(Seize heures quarante-sept
minutes)
Le Président
(M. Gaudreault) :
On va entreprendre nos travaux. La Commission
des institutions reprend ses travaux. Je demande à toutes les... La Commission des institutions! La Commission
de l'administration publique reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous sommes réunis pour procéder à l'audition de
la Commission de la fonction publique en suivi de la recommandation 7.1 du
33e rapport de la commission.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements
ou des membres temporaires?
Le Secrétaire : Oui. Mme Jean
(Chicoutimi) est remplacée par Mme Léger (Pointe-aux-Trembles).
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. On va débuter par
l'exposé de la Commission de la fonction publique. Le reste de la séance sera consacré aux échanges avec
les membres de la commission. Les échanges se dérouleront par blocs d'environ 10 minutes qui incluent les
questions et les réponses, en alternance entre le gouvernement et les
oppositions afin de permettre à tous les
groupes parlementaires d'écouler graduellement leur temps de parole. On est en
train de calculer précisément combien
vous aurez de blocs... c'est-à-dire de durée de bloc, là, parce que, là, il
faut revoir l'aménagement du temps.
Ça fait que je vous le communiquerai, mais on peut commencer sans problème. Ah!
Donc, O.K., on l'a déjà. Alors, la Commission de la fonction publique a
une présentation de 10 minutes, le gouvernement aura trois blocs de
10 minutes, l'opposition officielle, deux blocs de neuf minutes, et la
deuxième opposition, un bloc de 12 minutes.
Alors, Mme la présidente de la commission, nous
vous écoutons.
Exposé de la présidente de
la Commission de la
fonction publique, Mme Hélène Fréchette
Mme Fréchette
(Hélène) : Alors, bonjour, M. le Président, Mmes, MM. les membres
de la commission. Je suis très
heureuse d'être parmi vous aujourd'hui pour donner suite à la recommandation de
la Commission de l'administration publique
voulant que la Commission de la fonction publique vous rencontre chaque année
pour présenter les conclusions de ses travaux de surveillance.
Les trois
personnes qui m'accompagnent sont Mme Lucie Robitaille, directrice
générale des activités de surveillance et du greffe, M. Mathieu
Chabot, directeur des enquêtes et du greffe, ainsi que Mme Madeleine
Poirier, conseillère stratégique à la commission.
Alors, le
22 octobre 2015, lors de l'audition de la Commission de la fonction
publique, une recommandation avait également
été formulée pour que vous soient transmis les premiers constats touchant
l'application de la Loi sur la fonction publique au terme des quatre premières années de son cycle de
vérification en matière de dotation. Ces constats vous ont été transmis
à l'automne 2016, et nous aurons l'occasion d'en discuter aujourd'hui.
Alors, comme
vous le savez, la Commission de la fonction publique est chargée de veiller au
respect des valeurs et des principes
qui découlent de la Loi sur la fonction publique en matière de gestion des
ressources humaines. Dans ses travaux
de vérification et d'enquête, la commission constate que les ministères et
organismes respectent généralement les principes
de la loi. À l'exception peut-être de la prolongation ou du renouvellement
d'emplois occasionnels de courte durée, peu d'écarts semblent relever
d'une réelle volonté de contourner les règles. La plupart des pratiques non
conformes découleraient plutôt d'une méconnaissance du cadre normatif ou
d'erreurs commises de bonne foi.
La commission considère cependant que toute
erreur en matière de gestion des ressources humaines est une erreur de trop, car elle touche des personnes et
qu'elle peut entacher la confiance des citoyens envers la fonction
publique. Son rôle de gardienne des principes de la loi est donc toujours
d'actualité.
• (16 h 50) •
En 2012, la
commission a entrepris une série de vérifications en matière de dotation afin
d'évaluer l'application du cadre
normatif et le respect des principes d'équité, d'impartialité, de sélection au
mérite ainsi que d'égalité d'accès aux emplois. D'ici 2020, elle aura
vérifié les façons de faire des ministères et organismes regroupant la grande
majorité des 60 000 ETC de la fonction
publique. En 2015‑2016, soit à mi-parcours du cycle de vérification, la commission
avait examiné un peu plus de
1 000 dossiers dans 10 organisations et, en 2016‑2017, elle en a
examiné 777 dans six organisations.
Alors, un aspect des vérifications portait sur
les nominations à un emploi faisant exception au processus de recrutement de l'employé occasionnel. Un employé
occasionnel doit être recruté à la suite d'un processus de
qualification. Certains emplois font toutefois
exception à cette règle, dont les emplois de courte durée, c'est-à-dire moins de 11 semaines ou
d'un maximum de 55 jours, et, selon la directive sur les emplois occasionnels dans la fonction publique,
ces emplois ne doivent pas être
prolongés ni renouvelés. Or, au total, pour les 10 premières organisations
vérifiées, 68 % des dossiers étaient
non conformes sur le plan de la durée, de la prolongation ou du renouvellement
des emplois. Pour les six organisations vérifiées en 2016‑2017, 32 % des dossiers
étaient non conformes, dont 30 % au ministère du Développement
durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques
et 41 % au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
En novembre
2015, le Secrétariat du Conseil du trésor a effectué un rappel des règles
applicables relativement à la durée, à la prolongation et au
renouvellement de ces emplois. Au même moment, la directive a été modifiée pour
permettre de répartir les 11 semaines en 55 jours travaillés de
manière continue ou non. La commission espérait constater une amélioration de la conformité dans ses vérifications
portant sur des périodes ultérieures à novembre 2015. Malheureusement,
deux des rapports produits à ce jour démontrent encore des taux de
non-conformité élevés allant de 56 % à 67 % des dossiers.
Un autre aspect abordé dans les vérifications
portait sur les promotions sans concours, qui se distinguent du processus
habituel de promotion puisqu'il s'agit d'un processus individuel. Des
conditions doivent cependant être remplies,
et l'employé doit réussir une procédure d'évaluation. Alors, dans un rapport
publié en 2010‑2011, la commission concluait
que, parmi les 148 promotions sans concours — qu'on appelle des PSC — vérifiées, 17 % n'auraient pas
dû être accordées. Et la situation ne
s'améliore pas. Parmi les 47 PSC vérifiées au cours des cinq dernières
années, c'est 25 % d'entre elles qui n'auraient pas dû être
accordées.
Selon les
premiers constats d'une étude en cours, de nombreux gestionnaires perçoivent
encore la promotion sans concours
comme une forme de récompense ou de reconnaissance, et d'autres s'en servent à
des fins de rétention, alors que ce
type de promotion ne doit viser qu'à régulariser le classement d'un emploi à la
suite d'un enrichissement des tâches.
Les
directions des ressources humaines sont toutefois de plus en plus
conscientisées, et les ministères et organismes vérifiés semblent démontrer une véritable intention de s'amender. Selon
le Secrétariat du Conseil du trésor, le recours à ce type de promotion
serait en baisse, et la commission ose croire que l'impact de ses vérifications
se fera sentir bientôt.
Par ailleurs,
en 2016‑2017, on a constaté un taux de non-conformité anormalement élevé dans
la vérification de l'admissibilité
des candidats à une réserve de candidatures au ministère des Forêts, de la
Faune et des Parcs. De plus, à la suite de deux enquêtes, le ministère
de la Justice et la Société de l'assurance automobile du Québec ont dû
reprendre la vérification de l'admissibilité de plusieurs participants.
Les enquêtes
réalisées en 2016‑2017 ont également révélé un taux de non-conformité de
33 % dans la vérification de
l'admissibilité faite par le Centre de services partagés du Québec dans le
contexte de plusieurs processus de qualification. Alors, préoccupée par
ce constat, la commission procédera sous peu à une vérification de
l'admissibilité des divers processus de qualification tenus par le CSPQ. Elle
proposera des mesures correctives au besoin.
Alors, même
si les dossiers vérifiés ont révélé un taux de conformité élevé dans la vérification
sur la gestion des emplois de
complexité supérieure, certaines irrégularités et façons de faire peuvent semer
le doute sur l'impartialité des décisions
qui ont mené à la désignation des personnes. De ce fait, l'intégrité du
processus d'évaluation des emplois visés pourrait être mise en cause.
En outre,
même si le cadre normatif le prévoit, le Secrétariat du Conseil du trésor
n'effectue pas de vérifications ponctuelles des évaluations faites par
les organisations. Selon la commission, ça constitue un risque sur le plan de
la cohérence gouvernementale.
Dans une optique de révision de ses façons de
faire, la commission a recommandé au secrétariat de mener un exercice
d'évaluation de la directive portant sur la détermination du niveau de
complexité supérieur... du niveau de complexité des emplois. Rappelons que
cette directive est en application depuis un peu plus de 10 ans.
Dans l'étude sur l'embauche des agents et
agentes de secrétariat dans la fonction publique, la commission a constaté qu'outre la concurrence avec les autres
secteurs la fonction publique doit composer avec la concurrence interne dans ses ministères et organismes. Le bassin de
main-d'oeuvre pour le personnel de secrétariat se trouve principalement chez les élèves qui obtiennent un diplôme d'études
professionnelles. Or, les centres de formation professionnelle connaissent
peu la fonction publique. Également, la
tenue de processus de qualification à date fixe n'est pas adaptée à la réalité
des chercheurs d'emploi. Et, dernier constat,
le délai moyen entre la date de transmission d'une offre de service et la
nomination est d'environ neuf mois dans la
fonction publique, ce qui est beaucoup trop long, considérant que la majorité
des élèves se font offrir des emplois avant même la fin de leur stage.
Alors, pour
pallier la forte concurrence entre les employeurs, la fonction publique doit être plus proactive dans ses démarches, tant auprès des élèves qu'auprès des établissements d'enseignement. Elle doit aussi mieux faire connaître ses
processus d'embauche et s'assurer qu'ils
sont adaptés à la réalité des chercheurs d'emploi. Alors, des recommandations
en ce sens ont été formulées au secrétariat et au Centre de services partagés. À
cet égard, je suis heureuse de préciser que le Centre de services partagés a déjà donné suite à l'une de ces
recommandations. En effet, le 10 octobre dernier, il a publié son
tout premier processus de qualification à durée indéterminée pour le personnel
de secrétariat.
Alors, dans son rapport de mi-parcours, la
commission manifestait son intention d'effectuer davantage de vérifications dans de petits organismes. En 2016‑2017,
trois organismes de moins de 100 ETC ont été vérifiés, et aucune non-conformité n'a été constatée dans les dossiers
examinés. La commission a aussi introduit un volet sur le recours aux ressources contractuelles externes dans ses
vérifications auprès des principaux donneurs d'ouvrage de la fonction
publique, et le premier rapport qui inclut cet élément a été publié en juillet
dernier.
En septembre 2016, afin de mieux cerner certains
contournements et de proposer des pistes de solution plus ciblées, la commission a entrepris une étude sur
les promotions à la suite de la réévaluation d'un emploi. Cette nouvelle
appellation porte moins à confusion que la
notion de promotion sans concours, qui était souvent perçue, à tort,
comme une promotion qui ne nécessitait pas d'examen.
Une voix : ...
Mme Fréchette (Hélène) :
Ça va. Quant à l'étude sur la représentativité des groupes cibles, elle a été
reportée puisque le Secrétariat du Conseil
du trésor a entrepris des travaux visant à réviser les programmes d'accès à
l'égalité en emploi.
Par
ailleurs, pour remédier aux lacunes constatées, la commission souhaitait
l'instauration d'un programme de formation continue à l'intention des
professionnels des ressources humaines. Les bonifications que le secrétariat a apportées au Programme gouvernemental de formation
en matière de dotation au cours de la dernière année ont répondu à cette
préoccupation.
La commission
proposait aussi aux ministères et organismes d'instaurer des mécanismes
d'assurance qualité pour les activités de
dotation jugées à risque et de mettre sur pied une communauté de pratique afin
de faire connaître ces mécanismes au plus grand nombre. Ces pistes
d'amélioration tiennent toujours.
D'ailleurs,
dans un objectif d'amélioration continue afin d'accroître son influence et de
jouer plus efficacement son rôle, la commission a elle-même revu ses
façons de faire. Elle a procédé à l'implantation de nouvelles approches en matière de surveillance, lesquelles sont intégrées
progressivement dans la planification de ses mandats de vérification et
d'enquête.
Alors,
je ne pourrais terminer sans mentionner que, pour la commission, une séance
comme celle d'aujourd'hui est une
occasion privilégiée d'accroître la visibilité de ses travaux et de partager
ses préoccupations. Ça devrait non seulement favoriser l'implication des
recommandations qu'elle formule, mais également sensibiliser les sous-ministres
et les dirigeants d'organisme à l'importance
que vous accordez à la gestion des ressources humaines, en général, et au
respect des principes démocratiques enchâssés dans la loi, en particulier. Je
vous remercie.
Discussion
générale
Le Président
(M. Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la présidente.
Alors, on va commencer nos blocs de discussion.
Et on surveille du coin de l'oeil l'appel au vote dans quelques minutes,
peut-être qu'on sera obligés de vous interrompre. Alors, M. le député de
Jean-Lesage.
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Mme Fréchette, bienvenue. Bienvenue à
votre équipe, aussi, qui vous
accompagne. Écoutez, j'aimerais, moi, commencer par l'intervention, à peu près,
que vous venez de lire en conclusion de
votre message, quand vous dites : «...une occasion privilégiée d'accroître
la visibilité de ses travaux et de partager ses préoccupations. Cela devrait non seulement favoriser l'application des
recommandations qu'elle formule, mais également sensibiliser les sous-ministres et les dirigeants d'organisme à
l'importance que vous accordez à la gestion des ressources humaines, en général...» Moi, venant, en fait, du
milieu des affaires et venant du milieu de l'entrepreneuriat, on sait
que la gestion des ressources humaines est
cruciale, est importante. Et c'est important à tous les points de vue, que ce
soit pour la qualité du travail, que
ce soit pour les coûts, que ce soit pour, naturellement, l'ensemble de
l'oeuvre, et la vente, et tout ça. Alors,
c'est, pour moi, crucial de voir qu'il y ait une uniformité qui s'installe au
sein de l'appareil gouvernemental pour la gestion des ressources
humaines parce qu'on sait qu'il y a probablement d'autres problématiques que
l'on vit, des dépassements de coûts sur différentes affaires. Mais la gestion
des ressources humaines est importante, et ça, c'est un par un, parce qu'on le sait que, dans l'entreprise privée, c'est
crucial, cette gestion-là. Voilà pourquoi... Voilà l'importance de s'en
occuper.
Dans
votre allocution, vous dites : «Par ailleurs, pour remédier aux lacunes
constatées, la commission souhaitait l'instauration — comme
vous venez de le dire aussi, à la fin de votre... — d'un programme [sur
la] formation continue à l'intention des
professionnels des ressources humaines.» J'aimerais ça que vous vous m'en
parliez un petit peu, de ça, pour que vous puissiez davantage nous
donner l'information concernant cette possibilité de rigueur là.
• (17 heures) •
Mme Fréchette (Hélène) : En fait, la formation continue, c'est que, bon,
souvent la loi, ou les directives, ou les différentes politiques du
Secrétariat du Conseil du trésor peuvent être modifiées. Il y a aussi le
renouvellement ou, du moins, là, l'embauche de nouveau personnel qui sont dans
la fonction publique. Alors, tout ça fait en sorte que, nécessairement, les
gens ne connaissent pas tout ou ne sont pas nécessairement avisés de toutes les
modifications qui peuvent avoir lieu. Alors,
on considère que c'est important qu'il y ait vraiment, oui, des sessions de
formation mais aussi des rappels, même des rappels qui puissent être
faits par le Secrétariat du Conseil du trésor concernant l'application des directives ou bien spécifier, bien aviser les gens
concernés par les différentes modifications qui sont apportées soit à la
loi, aux règlements, aux directives.
M. Drolet :
Y a-t-il quand même des sanctions ou y a-t-il quand même souvent des
préoccupations par rapport au rendement
à cet effet-là, comme le privé doit être en mesure d'être obligé de faire?
Est-ce qu'il y a ce genre de vérification là aussi au sein de
l'organisation?
Mme Fréchette
(Hélène) : Quand vous parlez du rendement, vous parlez du...
M. Drolet :
Bien, du personnel, en fait, parce qu'on s'entend qu'il y a l'embauche et il y
a le suivi de toutes ces embauches-là, mais il y a aussi l'importance...
Le Président
(M. Gaudreault) : Je m'excuse de vous interrompre, on est
appelés au vote. Alors, on va aller remplir notre fonction et on revient tout
de suite après.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise
à 17 h 26)
Le Président
(M. Gaudreault) : Alors, on va reprendre nos travaux. J'ai
besoin du consentement, s'il vous plaît, pour qu'on puisse prolonger de
10 minutes après 18 heures.
Des voix :
Consentement.
Le Président
(M. Gaudreault) : Consentement. Ce qui nous permettrait de
répartir le temps de la manière suivante :
il resterait deux blocs de 11 minutes au gouvernement, un bloc de
13 min 30 s à l'opposition
officielle et un bloc de neuf minutes à la deuxième opposition. Puis on va s'organiser pour que la deuxième opposition fasse son
bloc de neuf minutes avant 6 heures, parce qu'ils se transforment en
citrouille à 6 heures. O.K.
M. Reid :
Est-ce que le dernier bloc était terminé, tout à l'heure...
Le Président
(M. Gaudreault) : Pardon?
M. Reid :
Est-ce que le bloc, tout à l'heure, de mon collègue était terminé quand...
Le Président
(M. Gaudreault) : Non. Non, non, le 11 minutes, là,
c'est à partir de maintenant, là.
M. Reid :
O.K. Donc, on continue ton bloc, puis je pourrai en faire un...
Le Président
(M. Gaudreault) : Là, lui, on continue avec lui...
Des voix :
...
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui, O.K. Bien, vous vous organiserez. C'est beau. Excusez, on est dans
nos calculs de temps, là.
Alors, on va
reprendre nos travaux et on va continuer avec le député de Jean-Lesage.
M. Drolet : Merci,
M. le Président. Bien, c'est ça, Mme la présidente, j'étais à vous parler des ressources
humaines. Puis je vous parlais de la gestion des ressources humaines et je
voulais vous demander... Parce que, oui, il y a la formation, oui, il y a la mise en oeuvre de plein
d'actions, mais y a-t-il des mesures coercitives qui sont prises pour les
employés, pour des... qui sont faites par les gestionnaires pour être en
mesure... Parce qu'on sait que, dans la fonction publique, vis-à-vis... quand on est sur le terrain, quand on
est dans nos comtés, les gens sont souvent... comment je vous dirais,
ils portent souvent des commentaires que la fonction publique, ils sont comme gâtés en fonction d'emploi.
Alors, ce que je vous demande :
Est-ce qu'il y a une gestion des ressources qui se fait de façon coercitive
pour qu'il y a ait quand même
des améliorations de rendement? C'est à ça pour quoi que je voulais vous amener
tantôt.
• (17 h 30) •
Mme Fréchette
(Hélène) : Non, effectivement, les fonctionnaires ont quand même
des obligations aussi, là, il ne faut pas que la population s'inquiète. Il y a effectivement une politique
gouvernementale sur l'évaluation du rendement qui prévoit que ça doit se faire. On a d'ailleurs fait une vérification
en 2013 sur l'évaluation du rendement et l'attribution de bonis pour le rendement exceptionnel. Cette
étude-là, cependant, ne touchait pas les conseillers en gestion des
ressources humaines, mais touchait d'autres corps d'emploi. On n'avait pas
vérifié pour les conseillers en gestion des ressources humaines parce qu'eux, ils ont
une... selon leur échelle, selon leurs conditions de travail, leur échelle
salariale, ils ont droit à des
avancements d'échelon sur bon rendement, sur une bonne évaluation
de rendement. Autrement dit, pour accéder à un échelon supérieur, ils doivent absolument... Parce
qu'il y a différentes cotes dans les
formulaires d'évaluation de rendement dans la fonction publique, il
y a rendement satisfaisant, insatisfaisant ou... en tout cas, il y a plein de
critères, puis, si ce n'est pas satisfaisant, bien, ils n'ont pas accès à
l'échelon, c'est ça.
Alors,
dans l'évaluation, dans la vérification qui avait été faite en
2013, on avait réalisé qu'il y avait seulement 59 % des dossiers vérifiés. On avait vérifié quatre ministères,
quatre ou cinq ministères, et seulement 59 % des dossiers vérifiés comportaient une évaluation.
On avait fait des recommandations au Secrétariat
du Conseil du trésor de même qu'aux dirigeants des organismes visés, vérifiés — les
dirigeants sont responsables, évidemment, de s'occuper de faire faire les évaluations de rendement — et on avait demandé, justement,
au Conseil du trésor d'accentuer la promotion et le suivi de l'évaluation de rendement des
employés, et nos recommandations avaient été suivies. Et on a noté que, par la suite, dans un rapport du président
du Conseil du trésor concernant l'application de la Loi sur l'administration
publique, en 2014‑2015, il y avait une amélioration au niveau du taux d'évaluation de rendement qui
a été fait, comme par exemple
on voyait que, bon, il y avait
des organisations qui avaient évalué ou apprécié la performance à
au moins 25 % du
personnel régulier. Bon, c'est sûr que ça
peut sembler minime, là, mais c'était au moins. Alors, on n'a pas tout le
détail, ça peut aller beaucoup plus
que ça, mais il y a quand même une conscientisation qui est faite. Puis, je
veux dire, le Conseil du trésor a quand même pris compte, là, de nos
recommandations parce qu'à l'époque il y avait 51,6 organisations qui
avaient, justement, évalué au moins
25 % du personnel régulier, alors qu'en 2014-2015 c'étaient
80,3 organisations. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
M. Drolet : Oui, oui, c'est
ça, c'est correct. Bien, c'est sûr que c'est, par année, plus...
M. Reid : Moi, étant donné qu'on a peu de temps, je vais
couper court un peu à une introduction à tout ça, mais je vais poser des questions directement sur, dans un premier temps, le processus de qualification, ce que vous
faites comme analyses et assurances
que vous donnez, là. Vous avez à assurer l'égalité d'accès des citoyens à la fonction publique. Ça, c'est votre mission.
Moi, j'aimerais parler un peu des immigrants puis j'ai deux types de questions.
Premièrement, à quel moment est-ce qu'un immigrant
devient citoyen, pour vous, quand vous dites, dans votre mission :
«Assurer l'égalité d'accès aux citoyens à la fonction publique»? Autrement dit,
quelqu'un qui débarque, qui traverse la frontière puis qui dit : Moi, je veux être un réfugié, j'imagine qu'il ne peut pas
se qualifier comme ayant droit à votre... à cette question-là. Mais à quel moment un immigrant, quelle que soit
sa filière, devient quelqu'un qui vous préoccupe en termes de l'accès à la fonction publique?
Mme Fréchette
(Hélène) : Bon, c'est sûr
que le gouvernement a des politiques sur les différentes... pas sur les
immigrants, mais, je veux dire, sur l'accès à l'égalité puis sur les droits de
tous, sauf que, nous, ce qu'on examine, c'est
que... On a quand même un service d'enquête, à la Commission de la fonction publique. C'est sûr que notre mandat premier, c'est de s'assurer de l'application de la Loi sur la fonction
publique, de s'assurer que les
fonctionnaires, tout ça, sont traités
équitablement. Et aussi, par rapport aux processus d'accès, aux processus de
qualification, si quelqu'un prétend
ou estime qu'il a été refusé à un processus de promotion, à ce moment-là, il
peut déposer une plainte à la commission.
M. Reid :
Là, je vous arrête parce que ce que vous semblez dire, c'est que vous ne vous
occupez pas de ça, sauf s'il y a une plainte. Est-ce que c'est ce que je
comprends?
Mme Fréchette (Hélène) : Bien,
en fait...
M. Reid :
Autrement dit, le niveau de proactivité de la commission par rapport, par
exemple, à la question des immigrants...
Tu sais, qu'un immigrant se fasse dire : Écoute, ça fait un mois que tu es
arrivé, on ne peut pas te donner... on
ne peut pas te faire passer les concours, est-ce qu'il faut qu'il se plaigne
pour avoir... Est-ce qu'on se préoccupe que les choses sont bien faites
de façon proactive?
Mme Fréchette (Hélène) : Oui,
en fait, nous, on projetait de faire une étude, justement, sur l'égalité, sur
les possibilités pour les différentes ethnies, si on peut dire, du Québec au
niveau de l'accès à la fonction publique. Mais, comme je le disais tout à l'heure dans mon allocution, compte tenu que
le Conseil du trésor voulait modifier ses politiques relativement à
l'égalité d'accès, et tout ça, alors, on s'est dit que c'était inutile d'aller
vérifier ce qui se faisait, si...
M. Reid : Donc, vous êtes peut-être intéressés, mais
c'est par une enquête que vous allez faire éventuellement. D'accord.
Mme Fréchette (Hélène) : C'est
ça, c'est par des vérifications ou, comme, justement, si quelqu'un prétend
qu'il a été refusé illégalement, il peut faire une plainte chez nous.
M. Reid : Oui, oui, ça, je comprends, oui, mais, moi, ce
qui m'intéresse plus, c'est la proactivité, plutôt que la remédiation,
là, une fois que quelqu'un porte plainte.
Et ma
deuxième question est un peu dans le
même sens, parce que
ce qui me préoccupe un peu, c'est le niveau d'immigrants puis des ethnies, groupes ethniques. On a de la misère à
augmenter notre proportion pour que ça corresponde à la proportion de la
population. Ma deuxième question, c'est : Est-ce que le processus de
qualification, les examens oraux ou écrits,
ou les deux, qui mènent à l'inscription dans une banque de données, est-ce qu'on s'assure, est-ce qu'on
a une préoccupation qu'il n'y a pas là-dedans des empêchements culturels ou systémiques, on
peut dire, des fois, là, mais systémiques? Et ça ne veut pas dire
systématiques, ça veut dire qu'il y a des choses qu'on ne réalise pas que ça
peut avoir des obstacles, pour les
immigrants, qui peuvent être culturels. Parce que l'acculturation, ça prend un
certain temps avant d'avoir une
acculturation pour quelqu'un qui arrive d'un autre pays, encore plus s'il
n'arrive pas avec le français comme
langue naturelle, et donc cette acculturation-là, elle se fait souvent en
emploi. Donc, est-ce que, par exemple, il n'y a pas des obstacles qui sont involontaires mais qui pourraient être
détectés par une analyse... le type d'analyses que vous faites?
Mme Fréchette (Hélène) : En
fait, lorsqu'on fait des vérifications en matière de dotation, justement, sur
les processus, et tout ça, on vérifie la
conformité du processus de la dotation,
on voit qu'est-ce qu'il en est puis
qu'est-ce qui se passe. C'est sûr
qu'on n'a pas axé, sauf erreur, directement nos... — voyons! — nos vérifications sur ce sujet-là, sauf
que, comme je vous le dis, on avait pensé
faire une étude. Là, on attend parce que le Conseil du trésor... mais
éventuellement c'est un sujet qui nous préoccupe et qui...
M. Reid :
J'en profite pour vous dire peut-être que, la commission, depuis longtemps,
elle s'est intéressée à cette question-là,
pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à avoir des taux de présence dans la
fonction publique de nos populations qui
ressemblent aux taux de la population, effectivement, elle-même. Et la
commission, si on se voit à toutes les années, là, la commission sera toujours intéressée d'avoir des
éléments là-dedans, qui pourraient être liés à des éléments systémiques,
donc, involontaires mais néanmoins présents
ou culturels, parce que la personne n'a pas eu le temps de s'acculturer
encore très longtemps puis elle n'a pas eu l'occasion parce qu'elle ne
travaille pas, mettons, des choses comme ça.
J'aurais une autre question, s'il me reste un
peu de temps, M. le Président.
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui. Au-dessus de deux
minutes.
M. Reid :
O.K. J'essaie d'accélérer, mais...
Mme Fréchette
(Hélène) : Si vous permettez, je pourrais peut-être juste rajouter
rapidement.
M. Reid :
Oui.
Mme Fréchette
(Hélène) : La commission certifie aussi des examens à la demande du
Conseil du trésor.
M. Reid :
Mais ne va pas elle-même faire ça, sauf si elle fait une enquête.
Mme Fréchette
(Hélène) : En fait, non. On va certifier. On s'assure que l'examen,
justement, est bien fait ou qu'il peut mesurer ce qui doit être mesuré.
M. Reid :
O.K., O.K. Vous êtes déjà dans la boucle, là, en quelque sorte. O.K.
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ça. Puis, à ce moment-là, on s'assure aussi que ça
peut être compris ou que l'examen est faisable, en quelque sorte, là, par
l'ensemble de la population, immigrants y compris.
M. Reid : O.K. D'accord. Question rapide. Dans les contrats, il y a quelque
chose que vous avez fait, une enquête sur
les contrats de service, et je pense que c'est des contrats de service
assimilables à des contrats de travail, et vous avez trouvé, sur
56 contrats en informatique, 23 qui étaient assimilables, alors que sur le
reste, semble-t-il, la deuxième phase de
votre enquête, l'information qu'on a, c'est qu'il y aurait juste 16 %.
Pourquoi en informatique, d'après vous, c'est quelque chose de l'ordre
de 40 % et, dans le reste des contrats d'emploi, il y a seulement 16 %
qui sont assimilables à des... des contrats, c'est-à-dire, de services sont
assimilables à des contrats d'emploi?
Mme Fréchette
(Hélène) : En fait, ce qui se passe au niveau des contrats
informatiques, c'est plutôt le manque de ressources ou de spécialisation
des employés de la fonction publique qui peut faire défaut à ce moment-là.
M. Reid :
Donc, c'est ce qui expliquerait que les gens traversent un petit peu la ligne
pour aller engager des gens qui devraient être engagés sous...
Mme Fréchette
(Hélène) : Bien, en fait, ils procèdent avec des firmes externes parce
qu'on n'a pas nécessairement des réserves de candidatures, d'emplois,
là, de candidats aptes à accomplir les tâches.
M. Reid :
D'accord. Mais les personnes qui sont d'une firme externe font en fait un
travail qu'un employé pourrait faire et devrait faire en temps normal.
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ce qui a été constaté, là, dans la vérification qui a
été faite, là, parce que, justement, ils
utilisaient les outils du ministère, ils travaillent sur les lieux mêmes du
ministère, ils avaient même une adresse courriel au ministère.
M. Reid :
O.K. Pour finir, s'il reste quelques secondes, vos conclusions, quand vous
trouvez quelque chose comme ça, ça va à qui pour fins d'action et de
gestion? Est-ce que ça va au Conseil du trésor?
Mme Fréchette
(Hélène) : Nous, on les envoie au Conseil du trésor.
M. Reid :
O.K. Parfait.
Mme Fréchette
(Hélène) : Nos rapports sont envoyés à l'Assemblée nationale, sont
envoyés au président du Conseil du trésor, aux organismes, sont diffusés sur
notre site Internet.
M. Reid :
Donc, c'est leur décision d'agir là-dessus, là, c'est à eux d'agir là-dessus.
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ça.
M. Reid :
O.K. Merci beaucoup.
Le Président
(M. Gaudreault) : Merci. Alors, on va aller du côté de
l'opposition officielle. La députée de Pointe-aux-Trembles.
• (17 h 40) •
Mme Léger :
Merci, M. le Président. Alors, bonjour, mesdames monsieur. Évidemment, je suis
très contente qu'on puisse vous rencontrer.
Et puis, de même, que la commission de la CAP puisse avoir une rencontre
annuelle avec vous, ça, je pense que c'est de bon augure.
Il
y a plusieurs questions. Moi, je vais peut-être un petit peu plus au niveau de
certains principes ou des perceptions, des
impressions qu'on a de la fonction publique, d'une part, et les tendances à
venir aussi, toute la main-d'oeuvre, etc., je veux aller un peu dans ça.
Mais j'ai deux blocs, je vais essayer de me dépêcher pour les premières
questions.
La première est plus sur la tendance qu'on voit
puis que les... La perception est, par rapport à notre fonction publique,
les travailleurs, les professionnels de la fonction publique... on voit qu'il y a
une bonne presse, très bonne presse ou très mauvaise presse, on entend
de tout. Les travailleurs de la fonction publique, je pense qu'il y a une
expertise extraordinaire qu'on peut avoir. C'est des gens dévoués, des
gens professionnels, des gens compétents. Mais on entend parfois tous
les à-côtés.
Au niveau des postes et des embauches, d'une
part, on entend beaucoup que la tendance, et ce n'est pas juste à la fonction
publique, c'est un peu partout qu'on l'entend, elle est plutôt... on engage davantage
des gens au niveau occasionnel pour ne pas nécessairement embaucher un ETC, un temps complet. Est-ce que vous voyez cette
tendance-là en général, dans la fonction publique en général?
Mme Fréchette
(Hélène) : En fait, on ne peut pas dire qu'il y a une augmentation,
là, des emplois occasionnels. Il y a
plus de problèmes... bien, plus de problèmes, je veux dire, les problèmes,
problématiques qui ont été constatées, c'est plus au niveau du respect
des règles des contrats occasionnels, comme que je parlais tout à l'heure, là,
des contrats de 11 semaines ou de 55 jours, là, c'est là qu'il y a le
plus de problèmes, à ce niveau-là, parce que justement ce sont des contrats qui ne peuvent pas et ne doivent pas être
renouvelés, sauf qu'on a constaté que souvent ces contrats-là peuvent
être renouvelés pendant même, à certains endroits... pendant quelques années.
Ça fait qu'à ce moment-là c'est là qu'il y a un problème.
Mme Léger :
Mais la raison principale, est-ce qu'elle est... Parce que, ça, vous l'avez dit
dans votre mot. Est-ce que vous pensez que c'est particulièrement parce
qu'on ne veut pas engager un ETC?
Mme Fréchette
(Hélène) : Dans cette situation-là, je ne crois pas. Souvent, c'est...
Le problème qui fait qu'on embauche
quelqu'un 55 jours ou moins, c'est les longs délais d'embauche dans la
fonction publique. Tu sais, comme je disais
tantôt, ça peut prendre neuf mois entre l'appel de candidatures et la
nomination. Alors, quelqu'un qui a un poste à pourvoir, quelqu'un qui part en maladie, un truc comme ça, il ne peut
pas attendre nécessairement neuf mois. Alors, c'est pour ça qu'on a
prévu les contrats de 55 jours, et sur recommandation de la Commission de
la fonction publique, d'ailleurs, le
secrétariat... En fait, là, c'étaient des contrats de 11 semaines, et le
Secrétariat du Conseil du trésor a justement permis de diviser le 11 semaines en 55 jours de façon
discontinue, pour mieux accommoder les ministères et organismes. Sauf qu'on se rend compte que ça ne répond pas
encore aux besoins particuliers des organisations. Alors, on réfléchit,
on essaie de voir qu'est-ce qu'on pourrait
faire comme proposition, quelle serait la meilleure façon d'agir légalement,
tout en répondant aux besoins urgents. Parce que c'est souvent des besoins
urgents qui font qu'on prend quelqu'un pour un contrat comme ça. Sauf
qu'évidemment, après, là, si c'est prolongé, ce n'est plus un besoin... Mais
souvent c'est le problème de rapidité ou de
lourdeur du système d'embauche qui fait qu'on peut être porté à prendre des
occasionnels.
Mme Léger :
Dans l'ensemble, là, on peut parler d'attractivité, d'embaucher des gens qui
aient le goût de venir dans la
fonction publique, d'une part, la rétention de ce monde-là, parce qu'une fois
que tu les as embauchés il faut que tu les
retiennes, il faut que tu les gardes, ce monde-là, et l'expertise qui est
demandée. Parfois, on peut embaucher quelqu'un, mais ça ne correspond
pas nécessairement à la spécialité qui est demandée.
J'ai longuement discuté avec un des secteurs des
travailleurs, qui sont des ingénieurs, d'une part. Là, ils sont quand même en
négociation avec le gouvernement, ça fait que je ne suis pas dans cette
partie-là, mais je suis dans la partie de ce
qui nous avance parfois, comme celle de la différence avec le privé et la
différence avec le public, donc toute l'attractivité d'aller embaucher
des ingénieurs, entre autres, mais ça peut être sur une autre forme, là, un
autre type d'emploi, et qu'on ne réussit pas
nécessairement à embaucher des gens qui ont quand même une expérience, d'une
part, parce que c'est souvent des jeunes,
qui est correct aussi parce qu'il faut en embaucher, il faut avoir une relève,
il faut que... mais en même temps qu'on retient, qu'on attire les
personnes d'expérience. Et c'est un élément important par rapport aux ingénieurs, d'une part. Et eux, il y a une
spécialisation importante aussi. Si on demande un ingénieur en voirie,
on ne veut pas engager un ingénieur en électricité.
Alors, des fois, il y a des spécialisations très
spécifiques puis qu'au bout du compte, même s'ils rentrent dans un processus d'embauche, bien, on n'embauche pas
nécessairement ceux qui sont normalement supposés être spécialisés dans tel domaine. Là, je vous donne l'exemple des
ingénieurs, mais ça peut être dans d'autres types d'emploi, là. Est-ce
que vous voyez ça souvent ou c'est
vraiment... Parce qu'on parle d'ingénieurs, mais est-ce que vous le voyez dans
d'autres types d'emploi?
Mme Fréchette
(Hélène) : En fait, il n'a pas vraiment été porté à notre connaissance
qu'il y avait un problème au niveau,
là, du recrutement pour les plus jeunes ou les plus expérimentés, si on peut
dire, là. Parce que souvent... Mettons, on va prendre les ingénieurs,
là. Si on prend des ingénieurs d'expérience, c'est sûr que quelqu'un qui a plus
d'années d'expérience coûte évidemment plus cher, c'est sûr. Je ne pense pas
qu'on ait de chiffres à ce niveau-là. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que, selon des études, au niveau attraction, je
pense que la fonction publique et l'entreprise privée sont quand même,
au niveau salarial, là, rémunération globale, si on prend les avantages sociaux
et tout, je pense qu'il y a quand même... je
veux dire, il y a quand même une certaine parité, là, entre l'administration québécoise et le secteur privé. Mais, si je ne me
trompe...
Mme Léger : Est-ce
que c'est dans les différents types
d'emploi que vous nous donnez cette réponse-là? Parce qu'on parle souvent... Parce que les attirer dans
la fonction publique quand au privé, particulièrement au privé, on leur
offre d'autres... tu sais, bon, salariales,
c'en est une, mais des bonis, de l'actionnariat, peut-être, interne, des
horaires variables, du télétravail,
tu sais, il y a une souplesse qu'il peut y avoir là qui peut être attirante
pour certains types d'emploi. Est-ce que vous le voyez dans la fonction
publique, dans l'ensemble de la fonction publique, ces types de comparaison ou
de comparatif qui amènent qu'on n'attire pas
non plus dans la fonction publique? Est-ce que vous sentez cette tendance-là
depuis quelques années?
Le Président
(M. Gaudreault) : En 30 secondes.
Mme Fréchette
(Hélène) : Moi, je ne peux
pas dire que le... En 30 secondes? Je suis désolée. Ce dont je vous
parlais, pour l'Institut de la statistique, c'est pour le personnel du secrétariat.
Mais, pour le reste, moi, je pense qu'il y a
un attrait pour la fonction publique, c'est juste qu'effectivement on ne peut
pas... je ne peux pas vous quantifier ou on n'a pas de chiffres précis
là-dessus. Ça pourrait être un sujet sur lequel on pourrait se pencher
éventuellement.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Alors, on va aller tout
de suite au député de la deuxième opposition pour neuf minutes. Alors,
M. le député de La Peltrie.
M.
Caire :
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme Fréchette. Bonjour à ceux qui vous
accompagnent. Je vais revenir sur les
questions de mon collègue de Jean-Lesage parce que je dois dire que j'ai été
assez estomaqué d'entendre ce que
vous aviez à nous dire puis je veux être sûr que j'ai bien compris les chiffres
que vous nous avez donnés. Donc, je comprends
que, de l'enquête que vous avez menée en 2013, 51 % des ministères
vérifiés avaient évalué le rendement de leurs employés dans 21 %
des cas ou moins. Est-ce que c'est bien ce que j'ai compris?
Mme Fréchette
(Hélène) : Ne bougez pas, là. En fait, non, c'est que, dans les
ministères, 59 % des dossiers vérifiés comportaient une évaluation,
mais...
M.
Caire :
Donc, 59 % des employés avaient vu leur rendement évalué?
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ça. Mais, par contre, ça portait uniquement, là, sur
certains organismes. Sauf, à la suite de ça, on veut faire des
vérifications ponctuelles dans cinq nouveaux ministères et organismes pour
voir, justement, si c'est le même cas, si ça s'améliore ou si ça perdure.
M.
Caire : Puis vous avez dit : Le Conseil du trésor nous
a dit que cet état de situation là s'était amélioré suite à vos
recommandations. Donc, pouvez-vous nous redire, là, dans quelle proportion, là,
pour être sûr que je comprends bien les chiffres? Parce que...
Mme Fréchette
(Hélène) : Bien, en fait, je ne peux pas dire que... Je n'ai pas les
chiffres par rapport aux 59 % que
moi, je vous donne. Mais, selon une étude du Conseil du trésor, entre... de 2011‑2012
à 2014‑2015, alors qu'il y avait 51 organisations, en 2011‑2012,
qui avaient évalué au moins 25 % du personnel, c'était passé à
80 organisations en 2014‑2015.
M.
Caire :
25 % du personnel, c'est faible, on s'entend.
Mme Fréchette
(Hélène) : Oui, mais c'est au moins, tu sais, on ne peut pas dire que
c'est 25 % partout.
M.
Caire :
O.K., ça peut être plus.
Mme Fréchette
(Hélène) : Ça peut être 50 % ailleurs, ça peut être 100 %
aussi. C'est sûr que ce n'est pas très... Et éventuellement on pourrait peut-être vous transmettre l'étude, là,
complète ou du moins avoir les chiffres plus précis, si ça vous
intéresse.
M.
Caire :
Ça m'intéresse au plus haut point.
Mme Fréchette
(Hélène) : Très bien.
M.
Caire : Parce que je vois aussi qu'on évalue le rendement,
mais il y a une question de signifier les attentes. Donc, j'imagine que le corollaire de ça, de ce
taux d'évaluation là, qui n'est quand même pas satisfaisant, je pense
qu'on peut le dire comme ça, c'est qu'il y a
aussi, là... dans les mêmes proportions, les attentes ne sont pas signifiées,
j'imagine.
Mme Fréchette
(Hélène) : 52 % des dossiers vérifiés ne comportaient pas
d'attente signifiée.
M.
Caire :
O.K. Donc, si on se résume ça, là, on n'évalue pas suffisamment le rendement de
notre personnel, et le personnel, suite à
ça, n'a pas d'attente, nécessairement, donc n'a pas un corridor, là,
dire : Bon, bien, moi, on s'attend à ça de moi dans la prochaine
année. C'est ça que je comprends?
Mme Fréchette
(Hélène) : Oui.
M.
Caire :
À ce moment-là, compte tenu de votre fonction, de votre responsabilité, comment
la Commission de la fonction
publique... Peut-être avec aussi l'aide de la Commission de l'administration
publique, parce que je pense que mes
collègues vont être d'accord avec moi pour dire que d'évaluer le rendement du
personnel et de leur signifier des attentes, en gestion, c'est une base, là, de façon annuelle, là, c'est assez de base,
là, on ne devrait pas avoir à discuter, vous et moi, de ce sujet-là.
Comment... Qu'est-ce qu'on peut faire? Qu'est-ce qui peut être mis en place
pour s'assurer que les ministères prennent cet élément-là... les
gestionnaires en général prennent cet élément-là au sérieux, et fassent l'évaluation
du rendement, et procèdent à la signification des attentes? Parce que, dans une
organisation, là, c'est la base, là.
• (17 h 50) •
Mme Fréchette
(Hélène) : En fait, c'est ça,
nous, comme je vous dis, au niveau de la Commission de l'administration
publique, on va faire des vérifications ponctuelles pour, justement... bien, pas contrôler, pour vérifier la situation actuelle. D'autre part, ce qui serait important, c'est que les membres de la direction des ministères
ou les dirigeants, justement, s'occupent
du processus ou appuient formellement le processus
de gestion. Et vous, quand vous rencontrez les ministères par... justement, ce serait une façon pour vous de vérifier qu'est-ce
qu'il en est de leur gestion des ressources humaines, parce que, c'est ça, nous, on peut vous transmettre les rapports
qu'on fait sur les différentes organisations, et, pour vous, c'est une occasion que nous, on considère inespérée que vous puissiez
les interroger, justement, sur leur gestion pour qu'ils puissent
rendre compte de ce qu'ils font. Parce qu'on se rend compte...
M.
Caire : Est-ce que
ça pourrait aller, par exemple... Puis je vous écoute puis je réfléchis en même
temps. Est-ce que ça pourrait aller, par
exemple, comme le fait de demander de façon systématique, dans le rapport
annuel de gestion, quel est le
pourcentage des employés dont le rendement a été évalué et pour qui les
attentes ont été signifiées? Est-ce qu'on pourrait demander aux entités
de le faire de façon systématique dans le rapport de gestion?
Mme
Fréchette (Hélène) : Ce serait la meilleure façon, je pense, de les
amener pas à se commettre, là, mais, je veux dire, à s'intéresser de près ou du moins à suivre vraiment la
politique concernant l'évaluation du rendement, la suivre de plus près.
Parce que, c'est ça, si les sous-ministres et les dirigeants d'organisme ont
des attentes, eux-mêmes, à ce sujet-là,
bien, il y a des fortes chances pour qu'ils aient, veux veux pas,
l'obligation... bien, ils auront l'obligation de se prononcer, d'en
rendre compte.
M.
Caire :
Parallèlement à ça, quelle serait votre capacité, à la commission, par
échantillonnage, par exemple? Puis je
sais que vous avez beaucoup de mandats et peut-être pas toutes les ressources
nécessaires pour les accomplir, mais quelle serait votre capacité, par
échantillonnage, de façon annuelle, à vérifier que cette tâche-là,
administrative des... — je vais le dire comme ça — que cette responsabilité-là des
administrateurs, elle est assumée, et elle est assumée de façon sérieuse? Parce que, je réitère, là, évaluer
le rendement de quelqu'un puis lui signifier les attentes, il me semble
qu'en gestion, là, on est vraiment, là, dans la base, là.
Mme Fréchette
(Hélène) : Bien, c'est sûr que nous, comme je vous dis, pour
l'année 2017‑2018, on va vérifier cinq nouveaux ministères et
organismes. Et ce qu'on... comme je vous parlais tout à l'heure qu'on avait
élaboré des nouveaux processus, à la
commission, de vérification, on avait pensé demander aux ministères et
dirigeants d'organisme de faire
des... on appelle ça une autodéclaration, mais de justement... Parce qu'on
voulait demander à chacun des dirigeants...
M.
Caire : Mme
Fréchette, juste pour ma compréhension, quand vous dites : Faire une
autodéclaration, pouvez-vous...
Mme Fréchette (Hélène) : Je
continue, et vous allez voir la suite...
M.
Caire : O.K.
Parfait.
Mme Fréchette
(Hélène) : ...entendre la suite, plutôt. C'est ça, c'est que nous, on
veut demander aux dirigeants des organismes et les responsables des
ministères de remplir une déclaration selon laquelle... ou qu'ils nous disent,
bon, justement, ça peut être au niveau des
évaluations de rendement, combien ils ont fait de promotions sans concours
dans telle période, je ne sais pas, au niveau de l'embauche ou quel est le
nombre de contrats, justement, d'occasionnels de 55 jours qui ont été accordés et à combien de reprises. Alors, on
veut faire ça avec différents ministères pour qu'eux nous tiennent au
courant continuellement. Pour nous, c'est plus simple de leur faire faire la
déclaration puis qu'ils nous l'envoient.
Puis, à ce moment-là, si constate, dans la déclaration... Tu sais, je dis
autodéclaration, mais c'est, finalement, une déclaration. Si on constate
qu'il y a un problème ou une situation problématique ou qui nous semble un
petit peu plus déviante, à ce moment-là on pourrait aller vérifier plus...
M.
Caire :
Je vous écoute, puis, dans le fond, ce que vous dites, ça rejoint un peu ce que
je disais tout à l'heure : Est-ce
qu'on ne pourrait pas dire qu'il ne devrait pas y avoir, dans les rapports
annuels de gestion, certains automatismes, des informations qui de facto devraient être incluses dans le rapport de
gestion et dont celles que vous venez de mentionner?
Mme Fréchette (Hélène) : Oui,
c'est une très bonne idée.
M.
Caire :
On pourrait faire une recommandation dans ce sens-là à l'ensemble des
ministères et organismes. Mais je reviens
quand même, parce que, bon, je présume évidemment de la bonne foi de tous, là,
ne voyez pas dans ma question autre
chose que ça. Mais il n'en demeure
pas moins que, s'il y a cette espèce de pression de savoir qu'on
pourrait être vérifié sur ces éléments-là, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu pour la Commission de la fonction
publique aussi, de façon annuelle, de dire : Bien, par
échantillonnage... puis vous n'êtes pas obligés d'en faire, parce que
je sais que les ressources sont
limitées, là, je le répète, mais, par échantillonnage, on vérifie systématiquement,
annuellement, un, deux, trois organismes sur ces questions-là, pas
uniquement sur les évaluations de rendement? Parce que vous semblez dire qu'il
y a d'autres éléments qui devraient être vérifiés plus systématiquement.
Le
Président (M. Gaudreault) : M. le député, c'est fini. Vous
êtes déjà à moins neuf, alors j'ai été extrêmement généreux. Donc, on va
retourner du côté du gouvernement avec le député de Trois-Rivières.
M. Girard :
Merci beaucoup, M. le Président. Je vais faire du pouce un petit peu sur ce que
mon collègue de la deuxième
opposition discutait. Bon, on parlait du fameux 11 semaines,
55 jours, on parlait des postes sans concours, les évaluations de rendement, et tout ça. J'ai quand
même travaillé pendant plusieurs années dans des institutions
financières, et j'ai été en charge des
équipes, et j'ai fait des ressources humaines pendant les 15 dernières
années de ma carrière. Pour moi, les RH sont extrêmement importantes.
Comme
commission, au niveau de la Commission de l'administration publique, on analyse
souvent les rapports annuels de
gestion, on s'attarde beaucoup au niveau financier. Peut-être qu'on ne
s'attarde pas suffisamment au niveau ressources humaines. Et, dans votre
rapport, vous mentionnez que, bon, les travaux de vérification et d'enquête, la
commission constate que les ministères et organismes respectent généralement
les principes de la loi, à l'exception peut-être,
bon, de certaines choses. Mais, quand on regarde l'ensemble du document, on se
rend compte qu'il y a place à amélioration.
Vous rencontrez des ministères et organismes,
vous faites des recommandations, bon, il y a des choses qui s'améliorent. De notre côté, comme commission, on
rencontre également des ministères et organismes pour l'ensemble de leur
gestion et on fait des recommandations, on fait ça de façon publique, notre
rapport est déposé à l'Assemblée nationale
sur ce que l'on fait. Donc, on a un pouvoir, entre guillemets, coercitif
peut-être un peu plus grand envers les ministères
et organismes, ce qui, de ce que je comprends, n'est peut-être pas votre cas
comme commission, mais on fait des recommandations,
mais c'est un petit peu au bon-vouloir des ministères et organismes de les
mettre en application et de répondre à vos recommandations.
Comment,
comme Commission de l'administration publique, comment, comme parlementaires,
selon vous, on pourrait améliorer
notre collaboration? Comment vous pourriez nous aider à mieux préparer nos
auditions sur certains ministères et organismes? Comment on pourrait
mieux partager de l'information pour nous permettre, à nous comme parlementaires, d'avoir de façon plus régulière ou
de façon plus concrète vos informations pour que, nous, lors de notre travail de Commission de l'administration
publique, on puisse vraiment s'assurer d'avoir des bonnes données? On a
le VG, on travaille avec le Protecteur du
citoyen et comment on pourrait travailler mieux avec la Commission de la
fonction publique pour avoir tout le côté ARH et qu'on puisse vraiment
améliorer notre processus de commission?
Mme
Fréchette (Hélène) : En fait, nous, ce qu'on avait... En fait, ce qui
avait été proposé dans notre rapport de mi-parcours, c'est justement que
soit porté annuellement à votre attention le suivi à jour des recommandations
de la commission qu'on adresse au
Secrétariat du Conseil du trésor et aux ministères et organismes qui ont fait
l'objet d'une vérification. Sauf
erreur, je pense que c'est fait, ça. C'est actuellement fait. On vous transmet
aussi... On avait suggéré, puis je
pense qu'on l'a fait, de vous transmettre, lorsque vous recevez un organisme ou
un ministère en audience, les recommandations formulées par la
commission en prévision de l'audition, là, en commission parlementaire. Puis on
vous demandait aussi... on vous offrait que
vous soit transmis à titre d'information notre plan annuel de vérification
et d'étude et, au besoin, une version
révisée, le cas échéant, pour que vous sachiez ce qui s'en vient. Et, c'est ça,
le fait de vous rencontrer,
justement, annuellement, c'est possible, mais ça nous permet d'échanger, puis
de voir vos préoccupations, puis
de... Bon, justement, on parlait, tout à l'heure, des immigrants, et tout ça.
Ça fait que ça nous permet de voir qu'est-ce qui est plus préoccupant puis de s'y pencher davantage. Mais c'est ça,
tu sais, de votre côté, si vous, vous insistez, puis si on vous tient au courant des vérifications qui sont
faites, des recommandations, alors, à ce moment-là, vous pouvez
peut-être, justement, questionner les dirigeants pour...
M. Girard : Est-ce qu'il
pourrait y avoir une interaction plus fréquente dans l'année entre notre
commission et la Commission de la fonction publique? À savoir nous rencontrons
dans deux semaines, un mois, tel ministère et organisme.
Est-ce qu'on pourrait vous demander,
par exemple, votre avis, votre rapport sur ce que vous avez fait comme travail dans les dernières années sur tel ministère,
organisme, à savoir si, nous, il serait pertinent de s'attaquer beaucoup
plus au côté ressources humaines ou, je ne
sais pas, avoir une façon de procéder sur notre agenda quand on sait que, pour
telle session, on rencontre tel, tel, tel ministère, organisme, qu'on ait une
relation un peu plus étroite pour, nous, avoir la meilleure information à jour
possible? C'est peut-être quelque chose...
Mme Fréchette (Hélène) : C'est tout
à fait possible. Justement, on pourrait vous faire une synthèse, là, vous transmettre les rapports pour chaque organisme ou
du moins vous faire une synthèse de ce qu'on a sur l'organisation en
question, pour savoir s'il y a amélioration ou pas, là.
• (18 heures) •
M. Girard : Au lieu d'être
plus général sur toute la fonction publique, avoir vraiment des fois des
données plus précises sur un ministère ou organisme.
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ça, oui.
M. Girard :
Oui, je trouve ça intéressant.
Mme Fréchette
(Hélène) : Ça, ce serait... On se fera un plaisir de le faire.
M. Girard :
O.K. Peut-être juste une petite dernière question et je vais passer la parole à
mon collègue. La démographie, l'âge de la population du Québec, bon, des prises
de retraite qui s'en viennent beaucoup, puis on sent un défi de main-d'oeuvre partout à travers le Québec, dans le privé,
dans différents secteurs d'activité. Est-ce qu'on le ressent aussi, au niveau des différents ministères
et organismes, la difficulté? On parlait d'attraction, tantôt, attirer de
la main-d'oeuvre. Mais est-ce qu'on réussit
à combler les postes ou on a vraiment des délais? Est-ce qu'on a un défi au
niveau de la main-d'oeuvre, à l'heure actuelle, au niveau de la fonction
publique?
Mme
Fréchette (Hélène) : En fait, ça, je suis moins au courant, ça relève
plus du Secrétariat du Conseil du trésor, là, avec les politiques et
tout. Nous, ce qu'on sait, c'est que, bon, ça va bien, je pense, au niveau de
l'embauche, il y a possibilité de recruter,
sauf pour certains types de postes. Comme, entre autres, les agents de
secrétariat, ça, il y a vraiment un
problème. Mais, pour les autres emplois, on n'en a pas constaté. Mais on n'a
pas fait de vérification, en tant que tel, non plus, sauf que... on n'a pas fait d'étude non plus à ce sujet-là,
alors... mais c'est sûr que la lourdeur du processus de recrutement fait
en sorte que c'est plus dur de combler les postes.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député d'Orford.
Une voix :
...
Le Président (M.
Gaudreault) : Ah! Pardon. Le député de Montmorency.
M.
Bernier : Justement, vous soulevez un élément qui est important. Dans
plusieurs cas, quand on rencontre les ministères ou les organismes, on
parle souvent de cette lourdeur-là, là.
Est-ce
qu'il y a des recommandations que vous pouvez formuler ou est-ce qu'il y a des
points que vous pouvez soulever de
façon à venir, justement, compresser cette lourdeur-là ou en éliminer une
partie? À part que de constater que c'est lourd, on fait quoi?
Mme
Fréchette (Hélène) : Bien, c'est sûr que, dans chacun de nos rapports
de vérification, les recommandations sont
faites à l'organisme. Et, quand ça concerne les organismes de gouverne, on les
fait aussi au Conseil du trésor ou au Centre de services partagés du
Québec.
Souvent,
le problème, avec les recommandations qui sont faites au Conseil du trésor,
bien qu'ils soient de bonne foi,
évidemment, comme nous tous, c'est que des fois c'est compliqué de modifier les
façons de faire ou les procédures, compte
tenu de l'ampleur, là, de la fonction publique. Mais il y a quand même des
nouveaux processus qui ont été mis en place, dans les dernières années,
qui devraient faciliter l'embauche, là, mais c'est sûr qu'on ne peut pas tout
changer rapidement si on veut respecter, justement, l'accessibilité.
M. Bernier :
Qui est responsable de faire ces changements-là, qui... ou de suggérer des
changements?
Mme Fréchette
(Hélène) : Bien, responsable de suggérer, nous, on en suggère, mais
c'est le Secrétariat du Conseil du trésor qui décide en bout de ligne, là,
c'est lui qui fait les règles.
M.
Bernier : Donc, même si vous en suggérez, à ce moment-là, si le
Conseil du trésor décide qu'il poursuit dans la même nature, ça ne change pas. Même si vous faites une recommandation,
O.K., même si vous faites une recommandation pour alléger ou pour
simplifier les choses, à ce moment-là, il n'y a pas personne, là, qui va réagir
à ça?
Tu
sais, ce qu'il nous manque, au niveau de la Commission de l'administration
publique, c'est une interaction exactement
comme mon collègue a mentionné, parce que les gens viennent nous présenter ici
leurs nombres d'effectif, bon,
combien sont là, combien sont en poste, combien il y a d'occasionnels, combien
vont quitter à la retraite, bon, etc., combien
sont des... mais, tu sais, écoutez, on n'a pas grand questionnement à leur dire
parce qu'on n'a pas de rapport par rapport
à des situations, à part que de voir des situations qui se présentent dans des
journaux, où il y a des catastrophes, parce
qu'à un moment donné il peut y avoir des plaintes, puis ces choses-là. Si on
n'est pas bien informés, si on n'est pas informés par personne, nous, on
ne peut pas réagir là-dedans, on ne peut pas... Et pourtant ça pourrait être un
rôle de la Commission de l'administration publique, d'agir là-dedans puis de
poser des questions à l'organisme. S'il y a une problématique soulevée par rapport à la gestion à l'intérieur d'un
organisme, ces gens-là, j'imagine que vous devez recevoir de
l'information là-dessus.
Mme Fréchette
(Hélène) : Oui, c'est sûr que nous, on leur fait nos recommandations.
Les organismes, les ministères font des commentaires aussi, comme le
Secrétariat du Conseil du trésor les font aussi, font aussi des commentaires. Mais, c'est
ça, des fois la grosseur de la machine fait en sorte que c'est plus compliqué,
mais il y a quand même des
modifications qui ont été faites. Sauf qu'avant qu'on se rende compte de
l'évolution ou des changements que ça peut apporter, bien, pour
l'instant, on ne peut pas dire que c'est...
M. Bernier :
O.K. Parce que nous autres, on est une petite machine, là, on n'est pas
beaucoup, là. Ça fait que, si on reçoit
vos informations, à ce moment-là on pourra réagir directement auprès des
organismes quand ils viennent nous voir, là, on peut passer les messages
rapidement, là, tu sais, quand...
Mme Fréchette
(Hélène) : Oui. Non, c'est sûr qu'on va vous les transmettre. Comme je
parlais tout à l'heure, là, on vous fera un résumé pour chaque ministère
et organisme concerné, un historique des vérifications.
M. Bernier :
Merci.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci beaucoup. Alors, le
dernier bloc à la députée de Pointe-aux-Trembles pour cinq minutes, à
peu près. 5 min 30 s, oui.
Mme Léger :
Merci beaucoup. Effectivement, là, on s'est questionnés d'ailleurs un peu, en
rencontre de travail, un peu du
rôle... bien, on connaît votre mission, mais de l'impact de vos recommandations
ou l'espace que vous avez, la marge de
manoeuvre que vous avez pour envoyer des directives ou, en tout cas, persuader
pour améliorer la façon de faire. Alors, ce qu'on comprend, dans le fond, c'est que, dans le cheminement de votre
mission puis des objectifs de surveillance et de tous les aspects que
vous avez à faire, c'est vraiment des recommandations au Conseil du trésor,
dans le fond, c'est le Secrétariat du
Conseil du trésor qui prend vos recommandations. Donc, la marge de manoeuvre
quand... C'est parce que, quand je vois, quand même, tous les... il y a
quand même, je pense, des grands défis pour la fonction publique de demain, là. Aujourd'hui, c'est une chose, il y a
des choses qu'il faut améliorer, évidemment, mais, pour demain, tu sais,
on pense tous à la main-d'oeuvre, puis on
pense tous à la relève de la fonction publique, puis on pense tous à comment
que notre fonction publique soit encore
meilleure puis soit encore plus performante, puis etc. Il y a un impact qu'on
a, qu'on peut avoir, à la CAP, mais votre marge de manoeuvre est quand
même restreinte, à mon avis.
Mme Fréchette
(Hélène) : Oui, sauf que notre pouvoir... nos recommandations, on les
fait aussi aux ministères et aux
organismes qu'on vérifie, puis il ne faut pas oublier qu'il y a 92 % de
nos recommandations qui sont suivies. Tu sais, des fois ça peut être plus long avec les recommandations au Conseil du
trésor, parce que, bon, ça peut être des choses plus complexes à modifier, mais il reste que les
ministères les suivent, les recommandations. Puis on se rend compte aussi
qu'une fois que la commission est passée
dans une boîte, dans une entité, les situations s'améliorent par la suite.
Alors, ce n'est pas... Peut-être que ce ne sont que des recommandations,
mais...
Mme Léger :
Il n'y a pas de quoi désespérer. O.K. Je comprends.
Mme Fréchette
(Hélène) : ...mais ce n'est pas inutile, au contraire. Il n'y a
personne qui veut mal paraître dans un rapport
de la commission sur notre site Web qui dit que tout était tout croche. Et tout
n'est pas tout croche, tout n'est pas tout
croche. C'est sûr que nous, on lève le drapeau sur ce qui ne va pas bien, là,
mais il reste que, quand même, on a une bonne collaboration des
organisations.
Mme Léger :
Vous ne vous occupez pas des emplois supérieurs?
Mme Fréchette
(Hélène) : Non, seulement le personnel de la fonction publique.
Mme Léger :
Le personnel de la fonction publique.
Dans la lourdeur du
processus, tout à l'heure, que les collègues parlaient, vous avez... il y a
quand même un des éléments du rapport qu'on
a eu, celui de... Je pense que c'est les agents, dans le fond, de secrétariat,
là, je pense qu'il y a des besoins,
là. Neuf mois entre l'affichage et l'embauche, c'est énorme. «Le délai moyen
entre la date de transmission d'une
offre de service et la nomination est d'environ neuf mois dans la fonction
publique. Ce délai est [évidemment] trop long — selon
le rapport — considérant
qu'une personne à la recherche d'un emploi accepte généralement l'offre de
l'employeur qui procède le plus rapidement.»
Mme Fréchette
(Hélène) : C'est ça, mais d'où, justement, ce dont je parlais tout à
l'heure. C'est que, depuis, c'est quoi, le 10 octobre dernier, on
va faire les examens d'admissibilité en continu, c'est-à-dire, au lieu de faire
un examen par année, tout le monde va
pouvoir s'inscrire de façon continue, et, lorsqu'il y aura un certain nombre de
candidats, suffisant, on va faire un concours. Alors, il peut en avoir quatre,
cinq, six par année, là, je n'ai aucune idée, là. Mais ça permet justement aux
étudiants qui finissent au mois de mai d'avoir un emploi avant le mois de
décembre.
Mme Léger :
Est-ce que vous avez remarqué qu'il y ait un peu plus de sous-traitance? Est-ce
que vous trouvez que c'est une problématique, actuellement?
• (18 h 10) •
Mme Fréchette (Hélène) : Bien,
un peu plus... Je ne sais pas si on a constaté qu'il y en avait un peu plus. On
a constaté qu'il y en avait beaucoup qui
était... En fait, pas la sous-traitance en tant que telle. Nous, ce qu'on a
vérifié, c'est si les
contrats de services étaient assimilables à des contrats de travail. Mais je
n'ai... sauf erreur, là, je vais juste m'assurer...
C'est ça. Même si... Bon, malgré les chiffres qu'on a donnés tout à l'heure,
par rapport aux pourcentages, là, il reste que, dans une vérification
qui a été faite en 2017, donc après les documents que vous avez, au ministère
des Transports, de la Mobilité durable et de
l'Électrification des transports il y avait seulement 2 % des contrats de
services assimilables à des contrats de
travail, en 2017, par rapport à 60 % en 2014. Ça fait qu'il y a quand même
une amélioration, là. Ça fait que... Mais je n'ai pas de chiffre sur
est-ce qu'il y en a plus.
Mme Léger :
Avant d'envoyer les choses en sous-traitance, est-ce qu'on doit quand même
assurer qu'on consulte les employés
concernés, qui sont dans ce type d'emploi là, et qu'on considère que ce n'est
évidemment que pour des travaux d'urgence ou pour des travaux de grande
envergure, entre autres pour le ministère des Transports ou ailleurs? Est-ce
qu'il y a des règles établies que vous suivez de près?
Mme Fréchette
(Hélène) : Je ne connais pas toutes les directives à ce sujet-là,
malheureusement, ni les conditions de
travail, là, des différents postes, sauf que théoriquement il devrait... — voyons! — théoriquement l'employeur peut...
l'employeur... le ministère consulter son service de relations de travail
pour...
Le Président (M. Gaudreault) :
Allez-y.
Mme Fréchette (Hélène) : O.K.
excusez.
Le Président (M. Gaudreault) :
Juste en terminant, oui.
Mme Fréchette
(Hélène) : O.K. D'accord. C'est ça, il peut quand même consulter les
ressources humaines, qui sont les mieux conseillées, pour leur expliquer
comment fonctionner ou justement être sûr de ne pas faire... de ne pas
transgresser ou de passer à côté, là, puis être sûr que ce sont vraiment des
contrats de services qui sont donnés.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Alors, ça met fin au
bloc de l'opposition officielle. Donc, c'est ce qui met fin à notre
séance.
On a une
pratique ici, Mme Fréchette, si vous avez le goût de nous, peut-être, communiquer
un mot de conclusion ou peut-être en quelques minutes, là, certaines
informations pour bien clore notre séance.
Mme Fréchette
(Hélène) : Bien, comme je vous disais tout à l'heure, on est vraiment
privilégiés que vous nous écoutiez aujourd'hui parce que, pour nous,
c'est important, justement. Évidemment, on croit en ce qu'on fait. C'est
important que vous soyez au courant de la gestion des ressources humaines et
que, justement, par vos travaux, vous puissiez nous appuyer et faire en sorte
que nos recommandations aient encore plus de poids, que... En se servant de vos
recommandations, ça pourrait donner plus poids à celles de la commission.
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, je vous remercie. Soyez
assurée de notre collaboration, effectivement, pour la suite. Je veux également remercier les gens qui vous
accompagnent, Mme Robitaille, M. Chabot, Mme Poirier.
Alors, merci beaucoup d'être venus à la commission.
Nous allons suspendre nos travaux quelques
minutes, le temps de laisser nos invités quitter, et ensuite on va se réunir en
séance de travail pour statuer sur les observations, conclusions,
recommandations à la suite de cette... les deux auditions, Investissement Québec
et la Commission de la fonction publique.
(Fin de la séance à 18 h 13)