(Quatorze
heures treize minutes)
Le
Président (M. Gaudreault) : On va commencer tout de suite parce
qu'on a du retard. Je suis désolé. On a eu beaucoup de travail déjà ce
matin.
Alors,
je constate le quorum. Je déclare la séance de la Commission de
l'administration publique ouverte et je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires, s'il vous plaît.
La
lecture du mandat, donc : la commission est réunie afin de procéder à
l'audition de la Commission québécoise des libérations conditionnelles.
Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements ou des membres temporaires?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Mme Poirier (Hochelaga-Maisonneuve) est remplacée par M.
Bérubé (Matane-Matapédia); M. Caire
(La Peltrie), par M. Spénard (Beauce-Nord); et Mme D'Amours (Mirabel) agit
à titre de membre temporaire.
Le
Président (M. Gaudreault) : Merci beaucoup, Mme la secrétaire.
Donc, on va débuter avec la présentation de la Commission québécoise des
libérations conditionnelles, le reste de la séance sera consacré aux échanges,
comme d'habitude, en blocs intercalés entre le gouvernement et les deux
oppositions.
Me Françoise
Gauthier, présidente de la Commission québécoise des libérations
conditionnelles, je vous invite à nous
présenter les gens qui vous accompagnent, faire votre exposé. Vous disposez de
10 minutes environ, puis après ça on va procéder aux échanges.
Exposé de la présidente de la Commission québécoise
des libérations conditionnelles (CQLC),
Mme Françoise Gauthier
Mme Gauthier
(Françoise) : Alors, je me présente : Françoise Gauthier,
présidente de la commission des libérations
conditionnelles du Québec. Je suis nouvellement en poste, je suis entrée en
fonction le 31 mars dernier. Je suis accompagnée — et, vous
le comprendrez, il répondra beaucoup aux questions : à ma gauche, vous
avez Me David Sultan, qui est vice-président de la commission; et,
à ma droite, Mme Nathalie Maheux, qui est directrice et secrétaire de la
commission.
Je
vous rappelle que la Commission québécoise des libérations conditionnelles est
une instance décisionnelle qui tire
sa compétence en vertu d'une délégation administrative du Parlement fédéral
conformément à la Loi sur le système correctionnel
et la mise en liberté sous condition. Celle-ci autorise la délégation de
certains aspects du régime législatif fédéral
à des commissions provinciales. Conformément à la Loi sur le système
correctionnel du Québec, la commission rend
des décisions en tenant compte de tous les renseignements nécessaires et
disponibles contenus dans le dossier du contrevenant transmis par les
Services correctionnels du Québec.
Le
principe directeur à la base de toute décision en matière de liberté sous
condition est la protection de la société. Lorsque la commission accorde une mise en liberté sous condition, elle
ne change pas la peine prononcée par le tribunal, elle ne fait qu'en déterminer les modalités
conformément à la loi, impose des conditions d'encadrement et de
surveillance strictes qui s'appliquent
jusqu'aux trois tiers de la peine d'incarcération de la personne contrevenante.
Conformément à la loi, la compétence de la commission s'exerce à la l'égard de
trois mesures : la permission de sortir préparatoire à la libération conditionnelle, la libération
conditionnelle et la permission de sortir pour visite familiale. Je tiens aussi
à vous rappeler que la société
québécoise s'est toujours distinguée par la valeur qu'elle véhicule en matière
de réinsertion sociale. La privation
de la liberté peut certes constituer une mesure appropriée afin d'assurer la
protection de la société. Cela dit, des mesures de mise en liberté sous
condition graduelle et sécuritaire, au moment opportun, agissent également sur
la protection de la société, elles
permettent alors que les contrevenants demeurent soumis au contrôle du système
de justice, de les outiller lorsque ceux-ci présentent de bonnes
aptitudes à se réintégrer. Elles produisent généralement un effet de prévention
de la récidive et permettent une réintégration en société par l'acquisition de
valeurs visant à favoriser une contribution positive du bien collectif.
La commission
rencontre annuellement en séance près de 2 000 personnes contrevenantes et
rend quelque 5 000 décisions. Comme vous avez pu le constater, les
chiffres de résultats sont très probants. À titre d'exemple, en 2013‑2014, les taux de récidive en permission de
sortir préparatoire à la libération conditionnelle sont de 0,3 %, soit
un cas sur 350 ayant récidivé, alors que,
pour la libération conditionnelle, quant à eux, on a un pourcentage de
2,2 %, soit 21 cas sur 977 ayant
reçu une libération. La commission a également des responsabilités importantes
à l'égard de victimes d'actes criminels, elle doit prendre des mesures
possibles pour communiquer divers renseignements à certaines catégories de
victimes en temps et lieu. De plus, la loi prévoit qu'une victime peut
transmettre des représentations écrites qui sont prises en compte par la commission
lors de l'étude du dossier d'une personne contrevenante.
En 2014‑2015, la commission a réalisé
2 059 communications écrites et 1 323 communications
téléphoniques avec les victimes soit pour
les informer de leurs droits ou encore pour leur transmettre des informations
conformément aux dispositions de la loi. La
commission a récemment mis en place de nouveaux modes de communication
favorisant une meilleure rétroaction
avec les victimes, notamment une ligne sans frais, un formulaire Web et une
enveloppe affranchie insérée dans les
envois initiaux. Les victimes peuvent désormais confirmer plus facilement leurs
coordonnées, informer la commission de leur souhait de recevoir des
renseignements et de transmettre leurs représentations écrites.
La commission des
libérations conditionnelles a pris bien connaissance des préoccupations de la
commission administrative. Par ailleurs,
principalement quand vous vous questionnez sur les 16 objectifs de notre plan
stratégique, je vous dirais que, déposé à
l'Assemblée nationale le 9 octobre 2013, le plan stratégique de la
commission en est à sa dernière année de mise en application. En date du
31 mars 2015, sur les 16 objectifs que la commission s'est fixés en 2012, 13,5 sont atteints, soit 84 % des objectifs;
un est en suspens, le projet informatique en matière d'information
correctionnelle, le projet Sentinelle; et
deux autres demeurent à compléter, soit le tableau de bord et le plan de
formation pour le personnel. La commission est confiante de pouvoir
réaliser l'ensemble de ses objectifs d'ici la fin de l'année.
Quant à la deuxième
question de la Commission de l'administration publique, quant à notre rapport
annuel, concernant les engagements pris
envers les citoyens, je vous dirais que la commission compile et rend compte,
dans son rapport annuel de gestion, des demandes de renseignements
générales reçues par courriel et par courrier. Celles-ci se limitent à environ une soixantaine par année. Ces
demandes font l'objet d'un accusé de réception dans les 48 heures de
leur réception et d'une réponse dans les 15
jours de leur réception. Tel que le prévoit la déclaration de services aux
citoyens, les bureaux de la commission sont
accessibles du lundi au vendredi de 8 h 30 à midi et d'une heure à
16 h 30. Les citoyens peuvent également compter sur un accueil
téléphonique pendant les heures de bureau et sur un service de messages
automatisés 24 heures par jour, de même qu'une boîte courriel.
• (14 h 20) •
Quant
à la clientèle contrevenante, la commission assure un traitement qui répond aux
exigences de la loi et qui est conforme
au texte et à l'esprit de la déclaration du service aux citoyens. En outre, la
commission s'assure que ces derniers sont convoqués dans les temps
requis, que les séances sont tenues dans les délais prescrits. Elle offre aussi
un service d'interprète, en cas de besoin, et remet, séance tenante, des
décisions écrites et motivées.
De plus, les
communications avec les victimes sont compilées centralement et font l'objet
d'une reddition de comptes dans le rapport annuel, à la section dédiée aux
données relatives aux victimes. Il faut comprendre que, compte tenu de la nature des activités de la commission,
les échanges avec les citoyens se limitent généralement à des demandes
d'accès à des décisions ou à des renseignements personnels. En 2013‑2014, la commission
a répondu à 213 demandes, dont 155
concernaient l'accès à des renseignements personnels, documents ou dossiers complets, 23
provenaient de victimes ayant demandé copie d'une décision et 35
provenaient soit du public ou encore des médias demandant accès à une décision. La diffusion des décisions de la commission
contribue à la transparence et favorise une meilleure compréhension du
fonctionnement de la commission et de l'application des mesures de libération
sous condition. Nous prenons note toutefois
des commentaires des membres de cette commission
quant à l'absence, dans le rapport annuel de gestion, d'une section
dédiée aux résultats liés aux engagements de sa déclaration de services.
Le troisième questionnement
de la CAP était quant aux ressources financières. Je vous dirais que, bien que
la commission ait déjà connu des surplus par le passé, j'estime important
de préciser que, depuis 2009‑2010,
soit au cours des cinq dernières
années, les budgets de la commission ont subi des coupures de près de
1 million de dollars, soit 20 % de son budget total. Pour
réussir à rencontrer les cibles budgétaires imposées tout en maintenant le même
niveau de service, la commission a dû
réduire de façon considérable ses coûts d'opération — réduction de 50 % — faisant passer ses coûts de 1,7 million de dollars en 2012‑2013 à
837 000 $ en 2014‑2015. Toutefois, malgré les efforts de compression,
la commission enregistrait, pour une
première fois, en 2013‑2014, un léger déficit de 34 000 $. Par
ailleurs, il faut comprendre qu'une
augmentation annuelle d'environ 8 % du nombre des décisions rendues par la
commission est constatée, et ce, depuis
2012‑2013. La hausse du volume de décisions a un impact direct sur
l'augmentation des budgets de rémunération compte tenu que la commission
fait affaire beaucoup avec des membres qui sont à temps partiel.
Enfin,
pour faire face au défi qui nous sera lancé dans les prochaines années, la
commission s'est dotée, en 2014, d'un plan de gestion qui s'articule
autour de cinq principaux axes : l'utilisation accrue des technologies,
l'analyse préliminaire des dossiers avant
séance, l'optimisation de la gestion des rôles d'audience, la mise en oeuvre
d'initiatives en matière d'information et la création d'outils et de structures
visant à appuyer le processus décisionnel. En plus de contribuer à un meilleur fonctionnement des activités de la commission,
celui-ci permet de moderniser notre organisation.
Un quatrième élément
était soulevé par la commission parlementaire, à savoir l'absence de toute
information concernant la gestion des ressources informationnelles dans le
rapport annuel de gestion. Considérant la taille et la ressource limitée de la
commission, celle-ci a confié au ministère de la Sécurité publique la gestion
de ses ressources informationnelles. Les
données concernant ses projets informatiques se retrouvent donc dans le plan
triennal des projets et des
activités, dans la programmation annuelle ainsi que dans le bilan annuel
présentés au Conseil du trésor par le ministère dans le rapport annuel
de gestion de la commission 2014‑2015, et cette information se retrouve,
d'ailleurs, dans notre rapport annuel.
Enfin,
somme toute, les défis qui se présentent à la commission au cours des
prochaines années sont nombreux. À court terme, la commission prévoit
consolider les nouveaux processus mis en place, lesquels résultent de son plan
de gestion. Ainsi, l'utilisation de la
visioconférence et la mise en place de la structure relative à l'implantation
du dossier électronique constituent
deux pans essentiels d'une approche efficace portée vers l'avenir et
susceptible de rejoindre les cibles budgétaires fixées par le
gouvernement.
Dans
un autre ordre d'idées, la commission a amorcé récemment une révision de ses
processus de travail secteur par secteur visant à lui permettre, une fois
l'exercice complété, à assurer une efficacité optimale de ses façons de faire
tout en identifiant et en agissant sur les secteurs susceptibles de présenter
des risques organisationnels.
Le Président (M. Gaudreault) :
...quelques secondes seulement.
Mme
Gauthier (Françoise) : À date, simplement vous dire que la commission
a revu ses processus de travail au niveau des secteurs victimes et accès
à l'information.
Discussion générale
Le
Président (M. Gaudreault) : C'est bien. Merci beaucoup, Mme
Gauthier, pour votre présentation. Alors, nous allons tout de suite
procéder au bloc du gouvernement, un premier bloc de 10 minutes, avec le
député de Chomedey.
M.
Ouellette :
Merci, M. le Président. Mme Gauthier, bienvenue. C'est plaisant de vous voir à
la commission québécoise. M. Sultan, vous êtes un habitué de... on vous
voit aux crédits, puis merci d'être là aussi, Mme Maheux.
D'entrée de jeu... vous savez, 10 minutes, ça passe vite, hein, vous venez de le voir, là,
vous avez été 10 minutes...
Une voix : ...
M.
Ouellette : Oui. Non, non. Mais on est habitués à avoir des
débits saguenayens, puis je pense qu'on a pris le beat aussi. Mais, dans mon
bloc de 10 minutes, je pense qu'il est important qu'on explique aux gens, parce
que pour beaucoup de gens la Commission québécoise
des libérations conditionnelles, c'est du chinois. Les gens ne réalisent
pas que, la durée de séjour moyenne en
prison, on est à 58 ou 59 jours, pas
mois; c'est des sentences de deux ans moins un jour.
Et, dans
votre rapport annuel — je vais vous amener à la page 27 — une chose qui me préoccupe et qui
préoccupait aussi la Protectrice du citoyen, c'est qu'au cours de 2013‑2014 on
dit qu'il y a 3 659 personnes qui sont devenues admissibles — ça,
c'est pour tout l'ensemble du Québec; la moitié de ça, là, ils n'ont pas voulu
aller en révision. Bon, moi, j'ai une très bonne réponse, mais c'est la
vôtre que je vais vouloir entendre, parce que la Protectrice du citoyen avait demandé au ministère, dans son rapport de 2013‑2014,
d'insister auprès de la commission pour mettre en place des mesures
visant à ce qu'il y en ait plus, de gens qui... parce que les chiffres sont
anormalement élevés; la moitié qui ne veulent pas
y aller. C'est sûr qu'en n'ayant pas de contrainte c'est plus facile.
J'aimerais ça que vous nous démystifiez ça un petit peu pour les gens qui nous écoutent aujourd'hui,
parce que c'est un peu nébuleux, pourquoi on a plus... on a quasiment la
moitié des gens qui ne veulent pas aller devant la commission des libérations
conditionnelles.
Mme
Gauthier (Françoise) : En
fait, vous faites référence au rapport du Protecteur du citoyen de mars
2013, et il y avait trois recommandations : la première recommandation, c'était de documenter sans délai les motifs expliquant le taux élevé de renonciation à l'examen de la
libération conditionnelle; la deuxième était de mettre en place, d'ici le 31
mars 2015, un ou des mécanismes visant à diminuer le nombre de renonciations;
et, enfin, de transmettre au Protecteur du citoyen, d'ici le 31 mars 2015, un
bilan des actions réalisées et des résultats obtenus.
D'entrée de jeu, je vous dirais que la commission
a déposé le rapport au Protecteur du citoyen dans les délais impartis. Concernant la réponse à l'effet de documenter
sans délai les motifs expliquant le taux élevé, je sais qu'il y a un projet pilote de fait à Sherbrooke
et peut-être qu'à ce stade-ci je laisserais la parole à Me
Sultan pour qu'il vous explique davantage les travaux qui ont été faits
par la commission.
Une voix : Il y a
consentement, M. le Président.
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, oui, oui, certainement. Allez-y, M. Sultan.
M. Sultan (David) : Je vous remercie.
Vous l'aurez constaté, je n'ai pas un débit saguenayen, mais vous m'en
excuserez.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Sultan (David) : Alors,
simplement, effectivement, M. le député, près de la moitié de la clientèle... de
moins en moins, mais près de la moitié de la clientèle qui sert une sentence de six
mois à deux ans moins un jour, ce qui est le mandat de la commission des
libérations conditionnelles, préfère renoncer que de passer devant la commission,
et c'est un petit peu à ça que vous faites référence, je suppose.
Il faut
comprendre que les gens qui renoncent renoncent très souvent avant de passer
devant la commission, et donc
la commission n'a pas l'occasion de comprendre ou de savoir pourquoi ces
gens-là renoncent, et je vous dirais que 90 % des personnes qui renoncent le font hors
audience. Il reste 10 % de personnes qui passent devant la commission
et qui, sur place, décident de renoncer. Et, dans les cas que nous avons
répertoriés, et ce n'est pas scientifique, je peux vous dire d'expérience qu'il y a deux ou trois situations qui font que
souvent les gens renoncent. Alors, vous avez d'abord les personnes qui
veulent faire les deux tiers de leur peine, parce que vous comprendrez que,
lorsqu'on est en libération conditionnelle,
les deux tiers n'existent plus, et ça, ce n'est pas connu des gens. Lorsque
vous êtes en libération conditionnelle, vous êtes tenu à respecter des conditions et à être
encadré par le système de justice jusqu'aux trois tiers de votre peine, alors que, lorsque vous ne bénéficiez
pas d'une libération conditionnelle, légalement parlant, les deux tiers
de votre peine constituent la fin de votre peine. Alors, certaines personnes
font souvent le calcul et se disent : Je préfère renoncer et sortir aux
deux tiers sans avoir d'obligation légale envers la société plutôt qu'être
tenu, face à la société, jusqu'aux trois
tiers de ma peine... à savoir également un risque : si jamais je brise des
conditions, je serai retourné en détention jusqu'aux trois tiers de ma
peine. Je vous fais grâce de certains détails concernant la remise de bon
temps, parce qu'on parle du trois tiers de façon générale.
Et il y a
aussi une autre réalité en détention, et on ne va pas se le cacher, il y a
aussi la réalité de certaines clientèles qui sont un petit peu plus hypothéquées — on parle de santé mentale, on parle de
certaines clientèles autochtones, entre autres — qui ont
une certaine difficulté à bâtir des plans de sortie et qui se disent que passer
devant la commission, c'est un petit
peu plus compliqué. Les plans de sortie ne sont pas nécessairement montés. La
commission ne bâtit pas le plan de sortie.
La commission reçoit le plan que la personne décide de lui présenter et, par la
suite, va prendre une décision. Alors, si un plan de sortie n'est pas
bâti en conséquence, il peut arriver souvent que ce genre de clientèle
hypothéquée puisse renoncer à son droit à être éligible à une libération
conditionnelle.
Alors, ce sont les situations généralement que
nous retrouvons en détention. Et, encore une fois, ce n'est pas scientifique, ce que je vous dis, parce qu'on a
répertorié simplement 10 % des gens qui passent devant nous pour
arriver à ces conclusions, il y en a un
autre 90 % qui renoncent sans que la commission les rencontre jamais, mais
je vous dirais que je soupçonne que
les raisons que je vous ai données peuvent énormément jouer également. Cela
dit, si vous le permettez, j'ajouterai
qu'en travaillant avec les Services correctionnels de façon administrative,
sans... chacun dans sa petite cour, on arrive
à trouver des façons de favoriser de plus en plus une meilleure connaissance
des programmes, et, quelque part, ça permet
aux personnes contrevenantes qui auraient eu le désir de renoncer de comprendre
un petit peu de quoi on parle et possiblement de présenter une demande
devant la commission des libérations conditionnelles, alors même que, sans
cette information, ils auraient possiblement renoncé.
Est-ce que ça répond à votre question?
• (14 h 30) •
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député de Chomedey.
M.
Ouellette : Oui, ça
répond en grande partie à ma question. Et, l'intervention de la Protectrice du
citoyen, je la voyais beaucoup plus dans le
sens de la réponse que je viens d'avoir, en ce sens que : Comment peut-on
faire pour... pas forcer la moitié
qui n'y va pas... Parce que c'est sûr que, s'ils font les deux tiers sans
rendre de comptes à personne, sans avoir
d'entraves jusqu'à la fin de leur sentence complète, c'est peut-être
avantageux. On réalise peut-être qu'on a peut-être un trou en quelque
part ou on a peut-être une période qu'il faudra couvrir ou qu'il faudrait
peut-être se pencher de façon législative pour regarder qu'il n'y en ait pas
qui profitent indûment du système, là, parce que ne pas avoir de conditions,
sortir aux deux tiers ni vu ni connu et tu n'as pas d'étude de dossier, puis il
est en dessous du radar, particulièrement
pour des gens impliqués dans le crime, c'est plus avantageux que d'aller étaler
devant des commissaires ta situation et faire en sorte d'être obligé
d'aller avec les conditions qui vont être fixées.
Je voyais beaucoup plus l'intervention de la
Protectrice du citoyen dans cette optique-là, en plus des trois recommandations
que vous m'aviez mentionnées, là.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : Ce qu'elle suggérait aussi, la Protectrice du
citoyen, c'était peut-être aussi que nous prenions l'initiative d'aller rencontrer la majorité des personnes
contrevenantes pour leur demander les raisons pour lesquelles elles ne veulent pas... sauf que les
coûts pour nous sont astronomiques, là, parce que déjà la tenue des
séances pour entendre les personnes contrevenantes qui veulent bien passer
devant nous, c'est important. Alors, on évalue à quelque 1 200 $ la séance, alors, pour... un coût pour une
séance. Alors, aller voir systématiquement à chaque fois qu'une personne
contrevenante ne veut pas, renonce à passer devant nous, honnêtement, je ne
vois pas comment on pourrait faire ça à court terme, là, puis avec le contexte
budgétaire dans lequel on est.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député.
M.
Ouellette :
Il faudra peut-être à un moment donné le regarder dans le contexte de la
nouvelle criminalité puis dans le contexte de toute la mouvance qu'on
vit présentement.
Je veux vous
amener à la page 28 de votre rapport annuel. Et, quand on parlait, à la page
27, de 3 659 personnes... Vous nous parlez de 5 002 décisions
au cours d'une année. Là aussi, c'est très méconnu. Vous avez trois grandes catégories : la permission de sortir préparatoire,
la libération conditionnelle puis la permission de sortir pour visite à
la famille. Peut-être juste, pour qu'on comprenne un peu mieux, là, nous
expliquer les trois étapes. C'est-u qu'il faut absolument passer par la première avant d'arriver à la deuxième? Puis,
la troisième, vous l'utilisez dans quels cas? Je pense que ça aiderait
aux gens à comprendre.
Une voix : ...peut-être Me
Sultan?
Le
Président (M. Gaudreault) : Oui, mais il vous reste juste une
dizaine de secondes. On peut peut-être retenir la question pour le
prochain bloc, si vous préférez, parce que...
Une
voix : Oui.
Le
Président (M. Gaudreault) : O.K. Alors, on va passer au bloc de
la première opposition. Pour un premier bloc de neuf minutes, M. le
député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé :
Bonjour, Me Gauthier, ainsi que vos collaborateurs. Je suis heureux de vous
rencontrer. La commission a un peu plus de
35 ans maintenant. Elle a été créée à l'époque par l'ex-ministre de la Justice
Marc-André Bédard, le père de notre
porte-parole actuel en matière de justice, et c'est une institution qui est
importante dans notre système. Le député de...
Une voix :
De Chicoutimi.
M.
Bérubé :
De Chicoutimi. On parle beaucoup de Jonquière autour de la table, je vais
parler de Chicoutimi.
Alors,
le député de Chomedey y a fait référence, la Protectrice du citoyen s'est
questionnée, et nous aussi, on se questionne
quant à la libération conditionnelle. Il y a clairement une augmentation depuis
quelques années. Autrefois, c'était
30 %, c'est maintenant 47,9 % des gens qui renoncent à cette
libération. Ça nous questionne sur la sécurité publique, sur les
conséquences. Par exemple, est-ce qu'on est capable de documenter les
conséquences sur la sécurité publique en termes
de récidive? Est-ce que les gens qui quittent aux deux tiers récidivent
davantage que ceux qui quittent au tiers? Ça, c'est une vraie question qui nous interpelle, parce que la finalité,
c'est de déterminer l'impact pour la sécurité publique. Est-ce que l'augmentation, par exemple, selon
vous... Puis là le député de Chomedey a dit qu'il avait une bonne
réponse là-dessus, je ne sais pas s'il l'a
pleinement livrée, son expertise pourrait être éclairante. Mais est-ce que le
mot se passe entre les personnes de dire que c'est peut-être mieux
d'attendre plus tard puis de n'avoir aucune condition lorsqu'on quitte ou en
avoir beaucoup moins?
Alors,
là-dessus, j'aimerais ça que vous reveniez sur qu'est-ce qu'on peut faire pour
améliorer cette situation-là. Il y a une hausse de 20 %. J'imagine
que vous êtes capables de l'expliquer en partie. Puis c'est quoi, la solution?
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : Oui. En fait, je commencerai, et, toujours avec
votre permission, Me Sultan pourra effectivement compléter la
réponse.
Je vous dirais qu'un
des éléments de réponse, M. le député, c'est... vous l'avez vous-même déclaré,
c'est : effectivement, les gens, au lieu
de compléter les trois tiers de leur sentence, préfèrent attendre, faire les
deux tiers, et après ça ils sortent sans contrainte aucune. Alors, c'est
une réalité, mais la loi est ainsi faite.
M.
Bérubé : Est-ce que vous auriez un message à envoyer aux
parlementaires que nous sommes, par exemple, de modifier la loi? Parce qu'il y a des conséquences sur la sécurité
publique. Est-ce que, par exemple, l'examen devrait se faire aux deux
tiers au lieu du tiers? Votre rôle est notamment d'éclairer les parlementaires
et le gouvernement. À cet effet, est-ce que vous avez des recommandations à
nous faire?
Mme Gauthier
(Françoise) : ...
Le Président (M.
Gaudreault) : Oui.
Une voix :
Bien sûr.
M. Sultan
(David) : ...de faire de recommandations au législateur, mais
peut-être tracer un portrait global de la situation, si vous le permettez.
Le Président (M.
Gaudreault) : Oui.
M.
Sultan (David) : Les personnes sont éligibles déjà au sixième de leur
peine, et puis les chiffres démontrent très clairement que ceux qui bénéficient... et, encore une fois, on va se
mettre une parenthèse, ce n'est pas tout le monde qui pourrait
bénéficier d'une mesure de libération sous condition, mais les personnes qui
bénéficient d'une permission de sortie
préparatoire à la libération conditionnelle au sixième de leur peine... vous
aurez constaté dans les chiffres que le taux de récidive est extrêmement
bas.
M.
Bérubé :
...sans violence.
M. Sultan
(David) : Pas nécessairement.
M.
Bérubé :
La plupart.
M.
Sultan (David) : Pas nécessairement. Vous avez raison en majorité pour
dire que la plupart de ces cas-là sont des crimes sans violence, mais
ça, c'est le régime fédéral qui avait le sixième et qui disait qu'un crime sans
violence bénéficie automatiquement du sixième, ce qui n'est pas le cas au
Québec.
Au Québec, une personne qui passe, au
sixième de sa peine, devant la commission va être analysée comme si elle
passait au tiers de sa peine. Ce n'est
jamais sur dossier, c'est toujours en audience, avec en tête, bien sûr, les
deux fondements de la loi, à savoir la protection de la société, au
premier chef, et la réinsertion sociale.
Cela
dit, M. le député, donc, au sixième, ça fonctionne assez bien. Au tiers, vous
avez tout à fait raison de dire qu'il y a un certain déficit. Pendant
des années, les taux de renonciation ont été de 20 % à 25 %. Ils ont
atteint leur apogée, il y a à peu près deux, trois ans, à 52 %. Là, ils
sont en baisse, ils sont... Cette année, on enregistre un taux de renonciation à 47 %. Ce que je peux vous
dire, par exemple, c'est qu'effectivement... vous avez également raison de
le constater puis de le dire, c'est que
souvent les personnes ne veulent pas être tenues à respecter les conditions
jusqu'aux trois tiers — je ne veux pas généraliser, mais ça arrive
assez souvent — et donc
préfèrent faire leurs deux tiers. Nous, on prétend qu'une personne qui mérite sa libération conditionnelle et qui
va jusqu'aux trois tiers de sa peine non seulement n'est pas un danger pour la société, mais elle va
être outillée pour pouvoir par la suite se réinsérer socialement et
constituer un danger de récidive qui est beaucoup plus bas que si elle sort non
outillée.
Le Président (M.
Gaudreault) : Merci. M. le député?
• (14 h 40) •
M.
Bérubé :
Je poursuis avec Me Sultan. Mais, fort de ces chiffres, qui sont très
évocateurs, il y a clairement un manque...
une ouverture qui sert à avoir moins de conditions et qui menace la sécurité
publique, quant à nous. Moi, je vous
invite à faire des recommandations aux parlementaires, au gouvernement du
Québec, parce qu'il est clair que, s'il y a une augmentation, c'est
qu'il y a des gens qui trouvent ça avantageux de se prévaloir de cette
disposition, qui permet d'aller aux deux
tiers, et j'aimerais ça qu'on puisse documenter les conséquences notamment en
termes de récidive. Il m'apparaît
assez évident que les gens qui quittent aux deux tiers ont davantage de
chances, sans condition, de récidiver et devenant un danger pour le
public que ceux qui suivent le processus au complet.
Alors,
j'aimerais que vous puissiez documenter et nous recommander des mesures, parce
que notre rôle, comme parlementaires,
c'est notamment de protéger le public, et là, clairement, avec les chiffres que
je vois là, avec les statistiques, ce
n'est pas de nature à rassurer le public quant à... quant au fait que la leçon
à passer, tiens, face à certaines personnes qui disent : Bien, je
vais faire mon temps, et puis moi, je remets le compteur à zéro, puis je n'ai
plus de conditions pour la suite... Et le
passage en milieu carcéral, notamment, devrait donner un certain nombre de
leçons, et manifestement il y a des gens qui veulent en avoir le moins
possible, et je ne suis pas convaincu que c'est toujours souhaitable.
Alors, ma recommandation,
humblement, comme parlementaire, c'est qu'on puisse expliquer davantage les conséquences sur le taux de récidive et aussi des
recommandations aux législateurs qu'on est. Ne vous gênez pas, c'est
notamment pour ça qu'on vous reçoit, vous pouvez nous éclairer sur ces
questions.
Mme Gauthier
(Françoise) : ...que vous souhaitez avoir, c'est que vous voulez qu'on
valide...
M.
Bérubé :
...versus le tiers.
Mme
Gauthier (Françoise) : ...le taux de récidive des personnes qui
renoncent à la libération conditionnelle.
M.
Bérubé : ...par exemple, qui ceux, au tiers, passent devant
le processus versus ceux aux deux tiers — ce serait important; pourquoi la hausse de 20 %; vos différentes hypothèses.
Il y a quelque chose qui a changé, manifestement, ce n'est pas seulement le message qui se passe, donc
documenter ça aussi, et aussi nous faire des recommandations pour
améliorer la sécurité du public. Moi, c'est l'objectif que je poursuis à
travers les questions que je vous pose.
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Françoise Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : Je pourrais d'ores et déjà vous dire que je
pense qu'à l'Université de Montréal, en criminologie, on se penche sur cette question. Évidemment, on va
répondre à votre demande et puis on va s'y pencher, nous aussi, en
collaboration avec l'Université de Montréal. Et, je ne sais pas comment vous
voulez qu'on fonctionne, là...
Le Président (M. Gaudreault) : Bien, je veux juste vous signaler
qu'à la fin nous, on va faire des recommandations qui vont être dans notre rapport et qu'on va vous
soumettre. Alors, on verra. À ce moment-ci, moi, je ne veux pas présumer
du choix des recommandations du groupe ici,
mais vous allez recevoir nos recommandations à votre égard, et on verra
quelles seront les recommandations. Pour l'instant, on est dans notre échange.
M.
Bérubé :
...on reporterait le temps restant sur notre autre bloc.
Le Président (M.
Gaudreault) : O.K.
M.
Bérubé :
Il reste à près une minute, j'imagine.
Le Président (M.
Gaudreault) : À peu près, oui, une minute.
M.
Bérubé :
C'est ça. On va le reporter sur l'autre bloc.
Le
Président (M. Gaudreault) : O.K. C'est bon. Je retourne au
gouvernement avec... D'abord, il y avait eu la...
Une voix :
...
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui, il y avait la réponse au député de Chomedey.
M.
Ouellette :
...réponse de Me Sultan et...
Le Président (M. Gaudreault) :
Puis, après ça, la députée de Bourassa-Sauvé.
M.
Ouellette :
...après ça, Bourassa-Sauvé.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. Sultan, oui.
M. Sultan
(David) : Merci. Alors, si je me souviens bien, votre question,
c'est : Les trois programmes, comment ils fonctionnent? Alors, le premier programme, qui, jusqu'à 2007, c'est-à-dire
jusqu'à la mise en place de la loi, était géré par les Services correctionnels, c'est ce qu'on
appelait le Programme d'absence temporaire, donc, les Services
correctionnels géraient le sixième et
libéraient, pour différents motifs, une personne contrevenante au sixième de sa
peine. Vous vous souviendrez que,
suite à une tragédie au début des années 2000, une commission... en fait, un
rapport a été commandé par le ministre de l'époque qui s'est appelé le
rapport Corbo, qui recommandait justement que ce soit la commission des
libérations conditionnelles qui gère le sixième de la peine et, donc, qui
puisse rencontrer les personnes sur les mêmes bases
que la libération conditionnelle, à savoir le critère de la protection de la
société, au premier chef, suivi de celui de la réinsertion sociale.
Alors, au sixième de la peine, c'est que la
personne doit lever la main pour pouvoir être rencontrée par la commission, alors qu'au tiers de la peine la
libération conditionnelle, comme on l'appelle, la personne est
automatiquement éligible. Alors, au sixième
de la peine, lorsqu'on accorde une permission de sortie préparatoire à la
libération conditionnelle, elle n'est
valable que pour un maximum de 60 jours renouvelable jusqu'au tiers. À partir
du tiers, une autre audience va être tenue,
avec la personne contrevenante, au cours de laquelle on va analyser comment
elle a évolué alors qu'elle était en communauté
et de façon assez encadrée très souvent, et à partir du tiers on va lui
accorder ou lui refuser une libération conditionnelle
qui, elle, va aller jusqu'aux trois tiers pleins de sa peine, et c'est ce qu'on
appelle la libération conditionnelle.
Le troisième programme, qui est la permission de
sortir... Il me reste 30 secondes?
Une voix : Oui.
M. Sultan (David) : Désolé. Le
troisième programme, qui est la permission de sortie pour visite à la famille, c'est un programme qui est offert aux personnes
qui ont été soit refusées en libération conditionnelle ou encore
révoquées en libération conditionnelle,
encore basé sur les mêmes critères, à savoir protection de la société et
réinsertion sociale. Vous comprendrez,
les chiffres, c'est pour ça qu'il y en a très peu, parce que, une personne qui
a été révoquée ou refusée, souvent, il peut y avoir un danger pour la société,
et, si on lui a refusé une mesure à long terme, c'est difficile de lui octroyer
aussi une mesure qui dure, maximum, 72 heures mais qui tout de même suffit
largement lorsqu'on a un danger pour la société de faire des dégâts. Voilà.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci beaucoup. Merci d'être là avec nous aujourd'hui. Comme vous le savez, le
rapport annuel de gestion, c'est une
reddition de comptes qu'on fait aux citoyens, donc ça devrait avoir les
renseignements qui permettent aux citoyens de comprendre ce qui se
passe, et la transparence est très importante.
D'après
l'article 24 de la Loi sur l'administration publique, un rapport annuel de
gestion devrait avoir un bilan annuel
des réalisations en matière de ressources informationnelles et des bénéfices
réalisés, ce qu'on ne retrouve pas dans votre rapport annuel de gestion,
sans aucune explication. Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous dire pourquoi?
Parce que c'est une disposition qui est obligatoire en vertu de la loi.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : En fait, d'entrée de jeu, Mme la députée, je
pense qu'on l'a exprimé, c'était que la commission est un petit
organisme, alors on a fait des choix. Alors, par le passé, la commission a fait
le choix d'avoir une entente avec le
ministère, qui va s'assurer du développement de toutes nos ressources
informatiques, en information, et je n'étais
pas celle qui a rédigé le rapport annuel l'année passée, c'est certain, mais je
crois que le rapport annuel en faisait mention effectivement, qu'on
avait une entente avec le ministère de la Sécurité publique en ce sens-là.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme la députée.
Mme de Santis :
Je ne sais pas, je n'ai pas trouvé cette explication dans le rapport, mais,
même si on prend la décision, il faut que pour le citoyen ces
renseignements soient clairs, et, en plus, c'est une obligation de la loi.
J'ai
une autre question maintenant qui touche l'effectif. Je vois qu'on se pète les
bretelles en disant qu'on a un grand pourcentage des personnes des
communautés culturelles et qu'on parle de l'effectif total de 83 et que 12 sont
des communautés
culturelles, sauf que moi, j'aimerais savoir dans... parce que cet effectif de
83 représente toutes sortes de gens,
pas seulement les membres à temps plein. C'est aussi les membres à temps
partiel et des membres issus de certaines communautés qui font partie de
la commission.
Parmi l'effectif
permanent à temps plein, combien sont des communautés culturelles?
Mme Gauthier
(Françoise) : ...à temps plein, permanent, est-ce que vous comptez les
membres aussi?
Mme
de Santis : Je compte, dans votre tableau... À la
page 26... 25, pardon, dans le premier tableau, vous avez un total
d'effectif autorisé de 47. Je parle de ces 47 personnes.
Une voix :
46.
Mme de Santis :
46. Pardon. 47, c'était l'année précédente. Je parle de ça.
Mme Gauthier
(Françoise) : Donc, c'est les membres à temps plein.
Mme
de Santis : Oui. Combien sont des communautés
culturelles? Je vois que... parce que vos renseignements sont un peu confus : tableau n° 1, c'est
à temps plein; catégorie n° 2, c'est : représentation du personnel
féminin — je présume
que c'est plus qu'à temps plein et ça inclut ceux qui sont à temps partiel,
etc.; tableau n° 3, encore une fois, je ne sais pas si on parle du
même effectif ou pas, je suis confuse.
Moi,
j'aimerais savoir, de l'effectif à temps plein, combien sont des communautés
culturelles et combien sont de la communauté anglophone, ou des
autochtones, ou etc.
• (14 h 50) •
Mme Gauthier
(Françoise) : En fait, le personnel provenant des communautés
culturelles, on en compte cinq; plus des
membres à temps plein, deux. Donc, ça fait sept sur les ETC comptés, parce que
les membres à temps plein font partie
du calcul des ETC. Alors, nous avons cinq employés à temps plein qui sont des
communautés culturelles, plus deux membres à temps plein qui sont issus
des communautés culturelles.
Mme
de Santis : Je trouve que c'est bien, mais, quand
je regardais le tableau n° 3, je ne savais pas combien étaient à
temps plein, O.K.? Et c'est difficile à évaluer si, en effet, ils s'intègrent
bien à l'intérieur de la commission et du gouvernement, de l'Administration si
on n'a pas ces renseignements-là.
Maintenant,
je comprends que vous prenez beaucoup de décisions, O.K.? Je regarde... et,
dans une année, vous prenez environ 5 000 décisions. Je me
demande quel pourcentage des demandes que vous avez où vous rendez des
décisions, parce qu'il y a des demandes qui sont faites et des décisions qui
sont rendues. Est-ce que vous rendez des décisions
à 100 % des demandes à l'intérieur de l'année ou est-ce qu'il y a un
manque de décisions à rendre parce qu'il y a plus de demandes que de
temps à répondre à toutes les demandes?
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : La commission entend la personne qui est devant
nous, et on rend une décision séance tenante. À chaque fois qu'elle
vient devant nous, on entend ses observations. La personne contrevenante peut aussi compléter ses observations avec une preuve
documentaire pour enrichir le dossier de la commission, oui, et il y a
un délibéré, et, séance tenante, il y a une décision écrite et motivée qui est
remise à la personne contrevenante.
Mme
de Santis : Ça, c'est les personnes qui sont devant
vous. Combien de personnes font des demandes et qui, éventuellement, se
retrouvent devant vous?
Une voix :
...
Mme de Santis :
O.K. Est-ce qu'il y a un écart entre le nombre de demandes reçues et de
décisions rendues?
Une voix :
Me Sultan.
M.
Sultan (David) : Merci, Mme la députée. Alors, on ne va pas se péter
les bretelles, mais je vous dirais : 100 %, et ce n'est pas
parce qu'on est bons, c'est parce que la loi ne nous donne pas le choix. Alors,
lorsqu'une personne est admissible à une libération conditionnelle et qu'elle
lève la main, on doit nécessairement la rencontrer. Donc, on doit rendre décision sur toute personne qui passe
devant la commission ou qui a émis le désir de passer devant la
commission.
Alors,
je vous donne un chiffre de 100 % de décisions face aux personnes que nous
rencontrons. C'est évident que les décisions, ça peut être des octrois,
des refus; ça peut aussi être des reports, parce qu'il manque souvent certaines
informations, et bien sûr j'exclus, ce que
disait M. le député un petit peu plus tôt, les renonciations, sur lesquelles
nous n'avons aucun contrôle. Mais,
lorsqu'une personne lève la main et qu'elle passe devant la commission, dans
100 % des cas, la commission rend une décision.
Le
Président (M. Gaudreault) : C'est ce qui met fin à ce bloc du
gouvernement. On va y revenir tout à l'heure. Du côté de la deuxième
opposition, le député de Beauce-Nord.
M.
Spénard :
Merci, M. le Président. Alors, à mon tour de vous souhaiter la bienvenue, Mme
la présidente, ainsi qu'à M. Sultan. Bienvenue.
Moi,
j'ai deux, trois petites questions, dont la première : L'an dernier, le
rapport de l'ombudsman, du Protecteur du citoyen, avait fait état... et
il déplorait les conditions de détention des femmes incarcérées à la Maison
Tanguay, plus particulièrement celles des
personnes placées dans le secteur d'hébergement à encadrement maximal. Il
dénonce, entre autres, le fait que
les femmes confinées dans leurs cellules à la suite d'un classement restrictif
n'ont pas accès à un lavabo leur permettant d'avoir des conditions
d'hygiène élémentaire. Il y avait d'autres choses aussi qui pouvaient... elles
pouvaient demeurer dans leurs cellules jusqu'à 17 heures par jour.
Alors,
moi, ma question est très simple, c'est : Un an après le rapport du
Protecteur du citoyen en ce qui concerne la Maison Tanguay, où est-ce
qu'il dressait un sombre tableau, est-ce que votre venue à la tête de la
Commission des libérations conditionnelles
pourrait faire en sorte que les conditions de détention de même que les accès
aux conditions de libération... les conditions de détention pourraient
être les mêmes pour les hommes que pour les femmes?
Le Président (M.
Gaudreault) : Mme Gauthier.
Mme
Gauthier (Françoise) : En fait, M. le député, avec beaucoup
d'humilité, je vous dirais que ça ne changera pas grand-chose, ma venue
à la commission. Ce n'est pas notre responsabilité à nous, la détention. Nous,
notre responsabilité à nous, c'est au niveau de la libération des personnes
détenues qui sont admissibles à la libération conditionnelle. La commission n'a
pas de contrôle, n'a pas de pouvoir d'intervention, si ce n'est que, quand on
se rencontre, la grande équipe du ministère, on fait des échanges. Mais, mis à
part cela, il n'y a pas grand pouvoir d'intervention de notre part.
M.
Spénard : Dans le sens de dire : Étant donné la
surpopulation carcérale, est-ce que vous pouvez activer les libérations
conditionnelles?
Mme Gauthier
(Françoise) : Non, parce que c'est encadré dans la loi.
M.
Spénard :
Mais, même, vous ne pouvez pas forcer les refus à accepter une libération
conditionnelle.
Mme Gauthier
(Françoise) : Non. Non.
M.
Spénard :
O.K. Mon autre chose : dans la Commission de l'administration publique, il
y avait des points à améliorer évidemment pour la commission des libérations
conditionnelles, dont présenter des états financiers plus étoffés notamment en
ventilant les dépenses de fonctionnement et de rémunération. On sait qu'est
sorti un article lundi le 13 juillet dernier
2015, là, en ce qui concerne les kilométrages de l'ancienne présidente, Mme
Ferron, de même que M. Sultan, je
pense, kilométrages qui paraissaient excessifs dans le sens que les maisons
étaient là. Pourriez-vous, en tant
que nouvelle présidente, nous dire qu'est-ce que vous comptez faire pour éviter
ce laxisme-là et qu'est-ce que vous comptez
faire pour donner un véritable message à la population qu'il n'y aura pas de
dépense inutile à la commission des libérations conditionnelles? Et ça,
je mets ça entre parenthèses, parce que je ne sais pas si c'était inutile,
mais, en tout cas, ça paraissait un peu de laxisme, surtout avec Mme
Ferron — j'ignore
pour M. Sultan, mais on parlait surtout de Mme Ferron, là — parce
qu'on sait que c'est basé à Québec, hein? Le port d'attache est Québec, c'est
ça? Le port d'attache du bureau...
Mme Gauthier
(Françoise) : Le siège social est à Québec, et moi, je suis basée à
Montréal. Je suis basée à Montréal, et, en
vertu du décret de nomination, mon domicile — on l'a dit amplement — mon domicile, c'est le Saguenay.
Alors, étant donné que je suis domiciliée au Saguenay, compte tenu que mon port
d'attache est Montréal, j'ai le droit à une allocation qui est prévue au
décret...
M.
Spénard :
...
Mme
Gauthier (Françoise) : ...de 1 220 quelques dollars par mois. Et
c'était la même chose pour Mme Ferron. Elle était basée à Montréal...
Une voix :
À Québec.
Mme
Gauthier (Françoise) : ...à Québec, pardon, et Me Sultan est basé à
Montréal. Ceux-ci n'avaient pas droit à des allocations de séjour comme moi je peux en bénéficier. Ceux-ci,
quand ils avaient à se déplacer, ce que j'ai eu comme explication et ce
que j'ai vécu dans d'autres organismes aussi... Quand eux se déplacent, par
exemple, quand il y a des réunions qui se
font à Québec, Me Sultan a droit de réclamer effectivement son kilométrage pour
se rendre à Québec. Je sais que Me
Sultan a une propriété ici, à Québec, et, en vertu des règlements, il a le
droit à recevoir un per diem pour son déplacement, pour son logement
locatif ici; pas au même montant que moi, mais il a le droit à 135 $
pour...
M.
Spénard :
...par jour, nonobstant, là... O.K., même si vous demeurez dans votre maison,
là.
Mme Gauthier (Françoise) : Oui, tout
à fait. C'est ça.
M.
Spénard :
O.K. Merci.
Mme Gauthier (Françoise) : Sauf que
ce qui avait, je pense, attiré plus l'attention des médias pour ma
prédécesseure et pour Me Sultan, c'est le fait qu'ils avaient des domiciles
fixes dans chacune des places, alors que, dans
mon cas à moi, je suis basée à Montréal, j'ai des frais de logement pour
habiter Montréal. Mais, quand je viens sur Québec, j'ai le droit, au même titre que les élus, à avoir des frais de
déplacement puis des frais de logement sur Québec quand je me déplace
sur Québec.
Le Président (M. Gaudreault) :
M. le député.
M.
Spénard :
O.K. Les ressources. Vous dites que, les ressources informationnelles, vous
avez transféré ça au ministère de la
Sécurité publique, si j'ai bien compris... contrats informationnels, mais
qu'est-ce que vous faites que, par la
loi, la commission des libérations conditionnelles est assujettie à la Loi sur
l'administration publique et à la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des
organismes publics et des entreprises du gouvernement? Parce que, là, on va aller noyer ça un peu dans le
ministère de la Sécurité publique, dont le budget est de 1,6 milliard
de dollars, et on a juste un écart de
300 millions qu'on n'a pas encore trouvé avec Mme Therrien, là, mais, en
tout cas... Mais comment pensez-vous
qu'on va trouver l'organisation de la gestion des ressources informationnelles
de la Commission des libérations
conditionnelles à l'intérieur de ça? Est-ce que ça va être bien indiqué? Est-ce
que vous pouvez nous donner l'assurance que : Regardez, je vais vous
dire où aller, là, puis où le trouver, là?
• (15 heures) •
Mme
Gauthier (Françoise) : Bien, en fait, je vous dirais, d'abord, je
pense que les petits organismes, de plus en plus, on a des ententes de service avec soit notre ministère... et moi,
je me rappelle, dans un passé pas si lointain, quand j'étais à la Régie des marchés agricoles, la régie
avait une pareille entente avec La Financière agricole évidemment
pour essayer d'éviter des dédoublements, puis de faire plus avec moins.
Maintenant, votre question, à savoir :
Comment on va s'y retrouver lorsqu'on devra lire le rapport annuel du ministère?, vous avez effectivement, à chaque...
si ma mémoire est bonne, à chaque année, il y a l'étude des crédits et
où apparaît effectivement le détail de notre développement de notre réseau
informationnel.
M.
Spénard : O.K. Il
me reste-tu un peu de temps?
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste 3 min 30 s.
M.
Spénard : Et là je
ne veux pas que vous le preniez personnel. Mais vous savez que la présidence de
la commission des libérations conditionnelles était occupée depuis 2007 par
quelqu'un qui était fortement rattaché à la justice,
que ce soient Mme Trudeau de 2007 à 2012, l'ancienne procureure en chef, ainsi
que l'ancienne haute fonctionnaire Mme Ferron de 2012 à 2015.
Moi, je vous demande, dans vos simples mots,
comment que votre background peut vous amener à continuer, disons, le leitmotiv que... dans le cadre de la
commission de libérations conditionnelles, comment ça vous amène, ça, à faire ce travail-là, c'est quoi qui peut changer à
l'intérieur de ça étant donné que votre background est très différent et
que vos expériences passées sont très différentes aussi de ceux qui occupaient
le poste avant vous.
Mme
Gauthier (Françoise) : J'en
suis bien consciente. Je vous dirais que je suis avocate de formation,
j'ai été en pratique privée. Toute ma
vie active comme avocate était en pratique privée, j'ai fait beaucoup
de relations de travail et j'ai géré
un bureau d'avocats, et, en faisant des relations de travail... Vous savez,
c'est éclaté, faire des relations de travail. On ne fait pas juste de l'application de convention ni de l'application du Code du
travail, on fait beaucoup d'autres choses, et du Code criminel et du
matrimonial aussi. Ça nous amène à faire ça.
Ce que je
vous dirais aussi, c'est que mon bagage, le fait que j'ai été ministre,
j'ai dirigé des portefeuilles, j'ai été au Conseil des services essentiels comme vice-présidente, présidente de
la Régie des marchés agricoles... ce que je retiens de mes expériences passées, c'est qu'à chaque fois
que tu arrives dans une nouvelle fonction il faut que tu aies l'humilité
d'entendre et d'écouter ce qui s'est passé puis d'écouter des gens, comme j'ai
à ma droite, comme à ma gauche, qui présentent
l'organisation, et ça me permet — en tout
cas, je vais parler pour moi — ça
me permet, moi, de me faire une tête
et de pouvoir prendre les alignements que je souhaite que notre organisation prenne, parce qu'à chaque
fois qu'arrive quelqu'un de nouveau en poste une nouvelle couleur
arrive, et je dis «couleur», et ce n'est pas une couleur politique, c'est une
nouvelle couleur qui arrive, une nouvelle façon de voir les choses qui arrive,
et ces personnes-là s'adaptent, et nous aussi.
Moi, je pense
que ce qui fait la force d'avoir un bagage comme j'ai pu avoir, c'est que j'ai
toujours eu l'humilité d'écouter le
monde avec qui je travaillais, qui, eux, ont un bon bagage et qui me donnent
beaucoup de leur expérience. Je me nourris de leur expérience et de leur
expertise.
M.
Spénard :
...madame, merci beaucoup.
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste 50 secondes, M. le député.
M.
Spénard :
...secondes.
Une voix :
On va le prendre.
Le
Président (M. Gaudreault) : C'est beau, on le répartira dans le
temps pour l'opposition, normalement. Alors, le gouvernement; Mme la
députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci, M. le Président. Encore en vertu de l'article 24 de la Loi sur
l'administration publique, le rapport annuel
de gestion devrait présenter les résultats obtenus par rapport au plan annuel
de gestion des dépenses, O.K.? Quand je regarde la page... mon Dieu, la
page 26 de votre rapport annuel, les ressources financières, il y a une ligne qui parle du budget, les
dépenses, et c'est tout, il n'y a aucune ventilation. Personnellement, je ne
trouve pas ça un exercice en transparence,
et ça ne dit pas beaucoup. Est-ce que vous avez une explication et est-ce que
peut-être, dans l'avenir, on peut s'attendre à quelque chose de
différent?
Mme
Gauthier (Françoise) : ...Mme la députée, qu'effectivement on prend
bonne note des remarques que vous nous
faites et effectivement c'est une correction qu'on va apporter à notre prochain rapport annuel, qui sera déposé dans les prochains jours, soyez-en certaine.
Maintenant,
pourquoi ça a été fait comme cela? Je
pense que la meilleure personne qui
pourrait répondre à cette question, c'est celle qui est à ma droite, Mme
Maheux, qui a participé à la confection du rapport annuel.
Mme Maheux
(Nathalie) : D'accord.
Donc, comme Mme Gauthier le mentionnait, c'est sûr qu'on va apporter des
aménagements pour notre prochain rapport
annuel, on en a pris conscience et
puis on va ventiler davantage. J'ajouterais également qu'on est une petite
organisation. La lourdeur administrative de toutes les exigences de toutes les différentes
lois, ça fait beaucoup, mais on va faire des
efforts pour ventiler davantage nos budgets. Je sais qu'on peut le faire, bon,
par rapport à la rémunération, le
fonctionnement, on peut le faire par les secteurs d'activité, les grands
ministères réussissent à faire ce type d'exercice là. On va tenter de
bonifier davantage, mais, je veux vous rassurer, la gestion financière de la
commission est en contrôle, mais effectivement, au niveau de la reddition de
comptes, on pourrait bonifier.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Pour 2013‑2014, est-ce vous pouvez nous dire quelles parts des dépenses ont été
allouées à la rémunération et quelle part des dépenses, au fonctionnement
de la commission? Est-ce que vous avez ces chiffres?
Une voix : Bien sûr.
Mme de Santis :
Alors, voilà, vous les avez, et ce n'est pas du travail additionnel.
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme de Santis :
Mais, si vous n'avez pas ces renseignements-là, c'est très difficile à gérer
n'importe quel organisme.
Mme Gauthier (Françoise) : ...on a
eu ces informations-là, je vous le promets.
Mme Maheux (Nathalie) : Et c'est
effectivement des informations qu'on détient, c'est juste qu'on ne les publiait pas dans notre rapport annuel. Ça va être
corrigé dans le prochain, et on va tenter d'aller plus loin. Comme je
vous le mentionnais, on peut y aller par
secteur d'activité, ça fait partie des orientations que le Conseil du trésor
nous suggère, on va tenter de le
faire, mais, comme je vous dis, on est très en contrôle, et les ressources par
rapport à la rémunération et le fonctionnement
sont connues et depuis des années. Donc, vous posiez la question pour 2013‑2014;
alors, au niveau des dépenses au niveau du fonctionnement, c'était
1 336 000 $ et, au niveau de la rémunération, c'était
3 445 000 $.
Une voix : ...
Mme Maheux (Nathalie) : Ah oui! On a
les chiffres, ce n'est pas un problème.
Le Président (M. Gaudreault) :
Mme la députée, oui.
Mme de Santis :
Une dernière petite question de ma part, ensuite mon collègue a des questions.
Quand je regarde l'évolution des dépenses en
formation, depuis 2009, je vois un yoyo, O.K., ça va de 4,3 à 2, à 0,7, à 4, à
2,6. Ce n'est pas très constant. Ma
première question : Pourquoi? Aussi, je vois que le montant dépensé pour
2013‑2014, c'est 90 571 $. Maintenant, j'aimerais connaître
combien de personnes ont été touchées par la formation, j'aimerais savoir
combien ont eu véritablement une formation et de quoi consistait cette
formation.
Mme Gauthier
(Françoise) : En fait, la formation qui a... pour 2013‑2014, on parle,
la formation était de 90 571 $. En fait, la commission s'est donné
comme règle d'avoir des membres qui ont une formation adéquate pour entendre et disposer des demandes qui sont faites.
Alors, la majorité de cette formation-là, et je demanderais peut-être après de préciser les
montants davantage, sont pour les membres de la commission pour que nous ayons
des décisions qui soient cohérentes,
qu'on ait des décisions... qu'on ait une formation qui soit assez complète pour
les membres, surtout les membres. Vous savez, on a des membres
permanents, on a des membres à temps partiel puis on a des membres
communautaires aussi. Les membres communautaires, dans le contexte actuel, on
essaie... en tout cas, on ne veut pas dépasser les crédits qui nous sont
alloués, alors on fait appel à eux peut-être à moindre niveau.
Alors, c'est
important pour nous aussi qu'ils aient une formation quand ils siègent... quand
ils sont sur une formation, qu'ils aient la même formation que son collègue,
là, qui va présider la formation.
Mme de Santis :
Mais alors combien de personnes ont eu accès à la formation?
• (15 h 10) •
M.
Sultan (David) : Alors, ça
me permet de parler rapidement de formation.
Je sais qu'il n'y a pas beaucoup de temps,
je vais y aller très rapidement.
Vous
avez une formation à tous les mois pour les temps-pleins, c'est à peu près
neuf personnes. Vous avez une formation à tous les trois mois qui inclut les membres à
temps partiel, une quinzaine de temps-partiels, plus les temps-plein. Et
vous avez, une fois par année, lorsque les budgets le permettent, une formation
générale pour l'ensemble des commissaires, c'est-à-dire les temps-pleins, les
temps-partiels et les membres de la communauté.
Le
90 000 $ que vous voyez est
une année particulière, dans la mesure où, pendant cette année-là, au-delà
des formations dont je vous ai parlé, il y a eu des nominations de
commissaires. Et une nomination de commissaire, c'est cinq semaines de formation avant d'aller entendre des cas et de prendre
des décisions qui affectent bien sûr la protection de la société, et ça, ça coûte un certain montant,
mais je vous dirais que ça garantit aussi, comme le disait Me Gauthier,
la cohérence, la protection de la société,
une bonne évaluation des critères de réinsertion sociale, et autres. Alors,
c'était une année particulière, c'était une cuvée particulière.
Mme
de Santis : C'était moins que 2012‑2013, alors
l'année particulière n'était pas aussi particulière. Mais je laisse la
parole maintenant à mon collègue, sinon il n'aura pas de chances de poser la
question.
Le Président (M.
Gaudreault) : ...deux minutes. M. le député de Chomedey.
M.
Ouellette :
Deux minutes, Mme Gauthier, pour parler des victimes, parce que très souvent on
les oublie. Puis j'ai été surpris de voir
dans votre présentation initiale que vous avez une responsabilité de par la loi
de communiquer, et je voulais avoir
un petit peu plus d'explications, là, en temps et lieu avec certaines
catégories de victimes puis que vous travaillez
en cohésion gouvernementale avec les BAVAC puis les CAVAC. Bon, pour avoir dans
notre travail de tous les jours... je
rencontrais dernièrement Mme Donna Sénécal, qui est la mère de la petite
Joleil Campeau, qui avait été assassinée à Laval il y a plusieurs
années, puis très souvent les victimes sont laissées pour compte. Puis je sais
qu'il ne me reste pas beaucoup de temps...
Le Président (M.
Gaudreault) : ...
M.
Ouellette : Dans l'utilisation ou dans les communications
que vous avez avec les victimes, est-ce qu'il y a des statistiques qui
existent chez vous sur toutes les communications, là? Il y a eu 2 059
communications écrites puis 1 323 communications téléphoniques. Ça sert-u
en décision? C'est-u quelque chose qu'il faudrait mettre un peu plus d'emphase
pour... ce que mon collègue de Matane nous disait, là, pour que toute la notion
de sécurité publique et de sécurisation des victimes soit... qu'on soit
vraiment à la coche des années présentes, là?
Le Président (M.
Gaudreault) : En 30 secondes.
Mme
Gauthier (Françoise) : C'est une question... de répondre en 30
secondes, c'est bien difficile. Effectivement, je pense qu'on a encore un travail à faire au niveau des victimes. J'en
suis très consciente. Les victimes, quand on vous parle des victimes avec lesquelles on communique
davantage, c'est celles qui sont victimes d'agression sexuelle, de
violence conjugale et aussi de pédophilie. Alors, ce sont les victimes avec
lesquelles on a une obligation de communiquer. Je sais qu'on a un projet pilote qui est présentement en marche avec...
parce qu'à la commission, nous, on n'a pas nécessairement tout le...
Le Président (M.
Gaudreault) : Merci. Merci beaucoup, Mme Gauthier. Le dernier
bloc, c'est l'opposition. Neuf minutes, M. le député de Matane-Matapédia.
M.
Bérubé : Merci, M. le Président. Mme la présidente, tout à
l'heure, vous avez évoqué que vous êtes résidente du Saguenay. C'est
bien ça?
Mme Gauthier
(Françoise) : ...
M.
Bérubé :
Votre port d'attache est à Montréal. Le siège social est à Québec. Pouvez-vous
nous expliquer pourquoi votre port d'attache n'est pas à Québec, là où est le
siège social de l'organisation que vous présidez?
Mme Gauthier (Françoise) : Oui.
Une voix :
Oui. Mme Gauthier.
Mme Gauthier (Françoise) : Oui, et
c'est très simple, parce que, quand on a parlé avec moi pour cette nomination-là,
moi, j'étais présidente de la Régie des marchés agricoles postée à Montréal.
J'ai demandé effectivement... parce que,
moi, ça ne m'intéressait pas, à l'âge où je suis rendue, de recommencer et
m'installer à Québec pour la fin de ma carrière, mon mari étant aussi posté à Montréal. Alors, j'ai demandé effectivement que mon poste soit posté à Montréal. Et ce n'était pas un cas de figure, là, on me dit que Mme Trudeau, avant
moi, était postée à Montréal. Et c'est comme ça que ça s'est passé, tout
simplement.
M.
Bérubé : Bien, en
fait, M. le Président, ça m'apparaît être intéressant pour vous accommoder,
mais, pour accommoder les finances publiques, il m'apparaît qu'il y a un problème.
D'abord, que le siège social est à Québec, il m'apparaît
que c'est important que la présidence soit à Québec, ça envoie un message à
la fonction publique, à l'importance de la capitale nationale, on sauve des frais aussi. Et ça m'apparaît une
raison suffisante pour déménager dans la capitale nationale, un poste de
cette envergure.
Alors, je
pose la question. Si vous êtes résidente du Saguenay puis vous
indiquez que vous avez de bonnes raisons d'être à Montréal, moi, ça ne me justifie pas les dépenses supplémentaires qui seront occasionnées par cet état de fait, qui a beau avoir des précédents, n'est pas plus
acceptable, en ce qui me concerne.
Mme
Gauthier (Françoise) : ...hein, parce que la majorité du volume de la
commission, ça se passe à Montréal, et c'est
nécessairement... Même si j'étais postée à Québec comme vous le souhaitez,
j'aurais droit à la même allocation et je devrais aussi faire des déplacements sur Montréal à la même fréquence
que je fais présentement de Montréal versus Québec. Alors, il n'y a pas
d'augmentation de dépenses par rapport à cela, là, d'aucune façon.
Le
Président (M. Gaudreault) : M. le député, je veux juste vous
ramener aussi à l'objectif de la rencontre : les questions sur le rapport annuel de gestion, sur le
dernier rapport annuel de gestion de la commission. Alors, je comprends qu'on est sur la gestion, là, mais je veux quand
même vous ramener sur cette réalité, s'il vous plaît, de la Commission
de l'administration publique.
M.
Bérubé :
M. le Président, je vais poser une question quant aux fonds publics. Si vous
croyez que je suis hors d'ordre, à vous de me rappeler à l'ordre.
Le Président (M. Gaudreault) :
Je veux juste ramener sur le fond de la commission, là...
Une voix : ...
Le Président (M. Gaudreault) :
...oui, le sujet de la rencontre.
M.
Bérubé :
Je vais poser une question complémentaire. Il m'apparaît que, dans les frais de
remboursement, puis ce n'est pas la première fois que la commission pose
cette question-là, Saguenay-Québec versus Saguenay-Montréal, ça fait une
différence, non?
Mme
Gauthier (Françoise) : Bien, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Mes frais de fonctionnement, mon kilométrage,
c'est à partir de mon port d'attache de Montréal, alors que souvent
Montréal-Québec, Québec-Montréal, c'est le même kilométrage. Le Saguenay
n'a rien à voir là-dedans. Quand je vais chez nous, au Saguenay — comme
ce week-end je suis allée au Saguenay — évidemment il n'y a pas de
comptes de dépenses qui seront réclamés à la commission, comme ça ne l'a jamais
été dans le passé quand j'étais au Conseil des services essentiels ou encore à
la Régie des marchés agricoles. Ça, c'est
mon lieu de domicile, et, vous savez, un jour, je vais retourner dans ma région
natale.
M.
Bérubé :
Mais enfin ça ne m'éclaire pas davantage, parce qu'il m'apparaît... En tout
cas, pour une fonction de cette envergure, la personne devrait être
domiciliée, selon moi, dans la capitale nationale.
Le Président (M. Gaudreault) :
...de la commission, oui.
M.
Bérubé : Je
termine...
Une voix : ...sujet, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Gaudreault) :
...sur la commission.
M.
Bérubé : J'ai
terminé, M. le Président. J'ai eu la réponse que j'imaginais. Ça va.
Le Président (M. Gaudreault) :
Il vous reste cinq minutes.
M.
Bérubé : Non, ça va.
Le Président (M.
Gaudreault) : Ça va? Alors, est-ce que vous auriez du... Parce
que, le temps qui reste, on peut le partager.
Une voix : Non, mais j'aurais
juste aimé avoir la réponse, vu qu'il avait commencé, par rapport aux victimes.
Le Président (M. Gaudreault) :
Ah! on est restés sur notre faim. Oui, c'est ça.
M.
Ouellette : Pour
les victimes, je pense, c'est important d'entendre la réponse de Mme Gauthier
sur les obligations.
Le Président (M. Gaudreault) :
Oui. O.K. On va le prendre sur ce temps-là.
M.
Ouellette : Parce
que, dans votre présentation, ce n'est pas inscrit «doit»; c'est inscrit «peut
faire des représentations» puis que vous
devez communiquer avec les victimes dans les trois catégories.
Je pense que c'est important que les gens qui nous écoutent aient ces informations-là. C'est pour ça que je me permets d'insister. Puis probablement
qu'on demandera les statistiques d'utilisation des communications écrites avec les membres de la
commission dans les auditions,
là. Est-ce que c'est rare ou est-ce que c'est des choses
qui se font régulièrement? Puis, sur une année, au nombre de décisions que vous rendez, c'est utilisé à
combien de pour cent? C'est des choses qu'on a besoin de savoir, parce que plus ça va être utilisé, bien, plus
on a besoin de le faire connaître parce
que les grands oubliés sont toujours
les victimes dans plusieurs cas, puis je vous parle en connaissance en
cause.
Mme
Gauthier (Françoise) : En
fait, ce que j'étais à vous dire, c'était qu'effectivement il y avait
un projet pilote présentement concernant une victime d'agression sexuelle, par exemple, puis son agresseur passe devant nous puis il a une libération conditionnelle qui lui est
accordée, alors il faut communiquer avec la victime, il faut l'informer de
cela. À la commission, on n'est pas nécessairement outillés, on n'a pas le personnel nécessaire pour pouvoir, tu
sais, répondre et bien informer la
victime, alors on a un projet pilote avec le CAVAC de Québec et la Gaspésie, et qui
vont appeler la victime, sur notre recommandation, qui communiquent avec la victime et qui vont permettre un meilleur encadrement, parce que, vous
imaginez, et vous le savez encore mieux que moi, la victime qui sait que son
agresseur est libéré, ce n'est pas nécessairement une bonne nouvelle pour elle. Même si, effectivement, le plan de sortie est bien monté, tout est casher, si vous me permettez l'expression, pour la victime ce
n'est pas nécessairement rassurant, alors elle a besoin d'un
soutien, et d'où le projet pilote que la commission a commencé à mettre sur
place quelque part en mars 2015...
Une voix : ...
Mme
Gauthier (Françoise) :
...2014, pardon. Si vous voulez le nombre de victimes avec lesquelles on
communique, peut-être maître...
M. Sultan (David) : Vous permettez?
Une voix : ...
• (15 h 20) •
M. Sultan (David) : Merci. Jusqu'en
2007, la victime n'avait aucune place dans le processus de libération conditionnelle au Québec. Au fédéral, c'était le
contraire. Et, depuis 2007, avec la Loi sur le système correctionnel
du Québec, la victime a énormément de place, à tel point que c'est la commission
qui doit, dans certains cas, comme le disait Mme Gauthier, violence
conjugale, agression sexuelle, pédophilie... c'est la commission qui doit
s'avancer vers la victime d'abord pour la renseigner, pour lui donner
l'information nécessaire mais également pour lui permettre... ou pour l'informer du fait qu'elle peut faire des
représentations en vue d'une séance, et les commissaires, en vertu de la
loi... en fait, je devrais dire «les
membres» parce que la loi parle de membres et non pas de commissaires, les
membres, en vertu de la loi, ont
l'obligation de tenir compte des représentations de la victime. Ça ne veut pas
dire qu'ils vont aller dans le sens de ce que dit la victime, mais ils
doivent en tenir compte pour prendre une décision.
Et l'année
dernière... en fait, 2013‑2014, il y a 250... pardon, 243 représentations
écrites qui ont été faites par les victimes.
Ça a l'air de ne pas être beaucoup, mais c'est énorme par... de là où on part
vers là où on est rendus. 243 sur 2 000 personnes que
l'on voit, c'est quand même 10 %, 12 % des victimes qui prennent la
décision de faire des représentations écrites, et je vous dirais que, quand on
se compare aux autres instances de libération conditionnelle, soit le fédéral
ou l'Ontario, je pense que le Québec a fait un pas de géant sur cette
question-là.
M.
Ouellette : En terminant, rassurez-moi sur la cohésion gouvernementale, là, parce que vous m'avez insécurisé un petit peu en disant que vous libérez un agresseur sexuel et là vous informez la
victime et vous avez un projet pilote avec
le CAVAC ou avec le BAVAC d'une région pour vous assurer du suivi, là. Je ne
veux juste pas qu'on tombe entre deux chaises et qu'on en oublie une ou
qu'il y a quelque chose, il y a un suivi qui ne se fassent pas. Rassurez-moi,
là, parce que je n'étais pas rassuré suite à ce que vous venez de me dire.
Mme
Gauthier (Françoise) :
Partout au Québec, on informe la victime. Ça, on a l'obligation
de le faire. Ce que nous vous disons,
c'est qu'on veut bonifier cette information-là, on veut mieux l'encadrer, et c'est pour ça
qu'on a une entente avec le CAVAC, pour effectivement
faire en sorte qu'eux, comme ils ont les outils... faire en sorte de mieux
faire atterrir la décision.
Une voix : Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Gaudreault) : Alors, merci. C'est ce qui met fin à votre audition. Merci beaucoup, Mme Maheux, Mme Gauthier, M.
Sultan, merci beaucoup de votre présence. Je ne sais pas si vous avez le
goût de faire une petite conclusion.
On le permet, habituellement, là. C'est dans nos traditions, dans nos
pratiques. Quelques minutes; deux, trois minutes.
Mme Gauthier (Françoise) : Bien,
d'entrée de jeu, M. le Président, je vous dirais, merci beaucoup de nous avoir
invités.
Je comprends, et mon expérience dans les passages de tribunaux administratifs... je constate effectivement
que nos tribunaux administratifs sont peu
connus de la population en général. C'est à chaque fois qu'on arrive dans une
nouvelle fonction qu'on prend davantage la mesure de la réalité de ces
tribunaux administratifs. Je sais que tantôt vous allez entendre la Régie des
marchés agricoles. C'est là que j'ai compris effectivement qu'on devrait
davantage informer la population sur tout le
travail qui se fait par ces petites instances. Chez nous, on a 40 quelques ETC,
ce n'est pas beaucoup par rapport à toute la sphère gouvernementale,
mais mon Dieu qu'il y a du travail qui s'abat!
Le Président (M. Gaudreault) :
Bien, c'est bien, le message est entendu.
Alors, là-dessus, je suspends les travaux pour
quelques minutes, après quoi nous allons entendre la Régie des marchés
agricoles et alimentaires du Québec sur sa gestion administrative. Merci.
(Fin de la séance à 15 h 24)