(Quinze
heures huit minutes)
Le Président (M.
Gaudreault) : Je constate qu'il y a quorum. Je déclare la
séance de la Commission de l'administration
publique ouverte et je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires, s'il vous plaît.
Notre
mandat est le suivant : la commission est réunie afin de procéder à
l'audition qui porte sur le chapitre 4 du rapport du printemps 2015 du Vérificateur
général, intitulé Lésions professionnelles, indemnisation, réadaptation des
travailleurs.
Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements ou des membres temporaires?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Ouellette (Chomedey) est remplacé par M. Habel
(Sainte-Rose); Mme Poirier
(Hochelaga-Maisonneuve), par M. Bergeron (Verchères); et M. Caire
(La Peltrie), par M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière).
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci beaucoup. On va débuter avec
la présentation de la Vérificatrice générale du Québec, puis nous entendrons l'exposé de la Commission de la santé et
de la sécurité du travail avec son président et, également, on terminera avec l'exposé de la sous-ministre au ministère
du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Ensuite, le reste
de la séance sera consacré aux échanges avec une alternance, là, tel que vous
êtes habitués.
Donc, j'invite tout
de suite la Vérificatrice générale à nous faire un résumé des observations qui
portent sur l'indemnisation et la réadaptation des travailleurs, Mme Leclerc.
Exposé
de la Vérificatrice générale, Mme Guylaine Leclerc
Mme Leclerc (Guylaine) : M. le Président, Mmes, MM. les membres de la
commission, Mme la sous-ministre associée
au travail, ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, M.
le président du conseil d'administration et chef de la direction de la Commission de la santé et de la sécurité
du travail, c'est avec plaisir que je vous présente les personnes qui
m'accompagnent : M. Serge Giguère, vérificateur général adjoint, Mme Sarah
Leclerc, directrice de vérification, M. Sébastien Simard, chargé de projet,
ainsi que deux stagiaires venant du Cameroun, Mme Prudence Mayo et M. Georges
Onana.
• (15 h 10) •
La
Commission de la santé et de la sécurité du travail, la CSST, est l'organisme
responsable d'administrer le régime de santé et de sécurité du travail.
Elle veille à ce que les travailleurs qui ont subi une lésion professionnelle
reçoivent l'assistance médicale nécessaire
et les indemnise. Elle leur donne également le droit à des services de
réadaptation pour les soutenir quant
à leur retour au travail. En 2013, plus de 88 000 travailleurs ayant subi
une lésion professionnelle ont été admis au régime de santé et de
sécurité au travail. La même année, les prestations versées à titre d'indemnité
de remplacement du revenu et de
remboursement de frais relatifs à de l'assistance médicale et à de la
réadaptation se sont chiffrées à près de 1,9 milliard de dollars.
Quant
au Bureau d'évaluation médicale, le BEM, il voit à l'application de la
procédure d'évaluation médicale selon les
conditions et les modalités prévues dans la Loi sur les accidents du travail et
les maladies professionnelles. L'administration
du BEM a été confiée au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale. Les travaux se sont articulés
autour de trois axes : la structure et les mécanismes de gouvernance de la
CSST; sa gestion des activités liées à l'indemnisation et à la
réadaptation; et l'efficacité du mécanisme d'évaluation médicale du ministère.
Voici les principaux constats.
La
CSST ne joue pas suffisamment le rôle attendu d'agent de changement quant à
l'actualisation du régime de santé et de sécurité du travail. Des
éléments de sa structure de gouvernance complexifient l'obtention d'ententes et
le dénouement d'impasses sur des enjeux
importants. De plus, l'organisation des travaux menés par le conseil
d'administration est inadéquate,
notamment en ce qui concerne leur planification et leur suivi. J'ai aussi noté
que le processus d'attribution de subventions aux partenaires pour
organiser de la formation et des séances d'information requiert une révision
afin d'éviter toute apparence de conflit d'intérêts et pour s'assurer que
celles-ci correspondent aux besoins prioritaires.
D'autre part, des
pratiques d'intervention relatives au retour à l'emploi doivent être
améliorées. Mentionnons les suivantes. La
CSST doit faire des efforts accrus de sensibilisation et de promotion auprès de
l'employeur et du travailleur afin
d'encourager la mise en place de solutions provisoires de retour au travail. Le
plan de retour au travail ne favorise pas la concertation souhaitée et ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble du
dossier. En dépit de l'impact important que peut avoir la détermination de l'emploi convenable pour le travailleur, les
mesures d'encadrement ne permettent pas de s'assurer d'une
interprétation juste et équitable des cinq critères prévus dans la loi ainsi
que du respect de ceux-ci.
Par
ailleurs, la présence de nombreux indicateurs de performance peut entraîner de
la confusion quant aux priorités de la CSST
en plus d'être une source d'inefficience. À l'inverse, certains volets
essentiels ne sont pas suffisamment suivis,
notamment celui qui se rapporte au caractère durable du retour au travail. À
titre d'illustration, aucun indicateur ne permet de connaître la proportion de travailleurs pour lesquels un
emploi convenable a été déterminé et qui n'atteignent pas le salaire estimé pour cet emploi. J'ai également
observé que des ayants droit de travailleurs décédés en raison d'une
lésion professionnelle n'ont pas reçu toutes
les indemnités auxquelles ils avaient droit. Sur la base de nos hypothèses,
pour des dossiers examinés, la somme que la commission n'a pas versée
aux ayants droit est d'au moins 2 millions de dollars.
En
ce qui a trait au BEM, des démarches ont été mises en oeuvre afin d'améliorer
la qualité des avis formulés. Malgré
ces initiatives, plusieurs manquements surviennent encore. Par exemple,
43 % des demandes d'avis complémentaires présentées en 2013‑2014 étaient dues à des erreurs commises dans l'avis
initial, soit plus du double qu'en 2007‑2008. De même, une hausse importante du délai de traitement des évaluations
médicales depuis 2007‑2008 contribue notamment à accroître les risques de chronicité pour le travailleur et les coûts du
régime, tout en nuisant à son efficacité. Le nombre de jours entre la demande que la CSST fait parvenir
au BEM et la date d'envoi de l'avis médical aux parties concernées s'est
élevé à 88 en 2013‑2014, soit une hausse de 29 % depuis 2007‑2008. Les
pratiques de recrutement en place au BEM n'ont
pas été révisées en profondeur depuis 1998, et ce, en dépit de la diminution du
nombre de membres désignés et de la rareté des professionnels de la santé
dans certaines spécialités.
En
terminant, j'aimerais souligner l'excellente collaboration des représentants de
la CSST et du BEM. Je tiens par ailleurs à assurer les membres de la
Commission de l'administration publique qu'ils peuvent compter sur mon entière
collaboration.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme Leclerc, pour
votre présentation. J'invite maintenant M. le président et chef de la direction de la CSST. Je vous invite à
nous présenter les gens qui vous accompagnent et faire votre exposé.
Vous disposez d'un maximum de 10 minutes également.
Exposé
du président du conseil d'administration et chef
de la direction de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail (CSST), M. Michel Després
M. Després (Michel) : Merci beaucoup. M. le Président, membres de la Commission de
l'administration publique, Mme la
Vérificatrice générale et son équipe, les représentants du ministère et de sa
sous-ministre, Manuelle Oudar, les membres
qui m'accompagnent de la CSST : à ma gauche, Mme Josée Dupont, qui est
vice-présidente aux Opérations; sur ma droite, M. Claude Sicard, qui est
vice-président au Partenariat et à l'expertise-conseil. Je suis accompagné de Mme Louise Handfield, en arrière, qui est la
directrice générale des Opérations centralisées; de Mme Réjeanne
Lachance, qui est la secrétaire générale, directrice, Affaires corporatives; et
du vérificateur interne, M. Guy Lavallée.
Chers
membres, bonjour. Le 27 mai dernier, le Vérificateur général a déposé, à
l'Assemblée nationale, son rapport de
vérification sur l'optimisation des ressources portant sur l'indemnisation et
la réadaptation des travailleurs ayant subi une lésion professionnelle.
Ce rapport vient clore une démarche du VGQ amorcée à l'hiver 2014 dans laquelle
la CSST a pleinement collaboré.
M.
le Président, nous avons pris acte des huit recommandations que le VGQ a
formulées à l'égard de la CSST, nous y
adhérons et prendrons toutes les mesures nécessaires pour y donner suite. Au
cours des dernières années, la CSST a déjà
initié des mesures qui vont dans le sens de plusieurs des recommandations
formulées par le VGQ. Nous y voyons là une
confirmation que nous allons dans la bonne direction afin d'améliorer les
services que nous offrons aux travailleurs et aux employeurs du Québec.
La CSST se situe
parmi les plus grands assureurs de personnes au Québec et vise à être une
organisation performante. Dirigée par un conseil d'administration, disons-le,
paritaire, au sein duquel sont représentées les parties patronales et syndicales, la CSST joue un rôle de premier plan dans le
monde du travail et des affaires. L'organisation offre des services aux
travailleurs et aux employeurs dans deux principaux domaines
d'intervention : soit la prévention des accidents
du travail et des maladies professionnelles et de l'inspection des lieux du
travail, ainsi que de l'indemnisation et la réadaptation des
travailleurs blessés ayant subi une lésion professionnelle.
En
2014, ce sont 225 000 employeurs inscrits, 3,7 millions travailleurs qui
ont bénéficié des services de la CSST. De
surcroît, la CSST doit donc veiller au financement du régime de santé et
sécurité du travail afin d'en assurer naturellement sa pérennité.
Toujours en 2014, la CSST a perçu 2,6 milliards en cotisations des employeurs
et a versé 1,9 milliard en indemnité
aux travailleurs du Québec. À l'aide de ses partenaires, soit les travailleurs
et les employeurs, les associations
patronales et syndicales, les associations sectorielles paritaires, l'Institut
de recherche Robert-Sauvé en santé,
sécurité du travail et le réseau de la santé, la CSST enregistre, depuis le
début des années 2000, une baisse des lésions de l'ordre de 40 %,
malgré l'augmentation du nombre de travailleurs couverts, qui est environ de
300 000 de plus.
Du
point de vue financier, le taux de capitalisation du régime surpasse le seuil
de 100 % pour la première fois depuis
2006 et a atteint 105 %, ce qui est le plus haut de son histoire. Le taux
de moyen de cotisation pour 2016 est de 1,84 par 100 $ de salaire assurable, soit le plus bas taux depuis
l'entrée en vigueur de la Loi sur les accidents du travail et des maladies professionnelles en 1985. Soulignons
que la CSST procède à des exercices d'étalonnage avec les assureurs publics et privés ainsi qu'avec les organismes
publics en vue d'être au fait des innovations mises ailleurs au Québec,
mais aussi dans le reste du Canada. De plus,
la CSST consulte régulièrement ses clientèles afin de mesurer leur satisfaction
et connaître leurs besoins et
attentes à l'égard des services. Les plus récents sondages démontrent que
85 % des travailleurs sont satisfaits des services offerts par la
commission. Les résultats issus de ces consultations guident l'organisation
dans sa prise de décision quant à l'amélioration des services qu'elle offre.
Toujours dans le but
d'améliorer la satisfaction de ses clientèles, la CSST travaille présentement à
bonifier la prestation de ses services en
ligne. Enfin, la CSST poursuit ses efforts pour instaurer de nouvelles normes
sociales au sein de la population
afin d'entraîner des changements de comportement pour rendre les milieux de
travail plus sécuritaires. La
campagne de sensibilisation de la CSST bat présentement son plein via les
canaux de communication, que vous avez sûrement déjà vus dans les
dernières semaines, dont le thème, cette année : La santé et la
sécurité du travail, c'est le moment d'en parler.
• (15 h 20) •
Au travers du
rapport dont il est question aujourd'hui, la CSST retient les éléments positifs
que la VGQ souligne, la CSST montre
le souci de moderniser sa gouvernance et appliquer déjà de bonnes pratiques de
gouvernance. La CSST privilégie une intervention rapide et soutenue
quant à la chronicité. La VGQ mentionne aussi les récents efforts pour prévenir les obstacles de retour au travail. Le
VGQ note aussi, dans un souci d'amélioration, les pratiques de la CSST qui ont fait l'objet depuis 2009 de divers travaux
d'analyse et de vérification, incluant la production portant sur
l'optimisation de la gestion de la
chronicité, qui s'appuyait sur un étalonnage réalisé auprès plusieurs assureurs
et organismes publics. Enfin, que
plusieurs actions ont été entreprises pour parvenir à une gestion efficace des
coûts du régime et améliorer les services offerts en vue de faire
reconnaître la CSST comme une organisation performante...
La CSST a
déjà mis en place des mesures allant dans le sens de plusieurs des
recommandations du VGQ, et je veux
vous en mentionner quelques-unes, M.
le Président. Au cours des dernières
années, la CSST a modernisé sa gouvernance, conformément aux bonnes
pratiques, notamment par la mise à jour de son règlement antérieur, adopté en juin dernier. Celui-ci intègre plusieurs
éléments prévus dans la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, malgré
le fait que la CSST n'y soit pas assujettie.
Il contient certaines mesures ayant fait l'objet de recommandations par le
VGQ, telles l'évaluation du fonctionnement du conseil d'administration et le développement
d'un programme de formation continue pour
ses membres. La CSST a, de plus, adopté un code d'éthique et déontologie,
développé un tableau de bord organisationnel,
lequel est présenté périodiquement au conseil d'administration, et
désigné aussi des experts pour soutenir les travaux des membres dans les
comités stratégiques du conseil d'administration.
Au niveau
des subventions attribuées aux partenaires, des améliorations ont été apportées
par l'encadrement de... notamment en matière de reddition de comptes et nous
poursuivons nos efforts dans ce sens. De plus, la CSST a mis en place
des mesures d'amélioration de la performance, de la cohérence de ses actions et
de ses décisions, notamment par la révision
de ses indicateurs clé et l'élaboration d'un cadre de gestion de la qualité. D'ailleurs,
le déploiement de ce dernier a récemment débuté dans toutes les
directions régionales, c'est-à-dire la semaine dernière.
Enfin,
plusieurs actions mises de l'avant par la CSST découlent du rapport de l'optimisation
de la gestion de la chronicité, dont
la mise en place d'un vaste programme de la prévention de la chronicité. Les
résultats sont maintenant probants.
Toutefois, nous sommes conscients que nous avons encore du chemin à parcourir
et nous pouvons nous améliorer.
Puisque l'on
s'inscrit dans un esprit de performance et d'optimisation, la CSST a produit un
plan d'action pour donner suite aux recommandations du VGQ. Les membres
de la CAP ont d'ailleurs pu en prendre connaissance. Il importe de préciser que ce plan d'action a été discuté avec les membres
du conseil d'administration, donc du côté patronal et syndical, qui l'ont approuvé. D'ailleurs, des
actions devront être développées en collaboration avec les membres patronaux et syndicaux de
notre conseil.
Notre plan
d'action, sur lequel nous échangerons au cours des prochaines heures, se divise
en deux sections. Pour répondre au premier thème abordé par le VGQ, la
gouvernance, la CSST répondra aux trois recommandations de l'avant par 13
actions. Quant au second thème, touchant l'indemnisation et la réadaptation, la
CSST répondra aux cinq recommandations par aussi 13 actions.
Donc, la
CSST, M. le Président, se met en mouvement. En effet, en même temps que
nous poursuivons ce qui avait déjà
été amorcé, de nouvelles actions ont rapidement été entreprises afin de corriger d'autres
situations qui nous ont été soumises.
Permettez-moi de préciser davantage à l'égard de la recommandation visant à ce que
les ayants droit soient indemnisés
selon la loi. M. le Président, je vous confirme que tous les dossiers de décès
entre 2009 et 2014 ont été vérifiés. Les
corrections ont été apportées et les ayants droit ont reçu les sommes avec
intérêts. Des mesures ont été prises afin d'éviter que cette iniquité
touche d'autres successions.
Il est
important de noter que ce plan d'action a été produit en tenant compte du
contexte actuel de la CSST. Les travaux en cours pourraient, le cas
échéant, demander des ajustements à certaines actions que nous vous présentons aujourd'hui
dans le plan d'action, d'abord parce que le ministre du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale a demandé un avis au Comité consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre afin de déposer des pistes de solution pour moderniser le régime de la santé et sécurité du
travail, y incluant, naturellement, la gouvernance et ses trois
missions : prévention, indemnisation et réparation.
De plus, les
travaux se déroulent présentement pour le regroupement de la CSST avec, vous le
savez, la loi no 42, qui a
été adoptée dernièrement, en regroupant la Commission de l'équité salariale,
annoncée ce printemps, et la Commission des normes du travail, et cela,
dès le 1er janvier prochain.
Mesdames
messieurs, je vous remercie de nous entendre. Soyez assurés de la collaboration
et de la conviction des employés de la CSST et de son conseil
d'administration pour mettre de l'avant des mesures au bénéfice de tous les
travailleurs et employeurs du Québec. Au moment où le Québec a besoin de tous
ses travailleurs, il est important que, nous tous, de collaborer collectivement
à l'essor économique du Québec. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci, M. Després. Alors,
immédiatement, nous allons entendre Mme la sous-ministre associée du ministère du Travail, de l'Emploi, Solidarité
sociale. Je vous invite à nous présenter les gens qui vous accompagnent,
faire votre exposé. Vous disposez également d'une dizaine de minutes.
Exposé de la sous-ministre associée au Travail
au ministère du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, Mme Manuelle Oudar
Mme Oudar (Manuelle) : Merci, M. le Président. Permettez-moi d'abord de
saluer les parlementaires au sein de cette commission. Je salue
également la Vérificatrice générale ainsi que M. Després et leurs équipes
respectives. Je vous remercie tout d'abord
de votre accueil. Je suis honorée aujourd'hui de m'adresser à vous. Soyez
assurés de mon entière collaboration et de celle de toute l'équipe du
ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Je
vous présente quelques-unes des personnes qui m'accompagnent ici. M. Jean
Poirier, sous-ministre adjoint aux Relations
de travail, de qui relève le Bureau d'évaluation médicale; Dr Rémi Côté le
directeur du BEM et médecin-conseil;
M. François Lamoureux, président du CCTM, le Comité consultatif du travail et
de la main-d'oeuvre; M. Sylvain Massé,
le directeur de la Vérification
interne et des enquêtes administratives; M. Louis Tremblay, responsable du
comité de travail pour donner suite aux travaux de... aux
recommandations, pardon, du Vérificateur général; et les professionnels du
Secrétariat du travail.
Nous
sommes ici aujourd'hui pour examiner les suites à donner au rapport du
Vérificateur général du printemps 2015
portant sur l'indemnisation et la réadaptation des travailleurs ayant subi une
lésion professionnelle. Le Vérificateur général s'est penché sur les façons de faire de la CSST et du Bureau
d'évaluation médicale. Il a formulé une douzaine de recommandations dans le but d'améliorer leurs pratiques.
Quatre de ces recommandations s'adressent au ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale,
qui est responsable du Bureau d'évaluation médicale. Elle vise de façon
spécifique à améliorer le processus d'évaluation médicale et le fonctionnement
du bureau.
À la suite de la
sortie du rapport en mai 2015, un comité de travail a été mis sur pied pour
donner suite aux recommandations du
Vérificateur général. Des professionnels du Secrétariat du travail ont été mis
à contribution pour mener à bien ce
mandat; ils ont travaillé en étroite collaboration avec le Comité consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre et le directeur de la vérification
interne, et ce, en collaboration avec les représentants du Vérificateur
général.
Le comité n'a pas
chômé. Il a été à l'oeuvre depuis le mois de mai 2015, et il poursuivra ses
travaux. Il avait notamment pour tâche
d'analyser les aspects suivants, soit : l'amélioration des pratiques
de recrutement des membres du Bureau
d'évaluation médicale, l'amélioration de la qualité des avis médicaux, la
réduction des délais de traitement ainsi que l'utilisation du pouvoir
discrétionnaire par les médecins du bureau. Au début du mois de septembre, le
comité a livré le fruit de ses travaux en déposant un plan d'action pour les
années 2015 et 2016.
Avant
d'aborder avec vous les grandes lignes de ce plan d'action, permettez-moi de
prendre quelques instants pour vous
parler du travail et des activités du Bureau d'évaluation médicale. Il est
important de rappeler ici sa mission. Les médecins du Bureau d'évaluation médicale agissent à titre d'experts dans
leur spécialité médicale. Leur tâche consiste à émettre un avis médical dans les cas où il y a divergence d'opinions
entre le médecin du travailleur et celui mandaté par la CSST ou par l'employeur. À la demande de la CSST,
le bureau peut aussi donner son avis sans qu'il y ait contestation.
L'avis peut porter sur un ou plusieurs des sujets prévus par la Loi sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles.
En 2014‑2015, le nombre d'avis produits par les médecins du Bureau d'évaluation
médicale représente presque 10 %
des dossiers ouverts à la CSST. Bien que ce soit une faible proportion, le BEM
s'engage à faire converger ses efforts avec ceux de la CSST pour
améliorer son efficacité.
Élément
important à considérer, le Bureau d'évaluation médicale est une entité
indépendante. Il ne fait pas partie de la
CSST ni de la Commission des lésions professionnelles. Le législateur a voulu
s'assurer que cette organisation puisse exercer ses fonctions d'une
manière neutre et impartiale. Les professionnels de la santé inscrits sur la
liste du Bureau d'évaluation médicale
doivent répondre à différents critères. Par exemple, ils doivent être
recommandés par le Collège des médecins
du Québec ou par l'Ordre des dentistes, ils doivent aussi posséder une
connaissance reconnue dans leur spécialité, ils ne doivent pas faire d'évaluation pour le compte des travailleurs,
des syndicats, des employeurs ou de la CSST et ils doivent accepter de suivre toute session de
formation que le BEM juge utile et nécessaire. Enfin, ils doivent faire
l'objet d'une recommandation unanime du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre pour leur nomination. Donc, les professionnels du BEM sont tous
reconnus pour être des experts dans leur domaine.
• (15 h 30) •
Comme
tout organisme public, la qualité du service à la clientèle est une constante
préoccupation; le BEM ne fait pas exception. Et, dans le cas qui nous
préoccupe, la qualité du service rendu peut avoir une grande incidence sur le bien-être et la vie de la personne. Dans son
rapport présenté au printemps, le Vérificateur général a demandé au BEM de corriger
certains éléments qu'il a identifiés. Le BEM a pris acte de ces recommandations. Il y a lieu maintenant de se donner les moyens de faire mieux. En tant que membre de la Commission de l'administration publique, vous avez déjà un aperçu des
solutions que nous proposons, puisque le plan d'action a été déposé le
23 septembre dernier.
Un peu plus tôt aujourd'hui,
le Vérificateur général vous a présenté les grandes lignes de son rapport, il
vous a aussi livré son appréciation du plan d'action élaboré par le Secrétariat du travail pour donner suite à ces recommandations.
Comme vous le savez déjà, ce
plan comporte une vingtaine d'actions pour améliorer les façons de faire du BEM
et, du même coup, les services offerts aux travailleuses et aux
travailleurs. Il contient des actions structurantes qui seront déployées d'ici
un an. En plus du suivi qui sera effectué via le rapport annuel de gestion, le plan
d'action fera l'objet d'une reddition de
comptes ministérielle annuelle afin d'apprécier les résultats obtenus
et d'apporter, si requis, les correctifs nécessaires. D'autres actions ou activités additionnelles pourraient
donc être ajoutées au cours des prochaines années.
Nous avons pris l'engagement
d'améliorer l'encadrement administratif du BEM, notamment en optimisant le processus. Une plus grande synergie sera établie
avec le comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Nous
sommes persuadés que nous pouvons collaborer pour améliorer le système et
relever la barre encore plus haute.
Cette nouvelle gouvernance et cet encadrement se
traduiront entre autres par l'arrivée d'un nouveau directeur au Bureau d'évaluation
médicale, qui aura comme mandat d'assurer la mise en oeuvre et le suivi du plan
d'action. Il gérera
tout l'aspect administratif du BEM. Son arrivée permettra donc de soulager de plusieurs
tâches le directeur médical et les
médecins-conseils. En clair, pour eux, cela voudra dire moins de paperasse, et
ils pourront dorénavant consacrer la très grande majorité de leur
temps à d'autres activités, comme la formation et l'évaluation des médecins du
BEM. Un programme d'amélioration continue sera adopté,
l'un des objectifs sera de diminuer les délais de traitement. Par exemple, nous allons compiler le pourcentage d'avis médicaux pour lesquels le
délai de 30 jours n'a pas été respecté. Nous ferons le même
exercice des délais de traitement, et pour chacune des spécialités.
Ces données
de gestion nous aideront à prendre des décisions pour rendre le BEM encore plus
efficace. Nous allons faire preuve de transparence. Ces données sont
publiques, elles seront publiées sur le site Web du Secrétariat du travail. En
fait, je peux même parler au présent parce qu'elles ont été publiées cette
semaine sur le site Web. J'aurai l'occasion d'en parler ultérieurement.
Un autre
geste concret proposé : bonifier le programme de formation des médecins du
BEM. Cela inclut l'organisation de
formations plus pointues et mieux adaptées aux besoins spécifiques de
professionnels. L'objectif de cette démarche : améliorer la qualité
des avis.
Les pratiques de recrutement des médecins du BEM
doivent également être vues. Une analyse des prévisions annuelles sur les besoins en matière de main-d'oeuvre sera faite par
discipline et par région. Les résultats seront présentés au CCTM. Les données pourront ainsi être à jour en
cours d'année, et il est également prévu d'évaluer et de documenter les difficultés de recrutement. Ce travail se fera de
concert avec le Collège des médecins, l'Ordre des dentistes, la CSST et
le ministère de la Santé et des Services
sociaux pour faire en sorte que le BEM soit plus attractif. Un meilleur
recrutement peut contribuer à réduire les délais et est aussi synonyme d'une
meilleure qualité.
Comme vous le
voyez, M. le Président, le BEM est prêt à relever les défis qui l'attendent au
cours des prochains mois, et ce qui
compte le plus, ce sont les avantages que vont en tirer les travailleuses et
les travailleurs. Ce plan d'action est à la fois ambitieux et réaliste.
Nous sommes toutefois confiants que nous réussirons à atteindre nos objectifs
dans un délai raisonnable. Je vous remercie
de votre attention. Mes collègues et moi sommes prêts à répondre à vos
questions.
Discussion générale
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, merci, Mme Oudar. Sans
tarder, on va commencer tout de suite avec le bloc du gouvernement et le
député de Jean-Lesage.
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Étant moi-même l'adjoint parlementaire du
ministre des Petites, Moyennes Entreprises,
j'ai quelques inquiétudes sur certains points, entre autres sur les pratiques
d'intervention relatives au retour à l'emploi.
D'après le
VG, dans les pratiques d'intervention, après avoir visité quelques régions du
Québec, particulièrement quatre régions,
d'une région à l'autre, les moyens d'intervention qui sont mis en place, ce ne
sont pas les mêmes nécessairement. Et
surtout il n'y a pas de... qui performent mieux que d'autres, il n'y a pas
vraiment de moyens de mis en place
pour donner à ces bonnes pratiques là, pour ceux qui le font mieux que
d'autres, les moyens nécessaires pour les appliquer d'une façon... qui sont les meilleures possible pour donner
aux employeurs ce qu'ils méritent. Même
que les directives de la CSST ne sont
pas toutes comprises ni appliquées de la même façon d'une région à l'autre.
Alors, pourquoi ne pas uniformiser la
situation? Et permettez-moi de lire le texte du VG, qui fait
en sorte... de cette cause-là : «...des efforts accrus de sensibilisation [...] auprès de l'employeur
et du travailleur [sont nécessaires] afin d'encourager la mise en place de
solutions provisoires, de même qu'un meilleur suivi des dossiers pour lesquels
une telle solution est envisageable.» Peu d'actions visant à informer les
employeurs sur la démarche à suivre, «leurs responsabilités et [leurs]
avantages potentiels [à] une solution provisoire» sont mis en place, exemple,
des campagnes de sensibilisation, et tout. «...les intervenants ne sont pas suffisamment outillés pour sensibiliser [les
employeurs] aux répercussions financières et sociales d'une lésion
professionnelle. [...]L'intervenant [...] ne joue pas le rôle attendu de
coordonnateur entre l'employeur et le travailleur» et n'intervient pas
suffisamment en temps opportun dans plus de la moitié des dossiers examinés.
Alors,
comment la CSST va-t-elle s'assurer que les intervenants agissent réellement
pour favoriser une meilleure solution d'intervention?
Le Président (M. Gaudreault) :
M. Després.
M. Després
(Michel) : Si vous n'avez
pas d'objection, je vais demander à la vice-présidente aux opérations de
vous donner, au lieu qu'on soit deux, qu'elle puisse vous répondre.
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, en lui demandant de se présenter, s'il vous plaît.
Mme Dupont
(Josée) : Josée Dupont, vice-présidente aux opérations à la Commission
de la santé et de la sécurité du travail.
Le Président (M. Gaudreault) :
Allez-y.
Mme Dupont (Josée) : Merci. Alors,
pour commencer, je vous dirais qu'on travaille déjà sur des moyens pour réduire les disparités régionales. Quand on
est une organisation où est-ce qu'on est partout sur le territoire, bien
c'est un défi de tous les instants.
Le
Vérificateur général, dans son rapport, nous dit qu'il a vu, dans plusieurs régions,
des moyens d'assurance qualité, mais qu'on
n'avait pas développé de vision commune. Donc, on s'est déjà attaqué à ça en se
donnant une vision commune avec
l'ensemble des directeurs régionaux de ce qu'est la qualité. On s'est donné une
vision qualité, un énoncé de qualité
puis on a identifié nos leviers d'intervention. Et on a élaboré un cadre de
gestion de la qualité qui est fondé sur deux, je vous dirais, deux
dimensions.
La
première dimension, c'est des plans d'assurance qualité pour chacun de nos
processus clés. Vous avez parlé des solutions provisoires, on pourra
peut-être s'y... ensuite, si vous le souhaitez, aller plus précisément dans les
solutions provisoires. Mais, pour chacun de
nos processus clés, les plans qualité vont venir établir des standards
opérationnels. Et, par ces standards opérationnels là, qui vont être
connus de tous, les intervenants vont savoir exactement ce qu'on attend d'eux, qu'est-ce qu'ils doivent produire, c'est
quoi, le standard de qualité qu'ils doivent atteindre. Concrètement, il
peut s'agir de certaines caractéristiques de
conformité à la loi ou aux politiques, il peut s'agir de délais, de délais de
réponse, il peut s'agir de qu'est-ce qui
doit être documenté dans le dossier. Nos plans qualité vont... Ah! aussi, un taux
de productivité qu'on va attendre
d'eux, qui va avoir un lien avec la charge de travail qu'on va leur demander.
Nos plans qualité vont comprendre
aussi des mécanismes de prévention de la qualité, donc, des outils qu'on va
mettre à la disposition de nos intervenants,
qu'on va avoir testés pour éviter les défauts de qualité, les erreurs. Et on va
introduire aussi des mécanismes de contrôle de la qualité pour les
gestionnaires.
Donc, en ayant des
standards uniques connus de tous nos intervenants, qu'on leur donne les mêmes
outils pour les atteindre, et que les
gestionnaires les suivent, ces livrables-là ou ces activités-là, de la même
façon, on va améliorer notre cohérence. D'autant plus que ce cadre de
gestion de la qualité là va reposer sur une gouvernance centralisée, un comité que je préside, formé de directeurs
régionaux, où est-ce qu'on va suivre les résultats de chacune des régions
puis on va les comparer pour être en mesure
de non seulement d'avoir de la cohérence à l'intérieur d'une direction régionale,
mais aussi entre les directions régionales.
Quand on va noter des écarts, bien, on va faire intervenir la deuxième
dimension de notre cadre de gestion
de la qualité qu'est l'amélioration continue. Donc, les plans d'assurance
qualité, on va les opérer en continu;
quand on va noter des écarts, on va entreprendre des projets d'amélioration où
là on a un début, un échéancier, une portée.
• (15 h 40) •
On a donc développé
ce cadre de gestion de la qualité là. On a mis en place, au sein de la
commission, une unité administrative dédiée
au suivi de ce cadre de gestion de la qualité là, dédiée aussi à développer
l'expertise et à en assurer
l'évolution du cadre de gestion de la qualité. Ce cadre-là, il revient toujours
à notre vision de la qualité, qui est fondée
sur la pertinence. Donc, on met le client au centre de nos préoccupations et on
vise à ce que chaque client, travailleur ou employeur, ait exactement ce à quoi la loi lui donne droit du premier
coup. C'est ça qu'on vise, la cohérence, que ça soit n'importe où sur le
territoire, que chaque employeur ou travailleur ait la même qualité de
prestation de service, et l'efficience,
parce qu'on est convaincus que des gains en qualité vont nécessairement nous
amener des gains en efficience.
On a développé des
capsules de formation pour notre personnel sur ce cadre de gestion là de la
qualité et on a commencé la semaine dernière le déploiement dans chacune des
régions. Évidemment, vous comprendrez que ce ne sont pas, à ce moment-ci, tous les processus clés qui font l'objet de
plan d'assurance qualité. On a commencé par le début, par la première génération d'un plan qualité sur
l'accès au régime. Puis, dans les outils, parce que le vérificateur nous
interpelle sur les outils, on a fait un
projet d'amélioration qui fait intervenir les membres du personnel pour
trouver... pour comprendre pourquoi
il y a des différences d'un intervenant à l'autre ou d'une région à l'autre. Ça
nous a permis d'élaborer notamment un
nouvel outil pour l'établissement de l'indemnité de remplacement de revenu
qu'on a expérimenté dans deux
directions régionales et où est-ce que les résultats de notre expérimentation
nous amènent à hausser notre taux de conformité.
Donc, c'est ce qu'on va déployer. On a commencé la semaine dernière dans
l'ensemble des directions régionales.
Juste
pour conclure. En plus de ça, bien, on va faire des audits. Le comité qualité
va demander des audits d'abord par le
service d'expertise qu'on a mis en place, on pourra aussi, au besoin, faire
appel à notre vérificateur interne pour s'assurer que notre cadre de
gestion est appliqué, nos standards opérationnels sont rencontrés, que les
mécanismes de prévention sont utilisés par les
intervenants et que les mécanismes de contrôle sont aussi utilisés par les
gestionnaires.
Donc, je pense
qu'avec ça on s'est donné une démarche structurée pour réduire les disparités
régionales.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Je vous invite à essayer de
faire des réponses un petit peu plus courtes, parce qu'il reste à peine
une minute pour le bloc du gouvernement. Le député de Mégantic.
M. Bolduc :
Merci, M. le Président. Je vais commencer par un commentaire large. Si je
regarde votre taux d'accidentés au Québec,
sur le 3,5 millions de travailleurs, on obtient un taux d'accident de 25
par 200 000 heures, ce qui est pour moi un nombre effrayant,
là, épouvantable, en fait, qui représente environ 100 fois le taux des
meilleures industries en termes de sécurité.
J'aimerais vous entendre, pour commencer, sur ce chiffre-là, qui m'apparaît, à
première vue, un peu étrange.
Le Président (M.
Gaudreault) : Dans une vingtaine de secondes.
M. Després
(Michel) : J'ai une vingtaine de secondes, M. le Président?
Le Président (M.
Gaudreault) : Oui. Bien, on peut le reporter...
M. Després (Michel) : Ça va être
difficile pour un ancien parlementaire, mais je vais faire des efforts. Mais, juste pour vous dire... Écoutez, quand vous
parlez, M. le député, du nombre de lésions au Québec, là, j'ai entendu ce
que vous m'avez dit.
Moi, je vais vous parler du nombre de lésions. En 15 ans, au Québec, on a
diminué le nombre de lésions professionnelles de 40 %. On en a
88 000. Vous avez raison, c'est énorme, c'est une réclamation aux six
minutes.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. On poursuivra...
M. Després (Michel) : Puis on
reviendra...
Le Président
(M. Gaudreault) : Oui, c'est ça, on poursuivra. On va se roder,
là, puis on va poursuivre dans le prochain bloc. Alors, le bloc de
l'opposition officielle, avec le député de Verchères.
M.
Bergeron :
Merci, M. le Président. J'aimerais remercier Mme Leclerc, M. Després, Mme
Oudar, vous remercier d'être des
nôtres aujourd'hui, remercier les personnes qui vous accompagnent, qui sont des
nôtres, pour répondre à nos questions.
M. Després, vous le savez, vous avez été député,
chacune et chacun d'entre nous autour de cette table avons fréquemment des cas de circonscription de gens qui
sont aux prises avec les dédales de la CSST
et qui cherchent à s'en dépêtrer. Je
dois vous dire qu'à cet égard nous étions tous et toutes très intéressés de connaître les conclusions du
rapport du Vérificateur général concernant
les lésions professionnelles, indemnisations, réadaptation des travailleurs
justement pour nous permettre de
mieux comprendre à travers quels dédales ces citoyens et citoyennes, ces
travailleurs et travailleuses étaient
souvent appelés à devoir déambuler. Et je vois cette opportunité qui nous est
offerte aujourd'hui comme une façon pour les parlementaires
d'approfondir un peu les constats effectués par la Vérificatrice générale.
Je vois que
votre intervention, M. Després, est des plus intéressantes, où vous revenez sur
ce qui va bien, vous revenez sur ce
que vous avez entrepris avant même que les choses aient été soulevées par la
Vérificatrice générale, mais vous êtes moins loquace quant aux actions
mises en oeuvre pour répondre aux recommandations de la Vérificatrice générale. Par exemple, pour répondre au premier
thème abordé par la vérificatrice, vous nous dites que la CSST répondra
aux trois recommandations mettant de l'avant 13 actions et vous ne les élaborez
pas. Ensuite, quant au second thème, touchant
l'indemnisation et la réadaptation, la CSST répondra aux cinq recommandations
du Vérificateur général aussi par 13
actions sur lesquelles vous n'élaborez pas davantage. Alors, j'imagine que vous
choisissez qu'on vous pose la question.
Pour le bénéfice des membres de cette commission
et pour le bénéfice de la foule en délire qui nous écoute actuellement ou en différé, alors je vais vous
donner l'opportunité, M. Després, peut-être d'expliciter les mesures que vous entendez mettre en oeuvre pour répondre aux
recommandations de la Vérificatrice générale, et, bien, on aura
certainement l'occasion de revenir sur d'autres éléments par la suite.
M. Després (Michel) : Bien, écoutez,
M. le député, je vous remercie de votre question. Je voulais, par mon
intervention de départ, déjà là, situer tout de même que la commission était
déjà en action et en mouvement sur un certain nombre de points que le
vérificateur amenait, mais je prenais pour acquis aussi que nous avions tout de
même trois heures pour débattre et
qu'on vous avait présenté, de la part du Vérificateur général, ces actions-là.
Donc, vous auriez probablement, sur les différentes recommandations ou
sur l'ensemble de chacune des actions, probablement des questions bien précises. Donc, je voulais vous rassurer, l'intention
n'était pas dans mon discours, sinon il aurait fallu me donner
probablement une heure juste pour le discours d'intervention.
Mais, ceci étant dit, écoutez, nous,
l'engagement qu'on prend, c'est que c'est évident que, pour chacune des recommandations, que ça soit en matière de
gouvernance, que ça soit en matière d'organisation des travaux, que ça
soit en matière de solution de processus d'attribution des subventions, qui
sont les trois blocs, je dirais, qui concernent la gouvernance, il y a des gestes concrets, des actions bien précises
auxquelles la commission s'engage, puis, quand je dis «la commission»,
j'inclus son conseil d'administration. Je veux vous dire que le plan d'action
que nous vous présentons aujourd'hui...
Parce qu'il y
a trois parties à la CSST. Il y a l'administration, avec les gens qui sont avec
moi, aujourd'hui, comme chef de
direction, mais, en même temps, comme président du conseil, nous avons des
représentants du côté patronal et du côté syndical. Donc, aujourd'hui,
on vous présente des actions en sachant que les moyens ne sont pas tous là
parce qu'il y aura à avoir des discussions
avec le monde patronal et le monde syndical. Donc, juste pour vous présenter ce
plan d'action là, il a été présenté au
conseil d'administration. On a eu deux conseils d'administration sur chacune
des actions et on a débattu sans aller nécessairement dans tous les
moyens.
Donc, nous,
ce qu'on a l'intention de faire, en matière de gouvernance, par exemple... en
matière de gouvernance, je pense que la CSST a modernisé, depuis 2008,
2011... a commencé à... même si elle n'est pas soumise à la loi sur le... à poser des gestes, mais est-ce qu'elle peut
aller plus loin? La réponse, c'est oui. Naturellement, on travaille dans
un cadre de gouvernance dans lequel la loi nous encadre. Je l'ai mentionné
aussi dans mon intervention, en matière de gouvernance,
le ministre a donné un mandat au CCTM, et c'est pour ça que, dans le préambule
du plan d'action que vous avez
aujourd'hui, il est bien spécifié qu'il pourrait... le plan d'action qu'on vous
présente aujourd'hui pourrait évoluer dans le temps. De quelle façon? Parce que les parties au CCTM ont convenu de
regarder l'ensemble de la législation dont... on administre, qui est la loi sur la santé et sécurité et la loi sur les
maladies professionnelles. Donc, il y aura un avis, qui sera déposé au ministre, auquel le ministre aura à se
pencher pour savoir s'il doit aller avec des modifications législations.
Donc, c'est dans ce sens-là que les choses pourraient continuer à évoluer.
• (15 h 50) •
Mais, dans le
cadre actuel, on a pris l'engagement de revoir, M. le député, un, notre
règlement intérieur, qui a été adopté
par le gouvernement le 30 juin dernier, de revoir notre code d'éthique, de
déontologie des administrateurs, d'établir un
programme de formation continue pour les administrateurs, de trouver une façon
d'évaluer le fonctionnement du conseil
d'administration. Et je vous parlais des modifications qui pourraient venir
éventuellement par rapport au CCTM, mais
ça, c'est des choses dans le futur. Puis on verra si le gouvernement ou le
législateur décide d'aller plus loin en matière de gouvernance.
En ce qui
concerne l'organisation des travaux, je vous dirais que ça, c'est une chose sur
laquelle on n'a pas besoin de
modification législative. On peut s'y attaquer dès maintenant. On vient de
créer avec le conseil d'administration ce qu'on appelle un comité de coordination. Vous savez, la réglementation
de la CSST, là, prenez le Code civil du Québec, là, puis mettez celui... le petit livre sur le
règlement santé et sécurité, j'aurais dû vous l'amener aujourd'hui, il est plus
épais que le Code civil du Québec.
C'est très complexe, la réglementation en matière de santé et sécurité du
travail. Et c'est là où on veut, à chaque année, déterminer la
planification.
Ça n'a pas
empêché le conseil d'administration puis l'administration d'adopter des
dizaines de règlements cette année, dans l'année qui vient de se passer,
en 2014. Et, en 2015, ça sera la même chose. Mais il y a énormément de travaux. Il y a énormément de choses. Des fois,
oui, ça demande beaucoup de temps, beaucoup de discussions. Parce que
vous comprendrez, comme administration, notre travail, c'est de proposer
l'évolution de la réglementation. Mais, en même
temps, vous travaillez dans un contexte paritaire. Donc, oui, le monde syndical
a des positionnements par rapport à la réglementation,
comme la partie patronale en a. Donc, oui, il y a des réglementations qui
évoluent très, très bien. Puis il y en a d'autres qui demandent des fois
plus de temps, ou qui demandent plus d'évolution. En bon français, beaucoup plus de discussion des fois qui peuvent être, oui,
plus lourdes à porter, mais auxquelles, avec le temps, on finit par
arriver à une évolution de cette réglementation.
Et, quand on
parle... et la Vérificatrice générale parle en matière de gouvernance de
l'organisation des travaux, on a
déterminé avec le conseil d'administration qu'on établirait — on est en train de le faire
présentement — quelle
est la planification en matière de réglementation qu'on va étudier l'année
prochaine, quelles sont les échéances qu'on se donne, puis on veut une reddition de comptes au conseil d'administration
de façon trimestrielle et de façon annuelle sur les résultats que ça a
donnés.
Donc, voilà
où le conseil d'administration va se coller beaucoup plus aux comités, parce
qu'il y a énormément de comités. Vous
avez un conseil d'administration, sept comités stratégiques qui relèvent du
conseil puis, en dessous de ça, vous avez des comités qui étudient
différents volets de la réglementation. Il y en a 18. Il y en a déjà eu jusqu'à
une soixantaine. On a fait le ménage dans
ces comités-là. Ils ne siègent pas tous au même niveau. Tout dépendant du
niveau de la réglementation, ça passe à
différents comités. Donc, je pense qu'au niveau de l'organisation des travaux
le conseil va être mieux structuré pour suivre l'ensemble de ces
sous-comités, dont, entre autres, les 18 comités que je vous parle.
Troisièmement,
en ce qui concerne l'attribution des subventions... Parce que vous savez que la
CSST a trois budgets. Elle se vote un budget d'administration, elle se
vote un budget de ce qu'on appelle les programmes en matière de prévention,
auquel on attribue des sommes qui sont aux agences de santé, à l'Institut de
recherche Robert-Sauvé, aux organisations
patronales, aux organisations syndicales et aux associations sectorielles
paritaires. Donc, on doit adopter des politiques.
Donc, le Vérificateur général a mentionné dans son rapport, M. le Président,
qu'il était question qu'il pouvait avoir apparence de conflit
d'intérêts, parce que les gens qui siègent au conseil en même temps qu'ils sont
là comme administrateurs se retrouvent par
le fait même à faire partie d'une organisation qui est soit syndicale ou soit
patronale. Donc, pour enlever toute
apparence de conflit d'intérêts dans l'adoption des politiques et l'attribution
des sommes, on s'est assurés d'un mécanisme... d'un comité indépendant
qui étudiera ces politiques-là.
Ça fait que
voilà rapidement, M. le Président... J'ai l'impression... Je ne veux pas aller
trop loin, mais, en matière de gouvernance, voici les modifications ou
les changements. Quand vous me demandiez quelles sont les actions bien précises
qu'on veut aller de l'avant, voici des actions en matière de gouvernance qu'on
veut mettre de l'avant, ce qui concerne, je dirais, le premier bloc que je
parlais tout à l'heure.
Il y a naturellement un autre bloc d'action.
Est-ce que je prends trop de temps, M. le Président?
Le Président (M. Gaudreault) :
Bien oui. Mais vous arrivez à la fin.
M. Després (Michel) : Mais la
question est large, du député, là. C'est parce que...
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, oui. C'est ça. Mais, en tout cas, pour les autres blocs...
M. Després (Michel) : Non, non, non.
Je ne sais pas si ça répond au député.
Le
Président (M. Gaudreault) : Bien, j'imagine, là, dans 10
minutes. Mais, pour les autres blocs, on va essayer de faciliter
davantage un échange, si vous permettez, là.
M. Després (Michel) : Je le
comprends très bien. C'est l'objectif de notre rencontre.
Le
Président (M. Gaudreault) : Je comprends que c'étaient les
premières questions, là, puis on y va de façon large, là, mais, en tout cas, je pense, c'est plus interactif quand on
est capables d'avoir un échange aussi. Alors, je retourne du côté du
gouvernement tout de suite avec le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Bon, je reviens avec ma question que
je vais élargir pour vous donner une chance
de regarder ça puisque... puis on va essayer de pouvoir, oui, effectivement,
échanger, parce que j'ai des questions derrière ça. Mais je vous parlais du 88 000
travailleurs avec le taux qui nous donnait un taux d'environ 25 accidents
par 200 000 hommes/heure, ce qui est un taux de l'ordre de 100 fois le
maximum ou meilleur taux de la grande industrie en Amérique du Nord. Et le coût moyen de ces accidents-là, si je le
calcule, est de 20 000 $. Et, en plus de ça, on dit que
74 % des revenus sont orientés vers 7 % des accidents, ce qui rend
chacun de ces accidents-là à un coût au-delà de 200 000 $ par
événement.
À première vue, il
m'apparaît qu'il y a une opportunité extraordinairement large ici puis je
voudrais vous entendre là-dessus.
M. Després
(Michel) : Bien, écoutez, je vais vous en parler peut-être un petit
peu autrement au niveau des chiffres, mais,
en 2004, il y avait 133 000 lésions au Québec; 10 ans plus tard, il y en a
88 000. Donc, vous avez raison, c'est énorme. C'est une réclamation aux six minutes, 365 jours par année.
C'est énormément de réclamations. C'est environ le double du nombre de
victimes qu'il y a dans le secteur automobile.
Mais, en même temps,
vous comprendrez qu'il y a eu tout de même un progrès. Il y a moins de lésions
au Québec, donc c'est 40 % de moins sur
une période de 10 ans. Parce qu'on met beaucoup... et je vous parlais tantôt
des programmes de prévention, on investit
environ 130 millions par année, au Québec, en matière de prévention, et
c'est les résultats qu'on obtient, étant donné la participation de tous
les partenaires.
Une fois que j'ai dit
ça, il faut comprendre, juste pour situer, entre 93 % et 94 % des
gens qui ont une lésion professionnelle
retournent en emploi. Ceux-là, ce n'est pas les coûts, ce n'est pas là que sont
les coûts et qui fait que le régime
coûte cher, vous avez raison, c'est dans le 6 % à 7 % de lésions
qu'on appelle, excusez, les cas lourds, les lésions naturellement qui sont des lésions importantes,
des cas, bien souvent, de... certains cas d'amputations ou autres
situations et qui sont très dispendieuses.
Et c'est sur ceux-là qu'on essaie de voir tout ce qu'on peut faire pour
effectivement voir à ce que ces gens-là retrouvent... Parce qu'ils ne
retourneront pas dans l'emploi qu'ils occupaient; dans certains cas, ils ne pourront pas retourner à l'emploi. Mais comment on
fait, à partir des gens, de certains travailleurs qui ont eu des lésions
qui ne peuvent plus occuper leur emploi? Et c'est là qu'on essaie de voir.
Et
là il y a des délais, naturellement. Je n'ai pas besoin de vous expliquer que
la réadaptation bien souvent physique de
ces gens-là est difficile, elle est longue. Le retour en emploi est, dans
certains cas, très difficile aussi, de trouver ce qu'on appelle l'emploi convenable, de pouvoir
réhabiliter ces gens-là. Donc, le coût du régime, où il est dispendieux,
c'est dans ce pourcentage maintenant de gens là.
Vous avez peut-être
raison quand vous dites... quand vous faites votre comparaison par rapport à la
grande entreprise. Naturellement, quand vous
êtes dans une grande entreprise, plus les entreprises sont grandes, plus elles
sont organisées, elles sont structurées.
Elles investissent énormément en matière de santé et sécurité. Quand vous êtes
dans la PPE ou la petite entreprise, vous n'avez pas les mêmes moyens
naturellement pour vous occuper de vos ressources humaines, les ressources
financières, et la même chose en santé et sécurité au travail.
Donc,
encore là, on veut développer pour voir à améliorer effectivement, dans le
secteur, entre autres, de la PME, d'être
capable de leur donner de meilleurs outils en matière de prévention. Elles le
font déjà, mais comment on peut aller plus
loin? Comment on peut continuer à diminuer le nombre de lésions? C'est le défi
qu'on a, M. le député, par rapport à ça.
M.
Bolduc : Merci, M. le président. Et je voudrais un peu étendre ma
question. J'imagine qu'il y a toutes sortes de statistiques disponibles
à la CSST pour déterminer les segments dans lesquels les taux d'accidents sont
les plus élevés et la... appelons ça la
sévérité ou la gravité de ces événements-là. Puis je ne sais pas combien de
segments vous avez et combien de
segments à haut risque vous avez, mais j'imagine que le rôle de votre conseil
d'administration... puis ça me ramène au conseil d'administration.
Est-ce qu'il y a des changements structurels ou des changements que vous allez
faire dans la façon de prioriser et d'organiser votre plan d'action pour aller
chercher ce que moi, je qualifie des fruits disponibles, à portée de main, là?
• (16 heures) •
M. Després (Michel) : Bien, vous avez raison. D'ailleurs, la commission a depuis déjà 10 ans
ce qu'on appelle des plans
d'action : on a un plan d'action dans le secteur de la construction, on a
un plan d'action dans le secteur jeunesse, on a un plan d'action dans le secteur de la sécurité des machines, où la
tolérance, ce qu'on appelle tolérance zéro, la santé et sécurité doit être prioritaire. Pourquoi on s'est donné des plans d'action dans ces
secteurs-là? Justement parce que c'étaient des secteurs où le nombre de lésions
professionnelles était beaucoup plus élevé. Maintenant, on est en train de
préparer notre planification stratégique. C'est exactement
ce qu'on va faire, c'est-à-dire de bien planifier, de prévoir dans tous
les secteurs. Puis des données, on en a dans tous les secteurs... et dans tous
les secteurs industriels au Québec, dans tous les secteurs : secteur commercial, secteur de la santé, secteur de la
fonction publique. Il y a des données dans tous les secteurs.
Ça fait
qu'effectivement vous avez raison. C'est d'établir des plans d'action annuels
et sur trois ans pour être capable de bien
identifier dans quels secteurs on doit viser, dans quels secteurs on doit
travailler pour bien identifier nos actions
pour s'assurer de continuer à diminuer le nombre de lésions. Mais les trois
grands secteurs qu'on travaille le plus depuis 10 ans, bien ça va se
raffiner dans les prochaines années avec notre planification stratégique.
M.
Bolduc : J'aimerais juste vous entendre un peu plus parce qu'on a...
Dans le rapport du VG, on nous mentionne qu'il y a des sujets qui ont
été... parce qu'il y avait les deux comités qui ne réussissaient pas à
s'entendre sur certains sujets techniques qui sont renvoyés dans les comités
puis qui passent des années, puis on a cité entre autres à titre d'exemple les normes de bruit. Pourriez-vous nous
dire comment vous vous comparez, comment le Québec se compare à l'égard
des autres provinces du Canada avec lesquelles vous vous comparez?
M. Després (Michel) : En matière de
surdité vous parlez particulièrement ou si vous...
M. Bolduc :
Non, en matière de taux d'accidents et en matière de gravité, si on veut, sur
ce qu'on appelle les cas lourds.
M. Després
(Michel) : Bien, peut-être je
vais permettre à mon collègue qui est vice-président au
Partenariat et à l'expertise, Claude Sicard, de vous répondre.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. Sicard
M. Sicard (Claude) : Actuellement,
on n'a pas de statistique, parce que les bases statistiques d'une province à
l'autre peuvent varier, mais, de façon générale, le Québec se compare
avantageusement à l'ensemble des provinces canadiennes,
là, à ce niveau-là. Il n'y a pas vraiment de différence quand on regarde au
niveau par exemple des décès; c'est
assez clair qu'en termes de taux on est à peu près le même que le reste des
provinces canadiennes. Au niveau des blessures,
là, ça peut varier, parce que les définitions peuvent changer d'une province à
l'autre, mais globalement le bilan du Québec se compare avantageusement
au reste des provinces du Canada.
M. Bolduc : Est-ce que vous avez
aussi fait les comparaisons par segment... parlons par exemple de PME ou de
PPE, là... Les PPE du Québec et les PPE des autres provinces, c'est les mêmes
taux. Est-ce que vous avez regardé par segment?
M. Sicard (Claude) : Actuellement,
les statistiques ne nous permettent pas d'établir ça précisément par segment,
là. Les statistiques qu'on a pancanadiennes, là, O.K.?
M.
Bolduc : On nous a mentionné aussi dans le rapport du Vérificateur
général que les normes québécoises dans certains segments seraient
en retard par rapport aux autres provinces, dû justement au fait que les deux
segments du comité paritaire ont de la difficulté à s'entendre là-dessus. Je
voudrais vous entendre là-dessus. Puis qu'est-ce que vous allez faire pour
corriger ça?
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, M. Sicard.
M. Sicard (Claude) : Oui. Actuellement,
de façon générale, disons que le Québec n'assume pas de retard de façon
générale au niveau de la réglementation. Par
contre, effectivement, il y a certains exemples, là, où on accuse un retard. Le Vérificateur
général a mentionné le bruit, par exemple. Actuellement, nos normes sur le bruit accusent un certain
retard. Donc, il y a certains éléments comme ça qui... où on accuse un retard.
Pour accélérer, favoriser la prise de décisions,
comme M. Després l'a mentionné tantôt, nous avons créé déjà un comité de
coordination. Nous allons mettre en place une planification au niveau des
travaux réglementaires. Cette planification-là va être connue de tous, donc il
va... Parce qu'avant ça c'est que les travaux se faisaient au niveau des comités techniques et, s'il n'y avait pas de
consensus au niveau des comités techniques, on ne remontait pas la
décision au niveau C.A. Donc là, on va responsabiliser davantage le C.A., donc, en
bonifiant davantage la gouvernance. Il va y avoir des redditions de compte
régulières qui vont être faites au niveau des C.A. Et, quand il y a aura à ce
moment-là... par exemple, on sera dans une mésentente, à ce moment-là, on
remontera le dossier au C.A. Et là au
niveau du C.A., s'il n'y a pas encore capacité de prise de décision, on
va mettre en place un mécanisme de médiation dans lequel les membres du C.A. vont s'entendre par consensus sur un
médiateur, parce que là actuellement la médiation se fait par la
permanence de la CSST.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci, c'est ce qui met fin à ce bloc. Nous allons passer maintenant à la
deuxième opposition avec le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Merci, M. le
Président. Merci à toutes les personnes. M. Després, Mme Oudar. Mes
premiers remerciements seront pour
Mme la Vérificatrice générale, parce que c'est quand même spécial qu'en
2015 une organisation comme la CSST,
qui n'est pas une jeune organisation, qui a des bureaux un peu partout sur le
territoire... Lorsque j'ai lu le rapport de la vérificatrice, je me suis
dit : Il y a 18 CSST au Québec, selon les régions, selon les bureaux.
Vous savez,
M. Després, moi, j'étais auparavant au ministère du Revenu, quelques
bureaux, mais on appliquait tous la
loi de la même manière. Et j'ai beaucoup de difficultés à comprendre... Là, je
comprends, là, avec le rapport de la Vérificatrice
générale, on a des beaux plans, là, puis on a des échéanciers, là, ça... Même,
il y a des choses qui se sont passé la
semaine dernière, il y en a d'autres que c'est commencé puis là... Mais on voit
aussi qu'il y a beaucoup de choses qui vont arriver en 2016, 2017 puis
même 2018.
Mais je vais
vous amener sur une question bien précise. Tantôt, vous avez parlé des ayants
droit, là, qui ont eu leurs montants, là, des cas relevés, mais est-ce
que vous pouvez m'expliquer pourquoi ces gens-là n'ont pas reçu leurs montants, les ayants droit, lorsque leurs proches
sont décédés? Pourquoi le travail ne s'est pas fait correctement au
début?
Le Président (M. Gaudreault) :
M. Després.
M. Després (Michel) : D'abord,
premièrement, M. le député, je veux vous rassurer. Moi-même ayant été un ancien
parlementaire, je vais vous dire, quand j'ai pris connaissance, effectivement,
que le Vérificateur général nous avait mentionné, effectivement, qu'il y avait des dossiers dans des cas
d'indemnité de décès... Je vais vous dire : Quand il y a une erreur
administrative, on n'essaie pas de se défendre. Il y a eu erreur, on la
corrige. Donc, ce qu'on a fait immédiatement.
Mais je veux vous dire qu'on a fait plus que ça. Le Vérificateur général en
avait trouvé 23, et j'ai dit à mon monde : On va tous les vérifier.
On en a trouvé 13 de plus... 15 de plus?
M. Picard : 15.
M. Després
(Michel) : Donc, en réalité,
on est montés à 38. Et tout ça sur 955 dossiers, parce qu'on a revu
tous les dossiers pour s'assurer... Donc,
c'est l'équivalent de 4 %. Et pourquoi c'est arrivé? À l'époque, il y a eu
un changement de politique dans les
indemnités qui a été annoncé par le gouvernement. Il faut croire que,
malheureusement, il y a certains... on n'a peut-être pas appliqué ces
nouvelles indemnités là correctement. C'est ce qui est arrivé. Puis je veux
prendre l'engagement que, même pour 2015, on va s'assurer que tous ces
dossiers-là sont vérifiés. Mais j'ai l'impression que maintenant les directives de travail... qui avaient été données à
l'époque tout de même clairement, mais effectivement, sur
955 dossiers, il y a 38 cas qui se sont trouvés dans cette
situation-là. Et on s'est assurés de ne pas juste réindemniser les gens, M. le député, on leur a payé l'intérêt
sur ces sommes-là qu'ils auraient dû recevoir à temps. Donc,
effectivement, j'appelle ça une erreur administrative dans l'application.
Puis, quand vous dites : Une organisation
décentralisée, effectivement, c'est un défi, hein? Les compagnies d'assurance sont toutes, au Québec, centralisées.
Nous, là, on est une compagnie d'assurance qui est décentralisée sur le territoire. Il y a 20 bureaux de la CSST. Et
il y a eu des époques, il faut le dire, au niveau de la culture administrative,
dans l'appareil gouvernemental... puis, si
vous connaissez d'autres ministères ou d'autres organismes, c'est toujours le
défi, où on a eu des périodes de
décentralisation de la gestion puis de l'administration, alors que, maintenant,
je vous dirais qu'on est de plus en plus dans un univers où on essaie...
on ne peut pas tout centraliser, ni à Québec ni à Montréal, mais on essaie de
se donner...
Puis on le
fait dans notre cas. Par exemple, au niveau des centres d'appel, on est rendus
avec un centre unifié. Au niveau des activités de financement, on a une
unité qui est dédiée à travers le Québec. Les affaires juridiques étaient décentralisées. Moi, quand je suis arrivé, ça ne
fait pas si longtemps que ça, il y a quatre ans, il y avait 80 avocats à
la CSST, il y avait 23 boss pour les
80 avocats parce qu'ils relevaient chacun des directeurs régionaux.
Maintenant, ils sont restés sur le territoire, quand même, dans les
bureaux régionaux, mais ils ont un boss, qui est le directeur des Affaires
juridiques. Donc, il y a une unité dédiée pour les Affaires juridiques.
En matière de conciliation avec les
conciliateurs, on a fait la même chose. Avec, entre autres, le centre d'admissibilité, parce qu'on parle de
l'admissibilité avec des écarts d'une région à l'autre, on est en train
d'établir une unité en matière de
centre d'admissibilité. Donc, voici, on est un peu à l'étape où on essaie, effectivement,
à s'assurer d'une meilleure
cohérence, d'éviter les disparités régionales et d'avoir cette équité-là, je
dirais, dans l'application du régime.
Mais, je vous le dis, il y a le fait aussi que
ça vient vite. Je ne veux pas qu'on se plaigne, mais il rentre une réclamation à la CSST aux six minutes — c'est assez impressionnant — 365 jours par année. Mais, ceci étant
dit, on a des défis de gestion, mais
je veux vous rassurer quand même que le régime est en bonne santé financière,
on a des résultats financiers qui n'ont pas existé en 35 ans : le
taux de cotisation le plus bas, le nombre de lésions le plus bas et le taux de
capitalisation le plus élevé de son histoire.
• (16 h 10) •
M. Picard : O.K. Mais moi, je veux vous rassurer aussi, je ne
parle pas de la stabilité du régime, là, je parle des accidentés, les gens qui ont la malchance d'avoir
un accident de travail, qui doivent être indemnisés selon la loi le
mieux possible et le plus rapidement possible. Quand vous dites que vous uniformisez, vous me
dites : Il y a un centre d'appel. Pour moi, ce n'est pas qu'il y
en ait un ou qu'il y en ait 10, c'est que la bonne information circule, la bonne application de la loi se fasse correctement au début pour
éviter toutes sortes de recours pour les gens. Parce que quelqu'un
qui reçoit… qui a un accident de travail, là, il est démuni, là.
Là, je vais embarquer un petit peu sur
l'indemnité de revenu, O.K.? Là, vous dites : On est en train… la recommandation 25, vous dites : «...précisera
et diffusera des directives et des
instructions de travail claires, uniformes et conformes.» C'est pour l'automne 2016. Il reste un an. Et après ça vous
venez nous dire : «On va développer
des outils pour les intervenants soutenant l'application des politiques
et des directives.» C'est pour l'automne 2017. Qu'est-ce qui se passe
entre-temps?
M. Després (Michel) : Vous avez
mentionné l'action, probablement, il y a un numéro…
M. Picard : Le 25.
M. Després (Michel) : Le 25. O.K.,
directement dans le plan d'action.
M. Picard :
La recommandation 7, l'action 25. Je comprends que ça prend un certain délai,
mais, moi, là, mon commentaire
initial, c'est que je ne pensais pas que la CSST avait autant de difficulté à
remplir son mandat, je vais le dire comme ça, là, je vais être poli, je
suis toujours poli, ma mère m'a toujours indiqué d'être poli.
Le Président (M. Gaudreault) :
Elle a réussi.
M. Picard : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le président.
M. Després (Michel) : Oui, je vais
passer la parole, s'il n'y a pas d'objection, à mon collègue Claude Sicard.
M. Sicard
(Claude) : Bon,
actuellement, on fait nôtres les constats qu'a dressés le Vérificateur général
concernant, là, la révision de l'IRR
réduite. Vous comprendrez qu'actuellement dans la loi on ne peut pas donner
nécessairement suite aux recommandations du VG telles qu'actuellement
formulées parce qu'il y a des dispositions dans la loi qui nous contraignent à certaines choses. En contrepartie,
c'est sûr que nous, déjà, là, au niveau des politiques puis des
directives de travail, on va travailler là-dessus pour faire un diagnostic
clair de ce qui doit être ajusté parce que, de toute évidence, il y a encore là un problème de cohérence. Mais
actuellement c'est sûr que ça prend un délai, donc, parce que l'idée,
là, il faut faire la recherche nécessaire, par exemple, puis il faut bien
comprendre aussi qu'il y a des cas extrêmement complexes. Parce que, quand on révise l'IRR, là, ou encore qu'on la
détermine, là, au départ, il y a plusieurs cas de figure, là. On parle de 45 cas de figure, là, quand on
détermine ça. Il y a place, dans certains cas, à interprétation. Donc,
l'idée c'est qu'il faut minimiser cette interprétation-là, il faut revoir les
directives dans lesquelles il y a des instructions de travail... soient les plus claires. Actuellement, par exemple, on s'est
aperçu que — puis le
Vérificateur général avait fait ressortir
ça — les
pièces justificatives qu'on demande aux travailleurs pour justifier ces choses
ne sont pas uniformes partout sur le
territoire. On va travailler là-dessus et, dès que faire se peut, on va le
mettre en place. Mais actuellement il y a…
M. Picard : Si vous
permettez, c'est… vous dites : Les pièces justificatives, là. Le
Vérificateur général nous indique que ça
devrait être 12 mois, vous demandez les talons de paie de 12 mois. Puis là, il
y a certains bureaux, c'était quatre
mois, puis, d'autres, c'était différent. Mais ce n'est pas compliqué, une
directive, là. Je ne comprends pas, parce que là, ce que vous dites… Les changements législatifs,
ça, c'est autre chose, mais des mesures concrètes comme ça, il me semble
que ça se fait rapidement.
M. Sicard
(Claude) : Mais
actuellement, des mesures, on va en mettre au fur et à mesure des mesures
concrètes qu'on les a, là, mais évidemment
le travail global, ça peut s'étendre un peu plus long. Mais c'est sûr qu'au fur
et à mesure où on a des choses qu'on peut clarifier on va les mettre au
fur et à mesure.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député, il reste un peu moins d'une minute.
M. Picard : Juste pour
conclure mon premier bloc. Tantôt, M. Després a indiqué, pour les ayants droit,
que c'était 4 %. Je comprends,
lorsqu'on travaille en pourcentage, mais moi, je travaille en fonction des
clients, des citoyens. C'est des
humains, là, c'est pour ça que… Des pourcentages, on peut leur faire dire
n'importe quoi. Moi, c'est les gens, là. Comme tantôt, le député de Verchères disait : On reçoit des
accidentés qui ont des problèmes, là. On ne dit pas qu'ils ont toujours raison, là, mais il faut simplifier le
plus possible les procédures pour ces gens-là puis qu'ils aient un
traitement équitable. Merci.
M. Després
(Michel) : Égal. Mais, je
veux juste vous rassurer, tous les dossiers ont été revus puis, au
moment où on se parle, tous les dossiers,
les 38 dossiers ont été indemnisés ou leur succession a été indemnisée et avec
intérêts. Et moi, je suis d'accord avec vous, M. le député, quand il y a
une erreur, on la corrige.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. Maintenant, on retourne du côté du gouvernement, avec le député de Sainte-Rose.
M. Habel : Merci, M. le Président.
Mes questions vont être pour le Bureau d'évaluation médicale. Le BEM intervient dans le mécanisme pour rendre un avis
médical dans les cas où il y a divergence d'opinions entre le médecin et
le travailleur sur les cinq sujets, là, j'y vais rapidement : le
diagnostic, la date ou l'arrêt prévisible de consultation des lésions, la suffisance ou la durée des soins,
l'existence et le pourcentage d'atteinte permanente à l'intégrité physique
ou l'existence, à l'évaluation, des limitations fonctionnelles du travailleur.
Ma question
est au niveau du recrutement parce qu'on voit qu'il y a eu une diminution au niveau du
recrutement de 79 à 71 membres, et
que les demandes, eux, ont augmenté de 14 %, et qu'il y a des difficultés,
surtout dans des secteurs spécialisés
comme la psychiatrie, où qu'il y a 37 jours de plus que la moyenne.
Comment vous vous assurez d'avoir un recrutement
qui est adéquat et qui répond aux besoins? Je pose la question aussi parce
qu'il y a eu une augmentation... c'est-à-dire au nombre de 431 avis
qui a dépassé le nombre du délai légal de 30 jours.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme Oudar.
Mme Oudar (Manuelle) : D'abord,
merci pour cette question très importante sur la question du recrutement
effectivement parce que toute la question des délais est interreliée non
seulement à la question du recrutement, à la question
de la transcription des avis dictés par les médecins, mais la question du
recrutement est au coeur effectivement de la question des délais.
On
a constaté, nous aussi également que... comme la révision de la procédure de recrutement
n'avait pas été faite depuis 1998, le
CCTM... qui est le Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, de qui
relève toute la question du recrutement
des médecins puisque, comme je l'ai mentionné tout à l'heure en introduction,
les médecins sont engagés à la suite d'un avis unanime du CCTM... Il y a eu des
travaux qui ont été faits cet été de façon, j'allais dire, dans des
échéanciers très serrés. La politique de
recrutement a été revue. Il y a certaines choses qui ont été faites qui sont nouvelles.
En fait, je vous amène au plan d'action que le ministère a déposé qui
sont dans les actions 14 et 18 pour me permettre aussi de préciser que tout ce qui est en gris dans le
tableau, c'est des nouvelles actions. Tout ce qui n'est pas en gris, c'est des
actions qui étaient déjà entreprises, qui
ont porté fruit. Donc, vous voyez que, dans les 14 et 18, c'est toutes des
nouvelles actions, dans le fond, qui sont entreprises.
Ce
qu'il est important de mentionner, c'est que, dorénavant, il va y avoir une
évaluation du besoin par région. Donc,
on sait que, dans des spécialités, de façon plus spécifique, il y a un manque
criant de médecins spécialistes au BEM, par exemple, tout ce qui est sur
le musculosquelettique, là, donc tout ce qui est relatif aux blessures au dos,
etc. On voit qu'on a un nombre de
médecins... et le nombre d'avis est en augmentation, le nombre de médecins
spécialistes nécessaires dans cette spécialité-là va devoir être
augmenté.
Donc, ce qu'on a
fait, parce qu'il faut qu'on détermine le besoin, qu'on signifie au CCTM, alors
il y a un besoin qui a été signifié
récemment, là, au CCTM, de 22 médecins additionnels, donc, on vise un
nombre de 85 médecins spécialistes en tout, là, pour les prochaines
années. Alors, le processus va suivre son cours.
Je ne veux pas
prendre trop de temps, j'aurai l'occasion de parler peut-être des conditions,
là, au niveau du recrutement des médecins.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Oui. J'ai une autre question parce que le rapport de la Vérificatrice générale
nous mentionne que, «lorsque le délai est
respecté, la CSST devient liée à l'avis du BEM, c'est-à-dire que ses décisions
doivent être basées sur cet avis»,
et, «si le délai dépasse 30 jours, l'avis du BEM devient caduc»... et la
CSST peut avoir une expertise médicale la plus rapide entre ceux du BEM et ceux d'un expert. J'aimerais savoir
quels sont les critères de sélection de cet expert.
M. Sicard
(Claude) : L'expert à la CSST?
M. Habel :
Oui, exactement.
M. Sicard (Claude) : De façon générale, même s'il y a un délai, là, on va attendre la
décision du BEM parce que, je veux
dire, le temps de déclencher une expertise, là, dans les 30 jours,
souvent, on ne l'aura pas, là, ça fait que, je veux dire...
M. Habel :
O.K. Merci beaucoup.
Le Président (M.
Gaudreault) : Oui, M. le député de Sainte-Rose.
M. Habel :
Je voulais aussi vous parler de la qualité des avis médicaux. Le rapport de la
vérificatrice note qu'il n'y a pas de
«processus formel de rétroinformation en ce qui a trait aux décisions rendues
par la CLP». Et elle note aussi qu'il
y a eu le double des erreurs commises dans les avis initiaux. J'aimerais juste
savoir comment vous orientez votre vision des choses pour diminuer le
nombre d'erreurs dans les avis médicaux.
• (16 h 20) •
Mme Oudar (Manuelle) : Peut-être juste, si vous me permettez de revenir
sur la question du délai... Tout à l'heure, en introduction, comme je vous mentionnais, on vient de publier les données
concernant le délai. En fait, dans le rapport du Vérificateur général, le vérificateur note que, en 2013‑2014,
431 dossiers ont dépassé le délai de 30 jours. On a compilé les données pour 2014‑2015 pour voir si... En
fait, on vise un processus d'amélioration. On est à 56 dossiers seulement qui
dépassent le délai de 30 jours. Notre objectif, c'est d'arriver à zéro. En
publiant les données et en étant transparents, parce qu'on publie aussi les
données concernant le délai opérationnel, on pense qu'on va effectivement atteindre ce but.
Maintenant,
pour la question de la qualité des avis, puisque
c'était aussi une des recommandations du Vérificateur général, on avait déjà entrepris
certaines actions par le passé. Ces actions, on s'est aperçu qu'il fallait
qu'elles soient également un peu plus
accentuées. Donc, ce qu'on a déjà, c'est qu'on a déjà un comité de cinq
médecins qui est formé actuellement et qui examine des avis de façon
aléatoire. Il y a 500 avis qui ont été relus et corrigés en fait au cours de
l'année. On va monter le chiffre à 750 avis, qui vont être examinés par ce
comité de relecture. Ce comité de relecture ensuite,
quand il décèle des erreurs, il revient en formation générale au cours de
l'année, puisqu'il y a des formations, vous
l'avez vu, qui sont données aux médecins du BEM, et il fait des actions...
aussi, le médecin directeur du BEM fait aussi des actions de façon ciblée sur certains médecins pour lesquels des avis
pourraient être plus problématiques. La note de passage de ce petit comité-là sur les avis, c'est de 70 %. Donc, il
faut que, à différents critères... que l'avis est examiné de façon très, très serrée sur différents critères.
80 % des avis respectent ces critères-là. Donc, on va s'attarder sur le
20 % pour mettre les efforts à la bonne place.
On a aussi... parce
qu'on nous demandait de faire une rétraction auprès de la CLP, parce que, vous
savez, nos dossiers... Ultimement, il y a
1,6 %, là, de nos dossiers qui s'en vont... Pardon. Il y a un pourcentage
de dossiers qui s'en vont devant la
CLP, mais il y en a seulement 1,6 % qui sont renversés par la
jurisprudence. Au niveau de la CLP, suite à une vérification qu'on a faite récemment, en août 2015, ils nous confirment
que la qualité des avis s'est améliorée, donc que nos actions ont porté fruit. Alors, on va
continuer à accentuer nos efforts avec le travail du comité, là, des cinq
médecins comme tels.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Vous avez 10 % des cas qui sont ouverts, à travers la
CSST, qui s'en vont jusqu'au BEM. Donc, dès qu'il y a une différence entre l'avis du médecin du travailleur et
l'avis du médecin désigné par la CSST, automatiquement, on vous le
réfère au BEM?
Mme Oudar
(Manuelle) : Il faut
comprendre que le mécanisme du BEM, dans le fond, c'est quand il y a
une... j'allais employer le mot «litige», là, que je n'aime pas... donc une
différence d'avis entre le médecin qui a charge du travailleur et le médecin de l'employeur ou de la CSST. Donc, à partir
du moment où il y a une divergence dans l'opinion médicale, le dossier part au BEM, là, c'est ça qui
représente... Sur quelque 100 000 dossiers, il y a à peu près 10 000
dossiers, bon an, mal an, là, qui vont au Bureau d'évaluation médicale.
Alors, c'est ces dossiers-là qui se transportent vers le BEM, et l'opinion du médecin du BEM, c'est
l'opinion, je dirais, qui tranche le litige, là, de divergence des
médecins. Donc, c'est pour ça que, tout à
l'heure, quand je vous parlais du niveau d'expertise des spécialistes qui sont
au BEM, de la formation qui est
requise, les médecins, dans le fond, ils viennent trancher un litige médical
concernant un travailleur.
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui.
M. Habel : Évidemment, c'est sûr que
les gens qui viennent dans nos bureaux de comté espèrent avoir un diagnostic le plus rapidement possible. Puis,
selon les analyses de la CSST, une diminution des délais de 13 jours
pourrait permettre une économie de plus de
2,7 millions de dollars en IRR par année. Est-ce que vous trouvez que... Ma
question va être un petit peu plus large, là : Quelle est votre vision
pour réduire le nombre de jours de saisie d'une demande?
Mme Oudar
(Manuelle) : Alors, comme je
le disais tout à l'heure, la question du délai, on s'y attarde de façon,
j'allais dire, globale. Non seulement j'ai
parlé tout à l'heure de la question du recrutement des médecins, on est
conscients qu'il y a une pénurie, dans certaines spécialités, pour certaines
régions, j'en ai parlé tout à l'heure, on s'attaque à ce problème-là.
Un autre facteur qui peut être lié aussi, c'est
la question de la transcription des décisions des médecins. Les médecins, ils dictent, au dictaphone, là, alors ce
qu'on cherche à accélérer, au niveau... c'est non seulement la saisie du
dossier, là... je ne veux pas m'en aller
dans du trop technique, là, mais, quand la boîte de dossiers s'en vient au BEM, il faut que le
dossier qui provient de la CSST...
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci.
Mme Oudar (Manuelle) : ...qui
concerne les travailleurs...
Le Président (M. Gaudreault) :
Ça met fin à ce bloc. Alors, vous pourrez continuer peut-être dans le prochain
bloc, là.
Mme Oudar (Manuelle) : Bon, je
reviendrai tout à l'heure.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Merci, M.
le Président. Alors, à la demande de M. le Président, on va y aller d'échanges peut-être
un peu plus directs. Je vous remercie, M. Després, d'avoir explicité un peu le contenu de
votre plan d'action, là, au niveau des 13 points concernant la
gouvernance, parce que c'était effectivement un point qui retenait mon
attention.
Vous avez parlé des comités, du fait que les
comités devaient rendre des comptes, arriver à des résultats, être efficaces. Ça sonne comme musique à mes oreilles,
parce que les échos étaient plutôt à l'effet que les comités n'étaient
pas aussi efficaces qu'ils devraient l'être. Et ils sont peut-être affectés des
vices de constitution — appelons
ça comme ça — qui touchent le conseil d'administration.
Vous avez évoqué à juste titre le fait qu'il y a un certain nombre de, je
dirais, de paramètres législatifs au niveau
de la gouvernance de la CSST, et j'accueille, comme vous, avec grand intérêt
l'ouverture qui est manifestée par le
ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, qui a demandé
justement un avis au Comité consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre pour éventuellement examiner des pistes de solution, lesquelles
pourraient passer par des modifications législatives.
Mais, au
nombre des problèmes qu'on constate, qu'on observe, il y a le fait que la CSST,
lorsqu'on la compare avec ce qui
pourrait être vu comme des équivalents, est la seule entité où le poste de
président et de directeur général est occupé par une seule et même
personne. Est-ce que c'est une bonne chose? Est-ce que ça devrait être remis en
cause dans le cadre d'une modification législative? La façon dont est composé
le conseil d'administration, avec pas d'intervenant extérieur, avec parité du point de vue syndical et patronal, avec cette
obligation que les caucus en arrivent à une espèce de consensus avant
qu'un point puisse être amené à l'ordre du jour du conseil d'administration,
est-ce que ça fera partie des choses qui
devront être remises en question pour assurer un plus grand dynamisme, une plus
grande efficacité puis un caractère plus proactif du conseil
d'administration? Bien, j'ose espérer éventuellement que, soit le Comité
consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre ou soit le ministre lui-même, à la lumière de nos travaux puis
des recommandations de la Vérificatrice générale, pourra en venir
éventuellement à cette conclusion.
Mais, chose
certaine, on parle de modifications législatives. Que je sache, nous avons
procédé à des modifications législatives
il n'y a pas si longtemps, amenant la fusion d'un certain nombre d'entités sous
un même parapluie, mais en conservant toujours cette structure de
gouvernance qui pose problème. N'aurions-nous pas dû, à travers cette fusion, procéder à un certain nombre de modifications législatives
qui auraient assuré un plus grand dynamisme puis une plus grande efficacité au
conseil d'administration dans sa prise de décision et dans son efficacité?
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le président.
• (16 h 30) •
M. Després
(Michel) : Bien, écoutez,
vous posez une excellente question. Vous comprendrez que je vais être à
la fois prudent, mais je vais... parce qu'au
bout de la ligne ça reste qu'il y a une décision politique, une décision du
législateur à déterminer effectivement sur la gouvernance. Je pense que — et je
ne veux pas parler non plus pour le ministre, loin de là — il y a
eu effectivement projet de loi, puis la structure de gouvernance pour le moment
est restée la même. Mais, en même
temps, le ministre... je pense que l'objectif était, dans le mandat qu'il a
donné au CCTM, était de revoir l'ensemble des missions de prévention, réparation et du financement, incluant la
gouvernance, pour avoir des propositions justement de la part du monde patronal et syndical, donc, au
lieu probablement de voir des choses à la pièce, d'avoir une perspective
face à cette loi-là qui est là et établie depuis longtemps, de se dire :
Quels sont les changements législatifs qu'on pourrait y apporter, en incluant
naturellement celle de la gouvernance?
Maintenant,
écoutez, le rapport du Vérificateur général est assez clair que, au fond, en ce
qui concerne les bonnes pratiques de
gouvernance, on les connaît, et c'est la séparation des pouvoirs au niveau du
président, ce sont d'inclure des administrateurs
indépendants. La CSST, en 2008, avait demandé un rapport d'expertise de la part
de l'IGOPP, qui est l'institut sur la gouvernance d'opinions publiques
et privées, je crois, et rapportait dans son rapport, il se collait aux bonnes pratiques, que, dans le cas où,
éventuellement, on devrait séparer les pouvoirs, d'avoir un conseil
d'administration, même quand il y a un équivalent dans un contexte paritaire,
qu'il pourrait y avoir des administrateurs indépendants.
Maintenant,
quelle est la position de ce qui passe au CCTM? Je n'y suis pas, mes collègues
n'ont plus n'y sont pas, c'est
réellement à la table du CCTM que ces choses-là se débattent. Il y aura
rapport, un avis qui sera déposé au ministre, et je suppose que le ministre en disposera là-dessus, comme il en disposera
sur le reste de la modernisation du régime, parce que c'est ça, l'objectif, donc on verra à ce
moment-là. Mais je pense que l'ensemble des organisations ont tendance à
se coller aux bonnes pratiques.
Maintenant, je ne peux pas aller beaucoup plus
loin, M. le Président, que de vous répondre que le rapport du vérificateur... en fait, le vérificateur a fait
ses commentaires là-dessus. L'IGOPP, qui est une organisation qui a
déjà... l'institut de la gouvernance, comme je vous disais, qui s'est déjà
penché sur un certain nombre de choses sur la gouvernance,
qui a été déposé aux membres du conseil d'administration... Maintenant, quel
est leur point de vue? Je ne vous
dirais pas que c'est nécessairement le même. Je pense que l'environnement du
contexte paritaire est quelque chose auquel
les gens, autant du côté syndical que du côté patronal, tiennent énormément.
Mais je pense que l'avenir est aux bonnes
pratiques de gouvernance. Maintenant, ce sera des discussions qui n'ont pas
lieu à mon niveau, mais qui seront probablement,
éventuellement, alentour de votre table, un jour, suite à ce que le ministre
aura obtenu comme rapport, et comment il en disposera maintenant, et se
présentera éventuellement au législateur.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Bien,
effectivement, on a le rapport de la Vérificatrice générale. On aura, je
l'espère, éventuellement, le rapport
du comité consultatif ou, à tout le moins, le ministre aura, sur sa table, son
rapport. Ceci dit, vous avez vu les recommandations, vous avez vu les
observations du Vérificateur général, je ne veux pas vous mettre dans une mauvaise posture à l'égard des autres membres du
conseil d'administration, puisque c'est probablement des questions dont vous n'avez pas discuté, mais, puisque vous
occupez ces fonctions depuis déjà un certain temps, puis que vous avez
été en mesure d'éprouver à la fois les avantages et les inconvénients de la
gouvernance telle qu'elle est...
Une voix : Présentement.
M.
Bergeron : ...je
dirais, conçue dans la législation, je me demandais si vous aviez à partager
avec nous, et incidemment avec le ministre, des observations, peut-être même
des idées ou des préférences à la lumière de votre expérience, qui n'est certainement pas négligeable et certainement
pas... qu'on ne peut certainement pas écarter du revers de la main dans
les décisions qui auront éventuellement à être prises quant à la gouvernance.
M. Després (Michel) : Remarquez
bien, vous êtes tenace, vous revenez à la charge. Mais, ceci étant dit...
M.
Bergeron : Vous me
connaissez depuis un certain temps.
M. Després
(Michel) : Oui, oui, oui,
j'ai eu cette chance-là. Mais, ceci étant dit, M. le Président, je vous
dirais que, comme gestionnaire, je pense
que de se coller aux bonnes pratiques de gouvernance, c'est de cette façon que
les choses doivent évoluer, autant pour le poste que pour la structure
du conseil d'administration.
Maintenant,
je le vis, je préside un conseil paritaire. Naturellement, écoutez,
ce n'est pas à moi... je ne siège pas, le ministre ne m'a pas mandaté pour aller siéger au CCTM, c'est réellement
au CCTM puis aux organisations patronales et syndicales, qui ont leurs points
de vue sur la gouvernance, qui vont
faire des recommandations. Mais je pense que, quand on regarde le point de vue du Vérificateur général, qu'on regarde le point de
vue d'une organisation, comme l'Institut sur la gouvernance
d'organisations privées et publiques, qui est une organisation qui n'a pas d'intérêt, qui est là pour émettre un point de vue, dit que les choses devraient évoluer en fonction des bonnes pratiques
de gouvernement. Une fois que ceci est dit,
il appartient maintenant beaucoup plus, un jour ou l'autre, au législateur, au
ministre, de se prononcer là-dessus. Mais je
suis à l'aise avec les bonnes pratiques de gouvernance parce que
je pense que, dans le contexte actuel, ça met, effectivement... quand vous êtes président du conseil, président ou chef de direction,
ça peut, dans cette situation, vous mettre en même temps dans des situations
qui peuvent être embarrassantes, hein?
Mais, en même temps, je crois sincèrement que le fait qu'au conseil d'administration il y a
du monde patronal, syndical, qui,
eux, ont un point de vue qui fait que le paritarisme a une position, que
les choses ont tout de même
évolué dans le temps... Puis elles évoluent effectivement de mieux en mieux depuis, je vous dirais, les dernières années,
surtout depuis l'adoption
de la Loi de la gouvernance. Quand on regarde ce que le conseil d'administration a adopté en 2008, en 2011, en 2014, on voit cette
évolution-là aussi d'un conseil qui est un conseil formé strictement de monde
paritaire.
Maintenant,
le gouvernement a pris des décisions dans d'autres législations,
de d'autres organisations qui étaient autrefois paritaires...
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci.
M. Després (Michel) : Oui. Je
pourrai revenir, M. le Président.
Le
Président (M. Gaudreault) : Ça termine ce bloc. Nous retournons avec le gouvernement et le député d'Orford.
M.
Reid : Oui, merci,
M. le Président. Je pense
qu'on y retourne tout de suite, d'ailleurs, sur le sujet. Le député de Verchères a
ouvert la porte.
Moi, j'ai plusieurs
questions. D'abord, premièrement, je veux vous féliciter pour les résultats, hein,
parce qu'ici on vient... parce que le vérificateur fait un
rapport. Le vérificateur ne fait pas un rapport pour vous féliciter, il fait
toujours un rapport pour dire qu'est-ce qui va moins bien. Alors, on a
l'impression que tout va mal, mais enfin il y a quand même beaucoup de choses
qui vont bien, et vous l'avez mentionné tout à l'heure.
On va essayer
tous les deux, un ancien professeur d'université, un ancien politicien, de
faire des réponses et des questions courtes, c'est difficile...
M. Després (Michel) : Ça va.
M.
Reid : Le président
va nous surveiller. Et moi, j'aimerais juste que vous me disiez un petit peu,
par rapport à un C.A. habituel où les
membres sont généralement... représentent soit le public, dans le monde public
comme l'université, par exemple, le C.A., il représente le public... et là vous
avez un C.A. qui représente des intérêts qui sont directement touchés par ça.
Comment vous
trouvez, là... Disons que ça fonctionne, pouvez-vous me donner quelques
indications? C'est un peu ce qu'on
demandait tantôt, mais pas nécessairement sur ce qu'il faut changer, mais
quelles sont les différences que vous voyez, en quelques mots, là? S'il
y a des choses qui frappent plus que...
M. Després (Michel) : Bien, c'est
sûr que les gens qui viennent au conseil d'administration ont à la fois deux chapeaux. Parce qu'ils ont le chapeau parce
qu'ils sont nommés administrateurs d'un régime de santé et sécurité du travail, mais, en même temps, ils représentent des
intérêts, qui sont des intérêts du côté syndical ou des intérêts du côté
patronal. Donc, vous avez des positions qui
sont des fois... sur lesquelles les choses évoluent très, très bien ou d'autres
fois sur des choses sur lesquelles ça
demande plus de discussions. Il faut prendre plus notre temps, il faut faire
évoluer les choses.
Mais, c'est
sûr, vous avez deux côtés avec des positions qui sont dans l'objectif
d'améliorer le régime en matière de santé et sécurité, mais il faut...
M.
Reid : On passe
tout de suite à une autre question...
M. Després (Michel) : Oui, allez-y.
M.
Reid :
...qui donne suite à ça, c'est que la vérificatrice dit, page...
paragraphes 32, 34, que le comité n'a pas de critère d'évaluation de fonctionnement, de conseil
d'administration ni de programme de formation continue. Or, c'est
souvent par la formation continue ou une formation initiale, formation
continue, effectivement, qu'on sort un peu de cette logique de défendre les
intérêts de ceux qui nous envoient là, tu sais.
Le plan d'action en parle un peu. Pouvez-vous
nous dire un petit peu comment vous avez désamorcé cette question-là avec la
formation?
M. Després (Michel) : O.K. Bien,
écoutez, d'abord, une chose à la base, là, les gens qui siègent au conseil d'administration de la CSST, pour plusieurs,
siègent sur d'autres conseils d'administration. Donc, ils connaissent
très, très bien, au fond... Ils ont déjà,
bien souvent, une formation d'administrateur de société ou ont déjà eu des
formations en tant qu'administrateurs de leurs propres organisations,
qu'elles soient syndicales ou qu'elles soient patronales. Donc, ces gens-là sont tout de même des gens qui ont une
grande expérience comme administrateurs dans plusieurs cas. Donc, il n'y
avait pas de plan. Il y a un plan à la commission, d'accueil, quand les
administrateurs arrivent.
Je me
rappelle, en septembre 2013, sur mon initiative, on a fait une formation
au conseil d'administration, on a consacré
un conseil d'administration à la formation à la gouvernance. Je pense que,
là-dessus, sincèrement, les administrateurs sont très ouverts à un plan de
formation. D'ailleurs, on va recueillir leurs préoccupations pour
adapter un plan de formation à...
M.
Reid :
Avez-vous l'impression que ça va aider un petit peu au problème suivant, qu'on
voit dans le rapport aux paragraphes
41 à 45, où on dit que la CSST ne joue... le conseil ne joue pas son rôle
d'agent de changement? Parce qu'il y a des
changements où on parle un peu plus loin, là, dans le rapport du vérificateur,
à la page... paragraphe 55, 60, on parle, par exemple, de l'évolution des... de changement des normes de bruit, et
que, là, on nous donne ça comme un exemple de quelque chose, justement,
qui ne change pas... l'adaptation. Il y a beaucoup d'exemples d'adaptation à
faire, hein, l'évolution de la société,
etc., mais ça, c'est un cas un peu clair, là, de plusieurs années, de ce qui
semble être une stagnation.
Et donc est-ce que le fait de faire des
changements au niveau de formation, etc., est-ce que vous pensez que ça va
changer quelque chose? Mais, même, la vraie question, c'est : Est-ce que
vous pensez que cette structure-là, en caucus,
etc., est une des explications qui fait en sorte que la vérificatrice, dans ce
qu'elle a trouvé, en arrive à la conclusion que le niveau de changement
et d'adaptation à la société québécoise n'est pas ce qu'il devrait être?
• (16 h 40) •
M. Després (Michel) : Mais je vous
ai dit en même temps qu'il y avait, oui, un certain nombre... il y a des dizaines de règlements qui sont adoptés. Des fois,
effectivement, il y a des dossiers qui sont peut-être plus longs ou des dossiers, des fois, qui, dans le temps, ont été
débattus, ont été, excusez l'expression, remis sur la glace, ramenés pour
des raisons stratégiques. Mais je vous
dirais que je crois que, où les choses vont changer, c'est par la création du
comité de coordination, par le fait
que, je dirais, que le conseil d'administration veut suivre de beaucoup plus
près tout le volet de l'évolution
réglementaire et d'amener, justement, lorsqu'un dossier ne fonctionnera pas
dans un comité, dans les 18 sous-comités
que je vous ai parlé, de se dire : O.K., ça ne fonctionne pas au niveau du
comité, on veut avoir une reddition de comptes.
On avait identifié que, cette année, il fallait faire évoluer la réglementation
sur tel sujet, par exemple, la surdité...
M.
Reid : O.K., O.K.
Mettons que c'est une façon...
M. Després (Michel) : On s'est donné
un échéancier, on veut une reddition de comptes trimestrielle et une reddition
de comptes annuelle. Donc, je dirais que ça va permettre au conseil de suivre
de plus près. Et quitte à faire les débats au conseil d'administration sur ces
sujets-là pour voir...
M.
Reid :
C'est ça, c'est une façon de briser les «deadlocks», qu'on appelle en bon
français, des «deadlocks» qui font que ça n'avance plus à quelque part,
puis là c'est dans la structure qu'est le «deadlock», ce n'est pas...
M. Després (Michel) : Oui, dans
l'organisation des travaux, au fond, qu'on va se donner.
M.
Reid : J'ai une
autre question.
M. Després (Michel) : Oui.
M.
Reid : Est-ce que
ça va bien, M. le Président?
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député, oui, vraiment vous m'impressionnez.
M.
Reid : On est
capables de sortir de nos vieux rôles traditionnels. Écoutez, c'est la question
des risques de conflit ou d'apparence de conflit d'intérêts. Moi, je dis :
Bon, la vérificatrice avait posé la question dans une réunion préalable, elle a dit : On n'a rien vu. Les
gens du vérificateur ont dit : On n'a rien vu qui était anormal et
incorrect, là. Par contre, comme il
n'y a pas balise, ça pourrait arriver, puis il n'y a rien qui prévoit ça. On
pense, par exemple, à l'intervention d'un
membre du conseil d'administration pour une cause qui lui tient à coeur,
qu'elle soit patronale ou syndicale, disons, en contact avec des gens de
l'organisation, de l'administration qui ont à gérer ça de façon indépendante
évidemment. La question qui se pose, c'est : Est-ce qu'on va changer ça?
Est-ce que les moyens qu'on va prendre vont s'assurer que, non seulement...
M. Després (Michel) : Peut-être...
Bon.
M.
Reid :
...il n'y en aura pas, parce qu'il ne semble pas y en avoir de toute façon,
mais que publiquement, pour le public, il n'y aura pas d'apparence de
conflit possible?
M. Després (Michel) : Mais c'est sûr
qu'on parle bien d'apparence?
M.
Reid : Oui.
M. Després (Michel) : Parce qu'effectivement, vous l'avez bien mentionné, il n'y a absolument
pas de conflit d'intérêts. Mais
l'objectif derrière ça était justement, à partir du moment où vous avez des
politiques à adopter, et que c'est les
membres du conseil d'administration qui se ne retrouvent pas eux
individuellement, mais comme organisation patronale ou syndicale, à recevoir des subventions pour
faire des activités de prévention, il fallait trouver une façon de faire les
choses différemment,
et c'est là où on a établi le processus de se dire : On va nommer un
comité de trois personnes indépendantes où il y aura consensus au niveau
de du conseil, mais des gens qui ne sont pas nécessairement de ces
organisations syndicales là ou patronales,
qui pourront faire une évaluation juste de ces politiques-là qu'on doit... si
on doit les modifier ou les adopter, ce qui va être le cas probablement
en 2016. Donc, on créera cette façon de fonctionner qui permettra aux membres
du conseil de s'éloigner et de s'assurer qu'il n'y a pas d'apparence de conflit
d'intérêts.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député d'Orford.
M.
Reid :
Il reste trois minutes, j'ai encore deux questions.
Mais, là-dessus, il y
a une question qui s'est posée, là, quand on lit dans le rapport du
vérificateur, c'est : De quelle façon s'assure-t-on que les priorités, si
elles sont fixées, de la CSST, pour ces subventions-là, subventions de formation ou d'intervention... sont-elles
respectées, disons? Parce que la vérificatrice nous sème un petit doute quand
même que, là-dessus, soit qu'ils ne l'ont
pas trouvé ou soit qu'il y a un problème potentiel. Je ne sais pas si vous
pouvez nous en parler un peu avant que je vous pose ma dernière
question.
M. Sicard
(Claude) : Il parle de la planification.
M. Després (Michel) : Oui. Voulez-vous en dire un mot? Je permettrais peut-être à Claude
Sicard, mon collègue...
M. Sicard
(Claude) : Oui, peut-être. C'est ça, au niveau des subventions, c'est
qu'actuellement dans les ententes, entre
autres au niveau de la formation, information, il n'y avait pas... la CSST ne
fournissait pas toujours des exigences
en matière de priorités au niveau de formation, information. Dorénavant, on est
en train de faire tout le processus de
planification stratégique. Il y aura aussi une planification pluriannuelle qui
va découler de la planification stratégique dans laquelle on va venir
préciser les formations, et les associations subventionnées vont être obligées
de nous rendre compte sur cet aspect-là, et on pourrait retenir des sommes si
jamais il n'y avait pas de...
M.
Reid : C'est clair. M. le président-directeur général, dans
votre allocution, vous avez dit — ici, j'ai la page... je ne sais pas
si vous avez les mêmes pages, mais à la page 6 — à propos du
rapport : «La CSST montre le souci de moderniser
sa gouvernance et applique déjà plusieurs bonnes pratiques.» Et vous avez
répété tantôt deux fois que vous étiez à l'aise avec les bonnes
pratiques, etc. Je ne sais pas combien de temps qu'il nous reste, mais
donnez-nous des exemples, s'il vous plaît, pour la gouvernance.
Le Président (M.
Gaudreault) : Un petit peu plus d'une minute.
M. Després
(Michel) : Bien, écoutez, la révision de son règlement intérieur, la
commission avait le même règlement intérieur
depuis 35 ans, donc on a pris l'engagement d'en avoir un nouveau. Il a été
adopté par le gouvernement le 30 juin dernier. Il pourrait arriver
qu'on... et c'est prévu de le revoir à tous les trois ans.
On a prévu de revoir
le code d'éthique et déontologie des administrateurs.
Celle
d'avoir le comité de coordination que je vous parlais tout à l'heure et d'avoir
effectivement un état de situation à tous les trois mois avec une
reddition de comptes annuelle pour s'assurer que ces changements-là au niveau réglementaire soient beaucoup plus... avancent
beaucoup plus rapidement ou, s'il y a un blocage, de s'assurer de voir
qu'on fasse le débat au conseil
d'administration pour voir comment on peut faire avancer les choses. Donc, ce
sont les mesures sur lesquelles...
Une voix :
L'encadrement des subventions.
M. Després (Michel) : Oui. L'encadrement des subventions, effectivement, avec le comité qu'on
vient de parler. Donc, voici les mesures bien concrètes en évolution en
matière de gouvernance.
M.
Reid :
J'imagine qu'il ne reste plus de temps.
Le Président (M.
Gaudreault) : Bien, il reste 15 secondes.
M.
Reid :
Merci beaucoup.
Le
Président (M. Gaudreault) : On le reportera sur votre prochain
bloc. M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M.
Picard : Merci. Juste
en complément, M. Després, ça a pris combien de temps pour la révision du
règlement intérieur? Vous venez de le finaliser, mais vous aviez débuté les
travaux quand?
M. Després
(Michel) : On a débuté... J'ai ça quelque part.
M. Picard :
Plusieurs années, de mémoire, hein, je crois?
M. Després
(Michel) : Oui, oui. En réalité, il avait été commencé en... Dans les
faits, c'est en 2011 qu'on a commencé à
travailler sur notre règlement intérieur. Mais ce que je veux vous dire, à la décharge
des membres du conseil, ça a été l'époque aussi où il y a eu... En 2012,
il était question de préparer le projet de loi n° 60, justement sur la
modernisation du régime : suite à un comité qui avait été fait du monde
patronal, syndical et de l'administration, des recommandations qui avaient
été déposées, un projet de loi qui avait été préparé et qui... effectivement, a eu des élections, déclenchement...
Donc, le conseil s'est... et l'administration s'est beaucoup plus préoccupée... Donc, il y a
eu comme un arrêt, si vous voulez, dans ces travaux-là pour se concentrer sur le volet législatif. On est
revenus en 2012 et, effectivement, en
2014. Mais, vous savez, à partir du moment où vous modifiez... Et c'est un peu
ça, de vivre dans le monde paritaire, là, ce n'est pas juste l'administration.
M. Picard : Je vais reprendre
la rondelle, là.
M. Després (Michel) : O.K., allez-y.
M. Picard : Je sens...
M. Després (Michel) : Allez-y.
M. Picard : Je sens que je la
perds un petit peu, là.
M. Després (Michel) : Allez-y! Non,
allez-y, allez-y!
M. Picard : Bien, justement,
là, vous parlez du conseil d'administration qui est paritaire. Vous connaissez certainement
le modèle de la Colombie-Britannique.
M. Després (Michel) : Oui.
M. Picard : Est-ce que c'est
un modèle intéressant pour vous?
M. Després
(Michel) : Bien, écoutez,
c'est un modèle qui... je crois, mon ami... mon collègue Claude Sicard,
c'est le conseil d'administration qui
est passé d'un conseil paritaire avec une représentation d'administrateurs
indépendants...
M. Picard : Bien, je vais
vous donner qu'est-ce que...
M. Després (Michel) : Non, j'ai...
M. Picard : Il y a un représentant
des travailleurs, un des employeurs, trois membres d'intérêt public, dont un
président du conseil, un membre qui est un professionnel offrant des services
de santé ou de réhabilitation aux personnes handicapées et un membre qui est un
actuaire.
M. Després (Michel) : Oui. Remarquez
bien...
M. Picard : Pour l'efficacité,
là, ils sont sept au lieu d'être 15, là.
M. Després (Michel) : Mais, je vais
vous dire, il y a différents modèles, si vous regardez les structures, effectivement, de gouvernance un peu à travers le Canada. La Vérificatrice générale l'a dit, je vous l'ai dit par le rapport
de l'IGOPP tantôt, je pense que ça doit évoluer par les bonnes pratiques. Maintenant,
ce n'est pas à mon niveau à statuer là-dessus...
M. Picard : Je reprends la...
M. Després (Michel) : ...il y a un
mandat, le ministre a donné un mandat politique, carrément, au CCTM. Ça fait que, par respect pour les membres du conseil d'administration, je me dois, à quelque part, ne participant pas
moi-même à ces travaux-là... un
rapport qui sera déposé au ministre, puis ce sera au côté politique
à voir les choses. Mais je pense qu'on doit se coller aux bonnes
pratiques de gouvernance.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député de Chutes-de-la-Chaudière.
M. Picard : Merci. Nous
allons faire un petit tour du côté du BEM. Concernant le mécanisme d'évaluation
de la qualité des avis, en 2013‑2014,
43 % des demandes d'avis
complémentaires présentées en 2013‑2014, 43 % étaient dues à des
erreurs commises dans les avis initiaux, soit plus du double qu'en 2007‑2008.
Pourquoi qu'il y a autant d'erreurs ou de corrections qui sont nécessaires dans
ces avis-là? Ça, c'est ma première question.
Et la deuxième : Les gens qui donnent leurs
avis, est-ce qu'ils sont payés à l'acte? Donc, plus précisément, est-ce qu'ils sont payés pour le premier avis,
qu'ils sont payés pour le deuxième avis qui vient préciser le premier
avis?
Le
Président (M. Gaudreault) : Mme Oudar.
Mme Oudar
(Manuelle) : Merci, M. le Président. En fait, pour commencer par
répondre à votre deuxième question, les gens
qui rédigent les avis, c'est les médecins, là, c'est l'avis médical du médecin.
Donc, première précision.
Dans
l'avis complémentaire, effectivement, le rapport du Vérificateur général parle
des avis complémentaires. Donc, on ne
parle pas des 10 000 avis dont on parlait tout à l'heure, là. Il y a eu,
je pense, dans son analyse, quelque chose comme 900... les 900 avis
complémentaires, là, pour 2013‑2014.
Maintenant,
pourquoi, là, on est à 43 % des erreurs? On a décortiqué à quoi était dû,
là, ce 43 % là. On sait que, bon,
il peut y avoir eu des oublis qui ont été faits, il peut y avoir eu un manque
de précision sur le pourcentage d'atteinte, il peut y avoir eu un oubli
d'une date. C'est des détails qui font que, comme l'avis doit être très précis,
il faut qu'ils retournent, effectivement,
pour être recorrigés. On ne veut pas rester à 43 %. Le programme dont j'ai
parlé tout à l'heure, là, sur la
qualité des avis, l'examen par les cinq médecins du BEM, la rétroaction aussi
qui sera faite auprès des médecins, la formation
qui sera donnée, on s'attaque à ça. Il y a eu la désignation d'un médecin
responsable de la qualité des avis. Donc, on est dans un programme, dont on fait part, là, dans le plan d'action,
pour éviter le type d'erreur qui fait en sorte que ça prolonge les
délais, finalement. Toute demande de correction à un avis prolonge indûment le
délai.
• (16 h 50) •
M. Picard :
Et pour ce qui est de la rémunération, vous n'avez pas...
Mme Oudar
(Manuelle) : Bien, la rémunération...
M. Picard :
Est-ce qu'ils sont payés deux fois, les médecins, quand ils font deux avis?
C'est ma question très simple, là.
Mme Oudar
(Manuelle) : En fait, je précise, dans le fond, que les honoraires
sont versés par la RAMQ. Les médecins sont payés par la RAMQ, donc, à
honoraires. Ce n'est pas le bureau d'évaluation médicale. Quand ils requestionnent un avis, je ne sais pas si c'est
calculé comme un deuxième avis. Ils sont payés... Juste à titre
d'exemple, là, à titre d'exemple, un
psychiatre est payé à 640 $, donc, là, je vais adresser ma question,
peut-être, si vous me permettez de consulter
le Dr Rémi Côté, en arrière, qui pourra me préciser sur la rémunération, parce
que je n'ai pas la réponse exacte.
M. Picard :
O.K., mais j'aimerais avoir la réponse, oui.
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui, alors peut-être que le Dr Côté
peut s'avancer et, en se présentant, donner une réponse, s'il vous
plaît.
M. Côté
(Rémi) : Bonjour. Je me présente, Dr Rémi Côté. Donc, les membres sont
payés pour l'avis. Ce dont on parle
actuellement, c'est les avis complémentaires. Donc, l'année dont il est
question, il y a eu environ 888 avis complémentaires
qui étaient dus à des erreurs des médecins, en tout cas, du BEM. Donc, étant
donné que c'était imputable au BEM, il n'y a pas de rémunération pour
l'avis complémentaire qui est rédigé. C'est ça.
M. Picard :
C'est beau.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député.
M. Picard :
Donc, c'est le même médecin qui reprend son avis...
M. Côté
(Rémi) : Oui.
M. Picard :
...mais il ne reçoit pas de rémunération additionnelle.
M. Côté
(Rémi) : Non. C'est ça.
M. Picard :
Parfait.
M. Côté
(Rémi) : C'est bien?
M. Picard :
C'est tout simplement ça. Merci.
Le Président (M.
Gaudreault) : Bon, il vous encore un 3 min 30 s.
M.
Picard : Merci. On va demander... Concernant le plan de retour
au travail, la vérificatrice en parle dans son rapport, en indiquant que «ce plan vise à déterminer ce que le
travailleur, l'employeur et l'intervenant ont convenu de faire pour
s'assurer de la meilleure progression possible vers un retour au travail». Mais
il semble que des intervenants à la CSST
perçoivent plus le plan de travail comme un outil administratif ou de contrôle.
Et je veux tout simplement savoir... parce
que dans votre plan de travail, vous indiquez que vous allez repositionner le
programme, notamment pour ce qui est de l'implication des travailleurs.
Est-ce que vous allez vous... Pouvez-vous élaborer là-dessus, tout simplement?
Le Président (M.
Gaudreault) : Claude Sicard.
M. Sicard
(Claude) : Oui, rapidement,
c'est-à-dire que le programme de retour au travail, là, c'est un
document qui regroupe l'analyse des besoins
des travailleurs, c'est quoi, les objectifs au plan physique, social pour la
réinsertion puis les moyens pour atteindre les objectifs.
Actuellement,
ce programme-là, là, on s'aperçoit par... est utilisé de façon variable dans
les différentes directions régionales.
On a mis en place, en 2010, une approche de gestion de la chronicité. Donc, on
veut que ce programme-là soit un outil d'intervention dans lequel on
implique le travailleur, implique l'employeur pour assurer le retour au
travail. Il semble qu'une partie de nos
employés, là, adhèrent plus ou moins à ça. Mais surtout je pense qu'il y a de
la formation à faire pour mieux les
compléter. Puis aussi le vérificateur nous dit qu'actuellement c'est complexe à
compléter. Donc, ce qu'on veut faire, c'est aussi faciliter la tâche de
nos employés, qu'ils... Parce qu'il semble que les outils soient trop complexes puis ça vienne en duplication avec
d'autres notes qu'ils doivent compléter. Donc, actuellement, ce qu'on va
faire, c'est qu'on va limiter le nombre de ceux qu'ils ont à faire pour
s'assurer qu'ils complètent comme il le faut. Et également on va faciliter au
niveau des outils pour que ça soit plus facilement complétable.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député.
M. Picard :
J'avais une question à M. Després. Nous sommes en 2015. On doit vous revoir
quand pour voir les changements importants à la CSST suite au rapport de
la vérificatrice?
M. Després (Michel) : Vous voulez
nous revoir quand?
M. Picard :
Non. Je vous pose la question. C'est quand qu'on va... Si on vous revoit dans
un an, allez-vous nous dire : Bien là, il nous reste encore
beaucoup de choses à faire?
M. Després (Michel) : Bien, écoutez,
notre plan, il a été vu par la vérificatrice.
M. Picard : Mais tantôt, je
vous...
M. Després
(Michel) : Non, mais il a
été vu par la vérificatrice. On l'a déposé à la vérificatrice. Puis
naturellement, bien, il y a des actions.
Vous savez, on est déjà rendu à l'aube de 2016. Mais effectivement il y a des
mesures qui sont sur 2016, 2017, 2018. Je suppose que la commission nous
demandera de savoir où on est rendus par rapport à notre plan d'action. On déposera si la commission nous
demande effectivement où est-ce qu'on en est rendus au bout d'un an. Et,
pour les convocations, bien, c'est la commission qui décide.
M. Picard :
Oui, oui. Exact. Non, mais justement, tantôt, nous, on va discuter entre nous.
Puis là je voudrais avoir votre avis, vous, en tant qu'ancien
parlementaire.
M. Després
(Michel) : Bien, écoutez,
écoutez, si on prend l'engagement de déposer un plan d'action avec des
échéances, c'est parce qu'on va respecter ce qu'on vient de dire.
M. Picard : Merci.
M. Després (Michel) : Et c'est dans
ce sens-là qu'on va travailler.
M. Picard : Parfait. Merci.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. C'est terminé pour vous?
M. Després
(Michel) : D'ailleurs, je
veux juste peut-être… important, M. le Président, juste de dire que le
comité de vérification, le conseil d'administration
va suivre les travaux, et on devra rendre compte, à notre comité de
vérification des membres du conseil d'administration, sur le plan d'action. Ça
fait que je veux juste vous dire : Il y aura une reddition de comptes des travaux qu'on fait à l'interne, en tout cas,
minimalement, là. Il y en aura une à votre niveau, si c'est le cas, que
ce soit par écrit ou en présence.
Le Président (M. Gaudreault) :
Merci. Alors, le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui, merci, M. le Président. Au niveau des cinq critères
prévus par LATMP, les mesures d'encadrement en place, selon la
Vérificatrice générale, ne permettent pas de s'assurer d'une interprétation
juste et équitable des critères ainsi que du
respect de ceux-ci. Elle a noté que, dans huit dossiers examinés sur 10, il y a
au moins un des critères qui n'était pas respecté, où la documentation
consignée n'était pas suffisante pour conclure, et que, dans quatre dossiers
sur 10, il n'y avait aucune vérification supplémentaire qui avait été
effectuée, alors que l'emploi convenable
déterminé ne respectait pas la capacité physique résiduelle du travailleur.
J'aimerais comprendre les processus d'amélioration pour que ce type de
situation soit réduit.
M.
Després (Michel) : Oui. Mme Dupont.
Mme Dupont
(Josée) : Bien, d'abord, on va très rapidement, dès cet automne — on a
commencé à travailler là-dessus — revoir nos procédures d'approbation des
emplois convenables, en attendant que soient précisés… Parce que la Vérificatrice générale, elle a dit qu'on
doit préciser les critères et développer davantage les outils, donc, ce
que le secteur de l'expertise-conseil va
faire. Nous, en attendant, on va rendre plus robuste notre processus
d'approbation des emplois convenables pour qu'on puisse les vérifier un
à un.
En
plus, je pense que les cas dont vous faites état, bien ça démontre qu'il faut
travailler sur nos outils. On veut expérimenter
quelque chose de concret aussi pour certaines catégories de travailleurs qui
ont des caractéristiques particulières, donc, par exemple, peu
scolarisés, une seule expérience de travail. Plutôt que de déterminer de façon traditionnelle un emploi convenable, on va essayer
de leur trouver un emploi, avec eux. On va travailler avec eux dans leur
région pour trouver un emploi, les mettre en
situation de travail, que ce soit un stage, que ce soit un emploi à temps
partiel, que ce soit de les accompagner dans
l'examen, dans leur région, des emplois disponibles adaptés. Et on a des
leviers aussi, on peut donner des
subventions à des entreprises pour collaborer avec nous là-dedans. Puis, à
terme, bien, si ça a bien fonctionné, bien c'est ça qu'on déterminera
comme emploi convenable. Puis le revenu qu'on déterminera, ce sera fondé sur
les gains réels.
Donc, on veut
expérimenter ça et regarder si ça donne des bons résultats et aussi si ça donne
des résultats durables dans le temps. Est-ce
que l'emploi qui aura été trouvé comme ça, bien il est conservé pendant un bout
de temps? Évidemment, ça ne remplace
pas le fait qu'il faut qu'avec les collègues de l'expertise-conseil les
critères soient davantage accompagnés
de définitions claires puis qu'il y ait des formations qui soient développées.
Mais il y a eu certains essais localement qui semblent donner des bons
résultats pour des catégories particulières de travailleurs, pour les emplois
convenables.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député de Sainte-Rose.
M.
Habel : Oui, merci. Selon la Vérificatrice générale, la CSST ne
dispose pas d'un mécanisme standardisé de révision des indemnités réduites. Donc, par exemple, si on considérait
quatre talons de paie au lieu d'en considérer 12, évidemment, si c'est un emploi qui est saisonnier,
et tout, on peut ne pas avoir une linéarité à travers l'emploi qu'on
veut évaluer. Comment voulez-vous améliorer ce processus qui peut survenir à
certains moments?
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Dupont.
Mme Dupont
(Josée) : Merci. Peut-être deux éléments, puis ensuite mon collègue
pourra compléter. Tantôt, quand je parlais de se donner des… pas des processus,
mais des contrôles standardisés, bien je pense que ça, ça va permettre, une fois qu'on aura, sur le conseil de
la Vérificatrice générale, précisé les directives, outillé davantage,
bien là on fera un contrôle standardisé
de : Est-ce qu'ils sont effectivement utilisés, les outils? Et surtout on
va noter les écarts. Si on ne les
rencontre pas, les standards, si on ne les respecte pas, les critères, bien on
ira chercher pourquoi et on ira agir plus rapidement pour corriger la
situation.
Peut-être du côté des
critères, Claude?
• (17 heures) •
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député.
M. Habel :
Ah! bien, je vais laisser terminer. Vous vouliez ajouter quelque chose?
M. Sicard (Claude) : Simplement, rapidement, là, ce qu'on
a dit, c'est une chose qui est extrêmement
complexe à faire. Il y a
45 cas de figure. Il faut faire évoluer nos choses par rapport à l'évolution du marché du travail. Donc, on va revoir les
instructions de travail, revoir les politiques à cet égard-là pour s'assurer
que ce soit le plus conforme à la réalité du marché travail au cours des
prochaines années.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député.
M. Habel :
Je vais laisser mes collègues...
Le Président (M.
Gaudreault) : O.K. Alors, M. le député d'Orford ou...
M.
Reid :
Oui.
M. Bolduc :
Oui.
Le Président (M.
Gaudreault) : Battez-vous pas, là. M. le député de Mégantic?
M.
Reid :
Non, non, mais on est tous prêts et anxieux, mais je vais laisser la
priorité...
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député de Mégantic. Ah! mais je vous arrête
tout de suite, on vient d'appeler le vote.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, vous êtes sauvé par le vote, M. le député. Alors, on est
obligés d'aller voter sur la motion
du mercredi. Mme la secrétaire,
durant ce temps-là, va répartir le temps qu'il nous reste jusqu'à 6 heures.
(Suspension de la séance à
17 h 1)
(Reprise à 17 h 21)
Le Président (M.
Gaudreault) : Je vous dis le temps restant. Le gouvernement a
un total de 16 min 30 s, l'opposition
officielle, 16 min 45 s,
deuxième opposition, 4 min 30 s. Alors, je vous propose de
repartir avec le gouvernement de 6 min 30 s, l'opposition
officielle, 10 minutes, le gouvernement 10 minutes, deuxième opposition, 4 min 30 s, puis opposition officielle, 6 min 45 s. On va compléter notre
temps comme ça. Ça va? Alors, on poursuit avec le gouvernement.
On était... M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Je suis chanceux. Merci, M. le Président. Je voudrais vous entretenir sur deux sujets un
peu différents cette fois-ci. Le
premier est un peu de comprendre comment les employés... comment vous
communiquez avec les employés lésés
ou qui ont été blessés durant le débat et comment vous entretenez la
conversation au cours des années, parce qu'il y a des cas qui durent plusieurs années? Est-ce que
l'employé est toujours au fait de la situation où est-ce que
son dossier en est, etc., là?
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Dupont.
Mme
Dupont (Josée) : Oui. Bien,
ça dépend un peu, monsieur, de la nature de la lésion. Parce que,
comme vous le savez sans doute, là, à la lecture du rapport de la
Vérificatrice générale, on distingue à la commission les cas sans risque
de chronicité, où donc il n'y a pas d'obstacle prévu de retour au travail, puis
les cas à risque de chronicité.
Dans
les cas sans risque de chronicité, les contacts se font surtout avec les... Les
contacts se font toujours avec l'employeur
et le travailleur et se font surtout par téléphone, par le biais d'un agent
d'indemnisation qui suit, qui questionne les facteurs de risque, qui
suit l'évolution médicale du rétablissement du travailleur puis qui travaille
aussi avec l'employeur pour voir est-ce qu'il y a des solutions provisoires de
retour au travail.
Dans les cas avec
risque de chronicité, nos intervenants, dans ce dossier-là, encore une fois,
toujours en communication avec l'employeur
et le travailleur, mais en tandem cette fois-ci : chaque dossier de
travailleur accidenté est suivi à la fois par un agent d'indemnisation
et un conseiller en réadaptation. Et là on va demander au conseiller en réadaptation et... en fait au tandem d'élaborer un
plan de retour au travail quand on est avec des dossiers à cas à risque
de chronicité et d'agir vraiment davantage
comme coordonnateur, de se déplacer, d'aller parfois dans le milieu du
travail, d'aller rencontrer aussi le
travailleur. Et donc, dans les deux cas, on communique toujours. En fait, dans
tous les cas, on communique avec les
travailleurs et les employeurs, mais, dépendamment de si on est dans une
situation sans risque ou avec risque, ça va être avec une intensité
différente.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Le travailleur, selon la nature de
son emploi et son revenu, quand on essaie de le relocaliser dans un autre emploi quel qu'il soit, là, et quelle que
soit la raison, ce que j'en ai compris, c'est que la CSST va payer la différence de perte de revenu s'il y a
lieu. O.K.? Ma question dans ce sens-là : Est-ce que l'employé
concerné est bien au fait de la situation?
Et est-ce que ça ne porte pas à préjudice dans le sens où l'employé, en fait,
s'il ne retourne pas travailler, à la
limite, je dis ça comme ça, là, la CSST serait prise pour lui compenser
100 % de son salaire? J'aimerais vous entendre sur cette espèce de
débat d'enjeux là.
Mme Dupont
(Josée) : En fait, ce dont vous me parlez, c'est quand la commission
détermine un emploi convenable.
M. Bolduc :
Oui.
Mme
Dupont (Josée) : En fait, on détermine un type d'emploi convenable
puis on détermine un revenu associé à cet
emploi convenable là. Et là, selon la
méthode traditionnelle, là, qui est prévue à la loi — donc
je ne vous parle pas du projet pilote que j'ai évoqué tantôt — le travailleur, une fois que son emploi convenable est
déterminé... on a donc des travailleurs qui ont des limitations
fonctionnelles, qu'on ne peut pas retourner dans l'emploi d'origine, même avec des mesures de réadaptation. Là, lui, il dispose
d'un an pour se trouver un emploi, pour retourner dans un emploi dans la
catégorie d'emplois convenables qu'on a eu à déterminer. Si l'emploi qu'il trouve
lui amène un revenu moindre que celui qu'on a déterminé pour l'emploi
convenable, c'est là qu'on va compenser. C'est là qu'on va compenser et non pas
nécessairement avec son salaire d'avant sa lésion.
M. Bolduc : Merci. Je vais vous
parler d'un cas réel, puis juste voir comment vous le traitez. Je ne connais pas les conditions comment ça c'est réglé, ce
n'est pas important pour moi, là. Ce qui est important,
c'est juste de voir le parallèle. Le cas d'un travailleur de construction en maçonnerie qui a développé une
allergie permanente au béton. Donc, il ne peut plus travailler dans son
champ d'activité. Malheureusement, c'est un cas où le gars a très peu d'éducation,
puis, selon moi, il ne s'est pas retrouvé de
travail. Il ne pouvait plus
travailler dans la construction, puis je crois que... en tout cas, il
n'a pas trouvé d'autre emploi.
Comment ce cas-là serait traité dans le cas
absolu où le gars ne se retrouve pas un travail que je qualifierais de
convenable?
Mme Dupont
(Josée) : Juste pour être certaine : l'exemple que vous donnez,
on a un travailleur de la construction, il a un accident de travail, il n'est pas capable de retourner dans son
emploi prélésionnel puis il ne trouve pas d'autre emploi. C'est-u ça
votre...
M. Bolduc : C'est ça.
Mme Dupont (Josée) : C'est ça. Si
vous permettez...
M. Després
(Michel) : Oui. Si vous
n'avez pas d'objection, M. le Président, on pourrait demander à
quelqu'un qui a toute l'expertise terrain, qui est la directrice générale des
Opérations centralisées, qui a travaillé...
Le Président (M. Gaudreault) :
Ma seule objection, c'est le temps.
M. Després (Michel) : Oui. Ça va
être... Elle est déjà...
Le
Président (M. Gaudreault) : Considérant que c'est quand même
quelque chose d'assez long, là, on serait peut-être mieux d'attendre au
prochain bloc du gouvernement, parce qu'il reste 20 secondes.
M. Merlini : Prenez le temps
maintenant, puis on l'enlèvera du prochain bloc...
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui. Ça va? Elle est d'accord?
Une voix : Pour ne pas perdre
le fil.
Une voix : Non, mais de notre
bloc, là.
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, oui, je comprends, mais c'est juste parce que ça repousse l'arrivée du
prochain bloc de l'opposition. C'est pour ça que je veux... O.K. Alors,
allez-y, madame...
M. Després (Michel) : Allez-y, Mme
Handield. Louise Handfield.
Mme
Handfield (Louise) : Alors, le travailleur, là, qui ne réussit pas à
trouver un emploi, là, on est dans un cas, je reprends votre exemple, là, dans un cas où il est incapable d'occuper
son emploi. On détermine un emploi convenable avec, comme l'expliquait Mme Dupont, un salaire. Au bout de l'année de
recherche d'emploi, s'il ne trouve pas l'emploi, on va quand même
déduire de son salaire prélésionnel ce qu'il aurait gagné, selon ce qu'on a
déterminé.
Il y a d'autres types de cas, parce que j'avais
cru comprendre, dans votre première question, où il nous est impossible de déterminer que la personne, avec les
limitations fonctionnelles qu'elle a, elle ne sera pas capable d'occuper
un emploi sur le marché du travail parce que
c'est trop important. À ce moment-là, on va déterminer que cette personne-là
a droit à des indemnités de remplacement de revenus jusqu'à 68 ans.
Donc, il y a plusieurs cas de figure, là, dans
les indemnités réduites de remplacement de revenus ou dans la détermination
d'un emploi convenable, en fonction des limitations puis de la situation du
travailleur.
M. Bolduc : Dans le dernier cas,
est-ce qu'il y a un pourcentage maximal...
Le
Président (M. Gaudreault) : M. le député, moi, j'avais compris
que le consentement était pour la réponse de madame.
M. Bolduc : C'est correct. On va y
aller... On reviendra.
Le
Président (M. Gaudreault) : Je comprends que vous voulez étirer
l'élastique, là, mais on attendra à votre prochain bloc, si vous
permettez. Alors, là-dessus, on retourne au député de Verchères.
M.
Bergeron :
Alors, notre collègue était sur sa lancée. Donc, je vais peut-être poursuivre
également sur la notion d'emploi convenable, mais, avant d'y aller, sur
la notion d'emploi convenable, j'aimerais clore sur la question de la gouvernance. Je sens, M. Després, que vous avancez
à pas de Sioux. Je vous ai connu à une époque où vous aviez des opinions plus tranchées et les exprimiez de façon
beaucoup plus tranchée, mais il n'en demeure pas moins que je comprends
la position dans laquelle vous êtes.
Mais, ceci dit, sans vouloir vous
prêter des propos, je comprends, dans votre réponse, où vous faites
référence à l'IGOPP, dans la réponse dans laquelle vous faites référence aux
bonnes pratiques de gouvernance, qu'il y a là des éléments de réponse à la
question que je vous posais. Alors, je vous en remercie, je comprends les
contraintes dans lesquelles vous évoluez, et
j'apprécie malgré tout les indications que vous nous avez données. Je pense que
tout le monde a bien compris les implications de votre réponse et
j'imagine que tout le monde en prendra note.
• (17 h 30) •
Maintenant
je veux permettre à mon collègue... je vais faire du pouce, pour ainsi dire,
sur la question qui a été posée par mon collègue sur la notion d'emploi convenable, dans la mesure
où je dois dire qu'il s'agit d'une notion qui donne lieu ou peut donner lieu à ce que d'aucuns pourraient
appeler des injustices ou des situations éminemment discutables. La Vérificatrice
générale a examiné 10 dossiers de travailleurs et, dans huit cas, il y avait au
moins un des cinq critères de définition de
l'emploi convenable qui n'était pas respecté. Il faut convenir ensemble
que peut-être que la définition est un peu large, ce qui permet une marge
d'interprétation assez importante, et marge d'interprétation qui peut être au
désavantage du travailleur ou de la travailleuse.
La
Vérificatrice générale a également examiné 20 cas pour voir si les travailleurs
et les travailleuses atteignaient le salaire
de l'emploi convenable, parce qu'on nous a bien expliqué que c'est une
catégorie d'emploi. Mettons qu'on fixe le salaire à 40 000 $, si la personne ne se trouve qu'un emploi à
25 000 $, vous, vous compensez la différence par rapport au 40 000 $, ce qui veut dire qu'il ne
reste plus grand-chose comme compensation pour le travailleur. Si d'aventure il
devait se trouver un meilleur emploi, on va réduire la compensation, mais, s'il
se trouve un moins bon emploi, on ne va jamais augmenter la compensation, et là
c'est un peu difficile pour le travailleur qui se retrouve dans une situation
comme celle-là. Et dans les 20 cas qu'on a
examinés, il n'y en a que neuf qui ont atteint le salaire de l'emploi
convenable, dont deux... dont trois,
pardon, au bout deux ans, un au bout de cinq ans, trois au bout de 10 ans, un
au bout de 15 ans et un au bout de 20
ans. Alors, imaginez la situation financière d'un travailleur qui se retrouve
dans une situation comme celle-là.
Alors,
moi, j'aurais le goût de vous poser comme question : Comment pense-t-on
corriger ces graves lacunes qui peuvent être extrêmement préjudiciables
pour les travailleuses et les travailleurs concernés? Comment est-ce qu'on justifie le peu de cas qu'on fait de l'avenir des
victimes de lésions professionnelles en déterminant des salaires
d'emploi convenable qu'ils pourraient
difficilement obtenir? Et finalement je me suis laissé dire qu'on procédait à
l'évaluation de l'emploi convenable à
partir d'un outil d'information qui est conçu principalement pour des
conseillers en orientation en milieu scolaire. Et je me demande pourquoi
est-ce qu'on n'emploie pas l'outil d'information sur le marché du travail
d'Emploi-Québec, plutôt que d'utiliser l'outil qui est actuellement employé
pour déterminer l'emploi convenable.
Et
ça va peut-être m'amener à une autre question complémentaire, je veux les poser
tout de suite pour être certain d'avoir
le temps de les poser. L'autre question complémentaire, c'est, une fois qu'on a
déterminé l'emploi convenable, là, on
renvoie le travailleur sur le terrain puis on dit : Trouve-toi-z-en un. Y
a-tu moyen de faire en sorte de mieux arrimer le travail de la CSST puis d'Emploi-Québec pour s'assurer effectivement
qu'on va donner un coup de main puis qu'on ne laissera pas le
travailleur, la travailleuse à elle-même ou à lui-même?
Le Président (M.
Gaudreault) : M. Després.
M. Després (Michel) : O.K. Mais on va commencer... Écoutez,
je vois mes deux collègues qui ont de l'intérêt à pouvoir vous répondre, on demandera peut-être
à M. Sicard. Mais il y a tout un volet qui implique, par les décisions
de ce que vous avez mentionné, qui demanderait des modifications législatives,
je laisserai Claude Sicard expliquer.
Le Président (M.
Gaudreault) : M. Sicard.
M. Sicard
(Claude) : Peut-être très rapidement dire qu'au départ il y a une
bonne nouvelle, là, parce que des emplois
convenables, on en dessine moins en moins au cours des quatre dernières années,
on a baissé de 16 % le
nombre d'emplois convenables. Ça, ça veut
dire qu'on retourne plus les gens dans des emplois prélésionnels, c'est une
très bonne nouvelle puis... Donc, ça, il faut partir de ça.
L'autre
chose qu'il faut compléter, c'est que la loi... c'est extrêmement complexe
d'établir un emploi convenable. Donc,
il faut mentionner que c'est un emploi approprié, donc, exemple, au niveau du
travail, est-ce que c'est approprié qu'on
lui propose un travail de nuit si, par exemple, la personne n'a pas de
disponibilité, donc, il faut préciser ça; qui permet d'utiliser les capacités résiduelles, donc ça,
c'est important; avoir une possibilité raisonnable d'embauche puis ne
représente pas de danger pour la santé au niveau... Donc, il faut composer avec
ça.
Donc, actuellement,
on reconnaît, là, que nos politiques doivent être précisées parce que,
justement, de venir définir plus précisément
c'est quoi, approprié... Déjà, c'est assez vague. Venir préciser, par exemple,
quand on parle d'une possibilité
raisonnable d'embauche, c'est-u provincial? C'est-u régional? Donc, ça, il faut
venir vraiment préciser ça. Et, dans les constats que le Vérificateur
général fait, on remarque qu'il y a des ambiguïtés à ce niveau-là.
Il faut aussi tenir
compte de nouvelles réalités. Les travailleurs sont beaucoup, de plus en plus
migrants. Donc, exemple, actuellement, un
travailleur qui travaille dans le Nord, l'emploi convenable, on le dessine où?
Il était dans le Nord, mais là il est…
Donc,
il y a plein de choses qu'il faut venir préciser, et c'est une chose qu'on
s'engage à venir faire, venir préciser un peu cette politique-là pour
venir mieux assir, mieux outiller nos conseillers en réadaptation qui doivent
dessiner ça. Et c'est bien important parce
que ça détermine la qualité de vie de nos travailleurs par le futur et aussi de
les supporter, vous avez mentionné... Mais ça, je laisserai peut-être
Josée parler de ça, là, le support qu'on offre au niveau de…
Mme Dupont (Josée) : Oui.
Bien, en fait, je voulais vous dire qu'on a déjà une entente avec Emploi-Québec,
depuis d'ailleurs 2010, pour faciliter, là,
le retour au travail de nos travailleurs une fois que leur lésion est
consolidée. Donc, on a accès à
l'information dans leur réseau, mais il faut consolider cette entente-là. On a
des mesures aussi dans chaque direction régionale d'accompagnement de
nos travailleurs qui sont en période de recherche d'emploi. Tantôt, mon collègue vous disait qu'on détermine de moins en
moins d'emplois convenables, donc il y en a plus, de monde, qui retourne
dans leur emploi prélésionnel, mais on a de moins en moins de travailleurs
aussi qui ont besoin d'aller en année de recherche d'emploi.
Donc, on travaille
avec Emploi-Québec, je pense qu'on peut travailler encore de façon plus
étroite. Puis l'expérimentation qu'on veut faire de, plutôt que déterminer un
emploi convenable, en trouver un puis remettre notre travailleur en situation d'emploi, bien, je pense que là il y a des
pistes intéressantes qui vont nous permettre d'accompagner de meilleure
façon les personnes qui sont victimes d'une lésion professionnelle.
M. Sicard (Claude) : L'autre question que vous avez posée, à savoir quand on ajuste, on peut
ajuster à la baisse mais pas à la
hausse, la question, c'est que c'est une question légale, c'est la loi qui
prescrit ça, ce n'est pas une décision administrative. Je voulais le
préciser.
M.
Bergeron :
Non, non, je suis conscient, mais c'est quand même un fait, là.
M. Després
(Michel) : Oui, oui, vous avez raison.
M. Sicard
(Claude) : Oui, tout à fait, vous avez raison.
M.
Bergeron :
Alors, puisqu'on a lancé l'idée, comme ça, de même, là, on a lancé l'idée
qu'éventuellement il pourrait y avoir des
modifications législatives, alors peut-être que quelqu'un qui nous écoute, qui
pourrait se dire que ça serait peut-être une bonne idée, dans un souci
d'équité, d'inclure cette question-là également dans la modification législative qui pourrait être examinée... Parce
qu'on se retrouve dans une situation analogue à celle qu'à peu près tout
le monde a vécue. Quand tu fais ton rapport
d'impôt puis que tu dois de l'argent à l'État, l'État te le demande. Quand tu
fais ton rapport d'impôt puis que tu oublies
de demander une déduction, l'État, il ne te rappelle pas pour te dire :
Oh! tu as oublié, tu as droit à ça.
Alors, c'est un peu la même situation, là. Si le salaire augmente, là on va
réduire la compensation, mais, si le salaire baisse, on ne va pas
augmenter la compensation. Il y a une forme d'iniquité là qui est préjudiciable
pour les travailleurs accidentés. Et ça, je pense que ça mérite effectivement
une modification qui permettrait de corriger cette situation-là, alors... Puis
quant à l'outil qui sert à la détermination de l'emploi convenable?
M. Sicard
(Claude) : Actuellement, on utilise…
Le Président (M.
Gaudreault) : Il va vous rester un bloc, M. le député de
Verchères, tout à l'heure, là, pour terminer.
M.
Bergeron :
On le prendra.
Le Président (M.
Gaudreault) : C'est ça, on l'utilisera à ce moment-là.
M.
Bergeron :
O.K., bien, on reviendra.
Le Président (M.
Gaudreault) : On retourne du côté du gouvernement pour le
dernier bloc, avec le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je vais terminer mon élastique. Ma
question pointue qu'il restait à savoir, c'était de savoir : Si l'employé ne trouve pas d'emploi convenable,
est-ce qu'il y a un maximum atteignable, soit en pour cent du revenu
initial ou en dollar maximum annuellement qui est attribué?
M. Després (Michel) : Mme Louise Handfield, M. le Président, directrice générale des Opérations
centralisées. Mme Handfield.
Le Président (M.
Gaudreault) : Parfait. Alors, Mme Handfield.
• (17 h 40) •
Mme
Handfield (Louise) : Dans la loi, là, on indemnise le travailleur, il
y a un maximum d'indemnité qu'on peut verser
à chaque année. Et, quand on
détermine un emploi convenable avec son revenu, même s'il ne le trouve pas, on
va quand même verser la différence entre le salaire qu'il faisait au moment de la
lésion et le salaire qu'on a déterminé. Ces deux salaires-là sont augmentés à chacune des années, ce qui fait en
sorte que l'écart, là, se... il y a toujours des indemnités réduites qui sont versées.
M. Bolduc :
O.K. Merci.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député d'Orford.
M.
Reid : J'aimerais aborder une question. Vous savez, quand on regarde l'ensemble
du rapport, là, un vieux prof de
gestion a tendance à essayer de trouver des constantes là-dedans. Puis, moi, il
y a une constante qui s'appelle formation que j'aimerais qu'on regarde. Quand on dit qu'il y a des différences
d'application, des variations d'application des règles entre les différents bureaux régionaux, bien, moi,
je me dis : Est-ce que la formation était adéquate? Est-ce que,
quand la vérificatrice dit : «...les intervenants — ça,
c'est paragraphe 80 à 84, là, concernant le retour en emploi, solutions
provisoires — ne
sont pas suffisamment outillés pour sensibiliser [les employeurs] aux
répercussions financières et sociales d'une
lésion professionnelle.» Bien, outillés... est-ce que c'est parce que les
outils ne sont pas bons? La vérificatrice dit : Les pratiques en place — elle nous a dit, ce matin — sont bonnes, mais il faut les utiliser.
Donc, pour moi, il y a le mot «formation» qui s'allume, là, dans ma
tête, quand je lis ça.
Si on regarde un peu
plus loin dans le rapport, les paragraphes 93 à 99, toujours en retour en
emploi, mais concernant l'emploi convenable, on est venus là-dessus tantôt,
mais je veux y revenir sur le plan en formation, on dit : «...les mesures d'encadrement [en place] ne permettent pas de
s'assurer d'une interprétation juste et équitable des [...] critères [...] ainsi que du respect de ceux-ci.»
Pour moi, ça allume une lumière formation aussi, à quelque part. Et,
quand M. le président-directeur général
dit : Quand je suis arrivé il y a quatre ans il n'y avait pas de formation
initiale au niveau du conseil
d'administration, puis j'ai amené ça, la première question que je me pose — et ça, c'est une question générale on
reviendra après ça sur les éléments de retour en emploi, là — c'est :
Se peut-il que la CSST... qu'on ait hérité d'une culture de déficience en
termes de formation des employés?
M. Després (Michel) : Bien, écoutez, je vous ferai juste un court commentaire, mais je
passerai la parole par la suite à
Claude Sicard, qui vous parlera de formation, et à ma collègue Josée Dupont,
qui pourra vous parler des outils. Au contraire, la commission investit
beaucoup en matière de formation auprès du personnel. Ça, je veux vous rassurer
là-dessus.
M.
Reid :
Mais depuis que vous êtes là, mais, avant, est-ce que c'était...
M. Després
(Michel) : Non, non, non, il y en a... en tout cas, à ma connaissance,
il y en avait bien avant que j'arrive. Donc,
sur le volet de la formation, il y a des sommes importantes qu'on investit,
d'autant plus quand on arrive avec des
postes d'agents d'indemnisation, des conseillers en réadaptation. Puis, ces
gens-là, il n'y a pas la formation spécifique quand ils arrivent chez
nous, donc ils ont tout un cycle de formation qui est prévu. Donc, à ce point
de vue là, on est probablement une des organisations qui investit énormément.
Mais,
il y a peut-être au niveau de la culture... lorsqu'on parlait d'une culture à
l'époque en termes de gestion, de décentralisation,
de centralisation... Donc, la majorité des ministères, des organisations qui
sont territoriales, régionales, ont connu
ces époques-là, hein, le ministère des Transports connaît ça aussi, le volet de
la centralisation, de la décentralisation. Ça fait que c'est un peu la
même chose pour la CSST, ce qui n'est pas toujours évident. Plus votre
organisation est décentralisée, plus c'est
difficile de s'assurer qu'effectivement tout le monde sera traité effectivement
avec cohérence, avec équité. Mais, au
niveau de la formation générale, c'est très, très clair. Je permettrai à Claude
Sicard de compléter un peu plus spécifiquement sur le volet formation.
M. Sicard
(Claude) : Bien, rapidement, ça fait 30 ans que je suis dans la
fonction publique, j'ai été partout au
gouvernement et je peux vous dire que la CSST, c'est probablement la place
qu'il s'investit le plus d'argent en termes de formation. Donc, l'idée,
essentiellement... on étend ce processus d'amélioration continue. Comme vous
avez vous dans notre plan d'action, on va
beaucoup réviser les formations effectivement, parce que c'est la base
d'application, c'est la base pour
s'assurer qu'il y ait un lien, on s'assure d'une cohérence. Mais, aussi, il
faut faire évoluer nos pratiques. Par exemple,
vous avez mentionné, au niveau des solutions provisoires... Bien, des solutions
provisoires, au départ, on visait beaucoup
la grande entreprise; aujourd'hui, on n'a plus besoin de viser la grande
entreprise. Avec le système financier qu'on
a, ils ont des incitatifs financiers, ils ont les compétences, etc. Il faut
revoir, il faut s'assurer de changer les cibles, miser par exemple sur les PME, où, là, il y a un potentiel à aller
chercher, avec des nouveaux acteurs comme des mutuelles de prévention qui fournissent des leviers qu'on
n'avait pas autrefois. Et donc c'est pour ça aussi qu'il faut adapter
nos pratiques, revoir nos pratiques en fonction des véritables enjeux. Mais la
formation demeure, on l'a mise tout au long du plan d'action, là... un élément
fondamental.
M.
Reid : Peut-être pour y aller de façon concrète sur ce que
vous faites maintenant et la façon, peut-être, pour nous donner une
idée... Mme Dupont, au début, a dit : Nous sommes en train de déployer
l'assurance qualité. Je ne me souviens plus comment vous l'avez appelée, là,
mais...
M. Sicard
(Claude) : Oui, c'est ça.
M.
Reid : Donc, c'est
des nouvelles façons de faire, etc., pour être sûr qu'on n'échappe pas un
certain nombre de choses que la
vérificatrice a mentionnées. J'aimerais ça que vous me donniez un petit peu plus de détails sur un déploiement, pour que ça marche, ça
correspond à quel genre de formation, en quantité, pour les employés?
Je vous donne un
exemple, parce que, quand on avait fait le déploiement d'un système
informatique, SAGIR un — moi, je ne sais pas ce qui est arrivé après,
mais, en tout cas, SAGIR un — c'est clair que SAGIR un, ça a marché, alors que d'autres n'ont pas marché parce
qu'on a mis... probablement 25 % du budget était de la formation et
du développement organisationnel pour faire ces changements-là dans la façon...
dans tous les organismes et ministères touchés.
Et ça a eu un succès. Le vérificateur, à l'époque, avait dit que... en tout
cas, SAGIR un, moi, là, il avait été satisfait.
Alors, ma question, c'est : À peu
près quel... Pouvez-vous nous donner une idée de la quantité, entre
guillemets, de formations par personne et
tout ça, qu'est-ce que ça représente, pour être capable de faire en sorte que
le déploiement, avec des choses
nouvelles, là, soit efficace? Parce que, sans formation, les gens ont beau être
intelligents, on sait tous que ça va lentement dans ce temps-là. Parce
que les gens ont leur job à tous les jours à faire puis tout ça.
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Dupont.
Mme
Dupont (Josée) : Oui. Alors, le déploiement de nos plans d'assurance
qualité, ça passe d'abord puis ça aide aux autres volets des
interventions qu'on doit mener. On a déployé la semaine dernière un portail.
Quand on parle des outils qui sont mis à la
disposition de nos intervenants, outre des outils vraiment pour réaliser les
tâches, il y a toutes sortes de documents de référence — politiques,
guides, orientations, directives — qui étaient à divers endroits à la
commission. Donc, la semaine dernière, on a déployé dans les directions
régionales un portail, et tous les documents support
sont à un même endroit, disponibles par le portail. Et on a une personne dont
la tâche est de s'assurer que c'est toujours la bonne version, que c'est
toujours la version approuvée. Et c'est accessible à tous les intervenants. Ça
fait qu'ensuite...
M.
Reid : Bien, je vous arrête une seconde — M. le Président, si vous me permettez — parce que, là, ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que vous
distribuez un très bon coffre d'outils, qui va rester permanent. Mais la
formation?
Mme
Dupont (Josée) : Bien, la formation, elle est de deux natures. On a
développé des capsules d'information Internet, il y en a quatre pour les
différents outils de gestion de la qualité. Et on est en mesure de suivre, au
fur et à mesure du déploiement... puis on
dit : Faites telle capsule d'information, et on revient par la suite. Il y
a des formations pour les agents d'indemn, il y a des formations pour
les conseillers en réadaptation, il y a des formations pour les chefs d'équipe,
pour faire le contrôle de la qualité et même pour les gestionnaires.
M.
Reid :
C'est inclus dans leurs tâches.
Mme
Dupont (Josée) : C'est inclus dans leurs tâches de faire ça, puis on
fait un suivi, on fait un suivi de ça. C'est différent de la formation à
la tâche dont mon collègue vous parlait, de comment on calcule une indemnité.
M.
Reid :
Oui, oui.
Mme Dupont
(Josée) : Mais c'est des formations sur comment on s'assure de poser
des gestes de qualité.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. C'est ce qui met fin aux
blocs, au pluriel, du gouvernement. Nous allons au dernier bloc de la
deuxième opposition, avec le député de Deux-Montagnes.
M.
Charette : S'il vous plaît, merci, M. le Président. Bonjour. C'est la
première fois que j'ai l'occasion de prendre la parole cet après-midi. Peut-être commencer avec une question,
Mme Oudar, si vous me le permettez. Depuis 2010, 2012, au niveau du
Bureau d'évaluation médicale, on parle d'effectifs qui ont été réduits — les
chiffres que j'ai sous la main — d'environ 10 %. Pour la même
période, on parle d'une augmentation des demandes, par contre, de 14 %.
Par
simple curiosité, avant que le bureau de la Vérificatrice générale se penche
sur le dossier, est-ce que vous aviez pris la mesure d'évaluer ces
écarts-là?
• (17 h 50) •
Mme Oudar (Manuelle) : On a eu, au cours de l'année où s'est faite la
vérification, effectivement, une année particulière où il y a eu, je
vous dirais, deux invalidités des transcriptrices, des retraites au niveau des
médecins, donc une situation particulière au
niveau de l'année 2013‑2014. Oui, on a pris la mesure. Ça nous a permis,
l'exercice qu'a fait la Vérificatrice
générale de... j'allais dire, regarder dans un plus grand ensemble la mesure
de... parce que le manque... un manque
à certains niveaux va avoir un effet ultime sur le délai. Nous, on cible
toujours le délai, dans le fond, pour être plus rapides, plus
efficients, pour bénéficier plus rapidement, dans le fond, aux travailleurs.
Alors,
comme je le disais tout à l'heure, il y a un ensemble de facteurs... vous
parlez des effectifs, il y a aussi le facteur
de pénurie au niveau de certaines spécialités. Tout à l'heure, j'ai parlé du
problème au niveau du recrutement des médecins. Il y a, au niveau, j'en
parlais tout à l'heure, là, des besoins qui sont exprimés au niveau des
spécialités, la chirurgie orthopédique, par
exemple, où on a une demande par... on a ciblé par région le niveau de
spécialité requis pour atteindre les
délais qu'il faut puis respecter le délai légal d'abord, mais aussi le délai
opérationnel, ce sur quoi la vérificatrice a attiré notre attention.
Alors, oui, on avait pris la mesure, je dirais, de cette problématique-là, mais
le travail de la Vérificatrice générale a fait en sorte qu'on a pu, je dirais,
apporter des solutions intégrées, là, avec d'autres facteurs également, y compris ceux au niveau du
recrutement. Et on entrevoit en fait très certainement à très court terme,
là... notre plan d'action est
échelonné seulement en 2015‑2016, pour arriver à des résultats probants au
niveau des délais en 2016.
M. Charette :
Et, toujours au niveau du Bureau d'évaluation médicale, si on regarde au niveau
des délais opérationnels, on parle d'une
hausse de 57 % en passant à 49 jours pour la période, cette fois, 2013‑2014.
Est-ce que c'est une hausse qui a justifié une nouvelle évaluation des
besoins en matière d'effectifs de votre côté?
Mme
Oudar (Manuelle) : Oui. Puis
ça nous a permis aussi... justement, tout à l'heure, je vous informais
qu'on avait publié non seulement parce que ça nous a été demandé, dans un souci
de transparence, le délai opérationnel, mais
aussi le délai légal. Parce que la loi en fait commence la computation du
délai, l'article 222, à partir du moment où le médecin a... son dossier est assigné et donc qu'il rencontre le
travailleur. Pour ça, on respecte le délai. En fait, on avait, lors du passage de la vérificatrice, 431 dossiers qui
étaient hors délai pour 2013‑2014, puis, cette année, on en a seulement 56, dossiers, pour 2014‑2015, et on voudrait
arriver à zéro. C'est le délai légal qui est prévu en vertu de la loi, donc il
faut qu'on respecte ce délai de 30 jours.
Maintenant,
on va aussi mettre nos efforts sur le délai opérationnel, c'est-à-dire le délai
où, à partir du moment où le dossier
entre au Bureau d'évaluation médicale, où le dossier est ouvert, il est saisi,
il est examiné et ensuite assigné. Donc, ça, c'est le délai opérationnel
pour lequel il n'y a pas d'obligation légale au niveau de la loi, mais pour
lequel on va accentuer les efforts non
seulement au niveau des effectifs, mais également, c'est lié, là, au niveau du
recrutement des médecins. S'il n'y a
pas de médecin disponible, on ne peut pas assigner le dossier. On fonctionne
vraiment comme une clinique médicale, nous, donc je pense que vous
comprenez un petit peu le processus comme tel.
M. Charette : C'est gentil. Une
autre question.
Le Président (M. Gaudreault) :
Et c'est fini.
M. Charette : Pardon? C'est terminé?
Une voix : 10 secondes, une
prochaine fois.
M. Charette : Une prochaine fois,
c'est gentil, merci.
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui. Mais vous êtes arrivé juste à
la fin, au zéro. Alors, on y va avec le dernier bloc de l'opposition
officielle. M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Merci.
Alors, on va peut-être poursuivre là où nous en étions tout à l'heure, au
niveau de ce qu'on appelle l'emploi convenable puis à la détermination de ce
que c'est qu'un emploi convenable. J'avais posé une question concernant l'outil qui serait utilisé pour déterminer ce que
serait qu'un emploi convenable. Peut-être pourrez-vous revenir là-dessus. Mais, au niveau de la
détermination de la rémunération, on constate qu'il y a un certain
nombre de problèmes, on ne prend pas en considération les emplois saisonniers,
temporaires, ainsi de suite, on ne prend pas en considération... Dans certains cas, on demande les quatre derniers
chèques de paie alors qu'on devrait peut-être avoir une vision plus globale. Au niveau de la détermination
du salaire brut, il y a même eu un avis qui a été émis par la
Protectrice du citoyen. Alors, c'est vraiment une problématique à laquelle il
faut tenter de trouver des solutions. Alors, peut-être pourrions-nous compléter
nos échanges sur cette question avant peut-être de passer à un autre point?
Une voix : Oui, sur les
outils.
M. Sicard (Claude) : O.K. Les
outils, essentiellement, effectivement, vous avez mentionné tantôt, je pense, l'outil repère, là, qui est utilisé. Mais on
utilise plus que l'outil repère, il y a des outils qui sont l'Emploi-Québec au
niveau du Web d'Emploi-Québec, là, pour
répertorier les emplois. Mais, effectivement, là, des fois, tous ces outils-là
ne sont pas parfaits, donc il peut effectivement s'en échapper. Et on va
travailler actuellement justement pour voir, au niveau de l'emploi convenable, là, comment on pourrait
bonifier ces outils-là pour justement fournir un meilleur soutien à la
tâche au niveau de la détermination de l'emploi convenable. L'autre question,
c'était par rapport à...
Mme Dupont
(Josée) : Bien, les différences de traitement dans les dossiers, je
pense que ça démontre le besoin puis, je dirais même, le besoin pressant
d'établir des standards pour vraiment standardiser nos pratiques partout sur le
territoire puis que ces standards-là soient
bien connus des intervenants, qu'on s'assure qu'ils soient bien compris puis
qu'on ait des outils, également,
les mêmes pour tous, pour les suivre. Ça
va nous permettre aussi de déceler rapidement
où est-ce qu'il faut intervenir. On parlait de formation, tantôt,
ça va nous permettre d'avoir une formation peut-être davantage
ciblée là où on a des besoins et de corriger
les situations pour qu'elles cessent de se reproduire. Mais
c'est sûr qu'il faut travailler là-dessus, c'est clair.
M.
Bergeron : Bien, je
pense qu'il y a peut-être effectivement un problème d'uniformisation. Ça, on en
a parlé tout à l'heure, des critères peut-être
un peu trop larges qui permettent une grande marge d'arbitraire. Mais, s'il y a quelque
chose qui a l'air assez standard,
c'est sur les difficultés qu'occasionnent les règles actuelles pour les
travailleurs qui se retrouvent dans une situation où on les envoie vers un
emploi dit convenable et qui parviennent rarement ou difficilement à trouver quelque
chose qui correspond, en termes de salaire, au type d'emploi dit convenable et le salaire qui y est rattaché, ce qui fait que, très souvent,
ces travailleurs accidentés vont se retrouver dans une situation
où, pendant de nombreuses années, ils
vont devoir essuyer un manque à gagner au niveau salarial, ce qui a des
incidences importantes sur les
décisions de vie, là. Alors, ça, ça semble être assez standard. Donc, il y a peut-être
un certain nombre de choses qui doivent
être faites, on l'évoquait tout à
l'heure, au-delà de simplement
standardiser, pour reprendre l'expression, les critères. Mais il va
falloir qu'on trouve le moyen d'aider notre monde.
Mme
Dupont (Josée) : Bien là, présentement, nos intervenants, ils travaillent avec le cadre législatif actuel. Mais c'est pour ça qu'on veut tester sur le terrain des
méthodes alternatives : plutôt que de déterminer un emploi
convenable de façon traditionnelle pour des
travailleurs qui pourraient être moins bien outillés que d'autres, de trouver
avec eux un emploi, de les mettre en situation de travail, de... On a
des leviers qui nous permettent de donner des subventions à des entreprises pour les accueillir, et, si ça
fonctionne, bien, la décision d'emploi convenable, ce sera cet emploi-là qu'il
exerce, et le revenu qui y sera associé, il
sera fondé sur les gains réels qu'il perçoit. Donc, on veut essayer de trouver
des méthodes alternatives puis les tester dans des cas réels.
M.
Bergeron : Je sais
que le temps nous est compté...
Le Président (M. Gaudreault) :
Comme tout le monde.
M.
Bergeron : ...il
reste seulement quelques secondes. Une des...
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste 1 min 30 s à peu près.
M.
Bergeron :
Bon. Alors, on va essayer de faire
vite. Une question en rafale. On sait qu'une des problématiques qu'on vit dans ce genre d'exercice, à la fois
de la Commission de l'administration
publique, ou de la Vérificatrice générale, ou du Protecteur du
citoyen, c'est toute la question du suivi. Or, on constatait que la CSST a mis
fin à sa pratique d'exercer un suivi des
décisions rendues et renversées par la Commission des lésions professionnelles
dans le but d'informer les directions
régionales des problématiques récurrentes et de les corriger. Alors, lorsqu'on
se retrouve avec des décisions comme celle-là, c'est sûr que ça rend les
suivis plus difficiles.
M. Sicard
(Claude) : Essentiellement, oui, effectivement, il y a eu un
changement, comme on en a parlé tantôt, au niveau de l'intégration au niveau des services juridiques, ce qui a fait
que le processus qui était en place a été... Mais il reste quand même qu'actuellement, au niveau des services
juridiques, au niveau de mes directions, qu'ils suivent les décisions de
la CLP et qu'on avise notamment les régions, et il y a aussi un suivi en
région. Donc, on peut vous assurer qu'on suit quand même, là, les décisions
puis tous les courants jurisprudentiels au niveau de la CLP actuellement.
M.
Bergeron : Merci.
Le Président (M. Gaudreault) :
Le mot de la fin en 37 secondes, monsieur...
M.
Bergeron : Bien, je vais faire comme mon collègue d'Orford.
Je vous remercie infiniment d'avoir été des nôtres cet après-midi,
et je pense que ça a été, à plusieurs égards, éclairant, et j'ose espérer que
ça l'aura été également pour le ministre.
M. Després (Michel) : Merci beaucoup,
M. le Président. Je veux remercier les parlementaires et juste assurer les parlementaires de la Commission de l'administration publique que la commission va prendre très au
sérieux les recommandations, le plan d'action et les échéanciers, M. le député
de Chaudière-Appalaches, de s'assurer que...
Une voix : Chaudière.
M. Després (Michel) : ... — Chaudière — donc
de s'assurer qu'effectivement le plan d'action soit respecté.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci. Mme Oudar, un petit mot de
la fin aussi de votre côté, si vous voulez? C'est une tradition à la
CAP.
• (18 heures) •
Mme Oudar (Manuelle) : Oui. Bien,
d'abord remercier tous les parlementaires, remercier la Vérificatrice générale. L'exercice a été aussi très formateur.
Je tiens à remercier les équipes qui m'accompagnent, qui ont travaillé
cet été très fort sur le plan d'action. Nous
aussi, on va suivre le plan d'action de très près, et on s'est engagés, dans un
souci de transparence, à en faire état dans notre rapport annuel, et de suivre les délais de
façon régulière, et publiciser nos
délais opérationnels et nos délais légaux.
Le Président (M. Gaudreault) :
Parfait. Alors, merci. C'est ce qui met fin à cette audition.
La Commission de l'administration publique
suspend ses travaux pour quelques minutes, après quoi elle se réunira en séance
de travail, les membres seulement évidemment, afin de statuer sur les
observations, conclusions et recommandations à la suite de l'audition. Je ne
veux pas vous presser, je sais que vous nous aimez beaucoup, vous trouvez qu'il fait chaud, vous êtes bien ici,
mais, si vous voulez quitter s'il
vous plaît immédiatement, parce qu'on doit tout
de suite se réunir. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 1)