(Quinze heures cinq minutes)
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, bonjour à tous et à toutes. Je constate le quorum et je déclare
la séance de la Commission de l'administration publique ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle, s'il vous plaît, de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Nous sommes réunis ici pour procéder à
l'audition de l'Autorité des marchés financiers sur le chapitre 2 du rapport 2017 du Vérificateur général du Québec,
chapitre intitulé Autorité des
marchés financiers : activités de contrôle et Fonds
d'indemnisation des services financiers.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
ou des membres temporaires?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Jean (Chicoutimi) est remplacée par M. Marceau
(Rousseau) et M. Caire (La Peltrie) est remplacé par M. Bonnardel (Granby).
Le
Président (M. Gaudreault) : Parfait. Merci beaucoup. Donc, nous débuterons comme d'habitude par l'exposé de la Vérificatrice générale, que je salue
d'ailleurs, avec les membres de son équipe qui l'entourent. Ensuite, le
reste... ensuite, nous, on va entendre
l'exposé de M. Morisset, de l'Autorité des marchés financiers. Je vous
salue également avec les gens qui vous accompagnent.
Le reste de
la séance sera consacré, comme c'est l'habitude, aux échanges avec les membres
de la commission. Les échanges vont
se dérouler par blocs d'une durée d'environ 10 minutes par bloc, incluant
les questions et les réponses, en alternance entre le gouvernement et
les oppositions, afin de permettre à tous les groupes parlementaires d'écouler
graduellement leur temps de parole.
Donc, rendu à
ce stade-ci, Mme la Vérificatrice générale, je vous cède la parole pour faire
un résumé des observations de votre rapport.
Exposé de la Vérificatrice
générale, Mme Guylaine Leclerc
Mme Leclerc
(Guylaine) : Alors, merci, M. le Président. MM. les membres de la
commission, M. le président-directeur
général de l'Autorité des marchés financiers, c'est avec intérêt que je
participe à cette séance de la CAP qui porte sur le rapport du
Vérificateur général publié en mai dernier.
Tout d'abord,
permettez-moi de vous présenter les personnes qui m'accompagnent :
M. Serge Giguère, Vérificateur général
adjoint; Mme Lucie Roy, directrice d'audit; Mmes Ariane Harvey et
Sophie Gagné, membres de l'équipe d'audit.
Comme nous le
savons, la mission de l'Autorité des marchés financiers est d'encadrer le
secteur financier québécois et de prêter
assistance aux consommateurs de produits et de services financiers. Pour ce
faire, l'autorité agit sur plusieurs fronts,
dont les suivants : elle tient des activités d'inspection et d'enquête,
elle supervise les organismes d'autoréglementation et elle administre le
Fonds d'indemnisation des services financiers.
Nos travaux
d'audit ont porté sur trois volets. D'abord, est-ce que l'autorité oriente ses
activités d'inspection de sorte à intervenir en temps opportun auprès
des entreprises qui sont les plus à risque? Ensuite, comment l'autorité établit-elle la priorité des dossiers d'enquête et
de quelle information de gestion dispose-t-elle concernant les délais de
traitement de ses dossiers? Enfin, que peut-on dénoter sur la gestion des
activités liées au Fonds d'indemnisation des services financiers? Voici les
résultats de nos travaux.
D'abord,
l'autorité préconise une approche axée sur les risques pour ses activités
d'inspection. Cependant, cette stratégie
d'intervention varie de façon importante selon les deux secteurs d'activité,
c'est-à-dire les valeurs mobilières et les assurances.
Pour le
secteur des valeurs mobilières, la stratégie d'intervention de l'autorité
auprès des entreprises ayant leur siège social au Québec lui permet
d'avoir une couverture raisonnable de l'ensemble des entreprises de ce secteur.
De plus, les irrégularités constatées font systématiquement l'objet d'un suivi
lors d'inspections subséquentes.
Pour le
secteur des assurances, la situation est différente. L'autorité ne dispose pas
de tous les outils et de toute l'information
nécessaires pour cibler adéquatement les entreprises à inspecter. En effet, les
critères utilisés ne permettent pas une
réelle discrimination des entreprises en fonction du risque. Par exemple, le
nombre de critères utilisés est élevé, et leur pondération est faible, si bien que la cote de risque est peu
significative et peu utile pour déterminer les entreprises à inspecter de façon prioritaire et évaluer
l'ampleur des travaux à effectuer. De plus, le suivi des irrégularités
observées dans le secteur des assurances mériterait d'être renforcé. Par
exemple, l'autorité pourrait exiger la production d'un plan d'action ou
réaliser des interventions de suivi ciblées sur les principales lacunes, ce
qu'elle ne fait pas.
Pour ce qui est de la supervision des organismes
d'autoréglementation, l'autorité n'a pas respecté le cycle d'inspection de
trois ans convenu et ne leur a pas présenté ses rapports d'inspection en temps
opportun. Nous avons aussi observé que le suivi des
mesures correctrices mises en place par les organismes d'autoréglementation
n'est pas suffisamment structuré et encadré. L'autorité ne peut donc pas
s'assurer que celles-ci sont mises en oeuvre de façon adéquate et dans des
délais raisonnables.
• (15 h 10) •
Par ailleurs,
en ce qui concerne les activités d'enquête, le processus de priorisation en
vigueur est adéquat et permet de
prioriser les signalements en fonction des risques. Cependant, l'autorité a de la difficulté
à respecter les délais qu'elle s'est
fixés pour le traitement de ses dossiers d'enquête. L'information de gestion dont elle dispose ne lui permet pas de connaître facilement les causes des retards, ce qui rend plus
difficile le choix des mesures correctrices à mettre en oeuvre.
Un mot,
maintenant, sur le Fonds d'indemnisation des services financiers. Ce fonds est
affecté au paiement des indemnités payables aux victimes de fraude, de
manoeuvres dolosives ou de détournement de fonds. Nos travaux démontrent qu'il ne joue pas pleinement son rôle.
C'est l'accessibilité au fonds qui représente un obstacle, puisque les
conditions d'admissibilité sont restrictives. En effet, moins de 10 % des
demandes ont été acceptées au cours des quatre dernières années. Une des
conditions d'admissibilité est que le représentant doit avoir agi dans les
limites du certificat délivré par l'autorité. Cela signifie notamment que le
fait reproché doit concerner un produit ou un service financier que le représentant serait autorisé à offrir en vertu de son
certificat. Pourtant, par définition, une fraude veut que les individus agissent sans tenir compte des règles
établies, par exemple en vendant des produits ou des services financiers
non autorisés par leur certificat.
Au cours des
cinq dernières années, 306 demandes d'indemnisation ont été rejetées. La
condition liée à la limite du certificat
est à l'origine de 40 % des demandes refusées, 79 demandes. Il est à
notre que cette restriction n'est pas explicitement dictée par la loi ni
inscrite dans le règlement de l'autorité.
Au fil des
ans, plusieurs questions ont été soulevées sur les conditions d'admissibilité,
mais la situation n'a pas été corrigée.
De telles questions ont été soulevées à différents moments, notamment par le
conseil d'administration du fonds, en 2002,
lors de consultation publique menée par l'autorité en 2011‑2012 ainsi que dans
les documents budgétaires 2016‑2017.
Par ailleurs,
les frais d'administration du fonds ont varié entre 1,2 et 2 millions de
dollars au cours des cinq derniers
exercices. Ces frais sont élevés, considérant le nombre limité de demandes par
année et les indemnités versées. Par exemple,
en 2015‑2016, 34 demandes ont été traitées, et une seule personne a reçu
une indemnité, qui s'est élevée à 50 000 $.
D'autre part,
l'autorité n'a pas mis en place de mécanisme de révision des décisions rendues
afin qu'un nouveau regard soit porté sur les dossiers des consommateurs
dont la demande a été refusée.
Enfin, les
délais de traitement des demandes d'indemnisation sont longs. De 2011 à 2016,
plus de la moitié des demandes ont dépassé la cible de 300 jours
que l'autorité s'était fixée.
En terminant,
j'aimerais souligner l'excellente collaboration des représentants de l'Autorité
des marchés financiers. Et je tiens aussi à assurer les membres de la
commission qu'ils peuvent compter sur mon entière collaboration.
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, merci beaucoup,
Mme Leclerc. Alors, je vais céder maintenant la parole à
M. Morisset pour une présentation d'une durée d'une dizaine de minutes
également. Merci.
Exposé du
président-directeur général de l'Autorité
des marchés financiers (AMF), M. Louis Morisset
M. Morisset
(Louis) : Alors, merci, M.
le Président. MM. les membres de la commission, Mme la
Vérificatrice générale. Alors, permettez-moi
tout d'abord de vous remercier de nous accueillir aujourd'hui et nous donner
l'occasion d'échanger avec vous au sujet des observations contenues dans le
rapport de la Vérificatrice générale.
Sachez que
chaque exercice auquel nous sommes conviés devant les élus de l'Assemblée
nationale revêt une grande importance. À titre d'organisme de protection
du public, il s'agit pour nous d'une occasion privilégiée d'échanger avec vous
et de répondre à toutes vos questions.
Je vous présente les personnes qui
m'accompagnent pour cet exercice. D'abord, Mme Marie-Claude Soucy, vice-présidente des services administratifs. À ma
gauche, M. Eric Stevenson, surintendant de l'assistance aux
clientèles et de l'encadrement de la
distribution, dont les équipes assurent, entre autres, la responsabilité de la
supervision des chambres et des activités
du Fonds d'indemnisation des services financiers. À ma droite,
M. Jean-François Fortin, directeur général du contrôle des marchés, dont les équipes sont
responsables notamment de nos activités d'enquête et d'inspection, de
même que M. Philipe Lebel, directeur général des affaires juridiques.
Dans un
premier temps, j'aimerais souligner la qualité du travail réalisé par la
Vérificatrice générale et son équipe tout au long de cet audit, qui
s'est fait, en effet, dans un esprit de réelle collaboration avec les divers
intervenants de l'autorité. Il en est
ressorti un rapport éclairant sur certaines des activités de notre organisation
et qui s'inscrit parfaitement dans la ligne de pensée de notre plan
stratégique 2017‑2020 que nous avons dévoilé en mai dernier.
En effet,
notre plan stratégique 2017‑2020 vise à nous permettre d'une manière bien
concrète de resserrer nos liens avec
nos clientèles que sont les entreprises assujetties à la réglementation
relative au secteur financier québécois, de même que les consommateurs
de produits et services financiers, et d'améliorer de façon continue notre
prestation de services grâce à des
interactions efficaces et un accès plus facile à nos services d'assistance. Nous avons pris acte de chaque élément contenu au rapport de la Vérificatrice générale et nous souscrivons à l'ensemble
des recommandations qu'il contient.
Il est important
de souligner, tout d'abord, que plusieurs aspects positifs sont ressortis
des travaux de la Vérificatrice générale. Nos approches d'inspection cyclique dans le
secteur de la distribution en valeurs mobilières et par échantillonnage dans le secteur de la distribution en assurance
ont été jugées appropriées. Dans le domaine de la distribution en
valeurs mobilières plus spécifiquement, la Vérificatrice générale mentionne que l'approche que nous utilisons nous
permet d'avoir une
couverture raisonnable de l'ensemble des entreprises assujetties et que notre stratégie
d'intervention est appropriée. Il est
noté également que les irrégularités constatées lors des
inspections des entreprises font systématiquement l'objet d'un suivi dans le cadre d'inspections subséquentes et que nous prenons les
mesures nécessaires afin de nous assurer que les lacunes
observées soient corrigées.
Notre surveillance des entreprises qui ont leur
siège social à l'extérieur du Québec mais qui font affaire ici a été jugée,
elle aussi, appropriée.
Quant à nos activités
de préenquête, la Vérificatrice
générale remarque que nous avons mis
en place un processus bien ordonné et
documenté qui nous permet de cibler et de prioriser les signalements en
fonction des risques. De cette façon, est-il souligné dans le rapport,
l'autorité accorde un niveau de priorité aux dossiers en fonction des
probabilités qu'il y ait un manquement, du niveau de risque de l'activité
en cause et des conséquences potentielles pour les consommateurs.
L'autorité assigne ensuite le dossier à l'équipe d'enquête la plus appropriée
pour le traiter.
Bien sûr,
comme toute organisation bénéficiant d'un regard externe sur ses activités,
et nous sommes bien placés pour le
savoir, il y a toujours place à l'amélioration, et nous avons, à cet égard, remis à la Vérificatrice générale un plan d'action détaillé visant à mettre en oeuvre toutes les recommandations formulées, plan dont vous
avez eu l'opportunité de prendre
connaissance. Je souligne au passage que toutes les actions prévues au plan qui
devaient être réalisées à date l'ont été selon l'échéancier fixé.
En ce qui
concerne nos activités
d'inspection dans le secteur de distribution en assurance, la Vérificatrice générale note que nous ne
disposons pas de tous les outils et de toutes les informations qui nous
seraient utiles pour faire des interventions encore plus ciblées. Cela fait partie
des éléments qui ont été pris en considération et qui feront l'objet
d'améliorations dans un avenir rapproché.
La Vérificatrice générale a également relevé que l'autorité n'avait pas respecté le
cycle d'inspection convenu avec la Chambre
de l'assurance de dommages et la Chambre de la sécurité financière. Le plan de
supervision prévoit en effet une inspection
tous les trois ans. Or, la période de couverture de la dernière inspection a
atteint quatre ans. Bien que de notre perspective
ce report était justifiable, c'est un autre élément qui sera amélioré. Comme la
Vérificatrice générale en a fait part dans son rapport, nous avons déjà mis en oeuvre auprès de
la Chambre de l'assurance de dommages une nouvelle approche d'inspection annuelle qui nous permettra
de conclure une inspection complète aux trois ans. Nous raccourcirons aussi les délais de remise de nos rapports
d'inspection aux deux chambres et serons plus fermes dorénavant sur le respect par celles-ci des
échéanciers prévus au plan de supervision.
Les travaux
de la Vérificatrice générale, qui se sont par ailleurs déroulés parallèlement
aux dernières inspections que nous
menions auprès des chambres, nous ont permis de mettre en oeuvre immédiatement
certaines améliorations, dont
notamment la prise en compte des mesures correctrices apportées par ces
organismes postérieurement à la période d'inspection, afin de nous assurer de maintenir la pertinence de nos
constats et recommandations au moment du rapport final.
• (15 h 20) •
En ce qui a trait au Fonds d'indemnisation des
services financiers, la Vérificatrice générale présente certaines observations quant au rôle concret que devrait
jouer ce fonds auprès des victimes de fraude, de manoeuvres dolosives ou
de détournement de fonds. L'autorité partage
entièrement l'analyse de la Vérificatrice générale quant à l'accessibilité
restreinte au fonds pour les victimes de
crimes financiers. Il est utile de rappeler ici que l'autorité avait recommandé
dans un rapport rendu public en 2013
l'adoption de modifications législatives afin que l'accessibilité au fonds soit
élargie et qu'il réponde davantage aux besoins exprimés. Le gouvernement
du Québec a eu une oreille attentive à notre perspective, tel qu'indiqué dans son rapport d'application sur la
Loi sur la distribution des produits et services financiers en 2015, par
l'annonce, dans son plan
économique 2016‑2017, de modifications législatives élargissant la portée du fonds de manière à ce qu'il puisse indemniser tout investisseur
victime de fraude de la part d'un intermédiaire dûment certifié, peu
importe la nature du produit financier en
cause, et par le dépôt à l'Assemblée
nationale, le 5 octobre dernier,
du projet de loi n° 141
contenant les modifications législatives annoncées.
La Vérificatrice générale a également porté son regard sur le processus
de révision des décisions d'indemnisation. Le projet de loi n° 141 permet également de répondre aux
préoccupations. En effet, un réclamant en désaccord avec une décision rendue pourra engager un recours en
révision devant le Tribunal
administratif des marchés financiers plutôt que devant la Cour
supérieure comme c'est le cas actuellement.
Dans
l'attente de la mise en vigueur des modifications législatives,
nous avons déjà mis en place des solutions de nature administrative
afin de répondre à la recommandation de la Vérificatrice générale. Ainsi, un
processus interne de réexamen administratif des décisions
d'indemnisation a été instauré le 31 août dernier. Les consommateurs qui
sont en interaction avec le fonds en sont avisés dans nos communications et par
l'entremise du site Web de l'autorité.
Quant aux
frais liés à l'administration du fonds, il est important de préciser qu'ils ont
été maintenus sous contrôle au fil des ans, avec une baisse marquée de
41 % depuis l'exercice 2014‑2015. Il est à noter, par ailleurs, que
les données financières du fonds sont
auditées spécifiquement chaque année par la Vérificatrice générale. Il nous
apparaît hasardeux de faire un
parallèle entre le nombre de dossiers d'indemnisation traités, et les
indemnités versées pour un exercice donné, et les frais d'administration du fonds. Peu importe le nombre de
demandes reçues, il nous faut maintenir en place une équipe qui comprend
les expertises requises pour traiter ce type de dossier.
Il a
également été question, dans le rapport de la Vérificatrice générale, des
délais de traitement des demandes d'indemnisation.
Les travaux de la Vérificatrice générale nous ont, entre autres, permis de
constater que notre indicateur de performance
quant aux délais de traitement n'était pas optimal, notamment car il n'exclut
pas les différents délais hors du contrôle de l'autorité.
En effet, et à titre d'exemple, l'autorité doit
régulièrement faire face à des délais d'attente pour obtenir des documents de la part des réclamants,
d'institutions financières ou encore des chambres, lui permettant de faire
cheminer son analyse des dossiers. Différentes mesures
contenues dans notre plan d'action nous aideront donc à segmenter plus efficacement les dossiers selon leur nature, leur
complexité et en fonction des cibles de délai visées et à mieux évaluer
notre performance à chaque étape de traitement d'un dossier, en excluant tout
délai non imputable au travail de l'autorité.
Enfin, la Vérificatrice générale recommande que
les consommateurs disposent d'une information plus pertinente et facilement compréhensible, notamment pour valider si le
produit qui les intéresse pourrait faire l'objet d'une indemnisation.
L'autorité s'engage à rendre ses outils plus concrets et plus conviviaux afin
de mieux soutenir les consommateurs dans leur cueillette d'information, cela
rejoignant en tous points, par ailleurs, certains des objectifs importants que nous nous sommes fixés en matière
d'éducation financière. L'éducation financière est en effet l'une de nos grandes priorités et un des meilleurs moyens
que nous pouvons offrir aux consommateurs pour les aider à se prémunir contre la fraude. Il est donc certain que nous
allons poursuivre nos efforts visant à mieux les rejoindre et à mieux les
informer.
En
conclusion, j'estime que l'autorité remplit bien sa mission de protection du
public et joue un rôle essentiel au bon fonctionnement des marchés financiers québécois. Nous visons par contre
toujours à améliorer l'efficacité de nos processus et la conduite de nos activités, et cette volonté
transparaît clairement dans chacune des orientations que contient notre
plan stratégique 2017‑2020. Les recommandations de la Vérificatrice
générale s'inscrivent donc parfaitement dans cette ligne de pensée et elles
nous aideront sans aucun doute à atteindre nos objectifs.
Alors, je vous remercie de votre attention. Et
nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Discussion générale
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci beaucoup, M. Morisset.
Alors, sans plus attendre, nous allons procéder avec un premier bloc
d'échange du côté du gouvernement. Je cède la parole au député de
Trois-Rivières.
M. Girard : Merci, M. le
Président. Permettez-moi un petit prélude. D'entrée de jeu, pour commencer
cette audition avec l'Autorité des marchés
financiers, premièrement, souhaiter la bienvenue à M. Morisset et toute
son équipe, Mme Leclerc et toute l'équipe du Vérificateur général,
chers collègues, M. le Président, vous aussi, de présider cette audition. Si je
suis hors sujet, vous ne vous gênez pas pour me ramener à l'ordre, M. le
Président.
Aujourd'hui,
on est en audition avec l'AMF. Donc, M. le Président, Mme la VG, chers
collègues, chers citoyens du Québec,
vous savez que, pour les parlementaires, le respect de nos institutions est
extrêmement important. Je veux rappeler aujourd'hui que la Commission de l'administration publique, qui est en
audition présentement, et M. le Président pourra confirmer, est une des meilleures au Canada. On a eu le privilège de
participer, encore cette année, à la rencontre annuelle de l'ensemble des commissions d'administration
publique canadiennes, et celle du Québec se démarque par son
impartialité, par son travail de collaboration avec la Vérificatrice générale du
Québec. Et c'est une fierté de faire partie de cette commission qui fait un
excellent travail.
C'est sûr que, dans les derniers jours, on a
entendu des choses, on a entendu des choses graves, des choses préoccupantes. C'est extrêmement important pour nous
de s'assurer que, lorsqu'il y a des sujets comme ceux-là, on utilise les bons outils, les bons forums, comme
parlementaires, pour pouvoir avoir les bonnes réponses. C'est important
également d'avoir les personnes compétentes dans ce genre de dossier. Je sais
que, Mme Leclerc, vous allez travailler, dans une audition prochaine, sur
les dossiers dont il a été question cette semaine.
C'est une
situation qui, pour nous, est extrêmement préoccupante. Beaucoup de questions.
J'ai personnellement beaucoup de questions,
je pense que l'ensemble de mes collègues de l'assemblée ont également beaucoup
de questions. Malheureusement, peu de
réponses, pour l'instant, aux questions que l'on a. Nous sommes tous à la
recherche des faits, à la recherche
de la vérité. Par contre, il faut s'assurer de travailler à trouver le bon
forum, les bonnes personnes et les gens les plus compétents dans la
quête de ces faits et de cette vérité.
Mme la
Vérificatrice, vous allez prochainement, dans les semaines, les mois à venir,
avoir à produire un rapport, un rapport
qui va faire suite à un audit que vous allez avoir effectué, et nous serons
probablement, comme commission, appelés à travailler sur cet audit et sur ce rapport. C'est clair que, s'il y a
des irrégularités, nous allons aller au fond des choses.
Hier soir, je dois vous... je dois revenir un
petit peu sur une activité qui a eu lieu, qui était le 20e anniversaire de la Commission de l'administration publique. Je
me permets, lors de cette audition, de citer deux petites portions du
communiqué de presse qui a été émis pour souligner le 20e anniversaire de
la CAP, et je cite : «Dans une société démocratique
telle que la nôtre, le rôle joué par la Commission de l'administration publique
est fondamental puisqu'il permet aux parlementaires de contrôler
l'action du gouvernement en s'assurant notamment que les ministères et organismes utilisent judicieusement les ressources
mises à leur disposition et qu'ils répondent aux besoins et aux attentes
des citoyens. La Commission de l'administration
publique n'a pas d'équivalent dans d'autres parlements canadiens en
raison de son caractère non partisan, de sa
collaboration étroite avec le Vérificateur général et de ses fonctions uniques
découlant de la Loi sur l'administration
publique. L'indépendance dont elle jouit dans l'organisation de ses travaux est
également une de ses caractéristiques fondamentales.» Fin de la
citation.
Donc, un mandat du VG, un rapport qui va suivre
au niveau du VG. Et je veux réitérer, Mme la Vérificatrice générale, ma très
grande confiance envers votre équipe et envers le travail que vous faites.
Donc,
dans le respect de notre commission, je vais poser des questions, aujourd'hui,
qui sont en lien avec l'ordre du jour, c'est-à-dire l'audition de
l'Autorité des marchés financiers sur le chapitre 2 du rapport du
printemps 2017 de la VG, Autorité
des marchés financiers : activités de contrôle et Fonds d'indemnisation
des services financiers. À titre de député, de citoyen du Québec, je vais continuer à travailler afin que la
population du Québec, afin que l'ensemble des députés puissent connaître
la vérité sur les différents événements. Je me fie à 100 % à l'audit qui
va être réalisé par la Vérificatrice générale et je veux
par le fait même inviter tous les gens, les députés ou autres qui ont des
informations pertinentes, qui possèdent de l'information, à la transmettre au
bureau du Vérificateur général du Québec, qui dès maintenant... le site internet est déjà en fonction pour recevoir les
commentaires de personnes qui auraient des choses à nous dire concernant
les sujets de cette semaine.
Ceci étant dit, je
vais passer à ma première question concernant l'audition d'aujourd'hui sur le
rapport de la Vérificatrice générale. Donc,
M. Morisset, à la lecture du discours de Mme Leclerc, on a, au cours
des cinq dernières années, 306 demandes
d'indemnisation qui ont été rejetées. On a beaucoup de demandes mais pas
beaucoup d'élus pour recevoir des
indemnisations. On parle également de 1,2 à 2 millions de dollars de coûts
pour administrer le fonds d'indemnisation, des frais que je considère extrêmement élevés, considérant le nombre de
demandes traitées et les indemnités versées. On parle, en 2015‑2016, de
34 demandes et d'une seule indemnité, à 50 000 $.
1,2 million à 2 millions de gestion pour 34 demandes et
50 000 $ d'indemnisation. Expliquez-moi.
• (15 h 30) •
M. Morisset
(Louis) : Bien, merci. Merci pour votre question, d'abord. Je l'ai
mentionné tout à l'heure, je comprends la perspective que vous amenez. Si on
regarde les coûts, les frais d'administration de ce fonds versus les indemnités
qui ont été versées dans l'année, par exemple, que vous mentionnez, je veux
dire, il y a une inadéquation immense, là,
il semble y avoir un problème. Maintenant, je pense que c'est de faire fausse
route de regarder les coûts du fonds
en fonction des indemnités. On aurait pu verser 10 millions d'indemnités
puis les coûts auraient pu être trop élevés, par ailleurs. Alors, je pense que c'est faire un amalgame qui est, de ma
perspective, malheureux. Puis je le comprends, j'accepte cette perspective-là, mais, pour moi, il faut faire vraiment
attention. Il faut que les coûts soient regardés en soi puis qu'on ne
les oppose pas nécessairement aux montants d'indemnité qui sont versés.
Je l'ai dit tout à
l'heure, les coûts ont varié dans le temps mais sont demeurés sous contrôle,
ils ont varié de 2 millions à 1,2 million. Et ils baissent, ils ont
encore baissé au cours de la dernière année. Et la raison pour laquelle ils
baissent... Puis je tiens quand même à rappeler certains faits. On a vécu, au
Québec, un épisode peut-être sombre, l'épisode Norbourg, à l'époque, où il y a
eu un flot énorme de demandes, entre autres, dans ce dossier, dans d'autres
dossiers, de demandes au fonds d'indemnisation. Et évidemment on devait avoir
le nombre de ressources requises, d'employés
requis pour traiter ces demandes-là. Et après ça le nombre de demandes... puis
on va toucher du bois qu'on ne revive pas, au Québec, de scandale de
cette nature, mais après ça le nombre de demandes s'est graduellement tari, il y en a eu de moins en moins. Puis c'est une bonne
chose parce que moins il y a de demandes, évidemment, bien, c'est dire qu'il y a moins de gens qui se retrouvent aux
prises avec des situations où ils sont dans un stratagème de fraude.
Alors, l'éducation financière dont j'ai
parlé un petit peu plus tôt est très importante pour amener aussi les gens à
reconnaître les signes, les signes de fraude, les offres trop
alléchantes pour être vraies, et ainsi de suite.
Alors,
moi, pour répondre à votre question de façon spécifique, encore une fois, je
comprends votre perspective, je l'accepte,
mais je trouve que cet amalgame-là est erroné. Les coûts du fonds
d'indemnisation sont appropriés. On se doit d'avoir une équipe en place
qui doit faire face à des demandes, si elles rentrent. Puis on va tous espérer
qu'elles ne rentreront pas, mais, le jour où on a ces demandes-là, il faut les
traiter.
Par
ailleurs, les ressources disponibles au fonds ont été quand même accaparées, au
cours des années, à d'autres activités.
Donc, ce n'est pas des gens qui sont dans leurs bureaux à ne rien faire. Quand
ils n'ont pas de demande, il y a d'autres
activités. Et ça remonte à l'époque de la consultation sur l'indemnisation dont
j'ai parlé un petit peu plus tôt, en 2011,
nos employés qui travaillaient au fonds ont travaillé ardemment à cette
consultation. Alors, ces gens-là sont mis à contribution, rassurez-vous. Donc, les coûts sont appropriés, on les
contrôle. Et, écoutez, on travaille de manière la plus efficace possible. Au fil du temps, il y a eu
évidemment des coûts de différentes natures, des coûts au niveau
technologique, aussi, qu'il a fallu absorber.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci, M. Morisset.
Alors, deuxième bloc, nous allons passer à l'opposition officielle, avec
le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, bonjour, Mme la vérificatrice. Bonjour,
M. Morisset. Bonjour à tout le monde, à tous les gens qui vous
accompagnent.
Alors, écoutez, je
vais commencer par faire référence à deux paragraphes du rapport qui me sont
apparus importants, le paragraphe 54 qui dit que «plusieurs des
indicateurs choisis par l'autorité pour évaluer sa performance relativement aux inspections dans le secteur des valeurs mobilières et dans
celui des assurances ne lui permettent pas de mesurer tous les volets
pertinents de sa performance», donc difficulté à s'autoévaluer, difficulté à
bien mesurer la performance de l'organisation. À l'article... pardon, au paragraphe 70, maintenant,
on nous dit : «Le processus de suivi des mesures correctrices n'est pas suffisamment structuré et encadré pour permettre à l'autorité
de s'assurer que celles-ci sont mises
en place de façon adéquate et dans des délais raisonnables.» Dans
ce cas-là, on parle des liens entre l'autorité et la Chambre de la
sécurité financière et la Chambre de l'assurance de dommages.
Mais,
M. le Président, dans un cas comme dans l'autre, il y a
des lacunes, dont j'espère que l'autorité s'y attaque de façon vigoureuse, mais ça pose donc la question
des processus. Et ce sont deux processus parmi plusieurs, là, qui sont
en cause ici. Et il y en a
d'autres, dont celui de vérification et de certification par l'AMF et l'UPAC d'entreprises qui veulent obtenir des
certificats de probité parce qu'elles veulent avoir des contrats avec le gouvernement. Moi, j'aimerais vous entendre
sur ce processus, là, de certification et de remise de certificat de probité,
sur la présence ou pas de consultants qui représentaient des entreprises qui veulent obtenir un certificat de probité.
Moi, j'aimerais ça être rassuré à la lumière des paragraphes 54 et
70, M. le Président.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. Morisset.
Une voix :
...
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui. Attendez un instant, M. Morisset. M. le député d'Orford.
M. Reid : ...le début de la question est très intéressant, et, si on demande à l'AMF de parler de son processus, dans les items d'aujourd'hui, que c'est excellent. Sinon, on rentre dans quelque chose qui n'est pas dans le thème d'aujourd'hui et qui appartient à
l'actualité. Alors, moi, je pense qu'il faut être prudents, M. le Président. Et
puis peut-être que M. Morisset pourrait nous expliquer qu'est-ce qu'il en
est de ce dont on parle dans ça, là.
Le
Président (M. Gaudreault) : Écoutez, M. le
député, j'entends bien votre appel au
règlement. Je suis d'accord avec vous sur l'appel à
la prudence et à la sobriété.
Maintenant, le député de Trois-Rivières, dans
son intervention précédente, a quand même abordé la question d'actualité; M. le député de Rousseau
a fait référence à deux paragraphes du rapport de la VG qui est présentement
sous étude. Alors, je demande de la
prudence, mais je demande aussi une certaine proportionnalité puis une certaine contrepartie et réciprocité.
J'ai permis au député de Trois-Rivières, tout à
l'heure, de faire un bout sur, quand même, une référence à une situation d'actualité. Je ne veux pas qu'on ne
parle que de ça, évidemment. Je pense que le député de Rousseau fait une
intervention qui est correcte à ce stade-ci. Mais je retiens votre appel à la
prudence puis j'invite les membres de la commission
à faire de même, s'il vous plaît. Mais je permets à M. le député de Rousseau de
poser cette question-ci. Merci, M. le député d'Orford.
M. Morisset (Louis) : Parfait.
Bien, écoutez, bien, merci pour la question. Si vous me permettez, je vais
commencer à répondre, puis je vais demander à mon collègue, Jean-François
Fortin, de poursuivre la réponse en lien particulièrement avec les
paragraphes 54 et 70 dont vous parlez.
Ce que je
peux vous dire à l'égard de ces lacunes-là qui ont été identifiées dans le cas
du paragraphe 54, ce qu'on mentionne,
bien, c'est que nos indicateurs de performance ne nous permettent pas de
mesurer tous les volets pertinents de la performance. Alors, ce n'est pas comme si nous n'avions pas des
indicateurs du tout, ce n'est pas comme si ces indicateurs-là étaient
complètement inadéquats, mais il y a des aspects de notre performance qui ne
sont pas révélés par ces indicateurs-là, et
on y travaille, ça fait partie de notre plan d'action. Mais je vais demander à
Jean-François, peut-être, là, de compléter cette réponse-là par la
suite.
Si vous le souhaitez, je vais tout de suite
prendre votre deuxième question, qui vise, en effet, les événements d'actualité. Moi, je tiens à dire et à réitérer
que les allégations qui ont été portées à l'égard de l'autorité sont d'une
extrême gravité et qu'elles entachent
indûment notre réputation. On a dit qu'il y avait un haut dirigeant chez nous,
avec un haut dirigeant de l'UPAC et
un haut dirigeant d'une firme en particulier qui n'a pas été mentionnée, qui
s'adonne à des activités de
collusion. On a même parlé de corruption au sens d'une définition donnée par
l'OCDE. C'est extrêmement grave, et il faut
que la lumière soit faite là-dessus. Nous, nous sommes sortis vigoureusement,
dès que c'est sorti. J'ai affirmé, je le réaffirme aujourd'hui, il n'y a aucun enjeu de cette nature-là au sein
de l'Autorité des marchés financiers. Et je compte bien sur les travaux que le gouvernement a demandé à
Mme la Vérificatrice générale de faire pour qu'on ait tous cet éclairage.
• (15 h 40) •
Maintenant,
quant à la question de l'implication
de firmes de consultants dans ces dossiers. Il y a un élément très important
que je tiens à mentionner d'entrée de jeu. En date d'aujourd'hui, nous avons donné près de 4 000 autorisations à des entreprises. La vaste majorité de ces entreprises-là
n'ont eu aucun enjeu parce qu'il n'y avait aucun enjeu d'intégrité,
aucun problème de collusion, de corruption, de détournement de fonds, de fausse
facturation identifié par l'UPAC.
Donc, nous,
vous êtes conscients, vous savez quel est le processus, nous recevons une
demande, nous analysons cette demande, et nous acheminons à l'UPAC toute
l'information pertinente pour lui permettre de se prononcer sur l'intégrité de
l'entreprise, de ses dirigeants, de ses actionnaires, et nous recevons de l'UPAC
un avis favorable ou défavorable. Et, lorsque l'avis est défavorable, c'est que
l'UPAC a identifié des enjeux, elle nous en fait part, et nous reprenons le
dossier, et nous interagissons auprès de l'entreprise.
À date, je vous dirais, grosso modo, nous avons
envoyé, depuis le début de l'application de cette loi, près de 150 préavis de refus, donc, un préavis envoyé
à l'entreprise lui disant, noir sur blanc, quels sont les enjeux
découverts par l'UPAC, puis à peu près le même nombre de demandes de correctifs,
où on a des enjeux identifiés par l'UPAC qui n'apparaissent
peut-être pas de la nature de la collusion ou de la corruption mais qui sont
des enjeux qui peuvent être des enjeux fiscaux, par exemple, où on leur
indique : Il faut que des mesures soient mises en place.
Donc, je vous
dirais, au premier chef, probablement que ces 300 entreprises là ont eu
recours à des conseils externes pour
leur permettre de démontrer à l'autorité qu'elles avaient dorénavant... Parce
que, selon l'avis rendu par l'UPAC, elles n'avaient pas, dans le passé, l'intégrité requise. Alors, je pense que
c'est très, très, très important. Donc, on peut penser qu'autour de
300 entreprises se sont senties obligées d'aller chercher des conseils
externes, peut-être plus. Mais les entreprises
qui ont reçu... ou lorsqu'on leur a envoyé un avis favorable de l'UPAC, ces
entreprises-là n'ont pas eu à engager de coûts, vraisemblablement, ou
d'amener des consultants externes pour les épauler.
Alors, je
tiens à faire cette précision-là parce que, d'abord, les allégations viseraient
une entreprise en particulier. Nous,
dans les dossiers que nous avons eus, à titre de répondant pour les
entreprises, on a eu plus d'une trentaine, plus d'une quarantaine d'entreprises qui ont fait affaire avec des consultants
externes. Il n'y a pas un consultant, une firme de consultants qui ramasse 75 %, 80 %,
100 % des dossiers. Et d'aucune manière, d'aucune manière, d'aucune façon
l'autorité ne dirige une entreprise vers une firme en particulier ou des firmes
en particulier.
Le Président
(M. Gaudreault) : Merci. M. le député de Rousseau.
M. Marceau :
Oui. Bien, écoutez, sachant que les processus, là, dont il est question dans le
paragraphe 54 puis dans le
paragraphe 70 avaient des problèmes puis qu'ils nous ont été révélés dans
le rapport de la Vérificatrice générale, mais sachant aussi la nature des problèmes que vous avez vous-même évoqués,
là, puis leur caractère possiblement criminel, là, puisque de toute évidence ce que vous nous dites,
c'est que le processus concernant la certification, lui, il n'y a pas de
problème, ma question va aller peut-être
plus à la Vérificatrice générale, lui demander : Est-ce que vous croyez
que vous... Dans la mesure où les
processus qui sont en place à l'AMF... dans la mesure où ces processus-là sont
adéquats, de quelle manière
pouvez-vous découvrir des stratagèmes qui seraient ceux d'individus qui
prennent des décisions, enfin, qui sont carrément illégales, là? Est-ce
que vous disposez, vous, Mme la vérificatrice, des moyens qui vous
permettraient de découvrir ces problèmes-là? Est-ce que ce n'est pas plutôt de
nature criminelle? C'est ma question.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme Leclerc.
Mme Leclerc
(Guylaine) : Écoutez, M. le député, vous comprenez que le mandat nous
a été donné au début de la semaine.
La première chose à faire, c'est de comprendre quels sont les enjeux. Bon, on
sait qu'il y a l'AMF, il y a l'UPAC, bon,
il y a une autre firme qu'on ne sait pas c'est qui, donc, dans un premier
temps. Deuxièmement, il y a eu des allégations. Donc, il faut que nous connaissions la teneur des allégations. Donc, il
faut qu'on parle aux personnes qui ont mentionné ces états de fait là, comprendre et voir s'il y a des informations qui
sont précises et ensuite aller voir dans chacune des organisations. Et donc, là, on va faire... Une
fois qu'on aura monté nos équipes, on va faire un plan de travail et on
va voir dans quelle mesure on est en mesure de pouvoir répondre aux demandes
qui nous sont présentées. Mais c'est certain qu'aujourd'hui je ne peux pas vous
dire quel est le plan d'audit qui va nous permettre d'arriver à des résultats.
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste trois minutes.
M. Marceau : Oui. Mais en même temps... Excusez-moi. O.K., je
vais continuer. Oui, Mme la vérificatrice,
en même temps, si on prend... On est
toujours dans les processus qui sont en place à l'Autorité des marchés
financiers. S'il arrivait, là, que
vous fassiez votre audit et puis vous vous rendiez compte que les processus qui
sont en place sont adéquats, mettons, contrairement peut-être à ceux qui
ont été décrits aux paragraphes 54 et 70, il resterait comme possibilité, pour qu'il y ait eu malversation, que ce soient
des personnes qui sont responsables de l'exécution de ces processus-là
qui, elles, ont commis des crimes. Est-ce que c'est comme ça que vous allez
procéder? Comment vous allez procéder exactement?
Peut-être nous expliquer la mécanique, là, qui va faire en sorte que...
Qu'est-ce que ça va prendre pour que vous demandiez, dans le fond,
l'intervention d'un corps de police pour une enquête criminelle?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bien, dans un premier temps, il n'y a pas seulement que
l'AMF, il y a aussi l'UPAC. Alors, il
faut comprendre le processus par l'UPAC, il faut comprendre le processus à
l'AMF. Il y a, après ça, différentes analyses
qu'on a à effectuer, dans quelle mesure il y a une firme qui est favorisée par
rapport à d'autres. Après ça, bien, on verra
dans quelle mesure on peut avoir des suspicions. Et c'est certain que nous,
nous sommes des auditeurs, on n'est pas un corps de police, alors c'est certain que nous, notre travail se fait
dans le cadre... de bonne foi, hein, dans un premier temps. Mais, à partir du moment où on a des doutes
ou des suspicions, bien, c'est certain qu'on arrête notre travail et que
là on va référer, à ce moment-là, soit à
l'Assemblée nationale, qui est celui à qui on se rapporte, soit à une autre
instance. Et, à partir du début du travail
que nous allons commencer, que nous n'avons pas débuté, nous allons être
accompagnés par des avocats, bien naturellement, pour être certains
qu'on ne commet pas d'impair, dans le cadre de notre vérification, qui pourrait
avoir un impact sur une enquête ultérieure.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. Il vous reste 40 secondes. En vous invitant à rester prudent et sur
le rapport, s'il vous plaît.
M. Marceau :
De manière toujours prudente, juste pour être certain, dans votre audit, vous
allez aller à l'AMF mais aussi à l'UPAC, à l'UPAC aussi?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
clair.
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste 30 secondes, M. le député.
M. Marceau : Bien,
regardez, je vais le garder en banque pour la prochaine ronde de questions.
Le
Président (M. Gaudreault) : O.K. Alors, on va retourner du
côté du gouvernement avec le député d'Orford.
M. Reid :
Merci, M. le Président. Je salue votre décision, votre prudence et j'accepte...
parce qu'effectivement il y a des
choses, peut-être, qu'il faut discuter dès le départ. Mais je voudrais mettre
en garde les membres de la commission et les remplaçants, parce que plusieurs sont des remplaçants, que, dans
cette commission, la raison pour laquelle on tient à discuter de ce que la vérificatrice a remis comme
rapport, c'est parce que ça touche beaucoup de monde. Ici, on a même des gens qui sont venus exprès de Saguenay, ma
ville natale, dans laquelle j'ai été élevé et j'ai même enseigné à
l'université, et dont
vous êtes député, M. le Président. Et le rapport qu'on a entre les mains, c'est
un rapport de 40 pages écrit petit, là, il y a beaucoup, beaucoup de choses. Et, dans la présentation, parce que
la vérificatrice nous a fait une présentation aux membres de la commission, il y a plusieurs pistes
de réflexion, plus que d'habitude, même, je pense, dans des rapports semblables, il y a 16 pistes de réflexion qui
nous ont été amenées comme étant des éléments qu'il serait peut-être
utile de poser comme question. Donc, je
pense qu'on devrait se mettre d'accord pour que le temps qu'il nous reste nous
permette d'aller au fond de ce qui touche ce rapport-là et de ce qui touche les
gens qui sont touchés par cette question-là de l'Autorité des marchés financiers, oui, mais des activités de contrôle
et le Fonds d'indemnisation des services financiers.
Alors, pour
ma part, j'aimerais, moi... C'est sûr que je vais revenir, et peut-être
d'autres personnes y reviendront avant
moi, au fonds d'indemnisation, parce que je pense que les gens qui sont venus
ici, c'est surtout pour ces raisons-là qu'ils
sont venus, mais il reste que la commission s'intéresse beaucoup, beaucoup, en
général, à la façon dont on fait le suivi
des recommandations. Vous êtes un organisme qui fait des recommandations, et la
vérificatrice a manifesté que, du côté suivi, il y avait des choses qui
devaient être faites. Je ne pense pas que c'est une loi nouvelle qui va changer
ces éléments-là, la loi ne prescrit pas
comment on fait un suivi des recommandations. Donc, là-dessus, sur votre
gestion, parce qu'on est ici pour ça,
pourriez-vous nous éclairer sur ce qu'étaient les éléments que la vérificatrice
a trouvés, évidemment, puis votre
plan d'action? Parce que, un plan d'action, même nous, là, on ne peut pas
passer 10, 12 heures à l'étudier à fond, on le regarde... etc., le
citoyen, encore moins que nous. Donc, dans un langage qui peut être compris par
les gens qui viennent dans nos bureaux de
comté, les gens qui sont venus ici aujourd'hui, est-ce que vous pourriez nous
dire un peu comment est-ce que vous
voyez le suivi, pour nous assurer que, quand vous faites une recommandation,
que les citoyens n'en seront pas,
disons... ils ne seront pas victimes de quelqu'un qui ne suit pas vos
recommandations et que... pour lequel, jusqu'à maintenant, semble-t-il,
on n'avait pas toujours les suivis adéquats?
• (15 h 50) •
M. Morisset
(Louis) : Bien, merci pour
votre question. Écoutez, d'abord, je veux juste faire cette mise au
point. Au niveau de la distribution en valeurs mobilières, les suivis ont été
jugés adéquats. C'est au niveau de la distribution en assurances où il y avait davantage d'éléments. Si vous me le permettez,
je passerais la parole à Jean-François Fortin, qui est évidemment
responsable de ces activités-là, pour vous expliquer de façon très succincte,
si je peux me permettre, les enjeux puis les correctifs, surtout, qui sont déjà
en train d'être mis en place chez nous.
M. Fortin
(Jean-François) : Merci.
D'abord, moi aussi je viens du Saguenay, donc on a déjà quelque chose en
commun en partant. Effectivement, Mme la
vérificatrice mentionne que les suivis en matière d'assurances n'étaient
pas faits de façon systématique, ce qui ne veut
pas dire qu'il n'y avait pas de suivi qui était fait dans le passé. Il y avait
quand même un pourcentage pas... je ne le qualifierais pas d'important,
mais il y avait des suivis qui étaient effectués.
Et, pour les
suivis... pardon, pour les manquements importants, qui méritaient, entre
autres, une analyse par nos procureurs
et des poursuites, c'était transféré à nos équipes du contentieux, et le
travail était fait à cet égard-là, et, dans certains cas, des sanctions étaient imposées. Et une des remarques aussi
qui a été faite par Mme la vérificatrice, c'est que, dans les cas où justement c'était référé au
contentieux, et il avait pu y avoir des poursuites qui avaient été entreprises,
on devrait de toute façon aussi, par la suite, retourner en inspection de
suivi.
Donc, ce que
je peux vous dire aujourd'hui, c'est que ces remarques et ces constats de la
vérificatrice sont à propos. On en a
pris bonne note et on a déjà des chantiers en cours pour revoir nos suivis. Et
ce sont des examens qui se font en ce moment. Ce qu'on va faire et ce
qu'on a commencé à faire... Oui?
M. Reid :
Bien, pour comprendre, ce qui serait intéressant... Parce que vous pouvez nous
expliquer quelque chose qui est du nouveau plan d'action, mais, si vous
pouvez nous expliquer un exemple — parce que, ça, tout le monde comprend les
exemples, en général — de
ce que ça veut dire. Parce que, vous savez, ce n'est pas pour discréditer le
fait qu'elle le suive ou non, parce que la vérificatrice avait elle-même des
suivis, et ils ont changé le mode de suivi. Et
vous avez d'ailleurs suivi, je pense, cette chose-là en termes de... les
critères et des indicateurs qui vont permettre de faire un suivi à chaque année. La commission adore
ça, là, pouvoir suivre à chaque année où vous êtes rendus. Si vous
pouvez donner un exemple de ce qui est un changement puis le genre
d'indicateurs que vous allez avoir.
M. Fortin
(Jean-François) : Bien, le
genre de changement, c'est que, d'abord, toutes les inspections et
chacun des constats qui vont avoir été faits en inspection vont faire l'objet
d'un suivi dorénavant. Le suivi va être approprié à la hauteur de la gravité du
manquement. Par exemple, s'il manque une politique de traitement des plaintes,
bien, on va s'assurer d'avoir la communication de la politique en question.
Une des
remarques aussi qui avaient été faites par Mme la vérificatrice, c'est qu'on va
s'assurer d'obtenir un plan d'action dans chacun des cas. Et je pense
que la remarque est surtout pertinente pour les manquements importants. Je rappelle qu'on va faire un suivi dans chacun des
cas. Mais pour les manquements importants sur, par exemple, la
convenance par rapport aux besoins des individus, on va s'assurer de retourner.
Et le plan
d'action comprend deux choses importantes, c'est qualifier le type de
manquement, donc la gravité du manquement,
et, pour chacun de ce type de manquement là, quel serait le suivi approprié. Ça
peut aller de nous-mêmes faire
parvenir, par exemple, des guides, des politiques, ça va aller jusqu'à
retourner en inspection nous-mêmes par la suite, en inspection de suivi.
Donc, il y a un spectre de mesures en fonction des manquements. Et nos équipes
travaillent actuellement pour définir
chacune de ces catégories de manquements là et quelle sera l'approche appropriée
selon le cas.
Et
évidemment, au terme des inspections, l'inspecteur, en fonction de ces
critères-là, va nous dire : D'abord, on va établir une cote de risque pour chacune de ces entités-là, et on va
établir quel est le suivi approprié, et, par exemple, si c'est une
inspection de suivi qui mérite d'être faite, quand elle sera faite.
M. Reid :
Ce qui est intéressant dans l'approche que la vérificatrice a amenée récemment,
c'est que vous devez avoir des
indicateurs... Parce que, ça, vous partez de maintenant puis vous allez... on
va se rendre là, mais ce n'est pas tout fait là, c'est un plan d'action. Et la vérificatrice, dans sa nouvelle
approche, a des indicateurs qui vont lui permettre, elle, de suivre à chaque année où est-ce que vous êtes
rendus, par les indicateurs. Puis ce que vous ne savez peut-être pas,
c'est que nous, on a tous ce suivi-là aussi qui s'en vient. Donc, comme
commission, ça nous permet d'avoir un contrôle parlementaire adéquat. Et si vous pouvez me donner un exemple
d'indicateur. Comme ça on va voir un peu qu'est-ce qui s'en vient par
rapport à ce que vous venez d'expliquer, par exemple, si vous avez ça à porter
de la main, là.
M. Fortin (Jean-François) :
Bien oui, tout à fait, parce que les indicateurs, qui était la suite, dans le
fond, de la recommandation de Mme la vérificatrice sur les suivis, c'était
aussi d'avoir certains indicateurs qui allaient nous permettre de faire le
suivi sur les suivis. Et l'indicateur, donc, va prévoir, d'abord, est-ce qu'on
a mis en place, nous, le suivi qui était approprié.
L'élément qui est le plus important, je pense,
du message de la vérificatrice, c'est : Est-ce qu'on est capables d'aller valider le niveau d'amélioration de la
conformité aux termes d'une inspection? Et ça, ça va faire aussi partie de nos... c'est dans nos
indicateurs, d'aller valider si on a fait telle recommandation, quel était le
suivi approprié et quel est le résultat de
ça. Et, de cette façon, on va être en mesure de valider non seulement est-ce que le suivi a été fait chez nous, est-ce que la recommandation a été appliquée, et on va être en mesure de
valider le niveau de conformité, est-ce que ça s'est amélioré chez
l'inscrit en question et, de façon plus globale, dans l'industrie de
l'assurance.
M. Reid : Est-ce
qu'il reste un peu de temps, M. le Président?
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste deux minutes.
M. Reid : Bien,
vous ne pourrez peut-être pas aller dans le détail, mais vous avez, M. le
président, dit : Dans l'attente de la mise en vigueur des modifications
législatives, nous avons déjà mis en place des solutions de nature administrative. Autrement dit, vous n'avez pas
attendu que la loi soit votée, puis etc., vous avez déjà
fait des améliorations. Est-ce que vous pourriez donner un exemple?
M. Morisset
(Louis) : Oui, absolument.
Bien, en fait, je faisais référence, justement, aux décisions rendues en matière d'indemnisation. Donc, on a... Évidemment,
avec le projet de loi, qui va élargir considérablement, si on veut, la portée actuelle du fonds d'indemnisation et qui va
revoir le mécanisme aussi pour rendre les décisions en lien avec le
fonds d'indemnisation, entre-temps nous avons établi à l'interne, donc, un
processus par lequel un demandeur qui recevrait une décision négative pourrait s'adresser à nous pour qu'on jette un
deuxième regard, si on veut, sur cette décision-là.
M. Reid : ...c'est
ça?
M. Morisset (Louis) : Plutôt
que d'aller en cour, plutôt que d'aller en cour... Le recours aux tribunaux
demeure, mais...
M. Reid :
Donc, autrement dit... O.K. Donc, vous pouviez mettre ça en place sans
nécessairement attendre la loi.
M. Morisset
(Louis) : C'était une
recommandation que nous a faite la Vérificatrice générale et que nous
avons adoptée d'emblée. Donc, c'est un élément, je pense, que je tiens aussi à
réitérer. Ce rapport-là nous a été envoyé le 31 mai,
et on a travaillé très fort, au cours des derniers mois, pour mettre en oeuvre
rapidement, le plus rapidement possible les recommandations. Et ça, ça
fait partie d'une des mesures qu'on a mises en place dès la fin du mois d'août.
M. Reid : Merci.
Je pense que ça prend le temps.
Le Président (M. Gaudreault) :
Ça va?
M. Reid : Oui.
Le Président (M. Gaudreault) :
O.K. Merci. Alors, on s'en va du côté de la deuxième opposition avec le député
de Granby.
M. Bonnardel :
Merci, M. le Président. Messieurs dames, bienvenue.
Mme Leclerc,
première question pour vous. Dans le cadre de vos travaux, là, sur l'AMF,
pourquoi vous ne vous êtes pas
penchée sur le processus qui mène à l'attribution d'une autorisation de l'AMF
pour obtenir des contrats publics? Pourquoi vous avez mis tout ça de
côté? Y a-tu des raisons?
Mme Leclerc
(Guylaine) : Bon, déjà, chez nous, on fait une forme de gestion de
risque lorsqu'on fait nos dossiers. Donc,
dans un premier temps, l'AMF a été identifiée parce qu'elle n'avait pas été
vérifiée en optimisation de ressources encore. Donc, on a décidé de
faire une vérification d'optimisation de ressources... d'outils de performance,
plutôt, auprès de l'AMF. Et, lorsqu'on
arrive dans une entité, on identifie des objectifs de vérification, et, ce
qu'on a décidé de faire, c'est d'identifier les objectifs qui pouvaient peut-être se
rapprocher d'un besoin de citoyen, O.K., donc auprès de... en vertu de la Loi sur la distribution. Donc, c'est
beaucoup plus près du citoyen. Alors, c'est pour ça que ça a été ce
choix-là qui a été fait. Ça aurait pu être
autre chose, ça aurait pu être l'inspection des institutions financières,
ç'aurait pu être autre chose, mais vous comprenez qu'on a un certain
nombre d'heures limitées, alors le choix a été fait pour faire cet aspect-là.
M. Bonnardel :
M. Morisset, vous avez dit tantôt, à une question d'un collègue du
gouvernement, que, pour vous, les
frais d'administration de 1,2 à 2 millions de dollars pour le fonds
d'indemnisation, où il y a 34 demandes en moyenne dans les dernières années, c'était normal; que,
malgré que les fonds ont baissé... je pense qu'il y a une réduction
d'effectifs en 2015‑2016, mais vous dites : Pour nous, ça, ça doit rester
comme ça.
Est-ce que, comme
parlementaires, on est capables d'avoir une ventilation de ces coûts, à savoir
combien de personnes sont utilisées pour ce fonds, pour administrer ça? Je
pense que, comme administrateur ou peut-être gestionnaire,
dans mon cas, j'aimerais ça savoir pourquoi vous dites que 2 millions ou
1,8, 1,5, c'est normal. Pour moi... Peut-être, vous allez me dire que je
ne connais pas ça, là, mais si peu de demandes pour... si vous me dites qu'il y
a 10, 12, 15 personnes qui travaillent spécifiquement... Est-ce que c'est
possible d'avoir ça?
M. Morisset (Louis) : Absolument, absolument. Si je peux, je passerais
la parole à ma collègue Marie-Claude Soucy, qui peut vous donner cette
ventilation-là immédiatement.
Le Président
(M. Gaudreault) : Mme Soucy.
• (16 heures) •
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Bonjour. Merci pour votre question.
Quand
vous regardez à la figure 6, je crois, dans le rapport du VGQ, vous avez,
en effet, les frais d'administration, vous
avez le nombre de demandes, donc vous avez une série d'informations. Je vous ferais noter qu'en effet on doit
garder une certaine expertise au niveau
du fonds. C'est important de garder cette expertise-là pour être capable de
traiter... Au fil des années, si vous
voyez les frais de 2013‑2014 et 2016‑2017... sont en baisse. Vous ne le voyez pas sur le
graphique, mais ils sont aussi en baisse, à
1,1 million, 1,171 pour être plus précise. Donc, vous voyez
que vous avez, bon, 93 demandes, 70, ça diminue à 23, 33 et 40 par la suite. Et on voit, là, une augmentation des frais et après une diminution des frais. En fait, on a eu une... Quand on a vu justement
la diminution des demandes, passant de 70 à 23, on s'est aussi questionnés,
hein, donc sur les frais, et donc on... Oui?
M. Bonnardel :
Je peux vous demander quelque chose?
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Oui.
M. Bonnardel : Je comprends, là, je veux juste ne pas passer
trois minutes là-dessus. Êtes-vous capable de me dire le nombre
d'employés affectés spécifiquement? Oui, allez-y.
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Absolument. On a cinq employés à temps
plein, depuis 2015‑2016,
à peu près à 100 %, et,
en 2016‑2017, on a 0,75 au niveau de la gestion du fonds.
M. Bonnardel :
Si vous permettez, ces cinq employés se partageaient l'assiette, grosso modo,
du 1,2?
Mme Soucy (Marie-Claude) : Non. Depuis 2015‑2016, on a cinq employés, et
avant on avait, en 2011‑2012, neuf employés avec 1,3 en termes de
gestion, 1,3 employé en termes de gestion.
M. Bonnardel :
Je veux juste bien comprendre, là. Vous avez cinq employés... Vous savez où je
m'en vais, là?
M. Morisset
(Louis) : Oui, absolument. Permettez-moi de compléter la réponse.
M. Bonnardel :
Rapidement, s'il vous plaît, M. Morisset.
M. Morisset (Louis) : Donc, en termes d'employés à temps plein, cinq
employés. Par ailleurs, on impute au fonds d'autres coûts directs, par exemple en subrogation. Lorsqu'on a des
dossiers d'indemnisation et on poursuit en subrogation, évidemment, les
coûts engendrés par les recours judiciaires, qu'ils soient internes ou
externes, sont imputés au fonds. Les coûts TI, la partie des coûts TI, la
partie du loyer, la petite partie du loyer qui est imputée à ces cinq employés
est imputée au fonds. Alors, ultimement, on ne peut pas voir ce 1,2 ou 1,175,
maintenant, en fonction uniquement des employés. Et ça, je l'ai mentionné tout
à l'heure, ces éléments-là, ces inducteurs-là sont vérifiés annuellement par la
Vérificatrice générale.
M. Bonnardel :
Je vous demanderais juste une chose. Êtes-vous capable, dans les deux dernières
années, de me le ventiler comme il faut, ça? Vous me parlez de TI, de
subrogation...
M. Morisset
(Louis) : Absolument.
Une voix : ...tout de suite,
si vous voulez.
M. Bonnardel :
Bien, vous me le donnerez à la fin, O.K.?
Une voix :
Pas de trouble.
M. Morisset
(Louis) : Parfait.
M. Bonnardel :
Il faut que je fasse du pouce un peu sur...
Le Président
(M. Gaudreault) : Si vous permettez, juste deux secondes,
Oui. Un dépôt à la commission.
M. Bonnardel :
Oui, s'il vous plaît.
Le
Président (M. Gaudreault) : Si vous avez un document à
nous déposer avec la ventilation, tel que demandé par le député de
Granby, on apprécierait de le recevoir à la commission, puis on va le
distribuer aux membres.
M. Morisset
(Louis) : Parfait.
M. Bonnardel :
Mon collègue... Vous avez quand même répondu quelques minutes,
M. Morisset, à une situation des derniers jours. Vous avez corrigé
dans une certaine mesure... J'ai une question fort simple. On a dit dans les médias que certaines firmes... Vous avez parlé
tantôt, là, d'une trentaine de firmes, attendez voir, là, de firmes qui
sont qualifiées pour autoriser les
entreprises à faire affaire avec l'État. On parlait de firmes qui facturaient
entre 100 000 $, 500 000 $, 1 million de
dollars. Est-ce vrai ou faux?
M. Morisset (Louis) : Bien, d'abord, je n'ai pas parlé de firmes
qualifiées, là. Toute firme qui accompagne une entreprise qui, elle, a jugé avoir besoin de conseils externes, je veux
dire... Donc, il n'y a pas de qualification de firmes. Il n'y a pas une
firme en particulier qui est qualifiée, puis une autre ne l'est pas. C'est dans
la mesure où ceux qui accompagnent ces entreprises-là ont l'expertise requise
pour les aider.
J'ai parlé d'une
trentaine. Il y en a probablement plus d'une trentaine parce que, juste au
niveau comptable et gouvernance, on en dénombre une trentaine. Ça, c'est sans
compter les cabinets d'avocats qui sont ordinairement les répondants pour ces entreprises-là. C'est rare,
quand même. Je dirais, en tout cas, dans plusieurs cas, on a un
intermédiaire qui n'est pas un représentant de l'entreprise elle-même, ça va
être un avocat ou... leur avocat. Alors donc, je veux juste préciser ça.
Donc, au niveau
gouvernance, au niveau contrôle interne... Et on parle de firmes, mais il y a
des individus. Il y a des gens qui
travaillent à leur compte, qui sont aussi qualifiés, pour reprendre votre
terme, là, pour aider les entreprises à se mettre à niveau, au bon
niveau d'intégrité.
M. Bonnardel :
O.K. Je veux juste bien comprendre. Ma première question : Est-ce que
c'est vrai ou faux que des compagnies qui
font des audits spécifiques ont facturé des montants de 100 000 $,
500 000 $ ou 1 million de dollars à des sociétés privées?
C'était la seule question. Vrai ou faux?
M. Morisset
(Louis) : Bien, dans des cas purement... dans des cas exceptionnels,
c'est ce que l'on a entendu parler, oui.
M. Bonnardel :
Oui, c'est vrai?
M. Morisset
(Louis) : C'est vrai.
Le Président
(M. Gaudreault) : M. le député, je vous demande juste
d'être...
M. Bonnardel :
Ah! bien oui... Non, je suis prudent, je suis prudent.
Le
Président (M. Gaudreault) : Non, je le permets, je l'ai
permis à tout le monde, comme tantôt, mais je vous demande juste d'être
sobre et prudent.
M. Bonnardel :
Bien, écoutez, j'ai... C'est mes questions, là. Je pense que c'est...
Le Président
(M. Gaudreault) : Oui, oui, c'est ça.
M. Bonnardel :
Je connais la Commission de l'administration publique, là, j'y ai siégé pendant
cinq ans. Je vais rester respectueux face à la situation, mais je pense
qu'il a le goût de se défendre, M. Morisset.
Le Président
(M. Gaudreault) : Bien, c'est-à-dire, ce n'est pas une
question de se défendre ou non, c'est une
question que moi, je veux juste que ça soit proportionnel pour chaque groupe,
hein? Le premier groupe, j'ai permis. Le deuxième groupe... Là, c'est à votre tour. Alors, on y va comme ça. La
seule chose, je demande d'avoir un ton prudent et sobre. Allez-y.
M. Bonnardel :
Vous avez dit, donc, qu'il y avait une trentaine de firmes. Est-ce que ces
firmes sont qualifiées par vous?
Est-ce qu'on peut obtenir cette liste de firmes? On parle d'un triumvirat. On
le sait, là, bon, il y a UPAC, il y a l'AMF
et ces sociétés... pas ces sociétés mais ces firmes que les sociétés utilisent
pour obtenir cette certification. Est-ce qu'il y a des compagnies qui
sont certifiées par vous spécifiquement?
M. Morisset
(Louis) : Aucune.
M. Bonnardel :
Aucune?
M. Morisset (Louis) : Aucune. Dans certains dossiers, nous demandons un
tiers indépendant pour intervenir,
pour confirmer des éléments qu'on nous dit
avoir mis en place. On demande un tiers indépendant. On nous revient en
nous disant : Voici le tiers indépendant qu'on a retenu. L'important,
c'est l'indépendance. Si une entreprise veut, avec sa firme de comptables usuelle, nous convaincre qu'elle a mis en place tous
les éléments nécessaires pour avoir une saine gouvernance, des contrôles
internes adéquats, ainsi de suite, non, ça ne fonctionnera pas.
M. Bonnardel :
Est-ce que des sociétés privées qui se sont vu facturer des
100 000 $, 500 000 $ se sont plaintes à vous en
disant : Ça nous a coûté beaucoup trop cher? Est-ce que, pour vous,
c'était normal, ça?
M. Morisset (Louis) : Bien, d'une part, peut-être un cas où on a
entendu parler... Encore une fois, ces firmes-là chargent à leurs clients, j'imagine, le coût de leurs services. J'ignore
comment ça se passe, puis on n'a pas d'implication dans les coûts que
ces firmes-là peuvent facturer. Comme je l'ai mentionné, on a eu vent, dans
quelques cas très exceptionnels, de coûts importants.
M. Bonnardel :
Est-ce qu'on est capables d'avoir cette liste des compagnies qui font des
audits spécifiques pour les compagnies
qui ont besoin d'avoir l'autorisation? J'imagine que vous êtes capables de nous
donner une liste, comme tel, là, tu sais. Non?
Une voix :
...
Le Président
(M. Gaudreault) : Oui, c'est ça, je comprends tout à fait,
mais, je le répète, tout à l'heure j'ai permis
des allusions ou des interventions là-dessus, je l'ai permis à l'opposition. Je
demande au député de Granby de faire preuve
de prudence, de sobriété, comme les autres collègues l'ont fait dans leurs
blocs que j'ai permis là-dessus, et sans vouloir faire le travail qui
sera mandaté par d'autres personnes. Mais je laisse le député de Granby poser
sa question.
M. Bonnardel :
Regardez, je vous demande juste si, cette liste, c'est possible de l'avoir, la
fournir à tous les membres de la commission, si elle existe. J'imagine que vous
savez avec qui ces sociétés font affaire.
M. Morisset (Louis) : Mais ces entreprises-là passent par certaines
firmes, des fois, comme répondants. Donc, oui, on sait dans quelles
circonstances... On pourrait dresser cette liste-là aisément.
M. Bonnardel :
Pour la gouverne de la commission parlementaire.
Le Président
(M. Gaudreault) : Bien, comme tantôt, si cette liste
existe, si vous voulez la déposer, la commission va la recevoir.
M. Morisset
(Louis) : On va l'adresser...
Le Président
(M. Gaudreault) : Merci. Il vous reste 30 secondes,
M. le député.
M. Bonnardel :
Je vais prendre mon temps tantôt, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Gaudreault) : C'est bon. Merci. Alors, on
retourne du côté du gouvernement avec le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Bonjour, messieurs mesdames. Je vais commencer par une
formule un peu plus générale parce
qu'on a parlé un peu plus tôt que vous aviez des frais d'administration
d'environ 1,2 million de dollars sur
les réclamations, puis il y avait des coûts inhérents. Mais, fondamentalement,
votre entreprise ou votre organisation ont un peu plus de 700 employés, et probablement que vous avez des
contractants, ou des consultants, ou des aidants externes. Quel est
votre budget annuel d'opération sur une base régulière?
M. Morisset
(Louis) : Nos dépenses d'opération, c'est... ma collègue pourra me
réenligner, mais autour de 120 millions.
M. Bolduc :
O.K. Donc, quand vous parlez de 1 million de dollars sur 120 millions
d'opération, on parle de 1 %, O.K.? Maintenant, on parle... Vous
avez deux segments principaux, l'autorité des... en fait, les marchés
financiers et le
secteur d'assurance. Est-ce que vous pouvez nous donner une répartition
approximative des budgets alloués dans un ou dans l'autre des domaines? Parce que, dans un cas, on parlait de
150 entreprises au Québec, 550 à l'extérieur, tandis qu'au niveau des assurances on parle de dizaines de
milliers de représentants, en fait, 6 900 entreprises,
35 000 représentants. Est-ce qu'on peut avoir une idée de la
répartition de la structure financière de vos coûts d'opération dans ces deux
segments-là?
• (16 h 10) •
M. Morisset
(Louis) : Je n'ai pas les
chiffres, au moment où on se parle, sur la répartition budgétaire, si on
veut. Par contre, en termes de ressources, peut-être que ma collègue peut les
extraire rapidement.
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Si vous nous donnez juste un peu de temps, on va
pouvoir extraire ça. On a un revenu
d'opération, comme vous pouvez le voir dans nos états financiers, de
161 millions, qui inclut le fonds d'assurance dépôts, les opérations courantes, avec des charges
de 122 millions pour l'année dernière au total, incluant, là, le
fonds d'assurance dépôts mais excluant le
FISF. Donc, je vais demander à quelqu'un qui va pouvoir me procurer, là, le
détail, si on peut attendre peut-être
un petit cinq minutes ou un 10 minutes. Et on pourra peut-être
revenir sur les sommes, peut-être, par
surintendance, donc par secteur d'activité, en
termes budgétaires, à ce moment-là, si vous nous donnez un petit peu de
temps, M. le Président, pour qu'on puisse revenir à la commission très
rapidement.
M. Bolduc :
Ça me va. M. Morisset, vous avez eu un échange tout à l'heure avec le
député de l'opposition sur les deux
éléments de 54 et 70, les recommandations aux paragraphes 54 et 70, en
fait, les lacunes pour réviser les processus de suivi des mesures correctrices des différentes activités. Je vais
m'exprimer ainsi, là, puis je ne veux pas, comment je dirais, vous dire que vos documents sont très
neutres, mais, pour la population, ce genre de texte là est très insipide.
Ça ne veut rien dire. Ils ne comprennent pas. On pourrait débattre entre
nous une norme ISO puis en parler pendant une journée, mais, dans le langage populaire, ça ne dit pas
grand-chose si on ne met pas de données, de chiffres, de paramètres.
Vous savez, quand on nous dit de réviser les
indicateurs de performance, si on ne
sait pas c'est quoi, les indicateurs de performance, et en quoi vous
allez les améliorer...
Puis ce que
je vous demande ici, ce n'est pas uniquement pour nous de comprendre vos
méthodes opérationnelles, mais aussi
à une population qui est un peu, comment je dirais ça, assoiffée de comprendre
vos façons de faire et de voir une façon
pratique de ce que vous avez comme problèmes et ce que vous allez changer. Ce
n'est pas un péché que vous ayez des améliorations
à faire, mais on voudrait comprendre. Si on passe du deuxième groupe au
quatrième groupe, bien, ça, c'est clair.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer un peu mieux, dans les
paragraphes 54 et 70, en fait, vos recommandations 4 et 6, de
ce que vous nous parlez en révisant des processus puis d'où à où vous voulez
aller?
M. Morisset
(Louis) : Absolument, on va
revenir sur ces paragraphes-là. Mais peut-être pour marquer, peut-être, ce qu'on veut dire, si je prends, par exemple, le
fonds d'indemnisation, pour moi, ça, c'est un bel exemple où nous avions...
La réalité de ces dossiers-là : ça
prend du temps. C'est dommage, mais ça prend du temps. Les gens s'adressent à
nous. Ils sont souvent, évidemment,
désemparés. On doit souvent les accompagner pour obtenir d'eux toute
l'information requise pour pouvoir
statuer sur le dossier. Il faut souvent aller vers des intermédiaires, des
institutions financières. J'ai mentionné aussi les chambres. Il faut aller chercher de l'information auprès
d'elles. Tout ça prend du temps, et on s'était dotés d'un indicateur qui peut avoir l'air d'être tout à fait
aberrant, là. On voudrait compléter ces dossiers-là dans un espace-temps
de 300 jours, donc, encore une fois, ce
que l'on ne faisait pas. Puis ça, c'est un indicateur, je dois le dire, Mme la
vérificatrice l'a identifié... n'est pas rencontré dans une large proportion
des cas. Pourquoi? Parce qu'on attend souvent après de l'information. On essaie de décortiquer ce dossier-là pour arriver à
prendre une décision qui sera motivée en fait et en droit, et, pour ça,
on a besoin de l'information.
Alors, si je
prends cet indicateur-là, on a réalisé, grâce aux travaux de la Vérificatrice
générale, que ce n'est pas un bon
indicateur, d'une part, parce qu'il ne nous permet pas d'évaluer véritablement
la performance de l'autorité. Pour moi, la performance, c'est qu'à
chaque étape du dossier, de la réception du dossier à l'analyse préliminaire, à
l'analyse complète, à la rédaction de la
décision, il faut qu'on performe. Il faut qu'on soit en mesure de dire combien
de temps, dans une organisation
performante, ces étapes-là devraient prendre, en omettant ou en excluant les
délais qui sont hors de notre contrôle,
parce que ce que j'ai réalisé, à travers ces travaux-là, personnellement, c'est
qu'on avait un indicateur, d'une part, qu'on ne rencontrait pas
adéquatement et qui m'attribuait des délais qui sont hors de notre contrôle.
Alors, ça, je
pense que c'est un bel exemple pour illustrer
que d'un indicateur, qui était de compléter ces dossiers en dedans de 300 jours, on va éclater en plusieurs
indicateurs, par étapes de dossier, pour nous permettre... pour me
permettre d'évaluer la performance de mon organisation.
Maintenant,
sur 54 et 70, si vous voulez, Jean-François pourrait être plus spécifique, mais
je tenais à donner cet exemple-là pour illustrer aussi l'avantage
d'avoir eu la perspective de la VGQ sur ces enjeux-là.
M. Fortin
(Jean-François) : Bien, peut-être pour renchérir sur les propos de mon président... Je ne veux pas
répéter les commentaires que j'ai faits tantôt
sur les nouveaux indicateurs de performance qu'on s'est donnés à la lumière
des recommandations de Mme la Vérificatrice générale. Puis je pense
que mon collègue Eric Stevenson peut compléter sur le
paragraphe 70. Mais peut-être un peu en lien avec les propos de notre
P.D.G. sur les indicateurs de performance qui doivent
être en constante... revus, au sens où ce sont des choses qui évoluent dans le
temps... Puis je pense que le grand défi mentionné par M. Morisset, c'est justement de s'assurer d'avoir des
indicateurs pertinents qui vont bien nous permettre de mesurer notre performance. Puis un des commentaires qui a été fait par Mme la vérificatrice concerne nos délais
d'enquête, et on mentionne qu'on n'a pas
respecté, au cours des dernières années, les délais qu'on s'est nous-mêmes
imposés. Donc, je veux juste ouvrir une parenthèse
ici pour dire qu'il n'y a aucun enjeu qui est soulevé dans le rapport en termes
de protection du public parce que, dans tous
les cas où on devait agir de façon urgente et prioritaire, on l'a fait,
notamment la façon dont on suit nos dossiers
au début, en termes de préenquête, et que notre priorisation des dossiers était
bien faite et elle était bien documentée.
Par ailleurs,
Mme la vérificatrice nous dit : Il y aurait moyen de faciliter
l'identification des causes des délais dans nos dossiers, et c'est ce qu'on a fait. Mais je vous parle de ça en lien
avec votre question pour dire qu'au cours des dernières années on s'est donné des indicateurs de
performance, notamment sur les délais, mais il y a des indicateurs de
performance aussi au niveau de la qualité du
travail, par exemple le nombre de dossiers d'enquête qui vont donner lieu à de
véritables résultats, des nombres de
poursuites, des mesures d'application de la loi diverses. Et donc ça, on le
mesure également.
Mais, au
cours des dernières années, et même dans un passé assez récent... Je suis convaincu
que tout le monde dans cette salle connaît l'arrêt Jordan. Je fais
souvent des farces, que je dis : Même ma mère connaît l'arrêt Jordan. Ce n'est pas peu dire. Mais je fais ce commentaire-là pour dire que Jordan, qui est une décision de la Cour suprême, a des
impacts concrets sur nos opérations parce qu'une partie importante de nos opérations
porte sur des poursuites pénales, et Jordan vient nous dire que, suivant
les dépôts d'accusation, on doit être en mesure d'avoir un procès à l'intérieur
d'un délai de 18 mois.
Ce que ça
veut dire, ça, pour nos KPI — je reviens aux KPI — ça veut dire que maintenant il faut être
encore plus prêts, entre guillemets,
au moment où on dépose des chefs parce qu'on doit... Un autre droit protégé par
la charte, c'est qu'on doit divulguer
la preuve dans un délai très rapide. Donc,
ça, ça vient dire que, dans les derniers mois, littéralement, ça a eu un impact sur nos délais de performance parce que
l'arrêt Jordan met de la pression sur la longueur de nos
dossiers d'enquête. Et donc ça, on le monitore, entre guillemets, d'une
certaine façon, et on va s'assurer de travailler avec nos indicateurs de
performance pour qu'ils demeurent pertinents puis qu'ils illustrent bien notre
niveau de performance.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci, M. Fortin. Je ne sais pas si votre mère vous écoute, mais je l'ai peut-être
déjà rencontrée.
Écoutez,
moi, je suis président de la Commission
de l'administration publique, mais je
suis d'abord député
de Jonquière. Et, si vous vous tournez, il
y a des gens derrière vous, une
dizaine de personnes qui sont venues de Jonquière, qui représentent un
groupe de 13 personnes, 13 travailleurs qui, en plus d'avoir la
douleur de perdre leur emploi, en juillet
2015, ont été fraudés par quelqu'un en qui ils avaient confiance, qui est un
ancien collègue de travail pendant 18 ans, qui s'était recyclé, soi-disant, en conseiller financier ou quelque
chose du genre, planificateur financier. Et le montant de la fraude effectué par M. Steeve Duchesne
s'élève à 560 000 $ pour 13 travailleurs identifiés. Ces
travailleurs, évidemment, ont fait une demande d'indemnisation au Fonds
d'indemnisation des services financiers. Et moi, j'ai été renversé quand j'ai constaté finalement que ce
groupe de travailleurs correspondait en tous points à la situation
évoquée par Mme la vérificatrice dans son rapport, notamment dans les
paragraphes 96 à 100 concernant la limite autorisée par le certificat. Je comprends que ce certificat et la
définition de ce certificat n'est pas détaillé ou prévu par la loi, découle,
au fond, d'interprétations du fonds d'indemnisation.
Alors, moi, j'aimerais que vous nous expliquiez,
mais que vous expliquiez surtout aux gens qui sont ici, aux travailleurs derrière, comment, au fond, sur la base de certificats comme ça, des
gens qui se croyaient protégés par un fonds d'indemnisation ont été
fraudés, un fonds d'indemnisation dont l'objectif est d'indemniser les
personnes qui ont été victimes de fraude, de manoeuvres dolosives ou de
détournement de fonds. Et les chiffres de la vérificatrice sont très, très
évocateurs. 40 % des demandes
d'indemnisation refusées de 2011 à 2016 l'ont été en raison de limites du
certificat. Alors, écoutez, pour une question de relation de confiance envers
les institutions, une question de protection de petits épargnants qui veulent
se prémunir pour l'avenir, eux et leurs familles, j'aimerais que vous leur
expliquiez ça.
M. Morisset (Louis) : Parfait.
Bien, merci pour votre question.
Écoutez,
d'abord, je tiens à témoigner personnellement et au nom de l'organisation toute
notre empathie à ces gens ici
aujourd'hui et à toutes les victimes de fraude, de manoeuvres dolosives, de
détournements de fonds qui n'ont pas eu, au fil du temps, d'indemnisation. Puis, vous l'avez mentionné, donc,
dans un grand nombre de cas, ces victimes ont en effet été fraudées, mais l'interprétation qui passe à travers le temps,
si je peux m'exprimer ainsi, de la portée du fonds d'indemnisation est
limitée. Et je comprends le désarroi des gens qui se retrouvent dans ces
situations-là.
Maintenant,
je dois expliquer, et vous m'en permettrez, d'où vient le fonds d'indemnisation
et quel est aussi son historique.
C'est un fonds qui précède l'Autorité des marchés financiers. L'Autorité des
marchés financiers existe depuis 2004,
puis ce fonds-là existait auparavant et est un fonds, finalement, qui résulte
également de la fusion de trois fonds qui existaient
antérieurement : le fonds d'indemnisation en assurance de dommages, en
assurance de personnes puis le fonds des
planificateurs financiers. Et cette interprétation-là, qui est limitée, si je
peux m'exprimer ainsi... Et, vous avez raison,
nulle part dans l'article 258 de la loi — et je ne veux pas rentrer dans les détails
juridiques, mon collègue Philippe Lebel pourra si nécessaire — il
n'est mentionné spécifiquement que le certificat en cause... Donc, les pouvoirs
et les produits financiers qu'un
représentant peut vendre sont une limite, à sa face même, de l'article 258
du fonds d'indemnisation.
Toutefois, avant même l'autorité et par la
suite, cette réalité-là, qui s'inscrit dans l'économie générale, si on veut, de la Loi sur la distribution des produits
et services financiers, s'est révélée. L'intention du législateur, telle
qu'elle a été interprétée non seulement par
le fonds, par l'autorité, mais par les tribunaux à de nombreuses, nombreuses
reprises, et avant même la création de
l'autorité... J'ai un cas à l'esprit, en 2003, donc, l'autorité a été créée en
2004, où, dans une affaire, la Cour
supérieure a considéré l'argument et la position des victimes dont vous me
parlez et a dit : Bien que cet argument-là
soit séduisant, ce n'est pas l'intention du législateur telle qu'exprimée dans
la loi. Et ultimement, donc, la portée plus restreinte du fonds s'en est
trouvée ainsi définie.
Alors,
je comprends le désarroi et c'est pourquoi je pense, de ma perspective, qu'il
était impératif que les amendements législatifs qui sont sur la table
actuellement puissent procéder. Depuis 2013, nous avons recommandé publiquement dans un rapport que des modifications
législatives soient faites. On est en 2017. Je pense qu'il est grand
temps qu'elles se fassent. L'autorité ne
peut pas, et je dois le mentionner pour les victimes, interpréter autrement ce
fonds-là. Lorsqu'on l'a fait, on a
erré à un moment donné. Dans un dossier en particulier, en 2014, on s'est fait
rabrouer par la Cour supérieure parce
qu'on a étiré, si on veut, l'élastique et on a indemnisé des individus qui
avaient, oui, été fraudés dans les limites
du certificat, mais aussi en marge des limites du certificat. Ils avaient
acquis des valeurs mobilières également, et on les a indemnisés. Puis la Cour supérieure, dans un recours subrogatoire
où l'autorité tente de récupérer, pour le bénéfice du fonds, les sommes
qu'elle a payées, là, on nous a dit : Écoutez, vous avez excédé vos
pouvoirs.
Alors,
je tiens à dire que, dans chaque dossier que nous avons, que nos équipes analysent, on essaie au
maximum de faire rentrer dans cette interprétation du fonds les demandes des individus
qui sont, comme je l'ai mentionné, souvent évidemment très désemparés. J'insiste aussi sur le fait qu'on essaie de
les accompagner au maximum, de les aider à nous amener tous les documents de preuve pour nous permettre de prendre cette
décision-là. Mais c'est la portée actuelle, et elle précède même
l'autorité, et il faut qu'elle change par modification législative.
Le
Président (M. Gaudreault) : J'entends ça pour le futur.
Mais, en même temps, ce que j'entends de vous, puis je l'ai entendu dans votre discours tout à l'heure...
On a la version écrite, là, c'est au début de la page 5, quand vous
parlez du projet de loi n° 141. Et, peu
importe la nature du produit financier en cause, par le dépôt du projet de loi,
on espère être capables d'indemniser tout investisseur victime de
fraude. Donc, ça, c'est votre espoir avec l'adoption du projet de loi
n° 141.
Je
comprends également, avec ce que vous venez de dire... Vous parlez de la
situation en 2014. Mais ça veut dire que,
pour les victimes du passé, ils tombent comme dans un trou, là. Et moi, j'ai
constaté aussi, à la lecture du rapport de la Vérificatrice générale,
qu'il y avait déjà eu une résolution, en 2002, qui avait été adoptée à
l'unanimité du conseil d'administration du fonds, pour dire qu'il fallait
corriger le problème.
Alors,
qu'est-ce qu'on fait pour ceux et celles qui ont été, d'une certaine manière,
en plus d'être victimes d'une fraude,
victimes d'une interprétation trop restrictive — j'hésite à dire trop restrictive ou trop
large — du
certificat entre 2002 et l'adoption
de la loi? Est-ce qu'il n'y aurait pas quelque chose à faire pour essayer au
moins de corriger la situation passée? Et,
si vous nous dites oui, bien, nous, comme parlementaires, on peut peut-être
regarder dans nos recommandations de la Commission de l'administration publique pour faire quelque chose dans ce
sens-là et inviter le gouvernement à écouter ça, par exemple, ou l'Assemblée nationale. Alors, est-ce qu'il y a quelque
chose à faire pour le passé? Parce que, moi, ce que je comprends de ce que vous dites, c'est
qu'effectivement il y a un problème et ce problème était identifié depuis
2002.
M. Morisset
(Louis) : Un, d'abord, vous avez utilisé la portée restrictive. Je
l'ai peut-être utilisée moi-même également.
C'est l'interprétation de l'intention du législateur dans la loi telle qu'elle
existe aujourd'hui. Alors, ça, ça a été, si on veut, avalisé et confirmé par les tribunaux au fil du temps.
Alors, c'est l'intention actuelle de la loi telle qu'elle existe.
Pour
répondre à votre question, écoutez, le projet de loi qui a été déposé prévoit
essentiellement une date à partir de laquelle
les faits devront survenir pour pouvoir, si on veut, bénéficier du nouveau
régime ou d'une portée étendue du fonds d'indemnisation. Je pense qu'il en revient, je veux dire, au législateur
de prendre une position à cet égard-là. Mais il est clair
qu'actuellement, tel que c'est déposé, à une date donnée, si les faits
surviennent après, bien, ils seront possiblement indemnisables, si on veut.
Alors, vous avez raison. Donc, pour le passé, il y a... ce n'est pas couvert.
Je pense, une
question que je mettrais quand même sur la table, c'est que, si l'intention du
législateur, des parlementaires, c'était
d'aller dans cette direction-là, il faudra certainement se poser la question
sur le financement de ce fonds parce
qu'il est mentionné, je ne sais plus si c'est dans le rapport de la Vérificatrice
générale, que le fonds dispose de 40 millions.
40 millions, ça a l'air beaucoup, là, mais il suffit de regarder le passé
et 40 millions vont disparaître assez rapidement. Alors, tout ce que j'inviterais à la réflexion dans cette
discussion-là, c'est l'impact, ultimement, financier. Et nous, de notre perspective à nous, ultimement, le
législateur décidera, et nous allons, si on veut, agir en conséquence,
au terme évidemment de modifications législatives qui auront été adoptées.
Le
Président (M. Gaudreault) : Mais donc je comprends... Là,
je gère mon propre temps pendant que je vous parle, là, il faut que je donne l'exemple. Mais je comprends donc que,
si le législateur décidait d'aller dans le sens d'une mesure rétroactive
telle que pour répondre, au fond, aux préoccupations de la Vérificatrice
générale, bon, il y a la question de
l'ampleur ou de l'envergure du fonds, des sommes qui sont dans le fonds, mais,
en termes de programme, en termes de technique, de façon de gérer une
telle mesure, de votre côté, ce que vous nous dites, ce serait gérable.
M. Morisset
(Louis) : Absolument.
• (16 h 30) •
Le
Président (M. Gaudreault) : Maintenant, j'aimerais savoir... Non, bien, je vais arrêter
ici parce que je me gère
moi-même, là, il me reste 40 secondes. Alors, on va retourner tout de suite au bloc du gouvernement avec le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Est-ce que vous avez reçu mes chiffres de départements
ou si ce n'est pas arrivé encore?
Mme Soucy (Marie-Claude) : Quelques
réponses à votre question. Peut-être pas... Je veux juste être sûre de préciser
la question.
Donc,
on a des frais par département, donc, ça veut dire, on a des frais directs,
dont, par exemple, la surintendance de M. Stevenson, qui est ici, donc de l'assistance à la clientèle.
Je veux juste être sûre d'aller à la bonne page. Voilà. Donc, les coûts directs de cette surintendance-là sont,
pour le budget 2017‑2018, de 13,3 millions en termes de planification. Et ça, ça n'inclut pas, là, les services juridiques
indirects, les services du contentieux qui pourraient être utilisés aussi,
qui est tout internalisé, mais vraiment les coûts précis sur ce département-là,
en tant que tel, cette direction-là.
M. Bolduc : Puis la partie
assignée aux valeurs mobilières, la partie aux assurances?
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Au niveau
inspections, on ne l'a pas précisément pour le moment. Je pourrais vous la procurer. On a la direction générale du contrôle des marchés et aussi la direction des enquêtes en
partenariat avec du renseignement pour globalement pour 24 millions.
Une voix : ...
Mme Soucy
(Marie-Claude) : Oui, mais
ça, ça inclut plus que... Non, ça inclut les enquêtes et les
inspections. Donc, ce n'est pas séparé entre les deux, donc, c'est les deux ensembles.
M. Fortin
(Jean-François) : Oui, puis,
je veux juste préciser, ça inclut les enquêtes et les inspections. Ça,
c'est à la Direction générale du contrôle des marchés?
Mme Soucy (Marie-Claude) : Et
des enquêtes en partenariat...
M. Fortin
(Jean-François) : Oui, c'est
ça. Et donc on s'entend que l'ensemble des activités de mise en
application de la loi et qui sont séparées
de l'inspection et les inspections sont pour toutes matières confondues. Donc,
en inspection et les équipes
d'assurance, les valeurs mobilières et toutes les activités d'enquête et de
poursuites concernent l'ensemble des activités de supervision de
l'autorité.
C'est sûr que
je n'ai pas les chiffres aujourd'hui, mais il y a une plus grande proportion
d'enquêtes et de poursuites en matière de valeurs mobilières, mais il
n'en demeure pas moins que nos équipes d'enquête et nos équipes de poursuivants
font aussi évidemment la mise en application des autres lois que la Loi sur les
valeurs mobilières.
M. Bolduc :
Merci. Je voudrais aussi avoir plus tard la portion de l'assurance juste pour
comprendre un peu les ratios puis les façons de faire.
J'ai un cas
qui est similaire, M. le Président, ici, puis le cas va vous être rapporté à
travers la structure, où on a quelqu'un
qui a investi 30 000 $ dans un système boursier, qui se croyait à
l'intérieur des valeurs mobilières dans une parfaite légalité, et il est arrivé une transaction financière par un
acheteur étranger, puis sa valeur financière a totalement disparu. Je comprends, avec la vérification de
notre Vérificatrice générale, de dire qu'à l'intérieur de votre certificat
il y a une limite, mais, pour la population,
c'est du chinois, là, O.K., on n'y comprend rien. Puis on ne comprend pas,
surtout, la limite du certificat, où on commence, où on s'éteint, puis des
gens, de façon très considérable, se font un peu rouler là-dessus. Puis, pour moi, ça dure depuis très, très longtemps, là. Je
pense que vous nous l'avez confirmé, que depuis 2002... Puis là on a une somme d'indemnisation de
40 millions, qui pourrait être un petit chiffre, d'après vos dires, si
jamais on voulait revenir en arrière.
Donc, ce n'est pas quelque chose qu'on ne connaît pas, là. C'est quelque chose
qui semble gros comme la terre... ou bien, on va dire, comme la lune,
là, parce que la terre, c'est un peu plus gros.
Comment pourriez-vous expliquer de façon
simpliste où on commence, où on arrête avec ça? Parce que l'investisseur, je ne sais pas s'il écoute, là, mais
lui, il a perdu des dizaines de milliers de dollars. On en a d'autres ici
qui ont perdu aussi des dizaines de milliers
de dollars et il y a ici une question fondamentale où les gens investissent de
bonne foi dans un cadre réglementé, où on se
croit protégé par une institution. Puis je ne dis pas que vous êtes de mauvaise
foi, puis vous nous expliquez très
clairement qu'il y a une limite à ça, là. Comment peut-on faire, comme citoyen
du Québec, de s'assurer qu'on est à l'intérieur de votre...
Une voix : Gestion.
M. Bolduc :
...de votre gestion, de votre responsabilité, puis qu'on ne se ramassera pas
dans le bois sans protection puis sans rien en valeur par la suite?
C'est un peu une vraie question de fond pour la population du Québec qui veut
comprendre de quoi on parle ici.
M. Morisset
(Louis) : Je comprends votre
question. Merci. Bien, d'une part, peut-être qu'il faut dire, dès le
départ, puis c'est quand même bon de le
souligner, un fonds d'indemnisation du type de celui qu'on a au Québec, là,
c'est rare. Ça n'existe pas à travers
le reste du Canada. Ça n'existe pas dans plusieurs pays dans le monde, là. On a
développé, au Québec, quand même, malgré tous les problèmes que des gens
ont pu vivre avec ce fonds, n'étant pas indemnisés... Ce n'est pas, là, monnaie courante d'avoir un fonds d'indemnisation pour
les victimes de fraude. C'est un élément quand même important de
souligner.
Pour répondre
à votre question de façon spécifique, puis ça fait partie des recommandations
de Mme la Vérificatrice générale,
comment l'autorité peut mieux faire comprendre à la population, qui parcourt
notre site Web, qui nous appelle, quelles sont les limites actuelles,
là, tant qu'il n'y aura pas de modifications législatives, quelles sont les limites actuelles à
l'indemnisation. Et on a déployé, au cours des dernières semaines, depuis le
rapport du VGQ, des efforts
importants pour améliorer, si je peux dire, l'information sur notre site Web,
pour améliorer, donc, l'information sur notre site Web, pour faire comprendre davantage, par des questions...
Puis on invite la population à nous contacter. On ne donnera pas de
conseil financier, mais on est capables de dire, si on nous contacte...
Écoutez, je fais affaire avec un représentant.
D'abord, est-il inscrit? Je pense que c'est un élément absolument fondamental.
Le fonds d'indemnisation vise uniquement
les représentants qui sont dûment inscrits, et ça, ça demeurera, peu importe
les modifications législatives ou après
les modifications législatives. Donc, l'individu est-il inscrit? Appelez-nous,
et on va vous aiguiller, on va vous le dire.
S'il n'est pas inscrit, c'est déjà un signal d'alarme très important.
Maintenant, je comprends qu'il y a des individus inscrits, mais qui, justement, sont à l'extérieur des limites, comme
dans le cas des gens qui sont ici aujourd'hui. Donc, on a développé des
outils pour aider la population à mieux comprendre dans quelle situation ils se
retrouvent si jamais, je veux dire, il y avait fraude, et ils vivaient,
évidemment, un enjeu de la sorte.
Alors,
l'information qu'on a mise à jour, qu'on a bonifiée, je pense, sur notre site
Web, des moyens qu'on va aussi déployer, puis mon collègue Eric
peut en parler davantage, au cours des prochaines semaines, prochains
mois, pour s'assurer que l'information que
l'on dispose, que l'on donne à la population, est adéquate, ça fait partie des
moyens qu'on peut utiliser. Mais, encore une fois, les modifications
législatives viendront, elles, si on veut corriger le problème de cette limite
du certificat.
M. Bolduc : Je comprends bien,
puis, même si on arrive avec un projet de loi n° 141 élargi, qui va
couvrir un horizon plus large, on ne sait
pas jusqu'où cet horizon-là va aller par rapport à l'horizon d'aujourd'hui qui
est plus étroit. Ça fait que ça ne nous dit pas grand-chose, encore
moins aux gens qui nous écoutent aujourd'hui.
Mais je vais
être très spécifique, dans le sens où on peut parler de Desjardins, d'Investors
ou on peut parler de produits étrangers comme Vanguard ou Fidelity, les
gens, ça, ils pensent que c'est bon, là, mais est-ce que vous nous recommandez que, dans tous les cas, avant que
quelqu'un fasse des transactions immobilières... ou faire des
investissements sous une autorité quelconque, de s'assurer que, chez vous,
cette personne-là est autorisée? Parce que, même si c'est quelqu'un de très connu, on ne connaît pas
l'ensemble des autorisations que cette structure-là a en permis ou en
certificats, qui va vous garantir qu'il y
aura une indemnisation si jamais... Comment vous recommandez à notre population
de procéder maintenant et dans le futur?
Le Président (M. Gaudreault) :
En 40 secondes, M. Morisset.
M. Morisset
(Louis) : Bien, vous l'avez
dit, il faut s'en assurer. Il faut s'en assurer que le produit financier
qui est offert, l'individu qui l'offre a la
capacité de l'offrir, a le certificat approprié. Et, s'il est inscrit en
assurance puis il vous vend des
valeurs mobilières, oubliez ça, là, c'est un problème. Il n'y aura pas
d'indemnisation possible, au moment où on se parle, avant les
modifications législatives.
Alors, c'est
de s'en informer, de nous contacter au besoin. On est disponibles et on a un
centre d'information avec des gens qui sont formés pour répondre à ces
questions-là. Donc, ce serait la mesure, pour la population, à prendre.
• (16 h 40) •
M. Bolduc : Mais, si je
comprends bien, c'est que, même après le projet de loi, ce ne sera pas infini
non plus, il va y avoir quand même des limites.
M. Morisset (Louis) : Oui. Puis
j'inviterais peut-être...
Le
Président (M. Gaudreault) : Parlant de limites, c'est tout le temps que vous aviez pour ce bloc,
alors retenez votre question. Et nous retournons du côté de la deuxième
opposition avec le député de Granby pour 10 min 30 s.
M. Bonnardel : Merci,
M. le Président. M. Morisset, je
veux vous parler des activités d'enquête. À la page 23... Bien, j'ai un tableau à la page 26, le sujet
commence à la page 23. On parle de délais qui sont anormalement élevés,
cible de 90 jours. Quand on regarde le tableau, vous avez dépassé ces
cibles de façon systémique, si on peut dire ainsi, là, de 2013 à 2016‑2017, là. Première chose, peut-être
m'expliquer, là, qu'est-ce qui part
directement de préenquête à une autre
direction d'enquête. Est-ce qu'on a un problème d'effectifs? Comment ça se fait
qu'on n'est pas capables d'en arriver à avoir la cible spécifique que
vous vous étiez donnée, là?
M. Morisset
(Louis) : Écoutez, si vous
me le permettez, je vais demander à Jean-François d'élaborer largement
sur ma réponse, parce que ce sont des activités dont Jean-François est
responsable.
Maintenant,
je tiens à dire d'entrée de jeu que les cibles que l'on se fixe, ce sont des
cibles très ambitieuses, et je dirais
au surcroît dans l'environnement Jordan que Jean-François a décrit tout à
l'heure. Et je tiens aussi à dire que le rapport de la VGQ indique, au niveau des préenquêtes, le travail se fait tout à
fait adéquatement et que les dossiers sont redirigés aux bons endroits.
Maintenant, en ce qui a trait à ces délais qu'on
se fixe, j'invite Jean-François à compléter, s'il vous plaît.
M. Fortin
(Jean-François) : Bien,
parfait. Donc, j'ai fait un peu... Merci, Louis, puis merci pour votre
question.
J'ai fait un
petit peu allusion à ça tout à l'heure en lien avec les mesures des indicateurs
de performance. Et, en effet, le
commentaire qui est fait par Mme la vérificatrice, c'est qu'on n'a pas été en
mesure de respecter les propres délais qu'on s'est imposés. Je tiens à souligner par ailleurs que les délais qu'on
s'impose, ce sont des délais ambitieux et ambitieux aussi
par rapport aux standards des autres grands régulateurs. Et la différence entre
les préenquêtes et les enquêtes, c'est que les préenquêtes reçoivent l'ensemble
des plaintes, dénonciations, et c'est l'équipe des préenquêtes qui évalue si ça
mérite d'avoir une enquête plus approfondie, qui va être menée par les équipes
d'enquête spécialisées ou enquête plus
générale. Les délais de préenquête sont de 90 jours. Donc, ce n'est pas un
enjeu de manque de ressources.
Il faut aussi
mentionner qu'il y a beaucoup de volume aux préenquêtes puis ça peut fluctuer
d'un trimestre à l'autre. Et on a eu,
au cours des derniers mois, dernières années, une augmentation importante des
dossiers qui sont entrés aux préenquêtes.
Et donc ce qu'on a fait, suite aux recommandations de Mme la Vérificatrice
générale, c'est de segmenter nos processus
d'enquête par grandes étapes et, pour chacun de ces processus-là, y attribuer
une cible donnée. Et la remarque qui a
été faite par Mme la vérificatrice, c'est qu'on n'était pas en mesure
d'identifier facilement les causes des délais. Donc, on a aussi identifié,
catégorisé les causes les plus fréquentes de délais et lorsque, avec notre
vérification, on va valider ou constater des délais qui n'auraient pas été
respectés, on va être en mesure d'identifier de façon globale c'est quoi, les
principales causes de nos délais.
M. Bonnardel :
O.K. Je ne vais pas élaborer longtemps là-dessus, parce que j'ai juste
10 minutes, là, mais dites-moi une
chose, là, le p.l. n° 143 va accroître l'autorité de l'AMF sur le
secteur de l'assurance avec l'abolition des chambres. Vous n'avez pas peur que... Parce que ces plaintes, ce sont
des consommateurs floués. La réponse que... La question est fort simple, là. Là, si demain matin on adopte le 141, ça
va exploser, là, oui. Vous n'avez pas peur de ça ou... Vous allez être
prêts à faire quoi pour être capables de répondre? Avez-vous une réponse
rapide?
M. Morisset
(Louis) : Non, on n'a pas
peur de ça du tout. Je vous dirais, d'abord, un, c'est important que les
gens comprennent, on n'échappe pas de
dossier, là. On se fixe des délais ambitieux pour «closer», si on veut, les
dossiers de nos enquêtes, pour les
amener à procès le plus rapidement possible, mais on n'en échappe pas là. Les
dossiers, je veux dire, je ne dirai
pas qu'on n'en a jamais échappés, qu'on n'a jamais eu un dossier prescrit, là,
je ne ferai pas cette affirmation-là, mais on mène nos dossiers
rondement puis on se fixe des délais ambitieux.
La question, par ailleurs, des chambres est tout
autre, puis les enjeux ici ou les lacunes identifiées par la Vérificatrice générale, on y travaille et on les
travaille rapidement, et ces enjeux-là vont être identifiés, identifiés et
corrigés. La migration, si on veut, des
activités des chambres pour compléter une fois pour toutes le modèle de
régulateur intégré de l'autorité, c'est autre chose. Ces activités-là
vont s'imbriquer dans les nôtres puis vont rendre les choses encore plus efficientes, puis efficaces, et il n'y aura pas
d'interaction ou de problème, là, si on veut, en lien avec les enjeux identifiés
par la VGQ.
M. Bonnardel :
Parlant d'enquête, M. le président, je veux juste faire un lien. Vous avez sûrement
vu, le 21 septembre dernier, l'UPAC a
frappé assez fort, a accusé six ou sept personnes dans le cadre du projet Turcot, et, dans ces arrestations, il y avait un monsieur — c'est pour ça que je vous parle de
l'enquête, pour savoir s'il y avait un manque d'effectifs — qui
s'appelle Dany Moreau. C'est un ingénieur. Son nom, je pense que vous...
son nom avait été soulevé pendant la commission Charbonneau, en 2013. Au
mois de janvier, il devient certificateur indépendant qu'on appelle suite au
mandat qu'on avait donné aux firmes Arup Canada et consultation SM. Donc,
ce gars-là est à l'emploi de consultation SM...
consultants SM, pardon, et moi, je trouve un affidavit de la Sûreté du Québec
où on mentionne le nom de M. Dany Moreau trois fois, au mois
de juillet 2015, parce que la SQ voulait faire une perquisition.
Frank Zampino, Gérald Tremblay, Dany Moreau est nommé.
Vous pouvez
juste me dire comment ça se fait que vous n'avez pas été capables de... Entre
consultants SM, ce Dany Moreau,
on a dû le sortir comme certificateur ou... et de 2013 à aujourd'hui... Vous
comprenez ma question, à savoir ce
gars-là, il a été dans la machine de consultant SM, il a été autorisé par l'AMF
à faire affaire avec l'État. Avez-vous une réponse?
M. Morisset
(Louis) : Bien, écoutez, je
n'ai pas le détail sur le dossier dont vous me parlez. Par contre, puis
peut-être Eric pourra compléter... Écoutez,
nous, si cette entreprise-là est autorisée, c'est parce qu'on a eu un avis de
l'UPAC qui nous permettait de le faire,
donc, et, je veux dire, il y a toujours une... c'est important, je pense, que
les gens comprennent ça, je veux
dire, l'UPAC fait un travail au niveau des vérifications, puis il y a le
travail d'enquête aussi de l'UPAC, puis l'UPAC nous partage ce qu'elle
peut nous partager pour ne pas brûler son enquête, je présume.
Alors, je n'ai pas accès et j'ignorais le
document dont vous me parlez, mais de ma perspective à moi, cette entreprise-là a été autorisée, et ce n'est pas la
première fois, par ailleurs, que ça arrive. Dans le passé, il y a une
entreprise d'informatique que nous avions
autorisée, puis deux, trois semaines après, il y a eu une arrestation, puis
l'autorisation de cette entreprise-là a dû être révoquée. Donc, ça fait partie,
je pense, de ces situations-là.
M. Bonnardel :
Donc, pour vous, l'UPAC avait recommandé les consultants SM. Dany Moreau,
ingénieur, fait partie de cette société depuis un certain temps, puis ça
a passé entre les mailles, puis là...
M. Morisset
(Louis) : Bien, d'une part,
je pense que l'UPAC pourra répondre de façon plus spécifique que moi à
cette question-là puis je ne dis pas que l'UPAC a recommandé. L'UPAC nous a
fait part d'un avis sur lequel on a agi, un
avis qui n'identifiait donc pas d'enjeu à cet égard-là et qui nous a permis de
procéder. Puis par la suite, bien, il y a des arrestations, puis comme j'ai mentionné, c'est déjà arrivé dans le
passé, c'est déjà arrivé dans quelques dossiers. Et je me rappelle d'un dossier, comme je l'ai dit, en
particulier, où nous avions émis une autorisation, et très peu de temps
après, deux ou trois semaines après, des individus impliqués ont été arrêtés.
M. Bonnardel :
M. Stevenson, je sais que vous quittez l'AMF bientôt, là. Qui sont ces
personnes à l'AMF qui font affaire
directement avec l'UPAC? Mais là je prends lien de cette société, consultant
SM. Est-ce que vous êtes le seul ou il y a d'autres personnes qui sont
en lien direct avec l'UPAC pour autoriser les sociétés?
M. Stevenson (Eric) : Oui.
Bien, en fait, oui. Bien, moi, il m'arrive de parler au commissaire Forget, là,
à l'occasion, dans certains dossiers ou de
manière plus générale sur l'administration du régime, ces choses-là. Sinon,
j'ai des collègues qui sont présents ici,
mon directeur LCOP, Louis Letellier, qui parle, lui, régulièrement soit au
commissaire soit à son personnel, il y a des
coordonnateurs à l'UPAC, puis il y a également ma collègue Maryse Pinault
aussi, qui est directrice principale,
qui va être appelée à intervenir auprès de l'UPAC à certaines occasions dans
des dossiers. Ça fait que c'est fréquent, là. Un peu moins à mon niveau,
mais...
M. Bonnardel :
Permettez-moi, excusez. Donc, vous êtes le dernier, celui qui mettez l'étampe,
comme tel, pour autoriser une société à faire affaire avec l'État
québécois. C'est vous, comme directeur, qui...
• (16 h 50) •
M. Stevenson
(Eric) : En fait, il y a un
plan de délégation, à l'autorité. De la manière que ça fonctionne, c'est
que c'est le P.D.G., qui a les pouvoirs,
qui délègue ceux qu'il veut déléguer. Moi, j'ai des pouvoirs délégués pour
autoriser, ou refuser, ou révoquer les
entreprises. Certains de ces pouvoirs-là, j'en ai délégué, vous comprendrez, étant donné les volumes, à mon directeur ou à ma directrice principale, qui
interviennent dans les dossiers.
M. Bonnardel :
M. Letellier ou...
M. Stevenson (Eric) :
M. Letellier ou Mme Pineault.
M. Bonnardel : O.K. Peut-être une dernière question rapide, là. Vous avez
parlé tantôt de 300 entreprises qui ont eu des consultations comme...
besoin de consultations à l'externe, à peu près 300, là, sur les 4 000.
Est-ce que c'est possible... Parce que,
d'abord, on a fait une demande d'accès à l'info. On avait des informations, aux
études des crédits, où vous avez
donné le nombre de sociétés qui ont dû faire affaire à l'extérieur. Avoir le
nom de ces entreprises, est-ce que c'est possible pour la gouverne?
M. Morisset (Louis) : Des
entreprises qui...
M. Bonnardel :
Qui ont eu besoin de consultations à l'externe.
M. Morisset (Louis) : Bien,
encore une fois, peut-être que je me suis mal exprimé. Et, si c'est le cas, je
m'en excuse. J'ai présumé que les
entreprises qui avaient reçu soit un préavis de refus ou une demande de
correctif ont eu besoin d'aide pour
se mettre droit, pour élever leur niveau d'intégrité suffisamment pour que ça
ne soit pas cosmétique, mais que ce soit réel, alors que ces
entreprises-là, on leur a dit : Il y a tel, ou tel, ou tel élément qui a
été identifié par l'UPAC.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. C'est tout le temps
dont on dispose, malheureusement. Alors, on retourne du côté du
gouvernement. Le député d'Orford.
M. Reid : Merci,
M. le Président. Pour le bénéfice peut-être de ceux qui nous écoutent, une des
raisons pour lesquelles on insiste sur le
fait de garder le focus sur l'ordre du jour, c'est que, si la commission a sa
réputation d'être très, très au fait
des rapports de vérificateur et du traitement qu'on en fait, c'est parce qu'on
est très rigoureux dans notre façon de
travailler. Et à chaque fois qu'il y a une actualité, évidemment, pour laquelle
on a des visiteurs, on a cette problématique où il est difficile de ne
pas poser des questions, qui ne sont pas des mauvaises questions, mais qui nous
distraient des enjeux importants.
Et moi, je
veux revenir sur un enjeu qui me paraît vraiment essentiel, et pas pour
minimiser le travail que vous avez à faire pour l'optimisation, mais
c'est cette question du fonds de... de, voyons...
Une voix : ...
M. Reid :
Et donc la question... Tout à l'heure, vous avez eu une question, et
effectivement c'est assez complexe, la vérificatrice
qui nous l'avait dit. Pour les gens qui nous écoutent peut-être ou les gens
dans le bureau de comté, c'est à peu près
impossible à expliquer, mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a un
historique qui s'est bâti avec le temps, avec différents événements. Les
juges ont pris des décisions aussi. Et finalement les personnes qui ne
satisfont pas à la quatrième condition
d'admission, qui est donc que le représentant doit avoir agi dans les limites
autorisées par son certificat, cet
élément-là est un élément qui fait partie... qui va changer peut-être avec la
loi, mais ça nous laisse... Et on comprend pourquoi, là. Tu ne décides pas du jour au lendemain de revenir en
arrière pendant 10 ans ou 15 ans parce que ça va coûter probablement de l'ordre de plusieurs centaines de
millions ou quelque chose comme ça, si on voulait comme juste être rétroactif. Mais la question du député de
Jonquière est importante. Peut-être que le ministre des Finances n'aimera
pas beaucoup la mienne, mais moi, je
voudrais que vous nous disiez, quand on pense au passé, est-ce que le fait...
La seule possibilité, quand on
regarde, financièrement, c'est que ça va coûter la totalité de ce que ça
coûterait pour dédommager? Est-ce que
c'est possible de faire des cas... Est-ce que là-dedans il y a des cas plus
compliqués, pires, etc.? Est-ce qu'il y a une
dynamique qu'on ne comprend pas, qu'on ne connaît pas, mais que vous
connaissez, peut-être, qui pourrait nous permettre de croire qu'il y a
peut-être des solutions peut-être moins onéreuses qui pourraient au moins
permettre de soulager certaines personnes? Parce qu'il y a des cas vraiment
pathétiques là-dedans, et ces gens-là, de bonne foi, ont mis leurs économies...
De bonne foi, vous l'avez dit vous-même, vous êtes empathique.
Donc, la
question, c'est : Est-ce qu'on peut penser que ça vaudrait la peine de
travailler, ou de vous faire travailler, ou de demander, comme commission... Parce que nous, on défend les... La
commission, c'est une commission qui n'est pas politique. On n'est pas avec un ministre qui fait un projet de loi, là.
On travaille tout le monde ensemble pour faire en sorte que nos citoyens du Québec soient le mieux
possible par rapport à notre fonction publique, par rapport aux éléments
et à des institutions comme la vôtre. Est-ce
que c'est possible de penser qu'il y a des éléments de solution qui pourraient
peut-être ne pas être un remboursement à 100 %, mais des éléments qui
pourraient soulager en particulier certains cas, ou si c'est tellement général
que légalement on ne pourrait pas arriver à faire autre chose, c'est tout ou
rien? C'est ça que je voudrais savoir.
M. Morisset
(Louis) : Bien, merci pour
votre question. Écoutez, si vous me le permettez, je passerais la parole
à mon collègue Philipe Lebel qui pourrait y répondre.
M. Lebel
(Philipe) : Oui, bonjour. Premièrement, écoutez, votre question et
celle de votre collègue précédent est excellente,
puis je pense qu'on a répondu tout à l'heure que c'est possible de regarder
avec vous, puis ça vous est, à vous, loisible
de regarder si, à l'intérieur du projet de loi n° 141, il ne pourrait pas
y avoir une disposition rétroactive qui pourrait être mise à l'intérieur
de ce projet-là. Pour le moment, elle n'est pas là. Pour le moment, on est dans
une disposition transitoire habituelle qui est l'application immédiate de la
nouvelle loi qui entrerait en vigueur.
Vous nous
posez la question est-ce que nous, on est ouverts à discuter de ça
avec vous, avec les parlementaires. La
réponse est oui. Puis, la question, pourquoi elle m'est dévolue, j'imagine :
parce que je suis un peu le responsable du projet de loi à l'intérieur
de l'autorité. Et discuter avec vous, dans la prochaine commission parlementaire,
celle des... Commission des finances publiques...
M. Reid : Je vous arrête parce que la vraie question,
ce n'est pas votre bonne volonté de... Je suis sûr que vous êtes prêts à
le faire. La question, c'est... On ne peut pas partir en guerre contre un
moulin à vent, là, dans le sens que, si ça coûte 300 millions ou 500 millions,
un demi-milliard pour faire ça, on sait que c'est une côte qui va durer des
années à monter puis on n'est pas sûrs de
rien. Mais est-ce qu'il y a des possibilités de faire des choses qui sont plus
partielles ou, je ne sais pas, moi, au moins pour soulager un peu du monde?
M. Lebel
(Philipe) : En fait, c'est
un peu ça. Et désolé pour mon long préambule, mais c'est un peu là que
j'allais. Ça va poser beaucoup de questions aux parlementaires et qu'on va
devoir avoir avec vous et avec toutes les autres personnes intéressées par la consultation
sur le projet de loi n° 141.
Oui, il y a
la question des sommes, comment est-ce que ces
financements-là vont devoir être faits, mais jusqu'à quelle date est-ce qu'on remonte. Ces fonds-là ont
été créés en 1991. On est tout à fait sympathiques avec les gens qui ont eu des refus, pas seulement de la part de
l'autorité, mais de la part des anciens fonds, des anciens organismes.
Ces gens-là, ils existent aussi. Ces
gens-là, malgré cette sympathie-là, n'ont pas eu de ces sommes-là. Nous,
refaire ces dossiers-là, chez nous,
c'est évidemment des ressources qu'on va devoir mettre en place, mais ça va poser
la question aux parlementaires de jusqu'où est-ce qu'on
remonte puis où est-ce que cette ligne-là va être tracée.
Puis, si vous
me permettez, la question de votre collègue était excellente, on y a répondu rapidement
tout à l'heure par un oui. Le projet de loi n° 141,
dans l'article qui est proposé, élargit, oui, le mandat du fonds
d'indemnisation, mais il pose
lui-même des limites. Et veux veux pas, la question qui se pose,
c'est : Jusqu'où le législateur va vouloir aller? Et à votre cas d'espèce, pardon, M. le député, me venait une dizaine de questions qu'on devrait vous poser tout à l'heure pour savoir dans quelles circonstances
exactement la personne à laquelle vous référiez avait donné son argent et à qui
exactement avait donné son argent, cette personne-là. Parce qu'évidemment
le fonds d'indemnisation est créé dans la Loi sur la distribution de
produits et services financiers. Ça, c'est une loi qui est issue du secteur de
l'assurance, et ces fonds-là ont été créés
pour protéger les clients qui faisaient affaire avec des représentants en assurance, donc donnaient leur argent pour avoir de
l'assurance vie ou de l'assurance de dommages.
Puis là on est rendus dans l'investissement, on
est rendus dans les valeurs mobilières, et les représentants, normalement, en assurance ne sont pas ceux qui offrent des valeurs mobilières. À la
question qui
était posée tout à l'heure, je me
posais la question, c'est un vrai cas, quel était le permis de la personne qui
offrait ces produits-là, qui... Est-ce que c'était un représentant en valeurs mobilières? Et ce n'est pas des
représentants qui sont visés par la Loi sur la distribution. Puis ils ont beau être autorisés en vertu de la
Loi sur les valeurs mobilières, ils ne seront pas visés, ces représentants-là,
par le... même le nouvel article qui élargit
le mandat du fonds d'indemnisation. C'est important pour les gens, quand
ils appellent à l'autorité, de se dire : Oui, O.K., il est inscrit, mais
il est-u inscrit pour vendre ces produits-là?
Et on dit que
ça fait longtemps qu'on en parle, mais déjà même à la Commission des finances
publiques, suite à l'affaire
Norbourg, il y a la commission de protection des épargnants qui s'est posé la
question : Est-ce qu'on devrait élargir les fonds d'indemnisation puis créer un fonds d'indemnisation dans le
secteur des valeurs mobilières, ce qui n'existe nulle part ailleurs dans le monde? Et évidemment ça
posait une tout autre question. On n'est plus dans le domaine de
protéger les sommes données pour de la protection, par exemple l'assurance, ou
pour les épargnants, on est dans le domaine de l'investissement. Ça pose toujours la question sur le produit qui m'a
été offert. Est-ce que c'est vraiment le produit qui m'a été livré? Mais ça arrive souvent, et
permettez-moi de vous dire... où des gens viennent nous voir et nous
disent : Bien oui, j'ai investi dans ce produit-là, et c'est une mésaventure
financière. L'entreprise dans laquelle j'ai investi, évidemment, bon, cette entreprise-là a fait faillite, et mes
actions ont perdu toute leur valeur. Et ça pose des dizaines de questions,
qui ne sont pas toujours simples, que les analystes du fonds d'indemnisation
ont à regarder.
• (17 heures) •
M. Reid :
Je comprends, dans la période où on
va analyser et on va faire des auditions, etc., qu'on aura l'occasion de
reparler de ces choses-là dans les consultations du projet de loi, O.K., à la commission
appropriée. Ce ne sera pas nous ici, là.
M. Morisset (Louis) : Oui,
absolument.
M. Lebel (Philipe) : Et
j'ajouterais que, si on regarde les consultations que l'autorité a menées en
2011, les recommandations qu'on a faites en
2013, ces questions-là font partie de la consultation, ont été regardées. La
question de l'élargissement dont on parle aujourd'hui a été regardée, mais la
question d'élargir à toutes les disciplines de valeurs mobilières, à la Loi sur les valeurs mobilières, aux courtiers en
placement ont également été regardées et ont fait l'objet de commentaires, autant des consommateurs, de
l'industrie, des universitaires. Il y a eu 35, au moins, ou plus que
30 groupes qui sont intervenus dans
cette consultation-là. Il y a des choix qui ont été faits, et les
recommandations que l'autorité a faites en 2013, bien, faisaient suite,
évidemment, à tous ces commentaires-là et ces consultations-là qu'on pourrait
réentendre par la suite.
M. Reid :
...moi, je vais vous remercier de vos réponses franches et honnêtes. Puis
j'espère qu'on va continuer, parce
qu'on a encore du temps pour traiter ça, parce qu'il me semble qu'il y a des
éléments pour lesquels... dont vous avez parlé, comme par exemple la
formation, de faire en sorte que les gens apprennent. J'aimerais ça, dans un
autre cas, peut-être, en entendre parler un peu. On n'aura pas le temps
maintenant, mais, si on a une chance plus tard...
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci, M. le député. Écoutez, on est obligés de suspendre parce qu'on est appelés à un vote, et ça fait partie de notre travail
également comme députés, pour la motion du mercredi. Alors, on va se
déplacer pour le vote et on va revenir ici
dès que le vote est terminé. Puis on va réajuster le temps pour les groupes
parlementaires parce que l'audition se termine quand même à 18 heures.
Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 23)
Le
Président (M. Gaudreault) : On va reprendre nos travaux. J'invite tous les collègues
à reprendre place, s'il vous plaît. Ce qui me permet de vous faire la précision du
temps qu'il nous reste : l'opposition
officielle, 12 minutes;
le gouvernement, neuf minutes... Bien, je vous le dis, en fait, dans l'ordre,
là, oui, il va y avoir, opposition officielle, 12 minutes; gouvernement,
neuf minutes; deuxième opposition, huit minutes; et gouvernement, huit minutes.
Donc, le gouvernement a un bloc de neuf, un bloc de huit. Ça va?
Alors donc, là on est rendus à l'opposition
officielle avec le député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, à mon tour
de vous poser quelques questions. Je vais être quand même être assez bref, mais je pense que c'est important de bien
vulgariser ce qui se passe un peu parce que, bon, les gens de Graphic Packaging sont derrière nous,
mais il y en a d'autres au Québec qui se sont sentis un peu floués, et
ils veulent comprendre comment ça fonctionne
ou comment ça fonctionnait. Bref, c'est quoi, les résultats qu'ils ont
avec le fonds? Vous l'avez dit tout à
l'heure, M. le président, on est les seuls au Canada, si je ne me trompe pas...
et même très peu dans le monde ont ce
genre de fonds là pour protéger nos citoyens, voire même on est privilégiés, tu
sais, d'avoir cette possibilité-là.
Alors, vous comprendrez que les citoyens du Québec sont tout à fait heureux
d'avoir ce système de protection lorsqu'arrive une fraude. Si j'ai bien
compris, le fonds est rendu à 40 millions. C'est bien ça?
M. Morisset (Louis) : Il y en a
plus près de 60 millions.
M. Ouellet : 60 millions? O.K., d'accord. Pour le
bénéfice de nos auditeurs, qui contribue à ce fonds-là? De quelle façon
on contribue à son augmentation?
M. Morisset (Louis) : Il y a
une cotisation qui est fixée et qui est perçue par représentant dans les
différentes catégories. Mon collègue pourra vous donner les chiffres exacts.
Donc, actuellement, je pense que c'est 160 $ par représentant dans
certaines catégories et 100 $ par représentant pour d'autres catégories.
M. Ouellet : Et donc, si je
prends un peu les propos de la VG, elle nous a dit, dans l'introduction... dans
son rapport, plutôt, qu'il y avait moins de
10 % des demandes qui avaient
été acceptées. Et, si on fait le calcul rapide des argents qui ont été donnés depuis quatre ans, sur un fonds
d'à peu près 60 millions, je ne me tromperais pas en vous disant
qu'on a remis à peu près 15 % des
sommes relatives aux fonds totaux. Est-ce que c'est exact d'affirmer qu'à peu
près 15 % des sommes ont été remises en indemnisations?
M. Morisset
(Louis) : Ça me semble grosso modo exact, oui.
M. Ouellet : D'accord. La dernière année, puis quand je prends vos propos, vous nous
dites qu'à l'AMF il y a environ cinq
employés. Ça coûte, grosso modo, 1,2 million, donc les salaires, le
bureau, les ordinateurs, et il s'est versé 50 000 $ dans la dernière année. Alors, vous comprendrez
assurément le désabusement devant cet état de fait, à savoir qu'on a un
fonds, il y a des gens qui y travaillent, mais la résultante fait que,
malheureusement, bien peu de gens sont capables de mettre la main là-dessus.
La raison, puis vous
me direz si j'ai tort, c'est que, dans votre interprétation, à l'AMF, c'est dû
à la limite du certificat délivré par
l'autorité. C'est votre interprétation. Et à chaque fois que les gens
contestent cette interprétation-là, on s'en
va devant la Cour supérieure, et à chaque fois la Cour supérieure vous a donné
raison sur cette interprétation-là. Et, quand je dis à chaque fois, donc, à toutes les fois où on s'est
présenté, on est venu bâtir une jurisprudence qui, à chaque moment, venait dire que votre interprétation, elle
était raisonnable. Est-ce que, selon vous, à l'AMF, vous auriez pu avoir
une interprétation différente de ce libellé-là qui aurait pu permettre à nos
gens d'avoir plus d'indemnisations?
M. Morisset (Louis) : Merci pour votre question. Encore une fois, je
tiens à le réitérer quand même, l'interprétation dont on parle, elle
précède également l'Autorité des marchés financiers, qui a eu cette
responsabilité-là en 2004. J'ai mentionné un
cas tout à l'heure où on avait étiré, si on veut, l'élastique. On avait
indemnisé des individus qui avaient été fraudés, puis on s'est fait reprocher, en quelque sorte, dans le cadre
d'un recours subrogatoire, d'avoir étiré indûment, donc, l'élastique et d'avoir trop indemnisé, et notre
recours subrogatoire, à cet égard-là, a été refusé. Ça, c'était en 2014, là,
dans une affaire, justement, qui a été entendue par la Cour supérieure.
Alors,
l'interprétation, la réalité de ce fonds-là, elle est celle que l'on connaît
aujourd'hui. Et c'est vrai, on en a parlé
tout à l'heure, que, dans une grande proportion, somme toute, de cas, on parle
de 40 % environ, les raisons qui ont empêché le fonds d'indemnisation d'indemniser ont été, donc, ces limites
du certificat. Mais il ne faut quand même pas perdre de vue non plus qu'il y a une série d'autres raisons pour
lesquelles les gens ne pourront pas être indemnisés : parce qu'ils ont perdu de l'argent, mais il n'y a pas eu
fraude ou encore il n'y a aucun élément de preuve qui nous est présenté pour nous permettre de corroborer, d'affirmer
qu'il y a eu des transferts d'argent. Il y a des gens qui vont, malheureusement,
des fois, remettre des sommes en argent
comptant sans exiger rien en retour, sur la foi de la confiance. Alors, il y a
d'autres raisons qui amènent... Donc, 60 % des autres cas sont des raisons
autres que, si on veut, la limite du certificat.
Mais
je reviens sur cette cause principale, et donc tout l'intérêt à clarifier, je
pense, le plus rapidement possible la portée
nouvelle du fonds d'indemnisation par des modifications législatives qui vont
être sans équivoque à l'effet que, comme c'est proposé, l'indemnisation
pourrait être versée sans égard au produit financier en cause.
M. Ouellet : Donc, si je comprends bien, vous... pas vous espérez, mais, à la
lumière des dispositions législatives qui
ont été déposées dans le projet de loi en question, vous êtes en mesure
d'apprécier son effet futur sur... Les 40 % qui n'ont pas été indemnisés devraient être... pas
ceux qui n'ont pas été indemnisés, mais les cas qui n'ont pas été
indemnisés, ce fameux 40 % là, dans le futur, s'ils se représentaient, ils
seraient indemnisés, c'est ce que je comprends?
M. Morisset (Louis) : Bien, je dirais, ils pourraient être indemnisés,
sous réserve d'autres éléments qui devront être démontrés. Mais, oui,
ils pourraient être indemnisés.
• (17 h 30) •
M. Ouellet :
À la lumière de la pièce législative qui vous a été présentée, parce qu'on n'a
pas eu encore de consultations, est-ce que
vous auriez des amendements à apporter pour agrandir encore cette
couverture-là? Est-ce que vous avez
déjà vu aussi certains endroits où est-ce qu'on pourrait aller un peu plus
loin? Parce que, je le répète, là, je me fais le porte-parole des citoyens, les gens en veulent plus, de
couverture, veulent plus de moyens. On a créé beaucoup d'attentes, puis malheureusement il y a eu
beaucoup de déception, et, dans certains cas, ça s'est transformé en
drames humains, on en a quelques-uns en tête, mais je pense que les gens ont
bon espoir que ça change.
Et,
dans vos propos, et c'est un peu ce que le collègue de Jonquière disait tout à
l'heure, il faudra, dans la pièce législative qui a été déposée, faire
un trait sur le passé mais espérer que, pour le futur, il y ait plus de gens
qui soient couverts. Est-ce que vous avez
déjà ciblé, dans la pièce législative qui a été déposée, certains endroits où
est-ce qu'on devrait en faire un peu plus?
M. Morisset (Louis) : C'est une très bonne question que vous me posez.
Puis je vous dirais, je pense, l'élément qu'on a ciblé et qui méritera d'être discuté par les parlementaires,
c'est l'ampleur de la couverture future du fonds. Je vous donne un exemple qui peut apparaître étrange, là,
mais qu'on a vu, des cas, par exemple, où un représentant demandait à ses clients de l'aider à financer son divorce.
Est-ce qu'un cas comme ça est un cas qui devrait être indemnisé? Le
fonds, dans la perspective, certainement, de
l'autorité, ne devrait pas être et devenir le filet de sécurité de toute
mésaventure financière?
Donc, quelqu'un, par
exemple, dans le cas que je vous donne, qu'on a refusé, bien, il prétendrait,
parce que le représentant est dûment inscrit puis qu'il lui a demandé de prêter
de l'argent dans le cadre de son divorce ou de l'ouverture prochaine d'un gym
dans sa localité, bien, qu'on devrait l'indemniser. Ça, je pense que c'est un
élément fondamental que les parlementaires
vont devoir établir, jusqu'où ira la limite, parce qu'on a vu des cas, et c'est
quand même important pour nous de le
souligner... D'abord, on a des cas, des demandes qui sont faites, je veux dire,
les gens réclament ce qu'ils veulent bien réclamer, là, c'est eux qui
apprécient l'ampleur de leur préjudice financier puis ils ajoutent des dommages
moraux, ils ajoutent plusieurs éléments qu'ils ont sans doute subis, mais c'est
eux qui apprécient, donc, l'ampleur du drame
financier qu'ils ont vécu et qui, dans certains cas, comme je vous dis,
réclament pour des situations comme celles-ci. Alors, ce sera aux
parlementaires de déterminer là où se trace la limite.
Est-ce que tout geste de nature
personnelle qui met en cause un représentant devrait être indemnisé? Je pense
que c'est une question absolument essentielle que vous aurez à débattre, et il
y aura une limite qui devra être établie. Et je pense que cette limite-là, elle
existe aujourd'hui et, de mon humble perspective, devrait aussi demeurer pour
le futur.
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui. Donc, je reprends mon
rôle de député de Jonquière, tout en étant président. Mme la Vérificatrice générale nous a dit, dans son
mot d'introduction, que, par définition, une fraude veut que les
individus agissent sans tenir compte des
règles établies. Donc, forcément, c'est les gens qui ne tiennent pas compte des
règles. Donc, on peut se mettre des règles, nous, mais ils n'en tiennent
pas compte — par
définition, c'est ça, la fraude — donc, en vendant des produits ou des
services financiers non autorisés par leurs certificats. C'est ce que Mme la
vérificatrice nous a dit.
Par
ailleurs, sur cette idée de peut-être avoir une réflexion pour les services
frauduleux qui ont été vendus avant l'éventuelle adoption de la
loi n° 141, on sait que le fonds d'indemnisation couvre, par exemple,
les assurances de personnes, assurances
collectives, assurances de dommages, expertises en règlement de sinistre,
planification financière, épargne
collective ou plans de bourses d'études. Moi, je veux m'assurer qu'on se
comprenne bien, là, puis, si on décide d'ouvrir
une porte pour le passé, qu'il n'y a pas de demi-mesure, autrement dit qu'il
faut que ce soit pour l'ensemble des services pour quelqu'un qui est
victime de fraude à partir d'un soi-disant certificat de l'AMF, là. Alors, il
faudrait... Parce que tantôt j'écoutais
M. Lebel. Je veux m'assurer, là, qu'il n'y a pas de distinction dans les
services possible, dans un scénario de cette envergure-là.
M. Lebel
(Philipe) : Oui, écoutez, si vous me permettez, M. le Président, je
vais répondre à votre question. Les disciplines
que vous avez énumérées, pour nous, sont toutes des disciplines dans lesquelles
il y aurait une indemnisation, dans
tout ce que vous avez énuméré dans votre liste. L'objectif, et je pense que
c'est important de le mentionner, c'est le nerf de la guerre, c'est d'aller un peu plus loin dans les produits qui
sont énumérés dans ces disciplines-là. L'objectif du nouvel article du
projet de loi n° 141 qui est amené, je pense, par l'article 526,
c'est de couvrir tout produit et service financier.
Puis, écoutez, s'il faut le préciser ou... dans les débats avec les
parlementaires qui sont à venir, ça me fera plaisir d'en discuter s'il faut le préciser. Ce n'est pas
juste de couvrir les produits et services financiers visés par la Loi sur
la distribution qui sont, somme toute, ce que vous avez énuméré tout à l'heure,
mais de couvrir les produits de valeurs mobilières qui sont visés, eux,
normalement, par la Loi sur les valeurs mobilières.
Alors,
pour nous, dans ce qu'on a proposé en 2013, pour nous, un représentant, par
exemple, en épargne collective, qui est quelqu'un qui normalement vend
des fonds mutuels, si, évidemment, dans tout... permettez-moi l'expression anglaise, dans tout son «scheme», il fait un peu
accroire à son client qu'il est à l'intérieur des exercices de ses
activités de représentant en épargne collective, mais il lui vend en fait des
actions qui sont des produits beaucoup plus... qui sont normalement vendus par un courtier plein exercice en valeurs mobilières,
pour nous, c'est important de savoir que l'article qu'on veut travailler
avec les parlementaires va couvrir ces éléments-là. Puis, s'il faut le préciser...
Le Président
(M. Gaudreault) : On le précisera. Merci. On va retourner
du côté du gouvernement avec le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Je connais très, très bien l'AMF et j'ai été
très près de l'AMF, je rassure les gens tout de suite, pas pour les
raisons que vous pensez; parce que j'ai été pendant 25 ans dans le domaine
financier, représentant en assurance de personnes, représentant en épargne
collective, planificateur financier. Donc, j'ai
fait ma carrière pendant 25 ans dans ce domaine-là et j'ai eu à porter
plainte — nous, à
l'époque, bon, c'était plus au niveau
de la chambre — sur des
pratiques douteuses de certains conseillers, certaines personnes qui font des
pratiques... vous disiez tout à l'heure,
exemple, un représentant en épargne collective qui va proposer à un client
d'ouvrir un compte de courtage à escompte et va recommander certains
titres, qui va transiger avec un client sur un compte de courtage à escompte,
j'ai vu ce genre de pratique là fréquemment.
On
a parlé beaucoup d'indemnisation, tout à l'heure, les gens qui sont à l'arrière
qui ne peuvent pas être indemnisés, pour différentes raisons, je
comprends, mais je vais travailler un peu en amont. Depuis 2002 qu'on vit des
situations de ce type-là. Tout à l'heure, on
a parlé que... M. Morisset, vous disiez tout à l'heure que prochainement
vous allez peut-être mettre en place
des façons de mieux informer, peut-être, le public, mais depuis 2002 qu'on a
cette problématique-là, et je voudrais savoir est-ce qu'il y a des
choses qui ont été faites pour le client qui nous écoute, pour les gens qui
sont ici, à l'arrière. Déjà, nous qui sommes
dans le milieu, qu'on a à gérer avec la CSF les permis, les cotisations à
l'AMF, qui gère quoi, on fait une
plainte sur le permis à la CSF, par contre l'indemnisation vient de l'AMF, ça
devient hypercompliqué, même pour les
conseillers. Moi, je devais tenir un record de mes UFC, les unités de formation
continue, pour chacun des permis,
bon, c'est ça. On en perdait notre latin à gérer tout ça. Imaginez pour le
consommateur comment c'est compliqué de savoir qui fait quoi, qui a le
droit de vendre quoi.
Est-ce
qu'il n'y aurait pas eu lieu, dans le passé, de travailler en amont et de
trouver des façons, je n'ai pas les solutions, mais qu'on puisse mieux
informer le public, dire, je ne sais pas, au public : Ne vous gênez pas,
dès que la personne se présente chez vous,
demandez à voir le permis, prenez une photocopie du permis, je ne sais pas, peu
importe?
Oui,
à l'époque de Norbourg, Vincent Lacroix, et tout ça, on a senti qu'il y avait
un petit peu plus de sensibilisation. Mais
est-ce que je me trompe, ou peut-être que ce n'était pas dans votre mandat,
mais l'AMF n'a pas été très, très proactive à ce niveau-là, pour donner
des pistes pour les consommateurs? Comment bien se protéger? Comment s'informer
sur la personne qui leur vend des services financiers? Comment prendre la bonne
information?
Nous qui sommes dans
le domaine, on sait où appeler, on sonne un appel à l'AMF, puis tout ça, mais
on a un représentant, un ex-collègue de
travail, comme probablement le cas des gens qui sont ici, qui s'est recyclé en
conseiller financier,
planificateur financier... De toute façon, les termes sont tellement galvaudés
dans le secteur. Courtier, conseiller, planificateur
financier, il y a tellement d'appellations possibles. Comment ces gens-là
peuvent rapidement dire : Bien, est-ce que c'est la bonne personne? Est-ce qu'il a vraiment l'autorisation? Ça
devient extrêmement difficile. Et est-ce qu'il y a des tentatives, est-ce qu'il y a eu des offensives de
faites par l'AMF? Est-ce qu'avec les chambres, la CSF ou la CHAD, au niveau de l'assurance, il y a eu des méthodes de
mises en place, des façons de bien informer le public? Je pense que
c'est dans votre mandat. Est-ce qu'il y a eu des choses qui ont été faites dans
le passé à ce niveau-là?
• (17 h 40) •
M. Morisset (Louis) : Oui, bien, merci beaucoup pour votre question.
Écoutez, je vous dirais qu'énormément de choses ont été faites du côté de l'autorité pour tenter, en effet,
d'alerter le consommateur aux pièges de la fraude. On en a vécu, au Québec, et on en vivra peut-être encore,
malheureusement. Mais on investit beaucoup d'énergie au niveau de nos campagnes de sensibilisation pour marteler et
remarteler aux consommateurs qu'ils doivent, évidemment, s'assurer que l'intermédiaire ou le représentant avec qui ils
font affaire est inscrit, mais qu'ils puissent reconnaître plus aisément
les pistes potentielles d'une fraude.
Puis je tiens à dire,
dans un environnement comme celui qu'on connaît au Québec, au Canada, avec des
taux d'intérêt anémiques, aujourd'hui quelqu'un peut se faire leurrer avec une
offre qui, à une autre époque, pouvait être tout à fait raisonnable. Je vous
offre 5 % aujourd'hui, je ne suis pas en train de dire que toutes les
offres à 5 % sont frauduleuses, mais il
y a des questions à se poser qu'on ne se posait peut-être pas il y a une décennie
alors que les taux d'intérêt étaient plus élevés.
Alors,
on investit beaucoup d'efforts, d'énergie dans des campagnes de
sensibilisation. À titre d'exemple, l'année dernière, on a lancé puis on
a roulé pendant une année complète à travers les journaux écrits, la radio pour
passer ces messages-là, pas pour faire la
promotion de l'Autorité des marchés financiers, mais pour passer des messages
très concrets, très clairs pour aider
à aiguiller les consommateurs à mieux reconnaître, entre autres, les enjeux de
fraude. Alors, écoutez, ce n'est pas parfait. Est-ce qu'on peut faire
davantage? Je vous dirais, on s'efforce de le faire puis on va poursuivre ces
efforts-là.
Mais
on a une équipe dédiée à l'éducation financière, à l'autorité, qui met beaucoup
d'énergie, qui a fait la tournée des cégeps au cours de la dernière
année pour aller sensibiliser les jeunes. On sait que les jeunes ont besoin
d'être sensibilisés aux questions
financières. On s'apprête aussi à avoir des initiatives au niveau des aînés.
Donc, je vous dirais qu'on investit
beaucoup d'efforts et on va continuer de le faire. On coordonne aussi des
efforts avec d'autres partenaires, parce
que l'autorité n'a pas le monopole de la vérité là-dedans, et il y a d'autres
partenaires qui ont un rôle à jouer, et on essaie de fédérer, je dirais,
un peu les efforts de tous pour qu'au final les consommateurs soient au moins
outillés.
M. Girard :
...je vous interromps, excusez-moi, parce que je vois le temps filer. Je veux
juste renchérir... Bon, au paragraphe 113 du rapport de la VG, on
mentionne noir sur blanc : «L'autorité n'a pas mis en place tous les
moyens nécessaires afin que le consommateur puisse disposer facilement de
l'information lui permettant de déterminer si le représentant est autorisé à offrir [les produits] ou [les services
financiers] qu'il veut acquérir.» Donc, à ce que je comprends, cette
vérification-là, cet audit-là du Vérificateur général va vous amener à en faire
peut-être un peu plus.
On
parle beaucoup du fonds d'indemnisation, on parle de répression. Je fais un
lien peut-être un petit peu boiteux mais
avec, exemple, la consommation de cigarettes, où on a travaillé depuis des
années maintenant à la prévention au lieu de la répression, et ça a donné des résultats intéressants. Est-ce qu'il y
aurait lieu, dans le cas de l'AMF... Je ne sais pas si le projet de loi
va avoir des modifications avec l'intégration qui est proposée au sein de l'AMF
d'avoir les chambres, la CHAD, la CSF, mais
j'aimerais que vous soyez ouverts, attentifs et qu'il y ait des plans d'action,
qu'il y ait des choses intéressantes
pour la prévention et non pas juste la répression. On porte plainte, on voit...
Nous, on avait à chaque semaine un
représentant qui avait perdu son permis pour six mois, trois mois, un an, etc.
On les voyait passer, tous, dans des revues spécialisées. Le client, M., Mme Tout-le-Monde, ne voit pas ces
choses-là. M., Mme Tout-le-Monde ne sont pas conscients qu'on en voit peut-être sept, huit, 10 par mois,
au Québec, qui perdent leurs permis de pratique. C'est à peu près le
nombre qu'on peut voir, là, régulièrement.
Je pense qu'on a un gros travail de prévention à faire auprès des citoyens pour
éviter ce genre de situation là. Et j'ose
espérer que l'AMF va se mettre en action pour travailler à un plan solide, un
plan pour bien informer nos gens et de mettre en place des méthodes de
prévention et non pas juste la répression des conseillers. Je ne sais pas si
vous voulez intervenir.
M. Morisset
(Louis) : Bien, écoutez, vous pouvez compter sur nous pour continuer
de déployer des efforts. Comme je l'ai dit
tout à l'heure, on en fait. Je pense qu'avec le projet de loi qui vise, donc,
la migration des activités des chambres vers l'autorité pour créer ce
guichet unique, on va assurément éliminer ou éviter une source de confusion. Vous avez parlé de confusion plus tôt. Il y a de
la confusion, et, je pense, cette confusion-là doit être éliminée dans
l'intérêt du consommateur, de savoir vers qui il doit se tourner, qui peut
prendre en charge son dossier. Je veux dire, il y a certainement, dans une perspective d'accroître cette protection du
consommateur, des gestes qui doivent, qui peuvent être posés, et d'éviter des messages discordants
également. On a tous un rôle de protection
du consommateur, c'est la raison d'être
d'un organisme comme l'autorité, et il faut mettre en oeuvre, donc, des moyens
pour mieux informer le consommateur qu'il n'en est fait aujourd'hui.
M. Girard : Donc, on pourrait prendre une petite portion de
l'argent qui était réservé au fonds d'indemnisation, qu'on trouve que
c'est relativement élevé, et le mettre peut-être en prévention. Petite
suggestion. Merci.
Le
Président (M. Gaudreault) : Voilà. Et ça met fin à ce bloc. Maintenant, on va aller du
côté de la deuxième opposition officielle pour leur dernier bloc de huit
minutes.
M. Bonnardel : Merci,
M. le Président. Bien, je veux vous
parler, à la page 29, là, du Fonds d'indemnisation des services
financiers. La VG est assez sévère, et je lis ce qu'elle écrit : «Le Fonds
d'indemnisation des services financiers ne joue pas pleinement son rôle, soit d'indemniser
les victimes de fraude, de manoeuvres dolosives ou de détournement de fonds dans les disciplines prévues.
Au fil des ans, la situation n'a pas été corrigée malgré tous les questionnements qui ont été soulevés relativement à l'effet limitatif des conditions d'admissibilité.» Donc, des gens qui
ont fait affaire avec un représentant malhonnête, on parle de 40 %
des demandes d'indemnisation qui ont été refusées de 2011 à 2015‑2016, 119 demandes. Ce que ça veut dire, c'est
qu'«un consommateur — puis là
je lis exactement ce que la VG a écrit — qui, par exemple, s'est vu offrir un produit dans une
discipline couverte par le fonds alors que le représentant n'était pas
autorisé à offrir ce type de produit, ne pourra pas être indemnisé».
Comme la VG le dit, la nature même d'une fraude,
là, c'est que les individus agissent avec malveillance et mauvaise foi. Il y a plein de gens, peut-être, qui
sont ici qui ont subi ça... ou sinon ceux qui nous écoutent. Vous ne
trouvez pas que de revoir cette condition pourrait être, nécessairement... ou
répondre à des gens qui ont perdu, plus souvent qu'autrement, là, leur 10 000 $, 15 000 $,
25 000 $, 50 000 $, 100 000 $, qui était leur
retraite, et que parce que vous avez cette condition précise, bien, ces
gens ne peuvent rien faire, ne peuvent pas recevoir de sous?
M. Morisset
(Louis) : Je suis en accord
avec vous, tout à fait en accord avec vous, je pense que la portée du
fond est actuellement limitée. Et elle
reflète l'intention du législateur, et c'est pour ça que des modifications
législatives sont nécessaires pour permettre de voir le fonds autrement.
Puis, j'ai tenté d'expliquer plus tôt, ce n'est pas une condition qu'impose
l'autorité, c'est une interprétation qui a cours dans le temps, avant même
l'autorité, puis, comme je l'ai mentionné
plus tôt, qui avait été avalisée et confirmée par les tribunaux, même, en 2003,
alors que l'autorité a vu le jour en
2004. Alors, je suis entièrement d'accord avec vous, entièrement d'accord avec
vous. Et c'est pour cette raison-là qu'il faut que des modifications législatives soient apportées rapidement pour
permettre que le fonds joue pleinement son rôle. Et je suis d'accord
avec vous et je suis d'accord avec la conclusion de la Vérificatrice générale.
M. Bonnardel :
Donc, pour vous, il faut que le législateur agisse rapidement.
M. Morisset
(Louis) : Sans modification
législative, il n'y a rien que l'autorité peut faire. Donc, oui, le
législateur, je pense, doit agir rapidement.
M. Bonnardel :
O.K. Mais à la page 31, on parle du point 107, le problème
d'accessibilité au FI, au fonds d'indemnisation,
a été soulevé à plusieurs reprises par l'autorité et le gouvernement. On dit
que, cette problématique, on la connaît
depuis 2002. Vous n'étiez pas là, M. Morisset, là, mais comment ça se fait
que le législateur ou... Aujourd'hui, on en arrive à un rapport qui est quand même accablant, dans une certaine
mesure, pour cette portion. Comment ça se fait que le législateur n'a pas agi ou que vos prédécesseurs n'ont pas dit,
n'ont pas soulevé le drapeau en disant : Ça n'a pas de sens, là, si
on a 40 % des demandes que le consommateur fait parce qu'il a été floué,
bien, qu'on les met de côté?
M. Morisset (Louis) : Écoutez,
je ne peux pas spéculer sur ce qui s'est passé antérieurement. Peut-être, je peux juste rapidement faire un... reconstituer
l'histoire. Il y a effectivement, en 2002, ces questions qui sont
soulevées par le fonds d'indemnisation. Il y
a l'affaire Norbourg qui éclate en 2004‑2005, qui amène à des indemnisations
importantes mais aussi à des consommateurs
qui n'ont pu être indemnisés, dans Norbourg, comme, je pense, nous le savons
tous, et qui amène par la suite à une
consultation menée par l'autorité en 2011 et des recommandations formulées par
l'autorité en 2013, recommandations
qui ont été formulées au gouvernement à cette époque et qui, bon, aujourd'hui,
sont finalement mises en oeuvre.
Alors, comment expliquer? Je pense que je ne peux malheureusement pas répondre
à votre question. Mais je suis
d'accord avec vous que l'enjeu ne date pas d'hier, il a été identifié il y a
longtemps. Et l'autorité, à tout le moins dès 2013, a recommandé
formellement que des choses changent.
• (17 h 50) •
M. Bonnardel :
Comment vous expliquez, à la page 14, que depuis 2011, seulement 10 %
des entreprises ont subi une inspection dans le secteur de l'assurance,
soit par l'autorité ou par la Chambre de l'assurance de dommages? Comment vous
expliquez ça? Est-ce que c'est, encore une fois... Ce n'était peut-être pas
assez important ou manque d'effectifs? Quelles sont les raisons principales qui
expliquent ça, là?
M. Morisset
(Louis) : Bien, je vais
répondre puis je laisserai peut-être Jean-François compléter. Un,
d'abord, je pense que c'est important quand
même de dire que, bon, en valeurs mobilières, on parle d'à peu près
750 assujettis, et en assurances,
on parle de plus de 6 000. Alors, il y a quand même un écart, là,
considérable entre le nombre d'assujettis, si on veut, en assurances et en valeurs mobilières. Et l'approche qui est
préconisée par l'autorité au niveau de l'inspection en distribution, en assurances, qui est une
approche par échantillonnage, a été jugée, tu sais, appropriée par la
Vérificatrice générale. Donc, ça s'explique, je pense, par le nombre
d'entreprises de ce secteur.
Maintenant, si vous me le permettez, je
demanderais peut-être à Jean-François de colorer peut-être un peu davantage,
là, ma réponse.
M. Fortin
(Jean-François) : Oui, merci. En fait, c'est 14 % des entreprises
qui ont fait l'objet d'inspections complètes
spécifiques. Mais on ne fait pas que des inspections complètes spécifiques
comme celle-là. Avec le temps, on a modifié
nos approches puis on a élargi notre portée, si on veut, en termes
d'inspections. Et, vu le grand nombre — puis ça
aussi, je pense que c'est mentionné, puis M. Morisset vient de le
mentionner — d'inscrits
en la matière, on doit avoir une approche par échantillonnage, et c'est l'approche qui est véhiculée,
qui est mise de l'avant et qui a été jugée raisonnable par la
Vérificatrice générale.
Je
pense que l'enjeu sur lequel ou doit travailler et on travaille déjà, c'est
d'être mieux en mesure d'identifier là où on doit intervenir,
c'est-à-dire là où il y a plus de risques, et on doit obtenir plus
d'information, mieux se partager l'information. Et, avec l'aide de la matrice
de risques qu'on a travaillée, on est maintenant en mesure d'identifier les
entreprises les plus risquées où on peut intervenir.
Puis
juste au niveau de la portée à laquelle je faisais référence tout à l'heure,
dans le passé, par exemple... Puis un des
éléments qui est important, c'est qu'on veut avoir une portée territoriale. On
ne veut pas aller seulement dans une ou deux régions, on doit avoir une portée dans l'ensemble du
Québec. Et, par exemple, il y a quelques années, si on allait en
Gaspésie ou en Abitibi, on allait faire quelques inspections ciblées d'une
journée et, à terme, on avait procédé à deux inspections,
alors qu'aujourd'hui ce qu'on va faire, si on fait la même chose, on va aller
passer une semaine en Abitibi et, en plus
de faire des inspections ciblées comme celles-là, on va aussi, par exemple,
passer quelques demi-journées avec le chef
de la conformité et avec le dirigeant responsable — et ça, ça fait partie maintenant de nos
activités d'inspection — pour s'assurer qu'on ait une plus large portée de
conformité dans l'industrie de l'assurance.
M. Bonnardel :
Est-ce que, rapidement, l'intégration des chambres, dans le projet de loi
n° 141, à l'AMF va changer la situation, ou l'améliorer, ou ça va être...
M. Fortin (Jean-François) : Bien, c'est-à-dire qu'il y a une partie des
inspections de la CHAD, de faire une partie des inspections pour les cabinets de moins de 24 représentants,
donc on va intégrer ces activités-là. Avec le grand nombre
d'inspections, on va demeurer une approche par échantillonnage et s'assurer de
bien cibler nos interventions là où c'est plus risqué.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Alors, c'est ce qui met
fin à ce dernier bloc de la deuxième opposition. On va aller au dernier
bloc du gouvernement pour huit minutes, avec le député de Mégantic. Merci.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Juste pour vous dire, j'ai trouvé les états financiers
de l'organisation, donc j'ai mes
informations bien garnies. Il y a des choses, par exemple, très intéressantes
que je regardais tout à l'heure là-dedans sur le rapport 2015‑2016, où vous nous parlez des choses... des
examens de certificats. Mais il y a quelque chose ici qui m'intéressait
beaucoup. Vous avez parlé d'à peu près 4 000 organisations que vous
avez entreprises, que vous avez approuvées pour les contrats publics, il y en
avait à peu près 300 : 150 qui avaient été rejetées, 150 qui avaient des
modifications ou des déficiences. Vous nous parlez ici de
1 477 entreprises détenant un permis d'exploitation et de 1 968 entreprises autorisées de conclure
des contrats et sous-contrats publics. Comment ça fitte dans le 4 000, ça,
cette affaire-là, là? Est-ce que quelqu'un pourrait me clarifier ça?
M. Morisset
(Louis) : Vous référez à notre rapport annuel, je présume.
M. Bolduc :
Oui, 2015‑2016, qui était... L'information était en date du 22 avril.
M. Fortin
(Jean-François) : Quelle page?
M. Bolduc :
10. Non, ce n'est pas 10. Page 13. Vous voyez le 1 477 et le
1 968?
M. Morisset
(Louis) : C'est à quelle page? Je m'excuse.
M. Bolduc :
Bien là, moi, j'ai la page 13, là, dans le haut.
M. Stevenson
(Eric) : Parce que nous, on a celui-là de... On est dans 2015‑2016,
là?
M. Bolduc :
Pardon?
M. Stevenson
(Eric) : On est dans 2015‑2016?
M. Bolduc :
Ce n'est peut-être pas la même chose au niveau électronique puis dur, là.
M. Stevenson
(Eric) : O.K. Donc, si on parle des contrats publics, ici, là, en date
du 27 octobre, là, on a 4 850 demandes reçues; en traitement,
586; ensuite, les entreprises autorisées, 3 600. J'ai des retraits
volontaires pour 32; révocations, sept...
M. Morisset (Louis) : Dans le fond, je pense que l'information qu'on
vous achemine aujourd'hui est l'information, là, en date, là...
M. Bolduc :
Mise à jour.
M. Morisset (Louis) : Mise à
jour, exactement.
M. Bolduc :
O.K. Donc, on est un an plus tard, là, et plus... ou presque.
M. Morisset (Louis) : Oui,
c'est exact.
M. Bolduc : O.K. Donc, je comprends qu'il y a une différence. Un
point intéressant... Puis on est deux pages plus haut, là, où on regarde les informations que vous recevez ou les appels,
là. Il y avait quand même quelque
chose d'intéressant là-dedans, où vous avez reçu... Les demandes
téléphoniques du consommateur, 21 571 demandes, et demandes
téléphoniques, intervenants du secteur financier,
88 842 demandes. Pouvez-vous expliquer qu'est-ce que ça fait puis
qu'est-ce que vous faites avec ce genre d'information là?
M.
Stevenson (Eric) : Bien, en
fait, au centre d'information, il y a deux équipes, là... bien, c'est-à-dire, le travail se divise en deux.
Il y a des questions pour le consommateur, donc, questions grand public, puis
il y a des questions aussi pour les
clientèles qui se rapportent à nous, donc les représentants, pour beaucoup. Ici, donc, le 88 000, c'est souvent
des représentants qui vont appeler pour, par exemple, intervenir au niveau de
leurs permis, de leurs certificats, poser des questions sur une lettre qu'ils
ont reçue, par exemple, dans le cadre de renouvellement ou de paiement de
droits, des questions comme ça. Ça fait que
je pense que c'est... Il y a aussi,
en provenance du secteur financier, un certain volume, un certain nombre d'appels qui concernent des
questions sur la réglementation, sur le cadre applicable aux
intervenants, des choses comme ça. Ça fait que c'est les...
M. Bolduc : Les demandes téléphoniques des consommateurs,
est-ce que c'est des demandes spécifiques qui sont en regard d'investisseurs ou de gens qui couvrent
les assurances, qui couvrent exactement, en fait, ce qu'on parlait ici un peu plus
tôt avec la vérificatrice sur les gens, l'étendue, si on veut, des permis puis
qu'est-ce qui est couvert, qu'est-ce qui ne l'est pas?
M. Stevenson
(Eric) : Bien, à date,
aujourd'hui, c'est quelque chose qui est possible, c'est des appels qu'on
peut recevoir. Ce que M. Morisset
disait plus tôt, c'est que, dans notre nouveau site Web, depuis le
30 septembre, suivant les recommandations de la Vérificatrice
générale, on est allés plus précisément diriger le consommateur sur... Il y a
un lexique, on explique mieux, par exemple,
en fonction de votre permis, qu'est-ce que vous avez le droit de vendre
comme produits. C'est sûr que c'est un monde complexe. Ce n'est pas
nécessairement tout le monde qui peut s'y retrouver, puis tous les cas de figure ne se retrouvent pas dans notre tableau sur
le site Web, mais on invite néanmoins... si ça, ça ne répond pas, le consommateur est invité à appeler,
puis nous, on peut assister encore davantage pour que le consommateur
comprenne la situation qu'il vit.
M. Morisset (Louis) : Mais, si
je peux me permettre d'ajouter, parmi, donc, ces 21 571 appels qu'on
a eus, il y en a eu, assurément, qui visaient le fonds, la couverture du fonds d'indemnisation, mais ça
peut être des demandes de toute autre nature également.
M. Bolduc : Maintenant, quand vous parlez... Le traitement des plaintes,
on a 800... en tout cas, on a plusieurs centaines de plaintes. On parle d'inspections, préenquêtes,
indemnisations, autres services. Mais, quand vous arrivez pour
l'indemnisation, il y a eu 32 nouvelles demandes; 31 rejetées, une
accueillie. Puis, si je comprends bien ce que ça, ça nous dit, là, c'est qu'on
a encore un autre 18 en évaluation au service de l'autorité. Oui? Non?
M. Morisset
(Louis) : Oui. Je vous dirais, ça, ce sont les résultats,
si on veut, pour l'année qui s'était terminée, donc l'année 2015‑2016.
Pour la dernière année, je ne sais pas si, Eric, tu as les chiffres, de mémoire,
donc, il y a plusieurs dossiers qui se sont poursuivis.
M. Stevenson (Eric) : Oui, il y
a des dossiers qui se sont poursuivis qu'on peut, ici, là, identifier, puis on
a 43 nouvelles demandes, dont trois acceptées pour la dernière année, 35
refus puis cinq fermées sans décision.
M. Morisset
(Louis) : Je pense...
Je m'excuse, juste de l'ajouter, parce qu'on a parlé juste d'une indemnité
de 50 000 $, là. Dans la dernière année, là, c'est
450 000 $ qui ont été versés par le fonds.
M. Bolduc : Pour les trois,
qu'on parle?
M. Morisset (Louis) : Pour les
trois.
M. Bolduc : Mais là c'est plus
que 50 000 $ maximum.
• (18 heures) •
M. Morisset
(Louis) : Non. Absolument.
C'est parce que, là, on est dans la dernière année complétée. Quand la Vérificatrice générale... quand ils sont venus, on
était dans l'année 2015‑2016.
Et, pour l'année 2016‑2017, trois demandes qui ont été acceptées
pour un total de 450 000 $.
M. Bolduc :
J'imagine qu'à l'intérieur de ces données-là il y a des éléments de votre
tableau de bord ou de votre nouveau
tableau de bord qu'on va retrouver là-dedans. Est-ce qu'on va pouvoir les
retrouver dans vos états financiers pour nous aider à mieux comprendre? Parce que, là,
vous êtes en train de renouveler, suivant le rapport de la
vérificatrice, plusieurs de vos éléments de
tableau de bord et de contrôle. Est-ce qu'on va pouvoir les retrouver dans les états
financiers dans le futur, là? Je comprends que cette année...
M. Morisset (Louis) : Bien, pas
dans les états financiers mais dans le rapport annuel.
M. Bolduc : Dans le rapport
annuel, O.K.
M. Morisset
(Louis) : Je pense que la
décision qu'on a prise aussi, à la lumière de tout ça, c'est de mettre davantage
d'explications, notamment
des raisons de refus. On émet à chaque année quand même un rapport qui est
succinct mais qui explique, là, les
dossiers acceptés. Je pense qu'on pourrait mettre plus d'emphase sur, aussi,
les raisons, les différentes raisons
des refus puis, encore une fois, en mettant aussi l'accent sur les modifications législatives qui vont faire en sorte, à terme, que plusieurs
des demandes qui sont aujourd'hui refusées vont être acceptées.
M. Bolduc : Maintenant, quand vous regardez dans les enquêtes, les
préenquêtes, surveillance, cybersurveillance, enquêtes, etc., est-ce que tous ces éléments-là sont en regard de plaintes
formulées sur des problèmes que la population rencontre ou si c'est des
cas qui sont aux professionnels ou aux organismes que vous supervisez?
Le Président (M. Gaudreault) :
Deux secondes.
M. Fortin (Jean-François) :
L'ensemble de nos activités de mise en application de la loi peuvent venir de dénonciations ou de choses qu'on détecte
nous-mêmes. La cybersurveillance est un des éléments qui nous permettent
de détecter les activités illégales.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. Merci infiniment. Alors, écoutez, c'est ce qui termine notre audition pour aujourd'hui, mais, comme le veulent nos habitudes, je
permettrais à M. Morisset un petit mot de conclusion, si vous voulez, en deux minutes.
M. Morisset
(Louis) : Parfait. Bien,
écoutez, je vous remercie beaucoup. Je tiens à remercier chaque membre de la
commission pour la discussion aujourd'hui, les questions, difficiles parfois,
qui nous ont été posées. On était là pour y
répondre, et j'espère que nos réponses ont pu vous satisfaire. On va donner
suite aussi aux demandes qui ont été faites lors de cette commission.
J'aimerais,
si vous me le permettez, juste faire une petite mise au point. On m'a
questionné plus tôt à savoir si nous savions ce que les firmes de
consultants chargent à leurs clients, et je tiens à préciser que nous ignorons
cette information. Et ça n'a aucun rapport pour l'autorité, par ailleurs, ce que les firmes de consultants peuvent charger à leurs clients et dans la relation d'affaires qui
intervient entre ces firmes et leurs clients. J'ai mentionné, puis c'est
purement anecdotique, qu'on nous a certainement une fois évoqué — et ça, c'est l'entreprise elle-même — que les coûts avaient été plutôt salés, mais je tiens à préciser que
l'autorité n'est pas impliquée, encore une fois, dans le choix des firmes et
dans le coût que ces firmes-là peuvent charger à leurs clients, que nous
n'avons pas un mot à dire là-dedans et que, de façon générale, nous ignorons même entièrement ce que ces firmes-là peuvent
demander à leurs clients en termes d'honoraires.
Alors, je vous remercie beaucoup. Et j'apprécie
votre écoute.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Alors, il me reste à
remercier, évidemment, les gens de l'AMF qui se sont déplacés. Merci beaucoup, M. Morrisset et les
gens de votre équipe, Mme la Vérificatrice générale et les gens de votre
équipe, en spécifiant qu'on a travaillé
toute la journée, entre autres, ensemble, une bonne partie de la journée, en
tout cas, pour préparer cette audition, plus tout le travail que vous
avez fait précédemment. Alors, merci beaucoup pour ce que vous avez fait.
Nous
suspendons nos travaux quelques minutes. On va se réunir en séance de travail,
comme le veut l'habitude, mais au
RC.161, juste à côté, parce qu'ici il faut libérer. Ça sent bon depuis tantôt,
c'est pour la nourriture du caucus de la deuxième opposition. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 4)