Journal des débats de la Commission de l'Assemblée nationale
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mercredi 14 février 2024
-
Vol. 47 N° 3
Étude du rapport préliminaire de la Commission de la représentation électorale
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de l'Assemblée nationale ouverte et j'invite l'ensemble
des collègues, s'il vous plaît, à bien vouloir éteindre sa sonnerie de son
cellulaire afin d'éviter les bruits. Et je vous rappelle que la commission est
réunie afin de poursuivre l'étude du rapport préliminaire de la Commission de
la représentation électorale.
Mais, avant de débuter, nous avons reçu
une demande d'intervention tardive de la députée de Rimouski pour la région du
Bas-Saint-Laurent, puisque la plage horaire est libre à notre horaire de jeudi
matin, à la suite du passage devancé du député de Drummond-Bois-Francs hier. Y
a-t-il consentement pour accepter... à cette demande?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Consentement. Alors, je vous rappelle que chaque député, lors de cette
audition, dispose d'une période de 20 minutes pour intervenir avec les membres
de la Commission de la représentation électorale, que je salue, d'ailleurs, ce
matin. Et la première intervention d'aujourd'hui proviendra du député de la
région de la... un député de la région de Montérégie. Et je cède donc la parole
à M. le député de Beauharnois. M. le député, la parole est à vous pour 20
minutes.
M. Reid : Merci, M. le
Président. Salutations, chers collègues, et merci de nous accueillir en cette
belle journée de Saint-Valentin. Alors, c'est la journée de l'amour, on espère
que ce qu'on va vous dire va être bien reçu aujourd'hui et au cours du reste de
la semaine. On en a... on s'est rencontrés, en novembre dernier, à
Salaberry-de-Valleyfield, et je tiens à vous remercier encore une fois d'avoir
été présents dans ma région, ça a été fort apprécié de la communauté, des
maires et des intervenants qui se sont pointés pour prendre la parole. Vous
avez un travail à faire, je pense que, de par ce que j'ai entendu, il ne sera
pas évident. Il y a un travail de nouvelle analyse qui doit être fait, et on va
essayer de vous convaincre le plus possible pour qu'on puisse faire en sorte de
respecter les communautés naturelles, notamment dans mon coin.
Avant de plonger dans le vif du sujet qui
nous préoccupe aujourd'hui, vous me permettrez de venir rapidement sur l'histoire
de la région de Salaberry-de-Valleyfield, ou plus précisément de Beauharnois,
Salaberry-de-Valleyfield. Je l'avais fait, en novembre dernier, mais c'est une
seigneurie, en fait, qui avait été achetée par Alexander Ellis, à ce
moment-là...
M. Reid : ...et il avait
découpé le territoire, en fait, du nom de ses enfants. Il y avait
Catherinestown, Helenestown, Marystown, et tout ça constituait une grande
partie du comté de Beauharnois actuel. Donc, ce n'est pas... ça date de très,
très, très, très longtemps que notre territoire a été découpé d'une certaine
façon. Et au fil du temps, bien entendu, les relations régionales, la
gouvernance se sont installées en conséquence du territoire. Alors, vous avez
Salaberry-de-Valleyfield, Beauharnois une partie de la Rive-Dud, donc trois
municipalités, puis même le Haut-Saint-Laurent. Donc, la dynamique s'est
installée nord-sud et est-ouest sur la Rive-Sud du fleuve Saint-Laurent. Puis,
encore aujourd'hui, on le voit avec les territoires, les organismes qui sont
là, la MRC de Beauharnois, Salaberry est sur la Rive-Sud du fleuve et elle
touche le secteur de Beauharnois, Valleyfield, en fait, le comté de Beauharnois
en grande partie. Centres de services scolaires, c'est la même chose. Donc, la
limite géographique du fleuve Saint-Laurent a toujours séparé les régions et
les cultures en termes de développement socioéconomique des régions de
Beauharnois, puis là on dit comté de Beauharnois, et de la région de
Vaudreuil-Soulanges.
La proposition de redécoupage de la
circonscription de Beauharnois que vous soumettez dans votre rapport
préliminaire serait donc formée à partir de la circonscription actuelle de
Beauharnois. Donc, on parle de 51 384 électrices et électeurs, et des
modifications suivantes. Ce que vous proposez dans votre rapport. On retire
près de 4 244 électeurs, électrices, donc qui sont dans les municipalités de
St-Étienne-de-Beauharnois, Saint-Stanislas-de-Kostka et de
Saint-Louis-de-Gonzague, et vous ajoutez 12 668 électrices, électeurs qui sont
sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent. Donc, on parle des municipalités de
Coteau-du-Lac, des Cèdres et de Pointe-des-Cascades.
Bien entendu, avec votre proposition, vous
amputez la circonscription de Beauharnois, dont le nom, c'est la seigneurie de
Beauharnois, et on traverse le Nord, donc vous amputez la circonscription d'une
partie de son territoire, de son histoire surtout. Et, ma lecture, c'est
simplement pour une question de mathématiques. Comme je le mentionnais, en
novembre dernier, l'impression qui se dégage à la lecture de la proposition de
votre rapport préliminaire tient davantage d'une opération qui est
mathématique. Alors, il faut trouver un équilibre entre le nombre d'électeurs
par circonscription qui, selon ma lecture, ne prend pas en compte ni l'histoire
ni l'appartenance des populations qui habitent ce magnifique territoire.
En ce moment, comme je mentionnais, la
circonscription de Beauharnois est parfaite pour le DGEQ. Avec 51 384
électeurs, la circonscription se situe seulement à 1.4 % de la moyenne
québécoise. La circonscription a une croissance supérieure à la moyenne,
croissance de la population et, considérant son nombre d'électeurs presque
parfait, la croissance de la population de Beauharnois n'est pas en
considération aux fins des présentes. Et là, il faut savoir qu'au cours des
trois dernières années, donc pas post-pandémie, il y a une croissance. Si on
prend Saint-Louis-de-Gonzague, on parle en trois ans d'une croissance de
20 % de la population. Il est à peu près de même pour la ville de
Beauharnois. Salaberry-de-Valleyfield ne suit pas très loin, il y a... Et comme
le mentionnait le préfet, au moment des audiences, il y a énormément de
constructions domiciliaires sur le territoire.
Donc, votre proposition, c'est de retirer
4 244 électeurs du territoire d'origine de la circonscription de Beauharnois
pour en rajouter 12 668 d'un autre territoire contigu, mais qui n'a pas
d'appartenance ni physique ni historique, au noyau central de la
circonscription. On peut comprendre que la notion d'équité dans la
représentativité citoyenne des circonscriptions est un principe démocratique
qui a de l'importance et qui fait partie du mandat de la commission. Toutefois,
la tradition, l'intégrité territoriale, le sens de l'appartenance, la présence
des instances décisionnelles et surtout le respect des régions naturelles ont
tous autant d'importance et requièrent qu'on s'y attarde.
L'interaction entre les communautés qui
sont appelées à quitter la circonscription, si la proposition de redécoupage
est retenue, va à l'encontre du modèle de gestion territoriale, donc s'est
imposée au fil de l'histoire. Alors, je parlais que c'est une relation
est-ouest, donc Beauharnois-Valleyfield, puis vous avez sur la rive nord
Vaudreuil-Soulanges, donc le même type d'interrelation régionale qui se fait,
c'est davantage est-ouest.
Une grande partie de la municipalité de
Saint-Stanislas-de-Kostka est campivallensienne de par le territoire. Parce
que, vous savez, notre région a été charcutée par la construction de canaux.
Alors, il y avait le premier canal de Beauharnois. Ensuite, il y a eu le
nouveau canal de Beauharnois qui est la voie maritime actuelle. Donc,
artificiellement, on a coupé notre territoire. Mais au niveau territorial, il y
a toujours une interrelation entre les municipalités de Valleyfield,
Beauharnois, Saint-Étienne, Saint-Louis et Saint-Stanislas-de-Kostka. Et ça,
c'est important d'en prendre note parce que c'est un tout.
Alors, vous savez, le commerce, le centre
administratif...
M. Reid : ...Salaberry-de-Valleyfield
et Beauharnois, donc, et ces municipalités, les habitants et les citoyens de
ces villes-là font davantage affaire à Salaberry-de-Valleyfield et Beauharnois
et non pas ce qui est proposé, par exemple, dans la région de Huntingdon. Cette
intégration naturelle du territoire est donc appelée à être charcutée de sorte
que deux circonscriptions, dans notre cas, Beauharnois et Huntingdon, si on
retire les trois municipalités rurales, vont faire en sorte que, plutôt que de
travailler avec le comté de Beauharnois, va devoir travailler avec le comté
d'Huntingdon. Et ça risque de causer des problèmes au niveau de
l'administration régionale et territoriale, sans parler de la gouvernance
régionale, là. On va être rendus avec trois MRC, avec plusieurs municipalités
qui n'ont pas toutes... si on prend votre proposition actuelle, qui n'ont pas
toutes des liens communs.
• (11 h 30) •
Bien qu'elles soient associées au
déploiement du canal de Soulanges, dont l'histoire des canaux, on en a parlé,
du Haut-Saint-Laurent, les communautés de Coteau-du-Lac, Les Cèdres et
Pointe-des-Cascades n'ont historiquement rien à voir avec l'évolution
historique de la circonscription de Beauharnois. Leur adhésion à la
circonscription de Soulanges et leur attraction, en termes de services, vers
Vaudreuil-Dorion en font une entité bien à part de celle de Beauharnois. Le
découpage qui est proposé ne sert en rien les intérêts des villes et villages
visés par la redéfinition des limites territoriales des territoires électoraux.
L'ADN de la circonscription réside dans les liens physiques qui ont fait... qui
ont façonné le territoire depuis sa définition par Alexander Ellice autour des
années 1880, l'avènement, voire la construction des canaux,
l'apprentissage d'une gestion commune d'un territoire cicatrisé par les
canaux... ne peut faire l'objet d'une division qui contredirait à l'histoire.
S'il y avait une logique à respecter, elle devrait inclure les municipalités de
Saint-Stanislas-de-Kostka, Saint-Louis-de-Gonzague,
Saint-Étienne-de-Beauharnois, qui resteraient associées à la force d'attraction
que constitue le tandem urbain Beauharnois-Salaberry-de-Valleyfield.
La création d'une nouvelle circonscription
réunissant des entités municipales des deux côtés du fleuve Saint-Laurent vient
compliquer la responsabilité des représentants à l'Assemblée nationale en ce
sens qu'elle oblige la conciliation, comme je le mentionne, de quatre
philosophies différentes, Huntingdon, Beauharnois, Soulanges et Vaudreuil,
d'une certaine façon que la structure physique, donc on parle de la délimitation
territoriale, même de la nouvelle circonscription ne peut que difficilement
harmoniser. Et d'ailleurs ma collègue de Vaudreuil hier vous rappelait, je
pense, l'historique de la circonscription de Salaberry—Suroît, qui n'a pas
connu un succès, je pense, espéré dans l'histoire.
Je tiens à rappeler que la carte
électorale du Québec partout... si on prend la carte, le fleuve Saint-Laurent,
je vous l'ai mentionné en novembre, le fleuve Saint-Laurent constitue une
frontière naturelle pour l'ensemble des circonscriptions qui ont été dessinées
par votre commission au fil du temps. Il y a sûrement une logique derrière cet
état de fait. Mais pourquoi seule la future circonscription de Beauharnois ne
respecterait... ne respecterait-elle pas cette logique naturelle, historique
dans notre histoire? C'est comme si vous décidiez, je vous l'avais mentionné,
de dire : On va prendre un bout de la circonscription de Jean-Talon, à
Québec, et faire une circonscription avec Lévis ou prendre un bout de Bécancour
et faire une circonscription avec Trois-Rivières, c'est la même chose. Alors,
pourquoi, chez nous, on ne respecterait pas la frontière qu'est le fleuve? Bien
entendu, si on va de l'avant, la population va être barouettée d'un côté et de
l'autre du fleuve.
Je me permets de citer un extrait de votre
rapport à la page quatre. Il est écrit que votre objectif, la commission, c'est
«de faire en sorte que les électrices et les électeurs s'estiment représentés
de façon juste et équitable dans chacune des circonscriptions du Québec.»
Dans votre rapport, vous expliquez la
notion de représentation effective, qui est extrêmement importante, comme étant
un principe démocratique fondamental, respecté et que la première condition est
l'égalité relative du vote des électeurs. Mais, comme vous l'écrivez, cette
condition n'est pas exclusive. Vous tenez compte notamment de la géographie, de
la démographie. Et c'est à partir de l'article 16 de la Loi électorale que
vous avez une certaine marge de manœuvre pour délimiter les circonscriptions
dans le respect des communautés naturelles et assurer une représentation
effective.
À l'article 15 de la Loi électorale,
il est mentionné qu'«une circonscription doit représenter une communauté
naturelle établie sur des considérations d'ordre démographique, géographique et
sociologique.» Dans votre analyse, vous devez donc prendre en compte plusieurs
aspects d'un territoire, notamment l'organisation ou la dynamique territoriale,
les liens socioéconomiques entre les communautés et leur histoire.
Et, plus loin, toujours à la page 15,
vous devez vous appuyer sur des entités géographiques cohérentes qui regroupent
des collectivités aux intérêts communs. Parmi les facteurs que vous considérez
dans votre analyse, il y a notamment la configuration de la région, alors, je
ne vous apprends rien : l'accessibilité, les territoires des municipalités
locales, le sentiment d'appartenance, la communauté d'intérêts, les pôles de
développement régionaux, le patrimoine culturel et historique et, enfin, les
différentes limites administratives...
11 h 30 (version non révisée)
M.
Reid : ...vous nous rappelez avec justesse la décision de la Cour
suprême du Canada dans l'affaire Carter, en 1991. Selon la Cour, la
représentation effective des électrices et des électeurs comporte deux
composantes : l'égalité relative du vote et le respect des communautés
naturelles. Donc, quand on regarde attentivement la proposition de délimitation
de la nouvelle circonscription de Beauharnois, il est difficile de comprendre
votre approche sur la base de ces éléments que je viens de vous énumérer.
De plus, moi, ce qui... ce qui m'a étonné,
c'est quand on regarde le rapport, alors on arrive à la circonscription de
Beauharnois, on dit l'impression qu'on a c'est que, regarde, on va traverser
tout simplement pour répondre à un besoin mathématique. Quand on prend votre
rapport à la page 42 où vous parlez de, je pense, c'est Matane-Matapédia,
Rimouski, bien, vous dites : «Cette dernière modification prend en compte
le sentiment d'appartenance des citoyennes et citoyens envers le pôle
économique régional de Rimouski.» Vous faites la même remarque pour la
circonscription de Granby à la page 51. Vous parlez de la ville de
Saint-Alphonse de Granby que c'est, bon, en raison des liens socioéconomiques
qu'elle entretient avec la ville de Granby.
Alors donc, moi, ce que... ce que je vous
ai proposé, c'est d'attendre. En fait, d'une certaine façon, de mettre sur
pause le temps que la... la croissance démographique post-pandémique puisse
ralentir un peu pour que vous puissiez avoir une meilleure lecture de la
situation en Montérégie-Ouest. D'une certaine façon, ce qu'on vit actuellement,
c'est le bouclage de la Montérégie avec le développement qu'a connu Vaudreuil,
qu'a connu la région de Châteauguay, et ainsi de suite.
Au niveau de la municipalité de... de...
une autre alternative en fait qui... que je vous propose, que je devais
proposer, et on nous avait demandé de vous soumettre des propositions, serait d'inclure
la municipalité de L'Île-Perrot dans la région administrative de Montréal, ce
qui permettrait de régler les problèmes de surpopulation que vous vivez dans la
circonscription de Vaudreuil et l'insuffisance d'électeurs dans Vaudreuil et
Soulanges et l'insuffisance des électeurs dans la circonscription Jacques... de
la circonscription Jacques-Cartier, sans avoir à transférer des électeurs de
Vaudreuil et ainsi de suite.
D'ailleurs, quand on regarde les
circonscriptions de Jacques-Cartier et Marquette qui auront un nombre d'électeurs
selon la réforme, donc de 46 582 électeurs et l'autre de 45 605 électeurs
seulement, je crois, moi, qu'il y a une marge de manœuvre pour la commission de
regarder de ce côté pour régler le surnombre de la circonscription de Vaudreuil
et faire en sorte d'équilibrer Soulanges aussi, d'autant plus que cette région
ressemble davantage à une agglomération de Montréal ou une extension de l'Ouest
de l'île.
Si d'un côté vous acceptez de traverser le
fleuve avec Beauharnois, pourquoi ne pas accepter de traverser la rivière des
Outaouais entre l'île Perrot et Sainte-Anne- de-Bellevue? Donc, c'est... c'est
une proposition que... qui est sur la table de mon côté. Moi, ce que je vous
demande, c'est à tout le moins de conserver une partie du... de conserver la
circonscription de Beauharnois intacte, de me laisser d'une certaine façon, les
trois municipalités rurales donc qui ont un lien commun important avec avec le
Beauharnois et Salaberry-de-Valleyfield. Et si vous êtes vraiment, vraiment,
vraiment mal pris, bien, de faire en sorte que je puisse... la circonscription
de Beauharnois puisse peut-être traverser pour la portion de Coteau-du-Lac qui
a quand même une certaine affinité avec la région de Salaberry-de-Valleyfield.
Mais je vous demande avant tout de regarder du côté de L'Île-Perrot, de l'ouest
de Montréal. Il y a quand même un travail qui pourrait être fait là, pour avoir
un équilibre de ces régions-là et qui ont un lien commun très fort.
Alors, j'espère avoir été en mesure de vous
convaincre de nouveau avec ce que je viens de vous soumettre. Il y a une
histoire dans notre comté, dans notre région, dans la région de Beauharnois, et
j'espère que vous allez être en mesure de prendre ça en considération et
notamment au niveau du lien commun de la communauté. Alors donc, je sais
encore une fois et je réitère que ce n'est pas un exercice qui est facile pour
vous, mais j'espère que vous êtes en mesure de trouver une méthode mathématique
quelconque pour être en mesure de faire en sorte soit de mettre ça sur pause.
On attend un autre 10 ans. On va avoir un meilleur portrait puis on va être
capable de... d'avoir une meilleure carte. Donc voilà.
En terminant, je tiens à vous remercier
membres de la commisssion, M. le président, d'avoir prêté une oreille attentive
encore une fois à ce nouvel argumentaire et j'espère que vous serez en mesure
de répondre à nos demandes au cours du... des prochains mois, donc au cours du
dépôt du prochain rapport.
Donc, j'espère d'une certaine façon avoir
pu vous aider dans votre démarche pour cette seconde présentation, bien
entendu, pour le maintien du statu quo de la circonscription Beauharnois.
Alors, je vous remercie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, M. le député de Beauharnois. Alors, je veux permettre aux
membres de la Commission de la représentation électorale de s'exprimer. M. le président,
Mmes et MM. les commissaires, à vous la parole.
Mme Gravel (Édith) : Oui. Je
me permets...
Mme Gravel (Édith) : ...merci
beaucoup de vous être quand même prêtés à l'exercice, là, de réfléchir à
peut-être des pistes de solution. J'aurais aimé savoir si vous aviez un peu
sondé le pouls des gens de Jacques-Cartier, que ce soit vos collègues à
l'Assemblée ou les représentants de ce territoire-là, qui verraient peut-être
arriver la municipalité de L'Île-Perrot. Vous dites qu'il y a des similitudes
en termes de communauté naturelle, est-ce que vous pourriez nous en dire un peu
plus, là, sur comment pourrait être perçu ce déplacement-là?
• (11 h 40) •
M. Reid : Bien entendu, je
n'ai pas communiqué avec mes collègues. Moi, j'ai regardé la carte et les
affinités qu'il y a entre les territoires pour y habiter, pour faire mes
affaires là-bas, à la fois, le commerce. Et, quand on est sur place, je n'ai
pas parlé aux collègues, là, mais quand on est sur place, on le sait très bien.
Pour connaître des gens qui habitent ce territoire-là, il y a quand même une
interaction régionale qui est très... vraiment plus Montréal que vers le
sud-ouest du Québec.
Mme Gravel (Édith) : O.K.
Puis concernant Coteau-du-Lac, vous sembliez dire... Bon, dans un monde idéal,
c'est le statu quo, mais Coteau-du-Lac pourrait peut-être avoir certaines
similitudes avec Beauharnois, malgré la présence du fleuve, là.
M. Reid : Oui. Il y a une
affinité, parce qu'il y a un pont, en fait, qui traverse le fleuve à cet
endroit-là. Il y a quand même une affinité territoriale qui est beaucoup plus
proche que, par exemple, si on prend Les Cèdres ou Pointe-des-Cascades, ça,
c'est vraiment, vraiment, vraiment vers Vaudreuil-Dorion. Il n'y a aucun lien
avec notre communauté de ce côté-là. Ça, ce serait dans le pire des cas. Mais
moi je vous dis qu'on peut faire l'exercice actuellement, demain matin, vous
dites : Voici la nouvelle carte, mais, dans 10 ans ça va être à refaire.
On va probablement refaire ce qu'on a fait avec Salaberry-Soulanges à l'époque,
d'après moi.
Mme Gravel (Édith) : Merci
beaucoup pour le partage des propositions.
M. Reid : Ça me fait plaisir.
Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, M. le député de Beauharnois, il reste deux minutes
15. Si vous souhaitez intervenir encore quelques instants, vous avez du temps.
M. Reid : Bien, moi, je vais,
justement, vous relancer la question. Quand on regarde justement, au niveau des
territoires, des liens communs, qu'est-ce qui fait en sorte que, dans votre
analyse, vous êtes allés chercher la ville des Cèdres et Pointe-des-Cascades?
Comment vous faites cette analyse-là? Je suis. Je suis curieux.
Mme Gravel (Édith) : Bien, je
pense que vous l'avez bien décrit, là, la commission, son mandat, c'est de
jongler avec les articles de loi qui parlent, oui, évidemment, de la
représentation effective, mais aussi de toute la notion de communauté naturelle
qui se compose d'éléments socioéconomiques, physiques, liens d'affaires. Donc,
la commission regarde aussi vraiment le Québec dans son ensemble. Évidemment,
le fait que Vaudreuil-Soulanges présente des populations, là, qui, au moment du
début des travaux, commande qu'il y ait des changements qui soient apportés
pour éviter justement d'être dans un écart positif de plus de 25 %.
Donc, on regarde vraiment les liens qui
sont l'organisation spatiale, mais c'est extrêmement difficile, je pense, vous
comprenez, le mandat d'avoir des circonscriptions où les communautés naturelles
sont complètement respectées sur toutes les couches d'information. La
communauté naturelle est constituée de limites municipales, MRC, commissions
scolaires, liens d'affaires. C'est difficile donc d'arriver à un découpage qui
cocherait tous ces critères-là. Donc, c'est vraiment l'ensemble de ces
paramètres-là qu'on tente au mieux avec la représentation effective. Mais, bien
sûr, comme j'expliquais hier aux membres de la commission, les gens ne se
déplacent pas en fonction de communautés naturelles avec un même nombre de
51 000, et des poussières, là, qui est l'écart recherché.
M. Blanchet
(Jean-François) :Juste pour ajouter,
c'est un premier rapport, justement, aussi, ça nous permet d'avoir le fin
détail, parce que c'est difficile d'avoir le Québec en entier, le fin détail.
Donc, vous participez, dans le fond, à notre... à notre, comment dire,
réflexion.
M. Reid : Parfait, Merci.
Bien, n'oubliez pas qu'il y a une frontière naturelle qui s'appelle le fleuve
Saint-Laurent. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Beauharnois. Alors, nous
allons maintenant poursuivre avec la région des Laurentides, et je vais céder
la parole à Mme la députée de Labelle. Vous avez droit à 20 minutes, Mme la
députée.
Mme Jeannotte : 20 minutes.
Merci, M. le Président. Donc, je salue les collègues de la banquette des
oppositions et de la banquette gouvernementale, et je vous remercie, M. le
commissaire, de nous donner l'occasion de se... de parler de la carte électorale.
D'entrée de jeu, je vais témoigner à quel point le comté de Labelle est une
circonscription qui demande énormément en termes de voyagement, en termes de...
On a tellement un grand territoire. Je veux juste témoigner du fait que la MRC
Antoine-Labelle est située à 110 kilomètres de ville de Mont-Tremblant qui,
elle, est située dans la MRC des Laurentides. Et, vous savez, quand on est
député au Québec, on a encore un rôle extrêmement important pour les citoyens
qu'on rencontre dans nos bureaux de comté. Puis j'en suis fière que ça
fonctionne comme...
Mme Jeannotte : ...ça, c'est
notre culture, mais c'est difficile d'être partout sur cet immense territoire.
Et j'aimerais donner l'exemple de ce pour quoi on se bat, moi, députée de
Labelle depuis 2018, et même mon prédécesseur, qui a fait quand même trois
mandats. Pour le fait que nous soyons reconnus comme région éloignée, ça ne
passe pas, parce qu'on n'a pas la volumétrie. Et toutefois les liens avec
l'Abitibi sont là. Les ministres, quand ils viennent dans ma région, dans la
MRC Antoine-Labelle, le reconnaissent, les similitudes avec l'Abitibi sont
pourtant là, mais on n'est pas capable.
Donc, je n'ai pas la réponse au fait
que... comment pourrait-on faire pour être, par exemple, jumelé avec Maniwaki,
ça pourrait être ça, mais je fais juste vous ouvrir cette fenêtre à l'effet que
la MRC Antoine-Labelle, à elle seule, là, de mon point de vue, pourrait avoir
juste un député, mais... j'ai 35 000 de population si je... Mais, vous
comprenez, c'est le secteur de la forêt qui est là, les enjeux sont
complètement différents de la MRC des Laurentides. Pas complètement, mais sont
très similaires, plutôt, aux enjeux de d'autres MRC qui sont dans l'Abitibi.
Toutefois, aujourd'hui, ce n'est pas sur
ça que je vais vous entretenir. Mon sujet principal est beaucoup plus pour
défendre trois municipalités, c'est-à-dire Brébeuf, Amherst et Huberdeau, que
vous suggérez, là, de mettre dans le comté d'Argenteuil. Et, moi, je me fais un
devoir de plutôt démontrer que ce n'est pas une bonne idée, c'est une fausse
bonne idée. D'abord, pour des raisons géographiques. Ça ressemble un peu à ce
que mon collègue disait, la proposition, je vous en avais fait part d'ailleurs
dans un Teams, mais je vais reprendre les arguments. Premièrement, là, Brébeuf,
Huberdeau et Amherst, vers la circonscription d'Argenteuil... la ville région
d'Argenteuil, c'est Lachute. Elle est située à plus de 55 kilomètres de
Huberdeau et plus de 70 kilomètres d'Amherst et Brébeuf. Donc, géographiquement,
les trois municipalités sont plus éloignées de Lachute que de Mont-Tremblant.
Ça, c'est la première chose très, très importante à souligner, au niveau
géographique.
Économiquement et socialement, les liens
naturels sont quasi exclusivement avec Mont-Tremblant, qui est évidemment dans
la circonscription de Labelle. Les citoyens travaillent majoritairement à
Mont-Tremblant, ont des entreprises, et leurs clients sont aussi à
Mont-Tremblant, ils font leurs achats à Mont-Tremblant. J'étais au Carnaval de
Brébeuf, la semaine passée, et puis la dame me disait : Moi, je travaille
au Jean Coutu, à Saint-Jovite. C'est... Il y a 10 000 personnes, le samedi, à
notre célèbre montagne de ski Mont-Tremblant, 12 000 personnes le dimanche. Ces
gens-là, c'est un moteur économique, c'est la troisième destination touristique
au Québec. Donc, ces gens-là viennent naturellement, c'est beaucoup plus près,
viennent travailler à Mont-Tremblant. Les services publics sont le troisième
argument. Les services publics provinciaux sont à Mont-Tremblant, les services
de santé, le CLSC, les cliniques médicales, les services scolaires, écoles
primaires et secondaires, formation adultes, cégep, les services de sécurité
incendie pour les trois municipalités. Ça fait que, imaginez-vous, c'est ces
gens-là qu'on leur dirait, demain matin : Votre circonscription, c'est
Argenteuil, ce n'est plus Labelle. Pour eux, ça ne passe pas.
Donc, le premier motif de maintenir le
statu quo, c'est l'intérêt public, l'intérêt de tous les citoyens des trois
municipalités touchées négativement par cette proposition de découpage. Les
citoyens résidents permanents des municipalités d'Amherst, dont la population
est de 1633, Brébeuf, population, 1041, et Huberdeau, population de 901,
utilisent les services supramunicipaux de la ville dans Mont-Tremblant,
piscine, gymnase, patinoire, etc., car Mont-Tremblant est à proximité des trois
municipalités, et même limitrophe pour Brébeuf. Lesdites quatre entités
municipales font partie de la MRC des Laurentides, dont le maire, Marc
L'Heureux, est aussi préfet et utilise les services de la MRC des Laurentides,
bureau situé à proximité de Mont-Blanc. Les trois autres municipalités font
partie intégrante depuis nombre d'années de la MRC des Laurentides, laquelle
fait majoritairement partie de la circonscription de Labelle.
Les liens d'appartenance des citoyens et
des citoyennes sont historiquement et de facto avec leur communauté de
Mont-Tremblant et non Lachute. Les enjeux sur plusieurs aspects sont différents
entre la circonscription de Labelle et celle d'Argenteuil, dont au niveau de la
rétention des jeunes et de la villégiature, de l'emploi et de l'immigration.
Encore une fois, faut-il le rappeler, notre fameuse montagne de
Mont-Tremblant...
Le conseil des trois municipalités visées
m'ont fait savoir par résolution et verbalement par leurs maires, leur profonde
opposition à l'égard de cette proposition de modification de la carte
électorale de la circonscription...
Mme Jeannotte : ...j'ai donc
le devoir de prendre fait et cause pour mes... mes concitoyens et d'informer la
commission des nombreuses raisons fondamentales pour lesquelles les limites de
la circonscription de Labelle doivent demeurer inchangées. Donc, je vous
demande de garder... de garder ces trois municipalités dans le comté de
Labelle. Donc, je demeure à votre disposition si vous avez des questions, mais
c'était essentiellement, là, le but de mon intervention aujourd'hui.
• (11 h 50) •
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Labelle. Alors, je vais
permettre aux membres de la CRE de réagir à cette intervention-là. Alors, la
parole est à vous.
M. Blanchet
(Jean-François) :Mme la députée, c'est
très clair. Merci beaucoup. On n'a pas de questions. C'est beau.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Mme la députée de Labelle, vous disposez encore de temps.
Si vous le souhaitez, c'est possible d'en ajouter, c'est à votre discrétion.
Mme Jeannotte : Non, je pense
qu'on s'est compris. J'ai fait mon devoir. Puis les gens, j'ai bien confiance,
là. Ce n'est pas simple. Je salue votre... votre... C'est difficile en
politique publique d'élaborer un sujet aussi crucial mais puis important pour
notre démocratie, mais ça va être... Je vous remercie donc d'avoir... d'être à
l'écoute autant. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, je vous remercie beaucoup pour votre contribution,
Mme la députée de Labelle.
Alors, nous allons maintenant passer à la
région de Montréal. Et la prochaine... la première intervention pour la région
de Montréal, ce sera Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger. Mme la députée, je
vous rappelle que vous avez droit également à 20 minutes.
Mme Rotiroti : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer les collègues du
gouvernement, M. le ministre, mes collègues de l'opposition officielle et chers
membres de la Commission de la représentation électorale du Québec. Merci
d'être ici. Merci de nous donner cette opportunité d'échanger avec vous et de
vous parler des comtés qui nous tiennent à coeur.
Évidemment, je suis députée dans l'est de
Montréal, alors dans le comté Jeanne-Mance—Viger qui est limitrophe au comté de
Viau, mais qui n'est pas très loin de... du comté d'Anjou non plus. Alors, je
ne porte-parole de la métropole et... et c'est pour ça que je suis ici
aujourd'hui, parce que j'aimerais ça qu'on en discute, parce qu'à chaque fois
qu'il y a une redistribution de la carte électorale, il y a un changement dans
la carte électorale, c'est... c'est Montréal quand même qui écope de cette
réforme-là. Moi-même, dans la dernière réforme, mon comté... mon comté, le
Jean-Mance Viger est le produit de... à l'époque, le comté de Viger qui avait
un député et le comté de Jeanne-Mance qui ont fusionnés ensemble.
Pour le comté d'Anjou, c'est quand même un
comté... moi, j'ai grandi là, mes parents, ça fait 27 ans qu'ils habitent
dans le comté, mon père a représenté la population au conseil de ville pendant
20 ans, et je peux vous dire que c'est un comté qui est quand même très...
comment je pourrais dire, c'est un comté... la ville d'Anjou, malgré le fait
qu'elle est avec... fusionnée avec Montréal, a toujours gardé son identité
propre. Alors, tellement que leur devise, c'est Anjou pour la vie. Les gens
d'Anjou s'identifient comme des Angevins et des Angevines et c'est... j'étais
un peu étonnée de voir de la manière qu'Anjou, dans votre réforme, disparaît
complètement. Le nom Anjou n'apparaîtra pas à nulle part. Il y a une forte
mobilisation des acteurs socioéconomiques, des anciens élus, que ça soit les...
le provincial, le municipal, même le fédéral a décidé de... de prêter leur voix
et de dire à quel point que la disparition du comté, ça, c'est catastrophique.
On parle beaucoup, on dit que le... le
sentiment d'appartenance, bien, le sentiment d'appartenance, c'est... c'est
aussi d'être capable de s'identifier à la personne qui nous représente, l'élu
qui va nous représenter. Je vais vous dire que tel que formulé dans la
proposition qui est sur la table, vous ceindrez le territoire de
l'arrondissement d'Anjou et repartirez la population angevine dans deux
nouvelles circonscriptions électorales. Ce découpage aura pour effet
d'instaurer une cohérence dans les services intégrés offerts à la population et
une instabilité sociale. Il y a plusieurs, même des citoyens qui, c'est la
deuxième fois, qui vont se faire bousculer de comté, qui sont venus dire qu'eux
ils veulent conserver leur comté et ils doivent... ils doivent le conserver.
Montréal...
Mme Rotiroti : ...face à des
défis économiques propres. C'est une grande ville, et la communauté au complet
de Montréal, qui perdent aujourd'hui des circonscriptions, mais c'est toutefois
l'est qui en subit le contrecoup. On parle beaucoup... on entend beaucoup mes
collègues des régions qui disent : Nous, c'est vraiment la distance, la
grandeur du comté. Bon, bien, ça, à Montréal, on ne l'a pas. On peut faire le
tour de notre comté dans à peu près 15 minutes quand il n'y a pas de trafic,
et etc. Nous, on vit un autre phénomène, par exemple, un phénomène qui n'est
pas nécessairement considéré dans les calculs que vous faites par rapport au
nombre d'électeurs. Et ça, c'est la... quand on parle de la démographie réelle
versus la démographie électorale. Je m'explique.
Quand vous regardez le nombre d'électeurs
d'Anjou, on est à peu près 41 000... 42 000 électeurs, plus ou moins, mais la
démographie réelle est au-delà de 63 000 électeurs. Ça, ce n'est pas pris
en considération quand vous faites la redistribution de la carte. Nous, comme
députés, on n'a pas le choix de prendre ça en considération, parce que
quelqu'un qui arrive à nos bureaux de comté, on ne leur demande pas si... on ne
regarde pas sur la liste électorale pour voir s'ils sont des électeurs. On
les... on va les servir puis on va les aider... qui fait en sorte que la charge
de travail augmente, mais c'est... dans la façon qu'on fait... on coupe la
carte électorale, ce facteur-là n'est pas considéré, mais c'est quand même
20 000 personnes de plus qu'on dessert, qui ne se retrouvent à nulle part
dans la réforme.
Aussi, je vais vous dire que l'est de
Montréal est en pleine expansion. Ne serait-ce juste à penser, l'arrivée avec
la ligne bleue, il y a une station de la ligne bleue, la station qui va dans
Anjou, qui est où est-ce qu'il y a le centre d'achats Les galeries d'Anjou.
L'arrivée du métro, on sait très bien que son... il y a une densification qui
se fait autour du transport en commun. Il y a des tours qui sont en train
d'être construites, des tours de condos, etc. Alors, la population
d'aujourd'hui, au moment... et avec cette densification-là, on s'en va vers une
croissance d'électeurs, mais aussi de... c'est ça, une hausse d'électeurs dans
le comté.
Alors, je ne sais pas, je me questionne du
comment vous avez arrivés à la conclusion de prendre... un, d'éliminer le comté
d'Anjou, parce qu'Anjou ne se retrouvera pas à nulle part, et ça, tout le sens
d'appartenance, l'attachement qu'on a pour la ville, les gens qui habitent là,
les... ils ne veulent pas qu'Anjou disparaisse. Comment vous arrivez à la
conclusion, puis de mettre Anjou avec Camille-Laurin? J'aimerais ça savoir.
Parce que, quand on regarde au fédéral, ce n'est pas dans la même logique,
parce que le... on a Anjou, mais ça s'en va vers le nord-est et au lieu d'aller
vers Camille-Laurin.
Alors, je serais curieuse de savoir c'est
quoi, le raisonnement que vous avez fait pour arriver à cette conclusion-là.
Moi, je vais vous dire, Mesdames... puis je pense qu'on aura... il y a un mémoire
qui a été déposé par la députée d'Anjou, et je suis sûre qu'elle va venir faire
son plaidoyer et elle a démontré à quel point qu'il y a eu un mouvement fort de
la population qui se sont exprimés, de l'importance non seulement de garder le
comté d'Anjou, mais l'importance de l'est de Montréal. C'est toujours l'est de
Montréal qui finit par payer le prix avec la distribution que vous faites dans
la... dans la carte électorale.
Alors, moi, je vous demande, quand vous
allez analyser la situation, de vraiment prendre en compte le fait de la
démographie réelle, parce que c'est vraiment un enjeu qui est préoccupant à
Montréal. Tu sais, on parle de l'immigration, bien, l'immigration, la majorité
de l'immigration, ça s'installe à Montréal. C'est des gens qui ne sont pas des
électeurs tout de suite, mais vous convenez avec moi qu'ils vont devenir des
électeurs. Et ça, ce n'est pas pris en compte. Mais c'est un défi réel. Le même
défi que les gens ont avec la distance et la grosseur de leur comté. Alors, je
vais... je vais m'arrêter... je vais m'arrêter là, M. le Président, mais
j'aimerais ça, si quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi qu'un on enlève Anjou
complètement, deux, pourquoi qu'Anjou s'en va vers Camille-Laurien et pas...
Mme Rotiroti : ...du côté
nord-est.
• (12 heures) •
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Jeanne-Mance-Viger.
Alors, je vais évidemment céder la parole aux membres de la CRE en réaction.
Alors, M. le Président ou... Mme ou M. les commissaires. M. le Président.
M. Blanchet
(Jean-François) :Premièrement, l'est de
la ville de Montréal, il y a un déficit d'électeurs. Puis je comprends, là,
vous dites qu'on ne devrait pas travailler avec le nombre d'électeurs, mais la
loi parle du nombre d'électeurs, contrairement au fédéral, là. Fédéral, eux,
c'est le nombre de citoyens. Bon. Donc, nous, on travaille avec le nombre
d'électeurs. On l'a entendu quelques fois aussi. Et donc c'est pour ça, il y a
un déficit dans l'est de Montréal de 45 000 électeurs, là, si je ne
me trompe pas. Donc, à quelque part, on doit retirer une circonscription.
Maintenant, vous avancez certaines pistes
de solution. C'est sûr qu'on est là pour entendre vos pistes de solution par
rapport à ce qu'on fait. Donc, vous laissez sous-entendre qu'on devrait
peut-être aller plus... plutôt qu'aller vers Camille-Laurin d'aller vers
peut-être le nord, vers LaFontaine ou, en tout cas, je ne sais pas si je
comprends bien, là, vos propos. Donc, ça serait plus logique, déjà en partant,
de faire ça, donc, si j'entends bien vos propos.
Mme Rotiroti : Bien, je vous
dirais que le Haut-Anjou, ça serait pertinent. L'autre côté, Louis-Riel, qu'il
s'en aille dans Camille-Laurin, oui, ça serait plus logique, effectivement. Il
y a... Il y a... Il y a plus... Ça se rapproche... La population se rapproche
un petit peu plus. Mais je réitère que... je comprends que... quand vous dites
l'est de Montréal, l'est de Montréal, il est vaste en territoire, il y a une
partie qui n'est pas encore développée qui va... qui... je pense que c'est les
intervenants... les intervenants sur le terrain sont en train de travailler
vers un plan d'action justement pour peupler ces terrains-là et...
Alors, je comprends qu'aujourd'hui vous
faites face à ça. Je comprends aussi très bien quand vous dites : Bien,
dans la loi électorale, nous, on est liés à garder le nombre d'électeurs versus
la population. Moi, je vous demande de quand même garder cet aspect-là, parce
que c'est important, c'est... c'est un argument qu'on fait à chaque... à chaque
moment où est-ce qu'on... où on redéfinit la carte électorale, c'est... puis je
pense que tous les collègues de Montréal peuvent convenir que, nous, la charge
de travail augmente, pas nécessairement le nombre d'électeurs, mais la charge
de travail augmente. Si je prends juste mon comté, j'ai
56 000 inscrits, mais je dessers à peu près
70 000 personnes. Puis ça, ce n'est pas... on ne peut pas leur
dire : Bien, écoutez, vous n'êtes pas des électeurs, on ne vous aidera pas.
Je pense qu'il n'y a aucun député autour de la table qui dirait... qui... on
n'est pas... on est élus pour desservir la population puis l'ensemble de la
population, et je... c'est dommage parce qu'à chaque fois qu'on vient devant la
commission, ça revient comme argument, mais ce n'est pas pris... ce n'est pas
pris en considération. Ça fait que c'est dommage.
Moi, je vous dis, Anjou, il y a un
potentiel d'expansion énorme. Il y a la ligne bleue qui s'en vient. Comme je
vous dis, quand une ligne de métro arrive, il y a toute la densification, ça
s'appelle le TOD. Autour de cette ligne de métro là, je sais qu'il y a
plusieurs projets sur la table pour voir comment que, justement, ils pourront
développer ces coins-là. Écoute, moi, je plaide évidemment de garder Anjou
intact, comme il est là, Anjou-Louis-Riel. Mais ça, ça fait que je... tu sais,
je pense que ça serait nécessaire, éventuellement... je comprends ce changement
dans la loi, mais, quand... tu sais, ce n'est pas juste une question de
chiffres, hein, ce n'est pas juste un calcul mathématique de dire : Bien,
ici, dans ce secteur-là, j'ai 5 000 voteurs, parfait. Lui est plus
près de ce comté-là, on les met là. Anjou... bien, Anjou-sur-le-Lac, bien, eux
autres, c'est tant d'électeurs, parfait, je les mets dans ce comté-là parce que
c'est le comté le plus proche. Ça enlève tout ce sentiment d'appartenance là.
Vous êtes en train de... Dans le fond, le comté d'Anjou disparaît complètement,
il ne paraîtra pas à nulle part, et je trouve ça extrêmement dommage.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Jeanne-Mance-Viger.
Est-ce qu'il y a une intervention supplémentaire de la part des membres de la
CRE?
M. Blanchet
(Jean-François) :Si vous n'avez pas
d'autre piste de solution pour nous, nous, ça va aller. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Mme la députée de Jeanne-Mance-Viger, il reste quand même
quelques minutes. Si vous souhaitez continuer votre intervention, vous êtes...
il y a du temps pour vous.
Mme Rotiroti : Ça va. Merci
beaucoup...
12 h (version non révisée)
Mme Rotiroti : ...encore une
fois de nous... de nous laisser cette opportunité-là. Merci.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Alors, merci beaucoup, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger. Alors, nous
allons toujours poursuivre avec la région de Montréal. Et la prochaine
intervenante sera Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Massé : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois. Premièrement, merci d'avoir accepté un mandat
où on sait, c'est casse-gueule. À chaque fois, on se fait ramasser puis on se
dit : Coudonc, on va-tu y arriver? Mais à chaque fois vous y arrivez. En
tout cas, vos prédécesseurs y sont arrivés. Et, en fait, l'enjeu, si je comprends
bien... puis c'est vrai pour Montréal. J'entendais les arguments de ma
collègue. Je comprends très bien. La région de Montréal en soi, si on regarde
le Grand Montréal, on le sait, vous le savez autant que moi, c'est la moitié du
Québec. Mais en même temps, ça ne peut pas... ça ne peut pas... On comprend
bien, là. Il faut que... les autres régions... parce que Montréal, c'est une
région, les autres régions du Québec soient aussi représentées ici, dans le
Parlement du Québec et de façon la plus juste et la plus équitable possible. On
est d'accord là-dessus. L'enjeu, c'est que vous êtes pris dans une loi qui vous
cadre ça bien serré puis qui vous dit : Vous avez... vous avez le devoir
de revisiter la carte électorale avec les critères, on en parlera plus tard,
mais vous devez le faire dans un cadre où il y a 125 députés. «That's it,
that's all». Même si la population du Québec a passé de 7 millions à 9 millions
depuis qu'on est 125 députés au Parlement du Québec, on est pris dans...
vous êtes pris dans ce cadre-là. Nous aussi, nous aussi. Pourquoi? Bien, parce
qu'il y en a qui ont décidé de ne pas la revisiter, cette loi électorale-là de
fond en comble, de revoir le mode de scrutin pour nous assurer qu'au Québec la
démocratie c'est tellement important que chaque vote va compter. Ils ont fait
ce choix-là. Puis là après ça, bien, ils chialent parce qu'il y a trop de
députés à Montréal. Bien là, si on voulait une réelle représentation, il
fallait revoir le mode de scrutin...
Mme D'Amours : ...
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Mme la députée de Mirabel, oui.
Mme D'Amours : ...on
nous prête des intentions, là. On n'a pas chialé. C'est censé être une
commission neutre. Elle prête des intentions aux collègues.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
On va demeurer prudents. Soyons prudents. Gardons un bon ton,
effectivement. Mais en même temps, permettons aussi à la députée d'exprimer son
point. On est quand même en politique. Alors, Mme la députée, prudence, mais je
vous laisse poursuivre...
Mme Massé : Bien, dans ce
cas-là, je vais juste prendre les mots, hein? Il y avait une loi qui revisitait
le mode de scrutin puis qui a été retirée, malheureusement pour vous, parce que
vous êtes encore pris. On aurait voulu régler ça pour 2026, mais vous êtes
encore pris dans ce cadre de 125 députés. Et là j'arrive sur la région de
Montréal. Parce que c'est sûr que quand tu représentes dans le Grand Montréal
la moitié du Québec, il faut qu'à un moment donné ça paraisse aussi dans la représentation.
Ma collègue a soulevé un point fondamental qui est celui de qui sont les gens
qui sont comptabilisés. Mais encore là vous êtes pris dans la loi. Je suis
consciente de ça. Bon, je crois comprendre que vous avez quand même une
sensibilité à reconnaître que, comme moi, comme députée, je ne dis pas aux
concitoyens qui arrivent chez nous : T'as-tu le droit de vote? Non. Je
suis désolée, va voir ailleurs. Puis une chance... puis une chance parce qu'il
y a plein de gens qui, pour toutes sortes de raisons d'ailleurs, vivent des
injustices dans notre système, que ce soit au niveau de la santé, de l'éducation,
services de garde, aide sociale, dans toutes nos responsabilités comme État.
Ils ont des problèmes avec... avec nos... nos institutions, et ces gens-là ont
besoin d'avoir quelqu'un pour être leur porte-voix. Alors moi, je... puis je le
sais bien que ce n'est pas à vous qu'il faut que je demande ça. Je le sais bien
que c'est à nous le législateur. D'ailleurs, il y a des discussions
présentement sur la révision de la Loi électorale. Bien, moi, je pense qu'une
démocratie comme la nôtre serait prête à se dire : O.K., c'est vrai que
peut-être qu'à l'époque où on a écrit la Loi électorale, peut-être que cette
dimension-là était au coeur, était essentielle. Mais là on est rendus à un
moment où le nombre de personnes qui habitent sur un territoire, qui
nécessitent les services et l'accompagnement d'un élu, bien, ça va être ça
notre... ça va être ça notre... notre guide. Et là, ça changerait complètement
la carte. Vous le savez autant que moi, ça serait bien différent. Puis ce n'est
pas pour rien qu'à Québec Solidaire, on dit que 125 députés, ce n'est pas
assez, pas assez. Je sais bien que vous ne pouvez pas rien faire là-dessus...
Mme Massé : ...mais je pense
qu'il faut qu'on se le dise tout le monde, autant députée de Mirabel qui est
coincée que les autres, que... bon, le député de Drummond, il se dit :
O.K., il va y avoir plus de monde chez nous, ça va être le fun. Bien non. C'est
de se dire : on est rendus à une étape.
• (12 h 10) •
Puis en plus, puis en plus, ce que vous
devez savoir, je ne sais pas si on vous l'a dit, dans la réflexion qu'on a
entamée pour le salon bleu, la réfection du salon bleu, il a été prévu que le
Québec va agrandir son nombre de députés, éventuellement. Bien,
«éventuellement», ça pourrait être très bientôt. Parce que là, ce qu'on est en
train de faire, on est en train de jouer dans un carré de sable où il manque de
monde dans ce carré de sable là. Ça fait que, qu'est-ce que ça fait, bien, ça
fait qu'on en enlève un petit peu à l'autre puis... Même si ça n'a pas de bon
sens, là, on enlève là puis... Aïe! La Gaspésie, ça n'a pas de bon sens. Ça n'a
pas de bon sens qu'on se retrouve dans une situation, où, encore une fois, la Gaspésie,
en je sais plus trop combien d'années, même pas 10 ans... non, c'était
2012, je pense, se voit retirer une nouvelle circonscription. Ça n'a pas de bon
sens, ça. Parce qu'on n'a pas un mode de scrutin où chaque vote compte, parce
qu'on n'a pas un mode de scrutin qui permet une réelle représentation, ça vous
met dans le trouble, j'en conçois. Mais le problème, c'est qu'il est temps
qu'on change ces choses-là profondément.
Alors, le plafonnement à 125 députés
va vous compliquer la tâche, mais vous pouvez compter sur moi et ma formation
politique pour continuer de convaincre l'ensemble de nos collègues qu'on est
dus. Puis souvent, on se fait dire : Oui, mais là, il y a plus... tu sais,
par habitant, il y a plus de monde. En Ontario, mettons, tu sais, en Ontario,
il y a moins de députés pour le nombre d'habitants. On dit : oui, oui, ça,
c'est si on se compare à l'Ontario. Mais est-ce qu'on voudrait... On aime ça se
comparer à la Suède. On veut-tu se comparer à la Suède? Bien, la Suède, eux
autres, ils ont un ratio de un pour 28 000, c'est-à-dire qu'il y a
349 députés pour 9 000 700 personnes. Je ne dis pas qu'il
faut aller là. Ce que je dis, c'est que quand on choisit notre point de
comparaison, on le choisit pour défendre notre point. Puis c'est exactement ce
que je suis en train de faire. La Finlande, on aime ça, c'est des pays
nordiques, hein? Ils sont pris, eux autres aussi, avec des tempêtes de neige,
des grands territoires, des concentrations exactement comme nous : 200
députés pour un ratio de un sur 26 000. Ils sont 5 millions de
population.
Ça fait que moi, je veux bien qu'on se
compare à l'Ontario, des questions économiques, et, etc., mais des questions
démocratiques, ça serait le fun qu'on ne se compare pas juste avec ceux qui ont
fait ces choix-là, puis ça leur appartient. Puis c'est pour ça que je suis dans
un parti indépendantiste, notamment. Je ne trouve pas que c'est un bon choix.
Mes yeux sont plus tournés vers des endroits comme la Suède, la Finlande. Je ne
vous en ai pas nommé, là. J'ai une petite liste. Puis je ne suis pas une
spécialiste de la question, mais il y a des gens qui travaillent fort avec nous
autres, puis on l'apprécie beaucoup. Ça nous aide à nous rendre plus
intelligents.
Bon, là vous dites : Elle va-tu poser
une question? En fait, premièrement, je veux vous parler de ma circonscription,
Sainte-Marie-Saint-Jacques, une des premières circonscriptions. Je pense que
Saint-Jacques, c'était à l'époque de la fondation. Ils appelaient ça le numéro
deux, comme circonscription, ça fait qu'on existe depuis longtemps. On est là.
Puis là, bien sûr, il y a du monde qui sont arrivés, du monde de toutes les
régions du Québec qui sont venus s'installer dans les faubourgs, des ci, des
ça. Et tranquillement, notre communauté s'est développé une cohésion, cohésion
d'ailleurs que la communauté vous a fait valoir... bien, pas à vous, mais à
l'ancienne Commission de la révision électorale. Parce que, bien, avec le
village, avec le sud du Plateau, avec le Faubourg à m'lasse, avec les institutions
scolaires qui amènent donc une population étudiante ayant le droit de vote
importante durant plusieurs années, bien, cette communauté-là d'esprit, elle
est vivante. Et elle a tous les problèmes du monde et... malheureusement.
Et je pense que de voir que vous avez
tenu compte que son élargissement, parce qu'on concède non pas... Si on prenait
ça du point de vue du nombre de citoyens et citoyennes qui y habitent, ah bien
là on n'aurait pas besoin d'agrandir dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, là, mais,
si on prend ça du nombre d'électeurs, vous avez raison... en fait, ce que la
loi vous impose, vous avez raison. Puis, dans ce sens-là, j'ai envie de vous
dire que, tu sais, comparativement à la dernière fois...
Mme Massé : ...de penser que
l'agrandissement, c'est d'extendre vers l'est, ça, c'est beaucoup plus naturel,
dans Sainte-Marie-Saint-Jacques. D'ailleurs, Sainte-Marie, qui est un faubourg
qui existe depuis plusieurs siècles... oui, oui, oui, 18, oui, O.K., depuis au
moins deux siècles, Sainte-Marie, bien, inclut déjà dans sa structure la
dimension que vous y pensez. Alors donc, je confirme que c'est un bon côté de
regarder, mais j'ai, bien sûr, de grandes questions sur votre... pas autonomie,
parce que je sais bien que vous êtes gérés par la loi, mais, mon Dieu! Vous
n'êtes pas insensible au fait que je retrouve dans ma circonscription... bien
là, ça va changer, mais, mettons, 50 000 électeurs, mais probablement autour de
70 000 citoyens adultes. Vous n'êtes pas sensible à ça, j'imagine. Comment vous
arrivez à considérer, sans enfreindre la loi, parce qu'on n'est pas supposé
d'enfreindre la loi, mais comment considérez-vous cette dimension-là lorsque
vous regardez la démographie, les chiffres, et, etc.?
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Alors, je
vais permettre aux membres de la commission, de la CRE, de réagir à votre
première intervention. Alors, chers membres de la commission.
M. Blanchet
(Jean-François) :On ne nie pas qu'il y a
effectivement un plus... que la population est plus élevée que le nombre
d'électeurs. Ça, on est conscients de ça. On le sait, que, de toute façon, le
logement, il n'y a plus de logements, à Montréal, quand on entend... Donc, ça
veut dire qu'il y a du monde, à quelque part, sauf que, pour l'instant, ce
n'est pas des électeurs. Et il y a des secteurs ailleurs dans la province qu'il
y a des surplus d'électeurs aussi. Je ne sais pas si vous avez entendu hier,
mais il y a de vos confrères, quand même, qui nous ont trouvé quasiment frileux
en enlevant seulement une circonscription à Montréal, qui auraient voulu qu'on
en enlève plus. Donc, il y a de vos confrères qui disent que leurs électeurs
sont sous-représentés, étant donné que, Montréal, ils considèrent que vos
électeurs sont surreprésentés. Donc, on doit, comme vous le dites, composer
avec tout ça. Ce n'est pas facile.
On est conscients que, dans les dernières
années, post-pandémiques, il y a eu quand même, justement, une entrée beaucoup,
puis ça se passe à Montréal, d'immigrants, qui vont peut-être, peut-être
devenir électeurs avec le temps. On sait que c'est de plus en plus long, quand
même, avec les délais, mais il n'y a rien qui confirme qu'effectivement ça va
être des électeurs. Donc, nous, on travaille avec les chiffres d'aujourd'hui,
bien, même pas d'aujourd'hui, 30 avril 2023. C'est de cette façon-là qu'on
arrive à la proposition qu'on a présentement.
...bon, je pense que je comprends quand
même que, par rapport à Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous êtes en accord de la
façon qu'ont a ajouté les électeurs, donc la direction qu'on est allés.
Peut-être que ce serait intéressant de vous entendre quand même aussi sur les
autres circonscriptions de l'est de Montréal, si vous avez une opinion pour
nous aider aussi là-dessus, donc.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le Président de la commission. Alors,
je vais céder la parole à Mme la députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Il vous
reste 6 min 30s, Mme la députée.
Mme Massé : On a le même
timer. Bien, écoutez, oui, bien sûr, mon... il y a une partie d'indignation
parce que, où s'en va l'immigration, elle ne s'en va pas partout à travers le
Québec, ce n'est pas vrai. Pas encore. Elle se condense. Puis c'est normal, si,
nous tous, on déménageait dans un autre pays, on irait s'asseoir pour être
capable de fêter le 24 juin ensemble, pour être... Ça fait que moi, ça, je n'ai
pas d'enjeu là-dessus, je reconnais ça, sauf que, surtout depuis la pandémie,
avec les retards incommensurables qu'on a au niveau de l'acceptation de nos
immigrants, et là je parle juste des immigrants permanents, je ne vous parle
pas de tous les immigrants temporaires qui résident dans nos circonscriptions
déjà, bien, c'est sûr que, là, je me dis : C'est un «catch-22», tu sais,
c'est comme : oui, vous devez jouer dans...
Mme Massé : ...dans des
règles, sauf, sauf si on change nos règles. Si on change les règles, là, on
vous donne du lousse, on vous donne du souffle potentiellement. Mais c'est sûr
que... Tu sais, pourquoi l'ouest de l'île qui est... mange la claque encore...
l'est, pardon, excusez-moi, et pourquoi pas l'ouest? Bien là, il y a sûrement
plein d'arguments que je n'ai pas étudiés avec attention, ça fait que je réserve
mes... Mais c'est sûr que je... Tu sais, que ce soit, par exemple, la
circonscription de... les... pas les amalgames. Voyons! Les fusions entre deux
circonscriptions, qui, honnêtement, n'ont rien à voir ensemble, j'avais vécu ça
en 2017 justement, où Sainte-Marie-Saint-Jacques se voyait fondre dans
Westmount-Saint-Louis, où tu as deux communautés de pensées complètement
différentes. Tu sais, je... Alors...
• (12 h 20) •
Mme Gravel (Édith) : ...quelle
fusion, vous trouvez, où les gens, justement, ont plus ou moins d'affinités?
Mme Massé : Bien, par
exemple, Louis-Riel.
Mme Gravel (Édith) : Oui.
Mme Massé : C'est lui qui est
avec Rosemont, hein?
Mme Gravel (Édith) : Oui.
Mme Massé : C'est ça. Bien,
je ne sais pas si vous êtes déjà allés à Anjou, là, mais ça n'a vraiment rien à
voir. Rosemont, vieux quartier de gens qui sont installés depuis longtemps, les
familles sont là. C'est un petit village, Rosemont, je dirais ça de même. Puis
là je ne veux pas que la députée m'arrache la tête, mais Anjou a un quartier
beaucoup plus récent et avec une communauté immigrante qui s'est enracinée,
puis tant mieux qu'ils en ont fait leur chez eux, j'en suis très heureuse.
Alors, ils ne vont pas magasiner aux mêmes places ce monde-là, ils ne parlent
pas... Mais là je pense qu'elle a fait son plaidoyer. Moi, je m'arrêterais là,
mais c'était surtout pour signifier comment, quand on... puis je reconnais vos
limites, là, on met ensemble des communautés qui ne se ressemblent pas, bien,
ça devient un sérieux casse-tête pour la personne qui est députée, en fait,
elle finit par représenter seulement une partie des citoyens de sa
circonscription, puis ça, bien, ce n'est pas cool en démocratie, là. Ça serait
mon principal argument.
D'ailleurs, dans le peu de minutes qui me
reste, j'aimerais ça vous entendre parce que j'ai été confrontée à plusieurs
fois, moi, je suis responsable du dossier des Premières Nations et des Inuits
dans ma formation politique depuis plusieurs années... Et il y a une circonscription
qui n'a pas de bon sens au Québec, c'est la circonscription d'Ungava.
Premièrement, parce que... Bon, à la limite, les Inuits et les Cris, à la
limite, ça peut aller ensemble, mais le Nunavik, c'est un autre monde, c'est
circumpolaire, c'est un... il y a... Ouf! Alors, quand il faut que la personne
qui est députée là représente autant les villages inuits que les réserves
autochtones, que Chibougamau, mettons, là, ou Chapais, ou... ce n'est pas juste
que c'est des milliers de kilomètres, là, mais c'est comme les
Îles-de-la-Madeleine, hein? Ils ont à peu près, d'ailleurs, le même... Le
Nunavik a à peu près 12 000 Inuits. On ne peut pas aller au Nunavik
si on ne prend pas l'avion. Les Îles-de-la-Madeleine, il y a 12 000,
grosso modo, habitants. Puis le point en commun avec le Nunavik, c'est qu'on ne
peut pas y aller autrement que par avion.
Alors, je sais bien encore que vous ne
pourrez rien faire, mais dans vos considérations ou peut être dans les nôtres,
je pense qu'un jour il va falloir considérer à scinder la circonscription
d'Ungava pour permettre finalement que ce ne soient pas les non-autochtones du
Sud qui déterminent du député qui va gérer le Nord. Pour faire simple. Je vous
vois acquiescer, alors je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Donc,
je vous le dire... mais je suis consciente. Ça, pour avoir une exception, je
comprends que c'est dans la loi, la même loi que je dis qu'il faudrait changer
pour que chaque vote compte, peu de pouvoir. Est-ce que vous avez d'autres
questions pour moi comme ça? Mon temps file...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Il reste une minute.
M. Blanchet
(Jean-François) :
Non, merci
beaucoup, Mme Massé, très apprécié.
Mme Massé : Bien, moi, je
vais aussi vous remercier, vous souhaiter bonne chance. Et, de notre côté, on
va faire le travail pour amener tout le monde à être convaincu que 10 ans
plus tard... non, que dis-je, 30 ans plus tard, 40 ans plus tard, il
serait temps de passer de 125 à 127. S'ils ne veulent pas aller à 129, 128, mais
il y a 129 places dans le futur salon bleu. Pensons-y.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : ...Merci beaucoup, Mme la députée de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Alors, nous allons maintenant poursuivre avec la
prochaine intervention. Toujours dans la région de Montréal. Et je vais
maintenant céder la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. M. le
député, vous avez droit à 20 minutes également.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Le voisin de l'Est?
Une voix : Oui.
M. Leduc : Voisin de l'Est,
de ma voisine du centre-ville. Bonjour à vous trois. Très heureux de vous voir
ici. Je vais parler d'Hochelaga, je vais parler de l'Est, puis je vais parler
de Montréal. D'abord, sur Hochelaga-Maisonneuve. Un de mes prédécesseurs
s'appelle Robert Burns, hein? C'est lui qui, je pense, avait travaillé entre
autres sur des réformes électorales de financement. Mais je ne sais pas si
c'est lui qui avait trouvé sur la réforme de la façon dont on fonctionne
aujourd'hui. Mais, en tout cas, c'est un personnage important dans notre
histoire politique que je... dont je salue la mémoire. Hochelaga-Maisonneuve,
c'est une communauté tissée serrée qui, je pense, n'a pas pris toute la mesure
de la suggestion que vous avez faite d'élargir vers l'Est. Les gens qui suivent
peut-être un peu plus finement les travaux m'en parlent parfois. Ils ne
comprennent pas toujours dans le sens où il y a cette perception-là que le
centre-ville de Montréal finit à la rue Viau, à peu près, là, grosso modo. Puis
après ça, ça pourrait être considéré d'une certaine manière comme la banlieue
sur l'île de Montréal, parce que ce n'est pas le même type de maison, pas
toujours le même type de commerces, beaucoup plus de déplacements en voiture
que dans Hochelaga-Maisonneuve.
Donc, c'est sûr que, moi, je préférerais
bien sûr le maintien tel quel d'Hochelaga-Maisonneuve, il va sans dire. Cela
dit, si d'aventure vous maintenez votre suggestion de faire bouger les
aiguilles, il y a un certain... il y a une certaine logique, là, à ce que vous
avez soumis. Comme ma prédécesseure le mentionnait, moi, dans le fond, quand je
me promène, j'ai fait quatre élections dans Hochelaga-Maisonneuve, puis quand
je me promène, au-delà des élections, là, comme dans ma fonction de député, il
y a deux endroits, des fois, puis les gens ils ne savent pas qu'ils votent dans
Hochelaga-Maisonneuve au provincial, aux élections du Québec, c'est
principalement dans Sainte-Marie-Est, donc l'ancien métro Frontenac, puis la
track de chemin de fer. Les gens, des fois, sont surpris de voir que c'est moi
leur député, et non Manon Massé. Des fois, ils sont déçus, mais bon, ça, ça
leur appartient.
Blague à part, c'est un endroit que j'aime
beaucoup. J'ai habité là, moi, dans ce secteur-là pendant quelques années. Je
serais triste de le voir partir de mes fonctions si d'aventure c'était arrivé
en 2026, mais ça serait logique suivant les découpages municipaux, des
arrondissements municipaux, que ça aille chez ma voisine de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. L'autre segment que, lui, vous n'avez pas touché,
c'est le segment qui, logiquement, aux municipales, est à Rosemont, donc qui
est juste au nord de... entre Sherbrooke et Rachel. Ça, c'est l'autre endroit
où, des fois, les gens ne comprennent pas pourquoi ils votent dans
Hochelaga-Maisonneuve. Parce qu'ils sont aux municipales à
Rosemont-Petite-Patrie, et au fédéral à Rosemont, si je ne me trompe pas. Mais
ça, je suis moins sûr. Mais aux municipales, ça, je suis convaincu qu'ils sont
dans Rosemont. Puis des fois ils s'étonnent de devoir aller voter pour
Hochelaga-Maisonneuve.
Moi, c'est un secteur que j'apprécie
aussi. Je ne suis pas en train de plaider pour perdre des électeurs devant vous
aujourd'hui, bien au contraire. Mais si vous suivez votre logique d'essayer de
se coller sur les frontières municipales et que vous voulez rééquilibrer un peu
Rosemont, en tout cas dans un éventuel redécoupage, il y a ce secteur-là, qui
serait à considérer. Même si, là, dans ce cas-ci, même si administrativement
c'est dans Rosemont, la communauté, la frontière n'est pas étanche, bien sûr,
avec la rue Sherbrooke, le monde qui habite un bord ou l'autre, ça peut aller
magasiner dans les mêmes places, ça fréquente grosso modo les mêmes commerces.
Ça fait qu'on... Il y a ça que je voulais dire, donc sur la bande et
Sherbrooke.
Maintenant, sur l'agrandissement vers
l'est, je comprends que ce que vous avez fait, c'est que vous avez pris
Camille-Laurin, vous l'avez coupé en deux à travers le pont-tunnel dans le
fond, là, la 25, ce qui est une frontière assez naturelle, on pourrait dire,
qui d'ailleurs divise souvent Mercier-Est et Mercier-Ouest. Comme je le disais
tantôt, tu sais, le monde d'Hochelaga-Maisonneuve, est-ce qu'ils vont nécessairement
toujours dans Mercier-Ouest? Pas tout le temps. Je le dis, par exemple, le club
de soccer, ceux qui jouent au soccer l'été avec les enfants, c'est pour
l'arrondissement au complet. Ça fait que moi, tous les petits amis de ma fille,
l'été passé, jouaient dans Mercier-Ouest, près d'une école qui est là-bas.
Quand les écoles ont fermé sur la rue Adam, coup sur coup, parce qu'ils étaient
atteints de champignons, puis qu'on ne les avait pas rénovées pendant trop
d'années, bien, les enfants étaient délocalisés dans une école secondaire qui
est dans Mercier-Ouest. Donc, ce n'est pas fou là, ce que vous nous soumettez
pour dire s'il faut décaler un peu pour rattraper le moins... c'était combien
qu'on avait à Hochelaga? On était dans le négatif pas mal, je pense, moins
20 %...
M. Leduc : ...s'il faut aller
gagner des électeurs pour Hochelaga-Maisonneuve d'aller dans Mercier-Ouest, il
y a un certain sens, puis, en même temps, on resterait dans le même
arrondissement. Tu sais, si vous nous aviez dit : On fusionne avec
Rosemont ou je ne sais pas trop. Là, j'aurais eu pas mal plus de réticences
parce qu'on n'est pas dans le même arrondissement, pas le même député fédéral,
ça commence à être compliqué. C'est des identités quand même très différentes,
tandis que de bouger un peu vers l'est, ce n'est pas naturel, ce n'est pas le
même mode de vie, mais ce n'est pas complètement exagéré ou pas complètement
fou non plus, bien au contraire. Rester dans le même arrondissement, ça fait
sens.
• (12 h 30) •
Puis je fais le pont, donc, sur l'est,
j'étais surpris de votre proposition sur Rosemont, Louis-Riel puis
Camille-Laurin, Anjou. Louis-Riel en particulier, moi, ça... il me semble, je
l'aurais plus garder avec Camille-Laurin, Mercier-Est, ça aurait fait deux
circonscriptions pour le même arrondissement de Mercier, Hochelaga-Maisonneuve
plutôt que le scénario actuel où on se ramasse à trois, puis je pense qu'on
était quatre dans... dans la... quatre députés provinciaux dans la réalité
précédente. Ça fait que c'est ce que j'ai à dire pour le redécoupage.
Par contre, de manière plus générale,
c'est sûr que je m'oppose bien sûr à la perte d'une circonscription dans l'est
de Montréal. L'est de Montréal, c'est une... c'est un espace qui a été délaissé
pendant des décennies, qui a été, j'oserais dire, jeté en pâture à une
industrie, à une mono-industrie du pétrole pendant des années. Puis quand la
mono-industrie du pétrole a chuté, ralentie, puis en tout cas presque disparue,
bien là, on s'est retrouvés avec des terrains contaminés, des terrains vides,
on ne sait plus trop quoi faire avec. Mais là il se passe quelque chose dans
l'est de Montréal, il y a eu un gros sommet sur l'est de Montréal, là, au Parc
olympique il y a quelques semaines, quelques mois déjà, il y a un nouveau
dynamisme. Puis là je vous épargne des détails, tu sais, il y a toutes sortes
de critiques que j'ai faites et que je continue à faire, par exemple sur le REM
de l'Est puis le projet structurant de l'Est, mais il se passe quelque chose
puis, éventuellement, il y aura un projet de transport collectif structurant
dans l'est de Montréal. On s'obstinera entre nous sur le mode exactement,
aérien ou pas, ou souterrain ou... ou tramway, mais quelque chose se prépare,
quelque chose se trame dans l'Est, et je fais le pari, et nous sommes plusieurs
à le faire, que ça va attirer et maintenir une population beaucoup plus
structurante dans l'est de Montréal. J'ai en tête notamment tout le pôle
alentour du métro L'Assomption, dont des grandes tours, là, sont en préparation,
des constructions importantes sont en préparation, donc il y a un nombre
d'électeurs qui va se multiplier dans les prochaines années dans l'est de
Montréal. Même, dans ma circo où il y a des... il y a quatre tours qui sont en
construction dans l'ancien Progym, là, au coin Hochelaga et Bennett, ça va
attirer aussi des centaines, peut-être même des milliers d'électeurs dans une
dans une... un horizon de quelques années seulement.
Alors, évidemment, l'est de Montréal, pour
le redynamiser, pour le garder dans son élan, je dirais politique et
économique, il faut éviter de lui mettre des obstacles, et le retrait d'une
circonscription en est un, à mon avis. Alors, j'espère, j'appelle de vos
voeux, encore une fois, comme ma collègue de Sainte-Marie Saint-Jacques, je
sais que l'exercice est compliqué puis qu'il y a une donnée... il y a des
contraintes difficiles, mais pour le bien-être de l'est à Montréal, je fais le
plaidoyer suivant, qu'il mériterait de garder l'entièreté de ses députés
actuels.
Sur l'analyse plus générale, plus macro
sur Montréal. Moi, je veux vraiment m'inscrire en faux, puis vous y avez fait
référence dans la conversation précédente avec le plaidoyer de mon collègue de
Borduas d'hier, qui a fait une charge à fond de train pendant presque
10 minutes pour plaider une réduction supplémentaire du nombre de sièges à
Montréal. J'étais estomaquée. J'ai eu une pensée pour ma collègue actuelle
d'Anjou Louis Riel, pour ma collègue actuelle de Pointe-aux-Trembles, je ne
sais pas si quand il disait ça il proposait de faire disparaître le siège de
Pointe-aux-Trembles en plus de celui de Camille... d'Anjou Louis Riel, je vais
lui laisser le soin de s'expliquer, mais Montréal, c'est la métropole du
Québec, c'est le coeur économique du Québec. Moi, je suis toujours désolé quand
on essaie de monter Montréal contre les régions. Moi, je viens de la banlieue.
J'ai toute ma famille du côté de mon père, ma mère, qui ont grandi en
Montérégie, qui y sont encore. Je veux dire, je ne comprends pas cette volonté-là
de monter Montréal contre Québec. Je m'en éloigne le plus possible. En plus que
Montréal reçoit toutes sortes de gens qui viennent des régions du Québec,
parfois pour y étudier quelques années, notre propre nouvelle porte-parole,
Émilise Lessard-Therrien, l'ancienne députée de Rouyn-Noranda Témiscamingue,
qui est une passionnée des régions, bien, elle a étudié à l'UQAM pendant
quelques années, elle a été montréalaise pendant quelques années. Donc, c'est
ça qui fait la beauté de Montréal aussi, c'est les allées et venues. La plupart
des gens qui ont fondé Hochelaga, Sainte-Marie Saint-Jacques, c'était des
familles qui venaient avec l'exode des ruraux à Montréal. Ça fait que cette
culture-là des quartiers, de la... la fabrique des quartiers, elle a été faite
à partir de familles qui ont vécu des exodes ruraux. Ça fait qu'encore une
fois, moi, je m'éloigne le plus possible de cette tentative de monter Montréal
contre les régions. Je ne participe pas à ça du tout...
12 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...encore une
fois, je pense que pour maintenir la pertinence économique de Montréal, il faut
maintenir le plus possible les... le nombre de circonscriptions actuelles. Déjà
qu'on en avait perdu une dans l'Ouest, bien dans l'Ouest... Montréal,
Outremont, il faut considérer plus l'Ouest que l'Est. On avait déjà perdu une
circo à Montréal dans le dernier exercice. Là, vous proposez d'en couper une
dans celui-ci, je serais catastrophé si d'aventure vous en rajoutiez une autre
coupure supplémentaire à Montréal. Que ce soit dans l'Est ou dans l'Ouest, ce
serait une très mauvaise nouvelle pour la métropole, et je m'y opposerais
fortement.
Je termine ce bout-là en soulignant un peu
le sourire que j'ai esquissé quand mon collègue utilisait l'argument : Ah!
mais à Montréal, on peut marcher, faire le tour des circonscriptions. Oui, on
peut marcher, et je marche parfois dans ma circonscription bien sûr, mais je ne
fais pas le tour en 15 minutes, là, hein? Pour faire le tour d'Hochelaga-Maisonneuve,
il y en a des rues puis en long puis en large, puis ça prend du temps, là, même
en vélo. Moi, j'aime bien la trottinette personnellement, mais blague à part,
ce n'est pas vrai qu'on fait juste marcher, on se déplace en voiture à
Hochelaga, on a des courses à faire, l'épicerie pour la famille, on ne tient
pas tout ça dans nos sacs à deux mains. Des fois, ça prend une plus grosse
épicerie. Il faut aller chercher un Kijiji pour une plus grosse marchette, une
poussette pour la petite, tu fais... tu ne fais pas tout ça à pied, tu fais
ça... Beaucoup de gens ont des voitures, moins de voitures peut-être que dans
une banlieue, parce qu'il y a évidemment objectivement un nombre limité d'espaces
dans la rue, dans les ruelles. Mais ce n'est pas vrai qu'on fait tout ça à pied
puis que, aïe, sur cette seule base là, ça mériterait de faire sauter une
autre... une couple d'autres circonscriptions à Montréal. Encore une fois, je
ne peux pas être plus clair. Je m'oppose à cette proposition dans mon collègue
de Borduas.
Et je ne sais pas quel... combien de temps
il me reste, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Il vous reste 8 min 30 s, M. le député.
M. Leduc : Je terminerais
sur... pour faire un peu de pouce sur ce que ma collègue disait sur les 129 sièges.
Encore une fois, je comprends que ce n'est pas de votre ressort, mais je trouve
ça important de le réitérer. On a la possibilité au salon bleu de le faire. 129
sièges, maintenant. Ça va être effectif pour la rentrée de la prochaine
élection de 2026. C'est une bonne nouvelle. On n'a pas bougé depuis 1989. Je
tends la main à mes collègues des autres partis, ça serait une réforme qui, je
pense, vous faciliterait la vie dans ce découpage-là certainement dans le
futur. Alors, je pense que c'est quelque chose qui doit être considéré.
J'ai peut-être une question. Vous en aurez
peut-être pour moi, mais j'ai une question pour vous, parce qu'on est plusieurs
à évoquer aussi la question du nombre de résidents, hein, au-delà du nombre de
la qualité d'électeurs, le nombre de résidents dans une circonscription. Puis à
la page 15, là, de votre rapport, vous parlez des communautés naturelles,
vous esquissez «quelques facteurs que nous considérons lorsque nous analysons
le territoire d'une circonscription électorale et ses dynamiques
territoriales». C'est le premier picot, c'est la densité de la population et
son taux relatif de croissance. Quand vous écrivez ça, «la densité de la
population», vous faites référence à la population électeur, non-électeur ou
juste la population électrice?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Je
vais permettre aux membres de la CRE de réagir à votre question.
Mme Gravel (Édith) : En fait,
je me suis tournée vers des experts plus techniques, vous me comprendrez. C'est
vraiment le taux de croissance de la population totale, mais qui... qui est un
facteur, comme vous voyez, dans la liste, là, des critères qu'on analyse, là,
dans le volet de la... de la portion communauté naturelle.
M. Leduc : Bien sûr, puis il
y en a plusieurs qui sont évoqués.
Mme Gravel (Édith) : Oui.
M. Leduc : Donc, je comprends
que c'est une espèce d'équilibre que vous recherchez.
Mme Gravel (Édith) : C'est ce
qu'on tente toujours entre la représentation effective et les critères qui
composent la communauté naturelle, comme j'expliquais précédemment à M. Reid.
Ça... ça ne se présente pas nécessairement dans... dans la totalité du
territoire où on arrive à avoir le respect des limites municipales, là, le
respect des limites MRC. Mais on essaie de pondérer la représentation effective
et le critère de communauté naturelle est constitué de plusieurs facteurs,
comme vous voyez.
M. Leduc : Donc, c'est ça,
bien, il y a comme plusieurs éléments devant vous sur lesquels vous pouvez...
avec lesquels vous pouvez ou même devez fonctionner.
Mme Gravel (Édith) : Tout à
fait.
M. Leduc : Mais ce que je
vous invite à faire, c'est que cet élément-là sur la densité, peut être que
vous pourriez justement le...
Mme Gravel (Édith) : Le repondérer
M. Leduc : Voilà!
Le pondérer un peu plus vers le haut, parce que... puis je ne répéterai pas
tout ce que mes prédécesseurs ont dit, mais c'est vrai, là, qu'il y a des gens
qui viennent cogner à notre porte, Hochelaga-Maisonneuve, c'est la même chose
que ma collègue de Sherbrooke hier, que ma collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques
aujourd'hui, une large proportion des gens qui viennent nous voir ne sont pas
des électeurs, veulent le devenir, vont probablement le devenir, mais nous, on
aide tout le monde, et ça implique des services et du travail de député qu'on
amène ici à l'Assemblée. Les questions qu'on pose, etc., ce n'est pas tout le
temps des questions de juste pour nous électeurs, c'est pour les gens qui
habitent notre circonscription. Ça fait que ce que je vous invite à faire dans
le fond, c'est de donner un petit peu de twist là-dessus.
Mme Gravel (Édith) : On a
bien entendu.
M. Leduc : Oui.
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui.
Mme Gravel (Édith) : J'en
aurais peut-être une...
M. Blanchet
(Jean-François) :...un, mais ça ne sera
pas long.
Mme Gravel (Édith) : O.K.
Parfait.
M. Blanchet
(Jean-François) :Je veux juste ajouter là-dessus
quand même. Si on... si on augmente justement le degré, vous me comprenez... que
je comprends que c'est concentré beaucoup à Montréal, mais il y a quand même d'autres
régions qu'on devrait réévaluer et qui auraient peut-être des changements qu'on...
M. Blanchard (Jean-François) : ...qu'on
ne fait pas présentement et qu'on devrait faire aussi. Donc, si on l'applique à
la région de Montréal, là, je vais parler de région, il faut l'appliquer
ailleurs aussi, au Québec, et ça peut amener des changements dans d'autres
régions qu'on ne touchait pas qui nous poseraient problème.
• (12 h 40) •
M. Leduc : Tout ça est un
équilibre fragile, bien sûr.
M. Blanchard (Jean-François) : C'est
ça.
Mme Gravel (Édith) : C'est
une courtepointe.
M. Leduc : ...comme le
château Jenga, là, de sortir un bloc puis... elle va-tu tenir?
M. Blanchard (Jean-François) : Exactement.
M. Leduc : Mais vous faites
bien de le mentionner.
M. Blanchard (Jean-François) : Oui.
Puis c'est quand même... Je comprends ce que vous dites, aussi, vous avez
mentionné... c'est la... la dimension de la circonscription, les
circonscriptions à Montréal versus les régions. Puis on a entendu toutes sortes
de choses dans la tournée, là, il ne faut pas se le cacher, on est allés
partout au Québec. Mais nous, on comprend, de notre point de vue, chaque région
a des réalités qu'on doit tenir compte, tu sais. Donc, ce n'est pas... ce n'est
pas blanc, ce n'est pas noir, c'est... c'est vraiment une mixité qu'on doit
tenir compte, nous, dans notre analyse aussi. Donc, c'est sûr qu'il y a des
gens qui vont dire : Bien oui, c'est facile, Montréal, 15 minutes,
les gens ont fait le tour, mais, par contre, il y a d'autres défis ailleurs, et
vous avez d'autres défis que dans les régions. Les régions ont des défis, donc
tout ça doit être pris en compte aussi. Donc, on entend... on a entendu toutes
les versions, mais chaque version est bonne aussi, là, il faut comprendre ça.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, il reste trois
minutes, 45 minutes.
M. Leduc : Peut-être un ou
deux derniers...
Mme Gravel (Édith) : ...question,
peut-être.
M. Leduc : Oui, allez-y,
bien, parfait.
Mme Gravel (Édith) : ...où on
a eu... Merci. On a bien entendu votre plaidoyer sur un statu quo, idéalement.
Dans l'optique où la Commission poursuivrait ses travaux, est-ce que vous
pourriez nous laisser peut-être quelques incontournables des frontières où vous
nous diriez : N'allez pas là, ne jumelez pas certaines choses? Il y a des
choses qui sont tellement immuables dans votre perception de ce territoire-là,
qui nous permettraient peut-être, là, d'avoir encore une meilleure
compréhension de l'est.
M. Leduc : Pour
Hochelaga-Maisonneuve, vous voulez dire?
Mme Gravel (Édith) : La
portion de l'est, je vous dirais.
M. Leduc : Ah! Bien,
écoutez...
Mme Gravel (Édith) : Vous
avez parlé tout à l'heure de... pardon, de l'autoroute 25, qui était quand
même, somme toute, une bonne barrière physique. Est-ce qu'il y a d'autres
éléments comme ça que vous pourriez laisser à la commission pour raffiner notre
analyse?
M. Leduc : C'est une bonne
question. Tu sais, quand je disais... quand je disais que ce n'était pas fou
d'aller jusqu'à la 25, puis de prendre Mercier Ouest, je rajoute un autre
élément de réflexion, c'est qu'il y a toute une bataille, en ce moment, dans
Hochelaga-Maisonneuve, surtout la partie est, dans ce qu'on appelle Viau ville,
sur un... Raymond Logistique qui est une grosse entreprise de transbordement,
puis le secteur de L'Assomption Sud qui est un endroit industriel, mais qui va
avoir un impact majeur sur les résidents de Viau ville et aussi sur les
résidents de longue pointe. Donc, tu sais, il y a comme une... on respire le
même air en quelque sorte, là, on va vivre la même inconvénience de cette
entreprise-là. Et les citoyens se parlent déjà un petit peu. Ils se concertent
dans cette espèce de bataille citoyenne là.
Ça fait qu'encore une fois, si vous me
dites : C'est quoi le... tu sais, bouger vers l'Est, un peu comme ma collègue
dit : Bouger vers l'Est, il y avait un certain sens. Je vous l'ai
mentionné tantôt, la bande Sherbrooke Rachel, ça peut-tu jouer, ça? Je vous
laisse la prépondérance. Monter vers Rosemont, je commencerais à trouver ça
bizarre, comme je le mentionnais. Sinon, je disais aussi, tu sais, Louis-Riel,
ça serait plus logique, je pense, de le rattacher à Camille-Laurin, à la
Mercier-Est, donc réduire Camille-Laurin, laisser Anjou, après ça, Anjou, on le
met où? Là, je vous laisse voir avec... Je ne sais pas, mais il y aurait... Il
pourrait y avoir deux circos dans Mercier Hochelaga-Maisonneuve, c'est-à-dire
le Hochelaga-Maisonneuve que vous proposez, puis Louis-Riel, Mercier-Ouest...
Mercier-Est, pardon, donc l'ancien Camille Laurin plus Louis Riel. Laisser
Rosemont dans ces... sa taille à peu près actuelle, je laisserai mon collègue
de Rosemont faire ses représentations par rapport à ces circos. Mais, après ça,
tu sais, Pointe-aux-Trembles, Lafontaine, il y a-tu du jeu, là, à faire? Je
vous laisse faire votre magie.
Mme Gravel (Édith) : Merci
pour le partage.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup. Alors, il reste une minute 15. Je
comprends, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, si vous avez d'autres
points...
M. Leduc : Un dernier
élément...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Oui, allez-y.
M. Leduc : ...de toponymie.
Je ne sais pas, si jamais vous recevez des mémoires, mais Hochelaga-Maisonneuve,
après Viau, ce n'est plus Hochelaga-Maisonneuve, hein? Quand tout... c'est
Mercier-Ouest. C'est drôle parce que, des fois, quand on lit les journaux, s'il
y a un accident ou un... ou un crime qui s'est passé dans ce coin-là, drame dans
Hochelaga-Maisonneuve. Je regarde toujours quel coin de rue. Bien non, ce n'est
pas Hochelaga-Maisonneuve, mais je vous dis ça, mais je ne suis pas en train de
plaider pour un changement de nom, parce que c'est comme ça qu'on le reconnaît.
Puis je pense que même dans... dans votre nouveau découpage, le cœur de la
circo demeurerait Hochelaga-Maisonneuve, comme ce l'est au fédéral. Le fédéral,
ils ont étiré la sauce, là, ça s'appelle Hochelaga, mais ça va quasiment
jusqu'à Pointe-aux-Trembles, puis ça va loin, ça va prendre des bouts d'Anjou,
ça, je leur laisse leur toponymie, mais si, d'aventure, des gens... vous
dites : Il faut le renommer, il faut le renommer, moi, je le garderais tel
quel. Si dans le futur ça rebouge encore plus, on évaluera. Est-ce qu'on
renommera ça Louise Harel, le comté de Louis-Harel, peut-être? On verra en
temps et lieu, mais pour...
M. Leduc : ...moi, je pense
qu'Hochelaga-Maisonneuve, même avec votre rajout de Mercier-Ouest, demeure un
nom qui fait sens, qui est facilement reconnaissable et que les gens
connaissent et reconnaissent.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Merci pour votre contribution à la commission.
Et considérant l'heure, je suspends nos
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi. Bon appétit, bon dîner à tous.
(Suspension de la séance à 12 h 45)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'Assemblée
nationale reprend ses travaux. Avant de débuter, j'invite l'ensemble des
collègues... s'il vous plaît, bien vouloir s'assurer que le cellulaire est
fermé afin d'éviter les sonneries.
Alors, les travaux recommencent, toujours
sur la région de Montréal, tel que nous l'étions avant la fin des échanges. Et
pour la suite de nos travaux, je cède la parole à Mme la députée de Verdun.
Vous avez droit à 20 minutes, Mme la députée. La parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci aux membres de la commission d'être là aujourd'hui avec
nous. Je viens vous parler un peu de ma circonscription, la circonscription de
Verdun, et je veux commencer par souligner, en fait, le bon travail que la
commission a fait pour préserver les limites de la circonscription de Verdun.
Bien sûr, on a tous pris en considération les principes qui guident ce
découpage, autant le nombre d'électeurs... moi, je dirais, on va parler tout à
l'heure de l'importance de prendre en considération la population, et la
deuxième caractéristique, ce qu'on appelle le respect des communautés qui sont
naturelles. Et c'est pour ça, entre autres, que je suis... j'étais très
contente de voir le découpage de la circonscription de Verdun, qui reflète et
qui respecte les limites de cette communauté naturelle. Vous savez, Verdun, ce
n'est pas seulement une circonscription, c'était une ville, dans le passé,
avant de se joindre à la ville de Montréal, une ville avec une grande histoire.
Je ne vais pas détailler tout l'apport Verdun a eu à la communauté québécoise,
entre autres, à la production économique dans la Première ou la Deuxième Guerre
mondiale. Ça fait que c'est une communauté qui est un peu chauvine. Quand on
vient de Verdun, là, ce n'est pas juste dire qu'on vient de l'île de Montréal,
on vient d'une communauté très, très serrée.
Les limites qui sont dans la carte
électorale respectent aussi des limites naturelles, je veux juste les nommer un
peu, là, on a la frontière par l'aqueduc, le canal de l'aqueduc, qui traverse à
l'ouest, par l'autoroute 15, dans le nord-est, tout dépendant comment on se
situe. C'est les mêmes limites qui étaient tracées depuis le début de la ville
de Verdun. Par la suite, on a l'ancienne rivière Saint-Pierre, qui a été
canalisée, qui devient aussi une limite naturelle, avec Pointe-Saint-Charles,
et, bien sûr, probablement le bord du fleuve Saint-Laurent, qui sépare de juste
seulement 220 mètres, du côté insulaire, de notre circonscription. Entre nous,
à Verdun, on parle de terre ferme et l'île, mais c'est une histoire depuis la
création de la ville, l'inclusion de l'île des Soeurs à l'intérieur de ces
limites. La dernière limite, c'est la rue Fayolle, qui marque la frontière sud,
qui correspond à la même frontière qu'on a avec l'arrondissement de Verdun,
dont la limite entre Verdun et Lassalle. Donc, c'est pour toutes ces raisons-là
que, déjà, en termes géographiques, le découpage respecte l'histoire et l'évolution
de la ville de Verdun dans le cadre montréalais, et qui permet aussi de
suivre... ce n'est pas pour rien, là, d'avoir le même palier de gouvernance que
l'arrondissement. Je vous dirais, c'est très clair, pour les électeurs, très
clair pour les citoyens, c'est plus facile de se référer. On reviendra sur les
questions de population, mais ça respecte également les ratios souhaités.
Une autre chose aussi que, des fois... on
parle des communautés naturelles, puis je trouvais ça intéressant que... de
parler des territoires qui sont couverts par nos services sociaux puis nos
services scolaires. Entre autres, l'île des Soeurs et Verdun sont touchés par
la même commission scolaire... pardon, centre de services scolaire, mauvaise
habitude, Marguerite-Bourgeoys, et également par la même commission anglophone
Lester B. Pearson. Dès qu'on traverse de l'autre côté de l'aqueduc ou de
Pointe-Saint-Charles, c'est le centre de services scolaire de l'île de
Montréal, c'est la commission scolaire, une autre commission scolaire
anglophone. Donc, déjà, ça recouvre bien les frontières des services. Et nous,
comme députés, c'est quelque chose qui est extrêmement utile pour faire des
interrelations ou faire des suivis avec nos citoyens en ce qui concerne l'accès
à l'éducation et d'autres. Puis c'est la même chose pour la question des
services en santé, c'est... on a fait partie... grande, grande parti de la
circonscription, c'est le CIUSSS de Centre-Sud, une seule partie qui est avec
le CIUSSS de l'Ouest de l'île, mais que ça se fait très naturellement, alors ça
ne cause pas de...
Mme Zaga Mendez : ...problème,
si vous voulez, en termes de gouvernance ou d'interpellation à ces différents
paliers.
Là, ce que je voulais vous parler un peu
plus, c'est la question de la population. En ce moment, la population de
Verdun, on parle de 70 376 personnes. Au nombre d'électeurs, on est à
48 658. C'est des données qui viennent du site web d'Élections Québec. C'est
très, très dense, avec un territoire, là, on parle de 29 personnes par
kilomètre carré... non, 7 130 personnes par kilomètre carré. C'est
extrêmement dense comme circonscription.
Ceci dit, ce qu'on voit comme tendance
ici, à Verdun, c'est la tendance qu'on voit partout à Montréal, c'est-à-dire
une augmentation de la population même si on ne voit pas une grande... que
l'augmentation des électeurs se fait au même... au même rythme que la
population. Et quand on représente, comme députés, on ne représente... on ne va
pas représenter seulement les personnes qui ont le droit de vote. On représente
tous les gens qui habitent sur notre territoire.
Et j'aimerais ça... Je porte ceci à votre
attention. Ça a sûrement porté à l'attention... va être... ça va être mentionné
par d'autres collègues qui sont à l'île de Montréal. C'est une tendance, et
on... moi, je pense qu'on ne doit pas... on doit prendre ça en considération et
ne pas pénaliser les places dans lesquelles on voit une augmentation de
population. Puis on va se le dire, là, on le... on le voit partout au Québec.
C'est pour ça qu'on plaide pour augmenter
une... Pour nous, l'idéal, là, ça serait d'augmenter le nombre de députés puis
augmenter le nombre de comtés, en fin de compte, pour être capables de respecter
et de refléter l'augmentation de la population un peu partout. Je pense que, si
on avait ces outils-là, on serait capables de... on serait capables, je
crois... On pourra avoir cette discussion sur avoir les outils nécessaires pour
faire un découpage qui reflète vraiment la... l'augmentation de la population
sans étant... en nous mettant, comment je peux dire, en opposition entre des
lieux, comme à Montréal, dans lesquels on a de plus en plus d'électeurs sur une
surface qui est très petite, comme c'est le cas de Verdun, versus des lieux
dans lesquels il y a moins de densité, mais qu'on voit quand même une
augmentation de la population et qu'on veut respecter puis on veut donner ce
pouvoir de représentation en région.
Donc, ça, c'est un des points plus
spécifiques que je voulais amener, parce qu'on ne veut pas réduire le poids
politique ni de l'île de Montréal ni de Gaspésie. Moi, je ne viens pas ici
plaider pour couper ailleurs parce qu'on a besoin de plus de place à Montréal.
On vient de vous dire qu'il faut garder cette représentation un peu partout à
l'île de Montréal. C'est important, comme je le disais, on représente également
les personnes qui ne sont pas des citoyens. C'est des personnes qui vont
devenir citoyens et citoyennes, des fois dans les prochaines années, c'est
aussi des enfants, ce sont des jeunes qui font partie de cette population-là et
qu'on représente auprès des différents organismes québécois.
Moi, j'ai... Ça fait un peu le tour de ma
petite exposé... mon petit. Je ne sais pas si vous avez des questions ou si je
peux, moi, poser des questions pour vous, également.
M. Blanchet
(Jean-François) :Une petite question, Mme
la députée. Verdun, j'imagine quand même que la densité de population que vous
mentionnez, vous êtes pas mal au maximum de la... des possibilités de
développement? J'imagine qu'il n'y a plus...
Mme Zaga Mendez : Ah non.
O.K. C'est une bonne, excellente question. En fait, en ce moment, il y a
plusieurs projets de développement, surtout à l'Île-des-Soeurs, qui se
déroulent. Je n'ai pas tous les détails des noms avec moi, là, je pourrais les
trouver puis vous l'envoyer, si vous souhaitez, là. C'est des... un dossier
qu'on suit également en termes de développement, à l'Île-des-Soeurs, qui a sa
propre dynamique, mais qu'en même temps il y a un lien d'appartenance, comme je
vous disais, par les services, par l'arrondissement, avec l'ensemble de la
circonscription. Ça fait que, oui, il y a des projets de développement qui se
font présentement. Même si on n'a pas de nouveaux terrains, ça se construit
vers le haut. C'est la tendance qu'on voit en ce moment.
M. Blanchet
(Jean-François) :O.K. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, Mme, Mme la députée de Verdun, vous disposez
toujours de 11 minutes 20 secondes encore. Si vous souhaitez
poursuivre votre intervention, vous avez jusqu'à 20 minutes. Alors, la
parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Moi, j'ai
une question pour vous. On voit qu'il va y avoir une coupure, une
circonscription de moins sur l'île de Montréal. J'aimerais ça vous entendre un
peu plus sur qu'est-ce qui justifie cette décision ou quelles sont vos...
l'intention de la commission par rapport à ça?
M. Blanchet
(Jean-François) :Bien, premièrement,
c'est un rapport préliminaire, hein? On n'est pas au rapport... on n'est pas au
deuxième rapport, on n'est pas à la décision finale. Donc, il y a encore... Si
on tient des consultations, c'est...
M. Blanchet
(Jean-François) :...vous entendre puis
comprendre le territoire. Donc, il y a toujours possibilité qu'il y ait des
modifications. Mais vous voulez savoir par rapport à Montréal?
• (15 h 10) •
M. Bouchard (Kevin) : Ce qui
justifie le retrait.
M. Blanchet
(Jean-François) :Le retrait d'une
circonscription à Montréal, bien, je l'ai mentionné ce matin, on parle quand
même d'un déficit de 45 000 électeurs sur l'île puis un taux de
croissance d'électeurs quand même qui est en deçà de la moyenne de 4,8 %
au Québec, même qu'il est négatif, si je ne me trompe pas, un petit peu.
M. Bouchard (Kevin) : Oui, à
moins 0,4.
M. Blanchet
(Jean-François) :Moins 0,4, le nombre...
le nombre d'électeurs, donc c'est pour ça...
M. Bouchard (Kevin) : Depuis
2014, on a perdu à peu près 5 000 électeurs sur l'île, et, une
majorité des circonscriptions... on est presque aux deux tiers des
circonscriptions qui ont connu une diminution depuis la dernière révision de la
carte électorale, donc 18 circonscriptions. Puis, quand on regarde, en ce
moment, il y a deux tiers des circonscriptions aussi qui ont un nombre
d'électeurs en dessous de la moyenne. Donc, c'est vraiment... tu sais, il y a
un déficit d'électeurs sur l'île qui doit être corrigé.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends. Puis j'imagine... bien, comme j'ai dit tantôt, vous travaillez avec
les limites qui sont les vôtres, c'est-à-dire l'interprétation directe de la
loi électorale, dans laquelle on compte le nombre d'électeurs et pas le
nombre... la population. Parce que nous, ce qu'on voit, puis les chiffres le
disent, on est... on augmente le nombre de personnes qui habitent sur notre
territoire, ce qui vient aussi avec un nombre de demandes, des pressions sur
nos écoles. Quand on visite nos écoles, ces jeunes-là sont... ils ne sont pas
seulement à la classe d'accueil, hein, ils sont... quand on parle des jeunes
immigrants, là, ils sont un peu partout, c'est... et, quand on représente ces
familles pour avoir des services adéquats, c'est des résidents permanents qui
contribuent à la société québécoise. C'est la même chose dans nos hôpitaux,
c'est la même chose dans nos CLSC. C'est des personnes que nous, on reçoit au
quotidien.
Nous, on regardait les chiffres du côté de
Verdun, là, en ce moment, j'ai 50 cas... cas actifs, là, de personnes avec
qui on est en contact pour des questions reliées à l'immigration. C'est près de
la moitié des personnes avec qui nous sommes en contact direct, là, si je
compte à peu près une centaine de cas actifs dans mon bureau.
J'aimerais ça vous entendre un peu
là-dessus, sur l'effet de la... le fait qu'on a de plus en plus de personnes à
représenter.
M. Blanchet
(Jean-François) :De un, je pense que...
bien, je l'ai mentionné ce matin, mais je peux le répéter aussi. Bien, je l'ai
mentionné hier. Le choix de travailler avec le nombre d'électeurs, c'est le
législateur qui l'a fait, mais je peux comprendre qu'à l'époque, quand même,
les données qu'on a, à Élections Québec, le nombre d'électeurs varient de jour
en jour. On a le portrait exact, tandis que la population du Québec, ça repose
sur les... sur les recensements, sur les données de l'Institut de statistique,
mais qui ne sont pas à jour au jour le jour, comme nous, on peut être à jour
avec le nombre d'électeurs. Donc, ça, ça explique une partie.
L'autre point, par contre, comme je l'ai
mentionné ce matin, si on travaillait avec le nombre de personnes, donc si on
refaisait notre travail avec le nombre de personnes, bien, il faudrait le
refaire pour la province au complet. Donc, ça ne veut pas dire que... Je
comprends que Montréal, il y a une concentration peut-être un peu plus grande,
mais il y a d'autres secteurs quand même au Québec où est-ce qu'il y a des
immigrants aussi qui s'installent, puis donc il faudrait refaire le travail de
faire... de voir est-ce qu'il n'y a pas d'autres circonscriptions qui tombent
aussi dans une problématique où est-ce qu'on devrait intervenir.
Mme Zaga Mendez : Sur ce
point-là, je pense qu'on est tout à fait d'accord. C'est-à-dire que ce qu'on...
la population, c'est au-delà de... d'un enjeu montréalais. Et il y a aussi
l'augmentation de population un peu partout au Québec. C'est pour ça, puis ce
n'est pas de votre ressort, c'est des questions de législateurs, je pense
qu'avec les collègues, on va avoir... continuer à avoir des débats là-dessus en
Chambre, sur avoir plus de comtés, donc plus de... augmenter le nombre de
députés, là.
Et je n'avais pas eu la chance de le dire,
mais juste pour donner des exemples peut-être, il y a des places dans le monde
dans lesquelles on a des populations qui sont semblables à celle du Québec et
pour lesquelles, dans les chambres législatives, on a... On double presque le
nombre de parlementaires, là. C'est le cas de l'Autriche, avec une population
arrondie de 8 200 000, il y a 245 parlementaires. Puis notre
cas, c'est, avec 8.6 millions, là, avec une population arrondit, on a 125,
donc on est... Je pourrais donner des exemples en Finlande, en
Nouvelle-Zélande, Suède, Suisse et même aux États-Unis, là, dans les États
fédérés, là, Massachusetts, Minnesota, dans lesquels... Massachusetts, c'est
7 millions, donc c'est quand même comparable au Québec, il y a
200 circonscriptions, donc 200 parlementaires. Donc, je comprends que
vous n'avez pas le pouvoir de nous... de changer le nombre de comtés, mais je
trouve ça superintéressant, ce que vous nous dites sur l'effet de la
population.
M. Blanchet
(Jean-François) :Puis j'ai oublié de vous
le mentionner, mais le choix de le... d'électeurs, le nombre d'électeurs...
M. Blanchet
(Jean-François) :...versus la population.
Quand même, au Canada, c'est à peu près moitié-moitié, les provinces et
territoires qui utilisent soit les électeurs, soit la population. Donc, les
deux sont valables. On comprend très bien que, peu importe la circonscription,
c'est clair que zéro à 18 ans, là, il y en a partout, là aussi, là, des
citoyens, donc, qui ne sont pas comptés. Mais c'est un choix. Mais sachez que,
quand on regarde, on compare avec le reste des provinces et territoires au
Canada, que c'est à peu près moitié-moitié, donc.
Mme Zaga Mendez : Voilà.
Bien, je vous remercie. Je suis contente d'avoir pu exposer pourquoi il faut
avoir les limites naturelles de la circonscription de Verdun. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, Mme la députée de Verdun, pour
votre intervention et votre contribution à la commission. Alors, nous allons
maintenant poursuivre avec le prochain intervenant, également, pour un 20
minutes. Je vais céder la parole à M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois : Merci. M.
le Président. Bonjour. J'ai 20 minutes et j'ai, grosso modo, trois choses à
vous dire. D'abord, je veux discuter avec vous de la circonscription de Gouin,
que je représente, et qui est, quand même, lourdement affectée par le rapport
préliminaire que vous avez déposé. Ensuite, je vais vouloir poursuivre
l'échange sur la question de la prise en compte de la population totale. Et, en
terminant, quelques mots sur l'Abitibi-Témiscamingue.
Donc, d'abord, la circonscription de Gouin.
Depuis, essentiellement, 30 ans, la circonscription de Gouin est... a été
délimitée en se basant sur les frontières d'un quartier historique, à Montréal,
qui s'appelle La Petite Patrie, d'où l'appellation, d'ailleurs, de
l'arrondissement Rosemont—La-Petite-Patrie, au niveau municipal, et de la
circonscription fédérale, qui s'appelle également Rosemont—La-Petite-Patrie.
Donc, il y a ici, déjà, une communauté naturelle qui est, historiquement, très
définie. Il y a même un célèbre roman québécois, n'est-ce pas, qui s'appelle La
Petite Patrie. C'est une entité historique et sociologique importante dans le
nord de Montréal. Et s'est développée, sur ce territoire là de La Petite
Patrie, toute une série d'institutions, historiquement, à la fois sur le plan
politique, sur le plan communautaire, sur le plan scolaire, sur le plan des
services de santé. Donc, on a le CLSC de La-Petite-Patrie. Mais aussi sur le
plan, je le disais, culturel.
Il faut savoir que La Petite Patrie est un
quartier où il y a un écosystème communautaire extrêmement vigoureux,
extrêmement dynamique et très, très bien organisé, qui s'organise autour d'un
regroupement qui s'appelle le Regroupement des tables de concertation de La
Petite-Patrie. Nos amis du communautaire aiment beaucoup les acronymes, alors
ils appellent ça le RTCPP. Et autour de cette table-là est représenté
l'ensemble des acteurs de ce territoire historique que tout le monde connaît,
qui s'appelle La Petite Patrie. On a les groupes en santé mentale, les groupes
en sécurité alimentaire. On avait, à l'époque, les commissaires scolaires. On a
les élus, donc, provinciaux, les élus municipaux, les élus fédéraux. Il y a
tout ce qui grouille, donc, de groupes communautaires dans tous les domaines,
logement, jeunesse, santé mentale, aînés, «name it». Et donc toute la vie
politique communautaire du quartier s'appuie sur cette entité historique qu'est
La Petite Patrie.
Ce qui est proposé dans le rapport
préliminaire, c'est, grosso modo, de couper La Petite Patrie historique en
deux, en utilisant la rue Christophe-Colomb. C'est, selon moi, une grave
erreur, qui va complètement venir déstructurer le rapport que, depuis 30 ans,
les députés de Gouin ont entretenu avec les différents partenaires, les
différents acteurs sur le territoire de La Petite Patrie. Je dirais qu'il y a,
pour résumer, trois problèmes principaux là, avec cette division en deux du
territoire historique de La Petite Patrie. Le premier problème, c'est que la
circonscription de Gouin, la nouvelle, va être complètement coupée de la
majorité de l'écosystème que je viens de vous décrire, qui se retrouve, en
majorité, à l'ouest de la rue Christophe-Colomb, la partie qui va tomber,
dorénavant, dans Laurier-Dorion. Alors, moi, je vais me retrouver... moi et mes
successeurs, pour les prochaines législatures... dans une situation où je vais
représenter un territoire, le nouveau Gouin, qui va, donc, manger une partie de
l'actuel Rosemont, en gardant la moitié de ma circonscription actuelle, mais
l'essentiel de mes partenaires institutionnels...
M. Nadeau-Dubois : ...ça va de
la caisse pop au CLSC, en passant par les groupes communautaires. Eux vont se
retrouver dans ce qui va être dorénavant Laurier-Dorion. Donc, ce travail de
député, qui est normal, qui est souhaité, qui est enchâssé dans notre culture
politique, d'interagir avec les partenaires du milieu va être beaucoup,
beaucoup plus compliqué, dans la mesure où la circonscription va être
complètement décalée par rapport à l'organisation de la vie politique,
communautaire, associative, institutionnelle de La Petite-Patrie.
• (15 h 20) •
Le deuxième problème, c'est que ce nouveau
découpage-là va faire en sorte que les résidents de La Petite-Patrie Ouest,
donc la portion qui va tomber dans Laurier-Dorion, vont se retrouver dans une
espèce de flou artistique, dans la mesure où leurs élus municipaux vont être
organisés en fonction de l'arrondissement Rosemont-la Petite Patrie, leur élu
fédéral, également, va être dans la circonscription Rosemont-la petite Patrie.
Le seul élu qui va être complètement décalé, ça va devenir l'élu québécois, et
donc ces gens-là qui sont... qui se font partie, sur le plan institutionnel, le
plan associatif, le plan des services de santé, de l'unité Petite-Patrie, sur
le plan municipal et fédéral, le sont également, tout d'un coup, quand va venir
le temps d'interagir avec leur député, vont se retrouver avec une référence
complètement différente, et ça va donc, je pense, compliquer l'accès des
électeurs, des électrices à leurs élus, à leurs députés, parce que le référent
va être complètement différent.
Et on peut le voir également de la manière
inverse, le député de Laurier Dorion va se mettre à représenter deux entités
naturelles, Villeray et Parc-Extension, qui sont des quartiers historiques qui
ont des vies propres, et ce député-là va avoir aussi une petite moitié d'un
autre quartier, mais pas vraiment au complet. Ils vont avoir juste l'ouest de
la petite patrie et ces gens-là vont se retrouver donc dans ce que je considère
être un flou artistique sur le plan de leur représentation politique. Je prends
une image, mais je pense que vous comprenez ce que je veux dire.
Le troisième problème, et je pense que
c'est le cumul des deux premiers, c'est que la collaboration entre les
différents paliers gouvernementaux va être beaucoup plus difficile. En ce
moment, l'arrondissement de la Petite-Patrie, le comté fédéral de
Rosemont-La-Petite-Patrie et les deux circonscriptions provinciales que sont
Rosemont et Gouin, tout ça, grosso modo, à quelques approximations près, se
correspondent, ce qui fait en sorte que la concertation entre les différents
élus est facile, elle est naturelle, elle est simple. Bon, il y a un petit
morceau de l'arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie, qui est dans une autre
circonscription fédérale, mais on parle d'un tout petit morceau, mais, grosso
modo, il y a une cohérence sur le plan de la représentation politique qui fait
en sorte que les électeurs, les électrices savent qui est leur député puis
savent ils sont dans quel quartier, puis au municipal, au fédéral, au
provincial, il y a une cohérence.
Là, le député de
Rosemont-La-Petite-Patrie, au fédéral, par exemple, se retrouverait avec trois
interlocuteurs provinciaux différents Rouyn... Rosemont, Gouin et
Laurier-Dorion. Il y a là... encore une fois, on vient briser une communauté
naturelle puis on vient considérablement compliquer le travail de tous les
élus, de tous les paliers, sans compter qu'on vient complexifier l'accès des
électeurs à leurs élus en créant une division qui va apparaître, au regard des
habitudes des gens, comme une division arbitraire. Comment ça, tout d'un coup,
Christophe-Colomb, notre quartier, arrête là? Notre quartier, dans l'esprit des
gens de la Petite-Patrie, depuis des générations, il n'a jamais arrêté là.
Grosso modo, la Petite-Patrie historique, là, c'est Saint-Laurent, Iberville...
il y en a qui s'obstinent à savoir si c'est De Lorimier ou Iberville, mais, je
veux dire, personne ne pense que c'est Christophe-Colomb. Ça, je vous le dis.
Donc, il y a ici une cohérence que moi, je vous invite à respecter puis à
prendre en compte pour le bien être des électeurs, des électrices, pour le bien
être de la concertation entre les différents élus des différents paliers
gouvernementaux.
Combien de temps il me reste, M. le
Président?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Il vous reste 12 minutes, M. le député de Gouin.
M. Nadeau-Dubois :
12 minutes, ça va, ce n'est pas si pire. J'ai le temps de boire de l'eau
en 12 minutes. J'attire votre attention sur un rapport qui a été déposé
par les organisations communautaires de la petite patrie qui reprend exactement
ces arguments-là. Ce n'est pas pour rien. Il y a eu une réaction extrêmement
vive dans les organisations du comté qui ont développé des beaux rapports de
collégialité avec leur bureau de député depuis des années et il y a consensus
sur le territoire, là. Et je n'ai pas parlé du milieu économique, mais le
milieu économique aussi est structuré comme ça, hein. Donc les SDC, par
exemple, sont structurés sur les bases du quartier de la Petite-Patrie. Tout
fonctionne comme ça chez nous, et donc il y a un consensus très fort dans
l'ensemble de la communauté à l'effet que, vraiment, c'est une mauvaise idée de
décider qu'à Christophe-Colomb il y a un changement, alors que,
sociologiquement, historiquement, économiquement, socialement, ce n'est pas le
cas...
M. Nadeau-Dubois : ...Le
deuxième élément dont je voulais discuter avec vous aujourd'hui, c'est la prise
en compte de la population totale. Juste pour vous donner une idée, là, moi,
j'ai demandé à mon équipe de faire une recension. À peu près une personne sur
trois qui cogne à notre porte réside dans la circonscription, mais n'est pas
une personne électrice. Donc, soit elle a moins de 18 ans, soit elle est en
attente d'obtenir sa résidence permanente ou son statut de citoyenneté. Mais
c'est des gens qui n'ont pas ou... qui n'ont... et surtout, qui n'ont pas
encore le statut d'électeur, d'électrice. Il y a eu une augmentation de
l'immigration à Montréal dans les dernières années. Ce n'est pas étonnant que
le nombre... puis il y a des mouvements de population dans la grande couronne
de Montréal... ce n'est pas étonnant, quand on connaît ces phénomènes-là, qu'on
observe une légère baisse du nombre d'électeurs. Moi, la question que je vous
invite à considérer, c'est : Pendant combien de temps? Parce qu'une forte
proportion de ces gens-là vont obtenir le statut d'électeur, hein? Ces gens-là
ne demeureront pas en attente d'une réponse du ministère de l'Immigration
pendant 25 ans. Les délais sont longs, mais, quand même, pas à ce point-là.
Donc, c'est des gens qui, aujourd'hui, résident dans nos circonscriptions,
n'ont peut-être pas, en vertu de vos statistiques aujourd'hui, le statut
d'électeur, d'électrice, mais vont l'acquérir, parce qu'ils vont obtenir leur
résidence permanente puis, ensuite, leur citoyenneté.
Donc, moi, je vous mets en garde contre
une refonte de la carte électorale qui serait basée sur une vue à trop court
terme de la dynamique démographique à Montréal, où on viendrait dire :
Bien, là, c'est vrai que depuis, donc, vous disiez, 2014, il y a un petit peu
moins d'électeurs, donc on redécoupe en fonction de ça. La commission court le
risque que, dans quelques années, le travail soit à refaire, parce qu'une bonne
proportion — puis ce ne sera peut-être pas 100 %, mais, déjà, si
c'est 80 %, c'est quand même pas mal de monde — vont acquérir le
statut d'électeur, et là on va être obligés de tout rebrasser parce qu'il va y
avoir, à nouveau, un débalancement. Le travail du député, oui, c'est de
représenter les électeurs, les électrices, mais mes collègues le savent, toutes
formations politiques confondues, les gens cognent à notre porte, on les aide.
On ne leur demande pas de nous montrer leur passeport. S'ils ont un problème de
logement, on les aide. On ne vérifie pas s'ils ont un statut d'électeur ou
d'électrice. On aide les gens qui résident sur notre territoire, et de... Moi,
je vous invite vraiment à avoir une vue... la vue la plus large possible pour
considérer la réalité de ce travail de député qu'on fait, où une bonne
proportion des gens qu'on aide n'ont pas le statut d'électeur, d'électrice.
Pourtant, on les aide quand même. Et agrandir les territoires, ça fait en sorte
qu'on se retrouverait à devoir aider et représenter beaucoup, beaucoup,
beaucoup de monde.
En terminant, quelques commentaires sur
l'Abitibi-Témiscamingue. Je voulais vous souligner que, de notre côté, on salue
le fait que l'Abitibi-Témiscamingue va conserver son poids de représentation à
l'Assemblée nationale, dans la mesure où Abitibi-Ouest et Abitibi-Ouest vont
obtenir le statut d'exception. On pense que c'est essentiel de garder ces
circonscriptions-là dans l'état actuel, dans la mesure où c'est déjà des
territoires très, très, très étendus, et là il y a une limite à étendre les
circonscriptions si on veut continuer à bien représenter les personnes qui y
résident. Voilà.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Gouin. Alors, je
vais permettre aux membres de la CRÉ de pouvoir répliquer et donner leur point
de vue. Alors, je vous cède la parole. Si vous avez des commentaires à faire,
n'hésitez pas. Il reste 7 min 28 s à l'intervention de M. le
député de Gouin.
M. Blanchet (Jean-François) :Je vais vous poser une question. Je n'ai pas les données,
mais par rapport à l'âge moyen de la population dans Gouin, est-ce que vous
avez ça?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
connais toutes mes statistiques par coeur, je connais le comté comme le fond de
ma poche.
M. Blanchet
(Jean-François) :J'imagine.
M. Nadeau-Dubois : Non, mais
on vous le fera parvenir.
M. Blanchet
(Jean-François) :Non, mais c'est parce
que...
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas ça.
M. Blanchet
(Jean-François) :Non, mais... C'est
correct. Mais où est-ce que je veux en venir avec ça, c'est quand même... Vous
dites : Oui, il y a des gens qui vont obtenir le statut de citoyen
canadien dans le temps. Mais c'est sûr que... probablement que vous allez
perdre quand même d'autres électeurs, par l'autre bout. Ce que je veux dire,
c'est quand même... Donc, il faut que ça... c'est... Selon nos projections, les
projections de l'Institut de la statistique, quand même, on se ramène... là, il
ne faut pas que je me trompe... en 2028, si on prend pour votre
circonscription, Gouin, on est à 41 000 électeurs — je parle
d'électeurs — en 2028. Donc, c'est sûr qu'on... c'est difficile de
prévoir le taux de personnes qui vont obtenir leur citoyenneté d'ici 2028.
C'est selon les projections, donc.
• (15 h 30) •
M. Bouchard (Kevin) : Vous
faites bien d'attirer notre attention sur les personnes, là, qui n'ont pas
encore le statut d'électeur et d'électrice. Je pense que c'est...
15 h 30 (version non révisée)
M. Bouchard (Kevin) : ...c'est
important, c'est une donnée dont on tient compte, là, dans ces populations, la
quantité. Nous, on essaie... c'est sûr qu'on se fie sur le nombre d'électeurs,
on essaie aussi de projeter. On utilise un modèle de projection linéaire
simple. On compare avec l'Institut de la statistique du Québec. Et ce qu'on
remarque quand même sur l'île de Montréal depuis des décennies, c'est que par
rapport au reste du Québec, il y a quand même tranquillement un mouvement assez
constant d'une diminution de la population comparative par rapport à l'ensemble
du Québec. Et c'est un mouvement que l'Institut de la statistique du Québec
prévoit se poursuivre aussi. Là, vous parlez d'immigration, on en entend parler
aussi, puis c'est possible que ça renverse la tendance, mais on ne connaît pas
l'avenir, évidemment, comme personne, mais on essaie d'anticiper au mieux
possible. Puis c'est comme ça qu'on a fait la proposition qui est sur la table.
M. Nadeau-Dubois : L'autre
enjeu, c'est celui des services que l'on donne comme bureau de député. Et ces
services là, on ne fait pas de tri, de discrimination en fonction du statut.
Par ailleurs, ironiquement, un des services qui est beaucoup donné par les
bureaux de députés, c'est d'accompagner les gens précisément dans leurs
procédures d'immigration. Et donc dans la mesure où les gens obtiennent une
permission de la part des gouvernements d'entrer sur le territoire, ils ont des
permis de travail, ils ont des visas, tout ça, et ils ont un accès, je pense,
légitime, à leur député quand vient le temps d'interagir avec l'administration
publique ou les organismes gouvernementaux, puis nous, comme députés, on le
fait, ce travail-là.
Donc, Il y a des députés qui vous
plaident, avec raison, que l'étendue du territoire rend plus difficile leur
travail, puis ils ont bien raison de le faire, puis je suis d'accord avec eux.
Je vous dirais qu'en fonction, grosso modo, de la même logique, il faut aussi
porter attention à la capacité des députés de faire leur travail dans un
contexte où, oui, il y a moins d'électeurs, mais il y a plus de monde. Et moi,
j'attire votre attention là-dessus. Je pense qu'il faut le considérer, tout
comme... J'entendais mon collègue de Matane-Matapédia vous dire que, là, un
moment donné, quand on allonge les distances, il y a une limite à allonger les
distances à l'intérieur d'une circonscription. Moi, je vous dirais, il y a une
limite aussi à ajouter toujours du monde, même s'ils ne sont pas, à strictement
parler, des électeurs, des électrices.
M. Blanchet
(Jean-François) :
M.
le député, est-ce que vous avez quand même... Vous avez parlé de Gouin, mais
pour l'est de Montréal, avez vous quand même des arguments, des solutions pour
nous, des idées?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
la ville de Montréal, ce n'est pas un tout homogène, hein, c'est une mosaïque
de communautés naturelles où il y a une vie institutionnelle puis un écosystème
politique qui date même des fois d'avant même la création de la Ville de
Montréal, hein? Maisonneuve était une ville avant qu'il y ait un arrondissement
Hochelaga-Maisonneuve. À l'est de chez nous, Rosemont, c'est ça aussi une
communauté naturelle, historique. Et vous allez entendre ou vous avez entendu
mon collègue de Rosemont, mais il va vous faire des représentations similaires
aux miennes. Je pense que la commission doit tenir en compte le fait qu'on a là
vraiment des entités sociologiques puis historiques qui sont très fortes puis
qui sont... auxquelles aussi les gens sont attachés. Les gens s'identifient
comme Rosemontois comme Rosemontoises, s'identifient comme résidents, comme
résidents de la Petite-Patrie. Puis moi, je vous invite à avoir une grande
considération pour ces frontières naturelles là qui sont des repères politiques
pour les gens. Ça fait en sorte aussi que l'accès à un député, c'est plus
facile.
Parce que, tu sais, moi, j'habite dans
quel quartier? J'habite dans le quartier Rosemont. Mon député, ça va être qui?
Bien, le député de Rosemont, puis au fédéral, bien, le député de Rosemont. Ça
fait que quand on se met à brouiller les pistes en... Puis là, je ne le dis
pas, je ne suis pas mal intentionné, mais en inventant un peu des nouvelles
frontières qui n'ont jamais existé dans l'esprit des gens, je pense qu'on
éloigne la politique des gens dans la mesure où on vient tracer des lignes sur
une carte qui ne correspondent pas à une réalité vécue par les électeurs, par
les électrices qui eux, considèrent que j'habite dans Rosemont, c'est mon
quartier. Mon comité logement, c'est le comité logement Rosemont. Mon CLSC, c'est
le CLSC Rosemont. Mais là, tout d'un coup, quand je vais voter, c'est un autre
nom. Ce n'est pas clair, c'est flou, je ne comprends pas. Puis moi je vais vous
le dire, même le fait que la circonscription s'appelle Gouin, souvent des
électeurs m'approchent pour me dire Gabriel, pourquoi...
M. Nadeau-Dubois : ...le
boulevard Gouin, c'est à l'autre bout, ce n'est pas chez nous. Ça fait que je
pense que la commission doit... Puis là, je prends un autre exemple qui a trait
à la dénomination de la circonscription. Mais, quand vient le temps de faire
une carte électorale, il faut penser aussi de... à comment les gens vont vivre
dans cette carte-là, comment les électeurs vont vivre dans cette carte, puis
les électeurs et les électrices, à Montréal, ils ne vivent pas juste à
Montréal, ils vivent dans des quartiers, et ce n'est pas pour rien que les
arrondissements les respectent puis que les circonscriptions fédérales ont
tendance aussi, grosso modo, à les respecter. Puis il y a un certain niveau
d'imperfection qui est normal, hein, comprenez-moi bien, ce n'est pas... il ne
faut pas être dogmatique. Mais de venir déchirer La Petite-Patrie en deux comme
ça, je pense que c'est une erreur, je pense que ça va éloigner les gens de leur
député. Je pense que ça vaut également pour... Ah! bien, voilà mon collègue de
Rosemont qui vient d'apparaître. Il y a vraiment là quelque chose de
Montréalais, je pense, que la commission doit tenir en compte quand vient le
temps...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : En terminant.
M. Nadeau-Dubois : ...de
découper la carte.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Gouin. Vous avez
utilisé votre 20 minutes. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à
la commission. Alors, nous allons maintenant passer au prochain intervenant, et
également avec un droit de parole de 20 minutes. Je vais céder la parole à
M. le député de Rosemont.
M. Marissal : Merci, M. le
Président. 20 Minutes, ça inclut l'échange avec nos invités, hein?
D'accord. Que je salue, d'ailleurs. Bonjour, merci d'être là.
Évidemment, je ne vais pas tout répéter ce
que mon collègue de Gouin, mon voisin, vient de dire. Mon collègue de Gouin et
moi, là, on est séparés par une ligne jaune sur la 6e Avenue,
essentiellement. Si vous êtes du côté ouest, vous êtes dans Gouin; si vous êtes
du côté est, vous êtes dans Rosemont. Mais c'est tricoté serré, tout ça. Puis
je sais que ça a déjà été fait, ça, par des découpages plus ou moins
artificiels à l'époque, mais ça respectait néanmoins les tissus dont a parlé
mon collègue de Gouin.
Comment vous dire? Rosemont, la circo,
existe depuis 1972. Ce n'est pas une création récente basée sur un nouveau
développement, qu'on peut voir parfois dans certaines régions du Québec où ça
pousse beaucoup. Je parle par exemple des Basses-Laurentides, où ça a
construit; je parle de Vaudreuil, par exemple, où il y a une forte croissance.
Je pourrais comprendre qu'on veuille redessiner parce que, d'un, c'est récent
comme lotissements, de deux, ça s'est beaucoup construit, il y a quelque chose
de nouveau là. Mais Rosemont... Vous savez, moi, l'endroit central de Rosemont,
qui est la promenade Masson, ça, ça s'appelle le Vieux-Rosemont. Ça porte ce
nom-là pour une raison bien évidente, là. D'ailleurs, là, pour faire un peu
d'histoire ici — mon collègue à ma droite va apprécier, lui qui est
historien de formation — en 1903, Ucal Dandurand et M. Holt — d'ailleurs,
deux rues principales de ma circo, c'est Dandurand et Holt — achètent
la terre appartenant à la famille Crawford. Ils la divisent en
2 553 lots et ouvrent la 1ère à la 10 ᵉ avenue — c'est
chez nous, ça — juste au nord du boulevard Saint-Joseph. C'est le
début du peuplement massif du village. Ça s'appelle Rosemont d'ailleurs parce
que la mère de M. Dandurand s'appelait Rose. Bien, tout est dans tout, hein? On
a une histoire, c'est tricoté serré. Ce n'est pas né de génération spontanée,
là, ça existe, tout ça, et les gens, Gabriel l'a dit, mon collègue de Gouin l'a
dit, sont attachés à ça.
Bon. Je comprends... Peut-être... vous
n'écrivez pas, vous ne dessinez pas vos cartes électorales sur les sentiments
du monde, mais ça existe. Les gens de Rosemont, ce sont des Rosemontois et des
Rosemontoises. Moi aussi, d'ailleurs, et c'était important pour moi que de me
présenter dans la circonscription où je vis, où j'ai ma maison, où j'ai élevé
mes enfants, où ils ont fréquenté les écoles, où j'ai mes habitudes. C'est
important pour moi. Ce n'est pas fortuit que je me suis présenté dans Rosemont.
Ce n'était pas juste par défi politique, c'est parce que c'était chez nous,
c'était réellement chez nous.
La nouvelle circonscription que vous
voulez nous faire, dans la première mouture, qui s'appellerait Rosemont-Louis-Riel
- c'est bien ça? - j'ai même du mal à le dire, parce que j'ai du mal à
l'imaginer. Honnêtement, là, ce n'est pas une boutade, j'ai du mal à le voir.
Puis je vois ma collègue d'Anjou-Louis-Riel, qui a probablement autant de
misère à voir le... bien, d'un, son comté disparaître, là, ce qui serait une
catastrophe pour Montréal est, on va se le dire tout de suite, là, mais à voir
ce Rosemont venir manger une partie d'Anjou. Cette nouvelle circonscription
fictionnelle, là...
M. Marissal : ...toucherait
quatre arrondissements, quatre arrondissements. Ça va venir compliquer là... Ça
va devenir compliqué pour la personne qui sera là, et je précise que je ne sais
pas si ce sera moi, puisque je ne sais pas si je me représente. Alors, que ce
soit dit, là, je ne fais pas ça par intérêt propre, je ne sais même pas si je
me représente. C'est loin 2026, il peut se passer bien des affaires d'ici là.
• (15 h 40) •
Alors, je vous ai parlé du Vieux-Rosemont.
Je pourrais vous parler des shops Angus où j'habite maintenant. Les shops
Angus, c'est le cœur industriel de l'est... de cette partie de l'est de
Montréal, parce que l'est de Montréal, c'est vaste. Moi, quand je dis à mes
voisins : Vous ne serez plus dans Rosemont, ils capotent, ils ne comprennent
pas. Détacher Angus de Rosemont, c'est un peu comme m'arracher les ongles, là,
tu sais, ça fait mal, c'est comme... je sais que l'image est forte, là, mais
sur une carte géographique, ça n'a pas de sens. Puis j'aurai des questions pour
vous, là, si je ne mange pas tout mon temps à parler, parce que je suis assez
passionné, moi, de cette affaire-là. Puis ce que vous nous avez présenté, je
vais vous le dire, ça a déjà été dit, de toute façon, ça a été publié, je suis
pas mal tombé en bas de ma chaise. J'ai dit : Wo! Où est-ce qu'on s'en va
avec ça, là? Vous allez shipper ma circonscription de Rosemont, la circoncision
des Rosemontois et des Rosemontoises dans la cour des Galeries d'Anjou. Je ne
peux pas croire, excusez, là, de ma grande franchise, là, mais je n'ai pas
d'autre façon de le dire, là, je ne peux pas croire. Les shops Angus, je l'ai
dit, ça fait partie de l'histoire intégrale de l'histoire de cette
circonscription.
Puis, en plus, je vous dirais, puis je
vous l'ai déjà dit l'autre fois, mais je vais vous le redire : Rosemont,
la circonscription, en ce moment, est en parfait équilibre. Ça fait que je ne
sais pas, moi, généralement, j'ai plutôt tendance à me dire : Si ce n'est
pas brisé, on ne répare pas. Je comprends que vous avez... vous avez un casse-tête
à faire puis je ne voudrais pas être à votre place. Puis je respecte
parfaitement le travail que vous faites, en passant, hein, ne prenez pas ça
personnel, là. Moi, j'ai tendance à prendre mon Rosemont un peu personnel, mais
je n'ai rien... je n'ai pas d'attaque à faire ici contre vous, là, soyez
rassurés. Mais, quand j'ai vu cette carte-là, nouvelle, j'ai eu vraiment des
problèmes, parce que d'autant que ce n'est pas la circonscription la plus
déséquilibrée où il faut absolument corriger quelque chose. Et il y aurait
d'autres façons de le faire, il y aurait d'autres façons de le faire, notamment
par le nord, Viau. Rosemont pourrait descendre un peu de quelques rues, mais je
ne commencerai pas à faire votre travail puis de réécrire la carte, là, je ne
ferais pas ça, puis ce n'est pas très élégant de le faire, le «gerrymandering»,
là, mais vous avez vu la carte comme moi, là, il y a moyen de jouer avec ça.
Ce que je veux surtout vous dire, au-delà
de Rosemont, c'est qui me paraît assez contreproductif, pour ne pas dire plus,
pour ne pas dire dramatique, de couper des circonscriptions dans l'est de
Montréal. C'est déjà une région de Montréal, puis l'est de Montréal, quand on
regarde à l'échelle du Québec, c'est quasiment une région du Québec, là, qui
est défavorisée, qui en arrache, qui reçoit un fort pourcentage de nouveaux
arrivants, qui a toujours du mal à aller tirer son épingle du jeu, qui doit se
battre pour tout, tout le temps. Le fait de retirer une circonscription dans ce
contexte-là me paraît pénaliser encore davantage cet endroit qui, par ailleurs,
est à l'orée d'une revitalisation, si on fait ça correctement. Moi, je vous
donne juste, là, quelques projets majeurs qui courent en ce moment dans l'est
de Montréal, l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le REM de l'Est, ou appelez-le
comme vous voulez, là, pour le moment, ce n'est plus le REM de l'Est, mais on
ne sait pas ce que c'est, mais ça va être quelque chose, souhaitons-le, en tout
cas, transport structurant dans l'est de Montréal.
Le Stade olympique, dont on a beaucoup
parlé la semaine dernière, dont on parle beaucoup depuis 50 ans, en fait, les
terrains contaminés, ma collègue d'Anjou- Louis-Riel en sait quelque chose. Il
y en a un méchant paquet, là, ils sont là, on peut les décontaminer, on peut
faire quelque chose avec ça. Il y a des beaux projets, d'ailleurs, il y a du
monde qui s'intéresse à ça. La fameuse ligne bleue, dont on parle aussi depuis
40 ans, le fameux pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui est à la fois
une solution et un problème pour l'est de Montréal. Et puis toute la question
du logement, toute la question du logement. Tout ça pour dire que de retirer de
la représentation politique, dans l'est de Montréal, me semble...
M. Marissal : ...la plus
mauvaise des idées à ce stade-ci. D'autant que, et ça été dit, mon collègue l'a
dit, les députés de Montréal vous l'ont dit, on ne sert pas que les électeurs
et les électrices inscrits sur une carte. J'ai revérifié encore ce matin, là,
chez nous, là, dans mon bureau de comté, là, sur la cinquième Avenue, dans
Rosemont, qui ne serait plus dans Rosemont d'ailleurs... Je n'habiterais plus
dans Rosemont non plus, si on adopte la carte telle quelle. Dans mon bureau,
c'est 75 % de dossiers qui sont des gens qui n'ont pas qualité d'électeur,
pas parce qu'ils sont mineurs, je précise, parce qu'ils ne sont pas citoyens
canadiens. Ce sont des gens en situation migratoire, fraîchement arrivée ou
pas, peu importe, 75 %, 75 %. On a un mur dans mon bureau, là, on
appelle ça les bébés RAMQ. C'est des femmes de l'immigration qui accouchent
ici, qui se ramassent avec des factures. Puis, à chaque fois, il faut faire des
représentations, puis, généralement, ça finit par fonctionner, puis on finit
par éponger l'ardoise... par effacer l'ardoise, puis on réussit, mais de fois
en fois on a un mur de ça. On appelle ça les bébés RAMQ. J'avais un attaché,
là, qui faisait à peu près que ça. On l'appelait à la blague l'accoucheur de
Rosemont parce qu'il faisait à peu près que ça. Puis là je vous parle juste des
femmes en situation migratoire qui accouchent, là, mais des gens qui rentrent
dans mon bureau, puis dans le bureau d'à peu près tous les députés
généralement... De toute façon, le bureau de député, c'est un peu le terminus
de la misère humaine, là, souvent, là, mais qu'en plus tu... pas citoyen, tu
n'as pas qualité d'électeur, que tu as Immigration Canada aux trousses, que tu
n'as pas de RAMQ, que ton propriétaire veut te mettre dehors, que tu n'es pas
capable de faire tes cours de francisation, que tes enfants n'ont pas trouvé
d'école... Je peux continuer, là. Je peux continuer. La chaîne de la misère
humaine est infinie. Bien, ces gens-là, on les sert pareil, hein? Bien,
évidemment qu'on les sert, puis on les sert bien en plus. J'ai un excellent bureau
et j'en suis fier. Et je les remercie d'ailleurs de faire ça. Ces gens-là ne
vont pas disparaître, là, mais si vous faites disparaître par contre des
circonscriptions, il va juste y en avoir plus et il y en aura toujours plus.
Puis, comme mon collègue de Gouin nous disait tout à l'heure, bien, ces
gens-là, j'espère bien qu'un jour ils vont être citoyens, puis qu'ils vont
avoir droit de vote, puis ils seront considérés donc dans vos listes
d'électeurs et d'électrices.
Alors, c'est un peu la situation que je
voulais vous décrire en ce qui concerne... en ce qui concerne Rosemont, bien,
en ce qui concerne l'est de Montréal. Puis je m'en voudrais beaucoup de ne pas
aborder la question de la Gaspésie. Ça... ça me... Je ne suis pas gaspésien du
tout, pas pantoute, là. Je ne viens pas du tout de là. C'est un endroit que
j'aime beaucoup, que je fréquente à l'occasion, mais le fait de faire sauter
une circonscription dans la Gaspésie, là, c'est... Je comprends encore une fois
le jeu de casse-tête que vous essayez de faire, puis tout ça, puis vous vous
êtes pris avec la loi qui dit 125 circonscriptions. Moi, je pense, comme
beaucoup, qu'on pourrait changer la loi, là, puis qu'on pourrait monter le
nombre de députés. La population a lourdement augmenté au Québec, là, depuis la
dernière loi quand même, là. On est rendus 9 millions, là, au Québec, là. Je
pense qu'on vient de passer le cap des 9 millions. Ça ne serait pas un
luxe inopiné que de monter à 127 ou 129. Vous avez probablement entendu
d'ailleurs l'anecdote que la prochaine... le prochain salon bleu sera en mesure
d'adopter 129. Ce n'est même pas une question d'espace, sinon on se collera, ce
n'est pas grave. Donc, on peut augmenter le nombre... on pourrait augmenter le
nombre, mais surtout pas baisser le nombre. Mais surtout pas, je l'ai dit, là,
pour l'est de Montréal et pour Montréal en général, mais pas la Gaspésie non
plus, là. Ça, ça m'apparaît... ça m'apparaît un recul grave pour cette
population qui n'est pas homogène de Matane à Percé en passant par la
Baie-des-Chaleurs, là. Puis de toute façon, ça a été dit par des collègues qui
sont de cette région-là, là, les distances sont énormes, là. C'est... c'est
presque inimaginable, là. Moi, dans la dernière campagne électorale, je me suis
fait un défi 10 kilomètres pour 10 défis dans Rosemont. J'avais à peu
près fait le tour de Rosemont. Si je faisais ça en Gaspésie, là, ça me
prendrait probablement un an en courant tous les jours, là, Forest Gump, là,
probablement, là.
Alors, on ne peut pas couper une circonscription
en Gaspésie. Cette région-là est en train de se relever. Ils font des efforts
extraordinaires. Ils ont des alliances régionales très fortes, mais ils ont
besoin d'une voix ici, à l'Assemblée nationale, de deux voix. C'est le...
M. Marissal : ...minimum de
voix pour la Gaspésie. Il y a une exception pour les Îles-de-la-Madeleine. On
peut-tu en faire une pour la Gaspésie? Ça se peut, peut-être, je ne sais pas,
mais je ne pense pas que c'est un choix valable à ce moment-ci que de retirer
une voix à la Gaspésie.
• (15 h 50) •
Je pense que j'ai à peu près fait le tour
de ce que je voulais vous dire. J'ai... Question, je peux? Vous permettez?
M. Blanchet
(Jean-François) :Essayez.
M. Marissal : Oui, je suis
pas pire là-dedans d'habitude. Dans la loi, là, électorale puis quand vous
refaites les... la carte, quand vous faites la refonte de la carte, il y a un
élément central, là, une expression qui est à peu près l'étalon de mesure, qui
est la communauté naturelle. Je l'ai lue, je l'ai lue, la loi. J'ai lu votre
rapport. Moi, je suis mystifié par la communauté naturelle entre la promenade
Masson et Anjou. Vous dites que c'est par le boulevard Beaubien, vers l'est. Ça
me mystifie. J'aimerais que vous m'expliquiez où est-ce que vous avez trouvé
une communauté naturelle là.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Rosemont. Je
comprends qu'il y a une demande d'intervention. Alors, il reste environ cinq
minutes, rien que pour qu'on puisse comprendre le temps qu'il reste. Alors, les
membres de la CRE, c'est à votre... à votre tour.
M. Blanchet
(Jean-François) :M. le député, je veux
juste vous rassurer qu'on ne prend rien de personnel parce que sinon on ne
serait peut-être pas là. Donc, bon, on l'a dit, c'est un rapport préliminaire.
C'est sûr que, si on y va juste mathématique, les gens vont dire qu'on y va
juste mathématique. Si on y va juste... Communauté naturelle, ça devient
difficile sans tenir compte de la mathématique. Donc, c'est un... c'est un mix.
Je comprends que ça ne peut pas être parfait non plus. On essaie de trouver des
communautés dans certains cas, parce que sinon la carte va être purement
mathématique. Mais on vous entend puis on a l'entendu aussi lors de la tournée,
là, donc, par rapport à ce que vous dites. Mais c'est sûr que ça devient
difficile, hein, avec tous les... tout ce qu'on doit tenir compte, à un moment
donné, on doit prendre... ou faire des propositions qui restent à être
corrigées. Dans certains cas, on va pouvoir faire les corrections sur ce qu'on
a entendu, mais, en même temps, ça devient difficile.
Tu sais, je vous entends dire : Ne
retirez pas dans l'est de Montréal, ne retirez pas en Gaspésie. Bien là, vous
nous... vous êtes en train de me dire : Bien, faites donc un statu quo au
complet de la carte du Québec. C'est... Ça serait une solution facile pour
nous, là, c'est sûr que ça serait très facile pour nous de dire : On ne
fait rien jusque dans 10 ans, là, tu sais, on... Mais c'est ça. Donc, je comprends
ce que vous nous dites, mais c'est difficile d'avoir le découpage parfait. Et
on a entendu tous vos collègues aussi. C'est dans le détail que ça se gâte, là,
c'est quand on tombe dans le... les petits détails. Donc, voilà. Je ne sais pas
si vous avez quelque chose à rajouter par rapport à ça, mais c'est...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : ...M. le député de Rosemont. Alors, je vous cède la
parole.
M. Marissal : Merci. Bien, je
comprends que ça ne peut pas être parfait, hein, puis je l'ai dit en toute
honnêteté, je ne souhaiterais pas être à votre place, là. C'est un travail qui
est difficile. C'est un exercice d'équilibre qui est difficile. C'est un
casse-tête qui est assez complexe, là, puis ça fait penser à mes enfants, quand
ils se tannaient de faire des casse-tête, des fois, ils sortaient les ciseaux
puis ils rentraient des morceaux où il ne fallait pas que ça aille, là, même si
ce n'était pas la bonne couleur, là, ça fait que... Je vous demande quand même
de ne pas aller là puis de ne pas faire ça. Pour moi, le Vieux-Rosemont puis
les Galeries d'Anjou, c'est un morceau de casse-tête qu'on va couper avec des
ciseaux à bouts ronds, puis ça ne fittera pas. Et je le dis en tout respect
pour ma collègue d'en face, là, qui est dans Anjou, là. Je suis pas mal sûr
qu'elle est d'accord avec moi, là, qu'Anjou, Rosemont... On est des voisins, on
s'aime beaucoup, puis j'aime beaucoup les gens de...
Je vais vous le dire bien franchement, là,
moi, je ne suis pas capable de nommer quatre rues transversales dans Anjou. Je
suis capable de vous nommer les grands boulevards, là, que tout le monde est
capable de nommer, là, mais... Ça fait que je peux vous nommer toutes les rues
dans Rosemont, puis pas juste les avenues, ce serait trop facile, là, de 1 à
45, là. Il y a une question d'appartenance, il y a une question de vie, il y a
une question d'histoire là-dedans. Je présume qu'il y a 25 ans... d'ailleurs,
j'étais ici, je couvrais la politique, moi, il y a 25 ans, ici, quand ils ont
créé Rosemont, j'imagine qu'il y avait une entité historique, qu'il y avait un
sens, avec la sociologie de la place. Alors...
M. Marissal : ...et j'entends
votre réponse, et je l'entends, je l'entends bien, je l'entends bien. Mais je
vous demande, et je sais que vous le ferez, de respecter ces particularités.
M. Blanchard (Jean-François) : L'important
lors de cette commission, c'est justement de nous donner le plus d'informations
possible sur la réalité du terrain. C'est ce qu'on... Ce qu'on a... ce qu'on
retient depuis la tournée qu'on a entreprise au mois d'octobre et novembre,
puis ce qu'on est en train de peaufiner en vous écoutant aujourd'hui. Donc,
plus... le plus d'informations que vous nous donnez, le mieux. C'est sûr qu'on
va avoir un deuxième rapport qui ne sera pas un copié-collé du premier, là.
Donc, c'est sûr qu'il va y avoir des aménagements qui vont être faits. Donc,
plus vous êtes... vous nous donnez de l'information, le mieux, c'est. Donc,
voilà.
M. Marissal : Très bien. Et
permettez-moi, là, puisqu'il me reste 20 secondes, d'insister sur... Je
pense sincèrement qu'on est dans un moment névralgique pour l'est de Montréal.
Puis là il va falloir qu'il se passe des choses là. Oui, le toit du stade, là,
tant mieux, c'est une bonne décision. Et moi, je suis heureux de ça. Mais ça va
nous prendre de la cohésion politique. Et le milieu est très, très mobilisé en
ce moment dans l'est de Montréal. Ce ne serait pas le moment de mettre la
switch à off. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Rosemont, pour votre
intervention puis votre contribution à cette commission aujourd'hui, très
appréciée. Alors, nous allons maintenant poursuivre avec la prochaine intervenante.
Nous sommes toujours sur la région de Montréal et je vais céder la parole pour
son 20 minutes maximum à Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci beaucoup,
M. le Président. Salutations à mes collègues membres de la commission. Salutations
à vous aussi. Merci pour votre travail. Je sais que ce n'est pas un travail
facile. Je vous entendais discuter avec mon collègue le député de Rosemont,
puis des fois, vous avez beaucoup de contraintes, beaucoup de critères à
prendre en jeu, puis là il y a comme des arbitrages que vous devez faire. Puis
je sais que ce n'est peut-être pas facile, puis je vous remercie pour les
consultations que vous faites.
Donc, moi, je vais intervenir en premier
lieu sur la circonscription que je représente fièrement, la circonscription de
Mercier, qui n'est pas Mercier Hochelaga-Maisonneuve. Mercier, c'est le
Plateau, une partie, une bonne partie du Plateau Mont-Royal et le Mile-End. Là,
cette fois-là, vous avez décidé de ne pas faire... de garder les délimitations
actuelles, puis je vous en remercie. Je sais que, lors de la dernière révision
électorale, ça a été élargi plus vers l'Ouest, donc dans le Mile-End, même une
partie d'Outremont jusqu'à... puis là, cette fois-là, c'est les mêmes
délimitations. Moi, je veux vous parler de l'importance, là, pour Montréal, pas
uniquement pour Mercier. On voit qu'ici, dans la révision, puis vous allez
probablement m'entendre répéter certaines... certains des arguments qui ont été
mentionnés par mes collègues sur le fait de l'importance de peut-être ne pas
toucher... ou de ne pas réduire le nombre de circonscriptions spécifiquement à
Montréal, ailleurs aussi, mais spécifiquement à Montréal, surtout que le poids
démographique de la population est en train d'augmenter.
Je le sais que vous, parmi les critères
que vous regardez, c'est le nombre d'électeurs. Et ça, c'est un critère. Vous
regardez aussi d'autres critères, mais je pense que, dans la loi, vous pouvez
aussi regarder le poids démographique de façon générale. C'est quelque chose
dont vous pouvez aussi tenir compte. Puis moi aussi, à mon tour, je vous invite
fortement à le faire. Puis j'ai parlé avec mes... dans mon bureau de
circonscription, par exemple, où on sait, il n'y a pas que ça, mais il y a
aussi une immigration française quand même assez importante et mise
l'attaché... dans mon bureau qui font le travail pendant que nous, on est ici,
puis qu'ils servent les citoyens et citoyennes. Bien, il y en a parmi eux qui
ne sont pas des citoyens au sens de la loi, mais c'est des personnes qui
viennent nous voir puis nous demander de l'aide. Et approximativement, si on
regarde ce qu'on appelle les cas citoyens, c'est 60 %, au moins, au moins
60 %. Puis là on est comme conservateurs, parce que des fois il y a des dossiers
d'immigration qui prennent moins de temps, peut-être en termes d'efforts,
d'autres qui sont beaucoup, beaucoup plus compliqués, plus complexes. Et les
gens, quand ils ne savent plus où aller, souvent, ils se font référer à leur
député de comté. Des fois, ça relève du Québec, d'autres fois, du fédéral. On
travaille en collaboration avec aussi des députés du fédéral. Moi même, des
fois, je viens intervenir pour des cas. Je me rappelle d'un cas, d'une... d'une
personne immigrante qui n'avait... qui s'est retrouvée comme entre deux dates
où elle n'avait pas de statut et elle a... elle a...
16 h (version non révisée)
Mme Ghazal : ...qu'elle était
enceinte, et là elle était très, très inquiète, là, parce que ça lui coûtait
extrêmement cher. Donc, j'ai dû intervenir auprès du ministre de la Santé pour
son cas. Puis, elle, elle n'est pas du tout citoyenne, en tout cas, je pense qu'elle
voulait le devenir, ça fait que... mais je ne faisais pas ça pour que, dans l'avenir,
elle vote pour moi, vous comprenez? Quand les gens viennent nous voir, c'est
dans notre mandat, on a un budget, on a un bureau de comté, on a du personnel
pour donner du service à toutes les personnes qui cognent à notre porte. Et
60 %, ce n'est quand même pas rien. Puis vous avez entendu mes collègues
puis, je suis certaine, aussi d'autres collègues de tous les partis, ils ont
beaucoup de cas de gens qui ne sont pas citoyens, citoyennes. Donc, c'est
important que le critère démographique, du poids démographique de la population
vous en teniez compte, quasiment plus que le nombre d'électeurs, d'électrices.
• (16 heures) •
Puis aussi, en fait, c'est ça, c'est que
vous êtes pris dans une contrainte qui vous est donnée, qui est de dire :
Bien, vous devez travailler à l'intérieur de la limite de 125 députés, puis ça,
là, c'est 125, puis là c'est comme un jeu de puzzle, puis, des fois, les
morceaux ne rentrent pas, et tout ça, puis vous devez quand même les enfoncer,
ce qui fait qu'on se retrouve dans des situations comme le député de Rosemont,
qui vous dit que la communauté naturelle n'est pas si respectée que ça, en
fait, elle ne l'est pas du tout, puis vous l'avez probablement entendu de la
part aussi des citoyens, citoyennes, pas uniquement de nous, les élus. Et ça, c'est
à cause de cette contrainte-là.
Puis, à chaque fois, vous êtes pris avec
ce dilemme que vous enlevez une circonscription, vous en ajoutez ailleurs,
bien, ça crée un drame dans la communauté, qu'on pense à la Gaspésie, mais
aussi à Montréal, où vous enlevez un comté, alors que le poids démographique de
la population, lui, monte. Donc, il y a quelque chose, un petit peu, d'incohérent
là-dedans. Et cette contrainte vous vient à cause des 125 députés. Puis, dans
le fond, il serait tout à fait possible, comme ça s'est passé aussi dans le
passé, on a... ça n'a pas toujours été, depuis le début, là, du Parlement, ici,
du Québec, ça n'a pas toujours été 125, évidemment, vous connaissez l'histoire,
puis ça a augmenté avec le temps.
Puis j'ai trouvé intéressant aussi de
comparer, peut-être... peut-être avec d'autres législatures ailleurs, par
exemple, dans le monde, avec des populations similaires à ici, au Québec,
population globale, là, pas les électeurs, électrices, ici, par exemple, à peu
près, là, en termes de population, presque 9 millions. Je prends d'autres pays
qui n'ont pas la même réalité que nous, mais je vous donne ça, par exemple, en
Autriche, 8,2 millions de population, 245 députés, en Nouvelle-Zélande, 4,4,
eux autres, ils sont moins, ils ont 125 députés, Suède, 9,7 millions d'habitants,
349 députés, etc. Je ne dis pas qu'il faut aller jusque là, ce n'est pas du
tout ça, ce n'est pas la même réalité, mais, quand même, le fait de pouvoir...
En fait, une des solutions pour vous enlever cette contrainte-là, c'est d'augmenter,
puis je pense qu'on est rendu là. Quand on voit le nombre de population
augmenter, on est rendu à réfléchir à augmenter le nombre total de députés à l'Assemblée
nationale. Il y a... On va avoir un nouveau salon bleu d'ici quelques années,
et donc il a été réfléchi de façon intelligente par les gens qui s'occupent de
ça pour s'assurer, si un jour, voyant la population augmenter, on a plus de
députés, bien, qu'on leur permette d'avoir de l'espace. Donc, tout est réfléchi
en ce sens-là.
Et donc ça vous aiderait, moi, je pense,
aussi, vous, d'avoir moins cette contrainte-là puis d'être obligés, là, de
jouer à ce jeu de puzzle qui crée des problèmes, comme en Gaspésie ou ici, à
Montréal, où on enlève un député alors que les besoins et les demandes auprès
des bureaux de députés ne cessent d'augmenter, justement, entre autres, à cause
de l'augmentation de la population.
Donc, bien, comme vous voyez, mon
intervention n'était pas uniquement spécifiquement à Mercier, parce qu'il n'y a
pas eu de changement ni de modification, mais c'est beaucoup plus par rapport
au nombre de députés, de façon générale, et le fait qu'on... de ne pas enlever
de poids de représentation ici, à l'Assemblée nationale, pour la population à
Montréal en enlevant une circonscription, comme vous le faites, par exemple,
aussi en Gaspésie.
Je n'ai pas de question particulière pour
vous, à part vous dire : Que pensez-vous de cette idée-là d'augmenter le
nombre de députés? Je ne sais pas si ça fait partie de votre mandat, peut-être
que vous allez dire : Pas vraiment, on ne peut pas, on a une loi, nous ne
faisons pas la loi, ça, c'est une décision politique, mais vous avez le droit,
comme des gens qui travaillez avec ça, peut-être, de dire : Oui, peut-être
que ça nous aiderait, d'avoir plus de députés, ne pas devoir faire ce genre...
Mme Ghazal : ...des fois, on
pourrait avoir l'air un peu... je ne vais pas dire ça, là, parce que je sais
que vous travaillez très bien pour pas que ce soit le cas, mais qui pourrait
être arbitraire, arbitraire, arbitraire sans vraiment le vouloir, mais parce
que vous avez cette réalité-là devant vous et cette contrainte-là.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mercier. Alors,
évidemment, je veux permettre aux membres de la CRE de réagir à vos propos,
alors je vais vous céder la parole. Il il reste 11 min 11 s à votre
intervention, Mme la députée. Alors, M. le Président.
M. Blanchet
(Jean-François) :Mme la députée, la loi
électorale spécifie en passant que c'est entre 122 et 125. Donc, on aurait
toujours le loisir présentement de faire une carte avec 122 circonscriptions.
Vous comprendrez qu'on n'ira pas là. Par contre, je vous inviterais à faire des
calculs si jamais on a... Mettons qu'il y aurait quatre circonscriptions de
plus au Québec, vous verriez que les problèmes, ou en tout cas les solutions ne
seraient pas plus évidentes pour nous quand même. Donc, le nombre d'électeurs
moyen par circonscription ne varierait pas tant que ça, et donc on devrait
quand même faire de la gymnastique dans certaines régions. Dans le fond, vous
l'avez dit, là, dans des populations comparables, à 200 députés ou...
Comment? Excusez-moi.
Mme Ghazal : Oui, oui,
certains pour... mais pas tous.
M. Blanchet
(Jean-François) :Mais pas tous. Mais
c'est ça. Donc, sinon ça va toujours rester difficile quand on a des
circonscriptions qui ont 30 000 électeurs. Avant de rattraper, tu sais, la
moyenne, il va falloir qu'on travaille fort à quelque part quand même encore
là, parce que surtout que, dans certaines régions, la moyenne... le nombre
d'électeurs va continuer d'augmenter. Donc, il y a... En tout cas de mon point
de vue, rajouter des circonscriptions, oui, mais on ne règle pas. C'est à dire,
le problème ou en tout cas si on peut appeler ça un problème... Je ne veux pas
dire que c'est un problème, là, mais c'est-à-dire que ça ne règle pas tous les
cas, c'est-à-dire qu'on va vivre les mêmes difficultés de découpage. Ça, c'est
une prédiction que je vous fais, là, ce ne sera pas plus facile s'il y a quatre
circonscriptions de plus.
Mme Ghazal : Même, mais
c'est-à-dire que ça vous le fait à cause... parce qu'à cause de la contrainte
de moins 25 %, plus 25 % de nombre d'électeurs. Mais que pensez vous
de... de... de... qu'on vous a... on a été plusieurs à vous le dire, là, puis
probablement peut être que je vais avoir d'autres collègues aussi qui vont le
dire qu'il ne faut pas tenir compte uniquement du nombre d'électeurs, mais
aussi de la population, qu'il faut en tenir compte aussi de ça, parce que c'est
notre réalité, on travaille avec des gens qui ne sont pas des électeurs.
M. Blanchet
(Jean-François) :Dans toutes les
circonscriptions, les députés travaillent avec des gens qui ne sont pas
électeurs. Mais je comprends que Montréal, il y a une concentration, ça, je
l'ai déjà mentionné, mais c'est un fait aussi que si on travaillait avec le
nombre de citoyens plutôt que le nombre d'électeurs, il faudrait revoir aussi
la province parce qu'il y a d'autres secteurs quand même, au Québec, où est-ce
qu'il y a un nombre de personnes qui est vraiment différent du nombre d'électeurs.
Donc, en d'autres mots, c'est... ça peut paraître simple, mais on ne peut pas
juste... si on tient compte du nombre de personnes et non du nombre
d'électeurs...
Mme Ghazal : Oui.
M. Blanchet
(Jean-François) :...ce n'est pas clair
que ça va... ça va avantager ou, en tout cas, Montréal va y gagner au change,
là. Oui, peut-être, mais...
Mme Ghazal : Bien, je ne
comprends pas vraiment le raisonnement parce que si on réfléchit... Oui?
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est comme s'il y avait
juste Montréal qui avait un apport de citoyens qui ne sont pas électeurs.
Mme Ghazal : Mais moi... moi,
je le fais de façon générale.
M. Blanchet
(Jean-François) :Ah! O.K.
Mme Ghazal : C'est à dire que
je ne parlais pas juste de Montréal.
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est bon.
Mme Ghazal : C'est parce que,
là, je dis qu'en ce moment, bien j'ai...
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui.
Mme Ghazal : ....j'ai nommé
la Gaspésie, parce qu'eux autres aussi, ils en perdent alors que leur nombre de
population totale n'a pas baissé.
M. Blanchet
(Jean-François) :Exact.
Mme Ghazal : Si on suit le...
le... C'est à dire que, si on regarde le nombre de population.
M. Blanchet
(Jean-François) :Il y a une légère
croissance en Gaspésie, mais qui est loin... qui est loin de la croissance
quand même québécoise. Donc, c'est pour ça que, dans le fond et à quelque part,
il y a une perte de pouvoir d'une certaine façon.
Mme Gravel (Édith) : Peut
être pour rappeler aussi que l'objectif, dans le fond, du découpage de la carte
électorale, c'est de s'assurer que chaque citoyen, citoyenne soit représenté
équitablement, oui, auprès de l'Assemblée nationale. Donc, l'objectif, c'est
que chaque député arrive avec une population qui est quand même similaire à
représenter. On a bien entendu le volet immigration. Alors, qu'actuellement au
début des travaux de la commission, certaines sont sous représentées, donc des
circonscriptions. On l'a entendu depuis notre... notre passage ici, où c'est
des 70 000, c'est des électeurs qui sont là. Donc, c'est là le jeu du
casse-tête, là, du mandat de la commission dans les balises actuelles de la
loi.
• (16 h 10) •
Vous parlez du critère du poids
démographique, celui-là est dans la composante de la communauté naturelle, avec
d'autres éléments : la superficie du territoire, les taux de croissance.
Mais la...
Mme Gravel (Édith) : ...représentation
effective, le critère numérique est un... c'est comme un critère numérique avec
un critère avec plusieurs composantes, donc c'est vraiment le jeu
d'équilibriste qu'on doit faire en gardant toujours en tête que chaque
citoyen... notre travail, c'est de tenter au mieux que chaque citoyen soit
représenté équitablement, là.
Mme Ghazal : Le nombre des
députés n'a pas bougé depuis 1991, alors qu'à l'époque, la population totale,
là, 6,8 millions. Là, on est presque 9 millions puis on se dit que
c'est la même chose, tu sais, et... c'est-à-dire que si... si on faisait...
Mme Gravel (Édith) : ...de
combien d'électeurs étaient représentés, là.
M. Lévesque (Chauveau) : ...s'il
vous plaît. Je suis d'accord de laisser aller les discussions, mais on est
quand même dans une discussion de commission, je voudrais qu'on s'interrompe le
moins possible, questions réponses, sinon je vais redonner les droits de
parole. Alors, laissons-nous intervenir d'un côté, de l'autre. Mme la députée
de Mercier, il vous reste 5 min 42 s. Le temps est à vous.
Allez-y.
Mme Ghazal : Tout allait très
bien. Ce n'est pas un ministre que j'ai devant moi, là, c'est...
M. Lévesque (Chauveau) : Quand
même. Quand même.
Mme Ghazal : ...une des
membres gentilles de la commission électorale. Donc, en fait, c'est si on
faisait un calcul bébête, là, de... une règle de trois, on devrait être à
158 députés, mais évidemment ce n'est pas du tout ça qu'il faut faire, là,
ça, on convient que ce n'est pas juste la population qu'il faut suivre, bien
sûr. C'est là qu'on dit que peut-être il y a lieu d'avoir plus... plus de
quelques députés, là, c'est... ça se compte sur les doigts d'une main, là, de
les augmenter. Puis comme ça, peut-être que ça enlèverait ce casse-tête pour ne
pas rester sur la... sur toujours cette proportion-là du nombre d'électeurs.
M. Bouchard (Kevin) : C'est
sur quoi le collègue souhaitait attirer votre attention, c'est... puis je pense
avec raison, c'est que peu importe le nombre de circonscriptions, si on ajoute,
on diminue, il y a toujours des réajustements, des déplacements de population
et des réajustements à faire. Et peut-être que à court terme, ça simplifie un
peu les choses, mais il reste que c'est un équilibrage et qu'il va y avoir un
travail de redécoupage à refaire à chaque fois qui demande des choix qui
doivent apparaître le mieux justifié possible, le mieux expliqué, le plus en
phase avec les communautés naturelles tout en respectant l'égalité relative.
Mme Ghazal : Puis je veux
juste revenir à... parce que vous avez dit que c'est important que chaque
député... chaque citoyen ou personne aussi puisse avoir... puisse avoir des
services de son député de façon équitable, des élus, mais, par exemple, là, je
sors de Montréal, là, puis je vais en Gaspésie, c'est sûr que, pour un député,
de couvrir un aussi gros territoire, mais il y a des citoyens, des fois, que
mon Dieu, ils ne vont pas voir leur député si souvent que ça parce que c'est un
député qui va couvrir un territoire incroyable. Même s'il ouvre deux, trois, je
ne sais pas moi, quatre, cinq bureaux, là, je ne pense pas que ça nécessite à
ce point-là, mais c'est quand même... bien, je veux dire, on n'ira pas jusque
là, ouvrir autant de bureaux parce que le territoire est vaste. Ça fait que là
aussi il y a la question d'équité. Comment est-ce que vous répondez à ça?
Les... des gens qui seraient moins servis, par exemple en Gaspésie, à cause de
la... l'immensité du territoire qui fait que c'est inhumain pour une personne,
un député ou une députée, aussi extraordinaire soit-il ou soit-elle, puisse
servir ces gens-là. Ça fait que la notion d'équité est moins présente parce
qu'on s'est beaucoup fiés sur le chiffre.
Mme Gravel (Édith) : Bien,
c'est qu'en fait ça revient un peu à ce que je vous expliquais précédemment où
notre travail, c'est de jongler avec l'aspect mathématique, donc le nombre
moyen d'électeurs par circonscription et l'aspect communauté naturelle qui est
composée de plusieurs paramètres dont la démographie, la superficie, sans
nécessairement donner une prépondérance à ces éléments qui constituent la communauté
naturelle. Donc, oui, dans la mesure du possible, on essaie de respecter les
limites administratives, les limites de MRC, mais parfois on n'y arrive pas
parce que les populations ne sont pas distribuées de façon pareille sur le
territoire québécois.
Pour répondre à votre question en lien
avec la Gaspésie, la commission ne crée pas nécessairement un précédent en
termes de superficie de circonscription, il y en a quand même 11 actuellement
dans la carte électorale qui ont une grande superficie. C'est grand le Québec,
c'est rempli de défis pour... pour avoir une carte qui répond à, oui, ce
critère numérique là, mais les communautés naturelles, et ça revient aussi à ce
qu'on explique depuis le début de notre présence, cette carte-là présente ses
limites parce que, comme je dis, la population n'est pas répartie de façon
égale sur le territoire, mais la carte est quand même le reflet de l'évolution
de la démographie des dernières années, donc depuis la carte de 2017, avec en
tentant au meilleur de répondre aux critères de communautés naturelles mais qui
sont composés de plusieurs paramètres, comme je mentionnais. Et l'objectif de
la commission, de l'audience publique qu'on a tenue cet automne, c'est d'aller
chercher ces raffinements-là, ces éléments-là, qu'autant les citoyens que les
députés peuvent porter à notre connaissance pour que, dans un deuxième rapport,
cette carte-là soit encore...
Mme Gravel (Édith) : ...plus
le reflet de la réalité, mais qu'elle ne sera pas parfaite non plus. Parce que
ça revient à ce qu'on vous dit depuis... depuis hier, les populations ne se
promènent pas en blocs homogènes de même nombre d'électeurs. Ça serait
tellement plus simple, mais ça serait peut-être moins... moins réaliste
comme... exercice, pardon.
Mme Ghazal : Oui, oui.
Merci. Allez-y.
M. Blanchet
(Jean-François) :Je veux juste rajouter
une précision à ce que Mme Gravel a dit parce que je ne sais pas si vous
avez bien saisi, mais Gaspé-Bonaventure, la circonscription, puis c'est la
nouvelle circonscription, deviendrait la 11 ᵉ plus grande circonscription au
Québec. Donc, il y a encore 10 circonscriptions qui sont de plus grandes
étendues et qui sont difficilement couvrables. Donc, ce n'est pas un précédent
d'une certaine façon.
Mme Ghazal : ...qu'on va
en ajouter combien, comme ça, des fusions? Tu sais, si on ne touche jamais au
nombre total, ça va être encore de plus en plus... À moins que la répartition
se fasse différemment, là, de la population, bien, ça, on ne le contrôle pas.
Mais, moi, je vous invite vraiment, vraiment à considérer les arguments à
l'effet qu'il ne faut pas enlever de poids démographique, notamment à Montréal.
Montréal aussi, c'est une région du Québec qui est importante, qui est appelée
à grandir, grandir. Et puis le nombre d'immigrants, on le voit, on le sait, ne
va pas en diminuant. Donc, ça va être, ça va donner encore plus, tu sais, de
travail pour nous et tout ça. Donc, c'est important de ne pas enlever la
circonscription, comme le magnifique plaidoyer...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : En terminant.
Mme Ghazal : ...qui vous
a été fait par mon collègue de Rosemont. Donc je ne répéterai pas. Je vous
remercie. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, Mme la députée de Mercier. Alors, vous
avez épuisé votre 20 minutes. Alors, merci beaucoup pour votre
contribution à la commission. Alors, maintenant, nous allons procéder à la
prochaine audition, c'est-à-dire pour la région de Montréal toujours. Je vais
céder la parole à M. le député de Laurier Dorlon... Dorion, pardonnez-moi. Vous
disposez également de 20 minutes, M. le député.
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Donc, bonjour, Mesdames, Messieurs. C'est un plaisir... Oups!
C'est un plaisir d'être... d'être avec vous. Et pour parler en particulier de
mon comté qui va être quand même, comment dire, de façon substantielle il va
être modifié, Laurier-Dorion, à Montréal, et... Mais je me dis quand même,
avant de faire une... donner quelques... quelques opinions générales sur ce que
vous avancez, là, pour l'ensemble du... du Québec, là, mes collègues en ont
parlé, et je ne veux pas manquer cette opportunité-là pour... de réitérer
l'importance pour nous, là, de conserver le nombre total de circonscriptions en
Gaspésie, là, sur la base des arguments qui ont été avancés.
Et j'aimerais quand même aborder, comme
mes collègues, là, la question de la grandeur des circonscriptions. Vous dites
que c'est quand même la 11 ᵉ circonscription la plus... la plus importante
en termes de superficie. Effectivement, il faut considérer aussi, et là je n'ai
pas ce chiffre-là, mais il y a la question de la densité de population pour...
C'est une question de territoire. Et donc il nous paraît que le lien entre les
électeurs, électrices avec leur député dans une circonscription plus... plus
grande devient plus ténu, plus difficile. Et donc l'accès à la représentation
politique est quand même complexifié. Et cela est un aspect à considérer.
D'autre part, je dirais, et je ne sais pas si d'autres députés l'ont apporté,
là, mais je l'apporte à votre attention, là, on sait que, par exemple, il y a
un problème de représentation de certains groupes en termes de représentation
politique, là, en termes de députés à l'Assemblée nationale, par exemple, les
femmes.
La représentation des femmes, c'est
toujours un problème, c'est... Et il y a des efforts à faire à ce niveau-là. Et
nous, dans ma formation politique, on le vit aussi et on sait que les femmes,
il y a un travail supplémentaire de motivation à faire pour les inciter à se
présenter à une course électorale. Et dans ce sens-là, de façon générale, j'ai
tendance à croire qu'on est toujours porté à présenter sa candidature lorsqu'on
veut défendre les intérêts de ce qu'on pourrait appeler une communauté
naturelle, de mon patelin, là, de mes gens à moi, là.
Si on multiplie les... les communautés
naturelles, si on agrandit le territoire, bien, certaines personnes pourraient
avoir développé, comment dire, un... une réticence plus grande parce que, bien,
on ne connaît pas la réalité des communautés qui sont plus loin, etc., etc. Et
cela pourrait affecter la motivation de certains groupes en particulier, et
notamment les femmes. Je voudrais apporter cet élément-là, cette réflexion-là à
votre... à votre réflexion.
• (16 h 20) •
Et d'autre part, nous, on s'est donné
comme pratique, là, d'avoir des... des députés qui représentent certaines
régions qui ne sont pas les nôtres...
M. Fontecilla : ...moi, j'ai
le plaisir et l'honneur de m'occuper de la région Centre-du-Québec, où est-ce
qu'il va y avoir la création d'une nouvelle circonscription, là,
Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, culture de la joie. D'emblée, je salue... comment
dire, je salue votre... le nom que vous avez donné à cette nouvelle circonscription,
le nom d'une grande femme politique du Québec, là. Et, de façon générale, j'ai
eu des contacts avec des gens du Centre-du-Québec, en particulier des
militants, militantes de ma formation politique, là, qui viennent du
Centre-du-Québec, là, que j'ai consultés en vue de cette rencontre-ci, et qui
nous disent que, oui, on salue, et de façon unanime, on salue la création d'une
nouvelle circonscription parce qu'il y a une grande croissance démographique à
l'est de... non, à l'ouest, pardon, de Drummondville.
Ceci étant dit, ce qui a été nommé de
façon... il y a deux éléments qui ont été nommés de façon unanime : le
premier, qui n'est pas extrêmement... comment dire, qui n'est pas extrêmement
important pour les gens, mais qui l'ont nommé quand même, c'est que le nouveau
découpage de la circonscription Johnson va être à cheval sur trois régions, en
quelque sorte, donc, l'Estrie, la Montérégie et le Centre-du-Québec, ce qui
peut poser des problèmes, en termes d'identité, et d'éventuels... comment dire,
questionnements pour savoir, bien, mon député, qui... quelle population
représente-t-il ou représente-t-elle? La population du coin de l'Estrie, du
coin de la Montérégie, etc., là? Donc, les gens se... il y a un petit malaise
par rapport à cette situation-là. Mais ce qu'ils nous ont surtout... ce qu'ils
m'ont surtout informé, là, c'est le découpage qui existe toujours, le découpage
actuel de la ville de Drummondville, autour du boulevard Saint-Joseph, donc
d'est en ouest, un découpage qui leur paraît tout à fait arbitraire et
artificiel parce que les gens de chaque côté de la rue, ils ne s'identifient
pas à une communauté naturelle. C'est comme si on coupait une communauté
naturelle, la communauté de Drummondville, en deux, sans... pour le bénéfice,
bon, bien, d'avoir un découpage, là, mais non pas nécessairement représenter
une communauté et naturelle, là.
Ceci étant dit, elles ont suggéré ces
personnes-là que j'ai consultées, là, peut-être d'étudier un découpage... au
lieu d'avoir un découpage plus est-ouest autour du boulevard Saint-Joseph, à
Drummondville, avoir... et je sais que mes collègues... il y a des collègues
qui représentent un des deux comtés, là, ils m'ont parlé d'un découpage
peut-être plus au nord, là, un découpage plus nord-sud, là, autour de boulevard
Jean-de-Brébeuf, je suis sûr que vous connaissez mieux cette zone-là, ce qui
m'a été rapporté de la part de ces gens-là.
Mais j'aimerais aussi aborder la question
montréalaise, là, la disparition d'un comté, d'une circonscription à Montréal.
C'est un élément qui nous préoccupe énormément, parce que, de façon générale,
enlever un député, mais... concrètement, ça fait perdre du poids politique à la
métropole du Québec. Et je suis bien conscient des critères sur lesquels vous
travaillez, là, donc des critères démographiques, et aussi des communautés
naturelles, mais le critère démographique étant très important, là, mais aussi,
et c'est ce que je voudrais soulever auprès de vous, là, c'est l'importance de
garder le poids politique de Montréal, qui est, bon, la métropole du Québec, un
moteur économique excessivement important. Et c'est... comment dire, c'est
malvenu, je pense, là, de mettre en opposition, c'est une fausse opposition,
les intérêts d'une ville, d'une métropole comme Montréal, aux intérêts des
régions, on va les appeler comme ça. Je pense que la santé économique,
politique, civile, sociologique de Montréal bénéficie à l'ensemble du Québec,
comme la santé des régions bénéficie aussi à Montréal. Nous faisons partie d'un
même écosystème. Donc, enlever de la représentation politique à une métropole
telle que Montréal m'apparaît comme... comment dire, comme une fausse
dichotomie, ou régler ce qui n'est pas véritablement un problème.
D'autre part, j'aimerais souligner que
l'Est de Montréal, malgré les aléas démographiques actuels... vous savez que
les mouvements démographiques vont un jour dans un sens...
M. Fontecilla : ...le
lendemain ils peuvent aller dans l'autre sens, à travers les années,
évidemment, ça ne se fait pas du jour au lendemain, là. Mais l'est de Montréal
est appelé à... et il y a beaucoup, beaucoup de gens qui travaillent dans ce
sens-là... Je pense que ma collègue d'Anjou—Louis-Riel pourrait en témoigner,
c'est appelé à être un des prochains pôles de développement, là, autant de
l'habitation qu'économique. Il y a beaucoup de projets dans ce sens-là qui
exigent évidemment une volonté politique autant du gouvernement du Québec que
de la ville de Montréal. Mais c'est important d'avoir ces poids économiques
dans l'est de Montréal.
Et je réitère aussi, j'insiste sur
l'argument avancé sur mes collègues, là, effectivement, on représente des
électeurs, des électrices, mais on représente aussi une population qui est
beaucoup plus vaste dans le cas de Montréal, on parle d'immigration. Bien que
depuis quelques années, l'immigration tend à... comment dire, par la force des
choses... On parle beaucoup d'immigration ici à l'Assemblée nationale depuis
quelque temps, là, mais vous savez, vous connaissez le vieux débat de la fameuse
régionalisation ou les difficultés à effectuer la régionalisation de
l'immigration, là. Mais aujourd'hui par la force des choses, on peut... on peut
en débattre, mais, par l'arrivée des travailleurs et travailleuses temporaires,
c'est comme si cette régionalisation-là était en train de se faire comme
naturellement, parce qu'on trouve des personnes issues de l'immigration avec un
statut précaire, non-résidents, là, un statut temporaire, mais on le retrouve
un peu partout au Québec, là. Donc, ce n'est plus tellement, tellement vrai,
même si ça continue à... que l'immigration se concentre uniquement à Montréal.
Mais il demeure que nous, comme député, nous sommes très concernés par une
grande masse de population qui n'a pas de façons... n'a pas de façons, comment
dire, institutionnelles, qui n'a pas de représentation. Donc, voilà notre
population en ce sens là... la population qu'on représente est beaucoup plus
grande que le nombre d'électeurs ou d'électrices.
Dans ce sens-là, j'aimerais terminer
peut-être sur ce qui me concerne principalement, c'est les aménagements... le
découpage que vous proposez pour ma circonscription, Laurier-Dorion. En fait,
c'est une... c'est un découpage très important qui vient, je vais utiliser le
terme, démembrer ma communauté naturelle. Vous savez, ma circonscription, il y
a deux... deux territoires principalement, Villeray, le quartier Villeray et le
quartier Parc-Extension, qui sont très différents, sont aux antipodes. Vive la
différence parce que ça se passe très, très bien, là. Mais concrètement... la
proposition que vous mettez de l'avant vient enlever la moitié de notre...
bien, la moitié du quartier Villeray, je vais dire, du quartier Villeray
historique, sociologique, et on reprendrait, bien, une bonne portion du... de la
circonscription de mon collègue de Gouin, là. Sauf que d'une part rattacher
l'est de Villeray au quartier Saint-Michel, là, m'apparaît une solution qui...
comment dire, qui découpe une communauté naturelle, parce que les gens de l'est
de Villeray se considèrent comme des Villerois. Et rattacher le sud du... bien,
en fait traverser la rue Jean-Talon et aller rattacher une bonne partie du...
de La Petite-Patrie qu'on appelle de la circonscription de Gouin à la
circonscription de Laurier-Dorion, bien, les gens du sud de Jean-Talon
appartiennent à une autre communauté, la communauté de La Petite-Patrie. Donc,
c'est un découpage qui me paraît hautement questionnable. Dans ce sens... dans
ce sens-là, moi, je ne représenterai plus, somme toute deux quartiers, le quartier
Villeray et Parc-Extension. Maintenant, je commence à représenter un seul
quartier au complet, Parc-Extension et la moitié de deux autres quartiers, le
quartier Villeray et le quartier Petite-Patrie. Et je fais... je fais appel à
la notion de communauté naturelle ou ce qu'on... Souvent, on parle... on parle
dans le jargon local de quartiers sociologiques, là. Les gens de l'est de
Villeray, encore une fois, se considèrent comme faisant partie du quartier
Villeray. Et c'est important parce que... il y a quelque chose dans le quartier
Villeray. Il y a une sorte de creuset démographique très intéressant. La partie
centrale du quartier Villeray est composée en grande majorité par une
population, on va l'appeler de vieille souche, là, si je peux m'exprimer ainsi,
francophone. Et la partie est de Villeray, là, la situation devient... du point
de vue de la diversité, devient moins... moins évidente. Il y a une... encore
une bonne partie de la population qui est de vieille souche, mais on commence à
voir la...
16 h 30 (version non révisée)
M. Fontecilla : ...et il
commence à y avoir une forte proportion de cette population-là qui est... qui
est venue d'ailleurs et qui... pour la plupart, qui sont francisés ou en voie d'être
francisés. Donc, ces deux... ces deux composantes là configurent un peu le
Québec de demain, là. C'est une population qui est en train de devenir
québécoise par la force des choses et à travers les générations. Et ce qui est
différent, dans le quartier plus à l'Est, le comté plus plus à l'est, le comté
de Viau, qui a une... encore une fois, un caractère multiethnique beaucoup,
beaucoup plus marqué.
• (16 h 30) •
Donc, pour moi, séparer Villeray en deux
vient briser, vient couper une communauté naturelle. Et on vient nous ajouter
une communauté qui fait partie carrément d'une autre... d'une autre identité
sociologique, c'est La Petite-Patrie. Donc, voilà la question que je pourrais
vous poser, c'est : quelle est... les questions, les raisons qui vous ont
poussé à... comment dire, à couper cette communauté naturelle et à ajouter une
autre, qui est comme différente?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Laurier-Dorion. Alors, il
reste cinq minutes 42 s à cette intervention, alors je vais céder la
parole aux membres de la CRE pour... en réaction des propos du député de
Laurier-Dorion.
M. Bouchard (Kevin) : Merci
de vos commentaires, M. le député. C'est certain, là, comme on l'a expliqué
pour les... à vos collègues de l'île de Montréal, que, quand on fait l'exercice,
on essaie de respecter au maximum le... les délimitations actuelles, les
limites municipales, les limites administratives, on cherche les sentiments d'appartenance.
Et une des choses qui nous a guidés dans la délimitation actuelle, c'est le
respect des trames résidentielles.
On est conscients qu'il y a plusieurs
quartiers, mais on cherchait la continuité. On entend ce que vous nous dites.
Est-ce que, quand même, vous pensez qu'il peut y avoir une certaine continuité
tout de même dans la trame résidentielle dans ce qui est proposé ou vraiment le
sentiment d'appartenance risque de créer une fracture trop grande?
M. Fontecilla : En fait, oui,
il y a une continuité dans la trame résidentielle. Vous savez, Montréal s'est
développée du sud vers le nord autour de la rue Saint-Denis... Saint-Denis, la
rue Christophe-Colomb, deux axes nord-sud, et c'est là qu'on retrouve le
plus... le plus vieux quartier, de notre coin en tout cas. Donc, oui, il y a
une continuité.
Il y a un autre type de continuité, qui est
celle de... que ce secteur-là, autant au sud de Jean-Talon que... qu'au nord de
Jean-Talon, et même beaucoup... encore plus au sud, jusqu'au au
Plateau-Mont-Royal, ça change un peu, là, mais c'est deux... c'est des axes
qui, de chaque côté, historiquement, ont accueilli une population, je vais l'appeler
comme ça parce que j'utilise le mauvais vieux terme, «canadienne française». Et
dans Le Plateau-Mont-Royal, ça devient un peu plus... un peu plus... il y a une
immigration plus européenne, etc., là, mais vers le nord, c'est une population
de francophones de vieille... de vieille souche. Ceci étant dit, pas parce qu'on
est des francophones de longue date qu'on n'a pas des identités différentes, je
pense que vous l'avez entendu beaucoup. Donc, oui, le sud de Jean-Talon et le
nord de Jean-Talon, les gens, c'est clairement démarqué, moi, je vis à Villeray
ou moi, je vis à La Petite-Patrie. C'est deux identités distinctes en toute...
Comment dire, il y a quand même une certaine rivalité, ce qui est très bien, là,
mais... Et même, on le voit au niveau de... le... bien, au niveau municipal, c'est
deux arrondissements différents, donc d'une part
Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, de l'autre part, Rosemont–La
Petite-Patrie, si je ne me trompe pas. Donc, c'est deux configurations
complètement différentes.
M. Bouchard (Kevin) : Puis...
Mais est-ce que vous auriez des suggestions?
M. Fontecilla : En fait, moi,
la suggestion que j'ai, c'est de conserver mes communautés naturelles, qui sont
le quartier Villeray dans toute sa superficie. Et, bon, la proposition que vous
avancez ne touche pas le quartier... le quartier Parc-Extension, ce qui est
excellent, là. Mais c'est ça, je me pose la question sur, au-delà de la
trame... je comprends votre critère, votre point de vue, la trame
résidentielle. Mais je voudrais vous sensibiliser ce que la continuité
architecturale n'implique pas une continuité en termes de quartier
sociologique, là. Voilà.
M. Bouchard (Kevin) : Merci.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, M. le député de Laurier...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : ...Laurier-Dorion, est-ce qu'il y a une réaction
supplémentaire du côté de la commission? Ça convient. M. le député de
Laurier-Dorion, il vous reste une minute 48, si vous souhaitez poursuivre votre
intervention. Ça convient. Alors, je tiens à vous remercier, M. le député de
Laurier-Dorion pour votre contribution à la commission aujourd'hui. Et nous
allons poursuivre maintenant avec la prochaine intervention, intervention de
20 minutes portant également sur la région de Montréal de mon collègue
député de Viau. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Mercier, M. le
Président, M. le ministre, membres de la commission, collègues, membres de la
commission de la représentation électorale. Très content de vous retrouver
puisqu'il y a déjà quelques mois, nous avons eu l'opportunité de... lors des
consultations publiques dans l'est de Montréal, de... j'avais eu l'occasion de
faire valoir les intérêts et les enjeux de la circonscription de Viau. J'ai
beaucoup apprécié, tout à l'heure, quand je vous ai entendu dire que c'est un
véritable casse-tête auquel vous faites face. Je suis très conscient de ce
casse-tête aussi et... Mais à cela, j'aimerais apporter aussi à votre... à
votre connaissance, quelques éléments qui feront appel sûrement à votre... à
votre sensibilité, membres de la Commission de la représentation électorale.
Ce que je vous amène aujourd'hui, ce n'est
pas seulement la perspective d'un député, du député de la circonscription de
Viau, je vous amène la perspective d'un petit gars de Saint-Michel, et
souffrez, collègue, quelquefois, j'aurai à vous parler de Saint-Michel,
d'autres fois de Viau, mais sachez que la circonscription de Viau, à presque toutes
fins utiles, c'est l'équivalent du grand quartier Saint-Michel, donc. Et cette
perspective que je vous amène, c'est à partir des éléments, c'est ce que vous
avez souhaité entendre aussi, des éléments du terrain, de ce qui se passe comme
mouvement actuellement dans la circonscription de Viau, dans le quartier
Saint-Michel.
Quand on parle de la circonscription de
Viau, du quartier Saint-Michel, sachez que, jusqu'à la fin des années 60,
c'était ville Saint-Michel, une municipalité qui s'est fusionnée à Montréal.
Et, encore aujourd'hui, il y a des citoyennes, des citoyens de la
circonscription de Viau que je rencontre, qui me parlent de Ville Saint-Michel.
Donc, ils se considèrent encore comme des résidents de Ville Saint-Michel. Et
le législateur, au début des années 2000, lors des modifications
législatives amenant les fusions municipales, créant les arrondissements, a eu
la sagesse de respecter les communautés naturelles de ces trois quartiers qui
forment l'arrondissement Villeray Saint-Michel Parc-Extension. Et je pense que
cette sagesse-là a permis justement à cet arrondissement que je connais bien,
puisque j'y ai siégé à titre de conseiller municipal pendant quand même
plusieurs années, de pouvoir évoluer dans l'avancement des enjeux pour
l'ensemble des citoyens, mais tout en respectant les personnalités de chacun de
ces quartiers-là.
Quand on parle de Saint-Michel, quand on
parle de la circonscription de Viau, à l'est de Montréal, située dans cet
arrondissement de Villeray Saint-Michel Parc-Extension, bordée à l'ouest par le
quartier Villeray, bordée au sud par le quartier Rosemont, j'y reviendrai
d'ailleurs, par rapport à ses deux frontières, pour vous parler des enjeux
actuels, les enjeux concrets qui ont des liens directs avec ce qui se passe sur
le terrain dans Saint-Michel, et bordée aussi à l'est par Saint-Léonard et au
nord par Ahuntsic-Cartierville et un peu Montréal-Nord aussi, donc,
Montréal-Nord et Ahuntsic-Cartierville.
Je parle de cette circonscription souvent
et un peu partout au Québec, comme étant un quartier berceau, Saint-Michel,
c'est un quartier berceau, doublement berceau. C'est un quartier qui, depuis
plus de 100 ans, a accueilli et continue d'accueillir des générations
d'immigrants qui sont venus au Québec pour renaître ou pour naître, tout
simplement. C'est aussi un quartier berceau, parce que, quand on regarde le
taux de natalité dans le quartier Saint-Michel, c'est un taux de natalité qui
est supérieur à la moyenne montréalaise, voire à la moyenne québécoise. Donc,
vous comprendrez cette dynamique-là, il faut en tenir compte quand on parle
aussi de la circonscription de Viau et du quartier Saint-Michel. Population de
70 000, un peu plus de
70 000 habitants, dont une grande majorité, un grand nombre de ces
personnes-là sont des personnes d'origine immigrante.
• (16 h 40) •
C'est un territoire, le quartier
Saint-Michel, qui a connu et qui connaît des enjeux de revitalisation dans
plusieurs dimensions. Au cours des 10 dernières années, on a vu...
M. Benjamin : ...nous avons
connu, à Saint-Michel, par rapport à nos voisins, les effets de la
gentrification dans Villeray, gentrification dans Rosemont aussi. Et voulant
prévenir l'effet de la gentrification que nous avons vue arriver dans deux
quartiers qui sont des quartiers limitrophes au quartier Saint-Michel, il y a
eu toute une stratégie qui a été mise en place, notamment par l'arrondissement
Villeray, Saint-Michel, Parc-Extension, afin d'amener des plans de
revitalisation. Et des actions de revitalisation. Il y en a plusieurs. Je pense
entre autres au plan de revitalisation de la rue Jarry, donc qui concerne cette
portion de la rue Jarry, qui est une des artères principales de Saint-Michel,
qui va d'Iberville jusqu'au boulevard Pie IX. Il y a aussi le prolongement
de la ligne bleue. Le prolongement de la ligne bleue, la première station, ça
va être dans Saint-Michel, dans la circonscription de Viau. Il y a eu le parc
Frédéric-Back. Le parc Frédéric-Back, c'est curieux, mais c'est vrai, à parler
de l'arrivée d'un parc, le deuxième plus grand parc de Montréal aujourd'hui,
l'effet que ça a eu sur le quartier.
Je vais aborder un aspect que M. le
ministre connaît très bien, puisque, dans une ancienne vie ministérielle, il a
été ministre de l'Éducation. Il connaît très bien l'enjeu des mesures de
soutien par rapport aux écoles défavorisées. Donc, il y a au moins deux écoles
de cette circonscription qui bénéficiaient de ces mesures qui ne sont plus sur
ces mesures, parce que, justement, l'arrivée d'une nouvelle population a permis
de faire en sorte que ce n'est plus de mise pour ces deux écoles.
Je veux parler aussi de la vitrine
Crémazie, la vitrine Crémazie, où il y a aussi un plan de revitalisation qui
concerne cette portion de la rue Crémazie, allant d'Iberville jusqu'à Pie IX,
mais comprenant aussi dans le quadrilatère allant, grosso modo, de Villeray
jusqu'à la rue Jarry aussi. C'est une vision de revitalisation portée aussi par
l'arrondissement. Et les effets de la revitalisation que nous connaissons
actuellement font en sorte que, seulement cette année, il y a une quinzaine de
projets de construction qui sont en cours cette année. Pas plus tard que
vendredi dernier, j'étais à l'inauguration d'une nouvelle unité d'habitation
qui va amener des dizaines de nouveaux résidents dans le quartier Saint-Michel.
On parle de cette année seulement de quelque 700 unités de logement qui
sont en construction, et ce que l'arrondissement... les échos que j'ai de
l'arrondissement nous disent que le prolongement de la ligne bleue, un nouveau
projet porté par le Cirque du Soleil, la TOHU, qui est Le Quartier des arts du
cirque, vont faire en sorte que l'avenir s'annonce prometteur en termes de
revitalisation, de redynamisation économique du quartier. Donc, je pense qu'il
est très important de tenir compte de ces aspects là, de ces dimensions-là.
Et ce que j'ai observé comme député de la
circonscription, depuis maintenant quelques années, la population de la
circonscription de Viau, qui a toujours été depuis... je le rappelle, depuis
une centaine d'années, une population qui a accueilli des générations
d'immigrants, s'est diversifiée davantage, accueillant, depuis maintenant une
dizaine d'années, une population venant, par exemple, surtout du Sud-Est
asiatique. Je constate qu'il y a beaucoup de gens qui habitaient le quartier
Parc-Extension, qui habitaient le quartier Villeray, pour qui peut-être ces
logements-là sont devenus peut-être inabordables, le prix et le coût des
loyers, mais l'abordabilité est encore présente à Saint-Michel, donc ces gens-là
migrent vers chez nous et nous sommes très contents, très heureux de les
recevoir.
J'ai le goût de vous parler aussi du
travail aussi d'un député, de presque tous les députés, j'ose même dire de tous
les députés à l'Assemblée nationale. Souvent, le bureau du député, c'est le
lieu du dernier recours pour les citoyennes et citoyens lorsqu'ils ne savent
plus à quel saint se vouer, à quelle porte frapper. Ils viennent chez nous, ils
viennent chez nous pour les accompagner, pour les aider. Je sais que plusieurs
des collègues qui sont passés devant cette commission ont eu à le répéter, mais
je pense que ce n'est pas vain de le répéter encore une fois, que lorsque les
gens viennent frapper au bureau du député, le député ne leur demande pas leur
passeport, ne leur demande pas une pièce d'identité. Et ce que nous vivons dans
la circonscription de Viau depuis les dernières années, c'est des besoins
accrus. Tiens, je vais donner un exemple, un exemple d'une école que connaît
bien le ministre. Et j'en profite d'ailleurs pour le remercier parce qu'il a eu
à m'accompagner afin de doter cette école de fenêtres, l'École
Louis-Joseph-Papineau. L'École Louis-Joseph-Papineau, aujourd'hui, dans la
circonscription de Viau, c'est une école où, au moment où je vous parle, il y a
quelque 20 classes d'accueil...
M. Benjamin : ...20 classes
d'accueil, c'est-à-dire c'est 400 élèves de plus qui sont dans cette
école. Je vous parle de cette école, mais j'aurais pu vous parler aussi des
CPE, des garderies et de toutes les institutions, des organismes communautaires
qui sont au quotidien et qui constatent des besoins de la population. Et nous,
comme députés de l'Assemblée nationale, notre devoir cardinal, c'est de
soutenir, c'est d'accompagner ces gens-là nonobstant leur statut.
Moi, je ne veux pas opposer la nationalité
à la citoyenneté et il ne faut surtout pas opposer la nationalité à la
citoyenneté. Car, celles et ceux que nous accueillons ici aujourd'hui, ce que
nous voulons, ce que je souhaite, en tout cas, dans mon travail au quotidien,
c'est d'en faire rapidement des citoyens, les citoyens du Québec, par leur
contribution économique, par l'intégration, par l'apprentissage du français,
par leur participation à la vie démocratique, à la vie sociale, en attendant
qu'ils puissent devenir des électeurs.
Et la proposition que nous avons devant
nous et cet appel à la sensibilité que je fais appel aujourd'hui de vous... de
saisir cette dimension aussi comme une dimension importante d'une
circonscription comme la mienne, mais pas seulement la mienne, de beaucoup de
circonscriptions au Québec, pas seulement de la région de Montréal.
Et, parlant de Montréal, comme
Montréalais, j'ai le devoir de vous dire devant cette commission... et je sais
que ma collègue la députée d'Anjou–Louis-Riel aura à le faire dans quelques
minutes, à toute ma solidarité avec ma... la députée de... le collègue
d'Anjou–Louis-Riel, pour le maintien de cette circonscription-là, comme
Montréal. Et, comme député de la circonscription de Viau, j'inviterais les
membres de la commission à prendre en compte, à tenir compte des besoins de la
population que nous accueillons au quotidien dans nos bureaux, à tenir compte
aussi de cette communauté naturelle qu'est le quartier Saint-Michel.
Vous savez, je vous ai dit que c'est aussi
un petit gars de Saint-Michel qui se présente devant vous aujourd'hui. J'ai
grandi le long du boulevard Pie-IX, une artère principale de la circonscription
de Viau, et je n'ai jamais pu fréquenter, plus jeune, ma bibliothèque de quartier
à cause des barrières physiques. Et aujourd'hui, ce que je constate dans ce
découpage que vous proposez, ce découpage viendrait accentuer la blessure des
communautés naturelles qui... ce n'est pas respecté. Saint-Michel, c'est un
quartier auquel nous nous identifions comme quartier. La ville de Montréal l'a
bien compris, notamment avec l'arrivée de l'arrondissement
Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, et c'est ce que je vous demande de faire
aussi.
Pour terminer, permettez, puisque ce
message, je viens de le recevoir, c'est message que je viens de recevoir, je
veux partager un extrait avec vous d'un citoyen de la circonscription de Viau.
Vous savez, il y a toutes sortes de moyens de rejoindre les députés
actuellement, notamment par Messenger. Alors, le citoyen, un extrait de son
message : Bonjour, M. Benjamin, j'espère que vous allez bien. Je vous
contacte cette fois pour vous dire que je suis rendu à l'étape du serment au
roi. Donc, j'aimerais vous remercier... etc., ce n'est ça qui est important.
Moi et mes parents qui sont ici aimerions, dans la mesure du possible, vous
rencontrer.
Ce citoyen-là, il sera un électeur, et,
des personnes comme lui, il y en a beaucoup dans la circonscription de Viau.
Alors, je veux faire appel à votre sensibilité dans vos délibérations. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Viau. Il reste six minutes
16 à l'intervention du député de Viau. Alors, est-ce que les collègues de la
CRE souhaitent intervenir?
M. Blanchet
(Jean-François) :M. le député, merci
beaucoup pour votre témoignage. On n'a pas de commentaire. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : M. le député de Viau, il reste cinq minutes 57. Est-ce que
vous souhaitez conclure sur...
M. Benjamin : Simplement, M.
le Président, vous remercier, remercier les membres de la commission de m'avoir
accordé ce temps. Et je vous souhaite un bon travail, je sais que c'est un
travail fastidieux, je vous souhaite du courage, et du succès, et de la sensibilité.
Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Oui, je vous en prie, allez-y, M. le commissaire.
Des voix : ...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, merci beaucoup, M. le député de Viau. Cela...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : ...votre intervention. Merci à votre contribution à la
commission.
Compte tenu qu'on a sauvé quelques
minutes, je propose que nous prenions une petite pause de cinq minutes.
Alors, je vais suspendre nos travaux pour une
durée de cinq minutes et je vous attends à 16 h 56.
(Suspension de la séance à 16 h 50)
(Reprise à 16 h 57)
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, Mesdames et Messieurs, nous allons reprendre nos
travaux, et la prochaine intervention sera celle de Mme la députée d'Anjou.
Nous sommes toujours dans la région de Montréal et, Mme la députée, vous
disposez également d'un maximum de 20 minutes. Je vous cède la parole.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, salutations à vous, salutations aux membres
de la commission de l'Assemblée nationale. Évidemment salutations au
commissaire. C'est un plaisir de vous retrouver aujourd'hui. On s'était vus
effectivement le 2 novembre dernier. Aujourd'hui, jour de la Saint-Valentin, il
faut quand même le dire, jour qui fait battre nos coeurs, et j'espère aussi
jour qui fera battre vos coeurs et votre raison en symbiose avec la communauté
montréalaise, tout particulièrement celle de l'Est de Montréal, pour donner
suite favorablement à une demande qui fait un large consensus au sein de la
communauté, soit celle de ne pas soustraire la communauté d'Anjou Louis Riel de
l'Est de Montréal.
Je me trouve devant vous, comme je l'ai
fait à deux reprises le 2 novembre dernier, lors des audiences publiques de la
Commission de la représentation électorale du Québec, pour vous convaincre de
revenir sur votre proposition d'abolir, de démembrer, en quelque sorte, de
faire disparaître de l'échiquier de la politique québécoise la circonscription
d'Anjou Louis Riel. Aujourd'hui, je vais en ajouter une couche sur le 2
novembre dernier, vous me permettrez. Alors, s'il subsiste un doute en vous que
la circonscription d'Anjou Louis Riel doit être sacrifiée, alors permettez-moi
d'approfondir le plaidoyer qui milite en faveur du maintien de la
circonscription. Aujourd'hui, j'oserai affirmer devant vous que c'est toute une
population montréalaise qui appuie notre démarche et qui demande à l'unisson le
maintien des 27 circonscriptions sur l'île de Montréal. Et bien sûr, je ne fais
pas abstraction de ce qui s'est dit aujourd'hui.
Alors, ce sont des élus, bien sûr, mais
aussi des résidents, des organismes communautaires, des gens d'affaires, des
élus, des ex-élus, de tous les paliers de gouvernement, qui sont fortement et
vivement convaincus qu'il ne faut pas soustraire un comté sur l'île de Montréal
et encore moins dans l'est de Montréal.
La beauté de l'histoire est que notre
démarche a été, depuis le début, transpartisane à l'égard de la population, à
l'égard de nos partenaires, un processus qui s'est voulu purement démocratique,
et tous les partis de tous les paliers, que ce soit le municipal, le provincial
ou le fédéral, sont unis par rapport à cet enjeu que nous considérons comme un
nuage, un nuage qui menace notre équilibre démocratique. Tous et chacun croient
qu'il serait insensé d'enlever un comté à Montréal, et donc une voix à Québec,
pour représenter la population d'Anjou Louis Riel et, de manière générale, la
population de l'est de Montréal, pour défendre les intérêts de dizaines de
milliers, voire des centaines de milliers de personnes. Tous y vont de
raisonnements similaires...
17 h (version non révisée)
Mme Boivin Roy : ...pour
justifier le statu quo, que ce soit en termes du nombre de circonscriptions ou
encore de délimitation naturelle de celles--ci. Les chemins argumentaires sont
parfois différents, mais le point d'arrivée est le même, à savoir il est
totalement inconcevable de retirer une circonscription dans l'est de Montréal.
Sans reprendre intégralement ma présentation du 2 novembre dernier,
permettez-moi de revenir sur certains éléments et arguments pour le bénéfice
des membres de la Commission de l'Assemblée nationale ici présents, qui n'ont
pas pu prendre part aux consultations publiques du 2 novembre, mais aussi de
vous présenter, pour vous, commissaires, des nouveaux éléments. Évidemment, le
dossier évolutif depuis le mois de novembre, vous comprendrez.
• (17 heures) •
Tout d'abord, au niveau de l'histoire de
la communauté naturelle et du sentiment d'appartenance, élément que vous
regardez dans votre étude, lors des élections de 2022, la circonscription d'Anjou-Louis-Riel
a célébré son 50e anniversaire de création, ça remontait à 1972. La composante
toponymique de Louis-Riel a été ajoutée au nom de la circonscription lors de la
refonte de 2011. Mon élection du 3 octobre 2022 constituait la septième
personne à être élue pour la constitution. Avant cela, Mme Lise Thériault,
ancienne vice-première ministre du Québec, M. Jean-Sébastien Lamoureux, M.
Pierre Bélanger, feu M. René-Serge Larouche, M. Pierre Marc Johnson, ancien
premier ministre également, et M. Yves Tardif. Donc, tous ont été députés de la
circonscription d'Anjou-Louis-Riel, en éliminant la circonscription, c'est un
pan de l'histoire électorale du Québec qui disparaîtrait. On irait rayer
définitivement le toponyme d'Anjou de la carte électorale québécoise.
Également, lorsqu'on regarde plus
spécifiquement au niveau géographique, donc on démembre et on dénature l'arrondissement
d'Anjou. On crée le nouveau comté de Rosemont-Louis-Riel, qui serait dorénavant
composé de trois arrondissements, je pense que M. le député de Rosemont-La
-Petite-Patrie en a parlé tout à l'heure, on fabrique un nouveau comté en
recollant des morceaux des arrondissements d'Anjou et de MHM, donc MHM, pour
Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, une partie de l'ancien comté de Camille-Laurin.
Alors, le nouveau comté s'étendrait du fleuve jusqu'au boulevard
Henri-Bourassa, et ce, malgré une composition territoriale assez éclectique au
niveau de la démographie, des secteurs résidentiels et des enjeux urbains. On y
conserverait, par contre, le nom de Camille-Laurin.
Vous me permettrez d'arrêter à ce niveau-là,
je pense que le député du comté concerné aura son mot à dire là-dessus plus
tard. Mais, bref, avec la proposition de la commission, pour une première fois
de son histoire, on divise et on dénature le territoire d'Anjou en y partageant
ses citoyens dans deux circonscriptions limitrophes, dans le rapport, sans
réelle explication, à part, comme vous nous avez mentionné tout à l'heure, le
déficit d'électeurs sur l'île de Montréal qui est à corriger de manière générale.
Alors, il va sans dire que les citoyens d'Anjou, en tant que communauté,
naturellement et historiquement réunis, ils perdront au change relativement,
notamment, au sentiment d'appartenance dans leur milieu de vie.
Parlant d'ailleurs du sentiment d'appartenance,
nous souhaitons souligner avec fierté que l'arrondissement d'Anjou est renommé
pour ses importants pôles industriels et commerciaux qui comptent près de 1500
établissements d'affaires pour plus de 31 000 emplois. À lui seul, le vaste
parc industriel d'Anjou compte plus de 600 entreprises. Ce fait est également
non négligeable pour la commission en ce qui a trait au principe de la
préservation du lieu d'appartenance à une communauté et de la charge de travail
de représentation de ce groupe de citoyens corporatifs pour le ou la députée à
l'Assemblée nationale. Maintenant, quelques données démographiques sur
Anjou-Louis-Riel. Selon les statistiques du recensement de 2021, la population
de la circonscription d'Anjou-Louis-Riel est de 63 611 personnes. De ce nombre,
50 830 personnes sont de 18 ans et plus, et 1 895 personnes sont âgées entre 14
et 18 ans, cohorte qui aura l'âge pour voter en 2026. La population d'Anjou
présente la plus importante proportion d'aînés parmi les 19 arrondissements de
la ville de Montréal. Au total, près de 23 % de la population de l'arrondissement
est âgée de 65 ans ou plus, comparativement à une proportion de seulement
15 % pour Montréal. Ce fait particulier des 65 ans et plus, pour
Anjou-Louis-Riel, doit être considéré par les commissaires dans l'hypothèse de
leur... de leur couper, pardon, leur point de contact facilitant avec leurs
représentants à l'Assemblée nationale, leur réalité vécue de la politique
localement.
Soustraire une circonscription, c'est
soustraire un bureau de comté, une équipe, un député. Lorsqu'on pense, entre
autres, aux personnes âgées, plusieurs de ce groupe d'âge abandonneront l'idée
d'aller voir, leur visiter... d'aller visiter leur député, considérant qu'ils
auront un plus long parcours à faire...
Mme Boivin Roy : ...pour
accéder au nouveau bureau de comté. De plus, pour les citoyens d'Anjou, il est
tout à fait naturel et attendu que leur bureau de circonscription se trouve
dans leur Anjou, si vous me permettez les guillemets, les gens d'Anjou ayant
encore le réflexe d'avant les fusions municipales de 2001, alors que c'était
ville d'Anjou.
Maintenant, pour la question des nouveaux
arrivants et le principe de représentativité à l'Assemblée nationale du Québec,
comme le mentionne la déclaration du conseil municipal de la ville de Montréal
du 20 novembre 2023, que vous avez dans les pièces qui ont été déposées à la
Commission de la représentation électorale, en ce qui a trait au maintien de
toutes les circonscriptions de l'est de Montréal, selon une mise à jour
évolutive des données, effectuée par Statistique Canada en 2023, le nombre de
personnes qui ne sont ni citoyens canadiens ni résidents permanents a presque
doublé depuis 2021 dans le secteur, et cette donnée, comme vous le savez, n'est
pas prise en compte dans le calcul de la commission. D'ailleurs, dans cette
perspective, d'Anjou—Louis-Riel fut historiquement composée d'une population
immigrante et continue d'être une terre d'accueil privilégiée pour les nouveaux
arrivants. En fait, 13,2 % de la population de la circonscription ne sont
pas des citoyens canadiens, comparativement à 6,2 % pour la province du
Québec. Cela représente donc plus du double de citoyens non canadiens dans d'Anjou—Louis-Riel
par rapport à la moyenne québécoise. C'est 13 %... 13,2 % de la
population qui ne peut pas voter aux élections. C'est 6 375 personnes
qui seraient en âge de voter mais qui ne peuvent pas le faire en raison des
règles du jeu actuelles. Sans être certain que nos citoyens non canadiens
obtiendront tous leur citoyenneté canadienne, on peut cependant être optimiste
qu'une partie d'entre eux, peut-être même une majeure partie d'entre eux,
l'obtiendront au cours des prochaines années. Ainsi, toutes proportions
gardées, en chiffres d'aujourd'hui, ce seraient plus de
48 000 personnes avec le statut d'électeur dans d'Anjou—Louis-Riel
dans un avenir rapproché, et ce, en se basant uniquement sur les 18 ans et
plus des citoyens non canadiens plus nos électeurs actuels. Et ce 48 000
ne comprend pas la projection des nouveaux résidents électeurs qui
s'additionneront grâce aux développements résidentiels qui verront le jour au
cours des prochaines années. Je vous en avais parlé brièvement le 2 novembre.
Vous comprendrez que je vais renchérir aujourd'hui et je rajouterai certaines
informations.
Vous le savez, un élu qui effectue son
travail de représentativité à Québec, il le fait pour l'ensemble de la
population. Qu'une personne ait le statut d'électeur ou non, nous sommes là
pour tous les citoyens. L'élu ne fait pas de distinction à cet égard. Il
représente toute la population de sa circonscription, sans exception. Lorsqu'un
citoyen rentre dans notre bureau de comté, on ne lui demande pas s'il a son
statut d'électeur, on l'accueille, on l'écoute et on l'aide. On doit lui rendre
les services requis, et ça, à la mesure des 30 ministères du gouvernement
du Québec. Pourtant, ces citoyens ne sont pas considérés par la Commission de
la représentation électorale. Or, toutes ces personnes travaillent, paient des
impôts, utilisent et mettent de la pression sur le réseau des services publics
d'éducation, de santé, de transport, etc.
Maintenant, pour ce qui est des projets de
développement pour l'est de Montréal et la croissance de la population, bien,
membres de la CAN, je peux vous dire que ça bouge dans l'est de Montréal. On
peut facilement le constater en observant la sphère médiatique actuelle ou en
fréquentant diverses tribunes publiques. On en a eu une belle démonstration à
l'occasion du sommet de l'est de Montréal organisé par la Chambre de commerce
de l'est de Montréal le 13 novembre dernier, donc quelques jours après notre
rencontre, où plus de 800 acteurs de l'est de Montréal étaient rassemblés
pour l'avenir de l'est. Diverses annonces de projets avant, durant et après cet
événement ont été annoncées, et ça prouve que les planètes sont alignées pour
le développement du plein potentiel de ce vaste territoire de Montréal.
Encore récemment, le 5 février dernier,
notre collègue Caroline Proulx, ministre du Tourisme, faisait une annonce
majeure d'investissement pour le remplacement de la toiture du Stade olympique.
Cet investissement générera d'importantes retombées économiques pour le Québec,
mais aussi pour sa métropole. Sans contredit, les retombées se feront sentir
concrètement sur tout le territoire de l'est de Montréal.
Alors, évidemment, aujourd'hui, vous avez
entendu parler aussi de la ligne bleue, de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, du
projet de réseau structurant en transport collectif. La liste a été faite.
Alors, permettez-moi de faire tout simplement miennes les paroles des collègues
qui ont mentionné les différents projets. Je rajouterai cependant que, selon...
Mme Boivin Roy : ...étude sur
les perspectives du marché de l'emploi de l'écosystème de l'est de Montréal,
qui a été réalisé par la Chambre de commerce de l'est de Montréal, les besoins
de main-d'œuvre d'ici 2030 sont estimés à 137 000 emplois avec plus
de 80 % de ces emplois nécessitant un remplacement dû aux départs à la
retraite et environ 20 % représentant la création de
25 000 emplois sur le territoire de l'île à créer.
• (17 h 10) •
Alors, l'essor démographique futur de
l'est de Montréal nécessaire pour soutenir la croissance économique de la
région met en évidence la nécessité de préserver la circonscription d'Anjou—Louis-Riel
afin d'assurer des structures politiques et administratives alignées avec les
besoins futurs en main-d'œuvre et au niveau du développement démographique de
l'est de Montréal.
Je le répète, si la commission va de
l'avant avec sa proposition de retirer une circonscription dans l'est de
Montréal, on enlève un poids politique à un secteur en pleine effervescence
avec une population grandissante et des besoins correspondants.
Maintenant, au niveau des perspectives de
croissance d'Anjou—Louis-Riel comme tels. Parmi les critères qui sont étudiés
par la commission, on note justement de pareilles perspectives de croissance
dans chacune des circonscriptions. Alors, la Ville de Montréal estime le
potentiel de nouveaux logements dans liste à 100 000 unités, ce qui
permettrait de loger quelque 200 000 nouveaux résidents dans le
secteur, soit l'équivalent de combien, mais l'équivalent de trois nouvelles
circonscriptions. Cette information-là, vous l'avez eue, bien sûr, dans la
déclaration de la Ville de Montréal, dont, j'imagine, vous avez pris
connaissance.
À l'instar de ces circonscriptions
voisines de l'est de Montréal, plusieurs projets de développement résidentiel
lèveront de terre au cours des prochaines années dans la circonscription d'Anjou—Louis-Riel.
L'arrivée de nouvelles stations de métro avec la ligne bleue, dont celle à
Anjou, et la requalification de vastes terrains dans l'est de l'île de Montréal
supposent une augmentation de la population résidente et, bien sûr, du nombre
d'électeurs.
De fait, les autorités de l'arrondissement
d'Anjou nous confirment que le grand secteur environnant la nouvelle station de
métro de la ligne bleue connaîtra une densification importante au cours des
prochaines années. D'ailleurs, trois projets sont déjà entérinés ou en voie de
l'être, dont celui des Halles d'Anjou, du Toys R Us et de l'ancien Fortier
Ford.
L'arrondissement d'Anjou, également,
étudie présentement divers projets qui totalisent 2025 unités de logement
représentant approximativement 4 000 nouveaux résidents. De plus, la
projection de densification conservatrice pour le secteur des Galeries d'Anjou
est de 12 000 unités de logement résidentielles, soit une
augmentation potentielle de la population d'environ 22 000 citoyens.
De manière corrélative, vous ne serez pas
surpris, M. le Président, si je vous parle de la croissance scolaire parce que,
bien sûr, il y a aussi une clientèle scolaire dont on voit la croissance.
L'arrondissement d'Anjou a vu une forte augmentation de sa population des moins
de 15 ans au cours des dernières années et la hausse de cette courbe d'âge
se constate par les projets de nouveaux espaces scolaires. Selon les
informations recueillies de l'arrondissement d'Anjou, en plus d'une nouvelle école
secondaire qui est en fin de construction sur notre territoire pour ouverture
en septembre 2024, au moins trois écoles primaires d'Anjou ont connu des
agrandissements de leurs installations, on parle de Des Roseraies, Saint
Saint-Joseph et à venir pour Jacques-Rousseau. Qui plus est, certains
organismes communautaires occupant des espaces dans deux écoles primaires,
Chénier et Cardinal-Léger, ont été délocalisés en raison du manque d'espace
pour les nouveaux élèves. Et enfin une ancienne école primaire,
Saint-Jean-Eudes, utilisée à des fins administratives, a été réquisitionnée
pour des jeunes élèves du quartier, devenant l'annexe de l'école primaire
Wilfrid-Pelletier.
Fait intéressant à noter, selon la
commission de services scolaire de la Pointe de l'île, les prévisions
démographiques de la clientèle scolaire ne tiennent pas compte de nouveaux
élèves issus de l'immigration. À titre d'exemple, pour l'année
scolaire 2023-2024, la prévision de clientèle du MEQ pour le secteur
d'Anjou au préscolaire primaire était de 3 232 élevée, alors que la
déclaration officielle de la clientèle du 30 septembre 2023 comptait
3 571 élèves, soit près de 10 % de plus d'élèves que prévu.
Alors, ces chiffres et ces projections d'augmentation d'espace d'enseignement
démontrent une croissance de la population à Anjou...
Mme Boivin Roy : ...conséquemment,
cela suppose de nouvelles familles et donc de nouveaux électeurs. La
proposition de la commission, si acceptée, aurait pour effet un surpeuplement
de nouvelles circonscriptions, ce qui entraînerait inévitablement des
conséquences négatives sur l'intégralité du principe de représentativité à
l'Assemblée nationale. Assez paradoxalement, pour l'exercice de refonte de la
carte électorale de 2031 pour les élections de 2034, la Commission aurait
peut-être à refaire ce qu'elle aurait recommandé de défaire pour l'exercice de
refonte actuelle, c'est-à-dire de reformuler une circonscription semblable aux
limites actuelles de Louis-Riel... d'Anjou—Louis-Riel.
Au niveau des critères qui sont regardés
par la commission, hormis le nombre d'électeurs, on parle entre autres de
considérations d'ordre démographiques, géographiques, sociologiques, telles que
la densité de population, donc le nombre total de citoyens. Mais également pour
Anjou, il s'agit de 3 633 personnes au kilomètre carré. Alors,
également regardé par la Commission. Le taux de croissance de la population,
les tendances démographiques, l'accessibilité, les frontières naturelles du
milieu, le respect des communautés naturelles. Et vous me permettrez d'éviter
la suite de l'énumération, puisqu'elle a déjà été faite par les collègues
aujourd'hui, mais simplement vous rappeler les principes d'équité et de
représentativité des citoyens à l'Assemblée nationale, principe de représentation
juste et équitable de la population, de tous les citoyens. Ce principe est
fondamental, et évidemment, je comprends qu'hier, dans vos mots d'ouverture,
vous en avez fait part, et je le réitère aujourd'hui.
M. le Président, il me reste combien de
temps?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : 30 secondes.
Mme Boivin Roy : 30 secondes,
très bien. Alors, j'ai devant moi.... Je pense qu'une image vaut
1000 mots. J'ai devant moi les documents déposés à la commission,
150 pages d'appui de tous les paliers de gouvernement, de citoyens, de
partenaires, de... bon Dieu, de tout... de... je vous dirais presque
200 appuis. Vous avez ça dans deux documents. Les appuis continuent de
rentrer, c'est ce qui fait qu'on a déposé un autre document hier à la
commission. Et bien sûr, comme je le disais, les 103 élus de la ville de
Montréal, de l'arrondissement d'Anjou évidemment, l'arrondissement de
Montréal-Nord, à venir l'arrondissement de Saint-Léonard et Montréal-Est.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci. Merci beaucoup, Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel.
Je comprends que vos documents ont déjà été déposés, donc vous n'avez pas à les
déposer à nouveau. C'est bien ça?
Mme Boivin Roy : C'est bien
ça.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Parfait. Alors, je vous remercie. Votre 20 minutes
est écoulé et merci beaucoup de votre contribution à cette commission. Et
maintenant, pour la suite des choses, je vais céder la parole à M. le député de
Camille-Laurin. On parle toujours de la région de Montréal, évidemment, et vous
avez également jusqu'à 20 minutes à votre disposition, M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
M. le Président. Mes salutations à nouveau. C'est la deuxième fois qu'on a la
chance de se parler de ce sujet-là, c'est pourquoi je vais être plus bref. Je
vais essayer de ne pas réitérer les faits et statistiques qui ont été souvent
nommés, que vous connaissez, pour me concentrer uniquement sur l'essentiel.
L'essentiel au fond, plus on réfléchit à la situation, c'est de déterminer les
critères applicables et les standards décisionnels qui devraient nous mener à
une conclusion ou l'autre. Les critères sont déjà énoncés très clairement par
le Directeur général des élections. La présentation que vous avez faite
d'ailleurs, dans Camille-Laurin, était on ne peut plus utile. Il y a des
critères de chiffres, et là-dessus, je crois qu'il y a une ambiguïté à savoir
quelles mathématiques est-ce qu'on prend. Seulement l'électeur ou la population
au total qui génère des besoins. C'est un point que ma collègue députée d'Anjou
a bien expliqué. Mais hormis les mathématiques qui a ce critère de cohésion et
de cohérence sociologique, géographique, donc les critères sont à mon avis bien
identifiés, ils sont clairs, quel est le standard décisionnel pour le Directeur
général des élections? Bien, moi, j'aimerais plaider que vous êtes parti un
processus quasi judiciaire, c'est-à-dire que vous n'avez pas d'intérêt dans...
vous n'êtes pas une partie, vous demeurez impartial, vous recherchez le mieux
possible l'intérêt du système électoral et vous êtes devant une décision
difficile, à savoir instaurer un changement ou pas. Et normalement, dans les
situations comme celle-là, pensons aux injonctions, c'est le test de la balance
des inconvénients qui s'applique. C'est quoi la balance des inconvénients...
M. St-Pierre Plamondon : ...inconvénients.
Si on se dit : Si j'accorde l'injonction, quels inconvénients ça va causer
à une partie versus si je ne l'accorde pas, quels autres inconvénients? Et là
on fait la balance de ces inconvénients-là. Moi, je pense que c'est
essentiellement ce à quoi on doit répondre. Quels sont les inconvénients
générés par le statu quo? Et, lorsqu'on les balance avec les inconvénients
générés par les changements proposés, lesquels a prépondérance. Et c'est ce que
je m'invite, là, très rapidement à faire.
• (17 h 20) •
Donc, j'ai la particularité d'être le
député de Camille-Laurin, mais d'avoir été candidat dans Prévost. Donc, pour ce
qui est de la circonscription qui est envisagée dans les Laurentides, je
comprends quand même bien de quel développement domiciliaire il est question,
quel est le genre d'écosystème social dont il est question, également, quelle
est la géographie. Je connais moins la situation du Centre-du-Québec, mais ce
que je comprends, c'est qu'il y a un déplacement de population. Ça crée des
nouveaux développements domiciliaires, ça fait plus d'électeurs à servir. On
est par contre, dans les deux cas, dans des circonstances géographiques qui ne
sont pas comparables, supposons, avec le cas de la Gaspésie, là, parce que ce
qui serait proposé, dans le cas de la Gaspésie, c'est une distance
invraisemblable entre les deux coins de la circonscription, là, plus de 6 h de
route pour faire d'une ville à l'autre. On est ici dans une volonté, je crois,
de mieux servir une population qui devient de plus en plus nombreuse dans ces
coins là, ce qui est louable.
Maintenant, si... donc, l'inconvénient du
statu quo, c'est que, dans ces deux régions là, malgré une hausse mesurable de
la population, il y aurait un seul député pour le même nombre... un nombre
grandissant d'électeurs. Je note que la composition sociologique et les enjeux
que ça génère ne sont pas les mêmes à Prévost Saint-Jérôme que dans l'est de
Montréal. Mais ma collègue a été assez claire sur ce qui se passe présentement.
Plusieurs classes d'accueil qui sont ouvertes, des enjeux de logement très,
très importants, parce qu'il y a une pression démographique soudaine. Et ces
enjeux-là, je les nomme parce que je ne considère pas, ou, en tout cas à mes
yeux... puis, évidemment, vous avez entendu toutes sortes de gens, on n'est pas
dans un contexte sociologique pour le Centre-du-Québec ou la région des
Basses-Laurentides, où les défis sont comparables aux changements subis que
vient d'énoncer ma collègue. Nous, on le voit sur le terrain. Donc, je le
mentionne au niveau de la balance des inconvénients pour dire : Si
vraiment on veut évaluer ces inconvénients-là de part et d'autre, le test mathématique
ne pourra pas se limiter au nombre d'électeurs enregistrés dans l'est de
Montréal. C'est certain qu'il faut tenir compte de la démographie totale et des
besoins que ça génère sur le plan social et politique, sur le plan d'un député
qui doit répondre de tous et chacun sur le terrain. Donc, ça, c'est pour la
balance des inconvénients, pour la mathématique.
Maintenant, la balance des inconvénients,
lorsqu'on regarde pour Camille-Laurin, et le fait d'enlever une circonscription
à l'est de Montréal. Je réitère que c'est une région historiquement délaissée,
négligée en termes d'investissement et de développement. Et ce n'est pas que
théorique, là, c'est la qualité de l'air, c'est un fait. La décontamination des
terrains qui n'avance pas, c'est un fait. Les anciennes raffineries, dont une
qui menace de partir parce qu'elle veut laisser de l'arsenic dans ses
opérations, c'est un fait. Un service de transport collectif qui est nettement
en deçà de ce qu'on trouve ailleurs dans la grande région de Montréal, donc qui
ne se compare pas avantageusement. Je suis intervenu souvent, comme mes
collègues, sur le caractère vétuste des écoles, des hôpitaux. Donc, d'enlever à
cette partie-là du Québec une représentation, c'est un réel inconvénient. Je ne
sais pas s'il se compare avec les deux régions envisagées, là, pour la création
d'une nouvelle circonscription. Au niveau de la cohésion, là où, dans les
Basses-Laurentides et au Centre-du-Québec, je ne vois pas de difficulté à
agencer un quartier, l'amener dans une circonscription ou une autre, parce que
ce n'est pas si différent entre Prévost, Saint-Jérôme et Argenteuil, pour ce
qui est de ce qui est... pour ce qui est de... et ça, j'ai eu la chance de vous
le présenter, là, mais prendre la réalité d'Anjou et essayer de la juxtaposer à
celle de Camille-Laurin, lorsqu'on regarde les données de la langue maternelle,
Camille-Laurin est une circonscription où la langue maternelle en français est
à 83 %, une situation complètement différente à...
M. St-Pierre Plamondon : ...c'est
58 % de langue maternelle. Quand on regarde qui est citoyen canadien, dans
Camille-Laurin, c'est 98 %, alors que, dans Anjou Louis Riel, c'est
86 %. Quand on regarde les barrières géographiques, c'est parce qu'il y a
des autoroutes, quand on regarde les organismes communautaires, c'est parce que
Mercier-Est et Mercier-Ouest se sont développés ensemble puis se sont créé des
réseaux, ça ne connecte pas à Anjou.
Donc, quand on essaie d'évaluer la balance
des inconvénients en ce qui a trait de l'est de Montréal et on le compare à
l'inconvénient des Basses-Laurentides et du Centre-du-Québec, il y a de réels
problèmes qu'on est en train de créer si on... artificiellement, on ne tient
pas compte du critère énoncé par vous-même, là, à savoir : il faut que
tout ça ait une cohésion et une logique sociologiques et géographiques. Ça me
semble être beaucoup plus criant que les dynamiques pour ce qui est des deux...
de la création de nouvelles circonscriptions.
Donc, je passe rapidement, là, sur tous les
arguments de chiffres, parce que je me trouverais à répéter ce que ma collègue
d'Anjou vient de vous dire, et j'irai tout de suite à l'essentiel. Que ce soit
pour la Gaspésie ou l'est de Montréal, je pense que, suivant les critères que
vous énoncez, la balance des inconvénients penche nettement pour le statu quo.
Et ce n'est pas manquer de respect envers des demandes légitimes. On a un
problème de circonscriptions par rapport à la population. Je ne vois aucun
scénario, d'ici 2050 ou 2100, où notre système démocratique conserve seulement
125 députés. Là, on est en train de pousser l'enveloppe. Là, on est passé d'à
peu près 50 quelque 1000 habitants par député et on se dirige vers 70. On ne se
rendra pas à 150 000 par député, donc il y aura une réforme, éventuellement. Ça
ne semble pas être l'intention du gouvernement, mais il y aura un gouvernement
qui succédera à ce gouvernement et qui se rendra à 129, 132, 135 députés, et
qui, donc, vous donnera de l'oxygène pour accommoder tout le monde. Donc, vous
êtes dans une posture que je qualifierais de transitoire et qui est
inconfortable, parce que vous devez travailler à travers ce chiffre, 125, qui
ne permet pas de miracle.
Et, dans cette posture intérimaire, on a
le devoir, à mon avis... le critère, c'est de se demander où les inconvénients
seraient les plus grands. Je viens de vous expliquer mon point de vue, je vous
laisse trancher là-dessus, mais ce que je pense qu'on doit éviter, ce sont des
réformes qui vont être, de manière prévisible et en toute probabilité,
redéfaite et à refaire à très court terme. Et moi, c'est ce que je crains du
scénario actuel, parce que la démographie nous indique qu'il ne faut pas être
un devin pour projeter que Montréal est en train, démographiquement, de se
densifier, que ça apporte également son lot de défis, pour les politiciens
comme les services sociaux. Je ne vois aucunement... parenthèse sur la
Gaspésie, je ne vois aucunement comment on peut demander à un député de faire
six heures de route entre une ville puis une autre de sa circonscription. Donc,
ça aussi, ça va être à refaire.
Donc, dans la perspective où nous sommes
devant une situation transitoire, intérimaire, je pense que ce serait une
erreur de... sur une base louable, certes, mais ce serait une erreur de créer des
nouvelles circonscriptions alors qu'aux endroits où on les défait,
prévisiblement, mais même pas à moyen terme, là, à court terme, il va falloir
recréer ces circonscriptions-là. Je ne vois pas d'autre scénario, en termes...
en toute probabilité. Dans quel cas le statu quo est peut-être plate, mais vous
devez travailler dans, malheureusement, les paramètres qu'on vous a laissés,
c'est-à-dire seulement 125 circonscriptions pour une population qui a atteint
le cap du 9 millions plusieurs années avant les projections qui étaient
normalement, là, prévues et avec lesquelles vous deviez travailler. Donc, ce
n'est pas de la faute du DGE, c'est aux élus d'en prendre acte et de faire
d'autres circonscriptions pour vous permettre de travailler. Si, en ce moment, il
n'y a pas de volonté politique, je vous soumets que ce qui est sur la table
présentement va créer plus de problèmes que ce que ça va régler, en termes de
ce que ça va apporter, en termes de solutions.
• (17 h 30) •
Donc, je vous demande respectueusement de
suivre le test de la balance des inconvénients, en suivant tout simplement, à
part équitable, les critères que vous avez vous-même énoncés en début de
consultation, et, respectueusement soumis, ça devrait nous amener à la
conclusion...
17 h 30 (version non révisée)
M. St-Pierre Plamondon : ...que
le statu quo est préférable en attendant des réformes évidentes et plus
importantes quant au nombre de députés pour bien desservir une population qui
est en croissance très rapide. Ce sera tout. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Camille-Laurin.
Évidemment, je vais permettre aux membres de la CRE de réagir aux propos du
député. Alors, je vous cède la parole, M. le Président, Mesdames et messieurs
les commissaires. Mme la Commissaire.
Mme Gravel (Édith) : Bien,
on entend bien votre... votre posture de... statu quo à l'égard de la carte
électorale. J'aimerais vous entendre sur cette position-là, qui amènerait
certaines régions où il y aurait une sous-représentation au niveau des
électeurs, au niveau du nombre d'électeurs qui seraient, là, dans les
circonscriptions et d'autres où on serait vraiment en surreprésentation. J'y
vais avec des chiffres des circonscriptions ou en projection en 2028, on pourrait
être, comment, 73 000 électeurs, et d'autres où la croissance est
moins au rendez-vous, et on aurait une trentaine de mille d'électeurs. Comment
vous répondez à cet état de... de fait là?
M. St-Pierre Plamondon :
Donc, moi, je crois que les deux critères sont très corrélés. Ils doivent être
analysés ensemble eut égard au critère suprême, à savoir est-ce que le député
peut desservir convenablement sa population? Donc on ne peut pas isoler un et l'autre,
on ne peut pas les mettre en opposition non plus. Une circonscription comme la
Côte-Nord, prenons celle-là parce qu'elle n'est pas en litige cette fois-ci, va
être moins populeuse, mais va requérir du député de faire énormément de route
et d'aller dans des endroits moins accessibles, moins populeux. Mais son
travail l'amènera donc à mettre beaucoup de temps pour également découvrir des
réalités diverses en raison de la grandeur du territoire. Alors que lorsqu'on
envisage 60 000, 70 000 électeurs, mais dans des
circonscriptions où géographiquement, en termes de distance et de capacité à
rejoindre l'électeur, il y a moins de barrières, bien, c'est plus faisable. Les
deux jouent ensemble. Donc on ne peut pas les dissocier. Et quand on joint les
deux et on se pose la question est-ce qu'on a placé ce député dans une position
acceptable pour bien desservir ses électeurs, bien, on va évaluer justement
cette capacité à rejoindre des personnes en fonction du territoire, le nombre
de personnes qui relèvent de ce député-là, mais également les dynamiques sociales.
Peut-être le troisième critère que j'apporterais,
c'est que dans certaines circonscriptions, les données sociologiques sont assez
claires sur le taux de pauvreté, le taux de criminalité, le nombre de défis.
Alors qu'il y a d'autres banlieues où le nom du député est moins connu parce
que les choses vont plus rondement, disons, les réalités sociologiques sont
différentes. Donc, moi, j'irais même jusqu'à inclure une certaine lecture de la
part du DGE sur le... qualitativement, quel est le travail qui est attendu du
député. Et je pense qu'un député à Saint-Jérôme, Prévost, va travailler aussi
fort, mais n'aura pas les mêmes défis que la députée d'Anjou. Et que lorsqu'on
pense retirer la députée d'Anjou, il faut se poser la question : Quel sera
l'impact sur les services ou les problématiques pour cette population, versus
quel est l'impact sur la population de Bellefeuille, là, si elle n'a pas de
député dans les prochaines années? Est-ce qu'elle va vivre le même genre de
problématiques et de crise que si on retire une représentation dans une
circonscription où les classes d'accueil, l'itinérance, les enjeux
sociologiques, là, bougent très, très rapidement?
C'est pour ça que je vous parle de balance
des inconvénients. Donc, j'aurais tendance à mélanger nombre, faisabilité sur
le plan de la distance et du territoire, et évaluation qualitative des
dynamiques sociales, et donc du travail qui attend le député pour qu'au final
on puisse dire : Chaque député est équipé pour bien desservir sa
population.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Camille-Laurin. Il reste
quatre minutes... un petit peu moins de quatre minutes à l'intervention. Y a-t-il
d'autres commentaires? M. le Président.
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui. M. le député, j'ai
très bien entendu. C'est le statu quo. Donc, c'est sûr que, pour nous, c'est...
c'est la solution la plus facile. Par contre, historiquement, je crois qu'il n'y
a pas une carte électorale au Québec qui a été adoptée sans qu'il y ait une demande,
justement, de statu quo, en disant : Après, on va modifier les règles pour
vous faciliter le travail. Si on avait fait ça, il y a deux cartes passées, on
serait encore dans un statu quo, probablement aujourd'hui...
M. Blanchet
(Jean-François) :
...donc c'est sûr
que j'ai déjà mentionné que ce serait facile de faire un statu quo, mais on
vous entend en même temps.
M.
St-Pierre
Plamondon :Mais je vous soumets que ce
n'est pas tant un test de facilité ou de difficulté, c'est un test d'inconvénients
dépendamment de si vous mettez côte à côte le statu quo et le changement que
vous vous évaluez. Donc, le passé n'est pas garant de l'avenir là-dessus. C'est
comme le processus judiciaire. C Ce n'est pas parce qu'un juge a donné une
injonction une fois que l'autre fois il accorde l'injonction alors que les
faits ne sont pas les mêmes. Vous devez simplement vous demander, sans avoir de
posture favorable ou défavorable au statu quo : Est ce que ce qui est sur
la table va créer plus de bénéfices ou va créer plus de problèmes?, en
regardant les deux scénarios côte à côte, suivant vos propres critères. Des
fois, ça va vous amener au statu quo, puis des fois ça va vous amener à un
changement, puis parfois, le DGE l'a déjà fait, on va prendre un tout autre
chemin après une certaine réflexion. Mais c'est pour ça que j'insiste sur le
fait d'être dans la balance des inconvénients, une fois qu'on suit les critères
que le DGE a lui-même énoncés.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : M. le député de Camille-Laurin, il reste moins de deux
minutes. Est-ce que vous avez d'autres commentaires? Oui, M. le Président.
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui. Je veux juste
revenir. Ce n'est pas le DGE qui énonce les critères...
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, c'est vrai.
M. Blanchet
(Jean-François) :...c'est le président de
la commission électorale, mais aussi, ils sont dans la loi, les critères. Mais
il n'y a aucun critère dans la loi qui parle de la position du député
présentement non plus, là. Je veux juste vous le rappeler.
M.
St-Pierre
Plamondon :Par énoncé, ce que je
voulais dire, c'est que, dans votre propre exposé, vous dites vous-même suivre
ces critères-là et essayer de les équilibrer. Donc, évidemment, c'est le
législateur qui légifère, mais ce sont les critères que... vous êtes vous-même
liés à ces critères-là. Donc, dans cette évaluation là des critères, c'est de
se demander : Est-ce qu'on crée plus d'inconvénients avec la création de
cette nouvelle circonscription par rapport au statu quo qui, évidemment, aussi,
va créer des inconvénients? Et c'est cette balance-là entre les deux qui me
semble déterminante.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Est ce qu'il y a d'autres commentaires? M. le député de
Camille Laurin, ça complète votre Intervention?
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui, merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, je tiens à vous remercier, M. le député Camille
Laurin, pour votre contribution à la commission. Et merci beaucoup. Alors, nous
allons maintenant poursuivre avec le prochain intervenant. Et toujours sur la
région de Montréal, je vais céder la parole, pour une durée maximale de
20 minutes, à M. le député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président. Très heureux d'être ici. Je vais très probablement prendre moins que
les 20 minutes qui me sont allouées. Je vais parler un peu de ma
circonscription, de la situation. Je commencerai par dire que je suis très
heureux de garder ma circonscription telle quelle. D'un point de vue social,
évidemment, il y a des limites qui font beaucoup de sens, donc dans la
circonscription de Maurice-Richard, par rapport aux quartiers. Et puis c'est un
quartier qui est quand même très tissé serré, les gens se connaissent,
connaissent leurs élus, puis les frontières sont quand même bien délimitées. Ça
fait que je suis bien heureux de ça, surtout que la circonscription évolue,
qu'il y a de plus en plus de familles, de jeunes familles qui apparaissent et
que la composition qui est quand même très diversifiée garde donc c'est cette
particularité... principalement dans le quartier.
• (17 h 40) •
Je tiens aussi à vous remercier d'avoir
changé le nom de ma circonscription il n'y a pas si longtemps. Je suis très
heureux qu'à chaque fois qu'on m'appelle, on nomme, M. Maurice Richard,
pour qui j'ai une admiration sans borne, non seulement sur les capacités
évidemment athlétiques, mais aussi sur le fait que c'est un personnage qui est
arrivé dans un moment particulier pour les deux groupes particulièrement, et le
groupe des ouvriers et le groupe des Canadiens français qui, à l'époque,
vivaient une oppression sociale, et on en a besoin, à ce moment-là, comme
peuple d'emblème. Et je pense que celui-là a été vraiment très, très bien
choisi. Dans ma circonscription, on parle des fois de Crémazie. Les amoureux de
la littérature sont un peu tristes, mais ils ne sont vraiment pas très
nombreux. Et donc je me permettrai d'ailleurs... je ne sais pas si le député de
Saint-Henri—Sainte-Anne est déjà passé, mais je sais qu'on avait eu une
conversation sur les noms des circonscriptions dans...
M. Bouazzi : ...dans ce cas,
je me permettrai de peut-être, pour avoir des noms qui font du sens par rapport
évidemment à l'espace où est la circonscription... et peut-être de proposer le
nom d'Oscar Peterson pour sa circonscription, étant donné le manque de
diversité peut-être qu'il peut y avoir dans les nomenclatures dans les
circonscriptions.
Ayant dit ça, dans notre circonscription,
à Montréal comme dans la majorité des circonscriptions, Louis-Riel en fait
partie particulièrement, il y a évidemment beaucoup de nos concitoyennes et
concitoyens qui n'ont pas la nationalité et le droit de vote et donc qui ne
sont pas inscrits dans les listes électorales, mais qu'on sert avec beaucoup de
plaisir et tout simplement le sens du devoir, étant donné que vous savez aussi
bien que moi qu'un résident permanent n'a pas le passeport ni le droit de vote,
mais a à peu près tous les autres droits possibles et imaginables. Et puis on
voit mal comment les circonscriptions, pour bien servir tous les citoyens
qu'elles doivent servir, peuvent ne pas prendre en compte dans leur découpage
toutes ces populations qui ne sont pas dans le nombre de votants.
Je vais... je vais aussi répéter, j'en
profite parce qu'il y a quelques députés de la majorité ici, que nous, on pense
qu'une des meilleures solutions, malheureusement, est à l'extérieur de vos
mains, qui consisterait simplement de rajouter jusqu'à 129 députés et puis
régler ce problème-là pour pouvoir éviter toutes les balances justement des
inconvénients qui s'accumuleraient, mais trouver juste des côtés positifs aux
différents découpages possibles. On va continuer, nous, à œuvrer dans ce
sens-là. Malheureusement, ce n'est pas dans vos mains.
Peut-être un dernier point. Et j'avais
pris des notes, je vais essayer de les retrouver. Non. C'est pas mal ça, en
fait. Oui.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : C'est... Ça termine votre première... votre premier bloc?
M. Bouazzi : Oui.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, je vais... je vais permettre aux membres de la
Commission de représentation électorale, s'ils souhaitent réagir, à cette
étape-ci, aux propos du député de Maurice-Richard.
M. Blanchet
(Jean-François) :On n'a pas de
commentaire. Merci. Merci M..
Mme Gravel (Édith) : Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Pas de complément, pas de message complémentaire. Alors,
il reste 15 minutes à votre intervention, M. le député de Maurice-Richard.
Vous avez le loisir de pouvoir en ajouter, soyez assuré, vous pouvez le faire.
Je ne sais pas si vous avez d'autres commentaires.
M. Bouazzi : Non. Je vais
vous remercier pour votre écoute. Quand j'ai été élu, le 3 octobre, j'ai
été étonné, des fois, on parle beaucoup pour pas en dire beaucoup. Ça fait que
là je vais m'arrêter à ce point. Je pense que mes points étaient clairs.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Merci beaucoup, M. le député de Maurice-Richard. Alors, à
cette étape-ci, il nous reste une intervention. Je sais que le député est en
commission, il est en direction, alors je vais suspendre nos travaux quelques
instants pour lui permettre de se joindre à la commission.
Alors, je suspends nos travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 17 h 44)
(Reprise à 17 h 47)
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous allons
reprendre les travaux de la commission de l'Assemblée nationale sur les auditions.
Présentement, nous en sommes sur la...
Des voix : ...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : S'il vous plaît! S'il vous plaît, chers collègues! S'il
vous plaît! Nous en sommes sur la région de Montréal et nous allons reprendre
maintenant avec le député de Saint-Henri—Sainte-Anne. M. le député, vous avez
droit jusqu'à un maximum de 20 minutes, incluant les échanges avec les
commissaires. Alors, je vous cède maintenant la parole.
M. Cliche-Rivard : Excellent.
Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour à vous tous et toutes. Chers
collègues, bonjour. Je vais faire une intervention en deux temps, d'abord sur Saint-Henri—Sainte-Anne,
évidemment, puis ensuite un petit volet sur la région des Laurentides et un peu
de Lanaudière. Donc, je vous en informe tout de suite, hein, pour ne pas que
vous soyez pris par surprise.
Bon, commençons avec Saint-Henri—Sainte-Anne.
On a quelque 58 000 électeurs inscrits, là, si mes chiffres sont
bons, et près de 85 000 personnes, population totale. Donc, on est
au-dessus, évidemment, de la moyenne du 50 000, mais on n'est pas
au-dessus du seuil maximal, là, ça, on en convient. Par contre, vous avez
probablement suivi... bon, il y a le quartier Bridge-Bonaventure qui est un
nouveau quartier qui s'ajoute, duquel on estime au moins des bassins
populationnels qui vont tourner autour du 10 000, peut-être 15 000
assez rapidement.
Ma première... J'avais une question pour
vous, là, en commençant : Est-ce que vous l'aviez évalué, ça, le... la
hausse rapide qu'on va avoir dans le quartier puis le fait qu'assez rapidement
la circonscription risque de dépasser le... la moyenne ou le seuil de plus 25,
là?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Alors, une question est posée. Je vais céder la parole aux
membres de la commission.
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est sûr que nous
autres, selon les projections, en 2028, vous seriez à
60 535 électeurs en 2028, ce qui serait 15,9 % au-dessus de la
moyenne, que c'est sûr qu'en 2028 va être plus élevée, là, on s'entend qu'au
Québec... qui serait rendue... la moyenne serait à 52 225. Donc là, c'est
la projection jusqu'en 2028, donc... mais c'est selon les... ce qu'on avait
quand on a fait la carte au mois d'avril 2023, avec les données de 2023.
• (17 h 50) •
M. Cliche-Rivard : O.K. Donc,
vous dites qu'en 2028... juste pour bien comprendre, en 2028, on va l'avoir
dépassée?
M. Blanchet
(Jean-François) :Non.
M. Cliche-Rivard : Non...
M. Cliche-Rivard : ...dépassé?
M. Blanchet (Jean-François) :Non, vous allez être encore à 15,9 %.
M. Cliche-Rivard : Encore
15,9 %?
M. Blanchet
(Jean-François) :Oui.
M. Cliche-Rivard : Selon
ce... cette estimation-là?
M. Blanchet
(Jean-François) : Oui.
Une voix : ...2 %.
M. Cliche-Rivard : Compte-t-il
ou ne compte-t-il pas le développement Bridge-Bonaventure, votre évaluation?
M. Blanchet
(Jean-François) :Le développement, en
quelle année il va être terminé?
M. Cliche-Rivard : Là, c'est
une bonne question.
M. Blanchet
(Jean-François) :Il est débuté?
M. Cliche-Rivard : Il est
planifié et il commence, mais juste pour vous, donc la réponse, c'est non.
Une voix : Non, la
projection, c'est...
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Parfait. Chers collègues, je veux juste vous donner une
petite indication, s'il vous plaît.
M. Cliche-Rivard : Oui, oui.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Je suis à l'aise qu'on échange, que ce soit cordial. Je
veux simplement éviter qu'on se coupe la parole. Ne serait-ce que pour la
retranscription des débats, c'est important que les propos soient clairs et
soient... soient coordonnés. Alors, juste si on fait des échanges, c'est
correct. Je ne veux pas intervenir à toutes les fois. Je cède la parole aux
membres de la commission. Mme la commissaire, allez- y.
Mme Gravel (Édith) : Bien,
c'est en complément de mon collègue. On essaie de prendre en compte les
projets, mais on travaille beaucoup avec les projections... projections,
pardon, de l'Institut de la statistique, qui comptent aussi les nouveaux qui
vont arriver, mais ceux qui vont quitter, naissances, décès, immigration et
migration. Donc, c'est l'équilibre de ces données qui sont qui sont
comptabilisées, là.
M. Cliche-Rivard : D'accord,
j'apprécie la réponse. Donc, vous me dites, c'est ça, là, qu'en 2028 on est à
l'intérieur des chiffres nonobstant, puis on le verra. Vous avez dit
effectivement qu'un développement, ça prend du temps, j'en conviens. N'empêche
que vous avez dit plus 15 % sur la... sur la moyenne, à peu près pour
2028.
Mme Gravel (Édith) : Exact.
M. Blanchet
(Jean-François) :Aujourd'hui, vous êtes à
13 %.
M. Cliche-Rivard : C'est ça.
M. Blanchet
(Jean-François) :C'est ça, donc...
M. Cliche-Rivard : Non, c'est
juste pour... pour vous dire les choses. Parfait. Non, parce qu'en fait
beaucoup l'argument que Montréal a peut-être trop de circonscriptions. J'ai
entendu ça dans les derniers jours notamment, puis c'est important de souligner
que, dans certaines circonscriptions, on est quand même bien au-delà de la
moyenne. Donc, je pense que c'est important de relativiser ça. Puis, moi, j'ai
une position à l'effet que la circonscription, comme vous la maintenez dans les
chiffres actuels, moi, je pense qu'elle est tout à fait justifiée, là. Moi, je
suis heureux de voir que vous ne touchez pas à la circonscription. La
circonscription est en tout et pour tout le mariage parfait de l'arrondissement
du sud-ouest de Montréal, puis ça, il y a une communauté d'intérêts qui est
claire. Il y a des liens, il y a des services qui sont directs pas que par
l'arrondissement, là, mais quand même de manière importante. On parle des
quartiers de Griffintown, de Saint-Henri, de Pointe-Saint-Charles, de
Côte-Saint-Paul, de Ville-Émard évidemment, de La Petite-Bourgogne donc quand
même. Donc, moi, je suis très favorable à ce qu'on ne bouge pas ou on ne touche
pas à cette circonscription-là, mais quand même qu'on relève que le poids
commence à peser lourd puis que ça soit quand même noté qu'on est déjà
au-dessus puis qu'on va continuer d'aller au-dessus.
Je voulais venir rapidement avec vous puis
je ne voulais pas passer trop de temps là-dessus, mais sur la question du nom
de la circonscription Saint-Henri—Sainte-Anne. Saint-Henri, c'est un ancien
village de tanneurs, là, historiquement, fondé ville Saint-Henri en 1875, ça
fait quand même tout qu'un temps, puis c'est correct parce que Saint-Henri, le
quartier existe toujours, puis il est assez central dans la circonscription.
Sainte-Anne par contre, ça ne dit pas grand-chose à grand-monde dans la
circonscription c'est le Faubourg à Sainte-Anne, bon, c'est fondé en 1697, ça
se situe à Pointe-Saint-Charles. Il y a une valeur historique, j'en conviens,
mais auquel aucun des six quartiers qui se rattache dans la nomenclature ni
Pointe-Saint-Charles, ni Ville-Émard, ni Côte-Saint-Paul, ni Griffintown, ni
Petite-Bourgogne, bref.
Donc, beaucoup les gens se rattachent à
Saint-Henri. Mais si je devais questionner n'importe quel citoyen sur c'est
quoi Sainte-Anne, je vous confirme qu'il y que moins de 1 % des gens qui
pourraient nous le nommer. Ça fait que je vous envoie quelques indications. On
a des personnages historiques importants qui émanent de la conscription,
notamment des... quelqu'un... des gens issus de la diversité qui ne sont pas
tant représentés ou peut être pas de manière suffisante dans le titre de nos
circonscriptions. Je pense à Oscar Peterson notamment. Je pense aussi à
Gabrielle Roy, l'autrice qui s'inspire de Saint-Henri dans Bonheur d'occasion
notamment. Donc, je vous... je vous lance sur cette piste-là de peut être de
commencer à réfléchir à une circonscription qui ou à un nom de circonscription
qui... qui représente davantage. Et peut être j'ai en tête aussi seulement du
sud-ouest de Montréal. Les gens se reconnaissent dans le Sud-Ouest beaucoup
plus que dans Sainte-Anne. Donc, je vous envoie ça comme... comme réflexion ou
comme... comme piste de réflexion.
Monsieur le Président, j'ai commencé
exactement à quelle heure? Vous l'avez, vous?
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Il vous reste encore 12 min 52 s, M. le
député.
M. Cliche-Rivard : Fantastique!
Alors, les Laurentides...
M. Cliche-Rivard : ...bon,
nous, on a beaucoup consulté sur le terrain. On a des membres et des gens issus
de l'ensemble des circonscriptions sur le terrain. On nous a parlé de
l'importance pour eux de préserver les communautés vécues, donc notamment les
liens puis les pôles économiques, les pôles d'emplois, les pôles de services,
qui, des fois ou souvent, vont se heurter ou en tout cas être un peu
déconnectés de la réalité historique, là. On tend des fois à vouloir attacher
des anciennes communautés historiques qui finalement ne répondent plus vraiment
à la réalité de services, et c'est là où de temps en temps, on m'a souligné
qu'il pourrait y avoir des points de tension. Et évidemment, dans cette
région-là, vous l'avez noté... puis vous en créez une nouvelle circonscription
avec Bellefeuille, là, vous avez noté la... fulgurante, voire phénoménale de la
population dans cette région. On parle d'une augmentation de population
régionale de 7,9 % pour les Laurentides. Donc, la volonté d'une
circonscription nouvelle puis la nécessité, elle est appuyée, puis elle est
ressentie sur le terrain.
On me fait part de quelques propositions
de modifications. Je vous les lance en bloc. Pour Rousseau... en fait, de
Bertrand vers Rousseau, là, puis... appelons-le le thème Rousseau.
Actuellement, il est à 7,9 ou à 8 % sous la cible des
46 339 habitants. Et la proposition que moi on me dit sur le terrain,
ce serait d'y ajouter la municipalité de Rawdon, qui elle a une dizaine de
milles de population, ce qui ferait qu'on serait en cohérence davantage avec le
marché de l'emploi puis des services publics et que le lien est beaucoup plus
clair entre Rawdon et Rousseau que ce qui est proposé. On me dit :
D'autres communautés comme Notre-Dame-de-la-Merci ou Saint-Donat font partie de
Bertrand, et il est cohérent de les laisser là, par exemple parce qu'elles font
partie du Centre de services scolaire des Laurentides. Donc, c'est la
proposition qui est faite pour Rawdon, et on resterait quand même en dessous de
la cible populationnelle. On serait autour de 55, 54 000. Ça, c'est une
proposition du terrain qui nous... qui nous est soumise pour Bertrand et
Rousseau sur la frontière.
Pour Bellefeuille, ou l'actuel dessin de
Bellefeuille, ou la proposition de Bellefeuille, on a eu des revendications et
on les a entendus auprès de la ville de Sainte-Anne-des-Lacs qui, elle,
revendiquait de rester dans Prévost et... pour des raisons de cohérence,
notamment en lien avec leur territoire de MRC. Si je ne m'abuse, là, je suis
allé il n'y a pas si longtemps dans la MRC des Pays-d'en-Haut, et que donc,
eux, leurs services puis leurs liens administratifs et régionaux et de services
publics est beaucoup plus fort dans ce côté-là, puis ce ne serait pas
nécessairement une distinction de nombre qui serait nécessairement si
dramatique. Et donc on nous soumet que ça pourrait être davantage utile de les
laisser à Prévost plutôt que de les envoyer dans la nouvelle circonscription de
Bellefeuille.
Maintenant, Mirabel versus Bellefeuille,
ça, c'est la grande question de ce qui vous occupe, là. On comprend la forte
croissance démographique. En fait, c'est la plus grande... c'est la plus grande
croissance démographique au Canada entre 2016 et 2021, et il était clair qu'il
fallait arriver avec une nouvelle circonscription. Par contre, là, il y a comme
la division en trois de certaines régions ou certaines parties, alors qu'on
nous suggère peut-être plutôt une scission en deux. Et le découpage proposé...
puis là je peux vous le dire parce que c'est un petit peu précis, là, je vais
vous le dire. On me dit de rattraper le secteur Saint-Janvier de la
municipalité de Mirabel, à l'est de la 15, qui est laissé orphelin par la
réorganisation de Les Plaines, et de replacer avec le secteur des anciennes
municipalités de sainte-Monique, à l'ouest de la 15, et de Saint-Canut, au nord
de la 50, pour héberger ensemble une grappe industrielle aéronautique et
l'aéroport qui sont à même la municipalité de Mirabel. Donc, selon le décompte
précis des électeurs, la nouvelle frontière entre le comté de Bellefeuille et
celui de Mirabel se scinderait, là, il y aurait une modification. C'est ce qui
est suggéré pour ces municipalités-là.
• (18 heures) •
Et conséquemment il y a un mouvement entre
Argenteuil et Mirabel. Donc, on dépasse un petit peu, là, mais Argenteuil
perdrait Saint-Colomban, et probablement on pourrait y rajouter
Saint-Placide...
18 h (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...qu'on
ait un ensemble régional cohérent. Puis, sur le terrain, on me dit que c'est
vraiment une question de services, de ressources, de port d'attache, de lien
administratif puis de lien direct avec les administrations.
Et la dernière chose qu'on me relève, c'est
que, d'Argenteuil à Labelle, et là, c'est le thème Mont-Tremblant versus les
villages, un peu, là, on me dit que Amherst, Huberdeau, Brébeuf ne devraient
pas être ajoutées à Argenteuil, qu'on devrait les laisser à cause de leur
proximité à Mont-Tremblant avec leur pôle économique, leur pôle d'emploi. C'est
des populations qui peinent même à conserver leurs commerces de proximité
tellement Mont-Tremblant pèse lourd, donc ils sont vraiment rattachés au coeur
administratif de Tremblant. Donc, eux, il ne faudrait surtout pas les
rattacher... ou les détacher de Tremblant.
C'est ce que j'ai comme recommandations
pour les Laurentides. Je ne sais pas si vous avez des questions. Non. Bien, ce
sera tout, en vous remerciant pour votre temps.
Le Président (M. Lévesque, Chauveau) :
Merci beaucoup, M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne.
Avant de céder la parole aux membres de la
commission, il reste quelques minutes, chers collègues, je vais vous demander
votre collaboration. J'entends des bruits à gauche et à droite. Alors je vais
vous demander, s'il vous plaît bien, rien que d'être attentifs quelques
minutes. Ça se passe bien à date, alors je vous en remercie.
Messieurs dames, membres de la Commission
de révision électorale, est-ce que vous avez des commentaires sur les propos de
M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne?
M. Blanchet
(Jean-François) :Non, mais merci
beaucoup.
Mme Gravel (Édith) : Merci,
oui, merci.
M. Blanchet
(Jean-François) :Vous amenez certaines
avenues pour les Laurentides, je pense, qu'on n'avait pas entendues, quand
même.
Mme Gravel (Édith) : Exact.
M. Blanchet
(Jean-François) :Donc, c'est intéressant.
On va vérifier, on va faire des vérifications. Donc, merci beaucoup.
Mme Gravel (Édith) : Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : M. le député de Saint-Henri-Sainte-Anne, il reste quand
même six minutes à votre intervention. Est-ce que vous souhaitez poursuivre
plus... un peu plus longuement ou c'est complété?
M. Cliche-Rivard : C'est
complet, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Chauveau) : Je vous remercie beaucoup, M. le député, pour votre
contribution à la commission.
Et, considérant qu'on a terminé l'ordre du
jour cet après-midi pour cette séance d'après-midi, je vous remercie.
Et les travaux sont ajournés jusqu'à
demain, après les avis touchant les travaux des commissions. Et elle poursuivra
son mandat. Alors, bonne soirée de Saint-Valentin à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 18 h 02)