(Quinze heures huit minutes)
Le
Président (M. Merlini) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de
l'administration publique ouverte, et je demande à toutes les personnes présentes dans cette salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie, le bruit, le vibreur de leurs téléphones cellulaires,
s'il vous plaît, pour la bonne conduite de notre audition.
Alors, la
commission est réunie cet après-midi afin de procéder à l'audition portant sur
la gouvernance et la gestion des grands projets d'infrastructure de
l'Agence métropolitaine de transport.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements ou
des membres temporaires aujourd'hui?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Matte (Portneuf) est
remplacé par M. Habel (Sainte-Rose); M. Villeneuve (Berthier), par Mme
Ouellet (Vachon); et M. Deltell (Chauveau), par M. Bonnardel (Granby).
Le
Président (M. Merlini) : Très
bien, merci. Comme prévu à l'ordre du jour, nous débuterons avec une courte
présentation du Vérificateur général, et
puis nos invités, l'Agence métropolitaine de transport et le ministère des
Transports, disposeront d'un temps
pour faire un court exposé. Le reste de la séance sera consacré aux échanges
avec les membres de la commission. Le
temps sera partagé entre le groupe parlementaire formant le gouvernement et les
députés de l'opposition.
Alors,
j'invite maintenant le Vérificateur général par intérim de se présenter et de
nous faire un résumé de ses observations
portant sur la gouvernance et la gestion des grands projets d'infrastructure de
l'Agence métropolitaine de transport. M. Samson, la parole est à vous.
Exposé du Vérificateur
général
par intérim, M. Michel Samson
M. Samson
(Michel) : Merci, M. le Président. Donc, M.
le Président, mesdames messieurs,
membres de cette commission, Mme la
sous-ministre adjointe du ministère des Transports, M. le président-directeur
général de l'Agence métropolitaine
de transport, c'est avec intérêt
que je participe à la séance de la Commission
de l'administration publique portant
sur la gouvernance et la gestion des grands projets d'infrastructure de
l'Agence métropolitaine de transport. Les résultats détaillés de cette vérification ont été publiés dans le
rapport que j'ai déposé en novembre dernier à l'Assemblée nationale.
• (15 h 10) •
L'AMT a pour
mission d'accroître les services de transport collectif afin d'améliorer
l'efficacité des déplacements des personnes dans la région
métropolitaine de Montréal. Elle doit notamment, en collaboration avec ses partenaires,
planifier, coordonner et intégrer les
services de transport collectif et en faire la promotion. Pour ce faire, elle
procède, entre autres, à des
investissements dans des projets d'immobilisations à caractère métropolitain.
Pour sa part, le ministère des
Transports doit assurer la mobilité des personnes sur tout le territoire. Il
gère notamment le Programme d'aide gouvernementale au transport collectif
des personnes. C'est dans ce cadre qu'il approuve les projets de l'agence.
Mes travaux
ont montré que la structure de gouvernance du transport collectif dans la
région métropolitaine de Montréal est
complexe. Les responsabilités des nombreux acteurs du transport collectif se
chevauchent, et aucun d'entre eux n'est en mesure d'exercer un rôle de
leader reconnu par tous. De plus, des efforts importants sont investis dans la production d'une multitude de plans en fonction
des compétences respectives de chacun des acteurs. Ces plans ne sont pas intégrés dans un plan global de développement
du transport collectif. Pourtant, un tel plan permettrait de dégager un consensus sur les priorités et de clarifier les
rôles et les responsabilités de chacun pour favoriser une meilleure synergie.
En novembre
2011, l'AMT a produit un nouveau plan stratégique de développement du transport
collectif appelé Vision 2020. Elle y
a retenu des grands projets, mais elle n'a pas mis à jour l'évaluation de leur
contribution potentielle à l'atteinte
des principales cibles en matière de qualité des services, de mobilité durable
et de déploiement du réseau. D'autre part,
les projets inscrits dans son programme triennal d'immobilisations ne sont pas
justifiés sur la base d'une méthode de priorisation
adéquate. De même, ceux qui peuvent être réalisés et exploités avec les fonds
disponibles n'y sont pas clairement distingués.
Par ailleurs, je me suis intéressé au projet du
Train de l'Est dont le coup d'envoi officiel a été donné par le gouvernement en 2006. La gestion assumée par l'AMT
ainsi que les contrôles et l'encadrement exercés par les intervenants
gouvernementaux n'ont pas permis d'assurer la maîtrise du projet en temps
opportun. En outre, les contrôles que le ministère
des Transports a appliqués relativement à la gestion du Programme d'aide
gouvernementale au transport collectif des
personnes n'ont pas permis de soulever les lacunes dans la gestion du projet de
Train de l'Est. Or, les hausses successives des estimations de coûts fournissaient déjà un indice significatif des
problèmes existants. Par exemple, pour tenter de respecter l'échéancier de 2012, on a autorisé l'engagement
de sommes importantes avant que les analyses minimales requises n'aient été menées. Au début de
2012, des mesures ont été déployées pour redresser le projet. Cependant, des
risques potentiels persistent quant à
la capacité de l'agence à respecter le budget autorisé, l'envergure et,
surtout, l'échéancier du projet.
Dans
un autre ordre d'idées, les nouveaux processus définis par l'agence en matière
de gestion de projet s'inspirent des
meilleures pratiques de l'industrie. Il est cependant trop tôt pour affirmer
qu'ils sont devenus la norme relativement aux grands projets d'infrastructure et qu'ils ont obtenu l'adhésion de
tous les intervenants, car ils sont toujours en cours de déploiement.
J'ai
également noté que la composition du conseil d'administration permet
difficilement que ces derniers soient actifs
dans les différents domaines de la gouvernance, plus particulièrement en
matière de grands projets d'infrastructure et d'attribution de contrats. En effet, le conseil est constitué d'un
nombre insuffisant de membres externes indépendants. Il n'y a pas de séparation des fonctions de
président-directeur général et de président du conseil, séparation qui est
prescrite dans la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État.
En
terminant, je profite de l'occasion pour souligner l'excellente collaboration
offerte par les représentants de l'Agence
métropolitaine de transport de même que ceux du ministère des Transports tout
au long de la réalisation de mes missions de vérification. Je vous
remercie de votre attention.
Le
Président (M. Merlini) : Merci beaucoup, M. Samson, pour cette
présentation sur votre rapport. Maintenant, j'invite M. le président-directeur général de l'Agence métropolitaine de
transport. Je vous invite à nous présenter les gens qui vous
accompagnent, et puis faire votre exposé, et vous disposez de 10 minutes.
Alors, à vous la parole.
Exposé du président-directeur général de l'Agence
métropolitaine de transport (AMT),
M. Nicolas Girard
M. Girard (Nicolas) : Alors, bonjour, M. le Président. Mmes et MM. les députés, M. le
Vérificateur général du Québec par
intérim, bonjour. Alors, je me présente, Nicolas Girard, président-directeur
général de l'Agence métropolitaine de transport. J'aimerais vous
présenter les personnes qui m'accompagnent : d'abord, Ludwig Desjardins,
chef de la planification stratégique, du
programme d'immobilisations et des dossiers d'affaires; et Jean Tousignant, qui
est directeur du projet du Train de
l'Est. Je tiens à remercier la commission de l'occasion qui m'est donnée
aujourd'hui de rendre des comptes aux parlementaires à la suite de la
publication du rapport du Vérificateur général du Québec portant sur la
vérification de l'optimisation des ressources.
Avant
de présenter les actions prises en réponse aux recommandations formulées par le
VGQ, j'aimerais rappeler brièvement le rôle de l'AMT.
L'AMT
est une agence gouvernementale qui relève du ministre des Transports du Québec.
Elle exploite le réseau de trains de banlieue et le réseau de transport
métropolitain par autobus. Elle est aussi responsable de la coordination métropolitaine et de la planification des
transports collectifs dans la région métropolitaine de Montréal.
Depuis la création de l'AMT en 1996,
l'achalandage des transports collectifs, tous modes confondus, a connu une
hausse de près de 30 %. Durant cette même période, l'achalandage des
trains de banlieue a fait un bond de 153 %. De plus, avec une ponctualité
des trains de près de 97 % à ce jour
pour 2014, les clients peuvent vraiment compter sur nous pour leurs
déplacements.
Après
ces années de croissance accélérée, nous avons travaillé à optimiser nos
modèles de gestion. En 2012, nous avons donc pris un virage important.
Le travail d'analyse du Vérificateur général du Québec nous a aidés dans cette démarche. Nous avons collaboré avec transparence
avec lui. Le Vérificateur général, d'ailleurs, le souligne dans son rapport
et nos engagements y figurent en annexe.
Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part des mesures de redressement mises en
place pour le projet du Train de l'Est,
avant d'aborder la gouvernance et la planification métropolitaine et conclure
sur notre gestion des projets futurs.
Pour
l'AMT, le Train de l'Est, c'est le projet majeur de ces dernières années, le
premier depuis le prolongement du
métro en 2007. Et, après plusieurs années de travaux, nous sommes maintenant à
deux mois de la mise en service de notre sixième ligne de trains de
banlieue, qui a désormais pris son nom officiel, la ligne Mascouche. La raison
pour laquelle l'AMT s'est lancée dans ce
projet d'envergure en 2006, c'est pour combler un manque d'offres de transport
collectif performant dans l'est de
Montréal et dans la couronne nord-est de la région métropolitaine, soit un
bassin de population de plus de
700 000 personnes. Elle veut ainsi répondre à un besoin exprimé depuis de
nombreuses années par les citoyens et
les élus de la région. Nous prévoyons 11 000 déplacements par jour, soit
plus de 2 millions par année après cinq ans de mise en service. Pour mener à bien ce projet, nous
avons dû répondre à de nombreux défis techniques, dont la construction
de 13 kilomètres de nouvelle voie ferrée au centre de l'autoroute 640.
Dans
son rapport, le Vérificateur général souligne plusieurs lacunes dans la gestion
du Train de l'Est, et je cite un extrait
de la page 29 : «[Une] annonce prématurée du projet sans estimation fiable
des coûts; [une] définition incomplète des
besoins ou changement de portée à plusieurs reprises au cours de la
réalisation; [un] degré de précision insuffisant des études; [un] début des travaux avant l'achèvement des plans et
devis; [des] contingences sous-évaluées et [une] provision pour risques
omise dans les estimations de coûts véhiculées.»
En
janvier 2012, sur recommandation du Conseil du trésor, le Conseil des ministres
a émis un décret qui autorise un budget de 671,4 millions de
dollars, assorti d'une provision de risques de 90 millions de dollars,
compte tenu de l'avancement des travaux et
de la complexité des ouvrages qui restaient à construire. La poursuite de la
réalisation du projet a été autorisée
sous réserve du respect de 24 conditions, soit des pistes d'optimisation de
43,8 millions de dollars. Je suis heureux
de vous annoncer aujourd'hui que nous avons rempli les 24 conditions et réalisé
l'ensemble des pistes d'optimisation. Le budget de 617,4 millions de
dollars sera respecté, et nous estimons que nous n'aurons pas besoin de la
totalité de l'enveloppe de risques de 90 millions.
Afin
d'améliorer le contrôle du projet, nous avons mis sur pied un comité de
gérance, formé d'experts indépendants et
de représentants de l'AMT, du MTQ et de la Société québécoise des
infrastructures, qui se réunit mensuellement. Il prend globalement connaissance du budget, de l'évolution des coûts, de
l'échéancier et des risques. Aussi, depuis son arrivée à la tête de
l'AMT en octobre 2012, ce projet fait l'objet d'un suivi très serré de ma part.
Le rapport du VGQ soulignait le risque que l'AMT
n'arrive pas à respecter le budget autorisé, l'envergure et l'échéancier du projet. À deux mois de
l'ouverture, les craintes sont maintenant derrière nous. Nous donnons
maintenant rendez-vous à tous le 1er décembre prochain, jour officiel de
la mise en service.
Concernant la gouvernance métropolitaine, le
Vérificateur général souligne dans son rapport la question du chevauchement entre les différents paliers et
acteurs du transport collectif dans la région métropolitaine de Montréal. Le
gouvernement est actuellement en réflexion
sur le sujet et la décision sur tout changement de structure lui revient.
Concernant le conseil
d'administration de l'AMT, il est difficile pour nos administrateurs d'assumer
leurs responsabilités dans un contexte où
la Loi de l'AMT, telle qu'elle est actuellement, ne nous permet pas d'augmenter
le nombre de membres, en particulier de
membres indépendants. Cette situation nous empêche de mettre en place tous les
comités de surveillance requis. Nous avons
cependant déjà mis sur pied un comité d'audit et un comité de gestion des
projets majeurs, dans une volonté de suivre les meilleures pratiques en
gouvernance. Mais nous voulons aller plus loin.
• (15 h 20) •
À titre
d'exemple, la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État exige que les deux
tiers des membres d'un C.A. d'une
société d'État soient indépendants. Pour que l'agence soit assujettie à cette
loi, il faut, en parallèle, que la Loi de l'AMT soit modifiée. Ces changements ont été demandés à deux reprises
par notre conseil d'administration au gouvernement. Nous sommes donc en
attente de la décision de ce dernier à ce sujet.
Concernant la
planification stratégique métropolitaine, je tiens à rappeler que la Communauté
métropolitaine de Montréal et le ministre des Transports ont approuvé,
en 2012, le plan stratégique Vision 2020 de l'AMT, par lequel l'agence, en collaboration avec ses partenaires,
vise à rendre les transports collectifs plus rapides et fréquents, simples
et conviviaux, accessibles et diversifiés pour les citoyens de la région
métropolitaine de Montréal.
Dans notre
plan stratégique, nous présentons aussi huit grands projets importants à
réaliser pour la région et le manque
de financement disponible pour les réaliser. Nous documentons aussi les modes
de financement utilisés dans le monde. Les besoins sur un horizon de 10
ans ont donc été identifiés, et le débat est ouvert.
Ce qui nous
amène maintenant au sujet suivant, la gestion des projets futurs. L'AMT est
passée par la réalisation de deux
grands projets majeurs d'infrastructure de transport collectif : le métro
de Laval et le Train de l'Est, et elle en a tiré les enseignements qui s'imposent. Nous gérons des actifs de
2 milliards de dollars, et les contrats accordés sur une base annuelle oscillent entre 200 à
400 millions de dollars. Comme donneur d'ouvrage public, nous avons la
responsabilité de mener la gestion de
projet avec rigueur et transparence et de faire en sorte que les deniers
publics soient investis de manière
responsable. C'est pour cette raison qu'avant même le travail de vérification
du Vérificateur général nous avons entamé,
en 2012, une révision en profondeur de nos façons de faire. Dans son rapport,
le VGQ indique d'ailleurs, et je cite,
que «les nouveaux processus définis par l'agence en matière de gestion de
projet s'inspirent des meilleures pratiques de l'industrie», soulignant cependant qu'il est «trop tôt pour affirmer
qu'ils sont devenus la norme[...], car ils sont en cours de
déploiement». En mars 2014, nous avons déposé auprès du VGQ un plan d'action
détaillé qui suit étroitement les recommandations
de ce dernier, et donc les actions seront mises en place d'ici la fin 2016. Ces
nouveaux processus de gestion, nous les appliquons tout particulièrement
dans notre programme triennal d'immobilisations, notre outil par excellence
pour la planification de projets à réaliser.
Avant 2012,
nous reconnaissons que le PTI proposait une liste des besoins exprimés. Depuis,
au fil des éditions, nous avons
apporté d'importants changements au processus d'élaboration du PTI pour mettre
en évidence l'incidence des limites financières et de la priorisation.
Avec ce travail de resserrement, nous sommes passés d'un PTI de près de 1,6 milliard pour l'édition 2009‑2011 à un
PTI de 1,1 milliard pour l'édition 2014‑2016. L'édition 2015‑2017 devrait
être encore plus resserrée avec un
total de projets sous la barre du 1 milliard de dollars sur une base
triennale. Pour cette édition en
cours d'élaboration, l'AMT se conforme à la Directive sur la gestion des
projets majeurs d'infrastructure publique adoptée en février 2014.
Le conseil
d'administration de l'AMT s'est doté d'une politique de gestion de projet qui
formalise la gouvernance ainsi que
les processus en matière de gestion de projet. Nous avons mis en place la
gestion de projet standardisée, dite GPS,
basée sur les meilleures pratiques de l'industrie. Les processus de gestion de
projet peuvent toujours être améliorés, et nous travaillons en ce sens.
Dans son rapport de novembre 2012 sur la gouvernance des grands projets, la
firme Secor-KPMG souligne d'ailleurs le caractère
positif et responsable de la structure de bureau de projet adoptée pour le
prolongement des lignes de métro. Nous nous
inspirons de ce modèle pour les grands projets futurs. C'est déjà le cas pour
le bureau de projet pour le transport collectif sur le nouveau pont Champlain.
En
conclusion, nous sommes convaincus que nos nouvelles méthodes de gestion
permettront à l'avenir de gérer sainement
les projets de maintien de développement des transports collectifs. Nous
pourrons mieux anticiper les enjeux et
les risques et choisir les bons projets au moment opportun. Et nous sommes
outillés pour mieux gérer les fonds qui nous sont alloués et renforcer les règles d'éthique et de gouvernance. À cet
égard, nous avons adopté une politique contre les fraudes et les irrégularités et nous avons mis en
place des mécanismes pour nous prémunir contre les cas potentiels de collusion et nous permettre d'exercer un meilleur
contrôle des prix. Pour équilibrer notre budget 2014, nous avons pris la
difficile décision de réduire de 5 % la
masse salariale et de réduire nos coûts d'opération de plus de 20 millions
de dollars, tout en préservant les services aux usagers, même en
ajoutant près de 19 % de services supplémentaires.
Nous
travaillons encore à optimiser les ressources humaines et la gestion
administrative de notre organisation. Nous
sommes une équipe composée de gens dédiés, passionnés de transport collectif et
nous avons à coeur de remplir notre mission, celle d'offrir les meilleurs
services de transport collectif au plus grand nombre possible de clients. Merci
de votre attention.
Le
Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, M. Girard, pour cette présentation. Alors, Mme la sous-ministre
adjointe, je vous invite maintenant à nous présenter les gens qui vous accompagnent
et puis faire votre exposé. Vous disposez également de 10 minutes. Alors,
bienvenue à vous.
Exposé de la sous-ministre adjointe de la Direction
générale
adjointe des projets stratégiques du ministère
des Transports, Mme Ginette Sylvain
Mme Sylvain (Ginette) : Merci. Alors, M. le Président, mesdames,
messieurs, membres de cette commission, M. le Vérificateur général par intérim, M. le président-directeur
général de l'Agence métropolitaine de transport, mesdames, messieurs, je me présente, Ginette Sylvain,
sous-ministre adjointe aux Projets stratégiques au ministère des Transports.
J'aimerais vous présenter les deux personnes
qui m'accompagnent, même si elles ne sont pas à côté de moi : alors, il y
a Mme France Dompierre, qui est
directrice du transport terrestre des personnes, qui est juste là, et M. Fadi
Moubayed, qui est le directeur territorial de Montréal et également
membre du comité de gérance du Train de l'Est.
Alors,
je réponds à la demande de la commission devant vous aujourd'hui en remplacement
de la sous-ministre aux Transports,
Mme Dominique Savoie, qui s'excuse de ne pouvoir être des nôtres et me prie de
vous transmettre ses salutations
distinguées. Mme Savoie participe actuellement à la rencontre de l'ensemble des
ministres des Transports du Canada,
qui a lieu aujourd'hui à Montréal et dont le Québec est l'hôte. Je suis
confiante que le plan d'action que le ministère des Transports a mis en oeuvre en vue d'assurer une meilleure
gouvernance et une gestion efficace et rigoureuse des grands projets d'infrastructure de transport collectif
saura répondre aux recommandations du Vérificateur général et à vos attentes.
La recommandation
adressée au ministère dans le chapitre 4 du rapport de vérification de
l'optimisation des ressources de novembre
2013 se libellait comme suit : «Revoir les processus et les contrôles liés
aux modalités de financement des grands projets pour qu'ils permettent
de détecter les problèmes potentiels dans la gestion du coût, de l'envergure, de l'échéancier et des risques, et de
réagir en temps opportun.» Le ministère a pleinement agréé à cette requête
en mobilisant les ressources concernées au sein de son organisation et en
mettant en place toute une série de mesures internes
pour faire en sorte que l'analyse menant à l'octroi de subventions pour des
projets majeurs en transport collectif soit
dorénavant assortie d'exigences en matière de planification, de suivi et de
résultat. Outre les gestes posés à ce jour en vue de réduire les risques liés au financement, des pistes d'action ont
également été identifiées en vue de renforcer le suivi de tels projets.
Pour
comprendre la nature des changements apportés, il faut d'abord éclaircir un
certain nombre de points. Ainsi, il
faut savoir que le Programme d'aide gouvernementale au transport collectif des
personnes, administré par le ministère des
Transports et en vertu duquel le projet du Train de l'Est a reçu une aide
financière, est essentiellement destiné à soutenir les projets d'immobilisations en transport
collectif. La hauteur des subventions consenties est déterminée sur la base des
types de dépenses admissibles, et le
programme prévoit également des plafonds de dépenses en fonction des catégories
d'immobilisations.
Il
faut se rappeler que le ministère des Transports n'est pas le maître d'oeuvre
de ce projet et, de ce fait, n'assume pas
la gestion de projet. Cependant, il importe de rappeler que le gouvernement a
pris les moyens de mettre en place une série
de conditions afin d'assurer une saine gestion, plus rigoureuse des grands
projets d'infrastructure. Aussi, l'adoption, en 2008, de la Politique-cadre sur la gouvernance des grands projets
d'infrastructure publique établit un processus systématique et rigoureux
et fixe les règles visant les meilleures pratiques de gestion de projet.
Dès
le moment où le Train de l'Est a été assujetti à cette politique, des mesures
de redressement ont été adoptées. Ainsi,
l'AMT s'est associée à Infrastructure Québec et au ministère des Transports
pour l'élaboration d'un dossier d'affaires. Au cours de l'élaboration de
ce dossier, une revue d'experts indépendants a été faite, ce qui a conduit
notamment à la recommandation d'embaucher un
gestionnaire de haut niveau. Par ailleurs, l'autorisation du dossier d'affaires
par le Conseil des ministres était
assortie de 24 conditions pour poursuivre la réalisation du projet, dont
l'amélioration de la gouvernance du projet, en instituant un comité de
gérance auquel siègent les représentants de l'AMT, du ministère des Transports,
d'Infrastructure Québec ainsi que deux experts indépendants nommés par le
ministre des Transports.
• (15 h 30) •
L'adoption
de la loi concernant la gouvernance des infrastructures et la mise sur pied de
la Société québécoise des infrastructures à l'automne 2013 a permis de
consolider les outils d'intervention dont le gouvernement du Québec dispose maintenant pour intervenir dans les grands
projets d'infrastructure auxquels il participe financièrement. De même, la Directive sur la gestion des projets majeurs
d'infrastructure publique, qui remplace la politique-cadre depuis février 2014,
établit désormais des critères rigoureux
pour le cheminement et l'autorisation d'un projet majeur d'infrastructure
publique, c'est-à-dire d'une valeur
de 50 millions et plus. Cette marche à suivre comporte trois phases
d'approbation au Conseil des
ministres : alors, l'avant-projet, le dossier d'opportunité et le dossier
d'affaires. Lors de la réalisation des rapports sommaires de l'état d'avancement du projet doivent être périodiquement produits et transmis au Secrétariat du Conseil du trésor. Toute modification significative au
projet doit être obligatoirement autorisée par le Conseil des ministres. Par
ailleurs, dès l'automne 2013, le Secrétariat du Conseil du trésor a mis en
place un comité de gouvernance des projets stratégiques,
auquel participent les autorités du MTQ et de la Société québécoise des
infrastructures. Ce comité, qui siège de façon mensuelle, a pour objet
de discuter des enjeux des différents dossiers en fonction de leur avancement.
Outre les procédures qui touchent l'ensemble de
l'appareil gouvernemental et assurent un meilleur contrôle global des projets, le ministère s'est également
donné des outils spécifiques. Ainsi, la Direction générale adjointe des projets
stratégiques a été
créée afin d'assurer une gestion optimale et harmonisée de l'ensemble des
projets routiers et de transport en
commun stratégique de 50 millions et plus. Au sein de cette direction
générale adjointe, le service des projets de transport collectif a principalement pour mandat de
développer un partenariat avec les différents intervenants, d'assurer un suivi
des études des projets majeurs en transport
collectif, d'obtenir toutes les autorisations nécessaires au développement d'un
projet, y compris celles découlant de la directive et du Programme d'aide
gouvernementale au transport collectif des personnes,
d'assurer le suivi de la réalisation des projets. Le ministère envisage aussi
de revoir les normes et les modalités d'application
des programmes d'aide en vue d'arrimer celles-ci à la directive. Comme cela est
précisé dans le plan d'action du ministère, l'échéancier visé pour le
dépôt de cette révision est à l'hiver 2015.
D'autre part,
dans son rapport, le Vérificateur général souligne le manque d'intégration des
plans stratégiques des nombreux
acteurs en transport collectif en un plan global de développement du transport
collectif à l'échelle métropolitaine. À
cet effet, les travaux d'élaboration des plans territoriaux de mobilité
durable, dont le plan métropolitain de mobilité durable, avancent. Des
versions préliminaires des plans de mobilité durable doivent être déposées en
décembre 2014.
Par ailleurs,
en ce qui concerne la gouvernance du transport collectif dans la région de
Montréal, le ministère des Transports
est d'avis qu'il est nécessaire de revoir la répartition des responsabilités
entre les différents intervenants afin de
favoriser des interventions concertées dans la planification des déplacements.
Comme plusieurs intervenants qui se sont
exprimés lors des consultations publiques préalables à l'établissement de la
Stratégie nationale de mobilité durable, nous constatons une fragmentation des responsabilités, une multiplicité
d'intervenants, un manque de coordination et des carences en matière de planification. Dans la région de Montréal, les
déplacements se font sur des distances de plus en plus grandes, et ce,
sur un territoire de plus en plus vaste. Par contre, les responsabilités en
matière de planification, d'organisation et
de financement des systèmes de transport sont fragmentées entre un grand nombre
d'intervenants. Cette fragmentation des responsabilités rejaillit sur
les services offerts aux usagers et sur l'efficacité de la planification des
transports et de l'aménagement du territoire.
Certains
projets importants tardent à être réalisés en raison du grand nombre
d'intervenants concernés. L'établissement des priorités dans la
réalisation des projets n'est pas toujours optimal. Le MTQ est d'avis que
certains changements permettraient
d'optimiser les services offerts. Je vous rappelle que, le 10 février dernier,
l'ancien gouvernement rendait publique la Stratégie nationale de
mobilité durable, qui comprenait notamment une initiative visant la révision de
la gouvernance du transport collectif dans
la région de Montréal. La stratégie prévoyait le dépôt par le gouvernement
d'une proposition de révision de la
gouvernance du transport collectif, qui aurait été soumise pour consultation
aux différents partenaires concernés.
Le
gouvernement actuel constate aussi la nécessité d'intervenir afin d'optimiser
la gouvernance du transport collectif dans
la région de Montréal. En effet, le ministre des Transports, responsable de la
région de Montréal, doit coordonner une
réflexion stratégique à l'égard de la planification, de la cohérence et de
l'établissement des priorités des projets de transport collectif dans la
région de Montréal. Le mandat consiste à réviser les rôles et responsabilités
de l'Agence métropolitaine de transport et
de la Communauté métropolitaine de Montréal en ce qui a trait à la
planification et à l'exécution de ces
projets. Le ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire,
responsable de la Montérégie, et la ministre de la Famille, responsable
de la région de Laval, sont en collaboration.
Suite au
mandat reçu par le ministre des Transports, le MTQ élabore présentement une
proposition à l'intention de ses
partenaires visant la révision de la gouvernance du transport collectif dans la
région de Montréal, qui donnera suite à la réflexion stratégique coordonnée par le ministre des Transports.
Cette révision du cadre de gouvernance nécessitera également la détermination d'un nouvel encadrement
financier cohérent. Les attentes sont grandes, et les moyens dont dispose le gouvernement sont limités. Le MTQ doit
faire preuve de rigueur afin de s'assurer de la saine gestion des sommes
qui sont octroyées. Comme vous pouvez le constater, le ministère des Transports a posé les gestes nécessaires pour répondre
aux préoccupations exprimées par le Vérificateur général et continue de prendre les actions requises afin de s'assurer de
tirer le maximum des sommes investies. Nous
faisons en sorte de réviser notre plan d'action sur une base régulière afin de
nous assurer de sa performance et de l'atteinte de nos objectifs. Merci de
votre attention.
Le Président (M. Merlini) : Merci
beaucoup, Mme Sylvain, pour cette présentation.
Alors, nous
avons à peu près 2 h 25 min pour procéder maintenant
au bloc de questions et réponses en échange avec les parlementaires. Ça va être des blocs d'échange d'une dizaine de
minutes, et en commençant par le parti ministériel, le parti formant le gouvernement,
et en alternant ensuite entre les groupes parlementaires.
Discussion générale
Alors, je
suis prêt à reconnaître un intervenant, un député du groupe parlementaire. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous.
Mme de Santis : Merci
beaucoup, M. le Président. Bienvenue, merci d'être là. Je veux aussi saluer mes collègues.
Je suis un
petit peu confuse, parce que, quand je suis allée au site de l'AMT, j'ai
retrouvé ce que vous avez présenté dans
votre mémoire, où on dit qu'en avril 2013 le gouvernement du Québec a
annoncé la création d'un bureau de projet... pour mandat de proposer le meilleur mode de transport collectif pour le
corridor A10—centre-ville
de Montréal. Il y avait un budget de
27,6 millions de dollars. Et, depuis septembre 2013, le bureau de projet
réalise plusieurs études sur chacune des
options, qui sont l'autobus et le système léger sur rail — je parle maintenant du pont
Champlain — et que
là le mandat... notamment l'achalandage, le développement urbain anticipé
sur le corridor, les coûts, l'impact, le mode de réalisation, le mode de
financement.
Alors, si le mandat est
ça, de proposer le meilleur mode de transport, et que vous allez déposer un
dossier d'opportunité à la fin de l'été
2015, je demande... dans votre rapport annuel 2013, qui a été publié en 2014,
vous dites, là, dans la lettre signée
par vous, M. Girard, qu'on avait déjà décidé de procéder par le SLR, que
c'était déjà un choix. Alors, quand
je regarde ces deux choses ensemble, je me demande : Est-ce qu'on a vraiment
appris quelque chose avec... des situations du Train de l'Est,
du métro qui va à Laval? Je trouve qu'il y a un peu de confusion là-dedans.
M. Girard
(Nicolas) : Je vais
l'éclaircir très rapidement. C'est que la lettre et les documents avaient été
déposés avant, donc il y a
eu, comme vous le savez, une conférence de presse que nous avons tenue avec le ministre des Transports, M.
Poëti, où on a eu le mandat de
déposer un dossier d'opportunité d'ici 2015 où on doit étudier différents modes
et les comparer. Alors, les modes, on
avait fait des études et des analyses concernant le mode de transport collectif
sur le pont Champlain dans le cadre
du DO, vous l'avez mentionné. On doit étudier, d'ici le dépôt du DO, les
différentes options de transport
collectif disponibles, ça veut dire, par
exemple, le mode autobus, ça veut
dire aussi SLR, mais SLR, il y a une famille
au niveau des SLR. Vous avez différents modes qui peuvent aller du tramway, du
métro de surface, du métro léger, du
tram-train. Alors, il y a différents modèles qu'on va étudier, et on va
remettre une recommandation au ministre d'ici la fin de l'été 2015. Et on doit aussi évaluer les coûts, les bénéfices
des modes bus et d'un mode plus lourd. On doit aussi exposer quelle est la meilleure justification du
choix qui sera choisi, la meilleure option à long terme qui tient compte de
l'achalandage et du développement urbain, et on doit aussi estimer les coûts
nécessaires à l'élaboration d'un dossier d'affaires.
Il faut aussi
qu'on regarde quels sont les modes de financement, quel est le meilleur mode de réalisation. Est-ce
qu'on peut étudier les modes alternatifs de financement? Vous savez que, quand
on déploie une grande infrastructure publique,
ça a un impact important en termes de développement immobilier auprès de nouvelles
stations. Alors, l'AMT, par exemple, un des mandats va étudier des modes alternatifs
de financement qui existent dans certains pays dans le monde qui
est, par exemple, la captation de valeur foncière qui sert à capter une partie
de la valeur d'un projet et de faire en sorte que des partenaires privés contribuent au financement d'un projet majeur
d'infrastructure de transport collectif. C'est des éléments que nous
allons étudier.
Mais,
comprenez-moi bien, la décision du choix du mode de transport sur le pont
Champlain n'a pas été prise. C'est au
terme du dépôt du dossier d'opportunité que le gouvernement du Québec et que le
ministre des Transports prendra la
décision suite aux analyses et aux études que fera l'Agence métropolitaine de
transport. Ça a été très clair, et j'ai fait une conférence de presse
conjointe avec M. Poëti, au mois de mai dernier, pour indiquer ça à la
population.
• (15 h 40) •
Mme de Santis :
Sauf que, dans votre rapport annuel 2013, je lis que le SLR, c'est le mode de
transport collectif pour le pont, que le choix est fait. Alors, c'est
pour ça...
M. Girard (Nicolas) : Oui, je
comprends... je comprends votre...
Mme de Santis :
Je vois. J'espère qu'on ne retourne pas à nos vieilles habitudes.
M.
Girard (Nicolas): Mais le
choix n'est pas fait, puis je veux être très clair avec vous. Et le ministre
a laissé toute la liberté à l'AMT de
faire ses études et ses analyses pour faire une recommandation au gouvernement du Québec. Et, à la
fin, ce sera le Conseil des ministres qui prendra la décision sur le meilleur mode
choisi. En attendant, au moment de l'ouverture du nouveau pont Champlain en 2018,
il y aura déjà une amélioration notable puisqu'il y aura une voie dédiée
exclusivement pour le transport collectif,
et les bus pourront y circuler. C'est pour ça qu'on a demandé au gouvernement
fédéral, au mois de mai, suite à la
conférence de presse avec le ministre, d'avoir un tablier hybride qui peut
accueillir, au moment de l'ouverture,
un mode autobus et qui éventuellement pourrait accueillir, si c'est le choix du
gouvernement du Québec, un autre mode.
Mme de Santis :
Parfait. J'aimerais maintenant parler du Train de l'Est. Je représente
Bourassa-Sauvé, et il y a deux gares,
une à Saint-Michel et une à Lacordaire. Il y aura 5 500 passagers le
matin, 5 500 passagers le soir, et on se pose la question :
Une fois que les trains seront rendus à Bourassa-Sauvé, est-ce qu'il y aura des
sièges?
M. Girard (Nicolas) : Parfait. Oui?
Mme de Santis :
Et c'est un problème qu'on a vécu un peu avec le métro de Laval aussi.
M. Girard (Nicolas) : Mais c'est une
excellente question. Alors, nous, on peut avoir une rame qui contient jusqu'à 10 voitures. Donc, nous, à chaque jour,
sur chacune de nos cinq lignes de trains, on évalue l'achalandage et on peut ajuster le nombre de voitures sur les trains en
fonction de l'achalandage, donc si... Première étape, on va d'abord
lancer le train le 1er décembre prochain, qui est très attendu dans l'est
de Montréal, dans la couronne nord-est. S'il advenait
que l'achalandage est au rendez-vous, même dépasse les attentes, à ce moment-là
l'AMT peut ajouter des voitures supplémentaires.
Quant à des départs additionnels, vous savez que nous avons fait le choix, au
Canada, au Québec... ce qui prime sur
le réseau ferroviaire, c'est, d'abord, le transport de marchandises et, par la
suite, le transport de passagers. Nous devons donc nous entendre avec
les compagnies ferroviaires pour qu'il y ait des moments dans la journée, aux pointes a.m., pointes p.m., pour qu'il y ait
circulation de trains de passagers. Si on voulait ajouter des nouveaux départs
éventuellement, il faudrait, d'abord, s'entendre avec le Canadien National pour
ajouter et, deuxièmement, il faudrait également que les municipalités couvertes par le
territoire acceptent de défrayer 40 % de la facture si on ajoutait des
départs supplémentaires. Mais, à
court terme, on peut ajouter des voitures supplémentaires, et, deuxièmement, on
a également l'option également d'ajouter des places de stationnement
dans certaines de nos gares s'il y avait une augmentation de l'achalandage.
Mme de Santis :
Je comprends qu'il y a des problèmes additionnels s'il faut agir CN ou CP. Mais
vraiment, quand on a prévu un train,
on a prévu qu'il y aurait des gens qui allaient embarquer plus tard, alors
j'espère qu'au tout début on réfléchit sur des situations semblables.
Mais, maintenant, j'aimerais parler... parce que
je représente Bourassa-Sauvé. J'ai Pie-IX...
Une voix : ...
Mme de Santis :
O.K. Pie-IX. Alors, Pie-IX, il y a un pont et, d'un côté, il y a Laval et, de
mon côté il y a l'arrondissement de
Montréal-Nord. Et le pont est dans un état qui n'est pas tellement bon. Depuis
2008, on a parlé de la réfection de
ce pont. On a fait beaucoup de travail sur le carrefour Henri-Bourassa et Pie-IX.
Maintenant, qu'est-ce qu'il se passe?
Parce que le pont n'a pas été mis à jour, la circulation qui vient de Laval
doit détourner et rentrer dans des réseaux résidentiels pour aller à Gouin et revenir vers le sud. On parle maintenant de... le service
rapide par bus sur Pie-IX et on parle que
peut-être ça, ça va se faire bientôt. Mais le pont est seulement
en planification et peut-être va se faire environ 2020, 2022. Comme je vois qu'il n'y a pas de leader
nulle part, je me pose la question : Est-ce
que quelqu'un est en train de
vérifier comment on peut s'assurer que,
quand on regarde Pie-IX, le pont, service rapide par bus, tout ça soit
coordonné? Et c'est la responsabilité de qui? Et qu'est-ce que je peux
dire aux gens de mon arrondissement?
Le Président (M. Merlini) : M.
Girard.
M. Girard (Nicolas) : Sur le pont,
je vais laisser Mme la sous-ministre...
Mme Sylvain (Ginette) : On travaille
avec l'AMT. On est sur un comité directeur et on copréside le comité directeur, ainsi que la ville de Montréal. On est
ensemble. Ce qui a été convenu avec le Conseil du trésor, c'est que, dans
un premier temps, il faut que le dossier
d'opportunité soit approuvé pour le SRB Pie-IX. C'est les conditions du
SRB qui vont faire l'aménagement du
pont Pie-IX. Nous, notre dossier est prêt, notre dossier d'opportunité est prêt
en fonction du modèle qui a déjà été
élaboré. Alors, pour le Conseil du trésor, ils doivent donner un go pour le SRB
et, par la suite, au pont Pie-IX.
Mais entre-temps on entretient le pont Pie-IX, et il est dans un bon état. Mais
on ne peut pas faire le projet tant et aussi longtemps que le SRB n'est
pas approuvé par le gouvernement.
Mme de Santis :
...
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée...
Mme de Santis :
...
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée! Mme la députée, votre temps est terminé.
Mme de Santis :
...mais aujourd'hui ils ont une circulation... aux heures de pointe et ils vont
attendre des années avant que tout ça soit réglé.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée!
Mme de Santis :
Merci.
Le Président (M. Merlini) : Je vous
en prie. Alors, maintenant, je suis prêt à reconnaître un député... Merci, Mme Sylvain et M. Girard pour vos réponses. Je
suis prêt à reconnaître un député de l'opposition. Mme la députée de
Vachon, la parole est à vous pour un bloc d'une dizaine de minutes.
Mme
Ouellet :
Oui. Merci, M. le Président. Donc, dans un premier temps, saluer les gens de
l'AMT qui se sont déplacés pour nous, et les gens du ministère du
Transport, ainsi que les gens du Vérificateur général, les collègues.
Comme la
question a été abordée, je reviendrai donc sur un projet qui m'intéresse
particulièrement, donc le SLR sur le
pont Champlain. Deux titres m'intéressent, comme députée de la circonscription
de Vachon sur la Rive-Sud mais également en termes de critique en
matière de transports, les transports collectifs, et pour peut-être un petit
peu aussi clarifier... En fait, la décision
avait été prise en avril 2013 par l'ancien gouvernement de choisir le SLR, et
le bureau de projet, qui avait été
mis en place pour le SLR, était un bureau de projet pour coordonner le projet
du SLR. Donc, le mandat est très bien défini dans le plan... le rapport
annuel, là, de l'AMT.
Le président-directeur général de l'AMT pourra
me corriger, mais, à ma connaissance, cette décision-là était basée sur le rapport d'AECOM, donc documentée, qui
regardait différentes alternatives, parce que c'est des choses qu'on discutait ce matin, là, avec la rencontre du
Vérificateur général. Donc, est-ce que les différentes alternatives avaient été
regardées : donc
par le bus, par le SLR? Et très clairement le rapport d'AECOM — dont malheureusement on n'est pas capables d'avoir de copie parce que le
gouvernement refuse de le rendre public — le rapport d'AECOM, selon ce qu'en disent les journaux, confirmait de façon très
évidente que le SLR était le seul moyen permettant de répondre à la demande
dès 2021. Donc, ce que je comprends, c'est
que le nouveau gouvernement a reculé, le gouvernement libéral a reculé sur
cette prise de décision là, l'a remise en question et repart une nouvelle série
d'études d'alternatives.
Et ce que
j'aimerais comprendre, de la part de l'AMT, cette nouvelle série d'études
d'alternatives... C'est une deuxième
fois, parce qu'on en a une avec AECOM, donc une deuxième étude. Est-ce qu'elle
est faite à l'interne de l'AMT ou est-ce qu'il y a une deuxième firme de
consultants qui a été engagée pour faire la deuxième étude?
• (15 h 50) •
M. Girard
(Nicolas) : Écoutez, sur ce volet-là, l'élément central qu'il faut
comprendre, c'est qu'il y a eu l'adoption de la directive sur les projets majeurs, là, en février 2014 et que la
directive oblige notre agence ainsi que d'autres instances gouvernementales
à comparer des projets les uns avec les autres.
Donc, dans le
cas qui nous occupe, qui est celui du pont Champlain, notre agence a l'obligation de comparer le mode SLR au
mode bus, mode bus amélioré ou les différentes familles de SLR avant le dépôt
d'un dossier d'opportunité au Conseil du trésor et, par la suite, au Conseil
des ministres. Alors, c'est ce que
nous faisons. Au terme du dépôt du DO, la
décision revient au Conseil des
ministres de décider quel sera le
mode choisi. Et, à votre question, qui réalise ces études et ces analyses, c'est la même
équipe qui avait été mandatée lors de la création du bureau de projet. Nous
avons embauché un directeur de bureau de projet ainsi qu'une équipe qui
fait des analyses et les études détaillées, réalise des études d'avant-projet
détaillées. On assure également la coordination technique avec l'équipe du gouvernement
fédéral. On travaille avec le ministère des Transports également. On doit aussi déterminer quel est le meilleur
mode de réalisation du projet. On doit
gérer le processus environnemental, puis il
faut constituer le dossier
d'opportunité. Alors, c'est essentiellement les mandats de notre bureau de projet, puis il faut
se conformer à la directive des projets majeurs qui a été adoptée
en février 2014. Donc, nous, c'est les obligations que nous transmet le gouvernement, et l'AMT doit se conformer à ces pratiques-là, puisque nous
relevons du gouvernement du Québec.
Mme
Ouellet : Est-ce que
l'étude d'AECOM comparait deux modes de transport, c'est-à-dire celui du bus et
celui du SLR?
M. Girard
(Nicolas) : L'étude d'AECOM
a étudié trois éléments : le mode bus actuel, qu'on connaît actuellement sur le pont Champlain; un mode bus amélioré avec le meilleur
rabattement; et le mode système léger sur rail. C'est les trois modes
que l'étude d'AECOM a étudiés.
Mme
Ouellet : O.K. Et
quelles étaient les conclusions de l'étude d'AECOM?
M. Girard
(Nicolas) : Bien, l'étude
d'AECOM concluait qu'en termes
d'achalandage celui qui présentait le plus grand... qui était capable de déplacer le plus de gens, c'était le mode
lourd. Les études et les analyses indiquaient qu'il y avait un potentiel de déplacer jusqu'à 32 000
personnes en pointe du matin et, sur une période de 24 heures, on parle de
90 000, là, sur une période de 24 heures. C'est ce que concluait
l'étude d'AECOM.
Mme
Ouellet :
Donc, l'étude d'AECOM avait analysé, tel que, dans le fond, l'exige, là, la
nouvelle directive sur les projets
majeurs d'infrastructure publique, avait analysé les différentes alternatives,
et l'étude d'AECOM concluait, puis,
après ça, ça restait le choix du gouvernement, là, mais concluait que le SLR
était le plus performant en termes de capacité, en termes de débit pour
le pont Champlain.
M. Girard
(Nicolas) : La directive sur
les projets majeurs est arrivée en février 2014, et c'est à partir de là où
notre agence doit, sur ce projet-là, mais
sur d'autres projets également, se plier à cette directive qui nous oblige à
comparer un mode à l'autre. Et c'est
ce que nous devons faire et remettre au Conseil du trésor, au gouvernement du
Québec, une recommandation. Donc, on
a l'obligation de faire ça, puis c'est ce que l'AMT fait. Et nous, on va se
conformer à la directive puis on s'est assurés, là, d'arrimer nos
politiques internes à celles du gouvernement du Québec.
Mme
Ouellet :
Donc, je comprends bien qu'effectivement l'ancienne étude d'AECOM répondait,
là, aux besoins de la directive, mais
je comprends que le nouveau gouvernement souhaitait avoir une nouvelle analyse,
toujours en concordance avec la
nouvelle directive, là, ça reste cette concordance-là. Ce que je trouve dommage
dans cette décision-là, c'est qu'on retarde
le projet pour lequel il y avait une décision du gouvernement qui avait été
prise, pour lequel il y avait un appui, à l'époque, d'ailleurs, du Parti libéral et de la CAQ sur ce projet-là,
un extrêmement large consensus du côté de la Rive-Sud, du côté de Montréal, et, ce consensus-là, je peux
vous dire qu'il est encore extrêmement présent. Donc, nous allons suivre
avec beaucoup d'intérêt, là, la deuxième
série d'études qui sera, donc, produite. Et là vous me dites que ces études-là
vont être réalisées par le bureau de
projet qui avait été mis en place. Mais est-ce que ce seront des études qui
vont être à l'interne ou est-ce que
les études, comme dans le cas d'AECOM, vont être confiées à l'externe? Et, si
confiées à l'externe, est-ce que c'est déjà fait? Et ça a été confié à
qui?
M. Girard
(Nicolas) : Écoutez, on a
différents... Ça, je pourrais vérifier, là, au niveau des études, puis vous
revenir avec des réponses plus
précises sur les... On a donné différents mandats au niveau du bureau de projet, mais, comme je vous ai
indiqué, notre mandat, c'est les études d'avant-projet détaillées. Il y a une
coordination technique avec le gouvernement fédéral, il y
a le... évaluer le meilleur choix de mode de réalisation, le processus environnemental,
la constitution du dossier d'opportunité.
Et
il fallait également, d'ici la fin juin 2014, transmettre les requis
techniques pour le tablier sur le nouveau pont. Ça, c'était un autre de nos mandats, où c'est un tablier qui est hybride
parce que, de
toute façon, peu importe le choix qui
est fait par le gouvernement du Québec au terme du dossier d'opportunité, il est
impossible d'avoir un mode lourd à l'ouverture du nouveau pont, ce n'est pas possible. Donc, à l'ouverture du nouveau
pont, il y a déjà une amélioration majeure parce
que c'est un tablier dédié pour le transport collectif. Il y aura donc des
autobus qui vont circuler sur le pont.
Maintenant,
sur le choix définitif du mode de transport retenu, ça, c'est au terme du DO
que le gouvernement aura les
études et les données en main pour prendre une décision définitive sur le mode
qu'il choisira. Puis ça, ça n'appartient pas à l'AMT de choisir ça, ça appartient au gouvernement du Québec, ça appartient au Conseil des ministres. Et on
va devoir, dans les mandats qui nous ont été confiés dans le cadre de la
création du bureau de projet... il faut évaluer les différentes options de
transport collectif, les coûts-bénéfices des modes bus et le mode lourd qui
pourrait être le SLR par exemple, la famille des SLR, et il faut dans le fond évaluer quel est le bon choix puis la justification de la meilleure
option à long terme. Alors, nous, ce qu'il
faut évaluer, c'est, en termes d'option à long terme, quel est le mode qui
répond davantage à la croissance d'achalandage, qui répond au développement
urbain. C'est des facteurs qu'il faut étudier.
Il
faut également évaluer les différents coûts nécessaires
au niveau de ce projet-là et les modes de réalisation. Alors, est-ce que
ce sera un clé en main? Est-ce que ce sera un mode PPP? Et évaluer des modes
alternatifs de financement, ça fait partie
des éléments qu'on doit regarder. Puis, dans l'état dans lequel sont les
finances publiques, on a une grande ouverture de la part du gouvernement pour étudier des modes alternatifs de
financement. Alors, nous allons faire des études, des analyses, et nous
ferons des recommandations au gouvernement qui décidera le mode de financement
approprié qu'il souhaitera pour ce projet-là.
Mme
Ouellet :
Donc, je comprends que c'est un engagement à nous envoyer ultérieurement...
M. Girard (Nicolas) : Ce que je peux vous dire à ce stade-ci, c'est qu'il y a
plusieurs mandats d'études qui sont en
cours concernant les infrastructures, les stations et le matériel roulant. Il y a
eu également des ateliers d'échange avec différents
partenaires gouvernementaux, municipaux et également des sociétés de transport.
Il y a eu également des rencontres avec des
élus municipaux pour réunir le plus large consensus au niveau du projet, il y a eu
également ce travail-là qui a été effectué par nos équipes. On étudie actuellement différents corridors, différents tracés puis, évidemment,
vous comprendrez que ça traverse
différentes municipalités. Donc, il faut se concerter avec les différentes
municipalités qui ont
leur propre vision par rapport à ce projet-là, puis on travaille évidemment
étroitement avec le ministère des
Transports, avec SQI également.
C'est
un projet d'envergure. On ne prend pas une décision de cette ampleur-là sur le
coin d'une table. C'est un projet
majeur qui peut avoir un impact dans la grande région métropolitaine pour les
années à venir. Et c'est pour ça qu'il y
a un bureau de projet qui a été créé. Et on a tiré des leçons du passé et on
veut s'assurer que dorénavant, dans le choix des grands projets majeurs d'infrastructure, qu'on prend les bonnes décisions, qu'on a fait
les bonnes études, les bonnes analyses et également qu'on n'annonce pas
de façon prématurée le coût global d'un projet. Vous remarquerez qu'au moment où on a créé le bureau de projet en aucun
moment des chiffres n'ont été lancés sur un coût global de projet. Le seul chiffre qui a été donné, ça a été sur le
bureau de projet. Il faut avoir une approche prudente, et c'est celle que
souhaite adopter l'agence avec
l'appui du ministère des Transports, avec l'appui de SQI également,
c'est important. Puis je pense que c'est un projet majeur, il faut bien faire les choses. Les
contribuables s'attendent à ce qu'on gère bien les fonds publics à notre
disposition.
Le Président (M.
Merlini) : Merci, M. Girard. Mme la députée de Vachon, merci. Je suis
prêt à reconnaître maintenant un député du groupe formant le gouvernement. Alors, M. le député de Jean-Lesage, la parole est à vous pour un bloc d'une
dizaine de minutes.
M. Drolet :
Merci beaucoup, M. le Président. Bien, salutations à tout le monde, salutations
à M. Girard, Mme la sous-ministre et toutes les équipes, et naturellement M. le
Vérificateur général.
M.
Girard, madame... plutôt Mme la sous-ministre, mais je commencerais peut-être
par M. Girard. M. Girard, j'aimerais
juste intervenir au sujet de la gouvernance, en fait. Vous avez mentionné
tantôt, dans votre intervention, pour ce qui est du conseil
d'administration, que c'était régi par une loi, et il semble y avoir là-dessus,
peut-être, une petite défaillance en fait parce qu'il y a un manque d'un administrateur qui pourrait être de l'extérieur, et
aussi, en même temps, le
fait du rôle du directeur général repose sur une seule personne aussi, parce qu'en même temps vous avez aussi comme
deux... la même porte-parole. J'aimerais ça
peut-être, là-dessus, que vous me donniez plus d'explications, parce que je
trouve que c'est un problème de gouvernance qui peut vous donner des problèmes
finalement.
• (16 heures) •
M. Girard (Nicolas) : Bien, parfait. Sur ce volet-là, ce que je peux vous indiquer, c'est que
la Loi de l'AMT fait en sorte
qu'actuellement il y a un conseil d'administration qui est composé de sept
personnes. Le président-directeur général est également président du conseil et il y a trois membres indépendants en plus qui sont nommés par
le gouvernement du Québec.
Et vous avez trois élus, vous avez un représentant de la ville de Montréal,
un représentant en alternance, soit le maire
ou la mairesse de Longueuil, de Laval. Puis vous avez également
alternance couronne sud et couronne nord qui sont représentées, qui font
des mandats de deux ans.
Alors,
nous, on se retrouve dans une situation... je vous l'ai dit tout à l'heure, on gère des actifs de 2 milliards, on donne entre 200 et 400 millions de contrats
publics sur une base annuelle. Et donc ça fait en sorte que la situation
d'un comité
d'audit... On a également créé un comité de gestion des grands projets,
donc, on a trois administrateurs
indépendants qui doivent être au
comité de l'audit qui doivent être également au comité de gestion des grands
projets majeurs. Donc, ça fait une
charge de travail qui est énorme pour eux, et ça peut faire en sorte qu'à
certains moments, pour des raisons que
je peux comprendre dans le cadre des... parce que nos membres indépendants sont
bénévoles, et les élus, qui ont également d'autres occupations... où parfois c'est difficile, là, d'avoir les
membres réunis pour prendre des décisions d'importance pour notre organisation ou d'être capables de
tenir l'ensemble des réunions. Puis, écoutez, on gère des fonds publics quand
même substantiels. Nous, on a fait une
transformation pour mieux gérer nos fonds, mieux gérer nos projets, mais je ne
vous cache pas que, comme agence, le fait
d'avoir un plus grand nombre de membres indépendants nous aiderait dans la
gestion et dans la gouvernance de notre organisation.
Ce
n'est pas nouveau, ce que je dis aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de l'exprimer
au gouvernement du Québec et de faire
des représentations. On a également déposé un mémoire dans le cadre des
consultations sur la stratégie de mobilité durable, et on l'a indiqué. On souhaite également qu'il y ait une
séparation des pouvoirs entre le poste de P.D.G. et le poste de président du conseil. En fait, notre agence est
la seule qui n'est pas présentement assujettie à la Loi sur la gouvernance
des sociétés d'État, qui a été adoptée, je
crois, en 2006, si ma mémoire est bonne. Donc, c'est clair que des changements
à la loi nous permettant d'avoir plus de
membres indépendants nous permettraient d'avoir une meilleure gouvernance et un
meilleur suivi, et de mieux appuyer l'équipe
de direction dans la gestion de ces projets et dans les prises de décision que
nous prenons. Je ne sais pas si ça répond à votre question...
Une voix :
Merci.
M.
Drolet : Ma question s'adresserait maintenant à Mme Sylvain. On
connaît, là, la majorité des problèmes que le départ du Train de l'Est a pu avoir. Aujourd'hui, on est bien
contents, on sait que... on voit que... M. Girard a annoncé tantôt le fait qu'il serait en opération au début
décembre. Mais il y a quand même une importance dans la subvention de ce
projet-là qui devait être payé à 100 % par le ministère des Transports
mais que l'AMT a eu à payer 25 % de cette infrastructure-là, qui, normalement, par la lourdeur du projet, aurait
dû être payé à 100 % par vous. On comprend aussi que ça a pu causer... puis ça peut causer aussi
actuellement un impact, parce qu'ils sont obligés d'aller dans des fonds
qui, peut-être, ne leur permettent pas, peut-être, de réaliser d'autres
demandes qui pourraient être intéressantes pour l'ensemble de l'oeuvre.
J'aimerais peut-être que vous me disiez la raison, le pourquoi de ça
exactement.
Une voix :
Une bonne question.
Mme Sylvain (Ginette) : Une bonne question. Je n'étais pas là à l'époque
au ministère des Transports. Il y a peu de gens... Nicolas non plus... M. Girard n'était pas là non plus.
J'ai obtenu l'information d'un sous-ministre qui était présent. On m'a dit que seul le métro a eu un financement à
100 %; tous les autres projets ont eu des financements à 75 %. Quand
on regarde le normatif, pour savoir si on
paie à 100 % ou à 75 %, lorsque c'est un train ou un métro qui est en
site propre, c'est-à-dire qu'«en site propre», ça veut dire qu'il a ses
propres voies ferrées, à ce moment-là il y a un financement. Lorsqu'il y a partage d'emprise, c'est à
75 %. Alors, le justificatif qu'on en ressort, même si on n'était pas
présents, c'est qu'il y avait partage d'emprise, ce qui fait que le
financement a été à 75 %.
M. Drolet :
Je vous laisserais aller parce que je dois quitter.
M.
Reid : Ah! d'accord. Bien...
Le
Président (M. Merlini) : M. le député d'Orford.
M.
Reid : Je peux peut-être
prendre... J'ai des petites questions qui m'intriguent, là, M. Girard. D'abord,
bienvenue. On avait déjà travaillé ensemble, mais, en général, c'était plutôt
d'un côté et de l'autre, alors...
M. Girard
(Nicolas) : C'est ce que je me disais avant d'entrer dans la salle.
M.
Reid : Oui, c'est
ça. Écoutez, vous dites à la fin de votre présentation que,
«pour équilibrer notre budget 2014, nous avons pris la [décision
difficile] de réduire de 5 % la masse salariale[...], tout en préservant
des services aux usagers». Et vous avez même
rajouté, ce qui n'était pas dans votre texte, que vous avez d'ailleurs augmenté
de 19 % le service à la
clientèle. C'est intrigant, comment vous avez fait? Est-ce que vous avez
appliqué des méthodes numériques modernes?
Est-ce que vous avez fait du ménage parce qu'il en manquait? Est-ce qu'il y a
des innovations dans la façon de travailler ou dans la façon de donner
les services? Est-ce que vous pouvez nous éclairer un petit peu?
M. Girard
(Nicolas) : Oui.
M.
Reid :
Pas longtemps, mais c'est intrigant, je trouve.
M. Girard
(Nicolas) : O.K.
bien, écoutez, quand je suis entré en poste en octobre 2012, un
des mandats que je m'étais... trois objectifs,
en fait, là : le premier était de faire le ménage dans les finances de
l'AMT; le deuxième, c'était d'établir de hauts standards d'éthique et
d'intégrité; puis le troisième était d'établir des meilleures relations avec
les partenaires de l'AMT.
Alors,
sur le volet, au niveau des finances publiques, nous, on souhaitait avoir
une organisation qui est plus efficace. On a des enjeux aussi budgétaires
au niveau de notre fonds d'exploitation, où on a de la difficulté
à équilibrer nos budgets. Nous,
le choix qu'on a décidé de faire, on ne voulait pas couper les aides aux sociétés
de transport puisqu'on verse des aides
de l'ordre d'environ 120 millions
de dollars par année. On ne voulait pas non plus couper les services aux
clients puis on voulait limiter aussi
la hausse de tarifs pour les clients. Donc, on s'est dit : S'il y a à
faire un effort, on va le faire dans
notre organisation, on va optimiser nos ressources. Donc, pour la première fois
en 17 ans d'histoire, on a décidé de couper
5 % de nos ressources, ce qui est équivalent environ à une trentaine de
postes. C'est davantage que ce que le Conseil du trésor a demandé, qui était une réduction de 2,2 % de la masse
salariale, mais on l'a fait à plus de 5 %. Donc, c'est quand même,
je pense, un effort important.
Et, compte
tenu de la situation financière de l'AMT, il est clair qu'on va avoir le même
défi dans la préparation de notre
budget 2015. Et nous, on essaie autant que possible de préserver nos services
aux clients. Ce qu'on a fait également, c'est qu'on a revu au niveau de nos coûts, de nos coûts d'opération, par
exemple, de réduire nos coûts pour le carburant, par exemple, on a des méthodes novatrices pour faire en sorte... et,
avec notre type d'approvisionnement, pour réduire les coûts de nos carburants. Donc, il y a des équipes
d'opération qui ont travaillé très fort, ce qui nous a permis de réduire
nos coûts. Mais il est clair qu'à terme,
pour être très transparents, c'est sûr que l'AMT aura besoin de sources
additionnelles de financement,
puisqu'il est très difficile pour elle d'équilibrer son fonds d'immobilisation et son fonds d'exploitation. Alors, c'est
une situation qui n'est pas simple pour nous, mais on veut préserver les
services aux clients.
M.
Reid : Merci. Une
autre petite question qui m'intriguait, parce que vous nous dites que
le budget de 671 400 pour la ligne Mascouche... c'est comme ça
qu'on l'appelle?
M. Girard
(Nicolas) : Millions.
M.
Reid : Millions, pardon. Est-ce que c'est... on l'appelle la ligne
Mascouche maintenant?
M. Girard (Nicolas) : Mascouche,
oui.
M.
Reid : ...va être respecté. Et vous dites qu'en plus on
n'aura pas besoin de la totalité de l'enveloppe de risques de 90 millions. Évidemment, quand on entend ça, on peut penser
qu'on n'aura pas besoin du 90 millions. Est-ce
que ça va être plus, le
besoin, 29 000... millions c'est-à-dire, 59 millions ou
89 millions?
M. Girard
(Nicolas) : Ce que je peux
vous dire à ce jour, il y a 28,5 millions qui nous a été accordé par le gouvernement du Québec dans l'enveloppe de risques
et qu'on est en train de faire l'évaluation pour éventuellement une somme additionnelle, mais on n'aura pas besoin de
la totalité de l'enveloppe, donc ce qui est une excellente nouvelle. Ce qu'il nous reste, en termes de risques, pour
vous donner un exemple, on a des causes pendantes au Tribunal administratif.
C'est comme si on décide de vous exproprier.
Vous me dites : Mon terrain vaut 10 millions. Je vous dis : Moi,
j'évalue qu'il vaut 2 millions.
Le Tribunal administratif va trancher cette question-là. C'est un des risques.
Alors, ça fait en sorte qu'on doit
provisionner des sommes et évaluer qu'il y a peut-être des sommes
additionnelles qui pourraient être nécessaires, mais la bonne nouvelle,
c'est qu'on n'aura pas besoin de la totalité de l'enveloppe des risques.
Également, le
Conseil des ministres nous avait demandé, en 2012, de respecter l'enveloppe du
671,4 millions, nous allons le
respecter; remplissez les 24 conditions en termes d'optimisation, on l'a fait
également. Donc, je pense qu'il y a
des efforts substantiels. Je vous dis qu'il y a eu du redressement au niveau de
la gestion de projet, redressement dans les finances de l'AMT. Ça en est
un bel exemple aujourd'hui.
M. Reid : Merci. Ça va?
Le Président (M.
Merlini) : Merci beaucoup, M. Girard. M. le député d'Orford.
M.
Reid : Il reste
encore du temps ou...
Le Président (M.
Merlini) : Non, pas pour ce bloc-ci.
M.
Reid : Bon.
D'accord, on reviendra plus tard.
Le
Président (M. Merlini) :
Alors, merci. Je suis prêt maintenant à reconnaître un groupe du... un groupe,
oui, effectivement, un député du
deuxième groupe d'opposition, en l'occurrence M. le député de Granby. La parole
est à vous pour un bloc de 10 minutes.
• (16 h 10) •
M.
Bonnardel :
Merci, M. le Président. Salutations aux collègues ministériels, l'opposition.
Messieurs, dames, bonjour.
Je suis
surpris de voir mes collègues du gouvernement et de l'opposition ne pas vous
poser plus de questions sur un des
plus grands fiascos qui a été connu sous l'égide de l'AMT, qui est le Train de
l'Est. Sous l'égide de l'AMT, il y a eu le métro de Laval, le Train de l'Est qui est un échec financier, en
termes d'échéancier, en termes de dépassements de coûts. Je regardais
les documents, on parlait de 300 millions de dollars en mars 2006, ça va
se terminer à 671 millions.
Quand on regarde le rapport du VG qui
nous ramène malheureusement sur la même situation que 2004, presque 10 ans plus tard, où on parle d'annonce prématurée
du projet sans estimation fiable des coûts, définition incomplète des besoins ou changement de portée à plusieurs
reprises au cours de la réalisation, degré de précision insuffisant des études,
début des travaux avant l'achèvement des
plans et devis, contingences sous-évaluées, provision pour risques omise dans
les estimations de coûts, je suis
extrêmement inquiet, moi. Savez-vous pourquoi? Parce qu'il y a le pont
Champlain qui va être refait bientôt.
L'évaluation qu'on regardait voilà quelques minutes du possible SLR sur le pont
Champlain pourrait coûter 2 milliards
de dollars, M. Poëti disait même... le ministre disait même
2,5 milliards de dollars. Or, vous donner un projet aussi important... qui confirme un rapport, 10 ans plus tard,
que rien n'a été fait pour améliorer la gouvernance, améliorer votre capacité à faire de grands
projets, d'arriver à des échéanciers précis. Les sous qu'on vous donnait, vous
n'avez pas été capables... Puis je le dis sans gêne, vous n'avez pas été
capables... Vous n'étiez pas là, M. Girard, j'en conviens, sur la plupart de ce premier projet... Mais vous n'avez pas
été capables, avec l'argent donné par les contribuables et ce gouvernement, d'arriver à avoir un projet où
l'échéancier, l'argent donné et les problématiques qui ont été mentionnées
par le Vérificateur général, on n'a pas été capables, 10 ans plus tard, d'avoir
d'améliorations.
Alors,
comment on peut rassurer les Québécois, les parlementaires, et de penser demain
matin qu'en vous donnant 2 milliards, 2,5 milliards vous serez
capables de livrer la marchandise pour les cinq, six prochaines années?
M. Girard (Nicolas) : Bien, écoutez, on a reconnu, puis je l'ai indiqué
dans mon discours, on reconnaît et on partage les constats qui ont été faits par le Vérificateur général sur la
gestion passée du Train de l'Est. J'ai été très clair là-dessus. On ne peut pas remettre le dentifrice dans le
tube, cependant, clairement, vous l'avez vu, il y a eu un redressement majeur
au niveau de la gestion des grands projets,
qui s'est opéré en 2012. Et les résultats que j'ai présentés sont au
rendez-vous où il y a... Le Conseil
des ministres nous a demandé de respecter l'enveloppe de 671,4, ce sera fait.
Le Conseil des ministres nous a
demandé de livrer, pour 43,8 millions, 24 mesures d'optimisation, ce sera
livré. Et on n'aura pas besoin de la totalité de l'enveloppe de risques. Donc, j'estime que, sur ce plan-là, on a
montré, notre organisation, notre capacité à mieux gérer un grand projet
d'infrastructure, à corriger le tir.
Mais
j'admets avec vous qu'il y a eu certaines lacunes, et on l'a reconnu comme
organisation. Alors, qu'est-ce qu'on
peut faire pour l'avenir? Premièrement, M. Tousignant, qui est avec moi, qui m'accompagne
aujourd'hui, a rencontré les équipes
notamment du bureau de projet pour le transport collectif sur le pont Champlain
pour leur expliquer les leçons apprises et les erreurs qui ont été commises
dans le dossier du Train de l'Est pour qu'elles ne se reproduisent pas dans
le dossier du bureau de projet du pont Champlain.
On
a également... Ce qu'on tente de... ce qu'on veut faire, c'est qu'on veut qu'il
y ait une meilleure intégration aussi
avec toutes les attentes au niveau de l'ensemble des parties prenantes au
niveau de l'AMT, au niveau de la planification.
On veut aussi améliorer nos processus d'estimation, de budgétisation dans la
production de nos analyses détaillées.
On veut améliorer l'administration de nos contrats avec notre équipe d'approvisionnement,
puis une meilleure gestion des
changements. Et on veut aussi améliorer les processus de réception provisoire
et définitive des travaux par une meilleure gestion des déficiences.
Alors,
ça, c'est les gestes concrets qu'on va poser comme organisation. Et je peux
vous dire qu'il y a eu un rapport qui
a été déposé en novembre, à l'automne 2012, par la firme KPMG-Secor, qui a
salué la méthode de gestion de projet pour
le projet du prolongement de métro qu'on avait mis sur pied. On s'est inspiré
de cette pratique-là pour le pont
Champlain. Donc, on a tiré des leçons, on gère les choses différemment et on
fait tout ça en collaboration avec le ministère
des Transports et avec Infrastructure... avec la société... la SQI. Et donc il
y a un travail de gestion de projet qui
est nettement amélioré au niveau de notre agence. Alors, on est tourné vers
l'avenir, et je pense qu'on a démontré notre capacité à mieux gérer les
fonds publics, il y a des exemples très concrets pour le prouver.
M.
Bonnardel :
Deux questions, M. le Président, rapidement. Vous dites ne pas avoir besoin de
la totalité de l'enveloppe de risques de
90 millions. Est-ce que vous pouvez me donner un aperçu du montant précis
que vous allez avoir besoin? Puis
qu'est-ce qui explique le fait que vous parliez de 2 milliards pour le
possible SLR et que le ministre Poëti vous ramène à l'ordre et vous
dit : Non, non, ça devrait coûter 2,5 milliards?
M. Girard (Nicolas) : D'abord, je n'ai jamais parlé d'un chiffre pour le projet de transport collectif
sur le pont Champlain. Le seul
chiffre que le PDG de l'AMT... c'est une somme de 27,8 millions qui est
basée, lors de la création du bureau
de projet... Justement, on ne veut pas lancer des chiffres et faire des
évaluations parce qu'on est à un stade trop préliminaire pour donner une évaluation globale du coût du projet. Il
peut y avoir des estimés qui circulent dans les médias, et c'est tout à fait normal. Il y a des chiffres
qui ont circulé, mais, au niveau de l'agence, nous n'avons pas l'intention,
à ce stade-ci, de donner des chiffres.
Alors, on est extrêmement prudents sur ce plan-là, là. Je veux être clair avec
vous.
M.
Bonnardel :
Bon, j'imagine que vous ne me confirmerez pas, M. le Président, par votre
entremise, que le 2,5 milliards, que le montant que le ministre a avancé...
M. Girard
(Nicolas) : Il y aura un dossier d'opportunité qui va être présenté au
ministre des Transports, et le ministre et le Conseil des ministres prendront
une décision appropriée sur le meilleur mode choisi.
Quant
à l'enveloppe des risques sur le Train de l'Est, qui était votre autre
question, à ce jour, il y a une enveloppe de 28,5 millions qui a été autorisée par le gouvernement du Québec. Sur une somme additionnelle, on est en train de faire les évaluations, mais je vais vous donner un exemple.
Il y a trois causes pendantes au Tribunal administratif du Québec. Je ne
peux pas, moi, présumer quelle sera, M. le Président, la conclusion de ces... lors... le jugement qu'il y aura au Tribunal
administratif. Alors, ça peut avoir un impact sur le montant de l'enveloppe des
risques.
Mais
la bonne nouvelle, c'est qu'il y a une enveloppe de 90 millions et qu'on n'aura
pas besoin des 90 millions
au niveau de l'enveloppe de risques. Je
pense que, là, s'il y avait des inquiétudes qui avaient été formulées par le Vérificateur général, les inquiétudes
formulées par d'autres, je pense qu'on démontre qu'on a fait une gestion très
serrée du budget. Mais c'est un
projet, quand même, qui est majeur, qui part de Mascouche jusqu'à la gare
centrale, c'est donc un projet qui présentait des risques quand même
importants.
M.
Bonnardel : M. le
Président...
Le Président (M.
Merlini) : Oui.
M.
Bonnardel : Il y a
sept personnes qui ont claqué la porte du conseil d'administration, voilà... — trois? — trois personnes, voilà quelques mois déjà. Le Vérificateur général parle aussi de séparation des pouvoirs. Vous êtes le directeur général,
vous êtes le président du conseil
d'administration, trouvez-vous important que cette séparation des pouvoirs
puisse être bénéfique pour la gouvernance de la société — une
réponse rapide?
M. Girard (Nicolas) : Oui.
M.
Bonnardel : Et, si oui, à quelle date, la dernière fois, les
changements qui ont été demandés à deux reprises par votre conseil d'administration... Je pense qu'il y en a une première fois qui a été en 2004, si je ne me trompe pas, et la
dernière fois, qui a été...
M. Girard
(Nicolas) : Si vous le
souhaitez, M. le Président, je pourrais déposer copie des deux lettres que
nous avons acheminées pour demander des...
Documents déposés
Le
Président (M. Merlini) :
Est-ce qu'il y a consentement pour le dépôt des deux lettres? Il y a
consentement, alors oui, on va accepter le dépôt des documents. En deux
minutes... il reste deux minutes, M. le député de Granby.
M. Girard
(Nicolas) : Oui. Donc, je
vous ai indiqué, pour ce qui est de la séparation des pouvoirs entre le
directeur général et président du
conseil, que nous sommes d'accord, que ça représente bien les nouvelles
pratiques en matière de gouvernance.
C'est ce que prévoit la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État, donc nous
souhaitons... l'AMT souhaite s'y
conformer depuis que la loi a été adoptée en 2006. Nous sommes tout à fait d'accord avec ça, et ça peut faire en sorte d'améliorer la
gouvernance.
Il y a
également, effectivement, vous avez raison, trois membres indépendants qui
avaient remis leur démission parce
qu'ils trouvaient que la charge au conseil d'administration était très lourde,
et les responsabilités... Il y a trois nouveaux membres du conseil qui ont été nommés par le gouvernement, qui sont très compétents, qui sont présents dans nos conseils, il y a le comité d'audit, le comité de gestion de
projets, qui font un travail exceptionnel, qui le font bénévolement, mais
qui, évidemment, eux aussi,
trouvent que c'est une charge qui est importante. Et il est clair que, pour
assurer une meilleure gouvernance de
l'AMT, s'assurer d'avoir davantage de comités, pour s'assurer de bien encadrer
nos ressources humaines, nos projets,
notre vérification interne, l'ajout de membres indépendants aiderait l'AMT à
mieux gérer ses projets et à appuyer le
comité de direction dans ses prises de décision. Nous l'avons déjà indiqué,
nous avons eu des échanges avec le gouvernement
du Québec à ce sujet-là, et j'ai senti une très grande ouverture de la part du
ministre, l'actuel ministre des Transports.
Le
Président (M. Merlini) :
Merci pour ce bloc d'échange. Maintenant, je vais reconnaître le député de Sainte-Rose, de la partie ministérielle, pour un bloc de 10 minutes. M. le
député.
M.
Habel : Parfait. Merci, M. le Président. Je salue l'opposition officielle, la deuxième opposition, je salue nos invités
du MTQ et aussi de l'AMT.
Je voudrais
parler du plan stratégique de l'agence, que vous avez fait en novembre 2011, la
Vision 2020. Vous établissez huit
grands projets que vous voulez réaliser. Je peux vous les énumérer : le
centre d'entretien et site de garage; l'axe
Pie-IX à Montréal et à Laval, voies réservées; le réseau de métro, programme de
prolongement; mesures préparatoires au
remplacement du pont Champlain, bureau des partenaires; électrification du
réseau métropolitain; terminus d'autobus au centre-ville; Plan de mobilité de l'Ouest; augmentation de la
capacité du tunnel Mont-Royal, programme Réno-Tunnel. Moi, je voudrais
savoir : Est-ce que l'agence a un ordre de priorité parmi ces projets-là?
• (16 h 20) •
M. Girard
(Nicolas) : L'agence,
effectivement, quand on... au niveau de la priorisation, en termes de critères,
c'est sûr que le maintien d'actifs, c'est
toujours celui qui va passer en premier pour notre organisation. Jamais, comme
comité de direction, on va faire de
compromis sur la question du maintien d'actifs, ça, c'est notre responsabilité
numéro un. Et, deuxièmement, c'est la
question de l'enjeu de sécurité. Alors, surtout quand on est dans le domaine
ferroviaire comme l'AMT, ces deux
volets-là, c'est toujours, en termes de de priorisation, les deux critères les
plus importants pour notre organisation en termes de priorité... de
priorisation de projets.
Il y a
également... je dirais, par la suite, il y a des priorités qui sont émises par
le gouvernement du Québec, puisque nous
sommes une agence gouvernementale qui relevons du gouvernement du Québec. Si le gouvernement nous indique : Bien, écoutez, parmi la panoplie de grands projets que vous
avez, notre priorité, c'est celle-là, bien, c'est sûr que l'agence va
s'ajuster en fonction des priorités établies par le gouvernement du Québec.
M.
Habel : Bien, d'accord,
merci. Mais, en tant qu'agence qui est quand
même experte en transport, est-ce que vous, vous voyez un projet qui
serait plus important à réaliser qu'un autre, par exemple?
M. Girard (Nicolas) : Bien, écoutez, il y
en a... Je vous donne un exemple,
celui du tunnel Mont-Royal. Comme vous le savez, l'Agence métropolitaine
de transport, il y aura l'ajout de la ligne Mascouche, et donc on a un travail d'amélioration continue au niveau du tunnel
Mont-Royal. Et donc l'AMT aura complété la phase I du programme Réno-Tunnel
avant l'ouverture du train de Mascouche et
également, par la suite, elle mettra en place la phase II pour Réno-Tunnel.
C'est un des projets qui est extrêmement important pour nous.
Quant au
centre d'entretien, bien, on a besoin de centres d'entretien pour une raison
fort importante, c'est que nous
offrons, chaque matin et soir... Il y a cinq lignes de trains et bientôt une
sixième qui déplacent jusqu'à 70 000 personnes par jour. Donc, c'est extrêmement important, pour
offrir un service de qualité, il faut entretenir nos locaux, entretenir nos
voitures également. Et ça nous prend des centres d'entretien pour les maintenir
en bon état si on veut maintenir une qualité
de services. Et je vous disais, au début, que notre taux de ponctualité, depuis
le début de l'année, est de près de 97 %.
On est parmi les leaders en Amérique du Nord et on trouve que c'est une
performance qui est exceptionnelle. Est-ce qu'on est satisfaits? Non, mais je pense qu'on a des très bons
résultats, on peut continuer à s'améliorer, puis c'est ce qu'on veut faire. Pour pouvoir s'améliorer, il est
essentiel d'avoir des sommes d'entretien et d'avoir des outils qui vont nous
permettre de maintenir puis d'avoir des opérations de qualité pour nos clients.
M.
Habel : Parfait, merci. Donc, je comprends que, pour le moment, même
si vous n'aviez pas une hiérarchie des
huit projets, vous trouvez que l'augmentation de la capacité du tunnel
Mont-Royal en est un puis le centre d'entretien en est un aussi qui sont
à privilégier parmi les huit.
Je voudrais savoir aussi : Est-ce que, dans
les sous-phases... Il y en a qui sont à l'étape de réalisation, il y en a d'autres qui sont à l'avant-projet définitif,
comment évaluez-vous... Par exemple, je sais que, le tunnel Mont-Royal, vous
êtes en phase de réalisation pour les
réalisations de mesures de sécurité à court terme, je sais que c'est une de vos
priorités pour vous. Dans les autres,
là, dans les six autres qu'on n'a pas énumérés, est-ce que vous avez une
planification qui est quand même avancée ou...
M. Girard
(Nicolas) : O.K., bien, au
niveau des échéanciers et du financement de ces projets-là, c'est lié aux
étapes qui sont inscrites au niveau
de la directive sur les projets majeurs. Donc, le financement nous est accordé
en fonction de l'étape où est rendu
le projet. Ce que je peux vous dire, dans le cadre, par exemple, du centre
d'entretien Pointe-Saint-Charles, il est
à l'étape de l'ingénierie. L'axe Pie-IX à Montréal, Laval, il est à l'étape de
l'ingénierie. L'étagement de la jonction de l'est, il est à l'étape de la réalisation. Le Plan de mobilité de
l'Ouest, il est à l'étape de la planification. Alors, je pourrais vous en énumérer, là, j'en ai plusieurs. Le programme
Réno-Tunnel, dont j'ai parlé, il est à l'étape de l'ingénierie, et celui
du transport collectif sur le nouveau pont Champlain, il est à l'étape de la
planification.
M.
Habel : Puis est-ce que vous diriez que vous avez la capacité, parce qu'on
sait que vous devez assumer 25 % de
la facture, donc pour tous les projets qu'il y a sur la table, les huit grands
projets, est-ce que, compte tenu de votre situation financière, est-ce que vous avez la capacité de
pouvoir payer la facture, le 25 %, ou ça vous bloque en termes
d'opportunité pour aller plus loin?
M. Girard
(Nicolas) : C'est clair que...
On ne l'a jamais caché puis on l'a indiqué dans le cadre du mémoire qu'on
a déposé dans le cadre de la stratégie de
mobilité durable, l'AMT a une situation financière qui est difficile, autant
dans son fonds d'exploitation que
dans son fonds d'immobilisations. C'est un problème de financement qui est
structurel, qui ne date pas d'hier.
L'un des éléments, puis on y faisait référence tout à l'heure au niveau du
Train de l'Est, c'est un projet qui a
été financé à 75 % par Québec, 25 % par l'AMT, ça crée une pression
additionnelle sur notre fonds d'immobilisations. Nous sommes en discussion avec le gouvernement du Québec pour trouver
des solutions qui nous permettent de pouvoir réaliser l'ensemble de nos projets autant en termes de maintien d'actifs
qu'en termes de développement. Mais il est clair qu'on a une situation financière qui est très difficile, qui nous a
forcés à faire en sorte de nous libérer, là, d'un certain nombre d'employés l'an dernier et qui fait en sorte qu'on
a une situation financière aussi difficile cette année. Mais c'est une
situation qui est clairement complexe
pour notre organisation, et c'est clair qu'on souhaite avoir des sources de
financement plus stables et
récurrentes pour nous permettre de réaliser l'ensemble des projets. C'est
qu'actuellement, au niveau du fonds d'immobilisations,
c'est financé par la richesse foncière uniformisée. Le taux est le même depuis
17 ans, et, actuellement, la somme
que nous avançons annuellement n'est pas suffisante pour couvrir l'augmentation
du nombre de projets que nous devons réaliser, ce qui explique la
situation difficile de notre fonds d'immobilisations.
M.
Habel : Donc, pour le moment, pour ceux qui sont en phase de
réalisation, celui du centre d'entretien et celui du tunnel Mont-Royal,
est-ce que vous avez une difficulté financière pour ces deux projets-là
précisément?
M. Girard
(Nicolas) : Dans le cadre du
projet dont vous parlez au niveau du tunnel Mont-Royal, je vous parlais de projets qui ont été priorisés parce que c'est
des enjeux de maintien d'actifs et des enjeux liés à la sécurité. Donc, c'est
clair que c'est des projets qui sont priorisés
et qu'on a les fonds nécessaires pour pouvoir les réaliser. Mais nous sommes
en discussion avec le
gouvernement du Québec pour trouver une solution aux enjeux financiers de
l'AMT, on a des échanges sur une base
régulière avec le ministère, avec notre ministre également qui est informé de
la situation, puis je suis optimiste qu'on va trouver des solutions
ensemble.
M. Habel : Parfait. Donc, même pour
le centre d'entretien aussi, il n'y a pas de problème pour la...
M. Girard
(Nicolas) : Ici, c'est un...
fait partie... c'est un autre enjeu où il y a des discussions avec le
ministère.
M. Habel : Il me reste combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M.
Merlini) : Il vous reste 2 min 20 s.
M.
Habel : Parfait. Je vais pouvoir élaborer un autre sujet. Je sais que
vous avez fait un projet pilote au niveau du stationnement incitatif. Je voudrais juste m'assurer, premièrement,
est-ce que votre barème — parce que maintenant c'est 10 % payant pour 90 %
non payant — est-ce
que, après l'étude du projet pilote, ça va rester 10 %-90 %?
M. Girard
(Nicolas) : C'est une bonne
question. Je veux d'abord être très clair avec vous. Il n'y a aucune décision
qui a été prise au-delà du projet pilote sur
est-ce qu'il aura d'autres stationnements qui sont tarifés. Alors, la décision
n'est pas prise. C'est d'abord un
projet pilote. On a identifié six sites et on a évalué différents projets. Ce
qu'on a voulu faire... pourquoi on a lancé ce projet pilote là? D'abord,
j'ai évoqué le fait qu'on avait des enjeux de financement pour notre organisation au niveau de notre fonds
d'exploitation. Deuxièmement, parce qu'il y a des clients qui arrivent plus
tard à la gare, le matin, parce
qu'ils sont allés reconduire leur fils ou leur fille au CPE ou à l'école et
qu'ils arrivent plus tard, il ne reste
plus de place au stationnement, et qui souhaitaient avoir des places qui sont
réservées. Et on voulait aussi inciter nos utilisateurs à utiliser d'autres modes pour se rendre à nos gares, que
ce soit le transport collectif ou que ce soit le mode actif. Et on a décidé d'y aller par des pilotes où
il y a seulement 10 % à 20 % des places sur les six sites choisis qui
sont payantes, 80 % des places
demeurent gratuites. Et, notre intention est très claire, nous n'avons jamais
eu l'intention que la majorité des
places de l'AMT soient payantes. Alors, nous commençons d'abord par un projet
pilote, nous verrons les résultats au
terme d'un an puis nous soumettrons des recommandations à notre ministre. Puis,
au terme de ça, il y aura une
décision qui sera prise, mais je veux être clair avec vous que la décision sur
la poursuite ou non de cette expérience n'a pas été prise.
M.
Habel : Donc, dans le fond, suite à ce que vous avez pu voir sur le
terrain, le 10 % à 20 %, vous ne pensez pas qu'il y aurait
lieu de l'augmenter à, par exemple, 25 %, 30 %, 35 %.
M. Girard
(Nicolas) : À ce stade-ci,
c'est beaucoup trop tôt pour moi pour répondre à cette question-là parce
que le projet a débuté au mois de juillet,
on est rendu le 1er octobre, alors on a une évaluation qui est somme toute
partielle. Ce que je peux vous dire,
par contre, c'est qu'il y a certains stationnements, comme par exemple à
Deux-Montagnes, où il y a 100 %
des places qui ont été achetées, il y a une liste d'attente de près de 200
clients qui veulent avoir accès à des places réservées.
Le
Président (M. Merlini) :
Merci beaucoup pour ce bloc d'échange. Je suis prêt maintenant à reconnaître un
député du groupe formant l'opposition officielle.
Encore une fois, Mme la députée de Vachon, et la parole est à vous pour
un bloc de 10 minutes.
• (16 h 30) •
Mme
Ouellet :
Oui, merci, M. le Président. Dans le deuxième bloc, j'aimerais aborder la
question de la gouvernance. On en
parle beaucoup, d'ailleurs l'ancien gouvernement l'avait abordée, là, dans la
Stratégie nationale de mobilité
durable, donc une stratégie qui visait la gouvernance. Puis il y a deux objets
de gouvernance, il y a un objet qui concerne
plus la composition du conseil d'administration de l'Agence métropolitaine de
transport, mais un autre volet qui concerne un peu le système tarifaire
unique.
Donc, je vais
commencer sur le premier volet. Et, suite aux demandes qui ont été faites à
deux reprises par le conseil d'administration
de l'AMT, je me demandais si vous aviez fait du balisage avec d'autres agences
en Amérique du Nord pour voir c'est
quoi, les meilleures pratiques. Parce que, dans le milieu, moi, j'ai reçu
toutes sortes de demandes, plus de gens
des municipalités, moins de gens des municipalités, et donc il y a toutes
sortes de tendances, là, qui sont présentes, là, dans le milieu actuellement. Et donc je me demandais si vous avez fait
un balisage puis si vous pourriez nous donner un petit peu les résultats
de ce balisage-là si vous en avez fait un concernant, là, les conseils
d'administration.
M. Girard
(Nicolas) : Ceux que nous,
on connaît le mieux sont ceux de Metrolinx, qui est situé à Toronto,
et celui de TransLink, qui est situé
à Vancouver, puisque, comme on est des agences qui se ressemblons et
qui ont des rôles qui s'apparentent,
nous nous rencontrons sur une base régulière
pour échanger sur nos meilleures pratiques. Je peux vous dire que, dans le cas de Toronto, depuis 2009, le
conseil d'administration est composé de 15 membres indépendants, il n'y a
aucun élu municipal. Dans le cas de
Vancouver, TransLink, depuis 2014, il y a sept indépendants et deux élus, donc
pour 11 personnes qui sont
représentées. Les 15 membres indépendants au niveau du conseil d'administration
de Metrolinx sont nommés par le
secrétariat des nominations du gouvernement de l'Ontario en fonction de leur
profil d'expertise. Dans le cas de
TransLink, les sept membres indépendants du conseil sont sélectionnés par le
conseil des maires à partir d'une liste qui est établie par un panel de sélection.
Donc, ça, c'est les modèles qu'on connaît qui existent au Canada auprès de Vancouver et de Toronto. C'est des modèles, et,
au niveau de ces deux endroits-là, Toronto et Vancouver, eux, semblent
satisfaits, en tout cas les dirigeants, de la façon dont ça fonctionne.
Maintenant,
sur quel type de modèle devrait être appliqué au Québec dans la grande région
de métropolitaine, ça, ce n'est pas à
l'AMT de prendre cette décision-là, elle appartient au gouvernement du Québec
et aux élus. Et nous travaillerons en fonction des décisions qui seront
prises par le gouvernement du Québec.
Mme
Ouellet :
Donc, un modèle assez différent de ce que nous avons qui est quasiment
paritaire, là...
M. Girard (Nicolas) : Effectivement, notre conseil est composé de sept membres, trois élus,
quatre indépendants, et qui comprend...
Mme
Ouellet :
Inclus, c'est ça.
M. Girard (Nicolas) : ...le président-directeur général et qui est aussi président du conseil.
Mais, dans les deux cas, il y a
davantage de membres au conseil que celui actuel à l'AMT, là, au niveau du
fonctionnement. Dans le cas de Metrolinx, ce que je peux peut-être ajouter, c'est qu'il relève directement du
gouvernement de l'Ontario et que le financement et les investissements
proviennent essentiellement, là, de la province. Et donc c'est pour cette
raison-là qu'ils procèdent de façon-là.
Donc, le lien direct se fait entre Metrolinx et le gouvernement provincial, là.
Et, au niveau de TransLink, c'est un
organisme qui est créé par le gouvernement provincial et qui a des
responsabilités régionales. Et donc le TransLink, il ne relève pas du conseil des maires, mais c'est
un organisme autonome qui est dirigé par un conseil d'administration qui est formé d'une majorité de membres
indépendants. C'est les choix qui ont été faits là-bas. Eux aussi ont eu des
débats sur la gouvernance, à Toronto
et à Vancouver. Les gouvernements ont eu à se pencher là-dessus comme c'est le
cas pour le gouvernement du Québec.
Mme
Ouellet : Je suis assez surprise quand même de voir qu'à
Toronto il n'y a aucun élu, là, on dit depuis 2009. Avant 2009, c'était quoi, la situation? Puis
qu'est-ce qui les a amenés à prendre cette décision-là au niveau de tous des
membres indépendants?
M. Girard (Nicolas) : Écoutez, au niveau de Metrolinx, le changement a eu lieu en 2009, on
nous a indiqué qu'à l'époque il y a
eu différentes périodes. Mais, entre 2006 et 2008, il y avait neuf élus
municipaux et cinq indépendants pour un
total de 14 membres. Et ils ont pris la décision de modifier la composition du
conseil pour ramener ça à 15 indépendants et aucun élu municipal. Je pense que ça avait aussi un lien avec le fait
que le principal bailleur de fonds de Metrolinx est le gouvernement ontarien, qui est le principal
bailleur de fonds. Ce qu'on nous a indiqué, dans des échanges qu'on a eus
avec eux, c'est qu'un des motifs qui
auraient été évoqués est le fait qu'en ayant davantage de membres indépendants
c'est l'intérêt régional qui prime
sur l'intérêt local et que ça facilite la gouvernance du conseil. Maintenant,
c'est difficile de tirer une conclusion de ça dans la mesure où ça
dépend de la réalité de chacune des grandes régions métropolitaines, Vancouver, Toronto ou Montréal, puis ça, ces
décisions-là, ça n'appartient pas à l'AMT, ça appartient au gouvernement
du Québec. Mais c'est les raisons qu'on nous a indiquées pour procéder à un
changement dans cette région-là.
Mme
Ouellet : O.K. Et est-ce que ça a facilité, à Toronto, la...
Parce qu'une des critiques relevées par le Vérificateur général, c'était, des fois, la difficulté de
décision. J'imagine que, lorsqu'il y a des élus qui sont de différentes régions
de la région métropolitaine, ils ont
chacun leurs priorités de projet. Je suis de la Rive-Sud, donc je peux
comprendre ça. On a des priorités,
hein, sur la Rive-Sud qui ne sont peut-être pas tout à fait les mêmes que sur
la Rive-Nord, normal. Donc, est-ce
que, d'après vous, c'est un des éléments qui est venu influencer la décision
du... la composition du conseil d'administration?
M. Girard (Nicolas) : Eux, ce qu'ils nous ont indiqué dans les échanges qu'on a pu avoir avec
eux, c'est que le fait d'avoir des
membres indépendants qui ont des compétences et qui ont des profils différents
visait à faire en sorte de renforcer la prise de décision, la composition des
comités qui sont mis sur pied par ces agences-là et que ça fait en sorte
qu'il y a une efficacité organisationnelle
plus importante. C'est un des motifs pour lesquels ils l'ont fait et ça semble,
dans leur cas, donner de bons
résultats. C'est les informations qu'on a eues. Je ne sais pas si, Ludwig, tu
veux peut-être ajouter des éléments additionnels, tu as étudié ça aussi.
M. Desjardins (Ludwig) : Oui, en fait, c'est ça. Bien, c'est un des
modèles, en partie, qui s'est basé un peu sur l'AMT aussi par rapport à
l'exploitation des trains, parce qu'avant il y avait la compagnie GO qui
exploitait des trains de banlieue,
qui était financée par le gouvernement. Il y avait Metrolinx
qui avait été créé, donc ils ont associé les trains à l'organisme. Effectivement, le changement au C.A.
s'est passé parce qu'il y avait eu des difficultés avec certains projets
ou il y avait eu des blocages, des oppositions locales face à certains projets.
Donc, ils ont fait un virage... Comme le financement
venait en grande portion du palier provincial, pour les projets
d'immobilisations, ils ont fait un virage vers un C.A. plus indépendant, justement, pour accélérer le processus de
projet. Il y avait beaucoup d'argent qui venait aussi du provincial au
même moment. Donc, il y avait vraiment la nécessité de rendre la livraison des
projets plus rapide.
Le Président (M.
Merlini) : Mme la députée, il vous reste 1 min 45 s.
Mme
Ouellet : Oui, donc, sur le deuxième sujet, puis on fera ce
qu'on pourra comme temps, sur le système tarifaire, ce que je comprends, c'est que l'AMT a eu
l'occasion dans le passé de gérer un projet pilote de tarif unique lorsqu'il y
a eu des problématiques au pont
Champlain. Donc, j'aimerais ça vous entendre sur ça. Ça veut dire que ça a déjà
été fait et c'est possible de le faire encore. Comment vous voyez cette
question-là du tarif unique?
M. Girard
(Nicolas) : La complexité, actuellement, c'est que, dans la grande région métropolitaine, il y a
700 tarifs, ce qui fait que,
souvent... Je vous dirais que nous, l'AMT, on fait des consultations publiques auprès de nos clients à chaque année, et l'élément qui ressort le plus quand on
rencontre des clients, c'est qu'on nous dit : C'est compliqué de partir du
point x puis de me rendre au point y. Avec
700 tarifs, le client a de la difficulté à s'y retrouver, et on voudrait
simplifier la tarification. Ça, je
vous dirais que c'est le sujet de l'heure, là, ceux et celles qui prennent le
train, l'autobus et le métro, c'est
un sujet qui revient souvent, de simplifier la tarification. On a créé un
comité sur la tarification avec l'ensemble de nos
partenaires, puis ce qu'on souhaite, c'est que c'est l'intérêt
régional qui prime sur les intérêts locaux. Et je pense que c'est les
attentes également du gouvernement du Québec. Et ça, c'est un élément qui est
fort important.
On a, dans le cadre de la problématique qu'il y
a eu au pont Champlain... Vous vous
rappellerez, avec l'épisode de la
super poutre, l'AMT a accepté, pendant une certaine période de temps, des
titres de CIT ou de sociétés de transport pour que les gens puissent transiter par nos trains de banlieue. Ce que
ça a eu comme effet, c'est qu'il y a eu une augmentation significative du nombre de clients qui ont
utilisé la ligne Saint-Hilaire et la ligne Candiac. Ça a eu un effet bénéfique.
Et, actuellement il y a sept zones tarifaires dans la grange région
métropolitaine. On voudrait réduire le nombre de zones tarifaires et simplifier la tarification comme ça existe
dans d'autres municipalités
canadiennes. Ils ont des débats là-dessus
dont on souhaiterait s'inspirer. Et on va remettre éventuellement une
proposition pour simplifier la tarification dans la région. Mais, quand on parle de gouvernance, c'en est un, débat,
fort important, et qui a un effet direct sur les clients.
Le
Président (M. Merlini) : Merci pour ce bloc d'échange. On se tourne
maintenant vers la partie ministérielle du gouvernement. M. le député
d'Orford, la parole est à vous pour un bloc de 10 minutes.
• (16 h 40) •
M.
Reid :
Merci, M. le Président. J'aimerais revenir à la présentation de la
sous-ministre où... vous avez dit : «La recommandation adressée au
ministère dans le chapitre 4 du rapport [du Vérificateur sur]...» «...de
l'optimisation des ressources...» «...de la
vérification de l'optimisation des ressources de novembre 2013 se libellait
comme suit : "Revoir les
processus et les contrôles liés aux modalités de financement des grands projets
pour qu'ils permettent de détecter les problèmes
potentiels dans la gestion du coût, [gestion] de l'envergure, [gestion] de
l'échéancier et [gestion] des risques..."» C'est quatre éléments intéressants et tout le monde a fait au moins un
des quatre, hein, dans les projets. Et ça surprend beaucoup de monde que le vérificateur dise à un ministère,
quand même où il y a du monde
expérimenté, qu'il doit faire... disons,
changer ses processus ou revoir ses processus pour ça. Quand on a eu la chance
soit d'enseigner ces matières-là, parce
qu'on dit tous ça, bien théorique, tout le monde est d'accord, et qu'on a eu la
chance d'être dans des organisations publiques
ou privées, on s'aperçoit que finalement, dans la réalité, même si théoriquement
c'est clair qu'on devrait tous faire
ça, on ne le fait pas toujours. Alors, le vérificateur, disons, a trouvé que
c'était suffisamment important pour en faire une recommandation.
Dans votre discours, ce que vous avez dit, c'est
un peu... vous avez parlé globalement un peu, ça a amené des nouvelles pistes, etc., mais on n'a pas de
détails. J'aimerais ça, moi, qu'on prenne chacun de ces morceaux-là puis que
vous nous donniez un petit peu de détails.
Commençons par des processus que vous avez révisés pour mieux détecter des
problèmes d'abord dans les coûts, puis ensuite on passera à chacun des autres.
Je vous pose quatre questions.
Mme Sylvain (Ginette) : Je pense que
c'est un tout, la gestion de projet. Excusez...
M.
Reid :
Oui, mais c'est justement, j'aimerais qu'on ne le regarde pas juste comme un
tout parce que j'aimerais avoir des
exemples concrets. Par exemple, faites comme vous voulez, des exemples ou une
explication de comment est-ce qu'on...
Bien, prenons... Commençons par un autre cas qui était de toute évidence moins
bien géré encore, c'est le risque, c'est ce qui est le moins bien géré dans
tous les projets que j'ai vus, dans toutes les organisations privées ou publiques.
Mme Sylvain (Ginette) : Le premier
geste que le ministère des Transports a posé, c'est de créer la Direction
générale adjointe des projets stratégiques où je suis. Je suis arrivée avec le
mandat d'organiser, autant du côté...
Une voix : C'est concret, là.
Mme
Sylvain (Ginette) : C'est
concret, je suis là. Il y a les projets routiers et les projets de transport
collectif. Alors, c'est de
dire : Maintenant, on va gérer ces projets-là de façon très rigoureuse,
respecter les coûts, les échéanciers et
la gestion des risques. Souvent, les projets n'avaient pas d'enveloppe pour la
gestion des risques. C'était... on disait... On voulait avoir le coût le plus bas possible, puis on laissait les
risques de côté. Puis, à un moment donné, quand ça arrivait, bien, on excédait les budgets. Ce n'est pas le cas
maintenant. Quand on fait les projets, il y a toujours une enveloppe de contingences, une enveloppe de risques. C'est sûr
que les projets paraissent plus gros, mais c'est une réalité, ce qui fait
qu'aussi au plan... au PQI, qu'on appelle, les projets figurent avec une
enveloppe de risques.
M.
Reid :
Donc, ça veut dire que maintenant il y a une évaluation qui est faite des
risques avec les techniques appropriées pour arriver à une enveloppe pour
dire : Voici, on se donne cet élément-là.
Mme Sylvain
(Ginette) : Oui, tout à fait.
M.
Reid :
Est-ce que vous faites la même chose avec... parce qu'on parle de... le
vérificateur parle de gérer l'envergure.
L'envergure, là, l'envergure d'un projet, essentiellement c'est gérer les «tant
qu'à faire, on va faire ça». C'est ça que ça veut dire, à toutes fins
pratiques, là, hein? Puis, quand on fait un projet, que ce soit en informatique
ou en construction routière, tout ça, ça se
ressemble beaucoup, mais c'est les «tant qu'à faire», là, ça détruit
complètement un projet parce que tu
recommences à tout bout de champ ce que tu as déjà fait, puis il faut que tu
refasses des éléments, puis ça grossit, ça grossit, puis on s'en aperçoit plus
ou moins. Donc, qu'est-ce que vous avez fait concrètement, je comprends pour les risques, qu'est-ce que vous avez fait
concrètement, dans votre division, pour s'assurer qu'on contrôle les «tant
qu'à faire»?
Mme
Sylvain (Ginette) : Je pense
que la directive ou l'ancienne politique-cadre à laquelle le Train de l'Est
n'était pas assujetti à l'époque
vient nous encadrer sur ces éléments-là. On ne peut plus faire n'importe quoi,
n'importe comment. Et, quand on
définit le dossier d'opportunité, ce que Nicolas expliquait tantôt, il faut
définir les options, avec chaque option, une analyse avantages-coûts, ce qui fait que, quand le gouvernement va
dire :«Go», de poursuivre les études après le dossier d'opportunité, il va faire un choix éclairé, et
normalement on souhaite que les coûts soient les plus précis possible au
dossier d'opportunité.
Il a été décidé aussi que les études
environnementales se feraient entre le dossier d'opportunité et le dossier d'affaires, ce qui fait que, si l'étude
environnementale amène des modifications au projet, le gouvernement saura ce
que ça coûte exactement de demander
telle chose, telle chose, comme modification au projet, lors de la décision du
dossier d'affaires. Il n'y aura plus
d'approbation du décret environnemental en dehors du projet si on ne sait pas
ce que ça coûte. On veut vraiment
mettre les deux en parallèle et qu'il y ait des décisions éclairées par rapport
aux différents choix. Alors, la
portée puis la gestion des coûts aussi vont se faire... on va quand même trois
fois au Conseil des ministres pour faire approuver les projets. Alors,
je pense que c'est assez bien encadré.
De plus, je
dis tout le temps : Je vais parader une fois par mois au Conseil du
trésor, je fais état des différents projets et je parle des différents enjeux et comment ils peuvent m'aider à
améliorer les choses aussi ou à m'aider à, mettons, si j'ai un problème parce qu'il y a la portée et ça n'a
pas d'allure, bien, eux, le Conseil du trésor, souvent, vont nous aider à
régler ces différents problèmes là.
Ils sont très impliqués, ce qui, à mon avis, l'était moins avant la
politique-cadre et... Puis, pour les
projets de transport collectif, ils sont également accompagnés de la SQI, la
Société québécoise des infrastructures, ce qui n'est pas le cas pour
tous les projets du ministère des Transports.
L'autre
élément, on a aussi convenu avec l'AMT, puis vraiment ils ont été agréables
avec nous à ce sujet-là... ils ont
accepté qu'on codirige les projets. Alors, tous les comités directeurs sont
coprésidés par l'AMT et par le MTQ. Alors, on est au fait de tout ce qui se passe dans les projets, également
dans les comités de suivi et dans bien d'autres comités qui existent aussi. Alors, depuis deux ans, on
travaille en étroite collaboration avec eux. On est très présents, et je pense qu'on est là pour les aider dans
les projets mais aussi pour garder l'encadrement de la directive.
M.
Reid : Bien, je
vous remercie. C'est quand même
assez rassurant, là. Et on sait que le Vérificateur
général normalement devrait réviser
ou refaire une visite, et on aura des détails. Mais, a priori, là, ce que vous
dites, là, c'est assez rassurant parce qu'on a l'impression qu'on peut éviter ainsi les problèmes
qu'on a connus, là, parce que sur le plan de la gestion... le mode de
gouvernance nécessaire. Est-ce qu'il me reste encore un peu de temps?
Le Président (M. Merlini) : Oui.
M.
Reid : Oui? Alors,
moi, je...
Le Président (M. Merlini) : Il vous
reste tout près de 3 min 15 s.
M.
Reid : Bon, bien, je vais poser la question
à M. Girard, qui a l'habitude, lui, de dire beaucoup de choses en peu de temps parce qu'il a une bonne
expérience de l'Assemblée nationale au salon bleu. Et la question,
c'est : Dans votre discours, à
la huitième page, vous dites, bon : «Ces nouveaux processus de gestion,
nous les appliquons tout particulièrement dans notre programme triennal d'immobilisations, notre outil par excellence pour la planification de projets à réaliser.» Et vous dites : «Avant 2012, nous
reconnaissons que le PTI proposait une liste des besoins exprimés», donc une
liste d'épicerie. «Depuis, au fil des
éditions, nous avons apporté d'importants changements au processus d'élaboration du PTI pour — et là vous dites — mettre en évidence — et, là-dessus, je vais vouloir avoir des
détails — l'incidence
des limites financières et de la
priorisation.» Ce que je comprends, c'est de tenir compte dans le PTI qu'il y a
de l'argent ou qu'il n'y en a pas, et, d'autre part, évidemment, on parle de priorisation.
Mais, quand vous dites : «Pour mettre en évidence», c'est pour mettre en évidence aux yeux de qui?
Parce que, tout de suite après, vous dites : Grâce à ce travail de
resserrement, on a réussi à ramener
de 1,6 milliard à 1,1 milliard pour l'édition 2014‑2016 et on va
encore faire mieux pour la prochaine fois. Alors,
dans ce processus-là, que vous avez, vous préparez l'information et une
meilleure utilisation ou une meilleure connaissance
des priorités et des limites financières. C'est pour quel décideur? Et quelle
discussion se fait de ça? Par qui?
M. Girard
(Nicolas) : Parce qu'avant
de... dans le processus d'élaboration du plan triennal d'immobilisations,
on rencontre les élus des différentes
municipalités. L'AMT couvre un large territoire de 83 municipalités. Alors,
auparavant, quand on allait
rencontrer les partenaires, évidemment, chacun nous faisait sa demande pour son
projet, puis c'est tout à fait normal, ils
défendent les intérêts de leurs citoyens. Là, lorsqu'on va rencontrer les élus,
on leur explique la situation financière,
notre marge de manoeuvre ou pas, dans ce cas-ci, présentement, de notre
situation financière qui est très difficile, ce qui fait en sorte que les demandes sont beaucoup plus limitées.
Alors, ça fait en sorte... quand je disais, dans le discours, qu'on peut arriver avec un PTI qui est resserré,
avec moins de projets, bien, ça tient compte de la capacité de payer de
l'agence.
Priorisation,
j'en ai parlé un peu plus tôt, c'est-à-dire de dire : Écoutez,
prioritairement, ce qu'on va faire, c'est les projets de maintien
d'actifs, les projets qui touchent la sécurité et les demandes qui nous ont été
formulées par le gouvernement du Québec.
Alors, on exprime ça aux élus et aux représentants. Le Vérificateur général
nous a aussi demandé, dans la
préparation de nos PTI futurs, de faire en sorte d'indiquer les projets qui ont
les ressources pour être réalisés et ceux et celles qu'on souhaite faire
mais qu'on ne peut pas réaliser.
Donc, cette
année, vous allez voir apparaître dans le PTI une façon différente de présenter
les projets, qui va tenir compte de notre capacité de payer qu'on
pourrait... Je vais faire une analogie un peu comme les pastilles de couleur à la SAQ, alors, où on va essayer d'illustrer les
projets où on a les ressources pour pouvoir les financer, les projets, ou qu'on
souhaite réaliser mais qui doivent être
retardés ou décalés dans le temps. C'est un peu la formule qu'on va adopter.
J'essaie de vous résumer ça rapidement, là, mais c'est à peu près le
plan de match que l'on a.
M.
Reid : Je ne me
trompe pas si...
Le Président (M. Merlini) : Rapidement.
M.
Reid :
Oui, quelques instants. Je ne me trompe pas si je vous dis, par exemple, que
ça... Autrement dit, vous allez
présenter aux élus des éléments pourquoi leurs projets sont priorité ou pas
priorité pour des bonnes raisons. Ça leur donne aussi à eux des
arguments face à leur conseil, j'imagine, et face à leurs électeurs...
M. Girard (Nicolas) : Exact.
M.
Reid :
...à leurs concitoyens pour dire : Bien, c'est bien le fun d'avoir ça,
mais là on... Je comprends que les priorités,
c'est la sécurité, etc. Ça leur donne des arguments logiques. Sinon, ça devient
juste : qui crie le plus fort va avoir le plus, et comme on a connu
souvent, là.
M. Girard (Nicolas) : C'est...
M.
Reid : C'est très
intéressant.
• (16 h 50) •
M. Girard
(Nicolas) : Effectivement,
on veut faire en sorte... On a une approche qui est différente, puis on
travaille avec nos partenaires, on les
rencontre sur une base régulière et on veut les tenir au courant de notre
situation financière et des projets
qu'on peut réaliser, qu'on ne peut pas réaliser, et des projets qu'on souhaite réaliser, mais qui se réaliseront sans doute plus tard, compte tenu de notre situation financière. Il faut qu'on gère les finances de
l'AMT en fonction de notre capacité financière, et c'est donc une
approche qui est différente au niveau
de la gestion, qui n'est pas nécessairement
plus facile mais qui est plus responsable.
Le
Président (M. Merlini) :
Merci pour ce bloc d'échange, M. Girard, M. le député d'Orford.
Alors, maintenant, au
tour du deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Granby,
la parole est à vous pour un bloc d'une dizaine de minutes.
M.
Bonnardel : Merci,
M. le Président. Rapidement,
M. Girard, donc vous confirmez, avec la mention que vous faites à la
page 8, qu'on passe donc d'un PTI 2009-2011 qui était de 1,6 milliard à
1,1 milliard pour 2014-2016, vous confirmez
que c'est une des premières fois, sinon la première fois, que l'AMT va
avoir un budget d'immobilisations en dessous de 1 milliard, donc...
M. Girard (Nicolas) : Oui.
M.
Bonnardel : Parce
que c'est une période creuse où il y a moins de projets en vue?
M. Girard (Nicolas) : C'est une période qui est difficile pour notre organisation, donc il y a des projets qu'on ne peut pas réaliser ou, dans certains cas, qu'on va devoir réaliser
plus tard. Dans d'autres cas aussi, il
y a des projets qui arrivent à terme, là, je parle notamment
du Train de l'Est, qui va être réalisé le 1er décembre prochain. Puis il y a...
Ça, c'est un autre facteur qui occupait une bonne part, puisqu'on doit
payer 25 % de la somme dans notre plan triennal d'immobilisations. On est
beaucoup plus prudents dans nos approches.
M.
Bonnardel : Vous...
M. le Président. Vous recevrez moins d'argent du gouvernement?
M. Girard
(Nicolas) : C'est-à-dire
qu'au niveau du financement, pour essayer de vous expliquer ça clairement,
au niveau du fonctionnement au niveau de
l'Agence métropolitaine de transport, on a deux fonds : on a un fonds
d'exploitation et on a un fonds
d'immobilisations. Le fonds d'immobilisation, le financement c'est... le
paiement des dettes est financé par les contributions municipales annuelles, qui
est 0,01 $ par tranche de 100 $ de la valeur foncière de la région
métropolitaine. Alors, le fonds
d'immobilisations, en 2013, a totalisé 41 millions, puis, en 2014, ce sera
de 45 millions. Et actuellement on
n'est pas en mesure de faire... notre demande en termes de projets est plus
importante et ça ne permet pas de couvrir l'ensemble des projets, si
j'avais à résumer ça plus simplement.
M.
Bonnardel :
Vous ne me dites pas si vous recevez moins d'argent, mais une chose qui...
M. Girard
(Nicolas) : Bien, c'est-à-dire qu'on n'en reçoit pas... le taux est
demeuré le même depuis 17 ans, mais... — comment je vous dirais? — le taux de... est demeuré le même depuis 17
ans, sauf que la croissance de la RFU n'est
pas suffisante pour nous permettre de faire face à l'ensemble de nos
obligations dans notre PTI. Le reste, le gouvernement finance 75 % d'un certain nombre de projets qu'il
établit à l'intérieur de son PQI, et l'AMT finance, lui, sa portion, un 25 %, pour un certain nombre de
projets. Pour les grands projets d'infrastructure, comme le pont Champlain ou le métro,
c'est financé à 100 % par le gouvernement du Québec, l'AMT n'utilise pas
une partie de son fonds d'immobilisations pour le financer.
M.
Bonnardel : Ce qu'il y a de particulier, M. Girard, c'est
qu'entre le PQI 2013-2023, que le gouvernement du Parti québécois avait déposé, et celui de
2014-2024, que le nouveau gouvernement vient de déposer, il y a un transfert
entre le réseau routier et le transport collectif.
Dans ce PQI 2014-2024, il y a 1,2 milliard de plus qui est donné pour le
transport collectif sur 10 ans. Or, comment vous considérez le fait que... vous
dites qu'il y aura moins d'argent investi. On sait déjà que... 40 % du budget consacré au transport collectif,
depuis les cinq dernières années, qui n'a pas été utilisé. Comment concevoir que le gouvernement, le MTQ, met
1,2 milliard d'argent de plus pour le transport collectif versus le
fait que vous dites : En 2015-2017, ça
va être une période extrêmement creuse pour l'AMT? Il y a des incongruités,
quelque chose qui ne fonctionne pas, là.
M. Girard (Nicolas) : Bien, écoutez, d'abord... Peut-être que le ministère aussi peut y
répondre. Mais l'agence, l'AMT, elle fonctionne... Je vous ai indiqué un
fonds d'immobilisations qui est financé par la RFU, puis un fonds d'exploitation qui est financé par les
contributions des taxes sur l'essence, les droits d'immatriculation, les
contributions municipales puis les
revenus de ses clients. Donc, c'est deux fonds distincts, qui ont des sources
de revenus distinctes. Pour ce qui est du volet PQI, bien, je vais plus
laisser ma collègue répondre.
M.
Bonnardel :
Vous permettez, M. le Président?
Le Président (M.
Merlini) : Oui, allez-y.
Mme Sylvain (Ginette) : Alors, c'est un peu ce que M. Girard disait, c'est
que nous, oui, on a augmenté l'enveloppe
du PQI, il y a de la disponibilité. Puis, comme il vous dit aussi, les projets
ne se sont pas tous réalisés. Et le problème
de l'AMT et de son financement, il n'est pas propre seulement à l'AMT, il y a
d'autres sociétés de transport qui
ont le même problème aussi. Le 25 % qu'ils doivent couvrir, ils ne sont
pas capables de le générer à même leurs revenus autonomes. Alors, dans l'équipe de Mme Dompierre — elle pourra peut-être vous expliquer plus
amplement ce qu'il en est — il y a une réflexion majeure qui est faite
sur le financement. Je l'ai dit aussi dans mon discours d'ouverture, c'est
qu'on veut bien refaire la gouvernance, mais
il faut aussi revoir le financement des sociétés de transport. Ils ont atteint
une limite à leur contribution du 25 %
dans les différents projets parce qu'ils se sont endettés, et, à un moment
donné, ils n'ont plus la capacité de le faire.
M.
Bonnardel : M. le Président, c'est quoi, la proportion de
transport collectif qui passe par l'AMT? Parce que, là, je suis un petit peu
inquiet de vous écouter, les deux, là. Un me dit que ça va être à la baisse;
l'autre côté, le PQI, c'est inscrit
1,2 milliard de plus en transport collectif. On sait qu'on a 40 % du
budget du transport collectif qui est non utilisé. Est-ce que vous savez la portion de transport
collectif qui peut être portée par l'AMT? Parce que, là, si, d'un côté on met
plus d'argent, puis, de l'autre côté, l'AMT
dit : Bien, moi, c'est une période creuse pour moi, je ne comprends plus,
là.
Mme Sylvain (Ginette) : Oui, mais je pense qu'il faut revoir le modèle de
financement des sociétés de transport. L'AMT
représente 30 % du PQI, de toutes les sociétés de transport, mais il faut
vraiment revoir le modèle financier. On est à cette étape-là. Je laisserais France Dompierre vous expliquer un
peu où ils en sont dans les travaux par rapport à la révision.
M.
Bonnardel : Si vous me permettez, M. le Président, vous
parlez de revoir le mode de financement? C'est ça, hein?
Mme Sylvain
(Ginette) : Comment sont financées les sociétés de transport.
M.
Bonnardel :
C'est assez important.
Mme Sylvain
(Ginette) : Oui, c'est important, oui.
M.
Bonnardel :
Puis là, vous... Donc, un PQI qui annonce des investissements additionnels, il
faut revoir le mode de financement, des surplus en transport collectif;
vous avez tout un chantier.
Mme Sylvain
(Ginette) : Oui.
M.
Bonnardel : O.K.
Vous avez deux minutes peut-être pour me rassurer.
Mme
Dompierre (France) : Oui,
certainement. Peut-être juste sur le PQI, par exemple, de dire, dans le fond,
qu'au niveau du PQI, les sommes qui sont
consacrées, la très grande majorité des sommes sont pour le maintien des
actifs. Donc, c'est sûr que, quand on
regarde le PQI dans sa globalité, il y a des sommes importantes qui sont
consacrées pour la réfection du métro
à Montréal, etc. On me dit, parce que, là, on me l'a soufflé, le chiffre, en
arrière, là, c'est à peu près 30 % qui va à l'AMT, mais il y a une
part importante qui est à la STM.
Quand on
parle de revoir le financement, je le présenterais... il y a des personnes dans
la salle qui connaissent très bien le dossier, mais, dans le cadre de la
Stratégie nationale de mobilité durable, on avait une proposition de révision
de la gouvernance, mais on avait également un chantier sur le financement du
transport collectif. Je le présenterais de cette façon-là. Le chantier sur le financement du transport collectif, c'était
en lien avec l'entente Québec-municipalités, et c'était de revoir, dans le fond, l'ensemble des capacités
financières, comme l'a dit Ginette, pour assumer le développement du
transport en commun mais également le maintien des actifs.
Aujourd'hui, où nous en sommes, la gouvernance
dans la région de Montréal demeure un enjeu. La Stratégie nationale de mobilité durable, c'est une décision
qui a été prise par le gouvernement précédent. Mais il y a énormément de bons éléments dans cette stratégie-là qui sont
repris par le gouvernement actuel, dont le transfert du milliard dont vous
venez d'évoquer vers le transport en commun,
du réseau routier vers le transport en commun. Mais, quand on parle de gouvernance dans la région de Montréal, le premier
ministre a confié au ministre des Transports de revoir toute la loi et l'encadrement au niveau de l'AMT et de la région
de Montréal. Quand on parle de gouvernance, bien, forcément, il est
question de financement, qui paie quoi. M. Girard l'a dit...
M.
Bonnardel : O.K.
Mme Dompierre (France) : Oui,
pardon.
M.
Bonnardel :
Donc, vous me dites, parce que je n'ai pas beaucoup de temps, là, vous me
dites : S'il faut revoir la loi
sur la gouvernance, ça va impliquer aussi de revoir son mode de financement? On
n'est pas sorti du bois, là. C'est demandé depuis 2004 de revoir la loi,
là. C'est ça que vous m'avez donné tantôt, M. Girard?
M. Girard (Nicolas) : Il y a eu...
M.
Bonnardel : Il y a
eu 2004, il y a eu 2012.
M. Girard (Nicolas) : En 2006 qu'a
été...
M.
Bonnardel :
2006, 2012? Alors, est-ce qu'il y a un échéancier? Est-ce que quelqu'un est
capable de nous dire qu'on va en arriver à quelque chose dans six mois,
dans trois mois?
Mme Dompierre (France) : C'est sûr
qu'on a un échéancier. On est en échange avec le cabinet sur une base régulière sur toutes ces questions-là. Évidemment,
c'est une décision gouvernementale. Il y a des échanges qui sont prévus entre le ministre des Affaires municipales, le
ministre de la Famille et le ministre des Transports. Ça a été dit à ce
sujet-là aussi. Pour l'instant, ce qui est planifié, c'est des
changements législatifs plus ou moins à l'automne 2015.
M.
Bonnardel : Donc, vous me confirmez qu'il y aura une loi qui
va être déposée par le gouvernement pour changer ça.
Mme Dompierre (France) : Confirmer,
c'est un grand mot.
M.
Bonnardel : Bien,
on y travaille.
Mme Dompierre (France) : C'est dans
l'échéancier, au moment où on se parle.
M.
Bonnardel : O.K.
Le Président (M. Merlini) : Moins
d'une minute, M. le député de Granby.
M.
Bonnardel :
Bon. Bien, rapidement, M. Girard, vous serez sûrement content que je vous pose
la question sur les stationnements payants. Vous vous souvenez?
M. Girard (Nicolas) : Oui, je vais
pouvoir répondre, dans ce cas-ci.
• (17 heures) •
M.
Bonnardel :
Alors, dites-moi que ça va bien ou pas bien, ou encore une fois si le projet
pilote restera un projet pilote.
M.
Girard (Nicolas) : Bien,
comme j'ai indiqué tout à l'heure à une question d'un de vos collègues,
d'abord, c'est six sites qu'on a
identifiés. Ça a été lancé le 1er juillet, on est rendus au mois d'octobre. À
ce jour, on a des sites où... par exemple, à Deux-Montagnes, vous avez
100 % des places qui sont vendues et des gens qui sont sur une liste d'attente. Comme je vous ai dit, c'est 10 % à
20 % des places qui sont tarifées, 80 % des places demeurent
gratuites. Mais la décision — si nous décidons d'aller au-delà des projets
pilotes — n'est
pas prise et elle sera discutée en collaboration avec le ministre des
Transports au terme de l'exercice pilote.
M.
Bonnardel : Merci.
Le Président (M. Merlini) : Une
dernière? Vous avez le temps d'une dernière.
M.
Bonnardel :
Non, non, ça va aller. Je vais laisser le temps à mon collègue, si vous pouvez
mettre les secondes, donner à mon collègue...
Le
Président (M. Merlini) : Très bien. Alors, merci pour ce bloc
d'échange, messieurs, mesdames. Prêt maintenant à aller du côté du
gouvernement encore une fois. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à
vous.
Mme de Santis :
Merci. M. Girard, je suis nouvelle, même si je suis là depuis deux ans.
J'aimerais connaître un peu combien
de personnes travaillent... combien d'employés il y a chez l'AMT et c'est quoi,
votre budget de fonctionnement.
M. Girard
(Nicolas) : Alors, au niveau
de notre budget, notre fonds d'exploitation, qui sert notamment à payer nos
employés, en 2014 ce fonds totalisait 259 millions de dollars et il est
financé par les contributions de la taxe sur l'essence,
les droits d'immatriculation, les contributions municipales et les revenus des
clients. Et on a un deuxième fonds, qui
est le fonds d'immobilisations, qui, lui, est financé par les contributions
municipales de 0,01 $ par tranche de 100 $ de la valeur foncière dans la région métropolitaine.
Et ça, ça nous sert à financer la portion non subventionnée du ministère
des Transports pour des projets de transport
collectif. Donc, il y a des projets parfois qui sont financés 75-25. Alors, le
25 % AMT, on le prend dans notre fonds d'immobilisations, un peu ce dont
on discutait avec votre collègue.
Mme de Santis :
Et ça, c'est environ de combien? 1 %, mais, disons, pour cette année,
c'était combien?
M. Girard
(Nicolas) : En 2014, c'est
45 millions, en 2013, c'était 41 millions et, au 31 décembre 2013, il
nous restait 23 millions de RFU non utilisée.
Mme de Santis :
Et combien d'employés vous avez?
M. Girard (Nicolas) : On a plus de
400, plus de 400 employés.
Mme de Santis :
Et ils font quoi, les employés?
M. Girard
(Nicolas) : Nous avons une
direction Ingénierie, planification, innovation, nous avons Opérations,
qui est la plus importante, qui est notamment l'exploitation des trains de
banlieue et également les voies réservées métropolitaines,
nous avons également une équipe au juridique, une équipe évidemment de
finances, une équipe aussi d'information
stratégique et affaires métropolitaines. C'est la composition, essentiellement,
les principaux mandats de nos équipes.
Mme de Santis :
Vous vous financez aussi avec la dette à long terme?
M. Girard
(Nicolas) : C'est-à-dire que
le fonds d'immobilisations, ça nous permet de réaliser des projets. Donc,
notre service... notre dépense en
immobilisations, c'est la partie non subventionnée, ces dépenses sont
converties en dette à long terme.
Mme de Santis :
Pouvez-vous m'expliquer qu'est-ce que vous voulez dire?
M. Girard
(Nicolas) : Bien,
c'est-à-dire que notre fonds, c'est... Alors, si j'avais à vous résumer ça,
c'est qu'on reçoit une partie, donc
on a un paiement... les dettes sont financées par les contributions municipales
annuelles de 1 % par tranche de
100 $ de la valeur foncière de la région métropolitaine, puis le fonds
d'immobilisations, lui, totalise... en 2013, c'était 41 millions,
en 2014, c'était 45 millions puis, actuellement, notre fonds n'a pas de
fonds suffisants pour nous permettre de
couvrir l'ensemble des projets qu'on priorise. Et donc c'est pour ça qu'on
tente de trouver des solutions avec le
ministère des Transports pour être en mesure de pouvoir financer l'ensemble de
nos projets. Parce qu'actuellement nos investissements
moyens de l'AMT ont été multipliés par quatre au cours des sept dernières
années, notamment à cause du Train de l'Est et de l'achat de locomotives
bimodes et de voitures, puis la hausse de la valeur foncière n'est pas assez
importante pour nous permettre de faire face à nos investissements. C'est ça,
le coeur du problème.
Mme de Santis :
Oui, je comprends, mais est-ce que vous avez de la dette à long terme?
M.
Girard (Nicolas) : Oui, on a de la dette, oui.
Mme de Santis :
O.K. C'est combien?
M. Girard
(Nicolas) : Je pourrais vous donner le...
Mme de Santis :
Est-ce que c'est des centaines de millions? C'est...
M. Girard (Nicolas) : Je pourrais vous donner le chiffre... je vais vous trouver le chiffre,
je vais vous revenir, je vais vous donner le chiffre... je vais vous
donner le montant.
Mme
de Santis : Parce que j'aimerais... parce que ça,
ça fait partie du portrait global des obligations
que vous avez.
M. Girard
(Nicolas) : Exact.
Mme
de Santis :
O.K. Maintenant, pendant que j'attends pour ce chiffre,
j'aimerais voir une autre chose. Dans votre présentation, vous dites à
la page 9 que vous avez mis en place la gestion de projet standardisée
basée sur les meilleures pratiques de l'industrie. Quand je regarde le plan
d'action que vous avez attaché à votre lettre envoyée à Mme Catherine Grétas le 17 septembre, je vois qu'à la mesure n° 7,
où on parle d'appliquer le nouveau processus de gestion de projet standardisée pour tous les projets futurs, vous indiquez là
que la date d'échéancier, c'est le troisième trimestre en 2015. Alors, qu'est-ce que vous voulez
dire, que vous avez mis en place la gestion de projet standardisée, est-ce que
ça veut dire que l'échéancier a
changé, ce n'est plus troisième trimestre 2015? Et, si c'est le troisième
trimestre 2015, pourquoi ça
prend aussi longtemps?
M. Girard (Nicolas) : L'enjeu est simple, et ça fait référence au débat que nous avons depuis
le début, c'est les difficultés
financières puis le manque de ressources humaines. Nous avons dû repousser l'échéancier
au troisième trimestre parce que, compte
tenu de la situation
précaire de notre fonds d'exploitation, nous avons dû couper un certain nombre
d'employés, ce qui fait qu'on a dû reporter au niveau du trimestre. Ça a eu un
effet dans notre équipe Planification et innovation.
Mais
je veux quand même vous rassurer, notre gestion de projet
standardisée, là, c'est un peu... Vous voyez un peu le processus? Puis je pourrai vous remettre une copie. Dans le fond, vous avez une portion qui est planification, une portion ingénierie, une portion réalisation, une portion également mise en service et clôture. Dans la portion
planification, c'est la portion où il y a le concept, les études,
l'avant-projet préliminaire. La portion ingénierie, c'est là où se fait l'avant-projet définitif, les plans et devis. Et
ensuite vous avez la portion réalisation, et mise en service, et clôture. Et tout ça, nous l'avons arrimé avec la directive sur les
grands projets majeurs. Donc, notre GPS est arrimé à la directive sur les
grands projets majeurs. Donc, c'est une
coordination du volet autant gouvernemental et du volet plus interne à l'AMT.
Mme de Santis :
Mais moi, je ne comprends pas pourquoi on parle du troisième trimestre 2015,
c'est l'année prochaine. Alors, qu'est-ce que vous faites présentement? Quelle
forme de gestion de projet vous utilisez présentement?
M. Girard (Nicolas) : On a déjà... Au niveau de la gestion de projet... Peut-être que,
Ludwig, tu peux parler un petit peu au niveau de la GPS, des mesures
qu'on a mises en place depuis l'implantation de la GPS?
M. Desjardins (Ludwig) : Oui, tout à fait. On a eu aussi la réponse à
votre question, donc on va vous la donner après.
Mme de Santis :
C'est quoi, la réponse?
M. Girard
(Nicolas) : Le montant de la dette, c'est 1,8 milliard au
31 décembre 2013.
Mme de Santis :
1,8 milliard?
M. Girard
(Nicolas) : Oui.
Mme de Santis :
Et c'est... Combien coûte...
M. Girard
(Nicolas) : Avec des actifs nets immobilisés de 2,3 milliards.
Mme de Santis :
O.K. Mais ça coûte combien pour simplement payer les intérêts sur cette dette?
M. Girard (Nicolas) : Je vais vous donner le... Je peux vous donner le... Le montant, je ne
le sais pas par coeur, je vais vous donner le...
Mme de Santis :
Est-ce que les 41 millions, ça ne suffit pas?
M. Girard (Nicolas) : Non, actuellement — ça,
j'ai été très clair — actuellement...
Mme
de Santis : Ça ne suffit absolument pas.
M. Girard (Nicolas) : ...la somme que nous amassons annuellement au niveau de la RFU n'est
pas suffisante pour nous permettre de
couvrir nos obligations, c'est ce qui fait en sorte qu'on a des discussions
avec le gouvernement du Québec pour
trouver des solutions financières. Parce que, comme je l'ai indiqué un petit
peu plut tôt, notre RFU n'est pas en mesure de suivre le rythme...
Le
Président (M. Merlini) : M.
le président-directeur général, nous devons interrompre et suspendre les
travaux quelques instants, on est
appelés... les députés sont appelés en Chambre pour un vote au salon bleu.
Alors, nous stoppons le temps et nous reprenons dans quelques instants.
Alors, on suspend les
travaux.
(Suspension de la séance à
17 h 9)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. Merlini) : On va reprendre notre séance. Étant donné le
délai sur le vote qu'il y a eu en Chambre, voici le temps qu'il nous
reste à chacun des groupes parlementaires : il resterait cinq minutes au deuxième
groupe de l'opposition officielle, 14 minutes à l'opposition officielle, et un dernier bloc de 10 minutes sera réservé au
groupe ministériel.
Alors,
je vais maintenant reconnaître... étant donné qu'on a terminé, avant le vote, avec le groupe ministériel,
je vais maintenant me tourner du côté du deuxième groupe d'opposition
pour un bloc de cinq minutes. M. le député de Groulx. M. le député de Groulx,
la parole est à vous pour un bloc de cinq minutes.
M.
Surprenant : Ah! mais très bien. Alors, excusez-moi. M. le Président,
M. le directeur général — excusez, je vais mettre
mes lunettes, pardon. Alors, vous êtes en discussion, vous avez dit,
présentement avec le gouvernement pour
trouver des solutions à l'égard des enjeux financiers de l'AMT, qui est dans
une situation financière peu enviable. Vous avez indiqué qu'elle a des
dettes de 1,8 milliard et des actifs de 2,3 milliards. Alors, vous
avez indiqué avoir confiance de trouver une
solution, et j'estime que celle-ci sera un apport évidemment
du gouvernement. Pouvez-vous nous indiquer un peu de quel ordre de grandeur vous vous attendez de recevoir
comme montant du gouvernement pour vous extirper de la situation dans
laquelle vous êtes présentement?
• (17 h 40) •
M. Girard (Nicolas) : Ce que je peux vous indiquer, M.
le député, c'est qu'un des problèmes
qu'on a soulevés tout à l'heure, c'est, par exemple, bon : le
projet du Train de l'Est, qui est un mode lourd, a été financé à 75 % par
le ministère, 25 % par l'AMT, ce qui a créé une pression financière sur
notre fonds d'immobilisations à la hauteur de 175 millions,
ce qui explique une bonne partie de la situation financière difficile de l'AMT.
Donc, on est en discussion avec le
ministère sur différents projets pour revoir certaines modalités de
financement. Mais je ne peux pas vous dire, à ce stade-ci, puisque nous
sommes en discussion, quelle sera la conclusion de cette discussion-là. Mais le
ministère, le ministre est parfaitement au courant puis tente avec nous de
trouver des solutions qui vont nous permettre de pouvoir maintenir nos actifs et réaliser les projets que
nous avons dans nos cartons en collaboration avec le ministère des Transports.
Mais il est trop tôt pour moi de vous préciser un montant et des projets spécifiques.
M.
Surprenant : Alors donc, au niveau d'apport de capitaux, vous êtes également,
donc, à la recherche de solutions pour
générer des revenus. Vous avez implanté, là, il y a quelques mois, les
stationnements payants. Là-dessus, mon collègue en a parlé un petit peu tantôt, mais j'aimerais ça que vous me
précisiez, au niveau des montants, qu'est-ce que ça peut représenter,
sur une superficie de trois à cinq ans, comme montants que ça pourrait générer
de revenus.
M. Girard (Nicolas) : Pour le moment, c'est parce qu'on est à l'étape des projets pilotes,
justement parce qu'on voulait tester
et voir quel est l'effet sur nos clients, la réaction, d'instaurer une partie
des places payantes :10 % à 20 % sur les six sites qui ont été identifiés, 80 % des places demeurent
gratuites. Il est difficile pour moi de vous faire des estimés puisqu'ils dépendent d'une... si on étendait le
nombre de places payantes dans d'autres sites et quel serait le pourcentage
de places payantes. On n'en est pas rendus
là parce qu'on est à l'étape des projets, des projets pilotes. Puis, au terme
de l'exercice, on va évaluer, avec le
ministre, avec le gouvernement, s'il y a lieu de poursuivre ou de ne pas
poursuivre ce projet.
Mais,
pour le moment, on voulait répondre à un besoin qui avait été identifié par des
clients, qui nous disaient : Moi,
je vais aller reconduire mon fils ou ma fille au CPE ou à l'école, ou
encore : Je travaille plus tard au centre-ville de Montréal, j'arrive à 8 heures à la gare, il n'y a
plus de place de stationnement. Ils nous demandaient d'avoir des places qui étaient réservées. Et on remarque que ça a
répondu à un besoin puisque, par exemple, à Deux-Montagnes, plus de 100 %
des places sont déjà vendues. Il y a une
liste d'attente, là, de près de 200 personnes qui veulent également avoir
accès à des places réservées.
Cependant, on veut évaluer le projet globalement puis on a installé des projets
sur différents sites, sur six sites, puis, au terme de l'exercice, bien, on
prendra la décision si c'est pertinent ou non de poursuivre. Puis, bien sûr,
ça peut générer des revenus pour l'AMT, mais
ça dépend du nombre de sites qui pourraient être identifiés. Mais on n'en
est pas là.
M.
Surprenant : M. le président, est-ce que vous envisagez la perspective
aussi... Puis, je ne sais pas, peut-être que ça se fait en partie? Vous avez parlé de six sites. Il y a également
des stationnements incitatifs. Est-ce que ça pourrait être un autre modèle de revenus ou c'est déjà pris
en cause, là? Il y a des revenus probablement qui... Est-ce qu'il y a des
revenus qui proviennent de ça?
M. Girard (Nicolas) : Les
stationnements incitatifs, actuellement, on ne génère pas de revenus avec ça.
M. Surprenant : Bon.
M. Girard (Nicolas) : C'est plus des
coûts d'opération. À partir du moment où vous demandez que les gens défraient
pour avoir des places réservées, bien là ça génère des revenus.
Mais, cette année, l'objectif, ce n'était pas de
générer des revenus, c'était de tester différents modèles d'un stationnement à l'autre parce qu'on ne voulait pas
agir en cowboys et on voulait évaluer des modèles et voir quelle est la réaction. Et, comme je vous ai dit, on cherche
également de nouveaux modes de financement, compte tenu de la situation financière difficile de notre fonds
d'exploitation. Et on souhaitait également inciter les gens à utiliser d'autres
modes pour se déplacer vers les
gares, comme par exemple le transport collectif ou le transport actif. Mais, je
veux être clair avec vous, la décision n'est pas prise sur la suite des
choses.
M.
Surprenant : O.K. Mais on peut quand même anticiper, là, qu'il y aura
probablement une évaluation, puis peut-être
une incitation, une tentative, un intérêt de votre part à charger pour le
stationnement incitatif éventuellement aussi?
M. Girard
(Nicolas) : Écoutez, je
pense que c'est prématuré de tirer cette conclusion-là à ce stade-ci. On va
faire les projets pilotes, on va
l'évaluer avec le gouvernement et on fera connaître aux parlementaires le
résultat de notre projet et la
décision qui sera prise avec le gouvernement. Mais je ne veux pas que vous
tiriez de conclusions hâtives à ce stade-ci, ce ne sont que des projets
pilotes.
M. Surprenant : Merci.
Le Président (M. Merlini) : Merci
pour ce bloc d'échange. Le temps, le cinq minutes est déjà écoulé. Alors, maintenant, il est au tour du gouvernement pour un
bloc de 10 minutes. M. le député de Sainte-Rose, la parole est à vous
pour le bloc de 10 minutes.
M.
Habel : Parfait. Merci, M. le Président. D'entrée de jeu, j'aimerais
vous dire que je suis un peu préoccupé par le taux de réalisation des
projets en transport collectif. Depuis cinq ans, il y a seulement 60 % de
l'argent investi en transport collectif qui
a été dépensé. Donc, à chaque 100 $ qu'on a, il y a seulement 60 $
qui est dépensé pour le transport collectif. Qu'est-ce qui explique ce
faible de taux de réalisation?
M. Girard (Nicolas) : Écoutez,
peut-être que, sur nos dossiers d'affaires, le nombre... le temps normalement
moyen pour qu'ils soient approuvés?
M. Desjardins (Ludwig) : Oui. En
fait, bien, c'est sûr qu'il y a une question aussi de la longueur de certains processus au niveau des demandes, au niveau du
suivi des politiques qui encadrent les projets majeurs. Puis c'est sûr que,
s'il y a des délais qui sont importants pour
déposer des dossiers, avoir des approbations, bien, ça retarde les sommes.
C'est certain qu'elles peuvent être
dépensées. Il y a d'autres aussi raisons, notamment le manque de financement,
qui font que, comme on a dû réduire
nos investissements, ce qui est dans notre PTI et ce qu'on va payer à même
notre fonds d'immobilisations, bien, ça aussi, on ne peut pas assumer,
si on veut, de payer le 25 % de la part de 75 % que le gouvernement
vient mettre.
M.
Habel : O.K. Donc, ce que je comprends, dans le fond, c'est qu'étant
donné que vous avez le 25 % à payer et que vos fonds ne le
permettent indirectement vous êtes bloqués pour faire l'investissement à
100 %.
M. Girard
(Nicolas) : C'est une des
explications. Deuxièmement, dans certains cas, il peut y avoir des délais
pour l'approbation de nos projets qui
peuvent être plus longs pour toutes sortes de motifs et de raisons. Évidemment,
on travaille avec le ministère puis
l'ensemble des partis pour s'assurer que les projets puissent être réalisés le
plus rapidement possible, mais on
doit aussi tenir compte des directives et des règles qui existent. Et on est
une agence gouvernementale et on veut s'assurer de respecter toutes les
règles. Puis je pense que le ministère pourrait compléter la réponse.
Mme Dompierre
(France) : Si vous me donnez
la permission, oui. Je pense que le 60 % de toute réalisation ne s'applique pas seulement à l'AMT, mais c'est
beaucoup plus large que ça, c'est l'ensemble, dans le fond, des organismes
admissibles aux subventions en vertu du
Programme d'aide gouvernementale au transport collectif des personnes. Il y a
effectivement plusieurs raisons qui peuvent expliquer ça, dont une certaine
lourdeur au programme d'aide, puis c'est quelque chose qui avait été énoncé
dans la stratégie nationale qui a été adoptée l'année dernière. On travaille
sur des assouplissements. Il y a des projets
de moins de 5 millions qui ont un processus aussi lourd que le processus
qui est exigé pour des projets de 5 à 50 millions ou au-delà de ça.
Donc, on veut
introduire une souplesse qui permettra, par exemple, s'il y a, pour un
organisme donné, plusieurs projets
qui sont autorisés par le Conseil du trésor, bien, dans cette enveloppe-là, si
les projets sont inférieurs à 5 millions, bien, il pourra y avoir, au gré de la capacité des
organismes, un interchangement, un changement entre un projet et un autre. Ça fait qu'on travaille sur des
assouplissements, mais il y a effectivement le processus d'approbation à
l'intérieur du gouvernement, et, à
certaines années, il y a eu des dates tardives d'approbation du PQI par le
gouvernement, ça fait que c'est des éléments qui expliquent.
M. Habel :
...du temps, M. le Président?
Le Président (M.
Merlini) : Oui, allez-y, continuez.
M. Habel :
Vous m'avertirez quand il me reste deux minutes.
Le Président (M.
Merlini) : Je vous en prie.
M. Habel :
Merci. Je voulais parler un peu de ma circonscription, qui est Sainte-Rose, qui
est sur la ligne Saint-Jérôme. À l'heure de
pointe, du lundi au vendredi, il y a un train qui passe à 8 heures, puis,
par la suite, il y a un train qui passe à 9 heures. Donc, vous
voyez un peu qu'il y a une heure qui sépare les deux. Je sais qu'il y a plein
de facteurs qui peuvent entrer en ligne de
compte : Le Canadien National, le manque, peut-être, de ressources en
termes de trains, qu'est-ce qui explique que cette plage horaire là
n'est pas desservie?
M. Girard (Nicolas) : Écoutez, les plages horaires sont déterminées avec nos partenaires
municipaux puis avec également le Canadien
National ou le CP. D'abord, si on veut faire passer des trains de passagers aux
heures de pointe du matin, on doit s'entendre sur un horaire avec eux,
parce que, comme je l'ai expliqué au début de nos échanges cet après-midi, on a fait le choix, au Canada, au
Québec, ce qui prime, c'est le transport de marchandises avant le transport
de passagers, contrairement à l'Europe. Mais
ça, c'est un des éléments qui est important. On a eu l'occasion d'avoir des
discussions, mais, quand on veut ajouter un...
si on voulait ajouter, par exemple, un nouveau départ, il faudrait qu'on ait
l'accord de la compagnie ferroviaire et,
deuxièmement, il faudrait que les municipalités acquittent 40 % des coûts d'exploitation
d'une ligne de trains, qu'on a également l'accord des municipalités.
Mais
vous savez que, sur la ligne Saint-Jérôme, on a quand même ajouté du service,
avec des nouveaux départs en semaine
et des nouveaux départs la fin de semaine, puis on note une augmentation de
l'achalandage suite à l'ajout de ces nouveaux départs, qui répondaient à
un besoin puis à des demandes des élus municipaux et des citoyens de la ligne.
M.
Habel : Donc, est-ce que vous diriez qu'il y a une ouverture au niveau
des villes pour augmenter la fréquence des trains?
M. Girard (Nicolas) : Bien, il y a eu... C'est les municipalités qui
nous ont demandé d'ajouter du service en semaine et d'ajouter également
du service de fin de semaine, et c'est suite à ça qu'on a annoncé, au mois
d'août l'an dernier, l'ajout de services. Si
on veut ajouter d'autres services, il faudrait que ça provienne d'une demande
des municipalités et qu'elles soient
prêtes à acquitter 40 % de la facture, et aussi qu'on puisse avoir une
entente avec les compagnies ferroviaires, que ce soit sur le réseau... dans
ce cas-ci, c'est le réseau du CP, pour pouvoir ajouter des départs. Mais...
Voilà.
M. Habel :
Mais, dans ce cas-ci, dans la plage de 8 à 9 heures, est-ce que c'est...
il y a...
M. Girard
(Nicolas) : À l'heure actuelle, ce n'est pas dans nos plans, là,
d'ajouter...
M. Habel :
Mais est-ce qu'il y a des trains de marchandises qui passent dans cette plage
horaire là qui vous empêcheraient...
M. Girard (Nicolas) : Il y a un horaire qui a été déterminé en fonction de la réalité du CP,
des discussions qu'on a eues avec
eux, et c'est pour ça que cet horaire-là a été fait de cette façon-là. Mais on
n'a pas dans nos cartons actuellement un projet pour les modifier, pour
être très, très honnête avec vous.
M. Habel :
Je vais laisser la parole à madame...
Le Président (M.
Merlini) : Alors, Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme de Santis :
Merci. Je veux...
Le Président (M.
Merlini) : Moins de deux minutes.
• (17 h 50) •
Mme
de Santis : Merci. Tout à l'heure, j'ai compris
qu'il y a peut-être quelques problèmes avec le paiement de... le service de la dette. Alors, ça m'a fait penser
qu'en 2012 le Vérificateur général du Québec avait mentionné dans ce rapport que l'AMT utilisait des budgets de son fonds d'immobilisations pour payer des salaires, qui normalement doivent être payés avec les fonds d'exploitation. Est-ce que
cela continue ou vous ne le faites plus?
M.
Girard (Nicolas) : C'est-à-dire que ça concerne l'allocation des frais, des frais généraux, et nous
avons travaillé avec le ministère des Transports, là, pour faire en sorte de clarifier,
avec le Vérificateur général, de clarifier ce volet-là. Et éventuellement je comprends qu'il y aura un décret, là,
qui sera acheminé au Conseil des
ministres pour faire en sorte qu'on respecte les règles et qu'on puisse faire en sorte que des sommes
puissent transiter dans le bon fonds, soit le fonds d'exploitation ou le fonds d'immobilisation, et qu'on trouve un terrain d'entente avec le Vérificateur général pour régler le problème à notre satisfaction et à leur
satisfaction.
Mme de Santis : Mais ça veut
dire que vous continuez à...
M. Girard
(Nicolas) : Bien, il y a
une partie... C'est parce que ce que demandait le Vérificateur général, c'est qu'il y ait un décret qui autorise l'AMT à pouvoir le faire,
sous certaines conditions, et c'est ce que le décret va venir préciser.
Mme de Santis : Parfait, pour
régulariser quelque chose que vous faites.
M. Girard
(Nicolas) : Pour
régulariser, il nous a demandé qu'il
y ait un décret formel du Conseil des ministres qui vienne
nous autoriser à le faire, ce que nous avons demandé à notre ministre
et ce que le ministre présentera éventuellement au Conseil des ministres. Donc, on va... Et le Vérificateur général est informé de la situation, il y a eu des discussions entre nos deux organisations
à ce sujet-là au cours de la dernière année.
Le
Président (M. Merlini) :
Merci pour ce bloc d'échange. Maintenant, je me tourne vers l'opposition officielle pour le dernier bloc. Je cède la parole
au député de Saint-Jean. La parole est à vous.
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, M. le Président. M. Girard, j'aimerais vous poser une question
concernant la gouvernance. Il y a
un constat qui dit... bien, on en a parlé tantôt, le chevauchement des
différentes... des responsabilités des nombreux acteurs en matière de transport. Moi, je vais vous parler à titre de député qui n'est pas dans l'AMT mais qui n'est pas très loin, on appelle ça un député
voisin, donc qu'il y a cependant des besoins de transport qui sont régis
par l'AMT, notamment le terminus à Montréal, les voies réservées. Donc, il y a
une recommandation du Vérificateur général
qui dit d'accroître, au fond, la cohérence entre les différents acteurs.
Comment voyez-vous votre relation avec les
acteurs de transport qui ne sont pas sur le territoire de la CMM ou de l'AMT,
mais qui sont en périphérie, mais qui ont des... les décisions que vous
prenez ont un impact sur nous, en bonne partie, là?
M. Girard
(Nicolas) : Bien, c'est
clair. Cependant, nous, on a... À l'heure actuelle, dans notre loi constitutive,
on a un territoire, nous, de 83
municipalités. Dans certains cas... Je prends le cas de Saint-Jérôme, qui a
décidé d'adhérer à l'AMT quand on a
instauré la ligne de trains à Saint-Jérôme, qui permettait d'offrir du service
supplémentaire à leurs clients, ils
ont pris la décision d'adhérer. Il y a des débats aussi qui ont cours avec les
municipalités. Je crois que vous représentez, là... vous êtes dans le secteur de Saint-Jean-sur-Richelieu, c'est une
municipalité qui n'est pas membre de notre agence. Dans certains cas, il y a des municipalités qui
choisissent de se joindre à notre organisation, qui contribuent à notre fonds
d'exploitation, de payer 40 % de la facture pour des services. Ça pourrait
faire partie de l'objet de discussions.
Et il y a
aussi des municipalités qui nous indiquent qu'il y a des citoyens de certaines
municipalités qui ne sont pas sur le
territoire de l'AMT mais qui utilisent des équipements métropolitains et qui ne
contribuent pas à notre fonds d'exploitation,
à notre fonds d'immobilisations et qui trouvent qu'il y a une certaine
inéquité. Maintenant, c'est un débat qui
est beaucoup plus large, que plusieurs élus municipaux soulèvent, mais ce sera
au gouvernement du Québec, dans le cadre des débats sur la gouvernance,
de regarder cet élément-là de concert avec les municipalités.
M.
Turcotte :
...en ce moment, des voies ou des pistes d'action, ou peut-être avec les gens
du ministère, par rapport aux
territoires qui ne sont pas actuellement dans l'AMT mais qui sont alentours,
comme, exemple, quand il y a eu les mesures de mitigation pour le pont Champlain. Bon. Bien, nous, notre population
n'a pas eu accès à ces solutions-là, mais pourtant notre population, les gens de
Saint-Jean-sur-Richelieu utilisent en grand nombre le pont Champlain. Donc,
Est-ce qu'il y a une certaine... disons, une meilleure cohabitation qui
pourrait se faire?
Mme
Dompierre (France) : Je ne
sais pas si je vais répondre à votre satisfaction, mais c'est sûr que, quand on
traite des questions de gouvernance, la
question du territoire est au coeur de ça. C'est sûr que le territoire... bien
là on est en présence du territoire
de l'AMT, de la CMM, qui est presque identique, il y a une logique à se
rabattre sur des territoires qui sont
bien définis, en proportion aussi des liens qu'il y a de navettage et qui
donnent une logique. M. Girard l'expliquait. Si Saint-Jérôme a demandé d'être introduite dans le territoire de l'AMT,
ça a impliqué que sa municipalité a payé le dollar de la RFU et ses
automobilistes ont payé pour le 30 $.
C'est sûr que
le territoire fait partie, je l'ai dit... Il va toujours y avoir des liens avec
les municipalités limitrophes. On vous engloberait, bien ce serait
probablement la municipalité. On tombe souvent dans un... dans notre jargon on appelle
ça les effets de débordement, et il y a souvent des réflexions associations. On
dit tout le temps que la gouvernance et
le financement sont étroitement liés. Bien, la question du financement et la
juste part... Parce que, quand on parle de financement du transport en commun, il y a cinq partenaires qui
participent : on a le gouvernement fédéral en partie, on a le
gouvernement du Québec, on a les automobilistes, les municipalités et les
usagers.
Alors, c'est
sûr que, si on est à l'extérieur du territoire, bien, c'est principalement les
usagers, les municipalités et les
automobilistes... ne paient pas. Ça fait que ces réflexions-là, pour répondre à
votre question, font partie intégrante de la réflexion qu'on a au sein du ministère et
qu'on partage avec le cabinet du ministre, mais les décisions ne sont pas
prises au moment où on se parle.
Le Président (M. Merlini) : Merci.
Mme la députée de Vachon.
Mme
Ouellet :
Merci, M. le Président. On va aborder un autre sujet. Vous en avez un petit peu
parlé dans votre discours
d'ouverture : la politique de fraude et de collusion, que vous avez mise
en place. Et on sait que l'UPAC est allée faire des perquisitions au 1er mai 2014. Donc, j'imagine que les deux
éléments sont un peu en lien, et j'aimerais vous entendre concernant ces
deux éléments-là.
M. Girard
(Nicolas) : Bien, d'abord,
vous comprendrez qu'en ce qui concerne l'UPAC je vais être extrêmement prudent puisqu'il y a une enquête policière, là.
Ce que je peux vous dire, c'est que l'AMT a offert son entière collaboration,
qu'on a été informés de certaines pratiques
irrégulières, qu'on a donné l'information à UPAC, et que l'UPAC fera son
enquête, et que notre organisation va toujours collaborer avec l'UPAC.
Ce que je peux vous dire cependant, c'est qu'au
niveau de notre organisation, quand je suis entré en fonction, il y a un certain nombre de gestes qu'on a posés
pour qu'on ait des hauts standards d'éthique et d'intégrité. Je pense que
les contribuables s'attendent à ça des
agences gouvernementales comme la nôtre. Donc, on a institué une politique
contre les fraudes et les irrégularités. Il y a aussi une ligne de
signalement pour les employés et les fournisseurs qui auraient connaissance de pratiques irrégulières, et ils
peuvent le dénoncer. On a aussi embauché un ancien enquêteur de l'UPAC qui nous aide à pouvoir détecter des cas
potentiels de collusion. On est en train également de revoir tout notre service
au niveau des approvisionnements pour
le rendre plus efficace et qu'on puisse octroyer des contrats à des meilleurs
prix. On a également mis en place une
directive qui interdit à tout employé, dans notre code d'éthique, de recevoir
des cadeaux ou des marques
d'hospitalité de la part de fournisseurs ou entrepreneurs qui ont des contrats
avec l'AMT. Puis on a mis fin aussi à
la pratique qui permettait à une firme de génie-conseil de faire les plans et
devis et la surveillance d'un chantier. Donc, ça, c'est des gestes qui ont été posés très rapidement. Et, pour
nous, on ne fera pas de compromis sur les questions d'éthique et
d'intégrité, ça fait partie des valeurs de notre organisation, de nos employés,
et c'est des valeurs qui sont extrêmement importantes pour moi comme dirigeant
de cette organisation.
Le Président (M. Merlini) : Mme la
députée, 1 min 45 s.
Mme
Ouellet :
Oui, est-ce qu'il y avait beaucoup de firmes qui faisaient et les plans et
devis et la surveillance de chantier? Est-ce que c'est arrivé dans
beaucoup de projets dans le passé?
M. Girard
(Nicolas) : Écoutez, j'ai
été informé, quand je suis entré en fonction, qu'il était possible pour une
firme de génie-conseil de faire les
plans et devis puis faire la surveillance de chantier. Dès que j'ai été informé
de cette pratique, j'ai demandé
qu'elle cesse. Et dorénavant, pour tous les contrats qui sont accordés, il
n'est plus possible de le faire. Sur le nombre exact, je n'ai pas l'information avec moi. Mais, pour moi, je
voulais me conformer aussi aux pratiques qui existent au niveau du
ministère des Transports. Alors, j'ai fait modifier cette politique-là dès que
je suis entré en fonction.
Mme
Ouellet : Merci.
Le
Président (M. Merlini) : Merci. Alors, le temps qui nous a été alloué
pour l'audition aujourd'hui est terminé. Je veux remercier M. Girard, Mme Sylvain, M. Samson et leurs équipes
respectives de leur présence ici aujourd'hui et d'avoir participé à cet exercice de reddition de comptes et d'échanges
très fructueux. Merci aux parlementaires qui ont participé, le
gouvernement, les partis d'opposition.
La Commission
de l'administration publique suspend ses travaux pour quelques minutes, après
quoi elle se réunira en séance de
travail afin de statuer sur les observations, conclusions et les
recommandations à la suite de cette audition. Alors, merci beaucoup.
(Fin de la séance à 18 heures)