéresse.
Le Président (M. Rochon) : M.
le député d'Orford, allez-y.
M. Reid :
Une dernière question toujours dans la série de questions qu'on n'est pas
supposé de poser. C'est que vous avez
dit tantôt les exigences s'allongent. Ce n'est pas la même chose évidemment de
mesurer trois exigences que 30. Les
exigences, évidemment, il y en a qui viennent du public, du fait que le monde
change autour de nous. Il y en a qui peuvent
venir aussi du fait que le Conseil du trésor impose des éléments, des
questions, etc., des contrôles. Et c'est une question qu'on a souvent
eue, souvent, les contrôles augmentent, c'est simplement parce qu'il y a plus
de monde qui demande plus de contrôles, puis
qu'il n'en enlève jamais. Alors, les exigences, si on prend le problème de
façon plus large, il y a des
exigences qui viennent évidemment incontournables, mais il y a des exigences
qui viennent parfois d'un événement qui
s'est passé. À cause d'un événement, on met une exigence supplémentaire ou un
contrôle supplémentaire, et on n'a pas beaucoup
le réflexe d'en enlever au fur et à mesure qu'on en ajoute. Donc, ça grossit
constamment l'effort qu'il y a à faire, l'effet sur les ressources, etc. Alors, où est-ce qu'on en est là-dedans
puis où est-ce que votre réflexion se trouve? Parce qu'il y a un de vos prédécesseurs qui est venu ici à qui
j'ai posé la question, puis il a dit : Écoutez, vous ne vous adressez
pas à la bonne personne. Le secrétaire du
Conseil du trésor, il en veut toujours plus, de contrôles. Alors, disons que je
ne sais pas si vous, vous pensez la même chose.
Le Président (M. Rochon) :
M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Moi, M. le président, comme secrétaire du conseil, ce n'est
pas la quantité comme la qualité des contrôles qui m'intéresse. Puis,
généralement, quand je suis interpelé par des collègues sur des demandes qui
nous apparaissent un peu... on révise nos
affaires puis on fait différent. Et, vous savez, ça sédimente, hein? Ça
sédimente, puis, à un moment donné,
ça devient comme acquis, puis tu ne te poses même plus la question si ça vaut
la peine de continuer à faire ça. Moi, je challenge régulièrement mes équipes en leur
disant : Est-ce qu'on a besoin vraiment de savoir ça? Est-ce que c'est correct? On s'interroge beaucoup
là-dessus. Maintenant, sur la question des contrôles, il faut rester en
contrôle. C'est l'argent public.
M. Reid : ...
Le Président (M. Rochon) : Une
sous-question.
M. Reid :
Oui. En fait, souvent, quand on regarde... parce que c'est une question que,
comme universitaire, j'avais regardée
beaucoup, les contrôles, bien, comme vous dites, bien, ça sédimente, etc. Une
des difficultés, c'est que qui va conseiller à un sous-ministre
d'enlever un contrôle? Parce que, si, après ça, il y a un problème que le
contrôle aurait empêché, bien, il y a quelqu'un qui va devoir payer parce qu'il
va être responsable d'avoir... Alors, évidemment, la vérificatrice refuse de
faire ça, puis on comprend, parce que ça la met en conflit, après ça, quand ça
vient le temps de critiquer les raisons pour
lesquelles... Et le Conseil du trésor est un petit peu dans une situation
semblable. Alors, je trouve ça intéressant, ce que vous dites, mais, en
même temps, est-ce que vous le faites de façon systématique ou vous le faites
sur demande?
M. Jean
(Denys) : On le fait sur demande. On devrait le faire de façon
systématique. Puis un contrôle n'a de sens que s'il y a un problème
appréhendé ou s'il y a un risque. Et vous avez raison de dire, hein...
M. Reid :
...coût-bénéfice à faire aussi dans les contrôles.
M. Jean
(Denys) : C'est ça. Finalement, il n'y a plus de risque, mais tu
gardes le contrôle parce que tu as peur qu'il y ait un risque.
M. Reid : C'est
ça. Mais est-ce que...
M. Jean (Denys) : Mais,
là-dessus, moi, je pense que vous avez un rôle à jouer là-dessus parce que...
M. Reid : C'est
politique aussi.
M. Jean (Denys) : Oui,
politique administratif, entre guillemets.
M. Reid :
Oui. Bien, c'est parce que, dans un environnement politique, c'est qu'à un
moment donné qui va payer quand il y
a un problème qui peut être mineur? Mais qui va payer? Il y a un ministre qui
va devoir répondre de quelque chose.
Et là, bien, toute l'Administration cherche le coupable. Puis, le coupable, si
c'est quelqu'un qui a dit : Enlève ce contrôle-là, c'est peut-être lui, le coupable. C'est une espèce de
gestion qui vient... qui est peut-être inhérente à la politique. Je ne
sais pas ce que vous en pensez.
Le Président (M. Rochon) :
M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, j'ai fait le point, par exemple, sur les
dispositifs adoptés suite à la commission Charbonneau. Vous seriez surpris du nombre, du volume de dispositions
adoptées depuis deux, trois ans en matière de gestion contractuelle, là. C'est énorme. Je pense qu'on est rendus au
point, là, où il faut nettoyer ça, consolider ça parce qu'il y a même des ministères, des organismes qui s'en
plaignent, là. On n'arrive plus à attribuer de contrats, c'est trop compliqué.
M. Reid :
Et, là-dessus, est-ce que c'est une solution... elle est essentiellement
administrative ou s'il y a une part de ça évidemment qui est politique?
M. Jean
(Denys) : Mais il va y avoir nécessairement un enjeu politique à faire
parce qu'on est autour, là, de la collusion,
la corruption, la saine gestion des fonds publics. Maintenant, une fois qu'on a
expérimenté 10, 12, 13, quatre, 14 mécanismes, on peut toujours se
dire : Maintenant, qu'est-ce que ça a donné de plus?
• (17 h 40) •
Le Président (M. Rochon) :
Merci.
M. Reid : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Rochon) :
Merci, messieurs. M. le député de La Peltrie pour la deuxième opposition.
M.
Caire :
Je vais faire du pouce sur la
question de mon collègue : Est-ce
qu'on a des processus
qui sont arrivés à maturité, qui nous
permettent justement de faire de l'élagage puis dire: Bon, bien, ces processus-là,
de toute évidence, sont superflus ou
sont simplement juste contraignants, sans ajouter de plus-value
au contrôle? Parce que, dans tous les processus qui ont été mis en place, puis que ce soit la
création de l'AMP, on s'est posé ces
questions-là. Donc, comment on fait ça, cette espèce d'élagage là, et
qui fait ça, cet élagage-là?
Le
Président (M. Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : ...M. le Président, qu'il y a une bonne partie de
mandat qui relève du Conseil du trésor, dans le sens où c'est des instruments de contrôle qui ont été établis au fil du
temps, ou des exigences qui ont été établies au fil du temps, qui répondaient à un besoin précis à
quelque part, à un moment donné, besoin qui n'est peut-être plus là, ou,
encore, il y a d'autres moyens qui existent,
plus faciles, ou plus... Bon. Et je pense que, là, on a un travail, nous, à
faire là-dedans. Il faut s'engager là-dedans.
C'est un méchant chantier, là, un chantier important, pour le Conseil du
trésor, de revoir tout ça.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Vous semblez dire que les parlementaires auraient un
rôle à jouer là-dessus. Est-ce qu'on pourrait cibler plus
particulièrement la Commission de l'administration publique?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, je pense que j'aurais dû dire ça, la
Commission de l'administration publique, parce que, dans le fond, on est là, hein? Comment gérer les fonds
publics? Quel cadre établir de gestion des fonds publics, de gestion des
ministères et des organismes? La meilleure place pour en parler, je pense,
c'est ici.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Pour continuer sur la question de mon collègue d'Orford, est-ce que... parce
que je comprends la question, effectivement,
c'est plus: Les mécanismes de contrôle, est-ce qu'ils sont devenus une façon de
se protéger ou est-ce qu'ils sont
vraiment une façon de bien contrôler? Je pense que c'est essentiellement la
question que mon collègue posait.
Puis est-ce qu'on n'est pas rendus à une étape où, au-delà des mécanismes de
contrôle, les individus ne devraient pas assumer plus leurs responsabilités puis dire : Bon, bien, on va
mettre moins de boucliers pour dire: Ah! bien, ce n'est pas de ma faute? Est-ce que l'efficacité passe par une
plus grande imputabilité des individus par rapport à leurs responsabilités?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean (Denys) : Bien, je pense qu'il y a deux réponses à vous
donner. Premièrement, quand il arrive un phénomène quelconque, puis vous l'avez tous vécu comme
parlementaires, les gouvernements «overreact», c'est-à-dire qu'il va se passer quelque chose, là, puis, pour éviter que ça
se reproduise, là, là, monsieur, on sort la Grosse Bertha, tu sais. On
blinde ça mur à mur, il n'y a plus rien de
possible. Ça n'arrivera plus. Mais le temps... puis là le temps se met à jouer,
hein? Et la Grosse Bertha, là, elle
devient moins nécessaire parce qu'il y a d'autres phénomènes qui se sont passés
puis l'événement est moins
susceptible de se produire. Et là on ne revient jamais, nous, sur la Grosse
Bertha. On la traîne, là. Puis là vous en ajoutez une, deux, trois,
quatre, puis là ça devient compliqué.
Sur la question de
l'imputabilité, M. le député, ça prendrait une commission de trois heures rien
que pour en discuter, parce qu'effectivement
l'imputabilité, il va falloir qu'on en débatte. Comment on fait jouer
l'imputabilité dans l'appareil
public? C'est important, ça, qu'on en discute entre nous. Moi, j'ai des
collègues, là, avec qui j'ai étudié, qui sont dirigeants d'organismes privés. Eux autres, ils sont imputables, mais
ils sont aussi libres sur les moyens à utiliser pour livrer le résultat. Dans l'appareil public, on ne peut
pas se permettre ça, hein? Il y a des choses qu'un administrateur public
ne peut pas faire parce que, justement,
c'est des fonds publics, c'est une organisation publique. Donc, l'imputabilité,
là, elle est importante, puis je
pense qu'il faut qu'il y en ait. Moi, j'ai toujours cru à ça, mais il faut la
situer correctement dans le processus administratif.
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie.
M.
Caire : Mais est-ce qu'on demande trop d'imputabilité à nos
administrateurs ou est-ce qu'on ne leur fournit pas assez de moyens
d'assumer cette imputabilité-là?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : Vous me demandez de porter un jugement qui mériterait que je
réfléchisse avant. À froid comme ça, c'est difficile pour moi de vous répondre.
Il n'y a pas un dossier pareil, hein? Des fois, on demande à des
administrateurs publics de régler l'impossible, puis, après ça, on s'étonne
qu'ils n'y sont pas parvenus.
M.
Caire :
Bien, revenons, M. Jean, en tout respect...
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de La Peltrie, oui.
M.
Caire :
...revenons sur la base de nos plans stratégiques, qui seraient... puis je pense
qu'on s'est bien entendus, là, qui
est la base de travail sur laquelle un administrateur
public devrait être évalué, si on peut le dire comme ça, et donc duquel il devrait être imputable. Mais là je vais
aller plus loin dans ma réflexion, dans l'expectative où on veut qu'il
soit imputable des résultats en fonction de
ce plan stratégique. Lui donnons-nous les moyens nécessaires pour être
imputable?
Le
Président (M. Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : M. le Président, c'est intéressant, comme approche. Faisons l'hypothèse que la planification stratégique
est correcte, là, puis que vous avez... les moyens sont alignés pour la
réaliser, hein? Que le sous-ministre
ou le dirigeant de l'organisme soit imputable du résultat, moi, je vous suis.
Là,
vous avez deux enjeux. Vous avez un enjeu parce que, si vous relisez la Loi sur
l'administration publique, le
ministre a un rôle à jouer, hein, dans le domaine de la planification
stratégique.
Puis,
deuxièmement, le gouvernement, il peut arriver des phénomènes qui vont venir perturber
l'environnement du sous-ministre. Comment
vous allez faire, vous, pour calibrer l'effet de l'événement perturbateur sur
la non-réussite? C'est parce qu'on est dans un monde qui n'est pas stable.
Le Président (M.
Rochon) : Très rapidement, M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Très rapidement. Est-ce que justement... et là on se ramène à la question que
je vous posais sur la responsabilité que
nous devons assumer, est-ce qu'il ne serait pas de la responsabilité des
parlementaires de moduler le jugement
qu'ils vont... tu sais, vous parlez, on sort la Grosse Bertha, on va se dire
les vraies affaires, souvent, le tir, il vient de l'opposition, puis le gouvernement, il se dit : Ouf! Il faut que
je réagisse à ça. Mais une commission comme la CAP ne pourrait pas
assumer cette responsabilité-là dans la modulation de...
Le Président (M.
Rochon) : Monsieur...
M.
Caire :
O.K.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean. Je suis allé avec largesse, là, on a dépassé le 30
secondes, là, mais...
M. Jean
(Denys) : Elle a certainement un rôle à jouer, ne serait-ce que sur la
définition des orientations et de l'encadrement de ce genre de processus là.
Le Président (M. Rochon) :
Pour ceux et celles qui s'interrogent sur l'expression que nous avons entendu quatre, cinq fois utiliser, là, et que je ne
répéterai pas, c'est... elle fait référence à une très grosse pièce
d'artillerie de siège utilisée par l'armée allemande lors de la Première
Guerre mondiale.
M. Bolduc :
De quoi qu'il parle? C'est quoi, le mot?
Une voix :
La Grosse Bertha.
M. Bolduc :
La Grosse Bertha.
Le
Président (M. Rochon) : Oui,
exactement. Alors, on revient du côté ministériel avec le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. On était, il y a longtemps,
dans les projets de révision des programmes, on a fait les 16 projets, on a fait les 12 projets, et
je vous avais posé une question sur l'évolution ou comment vous voyez la future évolution de ces projets quantitatifs, parce que
c'étaient des dollars avec des projets qualitatifs ou des projets de
services aux citoyens. Ça, c'est le premier élément de ma question.
Le
deuxième élément de ma question, qui est en relation avec ça : Est-ce que
la Loi de l'administration
publique, telle qu'elle existe aujourd'hui, vous rend de très bons services et est-ce
qu'elle est adéquate pour bâtir le futur?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
• (17 h 50) •
M.
Jean (Denys) : Bien, sur la question des projets de révision de...
c'est: nous, on est en consultation permanente, hein, auprès des ministères et des organismes, sur des possibilités de.
Alors, après ça, quand... on monte comme des cahiers de charges, là, puis là on propose au président du
Conseil du trésor des phases d'intervention. Là, la phase d'intervention
qu'on lance, qu'on a lancée au printemps sur les services aux citoyens, on va
l'amener pendant au moins trois ans, minimum, là, parce qu'il y a des gros
dossiers là-dedans, et là on va préparer la phase III, avec peut-être une autre
perspective ou une perspective mixte, on ne le sait pas.
Sur
la question de la Loi de l'administration publique, bon, est-ce qu'elle
nous sert bien? Elle ne nous nuit pas, mais,
un jour, si jamais on décidait de revoir le cadre de gestion, puis être plus
axé sur la performance, puis introduire des notions d'imputabilité différenciées, je pourrais appeler, là, peut-être qu'on devra réfléchir à une réécriture, ne serait-ce que de revoir la question, là, du député de Saint-Jérôme sur les ententes de gestion, là,
qui... la section là-dessus, là, qui... les conventions de performance et d'imputabilité. Je pense, elle s'en va sur
20 ans, là, à peu près là, ou peut-être 18 ans, là, je pense qu'un jour
il va falloir qu'on réfléchisse à l'idée de la rafraîchir, ne serait-ce que de
la rafraîchir.
Je
vous parlais tout à l'heure d'introduire, par exemple, des notions d‘évaluation
de programme, des notions d'audit interne,
des notions de plan annuel de gestion des dépenses, des instruments de
performance, qui ne sont pas dans la Loi de l'administration publique. Peut-être qu'il va falloir, un jour... Puis ça, écoutez, c'est le secrétaire.
Moi, là, ce n'est pas moi qui vais décider de faire ça, mais, si vous me
posez la question personnellement, je pense qu'elle est due pour être...
Le
Président (M. Rochon) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : M. Jean, vous le
savez comme moi, vous avez été là depuis très, très longtemps.
Vous savez beaucoup plus de choses
que nous, et nous qui arrivons, comme députés élus au gouvernement, de juste comprendre l'ensemble du débat qu'on a eu cet après-midi... demande un certain temps, O.K.?
Puis ce n'est pas un mystère, là, ni un secret d'État. Mais les outils dont on parle, de performance,
d'imputabilité, de qualité, d'audit interne et là on parle d'instruments de performance,
on parle de la Loi de
l'administration publique, je crois qu'on a quand même fait un bon grand
bout de chemin pour définir un paquet d'outils, là.
Il
nous reste 1 min 30 s. Si vous avez une indication à nous donner pour... parce que
je pense qui est très important, comment on pourrait rassembler tout ça
pour améliorer le service à nos citoyens?
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M.
Jean (Denys) : Bien, je
pense que... M. le Président, je pense que tout ce qu'on a évoqué après-midi,
c'est des éléments essentiels à un cadre de
gestion plus général. Je pense que le défi qu'on a ensemble, c'est... ou que
vous pourriez vous donner, c'est
d'introduire, dans un espace, une espèce de cadre de gestion de la performance
ces différents outils là, les définir,
les faire jouer les uns par rapport aux autres, qui est responsable, qu'est-ce qu'ils
doivent contenir, où c'est déposé, qui
les contrôle, qui les vérifie. Puis, à partir de là, bien, se dire : Bon, maintenant, est-ce que notre législation nous permet de déployer ce cadre de
gestion là de manière efficace?
Le Président (M.
Rochon) : M. le député de Mégantic, 35 secondes.
M.
Bolduc : Bien, écoutez,
je pense qu'on a... je ne savais pas trop où est-ce qu'on s'en allait au début,
mais on est arrivés à une fin qui est
pas mal brillante. Je vous remercie beaucoup, parce
que je pense que, là, on a une série
d'éléments, on a des définitions de qui, de
quoi, de comment, d'où, pourquoi, puis voir si la loi est adéquate, puis vous
venez de redéfinir notre processus
de stratégie, avec notre... on fait un tour de roue, et, après, on dit :
Bien, O.K., ça marche-tu bien? Puis on recommence.
Donc,
ce processus itératif là, vous en avez fait la démonstration
que, pour bien fonctionner, il faut que la roue tourne, et elle
n'arrêtera pas de tourner.
Le Président (M.
Rochon) : En effet.
M. Bolduc : Donc,
merci.
Le Président (M.
Rochon) : En effet, puisque, là, nous retournons du côté de l'opposition
officielle. Ayant débuté par le gouvernement, le dernier bloc appartient à l'opposition
officielle. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Bourcier :
Oui, j'avais beaucoup de questions, mais je vais essayer de résumer celles que
j'ai.
Dans vos propos, au
début, M. Jean, vous avez parlé qu'au bilan 2015‑2017, vous parliez d'indice
global concernant l'application de la gestion par résultat. Et vous avez... d'ailleurs, je regarde le
document que vous nous avez lu :
«La détérioration s'explique notamment par une baisse de résultats de 2014‑2015
à 2016‑2017 dans quatre des 10 composantes de
l'indice.»
Bon, j'aimerais ça
que vous expliquiez, puis, en même temps, pour moi aussi et les gens qui nous
écoutent, qu'est-ce que c'est l'association entre les résultats obtenus et les
ressources utilisées.
Le Président (M.
Rochon) : M. Jean.
M. Jean (Denys) : C'est-à-dire qu'il y a une exigence qui est faite
au rapport annuel de gestion — c'est ça? — …
Une voix : Oui.
M. Jean (Denys) : ...qui demande aux ministères
ou aux organismes d'associer... Mettons, ils disent : Moi, J'avais un engagement de x, j'ai réalisé y, j'y ai
consacré tant de ressources. C'est important pour les parlementaires de
savoir qu'est-ce que les résultats ont coûté.
Alors,
quand on pose la question aux ministères et aux organismes : Avez-vous
réussi à faire ça?, on se rend compte qu'il
y a moins qui ont réussi à le faire qu'avant. Maintenant, il y a une réflexion
à faire là-dessus aussi. Peut-être que c'est avant qu'on devrait
associer les ressources aux résultats plutôt qu'après.
M. Bourcier :
Dans un...
Le Président (M.
Rochon) : M. le député.
M. Bourcier :
Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Rochon) : Allez-y.
M.
Bourcier : Dans l'autre point où on avait eu, justement, une baisse de
résultats, on parlait d'activités d'évaluation de programmes. Desquels
parle-t-on ici?
M. Jean
(Denys) : Je vous ramène toujours au processus, M. le Président. On
demande, par questionnaire, aux ministères
ou organismes : Avez-vous mené des activités d'évaluation de programme au
cours de la dernière année? Vous avez la réponse.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Saint-Jérôme.
M.
Bourcier : Oui. Je
m'intéresse... là, je retourne dans votre rapport 2015‑2017, on chevauche d'un à l'autre,
hein, là, c'est un plaisir, et je m'attarde
beaucoup justement au climat de travail. Et, ici, on parlait de... Je suis à la
page 51 de votre document, question
de bien se comprendre, là. On parlait de collecte d'informations à partir de
rencontres avec le personnel : «…demeure
l'activité privilégiée pour apprécier le climat de travail, comme en témoigne
le graphique 34.» Alors, moi, je
regarde, là, on parle de sondages, on parle de groupes de discussion, ça, ça
fait partie d'un ensemble, là, rencontre du personnel et entrevues de
départ. Est-ce que cette entrevue de départ là, c'est quand la personne arrive
ou elle quitte?
M. Jean (Denys) : Quand elle quitte.
M.
Bourcier : Quand elle quitte. Ce qui m'amène à une autre question. Je
regarde, je navigue beaucoup. Alors, dans
le Secrétariat du Conseil du trésor, le taux de départs volontaires depuis cinq
ans, si je regarde la courbe, là, mis à part 2015‑2016, où le monde semblait plus heureux, alors on part de
17,4 % en 2012‑2013; ça part à 17,8 % en 2013‑2014; après ça, woup! là ça augmente encore, en 2015,
18,1 %, là, c'est là que l'indice bonheur était plus élevé, là,
2015‑2016. Mais là c'est l'hécatombe :
en 2016‑2017, on est rendus à presque 20 %, 19,4 % des gens, donc une
personne sur cinq qui quitte.
Un,
pouvez-vous nous expliquer les raisons de ces départs volontaires là? Est-ce
que c'est dû, je ne sais pas, moi, à des conditions qui n'étaient pas
favorables ou... Qu'est-ce que vous auriez à nous expliquer, là, par rapport à
ça?
Le Président (M. Rochon) : M. Jean.
M. Jean
(Denys) : D'abord, M. le Président, ça n'a pas rapport avec l'arrivée
du secrétaire. Non, mais je n'ai pas le
détail exact, mais, moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'on a justement fait
le bilan des entrevues de départ. Puis on a constaté que, dans les trois premières années, notre niveau de départ
était plus élevé. Nos départs sont dans les trois premières années.
Et on a
constaté également qu'il y avait un certain nombre de raisons qui avaient été
évoquées par les gens qui quittaient,
qui disaient : Moi, je m'en vais parce que... par exemple, un exemple, là,
je ne vous dis pas que c'est ça, là : Je ne fais pas ce qu'on m'avait dit que je devais faire. Ou encore :
Je ne me sens pas associé à l'équipe. Ou encore, ils me nomment, me
disent : J'ai un nouveau défi ailleurs. Qu'est-ce que tu veux faire, tu
sais? Bon.
Bien, à
partir de cette analyse-là, nous, là, on a développé un plan de travail, un
plan d'action au Conseil du trésor pour...
Tout tourne autour de la façon dont les gestionnaires gèrent leur personnel,
c'est ça, la vraie affaire, là, tu sais?
Alors, on a
un plan de travail actuellement qui a été lancé il y a un mois. On a lancé ça
il y a un mois, où on amène les
gestionnaires à être plus près du personnel dans les trois premières années.
Même de ça, moi, j'écris... d'abord, je les salue quand ils arrivent, quand ça fait six mois, je leur écris, quand
ça fait un an, je leur écris, puis ainsi de suite, pour... puis quand c'est leur fête, puis on... Tu sais, la
mobilisation, aujourd'hui, dans un monde où il y a tellement de pénurie de
main-d'oeuvre, là, tu sais, les gens... Il
faut mettre des actions importantes. Et ça, je vous le dis honnêtement, je ne
l'ai pas avec moi, le truc, mais on a
identifié exactement les causes de ce phénomène-là, et puis on est en train...
on a un plan de travail là-dessus.
Le Président (M. Rochon) : M. le
député de Saint-Jérôme
M.
Bourcier : Merci, M. le Président. Donc, vous nous dites
qu'actuellement, on travaille sur des moyens pour faire de la rétention d'employés, de valoriser
leur travail pour qu'ils soient plus heureux et qu'on baisse justement ce
taux de départ.
J'ai une
dernière question pour vous, je ne sais pas, je suis peut-être dans le champ,
là, je vais vous expliquer ça. Je parlais
d'Emploi-Québec tout à l'heure, et, à Saint-Jérôme, ville du bien commun, c'est
très important, pour nous, cette situation,
parce qu'il y a des gens qui, par le programme PAAS, ont des emplois qui sont
faciles. C'est des gens qui ne peuvent
pas avoir des emplois à temps plein. Et, à un moment donné, ce qui est arrivé,
c'est, suite à une décision d'Emploi-Québec... Bien, juste vous dire
l'objectif, parce qu'il ne me reste pas grand temps, là. Le programme PAAS,
c'est de permettre à personnes éloignées du
marché du travail de progresser suffisamment pour qu'elles puissent participer
à une mesure active d'emploi.
Autrement dit, un petit travail. Alors, des gens qui oeuvraient à des endroits
où on faisait de la distribution de
denrées alimentaires ont perdu leur travail suite à des décisions
d'Emploi-Québec, ce qui me ramène encore à ce que je disais tout à l'heure, c'était difficile de savoir le pourquoi
du comment de leurs décisions, ils étaient imputables de qui.
Et ma
crainte, c'est que leur niveau d'imputabilité, puisqu'ils ne sont plus sous votre égide, ne soit plus
aussi bon. Est-ce que vous êtes en mesure de me dire que ces situations-là
pourront être vérifiées? Est-ce que ces gens-là pourraient s'adresser à quelqu'un de supérieur à Emploi-Québec ou un peu comme vous, là, vous le faisiez, là, lorsqu'ils
étaient sous votre égide par convention?
• (18 heures) •
Le Président (M. Rochon) :
M. Jean.
M. Jean
(Denys) : M. le Président, je pense que c'est le ministère qui est responsable des décisions d'Emploi-Québec. D'ailleurs,
le collègue, ici, arrive du ministère du MTESS. Il le
sait. S'il y a quelqu'un qui peut répondre de cette décision-là,
c'est le ministère de Travail et Solidarité sociale.
Le Président (M. Rochon) : M.
le député de Saint-Jérôme, 20 secondes.
M. Bourcier :
Oui. Bien, les gens, donc, si cette situation-là devait perdurer, pourraient
s'adresser au ministère actuellement?
M. Jean (Denys) : Tout à fait.
M. Bourcier : Autrement qu'à
Emploi-Québec.
M. Bernier (Reno) : Bien, avec
le projet de loi n° 70...
Le Président (M. Rochon) :
M. Bernier, allez-y.
M. Bernier
(Reno) : Avec le projet de loi n° 70, Emploi-Québec est intégré
clairement dans la mission du MTESS puis il fait... La sous-ministre du
MTESS est imputable de ce que vous mentionnez.
Le
Président (M. Rochon) : Alors, chers collègues parlementaires, M.
le secrétaire du Conseil du trésor, votre équipe, M. Bernier, Mme Berger, Mme Blouin, Mme Laplante,
merci de votre collaboration aux travaux de la commission, la commission qui suspend ses travaux quelques
minutes avant de se réunir en séance de travail afin de statuer sur ses
observations, ses conclusions et ses recommandations à la suite de l'audition.
Merci encore.
(Fin de la séance à 18 h 1)