(Quinze heures six minutes)
Le
Président (M. Marcoux) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Bienvenue à toutes et à tous. M. le
secrétaire, nous avons quorum? Donc, je déclare la séance de la
Commission de l'administration publique ouverte. Et puis, comme toujours, si parfois certaines ou certains d'entre
vous aviez oublié de fermer ou de placer votre appareil en mode
silencieux, s'il vous plaît bien vouloir le faire.
Et, M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Cardin (Sherbrooke) est remplacé par M. McKay (Repentigny); M. Bonnardel (Granby) est remplacé par Mme
Daneault (Groulx). Et, comme membres temporaires, nous avons M. Bolduc
(Jean-Talon) et M. Rousselle (Vimont).
Organisation des
travaux
Le
Président (M. Marcoux) :
Alors, merci, M. le secrétaire. Donc, l'objet de la séance de cet après-midi,
c'est de procéder à l'audition portant sur la gestion administrative de la
Corporation d'urgences-santé.
Peut-être que je pourrais, avant de céder la
parole au directeur général, mettre simplement le travail de la commission, cette séance-là, en contexte. Vous
savez, en vertu du règlement de l'Assemblée nationale — je pense que c'est l'article 117, M. le secrétaire — la Commission de l'administration publique
exerce diverses fonctions et elle a, entre autres, pour fonction d'entendre au moins une fois à tous les quatre ans
les dirigeants des ministères et des organismes pour discuter de leur
gestion administrative.
La plupart du
temps, la commission procède à l'examen de la gestion administrative en séance
de travail à partir des rapports annuels de gestion des ministères et
des organismes et suite à des analyses qui sont faites par le service de recherche de l'Assemblée nationale. Cependant,
à l'occasion, la commission demande à un ministère ou à un organisme de venir en auditions publiques pour échanger avec
les membres de la commission sur le rapport de gestion, le rapport
annuel de gestion. Et donc aujourd'hui nous accueillons les représentants de la
Corporation d'urgences-santé.
L'autre mandat principal de la commission est d'entendre
les ministères et les organismes qui font l'objet de chapitres dans le rapport du Vérificateur général. Donc, c'est deux fois
par année. Et, à partir des chapitres qui sont dans ces rapports-là, la
commission entend un certain nombre d'organismes ou de ministères. Donc,
aujourd'hui, c'est à partir du rapport annuel de gestion.
Et également,
pour des membres qui sont nouveaux, également pour nos invités, je vais faire
un rappel du rôle général de la
Commission de l'administration publique, qui est un peu différent du rôle des
autres commissions parlementaires dites sectorielles de l'Assemblée
nationale.
La Commission de l'administration publique est
une commission qui est chargée de l'imputabilité et de la reddition de comptes des ministères et des
organismes gouvernementaux. À cette fin, donc, elle entend — comme vous le savez pour plusieurs d'entre vous, il y a des invités qui sont venus
devant le commission parlementaire de l'administrationpublique — elle entend non pas les ministres, mais les
sous-ministres ou les dirigeants des ministères ou des organismes
gouvernementaux dont la gestion administrative fait l'objet de discussions avec
les membres de la commission.
Et la
commission, traditionnellement, a toujours fonctionné de façon non partisane.
Elle ne se préoccupe pas des décisions
politiques, mais de leurs effets sur la gestion de l'État. Son mandat est d'assurer,
au nom des parlementaires et de la population que nous représentons
comme parlementaires, que la gestion des fonds publics est faite avec rigueur, transparence, efficacité et efficience. Et les
résultats des travaux de la commission sont déposés à l'Assemblée
nationale à la fin de chaque session. Alors,
voilà les commentaires généraux que je voulais, comme président de la
commission et au nom des membres, vous faire.
• (15 h 10) •
Nous allons
maintenant inviter M. Nicola D'Ulisse, qui est le directeur général de la
Corporation d'urgences-santé, à nous faire son exposé, à nous présenter
également les personnes qui vous accompagnent. Et subséquemment nous entamerons
une discussion avec les membres de la commission. Nous procédons normalement,
par des blocs d'à peu près 10 minutes, à des
questions des représentants des membres du gouvernement, membres de l'opposition
officielle ou deuxième groupe d'opposition,
avec une certaine flexibilité pour permettre d'échanger et parfois de terminer
la discussion sur un point particulier. Alors, M. D'Ulisse, je vous cède
maintenant la parole.
Exposé du directeur général
de la Corporation
d'urgences-santé, M. Nicola D'Ulisse
M. D'Ulisse
(Nicola) : Merci, M. le
Président. Mesdames et messieurs les élus, justement, je suis Nicola D'Ulisse,
président-directeur général d'Urgences-Santé. Aujourd'hui, je suis accompagné de
M. Louis Trahan, à ma gauche, directeur général adjoint,
M. Jean Girouard, directeur des finances, et M. Pierre Lemarier, directeur des
ressources humaines.
C'est avec plaisir que nous sommes ici aujourd'hui
pour vous présenter le bilan de gestion d'Urgences-Santé. Voici en quelques
chiffres un portrait de notre organisation pour 2012‑2013. Urgences-Santé a
répondu à plus de 373 000 appels, et,
de ce nombre, 228 000 transports ont été effectués. Nous comptons quelque
1 370 employés, dont près de 100
répartiteurs médicaux d'urgence et près de 900 paramédics, qui assurent les
services à 2,3 millions de personnes sur le territoire de Montréal et
Laval. Nous occupons quatre édifices, dont trois centres opérationnels. Nous
assurons nous-mêmes l'entretien de notre flotte de 154 véhicules.
Notre mission
consiste notamment à assurer à la population de Montréal et de Laval des
services préhospitaliers d'urgence de
qualité pour réduire mortalité et morbidité associées aux conditions médicales
urgentes. Pour y arriver, nous devons
planifier, organiser, coordonner et évaluer les services de la chaîne d'intervention
préhospitalière. Cette chaîne d'intervention part d'un principe de base
mondialement reconnu. Pour les appels de haute priorité, plus on intervient rapidement,
plus on sauve des vies. C'est pour cette raison que la chaîne débute des
citoyens et des secouristes qui pourraient être en mesure d'intervenir pour
effectuer des manoeuvres de réanimation.
Lorsque l'appel
nous est transféré par le 9-1-1, notre centre
de communication santé entre en jeu
pour prioriser l'appel. S'il s'agit d'un
appel critique, les premiers répondants sont déployés lorsque possible. Nos
équipes de paramédics arrivent sur les lieux, interviennent auprès du
patient pour ensuite le transporter vers un centre hospitalier approprié.
Comme vous le
voyez, notre travail ne se limite pas à transporter un patient à l'hôpital. La
Loi sur les services préhospitaliers d'urgence nous confie également le
rôle d'une agence pour le volet préhospitalier. Nous veillons à l'efficacité de l'ensemble de la chaîne d'intervention.
Cette vision globale intégrée nous a permis d'améliorer nos résultats.
Revenons au premier maillon, les citoyens
premiers intervenants et les secouristes. Il est scientifiquement reconnu que les manoeuvres de réanimation et de
défibrillation débutées rapidement ont des impacts importants sur les chances de survie. En l'absence de manoeuvres, les
chances de survie diminuent de 7 % à 10 % par minute, et les
risques de séquelles augmentent. Grâce au
programme Héros en trente, nous avons formé 2 500 citoyens qui peuvent
maintenant effectuer un massage cardiaque et
utiliser un défibrillateur. Nous avons aussi favorisé le déploiement de
défibrillateurs externes automatisés sur notre territoire, comme dans les
autopatrouilles du Service de police de la ville de Laval, dans les casernes
des services d'incendie de la ville de Montréal et aussi dans plusieurs
endroits publics.
Le deuxième maillon, l'arrimage avec les
services 9-1-1. Depuis 2007, nous avons amélioré le processus de transfert des
appels entre 9-1-1 de Montréal et notre centrale. Cette initiative nous a
permis de diminuer de 15 % le temps de
traitement des appels. Nous poursuivons le même objectif avec Laval, tel que
prévu dans notre planification stratégique 2012‑2015.
Le troisième maillon, notre centre de
communication santé. Nous avions comme objectif d'obtenir notre certification
de centre d'excellence décernée par The National Academies of Emergency
Dispatch. Cette procédure a requis une
révision en profondeur de nos façons de faire, surtout pour la qualité. Nous
avons donc développé de nouveaux profils
de compétence, révisé la formation et les mécanismes d'assurance qualité. Ce
travail a eu pour effet de retarder l'obtention de notre certification,
prévue au cours de la prochaine année. Ces transformations nous ont permis de diminuer le taux de roulement de nos équipes. En
2008-2009, le taux de roulement des répondants médicaux d'urgence était de 30,2 %, alors que celui des
répartiteurs était de 19,6 %. Suite à la fusion des deux types d'emploi,
nos données préliminaires, pour l'année 2012-2013, qui se termine,
indiquent 11,3 %.
Le quatrième
maillon, les premiers répondants. En 2009, nous avons terminé la formation de
2 400 pompiers sur l'île de
Montréal comme premiers répondants. Ce déploiement s'est fait en six vagues.
Les résultats sont probants. Le temps
d'intervention systémique s'est amélioré de plus de 30 %, comme le
montrent les cartes sur l'écran. Plus les zones tendent vers le vert foncé plus elles indiquent une amélioration du
temps d'intervention où les premiers répondants ont été déployés. Nous voulons reproduire ce succès à
Laval, surtout pour les zones moins densément peuplées, afin de réduire
les écarts de service.
Le cinquième
maillon, les services ambulanciers. À partir de notre planification
stratégique, nous avons développé des
plans d'action avec des indicateurs. Parmi eux, certains touchent notre
capacité d'intervention clinique, dont le taux de survie, le taux de conformité au protocole
clinique et le temps d'intervention systémique, c'est-à-dire le moment où
un appel critique entre au 9-1-1 et celui où une ressource arrive à la victime,
que ça soit les premiers répondants ou une équipe d'Urgences-Santé.
Nos résultats
sont probants. Sur notre territoire, le taux de survie pour les cas critiques
est passé de 27,4 % à 42,6 % en
quatre ans. Pour l'année 2012-2013, nos taux de conformité au protocole
clinique dépassent les cibles. Nous atteignons jusqu'à 98 %. Pour
la même période, le temps moyen d'intervention systémique pour les appels de
priorité 1 est passé de 7,8 à
7,17 minutes, malgré une augmentation de plus de
10 000 interventions. Pour y arriver, nous avons investi des
efforts importants dans notre programme d'assurance qualité des interventions
des paramédics. Nous avons mis en place une approche d'amélioration continue
conjointement avec le ministère.
J'aimerais
souligner que le ministère de la Santé a adopté une nouvelle grille de
priorisation des appels en 2011. Les priorités d'appel sont maintenant
normalisées à l'échelle québécoise, autant les appels entrant au 9-1-1 que ceux
en provenance des établissements de santé. Bref, les critères ont changé. Par
exemple, le ministère a créé une nouvelle priorité
0, qui est... affection immédiate, urgente et prioritaire. Quant aux appels à
priorité 1, 2 et 3, ils sont dorénavant considérés comme urgents, de
telle sorte que 73 % des appels traités au centre de communication santé
requièrent une affectation immédiate.
C'est
en raison de changement que vous remarquerez des variations dans les temps de
réponse cités dans notre rapport annuel. Pour l'ensemble des priorités,
notons que les cibles qui y figurent avaient été établies en fonction de l'ancienne grille, et
notre défi actuel est de mettre en place des cibles qui pourront mesurer notre
efficacité, autant auprès le patient
que nos partenaires. Aussi, nous poursuivons nos efforts pour l'implantation
plus large des soins avancés. Le travail se déroule bien, en particulier avec le Collège des médecins, qui
devrait avoir adopté 27 nouveaux protocoles sous peu.
Nous
collaborons au déploiement d'un programme avec l'Université de Montréal qui
nous permettra d'attirer des ressources qualifiées et d'offrir à la
population des soins qui seront encore mieux adaptés. À cet égard, la gestion
de ressources humaines chez Urgences-Santé
demeure un défi constant. L'absentéisme et les accidents de travail ont de
tout temps été des préoccupations chez Urgences-Santé et ils le demeurent.
À
la base, le travail de paramédic est exigeant, tant physiquement que
psychologiquement. Les équipes sont sous tension et doivent composer
avec des patients dans des situations complexes. Chez nous, une réalité est
amplifiée en raison des contraintes
urbaines. À cette réalité s'ajoute l'âge des paramédics. Chez Urgences-Santé,
243 paramédics sur 891 sont âgés de plus de 53 ans, soit
27 %. Ils ont débuté dans la profession à une époque où les méthodes et
les équipements de travail étaient nettement
plus rudimentaires qu'aujourd'hui. Plusieurs ont subi des lésions physiques
dans le passé qui les rendent plus vulnérables aux blessures récidivantes.
Lorsque cela se produit, la durée des absences est plus longue.
• (15 h 20) •
Au
fil des ans, nous avons mis en place un plan de réduction des lésions
professionnelles. Nous avons investi dans des équipements spécialisés
et, entre autres, dans la formation sur les techniques de soulèvement de
charge. 45 % des accidents de travail
étaient attribuables à la manipulation des charges. Notre programme a donné des
résultats, puisque nous avons observé
une diminution de 34 % sur deux ans des accidents de travail liés au
soulèvement de charges. Le taux de gravité des accidents de travail a
diminué de plus de 25 %.
Notre
taux de roulement, pour les paramédics, était de 4,5 % pour 2011‑2012, et
nos résultats préliminaires pour 2012‑2013
indiquent un taux de 3,3 % alors que la cible était de 4,8 %. Par
conséquent, notre taux d'absentéisme s'est de facto amélioré, passant de 5,9 % en 2008 à 4,4 % en 2011‑2012,
notre cible visant à maintenir ce taux sous la barre de 6 %.
Enfin, notre plus
récente enquête de satisfaction de la clientèle montre un taux de satisfaction
générale qui atteint 97 %. Nos
paramédics ont reçu 348 témoignages d'appréciation de la population en 2011‑2012.
Cette satisfaction est attribuable à nos efforts sur la conformité aux
protocoles et à nos programmes de formation sur l'éthique et les droits des usagers. Sur plus de 263 000
interventions, seulement 222 plaintes ont été reçues, dont 80 touchent l'aspect
financier. Nos sondages démontrent que 55 % des citoyens ignorent que le
transport ambulancier n'est pas gratuit.
Le
sixième et dernier maillon, les centres hospitaliers, qui sont les
établissements receveurs. Pour améliorer la rapidité des interventions, nous devons assurer une disponibilité de nos
équipes. Plus les équipes sont disponibles, plus les temps de réponse
sont rapides. Nous travaillons, en ce moment, avec nos partenaires pour
améliorer le temps que les équipes passent
au centre hospitalier. Au cours des cinq dernières années, le temps moyen en
centre hospitalier est passé de 43 minutes à 50 minutes. Plusieurs
pistes de solution ont été présentées, et les discussions se poursuivent.
Nous
travaillons aussi pour identifier des solutions pour mieux planifier les
transports interétablissements, qui représentent 20 % de nos
activités. En effet, 81 % de ces transports nous sont demandés à la
journée même par les établissements. Avec
une meilleure planification, nous pourrions mieux prévoir les horaires de nos
équipes et assurer une disponibilité
optimale de nos ressources. J'aimerais ajouter que nous avons mis en place une
équipe en gestion du risque, qui
déploie des processus d'audit interne pour assurer un suivi régulier et
contenir des risques cliniques, opérationnels et administratifs.
Enfin, abordons le volet financier. Sur le plan
financier, nous avons la situation bien en main. Notons particulièrementque, suite aux audits de nos états
financiers, le Vérificateur général du Québec n'a formulé aucune recommandation
dans son rapport déposé à l'Assemblée
nationale, et ce, depuis 10 ans. Malgré une hausse de volume de transports de
près de 16 % enregistrée depuis cinq ans, nous avons su maintenir l'équilibre
budgétaire en plus d'avoir respecté le plan de compression du gouvernement. Les
cibles de réduction ont été atteintes.
Je
rappelle que plus de 90 % de notre budget est dédié aux services à la
population. Du côté des revenus, nous avons
deux principales sources de financement : la subvention gouvernementale,
qui représente 71 % de nos revenus; et la tarification des transports, qui représente 28 %. La tarification
des transports est établie par le gouvernement du Québec, et n'a pas
augmenté depuis 1997. Le coût est de 125 $, auquel on ajoute 1,75 $
par kilomètre parcouru. Les personnes transportées
bénéficient de plusieurs programmes de gratuité. 26 % de nos transports
sont facturés à des particuliers qui doivent acquitter la facture
personnellement ou par l'intermédiaire de leur assurance privée. Dans ces cas,
nous nous butons à des mauvaises créances de l'ordre de 1,5 million. Notre
équipe déploie tous les efforts requis pour contenir nos mauvaises créances.
En
terminant, notre organisation a réalisé des progrès notables au cours des
dernières années, tant en termes de performance clinique qu'en matière
de gestion administrative. Si nous avons pu y arriver, c'est parce que nous
avons modifié nos structures et changé nos façons de faire. Nous avons su
développer aussi des liens étroits avec tous nos partenaires, et en particulier avec le ministère de la Santé. Cette
réorganisation s'est faite dans un contexte d'augmentation constante de
la demande. Mais, aujourd'hui, les résultats sont au rendez-vous.
La prochaine étape
est maintenant d'aller encore plus loin en poussant l'innovation et en
améliorant notre capacité opérationnelle au bénéfice des patients. Nous avons
clairement identifié nos défis dans notre planification stratégique 2012-2015.
Merci, M. le Président.
Discussion générale
Le Président
(M. Marcoux) : Alors, merci,
M. le président-directeur général. Nous allons débuter les échanges avec
les membres de la commission, comme je vous le mentionnais, par blocs d'à peu
près 10 minutes. Les membres du gouvernement disposent, d'une façon maximale, d'une heure et quelques
minutes, même chose pour les membres du groupe d'opposition officielle, et d'à peu près 18 à 20 minutes pour les
membres du deuxième groupe d'opposition. Donc, ce sont les règles qui s'appliquent
pour une commission parlementaire comme celle-ci.
Donc, je commence avec un membre représentant le
gouvernement. Est-ce que c'est... Mme la députée de Sainte-Rose, dans la belle
ville de Laval, alors, territoire que vous couvrez. Donc, Mme la députée.
Mme
Proulx : Merci, M. le
Président. Alors, bonjour, messieurs. Ça me fait plaisir de vous rencontrer
compte tenu effectivement notamment que je représente une partie du territoire
que vous desservez.
Dans toute
votre chaîne d'intervention… J'ai trouvé ça très intéressant, de toute façon, d'entrée
de jeu, votre rapport parce que je
trouve ça très instructif de voir l'organisation de tous les systèmes d'urgence,
préhospitaliers d'urgence. Et, dans
votre chaîne d'intervention préhospitalière, vous parlez notamment des premiers
répondants. J'aimerais ça, dans un premier temps, que vous nous
expliquiez un peu mieux ce que c'est que des premiers répondants par rapport à
des techniciens ambulanciers standards, quel
est leur mandat particulier et, en fait, quels sont les bienfaits que vous
pouvez constater. Vous nous avez mentionné,
là, un ordre de bonification du temps de réponse de l'ordre de 30 %, ce
qui est quand même... ce qui m'apparaît important. Donc, j'aimerais ça
que vous donniez un peu plus de détails, c'est qui, ces personnes-là, qu'est-ce qu'elles font et quels sont les bienfaits que
vous avez pu constater, vous, chez les premiers répondants.
Le Président (M. Marcoux) : M. le
président-directeur général.
M. D'Ulisse (Nicola) : Excellent,
merci. Alors, je vais débuter... Peut-être de faire juste un petit survol pour avoir un comparable avec un paramédic. Là,
présentement, un paramédic, c'est un professionnel qui a terminé trois
ans de cégep. Il a complété un DEC. Alors,
on part de là. Le contresens... on a un premier répondant. Les premiers
répondants existent au Québec depuis
plusieurs années. Je vous dirais, depuis environ 10 ans, la structure de qu'est-ce
qui est un premier répondant a beaucoup changé. On a parti d'une
personne formée… d'une formation d'environ 60 heures. Puis leur objectif, c'est
d'intervenir rapidement dans les cas qui sont des cas critiques. Un exemple
très concret, c'est les arrêts cardiorespiratoires,
les cas de trauma, des arrêts respiratoires, des cas d'anaphylaxie, qui veut
dire des chocs allergiques.
À travers les
années, dernièrement, le ministère a émis plusieurs modèles de premiers
répondants. Le maximum, c'est 60
heures, on appelle ça un PR3. Il faut comprendre là-dedans : ça, c'est
notre top premier répondant. Et ça, la plupart des services de premiers répondants qu'on a à travers la province ont ce
niveau de formation là. Après ça, on descend puis on enlève certains volets qui rendent la formation des premiers
répondants plus facile. On peut avoir 40 heures de formation, jusqu'à 10 heures. Puis le niveau de
base, c'est qu'est-ce qu'on appelle police défibrillation. Ça veut dire :
les policiers qui ont un défibrillateur dans leur char, ils ont quelques heures
de formation, ils sont en mesure de répondre à
des appels d'arrêt respiratoire puis arrêt cardiorespiratoire. Alors, ça, c'est
tous les niveaux de premiers répondants. Puis on voit beaucoup d'évolution
dans cette expertise dernièrement.
Évidemment,
si on regarde la chaîne d'intervention, le PR, c'est un maillon en spécifique.
Alors, si on manque ce maillon-là, c'est comme on manque une étape dans
le déploiement dans un appel... une intervention urgente. Les premiers répondants, souvent, sont associés avec
des services d'incendie. À Montréal, c'est le cas, mais, si on s'en va
en région... Montérégie, c'est une région
que je connais très bien, ils sont souvent associés ou en mode bénévoles ou en
mode pompiers. Ils sont local, ils couvrent
un terrain qui est plus restreint que le service d'ambulance va couvrir. Puis
souvent ils vont arriver dans les prochaines
minutes. Et c'est là qu'on a un impact majeur. Parce que de plus en plus les
recherches, ça nous demande où est-ce qu'on
a un impact positif mesurable. C'est dans les cas d'arrêt cardiorespiratoire.
Et c'est là qu'ici on est capables d'amener quelqu'un à côté du patient.
Premier
choix, c'est qu'est-ce qu'on appelle un premier intervenant, Mme et M.
Tout-le-monde qui est formé. L'exemple que j'avais cité tantôt, c'est
les 2 500 citoyens qu'Urgences-Santé a formés. On a essayé de créer un
petit momentum : former du monde en 30
minutes, masser puis défibriller. Alors, ça, c'est notre premier intervenant.
Après ça, on passe à un premier répondant qui va arriver quelques minutes
après. Puis là on continue la chaîne. Les paramédics arrivent en ambulance, ils continuent le soin puis là ils transportent
jusqu'à l'hôpital. Alors, la clé pour le premier répondant, c'est de vraiment arrêter l'horloge où est-ce que
la personne en détresse, la personne en arrêt cardiorespiratoire, qui n'a
pas de pouls, qui ne respire pas, qui n'a
pas de circulation, il y a quelqu'un à côté qui crée la circulation, puis, dans
des cas spécifiques, utilise le défibrillateur pour, on espère,
renverser l'anomalie qui arrive dans le coeur. Alors, le premier répondant, c'est
vraiment rendu une clé, une étape clé dans la chaîne de déploiement. Et le
ministère a vraiment mis beaucoup d'emphase, depuis plusieurs années, d'encourager
des régions, des municipalités de le déployer.
Nous autres, j'ai fait allusion à l'effet qu'on
a un rôle d'agent aussi, on comprend, ce rôle-là est limité au volet préhosp. On a un rôle et une responsabilité
d'encourager et les citoyens formés, les placements dedéfibrillateurs, et d'encourager des régions puis
des municipalités pour déployer des premiers répondants. Ça, ça complète
la chaîne intervention. Après ça, on continue de renforcer avec des nouvelles
techniques, des nouvelles formations, des nouvelles méthodes.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Marcoux) : Oui, Mme
la députée.
Mme Proulx : Oui. Alors, écoutez, je
trouve ça fort intéressant, mais, en même temps, je suis très, très, très préoccupée d'apprendre et de voir, là, qu'il y a
2 400 pompiers qui ont eu 60 heures de formation à Montréal, mais
vous desservez aussi Laval, et je comprends bien qu'il n'y a pas de service de
premiers répondants à Laval. Est-ce que je comprends bien que ça n'existe pas?
Le Président (M.
Marcoux) : M. le président-directeur général.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Pour l'instant,
oui. Alors, Montréal a fait un choix — il me semble que c'était en 2007, si je ne me trompe pas — d'embarquer dans le programme de premiers
répondants puis ils ont commencé à former leurs pompiers puis déployer
les casernes. C'est ça que les cartes ont démontré, à travers trois ans, le
déploiement des premiers répondants sur l'île de Montréal a été fait, puis
justement on voit un temps systémique qui est à la baisse.
Laval, ils n'ont pas des premiers répondants
comme tels. On les encourage toujours de regarder le dossier, expressément avec les options qu'on a aujourd'hui,
qu'on n'avait pas si on recule peut-être trois, quatre, cinq ans, les
options n'étant pas nécessairement le top premiers répondants à 60 heures, des
options plus faciles. Et justement la ville de Laval, ils ont choisi de s'impliquer dans une de ces options-là, c'est d'installer
les défibrillateurs dans les auto-patrouilles. Et ça, c'était, si je ne me trompe pas, en décembre
2011. Alors, ça fait environ un an, un an et demi qu'on voit qu'ils ont
pris la première étape. Alors, les échanges qu'on a avec Laval, l'intérêt est
là d'avancer. Je pense qu'il y a certaines inquiétudes.
C'est quand même majeur de déployer une infrastructure de premiers répondants.
Les premières étapes sont faites. Impliquer, alors, impliquer, c'est un
défibrillateur dans les chars de police.
On a un autre
volet qui roule présentement, c'est l'interface entre nos deux services. Je
vais essayer de simplifier ça, mais
leur service 9-1-1 puis notre centre de communication, il faut qu'on se parle,
puis que ça se parle par ordinateur. Quand
on a un système intégré, il y a beaucoup de données que le 9-1-1 Laval va
ramasser de l'appelant qui est transféré automatiquement. On a ça à Montréal. On ne l'a pas encore au complet à
Laval. Alors, ça c'est un autre renforcement dans la chaîne d'intervention, qu'est-ce qu'on appelle les interfaces.
On espère d'avoir une solution, c'est un peu long… mais une solution
informatique bientôt entre notre centre de communication puis leur centrale
9-1-1.
L'autre
volet, c'est le volet interemployabilité, ça veut dire la façon qu'on interagit
sur le terrain sur intervention, spécialement les accidents de la route,
les incendies, où est-ce que leur sécurité publique va interfacer avec nos
paramédics. Alors, la partie premiers répondants, je pense qu'au moins l'implication
de la ville de Laval s'améliore. Il y a une majeure étape à faire, et c'est là
qu'on va retourner à la ville de Laval avec d'autres opportunités, d'autres
solutions qui deviennent de plus en plus, comme je dis, accessibles.
Mme
Proulx : Parce que, là, vous
avez mentionné tantôt les différents niveaux, là, de formation des premiers répondants et vous avez dit que ceux
qui ont eu la formation de 60 heures, c'est comme le top, les PR3, là,
premiers répondants de niveau 3, si je comprends bien. Et moi, je vous avoue, j'entends
bien ce que vous dites, mais ça continue de
me préoccuper quand même. Laval, on est quand même au-delà de 400 000
habitants, et il me semble qu'on devrait pouvoir compter sur des
services de premiers répondants au même titre que la population de Montréal. Et
j'aimerais savoir ça fait combien de temps… Est-ce que vous avez fait des
approches? Premièrement, est-ce que ça relève
de la municipalité, c'est une décision uniquement de la ville de se doter d'un
service de premiers répondants?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La plupart
des services, si on regarde qu'est-ce qu'ils ont comme modèle à travers la province, la plupart des services sont attachés
avec les municipalités. Il y a quelques municipalités à travers le
Québec qui ont «mergé» deux municipalités avec un service de premiers
répondants; ça, c'est plutôt l'exception.
Je vais
utiliser un vrai exemple concret sur notre territoire, celui de Montréal
existe, la ville de Côte-Saint-Luc. Côte-Saint-Luc ont un service de
premiers répondants depuis au moins 30 ans. C'est un service bénévole. C'est un
service... il y a un maximum, c'est
équivalent de PR3, top niveau. La municipalité a décidé : sur leur
territoire, il va y avoir les premiers répondants même avant que les
services d'incendie à Montréal sont déployés.
Normalement,
c'est une décision municipale. Quand c'est un grand territoire, l'enjeu, c'est
d'assurer qu'on ait un style de
continuité à travers les régions, à travers le territoire. Les défis avec la
ville de Montréal... ou l'île de Montréal, plutôt, puis ville de Laval,
c'est toujours nos extrémités. On ne peut pas avoir une ambulance dans chaque
coin. On aimerait avoir une ambulance... C'est
les premiers répondants qui nous dépannent, si vous voulez, dans ces
extrémités-là. Alors, j'espère qu'avec, comme je dis, les opportunités qui sont
présentes, les modèles différents...
On a rencontré
la ville : moi-même en 2009‑2010, on a fait une autre rencontre avec les
élus en 2011. Il y a des groupes
externes de la ville qui ont même offert des options d'infrastructures
bénévoles pour offrir ce service-là. Alors, je pense que, si vous voulez, l'énergie ou les opportunités alentour de ça
sont présentes. On pense qu'on est rendus à un point que et la ville et
Urgences-Santé sont en mesure de dire où est-ce qu'on peut s'aligner. Comme je
dis, au moins, les premiers gestes sont
faits par la ville, de dire : On s'implique avec les policiers. Quel
modèle? Puis pas besoin du même modèle
à travers tout le territoire de Laval non plus. La ville peut regarder une
option de déployer les premiers répondants vers les extrémités, pas vers
le centre. Alors, ça, c'est...
Mme Proulx : Jusqu'à date...
Le Président (M. Marcoux) : ...une
dernière question? Oui. Allez-y.
Mme Proulx : Excusez-moi. Oui,
dernière question. Mais, jusqu'à date, je veux comprendre c'étaient quoi, les raisons pourquoi on n'a pas
encore été, à Laval, de l'avant, sauf récemment, équiper une vingtaine
de voitures autopatrouilles d'un
défibrillateur. Sinon, ça a été quoi, les raisons pour dire qu'on n'allait
pas de l'avant là-dedans? C'est quoi, les réponses que vous aviez?
Le
Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse, rapidement.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, mais c'est difficile à donner une réponse pour la
ville. Quand on approche la ville — je
vais retourner à notre rôle — c'est
d'offrir des solutions, d'offrir des outils, offrir même des formateurs.
Je fais le parallèle avec Montréal, c'est
nos paramédics qui ont formé les pompiers à Montréal, c'est nos paramédics et
instructeurs présentement qui forment les premiers répondants à ville de
Côte-Saint-Luc. C'est nous autres qui ont fourni le défibrillateur aux
autopatrouilles de la ville de Laval. On est là avec les outils, des solutions.
Je
ne peux pas vous répondre. On a fait des présentations sur des options de
déploiement, les types de déploiement. Il
y avait une réticence… Peut-être que c'est une question de financement,
peut-être que c'est une question d'inquiétude, mais certainement je ne
peux pas répondre pour la ville comme telle.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, merci. Maintenant, je vais céder la parole à un
membre de l'opposition officielle. M. le député de Jean-Talon.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Merci, M. le Président. Je voudrais saluer mes
collègues puis également les gens d'Urgences-Santé, puis des gens qui sont avec
eux autres, une organisation que je connais quand même assez bien parce qu'on a eu à travailler ensemble, dont le
directeur général, lorsque j'étais ministre, qui a été nommé. On était
très contents de notre choix, je tiens à
vous le dire, on n'a pas eu l'occasion de s'en parler beaucoup, mais très
contents de notre choix. Parce que c'est un gros système, comme vous le
disiez, 2,4 millions de personnes, de couverture sur... en pratique, deux
îles, c'est presque le tiers du Québec, ça fait que je pense que c'est quand
même assez significatif.
Moi,
je commencerais peut-être par ce que vous faites. C'est-à-dire, vous avez
373 000 appels, puis je crois que vous
avez 228 000 transports. Je comprends bien aussi que vous faites le
transport interhospitalier à partir de la maison. Est-ce qu'à Montréal il existe aussi du transport
adapté qui ne dépend pas de vous, c'est-à-dire que, lorsqu'une personne
n'est pas trop malade, elle a juste besoin d'aller chercher un service dans une
autre établissement, est-ce qu'elle doit vous utiliser ou on peut utiliser un
transport adapté?
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, M. D'Ulisse.
• (15 h 40) •
M. D'Ulisse (Nicola) : Alors, justement, tout ce qui est 9-1-1... chez
nous, on appelle ça 9-1-1, ce qui veut dire les appels médicaux urgents qui entrent, tout ce qui est
interétablissement, qui représente environ 40 000 transports par année. Après ça, l'autre volet, qui ne relève pas
de nous, c'est le transport adapté. Le terme simple pour ça, on appelle
ça «le privé». C'est des cas où est-ce que
le patient ne nécessite pas d'être couché sur une civière, première chose, puis
ne nécessite pas un accompagnement médical
par un paramédic ou une infirmière qui va accompagner le patient. Alors,
le transport adapté, c'est servi par plusieurs
compagnies privées. Puis ça, c'est un choix qui relève du centre hospitalier,
de quelle compagnie qu'il va utiliser. Puis
ultimement ça relève de la responsabilité médicale du centre hospitalier de
décider : Est-ce qu'ils ont besoin vraiment d'infrastructure, d'une
ambulance d'Urgences-Santé ou un autre service privé peut fournir ce
service-là?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. le député.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Vous avez 373 000 appels, 228 000 transferts,
donc ça vous donne à peu près 150 000
appels qui ne nécessitent pas de transfert… de transport, pas de transfert mais
de transport. Pouvez-vous nous dire c'est quoi, les motivations ou les
causes de ces 150 000 appels et comment vous les traitez?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, ça, c'est une excellente question. Parce que
souvent, quand on décortique nos chiffres, le monde va indiquer que justement
il y a une tranche qu'on n'a pas transportée. Pour nous autres, un appel représente un appel qui rentre à notre centre de
communication santé. Et je vous donne un exemple très, très concret. Un
accident de la route va souvent solliciter cinq, 10, 15, 20 appels qui rentrent
à notre centre de communication santé pour un seul accident. Alors, c'est là qu'on
voit tout de suite le grand écart entre le nombre d'appels puis le nombre d'interventions.
Suite
à ça, on descend du niveau d'intervention à rendu sur les lieux, on a un
patient en avant de nous. Des fois, on n'a
pas de patient en avant de nous. Souvent, ça arrive au centre-ville. Le
meilleur exemple : le vendredi soir, le bon citoyen appelle le 9-1-1 pour quelqu'un qui est tombé à
terre, mais, les minutes qui suivent, on arrive là, il n'y a plus de
patient, il n'y a plus personne. Alors, ça, c'est un exemple où est-ce qu'il y
a un appel, il y a une affectation, on arrive sur les lieux : pas de
patient.
Rendus sur les lieux,
il y a une autre sous-étape : les patients qu'on ne transporte pas. Et c'est
là la partie qui mérite un peu peut-être d'explications.
De ne pas transporter un patient, ça ne fait pas partie de notre vocabulaire.
Nous autres, on est là… Quand il y a un
appel qui rentre puis il y a un patient sur place, notre rôle, notre
responsabilité, c'est de transporter,
soigner, stabiliser, transporter ce patient-là. Il y a un certain nombre de cas
qui transfèrent... ou se transforment plutôt dans un refus de transport,
qui veut dire... le patient même décide : Je ne veux pas être soigné, je
ne veux pas être transporté. Alors, si vous me permettez, je vais vous donner
un cas très simple, très facile à comprendre.
Madame appelle 9-1-1 pour son mari qui est
diabétique, puis il est diabétique depuis 15 ans. Il a souvent des hausses de
sucre puis des baisses de sucre. On arrive sur les lieux, puis le patient comme
tel ne veut rien savoir de nous autres, il ne veut pas être soigné. Il connaît sa situation
clinique, il est en contrôle. Sa conjointe est inquiète de lui. Son sucre est élevé. Alors, est-ce qu'on voit un
changement dans son comportement? Non, pas présentement. On prend ses signes vitaux, puis ça peut être stable. On
prend son taux de sucre, puis ça démontre une élévation. Mais on regarde
en avant de nous quelqu'un qui comprend sa
situation, quelqu'un qui... On explique qu'il y a un risque, puis son taux de
sucre est élevé, il a besoin de prendre son
médicament. On explique qu'il y a un membre de la famille qui est très inquiet
de lui.
Quand on a
fait le tour de tout ça, là on commence à aligner, quand il refuse, dans un
non-transport. Mais il y a un refus de transport. C'est le patient qui a
décidé de ne pas être transporté. Notre rôle, c'est d'assurer qu'il a pris une décision éclairée, il a compris les enjeux, il a
compris les risques. Et, si les paramédics ont besoin d'un peu plus de
support, depuis quatre ans, on a mis une
infrastructure en place où est-ce que le paramédic peut appeler à notre
centrale, parler avec un paramédic
instructeur qui va le supporter. On appelle ça des cas à risque. La personne n'est
pas à risque à mourir là, mais
peut-être prochainement. Il y a un filet de sécurité. Alors, les paramédics
appellent s'ils ont besoin d'une consultation. Des fois, le paramédic instructeur va même parler avec le patient. Notre
job, c'est de convaincre le patient, dans les cas de risque, d'aller… Et finalement, s'il comprend sa
situation, il comprend le contexte, il a aussi le droit de refuser le
transport. Alors, ça, c'est la dernière tranche, si vous voulez, de
non-transport.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Vous êtes sûr
que, dans les transports qui ont... les gens se déplacent. Il y a un
appel, les gens se déplacent, ils arrivent
sur place. Est-ce que ça peut arriver que des ambulanciers décident que cette
personne-là n'a pas besoin d'être transportée?
Le Président (M. Marcoux) :
M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La réponse, c'est
non.
M. Bolduc (Jean-Talon) : O.K.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Le rôle d'un
paramédic, ce n'est pas de porter diagnostic. C'est un système qui est
bâti sur une infrastructure protocolaire. Il n'existe pas un protocole qui
dit : On ne transporte pas. Il existe des protocoles qui parlent de diabète, qui parlent d'arrêt
cardiorespiratoire, qui perlent des manoeuvres de réanimation, qui parlent
même d'arrêt de manoeuvres de réanimation
dans certaines circonstances. Alors, notre job, c'est certainement d'amener le
patient vers le soin, en premier, sur les lieux, puis, deuxièmement, de le
transporter.
Le meilleur
scénario, si on ne le transporte pas, c'est un patient qui est accompagné d'un
membre de sa famille qui va
dire : Je vais aller aux cliniques. C'est sûr, on peut toujours
offrir : On va vous transporter. Mais là, au moins, ça nous rassure un petit peu qu'il est accompagné puis il
va chercher des soins médicaux. Mais ça se termine quand même dans un
refus de transport que le patient a besoin de faire éclairé, informé par le
paramédic.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Puis est-ce
qu'à chaque fois que vous avez un transport vous l'apportez à l'urgence…
chercher à la maison, ou si vous avez d'autres alternatives sur l'île de
Montréal ou au niveau de Laval?
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, la seule
et unique option qu'on a, c'est de transporter tous nos patients vers
une salle d'urgence. La salle d'urgence est
déterminée sur un algorithme, si vous voulez, qui est assez complexe, ce n'est
pas nécessairement le centre hospitalier le plus proche. Premièrement, pour
répondre à la question, la réponse, c'est oui, il faut le transporter vers une
salle d'urgence. Après ça, laquelle? On rentre en jeu plusieurs des critères.
Un des plus
faciles, c'est si c'est un cas pédiatrique, évidemment ça va vers un de nos
deux centres pédiatriques, qui sont Sainte-Justine ou Montréal Children's.
Après ça, on rentre dans un autre exemple facile à comprendre, les traumas
majeurs. On a deux centres qui sont superspécialisés dans les traumas, qui est
le Montréal Général puis Sacré-Coeur. Puis on continue. Alors, ça, on appelle
ça les corridors de services, des patients qui ont une situation ou une
condition clinique spécifique, puis on a un établissement receveur qui est
spécialisé pour les soigner.
Après ça, on
descend vers les cas généraux. Alors, le patient qui est tombé, ça se peut qu'il
ait une fracture de jambe. Il est
stable, ce n'est pas un trauma majeur. Là, on rentre dans qu'est-ce qu'on
appelle plus un cas général. Et là, on
va regarder qu'est-ce qu'est la disponibilité des centres hospitaliers alentour
de nous autres et on va souvent choisir qu'est-ce qui est plus proche
tout en respectant les quotes-parts. Les quotes-parts, ça veut dire… Il y a un
système de répartition des patients à travers notre territoire. On essaie de ne
pas débalancer puis envoyer trop de patients vers un centre hospitalier. Ça, c'est
une infrastructure qui est en place depuis des années, conjointement avec les
agences de Montréal et Laval, où est-ce qu'on essaie de balancer les bons
patients aux bonnes places — finalement,
c'est ça, le programme — puis,
deuxièmement, d'assurer une équité à travers nos transports le plus possible.
Mais, pour répondre encore à la question, il faut qu'on les transporte à une
urgence.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député de Jean-Talon.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Une question sur cet élément-là, c'est : Votre
quote-part, est-ce que c'est basé sur l'occupation
en temps réel des salles d'urgence ou c'est vraiment une répartition calculée
avec probablement un algorithme, là,
quelconque, de façon à ce que, même si une urgence est en débordement, si elle
supposée de recevoir tant de patients, elle
devrait recevoir tant de patients? Puis, en même temps, bien, je suppose que,
si une urgence est trop, trop encombrée, il peut y avoir un code pour
demander à ce que des patients n'aillent pas à cette urgence-là. Et c'est
surtout la première question : Est-ce que vous faites une répartition
pratiquement équitable en tenant compte que certaines urgences peuvent être en
débordement, mais peuvent quand même recevoir des patients?
M. D'Ulisse (Nicola) : Alors, en l'absence
de notre président, je vais répondre.
M. Bolduc (Jean-Talon) : Vous êtes
très discipliné, plus qu'un député.
Des voix : Ha, ha, ha!
• (15 h 50) •
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, oui, la
quote-part, c'est basé sur nos transports vers les urgences. On n'est pas
en mesure de mesurer ou savoir combien de
patients sont arrivés à une salle d'urgence à pied. Quand on dit «à pied», ça
veut dire pas en ambulance. Alors, exemple,
on a une salle d'urgence qui normalement, dans une journée, reçoit 60
patients directs, eux-mêmes à pied, puis reçoit 15 ambulances. Ça se peut qu'il
y ait un jour qu'il y ait moins de patients qui arrivent direct, ou plus. Ça, ça ne fait pas partie de nos calculs. Nos
calculs, c'est basé sur le total nombre de transports qu'on effectue
répartis par pourcentage, pas en nombre absolu, vers chaque centre hospitalier.
Le Président (M. Marcoux) : Oui. Une
dernière question, M. le député.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, bien, on
va revenir. Mais une des raisons pour laquelle je pose ça, c'est qu'à un
moment donné moi, j'étais sur le comité des
experts des urgences, puis on avait décidé d'y aller en fonction de l'occupation
des urgences, puis on s'était rendu compte
que tu n'avais pas avantage à être performant parce que tout ce que ça
faisait, c'est que tu recevais encore plus d'urgences.
Ce que je voulais savoir : Est-ce que vous avez changé ce système de
façon que, même si tu es engorgé, qu'est-ce que tu veux, c'est ta part que tu
reçois? Sauf que j'imagine qu'il doit y avoir des
protocoles d'exception, quand un hôpital est rendu dans une situation quasi
dangereuse, que les autres peuvent aider. Parce qu'en gestion ça a l'air
très beau de dire : On va le mettre à la bonne place, là, mais, à la fin,
des gens disaient : Bien, je ne libérerai pas trop vite mon urgence — puis
c'est vraiment comme ça que ça se produisait — parce que de toute façon ils
vont m'en envoyer. Ça fait que, là, ça créait un autre problème.
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Vous n'étiez
probablement pas là à cette époque-là, mais en avez-vous entendu parler?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Alors,
justement, vous avez raison...
M. Bolduc (Jean-Talon) : Ça, c'est
une bonne réponse, ça.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. D'Ulisse (Nicola) : D'envoyer nos
ambulances dans un centre hospitalier, un CH receveur, une salle d'urgence qui est déjà débordée — puis j'ignore les raisons qu'il est débordé,
est-ce que c'est nos transports ou c'est des patients qui arrivent à pied — il n'y a aucun bénéfice pour nous autres.
Justement, c'est ça, notre plus grand défi, je dirais, depuis quelques années. On voit tout augmenter, on
voit le nombre de transports, le nombre d'appels qui augmentent, et qu'est-ce
qui nous frappe le plus qui augmente, c'est la durée de nos équipes au centre
hospitalier. Et ça, c'est mortel pour nous
autres. Le plus les équipes… Comme j'ai mentionné dans mon introduction, le
plus les équipes sont disponibles, le
mieux que c'est pour notre temps de réponse. Puis, quand je dis «disponibles»,
ça veut dire prêtes pour le prochain appel.
On a eu une
décroissance, si vous voulez, environ 10 minutes à chaque centre
hospitalier depuis quelques années. Je vais mettre ça en contexte pour
vous autres. Une minute, en moyenne, par journée, une minute de plus à un
centre hospitalier, ça nous coûte une équipe
de 10 heures. Alors, si on me dit : À travers quelques années, on a
perdu environ 10 minutes d'efficacité à l'échange de transferts de
patients à l'urgence, ça veut dire : j'ai perdu l'équivalent de
disponibilité de 10 ambulances pour 10 heures chaque sur la route.
Alors, l'enjeu est majeur d'assurer que le transfert se fait bien.
L'agence puis Urgences-Santé, on a fait des
ajustements d'un CH à l'autre, d'un centre hospitalier à l'autre — je m'excuse — ajuster des pourcentages, mais il faut
regarder ça dans une vision un peu plus globale. Et, depuis le mois de
janvier, on a vu des volumes record des appels puis de transports. Et, depuis
janvier, on est assis avec les deux agences puis la Direction nationale des
urgences du ministère aussi, pour regarder des solutions. Parce que les
solutions qu'Urgences-Santé a tenté de déployer ou mis en projets pilotes
depuis quelques années, c'était vraiment unilatéral. On a réalisé que ça prend
vraiment les deux côtés, la salle d'urgence puis Urgences-Santé, de s'asseoir ensemble puis regarder
les modalités de réduire le transfert de patients. On a proposé au ministère
trois, quatre pistes de solution côté préhospitalier.
Le
Président (M. Marcoux) :
Alors, peut-être qu'on pourra y revenir. On pourra y revenir, je pense que
c'est un sujet qui n'est pas épuisé encore. Donc, je vais céder la parole à Mme
la députée de Groulx.
Mme
Daneault : Merci. Merci, M.
le Président. Bien, bienvenue, merci d'être ici avec nous. Mon temps est
limité, alors je vais rapidement poser mes questions.
Dans votre
exposé, il y a une donnée qui m'impressionne, c'est-à-dire au niveau du taux de
survie pour les cas critiques, qui est passé de 27 % à 42 % en
quatre ans, ce qui est notable et louable aussi. Franchement, je peux vous
féliciter à ce niveau-là. Ma question, elle est simple : Comment vous avez
réussi ça et comment on réussit à faire encore mieux dans l'avenir?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : La première
partie de la réponse, ça va être facile, je vous référerez la chaîne d'intervention.
Je ne peux pas... notre rôle, à Urgences-Santé, c'est de continuer à renforcer
cette chaîne, continuer à renforcer cette
chaîne où est-ce qu'on a eu des impacts majeurs qui étaient reflétés sur le
taux de survie, finalement c'est l'ultime mesure de service à la
clientèle : taux de survie d'un patient en arrêt cardiorespiratoire.
Plusieurs volets. On commence au début de la
chaîne, de plus en plus de monde qui masse, de plus en plus de monde qui
défibrille. Les premiers répondants, c'est énorme, énorme. Le nombre de fois
que les équipes, sur l'île de Montréal,
Côte-Saint-Luc, les pompiers à la ville de Montréal vont mettre le moniteur
défibrillateur, vont défibriller avant qu'on arrive, c'est énorme. Après
ça, on a un continuum. Alors, de remplir cette «gap-là» de premiers répondants,
ça aussi, c'est énorme.
Si on
transfère à l'autre maillon, qui est les services ambulanciers, ça aussi, le
ministère a vraiment tapé — ici,
on recule d'environ deux ans, trois ans — tapé
sur le clou. On a refait des formations avec des paramédics, des
formations vraiment basiques. Il y avait un
changement de normes dans la réanimation, et on a pris le temps avec les
paramédics, en formation continue, de
retourner là-dessus, améliorer les techniques, améliorer l'approche, arriver
sur les lieux, attaquer, on va dire,
cliniquement le patient, défibriller le plus vite possible, intuber — ça
veut dire gérer ses voies respiratoires — puis l'évacuer le plus
vite possible.
Alors, la
dernière étape, je vous dirais, c'est les programmes d'assurance qualité.
Depuis trois ans, je vous dirais, on est
à jour avec nos révisions. On a toujours eu un programme d'assurance qualité
chez nous pour les interventions des paramédics puis les premiers
répondants. La différence, c'est que, depuis quelques années, on révise plus
vite. Alors, on est en mesure de donner un
feed-back plus vite aux équipes aussi, de dire : Vous avez un écart là,
ou : Il n'y a pas d'écart, ça a
bien été. Le concept de feed-back actif dans une haute qualité est critique. Et
là on commence à voir les bénéfices, depuis quelques années, et dans la
chaîne et dans le feed-back vers les équipes, d'où est-ce qu'ils peuvent
améliorer, où est-ce qu'ils peuvent faire mieux. Puis, quand je dis
«feed-back», c'est vraiment aux intervenants directs, et aux premiers
répondants, et aux paramédics.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, Mme
la députée.
Mme
Daneault : L'autre volet de
ma question, c'est : Comment vous allez passer… continuer cette
ascension notable depuis quatre ans, comment vous allez poursuivre?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Je m'excuse,
j'ai oublié la deuxième partie.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. D'Ulisse
(Nicola) : Finalement, la
réponse, c'est pareil. C'est sûr, de renforcer la chaîne puis — de
quoi on parlé tantôt — d'amener Laval d'un service de police
défibrillation à un service de premiers répondants, à un autre niveau, ça, c'est
une étape majeure. Mais il ne faut pas ignorer le fait que quelqu'un... quand
un patient est en arrêt cardiaque, il y a quelqu'un qui appelle, ce n'est pas
le patient même. La personne qui appelle a besoin d'être outillée. Avec
30 minutes, le programme que le ministère a déployé ça fait presque deux
ans, Héros en 30, si vous n'avez pas 30
minutes… Et c'est ça, notre message clé : 30 minutes de prendre un cours
de RCR. Et c'est tellement facile. Je l'ai pris moi-même puis je pense que mon DGA était avec moi. Oui, on a ri, mais c'était
tellement facile, puis ça a été 30 minutes.
La masse a
besoin d'être formée, et les programmes… Puis là je vais retourner vers Laval.
Laval a quand même fait une bonne initiative. Ils ont mis en place un
programme de style de remboursement des compagnies et des endroits qu'il y aurait plus de 50 personnes, si je ne me
trompe pas, de mouvement de personnes, ils ont mis un programme en place qui va défrayer une certaine partie du coût
d'un défibrillateur, alors un centre d'achats, une compagnie privée.
Alors, c'est ce type d'initiatives locales
puis nos initiatives de formation de masse de population qui peuvent créer ce
momentum-là où est-ce qu'on espère d'avoir encore une hausse. Ça ne va
jamais atteindre 100 %, ça, c'est clair, mais, quand on commence à
approcher le 50 %, c'est assez fort comme résultat.
Le
Président (M. Marcoux) : Mme la députée.
Mme Daneault : Merci. Je voulais revenir sur le temps d'attente, effectivement. Le
deuxième point que j'avais noté dans votre rapport, c'est le temps passé
moyen, là, en centre hospitalier de 43 à 50 minutes qui, selon moi, est beaucoup trop long. Quelles sont les solutions que
vous apportez pour résoudre ce problème-là? Parce que je pense qu'il y a
un gain d'efficacité et de coût pour l'ensemble du réseau, là, à ce niveau-là,
dans ce secteur-là.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
• (16 heures) •
M. D'Ulisse (Nicola) : Je vais faire une petite intro, puis après ça, je
vais prendre un petit recul puis un peu de souffle. Mon directeur général adjoint était sur le comité duquel on
parle qui a été créé au mois de janvier. On ne cachera pas, chaque
tranche d'intervention, ils sont un peu plus longs. Je m'explique.
De
se rendre sur les lieux. 30 secondes, je pense que tout le monde va être d'accord
que la congestion, le trafic, la construction
à Montréal, ça cause des impacts, des détours, alors on met un
30 secondes, une minute là, deux minutes là. Là, on se rend sur les lieux. Les paramédics ne
sont pas outillés comme ils l'étaient ça fait 10 ans, ça fait 20 ans. On
a des électrocardiogrammes qui prennent du temps pour le faire. On a d'autres
sortes de techniques dans la maison; on rajoute quelques minutes là. Là on se
retourne vers le centre hospitalier. On a parlé des corridors. Alors, ce n'est
pas nécessairement dans l'hôpital le plus
proche, on va aller vers l'hôpital qui peut mieux traiter le patient; on
rajoute un autre quelques minutes. Alors, toutes les tranches s'ajoutent
un petit peu, un petit peu.
Mais
la pire partie, c'est l'échange de patient, puis ça, c'est un défi… Plusieurs
services… On voit ça dans les municipalités
vraiment urbaines. Si on fait un comparable à travers le Canada, on voit ça à
Ottawa, Toronto. Les grands centres
qui ont plusieurs centres hospitaliers qui gèrent beaucoup de volume, puis il y
a beaucoup de «peaks» puis des bases.
Et on est rendus en ligne avec toutes les autres grandes villes canadiennes
avec qu'est-ce qu'eux autres ils appellent «offload», ça veut dire les
délais de transfert de patient.
Alors,
M. Trahan, peut-être, avec votre permission, M. le Président, peut faire un
petit bout plus spécifique sur le comité de travail qui est en fonction
présentement.
Le Président (M. Marcoux) : Merci, M. D'Ulisse. Alors, si vous voulez vous
identifier, s'il vous plaît, pour les fins de l'enregistrement.
M. Trahan
(Louis) : Oui, il n'y a pas de problème. Mon nom est Louis Trahan,
directeur général adjoint d'Urgences-Santé.
Alors, comme le mentionnait M. D'Ulisse, les temps en CH, ça nous préoccupe
beaucoup parce que ça rend non
disponible des véhicules pour répondre aux appels urgents. On a créé un comité
de travail, conjointement avec le ministère, la Direction nationale des
urgences, les agences de la santé de Montréal et de Laval, afin de mieux comprendre... dans un premier temps, mieux
comprendre la problématique et peut-être regarder aussi, au niveau de
chacun des centres hospitaliers, la
problématique particulière qu'ils vivent. Parce que ce n'est pas tous les
centres hospitaliers qui ont la même
performance en termes de temps CH. Il y a des centres hospitaliers qui sont
très performants, donc probablement une meilleure... un meilleur
processus de prise en charge.
Et ça a été la
première étape, en fait, de sensibiliser les agences, la Direction nationale
des urgences sur cette situation-là. Donc,
il y a des centres hospitaliers qui sont très performants, il y en a d'autres
qui sont moins performants. Donc, on
a partagé ces informations-là, c'était le premier élément, c'était de partager
ces informations-là, partager ces données-là et regarder qu'est-ce qui
pourrait être pris comme piste de solution.
Ce
qui est à noter aussi, c'est qu'à travers les ans c'est généralement les mêmes
centres hospitaliers qui ont les mêmes
performances, que ce soient les bonnes, que ce soient les moins bonnes. Donc,
il y a une stabilité de ce côté-là, alors,
pour nous, c'était important de partager cet élément-là. Il y a un facteur qui
est évident qui nous appartient, alors la gestion de notre personnel, ça nous appartient. S'il y a des
comportements qui feraient en sorte que les temps sont plus longs à cause
d'un comportement de nos équipes, c'est à nous à gérer cet aspect-là. Mais,
outre ça, il y a certaines pistes de solution qui ont été regardées, entre
autres de tout revoir la question des quotas. Les quotas ont été mis en place
pour faire une répartition équitable des transports ambulanciers, c'est ce que
M. D'Ulisse mentionnait tantôt.
Ceci
étant dit, il y a une chose qui se produit, l'agence de Montréal, qui est aussi
responsable d'établir les différents corridors de services et/ou
directives particulières… Comme vous le mentionniez tantôt, si une salle d'urgence
est en situation particulière ou de
dangerosité, c'est l'agence de Montréal qui peut appeler Urgences-Santé pour
dire : Bien, vous fermez cet
hôpital-là ou cette salle d'urgence là. Le problème qu'on a vécu et qu'on a
partagé avec ces gens-là… Urgences-Santé doit composer quotidiennement
avec environ 140 directives particulières, soit de fermeture ou soit de transfert d'un patient vers un autre centre
hospitalier, etc., ce qui complique la tâche énormément de notre personnel
de répartition et ce qui fait en sorte que
les quotas sont très difficiles à respecter parce que vous avez des quotas
théoriques puis vous avez un paquet de directives particulières qui vient un
petit peu mêler les cartes, et là on essaie d'établir une performance à travers
ça, et ça devient excessivement difficile.
Alors,
une fois ces informations-là partagées et, je dirais, comprises de tous et
acceptées de tous aussi — parce
que ce n'est pas tout de les partager, il
faut qu'on ait aussi l'assurance que les gens, ils comprennent la dynamique,
puis qu'on puisse se mettre en mode solution — il
y a une série de pistes de solution qui ont été regardées. Là je les ai
devant moi, je vais vous les dire en vrac — ça ne veut pas dire qu'elles
sont toutes applicables, qu'elles sont toutes viables, mais c'est des choses qu'on
peut regarder, je pense, dans un avenir rapproché.
Vous mentionniez tantôt : Est-ce que les
seules destinations possibles, c'est les salles d'urgence? Bien, c'est une des pistes de solution. N'y a-t-il pas des
cliniques plus grosses ou avec une capacité de réception pour des cas
moins lourds ou moins urgents?
Alors, ça, c'est définitivement une piste qu'on pourrait regarder. Je crois qu'on
l'avait appliquée lors du SRAS, si ma
mémoire est bonne. Alors, c'est peut-être une piste de solution. Donc, étendre
l'offre au niveau de la désignation, de la destination des
bénéficiaires, c'est une piste qui nous semble intéressante.
Une autre
piste qui nous semble intéressante, c'est de s'assurer qu'il y a une
synchronisation entre l'infirmière au triage
et nos équipes de paramédics qui utiliseraient une même échelle de triage. Et
donc il pourrait y avoir un transfert plus rapide des données cliniques et du patient, par le fait même, au niveau
des équipes de paramédics et de la salle de triage au niveau des salles
d'urgence. On a regardé aussi s'il était possible de prioriser les ambulances — bien
entendu, on parlait un peu de notre côté — et de voir s'il n'est pas
possible de mettre du personnel dédié aux ambulances pour la réception des
ambulances ou s'assurer qu'on prenne en charge le patient plus rapidement.
Une autre
piste de solution, c'était regarder aussi s'il n'y avait pas moyen d'établir
des périmètres de désignation plutôt que d'établir des centres
hospitaliers de désignation. Donc, on irait plus par périmètres qui seraient
dans la même zone, si on veut, d'intervention
plutôt que d'avoir des ententes entre centres hospitaliers qui font en sorte ou
qui pourraient faire en sorte, par exemple, qu'un bénéficiaire de
Saint-François-de-Laval serait transporté vers Saint-Luc parce que le CH de
Laval est en fermeture puis on a un débordement qui amène le patient plus vers
le centre-ville de Montréal. Donc, plutôt que d'y aller de cette façon-là, donc
d'établir des zones, des périmètres où on pourrait avoir une désignation et des
ententes entre les centres hospitaliers.
Le Président (M. Marcoux) : ...en
terminant? À moins, je ne sais pas, Mme la députée, voudriez-vous intervenir?
Mme Daneault : …
Le Président (M. Marcoux) : Oui?
Peut-être en terminant, puis on reviendra.
M. Trahan
(Louis) : Oui, bien, je vais
arrêter là puis, comme ça, je vais terminer rapidement. Donc, on a mis
sur la table plusieurs pistes de solution.
Tous se sont montrés très intéressés. Le comité se poursuit, et on espère
pouvoir aboutir avec une meilleure façon, une façon plus efficace de
procéder à la désignation des hôpitaux sur notre territoire.
Le Président (M. Marcoux) : Est-ce
que vous avez une date cible, comme vous dites, pour arriver à mettre en oeuvre
certaines de vos recommandations ou de pistes de solution?
M. D'Ulisse
(Nicola) : Je peux répondre
à ça. La réponse, c'est non, pas pour l'instant. Je pense qu'il faut
regarder comme un petit match de tennis : on va lancer la balle avec
quelques solutions, là, on attend un retour. Qu'est-ce qui est positif, par contre, c'est que les échanges se
font. Puis je vais juste souligner aussi, avant qu'on regarde un délai d'implantation, si au moins on peut s'entendre de
parler le même langage, ce que M. Trahan a fait allusion. Il n'y a pas
le même vocabulaire nécessairement entre les
équipes de paramédics puis les équipes à l'urgence. Si on peut commencer
à arrimer notre langage, nos mesures
ensemble, ça va être un début énorme, juste de commencer avec ça. Mais ça
presse, ça, je peux vous dire.
Le Président (M. Marcoux) : Merci.
Donc, est-ce que... Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Merci, M. le Président.
Alors, M. D'Ulisse, je vais poursuivre avec Laval puisque j'ai encore quelques questions et encore beaucoup de
préoccupations sur le dossier de Laval. Vous savez, j'ai aussi, aujourd'hui,
fait une petite recherche, là, sur le thème et j'ai vu qu'il y a eu quand même
dans le passé, il y a environ un an, un an et demi, une certaine couverture
médiatique où on a adressé cette question-là soit dans le Journal de
Montréal ou dans le journal de Laval.
Notamment, au
mois de janvier 2011, il y a eu un article dans le Journal de Montréal
qui soulignait que, depuis quelques
années — je vous
cite l'article, là — «les
pompiers de Montréal interviennent lors des appels de priorité 1 comme
un arrêt cardiorespiratoire, mais à Laval, le projet est toujours à l'étape des
discussions. "Avec les pompiers premiers répondants,
ça augmente les chances de survie. Ce sont souvent les quatre ou cinq premières
minutes qui comptent", dit le porte-parole d'Urgences-Santé, M. Guy
St-Pierre», à l'époque, qui a mentionné ça.
Quelques
jours après, il y a eu un autre article où, cette fois, c'étaient probablement
les gens du syndicat chez... de votre corporation qui proposaient, eux,
comme premiers répondants... que le service puisse être assuré par les premiers
répondants plus âgés qu'on enlèverait, de ce que j'ai compris, là, de la flotte
de véhicules et qu'on pourrait utiliser...
on pourrait utiliser leur expertise comme premiers répondants. Et encore là «le
syndicat préhospitalier est en discussion
avec Urgences-Santé depuis 2008 et tente de convaincre le maire de Laval». Et
le journaliste est allé voir à la ville de Laval, et «la ville de Laval
[…] répond que le dossier est à l'étude».
Et, en même temps, malheureusement, il y a un
autre article qui date aussi de janvier 2011 où, là... Vous mentionniez tantôt
Saint-François-de-Laval. Effectivement, c'est une extrémité de l'île qui est
peut-être moins dense en population. Et il y a eu un décès. Il y a M.
Étienne qui a fait un arrêt cardiorespiratoire la nuit du jour de l'An, et l'ambulance a pris 16 minutes à arriver chez lui
parce que notamment l'ambulance partait, pour se rendre à Saint-François,
au coin de Henri-Bourassa et Langelier à Montréal. Et en plus, comble de
malchance pour M. Étienne et sa famille, il y
a eu une difficulté avec le signal GPS, l'ambulance a perdu le signal GPS en
arrivant dans ce coin-là, dans le bout de Saint-François.
Alors,
c'est sûr qu'on ne peut pas commenter un cas particulier comme ça parce qu'on
ne connaît pas la condition de santé
du monsieur, sauf que ce qu'on sait, c'est que ça a pris 16 minutes. Et moi,
mon questionnement — et, plus
je vous entends parler, plus ça me
préoccupe : Comment se fait-il, encore une fois, qu'on n'ait pas de
service de premiers répondants? Je ne
connais pas l'état de santé du monsieur, mais je peux certainement présumer
que, s'il y avait eu, un peu plus
près de chez lui, une équipe de premiers répondants qui aurait répondu
rapidement, on aurait peut-être eu des chances que quelqu'un arrive à l'intérieur
de 16 minutes et peut-être même à l'intérieur de cinq, sept minutes, et
peut-être qu'on aurait pu augmenter les chances de survie de ce monsieur-là.
Parce qu'il est décédé, le monsieur.
• (16 h 10) •
Et vous
parliez, tantôt, justement du taux de survie qui a augmenté, en quatre ans, de
27 % à 42 %, si je ne me trompe pas, c'est les données. Et
vous avez mentionné que notamment, dans la chaîne, là, les premiers répondants,
c'est d'une importance quand même capitale
sur le taux de survie. Et là, j'aimerais que vous me parliez, quand
vous... On sait qu'il y a l'expérience avec Montréal de 2 400 pompiers qui
ont eu obtenu… qui ont eu la formation. Est-ce qu'il y a d'autres façons? Il y a une proposition, là, du syndicat des anciens
ambulanciers. Et moi, je pense, il y aurait peut-être lieu d'avoir aussi
des propositions avec des groupes organisés.
Par exemple,
je pense aux bénévoles de la Croix-Rouge à Laval, qui sont très bien organisés.
J'ai eu notamment, dans le cas d'un
incendie dans Sainte-Rose, là, au début de l'année, à intervenir avec eux, à
les voir aller. Quand il y a une situation
d'urgence, ce sont des bénévoles qui demeurent un peu partout sur l'île, qui
sont formés. Dès que leur téléphone sonne, ils sont là, ils sont parmi
les premiers arrivés sur les lieux de... Est-ce que ça pourrait être quelque
chose de possible, ça? Est-ce que les
coûts... Et j'aimerais que vous me disiez : Est-ce qu'il faut absolument
que ça soit des pompiers? Est-ce qu'il faut absolument que ça soit...
Comment ça peut être organisé, mettre en place un service de premiers
répondants? Et qui paie quoi, là-dedans? Comment c'est organisé, la structure
de coûts? Qui paierait pour ça?
Le Président
(M. Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
Et peut-être aussi indiquer ailleurs, je pense, au Québec, comment c'est organisé. Parce que, si je comprends, là, et
c'est important de le préciser, c'est au niveau local que la
responsabilité est attribuée. Alors donc, en tenant compte de ça, mais je pense
que votre question est tout à fait pertinente, mais peut-être le repréciser pour que nous comprenions bien le contexte dans
lequel s'inscrit le rôle des premiers répondants et en termes de
responsabilité également.
M. D'Ulisse (Nicola) : Je vais
essayer, avec un survol, de prendre toutes les questions. Alors, on reprend
le... Le volet premiers répondants,
normalement, c'est quelque chose qui... c'est une décision municipale. Ils vont
décider : On veut améliorer notre service. Le temps de réponse que vous
avez mentionné, 16 minutes, c'est un cas triste. Puis, en principe, on aimerait aussi avoir une ambulance
sur tous les coins de rue et un temps de réponse de deux minutes. Un
temps de réponse de 16 minutes, c'est un
temps de réponse de moyenne rurale. J'ai fait allusion, tantôt, à la
Montérégie, où est-ce que je reste, à
Saint-Lazare, le temps de réponse, ça roule aux alentours de 14, 15, 16
minutes. Alors, une extrémité de Montréal
ou Laval, le temps de réponse — pour
une ambulance, on parle toujours — quand
on entend 10, 12, 13 minutes, c'est
toujours trop long pour quelqu'un qui appelle, mais ça ressemble à des temps de
réponse qui commencent à être, je dirais plus, semi-ruraux.
Alors, ça, c'est
une partie quand on parle de temps de réponse. C'est quoi, les solutions...
Pour répondre à votre question, l'appréhension de Laval, je pense qu'il
y a quand même l'appréhension de copier le modèle de Montréal, leur appréhension de, tu sais : Est-ce que
vraiment les pompiers sont la solution? Et même si 90 % des
services de premiers répondants à travers le Québec, c'est des pompiers, il
faut ignorer ça, il faut retourner à qu'est-ce que j'appelle le buffet. C'est quoi, les options qu'on a vers nous autres?
Vous avez fait allusion à des bénévoles. Il n'y a pas énormément de services bénévoles à travers la
province, mais il y en a, puis ça fonctionne très bien. Puis, je vous
dirais, des fois, le niveau de «commitment»
de ces gens-là, c'est aussi fort que les professionnels qui font ça comme une
carrière.
Pour les Lavallois, c'est aussi facile de
dire : On veut. Après ça, on commence les modèles. Les modèles de déploiement, vous avez fait aussi allusion... On a
offert une solution, ça fait plusieurs années, de nos vieux paramédics.
Je vais me conter parmi les vieux paramédics aussi. C'est un modèle qui est
utilisé dans les grandes municipalités. On appelle ça, en anglais, des «zoom
cars», puis, en français, on appelle ça des «zoom cars». Ça veut dire : on
met un paramédic dans un véhicule qui n'est pas une ambulance puis, en
principe, ça remplace le premier répondant. Ce n'est normalement pas un modèle
qu'on déploie à travers un territoire complet. C'est un modèle qu'on va cibler
une certaine région parce qu'il y a des particularités. Mais, tout pour dire,
ça, ça fait partie de nos options aussi.
Est-ce qu'Urgence-Santé
va assumer le rôle d'un premier répondant sur le territoire de Laval? Je pense
que la réponse est non. Est-ce qu'on peut participer dans cette
chaîne... maillon de la chaîne? La réponse est oui. On peut, conjointement avec la ville de Laval...
Eux-autres, il y a une partie qui est couverte par les bénévoles, une autre
partie par les pompiers, une autre partie
par peut-être un ou deux paramédics d'un certain âge qui peuvent finir leur
journée sans soulever des charges — j'y ai fait allusion tantôt.
Alors, le modèle, c'est mixte.
La première
chose, c'est de dire : Je suis prêt. Là, on commence à dessiner le modèle
qui nous amène au volet budgétaire.
Avec toute la meilleure volonté clinique qu'on a puis que Laval a aussi pour
leurs citoyens, le volet financier, c'est
quand même complexe. Qu'est-ce qui est disponible? C'est sûr, si on regarde
Montréal puis on regarde une petite région,
Montérégie, les sommes ne sont pas pareilles. Commence donc avec le modèle. Les
affaires de base sont payées par le
ministère qui transige via l'agence qui est nous. On les forme. On fournit un
défibrillateur, les équipements périphériques de ça, les trousses. C'est sûr, le ministère puis les agences n'embarquent
pas dans les volets de véhicule de réponse. Ça, ça va aller trop loin. Et c'est là qu'on commence à
voir la transition vers les responsabilités municipales ou plus
régionales dans ces programmes-là.
Alors, les sommes disponibles, ça va
varier, basé sur le modèle. On a un grand intérêt, et nos infrastructures
sont là pour supporter ces gens-là. Alors,
les affaires comme j'ai mentionnées, de formation, Urgence-Santé est là pour
ça. Les villes, les municipalités n'ont pas
à s'inquiéter là-dessus. L'assurance qualité, on s'en occupe. Eux autres, ils
tournent côté médical, sous l'égide de notre directeur médical régional. Alors,
ça aussi, côté médicoclinique légal, il n'y a rien à s'inquiéter.
Je
ne dirais pas que c'est un modèle clés en main, pas du tout. Nos solutions, on
peut fournir clés en main, mais de le
bâtir avec les municipalités puis monter les budgets en conséquence. Si une
municipalité voit que ça commence à être
trop cher dans un certain secteur parce que ça va engendrer des temps
supplémentaires en formation pour les pompiers ou les policiers, encore
une fois on peut moduler puis prendre une autre approche. À l'époque, la ville
de Montréal a décidé de former en temps supplémentaire pour une petite période
parce que, pour eux autres, c'était important, puis ils avaient d'autres
priorités.
Alors,
c'est ça. Je ramène toujours notre rôle, c'est des vendeurs de cette chaîne d'intervention.
J'espère qu'on est proches, puis je
crois, puis on sent, avec les questions qui viennent de Laval dernièrement, un
grand intérêt d'aller à la prochaine étape.
Le Président (M.
Marcoux) : Mme la députée.
Mme Proulx : Donc, si je vous ai bien compris, en fait, s'il y a une volonté
politique d'y aller, il y a différentes pistes qui sont offertes, et ce n'est pas nécessairement le modèle de
Montréal qui devrait être reproduit, mais il y a une possibilité d'aller
de l'avant, même dans des modèles hybrides, là, qui ne soient pas uniformes sur
la grandeur de l'île de Laval.
J'ai
une autre question par rapport à vos données. Est-ce que vous avez des données…
Parce que là, d'après ce que j'ai vu
dans votre rapport, les résultats sont fondus, Laval et Montréal. Est-ce que
vous avez des données spécifiques, par exemple, pour Laval, en termes de
taux de survie, taux de... Toutes les données que vous nous proposez, là, c'est
vraiment Montréal-Laval. Vous ne faites pas
de différenciation, là, dans les données. Ça pourrait être intéressant d'avoir
les données pour Laval.
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La particularité d'Urgence-Santé, c'est qu'on a
deux grandes villes, hein? Deux grandes îles, deux grandes villes. On gère une région. Alors, peu importe la
gestion de notre flotte, c'est en déploiement dynamique. Ça veut
dire : il n'y a pas de casernes, il n'y a pas de bases fixes. Nos
véhicules, ils se promènent à travers tout notre territoire. On fait le saut
vers l'assurance qualité puis les mesures de taux de survie. Tous les systèmes
puis les infrastructures sont bâtis sur
notre territoire au complet. Notre directeur médical régional a une
responsabilité de déposer, via le système provincial de qualité, nos
indicateurs, nos mesures de performance en qualité, en taux de conformité. Il n'y a pas de distinction, ni de Laval, ni de
Sainte-Anne-de-Bellevue ou d'autres municipalités. C'est vraiment un
tout.
Le Président (M.
Marcoux) : Ça va?
Mme Proulx :
Ça va.
Le Président (M.
Marcoux) : Merci. Oui. Maintenant, je cède la parole à M. le député de
Vimont. C'est ça?
• (16 h 20) •
M. Rousselle : Merci. Merci d'ailleurs d'être ici. Vimont, en passant, c'est à Laval.
Donc, pas besoin de vous dire qu'on
va jaser de Laval. Écoutez, moi, de un, juste pour vous informer, moi, j'ai
rentré dans la police en 1976 à Laval. Donc,
on faisait des transports d'ambulance avec des «stations» puis avec des boîtes
de plasteurs, c'est à peu près ça qu'on avait. Par chance que ça a
évolué avec le temps, puis je suis content. Mais aussi la population, elle a
augmenté, puis, comme ma collègue de Sainte-Rose l'a mentionné, on est rendus
avec une population de 400 000, donc beaucoup de demandes. Puis effectivement vous parliez d'outils tantôt, effectivement
les outils se sont améliorés. Par chance. Moi, je voudrais savoir… Je n'ai pas vu, dans vos chiffres,
combien de fois vous avez utilisé votre plan de contingence. Je n'ai pas
vu ça nulle part. Pouvez-vous m'en parler un petit peu?
Le Président (M. Marcoux) :
Oui, M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Je vais juste mettre ça en perspective. Pour nous
autres, un plan de contingence, c'est un outil ou, si vous voulez, c'est
une mesure qu'on utilise pour gérer nos ressources pendant les «peak» puis des bases.
Alors, je veux juste clarifier. On parle dans ce contexte-là?
M.
Rousselle : Oui.
M. D'Ulisse
(Nicola) : O.K. Alors, peut-être que je vais...
M.
Rousselle : Excusez. Surtout dans Laval parce que c'est ça qui m'intéresse
en plus, là..
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M.
D'Ulisse (Nicola) : Même
avant que j'explique le plan de contingence, plan... Il n'y en pas un pour
Laval puis un pour Montréal. On en a
un pour notre territoire. Il y a deux volets dans cet outil-là. Un volet
préventif, ça veut dire nos gestionnaires opérationnels. Aujourd'hui, on
est mardi… mercredi... mercredi, 15 mai, on regarde notre volume de paramédics pour la fin de semaine, nos quotes‑parts
de paramédics, puis on dit : On manque du monde. Alors, une des gestionnaires opérationnelles va dire : O.K.,
qu'est-ce qu'on va faire, c'est qu'on va arrêter les demandes pour les
congés fériés. Alors, on est en contingence.
Là, on poursuit, on approche vendredi, il manque encore du staff. Là, on
commence à dire : O.K., on va serrer un
petit peu là, on va serrer là. Alors, ça, c'est tout dans le mode proactif
avant la journée de travail, si vous voulez.
La journée même, là on «switche» dans un autre
mécanisme, dans qu'est-ce qu'on appelle encore le plan de contingence, c'est… On commence à avoir un volume,
une demande plus élevée que l'offre qu'on est capables de donner. Ça veut dire : le nombre d'appels sont en
croissance. Au lieu d'être un nombre… c'est 30, 40 appels à l'heure qui
rentrent chez nous, on monte à 45, on monte
à 50. Pas de problème, on est capables de gérer ça pour une petite période.
Mais ça continue à monter ou ça reste
stable, là. On mesure les pourcentages des appels qui rentrent, on mesure les
disponibilités des ressources, puis là on peut...
Encore dans un mode préventif, le plan de
contingence niveau 1, ça veut dire : les premières séries d'actions qu'on va déployer. Et là on va aviser les
établissements : Ça se peut que vous avez des petits retards. On est
supposés de ramasser votre patient pour un transfert interétablissement;
«stand-by», on vous revient. On va commencer aussi de regarder les ressources qui s'en viennent lorsqu'on approche un
changement de quart de travail, puis on continue à mesurer. Ça, c'est le
premier niveau. Encore, on est mesure préventive.
Notre système
est basé sur priorisation. On a fait allusion à des hautes priorités : c'est
tous les appels urgents. Mais les appels urgents puis les affectations
immédiates sont divisés en un, deux, trois, quatre niveaux. Ça, c'est notre priorité. Les appels de basse priorité, on peut
moduler ça. Ça, c'est la priorisation : qu'est-ce qui est urgent vient
avant; qu'est-ce qui est non urgent, ça peut
attendre. Alors, à travers le plan de contingence, pour retourner à votre
point, on peut aviser un patient qui
est moins prioritaire, très, très bas : L'ambulance risque d'être longue.
Et là on a un mécanisme aussi de rappeler cette personne-là à certaines
fréquences parce que ce n'est pas prioritaire mais on veut quand même garder un
lien. Là, le volume continue à augmenter.
Mettons, on
était au mois de janvier 2013 cette année, on a vécu des records : appels
qui rentrent, tempête de neige, tout
ce qu'on peut imaginer. Horrible. On monte à niveau 2. Là, on commence à avoir
des conséquences plus pour nos équipes.
On dit : Il n'y a pas de lunch aujourd'hui ou pas... certainement pas pour
les prochaines heures. Là, on appelle les établissements puis on
dit : Ça ne sera pas aujourd'hui, votre transfert non urgent à tel
établissement, on est rendus 8 heures le soir, ça va aller demain matin.
Niveau 3,
depuis je suis là, ça veut dire quatre ans, on l'a déclenché une fois. Ça, on
appelle ça bris de service. Puis ça…
puis c'est le point où est-ce qu'on est normalement côte à côte. Ça a été dans
un contexte de canicule, en 2010, si
je ne me trompe pas, après 10 jours. Là, on n'est plus capables de soutenir le
«beat». Les équipes sont là, on a déployé tout ce qu'on a sur le
terrain, mais on n'est plus capables, et c'est normalement sous des conditions
météorologiques, un événement massif qui est arrivé et qui soutient dans le
temps.
Alors, ça, c'est
le système de plan de contingence. Combien de fois qu'on déploie ça? C'est tout
relatif. Je vais vous lancer un
chiffre. Il me semble que l'année passée, on était à 5 %, niveau 1; niveau
2, très peu; niveau 3, zéro. En niveau
1, comme je dis, c'est en mode préventif. On protège nos ressources pour les
appels de priorité 0, 1, 2, 3, qui sont les hautes priorités, pour
assurer qu'ils sont disponibles, puis on va retarder le reste, travailler avec
nos partenaires étroitement pour rebalancer.
Mais on ne peut pas contrôler tous les «peaks». Alors, c'est un outil pour
justement essayer de gérer, mettre un peu de contrôle dans qu'est-ce qui
n'est pas contrôlable, finalement.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
M.
Rousselle : Merci. Pour
continuer toujours dans le même niveau de contingence, là, au moment qu'il y a
des choses, vous avez un service essentiel à
maintenir, vous avez un certain nombre de staff à maintenir… de personnel — excusezl'anglicisme, là — de personnel à maintenir, est-ce que le niveau de contingence, ça
s'arrime à ça ou... Je ne sais pas si vous
comprenez ma question, là. Quand il arrive quelque chose, vous avez... Bien,
quand il y a les services essentiels, vous avez un minimum de staff à
garder en devoir. Quand il arrive la contingence, est-ce que vous vous
organisez à maintenir le même niveau que le service essentiel vous demanderait
en staff pour maintenir le service de qualité ou ça n'a pas rapport?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Je pense que je
peux répondre. Quand on parle de services essentiels, c'est sûr,
récemment, ça nous met dans le contexte de
moyens de pression puis même une grève qui a été déclenchée. Alors, on peut
utiliser cet exemple-là. Les services essentiels, elle dit : Regarde, on
va établir un niveau de staffing, puis le staffing va être là, puis on maintient ça là. Est-ce que c'est possible
qu'on utilise le plan de contingence pour augmenter les ressources parce
qu'elles sont... La réponse est non, parce
que les critères pour déclencher le plan de contingence, c'est basé sur,
comme j'ai dit, l'offre versus la demande,
puis, dans le niveau d'employés ou de staffing qui était établi par les
services essentiels, pour nous, je
dirais, le mois de janvier, pendant que les paramédics étaient en grève, le
staffing était tout comblé. Le plan de
contingence, dans cette période-là — on recule — c'était déployé dans les périodes complexes
météorologiques puis une période où est-ce que — j'y
ai fait allusion — c'était
un nombre d'appels historique qui est rentré pour deux, trois
semaines. Alors, est-ce que c'était juste dans préhosp? Non, parce que nos
partenaires sur la Rive-Sud, nos partenaires…
les salles d'urgence ont toutes vécu une rehausse. Est-ce qu'une partie était
liée à une rehausse de l'influenza ou d'autre chose? Peut-être une
petite partie, mais pas énormément. C'était un alignement de facteurs vraiment
exceptionnels, puis ça a duré une dizaine de jours. J'espère que ça répond à
votre question en le mettant… une mise en contexte.
M.
Rousselle : Oui. Bien...
Le Président (M.
Marcoux) : M. le député.
M. Rousselle : Oui. Bien, merci. Non, mais c'est ça. Moi, ce n'était pas au niveau,
là, du conflit de travail, mais c'était juste pour me servir d'une base,
là, de personnes qui travaillent, là, c'est...
Une
question. Vous allouez sûrement des ambulances, quand vous commencez un
chiffre, à ville Laval, sur le territoire
de Laval. Quand une ambulance sort de Laval pour effectivement faire un
transport puis elle est obligée d'aller à Saint-Luc ou à un hôpital à Montréal, cette ambulance-là, on la perd
parce que, bien souvent, elle est réutilisée... puis là dites-moi si je
me trompe, là, à moins qu'elle ait changé avec les années, on la perd, parce
que, bien souvent, elle est réutilisée à
Montréal parce que, là, elle a changé de secteur. Est-ce que ça veut dire qu'à
un moment donné on n'a plus d'ambulance à Laval ou il y a un processus
qui fait qu'on a une ambulance qui revient de quelque part, là, tu sais?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
• (16 h 30) •
M. D'Ulisse
(Nicola) : Excellente question. Ça, ça me fâche d'entrer dans la
définition, l'explication d'un déploiement dynamique. On va partir de la base.
J'ai expliqué tantôt, on n'a pas de casernes comme telles, on a des mégagarages. À Laval, il y en a un, il y a 26, 27
ambulances qui partent, qui se terminent là. Dans l'est, il y en a un
autre avec — je
ne sais même plus le décompte — 53, puis un autre, 50, 60, est, ouest de
Montréal.
Alors,
les équipes, elles partent le matin. Est-ce qu'elles vont partir vers le sud,
traverser un pont? Fort probable. Est-ce
que c'est des ambulances attribuables... qui sont attribuées à Laval? En
principe oui, mais elles sont attribuables, première chose, dans leur secteur. On appelle ça le secteur nord — dans
l'ancien temps, on appelait ça le secteur 2 — qui inclut une partie de Montréal, la couronne nord de
Montréal. Ce qu'il faut se souvenir : Laval, ce n'est pas bien
balancé, un centre hospitalier sur quand même un territoire assez important. En
plus, nous autres, quand on regarde, notre territoire,
c'est divisé en cinq secteurs d'activité, un qui est le secteur nord, le
secteur 2. Des fois, on va dire banalement le nord Laval, et ça inclut
la région couronne nord de Montréal. Alors, en principe, nos équipes aiment
bien rester dans leur propre secteur.
Là, je continue avec
qu'est-ce qu'un déploiement dynamique. Une équipe part le matin, elle va
probablement traverser la ville de Montréal, faire un petit détour à Montréal,
à Laval, descendre, remonter. Ils sont en mouvement constant. Alors, on essaie de garder nos équipes, si possible, vers leur
centre d'activité. Mais une équipe — c'est
un très bon exemple — une
équipe qui part de Laval vers Saint-Luc parce que Laval ont reçu leur
quote-part, Cité de la santé, puis
Sacré-Coeur ont reçu leur quote-part, donc on continue, puis on descend,
mettons, au Jewish. Mais, quand ils sortent de l'urgence de Jewish, ils sont disponibles là pour un autre appel. L'autre
appel, c'est plus dans Notre-Dame-de-Grâce. Ils sont transportés vers Saint-Luc, puis là ils continuent. Puis notre
équipe, là, ils ont leur petite calotte J'aime Laval, mais ils vont faire le tour de leur territoire. Qu'est-ce
qui arrive? C'est souvent pendant leur heure de lunch, ils vont prendre
une décision : Est-ce qu'on reste dans le centre-ville ou est-ce qu'on
retourne vers Laval? Souvent, ils vont retourner vers le garage, manger là puis
ils repartent.
Alors
ça, c'est le déploiement dynamique. C'est une force puis c'est une faiblesse. C'est
une force dans le sens que le véhicule n'a pas un «flag» ou le drapeau d'un
secteur ou l'autre, il va bouger où est-ce que le répartiteur va les amener. La
partie négative, c'est sûr, c'est pour l'employé. Tout le monde a une
préférence de secteur où est-ce qu'il veut travailler. Mais, en déploiement
dynamique, pendant votre quart de huit heures, 10 heures, 12 heures, là,
vous êtes là pour couvrir le territoire. Est-ce que les équipes qui partent de
Laval vont découvrir Laval? Pas du tout. Le répartiteur, son job, c'est d'assurer
que, quand il y a trois ambulances qui partent de Laval, il y a quelque chose
qui remonte. Les points d'attente sont établis via le nombre d'ambulances qui
sont disponibles. Si on en a six, voici la couverture. Si on en a sept... Puis
les répartiteurs, ils savent exactement, avec les trafics, avec les fermetures,
avec les activités, où est-ce qu'ils ont
besoin de placer… C'est comme une tour de contrôle des avions, ils savent où
est-ce qu'ils ont besoin de placer leurs ressources.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, ça va, M. le député?
M.
Rousselle : Très bien.
Le Président (M. Marcoux) : Oui? D'accord. Mme la députée de Groulx,
voulez-vous intervenir tout de suite?
Mme
Daneault : Oui. Certainement, s'il me reste du temps.
Le Président (M.
Marcoux) : Pardon? Oui.
Mme Daneault : Il me reste du temps? Oui, quand même. Je
voudrais revenir. Tout à l'heure, on a parlé du taux de survie, là, et évidemment c'est le premier
critère, puis ça me préoccupe, je ne vous le cacherai pas. Si je résume,
là, dans le fond, le fait que vous ayez
obtenu de si bons résultats, c'est : un, d'avoir plus de premiers
répondants; deux, la formation; et, trois, le système de feedback qui a
fait qu'on a amélioré ça.
Alors,
ma question. Chez nous, dans mon comté, en fait, on a muni les policiers, les
voitures de police avec des appareils
défibrillateurs. Et, quand je vous entends aujourd'hui me répondre ça, est-ce
qu'on devrait dorénavant, dans la formation policière et la formation de
pompier, automatiquement mettre la formation de premier répondant et exiger, dans l'ensemble du Québec, l'ensemble du
territoire, d'avoir des appareils défibrillateurs soit dans les véhicules de
police ou dans les véhicules de pompiers?
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La réponse puriste, c'est oui, absolument, sans
hésitation. La réponse réaliste, c'est plutôt : Il faut comprendre votre territoire. On ne peut pas
offrir une solution n'importe où à travers la province sur c'est quoi le
meilleur déploiement sans savoir c'est quoi le nombre d'appels, la densité de
population, les durées de déplacement, les
ressources qui sont déjà en place. C'est une analyse qui a besoin d'être faite
région par région. Puis normalement vous reculez à deux, trois ans d'historique
pour voir le mouvement des appels, des équipes, où est-ce qu'est placé le
centre hospitalier aussi parce que l'ambulance
qui se termine avec un transport, où est-ce qu'il va tourner disponible? Mais
c'est au centre hospitalier. Alors là, par
défaut, il couvre ce territoire pendant qu'il est en mouvement de retourner
vers sa base. Alors, la réponse pure, c'est : Tous les niveaux de
la chaîne d'intervention ont besoin d'être renforcés. À quel coût? À quel prix?
Je pense que c'est là que ça devient une discussion, un échange qui est plus
pratico-pratique pour la région en question.
Mme Daneault : Si on parle de votre dossier, entre autres, là, sur l'île de Laval, si
vous aviez aujourd'hui des unités soit de pompiers ou soit de policiers
qui étaient munies de défibrillateur, ce que je comprends, c'est qu'on
augmenterait votre performance au niveau du taux de survie.
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Le cas qu'on a cité tantôt, avec un temps de
réponse de 16 minutes, je dis que c'est très malheureux, mais, si on avait à refaire cette
situation-là aujourd'hui, en 2013, il y aurait un policier là qui va masser,
qui va défibriller. Alors, est-ce que ça justifie
le fait que l'ambulance a pris plus longtemps? Non. Est-ce que ça va avoir
un impact sur le taux de survie potentiel de ce patient-là en question?
Absolument. Et c'est pour ça, dernièrement — je reviens toujours, je m'excuse si je répète — les défibrillateurs, même la SQ a annoncé,
conjointement avec la Sécurité publique,
Santé... Ça, c'est juste en continuité de qu'est-ce qui était déjà débuté dans
les infrastructures depuis des années. On
parle d'un déploiement provincial pour l'Est; après ça, municipal, où est-ce
que ça existe. C'est des excellents gestes. Et, je pense, déjà on
commence à mesurer les résultats.
Même
à Laval, si je ne me trompe pas — je
n'ai pas les chiffres en main — le
défibrillateur est utilisé, en moyenne, à Laval, une fois par semaine
par les policiers. Il me semble qu'ils ont défibrillé, la dernière année, une
douzaine de fois, puis il y a un retour de
pouls, je pense, une moitié, 50 % de ça. C'est énorme, énorme, énorme.
Alors, si on regarde juste ces cas-là… On ne cachera pas, les policiers
étaient déjà sur les lieux avant le déploiement de ce programme-là, ils
massaient. Là, on donne la deuxième partie, l'outil qui fait le tout, le
défibrillateur. Alors, avec une population de 400 000,
de déployer le défibrillateur une fois par semaine, défibriller une fois par
deux semaines, là, ça, c'est majeur pour nous autres à Urgences-Santé.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui, Mme la députée.
Mme
Daneault : Oui. Je vais changer de sujet. Dans le rapport que vous
nous avez fourni, on a noté que vos effectifs ont augmenté d'environ 8,6 %
entre 2008 et 2012. Par contre, votre nombre de cadres est passé de 80 en
2010-2011 à 92 en 2011-2012, donc une augmentation de 15 %. Vous justifiez
ça de quelle façon?
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Je vais juste répéter les chiffres pour m'assurer
que j'ai bien compris. Vous faites allusion à un 15 % d'augmentation
de volume?
Mme
Daneault : Non, non, du nombre de cadres, qui est passé de...
M. D'Ulisse
(Nicola) : Ah, les cadres. Je m'excuse. J'ai compris quarts, quarts de
travail.
Mme
Daneault : Ah, non, les cadres.
M. D'Ulisse (Nicola) : Oui, O.K. Merci, j'ai bien compris. Il y a deux
choses. Si on regarde le nombre d'employés à Urgences-Santé, mettons, depuis deux, trois ans, l'évolution, c'est
dans deux, trois secteurs de… Un, c'est les cadres, puis je vais m'expliquer
pourquoi. On a fait, ça fait environ deux ans, une restructuration
spécifiquement dans la direction des opérations, un petit
peu en lien avec notre ancien plan stratégique où est-ce qu'on a une volonté de
décentraliser et le contrôle et l'imputabilité.
On a mis en place une infrastructure de gestion puis de support. Je dis
les deux conjointement parce qu'une partie va expliquer l'ajout de
12 cadres.
Présentement, 24-7,
dans nos trois centres opérationnels, qui sont vraiment les «hubs» où est-ce
que les paramédics débutent puis finissent
leurs quarts de travail, on a un cadre sur place avec une équipe de support. Jem'explique : l'équipe de support, on
appelle ça un agent de liaison. C'est un style de chef d'équipe syndiqué qui
est là pour échanger, faire des
briefings avec les paramédics début de quart, fin de quart. On a un chef d'équipe
pour l'équipe qui remet les
ambulances en service. Alors, c'est un calcul mathématique, les 12 quarts,
c'est : trois centres opérationnels, il y a quatre quarts de
travail, ça fait 12 quarts.
Ça, c'est notre
«commitment» de renforcer vers la première ligne, la ligne de support, la ligne
de terrain. Les autres ajouts de staffing
depuis deux ans, trois ans, c'est tout dans les secteurs terrain, terrain,
terrain, qu'est-ce qui est plus
proche aux populations : les paramédics, les répartiteurs médicaux d'urgence
puis les cadres opérationnels. Les cadres administratifs, il n'y a pas d'ajout,
je dirais même il y a quelques réductions des cadres administratifs.
Et
on avait une grande lacune où est-ce que, sur le terrain, 24-7, les samedis et
les dimanches, 2 heures le matin, il n'y en avait pas, de support
pour les employés. Les employés de nuit, roulaient sur un modèle de business
qui était lundi à vendredi, plus 8 à 4.
Alors, ça, c'est un «commitment» qu'on a fait pour assurer qu'à n'importe quel
moment il y ait quelqu'un de
disponible pour les paramédics, pour les mécaniciens, pour les techniciens
préposés remise en service dans leur
centre opérationnel. Ce n'est pas des postes qui ont été mis en place au centre
administratif, qui est effectivement fermé les soirs puis les fins de
semaine.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Marcoux) : Mme la députée.
Mme
Daneault : Mais l'ajout de ces cadres-là, j'imagine, était dans un
objectif de gains d'efficacité ou de fonctionnement...
de meilleur fonctionnement au sein de votre organisation. Est-ce qu'il y a eu
des gains d'efficacité? Puis quels sont-ils?
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La réponse est oui. On a mentionné tantôt la
disponibilité. Notre job, comme gestionnaires, oui, c'est qualité, oui, c'est taux de survie. On court la
disponibilité. Une équipe qui ne part pas parce que l'ambulance n'est
pas prête, l'équipe qui ne part pas parce qu'il manque une pièce d'équipement,
une équipe qui ne part pas de notre centre opérationnel parce que la mise en
service a eu un «backlog», ça nous coûte des minutes qui sont précieuses. Ça, c'est
une partie.
L'autre partie, c'est,
quand une équipe retourne vers le centre opérationnel aussi, s'il n'y a
personne là pour prendre en main c'est quoi,
leurs défis, leurs problèmes. Ça peut être un bris mécanique, ça peut être un
besoin personnel, un défi avec la
famille autant qu'une maladie. Le cadre est là pour assurer que lui, il parte.
Je vais jumeler ce paramédic avec,
vite, un autre paramédic qui est disponible dans une autre région pour le
remettre en service le plus vite possible. Alors, ça, c'est une grande
partie mesurable où est-ce qu'on a des gains d'efficacité.
L'autre partie, qui
est moins tangible, c'est quand on tombe dans une culture. Est-ce que les
employés, les paramédics de soir, de nuit,
de fin de semaine ont droit au même niveau de support puis de service que les
gens de jour? La réponse est oui.
Alors, d'être à l'écoute de leurs besoins, aussi simples que, des fois, une
commande d'uniforme qui n'était pas
livrée, une demande d'une journée de congé, un problème de qualité, un suivi
formatif, etc. Là, ces infrastructures sont là depuis deux ans, en place
24/7.
Puis
je pense que l'appréciation des paramédics à tous les niveaux est très forte.
Il y a des fois, on ne le cachera pas, ce n'est pas nécessairement le
cadre qui est la meilleure personne avec laquelle il veut parler. L'agent de
liaison, le chef d'équipe qui est là aussi peut aussi échanger sur le niveau
clinique, un nouveau protocole, ou qui peut prendre leur demande, l'équipe part
sur la route, qui peut faire un suivi.
Le Président (M.
Marcoux) : Une dernière question, Mme la députée de Groulx.
Mme Daneault : Oui. Vous nous avez dit que, oui, effectivement, il y a eu des gains d'efficacité
puis il y a des mesures qui ont été objectivables. Est-ce que vous avez
les chiffres ou les tableaux ou est-ce que...
M. D'Ulisse (Nicola) : Non, je ne l'ai pas en main. On parle vraiment,
spécifiquement, les débuts de quart, les fins de quart, les périodes de 10-6. Il y a des places que c'est
mesurable, il y a d'autres places que ce n'est pas mesurable. Les places où est-ce que c'est moins mesurable, c'est
l'équipe qui se rapporte disponible en centre-ville, il y a un bris ou
un manque d'équipement, puis il a besoin de
retourner au centre opérationnel. Oui, on sait où est-ce qu'il est, on sait
qu'est-ce qu'il fait, mais ce n'est pas
quelque chose qu'on mesure exactement à la minute, de dire : Est-ce qu'on
a sauvé du temps? Est-ce qu'on lui a amené la pièce d'équipement
manquante où est-ce qu'il était versus de le forcer de retourner aux casernes? Puis il y a des parties qui sont
mesurables. C'est les débuts puis les fins de quarts de travail. Je n'ai pas
les chiffres, malheureusement, avec moi aujourd'hui.
Le Président (M.
Marcoux) : Simplement pour faire suite à la question de la députée de
Groulx. Pour ce qui est mesurable, je pense, c'est que vous mesurez... Si vous
avez l'information, serait-il possible, dans le fond, de la transmettre à la
commission? Je pense que ça serait intéressant pour tous les membres.
M.
D'Ulisse (Nicola) : Absolument. Ça nous fera plaisir.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui? Très bien.
Mme
Daneault : Merci.
Le Président (M. Marcoux) : Merci. Alors, maintenant, je cède la parole au
député de Deux-Montagnes. M. le député.
M. Goyer :
Oui, merci, M. le Président. J'ai envie de vous faire référence à une publicité
des Hôtels Jaro, à la télévision, où il dit... quand la personne rentre
dans la chambre, elle dit : Wow!
Le Président (M.
Marcoux) : Bien, vous avez le député de Beauce-Sud qui est ici,
voyez-vous, là.
M. Goyer :
Bien, oui.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, Jaro, ça vient de la Beauce, ça.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Goyer :
Ah! Bien, là, je ne le savais pas. À force de côtoyer M. Dutil, j'ai l'impression
que tout vient de la Beauce, hein?
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Dutil :
…quelqu'un de sensé.
M. Goyer :
Je dis «wow!» parce que, tantôt, M. le président, vous avez parlé de
satisfaction générale à hauteur de 97 %, alors que vous oeuvrez
dans un milieu où la vie est en danger la plupart du temps, là — c'est
les cas critiques que vous traitez — et que vous n'avez aucune
recommandation du vérificateur. Je n'ai pas une longue expérience parlementaire, mais entendre dire par un organisme
qu'il n'y a pas eu de recommandation du vérificateur, c'est tout à votre
honneur quand je compare avec les autres secteurs.
Vous
avez aussi atteint les objectifs de compressions budgétaires ou de gestion
financière qui est dans le rapport. Et en plus vous gérez 228 000
appels. Je vous le dis : Wow! ou chapeau à vous et à toute l'équipe d'être
capables d'avoir une si belle performance. Puis inquiétez-vous pas, il n'y a
pas de pot après les fleurs.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Goyer : C'est le
constat que j'ai fait à lire et à vous entendre, M. le président. Par rapport à
votre satisfaction générale, c'est
quelle, la méthodologie du sondage? Parce que, bon, vous avez une clientèle qui
est votre clientèle pour 20 minutes ou 15 minutes. Est-ce que c'est un
sondage à toute la clientèle, à un échantillon? Est-ce que vous allez refaire cette étude-là ou ce sondage-là de façon
annuelle ou biannuelle, à tous les cinq ans? Comment vous fonctionnez? Parce que c'est impressionnant, là. Dans le
milieu, vous avez 97 % de satisfaction, là. Faites attention, le plafond,
il va... il est trop haut, là. Il est trop bas, là.
M. D'Ulisse
(Nicola) : ...
Le Président (M.
Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : On attendait justement les résultats pour répondre
à la question : Est-ce qu'on va le faire encore, le sondage? Toute blague à part, le conseil d'administration n'est
qu'un sous-comité du conseil. C'est le comité de vigilance, de gouvernance. On a regardé nos façons de sonder notre
clientèle qui recule à environ trois ans. On n'était pas vraiment
satisfaits avec la façon qu'on faisait le sondage. C'était une enveloppe qui
était envoyée à des patients qui étaient transportés sur notre territoire.
Alors, l'année
passée, on a arrêté complètement de faire des sondages pour un an. On a essayé
de monter une structure à l'interne, une
structure de sondage qui va faire du sens. Finalement, en sous-comité du
conseil, on a dit : Non, on mettre
ça en sous-traitance. On va aller vers les experts puis on va leur demander :
Comment vous attaquerez ce monstre-là? Finalement, ils ont tranché ça en
plusieurs morceaux. On commence avec le premier volet du sondage, qui était
fait par la firme — M. Trahan m'a transféré la fiche — Ad hoc Recherche, c'est une firme qui est
connue. Suite à un appel d'offres, le plus bas soumissionnaire, on nous
a proposé la méthodologie...
Des voix :
...
M. D'Ulisse (Nicola) : Les quatre
actions, c'est… La première étape, c'est le répondant médical d'urgence, la prise d'appel, la personne qui répond au
téléphone avec une certaine série de questions. Après ça, on parle de
délai, si je ne me
trompe pas. Le troisième, c'est le transport. Alors, on parle de comportement…
Si vous me permettez, je vais regarder direct la fiche, je vais être
plus précis.
Une voix : On parle de civière.
M. D'Ulisse (Nicola) : Oui,
justement.
Une voix : Oui?
M. D'Ulisse (Nicola) : C'était
là-dessus. C'était là-dessus. Confort de la civière, confort dans l'ambulance.
Il y avait même des commentaires dans la
liste de… disant que vous êtes en grève. Ça, c'est 1 % de la population.
Alors, le service, le véhicule comme tel,
alors tout ce qui se passe dans le module de soins. Puis la dernière étape, c'est
une partie qui est très sensible chez
nous, c'est la facturation, et c'est là qu'on a un taux de satisfaction plus
bas parce que, comme depuis des années, même avec les campagnes de
sensibilisation, un transport en ambulance n'est pas gratuit. Je pense que
peut-être ça a aidé un petit peu, mais il y a quand même beaucoup de monde qui
ne comprend que ce n'est pas payé par la carte-soleil. Alors, c'est là qu'on a
coté le moins fort. Finalement, on était contents de voir qu'il y a encore
40 % ou 50 % qui ne maîtrisent pas le modèle de facturation. C'est
correct, on va continuer à travailler là-dessus.
Mais, au niveau du service, de l'appel, la prise
d'appel, les soins à domicile, le transfert de patient, on a coté exceptionnellement fort. Alors, on est satisfaits
avec les critères, on est certainement satisfaits. On a déposé ça la
semaine passée au conseil d'administration.
C'est pour ça que je veux vous partager aujourd'hui les résultats. On a partagé
avec nos employés. On va retourner. Je vous
dirais, probablement, côté méthodologie, il va proposer qu'on refasse le même
sondage une autre fois, juste pour voir
est-ce qu'il a un changement l'hiver, l'été ou d'autres facteurs, et après ça,
on va essayer de comparer avec notre
commissaire aux plaintes, en discuter au comité de gouverne pour voir :
Est-ce qu'il y a d'autres régions,
pour le volet «prehosp», qui font des sondages puis est-ce qu'on peut commencer
à comparer des affaires qui se ressemblent? Les centres de
communication... CCS, centres de communication, c'est sûr, ils se comparent.
Alors, s'il y a d'autres régions qui
sondent, on veut le savoir puis on veut commencer à bâtir des comparables. Puis
ça, la meilleure place qu'on a
déterminé pour ça, c'était via... Chaque région a un commissaire aux plaintes.
La table des commissaires, on va voir qu'est-ce qu'on peut faire
conjointement.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
• (16 h 50) •
M. Goyer : J'ai deux questions qui
ont de l'air disparates, mais vous allez voir qu'il y a peut-être un lien. Tantôt, vous avez montré la carte de... votre carte
d'opération par rapport à votre mission, Montréal, Laval. On a vu, dans Laval — vous
me corrigerez — que
c'était peint en rouge. Je ne sais pas... Ah! Bon, l'île de Montréal, si je
comprends bien, vos actions, là, en moins de
sept minutes, vous couvrez quasiment la totalité de l'île de Montréal, alors
que ville de Laval, on a des points
chauds et rouges. Ça explique finalement ou ça illustre toute la problématique
des répondants — comment
vous avez appelé ça? — ...
Une voix : ...les premiers
répondants.
M.
Goyer : ...les premiers
répondants, là. Est-ce que ce je comprends bien votre carte quand je regarde qu'à
Laval c'est plus de 12 minutes sur 30 % du territoire? Dans le fond, c'est
ce que vous nous avez démontré tantôt.
Ma
sous-question à cette démonstration-là. Dans votre rapport, à la page 8, vous
avez plusieurs statistiques, puis il y en a une qui m'a fait
réagir : 607 interventions dans l'unité de métro. Est-ce que la carte
montre le sous-sol aussi de l'île de Montréal?
Elle ne montre pas le sous-sol. Donc, comment vous intervenez par rapport au
métro? Est-ce que vous avez des premiers répondants dans le métro puis
des gens qui travaillent pour la STM? Je veux juste essayer de comprendre, là,
ce qui se passe à Laval puis comment vous pouvez résoudre un problème comme ça
dans le métro.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, vous avez
bien compris la carte. Finalement, les cartes qu'on avait présentées, c'est
les mêmes séries de cartes qu'on avait présentées à Laval en 2010 puis encore
en 2012. Les extrémités, toujours les points
chauds. Avant le déploiement des premiers répondants sur l'île de Montréal, les
extrémités de Montréal étaient aussi rouges, aussi chaudes que les
extrémités de Laval. Alors, votre compréhension, c'est précis. Alors, on voit
le centre de Laval — merci, M. Lemarier — et voilà, jaunes, rouges, les extrémités de
Montréal, on voit L'Île-Dorval, les quelques
interventions qu'on a faites là, évidemment le temps de réponse est plus long.
Alors, la seule façon d'enlever le rouge, c'est : premiers
répondants, un modèle de.
Pour faire le
lien avec le métro, il y a plusieurs équipes spécialisées à Urgences-Santé, on
n'écarte pas... On a parlé des
pompiers à Montréal, on a parlé de la ville de Côte-Saint-Luc avec leurs
bénévoles premiers répondants. L'aéroport de Dorval ont des premiers répondants chez eux. C'est nous autres qui les
forment, c'est nous autres qui envoient l'appel. Souvent, ils ont déjà l'appel à l'interne. Mais c'est les premiers
répondants dans la petite ville qui est l'aéroport de Dorval.
Dans
le métro, c'est un projet qui roule depuis plusieurs années, c'est un projet
conjoint avec la STM. Il y a chacun un
intérêt d'avoir un de nos paramédics dans le métro — on appelle ça le trou. Nous autres,
évidemment, c'est d'avoir un intervenant là le plus vite possible. Et
souvent notre intervenant paramédic va être en mesure de dire : Il n'y en
a pas, de patient.
Imagine dans le métro, un scénario : quelqu'un ne file pas, il y a un
appel 9-1-1, notre paramédic arrive : Il a embarqué dans le train,
il est parti. La grande partie des appels dans le métro sont cancellés parce qu'il
n'y a pas de patient. Alors, si on n'avait
pas l'intervenant dans le trou, notre ambulance est déployée, notre équipe
descend l'escalier, l'ascenseur, etc., on perd du temps, finalement il n'y
a pas de patient.
Alors,
si je ne me trompe pas, c'est 40 %, 50 % des appels qui sont annulés
à cause de cet intervenant-là. Puis c'est
un projet conjoint avec la STM, c'est payé moitié-moitié. Le bénéfice pour la
STM, c'est la mesure de minutes de perte
de temps avec les trains. Le chiffre, ça m'échappe, mais c'est mesuré dans des
dizaines de mille de dollars par minute de perte de temps. On peut juste
imaginer un train métro qui est bloqué pour 10 minutes, l'impact que ça cause… périphérique. Alors, c'est ça que chaque année on
resigne l'entente avec la STM avec plaisir parce que c'est positif pour les deux parties. Nous autres, on ne perd pas
notre ressource. Notre ressource est envoyée, l'ambulance, mais on ne
perd pas du temps s'il n'y a pas de patient
ou c'est vraiment mineur. Puis la STM, le dernier contrat, où ils ont cité je
ne sais pas combien de centaines de minutes de gain ou manque de perte
de minutes, disponibilité de leurs trains.
Le Président (M.
Marcoux) : M. le député.
M. Goyer :
Oui, M. le Président. Je vais parler de ressources humaines chez vous. J'ai vu
que vous aviez diminué de beaucoup votre taux de roulement de la main-d'oeuvre,
des travailleurs. Est-ce que vous avez des difficultés de recrutement? Parce
que, si j'ai compris, des paramédics, c'est un D.E.C., c'est une technique, c'est
un D.E.C. C'est quoi, le marché du travail,
le marché du recrutement chez vous par rapport à... Est-ce que les collèges
vous fournissent le nombre requis? Parlez-moi des ressources humaines
finalement.
Le Président (M.
Marcoux) : Oui. Alors, M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La réponse : spécifiquement pour le
paramédic, aujourd'hui, les collèges, les cégeps, oui, ils fournissent.
On a vécu un moment, je vous dirais, jusqu'à 2010 peut-être le début de 2011,
où on a utilisé le mot «pénurie» pour
définir un petit peu ou décrire un petit peu notre capacité de recruter des
paramédics chez nous. C'est que le
moment où est-ce qu'il y avait un A.E.C, une attestation des études collégiales — c'est
un programme de 900 heures qui dure environ neuf, 10 mois — le
nombre de finissants n'était pas adéquat pour Urgences-Santé, pour certaines compagnies en région aussi. Alors, on a vécu
plusieurs années assez difficiles où est-ce qu'il manque des ressources.
Nos ressources étaient vraiment épuisées. On parle des paramédics. Les temps de
temps supplémentaire étaient élevés.
Avec
l'avenir, le D.E.C., diplôme en études collégiales, qui est un programme de
trois ans, on a été chanceux parce que
ça nous a amené deux choses. Une, c'est un autre niveau de scolarité pour les
paramédics équivalent à un D.E.C. pour les
infirmières, le même style d'infrastructure. Mais, deuxième chose, ils ont
laissé les deux programmes en parallèle. Le programme de D.E.C. puis le programme d'A.E.C. ont continué à rouler en
parallèle pour une certaine période de temps. Je dirais, c'est le moment
où mon directeur des finances… des ressources humaines était le plus content
parce qu'on avait deux sources de
recrutement. Finalement, comme prévu, le ministère de l'Éducation a fermé l'A.E.C.,
mais il y avait assez de programmes de D.E.C. qui roulaient que notre
recrutement... Il est rendu qu'on recrute entre 50 puis 100 paramédics par
année.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, moi, je voudrais... Je m'excuse de vous interrompre,
mais il y a des exigences à l'Assemblée nationale,
et on m'informe qu'il y a un vote. Vous n'avez pas eu l'information, cette
fois-ci?
Une voix :
Je n'ai pas regardé mes messages, je lisais le rapport...
Le Président (M. Marcoux) : Donc, nous allons devoir suspendre la séance pour
une dizaine de minutes. Nous nous excusons. Et nous allons revenir.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 57)
(Reprise à 17 h 23)
Le Président (M.
Marcoux) : ...
M. D'Ulisse
(Nicola) : Pour terminer avec les paramédics...
Le Président (M.
Marcoux) : C'est ça.
M. D'Ulisse
(Nicola) : L'avenir, le D.E.C.
Le Président (M.
Marcoux) : Vous avez une bonne mémoire.
M.
D'Ulisse (Nicola) : L'avenir
du D.E.C. a réglé une grande partie des défis de recrutement. Je dirais, il y
en a un qui reste spécifiquement pour les
paramédics — puis
je vais terminer là-dessus — c'est
les vagues de départs. On va avoir,
et de plus en plus, de paramédics qui partent à la retraite. Alors, ce n'est
pas nécessairement... Le taux d'embauche n'affectera pas nécessairement
le manque de staff, mais aussi pour combler pour la préparation des départs à
la retraite aussi.
Le Président (M. Marcoux) : Merci.
Je cède la parole maintenant au député de Vimont.
M.
Rousselle : Merci, M. le
Président. Merci, M. le Président. Comme vous avez pu voir tantôt, qu'est-ce
qui m'interpelle un petit peu, c'est le niveau d'ambulances dans Vimont. C'est
sûr, le député de Vimont, il s'inquiète un petit peu de sa population. Et,
quand je vous parlais justement que les ambulances sortaient, bien je vois bien
qu'à ce moment-là il y en a comme moins ou
pas pantoute chez nous. Je voulais juste savoir pour mon information
personnelle… Pendant qu'il y a des
négociations, il y a un service essentiel qui demande un plancher. En temps
régulier, ce plancher-là, y est-u au moins maintenu?
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Oui, quand on
parle d'un plancher, il faut comprendre, nos quarts de travail sont
modulés chaque jour, chaque semaine. Alors,
aujourd'hui, exemple, on est mi-semaine, de jour, il y a une centaine d'ambulances
qui sont disponibles. Samedi, ça va
descendre à 60, 70. L'hiver, ça va monter un petit peu. Après ça, on est dans
une petite période que les effectifs vont descendre un petit peu. Alors,
le plancher comme tel, ça varie d'une semaine à l'autre.
Au niveau des
services essentiels, qu'est-ce qu'on établit, c'est un niveau du staffing à
100 %. 100 %, en région, c'est facile parce que tu as deux
quarts de travail à cette caserne-là, une là, c'est facile à mesurer. Nous
autres, notre staffing, comme je dis, c'est
de la modulation, qu'on appelle, ça varie d'un jour à l'autre, d'une semaine à
l'autre. Alors, services essentiels,
on dit 100 %. 100 % aujourd'hui, c'est 102 ambulances sur les
routes. Dans deux semaines, ça peut être un changement de période où
est-ce qu'on va prévoir une courbe un peu plus basse, ça va être à 98 %.
Alors, il ne faut pas mêler le niveau du staffing qui est établi par les
services essentiels versus notre modulation de ressources. Je ne sais pas si ça
répond à votre question.
M. Rousselle : Bien, c'est que...
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
M.
Rousselle : Oui, c'est que
qu'est-ce j'entends, là, qu'est-ce que je comprends, c'est que le service
essentiel, eux autres, ils mettent un niveau
minimum, tu sais, pour que ça soit maintenu, les services, tu sais, pendant les
grèves, pendant toutes ces choses-là.
Mais là, moi, qu'est-ce qui m'interpelle, c'est, dans le régulier, là, vous
dites que, oui, ça change, mais, là, vous êtes en train de me dire que j'ai
peut-être moins de services à Laval que dans une période de grève?
Le Président (M. Marcoux) : Oui.
M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : La comparable
avec la grève, ce n'est pas une bonne comparable, puis on ne peut jamais
décortiquer Laval versus Montréal. Notre
niveau de staffing, quand j'ai donné l'exemple de dire : Il y a 102
ambulances, c'est 102 sur le territoire. Quand ça va descendre ou que ça va
monter, ça monte en prorata, si vous voulez, le centre opérationnel nord, le centre opérationnel est puis le centre
opérationnel ouest. On rajoute trois quarts de travail, un à chacun, on enlève... Quand on dit «enlève», il faut faire
attention, on n'est pas en train d'enlever des quarts de travail, on est
en train de moduler. On ne peut pas...
Si on
mettrait le même niveau de staff sur les routes chaque jour, 360 jours l'année,
il y a des journées où est-ce que vous allez avoir une vingtaine d'ambulances
disponibles à Laval puis vous serez à moins 20, à Laval, peut-être deux semaines plus tard. Notre courbe, c'est un
historique, une analyse de l'historique. On a des distributions d'appels,
et là-dessus on déploie les ressources. Les temps-partiels sont là pour des
petits ajouts. Les temps-pleins créent la base de notre modèle horaire. Sur la base, on rajoute. Alors, il est une
partie qui est faite en planification pour l'année budgétaire, on
regarde qu'est-ce qu'on a besoin pour l'année prochaine, puis il y a aussi une
modulation qui est faite ponctuelle : J'espère
que, d'ici la fin de semaine, on n'aura pas de neige. Mais, si les chefs de
division, les cadres intermédiaires qui sont responsables pour la modulation pointue prévoient une tempête, ils
vont demander au service… quatre ambulances de plus demain de jour,
trois de soir, deux de nuit.
Alors ça, c'est
le principe de modulation à long terme pour l'année financière puis à court
terme très pointue, basée sur une petite variation. Variation très
pertinente, c'était en 2012, les manifestations. C'était énorme comme impact chez
nous. Alors, on a modulé à la hausse. On a sorti des équipes spécialisées pour
les affecter aux manifs puis on a remplacé
les équipes de base sur la route. Alors ça, c'est un bon exemple de modulation,
pas sur une situation climatique mais plutôt sur une menace, si vous
voulez, pointue.
Le Président (M. Marcoux) : M. le
député?
Une voix : …
Le Président (M.
Marcoux) : M. le député de Jean-Talon?
M. Bolduc (Jean-Talon) : Oui, bien, je trouve ça intéressant, de la façon
dont vous l'expliquez. Parce que, dans le
domaine des ambulances, souvent les gens nous disent : Il manque des
ambulances. Ça, c'est le commentaire qu'on entend le plus souvent. Il y
a des délais, comme vous dites, où les gens… Ça n'a pas de bon sens,
16 minutes. Moi, je viens de... je suis
originaire d'une région comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean. Il faut comprendre qu'on a des
territoires de couverture. Quand une ambulance fait un transfert à l'extérieur,
à ce moment-là il y a un déplacement de d'autres ambulances, puis je pense que
c'est comme ça dans toutes les régions.
Laval n'étant quand même pas une très grande
région en termes de géographie, tu sais, ce n'est pas l'Abitibi-Témiscamingue, vous êtes capables de concentrer
vos ambulances puis de les faire passer d'un territoire à l'autre selon les déplacements. Et puis, si vous faites ce
principe de modulation, vous devez avoir des transferts vers Montréal,
vous devez en tenir compte également. C'est-à-dire
que, si une ambulance est obligée de faire un transfert ou deux transferts
vers Montréal, est-ce que vous prenez une
ambulance qui est sur le territoire puis, à ce moment-là, vous refaites vos
déplacements?
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. D'Ulisse.
• (17 h 30) •
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, le lien
entre la modulation des horaires qu'on fait le plus proactifs possible
versus le mouvement, le déploiement
dynamique des ambulances à travers le quart de travail, c'est deux choses
complètement différentes. Le répartiteur, de sa tour de contrôle, oui, il voit
les ponts, il voit la rivière, il voit les constructions, les détours. Il n'y a pas de quote-part, ou quota, ou
un chiffre magique qui est déterminé, ni pour Laval ni pour Montréal.
Eux autres, ils regardent le nombre de ressources disponibles puis ils vont les
répartir à travers le territoire.
Pour nous
autres, les ressources minimums pour faire une bonne job, c'est sept
ambulances. Ce n'est pas à dire qu'à
sept on est confortables, pas du tout, loin de ça, mais sept va couvrir nos
points d'attente sur notre territoire global, de dire : On n'est pas loin, pas d'être optimal, pas d'être idéal
non plus, raisonnable avec les temps de réponse. Je vous donne l'exemple, il y en a une à Dorval, il y en a
deux à... Encore une fois, j'ai de la misère à dire «Laval»; la couronne
nord, parce qu'avec les ponts on peut être sur l'île de Montréal, on traverse,
on est à Laval. Eux autres, ils regardent ça
par points d'attente. Ce n'est pas le répartiteur qui détermine où est-ce qu'ils
sont, les points d'attente. Ça, c'est quelque chose qui est calculé mathématiquement : Où est-ce qu'on va placer
nos points d'attente? Le rôle de répartiteur, c'est de remplir ses
points d'attente. Si j'ai cinq ambulances, je remplis celle-là. Si j'ai 12, je
remplis ces points d'attente là. Si j'ai deux, donc on commence à être en
mode un peu plus complexe, mais je les place une ouest, une est.
Le Président (M. Marcoux) : M. le
député de Jean-Talon.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Je suppose
que vous devez avoir de la modélisation puis vous devez avoir des
logiciels pour faire ces calculs-là?
M. D'Ulisse (Nicola) : Oui. Et là,
avec votre permission, je vais passer ça à l'expert, M. Trahan, qui peut
vous expliquer un petit peu la façon qu'on fait l'analyse et à quelle fréquence
on fait les recalculs, et les modèles horaires, et les points d'attente aussi.
Le Président (M. Marcoux) :
M. Trahan.
M. Trahan
(Louis) : Oui, merci. Alors,
effectivement, il y a plusieurs logiciels de modélisation. On a surtout
une équipe qui est experte là-dedans et qui fait ces modèles-là. Alors, le
modèle horaire est révisé une fois l'an et tient compte, entre autres, de l'historique et des volumes historiques qu'on a
à Urgences-Santé, également de la provenance des appels. Il tient compte également des sommes qu'on a mis au budget pour
pouvoir mettre des équipes sur la route et il tient compte également des
variations qu'on va avoir dans l'année.
Alors, ce qu'on expliquait tantôt, quand le
service essentiel intervient, il intervient au niveau des horaires qui sont
permis, alors il n'intervient pas au niveau de la modulation que nous, on fait.
Alors, nous, on pourrait décider, parce qu'on
est l'hiver — l'hiver,
pour nous, c'est notre saison qui est haute, là, en fait, où il y a plus d'appels — on
rajoute des horaires par-dessus l'horaire qui est prévu, donc on est au-delà de
ce que les services essentiels pourraient nous exiger, par exemple.
Alors, ce
modèle-là est fait conjointement avec les syndicats. Ça fait qu'on s'assoit
avec les groupes de travail et on explique c'est quoi, les paramètres,
hein? Les paramètres de temps-réponse qu'on veut obtenir font partie de ce modèle-là. Et là, à partir de là, on établit un
modèle horaire qui est la meilleure adéquation entre l'offre qu'on
observe ou l'offre attendue, parce que, comme
je le disais, on tient compte de l'historique, et les ressources
nécessaires pour combler cette
offre-là. Et c'est comme ça qu'on établit le modèle horaire, donc, qui va faire
la répartition des véhicules dans la
journée, combien est-ce qu'on en a besoin, alors, le jour, soir et nuit. Alors,
c'est comme ça, très rapidement, là, comment on procède.
M. Bolduc (Jean-Talon) : Si je vous
demandais aujourd'hui : Demain matin, là, on ne tient pas compte des
budgets, est-ce qu'il y aurait matière à rajouter des ambulances sur le
territoire de Laval ou de Montréal?
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
M. Trahan.
M. Trahan (Louis) : C'est une bonne question. Alors, basé sur l'historique,
basé sur la... Aujourd'hui, on est en mai, qui n'est pas une période
occupée dans l'année, donc c'est une journée plus basse, vraisemblablement on
aurait normalement le nombre suffisant d'ambulances.
Cependant, on l'a dit tantôt, là, un des paramètres du modèle horaire, c'est le temps, en fait, c'est la durée de l'intervention.
Et ça, ça vient un peu… comme on disait tantôt, un de nos grands défis,
c'est de réduire ce temps-là. Pourquoi? Parce que ça enlève de la disponibilité
des ressources.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Quand on...
Le Président (M.
Marcoux) : Oui.
M. Bolduc (Jean-Talon) : Merci, M. le... Quand, moi, j'ai fait le tour des
urgences de Montréal et puis j'allais dans
le garage, il y avait des ambulanciers, puis je leur posais la question, ils me
disaient... puis eux autres, ils allaient dans tous les hôpitaux, puis ils me disaient qu'il y a des hôpitaux que
ça allait très bien, puis qu'il y a des hôpitaux qu'ils pouvaient attendre 90 minutes,
deux heures. Et souvent c'est la prise en charge par le personnel dans l'urgence.
Et ça, juste pour vous dire, de mon expérience, c'est souvent juste une
question de volonté, parce qu'il y en a qui, pour eux autres, si un ambulancier est là, ça ne les dérange pas qu'il attende.
Et je pense qu'une des consignes qu'on avait données, puis c'était bien
important : Si vous réduisez vos temps d'attente dans les urgences, vos
ambulanciers retournent beaucoup plus vite sur la route.
En
passant, c'est ce que les ambulanciers veulent. Attendre dans un garage, là, ou
dans une salle d'urgence, ce n'est pas
agréable. Puis, selon moi, le plus gros gain qu'on avait à faire dans un
premier temps, c'était là. Et, une fois qu'on a fait ça, s'il y a une
augmentation du volume qui est justifiée, bien on pourrait ajuster nos
ambulances.
Le Président (M.
Marcoux) : M. Trahan.
M. Trahan (Louis) : C'est exactement ça, en fait. Tout le défi, c'est de remettre des
minutes de disponibilité, des équipes
plus efficientes, en fait, si on veut, parce qu'effectivement attendre dans un
garage, ce n'est pas là que c'est le plus
efficace. Donc, il faut travailler à réduire ces temps-là pour pouvoir remettre
des minutes de disponibilité ambulance sur le terrain. Si on ne contient pas ça, si on ne réussit pas à contenir ça, c'est
évident qu'on va tomber en manque de ressources. Mais je pense que l'effort est avant tout... doit être fait là. Quand on
aura fait l'effort puis qu'on aura atteint des durées souhaitées, là on
pourra regarder si le volume a une influence puis qu'est-ce qu'on a à faire. Ce
qui serait intéressant, je ne sais pas si...
Une voix :
Oui.
M. Trahan
(Louis) : Ce qui serait intéressant de regarder aussi, c'est le nombre
de transports que les équipes font à travers les dernières années. Alors,
normalisées sur un quart de huit heures, les équipes ambulancières font 3,25 transports par quart de huit heures,
normalisées. Il y a cinq ans ils faisaient 3,25 quarts de travail, la même
charge de travail en termes de transport. Donc, c'est où, la perte? C'est
exactement là.
Le Président (M.
Marcoux) : Dernière question, M. le député.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, bien, c'était... Je pense que vous avez terminé
votre planification stratégique 2012‑2013.
Est-ce que ça serait possible d'avoir le document ou c'est encore secret,
confidentiel, dans un coffre, caché?
Le Président (M.
Marcoux) : 2012‑2015, je pense...
M. D'Ulisse (Nicola) : …alors, le dernier ministre de la Santé l'avait approuvé. Avec le
changement degouvernement, ce n'était
jamais déposé à l'Assemblée nationale. Alors là, on a besoin de retourner dans
cette «loop» là. Évidemment, on a une résolution au conseil d'administration.
Puis, avec l'approbation du ministre, on a commencé à diffuser ça à l'interne
puis on a commencé à mettre en place les plans d'action. Alors, la réponse
officielle, c'est : Le document n'est pas disponible. On espère que ce
soit officiellement disponible très, très bientôt.
Ça
n'empêche pas que les actions en conséquence du plan sont déjà enclenchées
depuis presque un an. Et c'est quelque chose de laquelle on est très
fiers. Parce qu'on a appris beaucoup de notre ancien plan stratégique. Je pense
que 2012‑2015, comme vous le savez, attaque
vraiment notre mission plus proche avec les partenaires du réseau de la santé. On sent un ton qui est plus intégré avec
nos partenaires de la santé, et c'est ça qu'on ramène comme thème aussi.
Il n'y a peut-être pas grand défis qu'on
peut attaquer tout seuls, peu importe si c'est le délai au centre hospitalier,
c'est les premiers répondants dans un certain secteur d'activité. Le
nombre d'ententes qu'on veut signer, qu'on veut mettre en place, c'est une de
nos mesures de succès dans notre prochaine... le plan qui est en cours
présentement.
Le Président (M.
Marcoux) : Merci.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : ...est-ce qu'il va me rester un peu de temps, tantôt...
Le Président (M. Marcoux) : Oui, il
va rester quelques minutes, oui. Simplement, là-dessus, pour bien comprendre — excusez-moi, si vous me permettez, là — bien comprendre le processus d'approbation
du plan stratégique. Vous dites : Il a été préparé, il a été approuvé par votre conseil.
Subséquemment, il doit être approuvé par le ministre et, après ça, il
peut être rendu public, si je comprends.
M. D'Ulisse
(Nicola) : ...il est déposé
à l'Assemblée, qui est l'étape qui manquait. Mais, avec le changement de
gouvernement, il faut redéposer pour une petite resignature du ministère.
Le Président (M. Marcoux) : Donc, ça
devrait être fait normalement...
M. D'Ulisse (Nicola) : Bientôt.
Le Président (M. Marcoux) : Bientôt.
Parfait, merci. Oui, M. le député de Deux-Montagnes.
M.
Goyer : Oui, M. le
Président. Je vais poursuivre en ressources humaines. Vous avez sûrement une
politique d'embauche par rapport aux
minorités visibles, les handicapés. Avez-vous des objectifs? Et est-ce que ces
objectifs-là ont été atteints? Pour continuer d'être à 97 % en taux
de satisfaction, M. le Président…
M. D'Ulisse
(Nicola) : M. le Président,
est-ce que je peux laisser mon directeur des ressources humaines
attaquer cette question-là?
Le Président (M. Marcoux) : Oui.
Alors, si vous voulez bien vous identifier, s'il vous plaît.
M. Lemarier (Pierre) : Oui. Mon nom
est Pierre Lemarier, je suis directeur des ressources humaines à la Corporation
d'urgences-santé.
Toute l'embauche
et tout le volet, là, d'intégration des communautés culturelles ou encore
des... soit les minorités ethniques
ou encore les autochtones sont déjà indiqués dans tous nos rapports annuels. On
fait beaucoup d'efforts pour essayer
de recruter des gens des différentes communautés, là, qui touchent une
catégorie de la population.
On essaie de donner beaucoup de priorité à la
gent féminine pour venir travailler chez nous, cependant nous sommes tributaires du taux de diplomation dans les
collèges d'enseignement, donc les D.E.C. Il reste que la technique ambulancière est une carrière assez difficile pour
les dames compte tenu de la capacité physique qu'elles doivent déployer pour transporter des bénéficiaires. Alors, on a
beau avoir des équipements, des méthodes de travail, il reste que les
gens oeuvrent dans un milieu non contrôlé et non contrôlable. Et, une de ces
variables-là, c'est principalement le poids du bénéficiaire. Alors, on ne peut pas... on n'a pas de moyen d'action pour
être en mesure de diminuer les efforts physiques des employés qui viennent travailler chez nous. Alors,
mis à part... on a déjà antérieurement acquis des équipements, on a donné de la formation sur les techniques de levage
de charge, mais malheureusement on est à la limite, là, de la capacité
de pouvoir de modifier ces conditions de travail là pour des gens qui oeuvrent
en techniques ambulancières.
Alors, c'est
sûr qu'à partir du moment où le taux de diplomation est diminué au niveau des
différentescommunautés, alors c'est
difficile pour nous de les embaucher, puisque, le critère, il faut d'abord et
avant tout qu'ils soient inscrits au registre national pour les
techniciens ambulanciers. Alors, ils ont certains critères à faire. Alors, c'est
pour ça que c'est un peu plus difficile.
Par contre, d'un autre côté, on va permettre et
on va accentuer nos efforts pour être capables de faire... de procéder à l'embauche au niveau du personnel
administratif et/ou au niveau du centre de communication santé ou notre
centrale d'appels, par exemple, où un des critères, entre autres, c'est d'avoir
une connaissance, je veux dire, assez approfondie
d'autres langues que le français, compte tenu qu'on fait affaire avec une
communauté allophone, surtout sur le
territoire de Montréal. Alors, une deuxième langue, l'anglais, est obligatoire,
mais également il y a plusieurs personnes qui arrivent avec une
troisième langue. Donc, c'est des gens de communautés culturelles différentes
qui viennent postuler chez nous. On est très heureux, à ce moment-là, de les
compter parmi nous.
• (17 h 40) •
M.
Goyer : ...il y a une
statistique, j'ai resté surpris, dans votre rapport, page 8 :
453 sorties des patrouilles en vélo.
Là, j'imaginais le paramédic avec tous ses outils sur son vélo. J'ai dit :
Là, il va falloir qu'il m'explique… qu'il nous explique la mission, tu
sais. Est-ce qu'ils font de la prévention? Je ne le sais pas. C'est peut-être
mon ignorance à moi, là, mais j'ai été très
grandement surpris de voir ça, 453 sorties. Et c'est beaucoup plus que l'année
précédente, hein, c'est... On parle d'augmentation
trois fois l'année précédente. Donc, il doit y avoir un besoin. Comment...
la mission de cette patrouille?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse,
oui.
M. D'Ulisse (Nicola) : Alors, comme
j'ai mentionné tantôt, on a beaucoup des équipes spécialisées avec des
missions, évidemment, puis des formations, puis des équipements adaptés pour
leur rôle. L'équipe vélo, oui, on peut imaginer
deux paramédics sur un vélo avec beaucoup d'équipement, pas de civière, pas de
planche dorsale. Leur modèle de
déploiement a changé à travers les années. Il y avait un moment où est-ce que
leurs responsabilités avaient une certaine partie de prévention. On a
converti ça, je dirais, depuis un à deux ans. Puis on voit ça dans les
chiffres.
Ils sont
déployés à deux places : un événement où est-ce qu'il y a un risque élevé;
ou une densité de population regroupée
pour un événement, qui est élevée. Là il y a plusieurs… On peut mettre des
ressources sur place. Une ambulance, ça
ne se déplace pas bien au JazzFest dans le centre-ville. Alors, c'est un bel
exemple d'où est-ce qu'on va placer les vélos. Alors, tout le canal, quand il y a des activités,
des feux d'artifices, alors on peut déployer un paramédic vite pour
commencer à soigner. Et ça va même être plus
vite puis plus efficace, nos premiers répondants. Les pompiers se
déplacent vite en autopompe, mais pas dans les foules.
L'autre
mission pour le vélo... Et c'est là qu'on voit l'augmentation, le nombre d'appels,
c'est génial. Un de nos cadres intermédiaires,
qui est ici aujourd'hui avec nous, a décidé de faire un petit essai, l'été
passé, de dire : Centre-ville, Montréal,
pas vendredi soir, le matin, midi, minuit, 1 heure, 2 heures,
3 heures, le trafic est jammé — on
peut juste imaginer le boulevard Saint-Laurent, entre René-Lévesque puis
Nord, ça ne bouge pas — on
fait un essai. Puis je n'étais pas convaincu.
Ils étaient capables de me convaincre avec les chiffres. Les vélos ont répondu,
pas juste aux autres priorités mais
les deuxièmes niveaux de priorités aussi, plus vite que les premiers
répondants, évidemment les ambulances. Puis encore une fois je reviens à qu'est-ce que je disais tantôt, des fois on
arrive là : pas de patients. C'est des appels souvent dehors, post la petite période breuvages
alcoolisés. Alors, c'était un grand succès l'été passé. Il me semble que c'était
le mois d'août puis le mois de septembre. Alors, on va retourner à ce modèle-là
cette année.
Encore une
fois, les critères : événement spécial, dense population, risque élevé
pour le déplacement des véhicules d'urgence; puis, le deuxième scénario,
les «hot spots» de notre ville. C'est positif puis négatif pour les paramédics.
Ils travaillent les fins de semaine, mais,
en même temps, pour eux autres, c'est un plaisir parce qu'il y a une certaine
charge de travail dans une période très, très courte.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député.
M.
Goyer : M. le Président, j'écoutais
tantôt, dans une autre vie, la députée de Groulx, en tant que mairesse
de Rosemère, où, dans sa municipalité, ils
avaient fourni des défibrillateurs dans les autopatrouilles. Moi aussi, dans
une autre de mes vies, à
Saint-Eustache, on avait mis un programme d'implantation de défibrillateurs
dans les autopatrouilles, les arénas,
centres sportifs. Si je comprends bien, pour Montréal et Laval, c'est le
gouvernement du Québec qui les paie, là?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : La réponse, c'est
noui.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. D'Ulisse
(Nicola) : Il y a certains
programmes. Les programmes sont clairement définis. Alors, lesdéfibrillateurs dans les autopatrouilles à Laval
étaient fournis justement par le ministère de la Santé, avec grand
plaisir, parce que c'est quand même toute
une initiative. Les compagnies privées, on entend beaucoup les arénas, les
organisations comme ça, c'est à leurs frais.
Le programme que la ville de Laval a mis en place, où est-ce qu'il y avait une
partie qui était payée ou offerte par
la ville — puis les
montants, ça m'échappe, mais c'est environ une moitié — ça, c'est génial.
Finalement, le rôle du ministère, à mon sens,
puis le rôle d'Urgences-Santé là-dedans, c'est d'encourager, autant que les 2 500 personnes qu'on a
formées, Héros en trente, où on n'a pas chargé, on n'a pas facturé. On a mis
une cible. On a eu un programme monté par le
ministère conjointement avec la Fondation des maladies du coeur,
Urgences-Santé. Le programme est là. Notre but, ce n'est pas de faire des
revenus. Notre but, c'est de créer un momentum. Avec 2 500 — notre cible, c'est 5 000 d'ici la fin de l'année — c'est de créer l'intérêt. Après ça, est-ce
que les instructeurs privés quelque
part vont charger 20 $? Tant mieux. Si on donne, nous autres, quelques
défibrillateurs, encore une fois, c'est
de créer un momentum. Mais ce n'est pas du tout la responsabilité du ministère
de la Santé de fournir la province au complet avec des défibrillateurs.
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Marcoux) : M. le
député.
M. Goyer : J'essayais d'avoir un
remboursement pour la ville de Saint-Eustache.
Le Président (M. Marcoux) : Vous
allez devoir vous reprendre.
Mme Daneault : Moi aussi, je
pourrais essayer.
M.
Goyer : Je pensais à vous,
Mme la députée de Groulx. Dernière petite question. Vous avez… Et ça m'a
frappé. J'ai compris que tout le système,
là, les ambulances comme telles, elles se promènent sur le territoire, hein,
elles ont des zones, chacune leur
zone, là. C'est quoi, votre budget en consommation d'essence? Puis on a-tu,
dans un proche avenir, des ambulances hybrides? Parce que, j'imagine, en
plein hiver, là, 154 — potentiel — ambulances
chez vous que vous avez comme propriétés, ça doit être considérable comme
facture pour une année.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, M. Trahan
a été vite pour sortir les chiffres, parce que justement ça fait partie
de nos discussions depuis un an. Peut-être que je vais commencer un peu plus
macro. On a mis en place, ça fait environ un an à 18 mois, une politique à l'interne de
quelle sorte de véhicules puis, plus important, quelle sorte de moteurs
vont être dans nos véhicules. Alors, en
ambulance, malheureusement on ne peut pas rouler à deux cylindres, ça prend
quand même un seuil. Alors, on a fixé un
maximum de capacité. Les véhicules de service, quand on fait des petites
livraisons, etc., c'est tous des quatre
cylindres. Les véhicules d'intervention ont certains critères, ça avec une
volonté d'assurer que, oui, il y a assez de puissance pour faire la job,
mais avec une sensibilité sur la consommation.
Si vous me permettez de consulter mes fiches, je
vais vous donner une idée. Diesel, on roule 2,1 millions de litres — est-ce
que c'est bien ça? — …
Une voix : Oui.
M. D'Ulisse
(Nicola) : …par année en
diesel. C'est énorme. Petite augmentation : 100 000 litres
depuis l'année avant. Après ça, les coûts associés avec ça, on parle de 2,3,
2,5 millions juste en diesel.
Une voix : ...
M. D'Ulisse (Nicola) : Ça doit
exister quelque part, ce qui m'amène à : Qui qui détermine c'est quoi, une
ambulance? Les ambulances, il faut que ça
soit fabriqué puis certifié par le BNQ, le Bureau de normalisation du
Québec. Alors, le standard qui existe existe depuis un bout de temps. Il ne
détermine pas l'ampleur du moteur, mais, quand il détermine tout ce qui est alentour de ça, par défaut on va définir qu'est-ce
qu'il a besoin de propulser. On a été mandatés, ça fait environ un an, un an et demi, par le ministère de la Santé de
faire un projet pilote sur qu'est-ce qui peut être les nouvelles normes du BNQ. Alors, présentement, on
met en mode test sur le terrain, deux types d'ambulance, pour nous aider
ou aider le ministère à donner des réponses pour qu'est-ce qui vont être les
nouvelles normes.
À contresens,
il y a un projet pilote qui est sur la Rive-Sud, à Beloeil, si je ne me trompe
pas, sur un véhicule urbain qui est plus petit, le module est plus
petit, consommation… qui est promettant. Alors, je pense que c'est quand même très positif que le ministère donne les mandats,
quelques-uns à nous autres, les autres régions, de dire qu'est-ce qu'on
peut faire pour améliorer. Alors, dans le contexte de réduction, ça, c'est
quelque chose qui nous intéresse beaucoup parce que ça fait une bonne partie de
notre budget opérationnel.
• (17 h 50) •
M. Goyer : Merci, M. le Président. J'ai
pris mon temps.
Le Président (M. Marcoux) : Non,
mais, écoutez, nous avons beaucoup de flexibilité.
M. Goyer : Alors, vous êtes bien
gentil, je vous remercie.
Le Président (M. Marcoux) : Oui,
maintenant, M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Oui. Merci, M.
le Président. Pour faire suite à M. Trahan, tout à l'heure, vous avez parlé
comme quoi que vous allez par modulation. Je
reviens toujours avec le staff puis... bon. Vous avez parlé, à un moment
donné, que, dans des périodes comme en mai — vous
avez parlé de mai — à
un moment donné ça semblait, si j'ai bien compris, là, que la demande
baissait. Ça, ça veut-u dire que le nombre d'ambulances va baisser itou?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse (Nicola) : Je vais
laisser M. Trahan poursuivre la question.
Le Président (M. Marcoux) : M.
Trahan.
M. Trahan
(Louis) : Oui,
effectivement, au cours de l'année, en fonction des prévisions…. Et puis, quand
on dit «prévisions», ce n'est pas uniquement
météorologique. Vous savez, à Montréal, il y a plusieurs festivals, etc., donc
il y a une demande qui se déplace dans la journée, dans le mois et dans
la semaine. Et nous, on doit ajuster les ressources en fonction de prévisions de cette demande-là, cette planification-là, tout
en respectant les budgets qu'on a à la corporation, donc s'assurer de
dépenser les sommes à la bonne place, là où on en a besoin, là où la population
en a besoin, en fait, là. Et effectivement,
dans l'année, il y a des moments où c'est plus facile de circuler, le temps de
réponse est meilleur, la demande est
moins élevée. Et, à ce moment-là, bien, on en profite, là, pour, je dirais,
engranger des sommes qu'on va dépenser quand l'hiver arrive, par
exemple, ou qu'il y a des périodes où il y a plus de demandes.
Maintenant, ce qu'il faut comprendre aussi, c'est
que les heures travaillées au cours des années, au cours des dernières années,
ont constamment augmenté, là. Donc, on n'a pas diminué le nombre d'heures
travaillées. Depuis quatre ans, ça a
continuellement augmenté, la demande a augmenté. Depuis cinq ans, la demande a
augmenté de 15 %, alors qu'on a
augmenté le budget d'heures travaillées, paramédics, de 18 %. Donc, on n'est
pas resté stagnants face à ça, on a
augmenté, on a ajusté le budget dédié aux ressources ambulancières en fonction
de cette variation-là. Et là, à partir de là, bien on la met à la bonne place en fonction de l'expertise qu'on a, ce
qui nous permet d'avoir des belles performances, des bonnes
performances, ce qui assure la population d'avoir les ressources au bon moment,
lorsqu'ils en ont besoin.
Le Président (M. Marcoux) : M. le député
de Vimont.
M.
Rousselle : Merci. Je
comprends que c'est une question de budget. À un moment donné, là, il faut
placer... il faut y aller, comme vous
dites... Puis je comprends votre système de modulation, là. À un moment donné,
il faut suivre la demande, puis ça,
je comprends bien ça. Mais est-ce que vous allez, à ce moment-là, à un
niveau... est-ce que vous mettez une barre, là, comme un niveau maximum
de services, ou vous allez comme à un 80 % de services? En tout cas, comprenez-vous, là? Parce que, tout à l'heure, on
parlait, à un moment donné, de... On parle de performance, mais c'est sûr qu'on peut donner un service maximal, mais on
peut aussi en donner un moins... toujours en considérant les budgets,
là, pour les garder dans des périodes plus demandantes.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
Trahan.
M. Trahan (Louis) : Bien,
effectivement, on ne va pas dans un niveau dangereux, là, de ressources, là.
Cette variation-là, on parle d'une
variation... un écart peut-être de 5 % par rapport à la planification. On
ne parle pas d'un écart de 20 %, là, de la variation des heures. Il
faut comprendre aussi qu'on a un autre phénomène qui est, par exemple, les absences, les absences de dernière minute. Il faut
gérer ces absences-là. Et là, ça, ça vient faire une variation dans l'offre.
Donc, c'est tout ça qu'il faut prévoir, qu'il
faut... C'est un peu comme une boule de cristal, puis essayer d'être...
d'offrir le meilleur service à la population avec les contraintes et les
différents paramètres qui fluctuent aussi dans le temps, qui fluctuent aussi au
quotidien, là.
Bon, j'imagine
que tout le monde a le même problème, là. Les premières fins de semaine de beau
temps, là, on a plus d'absences, là,
qui arrivent à la dernière minute. Donc, comme voilà deux semaines, bien, la
première belle fin de semaine, on a
un taux d'absence qui a doublé, le taux d'absence de dernière minute qui a
doublé. Ça fait que c'est sûr que,
là, pour ajuster ça, on n'a pas beaucoup de choix. Et on ne peut pas prévoir
cette variation-là non plus. Et ça cause... ça peut causer des pénuries,
cette absence-là. C'est un des paramètres, là, avec lesquels on doit… on doit
faire face. Puis, je vous dis, c'est tout un enjeu, là.
M. Rousselle : Merci.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député de Jean-Talon.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Oui, une
question. C'est sûr, là, on regardait l'offre par rapport à la demande puis
on a tendance à dire : Si la demande
augmente, il faut augmenter l'offre. Est-ce qu'il y a eu des études pour voir
comment on pourrait peut-être mieux contrôler la demande? Et, sur le
nombre de cas que vous avez, y a-tu d'autres stratégies qui pourraient être
employées, que, plutôt que de prendre une ambulance, on va prendre d'autres
moyens de transport ou on va travailler dans la prévention?
Un exemple,
quand les gens se promènent à bicyclette puis ils arrivent qu'il n'y a pas
quelqu'un, bien ça empêche une ambulance de se rendre, donc ça nous
permet de rendre une ambulance disponible. Est-ce qu'il y a eu des études de
faites là-dessus?
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Alors, il y a
deux, trois facteurs, deux, trois segments dans votre question. Des modes
de déploiement différents, ça, c'est une partie. Alors, je pense qu'on a
démontré une capacité d'être créatifs et dans le métro, à vélo, etc. Alors, ça,
c'est une partie.
L'autre partie de votre question, c'est :
Est-ce qu'on peut amener notre personne qui appelle pour un service ailleurs? Puis il y a une partie de cette réponse
qu'on fait déjà. On a qu'est-ce qui s'appelle des appels Oméga, c'est le
non-envoi de ressources. Ça veut dire, après
qu'on suive le protocole, on est capables de dire : Cette personne-là n'a
pas besoin d'une ambulance aujourd'hui, probablement
ni demain, elle a besoin d'être déplacée ailleurs. Et c'est là qu'on
voit une tendance à travers les autres
grands services. Puis là on est en échange avec Toronto, avec Niagara, d'autres
places où est-ce qu'ils veulent aller faire du pouce là-dessus, et je pense que
c'est...
Là, vous
faites allusion : Est-ce qu'on peut référer nos patients à une autre
ressource? On est chanceux, ici, au Québec, on a Info-Santé, qui est
quand même une ressource qui est capable d'aider, supporter et guider qu'est-ce
qui peut devenir un patient ou tout
simplement quelqu'un qui appelle. Notre interface, à Urgences-Santé et à
Info-Santé, a besoin d'être
renforcée, où est-ce qu'avec les priorités des appels, les basses priorités,
les non-envois de ressources, oui, on
les transfère souvent à Info-Santé, mais je pense qu'on peut faire du pouce
là-dessus aussi et les envoyer vers d'autres centres que les centres d'urgence. Ça, je pense que c'est les grandes
opportunités à court terme — puis,
court terme, je parle d'à l'intérieur
d'un an ou deux ans — sans
faire des changements majeurs dans les façons de faire des paramédics
dans les protocoles cliniques s'il y a une meilleure interface avec le réseau.
Le Président (M. Marcoux) : Oui.
M. Bolduc (Jean-Talon) : Une autre
question. Puis c'est que, là, on gère et Montréal et Laval ensemble. Je suppose que c'est parce qu'il doit y avoir un
avantage. Mais est-ce qu'il y a des inconvénients à gérer deux régions,
même si elles sont très proches l'une de l'autre, par la même organisation?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M.
D'Ulisse (Nicola) :
Excellente question. On se pose des questions chaque année en planification
budgétaire : Est-ce qu'on coupe les
ponts? C'est plus en lien avec le territoire, là, le «layout» physique du
territoire; ça, c'est un facteur à considérer. Un exemple concret, c'est
le nouveau pont…
Une voix : …
M. D'Ulisse
(Nicola) : …25, merci. Ça
ouvre une autre voie de services entre les deux extrémités. On a eu
cette discussion-là avec le ministère, ça fait quelques années : C'est
quoi, l'impact? Bien, l'impact est énorme, côté temps de réponse, mouvement des
ressources.
L'autre facteur à considérer, c'est l'emplacement
des centres hospitaliers; ça, c'est majeur. Alors, quand on regarde Laval, est-ce qu'Urgences-Santé serait
mieux de laisser Laval toute seule? Ça veut dire : Les patients vont
aller où? Le centre de communication qui va exister uniquement pour Laval va
appeler le centre de communication à Montréal puis il va dire : Tu ne
traverses pas les ponts, on a assez de patients.
Alors, il y a
une question de coordination : territoire, c'est une, physique,
géographique; l'autre, c'est coordination avec les centres hospitaliers. Autant que la couronne nord est
achalandée par les Lavalois, la couronne nord de Laval puis les services
de santé prennent des patients, leur couronne nord, puis, la même chose, la
couronne sud de Montréal, qui a un certain «overlap» à travers les ponts.
Alors, je
pense qu'on peut pousser la réflexion assez loin. Est-ce qu'il y a un bénéfice
de séparer les deux régions? Je dirais non, ça va être plus
désavantageux. L'avantage va être plutôt d'avoir une meilleure coordination
avec le Centre de communication santé
Laurentides-Lanaudières puis celui de la Montérégie, qui est à Urgences-Santé,
d'assurer que, quand les ambulances
traversent les ponts puis les liens qui se font entre un centre hospitalier sur
la Rive-Sud puis celui sur l'île de
Montréal, c'est coordonné pour le bénéfice de tout le monde, incluant les
ambulances, incluant les corridors de
services, etc. Alors, je ne pense pas que de commencer à réduire puis de couper
des régions, ça va nous aider. C'est plutôt
d'aller dans l'autre sens, une meilleure coordination. Je ne dis pas
nécessairement centralisation, mais certainement une meilleure
coordination.
Le Président (M. Marcoux) : M. le
député de Jean-Talon.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : J'aime
beaucoup votre réponse. Parce que, quand vous regardez les données, le
plus gros hôpital pour hospitaliser les gens de Laval, c'est Sacré-Coeur, et
Cité de la santé est un plus gros hôpital parce qu'il va chercher les gens du côté encore plus loin de la couronne nord,
entre autres dans les Laurentides. Donc, c'est... Puis l'approche, c'est
vraiment d'avoir une approche géographique.
L'autre élément, en tout cas, moi je crois
encore que ça prend un hôpital dans l'est de Montréal, à Rivière-des-Prairies, où, là, vous seriez près du pont de
la 25. Puis ça, ça vous permettrait d'avoir une meilleure desserte et
faciliter les transports ambulanciers. M. le Président, il doit me rester juste
30 secondes?
• (18 heures) •
Le
Président (M. Marcoux) :
Bien, oui. D'abord, je demanderais le consentement des membres pour
prolonger au-delà de 6 heures, de 18 heures. Évidemment, nous avons perdu
une vingtaine de minutes pour le vote. Alors, si les membres de la commission y
consentent, on peut prolonger. Donc...
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Bien, moi...
M. le Président, là, on prolongerait de combien de temps? Parce qu'on a
un petit rapport à faire aussi, hein?
Le
Président (M. Marcoux) :
Oui. On peut prolonger d'une quinzaine de minutes. Puis, après ça, nous
allons suspendre et prendre une dizaine de minutes pour faire la conclusion.
Alors, c'est comme vous voudrez.
M. Bolduc
(Jean-Talon) : Je suis un
petit peu hésitant parce qu'il y avait d'autres choses de prévues ce soir,
là. Mais, moi, je proposerais peut-être un 10 minutes, maximum.
Le Président (M. Marcoux) : Est-ce
que vous êtes d'accord avec une dizaine... 10 ou 15 minutes max?
Mme Daneault : Dans 10 minutes, moi,
j'ai-tu droit à un droit de parole?
Le Président (M. Marcoux) : De consentement
des membres, Mme la députée de Groulx, on peut le faire.
Mme Daneault : O.K. Un trois
minutes.
Une voix : Voilà.
Le Président (M. Marcoux) : Oui, M.
le député de Jean-Talon.
M. Bolduc (Jean-Talon) : Bien, moi,
je proposerais, si on pouvait se partager le temps, là... Il est 6 heures. Moi,
je prendrais peut-être quatre, cinq minutes, puis on vous laisserait le temps…
aux autres, O.K., pour ne pas avoir à revenir...
Mme Daneault :
Donc, ça revient à 13, 14 minutes.
Le Président (M. Marcoux) : Trois,
quatre minutes chaque. Parfait.
Mme Daneault : On ne s'obstinera pas
pour...
M. Bolduc (Jean-Talon) : Trois,
quatre minutes chaque? Parfait. Parfait. Ça fait que, c'est ça, je trouvais ça intéressant parce que, quand vous regardez, la
première chose dans une organisation de services, c'est la géographie,
et, comme de fait, avant de penser à quelle
région ça appartient, il faut savoir c'est quoi, la meilleure desserte qu'on
doit avoir. Et, si on se donne
également une autre organisation au niveau des centres hospitaliers, dont,
entre autres... ça peut prendre encore plusieurs années, mais un hôpital
à Rivière-des-Prairies, à ce moment-là vous couvrez tout l'est de Montréal, qui est très dépourvu en termes de centres
hospitaliers, et également vous pouvez couvrir une partie peut-être de
Laval, puis ce serait peut-être plus facile
de couvrir… et, à ce moment-là, vous dégagez aussi les autres centres
hospitaliers. Donc, il y a une facilité, à ce moment-là, de communication.
Moi, M. le Président, je voudrais juste... je ne
prendrai pas mes quatre, cinq minutes. Je voudrais juste vous remercier puis vous dire que vous avez fait un
excellent travail au cours des dernières années. Et moi, je me souviens,
quand je suis arrivé en poste, on avait
beaucoup, beaucoup de commentaires par rapport au transport ambulancier
sur... autant à Laval qu'à Montréal, et
puis, dans les deux, trois dernières années, ça s'était beaucoup amélioré. Je
sais qu'il y a encore beaucoup de
travail à faire, mais je peux vous dire qu'on était très, très satisfaits de
votre travail. M. le Président.
Le Président (M. Marcoux) : Alors,
Mme la députée de Groulx.
Mme Daneault : Merci! Merci de me
laisser...
Le Président (M. Marcoux) : Bien,
écoutez, vous remerciez vos collègues?
Mme
Daneault : Oui, je remercie
mes collègues grandement de m'accorder un petit deux minutes. J'avais
juste une question supplémentaire. Parce que je pense encore à votre délai dans
les centres hospitaliers, bon, qui tourne autour
du 50 minutes. Et, dans votre rapport, vous avez mentionné qu'en 2011‑2012 la
corporation entame la planification stratégique de ses ressources
informationnelles. Est-ce que, dans cette planification-là, il y a un volet qui
peut se relier aux hôpitaux ou qui pourrait
optimiser le temps d'attente? Tu sais, de nos jours, on est connectés avec nos
textos : On s'en vient dans 10 minutes.
Est-ce qu'il n'y a pas moyen, avec la technologie 2013, qu'il y ait un meilleur
arrimage puis une meilleure efficacité entre vous et les centres
hospitaliers?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Merci. Je vais
vous avouer, c'est que, chaque fois que je demande aux gens en
informatique de trouver une solution informatique
pour les opérations, ils sont un peu découragés. Mais, on ne le cachera pas,
une partie de la réponse est toujours
liée avec l'informatique. Est-ce que c'est dans l'amélioration des processus ou
la compréhension?
Puis je vais donner un exemple de compréhension.
Quand on parle de transfert d'un patient dans un centre hospitalier, c'est une des données qu'il nous manque, autant pour
Urgences-Santé que pour le centre et pour les agences : Quand est-ce qu'on l'a transféré? Comment on peut
mesurer l'efficacité si on n'est pas capables de mettre un «stamp» pour dire : C'était à telle heure? Ça, ça
devient ma partie de la responsabilité et votre responsabilité. Alors, la
solution informatique, je dirais, ça peut être une partie de la réponse.
Qu'est-ce qui
est prévu, je dirais, plus à court terme, c'est un environnement intégré sans
papier. Et on voit ça déployé de plus en plus, les iPad, que je vois,
quelques-uns ici, les paramédics qui vont documenter leur intervention préhospitalière là-dessus au fur et à mesure.
Alors, ça évite une documentation papier vers la fin d'un quart ou de l'appel,
première chose. Deuxième chose, on va être capables de transférer des données
aux centres hospitaliers, centre de communication vers les partenaires entre
les équipes.
Alors, deux
volets là-dedans : comprendre où est-ce qu'on est quand on transfère puis
aussi de documenter au fur et à mesure avec les étapes de validation de
la qualité dans le rapport. Si le paramédic, il rentre «120 ans», mais le système va dire : Êtes-vous sûr que le
patient est vraiment... Oups! Excuse, c'est «12 ans». Alors, le côté qualité,
il y a avantage. Côté efficacité,
performance, il y a un avantage aussi. Ça, c'est ce qui est prévu à court
terme. On appelle ça l'environnement sans papier ou environnement
intégré. Puis, je vous dirais...
Mme
Proulx : ...de données. Ce
que je comprends, ce que vous voulez dire, c'est des entrées de données
déjà...
M. D'Ulisse (Nicola) : ...données
«live», «live» qui sont là.
Mme Proulx : O.K. Ça existe, les
programmes?
M. D'Ulisse
(Nicola) : Oui, ça existe,
et il y a plusieurs fournisseurs. L'alignement qu'on attend c'est
vraiment... Puis on a déjà fait une grande
partie de l'analyse à Urgence-Santé sur ce projet-là pour voir c'est quoi, les
besoins. Je vous dirais, de plus en plus, notre directrice médicale
nationale, là, que la chaîne... est très, très, très encouragée par ça, elle est très pour, l'autonomisation
aussi puis l'environnement sans papier. Et on a beaucoup de clients en arrière
de ça, les gens de qualité, les médecins qui surveillent la qualité
aussi, les analystes qui vont être capables d'extraire des informations pour voir comment qu'on fonctionne.
Alors, il y a plusieurs volets. Mais, on comprend, déployer à travers 154 ambulances puis 900 paramédics, il faut que ça
soit bien rodé avant qu'on se mette en mode déploiement. Mais ça, c'est
quelque chose qu'on prévoit de déployer à court terme.
Mme Proulx : Merci. Merci, mes
collègues.
Le Président (M. Marcoux) : Merci.
Mme la députée de Sainte-Rose.
Mme Proulx : Alors, écoutez, M. D'Ulisse,
il y a une dernière question, là, sur un thème qui m'intéresse particulièrement. Pour une corporation qui gère
1 400 employés, si je ne me trompe pas, autour de 1 300, 1 400
employés… Ma question, elle tourne autour
des relations de travail et du climat de travail. J'aimerais ça avoir votre
analyse. Comment vous analysez,
comment vous évaluez la qualité des relations de travail actuellement dans
votre corporation? Comment vous faites pour la mesurer? Est-ce que vous
vous êtes donné des outils pour mesurer le niveau de qualité?
Et vous avez mentionné rapidement tantôt, quand
vous avez parlé de votre sondage, là, 1 % de réponses qui disaient : Enlevez les auto-collants «En
grève» sur les ambulances. Mais, n'empêche, cette question-là, elle est
quand même importante pour une corporation
comme la vôtre pour pouvoir avoir le soutien, et l'engagement, et la
collaboration de tout le monde. Et est-ce que vous avez... Parce que c'est
peut-être une perception totalement subjective, mais j'ai l'impression qu'il y a une amélioration depuis
quelques années. J'ai l'impression qu'on n'a pas toujours eu la
perception que les relations de travail
étaient optimales, disons, à Urgence-Santé. Comment vous l'évaluez maintenant
et qu'est-ce que vous avez mis en place?
Le Président (M. Marcoux) : M. D'Ulisse.
M. D'Ulisse
(Nicola) : Merci. C'est une
question facile à répondre puis aussi difficile. Quand on parle de
mesurer la culture, c'est un des items qui
étaient dans la planification stratégique 2008-2011 qui nous a vraiment chicoté
parce que c'est difficile à mesurer, les
cultures. En 2009, on a parti avec plusieurs défis, et c'est là que la
planification stratégique puis le volet de dire «il faut qu'on attaque
la culture» a commencé.
Avant qu'on
améliore la culture, il faut établir des points de base. Il faut qu'on ait
assez de staff. Lesparamédics, il y
a un taux d'overtime qui est élevé, difficulté de recrutement, rajouté sur la
complexité de la job des RMU qui parlent direct aux patients, les
paramédics... Alors, on a attaqué ça au début puis en plein milieu d'une petite
crise de qualité en 2009-2010.
Il faut
mettre en place les principes de base. Si on n'a pas assez de staff, si ce n'est
pas du staff qui sont visés vers la
qualité parce que les cibles de qualité ne sont pas claires, si on a une
obligation de faire de la formation puis qu'on ne l'a pas faite, la
formation, ça revient sur la qualité, ça revient d'avoir du plaisir purement au
travail.
Alors, je vous dirais, de 2009 à 2011, les
grands axes qu'on a attaqués, c'est tout ce qui touche alentour des ressources humaines : staff adéquat. On
regarde le nombre d'embauches des paramédics, là, c'est énorme. Est-ce que
c'est trop? Absolument pas. Est-ce qu'on commence à être en contrôle? La
réponse est oui. 2009, on était un an et demi en retard avec notre formation continue, qui est obligatoire, qui est
exigée. On a rattrapé ça dans une période record, dans un an. Chaque
année, depuis deux ans et demi, la formation continue est à jour.
J'ai fait
allusion tantôt à l'assurance qualité. Moi, comme paramédic, je n'aimerais pas
avoir un feed-back d'un appel que j'ai fait ça fait quatre mois puis mon
supérieur immédiat va me dire : Tu as fait une mauvaise job. Je fais trois point quelque interventions par jour, je
travaille cinq jours semaine, tu me parles d'un cas qui date de quatre
mois. Ça ne m'aide pas à améliorer. En plus, ça me frustre. D'avoir un
feed-back plus immédiat.
• (18 h 10) •
Alors, la culture, c'est plusieurs facteurs,
mettre les principes de base en place, notre responsabilité comme gestionnaires. Après ça, on a monté à l'autre
niveau puis on a dit : O.K., on a un code d'éthique qui était en stand-by.
Quand j'ai arrivé, en 2009, le code d'éthique
était prêt. On a dit : Ce n'est pas un moment de déployer un code d'éthique
pendant un manque de staff, une petite crise de qualité, un taux de transport
qui vient juste d'arriver, etc. On a déployé le code d'éthique, on a fait ça à travers un an, on a mis en place une équipe.
Mais ma job, c'est de fournir l'outil qu'est le code d'éthique, les six
valeurs. Il y en a trois là-dedans, pour moi, c'est plus fort; certainement,
pour un autre employé, deux; un autre, c'est
quatre. L'outil est là. Est-ce qu'ils vont l'utiliser? Mais ça, ce n'est pas
notre responsabilité comme gestionnaires, c'est la responsabilité de
1 370 employés.
Alors, on est
passés, je pense, à la prochaine étape de culture, de commencer à dire c'est
quoi, notre valeur de base. Sur notre valeur de base, sur notre code d'éthique,
on a bâti notre plan stratégique 2012‑2015. On a parti de là. On a regardé nos
chiffres. Si on dérape quelque part, c'est sûr, il y a un impact sur la
culture. Quand on est en négociation de
convention collective et l'exécutif, comité des élections et l'exécutif
syndical, ce n'est pas dans un moment plaisant. On a tous hâte de signer, de fermer nos conventions
pour qu'on peut retourner en mode amélioration. Puis, je vous dirais
même, avec les paramédics, le syndicat, c'est
déjà commencé, on a signé une entente ministérielle, provinciale et locale
avec les paramédics ça fait deux, trois semaines, puis déjà les équipes de
travail ont déjà reparti.
Alors,
il faut voir ça comme un… Le minimum est là : le staff, la qualité, la
formation, notre... Là, il faut mettre ça en place. Je dirais, la seule
chose qui manque… pas manque, qui est à améliorer pour vraiment avoir une
culture un peu plus performante — ça veut dire on peut la mesurer, mais on
peut la sentir aussi, cette mesure — c'est la façon de communiquer. On est
multisites, on est 24-7, on a des employés à temps plein, on a des employés à
temps partiel qu'on voit deux fois
aux deux semaines, puis c'est la fin de semaine. Ça, je pense, ça peut être un
peu plus fluide, la diffusion d'information.
On était toujours
réticents de faire une rencontre en assemblée générale avec les employés parce
qu'on dit : Personne ne va se présenter, tout le monde travaille 24-7 tout
partout. On va faire une assemblée. Ça fait trois ans que je dis : Non, non, non. Finalement, mon équipe m'a convaincu d'en
faire une. On en a fait une l'année passée au mois de novembre. On a eu 300 personnes présentées.
Pour nous autres, 24-7, multisites, ça, c'est énorme. Le taux de
présence était énorme, les félicitations,
les échanges. Puis on a mieux appris aussi qu'est-ce qu'ils veulent savoir,
quand ils veulent savoir, les employés, puis par quels moyens.
Alors,
une partie des communications, c'est «top down» et on revient au code d'éthique.
Ce n'est pas tout aux cadres puis aux gestionnaires. Le syndicat a été
impliqué avec le code d'éthique. Il a quoi? L'outil est là, il faut le rayonner. Les méthodes d'échange sont là, il faut
les rayonner, il faut l'améliorer. Avec toutes les informatiques qui
sont en place, communication, c'est juste différent. Ce n'est pas un enjeu, il
faut juste changer nos méthodes, de Twitter, de Facebook, de courriels. On a même des paramédics de 55 ans qui
ont des téléphones intelligents, qui regardent le courriel d'Urgences-Santé le soir. J'étais étonné l'année
passée. Alors, pour répondre, la culture, je pense qu'on est dans une
bonne voie, je crois qu'on est dans une bonne voie, mais il ne faut pas enlever
le pied de la pédale, pas du tout.
Le Président (M.
Marcoux) : Merci bien.
Alors, merci,
M. D'Ulisse. Peut-être, si vous me permettez une dernière question. Si nous vous demandions, pour la prochaine année
et demie, sur le plan de la gestion et de l'amélioration de l'efficacité,
quels sont vos trois grands défis, est-ce que vous pourriez nous résumer ça en
l'espace de quelques secondes?
M. D'Ulisse
(Nicola) : Le défi, ça va être de limiter ça à trois.
Le Président (M. Marcoux) : À trois. Non, mais les trois principaux, j'ai
bien dit, là, les trois plus importants que vous considérez comme
gestionnaires, là, pour la Corporation d'urgences-Santé.
M. D'Ulisse (Nicola) : Merci, M. le Président. Il faut toucher tous les
axes. On aimerait certainement prioriser les affaires plus technos parce
que c'est intéressant puis c'est le fun.
Dans
l'axe de qualité, soins au patient, on commence à mesurer les bonnes choses.
Performance, ce n'est pas juste en
temps de réponse, on parle de taux de survie, taux de conformité au protocole,
taux de formation continue et réussite. Alors, cet axe… secteur d'activité là, c'est la première fois qu'on
sent... et le directeur médical, le comité de direction, les membres du
conseil, on commence à se sentir en contrôle. La prochaine année, c'est d'assurer
qu'on peut garder la barre au même niveau. Alors, ça, c'est tout ce qui touche
côté soins, côté qualité.
Côté
technique, on a encore des petits enjeux qui traînent, que j'aimerais quand
même finir : d'avoir un centre de communication
conforme, d'avoir des bâtisses qui sont confortables, qui sont fonctionnelles.
Il reste un peu de travail qui… Puis c'est des dossiers qui traînent, qu'on
espère, d'ici un an, on va être capables d'attaquer.
Le dernier volet qu'on
ne peut jamais ignorer, c'est performance. Et on a passé beaucoup de temps à
parler de deux volets aujourd'hui. C'est Laval, premiers répondants, on a un
manque dans la chaîne d'intervention, une lacune,
quelque chose qu'on peut renforcer, puis aussi avec nos partenaires de l'autre
côté. On a répété souvent, alors je pense
que c'est facile à répondre. L'interface avec les CH. Si on n'attaque pas, on
va continuer à augmenter les heures travaillées. Les paramédics vont
finir à faire moins de transports par quart de travail, mais ils vont être
occupés plus long parce qu'ils sont dans le garage. Puis, comme le député a
mentionné, les paramédics ne veulent pas être dans le garage, là, ils ne sont
pas contents, ils veulent être dehors, ils veulent gérer des appels.
Alors,
je pense que ça, à court terme, c'est les trois choses qu'on a besoin vraiment
de mettre le focus. Puis on voit ça ressortir. J'ai bien hâte de
partager avec vous le plan stratégique 2012-2015, parce que, comme j'ai dit, on
a appris beaucoup. On a changé nos façons de
mesurer. Puis des fois on met un peu plus... trop d'énergie puis on dit :
On veut tout faire. On a aussi appris à
dire : Il faut étalonner un petit peu les défis avec le temps. Avec la
meilleure volonté, il y a des défis qui se présentent, qui nous font un
petit «bypass and sidetrack» pour un petit bout puis on ramène… Avec ces
facteurs-là, pour les prochains 12 ans, si on est capables de maintenir la
cadence, je pense que ça va être une mesure de succès.
Le Président (M.
Marcoux) : Alors, merci, M. D'Ulisse. Est-ce que vous auriez un autre
commentaire à ajouter avant de terminer?
M. D'Ulisse
(Nicola) : Premièrement, j'aimerais vous remercier. C'était vraiment
un échange intéressant, plaisant, très
humain. On parle des patients, on parle des soins, puis c'est vraiment plaisant
de ramener des discussions à ce niveau-là. Alors, merci pour votre temps
puis merci pour intérêt dans les affaires qui nous regardent, qui nous touchent
très proche.
Puis il faut
absolument que je remercie mes directeurs, mon équipe de gestion, mes équipes
de support. La préparation pour la journée d'aujourd'hui,
c'était quelque chose de très stressant, je ne le cacherai pas, mais on a
appris beaucoup, on a appris beaucoup, avec
nos chiffres, avec nos données. Puis c'est quelque chose… On a fait le
«committment» parmi nous de faire un petit «refresh» sur nos données, la
plupart qu'on a quotidiennement, mais quelques-unes, comme le DSL, qu'on regarde moins
souvent, de garder ça dans nos indicateurs, nos mesures avant que ça
devienne problématique. Alors, merci à mon équipe. Puis je vous remercie pour
votre temps, votre attention.
Le Président (M. Marcoux) : Bien,
écoutez, bien, merci beaucoup, M. D'Ulisse. Et je voudrais simplement peut-être… puis je pense bien me faire la
porte-parole des membres de la commission pour vous dire que les
échanges, quant à nous, ont été très constructifs également. Nous vous
remercions pour, je dirais, la franchise et la transparence avec lesquelles
vous avez répondu aux questions.
Dans le
passé, il est arrivé — et peut-être pas un passé si lointain — que la Corporation d'urgences-santé
semblait refléter… ou y avoir beaucoup de
problèmes. Je pense que l'impression que nous avons, en tout cas, c'est que
vous êtes en contrôle. Il y a eu
beaucoup d'amélioration depuis quelques années. En tout cas, je pense que c'est
ce que je ressens. Donc, on vous encourage à continuer.
Merci également pour être venu devant la
commission. Comme vous avez mentionné, nous savons que c'est beaucoup de travail de préparation pour une rencontre
comme celle d'aujourd'hui. Je pense que, si, pour nous, nous le faisons
parce qu'à titre de représentants de nos citoyens… Et vous jouez un rôle majeur
dans notre système de santé et services hospitaliers. Vous êtes en contact avec
nos citoyens. Je pense que ça peut également, pour la Corporation d'urgences-santé, être positif, je pense, une
rencontre comme celle-là. Et donc, nous vous remercions et vous
souhaitons une belle fin de journée. Merci beaucoup.
Et nous
allons déposer un rapport à l'Assemblée nationale. Mais je pense que ce que
vous avez démontré, c'est vraiment
une amélioration importante par rapport à la situation qui pouvait prévaloir il
y a quelques années. Il y a encore des défis qui demeurent;
heureusement, d'ailleurs. Alors, merci beaucoup.
Des voix : Merci.
(Fin de la séance à 18 h 19)